Journal des débats (Hansard) of the Committee on Labour and the Economy
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(November 27, 2018 au October 13, 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Wednesday, June 9, 2021
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Vol. 45 N° 105
Clause-by-clause consideration of Bill 59, An Act to modernize the occupational health and safety regime
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-six minutes)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, bonjour. Bonjour, tout le monde. Attention, s'il vous plaît. Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de l'économie et du
travail ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 59, Loi
modernisant le régime de santé et de sécurité du travail.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. Mme Chassé (Châteauguay) est remplacée par M. Caron
(Portneuf); et Mme Richard (Duplessis) est remplacée par M. Gaudreault
(Jonquière).
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Hier, lors de l'étude détaillée, on a fait allusion aux articles
suspendus. J'aimerais les nommer, lesquels sont suspendus jusqu'à présent.
Alors, nous avons l'article... je vais y aller par ordre, là, l'article 22,
l'article 85, l'article 117, l'article 126, ainsi que le 234, et
une section portant sur la surdité de l'article 238. Est-ce que ça vous
va?
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
234, c'est hier, oui.
M. Leduc : Au complet,
celui-là?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, il est au complet. Est-ce que ça vous va? Vous voulez que le répète, député
d'Hochelaga-Maisonneuve? C'est beau. Alors, ce sont les articles qui sont
suspendus. Donc, c'était une excellente question hier.
Nous poursuivons, alors, ce matin, avec le
sujet 4 : Fonctionnement, deuxième partie; 4.2, l'optimisation des
recours; 4.2.2, le Bureau d'évaluation médicale, BEM. Et, lors de notre
ajournement d'hier, le député d'Hochelaga-Maisonneuve avait déposé un
amendement introduisant un nouvel article 61.1. Alors, oui, M. le ministre.
M. Boulet : Oui. Avec votre
permission, Mme la Présidente, je demanderais une suspension de quelques
minutes, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Immédiatement? Je pense que... Attendez député... vous vouliez, Nelligan.
M. Derraji : Oui, oui... Le
député de Nelligan...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…l'ajournement d'hier, le député d'Hochelaga-Maisonneuve avait déposé un
amendement introduisant un nouvel article 61.1. Alors, oui, M. le
ministre.
M. Boulet : Oui, avec votre
permission, Mme la Présidente, je demanderais une suspension de quelques
minutes, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Immédiatement. Mais je pense que… attendez, le député… vous vouliez… Nelligan.
M. Derraji : Le député de
Nelligan. Juste une… Ma… si ma mémoire, elle est bonne, parce que je viens d'entendre
les articles suspendus, mais je pense, aussi, l'article 29 et 30.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
On va les étudier. On va regarder. Vous, vous dites : 29, 30.
M. Derraji : S'il vous plaît.
Juste vérifier, mais…
M. Boulet : Qui auraient été
suspendus.
M. Derraji : Oui, oui. Bien,
juste vérifier.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
O.K. On va regarder puis je vous reviens avec ça.
M. Derraji : Si qu'on a… qui
est conforme avec ce que vous avez.
M. Boulet : Absolument. Il va
falloir…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
On va regarder. On avait…
M. Boulet : …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
On va regarder puis on va revenir.
Une voix
: …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ah! Oui, oui. Oui, oui, ceux du projet de loi. O.K. Le député de Nelligan, ça
vous va, comme réponse?
M. Derraji : Je vais juste
revérifier.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
M. Derraji : Mais ce n'est pas
grave, on peut suspendre pour avancer, oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Mais on va suspendre puis on pourra vérifier également. Ça vous va?
M. Derraji : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, M. le ministre a demandé une suspension, nous allons
suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 28)
11 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 11 h 39)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, lorsque nous avons terminé hier, comme je le disais, nous étions rendus
à l'amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve qui introduisait un nouvel
article à 61.1. Alors, est-ce qu'il y avait d'autres interventions sur
l'amendement? Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Je peux continuer,
si vous voulez.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, moi, c'est…
M. Leduc : Ma collègue…
Mme Jeannotte : …intervention,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ah! je m'excuse. Je ne vous avais pas vue, Chantale, mais pas du tout.
• (11 h 40) •
Mme Jeannotte : C'est
Mme la députée de Labelle, en passant.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Excusez-moi, députée de Labelle. Excusez-moi… je ne vous avais pas vue du tout.
Oui?
Mme Jeannotte : Oui, Mme la
Présidente, j'aimerais soulever une question de réglementation, dans le fond,
en vertu de l'article, je ne suis pas habituée, Mme la Présidente, hein…
l'article 197 du règlement, sur la recevabilité de l'amendement portant le
numéro 61.1.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Donc, vous voulez avoir un avis sur cet amendement qui a été reçu?
Mme Jeannotte : La
recevabilité, oui, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Après celui d'avoir voté, si je comprends bien, l'article 61.
Mme Jeannotte : C'est ça.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Donc, vous êtes conscients que nous allons suspendre pour recevoir…
Une voix
: …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Et c'est sur quel argument? Oui, merci.
Mme Jeannotte : Bien, c'est
sur l'argument de… il y a quelque chose dans l'amendement qu'on ne pouvait pas
faire, là, le ministre m'aidera peut-être, mais…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est-à-dire qu'on a voté l'article 61.
M. Boulet : …on a voté, hier,
l'article 61 qui réfère spécifiquement au professionnel de la santé qui
agit comme membre du Bureau d'évaluation médicale. Donc, le BEM, il est là, il
existe en vertu d'un article qui a été adopté hier. Et l'essence de
l'amendement soumis par notre collègue d'Hochelaga-Maisonneuve vise à abolir le
BEM, donc ça aurait une incidence sur l'article 61 qui a été adopté hier.
Donc, c'est expliqué simplement.
Puis je le fais vraiment, Mme la
Présidente, puis je tiens à le souligner, là, par respect aussi pour
l'intégrité de l'institution puis pour le respect des règles de procédure. Ce
n'est nullement pour avoir un impact négatif, quel qu'il soit, puis je l'ai
fait en discutant avec le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui. Est-ce qu'on peut permettre un peu les échanges avant? Oui. Alors,
peut-être, député d'Hochelaga-Maisonneuve, si vous voulez intervenir.
M. Leduc : Oui, première
question de forme. Je comprends que vous allez nous rendre une décision écrite?
Parfait.
Question sur le fond, donc, j'ai compris
un peu les motifs, là, de mes collègues d'en face. Moi, j'avais l'intention de
commencer cette section-là, le fameux regroupement que le ministre nous a
proposé en début de séance, là, la section IV, dans sa volonté de
regrouper des thèmes… j'imaginais donc qu'en arrivant dans la section IV,
fonctionnement sur le BEM, 4.2.2., bien, si j'allais vouloir rapidement parler
de l'abolition du BEM, ma compréhension… puis si c'est une erreur, j'en suis
désolé, c'est certainement une erreur de bonne foi, pardon, c'était qu'il
fallait commencer la section pour soulever l'abolition du BEM. Puis là le
premier amendement, c'était l'amendement 61, que j'ai voulu laisser
commencer puis débattre. Il s'est terminé, puis, après ça, j'ai…
M. Leduc : …du BEM, ma
compréhension — puis, si c'est une erreur, j'en suis désolé, c'est certainement
une erreur de bonne foi — c'était qu'il fallait commencer la section
pour soulever l'abolition du BEM, puis là, le premier amendement, c'était l'amendement
61, que j'ai voulu laisser commencer puis débattre. Il s'est terminé, puis
après ça j'ai tout de suite intervenu. Est-ce qu'il aurait fallu que j'arrive
en début de section, mais avant qu'on nomme le premier article? Là, j'avoue que
j'aurai peut-être une leçon au regard de ce que vous me proposerez tantôt.
Mais, moi, à mon sens, laisser passer l'article 61 pour commencer cette
section-là, la section IV.2.2, ne fermait pas la porte à toute autre
considération, notamment celle d'abolir l'organisme ou du moins la fonction qui
est en question dans IV.2.2, à savoir le BEM, justement parce que
le… — puis ça, on l'a vu dans d'autres aspects de ce projet de loi là
ou d'autres projets de loi — des fois, il y a des évolutions qui
arrivent dans les débats, il y a des discussions à micros fermés, on échange
avec la partie gouvernementale, puis parfois ça arrive qu'ils changent d'avis
puis qu'on les convainque sur le fond de l'idée de changer quand même de
manière assez importante l'ordre des choses et ce qui était la position
initiale du gouvernement. Alors, ce n'est pas rare que, quand ça arrive puis
qu'on réussit à les convaincre sur le fond, peu importe où est-ce qu'on est
rendu dans l'ordre du projet de loi, il puisse peut-être falloir revenir en
arrière modifier quelques choses.
Il est bien entendu que, nous, de notre
côté, Mme la Présidente, nous avions préparé quelques amendements de
concordance si d'aventure on allait convaincre M. le ministre d'adopter celui
qu'on est en train de discuter, le 61.1. On ne peut pas résumer dans un seul
amendement, un seul article l'entièreté des conséquences de la portée d'un article,
et d'autant plus, donc… c'est le cas dans l'actualité, là, de notre discussion
du BEM. Alors, moi, j'en avais déjà quelques-uns d'écrits si d'aventure le
ministre allait concourir à mes arguments puis ma présentation. Aurait-il fallu
le déposer avant de traiter le 61? Je ne le sais pas. Moi, je pensais
fonctionner dans les règles de l'art, voilà mon argument. Puis, vous le savez,
le 61 n'a pas nécessairement rajouté un paragraphe qui n'était pas déjà prévu
dans le BEM, n'a pas institué le BEM, l'article 61 qu'on a adopté plus tôt, il
venait modifier des choses. Donc, en un sens, on ne va pas à l'encontre de la
volonté de l'article 61 qui a été adopté par la commission. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Sinon, nous allons… Oui,
député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci,
Mme la Présidente. L'appel au règlement fait par la députée de Labelle et
soutenu par le ministre est extrêmement important, et je comprends les
arguments du député d'Hochelaga-Maisonneuve, et je suis d'accord avec lui sur
un élément sur le fond, c'est l'abolition du BEM, c'est l'abolition du BEM.
Cependant, et c'est là-dessus que, dans la décision écrite, je pense qu'il va
falloir entendre votre jugement, Mme la Présidente, je ne suis pas sûr…
M. Gaudreault : ...c'est
l'abolition du BEM, c'est l'abolition du BEM. Ce mandat, et c'est là-dessus
que, dans la décision écrite, je pense qu'il va falloir entendre votre
jugement, Mme la Président... Je ne suis pas sûr que le député d'Hochelaga-Maisonneuve
se prend de la bonne manière, alors c'est pour ça que moi, j'écoute bien
l'appel au règlement des députés du gouvernement, parce que le député d'Hochelaga-Maisonneuve
a voté pour l'article 61.
Et vous remarquerez, Mme la Présidente,
dans les échanges sur le vote, moi, je me suis abstenu, parce qu'on ne peut pas
voter pour un article puis, après ça, proposer de l'abolir. Première chose. Et
deuxième chose, puis en tout respect pour le député d'Hochelaga-Maisonneuve...
et encore une fois, c'est là que j'ai comme un malaise, parce que je suis d'accord
sur le fond, mais il faut qu'on procède de la bonne manière. Le deuxième
élément, moi, je vous demande de regarder, dans votre décision, parce que le ministre
a fait allusion à la protection de l'institution, c'est tout à fait important,
de regarder, dans votre décision si, par un amendement, on peut abolir toute
une section qui n'est pas touchée de cette manière par le projet de loi.
C'est hyper ingrat, le rôle qu'on a comme
députés de l'opposition, mais les règles du jeu font en sorte qu'on doit faire
des amendements à partir des articles de loi existants, on ne peut pas faire
indirectement, par un amendement, ce que le ministre n'a pas fait dans son projet
de loi. La règle du jeu fait en sorte que je suis obligé de faire du judo sur
l'article qui est proposé dans le projet de loi et ne pas, par un amendement,
venir abroger toute une section.
Alors, c'est les questions que moi, je
vous soulève, sur lesquelles j'aimerais vous entendre là-dessus. Je suis
convaincu que, depuis 1792, il doit y avoir une liasse de jurisprudences, dans
le droit parlementaire, sur ce sujet-là. Et je vous répète, puis je ne sais pas
combien de fois que je pourrais le répéter, que je suis favorable sur le fond,
d'abolir le BEM, mais il faut qu'on le fasse en respectant les règles
parlementaires.
Alors, moi, ce que je… Je termine en vous
disant : On va attendre votre décision, on a hâte de l'avoir. En
attendant, pour ne pas ralentir le processus du projet de loi, puis là, peut-être,
là, on peut suspendre pour bien s'entendre, là, mais on peut continuer avec les
articles d'une prochaine section, là, pour ne pas perdre de temps. Quand vous
arriverez avec votre décision sur le BEM, bien, là, on procédera…
M. Gaudreault : ...le processus
du projet de loi. Puis là peut-être, là, on peut suspendre pour bien
s'entendre, là, mais on peut continuer avec les articles d'une prochaine
section, là, pour ne pas perdre de temps. Quand vous arriverez avec votre
décision sur le BEM, bien là, on procédera.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, on a une suggestion sur la table. Est-ce qu'on a un consentement pour
ça, de continuer? On peut essayer de trouver une présidence. De ce que je
comprends, il y a une suggestion.
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Mais ça ne se fait pas? Je n'aurais pas le consentement, c'est ça? J'attends ce
qu'on me dit. On peut... Mais vous avez compris la suggestion du député?
M. Boulet : Je trouve que
c'est une suggestion totalement constructive. On est dans une commission
parlementaire, on fait une étude détaillée d'un projet de loi qui est
fondamental pour les Québécois et les Québécoises. Et c'est pour ces
personnes-là, c'est pour les Québécois qu'on fait une commission parlementaire,
et ils seraient fiers de constater que nous utilisons de manière efficace le
temps de commission parlementaire qui nous est alloué, Mme la Présidente. C'est
mon commentaire.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Oui. Est-ce qu'on aurait... D'abord... On va y aller avec la
suggestion qui est là puis après ça on aura d'autres consentements nécessaires,
là. Oui.
M. Derraji : Bien, je pense
que ce qui a été soulevé par la députée de Labelle par rapport à la demande...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
La recevabilité de l'amendement, oui, au 61.1.
M. Derraji : ...de
recevabilité de l'amendement, je pense que si... Et je comprends le ministre,
que nous sommes là pour faire un travail qui est très important par rapport à
la modernisation, ça, je ne pense pas que personne autour de la table, surtout
qu'ils sont tous dans... Je pense que à mon collègue d'Hochelaga, que depuis
novembre qu'on est dans ce projet de loi avec beaucoup, beaucoup, beaucoup
d'heures extracommission pendant la commission. C'est un engagement quand on le
fait d'une manière honorable.
Mais je pense que nous sommes devant un
fait, je vois mal comment on va continuer l'échange sachant qu'il y a un élément
important, un doute qui s'est installé par rapport à quelque chose. Tant mieux,
le collègue s'est abstenu. Je ne pense pas que tout le monde s'est abstenu lors
du vote, en tout cas, je parle de moi-même, mais je pense que la décision est
importante pour la suite de nos travaux.
Ça n'empêche pas qu'on a toujours des
discussions mode «off» à l'extérieur du micro avec le ministre, qu'on va
continuer cette bonne collaboration. Mais, je pense, ce que la collègue députée
de Labelle vient de mettre sur la table est extrêmement important pour la suite
des choses. Il faut le clarifier, on ferme la porte, on continue d'avoir nos
travaux en toute collégialité. Ça, c'est ce que je pense, Mme la Présidente.
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Donc, je comprends que déjà on n'a pas le consentement. Vous voulez
quand même intervenir? Non? Parfait. Alors, écoutez, on sera obligés de
suspendre... Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le ministre, non?
M. Boulet : Non, merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Rapide intervention
pour faire le suivi sur les commentaires de mon collègue de Jonquière sur le
fond, là, pas sur la forme, à savoir si on peut soulever un élément qui n'est
pas nécessairement abordé directement par le ministre. Peut-être que
l'abolition du BEM, bien sûr, n'est pas dans le plan du ministre, mais le BEM,
lui, il est là, puis il est là au complet, il y a une section qui est intitulée
le Bureau d'évaluation médicale. Alors, le thème du BEM...
M. Leduc : …pas sur la forme à
savoir si on peut soulever un élément qui n'est pas nécessairement abordé
directement par le ministre. Peut-être que l'abolition du BEM, bien sûr, n'est
pas dans le plan du ministre, mais le BEM, lui, il est là, puis il est là au
complet. Il y a une section qui est intitulée Le Bureau d'évaluation
médicale. Alors, le thème du BEM est certainement mis au jeu.
Dans un projet de loi précédent, je
m'étais un peu essayé, j'étais un nouveau député, je testais des choses. Je
voulais qu'on règle d'autres sujets sur les normes du travail, sur… Bref, je
m'étais un peu amusé, puis, bref, je ne m'étais pas amusé très longtemps parce
qu'après ça, ça avait été soulevé, puis la décision rendue avait clairement
indiqué qu'on ne pouvait ouvrir une autre loi qui n'était pas déjà ouverte dans
le projet de loi. Ça fait que j'ai compris ma leçon.
Mais là, certainement, le BEM est ouvert,
le sujet est là. Est-ce que la position exacte de l'abolition du BEM, c'est
celle qui est défendue par le ministre? Non, mais le thème du BEM est
certainement là. Il y a plusieurs articles qui sont traités. Alors, moi, je
soutiens... puis en tout respect de ce que vous avez décidé tantôt, mais je
soutiens qu'on peut certainement amener d'autres idées complémentaires, notamment
celle de l'abolition du BEM.
Puis, Mme la Présidente, pas plus tard que
la semaine dernière, dans le projet de loi n° 78, on
a amené un thème complètement différent. On était sur la transparence des entreprises.
Et complètement champ gauche. Et, entendons-nous, sur le fond, j'étais ravi,
hein? C'était la question du RQAP, pour régler une demande que je soutenais personnellement
depuis des mois. Mais champ gauche complètement, aucun rapport avec la
transparence des entreprises. C'était quoi, la clé? C'était la collaboration,
puis c'était la volonté des partis d'entendre et d'accorder cette permission-là
de déroger.
