(Quinze heures trente-cinq minutes)
La
Présidente (Mme Richard) : Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'économie et du travail ouverte. Je demande à toutes les
personnes présentes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de procéder à l'audition du Fonds de recherche Québec — Société et culture dans le cadre de
l'examen de ses orientations, et de ses activités, et de sa gestion
administrative.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Cloutier (Lac-Saint-Jean) remplace M. LeBel (Rimouski)
et Mme Lamarre (Taillon) remplace M. Leclair (Beauharnois).
La Présidente (Mme Richard) :
Merci. Comme la séance a commencé avec quelques minutes de retard, on m'a dit
15 h 35, est-ce qu'il y a consentement pour que nos travaux aillent
au-delà de l'heure prévue, 18 h 35? Il y a consentement? Merci.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Richard) :
17 h 35, on a un petit...
Une voix : Bien, vous pouvez
être ici jusqu'à 18 h 35, si vous voulez.
La
Présidente (Mme Richard) :
Non, je pense que 17 h 35 va être suffisant. Bonjour, monsieur... je
veux bien le prononcer, Guirion?
Des voix : Quirion.
La
Présidente (Mme Richard) :
Quirion. Je vous souhaite la bienvenue à l'Assemblée nationale, à vous
ainsi qu'à votre équipe. Je vous rappelle que vous disposez de 30 minutes
pour votre exposé. Par la suite, nous procéderons à la période d'échange avec
les membres de la commission.
Et je vous
invite, M. Quirion, si vous avez des personnes qui sont nouvellement
arrivées cet après-midi, de nous les présenter. Merci.
Exposé du scientifique en
chef et président du conseil d'administration
du Fonds de recherche du Québec — Société
et culture (FRQSC), M. Rémi Quirion
M. Quirion
(Rémi) : Merci beaucoup. Merci, Mme la Présidente. Membres de la
Commission de l'économie et du travail, on vous remercie de nous
recevoir aujourd'hui.
Je suis
accompagné, à ma droite, de la directrice scientifique du fonds Société et
culture, Mme Louise Poissant, et,
à ma gauche, la vice-présidente du conseil d'administration, Mme Yvonne
da Silveira, qui est professeure titulaire à l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue,
une spécialiste de la recherche dans le Nord, dans le Grand Nord. Donc, vraiment, on est très, très heureux d'avoir Yvonne
avec nous ici aujourd'hui. Aussi, les collègues de l'administration,
donc Karine Assal, directrice de
l'administration, Benoît Sévigny, directeur des communications — on va essayer de le faire parler cet après-midi, il n'a pas parlé ce matin — et Mylène Deschênes, la directrice des
affaires éthiques et légales aux Fonds
de recherche du Québec. On a aussi présentes avec nous aujourd'hui Marie-Paule
Jeansonne, qui est au cabinet de Mme Dominique Anglade, et Julie
St-Laurent, qui est au ministère de l'Économie, de la Science et de
l'Innovation.
Donc,
j'espère qu'il n'y aura pas trop, trop de redites pour ceux d'entre vous qui
étaient là ce matin, mais, comme on a
discuté un peu plus tôt, très important pour nous d'interagir avec vous, d'avoir
des questions de votre part, de vous aider
peut-être à mieux apprécier ce que fait le fonds Société et culture au niveau
des recherches académiques, mais surtout pour l'ensemble du Québec.
Premièrement, un
exemple, un exemple d'impact, de type de recherche en recherche fondamentale
qui est appuyé par le fonds Société et
culture. Très souvent, on entend dire : La recherche dans le domaine des
sciences sociales, des sciences humaines, ça sert à quoi, hein?
Lorsqu'on parle, peut-être, en génie, peut-être on conçoit un peu mieux l'impact. Sciences sociales, sciences humaines, on
dit : Ah! est-ce que c'est vraiment utile, ça, ce genre de
recherches là pour les Québécois, pour la
majorité, pour notre société québécoise? Il n'y a pas si longtemps, on se
questionnait beaucoup, par exemple,
sur la pertinence de financer des travaux en sciences religieuses, en sciences
sociales, en sciences humaines, et c'est vers ce type d'experts là... et plusieurs
ici, au Québec, sont financés par le fonds Société et culture. On s'est
tournés vers ces experts pour comprendre le
phénomène de la radicalisation, qui touche tout le monde, qui touche tout le
Québec, et chercher des pistes de solution.
Donc, vraiment, l'expertise, les experts qui ont été appuyés par les Fonds de
recherche du Québec, en particulier par le fonds Société et culture, c'est vers
eux, c'est vers elles qu'on s'est retournés après les événements à Saint-Jean-sur-Richelieu, ici, à Québec, les événements à
la synagogue de Québec. Donc, vraiment, tout ça, c'est... Pas la
synagogue, je me trompe ici, là, ce n'est pas la synagogue, c'est musulman.
Des voix :
C'est la mosquée.
M. Quirion
(Rémi) : Oui, c'est la mosquée, c'est l'autre. Mais vraiment nos...
Une voix :
...
• (15 h 40) •
M. Quirion
(Rémi) : Oui. Et vraiment c'est des chercheurs, par exemple Aurélie
Campana et Stéphane Leman-Langlois,
de l'Université Laval, Cécile Rousseau, que peut-être certains d'entre vous
connaissez, à l'Université McGill, Mme Meintel,
à l'Université de Montréal, David Morin, à l'Université de Sherbrooke... Donc,
vraiment d'amener les domaines des
sciences sociales, des sciences
humaines, des sciences religieuses à mieux travailler ensemble
pour mieux comprendre le défi de société que comprend la radicalisation
de notre société.
Et, encore aujourd'hui,
dans les journaux, on a des éléments qui font suite à la radicalisation de la société
et l'importance de la recherche dans ce
secteur-là. Donc, je pense que, pour le fonds Société et culture... tout à fait
important de continuer à poursuivre la
recherche dans ce secteur et d'amener l'innovation sociale pour avoir de
nouvelles solutions au grand défi de
radicalisation de nos sociétés modernes. Et, encore une fois, ce n'est pas
unique au Québec, mais on le voit beaucoup au Québec, et un
peu partout en Amérique du Nord, et en Europe.
Comme
j'ai mentionné plus tôt, à titre de scientifique en chef, je préside les trois
Fonds de recherche du Québec. Aujourd'hui, cet après-midi, on va parler plus particulièrement du fonds
Société et culture, mais ça fait partie intégrale. Vraiment,
la loi n° 130, qui a créé mon poste, c'est vraiment
d'essayer d'amener les experts de différentes disciplines à travailler plus étroitement ensemble,
et c'est encore plus vrai, je dirais, pour le fonds Société et Culture. Les grands
défis de société, les changements de notre société,
que ce soit le climat, que ce soit le numérique, et autres, vraiment,
il est tout à fait essentiel d'inclure comme experts à la table des
grands projets de recherche des experts du côté sciences sociales,
sciences humaines, arts et culture pour apporter, vraiment, des solutions, des
nouvelles solutions qui vont être plus acceptables pour notre société.
Je
vous ai déjà parlé du mandat du scientifique en chef :
conseiller le gouvernement, la ministre en titre, puis tout ce qui relève de
recherche et innovation au gouvernement du Québec. Donc, vraiment très impliqué
sur les stratégies québécoises dans ce secteur, que ce soit la stratégie
québécoise sur la culture numérique, le fonds Société
et culture est très impliqué dans ce
secteur-là, que ce soit la stratégie québécoise du côté de la jeunesse. Aussi, le fonds Société
et culture, la création de nouvelles
chaires de recherche dans ce secteur-là, que ce soit, bien sûr,
la Stratégie québécoise de
recherche et innovation, Stratégie
québécoise des sciences de la vie, stratégie québécoise du côté de
l'agriculture. On en a eu plusieurs, mais les fonds de recherche sont
très impliqués, incluant le fonds Société, culture, donc, dans l'élaboration de
ces politiques-là, de ces stratégies-là au niveau du gouvernement du Québec.
Très
impliqués aussi, en partenariat avec des collègues au gouvernement fédéral, sur
les opportunités du Canada en termes
d'investissements en recherche fondamentale, le fameux rapport Naylor qu'on a
dévoilé en avril dernier, et on espère
que, très bientôt, le gouvernement Trudeau va agir dans le sens d'augmenter les
budgets alloués aux trois conseils subventionnaires au gouvernement
fédéral.
Aussi,
mon travail consiste à augmenter la présence, la visibilité des équipes de
recherche québécoises à l'étranger. Je
participe à plusieurs missions du premier ministre du Québec ou de divers
ministres, incluant la ministre, bien sûr, de l'Économie, de la Science
et de l'Innovation.
Je
participe aussi à différents regroupements internationaux, à des conseillers de
gouvernements. Des scientifiques en
chef, on est une douzaine à travers le monde. À titre de scientifique en chef,
je suis le seul en milieu francophone. Et cet après-midi, à
4 heures, on devrait avoir un collègue au fédéral, là, la scientifique en
chef du Canada. Elle va être nommée dans quelques minutes.
Aussi,
très impliqué pour essayer d'attirer les grandes organisations internationales
au Québec. Et un exemple est la
Future Earth, le futur de la planète, le futur de la terre, qu'on a réussi à
attirer le bureau-chef à Montréal, en partenariat, bien sûr, en collaboration internationale avec la
Suède, la France, le Japon, les États-Unis et le Sud, l'Afrique,
l'Amérique du Sud et l'Asie, très, très, très importante.
Donc,
rôle de conseiller et d'arbitre au niveau des différentes stratégies au
gouvernement du Québec et à l'international,
et aussi conseiller la ministre en titre. Et par la suite, bien sûr, c'est
vous, les élus, qui allez prendre les décisions,
oui ou non, parce que vous avez à considérer des éléments de recherche,
d'innovation, mais aussi plus larges dans votre mandat comme élus et
membres du gouvernement du Québec.
On
dit souvent : Le Québec est très performant en recherche et innovation,
mais on reste une petite communauté, une
petite société, donc il faut vraiment collaborer entre nous. Une particularité
des chercheurs québécois, on est habitués à collaborer, à interagir en
réseaux, mais on doit collaborer davantage avec nos collègues au niveau
canadien et à l'international, et c'est
particulièrement vrai sur les grands défis de société, comme par exemple les
changements climatiques. On a peut-être un peu... Cette semaine, ici, à
Québec, on a un petit peu d'idée de tout ça.
Le
vieillissement de notre population.
Le Québec est la deuxième société la plus âgée au monde après le Japon. Donc, ça cause des défis, mais des opportunités
aussi sur lesquelles on veut travailler en collaboration avec des
équipes à l'étranger, comme au Japon ou en Europe.
Aussi, un de mes mandats, c'est de promouvoir la
recherche intersectorielle, donc d'amener des experts de différentes
disciplines à travailler ensemble pour résoudre nos grands défis de société. Et
je viens de mentionner, par exemple, le climat et le vieillissement, donc tout ça,
c'est très, très important. Et, encore une fois, d'avoir dès
le début de la planification d'une programmation de recherche des
experts en sciences sociales, en sciences humaines, en art et culture et en droit autour de la table, c'est tout à fait essentiel pour trouver une nouvelle façon de faire, de nouvelles
façons de relever ces grands défis de société là. Donc, ça, très important.
Un autre des
mandats que j'ai, c'est d'harmoniser les Fonds de recherche du Québec en termes d'administration, et les
collègues ici, autour de la table, sont très informés de tout ça, que ce soit
en termes de ressources humaines, matérielles,
financières, informationnelles, et autres. On a fait beaucoup d'intégration
Montréal-Québec, et je pense qu'on est
assez avancés. Ça nous a permis, cette rationalisation-là,
de créer deux nouvelles directions au Fonds de recherche du Québec, la
direction en termes d'éthique et d'affaires légales, avec Mylène Deschênes, et
une direction des affaires intersectorielles et grands défis de société. Donc,
ça, très, très, très important, ça nous permet d'avoir des experts à l'intérieur
même de notre structure en termes de conduite responsable en recherche, par
exemple.
Les frais de
fonctionnement des Fonds de recherche du Québec, en 2011, c'était environ
7 % du budget global. Présentement,
c'est environ 6 % du budget global en 2017, en dépit d'avoir créé ces deux
nouvelles directions là. Et on a maintenu
le nombre d'employés, même on a diminué de quelques-uns depuis 2011, on est
passés de 123 en 2011 à 118 maintenant.
Et bien sûr on a respecté toutes les règles, les lois, la loi n° 100, par
exemple le nombre d'heures de temps supplémentaire
sans facturation, toutes ces histoires-là. Donc, on n'a jamais eu aucun blâme
de la part du Vérificateur général ou du Conseil du trésor.
Donc, vraiment, je pense que l'intégration s'est
assez bien faite. Bien sûr, chaque culture, chaque fonds a des particularités.
C'est une richesse. Il faut garder ça parce qu'on ne peut pas avoir une façon
de faire unique pour les trois fonds de recherche. Il faut être assez
flexibles, et la flexibilité est une richesse en recherche et innovation.
Notre modèle.
C'est certain qu'au point de départ le modèle, ce n'était pas évident, évident.
C'est une première, ça n'existe pas
ailleurs dans le monde. Donc, c'est certain que d'avoir les trois, de regrouper
les trois, ça causait un peu de difficultés au point de départ. Mais,
comme je disais, maintenant, au niveau du gouvernement fédéral, ils sont après créer un poste de scientifique en chef, l'Ontario
devrait bientôt aussi créer un poste de scientifique en chef, et
l'Angleterre vient de fusionner sept de leurs grands fonds de financement en
Angleterre pour des budgets qui sont dans plusieurs milliards. Donc, de plus en
plus, on se rend compte qu'on doit travailler ensemble et de moins en moins en
silo.
Le fonds Société, culture — et
sûrement que Louise pourra en parler plus en détail pendant la période de questions — c'est un mandat très, très large : les
sciences sociales, les sciences humaines, le droit, la gestion, les
finances, l'administration, les arts et la culture.
Donc, ça regroupe énormément de types de recherches, de types d'expertises
au Québec. Et le Québec est fort dans ces domaines-là aussi, est à
l'avant-garde par rapport à plusieurs autres endroits à travers le monde,
incluant différentes provinces canadiennes. Donc, très important. Et ici,
formation de la relève, très important,
diffusion des connaissances, transfert des nouvelles connaissances dans ce
secteur-là et applicabilité dans notre société.
Tout ce qui est arts, médiathèques, tout ce qui est culture, des fois on
l'oublie peut-être un peu trop, mais c'est un impact énorme en termes d'organisation, de façons de faire au Québec,
mais bien sûr aussi en termes d'impact économique.
Comme pour
les deux autres fonds, les priorités, la formation de la prochaine génération
de chercheurs. Environ 36 % des
budgets du fonds Société et culture vont à la relève, à la formation de la
prochaine génération de chercheurs. Le reste du budget est sur des
grands regroupements distribués à l'échelle de la province du Québec. La
majorité du financement va pour la recherche non dirigée, pour la recherche
libre. Donc, très important.
• (15 h 50) •
En termes de demandes, c'est le fonds qui reçoit
le plus de demandes d'étudiants. Donc, l'an dernier, plus de 2 300 demandes ont été reçues, ont été
évaluées par des comités de pairs. Très important aussi, l'évaluation est faite
par les pairs, hein, qui sont recrutés, très souvent, à l'extérieur du Québec.
Ce n'est pas nous, comme dirigeants des fonds de recherche, ce n'est pas les
membres de conseils d'administration, ce n'est pas le personnel qui fait
l'évaluation, c'est vraiment fait à distance
de nous pour s'assurer d'une distance entre l'allocation de fonds de recherche,
le gouvernement et la direction des
fonds régionaux. Donc, c'est vraiment les pairs qui regardent les demandes, les
évaluent, donnent des rangs, et là,
par la suite, on peut financer l'excellence. On finance, en général, entre
25 % à 30 % des dossiers qu'ils nous ont soumis. Donc, ça demeure très compétitif, et
vraiment ici, comme dans les deux autres fonds, on vise toujours
l'excellence.
