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(Quinze heures dix minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Je déclare la séance de la commission de l'économie
et du travail ouverte. La commission reprend ses travaux afin de poursuivre
l'étude du projet de loi 150, Loi sur les forêts. M. le
secrétaire, est-ce que vous avez des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme !a Présidente. M. Chevrette
(Joliette) est remplacé par M. Perron (Duplessis) et M. Paré
(Shefford) est remplacé par M. Jolivet (Laviolette).
Contrat d'approvisionnement et d'aménagement
forestier (suite)
Octroi du contrat (suite)
La Présidente (Mme Bélanger): Avant de
débuter l'étude là où on avait suspendu, à
l'article 42, j'aimerais faire le point sur la non-recevabilité de
l'article 37.1. Après avoir consulté les conseillers en droit
parlementaire, je l'avais jugé recevable et il reste recevable, parce
qu'il n'y a pas de répercussion financière directe sur
l'application de la loi et que l'implication des coûts directs est
tellement minime qu'elle ne justifie pas la non-recevabilité. Alors,
est-ce que la commission veut...
M. Jolivet: Mme la Présidente, je tiens à vous
remercier d'avoir fait exactement ce qu'on demandait, de suspendre la question
de la recevabilité, parce qu'effectivement j'avais, quant à moi,
des doutes sur le fait qu'elle était irrecevable. Je croyais qu'elle
était recevable. Ce sont des droits que possèdent les
parlementaires en vertu de la loi 12 qui indique qu'il doit y avoir des choses
en termes de droit réglementaire, ou en vertu de la loi 65, la loi
d'accès à l'information; en conséquence, je ne voyais pas
pourquoi un tel amendement aurait pu être irrecevable. Dans ce contexte,
je vous remercie, madame, de votre décision.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Bien sûr, je ne suis pas d'accord avec la
décision que vous avez rendue, mais je la respecte quand même et
je me soumettrai. Simplement, j'aimerais qu'à un autre moment vous nous
donniez quelle est la marge de coût que doit comporter une pareille...
Est-ce que c'est entre 0 $ et 5000 $, ou entre 5000 $ et 50 000 $? J'aimerais
que les juristes nous donnent une idée de ce que c'est. Si, dans les cas
précédent, on avait refusé au député de
Duplessis un amendement qui allait devenir un article par la suite, parce qu'il
y avait une implication financière qui sautait aux yeux, est-ce que dans
d'autres cas... Pour nous, parlementaires, c'est bien difficile de dire quel
est le montant exact des coûts entraînés. Je pense que tout
le monde en conviendra. Alors, est-ce que vos juristes ne pourraient pas nous
dire si entre 0 $ et 50 000 $ on considérera cela comme des coûts
minimes au gouvernement? On s'en tiendra alors à votre
décision.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Saguenay. M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Mme la Présidente, il faut tenir compte de
deux choses dans une décision comme celle-là, si vous avez une
demande de prise en délibéré sur un autre objet que celui
qui vous a été demandé. Je dois dire que, quand il y a des
coûts afférents au projet de loi lui-même, qui sont ceux de
l'ensemble de l'administration publique, qui ont trait à des coûts
directement reliés au projet de loi... Sur le premier amendement,
effectivement, nous avons considéré votre décision, nous
l'avons acceptée comme étant une bonne décision et nous
avons simplement ajouté que le ministre peut en présenter un
puisque c'est le seul qui, en vertu de nos règlements et de la loi, a le
droit de présenter un amendement qui a pour but d'augmenter le
coût déjà décidé par le Conseil des ministres
sur la question du projet de loi, quant à son application
concrète. D'accord, nous avons accepté votre décision et
le ministre pourra revenir, s'il le désire. Donc, c'est l'article
31.1.
Quant à celui que nous avons présenté en
deuxième, ce sont des coûts habituels et qui sont aussi de
décision gouvernementale, ceux de faire connaître publiquement
l'ensemble des données disponibles. Le ministre nous a même dit
que dans ce cas il était prêt à aller plus loin que
simplement, en termes de coût, la question de la parution à la
Gazette officielle. Il allait même jusqu'à dire qu'ils
étaient en train d'installer
tout un système informatisé. Souvenez-vous de la
réponse que le ministre nous a donnée. Si le ministre
était prêt, dans ce sens, à envisager la possibilité
de mettre un système informatisé pour que tout le monde soit au
courant dans les bureaux régionaux, ce n'est pas le coût
afférent à une publication dans la Gazette officielle qui
vient faire la différence. Effectivement, Mme la Présidente, vous
aurez à prendre cela en délibéré et à nous
donner une réponse lorsque le temps vous le permettra, sûrement
pas d'ici à minuit.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay, j'aimerais vous dire que ce n'est pas la
question du montant explicite du coût, c'est que l'amendement n'a pas de
répercussion financière directe sur l'application de la loi.
C'est tout simplement une information qu'il y a dans la Gazette officielle.
M. Maltais: Mme la Présidente, je suis bien conscient
qu'il y a des dépenses directement inhérentes au projet de loi et
on les retrouvait dans le premier amendement du député de
Duplessis que vous avez refusé.
Dans le deuxième, bien sûr qu'il n'y a pas de
dépenses inhérentes directement à l'application du projet
de loi. Il y a des dépenses à l'ensemble de la machine
gouvernementale. Il reste que, pour moi, la notion du dollar du contribuable,
qu'il soit dépensé par le ministre délégué
aux Forêts ou qu'il soit dans le fonds consolidé de la province,
c'est un dollar de taxes de l'ensemble des citoyens. C'est ce que je voulais
souligner.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, ce que vous
voulez savoir, c'est le coût qui pourrait être permis à
l'Opposition...
M. Maltais: Ou à n'importe quel parlementaire.
La Présidente (Mme Bélanger): ...de faire un
amendement auquel il y aurait des coûts de rattachés.
M. Maltais: C'est cela, pour avoir des balises.
La Présidente (Mme Bélanger): Des balises;
d'accord, nous allons faire la demande, M. le député de Saguenay.
Oui, M. le député de Duplessis.
M. Perron: Écoutez, je ne veux pas faire un plat
là-dessus, tout ce que je veux dire, c'est que, d'abord, je me demande
ce que la commission a affaire à venir savoir le montant que cela a
coûté au niveau administratif, parce qu'il faut faire la
différence entre deux choses. La première chose, c'est que
l'article 31.1 qui a été refusé, c'était...
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 37.
M. Perron: Non, le premier article.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord, je
m'excuse.
M. Perron: Non, Mme la Présidente, le premier article qui
a été refusé, vous aviez parfaitement raison,
c'était un article qui relevait du pouvoir exécutif. J'ai compris
que l'article 37 relevait simplement de l'administration et que c'était
parfaitement normal dans la façon dont nous procédons, pour
l'ensemble de l'Assemblée nationale, pour l'ensemble de la
législation, etc. Alors, je ne veux pas faire un plat là-dessus,
moi, je pourrais passer à l'article 37.
M. Jolivet: Juste un instant...
La Présidente (Mme Bélanger): Mais je pense que le
débat a assez duré, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Non, juste pour terminer, Mme la Présidente.
L'article 31.1 avait une incidence sur l'administration du projet de loi tandis
que l'amendement 37.1 a pour effet de demander au ministre d'en faire une
publication à la Gazette officielle et n'a rien à voir
avec l'administration du projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord, est-ce que
vous décidez d'étudier l'article 37.1 étant donné
qu'il est recevable ou si on le suspend encore et on va à l'article
42?
M. Côté (Rivïère-du-Loup): Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'aurais quelque
chose à proposer au député de Laviolette. Le but de votre
amendement, c'est d'informer le public par la voie de la Gazette officielle
que le contrat a été signé avec M. X ou Mme Y. C'est
cela?
Si, comme amendement, on disait: Le ministre publiera...
Une voix: II y a un avis.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...donnera un avis
qu'il y a un contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestier qui
a été signé avec M. X et Mme Y, est-ce que cela vous
irait?
Une voix: Avec la référence à un
registre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a une
référence à un registre à l'article 37 et les gens
seront informés et ils pourront consulter le registre.
M. Perron: Est-ce que, Mme la Présidente, le ministre
pourrait nous dire si...
Une voix: C'est moins lourd.
M. Perron: D'accord. Le ministre pourrait-il nous dire si dans
son avis dans la Gazette officielle seraient inscrits les volumes et les
territoires désignés?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela dépend
du contenu du registre.
M. Perron: Oui, mais on peut donner quelques détails et
dire à quel endroit, donner le volume en gros pour indiquer aux gens le
plus exactement possible, en peu de mots, ce que cela concerne.
M. Jolivet: J'aurais quelque chose à ajouter dans le sens
qu'on dit: II y a un avis, donc, cela nous permet de savoir que c'est fait et,
à ce moment-là, on peut référer au registre. Donc,
le but est de savoir qu'il y a quelque chose qui est donné. L'avis
étant là, permettant d'aller au registre, on est mis au courant
et, en conséquence - je pense que mon collègue l'a dit - c'est
quelque chose d'intéressant à recevoir.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Est-ce que vous
retirez votre amendement et on vous en écrira un dans ce
sens-là?
M. Jolivet: Oui.
M. Perron: Avant de retirer l'amendement, Mme la
Présidente, est-ce que je pourrais savoir... D'abord, les
décisions qui sont rendues par le ministre portent un numéro
normalement. Est-ce que dans l'avis que le ministre va donner dans la
Gazette officielle il pourrait y avoir le numéro du registre,
où on va inscrire au registre...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, oui.
M. Perron: ...pour que les personnes ne commencent pas à
chercher?
M. Côté (Rîvière-du-Loup): Exactement,
qu'il y ait une référence au registre...
M. Perron: ...à tel numéro...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, oui.
M. Perron: ...de poste.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien
sûr.
M. Perron: D'accord, on retire l'amendement, Mme la
Présidente, et on va accepter d'emblée ce que le ministre vient
de nous soulever et je pense que c'est important que cela se fasse dans ce
sens-là.
M. Jolivet: D'accord, plus tard on y reviendra.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 37.1
déposé par le député de Duplessis est
retiré.
M. Perron: D'accord, Mme la Présidente.
M. Jolivet: Mais l'article est en suspens en attendant.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais l'article est en
suspens en attendant l'amendement du ministre.
Une voix: Merci.
Objet du contrat (suite)
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, j'appelle
l'article 42. Nous étions à l'amendement: À la
troisième ligne de l'article 42 du projet de loi 150, Loi sur les
forêts, le mot "notamment" est remplacé par le mot
"prioritairement".
Je pense que le débat était commencé.
M. Jolivet: Non, Mme la Présidente, nous avions fait la
discussion sur l'ensemble, mais sur l'amendement lui-même on n'avait pas
commencé parce que j'avais le droit de parole et je ne l'ai pas encore
utilisé.
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense qu'on a pas
mal discuté de "prioritairement" et de "notamment".
M. Jolivet: Non, madame...
La Présidente (Mme Bélanger): Ici, dans les notes,
il resterait dix minutes au député d'Ungava, M. Claveau. MM. les
députés de Laviolette et de Duplessis n'auraient plus le droit de
parole.
M. Jolivet: Je m'excuse, Mme la Présidente, je vais
contester votre décision parce qu'effectivement...
La Présidente (Mme Bélanger): Écoutez, M. le
député de Laviolette, j'ai les notes du secrétariat.
M. Jolivet: Je le sais, mais je voudrais corriger parce qu'il y a
eu mésentente. Nous avons parlé de l'article 42. J'ai fait en
regard de Particle 42 un millage complet sur l'ensemble des articles 72,
73, 115.1, 199 et j'ai dit que, lorsque la discussion serait terminée
sur le point de vue général de l'article 42, j'apporterais un
amendement. À ma connaissance, on vous a déposé en
préavis les amendements. Souvenez-vousl Je vous ai dit: Je donne en
préavis les amendements pour que le ministre y réfléchisse
pendant toute la nuit. En conséquence, je reviendrai sur mon droit de
parole sur les amendements un par un.
La Présidente (Mme Bélanger): De mémoire,
je pense que le député de Laviolette n'a pas tellement
parlé du "notamment" et du "prioritairement", mais cela a
été la discussion du député de Duplessis.
M. Jolivet: Cela, c'est son droit, mais je parle de moi.
M. Perron: Mme la Présidente, si vous me le permettez,
j'accepte ce que vous venez de dire, mais, lorsque l'amendement a
été déposé, c'est le député de
Duplessis qui a discuté sur l'amendement pendant que mon collègue
de Laviolette avait encore du temps sur l'amendement. C'est lui qui a
déposé l'amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est vous, M. le
député de Duplessis, qui avez déposé
l'amendement.
M. Perron: J'ai manqué une bonne partie de la
journée hier, Mme la Présidente.
M. Jolivet: Mme la Présidente, je vais clarifier la
situation. Ce que j'ai fait, c'est qu'au nom de mon collègue, M. le
député de Duplessis...
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord.
M. Jolivet: ...j'ai fait le dépôt en liasse compte
tenu de l'argumentation que j'avais apportée. Mais j'avais dit que je
reviendrais amendement par amendement, article par article, à ce
moment-là.
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse, j'ai
confondu l'amendement à l'article 37.1 avec l'article 42. M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: De Duplessis.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Duplessis a discuté pendant vingt minutes...
M. Perron: J'ai terminé mon temps sur l'amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): II a fini son temps
sur l'amendement. Sur l'article, il lui reste du temps, mais pas sur
l'amendement.
M. Jolivet: En tout cas, j'ai de la misère à
comprendre. On va se rajuster par rapport à ce que je pense. Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je dois dire qu'il y a eu un malentendu au
départ. Prenons pour acquis que le député de Duplessis a
parlé sur l'amendement, alors que moi j'ai toujours cru qu'on parlait
sur l'article; moi, j'ai parlé sur l'article, mais je n'ai pas
parlé sur l'amendement. Si on donnait le droit de parole au
député de Duplessis parce que je pense que c'est lui qui a
préparé les notes en conséquence. Qu'il parle d'abord le
premier sur les vingt minutes auxquelles il a droit au niveau
général et je reviendrai sur l'amendement de telle sorte qu'on
aura utilisé de façon différente nos vingt minutes, mais
cela ne veut pas dire qu'on va les utiliser au complet cependant.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Vous ne parlerez pas
sur l'amendement, mais plutôt sur l'article 42 en
général.
M. Perron: Non, non, je parle en général, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Mme la Présidente, comme il en a
été question, je parlerai sur l'ensemble à l'exclusion de
l'amendement parce que j'ai déjà parlé là-dessus.
D'ailleurs, Mme la Présidente, j'ai déjà avisé le
ministre que je devrais peut-être m'absenter une heure car je dois aller
à l'aéroport. Le ministre est informé de cela.
Le ministre disait hier soir qu'il ne voulait pas "prioriser" des
groupes en particulier dans le cadre des priorités: copeaux, etc.
Cependant, l'article 72 donne priorité lui-même aux utilisateurs
sur la forêt publique. L'article 72 dit: "Lorsqu'à l'expiration
d'une période de 5 ans, le ministre constate que les traitements
sylvicoles réalisés par le bénéficiaire permettent
de dépasser le niveau de rendement annuel fixé au contrat, le
ministre attribue au bénéficiaire un volume additionnel
correspondant à l'accroissement
de la possibilité. "Ce volume additionnel correspond à
l'accroissement de la possibilité. Ce volume additionnel de bois n'est
pas pris en considération dans le calcul des droits prescrits en vertu
de la présente loi. Il ne peut être réduit par l'effet de
l'application de l'article 73."
La question que je me pose, c'est qu'est-ce que le ministre a à
dire sur l'article 42 par rapport à l'article 72, puisque je viens de
soulever le fait que, dans l'article 42, il ne donne pas de priorité,
mais, automatiquement, il le fait par décision lui-même en
appliquant l'article 72 quant aux utilisateurs?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Perron: Je comprends qu'on ne parle pas de l'article 72
directement, mais c'est parce que c'est relié, comme mon collègue
de Laviolette l'a expliqué hier.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, justement. On
ne sait pas si on a parlé sur l'amendement. Est-ce qu'on parle sur
l'amendement?
La Présidente (Mme Bélanger): Non, c'est sur
l'article 42.
M. Perron: Sur le fond de l'article 42. C'est parce qu'on essaie
de comprendre comment cela va fonctionner. Si on prend l'article 42, tel que
libellé actuellement sans amendement, et si on prend l'article 72, si on
relit cela avec l'article 199, on s'aperçoit que l'article 42 ne donne
pas de priorités, mais, par contre, le ministre se donne des
priorités par le biais de l'article 72. C'est ce que je veux dire.
Alors, pourquoi ne pas faire en sorte que les trois articles en question
soient très clairs pour empêcher que le gouvernement et surtout le
ministre délégué aux Forêts aient des
problèmes par la suite quant aux allocations?
La Présidente (Mme Bélanger): M. leministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, vous n'avez pas statué que le député de
Duplessis avait fini son temps...
La Présidente (Mme Bélanger): Sur l'amendement.
Mais, là, il parle de l'article 42 en général. On revient
à l'article.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pas de
problème. On en a jusqu'à...
M. Perron: Mme la Présidente, juste une explication au
ministre. C'est parce qu'on s'est entendu - vous étiez en train de
discuter avec M. Paillé - pour que je parle sur le bloc, non pas sur
l'amendement, et que mon collègue de Laviolette vienne discuter sur
l'amendement, puisqu'il lui reste vingt minutes dessus. C'est pour cela que je
parle du global et non pas de l'amendement.
M. Côté (Rivière-du-Loup)î Mais vous
parlez des mêmes choses, de l'amendement. Vous parlez du "notamment", des
priorités. C'est de cela que vous parlez.
M. Perron: Bien c'est cela.
M. Jolivet: Mme la Présidente, je dois dire que,
malheureusement, la confusion a été créée par un
imbroglio de départ. Mais il y a une chose certaine, c'est qu'on ne peut
pas parler du "notamment" sans parler du "prioritairement" et on ne peut pas
parler du "prioritairement" sans parler du "notamment".
Alors, est-ce qu'on peut dire qu'on fond l'ensemble de la discussion? Le
ministre comprendra très bien que, sur ce point, on ne peut pas faire un
partage aussi équitable que si on avait de l'eau rouge et de l'eau
verte.
La Présidente (Mme Bélanger): De toute
façon, M. le député...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Tout de
même, mais peu importe, le temps n'a pas d'importance. On va faire le
temps.
M. Jolivet: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais est-ce que vous
ne pouvez pas parler de l'article 42 sans parler du "notamment" et du
"prioritairement"?
M. Jolivet: Non, c'est "notamment" et "prioritairement".
M. Perron: Moi, je parle du "notamment" actuellement.
La Présidente (Mme Bélanger): Pardon?
M. Perron: Je parle de la question du "notamment".
M. Jolivet: C'est "prioritairement" et "notamment".
La Présidente (Mme Bélanger): Vous parlez de
"notamment"?
M. Perron: Je parle du "notamment", mais de l'ensemble de
l'article avec son "notamment". Je ne parle pas du tout du
"prioritairement".
La Présidente (Mme Bélanger): Parfait.
Là, vous oubliez qu'il y a un amendement et vous pariez du fond
de l'article 42,
M. Perron: C'est cela, J'oublie l'amendement, mais je - parle de
façon générale. Je vais répéter ce
que...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Juste pour agacer
- parce que cela ne me fout pas grand-chose qu'on parle toute la nuit
là-dessus - est-ce que c'est normal qu'on épuise notre temps sur
l'amendement avant de parler de l'article principal?
M. Jolivet: Mon Dieu Seigneur. Là, vous êtes en
train de perdre du temps, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien oui, j'ai vu
cela.
M. Jolivet: Ne perdez pas de temps.
M. Côté (Rivïère-du-Loup): Cela ne me
fait rien, ou peut passer la nuit là-dessus.
M. Jolivet: Nous voulons le faire rapidement, cet article. On va
le régler une fois pour toutes, mais on ne veut pas prendre
nécessairement du temps. Si vous prenez cinq minutes pour savoir si on
doit parler comme la table ronde, la table carrée ou la table
rectangulaire du Vietnam, on n'a pas fini.
M. Maltais: Parlons-en pour qu'on commence.
M. Jolivet; Ce n'est pas à nous. On en a parlé.
C'est le ministre qui doit répondre.
M. Maltais: Bien, oui mais...
M. Jolivet: C'est lui qui ne veut pas parler.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député de Duplessis. M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour
répondre à votre question, M. le député de
Duplessis, j'aimerais trouver une façon de ne pas modifier l'article 42,
tel que je vous l'ai proposé, mais, par contre, de prendre soin de
l'article 72 dans la même ligne de pensée que le
député de Laviolette a abordé hier soir, à savoir
que les allocations, c'est-à-dire le surplus ou l'incitatif dont le
titulaire bénéficierait lui-même ne vienne pas jouer contre
les autres sources d'approvisionnement. C'est cela que je vise et, rendu
à l'article 72, on en parlera. (15 h 30)
M. Perron: Bon, écoutez, Mme la Présidente, puisque
le ministre a mentionné qu'il était possible, à moins que
je ne me trompe, que j'aie mal saisi, qu'à l'article 72 il apporte un
amendement, est-ce qu'il serait possible qu'on l'ait dans les plus brefs
délais? On pourrait voir si on ne passerait pas l'article 42. On
pourrait aller tout de suite à l'article 72. Il y a plusieurs articles
qu'on va laisser aller, ou nous n'avons qu'une ou deux questions; il y a des
articles où nous n'avons même pas de question. C'est parce que
c'est relié, c'est assez complexe, je pense que tout le monde me
comprend.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Même si j'y
ai pensé une partie de la nuit... J'en jasais avec M. Paillé, on
discutait justement de cette question, à savoir si c'était notre
volonté que le boni qui se développerait à la suite des
investissements supplémentaires qui causent un rendement additionnel ne
vienne pas détruire le partage des sources d'approvisionnement de
l'article 42.
L'amendement n'est pas rédigé. Je pense que c'est
équitable de se protéger. Le surplus devrait servir à une
expansion, à une augmentation de capacité de l'usine, sans
modifier les autres sources.
M. Perron: D'accord. Maintenant, je voudrais...
M. Côté (Rivïère-du-Loup): C'est le plus
loin...
M. Perron: ...parler de l'article 72, si vous le permettez. Que
pensez-vous de l'amendement que nous avons proposé à l'article
72? Est-ce que cela atteindrait les objectifs que le ministre vient de
mentionner? Je le relis, Mme la Présidente. Article 72, le
deuxième alinéa de l'article 72 est remplacé par le
suivant: Pour le calcul des droits prescrits en vertu de la présente
loi, ce volume est pris en considération dans une proportion de 50 % et
peut être réduit par l'effet de l'application de l'article 73,
sauf s'il favorise l'expansion d'une usine de transformation.
Je tiens à mentionner aux membres de cette commission, et en
particulier au ministre délégué aux Forêts, que cet
amendement faisait partie du dépôt global qui a été
fait, hier, par mon collègue de Laviolette. Il a déposé
d'abord l'amendement 42, ensuite l'amendement 72, ainsi de suite.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Perron: Cela aurait du bon sens si le ministre l'acceptait car
cela réglerait un paquet de problèmes entre nous.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non, non. Ce
qui aurait du bon sens, c'est que vous acceptiez ce que je vous ai dit tout
à
l'heure.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Perron: Mme la Présidente...
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article...
M. Perron: ...je ne peux pas accepter ce que le ministre a dit
tout à l'heure, parce que pour moi c'est une parabole et je crains
toujours les paraboles dans les textes de loi.
Une voix: Encore plus une hyperbole!
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non. On est
en train de travailler cet amendement. Si vous voulez, on le comparera avec le
vôtre. Cela va?
M. Perron: On peut suspendre l'article 42 et procéder, si
vous le permettez, en attendant que vous prépariez l'amendement à
l'article 72. Ce qui pourrait nous permettre d'étudier l'article 42
après l'amendement du ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les articles 42 et
72 en même temps?
M. Perron: Oui, on pourrait étudier les articles 42 et 72
en même temps, en discussion.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Perron: On se comprend bien, Mme la Présidente,
l'article 42 est suspendu jusqu'à ce qu'on arrive à l'article 72
et on va procéder par la suite.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre, vous acceptez de suspendre l'article 42?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Perron: Par contre, moi, je garde mon droit de parole sur
l'article 42, globalement, comme mon collègue le garde sur l'amendement.
D'accord? Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 42, tel
qu'amendé, est suspendu et nous appelons l'article 43.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 43 se
lit comme suit: "Dans tous les cas, le volume attribué ne peut
dépasser la possibilité annuelle de coupe à rendement
soutenu de l'aire forestière sur laquelle il est attribué." A
l'article 43, il y aurait un amendement qui se lirait comme suit:
L'article 43 du projet est modifié par le remplacement, dans la
deuxième ligne, des mots "aire forestière", par les mots
"unité d'aménagement".
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
faites d'autres commentaires, M. le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sur l'unité
d'aménagement il peut y avoir plusieurs intervenants, tandis que sur une
aire forestière la possibilité va être calculée
selon l'unité d'aménagement. L'aire forestière, c'est une
autre chose, c'est à l'intérieur d'une unité
d'aménagement. C'est une partie d'une unité
d'aménagement.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement à l'article 43 est adopté?
M. Jolivet: II n'y a pas de problème, quant à nous,
en ce qui concerne ta définition, mais on va attendre...
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement à l'article 43 est adopté?
Une voix: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement à
l'article 43 est adopté. M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Sur?
La Présidente (Mme Bélanger): Sur l'article 43, tel
qu'amendé.
M. Jolivet: À l'article 43, vous n'avez rien d'autre
à ajouter? C'est simplement...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, c'est qu'une
aire forestière est une partie de l'unité
d'aménagement.
M. Jolivet: Oui, d'accord, mais sur l'article lui-même?
Vous avez parlé sur l'amendement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, et, comme
vous l'avez signalé hier soir, il est temps que l'on restreigne
l'émission des allocations à la possibilité
forestière pour éviter d'être obligé de corriger
dans le futur et de nous diriger vers des situations impossibles. C'est une
protection pour le bien-être général des exploitants
forestiers et de l'industrie.
M. Jolivet: C'est dans la mesure où, actuellement, on dit
que le volume attribué ne peut dépasser la possibilité
annuelle. Donc, on dit toujours qu'au départ, dans le contrat
d'approvisionnement et d'aménagement, on va déterminer quel est
le volume
qui sera attribué de telle sorte que ce volume ne pourra jamais
dépasser la possibilité annuelle. La question qui va surgir -
parce qu'un contrat est toujours un contrat et qu'il y a des
aménagements qui peuvent être faits - s'il y avait un territoire
tel que défini dans l'unité d'aménagement et que dans
cette unité d'aménagement qui a été
délimitée dès le départ selon la possibilité
annuelle de coupe... S'il arrive que ce territoire ne peut pas être
agrandi - c'est un peu la question que je posais hier d'une autre façon
quand je parlais de suppléance -donc, si le territoire ne peut pas
être agrandi et qu'en fin de compte, après avoir fait pendant les
cinq premières années une vérification, on
s'aperçoit que la possibilité qu'on avait calculée est
inférieure, comment allez-vous compenser le manque qui pourrait exister?
On parle toujours des cas exceptionnels. Dans la majorité des cas, on va
se donner une marge de manoeuvre, j'en suis sûr, dans les contrats que
l'on signera. Mais dans l'hypothèse où une fois, deux fois ou
trois fois - l'exception confirmant la règle - il y aurait moins en
termes de volume que ce qui avait été calculé,
qu'arrive-t-il?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'espère
que cela n'arrivera pas.
M. Jolivet: Moi aussi.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si du point de vue
aménagement forestier on ne peut pas corriger, il n'y aura pas de
solution, sauf de dire: On s'est trompé.
M. Jolivet: Oui, c'est beau aujourd'hui, mais l'usine qui a
besoin d'un volume de tant, cela veut dire que dans son cas, après avoir
fait l'analyse et après vérification annuelle de ce qu'elle a
comme objectifs à atteindre. Même si elle satisfait aux
désirs du ministère, elle peut se retrouver après cinq ans
et dire: Si cela continue de même, dans 20 ou 30 ans il va me manquer
quelque chose.
À ce moment-là, envisagez-vous de lui donner une sorte de
suppléance? Considérez-vous qu'à ce moment-là elle
va devoir combler ses besoins plus par les résidus du sciage et les
boisés privés, au risque d'avoir des difficultés? Je parle
toujours d'une papetière qui serait obligée de subir le coup
qu'on va lui demander. C'est à peu près comme une rareté
qui s'installe.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si le territoire
n'est pas complètement attribué... On a parlé hier de
réserves forestières et de territoires qui ne seraient pas
attribués, possiblement. Il y aurait moyen de dépanner au point
de vue de l'aménagement forestier ou d'en ajouter un peu, même si
ce n'est pas d'un seul tenant, ou de trouver des disponibilités à
un endroit où il y aurait eu une majoration de possibilités. S'il
y a eu une erreur en plus, il peut y avoir eu une erreur en moins quelque part,
n'est-ce pas?
M. Jolivet: On ne cherche pas, ni vous, ni moi, ni personne, des
erreurs. On espère qu'il n'y en aura pas. Mais il faut quand même
prévoir dans un texte de loi certains cas. Je vous pose la question
suivante: Dans un territoire qui a été délimité et
qui, pour des raisons diverses, devient malgré tout ce que l'on a fait
comme prévision une réserve écologique ou un lieu
où on ne pourra pas couper selon les prévisions à cause
d'un autre ministère, malgré le fait que les ministères
peuvent se parler... S'il y a une zone de pourvoirie ou de choses semblables,
il y a un pourcentage prévu que l'on peut, par le contrat,
prélever, à la condition de compenser quelque part. Est-ce que
l'on peut penser que votre territoire qui est à l'intérieur d'une
unité d'aménagement pourra être assez étanche pour
éviter les difficultés que cela pourrait amener?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est prévu
dans certains articles de la loi. S'il y a de nouvelles activités qui
empêchent la production forestière, il y aura une compensation. Je
sais que, dans votre tête, vous avez les 5 % et moins. À mon avis,
si l'on fait du tort à quelqu'un, on le compense. Petit ou grand tort,
on le compense. Il reste qu'il y aura des compensations s'il y a des travaux
d'aménagement qui ont été faits. Si cela affecte sa
possibilité, ses besoins, s'il en a réellement besoin, on lui
cause un tort également. À ce moment-là, on n'a pas le
choix.
À l'article 51, on dit: "L'unité d'aménagement ne
peut être modifiée pendant la durée du contrat si ce n'est
lors d'une échéance de cinq ans conformément à
l'article 73 - dont on vient de parler - ou selon les articles 75 et 77." "Si
pour une raison d'intérêt public une aire affectée à
la production de bois est soustraite de l'unité d'aménagement en
vertu d'une autre loi et que la possibilité forestière le permet,
le ministre substitue une aire équivalente à celle qui est
soustraite de l'unité d'aménagement."
M. le député de Laviolette, je vous dirai que les
possibilités forestières vont être calculées. On a
décrit, par règlement, la façon de les calculer. Ce sera
fait en collaboration avec l'industrie. Les risques d'erreurs premières
que vous avez mentionnées sont plutôt faibles. Sauf qu'il peut y
avoir des soustractions dues aux
exigences d'utilité publique. L'article 51 prévoit ces
cas-là.
M. Jolivet: On parlait, dans les discussions qui avaient eu lieu
à l'époque, d'un pourcentage allant peut-être
jusqu'à 5 % et l'industrie forestière proposait 1 %. Est-ce que
le ministre a envisagé cette possibilité?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vous dis que,
dans mon livre, que ce soit un petit ou un grand tort, on compense un petit et
grand tort, peu importe la grosseur du tort.
M. Jolivet: Est-ce que vous compensez financièrement ou si
vous compensez par une capacité de volume équivalente?
M. Côté (Rivière-du-Loup): On vous dit,
à l'article 51: Si la possibilité forestière le permet, le
ministre substitue une aire équivalente à celle qui est
soustraite de , l'unité d'aménagement. S'il n'y a pas d'aire
équivalente, ce sera par un autre moyen, probablement
financièrement.
M. Jolivet: Cette aire équivalente pourrait être
dans un autre lieu que le territoire déjà dévolu,
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela. Cela
peut être sur un autre territoire.
M. Jolivet: À la suite d'une négociation, ou
peut-être par la signature d'un contrat?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est sûr
que cela va se négocier. Une compensation, cela se négocie
toujours hors cour. Évidemment...
M. Jolivet: Est-ce que cela va faire partie de ce que l'on peut
appeler un addendum au contrat initial?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, cela sera
rattaché au contrat initial. Il y aura un avis dans la Gazette
officielle.
M. Jolivet: Oui, selon la nouvelle décision qui s'en
vient.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas
mauvais.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
43 est adopté?
M. Jolivet: Tel qu'amendé, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 43 est
adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 44.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Article 44. "La
possibilité annuelle de coupe à rendement soutenu correspond au
volume maximum des récoltes annuelles de bois que l'on peut
prélever à perpétuité dans une aire
forestière donnée sans diminuer la capacité productive du
milieu forestier."
J'aurais un amendement à proposer à l'article 44, du genre
de celui qui précède, à l'article 43. On remplacerait,
dans la troisième ligne, les mots "aire forestière" par les mots
"unité d'aménagement".
M. Jolivet: Par concordance? Je suis d'accord, pas de
problème.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement à
l'article 44 est adopté. Article 44. M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est le respect
du principe lors de la location. Lors de la location, on dit que le rendement
soutenu et les interventions d'aménagement doivent viser à
maintenir et à accroître le rendement et la mise en valeur du
territoire en fonction des caractéristiques biophysiques des sites. Cela
nous amène aussi à évaluer les travaux
d'aménagement, les forêts naturelles et les forêts
artificielles. (15 h 45)
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Bon. On parle de la possibilité. Quand on
parle de l'hypothèse où la possibilité est basse, il faut
donc considérer à ce moment-là que plus la
possibilité sera basse en termes de rendement dans le secteur, plus les
territoires devraient être grands, comme on en parlait hier dans nos
discussions.
Le ministre ne m'a pas répondu et je sais qu'il lui est
peut-être difficile de répondre en termes de pourcentage, mais ce
serait quand même intéressant. Le ministre, pour prévoir
des cas comme ceux-là, pour l'augmentation de la capacité, pour
les constructions nouvelles ou toute nouvelle forme d'industrie qu'on ne
connaît pas aujourd'hui et qui pourrait arriver, se réserve la
possibilité d'une réserve forestière, selon le terme qu'il
emploie.
Serait-il possible de savoir aujourd'hui quel est, dans votre esprit, le
pourcentage du territoire qui ne sera réparti à personne et que
le ministre se garde la possibilité de répartir à d'autres
plus tard ou du moine d'utiliser à des fins qu'on ne peut prévoir
au moment de la répartition du territoire actuel?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
difficile de vous donner une réponse précise aujourd'hui,
M. le député de Laviolette. On a établi provisoirement
à 4 000 000 d'hectares le territoire qui ne sera pas alloué sur
21 000 000 d'hectares au total.
M. Jolivet: Actuellement, vous avez donc un volume potentiel, si
l'on considère les remises en production, les travaux sylvicoles et le
reboisement si nécessaire, de 25 000 000 de mètres cubes.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est l'objectif
que l'on poursuit.
M. Jolivet: C'est cela. Dans cet objectif, quel est le
pourcentage que vous n'allouerez pas au départ?
M. Côte (Rivière-du-Loup): M. le
député de Laviolette, j'ai mentionné à plusieurs
reprises hier que les besoins de l'industrie sont de 20 000 000 à 21 000
000 de mètres cubes de bois. C'est ce qui se coupe aujourd'hui sur les
forêts publiques en résineux. C'est ce qu'on devrait allouer. Ce
sont tes besoins. C'est pour cela que je fais une distinction entre les besoins
alloués et les objectifs.
M. Jolivet: En fait, si je reviens un peu à la question
que je posais et que je répète continuellement, vous ne partez
pas d'abord de 18 000 000 de mètres cubes qui représentent la
capacité portante actuelle. Vous allez sur la capacité
potentielle de 25 000 000 et voua dites qu'à 25 000 000 vous redescendez
à 21 000 000 qui est la demande normale et que vous ne répartirez
pas le reste que vous conservez pour d'autres fins.
La question posée est la suivante: Ne serait-il pas plus logique
de partir de 18 000 000 et de descendre et de conserver le reste, ou de
répartir seulement les 18 000 000 et de conserver le reste? Dans votre
esprit, vous ne calculez pas, dans les 25 000 000, la forêt de bois
à pâtes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. On a 18 000
000 de possibilité.
M. Jolivet: Les 25 000 000?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les 25 000 000 non
plus. Mais vous le mentionnez. Si l'on part sur cette base, cela veut dire que
c'est sans effort, si on reste sur la base actuelle, sans effort
d'aménagement.
M. Jolivet: Oui. Je comprends cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas un
idéal très fort. Si on veut rester comme on est actuellement, on
est aussi bien de fermer les livres et de s'en aller, M. le
député.
M. Jolivet: Ce n'est pas ce que je propose, M. le ministre. Vous
caricaturez mes propos.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais nonl
M. Jolivet: Quand je parle de 18 000 000 de mètres cubes
qui est la possibilité actuelle sur le territoire actuel, il est
évident que je disais moins de 18 000 000 - et, cette partie, vous
pouvez vous en servir - mais, dans l'un ou l'autre des cas, vous avez un effort
à faire, que ce soit sur la partie non partagée ou sur la partie
partagée.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vous signale
qu'il se fait actuellement un peu d'effort de la part du gouvernement - un peu
et beaucoup - et les efforts qu'on fait augmentent la possibilité
au-delà des 18 000 000 de mètres cubes, jusqu'à
maintenant.
M. Jolivet: C'est ce qui m'amène à ma question
additionnelle.
M, Côté (Rivière-du-Loup): À 21 000
000. Ha! Ha!
M. Jolivet: Oui, exactement. À ce moment-là, le
calcul de la possibilité devrait-il exclure les plantations
récentes et à venir?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pardon?
M. Jolivet: Est-ce que le calcul de la possibilité dont
vous faites mention...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: ...ne devrait pas exclure les plantations qui sont
récentes ou celles à venir, prévues par les modifications
aussi à l'autre partie que sont les méthodes de coupe, de
récolte, pour s'en tenir aux réserves actuelles? Les
réserves actuelles, ce sont 18 000 000 de mètres cubes en termes
de capacité.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est la
possibilité naturelle de la forêt sans intervention.
M. Jolivet: C'est cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sans intervention;
c'est la possibilité naturelle.
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais,
actuellement, il se fait des travaux en forêt, principalement par le
gouvernement. Il s'en fait par l'entreprise privée, il s'en fait sur les
forêts privées avec les subventions du gouvernement. Ce n'est pas
d'aujourd'hui, cela a donné des résultats jusqu'à
maintenant. Évidemment, si on se base sur 21 000 000 de mètres
cubes de bois, je pense qu'on n'exagère pas. Qu'on ait comme objectif 25
000 000 et que le surplus soit un incitatif au développement et à
l'expansion de l'industrie, je pense que ce n'est pas trop demander. Si on veut
rester sur la base de 18 000 000, cela veut dire qu'on, le fait sans tenir
compte des travaux, qu'on va allouer tout le Québec et qu'on va se
laisser aller comme cela.
M. Jolivet: Non, c'est parce que vous le prenez à
l'inverse de moi; je vais recommencer. Si on part du phénomène
des 25 000 000, vous dites que c'est la possibilité, avec tous les
travaux qu'on propose, avec toutes les obligations que les compagnies auront de
faire telle et telle chose. Je pars de cette capacité, je
répartis mon territoire, je m'en conserve X %, disons de 21 000 000 de
mètres cubes à 25 000 000 de mètres cubes; les 4 000 000
de mètres cubes qui sont là, dans le territoire, moi, comme
ministre, je me les conserve comme réserve forestière pour toutes
sortes de possibilités. La différence, 21 000 000, je la partage.
Je vous reprends en disant que pour les 18 000 000 on pourrait agir de la
même façon. Si on partait de 18 000 000 de mètres cubes et
qu'on faisait le partage à partir de cela, cela veut dire que ce serait
moins de 18 000 000 de mètres cubes qu'on donnerait comme
capacité en obligeant à faire des travaux. Vous serez sur un
territoire trop petit pour la grandeur du monde, donc, on aura une camisole de
force. C'est cela que vous voulez me dire.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si vous allouez 18
000 000 de mètres cubes, c'est que vous occupez tout le territoire. Et
il va en manquer 3 000 000 parce qu'on en a besoin de 21 000 000
actuellement.
M. Jolivet: Si on y va... D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne voudrais pas
qu'il en manque.
M. Jolivet: Moi non plus.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je voudrais qu'on
fasse un effort pour ne pas qu'il en manque.
M. Jolivet: Moi non plus. Je ferais des efforts pour que tous en
aient.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
M. Jolivet: L'autre question, c'est l'inventaire qui est
disponible actuellement au niveau forestier et une certaine - mon mot est
peut-être un peu trop fort - une non-connaissance assez profonde de
l'aménagement en termes de rendement du feuillu en particulier ou dans
certains endroits de forêts mélanqées. Est-ce que cela n'a
pas comme problème de causer des difficultés d'application de la
définition de la possibilité sur ces forêts feuillues et
mélangées?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, M. le
député, c'est exactement ce que je pense. C'est une des raisons
pour lesquelles j'insiste pour que le régime forestier soit
instauré au fur et à mesure que les meilleures données
forestières seront disponibles. C'est pour cette raison que l'an
prochain nous allons accentuer les prises de données ou les inventaires
au Québec, pour éviter également le danger de faire des
erreurs, comme vous me l'avez mentionné à l'article
précédent.
M. Jolivet: Dernière question sur ce dossier. J'aimerais
savoir, quand vous parlez de capacité productive du milieu forestier,
dans votre définition à vous, si vous tenez compte de toute la
biomasse. Deuxièmement, est-ce que c'est en fonction des peuplements
climatiques ou des peuplements actuels
? Quelle sorte de peuplement voyez-vous quand vous parlez de
la capacité productive?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est en fonction
de ce qui va être prévu dans le manuel, l'aménagement qui
sera élaboré avec l'industrie et les officiers du
ministère. C'est en fonction aussi, quand on parle de la capacité
productive, des sites, des difficultés du milieu. Moi, je souhaite
ardemment qu'on fasse au plus tôt, au Québec, une carte
écologique qui va servir à l'aménagement forestier, mais
qui va servir aussi aux grands travaux, à toute fin, pour la chasse et
la pêche, les réserves fauniques, etc. On décrira nos sites
comme il faut, de façon permanente. On saura quelle intervention faire
dans les différents milieux forestiers ou urbains.
M. Jolivet: Cela va donner une chance au ministre de louer le
travail des hommes en vert, nos écologistes.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
44 tel qu'amendé est adopté?
M. Jolivet: Oui, Mme la Présidente,
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 44 tel
qu'amendé est adopté. J'appelle l'article 45.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 45 se
lit comme suit: "Le rendement annuel correspond à la possibilité
annuelle de coupe à rendement soutenu exprimée sur la base de ce
qui peut être récolté en moyenne par hectare dans une aire
forestière donnée en tenant compte de la distribution des
peuplements par classes d'âges sur cette aire forestière, des
techniques sylvicoles qui peuvent s'y appliquer et des caractéristiques
biophysiques de cette aire. "Dans le cas où l'aire forestière
comprend des essences de qualité en feuillus ou en résineux, le
rendement annuel est établi en tenant compte de techniques sylvicoles
permettant non seulement de maintenir un rendement en volume mais
également d'accroître la qualité des bois produits."
Il y aurait le même amendement que précédemment,
c'est-à-dire qu'il serait modifié à la troisième
ligne du premier alinéa par le remplacement des mots "forestière
donnée" par les mots "destinée à la production
forestière". Ce n'est pas comme le précédent.