Maintenant, est-ce qu'on fait ça aujourd'hui
parce que la partie gouvernementale n'a pas envie qu'on parle de l'abolition du
BEM? Là, je... ça leur appartient, sur les motifs véritables derrière cette
contestation. Mais je soutiens, Mme la Présidente, qu'on peut certainement
traiter d'abolition du BEM dans ce projet de loi.
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, j'ai bien entendu vos arguments. Donc, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons suspendre et nous pourrons... Comment communiquer...
là, le retour, là? On ne pourra pas être... Bon, non, c'est sûr, on ne pourra
pas être là avant 13 heures. D'abord, on ne revenait qu'à 15 heures, hein? Vous
vous rappelez qu'on devait suspendre, je pense, c'était à 1 heure. Donc, je ne
pense pas qu'on va être de retour avant 13 heures, effectivement. Donc, on peut
déjà se dire, d'ores et déjà, qu'on se revoit vers 15 heures. Ça vous va?
M. Leduc : ...suspendant la
commission?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
On va suspendre jusqu'à 15 heures, effectivement. Ça vous va? C'est bien.
Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 53)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 heures)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, bonjour. Attention, s'il vous plaît. La Commission de l'économie et du
travail reprend ses travaux. Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de
loi n° 59, Loi modernisant le régime de
santé et de sécurité du travail.
Lors de notre suspension de nos travaux
cet avant-midi, nous avions suspendu pour que je puisse rendre la décision sur
la question d'un règlement soulevé par la députée de Labelle concernant l'amendement
proposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Alors, je commence. L'amendement proposé
introduit un nouvel article, 61.1, qui vise à supprimer les articles 204 à
233 de la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles. Mme
la députée de Labelle soulève la recevabilité de l'amendement qui vise à
abroger des articles de la loi existante, dont un modifié par l'article 61
du projet de loi précédemment adopté. Le ministre soutient que l'amendement
aurait une incidence sur l'article 61 précédemment adopté qu'il, que lui,
l'article, devrait donc être considéré irrecevable.
M. le député de Jonquière se questionne
quant à lui à savoir si un amendement visant à introduire un nouvel article
peut abroger une portion de la loi existante qui n'est que partiellement
touchée par un projet de loi.
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve
soutient que, malgré que son amendement propose d'abroger un article de la loi
existante, précédemment modifié par l'article 61 du projet de loi, des amendements
de concordance pourraient ensuite être proposés pour s'assurer de la cohérence
du projet de loi.
Afin de statuer sur la recevabilité d'un amendement,
la présidence doit tenir compte de l'ensemble des critères prévus par le règlement
de l'Assemblée nationale et de la jurisprudence. Ces règles de base sont notamment
codifiées aux articles 197 et 244 du règlement qui prévoit que :
Les amendements doivent se rapporter à
l'objet du projet de loi et être conformes à son esprit et à la fin qu'ils
visent. De plus, un amendement ne doit pas introduire un nouveau principe.
Notre jurisprudence stipule qu'un amendement doit se rattacher au principe et
ne peut ni le contredire ou l'écarter ni l'élargir d'une manière telle qu'il va
au-delà de l'objet du projet de loi. Elle précise également qu'un amendement
qui vise à modifier un article d'une loi existante, dont l'article en question
n'est pas modifié par le projet de loi, est recevable s'il vise le même objet
que d'autres articles du projet de loi.
À cette fin ou à cet égard, je vous
renvoie à la décision 197-8 du...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...à modifier un article d'une loi existante, dont l'article en question n'est
pas modifié par le projet de loi, est recevable s'il vise le même objet que
d'autres articles du projet de loi.
À cette fin ou à cet égard, je vous
renvoie à la décision 197-8 du Recueil de décisions en commissions
parlementaires. En l'espèce, l'amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve
touche plusieurs articles, dont les articles 204 à 223 de la Loi sur les
accidents du travail et la maladie professionnelle, dont plusieurs ne sont pas
visés par le projet de loi.
La question que la présidente doit se
poser dans cette situation est la suivante: Est-ce que l'objet visé par l'amendement
est conforme à l'esprit et aux fins visés du projet de loi? Celui-ci propose,
aux articles étudiés au sujet 4.2.2, de revoir les pouvoirs du bureau
d'évaluation médicale en ce qui concerne la consolidation d'une lésion
professionnelle.
L'amendement quant à lui vise l'abolition
de ce bureau. Il semble donc que l'abrogation des articles de la loi visés par l'amendement
a un effet contraire à l'esprit visé par le projet de loi, soit d'en revoir
certaines modalités.
Ainsi, puisque le principe de l'amendement
va à l'encontre de celui du projet de loi, cet amendement est irrecevable.
Étant donné que cet amendement est
irrecevable en vertu de cette règle de base, soit que les amendements ne
peuvent aller à l'encontre du principe du projet de loi, il n'est pas donc
nécessaire pour la présidence d'évaluer si cet amendement contrevient à la
règle voulant qu'un amendement ne peut contredire un article du projet de loi
déjà adopté, même si certains membres de la commission ont soulevé cet aspect.
Cela étant dit, dans le cas où cet amendement
avait été recevable, il aurait été effectivement souhaitable qu'il soit proposé
avant les articles du projet de loi qui touchent le bureau d'évaluation
médicale. Voilà la décision. Ça va?
Alors, oui, je peux accepter, là, quelques
commentaires, mais on ne pourra prendre beaucoup de temps. Je vous laisse la
parole, le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bien, merci, Mme la
Présidente, pour votre décision bien expliquée, c'est apprécié. J'essaie de
retenir des leçons de tout ça. Vous dites... surtout pour la fin, là, vous
dites : S'il avait été recevable, il aurait été mieux de le déposer avant.
Ça, je le comprends puis c'était mon intention initiale, mais, en tout cas, je
pensais que c'était mieux d'ouvrir une section que de s'introduire comme ça
avant même qu'on ait abordé des sujets. Mais là vous dites que, de toute façon,
même si j'avais fait ça, il n'était pas recevable en raison... puis c'est
peut-être ce bout-là que j'ai peut-être manqué, parce qu'il va à l'encontre de
l'objet de la loi.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parce qu'il va effectivement à l'encontre. Il y a plusieurs petits points, là,
hein? Parce que les amendements doivent se rapporter à l'objet du projet de loi
et être conformes à son esprit et à la fin qu'il vise. Et de plus, un
amendement ne doit pas introduire un nouveau principe. Et vous, ce que vous
faites, c'est... il semble donc que l'abrogation des articles de la loi visée
par l'amendement a un effet contraire à l'esprit visé par...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…petits points, là, hein, parce que les amendements doivent se rapporter à
l'objet du projet de loi et être conformes à son esprit et à la fin qu'il vise.
Et, de plus, un amendement ne doit pas introduire un nouveau principe. Et vous,
ce que vous faites, c'est… Il semble donc que l'abrogation des articles de la
loi visés par l'amendement a un effet contraire à l'esprit visé par le projet
de loi, soit d'en revoir certaines modalités, alors que…
M. Leduc : Je comprends.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…vous, vous voulez complètement…
M. Leduc : Puis je vous pose
la question parce qu'évidemment on avait d'autres types d'amendements qu'on
avait déjà prévus avant même cette… ce débat-là, et là j'essaie de voir comment
ça peut s'insérer dans cette décision que vous nous rendez. Ça fait que je ne
sais pas s'il y a d'autres commentaires, mais, évidemment, vous comprendrez
qu'on aura besoin d'une suspension, là, pour évaluer tout ça.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. On pourra aussi voir… Oui, est-ce qu'il y a d'autres commentaires ou
d'autres… Non, c'était assez clair pour les autres? Oui. Parfait. Alors,
écoutez, donc, nous allons poursuivre, ou vous voulez votre suspension tout de
suite, tout de suite, ou on peut…
M. Leduc : …les autres
amendements sur la question du BEM, puis là, bien, à la lumière de votre
décision, je… Bien, si vous m'aviez dit non, c'est bon, on traite votre
amendement, on aurait continué.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
O.K.
M. Leduc : Mais là… Là, il est
suspendu, vous le…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il est irrecevable.
M. Leduc : Irrecevable.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est ça.
M. Leduc : Ça fait que les
autres que j'avais préparés, je dois les réviser en fonction de votre décision,
là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Oui, député de Nelligan.
M. Derraji : La décision sera…
elle sera déposée dans… sur le Greffier ou non?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Non.
M. Derraji : C'est juste une
décision verbale? O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est verbal, c'est ce qu'on m'a… j'ai demandé. On demande tout le temps une
décision écrite, mais elle est écrite pour moi…
M. Derraji : Ah! c'est bon,
O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…finalement, pour que je puisse la lire. Enfin, c'est ça.
M. Derraji : C'est bon. Merci,
Mme la Présidente.
M. Leduc : …dans une
jurisprudence? Comment ça fonctionne?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, dans une jurisprudence, mais elle ne sera pas publique, hein? C'est ce que
j'ai compris.
M. Leduc : D'accord.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est bien ça? Elle ne sera pas déposée, si vous voulez, au Greffier, là.
M. Leduc : Je comprends.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est enregistré. De toute façon, vous avez l'enregistrement, vous avez ce que
je viens de lire. Mais l'écrit en soi n'est pas déposé, là, ce que je viens de
lire n'est pas déposé officiellement.
M. Derraji : Donc, si on veut
se référer à votre jugement ou aux jugements de la présidence, ça veut
dire : on doit aller chercher la transcription pour pouvoir…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Au Journal des débats.
M. Derraji : …au Journal
des débats pour pouvoir…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est ça.
M. Derraji : …garder l'esprit
derrière l'analyse et le refus de l'amendement du collègue pour éventuellement
les autres articles. C'est ce que je peux comprendre?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Tout à fait, tout à fait. Et c'est pour ça qu'on a pris aussi le temps d'aller
chercher une réponse, parce qu'il nous l'a demandé, hein, où on doit introduire
dans ce cas-là, donc on a pris le temps pour ça. Oui.
M. Leduc : Oui, et je
l'apprécie d'ailleurs. Merci. J'essaie bien de comprendre encore une fois, là,
l'essence de votre décision. Donc, si j'avais voulu convaincre le ministre
d'abolir le BEM, je ne peux pas le faire en venant ici à micros ouverts, parce
que ce n'est pas l'objet de la loi, il aurait fallu que j'y aille à micros
fermés, que je le convainque et qu'il nous annonce lui-même qu'il pouvait
modifier sa loi en conséquence? C'est ça que je retiens, dans le fond, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Là, je ne sais pas si c'est comme ça. Parce que je sais que ça a été une
question aussi un peu soulevée par le député de Jonquière, là…
M. Leduc : C'est un peu
étrange, non?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…mais je ne sais pas comment, là, je peux vous répondre à ça, là. Là, on va un
peu trop loin, effectivement. Comment vous auriez pu vous y prendre? Peut-être
que, ça, ça pourrait être discuté éventuellement, là, éventuellement, parce que
ce n'est pas l'objectif, là, du projet de loi actuel.
M. Leduc : Bien, c'est parce
qu'on a eu depuis le début de cette commission plein de débats sur toutes
sortes d'aspects qui n'étaient pas nécessairement…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...je ne sais pas comment, là, je peux vous répondre à ça, là. Là, on va un peu
trop loin effectivement. Comment vous auriez pu vous y prendre, peut-être que
ça, ça pourrait être discuté éventuellement, là, éventuellement, parce que ce
n'est pas l'objectif, là, du projet de loi actuel.
M. Leduc : Bien, c'est parce
qu'on a eu, depuis le début de cette commission, plein de débats sur toutes
sortes d'aspects qui n'étaient pas nécessairement directement liés, à la
virgule près, à l'intention ou... parce ça reste de l'interprétation, ce qui
est le mandat de cette législation-là. Puis on s'entend que cette loi-là, elle
est particulièrement épaisse et, j'oserais dire, généreuse en termes d'options,
justement, là, en termes de terrain de jeu. Alors, j'essaie de comprendre
comment aurais-je dû m'y prendre, au-delà de la technicalité d'un article
adopté ou pas, ou en premier ou en deuxième, mais pour... si mon ambition est
de convaincre le ministre de changer quelque chose. Et ça a été le cas sur
d'autres sujets, et ça a été le cas la semaine dernière sur le 78. C'est comme
drôle, parce que vous... pas vous nécessairement, mais, en tout cas, la
jurisprudence, vous nous invitez à ne pas faire ça à micro ouvert, vous nous
invitez à le faire en dehors de la séance. Et, si d'aventure je réussis à le
convaincre, bien là, on pourrait... dans le fond, le ministre pourrait abolir
ses propres amendements. Puis il l'a fait lui-même à plusieurs reprises, là. Il
dépose des amendements pour retirer ses lois, ce que nous, on n'a pas le droit
de faire, puis ça, je le comprends. Ça fait qu'en tout cas, c'est un peu... Je
la reçois, votre décision, puis c'est correct, je ne comprends juste pas où
est-ce qu'on s'insère, nous, pour amener des débats, qui sont certainement sur
le terme de la santé-sécurité, mais qui n'ont pas été nécessairement mis au jeu
de cet angle-là par le ministre.
• (15 h 10) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, M. le ministre.
M. Boulet : Mais j'aimerais ça
qu'on simplifie la discussion, là. Moi, je pense qu'il faut lire... je pense
que votre décision est claire. Je pense que la décision est claire, je pense
qu'il faut la lire pour bien comprendre son essence. Ceci dit, vous me
connaissez, ma porte est toujours ouverte, moi, je n'ai jamais fait de requête
en irrecevabilité. Je ne joue pas la carte de la procédure. Ici, ça
apparaissait être un cas plus évident, disons, parce qu'on venait d'adopter
l'article 61, et après il y avait comme un amendement qui annulait, qui
abrogeait...
M. Leduc : Mais ce n'est pas
ça qu'elle dit. Elle vient de dire que ce n'était pas à cause de ça, là,
qu'elle le rejetait.
M. Boulet : Non, mais c'était
un des...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'était pour vous peut-être un des éléments, mais ce n'est pas cette raison-là.
M. Boulet : Mais ma porte,
moi, elle est toujours ouverte, là, à ce qu'on puisse discuter, là. Tu sais,
ici, pour les motifs exprimés par la présidente, c'est irrecevable, mais on n'a
pas... tu sais, là où vous allez présenter d'autres amendements, comme vous
m'aviez proposé de le faire et, tu sais, on va en discuter, là, de ces
amendements.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Donc, est-ce que ça vous va? Donc, c'est beau? Oui, député de
Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, bien,
c'est une décision importante que vous avez rendue, Mme la Présidente, puis je
veux vous féliciter. Puis le ministre a raison de dire qu'on ne peut pas faire
de procédure pour faire de la procédure, mais il reste que ce type de décision
là puis d'intervention sur, par exemple, la recevabilité ou pas, ce sont des
interventions qui sont importantes, parce qu'on n'est pas juste, nous, dans une
bulle, tu sais, il y a eu des interventions puis de la jurisprudence, puis on
travaille pour le futur aussi, puis c'est important qu'on s'entende comme il
faut. Mais moi, ce que...
M. Gaudreault : …ce type de
décisions là puis d'interventions sur, par exemple, la recevabilité ou pas, ce
sont des interventions qui sont importantes parce qu'on n'est pas juste, nous,
dans une bulle, tu sais. Il y a eu des interventions puis de la jurisprudence,
puis on travaille pour le futur aussi, puis c'est important qu'on s'entende
comme il le faut. Mais, moi, ce que je comprends, c'est parce que ça devient un
peu absurde. Le député d'Hochelaga-Maisonneuve puis moi aussi puis je pense la
députée de Nelligan aussi, on veut discuter de la pertinence ou pas du BEM,
bon. Puis, ce que j'entends de la part du ministre, il dit : On… Je suis
ouvert à ce qu'on discute de la pertinence du BEM. Il dit : J'ai toujours
manifesté de l'ouverture. En tout cas, c'est ce que je viens d'entendre de sa
part. Puis l'article qui dit qu'un BEM qui est créé, bien il est adopté, c'est
l'article… l'article précédent, là, l'article 61 qui venait modifier
l'article 216. Parce que le premier alinéa de l'article 216
dit : «est institué le Bureau d'évaluation médicale». Ça fait que, c'est…
Je veux dire… Puis, là, ça a été vite à l'article… à l'article 61 parce
qu'il y avait l'amendement du… en fait, l'article proposé par le ministre, là,
qui venait modifier l'article 216. Ça fait que, c'est peut-être là qu'il
aurait fallu faire l'amendement tout de suite, dire qu'on ajoute un alinéa au
début pour dire qu'on biffe le premier alinéa qui dit qu'est institué le Bureau
d'évaluation médicale.
Ça fait que… Mais… Ça fait qu'on est dans
une drôle de situation où on ne peut pas discuter de la pertinence du BEM ou
pas pour des raisons de procédure. Alors, moi, je pense que la vraie discussion
de fond qu'on doit avoir, c'est là-dessus, c'est sur le BEM. Alors, pour ce
faire, selon les procédures, est-ce qu'il faut revenir un pas en arrière puis
rouvrir le 61? Peut-être, ça peut être une alternative.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…effectivement, c'est à 61 qu'on aurait fallu en discuter. C'est effectivement
ça parce que c'est clairement indiqué, là : institué.
Une voix
: …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Mais non, c'est là qu'il aurait fallu en discuter. Mais là, ce n'est pas
recevable, là, parce que vous auriez pu, peut-être, en discuter peut-être
à 61 sans déposer un amendement. Mais, écoutez, moi, ma décision, elle est
finale… Oui… ministre.
