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(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission de l'économie et du travail entreprend ce matin la
vérification des engagements financiers du ministère de
l'Industrie et du Commerce pour les mois de décembre 1985 à juin
1986.
Avant d'entreprendre l'étude de ces engagements financiers, je
voudrais demander au secrétaire de la commission s'il y a des
remplacements.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a un seul
remplacement. M. Paré (Shefford) est remplacé par M. Gendron
(Abitibi-Ouest).
Le Président (M. Charbonneau):
Normalement, on devait avoir trois heures pour la vérification de
ces engagements financiers. Il semble que des problèmes d'agenda nous
amènent à réduire pour le moment le temps de travail, que
nous reprendrons à un autre moment quand le ministre et le critique de
l'Opposition indiqueront leur disponibilité.
Puisque nous n'avons pas beaucoup de temps, nous allons commencer
immédiatement avec l'engagement 21 de décembre 1985. M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, j'aurais une
suggestion qui pourrait permettre d'organiser immédiatement la prochaine
rencontre. On avait prévu trois heures pour étudier les
engagements de décembre 1985 à juin 1986. Ce matin, selon ce que
j'ai compris, on serait peut-être capable de faire une demi-heure pour
essayer de se libérer tous pour 1Q h 30, à cause de contraintes
de part et d'autre.
Je suggérerais qu'on essaie de déterminer une date
dès aujourd'hui où placer les trois autres heures. À
l'intérieur de ces trois heures, si le ministre est d'accord, on
pourrait également inclure les engagements de juillet, d'août et
de septembre 1986 et essayer de se mettre à jour. On en aurait
suffisamment et cela pourrait aller.
Je fais cette suggestion, car on est quand même rendu en novembre
et j'ai l'impression que, si l'on va jusqu'en juin, on va encore traîner
la patte. On pourrait se mettre à jour avec les trois heures.
Le Président (M. Charbonneau): II n'y a pas de
problème.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je suis entièrement
d'accord avec le député de Bertrand, si l'on peut faire le
rattrapage dans la façon dont on conduit ces réunions pour
arriver à jour. Je suis parfaitement disposé à collaborer
à condition qu'on ait environ une semaine, si on est pour ajouter les
mois de juillet, d'août et de septembre. II nous faudrait peut-être
une semaine, quant à nous, pour ramasser le matériel en vue de
répondre le plus complètement possible aux questions des membres
de la commission.
Je pense bien que, d'ici trente minutes, nous aurons une bonne
idée du moment où on pourrait faire les deux heures et demie
additionnelles.
Le Président (M, Charbonneau): Une fois qu'on aura une
idée de la disponibilité des uns et des autres, on essaiera de
trouver un moment dans notre agenda pour le faire. Si tout le monde s'entend,
on va immédiatement commencer le travail proprement dit.
Décembre 1985
L'engagement 21 du mois de décembre 1985, "subvention à
SIDBEC-Normines à titre d'aide financière aux fins de venir en
aide à cette industrie du minerai de fer de la Côte-Nord
confrontée à une crise sévère". M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): J'aimerais que le ministre puisse expliquer
aux gens de la commission, de part et d'autre, l'entente intervenue de 13 500
000 $ et s'il y a autre chose pour fermer, tout le dossier de SIDBEC-Normines.
Ces 13 500 000 $ s'inscrivent dans quelle perspective puisque c'est un dossier
qui, on le verra plus tard, a beaucoup d'impact concernant l'avenir de SIDBEC?
J'aimerais que le ministre puisse nous exposer brièvement où se
situent ces 13 500 000 $.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, bien
simplement, je dois manifester un peu d'étonnement. Dans le cadre du
règlement, il y a eu un décret ou un protocole d'entente pour la
fermeture des activités minières de SIDBEC. La commission
retiendra que cette entente date du 11 octobre 1984. Notamment, parmi les
engage-
ments que le gouvernement du Québec a pris à
l'époque en vertu du protocole d'entente, on dit que ce dernier
verserait à SIDBEC-Normines, annuellement, 13 500 000 $ pour les
années civiles 1985 à 1989 inclusivement. On peut ajouter qu'il
est prévu que c'est pour cinq ans dans le cadre des coûts relatifs
à la fermeture des activités minières. Cette fois-ci, les
13 500 000 $ pour l'année en cause ont été engagés
et, évidemment, versés par le gouvernement du Québec.