L'amendement vise à bien préciser que le rendement sera
déterminé sur la base de calcul fait sur des aires
destinées à la production seulement, c'est-à-dire, comme
je l'ai mentionné hier, en excluant les aires inexploitables,
improductives et inaccessibles.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Jolivet: Je ne sais pas si je dois poser ma question à
ce moment-ci parce que, dans le fond, on pourrait regarder l'ensemble avec
l'amendement et l'article lui-même. L'un et l'autre vont se toucher, et
je ne voudrais pas prendre deux fois un droit de parole. J'aime autant, si le
ministre le permet, qu'on fasse la discussion à la fois sur l'amendement
et sur l'article parce que cela va se toucher l'un l'autre.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Cela adonne bien que ce soit comme cela parce que,
à midi, j'ai eu l'occasion de remonter à mon bureau et de prendre
connaissance d'une correspondance qui m'a été acheminée
concernant les érablières en particulier, sur les
problèmes que vous connaissez, Mme la Présidente, dans votre
coin, surtout dans le nord de votre sud si on peut l'appeler ainsi, dans le
bout d'Arthabaska, Plessisville, la Beauce, etc., l'ensemble des
problèmes des pluies acides dans les érablières, le
dépérissement des secteurs actuellement en difficulté. On
pourrait parler aussi de l'ensemble de la tordeuse des bourgeons de
l'épinette, les feux, on pourrait parler de l'ensemble des
problèmes qui font qu'effectivement il y a un rendement qui pourrait
être diminué à cause de tous ces
phénomènes.
Dans le projet de loi, à l'article 3, quand on va voir la
définition de l'aménagement forestier et qu'on la compare
à celle-là, est-ce que vous pouvez me dire si l'ensemble du
rendement annuel tient compte de la diminution potentielle due aux pluies
acides, à la tordeuse, à tous les phénomènes que
l'on connaît maintenant? De quelle façon pouvez-vous nous garantir
que cela a un effet?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, parce qu'il y
a un calcul de rendement. On a parlé des sites tout à l'heure.
Évidemment, si le site a été affecté et que le
rendement est inférieur, il faut en tenir compte lors du calcul de la
prise de données qu'on veut la plus récente possible pour tenir
compte justement de ces facteurs: tordeuse, dépérissement. C'est
pourquoi le calcul tient compte de la possibilité des sols de fournir...
Et de l'air. Si l'air est pollué, c'est évident que les arbres
croissent moins bien. On en tient compte au moment de la prise des
données. Et c'est révisé, si vous voulez, tous les cinq
ans.,
M. Jolivet: Tous les cinq ans, c'est cela, au lieu de dix
ans.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais on ne peut
pas continuellement surveiller un arbre. On n'est pas assez de
Québécois pour le faire.
M. Jolivet: II n'y a pas assez d'Indiens pour chaque arbre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
M. Jolivet: Est-ce que vous pouvez me dire, M. le ministre, parce
qu'on y touche un petit peu, quelles sont les démarches
additionnées à celles qui ont été faites autrefois
avec le ministère de l'Environnement et le vôtre en particulier
sur la question du dépérissement des érables? Cela
pourrait me permettre de répondre à la lettre que j'ai
reçu aujourd'hui. (16 heures)
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai
évidemment collaboré de très près avec M. Lincoln
qui en rapport avec l'environnement, est un ministre extraordinaire.
M. Jolivet: Ne le vantez pas. Il est capable de se vanter tout
seul.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai
également participé avec lui à continuer ce qui avait
été mis sur pied par le précédent gouvernement avec
les États de la Nouvelle-Angleterre et les autres provinces. En plus de
cela, nous installons avec lui et le ministre de l'Agriculture, M. Pagé,
des laboratoires ici et là pour être capables de mesurer
correctement les causes et prendre les données sur les pluies acides ou
la pollution de l'air. C'est à Duchesnay, n'est-ce pas?
Nous avons installé un laboratoire de cette catégorie
à Duchesnay. Le ministère de l'Agriculture en installe un dans
les érablières près de Princeville. Vous avez
mentionné Princeviile tout à l'heure et c'est dans ce coin.
M. Jolivet: Plessisville.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Plessisville,
oui.
M. Jolivet: Justement, il y a...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Et le
ministère...
M. Jolivet: C'est la partie où le député
d'Arthabaska n'était pas heureux de la décision prise dans le
comté du député, du whip du gouvernement, M.
Vallières; c'est cela?
M. Côté (Rîvière-du-Loup): Leministère de l'Environnement doit installer une station de
laboratoire de ce genre, dans le cadre de ce dont vous parlez, sur les pluies
acides et la pollution de l'air. Évidemment, c'est une
continuité, parce que ce n'est pas d'aujourd'hui. Ce n'est pas
instantané, cela non plus.
M. Jolivet: Non, en effet. Mais j'en profite pour dire qu'il y
avait une personne très amoureuse des arbres, Mme Lise Robitaille, qui
s'occupait justement de ce problème.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Elle est encore
là, M.- le député.
M, Jolivet: Elle est encore là?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Depuis ce temps,
elle s'est mariée.
M. Jolivet: Ah, avec des arbres?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, mais cela ne
m'aurait pas surpris!
M. Jolivet: C'est une femme qui défend bien le
dossier.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Évidemment,
Mme Robitaille nous a accompagnés, avec le secrétaire de
l'État du Wisconsin, dans une tournée de la Beauce pour
convaincre nos voisins des effets des pluies acides, de l'utilisation du
charbon pour leurs centrales électriques, etc. C'est un travail de
lonque haleine, comme vous le savez, que d'amener tout le monde à
collaborer et à réduire...
Ce matin, durant la période de questions, je lisais le rapport
qui a été signé conjointement par M. Lincoln et le
gouverneur de l'État de New York; heureusement, vous ne m'avez pas
posé de questions.
M. Jolivet: Cela viendra peut-être. Vous ne vous ennuyez
pas des questions?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
M. Jolivet: Mme la Présidente, je serais prêt
à accepter à la fois l'amendement et l'article.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement à l'article 45 est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
45, tel qu'amendé, est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
46.
Unité d'aménagement
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 46 se
lit comme suit: "L'unité d'aménagement est le territoire sur
lequel porte l'attribution de bois prévue au contrat. "L'unité
est constituée par le ministre, autant que possible, d'une aire
forestière d'un seul tenant. "Sa localisation est
déterminée par le ministre en tenant compte: "1° de la nature
et de la qualité des bois que le bénéficiaire utilise;
"2° de la distance entre l'aire forestière et l'usine de
transformation et des moyens de transport utilisables."
J'apporterais un amendement à l'article 46 qui se lirait comme
suit: Les deux premiers alinéas de l'article 46 sont remplacés
par les suivants: "46. L'unité d'aménagement est l'ensemble du
territoire sur lequel s'exerce le contrat. Il comprend notamment les aires
destinées à la production forestière. "L'unité
d'aménagement est délimitée par le ministre, autant que
possible, sur un
territoire d'un seul tenant."
Cet amendement vise à clarifier le texte de manière
à éviter qu'il soit interprété comme limitant la
superficie de l'unité d'aménagement ou de l'aire destinée
à la production forestière.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Jolivet: Un instant.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela a rapport
à l'avant-projet de loi, c'est à la suite de vos recommandations
et des remarques qui ont été faites. On introduit ici
l'unité d'aménagement et on définit les principaux
critères qui vont être utilisés par le ministre pour en
délimiter le territoire.
M. Jolivet: Le ministre dit et il le répète depuis
tout à l'heure: autant que possible sur un territoire d'un seul tenant.
Dans le cas où ce ne serait pas possible, la négociation du
territoire permettra-t-elle à ce moment-là que ce soit sur un
territoire plus vaste? C'est possible que les gens veuillent négocier un
territoire qui est de bonne qualité quelque part et laisser aux autres
le mauvais territoire. Donc, le ministre veut leur dire: Vous allez prendre
à la fois le bon et le mauvais et vous allez essayer de faire un
amalgame. Je prends l'exemple du nord-sud. On parle de gens qui doivent aller
dans le nord et de gens qui doivent aller dans le sud pour répartir les
coûts de production. Le ministre sera difficilement capable de maintenir
une argumentation autre que celle-là, à moins qu'il nefavorise une usine au détriment d'une autre. Je parle de l'ensemble
de l'Abitibi en particulier où le ministère, compte tenu de la
difficulté d'avoir le bois nécessaire, obligeait des gens
à aller se chercher du bois dans le nord et dans le sud.
Si vous dites d'un seul tenant, c'est là que votre "autant que
possible" arrive,
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si on parle du
nord-sud, on les a obligés partiellement sur papier, un peu
concrètement, mais en partie sur papier.
M. Jolivet: Vous avez raison, M. le ministre, et je n'ai pas
à cacher la façon dont vous l'interprétez. C'est vrai. Les
gens ont beaucoup plus utilisé le bois du sud et ils faisaient des
pressions pour en obtenir davantage, puis ils laissaient tomber le bois du
nord. Vous donneriez une argumentation à mon collègue d'Ungava si
vous disiez que vous êtes d'accord avec cela, parce que cela voudrait
dire à ce moment-là: Reste à Matagami avec ton bois et
occupe-toi de ton bois. Puis, à Val-d'Or, prends le bois qui reste et
ferme tes usines. Si c'est ce que vous voulez me dire, mon collègue
d'Ungava sera content.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ah, oui! M.
Jolivet: Pas jusque-là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'ai pas
tellement de réponse à ce que vous mentionnez, parce que vous
exposez une situation qui existe dans le nord. Mais je veux vous signaler
l'article 200 qui précise un peu cela. On dit qu'on veut éviter
le morcellement, puis en même temps on dit: "Pour déterminer la
localisation de l'unité d'aménagement où s'exécute
le contrat d'une personne visée à l'article 197, le ministre
tient compte, en plus des critères prévus à l'article 46,
de la localisation historique des territoires d'approvisionnement du
bénéficiaire et des infrastructures déjà mises en
place par ce dernier." Il ne faut pas faire exprès pour mettre les gens
en situation difficile.
M. Jolivet: Est-ce que je pourrais poser ma question autrement?
Je vais vous donner l'exemple de ZAC et de ZEC.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais là, je
suis moins fort là-dedans,
M. Jolivet: Vous allez comprendre vite. C'était
l'expression que je prenais. Quand vous parlez du territoire
d'aménagement» si vous dites d'un seul tenant à
l'intérieur du territoire d'aménagement, est-ce que l'aire dans
laquelle vous allez l'installer, cela ne reviendrait pas à dire aux
gens: Tu vas avoir une partie sud avec un cordon ombilical pour le nord, mais
c'est un seul terrain pour moi?
La question que je vais soulever, pour les gens de l'Abitibi, c'est:
Vous allez avoir de la difficulté. On en a eu et il faut trouver une
solution. Et cette solution doit être trouvée avec les gens du
milieu. Vous allez avoir à négocier des contrats. Vous avez
intérêt - et le Québec a intérêt - à ce
que les contrats soient signés dans des délais raisonnables pour
la mise en application en 1990 de l'ensemble du projet. Entrevoyez-vous,
à ce moment-là, une fois qu'on aura commencé à
négocier, que, s'il n'y a pas d'entente, il y ait une table de
concertation régionale? On pourrait dire aux gens: Les problèmes
que l'on a, si on n'accepte pas telle chose, c'est de fermer une usine en
particulier. Tout en ne vous réservant pas le mauvais devoir de fermer
les usines, vous allez dire: Trouvez-moi des solutions entre vous. Vous allez
vouloir refiler la patate chaude à d'autres.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a Mme Saucier
qui trouve des solutions. Il y aura inévitablement une rationalisation,
une
intégration ou des fermetures d'usines, compte tenu de la
capacité forestière. Mais, évidemment, il ne faut pas que
ce soit son usine, c'est bien sûr. Il ne faut pas que ce soit nous. Quand
on parle d'accident et de maladie, ce n'est jamais nous, c'est toujours pour
les autres.
M. Jolivet: Je n'ai pas voulu donner de nom. Je trouve un peu
malheureux que le ministre...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce sont des
déclarations publiques.
M. Jolivet: Je ne le prenais pas dans ce sens-là. Je ne
faisais allusion à personne. J'essayais de dire qu'il y a une
difficulté et vous êtes confronté à la même
difficulté...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ah oui.
M. Jolivet: ...qu'on avait, puis il faut trouver une solution.
Mais je ne donnais pas de nom et je ne veux pas en donner non plus. Je dis: II
va falloir, à ce moment-là, que l'exception inscrite à cet
article soit exercée, parce que, si vous ne l'exercez pas, vous allez
avoir des problèmes à délimiter le territoire. Je pourrais
prendre le territoire chez moi. Des gens veulent avoir la belle réserve
que d'autres compagnies se sont faites en cours de route en disant: Si je t'ai
plus proche de mon usine, tant mieux! Le principe est pour tout le monde,
partout au Québec. Plus ce sera près de mon usine, mieux ce sera.
Si c'est loin, c'est pour l'autre. C'est un peu cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, c'est un peu
cela que je vous disais.
M. Jolivet: Je vous dis simplement que, dans le cas qui nous
préoccupe, pour la discussion, j'aurais pu prendre le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, avec le bloc de
Reed ou d'autres, j'aurais pu prendre n'importe quoi. Qu'est-ce qui va arriver
le jour où vous allez bloquer? A un moment donné, vous allez
bloquer s'il n'y a pas d'entente. S'il n'y a pas d'entente, allez-vous forcer
l'entente ou si vous allez trouver une solution en réunissant les gens
et en disant: Écoutez, voici les problèmes, les bons
côtés et les mauvais côtés et comment on peut trouver
une solution conjointe sans fermer d'usines, en évitant peut-être
de donner trop à d'autres personnes, pour s'assurer que les gens vivent
convenablement avec le bois disponible et avec le rendement potentiel à
venir?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, M. le
ministre, vous connaissez l'équipe avec laquelle je travaille...
M. Jolivet: Non! M. le député! Des Voix: Ha!
Ha! Ha!
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est une plus
grande erreur que de l'appeler député de Joliette.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Jolivet: Pourtant, c'était tout doucereux.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous connaissez,
M. le député de Laviolette, l'équipe avec laquelle je
travaille. Vous savez bien que l'on ne prendra pas de méthodes
inacceptables. S'il y a moyen de développer une concertation et que les
gens soient réalistes - il faut être réaliste dans ces
situations - on essayera de trouver la meilleure solution. On ne peut pas
donner ce que l'on n'a pas. Je ne fais pas de miracle.
M. Jolivet: M. le ministre, ma question ne s'adressait pas
à l'équipe administrative, elle s'adressait à
l'équipe politique gouvernementale. En celle-là j'ai moins
confiance.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai encore plus
confiance en celle-là.
M. Jolivet: Mon collègue d'Ungava a certainement d'autres
questions.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, puisque le ministre m'a presque ouvert des
portes tout à l'heure, j'ai eu le temps de mettre le pied dedans.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je m'ennuyais.
M. Claveau: À la suite de la discussion que vous venez
d'avoir avec mon collègue de Laviolette, ex-ministre, comme vous l'avez
si bien souligné, j'aimerais que vous m'apportiez un
éclaircissement sur une question qui préoccupe, entre autres, des
gens de mon comté en rapport avec la distribution des parterres de
coupe. Par exemple, quand on parle de l'approvisionnement' de l'usine, par
rapport à son éloignement, est-ce que vous avez envie de faire
une espèce de péréquation, une espèce
d'équilibre entre les distances d'une usine à l'autre qui ferait
en sorte que... Par exemple, dans un milieu où il y a beaucoup de
forêts et où il y a une usine en exploitation, mais un milieu
où d'autres concessions forestières sont données à
des usines qui sont plus loin, l'usine qui est au milieu pourrait se voir
obligée d'aller chercher ses bois plus loin pour faire en sorte que les
bois qu'elle utilise soient plus
près de l'usine plus au sud.
Je vais innager mon propos, et ce serait peut-être plus clair, en
partant d'un exemple bien précis. L'entreprise Bisson & Bisson,
à Matagami, a un parterre de coupe qui est collé à son
usine. Ces gens sont en pleine forêt; le parterre est là. Ils ont
juste à s'étirer le bras et ils ramassent le bois. Par contre,
vous savez comme moi qu'il y a des usines d'Amos qui doivent monter en haut de
Matagami, aller au-delà des parterres de coupe de Bisson et qui se
retrouvent avec une distance énorme. Est-ce que, dans votre logique, on
pourrait sous-entendre que, dans une nouvelle distribution, des parterres de
coupe qu'exploite actuellement Bisson & Bisson pourraient être
donnés à des gens d'Amos pour qu'ils aillent moins loin et que
Bisson & Bisson puisse aller plus loin, pour équilibrer les
distances?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivïère-du-Loup): J'ai lu
l'article 200 tout à l'heure qui vous donne un aperçu de nos
intentions, c'est-à-dire qu'en plus des critères prévus
à l'article 46 dont on discute actuellement on va tenir compte de la
localisation historique des territoires d'approvisionnement du
bénéficiaire et des infrastructures déjà mises en
place par ce dernier. L'usine Bisson & Bisson fait chantier là-bas,
elle a des infrastructures, elle a un territoire où elle fait la coupe,
habituellement. Historiquement, on va en tenir compte; c'est ce que l'on dit.
On ne dira pas à Bisson d'aller couper à Amos. (16 h 15)
M. Claveau: Pour en avoir parlé avec des industriels
forestiers qui sont dans cette situation, le fait de dire "en tenir compte",
est-ce que cela représente, dans l'esprit du ministre, une obligation de
les maintenir dans le même parterre de coupe? Est-ce qu'un droit de
premier refus est exercé par ces entreprises?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas une
obligation.
M. Claveau: Ah!
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est une
conviction profonde d'équité.
M. Claveau: L'équité pourrait être en
fonction d'une autre usine plus loin pour essayer de répartir les
distances entre les deux.
M. Côté (Rivière-du-Loup): En fonction de
cela, on doit viser un certain équilibre entre chacun des
utilisateurs.
M. Claveau: Si jamais la notion de l'équilibre de distance
entre les utilisateurs prédominait sur un droit de premier refus de la
part des entreprises, je peux vous assurer que l'ensemble des entreprises
exploitant, par exemple, dans le comté d'Ungava se retrouveraient dans
une bien mauvaise situation concurrentielle, entre autres, sur le
marché.
Nous aimerions que cela soit plus précis dans la loi pour que ces
gens aient la certitude qu'ils ne seront pas encore pénalisés,
car ils le sont déjà passablement du fait qu'ils exploitent loin.
On voudrait avoir un élément de certitude qui nous permettrait
plus que de tenir compte d'une hypothèse éventuelle.
M. Côté (Rivïère-du-Loup): M. le
député d'Ungava, faire une distribution, déterminer une
unité d'aménagement ou un approvisionnement d'aménagement
ne font pas pousser les arbres. Cela ne le fera pas. Toutefois, on s'engage,
par l'article 200, si c'est possible, à donner les territoires d'un seul
tenant. Mais la loi elle-même et cette opération ne feront pas
pousser les arbres. S'il n'y en a pas ou s'il n'y a pas de possibilité,
évidemment, on ne fera pas de miracles. Mais on ne fera pas
exprès ou intentionnellement des choses déplaisantes ou qui
causeront des préjudices, voyons donc!
On ne peut s'engager plus que cela, car plus que cela serait s'engager
à l'impossibilité, et à l'impossible nul n'est tenu, pas
'même l'Opposition.
M. Claveau: II reste qu'on peut vous garantir que c'est possible
de maintenir des approvisionnements près de ces usines qui sont
déjà elles-mêmes éloignées.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Voulez-vous
répéter, s'il vous plaît?
M. Claveau: Oui. Les usines qui sont éloignées des
marchés, je peux vous garantir qu'il est possible qu'elles gardent des
approvisionnements près.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien oui. M.
Claveau: Ce n'est pas impossible.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Toutefois, si les
approvisionnements proches ont déjà été
attribués, il va falloir faire attention à cela. Ils ne seront
peut-être pas disponibles.
M. Jolivet: C'est là qu'est le problème.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Votre
collègue est pas mal au courant de ce dossier. Je disais qu'à
l'impossible nul n'est tenu, mais, s'il est indiqué dans la loi que je
dois en tenir compte et que je n'en tiens pas compte du tout, les gens auront
des recours,
et c'est prouvé. H y a des recours pour cela. Ce n'est pas
écrit pour...
M. Claveau: Le recours éventuel, par la suite,
après cinq ans; mais, au moment de fixer le premier parterre de coupe
sur lequel s'exerceront les opérations d'aménagement, puisqu'on
part du principe que les parterres qui existent actuellement n'existeront plus,
qu'ils seront redistribués en fonction d'une nouvelle priorité,
entre autres, la capacité, la nature des bois, la qualité, la
grosseur et le genre d'utilisation à en faire, tout cela, à ce
moment-là, on ne peut pas dire qu'au départ, dans le premier cas,
il est si garanti que cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vous ai dit que
je ne peux pas garantir l'impossible. Relisez l'article 200; je l'ai
déjà lu deux fois et la troisième fois que je vais le
lire, c'est quand je serai rendu là.
M. Claveau: On va s'y rendre, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): D'accord.
M. Claveau: Je vous ai fait part d'une
préoccupation...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, cela me
préoccupe grandement.
M. Claveau: Vous comprendrez que les industriels qui ont
déjà à investir dans des endroits éloignés
et qui ont pris des risques en conséquence en fonction du bois qgi
existait là, n'apprécieraient pas beaucoup...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne veux pas
être blâmé ni blâmer personne là-dessus.
Historiquement, cela s'est fait de cette façon. Il y a des
approvisionnements qui vont à La Tuque qui viennent de l'Abitibi.
L'entreprise Bisson & Bisson est allée s'installer là. La
première scierie qui s'est installée là a fait faillite.
Historiquement, elle a fini par s'en tirer. C'est historiquement que cela s'est
fait comme cela. Les gens ont fait cela en pleine connaissance de cause; ils le
savent, ils connaissent leur situation. À l'occasion d'une loi
semblable, ils ne peuvent pas espérer qu'on corrige toute l'histoire
passée.
M. Claveau: D'accord, mais dans le cas de Bisson &
Bisson...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est une
impossibilité.
M. Claveau: D'accord. On en reparlera à l'article 200, si
vous voulez, mais il reste que le problème est réel.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, oui.
M. Claveau: Je pense que ce n'est pas de la spéculation
que je fais. C'est vraiment un problème concret par rapport à
l'ensemble. On parlait de Bisson & Bisson. Je vous donnais un exemple,
parce qu'on connaît bien les conflits qu'il y a avec Amos actuellement et
Matagami en termes de droits de coupe, mais c'est le problème de toutes
les scieries. On parlait de Saucier tout à l'heure que vous donniez
vous-même en exemple. Son problème est exactement le même.
Il ne s'agit pas pour Saucier d'aller chercher son bois à 150 milles
plus loin pour permettre à quelqu'un qui est à 150 milles au sud
d'aller, lui, jusque chez Saucier et que les deux usines aient 150 milles
à faire. S'il y en a une qui a besoin de bois dans le sud, elle fera 300
milles. Elle sautera pardessus Saucier et elle ira de l'autre
côté. On n'est pas pour en mettre deux en situation difficile,
alors qu'il y en a une qui est en bonne situation et qui aurait des chances de
passer au travers.
Une voix: II ne discute pas beaucoup de l'article.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'ai pas de
commentaire.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Mme la Présidente, la porte entrouverte par le
ministre s'est ouverte davantage par le mot "recours". J'essaie de bien
comprendre. Le ministre dit: En vertu de l'article 200, il y a des droits
historiques. Les gens ont eu des concessions dans certains cas, d'autres des
contrats d'approvisionnement, et on est obligé de vivre avec cela. Il
dit: Je vais essayer de garantir, tout en tenant compte que le territoire doit
être d'un seul tenant dans l'unité d'aménagement avec des
aires forestières convenables, qu'à ce moment-là je ne
nuise pas à la capacité concurrentielle. Tout le monde est
d'accord qu'il faut que ce partage se fasse dans les meilleures conditions
possible.
Le ministre sait très bien qu'il ne sera pas possible de le faire
partout. C'est pour cela qu'il dit: Dans la mesure du possible. Il l'installe
dans le projet, c'est normal. Il faut se référer à un
autre article, l'article 205, aux derniers alinéas, où le
ministre fait, en vertu de l'article 37, par dépôt,
l'enregistrement d'une décision qui va être rendue, dans le fond.
Il dit: Dans la mesure où je ne m'entends pas avec quelqu'un, dans le
contrat qui viendra, je l'imposerai. Je pense que c'est clair et net. Je parle
avec mon vis-à-vis comme porte-parole de l'Opposition à
l'Éducation et je vais dire qu'à un moment
donné il va être obligé de faire cela sur
l'intégration scolaire, il n'a pas le choix. À un moment
donné, le monde ne s'entend pas pour toutes sortes de raisons. Cela
arrive même chez des personnes politiques. Imaginez-vous quand il s'agit
de questions financières au bout de la course et que les gens disent:
Que tu me mettes en faillite ou pas, je vais me défendre.
Le ministre dit: Les gens n'ont aucun recours, ou il dit: Les gens ont
des recours. Je mélange deux choses, à moins que je ne comprenne
mal. Le moment où le ministre, en vertu de l'article 205, installe le
contrat comme il le décide parce qu'il n'y a pas d'entente, il dit: Il
n'y a plus de recours possible; tu prends cela ou tu fermes tes portes, si tu
n'es pas content. Cela, c'est une chose, à moins que je ne comprenne
mal. Dans l'autre cas, vous dites: L'autre a un recours. Il a un recours sur
quoi? Sur un territoire qui va être imposé en vertu de l'article
205 ou sur un territoire qu'il avait avant? Est-ce que je mélange les
choses?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député de Laviolette, il reste que le bénéficiaire
a un recours si je n'ai pas fait mon travail comme il faut, si je n'ai pas tenu
compte des engagements que je prends dans la loi. C'est là qu'il y a un
recours.
M. Jolivet: Oui, mais le jour où vous décidez en
vertu de l'article 205 de déclarer que, comme il n'y a pas d'entente,
vous déposez le contrat, au moment de l'enregistrement, cela devient le
contrat.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II n'y a pas de
recours là-dessus. Si mon travail a été fait comme il
faut, il peut toujours me poursuivre, mais, si mon travail a été
fait comme il faut, si le ministère a bien travaillé, il n'y a
pas de recours sur le ...
Une voix: II n'y a pas de recours sur le...
M. Jolivet: Est-ce que vous pensez honnêtement, si je
prends la façon dont le député d'Outremont répond
en Chambre, que je vais me trouver un avocat qui va prouver que vous n'avez pas
fait votre travail comme il faut? Donc, on ne prendra pas de recours. Au fait,
dites-le correctement, il va y avoir un recours partout ou personne ne
s'entendra avec vous, même dans la mesure de l'article 205.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a des avocats
pour toutes les causes; vous allez en trouver un.
M. Jolivet: Cela ne répond quand même pas à
ma question. j'étais dans le syndicalisme, je vous l'ai
déjà dit. On a trouvé de bons avocats qui ont
défendu nos causes qui semblaient perdues au départ et qui les
ont gagnées finalement. Ces gens-là ont été bien
payés parce qu'ils ont fait un maudit bon travail. Indépendamment
de cela, je vous pose une question.
Supposons que je suis quelqu'un qui négocie avec vous. Je peux
toujours prétendre que vous n'avez pas fait votre travail comme il faut,
que les fonctionnaires ont mal fait leuf travail et que le ministre les a
appuyés ou inversement que les fonctionnaires ont bien fait leur
travail, mais que le ministre a mal jugé, qu'il a décidé
que les fonctionnaires n'avaient pas fait le travail comme il faut et qu'il a
décidé de changer... Pour toutes sortes de raisons. Donc, il y a
des gens qui vont toujours prétendre que le travail est mal fait.
En vertu de l'article 205, vous dîtes qu'il n'y a pas de recours?
À moins que, maintenant, vous ne me disiez qu'il y en a un. En tout cas,
j'ai de la difficulté à comprendre. Il n'y a pas de recours, mais
il y a un recours, s'il pense que vous avez mal fait votre devoir.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
M. Jolivet: Dans ce cas, il va toujours y avoir un recours.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est ce que j'ai
mentionné tout à l'heure. Si j'ai mal...
M. Jolivet: Je n'ai pas compris ce qu'il vous a dit.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si j'ai pris une
mauvaise décision, si je n'ai pas fait mon devoir comme il faut, si cela
a été irrationnel, de mauvaise foi, c'est bien sûr qu'il y
a un recours.
M. Jolivet: II y avait un principe de négociation,
à l'époque, qui s'appelait négocier bona fide. C'est la
bonne foi. Â un moment donné, quelqu'un a mis en doute la bonne
'foi, et cela s'est appelé de la mauvaise foi. Le jour où il a
fait de la mauvaise foi, il est allé en poursuite. Il a gagné ou
il a perdu; c'est un juge qui l'a déterminé. Ce que j'essaie de
vous dire, c'est qu'il y a toujours un recours ultime quelque part.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. Il y a des
avocats pour toutes les causes.
M. Jolivet: Donc, peu importe la décision que vous allez
prendre dans le dossier, même si vous voulez forcer la décision,
il y un risque que vous allez prendre, comme ministre, d'être
appelé à aller défendre votre cause devant un juge.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vais vous
avouer que je m'attends à cela, à part cela.
M. Jolivet: Ah boni Je m'y attendais aussi, mais je voulais vous
l'entendre dire. Au fond, c'est ce qui va arriver, à moins -c'est une
des suggestions que l'on vous fait -que les gens, comme ce à quoi a fait
allusion mon collègue d'Ungava, ne s'assoient autour d'une table avec le
ministre, comme moyen exploratoire de décisions que le ministre aura
à prendre, pour essayer de satisfaire le maximum de personnes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a une limite
à cela, par exemple.
M. Jolivet: Oui, il y a une limite à une décision
qui doit être prise.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans votre groupe,
il peut ne jamais y avoir d'entente. C'est un peu ce qui est arrivé
depuis 1974. Il y a eu des concessions qui ont été
révoquées. On négocie encore des contrats
d'approvisionnement avec ces gens, et ils ne veulent pas signer.
M. Jolivet: Ce sera l'article 204 que vous allez corriger.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ils ne veulent
pas, et il n'y a plus de fin à cela.
M. Jolivet: C'est l'article 204 que vous allez corriger.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quand il n'y a pas
de délai de prévu dans une loi, on l'étiré, dan9
l'espérance toujours, comme dans des négociations syndicales,
d'en avoir plus.
M. Jolivet: Je reviens à l'article 204 parce que vous me
ramenez vous-même à l'article 204. Il va y avoir un amendement que
l'on ne connaît pas encore, qui va avoir pour effet de régler une
partie des problèmes dont vous faites mention actuellement, en voulant
dire: J'impose ma décision par l'article 204, et ils prendront les
recours qu'ils voudront. Autrement dit, vous prenez une décision comme
ministre, vous forcez la décision, et, s'ils veulent vous poursuivre,
ils vont vous poursuivre. Il n'y aura plus de négociations possibles. Je
crois comprendre que le seul moyen d'en arriver à une décision,
ce sera un règlement hors cour qui n'est pas une négociation.
C'est une négociation, mais je veux dire que ce n'est pas au même
niveau qu'une négociation face à face.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Étant donné que l'article 200 se
réfère directement à l'article 46 et vient
compléter les critères qui vont permettre le choix, est-ce que le
ministre pourrait nous donner son interprétation juridique des
dernières lignes de l'article 200 qui disent de tenir compte de la
localisation historique des territoires d'approvisionnement du
bénéficiaire et des infrastructures déjà mises en
place par ce dernier? Quelle est sa vision juridique, au moment où l'on
se parle, de ce qui pourrait être véhiculer dans l'application de
cet article?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député d'Ungava, ce sont des avocats qui ont écrit cela.
Ils ont transmis...
M. Jolivet: Mme la Présidente, juste pour permettre au
ministre...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je permettrais, comme membre de l'Opposition, et mon
collègue le permettrait, j'en suis assuré, que quelqu'un puisse
répondre sur le plan juridique au nom du ministre. C'est permis en
commission parlementaire. Simplement pour bien rassurer les gens qui vont avoir
à vivre avec cette loi. Il n'y a pas de problème, je sais que
c'est technique. (16 h 30)
La Présidente (Mme Bélanger): Si c'est une
affirmation technique, elle le peut. Mais elle ne peut pas émettre une
opinion.
Mme Ellefsen (Christine): L'interprétation que l'on donne,
c'est une obligation de moyens. On se doit de tenir compte...
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse. Est-ce
que vous voulez vous identifier?
Mme Ellefsen: Je m'excuse. Mon nom est Christine Ellefsen,
avocate au ministère de l'Énergie et des Ressources.
L'obligation que l'on vient créer à l'article 200, c'est
une obligation de moyen. Lorsqu'on attribue les territoires, on se doit de
tenir compte de certains critères. Ce n'est cependant pas une obligation
de résultat et c'est pour cela que l'on peut, comme je le disais, en
complétant avec l'article 205, imposer le contrat à un moment
donné si on n'en arrive pas à une entente. Donc, cela revient
à ce que M. Jolivet dit, on va essayer de s'entendre et on se
crée une obligation légale d'essayer de s'entendre, mais on n'a
pas d'obligation de résultat. C'est cela l'explication.
Une voix: Elle a raison. C'est ce qu'on
dit depuis tout à l'heure. C'est clair,
M. Claveau: C'est votre explication. Mais supposons que je sois
avocat, je ne le suis pas...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: ...et que j'aie à défendre les droits
d'une usine qui a son approvisionnement...
M. Jolivet: Est-ce que vous souhaitez qu'il soit avocat ou qu'il
défende?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Claveau: Si j'avais à défendre une usine dont on
prétend que, puisqu'elle répond à tous les critères
de l'article 46 et qu'elle bénéficie déjà d'un
parterre de coupe qui est très alléchant à conserver, elle
devrait avoir à ce moment-là l'obligation de moyens à
prendre pour en arriver à une décision, je pourrais
l'interpréter comme étant au contraire une obligation qui va
amener le ministre à la conclusion que j'ai autant le droit de garder
mon territoire, même encore plus, parce que j'ai des droits acquis sur ce
territoire, qu'un autre auquel le territoire pourrait être donné.
À ce moment-là, l'article 205, c'est le coup de glas, c'est un
couteau, un tranchant que le ministre se garde pour dire: Tu as bien beau dire
ce que tu voudras, tu n'as pas tes droits. Mais je crois que, légalement
parlant, je serais bien placé pour défendre le fait qu'au
contraire l'article 200 introduit, dans le cas de l'usine en question, un droit
de premier refus étant donné que l'on rentre dans tous les
critères des articles 46 et autres de la loi. Il ne s'agit que de
savoir, à partir du moment où le territoire est acceptable et
utilisable, qui a le droit de l'utiliser. Si je l'utilise déjà et
qu'il est très proche de mon usine, qu'il correspond à mes
besoins, que c'est moi qui l'ai aménagé, que j'y ai fait des
chemins forestiers, que j'y ai fait des ponceaux, que j'ai articulé mon
usine en fonction du bois... Vous savez bien que les machines dans une usine
sont en fonction de la grosseur du bois, etc., les écorceuses, les
ébrancheuses vont toutes en fonction de la grosseur du bois. Je me
sentirais tout à fait à l'aise pour défendre le point de -
vue de mon client devant la cour. Je dirais: C'est bien dommage, mais il faudra
que ce soit interprété comme un droit de premier refus en ma
faveur. J'ai l'impression que cela pourrait se rendre en Cour suprême si
la mèche en vaut la chandelle.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vais
répéter ce que madame vous a dit tout à l'heure. J'ai
appelé cela: À l'impossible nul n'est tenu. Madame vous a dit: On
est obligé de prendre les moyens, mais on ne garantit pas le
résultat. C'est une obligation de moyen et non de résultat. J'ai
appelé cela l'impossible.
C'est certain que, si vous voulez changer de carrière, vous avez
peut-être des chances. C'est peut-être plus payant que d'être
député; j'aimerais cela.
M. Jolivet: Mais avec les offres patronales on n'est pas
sûr.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais j'aimerais
cela. Je vous le dis, c'est une obligation pour le ministre et le
ministère de prendre les moyens les plus équitables, d'essayer de
trouver une solution. Si le travail est mal fait et s'il y a une poursuite,
votre bénéficiaire gagnera sa cause et si le travail est bien
fait, il ne gagnera pas sa cause. On ne garantit pas le résultat.
Le fait d'écrire une loi, le fait de partager des territoires,
cela ne fait pas pousser les arbres.
M. Claveau: Mais le territoire est habilité et
reconnu?
M. Côté (Rivïère-du-Loup):
Écoutez, M. le député d'Ungava, on prend l'obligation,
dans l'article 200, de tenir compte, "en plus des critères prévus
à l'article 46, de la localisation historique des territoires
d'approvisionnement" - c'est la troisième fois, et je ne voulais pas le
lire avant d'être rendu là -"du bénéficiaire et des
infrastructures" -dont vous avez parlé - "déjà mises en
place par ce dernier", votre client.
M. Claveau: À la limite...
Une voix: Bien oui, c'est une limite.
M. Claveau: ...tous les autres éléments de la loi
sont applicables. On détermine si, effectivement, le territoire est
utilisable ou non. Mais, à partir du moment où on
détermine que le territoire est utilisable par quelqu'un, que ce soit
par mon client ou par le client d'un autre, il reste qu'il est utilisable. Si
mon client l'a déjà en main, à ce moment-là, dans
votre article, je ne vois pas comment vous pourriez le donner à un
autre, étant donné qu'il y a des droits là que vous
reconnaissez vous-même lorsque vous dites qu'il y a les droits
territoriaux acquis qu'il va falloir considérer. À ce
moment-là, je ne vois pas comment on pourrait le donner à un
autre, s'il est reconnu utilisable et conforme à tous les autres
critères d'aménagement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On va continuer
avec l'article 201 qui se lit comme suit: "Si par l'effet de l'application
des
articles 197, 199 ou 200, des travaux d'inventaire, d'aménagement
ou d'arpentage ou d'autres travaux de nature permanente réalisés
par une personne visée à l'article 197 sur le territoire qui
faisait l'objet de sa concession, de sa garantie ou de sa convention
bénéficient à une autre personne, cette dernière
doit verser à celui qui a défrayé le coût de ces
travaux une indemnité égale à leur valeur
résiduelle." Il aura une compensation.
M. Claveau: Oui, oui. Je comprends qu'il aura une compensation,
mais...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est sur la
même base que la rétrocession des concessions dans le
passé.
M. Claveau: D'accord, mais si, par exemple, il faut que je parte,
à partir du moment où vous me remboursez ma valeur
résiduelle, avec ce qu'il a pu m'en coûter il y a dix ans pour
faire mes chemins, si je suis obligé de prendre le petit montant
d'argent comptant que vous allez me donner pour me refaire des chemins dans un
nouveau territoire, aux coûts actuels de la machinerie, des tuyaux et du
ponceau, vous me pénalisez drôlement, d'autant plus que vous
éloignez mon parterre de coupe de mon usine et vous faites en sorte que
cela va me coûter plus pour produire, vous m'obligez de... À moins
que vous ne me disiez que le nouvel acquéreur, celui qui va prendre mes
installations, ira construire mes chemins dans ma nouvelle concession aux
coûts du marché d'aujourd'hui. Cela serait peut-être
acceptable. Sinon, vous me pénalisez drôlement. Tandis que,
qu'est-ce que cela coûterait à l'autre? Le coût
résiduel. C'est-à-dire qu'il fait de l'argent sur mon dos.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le coût
résiduel ne signifie pas que c'est une valeur injuste et incorrecte.
Cela signifie le coût résiduel évalué de bonne
foi.
M. Claveau: Vous savez qu'un pont qui a été
bâti il y a dix ans avec la valeur de l'argent il y a dix ans, même
s'il est détérioré un peu et s'il manque un peu de
peinture sur les piliers, cela ne me dérange pas. Par contre, si je suis
obligé d'aller me bâtir un pont neuf semblable plus loin, au
coût actuel de construction d'un pont, je suis drôlement
pénalisé.
M. Côté (Rivière-du-Loup); Dans votre rapport
d'impôt, vous aurez tenu compte de la valeur du pont, vous l'aurez
déprécié. Il restera une valeur.
M. Claveau: C'est de l'argent comptant, quand même,
à un moment donné.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II restera une
valeur pour autant qu'il sera utilisable et qu'il sera utilisé et qu'il
y aura des bois aux alentours. Cela tient compte de la valeur
résiduelle. Si vous n'avez plus de forêt de l'autre
côté de votre pont, votre pont vaut ce qu'il vaut. Normalement,
vous auriez prévu son amortissement dans votre rapport d'impôt et
c'est l'État, en réalité, qui vous l'aurait
payé.
M. Claveau: Oui, mais advenant le cas...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
déductible.
M. Claveau: ...où je pourrais faire des travaux de
reboisement sur mon "backlog" en arrière de mon pont, je pourrais
prévoir des...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est rendu. Vous
gardez votre territoire de cette façon quand vous voulez faire des
travaux. Vous venez de le perdre, mais...
M. Claveau: Si j'avais gardé mon pont, si j'avais
gardé mon territoire avec mon vieux pont, même si je n'ai plus de
coupe aujourd'hui, s'il était possible que j'aille faire des travaux de
reboisement ou de remise en valeur de la forêt de l'autre
côté, en prévoyant éventuellement des surplus de
croissance de la capacité de la forêt, ce qui pourrait me donner
droit, à la limite, si l'article est maintenu, à des droits de
coupe gratuits, mon pont pourrait me servir; il pourrait être payant dans
cinq ans ou dans dix ans, même si je ne l'utilise pas dans le moment.
Là, ce sera l'autre qui va l'utiliser et je devrai aller me bâtir
un pont neuf pour aller chercher la première pitoune dont je vais avoir
besoin à mon usine.
Vous savez, je pense qu'on s'embarque dans un drôle de
problème si on commence à jouer dans toutes ces choses.
L'évaluation de cela ne se règle pas sur le coin d'une table un
soir en prenant un verre de bière. Ce sera plus compliqué que
cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je suis convaincu
que ce sera plus compliqué que cela, mais je n'ai pas...
M. Claveau: Je dis qu'à la limite l'article 200 vient
pratiquement annuler l'article 46. Â partir du moment où l'on
décide, dans l'article 46, que le territoire est utilisable, le seul
critère à appliquer, c'est de savoir comment on interprète
l'article 200: si cela me donne un droit de premier refus ou si cela ne m'en
donne pas.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela ne donne pas
un droit de premier refus; c'est
bien clair. Sauf que l'on s'engage à tenir compte de la
localisation historique des opérations et des infrastructures
utilisées par ce dernier. Il y a d'autres critères qui sont
à l'article 46.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Mme la Présidente, c'est de là que
vient le fait que ce soit dans la mesure du possible, qu'on ait installé
dans l'article: "autant que possible". Je crois comprendre qu'il y a un recours
sur les devoirs mal faits du ministre. La preuve du devoir mal fait par te
ministre appartient à l'Individu qui n'est pas satisfait. Le ministre ne
garantit pas les résultats.
Tenons pour acquis qu'il y a eu un procès, que l'on a
démontré que le ministre a été injuste envers une
partie et qu'il doit redéfinir un territoire. Comme le territoire est
partagé dans tout le Québec au moment où le procès
se termine, il y a donc deux effets potentiels: Ou bien il y aura
négociation avec le ministre d'un nouveau territoire incluant le
territoire donné, ou bien il y a compensation financière sur ce
plan ou encore, en dernier lieu, il y a un effet de boule de quille. Cela veut
dire que le juge détermine que, comme le territoire était mal
défini, le territoire qu'il aurait dû avoir, c'est tel territoire
plutôt que tel autre et que, en conséquence, il faut qu'il
déloge un autre individu qui est déjà installé. Il
y a quelque chose qui devient difficile.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, qu'est-ce qui arrive dans le cas du bloc B dont vous
connaissez le dossier? C'est un peu cela.
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Évidemment,
cela n'a pas été fait intentionnellement, pour causer des
problèmes. On essaie de s'en sortir avec tout cela. Je souhaite que cela
n'arrive pas dans l'application du régime forestier.
M. Jolivet: En tout cas, tout ce que je dis et que je redis,
c'est qu'avant qu'il y ait un partage des territoires, pour éviter,
justement, tout ce jeu de quilles, qu'est-ce que le ministre va mettre comme
moyen exploratoire de discussion quant aux territoires? Il n'aura pas le choix.