M. Boulet : En même temps…
Mais, oui, puis c'est ça, la décision est rendue, l'article est adopté. Comme
le collègue le souligne, moi, j'ai accepté d'emblée, même, de discuter de la
pertinence du BEM. J'ai expliqué comment le BEM fonctionnait, comment les membres
du BEM étaient nommés, comment le CCTM où les syndicats et patrons siègent,
s'occupent de la nomination puis des recommandations des membres du Bureau
d'évaluation médicale, que c'est des aspects médicaux spécialisés, qui
requièrent l'intervention d'un arbitre médical pour accélérer le processus. Il
n'est pas question d'abroger le BEM, c'est une institution qui est en place
depuis des années. Est-ce qu'on peut discuter de comment on peut l'améliorer
puis de sa pertinence? Moi, j'ai déjà exprimé mon opinion là-dessus. C'est pour
ça que je vous dis : Les discussions on en a depuis le début du projet de
loi n° 59. Puis, je n'ai jamais joué la carte de la procédure…
M. Boulet : …une institution
qui est en place depuis des années. Est-ce qu'on peut discuter de comment on
peut l'améliorer puis de sa pertinence? Moi, j'ai déjà exprimé mon opinion
là-dessus. C'est pour ça que je vous dis : Les discussions on en a depuis
le début du projet de loi n° 59. Puis, je n'ai jamais joué la carte de la
procédure, au contraire j'ai joué la carte du mérite puis de la nature des
discussions. Vous avez soumis des amendements que nous avons acceptés, vous
avez soumis des amendements que nous avons modifiés après des discussions, puis
je pense qu'il faut continuer dans cette même orientation-là. Moi, ça va être
l'état d'esprit qui va constamment m'animer. Je ne fais pas ça pour moi, on
fait ça pour les travailleurs puis les travailleuses, puis les employeurs, pour
améliorer leur qualité de vie au travail, diminuer la fréquence puis la gravité
des accidents de travail. Faut continuer dans cette direction-là. C'est un
travail de conviction. On échange. Je pense qu'il faut, en même temps,
s'assurer que nos travaux soient efficaces. Tu sais, travailler dans
l'harmonie, ça ne veut pas dire arrêter puis arrêter puis… ça veut dire avancer
puis progresser, puis j'aime… la plupart du temps, c'est ce que nous faisons.
On le fait dans la discussion, puis ça permet au projet de loi d'évoluer et de
répondre à la santé-sécurité des travailleurs puis des travailleuses. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Donc, on comprend qu'on peut poursuivre… oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Là, il y a plein de
choses qui se sont dites, puis je trouve qu'il y a des propos qui se
contredisent, là, à savoir c'est quoi les motifs que vous avez mis sur la table
pour refuser l'amendement, puis là après ça il y a des… moi ce que je retiens,
là, puis dites-moi si je me trompe, là, c'est qu'il y a quand même une très grande
liberté ou une très grande flexibilité sur la parole, sur les mots qu'on
utilise quand on est sur un article x, qu'on peut aller, quand même, louvoyer
sur toutes sortes de sujets. Là-dessus, il y a quand même beaucoup d'élastique,
là où il n'y en a pas du tout, où il y a même une certaine rigidité, puis votre
décision en témoigne un peu, c'est sur l'écrit, c'est sur l'amendement comme
tel. Parce que là, tantôt, on disait : On peut-tu parler de l'abolition du
BEM? Il dit oui au début, puis après il dit : Non, on en a déjà discuté.
Ce n'est pas mon intention. Là, je suis confus.
Ça fait que là, est-ce que je fais bien de
retenir que vu qu'il n'y a pas l'abolition du BEM dans l'intention du
législateur, dans l'intention du gouvernement, vous trouvez ça irrecevable que
j'en discute à travers un amendement, mais qu'à l'intérieur d'une discussion x
ou y, il n'y a vraiment pas d'interdiction à échanger dans le cadre d'une
discussion sur le BEM, sur la pertinence de l'existence du BEM? Je vous pose
une bonne question.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Bien, je veux voir, on vient de m'écrire quelque chose. Bon, un amendement
irrecevable, c'est ce qu'elle m'écrit, là, mais c'est un peu spécial, pourrait
être… l'article 61 a été adopté, ça, c'est trop tard, O.K. c'est ce
qu'elle me dit, mais un amendement irrecevable pourrait être discuté si ça
recevabilité n'est pas soulevé. Enfin, on peut… moi, si je vous suggère, là, on
va suspendre puis on va clarifier le tout…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…pourrait être… l'article 61 a été adopté. Ça, c'est trop tard. O.K., c'est ce
qu'elle me dit, mais un amendement irrecevable pourrait être discuté si sa
recevabilité n'est pas soulevée. Enfin, c'est… on peut... moi, si je vous
suggère, là, on va suspendre puis on va clarifier le tout, là. Hein, en étant
suspendu, ça va être plus… puis après ça, je reviendrai avec ce qui a été dit.
Alors, nous allons suspendre quelques
instants.
(Suspension de la séance à 15 h 18)
16 h (version non révisée)
(Reprise à 16 h 6)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous avons… nous reprenons les travaux. Nous avons reçu un nouvel
amendement de la part du député d'Hochelaga-Maisonneuve, alors je vous invite à
le lire et à l'expliquer.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Alors, ça va comme suit : Introduire, après l'article 60
du projet de loi, le suivant… 60.1, pardon. Non, un instant…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…et à l'expliquer.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Alors, ça va comme suit : Introduire, après l'article 60
du projet de loi, le suivant : 60… 60.1, pardon, non, un instant.
Des voix
: …
M. Leduc : Juste une petite
seconde, Mme la Présidente.
(Consultation)
M. Leduc : Petite erreur de
numérotation. Voilà : Insérer, après l'article 61 du projet de loi,
le suivant :
«61.1. Les articles 209 à 212.1 de
cette loi sont abrogés.»
Alors, explications, comme on l'évoquait
précédemment, là, avant la suspension, mon intention était d'abolir le Bureau
d'évaluation médicale, le BEM. Ça n'a pas été possible de recevoir mon
amendement à cet effet.
On avait un plan b, mais au regard de votre
décision, on a considéré que, là, pour ne pas étirer inutilement la sauce, on
sautait directement au plan c, qui est celui qui est devant vous en ce moment,
qui n'abolit pas le BEM, qui maintient le BEM, malheureusement, à mon avis, là,
en quelque sorte, mais on essaie de jouer, donc, dans le carré de sable que
vous nous déterminez en fonction de la jurisprudence.
L'idée ici, c'est de vraiment avoir un
outil efficace de déjudiciarisation. Puis on a eu des longs débats hier puis la
semaine dernière sur le TAT, puis ses délais, puis, bon, ça, c'est une chose.
C'est sûr que c'est long au TAT puis à la judiciarisation, mais il ne faut pas
oublier qu'à la base si c'est long au TAT, oui, c'est qu'il y a des… il y a des
enjeux et des défis, mais c'est aussi parce qu'il y a beaucoup de
contestations, et il y a beaucoup de contestations des employeurs, notamment.
Beaucoup de ces contestations-là sont à
l'effet de critiquer et de remettre en question la décision, et la
recommandation, et le diagnostic du médecin qui est à charge, le fameux médecin
traitant. La façon dont ça fonctionne avec le BEM, c'est que le médecin
traitant vous donne un diagnostic, la commission, la CNESST, peut ne pas être
d'accord avec le diagnostic, et elle-même, la commission, demander une
contre-expertise médicale à un médecin de son choix. Mais ça peut aussi être le
patron qui vient et dit : Non, non, même si la commission est d'accord,
moi, j'exerce mon droit… en tout cas, son option, en tout cas, de faire une…
d'exiger une contre-expertise médicale, et nécessairement avec… en tout cas,
avec, la plupart du temps, un médecin de son choix, un médecin d'entreprise.
Et c'est là que s'ouvre le chaos des
contestations médicolégales, parce que, là, quand on décide d'avoir deux
expertises, il faut aller le produire, ça coûte de l'argent, ce n'est pas
gratuit. Et c'est là que, quand il y a deux expertises… puis on imagine qu'une
contre-expertise patronale a des bonnes chances de ne pas être d'accord avec
l'expertise du médecin qui a charge. Quand il y a désaccord, donc, sur le
diagnostic, c'est là que le BEM arrive puis qu'il essaie de trancher entre les
deux, entre les deux présentations, les deux diagnostics…
M. Leduc : …contre-expertise
patronale à des bonnes chances de ne pas être d'accord avec l'expertise du
médecin qui a charge. Quand il y a désaccord, donc, sur le diagnostic, c'est là
que le BEM arrive puis qu'il essaie de trancher entre les deux, entre les deux
présentations, les deux diagnostics. Mais cette décision-là du BEM, elle est
contestable aussi. On peut aller jusqu'au tribunal, on peut aller au TAT pour
contester. Et toutes ces étapes-là sont longues, sont dispendieuses, en
particulier, pour le travailleur, sont anxiogènes, ça, j'en ai parlé
abondamment de l'anxiété des ces procédures-là pour les gens qui vivent déjà
une lésion qui est en soi anxiogène.
Alors, si d'aventure, on était intéressés,
on était prêts à explorer cette idée-là qu'à l'étape précédente, donc, avant
même d'aller au BEM, mais qu'on restreigne la possibilité de contestation du
médecin traitant, qu'on lui fasse davantage confiance en permettant qu'à la
commission de contester le diagnostic du médecin traitant et non à l'employeur,
parce que c'est beaucoup là que se joue la partie.
• (16 h 10) •
C'est l'employeur qui, parce que le
système est ainsi fait, va avoir une imputation à sa cotisation s'il y a
reconnaissance d'une maladie professionnelle ou d'une lésion. Bien, ce bât, là,
comme un diable dans l'eau bénite, utilise tous les moyens… parce que ça vaut
la peine d'investir en contestation médicale pour espérer s'épargner une
facture plus salée en matière de cotisation de la CNESST. C'est très mal fait
comme système. Malheureusement, on ne réévalue pas fondamentalement cette
logique-là avec ce projet de loi, soit. Cela étant dit, ce n'est pas écrit dans
la Constitution, ça, que l'employeur a le droit de contester l'expertise
médicale d'un médecin qui a charge. C'est même plutôt, à la limite, détonnant
comme principe.
Vous, là, Mme la Présidente, si vous avez
une maladie, vous allez voir votre médecin qui vous prescrit une pilule qui est
reconnue par la RAMQ, bien, la RAMQ ne va pas vous envoyer voir un autre
médecin de la RAMQ parce qu'il considère que vous n'avez pas accès à ces
pilules-là. Ça va être votre médecin traitant, point barre. Il n'y aura pas de
contre-expertise médicale ou de toute sorte de labyrinthe médicolégal.
C'est assez particulier, à la santé et
sécurité, ce genre de système là où on s'installe dans une espèce de débat puis
les preuves qui se multiplient, qui se… à grand coup de 1 000 $,
2 000 $ l'expertise, des fois plus, puis là, on n'a même pas payé le
médecin qui vient s'asseoir aussi devant le TAT pour vous parler de son
expertise. C'est des coûts qui sont complètement grotesques, en particulier,
pour un salarié qui soit syndiqué ou pas d'ailleurs. Et qui peuvent parfois
même mettre du monde dans la faillite, là, hein. Ce n'est pas rare, là,
d'entendre des cas de faillite de gens qui se pitche là-dedans puis qui se sont
ramassés dans ce trouble-là. Et parfois, bien, ils vont prendre le choix de se
retirer. Ils vont prendre le choix de retirer… de complètement abaisser les
bras. Mais, ceux qui décident de se battre, bien, il faut qu'ils investissent
beaucoup d'argent. Il y en a qui se mettent dans des situations de faillite.
Alors moi, c'est ce scénario-là que je
veux éviter. C'est ce scénario-là d'un employeur qui, parce qu'il veut
principalement… le motif principal, c'est de ne pas avoir à l'imputation sur sa
cotisation. Mais mène cette bataille… cette guerre de…
M. Leduc : …mais ceux qui
décident de se battre, bien, il faut qu'ils investissent beaucoup d'argent. Il
y en a qui se mettent dans des situations de faillite. Alors, moi, c'est ce
scénario-là que je veux éviter. C'est ce scénario-là d'un employeur qui, parce
qu'il veut principalement… le motif principal, c'est de ne pas avoir à
l'imputation sur sa cotisation. Mais même cette bataille, cette guerre de
tranchées juridico-médicale, moi, je pense que ça serait probablement la façon
la plus efficace de contribuer à la déjudiciarisation de la santé et sécurité
au travail au Québec, dans notre système actuel, considérant les efforts qui
sont faits et qui seront faits le TAT et sa présidente en laquelle nous avons
tous et toutes confiance. Mais au-delà de ça, là, si, à la source, il y a moins
de… si le fleuve n'est pas aussi intense en matière de demandes de
contestation, parce qu'on en a réduit un peu la portée, parce qu'on a restreint
la portée, la possibilité à la CNESST de faire ça, bien, on s'évite quand même
beaucoup, beaucoup, beaucoup de problèmes dans le reste de cette machine qui se
met en branle quand le patron décide que c'est plus rentable de contester que
d'avoir de l'imputation des coûts sur sa cotisation. Voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. M. le ministre.
M. Boulet : Merci. Tout
d'abord, moi, je reconnais que ça peut être anxiogène. J'ai préparé des
témoins, j'ai assisté des personnes qui devaient aller devant un tribunal
administratif ou autre, ce n'est jamais simple. C'est toujours stressant, c'est
difficile, alors il faut démontrer de l'empathie à l'égard des travailleurs et
travailleuses, surtout qu'ils ont subi un accident de travail ou ils ont une
maladie professionnelle. Je comprends que ce n'est vraiment pas facile.
En même temps, il y a un système, puis qui
n'est pas parfait. Moi, j'aime mieux référer au concept d'arbitrage médical qui
a été remplacé par le BEM, mais la mécanique est la même. On dit, quand il y a
des sujets médicaux, puis que les médecins ne sont pas d'accord, il y a un
arbitre qui tranche. Évidemment, c'est toujours le médecin traitant qui est
prépondérant. D'ailleurs, l'article 224 de la loi le dit, la commission est
liée par l'opinion du médecin traitant sur le diagnostic, les soins, les
traitements, la date de consolidation, l'atteinte puis les limitations.
L'amendement que propose le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, il vient
dire : Les employeurs, dorénavant, vous n'avez plus accès au système
d'arbitre médical. C'est seulement le médecin du travailleur, puis si la
CNESST, à qui on demanderait de se transformer en défenseur des intérêts des
employeurs, décide d'obtenir un rapport d'un médecin qui est en désaccord avec
le médecin traitant, alors qu'on sait qu'à peu près 10 % des cas sont
l'objet d'un examen de la part d'un médecin…
M. Boulet : …de se transformer
en défenseur des intérêts des employeurs, décide d'obtenir un rapport d'un
médecin qui est en désaccord avec le médecin traitant, alors qu'on sait qu'à
peu près 10 % des cas sont l'objet d'une…d'un examen de la part d'un médecin
désigné par la CNESST.
Ici, on est dans un contexte où il y a un
employeur qui cotise puis un travailleur qui a un accident de travail. Oui, peut-être
qu'il y a des employeurs qui abusent, peut-être qu'il y a aussi des
travailleurs qui abusent. Mais là, ce n'est plus les travailleurs puis les
employeurs, c'est les médecins. Puis le médecin, je pense que c'est un droit
qui est reconnu dans toutes les juridictions. Qu'un employeur puisse dire à un
travailleur : Peux-tu aller de faire examiner par mon médecin? Puis, si le
médecin est en désaccord sur les soins et les traitements, des fois, c'est
totalement utile. Il dit : Moi, je vais demander à un arbitre de trancher
ce différend-là.
Donc, on ne peut pas, parce qu'on est à la
quête d'un équilibre, provoquer un déséquilibre entre les employeurs puis les
travailleurs et dire : Dorénavant, ce n'est que l'opinion du médecin
traitant, puis les employeurs ne peuvent plus. Puis, j'entends mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve :
Mais la commission. Mais la commission, son rôle, ce n'est pas de dire :
Dans ce dossier-là, l'employeur, s'il avait pu, il aurait dû, puis je vais le
faire, parce qu'il ne peut plus en raison des amendements qui ont été défendus,
qui ont été proposés par le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve. Donc, pour moi,
d'abolir le droit de contestation de l'employeur sur des aspects médicaux, ça
m'apparaît être un déséquilibre qui ne peut pas être accepté. Je répète, j'ai
souvent répété qu'on parle d'un régime d'indemnisation sans égard à la faute,
mais il faut maintenir un certain équilibre puis il faut permettre à
l'employeur d'exercer un droit fondamental d'avoir accès par son médecin
désigné au dossier médical du travailleur et de pouvoir s'exprimer. Mais ce
n'est pas lui qui s'exprime, c'est le Bureau d'évaluation médicale.
Puis quand on parle de judiciarisation,
moi, je suis assez d'accord. D'ailleurs, on n'enlèvera jamais complètement les
contentieux. D'ailleurs, on dit : Pour les aspects médicaux, la personne
pourra décider de passer outre à la direction de la révision administrative
puis aller directement au Tribunal administratif du travail. Et cette
option-là, qui a déjà été adoptée, va contribuer, dans une certaine mesure, à
accroître... à diminuer les délais puis à diminuer la judiciarisation.
Donc, essentiellement, c'est les motifs
qui font que même si je comprends bien l'amendement soumit par le collègue
d'Hochelaga...
M. Boulet : …adoptée, va
contribuer dans une certaine mesure à accroître les… à diminuer les délais puis
à diminuer la judiciarisation. Donc, essentiellement, c'est les motifs qui font
que, même si je comprends bien l'amendement soumis par le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve,
même si je comprends, même pour un petit employeur, là… Parce qu'il n'y a pas
que les travailleurs qui vivent de l'anxiété. Le petit employeur qui a quatre travailleurs
puis qui a deux accidents de travail, bien, il veut bien… il est stressé, lui
aussi, parce qu'il faut qu'il fasse rouler ses opérations, puis il ne sait pas
quoi faire, puis il aimerait ça, pouvoir faire examiner un travailleur pour
qu'il se prononce, ce médecin-là, sur la date de consolidation puis les
limitations fonctionnelles, puis peut-être décider de faire une assignation
temporaire, puis s'il y a une possibilité de faire une demande de partage de
coûts. Je sais que c'est souvent critiqué par certaines personnes, mais, quand
c'est légitime puis qu'on peut le faire, bien, que les employeurs fassent…
exercent leurs droits.