M. Parent (Bertrand): Ces sommes d'argent sont-elles prises
à même le trésor ou à même une autre
enveloppe?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est-à-dire que, dans
la mesure où il y a des engagements qui sont connus sur une longue
période, nous les inscrivons dans les crédits de notre
ministère et spécifiquement dans les crédits votés
au programme 3, élément 4, de la structure budgétaire du
ministère de l'Industrie et du Commerce tels qu'ils apparaissent au
livre des crédits.
M. Parent (Bertrand): Si je comprends bien, monsieur...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela va revenir à tous
les ans, M. le député, jusqu'en 1989.
M. Parent (Bertrand): Pour les cinq prochaines années?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En 1987, en 1988 et en 1989,
pour trois autres années. Il y en a deux de faites, c'est la
deuxième.
M. Parent (Bertrand): Cette entente a été
signée comme telle lors de la fermeture de SIDBEC-Normines en...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En octobre 1984.
M. Parent (Bertrand): ...octobre 1984. D'accord. Pour moi, cela
va pour les questions sur l'engagement 21.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va-t-il? Est-ce qu'il
y a d'autres questions sur l'engagement 21?
Une voix: Vérifié.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, l'engagement 21 est
considéré comme vérifié.
Janvier 1986
On va passer maintenant à janvier 1986, à l'engagement 15;
"Subventions à diverses entreprises sous forme de prises en charge d'une
partie du coût des emprunts contractés pour fins d'achat de
machinerie, de bâtisses et de construction ou modernisation de
bâtisses dans le cadre du programme d'aide aux entreprises dynamiques."
J'ai juste une question, M. le ministre: Ce programme est-il un programme de la
SDI?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est cela.
Le Président (M. Charbonneau): Bon, d'accord. Je ne sais
pas qui prépare les engagements. Est-ce le ministère ou le
Conseil du trésor?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est le secrétariat du
Conseil du trésor.
Le Président (M. Charbonneau): C'est le Conseil du
trésor. J'ai une suggestion pour l'avenir. Il y aurait peut-être
moyen de leur faire un message. Lorsqu'on a un programme quelconque, si c'est
un programme de la SDI, il serait peut-être bien d'indiquer entre
parenthèses SDL
M. Jonhson (Vaudreuil-Soulanges):
Attendez un peu, là. On se comprend, on regarde janvier 1986, M.
le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Oui, oui.
Une voix: Ce sont tous des programmes de la SDI.
M. Jonhson (Vaudreuil-Soulanges): C'est marqué
"Société de développement industriel du Québec:
subventions".
Le Président (M. Charbonneau):
D'accord. C'est marqué en haut. Excusez, c'est une erreur de...
Cela va. Donc, M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui. Ce programme de prise en charge d'une
partie du coût des emprunts a-t-il été discontinué
ou s'il est toujours en vigueur actuellement?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dans le cadre des programmes en
cours de la Société de développement industriel du
Québec, je ferai remarquer que la plupart des programmes sont en vigueur
jusqu'au 31 mars 1987 et que le volet "subventions", donc de prise en charge
d'intérêts, est toujours effectivement en cours, sauf à
l'égard des programmes de prêts de capitalisation, les programmes
CAPI, et ce, depuis le 5 juin 1986.
M. Parent (Bertrand): Le volet prise en
charge de CAPI, vous l'avez laissé tomber en juin?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est cela.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Et les autres continuent jusqu'en
mars 1987.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En gros, la plupart des
programmes de la SDI sont en vigueur jusqu'au 31 mars 1987, sauf le CAPI qui
est en vigueur jusqu'à la fin de cette année, jusqu'au 31
décembre.
