Journal des débats (Hansard) of the Committee on Labour and the Economy
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(November 27, 2018 au October 13, 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Tuesday, June 1, 2021
-
Vol. 45 N° 101
Clause-by-clause consideration of Bill 59, An Act to modernize the occupational health and safety regime
Aller directement au contenu du Journal des débats
10 h (version non révisée)
(Dix heures huit minutes)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Votre attention, s'il vous plaît. Alors, ayant constaté le quorum, je déclare
la séance de la Commission de l'économie et du travail ouverte. Bonjour à
toutes et à tous.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 59, Loi
modernisant le régime de santé et de sécurité du travail.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. Mme Chassé (Châteauguay) est remplacée par M. Martel
(Nicolet-Bécancour) et Mme Richard (Duplessis) est remplacée par M. Roy
(Bonaventure).
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Je vous informe, conformément à la dernière entente, que les votes pour
ce mandat devront se tenir par appel nominal, et ce, jusqu'au 11 juin
2021.
Ce matin, nous poursuivons avec le
sujet 4, Fonctionnement, deuxième partie, 4.2, L'optimisation des recours,
4.2.1, La révision des décisions de la CNESST. Nous avions déjà voté l'article 109
et l'article 110, nous avions suspendu l'article 108, et nous avions
le député d'Hochelaga-Maisonneuve qui avait lu un amendement à
l'article 108. Je vais vous demander, avec le temps qui s'est écoulé, de
relire votre amendement.
M. Leduc : Oui. Alors, bonjour, Mme
la Présidente. Bonjour, tout le monde. Vous faites bien de préciser...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...et nous avions le député d'Hochelaga-Maisonneuve qui avait lu un amendement
à l'article 108. Je vais vous demander, avec le temps qui s'est écoulé, de
relire votre amendement.
M. Leduc : Bonjour,
bonjour. Oui. Alors, bonjour, Mme la Présidente, bonjour, tout le monde. Vous
faites bien de préciser avec le temps qui s'est écoulé. Avoir une pause d'une
semaine ou deux, ça vous fait du bien, mais ça nous écarte d'où est-ce qu'on
était rendu. Alors, il faut quand même ramer pour remonter le courant et se
rappeler où est-ce qu'on était rendu. Alors, vous aviez raison que j'avais
déposé un amendement à 108, que je vais vous relire à l'instant : À
l'article 108 du projet de loi, ajouter à la fin de l'alinéa proposé par
le paragraphe 2° :
• (10 h 10) •
«Le fait qu'une personne se soit prévalue
de ce droit n'empêche pas les personnes réviseures de rendre sa décision par la
suite, et ce, tant que le dossier n'a pas été pris en délibéré par les membres
du Tribunal.»
Dans le fond, je peux peut-être relire au
complet ce que ça donne parce que, dans le fond, l'article 108 du ministre
changeait un nombre de jours, là, sur un autre aspect de l'article, mais il y
avait surtout, donc, une insertion d'un nouvel alinéa qui disait :
«En outre, une personne peut contester
devant le Tribunal la décision dont elle a demandé la révision si la Commission
n'a pas disposé de la demande dans les 90 jours suivant sa réception. Lorsque
la personne qui a demandé la révision a requis un délai pour présenter ses
observations ou produire des documents, le délai de 90 jours court à
partir de cette présentation ou de cette production.»
Et là on rajouterait : «Le fait
qu'une personne se soit prévalue de ce droit n'empêche pas la personne
réviseure de rendre sa décision par la suite tant que le dossier n'a pas été
pris en délibéré par les membres du Tribunal.»
Et, Mme la Présidente, avant d'aller sur
l'explication de l'amendement, vous me permettrez peut-être une légère
digression. Vous savez qu'hier, et ce matin, et demain aussi, a lieu une vigie
devant le Parlement. Il y a des dizaines et des dizaines de travailleurs/travailleuses,
syndiquées ou non, des gens du communautaire, qui se mobilisent sur la question
du projet de loi n° 59. Et je m'en voudrais, en ouverture de séance
aujourd'hui, de ne pas les saluer, de saluer leur mobilisation, de saluer leur
expérience du terrain.
Vous le savez, quand on est un député
d'opposition puis qu'on discute avec un ministre qui a la chance et le
privilège d'avoir tout l'appareil d'État, de l'expertise et, en plus, c'est un
ministre qui a une expérience personnelle et une connaissance très fine de cet
enjeu-là, pour un député d'opposition, c'est un... C'est un privilège
également, donc, d'avoir des groupes comme ça qui peuvent se mobiliser et nous
envoyer des informations, nous envoyer des cas.
Souvent on discute sur des articles, des
alinéas, des paragraphes. C'est très théorique, c'est très en l'air, mais quand
on a des cas concrets du terrain, où il y en a qui ont vécu des drames, qui
nous racontent leur périple dans la machine de la CNESST et de la
judiciarisation, bien, ça ajoute, je pense, à l'expérience et à la validité de
nos travaux, ici, à l'Assemblée.
Alors, je ne vous lirai pas en détail tout
ce qu'ils demandent, mais vous avez... Vous devinez que l'enjeu du
multiétablissement, c'est central, puis qu'on nous rende la question du
multiétablissement, donc la création d'un comité de santé et sécurité qui
puisse être fusionné dans une grande entreprise ou dans un grand service
public, qu'on rende ça conditionnel à l'approbation de la partie syndicale, des
parties syndicales...
M. Leduc : …tout ce qu'il
demande, mais vous avez… vous devinez qu'il y a l'enjeu du multiétablissement
central pour qu'on rende la question du multiétablissement, donc la création
d'un comité de santé et sécurité qui puisse être fusionné dans une grande entreprise
ou dans un grand service public, qu'on rende ça conditionnel à l'approbation de
la partie syndicale, des parties syndicales, ce qui n'est pas le cas dans le projet
de loi actuel. Évidemment, ils veulent un régime de prévention, un mécanisme de
prévention avec des bonnes heures de libération notamment, ce qui n'est pas le
cas non plus dans la version actuelle. Et ils veulent parler davantage de santé
psychologique au travail. C'est un sujet fondamental. Vous savez, la santé
mentale au Québec, on en parle beaucoup, mais au travail, c'est vraiment un
enjeu important. Je ne sais pas, peut-être avant d'aller sur l'article… si
peut-être M. le ministre voudrait leur adresser quelques mots, aux personnes
qui sont mobilisées aujourd'hui devant l'Assemblée nationale.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, je peux laisser la parole au ministre s'il veut prendre la parole, mais
je sais que… je pense que le député de Nelligan veut aussi prendre la parole
sur ce petit sujet.
M. Derraji : Oui, oui, c'est
la même chose.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord.
M. Derraji : Hier soir, à mon
arrivée au parlement, j'ai eu quelques minutes d'échanges avec les
représentants. C'est des travailleurs syndiqués et non syndiqués, je tiens à le
préciser, pas uniquement des travailleurs syndiqués. Et je tiens à les saluer
parce qu'ils ont entamé un «setting» devant le parlement pour 59 heures,
ça a commencé hier. Et tout au long de l'échange que j'ai eu avec les
travailleurs hier, ils ont beaucoup, beaucoup, beaucoup insisté sur les mesures
de prévention. Donc, je sais que le ministre est très sensible aux questions de
prévention.
J'ai promis à l'équipe qu'on va aussi
essayer de repasser pour les voir aujourd'hui, après la fin de cette
commission, ce matin. Mais, clairement, clairement, ce que je vois sur le
terrain, les travailleurs sont très inquiets par rapport aux mesures de
préventions. Ils ne veulent pas qu'au bout de la ligne une modernisation d'un
régime très important soit faite au détriment des travailleurs. Donc, j'ai
essayé avec le peu d'informations que j'aie, parce que c'est vrai qu'on est
encore au tout début si je vois l'ordre du plan de travail, la 10e page,
sachant qu'on a une trentaine de pages, et on n'a pas encore parlé de
l'ensemble des mesures de prévention dans la modernisation. C'est vrai que nous
avons eu l'occasion de parler beaucoup de la gouvernance au début, nous avons
eu la chance de parler aussi de l'indemnisation, mais la prévention reste quand
même la pierre angulaire pour ces travailleurs qui manifestent devant le
parlement aujourd'hui.
