Journal des débats (Hansard) of the Committee on Labour and the Economy
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(November 27, 2018 au October 13, 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Friday, June 4, 2021
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Vol. 45 N° 103
Clause-by-clause consideration of Bill 59, An Act to modernize the occupational health and safety regime
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Polo) : Votre
attention, s'il vous plaît. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'économie et du travail ouverte. La commission est réunie
afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 59, Loi modernisant le régime de santé de sécurité du travail.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Mme Boutin (Jean-Talon) est remplacée par Mme Lavallée
(Repentigny) et Mme Chassé (Châteauguay) est remplacée par M. Caron
(Portneuf).
Le Président (M. Polo) :
Merci. Ce matin, nous poursuivons avec l'étude de... nous poursuivons avec le
sujet 4, fonctionnement, deuxième partie, 4.2, l'optimisation des recours,
4.2.1, la révision des décisions de la CNESST. Nous poursuivons l'étude de l'amendement
du député d'Hochelaga-Maisonneuve proposant le nouvel article 112.1.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur cet amendement?
M. Leduc : Oui. Si vous me
donnez juste un instant, M. le Président, je vais juste ramasser mes papiers
vite, vite, puis je vous reviens.
Le Président (M. Polo) : Pas
de problème.
M. Leduc : Peut-être une
suspension de deux, trois minutes?
Le Président (M. Polo) : Ah!
O.K., oui.
Suspension, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 11 h 22)
(Reprise à 11 h 29)
Le Président (M. Polo) : Merci
beaucoup. Nous sommes de retour. Donc, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
vous avez demandé une suspension pour réviser quelques instants. Alors, la
parole est à vous.
M. Leduc : Merci beaucoup, M.
le Président. Merci de cette suspension, ça nous aide à saisir du dossier qu'on
a terminé très tard hier. Et voilà.
La proposition que j'ai déposée, je ne
relirai pas le libellé, là, de toute façon, il est assez technique, mais fait
référence au processus bien compliqué mais qui est important quand même, puis
on en a largement discuté, là, d'une décision de la commission, du processus de
révision, et après ça, de contestation devant le tribunal. Il faut bien
comprendre l'étape un, deux, trois, décision de la commission, potentielle
révision, et après ça, potentielle contestation au tribunal. Et à l'article 362
de LATMP, il y a une précision qui dit que les «décisions rendues… en révision…
ont effet immédiatement», ce qui est assez logique, mais après ça, dans l'article
362, ils font une liste de toutes sortes d'exceptions, ils font référence à
d'autres articles de la loi.
• (11 h 30) •
Et nous, ce qu'on voudrait faire ici,
c'est rajouter une autre exception, donc, qui viendrait suspendre
l'applicabilité de la décision de révision jusqu'à la contestation si, bien
sûr, elle fait objet d'une contestation et c'est celle… une autre exception qui
ferait référence au montant…
11 h 30 (version non révisée)
M. Leduc : …et nous, ce qu'on
voudrait faire ici, c'est rajouter une autre exception, donc, qui viendrait
suspendre l'applicabilité de la décision de révision jusqu'à la contestation,
si bien sûr elle fait l'objet d'une contestation, et c'est celle… une autre
exception qui ferait référence au montant d'une indemnité de remplacement de
revenu, le fameux IRR.
C'est… on ne sort pas ça d'un chapeau,
c'est quelque chose qui existait auparavant dans la loi originale, dans la loi
de 1985, et qui a été retiré plus tard, dans ce que certains pourraient appeler
une contre-réforme, mais là n'est pas la question de faire le bilan de cette
réforme-là de l'époque, mais pour vous dire que c'est quelque chose qui a déjà
existé. Donc, ce n'est pas quelque chose qui sort d'un chapeau, et c'est
quelque chose que certains groupes nous indiquent qui serait bénéfique pour les
travailleurs, travailleuses, de ramener. Alors, c'est sûr que lorsqu'on parle
du montant de l'indemnité de remplacement de revenu, c'est essentiel pour la
stabilité financière d'un salarié, ça ne change à peu près rien pour le taux,
l'imputation ou la cotisation ou les finances de l'employeur, c'est tout un
autre système qui s'applique à ce moment-là, mais pour le salarié qui subit une
lésion, bien sûr, donc on se rappelle, hier, on faisait référence au double
défi d'un travailleur qui vit une situation comme ça, il y a la lésion comme
telle puis en plus il y a tout le processus révision, contestation, etc. Alors,
si, en plus de ça, dans la possibilité qui existe d'avoir, donc, une décision
favorable de la commission de vous reconnaître une indemnité et un montant qui
va avec, mais que là il y a une révision qui est demandée par l'employeur, et
que là la révision donne raison à l'employeur, mais, on voudrait s'assurer que
si le salarié conteste, bien, qu'on aille au bout de cette logique-là, qu'on
aille au bout de la contestation, mais qu'en attendant, et on le sait, le
ministre l'a soulevé lui-même hier à quel point ça peut être long,
malheureusement, pour toutes sortes de bonnes et de mauvaises raisons, bien, le
processus complet, là, entre la décision et la révision et la contestation, et
la décision finale, finalement, de cette contestation-là, il peut se passer quand
même plusieurs mois. Et de considérer que cette personne-là aurait pas accès à
son IRR parce qu'il y a contestation, parce qu'il y a une révision qui a
renversé la décision de la commission, m'apparaît un fardeau trop lourd à payer
pour le salarié, et ce qu'on souhaiterait, donc, c'est que, dans le fond, la
commission, la CNESST, continue d'appliquer la décision initiale dans ces
cas-là, hein, parce que là, on ne change pas la règle générale. La règle
générale, elle est bien précise à 362, c'est que les décisions rendues en
révision s'appliquent immédiatement. Ça, on ne vient pas bousculer l'ordre des
choses, c'est déjà prévu à 362 qu'il y ait plusieurs exceptions à cette règle
générale. Nous, on pense qu'il y a lieu d'en rajouter une nouvelle exception,
pour que la décision originale de la commission, qui reconnaîtrait donc une
indemnité de revenu et un montant lié à cette indemnité-là continue de
s'appliquer si la révision est négative au travailleur et qu'il décide de la
contester. Bref…
M. Leduc : ...et une nouvelle
exception pour que la décision originale de la commission, qui reconnaîtrait
donc une indemnité de revenu et un montant lié à cette indemnité-là, continue
de s'appliquer si la révision est négative au travailleur et qu'il décide de la
contester.
Bref, pour avoir la décision finale, parce
qu'on le sait que la révision peut, dans certains cas, être la dernière étape
dans ce processus, dans cette possibilité de contestation judiciaire, mais, on
l'a également abordé abondamment, n'est souvent qu'une étape, parce que
souvent, on va aller au tribunal, surtout dans un cas en particulier où une
indemnité est soit refusée ou le montant est revu substantiellement à la
baisse. Mais c'est surtout, évidemment, à ces étapes-là qu'il va y avoir des
contestations jusqu'au tribunal. Or, il m'apparaît intéressant d'aborder cette question-là
pour qu'on donne toute la stabilité financière nécessaire au salarié qui vit
déjà un parcours difficile vu sa lésion et, en plus, un parcours difficile au
regard de la judiciarisation de son dossier.
M. Boulet : Merci. On va
reprendre le même genre de discussion qu'on a eue hier à un autre de vos
amendements qui concernait les mesures de réadaptation, où, finalement, ce que
nous soumettions, c'est qu'il ne faut pas aller dans le paramétrique, il faut
tenir compte des particularités de chaque cas d'espèce. Et donc on référait à
la possibilité du Tribunal administratif du travail de surseoir à a décision
plutôt qu'unilatéralement le travailleur, qui est contre des mesures de
réadaptation approuvées par son médecin et entérinées par les intervenants,
décide qu'en contestant, il peut mettre fin... ça met fin immédiatement aux
mesures de réadaptation.
Donc, c'est de même nature, parce que 362
reprend le principe du caractère exécutoire des décisions, sauf. Puis les
exceptions, vous allez voir, c'est toujours des cas vraiment particuliers, une
indemnité forfaitaire, par exemple, suite au décès de quelqu'un, une indemnité
pour dommage corporel. Donc, on prévoit la possibilité de poursuivre dans des
cas exceptionnels, mais là vous transformeriez ça en règle. Dès qu'il y a une
décision qui annule un montant d'IRR, s'il y a une contestation, tu continues
d'y avoir droit. Mais la décision n'est plus exécutoire. En fait, ce que vous
dites : il continue de recevoir l'indemnité de remplacement de revenu
jusqu'à ce qu'il y ait une décision finale. Est-ce que c'est ce que je
comprends bien?
Alors que déjà, puis votre collègue à
votre gauche a dû déjà vous le signifier, 359.2 prévoit la possibilité, comme
hier, à la… quand il y a une contestation, le tribunal peut ordonner de
surseoir...
M. Boulet : …décision finale.
Est-ce que c'est ce que je comprends bien? Alors que déjà, puis votre collègue
à votre gauche a dû déjà vous le signifier, 359.2 prévoit la possibilité, comme
hier, à la… quand il y a une contestation, le tribunal peut ordonner de
surseoir, d'une part, quand le travailleur pourrait en subir un préjudice
grave. Donc, cette possibilité-là nous permet d'avoir des décisions compatibles
avec la particularité de chaque cas. Puis autre article intéressant aussi, que
votre collègue à votre gauche vous a indiqué, c'est que, dans les cas de
décisions qui annulent ou qui réduisent des indemnités de remplacement de revenus,
parce que l'inverse peut arriver, il continue d'en recevoir parce que la
décision lui est favorable, puis le Tribunal administratif du travail peut dire
que ce n'était pas justifié, il peut réduire ou annuler, ces prestations-là déjà
fournies ne peuvent être recouvrées. Donc, on a une pas pire ceinture puis on a
des pas pire bretelles. Il y a la possibilité de surseoir, d'une part, puis en
plus il y a une garantie que ce qu'il a reçu, ce n'est pas recouvrable. Moi, je
trouve que c'est un filet de sécurité, pour le travailleur, qui est extrêmement
intéressant dans le corpus actuel de la loi.