M. Parent (Bertrand): M. le ministre, vous avez laissé
tomber le volet du CAPI au niveau de la prise en charge. Pourrait-on savoir les
motifs qui vous ont incités à prendre cette décision?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Absolument. Ce dont nous nous sommes inspirés dans
l'administration des programmes de la Société de
développement industriel reflète maintenant beaucoup plus les
exigences que la loi même et les règlements de la SDI
prévoyaient. C'est-à-dire que nous avions à évaluer
le caractère incitatif des offres d'aide financière de la
Société de développement industriel, le caractère
incitatif se traduisant dans les faits par une réponse à la
question: Est-ce que la participation financière du gouvernement du
Québec à un projet quelconque d'investissement, de
capitalisation, etc., dans le cadre de nos programmes fait en sorte que, par sa
nature, par son ampleur, elle déclenche véritablement un projet,
donc l'investissement, la capitalisation et le financement, qui n'aurait pas eu
lieu n'eût été notre participation? À l'examen de la
pratique, depuis plusieurs années, des offres d'aide financière
de la SDI, des bilans, des états financiers des entreprises demandeuses,
si on peut les appeler comme cela, nous avons conclu que le caractère
incitatif de nos offres n'était pas respecté, que ce
critère n'était pas complètement respecté, ce qui
signifiait que, finalement, des gens venaient demander de l'aide
financière à la SDI, même s'ils n'en avaient pas besoin,
pour parler en clair.
À la suite de cette conclusion à laquelle nous sommes
arrivés à l'examen des dossiers, nous avons mis fin dans le
programme d'aide au financement de l'entreprise au volet de prise en charge
d'intérêts dans le programme CAPI, avec ce résultat que
c'est demeuré quand même populaire, que cela contribue toujours
à l'amélioration de la structure de capital de nos PME et que
cela coûte beaucoup moins cher au gouvernement. (10 h 15)
M. Parent (Bertrand): Sur le même principe, je pense que le
ministère a également adopté une nouvelle procédure
qui affecte énormément les entreprises. Auparavant,
l'autorisation était donnée de procéder au
déclenchement de travaux même si l'étude du dossier
n'était pas complétée à la SDI, ce qui n'est plus
permis aujourd'hui.
Je pense que cette décision vient un peu dans le même sens
que ce que vous venez de mentionner. Vous voulez être assuré que
la SDI va être incitative dans son aide. Mais, dans les PME, on sait
comment cela fonctionne, M. le ministre. Bien souvent, on ne peut pas planifier
des investissements des mois et des mois à l'avance. Actuellement, la
décision est prise de ne plus autoriser une entreprise à
démarrer. On envoie sa demande à la SDI et il faut attendre
qu'elle ait étudié le dossier pour être admissible.
À mon avis, cela cause de sérieux problèmes
à l'entreprise, et, particulièrement au Québec, tes PME,
ces dernières années, se plaignaient énormément de
cette procédure au niveau du gouvernement fédéral. Je
pense, entre autres, à la BFD ou au MEIR, le ministère de
l'Expansion industrielle où, justement, cela prenait des autorisations
pour commencer.
Maintenant, dans le cadre de la SDI, cela prend ces mêmes
autorisations, ce qui risque de décourager les entreprises, les
entrepreneurs à faire des affaires avec la SDI. C'est un peu, depuis les
trois ou quatre derniers mois, l'allure que cela prend chez les dirigeants
d'entreprises. J'aimerais avoir les commentaires du ministre là-dessus
et savoir ce qui a motivé cette décision.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Une des raisons, c'est que
cette procédure causait quand même certains embarras parce qu'on
disait aux entreprises: Commencez vos travaux, on analysera votre dossier un
petit peu plus tard et on vous donnera une réponse, mais cela regarde
bien. C'était la première indication que les entreprises
recevaient souvent. Elles pouvaient s'engager dans les travaux et très
souvent, à l'intérieur d'un mode de fonctionnement comme celui
que j'ai décrit tout à l'heure, quant au caractère
incitatif de l'offre, on pouvait en arriver à une situation où,
finalement, après analyse, on disait: Au fond, l'entreprise n'a pas
véritablement besoin de notre aide financière. Celle-ci revenait
à la charge - et elle reviendrait encore à la charge si on
maintenait toujours cette procédure - en disant: Bien oui, mais vous
m'avez autorisée à commencer les travaux, ne venez pas me dire
après que je n'ai pas droit à l'aide financière. C'est un
risque, c'est le risque que l'entreprise court lorsqu'on lui dit: Commencez vos
travaux même si vous n'avez pas une réponse aujourd'hui ou
même un début de réponse quant à votre
admissibilité - enfin, l'admissibilité n'est pas un
problème
parce que c'est relativement objectif - quant à
l'opportunité, plutôt, de vous verser une aide
financière.
