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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Je rappelle le mandat de la commission, qui est de procéder
à l'étude des crédits budgétaires du
ministère du Travail pour l'année financière 1987-1988,
selon l'ordre qui nous en a été donné par
l'Assemblée nationale le 1er avril 1987.
La durée totale prévue est de quatre heures.
Avez-vous des remplacements à annoncer, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y a un seul
remplacement: M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue) est remplacé
par M. Lemire (Saint-Maurice).
Le Président (M. Théorêt): Merci. J'aimerais
demander aux membres de la commission s'ils ont des propositions à faire
concernant l'organisation de l'étude des crédits
budgétaires du ministère.
M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui. Je voudrais juste vous informer, ainsi que les
membres de la commission, de même que le ministre du Travail, que,
règle générale, l'objectif des crédits est toujours
d'essayer de permettre à l'Opposition de questionner et de faire
certaines vérifications importantes sur des orientations
ministérielles, l'aspect strictement technique précis de la
discussion du livre des crédits n'est quand même pas l'aspect
prioritaire dans l'étude des crédits. En conséquence, je
pense que la proposition qu'on pourrait vous faire est la suivante. Le ministre
voudra sûrement faire des remarques préliminaires comme c'est son
droit, et c'est normal. Je voudrai également en faire quelques-unes et
réagir un peu sur ses propos et, à la toute fin de mes remarques
préliminaires, j'indiquerai les points majeurs, les programmes sur
lesquels j'aimerais avoir des discussions avec le ministre du Travail, en vous
indiquant, cependant, que nous sommes d'accord pour réserver, à
la toute fin de l'après-midi, une certaine période de 45 minutes
pour regarder, directement, au livre des crédits ou dans les
crédits du ministère, les différents programmes. S'il y a
des questions concernant les crédits proprement dits, on les posera
à ce moment-là. C'est à peu près l'ordre des
travaux que je voudrais vous suggérer, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. le ministre, est-ce que vous êtes d'accord avec cette
procédure?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le ministre, comme vous te savez,
est l'invité de la commission pour une enveloppe de temps
déterminée par l'Assemblée nationale et convenue avec
l'Opposition. Si c'est la façon dont la commission souhaite
procéder, je suis prêt à me prêter à cet
exercice de façon, peut-être, que les discussions soient un peu
plus animées entre l'Opposition et l'invité que je suis.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. Je vous invite donc à ouvrir le débat avec vos
remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Pierre
Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, messieurs
les députés, vous me permettrez en commençant de vous
présenter les gens qui m'accompagnent ici à la table en avant.
À partir de la droite, Denys Jean qui, à mon cabinet, est le
conseiller politique responsable des relations du travail; plus près de
moi, à ma droite, M. Raymond Désilets qui est présentement
sous-ministre par intérim parce que, vous le savez sans doute, le
sous-ministre en titre, M. Blain, est présentement en convalescence.
Quant à M. Désilets, même en béquilles, il a pu se
rendre aujourd'hui à cette commission parlementaire. À ma gauche,
Jean Larivière, conseiller politique responsable des travaux
parlementaires au cabinet du ministre.
En étant convoqués pour procéder à
l'étude des crédits du ministère du Travail, nous allons
donc profiter de l'occasion pour traiter de ce qui s'est fait au sein de ce
ministère et de ce que nous entendons mettre de l'avant à court
et à moyen terme. Tout comme nous l'avions fait l'an dernier à
pareille occasion, nous aborderons le ministère du Travail ainsi que les
sept orqanismes gouvernementaux qui sont sous ma responsabilité. Je vais
maintenant évoquer les principaux points à retenir relativement
au ministère du Travail. Sur le plan administratif d'abord,
l'année 1986-1987
nous a permis de faire progresser nos objectifs de
réorganisation, d'efficacité administrative et de
développement des ressources humaines. Dans le domaine du Plan
d'organisation administrative supérieure, communément
appelé POAS, les études entreprises depuis 1985 ont
été menées à terme. On se rappellera que, depuis
l'approbation par le Conseil du trésor en 1983 du POAS du
ministère du Travail, ce dernier a vu son mandat modifié à
quelques reprises par l'addition, à titre d'exemple, des services
d'arbitrage médical, de médiation préventive et par
l'ajout de la Direction générale de l'inspection et de celle de
la normalisation. De là la nécessité de revoir ce
plan.
Pour ce qui est de l'efficacité administrative, nous avons
reçu au début de l'année 1987 un rapport d'études
entreprises en juin 1986 relativement au fonctionnement de la Direction
générale de la recherche et de l'administration. Au chapitre du
développement des ressources humaines, le programme de
développement du personnel d'encadrement, dont la conception a
été amorcée à la fin de l'année 1985, a fait
l'objet de travaux et de discussions au cours de 1986, de telle sorte qu'il est
possible de le considérer prêt à être
appliqué. D'autre part, toujours sur le plan des ressources humaines,
les gestionnaires du ministère ont entrepris au cours de 1985
l'implantation d'un programme d'aide et de soutien aux employés du
ministère aux prises avec des problèmes personnels.
Par ailleurs, sur le plan législatif, qu'il me soit permis de
vous rappeler ainsi qu'à nos collègues qu'à titre de
ministre du Travail j'ai la responsabilité d'un certain nombre de lois
en matière de relations du travail ainsi que dans le domaine de la
sécurité dans les bâtiments et les lieux publics. Plus
spécifiquement, en ce qui regarde les lois du travail, l'an dernier, au
moment de l'étude des crédits du ministère, je venais
d'être saisi du rapport de la commission consultative sur le travail et
la révision du Code du travail (janvier 1986) communément
appelé le rapport Beaudry. À l'époque, je vous avais
indiqué qu'en raison du volume de ce rapport il devenait
nécessaire d'en soumettre les recommandations à une expertise
visant à mesurer leur caractère praticable plus
particulièrement pour la petite et la moyenne entreprise
québécoise. Les deux personnes que j'ai mandatées au
printemps 1986 pour faire ce travail l'ont maintenant complété.
Leurs rapports m'ont été transmis pour l'un en septembre 1986 et
pour l'autre, en février dernier. Ils constituent, l'un comme l'autre,
des outils intéressants de référence qui nous ont permis
jusqu'à maintenant de soutenir le travail déjà
entrepris.
(10 h 15)
Au chapitre des orientations plus générales devant mener
à des projets législatifs, j'ai mis en place, au cours de
l'été 1986, quatre groupes de travail internes chargés
d'examiner respectivement les questions des structures d'administration des
relations du travail, de la codification des lois du travail, de ta
révision du Code du travail et de la Loi sur les décrets de
convention collective. Le mandat de ces équipes de travail comprend
l'examen de la situation réelle de leurs secteurs
d'intérêt, l'analyse et l'examen des rapports, les études
et opinions disponibles et le dégagement d'hypothèses de travail
à m'être soumises, le tout bien entendu dans le sens des
orientations du gouvernement en matière de relations du travail.
Toujours sur le plan législatif, nous avons déposé et
l'Assemblée nationale a adopté en juin 1986 le texte
législatif numéro 42 visant à clarifier
l'interprétation de l'article 25 du Code du travail afin de permettre le
dépôt des copies des cartes d'adhésion lors d'une
requête en accréditation. Finalement, nous avons été
appelés à participer à la préparation de la loi sur
le nouveau régime forestier.
Au chapitre des relations du travail, l'année 1986 s'est, somme
toute, soldée par un climat de relations patronales-ouvrières
positif. Tout au cours du dernier exercice, nous avons consacré nos
efforts à la recherce constante de moyens susceptibles d'aider les
partenaires d'entreprises à trouver un règlement de gré
à gré à leurs différends.
A ce titre, je pense qu'il est propice de rappeler les ententes
intervenues, entre autres, à la Société de transport de la
rive sud de Montréal, dans l'industrie de la construction, dans les
secteurs public et parapublic, chez les cols bleus de la ville de
Montréal et plus récemment à la Société de
transport de la Communauté urbaine de Montréal. Ces ententes
négociées nous permettent de mesurer toute l'importance et
l'intérêt que portent les parties au rèqlement de leurs
affaires. Elles nous confirment également dans notre volonté
d'agir dans le sens d'un ministère du Travail constamment
préoccupé par l'aide et le soutien des parties dans la recherche
du règlement négocié.
Par ailleurs, à l'occasion des récentes
négociations entre le gouvernement et ses employés, le
ministère du Travail a dû s'impliquer dans le processus par le
biais de son service de médiation dans le secteur public. Au cours de
l'été ]986, nous avons reçu 79 demandes de
médiation qui ont affecté 73 tables de négociation sur 81
et qui ont nécessité la nomination de 17 personnes-ressources
responsables d'agir comme médiateur. Le rôle du ministère
n'est cependant pas terminé dans ce dossier puisqu'il est toujours
permis aux parties de faire appel à la médiation dans le cas
de
litiges locaux.
Nous pouvons cependant affirmer que le service de médiation dans
les secteurs public et parapublic a permis, en conjugaison avec d'autres
facteurs, d'amener un règlement négocié entre le
gouvernement et ses partenaires des secteurs public et parapublic.
Au chapitre de la médiation préventive, le service du
ministère responsable de ces questions est intervenu auprès des
parties dans 32 entreprises. Le programme de médiation préventive
a été réalisé ou est actuellement en cours de
réalisation dans treize de ces entreprises. Pour ce qui est des projets
quant à la médiation préventive, il va sans dire que cet
aspect du rôle du ministère se situe exactement dans l'axe que
l'actuel gouvernement veut suivre au chapitre des relations du travail. Le
projet de loi 30, actuellement débattu en Chambre, nos efforts constants
dans le champ de la conciliation et, de manière générale,
notre attitude dans le cas de conflits de travail vont constamment dans le sens
de la solution des différends par et pour les parties. Dans cette
perspective, la médiation préventive constitue un
élément du rôle du ministère.
Quant aux orientations 1987-1988 sur le plan administratif,
l'année qui vient permettra d'abord de terminer le Plan d'organisation
administrative supérieure et de le faire cheminer au Conseil du
trésor afin qu'il reçoive les approbations requises selon les
règles de l'administration publique. D'autre part, le rapport
d'étude sur l'efficacité administrative de la Direction
générale de la recherche et de l'administration ayant
été reçu l'automne dernier, nous en sommes, au moment
où l'on se parle, aux discussions relatives à l'implantation des
recommandations. L'exercice 1987-1988 devrait permettre, croyons-nous, de
dégager des mesures propres à améliorer le fonctionnement
de cette direction.
Par ailleurs, toujours au chapitre de l'efficacité
administrative, deux des services du ministère feront l'objet d'un
examen plus particulier. Nous procéderons à une recherche
auprès des clientèles des services de conciliation et de
médiation préventive afin de mesurer le taux de satisfaction de
nos clientèles et d'isoler les éléments qui demandent
amélioration.
On constate donc, M. le Président, que, sur le plan
administratif, nous poursuivrons l'atteinte des objectifs de
réorganisation, d'amélioration et d'efficacité
administrative, de même que les objectifs de développement des
ressources humaines. Après un an d'évaluation et de
contrôle, l'année qui vient permettra de prendre des mesures
appropriées allant dans le sens des orientations que nous nous sommes
données à l'origine. Quant à la législation,
l'exercice 1987-1988 devrait permettre de voir la concrétisation de
certains engagements pris par l'actuel gouvernement dans le secteur des
relations du travail.
D'abord, au chapitre des structures relatives à l'administration
des relations du travail, j'ai déposé à l'Assemblée
nationale le projet de loi 30 visant la création de la Commission des
relations du travail.
D'autre part, comme l'an dernier, le ministère du Travail mettra
à la disposition des parties en négociation l'ensemble de ses
ressources spécialisées de conciliation, de médiation et
autres. Depuis que nous sommes en poste, l'attitude que nous avons
privilégiée consiste à favoriser le règlement
négocié entre les parties plutôt que l'adjudication par un
tiers. Les parties sont maintenant de plus en plus conscientes de cette
approche gouvernementale, elles ont participé dans une large mesure
à l'application de ce mode de fonctionnement et y ont découvert
des avantages certains.
Quant au domaine de la sécurité des personnes dans les
bâtiments publics, le travail des deux directions distinctes au
ministère du Travail, soit la Direction générale de
l'inspection et la Direction de la normalisation, aura permis d'amorcer la
préparation d'une opération de rationalisation des lois et
règlements qui régissent ce champ d'activité.
Enfin, nous avons demandé au cours de la dernière
année à nos services spécialisés en relations du
travail d'axer leurs efforts dans le sens d'une approche de service à la
clientèle. Nous y sommes en bonne partie parvenus qrâce à
la collaboration de nos officiers et nous comptons bien poursuivre nos efforts
dans cette direction au cours de la prochaine année.
Quant au Conseil des services essentiels, le conseil, organisme
habilité à voir à l'établissement et au maintien
des services essentiels, a été particulièrement
occupé en 1986 dans le secteur de la santé et des services
sociaux en raison d'abord des négociations dans les secteurs public et
parapublic et aussi des importantes négociations dans le transport
ambulancier et dans le transport en commun. Au cours de la même
période, le conseil a tenu 42 auditions publiques dans le secteur des
services publics et recommandé à deux reprises au qouvernement la
suspension de l'exercice du droit de grève, soit dans le cas du Syndicat
des employés d'entretien de la STRSM et de celui des cols bleus de la
ville de Montréal. Par ailleurs, 1985-1986 a été pour le
conseil une année d'expérimentation. En effet, les pouvoirs de
redressement qui lui ont été attribués sont entrés
en viqueur le 1er août 1985. Ils ont permis l'intervention du conseil
à 24 reprises dans le cas de conflits illégaux.
En 1987, les fonctions, pouvoirs et responsabilités du conseil,
tout en demeurant les mêmes, seront transférés à
la
Commission des relations du travail qui devrait voir le jour si les
parlementaires donnent leur accord au projet de loi 30.
La Commission de la santé et de la sécurité du
travail. Le 16 avril 1986, lors de l'étude des crédits du
ministère du Travail devant cette commission parlementaire, j'exprimais
ma préoccupation face au déficit sans cesse croissant de la CSST.
Cette préoccupation était en effet justifiée puisque le
déficit d'exploitation de la CSST pour son exercice financier 1985 a
totalisé 547 000 000 $ et il est à prévoir un autre
déficit important pour l'année 1986. Je m'étais alors
engagé à étudier les possibilités de freiner et
même de réduire le déficit de la CSST par, entre autres,
des objectifs de gestion saine et efficace.
À cet effet, le Conseil des ministres adoptait, en novembre 1986,
un décret demandant au Vérificateur général du
Québec, M. Rhéal Chatelain, de procéder à une
vérification intégrée qui, en plus du volet financier
habituel, vise à vérifier la conformité de
l'administration de la CSST aux lois et règlements en vigueur tout en
optimisant les ressources disponibles. De concert avec mon cabinet, la CSST a
également procédé récemment à une
réorganisation complète de son organigramme supérieur
visant une plus grande efficacité. Cette réorganisation simplifie
en effet les liens hiérarchiques existant à la CSST et rend les
gestionnaires imputables de leur administration et de leur budget, ce qui
n'était pas toujours le cas avec l'ancienne structure.
Par ailleurs, conscient plus que jamais de la nécessité
d'en arriver à un régime de santé et de
sécurité du travail qui soit à la fois équitable
pour les victimes de lésions professionnelles et acceptable sur le plan
des charges qu'il impose à nos entreprises dans un contexte
concurrentiel, j'ai formé un groupe de travail dont le mandat consiste
à me formuler des recommandations en ce sens, recommandations qui
devraient m'être acheminées dans les prochaines semaines.
Le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. Quant à
ce conseil, ma principale réalisation est d'avoir travaillé
à la révision de la structure et du mandat du conseil. Il y a
peut-être lieu de rappeler que le programme électoral du Parti
libéral prévoyait une telle révision. Le rapport de la
commission consultative sur le travail et la révision du Code du travail
rendu public le 20 janvier 1986 proposait des changements importants en regard
du CCTM. Répondant à plusieurs éléments du rapport
Beaudry, j'ai donc déposé le projet de loi 41 qui crée le
Conseil consultatif sur l'emploi et la sécurité du revenu et qui
apporte, entre autres, des modifications au niveau de la composition et du
mandat de l'organisme.
Quant à l'Institut de recherche et d'information sur la
rémunération, il a comme fonction d'informer le public de
l'état et de l'évolution comparée de la
rémunération des employés des secteurs public et
parapublic à celle des autres salariés québécois de
toute catégorie qu'il détermine. Au cours de l'année
1986-1987, l'institut a rendu publics différents rapports sous forme
d'études comparatives, rapports qui ont été transmis aux
parties intéressées. Pour l'année qui vient, l'institut
entend poursuivre la diffusion d'informations techniques auprès des
parties.
Quant à la Commission de la construction du Québec et au
secteur de la construction, au début de l'année 1986, les parties
représentatives dans l'industrie de la construction ont entamé la
négociation de la convention collective qui régit les conditions
de travail de quelque 15 000 entrepreneurs et 105 000 salariés
travaillant dans ce secteur clé de notre économie
québécoise.
Tout au long des négociations, le ministère du Travail a
mis ses ressources au service du monde patronal et syndical et a offert sa
pleine collaboration aux parties pour favoriser la conclusion d'un
règlement. Ainsi, après épuisement de la conciliation qui
se prolongea sur une période de trois mois, le ministère du
Travail a nommé un médiateur spécial. Cette initiative
s'est révélée fructueuse par la sianature, le 29
août 1986, d'un règlement négocié par les parties.
La réussite de cette négociation marque positivement l'histoire
du régime des relations du travail prévalant dans l'industrie de
la construction.
D'autre part, toujours dans le domaine de la construction, mais sur un
autre sujet, notre formation politique s'était engagée à
réformer le système d'accès à cette industrie qui
s'était révélé injuste et discriminatoire. J'ai
déclaré l'an dernier à pareille occasion que nous
entendions respecter cet engagement électoral relatif à
l'abolition de la carte de classification dans l'industrie de la construction.
Nous avons réalisé cet engagement électoral au cours de la
première année de notre mandat, l'Assemblée nationale
ayant adopté, le 17 décembre 1986, le projet de loi 119, Loi
modifiant la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la
construction.
Tel que promis, cette loi a aboli la carte de classification qui servait
à contrôler l'accès des travailleurs à l'industrie
de la construction et a établi de nouveaux mécanismes permettant
de contrôler cet accès par la voie de la compétence.
Dorénavant, les jeunes qui ont suivi une formation pertinente à
l'exercice d'un métier dans l'industrie de la construction auront enfin
le droit d'y accéder. Présentement, environ 95 000 travailleurs
et travailleuses détiennent le nouveau certificat de compétence
prévu au projet de loi 119. De
ce nombre, 900 jeunes ont eu accès à l'industrie
grâce à leur diplôme de fin d'études secondaires dans
l'un des métiers de la construction, diplôme maintenant reconnu
par le projet de loi 119. À l'avenir, cette loi permettra
l'entrée des jeunes Québécois compétents en
fonction des besoins réels, tant qualitatifs que quantitatifs, de
l'industrie.
De plus, la loi confie à la Commission de la construction du
Québec un mandat en matière de formation professionnelle de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction. Ce nouvel organisme est
doté d'une structure assurant un rôle prépondérant
aux représentants patronaux et syndicaux travaillant dans ce secteur
économique. Ainsi, les partenaires de l'industrie assument des
responsabilités plus grandes en matière de formation
professionnelle de la main-d'oeuvre.
Quant à l'avenir, soit au cours du prochain exercice financier,
nous entendons poursuivre nos efforts pour implanter entièrement le
nouveau mécanisme d'accès à l'industrie de la construction
et le nouveau programme de formation et ce, en étroite collaboration
avec les partenaires de l'industrie, la Commission de la construction du
Québec, le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu ainsi que le ministère de
l'Éducation du Québec.
D'autre part, tel que promis au cours de la dernière
négociation de la convention collective, nous examinerons le
régime de négociation afin de pouvoir améliorer les
mécanismes actuels pour favoriser la conclusion d'une convention
collective sans intervention étatique. Déjà, des
représentants syndicaux et patronaux de cette industrie, composant une
table de travail, nous ont soumis un premier rapport sur ce sujet, exposant des
recommandations préliminaires. (10 h 30)
De plus, nous étudions actuellement le champ d'application de la
loi sur les relations du travail, la formation de la main-d'oeuvre et la
gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction et du
décret relatif à cette industrie afin de répondre à
la réalité économique de cette industrie, notamment dans
le secteur résidentiel.
Une première consultation auprès des partenaires de
l'industrie a eu lieu. Un rapport préliminaire nous a été
remis par le coordonnateur et nous comptons poursuivre notre réflexion
dans les prochains mois.
En terminant, j'aborderai ensemble la Régie des entreprises de
construction du Québec et la Commission du bâtiment du
Québec étant donné qu'en vertu de la loi 53, Loi sur te
bâtiment, le mandat de qualification des entrepreneurs assumé
actuellement par la Régie des entreprises de construction du
Québec serait, entre autres, dévolu à la Commission du
bâtiment du Québec. Les travaux entrepris pour étudier
l'économie de cette loi se poursuivent et permettront de guider les
orientations définitives du gouvernement dans ce domaine.
En guise de conclusion, permettez-moi, M. le Président, de vous
rappeler que je me suis toujours fixé comme objectif en tant que
ministre du Travail l'amélioration et, idéalement, la correction
des lacunes et contraintes qui causent des embêtements importants aux
entreprises et aux travailleurs ainsi qu'à l'ensemble de notre
société. Je croîs que les décisions quotidiennes que
j'ai prises, les gestes que j'ai posés et les modifications sur le plan
législatif que j'ai présentées à l'Assemblée
nationale ont visé cet objectif. Grâce à la maturité
de tous les partenaires et à la collaboration de tous les regroupements,
organismes, personnes, je suis convaincu que nous poursuivrons ensemble la
réalisation de la bonification de notre système de relations du
travail.
M. le Président, MM. les membres, je vous remercie de votre
attention.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre.
Je vais maintenant céder la parole au critique officiel de
l'Opposition et député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: M. le Président, membres de cette commission,
je voudrais d'abord saluer très respectueusement et amicalement les
personnes qui accompaqnent le ministre du Travail. L'étude des
crédits est toujours une occasion, au moins, pour souligner le travail
émérite de ces gens-là qui, souvent, travaillent dans
l'ombre, mais qui, règle générale, donnent quand
même un excellent service professionnel. C'est très rare qu'on
entende des critiques acerbes à l'endroit des hauts fonctionnaires du
ministère du Travail. On en entend plus souvent à l'endroit du
ministre du Travail, mais c'est normal. Au niveau politique, on est un peu
moins sensible à ces choses-là, un peu moins fragile aux
remarques. Je pense qu'on a un système qui, effectivement, permet que
les citoyens puissent porter des jugements qualitatifs quant aux
responsabilités exercées par les membres du qouvernement. Je
pense qu'il est bien qu'il en soit ainsi.
Je salue en particulier M. Désilets, l'actuel sous-ministre par
intérim. Je lui souhaite bonne chance avec sa patte. C'est un peu
inhabituel, cependant, que le ministre se présente, comme invité
de la commission, avec surtout des qens de son cabinet politique. Cela ne me
déranqe pas, il me fait plaisir de les saluer, mais, règle
générale, lors de l'étude des crédits, on voit
davantaqe les qens de la structure administrative du
ministère. À chacun son style. Je n'en fais pas un plat.
Je salue aussi toutes les autres personnes qui accompagnent le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est parce qu'on n'a pas
présenté tout le monde.
M. Gendron: Non, non, je comprends. Ça va.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a des gens du cabinet et il y
a des gens du ministère. Il y a tout le monde; plus que moins, comme on
dit.
Une voix: La famille est là.
M. Gendron: La famille est réunie.
Je voudrais vous indiquer, M. le Président, ainsi qu'aux membres
de cette commission, que la commission de ce matin est particulièrement
convoquée pour étudier de façon qu'on appelle
détaillée les crédits octroyés au ministère
du Travail afin de remplir ses différentes missions. Je voudrais
cependant souligner aux membres de cette commission ainsi qu'au ministre que,
rèqle générale, la tradition a toujours voulu que ce ne
soit pas là l'exercice fondamental qui doive guider nos travaux. Je
pense que le texte de présentation que le ministre du Travail vient de
lire est assez indicatif à cet égard. D'aucune façon il
n'a parlé des problèmes financiers de son ministère,
d'aucune façon il ne nous a indiqué qu'il était en manque
ou en surplus par rapport à des programmes spécifiques. Je pense
que c'est correct qu'il ait fait ça puisque lui-même a voulu
davantage souligner ce qu'il pensait qu'il avait fait, ce qu'il a l'intention
de faire, de même que toucher aux principaux secteurs de service à
l'intérieur de son ministère. Il a même dit qu'il nous
parlerait des orientations.
Ce qui frappe, et on aura l'occasion d'y revenir parce que c'est
ça qu'on doit faire pendant quatre heures, c'est que c'est un ministre
très studieux. À plusieurs reprises... Je pourrais le citer: Les
travaux entrepris pour étudier l'économie; notre réflexion
n'est pas complétée; on va poursuivre notre réflexion. Il
étudie, il réfléchit et il a l'intention de changer bien
des choses sauf qu'on est obligé d'admettre que, pour l'année en
cours, pour les crédits que j'ai étudiés comme nouveau
critique en matière de relations du travail pour l'année 1986...
C'est quoi, les grands dossiers, les secteurs majeurs, importants dans le
secteur du travail québécois qui ont subi des modifications
majeures importantes? II n'y en a pas énormément. J'ai
l'intention de revenir sur des choses très précises. Cela ne veut
pas dire que le ministre du Travail n'a pas eu le soutien de sa machine pour
donner un appui lors de conflits, parce qu'en 1986 il y en a eu quelques-uns de
majeurs. Jamais on n'a dit que sa machine n'avait pas été
très efficace pour donner l'appui au ministre du Travail en termes de
médiation des fois, de conciliation d'autres fois et de rencontres de
toutes sortes, des fois formelles et parfois informelles, on en convient. Mais
un ministre du Travail dans une société comme la nôtre,
surtout quand on sait que les relations du travail, c'est un domaine majeur,
important...
On aura l'occasion de revenir tantôt aux crédits, mais il
s'agit d'abord, pendant quelques secondes, de se demander: Au Québec,
l'importance du ministre du Travail et de son ministère, à quelle
place prend-elle toute sa mesure et toute sa forme*? Elle prend toute sa forme
dans ce qui pourrait être appelé une espèce de
responsabilité de gardiennage. Un ministre du Travail a la
responsabilité au Québec de tout mettre en oeuvre pour que les
relations du travail soient conservées dans un climat le plus serein
possible, ce qui permet de faire progresser notre société, de
développer notre société selon des mécanismes qui
sont bien sûr reliés à notre économie et à
notre mieux-être collectif par rapport à des conditions de travail
importantes. Dans ce sens-là, le ministre du Travail doit veiller
à ce que les relations qui se développent entre les personnes qui
rendent des services en contrepartie d'une rémunération, les
travailleurs et travailleuses, permettent également aux employeurs
d'atteindre une espèce d'épanouissement professionnel
légitimement recherché et permettent aux entreprises d'obtenir un
degré de productivité nécessaire à leur essor
économique. On est loin du XIXe siècle, de l'ère qui a
précédé la postindustrialisation. Nous sommes dans un
régime de relations du travail où, de plus en plus, ces
éléments, des contrats liant les parties, sont capitaux,
importants.
C'est comme le dit, d'ailleurs, le rapport annuel du ministère du
Travail. Il ne nous dit pas qu'il y a cinq ou sept structures et tant de
personnes. 11 nous dit que le ministère et le ministre du Travail ont la
responsabilité de maintenir de saines relations de travail entre les
parties patronale et syndicale, de favoriser le dialogue et la concertation
entre les employeurs et les salariés. Ils doivent éqalement voir
au respect des normes de sécurité relatives aux bâtiments
et ainsi de suite. Fondamentalement, il est question de sauveqarder le meilleur
climat possible. Cependant, il s'agit d'un secteur capital qui est toujours en
évolution. Je pense que tout le monde va admettre que les relations du
travail sont un secteur en constante évolution. Les gouvernements, quels
qu'ils soient, ont toujours eu de la difficulté à suivre le
rythme de cette évolution, mais c'est important qu'ils le suivent.
On l'a vu, d'ailleurs, dans les diverses
recommandations qui ont été faites par ce gouvernement-ci,
en particulier en campagne électorale, sur les engagements qu'il
entendait prendre dans un domaine aussi vital de la société
québécoise. Puis est arrivé l'accident de parcours du 2
décembre 1985. À la suite de cela, ces gens ont dû
effectivement composer avec la dure réalité non plus des
promesses et des engagements électoraux, mais du vécu quotidien.
Ils se sont rendu compte qu'il serait peut-être difficile de donner suite
à leur engagement concret. Et on a assisté à une
période d'analyse et de réflexion et à la publication des
rapports Scowen, Gobeil et Fortier où tout le monde a rapidement convenu
qu'au moins la très grande majorité des recommandations qui
étaient faites relevaient davantage du domaine du farfelu, de
l'inexpérience et d'un manque d'analyse total. Avoir plus de temps, je
citerais des recommandations des rapports Gobeil, Scowen et Fortier, qui n'ont
aucune commune mesure avec la réalité du monde des relations du
travail.
Dans ce sens, je pense que le ministre actuel a eu cette sagesse de ne
pas donner suite - en tout cas, on ne l'a pas vu le faire formellement ou
manifestement pour plusieurs recommandations - à des recommandations qui
étaient très mal étoffées, hâtives et qui ne
tenaient pas du tout compte de certaines réalités vécues
tout autant dans le domaine des relations du travail que dans d'autres secteurs
d'activité. Le ministre a eu cette sagesse de regarder les choses,
d'analyser, de nommer des comités de travail; il l'a d'ailleurs dit
tantôt: quatre groupes internes ont fait des examens de toutes sortes. On
va lui poser des questions là-dessus.
Je voulais quand même signaler qu'au moins en ce qui le concerne
il a eu cette sagesse de ne pas plonger trop rapidement dans ces
recommandations qui auraient peut-être entraîné le monde des
relations du travail dans des situations difficiles.
Cependant - et je pense que, dans ma présentation, je dois
indiquer à ce moment-ci les différents éléments sur
lesquels nous poserons davantage de questions - au plan de l'indécision
et des désistements, je pense qu'il y a plusieurs domaines dans lesquels
le ministre n'a pas pris les décisions qui s'imposaient. Il a
continué à hésiter en disant qu'il n'avait pas l'ensemble
des éléments requis pour prendre des décisions
importantes. Il y a des choses pour lesquelles on ne comprend toujours pas
pourquoi il n'a pas posé des gestes précis, concrets, comme il
semble le mentionner dans sa conclusion. Lui, ce qui l'intéresse, ce
sont les décisions quotidiennes, la gestion quotidienne. Je crois
l'entendre: Les décisions quotidiennes que j'ai prises, les gestes que
j'ai posés, les modifications sur le plan législatif que j'ai
présentées. J'aimerais qu'il me fasse la liste tantôt. Cela
va sûrement faire une "short list".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous êtes le
troisième critique, vous, là.
M. Gendron: Oui, je le sais. Il ajoute: Grâce à la
maturité des partenaires, etc. Quant aux pricipaux chefs sur lesquels il
y aura lieu de poser des questions, un des premiers sera, bien sûr, le
domaine de la construction. Je pense que le ministre du Travail a
été assez précis en disant que, dans le domaine de la
construction, ces gens ont pris l'engagement électoral de faire de la
compétence le seul critère d'entrée sur le marché
du travail. Cependant, entre le discours, encore là, que ces gens
avaient en campagne électorale et la réalité qu'on peut
observer aujourd'hui, il y a quand même des nuances importantes qu'on va
devoir faire. On a eu un projet de loi qui a été amendé
pour reconnaître la pertinence de critères quantitatifs. Cela a
été également assorti d'un moratoire de quatre mois. Au
début, ce n'était sûrement pas dans la promesse du Parti
libéral parce que, pour eux autres, ces choses étaient tellement
normales; il était tellement simple de léqiférer
rapidement dans le domaine de la construction et de dire que dorénavant
on va chambouler complètement le régime et le système et
un seul critère va prévaloir, celui de la compétence,
alors que ce n'est pas tout à fait cela.
Dans le domaine de la construction, malgré de nombreuses
déclarations, on attend toujours les actions du ministre à
l'encontre du travail au noir. Dans ma présentation... C'est
probablement être très volubile, mais c'est très
étonnant que le ministre ait confié cela à un groupe de
travail. On sait qu'il a reçu le rapport, mais on ne sait pas quelle
suite il y a donnée. Ce qu'on sait, c'est qu'il n'y a pas grand-chose
dans le rapport parce qu'on en a obtenu copie. Une chose est sûre,
cependant, c'est que c'est sérieux et qrave. Le travail au noir est un
problème majeur, c'est un problème d'envergure dans notre
société québécoise d'aujourd'hui. On ne peut pas
faire de beaux discours comme ce gouvernement en fait constamment et en a fait
constamment surtout sur la situation budgétaire difficile dont il a
hérité supposément et continuer a être
complètement négligent, complètement absent de ses
responsabilités, et en particulier celle du ministre du Travail, de
poser des gestes concrets pour s'assurer que l'État
québécois puisse quérir, recevoir les dûs qui lui
appartiennent, les sommes que normalement n'importe quel travailleur convient
de retourner à l'État pour qu'il puisse offrir une
équité dans la distribution des services collectifs que n'importe
quelle société se
doit d'offrir à ses citoyens et ses citoyennes contribuables.
Ce n'est sûrement pas le cas quand on sait qu'il y a des pertes de
centaines de millions, probablement des milliards de dollars qui sont
créées par cette espèce de laisser-faire, cette situation
de laisser-faire dans le domaine de la construction, dans le domaine du travail
tout court et pas uniquement dans le domaine de la construction. Dans
l'ensemble des activités de travail, il y a une espèce
d'irresponsabilité chronique de poser des gestes concrets pour que tous
ces éléments négatifs qui ont des conséquences
importantes sur un manque à gagner majeur de l'État
québécois soient évités. Ce que le ministre a
trouvé bon depuis qu'il est ministre du Travail - ça fait quand
même un an et demi que ces gens sont à la gestion des choses de
l'État - c'est de faire des études, de regarder cela, alors que,
à ma connaissance, il y a passablement d'informations sur les tablettes
ou les bureaux des principaux dirigeants du ministère du Travail pour
qu'on soit capable de commencer à présenter le début
d'actions concrètes, précises qui permettraient de mieux
gérer cette problématique. (10 h 45)
Au chapitre de la révision des lois du travail, on est
sûrement en présence d'un manque de vision globale et d'absence de
principes directeurs. Quels sont les principes directeurs qui guident ce
gouvernement, dans ce qu'on appelle les lignes de force, pour dire: II faut
absolument réviser l'ensemble des lois du travail, mais dans un cadre
précis, défini? J'avais cru et je croyais encore qu'on ne peut
pas se taper une commission aussi majeure, aussi importante que la commission
Beaudry, qui a fait le tour des régions du Québec, le tour du
Québec en détail avec énormément de parcimonie et
d'analyse pour colliger toutes sortes d'informations pertinentes reliées
au domaine des relations du travail. La commission a publié son rapport
en février 1986. Depuis ce temps, le ministre a été
passablement silencieux...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Janvier.
M. Gendron: Janvier 1986 au lieu de février 1986. Alors,
cela me permettra d'être plus dur, vous avez eu un mois additionnel pour
le lire, l'analyser et y réagir; alors, merci, M. le ministre. C'est
étonnant quand même que le ministre du Travail ait
été si silencieux pour ce qui est des suites à donner au
rapport Beaudry.
Il a confié cela à deux experts qui connaissaient le
domaine, c'est exact, deux personnes qui ont beaucoup d'expérience dans
le domaine. Il leur a dit: Regardez donc cela et dites-nous quelles suites nous
pourrions y donner. Mais, les experts ont fait leur boulot. Ils ont
donné leur rapport. Depuis ce temps-là - c'était
l'été dernier - tout est resté lettre morte.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Excusez, je pensais l'avoir
dit. Je comprends les difficultés du député
d'Abitibi-Ouest, il est le troisième critique en matière de
relations du travail, mais je n'ai reçu qu'au mois de février
dernier le deuxième des rapports. J'en avais reçu un à
l'automne et l'autre je l'ai reçu en février de cette
année. Excusez, je ne voulais pas...
M. Gendron: Février 1987.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est cela, oui.
M. Gendron: D'accord. Ce dont vous voulez parler, j'y reviendrai.
Il veut parler du rapport final. Il aurait très bien pu attendre
à la fin pour me corriger.
Pourtant, le rapport, indépendamment du délai ou du moment
où il vous a été remis, M. le ministre, je pense que vous
allez convenir de cela, contient des recommandations majeures, non seulement
sur le plan des rapports collectifs de travail. Je parle du rapport Beaudry,
bien sûr. Il sugqère aussi des recommandations importantes pour
tout ce qui concerne les rapports individuels des principaux
intéressés dans quelque secteur d'activité que ce soit. Ce
n'est pas parce qu'on a eu droit au projet de loi 39 que le ministre peut
prétendre qu'il a fait le tour des questions des rapports individuels de
travail.
Un autre secteur où il semble que le ministre devrait être
plus précis et nous indiquer davantage ses visions de l'avenir, c'est
toute la question des décrets de convention collective. Vous savez que
le rapport Scowen était assez clair; il recommandait de tout
démanteler ce système d'ici 1988 et également de suivre
les recommandations du rapport Beaudry afin de revaloriser ce mode
d'organisation du travail. Entre-temps, il y a plusieurs intervenants qui ont
souligné au ministre ceci: Quand entendez-vous, M. le ministre, donner
suite à cette politique de consécration ou de publication des
décrets dans différents secteurs? On va y revenir. On n'a pas
vraiment entendu le ministre en ce qui concerne ses orientations
spécifiques. On a vu que, de temps en temps, dans la Gazette
officielle, il en autorisait une ou deux. Mais, est-ce que, oui ou non, il
va être plus un "scoweniste" ou un type qui va s'occuper, comme ministre
du Travail, d'avoir une vue globale et d'ensemble dans ce secteur?
Cependant - c'est là-dessus que je vais être le plus
incisif, je pense - dans le secteur de la Commission de la santé et de
la sécurité du travail, c'est vraiment l'incertitude totale,
l'absence de vision. Le ministre du Travail n'a absolument rien indiqué,
sauf qu'il avait des problèmes sérieux avec la présidente
de la Commission de la santé et de la sécurité du travail
- on y reviendra aussi - en ce qui concerne le climat de travail et les
relations qu'il a eues avec une nomination qui était - c'est on ne peut
plus clair - une nomination politique. Il me semble que c'est assez
embêtant... Je ne dis pas que c'est le ministre qui l'a faite, mais,
à ce que je sache, il fait partie de ce gouvernement; en tout cas, on a
des indications qu'il fait partie de ce gouvernement et, en conséquence,
c'est sûr qu'il doit porter les nominations politiques de son
gouvernement.
M. le Président, en ce qui concerne la Commission de la
santé et de la sécurité du travail, le ministre est au
courant, depuis sa nomination, de sa situation financière très
difficile et toute particulière. Qu'est-ce qu'il a fait? Très
précisément, rien de concret. Bien sûr, on a
dégommé l'ancien président. On l'a remplacé par
quelqu'un à qui on a coupé à peu près tous les
moyens d'intervention. On a formé un comité et on a donné
un mandat au Vérificateur général; Regardons donc cela.
Cela fait un an et demi que cela dure et que tout est gelé à la
CSST, cela fait un an et demi qu'on est en train de détruire un climat
de travail important pour n'importe quel organisme et, en particulier, pour un
ministre du Travail. Un ministre du Travail devrait avoir comme première
préoccupation au moins de sauvegarder les relations du travail à
l'intérieur de ses boîtes, de sa botte ou dans l'une des
boîtes dont il a la responsabilité. J'ai l'impression qu'il aura
de sérieux problèmes à la Commission de la santé et
de la sécurité du travail si, rapidement, le ministre du Travail
ne se préoccupe pas du climat en train de s'instaurer, un climat de
méfiance, d'incapacité de savoir où l'on s'en va dans la
réorganisation, de l'affaiblissement des structures régionales,
des rapports régionaux, du renforcement de la boîte centrale et au
détriment de qui, pour qui? Ce sont des choses qu'il va falloir
éclair-cir.