Les coûts associés à l'évaluation par les pairs
pour les trois fonds de recherche, en 2011, c'était plus de 540 000 $. Présentement, c'est à
509 000 $ en 2017. Donc, on a maintenu les coûts, on a même baissé un
tout petit peu. Et bien sûr,
maintenant, on utilise de plus en plus l'Internet, en particulier pour
l'évaluation de bourses, hein, au niveau de la maîtrise et du doctorat.
J'ai
mentionné que c'était de la recherche libre, donc que le meilleur gagne, entre
guillemets, lorsque les chercheurs soumettent
leurs dossiers. Mais les financements du fonds Société et culture vont, par
exemple, pour le jeu pathologique, vont
pour la réalité virtuelle, l'homophobie, les problématiques autochtones,
l'intimidation à l'école, le décrochage scolaire et bien d'autres thématiques. Donc, oui, c'est libre, mais en même temps
c'est très concret pour la société québécoise.
Beaucoup de partenariats aussi avec les
ministères, avec plusieurs ministères du gouvernement du Québec. J'ai déjà
mentionné, par exemple, le Secrétariat à la jeunesse, mais il y en a beaucoup
avec l'Éducation et avec le ministère de la
Santé et des Services sociaux. Et là aussi c'est le même genre de processus
d'évaluation par des comités de pairs.
Conseils d'administration,
15 membres élus par le gouvernement du Québec, par le Conseil des
ministres. Et on est heureux d'avoir
une représentation d'à peu près un peu partout à travers la province et avoir
des experts qui viennent de différentes disciplines. Et vraiment les
gens, les collègues travaillent ensemble par rapport à l'évaluation de notre programmation, vers où on devrait aller dans le
futur et aussi la planification stratégique des Fonds de recherche du
Québec.
Élément très
important, tout ce qui est intégrité en recherche, conduite responsable en
recherche, éthique en recherche, et on a fait beaucoup de travail de ce côté-là
depuis quelques années avec l'équipe de Mylène Deschênes.
Les coûts associés au
fonctionnement des conseils d'administration étaient de 72 000 $ en
2012, ils sont maintenant de 43 000 $. Donc, quand même, là aussi on
a réussi à rationaliser, maximiser l'impact de ce qu'on fait à l'intérieur de
nos conseils d'administration. Et j'ajouterais ici que tous les membres du
conseil d'administration sont bénévoles.
Vraiment, il n'y a aucun membre du conseil qui est rémunéré pour faire partie
du C.A. Nos C.A. incluent aussi des
membres étudiants, et ça, on est très fiers de ça. C'est une première au Canada.
Ça n'existe pas ailleurs, là, d'avoir des membres étudiants sur les
conseils d'administration. Ils sont choisis et nommés de la même façon que tous
les autres membres. Et, je pense, c'est une belle expérience pour ces jeunes-là
de faire partie de nos conseils d'administration.
La
stratégie québécoise a toujours été d'avoir des programmes ici, au Québec, des
programmes d'infrastructure, des
réseaux qui permettent aux équipes québécoises, aux chercheurs québécois d'être
plus compétitifs sur la scène nationale et internationale, et on va chercher plus que notre poids démographique
au fédéral, au CRSH, au Conseil de recherches en sciences humaines. Donc, vraiment, les équipes du Québec sont quand même
très compétitives au niveau national, et je pense que, dans le futur, on
pourrait faire encore plus et encore mieux.
Présentement,
comme je le mentionnais, on est en planification stratégique. On doit soumettre
nos nouveaux plans stratégiques au gouvernement du Québec d'ici février
ou avril de l'an prochain pour une période de trois ans. La semaine dernière, on avait une réunion des trois
conseils d'administration ici, à Québec, pour voir en termes de vers
quelles grandes orientations on pense
prendre au cours des trois prochaines années : recherche, la relève étant
très, très prioritaire, les regroupements stratégiques sur des questions
importantes et les grands défis de société.
Aussi,
voir comment on peut mieux travailler avec les différents ministères et
organismes gouvernementaux. On a organisé un atelier avec plusieurs des
ministères qui étaient présents. Il y avait 18 ministères qui étaient
présents. Donc, on veut voir comment on peut
mieux travailler avec les partenaires au niveau du gouvernement du Québec,
donc, très important.
On
a aussi, pour la première fois, consulté la société civile, le grand public,
donc, une consultation numérique pour essayer d'avoir ce que le grand
public, la société civile pourrait nous proposer comme champs d'investigation,
comme champs de recherche. On a fait ça au mois de mai et au mois de juin. Et
j'ai fait un Facebook Live avec des collègues
à la fin du mois de juin, ça a été fabuleux. La meilleure... Je ne devrais
peut-être pas dire ça ici, là, les membres du conseil n'ont pas été consultés, à date, beaucoup, beaucoup sur tout ça,
mais une des propositions qu'on a eues qui nous a surpris, c'est Gaspésie—Les Îles qui s'est prise en main puis a dit :
Nous, on a des défis ici en termes de numérique, de société
vieillissante, etc., on voudrait travailler avec les Fonds de recherche du
Québec pour créer un «living lab» en Gaspésie
sur les problématiques reliées au vieillissement et à l'exode de nos jeunes.
Donc, ce n'est pas parce qu'ils avaient entendu parler beaucoup de nos universités là-bas, mais j'ai trouvé ça
vraiment fabuleux d'avoir des soumissions de leur part, et on va
continuer certainement à travailler avec eux.
Comme pour les autres
fonds, la relève est absolument critique, absolument essentielle, donc beaucoup
des budgets du fonds Société et culture vont à l'appui de la relève, à l'appui
des étudiants de premier, deuxième et troisième cycles, de plus en plus aussi au collégial, les différents programmes.
Et Louise Poissant pourra en parler plus en détail dans quelques
minutes, mais il est vraiment très important d'inciter les jeunes à penser à faire des
carrières académiques, à faire des
carrières un peu plus long terme, d'avoir des formations universitaires pour être, par la suite, peut-être mieux outillés dans la vie et pour faire face à l'avenir, la société
de demain, qui va devenir de plus en plus numérique et qui va poser des défis, des changements de types d'emplois qui vont
être disponibles pour nos jeunes. Donc, avoir une meilleure formation
académique, je pense, c'est tout à fait essentiel.
Les nouveaux
chercheurs, très important. Et, partout dans le réseau québécois, cette année,
environ 40 % des demandes de jeunes chercheurs qui nous ont été soumises
ont été financées, et incluant des demandes au niveau des collèges. Donc, ça,
très important.
Le fonds Société,
culture supporte aussi 29 regroupements stratégiques à travers la province dans
plusieurs secteurs, comme par exemple le
développement intellectuel chez l'enfant, l'autisme, les agressions sexuelles,
l'éthique, le transport collectif, le développement
territorial, les peuples autochtones, et plusieurs autres sujets. Donc, très,
très important.
Il
y a aussi de l'affiliation entre le fonds Société, culture et le fonds Santé
dans le secteur des services sociaux, donc
des instituts de première ligne, par exemple, entre Santé et Société et culture
pour financer de la recherche dans ce grand secteur là. Donc, très, très
important.
Bien
sûr, partenariat est essentiel. J'ai mentionné qu'on était relativement petits,
donc partenariat pour le fonds Société,
beaucoup en partenariat avec différents ministères du gouvernement du Québec,
incluant Éducation, par exemple des
programmes du côté décrochage scolaire, Santé, je viens de le mentionner,
Emploi, Travail, Solidarité sociale, avec le numérique, ça va avoir énormément d'impacts de ce côté-là. Donc, il faut
avoir des partenariats de plus en plus solides avec les collègues des
différents ministères pour faire face aux déficits... pas aux déficits, aux
défis du Québec moderne, incluant la
persévérance, la réussite scolaire, les jeux de hasard, très bientôt la
marijuana, la prostitution, le vieillissement de la société, l'exclusion
sociale, etc.
Les
rapports de recherche produits par les équipes financées par le fonds en
partenariat avec les différents ministères sont disponibles. C'est
ouvert, tout est public, vous pouvez avoir accès à ces informations-là.
En
terminant ici, le Secrétariat à la jeunesse, la création de chaires de recherche dans le
secteur, et ça, ça devrait être
finalisé très, très bientôt. Et vraiment très stimulant d'avoir des équipes de chercheurs,
au Québec, qui vont cibler ce secteur-là au cours des
prochaines années.
À l'international, important d'être dans de
grands réseaux. Le fonds Société et culture est membre d'un grand regroupement
européen et nord-américain qui s'appelle Digging into Data, donc c'est vraiment,
là, tout ce qui est numérique, accès aux
grandes bases de données au niveau local et à l'international, et les
chercheurs québécois qui font partie
de grandes équipes. Je pense qu'il y
a même une équipe qui est dirigée à
partir d'un chercheur qui est basé ici, au Québec. Donc, ça, on veut
développer davantage ce secteur-là, l'international, au cours des prochaines
années.
Liens avec
notre société. J'ai mentionné que les sciences sociales,
sciences humaines, impact public très important, donc on essaie d'avoir
de plus en plus de programmes, de partenariats avec différentes organisations.
On ne veut pas dupliquer, on ne veut pas
dédoubler, on veut essayer de diminuer les silos. Et, par exemple, des partenariats récents avec le
Musée de la civilisation, le Musée des beaux-arts de Montréal, l'Agence
Science-Presse, le Festival Eurêka!, l'ACFAS, etc., donc vraiment de
travailler étroitement avec ces différentes structures là.
Les Petits déjeuners à l'Assemblée nationale.
Certains d'entre vous avez participé à ces petits-déjeuners-là. Donc là, vraiment, c'est de faire mieux connaître la recherche qui
est financée par les fonds de recherche, incluant le fonds Société,
culture, dans des domaines, par
exemple, comme la cybersécurité...
est un secteur qu'on devrait probablement discuter avec vous, l'intelligence artificielle, on l'a fait dans le
passé. Et Benoît Sévigny, mon directeur de communications, me
mentionnait le prochain Petit déjeuner à l'Assemblée nationale le
15 novembre, donc on vous y invite très, très chaleureusement. Et aussi, certainement,
on pourrait discuter un peu plus, là, d'entrepreneuriat, de radicalisation, et
autres, très important.
Il semble que
les utilisateurs des services du fonds Société, culture sont assez heureux de ces services. On
peut toujours s'améliorer, mais un dernier sondage disait : Environ 80 %, 85 % semblent satisfaits, les
étudiants et les équipes de
chercheurs. Mais je pense qu'on peut faire encore mieux, être plus à l'affût
des nouveaux développements dans le secteur des sciences sociales, des
sciences humaines, des arts et de la culture.
Donc, en
terminant, bonne nouvelle, bien sûr, dans le cadre de la Stratégie québécoise
de recherche et innovation, des investissements additionnels de
180 millions de dollars sur cinq ans pour les Fonds de recherche du
Québec. Très certainement que ça va nous
permettre de bonifier notre offre aux étudiants — on l'a déjà fait pour l'année qui est en
cours, bonifier les bourses à la maîtrise,
doctorat, postdoctorat, les rendre plus flexibles — essayer de mieux intégrer les
étudiants étrangers à l'intérieur de de ces
programmes-là, mais ça va permettre aussi d'appuyer davantage nos grands
regroupements stratégiques qui sont
distribués, comme je le disais, un peu partout dans la province et aussi
d'avoir de nouvelles façons de faire,
de proposer de nouvelles façons de faire face à nos grands défis de société que
sont le vieillissement de la société, et les changements climatiques, et
l'esprit d'entrepreneuriat.
Donc, on a besoin de continuer à travailler avec
vous. Tout ce qui est pérennisation des budgets des Fonds de recherche du Québec, la SQRI, la stratégie est sur
cinq ans, ce qui est fabuleux, mais c'est certain que qu'est-ce qui se passe après... Souvent, nos programmes de
recherche sont de trois à six ans, donc en termes de pérennisation, je
pense, c'est très important, et on veut
travailler avec vous là-dessus. Et on pense que, vraiment, les fonds de
recherche ont un rôle à jouer dans le développement économique du
Québec, mais en particulier le fonds Société et culture. Alors, tout ce qui est
innovation sociale, acceptabilité sociale,
c'est tout à fait essentiel au développement du Québec de demain. Merci
beaucoup.
• (16 heures) •
La Présidente (Mme Richard) :
Merci beaucoup pour votre présentation, M. Quirion.
Discussion générale
Donc, on va débuter l'échange avec les
parlementaires. Et nous commençons avec le groupe parlementaire formant le
gouvernement, et je cède la parole au député de Jean-Lesage.
M. Drolet :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. M. Quirion, encore une fois, bienvenue.
Bienvenue aux nouvelles personnes qui vous accompagnent cet après-midi,
puis, naturellement, rebonjour à vous trois.
Écoutez, vous
avez parlé, au début de votre présentation tout à l'heure, puis vous en avez
parlé ce matin un petit peu, mais,
oui, qu'il y a de la recherche en sciences humaines, puis c'étaient quand même
des choses, des fois, qui nous sont... pas inconnues, mais disons que
c'est peut-être un peu moins populiste que bien d'autres choses.
Mais vous
avez surtout parlé de la radicalisation, puis ça m'a interpelé beaucoup parce
que c'est un dossier qui me préoccupe, qui nous préoccupe tous, tout
comme vous, mais qui me préoccupe, moi, en tant que membre de la famille
parlementaire de l'APF, l'association des parlementaires de la Francophonie,
auquel je suis... Comme vice-président à la
commission politique, je suis interpelé là-dessus. Et j'ai d'ailleurs moi-même
déposé un rapport, et même des
compléments de rapport sur ce sujet-là avec la collaboration de David Morin,
que vous avez cité tout à l'heure en exemple.
Alors, j'ai
vraiment travaillé sur ce dossier-là, d'autant plus qu'en plus l'année passée
ici même, à Québec, où nous avons eu
le sommet de l'UNESCO auquel... c'était, naturellement, attribué à cela pour la
radicalisation, auquel on a eu des
témoignages assez fracassants de parents de radicalisés, d'ex-radicalisés. Et
voilà pour... ça a été quand même, pour moi, un autre complément d'information important pour mon dossier avec
l'APF. Parce que l'APF, comme vous le savez, c'est tous les parlementaires de la Francophonie qui sont concernés,
puis c'est un enjeu critique des deux dernières années.
Alors, j'aimerais vous entendre un peu
là-dessus, parce que vous devez certainement avoir mis... en tout cas, les
chercheurs qui se spécialisent pour ça, avoir mis de l'énergie, parce qu'avec
tout ce qui se passe depuis les deux, trois dernières années, et d'autant plus
maintenant chez nous... Alors, j'aimerais vous entendre un peu là-dessus.
M. Quirion (Rémi) : Une question très importante, très pertinente et d'actualité. Je vais
demander à Mme Poissant et peut-être à Yvonne aussi de contribuer à
essayer de vous répondre.
On a été impliqués très, très tôt dans le
processus. On a travaillé avec l'équipe aussi de Mme St-Pierre sous le
chapeau de l'UNESCO pour organiser l'atelier. Louise était présente à cette
activité-là pour essayer de voir, nous, au Québec,
qu'est-ce qu'on peut faire, qu'est-ce qu'on peut contribuer, nos équipes de
chercheurs, qu'est-ce qu'ils peuvent contribuer pour notre société ici,
au Québec, mais, comme vous dites, encore plus à l'international dans le cadre
de la Francophonie et dans le cadre de
l'Europe, etc., donc vraiment trouver des façons de faire, comparer les façons
de faire. Et mon biais, c'est qu'il
n'y a pas nécessairement de façon absolue, il n'y a pas de façon à privilégier.