Connaissant ce risque, parce que c'est véritablement un risque,
il me semble que les entreprises sont, en général, malvenues de
venir se plaindre ensuite qu'on doive interpréter une permission de
commencer les travaux pour des raisons de climat, par exemple, et qu'un peu
plus tard on leur annonce qu'elles n'ont pas droit à l'aide
financière. Il y a un risque là-dedans. La situation que je viens
de décrire, par exemple, permission de commencer les travaux et refus
d'une aide financière, donne lieu à des discussions. Cela
évite donc pas mal de discussions de ne pas donner la permission.
Si l'entreprise doit véritablement faire un projet et qu'elle le
commence tout de suite, qu'elle démontre un petit peu qu'elle n'avait
pas besoin de notre aide financière pour commencer ces travaux.
Deuxièmement, vous avez évoqué la participation du
gouvernement fédéral à des programmes d'aide
financière aux entreprises. Oui, le fédéral a depuis
longtemps une attitude comme celle - d'après ce que j'ai pu comprendre -
que vous dénonciez. Encore un peu pour les mêmes raisons, le
caractère incitatif de l'offre est-il véritable, substantiel?
Cela donne une excellente indication du caractère de notre offre lorsque
les entreprises n'attendent même pas l'aide financière pour
commencer un travail ou un projet. Il y a plusieurs dossiers qui sont conjoints
entre le fédéral et le gouvernement du Québec et qui,
à mon sens, pour plus de certitude pour les entreprises, devraient quand
même s'alimenter au même principe. Cela permet d'augmenter la
certitude dans les décisions des entreprises.
Troisièmement, il reste quand même une exception. Au niveau
des comités de dérogation à la SDI, on peut
considérer les cas spéciaux dans la mesure où le dossier
peut être assez avancé pour donner une véritable
indication, pour être juste envers l'entreprise, sur l'opportunité
de lui donner une aide financière. Si une indication un peu plus
positive existait à un moment donné, je pense que cela s'est
déjà fait peut-être par le comité de
dérogation de donner ces permissions, mais, autrement, on ne les donne
pas; je n'en vois pas l'intérêt, franchement.
M. Parent (Bertrand): Je me permets de dire, M. le ministre, que
je suis totalement en désaccord avec cette façon de
procéder. Je pense que le ministère et la SDI vont se rendre
compte que cette façon de procéder joue systématiquement
à l'encontre de la PME. L'approche que vous prenez est en faveur de la
grande entreprise en ce sens que la moyenne et la grande entreprises ont des
plans triennaux et quinquennaux d'immobilisations et savent qu'elles feront un
agrandissement de bâtisse ou une acquisition de machinerie dans six mois,
dans un an; il y a beaucoup de planification. On sait que la plus petite
entreprise, la petite et la moyenne - cela veut dire probablement 80 % ou 85 %
des entreprises touchées - n'ont pas ces grands plans de
planification.
Pour avoir siégé pendant les cinq dernières
années à la SDI, je sais qu'il arrive très souvent qu'une
occasion d'affaires se présente pour l'acquisition d'une bâtisse
ou plus particulièrement de machinerie. On doit, en l'espace de trois
semaines ou un mois, être capable de procéder. Je vous dis que
cela a une tournure importante. Cela n'a pas fait l'objet de mentions dans les
médias sauf que le "feed-back" que j'ai du milieu des affaires - je ne
le fais pas pour jouer à la politique - de plusieurs dizaines de
dirigeants d'entreprises, un peu partout dans les différentes
régions du Québec, c'est qu'ils s'en trouvent
affectés.
Je pense que, quant à cela, vous avez des pressions du milieu. Si
vous décidez, demain matin, de faire un investissement et espérez
avoir l'aide de la SDI, ce que vous évoquiez au sujet du
caractère incitatif... À la limite les entreprises peuvent
toujours se passer du gouvernement. Si l'on joue cela, on va effectivement
faire faire des économies au gouvernement, au ministère de
l'Industrie et du Commerce, à court terme et à moyen terme, sauf
que, à long terme, je pense que ce qui va se passer, c'est qu'on va
démotiver les entreprises.
