Journal des débats (Hansard) of the Committee on Labour and the Economy
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(November 27, 2018 au October 13, 2021)
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Thursday, June 10, 2021
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Vol. 45 N° 106
Clause-by-clause consideration of Bill 59, An Act to modernize the occupational health and safety regime
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures quarante minutes)
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, bonjour à toutes et à tous. Attention, s'il
vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de
l'économie et du travail ouverte. La commission est réunie afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi n° 59, Loi modernisant le régime de
santé et de sécurité du travail. Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. Mme Boutin (Jean-Talon) est remplacée par
M. Lemieux (Saint-Jean); Mme Chassé (Châteauguay) est remplacée par
M. Caron (Portneuf); et Mme Richard (Duplessis) est remplacée par
M. Gaudreault (Jonquière).
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci beaucoup. Alors, ce matin nous poursuivons
avec le sujet 4, Fonctionnement, 2e partie. La section 4.2,
L'optimisation des recours, sous-section 4.2.2, Le Bureau d'évaluation
médicale. Lors de l'ajournement de nos travaux hier, les échanges portaient sur
l'amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve, qui introduisait un nouvel
article à 61.1, et je crois que M. le ministre veut prendre la parole. C'est
bien cela? Ou enfin, hier on a terminé avec… ou est-ce que le député d'Hochelaga…
oui. Le député d'Hochelaga-Maisonneuve, allons-y.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. On a eu des échanges, M. le ministre et moi, en attendant
l'ouverture de la commission, et ma compréhension, donc, est ce qu'il a
travaillé quelque chose sur le thème, là, que je tentais de soulever via mon
amendement. Et puis ce quelque chose m'intéresse et me plaît, j'oserais dire,
jusqu'à preuve du contraire. Alors, je vais retirer mon amendement pour qu'on
puisse débattre de celui que le ministre a préparé.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Donc, vous retirez immédiatement votre amendement?
M. Leduc : Exact.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Nous avons le consentement, tout le monde?
Parfait. Alors, l'amendement proposant le nouvel article est retiré. La parole
est maintenant au ministre.
M. Boulet : Oui. Merci,
Mme la...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : …le ministre, vous allez soumettre un
amendement?
M. Boulet : Oui.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Est-ce qu'il est prêt?
M. Boulet : Oui. Je peux
le lire dans un premier temps, puis après ça donner des explications, là, mais…
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Mais on ne l'a pas reçu, nous, là.
Une voix : …
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Ah! d'accord. On vient de me dire qu'on l'a
reçu, mais on ne l'a pas traité. Alors…
M. Boulet : Alors, je
peux parler, d'abord.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Oui. Allez-y.
M. Boulet : Donner les
explications au préalable.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
M. Boulet : En fait,
l'amendement qui était soumis par le collègue visait à s'assurer de la probité…
de la probité, notamment, des membres qui sont au Bureau d'évaluation médicale,
et c'est le comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre qui
confectionne la liste des membres du BEM, me soumet des…
M. Boulet : ...par le collègue,
visant à s'assurer de la probité, notamment, des membres qui sont au Bureau
d'évaluation médicale. Et c'est le Comité consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre qui confectionne la liste des membres du BEM, me soumet des recommandations,
et les nominations se font de cette manière-là.
Or, de prévoir, dans une loi, que, si quelqu'un
a déjà été radié, il ne peut plus être éligible pour être un membre du BEM,
bon, les consultations juridiques que j'ai faites, c'est qu'il faudrait obtenir
l'aval de l'ordre professionnel, parce qu'il y aurait un risque de violation de
la Charte des droits et libertés de la personne, parce qu'une personne peut
avoir été radiée, puis être réintégrée, puis que la radiation n'ait aucun
rapport avec la compétence qui est recherchée par le collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve.
Alors, j'ai réalisé qu'il y avait une
politique générale concernant la confection puis la gestion de la liste des
professionnels de la santé qui acceptent d'agir à titre de membres du Bureau
d'évaluation médicale. Et dans cette politique-là, ils doivent obtenir un
certificat de conduite professionnelle, délivré par son ordre professionnel.
Ils obtiennent les informations pertinentes. Ils s'assurent que la probité,
l'intégrité de la personne soit compatible avec sa nomination à titre de membre
du Bureau d'évaluation médicale. Ce qui m'amène à proposer... Puis cette
politique-là, elle n'est pas publique. Elle est utilisée par le CCTM.
Excusez-moi d'utiliser un acronyme, là, mais, tu sais, on finit par le répéter
tellement souvent. Je pense que tous ceux et celles qui sont dans la salle me
permettront...
Alors donc, à... on rajouterait... je
lirais l'amendement : 61.1...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Pardon, M. le ministre, juste vous informer qu'elle a réussi à mettre
l'amendement rapidement sur le Greffier, donc vous devriez y avoir accès, là...
rapidement. On n'a pas suspendu, là, mais elle a été rapide. C'est beau? À vous
la parole, M. le ministre.
M. Boulet : 61.1. Cette loi
est modifiée par l'insertion, après l'article 216, du suivant :
«216.1. Le Comité consultatif du travail
et de la main-d'œuvre doit diffuser la politique générale qu'il prend aux fins
de donner suite à la consultation du ministre concernant la liste des
professionnels de la santé qui acceptent d'agir comme membres du bureau
d'évaluation médicale. Cette politique comprend des critères d'appréciation
relatifs à la compétence et à la conduite des professionnels.»
C'est complet. Donc, je pense que j'ai
donné mon explication, mais le but, évidemment, c'est de rassurer les
travailleurs puis les employeurs que le processus de vérification diligente,
là, comme on l'appelle fréquemment, est dans une politique utilisée par le
CCTM, et cette politique-là sera diffusée. Donc, ça rassurera tout le monde
quant à la probité de ces membres-là. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions? Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Je trouve que c'est...
M. Boulet : ...et dans une politique
utilisée par le CCTM, et cette politique-là sera diffusée, donc ça rassurera tout
le monde quant à la probité de ces membres-là. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions? Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Je trouve que c'est une belle main tendue, là, de la part du
ministre, là, qui ne reçoit pas tel quel mon amendement mais qui fait un bout
de chemin pour aller voir ce qu'il est capable de faire dans le thème que
j'avais soulevé.
Il m'a présenté ladite politique générale,
là, concernant la confection et la gestion de la liste des professionnels de la
santé qui acceptent d'agir à titre de membre du Bureau d'évaluation médicale.
J'ai eu le temps de la parcourir rapidement, tantôt, là, avant qu'on commence.
Et puis c'est vrai qu'il y a quand même quelques éléments intéressants
là-dedans, là, qui balisent, en tout cas, la façon dont sont gérés peut-être
les potentielles inconduites ou les potentiels manquements des membres du BEM.
C'est vrai qu'il y a, en effet, la charte de droits aussi qu'il ne faut jamais
oublier.
Alors, dans le fond, l'enjeu ici, c'est la
question de la confiance puis la confiance envers notre système, en général la
confiance plus précisément dans le système de l'évaluation médicale qui est quand
même, je pense, mal perçue par les salariés, par plusieurs salariés. Je ne sais
pas à quel point il peut être mal perçu aussi par certains employeurs. Mais ce
qui est certain, c'est que ce n'est pas quelque chose qui est dans la liste des
tops 10 des institutions, donc, qui ont la confiance des travailleurs,
travailleuses.
Alors, si on a ce genre de politique là
plus facilement accessible, un peu comme, si j'ai bien compris, c'est le cas
pour les arbitres de grief, bien, peut-être que ça peut participer, ne
serait-ce que légèrement, à instaurer un meilleur climat de confiance envers
l'appareil judiciaire et toutes ses composantes. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions à l'amendement? Oui, député de Jonquière.
M. Gaudreault : Cette politique
générale du Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, est-ce
qu'elle est déjà publique ou c'est un document de travail interne?
M. Boulet : C'est un document
interne mais qui peut être obtenu sur demande, qui est public aussi... qui est
sur le site, qui peut être sur le site de la CCTM... du CCTM.
M. Gaudreault : Qui peut ou
qui est sur le site?
M. Boulet : Qui est sur le
site.
M. Gaudreault : O.K. C'est
parce que, bien, moi, je ne l'ai pas vu, le document, là. Je ne sais pas si on
peut le déposer ici, à la commission, ou...
M. Boulet : Absolument.
M. Gaudreault : O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
M. le ministre, vous vous engagez à le déposer? Oui? Alors, on me dit que oui.
M. Boulet : Pardon? Oui,
absolument.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
M. Boulet : Oui. J'en ai remis
une copie, d'ailleurs, au collègue d'Hochelaga-Maisonneuve. Ça fait qu'on va
déposer une copie de cette politique-là au Greffier.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous allez remettre une copie à CET? Excellent.
M. Boulet : Tout à fait.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ça vous va? Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Simple question de
curiosité : Est-ce qu'il y a des politiques similaires concernant les
autres comités, là, comme, par exemple, le comité sur les maladies pulmonaires
ou oncologiques...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…une copie à la CET? Excellent.
M. Boulet : Tout à fait.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ça vous va? Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Simple question de
curiosité : est-ce qu'il y a des politiques similaires concernant les
autres comités, là, comme, par exemple, le comité sur les maladies pulmonaires
ou oncologiques? Il y a des gens qui siègent là aussi. Est-ce qu'ils sont
encadrés par une politique similaire, à votre connaissance, la façon de les
nommer?
M. Boulet : Je ne comprends
pas. Sur le processus de nomination…
M. Leduc : Oui.
M. Boulet : …des membres du
comité des maladies professionnelles pulmonaires?
M. Leduc : Exact.
M. Boulet : Il y a
certainement une politique qui peut être accessible, là. Je vais faire
vérifier. Un instant.
M. Leduc : O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce que vous aimeriez une suspension, ou on continue?
M. Boulet : On peut peut-être
suspendre…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui. D'accord. Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 49)
(Reprise à 11 h 50)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors…
M. Boulet : …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, M. le ministre, à vous la parole.
M. Boulet : À la question du collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve, oui, il y a une politique, et elle est accessible sur
le site de la CNESST.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
M. Boulet : Du CCTM? O.K.,
CCTM.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement déposé
par le ministre, introduisant le nouvel article 61.1? Alors, nous allons
procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire
: Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, le nouvel article 61.1 est adopté. Nous poursuivons, M.
le ministre, avec l'article 62, c'est bien ça?
M. Boulet : Merci.
L'article 217 de cette loi est remplacé par le suivant :
«La commission transmet sans délai au
Bureau d'évaluation médicale les contestations prévues aux articles 205.1,
206 et 212.1 ainsi que le dossier médical complet qu'elle possède au sujet de
la lésion professionnelle dont a été victime un travailleur et qui fait l'objet
de la contestation. Elle avise également le ministre de l'objet en litige et
l'informe des noms…
M. Boulet : ...prévues aux
articles 205.1, 206 et 212.1 ainsi que le dossier médical complet qu'elle
possède au sujet de la lésion professionnelle dont a été victime un travailleur
et qui fait l'objet de la contestation. Elle avise également le ministre de
l'objet en litige et l'informe des noms et adresses des parties et des
professionnels de la santé concernés.»
Explication. Bon, ça prévoit que les
contestations qui y sont prévues sont transmises au Bureau d'évaluation
médicale et qu'on transmet aussi le dossier médical complet. Il a été une
époque, puis ce n'est pas prévu dans la loi... Donc, on ne fait que codifier
une pratique. Quand on réfère au Bureau d'évaluation médicale, on s'assure de
transmettre en même temps le dossier médical complet. Donc, confirmation d'une
pratique établie à la CNESST. Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Merci. Y a-t-il des interventions à l'article 62?
S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à la mise aux... Oui,
député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui.
Hier, nous avons eu l'occasion de discuter du rapport de la Commission de
l'économie et du travail de 2006, notamment sur le Bureau d'évaluation
médicale. Le ministre nous avait dit qu'il nous déposerait un document faisant
état du suivi des recommandations et des constats de ce comité... de cette
commission parlementaire, c'est-à-dire. Est-ce qu'il est en mesure de nous le
déposer tout de suite? Parce que, moi, ça m'aiderait à me faire une meilleure
tête sur les interventions que je dois faire, sur les projets... sur les
articles qui concernent le Bureau d'évaluation médicale.
Quand je disais, par exemple, qu'un des
constats du comité de 2006, la commission de 2006, c'était de dire, par
exemple, qu'il y a un flou entre l'aspect scientifique et l'aspect juridique,
que le Bureau d'évaluation médicale, par exemple, est devenu une façon pour des
employeurs d'alourdir le système ou de ralentir le processus, etc. Alors, c'est
sûr que quand on aborde une question comme celle de transmettre au Bureau
d'évaluation médicale les contestations qui sont prévues et le dossier médical
complet, si on avait un suivi du rapport de 2006, moi, ça me permettrait, là,
de faire de meilleures interventions pour voir s'il y a eu des corrections,
s'il y en a encore à faire. Alors, je ne sais pas si le ministre peut nous... nous
indiquer, là, où il en est avec ce compte rendu du rapport de 2006.
M. Boulet : ...puis
évidemment je pense que c'est... C'est parallèle aussi à l'article 62, où
on vient codifier une façon de faire. Les équipes travaillent fort pour
colliger toutes les informations, toutes les mesures qui ont été prises suite
au rapport de 2006. Puis ce n'est pas complet, mais on me dit que demain ce
serait complet. Mais j'ai une... J'ai quand même une partie, là...
M. Boulet : …et parallèle aussi
à l'article 62, où on vient codifier une façon de faire. Les équipes
travaillent fort pour colliger toutes les informations, toutes les mesures qui
ont été prises suite au rapport de 2006, puis ce n'est pas complet, mais on me
dit que demain ce serait complet. Mais j'ai quand même une partie, là, une
feuille 8 ½ X 14 qui a été préparée hier soir, mais il y a encore la… on doit
encore colliger certaines informations. Mais celle-là, je peux la partager,
c'est une feuille recto verso, 8 ½ X 14. C'est les informations
complémentaires, études de crédits…
(Consultation)
M. Boulet : En fait, il y a
plusieurs feuilles. J'avais vu seulement celle-là. Mais il y a combien de
feuilles, Anne?
Une voix : …
M. Boulet : O.K. Donc, oui.
Mais je pense qu'on pourrait vous les transmettre. J'aimerais peut-être mieux,
collègue, par respect, là, attendre que le document soit complet, cohérent,
puis qu'on puisse vous le transmettre à ce moment-là si vous le souhaitez.
Mais, en même temps, je ne suis pas fermé à transmettre des informations.
(Consultation)
M. Boulet : O.K. Les
recommandations qui concernent le Bureau d'évaluation médicale sont toutes
dedans. Il y a d'autres recommandations dans ce rapport-là, qui concernent la
CNESST, et c'est ça qui reste à colliger. Alors, si vous me permettez, on
pourrait peut-être suspendre deux minutes, puis on pourrait le déposer au
bureau du Greffier ou continuer avec les articles. Je pense qu'on peut
continuer, parce que ce n'est pas des informations qui sont nécessaires. On ne
change rien au BEM, là, actuellement, de toute façon.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
O.K. Est-ce que ça vous convient, député de Jonquière? C'est-à-dire qu'il va le
transmettre ici, à la CET, qu'on va déposer au Greffier.
M. Gaudreault : Bien, mon seul
enjeu, c'est que j'aurais aimé ça, quand même, être capable de le regarder un
peu, minimalement, avant de pouvoir voter ou d'avancer ou de réfléchir ou
d'intervenir sur les amendements qui touchent le BEM.
M. Boulet : Mais il n'y a pas,
ceci dit avec respect, il n'y a pas d'amendement qui touche le BEM. Dans cette
section-là, on ne fait ici que codifier une façon de faire, pour s'assurer que
le dossier médical soit complet et pour prévoir… puis ça pourrait ne pas être,
là, là, collègue, là, mais c'est la façon de faire, puis c'est ce qui est
efficace. C'est ce qui permet que ce soit fait de manière ordonnée. Puis les
autres articles, là, de la section du BEM, ça a tout été retiré, là. Il y en a
un autre, là, qui concerne un amendement avec le texte en anglais, mais moi, je
ne vois pas d'enjeu, là, je ne vois d'enjeu eu égard aux recommandations qui
ont été faites dans le rapport de 2006. C'est de l'information qu'on peut
considérer comme étant en parallèle.
M. Gaudreault : O.K. Bien,
c'est parce que vu qu'on est dans les articles qui concernent le BEM et qu'on
ouvre la loi, ça peut nous donner l'occasion de faire un suivi, quand même, du
rapport, d'une certaine manière, là. Donc…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, député de Jonquière, donnez-vous la parole un peu à… je pense que…
M. Boulet : ...en parallèle.
M. Gaudreault : O.K. Bien,
c'est parce que, vu qu'on est dans les articles qui concernent le BEM et qu'on
ouvre la loi, ça peut nous donner l'occasion de faire un suivi quand même du
rapport d'une certaine manière, là. Donc...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Député de Jonquière, donnez-vous la parole un peu à... je pense qu'il veut vraiment
prendre la parole, le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Peut-être une
pierre deux coups, là, j'ai un autre amendement que j'ai travaillé hier sur la
question du BEM que je pourrais profiter de la suspension pour présenter au ministre.
Ça fait qu'on pourrait avoir une suspension, attendre le document puis je
pourrais présenter tout de suite l'amendement qui vient un peu plus tard...
M. Gaudreault : Et pendant la
même suspension... Ce que le député d'Hochelaga-Maisonneuve dit, c'est que,
pendant la même suspension, on pourrait prendre connaissance un peu du début du
rapport.
M. Leduc : Exact.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce que...
M. Boulet : Puis tout ce qui
concerne le BEM est là-dedans, là. Ça fait qu'on va... on peut suspendre. Nous,
ça va nous permettre de déposer le rapport partiel et que je puisse avoir une
discussion avec le projet d'amendement du collègue d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Gaudreault : O.K., mais
peut-être juste une question bien précise, là, ça a l'air un peu niaiseux, mais
si on a le rapport, c'est parce que... il va tu être déposé électroniquement ou
on peut faire des photocopies malgré les...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il va être déposé...
M. Gaudreault : ...c'est ça,
on se met trois paires de gants puis...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce que...
M. Boulet : Bien, deux choses,
là...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Me donnez-vous deux minutes, là, je pourrais faire une suggestion aussi, là. M.
le ministre pourrait nous déposer ce fameux rapport. Je comprends, moi, M. le
ministre, que vous dites que vous avez une série d'articles qui sont des
amendements qui annulent...
M. Boulet : Il n'y a rien de
changé au bureau d'évaluation médicale, là, dans cette section-là. Ça fait que
moi, je pense qu'il n'y a pas d'enjeu, là, sous réserve de...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, ce qu'on... si vous êtes d'accord, on pourrait suspendre les deux
articles qui restaient qui touchaient spécifiquement le BEM. J'avais cru
comprendre que le 62 et 66... les autres, c'est des amendements qui annulent
les articles ou abrogent les articles.
M. Boulet : Tout a été abrogé,
oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, on pourrait faire ceux-là. Après ça, vous auriez... on arriverait à la
période du dîner. Ça fait qu'on terminerait plus tôt s'il faut, là, plutôt que
de faire un amendement qui risque d'être... un amendement, une suspension d'au
moins 15, 20 minutes, là, que vous avez demandé. Je ne sais pas qu'est-ce
que vous en pensez.
M. Leduc : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous comprenez mal, hein? De tous les articles qu'il reste du bureau
d'évaluation, M. le ministre, il dit qu'il y a deux articles qui touchent le
BEM spécifiquement. Ça va? Alors, on va suspendre ces deux-là, le 62 et le 66.
M. Boulet : Oui, mais là...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Après ça, on pourrait faire ceux qui touchent... ou vous dites, ça ne... c'est
d'abroger tout simplement des articles. Le 63, le 64, le 68, le 69, le 67, mais
si vous ne voulez pas ça... parce que ces articles-là ne font qu'abroger des
articles.
M. Leduc : Moi, le nouvel
amendement que je vais présenter au ministre que j'ai travaillé hier soir,
c'était un 62.1. Ça fait que je ne sais pas il s'insère où dans votre plan, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il s'annule... pas s'annule, on va le suspendre. Mais on peut aller avec vous.
C'est parce que, là, si on suspend, le temps de vous donner à lire tout ça...
• (12 heures) •
M. Boulet : C'est parce que,
ce que Mme la Présidente dit, là, dans la section BEM, comme je l'avais dit
avant qu'on aborde cette section-là, dans... il y a 61, 62, 63, 64, 66, 68, 69
puis 67. Tous les articles, sauf 61 qui a déjà été adopté, 62 qu'on parle
actuellement, qui codifie une pratique, puis 66 qui réfère à une...
12 h (version non révisée)
M. Boulet : ...on aborde cette
section-là dans... il y a 61, 62, 63, 64, 66, 68, 69 puis 67. Tous les
articles, sauf 61 qui a déjà été adopté, 62 qu'on parle actuellement, qui
codifie une pratique, puis 66 qui réfère à une obligation de se prononcer sur
l'APIPP, l'atteinte permanente et les limitations fonctionnelles, quand c'est
consolidé, tout le reste, par des amendements, on avait abrogé les modifications
qui étaient contenues dans le p.l. n° 59.
Ce que vous dites, c'est qu'on pourrait
adopter ces amendements-là...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Si on avait le consentement.
M. Boulet : Puis après ça il
nous resterait 62 et 66, puis ça nous permettrait, après ça, de dire... La politique,
d'ailleurs, générale, du CCTM pour la nomination des membres du BEM, elle est déjà
au bureau du greffier. Et moi, j'enverrais les recommandations que veut le collègue
de Jonquière...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...qu'on parle un peu de procédure, là, si vous êtes d'accord, on va suspendre,
on va s'en parler puis on verra par la suite. Ça vous va?
(Suspension de la séance à 12 h 1)
(Reprise à 12 h 26)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, y a-t-il des interventions à l'article 62? Y a-t-il d'autres
interventions?
Et je dois signifier, oui, effectivement,
que nous avons déjà reçu les deux documents, qui ont été déposés dans le
Greffier pour les rendre disponibles. Alors, merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'article
62? Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Très rapidement,
Mme la Présidente, une question de compréhension. Ce genre d'article là, est-ce
que c'est moi qui le lis mal, mais ça me semble mettre sur papier quelque chose
qui se fait déjà?
M. Boulet : Tout à fait. C'est
ce que j'ai mentionné tout à l'heure, ça ne fait que confirmer une pratique.
Mais ce n'était pas prévu dans la loi, donc on l'a prévu pour s'assurer que ça
ne nuise pas à la fluidité puis à l'efficacité du processus.
M. Leduc : Et donc, en quelque
sorte, on vient verrouiller cette pratique-là.
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : Elle ne pourrait
pas changer par la suite…
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : …sans une modification
législative.
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : Merci…
M. Boulet : ...ce que j'ai
mentionné tout à l'heure, ça ne fait que confirmer une pratique. Mais ce
n'était pas prévu dans la loi, donc on l'a prévu pour s'assurer que ça ne nuise
pas à la fluidité puis à l'efficacité du processus.
M. Leduc : Mais donc, en
quelque sorte, on vient verrouiller cette pratique-là. Elle ne pourrait pas
changer par la suite sans une modification législative.
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il d'autres interventions à l'article 62? S'il n'y a pas
d'autre intervention à l'article 62, nous allons procéder à la mise aux
voix.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
La Secrétaire
: Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 62 est adopté. Nous poursuivons. Je crois que
le... Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : J'aurais un 62.1,
Mme la Présidente. Il est déjà sur le Greffier, je pense.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il est déjà sur le Greffier, et nous avons déjà une version papier pour...
M. Leduc : Je peux le lire,
donc?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, on est prêts.
M. Leduc : Merveilleux. 62.1.
L'article 218 de Loi sur les accidents du travail et des maladies
professionnelles est modifié :
1° par le remplacement dans le premier
alinéa, de «ministre» par «professionnel de la santé qui a charge du
travailleur»;
2° par le remplacement, dans le deuxième
alinéa, de «ministre ou la personne qu'il désigne à cette fin» par
«professionnel de la santé qui a charge du travailleur» — et;
3° par le remplacement du troisième alinéa
par le suivant :
«Le ministre ou la personne qu'il désigne
à cette fin informe les parties à la contestation, la Commission et les
professionnels de la santé concernés des nom et adresse du membre que le
professionnel de la santé qui a charge du travailleur désigne.».
Quelques explications, Mme la Présidente.
Dans le fond, c'est aussi une approche qu'on a imaginée, là, hier soir, qu'on
voulait soumettre pour fins de discussion afin de renforcer, encore une fois,
la confiance envers l'appareil du BEM et l'appareil de contestation judiciaire
au sens plus large, là, à l'entour de la santé et sécurité du travail.
Il nous apparaît que, dans le fond, les
médecins du BEM, il y en a quand même plusieurs, plusieurs dizaines, hein? J'ai
cru comprendre, dans les échanges tantôt, puis on me le confirmera, mais qu'on
est à l'entour de 60 à 80 médecins du BEM en ce moment. Moi, j'avais consulté
un rapport de l'UTTAM qui avait analysé des chiffres de 2014‑2015, là, c'était
plus dans un ordre, je pense, de 158, mais je pense que c'était un total de 158
sur une plus longue période. Dans tous les cas, c'était pour dire que c'est
quand même un faible taux de pourcentage des médecins du BEM qui font une
majorité ou une grande partie des évaluations médicales. Alors, il y a comme un
bassin de médecins, de membres du BEM, et seulement une petite portion font
presque la moitié des évaluations.
• (12 h 30) •
Et ça, ça peut participer à renforcer une
image ou une supposition que les choses sont arrangées d'avance, les dés sont
pipés d'avance et que le système fonctionne à l'encontre de nos intérêts quand
on est un travailleur ou une travailleuse. Et afin un peu, dans le fond, de
décloisonner, en quelque sorte, ce petit nombre de médecins qui font la
majorité ou presque la majorité des cas...
12 h 30 (version non révisée)
M. Leduc : ...les choses
sont arrangées d'avance, les dés sont pipés d'avance et que le système
fonctionne à l'encontre de nos intérêts quand on est un travailleur ou une travailleuse.
Et afin, un peu, dans le fond, de décloisonner en quelque sorte ce petit nombre
de médecins qui font la majorité ou presque la majorité des cas d'évaluation
médicale, on se dit : Pourquoi ça ne serait pas le médecin traitant qui
pourrait identifier lequel des médecins du membre du BEM va faire l'évaluation
médicale? Ça pourrait probablement participer à défaire en quelque sorte, donc,
la concentration des examens, des évaluations médicales dans les mains de
quelques membres du BEM.
Ce n'est pas quelque chose, encore une
fois, qu'on sort de notre chapeau parce que c'est... Hier, dans le fond, je
vous ai fait référence dans le débat précédent, là, toujours sur le BEM, d'un
gros rapport de la Commission de l'économie et du travail de 2006 qui, à la
page 9 du rapport, là, faisait mention exactement, là... Je vous lis un
rapide passage : «Cependant plusieurs des mesures administratives
proposées en 1997 et sur lesquelles le BEM était tenu de faire rapport n'ont
pas été mises en place de façon satisfaisante, complète et continue. La Loi
instituant la Commission des lésions professionnelles et modifiant diverses
dispositions législatives imposait l'examen du rapport d'évaluation du BEM par
la Commission de l'économie et du travail. Cet examen n'a pas permis de
dissiper toutes les inquiétudes relatives au fonctionnement du BEM. La mise en application
des mesures suivantes s'avère notamment incomplète ou problématique.»
Et là il y a une de ces mesures-là, donc,
qui est la répartition plus égale des dossiers entre les membres du BEM. C'est
pour arriver à cet objectif-là que je vous propose l'amendement que je vous ai
soumis. C'est... Dans le fond, c'est la recherche d'un meilleur équilibre, et
le fait que le médecin traitant ou le médecin qui a charge, là, selon le terme
qui est utilisé dans la loi, ait une plus grande place dans la sélection de la
personne qui va faire l'évaluation, participe aussi dans les différentes pistes
de déjudiciarisation qui avaient été identifiées dans le rapport de 1994 de la CSST,
auquel j'ai également fait référence hier.
Et je vous lis en terminant rappeler le
passage de ce rapport-là : «La nouvelle approche proposée, en substituant
un climat de collaboration à l'actuel climat de confrontation, rétablira la
confiance des travailleurs, des employeurs et des médecins dans le processus
décisionnel de la CSST, et ainsi réduira sensiblement le nombre de
contestations des décisions relatives à une question médicale.» Voilà.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait, merci. M. le ministre.
M. Boulet : Oui, merci.
Je comprends le fondement de l'amendement. En même temps, bon, on a eu des
discussions à micro fermé. J'ai expliqué la façon dont les désignations
concrètes, là, dans l'application quotidienne se faisaient, et ce n'est pas
fait de manière... tu sais, ce n'est pas fait... ce n'est pas une sélection
professionnelle, c'est une assistante qui a la liste, puis, en fonction de la
spécialité et de la région, elle vérifie la disponibilité des membres du BEM et
assigne. Donc, tout se fait de manière purement administrative. Donc, si je
peux, par mes propos, contribuer à combattre la perception qu'il y a des choix
qui sont faits en fonction des dossiers puis... Non...
M. Boulet : ...des membres
du BEM et assigne. Donc, tout se fait de manière purement administrative. Donc,
si je peux, par mes propos, contribuer à combattre la perception qu'il y a des
choix qui sont faits en fonction des dossiers puis... Non, c'est vraiment une
mécanique appliquée très, très simplement.
Si c'est à Sherbrooke, comme je
mentionnais un peu plus tôt, puis qu'on a besoin d'un psychiatre ou d'un ORL,
on va regarder les membres du BEM de cette région-là à défaut, parce qu'il y a
des régions où il n'y a pas toutes les spécialités nécessairement. Mais s'il y
en a un dans la région, on va aller au premier, puis au deuxième, et en
fonction des disponibilités. Puis s'il y en a deux, puis il y en a un qui est
disponible plus rapidement, bien, c'est lui qui va agir à titre de membre du
BEM.
À la limite, s'il n'y a pas la spécialité
recherchée à Sherbrooke... Ce qui serait étonnant, là, parce que Sherbrooke, on
a à peu près toutes les spécialités. Ce n'est peut-être pas une bonne... Mais,
tu sais, si c'est à Val-d'Or ou ailleurs, bien là on va assumer les frais de
déplacement de la personne pour qu'elle vienne à Montréal, ou dans le cas de
l'Est-du-Québec ou Saguenay—Lac-Saint-Jean, c'est la même mécanique pour
Québec. Donc, c'est de cette manière-là que ça se fait. C'est plus... C'est un
processus qui est clérical.
M. Leduc : Merci des
explications, M. le ministre. Peut-être, en terminant, des questions
périphériques, mais qui sont quand même importantes, là. Je vous disais que je
m'inspirais entre autres d'une analyse qui avait été faite par l'UTTAM, là, en
2015. On y faisait mention également qu'il y a quand même, semble-t-il, puis
vous pourrez me corriger si ce n'est pas le cas, mais des défis de recrutement
pour des médecins au BEM, là. Peut-être me rappeler la statistique qu'on a
parlé à micro fermé. Il y a combien de membres du BEM en ce moment?
M. Boulet : Puis le
P.D.G. du CCTM me parle à l'occasion, puis les syndicats puis les leaders
patronaux m'ont soumis une liste de 11 nouveaux membres à désigner au BEM, je
vous dirais, il y a à peu près un mois et demi. Je pense que je ne me trompe
pas. Mais ils sont constamment à l'affut de ça, là, tant les associations
patronales que syndicales, et ils s'assurent qu'on soit en mesure de répondre
des travailleurs, travailleuses dans les meilleurs délais possible. Ça fait que
c'est un défi, le recrutement. Puis la pénurie de main-d'oeuvre, bien, comme
j'ai mentionné hier, il y en a aussi pour les médecins spécialistes. Il
faudrait qu'on forme plus. C'est la responsabilité.
M. Leduc : C'est dit.
M. Boulet : Bien, je suis
en partie d'accord, je pense qu'on doit... mais là, c'est parce que c'est un
autre débat, là. C'est un autre débat.
M. Derraji : Mais je ne
veux absolument pas qu'on dérape, mais c'est une responsabilité gouvernementale
parce que, si on ne règle pas... si on ne règle pas la problématique des
spécialistes, c'est le cercle qu'on va vivre avec les délais. Vous avez vu,
hier, le Collège des médecins, suite à l'enquête sur le nombre de cas, la
médecine familiale ou les troubles de santé mentale, troubles
musculo-squelettiques, c'est très complexe...
M. Derraji : …des spécialistes,
c'est le cercle qu'on va vivre avec les délais. Vous avez vu, hier, le Collège
des médecins, suite à l'enquête sur le nombre de cas, la médecine familiale ou
les troubles de santé mentale, troubles musculo-squelettiques, c'est très
complexe. Donc, oui, c'est très bien qu'on améliore les choses, qu'on essaie de
moderniser, mais ce n'est pas uniquement au ministère de l'Emploi et du
Travail, au niveau de la CNESST, que les solutions existent. Il y a un travail
à l'extérieur du ministère qui doit être fait. Et l'élément clé, par rapport au
BEM, l'élément clé, je ne pense même pas que c'est uniquement la CNESST ou le
BEM lui-même qui va trouver ces solutions, mais premièrement, c'est le réseau
de la santé. La disponibilité des professionnels de la santé, c'est la
condition sine qua non de faire avancer les choses au BEM, et ça…
M. Boulet : Oui, mais… puis
c'est intéressant, puis ça met en relief l'importance de l'entente qu'il y a
entre le CCTM et le Collège des médecins, parce que tout se fait en
collaboration entre les deux, là. Quand ils m'ont soumis
11 recommandations, un, ils ont suivi le processus de vérification
diligente qui est dans la politique qu'on a déposée au bureau du greffier, et
ils font ça en collaboration avec le Collège des médecins, là, pour les
certificats de conduite professionnelle, et autre, là.
Mais, oui, c'est un défi, vous avez
raison, puis c'est un défi que nous allons devoir relever collectivement, là,
pendant des années.
M. Leduc : Est-ce que la
difficulté de recrutement… parce que vous ne m'avez pas contredit, là, mais à
moins que je me sois trompé, mais, donc, la difficulté de recrutement de
médecins pour être membres du BEM, n'y a-t-il pas là, souvent, ce que j'en
comprends par différentes lectures, une hésitation de plusieurs médecins
d'aller s'embarquer dans un processus qu'on peut certainement qualifier de
confrontationnel, où il y a, des deux côtés, deux expertises qui s'affrontent,
et eux, ils doivent… Tu sais, on est moins dans la collaboration et la
concertation que dans l'espèce d'arbitrage, quasiment comme un grief, en
quelque sorte. Et ça serait un élément important qui freine le recrutement de médecins
au BEM.
M. Boulet : Il y en a qui ne
veulent pas, mais l'aspect confrontationnel n'est pas important là-dedans,
parce que le membre du BEM, il ne parle pas aux médecins. Il travaille sur
dossier puis avec le travailleur, mais il ne parle pas du tout aux médecins.
Les médecins qui viennent témoigner devant le Tribunal administratif du
travail, eux autres, il y en a. Puis il y en a dans des cliniques privées, des
spécialistes en santé et sécurité du travail, il commence à en avoir beaucoup.
Puis il y a des témoins experts qui aiment ça, mais eux autres, ils sont
vraiment dans la confrontation, parce qu'ils subissent des interrogatoires, des
contre-interrogatoires, ils participent à la construction de l'argumentaire
avec les conseillers syndicaux puis les conseillers patronaux, mais les
arbitres ne sont pas dans cette dynamique confrontationnelle là, ce qui
n'empêche pas qu'il y ait quand même aussi des difficultés d'en recruter. Il y
en a 80 quelques, là, actuellement, puis, si on en avait 20 de plus, on les
prendrait, absolument…
M. Boulet : …de l'argumentaire
avec les conseillers syndicaux puis les conseillers patronaux, mais les
arbitres ne sont pas dans cette dynamique confrontationnelle là, ce qui
n'empêche pas qu'il y ait quand même aussi des difficultés d'en recruter. Il y
en a 80 quelques, là, actuellement, puis, si on en avait 20 de plus, on les
prendrait, absolument.
M. Leduc : Mais qu'est-ce qui
explique donc la difficulté de recrutement, alors?
M. Boulet : Bien, comme je
vous dis, il y a une politique au CCTM, puis le CCTM est constamment à l'affût
de soumettre des nouvelles recommandations, puis, il y a un mois et demi, 11
recommandations, puis, si je remonte à il y a six mois, il y en a eu d'autres,
là. Il y en a qui s'ajoutent, là. Il y a des départs à la retraite. Comme vous
le savez, c'est une profession qui n'est pas exempte du vieillissement de ses
membres. Il y a des départs à la retraite, ça fait qu'on comble les postes
vacants, puis je pense que ça va quand même relativement bien. Mais, quand
même, je ne peux pas nier que c'est aussi un défi d'en recruter.
• (12 h 40) •
M. Leduc : Quand vous dites
qu'ils travaillent sur dossiers, là, j'imagine que dans un contexte de
télétravail, tout le monde fait ça à distance. Mais, avant le télétravail, ils
ne faisaient que recevoir chez eux, peu importe leur région, les deux
évaluations médicales, ils lisaient ça?
M. Boulet : Ah! non. Avant la
pandémie, ils rencontraient le travailleur…
M. Leduc : O.K.
M. Boulet : …ils
l'examinaient, le travailleur. Non, non, c'est quand même un avis scientifique,
là. C'est pour ça que… C'est sûr qu'il n'y a pas une étanchéité tout le temps
complète, là, puis le collègue de Jonquière en parlait, entre le scientifique
puis le juridique, là, mais il n'est pas dans la dynamique confrontationnelle dans
la mesure où il rencontre le travailleur. C'est sûr que durant la pandémie, ça
s'est fait différemment pour les raisons de respect de normes sanitaires, ça
fait que… Mais donc, il y a une rencontre.