Là, systématiquement dire : Quand il
y a une décision qui annule le montant d'une indemnité, c'est dans les
exceptions, puis le caractère exécutoire ne s'applique pas, je trouve que c'est
paramétrique puis c'est… suivant le même raisonnement qu'hier, ça ne nous
apparaît pas comme un amendement qui est… bien, qui est recevable, oui, mais
qui est approprié.
M. Leduc : On a un bel exemple
ici, puis probablement dans les plus clairs, du problème de l'effectivité du
droit, que je ramène de manière systématique ou systémique, selon le mot, ça
dépend de qui est à l'aise ou pas avec ce mot-là, mais, bref, que je ramène
souvent, le concept de l'effectivité du droit, qui dit : Bravo, là, il y a
un bel article, sur papier, là, dans ton beau Code du travail ou dans ta belle
LSST ou LATMP, mais est-ce qu'elle fonctionne? Est-ce qu'elle fonctionne dans
le réel? Est-ce qu'elle fonctionne dans le terrain, sur le plancher des vaches?
Moi, les…
M. Boulet : Oui, s'il y a un
problème de fonctionnement, soulevez-le. Mais je l'ai mentionné aussi hier, les
demandes de sursis sont entendues d'urgence, c'est tout le temps entendu
d'urgence. C'est comme… je faisais le parallèle avec les demandes d'injonction
dans les conflits de travail, c'est entendu, c'est une affaire de jours, ça
fait qu'il n'y a pas de problème de fonctionnalité. Je le dis, il n'y a pas
personne… si la personne subit un préjudice grave, elle va obtenir un sursis.
Puis, en plus, on dit : Il n'y a pas de possibilité de recouvrement des
indemnités déjà…
M. Boulet : …Ça fait qu'il n'y
a pas de problème de fonctionnalité. Je le dis, il n'y a pas personne… si la
personne subit un préjudice grave, elle va obtenir un sursis. Puis en plus, on
dit il n'y a pas de possibilité de recouvrement des indemnités déjà reçues par
le travailleur. Je pense que ça, c'est une protection qui est adéquate, puis
qui tient compte du cas par cas, parce que chaque cas, vous le savez, je le
redis souvent, en est un d'espèce.
M. Leduc : Ce que les
praticiens, donc, de la santé-sécurité me disent, c'est que cette
disposition-là, là, de l'alinéa 2 de 359, bien, ce n'est jamais
appliqué, en pratique. En particulier pour les cas d'IRR, le TAT n'ordonne
jamais de surseoir à une décision. Puis la contestation, bien, qui devrait, comme
vous le dites, être traitée d'urgence ou en priorité, bien, de ce qu'on me dit
dans les faits, ça reçoit un traitement équivalent à toutes les autres
dispositions, pour surseoir.
• (11 h 40) •
M. Boulet : Si c'est le cas,
là, moi, je dis aux praticiens : Utilisez cette possibilité-là, je pense
que les praticiens ne l'utilisent pas. Mais si un travailleur, en raison d'une
décision qui annule son IRR, son indemnité de remplacement de revenu, subit un
préjudice, qu'il demande un sursis, qu'il demande au Tribunal administratif
d'exercer son pouvoir. Puis comme c'est entendu et c'est prévu que c'est
instruit d'urgence, s'il y a une problématique, qu'on lève la main. Puis ce
n'est pas acceptable, là.
Est-ce qu'il y a eu un cas? Mais il ne
faut pas transformer le cas malheureux, où ça n'a peut-être pas bien été… Parce
que je ne nie pas que peut-être un praticien en santé et sécurité l'a tenté
puis pas avec succès. Mais il ne faut pas, parce qu'il y a eu un cas ou des cas
comme ça, transformer ça en une nouvelle règle paramétrique, disant qu'à chaque
fois qu'il y a une décision qui annule, elle n'est pas exécutoire tant qu'il
n'y a pas de décision finale. C'est comme un peu régler… moi, j'appelle ça…
puis je n'ai jamais été un partisan de ça, là, tu sais, même en matière
disciplinaire. Il faut coller à la réalité de chaque cas, tenir compte des
circonstances aggravantes, des circonstances atténuantes. Ce n'est pas parce
que tu as un retard au travail qu'on va t'imposer une suspension de
trois jours. Puis il y a des… vous le savez, il y avait une époque où il y
avait des cas de discipline, puis c'était mécanique mais ça ne donne pas des
bons résultats. Moi, je n'ai jamais été un partisan de ça, puis on ne
pratiquait pas du même côté. Et j'ai toujours dit : Non, chaque cas, il
faut en faire une analyse complète, est-ce que c'est son premier retard, c'est
quoi, ses années d'ancienneté, c'est quoi, sa motivation puis la mesure
disciplinaire tient compte, il faut qu'elle soit proportionnelle à la réalité
factuelle de chaque cas.
Je raisonne exactement de la même manière
en droit puis les lois modernes sont ainsi raisonnées. Il faut tenir compte de
la particularité de chaque personne puis ne pas dire à chaque fois : Bien,
il y a une décision qui annule mon indemnité de remplacement de revenu puis
elle est contestée par l'employeur, je continue de recevoir…
M. Boulet : …je raisonne exactement
de la même manière en droit, puis les lois modernes sont ainsi raisonnées. Il
faut tenir compte de la particularité de chaque personne puis ne pas dire à
chaque fois : Bien, il y a une décision qui annule mon indemnité de
remplacement de revenus puis elle est contestée par l'employeur, je continue de
recevoir l'indemnité, indépendamment de la situation. C'est plutôt y aller à la
source puis dire : Il y a un problème, puis je peux subir un préjudice
grave. Puis c'est de la même nature que les exceptions qui sont prévues à 362.
C'est une indemnité forfaitaire de décès, une indemnité pour dommages
corporels. C'est de la nature des exceptions. Nous ne sommes pas dans ce type
de catégories là.
M. Leduc : Moi, je… C'est
drôle parce qu'hier on parlait de tendances lourdes. Là aujourd'hui, c'est
comme si on parlait de l'autre extrême, des anecdotes. C'est comme s'il
faudrait prouver le…
M. Boulet : Moi, j'apprends
beaucoup en commission parlementaire avec un expert des tendances lourdes, là.
Vous allez nous en annoncer une autre, je présume.
M. Leduc : Ce n'est pas là que
je m'en allais, mais si vous m'ouvrez la porte…
M. Boulet : Tu sais, si vous
ne l'avez pas mentionné le cas des praticiens auxquels vous faisiez référence,
c'est que c'était probablement une tendance légère. Est-ce que ça se peut?
M. Leduc : Ah! là, je ne
m'avancerai pas sur les nuances entre anecdote et tendance lourde. Il y en
aurait beaucoup à dire, en effet. Bien, en fait, tu sais, blague à part, M. le
ministre, si on vous amène ça aujourd'hui, c'est quand même que ça arrive assez
fréquemment pour qu'on veuille vouloir transformer cette possibilité-là de
pouvoir surseoir en règle un peu plus générale. Je ne me cacherai pas par
rapport à ça, là.
M. Boulet : Totalement
général. Ce n'est pas un peu plus.
M. Leduc : Bien, oui, mais ça
demeure une règle générale si elle est choisie, si elle est appliquée. On a eu
le débat, hier, sur l'autre sujet. Mais encore une fois, je pense que ce qui
diffère peut-être cet amendement-là de ceux qu'on a discuté hier, c'est que là
on parle de la précarité financière du salarié. Dans les faits, donc la presque
systématique non-application de 359 par le TAT, compte tenu… dont les lettres
du TAT en plus sur les demandes de sursis, bien il y a une forme d'injustice de
laisser sans revenu pendant des longs mois une victime de lésions
professionnelles inapte au travail, puis qui aurait normalement eu droit à
l'IRR en début de parcours, selon la CNESST, qui a été initialement reconnue.
Puis vous savez cette proposition-là que
je vous fais, vous pouvez la retrouver si on …fouine dans les rapports de la commission
dans laquelle on siège, hein, aujourd'hui, la Commission de l'économie et du
travail qui, en décembre 2006, avait produit un intéressant rapport sur le BEM,
le Bureau d'évaluation médicale, qui recommandait un mécanisme de protection du
revenu des travailleurs, travailleuses qui contestent notamment un BEM, en
attendant de pouvoir faire valoir leurs droits au tribunal. Donc, c'est une des
variantes, là, mais l'idée d'assurer une stabilité financière aux salariés,
moi, me semble suffisamment intéressante, cette perspective-là, pour vous faire
cette proposition-là aujourd'hui. Parce que l'idée de les laisser s'essayer
puis de voir si 359…
M. Leduc : …mais l'idée
d'assurer une stabilité financière au salarié, moi, me semble suffisamment intéressante,
cette perspective-là, pour vous faire cette proposition-là aujourd'hui. Parce
que l'idée de les laisser s'essayer, puis de voir si 359, contrairement à
toutes les autres fois, cette fois-ci, va fonctionner pour de toi, de les
laisser aller en disant : Bien, prends ton mal en patience, pour toutes
sortes de bonnes et mauvaises raisons, les délais aux tribunaux sont longs,
sont trop longs, puis essaie-toi en sursis, puis après ça, tu pars en
contestation, puis Dieu seul sait quand est-ce que ça va se terminer… me semble
qu'on devrait lui assurer ce revenu-là pour le long de la contestation. Puis
entre vous et moi, ça serait une, peut-être, une petite pression salutaire sur
le système juridique et le système plus général, donc la SST, pour accélérer,
là, la prise en charge des dossiers du point de vue des tribunaux.