Il faut vraiment adapter les solutions
à la culture de chaque région du monde et, au Canada, de chaque province. On
est chanceux, je pense, de pouvoir
compter sur des équipes d'experts. Vous en avez mentionné un, il y en a un peu
partout sur le réseau québécois. Ils sont
complémentaires, ils ne font pas exactement la même chose. Donc, avoir accès à
ces équipes-là, je pense, c'est très important. Et maintenant de
travailler à bonifier leurs activités de recherche ici, au Québec, mais en
partenariat avec l'international, je pense, c'est tout à fait essentiel. La
réponse ne viendra pas seulement de nous, ça va venir de collaborations et d'écoute d'autres types
d'experts à travers le monde, je pense,
c'est tout à fait essentiel. Louise, si je peux...
Excusez-moi.
La Présidente (Mme Richard) :
Ça va, M. Quirion, merci. Peut-être juste vous présenter, madame.
Mme Poissant (Louise) : Louise
Poissant, alors, la directrice scientifique du fonds Société et culture.
C'est une
grande préoccupation, elle est internationale. Alors, au fonds,
on a plusieurs types de programmes, et je dirais que c'est une problématique qui est transversale, qui touche tous nos
programmes. Il y a des équipes qui travaillent sur la
radicalisation. Rémi Quirion en a nommé quelques-unes tout à l'heure quand il a
dit : Il y a des gens d'études religieuses,
il y a des gens de sociologie, il y
a des gens, même, de médecine qui
travaillent sur la radicalisation. Alors, il y a beaucoup d'équipes. Il
y a aussi des regroupements stratégiques, c'est-à-dire des regroupements
d'équipes qui travaillent sur ces
questions-là. On a une action concertée. Alors, c'est une forme de recherche
qui est demandée par un ministère ou
par un partenaire. En l'occurrence, c'est le ministère de l'Immigration qui
nous a demandé de développer...
Il y a trois
projets sur la radicalisation. Il y a une synthèse des connaissances,
c'est-à-dire il y a une équipe qui va travailler
sur essayer de voir toutes les approches, toutes les problématiques qui sont
développées à travers le monde sur cette
question-là. Puis il y a des équipes qui vont travailler avec des partenaires
sur le terrain pour essayer de trouver d'autres solutions. Il y a même un CCTT, c'est-à-dire de l'école collégiale, des
recherches au collégial, un CCTT qui porte là-dessus au cégep de
Maisonneuve, sur...
Peut-être que
j'ajouterais qu'on a aussi développé un programme à l'international avec le
CNRS, en France. Et en mai prochain on a une rencontre des équipes
françaises et des équipes québécoises, qui vont partager l'état de leurs
connaissances, leurs façons d'aborder la question, les solutions envisagées de
part et d'autre.
Alors, c'est
une problématique qui est à la fois théorique, à la fois terrain, à la fois
avec les communautés, à la fois essayer de comprendre qu'est-ce qui
produit la radicalisation puis essayer de trouver des solutions.
La
Présidente (Mme Richard) :
Merci, Mme Louise Poissant, directrice scientifique. Je redis votre titre,
c'est pour les fins d'enregistrement. Je cède la parole à nouveau au député de
Jean-Lesage.
M. Drolet : Merci de
votre réponse. Et en même temps aussi, on sait qu'on a l'appui aussi des
centres de déradicalisation, que je
souhaite, d'ailleurs, qu'ils, davantage, se mobilisent là-dessus, parce que je
pense que ça, c'est le terrain, c'est
vraiment le terrain, c'est vraiment aussi de là qu'on a des témoignages directs
de personnes qui ont... par qui ils ont été approchés... tu sais, en
tout cas. Bref, c'est parfait.
Bien,
écoutez, vous l'avez, M. Quirion, soulevé tantôt, naturellement, et ce
matin aussi, plusieurs points ont déjà été discutés, mais j'aimerais vous entendre sur les éléments du plan
stratégique 2014‑2017 que vous avez mis en place dans le cadre de la Société et culture, lesquels ont
bien performé, lesquels ont moins bien performé, par exemple. J'aimerais
aussi... les défis à prévoir dans l'avenir,
les défis, en fait, autant du côté de la gestion financière, la recherche, des
ressources humaines. On en a élaboré un petit peu ce matin.
Puis j'ai une
autre question là-dessus dans le cadre de vos moyens que vous avez pris
concernant la formation, et quels
sont les... pour ce qui est de mobiliser le personnel. Et aussi, les
conditions, j'aimerais aussi vous entendre, savoir les conditions. Parce qu'on sait qu'on va chercher
des chercheurs à l'international ou, du moins... peu importe. Est-ce
qu'on se compare dans les salaires? Comment c'est, le défi de cela, pour
l'approche de ces sommités-là? Alors, j'aimerais vous écouter.
• (16 h 10) •
M. Quirion
(Rémi) : ...commencer, là. On ne commencera pas par les salaires,
probablement. Mais certainement, en
termes de plan stratégique, qui s'est terminé récemment, le fonds Société,
culture a atteint la majorité de ses objectifs. En termes, par exemple, de nombre de bourses à la
maîtrise et au doctorat, on a réussi à appuyer le nombre qu'on s'était
fixé, environ 30 % des demandes qui étaient soumises, on a réussi à faire
au-delà de tout ça. Donc, pour les bourses aux étudiants, ça ne s'est quand même pas mal passé, en dépit des
difficultés de budget à ce moment-là. Mais ça, on a réussi à préserver
l'enveloppe pour les étudiants.
Là où on a le
moins bien fait, et on veut faire plus dans le plan stratégique qui est en
élaboration présentement, c'est aussi
avoir des programmes qui vont permettre des stages en milieu de pratique pour
le jeune ou la jeune chercheure qui
est intéressée d'aller, par exemple, dans un musée, d'aller dans un CCTT du
côté innovation sociale. C'est quelque chose qui est plus habituel, je dirais, au fonds
Nature et technologies. C'était peut-être un petit peu moins habituel ici
aussi parce que, lorsque on a ce genre de
programmes là, il y a quand même des coûts associés pour l'équipe qui reçoit le
jeune, il y a des coûts associés à tout ça,
et plusieurs OBNL dans le domaine de la culture, des sciences sociales, des
sciences humaines n'ont pas énormément de moyens. Donc là, ce qui a été décidé,
c'est d'investir davantage, de combler la part,
finalement, de l'OBNL. Donc, on voudrait offrir à nos jeunes, dans le futur,
plus d'opportunités de stages en milieu de pratique. Je pense que ça va être très, très bien reçu. Les jeunes
veulent avoir accès à du concret aussi, là. De voir une problématique
soit dans un musée ou un OBNL, je pense que c'est très important.
Du côté
regroupements stratégique et des équipes, on a peut-être fait un peu moins
bien, surtout les équipes qu'on avait
prévues, parce qu'on a, encore une fois, peut-être un peu moins de moyens, donc
on a mis l'emphase plus sur les étudiants. Ce qu'on va devoir faire
davantage, c'est vraiment bonifier encore davantage la recherche qu'on appelle
intersectorielle, les collaborations entre les trois fonds de recherche sur nos
grands défis de société.
Comment on se compare à l'international? Peut-être que je
commencerais par le Canada. Beaucoup de partenariats avec le Conseil de recherches en sciences
humaines. Les collègues connaissent mieux que moi, là. Beaucoup de liens
avec cette organisation-là au fédéral. Je pense qu'on doit développer
davantage.
À l'international, je pense que le fonds Société
et culture est vu comme assez, assez unique. Il n'y a pas beaucoup de provinces ou de pays qui ont ce genre
de structure là. Par exemple, en France, Louise a mentionné le CNRS, le conseil national. Bon, le CNRS a un mandat très
large qui inclut le génie, qui inclut les sciences pures, qui inclut
aussi les sciences sociales et les sciences
humaines, et des fois les collègues là-bas, en France, se sentent un peu perdus
dans cette masse-là. Tandis qu'au Québec on
est quand même... c'est encore très large Société et culture, mais quand
même plus restreint qu'en France. Donc, c'est un modèle qui est apprécié, je
pense, globalement.
Et, pour les salaires, peut-être...
M. Drolet : ...peut-être
les salaires, mais, je veux dire...
M. Quirion (Rémi) : On
reviendra aux salaires.
M. Drolet :
Non, ce n'est pas... C'est une question... Puis aussi, mais par rapport à toute
votre... les résultats des sondages
mis en place, concernant le fait saillant des résultats de sondages et les
mesures mises en place pour votre plan de maintien de l'expertise pour
assurer la relève, est-ce que ça, c'est bien aussi?
M. Quirion
(Rémi) : Oui, oui. Finalement, ils ont tout regardé toute la
programmation, Louise avait regardé tout ça. Je ne sais pas s'il reste
du temps un peu, mais peut-être que Louise pourrait...
M. Drolet : C'est beau.
Ça va.
La
Présidente (Mme Richard) : Merci. Nous allons maintenant du côté de l'opposition officielle, et je
cède la parole au député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier : Merci,
Mme la Présidente. Alors, ça me fait plaisir de vous retrouver cet
après-midi. Je vous ai questionné ce matin concernant les chaires de recherche
du côté du fédéral. Puis tout à l'heure vous nous avez dit, en introduction, que vous pensiez créer une chaire de
recherche. Est-ce qu'il y a des chaires de recherche québécoises qui
sont créées à même les fonds? Comment ça fonctionne?
M. Quirion
(Rémi) : Il n'y en a pas beaucoup. Vraiment, c'est un modèle qui, je
dirais... c'est plus le fédéral. Et les 2 000 premières chaires, les 2 000 chaires qu'il y
avait, les chaires plus juniors, et par la suite les grandes chaires
qu'on a discutées ce matin, à
10 millions pièce, là, c'est un peu différent. Au Québec, on n'avait pas
nécessairement ce modèle-là. Ce qu'on
préférait, pour les Fonds de recherche du Québec, était plus d'appuyer des
jeunes chercheurs en participant — on leur donne une contribution
importante — au
salaire du chercheur ou au fonds de démarrage du chercheur.
Dans le cas de la stratégie jeunesse du Québec,
notre création de chaires, c'est un peu unique, ça fait que... et là il y a peut-être de l'intérêt, ça permet de
regrouper l'expertise autour d'une même entité. C'est peut-être la
stratégie de la chaire du côté jeunesse, et peut-être que Louise connaît plus
le détail que moi, là.
Mme Poissant (Louise) : En
fait, c'est un immense projet du Secrétariat à la jeunesse de regrouper toutes
les expertises concernant la jeunesse touchant tous les ministères où il y a un
volet Jeunesse. Alors, on a travaillé avec huit
ministères, disons, Éducation, Santé, Affaires autochtones, les personnes
handicapées, etc. C'était vraiment un très gros travail pour monter la chaire qui va développer une expertise
pouvant répondre à toutes les attentes ou aux objectifs de chacun des ministères concernant la jeunesse.
Alors, c'est un très gros défi. Ça va être panquébécois, donc dans les centres,
la métropole et dans les régions. C'est des réalités différentes. On a le
ministère de l'Immigration, on a eu aussi le ministère
du Travail et de l'Emploi, etc. Je veux dire, c'était très... Alors, on essaie
de voir... Et cette chaire-là, c'est donc le Secrétariat à la jeunesse qui a monté le financement, et ça va être géré par le fonds, qui va faire l'appel à projets,
qui va sélectionner les équipes gagnantes,
etc., qui vont gérer la chaire. Alors, c'est un modèle qui va être original,
disons, je pense que... c'est à
l'essai. C'est très prometteur, c'est très... Il y a une autre chaire de ce
type-là en France, et alors on va voir.
Et je pense que ce qui est intéressant, c'est de réunir toute l'expertise
autour de la jeunesse parce que c'est parfaitement intersectoriel. Il y a des gens en Santé, il y a des gens en Éducation,
il y a des gens de tous les secteurs qui vont devoir travailler ensemble pour... Parce que
c'est vrai qu'un jeune, il n'arrête pas d'être jeune à 19 ans parce que,
là, tout à coup, selon un ministère,
il n'est plus considéré comme un jeune puis, selon un hôpital, il n'est plus
considéré un jeune à 16 ans, etc. Alors
là, on comprend que la personne qui circule dans le système,
elle est quand même... jusqu'à 35 ans, on va le considérer, nous
autres, comme un jeune.
M. Quirion
(Rémi) : Peut-être
un élément, aussi, important dans le cadre des comparaisons des programmes
de chaires au fédéral et ce qu'on a ici au Québec, les programmes que j'appelle
de chercheurs boursiers, vraiment, pour nous, on supporte la personne, le jeune
chercheur — ou
moins jeune dans certains cas, parce qu'il y en a jusqu'à des seniors — et
cette subvention-là, cette bourse-là salariale, c'est à lui, c'est nominal. Ça
passe via l'université; s'il est à Laval, ça
passe via l'Université Laval, mais, s'il déménage à McGill, il transfère avec
le chercheur boursier, la chaire est donnée
à l'université. Donc, finalement, le candidat peut être monsieur X, mais, si
c'est l'Université de Sherbrooke, il ne peut partir avec cette chaire-là
pour s'en aller ailleurs, là. Ça fait que ça aussi, c'est un avantage en
termes, vraiment, de valorisation du candidat, si on veut, parce que ça
appartient plus à lui ou à elle qu'à l'institution.
M. Cloutier :
C'est-u le cas, présentement, avec la chaire de recherche que vous voulez créer
avec le Secrétariat à la jeunesse?
M. Quirion (Rémi) : Ça, c'est
un peu différent, c'est un modèle réseau.
Mme Poissant
(Louise) : Unique, je
dirais, c'est vraiment un modèle unique. C'est d'ailleurs un financement
unique, c'est 4 millions de dollars,
c'est énorme. On n'a aucun projet, aucun programme qui donne 4 millions
pour un projet. Et c'est une
expertise qui va être à la fois, comme je l'ai dit, interuniversitaire aussi.
C'est une équipe costaude, disons,
qui va être... En fait, elle devrait être lancée cet automne, là, la chaire.
Elle a été annoncée par le premier ministre en décembre dernier, mais...
M. Cloutier : Est-ce que ça
sera rattaché à une université? Oui?
Mme Poissant (Louise) : Non.
M. Cloutier : Non?
Mme Poissant (Louise) : Bien,
ça va être rattaché... C'est-à-dire, ça va être... Il va y avoir au moins... Il
y a quatre volets à la chaire. Alors, ça va
être au moins, on peut présumer, quatre universités. Je veux dire, si j'étais
stratégique, je ne mettrais pas une équipe, quatre chercheurs de la même
université. Disons qu'ils n'auraient pas grand chances d'obtenir la chaire.
J'imagine que quatre universités vont mieux faire. Et probablement que ça va
être plus que quatre universités parce que ça va prendre de l'expertise, des
chercheurs en région et en métropole. Alors, ça va être...
M. Cloutier :
Vous disiez que le fonds en culture est celui qui reçoit le plus de demandes
annuellement. Est-ce que les budgets sont aussi en conséquence?
M. Quirion
(Rémi) : Les budgets ne sont pas dans le même sens, là. Le fonds Santé
reçoit environ 50 % du budget, et
le reste, l'autre 50 %, c'est égal, à peu près égal entre Société et
culture et Nature et technologies — ça, c'est génie et sciences pures, comme on a discuté ce matin. Le
Québec est assez unique de ce côté-là. C'est sûr qu'on aimerait tous en avoir plus, là, pour tous les fonds. Mais, si on
compare au fédéral, au fédéral, l'équivalent du fonds Santé reçoit à peu
près 1 milliard, l'équivalent du fonds
Nature et technologies reçoit à peu près 1 milliard et celui qui est
équivalent de sciences sociales, sciences
humaines reçoit environ 300 millions, donc beaucoup, beaucoup, beaucoup
moins pour une communauté de chercheurs très, très, très large. Souvent,
et c'est vrai aussi, souvent, la recherche dans un secteur plus de sciences sociales, sciences sociales est un peu moins
coûteuse, là. Les infrastructures, les équipements en génie sont
excessivement dispendieux, en santé aussi,
très, très, très chers. Souvent, c'est un peu moins dispendieux en philosophie,
et autres, là. Mais, quand même, il y
a eu du rattrapage qui a été fait au cours des dernières années par rapport au
fonds Santé. On a fait un bout de
chemin, mais il reste encore du travail à faire à la fois pour Nature et
technologies et pour Société et culture.