M. Leduc : Donc, une rencontre
physique…
M. Boulet : Ah oui!
M. Leduc : …et donc il y a des
bureaux physiques du BEM, ou ils font ça dans leur cabinet?
M. Boulet : À leur bureau, à
leur bureau. Il n'y a pas de bureau…
(Consultation)
M. Boulet : Donc, il y a une
clinique médicale. Il y a une clinique médicale dans les bureaux du ministère.
M. Leduc : Du BEM?
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : Le BEM a un espace…
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : …clinique médicale à
l'intérieur du ministère de l'Emploi.
M. Boulet : Donc, les
travailleurs se rendent là.
M. Leduc : Donc, à Montréal,
c'est…
M. Boulet : Dans les bureaux
du ministère du Travail.
M. Leduc : Au centre-ville,
là?
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : Oui.
M. Boulet : C'est Port-Royal à
Montréal.
M. Leduc : Port-Royal. Dans le
Vieux-Port, ça?
M. Boulet : C'est-u là où il y
a la… les bureaux du…
Une voix
: Au métro
Sauvé.
M. Leduc : Métro Sauvé.
M. Boulet : Métro Sauvé.
M. Leduc : O.K. Intéressant. Il
y a combien, donc, de cliniques comme ça physiques où les travailleurs doivent
se rendre? Il y en a une dans chaque région?
M. Boulet : Il y en a une à Québec,
une à Montréal.
M. Leduc : Donc, il n'y en a
pas à Sherbrooke.
(Consultation)
M. Boulet : Donc, il y en a un
qui reçoit à Sherbrooke, il y en a un qui reçoit à Trois-Rivières. Sinon, les
personnes se déplacent à Montréal et à Québec au bureau du BEM, dans les locaux
du ministère.
M. Leduc : Et, quand il reçoit
à Sherbrooke ou à Trois-Rivières, c'est dans sa clinique à lui?
M. Boulet : Exact. Exact.
M. Leduc : Je comprends.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, député de Nelligan, oui.
M. Derraji : Oui. Juste me
permettre, c'est dans la même logique. Je veux revenir à ce que… Désolé, c'est
comme j'ai un…
M. Boulet : ...les locaux
du ministère.
M. Leduc : Et, quand il
reçoit à Sherbrooke ou à Trois-Rivières, c'est dans sa clinique à lui.
M. Boulet : Exact. Exact.
M. Leduc : Je comprends.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Député de Nelligan, oui.
M. Derraji : Oui. Je vais
juste me permettre... c'est dans la même logique. Je vais revenir... (Interruption)
Désolé, c'est comme... J'ai un... J'ai comme avalé ma salive. Je ne sais pas si
vous avez eu le temps de voir... mais je vais le repréciser parce que ça m'inquiète
vraiment. Ça m'inquiète vraiment, au-delà de la bonne volonté qu'on a tous. Le
BEM, lors de la première vague, comptait plus de 4 000 dossiers en
retard. Je ne sais pas si c'est possible d'avoir le portrait des dossiers en
retard. Est-ce qu'il n'y a pas de dossiers en retard présentement ou la
situation est sous contrôle? Parce qu'avec ce qui se passe au niveau du réseau
de la santé ça mérite d'avoir une clarification. Mais je vais vous lire un peu
deux paragraphes. Je vais juste vous lire...
M. Boulet : Il y a des
dossiers qui sont en retard, mais surtout en psychiatrie, là, parce que, dans
les spécialités, là où la pénurie est la plus réelle et la plus importante,
c'est au niveau des psychiatres, ça fait que ça varie d'une spécialité à l'autre.
C'est la raison pour laquelle il y a des efforts de recrutement, de
recommandations du CCTM et de nominations de la part du ministre pour essayer
d'atténuer ça le plus possible.
M. Derraji : Oui, mais...
C'est très bien, je vous remercie pour cette réponse. Mais là est-ce que
vraiment on est en train de moderniser la façon de faire du BEM?
M. Boulet : Le BEM, non.
M. Derraji : Parce que
le... Je veux juste être vraiment très direct par rapport à ce point. On ne
peut pas, M. le ministre, résoudre la question de la pénurie de main-d'oeuvre
ou la pénurie en psychiatres ni cette année, ni l'année prochaine, ni même dans
les trois prochaines années. C'est très difficile, vous l'avez très, très bien
mentionné. Et vous l'avez même dit, je vais utiliser probablement le parallèle,
que ce n'est pas une seule solution unique, c'est l'ensemble des solutions qui
vont nous aider.
Aujourd'hui, le BEM comptait, lors de la
première pandémie, 4 000 dossiers en retard. Je lis le
rapport — malheureusement, on n'a pas l'expertise autour de la
table — du Collège des médecins. Le rapport du Collège des médecins,
en plus du rapport qui a été ajouté sur le site du Greffier : «Cela a
obligé les gestionnaires à recourir à des alternatives...» Moi, c'est inquiétant
que... Quand j'entends cette phrase, c'est que je comprends la logique des
gens, c'est qu'ils veulent trouver des solutions. Mais est-ce qu'on utilise les
bonnes solutions pour la problématique qu'on a devant nous?
Je continue : «...soit des études sur
dossier permettant de traiter les demandes d'évaluation en atténuant ou en
contournant l'évaluation individuelle avec entrevue.» C'est ce qu'on vient de
répondre au collègue député d'Hochelaga, c'est que : Est-ce que vous
pouvez me confirmer aujourd'hui que la plupart des personnes pendant le temps
requis a une évaluation individuelle avec entrevue et examen? Ce que je lis
aujourd'hui de la part du Collège des médecins, c'est qu'ils disent le
contraire. C'est que le délai, le nombre de dossiers en retard, a obligé les
gestionnaires, avec...
M. Derraji : ...du temps
requis à une évaluation individuelle avec entrevue et examen. Ce que je lis
aujourd'hui de la part du Collège des médecins, c'est qu'ils disent le
contraire. C'est que le délai, le nombre de dossiers en retard a obligé les
gestionnaires, avec raison parce qu'ils veulent avancer les dossiers, à
recourir à des alternatives, soit des études sur dossier permettant de traiter
les demandes d'évaluation en atténuant ou en contournant l'évaluation individuelle
avec entrevue et examen qui est généralement préconisée. C'est ce qui est
préconisé, c'est ce que vous venez de dire au collègue, c'est les entrevues
individuelles. Ah! il y a une disparité régionale de la présence des
professionnels. Vous avez mentionné qu'il y a une liste d'attente et qu'il y a
une problématique au niveau de certains, notamment au niveau des psychiatres.
On sait que les troubles musculosquelettiques et la santé mentale, c'est parmi les
troubles où il y a le plus de problèmes.
À titre d'exemple, et c'est là où j'ai un
inconfort, j'ai vraiment un malaise, des médecins ont sollicité l'opinion du
collège en raison de leur inconfort dans un contexte où ils se sentaient
divisés entre le respect de leurs obligations, notamment la nécessité de
procéder à une expertise rigoureuse avec examen du travailleur, examen du
travailleur, et la nécessité de répondre à une règle administrative, étude sur
dossier ou téléexpertise imposée par certains organismes. Et il semble que,
dans certaines circonstances, les décisions d'indemnisation seraient prises par
des fonctionnaires faute d'une opinion médicale obtenue dans un délai utile.
Donc, un, il y a un retard qui nuit au
retour du travailleur et qui nuit à la productivité dans un contexte de
pénurie. Deux, il y a la pénurie des professions de la santé, vous l'avez dit
M. le ministre. Le recours aux téléexpertises est qu'on nous dit aujourd'hui
que, dans certaines circonstances, les décisions d'indemnisation seraient
prises par des fonctionnaires. Donc, ce n'est plus l'opinion médicale. Donc, à
quoi sert le BEM si ce n'est pas l'opinion médicale? Ça veut dire, c'est une
décision d'un fonctionnaire. Et je comprends la logique derrière parce qu'il y
a trop de demandes, et on n'arrive pas à satisfaire et à répondre à la demande
faute de spécialistes, faute de médecins du travail. Donc, est-ce que vraiment
on règle la situation avec ce que vous proposez comme amendement au niveau du
BEM?
M. Boulet : En fait, il
n'y a pas d'amendement au niveau du BEM, 62 ne fait que confirmer une pratique
établie. Deuxièmement, ce n'est pas des fonctionnaires qui rendent les avis du
BEM, c'est des personnes qui sont membres parce qu'ils ont été recommandés par
le CCTM suite à une entente avec le Collège des médecins. Après ça, ils sont
nommés et ils donnent un avis scientifique. Et je vous dirais, j'ai posé la
question, là, et c'est extrêmement rare que le membre du BEM va rendre une
décision sur dossier. Il évalue, il rencontre en entrevue le travailleur, et
donc c'est un processus qui est fait dans les règles, selon les normes et les
standards acceptés par le Collège des médecins et...
M. Boulet : …que le membre du
BEM va rendre une décision sur dossier. Il évalue, il rencontre en entrevue le
travailleur. Et donc c'est un processus qui est fait dans les règles, selon les
normes et les standards acceptés par le Collège des médecins, et… Puis je pense
que, encore une fois, les délais comme… bon, évidemment, ce n'est pas la
première fois qu'on m'interpelle sur les délais. C'est sûr qu'il y a des
pénuries de spécialistes dans certaines régions, ce qui fait que la commission
assume les frais de déplacement des personnes qui doivent se déplacer pour être
analysées par le membre du Bureau d'évaluation médicale. Et ça fonctionne dans
une relative harmonie, je vous dirais. Ce n'est pas parfait. Ce sera
perfectible. Moi, je le disais au collègue de Jonquière, dans le Bureau
d'évaluation médicale, ou la CNESST, ou quelque instance que ce soit, les
porte-parole des partis d'opposition en matière de travail savent qu'on peut
redresser, corriger, améliorer.
Ici, bon, je le répète, je pensais que
c'était important de… comme, le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve disait :
Enraciner une façon de faire qui est bénéfique, qui assure une meilleure
fluidité puis une meilleure diligence, là, dans les demandes de référence aux Bureau
d'évaluation médicale, là. Voilà, en gros, c'est ça, mais ça m'interpelle,
c'est sûr, ce que vous dites. C'est sûr que… mais, en même temps, c'est
vraiment des scientifiques, c'est vraiment des membres d'ordres professionnels
qui ont passé à travers un processus, un entonnoir qui est vraiment serré,
avant d'être nommés, bien, d'abord, recommandés par le CM, et nommés par le
ministre.
• (12 h 50) •
M. Derraji : Je comprends,
mais devant le constat qu'on a devant nous, maintenant, M. le ministre, vous
avez dit et avoué qu'on a un problème par rapport au… des listes d'attente,
surtout qui touchent la santé mentale. J'ai ajouté hier les troubles
musculosquelettiques. Ces enjeux, c'est difficile de les régler, ni pour cette
année ni pour l'année prochaine, faute de main-d'oeuvre spécialisée pour ce
dossier.
La question, c'est sur le fond même :
Comment on peut, aujourd'hui, dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre… pas
uniquement les professionnels qui vont suivre ces personnes, mais ce qu'on
veut, depuis le début, ce que j'ai compris de ce projet de loi de
modernisation, c'est faciliter le retour sur le marché du travail des
travailleurs. Là, maintenant, on a un autre problème qui se rajoute, c'est de
l'expertise où on vit une rareté, donc la rareté, elle est exacerbée, que ce
soit pour l'employeur qui ne va pas voir le retour de l'employé, ce qui est anormal,
parce que le but de moderniser, c'est se donner des structures, des instances
qui vont prendre en charge le travailleur pour un retour immédiat. Et vous avez
même eu des commentaires dans ce sens, M. le ministre, sur le délai maximal
pour la désignation d'un membre… délai maximal pour que ce soit évalué par le
travailleur par un membre du BEM, suite à la démarche…
M. Derraji : ...ils
essaient de se donner des structures, des instances qui vont prendre en charge
le travailleur pour un retour immédiat, et vous avez même eu des commentaires
dans ce sens, M. le ministre, sur le délai maximal pour la désignation d'un
membre au BEM, délai maximal pour que ce soit évalué par le travailleur... par
un membre du BEM suite à la démarche d'un employeur. Ça, c'est des
recommandations et des commentaires du Conseil du patronat
du Québec.
Donc, là, ce que je vois, et suis sur un
débat de fond, et je comprends que le collègue a déposé un amendement. Mais
pensez-vous que ce qu'on fait maintenant au niveau de la modernisation ne va
pas aller dans le sens où on favoriser le retour de ces travailleurs sur le
marché du travail surtout quand il s'agit de trouble de santé mentale et de
troubles musculosquelettiques?
M. Boulet : Bien, écoutez,
évidemment, là, c'est un débat plus global, puis vous avez raison sur le fond,
je pense qu'on en a... et ce n'est pas la première fois puis ni la la dernière
fois qu'on va discuter de ça. La modernisation, évidemment, c'est deux lois
majestueuses, et ce n'est pas chaque article qui est passé au crible fin, et je
pense qu'on a des objectifs de fond. Puis vous faites référence à un des grands
enjeux majeurs qu'on avait dans notre régime d'indemnisation, c'est le temps
d'absence en raison d'une lésion professionnelle, et ce qui fait plus le temps
d'absence est long, plus on crée des laissés pour compte, puis l'UTTAM l'a
bien précisé aussi, puis plus les personnes sont laissées sans processus de
réadaptation, plus il y a des risques de chronicisation de leurs lésions
professionnelles. Puis, dans les articles que nous avons déjà adoptés,
évidemment on a fait, selon moi, là, des grands pas en avant pour faciliter la
réadaptation. Parce qu'actuellement il n'y avait pas de possibilité de
réadaptation, comme vous le savez, avant la date de consolidation et l'atteinte
permanente. Dorénavant, il y aura possibilité, dès le premier jour, qu'un
travailleur puisse bénéficier des services de réadaptation avec la
collaboration, bien sûr, de son médecin traitant, et aura des retours au
travail soit à son emploi ou dans un emploi qui respecte ses limitations, là.
Ça sera soit via une assignation temporaire ou un retour éventuel dans un
emploi équivalent ou emploi convenable plus tard dans le processus.
Donc, il y a une globalité de changements
dans notre projet de modernisation qui, selon nous, vont diminuer la fréquence
et la gravité des lésions professionnelles, puis ça passe notamment par un
retour plus rapide au travail. Puis ça, la réadaptation, ça va relativement
bien, sauf que c'est trop tard. Puis, comme Morneau et Shepell le
mentionnaient, le CPQ avait mis en valeur ce rapport-là, quand il y avait des
comparaisons avec les autres provinces canadiennes, la durée moyenne d'absence
des accidentés du travail au Québec était nettement plus élevée qu'ailleurs.
Donc, je pense qu'on s'est donné déjà, collègue, des outils pour améliorer
cette situation de fait là.
Pour revenir à la pénurie, bien, ceci
dit...
M. Boulet : ...comparaison
avec les autres provinces canadiennes, la durée moyenne d'absence des
accidentés du travail au Québec était nettement plus élevée qu'ailleurs. Donc, je
pense, on s'est donné déjà, collègue, des outils pour améliorer cette situation
de fait là.
Pour revenir à la pénurie, bien, ceci dit,
on aura l'occasion d'en reparler avec le Comité consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre. C'est un défi qui les interpelle énormément. Puis, dans le
recrutement des membres du BEM, ils ont une procédure très... Ils sont extrêmement
diligents. Ils sont à l'affût. Ils font des recommandations le plus rapidement
possible. Et, de façon occasionnelle, le P.D.G. du CCTM me l'a dit : On
est, tant du côté syndical que patronal, préoccupés par cet enjeu-là et on fait
tous les efforts qui s'imposent.
Ceci dit, en santé mentale, comme vous le
soulevez, moi, je n'aime pas ça... Tu sais, il y en a qui disent : Bon,
est-ce que c'est vraiment l'enfant pauvre du système? Peut-être. Moi, je
comprends cette perception-là. Puis je ne suis pas un spécialiste, là, je ne
suis vraiment pas mon collègue qui est ministre délégué aux Services sociaux ni
mon collègue qui est ministre de la Santé. Il y a des enjeux spécifiques à la
santé mentale, puis je pense qu'ils ont vraiment des plans d'action qui sont
concrets avec des mesures puis les programmes qui visent à répondre aux besoins
des Québécois, des Québécoises en matière de santé mentale.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Oui. Député de Nelligan.
M. Derraji : Oui. C'est
en tout respect, M. le ministre, j'ai vraiment un doute sur le retour au
travail. On a lu le même rapport Morneau Shepell, on a lu le même rapport. Et
les questions soulevées sur la chronicité et la réadaptation, malheureusement,
par rapport à ce qui a été soulevé par le Collège des médecins, notamment la
santé mentale et les troubles musculosquelettiques, ce que j'ai, devant moi
aujourd'hui, ne permet pas un retour au travail rapide de ces travailleurs.
Donc, la chronicité, je ne pense pas qu'on répond aujourd'hui à ce qu'on
diminue cette chronicité avec une réadaptation, un retour au travail, ou même
avec l'assignation temporaire, pour la simple et unique raison que ce
travailleur n'a pas encore eu lieu, n'a pas encore eu la chance de rencontrer
son professionnel.
Vous avez vu que le Collège des médecins a
soulevé que rien que, lors de la première vague, il y avait 4 000 dossiers
en retard. On voit très bien que ce qu'encore une fois le Collège des médecins
avance, c'est que les deux troubles où il y a un réel problème, c'est la santé
mentale et les troubles musculosquelettiques. Donc, vous savez que je ne veux
pas vous ramener sur un terrain où ce n'est pas vous, le responsable, mais je
tiens à vous rappeler qu'il y a une liste qui traîne, au niveau de la santé
mentale, et qu'il y a un réel problème, il y a un réel problème. Je ne veux pas
faire de la politique sur cet enjeu, aujourd'hui même, au salon bleu, vous avez
vu qu'on a posé une question, par rapport à trouver d'autres solutions, et je
suis de votre école que ce n'est pas une solution unique que ça prend pour
résoudre un problème, que ce soit…
M. Derraji : …un réel problème.
Il y a un réel problème. Je ne veux pas faire de la politique sur cet enjeu. Aujourd'hui
même, au salon bleu, vous avez vu qu'on a posé une question par rapport à
trouver d'autres solutions, et je suis de votre école, que ce n'est pas une
solution unique que ça prend, pour résoudre un problème, que ce soit la pénurie
de main-d'oeuvre ou la santé mentale.
Ma préoccupation… Est-ce qu'aujourd'hui le
ministre est conscient qu'on ne règle pas la chronicité d'une manière efficace,
la pénurie frappe le BEM, la pénurie annule les efforts du retour au travail
par la réadaptation et… agir sur la chronicité. Je comprends que c'est un débat
de fond, probablement pas à 100 % lié avec l'amendement en question, mais
nous sommes en train de parler du BEM, et le BEM joue un rôle important dans le
retour au travail des travailleurs. Donc, la question soulevée par Morneau Shepell,
soulevée par le Conseil du patronat, soulevée par
l'ensemble des associations patronales sur… que cette modernisation doit
absolument viser aussi un retour au travail. Vous avez même dit ça à
plusieurs reprises, M. le ministre, on a un problème de pénurie de
main-d'oeuvre, donc on n'a pas besoin de prolonger cette chronicité, parce que
ça ne va pas aider ni… personne, ni le travailleur, ni les représentants des
travailleurs, ni les patrons, ni nos entreprises. Et on ne le règle pas,
aujourd'hui, parce que ça prend une coordination avec la santé, avec les
services sociaux, parce qu'il y a une pénurie qui les affecte.
M. Boulet : Oui, puis ça fait
écho, puis on ne réglera pas la pénurie de main-d'oeuvre dans le cadre de notre
commission parlementaire, mais la recommandation 18 le dit, comme vous le
mentionnez, que «le ministère de la Santé et des Services sociaux, en collaboration
avec le Collège des médecins, les ministères et organismes concernés — puis
ils référaient à l'Enseignement supérieur — les organisations
patronales, syndicales lancent une réflexion et recommandent des pistes de
solution sur notamment la pénurie des médecins formés en médecine du travail, l'amélioration
de la formation», etc., là. Mais oui, vous avez raison, je pense que ça va être
le fruit d'une collaboration de toutes les parties intéressées par ça.
Ceci dit, la diminution de la
chronicisation va passer par la diminution des durées d'absence en raison des
accidents de travail et maladies professionnelles. Et on s'est donné un outil
qui va être puissant, selon moi, de permettre à des travailleurs accidentés de
bénéficier des services de réadaptation avant la consolidation et l'atteinte
permanente. Et vous avez totalement raison, là, sur… ça ne doit pas se faire en
vase clos, puis je suis content de constater que vous êtes d'accord qu'il n'y a
pas de solution unique. Comme j'ai dit au salon bleu, ce matin, c'est la
multiplicité des efforts de tout le monde qui va contribuer à permettre au
Québec de bien lutter contre la pénurie de main-d'oeuvre.
• (13 heures) •
Et ça ne se réglera pas demain. Le pire,
ça va être en 2030, là, vous le savez, hein, il y a beaucoup de départs à la
retraite, puis la population, au Québec, vieillit…
13 h (version non révisée)
M. Boulet : …c'est la
multiplicité des efforts de tout le monde qui va contribuer à permettre au
Québec de bien lutter contre la pénurie de main-d'oeuvre.
Et ça ne se réglera pas demain. Le pire,
ça va être en 2030, là, vous le savez, hein, il y a beaucoup de départs à la
retraite, puis la population, au Québec, vieillit de manière assez effarante,
là, même quand on se compare au reste du Canada.
O.K., ça va, je comprends que vous êtes…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre. Merci. Merci, vous êtes bien gentil. Deux précisions. Je
voulais juste savoir s'il y avait d'autre… sur l'amendement même, est-ce qu'il
y avait d'autres interventions? S'il n'y avait pas d'autre intervention, est-ce
qu'on procéderait tout de suite à la mise aux voix?
M. Gaudreault : …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Pardon?
M. Gaudreault : On va
attendre.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous aimez mieux attendre après le dîner, bon. Avant ça, j'ai une autre
précision à apporter, également. L'état de la situation que le ministre vous a
soumis ou que vous avez reçu, il ne sera pas déposé à la commission, il était
pour vous, à l'interne. Il a été distribué, mais il ne sera pas déposé à la
commission. Donc, ça va? Je vous remercie.
Donc, je vous souhaite un bon dîner, et
nous revenons. Nous devons suspendre pour le dîner et nous revenons pour les
travaux à 15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 13 h)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 1)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, bonjour, à nouveau. Attention, s'il vous plaît! La Commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux. Nous poursuivons l'étude
détaillée du projet de loi n° 59, Loi modernisant le régime
de santé et de sécurité du travail.
Lors de notre suspension des travaux, ce
matin, nous en étions rendus à un amendement qui avait été discuté, un
amendement déposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Il avait été discuté
mais je vais quand même prendre le temps. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement déposé introduisant le nouvel article 62.1?
Alors, député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci,
Mme la Présidente. Alors, j'ai écouté les commentaires de mes collègues
avant la suspension de nos travaux, le député de Nelligan, le député
d'Hochelaga-Maisonneuve évidemment, avec son amendement. J'ai écouté également
le ministre et ses propos.
Moi, je regardais ça, là, durant la pause,
l'amendement et l'article 218. Dans le fond, l'enjeu, c'est que dans
le 218, on dit «le ministre désigne un membre», et là, le député
d'Hochelaga-Maisonneuve nous propose de changer ça par «le professionnel de la
santé qui a charge du travailleur désigne un membre du Bureau d'évaluation
médicale», etc.
Et j'ai réfléchi à ça comme il faut. Et je
suis allé voir avec l'article 224 de la Loi sur les accidents du travail
et les maladies professionnelles, où on dit «aux fins de rendre une décision en
vertu de la présente loi, la commission est liée par le diagnostic et les
autres conclusions établies par le professionnel de la santé qui a charge du
travailleur».
Alors, pour moi, il y a comme une colonne
vertébrale, je dirais, là, ou une ligne directrice en ce qui concerne
l'évaluation du travailleur ou de la travailleuse, en ce qui concerne son
traitement…
M. Gaudreault : …une colonne
vertébrale, je dirais, là, ou une ligne directrice en ce qui concerne l'évaluation
du travailleur ou de la travailleuse, en ce qui concerne son traitement, en ce
qui concerne également les évaluations de son état de santé à la suite de la
lésion ou de l'accident. Et le ministre lui-même, de toute façon, l'a dit à
plusieurs reprises, dans ses interventions précédentes, que le médecin qui a
charge du travailleur est prépondérant.
Donc, moi, c'est là que ça me rejoint, au
sens où, si c'est un des principes fondateurs de la loi que le professionnel
qui traite l'accidenté du travail ou le lésé du travail, je ne sais pas si ça
se dit, mais ça revient un peu à ça, bien, il faut que ça apparaisse à quelque
part. Donc, de faire ressortir ce principe à l'article 218, moi, je trouve que
c'est cohérent, c'est en droite ligne avec la trame derrière la loi, qui est de
dire que le médecin traitant a prépondérance. Et je l'ai dit à plusieurs
reprises, le ministre était d'accord avec moi hier, sur un autre sujet, mais on
avait eu l'occasion de dire que les professionnels de la santé, quels qu'ils
soient, étant membres d'un ordre, étant membres du Collège des médecins, ont
des responsabilités, ont des responsabilités face au public, ont des
responsabilités face à leur syndic, ont des responsabilités face à leur propre
ordre professionnel. Et moi, je fais confiance aux professionnels de la santé.
Donc, de remplacer «le ministre» par
«professionnel de la santé qui a charge du travailleur», je trouve que c'est
cohérent et je trouve également, de toute façon, que ça vient clarifier, parce
qu'on sait bien que, quand on dit, dans un article comme celui-là : Le
ministre peut, le ministre peut, le ministre doit, le ministre, ce n'est pas
lui qui va regarder, là, le dossier d'une personne ou d'un travailleur qui est
blessé puis qui va désigner un membre du bureau. On sait bien que c'est un
pouvoir délégué, un pouvoir délégué envers d'autres personnes du ministère,
soit un directeur ou une directrice du ministère, des directeurs régionaux, peu
importe la situation. Donc, quand on dit, dans l'article 218 actuel, «le
ministre désigne un membre du bureau», je trouve ça fort, tu sais. Je
comprends, puis je le répète, on le dit même, «le ministre ou la personne qu'il
désigne à cette fin», donc on sait bien, là, que c'est souvent… c'est la
personne qu'il désigne à cette fin. Si ça se trouve, la ministre ne sait même
pas c'est qui, la personne qu'il a désignée à cette fin parce qu'elle est
désignée par les processus administratifs auxquels… en bout de ligne, le ministre
signe. Mais moi, je pense que…
M. Gaudreault : …personne qui
le désigne à cette fin». Donc, on sait bien, là, que c'est… souvent, c'est la
personne qui le désigne à cette fin. Si ça se trouve, le ministre, il ne sait
même c'est qui, la personne qui est désignée à cette fin, parce qu'elle est
désignée par les processus administratifs auxquels, en bout de ligne, le
ministre signe.
Mais moi, je pense que, de préciser dès le
premier alinéa «le médecin traitant»… bien, je dis le médecin, là, mais
«le professionnel de la santé qui a charge du travailleur», je pense que c'est
beaucoup plus conforme, beaucoup plus réaliste puis ça nous permet d'identifier
clairement une personne, un professionnel.
Donc, pour toutes ces raisons, Mme la
Présidente, moi, je vais appuyer, là, l'amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. M. le ministre, voulez-vous… Non? Parfait.
M. Boulet : Je respecte et je
comprends le commentaire du collègue.
Ceci dit, je vais juste réitérer que la
prépondérance de l'opinion du médecin traitant, elle est reconnue à
l'article 224. La commission, elle est liée par l'opinion du médecin
traitant, sur les aspects médicaux. Tu sais, on disait il y avait à peu près,
quoi, 130 000 dossiers avec un potentiel de BEM, il y en a à peu près
10 000, 11 000, avis du Bureau d'évaluation médicale. Et cet avis-là,
comme j'ai expliqué, il demeure prépondérant.
Puis c'est sûr que le médecin traitant
n'aurait pas non plus la connaissance du réseau des membres du BEM, là. Parce
que même si tu as besoin d'un orthopédiste, il y en a au Québec qui sont
spécialisés dans les membres inférieurs, d'autres, dans les membres supérieurs,
d'autres, dans les lésions musculosquelettiques. Donc, ça permet une
identification du profil du membre du BEM, dont on a besoin.
Puis après ça, le processus de nomination,
il est clérical, là, purement administratif, là, il y a une liste avec les
spécialités puis les surspécialités parfois. Et ça se fait en fonction des
disponibilités de ces médecins-là.
Mais ceci dit, je comprends très bien et
je respecte l'opinion du collègue de Jonquière.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions à l'amendement? Oui? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Très rapidement,
Mme la Présidente. Moi, ce que je veux juste retenir de cette histoire-là,
dans le fond, c'est… puis ça aurait pu être un commentaire qui aurait été fait
plus tôt, là, mais je le fais maintenant, c'est qu'une personne qui commence
son calvaire, là, de lésion, là, il va avoir son expertise médicale de son
médecin traitant. Mais à partir du moment où l'employeur conteste, ou la commission
potentiellement aussi, bien là, il va y avoir très certainement ou, en tout
cas, oui, très probablement… probablement, très certainement, deux autres
expertises, deux autres rencontres, celle du médecin et de l'employeur ou de la
CNESST puis celui du BEM qui va avoir lieu.
Ça fait que c'est des étapes, des étapes,
des étapes. Puis là, ça va être contesté au TAT probablement. On… rebelote avec
les expertises médicales. Ça fait que, vraiment, on multiplie les moments…
M. Leduc : …puis celui du BEM
qui… ça fait que c'est des étapes, des étapes, des étapes, puis là ça va être
contesté au TAT, probablement, rebelote avec les expertises médicales.
Ça fait que, vraiment, on multiplie les
moments anxiogènes, les moments stressants. Ça ne m'est jamais arrivé, évidemment,
mais j'ose à peine imaginer comment se sent une personne qui a une lésion, qui
a son papier de son médecin puis que son patron, en quelque sorte, le conteste,
ou ne le croit pas, ou peu importe, l'envoie voir le médecin de l'entreprise,
comment on se sent quand on se présente au médecin de l'entreprise. Ça ne doit
pas être une situation particulièrement agréable. Surtout que, quand on va voir
le médecin de l'entreprise, de ce que j'en comprends des différentes statistiques
qu'on a étudiées depuis le début de cette commission, il y a des maudites
bonnes chances que vous ayez aussi, après ça, à aller voir le médecin du BEM.
Ce n'est pas très fréquent, j'imagine, que le médecin de l'entreprise dise que
votre médecin à vous avait raison. Alors, c'est ça que je retiens.
Puis je pense que mon amendement avait peut-être
une perspective de pouvoir éviter, dans la mesure du possible, ces moments-là,
anxiogènes. Mais voilà, on a fait le tour de la question, je pense.
• (15 h 10) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention à l'amendement déposé par le
député d'Hochelaga-Maisonneuve introduisant le nouvel article 62.1, nous allons
procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M.
Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Abstention.
La Secrétaire
: M.
Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire
: Mme
IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. On me signale de ne pas oublier de
porter le masque ou de respecter les mesures sanitaires, là, lorsque vous ne
parlez pas. Alors, il faut faire attention.
Nous poursuivons donc avec l'article 63. M.
le ministre.
M. Gaudreault : …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, député de Jonquière.
1001 M. Gaudreault : Oui.
J'aurais un amendement à déposer.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Après 62, c'est ça?
M. Gaudreault : Oui, un 62.1.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Point 1. Il devient 62.1 parce que le… d'accord.
M. Gaudreault : C'est parce
que le 62.1 d'Hochelaga-Maisonneuve a été battu, donc un nouveau…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce qu'il a déjà été acheminé? Non? Alors, nous allons suspendre quelques
instants.
(Suspension de la séance à 15 h 11)
(Reprise à 15 h 21)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous avons reçu un amendement de la part du député de Jonquière. Je vous
invite à le lire et à l'expliquer, s'il y a lieu.
M. Gaudreault : Oui. Alors, je
vais juste… Parfait. Donc, Mme la Présidente, voici, l'amendement est le
suivant :
Insérer, après l'article 62 du projet de
loi, le suivant :
«62.1 L'article 209 de la Loi sur les
accidents du travail et les maladies professionnelles est remplacé par le
suivant…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…de Jonquière, je suis obligée de vous arrêter, il y a un vote. Il y a un vote.
Alors, je ne sais pas s'il y en a d'autres qui doivent aller voter au bleu. Il
y a un vote actuellement au bleu, alors…
M. Gaudreault : O.K. On va
attendre.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui. On doit donc suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 22)
(Reprise à 15 h 27)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
S'il vous plaît! Il dit : On va en profiter.
Une voix : …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est ça. Alors, attention, nous sommes de retour. Alors, lorsque nous avons
suspendu, le député…
Des voix
: …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il dit : On va en profiter.
Des voix
: …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, c'est ça. Alors, attention, nous sommes de retour.
Des voix
: …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, lorsque nous avons suspendu, le député de Jonquière était en train de
lire son amendement. Alors, je vous invite à le lire.
M. Gaudreault : Oui. Insérer,
après l'article 62 du projet de loi, le suivant :
«62.1. L'article 209 de la Loi sur les
accidents du travail et les maladies professionnelles est remplacé par le
suivant :
«209. L'employeur qui a droit d'accès au
dossier que la Commission possède au sujet d'une lésion professionnelle dont a
été victime un travailleur peut faire une requête auprès de la Commission pour
que celle-ci évalue la possibilité d'imposer qu'un travailleur victime d'une
lésion professionnelle se soumette à l'examen du professionnel de la santé
qu'elle désigne, à chaque fois que le professionnel de la santé qui a charge de
ce travailleur fournit à la Commission un rapport qu'il doit fournir et portant
sur un ou plusieurs des sujets mentionnés aux paragraphes 1° à 5° du
premier alinéa de l'article 212.
L'employeur qui se prévaut des
dispositions du premier alinéa peut également demander à la Commission la
possibilité que le professionnel de la santé désigné par celui-ci donne son
opinion sur la relation entre la blessure ou la maladie du travailleur d'une
part, et d'autre part, l'accident du travail que celui-ci a subi ou le travail
qu'il exerce ou qu'il a exercé.»»
Bon, Mme la Présidente, je sais que
vous allez trouver qu'il y a beaucoup de phrases. Mais c'est la formule qu'on a
trouvé la meilleure plutôt que d'essayer de dire : On remplace puis on
supprime puis on rajoute. Parce qu'à un moment donné, c'est plus simple, de
réécrire, là, le projet de loi… pas le projet de loi, bien, on pourrait
réécrire le projet de loi, oui, mais réécrire un article.
Dans le fond, c'est quoi? C'est que, moi,
j'ai fait de la concordance entre le rapport de la Commission de l'économie et
du travail de 2006 et le document de suivi de ce rapport qui nous a été
transmis par le ministre avant la pause.
Et je constate que, puis là, je vais aller
le rechercher, je constate que le fameux suivi du rapport, oui, je l'ai ici, le
fameux suivi du rapport de la Commission de l'économie et du travail de 2006
énonce des éléments assez techniques.
• (15 h 30) •
Par exemple, bon : il y a eu une
campagne de promotion qui a été faite, du BEM, ils ont mis en place un plan de
communication insistant sur le rôle médical du BEM, le BEM a implanté une série
de mesures afin d'améliorer la qualité des avis et mis en place un mécanisme de
suivi, a fait une restructuration organisationnelle, il y a eu l'amélioration
du processus de recrutement et de sélection des membres, formation,
support-conseil, relecture des avis, disponibilité et support-conseil accrus,
examen de la conformité, etc., etc., là. Allez voir le rapport, Mme la
Présidente, le suivi du rapport…
15 h 30 (version non révisée)
1001 1001 M. Gaudreault : …il y a eu
l'amélioration du processus de recrutement et sélection des membres, formation,
support conseil, relecture des avis, disponibilité et support conseil accrus,
examen de la conformité, etc., là, allez voir le rapport, Mme la Présidente.
Le suivi du rapport, ce n'est pas mauvais,
là, mais c'est des choses assez techniques, alors qu'il y avait une recommandation
très claire, que je vais aller vous rechercher dans le rapport de 2006, une recommandation
très claire qui dit la chose suivante, voilà, écoutez bien : «Que seule la
commission de la santé et sécurité du travail puisse demander au Bureau
d'évaluation médicale d'émettre un avis.» Donc, encore là, l'idée est de mettre
au centre de la loi le pilier principal, au coeur de la loi, je ne sais plus
quel synonyme je peux sortir, de mettre le travailleur au coeur de cette loi.
Le rapport de 2006 nous dit la recommandation, que la commission de la
santé-sécurité puisse être la seule à demander au Bureau d'évaluation médicale
d'émettre un avis.
Alors, c'est pour ça que je fais cet
amendement, qui vient modifier l'article 209, parce que, par cet amendement, on
vient dire… on se donne une étape de plus, mais je vais revenir tout à l'heure
sur la judiciarisation, on se donne une étape de plus. On a essayé de formuler
le mieux possible l'article 209 pour atteindre nos fins. Si le ministre nous
dit que mon amendement est bon mais mal formulé, si c'est juste ça, moi, je
suis prêt à m'asseoir puis à regarder avec le ministre comment on peut le
réécrire, parce qu'il a beaucoup plus de ressources que moi. Donc, moi, je
n'aurais pas de problème là-dessus. Mais, avec les ressources que nous avons
puis avec le temps qu'on a, c'est comme ça qu'on l'a écrit.
