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(Onze heures quarante-quatre minutes)
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): À
l'ordre! La commission élue permanente de l'énergie et des
ressources poursuit l'étude de la proposition tarifaire
d'Hydro-Québec pour l'année 1984.
Sont membres de la commission: M. Beaumier (Nicolet), M. Bordeleau
(Abitibi-Est), M. Bourbeau (Laporte), M. Duhaime (Saint-Maurice), M. Fortier
(Outremont), M. Kehoe (Chapleau), M. Lavigne (Beauharnois), M. LeBlanc
(Montmagny-L'Islet), M. Middlemiss (Pontiac), M. Rodrigue (Vimont), M. Tremblay
(Chambly).
Les intervenants sont: M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M.
Bisaillon (Sainte-Marie), M. Desbiens (Dubuc), M. Dussault (Châteauguay),
Mme Harel (Maisonneuve), M. Leduc (Saint-Laurent), M. Maltais (Saguenay), M.
Scowen (Notre-Dame-de-Grâce), M. Perron (Duplessis), M. Vallières
(Richmond).
Maintenant, nous en étions à l'intervention du
député d'Outremont. Alors, s'il n'y a pas de commentaires, on
continuerait tout de suite avec vos questions, M. le député
d'Outremont. Ensuite, j'ai retenu le droit de parole du député
d'Abitibi-Est et du député de Notre-Dame-de-Grâce.
État des travaux à LG 2
M. Fortier: Merci, M. le Président. J'avais abordé
hier quelques questions sur le programme d'immobilisations et le plan
d'équipement, mais j'aurais une question préliminaire en ce qui
concerne LG 2. Est-ce que M. Coulombe ou M. Bourbeau pourrait nous dire quel
est l'état des travaux à LG 2? À travers les branches, on
entend dire qu'il y a des problèmes techniques. Est-ce que, de fait, les
mises en service ont été complétées? Est-ce que
tout se déroule sans anicroche ou si Hydro-Québec fait face
à des difficultés techniques à LG 2? Combien de turbines
fonctionnent? Combien y en a-t-il? Est-ce qu'il y a des difficultés
techniques?
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M.
Hamel.
M. Bourbeau (Joseph): Alors, M. Hamel va venir, mais, d'une
façon générale, tous les groupes ont déjà
été mis en service. Il y a eu du rodage à faire sur
certains groupes et je pense que M. Hamel va être capable d'expliquer
quelles sont les difficultés au point de vue de rodage des groupes.
M. Hamel (Laurent): Alors, en ce qui concerne LG 2, depuis la
mise en service du premier groupe, il y a déjà quelques
années...
M. Fortier: Excusez-moi, M. Hamel, mais pourriez-vous nous
rappeler combien il y a de turbines et quelle est la capacité de ces
turbines, s'il vous plaît?
M. Hamel: D'accord. Alors, à LG 2, actuellement, il y a
seize groupes, avec une puissance de 333 mégawatts chacun, ce qui fait
un total de 5238...
M. Bourbeau (Joseph): ...5328.
M. Hamel: ...5328 mégawatts, excusez. Disons que, depuis
la mise en service, il y avait eu des problèmes mineurs à
certains équipements, au niveau des turbines, dans le cas de Dominion
Engineering, et au niveau des vannes-fourreaux dans le cas de Marine Industrie.
Ces problèmes-là ont été réglés, ils
étaient mineurs. Ils sont tous réglés. À l'heure
où on se parle, les seize groupes sont en état de fonctionner. La
semaine dernière, il y avait treize groupes sur seize qui
fonctionnaient. Alors, la situation est très normale à LG 2.
Lignes de transport
d'électricité
M. Fortier: En ce qui concerne certaines modifications techniques
qui seront apportées aux lignes de transport d'énergie en
provenance de la Baie James, pourriez-vous faire le point et nous dire si, par
ailleurs, considérant la possibilité d'exportation massive vers
les États-Unis, vous avez des études - d'après certaines
informations, il y en aurait - pour construire une ligne à courant
continu à partir de la Baie James? Quelles sont les modifications, dans
un premier temps, que vous comptez faire sur les lignes existantes? Quelles
sont les études sur la possibilité de construction d'une ligne
à courant continu en provenance de la Baie James?
M. Hamel: Concernant les lignes existantes, nous avons
complété une étude tout dernièrement qui touche
à la capacité de transport du réseau de la Baie James.
Nos conclusions sont d'installer des équipements additionnels
dans les prochaines années pour nous permettre d'aller chercher toute la
capacité de transport de ces lignes. Actuellement, les lignes de la Baie
James peuvent transporter à peu près 80% de la puissance totale.
On sait que les centrales LG 3 et LG 4 ne sont pas encore en service. Donc,
cela ne pose pas de problèmes au moment où on se parle, mais, en
vue de la mise en service de la centrale LG 4, il va nous falloir placer des
équipements additionnels sur les lignes pour nous permettre de sortir
toute l'énergie de la Baie James.
M. Fortier: Sur ces lignes en particulier, quel investissement
additionnel avez-vous à faire?
M. Hamel: En dollars courants, c'est de l'ordre d'un peu moins de
100 000 000 $.
M. Bourbeau (Joseph): Environ 70 000 000 $.
M. Coulombe (Guy): II faut mentionner ce que ces 70 000 000 $ -
page 57 - sont déjà compris dans les investissements.
M. Fortier: Ma deuxième question maintenant: Compte tenu
des difficultés de vente d'énergie aux États-Unis sur une
base un peu massive et des difficultés d'interconnexion, est-ce qu'il y
a des études pour une ligne à courant continu en provenance de la
Baie James?
M. Hamel: En vue d'un accroissement de la demande et surtout en
vue de la mise en service d'une future centrale dans la région de la
Baie James - ici, je fais référence à LG 1 ou LG 2A ou LG
2 puissance additionnelle - il va falloir absolument construire une ligne
additionnelle pour sortir l'énergie. Nous sommes en train
d'étudier deux possibilités: d'abord, sortir l'énergie par
une ligne conventionnelle, si nous devons alimenter, disons, les besoins du
Québec. Par contre, si on devait alimenter l'exportation,
peut-être qu'il serait plus avantageux pour Hydro-Québec de
contruire la sixième ligne à courant continu plutôt
qu'à courant alternatif. Actuellement, des études sont en cours
et on pense être capables d'avoir une réponse vers le mois de mai
ou de juin 1984 sur la possibilité d'avoir une ligne à courant
continu, si besoin est.
M. Fortier: Mais est-ce que la conception originale des lignes de
transport d'énergie de la Baie James n'était pas de pourvoir
à certaines capacités additionnelles assez facilement? Je croyais
que les six lignes devaient satisfaire quelques mille mégawatts de plus.
Autrement dit, les difficultés auxquelles vous avez fait face, d'une
part, vous amènent à faire des corrections et, d'autre part, vous
amènent, par-dessus le marché, à considérer la
construction d'une autre ligne. Est-ce que mon énoncé
reflète bien la réalité?
M. Hamel: Ce n'est pas six, mais cinq lignes qui ont
été construites ou qui sont en voie d'être construites;
elles sont suffisantes pour sortir l'énergie et la puissance de la phase
1 du complexe La Grande. Par contre, la sixième ligne, on la
prévoit pour sortir l'énergie et la puissance des futures
centrales, c'est-à-dire la phase 2 et LG 1.
M. Fortier: L'autre étude dont vous parliez, c'est pour la
sixième ligne.
M. Hamel: La sixième ligne, pour sortir l'énergie
et la puissance des futures centrales.
M. Fortier: Et c'est sur cette sixième ligne que le
gouvernement vous a demandé de faire certains travaux?
M. Bourbeau (Joseph): Remarquez que tout ceci correspond à
notre planification de réseau de 1972. Pour sortir les 10 000
mégawatts de la phase 1, il y avait cinq lignes; on pourra, avec des
appareillages supplémentaires, sortir 10 000 mégawatts. Lorsqu'on
arrivera à la phase 2, il s'agira de mettre en place une sixième
ligne.
M. Fortier: Est-ce qu'une ligne de transport à courant
continu peut se faire par modules? Si vous exportez 2000 ou 4000
mégawatts, est-ce qu'une ligne à courant continu, techniquement
parlant, peut se faire par modules ou si vous seriez obligés d'envisager
la construction d'une ligne - et d'y engager des fonds et des investissements
assez coûteux - qui conviendrait à des volumes très
élevés par la suite?
M. Bourbeau (Joseph): Non. Évidemment, pour le courant
continu, on peut y aller par modules, excepté qu'on ne dépassera
pas un transit d'environ 2000 à 2500 mégawatts par ligne. On
pourrait toujours transiter 3000 à 5000 mégawatts, mais, si la
ligne flanche, on perd trop. Nos lignes transitent 2000 à 2500
mégawatts.
M. Fortier: Est-ce que vous pouvez nous donner un ordre de
grandeur? Quelqu'un me parlait de 1 000 000 000 $ pour une telle ligne; est-ce
à peu près l'ordre de grandeur dont on parle?
M. Bourbeau (Joseph): C'est à peu près cela.
M. Fortier: C'est cela, oui. Est-ce que
ce sont des difficultés techniques qui vous amènent
maintenant à considérer le courant continu? Je sais qu'à
l'origine la décision qui avait été prise n'avait pas
été nécessairement facile, entre le courant alternatif et
le courant continu. La connaissance que vous avez des deux modes -pour le
courant alternatif, par l'expérience même d'Hydro-Québec
et, pour le courant continu, j'imagine, par des expériences dans
d'autres provinces ou dans d'autres pays -des deux dossiers vous
amène-t-elle à choisir ou à préférer,
plutôt, le courant continu? J'imagine que c'est la décision que
vous aurez à prendre dans l'avenir.
M. Bourbeau (Joseph): Remarquez que, lorsqu'on a fait les
premières études sur la Baie James, la décision a
été assez facile à prendre. À ce moment-là,
si je me souviens bien, le courant continu coûtait environ 25% plus cher
que le courant alternatif. Depuis ce temps, des réseaux ont
été construits en courant continu à travers le monde; on a
beaucoup plus d'expérience et c'est cela qu'on veut évaluer dans
les prochaines études.
M. Coulombe: Mais il y a peut-être une
ambiguïté qu'il faudrait clarifier. Examiner l'hypothèse du
courant continu pour la sixième ligne, il n'y a aucune relation entre
cette étude d'hypothèse et le fait qu'il faille ajouter des
équipements sur les cinq lignes existantes en courant alternatif. Il n'y
a aucun lien entre les deux.
M. Fortier: II y a un lien dans le sens qu'au moment où la
décision a été prise certains ont exprimé des
doutes. Il semblerait que le fait d'être obligé d'ajouter de
l'équipement est une confirmation des difficultés que certains
appréhendaient. C'est un peu un jugement sur la qualité du
courant alternatif pour ce genre de voltage et, dans ce sens, cela devient une
considération dans le jugement que vous aurez à porter pour la
construction de nouvelles lignes dans l'avenir. C'est la relation, je
crois.
M. Coulombe: Pour clarifier exactement cette question de transit,
peut-être qu'on peut demander au vice-président à la
planification des équipements d'expliquer quelle est la nature exacte du
problème de transit. Je pense que cela va clarifier la situation.
M. Dubé (Claude): Au sujet des difficultés
actuelles du réseau de transport de la Baie James, on a pu identifier,
il y a à peine quelques mois, qu'un événement peu
probable, mais quand même possible pouvait détériorer une
partie de notre équipement s'il y avait une panne globale du
réseau. Or, les conséquences d'un tel événement
seraient que la reprise en charge du réseau pourrait être plus
longue que prévue et, même, qu'il nous serait difficile
d'alimenter une partie de la charge pour une certaine période.
Pour nous mettre à l'abri d'un tel événement, nous
avons immédiatement diminué le transit sur notre réseau,
de façon à ne pas mettre en péril l'alimentation de
l'ensemble des abonnés du Québec. Une solution à ce
problème technique a été trouvée. C'est ce qui nous
incite à dépenser dans les prochaines années une somme de
70 000 000 $ pour vraiment mettre à l'abri d'un tel
événement notre appareillage et notre équipement. Bien
sûr, c'est une addition aux équipements déjà
prévus, une addition de 70 000 000 000 $ sur des investissements globaux
de 3 300 000 000 $.
Une voix: De 70 000 000 $.
M. Dubé: Le réseau de transport global de la Baie
James - il s'agissait de 70 000 000 $, pardon - nous a coûté 3 300
000 000 $. Il faut ajouter 70 000 000 $ là-dessus. Ces correctifs
étant apportés, le réseau sera capable de transiter la
totalité de la puissance générée et produite
à la Baie James.
M. Fortier: Vous avez annoncé que certains travaux
préliminaires seraient faits à la ligne no 6. Vous nous dites
maintenant que, sur le plan technique, vous ne savez pas exactement ce que vous
allez faire.
M. Dubé: II y a deux options.
M. Fortier: Quel genre de travaux préliminaires allez-vous
faire? Est-ce que vous avez obtenu l'autorisation du ministère de
l'Environnement pour procéder à ces travaux?
M. Dubé: Au moment où on se parle, on est à
l'étape des études préliminaires, c'est-à-dire que
deux options techniques sont examinées. La sixième ligne pourrait
être une ligne à courant alternatif, tel que prévu, qui
emprunterait le corridor des quatrième et cinquième lignes. Une
autre option est actuellement envisagée qui serait une ligne à
courant continu qui pourrait emprunter le même corridor ou un autre
corridor.
Au moment où on se parle, comme M. Hamel le disait tantôt,
le courant alternatif semble être, du point de vue strictement
économique, la meilleure solution pour l'intégration globale de
la deuxième phase du complexe La Grande pour les besoins du
Québec. Cependant, si on devait consacrer une partie de notre production
à l'exportation, la ligne à courant continu pourrait
s'avérer une option très valable. Actuellement, ces deux options
sont examinées et ce sont des études en bureau
qui sont faites. Bien sûr, nous allons amorcer le plus rapidement
possible des études de tracés pour cette sixième ligne,
qu'elle soit dans le corridor déjà prévu ou dans un autre
corridor, et les permis seront demandés en temps et lieu.
M. Fortier: Mais ces études, si je comprends bien, vous
les faisiez de toute façon parce qu'il vous fallait faire un choix
éventuellement. Quel genre de travaux avez-vous avancés à
la demande du gouvernement?
M. Dubé: Ce que nous avons avancé, c'est cette
étude technique pour arriver à un choix entre les deux
technologies, qui sera suivie immédiatement par des études de
relevés sur le terrain, des relevés techniques sur toute la
longueur de la ligne.
Pratiques comptables
M. Fortier: J'aimerais maintenant passer à une partie qui
concerne plutôt la comptabilité en relation avec le programme
d'équipement. Vous avez décidé d'effacer certaines
études. J'avais moi-même posé dans le passé des
questions à ce sujet, étant donné le volume assez
considérable des études qui avaient été
capitalisées et qui n'étaient pas passées aux frais
d'exploitation. Vous nous donnez ici des détails dont je vous
remercie.
À la page 66, je lis un paragraphe où on dit: "Selon les
pratiques comptables actuelles, les frais d'études préliminaires
sont portés au compte construction en cours. Toutefois, les
intérêts sont comptabilisés à l'exploitation...". Si
on regarde le tableau à la page 69, à l'année 1983, on
s'aperçoit qu'il n'y a aucune dépense d'intérêt,
indiquée là, ce qui nous laisserait supposer que les
intérêts en 1983 ont été capitalisés,
contrairement à l'énoncé que vous faites à la page
66.
M. Bourbeau (Joseph): M. Michel Caron, vice-président
exécutif aux finances et à l'administration. (12 heures)
M. Caron (Michel): M. le Président, à compter de
1984, certains travaux sur des projets seront complètement
arrêtés, ce qui n'était pas le cas en 1983. C'est seulement
à partir du moment où les travaux sont discontinués que
les intérêts sont portés à l'exploitation
plutôt que d'être capitalisés et ce, pour la
durée...
M. Fortier: Je croyais que l'énoncé que vous faites
à la page 66 était valable pour le passé. Est-ce que vous
nous dites que cet énoncé est valable uniquement pour
l'avenir?
M. Caron (Michel): La pratique comptable existait dans le
passé. Elle n'est pas changée.
M. Fortier: La pratique comptable, présentement ou dans le
passé, était de capitaliser également les
intérêts et non pas de les montrer aux frais d'exploitation.
M. Caron (Michel): On capitalise les intérêts tant
et aussi longtemps que les travaux continuent. Lorsque les travaux sont
arrêtés, les intérêts sont passés à
l'exploitation et ce, pour la période d'arrêt des travaux.
M. Fortier: Je vous remercie. Le texte n'était
peut-être pas très précis. Je vais bientôt passer la
parole à quelqu'un d'autre, M. le Président.
Vous avez décidé de passer aux dépenses
d'exploitation certaines études qui avaient été faites.
D'autres études, vous avez décidé de les garder en
réserve, de les garder capitalisées. Selon le programme
d'équipement de l'an dernier, le complexe NBR et le complexe La Romaine
devaient être réalisés après l'an 2000. Autrement
dit, ce n'était pas du tout les rivières qui étaient
prioritaires dans votre plan d'équipement. Il y en avait d'autres qui
étaient prioritaires. Il y a toute la liste, dans le tableau 19, du
programme d'équipement de l'an dernier. J'aimerais que vous m'expliquiez
pourquoi avoir décidé de ne pas passer aux dépenses
d'exploitation ces études en particulier, étant donné que
l'an dernier elles n'étaient pas prioritaires.
L'an dernier, vous donniez des dates. Lorsqu'on considère le
tableau à la page 53, pour les deux complexes, La Romaine et NBR, vous
n'indiquez même pas de date cette année. J'aimerais que vous
m'indiquiez quels sont les motifs qui vous font passer aux dépenses
d'exploitation d'autres rivières qui semblaient être prioritaires
et pourquoi, ces deux complexes en particulier qui n'étaient pas
prioritaires l'an dernier, vous avez décidé de les garder
capitalisés?
M. Caron (Michel): Pour ce qui est des complexes La Romaine et
NBR, dans le plan de 1984, ils sont classifiés comme projets en
réserve. Si dans l'horizon du plan d'équipement actuel les
hypothèses se confirment, en 1986 - et seulement à ce
moment-là - on aura à prendre la décision de radier La
Romaine et NBR.
M. Fortier: Vous avez d'autres rivières. Hier, on nous a
dit que ce qui était le plus économique à comparer au
nucléaire, c'était LG 1 en particulier. Vos études de
lignes de transport d'énergie vous amènent vers ces centrales
hydrauliques. Même dans un cas où il y aurait une certaine
accélération de votre plan d'équipement, de la
façon dont je lis vos documents, je conclus que les deux
projets que vous venez de mentionner ne sont pas parmi les plus
prioritaires et pourraient être reportés de plusieurs
années. Est-ce qu'il y a des raisons techniques, économiques ou
politiques qui font que ces deux complexes, vous les gardez en réserve
comme si ces projets-là étaient encore chauds, alors que de toute
évidence, sur le plan strictement technique, ils ne semblent pas
être très prioritaires?
M. Coulombe: Le plan qu'on a présenté l'an
passé amorçait un peu le virage en termes de la demande et des
conséquences comptables et économiques. Les études se sont
poursuivies. Les deux projets dont vous faites mention ont été
classifiés dans la catégorie des projets moins rentables que la
phase 2 de la Baie James. Dans le plan de l'an passé, on ne pouvait pas
d'un coup régler ce genre de problème. On a poursuivi les
études. Cette année, on met au point -c'est conforme au
deuxième objectif du plan de l'an passé qu'on a gardé
cette année -une clarification financière et comptable de
l'entreprise. C'est la poursuite de ces études.
Je suis d'accord avec vous pour dire que toutes ces décisions
auraient pu, à strictement parler, être prises l'an passé.