Par ailleurs, les accidentés du travail attendent presque depuis
deux ans également l'adoption des barèmes des déficits
anatomo-physiologiques. Je pense que, lui-même comme
député, car il est également député d'une
circonscription, il doit recevoir des lettres d'électeurs. Moi, c'est
mon cas régulièrement. J'ai des collègues qui m'appellent
régulièrement: Que se passe-t-il? Comment se fait-il qu'ils ne
sont pas en mesure - je parle de la CSST - d'assumer leur responsabilité
de compenser convenablement les lésions professionnnelles ou
corporelles? Et, dans des cas précis, où, effectivement, il y a
des déficits majeurs importants, il y a une carence quant à la
rémunération efficace ou efficiente qui devrait être
payée. À cet égard, à tout le moins, on peut dire
que ce n'est sûrement pas l'empressement du ministre à vouloir
corriger la situation qui nous étouffe. Cela fait un an et demi, deux
ans. On est obligé de répondre: On a entendu dire qu'on regarde
cela encore, mais il n'y a pas de décision définitive de la CSST.
Un jour, il y aura une compensation qui vous permettra d'être
rémunéré équitablement.
Pendant ce temps le ministre plaide qu'il est en train de
réformer le Code du travail avec le projet de loi 30. Rien là, on
est obligé de dégonfler la balloune. Ce n'est pas une
réforme du Code du travail que le projet de loi 30. Comme je l'ai dit
tantôt et comme on a eu l'occasion de le dire en réplique en
deuxième lecture, lors du dépôt du projet de loi 30
concernant la création de la Commission des relations du travail, c'est
beaucoup plus une réforme de structure où îl s'agit
simplement - mais c'est important cependant, selon notre point de vue
d'accorder des pouvoirs additionnels aux commissaires du travail et de
procéder à une réforme administrative en abolissant le
Tribunal du travail. Cela fait quand même dix ans que ce modèle a
été tracé ailleurs, entre autres en Colombie britannique
et en Ontario, de même que dans le régime fédéral.
C'est un modèle qui existe sous la forme qui nous a été
présentée par le ministre du Travail.
Il y a également deux autres éléments que je vais
vouloir toucher peut-être d'une façon plus succincte, c'est toute
la question de la capacité réelle pour les femmes d'avoir
accès d'une façon plus réelle au marché de la
construction. Un gouvernement qui se targue de tout mettre en oeuvre pour
favoriser, dans les programmes d'accès à l'égalité
des chances, l'arrivée des femmes sur le marché du travail au
sens larqe du terme doit poser des gestes concrets dans
l'entièreté de ces secteurs d'activité. De plus en plus,
on reçoit toutes sortes de demandes de groupes qui, avec raison,
indiquent -j'aurai l'occasion de revenir là-dessus - que d'après
eux, entre, encore là, le vécu quotidien et les
prétentions du gouvernement, il y a quand même des écarts
importants qui se devraient d'être comblés rapidement. Pour ce qui
est de l'accès concret des femmes à l'industrie de la
construction en particulier, j'aimerais que le ministre nous indique de
façon précise quelles sont ses intentions, quels moyens concrets
il entend prendre pour que cette réalité d'une
société moderne, réalité 1988, permette de donner
des chances égales à toute personne qui désire exercer
un
métier quelconque. Qu'entend-il faire exactement?
Je veux revenir succinctement sur tout le volet de la médiation
préventive, qui est un engagement électoral du gouvernement
libéral. Je ne crois pas que ce soit assez long comme explication de
nous dire: Cet engagement, au niveau de la médiation préventive,
c'est qu'on va tout régler cela uniquement par le projet de loi 30,
parce qu'on en parle là-dedans. Et, dorénavant, il y aura
possibilité pour les parties d'être davantage axées sur le
règlement des situations avant que cela dégénère en
conflit majeur. Même si le ministre a indiqué que cela constituait
un élément important du rôle du ministère, j'ai
l'impression qu'il devra être un peu plus précis et un peu plus
volubile sur cette question.
En terminant mes remarques préliminaires et avant de poser
directement mes questions sur les différents éléments, je
voulais quand même souligner, comme j'ai eu l'occasion de le faire
succinctement, la qualité professionnelle des hommes et des femmes qui
oeuvrent au sein du ministère du Travail. Comme je l'ai dit
tantôt, tous les intervenants, quels qu'ils soient, sont très
critiques en matière de débats, de discussions concernant les
performances du ministère du Travail, mais, règle
générale, ils ne se sont jamais interrogés au niveau des
fonctionnaires; c'est surtout sur celles du ministre, comme c'est normal, et
celles d'un gouvernement. Je pense que ces gens méritent, à
l'occasion de l'étude des crédits, qu'on souligne le bon travail
qu'ils font, leur compétence et leur dévouement.
Je tiens également à assurer à ce sujet que, en ce
qui regarde l'Opposition, nous serons vigilants concernant en particulier la
protection des droits du personnel du bureau du commissaire
général du travail, de même que les gens du Conseil des
services essentiels, peu importe ce qui arrive dans la procédure
d'adoption du projet de loi 30. Le ministre a été passablement
silencieux sur ce qui pourrait advenir et sur ce qui se passera au niveau du
personnel. En ce qui concerne l'Opposition, je tiens à indiquer à
ces gens que nous allons tenter, d'une façon très
concrète, de protéger les emplois de ces gens, et surtout leur
expérience acquise pendant de très longues années dans des
structures du ministère du Travail, qui ont rendu de fiers services aux
gens concernés. Tout compte fait, je pense que n'importe quelle
structure du ministère du Travail doit d'abord et avant tout être
là pour s'assurer que les gens concernés, que ce soient les
employeurs ou les syndiqués, puissent bénéficier des
meilleurs services possible au-delà des structures et, en
conséquence, l'expertise de ces gens est toujours requise, pertinente.
On devrait tout mettre en oeuvre pour la conserver.
Voilà, M. le Président, les principales remarques
préliminaires que je voulais faire avant de commencer comme telle
l'étude plus spécifique et plus détaillée des
principaux secteurs d'activité que nous voudrons examiner lors de
l'étude de ces crédits.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les remarques
qénérales du député d'Abitibi-Ouest ont
été faites et j'en prends acte.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Abitibi-Ouest, vous avez la parole.
Commission de la santé et de la
sécurité du travail (CSST)
M. Gendron: M. le Président, comme je l'ai indiqué,
on va prendre les minutes qui suivent, dans un premier temps, pour
étudier davantage toute l'action du ministre concernant la Commission de
la santé et de la sécurité du travail, la CSST. Je
voudrais, dans un premier temps, indiquer que la Commission de la santé
et de la sécurité du travail est un des organismes
gouvernementaux les plus importants, majeurs. Je pense qu'il faut d'abord
situer certains éléments. Sa fonction même d'organisme de
réparation des accidents du travail en fait une véritable
compagnie d'assurances et lui confère un rôle social des plus
importants dans notre société.
La sécurité des travailleurs est d'ailleurs un des
premiers éléments ayant fait l'objet du contrat social, terme peu
utilisé en 1931, année de l'instauration du premier
régime, mais bien connu aujourd'hui. (11 heures)
L'impact du régime social sur l'économie est important,
indéniable. L'ampleur des montants en cause et l'évolution de la
situation financière au cours des dernières années ont
fait en sorte que la CSST est devenue un sujet d'examen important pour tous les
intervenants. Il s'agit là, cependant, d'un sujet où les prises
de position tranchées et les déclarations à
l'emporte-pièce, souvent dogmatiques, sont difficilement conciliables
avec une approche responsable des véritables problèmes.
À cet égard, je ne peux m'empêcher, en parlant
davantage de la CSST, de songer au rapport du groupe de travail sur la
révision des fonctions et des organisations gouvernementales, le rapport
Gobeil, dont les deux principales recommandations, fondées sur une demie
ou trois quarts de paqe d'analyse purement économique, favorisaient
carrément le remplacement du régime de répartition,
administré par la CSST, par une obligation faite à l'employeur de
participer à
un régime d'indemnités administré par une compagnie
d'assurances ou par un organisme gouvernemental, au choix du gouvernement. A
cette proposition était jointe celle de conclure une entente avec le
gouvernement de l'Ontario concernant le niveau de capitalisation. Pas un mot -
il me semble que c'est passablement irresponsable - pas un mot sur la
façon d'assurer l'uniformité des prestations, l'uniformité
du traitement des litiges ou sur la mécanique de contestation des
différends. Ces recommandations, bien sûr, avaient un seul
objectif: il faut couper, il faut viser à ce que les coûts du
système ainsi que les coûts de l'employeur soient les plus
réduits possible.
Je suis de ceux qui pensent que le régime doit coûter le
moins cher possible, mais il faut quand même que ce soit un régime
qui offre des garanties de prestations suffisantes, pour les citoyens et qui se
situe sur des échelles de rémunération ou de compensation
correspondant au coût de la vie. Heureusement, de telles propositions
n'ont pas reçu un accueil très favorable ni chez les intervenants
ni chez le ministre lui-même et je pense qu'on doit lui savoir gré
de cette attitude. Ces recommandations étaient tellement farfelues et
rigolotes, elles témoignaient d'une telle méconnaissance du
problème qu'à peu près personne n'a vraiment pris la peine
de les prendre à son compte.
Il reste, cependant, que la santé et la sécurité
des travailleurs et, surtout, la Commission de la santé et de la
sécurité du travail pose des problèmes importants. Ce
matin, à l'étude des crédits, je voudrais profiter de
l'occasion pour que le gouvernement, non seulement soit conscient des
difficultés qui existent à la Commission de la santé et de
la sécurité du travail - je pense qu'il en est conscient - mais
qu'il nous indique le plus rapidement possible les intentions concrètes
qu'il a vis-à-vis des principaux aspects du problème.
Ce n'est pas aux crédits qu'on va épuiser la question
d'une structure aussi importante, aussi majeure. Considérant que tout le
monde sait qu'il y a eu toutes sortes d'analyses, toutes sortes d'écrits
à ce sujet, que ce soient des articles spécialisés, entre
autres, dans la revue Pare-Chocs, sur le déficit, etc., que ce soient
des analyses faites par la commission, le Conseil du patronat, que ce soient
d'autres analyses faites par d'autres instances syndicales, il n'en demeure pas
moins qu'il se dégage une constante: les déficits de
fonctionnement ont connu une hausse constante ces dernières
années, en particulier à partir de 1980.
Avant 1980, je pense que tout le monde va admettre qu'on était
plutôt en présence de surplus. En 1985, il nous arrive un
déficit astronomique de 547 000 000 $. Pourtant, les prévisions
de 1984 pour le déficit de 1985 étaient de 187 000 000 $. Bien
sûr, cela s'explique en majorité par l'entrée en vigueur de
la loi 42 en août 1985. C'est évident, à moins d'être
complètement en dehors du circuit d'information normal, il faut
constater qu'il y a eu des coûts importants rattachés à
l'application de cette loi.
Les explications d'un tel déficit ne furent jamais
véritablement précisées. Ainsi, entre autres, Mme Forqet
laissait même entendre qu'un tel déficit n'était pas aussi
extraordinaire que cela et qu'il s'expliquait par deux facteurs quasiment hors
de son contrôle. On pouvait voir, entre autres, dans un article du
journal La Presse du 29 avril 1987, le titre suivant: "La CSST s'adresse
à 2400 industries à risques dans l'espoir de réduire de 10
% le nombre des accidents de travail". Le déficit n'est pas
arrivé par magie, lançait Mme Forget, devant les congressistes
représentant surtout les milieux syndicaux. L'organisme est
implicitement condamné à être déficitaire. Sa loi
constituante, la loi 42, adoptée en 1985, prévoit que les
employeurs ne défraieront que 90 % des coûts réels des
accidents, donc une dépense automatique d'environ 250 000 000 $ pour la
CSST à assumer chaque année parce que ce n'est pas 100 % du
coût qui est payé. La CSST a aussi encouru des dépenses de
200 000 000 $ pour des mesures transitoires après les modifications
à la loi. Donc, brièvement, on venait d'expliquer 450 000 000 $
des 500 000 000 $: 250 000 000 $, qui est le manque à gagner entre 90 %
et 100 %, et 200 000 000 $ pour des mesures transitoires. Dans La Presse du 29
avril, comme je viens de le mentionner, on rapportait les propos de Mme Forget.
Je pense qu'on vient de donner l'explication sur les 250 000 000 $.
Ma première question, et je suis d'accord que le ministre
l'enveloppe d'une façon assez générale: Est-ce que le
ministre, comme ministre du Travail, lui qui a la responsabilité de la
gestion administrative, lui qui est le répondant politique d'une
boîte importante qui s'appelle la Commission de la santé et de la
sécurité du travail... Lorsque l'Opposition a à
interviewer et à questionner, on ne peut pas le faire à la CSST.
On est obligé de le faire par l'entremise du ministre du Travail, et
c'est lui qui a la responsabilité du suivi des décisions de la
CSST et des politiques qui doivent donner suite à différentes
situations concernant la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. La question précise que je voudrais
poser au ministre concerne le déficit. Est-ce que le ministre a
demandé et obtenu de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, comme c'est sa responsabilité, des
explications très détaillées, très
fouillées, concernant le déficit de 1985 ou s'il s'est
contenté des explications que, nous-mêmes,
on a pu lire dans les journaux, qu'on a pu recevoir par bribes, qui,
à tout le moins, sont carrément insatisfaisantes et qui tournent
autour des deux éléments que j'ai évoqués? C'est
une question très claire, très précise. Est-ce que le
ministre est en mesure de nous donner les deux réponses précises?
Est-ce que, lui, comme ministre, il a demandé des explications
additionnelles? Les a-t-il reçues? S'il les a reçues, est-ce
qu'il entend nous les communiquer afin que nous puissions également
avoir ce droit à une information importante, compte tenu des sommes en
cause?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, vous me
permettrez, en réponse à la question du député
d'Abitibi-Ouest, de partager son avis sur l'importance que représente
dans notre société québécoise la Commission de la
santé et de la sécurité du travail, importance sur le plan
social et sur le plan économique. Pour vous situer dans une dimension
chiffrée en ce qui a trait au personnel, à l'effectif, au budget
de la CSST, je vais vous donner un ordre de grandeur. La CSST est
composée de plus de 2500 personnes qui y travaillent. La CSST fonctionne
- je vais arrondir les chiffres -avec des revenus d'à peu près 1
000 000 000 $ par année et avec des dépenses de 1 500 000 000 $
par année, d'où un déficit approximatif de 500 000 000 $
par année.
J'indiquerai, en réponse précise à la question que
vient de m'adresser le député d'Abitibi-Ouest, que j'ai tellement
questionné, tellement fouillé, tellement trouvé qu'il
manquait de réponses valables à la CSST, quant à ses
états financiers de l'an dernier, que j'ai demandé, dans un
premier temps, à la CSST d'inviter celui que l'on nomme, nous, comme
parlementaires, pour vérifier les ministères, le
Vérificateur général du Québec, de l'inviter
à procéder à une vérification
intégrée de l'ensemble de la CSST. Je pense qu'il est bon
d'insister sur "vérification intégrée". Ce n'est pas
simplement une vérification pour savoir si les chiffres sont justes,
mais également pour savoir si les pratiques de la CSST sont conformes
aux lois adoptées par l'Assemblée nationale, aux
règlements qui découlent de ces lois, et si, sur le plan de
l'efficacité administrative, on optimise l'utilisation des ressources
comme telles. La CSST m'a refusé d'inviter le Vérificateur
général à effectuer une vérification
intégrée. J'ai donc dû, comme la loi m'y autorisait et
comme vous l'avez indiqué tantôt, comme ministre politiquement
responsable de l'organisme - je ferai tantôt la distinction entre
"administratif" et "politique" - demander à mes collègues du
Conseil des ministres de confier un mandat très clair et très
complet au Vérificateur général du Québec. Le
mandat a été confié à M. Chatelain d'effectuer une
vérification intégrée. J'ai personnellement
rencontré M. Chatelain de façon à répondre à
ses questions quant à son mandat et j'ai confirmé à M.
Chatelain que son mandat était des plus large, des plus total quant
à ce que le gouvernement voulait savoir. Le gouvernement voulait avoir
un portrait exact de la situation financière de la CSST, il voulait
avoir le résultat d'une vérification intégrée de
façon â s'assurer que, sur le plan de la gestion, les ressources
financières et humaines mises à la disposition de cet organisme
dans le but de servir la société québécoise, ses
travailleurs et ses employeurs soient utilisées au maximum.
Quant à l'administration quotidienne de la CSST, dans ce qu'on
appelle les opérations journalières, l'administration
journalière, j'indiquerai immédiatement au député
d'Abitibi-Ouest, qui le sait sans doute, que !a CSST est administrée par
un conseil d'administration paritaire, c'est-à-dire issu de
représentants des employeurs, issu de représentants des
travailleurs syndiqués et qu'au moment où nous nous parlons,
à part la présidente-directrice générale qui
siège au conseil d'administration, les quatorze administrateurs qui
étaient en place au moment où j'ai été
assermenté comme ministre du Travail, donc responsable de la CSST, sont
les quatorze mêmes personnes qui prennent les décisions
quotidiennes quant à l'administration des affaires courantes de la CSST
en vertu des lois qui ont été adoptées par
l'Assemblée nationale du Québec.
M. Gendron: Je remercie le ministre du Travail. Il nous
indique...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme précision, M. le
député d'Abitibi-Ouest, on m'indique que, des quatorze
administrateurs, deux ont quitté pour des raisons valables, mais qu'ils
n'ont pas été remplacés au moment où nous nous
parlons.
M. Gendron: M. le ministre, sur la question que j'ai
posée, je pense que vous avez donné certains
éléments d'information. Cependant, vous avez indiqué de
façon claire, et ça m'apparaît très important ce que
vous dites, que, comme ministre, vous avez fait une demande précise
concernant les explications qui étaient requises pour obtenir des
informations très fouillées sur les causes du déficit,
l'ampleur du déficit. Vous nous avez répondu que vous aviez
essuyé un refus de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous voulez, je peux même
vous replacer dans le contexte de l'époque. Quand j'ai été
assermenté comme ministre, le 12 décembre 1985, il y a des gens
à la CSST qui ont pris contact
avec mon cabinet, il y a des personnes que j'ai rencontrées, des
personnes qui, théoriquement, avaient accès aux livres de la
CSST, qui m'ont indiqué, à l'époque où je
m'apprêtais à recevoir les états financiers de la CSST, que
le déficit anticipé - on était au début de janvier
1986 - serait d'à peu près 150 000 000 $. Quelques semaines
après, une autre personne, également soi-disant bien
renseignée de la CSST, a demandé à me rencontrer pour
m'indiquer que le déficit serait de l'ordre de 250 000 000 $, que ce
serait la catastrophe. J'ai rencontré une troisième personne
généralement bien renseignée quelques jours après
également qui m'a dit: M. le ministre, ce que les autres vous ont
révélé, ce n'est pas exact. Vous allez tomber en bas de
votre chaise, ce sera supérieur à 500 000 000 $. Lorsque les
états financiers m'ont été communiqués, j'ai appris
ce que vous avez appris également en même temps que la population,
547 000 000 $ de déficit.
Pour vous situer un petit peu dans le contexte...
M. Gendron: Toujours sur le refus, est-ce un refus qui vous est
parvenu du conseil d'administration de la CSST ou de la présidente? (11
h 15)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À l'époque,
c'était au début le conseil d'administration parce que Mme
Forget, la présidente-directrice générale actuelle, est
entrée en fonction, si ma mémoire est fidèle, à
compter du 1er mai.
M. Gendron: 1986?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, 1986.
M. Gendron: Donc, cela signifie qu'après le refus, il n'y
a pas eu vraiment de communications officielles, en termes d'écriture,
entre la CSST et le ministre du Travail sur leur version comme administrateurs
des raisons pour lesquelles il y aurait eu un déficit. Je voulais juste
compléter...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Ni là-dessus, ni sur
les raisons du refus.
M. Gendron: Ni là-dessus, ni sur les raisons du refus. Et
la réplique du ministre a été de faire la démarche
que vous avez indiquée tantôt: aller au Conseil des ministres
faire accorder un mandat spécifique au Vérificateur
général - un mandat précis -pour qu'il aille faire toute
la lumière. Est-ce que le mandat du Vérificateur
général, c'est de faire la lumière sur le déficit
de 1985 et 1986 qu'on est en train d'expliquer ou spécifiquement sur
toute la gestion de la
CSST depuis X temps?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur la première partie de
votre exposé et sur la gestion complète, le mandat est large, je
me demande même si on n'a pas une copie du mandat qui a été
donné au Vérificateur général. Cela me ferait
plaisir de vous le communiquer.
M. Gendron: J'aimerais cela, si vous avez une copie du mandat,
qu'on puisse, comme membres de cette commission qui avons la
responsabilité de regarder un aspect...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Si nous ne l'avons pas dans
nos valises ce matin, je peux vous le livrer à l'occasion des
crédits, cet après-midi.
M. Gendron: J'aimerais cela, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va. Je n'ai pas
d'objection.
M. Cannon: Vous avez bien indiqué, M. le ministre, qu'il
s'agissait là d'une vérification intégrée?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, d'une vérification
intégrée.
M. Cannon: Bien.
M. Gendron: Au-delà des modifications de fond à la
loi, entre-temps, il y a diverses façons de corriger ces choses. Sur le
plan comptable ou des chiffres, le Vérificateur général va
probablement faire "sa job" conformément au mandat que vous lui avez
donné. D'un autre côté, il y aurait peut-être lieu
d'envisager rapidement des modifications législatives. C'est sûr
que je vais revenir là-dessus, mais je veux juste dire qu'entre-temps,
au-delà du mandat, est-ce que, vous, comme ministre du Travail, vous
avez eu des exigences envers le conseil d'administration ou la nouvelle
présidente pour que les coûts soient réduits au maximum,
pour qu'il y ait une réduction des coûts à la CSST? Voici
la question précise que je pose: Est-ce qu'il y a eu des mesures
administratives que le ministre du Travail pourrait communiquer aux membres de
cette commission dans les derniers mois, dans les dernières semaines de
votre responsabilité? Est-ce que vous pouvez déposer certaines
mesures administratives que vous avez communiquées à la CSST, eu
égard toujours à ces trois volets: une qestion plus
serrée, la possibilité également de réduire les
coûts et d'envisager des réformes administratives qui aient comme
conséquence une meilleure gestion?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, effectivement, votre question
est à point. Le ministre comme tel ne peut pas ordonner à la CSST
de faire ou de ne pas faire telle chose. Le ministre comme tel peut
suggérer à la CSST de procéder à certains
changements administatifs, etc. II s'agit de suggestions d'un ministre à
un conseil d'administration qui est, comme je le rappelais tantôt, en
vertu des lois, complètement autonome. Il peut même rejeter les
suggestions du ministre.
En ce qui concerne la réorganisation supérieure de la
CSST, le conseil d'administration, la direction de la CSST a travaillé
en collaboration avec le cabinet du ministre dans le but de procéder
à une réorganisation administrative, qui, nous le croyons, peut
donner des résultats tangibles sur le plan d'une saine gestion des
deniers, de la boîte, du personnel, etc.
Sur le plan de l'administration comme telle, la structure a
été réorganisée. Je pourrais également vous
communiquer le plan de réorganisation qui a été
adopté. Nous avons procédé à la nomination, et
cela, sous la nouvelle structure, de trois des quatre vice-présidents
qui seront appelés à s'impliquer dans les opérations
quotidiennes. Nous croyons avoir déniché des administrateurs
compétents, de sorte que le seul risque que nous prenons, c'est
d'améliorer, sur une base quotidienne, la gestion de cet organisme.
M. Gendron: Prenons un autre bloc. Au niveau du refus du conseil
d'administration de fournir les explications, le ministre s'est-il
contenté alors de dire: Écoutez, ils ne veulent pas, je vais
nommer un vérificateur, ou s'il n'a pas pris... Je m'explique davantage.
Il y a une différence entre des explications insuffisantes et un refus
formel d'informer un ministre répondant politique. Cela m'apparaît
exagéré que le conseil d'administration dise: Nous autres, on
refuse de donner les informations que vous demandez. Alors, n'y a-t-il pas,
parce que, entre guillemets, le ministre ne veut pas le dire, une espèce
de forme de tutelle? N'est-ce pas là qu'ont commencé les
problèmes entre le ministre du Travail et la présidente
nouvellement nommée à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail? Le ministre ayant demandé des choses
et ne les ayant pas obtenues, au lieu de continuer une espèce
d'échanges, de dialogue, et d'indiquer d'une façon plus
précise les niveaux de collaboration qu'il y aurait lieu d'avoir entre
les parties, si vous me permettez l'expression, se vire de bord, utilise le
pouvoir que la loi lui permet, va au Conseil des ministres et fait un mandat
spécial pour que le vérificateur se mette le nez
là-dedans. Qu'en est-il exactement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je tiens à rassurer le
député d'Abitibi-Ouest sur l'utilisation, par celui qui vous
parle, d'à peu près tous les mécanismes de
médiation dans l'ensemble des dossiers, non seulement au
ministère du Travail, mais aussi dans les relations que l'on doit avoir
avec les organismes qui dépendent de nous comme ministre. Si vous
regardez strictement l'étalement dans le temps des demandes
adressées, de la production du bilan, des nominations faites et du
décret qui demande à M. Chatelain, le Vérificateur
général, de procéder à une vérification
intégrée, je n'ai pas la date exacte, mais je me souviens que
c'est en novembre 1986. Il y a eu échanges, pourparlers, discussions,
persuasion douce, évidemment, pas efficace, en tout cas, pas concluante,
et il a fallu employer une méthode un peu plus dure. Maintenant, en
politique, on tend souvent a grossir les choses surtout lorsqu'il y a apparence
de désaccord.
Je tiens à revenir sur le sujet soulevé par le
député d'Abitibi-Ouest. J'ai eu un désaccord passager,
oui, avec Mme la présidente-directrice générale, lequel
portait sur l'orientation à donner à la saine gestion. Je tiens
à vous dire que, depuis ce temps, les orientations de gestion, dans le
sens d'une gestion plus rigoureuse, sont des orientations que partage le
ministre et qu'il n'y a pas de différend là-dessus.
M. Gendron: Depuis que vous avez donné le mandat à
M. Châtelain, avez-vous eu des informations concernant le déficit?
M. Châtelain doit sûrement avoir regardé cela un peu.
M. Paradis (Brome-Missisquoî): J'ai demandé des
informations à M. Châtelain, à l'occasion de la rencontre
que j'ai eue avec lui lorsque le mandat lui a été accordé.
Quelques semaines après, je l'ai rencontré. Je lui ai
demandé, aussitôt que faire se peut, de produire même des
rapports intérimaires, parce que M. Châtelain m'avait
prévenu que l'ampleur de la vérification qui était
demandée par le gouvernement, sur le plan des échéances,
pourrait nous mener à l'automne 1988, si ma mémoire est
fidèle. Étant donné que je trouvais que cela nous menait
loin dans le mandat du gouvernement, j'ai demandé à M.
Châtelain s'il y avait possibilité de nous produire des rapports
intérimaires. Je n'en ai pas encore reçu, mais cette demande a
été bien accueillie par M. Châtelain au moment où je
la lui ai adressée.
M. Gendron: Avez-vous répété
récemment cette demande d'avoir des rapports intérimaires?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne
l'ai pas répétée comme telle. Vous savez, quand
vous travaillez avec un vérificateur général, il se doit
quand même de posséder une indépendance autant dans son
temps d'action que dans son mandat d'action. Je respecte cette
indépendance de M. Chatelain. Je respecte son professionnalisme. Je vous
indique que c'est un homme qui comprend bien. On n'a pas besoin de lui
répéter les demandes. Je lui ai adressé ma demande. Il m'a
répondu positivement. Je suis certain que, dans les meilleurs
délais, en temps propice, il me remettra un rapport
intérimaire.
M. Gendron: Oui. Je ne vois aucun problème quant au
professionnalisme du Vérificateur général. Écoutez,
je pense que le ministre peut dire cela dans une commission parlementaire,
parce que cela fait chic de" dire: II a besoin d'indépendance dans ses
fonctions et tout ça. Mais, ce qui fait moins chic, ce sont les sommes
qui sont en cause. En conséquence, je pense qu'on ne peut pas dire: Bon,
M. Châtelain a le mandat qu'il lui faut, je n'ai pas fait de rappel quant
à l'urgente nécessité qu'il y ait au moins des rapports
intérimaires pour éventuellement... Je pense que la commission le
fait, mais le ministre nous a dit franchement qu'il ne l'avait pas fait.
L'autre inquiétude reliée à cela fera l'objet d'une
question très précise: Comment peut-on envisager, quand on n'a
pas les informations sur ce que le ministre appelle toujours une
vérification intégrée et le mandat de faire une
réforme administrative importante, parce que cela est en cause
actuellement, on dit: La présidente de la Commission de la santé
et de la sécurité du travail... On va y revenir tantôt.
Dieu sait si elle a présenté des réformes; elle a
présenté souvent des éléments de réforme.
Que je sache, le ministre a toujours refusé d'y donner suite.
C'est embêtant de demander à un organisme comme la
Commission de la santé et de la sécurité du travail de
faire des réformes importantes si on n'a pas rapidement un peu plus
d'indications sur le déficit de 1985. Mais, en même temps, je
voudrais dire au ministre qu'en ce qui a trait aux chiffres du déficit
de 1986, on n'en a pas parlé, ils ne sont pas plus brillants ou plus
clairs. Si je suis dans l'erreur, je voudrais que le ministre prenne quelques
minutes pour nous parler de ce déficit de 1986. En gros -je termine
là-dessus - le ministre, à plusieurs reprises, a parlé de
300 000 000 $ de déficit pour 1986. On se comprend bien? La
présidente a parlé de 350 000 000 $ et un article de Pare-Chocs,
de mars-avril dernier, parlait de 400 000 000 $ de déficit pour 1986.
Là, je suis en 1985. Je pense que le ministre devrait nous indiquer un
peu ce que seront les résultats de 1986.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Avant de répondre
précisément à votre question qui touche les
résultats de 1986, je voudrais reprendre une partie des prémisses
de votre question pour vous indiquer qu'à mon assermentation, j'ai
profité de cette première période pour rencontrer celui
qui m'avait précédé comme ministre du Travail afin qu'il
me fasse part de son expérience et des sujets sur lesquels on peut
s'entendre, quelles que soient les différences politiques qui nous
animent.
Je vous dirai également que j'ai pris la peine de relire une
partie des travaux de la commission parlementaire sur la loi 42. J'y avais
assisté en partie, à l'époque; je n'avais pas
assisté tout au long. Il s'agit de la plus longue commission
parlementaire de l'histoire de cette Assemblée nationale. À
l'époque, en mettant tout cela ensemble, on se rend compte que
l'administration, la direction de la CSST avait dit à l'ancien
qouvernement que la réforme de la loi 42 entraînerait ou
engendrerait des coûts annuels d'à peu près 25 000 000 $.
Je vous dirai que l'ancienne administration politique a cru l'administration de
la CSST et, de bonne foi, a procédé. Je vous dirai qu'aujourd'hui
on m'indique, comme ministre, que ce n'est pas 25 000 000 $ - et ce n'est pas
longtemps après - mais que c'est plutôt 250 000 000 $. Vous vous
êtes peut-être fait tromper par la CSST, quand vous étiez au
gouvernement. Je n'ai pas l'intention, comme ministre, de me faire tromper par
un organisme aussi important pour les Québécois sur le plan
budgétaire, social et économique. Je prends toutes les
précautions nécessaires et requises pour que les réformes,
tant administratives que législatives, qui s'imposent reposent sur les
bases les plus solides possible. Ce que je vous dis, finalement, c'est qu'il y
a un climat de confiance à rétablir entre le gouvernement, quel
qu'il soit, et la machine de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail.
Pour vous parler maintenant plus particulièrement du
déficit de 1986, oui, j'ai indiqué que j'avais été
informé - mais est-ce que c'est le même scénario que l'an
passé? -que le déficit atteindrait quelque 300 000 000 $? Oui,
j'ai également lu les déclarations de la
présidente-directrice générale, selon lesquelles le
déficit irait possiblement jusqu'à 350 000 000 $. Oui, j'ai lu la
revue Pare-Chocs qui dit 400 000 000 $. On me dit, aujourd'hui, que cela va se
situer quelque part entre 350 000 000 $ et 400 000 000 $. Maintenant, j'attends
d'avoir les bilans vérifiés pour pouvoir vous annoncer
officiellement le chiffre. C'est important comme déficit, mais je vous
dirai que, si cela s'arrête là, c'est quand même en
diminution par rapport à l'année passée. (11 h 30)
M. Gendron: M. le Président, vous permettez, je veux au
moins indiquer au ministre du Travail... Rappelez-vous qu'il y a deux minutes
il disait dans une phrase: Vous vous êtes fait probablement avoir, - en
parlant de l'ancienne administration probablement par une erreur typographique
d'un zéro entre 25 000 000 $ et 250 000 000 $. Alors, c'est vraiment une
anecdote. Non, c'est plus grave que cela, sauf que je n'accepte pas que le
ministre du Travail dise: Écoutez, vous autres, vous vous êtes
probablement fait fourrer - excusez l'expression - mais le ministre du Travail
entend que c'est fini. Or, à une question précise que je lui
pose, il me répond: Bien, j'attends, je ne le sais pas. Moi, c'est
sûr que je ne me ferai pas arranger le portrait.
Je suis obligé de dire à la commission parlementaire, sur
des questions précises que je lui pose, premièrement, que sur la
loi 42 ils ont voté pour, le Parti libéral était d'accord
avec la loi 42. Deuxièmement, il nous indique aujourd'hui comme ministre
du Travail que cela peut être 350 000 000 $, cela peut être 400 000
000 $, que c'est exact. Autrement dit, il confirme à 100 % que, pour
1986, comme ministre responsable d'une boîte comme celle-là, cinq
mois après la fin de l'exercice financier - si on était en cours
d'exercice, je dirais: II y a quelque chose qui ne marche pas - de
l'année 1986, il dit: Je ne le sais pas. C'est cela que je viens
d'entendre. Je viens d'entendre qu'il n'a aucune indication de l'ampleur du
déficit de 1986. Cela commence à être gravel Je veux bien
que Me Châtelain regarde cela...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous demander de
répéter mes propos de façon un peu plus précise. Ce
que je vous ai dit, c'est que j'avais des indications. Je vous ai dit que j'ai
mentionné il y a quelques mois que ce serait supérieur à
300 000 000 $; vous pouvez reprendre ma déclaration de l'époque.
Je vous ai dit que la présidente-directrice générale a
indiqué que ce serait environ 350 000 000 $ et j'ai terminé ma
phrase en vous disant qu'avec l'ensemble des documents que je possède,
je pense que cela va atterrir ou aboutir entre 350 000 000 $ et 400 000 000 $.
Je vous ai également dit - vous avez raison d'insister sur cela - que je
n'avais pas le chiffre précis.
M. Gendron: C'est cela. Alors...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne dis pas que c'est
zéro ou 1 000 000 000 $.
M. Gendron: Non, mais, sans caricaturer le ministre, je pense
qu'il est correct de dire que le ministre, bien correctement, nous dit:
Écoutez, je ne le sais pas. Je pense que cela va atterrir alentour de
350 000 000 $, 360 000 000 $ ou 400 000 000 $. On avait parlé au
début d'un chiffre qui pouvait être davantage alentour de 300 000
000 $. Un écart de 100 000 000 $, je dis bien un écart de 100 000
000 $, sur un déficit déjà important additionné au
déficit de l'année antérieure, additionné au
déficit cumulé dans un contexte où c'est une boîte
dont le ministre a la responsabilité, qu'il a un mandat du
Vérificateur général, c'est étonnant. C'est
seulement de cela que je veux que les membres de la commission soient
conscients et c'est étonnant pour l'Opposition de le dire. Cela n'a
quasiment pas de bon sens qu'aujourd'hui le ministre du Travail ne soit pas
plus en mesure, comme répondant politique de cette instance
administrative majeure et importante, de nous dire: J'ai pris des moyens. Dans
deux semaines ou je ne sais quand, je serai capable de vous dire que le
déficit va être de tant pour les raisons a, b, c, d, e, f, q,
au-delà de l'ensemble de la vérification demandée par le
Vérificateur qénéral sur la gestion
intégrée. Mais, pour 1986, il y a des conséquences
importantes à un tel déficit.
Ma dernière question va être: Pour 1986, au-delà de
la commande que vous avez faite au Vérificateur général,
quand pensez-vous être en mesure d'avoir quelque chose de plus
serré comme chiffres? Quand, comme ministre responsable, direz-vous:
Bon, en 1986, on aura fermé les livres avec un déficit de 337 000
000 $? C'est un exemple que je donne. Quand allez-vous déposer le
rapport d'activité de la commission?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je partage l'opinion du
député d'Abitibi-Ouest en ce sens que le ministre devrait
normalement être capable de répondre précisément
à une telle question. Normalement, un ministre ne demande pas au Conseil
des ministres d'envoyer un Vérificateur général
procéder à une vérification intégrée dans
une boîte. Je pense que c'est une première dans l'histoire
administrative du Québec. Le fait que nous n'ayons pas ces
précisions nous a obligés à procéder d'une
manière aussi dérogatoire, si je peux utiliser l'expression.
Maintenant, j'indique au député d'Abitibi-Ouest qu'à cause
des mesures que nous avons entreprises, je compte bien être en mesure
dans un avenir assez rapproché de lui communiquer des informations
financières de façon beaucoup plus exacte et plus serrée.
Je lui dirai que le gouvernement du Québec a procédé, il y
a à peu près cinq semaines, à la nomination d'un nouveau
vice-président aux finances. Il s'agit d'un administrateur de
réputation qui vient du réseau de l'éducation, un
réseau que vous connaissez bien, et qui s'appelle Pierre Shedleur. Je
vois que le député d'Abitibi-Ouest fait un signe d'approbation.
Il s'agit d'un fonctionnaire très compétent et je pense
qu'aussitôt qu'il aura pris le contrôle du service des
finances au complet, nous serons en mesure de vous fournir des données
beaucoup plus précises, et beaucoup plus rapidement.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
député de La Peltrie.
M. Cannon: M. le ministre, j'ai quelques questions mais d'abord,
une première observation. Je suis particulièrement heureux de
constater qu'aujourd'hui, au moment où l'on se parle,
déjà, à la tête de ce ministère, et surtout
comme responsable de cet organisme, vous avez réalisé des choses,
que des mesures ont été apportées. Je vous mettrais en
garde, M. le ministre, de prendre trop de conseils de la personne qui vous a
précédé dans cette fonction, puisque le résultat de
tout cela, finalement, c'est un déficit quasiment astronomique.
Déjà, je suis heureux de constater cela.
Pourriez-vous nous donner des explications, s'il y a lieu, quant aux
prévisions pour l'année 1967? Est-ce qu'on anticipe un
déficit? Dans les documents qui vous ont été soumis, je
suppose qu'on vous a présenté un budget. Qu'en est-il?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour 1987, la CSST prévoit
un déficit de fonctionnement d'à peu près 250 000 000
$.
M. Cannon: Le député d'Abitibi-Ouest en a
parlé, il a trouvé un peu bizarre qu'en 1987, cinq mois
après la fin de l'année financière, ou tout au moins de
l'année civile peut-être pas l'année financière du
gouvernement - on ne soit pas en mesure d'avoir une évaluation ou, tout
au moins, de pouvoir cibler très précisément ce que
pourrait être ce déficit. Est-ce que certaines raisons font que,
à la CSST, c'est un peu plus compliqué d'arriver avec des
chiffres précis?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je veux quand même indiquer
qu'il s'agit d'une grosse boîte, en partant. Je vous ai indiqué
que plus de 2500 personnes oeuvraient à la Commission de la santé
et de la sécurité du travail. J'ai indiqué que les revenus
pour l'année 1985, grosso modo, étaient de 1 000 000 000 $ et les
dépenses de 1 500 000 000 $. Il s'agit de quelque chose d'important, il
s'agit de quelque chose qui est difficile. Une fois ces chiffres
compilés, il faut que le vérificateur de l'entreprise certifie
les chiffres. À cause des données plus ou moins fiables que j'ai
reçues dans le passé, j'attends toujours d'avoir le bilan
certifié avant de vous certifier un chiffre.