M. Cloutier :
Parce qu'on a discuté plus tôt de la répartition des nouvelles sommes qui
avaient été octroyées, et puis vous nous avez dit que ça avait été
octroyé de façon égale. Alors, visiblement, le pourcentage actuel, vous avez
décidé d'une autre manière de le répartir.
M. Quirion
(Rémi) : C'est ça, c'est vraiment de dire... Finalement, celui qui,
entre guillemets... Si on avait fait au prorata, parce que souvent, dans
le passé, c'était au prorata, c'est le fonds Santé qui aurait... celui qui est
pénalisé, jusqu'à un certain point, c'est le fonds Santé.
M. Cloutier : Qu'est-ce qui a
motivé votre décision à...
M. Quirion
(Rémi) : C'est vraiment de travailler avec les collègues directeurs
scientifiques et de valoriser de plus en plus les partenariats entre les
trois fonds de recherche.
Mme Poissant (Louise) : Et je pourrais ajouter que le fonds Société et
culture est un fonds qui regroupe 54 % des professeurs du Québec, alors c'est le plus gros fonds, et c'est à
peu près le même pourcentage pour les étudiants de maîtrise et de doctorat que nous finançons. Et,
comme on a mis beaucoup d'argent pour la relève, c'est-à-dire l'augmentation
du taux de financement des bourses pour maîtrise et doctorat et le pourcentage
d'étudiants qui pouvaient se qualifier pour
recevoir une maîtrise... je veux dire, une bourse, alors ça a favorisé le fonds
Société et culture, puisque nous avons beaucoup
plus d'étudiants de maîtrise et de... beaucoup plus d'étudiants qui postulent.
Alors, ça nous a permis d'augmenter notre taux de succès des étudiants
qui... Je dirais que c'est le principal facteur qui a joué en faveur du fonds
Société et culture, puisqu'une grande partie de l'augmentation, la distribution
est allée pour la relève.
• (16 h 20) •
M. Quirion
(Rémi) : Oh oui! Non, c'est ça, c'est... L'enveloppe principale va à
la relève, là, le 40 millions.
Mme Poissant (Louise) : Alors, je disais que c'était... Tout le monde
était d'accord, les trois fonds, nous étions d'accord pour... bien, moi,
j'étais évidemment d'accord, mais les deux autres fonds étaient aussi d'accord
pour que la relève... qui n'avait pas été indexée depuis plus de 15 ans,
ou peut-être même 20 ans, c'était normal qu'il y ait une bonification.
M. Cloutier :
Est-ce que vous considérez qu'au fil du temps elle s'est effritée,
l'indépendance des chercheurs au Québec?
M. Quirion
(Rémi) : Pas vraiment. On en entend parler assez souvent, mais dans
les trois secteurs, ce n'est pas seulement...
et même moins le secteur Société et culture. Vraiment 80 % de notre
recherche, c'est le la recherche libre, là, ce n'est pas nous qui faisons un appel dans un domaine ciblé. Donc, ils
soumettent leurs demandes, et, encore là, c'est que le meilleur gagne.
Et, pour le fonds Société et culture, c'est dans tous les secteurs du fonds
Société et culture, donc, et ils font vraiment, là, ce qu'ils veulent. Ce n'est
pas nous qui impose absolument rien.
Lorsqu'on
parle des grands défis de société, là c'est ciblé, là, vraiment, mais c'est
encore large aussi, là. Mais les changements démographiques, donc, de la
petite enfance, l'immigration et le vieillissement, l'autre, les changements climatiques, bien, c'est sûr que ça prend une
thématique qui est reliée au climat, mais ça, c'est minoritaire par
rapport au budget. Et ça a resté au même niveau depuis plusieurs, plusieurs
années.
M. Cloutier :
Je vais poser ma question différemment, mais est-ce que dans le cadre des
travaux de recherche, par exemple, vous voyez une importance accrue de
la participation financière d'entreprises privées qui, elles, imposent, amènent
des conditions qui évidemment ne sont pas prévues par votre organisme, et
inévitablement, dans le montage financier de
chercheurs, il peut se retrouver plusieurs subventions et un même individu peut
être boursier de différentes institutions? Et qu'en reste-t-il au terme
de tout ça? Je soulève la question, je ne prétends pas que j'ai une réponse.
M. Quirion
(Rémi) : Non, c'est une bonne question. Mais, pour le fonds Société et
culture, je dois dire que ça s'applique
moins, là, il y a moins d'opportunités de partenariat avec le privé. Des fois,
on en voudrait même peut-être plus, mais il n'y en a pas beaucoup.
M.
Cloutier : Mais en fait il y en a, c'est-à-dire que des étudiants
peuvent être boursiers d'un fonds et recevoir également une bourse
privée.
M. Quirion
(Rémi) : Très, très rare.
M. Cloutier :
Non? Ah! c'est exclu? Dans les conditions...
M. Quirion
(Rémi) : Pour les titulaires, lorsqu'ils reçoivent une subvention, par
exemple, à la maîtrise, une bourse à la maîtrise, au doctorat, ils ne
peuvent pas cumuler.
M. Cloutier :
Ah! il n'y a pas de cumul possible.
M. Quirion
(Rémi) : Non, non, non.
M. Cloutier :
Même chose pour les chercheurs universitaires?
M. Quirion
(Rémi) : Les chercheurs universitaires, d'avoir deux salaires, c'est
impossible aussi. Alors, c'est plutôt pour
des projets de recherche, donc vraiment le partenariat, et pas pour le salaire
de la personne. C'est pour le projet de recherche. Donc, il peut y avoir un projet de recherche avec le secteur
privé, ça s'applique plus dans le domaine de la santé, ça se fait plus
dans le domaine Nature et technologies, moins en Société et culture, beaucoup
moins en Société et culture, et il n'y en a
pas plus qu'il y en avait il y a 15 ans. Je pense que, Benoît, tu avais
travaillé là-dessus, tu avais sorti les statistiques en termes de liens
qu'on a avec le privé, et tout ça, là.
La Présidente
(Mme Richard) : Juste avant de vous céder la parole...
M. Quirion (Rémi) :
Excusez-moi.
La Présidente
(Mme Richard) : ...vous identifier, puis dire votre titre.
M. Sévigny (Benoît) : Ça va.
Et, non, il y a très, très peu, très peu d'opportunités, là, pour le fonds
Société et culture, très peu.
La Présidente (Mme Richard) :
Vous êtes M. Sévigny?
M. Sévigny (Benoît) : Benoît
Sévigny.
La Présidente (Mme Richard) :
Parfait, c'est juste pour que je puisse enregistrer.
M. Cloutier :
Il y a des restrictions... comment je dirais ça, il y a des conditions
d'admission... pas d'admission, mais
d'octroi et même d'utilisation de la subvention. Vous vous gardez un droit
exclusif, dans le fond, sur les projets qui vous sont proposés, puis
vous évitez une mixité de sources de financement, c'est ça?
M. Quirion
(Rémi) : Du côté du salaire, donc la bourse à l'étudiant, vraiment,
les gens ne peuvent pas avoir de cumul
de bourses. Le salaire, un chercheur boursier, son salaire, ou une chaire, par
exemple, ne peut pas voir un cumul de chaires.
Pour les
projets de recherche, ça, c'est différent. Les projets de recherche, nous, on
n'en finance pas beaucoup. On finance plus des infrastructures. Le
projet est très souvent financé par le fédéral. Donc, le projet, directement,
la programmation de recherche, c'est
beaucoup plus le gouvernement fédéral dans plusieurs cas. Et ces chercheurs-là
peuvent avoir des partenariats avec le
secteur privé ou avec des OBNL, des fondations. La fondation Chagnon, par
exemple, en est une qui donne des contrats de recherche aux
universitaires.
Je ne sais pas si tu voulais mentionner quelque
chose, Yvonne, toi.
Mme da Silveira (Yvonne) : Oui,
juste rapidement...
La Présidente (Mme Richard) :
...vous présenter.
Mme da Silveira (Yvonne) : Ah!
pardon. Yvonne da Silveira.
La Présidente (Mme Richard) :
Parfait. Merci.
Mme da
Silveira (Yvonne) : Oui, je
m'excuse. Ce que je voulais dire, c'est simplement que, quand il nous
arrive d'avoir un partenariat, du moins l'expérience que j'en ai faite, c'était
avec le ministère de l'Éducation, qui avait un thème particulier sur lequel on pouvait soumettre notre demande de
subvention. Et néanmoins, pendant la recherche, on est libres, pendant
toute la recherche, d'adopter la méthodologie qu'on veut et de rendre compte
des résultats aussi. Mais néanmoins c'est un partenariat avec le ministère de
l'Éducation, pas de privé, et rien de tout ça. Voilà.
M. Cloutier : Je vous remercie.
Mme da
Silveira (Yvonne) : Et,
comme chercheurs, en étant professeurs-chercheurs à l'université, notre salaire vient de l'université, comme d'habitude. On n'a
pas de salaire à recevoir du fonds, pas du tout. Voilà ce que je...
La
Présidente (Mme Richard) : Merci. C'est tout le temps dont disposait l'opposition officielle. Nous allons maintenant vers le deuxième
groupe d'opposition. Je cède la parole au député de Johnson.
M. Lamontagne : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Ma question à M. Quirion va être plus générale, peut-être
ça va moins toucher Société et culture, là, mais je veux revenir... Ce matin,
quand on a parlé de l'investissement total
en recherche et développement au Québec, là, on a parlé de 2,3 %, 2,4 %. Puis un point que vous avez
soulevé, c'est qu'aux fonds, chez vous, pour les trois fonds, là, vous
dites vraiment : C'est l'excellence, là, qui est privilégiée dans
l'attribution des fonds, et tout ça. Puis ça, ça m'amène à parler du... tout le
programme de crédits à la recherche et au développement,
qui est disponible au Québec pour les entreprises, et tout ça, dans lequel on
met quand même des centaines de
millions, si on veut. Au niveau de l'excellence — je comprends que ce n'est pas de votre
juridiction, mais vous devez quand
même être au courant des programmes — si on avait à qualifier... Parce que c'est
une grosse partie de ce qu'on investit
en recherche et développement, là. Si vous aviez à commenter et qualifier tout
ce qui touche ce programme-là, là, qu'est-ce que vous auriez à me dire,
là, à part de ça?
M. Quirion
(Rémi) : C'est une très
bonne question aussi. Et il y a différents modèles à
travers le monde. C'est certain que lorsqu'une
grande... On a vu ce matin, avec Samsung, il y a eu Facebook, Ubisoft, et autres,
c'est certain que la compétition est globale, et les provinces, les pays
doivent être compétitifs. Donc, les crédits d'impôt est une façon d'attirer des
investissements étrangers. Ce n'est pas nouveau, ça existe depuis très longtemps.
Je pense qu'il pourrait peut-être y avoir une petite modulation de ce côté-là.
Et, même si c'était un petit pourcentage de ce qui va aux crédits d'impôt
pour l'industrie, il y a un petit
pourcentage qui était peut-être plus près d'une recherche qui pourrait être
appliquée, là. Mais
s'assurer qu'il y a un pourcentage de crédits d'impôt, par exemple, qui va à de
l'aide directe pour de la recherche appliquée, ça, ça se fait dans
certaines régions du monde et ça peut encourager, peut-être, la grande... je ne
devrais peut-être pas cibler la grande
entreprise, ça pourrait encourager le secteur privé peut-être un peu plus à
penser innovation, là. Les grandes
compagnies comme Bombardier, au Québec, investissent énormément en recherche et
innovation, donc le problème n'est
pas vraiment là. Eux en mettent déjà beaucoup. Bien sûr, ils bénéficient de
crédits d'impôt aussi, mais ils investissent déjà beaucoup. C'est
plusieurs autres, des fois, compagnies qui peuvent venir, qui peuvent être
attirées au Québec, et peut-être que
l'investissement direct en innovation, ce n'est pas tout à fait évident. Donc,
peut-être que, là, il y aurait une
certaine modulation à faire. Et, comme vous dites, c'est des sommes d'argent
très, très, très importantes, là, et, même si on en prenait seulement
10 %, ça pourrait avoir un impact énorme sur les CCTT, par exemple, ou sur
la recherche en milieu collégial, la recherche en région. Ça pourrait avoir un
impact énorme.
M. Lamontagne :
Mais il y a beaucoup d'entreprises au Québec, là, des pas très petites, mais
quand même petites entreprises, là,
tu sais, c'est des frais d'administration, ultimement, qui sont passés
là-dedans. Il y a toutes sortes de frais qui sont passés là-dedans, puis
il n'y a pas vraiment de façon de vérifier l'excellence, tu sais, de notre
investissement.
• (16 h 30) •
M. Quirion
(Rémi) : Peut-être
plus... et là on pourrait revenir un peu à un modèle qui fonctionne quand même bien, qui a été démarré ici, au Québec, et qui, maintenant, est copié un peu partout, c'est tout ce qui est
CCTT, là, et de dire : Oui, il y a un aspect de transfert, de
collaboration interordres entre l'université, le collège et le centre de
transfert technologique. Et très souvent le
CCTT favorise les jeunes qui vont dans les petites PME en région. Ils sont très
collés sur la problématique ou sur
l'expertise d'une région, je devrais dire, comme par exemple, en Abitibi, les
forêts ou l'exploration minière, ou
le Nord aussi, beaucoup de ce côté-là, Rimouski, plus le maritime et la foresterie aussi. Ça fait que peut-être que d'avoir un peu plus de... un genre d'incitatif ou de... je ne sais
pas si je peux dire de comptes à rendre qui seraient plus reliés à, oui,
vraiment, qu'est-ce qui est vraiment d'innovant et d'excellent et est-ce que ça
conduit au développement de la prochaine
façon de faire, ou une nouvelle façon de faire, ou peut-être
un nouveau produit, là, qu'on peut commercialiser par la suite à travers le monde, là. Mais je pense
qu'il y aurait peut-être quelque chose à réfléchir davantage
de ce côté-là, là.
M. Lamontagne : O.K., excellent. Vous parlez des CCTT, justement — Mme Déziel
n'est pas là — tout
ce qui touche les frais afférents à la recherche, là, pour certains
CCTT, c'est quand même des montants très importants puis qui sont tirés à même
leur budget d'opération, là, annuel. Un, qu'est-ce que vous pensez de ça? Puis
après ça est-ce qu'il y a des
représentations qui sont faites de votre part pour faire en sorte qu'il y ait une partie de ces frais-là, là, qui soient absorbés
ou que les budgets soient bonifiés?
M. Quirion (Rémi) : Tout le
volet des frais indirects de la recherche, là...
M. Lamontagne : Les frais
indirects, oui, excusez-moi, c'est ça.
M. Quirion (Rémi) : Oui. Tout
ce qui est frais indirects de recherche et le fait qu'au niveau des collèges, pas
seulement les CCTT, là, mais les collèges, la recherche en milieu collégial et
la recherche associée dans les CCTT, où il
n'y a pas de frais indirects qui sont payés, on en a discuté à plusieurs
reprises à l'intérieur de notre ministère
avec la nouvelle... bien, nouvelle... une politique qui a été mise en place il
y a quelques années. Donc, je pense qu'à moyen terme on devrait regarder ça davantage.