Donc, je m'envoie à celle de mon collègue
le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Je sais que le ministre depuis le début nous
a démontré une très bonne ouverture, de l'écoute à l'ensemble des travailleurs,
à leurs doléances. Je sais qu'en après-midi on n'a pas le p.l. n°59, mais
on peut quand même aller parler et échanger avec ces travailleurs de
l'extérieur, parce qu'ils sont venus nous dire : Écoutez, s'il vous plaît,
faites attention à ces mesures que vous êtes en train…
M. Derraji : …très bonne
ouverture et de l'écoute à l'ensemble des travailleurs, à leurs doléances. Je
sais qu'en après-midi on n'a pas le p.l. n° 59, mais
on peut quand même aller parler et échanger avec ces travailleurs à l'extérieur,
parce qu'ils sont venus nous dire : Écoutez, s'il vous plaît, faites
attention à ces mesures que vous êtes en train d'étudier pour nos travailleurs.
Donc, merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
O.K. M. le ministre.
M. Boulet : Si vous permettez,
tout d'abord, c'est important pour moi de mentionner que c'est correct et
acceptable que des personnes expriment des points de vue, surtout dans le
contexte de l'étude détaillée d'un projet de loi qui aspire à moderniser un
régime qui est à peu près stationnaire depuis 40 ans. L'objectif que nous
partageons, tous ensemble et avec les personnes qui manifestent ce matin, c'est
d'améliorer les mécanismes de prévention. Je pense que c'est toujours ce qui
m'a motivé dans l'élaboration et dans la conduite de nos travaux, de diminuer
la fréquence et de diminuer la gravité des accidents de travail au Québec.
Donc, c'est certain que je m'associe à ce
que les salariés expriment dehors : On veut de la meilleure prévention.
Moi aussi, j'en veux plus, de prévention. Mais dans la loi actuelle, il y a seulement
25 % des travailleurs qui sont protégés, puis ça, personne ne le conteste.
Ce que je réalise aussi, dans les contestations, c'est qu'on ne remet pas en question
la légitimité du projet de loi, on demande des bonifications. Et comme le collègue
de Nelligan le mentionnait, on est en mode bonification depuis le début de l'étude
détaillée du projet de loi, et ce n'est pas fini. La porte sera toujours
ouverte à faire des bonifications.
Puis je rappellerai à ces travailleurs-là
que c'est quand même une première fois qu'on reconnaît l'impact de la violence
conjugale dans les milieux de travail, qu'on reconnaît l'incidence des risques
psychosociaux tenant compte de l'évolution de la nature des risques dans les
milieux de travail. Première fois qu'on couvre les travailleurs, travailleuses
domestiques, qui sont des personnes hyper vulnérables, il y en a 18 000,
au Québec, de même que les stagiaires. Ça fait que moi, j'entends le message,
en fait, je l'entends depuis le début de la commission parlementaire :
Améliorer la prévention.
On a trois blocs. Le bloc gouvernance est
complété, le bloc indemnisation est presque complété, puis il y a le bloc
prévention, qui peut être allégé, qui peut être bonifié. N'oublions jamais,
puis j'aime le propos du collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, on est… moi aussi,
je me sens privilégié de participer à ce processus-là, mais il faut s'assurer,
dans l'exercice de ce privilège…
M. Boulet : …qui peut être
allégé, qui peut être bonifié. N'oublions jamais, puis j'aime le propos du
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, on est… moi aussi, je me sens privilégié de
participer à ce processus-là, mais il faut s'assurer, dans l'exercice de ce
privilège de parlementaire là que nous avons, de calmer, de faire de la
pédagogie, parce que c'est important, un projet de loi vaste comme celui que
nous avons devant nous, d'assurer que l'information, la formation puis la
sensibilisation aux impacts de ce projet de loi là soient faites de manière
ordonnée et rigoureuse. Et il faut être à l'écoute des personnes qui
manifestent, mais de tous les groupes qui sont affectés par la modernisation.
Puis je sais que nos collègues sont en contact avec différents groupes. Et ça,
pour moi, ça assure une forme de démocratisation à ce que nous faisons.
Puis je pense que nous tous dans la salle,
que nous soyons ou non parlementaires, partageons le même objectif, qu'il y ait
moins de travailleurs et moins de travailleuses blessés, que les familles et
les travailleurs soient plus en santé, puis qu'ils puissent faire leur travail.
Ce n'est que ce qui me motive. Puis, si la modernisation ne nous mène pas à ça,
ça ne sera pas une modernisation. Puis, si on me convainquait… puis, quand on
me convainc, dans cette salle-là, qu'on peut améliorer, on le fait. Alors,
voilà, c'est les propos que je tenais à partager. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre. Député d'Hochelaga-Maisonneuve, je pense qu'on vient de
vous informer, hein, que sur l'amendement que vous aviez déposé, il ne vous
reste qu'une minute.
M. Leduc : Oui. Oui, oui, Mme
la Présidente. Merci de l'information. En conclusion, là, par rapport aux
propos du ministre, je suis content de voir que la porte est toujours ouverte
pour des discussions, pour des négociations. L'objectif, c'est d'avoir une
bonne loi. Il y a des groupes qui commencent à demander le retrait du projet de
loi. C'est loin d'être consensuel dans l'ensemble des acteurs au moment où on
se parle, mais je pense que là, le temps file. Il faut trouver des compromis,
notamment sur le programme de prévention, parce que ce qui est sur la table,
actuellement, ne convient pas. Mais j'entends que la porte est ouverte et qu'on
va continuer à discuter, ce qui est une bonne nouvelle en soi.
• (10 h 20) •
Sur l'amendement, donc, si on se rappelle,
c'était par rapport à l'enjeu du mimétisme. Il y avait donc des dispositions
dans la loi — ça résonne un peu — il y avait des
dispositions dans la Loi sur l'aide sociale, très similaires, puis on nous a
confirmé, dans la… il y a deux semaines, que c'était en se basant sur cette
loi-là qu'on avait un peu repris la logique de contestation. Et, dans le cas de
l'aide sociale, ça aussi, on l'a vérifié, c'est possible de faire continuer le
chemin de la révision administrative pendant qu'on commence la contestation au
TAQ, avec un q, tandis que là, pour une raison assez bizarre, malgré qu'on
s'inspire des mêmes choses, on ne veut pas reproduire la même affaire.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, votre minute est déjà écoulée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'amendement déposé par…
M. Leduc : …administrative
pendant qu'on commence la contestation au TAQ, avec un «Q», tandis que
là, pour une raison assez bizarre, malgré qu'on s'inspire des mêmes choses, on
ne veut pas reproduire la même affaire.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, votre minute est déjà écoulée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'amendement déposé par le… article 108? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
Le Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Abstention.
Le Secrétaire
: Mme
IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement déposé à l'article 108 est rejeté. Nous revenons
donc à l'article 108. Y a-t-il des interventions à l'article 108, qui était
déjà amendé, hein. Je tiens à souligner qu'on avait déjà adopté un amendement.
Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bien, peut-être
juste un bref retour. J'avais… on avait eu un long échange avec le ministre par
rapport à l'intention du législateur, puis je voudrais juste qu'il nous la
reclarifie aujourd'hui, parce que là, il vient de battre mon amendement qui
vient préciser un… ce qui devrait normalement être la même chose qui avait
cours dans l'autre loi, avec le même processus puis quasiment les mêmes mots,
c'est-à-dire la possibilité de pouvoir continuer la révision même si le processus
de contestation est enclenché. Donc, lui, en battant l'amendement, est-ce qu'il
vient dire qu'il est hors de question que ça soit ça qui arrive, malgré les
mêmes mots, la même logique dans l'autre loi?
M. Boulet : Oui. Ce que j'ai
expliqué, puis je ne vais pas reprendre les informations que j'ai partagées.
C'est dans une perspective, un, d'accélérer le processus, et deux, de
déjudiciariser. Donc, et encore une fois, c'est au libre choix de la personne
qui ne bénéficie pas de la décision de révision administrative dans un délai de
90 jours, elle peut opter pour aller au Tribunal administratif du travail, et
c'est pour éliminer la duplication des processus, l'utilisation en double des
ressources, et de permettre à la personne de passer à l'étape suivante de
manière diligente.
M. Leduc : Ma question, puis
encore une fois je veux faire ça assez court, on en a discuté beaucoup la
dernière fois, mais si la même écriture est interprétée de deux manières
différentes par le ministre, soit, un, ne devrait-on pas préciser, dans
l'écriture de l'un ou de l'autre, l'effet recherché, ou deux, est-ce que le
ministre reconnaît qu'un autre ministre, à sa place, pourrait avoir une lecture
différente du même texte et l'appliquer de l'un côté ou de l'autre, de manière
différente que lui l'analyse aujourd'hui?
