(Dix heures trois minutes)
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, merci. Bonjour à tous et à toutes. M. le ministre, les parlementaires. Alors, étant
donné qu'il est 10 h 3, ça va me prendre un consentement.
Parce que l'ordre de la Chambre, c'est de 10 heures à midi, donc, ça va me prendre un consentement pour
se rendre à 12 h 3. Alors, est-ce qu'il y a consentement?
Consentement. Parfait. À l'ordre du
jour, s'il vous plaît, je déclare la séance de la Commission de l'économie et
du travail ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de
bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
La commission
est réunie afin de procéder à l'interpellation du député de Saint-Jean au
ministre de l'Emploi et de la
Solidarité sociale sur le sujet suivant : Fermeture des carrefours jeunesse-emploi :
l'abandon des jeunes par le gouvernement libéral sans vision.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Auger (Champlain) est remplacé par Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré); M. Therrien (Sanguinet) est remplacé par M. Turcotte (Saint-Jean);
et M. Lamontagne (Johnson), par M. Surprenant (Groulx).
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, Mme la secrétaire. Je vous rappelle brièvement le déroulement de
l'interpellation.
Dans un premier
temps, le député de Saint-Jean aura un temps de parole de 10 minutes, suivi
du ministre pour 10 minutes. Par
la suite, des périodes de cinq minutes seront allouées selon la séquence
suivante : d'abord, un député de l'opposition officielle, ensuite M.
le ministre, puis un député du groupe formant le gouvernement, et ainsi de
suite. Je comprends qu'il y a une entente à l'effet que la deuxième opposition
interviendra lors de la troisième et de la sixième intervention. Ça va? 20 minutes avant midi, ou 12 h 3
dans notre cas ici, j'accorderai 10 minutes de conclusion au ministre
et un temps de réplique égal au député de Saint-Jean.
Enfin, je vous rappelle que le débat ne peut, à moins de consentement,
dépasser midi, mais on a eu un consentement pour 12 h 15.
Alors, M. le député de Saint-Jean, vous avez la
parole pour les 10 premières minutes.
Exposé du sujet
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte : Merci
beaucoup, M. le Président. Suite à l'annonce, à la confirmation, par le
ministre, de la modification de la mission
des carrefours jeunesse-emploi au Québec, je tenais à tenir cette interpellation
pour avoir plus d'éclaircissements,
avoir aussi l'occasion de présenter au ministre l'apport des carrefours jeunesse-emploi au Québec.
Avant d'aller
plus loin, M. le Président, j'aimerais saluer la vingtaine de jeunes qui sont
de partout de la Capitale-Nationale,
qui sont avec nous aujourd'hui, des jeunes qui ont eu et qui ont des services
des carrefours jeunesse-emploi
et qui, avec la réforme proposée, n'auraient
plus droit à ces services de leurs carrefours
jeunesse-emploi. Des jeunes qui se
cherchent un emploi parce qu'ils ont en ce moment un emploi précaire et qu'ils
veulent avoir un meilleur emploi ne pourraient
plus avoir accès aux carrefours jeunesse-emploi. Des jeunes qui leurs parents gagnent un peu trop
d'argent n'ont pas droit à l'aide
sociale, ces jeunes-là n'auraient plus droit d'avoir d'aide des carrefours jeunesse-emploi. Des jeunes de 16, 17 ans qui n'auraient plus droit non plus parce qu'ils ne sont
pas dans la bracket qu'on leur dit, les 18-35 ans, donc, ils n'auraient
plus droit, eux non plus, à l'aide des carrefours jeunesse-emploi.
Donc, à
40 000 jeunes au Québec on leur dit : À partir du 1er avril 2015,
vous n'aurez plus droit aux services du carrefour jeunesse-emploi. D'où
vient ce 40 000 là, ce 40 000 jeunes là, M. le Président? Bien, c'est
mathématique. Il y a
60 000 jeunes qui sont aidés, à l'heure actuelle, par année par nos carrefours jeunesse-emploi au Québec. Sur le 60 000, 40 000 sont des moins de 18 ans, tous les
jeunes que je vous ai parlé tantôt, là, qui ne sont pas à l'aide sociale, qui
ne sont pas à l'assurance-emploi ou
qui ont un emploi mais qui veulent avoir un meilleur emploi, ou des jeunes qui
ont besoin de services d'orientation, de l'accompagnement pour
l'employabilité ou l'entrepreneuriat. Donc, 40 000 jeunes sur 60 000 jeunes qui seront mis de côté. Moi, je
comprends la volonté du ministre et du gouvernement de réduire le nombre de jeunes à l'aide sociale au Québec. Je crois que
c'est un combat que tout le monde au
Québec partage, est d'accord. Les
carrefours jeunesse-emploi au Québec font déjà ce travail-là et ils sont prêts
à le faire encore plus. Ce que je demande au ministre, au fond, aujourd'hui, c'est de s'asseoir de nouveau avec
les carrefours jeunesse-emploi et d'échanger avec eux sur comment on
peut faire pour aider davantage de jeunes au Québec, pas comment aider certains
jeunes.
Moi, je crois qu'il faut donner une chance à
tous nos jeunes, tous les jeunes du Québec sont importants. J'ai d'ailleurs
quelques témoignages, quelques jeunes qui ont tenu à s'exprimer. Je vais citer
un témoignage :
«Je m'appelle
David Bourgelas, j'ai 22 ans et je fréquente le CJE depuis près de trois ans,
trois ans de support constant, d'aide
apportée dans toutes mes démarches personnelles et professionnelles. C'est la
chance d'avoir une équipe énergique et rassurante
qui nous apporte aide, confiance, sécurité et bien sûr une oreille toujours
prête à écouter et conseiller celui ou celle
qui en ressentent le besoin. La première année a été une période très difficile
pour moi, soit l'enfer de la drogue
et du crime. J'étais perdu et, sans la moindre lueur d'espoir, j'ai commencé à me confier à Patrick, le
responsable des Jeunes en action.
Sans que je m'en doute, j'ai bâti une relation de confiance et de respect avec
Patrick. Il est devenu pour moi un exemple à suivre, un repère et un
soutien dans la noirceur qu'était ma vie. La deuxième année a été très
mouvementée pour moi. Ma vie n'avait plus de sens, j'avais le goût de mourir et
de tout abandonner.
• (10 h 10) •
«Avant de
commettre l'irréparable, je suis venu voir Patrick en lançant un cri de
détresse et de désespoir. C'est à cet
instant que j'ai connu toute l'équipe. Un après l'autre, ils sont venus me
parler, m'encourager, m'apporter le soutien pour avoir le courage de m'inscrire en thérapie. Sans aucun doute, ils
ont été avec moi tout au long de ma thérapie. Après, j'ai été incarcéré pour des crimes commis dans le
passé, et, une fois de plus, ils étaient derrière moi. J'ai été libéré au
mois de mai 2014. Et, depuis ce temps, nous travaillons tous ensemble
pour ma réussite.
«Aujourd'hui, je travaille, je n'ai plus de problèmes avec la justice, je vis dans
la légalité. Je suis heureux et j'ai confiance en moi. Quand je regarde
tout le cheminement que j'ai fait, les changements que j'ai apportés à ma vie,
les épreuves que j'ai surmontées, je vois
toute l'équipe du carrefour
jeunesse-emploi, qui m'a aidé sans me
laisser tomber et qui n'a jamais
cessé de croire en moi. Sans leur travail acharné et leurs efforts tout au long
de ces trois années, je ne serais
plus de ce monde, ou j'y serais encore, mais je ne serais pas l'homme que je
suis devenu. J'aurais pu encore, sur plusieurs pages, vous témoigner de tout ce que m'ont
apporté... aux jeunes de Montmagny et à moi-même. Moi, je crois que je
n'ai pas besoin d'en dire davantage, puisque les faits parlent d'eux-mêmes, et
je vous rappelle que le carrefour jeunesse-emploi est bien plus qu'un
organisme, il m'a sauvé.»
M. le Président, c'est un témoignage d'un jeune. C'est pour ce David-là qu'on doit se
battre. C'est pour ce David-là et
l'Anthony que la collègue du ministre de l'Emploi et Solidarité, la ministre de la Justice, a témoigné il y a de ça quelques années ici même, à l'Assemblée nationale. C'est
pour tous ces Anthony, c'est pour tous ces David, c'est pour tous ces jeunes-là qui sont ici aujourd'hui dans les tribunes, ici, à l'Assemblée
nationale, mais aussi tous les jeunes
qu'on peut aider partout au Québec,
c'est pour ces jeunes-là que les carrefours
jeunesse-emploi existent, avec leur
originalité, leurs particularités,
leurs couleurs locales. C'est plus de 100 000 carrefours... pas 100 000, 100 carrefours jeunesse-emploi
partout au Québec qui aident des
milliers de jeunes au quotidien en fonction de leurs problématiques et non pas
en fonction de «est-ce qu'ils ont un chèque ou pas».
C'est pour
ces jeunes-là qu'on doit se battre. C'est pour ces jeunes-là que l'ancien
premier ministre du Québec, le premier ministre Jean Charest, se disait
fan numéro un des carrefours jeunesse-emploi. Il aurait aimé que ça soit le Parti libéral du Québec qui ait l'idée de mettre
en place les carrefours jeunesse-emploi. Ironie du sort, c'est le Parti libéral
du Québec qui décide... qui propose, du
moins, de changer la mission de ces carrefours jeunesse-emploi là qui démontre la réussite des carrefours, parce que des milliers
de jeunes se trouvent un emploi, reprennent le goût à la vie, s'intègrent
dans notre société. J'invite d'ailleurs le
ministre à visiter des carrefours jeunesse-emploi, à aller voir les jeunes qui
sont dans ces carrefours, d'aller
rencontrer les intervenantes, les intervenants, les gens des équipes terrain,
les équipes terrain des carrefours
jeunesse-emploi, qui font un travail extraordinaire au quotidien. J'ai eu
l'occasion de visiter, la chance de visiter le Carrefour jeunesse-emploi
de Charlesbourg-Chauveau, qui est le carrefour jeunesse-emploi du comté, de la circonscription du ministre. J'ai vu des jeunes là
avec des brillants dans les yeux, des étincelles, des jeunes qui, grâce à leur
carrefour jeunesse-emploi, ont pu avoir le
courage et la volonté de se lever chaque matin pour participer, pour construire
avec nous dans la société du Québec. C'est pour ces jeunes-là qu'il faut se
battre.
M. le
Président, le ministre est le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
Il est le ministre responsable de faire
en sorte qu'il y ait moins de pauvreté, qu'il y ait moins d'exclusion au
Québec. Ce n'est pas n'importe quel ministre, c'est le ministre, selon moi, le plus important du gouvernement. C'est
le ministre qui s'occupe de la dignité de nos jeunes, la dignité de nos
Québécoises et de nos Québécois. M. le Président, j'invite sérieusement,
sérieusement le ministre à prendre le temps
de visiter des carrefours jeunesse-emploi, de rencontrer les jeunes qui ont été
aidés et qui sont aidés par leur
carrefour jeunesse-emploi, pour comprendre le changement catastrophique qu'il
est en train de faire pour ces jeunes-là. Ce n'est pas ses fonctionnaires, ce n'est pas les gens du ministère qui
ont la décision à prendre, c'est lui. Il est le ministre, il est le ministre de l'Emploi et de la Solidarité
sociale, le ministre responsable des carrefours jeunesse-emploi. C'est sur
ses épaules que cette décision-là est, à l'heure actuelle.
M. le
Président, j'invite le ministre à bien écouter les témoignages, les commentaires
qui seront faits durant cette interpellation-là et je l'invite par la
suite à prendre un temps de réflexion pour aider nos jeunes et à prendre la
bonne décision pour l'ensemble de nos jeunes du Québec. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, merci, M. le député de
Saint-Jean. Alors, M. le ministre, à vous pour les 10 prochaines
minutes.
Réponse du ministre
M. François Blais
M.
Blais : Alors, merci beaucoup, M. le Président. C'est une première
expérience pour moi, alors je vais essayer d'être à la hauteur à la fois
de ma fonction et du sujet que l'on aborde aujourd'hui.
D'abord, je
veux remercier le député de Saint-Jean pour cette interpellation, parce que, il
a raison, c'est un sujet quand même
assez important. On parle des carrefours jeunesse-emploi, mais, à travers les
carrefours jeunesse-emploi, on parle aussi de la
jeunesse. Je le remercie aussi, parce que, disons, dans la chaleur de la période
des questions, on n'a pas toujours
l'occasion, la possibilité d'élaborer sur des sujets un peu plus complexes,
alors qu'en interpellation, bien sûr, on a du temps, avec mes collègues — je
remercie d'ailleurs mes collègues d'être présents ici, et les collègues
de l'opposition, d'être présents, là, pour cette interpellation — donc,
d'aller plus loin, d'aller vers une meilleure compréhension des enjeux. Et finalement je le remercie parce que ça m'a obligé, moi
aussi, de mon côté, à faire une partie de
ce qu'il me demande, c'est-à-dire de réfléchir, d'aller plus loin dans ma
réflexion, et, dans ce cas-ci, ça m'a amené à renforcer, disons, ma conviction, là, par rapport à la proposition que nous faisons, là, en ce
moment, là, aux carrefours jeunesse-emploi.
Donc, je
trouve que déjà, dans la discussion, on a fait un bout de chemin assez
important, hein, parce que le titre de cette
interpellation, c'est bien : Fermeture des carrefours jeunesse-emploi.
Excusez-moi si j'utilise parfois
«centre jeunesse». C'est parce que j'ai été huit ans sur un conseil
d'administration d'un centre jeunesse. Alors, je vais peut-être, parfois,
trébucher, mais on parlera aujourd'hui, bien sûr, des carrefours
jeunesse-emploi.
Donc, le titre de l'interpellation, c'est :
Fermeture, et, je pense, et j'ai bien écouté mon collègue le député de Saint-Jean,
là, qu'on s'entend là-dessus, il n'est pas question ici de fermer quelques carrefours
jeunesse-emploi, il est question, et je
pense qu'il a bien formulé le
problème, et c'est à nous d'y répondre maintenant, il est question de savoir si on peut, si on doit, s'ils méritent d'avoir une priorisation au niveau de leurs actions. Alors, l'expression «priorisation», ce n'est pas un synonyme de l'expression
«exclusion». Donc, si le gouvernement décide de faire en sorte que les carrefours jeunesse-emploi se tournent davantage,
en priorité, vers des jeunes qui sont plus éloignés du marché du travail, et là-dessus je pense aussi qu'on s'entend, c'est-à-dire qu'on voit bien qu'il y a aussi une urgence d'agir chez ces jeunes, ça ne
signifie pas aucunement que les carrefours jeunesse-emploi doivent
fermer leurs portes à d'autres jeunes.
À vrai dire,
il faut rappeler que les carrefours
jeunesse-emploi ne sont pas des
entités du gouvernement du Québec, ce
sont des partenaires. Nous travaillons avec eux sur une base de subventions
et/ou sur une base d'ententes de service. Donc, les carrefours
jeunesse-emploi vont pouvoir
continuer à rencontrer les jeunes, hein, qu'ils veulent bien rencontrer,
à développer avec eux les projets qu'ils
voudront bien développer. Cependant, et je
pense que toute la question
aujourd'hui, hein,
elle est bien, bien située par le député
de Saint-Jean, c'est de savoir est-ce que
l'on peut aussi prioriser davantage
leurs actions vers des jeunes qui en ont
encore plus besoin, qui sont particulièrement éloignés du marché du travail, les jeunes
éligibles à l'assurance-emploi ou les jeunes assistés sociaux.