Donc, ce qu'on fait, c'est qu'on vient… Si
vous regardez le libellé d'origine de l'article 209, on dit que l'employeur
peut exiger — ce n'est pas rien — peut exiger que le
travailleur se soumette à l'examen d'un professionnel de la santé qu'il
désigne. C'est fort, c'est fort. Alors, nous, pour respecter la recommandation
de la commission… de notre commission parlementaire, en 2006, on vient ajouter
une formalité, qui est l'employeur peut faire une requête auprès de la CNESST
pour que celle-ci évalue la possibilité d'imposer qu'un travailleur victime
d'une lésion professionnelle, blablabla. Donc, ce n'est pas obligé d'être très
complexe, ça peut être un formulaire, ça peut être une procédure décentralisée
dans les régions, dans les bureaux de la CNESST, ou l'employeur pourrait…
M. Gaudreault : …évalue la
possibilité d'imposer qu'un travailleur victime d'une lésion professionnelle»,
blablabla. Donc, ce n'est pas obligé d'être très complexe. Ça peut être un
formulaire. Ça peut être une procédure décentralisée dans les régions, dans les
bureaux de la CNESST, où l'employeur pourrait demander à la commission
d'évaluer la possibilité d'imposer un examen supplémentaire à un travailleur,
pour respecter cette recommandation de 2006, qui est toujours sur une
tablette. Parce que, dans le suivi de ce rapport de 2006, à moins que le
ministre me montre un élément contraire, dans le suivi du rapport de 2006
qu'il nous a déposé, il n'y a pas ça.
Donc, moi, je veux respecter la
recommandation de 2006. Je veux qu'on envoie un signal clair, dans cette
loi, et dans ce projet de loi, et dans cette réouverture depuis 40 ans de
cette loi fondamentale, que le travailleur, la travailleuse lésée, blessée, est
le seul, et la seule à être au coeur de ce système parce qu'elle est victime,
elle est la partie la plus vulnérable dans l'ensemble du processus, alors c'est
pour ça.
Puis je ne crois pas, je ne crois pas que
cela vient affecter le droit des employeurs, peut-être que le ministre pourra
me répondre ça. Mais on vient ajouter, dans le fond, une formalité qui assoit
davantage le rôle de la commission comme instance désignée, comme instance
aussi administrative, quasi judiciaire, qui vient dire : Ce sera mon rôle
de déterminer l'avis supplémentaire, la pertinence d'un avis supplémentaire et
ce n'est pas un droit exclusif d'un employeur d'exiger.
Maintenant, je sais que l'autre argument
qui va venir sera de dire : Oui, mais on dénonce déjà la
surjudiciarisation du système, là on ajoute une bureaucratie, on ajoute un
formulaire ou une procédure.
Attention, moi, je pense qu'au contraire,
ça vient envoyer le signal aux employeurs de ne pas surutiliser ou mal utiliser
un BEM dédié à des avis scientifiques. Le ministre lui-même nous a dit, hier,
hier ou ce matin, je viens mêlé dans le temps, mais a répondu, à ma question
est-ce scientifique ou juridique, sans nuance, puis j'aime ça quand c'est comme
ça, le ministre a dit : C'est scientifique.
Alors, il ne faut pas déformer le rôle du
BEM et de lui donner… de faire en sorte, plutôt, que des employeurs s'en
servent à des fins judiciaires, c'est là qu'on alourdit le système. Alors, au
contraire…
M. Gaudreault : …le ministre
dit : C'est scientifique. Alors, il ne faut pas déformer le rôle du BEM et
de lui donner… de faire en sorte, plutôt, que des employeurs s'en servent à des
fins judiciaires. C'est là qu'on alourdit le système.
Alors, au contraire, on vient mettre une
barrière qui, à sa face même, a l'air d'une procédure supplémentaire, mais, au
contraire, qui vient dire aux employeurs : Ne m'utilisez pas à outrance,
parce que si vous voulez demander un avis supplémentaire, vous aurez à le
démontrer, à le justifier, puis c'est la commission qui prendra la décision,
comme le dit la recommandation du rapport de 2006. Alors, c'est ça, l'objectif.
Donc, moi, je crois qu'au lieu de surjudiciariser davantage ou de
surbureaucratiser, je ne sais pas si ça se dit, on vient au contraire, dire à
l'employeur : Prépare-toi, on ne t'enlève pas le droit de demander un
avis, mais, par exemple, ce n'est pas vrai que ça va devenir un bar ouvert.
Donc, c'est l'objet de mon amendement, cet
après-midi, sur cet aspect-là, que je trouve à tout point conforme à une recommandation
de nos prédécesseurs à la Commission de l'économie et du travail. Je vais
m'arrêter ici pour l'instant, Mme la Présidente, puis j'ai hâte d'entendre mes collègues,
là, sur cet amendement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, M. le ministre.
M. Boulet : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Donc, si on va au fond de l'amendement, ce que vous demandez, c'est
que l'employeur ne puisse exiger de son travailleur lésé qu'il se soumette à un
examen de son médecin désigné pour éventuellement le soumettre au Bureau
d'évaluation médicale sans d'abord avoir passé par… en fait, que ce ne soit que
la CNESST qui puisse référer au Bureau d'évaluation médicale.
Je rappelle que c'est de l'arbitrage
médical puis c'est… la CNESST, elle est là pour appliquer la loi, puis il y a
un travailleur, puis un employeur. Les statistiques que je mentionnais, plus
tôt aujourd'hui, 130 000 dossiers actifs, bon an, mal an, c'est
10 000, 11 000. Il n'y en a pas tant que ça, là, en pourcentage,
c'est assez faible, le nombre d'avis de Bureau d'évaluation médicale qui sont
rendus, sur l'ensemble, la totalité des dossiers, du nombre de dossiers.
Et ce que vous voulez atteindre, comme objectif,
a pour effet, selon moi, de judiciariser encore plus, de mettre une nouvelle
couche, de demander aux employeurs du Québec, les petits, les moyens, les
grands, je répète, de faire une demande, une requête à la CNESST pour pouvoir
faire examiner son travailleur et pour…
M. Boulet : ...de judiciariser
encore plus, de mettre une nouvelle couche, de demander aux employeurs du Québec,
les petits, les moyens, les grands, je répète, de faire une demande, une
requête à la CNESST pour pouvoir faire examiner son travailleur et pour pouvoir
référer éventuellement au Bureau d'évaluation médicale. Mais selon quels
critères? S'il y a un désaccord entre les deux médecins, c'est normal qu'on
puisse référer.
• (15 h 40) •
Puis c'est normal que dans un contexte
d'accident de travail ou de maladie professionnelle, un employeur puisse
vouloir faire examiner. C'est des choses d'experts, le diagnostic, les
traitements, la consolidation, l'atteinte puis les limitations, il ne peut pas,
lui... Vous le savez, vous avez pratiqué, vous savez qu'un employeur, quand il
a un contentieux, il demande à un expert de venir témoigner au soutien de sa
prétention. Il peut ne pas y avoir eu d'accident, il peut ne pas y avoir eu de
maladie ou les aspects médicaux déterminés par le médecin traitant.... Je vous
rappelle que le médecin traitant est prépondérant, 224 le dit clairement. Ça
fait que vous essayez de régler une question en hypothéquant les employeurs, en
les privant de l'exercice d'un droit qui m'apparaît fondamental, c'est-à-dire
le droit de ST de préparer son dossier. Et il ne faut pas oublier qu'en
matière de santé, puis mon collègue connaît bien les décisions des tribunaux
supérieurs, tu sais, en matière de santé, quand il y a un enjeu entre un travailleur
et un employeur, il y a un consentement implicite du travailleur à ce que
l'employeur puisse obtenir un examen médical, tu sais, dans les cas
d'absentéisme pour des raisons de santé et autres. Donc, puis on dit «peut
exiger». En fait, oui, il demande puis il peut exiger, parce qu'il ne veut pas
se faire opposer par un travailleur : Je ne suis pas obligé. Puis, si, les
travailleurs, on leur disait... puis, ceci dit, avec respect, là, parce qu'il y
a un travailleur, il dit : Moi, je ne veux pas me faire examiner. En fait,
s'il n'y avait pas le «peut exiger», les employeurs, ils pourraient décider en
masse de ne pas se faire expertiser.
Puis je reviens à la base, là. Tu sais,
c'est un système d'arbitres. Le médecin traitant, il fait son attestation
médicale initiale, il se prononce sur les aspects médicaux. L'employeur peut
faire examiner le travailleur. Il peut, s'il y a un désaccord entre son médecin
puis le médecin traitant, demander de référer au BEM. La CNESST a toujours ce
droit-là dans la loi actuelle. La CNESST a toujours ce droit, même si
l'employeur l'a, mais c'est des corridors distincts. Et là on viendrait dire à
l'employeur : Il faut tu franchisses une autre étape puis tu peux ne pas
aboutir à ce que tu souhaites, là. Pourquoi la CNESST dirait non à...
M. Boulet : …la CNESST a
toujours ce droit, même si l'employeur l'a, mais c'est des corridors distincts.
Et là on viendrait dire à l'employeur : Il faut tu franchisses une autre
étape, puis tu peux ne pas aboutir à ce que tu souhaites, là. Pourquoi la
CNESST dirait non à une demande de… Tu sais, je ne comprends pas la retombée
pratique puis la retombée positive en matière de structure administrative puis
de palier additionnel pour simplement priver les employeurs d'un droit qui
m'apparaît fondamental.
Puis le collègue, bon, le sait, depuis le début
du projet de loi, j'essaie toujours de trouver des bons compromis puis je
comprends l'équilibre qui doit exister entre les travailleurs et les
employeurs, mais je ne peux pas, au nom de la prépondérance de l'opinion du
médecin traitant, priver les employeurs complètement de leur droit de faire
examiner le travailleur. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Il y a d'autres… Oui, député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, peut-être
un petit commentaire avant de laisser les collègues prendre la parole. On ne
prive pas, là, l'employeur, quand même, d'exercer un droit. J'aurais le goût de
dire, l'amendement vient l'obliger à être crédible dans sa démarche. Alors, tu
sais, ce n'est pas plus que ça. Puis, encore une fois, je répète que je me
colle, quand même, à une recommandation importante qui dort sur les tablettes
depuis 2006. Alors, pour l'instant, je vais en arrêter là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, M. le ministre.
M. Boulet : Oui, moi, je suis
toujours un partisan de la présomption de bonne foi. Mais, peut-être, je peux
laisser les… si les autres collègues n'ont pas d'intervention, je pourrai
peut-être répondre, donner une réponse additionnelle, mais…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement déposé?
M. Leduc : J'aurais d'abord
entendu le ministre, là, mais…
M. Boulet : O.K. Bon, je me
suis…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
O.K. M. le ministre.
M. Boulet : Je voulais
simplement informer, puis ça fait suite, d'ailleurs, aux propos du collègue de
Nelligan, de ce matin, au CCTM, M. François Lamoureux, là, qui est président du
CCTM, que vous connaissez peut-être, me confirmait qu'il y avait des travaux.
Ils ont formé un sous-comité, les syndicats et les patrons, un sous-comité qui
appelle sur l'évaluation médicale, pour améliorer le fonctionnent du BEM,
recrutement des médecins puis réduire les délais. Donc, ils sont constamment en
action. Puis, bien, encore une fois, ce n'est pas parfait, là, mais il y a
quand même des travaux, il y a un sous-comité qui a été formé puis il y a un
plan d'action.
Puis, moi, ce que je pourrais ultimement
demander au CCTM, de voir la légitimité, là, que seule la commission, la CNESST,
puisse demander au Bureau d'évaluation médicale un avis, qu'il y ait au moins
une réflexion sur ce volet-là. Moi, c'est le compromis que je suggère, que j'ai
fait souvent avec les collègues de Nelligan et d'Hochelaga-Maisonneuve…
M. Boulet : ...la
légitimité, là, que seule la commission, la CNESST, puisse demander au Bureau
d'évaluation médicale dans un avis, qu'il y ait au moins une réflexion sur ce
volet-là. Moi, c'est le compromis que je suggère, que j'ai fait souvent avec
les collègues de Nelligan et d'Hochelaga-Maisonneuve, puis ça nous permettrait
d'aller de l'avant puis de laisser ça dans les mains des experts que sont les syndicats
et les patrons.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bien, j'allais
juste simplement saluer l'initiative de mon collègue de Jonquière. Là, je pense
que ce qu'il a proposé, et qu'on est en train de débattre, est une autre voie,
là, qui vise à un objectif assez proche de celui qu'on avait défendu, que
j'avais défendu la semaine dernière — ou c'est-u hier? En tout cas,
je perds le fil — récemment, que j'ai défendu récemment, et qui vise
donc à déjudiciariser, qui vise à cesser cette espèce parfois d'automatisme à
tout de suite contester, et puis on ne fera pas le débat au complet, là, mais
je pense que c'est assez ingénieux, là, d'avoir pensé à ce chemin-là, puis je
vais voter en faveur de son amendement.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Y a-t-il d'autres interventions? Député
de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui.
Merci au député d'Hochelaga-Maisonneuve. Je vous dirais... bon, je comprends le
positionnement du ministre, là, je ne pense pas que je vais le changer à ce
stade-ci, mais je veux quand même ajouter un argument, là, avant de conclure,
c'est qu'admettons qu'il arrive un accident dans une usine ou dans une
entreprise, il peut que le travailleur se retrouve rapidement à l'urgence, il
va au plus vite puis là, il se retrouve avec un orthopédiste qu'il n'a pas
choisi parce qu'il faut tout de suite réparer sa jambe qui est fracturée au
fémur, et à deux endroits, puis là, il se retrouve dans un contexte d'urgence.
Tandis que l'article 2028, la manière
dont il est présentement libellé, c'est comme ça amenait un déséquilibre parce
que l'employeur, lui, il peut... il a comme deux avantages, il peut exiger un
deuxième avis ou un examen par un médecin, deuxièmement, de son choix.
L'employé, lui, le travailleur n'a pas nécessairement le choix de son médecin
traitant. Donc, il y a comme un déséquilibre à cet égard-là. Je pense que mon
amendement vient un peu rééquilibrer ça.
Maintenant, j'ai entendu le ministre qui
m'a parlé du comité consultatif sur la main-d'oeuvre et des études, ou des
recherches, ou des informations supplémentaires que le comité peut nous faire.
Moi, j'ai appris une chose en politique...
M. Gaudreault : …du comité
consultatif sur la main-d'oeuvre et des études, ou des recherches, ou des
informations supplémentaires que le comité peut nous faire. Moi, j'ai appris
une chose en politique, Mme la Présidente, c'est qu'à un moment donné il faut
ramasser nos billes. Alors là, je vois que le ministre ne peut pas ou ne veut
pas… puis on pourrait débattre longuement, là, de mon amendement, il ne veut
pas adopter mon amendement, il a la majorité, mais on va au moins ramasser nos
billes. Il nous a dit qu'il était prêt à mandater le comité consultatif pour
examiner l'impact, à tout le moins, du fait que la CNESST n'est pas la seule
instance à pouvoir demander un avis supplémentaire, d'évaluer cette
question-là. Moi, j'aimerais qu'il… moi, en tout cas, j'accepte ça
minimalement. Puis j'aimerais qu'il nous dise, là, qu'il va effectivement
demander au comité de le faire. Puis éventuellement, bien, on pourra obtenir le
rapport du comité consultatif sur cette question-là. Parce que c'est quand même
un enjeu important qui a été énoncé en 2006, qui n'est toujours pas réglé, qui
est un principe fondateur de la loi, et si, au moins, le comité peut faire un
travail supplémentaire là-dessus, bien, on va être preneurs, c'est sûr.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. M. le ministre.
M. Boulet : Oui, je le
confirme, absolument, que le CCTM fasse une réflexion sur le fait que la CNESST
doit être le conduit qui permet à l'employeur de faire examiner et de référer
au Bureau d'évaluation médicale, et ce sera fait. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il d'autres interventions à l'amendement déposé par le député de
Jonquière? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à
la mise aux voix de l'amendement introduisant le nouvel article 62.1.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
• (15 h 50) •
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Abstention.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. Nous poursuivons donc avec, cette
fois-ci, l'article 63. M. le ministre.
M. Boulet : Oui, merci, Mme la
Présidente. Donc, ça, il y a une succession d'articles, là, il y a eu… c'est un
amendement. C'est :Retirer
l'article 63 du projet de loi.
Et... Puis je vais expliquer, là, en fait,
l'amendement fait suite aux commentaires de certains groupes, formulés
clairement, là, lors des consultations particulières. C'est tout. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce qu'il y a des interventions? Donc, s'il n'y a pas d'intervention sur…
M. Boulet : ...du projet de loi.
Et... Puis je vais expliquer, là, en fait, l'amendement fait suite au commentaire
de certains groupes formulé clairement, là, lors des consultations
particulières. C'est tout. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce qu'il y a des interventions? Donc, s'il n'y a pas d'intervention sur l'amendement
concernant l'article 63, nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
:
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire
:
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Et l'article 63 est donc
supprimé. Nous poursuivons, M. le ministre, avec l'article 64.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Donc : Remplacer l'article 64 du projet de loi par le
suivant :
L'article 219 de cette loi est abrogé.
Donc, c'était par amendement.
Explication. Il n'y a pas d'explication,
là, c'est suite aux recommandations lors des consultations particulières, donc
même raison. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il des interventions sur l'amendement? Oui, député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : ...préciser, là,
j'aurais dû le poser à l'article précédent, mais ces quel groupe auquel le
ministre fait référence, là, qui l'a convaincu de retirer l'article? Est-ce que
c'était les débats avec les médecins de santé publique?
M. Boulet : La CSD, l'UTTAM
puis un autre organisme, là, qui s'étaient prononcés là-dessus et qui nous
demandaient le statu quo.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est bien. Alors, est-ce qu'il y a d'autres questions sur l'amendement déposé
à l'article 64? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons voter...
nous allons aller à la mise aux voix pour l'amendement à l'article 64.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
:
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire
:
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement à l'article 64 est adopté. Nous allons
maintenant aller à la mise... D'abord, y a-t-il des interventions à
l'article 64 tel qu'amendé, oui? L'article 64.
M. Leduc : Il n'est pas
rejeté?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Non, ce n'est pas la même chose, on m'a bien expliqué que ce n'est pas tout à
fait pareil, là.
M. Boulet : ...revient au
même.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui. Mais il faut quand même qu'on passe à la mise aux voix de
l'article 64 tel qu'amendé.
M. Boulet : O.K. C'est beau.
M. Leduc : O.K. Qui vise à...
M. Boulet : C'est parce qu'il
est abrogé. C'est ça, exactement.
M. Leduc : C'est beau. Je
pensais que c'était...
M. Boulet : O.K. Moi aussi, je
pensais ça.
M. Leduc : Bien, parce que,
pour votre précédent, vous n'avez pas fait de vote au vote précédent.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ce n'est pas pareil. Un, on supprime littéralement l'article, alors qu'ici on
ne supprimait pas l'article...
M. Boulet : On abroge
l'article 219. O.K., je comprends.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
On abroge un autre article, c'est ça. Ça vous va? Il y a une différence entre
les deux. Alors, je reviens. Est-ce que l'article...
M. Boulet : …O.K. Moi aussi, je
pensais ça.
M. Leduc : Bien, parce que,
pour votre précédent… Vous n'avez pas fait de vote …précédent.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parce que ce n'est pas pareil. Un, on supprime littéralement l'article, alors
qu'ici on ne supprimait pas l'article…
M. Boulet : On abroge
l'article 219.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est ça.
M. Boulet : O.K., je
comprends.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
On abroge un autre article, c'est ça.
M. Boulet : O.K. C'est beau.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ça vous va?
M. Boulet : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il y a une différence entre les deux. Alors, je reviens. Est-ce que
l'article 64… On va passe à la mise aux voix de l'article 64, tel
qu'amendé.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire
: Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 64, tel qu'amendé, est adopté. Nous allons
maintenant à l'article 66. Oui, député de… Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Vous ne vous
rappelez pas de ma circonscription, Mme la Présidente? Ça fait 100 heures
qu'on travaille ensemble, là…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, oui, oui.
M. Leduc : …plus les autres projets
de loi. J'aurais un 64.1.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oh! un 64.1. O.K.
M. Leduc : Oui, c'est ça. Mais
je ne me ferai pas prendre deux fois, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Non, non, je pensais que vous alliez me dire un 66.1. Je me disais :
Attendez, vous, là, là.
M. Leduc : Je ne me ferai pas
prendre deux fois, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Écoutez, vous avez… Nous allons… Est-ce qu'il est prêt et tout? Il a
été acheminé? Mais nous allons quand même suspendre…
M. Leduc : O.K. Oui, puis je
peux en parler au ministre s'il le désire.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, pour prendre le temps. D'accord? Alors, nous allons suspendre quelques
instants. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 55)
16 h (version non révisée)
(Reprise à 16 h 27)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous aimeriez prendre la parole, c'est
bien ça?
M. Leduc : Oui, Mme la Présidente,
merci. J'aurais voulu avoir un échange à micro ouvert avec M. le ministre
concernant un aspect qu'il me semble assez important, là, de discuter dans le
cadre de cette réforme de la santé-sécurité au travail, et plus précisément de
ce bloc sur le Bureau d'évaluation médicale, qui est la possibilité, voire le
droit qu'on pourrait, qu'on devrait à mon avis reconnaître à une personne qui
est obligée, là — je pense que c'est le bon mot — de se
rendre devant un médecin du BEM, donc son droit de pouvoir être accompagnée par
une personne de son choix lorsqu'elle est convoquée, en quelque sorte, devant
un médecin du BEM.
Ce n'est pas le cas actuellement, puis ça
fait quand même longtemps que c'est un enjeu qui est soulevé par différents
groupes qui ont eu des échos et des témoignages de personnes qui ont trouvé
l'exercice très anxiogène, je l'ai dit, et je pense que je pourrais aller jusqu'à
dire très traumatisant. On comprend que, quand on se rend devant un médecin du
BEM, c'est qu'on a eu notre première évaluation par notre médecin qui a charge,
bien sûr, mais il y a aussi eu probablement… en fait, il y a certainement eu l'évaluation
du médecin de l'employeur ou celui de la CNESST, puis là on se ramasse devant
le médecin du BEM. Ce n'est pas un moment agréable, c'est un moment tendu, un
moment où est-ce qu'on se fait réexaminer pour une troisième fois de la tête
aux pieds, et ils ne sont pas tenus, les médecins du BEM, dans l'ordre actuel
des choses, d'accepter qu'une personne puisse accompagner le salarié ou la
salariée qui se présente devant eux, alors que, comme je vous le dis, ça peut
être très stressant, et que d'avoir une personne qui nous accompagne… Et c'est
souvent le cas dans plein d'autres domaines, dans le droit — on a
siégé pendant combien de mois ici sur l'exploitation sexuelle du mineur? — à
quel point c'est important, des fois, dans les étapes devant un tribunal, par
exemple, de se faire accompagner, d'avoir une personne de confiance avec soi. Le
BEM, ce n'est pas un tribunal, on s'entend, mais ça fait partie d'un système
judiciaire très complexe, très difficile, très anxiogène, c'est une étape,
hein? Souvent, ça ne s'arrête pas là, au BEM, ça va continuer au tribunal, au
TAT. Or, la possibilité d'être accompagné à ce moment-là me semble assez
importante.
• (16 h 30) •
Et puis, encore une fois, Mme la
Présidente, je ne sors pas ça d'un chapeau, c'est une recommandation qui était…
c'est un enjeu qui était soulevé par la Commission de l'économie et du travail,
notre commission, au fameux rapport de 2006, ça fait quelques fois qu'on y fait
référence, puis dans des mesures qui étaient… dont la mise en application était
identifiée dans le rapport comme incomplète ou problématique, la commission a
souligné à la page 9 de son rapport «l'amélioration des rapports humains entre
le médecin expert et le travailleur accidenté». Puis il y a un petit extrait
qui est assez intéressant que je vais vous lire avant de voir ce que le ministre
peut me dire à ce sujet-là : «L'aspect humain du processus d'évaluation
médicale». On est à la page 18-19 du rapport : «L'une des priorités de la
Commission de l'économie et du travail consiste à ce que l'aspect humain et
l'évaluation médicale dans le cadre d'un processus de contestation soient
améliorés. D'abord, il s'avère inconcevable que le travailleur accidenté qui
le…
16 h 30 (version non révisée)
M. Leduc : …avant de voir ce
que le ministre peut me dire à ce sujet-là. L'aspect humain du processus d'évaluation
médicale, on est là la page 18, 19 du rapport. «L'une des priorités de la
Commission de l'économie et du travail consiste à ce que l'aspect humain et l'évaluation
médicale dans le cadre d'un processus de contestation soient améliorés. D'abord,
il s'avère inconcevable que le travailleur accidenté qui le désire ne puisse
pas être accompagné d'une personne de confiance lors d'un examen au BEM. Dans
le rapport entre le médecin membre du BEM et le travailleur accidenté, la
relation de confiance médecin-patient est plus que fragile. En effet, l'expert
du BEM est souvent considéré comme celui qui cherche à contredire le médecin
traitant et à couper l'indemnité, et ce, malgré le fait qu'officiellement son
rôle soit neutre. S'il était un véritable tribunal appliquant la loi de façon
large et libérale, il en serait autrement, mais puisqu'il intervient plutôt à
titre d'expert, que son avis lie la CSST, le travailleur accidenté qui est peut-être…»
…qui est seul, peut-être, à son… qui en est peut-être, pardon, à sa énième
expérience… «expertise médicale — on va y arriver — peut
ressentir une certaine méfiance à son endroit. Le fait d'interdire la présence
d'un accompagnant de confiance pour le travailleur renforce cette perception et
contribue à fragiliser davantage la victime d'une lésion professionnelle. De la
même façon, le comportement de l'expert du BEM doit être irréprochable. Son
intervention s'intègre dans un processus judiciaire ou quasi judiciaire, et
conséquemment la qualité de son approche doit être exemplaire.»
Alors, je le disais tantôt, je le répète,
notre objectif initial, c'était d'abolir le BEM, ça n'a pas été possible, donc
on essaie, cette fois-ci, de s'inscrire dans la volonté du ministre, qui est de
l'améliorer le plus possible, de le rendre le moins anxiogène possible. Il me
semble que cette idée-là de pouvoir permettre à la personne qui… en quelque
sorte, convoquée au BEM, d'être accompagnée par une personne de son choix soit
une solution particulièrement intéressante à envisager. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Est-ce que M. le ministre veut répondre à cette remarque?
M. Boulet : Absolument. Je
pense que c'est important, je l'ai réalisé, je le réalise encore dans cette
commission parlementaire là, à quel point il y a un côté anxiogène tant pour
les travailleurs que les entrepreneurs, c'est des matières spécialisées, c'est
un bureau d'évaluation médicale.
Mais je tiens quand même à rassurer le
collègue, c'est un processus qui est administratif, là, ce n'est pas, à ce stade-là,
des représentations puis de l'argumentation, parce qu'il ne rencontre pas les
médecins, ni le médecin traitant ni le médecin désigné par l'employeur, il
évalue le travailleur. Et c'est clair que quand il fait ça, il est soumis à son
code de déontologie. Il doit traiter le travailleur avec humanité, avec
respect, avec civilité, avec dignité, ça, c'est acquis. Puis il y a aussi un
guide de l'expertise, donc pour le bénéfice du médecin qui fait des expertises,
qui est préparé par le Collège des médecins. Puis je regardais un article tout
à l'heure : «Un tiers peut être présent au cours d'une entrevue quand un
interprète est requis…
M. Boulet : …c'est acquis, puis
il y a aussi un guide de l'expertise, donc pour le bénéfice du médecin qui fait
des expertises, qui est préparé par le Collège des médecins. Puis je regardais
un article tout à l'heure qui est : «Un tiers peut être présent au cours
d'une entrevue, quand un interprète est requis ou que la personne soumise à
l'expertise est vulnérable et a besoin d'être représentée.» Donc, ça, c'est
acquis. Puis est-ce que c'est le médecin du BEM qui détermine si la personne
est vulnérable, oui, mais il faut se fier à son humanité puis à sa conscience professionnelle,
puis c'est important que je le mentionne. Puis on dit : «Le médecin expert
peut toutefois accepter cette présence — il peut
toutefois — si elle ne nuit pas à son indépendance professionnelle, à
la protection du secret professionnel ou à la capacité du patient d'aborder
certains sujets.»C'est un guide de l'expertise qui découle du code de
déontologie. L'impossibilité technique que j'ai, c'est d'écrire, dans une loi,
une matière déontologique qui ne relève pas de nous, en vertu du Code des
professions puis en vertu des codes de déontologie de chaque profession.
Il y a aussi une jurisprudence, je ne
dirais pas abondante, là, qui est assez claire, en fait, il y a deux natures.
Quand c'est une question de nature médicale qui est soulevée, le travailleur
consent implicitement, il y a un consentement implicite à se faire examiner par
l'employeur dans le cas présent. Puis il y a aussi une jurisprudence qui dit que
«le médecin a le droit de refuser une autre personne, un tiers, pour préserver
son indépendance professionnelle». Donc, c'est, selon moi, important de
rassurer les travailleurs, de leur dire que nous comprenons la réaction que ça
peut engendrer. En même temps, il faut faire confiance aux membres du BEM, ils
sont soumis à des codes de déontologie, il y a un guide de l'expertise qui est
préparé par leur corporation professionnelle. Puis je veux juste, parce que
je l'ai mis dans le bureau… au bureau du Greffier, plutôt, le guide préparé par
le CCTM, où là il y a une imposition, au CCTM, de vérifier la probité, la
réputation, s'il y a déjà eu des plaintes, à l'égard des médecins, qui sont
recommandées au ministre du Travail, et d'obtenir des lettres de référence puis
des lettres de recommandation. Ça fait qu'il y a un processus, en amont, de
sélection qui est très serré puis, après ça, il y a un faisceau de règles
déontologiques qui impose aux médecins de respecter le travailleur. Mais de
dire, tu sais… je pense, mes commentaires devraient contribuer, là, à rassurer
puis à répondre à vos préoccupations.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Je comprends qu'il
y a un enjeu de respect, en quelque sorte, des pouvoirs qu'on octroie aux
différentes…
M. Boulet : ...mes commentaires
devraient contribuer, là, à rassurer puis à répondre à vos préoccupations.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Je comprends qu'il
y a un enjeu de respect des... en quelque sorte des pouvoirs qu'on octroie aux
différentes organisations, là, qui représentent, par exemple, les médecins, là,
ici, qui visent à autodéterminer un peu leur patinoire puis leur façon de fonctionner.
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'explorer, puis j'y pense pendant qu'on
échange, là, mais le ministre est certainement un habitué des conventions
collectives comme je le suis, et des nombreuses références, puis même dans le
Code du travail ou, en tout cas, certainement dans les normes du travail, au
concept de sans motif raisonnable. Est-ce qu'il n'y aurait pas lien d'aller
insérer un quelque chose du genre que le médecin du BEM ne peut refuser
l'accompagnement d'une personne sans motif raisonnable. On viendrait peut-être
avec ce genre de libellé là encadrer plus que nier...
M. Boulet : C'est quel
article?
M. Leduc : ...le pouvoir,
je ne sais pas trop comment on l'appellerait, là, mais le pouvoir de décision
ou d'autodétermination des médecins d'un point de vue professionnel, des ordres
professionnels.
M. Boulet :
Malheureusement, c'est sûr que je ne peux pas écrire dans une loi que le
médecin doit respecter son code de déontologie. Là, je pense que c'est clair,
il y a des possibilités de plainte. Là où je peux cependant rassurer le
collègue, c'est qu'il y a même des plaintes, puis ça, ce n'est peut-être pas
connu. Que je le dise, c'est important. Un travailleur pourrait faire une
plainte au BEM, au directeur médical du Bureau d'évaluation médicale. Et le
directeur médical va rapporter toutes les plaintes au Comité consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre. Et donc, le CCTM pourrait me recommander de
retirer... Tu sais, quand tu nommes, tu as le droit de destituer, là, tu as le
droit de dénommer. Et c'est quand même assez... En fait, c'est très, très peu
connu. Moi, je ne savais pas qu'on pouvait aller jusque là. Puis, évidemment,
il y a la plainte au syndic aussi qui peut... qui est toujours possible, qui
génère une enquête.
Mais il y a comme, au-delà du processus de
sélection qui est très, très serré en termes de vérification de la probité puis
de la façon de faire, en plus, il y a de code de déontologie, le guide de
l'expertise. Pour le tiers, on dit qu'il peut... Si une personne vulnérable a
besoin d'accompagnement puis... Mais pour des raisons d'indépendance
professionnelle, c'est difficile, là, d'embarquer dans un processus au-delà de
ça. Mais la plainte, je le redis, là, au directeur médical du BEM, ça peut
avoir un effet assez important parce que c'est référé au CCTM. Puis le CCTM,
bien, avec son guide de sélection, il serait contraint de recommander que cette
personne-là, dépendamment de la nature de la plainte, puis de sa gravité et
puis... Mais il y aura une enquête. Puis le syndic aussi fait une enquête.
Merci.
M. Leduc : Mais quand
vous me parlez d'une plainte, on parle, ici, d'une plainte...
M. Boulet : ...c'est référé au
CCTM, puis le CCTM, bien, avec son guide de sélection, il serait contraint de
recommander que cette personne-là, dépendamment de la nature de la plainte,
puis de sa gravité, puis... Mais il y aura une enquête, puis le syndic aussi
fait une enquête. Merci.
M. Leduc : Mais quand vous me
parlez d'une plainte, on parle ici d'une plainte d'un médecin qui aurait refusé
qu'une personne soit accompagnée?
M. Boulet : Non, une plainte
d'un médecin qui ne s'est pas bien comporté, qui n'a pas agi avec humanité,
civilité, dignité puis respect. Parce que, tu sais, quelqu'un qui est anxieux,
puis qui se présente devant un médecin qui bouscule, ce n'est pas acceptable.
Puis ça, c'est certain qu'un travailleur ou une travailleuse peut dire :
Ça n'a pas de bon sens.
Parce qu'il y a quand même... Tu sais, il
a une vie privée, là, tu sais, c'est médical, puis vous le dites, la personne
doit être examinée pour ce qui est nécessaire pour les fins de... Tu sais, puis
si tu as un problème à un doigt, est-ce que ça requiert un examen... Tu sais,
la personne peut se sentir envahie ou être victime d'une intrusion qui n'est
pas acceptable ou tolérable, puis elle peut faire une plainte, puis ça, ça peut
faire l'objet d'une enquête.
Ça fait que les membres du BEM, ils sont
soumis à, probablement, des comportements qui sont parfois supérieurs à des
médecins. C'est sûr qu'on ne se mettra jamais totalement à l'abri des abus ou
des comportements qui ne sont pas corrects, mais au moins, on a des mécanismes
de plainte puis de redressement.
• (16 h 40) •
M. Leduc : Vous l'avez reconnu
tantôt, c'est un processus au complet, ou en tout cas, cette section-là, qui
est certainement anxiogène. C'est certain que, si vous me dites qu'il est
possible, là, de faire une plainte envers un médecin, pour une personne qui est
déjà dans une situation anxiogène, imaginez, après ça, faire une plainte au
syndic ou au CCTM contre un médecin, vous n'êtes peut-être même pas syndiqué,
pas représenté, vous êtes tout seul. Si vous faites une plainte, il va falloir
que vous donniez une version des faits. Ça va être votre parole contre celle du
médecin.
Sur papier, c'est intéressant, ce que vous
me dites. Dans le réel, puis encore une fois, dans l'effectivité du droit,
c'est une tout autre réalité. D'où l'intérêt et, je trouve, l'importance
d'évaluer la possibilité d'avoir une personne qui l'accompagne. Pour faire une
plainte...
M. Boulet : Quand tu fais une
plainte...
M. Leduc : Si vous me laissez
juste terminer mon idée, M. le ministre, pour faire une plainte, là, contre un
médecin, quand c'est votre parole contre la sienne, il n'y aura pas de témoin,
là. Tu sais, on peut imaginer qu'on part avec deux prises, là, quand tu es un simple
salarié face à un médecin. Donc, s'il y a un témoin avec vous, on lui donne
plus de chances.
M. Boulet : Tu sais, la
plainte, là, tu n'embarques pas dans un contentieux. Et on me confirme que
récemment... quand même, il faut que je le dise à micro ouvert, là... il y a
deux membres du BEM qui ont quitté, suite à des plaintes, parce que le
directeur médical transmet ça au CCTM, et ils ne voulaient pas être contraints
d'être enquêtés, donc ils quittent d'eux-mêmes. Ce n'est quand même pas peu dire
quant à l'impact qu'une plainte peut avoir. Puis on n'a pas 2 000 médecins
au BEM, là. Il y en a à peu près 80...
M. Boulet : …parce que le
directeur médical transmet ça au CCTM et ils ne voulaient pas être contraints
d'être enquêtés, donc ils quittent d'eux-mêmes. Ce n'est quand même pas peu
dire quant à l'impact qu'une plainte peut avoir. Puis on n'a même pas
2 000 médecins au BEM, là, il y en a à peu près 80, ça fait que c'est
dire comment dénoncer, c'est important. Dire ce que tu subis, dire l'irrespect
puis l'incivilité, puis le comportement qui n'est pas correct, il faut le
dénoncer. Puis ça donne des résultats.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions, député d'Hochelaga-Maisonneuve? Parce
qu'il y a aussi le député de Jonquière qui aimerait intervenir. Moi, je tiens à
vous dire qu'on est dans une discussion libre, là, hein, parce qu'on n'est pas
sur un amendement ni sur un article.
M. Leduc : Dernière question,
Mme la Présidente, si vous me permettez. Est-ce qu'on a les chiffres du nombre
de dossiers traités par le BEM qui vont être traînés devant le TAT, la
proportion?
M. Boulet : En fait, les
décisions de la CNESST qui font suite à l'avis du BEM, qui font l'objet d'une
contestation au Tribunal administratif du travail…
(Consultation)
M. Leduc : On peut peut-être
passer au député de Jonquière en attendant, là, mais c'est un chiffre qui
m'apparaît essentiel à avoir sous la main.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
M. Boulet : Bien oui, bien
sûr.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, on va y aller, bonne idée. Député de Jonquière, à vous la
parole.