Dans certains territoires, dans certaines régions, il va devoir le
faire. Est-ce que le ministre nous dit qu'à partir de ce qu'il
connaît, il va déterminer des négociations avec les
contractants, avec les entreprises, usine par usine? Est-ce qu'il va dire:
Après cela, si cela ne marche pas, je mets mon couperet -comme on a fait
pour la loi 119 - et je décide; au diable ce qui se passera, la personne
me poursuivra en essayant de faire la preuve que j'ai mal fait mon devoir? Sauf
que la personne, entre-temps, peut risquer de mourir, par faillite, c'est bien
différent.
La question que je pose est la suivante: Y a-t-il moyen de penser qu'il
y ait une sorte de table de concertation préliminaire pour au moins voir
quels sont les effets qu'aura chacun des contrats sur l'ensemble des
entreprises du milieu?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est bien
évident que, dans les obligations que l'on prend pour localiser des
territoires, des aires forestières, tous les moyens seront pris. La
consultation, la concertation est un de ces moyens. M. le député,
si on ne prend pas les moyens pour arriver à quelque chose
d'équitable, on sera fautif. Je ne vois pas pourquoi l'on ferait cela en
catimini, sur le coin d'une table, avec un verre de bière.
Évidemment, on se sentirait alors certainement fautif.
M. Jolivet: Ce n'est pas ce que l'on souhaite, non plus.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
D'accord?
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement à l'article 46 est adopté?
M. Claveau: On est sur l'amendement ou...
La Présidente (Mme Bélanger): Les deux. On a
discuté des deux en même temps.
M. Claveau: On a discuté de cet amendement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela a
été convenu. Vous n'étiez pas ici.
La Présidente (Mme Bélanger): II a
été convenu de discuter des deux en même temps.
M. Claveau: II y a un autre amendement que l'on voudrait
déposer.
M. Jolivet: C'est cela.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Jolivet: Sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
46 tel qu'amendé est adopté?
M. Jolivet: Non. (16 h 45)
M. Claveau: Mme la Présidente,
excusez-rnoi. Pour compléter, pour préciser
l'argumentation à l'article 46, il y aurait un amendement que l'on
aimerait apporter. On aimerait ajouter un troisième alinéa qui se
lirait comme suit: "3° de l'occupation et de l'utilisation du territoire
qui est régi par la Convention de la Baie James et du Nord
québécois." En fait, pour reprendre: "Sa localisation est
déterminée par le ministère en tenant compte: 1° de la
nature et de la qualité des bois que ie bénéficiaire
utilise; 2° de la distance entre l'aire forestière et l'usine de
transformation et des moyens de transport utilisables et 3° de l'occupation
et de l'utilisation du territoire qui est régi par la Convention de la
Baie James et du Nord québécois."
Actuellement, il y a une façon d'utiliser le territoire. En fait,
il y a des utilisateurs secondaires à l'entreprise
forestière...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: II n'est pas... La recevabilité...
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
pourriez me donner la copie pour savoir s'il est recevable avant de commencer
à le discuter, s'il vous plaît?
M. Claveau: J'étais tellement pressé de gagner du
temps.
M. Côté (Rivîère-du-Loup): Mme la
Présidente, je vaudrais une directive. Lorsque nous avons
commencé à discuter de l'article 46, ceux qui étaient
présents à la commission ont convenu de discuter de l'amendement
et de l'article 46 en même temps. On a accepté. Vous m'avez
demandé si j'acceptais et j'ai dit oui. On revient maintenant sur
l'article 46 après avoir discuté des deux en même
temps.
M. Jolivet: Juste un instant, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Pour clarifier. Effectivement, j'ai dit à mon
collègue que je m'étais entendu avec le ministre pour discuter de
l'ensemble. Mon collègue a encore du temps. Ce que la présidente
nous a demandé, c'est si l'amendement était accepté. On a
dit sur division. Sans cela, j'aurais dit à mon collègue, avant
d'accepter l'amendement: Dans le temps qu'il vous reste, faites votre
amendement, dites ce que vous voulez proposer.
La Présidente (Mme Bélanger): On ne peut pas
accepter le dépôt d'un amendement quand . l'amendement
précédent n'a pas été adopté.
M. Jolivet: C'est pour cela que...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, cela
répond un peu à votre question. Votre amendement était
déposé. On a discuté de l'amendement et de l'article en
même temps. Il ne pouvait pas, à ce moment-là,
présenter un autre amendement, car il faut que l'amendement soit
adopté avant.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dois-je comprendre
que l'entente que nous avions prise était exclusive au
député de Laviolette?
M. Jolivet: Non.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Elle
n'était pas exclusive de l'autre côté de la table.
M. Jolivet: Non, non. Écoutez bien. Mme la
Présidente, ce que le ministre comprend... Pour déposer un
amendement, il aurait pu le faire en disant qu'il nous envoyait un avis
d'amendement et on aurait pu continuer de discuter. Ce que Mme la
Présidente dit et ce sur quoi on s'est entendu, c'est sur l'amendement
du ministre. Je dis que j'aimerais discuter de l'ensemble car les deux
ensemble, cet amendement et l'article, au lieu de prendre... Car je pourrais
vous dire que j'avais droit à 40 minutes et que je n'ai pas pris mes 40
minutes, ce n'était pas mon but non plus. C'est pour cela que je vous
dis que mon collègue avait un amendement à apporter. Il aurait pu
le faire avant, mais, comme il y avait déjà un amendement sur la
table, il ne pouvait pas amener un amendement avant que celui-là soit
discuté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 46 du
projet de loi 150 est modifié par l'addition, au troisième
alinéa, de ce qui suit - ce n'est pas très bien écrit:
"3° de l'occupation et de l'utilisation du territoire qui est régi
par la Convention de la Baie James et du Nord québécois".
M. Hétu: Mme la Présidente, je n'ai pas tellement
bien saisi l'amendement. Pouvez-vous le relire, s'il vous plaît?
La Présidente (Mme Bélanger): Vous me demandez un
effort surhumain!
M. Hétu: L'article n'est pas clair. II faut qu'on le
clarifie, car on ne se comprend pas tellement.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article
46 du projet de loi 150 est modifié par l'addition, au
troisième alinéa, de ce qui suit: "3° de l'occupation et de
l'utilisation du territoire qui est régi par la Convention de la Baie
James et du Nord québécois".
Une voix; Est-ce recevable?
La Présidente (Mme Bélanger): II est recevable.
M. Claveau: J'entendais tout à l'heure le ministre...
C'est la même chose qu'hier. C'est le même principe, mais ce n'est
pas dans le même contexte. Je pense qu'il faut le préciser,
étant donné qu'on parle des différents critères qui
déterminent l'endroit où on va avoir le droit de couper. On dit:
"Sa localisation - la localisation du territoire - est déterminée
par le ministre en tenant compte de..." Bon. Là viennent les facteurs de
quantité, volume de bois, nature du bois et, l'autre facteur, ce sont
les distances, mais, nous, on maintient que, sur un territoire
spécifique au Québec - et c'est un cas unique, un territoire qui
est d'une dimension énorme régi par une convention
spéciale - il y a des modalités d'application qui se sont
développées, qui découlent de la Convention de la Baie
James et du Nord québécois, mais qui sont, en fait, une approche
dans l'application de la Convention de la Baie James, entre autres, toute
l'espèce de zonage, si vous voulez, qui a été faite par
les autochtones sur l'utilisation de leurs lignes de trappe.
Un des éléments qui pourrait justifier le mieux l'ajout
d'un tel amendement, c'est, par exemple, comme je l'expliquais au ministre
hier, dans le cas de la coupe à blanc. S'il n'y a pas de limite au
niveau de la coupe à blanc prévue on pourrait imaginer qu'une
compagnie, qui a cinq lignes de trappe par famille crie différente sur
son parterre de coupe, coupe à blanc l'ensemble des lignes de trappe
d'une de ces familles, même si elle laissait un petit peu de bois le long
des rivières, trois ou quatre arbres faciles à casser par les
vents, comme on l'a vu hier, mais il reste que ce n'est pas suffisant pour
assurer la survie de l'activité économique traditionnelle de
cette famille dans son milieu. Chaque ligne de trappe, comme je l'ai
déjà exprimé hier, a un plan d'aménagement, si vous
voulez, une espèce de plan d'utilisation du territoire où on a
déterminé, cartographié les différentes
utilisations selon la conjoncture, en reprenant un peu les critères de
localisation de la nature, de qualité de la. forêt entre tel et
tel milieu, où on a déterminé un certain nombre
d'activités, et c'est cartographié, c'est bien identifié
pour chaque ligne de trappe.
Si on ne prend pas cela en considération au moment de louer un
parterre de coupe, qu'arrivera-t-il? On risque là où, par
exemple, on a prévu tel genre d'activité traditionnelle
autochtone, en terres de catégorie III, dis-je, parce que, comme je le
disais hier, l'utilisation des terres de catégorie I et II est
restreinte, l'utilisation, entre autres au niveau de l'impact forestier, est
restreinte dans la Convention de la Baie James... En terres de catégorie
III, la restriction n'existe pas. Par contre, il y a une activité
traditionnelle qui s'exerce et qui est très importante, qui devrait,
comme cela est dit d'ailleurs dans la convention même, être,
disons, juxtaposable à l'activité traditionnelle. Les deux ne
devraient pas entrer en concurrence, mais plutôt se compléter, ce
qui n'est malheureusement pas le cas dans la pratique actuelle, à bien
des égards, et ce qui devrait, à notre avis, devenir le cas dans
une nouvelle loi. C'est pour cela qu'on demande au ministre de bien vouloir
ajouter cet amendement qui ferait en sorte que, dans un territoire donné
au Québec, un territoire précis, dont l'occupation est
déjà subordonnée à l'application d'une convention
dûment signée entre le gouvernement et une nation autochtone, on
le prenne en considération au moment de la détermination des
parterres de coupe sur ce territoire. Cela va pour mon argumentation de
départ, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, on va
suspendre la séance pour quelques minutes, le ministre étant
sorti pour des besoins naturels. On votera alors sur l'amendement.
(Suspension de la séance à 16 h 54)
(Reprise à 16 h 55)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission reprend ses travaux.
M. le ministre, est-ce que vous avez des commentaires à faire sur
l'amendement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'en ai fait
longuement des commentaires hier sur cette question et je n'ai pas envie de les
répéter. Si le député n'a pas d'autre argument, je
propose le vote.
M. Claveau: Écoutezl Je voudrais bien comprendre. On va me
dire que la Convention de la Baie James a priorité. Oui, sauf qu'on a vu
hier que, dans la Convention de la Baie James, en ce qui concerne les
interventions de prélèvement de ressources, de matières
premières, pour ce qui est des terres de catégorie III, il n'y a
pas nécessairement de... Ce n'est pas aussi explicite, dans la loi de la
Convention de la Baie James, l'application concernant les
terres de catégorie III. Pour les terres de catégories I
et II, il n'y a pas de problème. Actuellement, M. le ministre, le
problème existe concernant les terres de catégorie III. Il est
vécu dans le moment. On a des problèmes avec cela et il va
falloir que ce soit fixé quelque part. C'est pour cela qu'on dit:
Écoutez, il y a une activité qui s'exerce sur ces territoires
qu'on devra reconnaître. À ce moment-là, il n'y a rien qui
empêche, il n'y a aucune restriction qui peut empêcher le ministre
de dire: Écoutez, on va s'organiser pour prendre en considération
cette activité-là. Je pense que c'est là quelque chose de
bon aloi qui ne nuira pas à l'entreprise forestière, qui ne sera
pas dommageable pour l'entreprise forestière puisqu'elle a ses droits
reconnus d'exploiter sur le territoire des terres de catégorie III
régies par la Convention de la Baie James.
Par contre, il n'y a rien qui l'oblige légalement à
respecter l'utilisation qu'en font traditionnellement les Cris, et c'est
là le problème. Il y a une espèce de trou, de vide quelque
part, et, dans la Convention de la Baie James, on dit: Oui, on reconnaît
un certain nombre de droits et on reconnaît la compatibilité des
activités, entre autres, d'exploitation forestière avec les
activités traditionnelles des autochtones. Mais, d'un autre
côté, dans la pratique, on n'arrive pas à faire en sorte
que ces activités soient vraiment compatibles puisqu'on ne les prend pas
en considération au moment de déterminer les parterres de coupe.
C'est un problème sur lequel il va falloir se pencher et il faudra que
le ministre se dise: II y a là quelque chose et il va falloir que je
considère cet élément comme primordial au moment de donner
des territoires de coupe sur les terres régies par la Convention de la
Baie James, les terres de catégorie III. Dans ce cas-là, c'est
aussi important de prendre cela en considération que cela peut
l'être pour la nature, la qualité du bois ou considérer les
distances qui peuvent séparer l'usine... C'est un autre
élément qui n'existe pas ailleurs au Québec, c'est vrai,
mais, sur ces territoires, il existe et il va falloir qu'on se donne les outils
pour que cela soit respecté.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai
mentionné hier - on a discuté énormément sur ce
point-là - qu'il ne nous appartient pas, dans la Loi sur les
forêts, de modifier la loi qui régit la Convention de la Baie
James et du Nord québécois. Le ministre des Forêts serait
bien malvenu... Il n'est pas responsable des affaires culturelles au
Québec. Il est responsable comme faisant partie d'un gouvernement, mais
ce n'est pas dans la Loi sur les forêts qu'on va modifier les affaires
culturelles. Et on ne modifiera pas non plus la Convention de la Baie James par
la Loi sur les forêts. Si vous voulez aller plus loin dans ce
sens-là, M. le député, s'il y a un vide quelque part, ce
n'est pas dans la Loi sur les forêts.
M. Claveau: À ce moment-là, M. le ministre, je
pense qu'il faudrait...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous avez
mentionné qu'il y avaît un vide quelque part, mais ce n'est pas
ici. (17 heures)
M. Claveau: Je pense qu'on devrait aller plus loin. Si vous
voulez avoir vraiment mon point de vue, on devrait aller plus loin. Dans
l'ensemble des opérations forestières partout sur l'ensemble du
territoire du Québec, on devrait toujours tenir compte, convention ou
pas, de l'utilisation traditionnelle que font les autochtones du milieu en
question. Ce sont des gens qui vivent dans ce milieu depuis des siècles,
de génération en génération. Ils ont des droits
acquis qui devront être reconnus un jour ou l'autre. Là-dessus, je
suis clair. Je ne veux pas que ce soit aux dépens des entreprises qui
opèrent en forêt, c'est bien clair, mais il ne faut pas non
plus... Il va falloir que les entreprises qui opèrent en forêt le
fassent aux dépens de ces gens-là. Que ce soit en milieu
attikamek, montagnais, que ce soit en milieu algonquin, que ce soit en milieu
abénaquis, que ce soit en milieu cri n'importe où, il va falloir
que l'on considère cela. Actuellement, on vous parle de la Convention de
la Baie James et du Nord québécois, parce qu'il y a
déjà là, une base, un cadre juridique qui peut nous
permettre d'introduire cette notion du respect de l'activité
traditionnelle autochtone. On en parle dans ce cadre, mais, si vous voulez que
j'aille plus loin, je vous dirai que cet élément devra être
pris en considération, dans l'ensemble des interventions
forestières, peu imparte où elles sont sur le territoire du
Québec. C'est à la limite ce qu'il va falloir faire. Tant et
aussi longtemps que les entreprises forestières ne respecteront pas
cela, on aura beau adopter de beaux principes, comme on l'a fait cette semaine
en Chambre, on aura beau se dire qu'on est le peuple le plus ouvert, qu'on
accueille des communautés culturelles, qu'on est bon, qu'on va redonner
les droits aux autochtones... On leur donne des droits théoriques, on
leur dit: Vous avez le droit de chasser dans le bois et, ensuite, on coupe tous
les arbres. Il va falloir que cela s'applique d'une façon ou d'une
autre. Vous étiez le premier à applaudir lorsque la ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration faisait une
déclaration ministérielle cette semaine.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si j'avais
été là...
M. Claveau: Cela fait partie de l'application de la convention
ministérielle ce que je vous dis. Dans la pratique, il faut que ces
droits soient respectés, ce qui n'est pas le cas actuellement. On n'a
jamais pris cela en considération. Par exemple, des campements de
chasseurs et de pêcheurs autochtones, quelle que soit leur
nationalité, quelle que soit leur groupe ethnique, ont été
démolis et complètement rasés par des abatteuses ou ont
été totalement liquidés pour que passe un chemin
forestier; cela existe. Si vous voulez savoir pourquoi on a souvent des
problèmes dans nos relations avec les autochtones, c'est parce qu'il y a
des choses semblables qui ne sont pas respectées. Si on veut qu'ils
respectent notre façon d'intervenir en forêt et qu'ils participent
à nos activités de travail en forêt quelles qu'elles
soient, il va falloir aussi que, nous, en tant que gens civilisés, on
respecte ce qu'eux font de la forêt et la façon dont ils ont
aménagé la faune et la flore depuis des siècles. Ils ne
les ont pas exterminées.
M. Jolivet: Un instant, Mme la Présidente!
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Jolivet: Les cloches sonnent. Est-ce qu'on peut savoir
pourquoi?
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense que cela
concerne le quorum, parce qu'on vient de me dire qu'il n'y avait
peut-être que deux personnes en Chambre.
Une voix: Cela doit être deux péquistes.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, il y avait un
péquiste et un libéral.
M. Jolivet: C'est déjà mieux en termes de
pourcentage, 1 sur 23.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce n'est pas à
nous à aller faire le quorum en Chambre. Nous continuons nos
travaux.
M. Perron: Vous avez raison.
M. Jolivet: Non, non, mais, le sachant...
M. Claveau: Je conclurai en prétendant, M. le ministre,
que, si vous voulez qu'on aille au bout de la logique qu'on exprime, on devrait
introduire dans la loi que cette préoccupation de l'utilisation
traditionnelle de la forêt par les premiers habitants du territoire du
Québec soit la première considération lorsqu'on
déterminera des parterres de coupe, peu importe où sur l'ensemble
du territoire québécois.
M. Jolivet: Bravo! Une voix: Qu'y a-t-il?
La Présidente (Mme Bélanger): On demande le quorum
en Chambre.
Une voix: Non.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'ai rien
à ajouter. J'ai demandé le vote tout à l'heure et je le
demande encore.
M. Claveau: On s'expliquera avec Mme Robic.
M. Jolivet: Alors, demandez-le!
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Duplessis a demandé la parole.
M. Perron: Non, j'ai juste demandé un instant pour le
regarder; vous comprendrez que je viens d'arriver. Amendement adopté,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement, M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ... Des voix:
Ha! Ha! Ha!
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord, je vous
demande.. Eux disent qu'il est adopté. Vous dites qu'il est
rejeté.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'amendement du
député d'Ungava?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non, non. Pas
du tout.
M. Perron: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
rejeté, je crois.
M. Perron: Êtes-vous pour ou contre de votre
côté?
M. Côté (Rivière-du-Loup): On est contre.
M. Perron: Les autres ne parlent pas. Des voix: On est
contre. M. Perron: Vote nominal.
La Présidente (Mme Bélanger): Vote nominal.
M. Claveau: On va continuer à raser le campement des
autochtones, ce n'est pas grave, cela ne les intéresse pas. On vote de
beaux principes en Chambre peu importe ce qui se passe sur le terrain. C'est
comme cela que cela se passe.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
secrétaire, est-ce que vous voulez faire l'appel nominal? On vote sur
l'amendement. "L'article 46 du projet de loi 150 est modifié par
l'addition au 3e alinéa de ce qui suit: "3° de l'occupation et de
l'utilisation du territoire qui est régi par la Convention de la Baie
James et du Nord québécois."
Le Secrétaire: M. Baril.
M. Baril: Contre.
Le Secrétaire: Mme Bélanger.
La Présidente (Mme Bélanger): Contre.
Le Secrétaire: M. Claveau.
M. Claveau: Pour.
Le Secrétaire: M. Perron.
M. Perron: Pour, Mme la Présidente.
Le Secrétaire: M. Gobé.
M. Gobé: Contre.
Le Secrétaire: M. Hétu.
M. Hétu: Contre.
Le Secrétaire: M. Jolivet.
M. Jolivet: Pour.
Le Secrétaire: M. Côté?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Contre.
Le Secrétaire: Cinq contre, trois pour.
La Présidente (Mme Bélanger): Cinq contre, trois
pour. L'amendement est rejeté. Est-ce que l'article 46 tel
qu'amendé est adopté?
M. Perron: Adopté sur division, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 46, tel
qu'amendé, est adopté sur division, et j'appelle l'article
47.
M. Côté (Rivière-du-Loup): "La superficie de
l'unité d'aménagement est obtenue en divisant..."
M. Jolivet: II y a un amendement qui le supprime; alors, on ne le
lira pas. Il y avait un amendement pour le supprimer.
M. Côté (Rîvière-du-Loup): Où
donc? Je ne suis pas rendu à l'amendement.
M. Jolivet: Vous lisez l'article quand même?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je lis l'article
quand même.
M. Jolivet: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): "La superficie de
l'unité d'aménagement est obtenue en divisant le volume
attribué par le rendement annuel prévu au contrat." "Le projet
est modifié par la suppression de l'article 47.
M. Perron: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 47 est
adopté.
M. Jolivet: Non madame.
M. Perron: Un instant!
M, Jolivet: L'amendement est adopté.
M. Perron: C'est l'amendement qui est adopté.
M. Jolivet: L'amendement supprime l'article. C'est bien
important.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement à l'article 47 est adopté?
M. Jolivet: Oui. Donc, il n'y a plus d'article 47.
M. Perron: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
48.
Octroi du contrat (suite)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, avec votre permission, nous avons discuté d'un
amendement à l'article 37.1 tout à l'heure et nous avions convenu
d'y revenir lorsque nous aurions eu le temps de l'écrire. Je vous
soumets l'amendement suivant: "Le
ministre publie un avis de ce dépôt à la Gazette
officielle du Québec. Dans cet avis, il indique le numéro
d'enregistrement, le nom du bénéficiaire, le volume de bois
attribué par essence et la localisation de l'unité
d'aménagement où s'exerce le contrat."
Une voix: C'est un pas en avant.
M. Perron: Mme la Présidente, vous me permettrez
sûrement de remercier le ministre délégué aux
Forêts, et non pas le ministre de l'Énergie et des Ressources,
pour cet amendement qui satisfait, en quelque sorte, à l'ensemble des
objectifs qu'on s'était fixés quant à la publication de
certains documents publics en rapport avec le domaine forestier. Bien
sûr, on aurait voulu notre propre amendement, mais, compte tenu du
libellé du nouvel article 37, je pense que cela satisfait à nos
objectifs.
M. Jolivet: Mme la Présidente, même si le
député de Saguenay n'est pas ici, nous comprenons qu'à
partir de ce moment-ci nous n'avons pas à nous poser la question que
vous aviez à vous poser, c'est-à-dire la question de conscience.
Le ministre déposant lui-même l'article tel qu'amendé, que
nous acceptons, il accepte de donner les coûts additionnels. D'une
façon ou d'une autre, j'étais sûr que votre décision
était quand même bonne.
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous remercie, M.
le député de Laviolette. L'amendement à l'article 37.1...
Le nouvel alinéa de l'article 37 est-il adopté?
M. Perron: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Nous sommes rendus
à l'article...
M. Perron: II faudrait passer à l'ensemble de l'article
37, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Ah boni Est-ce que
l'article 37 tel qu'amendé est adopté?
M. Perron: Adopté, Mme la Présidente. C'est
adopté tel qu'amendé.
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 37 est
adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 48.
Unité d'aménagement (suite)
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 48: "Une
unité d'aménagement peut faire l'objet en tout ou en partie de
plusieurs contrats comportant une attribution de bois d'essences ou de groupes
d'essences différentes à des bénéficiaires
différents."
Cet article confirme le fait qu'un bénéficiaire n'a jamais
l'exclusivité de toutes les essences d'un territoire. Cet article est
nouveau par rapport à l'avant-projet de loi et donne le pouvoir au
ministre de favoriser l'utilisation optimale des bois par une utilisation
maximale du volume d'une même essence.
J'aimerais proposer l'amendement suivant. L'article 48 du projet est
modifié par le remplacement, dans la première ligne, des mots
"unité d'aménagement", par les mots "aire forestière".
L'amendement est de concordance avec les autres dont on a parlé
précédemment et de nature corrective. Chaque contrat comporte une
unité d'aménagement distincte. Plusieurs unités
d'aménagement peuvent se superposer sur une même aire
forestière s'il s'agit de contrats visant des essences et des
utilisations différentes.
M. Perron: L'amendement est adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement à
l'article 48 est adopté.
M. Perron: Oui, Mme la Présidente. On veut adopter ces
deux articles 48 et 49, ils sont assez près l'un de l'autre. Est-ce
qu'on pourrait parler sur les deux et les adopter l'un à la suite de
l'autre? On aura seulement quelques questions à poser; en tout cas, en
ce qui me concerne. Mes autres collègues ont des questions à
poser eux aussi.
M. Côté (Rivière-du-Loup): À l'article
49, M. le député de Duplessis, c'est le même
amendement.
M. Perron: Même amendement? D'accord, on l'adoptera quand
on arrivera à l'article 49.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord.
M. Perron: II n'y a pas de problème, quant à nous,
quant à la concordance à l'article 49.
Si vous le permettez, le ministre pourrait-il nous donner - puisque les
articles 48 et 49 sont interreliés - la définition de
l'utilisation optimale mentionnée - selon ses propres termes - à
l'article 49?
M. Côté (Rivière-du-Loup): À l'article
49?
M. Perron: Oui.L'article qui suit 48.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous n'avez pas
votre dictionnaire aujourd'hui, M. le
député?
M. Perron: Non, je comprends que cela vous a été
soulevé à l'oreille, M. le ministre, mais...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. Optimale,
c'est ce qu'il y a de mieux, ce qu'il y a de meilleur. C'est la meilleure
utilisation des bois. Lorsque la meilleure utilisation des bois le requiert, le
ministre peut également faire, une attribution dans une même
unité - c'est ça - à plusieurs
bénéficiaires. Il se pourrait que vous ayez des volumes de bois
de même essence, destinés à des utilisations
différentes. Il se pourrait que vous ayez de la pâte et du sciage
dans le même cas, même territoire, mêmes essences,
peut-être avec des caractéristiques différentes, propres
à des utilisations différentes. C'est ce que veut dire optimal:
meilleur, le mieux, le plus beau.
M. Perron: D'accord, mais, à ce moment, pourquoi
écrire, à l'article 49, "des mêmes volumes de bois de
même essence"? Pourquoi pas d'essences différentes?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, c'est pour
couvrir les mêmes essences. Il se peut que vous ayez du bouleau, le
bouleau feuillu, le bouleau jaune, qui sert au déroulage, mais le
bouleau qui sert au sciage, c'est encore du bouleau. Mais, pour avoir
l'utilisation la meilleure, on pourrait, sur le même territoire, donner
des allocations de ce genre: sciage, déroulage, "sciage pâte".
M. Perron: C'est relié, en fait, à l'utilisation
optimale. D'accord. Écoutez, je pense que j'ai posé la question,
pour faire clarifier des points.
Une dernière question pour le moment. À l'article 48, ne
serait-il pas possible pour le ministre de se garder un certain pouvoir de
nommer un maître d'oeuvre, lorsqu'il y aurait, par exemple, une chicane
qui pourrait exister entre différents intervenants dans le domaine
forestier?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour revenir
à la...
M. Perron: Parce que c'est très possible.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour revenir
à l'utilisation optimale, on peut parler des poteaux, M. le
député.
M. Perron: On peut en parler. Vous pouvez parler du
cinquième contrat que quelqu'un va obtenir aussi. Ce n'est pas moi qui
ai commencé à en parler, c'est vous. Quel ministre a la charge de
cela, en passant?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne le sais
pas.
M. Perron: Non, mais quel est le ministre qui a la
responsabilité de cela?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je suis en conflit
d'intérêts dans ce dossier. Je ne veux pas en parler.
M. Perron: J'ai compris cela, Mme la Présidente.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous avez compris
cela, n'est-ce pas?
M. Perron: Oui, oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela fait
longtemps? (17 h 15)
M. Perron: Dès le début, d'ailleurs. Non, mais
est-ce qu'on pourrait savoir...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Et je ne m'en
mêle pas.
M. Perron: ...quel est le ministre qui a cela entre les
mains?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour
répondre à votre question sur...
M. Jolivet: Quel est le chef de cabinet?
M. Claveau: Ce doit être le ministre
délégué à la Privatisation.
M. Perron: Je parle des entreprises McCulIaugh...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, oui.
M. Perron: ...de la demande qui a été faite il y a
une couple d'années.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, je vous l'ai
dit, je ne m'en mêle pas.
M. Jolivet: II ne le sait pas.
M. Perron: Vous ne savez même pas quel ministre a cela
entre les mains?
M. Côté (Rivïère-du-Loup): Je le sais,
mais je ne veux pas vous le dire.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Jolivet: Cela, ce n'est pas pareil.
M. Perron: Donc, c'est trop indiscret de la part de l'Opposition
de vouloir savoir qui
a la maîtrise de ce dossier, au ministère, quant au dossier
McCullaugh?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si on revient
à votre question; que j'ai oubliée...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Perron: On y reviendra lors des engagements financiers.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est correct.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Mme !a Présidente...
M. Perron: J'ai posé une question au ministre...
M. Côté (Rivtère-du-Loup): Je l'ai
oubliée.
M. Perron: Vous l'avez oubliée? La question que je pose,
c'est: Pourquoi le ministre ne se garde-t-il pas le pouvoir de nommer un
maître d'oeuvre au cas où il y aurait des chicanes entre certains
utilisateurs du domaine forestier?
M. Jolivet: Je pense que c'est un vote, cela sonne trop longtemps
pour n'être qu'un quorum.
La Présidente (Mme Bélanger): On a envoyé
quelqu'un, M. le député, voir ce qui se passe.
M. Côté (Rivière-du-Loup): La question du
maître d'oeuvre, il y a plusieurs opinions là-dessus. On en a
parlé à maintes reprises, on en a parlé en commission
parlementaire. Évidemment, s'il n'y a pas accord, il y aura
procédure d'arbitrage. Encore là, s'il n'y a pas accord, je
serais porté à implanter Rexfor et à dire: C'est Rexfor
qui fait le travail de tout le monde. À qui voulez-vous que le ministre
impose une telle responsabilité?
M. Jolivet: À Rexfor!
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est la seule sur
qui j'ai autorité de faire une chose semblable.
M. Perron: Là-dessus, je suis d'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne peux pas
l'imposer à la compagnie X si elle ne veut pas le faire. S'il y a
désaccord entre ces compagnies, bien sûr que la compagnie X qui
fait partie du groupe ne sera pas la bienvenue pour exécuter les travaux
de tout le monde.
M. Perron: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Elle va
refuser.
M. Perron: Lorsqu'on parle de maîtrise d'oeuvre sur une
question comme celle-là, qui concerne les articles 48 et 49, pour nous,
c'est interrelié. Nous pensions justement que Rexfor pourrait être
mandatée par le ministre. En fonction de la loi de Rexfor, le ministre
peut mandater Rexfor de faire tel et tel travail, et même un travail de
coordination entre différents intervenants qui utilisent notre
forêt et qui sont impliqués dans différents domaines,
autant au niveau des routes forestières et de la coupe qu'au niveau de
l'industrie du sciage et même des pâtes et papiers.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Faisant partie
d'un groupe de compagnies qui ne s'accordent pas, je n'irais pas faire des
opérations forestières et d'aménagement pour ce groupe.
Celui qui accepterait un mandat semblable serait mal pris en grand.
M. Perron: D'accord, mais c'est l'opinion du ministre et on peut
avoir une opinion différente. Quant à moi, pour le moment, j'ai
terminé sur l'article 48.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Cela va, Mme la Présidente, c'était la
même préoccupation.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le
ministre...
M. Jolivet: Non, non, j'avais demandé la parole.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: J'étais en train de dire que, si jamais le
ministre est obligé d'utiliser la carotte Rexfor, il y a de fortes
probabilités qu'il y ait entente avant. Est-ce qu'il y a un vote? Non?
D'accord.
Une voix: C'est le quorum.
M. Jolivet: Pas le quorum encore! Donc, la question qu'on essaie
de regarder, c'est une préoccupation... Le ministre n'y a pas
répondu. Je véhicule une préoccupation du monde qui vit la
situation et je veux bien que le ministre comprenne qu'il a une réponse
à donner à ces gens. Ce n'est pas à mot qu'il doit donner
la réponse. Lors de la commission parlementaire, M. Tardif, de
l'association, présentait la demande en disant: Je pense que
cette hypothèse de l'utilisation optimale de la fibre repose sur le fait
de la plus grande exigence du produit. J'ai répété
à plusieurs occasions qu'on doit utiliser la fibre tout en sachant qu'au
point de vue économique il faut l'utiliser aussi dans des conditions
économiques normales. Donc, si elle a une valeur économique
normale et qu'elle doit passer par le sciage, elle devra passer par le sciage
et le déroulage avant d'aller au bois à pâte.
M. Tardif répétait donc: L'utilisation optimale de
la fibre repose sur le fait de la plus grande exigence du produit. Il continue
en disant: On dit que, par exemple, les bois à pâte, ce sont des
bois de trituration. On peut accepter des bois de toute taille alors que, pour
les bois de sciage, en fin de compte, on est plus exigeant au point de vue de
la qualité et de la quantité. Évidemment, exiger que tous
les bois passent par l'usine ne conduit pas nécessairement à une
utilisation optimale. Dans certains cas, cela pourrait même créer
des problèmes parce que les bois ne se retrouvent pas toujours à
une distance économique d'une scierie.
Donc, la question de mon collègue - je sors du texte - de
Duplessis est intéressante et pas malvenue dans le débat. C'est
pour cela que M. Tardif continuait en disant: Cette notion
d'"optimalité" peut être étendue. On peut penser, par
exemple, à l'utilisation de coupe intégrée en vertu de
laquelle, par exemple, un propriétaire de territoire trouverait, en
association avec une usine de papier et de sciage, le moyen d'affecter au mieux
les bois qui sont là. D'une part, les bois de petite taille pourraient
être dirigés directement à l'usine des pâtes et
papiers, les bois de plus grande taille à l'usine de pâte, les
copeaux pourraient également aller à l'usine, mais cela n'est pas
dans tous les cas, et je pense que ce serait irréaliste de penser qu'on
doive, de prime abord, instituer cela comme principe d'aménagement.
Donc, il ne s'agit pas simplement de dire que le bois qui est
économiquement utilisable doit aller à l'usine de sciage, de
déroulage avant d'aller à la pâte. Il faut dire aussi que,
par des techniques d'aménagement de territoires et de coupes
intégrées, de coupes différentes, cela peut être une
utilisation optimale. Je prends l'exemple du résineux. On dit:
Désormais, dans vos méthodes de récolte, vous allez
récolter à 49 mètres cubes par hectare de densité
plutôt qu'à 75 mètres cubes par hectare de densité,
de telle sorte qu'on va s'assurer que les bois qui se trouvent dans les pentes,
les bois qui se trouvent dans des descentes, dans des lieux "swompeux", on
puisse aller les chercher autrement qu'avec la machinerie qu'on connaît
actuellement. C'est là que je mentionnais, lors de la discussion qu'on a
eue en commission parlementaire - et je le répète - que,
même dans mon coin, le retour à l'utilisation du cheval pourrait
être un des moyens de récolte des bois.
Le ministre définit le mot "optimale" dans le sens large, mais il
y a des applications au mot "optimale" et c'est cela qu'on aimerait savoir
parce qu'il dit à M. Tardif: "Mais la tendance veut que cela aille de
même aujourd'hui. C'est une tendance qui se développe suivant les
tableaux que vous m'avez déjà donnés." Vous parlez de
distance, etc. Le problème, c'est qu'il y a des gens qui disent que cela
peut coûter un peu plus cher faire une coupe intégrée, une
coupe qui soit optimale. La question qui se pose par la suite est la suivante:
Qui va en assumer les coûts? Comment vont se partager ces coûts?
C'est pour cela que la question est posée: Comment le ministre
définit-il, à partir du projet de loi, la façon dont il en
parle et qui est l'utilisation optimale de la fibre? On pourrait aller à
l'inverse et dire: L'utilisation optimale, si on considère qu'un
deux-par-quatre part de Chibougamau et se retrouve au sud des
États-Unis, il y a des chances qu'il ne rapporte pas beaucoup en termes
de rendement, mais le même bois qui part de Chibougamau et qui se
retrouve aux États-Unis en termes de papier rapporte un peu plus. Donc,
on pourrait dire que le mot "optimale", dans notre esprit, c'est au point de
vue économique. Au point de vue économique, la tonne de papier
qui voyage rapporte plus que le deux-par-quatre. Est-ce que c'est cela que le
ministre veut dire ou si c'est autre chose?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On parle de
secteurs de coupes. L'utilisation optimale implique évidemment
l'existence d'utilisations différentes, de transformations
différentes. J'ai donné l'exemple tout à l'heure des
poteaux, du bouleau qui sert au déroulage, au sciage, et qui peut servir
aussi à d'autres fins. Evidemment, comme utilisation optimale aussi, il
faut tenir compte des coûts; ce sont les distances. C'est souhaitable,
mais dans des conditions économiques acceptables, que cela se fasse
comme cela. Cet article de loi nous donne l'occasion, si c'est possible,
d'attribuer, dans une même unité d'aménagement, à
plusieurs bénéficiaires, des volumes de même essence. Cela
nous donne l'occasion de le faire. Ce n'est pas impossible que des utilisateurs
ou des transformateurs différents - par exemple, sciage et pâte -
s'entendent sur un même territoire pour les mêmes essences et en
fassent une utilisation optimale, pour autant que les autres
caractéristiques économiques soient acceptables. C'est une
tendance. Aujourd'hui,
il y a de plus en plus de bois qui passe au sciage et, il n'y a pas si
longtemps, c'était appelé du bois à pâte. De plus en
plus, avec la technique qui a été développée dans
le secteur du sciage, on utilise du bois qu'on qualifiait de bois à
pâte, il n'y a pas si longtemps. D'ailleurs, les industriels du sciage du
Nord-Ouest disent couramment que c'est du bois à pâte. Dans le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, il y a peut-être 40 % de
l'approvisionnement des usines que la forêt alimente, alors qu'auparavant
cela allait au bois à pâte. C'est convenu ainsi. C'est une
évolution et c'est la remarque que je faisais à M. Tardif. Je
pense que la tendance actuelle va vers cela. Aussi, l'industrie des pâtes
et papiers a-t-elle modifié ses usines pour utiliser plus de copeaux
qu'avant plutôt que d'avoir des meules pour défibrer le bois;
c'est l'évolution dans l'exploitation et dans l'utilisation. On se donne
ici le moyen de le faire si l'occasion se présente. Évidemment,
cela prend le concours des utilisateurs pour ce faire.
M. Jolivet: Dans le contexte actuel des concessions
forestières où des négociations ont été
entreprises, avec l'aide du ministère, entre des scieurs et des usines
de pâte, on a défini le transfert, comme on l'appelle: si tu me
donnes, à moi, scieur, un morceau de bois, un billot qui est de
qualité de sciage, je dois te remettre en contrepartie un
équivalent en fibre. Donc, on dit, dans le langage, échange fibre
pour fibre. Quand le ministre dit "optimale", dit-il que c'est dans ce
sens-là qu'on doit se diriger, c'est-à-dire que le volume de bois
doit être utilisé d'abord pour le sciage, de façon
économique, pour aller ensuite vers la pâte avec les
résidus? Est-ce qu'il invite les compagnies de pâte à se
transformer, à aller vers une utilisation de plus en plus grande,
d'abord, des résidus du sciage dans le résineux et est-ce qu'il
invite les compagnies forestières à utiliser un bois de feuillu,
de sorte que, par le changement du procédé de pâte, elles
arriveraient à utiliser du bois qui, actuellement, n'est pas
utilisé, ce qui permettrait d'enlever une pression sur le
résineux?
M. Côté (Rivière-du-Loup): II se fait des
recherches sur l'utilisation du feuillu par rapport à la pâte.
Cela donne aujourd'hui des résultats. Je suis heureux de voir que, dans
le Nord-Ouest et aussi à Cascades, à Port-Cartier, avec le
procédé chimico-thermomécanique, on pourra utiliser plus
de feuillus pour enlever de la pression sur le résineux. Dans le cas de
Temcel, c'est 30 % de feuillus. C'est intéressant et cela enlève
un peu de pression sur les résineux qui sont de plus en plus rares.
C'est tout cela qui évolue et je pense, M. le député,
qu'il faut se donner l'occasion ou la chance de le favoriser dans la loi, pour
ne pas avoir à revenir là-dessus. Si c'est bloqué, si on
bloque cette utilisation optimale ou ce développement - j'appelle cela
un développement technologique - parce qu'on ne peut pas y
répondre, étant donné que la loi est trop étanche,
je pense qu'on n'est pas prévenant.
M. Jolivet: Vous n'avez pas répondu à la
première partie de ma question, l'échange fibre pour fibre, dans
le sens suivant: sur des territoires, il y aura plusieurs utilisateurs.
À ce moment, que les gens s'entendent sur l'utilisation optimale,
c'est-à-dire qu'on devrait d'abord envoyer le bois au sciage, dans le
cas du résineux, et que les excédents, les résidus que
sont les copeaux, les brans de scie, s'en aillent à l'usine de
pâte pour éviter qu'un beau billot ne s'en aille à l'usine
de pâte avant même d'avoir subi une première
transformation.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Là, on
revient à l'article 42, M, le député, quand on y dit qu'on
tient compte de toutes les sources d'approvisionnement. On va tenir compte des
copeaux, on va tenir compte de la provenance des forêts privées,
on va tenir compte de la forêt publique.
M. Jolivet: Non, vous me comprenez mal.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas
cela'?
M. Jolivet: Non, ce n'est pas de cela dont je parlais. Je vais
vous donner un exemple. Vous avez deux utilisateurs sur le même
territoire. Il y en a un qui fait du sciage et l'autre fait du bois à
pâte. Vous ne pourrez pas déterminer dès le départ
que tout le bois que le gars aura à travailler, à moins qu'ils ne
s'entendent pour qu'un seul le coupe... À supposer que chacun le coupe:
il y en a un qui coupe le bois à pâte et l'autre le bois de
sciage. Il peut arriver, malheureusement, qu'un billot doive aller au sciage
parce qu'il est dans le secteur de pâte, ou l'inverse. Est-ce que vous
favorisez un échange, dans le sens suivant: c'est que la compagnie de
papiers devra obligatoirement envoyer son bois de sciage et, en contrepartie,
le scieur enverra l'équivalent en fibres? Ce que je veux, c'est
éviter, parce qu'il est sur un territoire, et qu'on dit: C'est là
que vous allez couper, qu'il coupe tous les bois et qu'il les envoie
directement à l'usine de papiers. (17 h 30)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. L'article 49
permet de faire cela sur un même territoire. Vous pouvez avoir sur un
même territoire des secteurs qui seront propres au sciage et d'autres
propres à la pâte. On peut mettre sur le même territoire
dans les mêmes essences deux utilisations différentes, ce
qui va donner le résultat que vous souhaitez, c'est-à-dire que le
bois soit dirigé là où il y a une meilleure valeur
ajoutée.
M. Jolivet: Donc, au lieu de faire l'échange fibre pour
fibre, ce que vous favorisez, c'est que les deux s'entendent et qu'il y en ait
un seul qui coupe et qui fasse la dispersion du bois là où il
doit aller. Si cela ne marche pas, c'est un maître d'oeuvre
différent.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les deux peuvent
couper aussi. Je vous donne l'exemple où, dans un secteur, le bois va
être impropre au déroulage ou au sciage et où il peut
être coupé pour la pâte par un autre
bénéficiaire dans la même unité d'aménagement
ou la même aire de coupe. C'est cela.
M. Jolivet: Oui, mais, si vous allez...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela ne bloque pas
les ententes qu'ils peuvent prendre entre eux, ces bénéficiaires,
pour faire ce que vous suggérez. Ce serait souhaitable aussi.