M. Boulet : Je résume, comme
je pose parfois la question, vous n'avez pas pu évaluer l'impact financier d'un
amendement de cette nature-là. J'en profite pour dire que 100 % des
cotisations du régime d'indemnisation sont payés par les employeurs. Il y a des
coûts puis il n'y a pas des coûts qui sont des peanuts, là, comme on a déjà
discuté, là, que ce soit 1 million ou 5 millions, c'est toujours un
fardeau. Mais je ne veux pas trop m'attacher à ça.
Il y a un mot que vous avez dit qui me
préoccupe, quand vous dites : Une injustice. C'est la raison pour laquelle
on ne veut pas qu'il y en ait d'injustices. Puis d'ailleurs on fait un
amendement à l'article 235, on en a discuté hier, reconfirmant le pouvoir du
Tribunal administratif de surseoir. Et dans le cas d'une décision qui annule
une indemnité de remplacement de revenu, il est prévu encore plus clairement le
sursis de la décision.
Je pense qu'on a intérêt à faire de la
pédagogie auprès des praticiens puis leur dire s'il y a injustice, parce que
j'aime ça, ce mot-là, s'il y a une injustice qui est exprimée par le concept de
préjudice grave dans des cas. Puis il peut y avoir des cas où ça engendre une
précarité financière. Il peut faire une demande de sursis, puis le tribunal va
s'exprimer rapidement.
Puis je répète encore une fois, c'est un
régime en plus, qui prévoit que, si tu as reçu de l'argent comme travailleur,
ça ne peut même pas être récupéré par la suite. C'est quand même une protection
qui est adéquate et qui est respectueuse des droits des travailleurs, là.
M. Leduc : Puis pourquoi elle
ne peut pas s'appliquer justement dans cette situation-là?
M. Boulet : Bien, c'est parce
que c'est le même raisonnement que je tenais hier, c'est systématiquement, dans
tous les cas, indépendamment de la situation, indépendamment de la motivation
de la contestation, dès qu'il y a une décision qui annule l'indemnité, elle
continue d'être effective, elle continue d'être exécutoire. C'est ça que vous
dites : Tant qu'il n'y a pas une décision finale, elle continue d'être exécutoire.
En fait, le travailleur continue de recevoir son indemnité même s'il y a une
décision qui annule son indemnité. Ça va à l'encontre du principe du caractère
exécutoire. Et je le dis, il y a…
M. Boulet : …continue d'être
effective, elle continue d'être exécutoire. C'est ça que vous dites, tant qu'il
n'y a pas une décision finale. Elle continue d'être exécutoire. En fait, le
travailleur continue de recevoir son indemnité, même s'il y a une décision qui
annule son indemnité. Ça va à l'encontre du principe du caractère exécutoire,
et je le dis, il y a des cas, sûrement, des cas où ce n'est pas justifié, d'où
la raison du deuxième paragraphe de 359 qui permet de faire une demande de
sursis, puis le texte est clair. Le texte est clair puis je vous rappelle
encore une fois qu'il y a aussi 363 qui a un impact extrêmement intéressant.
C'est rare que… bien, c'est rare, il l'a probablement dans d'autres lois, là,
mais on dit : Si tu as reçu des montants sans droit, tu n'as pas à les
rembourser. Quand même une belle disposition en faveur des travailleurs, je
pense qu'on le reconnaît tous. Et moi, ceci dit, je suis totalement à l'aise
avec des dispositions de cette nature-là, puis je suis totalement à l'aise avec
la possibilité de sursis, puis je pense que les praticiens, s'il y a 1 %,
5 %, je ne le sais pas, de cas où ça cause un préjudice important au
travailleur, je les encourage, faites des demandes de sursis, puis que le
tribunal respecte ses règles puis instruise l'affaire d'urgence.
M. Leduc : …référence, là, à
100 % des cotisations qui proviennent des employeurs, puis vous avez
raison puis une chance que c'est comme ça, parce que 100 % des lésions
sont produites dans le cadre du travail. Une maudite chance que c'est les
employeurs qui soient responsables, là. On ne refera pas le débat du principe
de Meredith qu'on a fait hier, mais ça me semble évident, là, que 100 %
des cotisations sont des employeurs.
• (11 h 50) •
M. Boulet : Encore une fois,
on est devant un régime d'indemnisation sans égard à la faute. Si on revenait
aux principes généraux de responsabilité civile, puis il y avait des poursuites
tout le temps, imaginez les travailleurs qui perdent leur poursuite, où il y a
une responsabilité qui n'est pas reconnue. Imaginez le nombre… parce que vous
m'avez déjà dit, des employeurs qui risqueraient la précarité financière en
raison des poursuites, soit, mais il y a un moyen nombre important de
travailleurs aussi, qui vivraient dans la précarité, non seulement financière,
mais ce régime-là, là, ce qui est beau, là, c'est la santé des travailleurs,
d'abord et avant tout. On les encadre, il y a un régime où il y a des médecins
traitants, il y a des mesures de réadaptation, il y a un filet de protection.
Avoir un accident de travail, au Québec, tu bénéficies d'avantages puis je ne
les nie pas, je suis au contraire d'accord avec ça, mais ce que nous devons
viser fondamentalement, c'est des travailleurs en santé, c'est un pacte, il y a
une immunité de poursuites, mais, en retour, il y a un gros donnant, donnant,
c'est que c'est une indemnisation sans égard à la faute, puis ça…
M. Boulet : ...c'est des travailleurs
en santé. C'est un pacte. Il y a une immunité de poursuite, mais en retour il y
a un gros donnant-donnant, c'est que c'est une indemnisation sans égard à la
faute. Puis, ça, il n'y a pas un travailleur qui va remettre ça en question,
puis il n'y a pas un syndicat, en tout cas, de mon expérience, qui m'a
dit : Jean, ça n'a pas de bon sens, ce pacte-là, au contraire.
M. Leduc : ...ne remets pas en
question aujourd'hui, loin de moi. Je n'ai pas dit : 100 % des
lésions sont totalement de la faute des employeurs. J'ai dit : 100 %
des lésions sont sur les lieux de l'employeur.
M. Boulet : Oui, mais ça ne
rend pas l'employeur systématiquement responsable, mais en vertu du régime, ça
rend l'employeur systématiquement redevable d'un régime qui indemnise les
travailleurs quand c'est un accident de travail ou une maladie professionnelle,
ou une rechute, récidive, aggravation.
M. Leduc : Et un régime qui se
doit d'être assez large et assez généreux dans sa réparation en particulier. Et
c'est là que je trouve ça intéressant, parce que vous le dites vous-mêmes, puis
vous dites que vous êtes fier de cette disposition-là, où est-ce que les indemnités
qui sont déjà ramassées par le travailleur, on n'ira pas les rechercher par
après. Mais comme si la porte était déjà ouverte au grand complet puis il
restait juste trois pouces, là, à tirer pour la finir de l'ouvrir, puis là,
non, ce trois pouces-là, il est trop gros pour terminer l'ouverture de la
porte.
M. Boulet : Non, je suis d'accord
avec vous qu'il y a des situations, mais je dis que ce n'est pas tous les cas.
Puis je pense véritablement, à moins que vous me disiez qu'il y a une tendance
lourde, mais c'est loin d'être la majorité des cas où ça provoque des
préjudices ou ça engendre une précarité. Puis, dans ces cas-là, il y a un
corridor à emprunter qui permet à la personne de continuer de recevoir son
indemnité. C'est simple, on demande de surseoir puis on explique...
M. Leduc : ...
M. Boulet : Pardon?
M. Leduc : Je vais vous
laisser terminer.
M. Boulet : ...puis on
explique ce pour quoi on veut continuer de recevoir l'indemnité malgré la
contestation.
M. Leduc : Mais je vous
renverse l'argument du «systématique». Vous me dites : On ne veut pas
rendre ça systématique, sauf que moi, ce que je comprends des gens du terrain,
c'est que c'est la situation actuelle qui est systématique, c'est la demande de
sursis qui est systématiquement refusée dans les cas d'IRR. Ça fait que c'est
là qu'on vient... Dans le fond, c'est quel systématique qu'on choisit?
M. Boulet : Bien, tout à
l'heure vous me disiez que les praticiens ne le faisaient pas. Après ça, vous
m'avez dit : Les praticiens, ce qu'ils ont constaté, c'est que le TAT ne
traitait pas ça de manière urgente, il traitait ça comme un autre dossier. Moi,
ce n'est pas l'écho que j'ai. Si c'est ça au tribunal administratif, c'est que
le tribunal est chargé d'appliquer la loi, là, puis je ne veux pas donner de
leçon aux juges en qui j'ai une immense confiance. C'est des juges qui tiennent
compte du mérite des cas puis ils rendent décision aussi selon l'équité et la
bonne conscience. Puis, s'il y a eu des décisions où il y a eu des refus de
sursis, bien, je présume que c'était bien fondé. Mon Dieu! je ne remettrai pas
en question...
M. Boulet : ...c'est des juges
qui tiennent compte du mérite des cas, puis ils rendent des décisions aussi
selon l'équité et la bonne conscience. Puis, s'il y a eu des décisions ou il y
a eu des refus de sursis, bien, je présume que c'était bien fondé. Mon Dieu! je
ne remettrais pas en question les décisions rendues par les juges, surtout pas
ici, en commission parlementaire. Il y a aussi certainement des cas où la
demande de sursis a pu être acceptée.
Que ça ne soit pas entendu dans des
délais, que ça ne soit pas instruit d'urgence, ça, il faut s'interpeller, parce
que, si c'est effectivement le cas, ça me préoccupe autant que vous, parce que,
s'il y a un préjudice grave puis que le Tribunal administratif du travail
n'entend pas l'affaire d'urgence, il y a une problématique.
