(Onze
heures vingt-sept minutes)
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, à l'ordre, s'il vous
plaît! S'il vous plaît, à l'ordre!
Ayant constaté le quorum, je déclare
la séance de la Commission de
l'économie et du travail ouverte. Je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La
commission est réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 70, Loi
visant à permettre une meilleure adéquation entre la formation et
l'emploi ainsi qu'à favoriser l'intégration à l'emploi.
Mme la secrétaire, est-ce
qu'il y a des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Birnbaum (D'Arcy-McGee) remplace M.
Poëti (Marguerite-Bourgeoys); M. Turcotte (Saint-Jean) remplace M.
Leclair (Beauharnois); M. LeBel (Rimouski) remplace M. Therrien
(Sanguinet); et M. Lisée
(Rosemont) remplace M. Rochon (Richelieu).
Étude détaillée (suite)
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, Mme la secrétaire. Lors de notre dernière rencontre hier soir, nous
avions débuté l'étude d'un sous-amendement du député de Richelieu à l'amendement du député
de Saint-Jean à l'article 83.1
proposé par l'article 28 du projet de loi. Alors, avant de vous demander s'il
y a d'autres interventions, je vous
donne le temps restant sur le sous-amendement déposé par M. le député de Richelieu. Alors, pour ce qui est de M. le député de Saint-Jean, sur le sous-amendement, il vous reste 12 min 40 s, M. le député de Rimouski, 7 min 35 s, Mme la députée de Gouin,
9 min 30 s, et puis, Mme la députée de Fabre, il vous reste
14 min 10 s. Alors, voilà.
Donc,
je suis prêt à reconnaître un prochain intervenant. Oui, une prochaine intervenante. Mme la députée de Gouin, à vous la parole.
Mme
David (Gouin) : Merci, M. le Président. Quand on s'est quittés hier soir, je pense,
là, de mémoire — on
vient qu'on ne le sait plus — que
la députée de Fabre était intervenue en nous apportant un
certain nombre d'informations que personnellement je trouvais tout à fait intéressantes et pertinentes, puis là la cloche a sonné, et
j'avais envie de poursuivre le dialogue avec elle, si elle le veut bien.
Mais
avant j'aurais une question à poser au ministre, M. le Président, parce que le ministre aussi, juste avant la députée de
Fabre, là, nous avait expliqué pourquoi c'était important de mettre l'accent
sur les jeunes et, à l'intérieur de son intervention, il nous a dit :
Les primodemandeurs restent en moyenne — je veux être sûre d'avoir
bien compris, là — neuf
ans et demi sur l'aide sociale. Est-ce
que c'est la bonne compréhension, ou
ce n'est pas une bonne compréhension, ou
il parle des personnes en général à l'aide
sociale qui restent neuf ans et demi
à l'aide sociale? Mme la sous-ministre me fait signe que oui.
• (11 h 30) •
Le Président (M.
Cousineau) : M. le ministre.
M.
Blais : Oui. Il y a eu un
peu de confusion là-dessus. Le problème, c'est de savoir exactement...
C'est comme poser la question : Combien les femmes qui ont un premier enfant ont
d'enfants, hein? On ne le sait pas parce
qu'il faut prendre une cohorte
particulière, la suivre jusqu'à la fin de leur vie, et là on aura une idée de
cette cohorte-là.
Alors,
on sait la durée moyenne à l'aide sociale. On ne peut pas savoir aujourd'hui,
les primodemandeurs, ceux qui vont
rentrer cette année, combien de temps ils vont rester en moyenne. La moyenne
actuelle, depuis une recension, donc depuis 1976, c'est neuf ans et demi
et... Voilà, neuf ans et demi.
On
a déjà répondu à une autre question de ce genre-là sur les primodemandeurs et
on avait pris une cohorte sur 20 mois, je pense, ou 22 mois.
Une voix :
...
M.
Blais : Voilà, je pense que c'était sur 22 mois, bon, évidemment,
parce qu'il fallait arrêter à un moment donné la cohorte, dire : Le problème, avec cette moyenne-là, c'est qu'elle
ne dit pas grand-chose, puisqu'on considérait aussi les personnes qui étaient rentrées deux mois ou
trois mois avant de fermer la période, bon, et bien sûr ces gens-là sont restés après. Mais ce qu'on... Je pense que ce que
les gens veulent connaître surtout, quelle est la durée moyenne à l'aide
sociale au Québec, et elle est d'à peu près neuf ans et demi. Voilà, c'est bien
ça.
Le Président (M.
Cousineau) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de Gouin.
Mme
David (Gouin) : Oui, M. le Président. Et donc cette moyenne de neuf
ans et demi, c'est un chiffre statistique,
là, qui est établi depuis 1976. C'est bien ça? Si on prend toutes les
années 1976-2016, on fait une moyenne, c'est neuf ans et demi.
C'est bien ça?
Est-ce que ça
inclut les deux grandes catégories de personnes à l'aide sociale, c'est-à-dire
les personnes ayant des contraintes
sévères à l'emploi et les personnes n'ayant aucune contrainte à l'emploi, mais
aussi il peut y avoir des personnes ayant des contraintes temporaires? Est-ce
que ça inclut tout le monde, cette moyenne-là?
Le Président (M. Cousineau) :
M. le ministre.
M. Blais : Ça inclut uniquement les
personnes qui sont sans contraintes à l'emploi.
Mme David
(Gouin) : Sans aucune contrainte, c'est-à-dire n'ayant jamais au cours
de ce séjour à l'aide sociale de contraintes temporaires à l'emploi.
M. Blais : Oui.
Mme David
(Gouin) : Donc, on exclut de ce chiffre... juste pour être sûr qu'on
se comprend bien, là, et surtout parce
qu'on se dit «depuis 1976», je vous soumets, M. le Président, qu'il y a eu
plein de changements à l'aide sociale depuis 1976, là. C'est pour ça que
c'est un chiffre qui... Ce n'est certainement pas un chiffre qui est faux, mais
je ne suis pas totalement certaine qu'il soit très utile. Par exemple, est-ce
que, parmi les personnes comptabilisées, il y a les mères monoparentales à l'aide sociale? Est-ce qu'il y a
celles avec des enfants de moins de cinq ans? Est-ce qu'on les a séparées
de celles qui ont des enfants qui vont à l'école? Il n'y avait pas de CPE en
1976, en passant.
M. Blais : Encore...
Une voix : ...
M. Blais : Oui, oui, peut-être que
la sous-ministre peut répondre.
Le
Président (M. Cousineau) : Oui. Alors, est-ce que je peux avoir
un consentement pour que Mme la sous-ministre, Mme Maltais, puisse
répondre? Ça va, consentement? Mme la sous-ministre.
Mme Maltais (Chantal) : O.K. Juste
pour bien pouvoir interpréter les données, parce que, tout dépendant du bassin,
comme vous le dites bien, il peut y avoir toutes sortes de chiffres, alors ce
qu'on a fait, c'est qu'on a pris les données
de mars 2016. On a regardé l'ensemble de nos prestataires sans contraintes
en mars 2016, et, comme l'a dit le ministre, on a regardé l'ensemble de leurs dossiers, et, comme, nos
données, on les a depuis à peu près 1975-1976, on a regardé l'entièreté
de notre information.
Alors,
quand on regarde les gens qui sont sans contraintes en mars 2016 avec la
définition que nous avons aujourd'hui, il
y a 141 758 adultes sans contraintes à l'aide sociale en
mars 2016. Si on regarde leurs données, leur durée cumulative de ces gens-là, la moyenne est de 114,4 mois,
ce qui équivaut environ à neuf ans et demi. Lorsqu'on regarde leurs données...
leurs durées consécutives, c'est-à-dire sans
sortir de l'aide à aucun moment, c'est 55,9 mois, ça veut dire que c'est un peu plus que quatre ans et demi. Alors, c'est
vraiment les gens sans contraintes aujourd'hui, et non à la définition qu'ils
pouvaient avoir antérieurement.
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la députée de Gouin.
Mme David
(Gouin) : Donc, pour être sûre que je comprends bien, M. le Président,
peut-être que la sous-ministre va
pouvoir m'éclairer, le chiffre de neuf ans et demi en moyenne n'est pas un
chiffre qui comptabilise, en quelque sorte, là, l'ensemble des... pas
comptabilise, mais tient compte de l'ensemble des personnes à l'aide sociale
sans contraintes à l'emploi de mars 2016
à... pardon, de mars 1976 à juin 2016. Bien, c'est parce que c'est
important que je comprenne ça puis
que, si moi, je ne le comprenais pas, peut-être que ça se peut qu'on était
quelques-uns à ne pas le comprendre. C'est un chiffre qui donne le portrait de la population à l'aide sociale sans
contraintes à l'emploi en mars 2016. Merci. Je suis contente d'avoir bien compris parce que cette
compréhension de mars, donc, 1976 me permet de dire, sans trop m'avancer,
que, si on faisait la même analyse
aujourd'hui, il n'est pas certain... je ne dis pas que ça ne se peut pas, mais
je dis qu'il n'est pas certain que nous aurions la même durée d'années à
l'aide sociale en moyenne.
Évidemment, je comprends, M. le ministre va
dire : Oui, mais vous ne pouvez pas le faire sur juin 2016. Je comprends très bien la logique, en juin 2016
on ne sait pas ce que les gens vont devenir. Très, très logique. Mais, si on
faisait la même analyse, disons, pour mars 2015 ou pour, même, je concède,
mars 2010, mettons, six ans en arrière, est-ce
qu'on découvrirait que les gens... En fait, combien de personnes sans
contraintes, aucune, là, même pas contraintes temporaires, sans contraintes aucune à l'emploi... On a x nombres
de personnes à l'aide sociale, mettons, en mars 2010, il y
en a encore combien aujourd'hui, de ces personnes sans aucune contrainte, même
pas temporaire, là, et pourquoi sont-elles encore, six ans plus tard, à l'aide sociale? C'est ça, la question, à
mon avis, qui est importante. Si c'est pour d'excellentes raisons, du genre une
région où il n'y a pas d'emploi ou très peu ou il y a un haut taux de chômage,
bien, tout le monde va comprendre
qu'évidemment une personne est peut-être restée à l'aide sociale. Si c'est dans
une région où il n'y a pas de chômage ou très peu, presque plein emploi, bien...
et qu'il y a quand même des personnes qui, cinq ans ou six ans plus tard, sont encore à l'aide sociale, il va falloir
se demander pourquoi. Donc, à mon humble avis, c'est la donnée dont on a
besoin pour comprendre quelle est la situation.