M. Jolivet: C'est ce que je veux savoir. M. Côté
(Rivière-du-Loup): Oui, oui.
M. Jolivet: En fait, je ne veux pas dire que vous forcez cela.
Vous invitez les gens d'abord à s'entendre, à partager le mieux
possible le bois sur la valeur ajoutée la meilleure pour s'assurer qu'on
utilise de façon optimale l'ensemble du bois. C'est cela que je veux
dire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est exactement
cela. Un peu plus loin, on le verra à l'article 56. Lorsque plusieurs
contrats portent sur une même unité, c'est un peu cela qu'on veut
favoriser.
M. Jolivet: D'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Oui, j'ai une question, Mme la Présidente.
D'ailleurs, c'est le ministre qui l'a soulevée, ce n'est pas le
député de Duplessis, mais, puisqu'il me donne l'occasion d'en
parler, je voudrais savoir si, dans la loi ou dans les prévisions du
ministre, il a l'intention, lorsqu'on parle de la politique des poteaux, par
exemple...
M. Jolivet: II va le clouer au pilori. M. Perron: Est-ce
que c'est l'intention du ministre ou de son gouvernement de faire en sorte que,
sur un territoire désigné ou sur un territoire où il y a
un contrat d'approvisionnement, ce soit l'utilisateur qui a le contrat qui
puisse donner les droits par sous-contrat à une autre compagnie qui
pourrait faire, par exemple, la coupe des poteaux de téléphone ou
d'électricité?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si je comprends
bien votre question, est-ce que le bénéficiaire d'un contrat peut
donner un contrat à un autre pour exécuter les travaux?
M. Perron: Non. Sur un territoire donné...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Out.
M. Perron: ...disons de la Domtar, un territoire donné par
contrat, où la compagnie s'approvisionne, est-ce que dans les articles
de la loi 150, ou encore dans une possibilité de règlement ou de
contrat donné a Domtar, cette compagnie Domtar pourrait donner un
sous-contrat à un utilisateur de poteaux ou si c'est votre gouvernement
qui va continuer à donner ces types de contrats?
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'utilisateur de
poteaux aura un permis d'intervention; il aura un contrat aussi.
M. Perron: Toujours de votre part? M. Côté
(Rivière-du-Loup): Oui.
M. Perron: Toujours de la part du gouvernement et non pas de la
compagnie qui utilise et qui a le contrat d'approvisionnement sur le
territoire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non, c'est
cela.
M. Perron: D'accord, on se comprend.
M. Jolivet: En fait, pour bien clarifier la situation, c'est
l'article 7 qui dit que le bois est du domaine public tant qu'il est debout et
c'est le ministre qui détermine par un autre article qui va avoir le
bois.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le contrat est
accordé à un propriétaire d'une usine.
M. Jolivet: Donc, la compagnie Domtar n'aurait pas le droit de
couper le bois. Si elle le fait, elle sera en infraction et l'autre aurait le
droit de revenir contre elle par l'intermédiaire du ministère. En
fait, c'est cela. Si la compagnie de poteaux a besoin de
son poteau et qu'elle s'aperçoit qu'il a été
coupé par la compagnie qui a un contrat, mais qu'elle l'a coupé
illégalement, le ministère ou l'individu qui se sentira
lésé prendra les procédures nécessaires.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela, c'est
la même essence. C'est pour cela que j'en ai parlé.
M. Perron: D'accord. Je prends la parole du ministre
là-dessus, parce que je lui ai posé une question en rapport avec
la loi. Il est possible, comme on est des êtres humains, qu'on n'ait pas
vu quelque chose dans la loi qui aurait pu amoindrir l'article 7 dont parlait
mon collègue de Joliette... de Laviolette.
M. Jolivet: Ce n'est pas grave parce que quand je suis parti
d'ici hier, un de mes collègues de l'autre bord m'a appelé
Joliette. Simplement pour dire ceci: c'est que, dans la mesure où la
compagnie qui a le contrat de poteaux demande à Domtar -
prenons-là en exemple - sur un territoire donné X, de couper le
bois, c'est une entente qu'il y aurait entre les deux. Au lieu de le faire,
elle peut le faire faire par la compagnie Domtar.
M. Perron: On a adopté l'amendement de l'article 48.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement de
l'article 48. Est-ce que l'article 48 tel qu'amendé est
adopté?
M. Perron: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement à
l'article 49. "L'article 49 du projet de loi est modifié par le
remplacement, dans la deuxième ligne, du mot "unité" par les mots
"aire forestière".
M. Perron: Adopté. M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger):
L'amendement est adopté. Est-ce que l'article 49 tel
qu'amendé est adopté?
M. Perron: Mme la Présidente, à moins que mon
collègue de Laviolette ne veuille intervenir, quant à nous,
puisqu'on a discuté des deux articles avec la bonne collaboration du
ministre délégué aux Forêts, adopté.
M. Jolivet:La nôtre aussi.
M. Perron: Adopté tel qu'amendé. Oui, la
nôtre aussi.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 49 tel
qu'amendé est adopté. J'appelle l'article 50.
M. Jolivet: ...Mme la ministre... Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je vous le souhaite, mais vous allez voir que c'est
une mosus de job.
La Présidente (Mme Bélanger): II y a un amendement
qui dit que l'article 50 du projet est supprimé. Est-ce
adopté"?
M. Jolivet: Adopté.
M. Perron: Adopté, mais, juste avant de l'adopter, est-ce
qu'on pourrait savoir pourquoi le ministre a retiré cet amendement? L'a
supprimé?
M. Côté (Rivière-du-Loup): II est
remplacé à l'article 56.1 proposé plus loin.
M. Perron: D'accord. On prend la parole du ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 50 tel
qu'amendé...
M. Jolivet: II écrit en plus.
La Présidente (Mme Bélanger): ...est adopté.
J'appelle l'article 51.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 51 se
lit comme suit: "L'unité d'aménagement ne peut être
modifiée pendant la durée du contrat si ce n'est lors d'une
échéance de cinq ans conformément à l'article 73 ou
selon les articles 75 ou 77. "Si pour une raison d'intérêt public,
une aire affectée à la production de bois est soustraite de
l'unité d'aménagement en vertu d'une autre loi et que la
possibilité forestière le permet, le ministre substitue une aire
équivalente à celle qui est soustraite de l'unité
d'aménagement. "Si l'aire soustraite a déjà fait l'objet
d'un aménagement forestier dans le cadre d'un plan approuvé par
le ministre en vertu de la sous-section 4, le gouvernement accorde au
bénéficiaire une indemnité équitable."
À l'article 51 il y a un amendement que j'aimerais vous proposer.
L'article 51 du projet est modifié par le remplacement de la
première ligne du troisième alinéa par ce qui suit: Si des
activités d'aménagement forestier ont déjà
été réalisées.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement à l'article...
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'amendement
précise que des activités d'aménagement doivent
effectivement avoir été réalisées pour donner
ouverture à une demande d'indemnité.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement à l'article 51 est adopté?
M. Jolivet: Non.
M. Perron: Non. Mon collègue de Jolivet... Mon
collègue de Laviolette va intervenir là-dessus. Il faut admettre
que mon collègue de Laviolette a été pas mal
massacré ces derniers jours.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci. M. le ministre pourrait-il me donner des
explications? II met dans son amendement: "Si des activités
d'aménagement forestier ont déjà été
réalisées." À l'inverse, cela veut dire que, s'il n'y en a
pas, aucune indemnité ne sera payée, que ce soit une
indemnité pécuniaire ou une indemnité de territoire. Ou
est-ce que dans le cas du territoire il y a un remplacement potentiel? Vous
avez négocié par contrat une capacité de rendement
soutenu, mais, si vous ne lui donnez pas le territoire, il va être un peu
mal pris. Donc, il y aurait un addenda au contrat qui permettrait d'avoir un
territoire X ou, du moins, une capacité. Â moins que je ne me sois
trompé tout à l'heure, j'ai compris que vous aviez dit: Nous
allons, dans la mesure du possible, si la capacité forestière du
reste à partager le permet, lui donner un territoire. Ce territoire va
faire que, finalement, il y aura pour lui des coûts additionnels s'il
doit aller chercher plus loin. Si, au point de vue de la capacité
forestière, on ne peut pas le lui donner, on ne le lui donnera pas. Vous
dites: II y a une ouverture, en termes de compensation, si des activités
d'aménagement forestier ont déjà été
réalisées. Dans la mesure où il n'y en a pas, dans la
mesure où sa production doit être quand même
contrôlée pour avoir à l'avenir le bois nécessaire
à l'usine, le ministre doit lui donner une certaine forme de
compensation. Si c'est une compensation pécuniaire, cela se peut; si
c'est une compensation par territoire, faut-il ajouter qu'il peut y avoir aussi
une compensation pécuniaire si un nouveau territoire est donné
parce qu'il faut aller chercher plus loin ou parce qu'il doit faire une route
qui n'était pas prévue, alors que sur l'autre territoire il n'en
avait pas besoin? Est-ce que le ministre peut m'expliquer cela? Selon sa
réponse, j'aurai peut-être une autre question.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On en a
discuté un peu tout à l'heure et on a dit que dans !a mesure du
possible, on va le substituer par une aire équivalente à celle
qui est soustraite de l'unité d'aménagement. Si l'aire soustraite
a déjà fait l'objet de travaux, il y aura une compensation
équitable pour les travaux exécutés. Je serais
porté, M. le député, à aller plus loin que cela. Si
cela affecte ses possibilités, cela cause un tort à ses
possibilités...
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...si cela affecte
son entreprise, sérieusement, je pense qu'on devrait le compenser. S'il
y a impossibilité de compenser par un territoire équivalent,
même s'il n'y a pas de travaux de faits, je pense bien qu'on ne peut lui
faire tort dans son entreprise.
M. Jolivet: En fait, c'est ce que je dis. Dans votre contrat
initial, vous avez négocié avec lui un rendement qui est
potentiellement, pour les 25 prochaines années, révisable tous
les cinq ans et, après avoir vérifié ce qu'il a fait comme
travail, il a la garantie qu'il va avoir le bois dont il a besoin. Si on en
enlève une portion et que sur cette portion il n'avait jamais fait de
travaux...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela peut
l'affecter autrement.
M. Jolivet: C'est cela. Cela ouvre une possibilité, mais
je crains... Je relis l'amendement, s'il est adopté: Si des
activités d'aménagement forestier ont déjà
été réalisées, si l'aire soustraite... J'ai de la
misère... On dit: L'article 51 est modifié par le remplacement de
la première ligne du troisième alinéa. Le troisième
alinéa débute par: "Si l'aire soustraite..." Est-ce qu'on doit
lire: Si des activités d'aménagement forestier ont
déjà été réalisées, si l'aire
soustraite... Relisez-le moi pour que je le comprenne car j'ai de la
misère.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela remplace les
mots - il faudrait les enlever: "Si l'aire soustraite a déjà fait
l'objet d'un aménagement forestier".
M. Jolivet: C'est la même chose.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On commencerait
par dire: "Si des activités d'aménagement forestier ont
déjà été réalisées dans le cadre d'un
plan approuvé par le ministre..."
M. Jolivet: II faut refaire alors tout l'amendement au
complet.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela remplace
toute la première ligne, au
complet.
M. Jolivet: Ah! excusez-moi. D'accord. Donc: "Si l'aire
soustraite a déjà fait l'objet d'un aménagement
forestier", disparaît complètement et devient: "Si des
activités d'aménagement forestier ont déjà
été réalisées dans le cadre d'un plan
approuvé par le ministre..." C'est bien cela?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. M.
Jolivet: D'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement à l'article 51 est adopté?
M. Perron: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Adopté. Est-ce
que l'article 51...
M. Perron: Non, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: D'abord, je voudrais annoncer un amendement que je
vais déposer à la fin de mon court exposé. Je voudrais
souligner que le livre blanc indiquait que le gouvernement gardait le pouvoir
de retrancher, sans compensation territoriale ou financière, toute
proportion du territoire accordé inférieur à 5 %, à
moins que le bénéficiaire n'y ait effectué des travaux
d'aménagement forestier. Je parle toujours du livre blanc. Le projet de
loi 150 prévoit une compensation territoriale dès le
retranchement du premier hectare et conserve l'indemnité
financière sur une aire qui a fait l'objet de travaux sylvicoles.
Je voudrais souligner au ministre que dans l'allocution que j'ai
prononcée le 25 novembre dernier - je pense qu'il comprendra que nous
maintenons toujours une position aussi ferme quant à certains principes
du livre blanc en particulier - je disais ceci: "Le projet de loi 150 rendra
plus difficile et coûteuse la création de parcs et de
réserves écologiques. Alors que le livre blanc, Bâtir
une forêt pour l'avenir, annonçait une certaine
flexibilité de transfert d'utilisation, soit jusqu'à 5 % du
territoire alloué et sans compensation financière, l'article 51
du projet de loi décrit un chemin beaucoup plus difficile en ne
prévoyant aucun pourcentage du territoire pouvant être
retranché à l'exploitation forestière sans compensation ni
indemnité." J'annonçais à ce moment-là que je
n'étais pas d'accord avec l'article 51 tel que libellé et que
nous avions, en tant qu'Opposition, l'intention de proposer un amendement
à l'article 51. (17 h 45)
D'autre part, lorsqu'on se reporte à l'industrie
forestière, à la page I8 du mémoire de l'Association des
industries forestières du Québec Ltée, il est
souligné ceci: "Pour ce qui est d'une éventuelle réduction
du territoire parce que le ministre voudrait l'utiliser à d'autres fins
- c'est-à-dire l'ancien article 27 qui est devenu l'article 51 dans le
nouveau projet de loi 150 - il est nécessaire de la limiter à 1 %
du territoire sous contrat. S'il s'avère nécessaire de
réduire cumulativement de plus de 1 % les territoires d'allocation, une
simple compensation monétaire ne suffit plus. Il faut à ce moment
prévoir l'allocation d'un autre territoire aussi économiquement
exploitable pour compenser la perte de possibilités subie par le
détenteur du contrat."
Mme la Présidente, concernant l'article 51, on peut voir,
à la page 54 du livre blanc - c'est pour démontrer au ministre
que nous avons de la suite dans les idées - les modifications du
territoire. Dans une partie du premier paragraphe, on écrit ceci: "Cette
clause stipulera que le qouvernement peut, pour des motifs
d'intérêt public, permettre d'autres usages sur les territoires
concernés et ce, sans compensation, si ce territoire retranché
n'excède pas 5 % du territoire alloué et que l'utilisateur n'y a
pas réalisé de travaux de mise en valeur."
Mme la Présidente, l'amendement que nous voudrions apporter est
le suivant, toujours à l'article 51: Le deuxième alinéa de
l'article 51 est remplacé par le suivant: "Si, pour une raison
d'intérêt public, une aire affectée à la production
de bois est soustraite de l'unité d'aménagement en vertu d'une
autre loi, elle est décomptée sans compensation ni
indemnité si elle retranche moins de 5 % de l'aire
délimitée au contrat d'approvisionnement et d'aménagement
forestier. "Si la possibilité forestière le permet, le ministre
substitue une aire équivalente à toute proportion
retranchée de l'unité d'aménagement supérieure
à 5 %."
Je voudrais terminer, avant de connaître l'opinion du ministre, en
disant que l'amendement prévoit revenir au principe du livre blanc qui
facilite la création éventuelle de nouveaux parcs et
réserves écologiques. Dieu sait comme on en a discuté au
cours des dernières semaines, autant en commission parlementaire pour
entendre les mémoires concernant l'avant-projet que dans les discours
qui ont été prononcés, dans les allocutions qui ont
été prononcées sur le projet de loi 150 lui-même
depuis son dépôt à l'Assemblée nationale, vers la
mi-novembre.
Maintenant, le résultat de tout cela, c'est que, dans le livre
blanc, on créait des parcs en enlevant 5 % avec compensation
financière, s'il y avait aménagement, pendant qu'à
l'article 51 que le ministre nous propose
actuellement, on compense en allouant de nouveaux territoires. La
question que nous nous posons, quitte à ce que le ministre ne veuille
pas accepter l'amendement tel que proposé au niveau du pourcentage, par
exemple, je me demande, puisque l'industrie forestière parlait de 1 % et
que nous, on parle de 5 %, si on ne pourrait pas aller aux alentours de 2 % ou
3 %. En d'autres mots, ce serait une façon de couper la poire en deux
pour que tout le monde puisse s'entendre sur le libellé de cet
article.
La Présidente (Mme Bélanger): Avant, M. le ministre, il
faudrait...
M. Perron: Pour compléter, Mme la Présidente, cela
pourrait donner effectivement une marge de manoeuvre au ministre dans des cas
assez précis.
La Présidente (Mme Bélanger): J'aimerais dire au
député de Duplessis que son amendement à l'article 51 est
recevable.
M. Perron: Ohl madame, je suis très heureux de votre
grande décision.
La Présidente (Mme Bélanger): II fallait que je le
dise.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne sais pas
si...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans mon esprit,
quand on cause du tort à quelqu'un, on compense. Je ne crois pas que le
Québec doive créer des parcs aux frais des autres, aux frais des
industriels à qui on aurait attribué un territoire, à qui
on aurait concédé un contrat d'aménagement et
d'approvisionnement. Que ce soit 1 %, 2 %, ou 0,05 %, ou 10 %, si on
crée un préjudice, je pense qu'on doit compenser. L'article de
loi prévoit qu'on peut compenser par des aires équivalentes
à celles soustraites et, s'il y a eu des travaux, qu'on les compense
également par une indemnité équitable. Le
député ne dit pas non plus combien de fois ils vont enlever 1 %,
2 % ou 5 %. Cela peut se répéter.
M. Perron: II ne faut pas charrier non plus.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non. Vous
supposez dans vos exposés, et tout spécialement le
député d'Ungava... C'est dommage, il n'est pas ici, j'aimerais
qu'il entende.
M. Jolivet: II est en train de faire un discours en Chambre sur
la Société de développement industriel.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ah oui? M.
Jolivet: Oui.
M. Perron: Vous êtes en train de bousiller des programmes
gouvernementaux.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce n'est pas
très pertinent au débat.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On suppose...
M. Jolivet: C'est très pertinent. Dans la mesure où
mon collègue, en vertu du règlement, n'est pas là pour se
défendre, j'ai le droit de le défendre. Lisez le
règlement, Mme la Présidente, vous allez le savoir.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laviolette, je parle de l'intervention du
député de Duplessis.
M. Jolivet: Ah! excusez-moi.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si le
député de Laviolette veut écouter, vous supposez dans vos
interventions toutes sortes d'éventualités imaginables.
Évidemment, quand je parle de 1 %, 2 %, 5 %, une fois, deux fois, trois
fois, le député de Duplessis me dit qu'il ne faut pas charrier.
C'est la même chose dans mon cas. C'est à long terme tout cela et
je ne vois pas pourquoi, si on cause préjudice à quelqu'un, on ne
le dédommage pas, peu importe le montant, peu importe... J'irais
même plus loin: Si on cause un préjudice qui peut affecter son
entreprise, ce qui n'est pas prévu de la façon dont l'article 51
est rédigé, je proposerais qu'on l'indemnise.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Je veux bien comprendre le ministre, mais, lorsqu'il
parle de deux fois, trois fois, quatre fois, il ne faut pas aller aussi loin
que cela. II sait très bien qu'au cours des 25 ou 26 dernières
années, on n'a pas changé les territoires et on n'a pas de
nouveaux parcs au Québec chaque semaine, chaque mois ou chaque
année. On sait très bien que, même s'il y a des personnes
dans certaines régions qui font la demande pour des parcs, même si
le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche fait des
demandes pour des parcs ou des réserves à travers le
Québec, compte tenu du système des terres publiques que nous
avons et de certaines restrictions qui sont imposées à cause des
parcs et des réserves, c'est une raison pour laquelle cela n'est pas
émis tous les jours. Lorsqu'on parle d'une modification de
territoires aussi souvent que le ministre l'a mentionné... C'est
peut-être arrivé une fois en 40 ou 50 ans. Cela n'arrive pas
trois, quatre ou cinq fois tous les dix ans.
J'aurais une autre question à poser au ministre. Est-ce que, sur
cette question, le ministre a reçu un avis de son collègue, le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le projet de loi a
été discuté au COMPADR; il a été
discuté au Conseil des ministres. Le ministre du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche était présent à ces deux occasions. IL
ne m'a pas donné d'avis particulier sur cette question, mais je vous
dirai que le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et le
ministre de l'Environnement ont le pouvoir, disons, de soustraire des
territoires. J'espère que, s'ils le font et qu'ils causent un
préjudice à un industriel qui détient un contrat
d'aménagement et d'approvisionnement, ils le dédommageront.
M. Perron: Si je comprends bien, vous tenez à ce
que...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche était là. Il
était d'accord pour enlever les 5 % dont il a déjà
été question. On a fait la comparaison entre les deux.
M. Perron: Mme la Présidente, vous me permettrez de dire
au ministre délégué aux Forêts que, sur ce sujet
précis, lorsqu'on parle du domaine forestier, probablement que le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche ne comprend pas le
dossier forestier autant que le ministre délégué aux
Forêts.
Une voix: Hum!
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous insinuez que
je lui aurais passé un sapin?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Perron: Pas nécessairement.
M. Jolivet: Certainement pas un poteau.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non plus.
M. Perron: Écoutez! On peut avoir des restrictions sur ce
que vient de dire le ministre. Voulez-vous intervenir un peu?
M. Jolivet: J'aimerais intervenir un peu, Mme la
Présidente.
M. Perrons En tout cas, quant à moi, Mme la
Présidente, pour le moment, je vais laisser la parole à mon
collègue de Laviolette.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: C'est toujours sur l'amendement. Est-ce que c'est
bien cela?
M. Perron: Oui.
M. Jolivet: Je comprends le ministre parce que ce qu'il nous
disait tout à l'heure, à l'articte qu'on a discuté, c'est
que pour lui l'indemnité équitable à être
donnée n'est pas nécessairement en vertu de l'amendement
adopté; donnée si des activités d'aménagement
forestier ont déjà été réalisées. Si,
pour une raison ou pour une autre, en vertu d'autres lois, une partie du
territoire est exclue de la possibilité d'aller chercher le bois
nécessaire, c'est une forme de perte qu'il obtient. Qu'on le veuille ou
qu'on ne le veuille pas, dans le calcul que vous avez fait de la
capacité de rendement annuel, il n'y aura pas ce bois-là; il ne
sera plus calculé. Donc, il y a une perte. Cela peut, dans certains cas,
mettre en péril l'usine comme telle. Pour éviter cela, le
ministre dit: Je vais lui donner en compensation un autre territoire, s'il est
possible de lui en donner, compte tenu de la capacité portante de la
forêt, ou je la compense financièrement; même si je lui
donne un territoire nouveau, je peux, dans certains cas, compte tenu de
l'impact que cela peut avoir sur son usine, lui donner une compensation
financière.
Donc, la façon dont on voudrait contrôler cette
possibilités "Si pour une raison d'intérêt public, une aire
affectée à la production de bois est soustraite de l'unité
d'aménagement en vertu d'une autre loi, elle est décomptée
sans compensation ni indemnité si elle retranche moins de 5 % de l'aire
délimitée au contrat d'approvisionnement et d'aménagement
forestier. "Si la possibilité forestière le permet, le ministre
substitue une aire équivalente à toute proportion
retranchée de l'unité d'aménagement supérieure
à 5 %."
Donc, on dit qu'il y a un premier principe: en bas de 5 %, le ministre
ne se donne pas d'obligation; en haut de 5 %, il s'en donne une. J'aimerais
savoir pourquoi le ministre...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sur votre
amendement?
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sur l'amendement
que vous proposez
M. Jolivet: Oui. Laissons tomber le pourcentage de 5 %. Prenons
autre chose s'il
le faut. Pourquoi le ministre, en principe, est-il contre cela?
Comme il est 18 heures, on va vous laisser le temps d'y
réfléchir et on y reviendra à 20 heures, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
Bélanger): II est 18 heures. La commission de l'économie et du travail suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 7)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'économie et du travail est réunie ce
soir afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi
sur la forêt.
Nous étions rendus à l'article 51 et nous discutions de
l'amendement du député de Duplessis. Je vais donner la parole au
député de Laviolette. Il lui reste 17 minutes pour son
intervention.
M. Jolivet: M. le Président, je voudrais simplement
apporter une petite correction à ce que vous avez dit. C'est bien la Loi
sur "les" forêts puisqu'il y aura désormais deux forêts: une
publique et une privée.
Le Président (M. Baril): J'avais dit "les"; c'est "les".
J'ai dit "la"?
M. Jolivet: C'est toujours ma farce habituelle: c'est "les".
Le Président (M. Baril); "Les". Une voix: Une grosse et
une petite.
M. Jolivet: J'avais posé une question à M. le
ministre. M. le ministre, je vous avais posé une question avant le
souper. Je veux juste rappeler que la question que je vous ai posée,
c'était dans le but de vous aider, comme ministre, à gérer
l'ensemble des terres qui sont sous votre responsabilité, les bois
debout. C'est pour cela qu'on vous proposait un amendement. Dans le cas
où il y aurait utilisation, en vertu d'une autre loi, d'une partie du
territoire de l'unité d'aménagement, qu'à ce
moment-là ce soit prélevé sur l'ensemble sans compensation
financière - on peut le dire comme tel - ou indemnité, si moins
de 5 % est retranché de l'aire délimitée par le contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier et avec compensation ou
substitution dans le cas où il y aurait un retranchement de 5 % et plus.
Je voulais simplement savoir quelle était votre position par rapport
à cette demande.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député de Laviolette, je l'ai dit à plusieurs reprises,
quand on cause un préjudice à quelqu'un, qu'il soit riche, qu'il
soit petit, qu'il soit grand, qu'il soit fort, que ce soit qui vous voudrez, je
pense qu'on doit réparer le préjudice. Évidemment, le
préjudice n'est pas de la même intensité, il n'est pas de
la même ampleur selon les personnes, selon les entreprises. C'est mon
idée sur l'équité d'une compensation par rapport à
un préjudice. On en a parlé cet après-midi, si cela
affecte l'entreprise, je pense qu'on devra trouver une façon de la
compenser même s'il n'y a pas d'autre aire forestière de
remplacement. Il y a toujours moyen de remplacer parce qu'il y a moyen de
discuter, il y a moyen de s'entendre. S'il n'y a pas moyen, les juges tranchent
alors. C'est ainsi que je le vois, M. le député.
On parle de parcs. On a beaucoup parlé de parcs dans ce
cas-là. Quand j'ai présenté le projet de loi au Conseil
des ministres et au COMPADR, le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche était présent à ces deux occasions. On a
discuté de 5 %. C'est venu comme une des recommandations d'un
secrétariat; il se souvenait probablement de vous. Nous en avons
discuté et nous avons convenu de compenser par une indemnité
équitable les préjudices qui seraient causés. Cela rejoint
aussi mon idée.
M. Jolivet: Cela veut dire peu importe le pourcentage. En fait,
quand on propose cela, c'est pour vous aider. Les compagnies forestières
disent: On serait prêt à accepter 1 % et vous dites: Aucun
pourcentage; on compensera si nécessaire. C'est pour cela que j'essaie
de joindre...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cet
après-midi, on disait: Cela n'arrivera pas souvent. Mais cela peut
arriver assez souvent à certains endroits, parce qu'il y a d'autres
utilités publiques que des parcs. Quelquefois, il y a des lignes de
transmission, quelquefois, il y a des routes, il y a d'autres activités
nécessaires au public et cela peut arriver assez souvent. Quand j'ai
demandé combien de fois cela pouvait arriver, ce n'était pas pour
rire. Des lignes de transmission, il y en a et il en aura encore, et des routes
aussi. Quelquefois, c'est de la villégiature ou c'est d'autre chose. Si
la forêt ne peut pas compenser par des aires adjacentes
équivalentes, alors il faudrait trouver une indemnité
financière, à moins d'en trouver une autre.
M. Jolivet: Je ne sais pas si le député de
Duplessis a d'autres choses à ajouter?
M. Perron: Oui, M. le Président, si vous me le permettez.
Est-ce que le ministre...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non. Mais
j'aimerais qu'on propose -un amendement sur cela. Je le proposerais, moi.
Une voix: Vous voulez proposer un amendement?
M. Perron: Est-ce que le ministre a l'intention de déposer
un amendement quant à l'article 51?
Le Président (M. Baril): On en a déjà un, M.
le député de Duplessis.
M. Perron: Non, d'accord, c'est parce que...
M. Jolivet: Si on s'entendait immédiatement.
M. Perron: ...c'est peut-être dans les intentions du
ministre. À ce moment, si c'est dans les intentions du ministre, il
pourrait peut-être regarder cela avec son monde et, par la suite, on
pourrait revenir sur l'article 51. Nous pourrions procéder à
d'autres articles jusqu'à ce que l'amendement du ministre soit
déposé.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, je vais
l'écrire. Avec le député de Laviolette, on lisait: Quand
une entreprise est affectée en raison d'une diminution de
possibilité financière et qu'il n'y a pas moyen de compenser par
une aire équivalente...
M. Perron: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...quand c'est
impossible, je pense qu'on devrait trouver la façon de l'indemniser.
M. Perron: Oui. Maintenant, si vous le permettez, j'aimerais
revenir sur le fond de l'article 51, en attendant que le ministre
prépare un amendement quelconque qui pourrait être
déposé, sans pour autant...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela ne
dérange pas votre amendement.
M. Perron: Non, non, d'accord. Bien non, on tient à notre
amendement pour le moment. Je pense que le ministre comprend cela. Maintenant,
à propos de l'article 51, je voudrais savoir ce que le ministre entend
vraiment sur le fond en rapport avec les deux derniers mots du troisième
paragraphe, "indemnité équitable". Si on se reporte à
l'article 201 de la loi 150, on se pose la question à savoir si cela ne
devrait pas être plutôt "valeur résiduelle" tel que
mentionné dans les deux derniers mots de l'article 201 du projet de loi
150. Vous savez, quand on parle d'indemnité équitable, le mot qui
m'énerve dans cela, c'est le mot équitable; équitable peut
être discrétionnaire, il peut faire partie de négociations
à laquelle fait suite la signature d'une entente quelconque ou encore
cela peut être d'autres façons, soit par voie
réglementaire. Je voudrais connaître les impressions du ministre
en rapport avec ce que je viens de mentionner.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Évidemment,
à la suite de négociation il y a une indemnité...
M. Perron: Justement, avant que le ministre réponde, on
sait que cette nouvelle législation, je le répète, est une
loi-cadre qui va toucher l'ensemble du domaine forestier du Québec. Ce
qu'on veut, c'est enlever de la pression sur le dos du ministre. C'est ce qu'on
veut, en fait. Nous voulons que cela soit clair au maximum dans le projet de
loi.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est gentil, M.
le député de Duplessis, je me sens déjà
léger.
M. Perron: Vous vous sentez allégé?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Une
indemnité équitable. Je pense bien que, dans
l'équité, on pense toujours, à la suite de
négociations, en arriver à une transaction équitable,
mais, dans l'esprit du voisin, probablement qu'elle est trop
généreuse ou pas assez généreuse. Cela prête
toujours à controverse.
C'est le rôle de celui qui cherche à critiquer, de dire:
C'est trop, ce n'est pas assez cher... Il y a toujours quelque chose à
dire sur cela. Tout le monde a raison. Il reste que, quand les deux parties
l'acceptent, on se rapproche pas mal de l'équité. Si ce n'est pas
assez généreux, si ce n'est pas équitable, la partie qui
réclame peut toujours s'adresser au tribunal, à la Cour
supérieure. À la Cour supérieure, c'est supposé
être équitable. Ce n'est peut-être pas plus équitable
qu'une transaction faite de gré à gré, de bonne foi.
M. Perron: Cela peut être équitable à la Cour
supérieure, mais, si cela va jusqu'à la Cour suprême, on
connaît la tour de Pise, elle penche toujours du même bord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'ai pas
à juger la Cour suprême. D'abord, la Cour suprême refuserait
un cas comme celui-là. Cela ne peut pas aller là.
M. Perron: Probablement. J'ai une autre question à poser
au ministre. En ce qui concerne ce que le ministre a dit au
député de Laviolette, tout à l'heure, lorsqu'il a
mentionné Hydro-Québec, est-ce que cela voudrait dire que, pour
la construction des lignes 7 et 8 en provenance de NBR, c'est-à-
dire le nouveau projet de vôtre grand chef, le gouvernement
devrait compenser les bénéficiaires des contrats?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, je le pense.
Un dommage, c'est un dommage. Un préjudice, c'est un préjudice.
Dans les territoires alloués, si cela affecte la possibilité, si
cela affecte l'entreprise dans sa capacité de transformer la production,
si cela l'affecte grandement, je pense que l'indemnité est importante
aussi.
M. Perron: D'accord. Maintenant, je ne suis pas
nécessairement d'accord avec ce que vient de dire le ministre, mais
admettons que j'accepte sa réponse. En ce qui a trait au
ministère de l'Énergie et des Ressources, est-ce que le ministre
de l'Énergie et des Ressources a émis un avis au ministre
délégué aux Forêts se rapportant à la
position qu'il nous a donnée au nom de son gouvernement concernant
Hydro-Québec et les compensations qui seraient allouées aux
bénéficiaires de contrats?
M. Côté (Rivière-du-Loup): S'il y a moyen, M.
le député de Duplessis, on va essayer de prévoir le
corridor où les lignes de transmission passeront afin de les soustraire
des unités d'aménagement.
M. Perron: Est-ce que ce sera prévu par voie
réglementaire ou autrement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, ce sera
prévu en déterminant l'unité d'aménagement; on en
tiendra compte, comme on tiendra compte des aires improductives, comme les
caps, les lacs, les cours d'eau. Il faudra en tenir compte pour éviter,
justement, ces problèmes.
M. Perron: Là, je ne comprends pas. Normalement, pour ce
qui est d'Hydro-Québec, c'est le ministre de l'Énergie et des
Ressources, par le biais de son ministère de l'Énergie et des
Ressources, qui est impliqué. Et lorsqu'on parle des lignes
hydroélectriques è travers le Québec, c'est le
ministère de l'Environnement, pas nécessairement le
ministère de l'Environnement, mais éventuellement le
ministère de l'Environnement après que le BAPE a examiné
chacun des dossiers concernant les lignes hydroélectriques. II va y
avoir un méli-mélo et, en ce qui nous concerne, nous de notre
côté, ici, du côté de l'Opposition, nous avons
l'impression que le ministre va se ramasser à un moment donné,
avec d'énormes problèmes concernant cet article se rapportant aux
indemnités qu'il mentionne comme étant équitables. Je vous
l'ai dit, c'est le mot "équitable" qui nous chatouille dans l'article.
Même si je ne parle pas sur l'amendement, je parle sur l'article
globalement qui inclut, en fait, l'amendement qu'on a proposé pour le
moment. C'est énervant.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'ai pas
d'autre mot à vous proposer, M. le député,
"équitable". Est-ce qu'on peut dire...
M. Perron: Cela ne serait pas plutôt... Si le ministre
regardait... Vous comprenez qu'on est contre les règlements, mais
à un moment donné, quand il arrive des cas comme celui-là,
moi, j'aime mieux voir un règlement officialisé que de voir un
mot dans un article de loi qui parle d'équité, surtout lorsqu'on
fait face à des contrats comme ceux qui vont être donnés
par le biais de la nouvelle loi.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne sais pas
comment prévoir cela dans un règlement.
M. Perron: Bon, bien, écoutez, en ce qui me concerne, moi,
j'ai terminé pour le moment. Peut-être que mon collègue de
Laviolette a...
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Oui, moi aussi, je m'étais mis à
réfléchir en sursautant quand le ministre a parlé
d'Hydro-Québec, dans la mesure où il a dit: Des routes, des
lignes électriques. Des routes, à ma connaissance, à moins
d'une autoroute qui pourrait arriver quelque part, il n'y en a plus tellement
à faire dans le Québec. Je ne pense pas qu'on fasse une route
est-ouest dans le Nord, à partir de La Tuque en allant rejoindre le
Nord-Ouest et, de l'autre côté, Québec, la fameuse
autoroute du Nord, comme on l'appelait. Dans la mesure où le ministre
suit les ententes qu'il pourrait avoir avec des compagnies pour faire les
corridors de routes de pénétration, ce qui est autre chose, il
reste Hydro-Québec. Est-ce que le ministre veut nous dire
qu'Hydro-Québec va devoir, désormais, prévoir des
coûts additionnels de compensation? Ce ne sera sûrement pas le
ministère qui va compenser. S'il n'a ni le terrain ni le bois voulus, il
va être compensé monétairement. Donc, c'est
Hydro-Québec qui va le compenser.
Peut-on considérer que ce sera d'intérêt public? Vu
qu'on dit: "Si pour une raison d'intérêt public", est-ce
qu'Hydro-Québec est considérée comme étant
d'intérêt public?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, les lignes de
transmission, c'est considéré d'intérêt public,
c'est certain.
Jolivet: Dans quel sens? Hydro-Québec n'est pas une
société à côté. Hydro-Québec est-elle
considérée, en ce sens, d'intérêt public, au niveau
des lignes de transmission,
ou n'est-ce pas des questions économiques ou d'utilisation
économique?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non. C'est un
service d'utilité publique, l'électricité.
M. Jolivet: Si vous me disiez "utilité", je comprendrais,
mais je parle d'intérêt.
M. Côté (Rîvière-du-Loup):
L'utilité publique devient l'intérêt public.
L'utilité devient l'intérêt public.
M. Jolivet: Vous dites qu'une chose qui est une utilité
publique, comme Bell Canada, c'est d'intérêt public. C'est une
utilité publique, cela. Quand on parle de négociations pour le
transfert des utilités publiques le long des routes, on parle de Bell
Canada, on parle du gazoduc, des lignes d'Hydro-Québec, etc. Est-ce que
vous me dites qu'une compagnie privée comme Bell Canada, c'est
d'intérêt public? C'est en ce sens-là?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, je le
pense.
M. Jolivet: Donc, vous voulez dire qu'à partir de ce
moment-là la compagnie HydroQuébec devra désormais, dans
le futur, prévoir des coûts additionnels dans la mesure où
elle passe sur un territoire qui sera donné à une usine et
qu'à ce moment-là le ministre ne se garde pas, comme
possibilité, une marge de manoeuvre dans laquelle il peut
raisonnablement jouer sans mettre en péril deux choses: la
viabilité de l'entreprise et, deuxièmement, le volume
prévisible dans le Québec, annuellement, sur les 25 000 000 de
mètres cubes. N'a-t-il pas un jeu possible?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, on devra prévoir le corridor des futures lignes de
transmission et on devra se garder, si possible, des aires forestières
équivalentes pour compenser. Sinon, si cela vient plus tard et qu'il y a
des travaux d'aménagement forestier faits par le
bénéficiaire et que nous ne pouvons pas compenser par des aires
équivalentes, alors le gouvernement - c'est écrit dans la loi
-accordera au bénéficiaire une indemnité
équitable.
M. Jolivet: Je crois comprendre que vous connaissez
déjà les corridors et qu'à partir des corridors que vous
connaissez, ou potentiellement à venir, vous pourrez, dans le contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier, signer avec une usine et
déjà prévoir dans son cas un pourcentage du corridor
à venir. Vous avez là de bonnes prévisions, vous.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II faudrait faire
des efforts pour le prévoir, oui, si possible.
M. Jolivet: Je le sais bien, mais là on s'engage à
ce que désormais Hydro-Québec ou le ministère des
Transports, si besoin est,, en termes de transport, devra prévoir des
coûts additionnels que le gouvernement va payer en compensation.
M. Côté (Rivière-du-Loup): HydroQuébec
ne compense-t-elle pas lorsqu'elle passe dans des forêts
privées?
M. Jolivet: Ce n'est pas pareil, là. C'est le domaine
public, c'est le même argent qui circule. Le gars du secteur privé
a des droits. Mais c'est du domaine public qu'on parle, là. On parle du
domaine public.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député de Laviolette, quand Hydro-Québec a construit
Manic-Outardes, elle a payé une indemnité de 2,50 $ la corde de
bois marchand comme indemnité au gouvernement. Cela fait partie des
coûts de construction.
M. Jolivet: À ce moment-là ce n'est pas pareil,
vous parlez des droits de coupe pour le bois qu'elle a pris.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non. Elle ne
l'a même pas pris, c'est du bois qui est inondé en grande
partie.
M. Jolivet: Je le sais bien, mais il aurait pu être
coupé. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a du bois qui ne servira plus
parce qu'il est inondé dans ce cas-là. Mais, dans le cas
où ils ont coupé du bois dans un corridor le long de la ligne qui
mène, par exemple, de La Tuque à Trois-Rivières, pour ce
bois qui a été coupé, il y a eu des droits de coupe. Ils
ont payé les redevances normales. Mais ce n'est pas ce que vous dites.
Vous dites: Comme ils ne l'utiliseront plus, ayant payé les redevances
qu'ils vont devoir payer, en plus va s'ajouter un coût pour compenser
l'usine qui perdra la partie du territoire qui était dans le contrat
négocié avec vous, sur le volume qu'ils devaient annuellement
prévoir. Ai-je tort?
M. Côté (Rivière-du-Loup): S'il y a un tort
ou un préjudice causé, le gouvernement accorde au
bénéficiaire une indemnité équitable. Si le tort
n'est pas tellement important, l'indemnité ne sera pas tellement
importante, non plus.
M. Jolivet: Ce que l'on veut vous éviter, c'est justement
cela. On vous dît: Êtes-vous capable de le réserver dans le
contrat, parce que, dans le fond, c'est dans le contrat qu'il faut mettre cela?
Dans le
contrat que vous avez signé avec quelqu'un, vous lui dites ceci:
Si on prend, pour des raisons d'utilité publique, d'intérêt
public, un maximum en bas de 5 %, pas de compensation. Si c'est en haut de 5 %,
c'est cela. On prétend que cela devrait être cela. Vous
dîtes: Ce n'est même pas cela, c'est zéro. Les industries
forestières disent 1 %. Y a-t-il moyen de s'entendre sur un pourcentage?
Si vous ne voulez pas avoir 5 % et qu'on ne veut pas que vous ayez 0 %, y
a-t-il moyen de s'entendre sur un pourcentage pour dire: Vous vous gardez cela
et vous n'avez pas à payer pour avoir un territoire qui vous appartient
et dont vous avez donné l'usufruit des bois debout tant qu'il l'utilise
en vertu du contrat pour les besoins de sa compagnie? On prétend que 5
%, cela n'arrivera pas tous les jours, mais au moins il y a une clause dans le
contrat qui le prévoira et que la compagnie saura.
Quand vous me dites: On va essayer de prévoir les corridors, le
pourcentage, donc vous allez donner un territoire plus grand en plus,
potentiellement, de telle sorte que, si vous prévoyez cela de
même, cela veut dire qu'en plus de leur donner du terrain vous allez
compenser pour un terrain que vous avez et que vous prenez à des fins
d'intérêt public. J'ai de la misère à comprendre
cela. Vous allez dire: Hydro-Québec paiera plus. Si Bell Canada coupe
à une place elle paiera plus. Mais même pas! Le ministère a
dit: On compensera si, au bout de la course, on a plus de 5 %, par exemple.
J'ai de la misère à comprendre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Moi aussi, j'ai
bien de la misère. J'avais une réponse.
M. le député, si vous voulez que l'on fasse de
l'aménagement forestier au Québec, il faut que les
bénéficiaires aient un sentiment d'appartenance très
développé et très fort et, si on leur en enlève une
partie, surtout sans les indemniser, on cause un préjudice et on n'est
pas sérieux dans l'objectif que l'on poursuit en les incitant à
faire de l'aménagement.