M. Leduc : Là, après ça, comme
je vous ai tantôt, moi, je ne les ai pas toutes lues, les décisions. Puis je
n'ai pas dit que les plaideurs ne le faisaient pas. J'ai dit que, justement,
quand ils le faisaient, c'est très, très rare qu'ils le gagnent, ce sursis-là.
Et c'est pourquoi, pour renverser ce presque systématiquement sursis perdu, qu'on
veut le renverser en disant : Bien, dans ce cas-là, que ça soit clair
qu'ils peuvent le faire. Et là il n'y aura plus de problème d'aller en sursis
ou pas, ça sera possible de l'avoir rapidement.
M. Boulet : ...il n'y aura
plus de problème, c'est que, dans tous les cas, indépendamment de la présence
d'un préjudice... Donc, ce que vous dites, par amendement, c'est que, dans tous
les cas, indépendamment du préjudice, la particularité du cas, systématiquement,
il continue de recevoir son indemnité.
Moi, je pense que ce n'est pas comme ça qu'on
règle un problème. Un problème, il faut y aller à sa source, puis il faut vraiment
tenir compte et prendre en considération les faits de l'espèce.
M. Leduc : ...on regarde... Parce
qu'il y a deux aspects au débat, là, il y a l'aspect sur le fond, que ce n'est
presque jamais reconnu, puis après ça il y a l'aspect du délai. Quand on regarde
le rapport annuel du TAT, là, ce n'est pas... Puis je sais qu'ils ont plein de
défis puis qu'ils font plein d'effort, là n'est pas la question. Mais, dans le
réel, on a des croûtes à manger, là, pour commencer à s'approcher à des délais
raisonnables.
Quand on regarde les dossiers qui sont
qualifiés d'urgents, ils classent ça entre deux types de délais, là, de zéro à
neuf mois ou plus de neuf mois, bien, il y en a la moitié qui sont plus de neuf
mois. Donc, ils ont de la misère à accoter un seuil de 50 % pour traiter
des dossiers soi-disant urgents dans un délai de zéro à neuf mois. Puis là je
n'ai pas la ventilation, là, entre zéro, trois, six et neuf mois, il y en a
quand même des nuances, mais, s'ils ont mis jusqu'à neuf mois, on peut imaginer
qu'il y en a quand même quelques-unes qui sont plus proches du neuf que du
zéro. Alors, la moitié des cas urgents se traitent dans le neuf mois et moins,
l'autre moitié dans plus de neuf mois.
Alors là, quand on est dans le plus de
neuf mois, pour des dossiers soi-disant urgents, là, qu'est-ce que ça veut dire
après ça, urgent, là? Puis on le sait que ce n'est pas...
M. Leduc : ...que du zéro.
Alors, la moitié des cas urgents se traitent dans le neuf mois et moins, et
l'autre moitié dans plus de neuf mois.
Alors là, quand on est dans le plus de
neuf mois pour des dossiers soi-disant urgents, là, qu'est-ce que ça veut dire
après ça, urgent, là? Puis on sait que ce n'est pas... Ce n'est pas sur la
qualité du dossier. On sait que, bien sûr, les gens au TAT voudraient et
reconnaissent l'urgence. Évidemment, ils font une catégorie urgence puis ils
n'ont pas du tout de problème à publier une statistique en disant qu'ils ont de
la misère à donner aux dossiers urgents un traitement de moins de neuf mois
dans la moitié des cas.
Alors, neuf mois, là, pour un sursis, neuf
mois sans indemnité de revenu, ce n'est pas... Ce n'est pas banal, là. Et on
s'approche d'une année, là. La personne est en lésion. Elle a des souffrances probablement
d'une nature ou d'une autre. Elle se pitche dans un parcours qui va être
compliqué juridiquement. Elle aura des dépenses. Elle a une perte de revenu.
Elle a peut-être une famille à nourrir. Bref, vous connaissez la chanson, elle
est dans une situation relativement précaire et, dans certains cas, certainement
précaire.
Et là on lui dit que dans le meilleur des
mondes, là, elle a une chance sur deux que son dossier urgent, donc la demande
de sursis, par exemple, puisse être traité à l'intérieur de neuf mois. Une chance
sur deux, vous tirez votre bille. Puis même si vous tombez dans la bonne catégorie,
on s'entend qu'entre zéro puis neuf, il y a une méchante marge. Vivre quelques
semaines sans revenu, encore possible de le faire. Quand on arrive dans du
trois mois, du six mois, ça commence à être plus difficile. Du neuf mois...
On parlait hier de l'aide sociale, tu
sais, qui devient dans les faits, la plupart du temps, le seul revenu
disponible. Vous êtes également ministre de la Solidarité sociale. Vous savez
qu'on a toutes sortes d'échanges sur les insuffisances de ce régime, mais
est-ce qu'on n'est pas, là, en train de condamner d'une part par les délais
très difficiles au TAT, puis on le sait qu'ils font des efforts, puis on les
salue, mais dans les faits, là, puis ils le disent eux-mêmes, c'est compliqué,
ce n'est pas évident, est-ce qu'on n'est pas en train de condamner ces
personnes-là? Parce qu'on refuse de faire quelque chose qu'on fait déjà de
toute façon, là, de ne pas aller réclamer les indemnités qu'on aurait déjà
versées, dans le fond d'étirer ça un peu plus longtemps puis s'assurer qu'une
lésion professionnelle pour personne au Québec devienne un immense fardeau
financier?
Puis la personne, là... Puis là, dans le
cas qu'on est en train d'étudier, c'est les personnes qui se sont fait
reconnaître la décision au départ par la commission, qui la perdent en
révision, mais qui veulent aller contester et puis qui gagnent au tribunal. Ça
existe, là.
• (12 heures) •
M. Boulet : Oui, mais il
y a plein de cas aussi à l'inverse où le Tribunal administratif du travail
décide par une décision finale, un an, un an et demi après la réclamation, que
les indemnités n'étaient pas fondées, qu'il n'y avait pas d'accident de travail
ou de maladie professionnelle au sens de la loi. Et il n'y a même pas
d'obligation de rembourser une cent. Et s'il y a un probablement au Tribunal
administratif du travail, la façon de régler ça, c'est d'en parler. Puis la
présidente du Tribunal administratif du travail, était là lors de l'étude de
crédits. Vous auriez pu lui poser des questions de cette nature-là...
12 h (version non révisée)
M. Boulet : …pas d'obligation
de rembourser une cenne. Et s'il y a un problème au Tribunal administratif du
travail, la façon de régler ça, c'est d'en parler, puis la présidente du Tribunal
administratif du travail était là lors de l'étude de crédits. Vous auriez pu lui
poser des questions de cette nature-là, et ça l'interpelle, puis probablement
qu'elle nous écoute. Et si c'est des délais déraisonnables en matière de
sursis, il faut que la présidente soit concernée par ce phénomène-là. Si,
effectivement, il y a un phénomène ou une tendance, il faut que ce soit entendu
d'urgence. On parle, ici, de préjudices graves. Bon, c'est de la nature puis…
c'est des motifs qui sont, à certains égards, similaires à ceux applicables en
matière d'injonction provisoire. Il faut que ce soit… et ça, c'est un autre
problème. On ne réglera pas le problème des délais que vous considérez trop
longs au tribunal administratif pour entendre des demandes de sursis en
modifiant la loi puis en disant : Maintenant, systématiquement, peu importe
la nature de la contestation, quand il y a une décision qui annule, tu
continues de la recevoir jusqu'à la décision finale. À quelque part, il faut
être équilibré puis il faut s'assurer que ce soit considéré cas par cas. Mais
je comprends que vous faites une critique de ce délai-là au Tribunal
administratif du travail, puis je suis convaincu que la présidente du TAT nous
entend puis qu'elle va adresser, entre guillemets, parce que c'est un
anglicisme, cette situation-là de manière diligente. Puis, je pense, comme je
la connais, là, elle serait, ici, puis elle expliquerait les délais parce que
moi je ne suis pas en mesure de dire : Est-ce que c'est le cas? Est-ce que
ce n'est pas le cas? Puis c'est quoi ce délai-là? À partir de quand? Puis comme
je la connais, là, c'est une femme minutieuse, rigoureuse et ordonnée. Elle
nous donnerait des explications logiques, j'en suis convaincu.
M. Leduc : Oui, sûrement, puis
la question, ici, aujourd'hui, n'est pas de voir s'il y a des raisons valides
ou logiques d'avoir des délais comme ça au TAT. Tout ça est probablement très
bien explicable et certainement très bien expliqué. Puis ça m'aurait fait
plaisir de poser des questions à la présidente du TAT à l'étude des crédits.
C'est un processus intéressant l'étude des crédits, on a un temps limité comme
vous le savez bien, très peu de minutes, en plus notre temps inclut vos
réponses, ce qui réduit, au final, le temps à très peu de questions. Puis j'ai
voulu profiter de l'étude des crédits de la dernière fois pour poser des
questions à Mme Oudar sur la fameuse pérennité du régime auquel vous
faisiez référence à de nombreuses reprises plus tôt dans le projet de loi. Elle
n'a pas pu répondre à toutes mes questions, malheureusement, parce que vous
préfériez, un peu, reprendre le fil de la discussion. Alors, qu'en aurait été…
si j'avais posé des questions à Mme…
M. Leduc : ...auquel vous
faisiez référence à de nombreuses reprises plus tôt dans le projet de loi. Elle
n'a pas pu répondre à toutes mes questions, malheureusement, parce que vous
préféreriez un peu reprendre le fil de la discussion. Alors, qu'en aurait été
si j'avais posé des questions à Mme Nadeau, je pense, la présidente du
TAT? Bien, bref, on ne le saura jamais, on le saura peut-être l'année prochaine.
Toujours est-il que, peu importe l'explication lumineuse qu'elle aurait pu nous
fournir, je suis convaincu qu'elle l'aurait fait, reste que les chiffres qui
sont devant nous sont là et que le délai qui est devant nous est là.
