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(Neuf heures cinq minutes)
Le Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'économie et du travail entreprend ses travaux,
ce matin, à la suite d'un ordre de la Chambre pour une interpellation.
Je rappelle le mandat de la commission. Il s'agit d'une interpellation de la
députée de Maisonneuve, Mme Harel, au ministre de l'Industrie et
du Commerce, M. Johnson, sur le sujet suivant: ie désengagement du
gouvernement libéral face à la détérioration
économique de l'est de Montréal. Est-ce que, M. le
secrétaire, vous avez des remplacements pour cette commission?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue) est remplacé par M. Gobé
(Lafontaine); M. Charbonneau (Verchères) est remplacé par Mme
Harel (Maisonneuve); M. Latulippe (Chambly) est remplacé par M. Laporte
(Sainte-Marie); M. Maltais (Saguenay) est remplacé par M. Bissonnet
(Jeanne-Mance) et M. Théorêt (Vimont) est remplacé par M.
Trudel (Bourget).
Le Président (M. Bissonnet): Mes chers collègues,
je vous rappelle les règles qui régissent cette interpellation.
Au départ, le député qui a donné l'avis
d'interpellation, aujourd'hui la députée de Maisonneuve,
intervient ie premier pendant dix minutes; ensuite, le ministre
interpellé intervient durant les dix minutes suivantes et, à tour
de rôle, il y a alternance entre un député de l'Opposition,
le ministre, un député du groupe formant le gouvernement, etc.
À la fin, lorsqu'il restera vingt minutes, le ministre fera sa
dernière intervention et la députée de Maisonneuve aura
son droit de réplique final.
Mme la députée de Maisonneuve, vous avez la parole.
Exposé du sujet Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. M. le Président,
je dois vous informer que mon collègue, le député de
Roberval et porte-parole de l'Opposition en matière d'industrie et de
commerce, se joindra à moi, ce matin, dans le cadre de cette
interpellation.
Il y avait un mois, hier, qu'étaient publiées les
recommandations du Comité pour la relance de l'emploi et de
l'économie dans l'est de Montréal, donc, il y a maintenant un
mois que sont connues les recommandations du comité que l'on appelle le
CREEEM. Je rappelle que ce comité mis en place par les trois niveaux de
gouvernement, fédéral, provincial et municipal; de même que
tes parties concernées dans l'est, employeurs, travailleurs et
travailleuses, ont mis un peu plus d'un an pour faire un diagnostic de la
situation et préconiser des solutions énergiques pour faire face
à la situation.
Le thème de ce rapport s'intitule: "Se prendre en main." Lorsque
M. Pichette, l'ancien recteur de l'Université du Québec à
Montréal et président de ce Comité pour la relance de
l'économie et de l'emploi dans l'est de Montréal, a rendu public
ce rapport il y a maintenant un mois, il l'a rendu public à l'occasion
d'une rencontre avec tous les élus de l'est de Montréal, qu'ils
soient du niveau fédérai, provincial ou municipal. L'expression
qu'a utilisée M. Pichette est la suivante, il nous a dit: Nous avons
longuement réfléchi sur la possibilité d'intituler ce
rapport "Pour une volonté politique". Finalement, ils ont
préféré le thème "Se prendre en main", étant
peu sûrs qu'il y avait véritablement une volonté politique,
mais étant, cependant, certains de la volonté de se prendre en
main des gens du milieu.
M. le Président, ce matin, ce que l'Opposition vient tester et ce
que je viens, moi, comme députée du bas de la ville de
Montréal, tester auprès du gouvernement libéral, c'est sa
volonté de tenir ses promesses. Un mois après la publication des
recommandations du rapport CREEEM où en est rendu Québec? Je vous
rappelle, M. le Président, que, sur le plan des promesses, il y en a eu
beaucoup de faites à la population de l'est de Montréal. À
cet effet, je voudrais simplement rappeler - cela va sans doute rappeler
quelques souvenirs à mes collègues de l'est de Montréal -
ce petit dépliant qui était distribué en 500 000 copies
sur tous les pare-brise des automobiles le dimanche qui a
précédé l'élection du 3 décembre 1985. Ce
dépliant annonçait que l'équipe libérale allait
créer une zone d'entreprises, une solution concrète pour lutter
contre le chômage. Des promesses, oui, il y en a eu beaucoup;
promesse,
d'abord, de cette zone d'entreprises annoncée à grand
renfort de publicité. Mes collègues qui étaient candidats
se rappelleront une tournée d'autobus faite dans l'est de
Montréal, qui était menée par le ministre actuel du
Commerce .extérieur, M. MacDonald, et qui annonçait la
création d'une zone d'entreprises dont les bénéfices
étaient longuement décrits; entre autres, on y voyait
l'engagement de subventions aux investissements, de subventions à la
main-d'oeuvre et également l'engagement de rabais de taxes pour les
entreprises qui allaient faire de l'embauche locale dans cette zone.
A suivi cet engagement l'annonce par le premier ministre, le 10 mars
1986, il y a donc à peine 18 mois - on ne remonte pas au déluge -
d'un comité. Je lis le communiqué de presse du premier ministre
lui-même. "M. Robert Bourassa, premier ministre du Québec, annonce
que le gouvernement donne suite à un engagement électoral des
candidats libéraux de l'île de Montréal en confiant au
ministre de l'Industrie et du Commerce, M. Daniel Johnson, le dossier de la
création d'une zone d'entreprises dans l'est de Montréal, M.
Bourassa ajoute que M. Andrë Vallerand, ministre
délégué aux PME - dont on comprend l'absence puisqu'il est
à l'ouverture du salon de la PME, ce matin - secondera le ministre, de
même que M. Jean-Claude Gobé, député de Lafontaine -
dont nous ne comprenons pas l'absence ce matin - qui sera appelé
à collaborer à la mise sur pied de ce projet." Le premier
ministre nommait également le député de
Vaudreuil-Soulanges, ministre de l'Industrie et du Commerce, responsable de la
région administrative de Montréal auprès du Conseil des
ministres.
La création du Comité d'adaptation de la main-d'oeuvre
pour Montréal-Est a suivi cela. C'était, finalement, une annonce
faite par la prédécesseure de l'actuel ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu en octobre qui
était reprise en avril. Le ministre, M. Vallerand, au sommet
économique de Montréal, reprenait cet engagement d'une zone
d'entreprises, formait même un comité consultatif formé -
nous le savons maintenant - de personnes notoirement connues dans l'île
de Montréal, qui ont, d'ailleurs, eu une première rencontre il y
a de cela à peine un an et quelques mais, en juin 1986.
M. le Président, nous en sommes toujours à attendre les
engagements fermes du gouvernement libéral à l'égard du
développement de l'emploi et de l'économie dans l'est de
Montréal. On va sans doute nous dire aujourd'hui que, miraculeusement,
d'un coup de baguette magique - et c'est à se demander si le ministre de
l'Industrie et du Commerce n'est pas devenu le Peter Pan d'un Walt Oisney qui
se serait, en l'espace d'à peine quelques mois, développé
dans l'est de Montréal - la situation va bien, que cela ne commande plus
l'intérêt, l'urgence d'agir qui semblait animer le Parti
libéral il y a à peine 18 mois maintenant.
M. le Président, nous demandons au ministre de l'Industrie et du
Commerce et à ses collègues de ne pas confondre l'apparente
vitalité économique de l'est de Montréal avec les
difficultés réelles qui sont rencontrées par des
infrastructures industrielles qui sont vétustes et des secteurs
industriels qui sont menacés.
Sans doute, M. le Président, nous fera-t-on valoir cette
création d'emplois dans l'est en 1986. Elle avait, d'ailleurs - il faut
le constater - débuté en 1984 et en 1985 et elle va en
s'accélérant. Mais encore ne faut-il pas se laisser tromper et ne
faut-il pas que cette création d'emplois serve d'écran pour ne
rien faire. S'agit-il, d'abord, véritablement de création
d'emplois? Ne s'agit-il pas, d'abord, de déplacement et de transfert
d'emplois dans les parcs industriels aménagés dans l'est de
Montréal pour accueillir des emplois déjà existants dans
d'autres secteurs plus vétustes de la ville? ' Et je donne un exemple au
ministre: Dans les 3000 emplois qu'on brandit pour 1986, il y a, entre autres,
les 335 emplois de l'Imprimerie Ronalds, imprimerie que le premier ministre
lui-même est allé inaugurer dans le parc industriel de
Pointe-aux-Trembles. C'est lors de cette inauguration que le premier ministre a
fait valoir que la situation était suffisamment satisfaisante pour
qu'elle n'incite plus le gouvernement libéral à agir
vigoureusement à l'égard de l'est, en prenant des mesures
sélectives et particulières.
Eh bien, je rappelle que l'imprimerie Ronalds, dont on est si fier, est
une entreprise qui a transféré des emplois qui étaient
déjà existants dans un autre secteur de la ville et qui a tout
simplement fait déplacement d'emplois dans le parc industriel de
Pointe-aux-Trembles. Il faut, d'ailleurs, se réjouir que la ville de
Montréal, elle, ait convenu d'une action énergique et vigoureuse
pour assurer le remembrement de terrains qui étaient trop
vétustes pour le développement industriel, ait assuré
l'investissement pour les infrastructures. Je sais que le ministre a reconduit,
mais jusqu'en 1989 seulement, le programme de revitalisation des
infrastructures des zones désuètes. (9 h 15)
Ce programme est un programme qui existait auparavant et qui continue de
permettre que des établissements se modernisent. Mais cela n'en fait pas
pour autant de la création d'emplois. La réalité, M. le
Président, c'est que la situation ne s'est pas améliorée
sur le plan de l'emploi. Bien au contraire. L'est de Montréal, en
septembre 1987, compte toujours 12,6 % de chômage lorsqu'en début
de la récession
c'était 9,6 %. Si le ministre me dit que cela va bien, moi, je
lui demande: Si cela allait mal, qu'est-ce que ce serait dans l'est avec 12,6 %
de chômage? Qu'est-ce que ce serait, quand on sait qu'il y a 22 000
chômeurs dûment inscrits à l'assurance-chômage et 10
000 bénéficiaires de l'aide sociale qui sont des chômeurs
qui attendent du travail et qui reçoivent de l'aide sociale, comme si
c'était une sorte d'assistance chômage, donc, au-delà de 32
000 personnes? Alors, si cela va bien, qu'est-ce que ce serait si, en plus, les
3000 emplois actuellement occupés par des travailleurs et travailleuses
dans des secteurs qui sont menacés, qui sont menacés parce que ce
sont là des emplois plus fragiles...
Le Président (M. Bissonnet): Si vous voulez conclure, Mme
la députée.,
Mme Harel: Alors, M. le Président, je pense que nous
aurons l'occasion d'échanger pour amener le gouvernement à
renouveler un engagement ferme à l'égard des recommandations
précises contenues dans le rapport du Comité pour la relance de
l'emploi et de l'économie de l'est de Montréal.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre de
l'Industrie et du Commerce.
Réponse du ministre M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous remercie, M. le
Président. D'entrée de jeu, je dirais, afin de toucher tout de
suite la viande de l'intervention de ce matin de la députée de
Maisonneuve, qu'il semble y avoir une nuance, que j'appellerais une
différence considérable, entre les propos qu'elle vient de tenir
par opposition au libellé de l'interpellation de ce matin qui se lit
ainsi: "Le désengagement du gouvernement libéral face à la
détérioration de la situation économique de l'est de
Montréal".
La députée ne semble pas avoir pu soutenir la conclusion
qui, selon elle, s'imposerait évidemment en libellant de cette
façon son intervention de ce matin; on n'a pas jusqu'ici
démontré que le gouvernement s'était
désengagé. On dit au gouvernement du Québec:
Écoutez, cela fait une trentaine de jours qu'un comité
fédéral, provincial, municipal d'entreprises du milieu a soumis
ses recommandations. Qu'est-ce que vous attendez pour donner suite à
toutes les recommandations, les suggestions sur les budgets
considérables qui seraient évidemment éventuellement
dégagés pour répondre spécifiquement à
toutes les questions qui sont posées? Vous me permettrez de
répéter que la députée n'a pas prouvé qu'on
s'était désengagé. Au contraire. Je vais le prouver, non
seulement dans cette première intervention, mais avec l'aide de mes
collègues et dans une intervention subséquente.
Par ailleurs, ce qui me frappe dans les propos de la
députée, c'est ce manquement à des suggestions très
précises qui apparaissent dans le rapport du Comité pour la
relance de l'économie et de l'emploi de Montréal, à cette
suggestion de tenir à l'égard de l'est-de Montréal un
langage positif, valorisant et porteur d'espoir. Encore une fois, dans le
libellé de l'interpellation, on parle de détérioration de
la situation économique de l'est de Montréal. La
députée reconnaît en même temps que ce n'est pas
détérioré, car il y a un taux de chômage qui s'est
maintenu.. II ne s'est pas aggravé; il s'est maintenu. Je le
déplore tout autant que la députée et que mes
collègues de l'est de Montréal.
Je relèverais, par ailleurs, dans les propos de la
députée que je ne tombe pas nécessairement continuellement
dans la même confusion qu'elle tente d'entretenir quant à
évoquer le nombre d'emplois qui se sont créés en
soulignant, dit-elle, que ce ne sont pas nécessairement les gens de
l'est de Montréal qui travaillent car il y a peut-être là
des transferts d'emplois qui se font d'autres zones de Montréal. C'est
possible. Il n'en reste pas moins que cela crée de l'activité
économique, que cela renforce un tant soit peu le tissu social et
économique de l'est de Montréal que d'avoir des entreprises qui
fonctionnent plutôt que d'avoir des édifices qui devraient
être productifs et qui seraient vides.
Je me réfère surtout à une compilation
estimée par la Commission de l'emploi et de l'immigration du Canada du
mois d'août. Cette enquête a relevé qu'il y avait, dans
l'est de Montréal, en 1987 par rapport à 1985, 9300 personnes de
plus occupées. Cela n'est pas le relevé des emplois qu'on trouve
dans ce secteur; les 9300 personnes en question sont des gens qui sont
résidents dans l'est de Montréal et qui, à la question
"occupez-vous un emploi?", répondent oui. C'est une amélioration
que je qualifierais de plus que sensible.