M. Gaudreault : O.K. Juste
pour être clair, on est… là, on est sur le temps de l'article 64?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Non, c'est ce que je viens de dire. Là, on est sur aucun, là, ni sur amendement
ni sur un article. Alors…
M. Gaudreault : On est sur
rien.
M. Boulet : En fait, collègue,
c'est juste qu'il y avait une intention de déposer un amendement, puis comme on
a eu une discussion, on a convenu de faire plutôt qu'il y ait un amendement,
qu'on ait une discussion à micro ouvert, comme on le fait.
M. Gaudreault : Ah! O.K. Bien,
c'est correct, là, on fait du droit parlementaire nouveau. Parce que c'est…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, c'est ça. C'est très rare. Moi, je vais vous dire, c'est…
M. Boulet : Est-ce que c'est
correct?
M. Gaudreault : Oui, oui.
C'est correct, c'est juste que, tu sais, il faut qu'on… En tout cas, moi, je
suis peut-être trop formaté, on a besoin de temps en fonction de tel article.
Mais je n'ai pas de problème avec ça, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est vrai que c'est rare.
M. Gaudreault : Mais je veux
juste savoir, parce que ce que je comprends du ministre, c'est qu'il nous
dit : Il y a une forme d'équité, tu sais, pour… quasiment une équité
procédurale, là, donc quelqu'un qui se sent non respecté dans sa dignité, ou
qui vit de l'anxiété pourrait faire une plainte au CCTM, c'est ça?
M. Boulet : Il peut faire une
plainte au BEM, puis le directeur médical, il soumet ça au CCTM, puis, bien
sûr, parallèlement il peut faire une plainte au syndic. Mais la plainte au
directeur médical qui va au CCTM, bien, ça a presque un impact immédiat.
Évidemment, ça dépend de la nature de la plainte, là, mais tout à fait, c'est
...
M. Gaudreault : Oui, oui. Mais
est-ce que le CCTM a le nom du médecin?
M. Boulet : Oui, tout à fait.
Puis dès que le nom, je peux vous assurer, là, dans les…
M. Boulet : …au syndic, mais la
plainte au directeur médical qui va au CCTM, bien, ça a presque un impact
immédiat, évidemment, ça dépend de la nature de la plainte, là, mais…
M. Gaudreault : Oui, oui.
M. Boulet : Tout à fait,
c'est…
M. Gaudreault : Mais est-ce
que le CCTM a le nom du médecin?
M. Boulet : Oui, tout à fait.
Puis, dès que le nom, je peux vous assurer, là, dans les cas récents, là, dès
que le nom arrive sur la table du CCTM, les médecins, ils se retirent.
M. Gaudreault : Donc, le CCTM,
lui, il reçoit la plainte avec le nom du médecin traitant.
M. Boulet : Oui, puis il
détermine. Puis, comme c'est lui qui recommande puis qui fait le processus de
vérification diligente, là, dans le guide… dans la politique que j'ai déposée
ce matin, bien, il va recommander que cette personne-là, encore une fois, dépendamment
de la nature de la plainte, soit dénommée.
M. Gaudreault : O.K. Ce n'est
pas, comme, juste une plainte générale, le CCTM est capable d'identifier le problème.
M. Boulet : Oui. Oui, puis
j'ai donné des exemples tout à l'heure, puis le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
a été clair aussi là-dessus, là, sur le caractère anxiogène puis l'obligation
du médecin de traiter avec respect puis humanité le travailleur.
M. Gaudreault : O.K. Une fois,
donc, que cette plainte est transmise au CCTM avec le nom du médecin, c'est
quoi la suite? Est-ce que c'est le… cette situation est versée dans le dossier
du travailleur dans le processus ou au CNESST?
M. Boulet : Non, non.
M. Gaudreault : Est-ce que ça
se rend juste… Est-ce que ça… il va rester des traces jusqu'au tribunal,
disons, si ça se rendait au Tribunal administratif du travail?
M. Boulet : Non, c'est
totalement privé, c'est une affaire entre le médecin et le CCTM, puis,
ultimement, le ministre qui dénomme sous recommandation du CCTM, puis ça ne va
absolument pas dans le dossier CNESST.
M. Gaudreault : O.K. Est-ce
que ça devrait?
M. Boulet : Si le travailleur
le souhaite, moi, je pense que ça pourrait faire partie des notes évolutives,
là, qui sont dans le dossier si le travailleur communique avec son agent
d'indemnisation puis qu'il rapporte les faits, l'agent normalement, il collige
toute l'information, et ça serait partie intégrante du dossier dans un cas
comme ça.
M. Gaudreault : Donc, ça
serait à la discrétion du travailleur à ce moment-là.
M. Boulet : Bien, si un
travailleur veut garder ça. Je ne sais pas, peut-être qu'il y a eu une
atteinte, pas à la pudeur, ou de quoi que le travailleur veut garder
confidentiel, il ne serait pas contraint de le dire à la CNESST. S'il prend
l'initiative parce qu'il se dit que ça peut avoir un impact sur la décision
finale ou sur la légitimité de l'avis du BEM, puis là, c'est
surperhypothétique, là, c'est des scénarios, à mon avis, qui existent… qui sont
très rares. Mais, si ça peut avoir un impact sur la décision ultime puis si ça
va au Tribunal administratif du travail, bien, il va le dire à l'agent
d'indemnisation, puis, lui, il fait des pages, là, des notes évolutives, puis
ça serait dans le dossier. Il n'y a pas d'inquiétude.
M. Gaudreault : Ça veut dire
que si le travailleur, à ce moment-là, dit : Je souhaite que…
M. Boulet : ...ça peut avoir un
impact sur la décision ultime. Puis, si ça va au Tribunal administratif du
travail, bien, il va le dire à l'agent d'indemnisation, puis, lui, il fait des
pages, là, des notes évolutives, puis ça serait dans le dossier. Il n'y a pas
d'inquiétude.
M. Gaudreault : Ça veut dire
que si le travailleur, à ce moment-là, dit : Je souhaite que cette plainte
soit versée à mon dossier ou à la CNESST, à ce moment-là, ça peut laisser des
traces, si jamais ça se rend jusqu'au Tribunal administratif.
M. Boulet : Absolument. Bon
point, puis, oui, tout à fait.
Mme Gaudreault : O.K.
M. Boulet : Ça fait que c'est quand
même un excellent filet de protection, puis ça, ça rajoute aux commentaires que
j'ai échangés avec le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Gaudreault : Ça va jusqu'à maintenant,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve. Ou, M. le ministre, est-ce qu'on
a obtenu les statistiques?
M. Boulet : Les statistiques,
oui, je vais vous les donner.
(Consultation)
M. Boulet : Donc, ce n'est pas
parfait comme statistique, là, mais à la question, les avis du Bureau
d'évaluation médicale, puis, tu sais, on disait, bon an mal an, là, il y en a
11 000, il y en a 7 953. La statistique la plus récente que j'ai, en
2018, 7 953 sur 11 000.
M. Leduc : ...commission va
être contestée au TAT.
M. Boulet : Exact, qui
confirme l'avis du BEM, du Bureau d'évaluation médicale.
M. Leduc : C'est quand même
beaucoup. C'est quoi, à l'oeil, 75 %, 80 % peut-être?
M. Boulet : Pardon?
M. Leduc : Ça doit être
75 %, 80 %, dans ces eaux-là.
M. Boulet : Oui, oui, tout à
fait.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions?
• (16 h 50) •
M. Leduc : Oui, oui,
rapidement, Mme la Présidente, oui. Est-ce que... Vous venez de mentionner, M.
le ministre, deux plaintes qui ont fait... deux médecins qui ont fait l'objet
d'une plainte et qui se sont retirés. Ah! vous regardez les friandises
distribuées par le Parti libéral, hein? J'ai perdu votre attention.
M. Boulet : Oui, mais c'est
parce que j'anticipe que ça vienne de notre côté, mais elle ne nous écoute pas.
Parce que j'ai l'impression qu'elle va faire le tour, c'est Mélissa.
M. Leduc : Les oppositions
avant. Il faudrait que vous acceptiez plus d'amendements de la part du Parti
libéral peut-être.
M. Boulet : Mélissa, on parle
de toi, là, Mélissa.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous pouvons poursuivre.
M. Leduc : Oui, oui, nous
poursuivons, Mme la Présidente. Alors, plus sérieusement — il est
temps que ça achève, la session parlementaire, mon Dieu! — alors,
deux médecins ont fait l'objet d'une plainte et se sont donc retirés. C'est ce
que vous m'avez expliqué tantôt. Est-ce que la nature de ces plaintes sont
publiques? Est-ce qu'on peut avoir une idée de ce qui a été soulevé puis qui
fait en sorte que les deux médecins se sont retirés?
M. Boulet : Ah! absolument
pas, c'est totalement confidentiel. C'est des plaintes privées et ce n'est pas
public.
M. Leduc : Tantôt vous disiez
que la plainte était faite soit au syndic ou soit au CCTM.
M. Boulet : Ah! bien,
évidemment, quand c'est dans le contexte d'une évaluation par le Bureau
d'évaluation médicale, il y a un processus de plainte là, mais ça n'enlève...
M. Leduc : ...tantôt vous
disiez que la plainte était faite soit au syndic ou soit au CCTM.
M. Boulet : Ah! bien, évidemment,
quand c'est dans le contexte d'une évaluation par le Bureau d'évaluation
médicale, il y a un processus de plainte là, mais ça n'enlève pas le droit
d'une personne de faire une plainte au syndic, soit une plainte au syndic, ou
l'autre, ou les deux à la fois. Ce qui est recommandé, c'est de faire une
plainte au BEM. Le directeur médical, il doit soumettre ça au CCTM. Moi, je
pense c'est l'avenue privilégiée, là, puis c'est moins anxiogène qu'un syndic
qui fait une enquête.
M. Leduc : Donc, la
plainte n'est pas publique...
M. Boulet : Non.
M. Leduc : ...au sens de
grand public, mais certainement, donc, les administrateurs du CCTM, donc, le
paritarisme syndical-patronal en ont une description ou carrément accès, là...
M. Boulet : Bien, ils ont
d'ailleurs... Vous avez vu dans la politique générale, là, quand ils font la
vérification diligente, ils obtiennent des lettres de recommandation puis ils
vérifient s'il y a eu des plaintes. Ça fait qu'ils font un examen. C'est comme
une entrevue complète, là. Ils font une vérification des plaintes passées au
syndic, la nature des plaintes, ça fait qu'est-ce qu'ultimement... Oui, à mon
sens, les membres du CCTM, ils vont savoir que ce médecin-là... Puis peut-être
que les deux qui ont quitté, c'est qu'ils se sont fait dire: Regarde, tu
sais... Mais ils ont quitté de leur propre initiative.
M. Leduc : Et là, quand
ils quittent de leur propre initiative suite à une plainte, vous me confirmez
que les membres du CCTM ont accès à la plainte et donc aussi au nom du médecin
qui a fait l'objet de la plainte. S'il quitte de sa propre initiative, est-ce
que, dans le fond, lui, il s'évite cette déclaration-là interne, si je peux
dire? Voulez-vous que je reformule?
M. Boulet : Si les
membres du CCTM ont accès à l'information relativement à la nature de la
plainte? Oui, je vous réponds de nouveau, c'est oui.
M. Leduc : Et, si le
médecin, lui, s'est exclu de lui-même, est-ce que ça a bloqué cette
séquence-là?
M. Boulet : Non,
absolument pas. Absolument pas. Parce qu'il faut éviter aussi qu'il soit de
nouveau recommandé.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, c'est tout comme échange? Bref échange...
Oui? Est-ce que je comprends, député d'Hochelaga-Maisonneuve, que votre
intention de déposer un amendement est annihilée?
M. Leduc : Vous alliez
dire «rejetée», hein?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, bien, pas «rejeté», là, mais...
M. Leduc : On se connaît
tellement maintenant, Mme la Présidente, qu'on se devine les mots qu'on va
utiliser.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Oui. Donc, il n'y aura pas d'amendement de
déposé?
M. Boulet : Non.
M. Leduc : Je vais
m'abstenir de le déposer, oui.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Alors, nous continuons à
l'article 66, M. le ministre.
M. Boulet : Oui, merci, Mme la
Présidente : L'article 221 de cette loi est modifié par le
remplacement du deuxième alinéa par les suivants :
«Lorsqu'il se prononce sur la date de
consolidation d'une lésion professionnelle, le membre du bureau doit également
se prononcer sur l'existence et le pourcentage d'atteinte permanente à
l'intégrité physique ou psychique du travailleur ainsi que l'existence et
l'évaluation de ses limitations fonctionnelles, lorsque cette atteinte et ces
limitations...
M. Boulet : …«Lorsqu'il se
prononce sur la date de consolidation d'une lésion professionnelle, le membre
du Bureau doit également se prononcer sur l'existence et le pourcentage
d'atteinte permanente à l'intégrité physique ou psychique du travailleur ainsi
que l'existence et l'évaluation de ses limitations fonctionnelles, lorsque
cette atteinte et ces limitations n'ont pas été déterminées. Il n'a pas à se
prononcer si des raisons d'ordre médical l'en empêchent. Il doit alors exposer
ces raisons dans son avis.
Lorsqu'il est d'avis que la lésion ne
requiert plus de soins ni de traitements, le membre du Bureau peut se prononcer
sur la date de consolidation, auquel cas le deuxième alinéa s'applique.».
Explications. Bien, c'est de demander,
comme j'ai déjà expliqué, aux membres du Bureau d'évaluation médicale, quand la
lésion est consolidée, donc qu'il n'y a plus… la consolidation, vous savez que
c'est la stabilisation de la lésion au point où il n'y a plus d'amélioration
prévisible, c'est comme ça que c'est défini dans la LATMP, donc qu'ils se
prononcent aussi sur l'atteinte permanente et les limitations fonctionnelles.
Puis également, s'ils se prononcent sur la suffisance des soins ou traitements,
ils se prononcent sur la date de consolidation.
Puis évidemment, le but, c'est d'éviter le
va-et-vient. Parce que l'employeur pourrait redemander, si c'est consolidé,
donc je répète, c'est stabilisé, il n'y a plus d'amélioration prévisible,
qu'ils se prononcent aussi sur l'atteinte permanente et les limitations
fonctionnelles parce que c'est relié, c'est un corollaire logique. L'atteinte
et les limitations sont un corollaire logique de la date de consolidation. Et,
bon, je pense que ça diminue le nombre de fréquentations au Bureau d'évaluation
médicale de la part des travailleurs. Et voilà, ça complète cet article…
Une voix
: …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, mais n'y a-t-il pas un amendement, M. le ministre? Oui?
M. Boulet : Oui. J'ai un
amendement… que je lise ça. Puis c'est pour le texte en anglais : Remplacer,
donc, amendement, dans le texte anglais du deuxième alinéa de
l'article 221 de la loi, proposé… Loi sur les accidents du travail et les
maladies professionnelles proposé par l'article 66 du projet de loi,
«degree» par «percentage».
Explications. C'est proposé par la
traduction afin que le texte anglais concorde avec le texte français. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Y a-t-il donc des interventions portant sur l'amendement déposé
par le ministre à l'article 66?
M. Leduc : …
M. Boulet : …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, tout à fait.
M. Leduc : On reviendra sur la
principale, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, s'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix
de l'amendement à l'article 66 qui n'est qu'une question de traduction.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement à l'article 66,
qui n'est qu'une question de traduction.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
La Secrétaire
: Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement à l'article 66 est adopté. Est-ce qu'il y a
des interventions à l'article 66 tel qu'amendé? Alors, député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : J'aimerais
comprendre quand le ministre fait référence au va-et-vient, ça m'échappe un
peu, là, quand il dit : Ça va éviter les va-et-vient.
M. Boulet : Je vous dirais
que, dans la pratique actuelle, dans la majorité des cas, quand le BEM constate
la date de consolidation, il se prononce aussi sur l'atteinte permanente à
l'intégrité physique ou psychique ainsi que sur les limitations fonctionnelles
permanentes. Mais il y a quand même une minorité de cas où il ne le fait pas.
Et, s'il ne le fait pas, bien, l'employeur ou le travailleur pourrait demander
de nouveau de référer le travailleur au Bureau d'évaluation médicale, ça fait
que c'est comme un va, viens, puis tu retournes. Puis ça, ça peut provoquer une
multiplication des présences au BEM.
Puis la même affaire pour si ça ne
requiert plus de soin ou traitement, bien, prononce-toi sur la date de
consolidation. Puis, si tu te prononces sur la date de consolidation... Puis je
le répète, «consolidation», c'est guéri, stabilisé, sans amélioration
prévisible. Quand qu'il n'y a pas plus d'amélioration, c'est normal que le BEM
se prononce aussi sur l'atteinte et les limitations. Je pense que ça donne un
portrait global, un portrait clair au moment où il peut le faire.
Évidemment, s'il y a des raisons d'ordre
médical qui lui permettent de ne pas le faire, il peut les exposer dans son
avis. Mais moi, cet article-là, il vise essentiellement à simplifier puis à
éviter les expériences anxiogènes qui peuvent être pas à répétition, mais ça
peut être deux fois ou trois fois, parce que, je le répète, la majorité le
font. Mais ils ne sont pas obligés, et, comme ils ne sont pas obligés, bien, il
y en a, des BEM, qui ne se prononcent pas ni sur l'atteinte ni sur les
limitations.
Je pense c'est bénéfique pour les
travailleurs puis c'est bénéfique pour les employeurs aussi parce que ça
évite... au moins quand il y a une contestation au Tribunal administratif du
logement, bien, tu as le portrait global.
M. Leduc : Mais ce que je ne
comprends pas... En fait, il y a plusieurs choses que je ne comprends pas.
Pourquoi à la base... C'est-à-dire que, si le médecin traitant, le médecin qui
a charge ne le fait pas, là, se prononcer sur les autres éléments qu'on
souligne ici, c'est-u si grave que ça? S'il ne le fait pas, c'est qu'il y a une
raison. C'est quoi, la raison de ne pas se prononcer? C'est que ce n'est pas ça
qui est en litige?
• (17 heures) •
M. Boulet : Ce n'est pas tant
que c'est-u si grave que ça, c'est que ça prolonge le processus, ça...
17 h (version non révisée)
M. Leduc : ...c'est-à-dire que
si le médecin traitant, le médecin qui a charge ne le fait pas, là, se
prononcer sur les autres éléments qu'on souligne ici, c'est-u si grave que ça?
S'il ne le fait pas, c'est qu'il y a une raison. C'est quoi, la raison de ne
pas se prononcer? C'est que ce n'est pas ça qui est en litige?
M. Boulet : Bien, ce n'est pas
tant que c'est-u si grave que ça, c'est que ça prolonge le processus, ça
impose, dans certains cas, là, dans... je dis la majorité, là, mettons 80 %
des cas, ils le font de toute manière. Dans le 20 % des cas où ils ne le
font pas, c'est-à-dire ils ne se prononcent pas sur l'atteinte et les
limitations, il y a un... ça retombe après parce qu'il n'y a pas d'avis sur
l'atteinte et les limitations. Et donc ça impose aux travailleurs de revenir
devant le bureau d'évaluation médicale et ça retarde le processus, d'une part,
donc ça allonge les délais...
M. Leduc : Attendez. Je me
permets de vous interrompre, désolé. C'est que là, vous dites : Si le
BEM... si le médecin traitant ne se prononce pas, là, le BEM dit : O.K.,
moi, je me prononce sur les affaires qu'il ne s'est pas prononcées, le médecin
traitant, mais il pourrait aussi dire : Je le renvoie voir son médecin
traitant, mais en donnant la consigne au médecin traitant de se prononcer, bien
là ça ne reviendra pas au BEM après, là.
M. Boulet : Non, mais s'il y a
des raisons d'ordre médical comme ça, il peut les exposer. Et on m'informe,
collègue, 98 %, 99 % des cas, c'est comme ça. Ça fait que c'est ce
qu'on appelle codifier une pratique établie au sein des BEM. Ça fait que c'est
juste dans le 1 % ou 2 % des cas, ce qui veut dire à peu près dans
une centaine...
Une voix
: ...
M. Boulet : ...entre 50 et
75 cas de BEM sur les 11 000 ne le font pas. Ça fait que c'est... on
s'attend... tu sais, c'est vraiment une codification d'une pratique établie
puis éviter les... pas les rebelles, là, mais les... ceux qui ne le font pas.
Puis encore une fois, on va plus loin. Puis ça va peut-être faire en sorte
qu'il y en a plus parce qu'on prévoit la possibilité si tu as des raisons
médicales qui t'en empêche, tu peux les expliquer dans ton avis.
M. Leduc : Ça, je comprends
que ce n'est pas nécessairement super fréquent, mais, à mon avis, là n'est pas
la question. Ce que je comprends certainement, c'est que vous voulez codifier
une pratique existante puis c'est justement pour ça que je soulève des
objections. C'est que, moi, je ne suis pas sûr que je suis d'accord avec la
pratique existante. Ça fait que si vous voulez la codifier, moi, c'est drôle,
je la codifierais de l'autre bord.
M. Boulet : Bien oui, mais,
collègue, il va faire un aller-retour.
M. Leduc : Bien, c'est là que
je veux comprendre, là. Vous, vous dites qu'il y a un balancier, mais si le médecin
qui a a charge le poste n'a pas fait les spécifications que vous attendiez, que
le BEM le constate, si le BEM dit à son médecin qui a charge : Je vous
demande de préciser les éléments que vous avez oublié de préciser, bien, ça ne
retourne pas au BEM après, là, ce n'est pas un... ce n'est pas deux fois
l'aller-retour, là.
M. Boulet : Bien oui, parce
que, quand il y a une demande de référence au BEM, la CNESST est liée par
l'avis du BEM. Puis je le répète, à part 50 à 75 cas, ils le font systématiquement.
Et imaginez le cas du travailleur qui ne fait pas...
M. Boulet : ...parce que,
quand il y a une demande de référence au BEM, la CNESST est liée par l'avis du
BEM, puis je le répète, à part 50 à 75 cas, ils le font systématiquement.
Et imaginez le cas du travailleur qui ne fait pas... qui ne reçoit pas le bénéfice
d'un avis qui se prononce sur l'atteinte et les limitations, l'employeur
pourrait de nouveau demander une référence au Bureau d'évaluation médicale.
M. Leduc : Mais pourquoi
il le ferait si ce n'était pas en litige à la base?
M. Boulet : Bien, parce
qu'il est consolidé, puis il faut qu'il y ait une détermination est-ce qu'il y
a une atteinte. Il peut être consolidé avec zéro atteinte puis zéro limitation.
Il peut être consolidé avec 5 % d'atteinte permanente à l'intégrité
physique ou psychique, puis là c'est identifié, puis il pourrait avoir droit à
une indemnité pour dommages corporels. S'il y a une atteinte permanente, s'il y
a des atteintes pour... des atteintes permanentes qui donnent lieu à des
bénéfices, là, des indemnités pour dommages corporels, puis je pense que c'est
de clore le processus, c'est la raison pour laquelle ils le font tous. Mais de
le codifier, ça évite de laisser la porte ouverte à ne pas le faire. À moins
que tu aies des raisons, parce que c'est prévu, à moins que tu aies des
raisons, puis là tu les donnes, tes raisons. Ça fait que je pense que ça ne
changera pas beaucoup l'état actuel des choses. Même pour les 50 à 75, ils vont
continuer de faire la même chose. Mais je le répète, sinon, puis le médecin
désigné s'est prononcé sur l'atteinte et les limitations, puis là, le Bureau
d'évaluation médicale ne se prononce pas, c'est clair que ça va faire un
deuxième BEM, puis ça, je pense qu'il faut l'éviter. En fait, je suis
convaincu.
M. Leduc : Mais vous voulez
l'éviter, mais l'effet concret de ça, c'est la limitation du médecin traitant
en fait.
M. Boulet : Bien, pas la
limitation du médecin. Et je veux dire, s'il y des raisons de croire qu'il y a
besoin de l'avis ou de l'opinion du médecin traitant, il est en échange, tu
sais, il a toutes ses notes évolutives, puis c'est un avis scientifique qu'il
rend.
M. Leduc : Oui, mais...
M. Boulet : Ce n'est pas
un avis juridique. Il rend un avis médical. Et moi je suis... bien, en tout
cas, moi, c'est ma conviction, et prononce-toi sur tout ce sur quoi tu peux
prononcer. Si tu ne peux pas te prononcer, dis pourquoi. Puis sur 98,5 %,
disons, des cas, c'est ce qu'ils font.
M. Leclair : Mais
qu'est-ce que ça veut dire rendu là, d'abord, un médecin qui a charge? Parce
que, si c'est le médecin du BEM qui finit par boucher quelques trous ou
quelques éléments qui n'étaient pas précisés.
M. Boulet : Bon, je vais
vous donner une statistique que je ne devrais pas vous donner, là. Mais, tu
sais, j'ai posé la question tout à l'heure. Tu sais, mettons, il y a 6 900
avis de BEM qui sont confirmés par la CNESST, qui font l'objet d'une
contestation au Tribunal administratif du travail. Je pense que 75 % des
contestations, c'est des employeurs. Ça fait que, forcément, 75 % et plus
des avis du Bureau d'évaluation médicale sont favorables et confirment
l'opinion du médecin traitant. Puis je disais, à un échange avec le collègue de
Jonquière, la...
M. Boulet : …je pense que
75 % des contestations, c'est des employeurs. Ça fait que, forcément,
75 % et plus des avis du Bureau d'évaluation médicale sont favorables et
confirment l'opinion du médecin traitant. Puis je disais, à un échange avec le
collègue de Jonquière, la… au-delà de sa prépondérance… parce que, sur les
130 000 dossiers, il y en a seulement 11 000 qui vont au BEM, tu
sais, les autres… la prépondérance a son plein effet. Mais, devant le BEM ou
même devant le TAT, on le sait, c'est quoi, un contentieux, puis le médecin traitant
a beaucoup plus de valeur probante parce qu'il a fait l'examen, il a fait
l'attestation médicale initiale, il a fait les suivis, il a fait les rapports
d'évolution. Puis c'est souvent le médecin qui suit le travailleur, tu sais,
c'est souvent des médecins de famille, ça fait qu'ils ont une valeur probante
importante. C'est pour ça, même au BEM, il y a 17 % des cas où l'avis du
BEM est infirmé, tu sais, c'est comme… ou plutôt au Tribunal administratif du
travail. Ça fait que…
Puis là, juste pour revenir à
l'article 66, pour moi, c'est faire la job au complet, puis c'est ce
qu'ils font. Puis c'est juste de préciser dans la loi que c'est un… ils doivent
le faire, à moins d'avoir des raisons. Ça ne changera vraiment pas l'état
actuel des choses.
M. Leduc : Il y a une variable
qu'on n'a pas abordée encore dans le cadre de cet échange-là, c'est celui des
indemnités. Quand le BEM ne se prononce pas sur une limitation, bien, le
travailleur continue d'être indemnisé. Ça fait que, là, en le forçant à se
prononcer, une décision qui n'est pas nécessairement celle qui va être… qui
serait la même que son médecin traitant, notamment parce qu'il n'a pas tous les
éléments, notamment parce qu'il n'a pas tout l'historique puis la connaissance
du patient, pourrait avoir une incidence quant à l'accès à l'indemnité du
salarié.
Est-ce que… et là je n'ai pas le rapport
d'impact sous la main, mais est-ce que… l'étude d'impact, pardon. Est-ce qu'il
y a des évaluations de coûts qui ont été faites dans l'étude d'impact par
rapport à cet article-là?
M. Boulet : Non. Non, mais
j'ai vu des cas, par exemple, où c'est l'inverse, là. C'est sûr que si on
particularise ou on individualise, il y a beaucoup de cas, mais il y a des
travailleurs, des fois, parce que le BEM peut consolider ou qu'il est
consolidé, les employeurs vont dire : Tu es consolidé, tu peux revenir,
alors qu'il peut y avoir des limitations fonctionnelles. Et il peut y avoir une
atteinte permanente qui donne droit à d'autres formes d'indemnisations. Ça fait
que toutes les situations peuvent arriver. Je pense que c'est au bénéfice de
tout le monde de savoir où on en est. Puis, quand tu es consolidé, bien, il n'y
a plus d'amélioration prévisible, ça fait que, tu sais, au moins, disons les
choses. Puis ça a un impact sur la capacité de retour au travail. C'est sûr
que, s'il est consolidé, puis il y a zéro atteinte, puis il y a zéro
limitation, bien, normalement, il est capable de revenir au travail, à moins
qu'il y ait d'autres raisons. Et on n'a pas intérêt à retarder ça, parce que
l'employeur, il va retourner le travailleur au BEM, il va faire un deuxième
BEM.
Mais, encore une fois, j'ai l'impression
qu'on discute tellement de 1 %, 1,5 %...
M. Boulet : …zéro limitation,
bien, normalement, il est capable de revenir au travail, à moins qu'il y ait
d'autres raisons. Et on n'a pas intérêt à retarder ça, parce que l'employeur,
il va retourner le travailleur au BEM, il va faire un deuxième BEM. Mais,
encore une fois, j'ai l'impression qu'on discute tellement de 1 %,
1,5 % des cas. En général… tu sais, c'est tout le temps comme ça que ça se
fait. Puis, encore une fois, je pense que c'est au bénéfice tant des
travailleurs que des employeurs. Puis il y a eu des cas où ça a pu aider un,
nuire à l'autre, mais je pense que nous, notre intérêt commun, c'est de
s'assurer que ça fonctionne le mieux possible.
M. Leduc : Vous me dites que
c'est des rares cas, je l'entends, sauf que, ces rares cas là, il risque d'y
avoir un impact très lourd, plus spécifiquement l'accès à l'indemnité, si l'article
est adopté. Je pense qu'à ce moment-ci, Mme la Présidente, je vais demander une
légère suspension pour un amendement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Mais je vais d'abord demander s'il y a d'autres interventions à l'article
66 tel qu'amendé. Il n'y a pas d'autres interventions? Non.
Alors, nous allons suspendre quelques
instants.
(Suspension de la séance à 17 h 10)
(Reprise à 17 h 25)
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, nous avons reçu un amendement de la part
du député d'Hochelaga-Maisonneuve à l'article 66.
M. Leduc : Oui. Alors, à l'article 66,
remplacer l'article 66 du projet de loi par le suivant :
66. L'article 221 de cette loi est
modifié par :
1° l'insertion, dans le premier alinéa,
après «212 », de «sur lesquels un désaccord existe entre le professionnel de la
santé désigné et celui qui a charge»;
2° la suppression du deuxième alinéa.
Dans le fond, c'est un peu la suite
logique, là, des éléments que j'ai soulevés dans la discussion précédente avec M.
le ministre. Dans le fond, moi, mon amendement vise à limiter l'avis du BEM aux
questions médicales qui sont en litige, et non sur tous les autres aspects qui
pourraient ne pas avoir été soulevés ou complétés par le médecin qui a charge.
Puis vraiment, l'objectif, c'est de faire en sorte que le médecin traitant, le
médecin qui a charge conserve autant que possible, son rôle central puis que le
médecin du BEM ne puisse pas le remplacer dans les faits quand, en plus, il y a
absence de litige. Voilà.
M. Boulet : Évidemment,
je comprends l'amendement. Je vais, encore une fois, de façon télégraphique,
reprendre mes commentaires, mais peut-être en ajouter. Ça peut causer des
préjudices à des droits des travailleurs de recevoir des indemnités pour
dommage corporel en cas d'atteinte permanente juste parce que son médecin ne
s'est pas prononcé. Et ça, ça peut avoir un effet quand même assez
préjudiciable.
Deuxièmement, dans 98,5 % des cas,
ils le font. Et là, si on impose une restriction additionnelle que ça prend un
désaccord, ce pourcentage-là, je ne le sais pas, mais il risque de baisser
considérablement. Et c'est là que ça va créer un nouvel aller-retour. Donc, une
double ou une triple expérience anxiogène.
Troisième point, les médecins qui ont
charge, c'est parfois des médecins de famille, puis quand même assez souvent...
M. Boulet : …et c'est là que ça
va créer un nouvel aller-retour. Donc, une double ou une triple expérience
anxiogène.
Troisième point, les médecins qui ont
charge, c'est parfois des médecins de famille, puis quand même assez souvent,
qui n'ont pas… parfois, ils ne veulent pas se prononcer nécessairement sur
l'atteinte parce qu'ils ne veulent pas aller se prononcer, parce que c'est leur
patient, puis ils ne veulent pas demander un avis externe ou le référer à un
autre professionnel de la santé qui a charge mais qui peut le soutenir. Ça, ça
peut imposer un stress au médecin qui s'occupe du travailleur.
Autre élément, c'est le retour au travail.
Il a une durée limitée aussi, là, puis les allers-retours au BEM peuvent avoir
pour impact d'aller au-delà du deux ans, bon, quand il y a plus de 20 personnes
dans l'établissement, deux ans du droit d'exercice, de retour au travail. Ça
aussi, ça peut causer un préjudice additionnel. Donc, une perte potentielle d'indemnisation,
médecins qui ont charge, pas toujours désireux ou ayant les qualifications pour
le faire, retour au travail, risque d'expiration. Avec le dédoublement des avis
du Bureau d'évaluation médicale, moi, je pense qu'on atteint un objectif qui
est au détriment des travailleurs, beaucoup plus que les employeurs, et pour
ces raisons-là, je pense que l'amendement n'a pas, selon moi, d'utilité
bénéfique pour les travailleurs, et pour cette raison-là, je pense qu'on est
bien, et de loin, mieux de codifier la pratique actuelle.
Puis il n'y a pas d'impact, là, c'est
1,5 % des cas. Puis 1,5 % des cas, même avec ce que nous codifions
là, parce qu'on écrit clairement que tu peux avoir des raisons de ne pas le
faire, tu les exprimes dans ton avis, il y a des membres du BEM qui vont dire,
bien, sais-tu… puis ça va peut-être baisser le 98,5 % à 94 %, parce
que les membres du BEM, ils vont réaliser que s'ils ont des motifs de ne pas s'exprimer
sur l'atteinte et les limitations, bien, ils peuvent ne pas le faire, en vertu
de ce qui est prévu dans le p.l. n° 59. C'était vraiment
un objectif d'efficience, puis d'éviter le dédoublement, puis de respecter les
façons actuelles de faire.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
• (17 h 30) •
M. Leduc : Je ne veux pas
étirer la sauce, là, on aura eu un bon échange puis on pourra peut-être passer
au vote par la suite, mais moi, ce qui m'occupait l'esprit, dans cette
logique-là, puis je vous avoue que mon amendement aussi c'est une question de
cohérence avec les propos et les amendements que j'ai déposés précédemment, à
savoir qu'il faut respecter la prépondérance du médecin traitant, on l'a dit à plusieurs
reprises, et que, là, si on donne la possibilité, peu importe si c'est déjà une
pratique établie ou pas, là, mais si on codifie cette possibilité-là…
17 h 30 (version non révisée)
M. Leduc : ...logique-là. Puis
je vous avoue que mon amendement aussi c'est une question de cohérence avec les
propos et les amendements que j'ai déposés précédemment, à savoir qu'il faut
respecter la prépondérance du médecin traitant, on l'a dit à plusieurs
reprises, et que là, si on donne la possibilité, peu importe si c'est déjà une
pratique établie ou pas, là, mais, si on codifie cette possibilité-là, d'un
médecin du BEM d'aller, en quelque sorte, au-delà du médecin traitant s'il n'a
pas couvert des aspects dans son rapport, je ne comprends pas comment ça puisse
être compatible avec la prépondérance du médecin traitant, on n'a même pas la
position du médecin traitant à la base, alors quitte à ce que ça fasse
potentiellement une allée et venue. Moi, j'avais la solution pour éviter ça,
c'était l'abolition du BEM. Ça n'a pas été retenu. On verra ce qui donnera
suite à tout ça. Mais je pense que la prépondérance du médecin traitant
m'apparaît plus importante que les avantages que vous y voyez, vous, M. le
ministre, à codifier la pratique actuelle.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Il y a aussi le député de Jonquière qui aimerait intervenir.
M. Gaudreault : Oui, je
voulais intervenir sur l'amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve. Et ce
que vient de dire le député, c'était exactement là-dessus je voulais insister,
sur la cohérence par rapport au principe de la prépondérance du médecin
traitant. Alors, moi, je pense que d'ajouter : «sur lesquels un désaccord
existe entre le professionnel de la santé désigné et celui qui a charge» vient
renforcer le fait que le médecin traitant a prépondérance, parce qu'il peut y
avoir, par exemple, un diagnostic dans lequel il y a beaucoup d'impacts ou
d'éléments différents, et il peut y avoir un accord, par exemple, sur la nature
de, je ne le sais pas, moi, de la fracture, mais un désaccord sur le moment où
il va être en mesure de retourner au travail, par exemple. Et moi, je pense
qu'il faut vraiment que ça soit... il faut bien diviser les choses, bien
partager les éléments, et je pense qu'il faut toujours maintenir et être très,
très jaloux de la prépondérance du médecin traitant.
Donc, un peu comme vient de le dire le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, moi, je pense qu'en disant... en précisant : «sur
lesquels il y a un désaccord entre le professionnel de la santé désigné et
celui qui a charge», bien là on vient au moins spécifier ce que je viens de
dire, donc la prépondérance du médecin traitant. Alors, dans cet esprit, moi,
je vais être favorable à cet amendement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention sur
l'amendement proposé à l'article 66, nous allons procéder à la mise aux
voix.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
:
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire
:
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...proposé à l'article 66. Nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
La Secrétaire
: Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire
: M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire
: Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Abstention. Donc, l'amendement proposé à l'article 66
est rejeté. Nous poursuivons maintenant avec l'article 66 tel qu'amendé. Y
a-t-il d'autres interventions? Oui, député de... non, député de Jonquière,
pardon.
M. Gaudreault : Oui. Je
voudrais bien comprendre ce qui est apporté par le ministre, le deuxième alinéa,
finalement, qui ajoute à l'article 211... quand on dit : «Lorsqu'il
se...» Bon : «Lorsqu'il se prononce sur la date de consolidation d'une
lésion professionnelle, le membre du bureau doit également se prononcer sur
l'existence et le pourcentage d'atteinte permanente à l'intégrité physique ou
psychique ainsi que sur l'existence et l'évaluation de ces limitations
fonctionnelles, lorsque cette atteinte et ces limitations n'ont pas été
déterminées.»