Et je pense qu'on a besoin de savoir aussi, puis
je comprends la restriction du ministre : un primodemandeur, quelqu'un qui vient pour la première fois de sa
vie, là, demander un chèque à l'aide sociale, parmi lequel je comprends qu'année après année il y a pas mal de jeunes, on
doit quand même savoir, je ne peux pas croire... Mettons, pour la cohorte
de, je ne sais pas, moi, 2010, 2011, 2012,
ces jeunes, là, 11 000 sur 17 000, qui sont venus demander un chèque
d'aide sociale pour la première fois, est-ce qu'ils sont encore à l'aide
sociale cinq, six ans plus tard? Si la réponse est oui, je reconnais qu'il y a un sérieux problème si on
parle de personnes qui n'ont vraiment aucune contrainte à l'emploi. Si la
réponse est non, bien, on va discuter différemment.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, Mme la députée de Gouin. Mme Maltais ou M. le ministre?
• (11 h 40) •
• (11 h
40) •
M. Blais :
Bien, c'est toujours difficile de voir si on répond exactement, là, ici, à la
question de la collègue. Donc, ici, on me montre un tableau, Répartition
du nombre d'adultes primodemandeurs au Programme d'aide sociale sans contraintes à l'emploi, selon s'ils sont sortis ou non de l'aide sociale
dans la première année, et leur durée consécutive suivant la mission. Ça s'approche pas mal, je
pense, de votre intérêt. Donc, pour les moins de 25 ans et qui n'ont pas quitté
l'aide dans la première année, c'est
52,6 %, et on sait que cette année-là est une année très importante, là,
s'ils ne quittent pas lors de la
première année, ça peut s'étirer beaucoup plus longtemps. Ça nous fait, ça, pour 2014-2015,
3 753 adultes.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Gouin.
Mme David
(Gouin) : Merci, M. le Président. Là, je pense qu'on approche de
quelque chose, en tout cas, qui, à
moi, me semble plus clair. Donc, chez les moins de 25 ans primodemandeurs,
il y en a quasi un sur deux qui quitte l'aide sociale avant un an. Bien, c'est plutôt une bonne nouvelle. Enfin, ce
n'est pas une mauvaise nouvelle. On peut voir le verre à moitié plein ou à moitié vide, bien sûr, mais ce
que je veux dire, c'est qu'on ne part pas à zéro, là, quand même, hein, on
part avec un sur deux. Il y a des femmes
aussi là-dedans qui quittent avant un an. Là, il faudra voir : Est-ce que
ce sont des jeunes qui ont été
accompagnés dans une démarche ou qui ont réussi à s'en sortir tout seuls? Je ne
sais pas, mais, quoi qu'il en soit,
c'est comme si je sentais qu'on partait avec une base intéressante, mais je
comprends qu'on va me dire : Oui, mais
il en reste un sur deux, je comprends très bien. En fait, 52,6 % demeurent
plus d'un an, et je comprends que ça n'est pas souhaitable, à partir de
là, que la situation s'étire jusqu'à plusieurs années, jusqu'à neuf ou 10 ans.
Donc, je
comprends que, pour 2014-2015, on parle de 3 753 adultes. On est
toujours dans les moins de 25 ans, là, ou adultes en général?
M. Blais : Moins de 25 ans.
Mme
David (Gouin) : Moins de 25 ans. 3 753 jeunes de moins
de 25 ans. Il y a bien des façons de voir ce chiffre-là, on peut trouver que c'est immense, on peut trouver
aussi que c'est très peu, ou on peut trouver que, bien, 3 700 jeunes,
on veut s'en occuper. Puis je pense qu'on
est d'accord pour s'en occuper, mais la tâche ne me paraît pas insurmontable,
je le dirais ainsi. Il me reste probablement...
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la députée, en conclusion, parce que vous n'avez plus de temps.
Mme David
(Gouin) : En conclusion.
Bon. Bien, en conclusion, je vais simplement dire que, lorsque je pourrai
reprendre la parole à un autre moment, je reviendrai à la députée de Fabre,
parce qu'on va entrer exactement dans le vif du sujet. Merci, M. le
Président.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci. Merci. Est-ce que vous voulez réagir, M. le ministre? Ça va comme ça? Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants concernant le sous-amendement qui précise de supprimer le mot «double»? M. le député de Saint-Jean, en vous
rappelant que vous avez 12 min 40 s.
M.
Turcotte : Merci,
M. le Président. Donc, bon, on a
tenté différentes options, bon, la première... Nous, ce qu'on voulait à la base, ce que nous voulons encore,
c'est d'avoir une double étude qualitative, indépendante pour faire en sorte
qu'on puisse véritablement évaluer les
besoins des nouveaux prestataires d'aide sociale pour ainsi s'assurer que les
services offerts par les centres locaux d'emploi et le gouvernement pour le programme Objectif emploi correspondent réellement aux besoins des nouveaux demandeurs d'aide sociale, que ça soit les
services, donc l'accompagnement, que ça soit les chemins proposés, en ce
moment il y en a trois, il pourrait y en avoir d'autres peut-être, on ne le
sait pas, ça nous permettrait de connaître
les causes, etc. Il y a des éléments de ces études-là qui ont sûrement déjà été
faits par le ministère, par le gouvernement, je crois que ça peut, dans certains cas, dater,
je crois que ça mériterait d'être fait, mais c'est surtout qu'on puisse
avoir le vécu des gens, donc des gens qui vivent eux-mêmes dans la pauvreté ou,
bon, à l'aide sociale.
Je pourrais
citer, à ce moment-ci, M. le
Président, le Centre d'étude sur la
pauvreté et l'exclusion, en 2009, qui, dans
un rapport... Prendre la mesure de la pauvreté — Proposition d'indicateurs de pauvreté, d'inégalités et d'exclusion sociale afin de mesurer les progrès réalisés au Québec — c'est
un avis au ministre qui avait été transmis — page 68, sur le croisement des savoirs, c'est de ça qu'on parle dans notre amendement, au fond : «Il existe plusieurs
raisons de faire appel
à l'expertise des personnes en situation de pauvreté et d'exclusion et de leurs
associations. Bien sûr, on le fait déjà dans le cadre de certaines recherches, mais cela pourrait devenir une
pratique plus courante. La capacité de cerner des réalités et de les [décrire] dans un cadre
théorique est favorisée quand la méthode permet le croisement des regards et
des savoirs sur une question. Les
savoirs d'expérience renouvellent la pensée scientifique. De nouveaux concepts
émergent et permettent d'aborder la réalité autrement. Le processus peut
conduire à de nouvelles manières d'agir.
«La
participation des personnes en
situation de pauvreté aux processus qui les concernent, mentionnée à
l'article 6 de la loi, est aussi
encouragée dans le cadre des programmes de lutte contre la pauvreté soutenus
par les Nations unies. La recherche
participative et les croisements des savoirs portent cette exigence jusque dans
la construction des savoirs pertinents aux actions en question.
«L'approche
en croisements des savoirs suppose une démarche scientifique ouverte. Elle est
plus efficace sans cadre de référence
trop prédéfini, ce qui permet au groupe qui croise son expertise de construire
à mesure de nouveaux concepts qui deviennent ensuite des références. Un
des apports d'une expérience de croisements de savoirs menée en profondeur consiste justement à ouvrir les cadres
de référence existants et à rendre possibles des changements dans la manière de concevoir les situations, leurs causes,
leurs conséquences et la manière d'intervenir pour favoriser une gestion
plus juste, [tout au] sens de la justice que de la justesse.
«Cette
approche pourrait être mise en oeuvre, comme on l'a évoqué notamment dans le
cadre du plan stratégique élaboré par
le Conseil de la science et de la technologie du Québec, pour la recherche et
le transfert des connaissances en matière de lutte contre la pauvreté.»
Donc,
M. le Président, dans son avis au ministre en 2009, le Centre d'étude sur la
pauvreté et l'exclusion... Au fond, bon, ça vient un peu de là, là, notre idée
d'amendement... de sous-amendement. À la base, c'était d'avoir une étude double qualitative, indépendante. Notre
collègue a déposé un amendement pour ajouter «quantitative», pour qu'on ait aussi un inventail des chiffres, un
inventaire, là, de... avoir un portrait réel de la situation sur le plan des
chiffres et des données. On a fait un
sous-amendement pour dire, bien : Plutôt que sur un an, faisons-le sur six
mois, parce qu'on s'est dit :
C'est peut-être ça, le problème. Peut-être que le ministre veut appliquer plus
rapidement le programme Objectif emploi. Donc, il considère qu'un an,
c'est trop long. Ça ne semblait pas être ça, le problème.
Après
ça, on dépose notre sous-amendement actuel qui dit : Au lieu de le faire
double, qu'on le fasse... il faut que ça soit une étude. C'est sûr que deux,
c'est mieux. Je l'ai expliqué pourquoi. Je pourrais revenir là-dessus
longuement, mais je crois que
l'essentiel du propos n'est pas sur ça. C'est de voir est-ce qu'il peut au
moins avoir une étude pour qu'on puisse
avoir un réel portrait de la situation. Si le ministre, si le gouvernement veut
réellement avoir un résultat positif de l'application du programme
Objectif emploi, je crois que ça serait effectivement un très bon outil de se
donner cette étude qui permettrait de
valider des façons de faire, des pratiques, d'élaborer des pistes plus
actuelles, puis tout ça, sur les raisons
pourquoi les gens se rendent à l'aide sociale et pourquoi les gens ne s'en
sortent pas aussi rapidement qu'on le souhaite,
même si, là, on pourrait faire un long débat là-dessus. Parce que les chiffres
qui nous ont été présentés à l'instant par
le ministre et précédemment présentés, dans des séances précédentes, nous
démontrent que, pour les primodemandeurs, en termes de durée, pas de séjour, mais de temps qu'en moyenne les gens
restent à l'aide sociale et, bon, n'est pas nécessairement le 12 mois
qui est visé par le programme Objectif emploi.