Il n'en reste pas moins que la population active a également
augmenté, ce qui fait qu'en bout de course il y a essentiellement le
même nombre de chômeurs qu'on peut déplorer, il y a
essentiellement le même nombre d'assistés sociaux, nombre qu'on
peut également déplorer. Mais, à tout le moins, devant des
discours alarmistes comme celui de la députée qui parle de
détérioration, on peut, quant aux chiffres, montrer qu'il y a un
maintien d'une situation qui est déplorable. Je le reconnais encore une
fois, mais regardons ce qui a été fait avant de voir ce que nous
pourrions faire
pour répondre aux suggestions du comité de
relancée
La députée, évidemment, veut nous rappeler nos
engagements. Je vais me permettre, M. le Président - c'est parfaitement
acceptable, à ce moment-ci - de rappeler des réalisations
à l'égard de l'est de Montréal, des réalisations
quant à des décisions que je qualifierais de purement politiques,
de dire à toutes les instances gouvernementales que - en tout cas, chose
très certaine, celles qui relèvent du ministre de l'Industrie et
du Commerce - lorsqu'il y a un dossier de l'est de Montréal, il est
traité en priorité? il est traité de façon
sympathique, pour dire le moins; il est traité en ayant à
l'esprit qu'il faut des interventions précises, particulières,
favorables au développement de l'est de Montréal.
À ce titre-là, nos réalisations au titre de
l'emploi et au titre des investissements qui ont été consentis
dans l'est de Montréal sont considérables. Depuis décembre
1985, j'ai fait faire le relevé simplement par la Société
de développement industriel; à ce jour, donc, près de deux
ans, nous sommes, quant à nous, intervenus dans l'est de Montréal
à l'égard d'investissements - pour les déclencher, pour
nous assurer qu'ils se fassent - de 170 000 000 $, à l'égard
desquels, afin de les déclencher, la Société de
développement industriel et le gouvernement du Québec ont
consenti des aides financières de toute nature en vertu de nos
différents programmes de près de 40 000 000 $ - 40 000 000 $ sur
170 000 000 $ - pour pouvoir nous assurer que les projets aient lieu dans l'est
de Montréal. Je ne parle pas des projets à l'égard
desquels nous n'étions pas obligés d'intervenir. Je vais avouer
tout de suite qu'il y a énormément d'investissements qui sont
réalisés sans notre aide, je vais dire tout de suite qu'il y a
des investissements qui, selon les promoteurs, nécessitaient notre aide.
Je n'ai pas hésité à refuser, dans certains cas, de l'aide
financière, sachant pertinemment que la capacité des entreprises
en cause pouvait les amener à faire ces investissements. C'est
d'ailleurs précisément ce qui est arrivé. En aucun cas,
des refus d'aide financière ont résulté en des
non-investissements dans les différentes activités
économiques en cause.
Donc, 170 000 000 $ d'investissements où nous sommes des
partenaires très directs à près de 25 %, ce n'est pas
négligeable. Des actions, également, afin de renforcer cette base
économique de l'est de Montréal que constitue la
pétrochimie. On pouvait déplorer à cause de mesures de
rationalisation, de conservation d'énergie la perte d'à peu
près 40 % des emplois de ce secteur depuis quelques années. Nous
avons, par nos interventions, notamment auprès de
Pétromont - avec le gouvernement fédérai, je vais
le reconnaître - notamment grâce à l'intervention de la
Société générale de financement, notamment par des
appuis extrêmement concrets à des projets de relance, soit par
l'addition, la bonification de certains projets grâce aux programmes de
l'Énergie et des Ressources dans l'utilisation des technologies
utilisant l'hydroélectricité, dans les programmes d'expansion, de
modernisation, de diversification de certaines installations
pétrochimiques, grâce è l'intervention du ministère
de l'Industrie et du Commerce et/ou du ministère de l'Énergie et
des Ressources, réussi des choses qui sont porteuses d'espoir, des
choses réelles qui renforcent ce noyau pétrochimique que
constitue l'est de Montréal. Il faut savoir qu'à
Pétromont, par exemple, nos investissements, ceux que nous avons
consentis, le gouvernement du Québec, dans la modernisation de ce
complexe pétrochimique qui déborde l'île de
Montréal, évidemment, il est présent sur la rive sud, mais
il y a des installations avec Union Carbide dans Montréal-Est comme
telle. Le programme de modernisation a été mené d'une
façon si compétente que, de pertes de plus de 50 000 000 $ l'an
dernier, Pétromont s'en va vers un profit de plus de 10 000 000 $ cette
année. C'est un renversement de plus de 60 000 000 $ .quant à sa
rentabilité. L'effet immédiat, c'est de restaurer la place de
l'est de Montréal comme complexe pétrochimique canadien qui peut
attirer des investissements en aval. C'est précisément ce
à quoi nous nous employons. J'attire l'attention de la
députée sur des annonces qui ont été faites
récemment par la Société générale de
financement qui annonçait son association avec BF Goodrich et Union
Carbide pour mener à des investissements d'environ 20 000 000 $ pour un
complexe pétrochimique dans l'est de Montréal et non pas sur la
rive sud, afin d'assurer la sécurité des travailleurs, afin
d'assurer un meilleur fonctionnement de ses installations, afin de
protéger l'environnement. Ce sont autant de choses qui rehaussent,
à mon sens, l'image de l'est de Montréal. C'est notamment comme
cela qu'on se distingue, la députée et moi: elle a utilisé
un langage qui parle de détérioration de l'est de
Montréal; pour améliorer l'image de Montréal, il faut
parler d'autre chose, il faut parler de ce qui s'est fait et de ce qui s'en
vient.
Le Président (M. Bissonnet): Je vais rappeler aux membres
de la commission que le débat, pour les 80 prochaines minutes, se
déroulera à tour de rôle entre un député de
l'Opposition, un ministre, un député ministériel, un
député de l'Opposition, un ministre et un député
ministériel. Chaque intervenant a un maximum de 5 minutes pour les 80
prochaines minutes. Je cède la parole
à la députée de Maisonneuve. Argumentation Mme
Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président* Vous savez, avoir un
discours réaliste, ce n'est pas avoir un discours alarmiste. Bien au
contraire, ne pas convenir avec l'ensemble des intervenants, parce que ce
discours réaliste que je tiens sur le fait que l'image de la
prospérité ne doit pas cacher les problèmes réels
qui sont rencontrés actuellement dans l'est de Montréal... Je
suis surprise de voir que le ministre ne semble manifester aucune
sensibilité particulière à l'égard de cette
situation, qui ne lui est pas rappelée que par moi, qui lui a
été également rappelée par les élus
municipaux cette semaine. Je cite M. Perreault, vice-président du
Conseil exécutif de la ville de Montréal, qui disait: "Attention!
La réalité reste préoccupante. Malgré la
création d'emplois, il y a dans l'est des problèmes qui
commandent des solutions énergiques." Il rappelle que l'apparente
vitalité économique ne doit pas servir d'écran pour ne
rien faire et qu'il y a au-delà de 8000 emplois de travailleurs et
travailleuses de grandes entreprises de l'est qui sont employés dans des
industries qui sont plus fragiles, comme la pétrochimie, comme le
matériel de transport ferroviaire ou maritime. On va revenir ce matin
avec le ministre sur ce qu'il entend faire dans chacun de ces secteurs
industriels et, particulièrement, à l'égard du port de
Montréal. Ces secteurs sont la pétrochimie -il en a parlé
- mais pour le matériel de transport ferroviaire, le matériel de
transport maritime, on pense à Vickers, à Bombardier, aux "shops"
Angus. Le député de Rosemont qui est là connaît
très bien les difficultés énormes actuellement dans les
ateliers des "shops" Angus, ce sont 8000 emplois. Il va falloir en créer
des emplois dans la PME si, dans un avenir plus ou moins lointain, ces emplois
fragiles sont en difficulté. Je pense que tous les intervenants
attendent et exigent des gestes concrets et satisfaisants du gouvernement du
Québec, non pas simplement la reconduction des programmes qui existaient
déjà. (9 h 30)
Ma question, M. le Président, est la suivante: La ville,
malgré ce que le ministre puisse en dire, malgré qu'il
ridiculisait un peu le fait que cela ne faisait que 30 jours et que
c'était assez normal que le Québec n'ait pas encore réagi
aux recommandations du rapport du comité sur la relance de
l'économie et de l'emploi, la ville n'a pas attendu. Quinze jours plus
tard, le 13 octobre, la ville annonçait son programme en regard des
recommandations qui étaient faites et annonçait un investissement
de 90 000 000 $ sur cinq ans dans les infrastructures. Qu'est-ce que
Québec entend faire en regard des recommandations qui lui sont faites,
notamment, la création d'un crédit d'impôt à la
création nette d'emplois, et qui étaient pourtant promises par le
Parti libéral?
Je pense qu'il faudrait que le gouvernement n'oublie pas que, dans son
communiqué qui faisait connaître son engagement à
l'égard d'une zone d'entreprises, on lisait notamment: "À court
et moyen terme, attirer des investissements manufacturiers -M. le
député de Rosemont, cela va vous intéresser - nouveaux
dans le territoire de l'est comme zone d'entreprises. En contrepartie des
avantages reçus, les entreprises s'engagent à employer en
priorité - je cite le programme du Parti libérai - les
employés licenciés des entreprises industrielles de l'est."
C'est l'embauche de résidents licenciés, chômeurs ou
bénéficiaires de l'aide sociale. C'était un engagement et
je pense que la population de l'est demande à connaître quel sera
le sort que le gouvernement va réserver à cet engagement. Alors,
en regard de la création d'un crédit d'impôt à la
création nette d'emplois pour l'embauche de résidents, pour
l'embauche de la main-d'oeuvre locale, pour l'embauche de chômeurs et de
bénéficiaires de l'aide sociale dans le secteur de l'est,
j'aimerais connaître la position du gouvernement et à
l'égard également - on y reviendra - de la création de ce
Bureau d'aide à la restructuration et à la modernisation des
grandes entreprises.
Pour ces emplois qui sont menacés dans ces secteurs industriels
qui ont connu des difficultés, pour ces emplois, nous pensons qu'il
pourrait, par une action énergique, y avoir possibilité de faire
face immédiatement à la situation. Évidemment, cela
suppose une volonté politique qui soit autre que celle de faire en sorte
que les choses se passent d'elles-mêmes.
Alors, sur le crédit d'impôt et sur le Bureau d'aide
à la restructuration et à la modernisation des grandes
entreprises, deux des recommandations majeures du rapport, quelles sont les
intentions gouvernementales libérales?
Le Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Brièvement, M. le Président, tout en déplorant
autant que la députée probablement le format de cette discussion
qui nous limite à des petites interventions bien courtes et, donc, qui
ne nous permet pas, ni d'une part ni de l'autre, je présume, de faire
nos représentations aussi longuement qu'on
l'aurait voulu.
J'aurai l'occasion de revenir sur les questions précises de la
députée. Mais je prétends qu'il y a quand même
passablement de réalisations dans l'est de Montréal pour
utiliser, quelquefois, quelques minutes, afin de compléter le tableau
que j'ai commencé è brosser tout à l'heure.
J'ai fait état de la qualité et du nombre, de l'envergure
des contributions financières du gouvernement du Québec dans la
réalisation de certains investissements. J'ai rappelé qu'à
l'égard de la pétrochimie nous n'avons aucunement
hésité à investir des dizaines de millions de dollars en
1986-1987. C'est à peu près 90 000 000 $ dans Pétromont,
en collaboration avec le gouvernement fédéral. Cela fait beaucoup
de sous»
Nous avons également contribué d'une façon
extrêmement concrète à soutenir la création
d'emplois prioritairement pour les résidents des quartiers qui sont
évoqués par Mme la députée, ceux de l'est de
Montréal, le sud-est plus précisément, ce que j'ai entendu
décrire comment étant le sud-ouest de l'est de
Montréal.
À titre d'exemple, notre contribution est considérable au
Programme action revitalisation Hochelaga-Maisonneuve. Mon collègue,
ministre responsable de l'OPDQ, M. Marc-Yvan Côté,
annonçait - cela se mesure en jours ou à peu près - des
contributions au fonctionnement du PAR-HM de 575 000 $, tout compris, lorsqu'on
regarde ce qui avait été fait jusqu'en 1987.
De la même façon, cela a été enrichi par
trois fois 100 000 $, afin de contribuer à la constitution d'un fonds
régional d'investissement. Ce sont des choses qui ne sont pas
négligeables. Le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu est partie prenante très active dans la
formation et le fonctionnement des comités, l'un d'employabilité
pour les gens, les résidents de ces quartiers et, par ailleurs, le
comité de reclassement, qui sont, dans ces deux cas de comités,
des mesures qui touchent spécifiquement, je dirais nominativement... On
a recensé les gens affectés, licenciés, qui sont
prestataires de l'assurance-chômage ou de l'assistance sociale. Ce sont
des mesures qui touchent spécifiquement ces gens et visent à leur
permettre de réintégrer le marché du travail. De la
même façon que, comme tout le monde le souhaite, une des
façons les plus immédiates de relancer l'emploi est de constituer
des petites entreprises dans l'est de Montréal, des programmes encore
une fois administrés de façon extrêmement flexible,
dirais-je, à l'endroit de l'est de Montréal et à
l'égard desquels nous baissons les seuils d'entrée, où
nous ouvrons la porte plus large pour les demandeurs, qu'il s'agisse des
Groupes de soutien aux initiatives-jeunesse, 500 000 $, du programme des Jeunes
promoteurs 750 000 $, pour permettre la création d'une quarantaine
d'entreprises depuis 18 mois, soit une centaine d'emplois créés
par des jeunes et pour des jeunes, avec le soutien gouvernemental. Qu'il
s'agisse des programmes réguliers qui permettent d'intégrer des
jeunes diplômés dans les entreprises de l'est de Montréal,
qu'il s'agisse du programme des nouveaux entrepreneurs, bourses d'affaires, il
y en a depuis quelques mois pour un montant de 1 500 000 $.
Ce n'est pas rien. La députée prétend que ce n'est
pas suffisant. Je lui dis que nous ne sommes pas simplement à reconduire
les programmes qui existent. J'ai indiqué dès le départ
que les seuils sont différents pour l'est de Montréal. À
titre d'exemple, pour les projets qui viennent de la région de l'est de
Montréal, les seuils d'entrée pour certains programmes de la SDI
ou certains programmes du MIC sont significativement moins élevés
qu'ils ne le sont pour d'autres régions ou d'autres secteurs de
l'agglomération de Montréal. C'est quelque chose
d'extrêmement précis. Ce sont des engagements que nous avons pris
de voir à mettre sur pied des mécanismes, de voir à
traiter d'une façon particulière les demandes qui viennent de
l'est de Montréal. C'est ce que nous avons fait, M. le Président.