Je voudrais bien comprendre ce bout-là,
là : «lorsque cette atteinte et ces limitations n'ont pas été
déterminées.» Est-ce que ça veut dire que ça pourrait ouvrir la porte à donner davantage
de pouvoir, on va dire ça comme ça, ou de rôles au médecin désigné, le membre
du bureau? Pourtant, «l'atteinte et les limitations n'ont pas été déterminées».
Je veux juste bien comprendre ce bout-là, là.
M. Boulet : Oui, mais...
Oui, puis c'est une bonne intervention, mais il l'avait déjà, le pouvoir, mais
il était à sa discrétion, alors que là c'est prévu pour clore le dossier. Quand
c'est guéri, quand c'est stabilisé... prononce soit sur l'atteinte puis les
limitations, puis c'est 98,5 % des cas.
Puis je reviens, collègue de Jonquière,
parce que je sais que ça vous préoccupe beaucoup, comme le collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve, comme moi, d'ailleurs, que l'opinion du médecin
traitant soit prépondérante, puis c'est d'ailleurs prévu à 224, la CNESST est
liée par l'opinion du médecin traitant sur le diagnostic, les soins, les
traitements, la consolidation, l'atteinte, les limitations. Je vous rappellerai
que sur 130 000 dossiers actifs il y a à peu près, bon an, mal an,
10 000, 11 000 avis du BEM. Donc, un peu moins de 10 % des
dossiers font l'objet d'une demande à un arbitre médical. La vaste majorité des
cas, la prépondérance, elle est pleinement effective. Puis je le dis parce que
vous connaissez l'impact de la valeur probante, la valeur probante de celui qui
a examiné, suivi, évalué. Elle est quand même assez fondamentale.
Ça fait que c'est comme j'expliquais au
collègue tout à l'heure, c'est juste pour permettre d'enrober... d'éviter des
allers-retours puis d'éviter... pour permettre que le dossier soit vraiment
complet.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait, merci...
M. Boulet : …de celui qui a
examiné, suivi, évalué, elle est quand même assez fondamentale. Ça fait que
c'est comme j'expliquais au collègue tout à l'heure, c'est juste pour permettre
d'enrober… d'éviter des allers-retours puis d'éviter… pour permettre que le
dossier soit vraiment complet.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Oui, député.
M. Gaudreault : Oui. Et «Il
n'a pas à se prononcer si des raisons d'ordre médical l'en empêchent.» Est-ce
que le ministre peut nous expliquer un petit peu plus par des exemples, par
exemple, en quoi… comment ça pourrait s'incarner, ce bout-là, là : «Il n'a
pas à se prononcer si des raisons d'ordre médical l'en empêchent»?
M. Boulet : Mais ça peut
arriver. Ce n'est pas facile d'identifier des hypothèses, là, mais, tu sais, il
peut être guéri, mais il n'est pas en mesure de donner un pourcentage
d'atteinte permanente ou de clairement identifier qu'est-ce qui le limite au
plan fonctionnel. Et ça, il pourrait dire : Ça, on a besoin d'un autre
délai, ou : On a besoin d'un autre moment, ou : J'ai besoin d'obtenir
un complément d'information du médecin traitant. Tu sais, il peut y avoir une…
j'allais dire une multiplicité, mais ce n'est pas le cas. Il peut y avoir
plusieurs raisons. Comme dans le 1,5 % des cas actuellement, il y a
peut-être des raisons qui les justifient de ne pas se prononcer sur l'atteinte
et les limitations. Là, ils vont devoir le préciser. Au contraire, je pense que
ça… pas que ça encarcane, mais ça délimite les paramètres d'action du membre du
BEM dans un contexte où la lésion est guérie.
M. Gaudreault : O.K. Si on
poursuit avec le troisième alinéa, «lorsqu'il est d'avis que la lésion ne
requiert plus de soins ni de traitements, le membre du bureau peut se prononcer
sur la date de consolidation», pourquoi on dit «peut»? Rendu là, si je suis la
logique du ministre, où il veut dans le fond, comme il le disait, consolider la
pratique actuelle qui est faite au BEM, pourquoi il ne va pas jusqu'au bout?
Puis je ne dis pas que je suis d'accord avec ça, là. Mais est-ce que ça ne
devrait pas… Lorsqu'il est d'avis que la lésion ne requiert plus de soins ni de
traitements, le membre du bureau doit se prononcer… Puis là, je le dis a
contrario, là.
M. Boulet : Ah non, mais c'est
mieux… En fait, il n'y a pas de changement à cette phrase-là. Mais je vais vous
donner un cas classique, là. Il n'y a plus de soins, il n'y a plus de
traitements, il n'y a plus rien qui est requis, parce qu'il se prononce sur la
nature, la durée, la suffisance des soins, traitements. Il peut dire : Il
n'y a plus de soins, plus de traitements. Ça fait que, là, on dit : S'il
n'y a plus de soins et de traitements, tu peux te prononcer sur la date de
consolidation. Mais il y a des cas où il n'y a plus de soins puis plus de
traitements, puis le temps seul, le repos seul, sans être un soin ou un
traitement, peut avoir un impact sur la date de consolidation. Il peut
dire : Ça va prendre encore un mois, ça va prendre encore deux mois. Ça
fait que…
M. Boulet : …de consolidation.
Mais il y a des cas où il n'y a plus de soin puis plus de traitement, puis le
temps seul, le repos seul, sans être un soin ou un traitement, peut avoir un
impact sur la date de consolidation. Il peut dire : Ça va prendre encore un mois.
Ça va prendre encore deux mois. Ça fait que le travailleur n'est peut-être
pas dans une condition de santé qui a atteint un plateau à tous égards. Ça fait
que s'il n'a pas atteint le plateau, puis qu'il y a encore de l'amélioration
prévisible, sans égard au fait qu'il n'a plus de soin et traitement, bien, ça
peut le justifier, là, de se prononcer ou de ne pas se prononcer. Je pense que
je l'explique du mieux que je peux.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce que ça va, député de Jonquière?
• (17 h 40) •
M. Gaudreault : Bien, écoutez,
moi, je demeure avec un fond de crainte, là, que même si le ministre nous
dit : Ah! c'est… on vient codifier une pratique existante. Moi, j'ai
l'impression qu'on ouvre la porte à une extension du rôle du BEM, donc ça
pourrait permettre encore plus d'interventions de la part du BEM. Moi, je
demeure… Je veux dire, je ne vois pas pourquoi c'est nécessaire à ce moment-là
de venir le codifier s'il y a une pratique. Ne donnons pas de chance à étendre
le rôle du BEM au-delà de sa pratique actuelle. Alors, je demeure avec ce doute
en moi.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…bien. Y a-t-il d'autres interventions?
M. Boulet : Je ne pourrai…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ah! vouliez-vous…
M. Boulet : Je ne pourrai
jamais…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Excusez-moi.
M. Boulet : …éteindre
complètement le doute en vous, collègue. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il d'autres interventions à l'article 66, tel qu'amendé? Alors, s'il
n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Contre.
La Secrétaire
:
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Contre.
La Secrétaire
:
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 66, tel qu'amendé, est adopté. M. le ministre,
nous poursuivons avec l'article 68. Et il y a effectivement un amendement.
M. Boulet : Écoutez, on peut…
68, 69 et 67, je vous propose, Mme la Présidente, que nous les fassions en
bloc, là. C'est tous des amendements où on retire ce qui était dans le p.l. 59.
Et donc c'est des retraits…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce qu'on a le consentement?
M. Boulet : …suite aux
consultations particulières.
M. Leduc : …numéros, là.
M. Boulet : 68, 69 et 67.
M. Leduc : Moi, j'avais un
68.1.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ayoye!
M. Leduc : Alors, si vous me
permettez de le déposer après, ça ne me dérange pas qu'on fasse les trois en
bloc, mais je ne voudrais pas me refaire pincer comme hier.
M. Boulet : On peut peut-être
faire les trois en bloc et que vous déposiez votre 68.1. Moi, je n'ai pas de
problème, là. Au moins, ça...
M. Leduc : De consentement,
tout est possible.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Si on a le consentement de tout le monde qu'on peut faire ça. On supprime les
trois en bloc…
M. Leduc : ...si vous me le
permettez de le déposer après, ça ne me dérange pas qu'on le fasse les trois en
bloc, mais je ne voudrais pas me refaire pincer comme hier.
M. Boulet : On peut peut-être
faire les trois en bloc et que vous déposiez votre 68.1, moi, je n'ai pas de problème,
là. Au moins, ça...
M. Leduc : Le consentement,
tout est possible.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Si on a le consentement de tout le monde qu'on peut faire ça, on supprime les
trois en bloc et... Parfait. Vous devez quand même les présenter un après
l'autre, là, amendement 68, hein...
M. Boulet : On peut peut-être
les faire en ordre aussi si c'est ce que vous souhaitez, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
En tout cas, là, on prend du temps à savoir qu'est-ce qu'on préfère, mais on
peut...
M. Boulet : On peut les faire
bloc, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous aimez mieux en ordre?
M. Leduc : ...un effet ou pas,
là, dans les autres, ça fait qu'on est peut-être mieux... Oui, oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
O.K. Alors, on y va en ordre. 68. M. le ministre.
M. Boulet : O.K. 68, on peut
faire le 68 puis après...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Allons-y.
M. Boulet : O.K. Donc :
68. L'article 224.1 de cette loi est modifié :
1° dans le premier alinéa :
a) par le remplacement de «en vertu de
l'article 221 dans le délai prescrit à l'article 222» par «dans les 120 jours
de l'envoi des contestations visées à l'article 217»;
b) par l'ajout, à la fin, de la phrase
suivante : «Dans les cas prévus au deuxième alinéa de l'article 218.1, ce délai
est de 150 jours.»;
2° par le remplacement, dans le deuxième
alinéa, de «prescrit à l'article 222» par «prévu au premier alinéa».
Donc, je ne donnerai pas d'explication,
là, parce que c'est retiré suite aux consultations particulières.
L'amendement, c'est simplement retirer...
Je ne l'ai pas. Excusez-moi. 68, c'est simplement : Retirer
l'article 68 du projet de loi. C'est tout. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Y a-t-il des interventions sur l'amendement? Oui, député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Simplement demander
au ministre qui avait demandé, donc, le retrait, juste pour faire le suivi.
M. Boulet : C'est CSD, UTTAM,
puis il y en avait un autre, là, qu'on n'est pas capable d'identifier, là. Mais
il y avait trois groupes en consultations particulières qui avaient demandé
qu'on...
M. Leduc : Vous n'avez pas les
noms des groupes?
M. Boulet : CSD, UTTAM, puis
l'autre...
M. Leduc : Ah! le même que
tantôt, là? Le même que tantôt, O.K.
M. Boulet : C'est Novo SST,
Novo santé et sécurité du travail.
M. Leduc : Oui, oui, oui. La
firme, là?
M. Boulet : Exact. Ça fait que
c'est les trois.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, y a-t-il des interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas
d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
:
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire
:
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 68 est supprimé. Nous poursuivons...
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ah! oui, l'amendement est adopté quand même. Oui, oui, oui, l'amendement est
d'adopté, et l'article 68 est supprimé. Alors, nous poursuivons. Je crois
que vous aviez un amendement, député d'Hochelaga-Maisonneuve, c'est bien ça?
M. Leduc : Oui, bien là, il
faut que je révise... C'est ça. Il faut juste que je révise si en supprimant
224... En tout cas, j'ai besoin d'une suspension.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 45)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…l'amendement est adopté quand même. Oui, oui, l'amendement est adopté et l'article
68 est supprimé. Alors, nous poursuivons. Je crois que vous aviez un amendement,
député d'Hochelaga-Maisonneuve, c'est bien ça?
M. Leduc : Oui, mais là, il
faut que je révise… c'est ça, il faut juste que je révise si, en supprimant
224… en tout cas, j'ai besoin d'une suspension.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 45)
(Reprise à 17 h 56)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, nous avons reçu un amendement déposé par le
député d'Hochelaga-Maisonneuve. Donc, je vous invite à le lire.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente : Insérer, après l'article 68 du projet de loi, le
suivant :
68.1. L'article 361 de cette loi est
modifié par l'insertion, après «sauf s'il s'agit», de «d'une décision prévue
par l'article 224.1 ou».
Alors, je ne lirai pas, là, ce que ça
donnerait, là, comme nouvelle lecture, là. On l'intégrera si nécessaire. Mais
en gros, comme explication, Mme la Présidente, ça fait un peu écho à une
discussion qu'on a eue précédemment. Donc, encore une fois, c'est par cohérence
que je le dépose. On le sait que c'est un... ça, on l'a consenti, d'ailleurs,
de manière assez unanime depuis le début, c'est un événement assez anxiogène,
là, l'idée de se rendre devant un médecin du Bureau d'évaluation médicale. Il y
en a même qui pouvaient soutenir que, parfois, ça peut mener à une nuisance à
la guérison.
Et là ce qu'il faut bien comprendre, là,
c'est que la... quand le BEM se prononce, ça lie la CNESST, qui rend sa
décision en conséquence. Et comme on l'a vu aussi tantôt, c'est très souvent
contesté au tribunal. Sauf que c'est à partir du moment que la CNESST prend sa
décision que s'appliquent les conséquences. Et moi, je considère ça un peu
particulier que, sur la séquence judiciaire, de A à Z...
M. Leduc : …en conséquence et,
comme on l'a vu aussi tantôt, c'est très souvent contesté au tribunal, sauf que
c'est à partir du moment que la CNESST prend sa décision que s'appliquent les
conséquences. Et moi, je considère ça un peu particulier que sur la séquence
judiciaire de A à Z, il y a comme juste… il y a une section où est-ce que les
droits, notamment le maintien de l'IRR, sont préservés pour le travailleur,
mais cet état de fait-là s'arrête au moment où la CNESST rend sa décision post
avis du BEM. Alors, quand on part, mettons, jusqu'au… là, on a la DRA puis il y
a le TAT, mais là il n'y a plus… le caractère exécutoire de la décision, là, il
est irrévocable et on perd des droits, puis la proposition que je vous soumets,
Mme la Présidente, que je soumets au ministre, a pour effet, dans le fond, de
retarder l'effet exécutoire de la décision de la commission au regard d'un avis
du BEM. Ça fait en sorte, là, il y a quelques conséquences que ça peut avoir,
là.
Moi, la plus importante, là, que j'ai
soulevée d'emblée dans mes explications, c'est celle du maintien des IRR. Il y
a aussi le fait que les victimes ne seront plus dans l'obligation de rechercher
un emploi alors même qu'ils prétendent que leur lésion les rend incapable de
l'exercer. Il y a aussi l'aspect que le maintien des soins et traitements
permet de continuer à soigner la victime. Ça peut d'ailleurs avoir un effet
intéressant de déjudiciarisation, parce que si on permet le maintien des soins
et traitements et que les délais qu'on a déjà abordés hier puis avant-hier du
TAT sont ce qu'ils sont et ça se prolonge, bien, ça permet d'avoir accès aux
soins et aux traitements. Ça donne quasiment une chance de consolider sa lésion
avant même la décision du tribunal du TAT, avant même l'audience au TAT, pardon,
alors ça a quand même un effet intéressant de déjudiciarisation, là, ce que je
vous propose.
Puis, finalement, pour les employeurs,
bien, ils ne sont imputés que si les victimes ont gain de cause au final.
Alors, si en effet on a une consolidation avant qu'on se rende en audience au
TAT, bien, ça peut éviter en effet que l'employeur soit imputé en matière de
cotisations. Voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. M. le ministre, est-ce que vous voulez intervenir? Il reste à peine une
minute.
• (18 heures) •
M. Boulet : Oui, rapidement.
Bien, écoutez, on a fait cette discussion-là déjà dans le projet de loi en ce
qui concernait les amendements à la Loi sur le Tribunal administratif du
travail. Je vous rappellerai que la majorité des décisions de la CNESST qui
font suite à des avis du BEM, la majorité sont favorables au travailleur, parce
qu'on peut en faire la déduction dans la mesure où c'est 75 % des fois,
des employeurs qui font des contestations au Tribunal administratif du travail.
Puis, comme on a vu, si un préjudice subi par un travailleur, il a la
possibilité de demander simplement au tribunal administratif de surseoir. Puis
je ne voudrais pas que pour des cas, je ne dirais pas isolés, là, pour des cas
particuliers, on modifie une règle, un principe général du caractère exécutoire
des décisions, puis je le répète, là, s'ils ne sont pas exécutoires puis ils
sont favorables au travailleur, comment on va faire ça? Puis, tu sais, moi, je
pense qu'il y a un risque d'effet préjudiciable pour les travailleurs, puis je
ne voudrais pas faire…
18 h (version non révisée)
M. Boulet : …on modifie une
règle, un principe général du caractère exécutoire des décisions. Puis, je le
répète, là, s'ils ne sont pas exécutoires puis ils sont favorables au travailleur,
comment on va faire ça? Puis, tu sais, moi, je pense qu'il y a un risque
d'effet préjudiciable pour les travailleurs puis je ne voudrais pas faire un
accroc à un principe général qui risque de nuire à des travailleurs. Puis, si
la décision est favorable au travailleur puis qu'elle… sauf s'il s'agit… donc
elle n'est pas exécutoire, parce que c'est une décision rendue en vertu de
224.1, est-ce qu'il va aller demander un sursis parce que la décision n'est pas
exécutoire? Mais on a eu cette discussion-là, je pense que nos arguments ont déjà
été faits. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, écoutez, compte tenu de l'heure… Nous pourrons, de toute façon,
poursuivre après le repas.
Alors, nous suspendons les travaux, merci,
jusqu'à 19 h 30.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
19 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 19 h 34)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, votre attention, s'il vous plaît. La Commission de l'économie et du
travail reprend ses travaux. Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de
loi n° 59, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité
du travail.
Lors de notre suspension des travaux cet après-midi,
nous en étions à l'étude d'un amendement déposé par le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, qui introduisait un nouvel article 68.1 Alors, est-ce
qu'il y avait encore des interventions sur cet amendement? Député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui, merci, Mme la
Présidente. Comme parfois les pauses-repas ont tendance à alléger l'humeur de
notre ministre, peut-être que celle-ci aura mis le ministre dans une
disposition plus favorable à mon intervention. Non, mais je m'essaie, en fait,
est-ce qu'il a eu le temps de réfléchir à mon amendement sur l'heure du souper,
en dehors des entrevues qu'il a faites à Zone économie, par exemple?
M. Boulet : Mon Dieu! Malgré
les protéines, non, ma position demeure inchangée. Non, mais je n'ai pas pris
de verre de vin non plus, ça fait que je me sens très bien.
M. Leduc : Vous auriez le
droit, hein, il n'y a pas d'interdiction.
M. Boulet : Je pense que
demain, ce sera approprié, puis je pense que ce sera le cas pour vous aussi.
M. Leduc : Une fois que la
route sera complétée, de retour à la maison, par exemple.
M. Boulet : J'espère.
M. Leduc : Oui. Vous, vous
avez la chance d'avoir quelqu'un qui peut conduire à votre place, moi, je vais
être au volant.
M. Boulet : C'est un
privilège.
M. Leduc : C'est un privilège
qui est bien correct. Écoutez, je ne veux pas refaire le grand débat au grand
complet sur l'amendement que je vous ai déposé tantôt, puis là je comprends
que, malgré un bon souper, ça n'a pas été nécessairement suffisant pour vous
convaincre de l'envisager. Dans ce cas-là… c'est parce que j'en avais un autre
de préparé qui restreignait la portée, puis, peut-être à la place de retirer celui-là,
en redéposer un autre…
M. Leduc : …Puis là, je
comprends que malgré un bon souper, ça n'a pas été nécessairement suffisant
pour vous convaincre de l'envisager. Dans ce cas-là, c'est parce que j'en avais
un autre de préparé, qui restreignait la portée. Puis peut-être à la place, là,
de le retirer, celui-là, redéposer un autre, je pourrais avoir l'échange verbal
avec vous, voir s'il est possible d'aller dans un des aspects que j'ai ouverts.
Donc, j'avais un autre amendement en
réserve qui recherchait donc le même effet, c'est-à-dire retarder l'effet
exécutoire d'une décision de la commission qui est, évidemment, liée par le
diagnostic du BEM. Mais à la place d'avoir son application sur tous les enjeux,
la recherche d'emploi, les soins et traitements, l'imputation et compagnie, je
le limitais vraiment à la question des indemnités de remplacement de revenu.
Puis ça, encore une fois, c'est, je pense,
quelque chose qui est cohérent dans mon approche depuis le début de cette commission.
Je suis très soucieux d'imaginer des alternatives, des idées qui pourraient
faire en sorte d'éviter des scénarios qui sont le cas actuellement, où des
salariés se retrouvent sans revenu. Moi, je trouve ça dommage, même plus que
dommage, en quelque part, déplorable que notre système permette ces
situations-là. Je l'ai répété 100 fois, c'est anxiogène, vivre une lésion,
c'est anxiogène, vivre un parcours de contestation au sein de l'appareil de la
CNESST, du TAT, du BEM.
Ce qui est encore plus anxiogène,
Mme la Présidente, c'est quand on perd son revenu. Et c'est bête parce que
quand on perd son revenu, son IRR, dans ce cas-ci, bien, ça fait réfléchir pas
mal à la suite des choses en matière de contestation.
Alors, je sais que M. le ministre est
très soucieux du maintien des droits, du maintien des options. C'est un peu
pour ça qu'on n'a pas été de l'avant au complet avec l'abolition de la DRA, par
exemple, c'est pour ça, pas plus tard qu'hier, il refusait que les employeurs
puissent… qu'on limite, en fait, la portée de la contestation du médecin
traitant qu'à la commission et non à l'employeur. Il veut maintenir les droits
des justiciables en quelque sorte.
Mais il me semble que ça serait le cas,
ici présent, de l'appliquer réellement. Parce que, si on veut maintenir le
droit du justiciable, encore faut-il qu'il y ait les moyens de les maintenir.
Et vous comprendrez que si on perd son IRR, la possibilité financière de gérer
les coûts, les coûts de santé mentale, même d'aller devant le tribunal, devant
le TAT, bien, ce n'est pas à prendre à la légère, là, ce n'est pas automatique.
Si on perd son IRR, on ne reçoit plus pantoute de revenus, soit
potentiellement, des revenus d'aide sociale, c'est souvent ce qui arrive.
Décider de faire la bataille juridique jusqu'au bout avec le TAT, sous l'aide
sociale, ce n'est pas une décision facile. Ce n'est pas une décision à prendre,
encore une fois, à la légère.
Alors, est-ce que peut-être que M. le
ministre pourrait envisager de vraiment restreindre, là, la portée de mon
amendement, de mon article? Puis je serais entièrement vraiment disposé à le
retirer pour le réécrire…
M. Leduc : ...juridique jusqu'au
bout avec le TAT sous l'aide sociale, ce n'est pas une décision facile, ce
n'est pas une décision à prendre, encore une fois, à la légère.
Alors, est-ce que peut-être que M. le
ministre pourrait envisager de vraiment restreindre, là, la portée de mon amendement,
de mon article? Puis je serais entièrement, évidemment, disposé à la retirer
pour le réécrire. Mais donc maintenir vraiment la portée de l'effet exécutoire
de la décision, là, de la commission liée au BEM, exclure la question de l'IRR
pour protéger l'IRR, protéger le revenu. Puis je pense qu'il a tout à y gagner,
M. le ministre, de le considérer parce qu'il est également ministre de la Solidarité
sociale.
• (19 h 40) •
Donc, si on retire l'IRR d'un salarié,
c'est encore le ministre qui va être responsable de son revenu à la fin de la
journée, comme on le dit en mauvais français parce que c'est probablement là
qu'il va aller, à l'aide sociale. Alors qu'on a la chance d'avoir le ministre
des deux ministères dans la même personne, c'est d'ailleurs souvent le cas au
Québec, n'y a-t-il pas, là, un intérêt pour aussi le coût des contribuables
québécois? Hein, on sait que l'aide sociale est payée à travers les impôts, les
taxes et impôts de manière générale. L'IRR est payée par les employeurs, par
les cotisations des employeurs.
On ne refera pas le débat au complet, mais
il y a quelque chose qui m'irrite dans cette idée de vouloir socialiser les
coûts. Parce que si on dit que l'IRR n'est plus possible pour un travailleur et
que, nécessairement, on le sait, qu'il va se réfugier dans l'aide sociale,
bien, on est en train de socialiser des coûts qui devraient normalement être
sur les épaules des cotisations des employeurs.
Moi, ce n'est pas quelque chose qui me
plaît, je vous dirais, ce n'est pas quelque chose qui me semble aller de soi
non plus. Et là on a le ministre qui est responsable des deux dossiers. Tant
mieux! Est-ce que, donc, si on... Si je fais une intervention chirurgicale sur
l'enjeu du maintien de l'IRR, il y aurait, là, plus de chance d'obtenir
l'adhésion du ministre à mon amendement?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Oui, M. le ministre.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Tout d'abord il faut que je reconnaisse l'empathie de notre
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve pour les travailleurs qui... C'est des cas,
selon moi, très, très particuliers, là, où il y a un avis rendu par le BEM. La
CNESST rend une décision entérinant l'avis du BEM, dit : Le travailleur,
il est consolidé. Il n'a pas d'atteinte permanente. Il n'a pas de limitation
fonctionnelle. La CNESST rend donc une décision de capacité de retour au
travail. Et là il cesse de recevoir l'indemnité de remplacement de revenu. Puis
ce n'est pas en raison de l'avis du BEM qu'il arrête de recevoir l'indemnité de
remplacement de revenu, c'est en raison de la décision de la CNESST qui,
évidemment, conclut que le travailleur est capable parce qu'il est guéri, il
n'a pas d'atteinte puis il n'a aucune limitation fonctionnelle.
Il y a des cas à la limite qui peuvent
arriver, mais on ne peut pas faire une règle générale à partir de cas
particuliers. Et il y a un principe qui est fondamental en droit, c'est que les
décisions sont exécutoires, sauf des circonstances exceptionnelles...
M. Boulet : …il n'y a pas
d'atteinte puis il n'y a aucune limitation fonctionnelle.
Il y a des cas, à la limite, qui peuvent
arriver, mais on ne peut pas faire une règle générale à partir de cas
particuliers. Et il y a un principe qui est fondamental, en droit, c'est que
les décisions sont exécutoires, sauf des circonstances exceptionnelles. Ici,
c'est des cas vraiment particuliers, puis on ferait comme un deux poids, deux
mesures, parce que pour l'employeur tu n'as pas la pareille, puis qu'est-ce
qu'on fait avec l'indemnité pour dommage corporel? Quelqu'un qui a une atteinte
permanente à l'intégrité physique ou psychique de tant de pourcentage qui lui
donne accès à une indemnité pour dommage corporel, puis des fois, donc, la
décision est exécutoire tout de suite, puis que l'employeur conteste, puis le
montant est payé. Donc, il n'y a pas que… tu sais, il y a plusieurs enjeux, là,
d'aller vers une règle générale de cette nature-là.
Puis je reviens à l'article 235. Je pense
que si quelqu'un subit un préjudice, il fait une requête au Tribunal
administratif du travail en même temps que l'employeur fait sa contestation.
Puis 20 à 25 jours après, on a vu que c'était le délai pour entendre un dossier
urgent, il va obtenir un sursis. Quelqu'un qui est mis dans une situation où…
qui lui est préjudiciable, les juges vont faire preuve d'humanité, vont
comprendre le cas. Mais c'est parce qu'on a fait déjà aussi ce débat-là, puis,
ceci dit avec respect, je ne pense pas que la personne va faire une demande
pour recevoir des prestations d'aide sociale. Elle peut recevoir des
prestations d'assurance maladie en vertu du régime d'assurance collective qu'il
y a au sein de son employeur.
Mais il y a des travailleurs qui ne
bénéficient d'aucune, puis là je vois Guillaume… aucun régime d'assurance
collective, mais il y a les prestations d'assurance maladie en vertu de la loi
fédérale sur l'assurance emploi, là, qui peuvent bénéficier au travailleur.
Puis je n'ai jamais… en tout cas, à ma connaissance… on ne m'a jamais
dit : Il y a une personne qui va recevoir des prestations d'aide sociale
parce qu'elle a cessé de recevoir ses indemnités de remplacement de revenus.
Puis dans un cas comme ça, manifestement, en amont, tu vas faire une demande au
Tribunal administratif du travail, tu vas récupérer le droit de recevoir. Puis,
tu sais, c'est dans des cas vraiment particuliers où on ne peut pas présumer de
la mauvaise foi de l'employeur, là. Si c'est par ailleurs légitime au plan
médical, ça veut dire que, normalement, le travailleur est en mesure de faire
son travail. Puis à la limite, s'il y avait une rechute, récidive, aggravation
sans nouvel événement, il peut retourner voir son médecin puis faire une
nouvelle réclamation en démontrant qu'il y a une détérioration qu'il est
capable d'objectiver, là, de son état de santé.
Ça fait que moi, je trouve qu'il y a plein
d'avenues. Mais je comprends votre empathie, puis je respecte ça, là, mais…
M. Boulet : ...aggravation,
sans nouvel événement, il peut retourner voir son médecin puis faire une
nouvelle réclamation en démontrant qu'il y a une détérioration qu'il est
capable d'objectiver, là, de son état de santé.
Ça fait que, moi, je trouve qu'il y a
plein d'avenues. Mais je comprends votre empathie puis je respecte ça, là,
mais... Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il d'autres interventions à l'amendement? Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. M. le ministre a raison de faire référence à l'assurance-emploi.
Par contre, la précision qu'il faudrait faire, c'est que c'est... les semaines
de maladie, là, c'est 15 semaines de maladie. On a eu, en long et en
large, le débat sur les délais, là, au TAT. 15 semaines d'assurance
maladie, pour des délais qui peuvent aller jusqu'à un an, un an et
demi, des fois.
M. Boulet : …le sursis, c'est
entre 20 et 25 jours.
M. Leduc : Oui, mais ça aussi,
on a eu le débat sur le sursis. Ça ne marche pas, ça ne marche jamais, le
sursis. On les a vues, les statistiques, là.
M. Boulet : C'est 20, 25...
Oui, mais…
M. Leduc : Ils ne sont pas
accordés. Ils sont…
M. Boulet : Je n'ai pas vu de
statistiques que les sursis ne sont jamais accordés. Ils sont accordés au
mérite. Puis moi, je me fie, encore une fois, à l'objectivité puis la
compétence des juges du Tribunal administratif du travail, là.
M. Leduc : Il y a des
praticiens qui m'envoyaient des exemples, hier puis avant-hier, que
j'analysais, un peu, des décisions du TAT par exemple sur des intoxications à
l'arsenic. Elles avaient été coupées, là, leurs indemnités, suite à une
décision du BEM, à l'examen du BEM qui lie à la CNESST. Elles avaient été
coupées à l'été 2015 puis la décision du tribunal est arrivée en 2018.
Trois ans, trois ans sans IRR, alors les 15 semaines de
l'assurance-emploi sont bienvenues. Mais ça ne couvre pas les trois ans
d'attente avant la décision finale, ça, c'est certain.
Alors, oui, il y a des gens qui vont à
l'aide sociale, là, en quelque part dans ce chemin-là. Ce n'est pas rare, là,
ce n'est pas… Je vous n'en parlerais pas si c'était une anecdote, un sur
1 000, là.
Une chose qu'il faut préciser aussi, c'est
que les dommages corporels, ils ne sont pas payables avant la décision finale.
Ça fait que la comparaison que vous me faisiez tantôt, je pense, elle est peut-être
un peu limitée.
Puis finalement, la raison pour laquelle
je vous soumets un amendement aujourd'hui, puis même que je suis prêt à le
réduire, la portée, vraiment, sur la question de l'indemnité de revenu, c'est
que ce n'est pas des cas… vous disiez en ouverture que : Ah! bien, il y a peut-être
des cas par-ci, par-là, ou en tout cas, je reprends vos mots ou je reprends
votre… ce que j'en ai perçu. Les praticiens du terrain me disent que c'est leur
routine, là, des gens qui perdent leur IRR à cause de cette façon-là dont on a
construit le système de contestation médicolégale, et qui se retrouvent dans
des trous noirs de finance, là.
M. Boulet : Oui mais 75 %
des contestations à l'ACLP en matière médicale proviennent des employeurs.
L'autre 25 %, de n'est pas… il faudrait faire une déclinaison, mais c'est
certainement des cas particuliers. Puis je le répète, quelqu'un qui est sans
indemnité de remplacement de revenu, c'est parce que…
M. Boulet : …contestations à la
CLP en matière médicale proviennent des employeurs. L'autre 25 %, ce n'est
pas… il faudrait faire une déclinaison, mais c'est certainement des cas
particuliers.
Puis, je le répète, quelqu'un qui est sans
indemnité de remplacement de revenu, c'est parce que le Bureau d'évaluation
médicale a considéré qu'il était consolidé sans atteinte ni limitation. Puis,
s'il y a une rechute, récidive, aggravation, il peut présenter une nouvelle
réclamation. Puis je connais les praticiens, mais il y a plein de corridors là-dedans,
là, tu sais, comme dans tout système. Le Code de procédure civile, pour les
tribunaux judiciaires, c'est 10 fois ce dont on parle. Il peut… Si un juge du Tribunal
administratif du travail n'a pas accordé un sursis, c'est que ça ne le
justifiait pas, je le présume. Puis, même encore là, s'il y a un juge du Tribunal
administratif du travail qui est à côté, il peut faire l'objet d'une révision.
Puis moi, je crois en ce modèle-là, puis,
je le répète, il ne faut pas utiliser des cas particuliers pour en faire une
règle générale qu'à chaque fois… Ça veut dire qu'à chaque fois que quelqu'un
n'a pas… est consolidé sans atteinte ni limitation, puis qu'il est capable,
puis qu'il y a une contestation, puis qu'on attend… tu sais, les délais sont
longs avant d'aller… d'être entendu au Tribunal administratif du travail, puis
il y a tout le processus de conciliation prédécisionnelle, on va demander aux
employeurs d'assumer l'indemnité de remplacement de revenu de ces personnes-là
jusqu'à tant qu'il y ait une décision finale. Il me semble que c'est… Mais je
reprends les arguments que je vous ai déjà soumis, là, mais… puis je redis la
même chose que je vous avais mentionnée, on ne peut pas aller dans cette
direction-là, puis… malheureusement.
• (19 h 50) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Vous avez raison,
là. Vous avez donné des chiffres tantôt, là, sur les avis du BEM, il y en avait
11 000, puis plus ou moins 8 000, là, qui étaient contestés et qui se
rendaient donc au tribunal, puis vous nous avez dit que, de ce 8 000 là,
75 % environ étaient contestés par les employeurs. Bien, si c'est le
25 %, la balance, là, sur lequel on discute en ce moment, ça fait toujours
bien 1 000, 2 000 travailleurs par année, là. C'est beaucoup de gens.
M. Boulet : Ils peuvent
contester sur les aspects médicaux, là, mais… Dans les 25 %, il y a probablement
un nombre limité que ça concerne des décisions de capacité de retour au
travail, parce que ça peut être sur bien d'autres aspects, là. Donc, les motifs
de contestation au TAT, je ne peux pas les décliner, là, mais ce n'est
certainement pas suite à une décision de capacité. Le travailleur, il ne
conteste pas la décision tout le temps quand la CNESST rend une décision de
capacité.
M. Leduc : …une audience pour
un sursis, une audience pour une révision pour cause ou une audience au fond,
ce n'est pas gratuit. Ça aussi, là, ça demande du temps, ça demande de
l'énergie, ça demande de la représentation potentiellement, encore une fois,
d'autres expertises, souvent, puis on a vu…
M. Boulet : …tout le temps,
quand la CNESST rend une décision de capacité.
M. Leduc : Une audience pour
un sursis, une audience pour une révision pour cause ou une audience… au fond,
ce n'est pas gratuit, ça aussi, là, ça demande du temps, ça demande de
l'énergie, ça demande de la représentation potentiellement, encore une fois,
d'autres expertises, souvent, puis on a vu que ça coûtait cher, cette
expertise-là. Ça fait que si, en plus, vous perdez votre IRR à cause de tout
ça, vous demandez, dans le fond, aux justiciables de dépasser leurs conditions
matérielles d'existence, là, qui est probablement la pauvreté, rendu là, si on
perd son IRR ou, du moins, la précarité, on va le dire comme ça. Vous leur
demandez de dépasser leurs conditions matérielles d'existence pour évoluer
comme un justiciable dans le droit, tel qu'il est écrit dans les nouvelles lois
du Québec. Moi, je vous dis bravo, c'est des belles lois, puis, dans leur
essence, elles sont bien construites, dans leur pratique, souvent, il y a des
failles.
Et, moi, je trouve, et c'est là que
j'aurais espéré avoir votre adhésion, c'est qu'on devrait tout faire ici, nous,
les législateurs, pour aller colmater ces brèches qui existent, en particulier
sur la question de la sécurité du revenu dans le cadre de ce labyrinthe de
contestations médicolégales. Parce que oui, vous évoquez les sursis, mais ce
n'est pas suffisant, ça ne fonctionne pas super bien, ces sursis-là, on en a
amplement débattu la dernière journée, dans les deux dernières journées. Moi, je
pense qu'il y a un pas supplémentaire qu'on doit faire pour protéger
l'indemnité de revenu.
M. Boulet : Savez-vous
pourquoi ça ne fonctionnait pas si bien, parce que je ne prétendrai jamais que
ça roulait comme sur des roues bien huilées, mais c'est la raison pour
laquelle, à l'article 235, quand on amende la loi sur le Tribunal administratif
du travail, on vient codifier le droit du Tribunal administratif du travail de
surseoir, parce qu'il y avait une jurisprudence pas abondante, mais il y avait
une jurisprudence qui reconnaissait le droit du TAT de surseoir, mais qui en
doutait. Parce que, dans les décisions, c'était remis en question, on en
faisait, mais un peu avec le pied sur le frein, alors que là, avec l'amendement
qu'on a déjà adopté puis avec la notion de préjudice, ça va ouvrir la porte beaucoup
plus facilement. Puis actuellement, c'était 20, 25 jours, puis avec les
remarques puis les intentions qu'on exprimait en commission parlementaire.