M. Boulet : C'est difficile
pour moi de répondre à cette question-là, mais l'intention est clairement
exprimée au moment de l'adoption de cet article-là, puis je ne veux pas
préjuger de comment quelqu'un d'autre pourrait l'appliquer, mais je…
M. Leduc : …l'un côté ou de
l'autre de manière différente que lui l'analyse d'aujourd'hui.
M. Boulet : C'est difficile
pour moi de répondre à cette question-là. Mais l'intention est clairement
exprimée au moment de l'adoption de cet article-là puis je ne veux pas préjuger
de comment quelqu'un d'autre pourrait l'appliquer. Mais je respecte la façon
différente d'appliquer, là, pour l'aide financière de dernier recours. Si c'est
un libellé qui est identique dans cette hypothèse-là, et que c'est appliqué
différemment, moi, je respecte ça puis je n'ai pas l'intention de changer quoi
que ce soit.
Ici, les objectifs sont distincts — les
objectifs, en étant d'abord de déjudiciariser, d'éliminer les doubles processus — et
donc c'est ce qui me motive à agir de cette manière-là, qui est tout à fait
reconnue en matière de justice en matière de justice administrative.
M. Leduc : Tout à fait. Mais
vous conviendrez, M. le ministre, que l'objectif, il n'est pas écrit dans
la loi. Ça demeure un objectif de votre personne, de votre fonction de
ministre, qui peut être occupée par une autre personne. Donc, vous vous rappelez
mon projet d'ici 2022, ou 2026, au plus tard, d'occuper ce siège
potentiellement. Je pourrais éventuellement avoir une interprétation différente
et ça pourrait s'appliquer donc différemment de ce que vous nous proposez comme
lecture aujourd'hui.
M. Boulet : Vous pourrez
prendre les décisions que vous pourrez dans l'hypothèse que vous soulevez,
en 2030, que vous… 2034. Écoutez, au moment que les Québécois jugeront
opportun, parce qu'en politique, il ne faut jamais être arrogant, puis tout est
possible. Puis la vie passe rapidement en politique. Puis vous prendrez, à ce
moment-là, les décisions que vous jugerez les plus pertinentes. Merci.
M. Leduc : Les deux partis ont
utilisé le conditionnel. C'est dans la logique des choses.
M. Boulet : Oui, tout à fait,
ça imprime du respect.
M. Leduc : Tout à fait.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'article 108 tel qu'amendé?
S'il n'y a pas d'autres interventions…
M. Leduc : …suspension,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, une légère.
M. Leduc : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
(Suspension de la séance à 10 h 26)
10 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 10 h 47)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…n'avait pas été déposé, on a juste à ne pas en parler, c'est beau? Alors, nous
sommes revenus en ondes. Je comprends qu'il y a eu un échange entre le député d'Hochelaga-Maisonneuve
ainsi qu'avec le ministre. Est-ce que, M. le ministre, vous voulez prendre la
parole sur l'article 108?
M. Boulet : Oui, bien sûr.
Alors, on va déposer un amendement suite aux échanges qu'on a eus avec les
collègues, précisant que, quand une partie ou quand les deux parties, mettons,
l'employeur et le travailleur contestent la même décision, l'exemple simple,
c'est la base de calcul de l'indemnité de remplacement de revenu, les deux font
une demande de révision puis, après 90 jours, si, par exemple, l'employeur opte
et veut aller directement au Tribunal administratif du travail, quand les deux
contesteront la même décision, le Tribunal administratif du travail va déférer
le dossier à la Commission des normes pour qu'elle rende la décision en
révision. Donc, la décision en révision administrative va être rendue avant que
le TAT se saisisse de l'affaire.
Et on avait d'ailleurs un texte qui était
similaire que nous avons déjà adopté à l'article 110, et on reprend ce même
texte là pour que ce soit clair que, dans le cas prévu à 108, là, au-delà de 90
jours, ça s'applique exemple de la même manière…
M. Boulet : ...avant que le TAT
se saisisse de l'affaire. Et on avait d'ailleurs un texte qui était similaire
que nous avons déjà adopté à l'article 110 et on reprend ce même texte là
pour que ce soit clair que, dans le cas prévu à 108, là, au-delà du 90 jours,
ça s'applique exactement de la même manière.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Le ministre l'a
bien expliqué. En effet, c'était la nature de notre amendement qu'on a fini par
ne pas déposer dans le fond. C'est que ce n'était pas tout à fait clair que ce
délai-là du 90 jours, donc de sauter par-dessus la DRA, qu'est-ce qui allait se
passer dans des contestations... pas conjointes, mais en tout cas parallèles.
Et là le ministre l'a très bien expliqué, il dit : Non, tu ne peux pas,
dans le cas où il y a deux plaintes de deux demandes de révision sur un même
sujet, ce n'est pas une des deux parties qui va toute seule trancher pour
sauter au TAT. Le TAT, bien, il peut bien essayer, dans le fond, mais le TAT va
dire : Non, non, non, s'il y a deux demandes sur un même sujet, je veux
l'entendre.
Là, je comprends qu'il y a un amendement
en rédaction. Je ne sais s'il est déjà acheminé peut-être en attendant. Est-ce
que, dans ces scénarios-là, M. le ministre, il y a comme un... Parce qu'on
comprend que, si ça a pris 90 jours puis qu'une des deux parties voudrait
exercer le recours au TAT directement, est-ce que, dans ce scénario-là, il y a
un nouveau délai maximum? Ou quand on dit qu'il défère, là, à la CNESST, elle
doit rendre sa décision immédiatement ou comment ça fonctionne?
M. Boulet : Non, il n'y a pas
de délai. Sauf que, comme vous m'avez entendu le dire souvent en étude
détaillée, c'est extrêmement important que les personnes à la CNESST qui
procèdent à la révision administrative des décisions de première instance le
fassent avec diligence. Le 90 jours est un message on ne peut plus clair qu'on
ne peut pas tolérer des délais indus. Des fois, il y a des motifs qui le
justifient. Les dossiers incomplets, des observations non fournies, des documents
non envoyés à la CNESST. Mais, au-delà de ça, il faut que ce soit rendu rapidement
dans les meilleurs délais possible.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous avons reçu l'amendement du ministre. Il va être affiché dans
quelques secondes pour... Je ne sais pas si, député d'Hochelaga-Maisonneuve,
vous allez être en mesure de le lire. Il va être affiché dans quelques
instants. Peut-être, je peux inviter le ministre à lire, s'il vous plaît.
M. Boulet : Oui, bien sûr, si
je peux le voir.
• (10 h 50) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous ne l'avez pas non plus, hein? Je vais vous donner... Ça s'en vient. Il
semble y avoir des petits pépins, des petits pépins. Ça s'en vient, le voilà.
M. Boulet : Alors, comme j'ai
mentionné, c'est le même libellé que nous avions adopté. Donc, on ajoute, à la
fin de l'article 108 du projet de loi, le paragraphe suivant :
«4° par l'ajout, à la fin, de l'alinéa
suivant :
«Lorsqu'une décision qui fait l'objet
d'une demande de révision est également contestée devant le Tribunal, ce
dernier défère l'affaire à la Commission pour qu'elle en dispose en révision.».
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il donc des interventions sur l'amendement déposé par le ministre...
M. Boulet : …Lorsqu'une
décision qui fait l'objet d'une demande de révision est également contestée
devant le Tribunal, ce dernier défère l'affaire à la Commission pour qu'elle en
dispose en révision.» Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il donc des interventions sur l'amendement déposé par le ministre?
Député d'Hochelaga-Maisonneuve et ensuite il y aura aussi le député de
Nelligan.
M. Leduc : Question
d'écriture, là, on fait référence à un quatrième alinéa, mais il y en a juste
deux dans le 108, non.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Un instant…
M. Leduc : Il y en avait déjà
un troisième de rajouté. Ah, O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…paragraphe…
M. Leduc : Je n'ai pas le mis
à jour, peut-être, à ce niveau-là. O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Enfin, il y avait un amendement avec un troisième paragraphe.
M. Leduc : C'est ça, O.K.,
parfait.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui.
M. Leduc : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est beau. Alors, député de Nelligan.
M. Derraji : Juste référer
l'affaire à la commission, on parle d'un délai, hein?