C'est ce que nous continuerons à faire. Je compléterai tout
à l'heure dans le sens des questions que Mme la députée a
soulevées.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre. M. le
député de Bourget.
M. Claude Trudel
M. Trudel: Je vous remercie, M. le Président. Dès
le départ, je pourrais rappeler une chose à ma collègue et
voisine dans l'est de Montréal, Mme la députée de
Maisonneuve. On parle de jours. Cela ne me paraît pas être
l'argument le plus fort qui a été invoqué jusqu'ici, mais
puisqu'on parle de jours, je vais vous parler de jours, de rapidité des
réactions; rapidité qui manifeste bien, à mon avis,
l'intérêt des députés libéraux de l'est de
Montréal.
La plupart d'entre nous assistions, enfin, ceux qui n'avaient pas
d'autres engagements et qui avaient été avertis à temps,
à la conférence de presse du CREEEM, le 29 septembre dernier.
Dès le vendredi 2 octobre, il y a un sous-comité du caucus des
députés libéraux de l'est de Montréal qui a
été formé à l'intérieur de notre caucus
semi-annuel à Sainte-Adèle. Dès le 5 octobre, vous parliez
de dates, de rapidité et de réactions, les députés
libéraux de l'est de Montréal émettaient un
communiqué qui a été, je crois, repris par l'ensemble des
journaux de l'est de Montréal, dont les journaux qui sont
distribués dans le
comté de Maisonneuve, notamment. Ce communiqué disait,
entre autres - je ne le lirai pas en entier, évidemment - que "les
députés libéraux de l'est de Montréal accueillent
favorablement le rapport du CREEEM".
Sur quatre points principaux, il y avait déjà, non
seulement un accord entre les députés de l'est de
Montréal, mais plus que cela car on s'était entendu pour demander
au ministre concerné de faire diligence dans quatre matières: la
mise en oeuvre d'un plan visant à aider les personnes licenciées
depuis 1981, une des principales recommandations du CREEEM, d'ailleurs; la
création du BARME ou quelque chose du genre - les mots ici sont
importants, mais pas essentiels - ; la revitalisation prioritaire de
Prémont, de Rouen, sur laquelle on était tout à fait
d'accord et, évidemment, la création d'emplois. On ajoutait ce
qui nous importait aussi et cela fera l'objet de ma première
intervention, et je répète ici le texte du communiqué - la
nécessité de publiciser une meilleure vision de l'est. C'est une
partie importante du rapport du CREEEM que cette partie visant à
rehausser l'image de l'est. Le CREEEM dit et je suis parfaitement d'accord avec
lui là-dessus: "L'est ne mérite pas la réputation qu'on
lui a faite". Je suis député, vous le savez, Mme la
députée de Maisonneuve, depuis le 3 juin 1985. Je pense, depuis
ce temps-là, avoir largement défendu non seulement les
intérêts des gens de mon comté, mais les
intérêts de la population de l'est de Montréal.
Quand on parle d'une meilleure image, on parle notamment de
qualité de vie. Quand on parle de qualité de vie, on peut parler
de qualité de services, des problèmes qui traînaient depuis
plusieurs années dans l'est, notamment chez moi. Par exemple, l'urgence
à Maisonneuve-Rosemont. Je n'ai pas besoin de me déguiser en
médecin pour aller visiter Maisonneuve-Rosemont à l'occasion, je
le fais régulièrement. Les problèmes sont
réglés à l'urgence de Maisonneuve-Rosemont.
L'intégration des CLSC, une autre question qui traînait
depuis un bout de temps et qu'on a réglée. On parle aussi, pour
l'est de Montréal, d'espaces verts. On a parlé de la promenade
Bellerive; c'est une question qui est également réglée. On
ne parle pas directement d'économie ici, Mme la députée,
mais on parle de qualité de vie. Je pense qu'on ne peut pas
séparer les deux.
Tourisme et culture. Je ne vous ai pas entendue sauvent, pourtant, sur
cette grande réalisation dans les deux sens du ' mot, d'ailleurs, je
pense qu'on peut parler physiquement d'imposante réalisation qu'est le
Parc olympique, je n'ai pas souvent entendu parler de l'attrait touristique que
pouvait représenter le Parc olympique. J'ai tenté avec mon
collègue de Rosemont, qui en parlera sûrement tantôt, et
nous tentons toujours d'attirer notamment Radio-Québec à la
Régie des installations olympiques; nous tentons d'intégrer une
éventuelle maison des sciences. Il y a eu un moratoire là-dessus,
on essaie de le faire débloquer et d'attirer la maison des sciences et
des technologies dans l'est de Montréal, de façon à faire
une espèce de complexe culturel et touristique autour du Jardin
botanique, du Parc olympique, du Château Dufresne. Je reviendrai
tantôt sur les mesures économiques de façon plus
particulière. Ce sont toutes des mesures qui vont aider à
revitaliser l'image de l'est de Montréal et à rehausser sa
réputation. L'est de Montréal, ce ne sont pas simplement - le
CREEEM le dit évidemment - des cheminées fumantes et des
industries polluantes. L'est de Montréal a droit à la même
qualité de vie que l'ensemble de l'île de Montréal.
Pour ma part et avec mes collègues du caucus des
députés libéraux de l'est de Montréal, je m'y
emploie de toutes mes forces. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Bourget. M. le député de RobervaL
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: M. le Président, je vous remercie. On vient
d'entendre le député de Bourget qui a essayé de justifier
une certaine inaction relativement au rapport sur l'est de Montréal qui
s'intitule "Se prendre en main".
Il a essayé de justifier son inaction en nous parlant de la vague
perspective de la création d'un complexe socioculturel dans l'est de
Montréal. J'aurais aimé l'entendre sur l'emplacement de la maison
de l'Orchestre symphonique de Montréal dans l'est, qu'il se prononce
clairement; cela n'a pas fait partie de son discours. Peut-être
finirons-nous par savoir où il se loge face à ce problème;
on verrai
Enfin, le problème fondamental, je me dis que, si j'étais
quelqu'un de l'est de Montréal, qui écoute cet échange
entre le gouvernement et l'Opposition, ce matin, je me dirais: Voici que des
experts, des gens choisis pour leurs compétences se sont réunis;
ils ont analysé une situation problématique que tout le monde
avait identifiée. Au premier titre, l'équipe
ministérielle... J'ai pu prendre connaissance d'un outil
électoral qui a été utilisé juste avant la
dernière élection, si vous voulez en prendre connaissance, je
pourrai le déposer, je suis convaincu que vous n'avez pas vu ce
dépliant. Cet outil électoral dit ceci: "Le PQ et ses nombreux
ministres de l'est ont fait de Montréal, de notre région, une
zone sinistrée." On parle de perte d'emplois, d'emplois menacés.
De l'autre côté: "La zone
d'entreprises, une solution concrète pour lutter contre le
chômage." Alors, on présente ce qu'est sommairement une zone
d'entreprises. "L'équipe des libéraux veut redonner à
l'est de Montréal toute sa vigueur industrielle."
On ne comprendrait pas l'attitude des députés
ministériels si on ne savait pas qu'après que ces gens ont
présenté aux citoyens de l'est de Montréal un
dépliant comme celui-ci et qu'ils ont effectivement été
portés au pouvoir, on ne comprendrait pas qu'ils n'aient pas
bougé si on ne savait pas que le problème auquel ils ont
été confrontés est le suivants Un fameux M. Gobeil, qui
est toujours ministre dans ce gouvernement, a préparé un rapport
et a donné, à la face de tout le Québec. le credo
économique de ce gouvernement. Il fallait, au lendemain du 2
décembre, que l'État se désengage le plus possible de
toute l'intervention économique, surtout, mais dans la plupart des
secteurs si c'était possible. II fallait absolument, comme
priorité gouvernementale, rapetisser le rôle du gouvernement.
Laissons la business aux businessmen, c'est à peu près le slogan
auquel ont été confrontés ces députés. (9 h
45)
Je comprends que le député de Bourget, qui est
certainement de bonne foi, soit obligé de nous parler de ses efforts
pour rapatrier Radio-Québec dans l'est puis pour créer une
espèce de complexe culturel avec le Jardin botanique, ce qui permettrait
peut-être de dynamiser l'est parce qu'il sait fort bien que les ministres
économiques de ce gouvernement, sur lesquels repose la
responsabilité de donner suite à ce rapport, ne bougeront
pas.
Paradoxalement, le ministre de l'Industrie et du Commerce nous parle de
Pétromont comme étant, évidemment, le secteur où on
a le mieux performé, mais ce qu'il évite de dire, c'est que le
succès dans Pétromont, dont nous nous réjouissons,
évidemment, puisque nous sommes de ceux qui en ont été
à l'origine - je ne veux pas enlever ni attribuer le mérite
à personne -est dû d'abord et avant tout à une intervention
gouvernementale vigoureuses
On m'indique qu'il ne reste qu'une minute; c'est frustrant, ces
débats du vendredi matin, M. le Président, parce qu'on
commençait à prendre l'élan nécessaire, mais je
reviendrai. Je dis simplement aux gens du gouvernement que, quand la richesse
se crée - et on est dans une période active sur le plan
économique - il est temps d'intervenir, il est temps de la partager
parce qu'une inaction gouvernementale n'empêchera pas la richesse de se
créer, mais elle aura pour effet de permettre à la richesse de se
concentrer dans les mains de ceux qui l'ont déjà et dans les
régions où elle a tendance naturellement à se concentrer.
L'intervention d'un gouvernement, c'est effectivement pour partager cette
richesse socialement et géographiquement. Voilà pourquoi nous
reviendrons, au cours de cette discussion, pour expliquer au gouvernement que
son rôle doit Être non pas un rôle d'observateur, mais un
rôle d'acteur, et on va lui dire comment il faut agir.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre.
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
L'intervention du député de Roberval ne pèche pas par
cohérence. On nous a fait remarquer, comme si on ne l'avait pas
nous-mêmes dit, que l'intervention sur le plan de la pétrochimie,
par exemple, afin de la renforcer et donc, de contribuer au
développement d'entreprises - c'est déjà fait et,
éventuellement, ce le sera encore plus, comme on a vu les annonces
récentes -tenait à une intervention gouvernementale. Oui, c'est
ce que j'ai dit, c'est ce que le député de Roberval vient de
rappeler. Alors, je ne comprends pas très bien comment on s'est
désengagé de la situation de l'est de Montréal si on nous
fait remarquer aujourd'hui ce qu'on a déjà dit, ce qu'on a fait
et ce qu'on a annoncé, qu'on a injecté des dizaines de millions
de dollars dans la revitalisation du complexe pétrochimique de la
région de Montréal, avec les avantages que cela signifie pour
l'est de Montréal. On ne s'est pas désengagé si la
Société de développement industriel y est allée
pour une quarantaine de millions de dollars, c'est une intervention
gouvernementale sur des projets de 170 000 000 $.
Je reviendrai, puisque cela fait deux fois que je l'entends de l'autre
côté, sur toute cette histoire, ce concept de la zone
d'entreprises. Une zone d'entreprises peut, de fait, être une structure
particulière. On peut décider de la mettre sur pied afin de
régler des problèmes spécifiques. On l'a fait en
Angleterre pour revitaliser l'utilisation de certains bâtiments, des
immeubles qui étaient vides et qui jetaient, à ce
moment-là, des taches un peu noires sur certaines régions. On l'a
fait par toutes sortes de crédits d'impôt à l'utilisation
de ces édifices et non pas par des crédits sur l'emploi; il faut
bien faire attention. Le bilan, c'est que cela a déplacé des
emplois qui étaient ailleurs. Il faut faire extrêmement
attention.
L'alternative, c'est de "cibler" sur l'emploi et non pas sur
l'utilisation des immeubles qui sont là. "Cibler" sur l'emploi, c'est
s'assurer qu'il y a en place des mesures qui font que, comme je l'ai
indiqué tout à l'heure, les occupants au sens statistique, les
occupants d'une certaine zone deviennent d'occupants des gens occupés au
sens où les
statistiques, encore une fois, le dénombrent. J'ai fait remarquer
qu'il y a des investissements ou des dépenses - on les regardera comme
on voudra - qui ont été consentis par le gouvernement du
Québec, notamment par le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, afin d'assurer aux gens de l'est de
Montréal les moyens d'atteindre un niveau d'employabilité qui
fera en sorte que, d'occupants de cette zone, ce seront des gens
occupés, donc, au traVail.
Ces zones d'entreprises, un concept qu'on peut mettre de l'avant, qui
demande la collaboration de tous ceux qui sont impliqués dans le
développement économique. On se heurte à des
difficultés très réelles que je vais indiquer tout de
suite à la députée: d'une part, s'assurer qu'il n'y a pas
de déplacement d'emplois, c'est entendu et, d'autre part, s'assurer que
les pouvoirs autres que le gouvernement du Québec sont disposés
à coopérer dans le même sens. C'est dans le domaine des
investissements en matière de crédits d'impôt, c'est dans
la fiscalité qu'on peut peut-être faire certains gains. Comment
amener à contribution un autre gouvernement qui a ses politiques
fiscales, un autre gouvernement, municipal celui-là, qui n'a pas
d'impôts possiblement reliés aux crédits à l'emploi?