M. Jolivet: M. le ministre, j'ai un problème. Je vais
finir avec cela et on passera au vote, s'il le faut.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Ce que j'essaie de comprendre, c'est que, dans votre
tête, dans le contrat d'approvisionnement et d'aménagement
forestier, vous allez considérer l'ensemble de la production qui se fera
sur le terrain pour les 25 prochaines années. Cela veut dire que c'est
à perpétuité, s'il y a rendement soutenu. Si vous
prévoyez cela, ce n'est pas la même chose qu'aujourd'hui. Quand la
Consol s'est fait enlever de Wapizagonke pour faire le parc national de la
Mauricie qu'on a maintenant, c'est évident qu'elle a eu des
préjudices. C'est négocié par les ententes qui existent et
l'expropriation s'il le faut. C'est une chose, mais ici ce n'est pas le
problème. Vous avez un terrain pour lequel vous allez dire: Vous allez
être capable de produire tant de bois par année. C'est votre
besoin pour la compagnie, puis après vous irez chercher les copeaux,
puis les billots pour le résidu, dans le secteur privé.
En plus, vous me dites: On va essayer de prévoir, dans les cas
où on sait que le corridor va passer là, un terrain plus grand
pour s'assurer que, lorsqu'on leur enlèvera cette partie, ils ont quand
même la capacité de ne pas avoir de nuisance. Je vous dis: S'ils
avaient cela comme terrain, puis que vaus arriviez en disant: On va compenser
en plus, soit par un terrain nouveau qu'on va leur donner, soit par de l'argent
s'il le faut, la partie qu'on va aller chercher pour des choses
d'intérêt public, je me dis: Vous payez deux fois. (20 h 30)
Si vous me dites que vous maintenez votre décision, que
voulez-vous que je vous dise? On dit que les compagnies sont prêtes
à prendre un territoire de 1 %. On propose 5 %. On peut peut-être
s'entendre sur un autre chiffre que celui-là. On vous dit: Comme
ministre, réservez-vous ce droit de ne pas avoir à payer de
compensation en bas d'un tel pourcentage, mais, en haut, vous paierez de deux
façons possibles: soit par un terrain nouveau ou avec de l'argent.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, j'ai remarqué que le
ministre avait haussé les épaules à ta suite des
affirmations qu'a faites le député de Laviolette. Je puis vous
dire que cela ne représente pas grand-chose dans le Journal des
débats. J'ai de la misère à comprendre. Le ministre
délégué aux Forêts est l'un des grands responsables
de ce qu'on appelle, dans le jargon, l'intérêt public. On se sert
de terres du domaine public et on va indemniser avec des fonds publics pour des
lignes d'Hydro-Québec ou pour toute autre chose qui pourrait arriver
comme modifications des contrats quant aux territoires où les industries
vont se prévaloir de l'approvisionnement.
Le ministre délégué aux Forêts, sans avoir
pour autant travaillé dans la grande industrie, sait très bien de
quoi je parle lorsque je parle d'intérêt public, car il a
été fonctionnaire assez longtemps, chez REXFOR, pour comprendre
très bien ce que je veux dire. Lorsqu'il a mentionné la question
d'Hydro-Québec quant aux lignes de transmission, le ministre ne
considère-t-il pas qu'il devrait accepter notre amendement,
justement pour lui permettre que les choses soient claires à
l'intérieur du projet de loi 150? Cela veut dire l'amendement que nous
avons proposé.
D'autre part, une chose nous frappe. Effectivement, lorsqu'on regarde
l'évaluation préliminaire des coûts par zones de
tarification et lorsqu'on regarde, par exemple, les droits de coupe où
il y a une liaison directe avec la question d'aménagement, n'est-ce pas
une double indemnité, comme le disait le député de
Laviolette, lorsque les frais reliés à l'aménagement sont
déduits des frais de coupe eux-mêmes? C'est là qu'on ne
comprend pas l'attitude du ministre délégué aux
Forêts. Cela n'a pas de bon sens que le ministre arrive et place un
article dans la loi comme cela, sans tenir compte de l'amendement que nous
avons proposé, et que nous arrivions à une question
d'indemnité équitable.
L'indemnité équitable, on pourrait peut-être
l'accepter telle que libellée, dans la mesure où le ministre se
protège, soit par 2 %, 3 % ou 5 %, tel que nous le proposons par le
biais de notre amendement. Qu'il se réserve au moins une partie du
territoire donné sous contrat pour approvisionner les usines et, par la
suite, pour le reste, il pourra négocier et il pourra donner une
indemnité équitable.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député de Duplessis, vous avez oublié de dire une chose
lorsque vous avez parlé de forêts publiques. Si la forêt
publique a été attribuée et fait l'objet d'un contrat avec
un industriel, c'est encore de la forêt publique, ' mais destinée
à des fins précises, déterminées par contrat, avec
des obligations. L'industriel qui possède un territoire sur lequel il
planifie ses exploitations et ses travaux d'aménagement, si vous arrivez
et lui en enlevez un morceau, je vous dis qu'en vertu du principe
d'équité on doit le compenser, peu importe s'il s'agit d'un petit
territoire ou d'un grand.
Je vais vous citer d'autres exemples. On a voulu, dans une
carrière, passer un chemin juste sur le coin de la
propriété d'un voisin. On nous demandait une fortune. Il aurait
fallu l'exproprier ou faire le tour. Ce n'était pas grand-chose,
seulement un quart de mille de chemin sur une propriété
privée, alors que j'étais aux Outardes. Ce n'était pas
grand-chose, un tout petit bout de chemin. En vertu de cela, je ne vois pas 1
%, 2 % ou 5 %. Si je vous vole 1 $, je suis obligé de vous le remettre,
même si vous êtes millionnaire.
M. Perron: Oui, mais écoutez...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela vous fera
bien plus mal, par exemple, si vous n'êtes pas millionnaire, c'est
sûr.
M. Perron: D'accord, mais...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela,
l'équité.
M. Perron: Écoutez, ce n'est pas de cela qu'il est
question actuellement. On parle de forêt publique.
M. Côté (Rivière-du-Loup): D'accord, mais qui
est attibuée par contrat à des fins spécifiques. Elle perd
un peu de son caractère public.
M. Perron: M. le Président, tout ce que le ministre vient
de nous dire dans les dix, quinze dernières minutes n'a pas de bon sens.
Cela a du bon sens pour lui, mais cela n'a pas de bon sens pour nous, de
l'Opposition, qui voulons protéger, justement, l'intérêt
public. De ta façon dont il parle, on dirait qu'il n'est pas conscient
jusqu'à quel point peut être touché l'intérêt
public par cet article, s'il n'y a pas l'amendement que l'on propose. Je pars
du principe suivant: dans la loi, il est dit à un des articles - je ne
me rappelle pas quel en est le numéro - que le gouvernement est toujours
propriétaire c'est cela, l'article 7 - de tous les terrains et de tous
les bois, malgré les contrats d'approvisionnement et tout à coup,
il nous dit qu'il va payer deux fois. Lorsqu'on regarde cela dans son ensemble,
il va payer deux fois, d'une part, toujours avec des fonds publics. D'autre
part, on considère de notre côté qu'il est en train de
privatiser, dans la forme et, éventuellement, dans les faits, nos terres
du domaine public. Cela n'a pas de bons sens, M. le Président. Ecoutez,
on peut en parler longuement, mais je voudrais bien que le ministre nous donne
une réponse. Est-ce que, oui ou non, il ne pourrait pas nous dire que
c'est 2 % ou 3 % pour se protéger lui-même et pour qu'il
protège l'intérêt public?
M. Côté (Rivière-du-Loup): 2 %, 3 %, cela
n'apporte aucune protection.
M. Perron: Comment, cela n'apporte aucune protection?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela dit tout
simplement: Si on vous cause un tort de 2 %, on ne vous le rembourse pas.
M. Perron: Si cela n'apporte aucune protection, mettez-le
à 5 % ou à 10 %.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Encore moins.
M. Perron: Comment, encore moins? Je pense que le ministre n'a
pas compris l'amendement que l'on a proposé.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je l'ai devant
moi.
M. Perron; À moins qu'il ne l'ait compris et qu'il ne
veuille pas l'accepter pour d'autres raisons.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne veux pas
l'accepter. Je vous donne les raisons pour lesquelles je ne veux pas
l'accepter.
M. Perron: Je dis que les raisons du ministre ne sont pas
valables.
M. Côté (Rivière-du-Loup): D'accord, elles ne
sont pas valables. Qu'est-ce que vous voulez?
M. Perron: Parce que, justement, il devrait être conscient
qu'il y va de l'intérêt public. Le ministre
délégué aux Forêts est encore plus "privé"
que l'industrie forestière elle-même qui recommandait 1 %. Je n'en
reviens pas!
M. Jolivet: Qui acceptait 1 %.
M. Perron: Disons qui acceptait 1 %. On sait que, si l'industrie
peut obtenir zéro, cela va être mieux, surtout avec ce que le
ministre nous propose à l'article 51. J'ai l'impression que l'industrie
va voir venir le ministre, peu importe l'industrie. Je parle des personnes
physiques ou morales qui reçoivent des allocations par le biais de
contrats. Cela commence à chatouiller des gens, cela.
Il y a une autre question que je me pose. Lorsque l'on parle de tout
cela -Hydro-Québec - je me pose de sérieuses questions quant
à savoir si vous en avez parlé directement avec le ministre de
l'Énergie et des Ressources, d'une part, et avec votre patron qui
s'appelle le premier ministre. Ce seront des coûts additionnels pour son
gouvernement quand il va arriver avec sa Baie James no 2...
M. Jolivet: Bien non, il ne la fera pas, voyons donc!
M. Perron: ...si jamais il la fait. J'ai la forte impression
qu'il devrait parler à son premier ministre et peut-être aussi
à son ministre de tutelle, le ministre de l'Énergie et des
Ressources, pour bien comprendre la situation et pour bien leur faire
comprendre quels sont les coûts additionnels que cela peut comporter, si
jamais cet article 51 s'applique sans l'amendement que nous proposons.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, un dernier baroud d'honneur,
d'une certaine façon. On essaie de convaincre le ministre et de l'aider,
mais il ne veut pas. Ce que l'on dit, c'est que cet amendement a pour but de
dire au ministre: Vous allez négocier un contrat. Ou j'ai mal compris ou
j'ai bien compris. Le ministre dit: En cas d'intérêt public...
L'exemple typique que l'on prend, ce sont les pylônes
d'Hydro-Québec. On va passer une liqne quelque part, un corridor. Donc,
il dit: On va essayer de le prévoir quand on va signer le contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier. À ce
moment-là, ils vont donner un territoire plus grand pour compenser, dans
leur esprit, ce qui va arriver plus tard parce qu'ils prévoient
déjà le corridor.
Le problème qui existe, c'est qu'il dit: Une fois qu'on aura
signé le contrat, si on cause préjudice, on payera pour.
Là, il dit: Le préjudice à être causé, c'est
déterminé selon une indemnité qui sera équitable.
Mais si le ministre a déjà, dans sa tête, dans ses
négociations, prévu te corridor nécessaire ce qui arrive,
c'est que la deuxième fois, parce que l'industrie qui a le terrain va
dire: Vous me causez préjudice, qu'elle va faire valoir ses points, le
ministre va être obligé de payer si vraiment elle est capable de
prouver qu'il y a préjudice.
Nous, tout ce qu'on dit, c'est: Pourquoi le ministre ne se donne-t-il
pas une porte dans le contrat en disant à la compagnie: Si on
t'enlève une partie de ton territoire pour telle et telle raison, compte
tenu qu'on sait qu'il va passer telle affaire, si c'est tel pourcentage de ton
territoire, cela n'affecte pas ton territoire pour ce qui est de ta
capacité de passer à travers et de ne pas faire faillite? On ne
t'a pas causé un préjudice.
Dans ce contexte-là, on dit simplement au ministre:
Préservez-vous tout de suite. Mettez-le dans le contrat. La loi
prévoit que vous pouvez le faire inclure dans un contrat. Bingo, ce sera
fait! Mais là vous me dites que non. Vous dites: On verra au fur et
à mesure qu'on avancera. Donc, dans ce cas-là, si vous prenez
cette position, je vous suggère de ne pas tenir compte du futur corridor
qu'il va y avoir. Vous êtes bien mieux de ne pas le payer deux fois. Vous
êtes bien mieux de dire: On va avoir une indemnité selon ce que
peut produire le terrain, la capacité de production du territoire. Une
fois qu'on aura fait cela, s'il arrive autre chose, on verra dans le temps
comme dans le temps. Mais si vous le prévoyez une première fois
et que vous le payez une deuxième fois, vous l'avez payé deux
fois.
Maintenant, quand le ministre dit: On va voler, dans l'exemple qu'il
donne. On ne
spolie personne quand on le met dans le contrat. On prévoit dans
tous les contrats cette capacité. On dit: Écoutez, voici que,
comme compagnie, vous signez un contrat, mais vous savez à quoi vous en
tenir dès le départ. Comme vous le savez, pourquoi ne pas faire
cela? Là, nous autres, on dit 5 %. Le ministre dit 0 %, et on verra, on
compensera. Les compagnies, sachant qu'on allait marquer cela dans le livre
blanc, disent: Dans ce contexte là, on accepterait 1 %, On peut
peut-être négocier le pourcentage en disant: Le ministre au moins
se donne pour lui un moyen de ne pas avoir à payer deux fois le
terrain.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Duplessis.
A moins, M. le ministre, que vous n'ayez quelque chose à
rajouter.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, j'ai
épuisé mes arguments.
M. Perron: M. le Président, le ministre peut avoir
épuisé ses arguments parce que, toutes les fois qu'on lui pose
une question là-dessus, il hausse les épaules. Ce n'est pas
marqué dans le Journal des débats. Il dit qu'il a
épuisé ses arguments. J'ai l'impression qu'il commence à
être pris dans le détour.
Je voudrais souligner, M. le Président...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non,
écoutez! Si je parle moins, je gagne du temps un peu. On finit plus
tôt. Sauf que le contrat dont on parle donne des droits au
bénéficiaire. Quand on lui en enlève une partie, on luicause un préjudice.
M. Perron: Je pense que le ministre a les deux pieds
coulés dans le ciment.
Une voix: Dans le pylône.
M. Perron: Écoutez, je voudrais juste dire deux choses.
D'abord, je veux souligner que, dans l'amendement que nous avons
proposé, il est bel et bien mentionné à la
troisième ligne "sans compensation ni indemnité si elle retranche
moins de 5 % de l'aire délimitée." Cela veut dire que c'est pour
une partie seulement de l'ensemble du territoire. Pour le reste, si cela
excède 5 % ou si cela excède 4 %, si le ministre
préfère 4 %, à ce moment-là, il pourrait y avoir
soit des mécanismes de négociations, soit un mécanisme de
décret qui pourrait s'appliquer ou encore un mécanisme qui serait
la Cour supérieure.
À partir de là, écoutez, compte tenu de ce qu'on
vient de dire et de ce qu'on a entendu du ministre - je vais poser la question
au ministre - serait-il d'accord pour suspendre jusqu'à lundi cet
article et passer à d'autres articles? Qu'on le suspende pour qu'il
étudie très bien - parce que cela lui est arrivé dans le
passé - le libellé de cet article, le libellé de notre
amendement pour voir si cela ne pourrait pas corriger certaines
difficultés qui pourraient être apportées directement au
ministre délégué aux Forêts, envers les utilisateurs
et envers les membres de son propre gouvernement, dont le premier ministre
lui-même? (20 h 45)
Si le ministre est d'accord pour suspendre l'amendement ou s'il veut
voter tout de suite sur l'amendement, on lui laisse le choix. S'il veut
regarder cette chose-là et la proposition d'amendement que nous lui
faisons, on en serait heureux, mais il est libre de prendre la décision.
On va passer à un autre article. Qu'il fasse ce qu'il voudra dans ce
dossier, mais c'est lui qui se coule les deux pieds dans le ciment.
M. Cannon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Lotbinière.
M. Cannon: J'aimerais savoir quel est le temps qui reste.
Une voix: C'est fini.
M. Perron: On a fini. Le temps, qu'il en reste ou non, on ne le
prend plus. Vous n'avez pas parlé beaucoup. Si vous voulez le prendre
vous pouvez y aller.
M. Cannon: Ce n'est pas cela, M. le député. C'est
parce que je ne vous ai pas entendu proposer le vote sur l'amendement.
Le Président (M. Baril): Pour répondre à
votre question, M. le député de La Peltrie, il reste quatre
minutes à M. le député de Laviolette et deux minutes
à M. le député de Duplessis.
M. Perron: Alors, on élimine nos six minutes.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Perron: Le ministre peut...
M. Jolivet: La question posée par le député
de Duplessis est de savoir si le ministre est prêt à le suspendre
jusqu'à lundi ou s'il veut voter tout de suite. Après, on
verra.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On va le suspendre
jusqu'à lundi, mais à la condition qu'on ne recommence pas cette
discussion-là.
M. Jolivet: Non, effectivement.
M. Perron: Non, non. On peut s'entendre, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Lundi, je voua
dirai: Voici votre amendement, je suis d'accord ou je ne suis pas d'accord et
on enregistre le vote.
M. Jolivet: Ou encore vous proposez un nouvel amendement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ou je proposerai
un nouvel amendement et on partira une discussion.
M. Jolivet: Non, on vous garantit qu'on ne partira pas de
discussion.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela va.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, le ministre peut prendre notre
parole là-dessus que la discussion qu'on vient d'avoir, sur l'article 51
on ne la reprendra pas lundi. Qu'il nous donne une réponse lundi, que
l'article soit suspendu pour le moment, et on verra lundi. Je peux vous dire
que la discussion qu'on vient de faire, on ne la refera pas. Cela sera sa
décision.
S'il apporte un amendement qui n'est pas conforme à nos
désirs en tant qu'Opposition à l'Assemblée nationale,
à ce moment-là on votera pour ou contre, et on verra.
M. Cannon: Consentement sur la suspension, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): D'accord. Mais nous retenons que
vous aurez lundi le temps qui vous est alloué pour la discussion: quatre
et deux minutes.
M. Jolivet: On ne les prendra même pas si le ministre nous
apporte un amendement ou s'il accepte notre amendement; on sera satisfait. Je
vous garantis qu'on ne l'utilisera pas pour le plaisir de l'utiliser.
M. Perron: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 51.
Le Président (M. Baril): L'étude de l'article 51
amendé et de l'amendement proposé par M. le député
de Duplessis est suspendue jusqu'à lundi.
M. Perron: C'est cela. L'amendement à l'article 51 ainsi
que l'article 51 lui-même, tel que libellé.
Le Président (M. Baril): M. le ministre, on est rendu
à l'article 52.
Droits et obligations des
bénéficiaires
Plans
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 52 se
lit comme suit: "Le bénéficiaire doit préparer et
soumettre au ministre pour approbation un plan qénéral
d'aménagement forestier de l'unité d'aménagement pour la
durée du contrat. "Ce plan général doit prévoir les
différentes activités d'aménagement forestier qu'entend
réaliser le bénéficiaire pour obtenir le rendement annuel
fixé au contrat. "Il doit également prévoir l'application
de méthodes de prévention et de répression pour minimiser
l'impact, sur le rendement annuel prévu, des problèmes
entomologiques et pathologiques susceptibles d'affecter l'unité
d'aménagement."
J'aimerais apporter un amendement à l'article 52 du projet de
loi: 1° par le remplacement, dans la deuxième ligne du
troisième alinéa, des mots "de répression pour" par les
mots "identifier des moyens de répression susceptibles de"; 2° par
l'insertion, dans la deuxième ligne du troisième alinéa
après le mot "prévu", des mots "au contrat".
M. Perron: L'amendement est adapté, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): Merci.
M. Perron: Est-ce que le ministre a des commentaires à
faire sur l'article 52?
M, Côté (Rivière-du-Loup): Cet article est
différent de l'avant-projet de loi si vous voulez comparer, en vous
référant aux "activités d'aménagement" et à
l'obtention du rendement annuel prévu, au lieu de parler d'atteindre les
objectifs de production.
M. Perron: D'accord. Cela se rapporte aux articles 29 et 30 de
l'avant-projet de loi.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela. De
plus, il introduit l'obligation pour le bénéficiaire de
prévoir dans son plan des méthodes de protection contre les
insectes et les maladies.
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, c'est donc ici qu'une
autonomie sera laissée aux bénéficiaires, avec le
ministre. Et c'est ce
que disait le ministre. Ils vont nous présenter le plan qu'ils
veulent utiliser pour atteindre les objectifs préconisés par le
ministère pour arriver à atteindre les objectifs de production
prévus au contrat. C'est cela qu'annuellement on va vérifier et
qu'à tous les cinq ans on va réviser dans le contrat de 25
ans.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela veut dire, M.
le député, que les bénéficiaires vont être
obligés de nous dire quel va être leur plan et ce qui va se passer
en forêt pour la durée du contrat, alors qu'actuellement il n'y a
aucune obligation, étant donné qu'on avait dit en 1974, dans les
années soixante-dix, que le gouvernement se chargerait de
l'aménagement des forêts publiques et que cela n'a pas
donné les résultats escomptés.
M. Jolivet: Dans le dernier paragraphe, le ministre dit: "II doit
également prévoir l'application de méthodes de
prévention." Et il y a l'amendement qui est apporté sur la
question de la répression: On continue: "sur le rendement annuel
prévu au contrat des problèmes entomoiogiques et pathologiques
susceptibles d'affecter l'unité d'aménagement." À cet
égard, est-ce qu'on ne pourrait pas demander si ce n'est pas le
ministère qui a la responsabilité de l'épandage?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est "identifier
des moyens de répression." Ce n'est pas de faire l'opération.
Dans le plan, il faut identifier les moyens de répression.
M. Jolivet: Oui, mais il doit "prévoir l'application de
méthodes de prévention." Je vous pose la question: Est-ce que
dans les méthodes de prévention il n'y a pas de l'épandage
possible? La "répression pour minimiser l'impact", c'est la
deuxième partie.
M. Côté (Rivière-du-Loup): La
prévention, c'est "identifier des moyens de répression." Il y a
plusieurs années, M. le député, les compagnies
forestières préparaient des plans d'aménagement. J'en ai
préparé des plans de protection contre le feu et des plans de
toutes sortes. C'est cela qu'on demande et on revient à cela
aujourd'hui, puisqu'on l'a éliminé en 1974.
M. Jolivet: Peut-être que je pose mal ma question. Ils vont
prévoir tout cela et, une fois qu'ils l'auront prévu, ils vont le
mettre en application. Ma question est la suivante: Est-ce que je peux penser
que le ministère, pour éviter certains problèmes avec le
ministère de l'Environnement, décide de remettre entre les mains
de compagnies les méthodes de répression, de sorte que
finalement, il n'a pas la responsabilité de la loi sur l'environnement,
et que ce serait elles qu'r l'auraient?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les plans, M. le
député, vont être faits par le ministère en tenant
compte de ce que l'industrie propose.
M. Jolivet: Ils vont prévoir ce qui se passe dans leur
territoire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: On va mettre cela ensemble et le ministère va
prévoir son programme général. C'est ce que je dois
comprendre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ils vont
prévoir des moyens et avec le ministère on va passer à
l'exécution.
M. Jolivet: Je comprenais très bien, mais voici mon autre
question car, en tant que membre de l'Opposition, je dois refléter un
peu ce qui se passe dans tout le Québec, même si parfois je suis
en désaccord avec ce qu'on me présente. Je veux juste poser la
question au cas où les gens diraient: Si la question n'est jamais
posée, on ne sait pas ce qui se passe. Si on fragmentait le programme de
répression, cela veut dire qu'en vertu de la loi sur l'environnement il
y a des gens qui pourraient utiliser des pesticides qui ne sont pas
prévus, alors que le ministère, dans son plan
général, dépassant certains hectares, n'a pas le droit de
le faire.
Donc, chacun prépare son plan et on verra comment la
répression se fera plus tard.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela, avec
la collaboration du ministère.
M. Jolivet: Je comprends cela, mais je voulais m'assurer,
dès le départ, que le but n'est pas d'amener plus tard quelque
chose dans ce sens.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, quant à nous,
adopté tel qu'amendé.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 52
amendé est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Baril): Nous passons à l'article
53. M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 53 se
lit comme suit: "Le bénéficiaire doit
également préparer et soumettre au ministre pour
approbation un plan quinquennal d'aménagement forestier. "Le plan
quinquennal décrit pour chacune des cinq années les
activités d'aménagement forestier que le
bénéficiaire entend réaliser, les secteurs de coupe et la
séquence selon laquelle ils seront aménagés, les
méthodes de coupe et les traitements sylvicoles qu'il entend utiliser
pour atteindre le rendement annuel fixé au contrat."
C'est semblable à l'avant-projet de loi, mais on décrit
davantage le principal contenu du plan quinquennal. Il n'y a pas d'amendement
proposé pour une fois.
M. Jolivet: Est-ce que je serais en règle si j'en
proposais un? Ce serait de concordance; je ne veux pas vous faire peur, M. le
ministre. Tout à l'heure, au troisième paragraphe de l'article
52, vous avez dit "sur le rendement annuel prévu au contrat" et, en bas
de 53, vous écrivez "fixé au contrat". Est-ce que je dois
comprendre que ça pourrait être le même mot dans les deux
cas? On pourrait mettre "prévu au contrat".
M. Côté (Rivière-du-Loup): "Prévu" ou
"fixé", cela va? Oui?
M. Perron: M. le Président, si vous le permettez, on peut
faire cela juste comme cela, si le ministre est prêt à changer les
mots de l'article 53 pour ce qui existe dans l'article 52. C'est un genre de
concordance. Je pense que ça pourrait être clair tout au long de
l'étude du projet de loi, lorsqu'on rencontrera ces mots.
M. le Président, je vous demanderai une directive. Est-ce qu'on
doit procéder par amendement?
Le Président (M. Baril): Nous allons faire un amendement,
M. le député de Duplessis.
M. Jolivet: C'est plus simple.
M. Perron: Ce serait plus simple, à ce moment-là.
Le ministre peut peut-être l'amender.
M. Côté (Rivière-du-Loup): À l'article
53, à la dernière ligne...
M. Jolivet: Je n'aurai pas la primeur de l'avoir
amendé.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est à
vous, M. le député.
M. Jolivet: C'est simplement...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est parce que
votre collègue me l'a offert.
M. Jolivet: En fait, c'est par concordance. On dit souvent cela;
c'est un amendement par concordance et on change les mêmes mots dans tout
le projet de loi.
M. Côté (Rivière-du-Loup): D'accord.
Le Président (M. Baril): Nous allons l'écrire. On
est d'accord avec l'article 53 amendé? Adopté?
M. Perron: Adopté tel qu'amendé. M. Jolivet:
Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 54, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): "Le
bénéficiaire...
M. Perron: Juste une question, M. le Président. Je pense
qu'on peut être d'accord là-dessus, à l'heure qu'il est et
avec les jours qui restent. Comme on connaît assez bien le projet de loi
de notre côté et que le ministre le connaît bien aussi, sans
parler des ministériels autres que le ministre, peut-être
pourrait-il se dispenser de lire l'article puisqu'on en a pris connaissance et
lire seulement les notes explicatives.
M. Jolivet: Vous êtes bien collaborateur, vous, ce
soir.
M. Perron: C'est parce que je ne hais pas le ministre
délégué aux Forêts.
Une voisc Ha! Ha! Ha!
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est un article
qui ressemble à celui qui était dans l'avant-projet de loi, sur
le plan général et le plan quinquennal, dans la forme et aux
époques que détermine le gouvernement par voie
réglementaire. On dit dans le règlement ce que les plans doivent
contenir.
M. Jolivet: En plus, c'est de concordance avec 53.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. Cela va?
M. Perron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Baril): L'article 54 est-il
adopté?
M. Perron: Oui.
Le Président (M. Baril): L'article 55?
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 55 est
aussi semblable à celui de l'avant-projet de loi, mais, en plus, il y a
des précisions
sur la forme et l'époque de la mise à jour qui feront
l'objet d'un règlement.
M. Perron: Si je comprends bien, c'est un règlement
additionnel?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, c'est le
même règlement.
M. Perron: Donc, c'est une autre partie du même
règlement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Perron: Qui s'ajoute au même règlement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Même si on
en parle souvent, c'est souvent le même.
M. Perron: Juste une question...
M. Jolivet: Notamment.
M. Perron: Notamment, oui.
M. Jolivet: Et non pas prioritairement.
Une voix: Dans votre cas...
M. Perron: Juste une question, M. le Président. Quand on
regarde le libellé de l'article 55, encore là, je me demande
pourquoi le ministre ne se garde pas le pouvoir de nommer un maître
d'oeuvre dans ce cas, toujours à cause de chicane possible entre les
intervenants. Si le ministre dit qu'il va me donner la même
réponse que celle qu'il m'a donnée avant le souper, on va
l'adopter et on va passer à un autre article. On aimerait mieux qu'il
nous donne une autre réponse.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II n'y a pas
d'intervenant, de maître d'oeuvre. C'est le bénéficiaire
qui fait son plan ou qui le révise. S'il ne le fait pas, c'est le
ministre qui le fait ou qui le fait confectionner, c'est le ministre qui
devient le maître d'oeuvre.
M. Jolivet: Je pourrais peut-être le dire comme je le
pense.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ou un bureau
d'ingénieurs-conseils ou REXFOR.
M. Jolivet: Ce que mon collègue veut dire, c'est dans le
cas où, sur un même territoire, il y a plusieurs intervenants. Je
sais qu'on va voir cela à l'article 56. On dit que le
bénéficiaire est obligé de le faire lui-même, mais
son plan qui est commencé depuis le début... Quand on prend les
articles précédents...
Une voix: Son plan général.
M. Jolivet: C'est cela. "Le bénéficiaire doit, dans
la forme et dans l'époque déterminées par le gouvernement
par voie réglementaire, mettre à jour son plan
général pour tenir compte du plan quinquennal approuvé ou
confectionné par le ministre." (21 heures)
Dans le cas où il y a plusieurs intervenants, ce serait l'article
suivant qui nous permettrait de voir à s'assurer que
l'aménagement soit fait, que les travaux sylvicoles soient faits. Quand
on parle de cela, c'est que, si on est plusieurs sur le même territoire,
il va falloir qu'à un moment donné il y ait quelqu'un qui fasse
la jonction quant à l'aménagement et aux travaux sylvicoles
à être faits pour ne pas s'enfarger l'un dans l'autre.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: En fait, lorsque je parle de maître d'oeuvre,
c'est que, dans ces articles concernant les droits et obligations des
bénéficiaires, il y a des endroits où, selon nous, c'est
plutôt... Quand on regarde l'article 56, cela pourrait peut-être
s'appliquer surtout là, la question de la maîtrise d'oeuvre, pour
l'ensemble des articles. C'est la crainte que nous avons. Je peux vous le dire
même si cela touche pas mal plus l'article 56 que l'article 55,
malgré que tout soit interrelié, de toute façon.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non.
Écoutez, à l'article 55, c'est le gouvernement qui devient le
maître d'oeuvre pour la confection ou la révision du plan. Cela
est précisé là s'il n'y a pas entente ou si le
bénéficiaire ne le fait pas. L'histoire du maître d'oeuvre,
c'est à l'article 56.
M. Perron: Je pense que je suis dans l'obligation de donner
raison au ministre pour une fois. Il y a une petite madame en arrière de
vous qui s'inquiète.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 55 est
adopté?
M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 56, M. le ministre?
À l'article 56, on a un amendement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 56 dit:
"Lorsque plusieurs contrats..." Dois-je le lire ou parler seulement de
l'amendement'?
M. Jolivet: II faut commencer par l'amendement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 56 du
projet de loi est modifié: 1° par le remplacement, dans les
première et deuxième lignes du premier alinéa, des mots
"unité d'aménagement" par les mais "aire forestière";
2° par le remplacement, dans la troisième ligne du premier
alinéa, des mots "notamment sur des" par les mots "notamment, sur
les".
M. Jolivet: Pour les besoins du Journal des débats, il
faut simplement dire qu'après "notamment" il y a une virgule dans la
correction apportée. C'est important parce que cela change le sens
complètement. Notamment - virgule - sur les...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: C'est mon vieux rôle de président de
commission qui revient.
Une voix: Professeur.
M. Jolivet: Non, non. De président de commission. Un
président de commission, normalement, relit les articles pour s'assurer
que c'est bien noté par le secrétaire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous avez compris,
M. le Président?
Le Président (M. Baril): M. le professeur, j'en prends
bonne note.
Une voix: II y a beaucoup moins de turbulence ce soir, M. le
député.
M. Jolivet: Depuis qu'il est président, lui, je
comprends!
M. Perron: D'accord. Le premier amendement à l'article 56
est adopté, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Merci.
M. Perron: Juste une question sur l'article 56 avant l'amendement
56.1 qui va être apporté par le ministre un peu plus tard. Est-ce
que, dans le cas de l'article 56, les regroupements régionaux
d'utilisateurs d'essences secondaires pourraient être reconnus? Est-ce
qu'en vertu de l'article 56 les regroupements régionaux d'utilisateurs
d'essences secondaires pourraient être reconnus?
M. Côté (Rivière-du-Loup): S'ils ont des
usines.
M. Perron: S'ils ont des usines.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les regroupements
d'essences régionaux qui utilisent les essences...
M. Perron: Pas les regroupements d'essences régionaux. Les
regroupements régionaux.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les regroupements
régionaux qui utilisent les essences secondaires.
M. Perron: C'est cela. Qui pourraient utiliser...
M. Côté (Rivière-du-Loup): S'ils ont des
usines, ils seront reconnus. S'ils ont des usines...
M. Perron: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...de
transformation, tel que dit dans la loi. Chacun des
bénéficiaires, M. le député, aura son contrat, mais
s'ils veulent s'entendre ensemble pour faire de l'aménagement et faire
des plans, il n'y a pas de problème parce que cela va se transposer dans
leurs plans, leurs responsabilités, leurs obligations comme leurs
droits.
M. Perron: J'ai compris ce que le ministre voulait dire. Cela va
pour 56 tel que libellé actuellement. Je crois que le ministre a un
amendement à apporter, l'article 56.1.
Le Président (M. Baril): Un instant, s'il vous
plaît! Je vais relire l'article 56 amendé parce qu'il y a eu des
corrections faites au deuxième paragraphe.
M. Perron: Au premier paragraphe.
Le Président (M. Baril): Au premier paragraphe? Non, au
deuxième. Je parle de l'amendement: 1° par le remplacement, virgule
- il n'est plus ici...
Des voix: Ha! Ha!
Le Président (M. Baril): ...dans les première et
deuxième lignes du premier alinéa, des mots "unité
d'aménagement" par les mots "aire forestière"; 2° par le
remplacement, dans la quatrième ligne, et non la troisième...
Une voix: Ce sera la quatrième. M. Perron: La
quatrième ligne.
Le Président (M. Baril): Ce sera la quatrième
ligne.
M. Perron: Vous avez raison. C'est vrai. Le Président
(M. Baril): ...du premier
alinéa, des mots "notamment sur des" par les mots "notamment, sur
les".
M. Perron: On a dit que l'amendement était adopté,
mais il faudrait apporter la petite correction, quatrième pour
troisième.
Le Président (M. Baril): Oui, on l'a fait.
M. Perron: Vous l'avez déjà fait. Quant à
nous, cette partie de l'article 56 est adoptée.
Le Président (M. Baril): On a adopté l'amendement.
Maintenant, il faut adopter l'article.
M Jolivet: Tel qu'amendé.
Le Président (M. Baril): Tel qu'amendé. Est-ce
qu'il est adopté?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Baril): Adopté.
Une voix: En fait, c'est cela. Cela ajoute un autre article.
Une voix: Oui.
M. Perron: Je voudrais vous faire remarquer, M. le
Président, que je ne suis pas revenu sur la question de la
maîtrise d'oeuvre parce que je connais déjà la
réponse du ministre.
Le Président (M. Baril): On a un article 56.1; c'est un
amendement que le ministre a à présenter. M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le projet de loi
est modifié par l'insertion, après l'article 56, du suivant:
"56.1 Lorsque plusieurs bénéficiaires exécutent un contrat
sur une même aire forestière, la contribution de chacun aux
coûts de construction et d'entretien des chemins et autres ouvrages
d'usage commun est fixée par voie d'entente entre eux. "À
défaut d'entente, la contribution est fixée, à la demande
d'un bénéficiaire, par voie d'arbitrage. En ce cas, l'arbitre est
choisi d'un commun accord entre les personnes intéressées et,
à défaut d'accord, par le ministre. Les frais d'arbitrage sont
assumés à parts égales par les bénéficiaires
en cause."
Cette modification vise à permettre aux parties de
référer leurs différends à l'arbitrage d'un tiers
plutôt qu'au ministre. Là, je me suis enlevé un petit
poids.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, quand je lis le libellé
de cet amendement, c'est-à-dire l'article 56,1, je pense que le ministre
vient de s'enlever un poids des épaules parce qu'il n'aura pas besoin
d'agrandir sa salle d'attente. Comme on le mentionnait déjà et
comme ce sont des mots chers à mon collègue de Laviolette, il
pourrait intervenir, brièvement.
M. Jolivet: L'arbitrage?
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
Des voix: Ha! Ha!
M. Perron: Quant à moi, c'est adopté, M. le
Président.
M. Jolivet: Je voulais simplement savoir quelle formule
d'arbitraqe était prévue. Est-ce que c'est un arbitrage devant la
cour, un arbitrage entre eux? Sous quelle forme?
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Jolivet: Je le sais, par voie d'arbitrage. D'accord. Je ne
pose plus de question.
Le Président (M. Baril): L'amendement à l'article
56.1 est-il adopté?
Une voix: C'est cela.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Duplessis, est-ce que l'article...
M. Perron: Oui, juste une question pour clarifier. Comment cela
se fait-il habituellement, la question de l'arbitrage dans ces
cas-là?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Chacune des parties
choisit un arbitre et chacune des parties s'entend sur un président. Si
elles ne s'entendent pas sur le président, c'est le ministre qui le
nomme et les gens assument les frais. Dans d'autres cas, lorsqu'il n'y a pas
entente pour nommer un président, ce dernier est désigné
par un juge de la Cour supérieure, je pense. C'est cela? Là, ce
ne sera pas nécessaire, c'est le ministre qui va le désigner.
M. Jolivet: C'est la même chose que dans le Code du
travail.
M. Perron: Dans un cas comme celui-là, lorsque le ministre
intervient, est-ce que c'est au quatrième ou au sixième
étage que cela se passe?
Une voix: Les deux.
M. Jolivet: Au dixième.
M. Côté (Rlvière-du-Loup): On voyage bien
entre les deux.
M. Perron: On sait qu'au quatrième c'est le bureau des
sous-ministres, je crois, et qu'au sixième c'est le bureau du
ministre.
Une voix: II y a un ascenseur.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a des
escaliers et des ascenseurs entre les deux.
M. Jolivet: M. le député de Duplessis,
ordinairement, c'est au dixième. C'est au bureau du sous-ministre.
Des voix: Ha! Ha!
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne suis jamais
allé là encore.
Des voix: Ha! Ha!
Le Président (M. Baril): Est-ce que je comprends que
l'article 56.1 est adopté?
Une voix: Elle est bonne, elle est bonne.
M. Perron: L'amendement.
Le Président (M. Baril): L'amendement; je m'excuse.
M. Perron: L'amendement est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): Merci. Article 57? M. le
ministre.
M. Côté (Rîvière-du-Loup): C'est
semblable à l'avant-projet de loi, mais il a été
simplifié étant donné que l'article 3 définit
très bien les activités d'aménagement que nous avons vues
la semaine dernière.
M. Perron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Je comprends que l'article 57 est
adopté? Adopté.
M. Jolivet: Vous allez vite, mon collègue.
Le Président (M. Baril): Article 58? M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'ai pas de
commentaires sur l'article 58 qui se lit comme suit: "Le plan annuel
d'intervention doit être soumis dans la forme et à l'époque
que détermine le gouvernement par voie réglementaire."
Le Président (M. Baril): Avez-vous des commentaires, M. le
député de Laviolette?
M. Jolivet: Quand on dit "à l'époque que
détermine le gouvernement par voie réglementaire", le plan annuel
est "soumis dans la forme et à l'époque que détermine le
gouvernement," juste une petite question: Est-ce que le gouvernement, c'est le
ministre? C'est bien le gouvernement qui détermine par voie...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est un
règlement adapté par le gouvernement.
Le Président (M. Baril): Est-ce que c'est clair?
M. Jolivet: D'accord. Cela va.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 58 est
adopté? M. le député de Duplessis.
M. Jolivet: Je voulais juste poser une question, mais je pense
que je la poserai ailleurs.
M. Perron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Je comprends que l'article 58 est
adopté. L'article 59, M. le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): "Les plans
d'aménagement approuvés par le ministre font partie du contrat."
M. le Président, c'est évident et je n'ai pas de
commentaires.
M. Perron: L'article 59?
Le Président (M. Baril): L'article 59, M. le
député de Duplessis. M. le ministre n'avait pas d'arguments.
M. Perron: M. le Président, disons qu'on n'a pas
d'objection de principe par rapport à l'article 59. Maintenant, si vous
me le permettez, je voudrais rappeler qu'en commission parlementaire il y a eu
plusieurs interventions faîtes en rapport avec la publication des plans
d'aménagement généraux de 25 ans, quinquennaux et annuels.
Il y a beaucoup d'intervenants en forêt, ce qui crée, dans
beaucoup de cas, énormément de tensions. Les groupes
environnementaux et écologiques posent et poseront de plus en plus de
questions à l'industrie forestière et au gouvernement, ne
serait-ce qu'au sujet des modes de coupe, du reboisement, de la protection de
la faune et des eaux. Je pense que le ministre sait très bien de quoi je
parle parce que, plus cela va dans notre société, plus il est
question d'environnement et d'écologie.
Quant à nous, nous croyons que le
projet de loi 150 doit prévoir un mécanisme de
consultation de divers intervenants, soit par les MRC ou un conseil
consultatif, et, bien entendu, que le gouvernement mette les plans
d'aménagement généraux et quinquennaux à la
disposition du public par un mécanisme de consultation. Dans un premier
temps, je voudrais connaître les impressions du ministre
là-dessus.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je me demande si
on doit rendre les plans d'aménagement quinquennaux,
généraux, de 25 ans, accessibles au public. Possiblement que,
dans les grandes lignes, il devrait y avoir des résumés, des
orientations qui doivent correspondre, qui doivent respecter le guide des
modalités d'intervention en forêt, qui est là, justement,
pour faire en sorte que les plans en tiennent compte et respectent cela.
Je ne sais pas si c'est d'intérêt public de publier
cela.
M. Perron: Excusez-moi, M. le Président, mais lorsqu'on
parle, par exemple, des plans d'aménagement, des schémas
d'aménagement des MRC, ces schémas sont rendus publics dans
l'ensemble des MRC du Québec et ils doivent être
déposés au gouvernement. Je voudrais dire que, là-dessus,
je ne suis pas d'accord avec le ministre pour que les plans
d'aménagement ne soient pas rendus publics pour consultation, au moins.
Il faut qu'il fasse une nette différence entre les consultations
elles-mêmes et le fait de rendre les plans publics parce qu'il y a une
nette différence entre rendre les plans d'aménagement publics et
faire des consultations sur les plans d'aménagement. (21 h 15)
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, on dit à l'article 59 que les plans
d'aménagement font partie du contrat. On dit que c'est un contrat
public. Il est accessible au public pour consultation. On a fait un
amendement.
M. Perron: Par la voie d'un registre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, par la voie
d'un registre. On a fait un amendement pour qu'on publie à la Gazette
officielle le numéro de l'enregistrement lorsqu'un contrat a
été alloué; mais le plan d'aménagement fait partie
du contrat.
M. Jolivet: Du contrat d'approvisionnement. Parce que les futurs
contrats...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le plan
d'aménagement fait partie du contrat d'aménagement.
M. Jolivet: Les futurs contrats, ce sont des contrats
d'approvisionnement et d'aménagement forestier. C'est ceux-là
qu'on rend publics.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Dans ces contrats, il y a des plans
d'aménagement de telle sorte que, si je sais qu'un contrat a
été donné à quelqu'un, cela me permet de le
consulter.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II devient public
par le fait même.
M. Jolivet: En vertu de la loi sur l'accès à
l'information, j'y ai droit.
Le Président (M. Baril): Est-ce que c'est clair? Avez-vous
autre chose, M. le député de Duplessis?
M. Perron: Oui, juste une question au ministre. Est-ce que le
ministre peut nous garantir que, face à la loi d'accès à
l'information, toutes les parties seront publiques sans exception?
M. Jolivet: II faudrait poser la question à M.
Pépin.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le procureur dit
que, comme c'est de nature publique, il n'y a pas de problème.