M. Cannon: II y a quand même des bilans intérimaires
qui sont produits à l'occasion, pour qu'on puisse donner...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Tantôt, le
député d'Abitibi-Ouest me reprochait une imprécision de
100 000 000 $ à la CSST. Il la trouvait importante. Je la trouve
importante éqalement, mais je lui rappellerai que ce n'était pas
une erreur de typographie ou de topographie, les 25 000 000 $ à 250 000
000 $. Il y a une erreur de 255 000 000 $ qu'on n'avait pas vue. Cela vous
indique l'importance d'obtenir comme parlementaires... Moi, comme
parlementaire, et non pas comme ministre, je me vois un peu comme le
représentant de mes électeurs, le l/122e des actions de la
compagnie, si je peux utiliser l'expression, et je veux m'assurer que mes
employeurs et mes travailleurs en aient pour leur argent.
J'ai de la difficulté à comprendre que deux
clientèles puissent être insatisfaites des services. Quand on fait
du bureau de comté, généralement, on peut avoir une partie
de la clientèle qui est insatisfaite. Les travailleurs disent que les
prestations ne sont pas assez bonnes, que cela ne fonctionne pas suffisamment
bien administrativement et que le service à la clientèle n'est
pas bon. D'un autre côté, on a un employeur qui se frotte les
mains et qui dit: C'est parfait, cela ne me coûte pas cher. Ce n'est pas
cela le cas qu'on a présentement. On a des plaintes des deux
côtés: et du travailleur qui vient nous voir et qui se plaint du
service administratif comme tel et, de l'autre côté, de
l'employeur qui dit: Cela me coûte beaucoup trop cher. On ne peut pas
fonctionner éternellement dans un tel système.
Je tiens également à dire que des décisions ont
été prises sur le plan de la gestion par l'administration au
cours des derniers mois. Elles ont pour but de resserrer la gestion
financière de la CSST, et j'endosse, comme ministre, cette saine
gestion. Je dis éqalement qu'une annonce a été faite par
la présidente-directrice générale d'améliorer le
service téléphonique. Qui, comme député de
comté, le lundi, n'a pas tenté d'avoir une ligne à la CSST
pour rejoindre l'agent d'indemnisation responsable du cas de l'un de ses
concitoyens, lequel est dans son bureau de comté et veut avoir des
renseignements concernant son dossier? Qui n'a pas attendu 20, 30 ou 40 minutes
avant d'obtenir la communication? C'est ce qu'on appelle améliorer le
service à la clientèle. C'est une autre orientation qui a
été annoncée dernièrement et que le ministre
endosse comme telle. Je crois déceler une amorce de pas dans la bonne
direction. Ce qui nous intéresse comme parlementaires, finalement, c'est
de nous assurer que les clientèles que nous avons à desservir
soient satisfaites des services et de la gestion d'un organisme dont nous
sommes politiquement responsables.
M. Cannon: Juste une dernière partie. Je suis tout
à fait d'accord avec vous, M. le ministre, d'autant plus, vous l'avez
indiqué au début, que vous n'avez pas noté une grande
satisfaction quant au déroulement de ce dossier. Par contre, vous avez
établi un certain nombre de mesures qui, aujourd'hui, permettent de
croire que, dans un avenir rapproché, les espèces de gouffres
sans fond, les déficits de 547 000 000 $, seront choses du passé
et que la tendance qui semble se dessiner sera extrêmement
intéressante. Vous avez parlé de saine gestion financière
et je pense que nous, comme parlementaires, possédons, entre guillemets,
l/122e du capital-actions en termes de responsabilité, et vous l'avez
bien indiqué. Déjà, moi, de mon côté, je ne
vois pas cela aussi noir que les gens de l'Opposition, quoique je sois un peu
inquiet, oui, quant au déficit, mais surtout rassuré par les
mesures qui sont prises par votre ministère et par vous-même pour
tenter de régler le problème.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirai que tous les
partenaires sont devenus un peu conscients du marasme ou du gouffre financier
vers lequel l'organisme se dirigeait. À la fin de 1985, il y avait un
déficit de 1 900 000 000 $. Qu'on soit représentant des
travailleurs, qu'on soit représentant des employeurs ou qu'on soit
citoyen ou politicien dans la société québécoise,
on ne peut pas regarder aller un organisme aussi important qui protège
la santé et la sécurité de nos travailleurs et ne pas
réagir lorsque les déficits atteignent une telle ampleur et
qu'ils continuent d'augmenter annuellement. Donc, la réorientation qui a
commencé à s'effectuer sur le plan de la gestion me paraît
positive. Mais il va falloir continuer de pousser cette réorientation de
façon à s'assurer, par des interventions en matière de
prévention, que le nombre d'accidents diminue. Pour la question de la
santé et de la sécurité de ceux et celles qui travaillent
dans la société québécoise. Il va falloir s'assurer
que les montants qui sont perçus des employeurs soient
gérés avec le maximum d'efficacité et, je le
répète, que le service à la clientèle, qu'il
s'agisse de la clientèle des employés ou des employeurs, soit le
plus impeccable possible. C'est l'orientation que l'on vise et la machine est
tellement lourde qu'on ne peut pas virer cela sur dix sous, si je peux utiliser
l'expression. Si on veut éviter de déraper, il faut prendre un
grand virage, mais un grand virage dans la bonne direction.
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre, si
vous me le permettez, tous les intervenants du milieu concerné et les
membres de la commission reconnaissent l'ampleur du déficit, l'ampleur
des problèmes à la CSST et, également, la
complexité du dossier.
Il y a quelques semaines ou quelques mois, j'ai suggéré
aux membres de la commission de l'économie et du travail de se donner un
mandat d'initiative pour convoquer une commission parlementaire afin de faire
la lumière sur tout ce dossier et de le faire connaître
publiquement. Cette suggestion n'a malheureusement pas été
retenue. Ma question est la suivante: est-ce que le ministre du Travail serait
prêt ou croirait important de convoquer une commission parlementaire
afin, justement, d'aller au fond de toute l'histoire et de faire
connaître les raisons, non seulement aux membres de la commission
parlementaire mais également au public, qui ont amené la
situation qui existe présentement à la CSST et afin de faire
connaître les solutions qui pourraient être appportées,
lesquelles pourraient provenir des différents comités que vous
avez déjà formés? (11 h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je sais que les commissions
parlementaires, en vertu du nouveau règlement de l'Assemblée
nationale, peuvent se donner un mandat d'initiative comme tel. Moi, je suis
l'invité, aujourd'hui, de la commission. Je vous dis que, si vous me
réinvitez dans le cadre d'un dossier aussi important que celui de la
CSST, je serai, encore là, à la disposition de la commission dans
le but d'effectuer ou de participer à effectuer les bons diagnostics,
les plus justes et les plus précis possible, afin de prendre les
directions que j'ai indiquées tantôt. Je n'ai aucune objection. Au
contraire, je pense que c'est un dossier majeur pour le Québec. C'est un
dossier dans lequel des décisions importantes devront continuer à
être prises et, j'insiste, dans le sens du respect intégral du
contrat de 1931. Sur cette base, l'action, les décisions, l'apport des
parlementaires, ce que cela pourrait m'amener à moi, comme ministre, et
ce que cela peut amener à la CSST, cela ne peut qu'être une
contribution positive.
Le Président (M. Théorêt): Je vous
remercie.
M. Gendron: Comme le temps file rapidement, je voudrais...
Le Président (M. Théorêt): Un instant, s'il
vous plaît!
M. Cannon: Si vous me permettez juste...
M. Gendron: Cinq secondes? M. Cannon: Cinq secondes.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de La Peltrie.
M. Cannon: Je pense que l'invitation a été
lancée. Le député d'Abitibi-Ouest, qui est le critique,
s'il veut acquiescer à cette demande, nous, de notre côté,
on serait prêt à l'accepter comme mandat d'initiative. Il a
déjà été refusé de votre côté.
Si vous étiez prêt à l'accepter, tant mieux.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Une seconde là-dessus. Je pense que ce n'est
pas aujourd'hui que je vais décider. Il y a un comité directeur
d'une commission. Il y a un mécanisme bien particulier. Que cela soit
analysé par le comité directeur de la commission, cela ne me fait
rien. Je suis disponible pour regarder cela, mais je ne peux pas
répondre à l'invitation aujourd'hui.
Sur le bloc qu'on vient de toucher, M. le ministre, j'aimerais que vous
soyez très attentif comme vous l'êtes depuis le début sur
l'espèce de conclusion à cela. Le ministre vient de nous dire
qu'en novembre 1986 il a nommé le Vérificateur
général avec un mandat interne. Cela dépasse la simple
vérification comptable. Il y a deux volets, soit d'examiner la
conformité aux lois - là, c'est plus grave si jamais il y avait
non-conformité aux lois - et toute la question de la bonne gestion qui
est plus reliée à la question du déficit.
Le problème est le suivant: Novembre 1986, c'est passé;
tout le monde comprend cela. Pas de rapport intérimaire de reçu
parce qu'il a dit que c'est important, que c'est gros. Le Vérificateur
général lui-même indique que son rapport pourrait ne pas
être remis avant 20 mois, avant septembre 1988, soit un mandat de 20
mois. Le Vérificateur général a indiqué que,
produire des rapports intérimaires, cela pourrait être
compliqué, compte tenu de l'ampleur, de la complexité et des
sommes en cause. Et le ministre - ma question va se terminer comme suit - dit:
Moi, j'aimerais bien avoir un portrait global. Le ministre a indiqué
qu'il avait l'intention d'attendre le portrait exact avant d'apporter des
modifications majeures à la CSST, et je le cite. Je n'ai pas le temps de
sortir toutes les coupures de journaux, mais, à plusieurs reprises, le
ministre a dit: Moi, j'ai l'intention d'attendre d'avoir le portrait exact
avant d'apporter des modifications majeures. Cela veut donc dire qu'il faut
s'attendre que ce ne sera pas avant 1988 ou même 1989.
Le drame est le suivant: Comme il y a un lien entre les réformes
administratives et les coûts financiers à la CSST, et
qu'entre-temps la direction de la CSST décide d'accorder toutes sortes
d'études et d'analyses... Je pourrais donner un exemple. Des
études ont été demandées à des consultants
extérieurs pour une valeur de plus de 2 000 000 $, dont 1 000 000 $ au
même consultant, la firme Peat Marwick, qui a l'air d'être bien
intéressante pour la CSST comme firme. Je ne sais pas quel lien les
relie, mais la firme Peat Marwick, j'aimerais que le ministre nous donne des
précisions là-dessus. Il doit en savoir un peu plus. J'aimerais
au moins, M. le ministre, très sérieusement, que vous nous
donniez des informations sur cette firme-là, en crédits. Vous ne
les avez peut-être pas ici, mais j'aimerais, comme membre de cette
commission, obtenir des informations, comme c'est normal de les demander. Qui
est cette firme exactement? Qui sont les actionnaires de la firme Peat Marwick?
Combien a-t-elle eu de contrats, sur appels d'offres ou pas? Pour quelles
raisons? Et ainsi de suite. Mais, ce sont des détails, je ne veux pas
perdre le fond de l'affaire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je veux que vous précisiez.
On prend des notes pour répondre à vos demandes. On va
répondre à vos demandes. Pouvez-vous nous les résumer
très précisément? Vous voulez savoir quels sont les
actionnaires ou administrateurs, j'imagine. Pouvez-vous...
M. Gendron: Actionnaires, administrateurs, le nombre de contrats
qu'elle a obtenus, le coût de ces contrats, à quelle époque
elle les a obtenus ces dernières années et les types de mandats
précis qu'elle a reçus.
Je reviens maintenant sur le fond. Ma question est la suivante, M. le
ministre du Travail, et cela va conclure en ce qui regarde ce bloc-là:
Comment pouvez-vous, vous, comme répondant politique de cette structure
majeure et importante, laisser voir qu'on ne pourra pas avoir l'heure juste,
pendant que, vous, vous attendez d'avoir le portrait exact et qu'en même
temps il y ait une série d'études de toutes natures à
l'interne qui représentent des coûts administratifs qui ont une
incidence sur le mandat même de M. Chatelain? Je ne veux pas qu'on
dédouble parce que vous avez dit très clairement que, dans le
mandat de M. Chatelain, il y avait également l'aspect conformité
aux lois existantes et tout le volet de la bonne qestion des ressources
humaines, avec les conséquences que cela représente sur les
coûts.
Question précise: Quand aurez-vous des échanges avec la
présidente de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, si vous partagez le même point de vue,
et direz-vous à Mme Forget: Pouvez-vous arrêter vos sugqestions de
réforme? Pouvez-vous arrêter d'engager des coûts inutiles
parce que de toute façon vous brasserez ce que vous voudrez, comme
ministre, vous ferez les investigations que vous voudrez, je ne donnerai suite
à rien de
cela tant que je n'aurai pas le portrait global. C'est très
sérieux. La présidente dit: Je ne peux pas arrêter
ça, je ne lui parle pas, je n'ai aucun contact avec le ministre du
Travail, sauf de temps en temps avec le cabinet politique quand il m'appelle
pour me chiâler. Là, c'est plus sérieux que ça.
Elle, comme présidente de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, engage des sommes, ce sont des fonds
publics, des sommes majeures importantes, ça porte sur le même
mandat que M. Chatelain, on va laisser continuer ça et le ministre nous
dira: Je suis responsable de la CSST et, vous voyez, je m'en occupe, je ne me
ferai plus avoir comme vous autres? Je ne peux pas croire le ministre s'il ne
prend pas des moyens, s'il ne me répond pas là-dessus bien
clairement: Oui, M. Gendron, c'est vrai que j'attends la patente à
Chatelain, la réforme globale. C'est important, c'est gros, j'attends
ça, mais, entre-temps, j'ai pris les mesures, comme ministre
responsable, afin qu'il ne se fasse pas de dépenses importantes dans la
boîte pour engager des réflexions sur des réformes, parfois
administratives, parfois reliées aux ressources humaines, mais qui,
chaque fois, ont des coûts et qui ne changeront rien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tenter de répondre
successivement à plusieurs questions dans la même question et
à la conclusion de la question. Je vous dirai qu'en ce qui concerne les
questions que vous avez posées sur la connaissance de la firme Peat
Marwick, je vais adresser votre demande à la CSST pour obtenir les
renseignements. Deuxièmement, je vais vérifier dans les services
gouvernementaux, si on a ces renseignements-là.
En ce qui concerne la question des finances, je vous ai indiqué
tantôt que l'arrivée d'un nouveau vice-président aux
finances, une compétence remarquable, devrait nous permettre d'avoir des
informations beaucoup plus précises et beaucoup plus rapides.
La question du député d'Abitibi-Ouest m'étonne. Je
suis un peu stupéfait de sa dernière question, celle de demander
à la CSST de ne pas faire d'études, d'arrêter ça,
etc. Le ministre n'a pas d'autorité. La loi que vous avez
présentée lorsque vous étiez au gouvernement donne cette
autorité au conseil d'administration de la Commission de la santé
et de la sécurité du travail qui, dans le cadre de la loi et de
la réglementation gouvernementale, est libre d'engager les fonds qu'il
veut bien engager et comme il veut bien les engager. Que vous me disiez:
Qu'est-ce que le ministre attend pour arrêter ça, ne pas
dédoubler, etc., au moment où l'on se parle, le
député ne peut pas continuer à tenir un double langage, je
le lui souligne. Ou bien il me demande de retirer de là le
Vérificateur général, de retourner au Conseil des
ministres et de dire: Retirez le Vérificateur général de
là, vous... Non, non, je vous dis que vous ne pouvez pas continuer
à tenir deux langages. Il faudra que vous choisissiez un des deux et je
vous donne le choix: ou bien vous me demandez de retirer le Vérificateur
général...
M. Gendron: Je n'ai jamais demandé ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...en disant: Vous
dédoublez le travail de consultants retenus par le conseil
d'administration de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail et vous gaspillez des fonds publics, c'est
une mauvaise décision que vous avez prise, M. le ministre, ou le
qouvernement, retirez le Vérificateur général de la CSST,
ou bien vous me dites: Arrêtez les embauches de firmes de consultants et
de tout ce que vous voudrez. Je vous dis que je n'ai pas l'autorité, en
vertu des lois qui ont été adoptées par l'Assemblée
nationale du Québec, à une époque dont vous vous souvenez
sans doute, d'arrêter les commandes de telles études.
M. Gendron: Rapidement, M. le Président, et je termine
là-dessus. Je n'ai jamais dit d'arrêter le mandat du
Vérificateur général...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique qu'ils sont
souverains.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gendron: Oui, mais ce sont des souverains associés et
pas tellement, à voir les déclarations du ministre et de la
présidente de la CSST. Écoutez, le ministre a quand même un
peu d'expérience en ces saints lieux, et pas mal même. Je ne peux
pas accepter... Je le sais. Je connais la loi et c'est vrai que cela fait pas
pire de dire: Écoutez, vous connaissez les lois. La loi dit que le
conseil d'administration de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail a le pouvoir de décider des
études qu'elle mènera et de la façon dont elle le fera.
C'est exact sur le plan de ce que j'appelle la loi des principes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les subventions qu'ils
octroient.
M. Gendron: Mais ce n'est pas exact dans la
réalité, et on le voit très bien. Dans la
réalité, vous ne me ferez pas accroire que le ministre n'a pas un
pouvoir moral très fort... Un instant! Et, dans le fond, M. le ministre,
si on veut être plus franc, vous avez très bien compris ce que je
vous ai demandé. Parlez-vous donc! Ayez une étroite
collaboration avec le conseil d'administration de la CSST, vous, comme
ministre du Travail, pour vous assurer qu'il n'y a pas de coûts inutiles.
C'est juste cela que j'ai voulu dire.
Quand j'essayais d'illustrer qu'on ne peut pas, d'une main... Ce n'est
pas moi qui tenais deux discours. C'est la réalité de la CSST par
rapport au mandat que vous avez donné à M. Chatelain, que je ne
conteste pas, qui est un double discours. Il y a présentement des
enquêtes et des études qui portent sur les mêmes
éléments compris dans le mandat de M. Chatelain. M. le ministre
du Travail, c'est vous qui avez dit: Moi, je ne me brancherai pas tant que je
n'aurai pas le portrait global. Si vous n'avez aucun mandat et que vous ne
pouvez rien faire, comment pouvez-vous dire cela? Quelle force est-ce que cela
a de dire: Je ne prendrai pas de décision tant que je n'aurai pas un
portrait global du rapport de M. Chatelain? Comme ministre du Travail, vous le
savez bien. Pensez-vous, quand ce rapport va entrer, que vous ne prendrez pas
des décisions? Pensez-vous qu'il n'y aura pas de décisions
importantes qui seront prises et qui vont vous permettre d'apporter les
correctifs requis, non seulement sur les aspects financiers mais
également sur les aspects de la réforme administrative? La
nouvelle structure et vos quatre vice-présidents, ce n'est pas la CSST.
Elle n'était pas trop chaude pour accepter cette structure.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous négocions.
M. Gendron: Non, non, mais vous êtes arrivé à
passer votre message et, à un moment donné, à force
d'échanges, probablement pas avec la présidente parce que je ne
sais pas pourquoi...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, oui.
M. Gendron: Oui? Vous en avez parlé? Bon. Au-delà
de cela, mon dernier point, M. le ministre du Travail, et c'est cela que j'ai
voulu dire, c'est: Est-ce que vous pouvez convenir rapidement, M. le ministre
du Travail, là-dessus, qu'il y aurait lieu qu'il y ait une collaboration
plus étroite entre vos objectifs et ceux de la CSST, tout en respectant
son mandat et sa loi, pour vous assurer qu'il n'y ait pas de
dédoublement, qu'il n'y ait pas de dépenses inutiles sur quelque
chose qui, par ailleurs, est très requis, soit de voir clair, de faire
la lumière sur l'ensemble de la situation? C'était là ma
dernière question.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Encore une fois, M. le
député d'Abitibi-Ouest, en habile parlementaire, finit par une
question, mais, dans son préambule, il passe des messages. Je vais
reprendre les messages les plus gros, si je peux utiliser l'expression.
M. Gendron: Je vous ai vu fonctionner dans l'Opposition et il y a
certains éléments qui étaient prenables.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je dirai au député
d'Abitibi-Ouest qu'il a une mémoire sélective. Lorsque j'ai
parlé du rapport du Vérificateur général à
l'automne 1988, j'ai parlé du rapport complet que M. Chatelain m'a
indiqué qu'il me ferait à peu près à cette
période.
J'ai également indiqué au député
d'Abitibi-Ouest et aux membres de la commission que le Vérificateur
général va nous produire des rapports intérimaires.
À partir des rapports intérimaires qui seront produits, est-ce
qu'il y aura possibilité, ou des indices suffisants, ou de la
matière suffisante pour procéder à ce qu'on peut appeler
de l'action législative, si l'action législative est requise?
À partir de ces rapports, je ne l'exclus pas, comme le fait
présentement le député d'Abitibi-Ouest. Lui, il
souhaiterait qu'on attende à la fin et qu'on ne tienne absolument pas
compte des rapports intérimaires que le Vérificateur
général nous ferait. Je ne partage pas cette philosophie et cette
orientation. Je pense que, si un rapport intérimaire a une assise solide
et qu'il nous donne une orientation solide, en administrateurs, gestionnaires
et hommes politiques responsables, nous agirons dans les meilleurs
délais sur la base de ces rapports intérimaires.
Maintenant, il y avait la fin de votre question. Est-ce que vous voulez
la répéter? Je ne l'avais pas notée. (12 heures)
M. Gendron: Cela ne me tente pas beaucoup parce que vous venez de
dire exactement l'inverse de ce que j'ai dit. Je vous ai posé cette
question: Pourquoi, justement, ne bénéficiez-vous pas de
l'information qui va vous arriver? Ce n'est pas François Gendron qui a
fait la déclaration, je cite: "M. Paradis a déclaré cette
semaine qu'il avait l'intention d'apporter des modifications majeures à
la CSST une fois qu'il aura obtenu un portrait exact de son fonctionnement de
la part du Vérificateur général." Là, il vient de
me dire, en réponse, que le critique ne voudrait pas qu'il se serve des
informations qu'il pourrait recevoir durant les périodes intermittentes
avant la fin du mandat. Là, c'est de deux choses l'une. Ou, quand je
vous cite, ce n'est pas ce que vous avez dit, ou c'est vraiment ce que vous
avez dit et vous dites: Moi, je veux attendre de prendre des décisions
quand j'aurai un portrait exact. C'est quoi la vérité? Quant
à moi, je regrette, jamais je n'ai dit ici, ce matin, que je ne veux pas
que vous vous serviez d'élé-
merits éclairants des rapports intérimaires que vous
pourriez recevoir du Vérificateur. Au contraire, c'est moi qui ai
posé la question: Pourquoi ne lui demandez-vous pas de vous en fournir?
Pourquoi ne lui dites-vous pas: M. Châtelain, je trouve que c'est long.
De temps en temps, donnez-moi un peu d'information. Donnez-moi donc un peu
l'heure juste. L'heure juste sera divisée en trois, quatre morceaux.
Cela fera l'heure totale, ce que vous avez appelé, dans votre
déclaration, le portrait exact de l'ensemble de la situation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous insistez tant, c'est parce
que vous manquez encore un peu d'information. Cela me fait plaisir de vous la
communiquer. M. Châtelain, à l'occasion de la rencontre que nous
avons eue, oui, a acquiescé à ma demande de rapport
intérimaire. Vous m'avez demandé: Pourquoi ne le rappelez-vous
pas un peu à tous les jours pour lui dire: M. Châtelain, s'il vous
plaît, un rapport intérimaire? Il m'a également
indiqué que dans un organisme de la dimension de la CSST, de
façon à procéder le plus intelligemment possible à
une vérification intégrée, le bureau du
Vérificateur général doit faire avant ce qu'on appelle un
plan d'attaque, si je peux utiliser l'expression, de la boîte et que la
conception et la mise en place de ce plan d'attaque demandent une
période de six mois. Ayant donné un mandat au Vérificateur
général au mois de novembre, j'aurai la date exacte cet
après-midi, décembre, janvier, février, mars, avril, mai.
Je pourrais lui demander de me communiquer son plan, mais ce n'est pas à
partir du plan d'attaque que je pourrai procéder.
Je pense que les communications vont bien. Maintenant, je me suis
souvenu de votre dernière question: Pourquoi ne pas demander à la
CSST d'utiliser le poids moral pour arrêter les études et les
enquêtes qui se font à l'interne?
M. Gendron: Celles parallèles, M. le ministre, au mandat
du Vérificateur; c'est ça que je veux dire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, le conseil
d'administration de la CSST est bien conscient que le gouvernement du
Québec - pas seulement le ministre, le poids moral, c'est le Conseil des
ministres - a donné un mandat de vérification
intégrée. Il est conscient que cela existe, mais on ne peut pas
l'empêcher de vouloir se donner à l'interne d'autres outils. S'il
y a dédoublement et qu'il s'agit là d'une décision prise
par le conseil d'administration, nous ne pouvons faire que ce que vous dites,
lui indiquer à un moment donné: C'est l'argent du public que vous
administrez, autant du côté des employeurs que des
représentants syndicaux. Pensez-y deux fois avant de dédoubler
des études qui sont faites par le Vérificateur
général. Il faut replacer le tout dans son contexte. La CSST ne
voyait pas -et ça rend le travail du Vérificateur
général plus difficile - d'un bon oeil, au début, la venue
du Vérificateur général dans la boîte.
D'après ce qu'on m'indique, au moment où on se parle, là
aussi les relations, comme avec le ministre, sont dans une ère qui
s'oriente beaucoup plus vers la détente que vers la tension qui a
été connue au cours des premiers mois de la venue au pouvoir du
gouvernement libéral.
M. Gendron: M. Je ministre, rapidement, parce que le temps file.
Je reste sur la CSST, mais pour un autre sujet. Récemment, les journaux
ont fait état d'une étude de la firme Sobeco
préparée à la demande de la CSST. De toute
évidence, cette étude comporte des recommandations quant à
des critères de saine gestion financière comme, par exemple,
l'amortissement sur 10 ans des déficits de fonctionnement ou sur 30 ans
pour des fluctuations du taux de rendement des placements. D'autre part, il
semble que le même rapport contienne des recommandations aptes à
réduire de 200 000 000 $ le déficit, si on se fie aux propos du
ministre - encore le toujours selon ce qu'on peut lire, parce que je ne vous
suis pas tout le temps, heureusement - rapportés par le Journal de
Québec, le 10 avril 1987. Le 10 avril 1987, vous dites, M. le
ministre: "Moi, je pense qu'il y a de quoi là qui serait
intéressant et possiblement cela pourrait permettre des économies
de 200 000 000 $." D'accord?
Alors, trois petites questions très rapides. S'agit-il de mesures
purement administratives ou de mesures portant sur des modifications à
la loi? Est-ce qu'on doit comprendre que, si ces mesures avaient
été appliquées en 1986, le déficit aurait pu
être d'environ 150 000 000 $ plutôt que de 300 000 000 $ ou de 400
000 000 $? Parce que là, on ne le sait pas. Vous avez dit: "II y a un
écart de 100 000 000 $." Le ministre entend-il rendre public ce rapport
et quelles sont les décisions que la CSST a prises à
l'égard du contenu de ce rapport?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous me parlez du rapport de
l'étude Sobeco.
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous me parlez d'une
économie possible de 200 000 000 $, etc.
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tenter de préciser.
Les 200 000 000 $ ne
proviennent pas d'économies possibles sur le plan administratif.
Ils ne proviennent pas de l'étude Sobeco comme telle. Le chiffre de 200
000 000 $ provient d'informations qui m'ont été
communiquées par un autre expert financier qui travaille aux dossiers de
la CSST.
M. Gendron: Qui?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Constantin Temcheff.
M. Gendron: C'est un Russe!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne le sais pas.
Une voix: II est d'origine...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'origine roumaine ou hongroise,
à ce qu'on me dit.
M. Gendron: M. le ministre, concernant les autres questions,
est-ce que vous allez rendre le rapport public?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, le rapport Sobeco
a été commandé par le conseil d'administration de la CSST.
Il a été distribué aux membres du conseil
d'administration. Sous réserve que le conseil exige que ce soit
traité confidentiellement -je ne pense pas qu'il l'exige - je pense
même que cela serait utile aux parlementaires de posséder le
rapport.
M. Gendron: Sur la question précise que je vous posais, le
fait que vous pensez que cela pourrait économiser 200 000 000 $, est-ce
que vous avez lancé ça comme ça? Sur la base de quelle
analyse croyez-vous qu'il aurait pu y avoir une économie par rapport au
déficit anticipé de 200 000 000 $?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que M. Temcheff m'a dit...
M.Temcheff est celui qui, à la firme Peat Marwick, a contribué
à procéder à des analyses financières et de gestion
à la demande du conseil d'administration de la CSST.
M. Gendron: À ce moment-ci, vous n'avez pas, comme
ministre du Travail... Je ne dis pas que vous n'avez pas, je pose la question:
Avez-vous reçu des recommandations d'application de la direction de la
CSST sur le rapport Sobeco?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le rapport Peat Marwick n'est pas
complété. Mais, vous comprendrez que, lorsque de tels mandats
sont confiés à des firmes, je tente, comme ministre, d'obtenir le
maximum d'informations de façon à prendre les meilleures
décisions.
M. Gendron: Et vous, comme ministre du Travail, compte tenu de
l'ampleur des sommes en cause, allez-vous exiger de la CSST, rapidement en tout
cas, qu'elle s'empresse de prendre des décisions concernant une
éventuelle application de mesures concrètes prévues dans
le rapport Sobeco? S'il s'agit d'un montant de 200 000 000 $ qui peut
être économisé, il me semble que, comme ministre du
Travail, indépendamment des décisions de la CSST, rien ne vous
empêche d'indiquer...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais je veux qu'on distingue
bien, à des fins de compréhension, que les recommandations de
Sobeco portent principalement sur des amendements législatifs...
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...tandis que les commentaires que
j'ai obtenus de M. Temcheff, de la firme Peat Marwick, portaient surtout sur
les modifications administratives dont vous parliez.
M. Gendron: Justement, je veux revenir là-dessus. Je
pensais qu'il y avait davantage d'indications sur l'aspect législatif.
Le 21 novembre dernier, le ministre mettait sur pied un comité
consultatif de onze personnes ayant comme mandat de suggérer justement
des correctifs sur le plan léqislatif quant au régime de
santé et de sécurité du travail dans son ensemble. Ce
comité doit remettre - c'est pour cela que j'ai dit que vous
étiez souvent en étude - son rapport d'ici à la fin de la
présente session. Est-ce que le ministre peut nous indiquer si cet
échéancier sera respecté? Est-ce que le rapport sera rendu
public? Quelles sortes de consultations ou d'échéanciers
généraux le ministre entrevoit-il sur cet aspect?
Là, rapidement, si on revient à Sobeco qui faisait des
recommandations qui éventuellement auraient des impacts financiers
importants si c'étaient des modifications législatives, est-ce
que le ministre peut nous donner des indications qu'il va arrêter
d'étudier et qu'il va poser des gestes bientôt? Le Conseil du
patronat -cela ne veut pas dire que je partage son point de vue, je ne l'ai pas
vraiment analysé, ce que je vais dire là - cela fait lonqtemps
qu'il vous dit qu'il y a un problème et qu'il est à un tel
endroit bien précis: les lois 42 et 17, concernant deux aspects
précis pour lesquels les coûts sont extravagants. Alors, dans le
rapport que vous avez commandé à vos onze spécialistes,
est-ce que ces qens vont rapidement vous sugqérer des mesures
législatives? Est-ce que vous avez le rapport? Est-ce que vous allez le
rendre public? Quand allez-vous le mettre à exécution?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique que les
échéanciers vont être respectés, qu'on devrait me
soumettre le rapport d'ici la fin du mois de juin.
M. Gendron: Donc, vous ne l'avez pas là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je ne l'ai pas au moment
où nous nous parlons. Lorsque je l'aurai j'en prendrai connaissance et
j'aviserai.
M. Gendron: Qui sont les membres de ce comité, les onze
experts?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le comité de
révision est formé de personnes...
M. Gendron: On a déjà les noms.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah! Pourquoi me demandez-vous qui
c'est?
M. Gendron: C'est qui en termes d'expertise pertinente.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous voulez les curriculum
vitae, je pourrais vous les compléter. Je vais vous donner leurs
fonctions dans la société.
M. Gendron: Oui, rapidement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous voulez des cv, Daniel
Barbeau, développeur immobilier; Yves Dupré, monteur d'acier de
structure; Jacqueline Douglas, travailleuse d'usine; Johanne Gauthier,
responsable d'un service de santé dans une entreprise privée; le
Dr Robert Gilbert, professeur agréé a l'École
polytechnique; le Dr Michel Guillemette, directeur de services médicaux
d'une entreprise; M. Louis Lemieux, directeur de la planification et de
l'évaluation au ministère du Travail; M. Yvon Lemire,
député de Saint-Maurice et adjoint parlementaire au ministre du
Travail; Me Alain Ménard, conseiller politique au cabinet du ministre du
Travail; M. Michel Sanschagrin, vice-président à la Régie
des rentes du Québec; Me Yves Tardif, qui, à l'époque,
était adjoint à la présidente-directrice
générale de la CSST. Est-ce que vous voulez les curriculum
vitae?
M. Gendron: Pas aujourd'hui, mais j'aimerais qu'on puisse avoir
cette information. Effectivement, comme critique, c'est régulier et
c'est courant d'avoir ces informations, non pas ici.
L'avant-dernière question, toujours pour des raisons de temps,
porte sur le climat de la CSST. Comme ministre du Travail, est-ce que vous avez
été informé qu'effectivement il y a une espèce de
sentiment d'insécurité dans la botte - je parle de la boîte
générale - que ces gens sont très déçus de
ne pas être impliqués davantage dans les orientations du
gouvernement? Il y a toutes sortes d'études à l'externe qui sont
commandées sauf qu'à l'interne on n'a pas beaucoup demandé
aux gens de la boîte de contribuer éventuellement, de faire
eux-mêmes leur effort de réflexion sur la façon
d'améliorer - le même objectif que tout ministre doit avoir - le
service à la clientèle, au moindre coût possible, et de
corriger éventuellement les impairs administratifs par rapport à
une incapacité d'être un peu plus juste entre les coûts
réels versus les prévisions. J'ai l'information qu'il y a des
problèmes sérieux. On risque d'affaiblir une boîte qui,
globalement en tout cas, a une bonne expertise et une bonne compétence,
un bon "know-how" et qui devrait être en mesure de fournir une excellente
qualité de service aux qens concernés. Avant de briser tout cela,
est-ce que le ministre va faire quelque chose? Est-ce qu'il partage le
même point de vue que moi qu'il y a un problème qrave et que
rapidement il y a lieu d'apporter des correctifs pour assainir le climat
à l'intérieur de cette boîte?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, j'ai suivi de
près l'évolution de ce climat que le député
d'Abitibi-Ouest a raison d'évoquer et qui s'est
détérioré en suivant une courbe à compter - je
dirais - de l'arrivée du nouveau gouvernement. Il y avait beaucoup
d'insécurité qui a animé certains hauts dirigeants de la
boîte. Cette insécurité contagieuse s'est répandue
dans les régions, etc. J'ai été continuellement tenu
informé de l'état, si je peux utiliser le mot, moral des troupes
qui a atteint un point à la baisse assez danqereux il y a quelques mois.
Puis les qens ont perçu cette volonté gouvernementale de
s'attaquer aux problèmes, ils ont constaté que, dans les
circonstances, il était souhaitable d'offrir leur collaboration dans le
sens de l'orientation souhaitée par le gouvernement, c'est-à-dire
une meilleure gestion, plus de précision dans les chiffres, un meilleur
financement, un meilleur service à la clientèle, etc. Les
nominations au poste de président-directeur général, de
même qu'aux postes de vice-présidents ont contribué
à rassurer une partie des troupes. Je ne vous dirai pas qu'au moment
où l'on se parle c'est l'état de bonheur parfait ou que le moral
des troupes est au niveau qu'il devrait normalement atteindre, mais je vous
dirai que d'une courbe descendante il est passé, au moment où
nous nous parlons, à une courbe ascendante qui est prometteuse.
M. Gendron: Juste un mot là-dessus. Partagez-vous
l'information qu'on a, à savoir qu'au cours de la dernière
année la
présidente de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail aurait beaucoup renforcé le pouvoir
central de la CSST à Montréal au détriment des
régions et que, actuellement, son fonctionnement sur la base des quatre
grandes régions a affaibli passablement les services que la structure de
la CSST régionale pouvait offrir aux gens concernés? Est-ce que
vous avez la même analyse? (12 h 15)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai eu la même impression
ou les mêmes sources d'information, je dirais, l'été et
même un peu l'automne dernier. Au moment où on était en
train, avec la collaboration de la direction de la CSST, de restructurer
l'organigramme de la CSST, nous avons porté une attention
spéciale à décentraliser vers les bureaux régionaux
les prises de décision, à responsabiliser les directions
régionales, etc. Quant au nouvel organigramme - je ne sais pas si on
vous l'a communiqué, mais il me fera plaisir de le faire si on ne l'a
pas fait - au nouveau plan de fonctionnement de la CSST, vous verrez que c'est
bâti en fonction de décentraliser le pouvoir en faveur des
régions.
M. Gendron: J'aimerais l'avoir parce que j'ai reçu une
information selon laquelle la présidente vous en a envoyé
beaucoup et qu'il n'y en a pas beaucoup qui ont passé. J'en ai
plusieurs, mais je ne sais pas quels sont ceux que vous avez finalement
acceptés. Contrairement à ce que vous affirmiez tantôt,
pour quelqu'un qui n'a pas beaucoup de pouvoirs au conseil d'administration,
j'ai reçu l'information selon laquelle vous avez regardé souvent
les organigrammes suggérés et que, en conséquence, la
présidente de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail a toujours pensé que, tant que le
ministre ne serait pas d'accord sur l'organigramme, elle aurait des
problèmes à consacrer celui qui, supposément, était
reconnu définitif par le conseil d'administration de la CSST. Si vous
vouliez avoir la gentillesse de m'envoyer le dernier, le bon, pour être
certain que j'aie le bon organigramme, cela me ferait plaisir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne voudrais pas que vous
étendiez cette autorité morale qui pouvait être importante
à ce moment-là à l'ensemble du dossier de la CSST. Je vous
dirai qu'à ce niveau, oui, c'était important sur le plan du
fonctionnement d'avoir l'assentiment du ministre parce qu'en vertu de la loi
c'est le gouvernement qui nomme les vice-présidents d'un nouvel
organisme. En nommant les vice-présidents, à un moment
donné, il fallait s'arranger pour trouver un terrain d'entente, à
l'amiable, avec le conseil d'administration de la CSST, ce que nous avons fait.
Nous avons procédé, à l'amiable, à la nomination
des vice-présidents.
M. Gendron: Est-ce que c'est votre idée, les quatre
qrandes régions, pour justifier les quatre nominations politiques de
quatre vice-présidents?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le plan de l'organigramme,
dans le but d'assurer un meilleur fonctionnement de l'organisme, on a
décidé qu'il y aurait quatre vice-présidents plutôt
que trois. À l'époque, il y en avait trois. Au moment où
nous nous parlons, il y en a trois qui sont nommés. Il y a un poste de
vice-président qui est vacant.
Parmi ceux qui ont été nommés - j'ai cru saisir
dans votre question une connotation politique ou quelque chose du genre; je
vous ai donné un nom tantôt, je pourrais vous nommer les deux
autres - vous allez retrouver des gens qui, peut-être, dans le
passé, ont déjà eu des allégeances politiques - ils
en ont peut-être encore - et vous allez retrouver des gens qui ne sont ni
identifiés au Parti québécois - en tout cas, je ne le
pense pas - ni de chez nous, des gens qui ont servi, comme je le mentionnais
tantôt, à titre de fonctionnaires au ministère de
l'Éducation sous les différents gouvernements, qui, probablement
vous ont bien servi au moment où vous étiez ministre de
l'Éducation. Vous allez retrouver un fonctionnaire qui fait partie du
programme Formacadres du gouvernement du Québec et c'est le
vice-président à l'administration qui a joui d'une
réputation enviable à tous les endroits où il est
passé. Il était à Hydro-Québec lorsque nous sommes
allés le chercher pour une période de deux ans.