Cela demeure quelque chose de très sérieux. Il ne faut pas
s'accrocher à la difficulté qu'il y aurait de mettre en place des
mesures fiscales pour retarder... Ce qu'on a décidé de faire
à l'époque, lorsqu'on a parlé de zones d'entreprises,
c'est de mettre sur pied un système qui va permettre de créer
2000 emplois; c'est ce dont on a parlé. Les interventions
"ciblées" de la SOI ont réussi très nettement, je l'ai
indiqué tout à l'heure, à créer 2178 emplois; c'est
très précisément le nombre d'emplois que nous nous
étions engagés à créer dans l'est de
Montréal et cela a été atteint.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
M. le député de Rosemont.
M. Guy Rivard
M. Rivard: M. le Président, à mon avis, dans ce
dossier qui est fort complexe, nous, les députés du caucus
libéral de l'est de Montréal, avons constaté qu'à
la fois le ministre responsable de la région et les ministres sectoriels
travaillent actuellement de façon très précise et aussi
rapide que possible à trouver les choses qu'il faut faire en
réponse aux recommandations qui sont contenues dans le rapport du
CREEEM. Voilà un rapport qui est très substantiel et très
nuancé. Je comprends que, dans une interpellation, dans un format tel
que celui qui nous encarcane un peu ce matin, on soit obligé de
court-circuiter, de couper les coins carrés, mais c'est un dossier
très complexe avec un rapport très nuancé. D'une part, il
y a ce problème tout à fait réel de fermeture d'usines et
de perte d'emplois; d'autre part, comme le mentionnaient à la fois le
ministre responsable de la région et mon collègue de Bourget, il
s'est passé quelque chose dans l'est de Montréal, il s'est
effectivement créé des emplois, mais ces emplois n'ont pas
été créés dans ce qu'on pourrait appeler les
industries traditionnelles de l'est de Montréal. Cela chicote les gens,
cela les embarrasse, parce que la main-d'oeuvre de l'est de Montréal
n'est pas toujours la main-d'oeuvre qu'on va pouvoir, si elle est en
chômage, engager dans ces nouvelles entreprises.
D'une certaine façon, l'est de Montréal participe à
la vigueur économique de l'ensemble de la région
montréalaise, mais il y persiste toujours un fond que j'appellerais
intolérable de chômage chronique, de pauvreté et, certes,
un problème sur le plan des infrastructures. Dans tout ce dossier qui
nécessitera de toute évidence des solutions qui iront dans
plusieurs directions, je vois trois grands chapitres: l'employabilité
des personnes, le maintien des emplois qui existent et la création de
nouveaux emplois. Je dois confesser que ce qui m'inquiète le plus
actuellement comme député de l'est de Montréal, c'est le
maintien des emplois existants.
Mme la députée de Maisonneuve faisait allusion tout
à l'heure à ce qui se passe aux ateliers Angus qui sont la
propriété de cette grande entreprise canadienne ferroviaire qui
est le Canadien Pacific. Nous avons tous rencontré le président
du syndicat local pour constater, chiffres à l'appui, que, à
toutes fins utiles, depuis la fin des années soixante-dix ces ateliers
Angus qui tiennent une place absolument incroyable dans l'histoire de l'est de
Montréal voient disparaître les tâches qui y étaient
concentrées, tâches d'entretien, de réparation de wagons,
de locomotives, etc., au profit d'ateliers qui sont dans l'ouest du pays,
à Calgary et à Winnipeg.
Il est évident que, parmi ces 8000 emplois dont on annonce
peut-être ta perte dans l'est de Montréal dans un avenir plus ou
moins rapproché, 1100 pourraient venir des ateliers Angus qui sont
situés dans mon comté.
Donc, cette diminution graduelle ne fait pas de doute. À ce jour,
la compagnie n'a pas dévoilé quels sont ses projets pour l'avenir
de cet atelier dans l'est de Montréal. Il faut souligner, d'ailleurs,
que le CN fait déjà toutes ses opérations d'entretien et
de réparation dans l'ouest du Canada et que le CP pourrait adopter
absolument la même attitude sans nécessairement nous donner de
longs avis à l'avance.
Je choisis ces ateliers parce que c'est un cas type, un peu comme la
Vickers. En plus de cela, ce sont des industries tradi-
tionnelles très importantes dans l'histoire de l'est de
Montréal. Je les choisis pour souligner que la solution au
problème des ateliers Angus, comme à d'autres problèmes,
ne peut pas venir seulement du gouvernement provincial. Ce n'est pas possible.
C'est un effort concerté à la fois des autorités
municipales, du provincial qui devra faire pression sur les autorités
fédérales et du gouvernement fédéral
lui-même. Par exemple, une partie de la solution se situe dans l'adoption
d'une politique ferroviaire par le gouvernement d'Ottawa»
À cette heure, je n'ai pas, et je dois le confesser devant cette
population de Rosemont qui suit probablement ce débat avec attention, je
n'ai pas de suggestion, ni précise ni miraculeuse, mais j'ai voulu me
servir de cet exemple parce qu'il a une vertu: rappeler à l'Opposition -
sûrement à l'Opposition, mais à nous-mêmes aussi -
que certaines solutions se retrouvent ailleurs qu'au Québec. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Bîssonnet): Merci, M. le
député de Rosemont. M. le député de Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Oui, M. le Président. On vient d'entendre le
député de Rosemont. C'est l'exemple typique de ce qu'il ne faut
pas faire. Si on veut réussir à faire quelque chose dans l'est de
Montréal, il faut éviter d'être observateur des choses.
J'ai écouté les deux députés de l'est de
Montréal. Les deux tiennent le même discours alors qu'on est
finalement un mois après, peut-être un peu plus, le
dépôt d'un rapport où il y a des suggestions
concrètes. Le député de Rosemont dit: Je n'ai pas de
suggestion concrète, je n'ai pas de solution miracle, mais je travaille
très fort. Mais il y en a là-dedans, M, le député
de Rosemont. Ce que les gens de Rosemont attendent de vous, c'est que vous
alliez voir votre voisin de gauche immédiat, le ministre de l'Industrie
et du Commerce, que vous lui disiez que ce serait au moins le temps que lui et
son gouvernement, parce que vous n'êtes pas partie du gouvernement, vous
êtes un député ministériel, réagissent
là-dessus. Branchez-vous, il y a là-dedans de la matière
pour sauver l'est de Montréal.
À la place de cela, ce que les gens de Montréal entendent
ce matin, et cela est triste, c'est le député de Bourget qui dit:
Les députés de l'est ont accueilli favorablement le rapport. Ils
sont d'accord avec les principaux éléments. Il faut rehausser,
cependant, la réputation de l'est. Le député de Rosemont
dit: Le ministre travaille activement. Mais, M. le Président, travailler
activement, ce n'est pas prendre un mois pour dire: C'est bon ou non,
j'achète telle ou telle partie du rapport ou je ne l'achète pas
et on retrousse nos manches et on passe à l'action. Pendant ce temps,
les gens de l'est attendent. Cela fait déjà un mois. Les
députés accueillent favorablement le rapport. (10 heures)
Que pensez-vous que cela va régler sur le plan économique
dans l'est quand on sait qu'il y a au-delà de 8000 emplois encore
menacés et que le problème des emplois de l'île de
Montréal, c'est que, dans ces entreprises qui ont manifestement de la
difficulté à s'adapter, à demeurer concurrentielles et
à fournir un produit pour lequel il y a une demande sur le plan
économique, ce sont les théories de base... Ces entreprises ont
besoin, et plus encore dans la perspective du libre-échange, messieurs,
où toutes les barrières tarifaires seront enlevées assez
rapidement, ces entreprises ont besoin d'être davantage concurrentielles.
Dans la perspective de certaines protections tarifaires, elles ont
déjà de la difficulté à se maintenir, à
rester en activité. Il y a 8000 emplois menacés dans la grande
entreprise dans l'est de Montréal. Dans la perspective du
libre-échange, cette pression sur la nécessité
d'être plus productif et plus adapté est d'autant plus grande
qu'il n'y a plus de protection tarifaire.
MM. les députés, M. le ministre, MM. les membres du
gouvernement, l'heure est à l'action. Il y a une recommandation
précise là-dedans dont l'objectif est de - et je me permettrai de
citer - mettre en place un mécanisme léger, qui est en mesure de
soutenir les entreprises dans la préparation et le financement de leur
projet de restructuration. Il y a un organisme qui s'appelle le BARME et c'est
suggéré là-dedans. On n'a pas besoin de passer six mois
à se demander si oui ou non ou si peut-être on pourrait accueillir
favorablement le BARME, on sait que le problème des entreprises des 8000
emplois menacés est un problème d'adaptation. Elles doivent
procéder à des actions rapides, énergiques, susceptibles
de demeurer concurrentielles, je vous le rappelle, pour protéger ces
emplois, principalement dans la perspective du libre-échange et il y a
une recommandation qui est là, qui ne coûte pas une fortune au
gouvernement et qui permettrait de sauver toute votre région ou
très probablement de diminuer, d'atténuer les effets
négatifs de la situation qu'elles vivent présentement.
Ce que les gens attendent de vous, M. le ministre, c'est de l'action
énergique, rapide, immédiate. On aurait besoin ce matin et on
s'attend, M. le ministre, que vous disiez aux gens du comté de Bourget,
du comté de Rosemont, du comté de Maisonneuve, d'autres
comtés: Oui, le gouvernement du Québec va prendre ses
responsabilités, oui, le gouvernement du Québec va mettre toutes
les énergies à
donner suite à ce rapport. Il y a déjà des experts
qui ont écrit sur le sujet. On ne vous demande pas de réinventer
la roue. On demande au député de Rosemont de prendre la peine de
le lire et de dire à son ministre sur quel dossier il pense qu'il
devrait intervenir rapidement et, après cela, les gens de l'est de
Montréal pourront avoir confiance davantage dans leur députation
et pourront surtout se dire: Ils ne nous ont pas complètement menti, au
moins, ils essaient de bouger même si c'est juste deux ans
après.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Roberval. M. le député de Sainte-Marie.
Excusez-moi, M. le ministre.
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuiî-Soulanges): Je vous remercie, M. le
Président. Je ne comprends toujours pas pourquoi le député
de Roberval et sa collègue, la députée de Maisonneuve,
disent à chaque intervention qu'il y a 8000 emplois qui sont
menacés à Montréal, que des centaines d'entreprises sont
dans un marché difficile, ont besoin de modernisation et, vraiment,
"tenez vos casques, ça va aller mal tout à l'heure". Ce que je
persiste à dire aux gens de l'est de Montréal qui sont les
premiers concernés -ce n'est pas la députée de
Maisonneuve, ce n'est pas le député de Roberval, à la
rigueur, ce ne sont pas les députés, ce sont les gens qui n'ont
pas d'emploi qui sont les premiers affectés - c'est que mon objectif est
toujours le même, que celui du gouvernement est toujours le même.
Ce n'était pas inutile de la part du député d'en face de
rappeler les propos de mon collègue, le président du Conseil du
trésor, sur l'état des finances publiques; avec les moyens dont
on disposait, on a, à tout le moins, maintenu une situation.
On a, par l'absorption de l'augmentation de la population active -
plusieurs milliers, de 1985 à 1987 dans l'est de Montréal, 9000
personnes forment la population active -réussi par nos interventions,
certaines très "ciblées", d'autres qui, vous me permettrez de le
dire, viennent du fait qu'on a quand même lancé des signaux qui
permettaient aux entreprises d'avoir confiance dans les investissements au
Québec... On est quand même devant une situation où il y a
9300 personnes de plus qui sont occupées. Donc, si on fait des petits
chiffres de rien, 400 chômeurs de moins. Ce n'est pas la fin du monde. Je
le reconnais tout de suite, mais qu'on arrête de parler de
détérioration et qu'on arrête de parler du fait que le
gouvernement n'aurait rien fait et qu'on arrête surtout de parler de
désengagement si on a mis des dizaines de millions en fonds publics dans
toute sortes d'interventions.
Les premiers intéressés sont les 22 000 chômeurs,
les 10 000 assistés sociaux et tous ceux qui ne sont pas
recensés. Moi, je ne veux pas leur dire qu'il y a une chance que, des 22
000 chômeurs qu'ils sont, ils vont être 30 000 bientôt. Les
interventions qu'on a faites continuent. Il y a des choses qui ne sont pas
spectaculaires et qui ne consistent pas à mettre sur pied des
structures. Il y a des interventions constantes pour nous assurer - je vous
donne un exemple - que Bombardier décroche certains contrats de
fabrication d'équipements lourds à l'étranger. Cela ne
dépend pas simplement de nous, cela ne dépend pas simplement de
la qualité des travailleurs de Bombardier, cela dépend
également d'une intervention d'un autre niveau de gouvernement quant au
financement de contrats à l'étranger. C'est important, celai
Ce n'est pas parce qu'il y a un rapport d'un comité de gens qui
ont regardé cela à fond et qui, aujourd'hui, envoient une liste
de suggestions concrètes que je dois abandonner le temps que je mets
à convaincre d'autres niveaux de gouvernement. On en a parlé pour
les "shops" Angus, on en a parlé pour des contrats à
l'étranger pour un tas d'entreprises lourdes de Montréal, non pas
simplement Bombardier, on peut parler aussi de Vickers. C'est du temps à
mettre pour nous assurer que des gros contrats dans les industries
traditionnelles dont dépendent les travailleurs de l'est de
Montréal vont être réalisés et
exécutés. Ce n'est pas la mise sur pied de quoi que ce soit qui
contribue à assurer le maintien des emplois. C'est une première
priorité, le député de Rosemont l'a dit. Cela prend du
temps et c'est constant. Ce n'est pas 30 jours, ce n'est pas une question de
délais, c'est constant, l'action d'un gouvernement dans le but de
susciter au moins des activités qui maintiennent les emplois. C'est la
première des choses, c'est le premier problème et c'est celui
auquel on s'attend.
Qu'on nous dise aujourd'hui - je vais en parler, du délai - que
30 jours après la publication du rapport du comité on n'a encore
rien fait, ou bien c'est ne pas comprendre comment le gouvernement
fonctionne... Sur cela je comprends le député de Roberval
puisqu'il n'a jamais été en position de savoir cela. Je comprends
un peu moins la députée de Maisonneuve qui a eu une
expérience éclair - oui, en effet, il y a un sourire de sa part -
au Conseil des ministres et dans l'appareil gouvernemental qui doit prendre des
décisions. On fonctionne par consultations avec nos collègues
pour savoir ce qu'on retient de ce qui, de l'avis de certains cyniques, est
l'envoi d'une facture à différents gouvernements. Il y a un peu
de cela, là. 50 000 000 $ pour ci, 20 000 000 $ pour ça, 10 000
000 $ pour ça. Dépêchez-vousl Cela fait 30 jours. Un
instant! Laissez-moi au moins le temps de faire le chèque, par
exemple. Laissez-moi au moins le temps de voir avec le cosignataire qui
s'appelle le gouvernement fédéral ce qu'il entend faire. Je n'ai
pas l'intention de prendre cela à ma charge, ni le gouvernement du
Québec à sa charge exclusivement. Ce n'est pas vrai. Personne ne
s'attend à cela non plus. Que la ville de Montréal ait
déjà réagi, ce n'est pas un gros problème. Cela
fait partie de ses responsabilités premières de tous les jours,
de son mandat comme municipalité et comme ville de se lancer dans la
revitalisation, l'acquisition, l'expansion de parcs industriels.