Mais on a pensé qu'il fallait poursuivre la réflexion, les
études, la communication avec nos vérificateurs externes et
internes avant de prendre une telle décision. C'est pourquoi cette
année, par exemple, quelqu'un pourrait dire: Certains projets sont
prévus pour l'an 2000 ou en 1998; selon la même logique, les
intérêts pourraient être portés à
l'exploitation et, à la limite, certains pourraient être
radiés.
Mais on a voulu agir avec prudence, c'est-à-dire en
commençant le processus, en mettant à l'exploitation certains
types d'intérêts et en radiant d'autres. Probablement que, si les
hypothèses de demande étaient plus basses que celles qu'on
prévoit, l'année prochaine, il y aurait d'autres radiations qui
seraient faites qu'on ne fait pas cette année.
Il y avait une deuxième raison aussi: il fallait, quand
même, garder à l'esprit l'hypothèse de Churchill. En
d'autres mots, si jamais il arrivait... L'an passé, c'était moins
clair que cela ne l'est cette année. Actuellement, on est en discussion
assez intensive avec eux.
M. Fortier: Avec qui?
M. Coulombe: Avec les gens de Terre-Neuve.
M. Fortier: Oui.
M. Coulombe: On ne dit pas que c'est un dossier qui va se
régler. Mais c'est plus probable aujourd'hui que cela ne l'était
il y a un an, sans aller plus loin. Donc, l'an passé, il fallait garder
cette hypothèse que, s'il arrivait quelque chose, il fallait que ces
projets soient accélérés. Alors, c'est pour toutes ces
raisons. Je pense que la plus fondamentale, c'est que le virage qu'on a fait
l'année passée, on ne pouvait pas le faire intégralement,
cela aurait été imprudent, et on le continue cette année.
Probablement que l'année prochaine, si les prévisions se
confirment, d'autres seront ajoutés.
M. Fortier: Deux petites questions. La première:
Pourriez-vous me donner le montant - je ne crois pas qu'il soit ici - des
études que vous gardez capitalisées? Quel est le montant global?
La deuxième: Pourriez-vous nous dire ce que les prêteurs pensent
de la procédure que vous avez adoptée ou du fait que vous gardez
certaines études capitalisées alors qu'elles sont
reportées à plus long terme?
M. Coulombe: L'ordre de grandeur des études, c'est
à peu près de 500 000 000 $ ou 600 000 000 $. Quant aux
prêteurs, M. Pierre Bolduc, qui est vice-président aux finances,
est en contact quotidien avec nos financiers. C'est évident que les
financiers trouvent cette démarche extrêmement intéressante
en ce qui les concerne parce que cela fait partie de l'assainissement financier
de l'entreprise. Même si, ultimement, cela conduit à une
diminution des profits, c'est une diminution temporaire des profits. En ce qui
concerne le financement ou les financiers externes à l'entreprise, c'est
évident que, pour eux, c'est un assainissement de base de l'entreprise.
C'est évident que garder des sommes considérables
capitalisées, à long terme, ce n'est pas sain et pour une raison
très simple: on va se ramasser avec des projets, si on ne fait pas de
radiations, sur lesquels une pelletée de terre n'aura pas
été levée et où le coût du kilowattheure sera
déjà rendu énorme. C'est donc une saine procédure
administrative et les financiers externes sont totalement d'accord avec cette
démarche.
M. Fortier: Je vous remercie.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député d'Abitibi-Est, à vous la parole.
Plan de décentralisation
M. Bordeleau: Merci, M. le Président. J'aurais une
question, M. Coulombe, concernant votre plan de rationalisation. Je vous avais
déjà posé une question semblable en juin dernier. Dans un
document qu'on nous fournit sur le personnel d'Hydro-Québec, on
constate le nombre de postes qui sont coupés dans le plan de
réorganisation. Si je prends la région de l'Abitibi, on passerait
de 76 à 53, ce qui constitue une réduction de 23%. J'imagine que
c'est un objectif échelonné sur quelques années. Ce que je
voudrais savoir, c'est où on en est actuellement. Est-ce qu'après
cette étape il y a d'autres coupures de postes qui s'en viennent ou si
c'est un plan global échelonné sur un
échéancier?
M. Coulombe: Dans le document auquel vous faites
référence, s'agit-il du nombre de postes de cadres
coupés?
M. Bordeleau: Je n'ai pas mentionné que c'étaient
des cadres, mais ce sont des cadres, oui.
M. Coulombe: C'est cela. Dans cette démarche, les coupures
de postes de cadres ne signifient pas nécessairement
l'élimination d'individus en tant que tels. En d'autres mots,
l'encadrement d'Hydro-Québec a été réduit
considérablement, je l'ai dit hier, de l'ordre de 35%, mais les
individus qui occupaient ces postes ont été
transférés dans d'autres tâches qui ne sont plus des
tâches de cadres.
Donc, en termes de personnel, en termes de main-d'oeuvre, en termes
d'individus, cela ne signifie pas nécessairement que ces individus vont
quitter la région. Dans votre cas précis, je ne sais pas le
nombre exact, mais cela ne veut pas dire que ces individus vont
nécessairement quitter la région; au contraire, il peut s'en
ajouter avec l'effort de décentralisation qu'on va faire. Donc, ils
seront appelés à jouer d'autres rôles, à avoir
d'autres postes, par exemple, des postes de spécialistes.
M. Bordeleau: Ce n'est donc pas l'équivalent...
M. Coulombe: D'une coupure d'individus?
M. Bordeleau: ...d'une coupure de personnes, oui.
M. Coulombe: Dans la démarche générale qu'on
a faite, comme on a coupé le recrutement externe, d'une part, comme avec
le programme spécial de mise à la retraite
accélérée, il en est parti 1000, cela dégage donc
une série de postes vacants. Après avoir coupé des
postes de cadres, on dit à un individu: Tu ne peux plus occuper un poste
de cadre, parce que ce poste n'existe plus. Il y a maintenant d'autres postes
vacants qui existent. On t'offre tel poste vacant. Il peut être un
spécialiste. Il peut occuper de nouvelles fonctions, mais il n'y a pas
de fonctions de cadres.
M. Bordeleau: D'accord. Est-ce que cette étape est
terminée ou si vous êtes à procéder?
M. Coulombe: L'étape telle que définie lorsqu'on a
dit qu'on coupait l'encadrement de 35% est terminée. En fait, elle se
termine cette semaine dans les régions. Par contre, l'effort de
rationalisation, j'espère qu'il ne sera jamais terminé. En
d'autres mots, au-delà d'une espèce de coupure globale qui a
été faite, il faut que chacune des activités d'Hydro
continue à être réexaminée. Il faut se poser des
questions sur chacune des activités et se demander si c'est encore une
activité nécessaire, si elle est encore rentable. Cet effort va
se poursuivre, mais il ne sera pas de même nature que l'étape
qu'on a vécue depuis quinze mois.
M. Bordeleau: D'accord. Concernant la régionalisation,
vous me disiez justement, en juin dernier, que vous meniez de front
l'organisation régionale et la décentralisation. Je remarque que,
toujours dans le même document, on parle de la nouvelle structure
d'Hydro-Québec. On retrouve onze régions dans l'organigramme.
Vous me disiez également au mois juin que, vers la fin de cette
année, vous seriez fixés un peu plus sur la réorganisation
des régions. Vous connaissez les problèmes qu'on a chez nous, en
tout cas les positions de la région. Je voudrais vous demander si cette
nouvelle structure de onze régions va demeurer ou si vous allez arriver,
en fin d'année ou au début de l'année prochaine, avec une
nouvelle définition des régions.
M. Coulombe: Pour le moment, nos hypothèses actuelles sont
que les onze régions seront maintenues, parce que la priorité a
été donnée à l'organisation d'encadrement
régional et aussi à l'effort de décentralisation. Dans cet
effort, il y aura des gens qui partiront du siège social, qui iront dans
les régions. Quelque 200 ou 300 personnes, dans une première
phase, quitteront le siège social au cours des six premiers mois de
1984. Ces gens iront dans les régions.
Il y a un deuxième phénomène qui se produit, c'est
que, dans ce qu'on peut appeler les dix ou onze sièges régionaux,
il y en a qui vont partir de ces sièges régionaux pour aller dans
des secteurs. Il y aura un autre mouvement qui va se faire, qui est
déjà en marche.
Concernant l'organisation régionale globale
d'Hydro-Québec, on se donne jusqu'à la fin de 1984 pour non pas
nécessairement remettre en cause le nombre de régions, parce
qu'on peut tenir pour acquis qu'à moins de surprises très grandes
on va garder cette structure, mais examiner la possibilité
d'avoir peut-être une décentralisation du siège
social vers un ensemble de régions où il y aurait plus
d'autorité concernant certaines grandes décisions de l'entreprise
pour les rapprocher de la population et des centres de décision. C'est
encore à l'étude, il n'y a pas de décision de prise. Mais
le cadre régional actuel, on pense que cela va rester à peu
près ce que c'est actuellement.
M. Bordeleau: Dans le même esprit de rapprocher les centres
de décision des régions, est-ce que la question du siège
social de la région de la Baie James qui est toujours administré
à Montréal, à ma connnaissance, par rapport au jumelage
possible, à la fusion avec l'Abitibi-Témiscamingue est toujours
considérée?
M. Coulombe: C'est un sujet qui est extrêmement
délicat à l'heure actuelle. Cela peut sembler curieux que le
siège social ou le siège régional de la Baie James soit
situé à Montréal. La raison était extrêmement
simple. Pendant que les travaux se faisaient à la Baie James - il ne
sont même pas encore terminés - il fallait implanter
l'exploitation au même moment que les travaux se poursuivaient. Pour
harmoniser ceux qui travaillaient dans les centrales - M. Hamel a fait allusion
tantôt à beaucoup de problèmes qui se sont posés
dans le rodage de ces systèmes - il fallait que les équipes
d'exploitation qui étaient en train de se former tranquillement et les
équipes de construction qui étaient en "phasing out", si on peut
appeler cela ainsi, soient en contact très étroit. Le seul moyen
de les garder en contact très étroit au niveau de
l'ingénierie et au niveau de l'organisation, c'était de les
garder à Montréal, parce qu'au point de vue de la construction,
c'était concentré à Montréal. C'était la
première phase. (12 h 15)
Maintenant que la Baie James se termine, enfin que cette phase se
termine, que les équipes d'exploitation sont en place -il y a 400 ou 500
personnes en termes d'exploitation qui sont déjà
installées là - il faut, évidemment
réfléchir à la question de continuer de garder cela
à Montréal. Je pense qu'il y a un consensus à
Hydro-Québec pour dire qu'éventuellement ce serait plus logique
que ce soit en dehors de Montréal. Je dis éventuellement. Quand?
Je ne le sais pas. Maintenant, il y a des pressions extrêmement fortes
qui se font pour que ce soit en Abitibi, d'autres pour que ce soit au
Lac-Saint-Jean parce qu'il y a une grande partie de la main-d'oeuvre qui vient
du Lac-Saint-Jean. Il y a une troisième hypothèse qui surgit,
c'est-à-dire que ce soit à Radisson. C'est aussi à
l'étude, pas tellement à Hydro-Québec, mais au
gouvernement. Donc, il y a trois hypothèses devant nous. Je vous avoue
que la décision finale sera assez complexe à prendre.
M. Bordeleau: Cette décision finale, est-ce qu'on peut
savoir quand elle va venir?
M. Coulombe: Honnêtement, je ne peux pas mettre de date sur
la décision finale. Cela va dépendre de la façon dont ces
trois hypothèses vont évoluer et surtout de l'hypothèse
d'avoir à Radisson des installations permanentes. On n'a aucune
idée de la façon dont le dossier évolue dans ce
sens-là.
M. Bordeleau: Merci.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Merci, M.
le député. Sur le même sujet, une petite question, M. le
député de Chapleau.
M. Kehoe: Oui, sur le même sujet. M. Coulombe, dans la
région de Hull-Gatineau, on a appris dernièrement que, dans le
plan de décentralisation, Hydro-Québec a l'intention de
déménager au moins 30 cadres de la région de Hull pour les
implanter à Saint-Jérôme. Saint-Jérôme
deviendrait le centre de la nouvelle unité administrative
régionale. Dans l'ensemble, est-ce que la décision est prise?
Est-ce irrévocable ou si la décision n'est pas encore prise?
M. Coulombe: La décision est prise et le
déménagement ne se fera pas. Les gens vont rester à
Hull.
M. Kehoe: Bon, merci. Les 30 cadres vont demeurer à
Hull?
M. Coulombe: Oui.
M. Kehoe: Cela règle le problème.
M. Coulombe: II y en a au moins un qui est
réglé.
M. Kehoe: J'avais un tas d'autres questions à vous poser,
mais...
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Oui, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, vous aviez demandé la
parole.
M. Scowen: Oui.
M. Tremblay: M. le Président, j'aurais une courte
question.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Une courte
question sur le même sujet?
M. Tremblay: Non, on est ici pour poser des questions sur
différents sujets.
Le Président (M. Champagne, Mille-
Îles): D'accord, mais il y a un ordre. Je vais prendre
votre nom.
M. Tremblay: C'est parce que M. le député...
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
C'était sur le même sujet, une petite question. Je vais
retenir votre droit de parole, M. le député de Chambly. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Prévision de la demande selon SOQUIP et
Hydro-Québec
M. Scowen: M. le Président, j'ai une série de
petites questions qui ne sont pas liées les unes aux autres, mais qui
ramassent quelques idées et quelques déclarations qui ont
été faites jusqu'ici. Je ne sais pas si je dois poser la
première question au ministre ou au président. Il s'agit de vos
prévisions concernant la demande des quatre sortes d'énergie soit
le pétrole, le gaz... Je fais allusion à votre document: La
demande d'électricité au Québec, page 20, où nous
avons les prévisions. Dans ces prévisions, par exemple, on voit
que la part de l'électricité, de 1981 à 1991, va augmenter
de 30% à 39% et que celle du pétrole va descendre de 60% à
45%. J'ai regardé les prévisions du même genre qui sont
faites par une autre société d'État qui relève du
ministre, soit SOQUIP. J'ai remarqué qu'il y a des différences
d'opinions assez importantes. Les deux sociétés d'État
prennent des décisions assez importantes sur la base des
prévisions. Je vous demande, M. le président ou M. le ministre,
si vous essayez d'avoir une concordance, une collaboration entre les deux
sociétés d'État qui étudient essentiellement la
même chose. Si oui, comment se fait-il que des écarts aussi
importants existent? Sinon, est-ce que le ministre peut accepter l'idée
que dorénavant, dans un domaine aussi important, les deux grandes
sociétés d'État dans les deux domaines doivent travailler
sur la base des mêmes chiffres? C'est difficile de vous citer les
chiffres, précisément parce que vous avez pris les années
1981 et 1991 pour faire vos calculs et que SOQUIP a pris les années 1980
et 1990. Pendant cette décennie - je vais prendre les chiffres à
la fin de la décennie - vous, vous prévoyez que le pétrole
va encore avoir 45% du marché; SOQUIP prétend que ce sera 39%.
Elle prétend que vous, vous auriez 41% du marché et vous
prétendez que vous auriez 39%. Cet écart, c'est une
légère différence, d'après mes calculs, de 340 000
000 $ par année. Ce n'est pas négligeable.
Dans le cas du gaz, vous prévoyez que le gaz va avoir 15% et
SOQUIP prétend - et elle s'intéresse beaucoup au gaz - qu'elle va
avoir 18%. Elle prévoit qu'elle aura beaucoup plus du marché que
vous. Mes questions:
Vous êtes au courant? Vous avez décidé de
différer, je présume; pourquoi? Est-ce que le ministre peut
s'organiser dans l'avenir pour que ces deux sociétés
d'État fonctionnent sur les mêmes prévisions?
M. Duhaime: Si vous le permettez, M. le Président, je
pense que la question s'adressait ici, mais je pourrais laisser M. Coulombe
continuer.
Je voudrais faire une remarque d'ordre général? Il est
bien certain que le ministère de l'Énergie et des Ressources a
une équipe à la prévision économique et à la
prévision des scénarios de croissance et de l'évolution
des composantes du bilan énergétique du Québec sur
l'horizon 1985, 1990 et de l'an 2000. Je crois, de mémoire - je n'ai pas
le document devant moi - que ce que vous évoquez au sujet de SOQUIP
à 18% sur le gaz à l'horizon de 1990 - c'est ce chiffre -
M. Scowen: Oui.
M. Duhaime: ...rejoint la prévision du ministère.
41% électricité, SOQUIP?
M. Scowen: 41%, l'électricité.
M. Duhaime: Les chiffres de SOQUIP, sur l'horizon 1990, sont
à peu près sur la même ligne que la prévision du
ministère. Sur l'an 2000, c'est toujours un peu risqué d'avancer
une prévision, mais il faut quand même travailler sur des
scénarios. Je ne crois pas, cependant, que les prévisions des
diverses composantes du bilan: part électricité, part gaz, part
pétrole, que nous avons retenues au ministère de l'Énergie
et retenues également chez SOQUIP contredisent ce qu'Hydro-Québec
retient. À première vue, cela peut paraître ainsi, mais je
pense qu'il y a une marge dans l'analyse que peut vous expliquer M.
Coulombe.
M. Scowen: Excusez-moi, M. le ministre. Maintenant, vous dites
que les prévisions de SOQUIP sont comme celles du ministère. Le
ministère prévoit qu'en 1990-1991 la part totale du
pétrole sera de 39%. Hydro-Québec prévoit que ce sera 45%.
C'est un joli écart.
M. Duhaime: Demandez-lui les explications; on est rendu
là.
M. Coulombe: Avant de tomber dans les quelques chiffres qu'on
voudrait mettre sur la table, cela prouve, au moins, qu'il n'y a pas de
collusion entre les compétiteurs sur les chiffres. Deuxièmement,
probablement que, si SOQUIP prévoit que l'électricité va
avoir une plus grande part, c'est parce qu'elle rend hommage à la
capacité de mise en marché d'Hydro-Québec pour aller
en
chercher une plus grande part.
M. Fortier: Chacun se rend service.
M. Coulombe: Maintenant, au-delà de cela, il y a des
chiffres précis qu'on devrait vous donner. M. Grignon va vous les
donner.
M. Grignon (Michel): Je pense que tout le monde se
réfère aux prévisions de SOQUIP qui ont été
déposées à la commission parlementaire. Il y a eu celles
de Gulf, il y a celles d'Hydro-Québec aujourd'hui. Ce sont toutes des
prévisions qui ont été faites à des moments
différents et pour des années différentes. Je pense que ce
serait peut-être intéressant, au moins sur les prévisions
de l'ensemble de l'énergie, de citer quelques chiffres.
Tout le monde s'entend pour dire qu'en 1981, selon les statistiques
officielles, la consommation totale d'énergie au Québec
était de 1326 pétajoules. Avant de parler de parts, je pense
qu'il faut s'entendre sur la grandeur de la tarte.
Pour les mêmes années, sur des bases comparables,
Hydro-Québec prévoit qu'à partir de ces 1326
pétajoules, en 1985, on atteindrait 1260 pétajoules et 1300
pétajoules en 1990. Si on regarde la prévision de SOQUIP, elle
est à 1445 pétajoules en 1985. Je pense que cela reflète
un peu le fait que c'est une prévision qui n'a pas été
mise à jour. Fondamentalement, de 1981 à 1986, il y a deux
années de passées et, dans ces deux années, la
consommation totale d'énergie a diminué considérablement.
En 1982, je pense que c'est au-delà de 12% et cela a diminué
aussi en 1983, de sorte que je pense qu'en termes de grosseur de tarte cette
prévision de SOQUIP est un peu déphasée dans le temps.