Il faut
donner le contexte un peu, maintenant, de cette décision. Je rappelle que les carrefours jeunesse-emploi ont été créés en 1997. Il y avait autour de 14,5 % de chômage chez les jeunes à cette époque.
Aujourd'hui, il y a 9,6 %, ou quelque
chose du genre, de chômage chez les jeunes. Donc, il y a eu une diminution
importante de chômage chez les jeunes. On
pourrait dire : Bien, bravo, on n'a plus besoin des carrefours,
finalement, le problème est en train de se dissoudre par lui-même, on a
d'autres organisations, on a les centres locaux d'emploi, qui peuvent les
rencontrer.
• (10 h 20) •
Donc, il y
aurait un argumentaire pour dire : Le problème du chômage chez les jeunes
est en diminution, et allons, hein,
vers une mesure plus radicale : fermons les carrefours jeunesse-emploi...
ou, plutôt, cessons de les subventionner — ils ont d'autres revenus, par
ailleurs — et
confions ça à d'autres services, notamment aux centres locaux d'emploi.
Notre
approche, c'est, au contraire, de dire : Les carrefours ont prouvé leurs
compétences, ont prouvé leur valeur ajoutée
dans la relance de l'emploi. On a eu des beaux exemples, là, qui ont été
proposés par le député de Saint-Jean. Donc, notre approche est de rappeler qu'il y a une expertise qui est reconnue
par les carrefours jeunesse-emploi. La question maintenant : Est-ce qu'on peut davantage recentrer, comme on le
fait d'ailleurs avec tous nos organismes, hein? Il faut comprendre qu'Emploi-Québec subventionne
aujourd'hui plus de 300 organismes, et je ne parle pas des carrefours jeunesse-emploi, mais qui aident à
l'employabilité, qui aident au retour vers l'emploi de différentes clientèles,
dont les clientèles jeunes, en passant, hein, les femmes, d'ex-détenus,
etc.
Donc, on a
300 organismes. On fonctionne, avec ces organismes, toujours de la même
façon : par une entente de service,
un contrat dans lequel on négocie. Et j'insiste sur le mot «négocie». On
n'impose pas les contrats de services. On
négocie avec eux, à partir de leur réalité, quels sont les objectifs qu'on leur
demande d'atteindre. Eux nous font part de leurs clientèles naturelles. Et, suite à cette négociation, on
définit un contrat de services. Ce que l'on veut faire avec les carrefours jeunesse, de ce point de vue, c'est de
normaliser leur situation, de dire : Écoutez, vous êtes des partenaires à
part entière, comme nos 300 autres organismes qui appuient
l'employabilité au Québec, vous êtes des partenaires, mais maintenant nous désirons davantage avoir des
ententes de service avec vous sur une base contractuelle, avec des attentes
plus précises. Et le député de Saint-Jean a
raison d'insister sur le fait que nous voulons qu'il y ait davantage de travail
avec des personnes qui sont plus éloignées
du marché du travail, et c'est tout à fait normal, hein? Quand on regarde un
peu l'évolution de la clientèle des
carrefours, on voit qu'ils rencontrent aujourd'hui, à peu près, 10 000
jeunes de moins qu'il y a 10 ans, mais
on leur accorde un revenu de 10 millions de dollars de plus, hein, ce qui
fait qu'il y a eu une augmentation, hein, des frais de gestion qui est
assez importante dans les carrefours jeunesse-emploi. Et ce que nous désirons, encore une fois, pas directement, mais
indirectement, simplement en travaillant sur une base d'entente de service,
c'est aussi de diminuer leurs frais de gestion.
Maintenant,
pour ce qui est, disons, du contact plus direct, parce que le député me
sollicite pour que j'aie un contact plus
direct avec les carrefours jeunesse-emploi avant de rendre ma décision, je dois
dire que ma décision a été alimentée,
entre autres... mais je fais toujours attention, disons, aux anecdotes, mais,
dans ce cas-ci, l'anecdote, disons, prend symbole.
Lorsque j'ai
rencontré pour la première fois le carrefour jeunesse-emploi à Charlesbourg, je
me rappelle d'une excellente
rencontre que j'avais eue avec des jeunes qui se préparaient pour un voyage en
Afrique, avec des représentants, là, du
carrefour jeunesse-emploi. Et j'avais trouvé ça extrêmement intéressant,
c'est-à-dire, tout le niveau de préparation de cette rencontre-là, mais ensuite... pardon, de ce
voyage-là en Afrique, le niveau de préparation, l'intérêt que les jeunes
avaient pour ce séjour en Afrique. Bon.
Cependant, malgré le respect que je dois aux personnes, je suis sorti
dubitatif — je
ne savais pas encore à ce moment-là que
j'allais devenir ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale — parce que je me suis dit, hein : Si on veut rapprocher les
jeunes du marché du travail, est-ce qu'un séjour en Afrique est vraiment la
bonne approche, hein, pour le faire?
Donc, je suis resté assez dubitatif. Moi-même qui n'y suis jamais allé, en
Afrique, je crois que j'étais un peu
jaloux d'eux. Et la question, c'est bien ça. Et maintenant, bon, ce que j'ai su
par la suite, c'est que ce type de voyage est régulièrement organisé par
les carrefours jeunesse-emploi.
Moi qui viens
du milieu universitaire, moi qui ai toujours encouragé les jeunes à aller à
l'étranger et prendre des expériences, notamment en formation, je ne
peux pas, disons, critiquer de manière totale ces choix des carrefours jeunesse-emploi, mais il faut comprendre qu'il y a
des priorités, et l'une de nos priorités, c'est que les carrefours se penchent
un peu plus, donc, se penchent davantage
vers les jeunes qui sont plus éloignés du marché du travail, pour leur donner
une chance.
Donc, je
pense qu'on poursuit des objectifs semblables, mais il faut aller maintenant au
niveau des moyens. Nous avons une
bonne expérience dans les ententes de service avec plus de 300 organismes
subventionnaires, donc on ne crée rien
de nouveau, on normalise une situation et on s'assure, dans un contexte où il y
a eu une diminution très importante, hein, non négligeable, du chômage
chez les jeunes... Je vous rappelle qu'on s'attend à, d'ici 2017... Ce n'est
pas les politiques qui le disent, c'est
plutôt les fonctionnaires du ministère de l'Emploi, les statisticiens qui
s'attendent à une création de
725 000 emplois dans les trois prochaines années... non, pardon,
725 000 emplois seront disponibles, plutôt, dans les
prochaines années.
La moitié de
ces emplois-là devrait aller vers les jeunes, donc il faut vraiment s'assurer
de la meilleure adéquation.
Argumentation
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le ministre. Alors, nous
allons maintenant procéder à la période d'échange. Là, c'est par blocs, évidemment. La première série
d'interventions : cinq minutes pour le député d'opposition, cinq
minutes pour le ministre et cinq minutes pour un député ou une députée
ministériels.
Alors, M. le député de Saint-Jean, à vous la
parole.
M.
Turcotte : Merci,
M. le Président. J'ai écouté les mots d'introduction du ministre. Juste pour
remettre en contexte : lors de la
création des carrefours jeunesse-emploi au Québec, sous un gouvernement du
Parti québécois, mais tous les partis
politiques à l'époque ont été impliqués dans la création de ces carrefours...
D'ailleurs, c'est pour ça que la
plupart des carrefours ont le nom de leur circonscription, parce que c'étaient
des députés à l'époque qui devaient parrainer la création de leur carrefour jeunesse-emploi dans leur circonscription.
Les députés de tous les partis politiques ont été impliqués à ce moment-là.
Et qu'est-ce
qui a été dit, à ce moment-là, lors de la fondation, à la base, des carrefours?
Le taux de chômage chez les jeunes
était élevé. Le ministre nous a dit à la période de questions qu'il considérait
que le taux de chômage maintenant était
rendu assez bas chez les jeunes, là, pour justifier un changement. Il nous a
parlé de 9 %. Je n'expliquerai pas, M. le Président, au ministre qu'un taux de chômage, c'est calculé sur le
nombre de personnes qui sont à la recherche d'emploi. Donc, les jeunes qui sont
éloignés du marché du travail, qui ne sont plus à la recherche d'emploi parce
qu'ils sont désabusés, découragés ou
en dehors du système ne comptent pas dans le taux de chômage. Donc, on peut
supposer que le taux de chômage chez
les jeunes est plus élevé que 9 %. Mais, à l'origine, ce qu'on s'est
dit : Dans chacune des circonscriptions,
dans chacune des communautés, on va regarder les problématiques de nos jeunes
de ces communautés, puis on va se
donner des outils pour les accompagner. Donc, c'est ce qui fait en sorte que
chaque carrefour jeunesse-emploi au Québec a sa particularité, son
originalité, sa couleur.
Je peux
comprendre que, pour le ministre... Je dis ça parce que c'est compliqué pour
moi, comme porte-parole de
l'opposition officielle, ça fait que ça doit être compliqué pour le ministre
aussi de connaître tous les programmes et tous les services des carrefours jeunesse-emploi partout au Québec,
parce que c'est original et particulier dans chacun. C'est sûr que ça peut faire peur. Le mur-à-mur,
ça, c'est bien rassurant, il n'y a pas bien, bien de stress avec ça. Il y a
deux, trois programmes partout au
Québec qui sont gérés pareil, c'est des critères, c'est uniforme, ça n'a pas de
couleur, ça n'a pas de saveur puis ça n'a pas trop de problèmes. Ce qui
a fait la force et la richesse des carrefours jeunesse-emploi, M. le Président,
c'est justement ça : c'est leur saveur, c'est leur couleur, leur
originalité.
Le ministre
nous dit qu'il veut recentrer la mission des carrefours jeunesse-emploi. Moi,
si le ministre, en mot de conclusion,
nous dit : M. le Président, je vais m'assurer que les carrefours
jeunesse-emploi demeurent, gardent leur originalité, leur couleur, leur saveur et qu'ils fassent un travail pour
aider nos jeunes à avoir moins de jeunes à l'aide sociale et à l'assurance-emploi mais que pour autant on ne
mettra pas de côté les autres jeunes, moi, je vais l'applaudir. Malheureusement, ce n'est pas ça que j'ai entendu
jusqu'à maintenant. Moi, je suis d'accord pour qu'on aide les jeunes à l'aide sociale à ne plus être sur l'aide
sociale, mais il faut aider tous les jeunes. Un jeune qui a un problème
d'orientation doit être aidé aussi.
Moi, ce que j'aimerais comprendre, c'est comment ça va fonctionner maintenant,
M. le Président. On a des jeunes qui
vont arriver dans un carrefour jeunesse-emploi, on va leur dire : Non, on
ne peut pas vous aider, vous devez
passer par votre centre local d'emploi. On a appris en commission
parlementaire, cette semaine, sur le projet de loi n° 15 qu'à peu près une soixantaine de centres locaux d'emploi
vont être fermés au Québec. En tout cas, en Montérégie, j'ai Saint-Rémi,
Contrecoeur qui est fermé. Il y en a un dans le comté de Pointe-aux-Trembles.
Donc, on va
avoir moins de ressources à Emploi-Québec pour aider ces jeunes-là, mais on
leur dit : Vous devez passer par
là. Et là il va y avoir des rencontres, des discussions. Je ne sais pas comment
on va faire, parce qu'en ce moment quelqu'un qui fait une demande d'aide sociale ne
peut même pas rencontrer son agent au début. Donc, je ne sais pas comment
on va rencontrer tous ces jeunes-là.
Et là on va déterminer un indice
d'employabilité. Ça, c'est un beau mot, ça, M. le Président, un «indice» d'employabilité. Est-ce qu'il faut que le jeune
performe à l'indice d'employabilité ou ne performe pas pour avoir l'aide
du carrefour jeunesse-emploi? On ne le sait
pas. Donc, avec son indice d'employabilité, il va savoir s'il va pouvoir avoir
les services du carrefour jeunesse-emploi,
mais, pour ça, il faut qu'il y ait un chèque, il faut qu'il soit à l'aide
sociale ou à l'assurance-emploi, il
faut qu'il ait plus de 18 ans et il ne faut pas que ses parents gagnent trop,
parce que sinon il ne pourra pas avoir
l'aide sociale. Puis, s'il a un emploi déjà, bien il faut qu'il lâche son
emploi, tomber à l'aide sociale ou à l'assurance-emploi.
Comment, M. le Président, le ministre peut... Comment le ministre peut nous
expliquer cette augmentation-là de bureaucratie avec les centres locaux
d'emploi, qu'on va leur donner, qui n'ont déjà pas assez des ressources pour
aider notre monde déjà?
• (10 h 30) •
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le député de Saint-Jean.
Alors, M. le ministre, pour les cinq prochaines minutes.
M.
Blais : Alors, beaucoup de choses. Et j'ai vraiment l'impression que,
sur certains points, on se rapproche de plus en plus.
Donc, sur
l'expression «indice d'employabilité», je dois reconnaître que c'est une
expression qui a une consonance bureaucratique,
hein, et qui peut être un peu abrasive. Et pourtant c'est fondamental, hein,
c'est fondamental dans la mission, hein,
qu'ils ont à accueillir. Les indices d'employabilité sont reconnus par toutes
les organisations internationales comme un outil pour gérer bien sûr des clientèles. Et ce que l'on peut
reprocher aux carrefours jeunesse-emploi, mais c'est un reproche, disons, qui n'est pas sévère, qui est
lié au fait qu'on a laissé les choses aller, disons, progressivement, ce qu'on
peut reprocher aux carrefours jeunesse-emploi, c'est de s'être dispersés.
Et j'écoutais mon collègue le député de
Saint-Jean au début dire : Bon, ils font toutes sortes de choses, c'est extrêmement varié d'un endroit à l'autre. Alors,
il y a une connotation positive à ça,
bien sûr, parce
qu'il faut être adapté à la situation
des régions, mais il y a une connotation aussi négative : la dispersion,
hein, et ça, bien sûr, nous, comme nous les finançons... Et, bien sûr, nous ne finançons que partiellement les
carrefours jeunesse-emploi. Les carrefours jeunesse-emploi reçoivent d'autres
financements, parfois d'une municipalité, parfois d'organisations publiques ou
parapubliques, donc, et nous n'intervenons pas sur ces financements-là
et sur ces autres éléments, hein, de développement.
Mais, sur le
financement, disons, qui nous appartient, ce que nous recherchons, hein, c'est
de diminuer la dispersion et qu'ils aillent effectivement en prenant en
considération, oui, des indices d'employabilité. Quelqu'un qui revient de l'étranger avec un baccalauréat, je peux
comprendre, hein, qu'il y a une recherche d'emploi qui doit se faire et qu'il y
a une certaine difficulté, mais,
quelqu'un qui a quitté assez jeune l'école, qui est assisté social depuis trois
ans et qui veut revenir sur le marché
du travail, on comprend aussi que l'indice n'est pas le même et que l'effort
n'est pas le même, hein, et que ce
qu'on va demander aux carrefours jeunesse-emploi sera plus exigeant. Mais ils
seront rémunérés aussi, parce que
c'est extrêmement important pour nous. Sur la question de reconnaître les
particularismes régionaux, ça tombe bien parce que, justement, dans nos méthodes de financement, les ententes
seront prises avec les directions régionales d'Emploi-Québec. Donc, il ne s'agit pas de mur-à-mur du tout. Le seul mur-à-mur,
si je peux parler ainsi, c'est qu'il faut convaincre nos amis des carrefours jeunesse qu'il est préférable de
faire comme tous nos autres organismes dans le domaine de l'employabilité, de fonctionner sur une base
d'ententes de service. Mais par la suite, une fois que ce principe-là est
reconnu, ils vont discuter dans chaque
région pour bien prendre en considération la situation de l'emploi qui est
possible chez les jeunes et les possibilités, disons, de développement,
là, personnel.