Je voudrais bien donner la position du parti que je représente en
tant que critique officiel, mettre les choses bien claires quant à notre
position par rapport à cela. Je ne dis pas qu'il faut semer de l'argent
et des subventions à tout le monde, comme vous l'avez déjà
mentionné à un média, 10 % à tout le monde. Je ne
pense pas que la SDI, à travers ses différents programmes, ait
fait de la semence ces dernières années; au contraire,
c'était de plus en plus sélectif.
Mais là vous dites: Ce sera incitatif si vous êtes capables
d'attendre. Moi, je vous dis que, dans l'entreprise et dans la PME, ce n'est
pas de cette façon que cela fonctionne. Si vous ne révisez pas
cet aspect, vous allez avoir beaucoup de problèmes et vous allez
congestionner littéralement la machine. Actuellement, il y a beaucoup
d'entreprises qui disent: Au diable, le gouvernement et on procède
autrement! Cela peut faire sourire le ministre, mais c'est bien important.
Quand on parle de soutien à l'entrepreneurship avec tous ces programmes,
il faudrait être capable d'envisager éventuellement de revenir
à cette formule-là parce que l'autre formule a été
éprouvée au gouvernement fédéral et c'est
très bien démontré qu'actuellement les entreprises ne
veulent même plus faire
affaire avec le gouvernement fédéral.
Ce sont les commentaires que j'avais à faire là-dessus et
je vous dis les préoccupations qui sont bien appuyées par le
milieu des affaires.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En réplique au
député, je dirais... Oui, peut-être que le
député de La Peltrie a quelque chose à ajouter?
M. Cannon: Oui. Je dirais que cette position
évoquée par le député de Bertrand m'inquiète
un peu. Dire à une entreprise: Vous avez déposé une
proposition d'immobilisations devant un analyste financier de la SDI, mais vous
pouvez déroger aux étapes à franchir, cela
m'inquiète. Cela m'inquiète dans le sens que cela manque un peu
de rigueur. C'est essentiel que l'impact de l'investissement projeté par
l'industriel puisse être bien compris par l'analyste et par les
autorités en place, de sorte que, si, oui ou non, le gouvernement
décide d'intervenir par une injection de capitaux ou sous forme de
prêts ou sous forme de subventions, l'on puisse donner effet à ce
projet.
Cela peut, quand même, avoir un effet néfaste sur la
liquidité de l'entreprise, cela peut avoir un effet néfaste aussi
sur le rendement de l'entreprise à court ou à moyen terme d'y
aller aveuglément.
Peut-être que j'ai mal compris ce que le député de
Bertrand était en train d'indiquer lorsqu'il a dit que c'est surtout la
grande entreprise qui procède de cette manière; au contraire,
j'ai trouvé, lorsque j'y étais, que plusieurs petites entreprises
étaient en mesure de faire, de concert avec l'analyste financier, ces
prévisions de "cash flow" nécessaire, d'examiner l'ensemble du
projet et de voir l'effet que ce projet peut avoir. Qu'il s'agisse
d'acquisition de terrains, de bâtisses ou de machineries ou de toute
autre chose qui sont des dépenses admissibles, il faut mesurer l'impact
du point de vue financier avant de dire que le gouvernement va s'y engager.
Alors, proposer une formule carte blanche, cela me paraît très
inquiétant comme approche.
M. Parent (Bertrand): M. le Président... Oh, excusez.
Le Président (M. Charbonneau): Un instant, monsieur...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est à mon tour,
à ce moment-ci, avec la permission du président de la commission.
Il y a eu un changement de fonctionnement, que j'ai décrit tout à
l'heure, où j'ai senti que le député de Bertrand
souscrivait à cette utilisation plus efficace des fonds publics. Il en
résulte, évidemment, des taux de refus plus importants
qu'autrefois.
J'ai noté que le député de Bertrand était
d'accord avec le fait qu'il ne fallait pas saupoudrer, donc dire oui à
tout le monde automatiquement comme - je me permets de le souligner - cela se
passait pendant les cinq années où il a siégé au
conseil de la SDI. S'il n'était pas d'accord à l'époque,
il aurait dû le dire pour permettre des virages au conseil
d'administration qui ne se sont pas produits.