Moi, j'exprime le souhait clairement que
ce soit entendu dans les meilleurs délais et que l'on soit sensible et
empathique au Tribunal administratif du travail, à la situation d'un travailleur
qui pourrait être dans un contexte de précarité financière. Il y a les
prestations d'assurance-emploi, il y a les régimes d'assurance maladie, mais je
ne veux voir pas de cas de travailleurs qui se ramassent à faire des demandes
de prestation d'aide sociale, non. Puis on parlera à leurs conseillers s'il le
faut, là, mais ils peuvent faire des nouvelles réclamations, ils peuvent faire
une demande de sursis…
M. Boulet : …il y a les régimes
d'assurance maladie, mais je ne veux pas voir de cas de travailleurs qui se
ramassent à faire des demandes de prestations d'aide sociale. Non. Puis on
parlera à leur conseiller s'il faut, là, mais ils peuvent faire des nouvelles
réclamations, ils peuvent faire une demande de sursis pour récupérer un droit
de recevoir l'indemnité de remplacement de revenu. Ce n'est pas… C'est sûr
qu'on ne peut pas accepter des situations de cette nature-là, mais on ne peut
pas dire : Pour ces cas-là, la décision ne sera pas exécutoire,
systématiquement, puis dans tous les cas où il est question d'un droit à l'IRR
de demander aux employeurs d'assumer le paiement de ces coûts-là,
systématiquement dans tous les cas. C'est pour ça qu'on a une règle qui s'applique
à des cas particuliers, c'est-à-dire notamment la demande de sursis.
M. Leduc : Moi, je pense qu'il
y a un choix de verbe qu'il faut clarifier ici. Quand vous dites : On ne
peut pas. Bien sûr qu'on peut. Ce n'est pas contraire à aucune charte du Québec
ou du Canada, des droits de la personne, là, ce que je vous propose
aujourd'hui, là. Auquel cas vous l'auriez sûrement soulevé puis vous auriez
questionné sa recevabilité, comme vous l'avez fait hier. Puis si ça avait été
recevable, je me serais plié, bien sûr, au jugement. Mais je pense qu'on peut
très bien faire ce que je vous propose ce soir. La question, la vraie question,
c'est est-ce qu'on veut le faire? Moi, quand vous me dites : On ne peut
pas, j'entends «On ne veut pas». Ce n'est pas la même chose. Bien sûr qu'on
peut. On a certainement la capacité technique, ce sont nous les législateurs
ici, ce sont nous qui construisons les règles, discutons des règles, essayons
de trouver des compromis. Quand ce n'est pas possible, il y a un système démocratique
qui a élu une majorité au parlement et qui tranche. Alors, quand on dit :
On ne peut pas, soyons honnêtes, là. Ce n'est pas qu'on ne peut pas, c'est
qu'on ne veut pas.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est bien.
M. Boulet : Je n'ai pas de
commentaire.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement? Oui. Est-ce
que vous laisseriez la parole au député de Jonquière également?
M. Leduc : Une dernière
intervention…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est parfait.
M. Leduc : …puis ça va me
faire plaisir de passer la puck après. Tu sais, dans le fond, M. le ministre,
vous faites référence au fait que là vous avez beaucoup d'espoir que ça
s'améliore, les délais, etc. Tu sais, ce n'est pas quelque chose qui va se
changer facilement et rapidement. Puis dans les jours… aujourd'hui, hier,
avant-hier, on a eu tout un débat au salon bleu sur la pénurie d'éducatrices en
services de garde. Puis votre collègue, le ministre de la Famille, réfère toujours
au même argument en disant : Je n'ai pas une baguette magique, il y a une
pénurie d'éducatrices, il faut les former, ça prend du temps, etc. Et il
utilise beaucoup cet argument-là, de dire : Bien, laissez-moi, tu sais, mettre
en place quelque chose et que la situation évolue. D'accord. Moi, je veux bien
jouer un petit peu dans ce film-là pour les délais au TAT et les nouvelles
dispositions que vous nous avez proposées jusqu'à ce moment-ci, mais
certainement en attendant que peut-être la situation s'améliore, il va encore y
avoir du monde qui vont souffrir de cette perte d'IRR, qui ne seront pas
capables d'aller chercher un sursis, malgré que ça soit bien écrit dans la loi
puis sur un beau papier, ils ne seront pas…
M. Leduc : ...au TAT et
les nouvelles dispositions que vous nous avez proposées jusqu'à ce moment-ci,
mais certainement en attendant que, peut-être, la situation s'améliore, il va
encore avoir du monde qui vont souffrir de cette perte d'IRR, qui ne seront pas
capables d'aller chercher un sursis, malgré que ça soit bien écrit dans la loi
puis sur un beau papier, qui ne seront pas capables d'y aller.
Et ça sera le quotidien de beaucoup de
personnes, ce sera le quotidien de groupes populaires qui les défendent, qui
essaient de les orienter, ce sera le quotidien de gens qui, perdant leur
revenu, ont-ils le temps, l'énergie et les ressources d'aller monter, financer
un sursis, une demande, une requête, une contestation au TAT? La réponse bien
franche, c'est non, là. Le choix qu'ils vont faire ou qu'ils vont être forcés
de faire, c'est de prendre en condition... prendre en compte leurs conditions
matérielles d'existence et d'essayer de se réfugier dans une solution mi-figue
et mi-raisin, qui va être renoncer à aller au bout de la logique qu'ils
devraient pouvoir avoir le droit de faire s'ils étaient dans une... dans un
minimum d'aisance matérielle, ce qui la perte de leur IRR leur empêche de
bénéficier. Mais, bon, je pense avoir fait...
M. Boulet : Non, mais...
Mais je comprends quand même, mais il y a... Il y a un recours, puis qu'on a
enraciné maintenant, c'est le pouvoir du tribunal d'ordonner un sursis, donc la
capacité des travailleurs d'obtenir un sursis, et là de demander aux employeurs
d'assumer systématiquement quand c'est un cas d'IRR le paiement au travailleur
qui est jugé par un avis d'un spécialiste comme étant capable, c'est-à-dire
consolidé, sans atteinte puis ni limitation. C'est là que le... C'est ça qui
nous préoccupe, là. Puis vous avez raison, entre le peut puis le veut, en fait,
c'est sûr que quand on fait un projet de loi, on essaie d'aller le plus loin
possible, mais dans le respect des droits des deux parties, soit les employeurs
puis les travailleurs. Puis, ici, je pense que nos arguments sont suffisamment
précis. Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Alors, la parole est au député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci,
Mme la Présidente. Alors, j'écoutais avec beaucoup d'attention l'échange entre
le ministre et le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Et il y a quelque chose que
je retiens de l'argument du ministre, qui est une règle juridique, une règle de
droit qui dit : On ne peut pas tirer une règle générale d'un cas
particulier. Il faut avoir des règles qui s'appliquent à tous, universelles. Je
suis bien d'accord avec ça. C'est une règle de droit, mais il faut bien démêler
ce qui est le général et ce qui est le particulier.
• (10 heures) •
Alors, ce qui m'a amené, moi, à faire la
réflexion suivante. Je me suis dit : Retournons à l'objet même de la loi
qui nous... qui nous réunit, ici...
20 h (version non révisée)
M. Gaudreault : ...il faut
bien démêler ce qui est le général de ce qui est le particulier. Alors, ce qui
m'a amené, moi, à faire la réflexion suivante, je me suis dit : Retournons
à l'objet même de la loi qui nous réunit ici depuis plusieurs heures et qui va
nous réunir visiblement encore pendant plusieurs heures, puis même au retour de
l'été. Donc, je suis retourné à l'objet de la loi, à l'article 1. Moi, je
pense que, le général, il est là, la règle du général.
L'article 1 dit : «La présente a
pour objet la réparation des lésions professionnelles et des conséquences
qu'elles entraînent pour les bénéficiaires.
«Le processus de réparation — entre
parenthèses, on est vraiment là-dedans, là, avec l'article 361 puis
l'amendement à l'article qui crée l'article 68.1, donc — le
processus de réparation des lésions professionnelles comprend la fourniture des
soins nécessaires à la consolidation d'une lésion, la réadaptation physique,
sociale et professionnelle du travailleur victime d'une lésion, le paiement
d'indemnités de remplacement du revenu, d'indemnités pour préjudice corporel
et, le cas échéant, d'indemnités de décès.
«La présente loi confère en outre, dans
les limites prévues au chapitre VII, le droit au retour au travail du
travailleur victime d'une lésion professionnelle.»
Alors, moi, je pense que, la règle
générale, elle est là. Elle doit inspirer l'ensemble de notre législation,
l'ensemble de notre réflexion, l'ensemble de travail. Et le ministre nous
dit : Au fond, ça touche peu de cas. Je suis prêt à dire... à reconnaître
ça, c'est vrai. Au fond, ça touche peu de cas, et on va tout faire, donc en
disant qu'on va tout faire, c'est une admission qu'il peut y avoir des cas qui
tombent entre deux chaises, sans indemnité. Le ministre nous dit : Il faut
tout faire pour éviter une situation comme ça. Mais, moi, j'ai le goût
d'ajouter : Il n'y en aurait qu'un, ça serait un de trop qui se
retrouverait dans une situation sans indemnité.
Et je reviens constamment à l'objet de la
loi, à l'article 1 : réparation des lésions professionnelles et des
conséquences qu'elles entraînent pour les bénéficiaires. Ce dont on parle ici,
c'est vraiment les conséquences d'une lésion professionnelle. Et on dit :
Le processus de réparation des lésions professionnelles comprend la fourniture
des soins, le paiement d'indemnités et de remplacement, d'indemnités pour le
préjudice corporel, etc. Alors, considérant tout ça, moi, je pense que d'aller
dans le sens qui est proposé par le député...
M. Gaudreault : ...les soins,
le paiement d'indemnité et de remplacement du revenu d'indemnité pour le
préjudice corporel, etc.
Alors, considérant tout ça, moi, je pense
que d'aller dans le sens qui est proposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve
n'est pas d'une lourdeur démesurée, n'est pas... n'ajoute pas un poids trop
lourd quand on prend l'ensemble des conséquences qu'on fait à la balance des
avantages et des inconvénients. Je ne crois pas qu'il y a un poids démesuré
d'inconvénients sur le dos des employeurs ou des... des employeurs, effectivement,
ou des entreprises, alors qu'il peut y avoir des inconvénients très lourds sur
le dos du travailleur lésé. Et, je répète, ne serait-ce qu'un seul, il y en
aurait un depuis la première adoption de la loi que ce serait un de trop.
Donc, quand on regarde ça, dans cet
ensemble-là, pour moi, le particulier puis le général, bien, c'est justement,
c'est de couvrir l'ensemble des cas pour s'assurer de respecter l'objet de la
loi, c'est-à-dire que le processus de réparation des lésions professionnelles
comprend le paiement d'indemnité de remplacement de revenu parce que la
présente loi a pour objet de réparer les lésions professionnelles et les
conséquences qu'elle entraîne pour les bénéficiaires. Toutes les conséquences
qu'elle entraîne pour les bénéficiaires. Moi, je ne connais personne qui
souhaiterait se retrouver volontairement dans une situation comme celle-là.
Alors, s'il retrouve... c'est une conséquence de sa première lésion
professionnelle qu'il n'a pas souhaitée. Il n'y a personne qui va souhaiter
tomber dans un puits, ou de se passer une scie sur une main, ou d'avoir un...
ou de subir des problèmes psychologiques ou quoi que ce soit au travail.
Donc, quand je regarde l'ensemble du
portrait, pour moi, même si, je répète, qu'il y aurait un seul cas, ça serait
déjà trop par rapport au risque que nous avons en adoptant l'amendement du
député d'Hochelaga-Maisonneuve. Alors, moi, pour toutes ces raisons, quand je
reviens à l'article 1 de la loi, qui est l'objet de la loi, ce n'est quand
même pas rien, bien, je suis obligé de dire que je vais appuyer l'amendement
proposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Y a-t-il d'autres interventions à l'amendement déposé par le
député d'Hochelaga-Maisonneuve? Je vous souligne qu'il vous reste
cinq minutes, le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Ça va être plus
court que ça, Mme la Présidente, c'était juste... j'avais oublié un élément
tantôt...
M. Gaudreault : …l'amendement
proposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Y a-t-il d'autres interventions à l'amendement déposé par le
député d'Hochelaga-Maisonneuve? Je vous souligne qu'il vous reste
cinq minutes, le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Ça va être plus
court que ça, Mme la Présidente, c'est juste… j'avais oublié un élément tantôt.
Cette idée-là, encore une fois, je ne la sors pas de mon chapeau, c'est une recommandation
du rapport de la Commission de l'économie et du travail de décembre 2006, on y
a fait référence à plusieurs reprises. À la page 21, on peut lire ceci :
«Qu'un mécanisme de soutien financier soit mis en place afin de protéger les travailleurs
accidentés des préjudices attribuables d'une part aux délais indus menant à une
décision de la CLP — qui est devenue le TAT — et, d'autre
part, à une suspension du versement des indemnités de remplacement de revenus à
la suite d'un avis du BEM.» Voilà. Alors, c'était de cette recommandation-là
qu'on s'inspirait pour faire vivre ce rapport de 2006 dans cette commission,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention à l'amendement
déposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve concernant l'introduction d'un
nouvel article, à 68.1, alors nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M.
Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Abstention.
La Secrétaire
: M.
Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire
: Mme
IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. Nous poursuivons, cette fois-ci,
avec l'article 69. M. le député… M. le ministre.
M. Boulet : Oui. Si vous me
permettez, je ne lirai pas l'article, mais l'amendement, parce que ça se tient
avec les autres retraits, là. Donc, article 69, ce serait :
Retirer l'article 69 du projet de loi.
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il des interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas d'intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M.
Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M.
Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire
: Mme
IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement est adopté, et l'article 69 est rejeté… rejeté,
voyons, est abrogé…. supprimé. Parfait. Eh! On va y arriver.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Une voix : …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Je suis d'accord avec vous. On va se ressaisir, vous allez voir.
M. Leduc : …de l'opposition
officielle, ça pourrait être…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
J'en ai, j'en ai. On poursuit, M. le ministre, avec l'article 67.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je vais lire l'amendement. Donc, c'est :
Retirer l'article 67 du projet de loi.
Pour les mêmes motifs. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il des interventions à l'amendement déposé à... ou à
l'amendement, oui, de l'article 67? S'il n'y a pas d'intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)…
M. Boulet : ...pour les mêmes
motifs. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il des interventions à l'amendement déposé à... ou à l'amendement,
oui, de l'article 67? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder
à la mise aux voix.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire
: Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement est adopté, et l'article 67 est supprimé.
Alors, nous venons de terminer le
sous-bloc 4.2.2, 4.2.2, c'est ça. Nous allons commencer un nouveau bloc, mais je
crois que vous avez demandé une suspension. C'est bien cela?
M. Boulet : S'il vous plaît,
oui. S'il vous plaît pour...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 10)
(Reprise à 20 h 24)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous continuons. Nous commençons une nouvelle sous-section, à la
section, justement, 4, fonctionnement, 2e partie, section 4.2,
l'optimisation des recours, et la sous-section 4.2.3, les dispositions
d'exception en imputation.
M. Boulet : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Alors, l'article 93, bon, nous avons un amendement. Si vous me
dispensez de lire, on enlevait «ou d'obérer injustement un employeur.» Puis l'amendement
se lit comme suit : Retirer l'article 93 du projet de loi.
Je vous rappelle qu'on est dans la section
des imputations. C'est des dispositions d'exception. C'est des dispositions
uniquement en matière de financement qui n'affectent pas les droits des
travailleurs d'aucune manière. C'est une affaire de financement. Et ici notre amendement,
comme pour les autres amendements que nous avons déposés, j'ai toujours dit
qu'on allait écouter les groupes, lors des consultations particulières, ceux
qui nous ont demandé de remettre la notion «d'obérer injustement» sont la AAC,
l'Association de l'aluminium du Canada, l'Association minière du Québec,
Bombardier, le CPQ, la fédération des centres de services scolaires, les MEQ,
donc manufacturiers exportateurs, Morneau Shepell, l'Union des municipalités du
Québec, la ville de Montréal, Novo SST, l'Ordre des conseillers en ressources
humaines agréés et le réseau de coopération des Entreprises d'économie sociale
en aide à domicile. Donc, c'est des organisations extrêmement variées.
Évidemment, comme c'est une affaire de financement, c'est surtout les groupes
qui étaient extrêmement préoccupés par le retrait de cette notion-là, qui par
amendement, est réintégrée. Donc, l'article 326 se lit exactement comme
dans la loi actuelle. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Y a-t-il des interventions sur l'amendement? On va y aller avec
le député d'Hochelaga-Maisonneuve et ensuite le député de Jonquière. Vous
laissez la place à l'aîné?
M. Boulet : ...de cette
notion-là, qui, par amendement, est réintégrée. Donc, l'article 326 se lit
exactement comme dans la loi actuelle. Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait, merci. Y a-t-il des interventions sur l'amendement?
On va y aller avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve et ensuite le député de Jonquière.
M. Leduc : Je parle beaucoup...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Vous laissez la place à l'aîné?
M. Leduc : Oui, oui, oui.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait.
M. Gaudreault : À l'aîné?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Député de Jonquière.
M. Leduc : Quoi?
M. Gaudreault : Vous
venez de me couper tout le... de me couper le sifflet, comme dirait ma
grand-mère. Il y a une différence entre être aîné et doyen, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Ah oui!
M. Gaudreault : Alors...
M. Boulet : Ça, c'est
vrai. Ça, c'est vrai.
M. Gaudreault : Parce que,
si on commence à essayer d'identifier qui est l'aîné ici, pas sûr que ça va
être moi qui va être ciblé. Alors, on va faire... on va choisir les bons
vocabulaires.
Écoutez, je comprends que, dans une situation
où on fait juste abolir un article, on peut passer vite, vite, là, mais j'ai un
peu de misère, honnêtement, là... Je me demande si le ministre n'aurait pas été
mieux de lire ce qu'il voulait faire avant de faire la proposition de le
retirer pour être sûr de bien comprendre, là, tu sais.
Parce que... Comment je pourrais dire? Je
vais tout dire, là, puis après ça on verra comment on s'ajuste. Mais, quand
j'entends le ministre nous dire : Bon, on a eu l'Association de
l'aluminium. Moi, c'est sûr que ça me fait sursauter... bien, sursauter dans le
sens que ça m'interpelle parce que... chez nous, en tout cas, au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
l'Association de l'aluminium a un rôle extrêmement important à jouer. Donc là,
l'Association de l'aluminium, le Conseil du patronat, la
ville de Montréal, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup d'intervenants, et pas
des mini-intervenants, c'est des gros joueurs. Bien, l'Association de
l'aluminium, la ville de Montréal, on s'entend qu'on n'est pas dans des
bineries, là, tu sais. Alors, c'est des gros joueurs.
Mais moi, j'essaie juste de comprendre
comment ça c'était retrouvé dans la loi puis que là il le retire... Quand on
fait un projet de loi aussi important que celui-là, on consulte avant... on ne
s'assoit pas autour de la table à rédiger des choses puis on consulte avant.
Alors, j'essaie de comprendre comment ça se fait que ça s'était retrouvé dans
la loi, puis là on le retire. Remarquez que moi, je suis assez content qu'on le
retire parce que je... En tout cas, la manière dont moi, je l'avais compris, je
voulais qu'on arrive avec un amendement comme ça. Mais je veux comprendre comme
il faut... Autrement dit, je veux comprendre comme il faut ce qu'on ne fera
pas. Pourquoi on le faisait? Là, pourquoi on ne le fait pas?
• (20 h 30) •
Puis, moi, les raisons, en tout cas, qui
me poussaient à le faire, ce n'est pas nécessairement pour des motifs de Conseil du patronat puis de l'Association de l'aluminium du
Canada, mais c'était pour protéger...
20 h 30 (version non révisée)
M. Gaudreault : ...pourquoi on
le faisait, puis là pourquoi on ne le fait pas. Puis moi, les raisons, en tout
cas, qui me poussaient à le faire, ce n'est pas nécessairement pour des motifs
de Conseil du patronat puis d'Association de l'aluminium
du Canada, mais c'était pour protéger des petits joueurs. Je comprends qu'il y
a beaucoup, beaucoup de sous-traitants dans l'industrie de l'aluminium. Alors,
je veux bien comprendre.
En passant, c'est un beau mot, obérer. Je
suis content qu'on le laisse dans le corpus législatif québécois, parce que
c'est un mot qui est payant au Scrabble, quand on a beaucoup de voyelles.
Et je pense, en tout cas, que le ministre
doit nous fournir un petit peu plus d'explications sur ce qu'il veut faire,
parce que là, il a sauté une étape, hein? Il nous a expliqué tout de suite
l'amendement, sans nous expliquer pourquoi il faisait ça. Tu sais, moi, je suis
bien ouvert à plein de procédures, là, je n'ai pas de problème avec ça. Mais
normalement, il lit l'article, les explications, les notes explicatives, après
ça, woup! il arrive avec son amendement. Là, il a fait tout ça ensemble. Je
veux comprendre ce qu'on ne fera pas.
M. Boulet : Oui, tout à fait.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, M. le ministre, oui.
M. Boulet : Si vous me laissez
deux minutes... Oui, puis j'ai oublié deux groupes, la Fédération des chambres
de commerce du Québec puis la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante. Puis dans la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante,
il y a énormément de petites, petites entreprises. Et il y a aussi des petits
groupes, collègue, hein? Novo SST puis l'ordre des conseillers en ressources
humaines du Québec agréés... ils sont au-delà de 10 000 membres, puis
c'est tous des consultants, des travailleurs autonomes... le réseau de
coopératives des entreprises d'économie sociale et d'aide à domicile, ainsi que
la Fédération des centres de services scolaires.
Bon, moi, je l'ai souvent répété, c'est un
projet de loi qui est perfectible. Les consultations particulières, pour moi,
ce n'est pas un écran de fumée. On a entendu 30 groupes, des groupes qu'on a
entendus à la demande des collègues de Nelligan, d'Hochelaga-Maisonneuve puis
de Bonaventure, bien sûr. On a entendu tous les groupes. Indépendamment des
points de vue, on a lu toutes les recommandations puis on a fait beaucoup
d'amendements suite à ça, suite à des recommandations syndicales, suite à des
recommandations de l'UTTAM, suite à des recommandations patronales, puis des
groupes. Parce que la santé et sécurité, il y a un faisceau immense de groupes
d'intérêt, puis c'est pour ça qu'on en entend beaucoup parler. Il y a beaucoup,
beaucoup d'intérêts variés.
Donc, il y a des petits groupes, il y a
des petits joueurs. Je rappelle que l'imputation, c'est du financement. C'est
les employeurs qui assument 100 % des cotisations. Ça n'affecte nullement
les droits des travailleurs. Et on l'a fait pour une raison, puis je vais finir
avec ça. C'est bien simple, on cherchait à déjudiciariser, mais...
M. Boulet : ...c'est du financement,
c'est les employeurs qui assument 100 % des cotisations. Ça n'affecte
nullement les droits des travailleurs. Et on l'a fait pour une raison. Puis je
vais finir avec ça, c'est bien simple. On cherchait à déjudiciariser, mais on a
réalisé que ça heurtait beaucoup parce que les fois où c'est obéré, justement,
ça n'affecte pas le droit à l'IRR, mais ça peut être une assignation temporaire
qui est cessée en raison d'une condition personnelle ou un retour progressif.
Il y avait différentes circonstances, mais c'était laissé, bien sûr, à
l'appréciation. Puis au début, il y a un certain temps, un employeur dont la
situation financière était précaire... Mais c'est laissé à l'appréciation du
tribunal.
Puis je suis d'accord avec vous, le mot «obérer»,
même en dehors du scrabble, est un mot que les tribunaux utilisent à juste
titre. Puis moi, encore une fois, j'ai tout le temps une confiance absolue dans
notre justice administrative, du moins dans les compétences et les habilités de
nos juges. Et si un employeur est obéré, justement, bien, il en fait la
demande, puis il faut qu'il fasse la preuve, puis il va au Tribunal
administratif du travail, puis il a la décision qui en découle. Merci. Moi, ça
complète pas mal mes commentaires.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions sur
l'amendement déposé par le ministre à l'article 93? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons... Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : ...légère
suspension, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Comment?
M. Leduc : Légère
suspension, très rapide.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Une légère suspension? D'accord. Alors, nous
allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 35)
(Reprise à 20 h36
)
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci pour les informations d'obérer, là. Alors,
oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous voulez intervenir sur l'amendement.
M. Leduc : ...à micro
fermé sur le mot «obérer». Moi, je ne l'avais jamais entendu dans ma vie, là.
Je le découvre aujourd'hui. Pour notre curiosité, là, le dictionnaire Le
Robert, dit : Faire peser une lourde charge financière sur ou
compromettre le développement de, nuire à. Et LeLarousse
dit : accabler quelqu'un, quelque chose d'une lourde charge financière.
M. Boulet : C'est un
débat d'employeurs, c'est pour ça que je dis tout le temps c'est des
dispositions d'exception, c'est du financement, puis ça n'a aucun rapport avec
les droits des travailleurs. Tu sais, c'est pour ça que vous n'en avez jamais
entendu parler, collègue.
M. Leduc : Bien,
c'est-à-dire, j'ai entendu parler de la question de la désimputation, des
charges et tout ça. Mais le mot «obérer»...
M. Boulet : Mais
obérer...
M. Leduc : Oui, c'est ça,
ce n'est pas un terme avec lequel j'ai été habitué. Mais justement je veux
profiter de cet article-là et du fait que, là, bon, vous semblez vouloir
retirer, là, le «obérer injustement l'employeur» que vous... que vous retiriez,
mais là on le garde. En tout cas, peut-être pour que vous nous expliquiez bien
comme il faut pour qu'on le saisisse, là, comment ça fonctionne, là, la
désimputation. J'ai comme plein de questions, je peux vous en livrer quelques-unes,
là, pour mettre la table, là. Est-ce que toutes les entreprises peuvent
demander une désimputation? Est-ce qu'il y a des critères sur lesquels ça se
base? Est-ce qu'il y en a beaucoup qui le font par année? Bien, pourquoi elles
le font, on en a un peu parlé. Mais, bref, c'est quoi l'abc, là, d'une
désimputation?
M. Boulet : Il y a deux
cas classiques. Il y a 326, puis 329. La règle, puis là je vais simplifier,
c'est que les coûts sont imputés à l'employeur chez qui le salarié subit sa
lésion professionnelle. Donc, c'est l'employeur. C'est pour ça qu'on dit :
l'imputation des coûts, c'est des dispositions d'exception. Le cas classique,
c'est le handicap, le handicap préexistant. Ça, c'est à 329. Nous l'avions
retiré en essayant de définir ce qu'était un handicap parce que le handicap est
devenu interprété très largement. Il y a eu un débat, à l'époque, à la... puis
à la CLP, entre une condition, est-ce qu'elle devait être symptomatique ou
asymptomatique? Puis financement le courant dominant, c'est de dire : Un
handicap, c'est l'équivalent de ce qui est défini par la Cour suprême du Canada
en application des chartes de droits et libertés de la personne, et c'est donc
toute condition incapacitante ou toute déviation par rapport à une norme médicale
généralement reconnue. Et quand une...
M. Boulet : …dominant, c'est de
dire : Un handicap, c'est l'équivalent de ce qui est défini par la Cour
suprême du Canada en application des chartes de droits et libertés de la
personne, et c'est donc toute condition incapacitante ou toute déviation par
rapport à une norme médicale généralement reconnue. Et quand une personne avait
donc un handicap avant la survenance de la lésion, l'employeur disait : Si
ça se consolide en 20 semaines, alors que, normalement, la
période normale, c'est quatre semaines, je devrais être désimputé de 80 %
des coûts. C'est ce qui amène la logique. Je fais une demande de partage, et
quand il est désimputé, ça va dans le fonds commun, ça va… j'allais dire le
«bucket», mais dans le baril commun de toutes les cotisations. On appelle ça le
fonds commun. Et donc parce que c'est associé à une condition personnelle
préexistante, ce qu'on appelle un handicap, il est désimputé. Ça, on l'avait
mis, mais ça, il y a beaucoup de groupes, dans les consultations particulières,
notamment l'Office des personnes handicapées, qui ont dit : Il y a un
risque d'effet pervers que ça nuise à l'embauche des personnes handicapées.
J'ai réalisé, il y avait des levées de boucliers partout.
• (20 h 40) •
L'autre cas classique, c'est
quand un accident survient en raison d'une cause extérieure à la nature de tes
activités. Peut-être, un cas que… tu sais, quelqu'un qui fait du travail
d'ambulance puis qui est contraint d'aller à quelque part où c'est un
environnement de travail où il y a des risques importants, il y a de la
négligence, bon. Si c'est une cause extérieure ou… bon, le cas dont on parle,
là, c'est obéré injustement. Si ça risque de te précariser financièrement, s'il
y a un retour progressif qui est interrompu en raison d'une condition
personnelle ou une assignation temporaire, que le travailleur doit interrompre
en raison d'une maladie personnelle, là, c'est des cas d'obérer injustement,
là. Il y a un certain nombre de cas. Je pense que je vous dis les principaux,
là. O.K., on me dit oui, là. C'est les cas que je connais, mais c'est laissé à
l'appréciation du tribunal.
Ça fait que la règle, c'est
chaque employeur, c'est les accidents de tes travailleurs, mais il y a une
exception, on partage tout le monde ensemble, parce que c'est soit des
handicaps, ou soit que tu es obéré injustement, ou soit que c'est une cause qui
est complètement étrangère à la nature de tes activités.
M. Leduc : …de
la responsabilité que tu avais, comme employeur, d'assurer la santé et sécurité
de tes employés.
M. Boulet :
Exact. Mais tu es désimputé en fonction d'un pourcentage, souvent, tu sais.
Dans le cas d'un handicap, il y a une grille des périodes normales de
consolidation. Mettons, une entorse légère, mettons, la période normale
de consolidation, c'est quatre semaines, puis que ça dure 20 semaines… c'est le
cas que je donnais tout à l'heure, si la personne a de l'arthrose dans le dos
au-delà de l'évolution normale d'une personne, parce que tout le monde en fait,
de l'arthrose, là…
M. Boulet : ...mettons, la
période normale de consolidation, c'est quatre semaines puis que ça dure 20
semaines, c'est le cas que je donnais tout à l'heure, si la personne a de
l'arthrose dans le dos au-delà de l'évolution normale d'une personne, parce que
tout le monde en fait, de l'arthrose, là, tout le monde ici, là, mais à des
degrés divers, puis si tu fais de l'arthrose de façon anormale, au-delà de la
norme reconnue, bien là, à ce moment-là, l'employeur peut faire une demande de
partage de coûts, mais il doit le justifier.
Moi, je vous avoue que j'en ai fait. Est-ce
qu'il s'en fait beaucoup? Oui, il peut s'en faire dans certains cas plus
régulièrement, mais ça doit être démontré, ça prend une preuve. Puis moi, j'ai
travaillé beaucoup de dossiers avec des parties syndicales puis avec... Bon, ce
n'est pas vraiment... ce n'est pas un enjeu pour les travailleurs,
véritablement. Mais je pense... je ne sais pas si je suis assez clair, là, mais
c'est le fonctionnement général de la désimputation.
M. Leduc : Mais ce n'est pas
parce que ce n'est pas intérêt pour les travailleurs que ça ne m'intéresse pas,
moi, M. le ministre.
M. Boulet : Ah! mais
j'apprécie beaucoup vous donner l'explication.
M. Leduc : Justement, donc,
merci d'ailleurs pour vos saines explications. J'ai déjà dit, hein, que vous feriez
un bon chargé dans une deuxième ou une troisième carrière, peut-être, quand
la...
M. Boulet : Pas exclu.
M. Leduc : Parfait. On le
retient. Donc, il y a désimputation si un employeur ou son avocat, mais bref un
employeur qui en fait la demande, ce n'est pas automatique?
M. Boulet : Non.
M. Leduc : ...demande à la
CNESST?
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : La CNESST dit oui
ou non.
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : Et est-ce que c'est
la même procédure, après ça, DRA et TAT?
M. Boulet : Oui. Évidemment,
elle pourrait le faire de sa propre initiative, mais c'est à la demande de
l'employeur. C'est une décision en matière de financement et c'est une
décision, comme les articles qu'on a adoptés, qui peut aller soit à la
Direction de la révision administrative ou au TAT, et donc c'est l'employeur
qui va opter entre les deux.
M. Leduc : Puis j'imagine que,
pour baser cette décision à la commission et autant, j'imagine, au TAT, si
c'est contesté, il y a une série de critères, de jurisprudence.
M. Boulet : Oui, oui, tout à
fait, sur la définition de handicap. Puis la CNESST peut être partie
intervenante au Tribunal administratif du travail. Et le juge s'assure du
respect des règles de preuve puis que les expertises soient déposées.
M. Leduc : Est-ce qu'il y a
aussi, donc, jurisprudence et critère sur la notion d'obérer injustement?
M. Boulet : Ah! mon Dieu, oui.
Il y en a sur handicap, obérer injustement puis un accident attribuable à un
tiers, il y a une jurisprudence, je vous dirais, abondante.
M. Leduc : Sur le niveau de
fardeau...
M. Boulet : Je vous dirais, la
plus abondante, c'est sur la notion de handicap, parce que j'ai vu la
jurisprudence. Il a été une période où, je ne sais pas si je peux me permettre
de dire ça, là, mais dépendamment de la personne devant qui tu plaidais, tu
savais si tu allais gagner ou non ta cause. Mais ça s'applique dans tous les
types de dossiers parce que l'état du droit est en train de se développer...
M. Boulet : …jurisprudence. Il
a été une période où… je ne sais pas si je peux me permettre de dire ça, là,
mais, dépendamment de la personne devant qui tu plaidais, tu savais si tu avais
gagné ou non ta cause. Mais ça s'applique dans tous les types de dossiers, parce
que l'état du droit était en train de se développer, puis il y a parfois des
courants jurisprudentiels qui s'affrontent, puis à un moment donné ça s'est
fusionné, puis c'est… le courant, maintenant, c'est le handicap, puis c'est
l'équivalent de la définition découlant de ce même concept-là, qui est dans la
Charte des droits et libertés de la personne, et la Cour suprême a rendu des
décisions, là, sur cette définition-là.
M. Leduc : Dans les taux, là — parce
que de ce qu'on désimpute, c'est le taux de cotisation, dans le fond, de chaque
employeur — vous me direz si je me trompe, mais c'était ma
compréhension qu'il y avait deux grandes familles de taux, des taux
personnalisés puis des taux fixes, je ne sais pas trop. Puis c'est comme ça
qu'ils s'appellent, là?
M. Boulet : Il y a trois… Puis
je ne suis pas un spécialiste en financement, là. Mais il y a un taux de
l'unité, dont on… l'unité de classification; il y a un taux personnalisé; puis
il y a un taux rétrospectif, puis là, ça dépend d'un certain nombre de
critères, là, mais ta masse salariale puis ta fréquence, gravité de lésions,
là, mais c'est possible d'obtenir une désimputation indépendamment de ton
régime.
M. Leduc : Peu importent ces
trois taux là, ces trois familles de taux là?
M. Boulet : Oui.
(Consultation)
M. Boulet : Dans tous les cas.
Mais, évidemment, dépendamment de ton régime auquel tu es assujetti, si c'est
rétrospectif, unité ou personnalisé, l'incidence peut varier. Mais tu peux être
désimputé, là. Mais là, il y a des calculs actuariels, là, et mathématiques,
là…
M. Leduc : Puis c'est dans
laquelle catégorie, par exemple, que l'incidence est la plus faible?
M. Boulet : Ah mon Dieu! Au
rétrospectif, c'est là que… Oui, c'est…
M. Leduc : Ou la plus élevée,
là, si on l'avait déclassée, là?
(Consultation)
M. Boulet : …et taux
personnalisé. Je pense… c'est… ça a de l'incidence, là. Mais c'est… il y a une
variation, mais je ne suis pas en mesure de répondre clairement à ça.
(Consultation)
M. Boulet : Le taux d'unité,
ça n'a à peu près pas d'impact, donc là il n'y en aurait pas, de demande de
partage. Mais, au taux personnalisé puis au régime rétrospectif, oui. Donc…
M. Leduc : Quand on dit que ça
n'a pas d'impact au taux d'unité, c'est parce que c'est comme un forfait, si je
peux m'exprimer ainsi, là?
M. Boulet : Bien, c'est plus
un pool, là, tu sais, toutes les entreprises qui sont dans une unité de
classification. Donc, si ça va dans le fonds commun, ça n'a vraiment pas
d'impact, là, parce qu'ils sont plusieurs à partager, là, ça fait que
l'incidence est à peu près nulle, là.
M. Leduc : Ça fait que c'est
comme mutualisé, en quelque sorte?
M. Boulet : Oui. Oui.
M. Leduc : Puis, ça, est-ce
que c'est un choix, d'aller s'inscrire dans tel ou tel taux?
M. Boulet : Non, il faut que
tu respectes des conditions. Mais je pense que la condition primaire, c'est le
montant de ta masse salariale.
M. Leduc : O.K…
M. Boulet : ...parce qu'ils
sont plusieurs à partager, là, ça fait que l'incidence est à peu près nulle.
M. Leduc : Ça fait que c'est
comme mutualisé en quelque sorte. Puis ça, est-ce que c'est un choix d'aller
s'inscrire dans tel ou tel taux?
M. Boulet : Non, il faut que
tu respectes des conditions, et, je pense, la condition primaire, c'est le
montant de ta masse salariale. Puis posez-moi pas trop de questions, parce qu'il
y a peu de spécialistes au Québec ou peu d'actuaires qui sont en mesure de
faire toutes les distinctions. Mais si jamais il y a des questions, ça me fera
plaisir d'y répondre par l'intermédiaire de d'autres personnes.