Si on fouine un peu plus loin dans le
rapport annuel du TAT, il y a un tableau intéressant. Il parle d'un objectif,
là, que le tribunal s'est donné, qui est la fermeture des dossiers
prioritaires. Cibles 2019‑2020 : Respecter le délai prévu par la loi
pour 10 % des dossiers. Il faut respecter la loi pour 10 % des
dossiers. Il y a quelque chose de triste, que ça soit un objectif, mais, bon,
on se le donne puis on pousse dans le bon sens, puis là ça suit
l'article 359 de la LATMP. Puis je vois que la décision concernant les contestations
prioritaires doit être rendue dans les trois mois qui suivent le dépôt de
l'acte introductif, sur papier encore, hein? Puis je ramène mon concept de
l'effectivité du droit. Puis là ils font trois catégories : délais de zéro
à trois mois, de trois à neuf mois et plus de neuf mois. Alors, de zéro à trois
mois, sur 17 000 dossiers, on a 972, de trois à neuf, 6 200, et
plus de neuf, 9 900. Alors, pour un total de 17 000 dossiers,
soi-disant prioritaires, il n'y en a que 900 qui respectent le délai de rendre
une décision en moins de trois mois, ce qui fait 5,7 % des dossiers. Alors,
le malheureux objectif de 10 % n'est pas rencontré. Le TAT ne réussit pas
à accoter le maigre objectif de 10 % de respecter la loi. On n'est pas
dans un scénario facile en ce moment par rapport au tribunal, on n'est pas dans
un scénario agréable. Est-ce que ça va s'améliorer? Est-ce que la présidente
actuelle peut faire des efforts supplémentaires? J'en suis convaincu. Là n'est
pas la question. Et même si elle faisait des efforts surhumains, ce n'est pas
un bateau qui va se revirer sur un 0,10 $. Ça va prendre du temps. Ça va
prendre des plans. Ça va prendre des investissements. Avec la meilleure volonté
du monde, vous auriez beau donner même... doubler leur budget demain matin puis
des directives très claires, je serais bien surpris que, dans un délai d'un an,
deux ans, trois ans, tout ça soit rentré dans l'ordre et qu'on approche le
100 % du respect du délai de zéro à trois mois. Je serais bien surpris.
Donc, ça légitime encore plus ma démarche
aujourd'hui. Pourquoi le travailleur, le salarié a, lui, à porter sur ses
épaules le fardeau de ces délais qui sont, je pense qu'on peut le reconnaître,
déraisonnables?
M. Boulet : Bon, le mot... le
chat est sorti du sac...
M. Leduc : …aujourd'hui.
Pourquoi le travailleur, le salarié a, lui, à porter sur ses épaules le fardeau
de ces délais qui sont, je pense qu'on peut le reconnaître, déraisonnables?
M. Boulet : Bon, le mot, le
chat est sorti du sac, des délais déraisonnables. Bon, je veux simplement vous
dire qu'une étude de crédits c'est les études de crédits du ministre, c'est le
ministre qui répond, ce n'est pas l'étude de crédits du TAT puis de la CNESST, puis
vous posez des questions au ministre sur les crédits.
Quand vous avez des questions ou des
demandes d'informations particulières concernant le TAT, vous le savez que ma
porte est tout le temps ouverte. Puis, dans le cas présent, j'ai même demandé
qu'on obtienne du TAT une ventilation des délais, dans les cas de demandes de
sursis. Puis, comme je connais la présidente, Mme Nadeau, c'est une femme de
grande rigueur administrative, en termes d'efficacité organisationnelle, je
n'ai que des bons mots à dire du fonctionnement du TAT. Ce n'est pas parfait,
mais ça va relativement bien.
Par ailleurs, à la fin, ce qu'il faut
viser, c'est de déjudiciariser, qu'il y en ait le moins possible, de
déjudiciarisation, ça fait qu'il faut être clairs dans nos propos, il faut
s'assurer que ça colle à la réalité des caractéristiques de chaque dossier.
Donc, pour tous les motifs que j'ai exposés, je respecte votre argumentaire,
mais je demeure convaincu que la loi actuelle répond bien aux soucis des
personnes qui risquent d'être affectées puis va même au-delà en prévoyant qu'il
n'y a pas de possibilité de récupération des sommes reçues, malgré la décision
qui dit que ce n'était pas fondé. Merci.
Le Président (M. Polo) : Il
vous reste 75 secondes, M. le député.
M. Leduc : Merci, M. le
député… M. le Président, pardon. Vous avez semblé être surpris par mon
utilisation du terme «déraisonnable», mais, mon Dieu! je l'assume pleinement,
là. On est en train de parler de gens qui ont une lésion, qui se rendent dans
un processus judiciaire compliqué, anxiogène et qui sont privés de revenus. Ils
n'ont plus de salaire de leur patron parce qu'ils sont… bien, ils ont une
lésion. Et là ils ne sont pas capables d'avoir accès à l'IRR parce qu'il y a un
processus qui est compliqué, qu'ils ne maîtrisent probablement pas, qui les
prive de cet IRR là. Puis il y a bien des chances qu'ils gagnent, au final, au
TAT, mais, en attendant, ça prendra bien neuf mois, 10 mois, on ne le sait
pas, hein?
Dans la catégorie de plus de neuf mois,
là, ce n'est pas ventilé, c'est la plus grosse catégorie, 9 900 sur
17 000. Bien, ça va jusqu'à quand, ça, plus de neuf mois? Ça va-tu jusqu'à
un an, un an et demi, deux ans, je ne sais pas? Et moi, je trouve que ce qu'on
impose à ces gens-là, d'attendre, d'attendre et de se priver de revenus, ce
n'est pas correct, et ce n'est surtout pas correct parce que ce n'est pas de
leur faute si le tribunal n'est pas capable de rendre ses décisions dans le
délai qui est prévu, de toute façon, par la loi, dans moins de trois mois.
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre.
M. Boulet : Non, ça va, je
n'ai pas de commentaire.
Le Président (M. Polo) : Y
a-t-il d'autres commentaires? Parfait…
M. Leduc : …ce n'est pas
correct. Et ce n'est surtout pas correct parce que ce n'est pas de leur faute
si le tribunal n'est pas capable de rendre ses décisions dans un délai qui est
prévu, de toute façon, par la loi, dans moins de trois mois.
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre.
M. Boulet : Non, ça va. Je
n'ai pas de commentaire.
Le Président (M. Polo) : Y
a-t-il d'autres commentaires? Parfait. Mme la secrétaire.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Lavallée
(Repentigny)?
Mme Lavallée : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Abstention.
Le Président (M. Polo) : Ah!
c'est vrai, on n'a pas notre collègue de Bonaventure aujourd'hui.
Une voix
: …
Le Président (M. Polo) : Non,
non, il n'y avait pas de sous-entendu, M. le député. Amendement rejeté.
Non, c'est parce que, vous savez, hier
soir, il y a eu un vote, et il était penché derrière votre recherchiste. C'est
pour ça qu'on ne l'avait pas vu. Il n'y a pas de sous-entendu, M. le député.
Ceci dit, on est prêts à avancer si… Ah
voilà! M. le député.
M. Leduc : …pour rédaction s'il
vous plaît.
Le Président (M. Polo) :
Excellent.
(Suspension de la séance à 12 h 10)
(Reprise à 12 h 29)
Le Président (M. Polo) :
Merci. Merci beaucoup, chers collègues. Alors, nous avons bien reçu l'amendement
soumis par le député d'Hochelaga-Maisonneuve. M. le député, je vous invite à
lire l'amendement, et à nous l'expliquer, et par la suite à faire vos interventions
et vos échanges avec le ministre. Merci.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Alors, ça va comme suit :
Insérer, après l'article 112 du projet de
loi, le suivant :
112.1. L'article 362 de cette loi est
modifié par l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
• (12 h 30) •
«Toutefois, si une décision rendue en
vertu de l'article 358.3 qui annule le montant d'une indemnité de remplacement
de revenu accordée par la commission est contestée devant le tribunal et que le
délai pour l'instruire ou la décider prévu par l'article 359 est dépassé…
12 h 30 (version non révisée)
M. Leduc : …de loi, le
suivant :
112.1. L'article 362 de cette loi est
modifié par l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
«Toutefois, si une décision rendue en
vertu de l'article 358.3 qui annule le montant d'une indemnité de
remplacement du revenu accordée par la commission est contestée devant le
tribunal et que le délai pour l'instruire ou la décider prévu par
l'article 359 est dépassé, la commission sursoit à l'exécution de la
décision contestée quant à cette conclusion et redonne effet à la décision
initiale à partir du premier jour du dépassement du délai jusqu'à ce que cette
décision contestée devienne finale.».
En d'autres termes, on parlait ici,
tantôt, de délais qui étaient difficiles, on parle d'une loi qui propose un
délai de 30 jours… pardon, de trois mois, 90 jours. Puis là, on
se dit : Bien, ce n'est pas possible de systématiquement ou presque
systématiquement ne pas respecter ce délai-là. On vous a montré des chiffres,
là, à l'instant qui nous démontrent que ces délais-là ne sont, à toute fin
pratique, jamais appliqués ou très rarement appliqués. Alors, à défaut de faire
ce que l'amendement précédent faisait, bien, on peut peut-être essayer de
donner vie à ces délais-là, mais d'une autre manière, à savoir que lorsque le
délai est dépassé, bien, on sursoit, dans le fond.
M. Boulet : O.K. Je viens de
le recevoir, M. le Président. Vous me donnez…
Donc, ce que je comprends, vous
dites : Si la décision… donc, la décision serait exécutoire même s'il y a
contestation, une décision, toujours, là, qui annule une indemnité de
remplacement de revenu, donc elle est exécutoire. Il n'y a pas d'indemnité de
remplacement de revenu mais l'indemnité recommencerait à être versée si la
décision n'est pas rendue dans les 90 jours qui suivent le dépôt de l'acte
introductif.