Il y a Yves Tardif qui était l'adjoint à la
présidente-directrice générale. Si vous voulez soulever
une connotation politique -c'est peut-être de bonne guerre - il a
déjà été député à
l'Assemblée nationale du Québec, mais je ne pense pas que cela
enlève des talents à quelqu'un d'avoir déjà
été député; cela peut ajouter à ses
connaissances générales.
M. Gendron: Non. La question était plutôt: Les
quatre grandes régions, est-ce que c'est votre idée, la structure
à quatre grandes pattes?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez-moi. Il y a eu confusion
entre votre question et ma réponse. Les quatre régions n'ont rien
à voir avec les quatre vice-présidents...
M. Gendron: Non, non, moi...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai pas nommé les
vice-présidents régionaux.
M. Gendron: Moi, j'ai fait un lien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, non.
M. Gendron: Cela, c'était mes affaires. Dans la
réponse, je m'arrangerai...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le lien est...
M. Gendron: ...en lisant la transcription.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...totalement fictif.
M. Gendron: Mais l'idée d'avoir une structure avec quatre
grandes régions, est-ce que c'est le ministre du Travail qui a
suggéré cela à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. M. Gendron: Non?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est quelque chose qui est issu
du choc des idées. La lumière a jailli entre les
représentants de la CSST et ceux du ministre et c'est cette
lumière que vous voyez transcrite sur du papier, aujourd'hui, et dans la
réalité.
M. Gendron: Concernant les barèmes d'indemnisation, M. le
ministre, et cela sera ma dernière question sur la CSST, tout le monde
sait que la loi 42 prévoit que les déficits anatomophysiologiques
feront l'objet d'une indemnisation par le biais d'un montant forfaitaire
déterminé par un barème qui devait être
déterminé par règlement. Au mois de mai 1986, un projet de
règlement avait fait l'objet d'une prépublication dans la Gazette
officielle du Québec. D'accord? Je disais que cela devait
faire l'objet d'un règlement vers le mois de mai, parce qu'il peut
arriver que les dates ne soient pas toujours parfaitement conformes. Il y a eu
une prépublication du règlement. Mais, semble-t-il, la nouvelle
présidente a bloqué ce projet le jugeant trop coûteux.
C'est l'information qu'on a. Les discussions et les études ont alors
repris à la CSST et, semble-t-il, vers le mois de février dernier
- on s'approche, on est rendu en 1987 - le conseil d'administration a
entériné un nouveau projet pas tellement différent de
celui de l'an passé. Ce projet a été transmis au ministre
pour qu'il soit prépublié et sanctionné par le Conseil des
ministres à peu près vers la fin de février. Mais
là, "black-out" total. Est-ce que c'est le ministre qui n'a pas
aimé les corrections, somme toute, mineures? Parce que nous, on a
regardé cela et on trouve qu'il ressemblait drôlement au premier
"bébé" qui a été présenté. Pourquoi
le ministre a-t-il décidé - février et mars 1987 - de ne
pas donner suite à quoi que ce soit? Soit qu'il corrige et dise: Je
n'aime pas cela, c'est trop cher ou pas assez cher. Comment le ministre peut-il
expliquer un tel délai? Peut-il nous expliquer ce qu'il attend pour
régler ce problème qui concerne des milliers de travailleurs qui
sont en attente de prestations déficientes par rapport à ce
qu'ils devraient recevoir si le ministre prenait ses responsabilités
dans ce dossier?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Premièrement, je vais
relever encore une attaque du député d'Abitibi-Ouest contre Mme
la présidente-directrice générale. Je trouve que vous
l'attaquez souvent et que vous lui en faites passer beaucoup sur le dos. C'est
le conseil d'administration, dans son ensemble, qui prend le type de
décisions pour lesquelles vous continuez à attaquer la
présidente-directrice générale.
Je vous soulignerai que, quant au règlement auquel vous faites
allusion, quant à ce barème, moi aussi, j'ai, non seulement comme
ministre, mais comme député, des pressions de gens qui ont droit
à des sommes, à des indemnités, et qui trouvent que cela
prend du temps, finalement. Ce n'est pas bloqué par une seule personne.
C'est bloqué généralement par un conseil d'administration.
Au moment où l'on se parle, le règlement a été
adopté à l'unanimité, si ma mémoire est bonne, par
le conseil d'administration de la CSST. Ce qui retarde la mise en application
dudit règlement - on m'en a informé, je suis allé aux
informations, moi aussi, et à plusieurs reprises - c'est qu'il est
encore à la traduction, au moment où nous nous parlons.
M. Gendron: M. le Président, deux mots très
brièvement. Je n'ai jamais attaqué la présidente de la
CSST. Dire qu'elle a refusé, selon l'information que sa boîte m'a
transmise, le premier projet, c'est une attaque que je prendrais tous les
jours. Des attaques de ce genre-là, je veux dire, que j'ai refusé
telle chose, je prendrais cela tous les jours. Je ne peux pas attaquer la
présidente parce que ce n'est pas avec moi qu'elle a des
problèmes et ce n'est pas avec moi qu'elle a dit qu'elle n'est pas
capable d'avoir de conversation. Bon. Alors, je ne l'ai pas attaquée. Je
n'ai aucune raison de l'attaquer et je ne l'ai pas attaquée.
Sauf que là, le ministre nous dit: Enfin, c'est adopté,
mais c'est à l'impression. Mais le gouvernement doit l'approuver, M. le
ministre? Est-ce que le gouvernement l'a approuvé?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux approuver quelque chose
qui arrive sur mon bureau. Vous avez déjà été
ministre.
M. Gendron: Oui, oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela vient sur le bureau du
ministre au moment où les documents sont prêts et ont
été traduits. Dès qu'il arrivera sur le bureau du
ministre, je peux vous assurer que je vais agir avec ma diligence
habituelle.
M. Gendron: Beaucoup de diligence. Et ça, c'est
prévu prochainement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On me dit que c'est dans les
semaines qui viennent, probablement dans les jours qui viennent.
M. Gendron: Comment cela a-t-il pris de temps à la
production ou à l'impression, je ne sais quoi?
Une voix: La traduction. M. Gendron: La traduction.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela a été
adopté par le conseil d'administration de la CSST le 19 février
et, depuis ce temps-là, il est dans la machine.
M. Gendron: Ne trouvez-vous pas -c'est vraiment ma
dernière question là-dessus - long, compte tenu de l'importance,
toujours pour les intéressés, qu'il y ait quatre mois pour la
traduction anglaise d'un petit règlement qui n'est, quand même,
pas compliqué et pour lequel vous aviez, au niveau de l'assurance
automobile, un modèle à peu près uniforme l'année
dernière? Si la CSST, depuis le 19 février, vous a envoyé
ça pour qu'il soit dans la machine à saucisses, il faudrait que
le ministre mette la patte dessus pour accélérer le
processus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai demandé
d'accélérer le processus au maximum comme je l'avais fait avec le
décret de la construction. Lorsque vous tombez dans la traduction de ce
que vous appelez un petit règlement, je vous indiquerai - et là,
je fais le geste - qu'il est ça d'épais. Je ne sais pas combien
il contient d'articles. Quand je dis "ça d'épais", pour les fins
du Journal des débats, j'indique au moins deux pouces et demi ou
trois pouces. Il s'agit de termes scientifiques dans plusieurs cas et dans la
traduction il faut, là aussi, faire preuve de toute la vigilance
nécessaire. Moi aussi, je trouve que c'est long, mais il ne s'agit pas
d'un petit règlement. Il s'agit d'un gros règlement, volumineux,
important et d'une terminologie spécialisée, et il faut que ce
soit bien fait.
M. Gendron: Je veux juste dire qu'il a raison - je pense qu'il y
a lieu de corriger si j'ai laissé cette impression-là - c'est un
gros règlement, mais pour lequel il y a un maudit bon modèle de
sorti à l'assurance automobile sur à peu près exactement
la même problématique. Quant aux déficits, c'est exactement
la même problématique, la même identification et la
même complexité de définition des bons termes parce que
c'est surtout ça qui est compliqué. Puisqu'il y a un
modèle, je veux juste Indiquer au ministre... Oui, oui, il y a
sûrement quelques différences.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Votre orientation n'est pas
complète. Si vous voulez parler de modèle, oui, il y en a
à la Régie de l'assurance automobile du Québec, oui il y
en a à la Régie des rentes du Québec, mais il est
passablement différent des modèles qui existent.
M. Gendron: M. le Président, compte tenu de l'heure,
personnellement, j'aurais terminé avec la CSST. On reviendra cet
après-midi sur d'autres sujets.
Le Président (M. Théorêt): D'accord. Si vous
me le permettez, M. le ministre, si effectivement vous faites parvenir le
nouvel organigramme de la CSST au député d'Abitibi-Ouest, il
serait apprécié que tous les membres de la commission le
reçoivent également.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que j'ai promis de faire
parvenir au député d'Abitibi-Ouest sera adressé à
tous les membres de cette honorable commission.
Le Président (M. Théorêt): Je vous
remercie.
Oui, M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: J'aurais qaqé qu'il en serait ainsi et c'est
normal qu'il en soit ainsi parce que je ne veux pas avoir de privilège
comme parlementaire. J'ai oublié une petite question. M. le ministre,
est-ce que vous pourriez nous indiquer, si ce n'était pas possible de le
faire tout de suite, à ce moment-là au début de la
séance rie cet après-midi, si vous avez, comme ministre du
Travail, une évaluation quant aux sommes impliquées concernant le
dernier point que j'ai touché qui concerne les déficits
anatomophysiologiques? Est-ce qu'il y a beaucoup d'argent là-dedans ou
peu?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, il y a beaucoup d'argent
là-dedans. On me parle d'une approximation de 60 000 000 $ sur une base
annuelle.
M. Gendron: L'article de Pare-Chocs parlait d'une centaine de
millions et la boîte de 50 000 000 $, c'est n'importe quoi entre
ça. Vous, vous estimez que c'est plutôt que 60 000 00 $ ou 65 000
000 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'information dont je dispose
présentement me permet de vous dire que c'est approximativement 60 000
000 $ sur une base annuelle.
M. Gendron: Bon dîner.
Le Président (M. Théorêt): Je vous remercie.
Je suspens les travaux de la commission jusqu'après la période de
questions.
(Suspension de la séance à 12 h 28)
(Reprise à 15 h 29)
Le Président (M. Théorêt): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux pour l'étude des
crédits du ministère du Travail. Je cède la parole au
député et critique officiel, le député
d'Abitibi-Ouest.
Commission Beaudry
M. Gendron: M. le Président, comme je l'avais
indiqué ce matin, je voudrais prendre quelques minutes pour interviewer
le ministre du Travail sur un dossier quand même majeur et important, qui
est celui du rapport de la commission consultative sur le travail et la
révision du Code du travail, appelée la commission Beaudry,
rapport qui a été remis au ministre en février 1986.
À la suite de ce rapport, le ministre avait mis en branle plusieurs
opérations pour analyser le contenu...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Janvier 1986.
M. Gendron: Oui, est-ce que j'ai dit février 1986?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: Janvier 1986. Et probablement pour gagner
également du temps nécessaire à la suite d'un tel rapport,
parce c'est quand même un rapport majeur et important, il avait
demandé à ses fonctionnaires de lui soumettre des commentaires
à l'étude des crédits l'an dernier. Mais je pense que le
ministre du Travail va se le rappeler. Et, là, c'était le
même ministre du Travail, même si le critique a changé. Il
avait donné des indications et je pourrais le citer au texte ici en
lisant: Le prochain rapport que je recevrai, s'il vient dans des courts
délais, sera un rapport intérimaire parce que des études
dont on s'était parlé au moment de l'interpellation, un certain
vendredi... Il mentionnait et là je le cite toujours: À la suite
des crédits de l'an dernier, j'ai vérifié les
échéanciers parce que je pensais que cette question-là
était pour venir. Quant à l'étude de tous les programmes
d'accès et ainsi de suite, il nous indiquait qu'il entendait être
en mesure de donner des informations un peu plus précises vers la fin de
mai ou de juin 1986.
Par ailleurs, le 21 mars, il mandatait deux experts pour lui faire
rapport sur les impacts des changements proposés par le rapport Beaudry.
Je sais que M. Bisaillon a remis son rapport parce qu'il était un des
experts, en septembre 1986, et que, de toute évidence, M. Gilles Laporte
qui était un personnage important au ministère du Travail, a sans
doute lui aussi, comme expert, remis son rapport. Ce que je voudrais demander
au ministre, c'est de confirmer s'il a bien reçu les deux rapports que
ses fonctionnaires lui ont transmis et, également, s'il entend rendre
publics les rapports Bisaillon et Laporte, de même que
l'échéancier qu'il entend mettre en place dans les prochaines
semaines au sujet des principales recommandations qui ont été
évoquées dans le rapport Bisaillon et dans le rapport Laporte
concernant les suites à donner au rapport Beaudry.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tenter de répondre
le plus précisément possible au député
d'Abitibi-Ouest en replaçant dans son contexte la production du rapport
et en lui rappelant mes premiers commentaires à la suite du
dépôt du rapport en janvier 1986. J'avais indiqué,
dès que le rapport m'avait été remis par l'honorable juge
Beaudry, que je m'assurerais de l'applicabilité des recommandations du
rapport Beaudry, compte tenu de la situation compétitive des petites et
moyennes entreprises au Québec. J'avais également réagi
rapidement en insistant sur le fait que les recommandations du rapport Beaudry
qui étaient compatibles avec les engagements électoraux de la
formation politique qui est le Parti libéral du Québec auraient
sans doute des chances d'être appliquées à très
court terme pendant le premier mandat du gouvernement libéral. J'avais
également indiqué que le ministre titulaire du ministère
du Travail avait à coeur les recommandations qui touchaient, entre
autres, les plus bas salariés dans notre société. Je pense
qu'il s'agissait là de l'essentiel, et j'y vais de mémoire, des
premières déclarations que j'ai faites à la suite du
dépôt du rapport Beaudry. Au moment où nous nous parlons,
certaines des recommandations - et je dirais à peu près 75 %,
pour situer un ordre de grandeur - du rapport Beaudry sont déjà
en application ou près de l'être. Je rappellerai au
député d'Abitibi-Ouest que la question du salaire minimum faisait
l'objet de recommandations dans le rapport Beaudry,
que l'an passé, le 1er octobre 1986, le salaire minimum a
été haussé de 0,35 $ l'heure, que la discrimination
basée sur l'âge qui pénalisait notre jeunesse
québécoise a été abolie, et ce, tout en ne nuisant
pas à la situation compétitive de nos petites et moyennes
enteprises québécoises. Je rappellerai au député
d'Abitibi-Ouest qu'en déposant le projet de loi qui crée une
commission des relations du travail nous donnions également suite
à l'une des plus importantes recommandations du rapport Beaudry.
J'indiquerai également au député d'Abitibi-Ouest qu'en
déposant le projet de loi qui modifie le rôle et la composition du
Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre nous donnons
également suite à une autre des recommandations importantes du
rapport Beaudry et que le comité de travail qui me fera rapport au cours
de l'été quand à la codification des lois du travail
constitue une autre mise en application du rapport Beaudry. Quant aux experts
que j'avais assignés pour compléter une expertise sur le rapport
Beaudry, une analyse, compte tenu du critère que j'avais indiqué,
je vous confirme - et je l'avais fait ce matin dans mon texte introductif - que
j'ai reçu, aux périodes que j'ai indiquées ce matin, et le
rapport de M. Bisaillon en septembre 1986 et celui de M. Laporte en
février 1987. Quant à la question de rendre publics lesdits
rapports, je n'y ai pas d'objection, mais au moment où le gouvernement
le jugera opportun.
M. Gendron: M. le Président, quant aux
éléments autres que ceux de l'éventuelle Commission des
relations du travail, du salaire minimum, je n'ai pas porté de jugement
sur le fait que le ministre du Travail avait oui ou non donné suite
à certaines recommandations du rapport Beaudry. J'ai indiqué que,
globalement, le rapport Beaudry était un rapport d'envergure, un rapport
majeur, qui avait pris énormément d'ampleur dans la
société québécoise par rapport aux intervenants
consultés, aux sujets traités, toujours sur les deux volets,
l'aspect peut-être plus collectif des relations du travail au regard des
besoins plus individuels, plus particuliers. Je voudrais simplement savoir
quant aux autres éléments du rapport Beaudry quelles sont,
à ce moment-ci, les intentions précises du ministre du Travail,
bien sûr au-delà de ce sur quoi il prétend avoir
donné des suites, que cela soit la Commission des relations du travail,
l'augmentation du salaire minimum ou autre chose, mais toutes les mesures
concernant les rapports individuels de travail. Je ne veux pas les reprendre
toutes parce que cela serait long. Tout le monde sait que, dans le rapport de
la commission Beaudry, il y avait quand même énormément
d'éléments importants. J'en cite juste quelques-uns pour
rafraîchir la mémoire du ministre: reconnaissance complète
du travail de la conjointe salariée de l'employeur, protection du
travailleur à domicile, protection du travail domestique, ce qui inclut
les personnes qui gardent un enfant. C'est vrai que les premiers commentaires
du ministre du Travail d'alors et d'aujourd'hui mentionnaient qu'il aurait un
souci plus important pas nécessairement pour les plus démunis,
mais les bas salariés; c'était clairement exprimé ainsi.
Alors, comme je ne veux pas prendre trop de temps là-dessus, sur les
autres questions importantes, mais en particulier concernant les mesures qui
affectent davantage les rapports individuels des travailleurs et du travail
quelles sont les intentions du ministre concernant l'ensemble des
recommandations du rapport Beaudry?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je voudrais qu'on s'entende,
là, sur le fait qu'il y avait quatre grands schèmes d'orientation
dans le rapport Beaudry et que le plus important consistait en la mise en
application d'une Commission des relations du travail.
Je pense qu'il pourrait y avoir entente là-dessus, et que,
déjà, sur la plus importante, la plus substantielle des
recommandations, le gouvernement n'a pas tardé, il a reçu un
rapport de son expert, le dernier en février 1987, et nous avons
déposé à l'Assemblée nationale, déjà,
un projet de loi dans le sens de la création d'une Commission des
relations du travail.
Quant à la préoccupation que j'avais indiquée en
faveur des plus bas salariés, j'indiquerai que, pendant cinq ans, ces
personnes avaient, à mon avis, été laissées pour
compte par l'ancien gouvernement. Le salaire minimum a été
révisé sous l'ancien gouvernement, je pense, la dernière
fois en 1981. Lorsque nous avons pris le pouvoir, il y avait un retard quant au
pouvoir d'achat de ces personnes qui sont au salaire minimum, si on les
comparait aux autres travailleurs. J'ai parlé tantôt du salaire
minimum courant qui était passé de 4 $ à 4,35 $. Il
faudrait éqalement penser aux travailleurs et travailleuses au pourboire
qui ont connu l'an passé une augmentation du salaire minimum de plus de
12 %. Il faudrait éqalement penser aux domestiques qui ont connu l'an
passé une augmentation importante du salaire minimum. Mais je vais
ouvrir une parenthèse pour souligner au député
d'Abitibi-Ouest que, comme ministre du Travail, je suis
préoccupé, et sérieusement, par toute une classe
d'individus dans la société qui, techniquement, sont
censés travailler suivant les normes minimales du travail et qui ne
reçoivent pas, dans plusieurs cas, les avantages prévus par la
Loi sur les normes du travail.
On a des travaux qui ont été entrepris au ministère
dans le but de bonifier, de
rajeunir la loi sur les normes minimum du travail. Je vous dirai que
l'inapplication, dans certains cas, de la loi actuelle cause des
préjudices sérieux à beaucoup de travailleurs. Et, parmi
ces travailleurs, vous retrouvez beaucoup de femmes et de travailleuses
immigrantes. On pourrait toucher par la bande une question que vous abordez ce
matin dans vos remarques préliminaires, celle du travail au noir, du
travail à la pièce, etc. Et l'application de l'actuelle loi pose
des difficultés importantes. Et je tiens à m'assurer qu'on agit
sur deux plans, l'application de la loi telle qu'elle existe
présentement et la bonification de certains de ses articles de
façon à donner suite à cet engagement en faveur des plus
bas salariés.
M. Gendron: Je vais revenir à ceci, je suis aussi bien de
le faire tout de suite: quand vous parlez des plus bas salariés, je suis
sûr que, nous, par définition, on n'a rien fait pour ces personnes
pendant neuf ans, c'était automatique. Non, non, c'est moi qui le dis,
là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Rien après 1981.
M. Gendron: II y a un contexte, il y a des choses qu'on pourrait
expliquer. Mais, sur le salaire minimum, une des recommandations du rapport
Beaudry, et je pense que le ministre du Travail était sensible à
cela... Il n'est pas tout, lors d'une conjoncture économique meilleure,
comme c'était le cas, enfin... Permettre que les plus démunis
puissent avoir un salaire un peu plus décent pour faire face à
leurs obligations... La question que je voudrais poser, c'est: Est-ce que le
rapport de la commission Beaudry n'avait pas également prétendu
qu'il y avait lieu d'instaurer un mécanisme de révision annuelle
du salaire minimum? À ce sujet, j'aimerais que le ministre puisse nous
communiquer ses intentions parce que, par définition, si on a un souci
pour les plus démunis, il ne faut pas uniquement à un moment X
dire: Vous avez tellement de rattrapage, il y a tellement de temps qui s'est
écoulé en termes de non-réajustement que là on fait
une correction en ce qui concerne le salaire minimum. Ces gens-là sont
toujours devant complètement rien par rapport à une formule, une
mécanique quelconque qui permettrait, peut-être pas d'une
façon statutaire et arbitraire parce que je sais c'est très
relié à des conditions de marché, c'est très
relié aussi à des conditions économiques, l'inflation,
également la prospérité, le produit national brut et ainsi
de suite... Sans faire un cours d'économie, il me semble que, lorsque le
Front de défense des non-syndiqués allègue qu'il y aurait
lieu, comme c'était prévu dans le rapport de la commission
Beaudry, d'instaurer un mécanisme d'ajustement périodique du
salaire minimum, il s'agit là d'une revendication légitime que je
partage, que l'Opposition partage. Il ne me semble pas qu'il y ait beaucoup de
travail qui ait été fait par le ministre du Travail et le
ministère du Travail sur l'élaboration de cette mécanique
qui ferait que, d'une façon un peu plus régulière, un peu
plus correcte, les travailleurs et les travailleuses qui sont actuellement
assujettis à une politique du salaire minimum aient droit eux et elles
aussi à des augmentations régulières et satisfaisantes,
comme c'est le cas de tout le monde. On ne peut pas prétendre d'une main
avoir du souci pour les plus démunis et ne pas vouloir instaurer de
temps en temps une politique un peu plus ferme, stable qui sécurise ces
gens-là et qui leur donne un minimum de droits. Je pense que le ministre
du Travail a été saisi de cela à quelques reprises, et en
particulier le 10 avril dernier, par Mme Louise Verdon pour le Front de
défense des non-syndiqués qui a développé une
argumentation qui peut se défendre afin qu'il y ait un mécanisme
d'instauré. J'aimerais entendre le ministre du Travail
là-dessus.
M- Paradis (Brome-Missisquoi): J'indiquerai au
député d'Abitibi-Ouest que les gens craignent qu'un jour le Parti
québécois revienne au pouvoir et que le salaire minimum soit
gelé pendant cinq ans. Il a raison d'insister pour des mécanismes
d'ajustement. Je lui dirai - au sein de la députation, du Parti
québécois ils ne doivent pas être assez nombreux pour ne
pas se parler - que j'ai traité du sujet pendant au moins 45 minutes
hier ou avant-hier avec le député de Verchères à
l'occasion des crédits du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu parce que la Commission des normes du travail
relève du ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu. Je peux référer le député
d'Abitibi-Ouest au député de Verchères, je peux le
référer au Journal des débats, ou je peux prendre
le temps de lui donner exactement la même réponse que j'ai
donnée hier ou avant-hier au député de Verchères.
Je vous laisse le choix.
M. Gendron: Rapidement, M. le ministre du Travail peut bien faire
un peu d'humour, oui, on s'est parlé...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ce n'est pas de l'humour,
c'est...
M. Gendron: Oui, on s'est parlé, oui, je suis au courant,
oui, j'ai eu l'occasion de lire les galées, mais je pense que le
critique en matière de relations du travail peut avoir droit...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II les a lues. Les galées
ne sont pas faites encore.
M. Gendron: Oui, les galées sont faites, Vous, vous ne les
avez pas vues.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je ne les ai pas vues.
M. Gendron: Vous ne les avez pas revues. Vous auriez vu les
erreurs qui y sont. Les galées sortent quelques heures après que
la commission ait eu Heu, pour votre information. (15 h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y avait pas d'erreur
dedans.
M. Gendron: Je veux indiquer au ministre que le critique en
matière de relations du travail a le droit de faire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah! Ah! Ça va.
M. Gendron: ...pas de faire ia demi-heure que vous avez
faîte en commission parlementaire comme ministre de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu, mais, rapidement, de dire une phrase ou
deux comme suite à donner au rapport Beaudry.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais prendre cinq minutes, si
vous voulez.
M. Gendron: En matière de relations du travail, le
ministre du Travail a-t-il l'intention, spécifiquement sur cette
recommandation, d'envisager un mécanisme permanent? Juste oui ou non. Ce
n'est pas sur la nécessité.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Voulez-vous me donner cinq
minutes?
M. Gendron: Oui, mais ce n'est pas moi qui... Je vous donne le
temps.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le règlement m'accorde 20
minutes. Je vous en demande cinq, si possible. Ce que j'ai indiqué au
député de Verchères hier ou avant-hier, et ce que je vous
indique, c'est que nous avons déposé à l'Assemblée
nationale du Québec un projet de loi qui vise à modifier le
rôle et la composition du Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre, et qu'il s'agit là d'une recommandation du rapport
Beaudry.
Quant à la composition du conseil, nous visons à
l'élargir de façon à y inclure des gens qui n'y ont pas eu
accès jusqu'au moment où on se parle. Oui, le patronat
très bien structuré, très bien organisé avait une
voix forte. Oui, le monde syndical très bien structuré,
très bien organisé avait une voix forte également. Mais
tous les travailleurs non syndiqués n'y étaient pas
représentés. Les femmes dans la société n'y
étaient pas représentées. Les groupes ethniques comme tels
n'étaient pas représentés, etc. Sur le plan de la
composition du nouveau conseil sur l'emploi et la sécurité du
revenu, nous ferons une place à ces gens.
Quant au mandat comme tel qui a été élargi, la
question du salaire minimum tombe sous le nouveau mandat. Les gens qui y
siègent, je ne doute pas qu'année après année ils
verront à ce que le conseil le rende public, fasse des recommandations
au gouvernement quant à un statu quo sur le salaire minimum ou autre, ou
quant à une augmentation du salaire minimum. Je vous préviens
immédiatement que nous aurons -comme je l'ai fait avec le
député de Verchères, hier - besoin de l'appui de
l'Opposition pour adopter un tel projet de loi parce que le patronat
structuré et orqanisé de même que le monde syndical
structuré et organisé, j'ai l'impression qu'ils ne faciliteront
pas l'accès aux gens qui sont moins bien structurés et
organisés, qu'il s'agisse des gens qui travaillent au salaire minimum,
des groupes que vous avez mentionnés tantôt, des lettres que vous
avez reçues, qu'il s'agisse des groupes de femmes, qu'il s'agisse des
groupes d'autochtones. On va avoir besoin comme parlementaires de faire preuve
d'une volonté politique certaine pour procéder à
l'adoption du projet de loi en y acceptant les modalités qui
paraîtront convenables. Ce n'est pas figé dans le ciment. Comme
principe, cela m'apparaît important et comme parlementaires, nous aurons
des gestes sérieux à poser.
M. Gendron: J'ai effectivement pris connaissance des propos qui
ont été tenus par le ministre, comme titulaire de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, aux crédits du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Il est exact qu'il renvoyait le tout à ce nouvel orqanisme qu'il veut
créer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...une loi. On n'envoie pas cela
loin.
M. Gendron: Oui, oui, je sais. La loi est déposée
concernant la création d'un conseil de l'emploi et de la
sécurité du revenu. Il dit que, ce faisant, cela donne suite
à une recommandation du rapport de la commission Beaudry. On aura
à discourir quand il l'appellera en deuxième lecture en
commission parlementaire, on verra. C'est une question d'interprétation.
Certains pourraient prétendre que l'ancien CCTMO aurait pu être
élargi à une nouvelle composition et formellement être
contraint de reqarder certains sujets et spécifiquement celui qu'on
discute,
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a des mandats d'initiative de
prévus également dans la loi.
M. Gendron: Je le sais. Je voudrais demander ceci au ministre,
à ce moment-ci: Le ministre du Travail peut-il nous donner l'information
à savoir si c'est son intention spécifiquement sur le point que
nous discutons que le nouveau conseil créé par le projet de loi
4l, que cette instance élargie, plus représentative selon ses
propres dires...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Se prononce sur le salaire
minimum.
M. Gendron: ...ait spécifiquement, entre autres choses,
{'obligation dans la loi de faire des recommandations concernant le sujet qu'on
discute? Je veux juste conclure là-dessus. C'était clairement
spécifié dans le rapport Beaudry qu'il devrait y avoir certaines
matières sur lesquelles il y aurait obligation de faire des recherches,
des recommandations, et il y a d'autres matières où on disait:
Écoutez, ces gens sont assez matures pour être capables
d'évaluer eux-mêmes ce sur quoi il y a opportunité
d'informer le ministre du Travail. Ma question précise concernant un
mécanisme de révision annuelle du salaire minimum: Est-ce que le
ministre du Travail a l'intention de faire formellement obligation à la
nouvelle instance créée par le projet de loi 41 de se pencher sur
cette question?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ma réponse va dans le sens
que le nouveau conseil sur l'emploi et la sécurité du revenu aura
parmi ses pouvoirs celui de se prononcer suivant ce que vous dites.
M- Gendron: Mais vous n'avez pas l'intention de faire des
consultations obligatoires ou des recommandations obligatoires sur certains
sujets?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai pas envisagé la
question obligatoire. J'ai envisagé la possibilité de donner le
pouvoir à ce conseil, en tenant pour acquis que le conseil comptera
parmi ses membres des gens qui se représenteront et qui seront issus des
gens au salaire minimum. Je pense que, l'intérêt parlant de
lui-même, ils ne passeront pas une année sans amener le sujet.
M. Gendron: Vous reconnaissez que c'était bel et bien
là une suggestion du rapport Beaudry...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, oui. Je reconnais que c'est
bel et bien là...
M. Gendron: ...que certains sujets fassent l'objet d'une
consultation obligatoire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. On m'indique que la
recommandation du rapport Beaudry n'était pas que le CCTMO, tel qu'il
existe actuellement, se prononce sur le salaire minimum, mais qu'il y ait un
orqanisme, finalement, et qu'il y ait un mécanisme. En créant ou
en modifiant la composition et le mandat, en élargissant les deux au
CCTMO, nous croyons que cet organisme aura suffisamment d'intérêt
pour cette question, qu'il disposera en conséquence des pouvoirs de se
prononcer et qu'il utilisera ces pouvoirs.
M. Gendron: Toujours pour des raisons de temps, M. le
Président, ce sera ma dernière question sur le rapport Beaudry.
Également, dans les éléments qui ont été
énoncés par le ministre du Travail l'an dernier... Encore
là, si on avait le temps de relire l'enregistrement de nos
débats, on verrait que le ministre s'était passablement compromis
quant à un échéancier sur la codification des lois du
travail. II l'avait fait d'une façon fort précise: Si vous me
parlez de la codification, je vous ai déjà indiqué qu'il
faisait partie d'une recommandation importante du rapport Beaudry - c'est
toujours le ministre qui parle - qu'il y a des arquments qui sont soutenus par
une étude qui est présentement en train d'être
imprimée. Et il indiquait qu'il avait l'intention de procéder
rapidement. Et même, à une question précise de l'ancien
critique, député de Taillon, sur la diligence, il avait
expliqué ce que signifiait agir rapidement. Il avait même
ajouté qu'il avait donné ordre à ses fonctionnaires de
procéder rapidement.
La question précise est la suivante. Il indiquait à
l'automne dernier, donc bientôt dans un an, qu'il avait l'intention de
procéder rapidement à la codification des lois du travail. Donc,
au printemps 1987, on devait avoir une indication des plus précises
concernant la "finalisation" de ce dossier. Selon les informations qu'on a, ses
fonctionnaires parlaient davantage du printemps et, lui, il parlait davantage
de l'automne 1986. Mais, comme je vous l'ai indiqué, on arrive
bientôt à l'automne 1987. La question précise est celle-ci:
Est-ce qu'on peut espérer que, d'ici à quelques semaines ou
quelques mois, on puisse enfin avoir l'occasion de mettre la main sur quelque
chose de définitif concernant la codification des lois du travail?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, je vais tenter de
procéder en privilégiant tes sujets. Comme la question de la
Commission des relations du travail constituait la principale recommandation,
nous sommes immédiatement passés à la loi. Nous avons une
autre loi, comme nous vous l'avons
indiqué, concernant le conseil consultatif sur l'emploi et la
sécurité du revenu. Cela fait deux lois, contrairement à
ce que vous disiez ce matin dans vos notes préliminaires, soit que vous
cherchiez du concret, que vous n'en trouviez pas. Présentement, il y a
deux projets de loi devant l'Assemblée nationale. Je le demandais au
sous-ministre, M. Désilets, par curiosité, je ne me rappelais pas
comme parlementaire d'avoir vu deux lois à la fois en matière de
travail devant l'Assemblée nationale, sauf les lois spéciales. M.
Désilets me disait qu'il est au ministère depuis 1973 et qu'il ne
se souvient pas non plus d'avoir vu deux lois en matière de travail en
même temps devant l'Assemblée nationale du Québec.
Donc, nous procédons avec le maximum de vitesse, avec le maximum
de productivité. La demande pressante que j'ai adressée à
l'équipe des fonctionnaires demeure une demande pressante, mais je vous
dirai qu'en cours d'année ils ont livré la marchandise sur le
plan législatif tout comme sur le plan du fonctionnement quotidien du
ministère. On me dit qu'il y aurait peut-être eu une exception
depuis 1973, à un moment donné, en 1978, aux propos que je viens
de tenir.
M. Gendron: Oui, mais en tout cas vous ne me ferez pas... Cela ne
me fait pas lever sur ma chaise quand on dit qu'il y a deux lois...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah! Ce n'est pas mon
intention.
M. Gendron: ...du ministère du Travail en même temps
et qu'on sait que l'une, ce sont quelques corrections. Je ne parle pas de la
création de la Commission des relations du travail, mais de l'autre, le
projet de loi Al; ce n'est quand même pas si majeur que ça, quand
on sait que... À moins que ce ne soit pas de cela que vous parlez.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je parle de celui-là,
mais je ne comprends pas. Est-ce que vous n'avez pas compris qu'en
présentant un tel projet de loi nous faisions accéder l'ensemble
des travailleurs non syndiqués, des entreprises non
représentées, à la consultation gouvernementale?
M. Gendron: Bien sûr que j'ai compris cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans le secteur privé,
c'est plus des deux tiers.
M. Gendron: J'ai compris...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela fait quinze ans qu'il y a des
revendications à cet effet.
M. Gendron: J'ai très bien compris, M. le
Président.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne voudrais pas que vous
minimisiez le projet de loi.
M. Gendron: Je ne veux pas le minimiser. Je veux indiquer qu'il
s'agit d'une structure qui existait, en ce qui me concerne, qu'on appelle
autrement et qu'on élargit. Alors, parler d'une loi de travail
révolutionnaire, il y a une différence.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous êtes
conscient de l'importance de l'élargissement du mandat et de la
composition du conseil?
M. Gendron: Oui, nous en sommes conscients.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord, mais je ne voudrais pas
que cela...
M. Gendron: Et on le démontrera en deuxième
lecture.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous remercie à
l'avance.
M. Gendron: Je voudrais indiquer ceci, pour le Journal des
débats, parce que nos débats sont enregistrés. Je
pense qu'il faut dire sur la codification que le ministre, l'an dernier, il y a
exactement un an, disait ceci: "J'ai demandé de pousser
l'accélérateur au maximum." Aujourd'hui, un an après, il
nous dit: Je fais la même demande de pousser sur
l'accélérateur au maximum concernant la codification.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'informe que ma demande a
quand même été suivie, que, non seulement les travaux sont
bien enclenchés, mais qu'ils sont dans leur phase de conclusion.
M. Gendron: Donc, l'accélérateur fonctionne, mais
un an plus tard.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Quand vous parlez - j'en
avais discuté avec je ne me rappelle pas lequel de vos
prédécesseurs, le député de Taillon ou le
député de Joliette - de l'importance et de la tâche de
codifier...
Une voix: C'était le député de Taillon.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est avec le député
de Taillon. Il s'agit d'une tâche importante. Codifier l'ensemble des
lois du travail, ce n'est pas s'acheter une relieuse et mettre des feuilles de
papier ensemble. Si c'est comme cela que vous
voyez la codification, vous pouvez me blâmer de ne pas
procéder assez rapidement. Lorsqu'on parle de codification, qu'on fait
les vérifications qui s'imposent, autant en droit civil qu'en droit
britannique, et qu'on procède d'une façon sérieuse, c'est
un travail d'envergure, et je ne voudrais pas qu'on accuse les gens que j'ai
mis à l'ouvrage de s'être traîné les pieds pendant
l'année. Ces gens-là ont agi rapidement avec le maximum de
célérité. Au moment où l'on se parle, je vous
indique que le travail est dans sa phase de conclusion et qu'on devrait me
remettre un rapport au cours de l'été. Je les remercie, moi,
d'avoir suivi les instructions et d'avoir fait preuve de
célérité.
M. Gendron: M. le Président, un travail d'envergure, j'en
conviens. Ce n'est quand même pas François Gendron,
député d'Abitibi-Ouest, qui parlait à l'automne, l'an
dernier.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non.
M. Gendron: Le ministre du Travail lui-même ne peut pas
aujourd'hui prétendre que c'est tellement d'envergure que, l'an
passé, il l'exigeait à l'automne 1986. C'est juste cela que je
veux rappeler. Le ministre lui-même disait: Je souhaite procéder
à l'automne 1986 à la codification des lois du travail.
C'était tout aussi compliqué et important à l'automne
1986, et c'est le ministre qui parlait. Les fonctionnaires ont dit: Ce n'est
pas possible, M. le ministre. Ils ont été obligés de lui
dire comment cela fonctionnait; c'est normal, parfois. J'ai été
moi-même ministre; j'ai eu des hauts fonctionnaires. Ils ont
expliqué que ce n'était pas possible et ils ont dit: Nous, on
pense plus que c'est réaliste d'envisager le printemps 1987. Le
printemps 1987, il y a un bon bout de fait, La seule question que je pose:
Est-ce que le ministre pense qu'à l'automne 1987 - je lui donne une
année de délai par rapport à ce que lui-même
voulait...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous êtes gentil.
M. Gendron: Est-ce qu'à l'automne 1987 on pense que le
ministre pourra nous donner, une fois pour toutes, un projet de loi concernant
la codification des lois du travail?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous remercie pour votre
délai en souhaitant que vous demeuriez critique jusque-là.
M. Gendron: Cela va t'aider si vous le souhaitez.
Commission de la construction
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gendron: Cela va m'aider si vous souhaitez que je demeure
critique.
M. le Président, maintenant je voudrais interroger le ministre du
Travail sur un autre dossier important qui est celui de tout le secteur de la
construction. Le ministre du Travail a présenté, si je ne fais
pas erreur, l'automne dernier, juste avant les fêtes... On a
adopté avant le congé des fêtes, en 1986, le projet de loi
119. Je ne veux pas en faire l'historique; cela a été long, il y
a eu de longs débats. Fondamentalement, tout ce qui avait
été promis dans ce dossier, c'est que, dorénavant,
toujours selon les dires du Parti libéral, à la suite d'une
promesse électorale, et ainsi de suite, les cartes de classification
délivrées au regard du nombre d'heures travaillées
seraient éliminées et le certificat de classification
disparaîtrait pour être remplacé par un seul régime
qui serait basé et relié sur un critère qu'on a
appelé la compétence. (16 heures)
Cependant, à la suite des discussions -on lui a fait valoir que
cela pouvait présenter certains inconvénients - en commission
parlementaire, lors du débat en deuxième lecture et lors de
toutes les phases de l'adoption du projet de loi 119, le ministre avait
également indiqué à l'Opposition que dans son projet de
loi il pourrait y avoir une disposition pour permettre à un employeur
qui offrirait un emploi à un individu en lui garantissant un certain
nombre d'heures de travail - il avait parlé de 150 heures de travail -
à ce moment-là... Oui, mais le résultat final
était, je pense, autour de 150 à la toute fin. L'Opposition
s'était opposée à cette disposition parce qu'elle
constituait une espèce de porte ouverte à l'accès à
l'industrie et que ce même accès était remis entre les
mains de chaque entrepreneur individuellement, parce que chaque entrepreneur
individuel pouvait décider de la qualification de quelqu'un pour cette
période, à la condition qu'il lui garantisse un minimum de 150
heures.