Ce qui arrive, c'est qu'à ce moment des attentes ont
été créées chez les entreprises qui se disaient -
je pense que le député le sait pertinemment - On va demander une
subvention à la SDI, on va l'avoir, c'est pas mal sûr. Elles
commençaient les travaux et, de fait, 92 % ou 93 % du temps, elles
avaient une subvention. Aujourd'hui, on parle de taux de refus qui sont
transmis au ministre et qui viennent de la SDI, qui sont de beaucoup plus que 8
%, 9 % ou 10 % sur les dossiers.
Ce que je vais prétendre, c'est que les entreprises, souscrivant
à l'utilisation plus efficace des fonds publics, parce qu'elles sont
aussi des contribuables, sont en train de s'habituer à ce mode de
fonctionnement de la SDI: oui, à court terme, on peut comprendre qu'il y
a des attentes qui ne sont pas comblées, mais ce nouveau comportement
dans la gestion des fonds publics a fait son chemin et, à mon sens,
d'après les consultations que nous avons eues dans le cadre d'une
révision éventuelle des programmes de la SDI, il a fait l'objet
d'un accord ou d'un appui considérable de la part des milieux d'affaires
que nous avons rencontrés dans le cadre de ces consultations.
Pour compenser ces déceptions - on pourrait les appeler comme
cela - que le député évoque, nous avons mis sur pied un
système, doué de rapidité et de flexibilité dans le
traitement, qui reconnaît les cas particuliers. J'ai parlé tout
à l'heure du comité de dérogation qui peut donner des
permissions de débuter les travaux. Les gens à la SDI sont
très près de la petite et de la moyenne entreprise et se font
fort de rencontrer ses besoins véritables. Si nous en sommes, dans
certains dossiers, à un moment où on doit agir plus rapidement
afin d'indiquer le plus clairement possible à l'entreprise si elle
bénéficiera d'une aide financière, la SDI le fait et
compense ainsi ce nouveau - dit le député - refus de début
de travaux, qui semblait être la norme du temps où il était
actif au conseil de la SDI. Il m'apparaît que, dans une gestion plus
rigoureuse, plus efficace des fonds publics, dans une participation du
gouvernement du Québec au développement de la petite et de la
moyenne entreprise, ces décisions vont dans le bon sens.
J'aimerais ajouter, parce que cela a été un des
commentaires du député, qu'il y a
tout un monde entre la grande planification à long terme des
grandes entreprises et l'absence totale de planification qu'a semblé
vouloir sous-entendre le député de Bertrand et qui serait le lot
de la petite et de la moyenne entreprise. C'est sous-évaluer,
sous-estimer considérablement la capacité de gestion de nos PME,
en laissant entendre qu'il reste encore beaucoup de place - on le sait, c'est
un des programmes d'action du gouvernement - à l'amélioration de
la qualité de la gestion. (10 h 30)
Mon expérience de la PME qui connaît un certain
succès repose, à mon sens, sur des visites que j'ai faites, sur
des discussions que j'ai eues avec des dirigeants de PME et avec des
associations comme le Regroupement québécois des entreprises.
Tous ces* gens se montrent fort capables de décisions organisées
et de planification en matière d'investissement. C'est presque leur
faire insulte de prétendre qu'ils n'ont pas de capacité de
planification, que c'est toujours une surprise extraordinaire pour eux
d'apprendre qu'ils pourraient, par exemple, ne pas se qualifier pour un
programme d'aide financière et qu'ils viennent de réaliser,
à une semaine d'avis, qu'il faut absolument qu'ils commencent des
travaux de 100 000 $ ou de 200 000 $ plutôt que de 10 000 000 $, comme
dans la grande entreprise. Un investissement de 100 000 $ demande la même
planification de la part d'une PME qu'un investissement de 100 000 000 $ en
demande à IBM. Cette situation qu'a évoquée le
député ne m'apparaît pas conforme à la
réalité que vivent les PME.
Le Président (M. Charbonneau): Bon, il est 10 h 30.
M. Parent (Bertrand): Peut-être un dernier commentaire
avant de lever l'assemblée, M. le Président, pour ne pas laisser
tout cela en suspens. Je voudrais répondre au député de La
Peltrie et aux quelques commentaires du ministre.