M. Leduc : Exact. C'est une variation sur celle précédemment. Nous, on
voulait que ça soit tout de suite possible qu'il puisse recevoir son IRR, dans
le cas que vous venez de décrire. Vous vous y êtes opposé, d'accord, on tourne
la page. Maintenant, est-ce que, donc, une variation, une version plus modérée…
M. Boulet : Donc, elle sursoit
l'exécution de la décision, au-delà du délai de 90 jours.
M. Leduc : Exact.
M. Boulet : C'est parce que,
la façon dont ce n'est libellé, ce n'est pas facile à comprendre.
M. Leduc : Alors, on donne une
chance aux 90 jours de s'appliquer, dans un scénario normal, c'est ce qui
est prévu par la loi. Dans ces 90 jours, s'il n'y a pas de décision, bien,
il n'y a pas d'IRR.
M. Boulet : Mais la
problématique que ça… c'est que ça vient comme remettre en question l'existence
même du sursis, qui est là, qui est déjà prévu au Tribunal administratif du
travail.
En fait, le grand grief que vous avez,
c'est en ce qui concerne les délais, que vous qualifiez de déraisonnables, au
TAT. Puis je pense que la présidente du Tribunal administratif du travail va
être interpelée…
M. Boulet : …sursis, qui est
là, qui est déjà prévu au Tribunal administratif du travail. En fait, le grand
grief que vous avez, c'est en ce qui concerne les délais, que vous qualifiez de
déraisonnables, au TAT. Puis je pense que la présidente du Tribunal administratif
du travail va être interpellée, si elle ne l'est pas actuellement, elle sera
interpellée par ce que vous qualifiez de délais déraisonnables.
Et je pense qu'il faut assurer la fluidité
puis l'harmonie dans l'application des dispositions de la loi plutôt que de
prévoir une disposition un peu alambiquée puis dire : Si tu ne respectes
pas ce délai-là, là, ça va prendre un mécanisme de vérification dans chaque
dossier qui concerne l'annulation d'une indemnité de remplacement de revenus.
Est-ce que la décision est rendue dans le délai qui est prévu de 90 jours? Et, à
ce moment-là, si la décision n'est pas rendue… Vous le savez qu'en pratique ces
délais-là ne sont généralement pas… On dit : «La décision contestant… doit
être rendue dans les 90 jours qui suivent le dépôt de l'acte introductif et
dans les 60 jours de la prise en délibéré de l'affaire.» Bon. Je pense que
c'est l'objectif du TAT qui n'est pas rencontré. Mais, à chaque fois que ça va
être 92 jours, on va dire : Ton droit de recevoir l'IRR renaît pour deux
jours ou pour 12 jours. Imaginez la complexité dans le fonctionnement, dans la
gestion puis l'administration d'une façon de faire comme celle que vous
proposez là, alors qu'il y a la possibilité d'obtenir un sursis.
Puis je reviens tout le temps à 363, quand
la décision finale est rendue, même si le travailleur n'a pas raison, il n'a
pas à rembourser. Puis l'employeur n'a même pas l'équivalent, donc il n'est pas
remboursé. Puis ça fait partie du volume de cotisations, c'est payé à même le
volume de cotisations assumées par les employeurs.
Ça fait que je pense que ça complexifie.
Je comprends votre objectif. Le remède à l'objectif que vous avez en tête,
comme pour votre amendement précédent, c'est de s'assurer, un, que les sursis
soient entendus d'urgence, comme c'est prévu, puis, deux, que les délais
d'audience au TAT soient rendus le plus possible conformément aux délais prévus
dans la loi. Merci.
M. Leduc : Quand vous
dites : La personne n'a pas à rembourser, bien, en effet, mais rembourser
quoi? Elle n'a même pas droit à son IRR, elle perd son IRR. Elle n'aurait pas
grand-chose à rembourser si, pendant neuf mois, 10 mois, peut-être plus, elle
n'a plus son IRR. Je ne vois pas une grosse facture, là. Ça fait que, si elle
n'a pas à rembourser, d'accord, c'est le principe général qui gouverne le TAT
et la commission. Tant mieux, moi, je suis d'accord avec ce principe-là. Mais
elle n'a pas à rembourser, c'est ça, le problème, c'est qu'elle n'a rien à
rembourser. Elle n'a rien du tout, elle n'a plus d'IRR, elle le perd pendant
plusieurs mois. Puis le fait que ça soit plusieurs mois, ce n'est pas de sa
faute, c'est de la faute…
M. Leduc : …principe général
qui gouverne le TAT et la commission, tant mieux, moi, je suis d'accord avec ce
principe-là, mais elle n'a pas à rembourser, c'est ça, le problème, c'est
qu'elle n'a rien à rembourser. Elle n'a rien du tout, elle n'a plus d'IRR, elle
le perd pendant plusieurs mois, puis le fait que ça soit plusieurs mois, ce
n'est pas de sa faute, c'est de la faute d'un système qui, pendant longtemps
s'est… pour toutes sortes de raisons, là, a développé ce genre de retard là. Si
vous voulez m'envoyer la présidente du TAT pour discuter de la nature
déraisonnable ou pas du délai… moi, quand je le qualifie de déraisonnable, je
ne suis pas en train de dire que le TAT est déraisonnable, je suis en train de
prendre la situation du salarié qui doit subir pendant de nombreux mois, et
plus souvent qu'autrement plus de neuf mois, hein, je le répète, si la statistique
de tantôt, de zéro à trois mois, c'est à peine 5,7 % des cas qui
respectent le délai prévu par la loi. Ce n'est pas un délai… tu sais, le 90
jours, ce n'est pas un objectif, ce n'est pas comme une espèce de… ce n'est pas
comme une politique interne : Oui, on devrait viser ça, 90 jours. C'est la
loi. On ne la respecte pas, à, quoi, 96 % du temps, 94 % du temps on
ne la respecte pas. Mais ce n'est toujours bien pas la faute du travailleur, ce
n'est toujours pas bien la faute de la personne qui a subi une lésion dans un
lieu de travail, je n'ai pas dit à cause de l'employeur, mais dans le lieu de
l'employeur, dans un régime sans égard à la faute, on ne refera pas le débat.
Mais là, lui, il subit une lésion, il doit se taper un parcours anxiogène
judiciaire, puis là en plus, par une disposition qui a déjà existé, mais qu'on
a retirée puis là on essaie de ramener, mais là cette… il n'a pas accès à son
IRR, parce que là il y a une contestation puis il faut attendre la contestation
jusqu'au bout. Tout ça pour quoi, pour économiser? Le régime est capitalisé à
125 %, il y a des millions et des millions de dollars de placements et de
revenus, et de revenus de placements, justement. Ce n'est pas un régime qui a
des problèmes d'argent, ce n'est pas un régime qui a des problèmes de
liquidités. Est-ce qu'on peut faire mieux? Est-ce qu'on peut faire des
améliorations, est-ce qu'on peut avoir un régime qui est plus efficace? J'en
suis, mais on ne peut certainement pas plaider que c'est un régime qui a des
problèmes d'argent. C'est tout l'inverse. C'est tout l'inverse.
Le tribunal, lui, le TAT, vous me
corrigerez si je me trompe, mais à ma connaissance il est financé à même les
cotisations de la CNESST. Il fait donc vraiment partie de l'écosystème CNESST
et donc particulièrement S.S.T. Si on adopte une mesure comme celle que je vous
propose, on peut imaginer, d'une part, que ça va faire une pression sur
l'organisation pour qu'elle rende ses décisions plus rapidement, parce que là,
de l'autre côté il y a la commission qui va dire : Oui, peut-être que tant
qu'à payer une IRR pendant des mois, si je pouvais peut-être transférer un peu
d'argent pour que le…
M. Leduc : ...on peut imaginer,
d'une part, que ça va faire une pression sur l'organisation pour qu'elle rende
sa décision plus rapidement, parce que, là, de l'autre côté, il y a la commission
qui va dire : Oui, peut-être que tant qu'à payer un IRR pendant des mois,
si je pouvais peut-être transférer un peu d'argent pour que le TAT puisse être
plus efficace dans ses délais, je ferais d'une pierre deux coups.
Et l'autre chose aussi, si on permet au
salarié d'avoir accès à son IRR après 90 jours, qu'on a donné une chance au TAT
de remplir son obligation légale, si, après ça, on lui donne accès à son IRR,
bien, on vient certainement de se magasiner beaucoup moins de demandes de
sursis. Puis on le disait tantôt, notre objectif commun, c'est la
déjudiciarisation. Si vous avez cet objectif-là, puis on le partage, là, mais,
si vous avez la lecture que je vous présente, qu'il y en a, des demandes de
sursis, malgré le fait qu'elles sont rarement gagnées, mais il y en a, bien, si
vous donnez l'IRR, c'est presque... on peut prévoir un effet presque
automatique, beaucoup moins de besoins de demander un sursis.
• (12 h 40) •
Ils ne demanderont pas un sursis pour 90
jours, ça, je suis pas mal certain. De toute façon, le temps d'entendre le
sursis risque d'être plus de 90 jours. Mais, s'ils ont 90 jours à se serrer les
dents, à vivre peut-être sur les économies, avec le soutien d'un réseau
familial ou autre, bien, ils vont peut-être serrer les dents puis traverser ce
90 jours là, ça peut se faire.
Si vous leur demandez d'attendre des six
mois, des neuf mois, des un an, des un an et demi, et ça semble être certainement
la norme, en tout cas le plus que neuf mois, là... le plus que trois mois,
pardon, semble être certainement être la norme, bien là, vous pouvez vous
assurer que ça pousse ou en tout cas cet écosystème-là favorise l'utilisation
de la requête en sursis.
Alors, moi, j'y vois un avantage en
matière de déjudiciarisation des demandes des sursis puis en matière de
pression, une saine pression faite sur notre TAT pour qu'il trouve des
solutions.