L'Opposition s'est aussi battue pour que soient maintenus des
critères quantitatifs à l'accès à l'industrie afin
d'éviter que les bassins de main-d'oeuvre ne soient noyés,
entraînant des baisses moyennes d'heures travaillées. Les
représentations de l'Opposition ont permis de gagner un moratoire de
quatre mois et d'introduire des critères quantitatifs, ce à quoi
s'opposait complètement le ministre au tout début des
échanqes sur la loi 119. Récemment, un règlement a
été adopté par la Commission de la construction du
Québec et approuvé par le gouvernement.
En général, je suis obligé de constater
- il n'y a pas de jugement dans ce que je dis - que ce règlement
reprend les dispositions essentielles de la loi, fait suite à la loi.
C'est exact. Cependant, l'article 25 de votre règlement introduit une
limite à la délivrance d'un certificat de compétence
d'apprenti sur simple présentation d'une garantie d'emploi de 150
heures. En effet, la commission ne peut émettre de certificat dans ces
conditions, à moins que 10 % des travailleurs de ce métier dans
cette région ne soient pas disponibles pour travailler. Là
où on a des problèmes - c'est là-dessus que je veux
questionner le ministre du Travail -c'est qu'il faut noter que cette
restriction est temporaire. Cette restriction ne prévaut que jusqu'au 31
décembre 1988. Pour l'instant, dans la mesure où l'industrie de
la construction, selon les statistiques qu'on peut observer, est assez
florissante, l'industrie de la construction va bien présentement, cette
disposition ne pose pas vraiment de problèmes, mais pour l'avenir,
après 1988, la Commission de la construction du Québec va perdre
une partie importante du contrôle de l'accès. Si l'industrie
connaissait à ce moment-là une période de
récession, ce qu'on ne peut pas prévoir... Même si les
indicateurs économiques sont "cutes", que cela va bien, tant mieux pour
tout le monde, personne ne peut présumer de ce qui peut se passer
exactement en 1989 et en 1990 et la situation pourrait devenir un peu plus
difficile.
La question que je veux poser au ministre, encore là, le plus
clairement possible: Quelles sont les raisons précises qui l'ont
amené à accepter cette limite quantitative de moins de 10 % des
travailleurs disponibles et, surtout, pourquoi avoir fixé une limite au
31 décembre 1988? II a vu quelque chose que je ne vois pas, il a obtenu
des analyses que nous n'avons pas. Pourquoi a-t-il décidé que
cette limite se terminait le 31 décembre 1988? En même temps qu'il
m'expliquera les raisons pour lesquelles il a fixé cela, est-ce qu'il
peut m'indiquer si ce sont ses motivations, ses points de vue ou les
motivations de la Commission de la constuction du Québec qui souhaitait
avoir une telle disposition restrictive ou si c'est le ministre du Travail qui,
lui, pour des raisons que je ne connais pas, mais qui sont peut-être
valables - c'est pour cela qu'on aimerait les apprécier - a pensé
qu'il y avait lieu d'imposer la restriction des 10 % d'abord et le délai
au 31 décembre 1988? Ce sont mes premières questions sur la
Commission de la construction du Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le préambule du
député d'Abitibi-Ouest ayant été suffisamment long
et ayant couvert un territoire assez vaste, vous me permettrez de resituer le
dossier dans son contexte. Ce qui m'a animé, ce qui a animé le
Parti libéral, ce qui a animé les députés du
côté ministériel au cours du débat, c'est qu'on en
avait assez, nous, comme individus engagés dans la
société, des permis de travail dans le domaine de la construction
qui faisaient en sorte qu'en particulier et entre autres, nos jeunes ne
pouvaient avoir accès aux chantiers de construction. Cette
barrière que le Parti québécois et son ministre du Travail
de l'époque - je pense que c'était l'actuel chef de l'Opposition,
le député d'Anjou - avait érigée, ce "non" aux
jeunes, on ne pouvait plus le supporter, on ne pouvait plus l'endurer, on le
trouvait injuste et discriminatoire. C'est cela qui nous a animés
d'abord et avant tout lorsque nous avons choisi de déposer le projet de
loi 119 avec les conséquences politiques qui en découlaient et en
sachant très bien que nous aurions une dure bataille à mener
contre des gens qui pensaient autrement et contre l'Opposition qui, parce
qu'elle est encore dirigée par le député d'Anjou, s'est
opposée à ouvrir aux jeunes le marché du travail dans le
domaine de la construction.
Je dirai au député d'Abitibi-Ouest qu'au moment où
nous nous parlons, et je l'ai mentionné dans mon discours ce matin, 900
jeunes ont déjà eu accès, parce que le simple fait de
posséder un diplôme d'études collégiales dans un
domaine de la construction donne accès à l'industrie de la
construction, et ce, sans aucune limite et sans aucun critère. Les
jeunes, M. le député d'Abitibi-Ouest, qui gradueront dans des
métiers de la construction, dans votre comté cet
été, comme les jeunes qui gradueront dans le comté du
député de Joliette, qui était le porte-parole de
l'Opposition à l'époque en cette matière, pourront
recevoir leur diplôme d'études secondaires en matière de
construction et une carte de compétence leur permettant d'être des
apprentis dans le métier qu'ils auront appris sur le plan
théorique à l'école.
Je pense qu'il s'agit là d'un autre engagement du Parti
libéral du Québec qui a été réalisé,
malgré l'objection de l'Opposition. Je tiens à remercier les
membres de cette commission. Je me rappelle qu'il y a plusieurs d'entre eux qui
m'ont prêté leur appui, à ce moment, jour et nuit, de
façon que nous puissions adopter le projet de loi 119 en décembre
dernier.
Maintenant, concernant la mise en application de la loi pour des
travailleurs d'autres groupes d'âge, d'autres catégories, dans
d'autres circonstances, il n'y a pas eu de gel en ce qui concerne ceux et
celles qu'on appelle les gens de métier, les compagnons, mais il y a eu
gel de quatre mois et quelques jours. Là aussi, nous avons dû
prolonger les échéances, je crois, de six jours de façon
à ne pas prolonger le gel de quatre mois et six jours qui avait
été fixé
dans le cas des manoeuvres.
Au moment où nous nous parlons, il existe un ratio dans les
bassins régionaux. Lorsque le ratio diminue en bas de 10 %, qu'un
employeur manque de main-d'oeuvre et qu'il garantit à un travailleur non
pas 500 heures comme nous l'avions indiqué au moment où nous
avons débattu le projet de loi, mais 150 heures, le travailleur obtient
un certificat de compétence qui l'autorise à travailler sur les
chantiers de construction.
Pourquoi la date d'échéance du 31 décembre 1988 sur
le plan réglementaire? Parce que le système actuel est encore un
système en transition. Si vous relisez le programme du Parti
libéral en matière de construction, vous allez voir qu'on avait
l'objectif d'ouvrir cette industrie aux jeunes, mais également d'y avoir
la compétence comme critère d'accès.
Au moment où nous nous parlons, je vous dirai que le
ministère de l'Éducation du Québec n'est pas prêt
à offrir, non plus que le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, dans l'ensemble des métiers, les cours
qui sont requis pour former les travailleurs sur le plan théorique et
pratique. Nous comptons bien que tous ces cours pourront être en marche
à partir de 1989 au plus tard, dans leur ensemble.
Je vous indique cependant qu'il y en aura déjà dans
certains métiers qui seront donnés à partir du mois de
septembre, le début de l'année scolaire. Je tiens, à ce
chapitre, à remercier mon collègue, le ministre de
l'Éducation, ainsi que ses collaborateurs qui, pour une première,
je crois, dans l'histoire contemporaine du Québec, ont offert une
collaboration sans limite au ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu ainsi qu'aux partenaires syndicaux et
patronaux de l'industrie de la construction afin de redonner majoritairement au
partenariat syndical-patronal un rôle prépondérant dans la
formation des travailleurs de la construction.
M. Gendron: M. le Président, j'ai deux commentaires. Je
sais que c'est normal pour le ministre de refaire les longs débats sur
l'adoption de la loi 119. En ce qui me concerne, je persiste à croire
que ce qui offre davantage les meilleures garanties aux jeunes d'accès
au travail, ce sont les politiques d'emploi, ce sont les politiques de travail,
ce sont des investissements importants dans des programmes qui font que
l'économie va bien. Et, quand l'économie va bien, règle
générale, ce sont les meilleures garanties pour offrir des
emplois aux jeunes.
Je tiens à signaler que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas avec le permis de travail qui
existait a l'époque.
M. Gendron: Avec le permis de travail qui existait à
l'époque, à partir du moment où il n'y avait pas de job et
qu'il y avait des bassins...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non.
M. Gendron: ...surpeuplés, quand bien même on aurait
fait accroire artificiellement qu'on pouvait...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En tout cas!
M. Gendron: ...donner l'accès aux jeunes, ils n'auraient
jamais été engagés. Je pense que vous venez de le prouver
vous-même par votre limitation. Vous venez de prouver que le principe
qu'on a évoqué...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y a aucune limitation et je
vous le répète: le jeune diplômé dans un
métier de la construction, qui a un diplôme secondaire, a
automatiquement et sans limitation sa carte de compétence lui donnant
accès aux chantiers de construction.
M. Gendron: Voyons donc!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est faux de dire...
M. Gendron: Voyons donc!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...qu'il y a des limitations.
M. Gendron: Voyons donc, M. le Président. Écoutez,
est-ce que ce n'est pas une façon très claire, quand on dit que
la commission ne peut émettre de certificat dans ces conditions à
moins que 10 % des travailleurs de ce métier dans cette
région...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah! Je vous le dis, M. le
député...
M. Gendron: ...ne soient pas disponibles pour travailler?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...d'Abi- tibi-Ouest, pas pour les
jeunes diplômés du secondaire; ce que vous dites est faux.
M. Gendron: Je reconnais que cette disposition ne s'applique pas
pour les jeunes diplômés. Ce que je dis: nous, comme Opposition,
avons essayé de vous faire comprendre qu'on ne pouvait pas gérer
l'ensemble du domaine de la construction sur le seul critère de la
compétence et qu'il fallait introduire un critère de
référence quantitatif. À partir du moment où vous
faites, dans un règlement applicable à la
construction, référence aux 10 % des travailleurs de ce
métier, dans une réqion donnée, qui sont disponibles, vous
prêtez flan, à tout le moins, au principe qu'on a défendu,
à savoir qu'il était important de maintenir un critère
quantitatif. Quand on parle de 10 %, je regrette, on ne fait pas
référence à un critère de compétence. On
fait référence à un critère quantitatif.
C'était un des arguments que l'Oppostion a développés,
à savoir que cela ne pouvait pas se gérer complètement et
uniquement sur le principe de la compétence.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous pouvez plaider à
nouveau. J'admettrai que celui qui vous a précédé, le
député de Joliette, a plaidé avec toute la fougue qu'on
lui connaît, autant en deuxième lecture... Je pense qu'il avait
voté contre le dépôt du projet de loi - une chose qui est
exceptionnelle - et ce fut ainsi en deuxième lecture, en commission
parlementaire et en troisième lecture. Le député de
Joliette a travaillé dans ce dossier avec fougue. Ce que je vous dirai,
ce qui était inacceptable pour nous, c'est qu'on discrimine les jeunes
quant à leur accès au marché de l'industrie de la
construction.
Soyez honnête et dites-moi combien de cas vous avez eu, dans votre
comté, de jeunes diplômés qui sont allés vous voir
et à qui la seule réponse que vous pouviez donner, à
l'époque où vous étiez député et ministre,
c'était: Pour avoir ton permis de travail, il aurait fallu que tu
travailles 1000 heures l'année passée, 5000 heures dans les cinq
dernières années ou 10 000 heures dans les dix dernières
années. C'était la seule réponse que je pouvais leur
donner, moi, comme député de Brome-Missisquoi. Je ne pouvais pas
accepter que, pour des jeunes qui sortaient de nos écoles, pour lesquels
on avait payé des impôts afin de les faire instruire, et qui
avaient choisi un métier de la construction, donc, qui étaient
théoriquement compétents, il n'y ait pas moyen de travailler. On
leur disait: Tu n'as pas le droit de travailler dans le métier que tu as
choisi. Je ne dis pas qu'on a fait la loi 119 "free for all", je ne vous dis
pas que les arguments que vous invoquez, d'un marché en croissance ou en
décroissance, ne sont pas importants et qu'il ne faut pas en tenir
compte, on en a tenu compte dans cette loi. Même au plan des
étudiants, il y a des estimations de besoins: on n'ouvre pas, dans le
secteur scolaire - vous avez été ministre de l'Éducation -
des pupitres comme cela. À la Commission de la construction du
Québec, les représentants des travailleurs syndiqués, des
patrons, du ministère de l'Éducation, du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu font des estimations de
besoins. On peut se tromper, il y a des marges d'erreur, mais ce n'est pas fait
au pif comme avant.
Je vous dirai qu'il s'aqit d'une première en Amérique du
Nord et qu'on a besoin de la collaboration de tout le monde pour que cela
fonctionne bien. Ce n'est pas le temps de décrier un tel système.
Je vous dirai que le système actuel intéresse l'ensemble des
autres juridictions au Canada. Comme ministre du Travail, j'ai eu à
rencontrer des gens du milieu syndical en provenance des Etats-Unis, qui nous
ont dit qu'on avait fait un pas comparativement à ce qui se fait aux
États-Unis en matière de formation de la main-d'oeuvre, qui
était un pas en avant, de géant. On n'a pas besoin, au moment
où nous nous parlons, de tenter de décrier le système. Ce
que nous vous disons, c'est qu'il est ouvert, au moment où nous nous
parlons, à partir des estimations de besoins de marché des
pupitres de l'école, à tous les jeunes qui suivent leurs cours,
afin qu'ils obtiennent une carte de compétence. Le règlement dont
vous parlez, à partir des 10 % - et vous le savez - est un
règlement transitoire. Au moment où nous nous parlons, les
parties travaillent sérieusement aux tables, toutes les parties
impliquées, de façon qu'à compter de 1989, dans tous les
métiers, nous ayons des programmes de formation qui soient les plus
excellents possible, et, à partir de ce moment, tous les
diplômés, quel que soit leur âge, dans toutes les
matières, obtiendront une carte de compétence pour travailler
dans la construction. Il s'agit là d'un progrès économique
et social important. Je vous demanderais de ne pas vous acharner à
tenter de démolir ce que je considère être un pas en avant
sur le plan social et économique dans notre société, ce
que je considère être l'abolition de la discrimination contre les
jeunes dans le domaine de la construction. (16 h 15)
M. Gendron: Je voudrais juste demander au ministre, pour terminer
là-dessus, s'il y a moyen qu'il nous expédie les statistiques sur
ces 900 jeunes, selon une ventilation régionale. Si on pouvait recevoir
l'information comme l'office le faisait, je pense, dans un bulletin...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous faire une meilleure
offre que celle-là, M. le député. Si je vous les envoyais
immédiatement, vous ne les auriez que de façon partielle. J'ai
beaucoup d'étudiants qui finissent au mois de juin. Je peux vous les
envoyer en juillet; vous allez obtenir non seulement ceux qui ont fini en cours
d'année, mais la masse importante. Il y a environ 1400 apprentis qui
vont terminer leur secondaire au mois de juin. Et, à ce moment, vous
auriez le portrait de tous ces gens. Au niveau régional, cela va
être intéressant à analyser. Je suis certain que
l'Abitibi n'a pas été oubliée.
M. Gendron: On verrai Je voudrais poser une question, maintenant,
concernant le comité d'étude sur le régime de
négociations et sur l'étendue du champ d'application de la
législation et de la réglementation dans l'industrie de la
construction. On reste dans le même domaine.
Dès l'adoption du projet de loi 119, le ministre mettait sur pied
deux comités -c'est son habitude, mettre des gens à
l'étude - et deux tables de travail furent formées, la
première concernant le régime de négociations dans le
secteur de la construction et la deuxième concernant le champ
d'application de la loi.
J'ai en main les deux rapports qui sont encore confidentiels au bureau
du ministre. Ils m'ont été transmis sous réserve de
protéger nos sources d'information. Je vous dis que, quand on lit
attentivement, si le ministre escomptait beaucoup là-dessus pour prendre
des décisions, il va avoir des problèmes.
Quant au régime de négociations, les recommandations ne me
paraissent pas tellement extraordinaires même s'il faut dire que
l'Association des entrepreneurs en construction, l'AECQ, de même que
l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec,
ont refusé de participer aux travaux de la table de travail.
Quant à la table sur le champ d'application, l'aspect le plus
intéressant concerne le travail au noir - c'est pour cela que j'en ai
parlé dans ma présentation - et l'exclusion du secteur
résidentiel du champ d'application. C'étaient les deux volets
qu'il devait toucher. Sur le travail au noir, tous les intervenants, sauf
l'AECQ qui n'a voulu participer à aucune des deux tables de travail,
reconnaissent et souhaitent que les pénalités soient
substantiellement augmentées. À part de dire: Haussez les
amendes, il n'y a pas beaucoup de points sur lesquels le ministre pourra
s'appuyer pour adopter une législation; j'emploie cette expression parce
que c'est un terme qui nous est familier, mais ce n'est peut-être pas
nécessairement ce qu'il y a lieu de faire.
Ce qui est urgent, comme je le mentionnais dans le préambule ce
matin, c'est que, comme société, on soit plus soucieux de
l'équité fiscale, et, à partir du moment où il y a
des revenus qui se gagnent, il faudrait que les personnes qui les ont
gagnés puissent payer leur contribution à l'État
québécois dans cette juste distribution des services que
l'État doit assumer.
Les questions que je pose au ministre: Est-ce exact qu'il a reçu
ces deux rapports? À quel moment les a-t-il reçus?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne sais pas si j'ai l'original
où vous avez la copie.
M. Gendron: À quel moment le ministre a-t-il reçu
ces deux rapports? A-t-il l'intention d'y donner suite prochainement? En
particulier, je voudrais l'entendre une couple de minutes sur le travail au
noir. Est-ce que le ministre, par d'autres sources d'information... Parce que
ce comité de travail n'était peut-être pas la seule source
d'information du ministre du Travail pour alimenter sa réflexion
concernant l'éventuelle législation ou réglementation
concernant le travail au noir. Dans ce sens, je voudrais lui demander s'il a
d'autres éléments d'information à nous communiquer
aujourd'hui concernant le travail au noir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tenter de reprendre
là où le député d'Abitibi-Ouest avait
commencé. Il dit: Le ministre a mis deux tables, etc. Je lui annoncerai
qu'à l'époque où nous avons effectué les travaux
préparatoires à la loi 119 nous avions créé cinq
tables de travail -pas deux, cinq - en ce qui concerne la loi 119.
Je lui dirai également que les premiers rapports que j'avais
obtenus des cinq tables en ce qui concerne la loi 119 me laissaient croire que
l'harmonie entre les parties serait assez difficile à établir,
sinon impossible. Je vous dirai que, sur le plan du contenu, il y avait des
places où il y avait des trous également. Vous avez
commenté les deux mémoires que je vous confirme avoir
reçus. Il est vrai que ce n'est pas complet. Il est vrai qu'il manquait
un partenaire important parce que, surtout lorsqu'on parle, en matière
de négociation, de l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec qui, d'après son statut et la loi, a le mandat exclusif de
négocier, il manquait un son de cloche important. Cela ne veut pas dire
que le ministre n'a pas rencontré ou ne continue pas de rencontrer les
parties, que les parties injectent dans le mémoire des choses qu'elles
savent qu'elles vont se retrouver sur la place publique. Cela ne veut pas dire
qu'elles n'ont pas de conversations privées, autant avec le
député d'Abitibi-Ouest qui est critique en matière de
l'Opposition qu'avec le ministre. C'est à partir de tous ces
éléments qu'un ministre décide de procéder à
de la législation. Il ne s'appuie rarement que sur une seule
pièce et une seule donnée. Je tiens à rassurer le
député d'Abitibi-Ouest là-dessus.
Quant au travail au noir comme tel, s'il y a un sujet qui fait
l'unanimité chez l'ensemble des partenaires et même des
politiciens... Là-dessus, il y a unanimité. Les partenaires
patronaux sont contre le travail au noir, les partenaires syndicaux sont contre
le travail au noir, les politiciens de quelque formation politique - en tout
cas, je n'en ai
jamais entendu un à l'Assemblée nationale dire ouvertement
qu'il était pour le travail au noir - sont contre le travail au noir. Le
ministère du Revenu, entre autres, est contre le travail au noir. Dans
le domaine de la construction, cela pose des difficultés d'application
énormes. Je vais vous dire que je suis contre l'application graduelle du
projet de loi 119 parce qu'on n'exige plus un permis de travail, entre autres
pour les jeunes, mais avec le temps, cela va améliorer à la
baisse le pourcentage de travail au noir sans régler totalement le
problème.
Les discussions que j'ai eues autant avec des leaders patronaux que
syndicaux m'indiquent que, en ce qui concerne la rénovation
domiciliaire, pour situer ce champ d'activité économique, il y a
beaucoup de travail au noir qui se fait dans le comté d'Abitibi-Ouest,
comme dans le comté de Brome-Missisquoi, comme peut-être dans
d'autres comtés également; dans la rénovation
domiciliaire, c'est le travail au noir. Le décret n'est pas
appliqué complètement. Les taux ne sont pas payés
complètement. Quelquefois, les gens ne sont pas qualifiés
complètement, non plus, pour réparer des rampes d'escalier.
Là, on a un choix comme gouvernement. On a discuté... Certains
m'ont dit: Mettez plus d'inspecteurs, augmentez les amendes. Vous avez
vous-même mentionné que c'était contenu dans l'un des
rapports que j'ai reçus. Les gens qui pratiquent dans le milieu me
disent: Pour surveiller tout ce qui se fait en Abitibi, dans les Cantons de
l'Est, en Gaspésie et même dans les maisons unifamiliales et dans
les duplex de Montréal, cela va prendre beaucoup d'inspecteurs, certains
qui travaillent sur le quart du jour, sur le quart du soir et sur le quart de
la nuit. Cela risquerait de coûter en inspection... Ce serait très
créateur d'emplois, soit dit en passant, mais cela coûterait en
inspection beaucoup plus que cela ne pourrait rapporter théoriquement.
Ce n'est peut-être pas là qu'est la solution, c'est
peut-être de continuer à procéder dans la voie où on
s'est engagé. La personne qui était qualifiée dans la
construction et à qui on refusait un permis de travail parce qu'elle
n'avait pas fait 1000 heures l'année dernière et qui était
considérée comme un travailleur au noir est encore
considérée comme telle? Non, si elle est compétente,
qu'elle a sa carte, etc. On procède lentement à
l'épuration et le travail au noir s'en va en diminution parce qu'on le
légalise. À ce moment-là, il y a des
bénéfices pour la société, des
bénéfices en matière de revenus, mais également des
bénéfices pour l'individu. Le travailleur au noir ne jouit pas
généralement de protection en termes de programmes sociaux, qu'il
s'agisse des programmes d'assurance-chômage, des programmes de
santé et sécurité au travail, etc. C'est à
l'avantage de l'ensemble des parties de viser à l'éliminer. Non,
j'aime autant...
M. Gendron: Je voudrais savoir votre intention, M. le ministre.
Rapidement, pensez-vous être capable de donner quelque chose de concret
en termes d'orientation comme ministre du Travail soit par voie
réglementaire ou par voie législative? C'est seulement cela que
j'aurais voulu avoir comme indication.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que je vous indique, c'est
qu'on a déjà commencé. Avec la loi 119, je vous dis - on
n'a pas encore les statistiques pour le matérialiser - que vous allez
avoir une diminution du travail au noir parce que nous avons
légalisé des travailleurs. À ce moment-là, ils font
des rapports d'impôt et ils obtiennent de la protection sociale et il y a
une diminution. Je ne vous dirai pas qu'il n'en restera pas, selon nos
intentions ou de nos actions, lorsque l'on parle de l'application du
décret de la construction, en matière de rénovation
domiciliaire.
Si, théoriquement - je vous dis bien théoriquement, je
n'ai pas pris position -vous sortez de l'application du décret la
rénovation domiciliaire, à ce moment-là, cela ne constitue
plus du travail au noir. Vous légalisez les gens qui y oeuvrent,
finalement, si vous prenez des actions dans ce sens-là.
M. Gendron: Sur un autre sujet, mais toujours relié au
domaine de la construction d'une façon plus larqe, j'aimerais savoir
où le ministre du Travail a l'intention de s'en aller dans le domaine de
la promulgation de la Loi sur le bâtiment. On sait que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Avant que l'on quitte la
Commission de la construction, si je peux utiliser l'expression, vous avez
soulevé ce matin dans les éléments que vous
désiriez aborder la présence féminine dans ce champ
d'activité qu'est la construction. Je vous dirai qu'il y a des
progrès qui se réalisent, mais que c'est lent. J'ai omis de vous
faire la présentation à mon cabinet - c'est une femme - de Me
Maureen Flynn, qui s'occupe du dossier de la construction, qui s'est
occupée de la loi 119, qui s'est occupée de l'ensemble des tables
et des comités dont vous avez parlé. Je vous indiquerai que pour
la première fois il y a également une femme qui siège
à la Commission de la construction du Québec, Mme Michèle
Jean, sous-ministre adjoint à la Main-d'Oeuvre. Les femmes entrent
progressivement. Ce n'est pas suffisant, je l'admets, mais il s'aqit là
de gestes ou de nominations concrètes qui ont été faites
et qui servent à ouvrir la voie pour les autres femmes. J'ai maintenant
rencontré à
a l'occasion d'une journée d'explication des programmes
gouvernementaux les représentants des groupes de femmes qui m'ont fait
des représentations quant à la possibilité de suivre les
cours de formation, de constituer des groupes de femmes, etc., et j'ai
manifesté des ouvertures à cet effet. Le ministère de la
Main-d'Oeuvre s'apprête à poser des gestes en ce sens-là.
Comme vous l'avez indiqué ce matin, nous ne faisons que répondre
à un développement de la société qui est normal et
nous accusons comme appareil gouvernemental des retards à ce niveau.
M. Gendron: Pour des raisons d'horaire et de temps, je veux juste
dire au ministre à ce sujet que je suis heureux qu'il l'ait
rappelé parce que je l'avais évoqué ce matin. Je le
remercie d'être revenu là-dessus. Je sens que cela a l'air
d'être une préoccupation réelle au sein du ministère
du Travail et je pense qu'il est bon qu'il en soit ainsi, compte tenu de
l'évolution de nos critères concernant l'offre véritable
d'égalité des chances à l'emploi sans aucune distinction,
parce qu'il ne nous appartient pas de l'imposer ou de le faire. Ce n'est pas
nos affaires si des individus, sans les "sexiser", sont
déterminés à aller vers telle et telle carrière.
Cela leur appartient et dans ce sens-là on doit tous faire un effort
additionnel pour s'assurer que les chances ne sont pas des chances de papier,
mais des chances réelles d'accès et pour cela, dans certains
ministères, pour l'avoir vécu comme ministre de la Fonction
publique, cela prend véritablement des coups de barre et dans certains
cas des coups de barre magistraux.
Dans le domaine que l'on vient d'évoquer, à partir du
moment où il y a des milieux féminins qui, avec raison, ont fait
des représentations très étoffées dans le domaine
de ta construction en particulier en disant qu'il n'y avait presque aucune
possibilité, pas de mécanisme arrêté facilitant et
ainsi de suite, vous avez raison, M. le ministre du Travail, d'être
très sensible et de poser les gestes tant budgétaires qu'en
ressources humaines, pour s'assurer qu'aux crédits l'an prochain, comme
critique pas permanent, mais un peu plus stable, je sois en mesure d'avoir un
bon résultat. Mais le problème qui va m'arriver, c'est que ce
sera peut-être un autre ministre du Travail. Merci là-dessus. Pour
des raisons de temps, comme il reste...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ajouterai que Mme Flynn
m'indiquait que, maintenant que la compétence est devenue le
critère d'accès, les femmes ont plus de chance. (16 h 30)
M. Gendron: Je suis certain que si c'est Mme Flynn qui dit cela,
c'est exact.
Pour la Commission du bâtiment, j'ai une question rapide à
poser. Le milieu con- cerné par cela, même si dans le rapport
Scowen il y avait une belle phrase concernant la nécessité
éventuellement de faire de la déréqlementation... S'il y a
une place où vous auriez la possibilité d'en faire, qui serait
voulue et souhaitée par bien des intervenants et qui pourrait
peut-être rétrécir le fossé qu'il y a souvent entre
votre discours et la pratique, vous auriez un bel exemple ici d'une
déréglementation positive, valable, avec des effets concrets.
Ce qu'on dit de vous, M. le ministre, c'est que "le silence complet et
l'immobilisme du qouvernement actuel nous impatientent". "Le temps est venu de
prendre une décision favorable à la promulgation des articles de
la loi 53, afin de couper court à cet attentisme un peu paralysant," ont
déclaré MM. Claude Gaqnon et Normand Bureau. Ce n'est pas une
déclaration d'avant-hier. C'est une déclaration du 23 octobre
1986, donc à quelque neuf mois de la déclaration.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...parlé depuis ce
temps-là aussi.
M. Gendron: Ils l'ont déclaré de nouveau depuis ce
temps, je suis sûr. J'ai juste une question. Qu'est-ce que le ministre
attend pour donner suite à la promulgation des articles en question pour
que la loi 53, qu'on a appelée la Loi sur le bâtiment, qui est une
loi qui existe, qui a été sanctionnée par
l'Assemblée nationale, mais qui n'a pas d'application réelle,
compte tenu de cette disposition qui n'est pas mise en application et qui est
reliée... Je termine là-dessus.
Cette loi, si elle était promulguée, remplacerait dix
autres lois. Ce n'est pas une mince affaire quand on veut
déréglementer, assouplir, et ainsi de suite. Elle ferait en sorte
de reconnaître les plans de garantie mis sur pied par les associations
patronales pour protéger les consommateurs qui, à notre avis, ne
sont pas étrangers à la reprise et à la bonne performance
de l'industrie. Cela permettrait également la remise de la qualification
des entrepreneurs à la bonne place, entre les associations patronales,
et particulièrement pour les maîtres électriciens et les
maîtres mécaniciens en tuyauterie, les tuyauteurs.
Alors, est-ce que le ministre peut rapidement nous donner une
indication, d'autant plus que celui qu'il...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous répondre que,
si j'étais convaincu que la loi vise vraiment les objectifs que vous
avez énoncés de simplification, de rationalisation, etc., je
n'aurais aucune hésitation à procéder ou à demander
au gouvernement de procéder à la promulgation de la loi.
Plus j'analyse cette loi, plus je fouille le dossier, plus je
m'aperçois que les effets
pratiques de la loi risquent très sérieusement d'aller
dans le sens contraire des objectifs avoués. J'analyse la loi en
fonction de plusieurs chapeaux, dont celui de ministre du Travail, mais
également celui de ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Il y a toute la question... On a parlé
tantôt de l'importance de la formation des travailleurs en matière
de construction et, également, de toute l'importance de la formation des
entrepreneurs en matière de construction et de quelle façon nous
allions procéder. C'est ma responsabilité de ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu de prendre des
décisions dans ce sens.
J'ai déjà indiqué aux travailleurs que les
exigences en matière de compétence pour les entrepreneurs
seraient équivalentes aux exigences en matière de
compétence pour les travailleurs. Je vous dirai également que,
sur le plan du fonctionnement des activités quotidiennes, au moment
où nous nous parlons, ce délai que je prends à prendre
cette décision ne prive en rien l'entrepreneur de sa licence. La
Régie des entreprises en construction fonctionne, au moment où
nous nous parlons, à plein rendement.
Nous n'obtenons pas de plaintes de l'ensemble des entrepreneurs dans les
comtés. C'est vrai que les deux associations que vous avez
mentionnées font des pressions. Il y a toute une question
également de protection du consommateur. Est-ce que les consommateurs
sont mieux protégés par les plans de garantie offerts par des
associations d'entrepreneurs? Est-ce qu'ils sont mieux protégés
si c'est offert par le gouvernement ou un organisme gouvernemental?
Toutes ces questions sont présentement soupesées et, comme
je vous le dis, plus je fouille, plus je regarde le dossier, plus je suis
convaincu qu'une application de la loi demain matin aurait les effets
contraires des objets qui y sont mentionnés.
M. Gendron: Rapidement, selon l'explication du ministre, il nous
dit qu'il n'est pas convaincu. Il hésite encore. Donc...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, au contraire. Non, ce n'est
pas de l'hésitation. L'an passé, j'ai répondu, aux
crédits, que j'analysais avec l'esprit ouvert, sans choisir de
direction. Au moment où je vous parle, je vous dis que la direction du
ministre s'en va dans le sens un peu contraire.
M. Gendron: C'est ça. Maintenant, quand le ministre
prétend qu'en ce qui concerne les plans de garantie... Ne trouvez-vous
pas que ce serait logique que ce soit l'État québécois ou
le gouvernement du Québec qui, une fois pour toutes, offre des plans de
garantie dans le secteur de la construction?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais la promulgation de la loi 53
irait directement dans le sens contraire. C'est un de mes problèmes.
M. Gendron: Et, vous, avez-vous des problèmes avec
ça comme ministre du Travail? Comme ministre du Travail, avez-vous des
problèmes avec les garanties offertes par les diverses associations et
non pas le gouvernement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Personnellement, je n'ai pas de
problème, mais j'ai des dossiers de consommateurs qui ont des
problèmes.
M. Gendron: Soit avec l'APHQ?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'aime autant ne pas
spécifier de noms, mais il me fera plaisir - pour une question de
crédibilité des associations - de vous donner des détails
si vous en souhaitez là-dessus. Il y a des consommateurs qui ont des
plaintes, et des plaintes sérieuses.
M. Gendron: M. le ministre, rapidement, sur un autre volet qui
vous concerne comme ministre du Travail, soit tout le secteur des
décrets de convention collective, le régime qu'on appelle des
décrets de convention collective. Je ne peux pas être très
long là-dessus parce qu'il y en a une multitude dans le secteur
privé. II y a une multitude de décrets dans plusieurs secteurs,
que ce soit l'industrie du verre plat, l'industrie métallurgique de la
région de Québec, et ainsi de suite. Ce que nous pouvons dire, M.
le Président, c'est que, si on avait plus de temps, on pourrait
déposer des annexes - le ministre du Travail a tout ça - ce qui
fait que la plupart - à moins qu'on ne se trompe - des décrets
reliés au régime des décrets sont expirés. Ils
venaient à expiration le 1er janvier 1986, pour une bonne part. D'autres
en octobre, une grosse série en octobre. Il y en a en décembre.
Il y en a en juillet, il y en a en mai. Il y en a plusieurs. Pas seulement
plusieurs. D'après la liste qu'on a réussi à
établir, la plupart des secteurs touchés venaient à
expiration en 1986, peu importe le mois. On s'accorde là-dessus. Il n'y
en a qu'un dans ceux qu'on a relevés qui viendra à expiration en
1988, c'est celui sur les aqents de sécurité des immobilisations
dans les régions de Montréal et de Québec que vous avez
renouvelé récemment. Je ne veux pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ca fait longtemps,
celui-là. C'est le premier que j'ai fait renouveler.
M. Gendron: C'est ça. C'est le premier que vous avez
renouvelé. La question que je
pose, c'est: Le ministre a-t-il une politique là-dessus? A-t-il
l'intention de gérer cela d'une façon plus uniforme? Encore
là, le rapport Scowen recommandait d'abolir le régime des
décrets de convention collective. Tout ce qu'on sait, c'est que le
ministre du Travail n'a pas donné d'indications de ses intentions. Il y
a de l'incertitude dans le milieu. Il y a des représentations qui nous
sont faites de différents organismes qui disent: Le ministre du Travail
va-t-il présenter une position définitive là-dessus pour
savoir ce qu'on fait? A-t-il l'idée d'instaurer un régime plus
précis, plus connu, concernant le renouvellement, l'abandon de cette
mécanique, peu importe? D'après moi, il faudrait que le ministre
du Travail s'exprime clairement pour mettre fin à l'incertitude.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense - vous ne l'avez pas
souligné - que c'est de connaissance générale qu'il s'agit
là d'un régime unique en Amérique du Nord, pour ne pas
aller plus loin, pour ne pas dire dans le monde occidental. Lorsque je suis
arrivé comme ministre responsable, entre autres, des décrets de
convention collective, j'ai constaté qu'il y avait un certain
automatisme d'instauré au ministère du Travail. Un soir,
j'étais à mon bureau, j'avais 25 décrets sur le coin de
mon bureau avec des résumés de dossiers - vous connaissez le
travail de ministre. J'ai procédé à la
vérification, pas simplement du résumé qu'on m'avait fait
du dossier, mais également du dossier, pour m'apercevoir que les
résumés de dossiers qu'on me soumettait, les trois premiers
dossiers que j'ai consultés ce soir-là, étaient en
parfaite contradiction et contraires au contenu du dossier.
J'ai placé les 25 dossiers dans une valise. J'ai rencontré
le sous-ministre du Travail, M. Blain, et j'ai fait le point à savoir
qu'à l'avenir il y aurait une gestion très serrée de ces
requêtes. Je prends le temps, non pas de me fier maintenant au
résumé du dossier qui m'est fait, parce que je me suis fait
tromper comme ministre, mais de passer le dossier d'une façon
très serrée à partir de critères serrés.
Dans certains cas, l'analyse du dossier, ses impacts économiques etc.,
m'ont convaincu qu'il fallait y donner suite. Vous avez mentionné le cas
des agents de sécurité. II y a le cas des vêtements pour
dames. Dans certains cas, j'ai été persuadé, par le
mérite du dossier, le bien-fondé du dossier, d'y donner suite.
Dans d'autres cas, j'ai été persuadé du cas non
fondé du dossier et de n'y pas donner suite; peut-être le plus
important au cours de l'été passé, la question des garaqes
dans la région de Québec. Je vous dis que le ministre, pour ce
qui est de la gestion des dossiers, fait une gestion très serrée
de chacun des dossiers.
M. Gendron: M. le Président, le ministre nous indique
qu'il n'a pas l'intention, en ce qui le concerne, de mettre fin à ce
régime, mais de faire une gestion ad hoc, serrée, de chacun des
dossiers qui lui est présenté. C'est ce que le ministre nous
dit?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cette gestion serrée a
quand même donné une diminution dans le nombre de décrets
qui sont en vigueur. À mon assermentation, il y avait 44 décrets
en vigueur au Québec; il en reste présentement 39.
M. Gendron: Ce serait peut-être intéressant que le
ministre nous donne l'heure juste, à son ministère, sur la
question posée, et qu'on ait l'information - c'est du domaine public,
que je sache - sur le nombre de requêtes que vous avez sur votre bureau
pour renouveler certains décrets. On voudrait les chiffres et les
statistiques, pour savoir au juste... Vous nous dites que c'est très
serré, mais ce n'est pas assez extériorisé pour voir si
votre "serrage" est dans une proportion appréciable.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le "serrage" est dans chacun des
dossiers.
M. Gendron: On aimerait l'observer. Alors, s'il y avait moyen
d'avoir les dossiers, on porterait un juqement et on vous offrirait des fleurs
l'an prochain, si c'est cela qu'il faut faire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'est pas question d'obtenir de
fleurs...
M. Gendron: Non, non. C'est une caricature.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Lorsqu'on est dans un
régime d'exception, on doit s'assurer que l'ensemble des critères
sont bien évalués et, lorsqu'on a été induit en
erreur, comme ministre, on doit être encore plus prudent.