M. Boulet : Dès qu'elle est
saisie, si elle constate, mais ça se fait automatiquement. Si le Tribunal
administratif du travail est saisi d'une contestation et qu'il réalise qu'une
demande de révision à la CNESST, elle va déférer l'affaire, le tribunal, en
fait, il va déférer l'affaire à la commission pour qu'il y ait une décision qui
soit rendue en révision. Ça, c'est dans la mesure, toujours, où il y a
deux contestations visant la même décision. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est bien. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement déposé par
le ministre à l'article 108. S'il n'y a pas d'autres interventions, nous
allons procéder à la mise aux voix.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
Le Secrétaire
: M.
Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
:
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Y a-t-il d'autres interventions sur
l'article 108 tel que déjà amendé? S'il n'y a pas d'autres interventions,
nous allons procéder à la mise aux voix de l'article 108 tel qu'amendé.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
Le Secrétaire
: M.
Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
:
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 108 tel qu'amendé est adopté. Tel que
mentionné un peu plus tôt, nous avions aussi adopté l'article 109.
L'article 110 avait été adopté. Donc, nous serions, M. le ministre, à
l'article 111.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. «L'article 364 de cette loi est modifié :
«1° par le remplacement du premier alinéa
par le suivant :
«Si une décision rendue par la Commission,
à la suite d'une demande faite en vertu de l'article 358, ou par le
Tribunal administratif du travail reconnaît à un bénéficiaire le droit à une
indemnité prévue au chapitre III qui lui avait d'abord été refusée ou
augmente le montant d'une telle indemnité, la Commission lui paie des…
M. Boulet : ...par la commission
à la suite d'une demande faite en vertu de l'article 358 ou par le Tribunal
administratif du travail reconnaît à un bénéficiaire le droit à une indemnité
prévue au chapitre III qui lui avait d'abord été refusée ou augmente le
montant d'une telle indemnité. La commission lui paie des intérêts à compter de
la date de la réclamation»;
2° par le remplacement, dans le deuxième
alinéa, de «l'indemnité» par «cette indemnité».
Commentaire... en fait, c'est un
amendement de clarification. Ça vise à préciser que les intérêts que paie la
commission s'appliquent à toute indemnité prévue au chapitre III de la
loi, ses accidents de travail, maladies professionnelles. Ça vise les
indemnités de remplacement de revenu, les indemnités pour dommages corporels,
les indemnités de décès, les autres indemnités prévues à la section IV de
ce chapitre. Ces derniers sont donc des indemnités pour lesquelles des intérêts
peuvent s'appliquer. Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Y a-t-il donc des interventions à
l'article 111? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui. Il y a un
questionnement important ici, puis je ne sais pas si c'est une erreur ou si
c'est volontaire. Quand on fait référence... «prévue au chapitre III», ça,
c'est dans le libellé. Puis après ça, dans l'explication, là, M. le ministre
vient de lire des types d'indemnités, le remplacement de revenu, dommages
corporels, décès et autres, je ne sais pas ce qu'implique «autres». Mais on
nous a souligné que ça pouvait avoir comme effet, quand on dit que c'est une
précision, mais, justement, la précision peut avoir comme effet de dépréciser
ou de retirer, en fait, un type de remboursement, qui est celui des frais
avancés par la personne à l'avance, qui ne sont pas nécessairement des frais
qui se retrouvent dans la description qui est faite par le ministre, notamment,
là, verbalement ou dans la loi. Et tous les frais que le travailleur aura
avancés de ses poches en attendant la décision, le tribunal, historiquement,
dans plusieurs décisions, permet un remboursement d'intérêts sur ce type de
frais là, les dépenses x, y du travailleur, qui ne sont pas nécessairement
celles qui ont été nommées ici.
Alors, si on adopte tel quel l'amendement
du ministre, qui est dans l'objectif de préciser, là il y a une crainte très
concrète qu'on exclue ces fameux frais avancés de ses poches pour d'autres
types d'enjeux qui ne sont pas nommément précisés dans l'explication du
ministre.
M. Boulet : En fait,
c'était vraiment pour préciser que les intérêts s'appliquaient sur les
indemnités. Ça visait à éliminer une ambiguïté. Donc, c'est simplement ça. Je
vais faire une vérification, voir s'il y a d'autres intérêts qui pouvaient être
assurés, là. Si vous me permettez, on va prendre une suspension, s'il vous
plaît.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 10 h 57)
M. Boulet : ...donc, c'est
simplement ça. Je vais faire une vérification, voir s'il y a d'autres intérêts
qui pouvaient être assumées, là. Si vous me permettez, on va prendre une suspension,
s'il vous plaît.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 10 h 57)
11 h (version non révisée)
(Reprise à 11 h 6)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, M. le ministre, vous avez une information à nous donner pour le 112…
111, pardon.
M. Boulet : Suite aux échanges
avec le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, on vous demanderait, Mme la
Présidente, de suspendre l'article. On a des vérifications à faire de notre
côté et après ça on va vous revenir. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Est-ce que nous avons votre consentement pour suspendre l'article 111?
Parfait. Nous allons donc poursuivre, M. le ministre, avec le 112.
M. Boulet : Oui, merci.
L'article 365 de cette loi est modifié par le remplacement du premier
alinéa par le suivant :
«La Commission peut reconsidérer sa
décision dans les six mois, si celle-ci n'a pas fait l'objet d'une décision
rendue en vertu de l'article 358.3 ou, dans les cas visés au premier
alinéa de l'article 360, si elle n'a pas été contestée devant le Tribunal
administratif du travail, pour corriger toute erreur.»
Voilà, tel que déjà annoncé. Explications,
donc : Le délai est porté de 90 à six mois, le délai dont dispose la commission
pour reconsidérer une décision pour toute erreur. Puis, évidemment, la
reconsidération ne peut se faire si la révision administrative a déjà révisé la
décision ou si cette dernière est contestée directement au Tribunal
administratif du travail lorsque la loi prévoit une contestation directement
devant ce tribunal. Donc, tel que déjà annoncé, ce délai-là est porté à six
mois.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Y a-t-il… Oui. Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Est-ce que je me
trompe, Mme la Présidente, M. le ministre, mais il me semble que, dans les…
Puis on me corrigera, là, si je me trompe, mais il me semble qu'en matière de
faits nouveaux le justiciable, lui, ne bénéficie pas d'un délai de six mois, il
bénéficie d'un délai de 90 jours.
Une voix
: …
M. Leduc : Les faits nouveaux.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
M. le ministre, vous voulez faire une vérification?
M. Boulet : Oui. Je vais juste
identifier l'article, là, parce que je pourrais donner la réponse, là, mais je
veux le…
Des voix
: …
M. Boulet : Oui, tout à fait,
c'est 365. «…Commission peut reconsidérer sa décision dans les 90 jours, si
celle-ci n'a pas fait l'objet d'une décision rendue en vertu de 358.3…» Là,
c'est pour corriger toute erreur. Ça passerait à six mois. Puis, elle «peut
également — là, c'est les autres, là — de sa propre
initiative ou à la demande d'une partie, si sa décision est rendue avant que
soit connu un fait essentiel, reconsidérer cette décision dans les 90 jours de
la connaissance de ce fait.» Ça, oui, c'est 90 jours.
M. Leduc : Pourquoi, donc, il
n'y a pas le même délai?
M. Boulet : Bien, parce qu'une
erreur, ça donne plus de temps à la commission. Une erreur, ça vicie ou ça rend
une décision erronée, d'où l'erreur…
M. Boulet : ...reconsidérer
cette décision dans les 90 jours de la connaissance de ce fait. Ça, oui,
c'est 90 jours.
M. Leduc : Pourquoi donc il
n'y a pas le même délai?
M. Boulet : Bien, parce
qu'une erreur, ça donne plus de temps à la commission. Une erreur, ça vicie ou
ça rend une décision erronée, d'où l'erreur, alors qu'on fait essentiel
nouveau, bien, c'est pour éviter de... tu sais, puis c'est comme actuellement,
puis c'est pour éviter de prolonger indument, là, les délais permettant la reconsidération.
M. Leduc : ...justement,
vous le dites vous-même, éviter de prolonger indument, ce n'est pas ça qui est
le risque avec votre article à l'étude, là. En le prolongeant à six mois, vous
ne risquez pas de prolonger indument des décisions? Vous avez vous-même...