Le Président (M. Bissonnet): Si vous voulez conclure, M.
le ministres
M. Johnson (Vaudreuil-Soujanges): II y en avait pour les trois
prochaines années déjà dans son budget triennal. On peut
toujours annoncer qu'on fait quelque chose qui est dans le budget de cette
année. C'est ce que j'ai fait tout à l'heure, incidemment, et je
vais en annoncer d'autres.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.. M. le
député de Sainte-Marie.
M. Michel Laporte
M. Laporte: Merci, M. le Président. Pour commenter et
discuter un sujet fort d'actualité, c'est-à-dire la situation
dans l'est de Montréal, ii y a plusieurs points à aborder.
J'aimerais simplement essayer de faire un bref historique, dès
l'entrée en matière, de la situation dans l'est de
Montréal. La première observation que j'en ai eue, c'est en 1985
lorsqu'il y a eu la mise en place d'un comité de survie. Il y avait
plusieurs intervenants politiques à ce comité et plusieurs
représentants de divers milieux, des trois paliers de gouvernement. On
faisait une espèce de constat ou d'observation en regardant la situation
qui se produisait et cela, principalement à des endroits comme Vickers,
Bombardier, en disant qu'il y avait une situation critique à ces
endroits. Dans toutes les discussions depuis cette époque et à
venir un peu jusqu'à aujourd'hui la constatation qu'on peut faire, c'est
qu'il est important qu'on puisse essayer d'organiser ou d'orchestrer plus
positivement - je pense que le terme est intéressant - tout ce qui peut
être fait là-dessus, mais dans le même sens ne serait-ce que
de l'existence du comité de survie, réellement en coordination
avec les divers intervenants.
Mais l'objet en tant que tel de mon intervention pourrait se situer
à un autre niveau. Pour notre part, les députés de l'est
de Montréal jusqu'à présent, si ma mémoire est
bonne, il y a eu au-delà de six recontres depuis le dépôt
du rapport du CREEEM et on s'affaire très ardûment à
regarder cela dans son ensemble et à travailler avec les ministres
concernés - il y a en quatre actuellement - afin de ressortir ce qui
sera le plus intéressant pour la population en général et
la population de l'est. Mais cela ne veut pas dire, non plus - pour l'avoir
suivi à plusieurs reprises - qu'il y a eu une réaction simplement
après ce mois-là ou 30 jours après le rapport du CREEEM;
on l'a suivi régulièrement et attentivement, et il y a eu
plusieurs rencontres là-dessus.
J'aimerais essayer de situer cela par rapport au contexte du
comté de Sainte-Marie. J'essaie de regarder un peu de petits exemples
très précis qu'on pourrait multiplier un peu: les entreprises
Réjean dans mon comté ont engagé environ douze jeunes que
je côtoie régulièrement, ce qui génère une
forme d'activité. Je pense aussi à l'imprimerie Paradis, qui est
dans le parc industriel Moreau, qui a fait un projet d'agrandissement selon une
nouvelle technique et avec de nouveaux employés. Je pense aussi à
Crest-O-Matic qui exporte pratiquement 60 % de son volume d'emplois vers les
États-Unis et qui vient de développer, elle aussi, une nouvelle
technique.
Il est vrai que certains cas sont peut-être moins arrosés
de publicité, si je peux m'exprimer ainsi, mais ils font quand
même état d'une évolution ou d'une adaptation dans une
société. Il y a eu la fermeture de Daoust; j'avais, d'ailleurs,
rencontré, à cette occasion, plusieurs personnes qui
résidaient dans mon comté et qui travaillaient là. Pour de
multiples raisons, cette industrie a été remplacée par ce
qu'on appelle Fournelle actuellement, avec une nouvelle technologie. On parle
souvent dans l'est d'amener une nouvelle technologie et d'autres types
d'activités; à tout le moins, on retrouve ce type
d'activité. Bien des gens, à tout le moins ceux que j'ai connus
et qui travaillaient chez Daoust, ont réussi à se replacer.
J'aimerais terminer en pariant de PAR-HM et de la CDEC centre-sud qui
sont deux organismes fortement impliqués dans leur milieu et qui
répondent spécifiquement à ce qu'on dit continuellement au
niveau de l'est de Montréal, c'est-à-dire que les entreprises du
coin prennent les idées, les énergies et les ressources du milieu
privé ou autre, de sorte que ce soient des gens de l'est qui en
bénéficient. On a annoncé l'automne dernier, pour chacune
de ces deux corporations - il y en avait trois au total -675 000 $
d'investissements sur trois ans, avec 100 000 $ de capital à
investir.
Malgré le temps limité que j'ai, j'aimerais conclure en
soulignant que des choses Importantes restent à faire, mais qu'il y a
aussi des choses qui existent déjà présentement et qui
rendent quand même service à la population qu'on dessert. Je
vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Sainte-Marie. Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Oui, merci, M. le Président. En écoutant
le député de Sainte-Marie, je me disais qu'il faudrait bien qu'il
convainque son homologue fédéral, le député de
Sainte-Marie, M. Jean-Claude Malépart, qui ne semble pas du tout
favoriser, par ses déclarations énergiques dans le sens
contraire, un engagement des gouvernements supérieurs quant aux
responsabilités qui leur incombent en matière de
développement économique et en matière de
développement de l'emploie
En écoutant les propos du ministre de l'Industrie et du Commerce
à l'égard de la ville de Montréal, je me demandais quel
gouvernement avait, d'abord et avant tout, la responsabilité
première du développement économique et du
développement de l'emploi; certainement pas les municipalités au
Québec. C'est certainement réjouissant de voir que la ville de
Montréal s'est engagée résolument dans le cadre d'un plan
d'action. Ce que les organismes que le député de Sainte-Marie
citait, entre autres, le programme d'action et de revitalisation
Hochelaga-Maisonneuve, attendent maintenant, justement, des gouvernements
supérieurs de Québec et d'Ottawa, c'est un engagement aussi ferme
à réaliser les recommandations. (10 h 15)
Le ministre avait une attitude qui est assez fréquente en
politique et qui consiste à faire un détournement de la question,
à reprocher à ceux qui parlent des difficultés d'une
situation d'en parler plutôt qu'à s'attaquer véritablement
à corriger cette situation.
Le ministre, entre autres, nous a fait état des
difficultés dans la création d'une zone d'entreprises. Il est
bien éloquent maintenant sur les inconvénients des zones
d'entreprises. Le Parti libéral, il n'y a pas deux ans, était,
pourtant, bien éloquent sur les avantages de la zone d'entreprises.
Au gouvernement, maintenant qu'ils ont les fonctions qui leur
permettraient de réaliser leurs engagements à l'égard de
la population, c'est un recul, c'est un désengagement. Le ministre nous
a dit qu'il fallait, avant d'intervenir, s'assurer qu'il n'y avait pas de
déplacement d'emplois. C'était là la justification
à l'égard du retrait du projet de la zone d'entreprises.
M. le ministre, ce dont vous nous avez parlé ce matin,
d'entrée de jeu, soit les différents programmes du gouvernement
du Québec mis en place et ces millions que vous nous avez fait miroiter,
je vous dis que c'était essentiellement depuis deux ans pour financer du
déplacement d'emplois. Oui, il y a eu du déplacement, du
transfert d'emplois, des emplois de zones plus vétustes dans l'est qui
se sont installés dans les parcs nouvellement financés par les
différents niveaux de gouvernement.
Actuellement, M. le ministre, je ne suis pas la seule, je pense, entre
autres, aux travailleurs de la Vickers qui, à la suite du rapport du
Comité de relance de l'emploi et de l'économie, comité
dont vous n'étiez pas, quand même, absent... Vous disiez à
mon collègue, le porte-parole en matière d'industrie et de
commerce, que ce n'était pas étonnant qu'après 30 jours
vous ne puissiez pas réagir immédiatement, comme si ces
recommandations vous étaient chose nouvelle. Il y avait des
représentants de votre ministère qui siégeaient à
ce comité depuis plus d'un an et demi. Il y a eu des consultations
à tous les niveaux et vous êtes mieux placé que moi pour
les avoir. Ces consultations ont été faites bien avant que soient
finalement rédigées les recommandations.
Alors, ne nous jouez pas la partie que vous ne les auriez pas connues
avant qu'elles soient publiées. Ces recommandations, elles vous
étaient connues bien avant. J'ai même avec moi des consultations
qui ont été menées dans les ministères. On pourrait
et on doit, ce matin, certainement avoir des réponses.
Il n'est pas imaginable que vous n'ayez pas de réponses à
donner à ce moment sur, notamment, les principales recommandations. Je
ne vous demande pas de nous parler de l'ensemble du rapport. Deux principales
recommandations sont impatiemment attendues par la population, à la fois
votre position quant à la création d'un crédit
d'impôt pour la création nette d'emplois pour une entreprise qui
va embaucher de la main-d'oeuvre locale, qui va embaucher des résidents
qui sont chômeurs ou qui reçoivent de l'aide sociale et votre
position quant à la création de ce Bureau d'aide à la
restructuration et à la modernisation des grandes entreprises.
Ce n'est quand même pas la mer à boire qui vous est
demandée. Le rapport propose entre 70 000 000 $ à 140 000 000 $
sur cinq ans pour les deux gouvernements conjointement. La somme qui vous est
demandée, 140 000 000 $ sur cinq ans pour les deux gouvernements, cela
vous fait au maximum - on ne parle pas de sommes qui seraient injectées
immédiatement 14 000 000 $ par année par gouvernement. Il ne faut
pas oublier que c'est comparativement aux 160 000 000 $ par année
dépensés dans le secteur de l'est en assurance-chômage et
en bénéfices d'aide sociale.
Alors, M. le ministre, il y a des réponses à donner. Ce
n'est quand même pas
suffisant de nous dire que cela fait seulement 30 jours. Il y avait
à la fois une participation du gouvernement du Québec, du
gouvernement fédéral et des municipalités. Là,
vraiment, il ne faut pas nous faire accroire que vous n'auriez pas pris
connaissance des recommandations avant qu'elles soient publiées.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. M. le ministre
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges)î Merci, M. le
Président. Pour revenir à la première partie de la
dernière intervention de Mme la députée à
l'égard de la zone d'entreprises, par exemple, je ne suis pas en train
de dire que c'est quelque chose qui n'est pas faisable. J'ai expliqué
les difficultés réelles.
Dans un comité comme le CREEME, en fin de compte, on n'a pas
recommandé une zone d'entreprises pour l'est de Montréal. Alors,
on va se comprendre. Ou bien on appuie le CREEEM et on dits D'accord, ce n'est
pas une zone d'entreprises que cela prend. Ou bien vous nous dites: Dites donc
que c'est une zone d'entreprises, comme vous l'avez déjà dit,
qu'il faut absolument mettre sur pied et oubliez le CREEEM, qui, quant à
lui, ne demande pas la mise sur pied d'une zone d'entreprises, mais bien
plutôt un ensemble de recommandations qui vont toutes dans le sens
d'aider au développement économique de l'est de
Montréal.
Quant à l'ampleur des sommes en cause, j'ai entendu un "titi",
comme on l'exprime à l'occasion, indiquer que le problème de
l'est de Montréal pouvait se régler pour entre 70 000 000 $ et
140 000 000 $. La ville de Montréal avec ses 90 000 000 $ a
réglé le problème de l'est de Montréal. Or,
personne ne prétend cela. Non, personne ne le prétend. Il y a des
choses qui sont ciblées, compte tenu des pouvoirs de la ville de
Montréal, compte tenu de son mandat et de sa juridiction, compte tenu
des budgets qu'elle devait prévoir afin d'assurer que des espaces
industriels, parce qu'il n'y en a plus dans l'est de Montréal, soient
constitués. Il y a donc des choses que la ville se doit de faire et se
doit de planifier sur une longue période.
En ce qui concerne plus précisément des interventions
comme celles qui sont suggérées par le comité de relance,
très nettement - le député l'a fait ressortir dans la
deuxième partie de son. intervention - ce sont les deux gouvernements du
Québec et du Canada qui sont appelés à contribuer, d'une
part, par des dizaines de millions de dollars dans des fonds
étiquetés, spécialisés, si on veut, à
l'égard du développement de grandes entreprises, de leur
restructuration et de leur modernisation, afin d'assurer qu'elles perdurent et
puissent même avoir de meilleures chances de faire des affaires. Par
ailleurs, ce sont des sommes qui sont reliées à l'entente
auxiliaire fédérale-provinciale, notamment, sur l'enrichissement
du volet sur les infrastructures municipales afin d'assurer qu'il y aura les
sommes pour contribuer avec la ville de Montréal à fournir les
services auxquels sont en droit de s'attendre les entreprises qui s'installent
quelque part dans l'est de Montréal, dans ces espaces industriels. Dans
l'état actuel des choses, ce sont à peu près 30 % ou 35 %
de ces coûts que les deux gouvernements, conjointement, doivent payer,
l'indice de richesse, la capacité de la ville de Montréal lui
permettant, évidemment,, d'en défrayer une partie.
Je le répète, non pas pour mettre un obstacle devant nos
actions, mais simplement pour être tout aussi réaliste que la
députée: Ce sont des actions qui appellent des
négociations de nature fédérale-provinciale. Je dis tout
de suite que je n'ai aucunement l'intention, s'il y a une suggestion pour que
les deux gouvernements s'allient pour un montant de 50 000 000 $, par exemple,
qu'on le fasse à la place du fédéral. Il n'est pas
question de cela. Par exemple, pour environ 20 000 000 $ sur les
infrastructures, qui viendraient de la cagnotte éventuelle de l'entente
fédérale-provinciale, je n'ai aucunement l'intention de
recommander à mes collègues du gouvernement de faire un
chèque de 20 000 000 $ et de laisser le fédéral s'en tirer
de cette façon.
Quant à la restructuration des grandes entreprises, je l'ai
indiqué tout à l'heure, il y a, de toute façon, un
programme constant d'actions, autant de notre part que du gouvernement
fédéral, pour nous assurer des perspectives de
développement de ces entreprises et des besoins que ces perspectives de
développement pourraient appeler. On n'a pas besoin d'une structure
légère à mettre sur pied pour aller discuter avec les
grandes entreprises; on le fait dans le cours normal des choses. J'ai
évoqué au moins deux dossiers, tout à l'heure. À
mesure que le débat avance, on approche du moment où je pourrai
répondre aux questions précises de la députée qui
me semblait anticiper un petit peu sur le débat. Elle nous reproche
notre désengagement, mais je ne trouve pas qu'on se soit
désengagés depuis deux ans.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre. M. le
député de Bourget.