Donc, du point de vue de la régionalisation,
j'en suis, avec mon collègue de Saint-Jean. Du point de vue de la dispersion, je n'en suis pas. Je crois qu'il y a
un enjeu de dispersion. Nous ne voulons pas financer l'ensemble des activités
des carrefours jeunesse mais celles qui sont
centrées sur leur mission et notamment, maintenant, un peu plus sur la mission
des jeunes qui sont un peu plus éloignés du
marché du travail. Ils pourront continuer à rencontrer les jeunes qui sont
moins éloignés, dont l'indice d'employabilité, pour reprendre
l'expression qui a été lancée tout à l'heure, est différent.
Mais donc
nous avons une perspective régionale. Mon collègue a commencé en disant que ça
a été créé dans les régions avec un investissement personnel des
députés. Nous en sommes toujours. Et nous n'allons pas appliquer du mur-à-mur au niveau des règles de financement,
nous allons tenir compte des situations de chacun. Et ce qui est intéressant,
ce qui mérite aussi d'être souligné, c'est
que le financement va être autour de ces clientèles. Donc, c'est clair que, si
vous êtes dans une région où il y a
plus de jeunes éloignés du marché du travail et que vous décidez de travailler
avec Emploi et Solidarité, hein, pour
aider ces jeunes-là, vos chances, hein, d'augmenter le financement que vous
avez aujourd'hui vont être bien différentes.
Le mur-à-mur,
c'est la situation actuelle, parce que, depuis à peu près, quoi, là, 12 ans
maintenant ou 14 ans, les revenus des
carrefours jeunesse-emploi, ce qui leur permet d'exister, en tout cas, à partir
de notre ministère, sont reportés année
après année. C'est du mur-à-mur, et
on quitte le mur-à-mur pour aller davantage s'asseoir sur les besoins de chaque
région.
Le Président (M. Cousineau) :
Alors, merci, M. le ministre. Alors, je passerais maintenant à la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré
pour les cinq prochaines minutes.
Mme
Simard : Merci, M. le Président. D'abord, je voudrais en profiter pour saluer mes
collègues ici présents, ainsi que le
personnel politique, et également les jeunes, les représentants du CJE que nous
n'avons pas, malheureusement,
l'opportunité de voir mais qui sont avec nous ici présents aujourd'hui.
Comme l'a souligné tout à
l'heure le ministre, c'est ma toute première expérience d'interpellation
également aujourd'hui, et je suis particulièrement heureuse de le faire pour
discuter des services à la jeunesse québécoise et plus particulièrement des services
en employabilité et au retour sur le marché du travail, d'autant que j'ai eu le
privilège et que j'ai toujours
ce privilège d'ailleurs d'être l'adjointe parlementaire du premier ministre à la jeunesse, un dossier sur lequel je travaille en
collaboration à l'occasion, et, espérons-le, dans une continuité, avec notre
collègue le député de Saint-Jean. Alors, vous savez comme moi — vous
allez être sans doute plusieurs à être en accord — que rares parmi nous sont ceux qui ont eu un parcours sans embûche,
donc un parcours en ligne droite. Et, très souvent, nos décisions nous font
faire des détours dans la vie, des détours qu'on aimerait souvent ne pas faire.
Les jeunes aidés par les organismes en employabilité
ont parfois, eux aussi, à prendre de nombreux détours, et l'expertise de ces
groupes et des organismes auprès des différentes clientèles, dont les
jeunes, est reconnue par le gouvernement.
Puisque l'interpellation d'aujourd'hui porte sur
les carrefours jeunesse-emploi, il est important de rappeler ce qu'est un CJE. Mon collègue et ministre a rappelé
l'historique de la création des CJE. Alors, ce réseau, en 2014, compte 110 CJE, qu'on nomme carrefours jeunesse-emploi, bien
sûr, dont trois sont situés dans ma
circonscription, soit à Beaupré, à Baie-Saint-Paul
et à La Malbaie. Ils sont regroupés en deux réseaux : le regroupement des carrefours jeunesse-emploi et du Collectif
autonome des carrefours jeunesse-emploi.
Sur le site
Web du regroupement, la mission d'un CJE est décrite comme suit : «Les carrefours jeunesse-emploi ont comme mandat d'accompagner et de guider les
jeunes adultes de 16 à 35 ans dans leurs démarches d'insertion sociale et économique, en aidant à leur cheminement vers
l'emploi, vers un retour aux études ou dans le démarrage d'une petite
entreprise. Les services et activités visent à l'amélioration des conditions de
vie générales des jeunes.» Et c'est en référence sur le site www.rcjeq.org.
Dans le cadre
du dialogue social, le ministre de
l'Emploi et de la Solidarité sociale
a rencontré, le 22 septembre dernier, les représentants du regroupement
des carrefours jeunesse-emploi. Le ministre leur a alors confirmé que la formation et l'intégration des jeunes au marché du
travail étaient l'une de nos priorités, et je le réitère aujourd'hui dans cette occasion. Nous croyons que, pour répondre à cette clientèle,
l'expertise des CJE peut toujours être utile et encore mieux utilisée qu'elle l'est actuellement. À la
demande du ministre, des discussions se sont amorcées entre le ministère
de l'Emploi et de la Solidarité sociale et
les regroupements d'organismes en employabilité pour adapter l'offre des
services aux jeunes dans chacune des régions selon les besoins des
jeunes dans ces régions. Donc, dorénavant, par souci de cohérence et d'efficience, le ministère veut conclure des ententes
d'achat de services sur les mêmes bases qu'avec les autres partenaires
et appliquera les mêmes exigences quant à l'évaluation de l'atteinte des
objectifs.
Je tiens à
rappeler que, malgré le contexte budgétaire difficile, le gouvernement a
protégé l'enveloppe budgétaire attribuée
aux carrefours jeunesse-emploi pour cette année et que, pour l'an prochain,
nous souhaitons maintenir ce niveau d'investissement
en services directs aux jeunes. Je ne crois pas que ce qui leur a été demandé
est de changer leur mission, et ça,
c'est ce que le ministre a rappelé tout à l'heure et a rappelé précédemment,
également, dans d'autres discussions, M. le Président.
Donc, les CJE
peuvent, s'ils le souhaitent, poursuivre leurs activités et initiatives locales
avec l'aide financière d'autres
partenaires également. Que ce soient des projets d'entrepreneuriat pour contrer
le décrochage scolaire, des voyages
à l'étranger ou des démarches d'entreprises, ils pourront continuer de le faire avec d'autres partenaires
financiers également que le ministère
de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
La mission du ministère est de participer à la prospérité économique du Québec et au développement social en contribuant à l'équilibre du
marché du travail, en soutenant le développement et la pleine utilisation du capital humain, en
favorisant la solidarité et l'inclusion sociales, en soutenant la concertation
en matière d'action communautaire et bénévole.
Certains CJE
sont très actifs dans la recherche de partenaires financiers dans leurs
communautés afin de mener à bien
leurs initiatives locales. Ce qui est demandé aux CJE et qui fait l'objet de
l'interpellation est demandé à tous les partenaires du gouvernement : une meilleure utilisation des fonds
publics, une meilleure reddition de comptes. Merci, M. le Président.
• (10 h 40) •
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, merci, Mme la députée de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Alors, nous allons passer au deuxième
bloc selon la même séquence : député de l'opposition; ministre; et député
ministériel. M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte :
Merci, M. le Président. Je suis heureux d'entendre de la bouche du ministre
précédemment qu'il nous confirme
qu'il n'y aura aucune fermeture de carrefour jeunesse-emploi au Québec. Donc,
c'est ce que j'ai entendu de la part
du ministre. Donc, moi, je trouve que c'est déjà une excellente nouvelle. Donc,
on va pouvoir s'assurer d'avoir une
présence partout au Québec, dans toutes nos régions, dans toutes nos
circonscriptions. Ça, c'est une première chose.
J'ai entendu tantôt le ministre parler de
normalisation des carrefours jeunesse-emploi. Ça, moi, j'entends ça : «normalisation». Je comprends que le ministre va
aussi peut-être dire que c'est un terme qui est peut-être un peu bureaucratique. Je vais lui concéder,
effectivement. Mais en même temps ça dit ce que ça dit, là, ça veut dire qu'on
va rendre les carrefours
jeunesse-emploi normaux, ils vont tous être pareils. Donc, comment on fait pour
s'assurer que tous nos jeunes avec différentes problématiques soient
aidés?
J'ai entendu
le ministre tantôt, quand il nous parlait d'indice d'employabilité. Au fond, il
faut savoir que les jeunes qui vont
dans les carrefours jeunesse-emploi ont des problématiques différentes, ils ne
rentrent pas dans une case ou dans une
autre puis ils vont avoir un service au carrefour pour juste un service
d'employabilité. Il y a une complexité des cas. Les jeunes apprennent
bien des choses, mais ils sont en début de leur processus de vie dans la
société et ils ont des problématiques
familiales, personnelles, amoureuses, dépendances de drogue, alcool, ou autres,
puis tout ça, et d'avoir une personne-contact qui les aide dans tout ça, moi, je pense, c'est ce
qui fait la richesse des carrefours, et par la suite ces carrefours-là peuvent aider ces jeunes-là à
retourner aux études, terminer leur secondaire V, poursuivre des études,
faire de nouvelles études, se trouver un
emploi. Quand on entend que le ministère, le ministre ne veut plus qu'on
s'occupe des 16-17 ans... Olivier,
ici, 16 ans, qui se cherchait un premier emploi d'été, il est venu au carrefour
jeunesse-emploi de sa circonscription
pour avoir de l'aide dans ses démarches de prospection pour un emploi et
finalement il a eu recours aux
services du CJE pour comment faire un C.V., une lettre de présentation, une
préparation d'entrevue, avec le projet
IDEO 16-17. Suite à ses démarches, bien Olivier a pu finalement rejoindre la
coopérative jeunesse de travail d'Hochelaga-Maisonneuve
pour apprendre à travailler en équipe sur des tâches manuelles, de confection
de marionnettes géantes pour le
défilé de la Saint-Jean. Suite à ça, ses recherches ont finalement abouti à une
proposition d'embauche, pour une
période estivale, dans une entreprise de production d'emballages. Et Olivier
nous dit que «le CJE est un organisme qui
m'a mené à devenir plus confiant et à m'initier au nouveau monde qu'est le
travail». Ça, M. le Président, Olivier, c'est un jeune qui n'aurait plus accès au carrefour jeunesse-emploi, dans la
grande normalisation, là, des carrefours jeunesse-emploi.
Donc, M.
le Président, j'aimerais comprendre de la part du ministre : Qui va
s'occuper de ces jeunes-là, les 16-17 ans, les jeunes qui ont besoin d'orientation, les jeunes qui ont recours aux
services d'entrepreneuriat, les jeunes qui n'ont pas droit à l'aide sociale parce que leurs parents
gagnent trop d'argent? Moi, dans mon comté, dans ma circonscription, j'ai
rencontré un jeune qui n'avait pas droit à l'aide sociale parce que ses parents
gagnaient trop. Je lui ai demandé : Ils font quoi, dans la vie, tes parents? Il me dit :
Ma mère est infirmière auxiliaire puis mon père a une petite entreprise. Donc,
parce qu'il a le malheur que ses parents
gagnent un peu trop d'argent, il ne peut pas être à l'aide sociale. C'est
correct qu'il ne soit pas à l'aide sociale, mais là il va être pénalisé
encore plus parce qu'il ne pourra pas aller à son carrefour jeunesse-emploi,
qui, eux, ont l'expertise d'aider les jeunes à se trouver un emploi.
Les jeunes
itinérants qui sont sans adresse. Est-ce que le ministre sait combien de jeunes
au Québec n'ont pas de pièce
d'identité? Est-ce qu'il le sait? Il y en a un nombre incroyable, de jeunes et
de gens, au Québec, qui n'ont pas de pièce
d'identité, n'ont pas de carte d'assurance maladie, n'ont pas de permis de
conduire. Comment ces jeunes-là vont pouvoir s'inscrire pour une
recherche d'emploi dans un centre local d'emploi?
Donc, c'est
pour tous ces jeunes-là, avec le carrefour jeunesse-emploi, leur carrefour
jeunesse-emploi, qu'on veut les
aider. Donc, j'aimerais savoir de la part du ministre qui va aider tous ces
jeunes-là, qui ne pourront plus être aidés par leur carrefour jeunesse-emploi. Et, si leur situation change durant le
processus, est-ce qu'il va y avoir une réévaluation de leur indice d'employabilité?
Est-ce que le ministre peut répondre à ces questions?
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le député de Saint-Jean.
M. le ministre, pour les cinq prochaines minutes.
M. Blais : Alors, tout d'abord,
encore une fois, merci pour les questions.
Sur le
concept de normalisation, je comprends que c'est une expression qui est un peu
sous-déterminée. Donc, il faut
comprendre, l'expression, je l'ai utilisée dans un sens très précis, c'est que
ce que nous voulons faire, ce que nous allons
faire, ce n'est pas une aventure, c'est quelque chose que nous connaissons très
bien, à vrai dire, c'est une normalisation au sens où c'est des choses que nous connaissons très bien et qui
fonctionnent très bien avec l'ensemble de nos partenaires en employabilité. C'est dans ce sens, hein, qu'il
fallait comprendre «normalisation». Nous n'allons pas vers une aventure.
D'ici 2017,
il y aura plus de 725 000 postes au Québec à pourvoir, dont plus de
la moitié seront disponibles pour des
jeunes. Il faut s'assurer maintenant que les jeunes puissent bénéficier des
services d'emploi et des services d'emploi efficaces. Comme ministre, ma grande préoccupation est qu'un maximum de
travailleurs soient sur le marché du travail. Commencer sa vie à l'aide financière de dernier recours accroît
fortement le risque d'y rester à long terme. Parmi les jeunes de moins de 21 ans qui bénéficiaient de
l'aide financière de dernier recours en mars 2003, 2 606 en bénéficiaient
toujours en mars 2014. Parmi les
jeunes âgés entre 21 et 24 ans qui bénéficiaient de l'aide financière de
dernier recours en mars 2003, 4 984 en bénéficiaient en mars 2014.