Le problème
est encore plus criant avec le gouvernement fédéral, où là, vraiment, il n'en paie aucun.
Je disais, ce matin, nos CCTT sont très performants, ils vont chercher beaucoup
d'argent au niveau fédéral. Dans les dernières compétitions, les équipes du Québec, des CCTT allaient chercher 80 % du budget,
donc les autres provinces sont un peu jalouses,
là. Mais, à chaque fois que tu as une entrée de nouvel argent pour les coûts
directs du projet de recherche, qui est de la recherche appliquée, mais, quand
même, les coûts directs, bien, tu,
dans un sens, creuses ta tombe un
petit peu, là, parce que ça crée d'autres frais administratifs qui ne
sont pas payés par personne. Donc, dans l'enveloppe de 100 000 $,
par exemple, ils doivent en gruger une partie pour supporter l'administration plutôt que d'avoir un 115 000 $ ou un
120 000 $.
M. Lamontagne : Autrement dit,
plus le fédéral est généreux, plus ça leur...
M. Quirion (Rémi) : Plus on a
du succès, plus ça devient difficile pour la structure.
M. Lamontagne : Plus ça cause
des problèmes.
M. Quirion
(Rémi) : Donc, ça, ça a été
demandé à plusieurs reprises, au
niveau du gouvernement fédéral, dans le rapport
Naylor. Je vous l'ai mentionné ce matin...
M. Lamontagne : Que ça soit
inclus.
M. Quirion
(Rémi) : ...c'est mentionné
aussi là-dedans. Et souvent aussi on dit : Bien, le gouvernement fédéral ne paie pas sa quote-part des frais indirects,
c'est environ 19 %, 20 % qu'il paie, tandis que les coûts réels, que
ce soit universitaire ou collégial,
c'est à plutôt près de 40 %. Donc là, il y a du travail encore à faire au niveau des frais indirects au Québec et au Canada.
M. Lamontagne : O.K. Dites-moi... parce que ce matin vous avez parlé
des coûts d'infrastructures importants. Tantôt, vous venez encore de parler, dans le cas de Société et culture, de coûts d'infrastructures.
C'est quoi, les infrastructures, exemple, dans votre domaine?
M. Quirion
(Rémi) : Peut-être
que je vais laisser Louise... Il y a de plus en plus besoin d'infrastructures dans ce secteur-là.
Mme Poissant (Louise) : En fait, nous, le modèle pour lequel on a opté au
fonds de recherche il y a une dizaine d'années,
c'est de ne plus financer directement des projets, mais financer des regroupements de
chercheurs autour d'une problématique
ou autour d'un thème de recherche. Alors donc, on finance des équipes à partir
de cinq personnes jusqu'à, disons,
10, 15 personnes et des regroupements — ça peut aller jusqu'à 100 chercheurs — parce
que, de plus en plus, on l'a
constaté à travers le monde, la recherche et les découvertes se font de plus en plus par des échanges entre chercheurs plus que par un chercheur solitaire. Ça ne veut pas dire qu'un chercheur solitaire ne
pourra pas produire du savoir, mais on voit qu'il y a une accélération et
que les échanges, et surtout les échanges interdisciplinaires,
favorisent beaucoup la créativité, l'inventivité et la découverte. Alors donc, on a choisi, opté pour
financer des infrastructures. Et notre financement, cela est parfaitement
complémentaire avec celui du fédéral parce que les chercheurs peuvent individuellement
demander du financement pour des projets au
fédéral. Et d'ailleurs ça a été un pari très payant parce qu'on va chercher 9 $ pour
1 $. Nous autres, on investit 1 $ en
infrastructures, et les chercheurs vont chercher en moyenne 9 $ pour des
projets, financer des projets soit auprès du CRSH ou soit avec des
partenaires internationaux ou avec...
M. Lamontagne : Mais c'est quoi, l'infrastructure? Excusez-moi,
là. Moi, infrastructure, moi, c'est du béton, c'est...
Mme Poissant
(Louise) : Ah oui! Non, non, là, on finance l'organisation. Il peut y
avoir du personnel professionnel qui va travailler pour organiser le travail du
regroupement, ils peuvent... Ça finance l'organisation de séminaires, de colloques, d'échanges. C'est souvent interinstitutionnel et
interrégional, alors ça finance des déplacements des chercheurs qui
viennent d'une autre ville pour venir travailler avec l'équipe, ça finance de
la vidéoconférence, ça finance, en fait, de l'infrastructure.
M. Quirion
(Rémi) : Et aussi, de plus en
plus, ça s'en va sur, par exemple, des infrastructures plutôt
informationnelles, des grandes bases de données. De plus en plus, en épidémiologie,
anthropologie, sciences sociales, on a
besoin de ça. Donc, on génère énormément de données, par exemple, en génomique, en
imagerie cérébrale. Mais ce qui s'en
vient, c'est, par exemple, les études
épidémiologiques, des études sociétales, populationnelles, ça va générer
encore plus de données. Donc, l'infrastructure, il y en avait peut-être un peu
moins dans le domaine des sciences sociales et sciences humaines dans le passé, mais les besoins dans le futur, ça va
être énorme. Donc, c'est pour ça que le fonds aussi est partenaire avec
l'Europe, là, dans un grand projet, Digging into Data, là, de ce genre de grand
projet là.
Et
là il y a un peu de difficultés. Des fois, les infrastructures sont appuyées
assez fortement par le grand programme, là, de la Fondation canadienne pour l'innovation, qui met 40 % des
budgets, le gouvernement du Québec en met 40 %, l'équipe doit
trouver...
La
Présidente (Mme Richard) :
Merci.
M. Quirion
(Rémi) : Ah! terminé?
La Présidente (Mme Richard) :
C'est malheureusement tout le temps qui était alloué au deuxième groupe
d'opposition.
Nous allons maintenant
céder la parole à nos collègues du gouvernement, et je cède la parole au député
de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. M. Quirion, j'aimerais que vous
abordiez avec vous le plan stratégique 2017‑2020, O.K.? À partir de ce fonds-là, de ce
fonds de recherche en particulier, quels sont les axes sur lesquels vous allez établir qui sont les plus prioritaires
et pourquoi? Peut-être juste élaborer. Je sais que c'est peut-être une
question large, mais je vous lance la première question comme ça.
M. Quirion
(Rémi) : Je pense qu'il va... et c'est sûr que ça reste à finaliser
avec les membres du conseil d'administration,
le C.A. de novembre et le C.A. de février prochain, et certainement, ici,
Yvonne pourrait ajouter à mes commentaires.
Mais, dans le cadre de la SQRI, les crédits qui sont associés à la SQRI, tout
ça, certainement que, pour le fonds
Société, culture, et Louise l'a mentionné, là, tout ce qui est relève,
investissements dans la prochaine génération de chercheurs, donc de bonifier nos programmes de formation. Et bien sûr,
dans le passé, on a eu tendance à cibler, et avec raison, les programmes de maîtrise, de doctorat et
d'études postdoctorales, mais ce qu'on veut faire maintenant davantage, bien sûr continuer aux trois niveaux, maîtrise,
doctorat, postdoc, bonifier les enveloppes qu'on va donner à nos jeunes,
mais aussi, dès le premier cycle universitaire et même au niveau collégial,
d'inciter les jeunes à penser à des carrières en sciences sociales, en sciences humaines, en arts et en culture, donc
d'avoir des opportunités de formation dès le collège dans des
secteurs-là. Donc, grande priorité à la relève.
Deuxième grande priorité, ce que vient de
discuter Louise, les regroupements stratégiques dans le secteur des sciences sociales, des sciences humaines, des arts
et de la culture. Donc, on a déjà un groupe, un corpus assez imposant de
regroupements stratégiques. Il faut bonifier notre offre,
leur donner davantage de crédits, parce que les budgets sont relativement
petits par regroupement stratégique, donc je pense qu'on doit augmenter le
financement. Et on devrait... et je pense
qu'on est rendus là, au cours des dernières années, on a développé ces
équipes-là; maintenant c'est de bâtir sur ces équipes-là, donc
d'encourager les collaborations et les partenariats entre regroupements, moins
la compétition entre ces regroupements-là mais plus les collaborations parce
que, souvent, c'est des thématiques complémentaires.
Troisième grand volet, c'est ce qu'on a déjà
discuté un peu sur les grands défis de société, et ça, ça va être transversal, ça va être pour les trois fonds de
recherche sur les grands défis de société, le vieillissement, le
développement, les changements climatiques
et tout ce qui est entrepreneurship, entrepreneuriat et créativité. Donc, ça,
vraiment très transversal.
Ce que
j'aimerais qu'on puisse faire aussi, qu'on a moins discuté à date, mais ça va
venir au cours des prochaines séances
des conseils d'administration... Il y a des secteurs où on est peut-être un peu
moins avancés qu'on devrait l'être, d'après
moi, là. Par exemple, le fonds Société et culture inclut aussi tout ce qui est
recherche dans le domaine du droit, le droit
public, tous les développements du côté du droit, l'impact du numérique, que le
numérique doit avoir là-dedans. Ça, on
n'a peut-être pas fait beaucoup... Je pense qu'on a des bonnes équipes, quand
même, au Québec, là-dessus, à l'Université de Montréal, par exemple, et aussi à Laval, mais on pourrait faire plus.
Finances, gestion, administration, là aussi on a des équipes, mais on
pourrait probablement faire un peu plus.
Et ce qu'on
devrait... et ça, avec Louise, on en a discuté passablement, là, ce qu'on veut
développer aussi beaucoup... On a
déjà parlé de radicalisation, l'autre grand volet, c'est tout l'impact que
va avoir le numérique sur notre société, là, le fait que des emplois vont disparaître, certains types d'emplois vont
disparaître. Donc, commencer à réfléchir davantage à tout ça et essayer de prévoir un peu plus l'impact
que ça va avoir sur la société civile. Ça ne sera pas
simple. Et on n'est pas devins, là,
il va falloir impliquer des équipes de recherche, travailler, probablement, en collaboration avec d'autres équipes à travers le monde, parce
qu'encore une fois ce n'est pas unique au Québec. Mais c'est certain qu'on vit
une révolution, là, et il faut se préparer
davantage, d'après moi, davantage qu'on l'est maintenant, et je pense que la
recherche a un rôle, le fonds Société et culture a un rôle important là-dedans.
Je ne sais pas si tu veux ajouter, Yvonne, peut-être.
• (16 h 40) •
Mme da Silveira (Yvonne) : Oui.
Est-ce que je dois me représenter? Non, hein? O.K.
La Présidente (Mme Richard) :
Non, ça, c'était une fois.
Mme da
Silveira (Yvonne) : Oui. Et,
dans ces axes, Rémi vient de parler du vieillissement de la population, et ça touche
non seulement le vieillissement en soi, mais le modèle québécois
d'immigration aussi, qu'on le veuille ou non, parce qu'on cherche à retenir les immigrants, mais
leur intégration également, c'est quelque chose de très, très important,
même en région.
Pour vous
donner un exemple banal, il y a trois semaines, à Val-d'Or, on a dû fermer un
McDo pour trois semaines simplement
parce qu'on manquait de main-d'oeuvre. Et les économies régionales sont
cycliques, hein? Et actuellement les mines repartent en force, et, dans
ce cas-là, quand les mines repartent, on manque beaucoup de main-d'oeuvre
sur-le-champ. Donc, il y a cet impact qui est sur-le-champ.
Également, je
pense aussi au contexte autochtone. Qu'on le veuille ou non, contrairement au
taux de natalité très bas de la société
en général, en milieu autochtone, c'est quasiment tout le contraire, O.K., et
cette jeunesse autochtone est là. Et
bien sûr, des fois, on peut penser que ce n'est pas évident d'entrer en
contexte autochtone, mener de la recherche, etc., mais, quand on arrive à établir un lien de
confiance, ça se fait très bien, et on nous appelle même pour mener des
recherches en éducation, mais dès le bas
âge, au préscolaire, primaire, etc., et, pour moi, c'est un investissement
extraordinaire pour l'avenir et pour nos liens avec les communautés
autochtones. Donc, c'est très, très important, cet impact-là. Ça, c'est pour le
défi démographique.
Maintenant, pour l'impact sur le numérique, je
vais donner encore un autre exemple très banal aussi. Je vais devais partir, la semaine passée, vers Montréal
juste pour un aller-retour. J'arrive en dernière minute — et, en région, tout le monde se connaît — à l'accueil, au comptoir, la dame me
dit : Mais, Mme da Silveira, vous êtes un peu juste. J'ai
dit : Une chance que je me suis
préenregistrée. Elle me regarde, elle dit : Oui, mais, si vous continuez
de vous préenregistrer, moi, mon job? C'est banal, mais ça dit tout. Et
comment on peut anticiper et mener des recherches pour pallier à ça? Le numérique, c'est partout, mais les effets, les
impacts dans la société, c'est très important. C'est simplement ça que
je voulais ajouter.
M. Quirion (Rémi) : Ah! c'est
ça, c'est pour ça qu'on l'a comme vice-présidente, là.
Mme da Silveira (Yvonne) :
Merci.
M. Polo : Non, bien, merci.
Merci de nous donner, comme ça, des exemples, effectivement, parce que...
Une voix : C'est concret.
M. Polo :
Oui, c'est concret. Mais peut-être, pour le commun des mortels, il ne réalise
pas encore de quelle façon, O.K., les changements à venir vont
transformer notre façon de vivre, hein, notre façon d'interagir, notre façon de
travailler, etc., et je trouve très utiles
toutes les recherches et, bien sûr, tous les exemples que vous donnez parce que
je pense que, dans la conception de notre
société, ce n'est pas encore complètement compris, la situation de la force de
travail, de quelle façon c'est étiré.
L'élastique est étiré à sa pleine capacité, actuellement. Mais là vous venez de
mentionner deux, trois éléments qui s'entrecoupent
et qui ont un lien directement avec le sujet en question, que ce soient, bien
sûr, nos travailleurs, travailleuses qui
travaillent peut-être dans des domaines moins technologiques, et on a besoin, à
ce moment-là... notre collègue de Fabre a, plus tôt, parlé de formation,
l'importance de miser sur la formation pour être capables de bien former non seulement nos travailleurs de
demain, mais nos travailleurs d'aujourd'hui qui ont besoin peut-être de
renouveler ou mettre à jour leur expertise.
Vous avez parlé d'immigration. On a de grands débats
ici, à l'Assemblée, que ce soit autant sur le niveau d'immigration... même, pas juste ici, à l'Assemblée, dans la société.
Vous le savez, il y a des opinions qui sont émises sur le pourquoi de l'immigration, O.K., ou quel type
d'immigration. Quel profil d'immigrants voulons-nous? Est-ce vraiment nécessaire? Il y a des gens qui se posent ces
questions-là dans notre société, alors que vous, vous regardez : O.K.,
bien, comment est-ce qu'on peut améliorer
notre capacité ou notre façon d'intégrer, justement, ces nouveaux Québécois?
Et par ailleurs, bien, vous donnez un
exemple, justement, certaines entreprises, des fois dans le commerce de détail,
des fois dans des industries
importantes. On a des collègues, ici, de la Beauce, de la Mauricie, de la
région de Québec, etc., même de l'Estrie.
Je suis convaincu... Moi, je suis de Laval. On voit, on entend des entreprises
non seulement l'annoncer, mais nous le dire,
de quelle façon leur croissance dépend de la capacité à recruter des gens compétents
ou de nouveaux travailleurs.
Et en même
temps, bien, on a toute une vague de Québécois qui atteignent un certain âge,
qui partent à la retraite, qui sont encore très compétents. On essaie de
les retenir à travers des mesures fiscales, mais ce n'est pas toujours évident parce qu'ils ont droit aussi d'espérer
arriver à une retraite active où ils vont pouvoir profiter de leurs beaux
jours. Mais en même temps, donc, tout ça
met, si on peut dire, un stress important et une pression importante sur notre
capacité de continuer à fonctionner non seulement comme société, mais comme
économie. Et nous le voyons également sur la façon...
comment que le taux de chômage décline non seulement par notre capacité à créer
de l'emploi, mais aussi parce que la
force de travail, depuis les deux, trois dernières années, commence à diminuer.