M. Claude Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Je regrette que mon
collègue de Roberval ait
fait non pas, comme on dit, trois petits tours et puis s'en va, mais
deux petits tours et il s'est en allé quand même. Je vais lui
répondre, malgré son absence. S'il est dans son bureau, il peut
peut-être voir cela par l'entremise de nos caméras.
Le député de Roberval nous reprochait, à mon
collègue de Rosemont et à moi-même, de ne pas avoir de
solution et de ne pas avoir dit ce qu'on pensait du rapport. Ou bien, comme
dirait l'autre, il a les oreilles complètement bouchées et,
à ce moment-là, il faudrait qu'il fasse quelque chose en ce
sens-là, ou alors il est de mauvaise foi. Je préfère
croire que c'est la première solution, dans son cas, qui s'impose; donc,
il devrait aller voir son médecin pour se faire déboucher les
oreilles.
J'ai dit, dès le début de la première intervention
que j'ai faite, en lisant un extrait d'un communiqué de presse des
députés libéraux de l'est de Montréal, que les
députés libéraux de l'est de Montréal pensaient
principalement à quatre recommandations du rapport du CREEEM, ce qui ne
voulait pas dire qu'on excluait toutes les autres. Le député
était en face de moi; ou il n'a pas compris... Alors, je ne vais pas le
lui relire; je vais lui demander, lundi matin, lorsqu'il recevra les
galées de ses interventions d'aujourd'hui, de demander les galées
des interventions de ses collègues pour relire ce qu'on a dit. Je ne
répéterai pas ce que j'ai dit tantôt.
Quand je vois le député de Roberval -il est ici à
titre de critique, je pense bien, de l'Opposition en matière d'industrie
et de commerce, entre autres - je me rappelle, au moins une journée - je
ne sais pas ce qui s'est passé les deux autres journées, je n'y
assistais pas - où j'ai fait un remplacement à la commission des
transports, l'été dernier. Cette commission parlait des
problèmes de transport dans la région de Montréal et Dieu
sait s'ils sont importants, Mme la députée, vous vous êtes
occupée de cette question pendant presque deux ans. En tout cas, la
dernière journée, les trois représentants de l'Opposition
étaient les députés de Lévis, de Jonquière
et de Dubuc. Je dois dire que cela ne m'avait pas particulièrement
impressionné par les connaissances qu'ils pouvaient avoir et que
l'Opposition pouvait démontrer sur les problèmes de la
région de Montréal. Alors, quand j'entendais tantôt le
député de Roberval lancer des accusations à gauche et
à droite, cela ne m'impressionne pas particulièrement.
On pourrait peut-être parler - Mme la députée,
tantôt, y a fait une brève allusion en disant: Je reviendrai
là-dessus - du port de Montréal. Voici un dossier
extrêmement important pour le développement économique de
l'est de Montréal. À titre de député de Bourget,
élu le 3 juin 1985 et réélu en décembre de la
même année, je me bats depuis deux ans sur ce projet. Encore
là, peut-on nous reprocher la lenteur? Je le dis publiquement parce que
mes relations, quoique bonnes avec les autorités du port de
Montréal, me permettent quand même de constater que cela ne bouche
pas rapidement et qu'on nous annonce toujours une politique ou une
déclaration à venir. Je pense qu'il va falloir qu'ensemble, la
ville de Montréal et le gouvernement du Québec, on force
littéralement nos collègues du fédéral sur cette
question parce que c'est extrêmement important.
Du côté du développement des entreprises, le
ministre en a parlé un peu tantôt, c'est sûr qu'il y a des
emplois qui sont encore en danger dans l'est de Montréal. C'est
sûr qu'il faut surveiller et maintenir les emplois existants. Je suis
très fier de voir qu'une entreprise, toute petite, est venue s'installer
dans le comté de Bourget il n'y a pas très longtemps. Sortant du
centre-ville de Montréal pour venir s'installer à Place
Versailles, c'est la compagnie STI, haute technologie, des conseillers en
informatique, des intégrateurs, comme on dit, de marchés en
informatique. Cette compagnie vient, d'ailleurs, d'obtenir - Mme la
députée, je pense que vous êtes au courant et mes
collègues le sont - le contrat de l'Assemblée nationale pour
l'informatisation des bureaux de députés, aussi bien à
l'Assemblée nationale que dans leur comté. Voilà une
petite entreprise, il ne s'agit pas de centaines d'employés, qui a
choisi l'est de Montréal. Je suis très fier de cela.
On parlait, tantôt, d'une autre entreprise. Je vais vous parler de
l'entreprise Cadres Columbia, que vous connaissez, Mme la
députée, qui n'est pas très loin de chez vous, mais qui
est chez nous cette fois-là. Elle a obtenu une importante subvention de
la SDI et a surtout - c'est cela que je trouve intéressant -
développé un produit nouveau en collaboration avec le Centre de
recherche industrielle du Québec. C'est une autre entreprise qui a fait
confiance à l'est de Montréal. Je pense que c'est avec ce genre
d'entreprises qu'on peut, entre autres, revitaliser l'est de
Montréal.
La situation, elle est claire: les milliers de chômeurs qu'on
connaît, les assistés sociaux qui sont encore trop nombreux, le
taux de chômage qui est encore à un niveau beaucoup trop
élevé. Il est évident qu'il n'y a pas un
député, ni de votre côté, Mme la
députée, ni de notre côté, qui va accepter cela.
Pour ma part - je pense bien parler au nom de mes collègues; non
seulement je le pense, mais je suis certain de parler au nom de mon
collègue qui est immédiatement à côté de moi,
le député de Rosemont, et du député, tout le monde
l'appelle le député de Laporte, mais c'est le
député de Sainte-Marie, M. Laporte - je pense que, comme
députés, comme vous, madame, l'objectif no 1 de notre
action politique, actuellement, c'est de faire en sorte que l'est de
Montréal voie son taux de chômage et son nombre d'assistés
sociaux diminuer; on s'y emploie. (10 h 30)
Je conclurai en vous rappelant un peu votre passé. L'est de
Montréal était l'ultra-château fort du Parti
québécois. II y avait une pléiade de ministres là
pendant neuf ans. C'est drôle comme depuis le 2 décembre 1985 vous
avez beaucoup d'idées, alors que vous avez été là
pendant neuf ans et que, ma foi, vous n'avez pas fait beaucoup de choses pour
l'est de Montréal. Je me sens très à l'aise de
défendre l'est de Montréal maintenant. Merci, M, le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Bourget. Je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Les dernières
paroles du député de Bourget sont extrêmement injustes. Je
conçois qu'il n'ait pas été informé de
l'intervention énergique que les députés de l'est de
Montréal et moi la première avons faite pour sonner l'alarme sur
la situation de détérioration dans l'est. J'en veux pour preuve
la création du Comité de survie de l'est de Montréal,
création qui a précédé la mise en place du
Comité pour la relance de l'emploi et de l'économie de l'est de
Montréal, qui a d'ailleurs été mis en place par le
gouvernement précédent et reconduit par l'actuel gouvernement. Je
ne pense pas, M. le Président, qu'on puisse nous reprocher... Pas plus
on ne peut reprocher la crise boursière, le Krach de Wall Street au
gouvernement du Québec - ce serait absurde pas plus on ne peut reprocher
au gouvernement précédent la récession profonde et la
crise économique très dure qu'on a connues en 1982.
M. le Président, je prends bonne note de l'appui des
députés de l'est de Montréal à l'égard des
recommandations du Comité pour la relance de l'économie et de
l'emploi de l'est de Montréal, mais je leur rappelle qu'en politique il
ne s'agit pas simplement de dire, il faut aussi agir. Agir, c'est aussi
convaincre leur collègue de l'Industrie et du Commerce. J'attends
toujours des déclarations. Je lui ai posé des questions
précises sur des recommandations précises. Je crois compendre que
cela s'en vient de façon que je ne puisse plus réagir
après coup. Ce sera là ma dernière intervention... Ah oui,
j'ai toujours celle qui termine.
J'aimerais parler d'un exemple qui a été amené par
le député de Rosemont, qui est le dossier assez important
actuellement du domaine ferroviaire et du sort réservé aux
travailleurs des ateliers de réparation du
Canadien Pacifique, des "shops" Angus. C'est quand même important,
quand les travailleurs vous disent: Montréal, il ne faut pas que ce soit
seulement spatial, il faut aussi que ce soit le rail. Il ne faut pas qu'on
aille simplement dans les airs, il faut aussi qu'on reste les deux pieds sur
terre dans les emplois de fabrication qui ont toujours fait la
réputation de l'est de Montréal.
Je souscris parfaitement aux emplois dans les petites PME qui sont
performantes en matière de haute technologie et de révolution
technologique, mais l'est de Montréal, ce sont aussi des dizaines de
milliers de travailleurs de la fabrication. Je pense aux travailleurs de
Vickers qui faisaient parvenir un communiqué, récemment, à
l'ensemble de l'opinion publique en disant: 700 emplois directs et près
de 400 emplois indirects seront perdus au chantier maritime de la Vickers si
les recommandations du Comité pour la relance de l'économie et de
l'emploi de l'est de Montréal ne sont pas appliquées. Ce n'est
pas que moi qui dis qu'il y a urgence d'agir, ce sont les travailleurs des
"shops" Angus qui disent; Le nombre d'emplois aux usines Angus est passé
de 2300 à 1125, une réduction de plus de 100 %. La situation qui
prévaut aux usines Angus démontre l'urgence d'appliquer les
recommandations.
Reprenons cette question précise du rail. Il ne faudrait quand
même pas que les négociations avec le gouvernement d'Ottawa
servent d'écran à la volonté d'agir. La population,
à un moment donné, voudra aussi savoir lequel des deux
gouvernements propose à l'autre, et j'attends de voir quelles sont les
propositions que vous allez faire au gouvernement d'Ottawa. II faut aussi
intervenir pour bousculer un peu ce gouvernement qui a à voir avec un
pays difficilement gouvernable. Je pense qu'il n'y a pas à attendre
d'Ottawa non plus dans le domaine ferroviaire. Si on attend une politique
ferroviaire d'Ottawa, il faut bien voir que cela va faire 120 ans qu'on attend
cette politique en faveur de l'est de Montréal. Il faut, au contraire,
en préparer une et en exiger la réalisation.
Après avoir rencontré les travailleurs des "shops" Angus,
j'ai communiqué avec les différents services, notamment au
ministère des Transports qui s'occupe du secteur ferroviaire, pour
apprendre la restructuration du ministère des Transports et l'abolition
de la direction du transport ferroviaire au ministère des Transports,
comme l'abolition de la direction du transport maritime, comme l'abolition de
la direction du transport aérien. On me dit: À part le secteur
routier, c'est maintenant au gouvernement fédéral de s'en
occuper. Mais si le Québec ne prend pas l'initiative... C'est ce que je
recommande aux travailleurs d'exiger du gouvernement du Québec, avec
les
travailleurs des ateliers du CN de Pointe Saint-Charles, les milliers de
travailleurs qui sont menacés de licenciement, d'exiger du Québec
une table commune avec les employeurs et les employés pour faire front
commun à l'égard d'Ottawa. Il ne faut pas attendre que le train
passe; on va rester sur le quai. Ce sont des milliers d'emplois ayant un
rapport avec le train qui sont en train de disparaître à
Montréal.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. M. le ministre.
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
Je voudrais surtout développer mon point de vue à partir de cette
réflexion de la députée qui dit avec raison qu'en
politique, notamment au gouvernement, il faut faire plus que dire, il faut
agir. Il y a par ailleurs, dans cet agir de nombreux volets. Il y en a un qu'on
nous recommande à cor et à cri de l'autre côté,
c'est de répondre immédiatement à un ensemble de demandes.
Cela aussi, c'est de la politique. Il y a un tas de demandes, il faut voir
comment les priorités peuvent se classer, il faut voir ce que nous
sommes en mesure de faire, il faut voir avec un peu de cohérence comment
nous pouvons donner suite, compte tenu des politiques gouvernementales,
à certaines des demandes.
Agir rapidement sur quelque chose comme la demande de crédit
d'impôt, c'est de loin la chose la plus difficile à faire; on n'en
fera pas une cachette. Chaque fois qu'on joue avec le système fiscal, on
introduit, surtout si on innove par l'inclusion de zones
désignées susceptibles d'un traitement fiscal particulier, une
discrimination certaine. On complexifie un système déjà
passablement compliqué et, à ce titre, de toute façon, il
y a des enjeux qui débordent largement ce que le ministère de
l'Industrie et du Commerce et les ministères sectoriels de
développement économique peuvent faire. Très nettement,
nous sommes dans un champ d'activité où le ministère des
Finances, d'une part, et le ministère du Revenu pour l'application et
toute la fiscalité nord-américaine doivent être pris en
compte.
Agir, c'est également, dans les choses où on peut agir
plus rapidement, le faire publiquement, de façon ponctuelle ou de
façon constante. Ce sont les choses qui sont du ressort et de
l'activité gouvernementale constante qui sont les moins visibles, mais
il n'en demeure pas moins qu'elles sont susceptibles d'apporter des
résultats. À l'égard de l'est de Montréal, par
exemple, la promotion et la prospection d'investissements à
l'étranger, c'est aussi une façon d'assurer le maintien, la
création d'emplois dans l'est de Montréal. Il ne s'agit pas
seulement, même si on le fait, de nous assurer que les grands employeurs
traditionnels de l'industrie de la fabrication de l'est de Montréal
peuvent se moderniser, capter de nouveaux marchés, mais également
de tenter d'attirer des gens qui, à cause de la présence de
certaines forces, de certains caractères d'attrait de Montréal,
pourraient de l'étranger venir s'installer ici. Ce que je fais à
l'étranger, à titre d'exemple, mes collègues font la
même chose. Lorsque nous parlons de Montréal, nous parlons de la
qualité de sa main-d'oeuvre spécialisée à cause,
notamment, de la présence de certains grands fabricants dans l'est de
Montréal. Nous parlons de la main-d'oeuvre spécialisée
à cause de ce noyau de la pétrochimie, cette industrie fort
complexe qui appelle des activités industrielles de la part
d'opérateurs qui laissent soupçonner un degré de formation
qui est quand même passablement élevé. Nous faisons
ressortir qu'il y a des programmes de soutien à des
électrotechnologies qui, de mon expérience récente et de
certaines annonces qu'on a faites dans l'est de Montréal, s'appliquent
particulièrement bien au profil des entreprises qu'on y retrouve ou
qu'on pourrait y retrouver. Cela s'ajoute évidemment à nos
actions, comme je l'ai indiqué, quant à dégager des sommes
par l'abaissement de seuils d'entrée dans des programmes. Cela nous
permet de dégager des sommes qui nous permettent de participer, je
dirais même de déclencher des investissements dans l'est de
Montréal.