M. Jolivet: Juste pour donner un exemple à mon
collègue. J'ai eu à vérifier certains contrats publics
concernant le flottage du bois sur la rivière Saint-Maurice; je voulais
savoir quels étaient les contrats qui avaient été
signés entre le ministère de l'Énergie et des Ressources
en 1969 et 1970. J'ai tout simplement fait une demande et on me les a
envoyés parce qu'ils sont publics.
Une voix: Alors que vous étiez ministre?
M. Jolivet: Non, maintenant, il y a un mois de cela. C'est de
nature publique. C'est pour cela qu'il est important, à la demande de
mon collègue de Duplessis, qui a finalement été
acceptée par un amendement apporté par le ministre, de le publier
à la Gazette officielle, avec le numéro au registre, pour que, si
quelqu'un veut le consulter, il puisse le faire, et à partir de cela,
demander tous les documents pertinents qu'il veut avoir et qui sont accessibles
au public compte tenu que c'est un contrat public.
M. Perron: On vient de parler de publication. Quant aux
consultations que je
viens de mentionner au ministre, puisqu'il y a plusieurs intervenants
possibles comme les ZEC, les MRC, etc., est-ce que le ministre prévoit
à l'intérieur de sa loi des consultations avec les
représentants des MRC concernant ces plans d'aménagement ou
encore avec les ZEC ou encore avec l'Association des pourvoyeurs du
Nouveau-Québec, par exemple, ou l'Association des pourvoyeurs du
Québec par rapport à certains plans d'aménagement qui
pourraient être déposés éventuellement par les
utilisateurs?
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas
prévu, M. le député. Quelqu'un qui est
bénéficiaire d'un contrat d'aménagement et
d'approvisionnement sur un territoire, s'il est informé qu'il y a une
ZEC ou ce que vous voulez, devrait en tenir compte dans son plan
d'aménagement parce qu'il y a des restrictions dans le guide des
modalités qui prévoient des activités autres que la
production forestière, la production de matière ligneuse.
M. Perron: Donc, le ministre...
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'espère et
je pense bien que les détenteurs de contrats d'approvisionnement, si
c'est porté à leur connaissance qu'il y a d'autres
activités sur lesquelles il y a eu un bail d'émis ou un permis
d'émis, en tiendront compte sérieusement dans le plan
d'aménagement qu'ils vont préparer. Il n'y a rien de prévu
pour cela.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, le ministre va tout
comprendre à partir de l'exemple que je vais lui donner. La compagnie
Malette Wafer Board donne un contrat à un autre sous-traitant pour la
coupe de ses bois, actuellement. Dans l'avenir, en plus de cela, elle devra
donner des contrats pour l'aménagement, pour la remise en production du
territoire qui sera coupé. La municipalité régionale du
Haut-Saint-Maurice est en désaccord avec ce dossier. Comme le ministre
annoncera que des contrats d'approvisionnement et d'aménagement
forestier seront donnés à telle compagnie, les gens sauront que,
dans tel territoire, c'est telle compagnie qui obtiendra le contrat. Quand on
dit: "Le plan annuel d'intervention doit être soumis dans la forme et
à l'époque que détermine le gouvernement par voie
réglementaire", on devra savoir probablement partout au Québec
à quel moment le règlement prévoit que doivent être
annoncés ces plans annuels d'intervention.
Lorsqu'on connaîtra le plan annuel d'intervention, la
municipalité pourra faire appel au registre pour avoir les
renseignements nécessaires. Autrement dit, s'il y a une ZEC dans le
territoire, elle sait que telle compagnie viendra travailler sur son territoire
et elle peut faire appel au registre pour faire les interventions qui
s'imposent pour éviter que la personne n'agisse sans qu'il y ait eu
consultation.
La question posée par mon collègue: Est-ce que les groupes
qui feront partie de l'unité d'aménagement de Windigo, au
Saint-Maurice, qui sont dans mon secteur, ne pourraient pas, sans envoyer tous
les documents, aviser les gens de la réqion par un communiqué
quelconque que des interventions seront faites à tel moment? On aura le
plan quinquennal, aussi. Cela permettra aux gens de réaqir avant que
ça commence, plutôt que d'arriver à des situations qu'on
connaît actuellement où la municipalité dit: Un instant,
vous ne passerez pas sur ma route, je vais la bloquer, je vais créer une
norme disant qu'il ne faut pas plus que X tonnes pour passer. Vous serez pris,
vous couperez le bois que vous voudrez, mais vous ne le sortirez pas. Ils
commencent à négocier, ils négocient les plans
d'intervention. J'ai participé dernièrement, avec la
municipalité régionale, a une discussion avec la compagnie
à laquelle je réfère, CIP, Malette Wafer Board et autres,
pour s'assurer qu'autour du grand lac Wayagamac il n'y a pas de modalité
d'intervention qui soit en bas du guide d'intervention prévu et, dans
certains cas, plus haut, parce qu'il y a une source d'eau potable
importante.
Dans ce sens, mon collègue dit: Y a-t-il moyen que les gens
soient avertis avant même qu'ils puissent commencer quoi que ce soit pour
éviter qu'ils ne soient bloqués par d'autres à la
dernière minute, dans bien des cas.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans le cas des
MRC, les consultations se font en vertu de la loi. Le schéma
d'aménagement et d'urbanisme est soumis et les intervenants sont
consultés.
M. Jolivet: Cela, c'est en général, l'affectation
des terres.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, c'est la loi
sur l'aménagement. Le schéma est soumis au gouvernement, chacun
des ministères fait ses commentaires et donne son appréciation.
Dans le cas des forêts, je leur dis: Remettez-vous-en au guide
d'intervention sur les forêts publiques. Autrement, il y a quatorze MRC,
il y aura quatorze façons d'intervenir en forêt. Or, la
responsabilité de la gestion de la forêt est dévolue au
ministre des Forêts et non aux MRC. L'industrie ne veut absolument pas,
avec raison, s'adresser à trois ou quatre pour
avoir la permission de faire des interventions.
Ce que je souhaite, c'est que les intervenants en forêt se
respectent, quand on parle des autres interventions. L'amendement
présenté cet après-midi, qui sera publié à
la Gazette officielle, avec les contrats d'aménagement, la
compagnie Y à tel endroit, avec des volumes, avec les numéros
d'enregistrement, permettra aux ZEC et aux autres de consulter le plan
d'aménagement et d'en discuter, comme vous le suggérez.
M. Jolivet: En fait, on sait qu'une compagnie a un tel
territoire, on connaît sa délimitation. C'est le registre qui
l'indique. En plus, vous me dites que le registre va permettre de
vérifier le contrat d'aménagement forestier. Mais tous les ans,
il y a une programmation des activités. Vous dites que cette
programmation doit être faite pour les cinq prochaines années,
qu'elle est révisable tous les ans pour s'assurer qu'il y a une
continuité et après cinq ans, quand on aura
considéré cet ensemble, on continue pour cinq ans additionnels;
toujours cinq ans en avant.
Mais il y a des gens, avant que débutent les travaux en
forêt, la cueillette de la matière ligneuse, qui veulent s'assurer
qu'ils ne viendront pas - vous excuserez l'expression - "dévierger" leur
territoire. Prenez l'exemple que je vous donne en Haute-Mauricie où on a
un problème. La municipalité voulait les bloquer. Il a fallu les
convaincre de ne pas faire cela, mais d'accepter des modalités qui ont
été plus fortes que celles du Guide des modalités
d'intervention en milieu forestier, parce qu'il y a une source d'eau
potable.
Deuxièmement, on va plus loin. Par exemple, un pourvoyeur,
actuellement, dit: Moi, s'ils viennent me couper selon le guide d'intervention,
ils viennent enlever tout le paysage en avant de mon chalet. Le gars vient
là pour avoir la tranquillité et on dit à un autre qu'il a
le droit de couper le bois jusqu'à X mètres du bord. Cela adonne
qu'il serait peut-être mieux de le couper au faîte de la montagne,
on serait sûr de voir encore de la forêt, même si au
faîte de la montagne il n'y en a plus.
C'est cela que je veux dire. Y a-t-il moyen que les gens soient avertis
avant qu'ils arrivent sur le terrain? Ce moyen, c'est de faire une sorte de...
Je ne sais pas comment dire cela. Au moins, la MRC dirait: Voici le programme
pour les cinq prochaines années là-bas. Et à tous tes ans,
elle les avertirait pour les cinq prochaines années pour qu'ils puissent
se consulter le plus près de chez eux et être sûrs que la
MRC qui, elle, connaît son monde, les avertisse qu'il va se passer
quelque chose.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vos gens, M. le
député, ont accès à cela. C'est publié
à la Gazette officielle. Il y a un reqistre qui est tenu. Ils
regardent le plan quinquennal. Ils savent ce qui va arriver. Ils peuvent
rencontrer l'intervenant forestier et en discuter avec lui. C'est sûr. On
ne peut pas publier...
M. Jolivet: C'est peut-être que je m'exprime mal. Ce n'est
pas dans le sens de publier et tout cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les MRC, je crois
qu'on les avise, au ministère, lorsqu'on émet un permis.
M. Jolivet: C'est cela que je veux savoir. C'est dans ce sens. Je
veux m'assurer que la MRC est avisée qu'il y a un plan quinquennal,
juste un avis, une lettre, je ne sais pas quoi, leur disant qu'il va arriver
telle chose, de telle sorte que cela peut se faire même par
téléphone par la personne qui est è La Tuque - je prends
l'exemple de La Tuque - qui avertit la MRC pour les contrats. Souvent, les gens
ne se parlent pas. Comme ils ne se parlent pas et qu'ils arrivent toujours
à la dernière minute parce qu'ils sont préoccupés
par toutes sortes de choses, ils se mettent en maudit pour toutes sortes
d'affaires qui auraient pu être réglées cinq ans avant.
Moi, c'est simplement ce petit mécanisme pour dire aux MRC: Voici, il y
a des plans. Si vous voulez les consulter, venez les consulter. Ils sont
disponibles pour tout le monde. II y aurait une sorte de publicité dans
le journal local et le monde, au moins, aurait été averti. Sinon,
avec ce que vous dites, vous obligez les personnes à se tenir au
courant. À tous les ans, à la date prescrite par le gouvernement,
en vertu du règlement, ils doivent déposer leurs plans
d'intervention. À ce moment, vous dites: À ces dates-là,
vérifiez-les et faites venir de Québec, par courrier, l'ensemble
des plans.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ils vont
être bien mieux informés qu'avant s'ils se donnent la peine de
s'informer, s'ils font des efforts parce que le plan de cinq ans est
là.
M. Jolivet: En tout cas, je vous dis que le monde est tellement
préoccupé par autre chose; c'est un problème. Je voulais
éviter que des gens n'arrivent à la dernière minute et
qu'ils fassent comme ils ont fait à La Tuque. Ils ont barré le
chemin. Là, le monde s'énerve. Il y a une chicane entre le gars
de l'unité de gestion et le maire. Au moment où cela arrive en
haut, il faut que quelqu'un intervienne parce que là ils se sont commis
tous les deux publiquement. Une fois qu'ils sont commis publiquement, il est
difficile de reculer. Moi, je dis: Avant d'en arriver là, y a-t-il moyen
qu'on les avertisse? Et cela préserve le ministère, si le
ministère envoie
une lettre disant: À tous les ans, quand, en vertu de l'article
58, le plan annuel d'intervention est soumis dans la forme et à
l'époque que le gouvernement détermine par voie
réglementaire, à ce moment, pourquoi le responsable de
l'unité de gestion n'avertit-il pa3 la municipalité
régionale de comté là-bas? Voici ce qui se passe, il y a
des renseignements, faites-le. Donc, ils vont être avertis et vous
autres, vous allez être protégés parce qu'ils disent
souvent: Le ministère ne nous avertit pas. Si au moins on les avertit,
après cela ils prendront les informations.
Moi, je veux juste voir s'il y a moyen d'éviter des conflits.
Vous dites: Les gens prendront les renseignements au moment où ils
connaîtront où sont les futures...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela va être
publié. On fait des efforts pour les avertir, ils sont publiés
à la Gazette officielle. Il y a un contrat d'aménagement qui a
été attribué dans un tel territoire pour tel volume. Le
registre est là. C'est accessible au public. Ils peuvent le consulter.
Ils peuvent toujours aller voir le plan d'aménagement et prendre le plan
général, le plan de cinq ans, pour voir ce qui va arriver. Ils
sont avertis d'avance, de cette façon-là.
M. Jolivet:Je ne ferai pas de bataille. Je veux juste vous dire
qu'il' y a peut-être moyen d'éviter des conflits potentiels.
M. Côté (Rivière-du-Loup): S'il y a moyen,
s'il y avait possibilité, je me demande à qui envoyer
l'information, par exemple. (21 h 30)
M. Jolivet: À la MRC. Vous savez qu'à la MRC ils
sont très méticuleux et ils brassent dans la mesure où ils
sont avertis. Le problème, c'est qu'ils disent: On n'a jamais
été avertis. Si le ministre leur dit, à tous les ans, au
moment où ils reçoivent cela: II y a de la disponibilité
et voici ce qui se passe... Une lettre par la personne qui est à
l'unité de gestion et la lettre arrivant à la
municipalité, ils l'ont entre les mains et ils peuvent dire: Je vous
l'ai envoyée; arrêtez de nous dire qu'on ne vous a pas
informés. Souvent, le gars l'appelle et dit: Je vous ai informé.
Là, ce sera écrit. À ce moment-là, c'est le
ministère qui s'enlève un poids. Si la MRC a commis une erreur
politique dans son coin de ne pas avoir agi rapidement, c'est elle qui portera
l'odieux; ce n'est pas le ministère. Je veux juste vous éviter
cela, mais si vous ne voulez pas l'avoir, écoutez...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vais vous dire
qu'on essaiera de trouver une façon d'éviter cela. D'accord?
M. Jolivet: J'aime mieux ça de même. Donc, une
directive qui serait envoyée à vos...
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'essaierai.
M. Jolivet: Je suis sûr que vous êtes capable de dire
à tous vos gens des unités de gestion: Au fur et à mesure
qu'arriveront les plans annuels d'intervention, avertissez vos MRC de faire
telle chose et si elles veulent avoir des renseiqnements, elles peuvent
s'informer à telle place. Au moins, vous aurez garanti le
ministère contre les critiques qui pourraient venir du milieu.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 59 est
adopté? M. le député de Duplessis.
M. Perron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Adopté. L'article 60? M.
le ministre.
M. Perron: L'article 59 est adopté et j'espère que
le ministre va tenir compte de la brillante intervention de mon collègue
de Laviolette.
Activités d'aménagement
forestier
M. Côté (Rivîère-du-Loup): Merci. Vous
me le rappellerez si...
À l'article 60, il faudrait, par concordance, changer le mot
"fixé" par "prévu".
M. Perron: C'est cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cet article
précise l'article 34 de l'avant-projet de loi en reliant les engagements
du bénéficiaire à l'atteinte du rendement annuel. On a
traduit ici le respect des normes d'intervention.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, si je me reporte...
Le Président (M. Baril): Avant, est-ce que l'amendement
est adopté?
M. Jolivet: L'amendement, oui. C'est de concordance.
Le Président (M. Baril): C'est de concordance.
M. Jolivet:Vous n'aviez même pas besoin de le demander.
Dites-le: Par concordance.
Le Président (M. Baril):D'accord.
M. Perron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Merci.
M. Perron: Je parle de l'amendement.
Le Président (M. Baril): L'amendement, oui.
Des voix: Ha! Ha!
M. Perron: Pas l'article.
Le Président (M. Baril): Ah, j'ai eu chaud.
M. Perron: M. le Président, je vous réfère
au Journal des débats de l'Assemblée nationale, " commission
parlementaire de l'économie et du travail en date du 30 septembre
dernier. M. Hamel s'était présenté devant les membres de
la commission et je lui avais posé une question: "Est-ce que vous seriez
d'accord, compte tenu de votre position, que le gouvernement traite les copeaux
comme de la matière première et établisse une tarification
lors de leur vente à une papetière?" Le ministre peut prendre
connaissance de la réponse qui a été donnée par M.
Dufresne.
M. le Président, encore là, je voudrais renouveler la
mémoire du ministre quant à la position des membres de
l'Opposition de l'Assemblée nationale lorsqu'on parle du partage des
coûts additionnels de 103 000 000 $ et du litige sur le bois d'oeuvre. Le
gouvernement actuel évalue à 103 000 000 $, en dollars de 1985,
les coûts additionnels pour l'industrie papetière et l'industrie
du sciage, c'est-à-dire le bois d'oeuvre, ...devront partager pour faire
face à leurs nouvelles responsabilités visant la remise en
production des forêts. L'article 60 dont on parle actuellement indique
que chaque bénéficiaire de contrat d'approvisionnement et
d'aménagement forestier devra réaliser chaque année,
à ses frais, les traitements sylvicoles nécessaires pour remettre
en production le territoire. Ce coût additionnel moyen a
été estimé par le ministère de l'Énergie et
des Ressources à 3,25 $ le mètre cube et s'ajoutera à
l'augmentation moyenne de 0,20 $ le mètre cube de droits de coupe qui
passera d'une moyenne de 2,19 $ à 2,39 $ le mètre cube. Or, en
forêt publique, l'industrie du sciage récolte présentement
68 % de la matière ligneuse, mais en revend un peu plus de la
moitié à l'industrie papetière sous forme de copeaux.
Selon l'article 60, l'industrie du sciage devra donc payer 68 % des coûts
additionnels à la remise en production du territoire. Cela
représente une facture annuelle d'environ 70 000 000 $ que cette
industrie ne peut pas payer.
En effet, lors du dernier congrès de l'Association des
manufacturiers de bois de sciage en mai dernier, Mme Guylaine Saucier, alors
présidente de cet organisme, a dévoilé les
résultats d'une étude démontrant que la marge de profit
avant impôt de cette industrie au cours des cinq dernières
années n'a été en moyenne que de 0,50 $ le mètre
cube, soit entre 7 000 000 $ et 8 000 000 $ pour l'ensemble des scieurs. Bien
que cette industrie ait revendiqué, lors des audiences
particulières de la fin de septembre, que les coûts de remise en
production soient répartis selon le volume transformé en produits
finis et non selon le volume coupé, autrement dit, si les
papetières transforment 70 % de la matière ligneuse et les
scieries 30 %, la facture devrait être répartie selon les
mêmes proportions. Toute tentative de répartir !a facture
équitablement par une augmentation importante du prix des copeaux nous
semble aléatoire. La lettre transmise le 28 novembre 1986 au ministre
délégué aux Forêts est silencieuse à ce sujet
et nous voudrions savoir pourquoi.
Pour comprendre, il faut regarder l'évolution depuis le 30
septembre dernier, du dossier du droit compensatoire de 15 % que l'industrie
américaine voulait imposer à notre bois d'oeuvre exporté.
Lors de la conférence des premiers ministres à Vancouver le 22
novembre dernier un consensus fraqile a été établi. Le
Canada s'imposera une taxe à l'exportation de 15 % équivalant au
droit compensatoire. Quant à nous, la position du Québec dans ce
dossier était très discutable. On se demande réellement si
le gouvernement du Québec avait fait ses devoirs avant de partir pour
négocier. Cette demande qui devrait rapporter un peu plus de 100 000 000
$ au Québec, si elle est entièrement retournée aux
provinces, sera appliquée pour payer une facture de 70 000 000 $ de
l'industrie du sciage.
Le premier ministre du Québec rentrait triomphant et l'industrie
du sciage du Québec se tenait tranquille en se croisant les doigts. Or,
le 14 novembre dernier, La Presse, dans un article intitulé
"Québec double les droits de coupe mais cela dépend des
Américains" rapporte les propos du ministre délégué
aux Forêts tenus lors d'une conférence suivant le
dépôt du projet de loi 150.
M. le Président, c'est le 13 février prochain que sera
rendue la décision définitive sur le droit compensatoire de 15 %
par l'International Trade Commission des États-Unis. D'ici là,
les négociations se poursuivent sur le plan politique et le
secrétariat au Commerce extérieur des États-Unis aura fait
connaître le 31 décembre la réévaluation du niveau
du droit compensatoire, et cela nous inquiète. En somme, il serait
irresponsable de la part de l'Assemblée nationale d'adopter l'article 60
du projet de loi 150 sans connaître les résultats du dossier du
bois
d'oeuvre exporté aux États-Unis. C'est le gouvernement
lui-même qui a lié les deux dossiers, à lui d'en assumer
les conséquences.
M. le Président, vous me permettrez sûrement de me reporter
ici à un editorial paru dernièrement Au fil du bois,
octobre-novembre 1986, sous la signature de M. Richard Lacasse,
ingénieur forestier - très bien connu, probablement, du ministre
délégué aux Forêts - et directeur
général de l'Association des' manufacturiers de bois de sciage du
Québec.
Je pense qu'il est important que je transmette devant les membres de
cette commission parlementaire textuellement ce qu'écrivait à ce
moment M. Lacasse dans son éditorial: "Mais, revenons sur le plancher
des vaches. L'aménagement en forêts c'est bien beau, on est
d'accord, mais qui va payer la note? L'industrie du sciage coupe maintenant 70
% de la forêt publique; a-t-elle les moyens de payer 70 % de la facture?
Assurément pas. "Au printemps dernier, l'AMBSQ a confié à
un consultant le soin d'examiner la situation financière de l'industrie
du sciage pour connaître sa capacité de payer pour les travaux
d'aménagement qu'elle devra dorénavant exécuter. Selon
cette étude, si le nouveau régime forestier avait
été mis en place en 1979, l'industrie, au cours des cinq
années suivantes, aurait été dans l'impossibilité
de s'acquitter de ses obligations d'aménagement. "En effet, le profit
moyen avant impôt des scieries de l'échantillon n'a
été que de 0,5 %, i.e. 0,21 $ le mètre cube de bois
consommé, alors que le MER croit qu'il en coûtera à
l'industrie 3,52 $ le mètre cube en moyenne au Québec pour
remettre la forêt en état de production. L'industrie et le MER
sont tous deux dans une impasse. "Les résultats de notre étude en
ont fait sourire quelques-uns au ministère, mais le ministre, lui, ne
trouve pas ça drôle. À remarquer que cette étude a
été confiée à un consultant réputé du
Québec et que le personnel de l'AMBSQ n'est intervenu d'aucune
façon pour en influencer les conclusions. "Disons qu'une telle
étude n'était pas facile à réaliser en raison des
hypothèses posées: tirer sa matière première des
forêts publiques et non des forêts américaines ou
privées, transformer des résineux, avoir opéré sans
interruption pendant la période de cinq ans, 1980 à 1984,
accepter de répondre à un questionnaire très indiscret sur
ses activités et finalement prêter ses états financiers au
consultant."
Je vais terminer, quant à cet éditorial, avec le
paragraphe suivant: "Malgré tout, dix-huit usines ont accepté de
collaborer: des petites, des moyennes et des grosses. Ensemble, elles ont
coupé durant cette période 34 % des forêts publiques. C'est
ce qui fait mal au ministre Albert Côté; c'est ici l'impasse, car
alors 34 % de la forêt n'aurait pas été
aménagée durant cette période. Le cycle de 1980 à
1984 peut très bien se reproduire dans l'avenir. De très
mauvaises années comme 1981 et 1982, on peut en connaître de
semblables dans le futur. Que sera alors l'industrie?"
D'autre part, dans un article paru dans le journal Le Soleil en date du
28 novembre dernier, Mme Guylaine Saucier rencontrait le journaliste de
Rimouski, Jean-Didier Fessou, et Mme Saucier mentionnait qu'à son point
de vue le tout se résumait au fait que les droits compensatoires de 15 %
imposés par les Américains étaient une violation flagrante
des règles du "General Agreement on Tariffs and Trade",
c'est-à-dire le GATT, qu'il fallait donc que le Canada défende sa
position jusqu'au bout, comme cela a été fait en 1983, et aille
devant le tribunal du GATT en cas d'échec. Quant à payer 15 % de
droits, autant les payer au Canada qu'aux États-Unis. Ces droits sont de
deux ordres: 6 % iront à Ottawa et 9 % aux provinces. Mme Saucier
continue: Je suis d'accord de payer 9 % au Trésor
québécois. Mais, par contre, elle se dit en total
désaccord d'avoir à payer 6 % de droits d'exportation à
Ottawa. Ces droits ne font pas mon affaire et je ne suis pas d'accord,
dit-elle.
Elle termine en disant: Cette situation risque d'entraîner un
bouleversement rapide de l'industrie du sciage et une obligatoire
rationalisation, c'est-à-dire en bon québécois, de
nouvelles fermetures d'usines de sciage.
M. le Président, le ministre se rappellera sûrement que,
lors de mon intervention qui a été faite en rapport avec
l'avant-projet de loi en commission parlementaire, en date, je crois, du 26
octobre dernier, j'avais justement fait allusion au danger pour les usines de
sciage quant à la répartition des coûts
d'aménagement qui leur seraient imposés. Je ne sais vraiment pas
de quelle façon le ministre peut s'en sortir en rapport avec ce qui est
mentionné à l'article 60. Je comprends très bien qu'il est
extrêmement difficile de placer quelque amendement que ce soit à
l'intérieur de l'article 60 pour toutes les raisons que l'on
connaît, en particulier à cause de la décision
américaine face à la position canadienne, qui a été
endossée par l'actuel gouvernement du Québec, c'est-à-dire
le gouvernement libéral, ce qui nous porte à croire que la
répartition des coûts ne peut pas vraiment être connue tant
que la date fatidique du 13 février ne sera pas arrivée.
Cela durera plusieurs semaines par la suite à cause de toutes les
négociations que le ministre et son qouvernement devront entreprendre
avec le gouvernement canadien face à la répartition des 15 % et
aussi face à la récupération des 6 % qui, selon les
informations, seraient passibles de demeurer
à Ottawa, donc, qui ne seront pas dans le Trésor
québécois et qui seraient passibles, s'ils demeurent à
Ottawa, de nuire énormément au gouvernement du Québec
ainsi qu'a l'industrie en général et, en particulier, à
l'industrie du sciage. (21 h 45)
Donc, je voudrais terminer, M. le Président, en vous disant que,
pour nous, c'est extrêmement dangereux que le gouvernement ne fasse pas
ses devoirs correctement en rapport avec la répartition des coûts
et que ces coûts devraient être répartis
équitablement entre les usines de sciage et l'industrie
papetière. Nul doute qu'avec les connaissances qu'a le ministre
délégué aux Forêts dans le domaine de la foresterie,
ce dernier comprendra sûrement tout ce que j'ai mentionné au cours
de mon intervention concernant l'article 60. Il serait dangereux que le
gouvernement du Québec prenne des décisions à
l'emporte-pièce et sans consultation, sans négociation avec tous
les intervenants autant fédéraux que québécois, ce
qui pourrait amener à des décisions intempestives qui causeraient
énormément de préjudice à notre industrie du sciage
au Québec ainsi qu'à ses propriétaires.
Pour le moment, M. le Président, je préfère laisser
le ministre intervenir pour qu'il puisse nous donner ses impressions sur ce que
je viens de mentionner en rapport avec l'article 60. Je sais très bien
que le ministre est placé dans une drôle de position dans un
dossier comme celui-là parce que, lorsqu'il a été
nommé ministre délégué aux Forêts, je ne
crois pas qu'il voulait, dans les mois suivants, faire face à cette
position américaine qui, d'ailleurs, a été très
bien défendue par l'ancien gouvernement en 1983. Par contre, je doute
fortement que le gouvernement actuel l'ait défendue correctement et je
pense que, de ce côté, il n'a pas fait ses devoirs. Merci, M. le
Président.
Le Président (M, Baril): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, M. le
Président. En parlant de l'enquête américaine, il y a eu
plusieurs réunions ministérielles auxquelles j'ai
participé, auxquelles le ministre du Commerce extérieur a
également participé. Il avait été convenu entre
nous et le fédéral - M. Clark était à cette
réunion - qu'il y aurait unité dans l'action au Canada et que
chacun des gouvernements appuierait l'industrie dans ses démarches. Il
faut vous rappeler, M. le député de Duplessis, que c'est une
attaque principalement contre l'industrie du bois d'oeuvre. On prétend
avec raison que c'est aussi une attaque contre notre administration face aux
ressources naturelles. C'est pour cette raison que toutes les provinces se sont
unies pour faire front commun avec le fédéral pour contester
l'enquête américaine.
Lorsque le premier ministre Vander Zalm a été élu
en Colombie britannique, il a déclaré publiquement qu'il
était disposé à réviser ses droits de coupe pour
répondre aux attaques américaines. Il a fait une brèche
importante dans l'attitude qui avait été adoptée
précédemment. La Colombie britannique représente 60 % du
bois d'oeuvre exporté aux Etats-Unis. On dit couramment qu'elle est
majoritaire. C'est à la demande de l'industrie que nous avons
commencé à négocier avec les Américains sur la base
de 10 %. La brèche était faite par la Colombie britannique et
l'industrie a demandé au gouvernement fédéral,
étant donné que c'est d'État à État avec le
gouvernement américain, l'accord des provinces pour négocier-
C'est ce qui a été fait.
Par la suite, l'industrie a changé d'idée, il n'y a pas
tellement longtemps. Du côté du Québec, ça a
flotté un bout de temps, l'industrie des pâtes et papiers s'est
peut-être prononcée plus rapidement que l'industrie du bois de
sciage qui était majoritairement attaquée. Il ne faut pas oublier
que l'industrie des pâtes et papiers coupe 30 % du bois de sciage au
Québec; elle en représente donc une bonne partie. L'industrie des
pâtes et papiers s'est prononcée plus rapidement que l'industrie
du bois de sciage, et ce n'est que tout récemment que l'AMBSQ est
arrivée avec une position ferme sur cette question, en disant: D'accord.
On ne négocie plus avec les Américains, on attend la
décision du 30 décembre et du 13 février que mentionne le
député de Duplessis. Tout le monde a raison, comme je vous l'ai
dit à une question que vous m'avez posée à
l'Assemblée nationale, à savoir si on a bien fait de
négocier, ou si on a mal fait de ne pas le faire. On peut -selon ce qui
va arriver, qu'il arrive n'importe quoi - dire: Vous auriez dû faire
cela, si on n'est pas content de la décision américaine.
Il y a des arguments pour, il y a des arguments contre. Si on s'en remet
au GATT, cela prend plusieurs années. Si on s'en remet aux tribunaux,
cela prend également plusieurs années. Je souhaite que la
décision américaine sera inférieure aux 15 % dont fait
mention le député de Ouplessis. Mais si c'est a 15 %,
j'espère que tout sera transféré au Québec si le
fédéral impose la taxe pour garder l'argent au Canada
plutôt que de le laisser aux Américains. Je ne sais pas à
quelle place Mme Saucier a pris ce partage, en disant: C'est 9 % au
Québec et 6 % à Ottawa, alors qu'elle est prête à
payer 9 %. Je ne le sais pas. J'ai répondu à votre question
à l'Assemblée nationale que ce n'était pas elle qui
faisait le partage des 15 % s'il y avait lieu de partager 15 %. Mais nous au
Québec, nous allons réclamer la totalité d'Ottawa si elle
va là.
M. Perron: Maintenant, M. le Président,
je veux bien comprendre que ce n'est pas Mme Saucier qui va faire la
répartition des 15 %. Je pense qu'il est parfaitement normal que le
ministre dise cela. Mais cela n'empêche pas que Mme Saucier, de la
façon dont elle est placée comme présidente d'un gros
système de production de bois ouvré au Québec, dont
à peu près 70 % ou 75 % se vendent sur le marché
américain, est en droit d'être inquiète avec ces fameux 15
% ou 9 % ou 6 %. Je présume que s'il y a éventuellement une
facture globale de 15 % sur le bois d'oeuvre qui est exporté aux
États-Unis, à ce moment, tout le monde espère que les 15 %
vont revenir dans les fonds consolidés du Québec.
Mais il y a une chose qui nous inquiète. Lorsqu'on dit que cela
va revenir - mettons que c'est 15 % - dans le fonds consolidé du
Québec, les inquiétudes que nous avons, c'est que l'ensemble des
15 % ne soit pas remis, par une décision du gouvernement dont vous
faites partie, directement dan9 les aménagements prévus à
l'intérieur du nouveau régime forestier. D'autre part, je
voudrais ici prendre la liberté de vous lire un article paru dans Le
Papetier, qui est sous la signature de M. André Duchesne,
ingénieur forestier, président et directeur
général, qui mentionne ceci: "Le dossier des exportations
canadiennes de bois d'oeuvre aux Etats-Unis a fait couler, jusqu'à
maintenant, plus d'encre que le projet de loi 150, la Loi sur les forêts,
déposé le 13 novembre dernier à l'Assemblée
nationale." M. le Président, je voudrais vous souligner que c'est
très récent. C'est le 4 décembre 1986, c'est-à-dire
il y a environ huit jours. M. Duchesne continuait: "II semble bien que la
stratégie du gouvernement du Québec soit de faire d'une pierre
deux coups. Une taxe à l'exportation du sciage canadien si elle remplace
les droits compensatoires américains a l'avantage de garder au Canada
des sommes que l'on peut en théorie affecter aux travaux sylvicoles. "Ce
serait un don du ciel puisque l'industrie québécoise du sciage
s'est déjà déclarée incapable de payer une part
significative des coûts du nouveau régime forestier. Il suffirait
que la taxe perçue par le Canada sur les sciages québécois
soit remise au Québec. Un tel raisonnement court deux lièvres
à la fois. Si l'industrie n'a pas les moyens d'absorber directement les
frais d'une sylviculture plus intensive, par quel coût de baguette
magique pourra-t-elle les absorber indirectement par le biais d'une taxe
à l'exportation? Pis encore, ne risque-telle pas de payer deux fois la
note, compte tenu de la ténacité notoire des Conseils du
trésor pour conserver les sommes qui leur passent entre les mains? "Plus
fondamentalement, ne cède-t-on pas là aux Américains notre
droit souverain à gérer nos ressources naturelles à notre
guise? Les richesses naturelles constituent, de leur nature même, des
avantages pour les pays qui jouissent de leur abondance dans leur territoire.
Faudrait-il priver de ces avantages naturels pour donner une chance à
nos voisins de compenser leur faible productivité et le jeu des taux de
change... Faut-il accepter les conclusions d'une détermination
préliminaire par l'International Trade Commission qui est
défectueuse dans les faits, dans la méthode utilisée et
dans sa logique même? Dans un tel dossier, une solution
négociée est souvent préférable, mais certains
principes ne peuvent faire l'objet de négociation. Nos
représentants gouvernementaux ont le devoir...
Le Président (M. Baril): M. le député de
Duplessis, pourriez-vous conclure, s'il vous plaît?
M. Perron: Je termine, M. le Président: "Nos
représentants gouvernementaux ont le devoir de faire les distinctions
qui s'imposent. La glace sur laquelle ils se sont engagés est
très mince, beaucoup trop mince pour s'y sentir en
sécurité."
Je termine une deuxième fois, M. le Président, à la
suite de l'invitation du ministre. Lorsqu'on voit les écrits que je
viens de lire, non seulement de M. Duchesne mais de Mme Saucier et de M.
Lacasse, on est en droit, nous de l'Opposition, de s'inquiéter au nom de
l'ensemble de l'industrie forestière du Québec.
Le Président (M- Baril): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je voudrais
signaler que l'industrie du sciage, au Québec, coupe 70 % environ du
bois. Évidemment, elle le transforme, elle vend son produit, elle vend
ses copeaux et elle vend le bois de sciage. Evidemment, si le fait d'instaurer
le régime forestier en tenant compte des sources d'approvisionnement, en
considérant que les copeaux et que le bois privé et le bois
public sont là pour assurer l'approvisionnement ou assurer les besoins
d'une usine de transformation, il n'est pas dit, M. le député,
que cette intervention ne se traduira pas par une augmentation du prix des
copeaux. Les copeaux seront utilisés et, comme c'est le cas la plupart
du temps tout de même, sauf occasionnellement, il ne devrait pas y avoir
de surplus. Lorsqu'il n'y a pas de surplus et que la demande et l'offre
correspondent à un niveau acceptable, généralement les
prix sont meilleurs.
Le Président (M. Baril): Je vais donner la parole au
député de La Peltrie.
M. Cannon: Je pense que... Une voix: De Laviolette.
Le Président (M. Baril): Non, c'est l'alternance. Le
ministre a droit à cinq minutes. Je me fie à l'article 246.
M. Jolivet: Oui.
M. Cannon: Je vais laisser aller le député
de...
M. Jolivet; Merci, M. le député. M. le
Président, la discussion sur cet article 60 est d'une importance
capitale dans la mesure où l'effet d'entraînement de la majoration
potentielle américaine demandée par l'International Trade
Commission, aux États-Unis, ce sont des effets non seulement sur le bois
d'oeuvre comme tel, mais aussi sur la suite logique des choses. Si les
compagnies de sciage qui vendent du bois doivent augmenter leurs coûts de
production, à ce moment-là elles vont devoir exiger quelque part
le coût de leurs résidus de sciage, de copeaux, qui vont
être vendus aux usines de pâtes et papiers qui, elles, vont avoir
aussi des effets d'entraînement.
Ce que je n'ai jamais compris - et le ministre vient de le confirmer
encore de façon précise - c'est qu'ils ont été
à la remorque d'une décision qui a été prise par le
premier ministre Vander Zalm de la Colombie britannique. Une discussion a eu
lieu au niveau fédéral, à la rencontre
fédérale-provinciale, à Victoria, en 1985 et des positions
avaient été demandées à chacune des provinces sur
différents sujets et pour lesquels on avait donné réponse.
On disait: Cela n'a pas de bon sens. En tout cas, je ne comprendrai jamais
comment il se fait qu'on se rende, dès le départ,
vulnérable -en s'accusant soi-même de quelque chose dont on
prétend ne pas avoir à s'accuser. C'est cela le problème.
Il y a quelqu'un qui gouverne une partie du contrôle de la vente du bois
d'oeuvre aux États-Unis. C'est Vander Zalm avec sa province. D'un autre
côté, il y a quelqu'un qui s'est tenu plus debout, en tout cas au
niveau fédéral, c'est le premier ministre de l'Ontario, M.
Peterson, qui a refusé d'entrer dans le jeu et il a été
considéré comme le mouton noir dans une décision qu'il
voulait unanime au fédéral et au provincial. On se souvient des
propos de M. Kelleher à l'époque qui disait: Acceptons cela, cela
va être moins pire que de se faire imposer de. Ils ont dit: Si on
l'accepte... Et là, le truc qu'ils ont, c'est une taxe à
l'exportation. (22 heures)
La taxe qu'on va mettre, qui met cela en vertu de la constitution? Ce
n'est pas nous, ce n'est pas le Québec, c'est le Canada. À partir
de cela, on va commencer à négocier pour avoir une partie du
montant qui va être compensée. Quand on dit cela, avec la
façon dont le ministre des Finances a réagi aujourd'hui au fait
que, même dans les sommes disponibles pour ce qu'on appelle
communément les redevances que le fédéral donne, les
ententes fiscales qui ne sont souvent pas des ententes, ce sont des
décisions par lois fédérales d'imposition aux provinces de
tel montant à être remboursé ou pas... Donc, les accords
fiscaux, quel beau mot, alors qu'on sait que ce sont des impositions fiscalesl
Ce ne sont pas des accords fiscaux.
Le ministre a réagi encore aujourd'hui. En montant à mon
bureau, à l'heure du souper, une intervention était
décrite dans les revues de radio - parce qu'on n'a pas de journaux
à l'heure actuelle, cela s'est produit dans la journée, cela
provenait des médias électroniques - nous informant que le
ministre des Finances avait réagi véhémentement à
une diminution des retours fiscaux fédéraux. Là, on vient
nous dire qu'on va être encore plus forts pour aller négocier
parce qu'on accepte de nous-mêmes de nous imposer une taxe. C'est cela,
dans le fond, qu'on fait. Qu'on vienne me dire que l'Association des
manufacturiers de bois de sciaqe, qui n'avait pas le choix, a accepté un
pourcentage de 5 % et qu'on lui donne 15 %, je vous dis qu'il y a quelque chose
qui ne va pas quelque part. Ce n'est pas vous qui dites cela. Je dis qu'il y a
du monde qui dit cela. Ce n'est pas vous, je le comprends.
Quelle était la position que le Québec pouvait avoir, que
le Québec aurait dû avoir quant à la majoration des droits
et à la réduction de la coupe permise à ce moment, qui a
été envoyée et qui était présentée au
fédéral? On prend la majoration des droits de coupe; une
majoration de 4 $ les 1000 pieds, mesure de planches, constitue une
augmentation - parce que, quand on parle au fédéral, il faut
parler selon ses mesures plutôt que selon les mesures du Québec en
mètres cubes pour s'assurer qu'on a la même correspondance - de 33
% des redevances moyennes payées par les industriels forestiers du
Québec et cela, c'est en 1985. L'impact de cette mesure aurait pour
effet de réduire de 40 % la marge brute de profit des entreprises, ce
qui semble excessif au départ au strict point de vue économique.
Pour un gouvernement qui se dit élu sur la valeur économique, il
y a quelque chose qui ne va pas quelque part.
Par ailleurs, si on parle du point de vue stratégique, il faut se
rappeler que, dans l'actuelle défense de la controverse relative au
commerce de bois d'oeuvre avec les États-Unis, le Québec,
à l'instar des autres provinces, a toujours insisté pour
démontrer que les droits de coupe tiennent compte de facteurs
économiques et de paramètres physiques tels que la valeur
marchande des bois sur pied, l'éloignement de la ressource, la
qualité des essences, etc.
Il me semble qu'une argumentation doit être tenue. Cela n'a pas de
bon sens qu'un
bois qui est pris dans une forêt au sud de l'Amérique, aux
États-Unis, qui a un droit de coupe basé sur l'affaire de la
vente à l'encan par rapport au nôtre au Québec qui est
basé sur des distances éloignées... Quand on prend un bois
de la Colombie britannique, on peut faire une quinzaine de deux - on va le dire
en anglais - un "bundle" de deux pieds par quatre pieds alors qu'on va en
prendre un seul dans une épinette au Québec. II y a quelque chose
qui, en termes de droit de coupe, est bien différent.
L'éloignement, la difficulté d'aller le chercher, les
difficultés de remettre en régénération l'ensemble
de la forêt, c'est bien différent de couper du bois, comme on a
vu, en Colombie britannique.
Donc, admettre que nous pouvons, dès le départ,
négocier des changements dans les droits de coupe sur la base de
négociation bilatérale viendrait carrément contredire
l'argumentation que nous avons jusqu'à maintenant soutenue auprès
des Américains en ce sens que nos droits de coupe sont établis
sur la base de réalités économiques. Cela a toujours
été la défense du Québec. C'est la défense
qui a été invoquée en 1983 et le juge aux
États-Unis nous a donné raison. Vous allez me dire: II y a un
changement qui s'est effectué en cours de route et ils ont
été faits plus loin, ils sont allés vérifier plus
profondément, ils ont regardé nos programmes de modernisation,
nos programmes de ci, nos programmes de cela, effectivement.
On disait à ce moment: Céder sur ce point minerait toute
la crédibilité de notre argumentation et concourrait à
valider le mythe qui est entretenu par nos partenaires américains en ce
sens que les droits de coupe peuvent varier sur la base de négociations
ou d'autres facteurs que ceux dictés par l'économie. Dans cette
perspective, le Québec ne peut souscrire à cette mesure à
cause du dangereux précédent qu'elle créerait.
C'étaient les textes qu'on envoyait au ministre
fédéral il n'y a pas plus longtemps qu'un an, un an et demi au
maximum. C'était la réponse à la rencontre de Victoria. Le
nouveau gouvernement qui a été élu en prétendant
qu'il créerait de l'emploi et qu'il possédait les moyens de
régler tous les problèmes économiques au Québec,
c'est le premier qui abandonne un point de vue économique pour aller sur
une base de négociation en disant: J'aime mieux m'accuser d'un tel
montant et m'assurer qu'ils n'en demanderont pas plus que de m'en faire imposer
un autre qui serait plus élevé. Au moment où vous avez dit
15 %, ils ont demandé 30 %. Votre problème, c'est que vous
êtes dans une inflation de négociations. Vous ne savez pas
où cela va se terminer, mais ce sera au détriment de nos
industries du Québec. Quand on sait qu'une augmentation aussi
substantielle mettra en péril la moitié des usines de sciage au
Québec et que l'autre moitié aura de la difficulté en
partie, je trouve que ce n'est pas une bonne décision. Il aurait
peut-être fallu, avec le premier ministre ontarien, décider
plutôt de maintenir la position et voir quelles seraient les
décisions futures.