M. Leduc : Je comprends, mais sincèrement,
jusqu'à date, vous m'expliquez quand même les fondamentaux, puis ça m'aide à me
situer dans la discussion qui est très importante. Donc, c'est ça, l'entreprise
ne choisit pas d'elle-même dans quelle catégorie elle va être, c'est-à-dire
qu'il y aura des critères encore une fois. Vous avez fait référence à la masse
salariale qui va déterminer dans quelle famille on va tomber. Et donc, si on
tombe dans les taux d'unité de classification, là, ce que je comprends, c'est
que... c'est quoi? C'est des secteurs économiques dans lesquels on est
attitrés?
M. Boulet : Non, mon Dieu! Il
y a un règlement sur les unités de classification qui est publié sur une base
annuelle, puis les entreprises sont classifiées selon des secteurs d'activité
économique. Puis c'est un règlement qui peut faire l'objet d'une contestation.
Tu sais, si un employeur considère qu'il n'est pas dans la bonne unité de
classification, il peut faire une demande de révision quand même. Je ne suis
pas si pire, là, mais...
M. Leduc : Ça va très bien.
M. Boulet : ...donc il peut
faire une demande de révision puis dire : Je veux être reclassifié dans
une autre unité. Puis je vais vous donner un peu plus de détails. J'ai une
petite infographie, là, mais le taux de l'unité, collègue, là, c'est les
petites entreprises. Les cotisations sont inférieures à 9 000 $. Il y
a 145 000 entreprises. Ça représente 13 % des cotisations
totales, puis on appelle ça comme un régime de pleine assurance.
M. Leduc : 13 %, vous
avez dit?
• (20 h 50) •
M. Boulet : Oui, des
cotisations totales. Le taux personnalisé, c'est les moyennes et les grandes
entreprises. Les cotisations versées, c'est entre 9 000 $ et
400 000 $ par entreprise. Il y a 54 000 entreprises qui
sont au taux personnalisé. Ça représente ce qu'ils versent, 50 % des
cotisations totales. Puis on reconnaît ici l'expérience en santé. Là, tout à
l'heure, la fréquence puis la gravité, au-delà des cotisations puis de la masse
salariale, on reconnaît l'expérience. L'expérience, c'est la fréquence puis la
gravité dans les années antérieures.
Le mode rétrospectif, ça, c'est les très
grandes entreprises. Elles cotisent plus de 400 000 $ à la CNESST
quand même...
M. Leduc : On parle d'un
montant annuel ici?
M. Boulet : Montant annuel. Et
1 500 entreprises, ça représente 37 % des cotisations totales et
ça reflète, dans leur cas, directement le coût des lésions. Ça fait qu'eux
autres... et le mode e mode rétrospectif puis le taux personnalisé, on
comprendra que c'est là que se font les demandes de partage de coûts.
M. Leduc : Ça fait que, si je
comprends bien, on a construit un régime de taux qui était relativement simple
pour les très petites entreprises, où est-ce que c'est c'est un taux assez
stable puis il n'y a pas...
M. Boulet : ...et le mode
rétrospectif puis le taux personnalisé, on comprendra que c'est là que se font
les demandes de partage de coûts.
M. Leduc : Ça fait que, si je
comprends bien, on a construit un régime de taux qui était relativement simple
pour les très petites entreprises, où est-ce que c'est un taux assez stable
puis il n'y a pas, dans les faits, des imputations. C'est des relativement
petits montants de... on a-tu dit 9 000 $ tantôt? Environ.
M. Boulet : C'est moins que
9 000 $.
M. Leduc : Oui, moins que
9 000 $. Mais il y a quand même beaucoup d'entreprises qui sont là,
là, 145 000, qu'on nous avait dit. Donc, ça, c'est la... donc, ce que je
comprends, c'est la majorité des entreprises, mais par définition, vu que c'est
les plus petites, c'est la minorité des cotisations.
M. Boulet : C'est 13 %
seulement des cotisations.
M. Leduc : On a une espèce de
jeu similaire aux impôts, par exemple, où beaucoup de gens ne paient
individuellement pas tant d'impôt que ça, mais ça joue sur le total.
M. Boulet : Absolument, oui,
oui, c'est un bon parallèle.
M. Leduc : O.K. Puis après ça,
vous avez fait une autre catégorie qui s'appelle «personnalisé» où là c'est
plus moyennes, grandes. Là, on entre dans une espèce de jeu où est-ce qu'on
peut faire varier la cotisation, et là ça varie, là, de 9 000 à
400 000.
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : C'est une pas pire
grande variation quand même.
M. Boulet : Il y a
54 000 entreprises ici.
M. Leduc : Oui, puis ça, ça
représente la majorité des cotisations.
M. Boulet : 50 %.
M. Leduc : C'est comme la
classe moyenne, mettons.
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : On pourrait dire
ça.
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : Puis, après ça, les
très grandes entreprises sont des bons payeurs de cotisations quand même,
37 %. Ils sont beaucoup moins nombreux.
M. Boulet : Puis il y a
1 500 entreprises, là, ce qui n'est pas négligeable non plus, là.
M. Leduc : 1 500? C'est
ça. Ça fait que, quand vous faisiez référence tantôt...
M. Boulet : Il y en a au
Saguenay—Lac-Saint-Jean, dans Hochelaga-Maisonneuve puis dans Nelligan, il y en
a partout au Québec, là. Mais c'est quand même plus de 400 000 $ de
cotisations annuelles puis c'est 37 % des cotisations totales.
M. Leduc : Mais celui-là, il
est désimputable aussi, il est modulable, là.
M. Boulet : Ah! c'est... tout
à fait. Les...
M. Leduc : Même chose que la
catégorie «personnalisé».
M. Boulet : Absolument.
M. Leduc : O.K. Ça fait que
c'est juste le taux d'unité de classification qui, lui, est pas mal fixe.
M. Boulet : Où il n'y a pas
d'incidence.
M. Leduc : O.K. Donc, vous
avez référence tantôt, dans les mémoires qu'on avait reçus, par exemple, là, le
nom m'est resté, là, Bombardier. Eux, ils sont très probablement dans le taux
rétrospectif, là, c'est une immense entreprise.
M. Boulet : C'est sûr.
M. Leduc : C'est sûr. O.K., je
comprends.
M. Boulet : Mais la l'AECQ,
là, qui est l'Association des entrepreneurs en construction, 82 % des
entrepreneurs en construction, au Québec, ont moins de cinq employés, là. Ça
fait qu'il y en a... tu sais, il y a beaucoup de petites entreprises. Le réseau
de coopération des Entreprises d'économie sociale en aide à domicile, il y a
beaucoup de... Puis la FCEI, je sais que c'est une fédération que vous
connaissez bien, vous connaissez bien le vice-président québécois, il y a
beaucoup, beaucoup, beaucoup de PME, puis il y en a beaucoup qui sont au taux
personnalisé.
M. Leduc : Les «ME» plutôt que
les «P» dans le PME.
M. Boulet : Bien oui, oui, on
va plus vers les «ME», là, ou les grosses petites, là.
M. Leduc : Est-ce que, dans
ces trois groupes-là, donc les trois taux différents qui ont une grosseur
variable quand même sur l'assiette...
M. Leduc : ...les «ME» plutôt
que les «P» dans le PME.
M. Boulet : Bien oui, oui, on
va plus vers les ME, là, ou les grosses, petites, là.
M. Leduc : Est-ce que, dans
ces trois groupes-là, donc les trois taux différents qui ont une grosseur
variable quand même sur l'assiette de revenu, dans le fond, c'est les revenus, essentiellement,
de la CNESST? Il y a les placements aussi, là, qui sont quand même non
négligeables, là. Mais d'un point de vue de revenu annuel, c'est là que se
trouve l'essentiel des revenus, là?
M. Boulet : Oui, en
cotisations, c'est...
Une voix
: ...
M. Boulet : Oui, c'est les
seuls revenus, ça représente 2,4 milliards par année, là, à peu près au Québec,
là. On verse... ou c'est 2,9 milliards, qu'on m'avait dit, il me semble,
en 2019.
M. Leduc : ...le revenu, mais
il y avait quand même des placements, non, à la CNESST? Pas des petits
montants, là.
M. Boulet : Oui, mais les
revenus d'opération, là, c'est les cotisations.
M. Leduc : Ah, d'accord! Ma
question : Est-ce qu'entre ces taux-là, est-ce que c'est comme des
enveloppes distinctes ou c'est une seule grande enveloppe avec...
M. Boulet : C'est un seul
fonds qu'on appelle le fonds commun. Puis c'est pour ça que je dis, quand tu
obtiens... tu fais une demande de partage de coûts qui est acceptée, donc, ça
fait une désimputation, puis le 80 % de désimputation, si tu as démontré
qu'il y avait un handicap préexistant, bien, il est chargé au fonds commun et
c'est le fonds commun qui l'assume.
M. Leduc : O.K., mais si
Bombardier, par exemple, ne réussit pas à faire de la bonne prévention, puis là
il se fait... il y a des lésions, mais là, bon, il essaie de se faire
désimputer, lui, il va se faire désimputer de son taux à lui, mais ça va être
réparti sur 100 % des entreprises et non 37 % des cotisations de sa
catégorie de taux rétrospectifs.
(Consultation)
M.
Leduc : On pourrait peut-être suspendre un petit instant.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui. Est-ce que vous aimeriez une suspension? Bonne idée.
M. Boulet : C'est juste que je
ne suis pas tout à fait certain à 100 %.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 56)
21 h (version non révisée)
(Reprise à 21 h 1)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'amendement déposé à l'article
93?
M. Boulet : Bon, des
précisions additionnelles. D'abord, vous dire qu'il y a des petites entreprises
qui sont autour de l'unité, qui se mutualise. On avait vu qu'il y avait 104
mutuelles de prévention au Québec, et quand ils se mutualisent, ils vont au
taux personnalisé. Ça fait qu'il y a beaucoup de petites entreprises qui sont
là-dedans, et les mutuelles font des demandes de partage de coûts pour obtenir
des désimputations. Je pense, c'est important de le mentionner parce que la
question allait vraisemblablement venir du collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
pour les mutuelles de prévention.
Maintenant, quand il y a une
désimputation, comme j'expliquais, ça va au fonds commun. Puis, quand c'est des
entreprises qui sont au régime rétrospectif, ça n'a d'impact que sur leurs
dossiers pris individuellement, alors que les demandes de partage ou les
désimputations, quand on est dans des mutuelles ou au régime personnalisé, ça a
d'impact sur le fonds commun, sur eux autres, parce que le taux d'unité, ça a
peu d'incidence, là.
M. Leduc : O.K. Je n'ai juste
pas saisi l'histoire du taux rétrospectif qui n'a d'impact que sur lui-même.
M. Boulet : Bien, ça s'en va
au fonds commun, c'est assumé par le fonds commun et ça a un impact de
désimputation sur l'entreprise qui est au régime rétrospectif. Donc, au lieu de
payer une cotisation en tenant compte de la… Bien, tu sais, un accident de
travail de sa gravité, si c'est quatre semaines de consolidation au lieu
de 20, bien, il est, comme, désimputé dans son régime rétrospectif, dans sa
boîte de 80 % des coûts associés à cette lésion professionnelle là.
M. Leduc : Attention. Mais
dans sa boîte ou dans son enveloppe avec ses collègues du taux rétrospectif?
M. Boulet : C'est tout le
régime rétrospectif, c'est toute la boîte des entreprises qui sont au régime
rétrospectif.
M. Leduc : Il y a une
sous-section là-dedans.
M. Boulet : Tout à fait.
M. Leduc : Mais seulement pour
le taux rétrospectif.
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : Qui n'est donc pas
dans le régime commun…
M. Boulet : …là.
M. Leduc : Attention. Mais
dans sa boîte ou dans son enveloppe, avec ses collègues, pour le taux
rétrospectif?
M. Boulet : C'est tout le
régime rétrospectif, c'est toute la boîte des entreprises qui sont au régime
rétrospectif.
M. Leduc : O.K. Il y a une
sous-section là-dedans.
M. Boulet : Tout à fait.
Exact.
M. Leduc : Mais seulement pour
le taux rétrospectif.
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : Qui n'est donc pas
dans le régime commun, si je comprends bien.
M. Boulet : C'est assumé par
le fonds commun, mais ça a un impact sur les coûts des entreprises du
rétrospectif pour les désinputations qui proviennent de ce bloc-là, de ces
entreprises-là, et c'est comme ça que ça fonctionne.
M. Leduc : Mais comment ça
peut avoir un impact sur le fonds commun si la désinputation ne touche que
l'enveloppe du taux rétrospectif?
M. Boulet : Bon, encore une
fois, c'est le fonds commun qui assume et l'entreprise… les entreprises qui
sont au régime rétrospectif bénéficient de la désinputation, du montant de la
désinputation dans leur bloc de régime rétrospectif.
M. Leduc : Mais le montant de
la désinputation, mettons, dans le taux personnalisé, s'applique aussi à
l'entreprise en question, non?
M. Boulet : Bien, oui, il y a
une méthode de calcul, là, qui tient compte d'un facteur de chargement, là,
mais là vous allez dans des détails techniques, là, où ça prend… ça prendrait
des heures de formation.
Une voix : …
M.
Leduc : Ah! il n'y a pas… O.K. Ce que je cherche vraiment à
comprendre, c'est est-ce qu'il y a une différence entre l'enveloppe taux
personnalisé puis taux rétrospectif, à savoir quand je réussis à me faire
désinputer devant la commission, est-ce que la conséquence de socialiser le
coût envers l'ensemble des entreprises, l'ensemble des cotisations, est-ce
qu'elle est vraiment socialisée pour tout le monde, peu importe si on est dans
personnalisé ou rétrospectif. Parce qu'on s'entend que la désinputation,
évidemment, s'applique à l'entreprise, mais le fait de décider de désinputer,
ça a un impact sur l'enveloppe globale, bien sûr, là. On décide qu'une personne,
sa cotisation, elle va baisser individuellement. Donc, le fait qu'on avait
prévu actuairement parlant, d'avoir des hausses de cotisation en fonction des
lésions, si on décide que telle entreprise qui a une lésion, donc qui a des
coûts qui vont devoir être payés, là, dans… c'est des entrants, des sortants,
vous voyez, je connais ça quand même, moi, l'argent, les finances, là. Vous
doutiez parfois de…
M.
Boulet : …là quand même.
M.
Leduc : Vous doutiez parfois des compétences de ma formation politique
à cet égard. On ne parlera pas du tunnel à 10 milliards ce soir, je vous
rassure. J'atterris sur ma question : Est-ce que la désinputation, est-ce
que la socialisation du coût de la désinputation, elle est différente si on est
dans le taux rétrospectif que si on est dans le taux personnalisé?
M.
Boulet : Mon Dieu! Je ne suis pas sûr que je vous suis, là, mais quand
tu es au rétrospectif, c'est socialisé, personnalisé… c'est personnalisé. Donc,
c'est en fonction de ton taux personnalisé, ça fait que la socialisation n'est
pas… n'a pas nécessairement les mêmes effets, là. Je ne sais pas si je réponds
clairement à votre question, là, mais…
M.
Leduc : Parce que, dans le fond, ce que je comprends, là, c'est que
vous avez, à la CNESST, d'un point de vue annuel, une moyenne de coûts, une
moyenne d'indemnités et de remboursements de toutes sortes de choses…
M. Boulet : …ça fait que la
socialisation n'est pas… n'a pas nécessairement les mêmes effets, là. Je ne
sais pas si je réponds clairement à votre question, là, mais…
M. Leduc : Parce que, dans le
fond, ce que je comprends, là, c'est que vous avez, à la CNESST, d'un point de
vue annuel, une moyenne de coûts, une moyenne d'indemnités, et de
remboursements, et de toutes sortes de choses qu'on a évoquées, là, depuis le
début de cette commission, qui donne un chiffre x. Puis là vous dites :
Pour une année donnée, je vais devoir dépenser 2,4 ou je ne sais plus trop, là,
le chiffre que vous référez tantôt. On va dire, mettons, un chiffre rond :
2,5 milliards. Ça va nous coûter 2,5 milliards cette année, le
régime, alors il faut que j'aille chercher 2,5 milliards d'entrants.
Alors, c'est ça, la tarte que je dois aller découper à l'intérieur des
cotisants qui sont les entreprises.
Et là, moi, ma question, c'est :
Quand on décide… puis là on a décidé de construire cette tarte-là alentours
d'un système où, si vous aviez beaucoup de lésions, votre part à vous va
augmenter dans la construction de cette tarte de revenus. Moi, ce que je veux
savoir, c'est : Est-ce que peu importe… en fait, là, on a déjà clarifié
que, si vous êtes dans le taux d'unités de classification, qui est un taux
particulier, plus petit pour une réalité d'une entreprise plus petite, ça, il
n'y a pas de désimputation, c'est un taux fixe, puis il ne changera pas, peu
importe votre niveau de lésions dans votre entreprise. Donc, ça, sortons-le de
la question.
Là, mon questionnement, c'est :
Est-ce que taux personnalisé… donc les deux autres morceaux de la tarte qui
restent, là, taux personnalisé, taux rétrospectif, est-ce que ces deux-là ont
la même logique? À savoir que, si je suis désimputé, est-ce que la conséquence
qu'il faut aller chercher la même tarte globale, là, de 2,5 milliards…
est-ce que la conséquence, elle est isolée à l'intérieur de ma pointe de tarte,
pour mon entreprise à moi, ou est-ce qu'elle est rajoutée à l'entièreté de la
tarte? Je ne sais pas si vous comprenez mieux, là, ma question, là.
M. Boulet : La réponse simple,
c'est que c'est absorbé par les taux personnalisés et les taux rétrospectifs.
Donc, par les deux…
M. Leduc : Peu importe d'où…
M. Boulet : Les taux de
l'unité.
M. Leduc : Donc, toute la
tarte va assumer.
M. Boulet : Exact, oui.
M. Leduc : D'accord. Ça répond
à ma question. On va terminer votre amendement sur cela, mais on va travailler,
puis je viendrai vous en parler peut-être à micro fermé. J'ai une idée qui me
trotte en tête depuis tantôt, sur un amendement qui pourrait revoir un peu
cette logique-là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Donc, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement déposé
par le ministre à l'article 93? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: Pour…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, oui, député de Nelligan.
M. Derraji : Là, on n'a pas…
c'est juste l'amendement, on n'a pas encore parlé de l'article en entier?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Mais l'article… bien, l'amendement demande de retirer l'article. Alors,
l'article va être supprimé.
M. Derraji : Oui, oui. Oui,
j'ai quelques secondes. Je peux? Parce que vous avez dit : On peut…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, oui, oui.
M. Derraji : O.K. Bon.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous avez d'autres interventions? Oui, oui.
M. Derraji : Oui. Bien, moi,
je pense que, très rapidement, ça a été la solution à faire de retirer
l'article, parce que j'écoute le ministre, tout à l'heure, et effectivement
beaucoup de groupes l'ont mentionné. Et ce qui reste sur…
M. Derraji : …on peut.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, oui, oui.
M. Derraji : O.K. Bon.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous avez d'autres interventions? Oui, oui.
M. Derraji : Oui. Bien, moi,
je pense que, très rapidement, ça a été la solution à faire de retirer
l'article, parce que j'écoute le ministre tout à l'heure, et effectivement beaucoup
de groupes l'ont mentionné. Et ce qui reste sur la table, c'est la question de
l'équité aussi. Donc, je pense qu'on va l'avoir dans le prochain article, 327.
(Interruption)
M. Derraji : Ça va? J'ai
entendu comme un bruit. C'est pour ça, je dis : Écoute, qu'est-ce qui se
passe?
Donc, oui, absolument, donc, moi, je pense
que ça a été la solution à faire, c'est retirer complètement l'article, parce
que beaucoup de groupes, surtout ceux qui cotisent… J'ai entendu le ministre
parler des trois groupes, petites, mais surtout les très petites
entreprises. On veut beaucoup de grandes entreprises qui paient, qui
contribuent à ce fonds, mais je pense que c'est la solution à faire et à mettre
en place, parce qu'il y a beaucoup de groupes, surtout ceux qui contribuent, on
l'oublie. Tu contribues, et on t'oblige à suivre un certain règlement qui ne
fait pas affaire aux gens qui contribuent dans le fonds. Mais je pense que… Je
remercie le ministre d'avoir pris en considération les points de groupes… le
point de vue des groupes qui sont venus en commission.
Mais j'ai bien hâte de voir la suite des
choses, surtout au niveau de l'équité, parce que ça a été mentionné aussi, donc
conserver le principe d'équité entre les droits du travailleur et les droits de
l'employeur. Donc, c'est ce que je voulais dire, Mme la Présidente. Merci.
• (21 h 10) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, y a-t-il d'autres interventions à l'amendement déposé à
l'article 93? Sinon, nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Abstention.
La Secrétaire
:
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire
:
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement est adopté, et l'article 93 est supprimé.
Alors, on m'indique de ne pas oublier, là,
les mesures sanitaires, s'il vous plaît.
Oui, on poursuit. Alors, est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
Une voix
: …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…M. le ministre?
M. Boulet : Ah non! Ça va.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est correct?
M. Leduc : Je demanderais une
suspension, comme je l'avais annoncé, là, pour…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui. D'accord.
M. Leduc : …regarder un
amendement. Puis je pourrais aller voir M. le ministre pour…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 21 h 11)
21 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 21 h 31)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous reprenons. Je comprends que le député d'Hochelaga-Maisonneuve veut
déposer un amendement. Alors, je vous invite à le lire et à l'expliquer.
M. Leduc : Oui, merci. Alors,
ça va comme suit, article 93 : Remplacer l'article 93 du projet de loi par
le suivant : L'article…
Une voix
: …
M. Leduc : Un instant. 93.1.
Alors : Insérer, après l'article 93 du projet de loi, le suivant :
«93.1. Le deuxième alinéa de l'article 326
de cette loi est modifié par l'insertion après "unités" de
"parmi tous les employeurs au taux de cotisation de l'unité lorsque la
lésion est survenue chez un employeur au taux de cotisation de l'unité, parmi
tous les employeurs au taux de cotisation personnalisé lorsque la lésion est
survenue chez un employeur au taux de cotisation personnalisé et parmi tous les
employeurs au taux de cotisation d'ajustement rétrospectif lorsque la lésion
est survenue chez un employeur au taux de cotisation d'ajustement
rétrospectif".»
L'explication est très simple, Mme la
Présidente. Ça fait suite à ce que j'étais en train d'expliquer ou, en tout
cas, que je découvrais dans ma compréhension de ce labyrinthe de cotisations à
la CNESST. Moi, je suis surpris de comprendre que la désimputation a surtout un
impact chez deux catégories sur trois, en fait, des différents taux. Et, par
contre… c'est-à-dire un impact sur le coût de la cotisation, là. L'impact
recherché de la désimputation est, bien sûr, la baisse de sa cotisation. Mais
ce qui est clair, puis ce que le ministre m'a confirmé quand on a terminé, là,
juste avant la suspension, c'est que la conséquence de la socialisation des
coûts, en quelque sorte, elle, elle est vraiment complète à l'entièreté des
entreprises, peu importe qu'elles soient au taux personnalisé, au taux d'unité
de classification ou au taux rétrospectif.
Et je trouve qu'il y a quelque chose
d'assez injuste pour les petites entreprises, qui sont beaucoup dans le taux
unité de classification. On a parlé de 145 000, tantôt, entreprises dans
ce taux-là. C'est sans aucun doute, des trois taux, le taux le plus large, là,
le plus largement utilisé par le plus grand nombre d'entreprises au Québec, les
petites et peut-être certaines moyennes, mais surtout les petites entreprises.
Et je trouve ça injuste qu'elles aient…
M. Leduc : …entreprises dans ce
taux-là. C'est sans aucun doute, des trois taux, le taux le plus large, là, le
plus largement utilisé par le plus grand nombre d'entreprises au Québec, les
petites et peut-être certaines moyennes, mais surtout les petites entreprises.
Et je trouve ça injuste qu'elles aient à supporter la conséquence de la
désimputation qui est, elle, essentiellement ou majoritairement faite par des entreprises
dans les deux autres catégories soit les taux rétrospectifs et les taux
personnalisés.
Ça fait en sorte, par exemple, là, ça, je
pense que ça, c'est issu entre autres du rapport de l'IRIS, on y en a fait
référence plus dans cette commission, mais il y a eu un gros rapport de l'IRIS,
l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques en 2020, donc l'an
dernier. On savait que ça s'en venait, là, la commission. Ça fait que j'imagine
que c'est un peu dans c'est un peu dans ce cadre-là, tout comme le rapport de
Morneau Shepell qui ont publié, là, à l'IRIS, le gros rapport. Ils avaient
donc une statistique ici tirée de la page 27, là. Dans les faits,
27 % des employeurs, taux personnalisés et ajustements rétrospectifs,
s'organisent pour redistribuer leurs factures à tous les employeurs, dont
73 % sont des petites entreprises. Il y a donc là quelque chose qui est
injuste à mon avis. Et en plus, je considère que ça a aussi un effet sur la
judiciarisation, qui est un autre des thèmes qui est transversal dans cette
commission, en tout cas, certainement, dans mon prisme d'analyse, dans mes
interventions ici, à cette commission, Mme la Présidente.
Alors, les effets sont directs de cette
façon-là de fonctionner sur le nombre de contestations médicales qui sont logées
devant le BEM, surtout si ça l'a… pardon, un effet immédiat sur la cotisation,
en tout cas recherché auprès des grandes entreprises, des grandes institutions
qui veulent aller chercher la répartition des coûts de la désimputation. Mais,
dans les faits, il la transfère… bien, c'est-à-dire il la transfère également à
tout le monde, mais ce qui devient une inégalité ou une équité pour les petites
entreprises qui n'ont pas nécessairement la même possibilité d'aller chercher
cette désimputation-là et qui doivent, cependant, subir la conséquence parce
qu'il faut, au final, maintenir la même grandeur de l'assiette, hein. Je le
disais tantôt, si on a des dépenses projetées… je disais le chiffre, là,
effectif, là, 2,5 milliards, là, je ne sais pas c'est quoi, le chiffre
exact, je n'ai pas eu le temps de le regarder, mais, disons, 2,5 milliards
de dépenses projetées, il faut aller chercher 2,5 milliards de revenu par
les cotisations. Mais c'est certains que, s'il y a seulement
deux catégories qui peuvent bénéficier de l'effet recherché de la
désimputation à savoir la baisse de cotisation, bien, si on socialise le coût…
c'est sûr que, si on baisse la cotisation des gros qui peuvent se permettent
ça, qui ont les moyens d'aller chercher ça et qui peuvent, à travers les
règlements qu'on a adoptés et les catégories qu'on a créées, bien, c'est
certains que, s'il faut qu'on garde la même assiette de revenus qu'on doit
aller chercher… mais c'est sûr que l'effet, il est également sur les petites
entreprises.
C'est quelque chose qui était aussi abordé
dans le rapport Morneau Shepell, j'en parlais à l'instant, à la page 85,
entre autres, qui parlait qu'il y a des grands employeurs qui déchargent leurs
coûts par désimputation. La seule nuance que je ferais, c'est que, dans le
rapport de Morneau Shepell, ils…
M. Leduc : …même assiette de
revenus qu'on doit aller chercher, mais c'est sûr que l'effet est également sur
les petites entreprises. C'est quelque chose qui était aussi abordé dans le
rapport Morneau Shepell, j'en parlais à l'instant, à la page 85, entre autres,
qui parlait qu'il y a des grands employeurs qui déchargent leurs coûts par
désimputation. La seule nuance que je ferais, c'est que, dans le rapport de
Morneau Shepell, ils visaient essentiellement l'État québécois, là, comme grand
employeur, qui fait certainement partie de la catégorie du taux rétrospectif…
rétrospectif, oui, c'est bien ça, mais évidemment toutes sortes d'autres
grandes corporations, on a fait référence tantôt à Bombardier, par exemple, qui
ont exactement la même culture de désimputation que celle de l'État.
Alors, dans le fond, ce qu'on vient créer,
avec l'amendement, c'est des catégories. Alors, vous voulez vous faire
désimputer, là, vous êtes une entreprise à taux rétrospectif, vous voulez vous
faire désimputer, d'accord, allez-y, continuez de le faire, on ne remet pas ça
en question. Cependant, la socilisation du coût de votre désimputation ne sera
pas à 100 % des entreprises, sera à 100 % des entreprises de votre
catégorie, de la catégorie du taux rétrospectif, ce qui n'est pas 100 %
des entreprises. Alors, la conséquence, elle ne sera directe que sur les gens
de votre catégorie qui bénéficient de cet effet-là de désimputation. C'est, il
me semble, quelque chose qui est à l'avantage des petites entreprises. Ça me
semble quelque chose qui est plus juste aussi comme répartition des coûts et
qui pourrait, je le pense, favoriser une déjudiciarisation. C'est comme je le
disais tantôt, c'est surtout des entreprises de taux personnalisés, les taux
rétrospectifs, qui utilisent ça, parce que ça a une conséquence sur leur
cotisation.
Si la conséquence est moindre, légèrement
moindre parce que, là, c'est juste leur catégorie qui va devoir subir la
répartition du coût, on peut imaginer qu'il y aura peut-être moins
d'utilisations de cette possibilité-là de désimputer, et on le sait, que c'est
quand même quelque chose qui embourbe aussi les tribunaux, ces demandes de
désimputation là… ces contestations-là, désimputations-là, la DRA, le TAT, on
en a parlé tantôt avec le ministre. Alors, si vraiment on redirige la
conséquence de la désimputation sur sa propre catégorie, peut-être que ça va
être moins tentant ou moins rentable, dans les grands calculs de certaines
mutuelles de préventions, par exemple, ou certaines catégories d'entreprises
d'aller de l'avant avec cette idée-là puis que ça pourrait mettre une pression
à la baisse sur le nombre de contestations en matière de désimputation. Voilà,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. M. le ministre.
M. Boulet : Je vais essayer
d'être simple, là. C'est un pouvoir réglementaire, actuellement, il y a un
règlement sur le financement et au-delà de 300 articles. Il est paramétré, il
est bâti par des actuaires, il existe depuis des années. Donc, ce n'est pas le
but. Je comprends que le collègue dépose un amendement, mais, en même temps, je
veux juste vous redire que ceux qui sont au taux de l'unité ne subissent pas
les incidences, là, des effets de la désimputation. Puis dans les 145 000,
il y en a beaucoup, beaucoup qui font partie des 104 mutuelles de prévention.
Puis, dans les consultations
particulières, on n'a pas été... il n'y a pas eu de... Le financement, ça n'a
pas fait l'objet de préoccupations du CCTM et dans les consultations
particulières, ça fait que... Mais tout ceci, là, pour conclure en disant que
c'est un…
M. Boulet : ...de prévention.
Puis, dans les consultations particulières, on n'a pas été... il n'y a pas eu
de... Le financement, ça n'a pas fait l'objet de préoccupations du CCTM et dans
les consultations particulières, ça fait que...
Mais tout ceci, là, pour conclure en disant que
c'est un pouvoir réglementaire, c'est dans un règlement sur le financement,
c'est bâti par des actuaires. Puis c'est sûr qu'on pourrait avoir
20 actuaires autour de la table, puis ils pourraient avoir des débats
pendant des années, là. Mais, voilà, essentiellement, c'est mes commentaires.
Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
• (21 h 40) •
M. Leduc : Petite question.
Quand vous venez de dire que ça n'a pas de conséquence sur les taux d'unité de classification...
pourquoi vous dites ça? Parce que, si on réduit la taille de la cotisation
d'une entreprise donnée, nécessairement, si on cherche la même assiette de
revenus...
M. Boulet : ...ils sont
dans les mutuelles de prévention où le taux de l'unité, il demeure tel qu'il
est, là. Donc, il n'y a pas de...
M. Leduc : Mais, s'ils
sont dans une mutuelle de prévention, ils sont dans le taux personnalisé, pas
dans le taux d'unité.
M. Boulet : Oui. Non,
non, c'est ça, c'est pour ça que je vous réponds : La désimputation n'a
pas d'incidence sur les entreprises qui sont dans le taux de l'unité.
(Consultation)
M. Boulet : ...puis c'est
le taux rétrospectif qui est réactif, pas le taux personnalisé. Mais, ceci dit,
c'est un débat, moi, qui ne m'appartient pas, là. Moi, je ne suis pas... Tu
sais, encore une fois, c'est un règlement sur le financement puis c'est un
pouvoir réglementaire qu'on... On ne peut pas amender le règlement par la loi,
là.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait, merci. Y a-t-il d'autres... Oui, député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Je comprends
que le débat ne vous appartient pas, mais, en même temps, vous aviez un article,
là, qu'on vient de discuter précédemment, où vous vouliez modifier une possibilité,
là, qui était celle d'obérer justement un employeur. Ça fait que vous aviez quand
même un pied dans le débat de la cotisation.
M. Boulet : ...c'est des
dispositions d'exception qui permettent à un employeur de faire une demande de
partage de coûts et d'être désimputé dans des circonstances exceptionnelles,
qui sont le handicap, ou l'obéré injustement, ou des accidents qui surviennent
pour des causes extérieures à l'environnement de travail de l'employeur.
M. Leduc : Je comprends
que vous dites qu'on ne veut pas... qu'il y a déjà un règlement, mais j'imagine
que vous serez d'accord avec moi que, si on décide aujourd'hui, et nous sommes
les législateurs ici, de modifier la loi, bien, si c'est pour avoir une
incidence sur le règlement, le règlement devra être modifié en conséquence. On
s'entend là-dessus.
M. Boulet : Je n'ai pas de commentaire.
M. Leduc : Là, je veux
dire, au-delà de l'objet de notre discussion, ça serait la suite des choses. Si
on s'entendait sur un changement de loi qui avait une incidence réglementaire,
la suite logique, ça serait...
M. Boulet : Mais, comme
je vous explique, il y a un règlement sur le financement, il a au-delà de
300 articles, puis tout est au quart de tour, préparé par des actuaires.
Puis il y a des formations, des blocs de 45 heures de formation, là, pour
les gens qui veulent devenir des spécialistes en financement. Il y en a peu au
Québec. Mais, pour moi, ce n'est pas l'objet de notre projet de loi, mais vraiment
pas.
M. Leduc : Mais vraiment,
sur le principe, là, que les plus petits partagent la facture de la conséquence
des gros, il n'y a pas quelque chose qui vous chicote un peu?
M. Boulet : Je ne serais
pas capable d'aller dans le détail puis dans les méandres des calculs parce que
des spécialistes actuaires ici pourraient dire : Oui, mais... tu sais, il
y a tel facteur...
M. Leduc : …mais, vraiment, sur
le principe, là, que les plus petits partagent de la facture de la conséquence
des gros, il n'y a pas quelque chose qui vous chicotent un peu?
M. Boulet : Je ne serais pas
capable d'aller dans le détail puis dans les méandres des calculs, parce que
des spécialistes actuaires ici pourraient dire : Oui, mais, tu sais, il y
a tel facteur de chargement ou tel facteur de déchargement. Mais, encore une
fois, je ne suis pas en mesure de faire d'autre commentaire.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Donc… Oui?
M. Leduc : Est-ce qu'on
pourrait alors juste avoir une compréhension de la conséquence sur le TAT?
Est-ce que vous avez une idée de combien de causes se rendent au tribunal sur
la question de la désimputation?
M. Boulet : En fait, ça va
continuer comme c'était avant. Il n'y aura pas d'impact à la hausse parce que
les articles demeurent tels qu'ils étaient. Le «obérer injustement» était déjà
dans l'article 326. Et le handicap qu'on va voir un peu plus tard, il
était déjà là. Et je vous dirais que le nombre de causes, il ne variera pas en
fonction du p.l. n° 59.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
M. Leduc : Bien oui, d'accord.
Bien, c'est-à-dire, tel quel, non, mais, si on avait, donc, exploré mon
amendement plus en avant, il aurait pu y avoir des conséquences sur le
nombre de…
M. Boulet : Je ne suis
vraiment pas en mesure de dire ça, vraiment pas capable de répondre.
M. Leduc : Mais, dans ce
cas-là, pouvez-vous, à la limite, m'indiquer le nombre de causes au TAT sur la
question de la désimputation? Est-ce qu'on a ce chiffre-là?
M. Boulet : Vous voulez savoir
le nombre de cas qui vont au Tribunal administratif du travail en matière de
partage de coûts? On peut suspendre une couple de minutes.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord.
M. Boulet : Puis on va vous
donner la réponse.
M. Leduc : Bien, à moins que
mon collègue veuille continuer ou…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce qu'il y avait d'autres interventions sur l'amendement déposé par le
député d'Hochelaga-Maisonneuve?
Des voix
: …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Non. Alors, vous n'en aviez pas, député de Jonquière, non6
M. Gaudreault : …après la
suspension, je vais avoir des questions.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 21 h 44)
(Reprise à 21 h 46)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, à la question posée par le député d'Hochelaga-Maisonneuve, je pense que
le ministre a une réponse. M. le ministre, la réponse… la parole est à vous,
pardon.
M. Boulet : Oui. Excusez-moi.
Sur les 37 281 contestations reçues entre le 1er avril 2019 et
le 31 mars 2020, il y en avait 4 499 en imputation. Puis il y en a à peu
près 20 % qui se règlent en conciliation. Ça fait que des audiences,
nombre de dossiers fermés, vous voyez, à peu près 3 500. Mais ça vous
donne une bonne idée. À peu près un dossier sur huit.
M. Leduc : Merci d'avoir pris
le temps de chercher le chiffre, c'est intéressant. Puis est-ce qu'on a une
idée, donc, au final, sur une année, des causes gagnées, les désimputations
accordées d'office, ça donne, sur l'assiette des revenus recherchés, là… on
désimpute combien, environ, là, par année?