M. Gendron: M. le Président, comme on commencera
probablement l'étude des crédits dans quelques minutes, il me
resterait quelques minutes pour obtenir des informations qui ont toujours
été pertinentes, qui ont toujours été
demandées par l'Opposition. Vous nous avez transmis un cahier qui
s'intitule "Demandes de renseignements de l'Opposition officielle" sur le
cabinet, le personnel, ainsi de suite. J'aimerais juste que vous me disiez s'il
y a moyen de compléter. Il me semble qu'il y a des choses qui n'ont pas
été expédiées sous la forme traditionnelle.
Je vous donne un exemple très précis. Au niveau de votre
cabinet politique, entre autres, j'aurais aimé savoir combien il y a
d'attachés politiques par rapport au personnel de soutien. Vous
m'avez donné une liste de 26 personnes, que je trouve quand même
assez imposante. Je sais que vous êtes un ministre important avec deux
bras, le bras de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et
celui du Travail, mais tout ce que j'ai, c'est une liste de personnes qui
travaillent à votre cabinet. Je n'ai jamais vu des envois comme cela
où on n'avait pas d'une façon très claire la liste des
attachés politiques par rapport à ceux qui ont un statut de
soutien administratif. Ce n'est pas la même chose, ce n'est pas la
même responsabilité. Il est important pour nous d'avoir ces
informations, ce que je n'ai pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous les faire parvenir,
mais vous pouvez les obtenir, au moment où on se parle, du
député de Verchères parce qu'on lui a fourni des
informations plus complètes. On a mis le code à côté
du nom, ce qui donne le niveau de rémunération, la
classification, etc. Le député de Verchères les a, mais,
si vous les voulez, je peux vous les faire parvenir.
M. Gendron: Je n'ai pas regardé tous les cahiers du
député de Verchères, j'ai regardé...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, je ne vous blâme
pas...
M. Gendron: J'aimerais l'avoir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Gendron: Brièvement, page 12 du même
cahier...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je l'ai immédiatement.
M. Gendron: Merci. À la page 12, il y a une information
additionnelle. C'est la première fois que je vois, dans les
dépenses du cabinet du ministre, la rubrique Allocations de voyage du
ministre. J'aimerais que vous m'expliquiez cela, parce qu'une allocation de
voyage de ministre, comme dépense autorisée, je n'ai jamais vu
cela. J'ai été moi-même ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je serai bien honnête avec
vous. L'an dernier, dans mes fonctions officielles, je suis allé
à quelques reprises à Ottawa pour les négociations
fédérales-provinciales, surtout comme ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Je suis allé
à Hamilton, en Ontario, dans le cadre d'une entente sur les
matières dangereuses, en tant que ministre du Travail. Et je ne suis pas
allé ailleurs. C'est vite résumé.
M. Gendron: C'est vite résumé, mais je ne sais pas
si vous avez bien compris. Ce n'est pas tellement les voyages que vous avez
faits, c'est que, dans les dépenses reliées au cabinet du
ministre du Travail, je voulais comprendre pourquoi il y avait une rubrique
intitulée Allocations de voyaqe du ministre, 9600 $. Que je sache, les
dépenses de voyage du ministre sont des dépenses imputables
à l'exécutif. Elles ont toujours été versées
aux crédits de l'exécutif. C'est pourquoi je vous demande de
vérifier cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va le vérifier.
M. Gendron: Vous me donnerez l'information, et, si c'est moi qui
suis dans les "patates"...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirai aussi combien mon
voyage à Hamilton a coûté.
M. Gendron: Sur le plan des crédits
périmés... (16 h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoï): Je m'excuse. J'ai la
réponse tout de suite.
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique que les frais
indiqués là, les 9600 $, c'est en vertu de la Loi sur la
Législature, la Loi sur l'Assemblée nationale. C'est l'allocation
statutaire aux frais de voyaqe comme député; les voyages entre le
comté et l'Assemblée nationale, j'imagine, les 52 voyages
autorisés par année.
M. Gendron: Oui, mais cela n'a rien à voir avec
l'enveloppe du cabinet.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De toute façon, je ne les
ai jamais facturés parce qu'on a un service que vous connaissez.
M. Gendron: Oui, vous avez un service qui ne coûte rien,
vous, comme ministre, étant donné que vous vous déplacez
constamment en limousine avec chauffeur, etc.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Limousine? Vous avez
déjà embarqué dans une.
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est comme avant.
M. Gendron: Ils appellent cela de même.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ils sont juste un peu de moins
bonne qualité. Avec les années, la qualité diminue.
M. Gendron: On était globalement moins pesant. En tout
cas, cela m'apparaît curieux que cela figure là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tenter de fouiller
cela.
M. Gendron: Si vous voulez vérifier cela de plus
près.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va vous envoyer une fiche
là-dessus.
M. Gendron: Sur les contrats reliés aux enquêtes,
à la page 21, j'aimerais, si c'était possible, M. le ministre,
recevoir davantage d'information sur les Consultants Laberge et
Associés, un peu dans le sens suivant: Depuis combien de temps cette
firme existe-t-elle? Qui sont les principaux actionnaires? Est-ce que la
plupart des contrats qu'elle a obtenus, c'est sur appels d'offres ou si ce sont
des contrats négociés? J'ai cru comprendre que c'est le ministre
qui a décidé de confier cela aux Consultants Laberge et
Associés.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, c'est à propos de
l'antiscab. Ce sont des spécialistes là-dessus. On n'a pas
changé. Ce sont les mêmes que sous l'ancien gouvernement.
M. Gendron: Je n'ai pas porté de jugement. J'ai dit que
j'aimerais avoir des informations additionnelles.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On devrait regarder ailleurs. Si
je comprends bien votre question, vous voulez savoir qui sont les participants
actionnaires des Consultants Laberge et Associés.
M. Gendron: Oui. Quelques renseignements pertinents, comme on le
fait normalement aux engagements financiers, sauf que, présentement, on
est à l'étude des crédits et c'est l'occasion de le
demander. Une dernière question, et c'est plus un commentaire,
concernant la page 34. Si le ministre avait été aussi convaincu
qu'il l'était en commission, ici, pour vanter sa loi 119, je suis
convaincu que cela n'aurait pas été utile de dépenser 250
955 000 $ en publicité pour vendre sa loi 119.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ce n'est pas...
M. Gendron: II me semble que, quand une loi...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ce n'est pas cela.
M. Gendron: Bien, c'est cela qui est écrit:
publicité.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Premièrement, ce n'est pas
250 000 000 $, c'est 250 000 $.
M. Gendron: Oui, je me suis trompé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ensuite, ce n'est pas la loi
119.
M. Gendron: Écoutez! Je lis...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est la publication du
décret des conditions de travail que les salariés de l'industrie
de la construction ont négociées et, en vertu de la loi, je n'ai
pas le choix, j'ai l'obligation de faire publier la convention collective dans
tous les grands médias.
M. Gendron: Un instant! Sur la publicité, M. le
Président. La Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la
construction n'a rien à voir avec la loi 119.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, rien.
M. Gendron: Merci. Je corrige mon interprétation. Oui,
c'est exact, il faut bien lire 250 000 $ et non pas 250 000 000 $. C'est tout
sur cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'aurais aimé pouvoir jouir
d'un budget de 250 000 $ pour bien faire connaître la loi 119.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gendron: Maintenant, sur les crédits...
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Abitibi-Ouest, c'est à votre
discrétion.
M. Gendron: Non, c'est cela. C'est à vous à appeler
les programmes. Si j'ai quelque chose à dire sur les programmes...
Le Président (M. Théorêt): II faudrait que
j'appelle les programmes, étant donné qu'on doit, tel que vous le
savez, quitter à 17 heures puisque, d'abord, cela met fin à notre
mandat et que la salle est réservée pour une autre
commission.
J'appelle le proqramme 1, Relations et normes de travail.
M. Gendron: M. le président de la commission, j'aurais
trois ou quatre remarques sur les crédits généraux et je
suis
convaincu, pour l'avoir déjà fait, qu'on a amplement le
temps de finir à l'heure et d'étudier les programmes quand vous
les appellerez, 1, 2, etc.
Brièvement, sur les crédits, suppression de l'aide
accordée à la Commission de la construction du Québec, qui
s'appelait anciennement l'OCQ, pour ses activités de placement. Cela se
traduit par l'abolition complète du programme 7 dans les crédits
généraux. À noter qu'en 1986-1987 l'aide accordée
était de 2 800 000 $; en 1985-1986, cette subvention était de 4
400 000 $ et, en 1984-1985, de 5 500 000 $. Il faut noter, selon le rapport de
1985 de l'OCQ, les derniers chiffres disponibles, que les revenus totaux de cet
organisme étaient de 23 000 000 $. Ainsi, en l'espace de deux ans, la
Commission de la construction a vu disparaître 24 % de ses revenus. Dans
la mesure où la majorité des revenus de la Commission de la
construction proviennent des contributions des employeurs et des travailleurs,
M. le ministre, il faut prévoir un sévère impact sur les
taux de cotisation. À mon avis, on peut penser que les travaux devraient
augmenter entre 25 % et 30 % pour compenser. Mais comment le ministre va-t-il
compenser cette perte de revenus à la Commission de la construction du
Québec?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans un premier temps, je vous
rappellerai qu'il s'agit de la mise en application d'une décision du
gouvernement de l'époque, en 1985. C'est le gouvernement du Parti
québécois qui a décidé d'y mettre fin. J'ai eu des
pourparlers avec les parties sur l'impact financier et sur les budgets de la
Commission de la construction du Québec. Au moment où nous nous
parlons, oui, il y a perte de revenus, dans ce domaine, pour la commission
comme telle qu'elle devra financer autrement. Mais, du côté
gouvernemental, il y a une participation qui va fort probablement venir du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
en termes de programmes de formation.
M. Gendron: Mais, pour le déficit bancaire accumulé
de 3 300 000 $, comment est-ce que cela peut se payer?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À partir des
contributions.
M. Gendron: À partir des contributions.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À partir des
prélèvements.
M. Gendron: Vous pensez que les contributions vont être
suffisantes pour absorber le déficit de 3 000 000 $?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y avait pas de panique chez
les parties au moment où je leur en ai parlé.
M. Gendron: On indique à la paqe 4, dans la
présentation de vos crédits - mais ce n'est pas nécessaire
de s'y référer tout de suite - que l'on fait disparaître la
nation de surtemps payé - vous écrivez cela, à un moment
donné, dans les notes que vous avez indiquées - et qu'en
conséquence il y a 283 800 $ de crédits qui sont supprimés
parce qu'il n'y a plus cette notion de surtemps payé. J'aimerais que
vous nous expliquiez si ce surtemps a été payé à
des occasionnels, parce que normalement les employés permanents n'ont
pas droit à du surtemps.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La réponse: il s'agit d'une
directive du Conseil du trésor. Vous deviez certainement vous en douter.
Ce n'est pas à des occasionnels que cela a été
versé. C'est du surtemps qui a été versé aux
employés réguliers. Le ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu est un ministère qui, en certaines
périodes, se prête bien à effectuer du surtemps le soir, la
nuit, les fins de semaine, etc. Au moment où nous nous parlons, la seule
enveloppe de surtemps que vous trouverez s'applique au conciliateur. S'il a
besoin de surtemps ailleurs, il nous faudra adresser des demandes au Conseil du
trésor.
M. Gendron: D'accord. Je voudrais également revenir sur un
dernier point de façon générale. Vous mentionnez à
la paqe 4 que, dans le cadre de l'implantation de la direction de la
normalisation, un transfert de treize effectifs est fait à partir des
effectifs du programme 6. Or, il appert, du tableau de la page 9, qu'au
programme 9, l'on supprime seize effectifs qui sont libellés autres:
employés de soutien, techniciens et un professionnel. Avez-vous la
référence?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. À la page 9?
M. Gendron: C'est cela. Alors qu'au tableau de la page 8 on
ajoute, à l'élément 5 du programme 4, dix professionnels
et deux autres, c'est-à-dire dix professionnels et deux
catégories "autres".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je ne vous suis pas. À
la page 8?
M. Gendron: On recommence.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Mais il faut recommencer
à la bonne place.
M. Gendron: Oui, oui. Bien, je vais essayer. Alors, on mentionne
à la page 4 que, dans le cadre de l'implantation de la
direction de la normalisation...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: ...un transfert de treize effectifs est fait à
partir des effectifs du programme 6. D'accord?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Cela va.
M. Gendron: Or, il appert du tableau de la page 9 - si on va au
tableau de la page 9 - qu'au programme 9 on supprime seize effectifs. Au
programme 6, pardon. Au programme 6, on supprime seize effectifs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez. Où sont-ils, vos
seize? J'ai la page 9 des deux côtés puis...
M. Gendron: 610 par rapport à 594.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. 610, 594, "autres".
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a une disparition de six
autres. C'est cela que vous voulez savoir?
M. Gendron: Seize.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Seize autres, excusez.
M. Gendron: C'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est cela que vous voulez
savoir?
M. Gendron: Puis, vous tournez la page au programme 5. Page 8,
proqramme 5. Là, vous n'ajoutez pas de catégorie "autres", vous
ajoutez des professionnels. Le 1er avril 1987, vous avez écrit: 17
professionnels par rapport au 31 mars où vous aviez 7 professionnels.
Donc, il y a un ajout de 10. Vous me suivez?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Cela va.
M. Gendron: Ne croyez-vous pas, M. le ministre, que ce n'est pas
une bonne façon de présenter ça parce qu'on ne peut pas
parler de transfert d'effectifs lorsqu'il ne s'agit pas d'effectifs similaires?
Vous n'avez pas le même genre de monde, donc, ce n'est pas un transfert
d'effectifs quand les personnes ne sont pas de même nature.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De mémoire, je me souviens
qu'une dizaine d'individus nous ont quittés en vertu d'un CT du 10 mars
1987. J'ai transféré 12 postes -c'est peut-être une partie
de la réponse - à la Société d'habitation du
Québec.
M. Gendron: Ne trouvez-vous pas que c'est autre chose? Ce n'est
pas la même chose?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Que voulez-vous dire?
M. Gendron: Ce ne sont pas les mêmes... Juste une
minute!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On n'en a pas
transféré d'autres.
M. Gendron: M. le ministre, au-delà de tout ça, la
question importante est celle-ci: Est-ce qu'il y a des mises en
disponibilité dans ce transfert-là? Personne n'est mis en
disponibilité à la suite...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au ministère du Travail,
ça travaille. On a besoin de tout le monde.
M. Gendron: Ça va. Je voulais savoir s'il y avait des
mises en disponibilité.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y a pas de mises en
disponibilité. On a besoin de tout le monde.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Abitibi-Ouest, je comprends que vous avez
l'expérience de ces types de crédits, mais je vous ferai
remarquer qu'il reste trois minutes. Si j'appelais les programmes, on pourrait
peut-être arriver à la fin, à 17 heures.
M. Gendron: Je tiens à vous signaler que je vous les
laisse.
Adoption des crédits
Le Président (M. Théorêt): Merci. Programme
1, Relations et normes de travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté. M. Gendron:
Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Programme 2, Aide
financière à l'Institut de recherche et d'information sur la
rémunération.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté. M. Gendron:
Adapté.
Le Président (M. Théorêt): Programme 3,
Conseil des services essentiels.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté. M. Gendron:
II disparaît. Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Programme 4,
Direction et gestion interne.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté. M. Gendron:
Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Programme 5,
Qualification professionnelle des entrepreneurs en construction.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté. M. Gendron:
Oui.
Le Président (M. Théorêt): Programme 6,
Sécurité dans les bâtiments et dans les lieux publics.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté. M. Gendron:
Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'ensemble des crédits du ministère est adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
M. Gendron: Adopté. Je vous avais prévenu que
ça ne prendrait même pas trois ou quatre minutes.
Le Président (M. Théorêt): Vous aviez raison.
Je me fierai de nouveau à votre expérience lors d'une autre
rencontre ultérieure.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président...
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...est-ce que vous me permettriez
de vous remercier, de remercier le personnel de la commission, les
représentants de l'Opposition, les recherchistes comme les participants,
les représentants ministériels, l'équipe qui m'accompagne,
et de souligner l'excellente collaboration que j'ai obtenue des officiers du
ministère au cours de l'année qui s'est écoulée? Le
dévouement, le sens des responsabilités, la disponibilité
de cette équipe de la fonction publique que j'ai l'honneur et le
privilège de diriger peuvent servir d'exemple à l'ensemble de la
fonction publique quant à la performance.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Deux phrases seulement. Je voudrais remercier
également toutes les personnes qui ont contribué à un
travail de parlementaires responsables. On avait le mandat d'étudier les
crédits du ministère du Travail. On a essayé de le faire
dans les délais qui nous étaient impartis. Je voudrais remercier
les collaborateurs du ministre, son personnel. Je pense qu'ils ont tenté
de répondre le plus adéquatement possible aux questions qu'on
leur a posées. C'est, d'après moi, la façon dont il faut
procéder si on veut s'assurer que la gestion des affaires publiques
puisse bénéficier de cette responsabilité de surveillance
qui nous incombe et que les services offerts par cette fonction publique, par
le biais des différents ministères, soient de la meilleure
qualité possible.
Le Président (M. Théorêt): Merci. Je suspens
donc les travaux de la commission de l'économie et du travail
jusqu'à 20 heures ce soir, alors qu'elle reprendra ses travaux pour
étudier les crédits budgétaires du ministère du
Tourisme.
(Suspension de la séance à 17 heures)
(Reprise à 20 h 6)
Crédits du ministère du Tourisme
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail se réunit pour
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère du Tourisme pour l'année financière
1987-1988, tel qu'on en a reçu l'ordre de l'Assemblée nationale,
le 1er avril 1987.
Je vous rappelle que la durée totale prévue est de deux
heures. Je dois ici, avant de demander au secrétaire s'il y a des
remplacements, demander l'autorisation pour savoir si, pour le
député de Lac-Saint-Jean, qui remplace et qui n'est pas membre de
la commission, on n'a pas d'objection.
M. Picotte: Adopté.
M. Cannon: Consentement.
Le Président (M. Théorêt): Parfait.
Consentement. M. le secrétaire, pourriez-vous annoncer les remplacements
pour cette séance?
M. Cannon: II me fait plaisir de voir un expert constitutionnel
interroger le ministre du Tourisme.
Une voix: Le numéro 2.
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Le Secrétaire: M. le Président, il y a donc deux
remplacements: M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue) est
remplacé par M. Lemire (Saint-Maurice) et M. Paré (Shefford) est
remplacé par M. Brassard (Lac-Saint-Jean).
Le Président (M. Théorêt): Y a-t-il des
propositions à faire quant aux travaux pour la soirée ou si on
procède tel que prévu?
M. Picotte: M. le Président, si vous n'avez pas
d'objection et mes collègues non plus, j'aimerais faire un discours
d'ouverture. Je suis certain que mon collègue de l'Opposition voudra en
faire autant. Peut-être y aura-t-il aussi des commentaires des autres
membres de la commission. Par la suite, on pourra procéder à
l'étude des crédits de la façon dont les gens voudront
bien qu'on le fasse.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: D'accord.
Le Président (M. Théorêt): D'accord. M. le
ministre, je vous cède la parole.
Déclarations d'ouverture M. Yvon
Picotte
M. Picotte: Merci, M. le Président. J'aimerais vous
remercier, de même que tout le personnel de la commission, ainsi que les
fonctionnaires présents parmi nous, d'assister à l'étude
de ces crédits qui est un moment privilégié pour
connaître davantage les politiques du ministère et pour
évaluer les politiques que nous avons mises de l'avant, l'an
passé, au dernier exercice financier, de même que les politiques
que nous allons mettre de l'avant pour le prochain exercice financier. Je veux
aussi remercier mes collègues d'assister à la commission
parlementaire et d'y participer. Sans doute que nous aurons des échanges
très fructueux.
Permettez-moi, au tout début, de vous présenter - et je
suppose qu'ils vont s'identifier au fur et à mesure que je les nommerai
- ceux qui m'accompagnent. C'est toujours intéressant de connaître
les gens du ministère. Alors, immédiatement à ma droite,
M. Jacques-Yves Therrien, sous-ministre au ministère du Tourisme -
celui-là est au Tourisme, parce que cela fait deux jours que je suis
dans les crédits de Loisir, Chasse et Pêche - à ma gauche,
mon attaché politique du côté du Tourisme aussi, M. Pierre
Lacoursière, mon autre attachée politique du côté du
Tourisme, Mme Danielle Vachon, M.
Michel Carpentier, directeur général du
développement, M. Jacques Demers, directeur des communications, M.
Stanley Tremblay, directeur du marketing, Mme Nicole Jean, secrétaire
adjointe du ministère, M. Pierre Thibaudeau, directeur des ressources
financières, M. Renaud Plamondon, directeur de l'accueil et des
renseignements touristiques, Mme Judith Grenon, directrice à l'analyse
et au développement, M. Henri Chapdelaine, directeur des projets
spéciaux, M. Michel Lambert, directeur de l'hôtellerie, M.
Jean-Guy Sylvain, vice-président du Palais des congrès, M. Robert
Madore, directeur des services auxiliaires, M. André Smith du marketing,
M. Gilles Éthier, du bureau du sous-ministre, Mme Johanne Groleau des
ressources financières, Mme Martine Gareau, aussi des ressources
financières, Mme Elaine Lefrançois, elle aussi aux ressources
financières, M. Antoine Samuelli, directeur de l'ITHQ, M. Patrick
Cluzeau, analyse et développement, Mme Gilberte Tremblay, ressources
financières, et, enfin, M. Jean Moussette, directeur du crédit
touristique. J'espère ne pas en avoir oublié, M. le
Président.
C'est avec plaisir et avec honneur que je vous présente ce soir
le rapport des crédits de mon ministère pour l'année
1987-1988. Est-il besoin de le rappeler, le tourisme représente de plus
en plus une préoccupation majeure dans l'économie du
Québec et il appartient à mon ministère de favoriser le
développement de ce secteur dans une perspective de plein emploi. Au
cours de ce bref exposé, vous serez en mesure de constater
jusqu'à quel point nous avons résolument engagé notre
action d'une façon générale vers les objectifs
préalablement fixés par le gouvernement et, d'une façon
particulière, en respectant ceux que je me suis fixés en tant que
titulaire du ministère du Tourisme.
Trois éléments feront l'objet de mes observations. Il
s'agit, en premier lieu, d'un bref rappel de nos orientations; après
quoi, je ferai le point sur la situation, pour finalement terminer par nos
priorités pour l'année 1987-1988. Dans le but de redresser la
situation touristique tout en nous adaptant à une fiscalité plus
serrée, nous avons convenu d'assurer une meilleure allocation des
ressources humaines et financières, et de faciliter au maximum
l'enqagement du secteur privé en tant qu'investisseur et gestionnaire.
Il fallait, néanmoins, prévoir une stratégie de
développement qui répondait à ces préoccupations
tout en concevant une approche permettant d'accroître sensiblement le
nombre de touristes. C'est ainsi qu'il a été convenu, en plus de
mettre en valeur chacune des régions touristiques du Québec, de
susciter la création d'un certain nombre de zones de destination
là où précisément le potentiel le permettait. Dans
un avenir
rapproché, il sera ainsi possible de mettre sur le marché
non seulement des pôles touristiques de calibre international, mais aussi
d'y associer chacune des 17 régions du Québec.
Il va sans dire que cette nouvelle impulsion que l'on veut donner
à l'industrie touristique exige une plus grande harmonisation des
programmes et une connaissance plus approfondie de notre potentiel. Cette
harmonisation devrait être assurée par la réalisation des
plans régionaux de développement dont il sera question plus loin.
Telles sont, dans les grandes lignes, les principales orientations qui nous
servent de termes de référence.
Il convient maintenant d'aborder mon second point, le bilan de la
situation. L'an dernier, à l'étude des crédits, j'ai
soulevé un certain nombre d'orientations. En me servant de celles-ci
comme base de référence, vous serez en mesure d'apprécier
le progrès réalisé au cours de la dernière
année financière.
Ce bilan, bien que sommaire, vous permettra par la suite de mieux
évaluer la pertinence des engagements financiers prévus pour la
prochaine année. Sur le plan du marketing, nous avons convenu de
concentrer nos efforts sur des produits spécifiques où le
Québec possède des avantages significatifs. On s'en souviendra,
la promotion de l'activité du ski et des activités hivernales, en
général, a fait l'objet d'une campagne spéciale. Les
résultats ont été flamboyants et se sont
concrétisés par une augmentation de 28 % du nombre de
skieurs.
Sans doute que les investissements considérables consentis dans
ce domaine par les gouvernements du Québec et du Canada ont
contribué également à attirer une plus grande
clientèle. Toutefois, en dépit des contraintes financières
que nous nous sommes imposées, notre démarche en matière
de marketing a donné des résultats concrets. On a noté une
augmentation de 52 % des demandes d'information, à la suite de notre
campagne "Come say Bonjour".
Au chapitre de la publicité coopérative, nous avons
engagé 1 100 000 $ alors que nos partenaires y ont investi 1 300 000 $.
Grâce à nos tournées de familiarisation, nous avons
accueilli 307 rédacteurs de revues et de journaux qui ont produit une
publicité estimée à 4 500 000 $. Dans la même veine,
tel que prévu l'an dernier, nous avons mis au point, en collaboration
avec le ministère des Transports, une nouvelle politique de
signalisation qui sera mise à l'essai dans la région du coeur du
Québec au cours de l'été prochain.
En outre, une entente est présentement en voie de discussion avec
l'Ontario afin d'exercer conjointement une offensive publicitaire sur les
marchés européens. À ce propos, il convient de souligner
une nette augmentation de 9,5 % des visiteurs internationaux, excluant les
Américains. Ces résultats sont encourageants lorsque l'on se
réfère à 1985, alors qu'on enregistrait une baisse de 5,1
% sur ces mêmes marchés. Globalement, les efforts engagés
tant en matière de marketing qu'en matière développement
du produit nous incitent à poursuivre et même à intensifier
nos actions, le tourisme étant à la hausse. En contrepartie,
malgré une réduction de nos activités promotionnelles
intra-Québec, nous sommes heureux de constater que le nombre de
Québécois qui recherchent le soleil est demeuré stable au
cours de l'année 196. À ce propos, il faut souligner le travail
réalisé par les ATR auprès de la clientèle
résidante.
En matière de développement du produit, nous pouvons
affirmer avec fierté que notre objectif voulant faire de l'entreprise
privée le principal investisseur touristique est dorénavant
atteint. Les demandes de crédits touristiques ont augmenté, cette
année, de 21 % pour un total d'investissements de l'ordre de 68 000 000
$. Pour notre part, nous avons accordé au total 8 000 000 $ en aide et 7
000 000 $ en garanties de prêts. Au moment où on se parle, nous
avons en commande plus de 500 000 000 $ d'investissements dont 140 000 000 $
sont déjà acceptés. Aussi, il nous a paru opportun, au
cours de l'année, de mettre au point une grille d'analyse plus
sélective sans pour autant restreindre les possibilités.
Toujours en matière d'investissements, depuis le début de
l'entente Canada-Québec, 70 projets ont été
recommandés représentant des engagements financiers de l'ordre de
70 000 000 $, supportant ainsi des investissements de 214 000 000 $ au total.
Nous voulions mettre l'emphase sur le développement et
l'amélioration de l'offre touristique et j'ose croire que cet engagement
est bel et bien amorcé. Il importe, cependant, de veiller à ce
que tous ces investissements respectent un équilibre, de façon
que nous puissions présenter une image et des produits
intéqrés et de bonne qualité.
Dans cette perspective, j'ai cru bon, dès mon arrivée au
ministère, d'accélérer la préparation des plans
régionaux de développement. Jusqu'à maintenant, onze
régions ont déposé leurs plans; le reste de ceux-ci est en
voie de réalisation. À ces plans, s'ajoutent dix études de
faisabilité concernant des projets importants réalisés en
collaboration avec des intervenants publics et privés. Ces études
servent de cadre de référence dans l'application de nos
programmes d'aide en plus de servir de guide aux investisseurs.
Parallèlement à ces plans, nous avons dû repenser
certaines pièces législatives. C'est le cas, notamment, de la Loi
sur
l'hôtellerie qui a été remplacée par la Loi
sur les établissements touristiques sanctionnée en mars dernier
par l'Assemblée nationale. En regard de cette loi, nous préparons
présentement la réglementation en étroite collaboration
avec les organismes sectoriels. Il est certain qu'un programme d'action
semblable nécessite plusieurs analyses et plusieurs recherches dans la
mesure où nous voulons répondre aux besoins des touristes tout en
recherchant les meilleures décisions.
À l'appui de ces démarches, la recherche occupe une place
de premier plan. En plus de coordonner la confection des plans de
développement, nos services produisent diverses études et
analyses tant sur la clientèle et les produits eux-mêmes que sur
l'impact de nos campagnes publicitaires. Sur le plan de la formation,
l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec poursuit son
action avec la même qualité universellement reconnue. Dans le but
d'améliorer davantage cette qualité de l'enseignement, l'institut
a mis au point un nouveau programme donnant accès à une
maîtrise de science et technique, option gestion hôtellerie et
restauration et gestion du tourisme. Je suis fier de souligner que cette
institution sert de modèle, que ce soit à la Côte d'Ivoire,
à Cancun ou ailleurs. Souvent l'ITHQ est sollicité par les
gouvernements étrangers et, par le biais de cette coopération,
nous contribuons au rayonnement à la fois de l'institut et du
ministère. Enfin, dans le but de mieux informer la population sur le
rôle et les actions de mon ministère, nous avons intensifié
nos communications par une présence accrue dans le milieu et par des
échanges plus constants avec les médias.
Je termine ici ce bilan. Vous comprendrez que je m'en suis tenu à
l'essentiel et même j'ai cru bon de reporter plus loin certains aspects,
par exemple, le cas des ATR. Enfin, j'ose croire que ce résumé
vous permettra d'évaluer la pertinence de nos actions et laissera
présager un avenir prometteur sur le plan touristique.
Voyons maintenant ce que nous réserve la prochaine année
financière. En comparant les crédits de 1986-1987 avec ceux de
1987-1988, on constate une réduction de 2 137 800 $. Cette baisse
s'explique essentiellement par trois principaux facteurs, à savoir,
premièrement, une réduction des coûts
d'intérêts pour le service de la dette au Palais des
congrès, soit 1 113 000 $, une réduction des prêts
accordés pour le projet CARIM qui est en voie de réalisation,
soit 1 800 000 $. Par ailleurs, un budget supplémentaire de 500 000 $ a
été accordé lors du discours sur le budget. Au total, une
fois pris en compte les facteurs ci-haut mentionnés, le ministère
du Tourisme dispose donc pour 1987-1988 d'un budget de dépenses pour des
fins d'activités supérieur de 1 200 000 $ à celui de
1986-1987.
Avant d'aborder les actions envisagées pour l'année
financière 1987-1988, permettez-moi de rappeler très
brièvement dans quel sens nous voulons axer ces actions au cours de la
présente année. Notre préoccupation majeure s'articulera
autour du développement économique et du développement
régional du tourisme. Cette vocation à la fois économique
et régionale s'intensifiera par un "partnership" plus évident
entre les ATR et mon ministère.
Incidemment, le premier point que je veux aborder concerne le
financement des ATR. Les ATR jouent un double rôle, soit celui d'agent de
concertation du milieu, tout en faisant office de bureaux régionaux du
ministère. Or, les revenus actuels des ATR sont insuffisants pour leur
permettre d'assumer l'ensemble des tâches inhérentes à leur
double fonction. Aussi, avons-nous convenu d'accroître notre soutien
financier à même l'enveloppe budgétaire de façon que
la subvention de base pour chaque ATR passe de 60 000 $ à 98 000 $ et de
70 000 $ à 100 000 $ pour la partie variable en 1987-1988.
Au cours de l'année 1988-1989, le financement de base passera de
98 000 $ à 100 000 $, alors que la partie variable passera de 100 000 $
à 150 000 $. Par ce moyen, les associations pourront se doter d'un noyau
de personnel permanent et ainsi mieux répondre aux attentes du milieu et
à celles du ministère.
De surcroît, à la suite de la confection des plans
régionaux, elles seront mieux disposées à coordonner le
développement, ce qui déqaqe d'autant le ministère.
Bien que le marketing absorbe une large part du budget, il faut bien
admettre que nous souhaiterions augmenter cette rubrique budgétaire.
Cependant, tout en respectant les contraintes financières que nous nous
sommes imposées, cette situation nous incite à des choix qui,
somme toute, permettront de maximiser davantage certains créneaux. Pour
la promotion intra-Québec nous mettrons l'accent, comme je l'ai
indiqué plus tôt, sur une action concertée des ATR et de
leurs intervenants.
Ils auront accès au programme de publicité
coopérative dont nous avons modifié considérablement les
modalités d'application dans le but de le rendre plus accessible pour
chacune des ATR. De plus, à l'intérieur de la somme additionnelle
de 500 000 $ accordée au ministère dans le discours sur le
budget, 300 000 $ seront versés à l'enveloppe de publicité
coopérative. Le solde de 200 000 $ servira à renouveler le
matériel publicitaire et à commercialiser des forfaits. Je
désire souligner ici que le ministère publiera en 1987-1988 un
guide des forfaits offerts par l'industrie touristique du Québec.
De plus, afin d'en maximiser les retombées, il est logique de
poursuivre les campagnes de l'an dernier comme celle de "Come say Bonjour" sur
les marchés américain et ontarien. D'ailleurs, comme je le
soulignais, dans le cas du ski, ces campagnes se sont avérées
rentables. Raison de plus pour maintenir cette poussée.
Dans la mesure où nous pouvons compenser cette baisse de
crédits, il convient aussi d'intensifier nos échanges
auprès des intermédiaires, c'est-à-dire les grossistes en
voyages, les transporteurs et les agences afin de leur fournir toute
l'information nécessaire à leur propre mise en marché.
Dans la même veine, il y aura lieu de poursuivre avec plus
d'intensité l'accueil de journalistes étrangers qui, par leurs
chroniques, font valoir les charmes du Québec. Le bilan que j'ai
brossé précédemment faisait allusion à divers
éléments de développement. La cohérence de notre
démarche implique donc la poursuite de nos actions dans le sens que nous
leur avons préalablement donné.
Ainsi, je reprendrai certains points du bilan en indiquant les
prochaines étapes envisagées et ceci en fonction des
crédits déposés à l'Assemblée nationale.
La révision du crédit touristique. Le gouvernement du
Québec procède présentement à une révision
des formes d'aide financière qu'il consent à divers types
d'entreprises de façon à remplacer le mode traditionnel de
subvention directe par une formule de prêts participatifs. Cette nouvelle
forme d'intervention suppose que l'État participe aux
bénéfices des entreprises ainsi qu'aux pertes éventuelles.
La Société de développement industriel a adopté
cette philosophie dans la révision de ses programmes s'adressant aux
entreprises du secteur secondaire.
Je poursuis, M. le Président, à la page 14, pour vous dire
que le ministère du Tourisme, qui administre, conjointement avec la SDI,
le programme du crédit touristique, envisage de le rendre conforme
à cette nouvelle philosophie d'intervention, tout en lui conservant une
certaine souplesse pour pouvoir continuer de répondre à certains
impératifs de développement du secteur touristique en milieu
régional.
En ce qui concerne l'entente Québec-Canada, le dynamisme et
l'emphase que nous avons donnés au développement se
reflètent non seulement par un accroissement des demandes au programme
de crédit touristique, mais aussi par l'utilisation judicieuse des
crédits disponibles à l'entente. Ainsi, les recommandations des
projets actuellement à l'étude couvrent la totalité des
fonds disponibles.
Deux projets, en ce qui concerne la législation, sont
prévus pour la prochaine année. J'ai déjà fait
allusion à la Loi sur les établissements touristiques et j'ai
mentionné que nous procédons à l'élaboration de la
réglementation. En somme, nous répondons au voeu exprimé
par les associations des hôteliers et des restaurateurs afin de maintenir
une qualité minimale de l'offre, en incluant également
l'équipement parahôtelier,
Afin de mieux répondre aux attentes tant de l'entreprise que de
l'usaqer, nous élaborerons un mécanisme de consultation à
l'image de ce qui a été fait dans le cas de la loi. Une
consultation semblable exige, cependant, du temps et il faut prévoir
huit à dix mois de travail. Un nouveau projet de loi est
présentement en préparation, ce projet modifiant la constitution
de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec par la mise en
place d'une structure corporative. Bien que l'institut dépendrait du
ministère et du ministre du Tourisme, sa gestion relèverait d'une
corporation au sens du Code civil. Grâce à cette structure,
l'institut acquerra une liberté d'action plus souple, susceptible
d'améliorer sensiblement la qualité de l'enseignement.
Je m'en voudrais de passer sous silence le Palais des congrès de
Montréal qui englobe plus de 60 % des dépenses de transfert. Les
sommes accréditées à cet organisme sont
équivalentes à celles de l'an dernier, bien qu'au livre des
crédits on note une diminution due à une baisse des
intérêts, comme je l'ai souligné au début. Encore
récent comme infrastructure, le Palais des congrès doit faire
face à une concurrence de plus en plus vive. Néanmoins, il a
accueilli, en 1986, 192 événements de toutes sortes, dont 49
congrès, 40 expositions, 72 réunions et 31 autres
activités diverses. Pour la prochaine année, déjà
84 événements sont confirmés et plus d'une centaine
d'autres sont inscrits au dossier.
Au terme de cet exposé, j'ai cru bon d'ajouter quelques
données statistiques qui démontrent sans équivoque une
hausse encourageante de notre industrie touristique. Rappelons que le nombre de
touristes américains a augmenté de 6 % par rapport à l'an
dernier, alors que le nombre de touristes des autres pays s'est accru de 9,5 %.
Ceci représente un nombre total de 3 432 000 visiteurs, dont 3 056 000
sont américains.
À ceux-ci, il faudrait ajouter les Canadiens des autres provinces
et les Québécois et Québécoises qui voyaqent au
Québec. Bien que ces données ne soient pas encore disponibles, on
peut s'attendre, en se basant sur les neuf premiers mois de l'année,
à une augmentation de 17 % du côté canadien et de 12 % du
côté québécois. En nombre absolu, ceci
représente environ 2 700 000 voyages-personnes venant des autres
provinces et environ 15 000 000 de voyages-personnes réalisés par
les Québécois et les Québécoises. En termes de
recettes,
les touristes internationaux ont dépensé au Québec
794 000 000 $, soit une augmentation de 11,2 % par rapport à 1985. Parmi
ceux-ci, les Américains ont dépensé 590 000 000 $, soit
une augmentation de plus de 10,2 %.
Prise dans son ensemble, l'industrie touristique
québécoise représente des dépenses de 3 000 000 000
$, sans tenir compte des investissements qu'elle provoque. Il faut bien
admettre, cependant, que notre balance commerciale au compte des voyages
demeure déficitaire de 379 000 000 $, bien que ce fait soit normal dans
la conjoncture économique des pays industrialisés.
Notons que ce déficit a baissé de 11 % par rapport
à 1985; nous avons donc une amélioration, en espérant
qu'il y aura encore des améliorations du côté de ce
déficit. Il est intéressant de souligner que notre déficit
avec les États-Unis est de 80 000 000 $, alors qu'il est de 299 000 000
$ avec les autres pays. (20 h 30)
En terminant, j'avoue que je suis heureux de cette performance.
Toutefois, ce serait prétentieux de ma part d'affirmer que j'en suis
comblé. Peut-être que mes objectifs sont trop ambitieux, mais je
suis convaincu que notre potentiel touristique se situe dans le haut de gamme.
Je suis convaincu, également, qu'avec le dynamisme des ATR les
organismes sectoriels et du secteur privé débordent
d'enthousiasme. Enfin, je suis persuadé que mes collègues de
l'Opposition croient autant que moi à l'importance de l'industrie du
tourisme au Québec. En faut-il davantage pour justifier nos
exigences?