L'argumentation qu'on nous apporte est celle-ci: On aime mieux que
l'argent reste au Québec ou au Canada plutôt qu'il s'en aille aux
États-Unis. On part du principe qu'on est perdant; on ne part pas du
principe qu'on va gagner ou qu'on va avoir l'argumentation pour gagner. On ne
parle pas de ce qu'on peut faire auprès des consommateurs
américains en leur disant: Demain matin, si le bois du Québec,
qui est un des meilleurs bois... celui de la Côte-Nord en particulier.
À la Scierie des Outardes, quand on est allé la visiter, c'est ce
qu'on nous a dit. C'est vrai, c'est la réalité. Le clou reste
dedans, il ne fait pas comme le bois du sud où il est plus difficile de
qarder un clou dans le bois.
Qu'arrive-t-il On dit: On vient de s'accuser du fait que, contrairement
à tout ce qu'on a dit depuis des années, nos droits de coupe ne
sont pas corrects. On vient de donner raison aux Américains, sans avoir
pris les moyens de convaincre la population américaine qu'on a raison,
comme il avait été prévu dans le plan. Il ne faut pas
oublier une chose - et l'argumentation se tient bien - il circule une rumeur
selon laquelle Reagan a troqué son droit de veto, compte tenu des
élections qui s'en venaient dans son milieu, en disant: Je ne donnerai
pas mon veto pour empêcher le droit compensatoire au Canada au sujet du
bois ouvré, mais je vous demanderai, en contrepartie, que vous me
donniez le droit d'envoyer des armes aux "contras" du Nicaragua. Faites
l'argumentation, vous verrez que les gens qui disent cela ne se trompent pas
beaucoup. Le président des États-Unis a un droit de veto qu'il
peut utiliser et il doit faire des choix quand il sait qu'il ne gagnera pas et
qu'il n'aura pas le dessus sur les deux Chambres américaines. Pour
l'avoir, il doit négocier lui aussi. Il a donc négocié des
choses.
Dans ce contexte, nous vivons présentement, au Québec et
au Canada, un marché de dupes. Au détriment de qui et pourquoi?
Au détriment des industriels du Québec, de nos ouvriers du
Québec, en pensant que, si l'argent était resté aux
États-Unis - une fois qu'on s'est accusé, il faut marcher avec la
décision qu'on a prise - aux États-Unis, à ce niveau, il y
a des gens qui veulent faire payer au Québec et au Canada ce qu'ils ont
mis en plan il y a une quarantaine d'années, pendant que, nous, nous
devons investir effectivement beaucoup d'argent pour remettre notre territoire
en production, qu'on a laissé aller depuis nombre d'années.
Qu'on
ne me parle pas des dix dernières années, on pourrait
parler des 40 ou 50 dernières années. Je ne parle pas de vous, je
parle de l'argumentation... Je dis: Ne me donnez pas les dix dernières
années comme argument, c'est l'ensemble québécois. J'ai
toujours dit qu'on avait une dette sociale à payer et qu'il faut la
payer. Les industries ont toujours dit: Si on nous avait forcées
à le faire, on l'aurait fait. On ne nous y a pas forcées, on ne
l'a pas fait. C'est une autre argumentation qu'on peut tenir.
Une chose est certaine, si au moins on savait que l'argent était
acquis au Québec pour justement diminuer la facture à être
payée par ceux qui devront, à leurs frais, comme il est
écrit à l'article 60, remettre le territoire en production,
peut-être qu'on discuterait autrement, mais on ne le sait pas, on n'est
pas sûr. Je pourrais prendre d'autres articles - je parlerai de l'article
64 tout à l'heure - parce que je ne suis même pas sûr
qu'à l'intérieur de l'unité d'aménagement si tu as
affaire à une industrie... Que le ministre s'engage dès
maintenant à mettre de l'argent, premièrement - on le dit, on le
répète - sur les plans de reboisement parce qu'on parle de 200
000 000 $ à 300 000 000 $; on commence à discuter de ces
choses-là. Le président du Conseil du trésor est
passé par là, lui.
Deuxièmement, quand on dit que, même là, il n'est
pas sûr que, dans les aires non régénérées,
le "backlog", le ministre fasse ce qui était prévu de faire. Des
compagnies s'inquiètent parce qu'elles disent: II n'y a pas que nous
autres qui devons faire, à nos frais, un effort soutenu. Il va falloir
que le gouvernement le fasse aussi, qu'on le sente, qu'on le voie. On ne le
sent pas là. Est-ce que le gouvernement va prendre cet argent justement
pour faire cela? Est-ce qu'il va le faire pour diminuer les 103 000 000 $ de
remise en production du territoire dont on parle pour ces industries? Est-ce
que c'est cela qu'il va faire? Ou bien, va-t-il l'utiliser pour combler
d'autres besoins à d'autres niveaux du gouvernement? Il n'y a rien qui
nous garantisse cela. On est inquiet dans l'industrie et on est inquiet comme
membres de l'Opposition.
On se dit: II y avait un plan qui était en marche. J'ai fait
quelques annotations en cours de route sur cette question. Le ministre a dit:
C'est un rêve, une balloune. Je me souviens qu'en commission
parlementaire, vous l'avez dit sur les 300 000 000 $. Cela m'a même
surpris que vous le disiez comme cela. Effectivement, ce n'était pas une
balloune. C'est un rêve qu'on pense réalisable, comme vous me
l'avez dit sur autre chose, au sujet de votre capacité de pouvoir mettre
en production de 0,87 mètre cube l'hectare à 1,23 mètre
cube par hectare. Possiblement, c'était envisageable, 3 mètres
cubes par hectare. C'est ce que vous avez dit. Moi, je dis que vous avez un
rêve, d'une part, que je partage, celui que la forêt produise plus
que ce qu'elle produit actuellement.
Deuxièmement, j'ai aussi un rêve que vous ne semblez pas
partager au complet, mais qui, je pense, est réalisable. C'est celui de
l'ensemble de la plantation. Rien ne garantit que vous allez maintenir le cap
des 300 000 000 de plants pour les années 1988-1989. Rien ne nous
garantit que vous allez mettre de l'argent dans les arbres non
régénérés; on reviendra à l'article 64
à ce sujet. Je pense que votre effort est aussi important comme
gouvernement que ce que vous demandez aux industries. Effort comparable, effort
équitable pour les deux. On ne sait pas ce que vous allez faire avec
l'argent que vous ne savez même pas si vous allez l'avoir. Au
départ, vous vous êtes accusé de telle faute que, moi, je
ne partage pas.
Dans la mesure où justement on s'en vient avec un plan qui est
proposé par vous maintenant qui, en principe, est celui qu'on proposait
et pour lequel nous sommes d'accord - en principe; sur les modalités, on
peut diverger - mais en principe, c'est-à-dire que tout arbre
coupé doit être remplacé par différentes
méthodes de coupe, différentes méthodes de récolte,
par différents travaux sylvicoles, par reboisement, si
nécessaire... Moi, je vous dis, M. le ministre, que je ne vous comprends
pas. Je ne nous comprends pas, comme ministre responsable, d'avoir
abdiqué, au profit d'une décision qui appartient à un
autre que vous dans le gouvernement, qui relève du commerce
extérieur, une de vos responsabilités qui est celle de
défendre à la fois votre plan, votre programme, qui est celui que
vous nous proposez maintenant par le projet de loi, et les industries que vous
représentez.
Là, je donne l'exemple typique. Je sais par les contacts que nous
avons que le ministre de l'Éducation a défendu au Conseil du
trésor, où il a perdu, puis au Conseil des ministres, son
programme d'enseignement professionnel qu'on vient d'annoncer publiquement. Le
ministre va faire une annonce publique pour dire qu'il a obtenu ses points. Il
a défendu ceux pour lesquels il est nommé. Je pense que vous
n'avez pas défendu, comme ministre, ce que vous devez défendre.
J'ai le droit de le dire et je le pense. Comment allez-vous, à partir de
cet article, garantir qu'un partage équitable sera fait maintenant
à l'intérieur de l'industrie? Sur le partage, la discussion a
toujours été la même. Les gens qui coupent la plus grande
partie du bois, dont une certaine quantité s'en va à l'usine de
pâte disent: Nous ne sommes pas prêts à payer l'ensemble de
la facture dans la mesure où des coûts doivent être
redistribués.
Quel est le moyen que vous allez
prendre pour convaincre l'ensemble- de l'industrie du partage
équitable des coûts? Est-ce que vous allez forcer un groupe
à le faire, seul, sans qu'il ait au moins votre support pour le
négocier avec l'autre? Donc, le sciage contre les pâtes. Est-ce
que vous allez dire: Ces gens, s'ils meurent, ils mourront et, finalement, on
aura plus de bois de disponible quelque part. Pendant ce temps, des "jobs"
seront perdues. Ce n'est pas ce que vous visez, j'en suis sûr mais c'est
ce qui risque d'arriver, si vous ne prenez pas vos responsabilités.
C'est ce qu'on veut vous dire. Nous croyons et nous voulons qu'il y ait un mode
de financement équitable. (22 h 15)
Vous nous avez dit que des négociations sont entreprises. On ne
sait pas encore où elles sont rendues. On sait cependant qu'elles n'ont
pas abouti. Comme elles n'ont pas abouti, vous avez une responsabilité
certaine auprès des industriels du sciage qui, eux, se posent de
sérieuses questions.
Quand je parle de ces gens, je parle surtout des gros parce que ce sont
eux qui vont sur le marché extérieur. Le petit qui fait un
commerce régional, qui fait un commerce local, lui peut s'en sortir plus
facilement, mais il reste quand même que ceux-là peuvent
être plus facilement jetés par terre. Quand l'économie va
mal au Québec, ce n'est pas la grosse industrie qui subit le premier
coup, c'est d'abord la petite et moyenne entreprise. Le jour où elle
tombe, elle est achetée par un autre et, là, cela commence
à grossir.
Je vous dis qu'il y a des problèmes majeurs et que si vous ne
trouvez pas une solution à ce partage des coûts, à ces
droits compensatoires, je ne donne pas cher de beaucoup d'industriels dans le
sciage. J'aurai l'occasion d'y revenir. Pour le moment le ministre veut
probablement dire ce qu'il pense de mon intervention.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Évidemment,
M. le député de Laviolette, tout comme M. le député
de Duplessis, l'intervention, l'enquête américaine
m'inquiète même si vous pensez que j'ai abdiqué. Au
contraire, on s'est uni pour essayer de trouver des solutions. On continue
encore à supporter l'industrie dans ses démarches pour combattre
les décisions ou l'enquête américaine. Soyez assurés
que nos efforts sont là, mais il reste que vous pouvez mesurer la force
des Américains autant que moi. En plus de cela, quand ils sont les
clients... Je ne dis pas cela pour les excuser, au contraire. Ce sont
peut-être des clients qui abusent de leur situation et de leur force pour
nous imposer des choses que je trouve injustes et qui ne relèvent pas de
leurs compétences. Surtout, c'est un empiétement sur notre
juridiction d'administrer les ressources naturelles.
Mais la menace est là. Je vous ai expliqué au début
comment il se fait que ce dossier avait tourné de cette façon
parce que la position adoptée était la même que l'an
passé, il y a un an et demi et, si un premier ministre est venu la
changer de cette façon, je vous prie de croire que ce n'est pas tout le
monde qui était heureux. De toute façon, à mon avis le mal
était fait. Les prix comparatifs... L'argument de la Colombie
britannique, avant la venue du premier ministre, c'était que les
Américains n'étaient pas efficaces, n'étaient pas
productifs, et c'était pour cette raison que les produits canadiens
pouvaient les concurrencer même sur leur terrain. Vous avez dû
entendre cet argument.
Je rends hommage à nos industriels qui sont efficaces ici au
Québec. Comme vous te mentionnez, il faut comparer des pommes avec des
pommes, n'est-ce pas? Lorsqu'on parle du bois américain qui est proche
des marchés, évidemment, sa valeur sur pied est plus importante
que la valeur du bois qui vient du nord de l'Abitibi à cause des
distances, à cause de la grosseur et tout cela. Ce sont là des
choses que nous savons et que vous savez. Il reste qu'à mon avis c'est
évident que l'industrie ne peut pas supporter les deux factures,
c'est-à-dire la facture du régime forestier et la facture des 15
%.
Le premier ministre a mentionné en Chambre que la facture des
droits de coupe ou des redevances - enfin, il l'a appelée comme cela -
était incluse dans les 15 %, s'il y avait 15 %. Mais on n'est pas rendu
là. C'est encore en négociation. Je souhaite qu'il n'y en ait
pas, mais, s'il y en a un, comme il l'a mentionné en Chambre, à
l'Assemblée nationale, c'est à l'intérieur des 15 %. Si
vous vous souvenez bien, il a dit que le pourcentaqe de 8 % était inclus
dans le pourcentage de 15 %. Même là, cela va faire mal à
l'industrie. Mais les Américains étant des clients, les clients
étant ce qu'ils sont, vous semblez dire qu'on n'a pas fait les efforts
dans ce dossier. Je vous dirai que j'ai participé, comme
ingénieur consultant, en 1983, à ce dossier, dans la firme
Darveau Grenier & Associés dont je faisais partie, et que j'ai
constate cette année au moins les mêmes efforts, sinon plus que
dans les années 1983. On a aussi mis à contribution au
Québec Royal Grenier qui a fait le même travail, les mêmes
efforts et même davantage qu'il a fait dans les années 1983.
Vue de l'extérieur, je comprends votre réaction, mais je
ne suis pas prêt à lancer la pierre et à dire que les
efforts n'ont pas été faits dans le dossier. Il y a eu un manque
d'unité à la suite de la décision de la Colombie
britannique qui nous a affaiblis grandement, non pas dans les
négociations,
mais dans notre attitude et dans les décisions qui avaient
été prises.
Maintenant, on continue, On déposera d'autres documents, d'autres
arguments pour faire retirer la plainte. C'est évident qu'on ira en cour
si jamais la décision ne nous est pas favorable. On ne perd pas notre
droit d'aller en cour, de se défendre devant le GATT ou devant les
tribunaux. Mais c'est une cause qui est longue à défendre et qui
sera dispendieuse. Si cela a coûté à l'industrie 5 000 000
$ ou 6 000 000 $ en 1983 pour défendre cette cause, cela en a
peut-être coûté 7 000 000 $ ou 8 000 000 $ cette
année et ce n'est pas fini.
M. Jolivet: M. le Président, je reviendrai après
lui.
Le Président (M. Baril): Oui. Merci, M. le ministre.
Alors, M. le député de La Peltrie.
M. Cannon: M. le Président, simplement pour résumer
un peu, c'est bien sûr que ce dossier est majeur pour le gouvernement du
Québec. Vous l'avez indiqué, 40 % de notre produit
intérieur brut est destiné aux exportations. De ce pourcentage,
évidemment, il y en a 75 % qui est destiné aux États-Unis.
C'est notre plus important partenaire commercial. La montée
protectionniste aux États-Unis a fait, évidemment, que les
Américains deviennent de plus en plus inquiets. Cela se traduit, bien
sûr, et vous l'avez mentionné, par une baisse de la
productivité des États-Unis, notamment dans le secteur de l'acier
et des industries de base.
Vous avez aussi mentionné que le déficit commercial
américain contribuait très largement au facteur des mesures
protectionnistes. Cependant, je tiens simplement à vous souligner que,
comme le ministre vient de le mentionner, nous n'acceptons absolument pas la
décision américaine. C'est une décision qui ne nous
plaît pas, mais pas du tout. D'ailleurs, tout à l'heure, j'ai
noté dans vos remarques, M. le député, que vous aviez
parlé de 1983. Vous avez dit qu'en 1983 il y a eu une enquête
semblable qui avait été menée contre le gouvernement
canadien et -évidemment, en conséquence - contre le gouvernement
québécois. Nous étions accusés à ce moment
des mêmes choses pour lesquelles nous sommes accusés
aujourd'hui.
Par contre, si vous relevez la décision qui a été
rendue, il est important de reconnaître que le gouvernement du
Québec et le gouvernement canadien avaient été
trouvés coupables. Cependant, puisque le taux de droit compensatoire
était inférieur à un taux acceptable, c'était donc
considéré comme marginal. Je pense que cela doit être dit.
Les Américains, déjà, en 1983, nous avaient trouvés
coupables de ces gestes.
Ce que je dirai simplement au député, M. le
Président, et je pense que c'est le député de Duplessis,
en relisant un article, c'est que la méthode de calcul a
été modifiée. La méthode de calcul
américaine a été modifiée pour englober davantage
d'autres activités à l'intérieur de cette industrie, de
sorte que les.droits qui avaient été demandés par la
United States Coalition for Fair Lumber Practices et, qui étaient de 36
% ont été réduits à un pourcentage de 15,4 % ou
15,5 %.
Des efforts sont déployés par le gouvernement du
Québec. La négociation est entamée. Comme je vous l'ai
mentionné, nous n'acceptons pas cette décision, loin de
là. Nous allons poursuivre. Les options, le ministre les a
résumées, c'est de négocier en tête à
tête, c'est d'avoir des recours devant les tribunaux en vertu des accords
du GATT ou avoir carrément des recours devant les tribunaux. Dans les
deux cas, ce sont des mesures extrêmement dispendieuses et ce sont
évidemment des mesures qui ne répondront pas immédiatement
à notre préoccupation, étant donné la longueur de
temps sur laquelle ces dossiers peuvent se régler.
Le gouvernement du Parti libéral, notre gouvernement, n'a pas du
tout l'intention de s'asseoir. Le gouvernement n'a pas du tout l'intention non
plus de dire: Nous sommes au banc des accusés. Nous ne l'acceptons pas
et nous ne sommes pas accusés dans ce dossier. Nous allons le
défendre avec tous les moyens possibles.
En conclusion, je pense que le ministre l'a indiqué, les
démarches se poursuivent avec les autorités du gouvernement
fédéral afin que nous puissions en arriver à une entente
avec les autorités américaines sur ce dossier. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): Merci. M. le député
de Laviolette, il vous reste deux minutes et demie.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. C'est pour cela que je
m'étais gardé un droit de parole. C'était d'abord pour
essayer de comprendre ce que le député de La Peltrie vient de
dire. Je sais pertinemment qu'en 1983 il n'y a pas eu les résultats
qu'on connaît actuellement. Le résultat, c'est qu'on n'a jamais
été obligé de payer quoique ce soit en matière de
droit compensatoire. Que le député indique que nous avons
été trouvés coupables, mais moins que ce que
prévoyait la différence entre les deux de telle sorte que,
finalement, on n'a rien payé; le résultat global, c'est qu'on n'a
rien payé. Bon. C'est là la première chose. La
décision a été... Pardon?
M. Cannon: Vous dites que vous ne
comprenez pas.
M. Jolivet: Non, non. Deuxièmement, en 1983, avec "toutes
les difficultés qu'on avait, on a fait la preuve et finalement on n'a
pas été obligé de payer ce droit compensatoire. Ce que je
ne comprends pas, c'est que le député nous dise aujourd'hui
qu'ils font tous les efforts et qu'ils veulent contrer cela par tous les moyens
possibles. Mais il me semble qu'il oublie une chose importante, c'est que
dès le départ on s'est accusé d'un minimum de 15 % ou d'un
maximum. Cela dépendra du résultat total. Qu'on le veuille ou
non, c'est cela la décision.
Pour pouvoir continuer à discuter davantage de ce point et
s'assurer que les industries ne seront pas obligées de payer ces droits
et " que le gouvernement prendra tous les moyens qui s'imposent, j'ai un
amendement à proposer à l'article et qui se lit de la
façon suivante - on vous en remettra une copie: Que l'étude de
l'article 60 du projet de loi 150 soit suspendue jusqu'à ce que
l'International Trade Commission ait rendu sa décision définitive
sur le droit compensatoire sur le bois d'oeuvre.
Le Président (M. Baril): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Cannon: Jusqu'à la décision de qui, M. le
député?
Une voix: Vous en avez une copie.
M. Cannon: Non, non, je n'ai pas de copie.
Le Président (M. Baril): Ce n'est pas un amendement pour
le "record". C'est une motion de suspension.
M. Jolivet: J'ai une motion et vous pouvez l'appeler comme cela,
M. le Président, mais toute motion est débattable.
Le Président (M. Baril): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Jolivet: Oui, oui.
Le Président (M. Baril): Parce qu'il y a une condition que
vous mettez ici dans votre motion. On me dit que je dois... Un instant, s'il
vous plaît!
Alors, nous allons suspendre quelques minutes. Il faut aller
vérifier parce que...
M. Jolivet: Avant de suspendre, M. le Président, je
pourrais parler de sa recevabilité, si vous voulez. Ce serait plus
simple, pour vous aider.
Le Président (M. Baril): C'est cela.
(22 h 30)
M. Jolivet: M. le Président, le but est bien
évident. C'est qu'il y a une décision qui doit être rendue
le 13 février 1987 et cette décision pourrait être
retardée pour quelque raison que ce soit. Donc, je n'ai pas voulu mettre
la date du 13 février 1987 dans la mesure où nous voulons qu'une
décision soit prise sur l'article 60 en connaissance de cause, en
connaissant tout ce que les gens auront payé en frais additionnels. Dans
ce contexte, nous croyons que l'amendement qui est proposé... En fait,
ce n'est pas un amendement, c'est une motion de suspension. Il n'y a personne
qui peut m'empêcher de vous proposer une motion de suspension. La
suspension doit durer. Je pourrais dire: Suspension pour cinq minutes, comme
tout à l'heure vous allez probablement me dire: Suspension à
loisir, pour vous permettre de prendre le temps qu'il faut pour examiner cela
de telle sorte que vous avez une motion et j'aurais pu vous dire: M. le
Président, suspendez à loisir, suspendez pour une demi-heure,
suspendez pour dix heures pour prendre la décision ou suspendez
jusqu'à lundi matin et on reviendra avec cela.
Donc, ce que je vous demande, c'est de bien regarder. La motion est une
motion qui a pour but de suspendre l'étude de l'article jusqu'à
ce qu'une décision soit prise. C'est évident que la
conséquence de cela, si l'article n'est pas adopté, le projet de
loi n'est pas adopté tant et aussi longtemps que tous les articles ne
sont pas adoptés. Cela fait partie de la proposition que nous faisons et
il sera loisible au gouvernement, une fois qu'on aura discuté de
l'ensemble, de la refuser. S'il veut la refuser, il sera libre de le faire au
moment d'un vote quand nos droits de parole seront épuisés. S'il
veut la maintenir, il a juste à dire: Maintenant, on suspend et on s'en
va chez nous, et ce serait terminé.
Cependant, j'ai bien l'impression que ce n'est pas ce qu'ils veulent et,
en conséquence, ils vont argumenter à savoir pourquoi on ne doit
pas faire ces choses. Nous aurons pris le temps qu'il faudra pour bien examiner
l'ensemble de la question et on croit, à ce moment, que la
décision qui sera prise sera de la majorité.
M. Cannon: Sur la question de règlement,
d'admissiblité ou de...
M. Jolivet: De recevabilité.
M. Cannon: Merci, M. le député. J'aimerais que vous
puissiez prendre en considération, M. le Président, le fait
suivant, et je pense que M. le député l'a indiqué: Ce
n'est pas une motion de suspension comme les autres. Effectivement, si nous
suspendons l'article 60 en attendant une décision qui doit être
rendue le 13
février, cela met en péril même l'ensemble du projet
de loi. Donc, tous les articles sont suspendus par le fait même. Je ne
suis pas un expert dans la législation et la jurisprudence; toutefois,
je vous dirai qu'il me semble que cela m'apparaît tout à fait
inacceptable qu'on puisse accepter cette motion de suspension. Autrement, vous
voyez, chacun des articles d'un projet de loi pourrait être mis en
péril ou suspendu advenant le cas qu'une motion semblable soit
présentée. Je crois qu'on est en train de créer un
précédent très dangereux.
Le Président (M. Baril): Sur la recevabilité, le
docteur, en foresterie, M. le député de Dupiessis,
M. Perron: M. le Président, je vous remercie du titre de
docteur que vous venez de me donner. Je vais vous dire une chose. Je ne serai
peut-être jamais docteur en foresterie, mais je vais connaître
quelque chose en foresterie après le projet de loi 150.
M. le Président, je voudrais intervenir sur la
recevabilité et je ne donne pas raison du tout au député
de La Peltrie lorsqu'il dit que cela met en danger le projet de loi 150. Je
voudrais vous demander de vous reporter à l'article 228 du projet de loi
qui pourrait être amendé éventuellement pour appliquer
l'article 113 de l'avant-projet de loi et inclure l'article 60 qui pourrait
entrer en vigueur sur proclamation du gouvernement par décret.
Donc, cela ne met pas... Regardez, je Us l'article 228: "La
présente loi entre en vigueur le 1er avril 1987". Compte tenu du
problème que nous avons actuellement face à l'article 60,
regardons l'article 113 de l'avant-projet du ministre qui se lit comme suit:
"La présente loi entrera en vigueur à la date fixée par
décret du gouvernement, sauf les dispositions exclues par décret
qui entreront en vigueur aux dates ultérieures fixées par
décret du gouvernement."
Je voudrais que le ministre consulte ses juristes pour voir s'il n'y
aurait pas une possibilité, compte tenu que l'article 60 dépend
énormément de la décision américaine, des
négociations entre le fédéral et le Québec se
rapportant à la question des 15 %, je pense qu'à ce moment cela
pourrait effectivement... Peut-être que l'article 113 pourrait être
réaménagé pour le rendre conforme. Il dirait... Je ne veux
pas m'avancer trop parce que ce n'est pas moi qui suis ministre
délégué, c'est le député de
Rivière-du-Loup.
Le Président (M. Baril): Alors, les travaux sont...
M. Jolivet: Non. Si on ne veut pas prendre le droit de parole, je
vais répliquer à deux choses du député de La
Peltrie. Je lui dirai que c'est une motion de suspension pareille aux autres.
Une motion de suspension, il ne peut pas y en avoir 46. Ce sont les effets de
la motion qui sont différents. Quand il dit que cela ferait en sorte
qu'on n'étudierait pas les autres articles, je m'excuse, on a fait
plusieurs motions de suspension depuis le début des travaux et,
effectivement, on a continué à étudier les autres. Ce
n'est pas parce qu'on a une motion de suspension qu'on ne peut pas
étudier les autres. Tout ce que je dis, c'est que, si le ministre, juge
que c'est mieux d'arrêter, on arrêtera, mais je vous dis que j'ai
voulu lui indiquer qu'à ce moment-là on est prêt à
étudier tous les autres articles.
Effectivement, il y a des articles d'un projet de loi qui peuvent entrer
en vigueur à la date fixée dans le projet de loi et il arrive
souvent dans les projets de loi que d'autres articles... Je comprends que le
député de La Peltrie n'est pas dans cette Assemblée depuis
fort longtemps; donc, il apprend comme tout le monde. Il arrive souvent dans un
projet de loi qu'il y ait des mesures transitoires où l'on indique que
tous les articles du projet de loi entrent en vigueur, sauf quelques-uns.
L'exemple typique, c'est la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. Parce qu'il y avait des choses à
mettre en place pour s'assurer que la transition se fasse normalement, la
mesure transitoire prévoyait que tous les articles, sauf ceux qu'on
nommait, n'entraient en vigueur que sur proclamation du lieutenant-gouverneur
en conseil.
M. le Président, vous pouvez suspendre en attendant.
Le Président (M. Baril): Est-ce que quelqu'un voudrait
parler sur... On peut continuer tant que...
M. Jolivet: Non, je pense que vous pouvez...
M. Perron: Je vais juste...
Le Président (M. Baril): M. le député de
Dupiessis.
M. Perron: Je ne voudrais pas induire les membres de la
commission en erreur, mais il arrive parfois que, dans Pavant-dernier article
d'un projet de loi, on mentionne que certains articles portant les
numéros 65, 72, 94 et 109 seront mis en vigueur par proclamation du
gouvernement, soit par décret. Le dernier article dit: Le reste de la
loi entre en vigueur telle date. Je crois que ce serait une possibilité
pour le gouvernement de se protéger dans ce sens et d'entreprendre,
jusqu'à ce que cet article soit proclamé, la négociation
avec les parties et de bûcher fort sur le fédéral,
bûcher fort
pour faire qu'il y ait des négociations réelles entre les
industries et le gouvernement pour en venir à un projet global quant aux
coûts et à leur répartition.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Juste une remarque
au député de Duplessis. C'est la base même de la loi. Quand
on dit: "Les traitements sylvicoles nécessaires pour atteindre le
rendement annuel qui y est fixé", c'est toute la loi qui est en jeu. On
va le débattre. Il y a eu une motion de report en Chambre - ne
recommencez pas le débat - qu'on a débattue, et pour les
mêmes raisons; cela incluait cette raison.
Le Président (M. Baril): M. le député de La
Peltrie.
M. Cannon: On m'indique que, pour pouvoir présenter une
motion de suspension, on doit avoir le consentement unanime des membres de la
commission.
M. Jolivet: Le règlement dit que toute motion est
recevable si le président le décide et une motion de suspension
est une motion recevable, à mon avis, et je ne vois pas pourquoi cela
prendrait l'unanimité pour suspendre un article. Souvent, pour
éviter des discussions, on fait une motion de suspension et on dit:
Est-ce qu'on s'entend? La preuve, c'est qu'on l'a fait aujourd'hui. Le ministre
a présenté un amendement qui faisait notre affaire, on a
même retiré le nôtre pour remettre le sien. C'est normal.
Une motion de suspension, selon quel principe cela ne pourrait-il pas
être une motion discutable? Voyons donc! Cela n'a pas d'allure de nous
dire que cela prend l'unanimité.
M. Perron: On ne vous demande pas la suspension des débats
de la commission et de l'Assemblée nationale...
M. Jolivet: On demande que l'étude...
M. Perron: ...on demande la suspension de l'article.
M. Jolivet: Attention, là! J'ai demandé que
l'étude de l'article 60 du projet de loi soit suspendue. Pendant qu'on
le suspend, on discute d'autre chose et on pourrait se dire: On va le
suspendre, laissons jusqu'à lundi le soin au ministre de regarder cela
et peut-être qu'il va revenir, comme il l'a fait aujourd'hui, avec une
autre possibilité qui nous satisfera. Je pense qu'il a le temps de
réfléchir pendant toute la fin de semaine. Selon quel principe
cela prendrait-il l'unanimité? Jamais je ne me ferai mettre le
bâillon de même sur cette affaire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député de Laviolette, continuez à lire: "...ait rendu sa
décision définitive sur le droit compensatoire sur le bois
d'oeuvre." Ce n'est pas pour quelques minutes là.
Une voix: Ce n'est pas jusqu'à lundi.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ah non, ce n'est
pas lundi comme vous avez dit là.
M. Jolivet: Écoutez, M. le ministre, vous entrez sur le
fond, je ne veux pas que vous entriez sur le fond, je veux juste savoir si la
motion est recevable. On la discutera ensuite. Si vous voulez la battre, vous
la battrez.
Le Président (M. Baril): Un instant, s'il vous
plaît! Avant de rendre ma décision je vais permettre une
intervention de chaque côté. Une dernière.
M. Cannon: Si vous me permettez, M. le Président.
L'amendement qui est introduit ici par le député est un
amendement de suspension, et tout amendement nécessite, bien sûr,
le consentement unanime. En vertu de l'article 197, on indique ici que les
amendements doivent concerner le même sujet que la motion et ne peuvent
aller à l'encontre de son principe. Ils ne visent qu'à
retrancher, à ajouter ou à remplacer des mots. Et ce que le
député a présenté ici, c'est effectivement un
amendement et, à sa face même, un amendement de suspension n'est
pas recevable.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Je dois vous rappeler, M. le Président, qu'il
est coutume en commission parlementaire de présenter souvent des motions
de suspension pour permettre un temps de réflexion. Ce temps de
réflexion que nous proposons, c'est que le ministre le regarde
attentivement. S'il veut nous dire qu'il est prêt à suspendre pour
qu'on puisse regarder cela jusqu'à lundi et qu'on revienne lundi, libre
au ministre de nous le proposer, et cela ne nous portera pas ombrage. Mais je
vous dis simplement que nous avons des choses à dire sur cet article.
Nous avons une motion devant nous. Vous avez maintenant à décider
si elle est recevable ou pas. Alors, vous pouvez suspendre à loisir, le
temps de prendre une décision basée sur la jurisprudence que nous
possédons.
Le Président (M. Baril): Alors, je vous remercie et nous
suspendons pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 43)
(Reprise à 22 h 54)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Si vous voulez prendre place, le président est prêt
à rendre une décision après m'être
consulté... Pas tout à fait, excusez! Alors, je vais la lire.
Excusez mon inexpérience. Plutôt que de la dire par coeur j'aime
mieux la lire pour être certain que je rende bien justice à tout
le monde.
Cette motion est irrecevable car elle va à l'encontre de l'ordre
de l'Assemblée nationale qui est de procéder à
l'étude, article par article, du projet de loi 150. De plus, on ne peut
pas soumettre l'exécution des travaux de la commission à une
décision d'un organisme extérieur à l'Assemblée
nationale.
M. Jolivet: M. le Président, je ne veux pas contester
votre décision, mais j'aurais à faire amende honorable. Je peux
vous dire que le député de La Peltrie m'a ébranlé
dans sa deuxième intervention; je veux lui rendre hommage.
Le Président (M. Baril): Alors, je vous remercie.
Une voix: Non, ce n'est pas cela. Une voix: Je l'accepte
en attendant.
Le Président (M. Baril): Alors, M. le député
de Laviolette, il vous reste trente secondes.
M. Jolivet: Je ne les prendrai pas.
Le Président (M. Baril): Alors, on vous remercie.
M. Jolivet: ...de les prendre. On aura la chance d'y revenir, on
reviendra sur cela.
Le Président (M. Baril): Alors, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'ai rien
à dire.
Le Président (M. Baril): Alors, est-ce que l'article 60,
tel qu'amendé, est adopté?
M. Perron: Tel qu'amendé?
Le Président (M. Baril): On a eu un amendement tout
à l'heure. Remplacer, à la quatrième ligne de l'article
60, le mot "fixé" - est-ce cela? - par le mot "prévu".
D'accord?
M. Perron: D'accord. Alors, M. le Président, c'est
adopté, sur division.
Le Président (M. Baril): C'est adopté.
M. Perron: Sur division.
Le Président (M. Baril): Sur division.
M. Perron: On ne veut pas se rendre garant...
Le Président (M. Baril): Alors, Particle 60 est
adopté sur division et nous procédons maintenant à
l'étude de l'article 61, M. le ministre.
M. Perron: Juste avant que le ministre n'intervienne sur
l'article 61, j'ajoute que c'est parce qu'on ne voulait pas se rendre garant
d'une décision du gouvernement se rapportant à l'article 60.
C'est la raison pour laquelle on veut l'adopter sur division.
M. Cannon: Est-ce qu'on peut poursuivre avec l'article 61? On a
compris tout à l'heure les arquments qui ont été
évoqués par le député de Duplessis,
Le Président (M. Baril): M. le ministre, à
l'article 61, s'il vous plaît!
M. Côté (Rivière-du-Loup): "Si le
bénéficiaire ne réalise pas au cours d'une année
les traitements sylvicoles prévus au plan annuel, il doit les
réaliser au cours de l'année suivante en plus de ceux qui sont
requis pour cette année. "A défaut par le
bénéficiaire de réaliser ces traitements, le ministre les
réalise aux frais de ce dernier."
Je pense que l'article est assez clair, il n'a pas besoin
d'explications.
M. Perron: M. le Président, lorsqu'on regarde l'article
61, ne serait-il pas normal que, si le recouvrement des coûts est
insuffisant, une procédure de pénalité soit prévue
afin de dissuader les utilisateurs de laisser le ministère de
l'Énergie et des Ressources faire les travaux qu'ils jugent
inappropriés ou trop onéreux?
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Est-ce que c'est
un amendement?
M. Perron: Non, je n'ai pas proposé d'amendement, je pose
une question au ministre. Si le recouvrement des coûts est insuffisant,
n'y aurait-il pas lieu d'avoir une procédure de pénalité
qui devrait être prévue afin de dissuader les utilisateurs de
laisser le ministère de l'Énergie et des Ressources faire des
travaux qu'ils jugent inappropriés ou trop onéreux?
En parlant de juger, ce sont les utilisateurs qui pourraient juger les
travaux inappropriés ou trop onéreux et, à ce
moment-là, la balle serait lancée au ministère de
l'Énergie et des Ressources et le ministre de ce ministère
lancerait la balle au ministre délégué aux
Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, si le
bénéficiaire ne fait pas les travaux, il y a des raisons, c'est
qu'il ne respectera pas le plan d'aménagement, le plan d'interventions,
le plan quinquennal, le plan annuel qu'il nous aura soumis et qui aura
été adopté. Les travaux qui seront faits sont ceux qu'il
aura proposés. Et, s'il ne les fait pas, ce sera peut-être pour
des raisons financières et, si le député veut proposer une
pénalité en plus, je ne sais pas comment il va s'en sortir. Il ne
pourra certainement pas payer les deux.
Ce sont les travaux proposés dans son plan et, s'il juge que te
ministère n'est pas assez efficace ou moins efficace que lui, il n'aura
qu'à faire ses travaux. Il y a l'article 80, s'il ne les fait pas, le
contrat est résilié de plein droit.
Une voix: S'il ne veut pas rembourser ce que vous avez...
M. Côté (Rivière-du-Loup): La
pénalité est là, M. le député.
M. Jolivet: En vertu de l'article 79, le contrat est
résilié s'il refuse de payer. Des délais seront
sûrement accordés. Le ministre ne fera pas cela du jour au
lendemain pour le simple plaisir de le faire. Il le fera après plusieurs
demandes répétées, comme c'est prévu. Il y a des
gens qui ne voudront pas faire les travaux et vous prévoyez des
procédures aux articles 79 et 80. Dans le cas où le
ministère fera des travaux qui pourraient devenir inappropriés,
c'est-à-dire que ce ne seraient pas les bons travaux quant aux plans
prévus en vertu des articles précédents,
c'est-à-dire le plan annuel d'intervention... À ce
moment-là, ces personnes seraient obligées, par certaines formes
de pénalité qui enlèveraient l'idée même de
passer outre à l'obligation de faire les travaux... Vous dites que la
pénalité ultime, c'est la résiliation du contrat.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a beaucoup de
délais dans tout cela avant d'en arriver là. Regardez l'article
61: "Si le bénéficiaire ne réalise pas au cours d'une
année les traitements sylvicoles prévus au plan annuel, il doit
les réaliser au cours de Tannée suivante en plus de ceux qui sont
requis pour cette année. "A défaut par le
bénéficiaire de réaliser ces traitements, le ministre les
réalise aux frais de ce dernier."
Mais, là, il y a une année de passée. Les travaux
vont se réaliser l'année suivante. À l'article 78, on dit:
"Si le bénéficiaire fait défaut de se conformer à
ses obligations contractuelles ou aux normes d'intervention forestière
applicables dans son unité d'aménagement ou d'acquitter les
droits exigibles, le ministre peut le mettre en demeure d'y remédier
dans le délai qu'il fixe,"
M. Jolivet: Oui, oui.
M. Perron: À quel article?
M. Jolivet: À l'article 78.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II sera
amendé dans ce sens.
M. Perron: Ahl D'accord. Fin fait, des amendements aux articles
78 à 80 sont prévus par le ministre.
M. Jolivet: II n'y a pas une prévention
préliminaire. On l'oblige à faire tels travaux en vertu du plan
d'intervention annuel qui est déposé sur le plan quinquennal
à venir. S'il ne le fait pas, on lui donne un délai d'un an.
Après ce délai, commencent à courir les obligations,
c'est-à-dire que le ministre peut le faire dans l'année qui suit
le contrat. C'est-à-dire qu'en 1987 il aurait dû faire telle
chose. On s'aperçoit qu'il ne l'a pas fait en 1987 et, comme on lui a
donné des objectifs pour les cinq prochaines années dans son plan
quinquennal, on lui dit: Ecoutez, si vous ne le faites pas dans l'année
qui vient, l'an prochain, si on le fait, ce sera à vos frais.
Il ne s'agissait pas de vouloir aller plus loin, c'était de
savoir s'il y avait moyen de prévoir une sorte de pénalité
immédiate plutôt que d'y aller à la fin, par la
résiliation du contrat, et de mettre en péril le plan quinquennal
lui-même. Vous dites non. Vous dites que la pénalité, c'est
que le ministère le fera et qu'il paiera en conséquence.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On va
réaliser, M. le député de Laviolette, les travaux qu'il
aura lui-même indiqués dans son plan. C'est cela qu'on aura
accepté. Évidemment, s'il ne les réalise pas au cours de
l'année, il va s'apercevoir durant l'année qu'il ne les fait pas
et nous allons nous en apercevoir aussi.
M. Jolivet: En fait, c'est à l'usage qu'on verra, car,
dans le fond, on ne sait pas ce qui va se produire dans une industrie qui
ne le fera pas. Le ministère devra prévoir de9 fonds pour
le faire, car il devra le payer à un moment donné. Il faut que
quelqu'un paie. Si le ministère le paie, il ira recouvrer cela comme
étant un dû à être recouvré.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. J'aimerais
ajouter que cela donne l'occasion au bénéficiaire de proposer les
interventions qui lui conviennent le mieux pour atteindre les objectifs qui
seront fixés. Quand on parle de la liberté du choix des
interventions, on lui donne l'occasion de le faire.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Disons qu'en rapport
avec l'article 61 nous maintenons notre crainte, mais on ne fera pas un plat
avec cet article à cause de notre crainte, c'est sûr et certain.
J'aurais juste une question à poser au ministre. Au deuxième
alinéa, il est écrit: "À défaut par le
bénéficiaire de réaliser ces traitements, le ministre les
réalise aux frais de ce dernier". Est-ce que le ministre entend par
là qu'il peut donner un mandat à la société REXFOR
ou encore à toute autre compagnie, soit par soumission, par
négociation, appel d'offres public ou autres modes de...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Tout cela, M. le
député, parce que le ministre demeure responsable, même
s'il y a un conflit, de la réalisation par un autre.
M. Jolivet: En fait, la façon la plus rapide de le faire,
c'est de le confier à REXFOR, à une coopérative ou
à une société d'aménagement, dans la mesure
où le ministre le réalise à peu près dans les
coûts fixés par le plan prévu. En fait, il faut le faire
rapidement; si on va en appel d'offres, on risque de ne pas le faire, parce
qu'il y a des dates précises où on doit faire certaines
interventions en forêt.
M, Côté (Rivière-du-Loup): Mais cela ne lie
pas le ministre aux coûts fixés ou aux coûts prévus
du bénéficiaire.
M. Jolivet: . C'est ce qu'on pense, il essaie d'entrer dans les
coûts, mais cela ne veut pas dire que ce sont nécessairement ces
coûts, parce qu'il peut le faire à meilleur marché, donc,
il est mieux de le faire avant de le faire faire.
Le Président (M. Baril): Est-ce que je comprends... Est-ce
que vous avez autre chose?
M. Perron: Non, adopté, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Alors, je comprends que l'article
61 est adopté?
M. Perron: Oui, adopté.
Le Président (M. Baril): Adopté. Alors, M. le
ministre, l'article 62, s'il vous plaît!
M. Côté (Rivière-du-Loup): "Le
béné-ciaire peut réaliser à ses frais des
traitements sylvicoles supplémentaires en vue de dépasser le
rendement annuel fixé au contrat pourvu que ces traitements soient
décrits dans le plan quinquennal approuvé par le ministre."
M. Perron: M. le Président, juste une question. Lorsqu'on
reqarde l'avant-projet de loi sur les forêts, on remarque que
c'était, à ce moment, l'article 37 et que l'article 62 que nous
avons dans le projet de loi 150 ne retient pas le deuxième paragraphe de
l'ancien article 37 de l'avant-projet de loi. La compréhension que j'en
ai, c'est que cette deuxième partie serait, en fait, en relation avec
l'article 72 que nous allons discuter plus tard.