Pour ce qui est des parts à l'horizon de 1990, pour la même
année, la prévision d'Hydro-Québec prévoit une
part, pour l'électricité, de 38,6%; SOQUIP, de 40,8%; Gulf, de
40,6%. En ce qui concerne la part de l'électricité, finalement,
les gens sont pas mal rapprochés. Mais je pense qu'il y a des
différences. Hydro-Québec ne vend pas des parts, elle vend des
kilowattheures, et je pense que c'est vrai pour le gaz naturel qui vend des
milliers de pieds cubes. Je n'ai pas d'objection à ce que l'on parle des
parts, mais je pense que, lorsqu'on parle de parts avec des tartes aussi
différentes, on...
M. Scowen: Écoutez, je ne veux pas éterniser ce
débat. C'est simplement pour souligner une question que je trouve
importante, même si parfois vous pouvez la tourner en affaire amusante.
Il y a des décisions qui sont joliment importantes à prendre sur
la base des prévisions à moyen terme pour la demande
d'énergie. Les délais dans la construction des barrages et des
pipelines et tout ce qui est nécessaire pour l'infrastructure de ces
industries sont forcément basés sur les prévisions
à moyen terme, même à long terme. Ce sont des
décisions qui sont très importantes pour les contribuables.
J'aurais pensé, après avoir souligné ce manque de
cohérence, si vous voulez, entre ceux qui font les prévisions au
sein du ministère et ceux qui font les prévisions au sein
d'Hydro-Québec, que le ministre pourrait accepter dorénavant de
s'assurer que les décisions sur les immobilisations et les tarifs des
diverses institutions du gouvernement qui sont dans le domaine de
l'énergie soient coordonnées. Autrement, j'ai l'impression que
c'est non seulement incohérent, mais - je ne sais pas si le mot stupide
est antiparlementaire aujourd'hui - incompréhensible.
M. Duhaime: Me permettez-vous un petit commentaire?
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Oui, oui,
un commentaire.
M. Duhaime: M. le Président, la seule chose que je
voudrais dire, c'est que je craindrais plutôt le danger de
l'uniformisation dans les prévisions des sociétés
d'État. L'Hydro-Québec vend de l'hydroélectricité
et SOQUIP est impliquée dans le gaz naturel, comme vous le savez. Si on
prend les chiffres de SOQUIP, le tableau qui est devant vous, vous allez voir
que SOQUIP prévoit que la part du gaz naturel dans le bilan va
être de 18% à l'horizon de 1990. Notre ministère
prévoit entre 16% et 18%. Il y a une marge de 2%. On pourrait pousser
les comparaisons un peu plus loin et je pourrais ressortir également des
travaux de la commission parlementaire des mois de septembre et octobre pour
vérifier, entreprise par entreprise, la prévision
économique de Shell, de Gulf, de Texaco, etc., et on va trouver des
variantes très considérables.
Je pense que, sur le plan de l'analyse et de la dynamique
également, il est parfaitement sain qu'une entreprise comme SOQUIP ait,
en utilisant sa pleine autonomie comme entreprise, sa propre évaluation
quant à la consommation totale d'énergie au Québec
à l'horizon de 1990 et de l'an 2000; qu'Hydro-Québec fasse la
même chose et que, quand arrive le moment d'approuver les plans
d'équipement, les tarifs, dans le cas de SOQUIP une mise de fonds, la
décision ultime appartienne, bien sûr, au gouvernement. Mais ce
que je craindrais de la proposition du député de
Notre-Dame-de-Grâce, ce serait que le ministère de
l'Énergie et des Ressources ou encore le
ministère des Finances décident de ce que va être la
prévision de la croissance sur cinq ans, ensuite qu'on pèse sur
un bouton vert et qu'on transmette le message à toutes les
sociétés d'État. Si j'ai bien compris, votre proposition
ressemble à cela. Cela m'apparaîtrait...
Une voix: Dangereux.
M. Duhaime: ...stupide. Je pense qu'il est parfaitement normal
qu'Hydro-Québec ait sa propre boîte de prévisions et de
planification; la même chose pour SOQUIP; la même chose pour la SGF
dans son secteur d'activités. Il appartient au gouvernement et au
ministre, qui sont responsables de ces sociétés, de faire des
recommandations au Conseil des ministres en temps utile. Mais je craindrais
l'uniformisation.
M. Scowen: Oui. Alors, je trouve la réponse...
M. Duhaime: Très bonne!
M. Scowen: ...au moins conséquente avec
l'incohérence des autres politiques économiques du gouvernement.
Je vais passer à une autre question.
M. Duhaime: II n'y a vraiment rien à faire. J'ai fait mon
effort. (12 h 30)
M. Scowen: Si vous pouvez regarder à la page 10 du plan de
développement vous voyez que l'objectif 5 d'Hydro-Québec, c'est
"l'expansion des ventes à l'exportation". Je cite ce paragraphe:
"Hydro-Québec, pour la réalisation de cet objectif, concentrera
ses efforts sur la signature de contrats d'exportation
d'électricité régulière à long terme".
Est-ce que j'ai bien cité? Si je retourne à la page 8 du
même document, je vois que vous prévoyez que, pour les
années 1984, 1985, 1986, les ventes de cette sorte d'énergie,
pour l'exportation régulière, vont diminuer de 15% en 1984, de
55% en 1985 et de 63% en 1986 pour baisser de leur niveau actuel de 6,9
térawattheures à 2,5 térawattheures. C'est une baisse de
beaucoup plus que la moitié et je n'ai pas été capable de
concilier les déclarations de la page 10 avec les prévisions de
la page 8. Peut-être vous pouvez m'aider.
M. Bourbeau (Joseph): Ce que vous avez à la page 10, c'est
à long terme. Lorsqu'on parle de long terme à
Hydro-Québec, cela veut dire dix ans en montant. À la page 8,
vous voyez une décroissance des ventes régulières à
l'exportation, mais sur une période de trois ans et, pour nous, cela est
du court terme. Il n'y a pas de différence entre ce qu'on dit à
la page 8 et ce qu'on dit à la page 10. Réellement, ce qu'on dit
à la page 10, c'est qu'on a fermement l'intention, à long terme,
de regarder la possibilité de s'engager dans des contrats
d'énergie ferme, régulière avec les États-Unis,
mais cela devrait se produire, on l'a dit hier, autour de 1995 ou de l'an
2000.
M. Scowen: Merci, M. Bourbeau. Je vais revenir à cette
question des ventes régulières à long terme, mais je
comprends maintenant.
Tarifs de petite, moyenne et grande puissance
J'ai une autre question qui touche vos tarifs. Brièvement, en ce
qui concerne les tarifs de petite puissance, moyenne puissance et grande
puissance, est-ce que vous pouvez me dire, parce que je ne l'ai pas
trouvé dans ces documents, le pourcentage en dollars, en chiffres de
vente, dans le secteur industriel de chacune de ces tranches?
M. Coulombe: M. Boivin pourrait répondre. Je n'ai
malheureusement pas devant moi, le mémoire tarifaire mais, pour le
pourcentage d'argent dans chacune des puissances, je vais vous passer M. Claude
Boivin, vice-président de la mise en marché.
M. Boivin (Claude): Je n'ai pas avec moi les chiffres exacts,
mais si nous allons au tableau 1 du mémoire tarifaire, à la page
4, la colonne de droite vous donne la répartition des revenus des
différentes catégories. Maintenant, l'application industrielle se
retrouve dans l'usage général. On voit que, pour le total,
petite, moyenne et grande puissance, à l'usage général,
nous avons 1 592 000 000 $ de revenus. Dans la petite puissance, c'est en
majorité au secteur commercial; dans la moyenne puissance, cela est
à peu près 50% pour l'usage commercial et 50% pour l'usage
industriel et, dans la grande puissance, c'est en très grande
majorité, probablement, de l'ordre de 90%, pour l'usage industriel.
M. Scowen: Merci. Est-ce que vous pouvez me décrire le
genre des compagnies qui ont tendance à utiliser le tarif de moyenne
puissance? Quel genre d'industries retrouve-t-on dans la moyenne puissance?
M. Boivin: En fait, ce sont toutes les industries qui ont des
puissances appelées de 100 à 5000 kilowatts. Alors, je dirais
qu'on retrouve la très grande majorité des industries du
Québec dans l'usage général moyenne puissance.
La grande puissance: effectivement, nous avons 192 abonnés
au-delà de 5000 kilowatts. Alors, on retrouve dans la grande puissance,
au-delà de 5000 kilowatts, notamment les usines de pâtes et
papiers qui sont le plus gros secteur représenté,
l'électrochimie, l'électrométallurgie.
M. Scowen: L'industrie secondaire, en général, se
trouve dans la moyenne puissance.
M. Boivin: Usage moyenne puissance.
M. Scowen: Je vous pose la question parce qu'à la page 41
du document qui s'appelle Plan de développement d'Hydro-Québec,
1984-1986, document intégral, on voit: comparaison du prix de
l'électricité en Amérique du Nord. J'ai été
frappé par les comparaisons d'Hydro-Québec et d'Hydro-Ontario,
parce que, comme vous le savez, cette question du développement
économique est assez importante. J'ai été frappé
par le fait que, dans la petite puissance et dans la grande puissance, les
tarifs du Québec sont à peu près de 30% à 40% plus
bas que ceux de l'Ontario. Mais dans la moyenne puissance, où se trouve
la majorité des compagnies, si vous voulez, dans le secteur industriel,
les tarifs sont à peu près les mêmes:
l'Hydro-Québec, 100, Toronto, Ontario, 106. Est-ce que vous pouvez
expliquer cet écart? Est-ce que c'est parce que vous êtes plus
élevé en moyenne puissance ou que l'Ontario a des rabais plus
intéressants dans ce domaine? Comment expliquer cet écart
important au centre, si vous voulez, des trois puissances que vous avez sur
votre liste tarifaire?
On est plus concurrentiel pour les petites et les grandes que nous le
sommes pour les moyennes et on est à peu près au même
niveau pour les moyennes. Comment cela s'explique-t-il?
M. Boivin: Tout d'abord, la comparaison qui est faite à la
page 41, c'est pour la ville de Toronto. Malheureusement, je ne crois pas avoir
de chiffre moyen pour l'Ontario. On sait qu'en Ontario, pour la moyenne
puissance, ce sont, à 98%, des clients qui sont desservis par les
municipalités, par des réseaux municipaux, et les tarifs peuvent
varier d'une municipalité à l'autre.
M. Scowen: Oui, oui, mais...
M. Boivin: Alors, cela prendrait un échantillonnage
important. On ne l'a pas fait. Je ne peux pas faire une comparaison
générale de l'Ontario pour la moyenne puissance par rapport
à nos tarifs. Dans le cas de Toronto, on a pris une ville ici. Vous avez
parfaitement raison, l'écart est plus faible entre l'Ontario et le
Québec, dans la moyenne puissance, que dans la grande puissance ou dans
la petite puissance. Cela dépend probablement de situations historiques.
Il y a eu des redressements graduels dans les tarifs. On sait qu'on a fait
à la suite la nationalisation... Si ma mémoire est bonne, en
1965, nous avions quelque 280 tarifs et il y avait des variations de tarifs
d'une compagnie nationalisée à l'autre. Quand on a fait la
normalisation des tarifs, on l'a faite sur les moyennes des tarifs qui
étaient pratiqués à ce moment-là au Québec
et il y a eu des corrections ou des redressements graduels depuis ce
temps-là. C'est tout ce que je pourrais dire à ce stade-ci.
M. Scowen: Je le souligne parce que le gouvernement veut porter
une attention spéciale au développement de l'industrie
manufacturière secondaire et nous avons des désavantages assez
importants, dont tout le monde est conscient ici, au Québec, notamment,
par exemple, dans le domaine de la fiscalité. J'aurais pensé
qu'Hydro-Québec devrait, au moins, essayer d'établir un tarif qui
soit fortement plus concurrentiel que cela dans le domaine de l'industrie
secondaire. Est-ce possible de l'envisager?
M. Boivin: II faudrait peut-être mentionner à ce
sujet-là, par contre, que, dans la majorité des entreprises qui
ne sont pas énergivores, je l'ai mentionné hier, la composante
énergie électrique représente, règle
générale, moins de 5% du coût total du produit fini. Alors,
c'est exclusivement dans les grandes entreprises énergivores qu'on
retrouve, en fait, une composante énergie très importante. C'est
peut-être là, effectivement, que notre situation concurrentielle
est la plus avantageuse, au-delà de 5000 kilowatts.
M. Fortier: M. le Président, me permettez-vous une
mini-question?
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Oui.
M. Fortier: Le livre blanc de 1978 disait que la structure
tarifaire devait être telle que chaque catégorie de clients devait
payer pour les coûts engendrés par Hydro-Québec. Est-ce que
cette politique est toujours en vigueur? Est-ce que la tarification que vous
nous proposez cette année s'éloigne de ce
critère-là ou si, maintenant, la nouvelle politique est
plutôt d'avoir une politique tarifaire qui concurrence le gaz naturel, ce
qui d'ailleurs, pourrait expliquer la différence avec l'Ontario?
Autrement dit, quelle est la politique tarifaire de base d'Hydro-Québec?
Est-ce que la politique que vous nous suggérez cette année
s'inscrit à l'intérieur du critère de 1978 ou si vous avez
adopté de nouveaux critères?
M. Boivin: C'est-à-dire que la politique de base s'inscrit
toujours dans la philosophie que chaque catégorie d'abonnés doit
supporter le coût du service qu'on lui rend.
Cette année, on a peut-être mis un peu
la pédale douce de ce côté, compte tenu qu'on avait
comme objectif de maintenir notre position concurrentielle. Mais la
tarification qu'on propose présentement n'amène pas
d'écarts significatifs par rapport à la situation qu'on avait
l'an dernier dans ce domaine.
Les dernières données complètes que nous avons
datent de 1981, parce que c'est un genre d'étude qu'il faut un certain
temps pour mettre à jour. La tarification que nous avions en 1981 pour
les abonnés de la catégorie domestique était
légèrement déficitaire, c'est-à-dire que le
coût du service était légèrement supérieur
aux revenus que nous obtenions de cette catégorie d'abonnés. La
catégorie grande puissance était légèrement
déficitaire, alors que la catégorie petite et moyenne puissance
était excédentaire, c'est-à-dire que nous faisions des
profits. Il y avait, jusqu'à un certain point, un transfert des
abonnés moyenne et petite puissance vers les abonnés domestiques
et grande puissance.
M. Scowen: Si vous me le permettiez, en terminant, je voudrais
porter à votre attention cette question des 5% du coût total pour
une compagnie de taille moyenne; l'idée que le coût de
l'électricité n'est pas important, ce n'est pas vrai. J'ai eu
l'occasion de diriger une entreprise moyenne pendant une quinzaine
d'années. Je suis très conscient que les coûts totaux sont
la combinaison d'un paquet de petites affaires de 2%, 3%, 4%. Quand on prend
une décision quant à la localisation d'une industrie, on prend en
considération toute cette gamme de facteurs. Je vous donne simplement un
exemple; si vous calculez les avantages sur le bilan ou les comptes d'une
compagnie que peut apporter la prolongation du plan d'aide au financement des
moyennes entreprises, plan du ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, vous allez voir que ces rabais vont très probablement, pour
une entreprise de type moyen, compter pour beaucoup moins de 5% des coûts
totaux. Mais c'est quand même un élément important. Le
gouvernement l'a prétendu.
Ici si vous êtes devant une autre affaire qui pourrait être
très importante pour le développement de l'industrie secondaire.
La seule suggestion que je voudrais vous faire est de porter une attention
spéciale à tout ce qui semble être un écart quant au
tarif normal, dont on se vante assez souvent, de l'électricité
pour l'industrie au Québec.
Si je peux prendre un autre point, à la page 15 du document sur
les tarifs, vous mentionnez que, cette année, il y a huit compagnies qui
profitaient d'un contrat très favorable, jusqu'ici, dont les contrats
sont terminés. Ces huit compagnies, l'an prochain, vont payer un
total de 70 700 000 $ de plus, à la suite d'un nouveau tarif que vous
avez établi qui est beaucoup plus élevé que celui dont
elles ont profité dans le contrat qui est maintenant terminé.
Est-ce que vous pouvez me donner les noms et la localisation de ces huit
industries?
M. Boivin: Vous parlez des huit abonnés qui sont
présentement en rattrapage.
M. Scowen: C'est ça.
M. Boivin: Si vous voulez me donner deux minutes, je vais voir
mes dossiers.
Les huit abonnés qui sont actuellement en rattrapage, sont
effectivement: deux contrats avec SIDBEC à Contrecoeur, un contrat avec
CIL à Bécancour, Domtar à
Lebel-sur-Quévillon...
M. Scowen: S'il vous plaît, CIL à Contrecoeur?
M. Boivin: CIL à Bécancour, Domtar à
Lebel-sur-Quévillon... (12 h 45)
M. Duhaime: Attention, parce que cela va mal aller,
là.
M. Boivin: ...Chromasco à Beauharnois, Union Carbide
à Montréal-Est et un abonné du secteur commercial Place
Desjardins à Montréal, qui a atteint le tarif objectif en janvier
1984.
M. Scowen: Je comprends que les contrats sont terminés. Si
je comprends bien, c'étaient des contrats signés entre
HydroQuébec et les compagnies concernées. Ce n'étaient pas
des contrats qui impliquaient des subventions du gouvernement du
Québec.
Une voix: Non.
M. Boivin: Premièrement, je vous ferai remarquer que ce
sont des contrats qui se sont terminés en 1981 et en 1982. Aucun de ces
contrats ne s'est terminé en 1983. Les plus âgés datent de
1952 et les plus récents de 1976.
M. Scowen: Premièrement, je présume que vous avez
parlé avec ces compagnies et que vous vous êtes assuré que
ces augmentations importantes pour les années à venir ne
causeront aucune mise à pied ou ralentissement de nos activités.
Est-ce que vous pouvez affirmer cela ou si ces augmentations importantes
peuvent créer du chômage additionnel à l'intérieur
de ces compagnies?
M. Boivin: Ce n'est pas une chose que je pourrais affirmer, je ne
peux rien affirmer au nom des clients d'Hydro-Québec sauf que, dans la
majorité de ces cas-là, ce sont des contrats, en fait, où
présentement le taux, compte tenu de l'historique... Certains contrats
datent de 1952 ou de 1964-1965. Quand on avait négocié ces
contrats-là, à
Hydro-Québec, à ce moment-là, il y a 15 ou 20 ans,
on avait prévu des taux d'inflation et il y avait des clauses d'escalade
selon les taux d'inflation prévus à ce moment-là. Si on se
reporte à aujourd'hui, en 1983, et qu'on regarde l'histoire, les taux
d'inflation réels ont été beaucoup plus hauts que tout ce
que les économistes avaient prévu il y a 15 ou 20 ans. Alors la
plupart de ces abonnés, présentement, bénéficient
de tarifs préférentiels, qui sont très bas. Et la hausse
de 24% ne devrait pas, je crois, compromettre la rentabilité de ces
entreprises.
M. Coulombe: Je voudrais faire remarquer...
M. Scowen: Est-ce que...
M. Coulombe: Je m'excuse. ...que pour ces huit clients, vous avez
dans le même paragraphe, pour Hydro-Québec 20 000 000 $ de manque
à gagner par rapport aux tarifs que les autres industries paient.
M. Scowen: Est-ce que vous pouvez affirmer - j'ai remarqué
qu'une, deux, trois, quatre de ces six compagnies que vous avez
mentionnées, notamment SIDBEC, Chromasco, Union Carbide et CIL, sont
à l'intérieur des catégories d'industries auxquelles le
premier ministre a annoncé son intention d'étendre les rabais
d'Hydro-Québec pour le développement de nouvelles installations.
Est-ce que vous pouvez affirmer que les prix, qui sont payés par SIDBEC,
CIL à Bécancour, Chromasco et Union Carbide, dans le cadre de ce
nouvel arrangement, seront aussi bas que le prix qu'ils auraient payé
s'ils avaient été éligibles pour le nouveau programme que
M. Lévesque se propose d'étendre à ce genre de compagnies
pour les nouveaux investissements ou est-ce que ce sera plus
élevé? Est-ce qu'ils vont payer plus qu'une concurrente qui va
s'installer ici, à côté d'eux demain, avec un nouvel
investissement dans la même industrie?