Un dernier mot que je réserve à tous les employés
de mon ministère. Permettez-moi de leur témoigner toute mon
appréciation. Je m'adresse autant aux réceptionnistes qu'à
mon sous-ministre, en passant par les fonctionnaires, les professionnels, les
cadres, le personnel de soutien et les secrétaires. J'inclus, bien
entendu, mes collaborateurs du cabinet. Et aussi, je voudrais ajouter à
tout cela chacun des membres de l'Assemblée nationale qui, à
plusieurs égards, de plusieurs façons, dans leurs comtés
ou dans leurs visites dans tout le Québec, proclament le Québec
comme un endroit de prédilection pour séjourner. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. Je donne maintenant la parole au critique officiel et
député de Lac-Saint-Jean.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Je vais essayer d'être bref parce que, vu le
temps, je préférerais, évidemment, amorcer le plus
rapidement possible les échanges avec le ministre sur un certain nombre
de sujets dans le domaine touristique. Toutefois, très
brièvement, en guise d'introduction, je voudrais dire, tout d'abord,
évidemment, que je me réjouis de voir que le ministre maintient
le cap et continue de se situer dans la foulée de la politique
touristique mise en place par l'ancien gouvernement. Politique touristique
cohérente, articulée, fondée, on se le rappellera, sur une
promotion et une publicité vigoureuses particulièrement à
l'étranger pour faire connaître davantaqe le Québec comme
pays singulier, particulier, attrayant; fondée aussi sur un soutien aux
attraits touristiques, mais également aux entreprises via le
crédit touristique dont le ministre a parlé tout à
l'heure; fondée aussi sur la concertation des intervenants. Et je pense,
en particulier, au réseau assez remarquable des associations
touristiques régionales que l'on continue de soutenir et dont on nous
annonce un soutien plus actif, plus impartant.
Politique qui était également fondée sur un
rôle déterminant joué par le Palais des congrès de
Montréal, pour attirer des événements majeurs dont les
retombées significatives sont bien connues. Politique, enfin,
également fondée sur un Institut de tourisme et
d'hôtellerie dont le rôle de leader en matière de formation
est reconnu par tout le monde également. Donc, je ne peux que me
réjouir. Vous comprendrez que le rôle de l'Opposition n'est pas de
s'opposer pour le plaisir de s'opposer. En matière touristique, je
serais malvenu de m'opposer pour le plaisir de m'opposer, puisque la politique
du gouvernement actuel, le ministre l'a, d'ailleurs, reconnu, s'inscrit dans la
foulée de la politique qui avait été mise en place par
l'ancien gouvernement du Parti québécois. Je m'en réjouis
parce qu'on se rend compte que c'était donc une bonne politique.
J'ai, toutefois, quelques inquiétudes et je souhaite
échanger là-dessus avec le ministre. D'abord, une
inquiétude quant à la concertation. Je répète ce
que j'ai dit à l'Assemblée nationale. Je considère, quant
à moi, que l'abolition du Conseil consultatif du tourisme est une erreur
et entraîne un affaiblissement de la concertation. C'était un lieu
exceptionnel de concertation des qrands intervenants touristiques au
Québec. Ses avis étaient tout à fait judicieux et fort
utiles pour le développement de l'industrie touristique du
Québec. Je pense que tout le monde le reconnaissait. Je prétends
toujours, j'affirme encore qu'il s'aqit là d'une erreur et qu'on aurait
dû laisser en place le Conseil consultatif du tourisme compte tenu du
rôle qu'il jouait.
Inquiétude aussi quant au Palais des congrès. Le ministre
n'en dit pas un mot. J'aurai des questions à ce sujet parce que, il y a
quelques mois, il a été question, je ne dirais pas de modifier la
vocation du Palais
des congrès, mais de procéder à des changements
quant à son statut, et c'est une inquiétude qui, je
l'espère, sera dissipée.
Quant à l'avenir de l'institut et à son nouveau statut, le
ministre déclare qu'il va lui donner un statut corporatif.
J'espère que la vocation de l'institut n'en sera pas modifiée en
ce qui a trait à la formation et aux fonctions qu'il assume
présentement.
En matière de promotion, on poursuit sur la lancée d'il y
a trois ans, ce qui est, évidemment, intéressant, puisque, en
matière de publicité et de promotion, on sait qu'il faut une
certaine permanence. On poursuit donc sur cette lancée. Mais j'aurai des
questions de nature budgétaire, j'ai quelque inquiétude
là-dessus. J'espère que le budget, en matière de
publicité extérieure surtout, n'a pas franchi un seuil qui aurait
pour effet de réduire son efficacité.
Enfin, une autre inquiétude que je voudrais exprimer, c'est le
sort des plans régionaux de développement touristique. La plupart
des régions se sont déjà dotées de plans
régionaux de développement touristique, ce qui est excellent.
C'est le cas de ma région, celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean, et c'est
également le cas d'autres. On peut présumer que, d'ici un an ou
deux, toutes les régions du Québec se seront dotées de
plans régionaux de développement touristique. L'inquiétude
que j'ai à ce sujet, c'est qu'il faudra prévoir des moyens, des
instruments et des outils pour les mettre en application. Je ne vois pas
encore, en tout cas, après l'examen que j'ai fait du budget de cette
année, des ressources qui permettraient une mise en vigueur, une mise en
application des plans régionaux de développement touristique. En
d'autres termes, il ne faudra pas que ces plans se retrouvent sur les
tablettes. Il faudra qu'ils soient mis en application et mis en vigueur, c'est
important. Le rôle du ministère du Tourisme, évidemment, va
être déterminant à ce sujet. Je souhaiterais, dans nos
échanges, qu'on puisse creuser davantage cette mission nouvelle, si on
peut dire, du ministère du Tourisme, de collaborer à la mise en
application des plans régionaux de développement et de soutenir
cette mise en application.
Je dirais en terminant que, quant à nous, nous sommes,
évidemment, pleinement d'accord pour poursuivre l'objectif louable et
souhaitable d'obtenir un produit touristique de niveau supérieur, de
classe internationale au Québec afin d'attirer les touristes du monde
entier et aussi de faire en sorte que le produit touristique
québécois soit adapté en quelque sorte aux besoins des
touristes. Il faudra donc prévoir une évolution du produit
touristique si on veut que le Québec reste concurrentiel,
particulièrement en Amérique du Nord. Je souhaite aussi, bien
sûr, qu'on ne néglige pas la poursuite de l'objectif de
développer le produit touristique et récréatif pour le
tourisme intérieur, donc pour les Québécois
eux-mêmes.
Voilà, M. le Président, les quelques remarques
préliminaires que je voulais faire, souhaitant amorcer maintenant un
échange de vues sur un certain nombre de sujets ou de dossiers, quitte,
en fin de course, à adopter les crédits, le programme 1 et les
divers éléments.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. le ministre, si vous voulez intervenir.
M. Yvon Picotte (réplique)
M. Picotte: Si vous voulez me permettre, M. le Président,
de réagir brièvement à certaines inquiétudes du
député de Lac-Saint-Jean, je suis disposé, de même
que mes collègues, j'en suis persuadé, à avoir une
discussion libre jusqu'à la fin de nos débats pour adopter par la
suite les crédits comme tels.
J'ai eu l'occasion de dire l'an passé -ce n'est un secret pour
personne - que la plus belle chose que l'ancien premier ministre du
Québec - pas le prédécesseur de l'actuel puisqu'il y en a
eu un par intérim pendant quelques mois, mais celui qui a dirigé
le gouvernement de Québec de 1976 à 1985 - a pu faire, c'est,
enfin, de faire en sorte qu'il y ait un ministère du Tourisme au
Québec. C'est la plus belle chose qui a pu arriver pour le monde
touristique au Québec. D'aucuns croyaient, lors de ma nomination
à titre de ministre titulaire de deux ministères, qu'il allait y
avoir dans un avenir rapproché, après le 12 décembre, une
fusion des deux ministères. J'avais eu l'occasion de dire que je pouvais
cumuler les deux fonctions en gardant l'entité du ministère du
Tourisme. Cela fait déjà 18 mois et je pense que nous avons
démontré qu'effectivement le ministère du Tourisme avait
sa place.
En ce qui concerne le Conseil consultatif du tourisme, je dois dire que,
si nous avons procédé à son abolition, c'est parce que,
dans notre esprit, cela faisait double emploi. Déjà, une
très forte relation existait entre les gens de mon ministère, le
ministère comme tel et les différentes associations. Nous, de
façon privilégiée, nous consultons les ATR, je dirai,
quotidiennement, pas une fois de temps en temps, pas mensuellement.
Quotidiennement, les ATR sont consultées au Québec: les
associations d'hôteliers, l'Association des restaurateurs, les
associations de propriétaires de terrains de camping. Nous avons des
consultations régulières avec les différents qroupes.
Ainsi, nous avons jugé que le Conseil consultatif du tourisme faisait
double emploi, M. le Président, et c'est la raison pour laquelle nous
l'avons aboli. C'est aussi la raison pour
laquelle nous avons continué à travailler de concert avec
les différentes associations. La loi que nous avons adoptée
dernièrement, la loi sur l'hôtellerie, démontre que cette
relation était tellement pertinente et tellement étroite entre
les associations et mon ministère que, finalement, nous avons pu
bonifier de beaucoup le projet de loi de sorte que cette grande table de
concertation puisse travailler dans la plus qrande quiétude pour le
mieux-être et l'amélioration de la loi que nous avons
adoptée au mois de mars dernier.
En ce qui concerne l'Institut de tourisme et d'hôtellerie, je
pense qu'il n'y a pas de crainte à y avoir si on veut donner un statut
corporatif à l'Institut de tourisme et d'hôtellerie. Vous savez le
problème que nous avions avec tout ce à quoi on doit se soumettre
et ce à quoi l'institut doit se soumettre au niveau gouvernemental?
Chaque fois que nous avions à acheter une douzaine de cuillères,
de fourchettes, de couteaux, à changer des nappes, on était
obligé de passer par toutes les péripéties du
gouvernement, par toutes les étapes, si bien qu'on pouvait manquer de
cuillères durant un certain temps. Pour modifier quoi que ce soit, il
fallait passer par toutes les étapes. Si l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie décidait de faire un café-terrasse
l'été puisqu'il en a la possibilité, on ne le pouvait pas.
On ne le pouvait pas parce qu'il ne pouvait pas réaliser des profits via
le fonds consolidé ou quoi que ce soit. Cela va permettre une autonomie
tout en gardant son caractère. Vous comprendrez bien qu'on ne modifiera
pas la vocation de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie et qu'on ne
changera pas cette dernière, surtout pas au point de vue de
l'enseignement. On a non seulement une vocation internationale, mais on est
reconnu dans le monde entier. L'Université de Toulouse,
dernièrement, a signé une entente avec l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie. Vous comprendrez bien, M. le Président, que, loin de
moi et loin du gouvernement l'idée de vouloir modifier ses statuts
particuliers. On veut plutôt faire en sorte que l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie soit opérant, qu'on n'ait pas de problème
à modifier quoi que ce soit au point de vue administratif.
C'était notre seule préoccupation. C'est ce qui va se passer, M.
le Président. (20 h 45)
En ce qui concerne la promotion, cela va de soi, nous avons
continué dans le même sens parce que nous avons de bonnes
campagnes de promotion. Le gouvernement qui nous a
précédés a fait en sorte que les campagnes de promotion
soient bien orientées et nous les avons poursuivies. Cela ne veut pas
dire, M. le Président, qu'il n'y avait pas de choses à
améliorer. Oui, effectivement, le gouvernement précédent
avait laissé pour compte certaines choses, on doit se l'avouer.
Nous avons amélioré des choses qui avaient besoin
d'être améliorées. Le financement des ATR auquel j'ai fait
référence tantôt, ça faisait pitié.
C'étaient nos bureaux régionaux, notre bras droit dans les
régions. Il a fallu les améliorer. Le gouvernement
précédent n'a pas eu le temps de le faire, nous l'avons fait.
Bravo! C'est comme ça, je pense, qu'on améliore les
situations.
Je me tairai pour échanger plus particulièrement sur des
sujets précis tantôt, mais en ce qui concerne les plans
touristiques au niveau régional, les plans régionaux de
développement seront suivis, il va de soi, par des études de
faisabilité. Quand on va constater sur place les plans de
développement, vous savez qu'il y a beaucoup de choses là-dedans.
Il y a du travail pour 10, 12, 15 ans et des fois 20 ans à venir dans
chacun de ces plans-là. Et c'est heureux qu'il y en ait, qu'il y ait des
choses à réaliser. C'est bien sûr que ça doit
passer, dans plusieurs cas, par de bonnes études de faisabilité
pour certains projets précis mis en évidence par les plans. On va
sans doute enclencher ces processus-là rapidement, comme c'est
déjà commencé dans certaines régions et comme on le
fait régulièrement.
Le crédit touristique sera disponible pour financer ces projets
précis. Souventefois, quand on examine le budget du ministère du
Tourisme, on oublie qu'il y a une portion importante des sommes puisées
à même la SDI vis-à-vis du crédit touristique -je
vous ai dit qu'il y avait des projets pour 500 000 000 $ à
l'étude présentement -comme soutien et qui n'apparaissent pas
dans nos crédits. Si on versait ces sommes au ministère du
Tourisme, on verrait que notre implication est beaucoup plus forte que ne le
laissent présager nos budgets comme tels. C'est en collaboration avec la
SDI, avec des politiques mises de l'avant et le crédit touristique que
nous finissons par faire démarrer plusieurs projets à la
satisfaction non seulement des régions et des ATR, mais à la
satisfaction de ceux et de celles qui font des demandes au niveau de ces
projets et à la satisfaction de l'entreprise privée qui s'en sert
énormément.
Promotion et développement de l'industrie
touristique
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre.
M. le critique officiel de l'Opposition.
M. Brassard: J'aurais, d'abord, une remarque à faire sur
l'Institut de tourisme et d'hôtellerie. a m'a fait sourire tantôt
d'entendre les ar¸guments invoqués par le ministre du Tourisme
pour justifier un statut corporatif à l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie du Québec. Ça m'a rappelé l'adoption du
projet de loi créant la Société
des établissements de plein air, la SEPAQ. C'est mot qui
étais ministre à ce moment et lors de la mise en place de cette
société, je me souviens du critique de l'Opposition à
l'époque, le député de Charlesbourg, l'actuel ministre des
Transports, qui nous faisait face. Il s'opposait, d'ailleurs, à la
création de la Société des établissements de plein
air.
Il a même, en période électorale, on se le
rappellera, formulé l'engagement, au nom de son parti, que l'on
abolirait, que l'on supprimerait ladite société. Actuellement, on
peut dire qu'elle a même accru ses responsabilités. C'est en vertu
de l'autre chapeau que vous portez comme ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche qu'on lui a accordé plus de responsabilités. Je
veux dire simplement que, lorsqu'on a créé la SEPAQ,
c'était, justement, pour les raisons que vous invoquez lorsque vous
voulez donner un nouveau statut corporatif à l'institut.
Ce que je tiens pour acquis dans vos propos, c'est que vous vous
engagez, si j'ai bien compris, à ce que la vocation de l'institut ne
soit pas modifiée, vocation en termes de formation professionnelle aux
niveaux secondaire et collégial, que son mandat de conseiller la petite
et la moyenne entreprise touristique ne soit pas également
amputé, qu'il continuera également de mener des recherches
appliquées également, que l'institut poursuivra aussi son action
de coopération internationale. Donc, je comprends bien que les raisons
pour accorder un nouveau statut corporatif à l'institut sont d'ordre
administratif, mais qu'il n'est pas question - c'est un engagement de votre
part, c'est comme cela que je le comprends - de modifier d'aucune façon
la vocation, les fonctions actuellement assumées par l'Institut de
tourisme et d'hôtellerie. C'est comme cela que je le comprends.
M. Picotte: M. le Président, j'aimerais rassurer le
député de Lac-Saint-Jean et lui dire, en guise de commentaire,
que celui qui vous parle ne s'est jamais prononcé avant le 12
décembre 1985 sur la SEPAQ. Personnellement, jamais le
député de Maskinongé ne s'est prononcé...
M. Brassard: Je n'ai pas parlé du député de
Maskinongé.
M. Picotte: Jamais je n'ai fait de commentaire sur la SEPAQ, ni
favorable, ni défavorable.
Maintenant, je dois vous dire que depuis mon arrivée au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, nous avons
changé certaines orientations de la SEPAQ. Par exemple, il y a des
choses que la SEPAQ administrait qu'on a carrément fait passer au
privé. Il y a quelques terrains de camping, quatre ou cinq,
dernièrement, qui ont été transférés soit
aux municipalités, soit au privé. On a demandé à la
SEPAQ de se délester de certains équipements. Donc, ils n'ont pas
continué à faire ce qu'ils faisaient. On a même offert
à la SEPAQ de venir faire de la cogestion, dans certains cas, à
la réserve de La Vérendrye. Cela commence cette année.
C'est nouveau. On expérimente.
On a même modifié, au parc du Mont-Sainte-Anne, le
rôle de la SEPAQ. Elle fait maintenant un "joint venture" avec
l'entreprise privée. Elle a signé des ententes avec Sports
Experts, par exemple, pour que Sports Experts investisse. C'est un changement
d'orientation. Très bientôt, j'aurai l'occasion de faire une
étude complète avec mon collègue, le ministre
d'État à la Privatisation, pour voir si l'orientation de la SEPAQ
ne doit pas être modifiée. Est-ce qu'elle sera complètement
abolie, comme certaines sociétés d'État l'ont
été ou est-ce qu'elle sera modifiée? Est-ce qu'on fera un
"joint venture" avec l'entreprise privée? Est-ce qu'on s'en servira
moins ou plus? On saura tout cela.
Alors, en ce qui concerne l'Institut de tourisme et d'hôtellerie,
je veux rassurer mon collègue de Lac-Saint-Jean qu'il s'agit là,
comme ce sera précisé dans la loi que nous déposerons,
uniquement d'un cadre administratif qui sera changé. C'est le cadre
administratif, point final, à la ligne.
M. Brassard: On a parlé tantôt de constitution.
Avant d'aborder certains sujets précis, une question concernant le
pouvoir de dépenser. On sait qu'il y a une clause dans l'entente du lac
Meech à ce sujet, qui stipule que le Canada accordera "une juste
compensation à toute province qui ne participe pas à un nouveau
programme national à frais partagés dans un domaine de
compétence provinciale exclusive si cette province met en oeuvre de son
propre chef une initiative ou un programme compatible avec les objectifs
nationaux". La question que je pose d'abord, c'est: Est-ce que vous avez
consulté votre contentieux pour savoir si le tourisme se trouvait
touché par cette clause? Est-ce qu'il est considéré comme
un domaine de compétence provinciale exclusive?
M. Picotte: M. le Président, étant donné que
le lac Meech est du côté québécois, du
côté de la Gatineau, on pourrait peut-être organiser des
visites touristiques pour que les gens viennent voir le monstre du lac Meech.
Cela étant dit par boutade, je ne pense pas que l'entente du lac Meech
affecte la juridiction touristique du gouvernement du Québec et de mon
ministère. Je peux, évidemment, demander une étude
approfondie là-dessus à mes conseillers. Mais, à
première vue, je ne pense pas que cela nous affecte sur le pouvoir de
dépenser.
M. Brassard: D'abord, peut-être que, pour la visite
touristique, M. Trudeau pourrait être le guide.
M. Picotte: Ce serait beau, M. Trudeau dans une chaloupel M.
Trudeau au bout de la chaloupe et M. Johnson à l'autre bout. Le pire qui
pourrait arriver, c'est que les deux essaient de se noyer et qu'ils tombent
à l'eau.
M. Brassard: M. Bourassa, comme rameur.
M. Picotte: Ah! M. Bourassa va regarder faire cela et, durant ce
temps, il avance, il signe les ententes.
M. Brassard: Trêve de plaisanteries, la question
était sérieuse.
M. Picotte: II faut s'amuser un peu. Je suis le ministre du
Loisir aussi.
M. Brassard: Oui, oui, d'accord. Mais c'est parce que la clause
de l'entente du lac Meech stipule que les programmes devront se situer "dans un
domaine de compétence provinciale exclusive", Donc, ce que vous me
dites, c'est que le tourisme n'est pas considéré par le
Québec comme un domaine de compétence provinciale exclusive, mais
comme un domaine de juridiction partagée.
M. Picotte: M. le Président, mon
prédécesseur qui faisait partie de l'ancien gouvernement a
signé, à Vancouver, il y a deux ans, certains principes
directeurs, de concert avec le gouvernement fédéral, en ce qui
concerne nos interventions dans le domaine touristique et on fait depuis ce
temps certaines ententes à frais partagés. Par exemple, l'entente
Québec-Canada où on intervient. On met 100 000 000 $, comme vous
le savez. Il y a la publicité conjointe, etc. À mon avis, cette
entente, qui a été signée à Vancouver par mon
prédécesseur, n'a pas été contestée par qui
que ce soit, y compris par les gens du fédéral.
M. Brassard: M. le Président, je voudrais bien qu'on se
comprenne. Qu'il y ait des programmes à frais partaqés dans le
secteur du tourisme, j'en conviens. D'ailleurs, je demanderais au ministre,
peut-être pas immédiatement, de faire parvenir aux membres de la
commission, dans les délais les plus brefs possible, une liste des
programmes à frais partagés avec le gouvernement
fédéral dans le secteur touristique. Je ne nie pas ce
fait-là. Je voudrais savoir si, sur le plan juridique et
constitutionnel, le Québec considère que le tourisme est un
domaine de compétence provinciale exclusive, comme l'éducation.
Si cela n'est pas le cas, c'est clair qu'à ce moment-là le
tourisme n'est pas touché par cette clause sur le pouvoir de
dépenser.
M. Picotte: On me donne comme exemple, M. le Président,
que la publicité internationale du tourisme n'a jamais été
considérée comme une exclusivité du Québec. Cela
n'a jamais été considéré ainsi. À notre
connaissance, il n'y a jamais eu à ce sujet-là de
référence constitutionnelle, M. le Président.
M. Brassard: Donc, le tourisme n'est pas un domaine de
compétence provinciale exclusive, comme l'environnement, l'agriculture
ou l'immigration, c'est un domaine de compétence concurrente.
M. Picotte: Le tourisme, M. le Président, c'est
varié comme intervention. On peut parler du transport, des routes, des
aéroports. C'est du domaine touristique. On regarde tout cela de
façon internationale, interprovinciale. Même les
municipalités investissent dans le tourisme. Les municipalités
font de la publicité touristique. Qu'on le considère comme
juridiction strictement provinciale, je ne crois pas que ce soit cela. En tout
cas, cela n'a jamais été considéré comme ça
chez nous.
M. Brassard: Très bien. Alors, vous prenez note de nous
faire parvenir la liste...
M. Picotte: Oui, la liste. Effectivement, M. le
Président.
Publicité
M. Brassard: ...des programmes à frais partagés
avec le gouvernement fédéral.
En matière de promotion et de publicité, à
l'article 3 de l'élément 2, on constate une réduction, une
diminution de 1 582 500 $. On s'y retrouve? Oui. L'élément
2...
M. Picotte: Élément 2.
M. Brassard: ...l'article 3, Communications. L'an passé,
c'était 7 850 000 $ et, cette année, c'est 6 268 000 $.
D'accord?
M. Picotte: Effectivement...
M. Brassard: Si je comprends bien, est-ce que c'est le poste
budgétaire où l'on retrouve les programmes de
publicité?
M. Picotte: Oui.
M. Brassard: C'est ce poste-là.
M. Picotte: Mais le problème...
M. Brassard: Comment expliquer la réduction de 1 500 000
$?
(21 heures)
M. Picotte: ...c'est que la publicité coopérative
qui était, l'an dernier, inscrite à la rubrique Communications
est, cette année, inscrite aux Transfert, à la demande des ATR,
d'ailleurs. Pour faciliter l'administration, on a effectué ce transfert,
si bien que le montant d'argent qu'on retrouvait pour la publicité
coopérative à cet élément se retrouve maintenant
à l'élément Transferts.
M. Brassard: La participation à des opérations de
promotion, cela se retrouve dans les dépenses de transfert.
Une voix: C'est-à-dire que...
M. Brassard: L'an passé, il y avait 1 782 000 $...
M. Picotte: C'est dans Publicité coopérative.
M. Brassard: Publicité coopérative se trouve au
poste Associations touristiques régionales, ATR?
Une voix: Non.
M. Picotte: Je vais demander à M. Therrien de vous
expliquer le passage du budget d'un élément à un
autre.
M. Therrien (Jacques-Yves): Ce qu'il faut expliquer, M. le
Président, c'est qu'auparavant nous placions les commandes de
publicité par l'intermédiaire de nos agences et les ATR et les
intervenants remboursaient, selon les cas, deux tiers pour de la
publicité au Québec et 50 % pour de la publicité à
l'extérieur. C'était un processus assez difficile parce qu'il
fallait passer par l'ATR, le ministère du Tourisme et le
ministère des Communications pour placer la publicité. Cette
année, les ATR nous ont demandé unanimement de faire l'inverse,
c'est-à-dire qu'on leur donne un tiers ou 50% selon le cas, si c'est de
la publicité à l'extérieur du pays ou intra-Québec,
et qu'eux négocient le placement médias, soit dans les journaux
du Québec, soit dans des périodiques à l'extérieur
du Québec. Ainsi, les paiements qui étaient
considérés comme des paiements de communication auparavant
deviennent des paiements de transfert parce que c'est un paiement du
gouvernement à des organismes.
M. Brassard: Cela signifie quoi? Si on s'en tient, par
conséquent, à la publicité assumée directement par
le gouvernement du Québec, particulièrement la publicité
à l'extérieur du Québec, quel est le budget...
M. Therrien: C'est 5 000 000 $...
M. Brassard: ...pour cette publicité? Par rapport à
l'an passé, quel est-il?
M. Therrien: Oui, c'est le même budget essentiellement.
C'est un budqet de 5 300 000 $ qui se compare au budget de 6 300 000 $, pour
l'an passé, la différence étant le 1 000 000 $ de
publicité coopérative qui a été
transféré des paiements de fonctionnement aux paiements de
transfert. Si vous mettez la publicité coop, vous avez 6 300 000 $,
exactement comme l'an passé.
M. Picotte: Mais je pense que la question du député
de Lac-Saint-Jean était à savoir quel montant d'argent nous
consacrons à la publicité coopérative. Le montant total du
budget est de 1 000 000 $...
M. Therrien: II est de 1 000 000 $ cette année... Pardon,
c'est 1 300 000 $ avec l'ajout...
M. Picotte: C'est 1 000 000 $ que nous avions programmé
plus les 300 000 $ que j'ai réussi à aller chercher au fonds de
suppléance, ce qui fait 1 300 000 $ dans le volet Publicité
coopérative intra et extra-Québec.
M. Brassard: D'accord. Pour la publicité directe, si on
veut, c'est le même budget, c'est autour de 5 000 000 $.
M. Therrien: C'est 5 200 000 $. M. Picotte: C'est
cela.
M. Brassard: En matière de contenu, est-ce que vous
poursuivez les mêmes programmes, les mêmes campagnes que les
années précédentes? Je pense à la campagne du ski,
je pense à la campaqne d'été également, "Come say
Bonjour". Est-ce que vous poursuivez les mêmes campagnes de
publicité externe avec les mêmes cibles et les mêmes
clientèles visées?
M. Picotte: M. le Président, avant de donner des
détails et demander soit à M. le sous-ministre ou à M.
Tremblay de donner des détails, j'aimerais vous dire, quant à la
campagne de publicité, les sommes versées; il serait important
qu'on puisse le savoir. Campagne intra-Québec, sur le marché
intra-Québec, évidemment, placements médias du
Québec, un montant de 200 000 $. La campagne Hospitalité
agrément hors Québec, c'est une campaqne de 3 000 000 $. La
campagne du Ski hors Québec, produit sectoriel, c'est une campagne de 1
900 000 $. Le programme de publicité coopérative auquel j'ai fait
allusion tantôt, c'est 1 300 000 $. Le programme de chasse et
pêche, 100 000 $, à l'extérieur du
Québec, évidemment, et la campagne Congrès hors
Québec, 100 000 $. Le budget supplémentaire, il y avait un ajout
de 75 000 $, ce qui fait 5 275 000 $ pour les campagnes de publicité que
je viens de vous énumérer, tant les campaanes
intra-Québec, Hospitalité agrément hors Québec,
campagne de ski, programme de publicité coopérative, le programme
de chasse et pêche et la campagne congrès. Maintenant, pour les
détails...
M. Brassard: Est-ce que le ministre consentirait à
déposer ce document?
M. Picotte: On va acheminer, par l'entremise du secrétaire
de la commission...
M. Brassard: D'accord.
M. Picotte: ...dans les meilleurs délais, l'ensemble du
tableau que je viens de vous mentionner. Maintenant, pour les
détails...
M. Brassard: Mais ma question, au fond, était la suivante,
et je reviens à M. Tremblay...
M. Picotte: Pour les détails sur la question...
M. Brassard: Est-ce qu'en termes de cibles, de clientèles,
de contenu de publicité les objectifs sont atteints? Autrement dit,
est-ce que vous avez cru bon de procéder à des
réorientations, à des ajustements de votre publicité, soit
pour ce qui est des cibles, des clientèles et du contenu?
M. Picotte: M. le Président, avant de passer la parole
à M. Stanley Tremblay sur les détails dont se soucie le
député de Lac-Saint-Jean, je suis certain que M. Tremblay voudra
aussi, cette année, vous parler de notre nouvel outi! de promotion que
j'ai entre les mains, un carnet intitulé Québec, avec des rabais
à l'intérieur. Je laisse le tout...
M. Brassard: Des chèques du gouvernement? Non, pas des
chèques du gouvernement.
M. Picotte: Non, non, non, pas des chèques du
gouvernement, mais de l'entreprise privée qui collabore. Je laisse
à M. Stanley Tremblay, responsable du marketing, le soin de vous donner
des détails que vous souhaitez.
M. Tremblay (Stanley): Très brièvement. Dans le
sens que vous l'avez dit, effectivement c'est la même démarche de
marketing intégrée, d'où les campagnes de publicité
à ce moment-ci qui s'adressent aux masses. C'est surtout au point de vue
visuel que cela a été adapté. On a aussi raffiné au
niveau des plans médias. Chaque année, nous faisons un certain
nombre d'études. Cette année, on fait une étude de
conversion importante en ce qui concerne la campagne de ski et la campagne
Bonjour. C'est toujours le même positionnement, à savoir cette
invitation très directe qu'on appelle la campagne du "Come say Bonjour"
invitant les Américains et les Ontariens à se rendre au
Québec. Nous sommes présentement à faire des études
majeures, comme je le mentionnais tout à l'heure, afin de voir si on
maintient strictement ce qu'on fait dans le moment avec trois segments
atteignant toujours le haut de gamme qui nous permet d'avoir des revenus
supplémentaires. Tout à l'heure, M. Picotte parlait de 590 000
000 $ de l'extérieur, notamment des États-Unis. Ce qu'on vise,
c'est d'arriver à environ 700 000 000 $, 800 000 000 $. C'est vraiment
le chiffre qui est visé. Cela prendra un certain temps parce qu'on part
de loin, mais on pense qu'éventuellement on va tendre vers cela.
Donc, il n'y a pas de changement majeur quant au programme marketing,
simplement des adaptations et du raffinement au point de vue des images et des
plans médias.
M. Brassard: Est-ce que vous avez une idée, pour ce qui
est de l'atteinte de vos objectifs, du temps requis, en termes de
durée?
M. Tremblay (Stanley): En fait, vous n'êtes pas sans savoir
que le domaine du marketing n'est pas tout à fait une science aussi
exacte que cela parce qu'on est toujours obligé de fonctionner avec
beaucoup de concurrence, pas seulement au Canada, mais aux États-Unis.
La seule chose que nous savons, c'est que, quant aux demandes de
renseignements, donc au niveau de la notoriété publique, c'est
sur une courbe croissante au cours des quatre dernières années.
C'est extrêmement important parce qu'il y a une corrélation, bien
sûr, qui s'établit entre l'intérêt et la
notoriété et le fait que les gens vont effectivement poser le
geste de venir au Québec, toutes choses étant égales par
ailleurs. Mais il y a tellement de facteurs qui jouent là-dedans. Par
exemple - cela semble peut-être un peu absurde - s'il fallait que deux ou
trois facteurs changent, à savoir le dollar inversé, par exemple,
avec un dollar américain à 0,60 $ ou quelque chose du genre, on
aurait peut-être un effet ici. Des actes de terrorisme qui pourraient
être posés au Canada, ça pourrait avoir un effet pour nous.
Donc, c'est assez aléatoire. Ce qu'on sait, c'est que depuis quatre ans
- et nos projections nous indiquent ça, plus on raffine, plus on atteint
cela - tant au niveau des
revenus qu'au niveau de la demande, c'est en croissance.
On peut penser, sur un autre programme marketing de trois ans, qu'on
pourrait atteindre à peu près les chiffres moyens.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député...
M. Brassard: Merci, M. Tremblay.
Le Président (M. Théorêt): ...vous me
permettez, une seconde?
M. Brassard: Oui, certainement.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que vous
pouvez nous dire si votre clientèle visée est située
encore dans les mêmes États que par les années
passées ou si vous avez agrandi votre cercle d'États pour votre
clientèle cible, par exemple pour le ski?
M. Tremblay (Stanley): Lorsqu'on parle de ski, vous n'êtes
pas sans savoir que désormais, tant l'été que l'hiver ou
pour d'autres campagnes, c'est ce qu'on appelle les campagnes
nord-américaines. On a cessé de faire des distinctions
importantes entre l'Ontario, notamment, qui est un de nos marchés
primaires, et les États-Unis, la raison étant qu'au-delà
de certains raffinements au niveau marketing, c'est-à-dire de certaines
promotions, il n'est pas nécessaire de changer d'image, ce qui est plus
cohérent.
On a toujours maintenu ce qu'on appelle le corridor de la côte
est, qui reste le pain et le beurre, c'est-à-dire New York en s'en
venant jusqu'ici. Au cours des deux dernières années, on s'est
rapproché du centre nord-est où il y a des bassins
extrêmement importants qui, bien sûr, vont surtout en Ontario. En
ski, l'Ontario et, doucement, tout le bassin des Grands Lacs aux
États-Unis commencent à venir au Québec et on
espère qu'avec la chasse, la pêche, le ski et les campagnes
été on va arriver à pénétrer de façon
significative ces marchés. On croit que c'est là qu'il y aura
effectivement un résultat plus important.
En d'autres termes, c'est une stratégie de maintien sur la
côte est qui est absolument essentielle et on ne doit pas la
délaisser; et c'est la même chose en Ontario. Mais, depuis deux ou
trois ans, nous tentons de pénétrer véritablement les
bassins de ces grandes villes parce que c'est beaucoup plus populeux. C'est
toujours une des raisons pour lesquelles l'Ontario attire, en nombre, beaucoup
plus de gens que nous, mais pas nécessairement en termes de revenus.
Le Président (M. Théorêt): En quel
pourcentage établiriez-vous la clientèle touristique de ces
régions, du potentiel qui existe par exemple vers les autres pays ou les
autres provinces?
M. Tremblay (Stanley): Excusez-moi, ce n'est pas clair.
Le Président (M. Théorêt): Quel est le
pourcentage du potentiel de cette clientèle qui existe qui vient chez
nous ici au Québec?
M. Tremblay (Stanley): Je pense que dans le cas de l'Atlantique
on est de loin ceux qui attirent le plus les gens de l'Atlantique en termes de
normes et surtout en termes d'argent. Nous avons toujours eu une
stratégie de retour sur les investissements plutôt qu'une
stratégie de nombre. En d'autres termes, on s'adresse davantage à
des gens qui sont prêts à payer des prix assez
élevés pour des produits haut de gamme plutôt que d'avoir
une masse de gens. Quant à moi, c'est un marché primaire et on
reste très fort sur ce marché-là. On est nettement en
avant des autres.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
député de Lac-Saint-Jean.
Le Palais des congrès
M. Brassard: Merci, M. Tremblay. Je voudrais aborder le sujet du
Palais des congrès et d'abord revenir un peu à la question que je
posais au départ. Il a été question au tout début,
il y a plusieurs mois déjà, depuis ce temps-là on n'en
entend plus parler, d'un comité - j'avais d'ailleurs posé une
question en Chambre à ce sujet-là au ministre, il se le
rappellera - pour étudier non pas la vocation mais le statut du Palais
des congrès. Il a même été question, certains
journaux l'ont rapporté, de privatiser d'une certaine façon le
Palais des congrès ou d'en confier, d'en transférer la gestion et
l'administration à d'autres intervenants, particulièrement
montréalais. Avant d'aborder l'oeuvre accomplie par le Palais des
conqrès, j'aimerais savoir si le ministre a terminé sa
réflexion quant au statut du Palais des congrès, quant à
ses gestionnaires. Est-ce qu'il est maintenant en mesure, après 18 mois
à la tête du ministère du Tourisme, de nous dire: Le Palais
des congrès va demeurer tel qu'il est géré, ou nous
songeons à tels changements ou à telles modifications de son
statut? (21 h 15)
M. Picotte: M. le Président, je pense qu'à la suite
de ma réponse le député de Lac-Saint-Jean va rester un peu
sur son appétit, dans le sens que, vous vous en souviendrez, l'an
passé, quand nous avions discuté du Palais des congrès
à cette commission, j'avais mentionné que nous voulions
évaluer toutes les possibilités.
Évidemment, il y a des gens qui suggéraient de parler avec
la ville de Montréal pour voir s'ils n'étaient pas
intéressés, en totalité ou en partie. Il y a des gens qui
parlaient de privatisation comme telle. Il y en a d'autres qui disaient que
l'office du tourisme est prêt à y travailler et à faire en
sorte de prendre position dans ce dossier bien précis. La Chambre de
commerce de Montréal, d'ailleurs, avait mentionné le désir
de pouvoir aussi regarder cela de très près.
M. le Président, à moins que ma mémoire ne fasse
défaut - puisque la mémoire est une faculté qui oublie, la
seule d'ailleurs - j'avais mentionné que ces discussions n'allaient pas
être si rapides que cela, compte tenu du fait qu'au mois de novembre
dernier il y avait une élection municipale à Montréal. Je
doutais fort que l'ancienne administration ou l'administration actuelle...
Reportons-nous à l'an passé, l'administration Drapeau s'en allait
en élection, je doutais fort que cette administration décide d'en
parler de façon ouverte et veuille faire des ententes, pas plus que le
parti d'opposition, qui était alors le parti de M. Doré, ne
pouvait vouloir enclencher des discussions là-dessus. Donc, j'ai dit:
C'est un dossier qui risque d'être long.
Effectivement, c'est un dossier qui est long, dans le sens qu'il y a eu
des élections à Montréal. Nous avons laissé la
chance aux nouveaux élus de prendre le parquet de l'hôtel de ville
et de monter bien en selle avant de discuter de dossiers importants. Mais j'ai
eu l'occasion, au printemps dernier, d'en glisser un mot à M. le maire
Doré et de lui dire qu'il faudra éventuellement que nous ayons
des discussions à ce sujet, regardions l'ensemble du dossier. Nous avons
eu l'occasion encore de travailler en étroite collaboration avec
l'office du tourisme, CARIM et la ville de Montréal pour envisager
différentes possibilités et faire une étude de... Je pense
qu'il va être important de faire une étude stratégique de
la position de Montréal comme telle sur le plan touristique.
Il y a eu aussi la nomination de M. Auclair, le nouveau président
du Palais des congrès, à qui j'ai confié comme mandat,
entre autres, lors de sa nomination, d'examiner toute l'administration du
Palais des congrès. M. Michaud venait de donner sa démission. M.
Michaud, évidemment, avait décidé d'oeuvrer dans un autre
domaine. M. Michaud et moi-même avions eu d'excellentes relations lors de
nos rencontres et je sais gré à M. Michaud de l'avoir
souligné dans La Presse, d'ailleurs, lors de son départ. Il a eu
une excellente collaboration du ministre du Tourisme.
J'ai demandé à M. Auclair d'examiner d'abord
l'administration pour voir s'il n'y aurait pas lieu, compte tenu que je
connaissais M. Michaud depuis fort longtemps et que nos amis d'en face le
connaissaient bien aussi, de voir s'il n'y avait pas possibilité de
dégraisser un peu l'appareil, sans savoir s'il y avait beaucoup de
graisse aussi, mais, compte tenu de la réputation un peu de M. Michaud,
de regarder les possibilités de dégraissement de l'appareil. Cela
a été un premier mandat que j'ai confié à M.
Auclair, qui s'en acquitte très bien et qui est en train d'examiner tout
ce dossier.
J'ai confié aussi à M. Auclair le mandat de faire une
étude, d'examiner toutes les possibilités et de me faire des
recommandations. La nomination de M. Auclair date du 15 octobre. Jusqu'à
maintenant, après avoir regardé un peu les volets que je lui
avais demandé d'examiner et avoir travaillé dans ces domaines, M.