• (11 h 50) •
Donc,
M. le Président, à ce stade-ci, nous, on considère que notre amendement peut
permettre, peut permettre au moins qu'il y ait une étude. Je sens que le
ministre semble s'y opposer. Je suis un peu surpris de ça. Peut-être
qu'il a l'assurance que tous les services
que le ministère dispose actuellement sont suffisants. Mais force est de
constater que, si tel est le cas, les
résultats ne sont pas au rendez-vous depuis toutes ces années. Le ministre va
nous dire : La véritable raison,
là, la raison — puis là
il l'a dit à quelques fois — c'est qu'on n'a pas les outils nécessaires, on
ne peut pas forcer une rencontre, on
n'a pas de sanction, etc. Le problème, M. le Président, c'est qu'on attend
toujours les études du ministre qui
démontrent que les sanctions, au Québec, ont un impact sur le retour ou sur l'intégration en emploi. Parce que
j'ai cité des études, nous avons cité
des études hier, nous avons cité des opinions de chercheurs, des analyses
faites par des chercheurs, et il n'y en a pas beaucoup au Québec qui
considèrent que c'est le... que c'est véritable.
Bon.
Je ne sais pas si le ministre a eu le temps d'étudier durant la soirée d'hier
l'étude que j'ai citée de Loopstra en
2015, Université d'Oxford, département de sociologie, qui démontre, bon, en
Grande-Bretagne, que les sanctions ont démontré
qu'il y a effectivement une sortie de l'aide sociale... bien, de
l'aide à l'emploi, mais pas nécessairement une entrée
ou un retour sur le marché du travail. Donc, je ne crois pas que le ministre
veut absolument et à tout prix faire sortir les gens de l'aide sociale pour les amener
dans la rue, je ne pense pas, à moins que je me trompe, mais je ne pense pas.
Donc, je crois que le ministre gagnerait à réfléchir sur lesdites sanctions.
Je
pourrais, M. le Président, ici citer Philippe Hurteau, qui est
politicologue à l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques, qui, dans un blogue dans LeJournal de Montréal... c'était quelques jours après le dépôt du projet de loi n° 70.
Malgré que certains éléments ont évolué dans le temps, parce qu'on a commencé à connaître un peu les intentions réglementaires du ministre, ou, en tout cas, du moins, il y a eu un changement de ministre,
mais, sur le fond, le fond demeure tout
à fait exact encore aujourd'hui. Philippe Hurteau, dans le blogue, mentionne : «En somme, le ministre
brandit une toute petite carotte afin
de dissimuler le bâton disciplinaire avec lequel il entend frapper les
personnes les plus démunies de notre société. Rappelons quelques chiffres.
Même avec la bonification, une personne prestataire de l'aide sociale pourra
compter sur un revenu se situant à 43 %
sous le seuil de faibles revenus — après impôt pour une personne seule. Pire,
une fois les pénalités appliquées, on parle d'un revenu annuel total qui sera
réduit à 3 696 $.
«[...]L'obsession
de l'austérité qui habite l'actuel gouvernement l'aveugle complètement. Pousser
des gens à vivre dans un tel niveau
de pauvreté résultera presque obligatoirement en d'énormes problèmes
sociaux — et je ne
parle même pas des tragédies
personnelles! Au final, le tout se transformera en coûts de santé
supplémentaires. Vraiment, bravo pour la planification.»
Je
poursuis, M. le Président : «Le gouvernement vient tout juste de lancer
une vaste consultation pour se doter d'un troisième plan d'action contre
la pauvreté et l'exclusion. On y trouve des définitions intéressantes, à la
fois de la pauvreté et de l'exclusion.
«La pauvreté y est décrite comme étant "la
condition dans laquelle se trouve un être humain qui est privé des ressources, des moyens, des choix et du pouvoir
nécessaires pour acquérir et maintenir son autonomie économique ou pour
favoriser son intégration et sa participation à la société".
«L'exclusion
est décrite, de son côté, comme "le
résultat d'un ensemble de processus économiques,
politiques, institutionnels,
culturels, souvent interdépendants et cumulatifs, qui mettent des personnes ou
des groupes à part dans la
société".
«Manifestement,
le ministre [...] fait fi des définitions qu'il utilise lui-même quand il pense
ses politiques. Par le projet de loi
n° 70, il met en place une structure qui renforcera à la fois la pauvreté
et l'exclusion sociale. Pour faire des économies
de bouts de chandelle, il met en place un programme piégé : il fait comme
s'il donnait un choix aux gens sur l'aide
sociale, mais il sait au fond que le seul résultat possible sera la diminution
des prestations et la limitation de l'accès au programme.»
M. le Président, je crois que les appuis ne sont
pas au rendez-vous pour les sanctions. Le gouvernement... Le ministre est de
plus en plus isolé, et je crois qu'il doit effectivement réfléchir sérieusement
sur l'application de telles sanctions.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le député de Saint-Jean. M. le
ministre, est-ce que
vous voulez réagir? Non?
M.
Blais : Il faudrait demander à M. Hurteau d'aller visiter le grand
monde un peu un jour, hein, voir ce qui se passe au niveau des politiques publiques dans le monde. Ça serait
intéressant pour lui, je pense, au lieu de faire des pétitions de
principe, là, comme ce qu'on vient d'entendre, hein? Première chose.
Deuxième
chose, sur la recherche qui a été déposée hier, bien sûr, on va l'examiner. Je
l'ai dit hier, je pense, c'est la
première recherche que l'opposition a déposée qui pourrait contredire nos
thèses. Il faut faire attention, donc, la recherche est très claire sur le fait qu'il y a eu un taux
de sortie important. En Angleterre, à l'aide sociale, si jamais on atteignait
ces taux-là, je peux vous dire que ça serait
toute une réussite, là. Et ils ne sont pas capables d'isoler, en ce moment, la
variable des taux d'occupation. Il faut bien
comprendre que le taux d'occupation en emploi, c'est autre chose, parce que
le taux d'occupation en emploi est influencé
par beaucoup, beaucoup d'éléments. Par exemple, s'il y a un effet
démographique, il se trouve qu'il y a
beaucoup de sorties du milieu du travail pour la retraite. Mais votre taux
d'occupation ne va pas changer même
si vous avez ajouté beaucoup de personnes à l'aide sociale sur le marché du
travail. Donc, on est en train d'examiner encore un peu ça. J'ai reconnu, là, que la recherche avait un intérêt,
mais, pour le moment, elle ne semble pas indiquer, là, la direction, là,
que nous promettait notre collègue.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, M. le ministre. 30 secondes, M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte :
Étrange, hein, avec le temps, les opinions changent. À l'époque, dans la
réforme des carrefours jeunesse-emploi,
le ministre reprochait aux carrefours jeunesse-emploi de permettre aux jeunes
d'aller partout sur la scène internationale
pour voir les pratiques dans différents pays, et, quand on parle d'un
chercheur, d'un politicologue, le ministre l'invite à aller visiter le
vaste monde. C'est un peu étrange, quand même.
Le Président (M. Cousineau) :
Le 30 secondes est terminé. Alors, est-ce qu'il y a...
M. Blais : ...mais qui s'intéresse
aux politiques publiques, ça a un mérite quand même de faire de la politique comparée.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le ministre. Alors, est-ce
qu'il y a d'autres intervenants? Oui, M. le député de Rimouski, en vous
rappelant que vous avez 7 min 35 s.
M.
LeBel : Merci, M. le Président, du rappel. Je vais aussi faire un
rappel, moi, de mon côté aussi. Je veux rappeler que toute cette discussion-là est partie du fait que le ministre fait
état des règlements dans l'article, et dans ces règlements-là se cachent plein de détails — on dit que le diable se cache dans les
détails — et on
est inquiets puis on aurait aimé discuter de ces règlements-là. On est passés près d'une entente, à un moment
donné, pour trouver une façon de procéder en s'assurant que les
règlements auraient pu être discutés, mais on n'y est pas arrivés.
Je rappelle
là-dessus la conclusion du comité d'étude sur la pauvreté et l'exclusion, un
comité qui, je rappelle, est mandaté
par le gouvernement lui-même pour le conseiller. Dans la conclusion de ce
comité-là sur le projet de loi n° 70, le comité, et je cite, disait : «Par ailleurs, en ce qui concerne plus
spécifiquement certains aspects du projet de loi, il semble risqué de reporter au règlement la définition de
certaines règles, notamment ce qu'est un emploi convenable et les situations
considérées comme étant des contraintes
temporaires à l'emploi pour raisons de santé. Il [...] est de même de la
décision de laisser au règlement le
soin de déterminer quelles seront les personnes visées par le programme. Cette
façon de faire comporte son lot d'arbitraire — son
lot d'arbitraire —
en plus de soustraire ces divers éléments au débat public.»
On est partis de là dans notre discussion, et
les amendements qu'on amène, les sous-amendements, bien, c'est pour essayer,
comme je l'expliquais, de se donner des garde-fous pour se protéger contre cet
arbitraire sur le programme.
Et le projet... l'idée d'avoir des études, c'est de dire : Bien, le
gouvernement décide de faire un changement de cap, là, sur ce qui s'est
fait au Québec les dernières années, la majeure étant d'imposer des sanctions
éventuelles aux primodemandeurs qui ne veulent pas, entre guillemets,
participer à une démarche.
• (12 heures) •
Dans sa
lettre, récemment, là, qui était dans Le Devoir d'aujourd'hui, mais
qu'il a rendue publique hier, je pense, le ministre dit qu'il voulait rétablir certains faits. Un des premiers
faits qu'il dit qu'il veut rétablir, c'est qu'Objectif emploi s'attaque à tous les assistés sociaux. Dans sa
lettre, il a raison, il ne s'attaque pas à tous les assistés sociaux, là, on
parle des primodemandeurs. Mais le
règlement ouvre... Dans le règlement, il y a la possibilité pour le ministre
éventuellement d'aller plus large que
les primodemandeurs. C'est ce que le comité d'étude nous dit, qu'il y a un
danger, quand il parle d'arbitraire, il
y aurait un danger, mais on pourrait en discuter. Sauf que le ministre nous dit
qu'il veut travailler, pas s'attaquer, là, travailler avec les
primodemandeurs. Je suis un peu surpris.
Tu sais, le ministre
va nous dire : Il y a tant de pourcentage des gens à l'aide sociale qui décident de ne pas embarquer
dans un programme ou... puis, en bout
de ligne, il nous arrive avec des
petits pourcentages : il y a 12 %
qui participent ou qui ont décidé de participer, il y en a juste
30 % — je
ne me souviens plus — qui
ont accepté de nous rencontrer, mais, quand
je lui parle des primodemandeurs, on ne réussit pas à avoir les statistiques.