• (16 h 20) •
Encore une fois, je serai toujours contre
l'exercice abusif et déraisonnable de droits de contestation, puis j'ose croire
que c'est fait de manière correcte et consciencieuse. D'ailleurs, tous les
médecins qui interviennent au BEM, c'est des personnes qui sont soumises à des
codes de déontologie, puis je rappellerai pour le bénéfice de tout le monde que
tous les arbitres médicaux, donc tous les membres du BEM, sont nommés par le
ministre du Travail sur la recommandation du Comité consultatif du travail et
de la main-d'oeuvre. Donc, c'est des personnes neutres, c'est des personnes
objectives. Puis, j'expliquais un peu plus tôt au collègue de Jonquière,
notamment, tu sais, ces personnes-là, là, ils bénéficient de celui qui a
examiné le travailleur de façon contemporaine à l'événement, donc le médecin
traitant du travailleur, qui a fait le suivi, qui a fait les rapports médicaux
d'évolution, qui a accumulé des notes évolutives dans son dossier. Donc,
au-delà de la prépondérance qui s'affirme via 224 lors de la décision de la
CNESST, qui, elle, est liée par l'opinion du médecin traitant, l'arbitre
médical, il constate dans la plupart des cas que la valeur probante de
l'opinion du médecin traitant est supérieure à la valeur probante du médecin
désigné par l'employeur.
Puis, enfin, peut-être la dernière
statistique, là, qui m'apparaissait intéressante, 41,9 % des décisions BEM
sont confirmées au Tribunal administratif, 40,4 %, il y a une
modification, mais seulement 17,7 % sont infirmées. Puis, encore une fois,
les décisions que le TAQ infirme, ce n'est pas nécessairement en faveur des
employeurs tout le temps, ça peut aussi être en faveur des travailleurs. Ça
fait que c'est quand même une statistique qui est révélatrice d'une réalité,
puis…
M. Boulet : …seulement
17,7 % sont infirmés. Puis, encore une fois, les décisions que le TAT
infime, ce n'est pas nécessairement en faveur des employeurs tout le temps, ça
peut aussi être en faveur des travailleurs. Ça fait que c'est quand même une
statistique qui est révélatrice d'une réalité. Puis moi, pour moi, ce
système-là, il est comme un entonnoir puis qu'il permet, pour des questions
spécialisées…
Je le répète, les cinq items mentionnés à
l'article 212, c'est clair. Il n'y a pas personne ici, à moins qu'il y ait
des personnes qui ont une formation médicale, qui va examiner quelqu'un puis
qui va se prononcer sur un diagnostic, la nature, la suffisance, la durée des
soins de traitement, la date de consolidation, l'atteinte permanente à
l'intégrité physique ou psychique puis les limitations fonctionnelles
permanentes ou temporaires du travailleur.
On a besoin du Bureau d'évaluation
médicale. Pour moi, il est pertinent et incontournable. Mais je suis tout à
fait conscient qu'il y a une volonté de faire une discussion de cette
nature-là, et ça me fait plaisir d'y participer. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Moi, je suis sidéré par la statistique que vous nous présentez, M.
le ministre. Si j'ai bien noté, là, 49% des décisions du BEM sont maintenues,
on parle rendu au TAT, là, 49% maintenues, 40,4 % modifiées, 17 %
infirmées. Puis que ce soit en faveur ou en défaveur du travailleur ou de
l'employeur, ce n'est vraiment pas terrible, comme statistique, parce que le
BEM, là, il est supposé d'être l'arbitre entre deux visions, là, la vision du
médecin traitant puis la vision du médecin de l'employeur ou de la CNESST. Il
est supposé de trancher ça, puis quand c'est contesté, seulement une fois sur
deux, on lui donne entièrement raison. Mon Dieu! Si un arbitre de hockey, là...
qu'on contesterait toutes ses décisions puis si la moitié seulement se
révélaient être des bonnes décisions, pas sûr qu'il garderait sa job plus qu'une
couple de matchs. Moi, je trouve ça terrible, comme statistique. Puis complètement
renversées, là, 17 %, presque une fois sur cinq. Une fois sur cinq, elles
sont complètement renversées.
M. Boulet : Vous savez, vous
avez pratiqué, les dossiers médicaux, là, sont constamment en évolution. Il y a
des nouvelles expertises. Quand tu arrives au Tribunal administratif du travail,
les parties se préparent, ont des compléments d'expertise. Et que dans
17 % des cas il y a une décision où on infirme le rapport de l'arbitre
médical, moi...
Là, je vais revenir sur la neutralité, l'objectivité,
puis vous connaissez le processus de nomination des juges au Tribunal
administratif du travail, encore une fois, il y a des recommandations, puis
c'est un processus qui est extrêmement strict et rigoureux. Et n'est pas juge
au TAT qui veut, et n'est pas arbitre médical qui veut, c'est des personnes qui
ont des... je veux dire, qui font leur travail de manière rigoureuse. Puis je
ne peux pas, à moins qu'il y ait des plaintes...
M. Boulet : ...une fois, il y a
des recommandations, puis c'est un processus qui est extrêmement strict et
rigoureux. Et n'est pas juge autant qu'il veut, et n'est pas arbitre médical
qui veut. C'est des personnes qui ont des... tu sais, qui font leur travail de
manière rigoureuse, puis je ne peux pas... À moins qu'il y ait des plaintes qui
soient faites à l'égard de certains juges.
Mais je le répète, je n'ai jamais vu un
dossier de lésion professionnelle... puis quand je dis «lésion professionnelle»,
c'est le terme légal, c'est soit un accident de travail ou une maladie professionnelle...
qui n'était pas évolutif. Puis je n'ai pas vu de dossier aller au Tribunal
administratif du travail sans qu'il n'y ait des compléments d'expertise ou des
nouvelles expertises. C'est normal, c'est comme ça, puis c'est souvent à
l'avantage des travailleurs, et c'est souvent à l'avantage des employeurs,
qu'ils aient l'opportunité de se préparer, d'avoir une défense complète, qui,
je pense... qui sont entendus par des personnes qui rendent des décisions.
Puis ces décisions-là, collègue, peuvent,
à la limite, faire l'objet de requêtes en révision ou même un contrôle
judiciaire devant les tribunaux supérieurs, devant la Cour supérieure. Et vous
irez voir les statistiques, puis je ne les connais pas par coeur, mais il y a
peu de décisions du temps, en pourcentage, qui font l'objet de requêtes en
révision judiciaire.
Merci.
M. Leduc : Oui, mais il ne
faut pas oublier de penser qu'il y a aussi les moyens financiers, puis la
volonté, puis les reins solides de monter ça jusqu'en haut, là. C'est souvent, peut-être,
le bout de l'équation qu'on évacue de la discussion. Ce n'est pas simplement
l'état de droit, puis on voit... il faut comprendre le reste du système. Puis
c'est le mot-clé, là, moi, que je veux vous mettre aussi comme argument, c'est
le système. Parce que vous me référez encore le fait que c'est des nominations
au TAT qui sont des nominations consensuelles suggérées par le CCTM.
Mais c'est comme une variation sur le même
thème du débat de la semaine dernière, sur les délais au TAT. L'enjeu, ce n'est
pas la personnalité de Mme Nadeau. Le problème, c'est l'analyse du système
qu'on a devant nous. C'est la même chose avec le TAT... du BEM. Je ne suis pas
en train d'attaquer individuellement chacun des médecins qui siègent au bureau
du BEM. C'est sûrement des gens compétents, sûrement des personnes qui ont été
nommées là par un processus rigoureux. Je suis en train de faire une analyse
factuelle d'un système.
Il faut arrêter de circonscrire nos
affaires aux individus. Il faut regarder le système qui est devant nous, puis visiblement,
ce système-là, à mon avis, il ne fonctionne pas très bien, il n'est pas
particulièrement performant. Il stagne, il produit des drôles de statistiques
en matière de décisions infirmées, il complexifie la chose. Il coûte
extrêmement cher pour les employés. Il coûte cher pour les employeurs aussi,
mais visiblement, c'est rentable pour eux d'y aller pareil à cause du système
d'imputation.
M. Boulet : Je vous dirais...
Bien, je suis assez d'accord sur le fond. Les délais sont trop longs, puis
c'est comme ça pour tout ce qui se judiciarise. Puis moi, je suis un partisan
des alternatives de résolution de litiges. C'est la raison pour laquelle
l'avenue de l'option entre la révision administrative et le Tribunal
administratif du travail va nous permettre, avec le temps... Parce que ce n'est
pas une loi qui va être coulée dans le béton, je le souhaite, pendant 40 ans.
Dans quatre ans, dans six ans, j'espère...
M. Boulet : ...un partisan des
alternatives de résolution de litiges. C'est la raison pour laquelle la venue
de l'option entre la révision administrative et le Tribunal administratif du
travail va nous permettre, avec le temps... parce que ce n'est pas une loi qui
va être coulée dans le béton, je le souhaite, pendant 40 ans, dans quatre
ans, dans six ans, j'espère qu'après les rapports puis les études de mise en
application, on fera des amendements pour bonifier ce projet de loi là.
Mais je suis assez d'accord que ce n'est
ni simple... ça pourrait être encore plus simple, mais ça pourrait être
beaucoup plus complexe, parce que, ce système-là, il est quand même éprouvé.
Puis je ne dis pas que c'est Mme Nadeau uniquement, mais ça fait partie de
son plan de diminuer les délais, puis il y a du travail à faire. Puis elle le
sait puis elle est active là-dedans. Je dis juste que ça ne donne pas toujours
les résultats anticipés. Puis je le dirais de la Cour d'appel, la Cour
supérieure puis tous les tribunaux judiciaires puis tous les tribunaux
administratifs, les délais sont trop longs. Puis je suis un de ceux qui est
inconfortable.
En même temps, dans les dossiers CNESST,
dans les dossiers d'accidents maladie, je vous dirais, il y a quand même plus
de bénéfices que pour bien d'autres tribunaux administratifs parce que les
informations médicales nouvelles, elles sont fréquentes dans à peu près tous
les dossiers. Puis les rapports d'expertise, malheureusement, il y a une
pénurie... il y a une pénurie de spécialistes en ci puis en ça. Allez voir un
cardiologue, ou allez voir un pneumologue, ou allez voir un psychiatre, ce
n'est pas simple, c'est long, mais les délais, parfois, engendrent des effets
un peu bénéfiques, puis ce n'est pas souhaitable, mais ça permet quand même aux
personnes de se présenter adéquatement.
Puis, ceci dit, enfin, puis le collègue de
Jonquière le sait, il y a un moyen paquet de remises et il y a beaucoup trop de
remises. Puis les juges, puis vous parlerez à Mme Nadeau, ils font tout
pour les refuser le plus possible. Il manque de l'information, je n'ai pas eu
mon expertise, il y a encore une évolution dans tel dossier. C'est sûr que, si
on prend les 103 000 lésions professionnelles au Québec en 2018, il y
a des cas de tout, il y a une variété. Puis je sais que les groupes avec
lesquels vous êtes en contact, ils vont vous dire : Mais lui, il est
arrivé telle... Oui, il y en a des cas malheureux, mais je pense qu'en général
ça donne des résultats qui sont humains, imparfaits, mais humains et qui sont
rendus dans toute la rigueur que le système impose. Puis il ne faut pas faire
ça à bric-à-brac quand c'est des affaires médicales, puis quand c'est des
dossiers d'accidents de travail, il faut les traiter avec sérieux puis
humanité. Puis je pense que toutes les personnes qui sont impliquées à la
CNESST sont soucieuses de cette réalité-là.
M. Leduc : Puis ce n'est pas
ça qu'on remet en question aujourd'hui.
M. Boulet : Non, mais les
délais.
M. Leduc : Encore une fois, on
n'est pas en train d'évaluer individuellement chacune des personnes si elles
sont bien intentionnées ou pas. On remet en question...
16 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : …avec sérieux puis
humanité. Puis je pense que toutes les personnes qui sont impliquées à la
CNESST sont soucieuses de cette réalité-là.
M. Leduc : Puis ce n'est pas
ça qu'on remet en question aujourd'hui.
M. Boulet : Non, mais les
délais…
M. Leduc : Encore une fois, on
n'est pas en train d'évaluer individuellement chacune des personnes, si elles
sont bien intentionnées ou pas. On remet en question un état général des
choses, et quelle est la conséquence de cet état général des choses sur le
travailleur, parce que c'est principalement pour lui qu'on a fait ce régime-là.
Bien sûr, il est aussi au bénéfice des employeurs, vous le soulignez
abondamment.
M. Boulet : Bon…
M. Leduc : Mais ce n'est pas
l'employeur qui est lésionné, là, ce n'est pas lui, l'employeur, qui a la
lésion, c'est le travailleur. Ça fait que le régime, on le construit, au final,
quand même, pour la personne qui a la lésion, j'espère qu'on s'entend
là-dessus.
M. Boulet : Mais, collègues,
vous êtes en train de demander qu'on amende la loi, puis les employeurs, le
petit, le moyen, le grand, tu lui dis : Quand c'est du médical, l'arbitre
médical, ce n'est pas pour toi.
M. Leduc : Pourquoi ça serait
pour lui? C'est quoi la philosophie derrière l'idée de dire qu'il a le
droit d'envoyer ça chez son médecin d'employeur.
M. Boulet : Bien, poser la
question, c'est y répondre.
M. Leduc : Bien, j'aimerais ça
entendre votre réponse…
M. Boulet : C'est un accident
de travail. Bon, vous savez c'est quoi une blessure survenue sur les lieux de
travail alors qu'il est à son travail. Ces trois éléments-là créent une
présomption d'accident de travail. Est-ce que… quand il y a des présomptions au
bénéfice des travailleurs, est-ce qu'il n'y a pas un droit de l'employeur de
dire : Ce n'est pas une blessure, ce n'est pas une condition objective au
plan médical, ce n'est pas survenu pendant les heures de travail, c'est survenu
ailleurs ou ce n'est pas survenu pendant les heures de travail? Puis la date de
consolidation, il me semble qu'il y a un impact sur le retour potentiel du
travail. Faire une assignation temporaire, il faut que tu fasses examiner le
travailleur.
M. Leduc : Puis il est déjà
examiné.
M. Boulet : Non, mais si tu as
une idée par ton médecin désigné, puis que ton médecin désigné dit : Ce
n'est pas le bon diagnostic ou ce n'est pas les bons soins, ce n'est pas les
bons traitements, il me semble qu'il devrait y avoir un canal qui permet…
Écoutez, moi, ça m'apparaît évident. C'est
un équilibre entre l'employeur puis le travailleur. Tu ne peux pas faire
remplir un formulaire de réclamation : Le 18 janvier 2018, j'ai eu
tel événement au travail, tu décris l'événement, puis tu vas obtenir une
attestation médicale initiale de ton médecin, puis après ça c'est fini. C'est
un système qui est en place depuis longtemps, qui donne de bons résultats et
qui a comme prémisse de base que, quand c'est une matière médicale, puis 212
est clair, puis ça se fait toujours dans le contexte de prépondérance de
l'opinion du médecin traitant, 224 est clair, c'est normal qu'il y ait un
arbitre qui… puis le Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre les
recommande ces arbitres-là. Il décide qui a tort puis qui a raison. Mais...
M. Leduc : Je ne vous parle
pas de l'arbitre, là, je vous parle du médecin et de l'employeur.
M. Boulet : Non, mais vous le
dites quand même : C'est quoi l'intérêt de l'employeur de contester?
M. Leduc : Ah! l'intérêt, je
le comprends très bien, M. le ministre. La question, c'est : C'est quoi le
droit?
M. Boulet : Mais oui, mais le
travailleur aussi, il…
M. Boulet : ...du travail et de
la main-d'oeuvre les recommande, ces arbitres-là, et décide qui a tort puis qui
a raison. Mais...
M. Leduc : Je ne vous parle
pas de l'arbitre, là, je vous parle du médecin de l'employeur.
M. Boulet : Non, mais vous le
dites quand même : C'est quoi l'intérêt de l'employeur de contester?
M. Leduc : Ah! l'intérêt, je
le comprends très bien, M. le ministre. La question, c'est : C'est quoi le
droit?
M. Boulet : Mais oui, mais le
travailleur aussi, il exprime son droit, puis il est... L'arbitre médical
bénéficie du dossier, les notes évolutives, l'examen initial, tu sais, il y
a... Sa prépondérance s'exerce, puis l'arbitre médical...
Puis je le répète, je suis convaincu que
tel groupe va nous dire : Ce travailleur-là a été lésé. Oui, mais il a été
lésé... À chaque fois que tu vas devant un décideur, peu importe son habit, il
y a quelque qui est un peu lésé ou quelqu'un qui est totalement lésé ou il y a quelqu'un
qui a raison puis il y a quelqu'un qui a tort.
Quand je vous disais tout à l'heure qu'il
faut mettre l'accent sur la conciliation prédécisionnelle, à ce tribunal-là, il
y a un système avec des conciliateurs qui sont des personnes extrêmement
qualifiées et un pourcentage important de dossiers qui se règlent en
conciliation. Mais c'est souvent sur l'admissibilité, sur le lien de causalité.
Puis les aspects médicaux, quand un arbitre a eu l'opportunité de s'exprimer
puis qu'il a vu les dossiers médicaux confectionner par les deux médecins...
Puis des fois ce n'est pas l'employeur,
des fois c'est la CNESST. Le but de votre amendement, ça serait de dire à
l'employeur : Dorénavant, tu es évacué...
M. Leduc : Oui.
M. Boulet : Tu n'as plus le
droit de... Bien, écoutez...
M. Leduc : Bien, parce que sa
principale motivation, c'est la désimputation.
M. Boulet : J'entends,
j'entends, mais je ne peux pas adhérer à un système qui crée un déséquilibre de
cette nature-là.
M. Leduc : Mais ce n'est pas tellement
un déséquilibre, c'est qu'à la base qu'est-ce que c'est qu'il fait là, lui, le
médecin de l'employeur? Qu'est-ce que c'est qu'il fait là, l'employeur de
commencer à aller décider...
M. Boulet : O.K. Je pense que
j'ai tout dit.
M. Leduc : ...d'aller décider
ce que le salarié a le droit d'avoir comme diagnostic ou pas? On va se dire les
choses franchement quand même, M. le ministre. Si un salarié arrive avec un
diagnostic de son médecin traitant, que l'employeur ne trouve pas ça agréable
de lire ça parce que ça va imputer une hausse de cotisation personnalisée, qui
se retourne de bord puis qu'il mandate un médecin à son emploi de faire un
nouveau diagnostic, de quel côté de la clôture on peut penser que la pomme,
elle va tomber? Bien, ça ne prend pas la tête à Papineau pour comprendre
qu'elle va tomber probablement un peu plus souvent du côté de la clôture de
l'employeur, n'est-ce pas?