Donc, ça, ça se reflète également, les gens qui se retirent du marché du
travail ou de la recherche active du marché du travail parce qu'ils arrivent à
un certain âge.
Donc, votre fonds
et les différents sujets de recherche qu'il soutient sont très, très, très
pertinents. Une des choses que j'ai
apprises, dans mes fonctions comme adjoint parlementaire, dans le développement
de la stratégie de recherche et innovation,
c'est : on met d'emphase sur la recherche fondamentale, mais de la
recherche appliquée ou de la recherche dans
les domaines sciences humaines est tout aussi importante, et c'est même un
domaine qui tend à prendre de plus en plus
d'importance. Et donc aujourd'hui vous nous en faites la démonstration. Puis je
suis bien heureux de voir que mes collègues vous posent beaucoup de
questions à ce sujet-là. Et je pense que la présidente va interrompre mon temps
de parole, mais...
La Présidente (Mme Richard) :
Non, vous avez encore du temps.
M. Polo :
Mais voilà. Mais tout ça pour dire que je reviendrai plus tard. Mes collègues
pourront vous poser d'autres questions sur le sujet en question. Merci.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci, M. le député de Laval-des-Rapides.
Nous allons maintenant du côté de l'opposition
officielle. M. le député du Lac-Saint-Jean, oui.
M. Cloutier : Très bien. Je
vous remercie, Mme la Présidente. J'ai remarqué que le taux de réussite, là,
pour l'année 2015‑2016 était vraiment inférieur
aux autres années. Taux de réussite pour 2015‑2016, professeurs-chercheurs
et créateurs, 25 %, par rapport à
55 % en 2014‑2015, 35 % pour les professeurs-chercheurs au lieu de
53 % pour 2014‑2015. Est-ce que l'année... Qu'est-ce qui explique
qu'en 2015‑2016, visiblement, les indicateurs sont au rouge?
M. Quirion (Rémi) : Oui, et,
encore une fois, très bonne question. Et ce n'est pas unique au fonds Société
et culture, là, c'était vrai pour les trois,
et j'ai mentionné un peu l'importance de pérenniser à long terme les budgets
des fonds de recherche. Ce qui est arrivé
ici, c'est qu'on a eu une première stratégie québécoise de recherche et
innovation qui s'est terminée. Il y a eu une
deuxième stratégie qui a été mise en place. On a eu un changement de
gouvernement, alors la SQRI est devenue une
PNRI, et la PNRI, supposément avait des moyens qui étaient conséquents
là-dedans aussi. Et là on a un autre
changement de gouvernement, ce qui fait qu'il y a eu un trou de planification
d'environ une année. Et ça a été une année très difficile, là,
l'année 2015‑2016, parce que, là, vraiment, on était sur des crédits qui
dataient peut-être de 2009‑2010. On n'avait
pas le supplément SQRI ou PNRI, et là on a un trou d'environ un an, une année
et demie, là, où là on avait très peu de
moyens, soit pour les bourses soit pour le regroupement stratégique. Donc, on a
été obligés, dans certains cas, même de
couper les regroupements stratégiques de 20 % de leurs subventions, tout
en préservant, même si on a donné moins de bourses, l'enveloppe pour les
étudiants. Je pense qu'on voulait la préserver, là. Mais ça a été une année
difficile. Cette année, beaucoup mieux, là. On n'a pas encore toutes les
statistiques, mais avec le réinvestissement dans le cadre de la SQRI, là, on va
pouvoir passer à une prochaine étape. Mais ça a été une année difficile, ça,
c'est certain, pour tous les fonds de recherche.
M. Cloutier : Mais davantage
lié à un changement de gouvernement que des coupures de fonds, c'est ça?
• (16 h 50) •
M. Quirion
(Rémi) : Évidemment qu'on n'avait plus cette... Finalement, la façon
d'augmenter les budgets des fonds de recherche, au cours des dernières années, a été
par des budgets non pérennisés. Donc, il
y a un budget de base, mais
après ça on ajoutait une enveloppe. Mais, lorsque l'enveloppe n'est plus là, ça
cause problème.
M. Cloutier :
Donc, la politique nationale étant mise côté, on s'est...
M. Quirion (Rémi) : Bien, à ce
moment-là, on n'a pas eu cette continuation-là. On a rebâti une SQRI qui, maintenant, est sur cinq ans, et ça, c'est vraiment très
bien, là, plutôt que l'avoir sur deux
ou trois ans. Souvent, les SQRI étaient sur trois ans; là, de l'avoir
sur cinq ans, c'est super.
M. Cloutier : Mais est-ce qu'il y avait des arrérages?
Est-ce que vous êtes allés chercher des fonds qui existaient des années
précédentes? Comment ça...
M. Quirion (Rémi) : Il n'y en avait
presque plus. Parce que vous connaissez aussi les demandes des grands patrons au
niveau du Conseil du trésor, par exemple, indépendamment des partis, hein, qui nous
disent : Bien, videz vos coffres
avant de venir nous demander plus d'argent. Donc, ça, ça s'est fait aussi au
début des années 2010, 2011, 2012, là. Donc, la marge de manoeuvre
était très restreinte.
M. Cloutier : Les coffres
étaient déjà vides.
M. Quirion (Rémi) : Étaient déjà
vides.
M. Cloutier : Très
bien. Parlez-moi du rôle exact de
Mitacs. Je ne suis pas certain de bien saisir de quelle façon vous avez
à travailler avec eux, le financement, la part de financement qui arrive du
public par rapport au privé, l'indépendance, l'influence que ça peut avoir sur
vous.
M. Quirion
(Rémi) : Et je pense que
Louise a rencontré les gens de Mitacs hier, peut-être que tu pourrais
donner plus de détails. Mais c'est sûr qu'il y a
des partenariats depuis longtemps, surtout le fonds Nature et technologies. Ça
a commencé beaucoup avec eux parce que
c'est les domaines plus du génie; maintenant, ça s'ouvre à d'autres domaines. C'est beaucoup administré par notre ministère,
les gens au ministère qui, vraiment, administrent les enveloppes Mitacs. Nous, on est partenaires avec eux dans certains
cas. Et peut-être Louise peut donner plus de détails pour le fonds
Société et culture.
Mme Poissant
(Louise) : Rémi a parlé tout à l'heure du programme de bourses en milieu de pratique. Pour nous, c'est un programme vraiment... et, quand je suis
arrivée au fonds il y a deux ans, en sept ans, il s'était donné six
bourses en milieu de pratique, c'est-à-dire un total échec, on pourrait dire. On l'a revu, le programme. Ça n'a pas
donné beaucoup...
Là, j'ai
décidé qu'on allait le changer, on allait trouver plusieurs partenaires qui
sont déjà comme des fédérateurs, comme la Maison de
l'innovation sociale. Eux autres ont, disons, 50 partenaires d'activité
qui pourraient engager des stagiaires.
Alors, le parc technologique ici, à Québec,
qui est aussi un gros fédérateur, puis là-dedans elle m'a dit : On pourrait vous donner certainement
12 bourses, on pourrait absorber 12 boursiers par année dans vos
domaines.
Alors, on a
travaillé... Société des musées, disons, etc., des groupes fédérateurs qui,
pour eux, pourraient s'associer à nous.
Mais parfois les OSBL n'ont pas de fonds pour soutenir l'étudiant, etc. Alors
là, on a pensé faire une entente avec Mitacs.
Mitacs fournit toujours, comme d'habitude, la moitié, 7 500 $, et nous, on pourrait partager
avec le partenaire, l'OSBL ou
l'organisme, l'autre moitié, l'autre 7 500 $ : le fonds paierait
3 750 $ et le partenaire 3 750 $. C'est formidable pour l'étudiant qui fait un stage de
15 000 $ en milieu de pratique, qui fait un terrain. Je veux dire, en
même temps, pour nous, c'est très important. Il sensibilise le milieu à
l'importance de travailler avec de la recherche et des chercheurs, ça ne nous
coûte pas très cher et ça nous permet de multiplier le nombre d'étudiants qui
vont pouvoir travailler dans beaucoup de milieux.
Alors, on a
déjà pas mal de partenaires, puis je pense qu'on va en avoir de plus en plus,
parce que... Bon, nos fonds ne sont
pas illimités, mais je pense que c'est important pour les sciences humaines
aussi, parce que les sciences humaines, leur réputation, c'est d'être du travail qui se fait dans des
bibliothèques. Puis c'est important, le travail fait dans des livres, des recherches, mais c'est aussi important qu'il y
ait un contact, de la recherche avec le terrain, avec les besoins du
terrain. Et alors, nous, ça reste de la
recherche libre. L'étudiant qui veut travailler avec un OSBL, il arrive avec
son projet, lui, et va travailler à essayer de faire avancer son projet,
mais conjointement sur le terrain. Je ne sais pas si ça répond.
M. Cloutier : Oui, mais je ne
suis même pas sûr de bien...
Mme Poissant (Louise) : Et
alors avec... Pardon?
M. Cloutier :
Juste bien comprendre qu'est-ce que Mitacs, exactement. C'est quoi? Comment ça
fonctionne? C'est un OSBL? C'est quoi?
M. Quirion (Rémi) : C'est
vraiment au niveau fédéral...
M. Cloutier : Ah! c'est
fédéral?
M. Quirion
(Rémi) : ...ça résulte des réseaux de centres d'excellence.
Originellement, c'est un réseau de centres d'excellence dans un secteur, là, les cellules souches, la médecine
régénérative. L'espérance de vie d'un réseau de centres d'excellence au fédéral,
c'est un maximum de 14 ans. Que tu sois bon ou pas bon, après 14 ans,
c'est fini. Et là, si on est rendus
là, là... puis c'est un peu à côté, mais, pour ArcticNet, le réseau de
recherche sur l'Arctique qui est basé à l'Université Laval, on approche du 14 ans, puis il fonctionne
très, très bien, mais là on dit : Bien là, c'est fini, on passe à autre
chose. C'est un peu... bon, en tout cas.
Pour, donc,
la direction du réseau, mais qui est devenu Mitacs par la suite, on dit :
Bien, on ne peut pas disparaître comme
ça, on a des liens avec plusieurs compagnies partout au Canada.
Donc, ils ont proposé de se spécialiser en termes de fournir des stages en milieu de pratique. Et,
pendant peut-être au moins une dizaine d'années, ça ciblait vraiment la
recherche de type sciences pures et génie dans toutes les provinces. Et
souvent, eux, c'est un peu le modèle, là, ils se financent environ la moitié du
stage et l'autre financement doit venir d'une autre structure, soit la
compagnie soit un gouvernement provincial ou une autre structure. Depuis deux
ans ou trois ans maintenant, ils ont décidé d'élargir leur champ
d'action pour inclure le domaine des sciences sociales, des sciences humaines,
des OBNL.
Dans le
passé, le fonds Société et culture, et Louise le disait, ça n'a pas très, très
bien marché parce que,
souvent, on demandait un peu de
contrepartie. Le fonds disait : Oui, on vous offre une bourse en milieu de
pratique, est-ce que l'OBNL est prêt d'investir quelques
milliers de dollars pour accueillir l'étudiant? Mais souvent même seulement quelques milliers de dollars dans ce secteur-là, par exemple, ça peut être très
difficile. En santé mentale, par
exemple, plusieurs petits OBNL ne sont pas capables de trouver
5 000 $ pour aider à supporter un stagiaire. Donc, maintenant,
c'est le rôle que le fonds va avoir en partenariat avec Mitacs, là.
M. Cloutier : Et c'est vraiment
un nouveau partenariat que vous entamez avec...
M. Quirion (Rémi) : Oui, ça,
c'est assez nouveau.
Mme Poissant
(Louise) : Notre programme
de bourses va aussi prévoir qu'il y a des étudiants qui ne trouveront
pas un milieu de stage où même 3 700 $ sont disponibles, alors eux
vont être sur notre programme régulier. Il faut qu'il y ait un partenaire qui l'encadre, etc., mais il n'y a pas de
contrepartie. Mais on pense que ça va être beaucoup plus intéressant financièrement pour l'étudiant de
travailler dans... Puis c'est intéressant aussi que le partenaire soit
contributeur parce que ça veut dire qu'il va plus s'engager lui-même,
probablement, dans l'encadrement du stage.
M. Cloutier :
Très bien. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Richard) :
Ça va? Parce qu'il vous restait encore de temps.
M. Cloutier : Ça va, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Richard) :
Parfait. Merci beaucoup. Du côté du gouvernement, maintenant. Parfait. Je
reconnais maintenant M. le président... M. le président! Je suis fatiguée un
petit peu à cette heure-ci, pardonnez-moi.
M. Busque : Il n'y a pas de
problème.
La Présidente (Mme Richard) :
M. le député de Beauce-Sud, vice-président, également, de la CET, c'est à vous
la parole.
M.
Busque : Merci, Mme la
Présidente. Alors, M. Quirion, bonjour. Je salue également toutes les
personnes qui vous accompagnent. Je
vous remercie du temps que vous passez avec nous, c'est très apprécié. Ça nous aide à connaître un domaine qui nous
était toutefois inconnu.
Alors, ma première question, moi, serait
dirigée, là... Ce matin, on vous a entendu concernant le fonds Nature et technologies
et on vous a aussi entendu nous dire que, dans ce fonds-là, il
y avait une problématique de recrutement, que le nombre
d'inscriptions est à la baisse,
tandis qu'au niveau du fonds Société, nature, je vous ai aussi entendu
dire que, là, c'était l'inverse, là, là on
en a beaucoup, de candidats potentiels. Cependant, au niveau des sommes
investies à de la relève, le
pourcentage du fonds Société et culture est approximativement le même que le
fonds Nature. Alors, je me demandais, étant donné qu'il y a tellement de
candidats, comment se fait-il qu'on engage la même somme, la même importance à
la relève si on semble en avoir beaucoup? Pourriez-vous m'expliquer ce
point-là, s'il vous plaît?
• (17 heures) •
M. Quirion
(Rémi) : Oui. Très bonne question aussi, et ça a été un peu discuté
précédemment, vraiment, en disant l'importance
à la relève, donc, dans les... Et on va voir des changements, là, au cours des
prochains rapports annuels qu'on va
vous faire. Il va y avoir des changements de ce côté-là parce que, là, on met
l'emphase... il y a une partie importante des nouveaux budgets qui vont aller pour la relève, et le fonds Société
et culture va en financer plus. Donc, globalement, des trois fonds,
c'est celui qui va avoir la proportion la plus importante de la portion relève,
là. Donc, des 17 millions par année
qu'il va y avoir pour la relève, c'est le fonds Société et culture qui va en
bénéficier le plus, donc on va être capables de financer plus d'étudiants, d'avoir des taux de succès plus importants
qu'on a maintenant. C'est certain qu'on va continuer à financer
l'excellence, là. Ce n'est pas tous les jeunes qui vont appliquer qui vont
avoir une bourse, mais on va être capables
de financer 40 %, 45 % des demandes. Je pense, on est presque ça,
cette année, avec les nouveaux argents qui ont été injectés. Vous n'avez
pas les chiffres, là, mais on est à peu près dans cet ordre de grandeur là.
Donc, on veut vraiment stimuler nos jeunes
et qu'ils se disent : Bien, si j'applique pour recevoir une bourse en
psychologie du fonds Société et culture, ou en arts, ou en culture, bien, j'ai peut-être une
chance sur deux d'avoir la bourse. Et ça, ça serait un taux de succès
très significatif, et je pense que ça stimulerait beaucoup les jeunes.