On veut travailler auprès d'eux
autres, on dit qu'on veut mieux les accueillir, on veut mieux faire ça, on veut
que, quand la personne arrive, on lui propose
une démarche, puis qu'on dit, quand il va... on veut nous assurer que la
sanction, dans la majorité des cas, n'arrivera pas parce qu'on va les embarquer dans une démarche qui va leur donner un
peu d'argent de plus, dans leurs chèques d'aide sociale, ou il va les intégrer, là, on nous dit ça, mais on n'est pas
capable de nous dire combien il y en a, de primodemandeurs, puis on
n'est pas capable de nous donner les statistiques, là.
J'ai expliqué
hier, là, le... puis c'était très clair, la manière qu'on m'a expliqué comment
un primodemandeur est accueilli : rencontre sur place dans les cinq
jours ou, s'il n'y a pas eu cette rencontre-là, on envoie une lettre pour les convoquer dans le mois. Et, au bout du mois, là,
si on n'a pas... Il y a quand même une démarche qui est faite, mais on n'est pas capable de me dire exactement c'est
quoi... combien de personnes, combien de primodemandeurs ont été accueillis
sur place, combien ont pris leurs cinq jours
puis combien... ça n'a pas été sur place les cinq jours, et on a été obligé de
les convoquer par lettre, on n'a pas les statistiques là-dessus.
Mais en même
temps on nous dit qu'on veut... pas s'attaquer, mais on veut s'adresser à eux
autres, puis c'est eux autres... puis
on dit : Bien, eux autres, là, il faut qu'ils fassent un effort, puis il
faut... mais on n'est pas capable de définir le portrait, on n'est pas capable de nous dire comment... combien ils
sont puis combien ça marche actuellement. Est-ce qu'ils... On n'a pas les statistiques. Puis, quand je lui demande des
statistiques, on me donne des statistiques larges, plus larges, de l'ensemble. C'est comme si je lui
demandais : Il y a combien de jours de pluie au Québec par été?, puis il
me donnerait des statistiques de
l'Amérique du Nord, puis là en me disant : Bien, là-dedans, il y a
sûrement des jours de pluie au
Québec, là. Ça ne m'aide pas bien, bien. Tu sais, c'est sûr que, pour
l'industrie touristique ou pour les agriculteurs, ça ne donnerait rien
au Québec, là, de savoir qu'ils ont... Dans le fond, il pleuvrait sept jours
sur sept, là, avec des statistiques du genre. Ça fait que ce n'est pas évident,
ce n'est pas clair.
Moi, ce que
j'ai besoin de savoir, là : Les primodemandeurs, clairement, c'est quoi,
le portrait? Puis le ministre veut
travailler avec eux autres, mais on n'a pas le portrait clair de cette
clientèle-là. Ce serait bon de le savoir parce que ça pourrait combattre certains préjugés, c'est-à-dire
qu'ils ne veulent pas participer, mais on ne le sait pas. On ne sait pas
combien qu'il y en a qui arrivent sur place,
là, puis qui rencontrent l'agent du CLE, puis qui discutent d'une démarche, là,
on ne sait pas combien ils sont. On ne sait
pas combien ils sont, ceux qui viennent dans les cinq jours, puis s'ils
rencontrent vraiment quelqu'un du CLE
puis s'il y a une démarche d'entreprise. On ne sait pas combien ils sont que
vous convoquez par lettre dans le
mois. On ne sait pas combien, mais on veut s'attaquer, entre... s'adresser à
eux autres, mais on n'a pas le portrait. Moi, je trouve ça un peu
particulier. Puis, pour moi, c'est important.
Si le
gouvernement est capable de s'engager à vraiment bien accueillir ces
personnes-là, et vraiment, là, avec les partenaires, les groupes
partenaires autour, les accueillir puis les intégrer dans un vrai processus, on
pourra discuter... Dans le fond, dans ce
sens-là, la sanction... la sanction, elle ne serait comme pas nécessaire parce
que les gens seraient bien accueillis.
Si la personne ne veut pas au début rencontrer puis ne veut pas participer...
tu sais au début ne veut pas... c'est
un peu le scénario qu'on regardait hier, là, mais si la personne ne veut pas
embarquer dans cette démarche, la première démarche, on pourra discuter. Mais c'est important de savoir exactement
aujourd'hui comment ça fonctionne, combien de personnes sont accueillies. Puis est-ce qu'on le fait bien? Est-ce qu'on
a les ressources au CLE pour les accueillir? Est-ce qu'on a le bon partenariat avec les groupes
communautaires pour le faire? Ce serait bon d'avoir ce portrait-là pour
continuer à travailler.
Puis,
l'étude, bien, c'est un peu ça, l'objectif, c'est de se donner... Si on n'est
pas capable de les avoir, là, puis on sait que le gouvernement va passer
sa loi, ça fait qu'au moins on pourrait avoir un portrait dans la première
année.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, M. le député de Rimouski. Une réaction, M. le ministre?
M.
Blais : Sur un des points, là, bien sûr... Bon, on l'a vu, là, et pas
question d'aller au-delà, là, le programme, là, effectivement, s'adresse uniquement aux premiers demandeurs. En tout
cas, c'est important de le noter, parce que, si on faisait la recension des
écrits sur Objectif emploi, là, depuis l'automne dernier, moi, je pense que
50 %, 60 % des écrits croient
que le programme s'adresse à tous les assistés sociaux. Même M. Hurteau fait
probablement partie de ce groupe de
personnes là. Donc, c'est important de resituer ça. Pourquoi? Parce qu'encore
une fois il y a une grosse différence à avoir un programme avec des obligations pour les premiers demandeurs et
avoir un programme avec des obligations pour l'ensemble des personnes assistées sociales. Je peux vous dire que ce
serait à la fois ambitieux, moi-même, je serais assez dubitatif vis-à-vis cette approche-là. Les
premiers demandeurs aptes au travail, et nos chances de succès, là, et c'est ça
qu'on veut, hein, c'est notre succès puis le
leur, surtout, sont plus importants. Donc, regardez, là, tout ce qui s'est
écrit sur le sujet, regardez, là, si
on ne confond pas les gens et si on n'est pas en train de parler d'un programme
qui touche l'ensemble des personnes à l'aide sociale, probablement, vous
tassez, là, 50 % des critiques, facilement.
L'autre élément,
bien, on a pas mal d'informations sur les premiers demandeurs. On a des
informations... Je comprends qu'on n'a pas
des informations sur leur récit de vie, là, on ne va pas jusque-là, mais on
sait où est-ce qu'ils se situent, on
sait, à Rimouski, combien il y en a à peu près par année, et dans les autres
endroits aussi du Québec, on connaît leur
niveau de formation. Donc, c'est un bon point de départ pour penser qu'on va
réussir puis qu'on va avoir... le type de programme qu'on met en place
va répondre aux besoins de plusieurs.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il
y a d'autres interventions sur le sous-amendement?
Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que le sous-amendement
déposé par M. le député de Richelieu est adopté?
M.
Turcotte :
M. le Président.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte :
J'aimerais procéder au vote par appel nominal.
Le Président (M.
Cousineau) : Voilà. Alors, Mme la secrétaire, vote par appel
nominal.
La Secrétaire :
M. Turcotte (Saint-Jean)?
M.
Turcotte :
Pour.
La Secrétaire :
M. Lebel (Rimouski)?
M. LeBel :
Pour.
La Secrétaire :
M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs)?
M.
Schneeberger :
Contre.
La Secrétaire :
M. Blais (Charlesbourg)?
M. Blais :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Sauvé (Fabre)?
Mme Sauvé :
Contre.
La Secrétaire :
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Simard :
Contre.
La Secrétaire :
M. Drolet (Jean-Lesage)?
M. Drolet :
Contre.
La Secrétaire :
M. Polo (Laval-des-Rapides)?
M. Polo :
Contre.
Le
Président (M. Cousineau) : Je m'abstiens. Alors, le sous-amendement déposé par M. le député de Richelieu est rejeté. Nous revenons donc à l'amendement
de M. le député de Saint-Jean, en vous donnant le temps restant pour l'amendement de M. le député de Saint-Jean. Vous avez, M. le député de Saint-Jean,
5 min 55 s, M. le
député de Rimouski,
3 min 25 s, M. le député de Drummond—Bois-Francs, 19 min 5 s, et Mme la
députée de Gouin, 2 min 35 s. C'est sur l'amendement.
Oui, Mme la députée de Gouin.
Mme
David (Gouin) : Une question, M. le Président. Est-ce que le document
faisant état — je ne
veux pas me mêler, là — de la situation de 2014-2015 chez les
primodemandeurs de moins de 25 ans, là, le document que le ministre m'a
cité, ce document peut-il être disponible pour les parlementaires, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Cousineau) :
Nous allons demander à M. le ministre si le document...
M.
Blais : Je ne le déposerai pas, M. le Président, mais ça va me faire
plaisir de répondre aux questions, quand on a les données disponibles,
de le faire.
Le Président (M. Cousineau) :
Voilà. Merci, M. le ministre. Alors, c'est la prérogative du ministre. Mme la
députée de Gouin.
Mme David
(Gouin) : Ça aurait pourtant été fort intéressant, me semble-t-il.
O.K. Dans le temps qu'il me reste, j'aimerais savoir : Pour les
3 753 jeunes adultes, là, de moins de 25 ans qui sont restés
plus d'un an à l'aide sociale, est-ce qu'il
y a des données, est-ce qu'il y a des informations disponibles nous indiquant
qu'est-ce qu'on a fait avec ces jeunes-là? Est-ce que ce sont des jeunes
qui ont participé à des programmes ou est-ce que la grande majorité n'a pas
participé? Est-ce qu'on sait quelque chose de ces jeunes?
Le Président (M. Cousineau) :
M. le ministre. Madame... M. le ministre.
M.
Blais : Bien, on va regarder ce qu'on a de disponible, parce que, là,
on circonscrit à des groupes particuliers, là, des jeunes qui seraient sortis. Ce que l'on sait, c'est que la
participation aux programmes, pas besoin de différencier les programmes,
a un impact important sur la sortie. Ça, c'est le genre d'information que l'on
a, mais ça m'étonnerait qu'on ait l'information sur ceux qui sont sortis en
particulier, hein? On pourrait essayer de voir qu'est-ce que l'on a.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Gouin.