M. Boulet : Rapidement. Mme Nadeau,
qui est présidente du Tribunal administratif du travail, vous entend.
Deuxièmement, 363, juste vous remettre en
contexte, c'est le cas où une décision finale dit que le versement de
l'indemnité n'était pas fondé, par exemple, parce qu'il n'y avait pas
d'accident de travail, la présomption de la loi ne s'appliquait pas. Ça fait
que c'est dans ce contexte-là où, un an, un an et demi après la réclamation, il
n'y a pas à rembourser rien de l'indemnité de remplacement de revenu qu'il y a
eue.
Je reviens sur le sursis, cette
possibilité-là, il faut que le TAT continue de travailler à améliorer ses
délais. Puis je sais que Mme Nadeau travaille, c'est un défi constant pour
elle, de réduire les délais. On n'a pas les délais des tribunaux supérieurs,
mais elle le sait, elle en est consciente. Puis...
M. Boulet : …Je reviens sur le
sursis. Cette possibilité-là, il faut que le TAT continue de travailler à
améliorer ses délais. Puis je sais que Mme Nadeau travaille… c'est un défi
constant pour elle, de réduire les délais. On n'a pas les délais des tribunaux
supérieurs, mais elle le sait, elle en est consciente. Puis à l'étude des
crédits, je n'ai pas eu de question à ce sujet-là, mais ça aurait été le fun
qu'elle puisse saisir l'opportunité de vous expliquer son plan d'action en
matière de réduction des délais. Puis je vous le dis, c'est un tribunal dirigé
par une équipe qui est très, très rigoureuse.
Les coûts. Ce n'est pas tant les coûts, tu
sais, quand on parle d'améliorer… La modernisation, c'est notamment pour
s'assurer que tout le monde soit couvert par de la prévention et de diminuer le
nombre de lésions professionnelles. Il y en a eu 103 000 en 2018. Il faut
baisser ça. Il faut ramener le monde au travail plus rapidement. Puis si on
traduit ça en nombre de travailleurs à temps plein, c'est l'équivalent de
36 000 travailleurs à temps plein. Imaginez en contexte de rareté de
main-d'oeuvre. Mais on vise tous le même objectif : la santé des
travailleurs.
Là ici, il y a une problématique, que vous
soulevez, de délais. Le tribunal vous entend. La CNESST vous entend. On en a
discuté fréquemment. Pour la révision administrative, on a même imposé un délai
qui, s'il n'était pas respecté, permettait à l'autre partie d'opter. Le délai,
au Tribunal administratif du travail, je me souviens tellement quand j'ai
rencontré la présidente actuelle la première fois, qu'elle me disait que
c'était un défi. Puis c'est un défi constant qu'elle relève de façon
extraordinaire, je dirais. Puis c'est important de le dire pour le bénéfice de
ceux et celles qui nous écoutent. C'est tout le temps trop long, mais on
s'améliore. Puis d'année en année, il y a des améliorations qui sont faites.
Merci.
M. Leduc : Moi, je trouve ça
superintéressant que vous souleviez la référence aux délais que nous avons
discutés il y a quelques jours, quelques semaines, par rapport à la possibilité
de sauter par-dessus la DRA et d'aller directement au TAT, parce que c'était
mon prochain argument. Je suis surpris que vous l'évoquiez, vous. Moi, je
pensais que c'était un argument qui était plutôt en faveur de mon…
M. Boulet : …
M. Leduc : J'allais dire que
j'étais surpris que vous évoquiez le délai qu'on a discuté pour pouvoir sauter
par-dessus la DRA, parce que c'était mon prochain argument. Puis à mon sens,
c'est un argument qui soutient ma démarche dans cet amendement-là. Vous n'êtes pas
d'avis de ça?
M. Boulet : Non, au contraire.
Puis avez-vous peur à l'effet… Puis vous savez comment je suis un partisan de
la présomption de bonne foi. Mais, tu sais, est-ce que ça impliquerait dans
votre esprit qu'indépendamment de la nature de la réclamation, indépendamment
du bien-fondé de la réclamation pour accident de travail soumise par un
travailleur à la CNESST, la décision, il reçoit de l'IRR puis il y a une
décision de la révision administrative qui met fin à son IRR, il y a une contestation,
puis il continue, indépendamment, là, de la nature du cas? C'est pour ça que je
dis : Le paramétrique, le systématique…
M. Boulet : …la décision… il
reçoit de l'IRR, puis il y a une décision de la révision administrative qui met
fin à son IRR, il y a une contestation, puis il continue indépendamment, là, de
la nature du cas. C'est pour ça que je dis : Le paramétrique, le
systématique mène à des risques d'abus. Et, encore une fois, souhaitons que ce
ne soit pas ce que nous présumions, mais il y a quand même des risques. Je le
répète, le régime actuel, il s'adapte à la réalité de chaque cas, puis je pense
que le régime actuel, il faut l'améliorer, notamment ce que vous soulevez quant
au délai en matière de sursis. Pour le reste, pour l'article 363, pour le
recouvrement, je n'ai jamais entendu de cas où un travailleur avait été
contraint de rembourser des montants qu'il avait reçus, même s'ils ont été
jugés non fondés par une décision du TAT.
M. Leduc : Parce que, vous
savez, dans le fond, vous me parlez du défi qui est constant puis qui est
renouvelé, puis, moi, j'en suis, là. Puis vous soulevez le fait qu'on n'a pas
posé de questions au TAT à l'étude des crédits. Je vous ai dit tantôt :
avoir eu plus de temps, j'en aurais posé à tout le monde qui vous accompagne,
là. J'ai préféré me concentrer avec Mme Oudar sur la pérennité du régime, parce
que vous l'aviez évoquée à plusieurs reprises, puis j'étais sincèrement
inquiet. Elle nous a rassurés en partie. Mais j'aurais voulu poser des questions
à Mme Nadeau aussi sur les délais au TAT, puis je suis convaincu que sa
démonstration sur son plan d'action aurait été tout à fait intéressante.
M. Boulet : Ce qui ne vous
empêche pas de m'acheminer, moi, une correspondance avec des questions, puis je
vais les partager avec Mme Nadeau, puis on va…et elle va se faire un plaisir de
vous préparer des réponses.
M. Leduc : Mais toujours
est-il qu'en attendant qu'elle réussisse son plan d'action et qu'il soit entré
en vigueur, en attendant, c'est le travailleur qui paie.
M. Boulet : Bien, c'est sûr
qu'avec un… Avec vous, probablement, vous lui mettriez plus de pression,
j'imagine? Est-ce que vous…
M. Leduc : Ce n'est pas ça que
je suis en train de vous dire, je suis en train de vous dire qu'on peut…
M. Boulet : S'il y a un plan
d'action, c'est sûr que les résultats ne seront pas instantanés. Je pense que
c'est progressif, l'amélioration des délais, puis c'est la raison pour laquelle
il y a un plan spécifique là-dessus, là.
M. Leduc : Puis je ne vous
propose pas de vous inventer une baguette magique, là, je vous pose de pallier
au temps que ça va prendre pour régler cette situation-là avec un autre type de
solution.
M. Boulet : Non. La meilleure
solution, c'est de travailler à la réduction des délais, parce que les remèdes
sont là dans la loi. Il y a une possibilité de demander un sursis si le
travailleur a un préjudice.
M. Leduc : Bon.
M. Boulet : Il y a une possibilité…
En fait, il y a une obligation de ne pas récupérer aucune somme, même si la
décision est jugée non fondée. Votre remède est disproportionné par rapport à
l'enjeu que vous soulevez, c'est de dire : À chaque fois qu'il y aura une
contestation d'une décision qui annule une IRR, une indemnité de remplacement
de revenu, il va continuer de la recevoir systématiquement dans tous les cas,
indépendamment du préjudice ou non, indépendamment de la… Mais c'est ça que je
ne trouve pas acceptable…
M. Boulet : …l'enjeu que vous
soulevez, c'est de dire : À chaque fois qu'il y aura une contestation
d'une décision qui annule une IRR, une indemnité de remplacement de revenu, il
va continuer de la recevoir systématiquement dans tous les cas, indépendamment
du préjudice ou non, indépendamment… et c'est ça que je ne trouve pas
acceptable pour cet amendement.
M. Leduc : Bien,
indépendamment, au même titre que si la révision lui donne raison, mais que
l'employeur conteste au TAT, là il la reçoit jusqu'au bout. La commission lui
donne raison, lui donne une indemnité, la révision lui dit : Vous avez
raison. L'employeur l'amène au TAT, tout le long de ça, là, jusqu'à la décision
finale, il l'a, son indemnité. Là, on vous parle d'un scénario où c'est à la
révision que la décision est renversée. Vous me dites… indépendamment, mais, en
effet, mais c'est ça, c'est une règle générale qu'on veut appliquer que, tout
le long de l'entièreté du processus judiciaire nonobstant les décisions, si ça
a été accordé par la commission au début, que ce soit accordé jusqu'au bout.
Là, en plus, je rétropédale puis je vous
offre de dire : Bien, O.K. Dans les 90 premiers jours, dans les 80
premiers jours, on donne la chance au TAT de rencontrer ses obligations
légales, puis c'est à partir de ce délai-là… on pourrait quasiment faire un
parallèle avec le délai de carence, le fameux délai de carence en assurance-emploi,
par exemple, après un délai de carence de 90 jours, là la commission s'engage à
lui redonner son IRR en attendant le tribunal, parce que ce n'est pas de sa
faute au travailleur si c'est long, ce n'est pas de sans faute pantoute.
M. Boulet : Non, puis ce n'est
pas de sa faute, puis s'il y a un préjudice, il peut faire une demande de
sursis. Moi, j'ai fait mes commentaires, ceci dit, avec respect, puis vous le
savez, quand je dis, je n'ai pas de commentaire, ce n'est pas pour vous irriter
de quelque manière que ce soit…
M. Leduc : Je ne le prends
jamais comme ça, M. le ministre.