Auclair ne m'a pas encore fait de recommandations du côté de
l'avenir du Palais des congrès, de quelle façon H voyait cela. Je
compte bien, aussitôt que M. Auclair me fera son rapport sur les deux
objectifs que je lui ai fixés, à part évidemment les
objectifs que doit avoir un p.-d.g. d'un palais des congrès comme celui
de Montréal, de poursuivre les objectifs de conqrès
internationaux, comme je l'ai mentionné dernièrement...
Aussitôt que M. Auclair me fera rapport, me donnera certaines
précisions face à ces orientations, je compte bien faire en sorte
de rediscuter, à la fois avec mes collègues du Conseil des
ministres, la ville de Montréal, l'office du tourisme, la chambre de
commerce et les gens concernés, de l'avenir du Palais des
congrès. Pour l'instant, le Palais des congrès continue dans la
même voie pour laquelle il a été créé et pour
laquelle il a été mis au monde. M. le Président, c'est
celle d'organiser des conqrès de type international. Et nous ne voulons,
sous prétexte d'examiner une orientation future, perdre aucun coup
d'archet pour ce qui est d'attirer des conqrès internationaux. C'est un
souci que nous avons, mais qui est secondaire face au souci principal d'attirer
du tourisme chez nous.
M. Brassard: M. le Président, on en avait discuté
également, je pense que c'est l'an passé, et, si ma
mémoire est bonne, je pense que le ministre avait convenu qu'il ne
fallait pas, en ce qui concerne le Palais des congrès, se donner un
objectif étroit de rentabilité de l'institution elle-même
et qu'il fallait, dans ce cas, tenir compte des retombées
économiques dans le secteur hôtelier, dans le secteur de la
restauration, etc. Si on visait, de façon étroite, à
rentabiliser une institution comme celle-là, je pense qu'on y arriverait
peut-être, sauf qu'à ce moment-là, j'ai la certitude qu'on
se trouverait à dénaturer sa vocation et aussi à
entraîner une diminution grave, considérable, des retombées
économiques qui sont,
évidemment, bénéfiques pour une grande
région comme celle de Montréal. Je pense qu'on avait
dégagé un consensus sur cette vision des choses.
Je reste persuadé que le Palais des congrès, si on
maintient sa vocation, quel que soit le statut qu'on lui donnera, on aura beau
le transférer à je ne sais qui, l'office du tourisme ou la ville
de Montréal, on aura beau le transférer à qui on voudra,
ce ne sera jamais rentable en soi. Si on s'en tient simplement aux états
comptables du Palais des congrès, ce ne sera jamais rentable parce qu'il
faut considérer ce qui n'apparaît pas, évidemment, dans le
rapport du vérificateur du Palais des congrès. Il faut tenir
compte des retombées économiques majeures et
bénéfiques pour l'ensemble de Montréal. Est-ce que le
ministre convient de cela, d'une part, et est-ce qu'il a des chiffres quant aux
retombées précisément, des chiffres quant aux
retombées économiques des activités du Palais des
congrès?
M. Picotte: M. le Président, je constate que la
mémoire du député de Lac-Saint-Jean est excellente. J'ai
eu l'occasion de dire l'an passé, et je le répète cette
année, que le Palais des congrès doit avoir la vocation d'amener
durant le plus grand nombre de jours ouvrables possible des congrès de
type international. Et ça, c'est sûr, cela coûte des
piastres. Par contre, en retombées économiques, en nombre de
touristes qui viennent séjourner chez nous pour une période de
sept ou quatorze jours, même si leur congrès est de trois jours...
Par exemple, quelqu'un vient d'Europe pour assister à un congrès
international à Montréal. Il va venir deux ou trois jours en
congrès, mais il va sûrement avoir un billet d'avion pour
retourner dans sept ou quatorze jours. Il va coucher sept ou quatorze fois chez
nous. Il va manger trois fois par jour au moins dans les restaurants. S'il est
comme le ministre du Tourisme, parfois il va aller une quatrième fois
par jour au restaurant. Donc, il va laisser de l'argent dans le domaine de
l'hôtellerie, dans le domaine de l'hébergement, dans le domaine de
la restauration. Donc, c'est sur le type et le plan de congrès
internationaux qu'est la vocation du Palais des congrès, et j'ai dit que
je ne veux pas changer cette vocation-là. Examiner la possibilité
que d'autres instances s'en occupent, je n'ai pas d'objection à cela,
à condition que le Palais des congrès ait comme vocation
première d'attirer des congrès internationaux.
Deuxièmement, j'ai dit et je répète que, tant et aussi
longtemps que j'aurai à défrayer, à même mon budget,
les montants d'argent... Si je suis obligé de verser à je ne sais
trop quel organisme, soit la chambre de commerce, l'office du tourisme, la
ville de
Montréal ou qui que ce soit, les 19 000 000 $ que je verse
présentement pour l'administration du Palais des congrès, aussi
bien le faire moi-même que de le faire faire par un autre. Je ne veux pas
être le gars qui regarde passer le chèque s'en aller à une
instance où les décisions se prennent sans que je n'aie mon mot
à dire quant aux décisions. Cela, c'est hors de tout doute. J'ai
la même position et je continuerai d'avoir la même position face au
Palais des conqrès. Je tiens à dire ceci: La plus belle certitude
que le député de Lac-Saint-Jean peut avoir en ce qui concerne le
rétrécissement du Palais des congrès au niveau du
rôle, c'est de constater le montant d'argent que nous affectons au Palais
des congrès. Non seulement nous n'avons pas voulu diminuer, nous avons
gardé cette vocation. Quand on examine les crédits, vous
remarquerez qu'effectivement, cette année, mon ministère va
verser 19 300 000 $ pour le Palais des congrès. Si nous avions voulu que
le Palais des congrès joue un rôle plus étroit ou change un
peu de vocation, on lui aurait dit: Cette année, on vous donne seulement
15 000 000 $ et allez chercher de l'autofinancement quelque part pour 3 000 000
$ ou 4 000 000 $, faites des foires, des spectacles, n'importe quoi. C'est la
plus belle certitude et garantie que peut avoir le député de
Lac-Saint-Jean sur les intentions de celui qui vous parle comme ministre
responsable du Tourisme et du Palais des congrès.
Dans un autre ordre d'idées, le député de
Lac-Saint-Jean m'a demandé si on avait évalué les
retombées économiques du Palais des congrès pour 1986. En
neuf mois, parce que nous avons les chiffres pour neuf mois seulement, je dois
d'abord dire qu'il y a eu une augmentation de 12,9 % du nombre de
congrès dans les villes à congrès du Québec. Les
retombées du palais ont été calculées à 41
386 000 $ pour neuf mois de 1986 et, pour les trois premiers mois de 1987, 9
031 650 $ additionnels pour un grand total de 50 000 000 $ de retombées
économiques. Je pense que cela vient compenser pour les 19 000 000 $ que
le ministère du Tourisme injecte au Palais des congrès. Si je
sais bien compter, il y a un surplus de 31 000 000 $ pour le
développement touristique, mais pas de surplus au ministère. Chez
nous, on n'a que les dépenses, on ne va jamais chercher... Ce sont mes
collègues, le ministre des Finances et le ministre du Revenu, qui, avec
le fonds consolidé, vont chercher les piastres qui entrent à mon
ministère; moi, je n'ai que les dépenses, mais je suis heureux de
dépenser lorsqu'il y a des retombées positives comme celles que
je viens de vous mentionner.
M. Brassard: M. le Président, j'ai ici un
tableau-synthèse que M. Michaud a rendu public lors de son
départ.
M. Picotte: II vous l'a envoyé? II me semble qu'il ne me
l'a pas envoyé à moi.
Des voix: Ha! Ha! Ha! M. Brassard: Oui, oui. M.
Picotte: Je ne comprends pas cela,
M. Brassard: Vous avez sûrement reçu cela. C'est
à l'occasion d'une conférence de presse. Il a fait une
conférence de presse et il avait un dossier de presse...
M. Picotte: Est-ce que c'est à la même occasion
où il est mentionné que j'ai eu une excellente collaboration avec
lui?
M. Brassard: Ah oui! C'est en lettres majuscules, en plus.
M. Picotte: Parfait! M. Michaud est fidèle à
lui-même. Il fait toujours les choses en grandi
M. Brassard: Ici, peut-être que le ministre ou le
sous-ministre pourrait éclairer ma lanterne, il y a deux colonnes:
dépenses directes, où, pour l'année 1986, par exemple, on
arrive à 49 609 000 $, et une colonne spécifique pour les
retombées économiques, où, pour 1986, cela se chiffre
à 104 180 000 $.
M. Picotte: M. le Président, je vais demander à mon
sous-ministre de commenter ces chiffres, parce qu'avec M. Michaud il y avait
effectivement, de temps en temps, deux et trois colonnes. Comme il y avait un
débordement d'optimisme - vous connaissez M. Michaud, c'est un
éternel optimiste. Bravo! Tant mieux! II est allé chercher des
choses additionnelles. Vaut mieux être optimiste. J'aime mieux un gars
qui dit qu'un verre est à moitié plein plutôt qu'à
moitié vide. Je vais demander à mon sous-ministre s'il a eu ces
chiffres-là. En tout cas, peut-être qu'on est plus conservateurs,
mais on parle de 50 000 000 $. (21 h 30)
M. Therrien: Cela dépend toujours de la façon dont
on évalue cela. Quand on parle de retombées, on parle de
retombées directes. Si on ajoute les retombées indirectes,
habituellement, les économistes multiplient par un facteur de 2,1.
M. Picotte: On n'est pas si mal.
M. Therrien: Si vous prenez les 50 000 000 $ multipliés
par 2,1, cela donne environ 100 000 000 $. Là, on se rejoint.
M. Picotte: 101 000 000 $. Bien, ce n'est pas si pire.
M. Therrien: 105 000 000 $.
M. Brassard: Est-ce que c'est d'un optimisme délirant,
pour reprendre les propos du ministre, ou si c'est une appréciation ou
une évaluation correcte et conforme à la science
économique?
M. Therrien: Certains économistes vont vous dire que c'est
plutôt 1,9 que 2,1. Mais, vraiment, là, on pourrait leur laisser
le soin de discuter entre eux. Je ne pourrais vraiment pas trancher ce soir et
dire si c'est 1,9 ou 2,1. Cela fait l'objet de...
M. Picotte: Moi qui suis toujours situé au milieu, disons
2 %.
Des voix: Ha! Ha!
M. Picotte: 2,0 comme facteur.
M. Therrien: 2,0. On pourrait déposer ce document-ci qui
part, évidemment, de chiffres précis. Le total que le ministre a
cité tout à l'heure, c'est le total donné dans un document
qui mentionne tous les congrès par catégorie, international,
américain, canadien, québécois, et qui donne l'affluence
à chacun de ces congrès en termes de personnes. Par exemple, en
ce qui concerne les congrès québécois, on pourrait dire
qu'il y en a eu X ici avec une affluence de 13 950 personnes. C'est très
précis. On multiplie par un facteur moyen de dépenses par
personne, qui nous est donné par des enquêtes statistiques, et,
après, on pourrait remultiplier par 2,1 pour arriver au chiffre
approximatif de M. Michaud. C'est une question d'évaluation.
M. Brassard: D'accord.
M. Picotte: M. le Président, souventefois, d'ailleurs,
dans le domaine touristique, on parle de retombées directes et
indirectes. Les retombées directes, c'est ce qu'on peut calculer. Les
retombées indirectes, c'est quand, par exemple, des gens ont
embauché du personnel pour tel et tel événement et ont
dû payer de l'impôt à l'État, etc. Quand on multiplie
cela de cette façon, on s'entend généralement sur un
facteur de 2,1. D'autres nous disent 1,9. Mais je pense qu'il n'est pas
exaqéré de dire, dans ce cas-ci et dans d'autres cas, que doubler
les retombées économiques indirectes, cela s'approche de la
réalité.
M. Brassard: Est-ce qu'on peut affirmer, après maintenant
quelques années de fonctionnement et compte tenu du bilan dont a
parlé le ministre dans son intervention de départ, que le Palais
des congrès a atteint ce qu'on pourrait appeler son rythme de
croisière? Est-ce qu'il est
encore possible d'accroître le nombre d'événements,
le nombre de congrès? Est-ce qu'il y a encore un potentiel
intéressant?
M. Picotte: M. le Président, je vais demander au
représentant du Palais des congrès, M. Jean-Guy Sylvain, de
donner l'appréciation des gens du milieu, du Palais des congrès,
sur ce qui pourrait être amélioré ou, en tout cas, sur ce
qui pourrait être ajouté à ce qui existe
présentement, évidemment, selon la conjoncture et les
périodes creuses que nous pouvons avoir au Palais des
congrès.
M. Sylvain (Jean-Guy): Nous croyons que le palais a atteint sa
vitesse de croisière. Bien sûr qu'il faut maintenir les efforts de
marketing au niveau international et au niveau américain. La
capacité actuelle atteinte au palais, c'est à peu près le
rythme de croisière normal pour un palais des congrès. Cependant,
il y a des périodes creuses comme les mois de décembre, janvier
et février, et il s'agira de développer de nouveaux produits pour
remplir ces périodes creuses de l'année.
M. Brassard: Cela irait pour le Palais des congrès.
Plans de développement touristique des
régions
Je voudrais prendre quelques minutes sur l'entente
fédérale-provinciale sur le développement du tourisme. Si
j'ai bien compris le ministre, tantôt, il affirmait que les 100 000 000 $
prévus étaient à peu près complètement
affectés?
M. Picotte: Je pense qu'il faut diviser l'entente
Québec-Canada en trois paliers différents. D'abord, c'est une
entente de 100 000 000 $ qui porte sur une période de cinq ans dont 35
000 000 $ devaient être consacrés au volet ski et dont une partie
aussi concernait le marketing. Dernièrement, tout près de votre
région, au sujet du fjord du Saguenay, les deux ministres ont
accepté qu'on consacre 10 000 000 $ pour la périphérie du
parc Saguenay.
Je dois vous dire qu'à toutes fins utiles, sauf pour ce qui est
du volet marketing, l'entente est épuisée. Il reste un peu
d'argent pour le volet marketing. En ce qui concerne le ski, il reste encore un
peu d'argent, mais les projets que nous avons sur la table vont épuiser
les 35 000 000 $ que nous y avions consacrés. J'avais l'occasion cet
après-midi, lors de l'étude des crédits du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, de faire le
point sur l'entente de 10 000 000$ à propos du fjord du Saguenay. On
s'était donné cinq ans pour dépenser 10 000 000 $. Les
projets que nous avons présentement dépassent les 9 000 000 $. Il
y en a trois d'ailleurs qui seront finalisés très bientôt,
signés par les deux ministres responsables du Tourisme, et les autres
ententes qui sont à l'étude, si bien qu'en l'espace d'un an il y
a déjà 9 000 000 $ de projets d'engagés. Donc, il
resterait, pour encore quatre ans d'exercice, sur les 10 000 000 $ pour la
périphérie du parc Saguenay, 1 000 000 $ à
dépenser, ce qui veut dire que, selon les projets, parce qu'il y a
encore d'autres projets qui entrent - 26 nous ont été
acheminés - il y en a quatorze à l'étude et trois qui sont
presque acceptés ou qui seront acceptés d'ici quelques semaines.
Il y en a quatre pour lesquels ceux qui les ont envoyés ont
demandé de les retirer momentanément pour les examiner à
nouveau. On peut dire que les 10 000 000 $ sont engagés à
l'intérieur d'un an, sur une période de cinq ans qu'on
s'était donnée pour les dépenser.
On se rend compte que les sommes, dans l'entente qui avait
été signée pour cinq ans, seront, sauf le volet marketing,
dépensées pendant les trois premières années de
l'opération. Ce qui fait que j'ai déjà commencé
à demander à mon collègue, le ministre des Relations
internationales ou le ministre des Affaires intergouvernementales, ou en tout
cas...
Une voix: II est ministre des deux.
M. Picotte: En tout cas, le numéro un des Affaires
intergouvernementales et des Relations internationales...
M. Brassard: Ce n'est pas lui, le monstre.
M. Picotte: Non, non. Il n'y a que le chef du Parti
québécois qui en a vu. Voyons donc! Mais peut-être l'ancien
chef du gouvernement du Canada aussi; je n'ai pas eu l'occasion de le
rencontrer très souvent moi-même. Je rencontre plus souvent votre
chef que l'ancien chef et ça ne me déplaît pas, remarquez
bien.
Si bien que le ministre déléqué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes est déjà sensibilisé
à ma demande, à savoir qu'il faudrait déjà
commencer - et je pense que c'est déjà commencé - les
discussions avec le gouvernement fédéral pour voir s'il n'y
aurait pas lieu de signer une autre entente compte tenu que les sommes
dévolues à cette entente sont, à toutes fins utiles,
épuisées. C'est ce qui fait, M. le député de
Lac-Saint-Jean, que ce que je viens de vous dire brosse l'ensemble du tableau
de l'entente Québec-Canada de 100 000 000 $ à laquelle nous
faisons référence depuis quelques minutes.
M. Brassard: Le ministre devance mes
questions. Je voulais évidemment l'interroger sur les 10 000 000
$ de la zone périphérique.
M. Picotte: Je le voyais venir.
M. Brassard: J'apprends qu'il en a discuté. Je suis
persuadé que c'est avec le député de Dubuc.
M. Picotte: Effectivement. II semblait très
intéressé.
M. Brassard: Évidemment. Donc, je suppose qu'on peut
s'attendre à certaines annonces très bientôt.
M. Picotte: J'ai même protégé, si vous me le
permettez, M. le Président, le temps de parole du député
de Lac-Saint-Jean ce soir parce que j'aurais pu lui demander cet
après-midi, quand on s'est interrogé là-dessus:
Voulez-vous prendre quelques minutes, ce soir, pour interroger le ministre du
Tourisme? Mais je sais que cela aurait privé le député de
Lac-Saint-Jean de quelques minutes importantes, compte tenu que le
député de Lac-Saint-Jean est un excellent collaborateur du
ministre du Tourisme dans des discussions comme celles-là. Je voulais
à tout prix répondre cet après-midi pour éviter une
perte de temps et pour vous permettre d'aller plus loin dans vos questions.
M. Brassard: Vous être trop aimable, M. le ministre. Cela
dit, il serait peut-être bon, quand même, de revenir sur le sujet
pour les membres de la commission, compte tenu de la ventilation de l'entente.
Les 35 000 000 $ pour le ski, vous dites que c'est épuisé,
terminé. Je suis même convaincu qu'il en manque, compte tenu des
projets. Il y avait un montant de 15 000 000 $ pour le marketing. Il en reste
un peu. Mais il y avait 50 000 000 $ pour les projets moteurs, ce qu'on
appelait les projets moteurs à l'époque. Est-ce qu'il serait
possible que les membres de la commission puissent obtenir une liste des
projets acceptés, avec les subventions accordées par les deux
ordres de gouvernement?
M. Picotte: M. le Président, si vous n'avez pas
d'objection, je vais demander au secrétaire du ministère, mon ami
Philippe, ou aux gens qui le remplacent ce soir d'acheminer au
secrétaire de la commission, dans les meilleurs délais -
habituellement, cela se fait vite - ces détails que M. le
Président va ainsi aimablement distribuer aux membres de la commission.
La liste du 31 mars 1987.
M. Brassard: M. le Président, merci. Je reviens sur la
promotion publicité. Je viens de m'apercevoir que j'ai oublié une
question là-dessus. Dans les documents des crédits du
ministère des Communications pour 1987-1988, on peut y lire ceci, et
j'aimerais avoir une explication à ce sujet. À la page 27 de
l'étude des crédits du ministère des Communications, on
dit qu'il faut retrancher, des budgets du ministère des Communications,
6 100 000 $, accordés cette année au ministère du Tourisme
pour des campagnes qui auront lieu en 1987-1988. Est-ce qu'il y a eu un
transfert de crédits ou un transfert budgétaire du
ministère des Communications au ministère du Tourisme en
matière de campagne de publicité?
M. Picotte: M. le Président, je demanderais à M.
Therrien, mon sous-ministre, de répondre à cette question et, si
nécessaire, d'acheminer d'autres renseignements, un peu plus tard,
à la commission.
M. Brassard: J'ai de la difficulté à saisir ce
paragraphe des documents du ministère des Communications.
M. Therrien: Je dois avouer que moi aussi j'ai de la
difficulté parce les crédits dont on a fait état tout
à l'heure, à savoir les 5 200 000 $ ou 5 300 000 $, en fait, 5
275 000 $, sont des crédits qui existent à l'intérieur de
nos budgets.
Maintenant, comme vous le savez, le ministère des Communications
a peut-être fait état de l'ensemble des coûts des campagnes
publicitaires gouvernementales, auquel cas je pense qu'il a fourni des chiffres
qui sont peut-être de l'ordre de 12 000 000 $ ou 13 000 000 $ et qui
comprennent l'ensemble des coûts de placements immédiats de
l'ensemble des ministères. C'est peut-être la seule raison pour
laquelle il aurait fait référence à ce montant. À
travers ce montant, notre montant est de 5 200 000 $. Le montant comparatif,
l'an passé, était de 6 300 000 $ et la différence vient,
comme on l'a expliqué au tout départ, du fait que la
publicité coopérative est maintenant à l'intérieur
des paiements de transfert plutôt que...
M. Brassard: De toute façon, M. le Président, ma
collègue de Johnson, porte-parole en matière de communications,
va sans aucun doute interroger le ministre des Communications
là-dessus.
J'aimerais revenir sur les plans régionaux de
développement touristique.
M. Picotte: Vous m'avez fait une fausse joie, M. le
député de Lac-Saint-Jean, d'espérer avoir un versement de
6 000 000 $ du ministère des Communications sans...
M. Brassard: Peut-être. On ne sait jamais. On verra la
réponse du ministre des Communications.
M. Picotte: Mais on va scruter cela attentivement. (21 h 45)
M. Brassard: Je reviens sur les plans de développement
touristique des régions. J'ai entre les mains celui de ma région,
le Saguenay Lac-Saint-Jean. Je sais qu'il y a plusieurs régions
également qui ont complété le leur. C'est un document
extrêmement intéressant qui a été
précédé d'une large consultation et d'une réelle
concertation des intervenants de façon à dégager des
consensus très larges et très solides sur la plupart des sujets
et à mettre au point un plan de développement, une
stratégie de promotion visant à accroître les
retombées économiques en matière touristique dans une
région comme la nôtre, comme dans celles de tout le
Québec.
Il est évident qu'il y a beaucoup de choses là-dedans,
toute une stratégie de promotion. Il y a également une
stratégie concernant la signalisation. Il y a aussi évidemment un
plan de développement des attraits touristiques. C'est très
complet, très articulé et très cohérent. On
prévoit également des phases de développement. On
prévoit pour chacun des projets, chacune des politiques, des
maîtres d'oeuvre, des partenaires, des échéanciers. C'est
magnifique, mais la question que l'on se pose est de savoir si, une fois que
les régions se seront dotées de plan de développement...
Et c'est la volonté du ministère, si j'ai bien compris, de faire
en sorte que chaque région du Québec soit dotée d'un plan
de développement récréo-touristique sous la
responsabilité de chacune des associations touristiques
régionales.
Une fois que cette opération sera faite, et elle est
déjà complétée dans plusieurs régions, la
question que l'on se pose et que les intervenants se posent dans les
réqions, c'est que, maintenant que ce travail est accompli, que se
passe-t-il, qu'arrive-t-il? Quel est le rôle du ministère du
Tourisme en ce qui a trait à la mise en vigueur d'un plan de
développement? Quelles sont les formes de soutien que le
ministère va imaginer et mettre en place pour permettre la
réalisation de ces plans de développement? Je pense que la
question majeure qui se pose maintenant, et je sais que c'est celle qui se pose
dans ma région, entre autres, étant donné que le plan est
maintenant complété et que le ministre est venu lui-même,
d'ailleurs, le rendre public dans ma région, je m'en souviens bien, la
question majeure que tout le monde se pose, tous ceux qui s'intéressent
au développement touristique, c'est: Qu'est-ce qui se passe maintenant
avec ce magnifique plan?
M. Picotte: Je vais répéter au député
de Lac-Saint-Jean ce que j'ai dit dans sa propre région, lors de mon
passage, quand nous avons déposé le plan auquel il fait
référence. J'ai eu l'occasion de dire à tout le monde:
Vous avez un plan que le gouvernement, par le biais de l'OPDQ dans la
majorité des cas, a payé en collaboration avec les ATR. Vous avez
une foule de choses que vous voulez...
M. Brassard: Le ministère du Tourisme aussi. C'est
partagé.
M. Picotte: Oui, oui. Le ministère du Tourisme, mais je
voulais souligner les collaborateurs en sachant que le ministère du
Tourisme est directement impliqué aussi dans ces plans-là. J'ai
eu l'occasion de dire: Maintenant que vous avez des projets sur la table, ne
demandez plus aux politiciens de réaliser ces projets-là.
Pourquoi les politiciens croiraient-ils à vos projets si vous n'y croyez
pas? Quelle est la meilleure façon de croire à vos projets? C'est
que le milieu se prenne en main, nous dise ce qu'il veut réaliser, nous
mentionne quelle sera sa participation à l'intérieur du projet,
et le gouvernement, dans tous les cas, soutiendra par un programme quelconque
au ministère, soit du crédit touristique ou peu importe, par le
biais des ententes Québec-Canada, comme il va de soi, y compris le Fonds
de développement régional, pour autant que le milieu veut
privilégier certains dossiers, veut collaborer à la
réalisation de certains dossiers. C'est fini le temps où le
gouvernement réalisait pour le milieu; je pense que, désormais,
ce temps-là est passé. Cela exige maintenant la collaboration du
milieu, comme effort de participation au financement. À partir de ce
moment-là, nous avons de nombreux projets qui nous sont acheminés
et nous les étudions. Si cela exige une étude de
faisabilité pour faire référence à l'entente
Québec-Canada, je pense que, à de multiples exemplaires, on a un
programme au ministère du Tourisme pour financer, du moins en partie,
les études de faisabilité pour démontrer qu'il s'agit d'un
projet admissible à l'entente Québec-Canada, donc attirant du
tourisme de l'extérieur, un projet qui peut être faisable en
utilisant les moyens que nous avons avec l'entente. On a de l'argent pour les
études de faisabilité, un programme là-dessus, on le fait
et on a plaisir à collaborer à l'étude de
faisabilité en question. Si on est capable de démontrer que c'est
un projet admissible à l'entente Québec-Canada, nous y allons en
collaboration avec le fédéral pour l'investissement si
l'entreprise privée veut collaborer aussi, dans certains cas, à
certains projets. Nous avons ce volet.
Dans d'autres volets, il s'agit de la Société de
développement industriel qui participe, avec l'entreprise privée,
avec le milieu, à du capital de risque, à un montage financier
particulier, selon les ententes que
nous avons signées avec la SDI. Donc, il y a des programmes au
ministère face à ces choses-là. Nous sommes en train de
discuter avec mon collègue fédéral pour bonifier l'entente
au sujet de l'aide à apporter, par exemple, à du monde associatif
ou à un milieu municipal pour que ce ne soit pas le même
pourcentage que l'entreprise privée, pour faire un effort additionnel
quand il s'agît de municipalités. On a tous ces
programmes-là. Il s'agit maintenant que le milieu les utilise. Il ne
faudrait pas que le milieu pense que, parce qu'il a déposé un
beau plan, défrayé en partie par le gouvernement, peu importent
les instances qui y ont participé, il ne faudrait pas qu'on dise:
Qu'est-ce que vous attendez, le gouvernement, pour venir la réaliser? Si
on attend ça, c'est comme attendre le Messie, on n'est pas près
de l'avoir. Mais, si le milieu dit oui, on priorise ça et voici la
participation du gouvernement, nous sommes ouverts à tous ces
projets-là et je vous prie de me croire que, généralement,
on ne les laisse pas traîner sur la tablette.
M. Brassard: M. le Président, loin de moi l'idée de
penser que les réqions - je pense à la mienne, en tout cas - vont
se cantonner dans des positions attentistes face au gouvernement. Elles ont
pris la peine de faire cet exercice considérable de concertation et de
réflexion, et ce n'est certainement pas pour se cantonner dans
l'attente. C'est évident qu'on peut compter sur les régions pour
prendre l'initiative; c'est certainement le cas chez nous en tout cas, je peux
en assurer le ministre. Ce que je veux dire, c'est qu'il faut, lorsque la
région s'engage dans la voie de la réalisation d'un certain
nombre d'éléments du plan, qu'elle trouve non seulement un
accueil favorable auprès des instances gouvernementales, mais
également des moyens, des soutiens et des programmes appropriés
pour en permettre et en favoriser la réalisation.
Ce que j'aimerais savoir du ministre, c'est qu'il y a dans ces
plans-là, celui de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean comme les
autres, des chapitres, des volets qui concernent directement le
ministère. Ce que je veux savoir au fond, c'est si le ministère
est prêt; est-ce qu'il a les ressources financières suffisantes,
les programmes adéquats pour répondre à la demande et
permettre la réalisation de ces volets-là? Je prends le plan du
Saguenay-Lac-Saint-Jean où il y a tout un chapitre sur les
infrastructures et services relatifs à l'accueil et à
l'information touristique: postes d'accueil, kiosques, etc. Il y a tout un
chapitre, tout un volet sur les services et les outils relatifs à la
promotion, avec un plan promotionnel quinquennal, une politique d'accueil et
d'information, etc. Je pense qu'on est directement dans le domaine de la
promotion, de l'accueil, de l'information touristique. Voilà des volets
du plan qui concernent directement le ministère du Tourisme.
La question que je pose: Est-ce que le ministère est en mesure
présentement, compte tenu des ressources budgétaires et des
programmes en place, de répondre aux différentes régions
qui ont des plans de développement touristique relativement aux
dimensions qui intéressent directement le ministère du
Tourisme?
Le Président (M. Cannon): M. le ministre, en vous
indiquant qu'avec le consentement il s'agirait des dernières question et
réponse avant de procéder à l'adoption.
M. Philibert: M. le Président, si vous me permettez. On a
parlé de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean en ce qui a trait
au plan de développement qui a été présenté
pour le centre du Québec, l'automne dernier...
M. Brassard: Je vous permets... Cela ne me dérange pas de
dépasser de quelques minutes pour permettre au député de
Trois-Rivières de poser sa question.
M. Philibert: Peut-être que le ministre pourra...
M. Picotte: Peu importe la région, M. le Président,
je pense que vous devrez appliquer le modèle que je vous donne dans
chacune de vos régions. À partir de ce moment-là, vous
allez savoir exactement ce qui fait... Évidemment, il faudra ajuster la
pointure du gant, mais je vais vous indiquer un peu de quelle façon nous
entrevoyons cela.
J'ai fait état tantôt des différents programmes
qu'il y a à mon ministère, des études de
faisabilité sur des projets particuliers, l'entente
Québec-Canada, la Société de développement
industriel, du crédit touristique, etc. Ce sont des programmes
disponibles à l'entreprise privée, au monde associatif, au monde
municipal pour développer des projets bien précis. Ce qui nous
intéresse dans les plans de développement, ce pourquoi on a
commandé des plans de développement touristique au niveau
régional, c'est pour connaître le produit que nous avons à
offrir aux touristes. Un marketing. Quels produits la région du
Lac-Saint-Jean peut-elle développer et offrir aux touristes de
l'extérieur pour qu'ils viennent chez eux? Qu'est-ce qu'il faut offrir?
C'est surtout cela. Qu'il y ait à l'intérieur une liste de
projets bien déterminés, ce qu'on appelle en langage
régulier une liste d'épicerie sur des projets précis, cela
va de soi, je n'ai rien contre
cela, mais l'orientation n'est pas du côté de la liste des
projets, bien qu'elle aille avec le plan. Mais, surtout, on veut savoir quel
genre de produits on peut développer dans telle ou telle région,
que ce soit au coeur du Québec, que ce soit au Lac-Saint-Jean, en
Abitibi-Témiscamingue, aux îles-de-la-Madeleine ou je ne sais trop
où ailleurs, dans le nord de Montréal, quelle sorte de produits
touristiques on peut offrir pour attirer les touristes de l'extérieur
chez nous. Cela nous intéresse au premier chef. C'est pour cela qu'on
fait confectionner des plans de développement touristique au niveau des
régions.
Deuxièmement, nous avons des programmes bien précis. Par
exemple, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, nous avons offert par l'entremise de
l'ATR, dans les kiosques touristiques régionaux une enveloppe
budgétaire de 120 000 $. Cela représente à peu près
60 %, si ma mémoire est fidèle, de l'enveloppe globale qui doit
être dépensée dans cette région. Alors, 60 % de 120
000 $, cela veut dire un budget d'à peu près 200 000 $
confié aux ATR pour avoir des maisons de touristes régionales
à l'intérieur de la grande région du Saguenay
Lac-Saint-Jean. J'imagine que l'autre région du coeur du Québec
est plus grande, vu que nous avons les Bois-Francs, à la fois coeur du
Québec, Bois-Francs et Drummond...
Une voix: Le comté de Maskinongé.
M. Picotte: Le comté de Maskinongé, oui. Il y a une
enveloppe budgétaire de 181 000 $ dévolue à toute cette
grande région pour les maisons de tourisme régionales, encore 60
% du montant que nous défrayons où l'ATR va chercher 40 % dans le
milieu pour compléter l'enveloppe budgétaire et bien se
positionner dans les kiosques ou maisons touristiques régionales. C'est
ce genre de programmes que nous avons et que nous exploitons au maximum. Encore
faut-il se dire que ce qui nous intéresse, c'est un produit à
vendre pour inciter les gens à aller chez vous. Il ne faut jamais
oublier qu'il y a deux grands pôles d'attraction... J'imagine que j'ai le
consentement unanime pour dépasser 22 heures, sinon, je coupe ma phrase
en deux.
Le Président (M. Cannon): A-t-on le consentement?
M. Brassard: Certainement.
M. Picotte: Merci. Vous ne vouliez pas me laisser suspendre entre
les deux comme ça, n'est-ce pas?
Je voulais vous dire que, traditionnellement, les deux grands
pôles d'attraction touristique au Québec, il n'y a pas à se
le cacher, c'est Montréal et Québec. Ces deux grands pôles
touristiques sont ceux qui attirent le plus de tourisme. Montréal,
Québec, le Vieux-Québec, etc., le caractère
français de Québec. Bon. Quand on regarde cela dans son ensemble,
ce que nous disons, nous, c'est que nous voulons que les gens continuent
à venir au Québec par ces deux pôles d'attraction majeurs
que sont Montréal et Québec. Mais nous voulons leur dire aussi:
Si vous preniez des jours additionnels de vacances, si au lieu de venir au
Québec pour quatre jours vous veniez au Québec pour sept jours ou
pour quatorze jours, vous viendrez passer vos quinze jours de vacances, vous
pourriez à la fois venir dans le pôle d'attraction qui s'appelle
Montréal, en cheminant, passer une journée ou une journée
et demie dans la belle région de la Mauricie, le coeur du Québec,
et, par la suite, en venant à Québec, peut-être faire une
incursion vers le Lac-Saint-Jean, cela va de soi, parce que c'est
intéressant, il y a quelque chose d'excellent à voir du
côté du Lac-Saint-Jean, et boucler la boucle par Charlevoix ou par
la région de l'Estrie, etc.
Ce qu'il faut, c'est que le touriste qui vient chez nous passe plus de
jours que les jours qu'il est habitué à passer en allant
uniquement à Québec et à Montréal. Mais on
n'attirera pas les touristes uniquement par sentiment, on va les attirer parce
qu'on a un produit à leur offrir et c'est ce qu'on veut faire avec nos
plans de développement.
M. Brassard: M. le Président, pour terminer
là-dessus, je profite du consentement, c'est exact. Il est
évident que l'objectif premier d'un plan de développement
régional, c'est de bien cerner, de bien identifier la vocation
touristique, je pourrais dire, de chacune des régions, les attraits
touristiques majeurs. Mais la question que je poserais - j'ai eu un
début de réponse -c'est: Le ministère est-il en mesure,
avec les programmes qu'il a présentement - vous avez parlé de
celui des kiosques, mais je parlais tantôt de promotion, d'information,
de politique d'accueil et de mise en place de moyens d'information - avec les
programmes actuels et les ressources financières dont il dispose, le
ministre est-il en mesure de répondre aux demandes des régions
qui souhaitent appliquer leur plan de développement
particulièrement dans les volets et dans les dimensions qui
relèvent directement du ministère du Tourisme?
M. Picotte: M. le Président...
M. Brassard: Si je comprends bien, la réponse est
affirmative.
M. Picotte: Oui. Je me permettrai uniquement
d'énumérer tous les volets pour lesquels nous pouvons intervenir,
à part tout ce que je vous ai énuméré tantôt
comme
programmes. Par exemple, je vous ai parlé de la construction de
maisons régionales du tourisme, c'est une façon d'intervenir avec
le milieu. Il y a la promotion coopérative dont nous avons
discuté un peu plus tôt; la promotion d'événements
touristiques - parce qu'on a encore des budgets au niveau de la promotion -
spécifiques à chacune des régions; les bourses, foires et
expositions, où là encore on a des montants d'argent; les guides
touristiques régionaux où notre implication est quand même
d'environ 767 000 $; l'aide aux congrès - il y a des congrès dans
différentes régions, il y a une aide pour cela - la
publicité coopérative, 1 300 000 $, évidemment; les
attractions touristiques où il y a un volet du côté de
l'attraction touristique.
Il y a les associations touristiques régionales qu'on soutient,
les organismes sectoriels, les études de développement ou
études de faisabilité, la participation financière des
organismes oeuvrant au développement et à la promotion de
l'industrie touristique et les plans de développement régional
auxquels nous avons fait allusion. Ce sont tous des volets pour lesquels nous
pouvons et nous intervenons régulièrement dans chacune des
régions, ce qui fait en sorte d'ajouter aux programmes que nous avons au
ministère et à la SDI. Ça fait un volet intéressant
pour que le tourisme continue d'augmenter au Québec et par le fait
même dépasse les régions de Montréal et
Québec, tout en continuant de venir séjourner et faire un tour
dans chacune de nos régions chez nous parce que nous aussi on a le
bonjour facile. On a la chaleur et l'accueil hors de l'ordinaire quand il
s'agit de bien recevoir les touristes.
Le Président (M. Cannon): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président... À moins que le
député de Trois-Rivières n'ait une question à
poser?
Le Président (M. Cannon): Est-ce que le programme 1 est
adopté?
M. Philibert: J'ai compris les bonnes dispositions du ministre
à l'endroit...
Le Président (M. Cannon): M. le
député...
M. Philibert: ...de votre région et de la mienne.
M. Farrah: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Cannon): Merci. Est-ce que l'ensemble des
crédits budgétaires du ministère du Tourisme sont
adoptés?
M. Brassard: Adopté.
M. Picotte: M. le Président...
Le Président (M. Cannon): Enfin, en terminant, j'aimerais
indiquer que... Je crois, M. le ministre, que vous aviez quelque chose à
dire.
M. Picotte: Oui. Vous allez me permettre, M. le
Président...
Le Président (M. Cannon): Brièvement, oui.
M. Picotte: ...sans aucun doute de vous remercier, d'abord, pour
la façon dont vous avez mené les travaux, de même que Se
secrétaire de la commission et le personnel qui y est rattaché,
les gens du Journal des débats, les techniciens et celles qui
nous écoutent sans doute, qui vont transcrire nos propos. Je voudrais
remercier chacun et chacune d'entre vous pour leur participation à cette
commission, les gens de l'Opposition, de même que leurs recherchistes et,
enfin, mon personnel de cabinet, de même que nos fonctionnaires qui,
comme vous l'avez constaté hors de tout doute sont venus non seulement
bonifier nos propos, mais donner l'éclairage nécessaire pour que
nous continuions de progresser dans le domaine touristique. Tout en les
remerciant pour ce soir, je les encourage à continuer très fort,
comme ils le font, d'oeuvrer pour le développement touristique du
Québec.
Le Président (M. Cannon): Merci, M. le ministre. À
notre tour, nous vous remercions. Je rappellerai que j'ajourne les travaux au
lundi 1er juin 1987, à 10 heures, à la salle 101-B de
l'édifice Pamphile-Le May; la commission procédera alors à
l'étude des crédits du ministère du Commerce
extérieur et du Développement technologique.
(Fin de la séance à 22 h 7)