• (12 h 10) •
Mme David
(Gouin) : En fait, ma question portait plutôt sur ceux qui sont
restés. Mais c'est intéressant aussi de savoir comment se fait-il que
presque la moitié sont sortis. Est-ce qu'ils sont sortis justement parce qu'il
y a eu un programme pour eux? Lequel? Bon, ça, c'est une chose. Mais
ma question, en fait, portait... Mais là je me suis peut-être trompée
dans mes chiffres, en tout cas, c'est autour de 50-50 de toute façon, là. Ma question portait sur ceux qui sont restés. Donc, 52,6 %
restent plus d'un an, O.K.? Et ma question, c'était : Est-ce qu'on a la
moindre idée de pourquoi ils sont là plus d'un an, ce qui peut vouloir
dire deux ans, trois ans, en fait, je ne le sais pas, là? Est-ce qu'ils ont
participé à des programmes ou non? Est-ce
qu'ils ont commencé ou abandonné? Un petit peu qu'est-ce qui s'est passé pour
eux. Est-ce qu'il existe des données là-dessus?
Le Président (M. Cousineau) :
M. le ministre ou Mme Maltais?
M.
Blais : Si j'avais des
données là-dessus, il faudrait imaginer des croisements de plusieurs
informations, hein, parce
que, là, on parle de grands nombres. On
ne parle pas de récidives, encore une
fois on parle de grands nombres. On
peut examiner, voir un petit peu qu'est-ce qu'on aurait, là, sur ceux qui
restent plus longtemps. Par exemple, est-ce qu'il
y a une corrélation entre le fait de
rester plus d'un an et la participation, le degré de participation à des mesures?
On pourrait voir si ce type de corrélation là existe pour les plus d'un
an.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, M. le ministre. En conclusion, Mme la députée de Gouin.
Mme David
(Gouin) : Bien, en
conclusion, M. le Président, je suis pas mal certaine que ces données
existent, puisque c'est le fonds de
l'argumentaire du ministre, hein, de se dire que, quand on participe à un programme,
on a bien plus de chances de sortir
de l'aide sociale et, si on n'y participe pas, on a moins de
chances. Alors, j'imagine que les données existent.
M.
Blais : La question
qui m'a été posée, M. le Président, peut-être que je ne l'ai pas bien comprise, mais c'est
pour les plus d'un an. Alors, c'est juste
ça, là. Là, ça commence à être peut-être un
petit peu, là, pointu, mais bien sûr,
sur la question générale des premiers
demandeurs, la participation ou non et l'impact de la participation sur la sortie, ça, on a les informations.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le ministre. Alors, ça écoule... le temps que vous aviez sur l'amendement, Mme la députée de Gouin, est
terminé. Je suis prêt à recevoir un autre intervenant, ou une autre. Oui, M. le
député de Saint-Jean, en vous rappelant qu'il vous reste
5 min 55 s.
M.
Turcotte : Merci,
M. le Président. Je vais profiter de l'occasion
pour citer, dans La Presse + du
5 juin 2016, l'article Les laissés-pour-compte de
l'école, un extrait : Les oubliés. «Tous les jours, le
professeur Gilles [Boudreau] et l'intervenant Jean-François Girard aident des jeunes décrocheurs de 16 ans et
plus à finir leurs études secondaires dans un organisme communautaire.
Il y a au maximum 18 élèves à la fois à l'école de [la] rue Charlemagne,
dans le quartier Sud-Ouest de Montréal, contrairement à plus de 34 élèves
dans les classes de formation aux adultes.
«"On
accueille des décrocheurs, des nouveaux arrivants, des analphabètes, explique
M. Girard. Ils arrivent souvent ici
avec l'équivalent d'un secondaire I. À l'école, c'étaient souvent des
élèves considérés EHDAA. Moi, j'appelle ça des élèves tablettes. Faute
de ressources, on a préféré les oublier dans le fond des classes."
«MM. Girard
et [Boudreau] estiment eux aussi que la réforme de l'aide sociale est
coercitive. Et ils estiment que, si
le gouvernement veut vraiment favoriser le retour au travail, les notes de
passage devraient être modulées au secondaire pour la clientèle
vulnérable. "Il faudrait un partenariat avec le ministère de
l'Enseignement", [dit-il].
«"On
devrait pouvoir accorder la note de passage à un étudiant qui a fait de son
mieux toute l'année, qui a mis les efforts et qui termine malgré tout
avec 50 %. Ici, on a des jeunes qui traînent dans leur sac à dos de la
violence, des problèmes familiaux, de la
toxicomanie. Il y a de nombreux faux pas. Il leur faut du temps, et c'est ce
qu'on doit leur offrir."
«C'est bientôt
l'heure du dîner à l'école de [la] rue [et] des jeunes ont le nez plongé dans
les devoirs de mathématiques.
L'intervenant rentre de l'épicerie, c'est jour de barbecue pour les élèves. Un
jeune a distribué des boîtes de jus offertes par l'organisme à l'heure
de la pause. Le prof a ouvert sa boîte de biscuits sablés, il offre une
tournée.
«"Ici,
c'est comme une famille, glisse Gilles [Boudreau], en se déplaçant d'un
bureau à l'autre pour répondre aux questions.
Les jeunes s'attachent aux professeurs. Ils appellent Jean-François ‘papa', ça
explique tout. Ça explique des réussites."»
M. le Président,
je crois que, si on avait les études que nous demandons actuellement, nous
pourrions davantage connaître,
comprendre, apprécier le vécu des témoignages de gens qui sont confrontés à
vivre au quotidien avec l'aide
sociale ou sont confrontés à faire leur première demande d'aide sociale.
On le voit,
l'article fait référence du Regroupement
des Auberges du coeur. Le ministre actuel n'était pas présent lors de... parce qu'il n'était pas ministre de l'Emploi, de la Solidarité sociale,
mais il gagnerait à réécouter ou à entendre, si ce n'est pas déjà fait, le témoignage, lors de la commission
parlementaire, du Regroupement des Auberges du coeur, qu'ils ont témoigné de vécus de jeunes, qu'ils entrent...
des jeunes qui arrivent dans Les Auberges du coeur, qui n'ont pas l'aide
sociale, qui ont besoin de s'en sortir, et
la complexité qui est faite. C'est des jeunes qui, si on leur dit : Tu vas
te trouver un emploi demain matin ou
tu vas aller en formation demain matin... des jeunes qui ont des problématiques
lourdes ne sont pas prêts, disposés à
embarquer dès maintenant dans un tel parcours. Je ne crois pas que c'est en les
sanctionnant et en les faisant vivre
avec seulement 400 $ par mois qu'on va réussir à sauver ces jeunes-là et
faire en sorte qu'on maintienne ces jeunes-là dans la société plutôt que
de les forcer et les amener dans la rue.
Le
gouvernement, l'État, la société québécoise s'est donné, avec le temps, M. le
Président, un filet social qu'il ne faudrait pas défaire avec des
sanctions qui, selon nous, n'amènent rien de plus au projet de loi et au
programme Objectif emploi. Je crois que les
études que nous parlons actuellement pourraient nous permettre de trouver
d'autres façons d'aider ces jeunes-là plutôt que par la force et les
sanctions.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, M. le député de Saint-Jean. M. le ministre, une réaction?
M.
Blais : Peut-être rappeler, là, au collègue qu'il y a quand même eu
une évolution importante du projet de loi, là, et qu'on a intégré un autre parcours qui était important, là, pour
répondre à un certain nombre de préoccupations, dont celles des Auberges du coeur, là, puis que
reconnaître qu'il y a plusieurs jeunes qui ne sont pas prêts, effectivement,
là, à entrer dans une démarche de recherche d'emploi, de retour aux études...
on appelle ça la préemployabilité, et ça, je pense qu'il faut le reconnaître. Et, quand je rencontre
des agents d'aide sociale qui travaillent tous les jours avec ces jeunes-là,
ils trouvent que c'est un progrès important et que ça met le doigt sur des
situations réelles.
Moi, je ne
pense pas qu'il faut laisser ces jeunes-là à la rue. Donc, je ne sais qui
est-ce qui veut laisser des jeunes à la
rue. Je ne pense pas qu'il faut les laisser à la rue, mais il faut leur offrir
des services et il faut augmenter nos chances, c'est ça, le projet, il faut augmenter nos chances qu'ils participent à
cette aide-là, parce que, dans la rue, ils ne trouveront rien. Ils ne
trouveront aucune solution.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le ministre. Alors, est-ce
qu'il y a d'autres interventions concernant l'amendement de M. le député de Saint-Jean, en vous rappelant, M. le
député de Rimouski, qu'il vous reste... Est-ce qu'il y avait, par
alternance, M. le député de Drummond—Bois... Non? Oui? Non?
M.
Schneeberger :
Bien, peut-être que... J'écoute depuis quelques heures maintenant, là, les
dires de l'opposition officielle, et
puis, bon, il y a des points que, oui, c'est la réalité. En même temps, il ne
faudrait quand même pas non plus trop
dramatiser, parce qu'à écouter ça on dirait que... Hier, il y avait un texte
qui a été lu. On dirait que presque toutes les femmes du Québec étaient en problème, là. Moi, je me dis : J'ai
un gros mal à l'aise avec ça. Je pense qu'aujourd'hui, justement, si on regarde les statistiques, les
femmes en général ont un niveau d'éducation plus élevé que les personnes. Maintenant, s'il y a des femmes qui ont
certaines problématiques, oui, il faut les aider, c'est sûr. Mais, tu sais,
moi, il faut se garder aussi... Il faut
quand même être prudent avec ces dires-là, parce que... Si on a tendance à
crier trop au loup, c'est qu'à un moment donné on ne l'écoute plus du
tout, et puis les femmes puis les... là, je parle des femmes, mais je
voulais parler des personnes en général qui sont dans le besoin, bien, eux, il
faut leur prêter une attention particulière.
Alors, il
faut faire quand même attention avec les propos. Et puis je comprends que la
première opposition veut gagner des points là-dessus, puis c'est
correct, c'est leur bataille, mais, tu sais, il faut...
Le Président (M. Cousineau) :
Excusez, M. le député.
M.
Schneeberger :
...il faut quand même être...
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député de... Un instant, il y a...
M.
Schneeberger :
...relativiser les propos.
M.
Turcotte : M. le
Président.
Le Président (M. Cousineau) :
Est-ce que c'est un point de règlement?
M.
Turcotte : Oui.
Le Président (M. Cousineau) :
Allez-y.
M.
Turcotte : C'est
parce que le titre, c'est «l'opposition officielle». Ce n'est pas «la première
opposition».
Le Président (M. Cousineau) :
Bon, d'accord.
M.
Turcotte : Bien,
c'est important, M. le Président...
Le Président (M. Cousineau) :
Oui, oui, je...
M.
Turcotte :
...parce qu'il y a une tentative ici, là, à plusieurs reprises, de dire «la
première opposition». C'est «l'opposition officielle».