M. Boulet : …c'est juste pour
éviter de me répéter. Puis on ne s'aime jamais quand on répète les mêmes
arguments, hein?
Le Président (M. Polo) :
…avoir trop d'amour, M. le ministre.
Des voix
: Ha, ha, ha!
• (12 h 50) •
M. Leduc : Mais M. le ministre
le sait que j'apprécie nos échanges qui sont d'un bon niveau intellectuel,
j'ose croire. Vous me dites, le problème, ce n'est pas tellement de changer ça,
le problème véritable, la solution véritable, c'est les délais au TAT, puis je
suis d'accord avec vous. Si on avait, en effet, un TAT, dans une grande
majorité des cas, de répondre à ses obligations légales de rencontrer une
décision en 90 jours, je ne tiendrais peut-être pas autant mordicus à mon amendement
aujourd'hui. Ça fait que ce que je vous propose, dans le fond, pourquoi on ne
prend pas mon amendement, mais qu'on ne lui donne pas une clause crépusculaire
qui serait reliée à la rencontre de l'obligation du TAT. On pourrait même être
généreux, on pourrait dire 50 % des cas, là ils sont sont à 5,6, qu'on
disait tantôt, on pourrait dire : Cette clause-là s'applique, la clause
crépusculaire jusqu'à tant que le TAT rencontre 50 % de ses obligations
légales de rendre un jugement dans les trois mois.
M. Boulet : Je n'ai pas de
commentaire.
M. Leduc : Ce n'est pas
possible, un genre de clause comme ça, une clause crépusculaire, de dire :
Ça, ça s'applique de manière temporaire. Vous n'aimez pas le mur-à-mur, vous
n'aimez pas le systématique, je l'ai bien compris, ça, ça s'applique de manière
temporaire, parce que là, visiblement, il y a une situation qui perdure depuis
longtemps, mais, bon, là on est convaincu que…
M. Boulet : ...je n'ai pas
de commentaire.
M. Leduc : Ce n'est
pas... Ce n'est pas possible, là, un genre de clause comme ça, une clause
crépusculaire, de dire : Ça, ça s'applique de manière temporaire. Vous
n'aimez pas le mur-à-mur, vous n'aimez pas l'estimatif, je l'ai bien compris.
Ça, ça s'applique de manière temporaire parce que, là, visiblement, il y a une situation
qui perdure depuis longtemps, mais, bon, là, on est convaincu que ça va
s'améliorer dans les prochaines années. Ça fait qu'on peut y mettre un nombre
d'années au pire. On peut dire aussi, clause crépusculaire, on donne cinq ans.
On donne cinq ans au TAT pour s'améliorer puis on lui fait foncièrement
confiance que ça va fonctionner. Alors, cette clause-là, cet amendement-là
s'autodétruira, comme les messages dans Mission impossible, à la fin...
à la fin d'un délai de cinq ans.
M. Boulet : Pas de
commentaire. On peut dire ça, hein, M. le Président?
Le Président (M. Polo) :
Oui.
M. Leduc : Ce n'est pas
encore dans le lexique des termes interdits à l'Assemblée, le «pas de commentaire».
Je trouve ça dommage. Bien, écoute, je n'étirerai pas la sauce plus que ça. Je
trouve ça dommage parce qu'il y avait une volonté d'aller sincèrement retirer
des épaules des salariés une conséquence d'un problème administratif qui...
dont... sur lequel ils n'ont absolument aucun pouvoir, absolument aucun
pouvoir. C'est un problème administratif qui relève surtout de vous et de la
direction du TAT, un peu de nous, les législateurs, mais d'aucune manière ça ne
relève du travailleur, du travailleur pris dans son sens individuel d'une
personne qui subit une lésion. D'aucune manière il n'est responsable de ça.
Puis, en plus, il n'a aucun pouvoir pour changer cette situation-là des délais.
Mais il est le seul à en subir la conséquence. Puis la conséquence, elle est
terrible. C'est d'être privé de revenu pendant plusieurs mois. Pas une semaine,
pas deux semaines, plusieurs mois dans une grande majorité des cas. Et c'est
regrettable. Et c'est une solution qui est assez simple.
Vous m'avez demandé tantôt si j'avais fait
des projections financières. Bien sûr que non. Je n'ai pas... Je n'ai pas accès
aux actuaires de la CNESST, je n'ai pas accès aux actuaires. J'ai essayé de
faire des projections financières sur d'autres débats quand on avait le projet
de loi sur le RQAP. Puis le conseil de gestion du RQAP ne répond pas à nos
demandes de faire des projections. Puis honnêtement c'est un peu normal, il ne
relève pas de l'opposition, il relève du ministre. Donc, non. Non, je n'ai pas
une projection de combien ça va coûter.
À moins que vous me disiez qu'à partir de
maintenant, quand je prépare un amendement, je puisse aller faire des
projections auprès des gens qui vous accompagnent, ça va me faire plaisir de le
faire. Mais à moins que vous me garantissiez ça, je peux... je peux peut-être
modérer vos attentes quant à ce que je chiffre systématiquement toutes mes
projections, et pour être bien sincère avec vous, quand on a discuté de
d'autres aspects financiers par rapport aux études d'impact quand on parlait de
surdité ou quand on parlait de toutes sortes d'autres dossiers, c'est très
spéculatif, hein? C'est... On prend des hypothèses de travail, on arrive à un
chiffre qui a des chances d'être dans une fourchette de réalisme. Donc...
M. Leduc : ...par rapport aux
études d'impact. Quand on parlait de surdité ou quand on parlait de toutes
sortes d'autres dossiers, c'est très spéculatif, hein? Tu sais, on prend des
hypothèses de travail, on arrive à un chiffre qui a des chances d'être dans une
fourchette de réalisme. Donc, une projection, même faite par des experts de vos
ministères, dans un document aussi sérieux qu'une étude d'impact, n'arrive pas
à un chiffre particulièrement fondé. Puis les fonctionnaires qui rédigent ce
rapport-là le disent eux-mêmes en toutes lettres. Puis c'est bien normal puis
moi, je ne critique pas ça, hein? J'en ai fait, des rapports dans mon travail
précédent comme conseiller à la recherche, puis quand on tombe dans la
projection, ce n'est pas évident. Quand on tombe dans la projection, il faut
faire, en effet, des hypothèses puis voir où est-ce que ça va atterrir. Mais il
est peu possible qu'on arrive à un chiffre exact, que ça soit ça qui va se
produire de toute façon.
Ça fait qu'encore une fois, je veux juste
modérer vos attentes sur le côté systématique du calcul et des projections que
je pourrais faire. Je n'ai pas les outils pour le faire. Je n'ai pas les
logiciels de la CNESST. Je n'ai pas accès aux actuaires. Je n'ai pas... J'ai un
camarade qui m'accompagne du service de la recherche, il est très compétent, je
le salue pour son appui tout au long de ce projet de loi, mon ami Guillaume. Vu
qu'il n'est pas député, je ne sais pas si j'ai le droit de dire son prénom. Je
n'enfreins peut-être pas de règle vu qu'il n'a pas de fonction. Dans tous les
cas, je le salue. Mais autant il est compétent et est de bonne compagnie,
autant je pense qu'il serait bien malheureux si je lui demandais de
systématiquement me fournir un chiffre de projection de que pourrait coûter
chacun des amendements qu'on préparerait. Mais je vais m'arrêter là-dessus, M.
le Président, parce que, visiblement, je n'obtiendrai pas de supplémentaire ou,
en tout cas, sur le fond. J'aurai été jusqu'au bout de la logique, j'aurai été
jusqu'au bout de demander à M. le ministre de prévoir peut-être une voie de
passage qui mettrait une pression sur le TAT. Malheureusement, on va
souhaiter, et j'ai confiance, que le plan d'action de Mme Nadeau, la
présidente, va avoir des effets. Moi, je suis un gars enthousiaste puis j'ai
confiance que ça va avoir des effets, je vais le suivre. Peut-être que l'année
prochaine... il nous reste quoi, une étude des crédits ensemble? Il reste un
budget avant les prochaines élections? J'essaierai de me rappeler, l'année
prochaine, qu'il faut que je pose une question à Mme Nadeau sur
l'avancement de son plan d'action quant au délai du TAT. Voilà, je me prends
cette note-là pour l'année prochaine, M. le Président.
Le Président (M. Polo) :
Merci. Y a-t-il d'autres commentaires? Mme la secrétaire.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
:
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Lavallée
(Repentigny)?
Mme Lavallée : Contre.
Le Président (M. Polo) :
L'amendement est battu.
M. Leduc : Pardon?
Le Président (M. Polo) : J'ai
dit : L'amendement est rejeté, battu. Allez-y, M. le député.
M. Leduc : Bien, je
demanderais une suspension pour rédaction. Je ne sais pas si là, compte tenu de
l'heure... Voulez-vous une suspension générale?
Le Président (M. Polo) :
Regardez, j'anticipe déjà ce que vous allez proposer, un amendement? Voilà,
exactement. Donc, regardez, compte tenu de l'heure et compte tenu aussi de la
tendance lourde de vos précédents amendements, j'imagine que trois minutes est
insuffisant pour rédiger et déposer votre...
M. Leduc : ...je ne sais pas si
là, compte tenu de l'heure... voulez-vous une suspension générale?
Le Président (M. Polo) :
Regardez, j'anticipe déjà ce que vous allez proposer, un amendement? Voilà, exactement.
Donc, regardez, compte tenu de l'heure, et compte tenu aussi de la tendance
lourde de vos précédents amendements, j'imagine que trois minutes est
insuffisant pour rédiger et déposer votre amendement.
Donc, compte tenu de l'heure, j'ajourne
les travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 57)