M. Boulet : Mais l'employeur,
il ne calle pas la décision de son médecin. Le médecin est soumis...
M. Leduc : Non, mais il signe
le chèque, par exemple.
M. Boulet : Pardon?
M. Leduc : Il signe le chèque,
par exemple.
M. Boulet : Ah! mais là vous
ne voulez pas qu'on fasse de la personnalité, là, mais si vous voulez remettre
en question la conscience professionnelle des médecins, il y a un syndic au
Collège des médecins, puis les travailleurs peuvent faire des plaintes. Ça, je
l'ai entendu. Puis il y a des employeurs qui pourraient faire des plaintes au
syndic du Collège des médecins pour de la médecine de complaisance, selon leur
opinion.
Arrêtez. N'embarquons pas dans ce
débat-là, parce que vous ne voulez pas qu'on personnalise et vous m'amenez dans
cette personnalisation-là. Ça, là, je...
M. Boulet : ...ça, je l'ai
entendu. Puis il y a des employeurs qui pourraient faire des plaintes au syndic
du Collège des médecins pour de la médecine de complaisance, selon leur
opinion.
Arrêtez. N'embarquons pas dans ce
débat-là, parce que vous ne voulez pas qu'on personnalise et vous m'amenez dans
cette personnalisation-là. Ça, là, je l'ai entendu, puis, pour moi, c'est de la
stigmatisation des employeurs. Ils callent la shot, ils paient le médecin, le
médecin se fait acheter, ça fait qu'il rend l'opinion que le médecin lui
demande de rendre, après ça, il va devant un arbitre. Il ne peut pas acheter
l'arbitre médical, quand même.
M. Leduc : Mais ce n'est pas
ça que j'ai dit.
M. Boulet : Il ne peut pas
acheter le TAT, quand même. Et juste de penser qu'il peut acheter, entre
guillemets, un médecin désigné, bon... Moi, je n'ai pas d'autre commentaire à
faire, Mme la Présidente.
M. Leduc : Vous pensez que ça
n'existe pas, que c'est complètement farfelu, comme hypothèse.
M. Boulet : Je pense qu'il y a
de l'abus partout, dans tous les systèmes, puis je réfère... la santé et
sécurité n'en fait pas... n'est pas excluse. Il y a des travailleurs qui
peuvent abuser, qui peuvent, puis il y a des employeurs qui peuvent abuser. Si
une commission comme la nôtre peut contribuer à diminuer ce type d'abus là,
tant mieux, mais ce n'est pas en éliminant des droits qu'on va le faire.
M. Leduc : Vous n'avez pas
besoin de dire : Il y a peut-être des travailleurs qui abusent. Il y a certainement
des travailleurs qui abusent. Je veux dire, c'est sûr que ça existe, on n'est
pas en train d'imaginer que tout est blanc d'un bord puis que tout est noir de
l'autre.
Mais encore une fois, M. le ministre, je
vous ramène sur l'analyse d'un système, je vous demande de faire un pas de
recul puis je vous demande de vous demander, en fait, si la façon dont on a
construit historiquement ce système-là, avec le droit qu'on a donné à un employeur
de prendre l'option de contester dans le principal but de se faire désimputer
le diagnostic d'un médecin du salarié, bien, ce n'est pas surprenant que la
pomme, elle tombe plus d'un bord que de l'autre quand c'est lui qui fait la
contre-expertise, voyons! C'est fait pour ça. Lui, il ne va pas aller se
chercher une contre-expertise qui va comme valider le médecin traitant, à la
base, c'est comme ça qu'on a construit le système... semblant que tout est
beau, puis tout est fin, puis que le droit est magnifique, puis que tout le
monde est dans des bonnes intentions. À un moment donné, il faut regarder aussi
concrètement ce qui se passe, là.
M. Boulet : Je vais m'attarder
à des... Quand vous dites qu'il fait ça dans le but de désimputer, c'est comme
ça que vous vous exprimez. Les employeurs, par ailleurs, puis c'est un autre
sujet, peuvent faire des demandes de partage de coûts dans des cas spécifiques,
vous les connaissez, notamment quand il y a un handicap préexistant, conformément
à la définition de la charte des droits et libertés de la... Que les employeurs
puissent demander un partage de coûts, c'est légitime aussi, là, ce n'est
pas... bon.
Mais que vous disiez : Certainement,
il y en a qui abusent, oui, puis il y en a certainement qui abusent des deux côtés,
mais... Merci, Mme la Présidente.
M. Leduc : Tu sais, dans sa
vie, là, un salarié, combien de fois il va prendre le même expert? Très, très
peu, là. Il va avoir un cas, s'il est malchanceux, deux cas de SST dans sa vie.
Il n'aura pas une relation...
M. Boulet : …oui, puis il y en
a certainement qui abusent des deux côtés. Merci, Mme la Présidente.
M. Leduc : Mais, dans sa vie,
là, un salarié, combien de fois il va prendre le même expert? Très, très peu,
là. Il va avoir un cas, s'il est malchanceux, deux cas de SST dans sa vie, il
n'aura pas une relation à long terme avec ce médecin-là d'un point de vue,
donc, au regard de la CNESST. Dans le cas d'un employeur, qui va revenir avec
le même médecin d'une fois à une autre, ce n'est pas innocent, là, il ne faut
pas faire semblant que c'est innocent. Moi, je ne suis pas en train de
déterminer que tout ce beau monde là sont des serviteurs du grand capital, je
ne suis pas là du tout. Je suis en train de vous dire qu'il y a quand même un
système qui, si on le regarde de manière globale, fait en sorte qu'il y a une
pomme qui tombe plus souvent d'un bord que de l'autre parce qu'il y a un
intérêt de désimputer à la cotisation. C'est… Puis je ne suis pas tout seul à
le dire. Il y a eu combien de rapports qui ont été écrits depuis des années qui
font le même diagnostic puis que, quand on regarde la question de la
surjudiciarisation, là, il faut commencer par là? Il faut commencer par là,
parce que, si on ne commence pas par là, si on regarde juste, mettons, la
question du TAQ, c'est au bout de la chaîne. Mais, au début de la chaîne, c'est
là, c'est l'employeur qui peut contester la prépondérance du médecin traitant.
Puis, moi, je ne vous dis pas de faire en
sorte qu'il n'y ait plus rien, là. La commission, elle existe encore, puis la
commission, s'il y a de l'abus, elle peut utiliser son pouvoir et demander une
révision médicale. Ça, je ne le conteste pas dans mon amendement.
• (16 h 40) •
M. Boulet : Mais là, vous
demandez à la commission, en annulant le droit de l'employeur de contester,
d'avoir un médecin désigné, vous transformez la CNESST en défenseur des
intérêts des employeurs.
M. Leduc : Bien, pourquoi je
ferais ça? Elle a déjà le pouvoir de le faire, ça.
M. Boulet : L'autre élément
sur lequel c'est important de revenir, dans le cas des travailleurs, ce que
j'ai souvent vu, moi, c'est le médecin de famille. Tu sais, il y a bien plus de
stabilité médicale, je pense, là — puis je n'ai pas de statistiques,
puis peut-être que je me trompe — que chez les employeurs. Les
employeurs, souvent, ils ont des médecins désignés aussi qui peuvent être les
mêmes pendant un certain nombre d'années. Mais vous présumez qu'ils peuvent les
acheter. Tu sais, s'ils les achètent… Et je ne pense pas que tous les médecins
vont contribuer à ce que vous pensez que les employeurs font. Moi, j'ai
confiance aux médecins, j'ai confiance que ces personnes-là respectent leur code
de déontologie et j'ai confiance que les contribuables ainsi que les
employeurs, travailleurs, dans le cas de la santé-sécurité, soient bien
informés qu'ils peuvent faire des plaintes au syndic.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, est-ce qu'on peut laisser la parole au
député… Oui.
M. Leduc : Je terminerais mon
échange, j'achevais, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
M. Leduc : Moi, je pense qu'on
met les médecins dans une situation trop délicate, trop difficile,
particulièrement les médecins qui vont être contactés par des employeurs au
cours des mutuelles de prévention pour faire des contre-expertises. C'est une
situation qui est beaucoup trop tendue où est-ce qu'on a évidemment une
expertise de base du médecin traitant puis quelqu'un qui nous embauche pour
réviser cette expertise-là. Eh la la! C'est dans une situation un peu délicate.
Je ne veux pas commencer à rentrer dans
l'histoire de syndic ou quoi que ce soit, ça ne m'intéresse pas, ce n'est pas
là la question. La question, c'est qu'on a construit un système qui…
M. Leduc : ...c'est une situation
qui est beaucoup trop tendue où est-ce qu'on a, évidemment, une expertise de
base du médecin traitant puis quelqu'un qui nous embauche pour réviser cette
expertise-là. Eh là là! C'est dans une situation un peu délicate. Je ne veux
pas commencer à rentrer dans une histoire de syndic ou quoi que ce soit, ça ne
m'intéresse pas, ce n'est pas là la question.
La question, c'est qu'on a construit un système
qui met ces gens-là dans une situation délicate. Et moi, je veux, d'une part,
les retirer de cette situation délicate là, mais je veux surtout m'assurer que système-là
soit plus efficace. Puis je pense que c'est dans l'intérêt des employeurs, parce
que ça coûte cher. Ça coûte cher, des centaines, des milliers de dollars qu'on
engloutit dans des contre-expertises, etc., soi-disant pour se sauver de l'argent
dans l'imputation, ça coûte bien cher. Puis, si vous voulez vraiment être
efficace dans votre surjudiciarisation, à la source régler ce problème-là, ça
me semble être la meilleure solution.
Je pense que c'est un bon compromis par
rapport à ce que j'avais proposé originalement, dont on n'a pas pu discuter,
qui était l'abolition pure et simple du BEM. La commission, elle est amplement
en mesure de faire cette évaluation-là, et elle le fait déjà, de la validité du
diagnostic du médecin traitant, et de le contester si elle trouve qu'il y a de
l'abus ou s'il y a de la médecine de complaisance. Elle a ce pouvoir-là, elle
l'exerce déjà, on lui demanderait simplement de continuer à l'exercer. Ça ne la
transforme pas en mandataire des employeurs.
Les employeurs peuvent bien, après ça,
essayer de lever un drapeau pour dire : Aïe! bien là, moi, je n'ai peut-être
plus le droit de le contester directement, mais je considère que tel ou tel
cas, il y a peut-être de l'abus. Bien, écoutez, ils le feront, puis la
commission regardera si c'est nécessaire de réviser un dossier ou pas. Mais on
va certainement, certainement s'économiser du temps, de l'argent et une bonne
dose d'anxiété pour tout le monde, pour les employeurs comme pour les salariés.
M. Boulet : Je pense qu'il y a
une méprise de votre part sur le rôle et la mission de la commission. Puis
deuxièmement c'est sûr qu'on va diminuer les contestations si on enlève
purement et simplement le droit aux employeurs de contester et de faire
examiner les travailleurs. Ça fait que c'est sûr que ça va baisser, vous n'avez
plus le droit de contester, c'est seulement la commission qui a le droit, en
votre nom ou au nom du système.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Oui?
M. Boulet : Merci. Non, c'est
complet.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, je donne la parole, cette fois-ci, au député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, alors, on
a assisté à un échange très, très intéressant, en tout cas, pour moi qui arrive
dans cette commission-là, là… pemet de bien comprendre la dynamique. Je
regrette d'être obligé de demander au ministre, s'il vous plaît, juste de me
répéter les trois chiffres, là, de la statistique, 40, 49, 17, là. Peut-être
juste, s'il vous plaît… parce que je n'ai pas eu le temps de tous les prendre
en note, là.
M. Boulet : Le nombre de
décisions du Tribunal administratif du travail qui confirment le BEM :
41,9 %.
M. Gaudreault : 41,9 %
qui confirment.
M. Boulet : Oui. Puis le
nombre de décisions qui modifient le BEM : 40,4 %. Mais je ne sais
pas de quelle nature puis en faveur de qui. Puis le nombre de décisions qui
infirment le BEM, c'est 17,7 %.
M. Gaudreault : O.K.
M. Boulet : Donc, on peut le
présenter de différentes façons, mais, si tu mets le 41,9 % avec le
40,4 %, c'est à peu près… près de 83 % des décisions où le BEM est
confirmé ou en partie confirmé…
M. Boulet :
...17,7 %.
M. Gaudreault : O.K.
M. Boulet : Donc, on peut
le présenter de différentes façons, mais, si tu mets le 41,9 % avec le
40,4 %, c'est à peu près... près de 83 % des décisions où le BEM est
confirmé ou en partie confirmé. Là, je ne sais pas, en partie, là, ça peut
représenter...
M. Gaudreault :
41,9 %, c'est ça, qui confirment?
M. Boulet : Oui. Exact.
M. Gaudreault :
40,4 % qui modifient et 17,7 % qui infirment les décisions. Maintenant,
est-ce que le ministre est capable de nous fournir des chiffres sur... les
chiffres bruts, là, sur les contestations médicales logées devant le BEM? Est-ce
qu'on a ça à quelque part?
M. Boulet : Oui. C'est
sûr, ça peut prendre un petit peu de temps, là, parce qu'on n'était pas
préparés pour le Tribunal administratif, là, mais je vais...
M. Gaudreault : Admettons
dans les, je ne sais pas, trois, quatre dernières années, là.
(Consultation)
M. Gaudreault : On peut
suspendre un peu, s'il veut, là.
M. Boulet : ...c'est à peu
près... bon an, mal an, là, il y a à peu près 11 000... Comme là,
collègue, du 31 mars 2020...
(Consultation)
M. Boulet : Donc, c'est à
peu près 10 000, 11 000, bon an, mal an, des demandes reçues au BEM,
au Bureau d'évaluation médicale.
M. Gaudreault : Si on
remonte il y a cinq, six ans, on est-u capables d'avoir des chiffres?
M. Boulet : En 2016‑2017,
demandes reçues, 12 921. Des avis BEM, on est encore dedans, 10 705.
M. Gaudreault : Ça,
10 705, c'est?
M. Boulet : Des avis
produits par le BEM.
M. Gaudreault : O.K., la
même année, 2017.
M. Boulet : Oui. Puis il
y a eu... Bien, j'ai les... Bien, c'est ça. 10 705 en 2016‑2017.
M. Gaudreault :
10 705.
M. Boulet : Oui. Puis, je
vous dirais, là, c'est pas mal autour de ça, là, 2017‑2018, c'est 11 043.
2018‑2019, 11 225. 2019‑2020, 10 667. Puis là, comme l'année n'est
pas complétée, c'est 6 541. Mais c'est pas mal tout le temps ça, là, entre
10 000, 11 000... entre 10 000 et 12 000. Ce n'est pas si
impressionnant que ça. Moi, ça... Je pensais que c'était beaucoup plus que ça.
M. Gaudreault : Par
rapport à?
M. Boulet : Bien, par
rapport au nombre de lésions. Tu sais, en 2018, il y a eu 103 000... des
accidents et des maladies, là, ça fait que...
M. Boulet : ...ça, là.
M. Gaudreault : O.K.
M. Boulet : Entre 10 000,
11 000... Entre 10 000 et 12 000. Ce n'est pas si impressionnant
que ça. Moi, je pensais que c'était beaucoup plus que ça.
M. Gaudreault : Par rapport à?
M. Boulet : Bien, par rapport
au nombre de lésions. Tu sais, en 2018, il y a eu 103 000 lésions, des
accidents et des maladies, là. Ça fait que, là où il y a un désaccord entre le
médecin de l'employeur puis le médecin du travailleur, et où ça se rend à
l'arbitre médical, ce n'est pas un si fort pourcentage, là, peut-être 10 %
des cas, là. Puis on me dit oui, Sylvain... collègue.
M. Gaudreault : Oui, pas de
problème. Est-ce que... Moi, j'entends bien le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
là. Est-ce qu'il n'y a pas... comment je pourrais dire... Est-ce que ce n'est
pas devenu une façon... Quand on voit, là, qu'il y en a quand même 40.4 qui
modifie, 17.7 qui infirme les décisions, 41.9… 41.9 qui confirme, donc c'est
quand même... la majorité est là qui confirme les décisions. Est-ce que le
ministre reconnaît que ce n'est pas devenu, le BEM, avec le temps, un certain
levier pour des employeurs — je ne veux pas généraliser — ,
pour des employeurs d'aller chercher une désimputation, là?
• (16 h 50) •
M. Boulet : C'est une
excellente question puis ça a été soulevé en partie, là, par le collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve. Est-ce qu'il y a des employeurs qui utilisent le BEM
pour, éventuellement, faire une demande de partage de coûts? C'est une
hypothèse, qui peut se confirmer, dans certains cas. Je suis, cependant,
profondément convaincu que la vaste majorité des employeurs le font pour les
motifs légitimes. Puis, c'est… Une demande de partage de coûts, ce n'est pas…
ce n'est pas de quoi de sacré non plus, là, c'est un droit qui est prévu. Puis,
quand tu obtiens un partage de coûts, bien c'est juste que les indemnités sont
assurées par le fonds commun, par l'ensemble des employeurs. Je rappellerai aux
collègues que 100 % des cotisations à la CNESST sont assumées par les
employeurs. Ça fait que, c'est sûr que l'employeur qui fait ça, bien il réussit
à se faire désimputer, puis c'est l'ensemble des employeurs qui assument. Ça
fait que, ça ne sort pas du… de la chaudière.
M. Gaudreault : O.K. Moi, je
suis très sensible à l'argument de la déjudiciarisation. On a un système
judiciaire très lourd, de plus en plus lourd. On en a parlé, hier, à l'occasion
d'un autre article, là, sur le fait que c'était... il y avait beaucoup de
causes au Tribunal administratif du travail qui avaient un…
M. Gaudreault : ...de la
déjudiciarisation. On a un système judiciaire très lourd, de plus en plus
lourd. On en a parlé hier à l'occasion d'un autre article, là, sur le fait que
c'était... il y avait beaucoup de causes au Tribunal administratif du travail
qui avaient un «backlog», qui n'étaient pas capable d'arriver avec l'atteinte
de leur cible de traitement, là, des causes. Donc, la déjudiciarisation, elle
existe. Elle n'existe pas juste en cette matière, elle existe dans plein de domaines.