Les autres fonds,
Santé est plus bas. Je pense
qu'il est à 20 % environ, et ça
va probablement rester dans cet ordre de
grandeur là. Nature et technologies, là on a un problème un peu différent,
comme vous disiez, étant donné qu'on n'a pas assez de monde, là. Il faut trouver d'autres façons d'inciter les
jeunes à penser à des carrières dans ce domaine-là, donc il faut
commencer très tôt au primaire et au secondaire. C'est un peu une problématique
un peu différente.
M.
Busque : O.K.,
parfait. Alors, considérant qu'on dit depuis ce matin également
que c'est considéré comme un modèle,
la façon dont on fonctionne, de par l'organisation et de par les résultats obtenus aussi, si on
compare les résultats de nos chercheurs versus les résultats des autres
chercheurs canadiens, on va chercher une bonne part de financement, comme vous
le mentionniez, est-ce que ce pourcentage-là d'acceptation se compare aussi
dans d'autres provinces ou est-ce qu'on est plus bas, est-ce qu'on est plus
haut? Est-ce qu'on performe autant là qu'ailleurs?
M. Quirion
(Rémi) : Le Québec
est toujours un peu différent, un peu différent des autres. On
est assez uniques, là, en termes
d'avoir des fonds de recherche dans les trois grands secteurs d'activité. Ça
existe à peu près juste au Québec, là, hein? Le modèle existe, jusqu'à
un certain point, en Alberta, mais surtout du côté Santé en Alberta. La
Colombie-Britannique aussi, surtout du côté
Santé. L'Ontario n'est pas organisé vraiment de la même façon. Ils donnent des
appuis à leurs universités, mais ce n'est
pas ciblé dans les secteurs comme nous ici, ça fait que le comparable est
difficile à faire.
Et, au niveau
fédéral, les conseils subventionnaires fédéraux, ils ont changé de modèle, eux
aussi. Ils ont décidé de changer
leurs approches et ils donnent des enveloppes aux universités, et c'est les
universités qui contrôlent un peu plus.
Tandis qu'ici, pour nous, la bourse appartient à un étudiant, dans un sens,
c'est ça qui est important aussi, qu'il peut être mobile si ça marche plus ou moins bien dans son projet de
recherche, il veut changer, il peut amener sa bourse avec lui. C'est un
modèle un peu différent au fédéral.
Donc, c'est
assez unique. Je pense que, si on peut en donner un peu plus et à des taux plus
élevés, parce que nos taux n'avaient
pas... Les taux n'avaient pas été ajustés depuis une dizaine d'années
peut-être, donc là on a augmenté. Ce n'est
pas encore assez, mais on a augmenté le niveau de la maîtrise, du doctorat et
du postdoc. Alors, je pense qu'on s'en va dans la bonne direction de ce
côté-là. Louise, voudrais-tu...
Mme Poissant
(Louise) : Oui, j'aimerais
ajouter qu'un étudiant est obligé de se prévaloir de la bourse du
fédéral avant de prendre la bourse du
Québec. C'est dire que nous autres, on octroie une bourse, c'est un comité de
pairs qui donne les bourses, on ne
sait pas ce que le fédéral va avoir décidé. Mais, quand l'étudiant a reçu un
oui des deux, il est obligé de prendre la bourse du fédéral parce qu'on
veut, au Québec, aller chercher notre part de fonds au fédéral.
Et alors
c'est clair que le CRSH, le fonds équivalent du fonds Société et culture au
fédéral, a aussi beaucoup plus d'étudiants
au Canada dans ce secteur-là qu'il y en a en Santé puis qu'il y en a en Nature
et technologies. Alors, c'est clair que mes étudiants vont chercher
beaucoup d'argent aussi au fédéral. Alors, ça, ça fait des bourses que nous
autres, on ne donne pas. Bon, là, comme on va augmenter...
M. Busque : On en donnait plus, on
en donnait plus.
Mme Poissant
(Louise) : Oui, on le donne
à d'autres. Oui, oui, oui. Bien, il faut quand même qu'il se qualifie,
l'étudiant. Il faut qu'il ait eu 80 et plus.
M.
Busque : Ah! bien oui. Oui,
oui, oui, c'est ça, c'est ça, O.K. Mais la priorité, s'il y a une bourse fédérale,
c'est celle-là qui est prise en premier.
Mme Poissant (Louise) : C'est
ça.
M. Quirion
(Rémi) : Pour le même
montant. Maintenant, les montants sont équivalents, mais on les
oblige à ne pas aller chercher l'argent du gouvernement fédéral.
M. Busque : Parce qu'il n'y a pas de
cumul, n'est-ce pas, comme vous disiez tantôt, là?
Mme Poissant (Louise) : Non, il
n'y a pas cumul. Non, c'est ça.
M. Busque : O.K., parfait. O.K.,
parfait.
M. Quirion (Rémi) : Et peut-être
aussi pour ajouter un petit peu, en termes de besoins d'experts en sciences sociales, sciences humaines, dans le futur, je pense,
ça va être de plus en plus évident. On a parlé de nos grands défis de société.
On voit une société comme Ubisoft, bien sûr, beaucoup
présente à Montréal, mais aussi à Québec et au Saguenay maintenant,
au cours des années à Montréal, ils ont engagé plus de Ph. D. en
philosophie que de Ph. D. en génie, là, parce qu'ils disent : Maintenant, moi, j'ai besoin
d'avoir quelqu'un, oui, qui connaît le génie, qui connaît l'informatique, et
tout ça, mais aussi quelqu'un de très
créatif, donc ils mettent un philosophe avec un expert des algorithmes. Puis au
début ils ne se parlent pas, un parle en chinois puis l'autre en
québécois, mais après quelques semaines, bien là, ils commencent à se
comprendre, et là ça amène quelque chose de très nouveau.
Donc, ça aussi,
d'expliquer aux jeunes, dans ces secteurs-là, qu'il y a des débouchés, là, qu'ils
n'avaient pas prévus. Et ça, ça se développe énormément, présentement. Et, dans
le numérique, il va y avoir des besoins énormes.
Mme Poissant (Louise) : Est-ce
que je peux donner un autre exemple? Par exemple, les villes intelligentes, on comprend qu'il y a toutes des problématiques
d'ingénierie derrière ça, mais après l'ingénierie, tout le reste, c'est
dans mon fonds, c'est architecture, aménagement, repenser des trajets pour la
mobilité pour les personnes âgées, penser à l'accès à des services, etc. C'est
des problèmes d'économie, de gestion, d'administration et c'est essentiellement
des problématiques qui sont reliées aux
sciences humaines. En fait, la plupart des implantations technologiques posent
un problème d'humains, d'humains ou de
regroupements d'humains, hein, de communautés ou d'individus. Et donc il
va falloir de plus en plus prendre en compte l'effet des technologies et
l'effet des développements, des changements climatiques, du vieillissement, de
changements de la population, etc., en fonction des problématiques humaines.
M.
Busque : Je vous remercie.
Il me reste peut-être un peu plus de deux minutes, mais je veux revenir sur un
point qui, pour moi, est très, très, très important, c'est le grand défi
démographique qu'on a, au Québec, là. On en a parlé brièvement tantôt, mais on a fait une explication de ce qu'est ce grand
défi. Vous avez parlé avec des exemples spécifiquement de l'Abitibi, mais, vous savez, le défi
démographique, il est vraiment partout au Québec. Et la pénurie de main-d'oeuvre,
de nombreuses régions la vivent, et c'est
très aigu. Même que ça peut être... c'est vraiment problématique et ça peut
aller jusqu'à des conséquences assez
néfastes sur l'économie en tant que telle parce qu'il y a carrément des
investissements qui sont arrêtés ou qui sont
reportés à cause d'un manque de main-d'oeuvre. Alors, étant donné cette
problématique-là très particulière et
plus grande au Québec qu'ailleurs au Canada, là, est-ce que vous pouvez diriger
certains... mettre un peu plus d'emphase sur ce grand défi là? Là, je ne
veux pas prendre trop de temps, je vous laisse la parole.
M. Quirion
(Rémi) : Oui. Non, bonne question ici aussi, là. C'est certain que,
dans nos grands défis de société, tout
ce qui est changements démographiques est prioritaire. Donc, la semaine
prochaine... dans deux semaines, on a un autre atelier, là, sur tout ce
qui est de bien vieillir, vieillir en santé, l'objectif étant de mourir d'une
crise cardiaque à 110 ans peut-être,
là — ça ne
coûte pas cher au système de santé, M. Barrette va être content si on
réussit à faire ça — et
aussi s'assurer que les gens ne prennent pas
leur retraite trop, trop vite, là. Mais, non, non, on le dit un peu en riant,
mais très, très important, et d'avoir des
experts de différentes disciplines, travailler ensemble. Donc, il va y avoir
des gens en finances, en santé, en
arts, en culture, des gens qui sont plus du côté société, de voir comment on
peut arriver, là, oui, garder nos gens en santé le plus longtemps
possible.
L'aspect d'immigration
qui a été mentionné, tout à fait essentiel pour nous, là. Ça fait qu'il faut
trouver des façons de mieux... ou de
faciliter l'insertion des immigrants dans certains cas. Et moi, j'ai été un peu
surpris, au début, quand j'ai fait la tournée du Québec, là, en
Gaspésie, à Rimouski, en Abitibi, des immigrants de différents pays d'Afrique
qui s'intègrent mieux, des fois, là-bas
qu'ils ne s'intègrent à Québec ou à Montréal. Ça fait que vraiment voir comment
on peut faire, comment apprendre de ce qui se passe aussi en région pour
l'appliquer aux grandes villes, je pense, c'est très important, là.
M. Busque : Je vous remercie. C'est
complet.
La
Présidente (Mme Richard) :
Merci. Il vous restait quelques secondes, on vous le rajoutera sur le prochain
bloc.
M. Busque : Parfait, merci.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci beaucoup, M. le député de Beauce-Sud.
Nous allons
maintenant vers le deuxième groupe de l'opposition. M. le député de Johnson,
c'est à vous la parole.
M. Lamontagne : Merci, Mme la Présidente. Ce matin, on a parlé
beaucoup d'intelligence artificielle. L'intelligence artificielle, on ne peut pas faire autrement que
de parler d'éthique parce qu'on voit où ça s'en va. Ça fait que je
présume que c'est sous votre... voyons,
comment on dit, votre chapeau, si on veut, que tout ce qui touche un peu
l'analyse ou des études touchent à
l'éthique. Où vous en êtes par rapport à ça? Parce que ça, ça va aller vite.
Est-ce qu'on va suivre la parade? On va-tu être un peu en avant de tout
ça? On est-u déjà en prévention de... Moi, je suis curieux par rapport à ça,
là.
M. Quirion (Rémi) : Oui, vas-y,
vas-y, puis je rajouterai par la suite.
• (17 h 10) •
Mme Poissant (Louise) : Oui, il y a des problèmes d'éthique, il y a des
problèmes philosophiques aussi, il y a des
problèmes de... puis même, bien, comme vous le savez, de confidentialité,
d'accès aux données, difficultés d'accès aux données, une fois qu'on a les données, de sécuriser les données,
s'assurer qu'il n'y a pas monopole de gestion des données, ce que craignent beaucoup, par exemple,
tous ceux qui craignent que Google, etc., monopolise les données, etc., ça pose énormément de problèmes d'éthique. C'est
une grande préoccupation pour beaucoup de pays. La Société royale de Grande... d'UK a fait un gros mémoire,
notamment sur la crainte du monopole des données. En fait, ça pose
beaucoup de questions éthiques et de questions de justice aussi parce que tout
le monde... quand on pense au vieillissement de la population aussi, ce n'est pas simplement le fait qu'il y ait plus de
personnes âgées qu'il va falloir soutenir et leur assurer un mieux-être,
c'est aussi leur donner les moyens, eux-mêmes, d'avoir accès à un univers
numérique. C'est-à-dire, on ne veut pas qu'ils deviennent totalement isolés et
seulement parqués devant une télévision. Mais comment les rendre, eux-mêmes, un peu plus habiles ou habilités, si on peut
dire, à pouvoir s'insérer dans cet univers du numérique pour qu'il n'y ait pas des citoyens qui, au départ,
sont des citoyens complètement disqualifiés, là? Alors, ça pose beaucoup
de problèmes éthiques, des problèmes
philosophiques, de valeurs, de choix de société. Sans compter toute la question
de la gestion des données, qui, elle-même,
pose des questions éthiques mais, on pourrait dire, plus techniques, là, de
comment utiliser et manipuler les données.
M. Quirion
(Rémi) : Et peut-être pour ajouter un peu là-dessus, on voit beaucoup,
là, les annonces successives soit du
gouvernement fédéral, du gouvernement du Québec, différentes sociétés privées
qui investissent à Montréal, à Québec, au Québec dans le domaine de
l'intelligence artificielle. Et, comme on dit souvent, l'équipe de Yoshua
Bengio, les collègues à McGill, les
collègues ici, à Laval, Université Laval, vont continuer à développer de
nouveaux algorithmes, d'être de plus
en plus performants pour analyser des grandes bases de données en utilisant des
principes d'intelligence artificielle.
Maintenant,
ce qui s'en vient de plus en plus, et je pense qu'on peut très, très bien
positionner le Québec là-dedans, là,
dire : Oui, c'est quoi par rapport à toute cette technologie-là, quels
sont les impacts sur la société, et peut-être différencier un peu le
Québec par rapport à d'autres organisations. Et on organise, en partenaires
avec le Palais des congrès et l'Université
de Montréal, c'est les 2 et 3 novembre à Montréal, un atelier là-dessus,
et Bengio va parler de ses histoires, mais
il va aussi y avoir des experts en droit, en sciences sociales, en sciences
humaines, en éthique, en conduite responsable, pour dire : O.K., là, qu'est-ce qu'on fait avec
tout ça? Parce que ça un impact sur le citoyen, sur la vie du commun des
mortels, donc il faut vraiment s'assurer qu'on
ne perd pas des gens, et aussi la modification des emplois, comme on a dit.
Bon, ça fait que ça, c'est une préoccupation, je pense, importante de l'équipe
à l'Université de Montréal.
M. Lamontagne :
Ma question, ça se dirigeait vers ça, justement. Tu sais, si on est en train de
se positionner, là, comme vraiment
hot dans le monde, on peut-u devenir aussi hot au point de vue de comment on
peut gérer l'impact de toutes ces nouvelles technologies-là, puis être
vraiment proactifs, puis devenir des leaders là-dedans dans le monde? C'est-u
quelque chose qui peut se planifier, qui peut s'organiser, ça?
M. Quirion
(Rémi) : Oui, oui, oui, qui doit être planifié, qui doit s'organiser.
M. Lamontagne :
On est-u là?
M. Quirion
(Rémi) : Oui, bien, c'est ça, là. C'est pour ça qu'on s'est dit :
Des conférences sur l'intelligence artificielle,
il y en a à peu près toutes les semaines, sinon plus, mais plutôt les aspects
de la technologie et comment l'analyse de
grandes bases de données, en utilisant différentes approches comme
l'apprentissage profond, ce que fait Bengio, mais aussi, maintenant, commencer à penser un peu du
côté sciences sociales, sciences humaines. Ça, il y a beaucoup moins d'activités dans ce cas-là. Donc là, ce qu'on
veut, c'est de positionner le Québec, positionner Montréal, et d'avoir...
On va avoir un premier événement en
novembre, mais on veut vraiment que ça devienne l'événement annuel, dire :
O.K., là on commence à penser aux impacts sur la société et qu'il y ait
des gens beaucoup de l'étranger qui viennent à Montréal pour entendre les
meilleurs dans ce secteur-là.