Le Président (M. Baril): Est-ce que c'est clair, M. le
député de Duplessis?
M. Perron: C'est la seule question que j'ai à poser sur
cela.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Est-ce qu'il y a une réponse? J'attends la
réponse.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas une
question, c'est une affirmation, en relation avec l'article 72.
M. Perron: Oui, mais est-ce que le ministre serait d'accord avec
moi sur cela? C'est cela que je veux savoir.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, il est en
relation avec l'article 72, on dit...
M. Perron: En relation directe, je parle.
M. Jolivet: Certainement pas indirecte. J'ai une première
question. M. le Président, sans le dire, premièrement, je pense
qu'il ne faut pas oublier l'amendement de concordance: "fixé" est
remplacé par "prévu"; deuxièmement, j'aimerais savoir du
ministre ce qu'il entend par les mots "traitements sylvicoles". "Le
bénéficiaire peut réaliser à ses frais des
traitements sylvicoles supplémentaires..." Quels sont dans son esprit
les traitements qui pourraient être potentiels?
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a une foule
de traitements sylvicoles, puis ce sont des traitements sylvicoles additionnels
qui sont prévus...
M. Jolivet: Herbe à puces?
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...pour atteindre
l'objectif fixé ou prévu. Vous pouvez avoir des... Si vous voulez
me dire ceux qui vont être fixés, on pourrait peut-être vous
parler des autres, parce que... C'est cela.
M. Jolivet: Ce que vous voulez dire, c'est celui que
prévoira l'individu, le bénéficiaire, comme on
l'appelle.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour atteindre les
objectifs.
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais s'il en fait
plus...
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...cela va
inclure, évidemment, ceux qui étaient fixés.
M. Jolivet: Donc, cela veut dire qu'à partir du moment
où le contrat prévoit...
M. Côté (Rivière-du-Loup): II peut faire des
coupes d'éclaircie en supplémentaire, des coupes de
fertilisation; il peut faire du drainage, il peut faire tout cela pour
dépasser l'objectif fixé du reboisement, faire attention à
ses coupes, peut-être utiliser les chevaux dont vous avez parlé
pour protéger la régénération naturelle, et tout
cela. Si cela donne des résultats supérieurs, bien coudoni
M. Jolivet: Je tiens pour acquis le fait que vous dites: On veut
donner une plus grande autonomie à nos usines dans la façon dont
elles vont faire les traitements, les travaux et la reproduction qui
s'imposent. Â partir du moment où vous avez dit cela, vous allez,
annuellement, déposer le plan d'intervention qu'elles vont faire, qui va
préciser la sorte de traitement qu'elles vont faire, en accord avec le
plan quinquennal que le ministère va accepter dans le contrat
d'aménagement et d'approvisionnement forestier. Une fois que l'on sait
cela, c'est supplémentaire à ce que...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
supplémentaire aux objectifs fixés.
M. Jolivet: D'accord. Donc, si vous me dites que c'est
supplémentaire aux objectifs fixés, c'est supplémentaire
à ce que l'on va annuellement considérer comme étant les
travaux qui doivent être faits pour assurer la pérennité du
bois nécessaire à l'usine comme telle.
M. Côté (Rïvière-du-Loup): Supposons
qu'il y a une forêt qui s'y prête - cela prend une forêt qui
s'y prête - et que l'usine fait des coupes d'éclaircies. Si elle
fait des coupes d'éclaircies sur une superficie de 10 acres, ce sera
suffisant pour atteindre l'objectif fixé. Si elle en fait sur 40 acres,
elle va augmenter son rendement. L'intensité des travaux va faire des
choses; ce n'est pas nécessairement la diversité des travaux.
Dans certains cas.
M. Jolivet: Est-ce que je pourrais aller jusqu'à dire
qu'il y a un danger potentiel de fixer des objectifs tellement bas que tout ce
qui va être fait davantaqe... Ce que j'essaie de me mettre dans la
tête, c'est que vous dites: Une usine qui aura fait des traitements qui,
par rapport à l'objectif fixé, lui donneront plus de potentiel
que prévu... Dans ce cas, au lieu de 1,23 mètre cube par hectare,
ce sera 1,47 mètre cube par hectare. Cette partie, de 0,23 à
0,47, devient sans paiement de droits de coupe, sans paiement de redevances.
N'y aurait-il pas danger d'avoir une sorte d'arbitraire qui puisse être
communément accepté de part et d'autre, à la fois par le
ministère et par l'industrie? Ce que l'on essaie de dire, c'est sur quel
critères objectifs pourront être basés ces traitements
sylvicoles supplémentaires.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce sont des
critères qui seront déterminés dans le manuel
d'aménagement. Actuellement, si l'on parle de moyenne, par exemple - il
faut faire attention - avant de dépasser et de dire que c'est un
surplus, le dépassement de la forêt naturelle, on prévoit
une augmentation de rendement, disons, de 40 %. Évidemment, c'est
basé sur un manuel qui sera discuté, sur des interventions selon
lesquelles on escomptera des rendements sur la base d'expériences,
d'expertises et de connaissances.
M. Jolivet: Comme vous allez rendre publics les contrats
d'approvisionnement et d'aménagement forestier, en vertu de la
décision de déterminer les contrats qui sera publiée
à la Gazette officielle, compte tenu du fait qu'une compagnie X
veut savoir, par rapport à elle-même, dans un territoire
équivalent, quelles sont les conditions que vous avez mises dans le
contrat, est-ce que quelqu'un pourrait contester les objectifs que vous avez
fixés dans un secteur par rapport à un autre? Un autre pourrait
dire: Dans le cas de la compagnie A, je conteste les objectifs fixés
parce qu'ils sont plus bas
qu'ils devraient être normalement. Pour moi - la compagnie B - on
les a mis trop forts. Y a-t-il quelqu'un qui pourrait avoir la
possibilité de contester le contrat d'un autre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y aura toujours
des contestations possibles. Cela ne veut pas dire que ceux qui contestent
certaines décisions ou autre chose ont raison.
M. Jolivet: Je sais cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est toujours
possible de contester. Ce sera publie, en plus. D'autres pourront en prendre
connaissance. C'est peut-être le meilleur gardien d'une évaluation
équitable et juste dans différents cas. Actuellement, il se fait
beaucoup de contestations sur les avantages qui sont concédés
dans certains domaines. On prétend toujours que l'on est dans une
situation plus difficile que le voisin. C'est toujours plus beau dans le jardin
du voisin. Il y aura toujours possibilité, M. le
député.
M. Jolivet: Le seul moyen qui pourra être utilisé,
c'est l'article 1053 du Code civil? (23 h 15)
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 62 tel
qu'amendé... L'amendement se lit comme suit: Remplacer, à la
troisième ligne de l'article, le mot "fixé" par le mot
"prévu".
M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 62
amendé est adopté?
M. Perron: Adopté, M. le Président, tel
qu'amendé.
Le Président (M. Baril): Adopté tel
qu'amendé. L'article 63, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): "Le contrat
comporte l'engagement pour le ministre de mettre à la disposition du
bénéficiaire les données d'inventaire forestier et les
données d'inventaire pathologique, entomologique et écologique
disponibles."
J'aurais un amendement à proposer qui se lirait comme suit et qui
deviendrait un autre article.
Le Président (M. Baril): M. le ministre, il faudrait
adopter l'article 63.
M. Côté (Rivière-du-Loup): D'accord.
M. Perron: M. le Président, lorsqu'on parle des
données d'inventaire pathologique, entomologique et écologique
disponibles, est-ce que le ministre est conscient des coûts que cela
pourrait comporter, d'une part, et que cela représente un engagement
tout de même assez dispendieux? La question que je voudrais poser est la
suivante: Dans quelle proportion ces données existent-elles lorsqu'on
parle des données d'inventaire forestier et des données
d'inventaire pathologique, entomologique et écologique disponibles?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Actuellement, M.
le député, nous sommes à refaire l'inventaire forestier
décennal. Nous devrions le terminer pour 1989-1990. Les données
d'inventaire pathologique, entomologique et écologique, ce sont les
programmes réguliers du ministère. Vous remarquerez qu'on dit
"disponibles", cela veut dire au fur et à mesure qu'on aura les moyens
et le temps de les réaliser.
M. Perron: Maintenant, est-ce que ces données sont
actuellement disponibles en partie?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Elles sont
disponibles au ministère actuellement.
M. Perron: Pour l'ensemble? Elles sont disponibles à 100 %
des données sont disponibles?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, mais on ne
les transmet pas toutes aux industries parce qu'elles n'en ont pas besoin pour
faire des plans d'aménagement et les plans qu'on va leur demander
prochainement.
M. Perron: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quand on leur
demandera des plans, elles auront besoin de ces données, et on s'engage
à les fournir aussitôt qu'elles seront disponibles. Au
ministère, actuellement, elles sont disponibles.
M. Perron: Lorsque le ministre parle de 1989-1990, de quoi
parle-t-il quant aux données?
M. Côté (Rivière-du-Loup): On parle du
programme décennal d'inventaire forestier.
M. Perron: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est la
deuxième ronde qu'on fait.
M. Perron: D'accord. As-tu des questions là-dessus?
M. Jolivet: Non.
M. Perron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Baril): L'article 63 est adopté.
Nous avons un amendement à l'article 63.1, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): "Le ministre
fournit gratuitement chaque année aux bénéficiaires les
plants nécessaires au reboisement qu'il...
Le Président (M. Baril): C'est un nouvel article, je
m'excuse.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...entend
réaliser pour atteindre le rendement annuel prévu au
contrat."
M. Perron: C'est un nouvel article.
Le Président (M. Baril): Oui, l'article 63.1.
M. Perron: On va essayer de le trouver. Une voix: J'en ai
des copies ici.
M. Perron: Est-ce qu'il vient d'arriver ou quoi?
M. Côté (Rivière-du-Loup): La motion
d'amendement...
M. Perron: Ah! C'est une surprise que vous nous faites.
Une voix: Non, non.
M. Perron: Cela fait 177, là.
Une voix: C'était dans l'avant-projet.
M. Jolivet: Je l'ai moi. Ce qui arrive, c'est dans la
deuxième liasse. En fait, on a eu trois liasses pour arriver à
175 articles dans la liasse complète. Pas dans les piastres, dans la
liasse.
Le Président (M. Baril): M. le ministre, si vous voulez
lire votre article.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cette disposition
était contenue dans l'avant-projet de loi et a été remise
dans le projet actuel.
M. Perron: D'accord. Si je comprends bien c'était
l'article 40 de l'avant-projet de loi que le ministre a modifié quelque
peu pour l'insérer après l'article 63.
Une voix: Non, non, ce n'est pas l'article 40.
M. Jolivet: C'est l'ancien article 36.
M. Perron: D'accord, on vient de le trouver. C'est l'ancien
article 36 de l'avant-projet de loi. Là, je m'aperçois qu'on a
corrigé "fixé" par "prévu". Tel que prévu. Le
Président (M. Baril): Cela va? M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 63.1 est
adopté.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 64 se
lit comme suit: "Si l'unité d'aménagement comprend des aires
forestières qui le 1er avril 1987 n'ont pas été
régénérées ou ont été mal
régénérées en résineux et en feuillus, le
ministre exécute sur ces aires des travaux sylvicoles pour qu'elles
contribuent à l'atteinte du rendement annuel prévu au contrat
pour l'unité d'aménagement."
M. Perron: Est-ce que le ministre peut nous donner
l'évaluation des coûts concernant la
régénération de ces territoires, puisqu'il parle de faire
dans ces aires des travaux sylvicoles pour qu'elles contribuent à
l'atteinte du rendement annuel prévu au contrat pour l'unité
d'aménagement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député parle d'une contribution. Cela va dépendre des
budgets attribués pour ces fins. Actuellement, le programme forestier
qui a été mis de l'avant, qui est dans le circuit, nous permet de
contribuer de façon tangible à l'atteinte du rendement annuel
prévu au contrat pour l'unité d'aménagement. Mais tout
dépend des budgets qui seront disponibles et que l'on votera à
l'Assemblée nationale.
M. Perron: Est-ce que le ministre pourrait me dire si dans son
programme concernant les programmes de régénération des
arrérages il a des prévisions de temps? Je comprends très
bien que ces prévisions ne peuvent être coulées dans le
ciment du fait qu'elles dépendent énormément des
disponibilités budgétaires, comme vient de l'expliquer le
ministre. Quel est, par année, l'échéancier en termes
d'hectares?
M. Côté (Rivière-du-Loup): On vous a remis
des documents à ce sujet, à savoir que le ministère
exécutait actuellement tel travail et prévoyait faire d'autres
travaux comme contribution à l'amélioration du rendement
forestier, mais comme superficie qu'on voudrait traiter, on parle de 15 000
hectares par année.
M. Perron: Par année?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Perron: Sur combien à
régénérer?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sur 200 000
hectares, je pense; je vais vérifier. Ce sont des coupes
annuelles. 200 000 hectares par année de coupes.
M. Perron: 200 000 hectares? Ce donnerait de douze à
quinze ans.
M. Jolivet: Par année, mais quel est le total?
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...mais il y a une
partie qui se régénère naturellement et il y a une autre
partie qui ne se régénère pas adéquatement.
Vous avez raison, M. le député de Laviolette, c'est plus
d'un million d'hectares qu'il y a à régénérer au
Québec.
M. Perron: Au total?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Au total.
M. Perron: Et vous voulez aller à un rythme de 200 000
hectares par année?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, de 15
000.
M. Perron: De 15 000 hectares par année?
M. Côté (Rivière-du-Loup): On exploite 200
000 hectares par année.
M. Perron: Cela va prendre quelques années pour la
régénération.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Eh oui. C'est
important, n'est-ce pas?
M. Perron: On parle de coûts prévisionnels de 2 000
000 000 $ à 4 000 000 000 $ pour l'ensemble de la
régénération des arrérages.
Le Président (M. Baril): Pouvez-vous reposer votre
question, M. le député de Duplessis?
M. Perron: On mentionne des coûts qui peuvent jouer
n'importe où entre 2 000 000 000 $ et 4 000 000 000 $ pour
régénérer l'ensemble des . arrérages du
Québec, soit le million d'hectares que vient de mentionner le ministre.
Est-ce a peu près exact? Je comprends que le ministre ne puisse pas
dire: C'est 1 233 000 000 $. Mais est-ce que cela peut jouer entre 2 000 000
000 $ et 4 000 000 000 $?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, c'est cela.
Les 15 000 hectares que l'on prévoit régénérer ou
traiter représentent selon l'estimation actuelle environ 11 000 000 $.
Si vous faites le report sur l'ensemble, vous arrivez à plus d'un
million d'hectares, à ce prix, à vos chiffres.
M. Perron: Quels sont les coûts approximatifs en dollars de
1986 pour la régénération par hectare?
M. Côté (Rivière-du-Loup): De 800 $ à
1000 $ l'hectare. Dans certains cas, lorsque la forêt est composée
de bois dont il faut disposer et qu'on doit nettoyer, cela peut être plus
dispendieux, cela peut aller de 1300 $ à 1500 $ l'hectare.
M. Perron: À partir de quel coût l'hectare, il
devient plus rentable de le faire?
Une voix: Jamais, aucun.
M. Perron: À partir de quel coût l'hectare, il
devient rentable de le faire'' Plus rentable, plutôt, de le faire? Le
ministre vient de me parler de 800 $ à 1000 $ l'hectare, c'est dans les
cas généraux. Est-ce qu'à un moment donné il peut
arriver que la régénération des arrérages
coûte dans certaines régions, disons en haut du 50e
parallèle ou peut-être un peu plus en bas du 50e parallèle,
je ne sais pas, 2000 $ ou 3000 $? Quels sont les coûts prohibitifs que le
ministre...?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous avez
pratiquement la réponse, c'est quand les coûts ont
dépassé la valeur du bois et que le bois n'est pas en demande,
etc. Tout est fonction des marchés. Il faut qu'il reste une valeur.
M. Perron: Oui, mais le ministre pourrait-il nous donner des
chiffres approximatifs?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien non, cela
dépend des endroits, cela dépend des...
M. Perron: Peuplements.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ..peuplements,
cela dépend des distances du marché, cela dépend des
conditions du marché, cela dépend de tellement de choses...
M. Perron: De l'éloignement de l'approvisionnement...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
M. Perron: ...de la proximité des usines, etc. Moi, j'ai
une dernière question. Quel est le niveau de coupe qui fut
autorisé par le ministère au cours de 1986?
M. Côté (Rivière-du-Loup): On me dit que
c'est 24 000 000 de mètres cubes qui
ont été alloués.
M. Perron: Cette année?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour toute
essence.
M. Perron: Pour toute essence, 24 000 000 de mètres
cubes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela ne veut pas
dire qu'il est tout coupé. C'est comme l'allocation de 31 000 000 de
mètres cubes, il n'est pas tout coupé non plus, mais c'est pour
toute essence.
M. Perron: En fait, c'est un permis d'autorisation de coupe. Il
n'est pas nécessairement rejoint à 24 000 000 de mètres
cubes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. Cela inclut
les autres essences de feuillus.
M. Perron: Toute essence. Maintenant, est-ce que le ministre peut
nous dire ceci: Actuellement, combien de ces 24 000 000 de mètres cubes
ont été coupés approximativement pour cette année,
d'après vos prévisions?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Évidemment,
les compilations ne sont pas toutes terminées et l'année n'est
pas terminée non plus, mais au mois de novembre, on me dit que cela
était à 12 000 000 de mètres cubes de coupes.
M. Perron: Oh, là, là!
M. Côté (Rivière-du-Loup): II nous reste
encore jusqu'à la fin de mars pour terminer l'année.
M. Perron: L'année dernière, c'était
combien?
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'année
dernière, c'était près de 21 000 000 de mètres
cubes en résineux, mais avec toute essence, cela doit être 23 000
000 ou 24 000 000 de mètres cubes.
M. Perron: En décembre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, ce n'est pas
encore décembre, on vient de parler de l'année
dernière.
M. Perron: L'année dernière, d'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): 23 000 000 ou 24
000 000 de mètres cubes.
M. Perron: 23 000 000 ou 24 000 000 de mètres cubes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour toute
essence.
M. Perron: Pour toute essence.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour toute
l'année.
M. Perron: Pour toute l'année. Cette année, il y a
environ 12 000 000 de mètres cubes jusqu'en novembre, cela veut dire
que, par rapport à l'année dernière, il reste du temps
encore à couvrir, c'est jusqu'au 31 mars.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II reste du temps
à couvrir et il reste des compilations à faire.
M. Perron: Des compilations à faire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien oui, il faut
que le mesurage soit inscrit à Québec. J'ai l'impression, M. le
député, que cela va atteindre des chiffres semblables à
ceux de l'année dernière.
M. Perron: D'accord.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article...
M. Jolivet: Non.
Le Président (M. Baril): Excusez-moi.
M. Jolivet: M. le Président, il me semble... (23 h
30)
Le Président (M. Baril): Je suis payé au même
prix, moi.
M. Jolivet: Pardon?
Le Président (M. Baril): Je suis payé au même
prix.
M. Jolivet: M. le Président, je me trompe
peut-être, mais il me semblait que les arrérages actuels
étaient de 2 000 000 au Québec.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...hectare.
M. Jolivet: Oui. À partir de cela, les gens
s'inquiètent un peu que, à l'intérieur du programme que
vos proposez, vous disiez que vous allez demander aux gens de faire un plan
quinquennal, qu'on va se fixer des objectifs et qu'on va réviser
annuellement. Dans ce phénomène, les gens disent qu'il y a une
partie qu'il leur appartient de remettre en production, c'est-à-dire ce
qu'ils vont commencer à couper. Mais dans ce territoire, si on met des
objectifs en tenant compte de la régénération potentielle
des aires non
régénérées dont le ministère s'est
donné la responsabilité, si les gens ne connaissent pas au
départ le programme que le ministère a l'intention de faire, il y
aura un petit problème quelque part. Le ministre dit que c'est selon les
capacités financières du gouvernement. Si je me fie au
président du Conseil du trésor, aujourd'hui, il est fort possible
que ce soit entre 0 $ et un petit montant, mais pas un gros montant.
Ma question est la suivante: Dans le plan annuel et quinquennal, est-ce
que le ministre ne serait pas prêt à introduire ce qu'il a
l'intention de faire? C'est beau de demander aux usines d'aller atteindre les
objectifs, mais si le ministère qui doit faire quelque chose ne le fait
pas dans cela, l'objectif ne sera pas plus atteint. Les gens veulent savoir
quel effort fera le ministère. Je ne dis pas qu'il devra être
équivalent, je ne dis pas que cela devra être 80-50, je demande
quel effort il fera avec l'industrie qui va faire le sien pour s'assurer que
les objectifs sont atteints. Est-ce que le ministre, dans le dépôt
qui sera fait, est prêt à déposer lui aussi, chaque
année, ce qu'il a l'intention de faire dans chacun des contrats
d'approvisionnement et d'aménagement forestier? Je vous demande si vous
être prêt à envisager cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, vous savez fort bien qu'il existe actuellement un
programme de reboisement, de production de plants qui a été
endossé par le Conseil du trésor. Il est en voie de se
réaliser. Vous savez cela.
M. Jolivet: Pouvez-vous me donner un chiffre final, pour 1988,
annuellement?
M. Côté (Rîvière-du-Loup): Ce programme
avait été proposé au Conseil du trésor sur une base
de 300 000 000 de plants de résineux.
M. Jolivet: II n'a pas été modifié?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cette
année, nous avons reboisé avec 225 000 000 de plants. Ce
programme est révisé en fonction des objectifs de volume, de
rendement à atteindre. Selon le rendement ou la possibilité, il
est possible de jouer avec ces volumes. Là-dessus, je suis
entièrement d'accord. Si on peut faire mieux avec moins de frais pour
atteindre notre objectif de 25 000 000 de mètres cubes de rendement au
Québec, tant mieux! La Direction de l'aménagement a
étudié cette question et, aujourd'hui, on dit qu'avec 251 000 000
de plants, on devrait arriver au même volume prévu comme
rendement, c'est-à-dire 25 400 000 mètres cubes de bois.
M. Jolivet: D'accord. Vous...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Il faudra
évidemment que le ministère fasse un plan quinquennal pour
"matcher" les plans quinquennaux des bénéficiaires et le proposer
au Conseil du trésor, selon l'argent que nous aurons. Il faudra qu'on
fasse notre plan quinquennal, nous aussi, car, si on parle de contribuer, il
faut proposer des choses. C'est alors que nous donnerons notre réponse,
sous réserve de l'approbation du Conseil du trésor.
M. Jolivet: Vous parlez de deux choses. Premièrement, vous
parlez de la préparation des plants et vous dites que vous êtes
à 251 000 000 de plants qui combleraient tes 25 000 000 de mètres
cubes annuels en prévision de l'objectif à atteindre. Vous parlez
de plants à être produits par le ministère, lesquels, comme
on vient de le voir, sont fournis aux bénéficiaires
gratuitement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Actuellement, ces
travaux sont engagés sur une période de huit ans. C'est
déjà une programmation et une contribution sur laquelle les
bénéficiaires pourront se baser.
M. Jolivet: Ce sont des plants.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, oui, mais
cela fait partie de notre contribution. On dit qu'on fournit les plants. Cela
fait aussi partie de nos frais.
M. Jolivet: Je suis d'accord avec cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas
seulement sur les terrains publics, c'est également sur les terrains
privés,
M. Jolivet: Je comprends cela. Je -parlais de la première
chose. Sur la fabrication des plants, votre objectif a baissé à
251 000 000. Vous dites qu'avec 251 000 000 de plants, vous allez atteindre le
même objectif prévu, de 25 000 000 de mètres cubes
annuellement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sur terrain
privé et sur terrain public.
M. Jolivet: Oui. D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sur terrain
public, notre chiffre est de 180 000 000. Actuellement, sur terrain
privé, on doute un peu de la capacité...
M. Jolivet: Vous dites: Dans le secteur public, 180 000 000.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Au lieu des 200
000 000 prévus.
M. Jolivet: Au lieu des 200 000 000
prévus, oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est la
dernière révision. Je ne vous dis pas qu'il n'y aura pas d'autre
révision. C'est celle qui a été faite dernièrement,
sur la base d'atteindre des objectifs de production.
M. Jolivet: Sur les 100 000 000 prévus dans le secteur
privé, vous êtes rendu, si je fais le calcul...
M. Côté (Rivière-du-Loup): À 70 000
000.
M. Jolivet: ...à 71 000 000.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
M. Jolivet: Donc, vous avez baissé les deux. Je laisse
tomber le secteur privé? je vais dans le secteur public parce que c'est
là qu'est la question des arrérages. D'accord? Dans le secteur
public, pour ce qui est des arrérages, vous donnez à la compagnie
les plants nécessaires à son reboisement, en vertu de l'article
que vous venez d'inclure à nouveau, qui est l'article 63.1: "Le ministre
fournit gratuitement à chaque année au bénéficiaire
les plants nécessaires au reboisement qu'il entend réaliser pour
atteindre le rendement annuel prévu au contrat." Est-ce que je peux
comprendre que les plants qu'il va fournir seront de deux ordres: d'une part,
pour les coupes qu'il va faire dans le plan qu'il présente... Il va
dire: Je vais faire du reboisement, ou bien je vais prendre des méthodes
de travaux sylvicoles - travaux de coupe, etc. - différentes. D'un autre
côté, il va y avoir les arrérages dans le secteur. Est-ce
que le ministère va payer les plants et le coût de la remise en
production?
Il faut les planter, ces plants, et il faut faire les travaux sylvicoles
de scarification et autres, incluant les travaux d'entretien des plantations ou
encore tasser les arbres qui sont là parce qu'ils ne sont pas bons et en
replanter d'autres à leur place, ou encore les tasser pour permettre
à la repousse naturelle de monter. Le ministre va payer à la fois
les plants et les travaux, en donnant des contrats, soit à des
coopératives, en vertu du programme, soit par soumissions, soit à
l'industrie elle-même, à la suite d'une entente prise avec le
ministère. Est-ce" que c'est cela que vous me dites?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
M. Jolivet: Bon. A l'article 64: "...le ministre exécute
sur ces aires des travaux sylvicoles pour qu'elles contribuent à
l'atteinte du rendement annuel prévu au contrat pour l'unité
d'aménagement." Je vous dis: Y a-t-il moyen - vous semblez me dire que
non - que ce soit inclus dans la partie que l'on vient d'adopter, qui est la
suivante: annuellement, le bénéficiaire doit mettre son plan
d'intervention dans la forme, etc., le ministre le fait - en fait,- le plan
quinquennal qu'elle prévoit et qu'elle révise annuellement pour
que le ministre indique la part qu'il va inscrire comme travail, indique le
nombre de plants qu'il va remettre en production pour que l'industrie soit
assurée qu'elle n'est pas seule à faire les efforts pour remettre
en production le territoire, pour atteindre l'objectif qui a été
fixé par contrat?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela, M. le
député. Dans l'annexe au contrat, on va identifier l'effort que
le ministère va faire. On prévoit 35 000 000 de plants, comme
effort, par année.
M. Jolivet: L'ambiguïté qui existe, c'est que le
ministre dit: Je vais faire des travaux. II n'indique pas de quelle
façon il va les concrétiser. Il dit: C'est dans la mesure
où le Conseil du trésor nous donnera l'argent nécessaire.
Tous les ans, vous le savez... Sur un programme de cinq ou huit ans - peu
importe comment vous le dites - il va y avoir des années où on va
dire: On avait prévu cela, mais on ne le fait pas. Si c'était
prévu dans le contrat et dans une annexe qui fait foi et obligation au
ministre de le faire, c'est évident que cela va être plus
intéressant pour la compagnie. Elle va savoir où vous allez et
elle va savoir ce qu'elle va mettre pour s'assurer que l'atteinte des objectifs
est réalisable pour les deux parties.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vous
répète qu'il nous faudra "matcher" les plans quinquennaux des
bénéficiaires et que les 35 000 000 de plants que le
ministère se chargera de reboiser, qui sont en production sur une base
de huit ans - actuellement, ce n'est pas un plan quinquennal, c'est un plan de
huit ans en production sur cette base - il va falloir indiquer au
bénéficiaire les interventions qu'on va faire et dire que cela
sera en annexe au contrat.
M. Jolivet: Serait-il possible que, dans l'article 64, pour
justement écrire ce que vous me dites, il y ait un petit amendement
disant qu'effectivement vous allez l'inclure à l'annexe au contrat et
que les gens sachent que vous allez réellement l'écrire quelque
part? Vous dites: Un principe de base, le ministre va faire cela. Le ministre
me dit, en contrepartie: Cela va dépendre de l'argent que j'ai. Mais la
compagnie, elle?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est toujours de
même, ce n'est pas nouveau.
M. Jolivet: Je sais, je sais. Mais pour
que la compagnie sache - ou l'industrie -exactement ce que vous allez
faire, pourquoi ne mettez-vous pas un amendement disant: Ce que le ministre a
l'intention de faire sera prévu à l'annexe au contrat, ou quelque
chose comme cela, ou sera prévu au contrat, peu importe? Il me semble
qu'il y a moyen de l'écrire et que les gens sachent qu'effectivement
vous avez l'intention de le faire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Tout ce que je
peux vous répondre, c'est que la programmation du ministère va
être soumise au Conseil du trésor et on va dire à quel
endroit, comme a été soumise au Conseil du trésor la
programmation de production de plants. On continue à opérer le
programme sans faire...
M. Jolivet: Vous vous engagez à une seule chose, c'est de
dire: Je présente un programme annuel qui sera décidé par
le Conseil du trésor, qu'il y ait de l'argent ou qu'il n'y en ait pas.
La seule chose, c'est que je dis: Dans un contrat, si vous vous engagez
à faire telle et telle chose, vous allez devoir vendre l'idée
à votre président du Conseil du trésor qu'effectivement
vous avez une responsabilité que vous avez acquise dès le
départ; cette responsabilité, c'est de faire votre bout de chemin
en termes de travaux sylvicoles et de reboisement, comme les autres vont le
faire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est exactement
cela. Je vais avoir la responsabilité de faire adopter par le Conseil du
trésor notre programme de reboisement, notre programme quinquennal qui
sera proposé. C'est cela, vous avez raison sur cela.
M. Jolivet: Est-ce que je peux penser qu'une année le
ministre préparera un beau plan quinquennal, le fera adopter par le
Conseil des ministres... Je vais vous donner l'exemple bien typique. Une
prévision avait été faite d'aller à 300 000 000 de
plants. Je comprends que le ministre a changé "contrat
d'aménagement forestier" par "contrat d'approvisionnement et
d'aménagement forestiers", pour, que cela soit la même chose
qu'avant. Il a changé le terme en disant qu'au lieu d'être une
politique forestière, cela devient un régime forestier. Je
comprends tout cela. Je comprends que le ministre, pour ne pas dire que les 300
000 000 de plants étaient réalisables, baisse cela à 250
000 000 de plants; je comprends tout cela. Ce n'est pas pour mes beaux yeux que
je vous le demande, c'est pour les compagnies, les industries qui ont besoin de
savoir quel est l'effort que vous allez faire. Qu'il arrive n'importe quoi,
pour une raison ou pour une autre, vous avez prévu un plan quinquennal,
mais, s'il ne se réalise pas cette année, le ministère dit
alors: C'est bien de valeur, on pensait avoir l'argent et on ne l'a pas, les
taxes sont moins rentrées, on en a moins... En tout cas. On a pris
d'autres décisions. Il ne sera pas fait, mais le "backlog" va continuer
à augmenter plutôt qu'à diminuer. La seule chose, c'est que
la compagnie s'engage par contrat à faire tous les travaux que le
ministre va lui imposer, s'il n'accepte pas, en vertu de l'article 205. En
contrepartie, le ministre ne s'engagera pas à faire des travaux.
L'objectif ne sera donc pas atteint et on va accuser la compagnie de ne pas
l'avoir atteint; le ministre va s'en laver les mains. C'est seulement cela que
je veux dire. Donc, s'il y avait un amendement qui disait: Le ministre s'engage
à inscrire au contrat en annexe ce qu'il a l'intention de faire. Je ne
sais pas comment l'exprimer, parce que je ne suis pas avocat.
Une voix: Ah! tu n'es pas pire.
M. Jolivet: Je suis un bon plaideur, mais au sens syndical.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne suis pas
capable de fixer le volume d'exécution sans soumettre le plan au Conseil
du trésor. Je peux m'engager à soumettre au Conseil du
trésor un plan quinquennal de reboisement et pas plus.
M. Jolivet: D'accord, je ne m'obstinerai pas plus longtemps.
Quant à moi, si mon collègue n'a pas autre chose à dire,
cela serait sur division.
M. Perron: Cela va, M. le Président, sur division.
Le Président (M. Baril): Alors, l'article 64 est
adopté sur division?
M. Perron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Baril): L'article 65. M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): "Le contrat
confère au bénéficiaire, titulaire d'un permis
d'intervention délivré en vertu de l'article 81,
l'exclusivité de la récolte du volume de bois qui lui est
attribué dans l'unité d'aménagement, sauf dans le cas
où les activités d'aménagement sont
intégrées en vertu de l'article 56 ou dans le cas d'application
de l'article 67." C'est un article qui est identique à l'article 26 de
l'avant-projet de loi, sauf en ce qui concerne la référence
à l'article 67 qui est nouveau. (23 h 45)
M. Perron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Baril): L'article 65 est
adopté.
M. Perron: Oui.
Le Président (M. Baril): L'article 66? M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): "Dans le cas
où les activités d'aménagement sont
intégrées, la récolte est faite selon les modalités
prévues par les dispositions de l'entente conclue entre les
bénéficiaires ou, à défaut, selon les
modalités déterminées par le ministre conformément
à l'article 56." C'est semblable à l'article 31 de l'avant-projet
de loi.
M. Perron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Baril): L'article 66 est adopté.
Article 67? Nous avons un amendement à l'article 67.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Article 67: "Le
ministre peut en tout temps autoriser le titulaire d'un permis d'usine de
transformation du bois à récolter à la place du
bénéficiaire dans une unité d'aménagement le volume
de bois requis pour produire les copeaux, les sciures et les planures que le
bénéficiaire fait défaut de lui fournir, malgré une
convention expresse à cet effet. "L'autorisation du ministre ne peut
être accordée que dans la mesure où le titulaire du permis
d'exploitation d'usine ne peut trouver de bois à partir d'une source
d'approvisionnement comparable à celle qui lui fait défaut."
J'aimerais proposer l'amendement suivant. L'article 67 du projet de loi
est modifié par le remplacement du - premier alinéa par le
suivant: "Le ministre peut en tout temps autoriser le titulaire d'un permis
d'exploitation d'usine de transformation du bois à récolter
à la place d'un bénéficiaire de contrat dans son
unité d'aménagement le volume de bois requis pour produire les
copeaux, les sciures et les planures que le bénéficiaire fait
défaut de fournir à ce titulaire de permis, malgré une
convention intervenue entre eux à cet effet." L'amendement apporte des
précisions de forme pour une meilleure compréhension du
texte.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'amendement à
l'article 67...
M. Perron: Non, M. le Président.
M. Jolivet: Le ministre devait s'y attendre, d'ailleurs.
M. Perron: M. le Président, si vous me permettez, je
voudrais faire référence, concernant l'article 67, à
l'Association des manufacturiers de bois de sciaqe du Québec et, par la
suite, à l'allocution que j'ai prononcée en date du 25 novembre
1986 concernant l'article 67.
Je voudrais, d'ailleurs, dire au ministre délégué
aux Forêts par votre intermédiaire, M. le Président, que
nous allons effectivement déposer un amendement à l'article 67 et
à l'article 94 qui, pour nous, sont extrêmement reliés
quant à la question de l'amendement que je vais déposer.
Dans un premier temps, "l'Association des manufacturiers de bois de
sciage du Québec - page 3, référence à l'article 67
- a été des plus surpris de prendre connaissance de l'article 67,
d'autant plus qu'aucun représentant de l'industrie n'a fait mention d'un
semblable besoin de suppléance au cours de la commission parlementaire.
L'association n'a toutefois pas d'objection au contenu de cet article à
condition qu'on ajoute un article exposant la logique d'une
réciprocité. Le bénéficiaire peut, malgré
une convention expresse à cet effet, faire défaut de fournir des
copeaux à un titulaire d'un permis d'exploitation d'usine. C'est
reconnu. Toutefois, il est aussi reconnu qu'un titulaire de permis
d'exploitation d'usine peut, malgré une convention expresse à cet
effet, faire défaut de recevoir des copeaux. "L'AMBSQ propose donc que
le ministre intervienne aussi dans ce dernier cas de façon à
permettre l'écoulement des copeaux (pour écouler leur
amoncellement) à des conditions comparables à celles qui existent
à la convention. Une telle intervention du ministre pourrait
démontrer qu'alors le bois rond de la forêt du domaine public
serait vraiment un volume résiduel."
Voici la première question que je pose au ministre. Est-ce que le
ministre a une solution à nous proposer concernant l'article 67 en
rapport avec les affirmations faites par l'Association des manufacturiers de
bois de sciage du Québec pour régler le problème
soulevé par l'association en question?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député de Duplessis, à moins de force majeure, le recours
que les producteurs de copeaux ont vis-à-vis de l'acheteur de copeaux,
vis-à-vis de l'entreprise de pâtes et papiers, c'est de prendre
les recours pour faire respecter le contrat.
M. Perron: Les recours juridiques?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Perron: Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer ce qui
s'est passé entre Domtar et les Produits forestiers Saucier, le tout se
rapportant à la grève?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne peux pas
vous l'expliquer, M. le député.
M. Perron: Mais avez-vous quelqu'un qui pourrait expliquer ce qui
s'est passé, qui pourrait vous souffler les réponses à
l'oreille?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Y avait-il force
majeure? Je ne sais pas. C'est une question légale.
M. Perron; Il y avait une grève.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y avait une
grève?
M. Perron: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est reconnu
qu'une grève est un cas de force majeure, non?
M. Perron: À ce moment-là i! y avait une
grève qui avait duré à peu près onze mois, si ma
mémoire est bonne.
Si je comprends bien, le ministre n'a pas de réponse à
donner à l'Opposition et à l'AMBSQ concernant ce que
l'association a soulevé. Je ferai remarquer au ministre que l'AMBSQ a
proposé que le ministre intervienne aussi dans ce dernier cas de
façon à permettre l'écoulement des copeaux à des
conditions comparables à celles qui existent dans la convention. Le
ministre n'a aucune solution à cela?
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai donné
une réponse, M. le député. J'ai dit que, à moins de
force majeure, le recours d'un vendeur ou d'un acheteur, c'est de lui faire
respecter le contrat par des moyens légaux. Si c'est un cas de force
majeure, c'est assez difficile d'intervenir autrement.
M. Perron: Oui, mais le ministre ne pourrait-il pas regarder une
possibilité d'amendement, pour se rendre à la demande de l'AMBSQ,
pour empêcher, justement, qu'il n'y ait des recours juridiques qui sont
très souvent coûteux? Tout au cours des interventions faites
autant par l'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec
que par l'Opposition, il fut mentionné à maintes reprises que les
scieurs du Québec étaient dans le temps dans des positions
financières extrêmement fragiles. C'est encore pire depuis
l'affaire des 15 % qui seront éventuellement imposés. Remarquez
bien que, lorsque je parle des 15 %, il n'y a rien qui dit que dans deux ans ce
ne sera pas 30 %.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
évident que les 15 % - on en a parlé assez longuement, on peut en
parler encore -n'aident pas la situation financière des scieurs.
M. Perron: Je ne veux pas revenir sur les 15 %, je parlais des
problèmes des scieurs.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Comme
réponse à ce que vous me demandez, à moins de force
majeure, s'il y a un contrat qui existe entre deux personnes, 11 appartient aux
personnes de prendre les recours pour le faire exécuter.
M. Perron: Donc, le ministre n'est pas prêt à
déposer un amendement quelconque pour empêcher qu'il n'y ait des
recours juridiques face à l'une ou l'autre des parties où il y
aurait litige.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne vois pas, M.
le député.
M. Perron: Si je comprends bien, c'est négatif de la part
du ministre. Je reviens à mon allocution du 25 novembre dernier
concernant l'article 67. Il introduit une variante de la garantie de
suppléance qui donnera des pouvoirs abusifs au ministre et aux
papetières.
Cet article se lit comme suit: "Le ministre peut en tout temps autoriser
le titulaire d'un permis d'usine de transformation du bois à
récolter à la place du bénéficiaire dans une
unité d'aménagement le volume de bois requis pour produire les
copeaux, les sciures et les planures que le bénéficiaire fait
défaut de lui fournir, malgré une convention expresse à
cet effet."
Bien sûr que cet article que je viens de lire était
l'ancien article 67 du projet de loi 150 qui fut modifié par un
amendement du ministre dont on tient compte actuellement.
Autrement dit, si l'usine de sciage ne peut, pour certaines raisons
évaluées par le ministre, grève, "lock-out" ou autres,
fournir les quantités de copeaux, de sciures et de planures
prévues à la convention avec une papetière, celle-ci
pourra récolter le volume de bois requis à la place de l'usine de
sciage et dans son unité d'aménagement.
Il s'agit d'un pouvoir qui, pour nous, est inadmissible et peut
entraîner le ministre délégué aux Forêts
à prendre parti dans un conflit de travail et, de plus, sans
contrepartie pour l'industrie de sciage, advenant la fermeture d'une
papetière. Je mentionnais que cet article doit être retiré
du projet de loi sur les forêts.
M. le Président, je crois que nous devons, dans un premier temps,
disposer de l'amendement à l'article 67 et j'aurais un amendement
à proposer par la suite.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'amendement è
l'article 67 est adopté?
M. Perron: L'amendement à l'article 67 est adopté,
M. le Président.
Le Président (M. Baril): Merci.
M. Perron: Donc, je voudrais proposer un amendement qui est le
suivant: La première ligne de l'article 67 est modifiée par
l'insertion, après le mot "temps" des mots suivants: "sauf si le
défaut d'un fournisseur est relié directement ou indirectement
à un conflit de travail".
Le Président (M. Baril): L'amendement est recevable, M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Comme l'amendement est recevable, M. le
Président, est-ce que le ministre peut nous dire si, sur cet article 67,
il a eu un avis du ministre du Travail se rapportant aux travailleurs
forestiers? M. le Président, vu qu'il reste à peu près une
minute avant minuit, est-ce que le ministre pourrait regarder...
M. Côté (Rivière-du-Loup): II se pourrait
qu'on continue jusqu'à six heures, M. le Président.
Une voix: Pardon.
M. Perron: M. le Président, je m'excuse, mais on sait que
le ministre doit partir ce soir pour Rivière-du-Loup, car il a une
rencontre demain matin, à 9 heures.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je partirai
à six heures et quart pour Rivière-du-Loup.
M. Jolivet: M. le Président, la ministre de la
Santé n'aimerait pas qu'on travaille à des heures indues, surtout
le vendredi soir, alors qu'on a une fin de semaine chargée dans chacun
de nos comtés, le ministre inclus. En conséquence...
M. Perrons M. le Président, je voudrais vous annoncer
qu'au cours de la journée nous avons adopté 35 articles.
M. Jolivet: Comment?
Le Président (M. Baril): Je vous félicite.
M. Perron: On a adopté 35 articles, si cela peut faire
plaisir au ministre.
M. Jolivet: Incluant les amendements. M. Perron: Incluant
les amendements.
M. Jolivet: Non, excluant les amendements.
M. Perron: Excluant les amendements, oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y en aura
peut-être une vingtaine encore, n'est-ce pas? M. Perron: Oui.
M. Jolivet: M. le ministre, nous avons l'obligation par la
décision du leader de votre formation politique de finir en vertu de
règlements sessionnels, s'il est minuit.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non, s'il y a
accord, si c'est unanime.
M. Jolivet: Mais, si on ne le donne pas?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si vous ne le
donnez pas, c'est correct.
Le Président (M. Baril): Alors, puisqu'il n'y a pas
consentement pour poursuivre après minuit, j'ajourne sine die.
(Fin de la séance à 23 h 59)