M. Coulombe: En fait, ces industries font définitivement
partie - les quatre - des trois secteurs nouveaux, qui profiteraient de la
même politique que celle de l'aluminium. Maintenant, cette politique
s'adresse à de nouveaux investissements, soit par ces
compagnies-là, soit par d'autres compagnies qui viendraient s'installer
au Québec. Quel va être le résultat des négociations
entre ces nouveaux investisseurs, soit actuels, soit potentiels, et les tarifs
qui sont là? Il va falloir attendre que les négociations soient
terminées avec ces nouveaux clients. Tout ce qu'il faut remarquer, c'est
que, graduellement, ces clients se rapprochent du tarif normalisé.
Est-ce que ça va rester au tarif normalisé? Est-ce qu'elles vont
pouvoir, soit profiter du programme de stabilisation tarifaire qui est
différent du premier, soit autrement? Cela va dépendre des
négociations avec les nouveaux investisseurs.
M. Scowen: M. Coulombe, si je comprends bien votre
réponse, il est possible qu'une compagnie qui concurrence CIL de
Bécancour, Union Carbide, Montréal-Est, Chromasco, peut
s'installer au Québec, dans le cadre du nouveau programme. Les
coûts d'électricité qui sont une importante partie de leurs
coûts totaux, sont offerts à un prix inférieur à des
concurrents qui sont déjà établis ici depuis longtemps. Je
vous pose la question parce qu'il me semble que ce projet du premier ministre
de venir chercher 1000 mégawatts de plus dans ce domaine, à court
terme, pouvait avoir des effets un peu contradictoires sur les compagnies qui
sont déjà ici. Dans les quatre cas particuliers qu'on a vus, qui
ont vu augmenter leurs coûts d'une façon importante, est-ce qu'on
ne risque pas tout simplement de transférer une partie de cette
activité économique d'une usine déjà bien
implantée à une nouvelle usine qui va profiter des avantages
tarifaires dont nos bons citoyens, déjà bien établis, ne
jouissent pas?
M. Coulombe: En ce qui concerne Hydro-Québec, nous ne le
souhaitons pas. Evidemment en ce qui concerne les priorités
gouvernementales on ne sait pas comment elles vont s'expliciter dans ce cas.
Mais, en ce qui nous concerne, on pense que, attirer une nouvelle industrie qui
risque de mettre en péril une industrie déjà existante,
peut être complexe comme gestion. En ce qui concerne Hydro et les tarifs
normalisés, il ne faut pas oublier que l'on parle pour l'avenir
également.
Toutes ces compagnies ont profité de tarifs extrêmement
avantageux depuis de très nombreuses années. On dit, par exemple,
que pour 1984, c'est 20 000 000 $ de manque à gagner. Les nouvelles
industries, les nouveaux investissements qui seront dans ces secteurs, c'est
pour l'avenir. Comme ce sont de nouveaux investissements, il faut parler de
l'avenir. Dans ces nouveaux investissements, il faudra tenir compte du tarif
des concurrents. Il y a un problème qui va se poser.
M. Scowen: Pour terminer, si je comprends bien, même si
tout n'est pas précisé dans le règlement de cette affaire,
d'après les informations que vous avez jusqu'ici, il est possible qu'un
nouvel investissement dans le domaine des trois secteurs mentionnés par
le premier ministre; par exemple, un concurrent de Chromasco, peut s'installer
maintenant à Beauharnois, à côté de Chromasco et
profiter de tarifs d'électricité plus bas que Chromasco qui
est
déjà là.
M. Coulombe: Evidemment, je ne peux pas parler au nom du
gouvernement. Je pense que la réponse serait non à cela.
M. Scowen: Effectivement, si je comprends votre réponse,
vous tenez pour acquis que le rabais de 50% qui sera offert aux nouveaux
investisseurs, sera automatiquement offert aux concurrents qui sont
déjà établis.
M. Coulombe: Là, je pense qu'il faut distinguer deux
programmes totalement différents. Le programme des rabais s'applique
à l'ensemble de l'industrie et non pas seulement...
M. Scowen: Non, ce n'est pas...
M. Coulombe: ...vous parlez des trois secteurs prioritaires
déterminés par le gouvernement?
M. Scowen: Oui, exactement, uniquement de cela.
M. Coulombe: Ce ne sont pas des rabais...
M. Scowen: On utilise le mot "rabais" de deux ou trois
façons différentes.
M. Coulombe: On voulait dire des tarifs spéciaux.
M. Scowen: Je parle des tarifs spéciaux, si c'est le terme
que vous préférez. Je répète toutes les questions
que j'ai posées dans le sens...
M. Coulombe: Ma réponse est encore non. Maintenant...
M. Scowen: Alors, votre réponse est non dans le sens que
c'est votre opinion que ce tarif spécial, si j'ai bien choisi les mots,
qui est implicite dans les déclarations du premier ministre, sera
offert, non seulement à des nouveaux investisseurs mais en même
temps, automatiquement, à toutes les compagnies existantes qui sont dans
le même domaine, lesquelles ne seront pas désavantagées par
rapport aux nouveaux investisseurs. Est-ce cela?
M. Coulombe: Ce n'est pas ce que j'ai dit. Je n'ai pas dit qu'ils
seront offerts automatiquement à ces compagnies. J'ai dit que les
nouveaux tarifs, en ce qui concerne Hydro-Québec, ne devraient pas
mettre en péril, les industries existantes qui sont dans le même
secteur. Pour le reste, c'est au gouvernement d'en parler.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
ministre.
M. Duhaime: Je pense que l'on est en train de confondre plusieurs
choses. Le programme de rabais temporaires qui a été
annoncé par Hydro-Québec, en juin 1983, s'applique à
l'ensemble de l'activité industrielle du Québec. Toute
entreprise...
M. Coulombe: Déjà existante.
M. Duhaime: ...existante ou nouvelle qui fait un nouvel
investissement qui augmente sa consommation de X, etc.,
bénéficie, en 1983, 1984, 1985, etc., de rabais de 50%
jusqu'à l'horizon du 31 décembre 1990...
M. Fortier: À partir de 1987.
M. Duhaime: ...en descendant, de mémoire, je crois que
c'est 5 ans; donc 50%; ensuite, c'est 35% à 40%, selon qu'on a plus ou
moins 5 mégawatts de consommation; puis 30%, 20% et 10%. Cela, c'est une
chose.
Ce que nous avons annoncé, c'est que la problématique
tarifaire qui s'est appliquée au secteur de l'aluminium, avec beaucoup
de succès, sera étendue à trois nouveaux secteurs:
l'électrochimie, l'électrométallurgie et la chimie
minérale. J'écoutais votre dissertation tout à l'heure,
pour ne pas dire votre argumentation, et vous semblez conclure que,
nécessairement, il s'agit d'un rabais dans ces trois nouveaux secteurs.
C'est là que vous faites une très grande erreur, parce qu'il ne
s'agit pas nécessairement de rabais. C'est un tarif longue
durée et je vais vous donner un exemple concret. Quand nous avons
signé le contrat avec Reynolds, nous avons dit: Pendant vingt ans,
à partir du tarif grande puissance - qui était la base du calcul
en 1981 - nous garantissons que la hausse tarifaire qui va s'appliquer à
votre entreprise - sauf erreur, c'était sur un bloc de 170
mégawatts, parce qu'elle est déjà autoproductrice d'une
partie de ses besoins -ne dépassera en aucun cas 10% sur une base
annuelle. Pendant les deux années et demie qu'il restait au contrat,
c'était un rattrapage sur le tarif grande puissance, le tarif
normalisé ou le tarif objectif, suivant l'expression qui a
été utilisée. Je prends un exemple. Je peux en prendre
deux. L'an dernier, lorsque nous avons augmenté le tarif grande
puissance, la hausse a été de 7,3. Le plafond est à 10, la
hausse de Reynolds était de 7,3. Elle ne s'est pas rendue au plafond.
Nous n'avons donc rien perdu ni consenti aucun rabais sur ce
plan-là.
Cette année, en 1984, si le gouvernement retient la proposition
tarifaire, l'usage général - je suis à la page 43 dudocument "Plan de développement" - le tarif grande puissance
augmentera de 4,2. Alors,
on est en bas de la moitié du plafond. Je mets de
côté le programme incitatif où on a dit et à
Reynolds et à Pechiney: "Si vous faites et commencez vos investissements
avant tel jour, nous allons vous donner 50% de plus". Dans le cas de Pechiney,
la première année, c'est 65%, ensuite 60%. Ce qui a
été fait dans le secteur de l'aluminium, dans les rabais à
50%, dans le cas de Reynolds, et c'est là que la glace a
été cassée, c'est à partir de cette
problématique et à la lumière des surplus
qu'Hydro-Québec a étendu à l'ensemble du secteur
manufacturier le programme de rabais temporaires.
Ceci m'amène donc à conclure que lorsque vous parlez de
rabais pour le secteur de l'aluminium, pour les deux dernières
années en tout cas, c'est faux.
M. Scowen: Les deux dernières années du
contrat.
M. Duhaime: 1983 et 1984, qui est à venir. C'est entendu
que si on inclut à l'intérieur de cette problématique le
programme à 50% qui, lui, n'est pas discriminatoire, puisqu'il
s'applique à toute entreprise, je pense qu'on va faire la distinction.
Cela ne veut pas nécessairement dire, et c'est sur cela que je voudrais
être bien clair, que, quand on prend le modèle de l'aluminium et
qu'on l'étend aux trois autres secteurs, notre objectif n'est pas
tellement d'offrir des rabais aux entreprises mais de faire en sorte que des
entreprises sachent, parce que leur compte d'énergie est très
important, quelle va être l'évolution maximale ou minimale de leur
compte d'énergie sur au moins une durée d'une vingtaine
d'années, quinze ou vingt ans, pour leur permettre de calculer le retour
sur leurs propres investissements...
M. Fortier: M. le ministre, on doit quitter bientôt, mais,
en conclusion, étant donné que la même industrie a droit
aux deux programmes...
M. Duhaime: Oui.
M. Fortier: ...en pratique, l'argumentation de mon
collègue vaut pour les trois ou quatre prochaines années.
M. Duhaime: Bien...
M. Fortier: Un concurrent pourrait venir s'installer et profiter
des deux programmes et, pendant ce temps, il serait dans la situation que
décrivait mon collègue de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Duhaime: Votre collègue a conclu trop rapidement.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Un
instant!
M. Duhaime: Je pense que...
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. les
membres de la commission, il faudrait le consentement pour pouvoir
poursuivre...
Une voix: Juste une seconde.
Une voix: Pas de consentement.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Non, non,
c'est parce que déjà, ici, à 13 heures, la salle est
réservée pour une autre réunion...
Une voix: Est-ce qu'il faut revenir à trois heures?
M. Duhaime: Oui, oui, on revient à trois heures...
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): ...et si
vous avez... Oui, trois heures.
Une voix: Pas de problème, c'est niaiseux.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): On
reviendra à trois heures. La commission élue permanente de
l'énergie et des ressources suspend ses travaux jusqu'à 15
heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise de la séance à 15 h 20)
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): À
l'ordre! La commission de l'énergie et des ressources poursuit ses
travaux pour étudier la proposition tarifaire d'Hydro-Québec pour
l'année 1984. La parole était au député de
Notre-Dame-de-Grâce. Voici, M. le ministre, vous aviez répondu
à une question. Est-ce que vous aviez fini de répondre à
la question?
M. Duhaime: Non, M. le Président.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): À
vous la parole, M. le ministre. Je m'excuse.
M. Duhaime: Alors, au moment où on s'est laissé,
à la suspension du midi, j'étais à expliquer la
programmation tarifaire qui, actuellement, s'applique au secteur de l'aluminium
et que nous envisageons d'étendre à trois autres secteurs
importants de l'activité économique du Québec.
À la suite d'une question du député de
Notre-Dame-de-Grâce, je disais que ces politiques tarifaires de
longue durée ne se traduisaient pas nécessairement par des
politiques de rabais. Cela, c'est indépendamment, bien sûr, des
programmes de rabais temporaires qu'offre actuellement Hydro-Québec, et
je m'explique. Dans le secteur de l'aluminium, si on prend le cas Reynolds,
nous avons annoncé et nous avons également signé un
contrat qui fait qu'Hydro-Québec garantit à Reynolds que la
hausse tarifaire annuelle n'excédera jamais 10% par année durant
20 ans. Alors, si on se reporte au tarif de 1983, qui est en vigueur
actuellement, je me réfère essentiellement au tarif grande
puissance, qui a connu une augmentation de 7,3%. Si la proposition tarifaire
d'Hydro-Québec était acceptée par le Conseil des
ministres, la hausse du tarif grande puissance est de 4,2%, ce qui veut dire
que l'augmentation du tarif Reynolds demeure loin en deçà du
plafond garanti de 10%. C'est exactement dans cette même
problématique que nous allons reporter cette tarification dans les
secteurs de l'électrométallurgie, de l'électrochimie et de
la chimie minérale.
Le programme de rabais temporaires qui a été rendu public
en juin s'applique suivant certains ratios de 50% pendant cinq ans et ensuite
en décroissant, jusqu'à 10%, pour rejoindre ensuite le tarif
normalisé, selon, bien sûr, l'évolution des surplus
à Hydro-Québec, qui pourraient, dans un an ou deux, ou même
avant, fluctuer également. Je pense que, comme question de fond, ce
serait une erreur que de considérer l'approche que nous avons
actuellement et de la traduire dans une forme de rabais comme objectif. C'est
beaucoup plus d'assurer aux entreprises une tarification longue durée,
qui leur permet, sur une longue période de temps, 15 ou 20 ans, de
comptabiliser à l'avance le coût de production que constitue
l'électricité dans leur prix de revient. Alors, c'était
dans ce sens-là, je pense, que toute l'approche tarifaire
d'Hydro-Québec et du gouvernement a été envisagée
jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Merci, M. le Président. Je remercie le ministre
de ses précisions et c'est clair que, parfois, il utilise
également le mot "rabais" dans plusieurs sens. Pour qu'on puisse se
comprendre ici, je vais prendre l'affaire qui est décrite dans le
document du premier ministre, le rabais de 50%, qui était accordé
aux alumineries; et je vais l'appeler, pour le moment, le solde de 50%,
simplement pour qu'il n'y ait pas de confusion avec les autres...
M. Duhaime: Non, non, il n'y a pas de problème
là-dessus, vous pouvez penser à rabais, c'est un programme
temporaire.
M. Scowen: D'accord. Maintenant, ce solde ou rabais de 50%, si je
comprends bien c'est la question que j'ai posée au président -
c'est de savoir si c'est possible que vous puissiez, avec ce solde de 50% ou ce
rabais de 50%, de cinq ans, inciter les compagnies à s'installer - j'ai
pris l'exemple de Beauharnois, une compagnie qui est concurrente à
Chromasco - et lui accorder, à la suite de ce solde ou de ce rabais de
50% pour les cinq prochaines années, parce qu'elle fait de nouveaux
investissements, un tarif d'électricité inférieur
à celui de Chromasco, qui est déjà là et
déjà bien implanté, qui est déjà
créateur d'emplois dans la région. La réponse, si je
comprends bien M. Coulombe, est possiblement oui, mais ce n'était pas du
tout l'intention d'Hydro-Québec de favoriser une compagnie par rapport
à une autre. Par la suite, j'ai dit: Est-ce que je peux comprendre que
dans un tel cas, celui que j'ai mentionné, le cas d'un nouvel
investissement qui profite d'un rabais de 50%, les concurrents de cette
compagnie vont avoir droit au même rabais? C'est à cette question
précise que j'ai cherché la réponse. Je l'ai
cherchée dans un deuxième temps, spécifiquement dans le
cas des six compagnies dont les contrats, cette année, sont
terminés, des contrats à long terme et qui vont voir leurs
coûts d'énergie augmenter de 70 000 000 $, notamment CIL, à
Bécancour, Chromasco à Beauharnois, Union Carbide à
Montréal-Est et SIDBEC. Je voulais m'assurer - et c'est au ministre que
je pose la question maintenant, parce que, encore une fois, Hydro-Québec
ne pouvait pas répondre - le ministre s'est-il assuré que cette
augmentation très importante n'aura pas pour effet de causer des mises
à pied dans ces quatre compagnies qui vont voir leur prix
d'électricité augmenter d'une façon importante
immédiatement? La troisième question: le ministre est-il
satisfait, après avoir répondu à ces deux questions, du
fait qu'il existe une cohérence dans le programme de stimulation des
investissements par rapport aux compagnies existantes et celles qui veulent
s'installer ici, tenant compte du fait que très souvent, les deux
peuvent être des concurrentes l'une de l'autre?
M. Duhaime: II y a une chose qui est sûre. Pour
répondre clairement à votre question, il faudrait avoir en main
exactement le prix que paie Chromasco, le prix que paie CIL, etc. Quand on dit
qu'elles sont en rattrapage de 24% par année, les 24% s'appliquent aux
tarifs qu'ils paient, par exemple, en 1983, mais je peux répondre
à votre question d'une façon générale. Le tarif
grande puissance, sauf erreur, à l'heure actuelle, est de l'ordre de
23,8 mills. Même
en appliquant ces 23,8 mills au kilowattheure, le programme de rabais
temporaire vous ramène à 11,5 mills. Je crois savoir que parmi
les six compagnies que vous avez mentionnées, il y en a quelques-unes
qui paient en dessous de 11,5 mills.
M. Scowen: Est-ce que c'était au-dessus?
M. Duhaime: En dessous.
M. Scowen: Oui, je vous avais entendu.
M. Duhaime: Bon! Ce que je dis, essentiellement, c'est qu'il
faudrait, premièrement, faire une comparaison entre le tarif grande
puissance moins le programme de rabais temporaire à l'horizon de 1991 et
le comptabiliser année par année et ensuite, prendre les tarifs
individuels de chacune des entreprises et retenir un scénario de
rattrapage. On parle d'un rattrapage de 24% pour 1984. Ce pourrait être
24% pour 1985, mais ce pourrait être inférieur comme ce pourrait
être plus, de sorte que je ne peux pas répondre, à moins de
vérifier avec Hydro-Québec chacun des contrats. Mais je pense que
M. Coulombe a répondu à votre question hier soir. Elle est
revenue ce matin, je me demande un peu pourquoi. Nous travaillons à ce
que j'appellerais un arrimage entre une proposition tarifaire à
être faite dans le secteur de l'électrochimie et de
l'électrométallurgie et de la chimie minérale pour tenir
compte, bien sûr, des capacités de production déjà
existantes. Je pense qu'on ne peut pas aller beaucoup au-delà de cela,
d'autant plus que ce scénario ne se traduit pas nécessairement
par une politique de rabais au-delà du programme de rabais temporaire.
Il s'agit davantage d'un programme de longue durée et j'ai en tête
quelques noms d'entreprises qui discutent avec le ministère de
l'Énergie et des Ressources à l'heure actuelle et qui ont des
projets d'investissements pour le Québec, mais je suis parfaitement
conscient comme vous que si nous offrons un tarif de longue durée
à une entreprise pour faire démarrer une nouvelle usine qui va
créer 200 emplois et que ce faisant, cette nouvelle entreprise se
retrouve sur le même marché qu'une autre qui devra fermer ses
portes, je pense qu'on n'aura pas avancé beaucoup. C'est dans ce sens
que je parle d'un arrimage. C'est de cette manière et avec cette
préoccupation que nous avons abordé le dossier, tant au
ministère de l'Énergie et des Ressources qu'à
Hydro-Québec et on aura des consultations à faire avec les
entreprises. J'espère qu'on pourra en arriver, d'ici quelques semaines
sinon quelques mois, à faire une proposition à ces industries.