M. Boulet : En 2019, les coûts
désimputés, là, qui vont au fond commun, 612 millions. Donc, 612 millions
sur le 2,5 milliards… il me semble, 2,9 milliards, en tout cas, mais…
M. Leduc : …chiffre-là, là, on
le cherche depuis tantôt, c'était…
M. Boulet : Oui. Non, mais je
l'ai ici.
(Consultation)
M. Boulet : …sur la valeur du
fond. Merci.
M. Leduc : Donc, le chiffre
total, c'est quoi?
M. Boulet : 612 millions
en 2019.
M. Leduc : Oui, mais sur le
revenu annuel de la CNESST.
M. Boulet : L'impact sur la
valeur du fonds commun. Donc, ce qui est versé dans le fonds commun, donc le 2
point quelques milliards de cotisations.
M. Leduc : Bien, c'est ça, je
voulais qu'on le clarifie une fois pour toutes, là. On jongle avec lui depuis
tantôt. 2,4 milliards, 2,5 milliards?
M. Boulet : En 2019…
M. Leduc : …le revenu annuel de
la CNESST.
M. Boulet : L'impact sur la
valeur du fonds commun. Donc, ce qui est versé dans le fonds commun, donc le
2 point quelques milliards de cotisations.
M. Leduc : Bien, c'est ça, je
voulais qu'on le clarifie une fois pour toutes, là. On jongle avec lui depuis
tantôt. 2,4? 2,5?
(Consultation)
M. Boulet : C'est 2,2 ou 2,3.
M. Leduc : 2,2 à 2,3 de
revenus de cotisations?
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : 2,3 milliards.
On va dire, mettons, 2,3, donc 612 millions d'imputations. Il y a des
imputations sur 2,3 milliards de cotisations. C'est quand même beaucoup.
Je n'ai pas le pourcentage, là…
M. Boulet : Non. Non. C'est
l'ensemble des coûts découlant des handicaps préexistants, l'ensemble des coûts
découlant des évènements survenus dans un contexte où l'employeur n'a pas le
contrôle des risques, les cas où ils sont obérés injustement. Puis, tu sais,
c'est l'ensemble de ça, là. Et ça… Je pense que c'est un coût qui est quand
même correct, là. Moi, en tout cas… Mais, encore une fois, je le répète,
là : On fait une discussion financement, puis ça n'a pas d'impact sur les
droits des travailleurs. Tu sais, c'est un régime de financement qui est
paramétré dans un règlement sur le financement puis…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Est-ce qu'il y a d'autres interventions…
• (21 h 50) •
M. Leduc : Oui, je serais prêt
volontiers à céder la parole. Je veux juste… Je sais que ça n'a pas d'impact
sur le travailleur. Bien… On pourrait en trouver un, mais ce n'est pas parce
que ça n'a pas d'impact sur le travailleur, que ça ne m'intéresse pas, là. Ça
m'intéresse, la façon dont on finance nos institutions.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…laisser la parole au député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, peut-être
juste une petite question technique, là. Vous gardez le risque d'obérer, là,
injustement un employeur dans la… O.K. C'est parce que dans le texte de
l'alinéa, tel que modifié, il n'y apparaît plus. Ça fait que je voulais juste
être sûr, là, de savoir, c'était quoi la bonne version, là, mais l'obérer est
là. O.K.
Donc, moi, ce que je comprends, c'est que,
dans le fond, par cet amendement, le député d'Hochelaga-Maisonneuve
vient — comment je pourrais dire — segmenter la
désimputation selon le lieu où est arrivé la lésion. Si la lésion est survenue
chez un employeur au taux de cotisation de l'unité…
M. Gaudreault :
...segmenter la désimputation selon le lieu où est arrivée la lésion. Si la
lésion est survenue chez un employeur au taux de cotisation de l'unité, on va
partager parmi tous les employeurs au taux de cotisation de l'unité, si la
lésion est arrivée chez un employeur au taux de cotisation personnalisé, on va
partager. Est-ce qu'on peut dire ça, «partager»? Là, j'essaie, parce que moi,
je navigue dans un milieu que... des notions que je connais moins, là, mais
donc on va partager parmi tous les employeurs au taux de cotisation
personnalisé, et la même chose si la lésion arrive chez un employeur au taux de
cotisation d'ajustement rétrospectif.
Là, M. le ministre, avec votre expérience
et votre éclairage, vous allez peut-être pouvoir m'aider, à moins que le député
d'Hochelaga-Maisonneuve veuille répondre. Question naïve : Il doit arriver
des moments où la lésion survient chez un employeur à un taux de cotisation x,
mais il y a plusieurs employeurs avec plusieurs types de taux qui sont
impliqués. Alors, il se passe quoi dans ces circonstances-là? Vous n'avez pas
saisi, hein?
M. Boulet : C'est une
question sur le, juste pour être sûr de bien comprendre, sur le «obéré
injustement» ou sur...
M. Gaudreault : Non. Ça,
c'est correct pour «obéré injustement». On l'a réglé.
M. Boulet : O.K. Sur le
financement, je ne suis pas en mesure... Et je ne suis pas sûr que je
comprends...
M. Gaudreault : Bien,
c'est parce que ce que je comprends de la proposition d'amendement, c'est qu'on
fragmente ou on segmente en trois types, selon la cotisation. C'est ça, M. le
député d'Hochelaga-Maisonneuve? Bon. Mais il peut arriver une situation où il y
a plusieurs employeurs de touchés, mais qui n'ont pas le même type de
cotisation.
M. Boulet : Bien,
peut-être qu'en me donnant un exemple, je comprendrais, là, mais ce que vous
dites...
M. Gaudreault : ...qui
veut être sûr de bien comprendre, là.
M. Boulet : Mais à mon
avis la règle... Il faut toujours revenir à la base. C'est imputé à l'employeur
chez qui survient la lésion. Donc, ça ne peut pas être deux employeurs qui sont
dans des catégories différentes. Donc, la règle, c'est l'employeur chez qui ça
survient. 1001 17899 Il y a trois régimes de
financement.
M. Gaudreault : Oui,
exact.
M. Boulet : Puis donc il y a
des demandes de partage de coûts.
M. Gaudreault : Exact.
M. Boulet : Puis la
désimputation a un impact chez les membres du rétrospectif pour les demandes de
partage qui proviennent de ce groupe-là. Et chez les groupes du personnalisé
pour les demandes...
M. Gaudreault : De tout
le groupe. De tout ce groupe-là.
M. Boulet : ...de toute
le groupe, pour les demandes qui proviennent du personnalisé, qui... et qui
impliquent aussi les petites entreprises qui sont mutualisées, qui sont parties
de mutuelles de prévention. Puis c'est pour ça que je dis... Puis, bon, je n'ai
pas soulevé...
M. Boulet : ...personnalisé
pour les demandes...
M. Gaudreault : De tout le
groupe, de tout ce groupe-là.
M. Boulet : ... de tout le
groupe, pour les demandes qui proviennent du personnalisé, qui impliquent aussi
les petites entreprises qui sont mutualisées, qui font partie d'un mutuel de
prévention. Puis c'est pour ça que je dis... puis, bon, je n'ai pas soulevé de
recevabilité, de problématique de recevabilité, là, mais c'est une dynamique
qui découle de l'expertise d'actuaires. Puis, comme je l'expliquais tout à
l'heure, là, c'est paramétré dans un Règlement sur le financement. Puis il y a probablement
plein d'indices de pondération.
Puis est-ce que c'est parfaitement
équitable? Moi, je le souhaite. Et je pense qu'il faut que je dise aux
collègues de... à vous autres : Si jamais, en dehors de notre p.l. n° 59, on peut se faire une discussion puis mettre en
contact des actuaires pour modifier éventuellement ou faire des projets
d'amendements au Règlement sur le financement, je suis totalement ouvert.
M. Gaudreault : O.K., je
comprends. L'article habilitant, dans la loi, l'article habilitant pour le
pouvoir réglementaire, c'est lequel?
M. Boulet : Il y en a
plusieurs.
M. Gaudreault : Il y en a
plusieurs. Mais particulièrement sur le financement?
M. Boulet : C'est à partir de
454, là, et suivants.
M. Gaudreault : De la loi?
M. Boulet : Oui.
M. Gaudreault : Qu'il y a les
articles habilitants pour le règlement?
M. Boulet : Exact.
M. Gaudreault : O.K. Et ça,
c'est un règlement à part, le financement, c'est ce que dit le ministre.
M. Boulet : C'est un... Bien,
il y a plusieurs règlements, mais le Règlement sur le financement, c'en est un.
M. Gaudreault : Le Règlement
sur le financement, il a été adopté quand ou il a été modifié quand la dernière
fois?
M. Boulet : Ah, mon Dieu! Il y
a plusieurs années?
(Consultation)
M. Boulet : Bien, il est
modifié annuellement parce qu'ils doivent modifier les taux.
M. Gaudreault : Modifié
annuellement, mais on ne change pas la mécanique comme telle, c'est juste...
M. Boulet : Non, non.
M. Gaudreault : Mais la
structure même du règlement date de...
M. Boulet : La structure,
l'ossature du Règlement sur le financement. On le vérifie.
Mais, collègue de Jonquière, le pouvoir
habilitant, bien, c'est 454, comme je vous mentionnais, là, il y a 5, il y a 6,
il y a 7, il y a 8. Donc, 5, c'est les unités de classifications, les secteurs.
6, c'est le taux de cotisation. 7, c'est les conditions d'assujettissement à un
taux personnalisé. 8, c'est la fixation au taux, les ratios d'expérience, les
unités de classification. L'augmentation des taux, c'est 8.1. Mais c'est tous
ces paragraphes-là.
M. Gaudreault : ...là, je l'ai
devant moi.
M. Boulet : C'est, je vous
avouerais, là, d'un niveau de complexité très élevé.
M. Gaudreault : Oui, je suis
d'accord avec vous. Mais je ne veux pas que le niveau de complexité nous
empêche de réfléchir.
M. Boulet : ...on pourra, puis
je l'ai dit au collègue de... oui, on pourra faire une réflexion avec les
experts.
M. Gaudreault : Exact. Mais,
moi, là où je veux allez, c'est que moi, je ne suis pas nécessairement contre
la suggestion du député d'Hochelaga-Maisonneuve. Et c'est pour ça je voulais
savoir à quel moment la structure du règlement avait été adoptée à la base,
parce que, dans le fond, ça va être lors de la révision réglementaire...
M. Boulet : …avec les experts.
M. Gaudreault : Exact. Mais,
moi, là où je veux aller, c'est que moi, je ne suis pas nécessairement contre
la suggestion du député d'Hochelaga-Maisonneuve. Et c'est pour ça, je voulais
savoir à quel moment la structure du règlement avait été adoptée à la base.
Parce que, dans le fond, ça va être lors de la révision réglementaire.
M. Boulet : 1996.
M. Gaudreault : 1996?
M. Boulet : Oui.
M. Gaudreault : Donc, ça fait
25 ans.
M. Boulet : Oui. C'est solide.
M. Gaudreault : Bon. C'est
l'année du déluge, l'année du déluge du Saguenay, alors…
M. Boulet : Avec la petite
maison blanche, oui.
M. Gaudreault : Oui, mais il
faut dépetitemaisonblanchiser, parce qu'il y a eu beaucoup d'autres dommages,
là.
M. Boulet : Je m'excuse, vous
avez raison, oui.
M. Gaudreault : Non, non, mais
c'est ça… mais ce n'est pas grave, là. C'est mon objectif, cette année, en tout
cas, de montrer que c'était beaucoup plus large que ça, sans rien enlever à la
maison blanche, mais, bon, peu importe.
Ce que je veux dire, c'est qu'il va
falloir amener cette réflexion-là dans une révision réglementaire, avec tout le
processus de révision réglementaire qu'on connaît, les consultations, processus
de consultation, etc. Mais, pour ça, il va falloir faire une révision
réglementaire, alors… Et ça, c'est entre les mains du gouvernement. C'est ça
qui est frustrant dans notre rôle de député, parce que nous, on fait un travail
législatif. Le pouvoir réglementaire… pour ça je voulais savoir c'était quoi,
les articles habilitants.
M. Boulet : …oui.
M. Gaudreault : Pardon?
M. Boulet : Oui, c'est le
pouvoir exécutif, oui.
M. Gaudreault : Bien, c'est
ça, c'est le pouvoir exécutif. Ça fait que, moi, je pense, la question à poser,
c'est plus : Après 25 ans d'un règlement sur le financement, qu'il soit
bon, qu'il soit mauvais, si ça fait 40 ans qu'on avait cette loi, puis là on
l'ouvre, est-ce qu'après l'adoption de la loi, si jamais on y arrive… est-ce
que le gouvernement a l'intention de faire une modification réglementaire
incluant ce règlement sur le financement? Moi, je pense, la question est là.
Et, le jour où le gouvernement va ouvrir ce règlement, bien, là, on fera les
représentations nécessaires. Moi, c'est mon point de vue.
M. Boulet : O.K. Mais que je
partage. C'est certainement mon intention de faire une réflexion, de faire une
analyse. Et, le cas échéant, après consultations, après analyses, si c'est
mérité, si c'est justifié… tout à fait.
M. Gaudreault : O.K. Et ce
règlement-là dont on parle, c'est vraiment un règlement. Ce n'est pas un
règlement, une politique de la CNESST?
M. Boulet : C'est un règlement
du pouvoir exécutif.
M. Gaudreault : Un règlement
du pouvoir exécutif, avec toutes les démarches à Gazette officielle, et
tout.
M. Boulet : Tout à fait.
M. Gaudreault : O.K. Donc, ce
que vous nous… ce que le ministre nous dit, Mme la Présidente, c'est qu'une
fois que la loi va être adoptée il a l'intention d'entamer une réforme
réglementaire également.
• (22 heures) •
M. Boulet : Une réflexion sur
le règlement sur le financement. Et on pourra amorcer cette réflexion-là, nous.
On pourra décider de voir comment on fait la consultation, puis qui on
implique, qui sont les experts concernés. Mais je pense que ça… Absolument.
Moi…
22 h (version non révisée)
M. Boulet : ...sur le financement.
Et on pourra amorcer cette réflexion-là, nous. On pourra décider de voir
comment on fait la consultation, puis qui on implique, qui sont les experts
concernés. Mais je pense que ça... Absolument. Moi, je suis tout à fait d'accord
avec ça.
M. Gaudreault : O.K. Donc,
c'est un report de ce débat. Moi, je pense que le député d'Hochelaga-Maisonneuve
a lancé un débat important puis intéressant, que je vais essayer de mieux
connaître. Mais il va falloir faire un chantier important, un dépoussiérage de
la réglementation. Moi, honnêtement... Oui?
M. Boulet : Puis il y a des règlements,
puis celui-là, là, il faudrait que je le vérifie, là. Est-ce que c'est un règlement
adopté par le gouvernement ou un règlement de la CNESST, là? Mais c'est un règlement
complet en soi, puis il va falloir procéder à une réflexion là-dessus.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Ah!
M. Gaudreault : Oui, bien,
c'est parce que, tantôt, le ministre disait : C'est un règlement du
pouvoir exécutif, là, c'est peut-être un règlement interne de la CNESST. Ce
serait important qu'on le sache.
M. Boulet : Je vais vérifier
puis je...
(Consultation)
M. Boulet : C'est un règlement
de l'exécutif, mais dans le pouvoir habilitant, la CNESST pourrait adopter ce règlement-là.
Mais le règlement sur le financement, en 1996, est-ce que c'est un règlement
adopté par le pouvoir exécutif ou...
(Consultation)
M. Boulet : O.K., par la CSST,
qui fait partie du pouvoir exécutif. Donc, ça a été adopté par le... Évidemment,
ça fait partie du pouvoir exécutif.
M. Gaudreault : Oui. Ma question,
c'est vraiment : Est-ce que ça respecte les procédures d'adoption réglementaires...
M. Boulet : ...règlement en
bonne et due forme. Ce n'est pas un règlement interne, là.
M. Gaudreault : Non, ce n'est
pas un règlement interne, mais, ce que je veux dire, avec période de
consultation...
M. Boulet : Exact.
M.
Gaudreault : ...possibilité de déposer des mémoires... bien, des
mémoires, je veux dire, des... oui, des mémoires pour... dans la période de
consultation?
M. Boulet : Je ne le sais pas,
qu'est-ce qui a été fait à l'époque, là.
(Consultation)
M. Boulet : Mais je vais faire
vérifier, là, sur la procédure d'adoption de ce règlement-là, là, qui a été
fait par la commission santé et sécurité, à l'époque. Mais sur la volonté de le
revoir, bien sûr.
M. Gaudreault : O.K. Mais en
fait, ma question, c'est... Il faut la volonté de le revoir, mais il ne faut
pas que ça se fasse derrière des portes closes. C'est ça que je veux dire. Il
faut qu'on permette aux groupes ou aux partis politiques de pouvoir déposer
leurs avis ou leurs opinions. Je ne parle pas d'une commission parlementaire,
là, évidemment, là, ce n'est de ça que je parle.
M. Boulet : Non, non, mais il
faut faire des consultations.
M. Gaudreault : C'est ça.
M. Boulet : Puis on verra la
manière dont on fait les consultations, puis qui sont les experts qu'on
consulte aussi, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement déposé
par le député d'Hochelaga-Maisonneuve? Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bien, je
voulais juste dire... Je ne sais pas s'il y a des gens qui sont dehors qui nous
écoutent ce soir, mais, en tout cas, ils ont l'air d'avoir beaucoup de
plaisir...
M. Boulet : ...les experts
qu'on consulte aussi, là.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait.
M. Gaudreault : O.K.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'amendement déposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve? Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bien, je
voulais juste dire... Je ne sais pas s'il y a des gens qui sont dehors qui nous
écoutent ce soir, mais, en tout cas, ils ont l'air d'avoir beaucoup de plaisir
en face de l'Assemblée. Bref, oui, il y a un chiffre que j'ai oublié d'évoquer
tantôt, qui est quand même important. Dans l'analyse d'impact réglementaire de
la loi, là, qui a été préparé, évidemment, par le ministre, il y a une section,
là, sur les dispositions d'exception en imputation, la section 1.4.5 qui
va comme suit : «La proportion du coût des prestations non imputées à des
dossiers d'employeur, donc, réparties à plus d'un employeur, est passée de 13 %
en 1994 à 28 % en 2018». Après ça, il donne des chiffres, là, qui ne sont
pas loin de ce que vous nous avez donné tantôt. Donc, «les coûts non imputés
représentaient un montant de 195 millions dans la tarification de 1994,
alors qu'ils sont estimés à 612 millions en 2019». C'est exactement ce que
vous nous avez donné, 612 millions en 2019, tantôt.
M. Boulet : Et c'est
clair que le... Il y a eu une augmentation. La jurisprudence s'est établie.
Avant, il y avait un courant restrictif sur la notion de handicap. Maintenant,
c'est un courant qui est plus connecté à la définition d'un handicap, qui dans
la charte. Ça fait que c'est sûr qu'il y en a plus, mais c'est l'état de la
jurisprudence, puis c'est les juges qui en ont décidé ainsi. Puis c'est du
financement, encore une fois. Il n'y a pas d'impact sur l'exercice des droits
des travailleurs. Je pense c'est important de le redire. Mais c'est sûr qu'il y
a eu une augmentation. Je pense que tout le monde le constate et le reconnaît.
M. Leduc : Oui, mais
pourquoi vous soulevez encore l'histoire de l'intérêt des travailleurs?
M. Boulet : Non, mais je
dis c'est sûr qu'il y a une augmentation du nombre de demandes de partage de coûts.
Et il y en a plus de désimputation en raison des concepts qui sont interprétés
de façon beaucoup plus large et libérale par le Tribunal administratif du
travail.
M. Leduc : Pourquoi, là,
que vous soulevez, mais ça n'a pas d'impact sur l'intérêt du travailleur? Je ne
comprends pas pourquoi vous le ramenez, là.
M. Boulet : Non, non,
mais je l'ai dit au départ, là, parce que c'est plus une question de
désimputation. Ça fait partie des dispositions d'exception. Excusez-moi, là, si
je l'ai répété trop souvent, là.
M. Leduc : Il n'y a pas
de... Ah! Mais non, mais ce n'est pas... Vous n'avez pas à vous excuser pour
ça. Il n'y a aucun problème. Je termine avec un autre extrait, toujours de
l'étude d'impact, là, déposé par le gouvernement sur la loi. Ça va comme
suit : «Le fait qu'un volume important des coûts échappe à la tarification
fragilise l'équilibre financier du régime et l'efficacité de la méthode de
tarification. La hausse des coûts non imputés est un enjeu important puisqu'elle
pose des problèmes d'équité entre les employeurs en plus de nuire à l'atteinte
des objectifs de la tarification basée sur l'expérience». C'est exactement ça
que mon amendement vise à traiter, là, problème d'équité entre les employeurs.
C'est... Je suis les deux pieds dedans, là, avec mon amendement, là. Il n'est
peut-être pas rédigé dans les bonnes façons, il n'est peut-être pas... Je sais
que c'est compliqué avec le règlement, mais vous avez en quelque sorte
vous-même soulevé cet enjeu-là à travers votre...
M. Leduc : …exactement ça que
mon amendement vise à traiter, là, «problème d'équité entre les employeurs». Je
suis les deux pieds dedans, là, avec mon amendement, là. Il n'est peut-être pas
rédigé dans les bonnes façons, il n'est peut-être pas… je sais que c'est
compliqué, avec le règlement. Mais vous avez, en quelque sorte, vous-même
soulevé cet enjeu-là à travers votre étude d'impact réglementaire sur votre projet
de loi.
Moi, j'ai de la misère à comprendre qu'on
sortirait de cette étude détaillée là bredouille, en matière de solution. J'en
ai mis une sur la table. Vous ne semblez pas vouloir la retenir, c'est votre
prérogative, bien sûr. Ce que je vous suggérerais, puis, en fait, je vous
l'annonce, on va la voter, là, ma suggestion, vous allez certainement, en tout
cas, probablement la battre, mais j'ai préparé donc un amendement qui fait un
peu suite à ce que disait mon collègue de Jonquière précédemment, à savoir
qu'on ne peut pas en rester là, il y a un problème. Passer de 13 % à
28 % de proportion, là, de désimputation de coût, ce n'est pas banal, moi,
ça m'intrigue, je veux en savoir plus. Je veux qu'on y réfléchisse plus.
Là, visiblement, on a eu l'occasion d'en
discuter ce soir. On a l'occasion de mieux comprendre ce soir, en tout cas
c'est mon cas, comment ça fonctionne, c'est quoi, les conséquences. Et
j'apprécie encore vos explications, au début de l'échange, merci de nouveau. Ce
pendant, on ne peut pas rester bredouille avec ce dossier-là, vous le soulevez
vous-même dans votre étude d'impact.
Votons. Votons cet amendement-là. J'en ai
un autre de préparé. On pourra rapidement le traiter, c'est la question de se
donner un mandat, dans le fond, là, en commission, ici, avec un échéancier. Je
pourrais peut-être vous en parler quand on suspendra, si vous voulez, en
attendant que vous en preniez connaissance pour qu'on le traite rapidement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, oui, merci. Alors, s'il n'y a pas d'autres interventions à
l'amendement déposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve, à
l'article 93.1, nous allons passer à la mise aux voix.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Abstention.
La Secrétaire
: M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
La Secrétaire
: Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. Nous poursuivons ou vous demandez
une suspension, député d'Hochelaga-Maisonneuve?
M. Leduc : Oui. On vous
achemine un nouveau 93.1. Il est déjà envoyé.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous allez prendre le temps de consulter. Parfait.
M. Leduc : Ça serait peut-être
plus simple.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 22 h 8)
(Reprise à 22 h 17)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, oui, M. le ministre, je pense que vous voulez intervenir.
M. Boulet : Bon, écoutez,
malgré l'absence de représentation, bon, des fédérations comme la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante, et autres, moi, je suis assez sensible
aux propos du collègue de Jonquière et d'Hochelaga-Maisonneuve. Puis moi,
j'avoue que des spécialistes en financement, il y en a peu. Mais il faut être quand
même interpellé. Ça date de 1996.
Donc, moi, je vais faire préparer une
lettre mandat, je vais faire préparer une lettre mandat, que je pourrai vous
partager demain, qui va être... demain ou plus tard, là, mais qui va être
transmise au C.A. de la CNESST. Comme vous le savez, l'expertise en santé et
sécurité, elle est concentrée à ce C.A. là, qui peut consulter, qui peut
s'adjoindre des experts. Et ça, ça fait suite à une proposition qui allait dans
ce sens-là du collègue...
M. Boulet : ...prises au
C.A. de la CNESST. Comme vous le savez, l'expertise en santé, sécurité, elle
est concentrée à ce C.A.-là qui peut consulter, qui peut s'adjoindre des
experts, et ça, ça fait suite à une proposition qui allait dans ce sens-là du
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve. Donc, dans les deux ans de la sanction de la
présente loi, le mandat qui va être confié au C.A. de la CNESST, c'est
d'examiner et de faire des recommandations sur les règles de financement qui
sont prévues au chapitre IX de la LATMP, puis ça va être un mandat large
de s'assurer, non seulement d'examiner, mais de nous faire des recommandations
qui vont pouvoir guider la commission et le gouvernement dans la suite à
apporter. Voilà.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Merci. Y a-t-il des interventions? Oui,
député de Nelligan.
M. Derraji : Oui. Je
pense que c'est une bonne chose de le voir. Mais est-ce que, dans le cadre de
cet exercice, il va y avoir des discussions sur la désimputation? Parce que,
moi, ce que j'ai entendu, au-delà de parler du financement, la structure du
financement, je veux juste terminer, c'est que, si la CNESST acceptait plus
facilement la désimputation, il y aurait moins de contestations. Donc, on ne va
pas toucher à la désimputation.
M. Boulet : Non.
M. Derraji : Donc là,
c'est vraiment la structure du financement. On parlait de trois catégories.
M. Boulet : Exact.
M. Derraji : O.K.
M. Boulet : Ce qui a été
soulevé par les collègues d'Hochelaga-Maisonneuve et Jonquière, c'est la
structure de financement, les règles de financement, puis la question d'équité,
là, qui a été soulevée, là, notamment par...
M. Derraji : La question
d'équité est pas mal soulevée. On va le voir aussi dans l'article 325.
Mais ce que j'ai entendu, d'après l'ensemble des rencontres, c'est plutôt la
désimputation qui cause problème aux employeurs. Mais, bon, ça, c'est un autre
sujet.
M. Boulet : Oui.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Merci. Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Mais, en tout
cas, voyons où ça mène tout ça, là. Mais, pour faire suite à ce que j'ai dit
avant la suspension, c'est vrai que j'avais pensé faire un amendement. On a
discuté à micro fermé puis là on a trouvé, je pense, un compromis. J'avais
l'idée de faire peut-être une commission ou un mandat d'initiative. Là, on se
dirige plus vers la lettre mandat donc du C.A. de la CNESST. Ce qui me
convient. Là, je pense qu'on peut jouer sur cette patinoire-là. Je voulais
clarifier peut-être quelques éléments sur les délais. Je ne sais pas si vous
l'aviez dit, j'ai peut-être manqué, mais que c'était un deux ans, là.
• (22 h 20) •
M. Boulet : Oui, dans les
deux ans de la sanction. C'est exactement ce que j'ai repris, oui.
M. Leduc : Voilà. Donc
deux ans de la sanction. Puis, dans le mandat, on a parlé d'un rapport d'évaluation
de règles de financement prévu à la LATMP, mais il faut aussi rajouter le lien.
L'important, c'est de faire aussi le lien avec les mesures de prévention
prévues par la LSST. Puis, de toute façon, si vous dites un mandat large
d'étude des règles de financement, nécessairement c'est parce que...
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : C'est parce
que tout... puis c'est là qui m'a mis la puce à l'oreille, vous dites : On
ne touchera pas à la désimputation. Moi, je ne suis pas en train de vouloir
télégraphier la conclusion de l'étude, mais il faut que la désimputation y soit
traitée nécessairement. Non?
M. Boulet : Bien…
M. Leduc : Mais c'est
parce que c'est là, c'est ça le noeud du problème.
M. Boulet : La
désimputation, bien, en fait, oui puis non, mais pas revoir la possibilité...
M. Leduc : …pas en train de
vouloir télégraphier la conclusion de l'étude, mais il faut que la
désinputation y soit traitée, nécessairement, non?
M. Boulet : Bien…
M. Leduc : Bien, c'est parce
que c'est là, c'est ça le noeud du problème.
M. Boulet : La désinputation…
Bien, en fait, oui puis non, mais pas revoir la possibilité d'avoir une
désinputation fondée sur le handicap ou sur les causes prévues à 326. Mais les
impacts de la désinputation, donc, la façon dont le financement est bâti puis les
incidences sur la façon dont la désinputation se fait, là. Mais je vais faire
faire une lettre-mandat, là, quand même assez générale, là. Je ne veux pas que
ça soit limitatif mais que ce soit une analyse qui est complète, là.
M. Leduc : O.K. Mais afin de peut-être
vous alimenter sur la rédaction de cette lettre-mandat, tant mieux si elle
arrive demain, ça veut dire qu'il y a du monde qui ne dormiront pas beaucoup ce
soir ou qui n'écouteront pas la période des questions demain matin, au pire ça
sera plus tard, mais je veux juste vous lire un petit extrait du rapport de
l'IRIS, là, que j'ai fait référence tantôt, pour que vous compreniez ma pensée
par rapport à ça, puis vous verrez ce que vous en retiendrez pour la rédaction
de votre lettre. Donc, ça se retrouve entre autres aux pages 53, 54 du rapport
de l'IRIS.
Ça va comme suit : En effet, l'une
des justifications principales de la personnalisation du financement est
qu'elle contribue à la prévention des accidents du travail et des maladies
professionnelles. Or, il n'existe aucun consensus scientifique sur le lien
entre tarification par expérience et prévention en SST. À cet égard, depuis la
mise en place des mutuelles de prévention en 1998, dont l'objectif déclaré
était de responsabiliser les employeurs en matière de prévention, ni la CNESST
ni la littérature scientifique n'ont, à notre connaissance, procédé à l'analyse
de leurs retombées en matière de SST. En regard de l'état des connaissances
scientifiques, étant donné la judiciarisation du régime généré par la
personnalisation de son financement, les importantes limites des statistiques
des lésions professionnelles et le manque d'études qualitatives de l'ensemble
des effets néfastes de la tarification par incidence dans le contexte
québécois, nous recommandons de soumettre la CNESST à un bilan complet des
réformes des années 90.
Là, ils proposent de faire ça à travers
une commission d'enquête. On passe par-dessus la méthode, mais après ça ils
donnent des objectifs, il y en a cinq. Un, les effets… examiner… donc, un, les
effets adverses de la tarification par incidence, notamment l'impact de la
gestion active des dossiers de réclamations et de l'affrontement médicolégal
sur la santé physique et psychologique des travailleurs et travailleuses, le phénomène
de non-déclaration et de sous-déclaration des lésions professionnelles, les
pratiques de retour trop hâtif en emploi de travailleurs, travailleuses
victimes de lésions, la discrimination à l'embauche de personnes souffrant de
limitations fonctionnelles, de handicap et de problèmes de santé mentale et
l'expérience de la complexité bureaucratique vécue par le personnel lésé… les
personnes lésées. Deux, les coûts engendrés par le système de contestation
médicolégal. Trois, les coûts des lésions professionnelles supportées par le
régime public et universel des soins de santé et les coûts humains non financés
et non indemnisés par le régime de la CNESST. Quatre, le lien entre
tarification par incidence et prévention de la SST, et cinq, finalement, la pertinence
de l'abolition de la tarification par incidence et de la mise en place d'un
mode de financement alternatif en fonction des efforts de prévention.
Comme je vous dis, là, je ne suis pas en
train de l'écrire à votre place, cette lettre-mandat là, mais…
M. Leduc : …non financés et non
indemnisés par le régime de la CNESST. 4, le lien entre tarification par
incidence et prévention de la SST. Et 5, finalement, la pertinence de
l'abolition de la tarification par incidence et de la mise en place d'un mode
de financement alternatif en fonction des efforts de prévention.
Comme je vous dis, là, je ne suis pas en
train de l'écrire à votre place cette lettre-mandat-là, mais il me semble que
c'est ça l'objectif de faire un débat assez large, vous l'avez dit vous-mêmes,
sur ce thème-là. Il faut donc, forcément, aborder, d'une façon ou d'une autre,
la désimputation et l'inscrire dans ce lien qu'on avait prétendu, à l'origine,
être l'objectif de la désimputation, soit favoriser la prévention, et force est
de constater que ce n'est pas nécessairement le cas, en tout cas, il n'y a pas
beaucoup d'études qui le soulignent. Par contre, il y a des effets néfastes,
qu'il faut bien les identifier, et peut-être au final sous-peser les
avantages/inconvénients, et y réfléchir. Encore une fois, on n'écrira pas les
conclusions d'avance. Je suis content que vous acceptiez, d'une manière qui est
la vôtre, le… faire de la lettre-mandat. Et je me réjouis, j'ai peut-être une
dernière question, en fait, on verra bien la nature de la lettre que vous nous
déposerez, mais est-ce que vous envisagez que cette étude-là, qui sera faite
par le C.A. de la CNESST, puisse nous être déposée, ici, à la Commission de
l'économie et du travail?
M. Boulet : Moi, je suis tout
à fait à l'aise que ça puisse se faire, puis je suis aussi d'accord avec vous
sur… dans la lettre-mandat, qu'on prévoit l'examen, l'analyse des incidences
des catégories, aussi, de la grille de tarification, de l'impact que ça a pu
avoir sur les réclamations, sur la prévention, aussi, quand vous référez à la
réparation, absolument, tu sais, c'est le socle du financement, quel est son
impact, ses répercussions, et que le C.A. de la CNESST nous fasse des
recommandations. Puis effectivement le rapport de l'IRIS, je l'ai déjà lu, là,
puis il faut s'en inspirer absolument pour bâtir une lettre-mandat qui est
quand même assez large.
M. Leduc : C'est une bonne
nouvelle, Mme la Présidente. Je pense que ça termine la soirée sur une belle
note, puis si le rapport est déposé, ici, à la commission, dans deux ans
on pourra, éventuellement, envisager d'en faire, peut-être, un mandat
d'initiative pour l'étudier. On verra bien rendu là, mais encore une fois
merci, M. le ministre, pour votre ouverture.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci. Député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, bien, à
mon tour de reconnaître cette lettre-mandat, là, comme une bonne nouvelle parce
qu'en tout cas, moi, en ce qui me concerne, je trouvais que c'était complexe
d'arriver dans la loi avec la proposition d'amendement du député. Je suis allé
relire le pouvoir réglementaire en vertu de l'article 454, et je l'avais
lu vite, en premier, quand je vous ai posé des questions, tantôt, parce que
c'est vraiment inscrit : «La commission peut faire des règlements…»
M. Boulet : Oui, tout à fait,
je l'ai vérifié moi aussi.
M. Gaudreault : Oui, c'est ça.
Alors, donc, pour ça… c'est pour ça qu'en arrivant avec la lettre-mandat, là,
ça devient un petit peu plus…
M. Boulet : Contraignant.
M. Gaudreault : …contraignant
envers la commission. Ma seule question, je comprends que ce n'est quand même
pas écrire un haïku, là, mais quand même, est-ce que deux ans ce n'est pas
un peu trop long…
M. Boulet : Contraignant.
M. Gaudreault : …contraignant
envers la commission. Ma seule question… Et je comprends que ce n'est quand
même pas écrire un haïku, là, mais quand même, est-ce que deux ans, ce n'est
pas un peu trop long? Parce que, moi, je vois aussi l'échéance électorale, puis
ça n'a rien à avoir avec le parti, c'est juste qu'on a une échéance électorale
à date fixe. Donc, si la loi est adoptée, rentre en vigueur, deux ans, là, on
se retrouve dans la prochaine législature. Donc, je ne sais pas si on n'est pas
capable d'avoir une lettre… à tout le moins une lettre-mandat, peut-être, avec
un rapport intérimaire.
M. Boulet : Non, mais,
collègue, je suis d'accord avec vous. En même temps, c'est un règlement de 300 articles,
là, puis celui qui va avoir l'audace de le maîtriser… Tu sais, c'est quand même
un chantier qui est extrêmement important, puis je pense qu'il faut donner le
temps requis. Des fois, on pense que ça peut se faire en un an, un an et demi,
mais, plus c'est fait rapidement…
M. Gaudreault : Oui, je sais.
M. Boulet : Je pense que deux
ans, le… je pense que c'est un délai qui est correct et raisonnable. Il faut
bien faire les choses de manière ordonnée, je crois. Puis, collègue, aussi, le
C.A. de la CNESST va éventuellement s'adjoindre des experts actuaires, puis
consulter, puis… Donc, je pense que deux ans, c'est une belle période de temps,
ceci dit avec…
M. Gaudreault : O.K. En tout
cas, c'est sûr qu'à l'étude des crédits, on pourra demander un suivi
entre-temps.
M. Boulet : Très bonne idée.
C'est là qu'on voit l'importance d'être accompagné par des doyens.
Une voix
: …
M. Gaudreault : Oui, c'est ça.
Des voix
: …
M. Gaudreault : … Mme la
Présidente, O.K. Bien, c'est beau. Moi, je veux…
M. Boulet : Mais on va le
faire.
M. Gaudreault : …je veux
souligner la bonne nouvelle. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Écoutez, il reste deux minutes. Je ne sais pas si vous voulez qu'on
commence l'article 94. Il reste une minute.
M. Boulet : Bien, vous savez que,
moi, normalement, je dirais oui, là, mais, si on… on ne va rien qu'avoir le
temps de lire, puis je pense qu'à 10 h 30, tout le monde a besoin
d'un peu de repos.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est parfait, M. le ministre, vous avez écoulé le temps, c'est parfait. Alors,
compte tenu de l'heure… Merci pour la journée. Effectivement, c'est une longue
journée, vous avez réussi quand même. Alors, compte tenu de l'heure, la
commission ajourne ses travaux sine die. Demain, on se retrouve à la salle Marois.
(Fin de la séance à 22 h 30)