J'entends le ministre qui nous dit qu'il est un partisan de modes alternatifs
de règlement de conflit. Je suis heureux de l'entendre dire ça parce que je
pense que c'est un système qu'on doit développer davantage au Québec, les modes
alternatifs de règlement de conflit, notamment la conciliation, etc.
Maintenant, est-ce que le BEM n'est pas
devenu une porte d'entrée pour judiciariser davantage? Sans enlever rien à qui
que ce soit, sans dire : Ah! c'est de la faute de un plus que l'autre,
mais globalement, là, quand on dit, par exemple, en 2017, 10 705, 2020,
plus ou moins 10 000 également contestations qui se retrouvent devant le
BEM, des contestations médicales qui sont logées, est-ce que, dans le fond,
d'ajouter cette structure ou d'avoir cette structure plutôt, cet intermédiaire,
n'est pas une façon d'alourdir, de judiciariser, de gagner du temps, même, dans
certains cas, peut-être de vouloir, comme on dit, l'avoir à l'usure, là, tu
sais, des travailleurs, par exemple, qui sont lésés puis qui sont fragiles?
Moi, j'en ai vu dans mon bureau de
circonscription. Puis je suis sûr aussi que les collègues députés, là... Parce
que moi, je constate, comme ça m'arrive souvent depuis trois ans, que je suis
souvent le doyen autour d'une table de commission parlementaire, là. Puis si...
puis je l'ai déjà dit en entrevue, Mme la Présidente, année par année, là, bon
an mal an, comme disait le ministre tantôt, là, moi, le dossier qui revient le
plus sur mon bureau de député, avec mes attachés politiques dans la
circonscription, c'est des dossiers de CSST... bien, de CNESST, c'est... après ça,
la SAAQ. Il faudrait qu'à un moment donné, je fasse un relevé, là, les dossiers
de citoyens, là, qui viennent nous voir comme député, désemparés. Pas le député
qui est désemparé, là, le citoyen qui est désemparé. Le député est souvent
désemparé aussi, mais c'est souvent pour...
Une voix
: ...par voie
de conséquence.
M. Gaudreault : ...par voie de
conséquence, mais aussi par d'autres raisons. Moi, à chaque période de
questions, je sors de là assez désemparé, mais c'est un autre...
Une voix
: ...les
questions ou les réponses?
M. Gaudreault : C'est une
période de questions, ce n'est pas une période de réponses, c'est pour ça que
sors désemparé souvent. Mais, bon, la question n'est pas là. Les citoyens
arrivent au bureau de député désemparés, avec des enjeux de CNESST...
M. Gaudreault :
…désemparé. Mais c'est un autre…
M. Boulet : …questions ou les
réponses?
M. Gaudreault : C'est une
période de questions, ce n'est pas une période de réponses. C'est pour ça que
je sors désemparé souvent. Mais bon, la question n'est pas là. Les citoyens
arrivent, au bureau de député, désemparés, avec des enjeux du CNESST. Je me
souviens encore d'un monsieur, M. Caron. Je veux dire, c'était, en tout
respect pour lui, puis il est décédé… puis je ne dis pas qu'il est décédé de
ça, mais en tout cas, c'est un ensemble de situations. Il est venu à mon bureau
pendant plusieurs années, puis c'était un personnage de Kafka qui était devenu
un personnage du Procès de Kafka, perdu à travers les dédales.
Et donc est-ce qu'il n'y a pas, par
l'institution du BEM, un moment donné, une façon indirecte de dire : On va
l'avoir à l'usure, tu sais, le travailleur ou la travailleuse, qui est lésé.
Puis je me demande si la judiciarisation n'est pas là, dans le fond, d'une
certaine manière, la lourdeur de la judiciarisation… n'y aurait-il pas lieu de
sortir de notre silo, là, puis de notre boîte et de se dire : Bien, on va
travailler les choses autrement. Je veux dire, cette loi n'a pas été révisée
depuis 40 ans, depuis 40 ans. Puis je trouve, puis ce n'est pas un
reproche que je ne fais à personne, qu'on est beaucoup dans nos paramètres par
défaut. Donc, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de revoir un certain nombre de
choses, notamment, au BEM, pour dire : Bien, on va sauter une étape, on va
travailler autrement, on reconnaît… si on reconnaît, entre autres, à l'article
224 que c'est le médecin traitant qui a prépondérance, ce n'est pas un principe
banal, ça. Il faudrait que ça apparaisse partout dans le processus de la loi.
C'est un principe fondateur de la loi.
Puis j'entends le ministre qui est
entièrement d'accord avec ça. Puis moi, je ne veux pas embarquer dans les
scénarios de médecin de complaisance. Il y en a peut-être, mais, je veux dire,
de façon générale, les médecins, moi, je présume de leur bonne foi, qui
travaillent avec une pratique professionnelle, ils ont prêté serment. Puis
est-ce qu'il y a des abus dans certains cas? Oui, dans tous les domaines, il y
en a malheureusement. Il faut tout faire pour les empêcher, mais comment ça se
fait qu'à un moment donné le système fait en sorte que cette quantité de
10 000 à 12 000, par année, devant le BEM… puis que, là, tant qu'à
rouvrir la loi, là, on ne sait pas combien de temps on va être ici nous autres
comme député, là... Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de faire une vraie réforme
pour sortir de la boîte et faire en sorte qu'à travers l'ensemble du processus,
le médecin prépondérant, le médecin traitant avec sa prépondérance apparaisse
davantage tout en respectant les droits de tous et chacun, là?
Alors, je lance un peu ça comme ça, mais…
regardez, là, on est le 9 juin, on termine vendredi, dans deux jours…
M. Gaudreault : …tout en
respectant les droits de tous et chacun, là. Alors, je lance un peu ça comme
ça, mais, regardez, là, on est le 9 juin, on termine vendredi dans deux jours,
est-ce qu'il n'y a pas moyen de regarder comment on pourrait sortir de cette
boîte-là pour faire autre chose?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Le député de Jonquière, on a le député de Nelligan qui voudrait aussi
intervenir.
M. Derraji : Je trouve très intéressant
la fin, en fait, tout ce que vous avez dit…
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Derraji : …j'ai tendance à
être sélectif dans mes réponses, je veux juste préciser, ce n'est pas
uniquement la fin, mais j'aime beaucoup le débat, comment ça a été ramené par
mon collègue, même si je ne le partage pas à 100 %, surtout la partie de
l'employeur, il y a des méchants un peu partout. Mais vous m'avez piqué à pas
mal de reprises, mais je me suis retenu pour ne pas répondre, mais vous avez
droit à votre opinion, comme j'ai le droit au mien, mais je pense que c'est un
bon débat autour de la table. Et la façon avec laquelle vous avez terminé, cher
collègue député de Jonquière, m'interpelle beaucoup. Et je voulais intervenir,
avant que le ministre réponde, j'ai deux paragraphes à partager avec vous,
c'est des rapports que nous avons reçus dans le cadre de cette commission. Et
je trouve à mettre la table vraiment, d'une manière très claire, sur l'enjeu, à
mon avis. Je vais les lire et j'espère que ça va clarifier un peu la complexité
de la chose et que probablement, devant ce fait, que nous avons le droit, en
tant que parlementaires, d'ouvrir ce débat sur la modernisation, de prendre
vraiment le temps de voir où ça bloque, pourquoi ça bloque et pourquoi on a, la
question que vous avez posée, les trois pourcentages.
Je vais commencer avec la Direction des
enquêtes du collège : «La Direction des enquêtes du collège reçoit, chaque
année, des plaintes concernant la médecine d'expertise en regard de
l'évaluation médicale indépendante des travailleurs. La qualité de l'évaluation
et de l'expertise, dans le domaine de la santé des travailleurs, ne doit pas
être fondée sur les attentes ni l'atteinte des objectifs d'une organisation,
mais bien répondre à un ordre professionnel et scientifique établi en matière
de médecine du travail. L'appréciation de ses qualités doit être faite par les
pairs médecins.
«Interpellé par les défis que soulève
l'encadrement de cette pratique, le collège a mené une importante réflexion et
s'apprête à publier un guide d'exercice sur la médecine d'expertise. Il entend
aussi publier un guide d'exercice traitant du contexte propre à l'exercice de
la médecine auprès des travailleurs. Nous ne saurions passer sous silence
l'intérêt que nous avons à échanger périodiquement avec la seule nécessité de
même que l'importance de retrouver, de prévoir une présentation médicale dans
la structure de gouvernance de cet organisme.»
Maintenant, l'autre
enjeu — désolé, je vais agrandir parce que c'est très
petit — bon, quelles étaients les évaluations médicales? Désolé,
c'est un peu long, mais…
M. Gaudreault : Je voudrais
juste, si vous permettez, une petite question de procédure… pas de procédure,
mais de précision, je n'ai pas compris précisément, c'est quel collège…
M. Derraji : Désolé. Ah!
vraiment, je suis désolé.
M. Gaudreault : Collège des
médecins.
M. Derraji : Oui, oui, Collège
des médecins.
M. Gaudreault : Ah! je pensais
que c'était le collège de Jonquière…
17 h (version non révisée)
M. Derraji : …désolé je vais
agrandir parce que c'est très petit, bon, qu'elles étaient les évaluations
médicales, désolé, c'est un peu long, mais…
M. Gaudreault : Non, peut-être
juste, si vous le permettez, une petite question de procédure, pas de
procédure, mais de précision, c'est le… je n'ai pas compris, précisément, c'est
quelle source, de quel collège.
M. Derraji : Ah, c'est…
désolé, ah, vraiment, je suis désolé.
M. Gaudreault : Ah, le Collège
des médecins.
M. Derraji : Oui, le Collège
des médecins et ça a été...
M. Gaudreault : Je pensais que
c'était le collège de Jonquière ou…
M. Derraji : Non, non, non…
oui, oui.
Une voix
: On l'a
entendu en audience, le Collège de Jonquière.
M. Gaudreault : Bien, oui,
c'est les meilleurs.
M. Derraji : Je sais que vous
aimez très bien votre région, mais c'est le Collège des médecins…
M. Gaudreault : …Collège des
médecins, il manquait ce bout-là. C'est quelle année? Excusez, c'est
maintenant, O.K., O.K., c'est beau.
M. Derraji : C'est dans le
cadre, oui, oui, c'est dans le cadre de notre commission parlementaire, ils
sont venus…
M. Gaudreault : O.K., O.K.,
O.K., c'est beau, je suis replacé là.
M. Derraji : Oui, oui, exact
et sérieux, ils placent vraiment la problématique de ce… au fait, des questions
des collègues.
Là, maintenant, au niveau de la qualité
des évaluations médicales, fragilité du réseau et délais. Ce que nous sommes en
train de discuter : «Si les objectifs poursuivis par le projet de loi sont
louables, l'expérience et l'observation de la situation actuelle laissent
croire que ni les délais prescrits, ni la disponibilité des médecins en
entreprise et des médecins évaluateurs et experts, sont réalistes dans un
avenir prévisible,» on ne règle pas le problème, hein, «notamment parce que le
secteur de la santé et sécurité au travail est en concurrence avec les besoins de
l'ensemble du réseau de la santé.» Ce n'est pas moi, c'est… «La pandémie de
COVID-19 a exacerbé cette situation. Dans la dernière année, le Collège a été
informé que les délais pour obtenir des opinions médicales s'allongent, en
raison des pressions de mobilisation effectuées par le système de santé sur les
médecins. Cette situation ne permet donc pas de respecter les délais prescrits
par la loi. Lors de la première vague de la pandémie, le BEM comptait plus de
4 000 dossiers en retard. Cela a obligé les gestionnaires à recourir
à des alternatives, soit des études sur dossier permettant de traiter les
demandes d'évaluation en atténuant ou en contournant l'évaluation individuelle
avec entrevue et examen, qui est généralement préconisée. À titre d'exemple, des
médecins ont sollicité l'opinion du Collège en raison de leur inconfort dans un
contexte où ils se sentaient divisés entre le respect de leurs obligations
(notamment la nécessité de procéder à une expertise rigoureuse avec examen du
travailleur) et la nécessité de répondre à une règle administrative (étude sur
dossier ou téléexpertise) imposée par certains organismes. Il semble que dans
certaines circonstances, les décisions d'indemnisation seraient prises par des
fonctionnaires, faute d'une opinion médicale obtenue dans un délai utile.»
Je pense que c'est du très bon français,
très bien expliqué et en plus bien livré. Je vous donne une petite… non mais
blague à part, les faits sont là, le collège le dit clairement, il y a un
problème quelque part…
M. Derraji : …je pense que
c'est du très bon français, très bien expliqué, et en plus, bien livré. Je vous
donne une petite…
Non mais, blague à part, les faits sont
là, le collège le dit clairement : Il y a un problème quelque part. Et si
on veut vraiment moderniser, je pense qu'il y autre chose qu'on doit voir parce
qu'au bout de la ligne, on veut la… J'ai le même problème que vous, j'ai le
même problème, la déjudiciarisation, hein? Vous aussi, hein? Je pense, on est
nombreux autour de la table à prononcer le mot parce qu'on ne veut pas arriver…
Mais le problème, il est là.
Donc, moi, c'est pour cela que je voulais
ajouter ce constat, avant que le ministre réponde. Vous avez le portrait global
en fonction des interventions des collègues. Et que je trouve quand même que la
Direction des enquêtes du Collège des médecins est une très bonne intervention.
Moi, le dernier paragraphe, sérieux, écoute, j'espère que ce n'est pas la
réalité parce que lire qu'«il semble que dans certaines circonstances, les décisions
d'indemnisation seraient prises par des fonctionnaires faute d'une opinion
médicale obtenue dans un délai utile», c'est très alarmant pour moi. Voilà.
J'espère que le ministre, maintenant, va
avoir le luxe de nous répondre en fonction de…
M. Boulet : Il y a plusieurs
points qui ont été touchés. Mais la CNESST, je rappelle qu'elle accepte
81,9 % des réclamations présentées par les travailleurs, et en vertu de
224, elle se fie, bien sûr, sur la prépondérance, en fait elle n'a que
l'opinion du médecin traitant. Donc, il n'y a pas de problématique à cet
égard-là.
Ce que soulève le collègue de Nelligan,
avec le rapport du Collège des médecins, moi, je le partage. Et les délais,
c'est… les délais, ce n'est toujours pas favorable à la reconnaissance ou à
l'exercice de droit. En même temps… Puis c'est comme ça, puis je ne veux pas me
comparer, là, mais tu sais, c'est comme ça devant tous les tribunaux, devant
tous les décideurs. Et le Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre
m'a soumis, récemment, 11 candidatures de personnes pour agir au BEM puis
il y a une pénurie de main-d'oeuvre qui accentue, bien sûr, le recrutement de
membres du Bureau d'évaluation médicale. Ça, vous l'avez enregistré, j'espère?
M. Derraji : Si le ministre de
l'Emploi, Mme la Présidente, à 17 h 05… qui avoue qu'il y a une
pénurie de main-d'oeuvre, je vais le noter pour mes futures interventions au
salon bleu.
M. Boulet : Je le dis, puis je
le répète, il y a une pénurie de médecins pour siéger au Bureau d'évaluation
médicale. Mais je ne suis pas dans la sémantique, rareté ou pénurie, là, la
nuance est très, très mince. Mais ça, ça sera… on aura toujours à lutter contre
ça. Mais en même temps, en santé et sécurité, comme les dossiers sont
évolutifs, c'est généralement favorable que les délais soient un petit peu plus
longs. Mais 11 nouveaux membres du Bureau d'évaluation médicale, mais il y
aura toujours un travail à…
M. Boulet : …la nuance est
très, très mince. Mais ça, ça sera… on aura toujours à lutter contre ça, mais
en même temps, en santé, sécurité, comme les dossiers sont évolutifs, c'est
généralement favorable que les délais soient un petit peu plus longs. Mais 11
nouveaux membres du Bureau d'évaluation médicale, mais il y a aura toujours un
travail à faire. Les arbitres de grief, c'est la même dynamique, puis ça, je
fais écho aux commentaires du collègue de Jonquière. À l'époque, souvenez-vous
ce que la Cour suprême disait, c'est que c'était de la justice administrative
qui se voulait expéditive et simple. Aujourd'hui, tu ne vas pas devant un
arbitre, c'est… ça s'est judiciarisé, puis…
Une voix : …
M. Boulet : Pardon? Puis, bon.
Puis les arbitres, on le sait, hein, ils sont nommés par le comité consultatif
travail et de la main-d'oeuvre, puis il n'y en a pas assez, ce qui fait que les
délais sont beaucoup trop longs.
En même temps, puis je fais référence aux
a.d.l., là, les alternatives de résolutions de litiges, je suis assez fier de
le dire : 64,2 % des dossiers, avant d'arriver au TAT, là, en
conciliation prédécisionnelle, sont réglés à ce stade-là. Donc, 64,2 %. Je
n'ai pas de comparatif, mais je pense qu'on peut presque se targuer d'avoir un
pourcentage de conciliations réussies qui est inégalé, selon moi, au Québec.
Puis la judiciarisation, oui, on l'a
interpellée beaucoup, là, parce que c'est un des objectifs, de déjudiciariser,
puis on le fait énormément, parce que je rappellerai aux collègues qu'il y
avait trois paliers : Il y a la CNESST, il y a la révision administrative
puis il y a le TAT. Puis bon, on pensait abolir complètement la révision
administrative, puis je l'ai dit, moi, aux collègues, j'étais de cet avis-là.
Puis ça faisait partie des recommandations du CCTM, mais à la justice puis par…
non seulement par cohésion avec le corpus législatif québécois, mais par
principe et par simplicité pour le justiciable québécois, il faut qu'il y ait
encore un accès à une révision administrative qui se fait sur dossier, puis
c'est moins long. Ça fait que l'option d'aller soit en révision administrative
ou au TAT dans les dossiers de financement et dans les dossiers médicaux, je
pense que ça a fait l'objet d'un… moi, ce que j'appelle un beau compromis, là,
on a adopté ces articles-là, et ça va contribuer à simplifier et éliminer dans
un certain nombre de cas, puis on va le faire progressivement. Si dans quatre
ans, cinq ans, on se rend compte que ça ne donne pas les résultats anticipés en
termes de déjudiciarisation, bien, on corrigera le tir.