Je pense que le député de La Peltrie n'a pas très
bien saisi ce que j'ai mentionné tantôt. Il ne s'agit d'aucune
façon - le ministre peut vous le confirmer - de donner carte blanche et
que les entreprises n'aient rien à présenter. Il s'agit tout
simplement de l'autorisation de commencer des travaux pendant que l'analyse se
fait. Donc, c'est exactement la même analyse.
D'ailleurs, cela fonctionne ainsi depuis des années et cela a
fait ses preuves. La seule différence est qu'aujourd'hui on dit: On aura
plus de rigueur et vous ne débuterez pas vos travaux sans qu'on vous ait
donné les autorisations finales. Il s'agit que les analystes fassent les
mêmes analyses et tout cela. II ne s'agit pas du tout de donner carte
blanche. Je pense que le député m'a compris, sauf qu'il a
peut-être charrié un peu.
Relativement aux commentaires du ministre, je ne comprends pas que, d'un
côté, vous me disiez: On change d'attitude, mais on a un petit
comité qui s'appelle un comité de dérogation.
Écoutez, la dérogation avant consistait à donner
l'autorisation, à ceux qui la demandaient, de procéder à
une partie des travaux à cause d'une urgence. Je n'ai pas dit et je ne
dis pas que la petite entreprise n'a aucune planification. Ce que je dis, c'est
que les PME ne font pas le même genre de planification que les grandes
entreprises et que cette approche va causer des problèmes. Par exemple,
si une entreprise décide de débuter des travaux actuellement et
transmet son dossier au mois d'août à la SDI - il y a des chefs
d'entreprises, certains l'ont été autour de la table qui, en
plein mois d'août, adressent leur demande à la SDI - si, au 1er
novembre, elle n'a pas reçu de réponse car il y a beaucoup
d'ouvrage dans la machine - an peut comprendre cela - et qu'elle doit
débuter les travaux à cause de la température, l'hiver
arrive ou quoi que ce soit, on sait que, dans les faits, cela va la bloquer
énormément.
Je vous dis: Si vous avez un comité de dérogation, cela
veut dire qu'il y en aura certains qui feront des pressions ou qui feront des
démonstrations. Là, vous aurez des cas encore beaucoup plus
litigieux. On l'autorise ou on ne l'autorise pas, mais, dans le fond, le
comité de dérogation, c'est un peu ce qu'il y avait avant; la
dérogation consistait à donner cette autorisation de
procéder.
Vous me dites que vous allez le faire dans des cas ultimes. Je me
demande où on tirera la ligne. En pratique, je pense que vous semblez
vouloir resserrer les critères pour être sûrs d'être
incitatifs. Je comprends le but que le ministre, le ministère et la SDI
poursuivent avec cela, mais je vous dis: Dans la pratique, effectivement, ce
n'est pas ce qui se passera.
Je suis non seulement allé au conseil de la SDI, mais quand je
n'étais pas d'accord, je me suis toujours permis de le dire et de voter
contre. En général, j'étais d'accord avec ce qui se
passait, ce qui a fait que, dans l'ensemble, la SDI va très bien.
En terminant, je dirais au ministre que...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Cannon: Quelle prétentionl
M. Parent (Bertrand): Je ne dis pas que cela allait bien parce
que j'étais là. Je dis que, à la SDI...
Une voix: C'est ce que l'on a compris.
M. Parent (Bertrand): Vous comprenez peut-être ce qu'il n'y
a pas à comprendre. Je dis qu'à la SDI, en général,
cela va très bien. Pour y avoir été, je sais que cela va
très bien à la SDI. Ce sera tout, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): J'aurais une question
à adresser au ministre avant qu'on se quitte. J'ai remarqué dans
ces engagements - on n'aura pas le temps de les voir tous aujourd'hui - qu'il y
avait un certain nombre d'entreprises de mon comté. J'ai appris que
certaines entreprises ont été aidées par la SDI en
regardant les engagements financiers.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous voyez que cela sert
à quelque chose.