Il n'en reste pas moins que dans l'activité, et on parle de dire
et d'agir, de promotion à l'étranger, je suis obligé de
reconnaître que les nombreux ministres et députés du Parti
québécois dans l'est de Montréal, qui ont
été très longtemps, depuis 1970, pendant 17 ans, pendant
15 ans, au bâton pour ce parti qui était dans l'Opposition et
ensuite au pouvoir, que tous ces gens n'ont rien fait qui vaille à
l'étranger pour attirer des investissements dans l'est de
Montréal à tel point qu'aujourd'hui encore, en octobre 1987,
lorsqu'on fait des visites à l'étranger, on nous demande ce
qu'est exactement cette histoire de séparation politique. C'est un peu
ennuyeux d'être obligé de répondre qu'il y a eu un
référendum il y a sept ans, mais ce que vous avez dit et fait
à l'égard de la situation du Québec était tellement
spectaculaire que c'est un peu ennuyant de traîner cela comme
hypothèque lorsqu'on fait de la promotion d'investissement à
l'étranger.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
de Rosemont.
M. Guy Rivard
M. Rivard: M. le Président, nous avons à maintes
reprises, ce matin, souligné les frustrations que nous avons face au
format de l'interpellation. Je regarde, par exemple, le cas des ateliers Angus.
Je suis certain que Mme la députée de Maisonneuve et moi
aimerions beaucoup plus en parler autour d'une table de travail afin d'examiner
dans tout cet univers de solutions possibles ce qui peut marcher et ce qui ne
marchera pas,,
Je vais vous donner deux exemples de difficultés dans un tel
dossier. Par exemple, pour ce qui est de l'entretien et de la réparation
des locomotives, on a décidé à la fois chez CP et CN de
remplacer les MLW par des GM. On répare maintenant, on entretient les GM
dans l'Ouest du Canada et les MLW aux ateliers Angus. Alors, de toute
évidence, c'est une activité qui est en voie de disparition.
Le rapport du CREEEM dit; II faut se prendre en main. J'ai l'impression
qu'on serait tous d'accord pour dire cependant que, lorsqu'on parle de l'est de
Montréal, l'est de Montréal n'est plus le même en termes
d'industrialisation et l'est de Montréal ne sera plus jamais le
même. Comme je le disais dans mon intervention précédente,
ce qu'il faut rechercher dans cela, c'est une image équilibrée
à la fois des problèmes et des solutions pour l'est de
Montréal.
Je notais tout à l'heure que le député de Roberval
gloussait, d'une certaine façon, lorsqu'il entendait mon collègue
de Bourget parier de la qualité de vie dans l'est de Montréal et
parler aussi du développement aux points de vue socioculturel et
touristique. Vous savez, dans le rapport du CREEEM, te troisième
chapitre parle de l'image rehaussée de l'est de Montréal qu'il
faut, en concertation, s'acharner à bâtir, à maintenir et
à renouveler sans cesse. D'ailleurs, les gens de la région de
Montréal continuent de migrer vers l'est de Montréal pour y
habiter. C'est donc qu'il doit y avoir là une qualité de vie
intéressante.
Le développement de Montréal actuellement - M. le ministre
l'a rappelé tout à l'heure - le développement
technologique en particulier, se fait grâce à la haute
technologie. Mon collègue de Bourget a cité un exemple de
développement dans son comté. Le développement en haute
technologie signifie que les employeurs sont différents. Cela signifie
qu'on trouve davantage de PME que de grandes industries. Le
développement en haute technologie signifie aussi que les
employés sont eux-mêmes différents.
Je dois rappeler à l'Opposition que notre gouvernement, encore
cette année, a mis en place des mesures très précises, par
exemple, au niveau des incitatifs fiscaux pour que la recherche et le
développement se fassent au Québec. Le gouvernement a aussi
identifié des secteurs. Notre gouverne- ment, à bon droit, pousse
actuellement avec Chambre de commerce, "Board of Trade" et mairie de
Montréal pour que l'Agence spatiale canadienne s'établisse
à Montréal. (10 h 45)
Comme le rappelait M. le ministre tout à l'heure, c'est sur de
multiples fronts, dans le fond, que se déroule, que se situe l'action
gouvernementale en termes d'essor économique pour la région
montréalaise, et l'est de Montréal participe à tous ces
efforts. Une partie de mon comté, le vieux Rosemont, est situé
dans ce qu'on pourrait appeler la zone prioritaire, cité définie
par le CREEEM, et j'ai cherché, pour vous donner un exemple des
difficultés qu'on peut avoir, j'ai cherché récemment avec
un homme d'affaires qui voulait implanter dans l'est de Montréal une
manufacture créant de 300 à 400 nouveaux emplois un terrain dans
mon coin. Je n'en ai point trouvé et ceci en dépit des efforts du
commissaire industriel de la ville de Montréal. Autrement dit, les
solutions ne sont pas simples.
Je termine en soulignant tout simplement encore une fois que dans ce
dossier où il faut vraiment retrouver une image
équilibrée, à la fois au plan des problèmes et des
solutions, le gouvernement travaille de façon continue, cohérente
et avec cohésion. Évidemment, ce n'est peut-être pas -
comme les journalistes nous le reprochent parfois -un gouvernement à
nouvelles, mais, avant de nous concentrer sur les mesures à prendre,
encore faut-il que nous étudiions avec rapidité, certes, mais
avec attention les recommandations qui nous ont été
acheminées. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Rosemont. Je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: M. le Président, c'est évident qu'il y a
un très très fort sentiment d'appartenance des gens du bas de la
ville, en particulier du sud-est de Montréal, et des gens des quartiers
plus anciens de Montréal à l'égard de leur quartier. Quand
le ministre et les députés libéraux parlent de rehausser
l'image de l'est de Montréal, ce n'est évidemment pas à
l'égard des gens qui l'habitent et qui chérissent, d'une certaine
façon, leur quartier. Il n'y a qu'une façon de rehausser l'image,
c'est d'améliorer la situation. On s'achemine vers la fin de cette
interpellation de deux heures et, pour tout de suite, on n'a pas encore de
réponse du ministre responsable des dossiers administratifs
auprès du Conseil des ministres à l'égard de
Montréal, le ministre qui était responsable de la mise en place
de mesures en faveur de l'est de Montréal. On attend toujours les
orientations qu'il entend donner
et les solutions qu'il entend adopter.
Il nous a parlé jusqu'à maintenant d'une intervention
constante de son gouvernement. Il a abondamment illustré son propos par
les divers programmes et les subventions diverses. Je l'informe
immédiatement que j'ai l'Intention d'inscrire au feuilleton une question
précise sur l'impact en termes de déplacements d'emplois que
toutes ces subventions ont pu créer. En d'autres termes, ces milliers
d'emplois dont il dit avoir vu la création dans l'est de Montréal
sont-ils l'effet d'un déplacement et d'un transfert d'emploi dans des
zones plus modernes ou assistons-nous à de la véritable
création nette d'emplois? Le ministre de l'Industrie et du Commerce ne
peut peut-être pas ce matin nous répondre sur cette question, mais
elle est extrêmement importante. Il est possible que l'ensemble de ces
programmes utilisés présentement d'une certaine façon
servent - ce n'est pas inutile pour autant - à de la consolidation ou
à du maintien d'emplois, ce qui est aussi souhaitable, il ne faut pas
l'écarter, mais ils n'ont pas d'effets réels sur une
véritable création nette d'emplois. De toute façon, on
laissera au ministre le temps de faire faire la recherche en inscrivant cette
question au feuilleton.
La vraie question et, M. le député de Rosemont, vous nous
dites: Le gouvernement travaille fort. Mais il travaille pour qui? Est-ce qu'il
travaille pour les métallos, les ferblantiers, les tourneurs,
c'est-à-dire pour ceux qui occupent actuellement des emplois dans
l'industrie de la fabrication? Vous-même, votre collègue, le
député de Bourget, et d'autres nous parlez d'industries et on
applaudit à ces nouvelles entreprises de haute technologie. Elles sont
évidemment souhaitables, mais le travail actuel doit se faire à
l'égard des emplois qui sont menacés dans des industries de
fabrication qui sont fragiles. C'est là où on attend une
politique ferme et vigoureuse du gouvernement. Votre collègue du
ministre de l'Industrie et du Commerce, le ministre de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du Revenu, il y a de cela exactement quatorze mois,
écrivait dans un communiqué: "La situation difficile que
connaît le secteur est de la région de Montréal revêt
un caractère urgent." M. Paradis, parlant du Comité pour la
relance de l'économie et de l'emploi de l'est de Montréal qui
était formé il y a quatorze mois, disait: "...et le comité
aura comme mandat de proposer aux deux paliers de gouvernement, Québec
et Ottawa, des solutions à court et à moyen terme visant à
redresser la situation le plus rapidement possible et plus
particulièrement à soumettre des plans d'action pour corriger les
problèmes de pertes d'emplois causés par les nombreuses
fermetures." M. le ministre, si c'était urgent il y a quatorze mois,
pourquoi ce ne le serait plus maintenant au moment où vous avez les
solutions qui sont préconisées par le comité que vous avez
mis sur pied, au moment où vous avez des recommandations d'un plan
d'action et au moment où le président de ce comité dit:
Les problèmes économiques de l'est de Montréal sont tout
aussi criants que l'an dernier, quand le Comité pour la relance de
l'économie et de l'emploi de l'est de Montréal a
été formé, dit M. Pichette? Alors, qu'est-ce que vous
attendez pour faire face à vos décisions et à vos
responsabilités dans ce dossier?
Le Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Je rappelle aux membres de la commission
qu'il reste une période de 20 minutes. Nous en sommes à la
conclusion de cette interpellation. Je céderai le droit de parole au
ministre pour dix minutes et à la députée de Maisonneuve
qui a interpellé le ministre à cet effet pour son droit de
réplique. M. le ministre de l'Industrie et du Commerce.
Conclusions M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
Dans cette dernière intervention, il me fait extrêmement plaisir
de rappeler, d'une part, comme le gouvernement ne s'est pas
désengagé du développement économique de l'est de
Montréal. Il y a des chiffres à l'appui de tout cela, il y a un
constat qu'on ne doit quand même pas ignorer. D'autre part, quelles sont
nos réactions, que je qualifierais de préliminaires, au rapport
du comité? Je dirais préliminaires parce que, je le
répète, je l'ai déjà dit, c'est quand même
considérable, si l'on veut, au gouvernement du Québec et au
gouvernement fédéral, ce qui est fait par le comité de
relance. Il y a des choses plus spectaculaires, plus dispendieuses, parce qu'on
nous envoie aussi une facture, qui vont demander un peu plus de
réflexion pour voir comment on les aménage. Il y a des choses
qui, de façon plus immédiate, peuvent être traitées
chez nous à l'interne - quand je dis chez nous, je veux dire au
ministère - il y a des choses qui peuvent être traitées
chez nous, au gouvernement du Québec, avec les collègues de l'est
de Montréal, afin de bien cibler nos interventions dans la limite de
notre capacité financière. En rappelant - je le fais encore une
fois - que, oui, la ville de Montréal, à bon escient, a tout de
suite été en mesure de réagir parce que,
évidemment, elle doit, à l'intérieur de ses
responsabilités, déjà prévoir certaines
interventions. Elle les a rappelées en partie et elle a enrichi ses
interventions autrement prévues à l'occasion de l'annonce que M.
Robert Perreault faisait il y a quelques jours.
Donc, d'une part, il n'y a pas eu de désengagement, il y a eu des
actions concertées, il y a un constat auquel on ne peut pas
échapper. S'il y a 9000 personnes de plus qu'il y a deux ans qui sont
occupées et qu'il y a 9000 personnes de plus dans la population active,
il est évident qu'on a toujours le nombre, en gros, de chômeurs et
d'assistés sociaux qu'on doit déplorer et ce sont ces gens qu'on
doit avoir à l'esprit dans les interventions que nous faisons afin de
faire mieux que le maintien de l'emploi.
Le maintien de l'emploi en chiffres, il y a des personnes
occupées de plus, il y en a 9300 de plus dans.l'est de Montréal;
cela est statistiquement porté à notre attention. Mais il y a
toujours 22 000 chômeurs. Donc, on a maintenu l'emploi. Ce ne sont
peut-être pas les mêmes personnes. C'est toujours malheureux, c'est
un cas humain, c'est un cas tragique pour la famille qui est en cause que de
voir le gagne-pain licencié. Cela ne lui fait pas une si belle jambe que
cela de savoir que le troisième voisin, lui, a maintenant un emploi,
alors qu'il avait été licencié ou qu'il était sans
emploi depuis plus ou moins longtemps.
Pour le tissu social, en gros, on peut parler d'une opération de
maintien. On nous a demandé de nous intéresser à ce
problème-là en priorité. Je crois que nos interventions,
qu'il s'agisse du traitement prioritaire de dossiers, pour bien s'assurer que
cela marche bien, que les entreprises qui veulent s'installer dans l'est,
celles qui veulent prendre de l'expansion, et il n'y a pas de
déplacement d'emplois dans les cas d'expansion, puissent savoir à
l'avance - cela leur donne confiance, cela leur permet de marcher plus vite -
que la société de développement industriel, par exemple,
va les recevoir très rapidement, va traiter le dossier d'une
façon sympathique, parce que le ministre a demandé cela. Je n'ai
pas attendu le rapport du CREEEM; je n'ai pas attendu mars 1985. J'ai fait cela
en arrivant comme titulaire du ministère de l'Industrie et du Commerce.
J'étais préoccupé par la situation de l'est de
Montréal et des choses, administrativement, ont été faites
avec des résultats, ma foi, que je me permets de qualifier de probants
ou, enfin, qui ont contribué au maintien de l'emploi dans l'est de
Montréal.