• (10 h 10) •
M. Boulet : Oui, mais
c'est seulement dans les cas d'erreur, puis c'est des processus qu'on retrouve,
là. Effectivement, quand c'est une erreur, le délai est plus long, puis ça,
c'est au bénéfice des parties totalement. Alors qu'un fait essentiel, tu ne
peux pas retarder ça trop longtemps parce que, là, tu nuis au caractère
expéditif de ton processus décisionnel, puis tu incites les parties à ne pas
être diligentes dans la dénonciation d'un fait nouveau. Je pense que c'est
comme ça que je peux vous l'expliquer. Et il n'y a jamais eu d'enjeu à cet
égard-là parce que c'est vraiment un fait nouveau. Tu sais, tu reçois la
décision, tu as 90 jours pour dire : Oui, mais il y a un fait nouveau
qui s'est passé, et là tu le mentionnes. Alors que, l'autre, c'est vraiment
pour corriger une erreur que la commission a faite, là. C'est pour ça que le
délai est plus long, parce que la nature du vice, la nature de la justification
pour changer la décision n'est pas la même.
M. Leduc : Mais il y a
quand même un... vous utilisez l'argument, puis je le comprends, de diligence,
mais il me semble que de prolonger à six mois la possibilité de la CNESST de
corriger une erreur, ça envoie un drôle de message en matière de diligence, là.
Mois pour corriger une erreur, on prolonge de six...
M. Boulet : Oui, mais la
décision est rendue quand même, là, parce que, ça, c'est un pouvoir de
reconsidérer la décision qu'elle a déjà rendue.
M. Leduc : Oui.
M. Boulet : Donc, elle
réalise ou elle est informée qu'il y a une erreur et elle a six mois pour le
faire. C'est au bénéfice de celui qui reçoit généralement des prestations ou
celui au bénéfice duquel ou de laquelle la loi s'applique, le régime
d'indemnisation. Donc, c'est tout à fait normal que, pour un délai... pour
qu'un délai de cette... un délai dans le cas d'erreur soit prolongé de
90 jours à six mois.
M. Leduc : Pas que je
veuille nécessairement, moi, prolonger le 90 jours pour le fait nouveau,
je m'interroge simplement sur la prolongation de l'erreur à six mois.
M. Boulet : À six mois.
Si vous permettez, on va suspendre deux minutes, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, nous allons va suspendre quelques
instants.
(Suspension de la séance à 11 h 12)
M. Leduc : ...à six mois.
M. Boulet : Si vous permettez,
on va suspendre deux minutes, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 12)
11 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 11 h 33)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, M. le ministre, je pense que vous voulez… vous avez déposé un amendement.
M. Boulet : Oui. Merci. Donc,
simplement, à l'article 112, on reviendrait avec un délai de 90 jours pour
le pouvoir de reconsidération de la CNESST en cas d'erreur, plutôt que d'aller
à six mois. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il…
M. Boulet : …à l'écran.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, Excusez.
M. Boulet : Donc :
L'article 365 de cette loi est modifié par
l'insertion, après 358.3, de «ou dans les cas visés au premier alinéa de
l'article 360 si elle n'a pas été contestée devant le Tribunal administratif du
travail». Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, y a-t-il des interventions à l'amendement déposé par le ministre à
l'article 112? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Je veux juste bien
comprendre. Donc, on change l'écriture, mais ça revient à dire qu'on garde le
90 jours. Donc, qu'est-ce que dit l'article, dans le fond, finalement?
M. Boulet : Bien, c'est pour
adapter en fonction de ce que nous avons déjà adopté dans les articles
précédents ou, dans les cas visés à 360, si ça n'a pas été contesté devant le
Tribunal administratif du travail.
M. Leduc : Mais ce que je veux
dire, c'est le 90 jours existait déjà.
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : Puis là, donc, cet
article-là vient changer quoi dans l'état de fait?
M. Boulet : Bien, que ce
pouvoir de reconsidération là, il s'exerce, en cas d'erreur, dans les 90 jours
si ça n'a pas été contesté devant le Tribunal administratif du travail, pour
éviter la duplication, là.
M. Leduc : Donc, c'est la
référence à la contestation devant le TAT qui est nouveau?
M. Boulet : Exactement. C'est
simplement ça.
M. Leduc : Parce qu'avant si
ce n'était pas contesté… il n'y avait pas le 90 jours qui s'appliquait?
M. Boulet : Comme je viens de
vous expliquer, maintenant, on a l'option d'aller directement au TAT plutôt
qu'à la Direction de la révision administrative.
M. Leduc : Qui n'existait pas
avant.
M. Boulet : Donc, la personne…
Oui, tout à fait. La personne pourrait y aller avant l'écoulement du 90 jours.
C'est la raison pour laquelle c'est précisé ici, si ça n'a pas été contesté
devant le Tribunal administratif du travail. C'est pour harmoniser.
M. Leduc : O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement déposé par la
ministre à l'article 112? Sinon, nous allons procéder à la mise aux voix.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
Le Secrétaire
: M.
Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
: Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Y a-t-il d'autres interventions sur
l'article 112 tel qu'amendé? S'il n'y a pas d'autre intervention à l'article
112, tel qu'amendé, nous allons procéder à…
Mme Jeannotte : ...pour.
Le Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
Le Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Y a-t-il d'autres interventions sur l'article 112
tel qu'amendé? S'il n'y a pas d'autre intervention à l'article 112, tel
qu'amendé, nous allons procéder à la mise aux voix.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
Le Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 112, tel qu'amendé, est adopté. Nous avons
reçu également un amendement ajoutant un nouvel article à 112 du député
d'Hochelaga-Maisonneuve. On va vous l'afficher à l'écran assez rapidement.
Peut-être que le député peut commencer à le lire, s'il vous plaît.
M. Leduc : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Alors, ça va comme suit : Insérer, après l'article 112 du
projet de loi, le suivant :
«112.1. Cette loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 366.1, du chapitre suivant :
«Chapitre XI.1. Bureau de soutien en
santé et sécurité du travail.
«Section I. Institution et mandat.
«366.2. Est institué le Bureau de soutien
en santé et sécurité du travail.
«366.3. Le bureau a pour mandat d'offrir les
services d'information et de représentation aux travailleurs ou aux
bénéficiaires qui souhaitent exercer un droit conféré par la présente loi ou
par la Loi sur la santé et la sécurité du travail (chapitre S-2. 1).
«Section II. Composition et
administration.
«366.4. Le bureau est administré par un
conseil d'administration composé de cinq membres nommés par le gouvernement
après consultation des principales organisations syndicales et associations
représentants le droit et intérêt des non-syndiqués.
«Le président du bureau est désigné par le
gouvernement parmi les membres de son conseil d'administration.
«Le gouvernement détermine la rémunération
et les autres conditions de travail des membres du bureau.
«366.5. Le mandat du président du bureau
et celui des autres membres de son conseil d'administration est d'une durée
d'au plus cinq ans et est renouvelable. À l'expiration de leur mandat, les
membres du conseil d'administration demeurent en fonction jusqu'à ce qu'ils
soient nommés de nouveau ou remplacé.
«366.6. Toute vacance survenant au cours
de la durée du mandat des membres du conseil d'administration du bureau est
comblée en suivant le mode de nomination du membre à remplacer.
«Section III. Fonctionnement et point
de services.
«366.7. Le bureau met en place au moins un
point de service dans chacune des régions administratives pour laquelle la commission
a une direction régionale.
«366.8. Le bureau s'assure que ses points
de services soient aussi accessibles que possible aux personnes qui y ont
droit.
«366.9. Le bureau s'assure de faire
connaître le plus largement possible les services qu'il offre aux personnes qui
y ont droit.
«Section IV. Services offerts.
«366.10. Le bureau offre des services
d'information et de conseil aux travailleurs et aux bénéficiaires qui exercent
un droit prévu par la présente loi, qui envisagent de le faire ou qui ont des
questions concernant cette loi.
«366. 11. Le Bureau offre des services
d'information et de conseil aux travailleurs qui exercent un droit prévu par la
Loi sur la santé et la sécurité du travail (chapitre S-2.1), qui
envisagent de le faire ou qui ont des questions concernant cette loi.
«366.12...
M. Leduc : …envisagent de le
faire ou qui ont des questions concernant cette loi.
«366.11. Le bureau offre des services
d'information et de conseil aux travailleurs qui exercent un droit prévu par la
Loi sur la santé et la sécurité du travail (chapitre S-2.1), qui
envisagent de le faire ou qui ont des questions concernant cette loi.