En mars 2014, parmi les prestataires de moins de 25 ans, 75 % des
jeunes qui bénéficiaient de l'aide sociale
provenaient d'une famille ayant déjà bénéficié d'un programme d'assistance
sociale dans le passé. Cette
proportion était de 83 % chez les moins de 20 ans. C'est ça, hein,
demander aux carrefours jeunesse de nous
donner un coup de main et d'aller davantage vers ces jeunes, qui sont les plus
démunis de la société. Pour les jeunes de
moins de 25 ans, le taux d'abandon aux mesures et services d'emploi est
largement plus élevé, on le sait, que pour les personnes de plus de 25 ans. En juillet 2014, encore quelques chiffres,
50 000 jeunes de moins de 35 ans à l'aide financière de dernier
recours n'avaient pas de contraintes à l'emploi qui les empêchait de retourner
sur le marché de l'emploi. 13 700
jeunes avaient un indice d'employabilité — je sais que mon collègue aime
l'expression — 13 700
jeunes avaient un indice
d'employabilité supérieur à 60, c'est-à-dire qu'il y a vraiment une possibilité
pour eux d'intégrer rapidement le
marché du travail si on s'occupe d'eux, si on les encadre bien. Les autres
36 900 avaient des obstacles plus importants, indices d'employabilité différents qui demandent
un effort beaucoup plus important, bien sûr, de la part de nos partenaires
et de la part des carrefours
jeunesse-emploi, mais je sais qu'ils n'ont pas peur, hein, de faire des
efforts. Donc, nous devons apporter une aide à ces jeunes, c'est urgent,
afin de les soutenir vers leurs démarches d'emploi.
Comme
gouvernement, nous avons agi. Depuis septembre 2014, tous les nouveaux
demandeurs d'aide sociale de moins de
25 ans au Québec bénéficient d'une approche d'accueil personnalisée, d'une
intensification des actions auprès d'eux
et d'une mobilisation au regard de leur intégration vers le marché du travail.
Tous ces jeunes pourraient bénéficier de
l'expertise des carrefours jeunesse-emploi. Rappelons que c'est fondamental
dans notre démarche, que les statistiques, les études montrent que plus un jeune demeure sur l'aide sociale...
demeure longtemps, pardon, sur l'aide sociale, moins les chances qu'il
retourne sur le marché du travail sont importantes.
Donc, je pense qu'on
s'entend tous ici pour dire que, hein, ça mérite un effort supplémentaire de la
part du gouvernement d'aller vers ces
jeunes, et il y a une possibilité des carrefours jeunesse-emploi, compte tenu
de leur expertise, de leur donner un coup de main. Il me semble qu'on s'entend de plus en
plus sur un certain nombre de choses. La crainte que j'entends de la part de mon collègue et de la part aussi des
carrefours jeunesse-emploi, et j'aimerais essayer de clarifier un petit
peu l'enjeu de cette crainte, c'est que... Nous ne demandons pas, nous
n'imposerons pas, d'aucune façon, l'exclusivité,
hein, des clientèles. Il y aura encore de la place dans les négociations, dans
les discussions, si vous préférez, avec
les centres régionaux pour examiner quelles sont les clientèles qu'ils veulent
regarder, compte tenu de leur expertise, compte tenu des besoins, mais, c'est clair, on va leur demander un
effort supplémentaire sur les jeunes qui sont un peu plus éloignés du
marché du travail.
Donc,
ça m'étonnerait que les carrefours jeunesse ferment et ça m'étonnerait encore
davantage qu'ils ferment leurs portes à des jeunes qui sont dans le
besoin. Il y aura de la place dans les négociations. On le fait avec nos autres
organismes pour des jeunes qui sont sans chèque et avec chèque.
• (10 h 50) •
Le Président (M.
Cousineau) : Merci, M. le ministre. M. le député d'Argenteuil.
M.
St-Denis : Oui. Bonjour, M. le Président. D'abord, permettez-moi de
saluer M. le ministre, les collègues, ma collègue ici, au gouvernement, ainsi que mes collègues de l'opposition
et de la deuxième opposition, ainsi que les employés de l'aile
parlementaire.
Donc,
M. le ministre, dans le contexte, je crois important de rappeler la mission et
le rôle d'Emploi-Québec avant de
parler des relations avec ses partenaires. Emploi-Québec assure les services
directs à la population et aux entreprises en matière d'emploi ainsi que les services de solidarité sociale. Sa
mission est de contribuer à développer l'emploi et la main-d'oeuvre
ainsi qu'à lutter contre le chômage, l'exclusion et la pauvreté dans une
perspective de développement économique et social. Un principe de base guide les
orientations du ministère : le travail est le meilleur moyen de réduire
la pauvreté et d'assurer l'autonomie
financière, l'insertion sociale des individus aptes au travail. Son mode de
gestion est décentralisé, partenarial et axé sur les résultats.
C'est
sur ces fondements et sur ces principes qu'Emploi-Québec, depuis sa
création en 1997, agit avec succès et
atteint ses objectifs, visant à répondre aux besoins du marché du
travail et de ses clientèles. De plus, Emploi-Québec
a su ajuster de façon continue son offre de
services en réponse aux changements importants de son environnement. Les résultats de ses
interventions depuis plus de 15 ans sont là pour en témoigner. Emploi-Québec est décentralisée pour offrir des
services de proximité sur l'ensemble du territoire du Québec
par les bureaux des centres locaux d'emploi, par exemple. Emploi-Québec compte sur un réseau étendu de partenaires complémentaires dans l'offre
de ses services, entre autres les carrefours
jeunesse-emploi, ressources
externes en développement de l'employabilité, organismes communautaires et établissements d'enseignement. Les partenaires en ressources
externes, dont font partie les CJE, jouent un rôle important pour offrir des services de proximité et de
qualité à nos clientèles, notamment auprès des jeunes. Pour plusieurs
jeunes, la transition entre l'école et le marché du travail est un
véritable défi, particulièrement lorsqu'ils ont abandonné leurs études. Trouver un emploi peut devenir une tâche
hasardeuse pour un jeune qui n'est pas bien outillé pour intégrer le marché
du travail, et les échecs accumulés peuvent
décourager ceux qui s'y prennent mal ou ne bénéficient pas d'un soutien
adéquat.
Le
Québec a besoin de tous les travailleurs, notamment de tous les jeunes, incluant les prestataires de
l'aide sociale ou qui risquent de le
devenir. Le ministère de l'Emploi et
de la Solidarité sociale est
préoccupé par l'insertion et le maintien en emploi des jeunes qui ne sont ni en école, ni aux études et ni en
emploi. L'insertion en emploi de ces personnes constitue un gain, puisque l'emploi est la meilleure façon de lutter contre
la pauvreté et l'exclusion, auxquelles elles font face, ainsi que pour l'État,
par le biais d'une réduction des dépenses du programme d'aide sociale et une hausse des rentrées fiscales.
Par le placement en
ligne, Emploi-Québec contribue notamment à ce que les entreprises dotent les
postes vacants qu'elles affichent. Pour un citoyen
à la recherche d'un emploi, c'est un processus assez simple. Il n'a qu'à se rendre sur le site placement.emploiquebec.gouv.qc.ca et à
sélectionner par différents critères — région,
mot clé et programme spécifique — pour
voir la liste d'emplois disponibles. On peut dénombrer, en date du 1er octobre
2014, plus de 38 000 postes vacants inscrits sur le site de
placement en ligne d'Emploi-Québec dont la plupart des postes affichés
demandaient un an, et moins, d'expérience. Et une très grande majorité de ces
postes étaient à temps plein.
Il
existe un autre site Internet très intéressant pour les jeunes, le site de
l'information sur le marché du travail, le IMT. Le site Internet IMT en ligne, appuyé par
le site Placement en ligne, permet la diffusion de l'information sur le
marché du travail. IMT en ligne
donne accès à un ensemble cohérent d'informations faciles à interpréter et
permet aux personnes qui cherchent un
emploi, qui doivent faire un choix de carrière ou qui désirent améliorer leur
situation d'emploi de prendre des
décisions éclairées. C'est un service universel, c'est-à-dire un service offert
à toute la population et à toutes les entreprises.
Concrètement, ce site permet d'obtenir l'information sur plusieurs questions,
par exemple quelles sont les perspectives
d'emploi par profession ou par secteur d'activité pour les cinq prochaines
années? Quel est le salaire généralement payé pour chacune des
professions? Quelles formations mènent aux différentes professions, etc.?
Parce
que les jeunes répondront à une part importante des besoins du marché du
travail québécois
de demain et qu'ils traversent une diversité d'expériences
déterminantes, en vue de leur bonne intégration au marché du travail, il
devient, donc, important que leurs offres de services permettent de répondre
aux besoins des jeunes. Merci.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le député d'Argenteuil. Alors, nous allons passer au troisième bloc
de la séquence : deuxième groupe d'opposition; ministre; et puis
député ministériel. M. le député de Groulx, la parole est à vous.
M.
Surprenant : M. le Président, je vous remercie. Alors, comme j'ai peu
de temps et que je n'aurai pas beaucoup, donc, d'interventions, je salue
rapidement mes collègues des deux côtés de la Chambre et également, bien, je
salue les gens en haut et qui ont pris un peu de leur temps ce matin pour venir
participer à cette occasion. Alors, voilà.
Donc,
pour commencer, M. Blais... pardon, le ministre de l'Emploi et de la Solidarité
tantôt a fait état de dispersion, que
ça le préoccupait, alors donc, il entend plutôt établir des ententes de service
à l'avenir avec des objectifs précis. Alors, ça me rappelle beaucoup des propos, là, du Parti libéral qui vont dans
le sens d'une centralisation
paramétrique, et je suis inquiet de
ça. À la Coalition avenir Québec, on parle plutôt d'amener les sous et les
ressources près du milieu et, donc, pour qu'il y ait un processus
décisionnel qui soit vraiment local et adapté aux réalités du milieu. Alors, je
pense que l'orientation qui est prise actuellement s'éloigne des particularités
non pas uniquement régionales, mais bien du milieu spécifique. Et effectivement,
donc, la façon que vous allez fonctionner viendra modifier la mission des CJE
et privera environ 40 000 jeunes, par année, des services actuels, donc,
des CJE.
Donc, au
niveau des services qui sont offerts, on parle d'accueil, d'informations, de
références, d'incitation au raccrochage
scolaire, de l'aide à l'employabilité et à l'intégration en emploi et de
développement de l'entrepreneuriat. C'est
un élément très important chez nous, à la Coalition avenir Québec. Or, au
niveau de quelques statistiques, les NEET, qui sont les ni en emploi ni en formation, en 1997, il y avait un taux
de 20 %; on est rendu aujourd'hui à un taux de 14 %. Alors, ça, ça ne s'est pas produit par des miracles,
c'est parce qu'il y a eu de l'accompagnement, et les CJE ont joué un rôle déterminant, à mon avis, au cours de cette
période-là pour s'assurer que les jeunes finalement reviennent dans la ligne
souhaitée. Et donc il y a eu un... accompagnement, dis-je, très bénéfique.
Au niveau des jeunes entrepreneurs, on a un
taux, au Québec, de 2 % comparativement à un taux de 1,6 % au Canada et nous en sommes très fiers. Et donc la
valorisation de l'entrepreneuriat, c'est très important, il faut le faire le
plus tôt possible. Alors, on a une position
qui est intéressante au Québec, mais il ne faut pas reculer. On a un problème
au niveau de la qualité des emplois, et ça
prend des entrepreneurs qui vont créer les entreprises de demain, qui vont
assurer des emplois rémunérés plus élevés parce qu'on a perdu au niveau
de la qualité des emplois.
Le décrochage scolaire : en 1999, on
parlait de 22 %; on parle aujourd'hui de 16 %. Mais c'est très, très,
très important, cette donnée-là, parce
qu'effectivement l'éducation, c'est prouvé, amène des emplois de qualité, et on
en a besoin, de cette offre
d'individus, pour des entreprises de l'extérieur, qu'elles soient intéressées à
venir investir au Québec, parce qu'il va y avoir de la main-d'oeuvre
qualifiée.
Alors, maintenant, au niveau du taux
d'assistance sociale, en 1998 on parlait d'un taux de 11,3 %. On parle aujourd'hui de 6,7 %. Bien, ça s'est produit, ça, parce qu'il y a
eu intervention à la source. On a amené les gens à ne pas se rendre à l'assistance sociale, mais on est
intervenu tout de suite pour aider les gens à se prendre en main puis
s'assurer d'un succès futur. Donc, l'idée de modifier le rôle des CJE,
là, est vraiment, à mon avis, à reconsidérer. Alors, maintenant, au niveau des
retombées financières, il y a une étude d'effectuée par Raymond Chabot Grant
Thornton et qui parle qu'il y a des
retombées économiques d'entre 72 millions et 288 millions
de dollars. Alors donc, c'est
important. Il y a un élément donc très positif non seulement au niveau
sociologique, mais au niveau économique par les CJE.
Alors donc,
j'ai quelques petites questions rapides. Je m'interroge sur le fonctionnement
que vous avez pris pour en arriver à
décider de couper dans les CJE. Alors, est-ce qu'il y a eu effectivement des consultations avant l'annonce des changements au financement des CJE? J'ai l'impression que c'est fait
paramétrique puis après ça on va essayer de consulter un peu, mais c'est avant qu'il faut aller voir les gens puis
leur demander quelles sont les réalités du milieu, puis après ça peut-être, s'il y
a lieu... des programmes. Mais là on
a l'impression que c'est une approche qui est plus... comme on dirait en
affaires, qui est «top-down» et non pas «bottom-up». Alors, il faut aller voir
les gens sur place puis voir comment, si
vous pensez changer des choses... allez voir qu'est-ce qu'ils font, quel est
leur impact sur les résultats puis de voir,
s'il y a lieu, par après, à faire des changements, et non
pas le faire de façon paramétrique, en regardant d'en haut tout ça, là.
Alors, il faut aller voir les gens, M. le ministre.
Alors donc, les CJE ont fait des propositions
également pour contribuer à l'effort fiscal. Est-ce que vous les avez écoutés?
Est-ce que vous...
• (11 heures) •
Le Président (M. Cousineau) :
Merci.
M. Surprenant : Bon. Excusez-moi.
Pardon.
Le Président (M. Cousineau) :
Il faut respecter le temps. Alors, M. le ministre, les cinq prochaines minutes.
M.
Blais : Très bien. Je pense
qu'au moment où on est rendus, là, dans l'échange je vais essayer d'expliquer
un peu comment fonctionnent les
contrats, hein, les ententes que l'on va prendre avec les carrefours jeunesse. Ça va vous permettre de voir que la décentralisation demandée
est là, mais la reddition de comptes y est aussi. Parce que je connais mon collègue député de Groulx, hein? Je me
souviens qu'à l'étude des crédits, lorsqu'il est question de reddition de
comptes de mon ministère, il ne me
donne aucune chance, il est très exigeant. Et je pense qu'à la fois il faut
permettre la décentralisation, donc
une gestion décentralisée, mais aussi il faut pouvoir exiger une reddition de
comptes des organismes avec qui on fait affaire.