(15 h 30)
M. Scowen: M. le Président, j'ai d'autres questions, je
vais en poser une dernière au ministre parce que je sais qu'il y en a
d'autres qui veulent poser des questions. Avant de la poser, je veux lui dire
que je pense qu'on est sur la même longueur d'onde. Nous sommes devant un
très grand danger dans cette politique de stimulation de nouveaux
investissements avec les rabais ou les soldes ou les baisses dans les tarifs
d'électricité, vu qu'on peut défavoriser les compagnies
déjà existantes. Si je comprends bien, vous n'avez pas encore
trouvé une solution satisfaisante à ce problème possible
et vous êtes au travail pour essayer de le régler. Je veux
simplement souligner le fait que c'est un problème qui existe dans
n'importe quel projet ou programme de subventions et c'est souvent très
pénible mais je pense que vous devez vous intéresser à ce
problème.
Création d'emplois
En terminant, je veux poser une dernière question au ministre. Il
va dire que je l'ai posée hier soir mais hier soir, je l'ai posée
à Hydro-Québec et ils trouvaient que c'était une question
que je devais poser au ministre. Pour qu'il n'y ait pas de malentendu, je vais
la poser au ministre.
M. le ministre, Hydro-Québec prévoit, dans ses
prévisions de croissance économique au Québec, pour
l'année prochaine, la création nette de seulement 59 000 emplois
et pour l'année suivante 1985, seulement 53 000 emplois et pour 1986,
seulement 54 000 emplois. Elle prévoit une croissance du produit
intérieur du Québec, pour l'année prochaine, qui est de
23% en dessous de celle du Canada et pour l'année 1985, qui est encore
23% en dessous de celle du Canada. Le premier ministre, lui-même, a
annoncé dans son plan de relance qu'il avait l'intention - à
court terme, 1984, 1985, ces deux mêmes années - de faire en sorte
que la croissance économique du Québec soit plus
élevée que celle du Canada. Avez-vous l'intention de demander
à Hydro-Québec de réviser, immédiatement, en
fonction de la décision du premier ministre, ses prévisions
économiques pour les trois prochaines années?
M. Duhaime: La réponse est non. M. Scowen:
Merci.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
ministre.
Projections
M. Duhaime: M. le Président, si vous me permettez, hier et
ce matin on a parlé des différentes projections faites chez
SOQUIP et à Hydro-Québec. J'ai apporté ici, un
petit tableau et je l'ai apporté grand pour que mes collègues le
voient comme il faut. Si vous voulez m'aider, M. le Président.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
D'accord.
M. Duhaime: Ceci est le bilan en 1970. La partie en bleue
représente le pétrole à 74%, la partie en jaune
représente l'essence, la partie en vert représente
l'électricité et la partie en mauve représente le charbon.
Ceci était en 1970. Les années glorieuses comme vous diriez dans
un de vos bons discours. En 1976, on voit que la part du pétrole est
passée de 74% à 70%, que la part de l'électricité
de 18,9% est montée à 21,7%, l'essence de 4% à 6%. Dans
l'intervalle, nous avons publié un livre blanc sur l'énergie
ayant comme objectif de rétrécir la partie bleue au maximum pour
faire en sorte que nos importations de pétrole diminuent. En 1982 - les
chiffres pour 1983 seront disponibles au début de 1984 - on note un net
progrès à 32% hydroélectrique par rapport à 1970,
on voit le bond qui est de l'ordre de 13%, le gaz naturel est de 9,25%, le
pétrole a été réduit à 57,31%.
L'horizon 1990, c'est ce dont vous parliez ce matin. Le livre blanc, que
nous maintenons aujourd'hui intégralement en décembre 1983, 41%
hydroélectrique, le pétrole tombe à 40%, le gaz naturel
monte à 16%. Si vous regardez les chiffres de SOQUIP, vous allez voir
que SOQUIP utilise 18%...
M. Scowen: C'est cela.
M. Duhaime: ...et nous on utilise 16%.
M. Scowen: Hydro-Québec utilise 14%.
M. Duhaime: Si vous voulez. Les énergies nouvelles, 2%, et
le charbon, 1%. Je dois dire tout de suite que 2% du bilan dans les
énergies nouvelles en 1990, c'est un chiffre très audacieux
à mon point de vue. Si on va maintenant en l'an 2000 où tout le
monde aura raison parce que personne d'entre nous ne sera ici autour de la
table, y compris le député de Notre-Dame-de-Grâce, à
moins que vous soyez l'exception, notre objectif est de faire en sorte...
M. Scowen: Battre le record de M. Bellemare.
M. Duhaime: ...le bilan énergétique du
Québec se compose à 50% d'hydroélectricité, le gaz
à 18%, le pétrole à 26%, les énergies nouvelles,
5%, et le charbon, 1%. Je suis prêt à concéder tout de
suite que, s'il n'y a rien qui change d'ici l'an 2000, nous aurons
énormément de difficulté à atteindre ce chiffre de
5% pour les énergies nouvelles. Je réponds avec un tableau
à l'appui, tableau que nous avons préparé à l'heure
du lunch pour vous faire plaisir.
Sur l'horizon de l'an 2000, on ne peut pas aller beaucoup plus loin
qu'en termes d'objectifs, bien sûr, et sur ce, tout le monde aura raison.
On ne sait vraiment pas ce qui va se produire sauf que les tendances sont
là et c'est dans ce sens qu'on va continuer à pousser. Le gaz
naturel fait une progression assez vigoureuse, je dois le dire, de même
que l'électricité. Le pétrole se déplace beaucoup
plus rapidement qu'on l'avait même espéré. En
décembre 1983, les grands paramètres ou les grands objectifs de
1978 sont toujours valables et sont en train d'être atteints. C'est
essentiellement ce que je voulais dire et, lorsqu'Hydro-Québec
émet une proposition tarifaire qui fait que, sur l'usage
général, par exemple, l'augmentation est de 4,1% et dans le
secteur domestique, de 3%, cela va dans le sens de bonifier la part de
l'hydroélectricité dans le bilan énergétique du
Québec. Je pourrais dévoiler un secret de polichinelle: je vais
recommander cette proposition tarifaire d'Hydro-Québec au Conseil des
ministres.
M. Scowen: M. le Président, si vous me permettez,
j'apprécie beaucoup le tableau que le ministre a préparé
pendant l'heure du lunch pour répondre à la question, mais je
dois vous dire qu'il a simplement démontré que
l'incohérence qu'on a constatée ce matin est plus sérieuse
qu'auparavant. Maintenant, nous avons trois prévisions: celle du
ministère - je prends à titre d'exemple le gaz naturel 16%; celle
d'Hydro-Québec, page 20, où elle prévoit, pour la
même année, 14%; et celle de SOQUIP où on prévoit
18%.
M. Duhaime: 14 plus 16, divisé par 2, cela fait 16.
M. Scowen: Vous m'avez dit que tous les acteurs dans ce jeu
doivent jouer de liberté de choix, doivent choisir leurs propres
prévisions. Ce que je prétends toutefois, M. le ministre, c'est
que ce n'est pas très cohérent de votre part de permettre
à chacune des personnes, des institutions, des organismes qui
investissent dans le domaine de l'énergie d'avoir leurs propres
prévisions dans un domaine aussi important. Si vous avez donné le
droit au ministère de l'Éducation, au ministère des
Affaires sociales, au ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme d'utiliser, pour leurs prévisions, des prévisions
démographiques complètement différentes, il faut avoir,
quant à moi, une certaine cohérence. Dans une affaire aussi
importante que cela, il faut avoir une prévision, et j'admets que ce
n'est qu'une prévision, que
tout le monde peut se tromper, mais de permettre à Gaz
Métropolitain de procéder à des plans d'investissement
à long terme sur la base qu'en 1990 il va avoir 18% du marché,
tandis qu'Hydro-Québec prétend qu'il n'aura que 14% du
marché...
M. Duhaime: So what?
M. Scowen: So what? Cela peut avoir des effets très
importants pour le consommateur qui est obligé de payer la facture pour
ces investissements. Je prétends, et je le répète, que
c'est la même chose que, si vous aviez cinq bureaux de statistiques au
Québec pour desservir cinq ministères différents. Vous
avez la responsabilité d'établir une certaine
cohérence.
M. Duhaime: Comme on dit; "To make the long story short", je
voudrais tout simplement dire qu'en vous écoutant, j'ai l'impression
d'entendre un des meilleurs élèves du professeur Lieberman. Les
statistiques et les prévisions économiques ne sont pas pour
être appliquées à un sovkhoz et des raisonnements comme le
vôtre sont entendus en Russie soviétique où on fait de
grandes planifications, où l'État décide que la croissance
économique est de X%, que la croissance du PIB de tant % et que les
parts de bilan énergétique seront de tant % et tout le monde dit:
Au pas, camarades. Ce n'est pas comme cela qu'on fonctionne ici, en Occident
chrétien civilisé.
Nous avons des sociétés d'État, je l'ai dit ce
matin et je me répète, il y a des conseils d'administration qui
existent. SOQUIP n'est qu'un des partenaires parmi les actionnaires des
compagnies de distribution de gaz. La prévision économique que
SOQUIP peut faire peut très bien varier de celle que peut faire Gaz
Métropolitain ou encore Gaz Inter-Cité, de celle
d'Hydro-Québec, de celle du ministère de l'Énergie et des
Ressources et même de celle du ministère des Finances. Quand
arrive le moment de concilier la prévision, je pense que cela serait une
erreur, dans notre mode normal de fonctionnement, de dire aux grandes
sociétés d'État qui ont une expertise dans le domaine de
la prévision: Cessez toute activité; le gouvernement va vous
donner l'heure juste une fois par année. Moi, je trouverais cela un peu
ridicule et inconsistant.
J'aime mieux qu'Hydro fasse ses évaluations de marchés,
que SOQUIP qui est responsable de la distribution du gaz naturel au
Québec fasse les siennes, de la même manière que les
pétrolières qui vont résister énormément sur
le marché. Vous allez demander à n'importe quelle entreprise dans
le pétrole, que ce soit Shell, Texaco, même Petro-Canada, si elles
sont d'accord qu'à l'horizon de 1990, la part du pétrole dans le
bilan énergétique du Québec sera de 40%, et je serais
étonné si vous rencontriez une seule compagnie
pétrolière qui vous dirait: C'est vrai, ce sera de 40%. Elles
vont situer la part du pétrole beaucoup plus élevée, parce
que chacun veut rester sur ce marché. Je dois vous dire qu'autant nous
sommes d'accord certains jours - et c'est plutôt rare - sur cette
question, nous sommes en profond désaccord et...
M. Scowen: Mais...
M. Duhaime: ...je serais étonné même que
votre chef accepte une philosophie comme celle-là.
M. Scowen: M. le Président, tout ce que je demande, c'est
qu'on n'arrive pas ici dans dix ans avec des capacités dans les trois
domaines qui sont effectivement 115% du marché, parce que chacune a
développé ses propres prévisions sans tenir compte du
consensus. Je veux poser la question pour qu'on sache jusqu'à quel point
votre idée est un non-sens. Je veux poser la question à M.
Coulombe, si vous voulez, ou à M. Bourbeau, parce que vous avez entendu
de la bouche du ministre que nous vivons dans une société
occidentale et civilisée. Seriez-vous prêts, dès demain,
à permettre aux responsables de la construction des lignes de transport
d'avoir une prévision sur la demande d'électricité pour
les dix prochaines années, tout comme aux responsables, à
l'intérieur de votre compagnie, de la construction des barrages?
J'imagine que vous allez me dire non, pour la compagnie; même si on est
très civilisé et même si on est du monde occidental, il
nous faut une seule prévision quant à la croissance
économique et au partage des sources énergétiques, du
total, pour la compagnie. J'imagine, je ne peux pas vous prêter une
réponse.
Mais, si c'est votre réponse, c'est une réponse
cohérente; et c'est aussi cohérent que votre réponse est
incohérente, même dans une société occidentale
civilisée.
M. Duhaime: On peut admettre que c'est assez gênant de
répondre, mais en tous les cas, courez le risque.
M. Coulombe: Bien, comme vous posez le problème, je pense
que la réponse est évidente au sein de la même entreprise,
mais je pense que le ministre a bien fait remarquer qu'entre les
différentes entreprises, il y avait des centres de décisions
différents. À l'intérieur d'Hydro, j'ose espérer
qu'il y a un centre de décision ultime qui est le conseil
d'administration qui fait rapport à l'actionnaire
régulièrement. Donc, c'est tout à fait logique qu'à
l'intérieur de la même entreprise il n'y ait pas dix séries
statistiques.
Par contre, lorsqu'on compare Hydro, SOQUIP et les compagnies de
pétrole, il s'agit là de centres de décision
différents et je pense que, si les écarts entre les
prévisions étaient énormes, il faudrait, dans le cas
où l'actionnaire contrôle deux sources d'énergie sur trois,
qu'il s'inquiète, ramasse les gens et leur dise: Bon... Mais les
chiffres qu'on voit là, les écarts qu'on constate, surtout
lorsque le ministre dit: On est d'accord avec cela que seulement les 5%
prévus pour les énergies nouvelles sont très audacieux, il
y a juste là une marge de manoeuvre qui explique peut-être un peu
les différences dans le reste... (15 h 45)
À mon avis, ce n'est pas un problème terriblement
compliqué. Nous, à Hydro, nous serions, je vous l'avoue,
très mal à l'aise de recevoir une lettre de l'actionnaire disant
que le 1er décembre, l'an prochain, le PIB sera de tant, la
création d'emplois sera de tant, le nombre de ménages sera de
tant, la demande d'électricité sera de tant et ainsi de suite.
Alors, on est aussi bien de faire d'Hydro-Québec un ministère
où, là, il y aurait une logique.
Que l'ensemble des ministères aient le même bureau de
statistiques, je serais d'accord, mais, dans la mesure où il y a une
certaine autonomie de gestion, surtout une certaine marge de manoeuvre. Il y a,
d'un côté, la prévision mécanique qu'on peut faire
à partir de la démographie, à partir du nombre de
ménages; il y a aussi les objectifs de vente, les objectifs de programme
que l'on met sur la table et on est très optimistes quand on les met sur
la table mais on n'est pas toujours sûrs que cela va marcher. Quand on a
mis le programme de chaudières industrielles à 800
mégawatts comme objectif, cela aurait pu se terminer à 400
mégawatts. Il n'y a personne qui savait qu'on allait avoir le
succès qu'on a eu. On n'a pas terminé à 800, on a
terminé à 1800. Évidemment, cela augmente la demande.
Alors, il y a beaucoup de ces programmes qui sont volontaristes. S'il fallait
que l'actionnaire impose à toutes ses sociétés le rythme
de croissance, la logique suivante c'est qu'il impose les programmes; et la
logique suivante, c'est qu'il impose tout. C'est une philosophie qui se
défend mais ce n'est celle avec laquelle on pense vivre à l'heure
actuelle.
M. Scowen: Je pense que la question sur laquelle on ne s'entend
pas, c'est la question de définition de l'entreprise.
M. Duhaime: Ah! Cela est nouveau.
M. Scowen: Et quand on se trouve dans une situation...
M. Duhaime: Je ne commenterai pas.
M. Scowen: C'est lui qui... M. Duhaime: "Next".
M. Scowen: Alors je termine là-dessus, si vous voulez.
Mais quand vous...
Une voix: ...sur nous.
M. Scowen: Mais quand vous arrivez au point où le vert et
le jaune au moins sont nationalisés...
M. Duhaime: Oh! Oh! Oh!
M. Scowen: ...et le vert et le jaune montent à 68%, 57% si
vous voulez...
M. Duhaime: Le jaune n'est pas nationalisé.
M. Scowen: ...en 1990, il s'impose que ceux qui ont fait cette
nationalisation... Les contribuables insistent pour que, non pas sur le plan
des multitudes de choix que vous avez à faire dans tous les domaines
opérationnels, au moins les prévisions soient les mêmes
pour les deux concurrents. Alors je ne sais pas si je vais vous persuader cet
après-midi, M. le ministre.
M. Duhaime: Sûrement pas.
Une voix: Le député d'Outremont ne veut pas.
M. Scowen: Si oui, tant mieux; sinon, je pense que mon chef
propose qu'on passe à un autre sujet.
Une voix: Même à une autre personne.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Peut-être sur le même sujet, M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Merci, M. le Président. Pour continuer un peu
sur la même lancée, dans la Presse de ce matin l'analyste
financier de la Presse, qui est Alain Dubuc, faisait des reproches à
Hydro-Québec et au gouvernement d'alors. Elle avait un autre
président, je pense que c'était sous le règne de M. Boyd.
Il faisait allusion au règne de M. Boyd et au règne de M.
Bourassa comme premier ministre du Québec. Pourtant il y a eu là
aussi, même si c'était d'autres personnes, des écarts
énormes. C'est d'ailleurs les propos que tenait Alain Dubuc; il
reprochait à Hydro-Québec d'avoir mal prévu. Pourtant, le
gouvernement d'alors a endossé, je pense, les prévisions
d'Hydro-Québec ou bien Hydro-Québec a endossé les
prévisions du gouvernement, peu importe. Mais il y a eu là un
écart épouvantable. Demain matin, on changerait le
président
d'Hydro-Québec, on changerait le gouvernement, vous prendriez le
pouvoir avec un nouveau président à Hydro-Québec et Gaz
Métropolitain y irait de ses prévisions. Ce serait la chose la
plus étonnante que les trois organismes, dans une évaluation des
ressources énergétiques à venir, tombent sur les
mêmes chiffres. Ce serait...
M. Duhaime: Ah, les libéraux...
M. Lavigne: ...à peu près incroyable.
M. Duhaime: Les libéraux peuvent...
M. Lavigne: Ce serait à peu près incroyable. C'est
pour cela que je dis que chacun y va de son expertise, de ses connaissances, de
ses données dans son champ de juridiction et arrive à un chiffre.
Chacun a sa boule de cristal là-dedans, avec ses données qui sont
plus ou moins justes. Mais comment pouvez-vous prétendre qu'un
gouvernement devrait faire en sorte que tous les chiffres, toutes les
statistiques qui sortent des différents organismes tombent pile,
s'accordent? Cela, je ne peux l'imaginer parce que les données sont
différentes, les vues sont différentes.
M. Scowen: Demandez à M. Coulombe comment il s'organise
pour que cela se fasse à l'intérieur de son propre service
économique.
M. Lavigne: Voici là...
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Vous n'avez
pas à poser de question au député.
M. Lavigne: On pourra parler à M. Coulombe, tantôt,
sur ce sujet. Moi, c'est mon appréciation et je pense que, tant et aussi
longtemps... À moins qu'on aille en URSS, comme le ministre le disait
tout à l'heure, et qu'on dicte une ligne de conduite à tous ces
organismes-là, là, c'est correct.
M. Scowen: Hydro-Québec, ce n'est pas l'URSS.
M. Lavigne: Non, non, j'espère! C'est pour cela qu'il y a
des différences.
M. Scowen: Elle arrive avec un seul chiffre.
M. Lavigne: C'est pour cela qu'il y a des différences.
Donc, c'est mon appréciation... Le fait de vouloir faire en sorte que
tous les chiffres tombent pile, je pense que c'est utopique dans le
système que nous avons.
M. le Président, pendant que j'ai la parole et sur le sujet qui a
précédé celui-ci, quand le député de
Notre-Dame-de-Grâce a manifesté son inquiétude, à
savoir qu'une nouvelle compagnie en électrométallurgie qui
viendrait s'installer, à Beauharnois par exemple, pourrait, compte tenu
des nouveaux programmes, des avantages qu'Hydro-Québec accorde à
cette nouvelle entreprise, avec les 50%, tous les programmes avantageux sur le
plan des coûts d'électricité, effectivement nuire à
Chromasco. Je cite cette compagnie parce que c'est dans mon comté et
j'ai à coeur que Chromasco soit prospère, conserve ses emplois et
même prenne de l'expansion.
Le ministre a quand même étayé passablement bien...