Les
façons de faire, ça reste à préciser, là, parce que c'est sûr que c'est de la
nouvelle expertise qu'on développe, c'est
un peu nouveau, et on va chercher des experts qui n'étaient pas dans ces
secteurs-là avant. Mais on ne veut pas non plus laisser les facultés de sciences sociales, de sciences humaines, de
droit de côté parce que ça change tellement, la société, qu'il faut les
inclure dans cette problématique-là, et c'est ce qu'on veut faire avec
l'atelier, là, à Montréal.
Mme Poissant (Louise) : Et, si je pouvais ajouter juste un petit mot
là-dessus, en fait, le numérique va changer, et très, très vite — parce que c'est effectivement exponentiel, le développement dans
ces secteurs-là — radicalement
les modes de travail, ça veut dire la
formation, etc. Et on ne veut pas juste être en mode semer la panique puis la
peur. Il faut qu'il y ait des penseurs qui essaient de trouver des
façons non seulement de faire face à ça, mais de voir comment de nouveaux métiers vont surgir, de nouveaux modes
d'échange, de se relier, de travailler ensemble, de vivre ensemble, et c'est ça qu'il faut imaginer. Puis c'est vrai
qu'il faut être visionnaires parce que, là, on est devant un peu l'inconnu,
hein?
M. Lamontagne :
Une autre question que j'aurais... Parce que, dans votre domaine, de venir
évaluer un peu la qualité... Tu sais, vous
avez un plan, là, vous aviez des objectifs, et tout ça, puis je lis que, sur
24 objectifs que vous avez, là,
il y en a 10 qui ne peuvent pas vraiment être évalués, là, parce que vous ne
pouvez pas avoir de cibles, l'absence de
cibles quantifiables, ou tout ça. Bien, à travers tout ce que vous mettez en
place puis vous supervisez, un, c'est quoi, l'intérêt d'avoir des
objectifs, dans le fond, qu'on ne peut pas évaluer? Mais comment vous cherchez
à circonscrire ça pour quand même vous garantir de la qualité de ce qui est
fait? C'est certainement un défi que vous avez, là.
M. Quirion
(Rémi) : Veux-tu commencer, Louise? Je pourrais peut-être commencer,
par la suite Louise pourrait... Je pense que, dans le dernier plan stratégique,
qui avait aussi les informations que vous avez, là — une minute? oui — il y avait trop d'objectifs, et donc maintenant
on va essayer de cibler beaucoup plus et avoir vraiment des indicateurs
pour chacun de ces objectifs-là.
Mme Poissant (Louise) : On travaille beaucoup sur des indicateurs puis on
y travaille même avec des chercheurs à l'international, parce que c'est
le même problème partout, comment évaluer le taux de succès ou de réussite d'un
projet en sciences humaines et sociales. Il y en a beaucoup, d'indicateurs,
mais on y travaille, là, pour mieux les...
M. Quirion
(Rémi) : Limiter le nombre.
M. Lamontagne : O.K. Autrement
dit, dans votre prochain plan que vous allez déposer, déjà, là, on va avoir
circonscrit ça puis on va être plus pratico-pratiques, si on veut, là?
Mme Poissant (Louise) : Oui,
oui, oui.
M. Lamontagne : Tout à fait. Bien,
c'est bon. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Richard) :
Merci beaucoup. Nous allons maintenant du côté du gouvernement? Parfait.
M. le député de Saint-François, la parole est à vous.
M. Hardy :
Merci, Mme la Présidente, rebonjour. Dans l'optique de développer une société
et une économie du savoir à la
hauteur des ambitions du Québec, le secteur d'activité de la recherche en
sciences sociales, humaines, arts et lettres
prend tout son sens à l'heure actuelle. L'évolution de la société, de nos
jours, s'accentue et s'accélère entre autres à cause des mouvements de
mondialisation et de vieillissement de la population, autant d'enjeux
incontournables que de sujets de recherche.
En ce sens,
je crois que le Fonds de recherche du Québec — Société et culture prend la position de
pilier dans le financement des recherches dans ce secteur pour aussi
stimuler la mobilité des étudiants dans ce secteur et pour aider à attirer des meilleurs étudiants étrangers. Dans
le cadre des sciences sociales, on sait pertinemment que les communautés
sont très différentes à travers le monde.
Lorsqu'on regarde le bilan, on remarque que les voyages-échanges sont
davantage dans le monde occidental. Or, le monde occidental n'est pas très
différent de notre réalité, alors que l'Asie, l'Afrique, l'Amérique latine pourraient nous être plus
éclairantes pour les réflexions de nos jeunes. Qu'est-ce qui fait en sorte que nous
n'ayons pas plus d'échanges au niveau de la recherche? Est-ce que c'est dû à un
manque de dialogue? J'aimerais vous entendre parler sur ce sujet.
• (17 h 20) •
M. Quirion (Rémi) : Et je vais
aussi laisser les collègues intervenir, là, Yvonne et Louise, mais peut-être commencer en disant : Pour tout ce qui est
international, il n'y avait pas beaucoup d'activités à l'international au
fonds Société et culture il y a quelques
années, donc c'est peu nouveau, et les premiers partenariats ont été avec la
France. C'est assez naturel, hein, on
a beaucoup d'échanges avec les collègues en France, donc avec des agences de
recherche là-bas, l'Agence nationale
de recherche, des programmes de partenariat avec ce qu'on appelle l'ANR dans le
jargon. Ça a bien fonctionné, même au-delà de nos attentes, parce qu'il
y a eu énormément de demandes qui ont été soumises.
Où on doit
aller maintenant, et vous l'avez dit, c'est vraiment dans d'autres régions du
monde et, bon, en tout cas, en Asie, oui, probablement, mais je pense
qu'on doit viser encore plus l'Afrique francophone. Il y a énormément d'opportunités là-bas pour créer davantage de
liens avec des partenaires en Afrique francophone dans tous les secteurs
des Fonds de recherche du Québec, mais en
particulier avec le fonds Société et culture. Et je dois dire que, là,
l'ouverture de bureaux du Québec à Dakar, au
Sénégal, on a organisé un atelier au mois de mars avec les collègues là-bas,
donc on... et là, maintenant, la Côte d'Ivoire, le Maghreb.
Je pense
qu'on doit faire davantage. Et, pour moi, si je mets mon chapeau, un peu, de
francophonie, le futur du français, le futur de la francophonie est en
Afrique — ce
n'est pas les croissances qu'on a au Québec, même pas en France ou en Belgique, là, c'est vraiment
là-bas — et de
créer davantage de liens, pas nécessairement en drainant les jeunes qui
viennent ici puis qui restent ici — on en veut, qu'il reste
quelques-uns — mais
aussi les allers-retours entre le Québec et les pays francophones, très, très
important. Et c'est pour ça aussi que le fonds Société et culture est assez
particulier pour valoriser les publications scientifiques qui ont les
publications académiques en français. Donc, aussi, là il y a un rôle qu'on joue
qui est assez unique à travers le monde, là. Peut-être que Louise et Yvonne
pourraient ajouter aussi. Yvonne a déjà vécu ça.
Mme da
Silveira (Yvonne) : Oui. Et
dirais que, oui, c'est un dialogue qui se renouvelle maintenant,
en ce sens que, pendant la journée de
l'ACFAS à Montréal, la journée de l'Association canadienne-française
pour l'avancement des sciences, j'ai
entendu parler de diplomatie scientifique, hein? C'est Rémi, le FRQSC qui a initié ça, et
c'était très intéressant d'en entendre parler. Peut-être que tu peux en
dire davantage de ce côté-là.
Mais, dans le temps aussi, j'avais pu faire
partie de l'Association internationale des études québécoises, qui réunissait beaucoup de gens de la
francophonie et qui a donné un bon coup de pouce pour mettre de la lumière sur
les scientifiques francophones du monde entier, et ça, ça a été très intéressant.
Maintenant,
ce que je retiens du Québec, c'est que le Québec est très bien
placé au niveau de la confiance qu'on peut
lui faire dans les pays ou les parties du monde qui ont été citées, en ce sens
que... et j'en suis peut-être la preuve, mais une petite preuve, c'est qu'on est très valorisés et dans le contact sur
le terrain. En Afrique, que je connais un peu plus particulièrement, le Québec a très bonne presse. Le rapport qu'on entretient
avec les gens du Québec est tout autre que le rapport qu'on peut
entretenir avec d'autres pays qu'on a connus dans le passé ou qu'on connaît
encore aujourd'hui. Donc, c'est vraiment
un bon momentum dont on peut profiter. Et moi, j'ai absolument
confiance que c'est un dialogue qui va s'établir dans les années à
venir, et le FRQSC est très bien placé pour ça.
Mme Poissant (Louise) : Peut-être ajouter que c'est vrai que le fonds comme tel
avait très peu de partenariats avec d'autres agences internationales,
mais les chercheurs avaient des projets à l'international. Et d'ailleurs, quand
je suis arrivée, moi,
au fonds, on venait de cesser de donner une prime pour des collaborateurs à
l'international parce que tous les regroupements
et toutes les équipes ont des collaborations à l'international, si bien que ça
va être... mais c'est vrai que c'est souvent avec les mêmes communautés
de recherche.
Là,
on lance une nouvelle action. Depuis l'année dernière, on a reçu la grande
agence chinoise de recherche, et, dans
deux semaines, à Montréal, on accueille 18 chercheurs chinois sur les
villes intelligentes qui vont venir travailler. On a organisé un colloque, avec Benoît et l'équipe, autour du sujet
villes intelligentes, et là ça va être 18 chercheurs chinois et des
chercheurs québécois, des gens des municipalités aussi, il y a huit personnes
des municipalités, des maires ou des attachés
de maires, qui vont venir présenter des problématiques rattachées à villes
intelligentes. Alors, c'est vrai qu'on essaie d'élargir. Ça pose quand
même des défis. Les Chinois ne parlent pas français, nous ne parlons pas
chinois, et alors on va faire ça en anglais, mais on comprend qu'on est dans
une langue intermédiaire pour les uns et les autres.
Peut-être un mot sur
les publications en français. C'est vrai que... Et là le Québec a vraiment,
vraiment matière à se féliciter parce que
nous soutenons 36 revues francophones, mais nous finançons, nous soutenons
surtout une plateforme, Érudit, qui est une plateforme numérique qui,
elle, recueille toutes les revues, pas seulement les revues financées par le
fonds, mais toutes les revues canadiennes, et c'est elle qui s'occupe des
abonnements des revues dans toutes les universités au Canada.
Alors, vous comprenez
qu'un directeur de revue n'est pas obligé d'aller frapper à l'Université de
Toronto, à l'Université Simon Fraser, etc.,
c'est Érudit qui fait ça pour toutes les universités canadiennes et pour toutes
nos revues. Puis on est en train de
travailler avec eux sur des services encore plus élevés et avec un autre groupe
en France qui s'appelle Open Access, un groupe bien français, et qui va
travailler avec Érudit pour qu'on puisse encore améliorer l'offre de services
pour les revues.
M. Hardy :
Merci, Mme Da Silveira. Est-ce que j'ai la bonne prononciation?
Mme da
Silveira (Yvonne) : Oui.
M. Hardy :
Ce n'est pas le temps de prendre votre retraite, vous répondez très bien.
Des voix :
Ha, ha, ha!
M. Hardy : Si je m'en vais sur un autre sujet... Il me reste
combien de temps, M. le Président... Mme
la Présidente? Câline! On a changé de président, puis...
La Présidente
(Mme Richard) : Il vous reste 3 min 40 s.
M. Hardy : On entendait ce matin, concernant les filles en
recherche, en sciences naturelles et génie, qu'elles étaient en sous-représentation préoccupante. Lorsque l'on regarde le bilan, on se rend compte
rapidement que ce n'est pas le cas au niveau des sciences humaines,
sociales, etc. Qu'est-ce qui explique ce constat?
Mme Poissant
(Louise) : Bien, beaucoup de choses.
M. Quirion
(Rémi) : On en a parlé pendant une heure, à l'heure du lunch.
Mme Poissant (Louise) : Au moins. D'abord parce que l'enseignement, dès
les petites classes, est fait par des femmes,
alors c'est des modèles féminins, des valeurs féminines qui sont transmises.
Pour les garçons, ils se retrouvent peut-être
moins bien là-dedans. Les filles, beaucoup d'études l'ont montré, sont aussi
bonnes que les garçons jusqu'à 13, 14
ou 15 ans dans les sciences et les mathématiques. Cela dit, après, vers
15 ans, elles se disent : Ce n'est pas vraiment une carrière en sciences qui m'intéresse, c'est
une carrière plus en sciences humaines ou en santé. Beaucoup de filles
veulent aller dans les métiers de sciences
humaines, de médecine ou de santé. Comme vous le savez, il y a aussi un taux de
filles très élevé dans le secteur santé.
Alors,
bon, diverses choses. C'est dire que, si la première personne qui m'enseigne,
c'est une femme, puis que c'est
quelqu'un qui aime prendre soin de moi, puis des petits enfants, puis tout ça,
puis qu'elle est bonne, puis qu'elle est fine, je m'identifie à elle,
bien, plus tard, c'est un peu des valeurs que j'ai développées avec elle, puis
je vais vouloir aller travailler dans des
secteurs qui s'appellent les soins. Les femmes sont beaucoup dans les soins,
dans l'éducation, dans
l'accompagnement, etc., puis elles sont moins portées à se dire : Je vais
apprendre en allant démonter une motoneige ou un vélo. C'est moins leur
modèle parce que les filles qui leur ont enseigné ne faisaient pas ça. C'est
une immense simplification, là, mais...
Cela
dit, le fait qu'il y ait peu de filles dans le domaine des sciences, c'est un
problème de société, c'est un problème pour
notre fonds parce que c'est un problème... Comment se fait-il que les garçons
abandonnent plus l'école que les filles en secondaire V, ne
finissent même pas leur secondaire V? C'est un problème de société, là. Et
comment se fait-il que les filles n'ont pas envie d'aller en sciences? Ça
aussi, c'est un problème, une question de société, en tout cas. Je ne veux pas dire qu'on veut tout récupérer les
problèmes, mais disons qu'il y a beaucoup de problèmes pour nous autres.
M. Quirion
(Rémi) : Ça prend des solutions aussi.
Mme Poissant (Louise) : C'est
ça. Oui, oui, oui.
Mme da
Silveira (Yvonne) : Je peux me permettre d'ajouter peut-être que, dans
d'autres sociétés, on se demande comment
ça se fait que les filles n'aillent pas à l'école autant que les garçons, par
exemple, hein? Et je me dis : C'est aussi un problème de société et de culture. Mais en même temps je me
dis : Ça commence à la maison. On ne peut pas non plus se mettre tout le temps ça sur les épaules, hein,
comme universitaires, ou intellectuels, ou politiques. Il faut
absolument que les familles prennent leurs
responsabilités, peut-être, dans ce sens-là. Et je dois avouer que moi, j'ai
une fille, elle est en sciences parce qu'on a mis la pression sur elle
pour aller en science, je ne sais pas.
M. Hardy : Merci. Il reste
combien de temps, Mme la...
La Présidente (Mme Richard) :
Quelques secondes.
M. Hardy : M. le député de Saint-Maurice,
le temps de saluer les gens.
M.
Giguère : ...j'aurais aimé
ça qu'on parle de l'entrepreneuriat féminin, entre autres, parce que,
quand on parle de société,
on sait qu'il y a beaucoup d'entreprises, au Québec, qui sont... la relève entrepreneuriale, qui cherchent de la relève. Donc, est-ce qu'il y a des
études qui ont été faites sur ça?
La
Présidente (Mme Richard) : Malheureusement, on ne pourra pas entendre votre réponse, la période d'échange étant terminée.
Je veux vous
remercier, M. Quirion, ainsi que tous les membres de votre équipe, et les
membres, également, de la commission
pour leur collaboration.
Et je lève la séance de la commission. Les
travaux sont suspendus jusqu'à 19 h 30, et nous reprendrons pour
entendre le Fonds de recherche du Québec en Santé. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 17 h 29)