Donc, on l'a
mentionné, les carrefours jeunesse ont été créés il y a 20 ans dans un contexte
où la clientèle jeune, 16 à 25 ans, était beaucoup plus nombreuse
qu'aujourd'hui et le taux de chômage à leur endroit était plus important. En 2003‑2004, et je vais vous demander de retenir
ces chiffres, ils sont très importants, là, je pense, notamment pour le député de Groulx, pour sa préoccupation sur la
reddition de comptes, donc, en 2003‑2004, le nombre de jeunes desservis par les carrefours jeunesse, pour la subvention,
pour la mission de base que nous leur accordons, était de 56 000 jeunes;
en 2013‑2014, donc tout récemment,
45 400. Donc, il s'agit d'une baisse, hein, de 19 % des jeunes
rencontrés en 10 ans. Il y a un
enjeu, vous allez me suivre, de reddition de comptes, savoir est-ce que les
priorités sont au bon endroit. La situation de nos jeunes a évolué. Nous constatons une diminution du poids des
jeunes dans l'ensemble de la population québécoise, une amélioration de la situation des jeunes sur le
marché du travail — le
député de Groulx l'a mentionné — la diminution de la présence des jeunes parmi les prestataires de dernier
recours — il l'a
aussi mentionné — la
diminution des jeunes participant aux mesures d'Emploi-Québec en
général, compte tenu de la situation de l'emploi.
Le mode de financement,
maintenant, par subventions. Emploi-Québec finance les 110 carrefours
jeunesse-emploi par le biais d'une subvention dans le cadre de la mesure
Services d'aide à l'emploi, autour de 45 millions de dollars en 2014‑2015. Le protocole d'entente de subvention
permet aux carrefours jeunesse de fixer leurs cibles et de choisir les jeunes qu'ils desservent. Donc, il y a une forte décentralisation, au point où ils peuvent eux-mêmes
décider de leurs cibles et des jeunes
qu'ils desservent. Moi, je suis certain, là, que le député de Groulx,
lors de la prochaine étude de crédits, me posera des questions sur cette forme particulière de
décentralisation, où on laisse les organismes décider de leurs cibles et décider aussi des jeunes que l'on veut
rencontrer, sans qu'il n'y ait aucune reddition
de comptes, sans que le donneur
d'ouvrage ou celui qui subventionne n'ait aucune attente particulière.
Le protocole
d'entente de subvention ne correspond plus aux besoins d'Emploi-Québec. Sa reddition de comptes ne permet pas d'évaluer les résultats des carrefours jeunesse ni par participant ni en fonction des clientèles
prioritaires d'Emploi-Québec. Encore
une fois, avec plus de 300
organismes, nous avons un mécanisme de reddition
de comptes qui permet notamment
au député de Groulx, à l'étude des crédits, de me poser des questions :
Ces organismes-là sont-ils efficaces?
Combien de personnes ils ont rencontrées? Combien de personnes ils ont permis
d'avoir... de donner un accès au
travail, etc.? Dans le cas des carrefours
jeunesse, c'est beaucoup plus difficile. La conversion du mode actuel, subvention à la mission, en
mode entente de service fera en sorte que les centres locaux d'emploi — les centres locaux d'emploi, non pas le ministère, les centres locaux
d'emploi — détermineront,
avec les carrefours jeunesse-emploi, dans les régions, les mesures et les services qui devront être
offerts aux jeunes pour favoriser leur intégration et leur maintien en emploi.
Cette négociation en région permettra de
prendre davantage en compte les besoins en emploi des jeunes et des
caractéristiques du marché du travail régionales.
Le ministère
est présentement en discussion avec les deux grands regroupements de carrefours
jeunesse-emploi. Il y a eu une
rencontre déjà cette semaine. Les orientations prises concernant le mode de
financement des carrefours jeunesse devraient
être appliquées au 1er avril 2015 prochain. Les interventions des carrefours
jeunesse seront recentrées — j'utilise le mot «recentrées», je vais même le répéter — recentrées. Nous ne demandons pas
l'exclusion, hein, mais d'aller davantage vers ces clientèles. Le mode subvention, il est vrai, sera remplacé par
le mode entente de service. Encore une fois, parce que je crains les questions de mon collègue le
député de Groulx, lors des prochains crédits budgétaires, lorsqu'il me posera
des questions sur le rendement des
organismes avec qui nous travaillons... la clientèle desservie sera davantage
les 18-35 ans.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le ministre. Alors, nous
allons passer maintenant à un député ministériel. Oui, on est toujours
sur...
Mme Simard : Merci.
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Simard : Merci beaucoup, M. le
Président. Alors, pour notre gouvernement, l'emploi est la priorité numéro un. Et, vous le savez, on l'a répété et on
le répétera dans le futur également, pour créer de nouveaux emplois et pour répondre aux besoins du marché du travail, il
est important d'assurer une bonne adéquation entre la formation offerte et les emplois disponibles. Nous ne prévoyons pas
de pénurie généralisée de main-d'oeuvre d'ici les 10 prochaines années. Toutefois, la rareté de main-d'oeuvre se fera sentir
dans certaines professions, dans certains secteurs et dans certaines régions, et la mienne ne fera pas exception. Ce
sera notamment le cas des professions de la santé et des régions où le taux
de chômage est faible.
J'aimerais
d'ailleurs partager quelques statistiques avec vous, puisque j'apprécie
particulièrement les statistiques. Alors, selon les prévisions
d'Emploi-Québec, près de 725 000 emplois seront disponibles au Québec
d'ici 2017. D'ici 2021, le Québec devrait se
rapprocher du plein-emploi, avec un taux de chômage de 5,3 %, taux le plus
bas enregistré depuis 1967 et qui
s'approche de ce que les économistes appellent taux de chômage de plein-emploi.
Les secteurs qui connaîtront la
croissance la plus importante sont les secteurs professionnels et les services
de santé et de l'assistance sociale. La
croissance se concentrera d'ailleurs du côté du secteur des services, qui
accaparera 95 % des 264 000 emplois qui seront créés. Près de 40 % des emplois qui seront
créés d'ici les prochaines années sont des emplois de niveau technique qui
requièrent, pour la plupart, une formation
professionnelle au secondaire ou une formation technique au collégial. Les
emplois demandant une formation
universitaire compteront, pour leur part, eux aussi, près de 40 % des
nouveaux emplois créés.
Les
perspectives d'emploi seront très favorables pour les jeunes finissants, les
personnes au chômage, les travailleurs et
travailleuses plus âgés désirant demeurer actifs et les personnes immigrantes
d'ici les cinq prochaines années. Sur cet horizon de cinq ans, l'emploi s'accroîtra en moyenne de 0,9 % par année. Il devrait être en hausse dans la
grande majorité des 33 industries.
La croissance se concentrera du côté des services, un domaine qui apportera
163 400 nouveaux emplois au
cours de la même période. Ce domaine générera 93 % des emplois qui seront
créés. Dans le secteur des services, les industries où les plus fortes
créations d'emplois sont prévues sont les soins de santé et assistance sociale,
les services professionnels, scientifiques
et techniques et le commerce de détail. L'évolution de l'emploi connaîtra tout
de même un sort variable d'une
industrie à l'autre, tant dans le secteur des services que dans celui de la
production de biens. Dans ce dernier
secteur, où est prévue la création de 11 400 emplois, celle-ci profitera
surtout à la construction, à l'industrie minière et à la fabrication de
biens durables.
• (11 h 10) •
Plus
de la moitié des emplois à pourvoir au cours de la période reviendront à des
jeunes de moins de 25 ans qui ne sont
pas encore sur le marché du travail. Les personnes nouvellement immigrantes en
occuperont 16 %, et les actuels chômeurs
et chômeuses, 10 %. La hausse du taux d'activité des différents groupes
d'âge contribuera à hauteur de 19 %, dont 7 % pour les
personnes de 65 ans et plus.
Selon les
estimations des économistes des directions générales d'Emploi-Québec, l'emploi
sera en croissance dans toutes les
régions du Québec. Grâce à la hausse prévue de l'emploi, le taux de chômage
diminuera dans toutes les régions. Dans
un contexte de rareté grandissante de main-d'oeuvre découlant du ralentissement
démographique, Emploi-Québec inscrit
davantage ses interventions dans une stratégie cohérente en matière
d'adéquation, formation, compétences, emploi. Bien que la responsabilité première revienne aux entreprises et aux
travailleurs, Emploi-Québec est constamment à pied d'oeuvre pour
faciliter le fonctionnement du marché du travail et favoriser l'adéquation
entre les aspirations de la main-d'oeuvre, incluant les jeunes, et les besoins
des employeurs.
L'information sur le marché du travail de
qualité, à jour et diffusée dans un langage accessible, est un levier majeur qui permet à Emploi-Québec de faire
connaître les besoins actuels et futurs en main-d'oeuvre qualifiée et les
postes à pourvoir tant au plan local,
régional que national. Cela aide notamment les différents acteurs du marché du
travail à ajuster leurs démarches, à
les adapter selon leurs besoins actuels et futurs du marché du travail. Par exemple,
les perspectives d'emploi par
profession pour un horizon de cinq ans produites par... Emploi-Québec, pardon,
fournissent, pour l'ensemble du Québec
et ses 17 régions administratives, des données sur 400 emplois. Elles
incluent un diagnostic sur la probabilité — restreinte, acceptable ou favorable — de trouver un emploi dans ces domaines. Elle
forme un intrant important à plusieurs initiatives gouvernementales.
Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. Je cède maintenant la
parole, pour le bloc n° 4, à M. le député de Saint-Jean. M. le député.
M.
Turcotte :
Merci, M. le Président. Sur le bloc, principalement, sur la question de la
reddition de comptes et le financement à la mission, de ce que j'ai entendu jusqu'à maintenant,
M. le Président, de la part du ministre, c'est que le financement à la mission des carrefours
jeunesse-emploi sera... il n'y aura plus de financement à la mission, ça sera en
fonction d'ententes. Donc, en fonction des jeunes, du nombre de jeunes et de la
particularité de ces jeunes-là, chaque carrefour
jeunesse-emploi recevra un montant d'argent pour aider ces jeunes-là, en
particulier. De ce que j'ai compris du ministre, c'est ça, donc il n'y a
plus de financement à la mission.
En même
temps, le ministre nous a dit tantôt qu'il ne croit pas... et qu'il espère
qu'aucun carrefour jeunesse-emploi ne
fermera ses portes, ça, c'est une chose, mais qu'aucun carrefour jeunesse-emploi
ne fermera la porte à des jeunes qui ne s'inscrivent pas dans les critères mentionnés, là, à l'heure actuelle.
Donc, que des jeunes de moins de 18 ans, que des jeunes qui ne sont pas à l'aide sociale, des jeunes qui
ne sont pas à l'assurance-emploi, ces jeunes-là pourraient continuer à avoir
des services de leurs carrefours
jeunesse-emploi. Donc, comment le ministre peut en même temps dire : Il
n'y a plus de financement à la
mission, il y a un financement, si on peut dire, personnalisé en fonction du
jeune, mais en même temps nous dire
que les carrefours jeunesse-emploi vont pouvoir continuer à aider d'autres
jeunes? Ils vont prendre l'argent où? Ils vont prendre l'argent où? Ça,
c'est la première chose.
Pour la
question de la reddition de comptes, moi, j'aimerais ça que le ministre
m'explique le fait que son ministère ainsi
que les carrefours jeunesse-emploi ont investi pratiquement 500 000 $
pour la mise en place d'un logiciel, d'un outil de reddition de comptes et de gestion des dossiers, à l'intérieur de
leur organisation, 500 000 $ de l'argent des contribuables, et qu'on dit que maintenant, avec la réforme
proposée, ça, on met ça de côté et là on va prendre l'outil qui est utilisé
déjà dans les centres locaux
d'emploi. Pourtant, c'était la première année que c'était mis en place, et, sur
96 carrefours jeunesse-emploi, 90 ont soumis avec une... 88 % de
conformité des dossiers. Donc, c'est la première fois que ça se fait. Donc, il
y a déjà un effort pour améliorer la reddition de comptes. C'est la première
année que c'était fait avec les gens du ministère,
de concertation, et 88 % de conformité pour la première année, c'est quand
même très bien. Donc, il y a un effort
qui est fait pour la reddition de comptes aussi. Le ministre a comme laissé
sous-entendre qu'il fallait avoir plus de reddition de comptes. Moi, je suis certain que les gens des carrefours
jeunesse-emploi, si c'est juste ça que ça prend pour que le ministre dise : Bon, finalement, ce
n'est peut-être pas si pire, on va peut-être les garder, la mission des
carrefours jeunesse-emploi... ils
sont prêts à en faire plus, de paperasse, puis remplir plus de rapports si
c'est ça que le ministre veut. Mais en même temps j'entends, dans le
projet de loi n° 15, en commission parlementaire, de la part de son
collègue président du Conseil du
trésor : Il faut avoir un gel d'embauche, il faut s'assurer qu'il y ait
moins de paperasse, il faut réduire
la bureaucratie. Mais en même temps le ministre nous dit : Il faut en
faire plus, plus de reddition de comptes. Bon, si c'est ça que ça prend,
moi, je pense que les gens des carrefours jeunesse-emploi sont prêts à le
faire.
Au fond, M.
le Président, ce que je comprends, avec ce que je viens de dire, la reddition
de comptes, le fait qu'il n'y ait
plus de financement à la mission mais que ça va être un financement... appelons
ça personnalisé, en fonction du jeune,
mais on ne sait pas encore... Si, le jeune, son parcours change durant son aide avec le carrefour jeunesse-emploi, est-ce
que son indice d'employabilité va
changer aussi? Ça, on ne le sait pas encore. Ce jeune-là va
arriver, puis on va lui donner un
CP-12 puis on va lui donner un indice d'employabilité. C'est ce que j'ai
compris de tout ça. Là, c'est le bout le plus technique, là, de
l'interpellation, là.
Mais, au fond, si je résume ça, là, chaque jeune
va avoir une cote puis un chiffre, puis ça, ça va décrire ce jeune-là. Puis ce jeune-là, là, il va se sentir
valorisé, tellement valorisé après ça, là, pour retourner sur le marché du travail ou retourner en processus, là, de cheminement scolaire, là. Moi, M. le Président, là, pour être sérieux, là, je ne pense pas que c'est comme ça qu'on va valoriser nos jeunes
puis je ne pense pas que c'est comme ça qu'on va pouvoir aider nos jeunes, en leur donnant
une cote puis un chiffre. Ça, là, c'est : Untel, là, David, là, bien,
c'est : Toi, c'est ça, ta cote, puis tu as un indice
d'employabilité de tant, puis on t'aide ou on ne t'aide pas. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, M. le député de Saint-Jean. M. le ministre, cinq prochaines minutes.
M.
Blais : Oui. Je suis d'accord
avec le député de Groulx, hein, représenter un jeune comme un indice
d'employabilité, ce serait bien
triste, hein? D'une certaine façon, ce que l'on parlait tout à l'heure en termes d'indice d'employabilité, c'est de rappeler la profondeur de l'intervention qu'on
recherche, alors, et on ne dit pas aux jeunes : Vous, vous avez
un indice de ceci ou de cela, mais
la profondeur de l'intervention. Et quiconque ici sait très bien
qu'il y a des jeunes qui sont beaucoup plus
éloignés du marché du travail, et les carrefours
jeunesse le savent très bien, d'ailleurs, encore mieux que vous et moi,
M. le député, savent très bien qu'il y a des jeunes qui sont plus éloignés du marché
du travail, l'intervention sera plus longue, plus difficile, et ils savent
comment intervenir, etc. Donc, on ne présente jamais aux jeunes, hein, les
indices d'employabilité, ce n'est d'aucune
utilité. Et, pour nous, quand on transige avec des organismes d'employabilité,
vous comprenez que c'est assez important
de savoir quelle est la nature de l'intervention et la profondeur de
l'intervention qu'ils doivent faire, pour bien les financer.