J'aurais été embêté de répondre; la
réponse du ministre me rassure parce que Chromasco
bénéficie encore aujourd'hui.
M. Scowen: Ils t'ont gâté là.
M. Lavigne: Chromasco bénéficie, encore
aujourd'hui, au moment où on se parle, de taux
préférentiels. Ils n'ont pas encore été
rattrapés au tarif courant. Il y a donc là un avantage. Mais je
suis, malgré tout... Si je n'avais pas eu cette
réponse-là, je manifesterais aussi cette inquiétude et
j'en aurais sûrement parlé au ministre ou à
Hydro-Québec. Mais je suis passablement rassuré et
j'espère qu'on cessera de tourner en rond que de faire venir une
nouvelle compagnie ici, de l'avantager sur le plan des coûts
énergétiques et qu'elle vienne concurrencer une entreprise
déjà implantée. Je pense qu'on n'avancerait à rien.
Je pense que votre question était pertinente.
Toutefois, je voudrais ouvrir une parenthèse. Il y a quand
même, malgré cette inquiétude, une espèce de
compétition ou de désavantage momentané entre deux
entreprises déjà en place parce que la signature des contrats
d'énergie n'arrive pas toujours aux mêmes dates. Prenez, par
exemple, dans mon comté, j'ai Chromasco d'un côté de la
rue, et Union Carbide, de l'autre côté; ce sont deux grands
concurrents. Ils produisent sensiblement la même chose et ont besoin d'un
bon tarif d'électricité parce que, dans leur coût de
revient, l'électricité compte pour une bonne partie. Donc,
l'achat d'électricité est important pour eux et c'est d'ailleurs
pour cela qu'ils sont venus s'installer à Beauharnois. À
l'époque, ils étaient près de la centrale
hydroélectrique de Beauharnois et il y avait des avantages à
cela.
Mais, actuellement, Chromasco, son contrat d'électricité
est terminé, d'accord? Donc, elle est en train de négocier avec
Hydro-Québec - ce n'est même pas encore conclu, je pense, mais
c'est sur le point de l'être - sur une nouvelle fourchette, de nouveaux
taux d'électricité. Par ailleurs, en même temps que
Chromasco va voir augmenter sa facture d'électricité, Union
Carbide, de l'autre côté de la rue, son contrat n'est pas
échu encore et il va peut-être durer encore deux, trois ou quatre
ans. Je ne sais pas quand il vient à échéance. Pendant ces
trois ou quatre années, il va quand même y avoir un écart
considérable entre la facture d'électricité qu'aura
à payer Chromasco par rapport à la facture qu'aura à payer
Union Carbide. Il y a une compétition là et, encore là, on
n'est pas en URSS. C'est cela, le marché nord-américain, c'est
une compétition juste, loyale et, à un moment donné, dans
trois ans, quand Union Carbide viendra aura à signer son contrat
d'électricité, peut-être qu'à son tour elle sera en
haut de Chromasco et c'est là que cette dernière prendra avantage
sur elle.
M. Scowen: Autrement dit, vous prévoyez
qu'Hydro-Québec va signer des contrats individuels avec chacune des
compagnies?
M. Lavigne: Oui.
M. Scowen: C'est cela que vous...
M. Lavigne: Ces grands consommateurs-là...
M. Scowen: Cela est une nouvelle idée, je pense.
M. Lavigne: En tout cas, maintenant, il y a une politique. Mais
les...
M. Scowen: ...tout à l'heure.
M. Lavigne: ...contrats ne sont pas tous échus en
même temps.
M. Scowen: Je pense que c'est la politique d'Hydro-Québec
d'en finir avec ces contrats avec chaque compagnie...
M. Lavigne: Bien, si je fais erreur là... M. Scowen:
...et d'avoir un seul tarif.
M. Lavigne: Les gens d'Hydro-Québec, pouvez-vous me
préciser si toutefois je fais une erreur.
M. Coulombe: C'est-à-dire que vous ne faites pas d'erreur
en décrivant la situation actuelle.
M. Lavigne: C'est cela.
M. Coulombe: Ce que l'on veut modifier justement, c'est tous ces
grands contrats, qu'ils s'en aillent le plus rapidement possible aux taux
normalisés. Mais, au moment...
M. Lavigne: Mais, pour le moment...
M. Coulombe: ...où vous parlez, pour les contrats qui
existent, c'est...
M. Lavigne: Et dans le passé, cela a été
comme cela.
M. Coulombe: ...la situation. M. Scowen: Et pour
l'avenir.
M. Lavigne: Ils veulent normaliser, c'est ce qu'ils disent. Il
n'y a pas de problème. C'est cela que vous nous demandiez.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Merci, M.
le député de Beauharnois, c'était une courte question. Le
député de Chambly avait aussi demandé la parole ce
matin.
M. Tremblay: M. le Président, je vais essayer de faire
vite pour ne pas impatienter le député d'Outremont; il a l'air de
vouloir en finir avec l'étude... Il faut qu'il aille à la
guignolée dans Outremont.
M. Fortier: Pardon?
M. Tremblay: II faut qu'il aille à la guignolée
dans Outremont.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Tremblay: J'ai compris, des propos du député de
Notre-Dame-de-Grâce, que le Parti libéral avait effectué un
virage bout pour bout. L'an passé ou il y a un an et demi en commission
parlementaire, les libéraux venaient ici pour nous dire que
c'était épouvantable, la loi 16. Je pense que c'était
comme cela qu'elle s'appelait, dans ce temps-là.
M. Duhaime: Elle s'appelle encore comme ça!
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Tremblay: C'est épouvantable, disaient-ils, c'est la
tutelle d'Hydro-Québec que vous voulez faire avec cela. Vous allez vous
retrouver là-dedans. Là, le député de
Notre-Dame-de-Grâce s'est tourné pour dire: Comment se fait-il
qu'ils font des analyses économiques, eux? Faites-les faire par le
ministère, il faudrait que le ministère prenne cela en main,
toutes les analyses. Je n'y comprends plus rien, moi. Ils sont difficiles
à comprendre.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Fortier: Vous étiez plus brillant ailleurs.
M. Tremblay: Ils font des virages avec
leur chef, cela dépend du chef. Pour commencer, une petite
question sur la centrale nucléaire de Pointe-Lepreau. J'ai compris, des
discussions d'hier soir, que la seule et unique raison pour laquelle le
Nouveau-Brunswick mettrait sur pied une centrale nucléaire, c'est que
les Américains ne veulent plus en construire sur leur territoire. Je
trouve un peu aberrant que le Canada en soit rendu, à toutes fins
utiles, à prendre ici ce que les Américains ne veulent pas sur
leur territoire. C'est vraiment incroyable. Ce petit commentaire étant
fait, je passe à mes questions.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Tremblay: La chronique d'Alain Dubuc de ce matin, on en a
déjà parlé. C'est un article de fond, vous allez
l'admettre.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Énergie excédentaire et lignes de
transmission
M. Tremblay: II tire à boulet rouge. Alain Dubuc,
normalement, est crédible. En ce qui me concerne, je le trouve
très crédible. Il n'est pas toujours correct, mais c'est un
très bon journaliste. S'il y en avait trois ou quatre de plus à
la Presse, on l'apprécierait tous.
Il est écrit que l'électricité excédentaire
exportée aux États-Unis est vendue aux deux tiers du prix que
l'on paie ici; est-ce vrai?
M. Coulombe: Dans ce secteur, il faut comparer des choses
comparables. Le prix de l'électricité qui est vendue comme
excédentaire aux États-Unis doit être comparé au
prix de l'électricité excédentaire vendue ici. Tout le
monde reconnaîtra que l'énergie régulière est un
produit meilleur que l'énergie excédentaire, qui a comme
caractéristique de pouvoir s'arrêter, s'augmenter et
s'arrêter alors que l'énergie régulière est sur une
base continuelle. C'est donc un produit qui vaut plus d'argent.
Si on compare les deux, c'est-à-dire l'énergie
excédentaire vendue aux États-Unis et celle vendue au
Québec, l'excédentaire vendue aux États-Unis est vendue
plus cher que celle vendue au Québec. Si on compare maintenant
l'électricité régulière vendue à de
l'énergie excédentaire, il est évident qu'on va arriver
avec les chiffres de M. Dubuc. C'est donc de savoir comparer les choses
comparables, c'est-à-dire comparer de l'excédentaire avec de
l'excédentaire et de la régulière avec de la
régulière.
M. Tremblay: Vendez-vous de l'excédentaire sur le
marché québécois?
M. Coulombe: Tout le programme des chaudières qu'on vend
au Québec, c'est de l'énergie excédentaire. Les contrats
qu'on signe sont des contrats pour quatre ans. Est-ce qu'on va pouvoir, par une
stratégie qu'on est en train d'étudier, rendre ce marché
permanent? On ne le sait pas encore. Au moment où on se parle, c'est de
l'énergie excédentaire; donc, on la vend moins cher que
l'énergie régulière qu'on vend à l'industriel. En
d'autres mots, la même industrie va payer moins cher pour son
excédentaire des chaudières parce que c'est un produit
excédentaire.
M. Tremblay: Et cette énergie excédentaire que vous
vendez au Québec, vous la vendez moins cher au Québec qu'aux
États-Unis?
M. Coulombe: On la vend moins cher au Québec que
l'énergie excédentaire qu'on vend aux États-Unis.
M. Tremblay: D'accord, je vous remercie. Je voudrais poser
quelques questions sur les lignes de transmission. La première question
concerne l'apparence des lignes. Bien des gens nous disent: les lignes
d'Hydro-Québec, c'est bien beau, mais ce n'est pas beau!
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Tremblay: Surtout quand elles passent dans les villes.
Pourquoi Hydro-Québec n'a-t-elle pas un programme d'enfouissement des
lignes à haute tension et plus particulièrement près des
villes? (16 heures)
M. Fortier: Qu'est-ce que vous en pensez? Il y en aurait pour
quelques millions.
M. Bourbeau (Joseph): On a des programmes d'enfouissement des
câbles dans les grandes villes, mais le coût d'enfouissement du
réseau est de 30 contre 1 entre le souterrain et l'aérien. C'est
pour cette raison qu'on fait de l'enfouissement, mais on n'enfouit pas toutes
nos lignes.
M. Coulombe: Juste pour vous donner un chiffre, le coût des
lignes de la Baie James est de 3 000 000 000 $; pour les enfouir, même si
c'était technologiquement possible, ce qui n'est pas tout à fait
le cas, cela aurait coûté 99 000 000 000 $.
M. Tremblay: Cela coûte un peu plus cher, quoi.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Tremblay: En ce qui concerne les lignes elles-mêmes, les
lignes de surface qu'on connaît présentement, combien cela
prend-il de temps pour les construire à partir du moment
où on prend la décision, à partir des études,
jusqu'au moment...
M. Coulombe: Y compris les permis et ainsi de suite?
M. Tremblay: Oui, le tout.
M. Coulombe: Au moment où on se parle, pour calculer une
ligne de moyenne importance, il faut de sept à huit ans à partir
du moment où le concept est sur la table jusqu'au moment où le
courant passe dans les lignes. De sept à huit ans au moment où on
se parle.
M. Tremblay: Vous êtes en train d'y travailler, mais je ne
crois pas qu'il y ait de construction de commencée sur des lignes pour
amener de l'électricité ferme aux États-Unis; par exemple,
je pense qu'il y en a une à la ligne des cantons.
M. Coulombe: Oui, mais cela peut amener du ferme ou de
l'excédentaire. La question de la ligne, c'est...
M. Tremblay: Les lignes ne font pas la différence,
elles?
M. Coulombe: Non.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Tremblay: Présentement, on ne transporte que de
l'excédentaire, par exemple.
M. Coulombe: II y a une petite partie de ferme.
M. Tremblay: II y a une partie de ferme. Est-ce que les lignes
existantes pourraient transporter plus d'électricité que ce qui
est transporté présentement?
M. Coulombe: Non, elles sont occupées à pleine
capacité, les lignes actuelles, mais, d'ici aux trois prochaines
années, vont s'ajouter des lignes nouvelles.
M. Tremblay: Depuis quand envisagez-vous la possibilité de
construire de nouvelles lignes pour apporter de l'électricité aux
États-Unis?
M. Bourbeau (Joseph): De mémoire, il y a plusieurs
années. Si on ne prend que la ligne à 735 kV, qui part de
Beauharnois et s'en va vers PASNY, cela fait plusieurs années. Au
début des années soixante-dix, on regardait la possibilité
d'établir ce lien.
M. Tremblay: Et les travaux, quand les avez-vous
véritablement commencés?
M. Bourbeau (Joseph): Comme c'était une ligne qui avait
environ 50 milles de long, elle s'est réalisée en 18 mois, la
réalisation et la construction.
M. Tremblay: Aux États-Unis, pour recevoir cette
électricité, est-ce qu'on a les équipements
nécessaires? Si, il y a dix ans, on avait construit jusqu'au
États-Unis une ligne capable de transporter tout ce qu'on aurait pu
vouloir, est-ce que les États-Unis auraient eu la capacité de
recevoir l'électricité qui aurait pu être
transportée par cette ligne?
M. Bourbeau (Joseph): Eux aussi doivent venir nous rejoindre avec
765 kV; ils ont dû faire de la construction de lignes.
M. Tremblay: Est-ce plus rapide aux États-Unis qu'ici?
M. Bourbeau (Joseph): Aux États-Unis comme ici, ça
prend à peu près le même temps. Actuellement, on a
déjà tout construit pour la ligne avec PASNY, mais PASNY a une
difficulté dans le sud de son réseau, ce qu'on appelle la ligne
Marcy South.
M. Tremblay: Elle a encore des difficultés. Je ne cherche
pas à excuser ou à défendre Hydro-Québec, ce n'est
pas mon rôle, mais je cherche à comprendre et à voir, s'il
y a des coupables, où ils sont. Je comprends, de ce que vous me dites,
qu'au moment où on a réalisé que des surplus s'en
venaient, même si on avait vendu de l'électricité à
ce moment-là, il serait difficile encore aujourd'hui de livrer cette
électricité qu'on aurait vendue il y a quatre ou cinq ans.
M. Bourbeau (Joseph): On livre par contrat ce qu'on doit livrer
à PASNY, excepté que cette électricité ne se rend
pas dans le sud de l'État de New York pour déplacer du
pétrole. Les centrales que l'on déplace actuellement sont au
charbon.
M. Coulombe: II faut bien comprendre que, pour réaliser le
contrat de PASNY qui a été signé il y a deux ans, c'est
environ 500 000 000 $ que les Américains ont à dépenser.
Dans le cas de NEEPOOL, si on s'en va à 2000 mégawatts, les
Américains devront dépenser environ 600 000 000 $ dans des
lignes.
M. Tremblay: Alors, eux aussi, de leur côté, ils ont
des investissements à faire...
M. Coulombe: Énormes.
M. Tremblay: ...qu'ils ne feront jamais tant que les contrats ne
seront pas signés.
M. Coulombe: Exactement, c'est ce qui se passe.
M. Tremblay: Puisqu'on parle des États-Unis, une autre
question me vient à l'esprit à propos des barrages. Si l'on avait
à construire une centrale pour desservir exclusivement les
États-Unis, est-ce que cette électricité pourrait
être produite à un coût qui permettrait de la vendre au prix
qu'on la vend présentement aux États-Unis ou au prix que vous
êtes en train de négocier avec eux pour de l'énergie
ferme?
M. Coulombe: Bien là, vous parlez... S'il y a une centrale
dédiée...
M. Tremblay: Oui.
M. Coulombe: ...c'est plus que de l'énergie. C'est de la
puissance et de l'énergie, donc c'est un produit qui est encore plus -
comment dirais-je donc? -plus...
M. Tremblay: Riche.
M. Coulombe: ...noble, plus riche, plus dispendieux que
l'énergie ferme. Donc, il faudra le vendre à un prix plus
élevé.
M. Tremblay: Et cela serait plus dispendieux...
Présentement, il n'en est pas question avec les Américains.
M. Coulombe: Au moment où l'on se parle, dans les
négociations actuelles, hier, on a dit justement qu'il y avait trois
phases dans les négociations: la phase de l'excédentaire, la
phase de l'énergie ferme et la phase de la puissance ferme qui s'en
vient. Lorsqu'on sera rendu à l'étape de la puissance, il va
falloir aborder ce genre de problème, et je l'ai dit hier, ce n'est pas
impensable qu'il puisse y avoir des centrales dédiées. Ce n'est
pas rejeté a priori, mais il y a d'autres méthodes,
c'est-à-dire se servir du réseau actuel et l'augmenter à
la fois pour le Québec et pour l'exportation. Il y a plusieurs
combinaisons possibles, mais il n'y a pas de décision de prise, puisque
la nature des discussions actuelles et le contrat qu'on espère faire
aboutir d'ici à quelques mois portent sur l'énergie ferme.
M. Tremblay: Pour terminer dans le vaudeville comme j'ai
commencé, il y a le chef du Parti libéral qui a dit - et on a vu
cela dans les journaux - qu'il allait aux États-Unis vendre de
l'électricité, faire sa part. Attendez-vous beaucoup de
résultats de ces démarches?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Coulombe: Comme on l'a dit, je pense qu'Hydro-Québec
est privilégiée d'avoir autant de personnes qui s'occupent de
vendre son produit. Il y a peu de compagnies qui peuvent se vanter d'avoir
autant de... Tout ce qui peut aider à vendre de
l'électricité, nous, a priori, on est d'accord avec cela.
M. Tremblay: Si je peux vous donner un coup de main,
dites-le-moi.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: On devrait féliciter le député
de Chambly, encore une fois, parce qu'il a le don de soulever des
problèmes sérieux sans le savoir, bien souvent.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Fortier: Non, mais il a soulevé le problème de
l'excédentaire et j'aimerais revenir avec cela, parce que j'ai
l'impression que le problème de l'énergie excédentaire,
qui est censé être temporaire, on va peut-être vivre avec
cela durant plusieurs années encore. Je reviens sur les
définitions qui nous font comprendre indirectement la tarification. Je
pense que, si l'on retourne plusieurs années en arrière, ce
qu'Hydro-Québec appelait l'excédentaire, c'était le fait
que, durant certaines saisons ou certains mois de l'année, alors qu'il
pleuvait davantage ou qu'il y avait trop d'eau emmagasinée dans les
barrages, pour quelques jours, quelques mois ou quelques semaines, il y avait
trop d'eau dans les barrages, et pour l'écouler, Hydro-Québec
décidait de la vendre à un moindre prix.
Maintenant que vous offrez de "l'excédentaire garanti 365 jours
par année pendant quatre ou cinq ans", je pense que vous allez
être d'accord avec moi pour dire qu'on est en train de galvauder ce mot.
Réellement, on n'est plus du tout dans la définition qui
était utilisée il y a quelques années où, pour des
raisons techniques et pour éviter un gaspillage d'eau, on offrait
à l'industrie de l'excédentaire qu'elle cherchait à
utiliser à certains moments qui faisaient son affaire.
Si c'est cela la dialectique, le problème, lorsqu'on compare des
prix, vous comparez les prix de l'excédentaire aux États-Unis
avec les prix de l'excédentaire au Québec, je me demande si les
comparaisons ne deviennent pas un peu boiteuses. On peut se raconter des
histoires entre nous, mais l'excédentaire que vous vendez maintenant,
c'est à longueur d'année, et même au Québec, 365
jours par année.
M. Coulombe: Bon. Là, il faut se méfier. Vous avez
raison de dire que la
situation générale du parc d'équipement d'Hydro
conduit à plusieurs définitions de produits et il n'y a pas de
meilleur exemple que de comparer notre produit à une
société qui fabrique des automobiles, General Motors qui fabrique
des Cadillac, fabrique des sous-compactes, fabrique des Chevrolet et des
Oldsmobile. Hydro-Québec, mutatis mutandis, c'est rigoureusement la
même chose. Quand Pechiney s'installe et prend de
l'électricité douze mois par année, 24 heures par jour, on
lui vend une Cadillac; notre meilleur produit c'est celui-là. Par
contre, lorsqu'il y a des excédents mensuels, c'est un autre type de
produit. Lorsque c'est une usine qui travaille juste le jour et qui est
fermée la nuit, c'est un autre type de produit, et ainsi de suite.