C'est important, on… Oui, on… d'une
modernisation ou d'une réforme. Moi, je suis un partisan de ça, la réforme,
collègues, mais pas d'une révolution, tu sais, on ne jettera pas toutes les
structures du jour au lendemain. On fait une réforme. La révolution, ce n'est
pas généralement porteur de changements bénéfiques…
M. Boulet : ...d'une
réforme. Moi, je suis un partisan de ça, la réforme, collègue, mais pas d'une
révolution, tu sais. On ne jettera pas toutes les structures du jour au
lendemain. On fait une réforme. La révolution, ce n'est pas généralement
porteur de changements bénéfiques, surtout en matière de santé-sécurité. Je
pense que la réforme est assez globale. Puis, après ça, sous réserve d'évaluation,
il y aurait des amendements nouveaux.
Je voulais aussi vous informer qu'il y
avait maintenant un processus de révision par les pairs. Les membres du BEM,
ils se... ils vérifient leurs avis avec leurs pairs au Bureau d'évaluation
médicale, ça fait qu'ils s'assurent de limiter les possibilités de contestation
puis d'adhérer le plus possible à ce qui est dans le dossier médical du
travailleur.
• (17 h 10) •
Autre élément... bien, deux autres éléments,
là, pour faire suite au commentaire. Moi, j'appelle ça de la saine
judiciarisation, collègue. Quand c'est du médical, il faut que ça aille devant
une instance spécialisée, puis c'est des médecins. Puis je ne sais pas s'il y a
beaucoup d'autres tribunaux ou décideurs de cette nature-là. Ça n'a pas besoin
d'être toujours des avocats ou des... Ici, c'est des médecins parce que c'est
une matière spécialisée qui va au-delà des qualifications de ceux qui sont...
ceux et celles qui sont ici avec nous.
Enfin, dernier point, vous allez pouvoir
constater lors de votre rencontre, collègue de Jonquière, avec mon équipe,
qu'il y a une section gouvernance où on a revu complètement la façon dont la
CNESST est gouvernée, puis il y avait une trentaine d'articles, là, dans ce
bloc-là de gouvernance, puis je pense que ça aussi, ça va être porteur de
changements intéressants.
Tout ça pour dire, moi, j'entends les
commentaires puis je le sais que les praticiens, c'est... En fait, tous les
systèmes qui mènent à des décisions sont compliqués, sont longs. Puis au TAT il
y a des plans d'action pour réduire les délais. Au Bureau d'évaluation
médicale, le CCTM, le Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre,
travaille beaucoup en collaboration avec mon ministère, avec moi pour nommer
des nouveaux membres du BEM. Puis, à la CNESST, il y a beaucoup d'efforts qui
sont faits, on l'a vu, pour les dossiers entendus de façon urgente ou
prioritaire, mais il y a toujours une pression pour rendre les décisions les
plus rapidement possible puis en respectant 224. Parce que, quand on réalise
que 82 % des décisions acceptent les réclamations, c'est quand même une
statistique impressionnante.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Député de Nelligan.
M. Derraji : Oui. Merci
pour les réponses, mais, au fur et à mesure que je lis le rapport...
Malheureusement, ils ne sont pas venus en consultation, on n'a pas eu le temps
de les voir, mais ils nous ont envoyé un excellent rapport. Et, s'il y a un
rapport vraiment à voir dans le cadre de ce que nous sommes en train
d'échanger, c'est vraiment ce rapport. Et ce qui fait...
M. Derraji : …Merci pour les
réponses, mais, au fur et à mesure que j'ai lu le rapport… Malheureusement, ils
ne sont pas venus en consultation, On n'a pas eu le temps de les voir, mais ils
nous ont envoyé un excellent rapport. Et, s'il y a un rapport vraiment à voir,
dans le cadre de ce que nous sommes en train d'échanger, c'est vraiment ce
rapport.
Et, ce qui me fait vraiment peur un peu,
ils le mentionnent, c'est la concurrence pour les effectifs médicaux. Et quand
je dis la concurrence pour les effectifs médicaux, le texte, il est très, très
clair, c'est que le projet de loi, tel qu'il est rédigé, tient pour acquise la
disponibilité des médecins pour répondre aux exigences de la loi. Et ces
disponibilités, chers collègues et M. le ministre… Il y a un réseau de santé
aussi, il y a un réseau de la santé où il y a d'énormes problèmes. Et je veux
juste vous lire un paragraphe que je trouve pertinent : «La majorité des
demandes d'indemnisation acheminées à la CNESST concernent deux domaines :
la santé mentale et les problèmes musculosquelettiques. Or, les délais de
consultation médicale en santé mentale sont d'environ deux ans.» On a un débat,
à l'intérieur du salon bleu, sur la fameuse liste d'attente au niveau de la
santé mentale. «Pour les problèmes de nature musculosquelettique, les délais
d'attente sont également longs et aussi en croissance.» Ça, c'est le collège…
encore une fois, le même rapport. Là, on parle de la problématique des médecins
de famille qui ont abandonné la pratique.
Mais ce qui est un peu… qui dérange dans
la situation actuelle, à part le fait que les médecins de famille n'effectuent
pas de médecine auprès des travailleurs en entreprise, c'est qu'il
disait : Si les responsables de la CNESST souhaitent opérationnaliser le
projet de loi — donc, là, on parle de l'opérationnalisation —,
ils devront coordonner leurs activités avec le réseau de la santé pour mobiliser,
de part et d'autre, les ressources médicales nécessaires afin d'atteindre leurs
objectifs respectifs. Donc, la question du délai revient encore une fois. Donc,
comment l'arrimage va avoir lieu, entre la CNESST et le réseau de la santé,
sachant que même dans le réseau de la santé, il y a un délai, et des délais
d'attente qui sont énormes? Je les ai évoqués dans deux thèmes, à savoir, la
santé mentale et les problèmes musculosquelettiques. Je continue. Donc
coordonner, ça, c'est un aspect qui a été soulevé. «À notre connaissance, cela
ne s'est jamais fait, une absence de coordination» Ça, c'est très clair. Dans
leur constat, M. le ministre, une absence de coordination se traduirait,
inévitablement, par un délestage de la part des médecins des activités de santé
au travail au profit d'autres secteurs du réseau de la santé. Donc, je ne pense
pas que c'est le but qu'on cherche. Donc, comment le ministre peut dire…
M. Derraji : …inévitablement
par un délestage, de la part des médecins, des activités de santé au travail au
profit d'autres secteurs du réseau de la santé. Donc, je ne pense pas que c'est
le but qu'on cherche. Donc, comment le ministre peut dire… Ou bien il entrevoit
l'opérationnalisation de cette réforme par la CNESST.
M. Boulet : Ça me fera plaisir
de discuter avec vous amplement de ce sujet-là. On en a déjà parlé puis, vous
le savez, on peut en discuter à mon bureau, mais je voudrais me limiter, là, à
ce stade-ci, là, puis je le dis de façon hyperrespectueuse, à l'amendement
présenté par le collègue de Québec solidaire, qui vise à amender, à annuler ou
à abroger le droit des employeurs de contester au Bureau d'évaluation médicale.
Ça fait que je limiterais, à ce stade-ci, mes commentaires.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Député de Nelligan et ensuite député de Jonquière.
M. Derraji : Bien, je ne veux
pas le perdre… le prendre personnel, parce que je sais que le ministre, il est
généreux. Mais, quand on arrive à un débat de fond, j'ai l'impression qu'il
vient de me fermer une porte, sachant que la porte du ministre, elle était toujours
ouverte quand je pose une question. Mais ce n'est pas grave, je le respecte. Il
peut arrêter le débat au moment opportun, mais le débat de fond reste, M. le
ministre… au-delà de l'amendement du collègue. Parce que moi, je pense qu'on a
toujours l'habitude d'avancer en toute collégialité à l'intérieur de cette
commission. Les faits seront là, tout ce que je viens de dire, le collègue de Jonquière,
tout ce qu'on vient de dire est important par rapport à l'opérationnalisation…
M. Boulet : Ah! tout à fait
puis…
M. Derraji : Et j'en suis sûr
que votre volonté est la même, je vous connais quand même assez, c'est la même
chose, mais on peut ne pas continuer le débat sur ce qui a été ramené sur la
table par les collègues et finir l'amendement, mais, sur le fond, il y a un
réel problème. On ne peut pas juste dire : On vote l'amendement et on
passe à autre chose. C'est un réel problème…
M. Boulet : Ah! puis…
M. Derraji : Et je ne pense
pas que c'est votre volonté, parce que vous allez vivre avec une modernisation
incomplète, et je ne suis pas sûr que c'est ce que vous voulez.
M. Boulet : Ah! tout à fait.
Bien, je vais m'attarder, là, parce que je sais que ça vous préoccupe, puis
vous avez le souci que les choses soient bien opérationnalisées. Parce que le
succès des mesures, des programmes ou des réformes, peu importe leur nature, réside
dans la capacité des ressources humaines de bien les mettre en application.
Et vous avez raison, mais il y a deux
volets… Les effectifs médicaux, c'est vrai qu'il y a une pénurie puis dans
toutes les spécialités puis dans toutes… puis on a parfois des problèmes
d'adéquation entre les formations qui sont données dans les universités puis
les besoins concrets. Puis, dans le marché de la santé et sécurité du travail,
il y en manque, des médecins. Puis il y en a des groupes qui sont venus en
consultations particulières… Sur le BEM, je sais que tant les syndicats que les
patrons sont constamment préoccupés par le recrutement de ressources
spécialisées. Et ça, ça va demeurer un défi…
M. Boulet : ...puis il y en a
des groupes qui sont venus en consultations particulières.
Sur le BEM, je sais que tant les syndicats
que les patrons sont constamment préoccupés par le recrutement de ressources
spécialisées, et ça, ça va demeurer un défi constant. Pour les ressources qui
seront requises par la mise en application du projet de loi n° 59, bien
sûr qu'il y a des évaluations qui sont faites à la CNESST, et il y aura l'ajout
de ressources, le cas échéant, là, parce qu'on parle de déjudiciarisation à
certains égards, on parle de ressources en réadaptation. Mais comme je l'ai
déjà signalé, oui, puis vous allez travailler avec moi, collègue de Nelligan, à
ce qu'ensemble, on puisse s'assurer qu'il y ait les ressources nécessaires à la
CNESST pour que la CNESST s'améliore à tous égards.
Puis collègue de Nelligan a été un acteur
très actif dans tout le volet, notamment, de la gouvernance, et je sais qu'il
va continuer à être préoccupé par la façon dont les choses sont mises en
application.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Nous avions aussi le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Je suis en train de relire le rapport de la Commission de
l'économie et du travail de 2006 sur le BEM, entre autres. Bien, c'était sur
l'ensemble du système, là, c'était l'examen... la Commission de l'économie et
du travail, puis là je n'ai pas le détail, mais ça devait être un mandat
d'initiative, donc notre commission, en décembre 2006, qui avait fait un
rapport à la suite de l'examen du rapport d'évaluation du Bureau d'évaluation
médicale et du document d'actualisation de ce rapport. 2006. Quand même, c'est quand
même très intéressant, là.
• (17 h 20) •
Et, à la page 9 de ce rapport, quand
même, il y avait déjà des critiques importantes qui étaient faites sur le Bureau
d'évaluation médicale, où on dit :«Un deuxième enjeu retient l'attention
de la Commission de l'économie et du travail — donc, notre
commission — il s'agit du double rôle du BEM, à la fois centre
d'expertise médicale et organisme partie d'un processus judiciaire ou quasi
judiciaire. Le BEM navigue entre les eaux de la science et de la justice.»
C'est 2006, Mme la Présidente.
Ensuite, on dit, un peu plus loin, à la
page... à la page... je m'excuse, parce que là, je suis en train de fouiller,
le Bureau d'évaluation médicale à la page 15 : «La Commission
s'interroge sur le mandat et la compétence qui devraient être confiés au BEM. À
cet égard, la sauvegarde des droits du travailleur accidenté ainsi que les
délais entre les étapes du BEM et de la CLP — évidemment, à l'époque,
en 2006 — occupent une place importante dans la réflexion...
M. Gaudreault :
...15 : «La commission s'interroge sur le mandat et la compétence qui
devraient être confiés au BEM. À cet égard, la sauvegarde des droits du
travailleur accidenté ainsi que les délais entre les étapes du BEM et de la CLP — évidemment,
à l'époque, en 2006 — occupent une place importante dans la réflexion
qui doit être effectuée.»
La commission nous dit : «L'avis du
BEM en soi n'ajoute à peu près rien de plus au dossier du travailleur accidenté
sur le plan médical et scientifique en regard des expertises produites pour la
CSST. Et pourtant le BEM joue en quelque sorte le rôle d'un organisme
décisionnel à l'égard de l'état de santé du travailleur accidenté, du moins,
temporairement, c'est-à-dire jusqu'à ce que la Commission des lésions professionnelles
rende sa décision. Sans avoir à respecter l'esprit de loi ni les principes qui
gouvernent un tribunal, la décision du BEM permet d'écarter l'indemnité versée
au travailleur accidenté jusqu'à la décision du CLP. Cette situation est
quelquefois injuste puisque la décision est par la suite infirmée ou modifiée
par la CLP... peut causer un préjudice fort sérieux à certains travailleurs.»
2006, Mme la Présidente. Je ne dis pas parce
qu'il n'y a pas eu de réforme depuis ce temps-là, on le sait. La CNESST a été
créée. Mais, en 2006, les parlementaires qui nous précédaient à cette commission
avaient analysé en profondeur le BEM puis ils faisaient des constats quand même
extrêmement sévères.
Ça fait que, là, je saute des bouts. Puis
je fais une parenthèse, en passant, c'est là qu'on voit comment c'est
intéressant d'avoir des mandats d'initiative en commission parlementaire, mais
les gouvernements abusent souvent de leur majorité pour empêcher des
commissions... des mandats d'initiative dans les commissions parlementaires.
Là, on voit que... c'est quoi, 2006, on
est en 2021. 16 ans... 15, 16 après, on l'utilise encore. En tout cas,
moi, je l'utilise.
Donc, si on revient aux recommandations de
cette commission, il y a des recommandations, clairement, qui touchent le BEM.
Une de recommandations, écoutez bien ça, Mme la Présidente : «Que le rôle
du Bureau d'évaluation médicale soit revu de manière à éliminer la confusion
entre son rôle scientifique et son rôle juridique.»
Une autre recommandation : «Que seule
la Commission de la santé et de la sécurité du travail puisse demander au BEM
d'émettre un avis.» Bon, puis il y a plein d'autres...
Ah! il y a une autre recommandation
ici : «Que les efforts d'amélioration du fonctionnement du BEM et de la
qualité de ses avis se poursuivent.» Puis ainsi de suite, là, il y a d'autres
recommandations qui sont peut-être moins pertinentes en vertu du débat que nous
avons à l'heure actuelle.
Alors, moi, ce que je dis, Mme la
Présidente, c'est que le débat qu'on a présentement sur le BEM, il n'est pas
sorti de nulle part...
M. Gaudreault : …puis, ainsi de
suite, là. Il y a d'autres recommandations qui sont peut-être moins pertinentes
en vertu du débat que nous avons à l'heure actuelle.
Alors, moi, ce que je dis, Mme la
Présidente, c'est que le débat qu'on a présentement sur le BEM, il n'est pas
sorti de nulle part. Ce n'est pas nous, là, que venons dire, là : On va
discuter du BEM. Déjà, en 2006, nos prédécesseurs avaient fait un rapport
là-dessus. On se fait souvent dire, en politique : Les rapports demeurent
sur des tablettes, dorment sur des tablettes. Alors là, c'est pour ça, moi, je
tends la main au ministre, à la suite du débat que nous avons, pour sortir de
notre coquille, sortir de la boîte puis voir comment on peut améliorer la
situation.
Et d'ailleurs, moi j'aime bien cette
recommandation et j'aimerais savoir l'opinion du ministre. Puis, je pense que
les amendements proposés par le député d'Hochelaga-Maisonneuve… parce qu'on
parle d'un amendement, là, c'est pour ça que je reviens là-dessus, là, je suis
hyper sur le bon picot. Quand le rapport de 2006 disait, le rapport de
notre commission disait «Que le rôle du Bureau d'évaluation médicale soit revu
de manière à éliminer la confusion entre son rôle scientifique et son rôle
juridique», j'aimerais savoir, de la part du ministre, il penche de quel bord,
lui. Il est-tu d'accord? Est-ce que c'est un rôle scientifique ou un rôle
juridique, ou un peu des deux? Tu sais, c'est quoi, là? Le BEM as-tu un côté
givré ou un côté sucré, là? Tu sais, le rôle scientifique puis le rôle
juridique. Alors…
M. Boulet : C'est purement
scientifique. C'est un avis. Le BEM rend un avis. Donc, c'est un arbitre qui
dit : J'entends, j'écoute, je vois le travailleur puis je rends un avis.
Et c'est après ça que la CNESST rend une décision qui confirme l'avis rendu
par… Ça fait que c'est sûr que ça évite la confusion que… à laquelle vous
faites référence, là, entre le scientifique puis le juridique, là, parce que
jamais le BEM ne rend de décisions.
M. Gaudreault : Non, ça, j'en
suis conscient. Mais il faudrait retourner dans le texte plus à fond, là, mais…
dans le texte du rapport de la commission. Mais si c'est un avis scientifique,
on dirait qu'avec le nombre de contestations, et surtout les… la répartition
des… les proportions que le ministre nous disait tout à l'heure, là, 41,9
confirment, 40,4 modifient, 17,7 infirment, est-ce que ce n'est pas devenu… si
c'est un rôle scientifique, est-ce que ce n'est pas devenu, pour les
employeurs, une instance juridique?
M. Boulet : Un instant, je
vais juste vérifier…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…une suspension, M. le ministre? …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…une suspension, M. le ministre?
(Consultation)
M. Boulet : Oui, c'est parce
que je suis en train de vérifier, collègue de Jonquière, puis c'est
intéressant, parce que c'est un rapport qui date de 2006 et il y a beaucoup de
mesures qui ont été prises…
M. Gaudreault : Oui
M. Boulet : …suite à ce rapport-là,
puis c'est quand même assez étoffé. Mais, je pourrai m'assurer de les partager
avec vous, puis avec les collègues, là, bien sûr, mais toutes les mesures qui
ont été prises suite à la production de ce rapport-là de la commission
économie, travail pour améliorer la qualité.