Maintenant,
sur la question du financement, il faut bien comprendre que les carrefours jeunesse-emploi ne sont pas
des créatures directes ou une extension du gouvernement du Québec,
ils ont une autonomie relative. Ils ont été créés suite à une impulsion puis une volonté gouvernementales, mais ils bénéficient d'une grande, disons, autonomie. Alors,
grossièrement, pour comprendre le montage
financier des carrefours jeunesse, en
moyenne, à peu près 70 %, dans ce qu'ils reçoivent, vient d'Emploi-Québec. C'est beaucoup d'argent. C'est pour
ça, M. le député, qu'ils sont un peu nerveux en ce moment, hein, et qu'ils s'inquiètent de leur
avenir. Donc, 70 % à peu près, ça vient d'Emploi-Québec, en moyenne, mais
ils reçoivent aussi des sommes du Secrétariat à la jeunesse et d'autres sommes
parfois des municipalités, parfois d'organismes
publics, parapublics, même privés, pour des missions relatives à la jeunesse. Moi, ce
qui m'intéresse, bien sûr à titre de ministre de l'Emploi et de la Solidarité,
et encore une fois parce que je crains toujours les questions difficiles
du député de Groulx, là, lors de l'étude des
crédits budgétaires, ce qui m'intéresse, bien sûr, c'est la gestion des
70 %, là, et, disons, la direction
que doit prendre ce financement. Donc, si nous allons vers un financement qui
priorise, et je pense que le mot «se
recentrer» n'est pas le bon, priorise les clientèles que nous désirons
davantage, qui sont plus éloignées du marché du travail, on sait très
bien, et dans toutes les négociations que nous faisons avec nos organismes
d'aide à l'employabilité, qu'il y a toujours
une ouverture pour des rencontres avec d'autres jeunes. Et nous les finançons
aujourd'hui, sauf que nous allons inverser un peu, hein, les priorités
en faveur de ces clientèles.
• (11 h 20) •
Mais les
carrefours n'auront pas à fermer leurs portes à quiconque. En tout cas, s'ils
le font, ce ne sera pas parce que je leur demande, aucunement. Donc, ce sera leur
choix, à la limite, une façon de répondre, disons, ou de contester, mais
certainement pas une demande qui vient du ministre.
Donc, un financement diversifié, nous en contrôlons une partie, et il y a
un enjeu de reddition de comptes. C'était le deuxième élément, hein, de
votre présentation, hein : Est-ce que vous voulez augmenter la reddition
de comptes? À vrai dire, c'est plutôt la
modifier que de l'augmenter, hein? Vous avez raison, il y a
des outils budgétaires qui ont été... des
outils, pardon, informatiques qui ont été développés avec l'appui des carrefours jeunesse-emploi. Une partie, hein,
du contenu de ces outils-là pourra être
encore utilisée notamment pour l'administration, disons, budgétaire des
organismes. L'enjeu de la reddition
que nous recherchons davantage, et, encore une fois, nous voulons les
normaliser par rapport aux autres
organismes que nous finançons déjà, c'est davantage de connaître quelles sont
leurs clientèles, qu'est-ce qu'ils font avec ces clientèles-là, quel est le chemin que suivent ces clientèles-là
vers l'emploi ou non, les difficultés qu'ils rencontrent. Là-dessus, il nous manque beaucoup d'informations
précises pour mieux les financer et davantage pour mieux financer
notamment des régions qui sont prises avec des plus grandes clientèles
éloignées du marché du travail.
Donc, c'est
ça, l'essentiel : pas nécessairement plus de reddition, mais une meilleure
reddition pour les financer davantage selon leurs activités réelles. Et,
encore une fois, j'insiste là-dessus, il y a eu une certaine dispersion que je comprends très bien, une certaine dispersion dans
l'activité des carrefours jeunesse-emploi. Ce sera leur choix de maintenir
l'éventail de leurs activités, mais nous,
nous voulons les recentrer sur les travailleurs un peu plus éloignés du marché
du travail.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, M. le ministre. Alors, je passerais la parole maintenant au député
d'Argenteuil pour les cinq prochaines minutes. M. le député.
M. St-Denis : Alors, merci, M. le
Président. Merci de me donner l'opportunité de m'adresser à vous une deuxième fois, là, dans cet exercice
d'interpellation, car cette fois-ci je vais vous faire part de mes
préoccupations au niveau des finances publiques.
L'objectif de notre gouvernement est d'atteindre
l'équilibre budgétaire en 2015‑2016. Le budget déposé au printemps dernier par le ministre des Finances est
un budget sérieux. C'est budget sérieux parce qu'il adresse une situation
sérieuse, celle de l'état des finances
publiques dont nous avons hérité. C'est budget sérieux parce qu'il pose dès
maintenant des gestes structurants
pour la relance de l'économie et le redressement des finances publiques. C'est
un budget sérieux parce qu'il est
accompagné de budgets des dépenses, démontrant ainsi notre rigueur et notre
transparence dans la saine gestion des finances publiques.
Notre budget
s'appuie sur deux grands piliers : la relance de l'économie et le
redressement des finances publiques. La
relance de l'économie s'appuie sur cinq grands axes : la relance de
l'investissement privé et le soutien aux PME, la stratégie maritime, la
relance du Plan Nord, l'exploitation responsable de nos richesses naturelles et
le maintien et le développement
de nos infrastructures. Le redressement des finances publiques, lui, s'appuie
sur la réduction des dépenses de
l'État par des efforts demandés aux ministères et aux organismes publics :
par un gel global des effectifs des organismes publics et parapublics, par des efforts au Revenu, par un effort demandé
aux sociétés d'État, la lutte contre l'évasion fiscale, la diminution de
certaines dépenses fiscales.
Nous voulons
que le Québec crée plus de richesse et soutienne davantage d'emplois. Nous
devons mettre fin au déséquilibre
structurel des finances publiques, qui alourdit notre dette et limite notre
liberté d'action. Nous devons nous donner
une marge de manoeuvre pour développer les services en santé, en éducation,
aider les plus vulnérables, réduire la
dette et diminuer le fardeau fiscal. Ce budget
est un premier pas pour bâtir une société qui conjugue le développement économique, la justice sociale et l'équité
intergénérationnelle.
L'état
des finances publiques oblige l'État à se réinventer et à remettre en question
certaines façons de faire pas uniquement dans une perspective à court terme, mais également avec une vision porteuse pour les
générations futures. Ainsi, la Commission de révision permanente des
programmes permettra un repositionnement et la mise en place de processus d'évaluation continue visant à recentrer
l'action de l'État dans des programmes prioritaires et là où les besoins
sont les plus pressants. Certains programmes
seront jugés pertinents mais insuffisamment pourvus en ressources. D'autres,
au contraire, seront revus en profondeur.
Tous les programmes seront sujets à être évalués. Le gouvernement souhaite
que tous les ministères et organismes de
même que les employés de l'État participent à cet effort national, qui est
essentiel à la prospérité du Québec.
Le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale est appelé, comme tous les
autres ministères, à faire sa part dans le retour de l'équilibre
budgétaire.
Une enveloppe
budgétaire de 4,5 milliards pour l'année 2014‑2015 démontre l'importance
accordée par le gouvernement à
l'emploi et à la solidarité sociale. La majorité des efforts du ministère ont
été faits au niveau administratif, question de protéger les personnes
les plus vulnérables.
La protection des prestations d'aide financière
de dernier recours et des services pour les personnes les plus vulnérables de notre société faisait partie des
principales préoccupations lors de la présentation du dernier budget. C'est
pour cette raison que nous nous sommes
assurés de ne pas couper les prestations à l'aide financière de dernier
recours. Il est essentiel pour le
gouvernement de maintenir un filet de sécurité sociale adéquat toujours en
s'assurant de tout mettre en oeuvre
pour favoriser le retour ou l'accès au marché du travail à celles et ceux qui
ne sont pas en emploi, la gestion rigoureuse
des programmes d'aide financière administrés par le ministère de l'Emploi et de
la Solidarité sociale, afin de s'assurer
que les bons montants soient versés aux bonnes personnes, faisant également
partie des préoccupations de notre gouvernement.
Lorsque l'on
parle de retourner toutes les pierres, ce n'est pas seulement pour regarder
s'il y a des économies, mais aussi
pour évaluer l'efficacité des investissements et l'évolution des besoins. On
demande donc à tous les organismes... des
ententes de service avec le gouvernement d'expliquer avec précision comment est
dépensé l'argent qui leur est versé, aux CJE. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cousineau) :
Alors, M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte :
Merci beaucoup, M. le Président. On a vu, ce matin, les chiffres de l'emploi
sont sortis. Depuis l'arrivée au
gouvernement par le Parti libéral, 82 000 emplois à temps plein ont
été perdus. C'est catastrophique, c'est énorme. C'est vraiment l'effet
libéral dans toute sa beauté de voir autant de gens perdre leurs emplois à
temps plein.
La vision du
gouvernement actuel, le député l'a mentionné, c'est le Plan Nord et la
stratégie maritime. Le problème, c'est
que le prix des métaux est en train de baisser, est en chute libre, et, avec
ces deux projets-là, puis si on ajoute l'accord de commerce avec l'Union européenne, il n'y aura pas vraiment d'emplois
qui seront créés rapidement, du moins dans les prochains mois, les
prochaines années, liés à ces stratégies-là.
Donc, qui de mieux que les carrefours
jeunesse-emploi pour aider nos jeunes à se trouver un emploi dans des moments où l'économie, où la création d'emplois va
mal? On ne demandera pas : À qui la faute, là? Ça, ça sera un autre
débat. On fera une autre interpellation,
s'il le faut, sur cette question-là. Mais qui de mieux pour aider nos jeunes à
se trouver un emploi que les
carrefours jeunesse-emploi, d'autant plus que les retombées fiscales des
carrefours jeunesse-emploi, c'est
25 millions de dollars de bénéfices? Donc, ça coûte moins cher à l'État
d'avoir les carrefours jeunesse-emploi que de ne pas les avoir. Le gouvernement, là, gagne 25 millions de dollars
en retombées fiscales parce qu'il y a les carrefours jeunesse-emploi qui aident nos jeunes, qui aident
nos jeunes qui ont un emploi précaire à avoir un emploi de meilleure
qualité, d'aider nos jeunes qui n'ont peut-être pas des diplômes à avoir des
meilleurs diplômes.
Je vais vous
donner un exemple, M. le Président. Une autre jeune de ma circonscription que
j'ai rencontrée, une jeune qui avait
une profession, là, ce qu'on appelle, dans le jargon populaire, un emploi
alimentaire, là, donc une job juste pour
survivre financièrement, elle ne se sentait pas valorisée là-dedans. Elle est
allée au carrefour jeunesse-emploi. Ils l'ont aidée avec le service d'orientation. Elle s'est développé des
aptitudes et un intérêt pour travailler dans une boutique de fleuriste.
Elle a commencé à travailler là. Elle se sentait valorisée, tellement que, là,
elle a retourné au carrefour jeunesse-emploi pour suivre des études pour aller
plus loin dans la botanique et pouvoir davantage être spécialiste dans son domaine. Donc, c'est des revenus
supplémentaires à l'État, parce qu'elle va payer plus d'impôt parce qu'elle
va avoir un plus gros salaire. Ça, c'est des retombées économiques pour le
gouvernement.
• (11 h 30) •
Moi, je me
souviens d'un ancien premier ministre qui avait dit, à la blague peut-être,
mais l'image était restée forte, à
tous ces étudiants qui manifestaient dans les rues : Qu'ils aillent se
trouver une job dans le Nord. Il ne faudrait pas que ces jeunes-là, qui ont de la difficulté à se trouver un emploi,
quand on voit 82 000 emplois à temps plein perdus au Québec depuis avril, donc depuis l'arrivée au
gouvernement du Parti libéral... que c'est encore le message qu'on lance
à nos jeunes, que le seul avenir du Québec passe par
aller se trouver une job dans le Nord. Parce que les carrefours jeunesse-emploi ont aussi une mission de garder
nos jeunes en région, d'attirer des jeunes dans nos régions, de dynamiser
nos régions, de faire en sorte qu'il y ait
des milieux de vie stimulants qui soient créés partout au Québec, puis ça,
c'est grâce à la mission, à la couleur et à la saveur des carrefours
jeunesse-emploi.
M. le Président, on parlait d'entrepreneuriat
tantôt. Qui va aider Kevin Genest... de 17 ans, qui fréquente le CJE depuis qu'il a 16 ans, le CJE de Montmorency,
qui l'a aidé à se trouver un premier emploi grâce au programme pour les adolescents, puis qui a réussi à conserver son
emploi. Puis maintenant il veut se lancer sa propre compagnie d'audiovisuel,
avec ses services en entrepreneuriat qu'il a
eus du carrefour jeunesse-emploi. Ça, c'est un futur entrepreneur, c'est un
futur créateur de richesse pour le Québec,
c'est un futur payeur de taxes et d'impôt, puis il a déjà commencé s'il
travaille, hein, du moins s'il a un
assez gros revenu, mais qui va contribuer, qui va contribuer à s'assurer qu'au
Québec on puisse répartir notre richesse par nos impôts. Puis bientôt,
je lui souhaite, il va pouvoir créer des emplois. Bien, c'est des Kevin comme ça qu'on a besoin d'aider au Québec.
Puis, malheureusement, avec la réforme que le ministre est en train de
mettre en place, il met ça de côté.
Donc, j'aimerais savoir de la part du ministre,
et je reviens, comment il peut s'assurer que les carrefours jeunesse-emploi vont pouvoir aider tous les
jeunes, sans exception, mais avec un financement uniquement basé sur les
jeunes qui sont à l'aide sociale et à l'assurance-emploi.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le député de Saint-Jean.
M. le ministre, pour les cinq prochaines minutes.
M.
Blais : Pour répondre peut-être
un peu brutalement : un peu moins de voyages en Afrique et peut-être
un peu plus, hein, de travail
avec les jeunes, comme vous le demandez vous-même.
Donc, selon
nos chiffres, donc, en 2003-2004, les
carrefours jeunesse-emploi ont rencontré 56 000 jeunes par année. C'est beaucoup. Aujourd'hui, ils en rencontrent
45 000, donc 10 000 de moins. Les frais administratifs déclarés par
les carrefours jeunesse-emploi... je
sais que ça va intéresser le député de Groulx, donc, les frais administratifs
des carrefours jeunesse-emploi seraient de 26 % aujourd'hui, hein,
sur la base du financement que nous leur accordons, et ces frais excluent les salaires. Alors, si bien sûr on
intègre les salaires, c'est des frais administratifs qui sont autour de
40 %, donc c'est important. Ça
s'explique très bien. Si vous diminuez, hein, le nombre de jeunes que vous
rencontrez, automatiquement vos frais
administratifs, relativement du moins, augmentent. Donc, c'est un enjeu pour
nous aussi de les recentrer vers la
mission pour diminuer leurs frais administratifs et pour qu'ils rencontrent
plus de jeunes — là-dessus,
je suis tout à fait d'accord avec mon collègue — rencontrer
plus de jeunes, revenir à des chiffres qui ressemblent à ceux qui existaient il y a à peine 10 ans.