Pour mieux comprendre cela, je voudrais demander à M.
Guèvremont, qui est vice-président aux marchés externes,
d'expliquer en termes concrets ce que veut dire la gestion d'un contrat
d'exportation. Je pense que cela va faire saisir le mécanisme des
excédents.
M. Guèvremont: La plupart des transactions
d'excédents d'Hydro-Québec avec les réseaux voisins se
font par ce qu'on appelle les conventions d'interconnexion. En fait, c'est une
forme de contrat qui encadre ces transactions.
Maintenant, la disponibilité d'énergie excédentaire
varie avec les besoins du Québec. Lorsque les besoins du Québec
sont plus grands, d'heure en heure, de semaine en semaine, de mois en mois, de
saison en saison, on peut avoir moins d'énergie disponible pour les
transactions sous cette convention-là. Alors, cela se produit comme
ceci: À une heure donnée, dépendant des conditions de la
demande au Québec, on a de disponible, pour exportation, une
quantité X. Là on regarde les marchés les plus lucratifs;
c'est généralement New York. Alors on a le prix que cela leur
coûterait pour produire cette énergie-là et on la leur vend
sous une formule en rapport avec ce prix de production. L'Ontario est aussi sur
un marché semblable. Mais après le marché de New York, si
on en a encore de disponible, c'est le Nouveau-Brunswick; s'il en reste, le
marché le moins lucratif pour nous, c'est l'Ontario. En fait, c'est ce
qui se passe d'heure en heure, 24 heures par jour, dans la disposition de cette
énergie excédentaire. Ceci n'exige pas de mettre en place des
installations d'Hydro-Québec; on dispose d'excédents sur cette
base-là.
À ce moment-là, les lignes ne sont pas
nécessairement toujours remplies. Cela peut fluctuer. La nuit, par
exemple, avec New York, durant certaines périodes de l'année, la
demande est très faible et alors ils ne sont tout simplement pas
intéressés à prendre cette énergie-là.
M. Coulombe: II y a des équipes de gestion, à
Hydro-Québec et dans ces compagnies-là, et ils se
téléphonent. C'est aussi simple que cela.
M. Fortier: Alors, ce que vous me dites, c'est que...
M. Coulombe: On dit, au téléphone: On a des
mégawatts, est-ce que tu les prends ou si tu ne les prends pas à
tel prix?
M. Fortier: Oui, ce que vous dites, c'est que les
sociétés de service public aux États-Unis ont le loisir,
d'heure en heure, de modifier leurs commandes.
En ce qui concerne l'excédentaire au Québec, pour ceux qui
achètent l'énergie dite "excédentaire", entre guillemets,
au Québec même, est-ce qu'il s'agit également
d'énergie interruptible? J'imagine que dans le cas du Québec vous
n'avez aucune raison d'interrompre. Alors, est-ce qu'il s'agit d'une
énergie interruptible par rapport à une autre énergie qui
serait plus garantie?
M. Guèvremont: M. Coulombe, tout à l'heure, a
référé au contrat de chaudières, les 1800
mégawatts. Celui-là, on garantit pour une période de
quatre ans, c'est-à-dire de 1984 à 1988, une continuité.
Ensuite, il y a un groupe d'énergie excédentaire interruptible
qui existe déjà, un certain nombre de mégawatts; c'est
interruptible, mais avant les marchés externes, on va d'abord satisfaire
les besoins internes même si le marché est à un prix qui
est généralement inférieur à celui de
l'exportation.
M. Fortier: Alors les priorités...
M. Coulombe: Le programme de chaudières - juste une petite
distinction...
M. Fortier: Oui.
M. Coulombe: ...c'est quatre ans, douze mois par année,
pour la première phase. Dans la deuxième phase du programme qu'on
a commencée il y a quelques mois, il y a 400 heures d'interruptible.
Donc, c'est toute l'année moins 400 heures, où on leur dit: On
vous garantit...
M. Fortier: Les 400 heures peuvent être à
votre...
M. Coulombe: On peut...
M. Fortier: ...discrétion.
M. Coulombe: Oui.
Une voix: Six heures de préavis.
M. Coulombe: Six heures de préavis et on peut dire:
Là, pendant 24 heures, on ne t'en fournit pas.
M. Fortier: Mais quand même, à l'exception de cette
exigence que vous avez retenue pour vous-mêmes, il s'agit, à
toutes fins utiles, d'une énergie qui est aussi ferme que celle que vous
vendez...
M. Coulombe: Oui, dans le cas des chaudières.
M. Fortier: ...que l'énergie première que vous
vendez.
M. Coulombe: Mais, dans le cas d'autres types, il peut arriver
qu'il y ait de l'énergie interruptible aussi, je n'ai pas d'exemple en
tête, je ne sais pas si monsieur...
M. Fortier: Non, la seule raison pour laquelle je soulevais la
question, c'est que, de toute évidence, il y a plusieurs niveaux
d'énergie...
M. Coulombe: ...produits.
M. Fortier: Et quand on regarde la tarification - si on prend
entre autres l'énergie vendue dans le programme des chaudières,
il s'agit d'une énergie assez noble, même très garantie
pendant quatre ans, et, de fait, la tarification ne correspond pas au niveau de
noblesse de l'énergie que vous vendez. (16 h 15)
M. Coulombe: Vous avez raison, c'est tout simplement qu'on peut
se permettre cela à cause du tableau que vous avez vu hier, en termes de
grands surplus. Maintenant, ce sont des surplus annuels. On a aussi dans
certaines entreprises de l'interruptible, je pense que c'est 900
mégawatts ou...
M. Boivin (Claude): 700 mégawatts.
M. Coulombe: Bon. Explique la tarification.
M. Boivin: II faut mentionner une chose. D'abord, le programme
des bouilloires a été mis sur pied, compte tenu des
excédents que nous avons, pour tâcher d'en écouler. Dans
ces contrats, effectivement, on garantit la disponibilité douze mois par
année, mais, dans la phase 1 du programme des chaudières, les
1300 premiers mégawatts, on s'est toujours gardé le droit de
rappeler la puissance en cas de problèmes sur le réseau.
Dans la deuxième phase du programme des bouilloires, les 500
autres mégawatts qu'on est en train de vendre, on se réserve le
droit d'interrompre, en période de pointe, à notre
discrétion, entre le 15 décembre et le 1er mars de chaque
année, le service pour un maximum de 400 heures afin de s'assurer qu'on
puisse satisfaire à la demande de pointe. C'est une énergie
passablement ferme dans la période, mais qui n'est quand même pas
aussi ferme... Elle vient en excédent des besoins prioritaires du
Québec.
M. Fortier: Le député de Chambly, je pense, avait
une question.
M. Tremblay: Sur l'électricité excédentaire,
j'ai l'impression que le député d'Outremont et moi, on se...
M. Fortier: On s'entend bien.
M. Tremblay: ...stimule sûrement. Il n'a pas
été question, durant la commission, du programme de l'usine
à hydrogène liquide. Quelle importance cette usine a-t-elle sur
la consommation d'électricité?
M. Bourbeau (Joseph): Vous pouvez avoir une capacité de 40
mégawatts.
M. Tremblay: Ce n'est pas beaucoup finalement.
M. Fortier: Ce n'est rien, des peanuts. Ce sont des peanuts.
M. Tremblay: Est-ce qu'il y a des marchés pour
l'hydrogène liquide? Moi, je n'en achète pas, en tout cas; je ne
sais pas s'il y a des marchés.
Contrats spéciaux
M. Fortier: Bien, écoutez. Si vous me le permettez, M. le
député, je vais continuer. Je vais passer à un autre
sujet, ce sont juste des... Excusez, oui. On reviendra, oui, à
l'hydrogène, on reviendra à l'hydrogène tout à
l'heure; je vais continuer avec quelques autres questions que j'avais. En ce
qui concerne les rabais, si on s'entend sur les deux programmes que le ministre
a définis: il y a un programme de plafond, un programme plafond que
j'appellerais, et un programme rabais, et, dans le passé, il y a eu des
contrats spéciaux.
Dans les cas où il y a un manque à gagner, est-ce le
gouvernement qui paie la différence? Depuis deux ou trois ans, le
gouvernement dit: Dorénavant, nous négocions les contrats que
nous voulons et, si nous voulons négocier avec une entreprise un contrat
qui soit en deçà du tarif officiel, nous allons le faire et nous
allons compenser Hydro-Québec. Alors, la question que je voulais poser:
En ce qui concerne le tarif plafond, s'il y avait un manque à gagner,
est-ce que c'est Hydro-Québec qui en
subirait les conséquences? Existe-t-il présentement de ces
types de contrats qui auraient été voulus par le gouvernement et
pour lesquels Hydro-Québec recevrait une compensation financière?
S'il y en a, quel est ce volume en dollars par année?
M. Coulombe: Au moment où l'on se parle, il y a deux
contrats de cette nature: Pechiney et Reynolds. Évidemment, comme aucune
des deux n'est encore physiquement en opération - je parle pour cette
tranche dans le cas de Reynolds et, dans le cas de Pechiney, cela va être
en 1986 - et comme on ne sait pas exactement quelle sera la différence
entre le plafond et les tarifs réels, on ne peut pas évaluer ce
que ce sera. Il se peut fort bien que cela ne coûte pas un sou au
gouvernement si les tarifs continuent d'évoluer de la façon
qu'ils semblent évoluer, au moins depuis deux ans: 7,3%, 3,4% en
moyenne. Si les hypothèses de notre plan de développement, si on
ne s'est pas trop trompé, on s'en va vers 4% ou 5% - je ne me rappelle
plus le chiffre dans le plan. Donc, on est carrément en bas du plafond.
Si cela continue de cette façon, cela ne coûtera pas un cent, ni
au contribuable, ni au consommateur d'électricité. Maintenant,
s'il arrive des choses, des catastrophes, et ainsi de suite, si les tarifs
augmentent à une rapidité plus grande que le plafond
prévu, on n'est pas capable actuellement de l'évaluer, mais, au
moment où l'on se parle, cela ressemble plus à que ce soit en
dessous du plafond qu'au-dessus.
M. Fortier: Oui, mais quand même, il reste que
présentement, si les augmentations sont faibles, c'est dû au fait
que votre programme de construction de nouvelles centrales est plutôt au
ralenti. Si HydroQuébec s'engageait, d'ici à trois ou quatre ans,
dans un programme de construction de centrales...
M. Coulombe: Si les tarifs...
M. Fortier: ...avec la marge d'autofinancement que cela requiert,
on pourrait craindre, avec raison...
M. Coulombe: Oui.
M. Fortier: ...que cela aille au-dessus de 10%, et c'est à
ce moment que ces deux sociétés auraient un
bénéfice.
M. Coulombe: Bon. Mais je voudrais juste rectifier une chose: Si
les tarifs ont été bas l'année passée et le sont
cette année, ce n'est pas parce que notre programme d'immobilisations a
diminué, notre programme d'immobilisations est resté à peu
près le même. C'est parce que les dépenses
d'Hydro-Québec ont été coupées. C'est
fondamentalement pour cela que les tarifs sont bas depuis deux ans.
M. Fortier: Oui. Mais vous serez d'accord avec moi que si...
M. Coulombe: Mais, éventuellement, vous avez raison que si
on augmente à un rythme inconsidéré le rythme des
investissements, évidemment cela va affecter la hausse des tarifs dans
quelques années.
M. Fortier: Oui, mais M. Coulombe vous serez d'accord avec moi
que si HydroQuébec avait suivi le plan qui avait été
soumis ici, en commission parlementaire en 1981 - et ce plan-là
commandait des emprunts considérables pour les années en cours;
je ne me souviens pas des chiffres exacts, mais ce plan-là commandait
des appels de financement extrêmement élevés, à un
tel point que M. Lafond s'inquiétait de la possibilité de
réaliser le programme de financement - alors, à ce
moment-là, je pense bien - je ne sais pas à partir de quelle
date, mais à partir de 1984 ou 1985...
M. Coulombe: Oui.
M. Fortier: ...il y aurait eu des augmentations beaucoup plus
rapides.
M. Coulombe: Exact. Mais pas en 1982 et en 1983.
M. Fortier: D'accord. Maintenant, une question...
M. Coulombe: Pas en 1983-1984.
M. Fortier: ...rapide sur le financement. Je voulais juste avoir
la garantie que le chiffre qui apparaît dans l'estimation 1983 -je me
réfère à la page 75 - et qui indique: Que pour 1983, le
financement serait de l'ordre de 1 585 000 000 $, c'était le bon
chiffre. Parce que j'ai un rapport ici, de source assez bien informée
normalement, de Nesbitt Economic Research, qui indique que, pour l'année
courante, Hydro-Québec aura -je me réfère ici à un
document Cash requirements of provinces and major guarantees for the fiscal
year 1983-1984 -1 816 000 000 $.
M. Coulombe: C'étaient nos prévisions du
début d'année et, grâce à l'excellente gestion et
à la baisse de l'inflation, la baisse des taux d'intérêts,
on va emprunter moins.
M. Fortier: Mais c'est parce que j'avais eu un rapport semblable
au mois de juin et ces rapports-là sont révisés tous les
trois mois; j'ai ici le rapport du 15 octobre. Et comme je sais que vous
êtes toujours en contact très étroit avec les milieux
financiers, je suis très surpris de constater que Nesbitt,
Thomson ne soit pas au fait de la baisse que vous prévoyez pour
l'année en cours.
M. Coulombe: Notre programme d'emprunt est terminé,
à l'heure actuelle, pour 1983 et il se situe à...
M. Caron (Michel): À 1 585 000 000 $. Toutefois, hier,
nous avons fait un emprunt sur le marché américain de 250 000 000
$ US, qui sera livrable le 27 décembre, je crois, mais qui est par
anticipation sur le programme 1984.
M. Fortier: Non, ce n'est pas une question d'aller mal;
simplement j'essayais de voir quels étaient les chiffres. Parce que,
normalement, Nesbitt, Thomson je suis sûr qu'ils vont aux sources.
M. Coulombe: Bon.
M. Fortier: Ici, je lis 1 816 000 000 $. Et je lis: Cash
requirements for fiscal year 1983 has been revised downwards from 2 086 000 000
$ to 1 800 000 000 $; of this total, 1 700 000 000 $ represent current
requirements and 128 000 000 $ reflect a funding carry forward from fiscal year
1982. Alors si vous me dites que les experts financiers ne sont pas au fait de
vos dernières exigences, je trouve cela un peu surprenant.
M. Coulombe: Bien non, c'est parce que l'on ne donne pas
d'information privilégiée à Nesbitt, Thomson ou d'autres.
La mise au point du programme d'emprunt de 1983 et la fin des opérations
de 1983 - puisqu'on est à quelques jours de la fin de l'année -
nous permettent de dire aujourd'hui, et c'est clair, que notre programme
d'emprunt est terminé au niveau prévu dans le plan que vous avez
devant les yeux. C'est comme cela que cela va se terminer.
M. Duhaime: Si vous me permettez, M. le Président...
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
ministre, ensuite M...
M. Duhaime: ...juste une question là-dessus. Quand M.
Caron mentionne 1 585 000 000 $...
Une voix: C'est exact.
M. Duhaime: ...ce sont les emprunts courants. Mais dans les
chiffres qui terminent l'année 1983 - parce que j'ai cru comprendre de
votre réponse que les 250 000 000 $ US seraient par anticipation sur le
programme d'emprunt de 1984 - dois- je comprendre que le montant que vous avez
donné comprend le rachat d'obligations?
M. Caron (Michel): Oui, ce sont des emprunts...
M. Duhaime: Pour l'année en cours? M. Caron (Michel):
...bruts.
M. Duhaime: Donc, c'est 1 585 000 000 $, chiffres ronds.
M. Caron (Michel): Bruts, c'est cela. M. Duhaime:
Bruts.
M. Caron (Michel): Présentement un total de 1 195 000 000
$, net.
M. Duhaime: Qui correspond aux chiffres que l'on trouve à
la page 75.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M.
Bourbeau, je pense, voulait répondre aussi.
M. Bourbeau (Joseph): C'est pour revenir et corriger
peut-être une donnée qu'on a eue sur le plan de 1981. Alors, j'ai
le plan de 1981.
M. Fortier: Je ne me souviens pas des chiffres.
M. Bourbeau (Joseph): Les investissements étaient
plafonnés, pendant la période de 1981 à 1985, à 3
000 000 000 $. Et c'est en 1986 qu'on commençait à monter.
M. Fortier: Oui, oui, c'est cela, enfin le raisonnement
était le même. Ce que je voulais signifier, c'est qu'à
partir d'une certaine date...
M. Bourbeau (Joseph): Oui c'est parce qu'on a dit, je pense qu'en
1984...
M. Fortier: Oui, c'est vrai que c'est là qu'on avait
discuté...
M. Bourbeau (Joseph): ...cela pouvait commencer.
M. Fortier: ...du devancement possible. M. Bourbeau (Joseph):
Oui.
M. Fortier: Non. C'est tout simplement que si les maisons
financières sont mal informées - ici, nous avons les listes de
toutes les sociétés d'État du Canada - je n'ai pas de
conseils à vous donner, mais ce serait sûrement intéressant
qu'elles aient l'information la plus récente.
Réduction de l'effectif
Je voudrais passer maintenant à l'élément humain
d'Hydro-Québec. Vous savez qu'on reçoit toutes sortes
d'informations. Des coupures ont certainement été brutales
à certains égards. Il y a les 1000 cadres qui -et je ne sais pas
si vous connaissez le jargon qui est utilisé, on parle du Club Med
d'Hydro-Québec - sont en disponibilité. On parle de "la gang de
Québec" qui dirige Hydro-Québec. En fait, il y a un jargon qui
est utilisé pour illustrer les difficultés auxquelles font face
certains individus et dans plusieurs cas, je crois que cela a
créé des traumatismes chez certains qui, après un certain
nombre d'années, se trouvent un peu pris au dépourvu.
Je voulais simplement avoir certaines assurances d'Hydro-Québec
à cet égard; nous en avons parlé dans des conversations
privées. Dans quelle mesure, d'une part, toutes ces coupures ont-elles
été faites? De la façon la plus humaine possible?
Qu'est-ce que vous faites pour faciliter l'intégration, pas uniquement
de trouver un autre emploi mais en termes de conseils de certains experts qui
pourraient faciliter le passage d'une fonction à une autre? Autrement
dit, quelles assurances pouvez-vous nous donner que, d'une part, les coupures
qui ont été faites étaient vraiment requises et que,
d'autre part, ces gens qui sont en butte à des difficultés, des
ajustements très importants dans leur carrière, reçoivent
l'aide à laquelle ils ont droit afin de leur permettre de
s'intégrer à un nouveau poste à l'intérieur
d'Hydro-Québec ou même ailleurs? J'ai vu que vous avez
signé une entente avec la ville de Montréal, en particulier.
M. Coulombe: Là-dessus, toute société, dans
notre milieu nord-américain, qui se trouve aux prises avec des
problèmes d'une chute de ses ventes, de la nécessité
absolue de diminuer les dépenses, a le réflexe normal, surtout au
niveau des cadres et aussi au niveau des syndiqués dans 95% des cas, de
faire des mises à pied. Cela s'est fait dans toutes les grandes
corporations et même dans plusieurs sociétés d'Etat,
fédérales ou américaines ou autres, des mises à
pied massives.
Hydro-Québec a choisi de ne pas faire de mises à pied
massives justement pour deux raisons: premièrement, Hydro-Québec
est une entreprise qui reste en croissance. Cette année,
Hydro-Québec va avoir 75 000 ou 70 000 clients de plus.