La pétrochimie, je l'ai expliqué, des dizaines de millions
- ce n'est pas inutile de le rappeler - c'est une intervention gouvernementale
massive qui fait en sorte que le milieu pétrochimique concentré
au Québec dans l'est de Montréal puisse conserver un espoir qui
semblait lui échapper aussi tardivement que la fin de l'année
1985.
Il y a d'autres ministères qui sont impliqués. Je les
rappelle: L'Office de planification et de développement du Québec
- notamment, le député de Laporte en a parlé - est
intervenu, notamment auprès du
PAR-HM, une coopération de développement économique
communautaire, centre-sud, de même que dans une région qui
échappe au territoire du CREEEM. Nous avons quand même mis des
efforts considérables à renforcer la structure et la
capacité d'intervention des structures déjà mises en place
- qui sont les plus proches des gens du quartiers le PAR-HM, comité
d'employabilité, le PAR-HM, le ministère de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu, dans les comités de
reclassement. Ce ne sont pas des choses inutiles. Les programmes - j'en ajoute
- du ministère de l'Industrie et du Commerce pour les Groupes de soutien
aux initiatives-jeunesse. Cela se rapproche beaucoup de ce qui se passe dans le
milieu, les efforts que la communauté elle-même peut faire et le
soutien sur lequel elle peut compter: Les Groupes de soutien aux
initiatives-jeunesse, les programmes des nouveaux entrepreneurs, PRO-PME,
Jeunes promoteurs, autant de choses que nous avons faites véritablement,
des choses concrètes: De l'argent, des chèques, du soutien
concret à ces gens-là.
Maintenant, on va commencer à ouvrir des perspectives de la
façon dont on pourrait contribuer à répondre aux questions
- aux suggestions, je devrais plutôt dire - qui ont été
soulevées par le Comité pour la relance de l'économie et
de l'emploi dans l'est de Montréal. Le comité mérite,
d'abord et avant tout, notre appui. Il l'a mérité longuement et
il le mérite toujours. Il a bien fait connaître la nature des
problèmes qu'on vivait. Il a tout ramassé. Ce n'est rien de
nouveau. II n'y a rien de nouveau, mais c'est d'avoir tout ramassé pour
pouvoir comprendre ce qui se passe dans l'est de Montréal et, donc,
comment on peut intervenir.
Une des choses qui frappe, lorsqu'on regarde le tissu de l'est de
Montréal, le tissu urbain, c'est cette absence d'espaces qui peuvent
accueillir, à tout le moins, les entreprises dont on souhaite
l'implantation ou l'expansion. Une des choses concrètes soulevée
dans le rapport du CREEEM, c'est évidemment la revitalisation des
espaces industriels vétustes, le programme des Prémont, notamment
le Prémont Rouen.
Quant à moi, je suis parfaitement disposé, puisque c'est
en traitement dans un ordre de grandeur d'environ 4 000 000 $, à voir ce
que nous pourrions faire pour enrichir la participation gouvernementale en plus
de ce que nous faisons déjà pour revitaliser des zones
industrielles vétustes à Montréal. De la même
façon, ce qui est soulevé par le CREEEM, je pense à des
choses que l'on peut faire d'une façon plus immédiate, comme vous
le voyez, on souhaite qu'il y ait des efforts de promotion concertés des
intervenants municipaux de l'est de Montréal afin de redorer le blason
de cette zone un peu partout, notamment, dans les activités
de promotion en dehors du Québec. C'est le genre
d'activités auxquelles nous sommes disposés à participer
de façon extrêmement rapide, je dirais même substantielle)
à la condition, évidemment, que l'on sache rapidement de la part
de ceux qui sont impliqués ce qu'ils entendent faire
précisément, quelles sortes de budget de fonctionnement ils
auront et quels genres de programmes d'activités ils auront. Â
partir de ce moment) on peut très facilement y contribuer pour vraiment
donner du muscle à une entreprise conjointe comme celle-là.
Troisièmement - et là on arrive dans les choses que nous
faisons de façon constante, mais sur lesquelles, oui, nous pouvons faire
porter des accents, c'est déjà en discussion, je rencontre
mensuellement le ministre fédéral responsable de la région
de Montréal, ainsi d'ailleurs que je rencontre le maire Doré et
ses collaborateurs - rencontrer les grandes entreprises dont on souhaite que
les activités de fabrication connaissent au moins du maintien sinon de
l'essor. On parle de Bombardier, de Hawker Siddeley, de Vickers - et je suis
actionnaire dans ce dernier cas, comme vous le savez. C'est d'ailleurs une
intervention positive que le gouvernement du Québec a faite au
début de l'année que de devenir propriétaire de l'ensemble
des chantiers maritimes du Québec afin de rationaliser leurs
activités et d'assurer le maintien de l'emploi par des
spécialisations éventuelles, je l'ai toujours dit. Cela se fait
sur une base de grande confiance entre la direction et les travailleurs de ces
entreprises. De la même façon, je soutiens auprès de mon
collègue et d'autres collègues du fédéral que le
destin des ateliers Angus connaît des perspectives de lendemains plus
attrayants que ce qu'on voit là. C'est carrément dans le court de
l'autre gouvernement que se trouve ce problème. On n'a jamais
lâché les représentations à cet égard. (11
heures)
II y a des choses un peu plus longues sur lesquelles, à cause du
temps, je vais passer moins de temps. C'est comme cela. Le fonds de
développement régional, par exemple. Il y a des sommes
importantes qui sont demandées pour que nous puissions y contribuer.
Qu'il s'agisse du BARME ou de l'entente auxiliaire, il y a des montants qui
sont en cause, des dizaines de millions de dollars, et dont personne ne
s'attend que seul le gouvernement du Québec pourrait y contribuer. C'est
le genre de dossier, très spécifiquement, que j'entends soulever
avec mon collègue du fédéral. On a vu, enfin,
publiquement... On a répondu: On étudie cela, on étudie
cela. Cela ne nous empêche pas d'en parler. On peut toujours
répondre qu'on étudie, mais cela ne nous empêche pas d'en
parler, de la même façon à l'égard de l'entente sur
le développement industriel, le volet des infrastructures. Ce sont des
choses que, quant à moi, je suis convaincu que le fédéral
veut faire. Finalement, le Programme d'adaptation pour les travailleurs
âgés, PATA, qui succède à un programme d'aide auquel
le fédéral a mis fin ou, enfin, qui prenait fin en août
dernier. Mon collègue de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu s'emploie, de façon constante, à
rappeler les obligations du gouvernement fédéral. On a bien
confiance que cela peut aider très spécifiquement les
travailleurs âgés de l'est de Montréal qui sont
licenciés.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
Maintenant, dans son droit de réplique, Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: M. le Président, nous allons terminer avec
cette intervention cette interpellation sur l'est de Montréal. M. le
ministre, vous comprendrez que, pour nous, pour moi, députée de
l'est de Montréal - et je pense que je parle au nom d'un très
grand nombre de personnes concernées par la situation dans l'est - ce
que vous nous annoncez ce matin est certainement insuffisant. Je ne doute pas
qu'une action concertée de votre députation et de la population
de l'est permettra d'additionner des mesures nouvelles à celles que vous
nous faites connaître.
Le rapport sur la relance de l'économie et de l'emploi dans l'est
de Montréal, c'est un rapport courageux. J'imagine que, dans leur for
intérieur, certains députés de l'est, du côté
ministériel, sont sans doute contents de l'action énergique qui
est menée de ce côté-ci, par l'Opposition, pour être
vigilants quant à son application. Il y a eu trop de rapports, pensons
au rapport Forget sur l'assurance-chômage, mais pensons au rapport
Beaudry sur toutes les relations du travail, qui, quelques mois après
leur publication, ont été carrément oubliés pour
que le même sort arrive à ce rapport du comité de l'emploi
et de la relance.
Je dois vous dire que, M. le ministre, heureusement que la composition
de ce comité était très large, composition qui, entre
autres, comprenait, comme vous le savez, des travailleurs de l'ensemble des
secteurs industriels, qui sont maintenant suffisamment outillés,
suffisamment instrumentés sur le plan de l'information pour alimenter
ceux et celles, de quelque côté de cette Chambre, qui, chiffres
à l'appui, voudront exiger des actions énergiques de la part du
gouvernement. Cela restera certainement un fleuron de cette intervention de la
mise sur pied de ce comité d'avoir permis à des personnes, dans
des milieux généralement moins bien informés que le sont
les milieux gouverne-
mentaux, de se mettre à l'heure des problèmes et du
diagnostic des solutions et également des interventions et d'un plan
d'action qu'il faut faire.
Après avoir préconisé la création d'une zone
d'entreprises dans l'est de Montréal en 1985, confié la
réalisation de cet engagement à un comité
ministériel présidé par le ministre de l'Industrie et du
Commerce en 1986 - il n'y a pas des siècles - constitué avec le
gouvernement fédéral et les municipalités
concernées ce comité, l'an dernier, pour la relance de
l'économie et de l'emploi dans l'est, le gouvernement libéral ne
peut pas, présentement, abdiquer ses responsabilités et il sera
forcé d'agir parce qu'il ne peut pas s'aveugler volontairement sur la
création récente d'emplois dans l'est sans s'interroger à
savoir si cette création n'est pas beaucoup plus du déplacement,
du transfert ou du maintien d'emplois que de la création nette
d'emplois.
Le taux de chômage de l'est est de 12,6 %, non pas comme il
l'était auparavant. Au début des années quatre-vingt, en
1981, il était de 9,4 %. Il a augmenté, dans une période
que l'on dit être exceptionnelle de création d'emplois et de
croissance économique. Quand on voit ces chiffres en septembre 1987, on
se dit: Heureusement que le ministre nous dit que cela va bien parce que, si
cela allait mal, qu'est-ce que ce serait avec un taux de chômage de 12,6
%, avec 4000 emplois et plus dont on dit qu'ils sont, à court terme,
menacés, 8000 qui sont dans des secteurs où l'infrastructure
industrielle est vétuste, avec 22 000 chômeurs et - ne les
oublions pas - 10 000 chômeurs inscrits à l'aide sociale?
Ce n'est pas parce que, maintenant, le ministre de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu les appelle aptes au travail qu'ils ne
sont pas, pour autant, des victimes du chômage. Ils sont des
chômeurs qui n'ont pas, comme responsabilité, la création
de leur propre emploi parce que, souvent, ils ne sont pas outillés pour
répondre aux exigences des emplois actuels. C'est une
responsabilité que le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu partage avec le gouvernement, celle de faire
en sorte que la main-d'oeuvre locale puisse trouver une formation
adéquate. Il n'y a pas de mesures qui sont actuellement avancées,
qui sont préconisées pour faire en sorte que les travailleurs qui
occupent des emplois menacés puissent acquérir une formation qui
leur permettra d'occuper ces emplois prometteurs dont leur parle le ministre de
l'Industrie et du Commerce et qui sont négociés à
l'étranger.
La création d'un crédit d'impôt à la
création nette d'emplois et à l'embauche de main-d'oeuvre locale
qui a été promise par le gouvernement au moment de la campagne
électorale... Le député de Sainte-Marie a beau faire des
signes de dénégation, il est arrivé trop tard pour que
je... Je vais lui relire l'engagement ferme pris durant la campagne
électorale à ce sujet et qui se lisait comme suits "En
contrepartie des avantages reçus dans la zone d'entreprises, les
entreprises s'engageront à employer en priorité les
employés licenciés des entreprises industrielles de l'est." Cette
préséance d'embauche s'accompagne évidemment d'avantages
que nous décrivait éloquemment durant la campagne
électorale le parti ministériel, qui semble maintenant vouloir
abdiquer ses responsabilités.
Je crois que nous nous engageons - ce n'est qu'un début, d'une
certaine façon, cptte interpellation - durant les semaines et
certainement, je ne dirais pas les mois, parce que nous remporterons un
succès de l'action que nous allons mener... Je suis convaincue que la
première démarche qui doit être faite par le gouvernement,
c'est de reconnaître qu'il y a une situation particulière qui
commande une intervention particulière. Il ne faut pas que l'anonymat
des statistiques de la ville de Montréal serve d'écran ou
empêche ce gouvernement de voir la réalité qui n'est pas
une réalité de succès exceptionnel dans l'est de
Montréal, puisque 64 % des emplois sont actuellement occupés par
des résidents qui sont à l'extérieur du secteur. C'est une
réalité qui ne peut qu'aller en s'aggravant si les emplois dont
on parle pour l'avenir sont des emplois qui commandent des formations que n'ont
pas les travailleurs actuellement en poste dans dans emplois menacés
dans l'est de Montréal. Il y a donc une action énergique, une
action d'ensemble, une action collégiale à mener dans l'est de
Montréal, à la fois sur le plan de la main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu et également sur le plan non pas d'une
intervention constante... Les interventions constantes ont donné comme
résultat 22 000 chômeurs, 10 000 assistés sociaux qui sont
des chômeurs, un taux de chômage de 12,6 % et 64 % des emplois qui
sont occupés par des résidents autres que du secteur de l'est.
C'est ce que l'intervention constante a donné, sans doute avec des
emplois qui, nous nous posons la question sérieusement, sont
peut-être dus justement à ces interventions constantes et sont
plus du déplacement ou du transfert que de la création nette
d'emplois.
M. le Président, je pense que c'est un service que nous rendons
actuellement à l'équipe ministérielle que de lui rappeler
ses responsabilités. On dit habituellement que les bons gouvernements ne
le sont que s'ils sont pressés de toutes parts par une bonne Opposition.
Il en est ici à Québec, je crois, comme il en sera
également à Ottawa de la part des députés de l'est
qui ont été élus par la population pour représenter
ses intérêts à Ottawa également. Alors, M. le
Président, nous sommes certainement insatisfaits des
réponses obtenues ce matin mais pour nous cela n'est qu'un début.
Nous allons continuer vigoureusement à presser le ministre de remplir
ses responsabilités. Je vous remercie.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, madame. S'il vous
plaît! Non, je regrette, M. le député de Sainte-Marie. Ceci
est la dernière intervention prévue par le règlement. Je
voudrais vous remercier tous, chers membres, chers collègues, de votre
collaboration à la présidence. Sur ce, j'ajourne sine die les
travaux de cette commission. Merci.
(Fin de la séance à 11 h 12)