«366.12. Le bureau offre des services de
représentation gratuits aux travailleurs et aux bénéficiaires qui y sont
admissibles, dans le cadre d'un litige au Tribunal administratif du travail
relevant de la présente loi ou de la Loi sur la santé et la sécurité du travail
(chapitre S-2.1).
«366.14. Sont admissibles aux services de
représentation du bureau les travailleurs non syndiqués, les travailleurs
syndiqués dont le syndicat n'offre pas de représentation au Tribunal
administratif du travail et les bénéficiaires.»
«Section V. Rapport et financement.
«366.15. Le président du bureau doit,
chaque année, transmettre au ministre, à la date que ce dernier détermine, un
rapport des activités du bureau.
• (11 h 40) •
«Ce rapport doit contenir tous les
renseignements exigés par le ministre.
«366.16. Le ministre assure le financement
des dépenses relatives aux activités du bureau.
«À cette fin, le bureau et le ministre
concluent une entente, laquelle doit notamment prévoir l'autorisation de dépenses
annuelles du bureau afin de réaliser l'entièreté de son mandat.
«366.17. La commission rembourse le
ministre des sommes qu'il verse en vertu de l'article 366.16.»
C'est…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Explications, s'il vous plaît.
M. Leduc : Voilà. Merci, Mme
la Présidente. C'était une longue lecture, mais nécessaire. …quelque chose de
nouveau qu'on introduit.
Vous le savez, dans le projet de loi du
ministre, on touche à plein de sujets. Il y a des révisions, il y a des mises à
jour, il y a des modernisations. Mais — comment je dirais
ça — on ne fait pas des grandes avancées en matière de structure, en
matière de champ des possibles.
Et s'il y a bien une chose qui est
ressortie, à mon avis, des consultations et des gens qui travaillent et
étudient le droit du travail, le droit de la santé-sécurité au travail, plus
précisément, c'est tout le défi — et ce n'est pas la première fois
que j'évoque ce principe-là — de l'effectivité du droit. C'est bien
beau d'avoir un droit sur papier, d'avoir des belles lois, mais qu'en est-il de
son application véritable? Qu'en est-il de sa réalisation sur le terrain, ou
non? Et c'est ce «ou non» là qui me chicote.
Vous le savez, à peu près quoi, bon an,
mal an, entre 35 %, 40 % de travailleurs, travailleuses syndiqués,
représentés, donc, par un syndicat au Québec. La grande majorité des syndicats
offrent des services de représentation en matière de santé et sécurité du
travail. Beaucoup de ces syndicats-là vont aussi faire de la prévention. Mais
là ce n'est pas tellement le volet qui nous intéresse. C'est surtout la
question de la réparation. Ça touche aussi un peu la prévention, mais c'est
surtout la réparation.
Mais ça fait, donc, que 60 % des
salariés ne sont pas couverts par un syndicat et n'ont pas accès à des
mécanismes de représentation lorsque vient le moment d'aller se battre pour
leurs droits devant le TAT notamment, devant un employeur qui ne reconnaît pas
une lésion ou la CNESST, donc, en effet, qui ne reconnaît pas une lésion.
Et j'ai eu l'occasion de rencontrer des
groupes en préparation…
M. Leduc : …lorsque vient le
moment d'aller se battre pour leurs droits devant TAT, notamment, devant un
employeur qui ne reconnaît pas une lésion ou la CNESST, donc, en effet, qui ne
reconnaît pas une lésion.
Et j'ai eu l'occasion de rencontrer des
groupes en préparation des audiences, en préparation de tout ce débat-là qui
nous disait que, dans plusieurs autres provinces du Canada, il existe quelque
chose du genre. J'ai la liste ici, dans un fascinant rapport qui a été rédigé
par Me Dalia Gesualdi-Fecteau, professeure au Département des sciences
juridiques de l'UQAM et M. Maxime Visotzky-Charlebois, candidat au
doctorat en droit. Ça date de janvier 2021. Donc, c'est assez récent, ça
fait à peine quelques mois, quelques semaines. Ça s'appelle L'accompagnement
et la représentation des personnes accidentées ou malades du travail :
Quel accès? Quelle justice? avec des points d'interrogation, bien sûr. Puis
Mme Gesualdi-Fecteau que je connais bien, pour avoir eu la chance de
l'avoir comme professeure dans mon certificat en droit du travail, est
passionnée par cet accès à l'effectivité du droit. Et ce n'est donc pas
étranger qu'elle dépose ce rapport-là en janvier.
Je vous donne quelques exemples
d'institutions qui existent dans le reste du pays, dans le reste du Canada, par
exemple en Ontario. Le modèle sur lequel on s'est basé pour rédiger
l'amendement qui est devant nous aujourd'hui, ça s'appelle en anglais «the
Office of the Worker Adviser». Ils offrent des services gratuits d'éducation,
de conseils et de représentations de travailleurs, travailleuses non syndiqués
et leurs survivants quand, malheureusement, ce travailleur ou travailleuse est
décédé. Mais à peu près toutes les provinces ont un équivalent, là. Au
Nouveau-Brunswick, Office of Workers' Advocate, Île-du-Prince-Édouard, Office
of the Worker Advisor, Workers' Advisers Program pour la Nouvelle-Écosse,
Worker Advisor Office pour le Manitoba. Je ne les nommerai pas toutes. Alberta,
Fair Practices Office–Worker Appeals Advisor Branch. Beaucoup, beaucoup de
provinces ont donc un service d'accompagnement de ce type-là.
Au Québec, on en a un pour ce qui a trait
des normes du travail. On le connaît bien, c'est la Commission des normes du
travail qui a changé de nom, qui est devenu la CNESST. Elle fait ça, c'est son
rôle pour les gens non syndiqués de les accompagner, de les préparer, de les
représenter devant le tribunal en matière de norme du travail. Le rôle est très
pointu. C'est les normes du travail. Et quand on a un travailleur qui se ramasse
devant le tribunal, mais pour la Santé et Sécurité du travail, là la commission
n'est pas son ami. La plupart du temps, la commission est la partie adverse
souvent parce qu'il y a une décision qui a été rendue qui n'est pas en sa
faveur. Et là le travailleur, en particulier, le travailleur non syndiqué est
complètement démuni.
Il existe des groupes, on a fait référence
beaucoup à l'UTTAM qui est en réalité un réseau, hein, il y en a dans à peu
près toutes les régions, des équivalents de l'UTTAM, l'UTTAM, c'est celle de
Montréal, bien sûr, mais des groupes de type communautaire qui, avec les moyens
du bord, font des petits miracles. Mais comme je vous dis, ils ont les moyens
du bord. Alors, ils ne peuvent pas avoir les outils et la force de ressources
humaines pour prétendre représenter le 60 % de gens non syndiqués au
Québec, c'est une impossibilité technique, administrative et…
M. Leduc : ...de type communautaire
qui, avec les moyens du bord, font des petits miracles. Mais comme je vous dis,
ils ont les moyens du bord. Alors, ils ne peuvent pas avoir les outils et la
force de ressources humaines pour prétendre représenter le 60 % de gens
non syndiqués au Québec. C'est une impossibilité technique, administrative et
financière qui saute aux yeux.
Alors, c'est pourquoi il m'apparaît
évident, dans une modernisation, dans une révision des deux lois de la santé et
sécurité au travail, bien, de penser à cet angle mort là, de penser... Parce
qu'on aura beau avoir tous les débats sur la surdité et tous les débats sur la
prévention, mais, au final, est-ce que les gens qui vont vivre le parcours
difficile, le mot est faible, difficile, le parcours judiciaire devant un juge,
devant un avocat patronal ou devant les procureurs de la CNESST, bien, on les
envoie seuls faire face à cette machine-là? Autant les jeter à pâture, là, aux
fauves. C'est un parcours qui, dans une certaine mesure, est traumatisant et
qui, dans plusieurs cas, est tellement gros qui, en soi, devient seul
l'argument pour laisser tomber carrément, pour laisser tomber le parcours et la
contestation judiciaire.