Sur la question maintenant de la création
d'emplois, on a eu une mauvaise nouvelle ce matin au niveau de la création
d'emplois. Et, depuis que je suis en fonction, je découvre un paradoxe qui est
assez difficile à comprendre : partout
où je vais, quand je rencontre des entreprises, on me dit : Je n'ai pas de main-d'oeuvre, je ne réussis pas à recruter. Si je ne recrute pas, je ne
réussirai pas à me développer comme je le veux. En ce moment, aujourd'hui même,
il y a 38 000 emplois affichés sur le
seul site d'Emploi-Québec, et c'est une partie des emplois disponibles au
Québec. Donc, l'enjeu
de la création d'emplois, que je partage entièrement, là, avec mon collègue,
c'est de savoir aussi est-ce que l'adéquation entre la formation et
l'emploi aujourd'hui au Québec est celle dont nous avons besoin.
Et je vais
lui donner un exemple extrêmement patent. J'étais à Shawinigan en début de semaine.
Tout le monde ici reconnaît
que la région de Shawinigan vit une situation difficile au niveau de l'emploi.
Des petits employeurs, des toutes petites
PME, se sont regroupés, neuf, hein, pour créer une formation... c'est-à-dire, pour participer à une formation de machiniste. Alors, tous ces employeurs-là étaient en mesure de se développer davantage, la demande pour leurs
produits était là, mais ils ne
pouvaient pas créer d'emplois tout simplement parce que la main-d'oeuvre de
machinistes n'y était pas. Ils ont
créé 32 emplois. Comment? Par la formation. Ils ont créé des emplois non pas en
allant chercher des nouveaux contrats — les contrats étaient là — ils ne pouvaient pas les créer parce que les
travailleurs n'y étaient pas. Donc,
par la formation, par l'accompagnement de 32 jeunes, nous avons créé des
emplois à Shawinigan.
Donc, il y a
un enjeu très important, dans les prochaines années, pour le développement du Québec, de l'adéquation
formation-emploi, et c'est une de nos
priorités. Et, justement parce que c'est une de nos priorités, nous demandons
aux carrefours jeunesse, hein, de se
concentrer davantage vers des jeunes qui sont à la recherche d'emploi. Il y a
des emplois disponibles. Ce matin,
38 000 emplois disponibles sur le site d'Emploi-Québec, c'est une partie
des emplois disponibles pour le Québec. Il y a des emplois disponibles, mais ces
jeunes-là ne sont pas préparés, etc., suffisamment pour y accéder. Donc, il y a une raison supplémentaire pour dire :
Concentrons-nous sur ces jeunes-là, un peu moins de séjours en Afrique. Mais, encore une fois, hein, si les carrefours
jeunesse obtiennent du financement pour financer ces activités-là, je n'ai
absolument aucun problème. Mais, du point de
vue de notre mission à Emploi-Québec, nous ne voulons plus financer ce type d'activité parce que nous pensons que les
carrefours jeunesse peuvent faire plus. Ils l'ont fait par le passé et ils ont
une expertise pour le faire.
Un mot sur la
question de la création de la richesse par les carrefours jeunesse-emploi,
hein? J'ai vu aussi cette étude, si
je me souviens bien, de Grant Thornton. Je me méfie des comptables comme je me
méfie des économistes, mais parfois j'ai plus confiance aux économistes
qu'aux comptables, hein? Donc, ici les chiffres ressemblent un peu à la multiplication des pains, tout simplement, parce
que, quand on fait ce type de recherche, et la recherche l'indique très bien, on n'a contrôlé aucune variable.
C'est-à-dire que tout ce que l'on fait, c'est qu'on suit le parcours de jeunes,
on dit : Tiens, ils occupent un
emploi maintenant, ils ont un salaire, donc c'est lié à l'intervention des
carrefours jeunesse-emploi. Parfois,
c'est lié à l'intervention, parfois non. C'est difficile parce qu'il y avait un
enjeu d'endogénéité, les variables n'étaient pas contrôlées dans cette
étude.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le ministre. Alors, je
passerais la parole maintenant à la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré
pour les cinq prochaines minutes.
Mme
Simard : Merci beaucoup. Alors, toutes les mesures d'Emploi-Québec
visent à aplanir les déséquilibres du
marché du travail et permettre notamment de doter les clients d'Emploi-Québec
d'outils pour faciliter soit leur insertion, leur retour ou leur
maintien en emploi.
Par le biais
de la Mesure de formation de la main-d'oeuvre, je souhaite rappeler
qu'Emploi-Québec soutient les personnes
dans l'acquisition de formations répondant aux besoins des entreprises,
notamment lorsque leur manque de compétence constitue la raison pour
laquelle elles sont au chômage. Emploi-Québec encourage particulièrement les
formations professionnelles et techniques comportant des stages de formation en
entreprise, car cela est propice à l'acquisition
de compétences pratiques adaptées à l'emploi. Par ces services aux entreprises,
Emploi-Québec offre une aide en
matière de soutien à la gestion des ressources humaines en particulier aux
petites entreprises. Emploi-Québec exerce une veille régulière et publie des perspectives d'emploi en se basant
sur un certain nombre de paramètres, dont le scénario de prévision de
croissance économique du Québec produit par la Conference Board du Canada.
Au cours des
prochaines années, il y aura d'importantes possibilités d'emploi au Québec pour
les personnes qui veulent intégrer le
marché de l'emploi. Pour accélérer la croissance économique et la création
d'emplois, le gouvernement agit sur
plusieurs fronts, comme l'a souligné mon collègue député d'Argenteuil
précédemment. Ils constituent... c'est-à-dire, ils consistent à relancer
le Plan Nord et l'industrie forestière, à développer, au Québec, un réseau de
fournisseurs et d'équipementiers de calibre
mondial, à déployer la première stratégie maritime de l'histoire du Québec, une
stratégie qui m'interpelle
particulièrement et qui interpelle également les citoyens de ma
circonscription. Ils consistent aussi à relancer les exportations notamment auprès des PME, à relancer l'innovation et la
création de nouvelles entreprises, à procurer aux jeunes et aux
travailleurs les qualifications requises pour le marché du travail.
Le ministère
travaille à améliorer l'employabilité des personnes en les soutenant dans leurs
démarches d'intégration en emploi.
L'emploi demeure le moyen privilégié pour assurer la sécurité économique et
l'inclusion sociale de tous. Notre première
préoccupation, c'est qu'un maximum de Québécois soient sur le marché du
travail, et, pour y arriver, la notion d'adéquation
formation-emploi est centrale pour que les individus aient les compétences et
que les employeurs puissent avoir la main-d'oeuvre qualifiée dont ils
ont besoin.
• (11 h 40) •
Le
gouvernement s'est engagé à analyser comment le Québec peut s'inspirer du
modèle allemand des écoles de métiers
appelé système dual afin d'intégrer davantage de stages en entreprise dans les
programmes de formation professionnelle
et technique. Pour notre gouvernement, la formation est importante dans un contexte
où il pourrait y avoir des situations
de rareté de main-d'oeuvre.
D'ici 2017,
ce seront près de 725 000 postes
qui seront à pourvoir. Le défi des prochaines années ne sera donc pas les possibilités d'emploi, mais de s'assurer
que les gens qui se cherchent un emploi aient la formation nécessaire pour
les emplois disponibles. Nous nous
assurerons que la formation réponde aux besoins du marché du travail, c'est
pourquoi nous travaillerons à
l'adéquation formation et emploi. Nous travaillons à bien comprendre les
besoins du marché, à créer un lien fort entre les entreprises et la
formation professionnelle et technique, à permettre aux jeunes et aux adultes
en formation d'avoir accès à la technologie de pointe et qu'ils puissent
acquérir des expériences en emploi.
Le Québec
enregistre un retard en matière de productivité et de formation liée à
l'emploi, ce qui constitue un frein à
la prospérité de son économie. À cet égard, en 2012, la Commission des
partenaires du marché du travail, en concertation avec Emploi-Québec, a mis de l'avant
Investissement-compétences. Cette initiative vise à accentuer la mobilisation
de tous les acteurs du marché du travail pour établir une stratégie
cohérente d'investissement et établir une véritable culture de la formation continue et du développement des compétences
dans les entreprises. Pour soutenir, par des moyens concrets,
l'engagement des entreprises québécoises dans le développement des compétences
de leur main-d'oeuvre, Investissement-compétences
offre un dispositif d'engagement pour les entreprises, une gamme intégrée de
services-conseils et de soutiens
financiers regroupant les programmes de subvention du Fonds de développement et
de reconnaissance des compétences. Les entreprises sont aussi invitées à
prendre un engagement envers la formation et à signer le certificat Investissement-compétences. La commission vise
20 000 entreprises engagées pour 2018. Au début de l'automne 2014,
près de 9 020 certificats avaient déjà été émis aux entreprises
québécoises.
La priorité,
c'est l'emploi et l'économie pour notre gouvernement, et des actions concrètes
sont prises afin que tous puissent participer au marché du travail.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. M. le député de Groulx, une
minute.
M.
Surprenant : Merci, M. le Président. Alors, les CJE jouent un rôle
crucial, à mon avis, au niveau socioéconomique,
alors il ne faut vraiment pas penser abandonner les jeunes. C'est notre
richesse de demain, ils ont besoin de support, d'une part.
Au niveau de la reddition des comptes, M. le
Président, alors, je crois que le ministère n'a pas toutes les données qui sont pourtant colligées et disponibles
par les CJE. Alors, si vous les demandez, vous allez vite les obtenir. D'ailleurs, le système s'appelle Espresso. Or,
maintenant, notre position à nous, c'est que — et je vais vous la lire — «nous souhaitons le maintien des services actuels des CJE. Même si l'enveloppe
budgétaire des CJE reste la même, le changement des conditions y étant rattachées conduira à une réduction de cette
mission. Les retombées fiscales positives résultant de l'action des CJE sont amputées de plus de
68 % par ce changement. La CAQ souhaite travailler en partenariat avec le
milieu plutôt que via
l'annonce de décisions détachées des réalités du terrain. Aussi, la CAQ
souhaite que soit revue la reddition de comptes afin d'y inclure la
population cible et le portrait des bénéficiaires propres à chaque CJE.»
Alors,
l'équilibre budgétaire, on sait qu'il est important pour vous. Avez-vous un
rapport qui dit que ce n'est pas rentable d'opérer les CJE tel que ça
fonctionne ou avez-vous un rapport qui dit que vous pouvez faire mieux?
Conclusions
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, merci, M. le député de
Groulx. Nous en sommes à la dernière étape, donc la conclusion : 10 minutes pour le ministre et 10 minutes pour le
député de Saint-Jean. Alors, vous pouvez, M. le ministre, disposer de
vos 10 minutes.
M. François Blais
M.
Blais : Bien, je remercie tous les collègues ici, mes collègues,
disons, du gouvernement, les collègues aussi de l'opposition et en particulier, bien sûr, mon collègue de Saint-Jean,
qui a amené cette discussion-là ici, à la fois ici même, en Chambre,
mais devant la population puis devant les CJE, hein? Je trouve que qu'est-ce
qui est, disons, vraiment appréciable dans
l'exercice, c'est de pouvoir nous expliquer entre nous mais aussi de parler
directement aux CJE, à ceux qui
aiment les CJE, qui sont inquiets, qui ont été inquiétés, etc., par les
annonces récentes, et j'espère que ce qu'ils ont entendu aujourd'hui
permet de les rassurer. Alors, les rassurer comment?
Tout d'abord,
nous savons qu'il n'y aura pas de
fermeture des carrefours jeunesse-emploi. Il n'y en aura pas. Nous
savons maintenant que nous allons maintenir le même niveau de financement,
c'est-à-dire, du moins pour Emploi et Solidarité
sociale, de 45 millions de dollars. Donc, le financement sera au
rendez-vous parce que nous avons besoin d'eux, nous avons besoin de leur expertise. Il y a un changement important, ce
ne sera plus sous la forme d'une subvention directe mais par un contrat de services, du moins pour ces
45 millions. Et je comprends que c'est en partie une nouveauté, parce
qu'il faut savoir que les CJE reçoivent
aussi déjà des contrats de services d'Emploi-Québec pour des choses un peu plus
précises. Donc, ce n'est pas une nouveauté
complète, mais, c'est vrai, hein, je l'ai dit souvent, c'est un recentrage, une
priorisation de leur mission vers les jeunes qui sont plus éloignés du marché
du travail dans un contexte où il y a une diminution
quand même non négligeable du chômage chez les jeunes depuis la création des
CJE, dans le contexte où je constate,
et je réponds en partie, là, à mon collègue député de Groulx, je constate une
dispersion, hein, de leurs activités et le fait que l'on veut les recentrer davantage sur la mission de la
relance de l'emploi, puis ça, je pense qu'on est tous d'accord ensemble
là-dessus.
Nous ne fermerons pas aucun carrefour
jeunesse-emploi, nous continuerons de travailler avec eux dans les prochaines années. Ils sont des partenaires
importants pour le gouvernement du Québec. Le gouvernement du Québec n'abandonne pas ces jeunes. En tout cas, je n'ai
rien entendu aujourd'hui qui me fait croire le contraire. Les changements
administratifs et de mission discutés
aujourd'hui entre nous permettent de recentrer notre action vers ceux, les
jeunes, qui ont besoin le plus de
l'expertise des carrefours jeunesse-emploi. Dans 76 % des cas, ce sont des
jeunes prestataires qui proviennent
d'une famille ayant bénéficié d'un programme d'assistance sociale, pour qui
cette situation peut représenter un blocage pour leur avenir.
Ce sont plus
de 50 000 prestataires d'aide financière de dernier recours de moins de 35
ans qui ont les capacités de participer au marché du travail. Le
gouvernement du Québec doit modifier son approche afin d'intégrer le plus de jeunes possible au marché du travail, et ça, je
pense, c'est un objectif que nous partageons tous ici. C'est ce que nous avons
fait avec l'accueil personnalisé et
l'accompagnement soutenu pour les jeunes prestataires de moins de 25 ans à
l'aide sociale, mais nous avons
besoin maintenant de faire un pas de plus. Nous avons besoin des carrefours
jeunesse-emploi pour aider ces jeunes à réintégrer le marché du travail.
Nous devons
prendre des décisions en nous basant sur l'aide devant réellement être offerte
aux personnes qui en ont le plus besoin, je répète, aux personnes qui en ont le
plus besoin — une
troisième fois — aux
personnes qui en ont le plus besoin.
Nous devons actualiser nos interventions et celles de nos partenaires afin
qu'elles répondent aux besoins du
marché du travail d'aujourd'hui, un marché du travail qui, comme je le mentionnais plus tôt, a
grandement évolué depuis la mise en place des carrefours jeunesse-emploi.
Les occasions d'emploi seront plus que favorables pour les jeunes Québécoises
et les jeunes Québécois. Encore faut-il être là, auprès d'eux, pour les appuyer.
Je rappelle
que, selon Emploi-Québec, 375 000 emplois seront à pourvoir par des jeunes
d'ici 2017, hein — c'est
l'effet, bien sûr, de la bascule, notamment
de la bascule démographique — sans compter la création d'emplois générés
par des projets d'investissement qui ont été
annoncés récemment. Près de 15 % de la clientèle des programmes d'aide
financière de dernier recours sont des
jeunes de moins de 35 ans sans aucune contrainte à l'emploi. Le taux de chômage
chez les jeunes adultes de 15 à 34 ans est
passé de 14,3 % en 1997 à 9,6 % en 2013. Il devient alors, à notre
avis, conséquent, cohérent,
raisonnable, justifié, nécessaire de recentrer l'action des carrefours
jeunesse-emploi. Ce n'est quand même pas contre la religion. Est-ce que cette situation signifie que les
carrefours jeunesse-emploi ne faisaient pas un bon travail? Je ne pense
pas avoir parlé de ça aujourd'hui, loin de là.