Le Président (M. Cousineau) :
Message passé. M. le député de Drummond—Bois-Francs.
• (12 h 20) •
M.
Schneeberger :
À ce moment-là, je répondrais que, la semaine passée, il a parlé de la gang de
la CAQ. Alors, on peut... on va
relativiser les choses aussi, là, si on veut jouer sur les mots, là. Regardez,
ma mémoire est quand même pas pire là-dessus, O.K.? Puis je n'ai quand
même pas fait de commentaires. Alors, bon, parfait, merci.
Le Président (M. Cousineau) :
Message passé aussi pour vous, M. le député de Drummond. Poursuivez.
M.
Schneeberger :
Bon. Bon, cela étant dit, maintenant, moi, je pense que ce qui doit être fait
doit être fait. Moi, comme je dis
encore, on est contre l'obligation, mais en même temps, actuellement, c'est
comme ça, puis on a quand même des résultats
assez médiocres. Les raisons, je ne les connais pas toutes, mais, au moins,
essayons de faire changer les choses. Et puis, comme, moi, mes
principaux amendements que j'ai, à venir, qu'on n'a pas encore vus
malheureusement, où est-ce que notamment on
peut revoir le système d'ici trois ans, bien, je pense que, si maintenant on
fait fausse route, ça donnera
l'occasion de revoir et de corriger le tir. Mais actuellement c'est comme
dire : Tout est parfait, continuons dans ce sens-là, et puis ça va
s'améliorer par lui-même.
Bon. Moi, je
ne suis pas contre le changement, mais, encore là je me répète, s'il y a des
problématiques au niveau de l'offre
de services, à ce moment-là, là, il va falloir critiquer sévèrement le ministre
pour ses actions pour que, justement... Je le redis encore, les services auxquels auront droit les premiers
demandeurs, parce que, là, on leur demande de faire un cheminement, que ce soit au niveau du travail, au
niveau d'un cours qui mène à un travail ou à un cheminement social, bien,
ces services-là, il va falloir qu'ils soient donnés adéquatement. Merci.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le député de Drummond—Bois-Francs. Alors, je passerai maintenant...
puisque vous aviez levé la main, M. le député de Rimouski, en vous rappelant
que vous avez 3 min 25 s.
M.
LeBel : Moi, je voudrais — merci — juste rappeler encore... je l'ai dit tantôt,
tout ça a commencé quand on s'est dit
qu'il fallait travailler du côté des règlements, parce qu'il pourrait se
cacher, dans les règlements, différentes choses, puis je citais, là, le comité qui parlait, entre autres, dans les
règlements, qui disait qu'on pouvait... de laisser aux règlements le
soin de déterminer c'est quoi, un emploi convenable, les sanctions, tout ça.
Ce que je trouve
intéressant, c'est qu'on n'est pas les seuls à penser ça. Même du côté de la
deuxième opposition, le leader de la
deuxième opposition, le député de Granby, a déposé une pétition récemment qui
s'opposait au projet de loi
n° 70, pétition applaudie par l'ensemble des deux oppositions. Je vais
vous lire la... parce qu'il a déposé cette pétition-là puis il a rencontré ses groupes dans sa région, et
je suis d'accord avec lui, il disait... «De son côté, [le député de Granby]
indique que la CAQ est favorable à l'esprit
de la loi, mais qu'il reste des détails à mettre au clair pour que son parti
vote en faveur, notamment sur la définition du mot
"convenable". "On doit absolument définir ce que veut dire un
emploi ‘convenable' dans ce cas-ci, car ça
me semble flou et ça peut être un point tournant lorsque la loi sera étudiée
article par article, croit-il", ajoutant que ça peut devenir du
"cas par cas" selon la situation de chaque individu.»
C'est très
bon, ce qu'il dit, puis c'est exactement ce que le comité dit, puis c'est
exactement ce qu'il y a dans le règlement,
mais qu'on aimerait discuter dans les règlements, et c'est ce qu'on demande de
faire. C'est ce qu'on veut faire depuis
le début, discuter des règlements. Et, comme l'a dit le comité d'étude, c'est
dans les règlements qu'on va trouver ces
informations-là. Puis on avait une proposition d'amener une discussion sur ces
règlements-là à l'article 37, et, à la dernière minute, le ministre a refusé qu'on le fasse, et c'est pour ça
qu'on est présentement en train de travailler sur des amendements, pour essayer, comme j'expliquais,
d'encadrer ces règlements-là sur certains principes. Dans le fond, on
travaille ensemble.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, M. le député de Rimouski. M. le ministre.
M.
Blais : Donc, encore une fois sur les règlements, puis c'est
important, là, il ne faut pas qu'il y ait de confusion, là, moi, à chaque article, là, j'ai l'intention de
déposer nos intentions réglementaires, parce qu'on sait qu'il y a des éléments
sensibles là-dedans. Il y a même des
éléments de discussion importants pour les parlementaires. Donc, je vais les
déposer.
Ce dont parle
le collègue de Rimouski, s'il y a autre chose, là, c'est une discussion que
l'on a eue, et je pense que j'ai bien fait de maintenir ma position, là,
comme quoi, quand le projet de loi sera adopté, et on est loin de ça pour le moment, parce qu'on ne progresse plus depuis des
heures et des heures, on pourrait aussi revenir éventuellement pour une autre discussion sur les intentions... non
plus sur les intentions, mais les règlements tels qu'arrêtés par le Conseil des
ministres. On est dans tout autre chose,
puis moi, j'étais prêt à ce qu'on ait une discussion là-dessus, mais, bien sûr,
il faut qu'on avance puis il faut qu'on
puisse parler des intentions réglementaires pour commencer à parler... avant de
parler même des règlements qui seraient retenus par le Conseil des
ministres.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le ministre. Il nous reste
encore un petit peu de temps pour... M. le député de Saint-Jean,
1 min 15 s, et M. le député de Rimouski,
1 min 25 s. M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte :
Mais, M. le Président, si le ministre... il a tout le loisir d'accepter de
suspendre l'étude de l'article actuel,
qu'on se rende à l'article 37, qu'on adopte son libellé ou le nôtre sur le...
De toute façon, notre libellé, c'est le même que celui du projet de loi n° 20, donc il a été validé par son
collègue le ministre de la Santé. Et effectivement nous pourrions voir une bonne... une ouverture de la part du
ministre. Le problème, c'est que, jusqu'à maintenant, toutes les fois que le
ministre nous a démontré une certaine
ouverture, il a fermé la porte à double tour dès le lendemain. Donc, moi,
j'attends. On a tendu plusieurs fois
la main, on tente de chercher des voies de passage, mais il faut que ça aille
dans les deux sens, M. le Président.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, M. le député de Saint-Jean. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
M. Blais : M. le Président.
Le Président (M. Cousineau) :
M. le ministre.
M.
Blais : Je pense qu'on vient... Ça doit faire, bon, une bonne
quarantaine d'heures, je pense, qu'on est sur cet article-là, à l'oeil, là. Si j'étais dans une
autre session délibérante qu'ici, je comprends que nos règles sont différentes,
je demanderais le vote, puis ensuite
on passerait à l'autre article, après 40 heures. Semble-t-il que ça ne se
fait pas, selon nos procédures
parlementaires, bien entendu, donc on va attendre que les collègues d'en face
déposent d'autres modifications, là,
et d'autres amendements.
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, vous avez raison, ça ne se
fait pas. Il faut permettre aux députés d'écouler leur temps, s'ils le
veulent bien. M. le député de Rimouski, j'imagine que vous voulez prendre la
dernière minute 25 secondes qu'il vous reste?
M.
LeBel : Je vais la prendre, juste pour rappeler... puis, tantôt,
j'aurai peut-être le temps de revenir, mais le projet de loi, il est basé sur un postulat qu'on essaie
de passer rapidement, c'est qu'il n'y aura pas de chèque si tu n'as pas
d'effort, que la majorité des gens ne
s'aident pas à l'aide sociale, puis qu'il faut les obliger à s'aider, sinon ils
ne s'aideront pas. On part de ça puis on travaille tout le reste.
Moi, je pose
la question depuis tantôt : Est-ce que le ministère peut livrer à des
personnes qui veulent participer à une démarche? Et je n'ai pas ce qu'il
faut comme information, et c'était...
Le Président (M. Cousineau) :
En conclusion.
M.
LeBel : On pourra revenir plus tard, mais, pour moi, ça serait
important pour savoir, le primodemandeur, quelle sorte de portrait il
peut avoir, mais j'aimerais ça savoir comment il est accueilli puis est-ce
qu'il est bien accueilli.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci. Alors, c'est tout le temps que nous avions. Pour demander le vote, M. le
ministre, pour votre information, c'est sur les motions préliminaires, au
départ, pour passer à l'article 1. Alors, lorsqu'il y a une quinzaine de motions préliminaires, bien là, vous
pouvez demander le vote pour passer à l'article 1, mais pas sur
les... lorsqu'on étudie les articles. Vous vouliez réagir, M. le ministre?
M.
Blais : L'idée de dire : Ça repose sur le postulat que les gens
veulent ou ne veulent pas, très souvent les gens ne le savent même pas, hein? Les gens sont pris dans leur situation, ils
ont hérité d'un milieu familial difficile, ils ont hérité d'une situation difficile. Très souvent, ils ne
savent même pas. Et, encore une fois, quand on parle... On a rencontré beaucoup
d'organismes communautaires, disons, qui
résistaient beaucoup à la première version, là, du projet de loi, mais ils nous
disaient toujours la
même chose, toujours : Quand on les rencontre, on les accroche.
Malheureusement, hein, c'est notre diagnostic, ils ne les rencontrent
pas suffisamment, parce que...
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le ministre. Alors, ça
termine le temps que nous avions sur l'amendement qui se lit comme
suit :
«Le ministre
s'engage à tenir une double étude qualitative indépendante sur une période d'un
an pour déterminer les besoins
d'accompagnement des personnes visées par le présent article. Cette double
étude est préalable à l'application des dispositions du présent chapitre
et à la modulation des mesures offertes.»
Alors, est-ce que cet amendement est adopté? M.
le député de Saint-Jean.
• (12 h 30) •
M.
Turcotte :
J'aimerais procéder au vote par appel nominal, s'il vous plaît.
Le
Président (M. Cousineau) : D'accord. Mme la secrétaire,
appel... par vote nominal sur la motion... sur l'amendement.
La Secrétaire : M. Turcotte
(Saint-Jean)?
M.
Turcotte : Pour.
La Secrétaire : M. LeBel
(Rimouski)?