Alors, ça m'apparaît, moi, important, moi,
qu'on le soulève ici. Bien sûr, comme d'habitude, c'est un libellé qu'on
dépose. On est bien ouvert à l'amender, à le discuter. Je ne sais pas si le
ministre a déjà réfléchi à cette possibilité-là, d'avoir un tel bureau,
considérant qu'on a déjà quelque chose en matière de normes du travail. Là, à
cause de la fameuse fusion, là, des années 2015 ou 2016, là, sous le
précédent gouvernement libéral, où on a tout ramassé ça dans la même
institution, ça deviendrait difficile d'avoir un bureau qui soit, avec la
CNESST, là, qui... C'est impossible, là. Ça ne peut pas...
Déjà que la CNESST est dans la même
institution que les normes du travail. Il y a un mur de Chine, là, qui est
appliqué. J'ai quelques connaissances qui travaillent aux normes du travail qui
me disent qu'en théorie ça fonctionne, en tout cas, sommairement bien pour
l'instant, là. Il n'y a pas d'information qui coule d'un procureur à l'autre
pour un même individu, pour un même dossier. Hein, une personne peut avoir un
problème aux normes du travail et un problème en santé et sécurité au même
moment et, pour son enjeu de normes du travail, être représentée par la santé
et sécurité, par la CNESST, en fait, mais pour l'enjeu SST être contre la
CNESST. Alors, on nous a bien assuré, là, en 2015, là, 2016, qu'il y aurait un
mur de Chine. Bon, pour l'instant, ça semble fonctionner.
Alors, c'est pris pour acquis que,
d'aventure, si le gouvernement voulait en effet aller de l'avant avec un tel
programme de soutien pour les travailleurs, ça ne pourrait être à l'intérieur
de la CNESST. Ça serait impossible en fonction de ça. Il faudrait comme...
redémenteler la CNESST. Je pense que personne ne veut rejouer dans le film des
structures. Donc, tout ça pour dire qu'on pense que le modèle qui existe en
Ontario et dans d'autres provinces, d'une institution indépendante, administrée
pas des non-syndiqués et par des représentants de travailleurs, qui fait des
rapports, comme le fait la CNESST, est un modèle intéressant, est un modèle
intéressant.
Alors, je serais peut-être curieux
d'entendre le ministre par rapport à ce qu'il pense de ce modèle-là...
M. Leduc : ...pense que le
modèle qui existe en Ontario et dans d'autres provinces, d'une institution
indépendante, administré par des non-syndiqués, par des représentants de
travailleurs, qui fait des rapports, comme le fait la CNESST, est un modèle
intéressant, est un modèle intéressant. Alors, je serais peut-être curieux
d'entendre le ministre par rapport à ce qu'il pense de ce modèle-là et si c'est
quelque chose qui pourrait être applicable au Québec.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
M. le ministre, il y a également le député de Nelligan qui aimerait prendre la
parole. Est-ce que vous lui laissez la parole avant ou...
M. Boulet : Absolument.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Député de Nelligan.
M. Derraji : Bien, merci, Mme
la Présidente. M. le ministre m'a déjà entendu parler de cet enjeu il y a
quelques semaines, notamment sur l'aspect d'accompagnement. Je pense que, si on
veut vraiment parler d'une modernisation de l'accompagnement des travailleurs,
mais je serais curieux de voir aussi le point de vue du ministre, mais aussi l'accompagnement
de certaines PME. L'enjeu, il est des deux côtés, que ce soit le côté des
travailleurs, mais aussi des petites entreprises où naviguer dans cet aspect de
santé et sécurité du travail est très complexe. Et l'exemple parfait, c'est ce
qu'il se passe en Ontario. Et tout à l'heure, j'ai mentionné que j'ai eu un
échange hier devant le Parlement avec quelques travailleurs, et ils m'ont
clairement expliqué... parce qu'il faut comprendre deux choses... et les
travailleurs syndiqués et les travailleurs non syndiqués.
Pour les travailleurs syndiqués, probablement
la chose... un peu facile, je dirais un peu facile, parce que déjà naviguer au
sein de ce système, ce n'est pas du tout facile. La preuve, on essaie de
moderniser la loi parce que c'est toujours complexe naviguer à l'intérieur du
système, surtout quand il s'agit d'un accident de travail ou quand il s'agit de
réclamer des droits pour les travailleurs. Mais d'autres travailleurs m'ont
clairement dit qu'à part la lourdeur, c'est tout le fardeau qui tombe sur le
travailleur, mais parfois non syndiqué. Et ils sont nombreux, des travailleurs
non syndiqués.
Donc, ce bureau... et je l'ai mentionné,
comme je l'ai dit, Mme la Présidente, il y a quelques semaines lors d'un
échange avec M. le ministre... D'ailleurs, pendant l'échange, j'ai reçu des
e-mails où des gens nous disaient... qui suivaient notre commission avec grand
intérêt nous disaient que c'est vraiment un enjeu réel, être accompagné pour
naviguer à l'intérieur du système. Parfois, ce n'est pas facile.
• (11 h 50) •
Donc, est-ce que ça passe par un bureau de
soutien en santé et sécurité au travail? C'est ce que l'amendement qu'on a
devant nous... que le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve nous dépose, mais la
problématique que j'aimerais soulever... et je vais arrêter parce que j'ai déjà
fait le point sur le bureau il y a quelques semaines, la problématique
soulevée, Mme la Présidente, c'est tout l'aspect de l'accompagnement des
personnes pour naviguer à l'intérieur du système. Aujourd'hui, c'est clair que
les travailleurs non syndiqués l'expriment d'une manière très claire qu'ils ont
des difficultés, mais aussi j'ai été sensibilisé par des PME qui n'ont pas de
services juridiques, qui n'ont pas l'ensemble des ressources pour pouvoir bien
accompagner. Parce que parfois, l'employeur veut bien faire les choses et
accompagner son travailleur, mais c'est très complexe. Ça coûte des sous, c'est
du temps...
M. Derraji : …d'une manière très
claire qu'ils ont des difficultés, mais aussi j'étais sensibilisé par des PME
qui n'ont pas de services juridiques, qui n'ont pas l'ensemble des ressources
pour pouvoir bien accompagner, parce que, parfois, l'employeur veut bien faire
les choses et accompagner son travailleur, mais c'est très complexe. Ça coûte
des sous, ça coûte… c'est du temps aussi et c'est de l'expertise. Donc, au
niveau… quand on parle de modernisation et qu'on adapte nos lois, on adapte nos
lois et nos procédures avec l'ère nouvelle, est-ce que le ministre est ouvert à
l'idée du bureau? Mais au-delà d'être ouvert à l'idée du bureau, l'idée
d'accompagner ces travailleurs, l'idée d'accompagner ces PME qui n'ont pas les
moyens de naviguer à l'intérieur de la machine, si ça ne passe pas par un
bureau, bien, qu'est-ce que le ministre propose pour ces gens? C'est ça la
question que je lui pose.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, M. le ministre.
M. Boulet : Merci. Donc, des
commentaires un peu variés. D'abord, exprimer ma sensibilité à l'égard des
travailleurs, qu'ils soient syndiqués ou non syndiqués, d'être accompagnés.
Dans toutes les lois, d'ailleurs, peu importe que ça concerne la santé et
sécurité, ou d'autres loi qui, parfois, sont assez complexes, puis tous les
contribuables, tous les justiciables ont besoin d'un certain accompagnement,
c'est la raison pour laquelle, à la CNESST, on peut appeler n'importe quand. Il
y a les agents d'indemnisation, tous ceux qui exercent une responsabilité à la
CNESST, il y a des services pour le bénéfice des entrepreneurs puis des
travailleurs, et à tout moment de la journée, puis il y a un service
téléphonique qui assure que les personnes soient dûment informées. Évidemment,
il y a des associations sectorielles paritaires, il y a beaucoup de groupes,
des conseillers qui font partie d'ordres, professionnels ou non, qui font
énormément de formation. Il y a des mutuelles de formation, il y a des
mutuelles de prévention.
Il y a, au Québec, un réseau beaucoup plus
sophistiqué que dans les autres provinces, de services d'accompagnement pour
les travailleurs. Je réfère notamment au SACAIS, qui relève de mon ministère,
il n'y en a pas ailleurs. C'est un secrétariat pour l'action communautaire et
les initiatives sociales, et je le dis pour mon collègue de Nelligan, parce
qu'il a un intérêt aussi pour mon ministère, de même que mon collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve. On donne du finacement à la mission à beaucoup
d'organismes de défense collective de droits, et la portion la plus importante
de notre financement, c'est en matière de travail. Puis, bon, les syndicats,
évidemment… puis le taux de syndicalisation est beaucoup plus élevé au Québec
que… bon, il y a 40 % des travailleurs qui bénéficient des services
sophistiqués des syndicats en général, et pour les travailleurs non syndiqués
il y a l'UTTAM, que nous connaissons bien, à l'égard de laquelle j'ai
énormément de respect.