Le Président (M. Charbonneau): Oui, mais auparavant
j'avais un avis de la SDI indiquant qu'une subvention était
accordée. Est-ce qu'il serait possible de retourner à la pratique
antérieure et que l'on ait régulièrement des
communications de la SDI lorsque les entreprises de nos comtés sont
aidées?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, pendant
cinq ans, de 1981 à 1985, je n'ai jamais reçu d'avis de la SDI
à savoir qu'il pouvait y avoir des entreprises d'aidées dans mon
comté. Je ne pense que cela ait été une pratique de la
Société de développement industriel. C'était
peut-être une pratique du ministre de tutelle de la Société
de développement industriel. Cela n'est pas impossible.
Le Président (M. Charbonneau): Je ne le crois pas. Il
faudrait que je vérifie dans mes dossiers.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Faites donc cela.
Le Président (M. Charbonneau): Je ne le crois pas. C'est
une information qui m'apparaît...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Tout ce que je vous dis, c'est
que je n'ai jamais reçu d'avis dans mon comté et j'ai
appris...
Le Président (M. Charbonneau): C'est parce que vous n'en
avez pas demandé, M. le ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...en regardant les
données historiques que c'était déjà arrivé
que la SDI participe financièrement à des projets, etc., dans le
comté de Vaudreuil-Soulanges, de 1981 à 1985.
Le Président (M. Charbonneau): Ce qui prouve que l'on
n'avait pas négligé votre comté parce que vous
étiez dans l'Opposition. Je suis content de savoir que des entreprises
de mon comté ont été aidées, mais
j'apprécierais le savoir régulièrement. Je trouve que
c'est une pratique qui devrait se faire sans discrimination partisane. C'est
normal, ce sont des fonds publics, qu'on le sache à mesure qu'une
société d'État intervient dans un comté, qu'il soit
libérai, péquiste ou de n'importe quelle couleur. C'est
normal.
Je n'étais pas au cabinet à l'époque, mais je sais
ce que je ferais si j'y étais.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Presque, vers la fin.
Le Président (M. Charbonneau): Oh!
Presque... Cela sera pour une étape ultérieure
peut-être,
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dans quelle province?
Le Président (M. Charbonneau): Pardon? On verra cela plus
tard. Mais je sais que le ministre m'a compris et qu'il va peut-être
prendre cela en considération.
M. Cannon: M. le Président, est-ce que l'engagement 15 est
vérifié?
Le Président (M. Charbonneau): Si je comprends qu'il n'y a
pas d'autres questions, l'engagement 15 est vérifié. Pour la
suite, on verra à organiser l'agenda en conséquence. Cela va?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
J'aimerais beaucoup que l'on puisse communiquer avec vous le plus
tôt possible. Il y a des options tout de suite quant à la reprise
de nos travaux. On m'indique le mardi 25 novembre, de 20 heures à 22
heures possiblement, le mercredi 26 novembre en matinée, quelque part
entre 10 heures et 13 heures.
Le Président (M. Charbonneau): On prend note de ces
disponibilités.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On pourra voir cela avec le
Secrétariat des commissions et l'Opposition.
Le Président (M. Charbonneau): C'est cela. On essaiera de
voir parce que des fois il y a d'autres travaux et les séances de
travail qui sont prévus.
M. Cannon: La proposition sur la table du député de
Bertrand, si j'ai bien saisi, c'est de compléter les engagements
jusqu'à ce jour - ceux qui sont pour le moins disponibles - et de
rajouter trois heures supplémentaires pour terminer le paquet.
Une voix: C'est cela.
M. Parent (Bertrand): C'est-à-dîre que ma
proposition est que l'on puisse dans les trois prochaines heures... On a fait
une demi-heure ce matin; si on faisait trois heures en ligne, les 25 et 26
novembre, l'on pourrait compléter jusqu'à la fin de septembre ou
jusqu'à la fin d'octobre pour être à jour.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je le rappelle à
l'intention du secrétaire de la commission à charge, pour
l'administration de la commission, de nous faire parvenir au ministère
la liste des engagements financiers pour les mois en cause.
Le Président (M. Charbonneau): Je me demande même
si cela n'a pas déjà été transmis.
M. Johnson (Vaudreuil-Souîanges):
Jusqu'en septembre?
Le Président (M. Charbonneau): Oui, jusqu'en septembre.
C'est ce que j'ai devant moi.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Bonne
réunion. La séance de la commission est ajournée sine die.
Voilà!
(Fin de la séance à 10 h 39)