M. LeBel : Pour.
La Secrétaire : M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs)?
M.
Schneeberger :
Contre.
La Secrétaire : M. Blais
(Charlesbourg)?
M. Blais : Contre.
La Secrétaire : Mme Sauvé
(Fabre)?
Mme Sauvé : Contre.
La Secrétaire : Mme Simard
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Simard : Contre.
La Secrétaire : M. Drolet
(Jean-Lesage)?
M. Drolet : Contre.
La Secrétaire : M. Polo
(Laval-des-Rapides)?
M. Polo : Contre.
La Secrétaire : M. Cousineau
(Bertrand)?
Le Président (M. Cousineau) :
Je m'abstiens.
La Secrétaire : C'est rejeté.
Le
Président (M. Cousineau) : Donc, l'amendement de M. le député
de Saint-Jean est rejeté. Je reviens donc à l'article de départ, qui est le 83.1. Je vous donne le temps restant
pour l'article 83.1. M. le député de Saint-Jean, il vous reste 1 min 10 s, M. le député de
Drummond—Bois-Francs,
14 min 45 s, Mme la députée de Gouin, 19 min 5 s,
et M. le député de Rimouski, 20 minutes. Alors, un intervenant,
s'il vous plaît, sur 83.1. M. le député de Rimouski.
M. LeBel : Je déposerais un
amendement, s'il vous plaît.
Le Président (M. Cousineau) :
Bien sûr.
M. LeBel : Ajouter, après le premier
alinéa, l'alinéa suivant :
«Le ministre
s'engage à rendre publiques les analyses d'impact effectuées, avant que n'entre
en vigueur le programme Objectif emploi.»
Le
Président (M. Cousineau) : Merci. Alors, je vais suspendre
quelques instants, le temps de faire des copies pour l'amendement de M.
le député de Rimouski.
(Suspension de la séance à 12 h 32)
(Reprise à 12 h 41)
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, s'il vous plaît! Oui. Nous reprenons nos travaux. Nous avons un amendement à l'article 83.1 qui est
déposé par M. le député de Rimouski : Ajouter, après le premier alinéa,
l'alinéa suivant :
«Le ministre
s'engage à rendre publiques les analyses d'impact effectuées, avant que n'entre
en vigueur le programme Objectif emploi.»
Donc, voici. C'est notre 26e amendement
d'affilée. M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Merci, M. le Président. Dans la loi pour lutter contre la pauvreté, un
gain majeur qui avait été gagné par...
je le dis, qui avait été gagné par les citoyens, là, la mobilisation citoyenne, c'était d'intégrer dans la loi ce qu'on
appelait, à l'époque, là, puis ça s'appelle
encore comme ça, je pense, la clause d'impact, ce qui demande ou qui
ordonne au ministre...
qui lui donne le mandat, au ministre, de s'assurer auprès de tous ses collègues
qu'à chaque fois qu'il y a un projet
de loi qui est déposé à l'Assemblée nationale ou qu'il
y a un mémoire de déposé au Conseil des ministres, que chaque loi, qu'on l'analyse avec la
lunette de la lutte à la pauvreté, voir l'impact que ça peut avoir sur la
pauvreté. Ça peut être différentes lois sur l'ensemble
de l'action gouvernementale, là. Ça peut être quand on décide de changer
la loi sur les commissions scolaires, de changer la loi sur... les lois en environnement, des lois au niveau du
développement local, développement
régional, au niveau culturel aussi, différentes lois. Depuis la loi pour lutter
contre la pauvreté, les gouvernements sont obligés, à chaque fois qu'un
ministre dépose son mémoire, là... Puis, je me souviens, il y a toujours, dans le mémoire, tu vois, à la fin du
mémoire, là, la clause d'impact. C'est-à-dire que le ministre de la Solidarité
sociale doit étamper, tu sais, montrer que
son équipe, là, au ministère, a étudié le projet de loi de son collègue et a
évalué si ça a des impacts sur la
lutte à la pauvreté. Je répète, là, c'était un gain majeur, là, dans la
mobilisation citoyenne, cette fameuse clause d'impact.
Depuis ce
temps-là, je peux vous dire, plusieurs autres clauses d'impact se sont
rajoutées, ça fait qu'à un moment donné
je ne sais plus trop comment c'est suivi, tout ça, mais ça reste important. Et
j'imagine que le ministre, pour sa propre loi, qui travaille auprès d'une clientèle qui vit la pauvreté...
j'imagine que cette analyse-là a été faite, qu'il a lui-même déposé son mémoire au Conseil des ministres ou
déposé son analyse sur l'impact sur la pauvreté, puis qu'il a respecté lui-même
sa propre loi. Ça fait que je pense que cette analyse-là existe.
Habituellement, les ministres ne la rendent pas publique, là, ce qui est déposé au Conseil des ministres. Mais, dans le
cas qui nous occupe actuellement, c'est tellement important pour la suite des choses — puis on travaille auprès de la clientèle
directement touchée par la pauvreté — je pense
que le ministre pourrait nous déposer certaines analyses sur l'impact sur la pauvreté, des analyses qui ont certainement été faites par son ministère,
et c'est ce qu'on propose par cet amendement-là.
M. Blais : M. le Président.
Le Président (M. Cousineau) :
Oui, M. le ministre.
M.
Blais : Donc, on a regardé
ça, ça a pris un petit peu de temps parce
que, bon, il y a un problème avec la formulation,
mais il y a aussi un problème avec l'endroit où on veut situer cet
amendement-là.
Tout d'abord,
sur la clause d'impact, là, le collègue de Rimouski a raison, c'est une clause,
là, qui fait partie de la Loi visant
à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale, ça touche tous les
ministères lorsqu'il y a un impact possible sur les revenus des gens.
Alors, bien sûr, dans le cas de cette loi-là, c'est encore plus prégnant, là.
Il a dit
aussi : On n'est pas obligé de la rendre publique. On va le faire. C'est-à-dire que, depuis un événement
malheureux, là, qui est arrivé à la députée de Taschereau lorsqu'elle était
ministre à l'Emploi et Solidarité sociale, au ministère, on a décidé — c'est
une décision du ministère — de rendre publiques, quand on modifie la loi, de rendre publiques
les analyses d'impact. On le fait maintenant
systématiquement et on va le faire pour ce projet de loi là. Donc, vous avez
mon engagement, vous avez mon engagement là-dessus.
Cependant, on ne peut pas faire ça avec la loi,
il faut le faire surtout avec les règlements, parce que c'est les règlements qui nous disent exactement, bon,
quelles sont les bonifications qu'on retrouve, la valeur de ces
bonifications-là. Bon. Il y a
17 000 personnes qui pourraient avoir des bonifications, donc, qui
sont non négligeables, là, à l'aide sociale, donc est-ce qu'il y a des
pénalités, quelles sont les pénalités, etc., tous les règlements vont attester
de ça.
C'est la
clause... pardon, l'analyse d'impact va accompagner le dépôt des règlements par
le Conseil des ministres, on ne peut pas faire autrement pour des
raisons, je pense, qui sont évidentes.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci.
M. Blais : Pardon?
Le Président (M. Cousineau) :
Je croyais que vous aviez terminé.
M. Blais : Maintenant,
pour la proposition d'amendement, je vais voter contre tout simplement parce
que ce que recherchent les
collègues — puis je
suis d'accord avec ce qu'ils recherchent, là — ça doit être une disposition qui est dans les clauses transitoires du projet de
loi. Je l'ai déjà dit, je suis pour le principe, on va le faire. S'ils veulent
une garantie supplémentaire, je suis prêt à le mettre dans les clauses
transitoires aussi pour être certain, là, que ce sera fait, si mon engagement
n'est pas suffisant. Mais, encore une fois, ici, ça n'a pas de sens de mettre
ça dans cet article-là qui définit
l'objectif du projet de loi, ce n'est pas le bon endroit pour mettre ça, c'est
vraiment dans les clauses transitoires. Voilà.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Bien, je pense que mon collègue de Saint-Jean pourra proposer
une façon de procéder, mais moi, je veux seulement dire que ce qui est
important, c'est de connaître ces analyses-là ou l'impact avant... Parce que
j'ai cru comprendre que le ministre
dit : On va adopter la loi puis, quand le Conseil des ministres va décider
des règlements, bien là, on pourra
déposer la clause d'impact. Mais il va être tard un peu, mettons. C'est parce
qu'on aurait aimé pouvoir dans... Si
on veut prendre connaissance des analyses, c'est un peu pour nous aider à
poursuivre notre étude sur ce projet de loi là. C'est nous donner un peu
certains éclairages. Là, vous me dites : Adoptons tout, adoptons les règlements,
après ça je vais vous déposer les analyses. C'est un peu
particulier, là, mais, en tout cas, on pourra voir comment on peut le faire,
là...
M. Blais :
M. le Président.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le ministre.
M.
Blais : Je pense qu'en termes de transparence ce n'est pas
particulier, c'est beaucoup, là... Je pense que c'est vraiment, là : on va tout mettre à ce
moment-là. Mais, il y a une séquence, bien sûr, il faut que le projet de loi
soit adopté, il faut qu'on en connaisse
les règlements. Ces règlements-là vont définir ensuite les impacts. On ne peut
pas faire les choses à l'envers.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Le ministre pourra me corriger, là, mais il me semble que
la... Quand je parlais des clauses d'impact prévues par la loi pour lutter contre la pauvreté, les clauses d'impact,
les analyses sont faites avant l'adoption des projets de loi. Quand ça arrive au mémoire au Conseil des
ministres, il y a déjà un... avant que le ministre décide de mettre son projet de loi à l'étude par le législatif, il est
déposé au Conseil des ministres, puis la clause d'impact doit être associée
au mémoire.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le ministre.
M. Blais :
Je demanderai peut-être à la sous-ministre...
Le Président (M.
Cousineau) : Oui. Mme la sous-ministre, Mme Maltais.
M. Blais :
...pour expliquer comment ça fonctionne, là, à quel moment ils sont déposés,
là.
Le Président (M.
Cousineau) : Mme Maltais, Mme la sous-ministre.
• (12 h 50) •
Mme
Maltais (Chantal) : Oui. Alors, comme vous le dites très bien, il y a
eu une analyse d'impact qui a été faite dans le cadre du dépôt du projet de loi au Conseil des ministres. Alors,
ce qui est fait au ministère, c'est
qu'on diffuse... on rend publiques
nos analyses d'impact lorsqu'on diffuse... on prépublie le règlement.