• (11 h 50) •
Ces
changements signifient que nous pouvons tous ensemble faire mieux pour nos
jeunes, encore une fois, parce que
bien sûr je crains les questions, hein, du député de Groulx, aux crédits
budgétaires, sur ce que nous faisons et comment nous finançons les organismes d'aide à l'employabilité. C'est pourquoi, à
compter du 1er avril 2015, le ministère signera des ententes de service
avec les carrefours jeunesse-emploi, donc, des ententes de service avec les
carrefours jeunesse-emploi selon les mêmes
modalités que celles des autres organismes oeuvrant en employabilité financés
dans le cadre
de la mesure Services d'aide à l'emploi. Il n'y a aucune honte à ça. Ces
ententes fonctionnent bien, on les adapte bien aux organismes, on les
adapte bien aux régions aussi, M. le député.
Les
services financés par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale
offerts par les carrefours jeunesse-emploi seront recentrés vers la
clientèle qui doit être aidée par les services publics d'emploi, soit
prioritairement les jeunes prestataires de
l'aide financière de dernier recours et les jeunes admissibles à
l'assurance-emploi. L'enveloppe disponible pour les jeunes sera
maintenue. Des travaux ont débuté cette semaine en collaboration avec le réseau
des carrefours jeunesse-emploi du Québec et
le Collectif autonome des carrefours jeunesse-emploi afin de s'assurer que la
transition s'effectue efficacement. Ils vont d'ailleurs nous revenir dans deux
semaines avec une proposition par rapport à ce que l'on a déjà proposé.
Donc, nous sommes en discussion avec eux. C'est difficile pour eux. Le
changement est toujours difficile. Le changement est toujours difficile, mais
il est parfois nécessaire.
Le ministère
verra à ce que les services offerts soient complets et efficaces. Oui, des
objectifs seront fixés en début d'entente, et une reddition de comptes
sera effectuée par les carrefours jeunesse-emploi afin de vérifier l'atteinte
des résultats attendus, pas uniquement les budgets, mais l'atteinte des
résultats attendus, parce que nous finançons nos organismes de cette façon. Le gouvernement du Québec est conscient que
cette approche modifie les façons de faire des carrefours
jeunesse-emploi. Nous allons continuer à les soutenir dans ce chemin. Nous
sommes convaincus que les changements proposés permettront d'atteindre
l'objectif fixé, à savoir mieux soutenir les jeunes pour favoriser leur
participation au marché du travail.
Pour conclure, M. le Président, je remercie tous
ceux qui ont contribué à l'échange de qualité, un échange démocratique, auquel
nous avons participé aujourd'hui. J'espère d'ailleurs obtenir la collaboration
des collègues de l'opposition pour la suite des choses. Il me semble que ce que
nous faisons appartient à la raison, appartient au sens commun. Les temps changent, et il faut s'adapter. Soyez assurés que le
gouvernement du Québec a une vision et que nous jeunes en sont partie intégrante. Plusieurs chantiers sont en cours au
ministère afin d'optimiser l'offre de services offerte aux jeunes et de
voir comment nous allons les soutenir davantage dans les prochaines années.
Plusieurs travaux sont également en cours au
niveau gouvernemental afin de donner aux générations futures des projets
majeurs créateurs de richesse. Nous n'avons qu'à penser au Plan Nord,
qui permettra de créer des emplois et de stimuler l'économie dans l'ensemble des régions du Québec, tant au Sud
qu'au Nord. Il s'agit de projets porteurs pour le Québec et pour nos jeunes.
Je souligne d'ailleurs l'importance d'avoir
une jeunesse compétente, prête à relever les défis du marché du travail. Je
pense que j'ai donné un exemple
éclatant de cela avec ce que nous avons vu à Shawinigan cette semaine, des
entreprises qui se sont coordonnées pour favoriser la formation en
emploi, pour créer des emplois.
En terminant,
je réitère également l'importance qu'accorde le gouvernement du Québec aux
carrefours jeunesse-emploi et à
l'ensemble des organismes, et je les salue aujourd'hui, l'ensemble des
organismes, ils sont plus de 300, qui
oeuvrent au développement de l'employabilité au Québec. Je vous remercie, M. le
Président, et je remercie tous les collègues.
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, merci, M. le ministre. Alors,
M. le député de Saint-Jean, pour votre conclusion de 10 minutes.
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte : Merci,
M. le Président. Donc, après pratiquement deux heures de discussion et
d'échange, le ministre peut dire qu'on se rapproche. Moi, je pense qu'on
s'éloigne.
Effectivement,
le ministre nous dit que, selon lui, il n'y aura pas de fermeture de carrefour
jeunesse-emploi. Ça, c'est une chose.
Mais en même temps il nous confirme que le financement à la mission des
carrefours jeunesse-emploi ne sera
pas maintenu. Et il nous annonce, même si on le savait déjà, qu'il y aura un
financement en fonction de chaque jeune.
Donc, le financement va aller en fonction de l'aide de ces jeunes-là, mais de
certains jeunes. Et c'est là le point, là. Le ministre nous dit : Aucun carrefour jeunesse-emploi ne va mettre
de côté les autres jeunes. Mais on n'a pas l'assurance de ça de sa part, là. Il a une responsabilité,
comme ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, de s'assurer que tous
les jeunes puissent avoir un emploi
décent, de qualité et pouvoir obtenir ce qu'ils désirent comme emploi, mais en
privilégiant... Et c'est correct
d'aider les gens qui sont à l'aide sociale et à l'assurance-emploi, mais ce
n'est pas les seuls jeunes du Québec. Sur
60 000 jeunes par année que les carrefours jeunesse-emploi aident, avec la
réforme que le ministre propose aujourd'hui c'est 40 000 jeunes qui
seront mis de côté.
Il nous parle
de dispersion, il nous parle de recentrage. Par la suite, on a entendu un
nouveau mot qui est arrivé, c'est
«prioriser». Donc, quand on dit «prioriser», ça veut dire que les autres jeunes
ne seront pas mis de côté. S'ils ne sont pas mis de côté, je reviens avec ma question : Comment on va faire
pour financer ces services-là? N'ayant plus de financement de base, M. le Président, les carrefours jeunesse-emploi ne
pourront plus mettre en place des programmes en fonction de la couleur, l'originalité et la saveur de chacune des
régions du Québec pour attirer des jeunes. On le voit, il y a une diminution du nombre de jeunes qui
viennent d'Emploi-Québec dans les carrefours jeunesse-emploi. Pourquoi? Parce que les jeunes ne veulent pas être juste un
CP-12 ou un indice d'employabilité. Les jeunes ont besoin de se sentir comme une personne, pas juste comme un code et
comme un numéro. Et c'est pour ça que les jeunes sont intéressés par le
modèle des carrefours jeunesse-emploi.
Moins de
centres locaux d'emploi au Québec avec le projet de loi n° 15, moins
d'agents à Emploi-Québec, dans les
centres locaux d'emploi. Quelqu'un qui fait une demande pour l'aide sociale ne
peut pas rencontrer son agent dès sa demande
pour l'aide sociale. Et là on lui dit et on leur dit, à ces gens-là qui
travaillent dans les CLE : En plus de tout ça, là, vous en avez déjà assez, là, mais ce n'est pas
grave, on va vous en ajouter, on va vous ajouter tout le triage, là, comme
dans une urgence, des
jeunes pour qu'ils puissent savoir est-ce qu'ils performent assez bien en
termes d'indice d'employabilité pour aller, oui ou non, dans un
carrefour jeunesse-emploi par la suite. C'est une augmentation de la bureaucratie, c'est une augmentation de la paperasse,
c'est une diminution de la qualité du service pour nos jeunes du Québec, M. le Président, les jeunes qui sont
pénalisés. Le ministre, il nous dit qu'il ne voit pas encore, là, dans tout ce
que j'ai dit ou dans tout ce que les
autres ont dit, des jeunes qui seront pénalisés. Oui, il y en aura. Les 16-17
ans, ils ne pourront plus être aidés
par les carrefours jeunesse-emploi. Les jeunes qui ne sont pas à l'aide
sociale, avec le financement que vous
proposez, ne pourront pas être aidés par les carrefours jeunesse-emploi. Vous
me parlez, M. le ministre... Pardonnez-moi, M. le Président.
Le
ministre nous parle de sa surprise, partout où il va, de voir des gens qui se
cherchent des employés qualifiés. D'accord.
Je suis porte-parole en formation professionnelle, éducation des adultes,
alphabétisation. Je suis très conscient de ça : les carrefours jeunesse-emploi aident nos jeunes à avoir
une orientation pour savoir dans quel domaine poursuivre leurs études ou améliorer leur formation pour
avoir des emplois de qualité. Qui va orienter nos jeunes du Québec? Il va
falloir attendre que nos jeunes qui ont un
emploi actuellement lâchent leur emploi pour tomber à l'assurance-emploi ou,
encore pire, être obligés de se rendre à
l'aide sociale pour pouvoir être aidés par les carrefours jeunesse-emploi? Ça
n'a pas de bon sens, M. le Président.
En plus, son collègue ministre de l'Éducation coupe dans l'orientation dans nos
écoles. Il m'a déjà dit aux
crédits : Est-ce que vous êtes en train de me dire, M. le député, que la
main gauche fait quelque chose puis
elle ne parle pas à la main droite? Mais on le voit encore, un autre exemple de
la part du gouvernement, on coupe l'orientation
dans nos écoles, on coupe l'orientation dans les carrefours jeunesse-emploi.
Nos jeunes qui ont des emplois à statut
précaire vont devoir rester à leur statut précaire parce que, pour les gens du
ministère, le ministre, ils ont déjà un emploi, ils n'ont pas besoin
d'avoir plus, pas besoin de contribuer plus au gouvernement.
Le ministre nous dit :
Moins de voyages en Afrique. Bon. Est-ce que le ministre sait que...
Une voix :
...
• (12 heures) •
M.
Turcotte :
Le ministre rit. En tout cas, la mobilisation des jeunes puis l'implication des
jeunes dans une collectivité pour aller
aider d'autres jeunes qui ont besoin en Afrique, entre autres, ça fait rire le
ministre. Bon. On peut repasser.
80 % du maintien en emploi suite aux stages à l'international. C'est des
jeunes qui ramassent de l'argent avec des
campagnes de levée de fonds, avec du financement, qui se mobilisent. En même
temps, le ministre, est-ce qu'il est en train de dire que, toute l'aide du gouvernement pour les jeunes à
l'étranger, on va couper ça? Bon. On peut fermer cette parenthèse-là.
25 millions
de retombées fiscales suite au travail des carrefours jeunesse-emploi. Il se
méfie des comptables, il se méfie des
économistes. Aux crédits, il m'a dit qu'il se méfiait des avocats. Il se méfie
de beaucoup de gens, il se méfie de beaucoup
de gens. Moi, à sa place, moi, à sa place, je me méfierais de son collègue le
président du Conseil du trésor, qui, d'une
façon idéologique, a décidé de faire
des choix politiques et idéologiques dans un contexte d'austérité pour saborder
un des fleurons québécois
qui sont les carrefours jeunesse-emploi. Ce n'était pas assez, les CPE, ce n'était pas
assez, les centres de santé et de
services sociaux, ce n'était pas assez, les conseils locaux de développement,
il faut qu'il s'attaque en plus, à la
demande de son collègue président du Conseil
du trésor... Parce que je connais le
ministre. Je suis certain qu'au fond
de lui, là, son combat qu'il a toujours fait pour aider les plus démunis de notre société
a toujours été apprécié et louangé par plusieurs. Je sais qu'au fond de lui il n'est pas à
l'aise de faire ça, ce qu'il fait en ce moment, mais il répond au mandat de son collègue président du Conseil du trésor. S'il a quelqu'un à se méfier, c'est au président du Conseil du trésor. Je dis ça en toute amitié, bien entendu, parce que, sur le plan
personnel, on peut apprécier ou pas la personne, mais, sur le plan
idéologique, c'est assez clair.
Son
ancien... bien, lui, il ne l'a pas connu comme chef, mais il l'a quand même
sûrement connu un peu partout, l'ancien
premier ministre du Québec, M. Jean Charest, premier ministre Jean Charest, a dit qu'il était le fan numéro un des CJE. Pour lui, là, c'était la plus grande
invention. Il aurait aimé ça que ça soit le Parti libéral du Québec qui
crée les CJE. C'est aujourd'hui le Parti libéral du Québec qui met fin à la mission des carrefours jeunesse-emploi qui ont amené, selon les dires lui-même du ministre, les grands
résultats, qui ont fait baisser le taux de chômage au Québec chez nos jeunes.
Les carrefours
jeunesse-emploi, c'est une
originalité, c'est une couleur locale. J'aime beaucoup les propos de mon
collègue de la Coalition avenir Québec quand il parle du pouvoir de décider de nos
localités. C'est ce que les carrefours
jeunesse-emploi ont fait, c'est ce qu'on veut qu'ils fassent.
Est-ce que le
ministre, maintenant qu'on a fait tout ce débat-là, est-ce que le ministre peut
nous assurer, après la fin de cette
interpellation, de prendre quelques minutes pour rencontrer les jeunes qui sont
présents ici et les gens des carrefours
jeunesse-emploi? Parce qu'il a laissé
sous-entendre que, selon lui, ces gens-là étaient rassurés de ses propos.
Est-ce qu'il pourrait les rencontrer pour
entendre leurs premières impressions, à ces jeunes-là, qui sont les premiers
visés par la réforme du ministre,
pour les entendre? Parce qu'on sait que les carrefours jeunesse-emploi ne
sont pas comme les autres. C'est un organisme à part, une organisation à
part, et c'est ce qui a fait ces résultats.
Quand
j'ai rencontré des jeunes au Carrefour jeunesse-emploi Charlesbourg-Chauveau,
le carrefour jeunesse-emploi de la circonscription du ministre, une jeune fille
qui est ici, d'ailleurs, a utilisé les termes : C'est une trousse d'espoir
pour moi, le carrefour jeunesse-emploi. Un autre a parlé de boussole, un
autre a parlé de spécialiste des trous de services. Quelqu'un a dit que c'était
unique au Québec, que... petits moyens, grands coups de main. Ça, c'est des
jeunes, c'est des jeunes qui ont eu
ou qui ont des services de nos carrefours
jeunesse-emploi. C'est des Anthony,
comme la ministre de la Justice
était si fière qu'il se sorte de sa solitude et de son isolement chez lui.
C'est des David, c'est des Marc, c'est des Laurence qui sont aidés partout au Québec, peu importe leur âge, peu
importe la grosseur de leur portefeuille, peu importent leurs
problématiques.
Je vous remercie beaucoup, M. le Président.
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, merci, M. le député de Saint-Jean, merci,
M. le ministre, merci, M. le député de Groulx, merci, M.
le député d'Argenteuil, et merci, Mme la députée de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
pour cette séance de travail très intéressante, très intéressante.
Alors, compte tenu de l'heure, je lève la
séance, et la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine
die. Bonne fin de semaine.
(Fin de la séance à 12 h 4)