Il y avait une autre donnée que je voulais
vous… partager avec vous, puis ça va peut-être contribuer à démythifier un peu,
là, moi ce que j'appelle une fausse réalité, qu'on a l'impression que tout va
au BEM. Quand je dis : 82 % des réclamations initiales sont acceptées
à la CNESST. Il y a à peu près 90 000…
(Consultation)
…107 465 réclamations, dont 82 % sont
acceptées. Puis, vous êtes meilleur en mathématique que moi, parce qu'on a la
même formation académique, ça fait que j'image que ça va nous prendre
cinq minutes chacun.
M. Gaudreault : Non, moi, j'ai
fait sciences humaines sans math au cégep.
M. Boulet : Moi de même.
M. Gaudreault : Ah, oui, mais
c'était vraiment…
M. Boulet : Ça fait que je ne
sais pas s'il y en a qui sont meilleurs que nous autres dans le calcul, là.
M. Gaudreault : Non, non, mais
c'était péjoratif, sciences humaines sans math, imagine.
M. Boulet : Ah, oui. On était
en bas de la pyramide, hein. On s'est rattrapé quand même.
M. Gaudreault : Oui, oui,
quand même… oui, en tout cas.
M. Boulet : Mais,
107 000 réclamations, 82 % acceptées puis à peu près 10,
11 000 avis BEM par année. Ce n'est quand même pas un… il n'y a pas
tant de… tu sais quand on parle de judiciarisation, il faut peut-être un peu
combattre cette perception-là que nous avons. Ça ne m'apparaît pas tout à fait
compatible avec la réalité et j'aimerais ça partager, là, pour revenir à votre
rapport, là, faire l'inventaire de toutes les mesures qui ont été mises en
application suite à ce rapport-là de la commission économie, travail. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions?
M. Gaudreault : Bien, pour
faire un peu de pouce sur ce que le ministre me dit par rapport au rapport de
2006. Moi, je trouve ça intéressant, on n'est pas obligé de l'avoir tout de
suite parce que le temps file, là, puis je comprends qu'on sort ça comme un
lapin d'un chapeau, mais si le ministère ou les gens qui travaillent avec le
ministre pouvaient nous produire comme un tableau, là, tu sais, avec des picos,
là, pour dire : Telles recommandations du rapport en 2006, est-ce que ça a
été suivi? Comment on fait? On le fait souvent pour les suivis de
recommandations. Je m'excuse de revenir avec l'exemple de la Commission de
l'administration publique, là, mais pour savoir…
17 h 30 (version non révisée)
M. Gaudreault : …les gens qui
travaillent avec le ministre pouvaient nous produire comme un tableau, là, tu
sais, avec des picots, là, pour dire : Telle recommandation du rapport en
2006, est-ce que ça a été suivi? Comment on fait? On le fait souvent pour les
suivis de recommandation. Je m'excuse de revenir avec l'exemple de la Commission
de l'administration publique, là, mais pour savoir si la recommandation a été
suivie et sinon pourquoi. Autrement dit, est-ce qu'il y a un tableau de suivi
des recommandations de cette commission de parlementaires en 2006? Et ça nous
permettrait de faire un meilleur travail pour le BEM, si on peut nous déposer
ça, et de voir pour s'assurer que le rapport de la commission 2006 n'a pas été
tabletté.
Puis je veux juste dire quand même quelque
chose au ministre, puis il va me permettre de le faire… bien, à permettre ou
pas, là, mais je veux dire, c'est, en tout respect, mais je comprends, là, son
calcul mathématique, on parle de 10 000, 12 000 sur 106 000,
107 000, je suis bien d'accord, mais chacun, chacune des 10 000,
12 000, c'est des M. Caron, comme, moi, j'ai connu à mon bureau de comté,
là, puis des gens qui vivent des drames et qui… Moi, je pense que personne ne
souhaite se retrouver dans les dédales de l'ensemble de la filière de la santé,
sécurité au travail au Québec. Donc, oui, c'est peut-être peu par rapport au
700 000, mais chaque personne n'est pas un chiffre, chaque personne vit
des situations puis des drames, et tout, et tout.
Donc, moi, je veux juste dire, à toutes
fins utiles, effectivement, c'est gros ou c'est petit, tout dépendant du point
de vue qu'on se place, mais on est ici pour faire un travail pour nous assurer
du respect, de la dignité des personnes, des travailleurs, des travailleuses
qui sont lésés ou accidentés et éviter les dérapages. Puis, moi, je dirais,
peut-être pour terminer sur ce point-là, que… le ministre dit : Ce n'est
peut-être pas nécessairement là qu'il y a les plus gros efforts de
déjudiciarisation à faire. Bien, moi, je pense que chaque effort compte, chaque
effort compte. Si on peut s'assurer qu'il n'y a pas une dérive du BEM, puis le
ministre a été très clair, là, d'un statut scientifique à un statut juridique,
bien, on aura toujours bien gagné ça, parce que si c'est scientifique, il faut
que ce soit purement scientifique. Et présentement, avec le projet de loi que
nous avons, le chapitre ou les articles qui touchent le BEM, je ne suis pas
convaincu qu'on règle ce problème-là.
Alors, tout ça pour dire, la chute finale,
moi, je vais appuyer les amendements du député… l'amendement du député
d'Hochelaga-Maisonneuve pour les raisons qu'il faut brasser la carcasse du BEM,
pour le bien des travailleurs puis des travailleuses et pour…
M. Gaudreault : …la chute
finale, moi, je vais appuyer l'amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve
pour les raisons qu'il faut brasser la carcasse du BEM, pour le bien des
travailleurs puis des travailleuses, et pour le bien de notre système, et aussi
pour déjudiciariser. Voilà, merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
M. Boulet : Rapidement, puis
de façon un peu télégraphique. Brasser une carcasse au détriment des
employeurs, je ne peux pas adhérer à ça. Mettre de la pression additionnelle
avec la collaboration du Comité consultatif travail et de la main-d'oeuvre, ça,
je vais poursuivre dans cette direction-là. Puis vous le dites bien, c'est la
multiplicité des efforts qui font qu'on atteint des objectifs, notamment, en
matière de judiciarisation. La dérive, je pense qu'on a évité ça. Le tableau de
suivi des recommandations, bien sûr, je vais demander à mon équipe de s'assurer
de vous le faire parvenir, puis d'en transmettre copie, bien sûr, au collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve et Nelligan.
Enfin, dernier commentaire. Pour chaque
M. Caron, il y a une petite entreprise membre de Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante. Il y en a énormément de petits qui vivent un stress
différent, mais qui sont contraints de vivre dans la bureaucratie, dans les
cotisations sur les masses salariales et autres, puis qui doivent compléter des
formulaires, ce n'est pas sain. Puis, en plus, l'employeur, vous le savez, il a
un devoir, en vertu de la loi, d'assister le travailleur. Il a un devoir
d'assistance pour lui permettre de compléter les formulaires de réclamation,
puis bon, de signer tous les avis puis réclamations, puis ce n'est pas sain
pour les membres. Mais je dis : Il faut penser à M. Caron puis il
faut penser aux petites entreprises aussi. Merci, hein, d'avoir fait…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement? Député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Puis je salue d'avance le député de Jonquière qui annonçait qu'il
allait appuyer mon amendement, c'est apprécié.
Puis moi aussi, je vais bondir rapidement
sur ce qu'il a évoqué également, le rapport de la Commission de l'économie et
du travail, on en a parlé rapidement hier, là. C'est vrai qu'une recommandation
qui est importante sur laquelle, en fait, j'ai basé cet amendement, qui est la
un, deux, trois, quatre… cinquième, que seule la Commission de la santé et de
la sécurité du travail puisse demander au Bureau d'évaluation médicale
d'émettre un avis, c'est précisément l'effet recherché de l'amendement dont on
est en train de discuter. Puis, si on va à la fin de ce rapport-là, là, de
décembre 2006, on voit la collègue du député de Jonquière,
Mme Lorraine Richard, députée de Duplessis, qui était là à l'époque.
On voit aussi, puis je l'ai souligné également, M. Karl Blackburn, qui
était député de Roberval, qui est aujourd'hui rendu à la tête du Conseil
du patronat. Je ne sais pas sur le Conseil du patronat appuie cette
recommandation-là. Il faudra leur demander et ils nous donneront leur avis en
temps et lieu.
Cela étant dit, je ne sors
pas ça d'un chapeau, là. C'est quelque chose sur lequel on est allé plonger
dans le passé parce que c'est quand même un vieux débat, l'existence du BEM.
Tellement vieux, puis ça sera probablement ma dernière intervention, Mme la
Présidente, qu'il y a un rapport qui date du 6 mai…
M. Leduc : ...il faudra leur
demander ou ils nous donneront leur avis en temps et lieu.
Ceci étant dit, je ne sors pas ça d'un
chapeau, là. C'est quelque chose sur lequel on est allé plonger dans le passé parce
que c'est quand même un vieux débat, l'existence du BEM. Tellement vieux, puis
ça sera probablement ma dernière intervention, Mme la Présidente, qu'il y a un
rapport qui date du 6 mai 94. J'étais-tu rendu au secondaire, moi, en 94? Je
n'étais pas loin, je n'étais pas loin, j'y arrivais. L'année après la dernière
coupe Stanley du Canadien aussi, faut-il le mentionner? Peut-être que c'est
cette année qu'on repart le bal, un nouveau marqueur.
Bref, la déjudiciarisation du régime québécois
de santé et sécurité du travail, je vous lis un extrait d'une page, là, qui est
assez fascinant au regard du débat qu'on a ici aujourd'hui : «L'analyse du
processus décisionnel en matière médicale. Le comité s'est longtemps penché sur
la question de l'évaluation médicale d'abord en raison du nombre des
contestations qui en découlent, mais aussi parce que les personnes rencontrées
ont critiqué cette mesure. Il paraît clair que la structure de fonctionnement
qu'impose la loi s'appuie sur le souci d'obtenir à l'égard d'une question
médicale une décision guidée par un professionnel de la santé impartial et
indépendant de la commission. Sa structure comporte toutefois certains éléments
déclencheurs d'affrontement.
«Le médecin désigné par la CSST,
conformément à l'article 204 de la LATMP, est le plus souvent perçu comme
un adversaire du médecin qui a charge du travailleur. Ainsi, dès le début du
processus tend à s'installer un climat de méfiance et de confrontation plutôt
que de concertation. Le ton est donné à la suite du dossier, toutes les
décisions ultérieures seront perçues comme hostiles et systématique contestées.
«Donc, du simple fait du processus en
place et sans que personne ne soit à blâmer, le système actuel oriente les
parties vers une attitude de confrontation. Il a également lieu de mentionner
qu'un régime sur la confrontation d'avis médicaux modifie la finalité de
l'expertise médicale, alors que la véritable fonction de l'expertise médicale
est de servir le diagnostic et de soutenir le traitement adéquat. Elle devient,
dans le processus actuel, un instrument servant à l'arbitrage des différends.»
Je termine, Mme la Présidente, avec un
autre extrait, parce que, là, après ça, ils font des recommandations,
notamment...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. «Le système actuel favorise la surenchère des expertises médicales
dont les parties doivent assumer les frais et les inconvénients. Ce
chassé-croisé d'expertise cristallise les divergences d'opinions entre
médecins. De plus, le nombre des expertises médicales demandées dans le
contexte du processus actuel constitue un frein à l'obtention rapide d'une
décision finale en ce matière, ce qui ne favorise personne et entraîne un coût
social exagéré.»
1994, Mme la Présidente, un rapport qui a
été administré par la... commandé par la CNESST. On pourrait redire mot pour
mot ce qui a été écrit là, en 1994. J'aurais aimé ça qu'on ait... On a eu un
bon débat aujourd'hui, je le salue. On l'a finalement fait en après-midi plutôt
qu'en matinée, ce n'est pas grave, on l'a fait, c'était l'essentiel. Et voilà,
moi, je voulais me battre pour qu'on avance, pour qu'on avance dans la défense
des travailleurs, travailleuses. J'aurais souhaité qu'on ait une solution avec
le BEM. Mais voilà, ça aura été ma contribution. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Alors, je comprends que, s'il n'y a pas
d'autres interventions, nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement
déposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve concernant l'article... ou le
nouvel article proposé à 61.1.
La Secrétaire
: Oui.
Pour, contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...merci. Y a-t-il d'autres interventions? Alors, je comprends que s'il n'y a
pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement
déposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve concernant le nouvel article
proposé à 61.1.
La Secrétaire
: Oui.
Pour, contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M.
Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Abstention.
La Secrétaire
: M.
Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire
: Et Mme
IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. Nous... Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : On va vous envoyer
un nouveau 61.1, Mme la Présidente. On peut suspendre très rapidement, deux
petites minutes.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui. Est-ce qu'il est déjà rédigé?
M. Leduc : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Non? Oui? Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 40)
(Reprise à 17 h 55)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous avons reçu un nouvel amendement de la part du député
d'Hochelaga-Maisonneuve. Je vous invite à le lire et à l'expliquer s'il y a
lieu.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. L'amendement va comme suit : L'article suivant est ajouté au projet
de loi :
61.1. Cette loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 216, du suivant :
«216.1. Ne peut agir comme membre du
Bureau d'évaluation médicale un professionnel de la santé ayant déjà été radié
par son ordre professionnel en raison d'un geste posé alors qu'il agissait
comme membre de ce bureau.»
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des explications?
M. Leduc : Oui. Là, je
comprends, par contre, qu'il y a des vérifications du côté de la partie gouvernementale.
Mais en gros, ça dit... c'est pas mal ce qui est écrit là, en ce sens où on
veut s'assurer... pas nécessairement que ça soit quelque chose qui est arrivé
très fréquemment, mais que, si un membre du BEM, surtout si on... bon, là, on
ne l'a pas aboli, là, on n'a pas permis d'aller réduire la portée de l'outil du
BEM d'un point de vue de groupe du patron... de patronaux... voyons, de groupes
patronaux, pardon, et, bon, alors, s'il est pour exister encore, le BEM, il
faudrait vraiment s'assurer qu'il y ait une confiance absolue envers son
impartialité.
Et, techniquement parlant.... Et, au pire,
peut-être qu'avec la vérification qui sera faite, là, dans la soirée, peut-être
que demain, le ministre nous corrigera ou nous informera de ce qui peut exister
déjà comme procédure pour s'assurer de ça. Mais nous, on voulait, en tout cas,
au moins, en le mettant au jeu comme ça, s'assurer que, si une personne est
radiée dans le cadre de quelque chose qu'il a fait dans le cadre de son travail
au BEM, bien, qu'il ne pourra pas continuer à y siéger par la suite.
M. Boulet : Écoutez, Mme la
Présidente, moi, je vais saluer le mérite de cet amendement-là qui vise, bien
sûr, à rassurer les travailleurs et les employeurs de la parfaite probité et
intégrité professionnelle des membres du BEM. Puis effectivement, comme le dit
le collègue, dans le mesure où le BEM va continuer à exercer des fonctions,
soyons certains que c'est des personnes qui ont toutes les habilités puis
toutes les qualifications.
Et je vérifie parce que...
M. Boulet : …les travailleurs
et les employeurs de la parfaite probité et intégrité professionnelle des
membres du BEM. Puis effectivement, comme le dit le collègue, dans la mesure où
le BEM va continuer à exercer des fonctions, soyons certains que c'est des
personnes qui ont toutes les habilités puis toutes les qualifications.
Et je vérifie parce qu'il y a une entente
entre le Comité consultatif travail et main-d'oeuvre qui me recommande… il y a
une entente entre le CCTM et le Collège des médecins, et je veux voir au niveau
de la vérification diligente qui est faite par le CCTM avant de me faire
recommander ce qu'ils font à cet égard-là, puis on va le codifier. Moi, je
souhaite qu'on puisse le codifier, là, à moins qu'il y ait un obstacle
technique que j'ignore, mais j'aimerais ça qu'on puisse codifier le contenu de
cette entente-là. Parce que sur le mérite, je l'ai dit aux collègues hors
micro, je suis d'accord avec le contenu de l'amendement. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Écoutez, il reste deux minutes, deux
minutes. Oui, député de Jonquière.
M. Gaudreault : Question un
peu bête, là, est-ce que, pour être membre du BEM, il faut nécessairement être
membre d'un ordre professionnel? Est-ce qu'il y a des gens qui agissent en
matière de santé qui ne sont pas membres d'un ordre professionnel?
M. Boulet : Non, non. Mais
quand j'aurai le contenu de l'entente, là, entre le CCTM puis le Collège des
médecins, je pourrai vous confirmer, mais il faut que tu sois membre du Collège
des médecins.
M. Gaudreault : Oui, mais il y
a d'autres professionnels qui agissent. Est-ce qu'il y a d'autres
professionnels qui peuvent agir…
M. Boulet : Est-ce qu'il y en
a d'autres?
M. Gaudreault : Des
physiothérapeutes, des…
M. Boulet : Seulement des
médecins. Pour l'évaluation médicale, là, pour les cinq volets de
l'article 212, ce ne sont que des médecins.
M. Gaudreault : O.K. Il n'y a
pas de travailleurs sociaux, de…
M. Boulet : Non. Non, mais ça,
on a élargi, là, suite à la loi… c'était-u la loi n° 6, là, pour la
désignation du professionnel de la santé, là? Le médecin qui s'occupe du
travailleur, ça peut être autre chose qu'un médecin, là, puis dans certaines circonstances.
Mais pour être un membre du Bureau d'évaluation médicale, il faut absolument
être un médecin.
M. Gaudreault : O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Il n'y a pas d'autres interventions? Bien, écoutez, compte tenu de l'heure…
je vous remercie d'abord la belle collaboration que nous avons eue aujourd'hui.
Je vous remercie.
Et, compte tenu de l'heure, bien, la
commission ajourne ses travaux sine die. Je vous invite à bien faire… à bien
dormir cette nuit parce que, demain, nous avons une longue journée.
(Fin de la séance à 15 h 59)