Il ne faut pas oublier les autres aussi,
là. Il y a, Au bas de l'échelle, il y a le CIAFT aussi, le centre d'accès…
d'intervention et d'accès pour les femmes au travail, il y a le CANO à
Trois-Rivières, parce qu'il y en a beaucoup des… tu sais, c'est un…
M. Boulet : …que nous
connaissons bien, à l'égard de laquelle j'ai énormément de respect. Il ne faut
pas oublier les autres aussi, là. Il y a : Au bas de l'échelle, il y a le
CIAFT aussi, le centre d'accès… d'intervention et d'accès pour les femmes au
travail, il y a le CANOS à Trois-Rivières. Parce qu'il y en a beaucoup, des… Tu
sais, c'est un carrefour d'aide pour les non-syndiqués qui est à Trois-Rivières,
mais il y en a dans beaucoup de régions, puis il y a à Saint-Rémi aussi, en Montérégie,
un organisme qui s'occupe des travailleurs immigrants et des travailleurs
agricoles. Comment je dirais ça? D'ailleurs, quand je négocie avec les autres,
tu sais, comme Ottawa, la sophistication du réseau de partenaires du marché du
travail au Québec est nettement plus élevée qu'ailleurs, ils nous envient à
bien des égards, et pour moi, ça, c'est une justification extrêmement
importante. Puis je sais qu'il y a de l'amélioration à faire, peut-être, là, tu
sais, peut-être que l'UTTAM, ou le CIAFT, ou Au bas de l'échelle ont besoin
d'améliorer leur financement. Je pense que ça passe par ces organismes-là pour
accompagner la CNESST, les organismes et les conseillers qui font de la
formation.
Puis l'autre point que vous avez soulevé, évidemment,
en normes, ce n'est pas la même réalité, parce qu'on représente ce travailleur.
Ici, la CNESST a à trancher entre un travailleur et un employeur. Ce n'est pas
du tout la même dynamique, et c'est la raison pour laquelle, au fil des années,
on a développé ce réseau-là, qui m'apparaît extrêmement intéressant pour soutenir…
Puis c'est intéressant, parce qu'en amont de l'accompagnement, il faut aussi
faire beaucoup d'information puis de formation, puis j'ai eu l'occasion au fil
des années de discuter avec des travailleurs, avec des syndicats, et, avant
d'exercer les droits, la formation… en fait, la sensibilisation, l'information
et la formation, ça joue véritablement un rôle prépondérant.
Donc, j'ai lu le projet d'amendement.
Malheureusement, je pense qu'on viendrait en duplication d'un réseau qui est
déjà passablement profond et sophistiqué au Québec en semblable matière.
Un dernier commentaire, et là ça fait écho
au commentaire du député de Nelligan. Il n'y a pas que les travailleurs,
travailleuses, il y a aussi les micro, puis les petites, puis les moyennes
entreprises qui n'ont pas accès à des conseils, qui ont besoin souvent
d'accompagnement, puis combien il y a de petits entrepreneurs qui, sur une base
quotidienne, appellent l'agent d'indemnisation à la CNESST pour obtenir de
l'information, pour donner des précisions, pour partager des connaissances
relativement à la réclamation faite par un travailleur. Il faut penser aussi à
ces travailleurs, à ces petites entreprises là, qui sont souvent… Il y a une
personne, deux personnes, cinq personnes, ils ont besoin aussi de
sensibilisation, d'information, de formation et d'accompagnement, et c'est…
M. Boulet : ...penser
aussi à ces travailleurs, à ces petites entreprises là, qui sont souvent... il
y a une personne, deux personnes, cinq personnes. Ils ont besoin aussi de sensibilisation,
d'information, de formation et d'accompagnement. Et c'est à ça aussi à l'égard
duquel nous devons être sensibles et préoccupés aussi. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Il y a le député de Nelligan qui aimerait
prendre la parole.
M. Derraji : Merci, Mme
la Présidente. Je comprends tout ce que le ministre vient de nous dire, mais, écoutez,
vous avez vu un peu ce qu'on vient de voir dans les médias avec les fermes, des
serres. C'est un autre enjeu probablement, mais, écoutez, c'est une réalité, ce
n'est pas tous les travailleurs qui sont au courant de leurs droits, rôles, responsabilités.
Et c'est de là où le rôle de l'État d'accompagner ces travailleurs. Parce qu'au
bout de la ligne, je ne pense pas que la volonté d'un membre que ce soit du
gouvernement ou de l'opposition aujourd'hui autour de la table, c'est de ne pas
respecter les droits des travailleurs. Mais l'accompagnement, c'est le rôle de
l'État. Et je vois mal comment la CNESST peut accompagner, mais aussi faire
l'autre rôle, donc jouer son rôle.
M. Boulet : ...pas
trancher, tu ne peux pas être juge et partie.
M. Derraji : Bien, c'est
ça, le problème, M. le ministre.
M. Boulet : Mais c'est
intéressant, les travailleurs étrangers agricoles. Ça, ça ne relève pas de ce
que nous discutons, mais du règlement qu'on a adopté et qui est entré en
vigueur le 1er janvier 2020 et qui avait été prévu dans la révision de la
Loi sur les normes du travail qui est entrée en vigueur le 12 juin 2018,
alors que votre parti était au pouvoir, qui a fait une révision vraiment
intéressante... la Loi sur les normes du travail. Et ce règlement-là vise à
protéger les travailleurs étrangers temporaires, leur faire réaliser qu'ils ont
les mêmes droits, les mêmes obligations en vertu de nos lois du travail,
notamment les normes du travail. Et le traitement qui a été rapporté par les
médias concernant Les Serres — je ne sais pas si on peut les nommer,
là — Demers, est inacceptable. C'est complètement insensé que des
personnes vivent dans des conditions insalubres de vie comme celles qui ont été
rapportées par les médias. Je suis totalement d'accord avec vous.
M. Derraji : Oui, mais
c'est là, M. le ministre, où l'enjeu, il est... Quand on parle d'une
modernisation, je pense... Et je ne pense pas que la CNESST peut être juge et
partie, donc... Et c'est là, la problématique, l'essence même de ces
travailleurs.
...l'échange que j'ai eu avec ces
personnes, ils m'ont dit clairement, clairement : Il y a des travailleurs
qui se sentent abandonnés. Ils n'ont pas tous les moyens de naviguer à
l'intérieur de la machine. C'est très complexe pour eux. Ce n'est pas des
experts en droit. Regardez combien d'heures nous avons passées dans le projet
de loi. C'est très complexe, c'est très technique, c'est beaucoup de détails.
Ce n'est pas tout le monde qui suit le Canal de l'Assemblée nationale pour
suivre nos travaux sur la modernisation de la loi.
Et c'est là où je me pose la
question : Comment, en tant que législateurs, on peut venir en aide à ces
travailleurs, qui ne demandent que d'être de leur côté, et de les aider, et de
les supporter pour faire face à la machine, hein?
• (12 heures) •
M. Boulet : Avec le
financement à la mission que nous conférons, là, via le SACAIS , là, le
Secrétariat action communautaire et...
12 h (version non révisée)
M. Derraji : ..et c'est là où
je me pose la question : Comment, en tant que législateur, on peut venir
en aide à ces travailleurs qui nous demandent que d'être de leur côté et de les
aider, de les supporter pour faire face à la machine, hein?
M. Boulet : Avec le financement,
la mission que nous conférons, là, via le SACAIS, là, le secrétariat action
communautaire et initiatives sociales, à l'UTTAM, Au bas de l'échelle, la CIAFT,
au CANOS, aux travailleurs immigrants et agricoles, on a, comment je dirais ça,
un réseau ou un filet de sécurité et d'accompagnement qui est très sophistiqué
au Québec, non seulement pour le bénéfice des travailleurs, mais aussi pour le
bénéfice des micros, petites et moyennes entreprises. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Merci, M. le ministre. Alors, écoutez, je veux juste quand même
signaler, avant qu'on ajourne, qu'on a suspendu l'article 111, hein, de ne
pas l'oublier pour la prochaine fois. Alors, écoutez, je vous remercie encore
pour cet avant-midi.
Compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 1)