Parce que, présentement, comme c'est
une loi habilitante, il n'y a pas suffisamment d'information encore, parce
que ça peut encore évoluer, pour
pouvoir faire une analyse précise de l'impact. Alors, c'est comme ça
qu'on fonctionne.
Le Président (M.
Cousineau) : Merci, Mme la sous-ministre. M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Mais je comprends qu'il y a
déjà des analyses de faites. Déjà, à
partir de ce que vous avez proposé
au Conseil des ministres, dans le projet qui a été déposé par... probablement par le député de Louis-Hébert à l'époque, là, mais, dans son mémoire au Conseil
des ministres, il y avait
une clause d'impact. Déjà, vous aviez analysé l'impact. Je comprends que la meilleure façon d'analyser
l'impact, c'est quand on arrive au bout de la ligne, puis tout ça, mais... Tu
sais, à partir de tous les amendements puis les bons amendements que l'opposition va proposer, ça peut améliorer certaines affaires, probablement, mais déjà, au tout départ, quand vous avez déposé le projet,
il y avait... Avec ce que vous proposez dans votre projet de loi, il y avait
déjà une analyse de l'impact. Ça, ça existait déjà. Ça fait que ça, c'est là, ça existe. Moi, c'est
ce genre d'analyse là qui pourrait nous être utile, c'est certain, pour
continuer à travailler et à améliorer le projet de loi.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le ministre ou Mme la sous-ministre? M. le
ministre.
M.
Blais : Non. Je parlais avec
la... Moi, j'étais... Moi, je parlais avec la sous-ministre pour comprendre exactement qu'est-ce qui a été déposé, mais
ce n'est pas du tout la même chose que l'analyse d'impact avec les chiffres,
là, c'est un peu des éléments un petit peu plus qualitatifs,
là, qui ne donnent pas vraiment de précision, là. Il était trop tôt à l'époque
pour avoir le type de précision, je pense, qui intéresse le collègue de
Rimouski.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député de Rimouski. Est-ce que...
M. LeBel :
Bien, je suis un peu... pas déçu, je ne sais pas comment je peux dire ça, mais
c'est certain que...
Une voix :
...
M.
LeBel : Un peu désappointé, mettons. Il me semble qu'un projet de loi
aussi important, qui change les réalités de personnes qui sont vulnérables, des gens qui vivent des situations
difficiles, je ne sais pas, j'ai l'impression... Je suis assez certain, là, pour connaître un peu ce
ministère-là, comme j'explique, j'ai déjà été chef de cabinet à ce
ministère-là, il y a déjà beaucoup
d'années, mais je suis certain que c'est tout du monde qui connaissent les
situations. Je suis certain que
l'impact puis... l'analyse a été bien faite, là, puis qu'il y a des
informations pertinentes là-dedans. En tout cas, ce projet de loi là n'a
pas été fait sur un coin de table, là, il y a eu des analyses de faites sur
chacun des points. Si on est arrivé à proposer ça, c'est qu'on a analysé
l'impact, je suis certain de mon coup.
On aurait peut-être
une proposition à vous faire, là, pour l'amendement, suite à ce que le ministre
nous a dit.
M.
Blais : Mais, si le ministre veut réagir à ce que vous dites, là...
D'accord, mais, avant de faire votre proposition, je dois voir s'il y a d'autres députés, là, soit
de la deuxième opposition, la députée indépendante, qui veulent prendre la
parole avant que vous fassiez votre proposition. Mme la députée de Gouin.
Mme David
(Gouin) : Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Cousineau) : J'applique le principe d'alternance, vous
comprendrez.
Mme David
(Gouin) : Ça va?
Le Président (M.
Cousineau) : Allez-y, madame.
Mme
David (Gouin) : O.K. Juste, en fait, quelques instants, de toute façon
c'est un peu ce qui reste, pour dire que je soutiens l'amendement, et je
le soutiens parce que — bien,
en fait, ça me paraît tellement évident, quelque part — on a
besoin de savoir sur quelles analyses d'impact précises se fonde l'opinion du
ministre et du ministère à l'effet qu'il
faut vraiment introduire le concept de sanction pour... en fait, qui est quand
même l'un des aspects les plus importants, je reconnais que ça n'est pas le seul, du programme Objectif emploi.
C'est important d'analyser ça et peut-être justement d'aller voir ce qui
se dit sur ce qui a pu se passer ailleurs.
Par
exemple, pour des gens, des jeunes — c'est une question que je pose, je n'ai pas
la réponse — est-ce
que les sanctions, plutôt que d'avoir
un effet ou... enfin, la perspective de sanctions, plutôt que d'avoir un effet
positif, c'est-à-dire amener des
jeunes à se dire : Bon, au fond, il vaudrait peut-être mieux que je
participe... Puis je comprends l'idée : une fois rendus là, ils vont trouver ça tellement
intéressant qu'ils vont rester de toute façon. Mais est-ce que ça pourrait
avoir, au contraire, comme effet de
les dissuader, d'avoir le sentiment qu'on veut les embarquer dans quelque chose
qu'ils ne veulent pas, puis donc de
les rendre encore plus négatifs face à l'idée des programmes? Est-ce qu'il y a
eu une réflexion là-dessus? Est-ce
qu'il y a eu une réflexion sur les jeunes, qui sont très nombreux, là...
d'après les chiffres qu'on a eus tout à l'heure, quand même qui sont pas mal nombreux à quitter, de toute façon, l'aide
sociale, là? En moins d'un an, c'est presque la moitié. Ils quittent en
moins d'un an.
Si au départ ils
avaient été obligés, sous peine de sanctions, de suivre un programme, est-ce
que ça les aurait davantage motivés ou si,
au contraire, ils se seraient sentis comme un peu... je vais un peu
caricaturer, je mets donc tous les guillemets
nécessaires, mais pris en otages d'un système qui ne se fie pas... qui ne tient
pas compte de leur propre expérience et
de leur propre expertise à se sortir eux-mêmes d'une situation? Parce qu'on
voit qu'ils s'en sortent, il y a presque un jeune sur deux, là, qui
quitte avant un an.
C'est
un peu comme si on avait fait une partie de réflexion. Je comprends qu'il y a
des études qui ont été utilisées, je comprends qu'il y a l'exemple des
pays scandinaves, des Pays-Bas. Mais je ne suis pas certaine qu'on a fait ici,
au Québec, des analyses d'impact réel qui
pourraient nous éclairer dans la poursuite des discussions. C'est ce que
j'avais à dire, M. le Président, pour l'instant.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, Mme la députée de Gouin. M.
le ministre, voulez-vous réagir? Ça va aller? Bon, M. le député de
Saint-Jean, vous aviez demandé la parole?
M.
Turcotte :
...intervenir.
Le Président (M.
Cousineau) : Allez-y, M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte : Bien, notre
amendement... bien, l'amendement de mon collègue le député de Rimouski, au
fond, reprend un sujet que nous avons
abordé à toutes les étapes du projet de loi et à plusieurs occasions :
l'absence d'études d'impact ou, du moins, la publication des études
d'impact.
Dans
son mémoire, le Syndicat de la fonction publique du Québec mentionne qu'ils ont
présenté une demande au ministère
visant l'accès à toutes les études d'impact, analyses ou projections des
retombées économiques et/ou sociales réalisées
dans le cadre du projet de loi n° 70, en lien avec tous les aspects du
projet de loi, donc, abolition d'Emploi-Québec, entre autres, modifications à la loi favorisant le développement des
reconnaissances des compétences de la main-d'oeuvre, la création du programme Objectif emploi. On a eu
cette discussion-là dans la première partie du projet de loi. Et le ministre
a déposé un de ces éléments, donc un de ces documents en question.
Le syndicat a
eu comme réponse du ministère qu'il y en a 39, documents, répondant à cette
demande, mais que le ministère a
refusé l'accès pour 38 d'entre eux. Bien, le seul document qui a été envoyé au
syndicat, bien, on a eu la chance, nous,
de l'avoir aussi en commission parlementaire, et il est déposé ici, en
commission. Donc, vous comprendrez, M. le Président, que ce n'est pas tout à fait sérieux. Donc, comme il y a des
documents qui existent... Il y en a 39, documents, qui répondent à cette demande. C'est sûr que, là,
nous sommes dans le programme Objectif emploi, ça fait que c'est plus ceux-là qui nous interpellent, mais, si le
ministre veut les rendre publics, l'ensemble, il n'y a pas de problème, nous allons
les accueillir à bras ouverts.
Cependant, si
le ministre veut réellement... est d'accord avec le fond de notre amendement,
nous pouvons suspendre l'article
étudié actuellement, aller l'adopter à l'endroit qu'il propose et revenir,
comme nous l'avons fait dans la première partie du projet de loi, et que ça a fonctionné d'une façon
intéressante. Nous avons quand même avancé. Moi, je crois que le ministre gagnerait davantage à adopter
quelques éléments du projet de loi, s'il veut tant que ça que son projet de loi
soit adopté avant la fin de la session.
Le
Président (M. Cousineau) : D'accord. Alors, ce que je
comprends, là, c'est que l'amendement, c'est-à-dire... oui,
l'amendement, vous êtes prêts à le retirer... Non, ce n'est pas ça que...
M.
Turcotte : Bien, si
le ministre...
Le Président (M. Cousineau) :
Le reporter plus tard ou...
M.
Turcotte :
Non, mais, si on adopte le fond de notre amendement à l'endroit prescrit, nous
reviendrons... nous allons le retirer, sans problème. On l'a fait, ça,
depuis le début, ça a toujours bien fonctionné.
Le Président (M. Cousineau) :
D'accord. Mais, pour l'instant...
M.
Turcotte :
Ça fait deux fois, là, que ça bloque, là, sur les règlements puis sur ça. Je
trouve ça dommage parce qu'on pourrait progresser, mais, bon...
Le Président (M. Cousineau) :
Donc, vous voulez suspendre l'amendement présentement?
M.
Turcotte : Nous
suivons le rythme du ministre.
Le
Président (M. Cousineau) : D'accord. Alors, il y a consentement
pour qu'on suspende l'amendement déposé?
M.
Turcotte : On ne le
suspend pas pantoute... Ah! le ministre ne veut pas suspendre.
Le Président (M. Cousineau) :
Non, mais je parle de l'amendement, moi ici, là, l'amendement qui est sur...
M.
Turcotte : On ne
suspend pas l'amendement. Le ministre ne veut pas aller l'adopter au bon endroit.
Le Président (M. Cousineau) :
Bien, moi, compte tenu de l'heure, là, j'ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 heures)