Deuxièmement, on pensait que l'administration était capable de
faire face à la crise - qu'on estime temporaire - d'une baisse
d'activité. Avec ces deux raisons, on a pris la décision de ne
pas faire de mises à pied massives. Cette décision a
été maintenue malgré toutes les coupures qu'il y a eu.
Si vous faites allusion à ce que certains peuvent appeler "la
gang de Québec" c'est-à-dire les trois, quatre, cinq cadres
supérieurs qui ont intégré Hydro-Québec depuis 24
mois, je pense que cette opération aurait été impossible
sans l'accord, sans le dynamisme de tous les cadres d'Hydro-Québec,
cadres supérieurs, qui sont là depuis 35, 25, 15 ou 10 ans. Je
mets au défi n'importe qui de dire que ce qui s'est fait à
Hydro-Québec a été le fait de trois ou quatre personnes;
ce fut le fait de l'ensemble des cadres qui ont participé parce
qu'une opération d'une telle envergure aurait été
impensable sans la collaboration dynamique et très précise de
tous les cadres supérieurs d'Hydro-Québec.
Donc, pour le coût humain, je pense, qu'après avoir pris
cette décision, ce défi, de ne pas faire de mises à pied
et de passer à travers la crise en ayant une administration plus
serrée, plus forte et plus imaginative, 90% du coût humain
était résolu. De plus, c'est évident que dans une
opération d'une telle envergure, il y a des individus qui ont
été, de façon individuelle, frustrés. Qu'il y ait
eu des erreurs, je l'admets. Il n'y a pas une opération d'une telle
envergure qui peut se faire sans qu'il y ait des erreurs. Mais somme toute, si
l'opération a été un succès parce que cela en est
un succès, cela aurait été impensable sans la
collaboration de la majorité des individus. La preuve, c'est que dans un
état de crise semblable, dans un état de bouleversement d'une
entreprise, on a quand même réussi à signer des conventions
collectives, ce qui était une chose nouvelle à
Hydro-Québec. (16 h 30)
C'est évident qu'un syndicat qui sent qu'une entreprise est
fondamentalement perturbée, en profite pour gagner des avantages dans ce
climat. Non seulement cela n'est pas arrivé mais la convention
collective s'est signée autour de la table des négociations. Je
pense que ce sont des faits qui démontrent que l'opération,
même si elle a été pénible en termes individuels
pour quelques-uns, elle a été quand même
réussie.
De plus, il y a plusieurs services qu'on offre. Il y a des services de
"counselling" qui sont donnés à ceux qui doivent se
réorienter.
Il y a eu des réorientations individuelles assez spectaculaires,
on a mis des services nouveaux de mise en marché, il y a des gens qui
sont venus de l'équipement, qui sont entrés là. Il y en a
d'autres qui sont en transition. Il y a des cours de formation qui sont
disponibles pour débuter ou refaire une nouvelle carrière
à Hydro-Québec et tout cela en éliminant le traumatisme
qui est le plus fondamental, c'est-à-dire la mise à pied. Et
plutôt que quelqu'un aille refaire une carrière en se cherchant un
emploi pendant six mois un an, on a réussi, dans beaucoup de cas,
à ce qu'ils se refassent une carrière à
Hydro-Québec et en leur fournissant tous
les instruments nécessaires pour qu'ils réussissent.
Maintenant, après avoir dit tout cela, je ne nierai jamais qu'il
y a des cas individuels. Il y a peut-être eu des coches mal
taillées mais, je pense que dans une opération d'une telle
envergure c'est l'ensemble qu'il faut regarder. Mais cela ne fera jamais
oublier à quelqu'un, qui a pu être mal conseillé,
maltraité ou mal orienté par son supérieur, de s'en
rappeler longtemps, mais je pense que c'est la mise en application de
l'ensemble du plan qui fait qu'il y ait des résultats nets pour le
consommateur de l'électricité. Je le répète, c'est
que cela permet de baisser les tarifs et ce, je pense que pour
l'économie du Québec, la participation de l'ensemble des
employés d'Hydro-Québec a été effective dans ce
sens.
M. Fortier: M. le Président, je crois que... Oui, M.
Bourbeau.
M. Bourbeau (Joseph): Je voudrais simplement ajouter que le
phénomène que vous mentionnez à Hydro-Québec se
retrouve aussi à Hydro-Ontario et à BC-Hydro. C'est exactement le
même phénomène. On a coupé dans le personnel. Alors,
les compagnies canadiennes de services publics font un effort
considérable pour réduire leurs coûts actuellement.
M. Fortier: Je voudrais dire que là-dessus, je me suis
tenu au courant de ce qui se passait. Cela aurait été facile pour
moi de faire de la petite politique là-dessus, je n'en ai pas fait
sachant que c'était un sujet, sur le plan humain, qui était
traumatisant et que pour la société, ce n'était pas
facile. Maintenant, je cherchais à avoir l'assurance également,
parce que plusieurs nous disent que, dans l'avenir, s'il fallait que les
programmes repartent, Hydro-Québec serait fortement handicapée
pour s'assurer de l'ingénierie et de la gérance des projets
à venir. Dans quelle mesure à l'avenir, maintenant que les
équipes sont disloquées -parce que, même si les individus
se retrouvent à l'intérieur d'Hydro-Québec dans d'autres
postes, il est bien évident que plusieurs équipes ont
été disloquées - sera-t-il possible, si cela était
nécessaire, de les refaire? Ou croyez-vous que le nouvel organigramme
que vous avez maintenant - en utilisant les ingénieurs-conseils comme
vous l'avez toujours fait dans le passé, mais quand même en
exerçant un contrôle à partir de l'intérieur
d'Hydro-Québec, en utilisant les ressources humaines dont vous disposez
- va vous permettre de relancer des grands projets dans l'avenir?
M. Coulombe: Là-dessus, nous n'avons aucune espèce
d'inquiétude et, si j'osais, je dirais même que j'ai
l'inquiétude contraire.
Je pense que les noyaux de base de l'entreprise, non seulement vont
demeurer, demeurent, mais vont s'élargir. Je parle des noyaux de base
fondamentaux au point de vue technique, technologique. Je vais vous donner un
exemple: à la planification des équipements, on lance
actuellement un cours spécial de formation pour des jeunes
ingénieurs qu'on espère prendre dans la boîte et des cours
intensifs pour augmenter la qualification scientifique de ces gens. Donc, on
n'a aucune espèce d'inquiétude là-dessus. Il y a un
secteur où on avait des décisions plus difficiles à
prendre. C'était dans le secteur nucléaire à cause du fait
qu'il n'aura pas, dans un avenir prévisible... Là-dessus, encore
là, on a pris toutes les précautions pour quand même garder
le noyau nécessaire parce que Gentilly 2 fonctionne et doit fonctionner.
On a donc pris des mesures spécifiques pour s'en occuper. Quant à
la technologie du transport, de la répartition, des barrages ou de tout
ce que vous voudrez, nous sommes persuadés que le noyau de base reste
intact. Non seulement, il reste intact, mais il va s'élargir davantage.
On ne dépense pas une somme d'environ 2 000 000 000 $ par année
sans regarder cette expertise. Hydro-Québec l'a et va continuer à
l'avoir.
Dans les prochaines années, compte tenu de la stabilisation des
effectifs, on va être beaucoup plus rigoureux dans l'augmentation des
effectifs. On ne dit pas qu'il n'y aura plus jamais d'entrée de
l'extérieur. Il va y en avoir, mais sur une base beaucoup plus
rigoureuse et beaucoup plus en fonction des besoins de base de l'entreprise.
Donc, on n'a aucune espèce d'inquiétude sur la capacité
scientifique, technologique et technique d'Hydro-Québec.
M. Fortier: Vous avez négocié des conventions
collectives avec deux ou trois syndicats. D'ailleurs, vous nous avez
déjà donné l'information et je vous en remercie. Comme
vous nous l'aviez dit l'an dernier, il reste que les employés
d'Hydro-Québec, en termes de rémunération globale, se
comparent très avantageusement avec le commun des mortels. Ici, vous me
donnez la comparaison. Pour les employés de bureau, c'était 23,9%
par rapport aux grandes entreprises; pour les métiers, 18,8%; les
techniciens, 28,1%; les ingénieurs, 21%, et les cadres, 21%. Là,
on se compare avec la très grande entreprise. Si on faisait la
comparaison avec des entreprises plus ordinaires au Québec, cet avantage
serait encore plus marqué. Je sais aussi que vous avez
négocié des conventions collectives qui tendent à diminuer
quelque peu cet écart, mais, quand on réalise que, dans le
secteur privé, les augmentations sont peut-être moindres que
celles qui ont été négociées, quand on
considère les promotions par échelons, etc., il reste que cette
différence
va se perpétuer dans une certaine mesure.
M. Coulombe: Notre objectif dans les conventions collectives
était de couper cet écart en deux. On l'aura coupé du
quart. Il est évident que la différence vient de
l'évaluation du marché qu'on en fait. Nous sommes
persuadés que, pour l'année 1983, au taux de 3,5%, on prend de
l'avance sur le marché, c'est-à-dire qu'on récupère
l'avance sur le marché. Si les prévisions de l'inflation se
réalisent, on est à peu près persuadé que les 20%
ou 25% qu'on a récupérés, à la fin de la
troisième année... Nous sommes persuadés qu'on aura
peut-être récupéré un peu plus du marché que
ce qu'on prévoit aujourd'hui. Les conventions collectives dans le
domaine industriel se signent entre 5,5% et 6,5% et, en 1983, nous en sommes
à 3,5%. Dans la plupart des grandes entreprises, il y a aussi le
coût du système et les échelons qui jouent, comme à
Hydro-Québec.
Maintenant, on est encore en haut du marché. Vous avez
parfaitement raison. C'est la situation actuelle et on espère trouver le
moyen de la contenir, de la réduire. Tout va dépendre de la
stratégie. Il va donc falloir, au cours des deux prochaines
années, décider si la signature des conventions collectives a
été un coup du hasard ou une stratégie en profondeur pour
améliorer ces relations, mais aussi rendre comparables les avantages
pécuniaires pour que la rémunération globale
d'Hydro-Québec se compare au marché de comparaison. Je pense
qu'il faut tenir au marché de comparaison. Il faut que ce soit à
la grande entreprise. Hydro-Québec est une grande entreprise et je pense
qu'il serait malheureux de comparer Hydro-Québec à une petite
entreprise qui a 50, 75 ou 100 employés. Notre marché de
comparaison nous semble valable. C'est là-dessus qu'on s'aligne. Pour
cette convention-ci, on aura récupéré une partie de
l'avance et on espère que, dans la prochaine convention collective, on
ira plus loin. Je pense aussi que l'entreprise a amélioré
considérablement certains aspects très importants de
l'indexation. Je pense que c'est prometteur pour l'avenir si on veut
réduire l'écart dans le marché de comparaison.
M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): II y avait
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Duhaime: Non, non. Allez-y. Moi, j'ai terminé.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Fortier: Étant donné que le ministre aimerait
qu'on termine un petit peu plus tôt...
M. Duhaime: Oui. Si on a fini, on a fini.
M. Fortier: Si vous me le permettez, je vais poser une question
sur la tarification puisqu'on en a beaucoup parlé. Ensuite, je crois que
mon collègue a une autre question. Vous avez reçu - comme le
ministre l'a reçu et je viens de le recevoir - un
télégramme du condominium Le Square. Il s'agit de votre
tarification pour les immeubles d'habitation collective assujettis aux tarifs
multifamiliaux. Ces gens se plaignent que vous les obligez à payer pour
chaque logement la redevance d'abonnement quotidienne sans leur accorder le
mérite des 30 premiers kilowattheures qui sont normalement
accordés à toute personne qui possède un logement. Ils se
plaignent également du fait que, lorsque leur condominium a
été construit, les règles du jeu étaient
différentes. Ils se sont organisés en fonction de la tarification
qui existait à ce moment-là. Bien sûr, les nouveaux
condominiums ou les nouvelles maisons d'appartements - comme celle que j'habite
moi-même à Québec - n'ont pas de difficulté puisque
chaque appartement a son propre compteur. Ces gens se plaignent
amèrement du fait que c'est deux poids, deux mesures.
Vu qu'on voulait certainement réduire la consommation
électrique, on a essayé d'imposer une nouvelle tarification qui
était dans la lancée de la politique de M. Joron de
réduire la consommation et de pénaliser ceux qui consommaient
trop par rapport à une certaine norme; on a changé la
tarification. Ils ont pris connaissance de la tarification que vous leur
faites. Vous ne changez pas la tarification eu égard à leur
première demande qui était d'avoir droit au 30 premiers
kilowattheures pour chaque appartement. Je crois que c'est la tarification qui
est à la page 7 de votre cahier sur la tarification; vous gelez la
tarification pour les deux prochaines années. "Signalons
également que cette dernière tranche du tarif multifamilial sera
gelée pour les deux prochaines années".
Étant donné, j'imagine, qu'il ne s'agit pas de revenus
considérables pour Hydro-Québec, pourquoi ne pas revenir à
ce qui était en ce qui concerne ce genre d'habitations
multifamiliales?
M. Bourbeau (Joseph): M. Boivin.
M. Boivin: Je vais commencer par donner la réponse
générale. Je vais revenir après au cas particulier du
condominium Le Square, à Longueuil. Il nous a également
écrit et je connais bien le cas. Tout d'abord, la modification de la
tarification qui avait été faite au tarif multifamilial en
janvier
1982 l'avait été dans l'optique de favoriser les
économies d'énergie, de favoriser à ce moment-là le
mesurage individuel des édifices. Certaines études
effectuées ailleurs qu'au Québec, notamment en Ontario et aux
Etats-Unis, indiquaient que par le mesurage individuel comparativement au
mesurage collectif, on peut inciter à des économies qui peuvent
aller jusqu'à 40% lorsque les abonnés sont responsables
individuellement de leur facture.
Dans cette optique, on avait changé la tarification pour la
rendre fortement incitative au mesurage individuel - on était
peut-être allé un petit peu trop vite - et cela avait
créé un écart entre le tarif domiciliaire unifamilial et
le tarif multifamilial qui était de l'ordre de 9%. Afin de corriger
cette situation, ce que nous proposons cette année est un gel de la
deuxième tranche du tarif domestique. Deuxièmement, une autre
mesure qui est l'élimination de la prime de puissance au-delà de
50 kilowattheures se trouvait nécessairement à frapper la plupart
des édifices multifamiliaux en mesurage collectif. Cette proposition
tarifaire cette année va avoir pour résultat de réduire
l'écart moyen entre le tarif unifamilial et le tarif multifamilial
d'environ 3%. Présentement, jusqu'à aujourd'hui, il était
de l'ordre de 9%, il va passer aux environs de 7%. On garantit également
le gel de la dernière tranche pour les deux années
subséquentes, ce qui va avoir pour effet à toutes fins utiles de
réduire l'écart à environ 1%, ce qui n'est pas très
incitatif, mais cela va corriger la situation.
La hausse moyenne qu'on a citée dans le mémoire tarifaire,
c'est le résultat moyen. Dans les cas des plus gros condominiums,
notamment dans le cas du Square ou le condominium équivalent qui chauffe
à l'électricité, la proposition tarifaire, cette
année, a pour objet de réduire de 2% la facture de ces
abonnés pour 1984, par rapport au tarif de 1983. (16 h 45)
M. Fortier: Finalement, ce que vous dites, c'est que ce que vous
avez fait va leur donner indirectement ce qu'ils voulaient avoir directement.
Enfin, c'est votre interprétation.
M. Boivin: Oui.
M. Fortier: Je vous remercie.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Cela va. M.
le député de Notre-Dame-de-Grâce, vous avez quelques
questions?
Énergie excédentaire
M. Scowen: Oui. J'ai une grande question et trois petites. Je
vais d'abord vous poser la grande question, si vous me permettez.
Le point que je retiens de vos documents et de votre analyse est
toujours cette question des excédents. Je voudrais seulement l'explorer
un peu plus. Si je comprends bien, vous allez vous retrouver, l'an prochain,
avec un excédent - ce que vous appelez un "excédent brut" - de
56,2 térawatts, ce qui est environ le tiers de toute l'énergie
disponible d'Hydro-Québec pour cette année. Un tiers, c'est
énorme. Si je comprends bien, c'est causé en partie par une
augmentation importante des mises en marche de centrales
hydroélectriques depuis trois ans, ce qui est arrivé au
même moment que la crise économique et qui a été
plus difficile à cause d'une mauvaise gestion économique du
gouvernement. Donc, la conjoncture des trois événements a eu pour
effet de vous donner un excédent brut de 33% de toute notre
capacité.
La première question que je veux vous poser est à savoir,
pendant les années soixante-dix, quel a été
l'excédent brut en pourcentage. J'ai ici des chiffres qui remontent
à 1981. En 1981, c'était à peu près 24%.
Était-ce encore plus bas pendant les années soixante-dix? Pour
vous, quel est le pourcentage idéal que vous souhaiteriez avoir comme
excédent brut après une année normale? Quel est
l'idéal à atteindre dans cette catégorie d'énergie
disponible?
La deuxième question que je veux vous poser est dans le
même domaine. Je vais les poser toutes ensemble parce que ce sera
peut-être plus rapide. Si je comprends bien, votre objectif, pour
l'année prochaine, est d'essayer de vendre une partie de cet
excédent brut sous forme d'énergie excédentaire. Vous
prévoyez ainsi augmenter les ventes d'énergie excédentaire
de 15 à 25 térawattheures, l'année prochaine, ce qui est
une augmentation de 10 térawattheures équivalant à 60%.
Cela vous laissera 31 térawattheures qui seront gaspillés dans ce
sens qu'ils ne seront pas utilisés, même si cette capacité
existe. La deuxième question que je vous pose est à savoir si ces
25 térawattheures sont fermes. Jusqu'à quel point êtes-vous
en mesure de nous dire, aujourd'hui, que ce sont des contrats
déjà signés? Comme c'est une augmentation très
importante de 25 térawattheures qui, si vous ne le réalisez pas,
va avoir des effets importants sur vos revenus, est-ce que vous avez
déjà les contrats en main pour la réalisation de cette
augmentation? Si oui, tant mieux! Effectivement, est-il nécessaire
d'accepter qu'on va gaspiller les 31 térawattheures inutilisés,
tel que prévu dans le rapport que vous avez soumis?
Voici les quatre questions que je vous pose. Si vous ne répondez
pas aux quatre, j'y reviendrai.
M. Bourbeau (Joseph): Je vais commencer par la première
question, soit la question des excédents dans les années
soixante-dix et en 1984. En 1970, en fait, de l'énergie en surplus, on
peut dire, en théorie, qu'il n'en existait pas. Il n'en existait pas
parce qu'on répondait à la demande et on suffisait à y
répondre. Sauf qu'on se garde toujours une réserve dans le
réseau d'environ 10%.
En 1984, si on regarde le tableau ou le graphique, on s'aperçoit
qu'on aurait à peu près 25 000 000 000 de kilowattheures de trop
sur les ventes totales.
M. Scowen: M. Bourbeau, je ne suis pas expert dans ce domaine;
vous parlez de kilowattheures. Je me suis fié aux pages 28, 29 et 30 du
document le Plan de développement et c'est là qu'on parle de
térawattheures. Cela peut m'aider parce que c'est un peu
compliqué pour moi de changer ma compréhension de l'un à
l'autre.
M. Bourbeau (Joseph): Si on dit 112 térawattheures ou 112
000 000 000 de kilowattheures, c'est la même chose.
M. Fortier: Dix exposant neuf. M. Scowen: C'est facile
pour vous.
M. Bourbeau (Joseph): Si on prend la page 34, vous vous apercevez
sur le graphique qu'en 1984 on a des surplus qui ne seront pas vendus de
l'ordre d'environ 25 000 000 000 de kilowattheures ou 25 térawattheures
sur un montant total de ventes de 130 000 000 000 de kilowattheures ou 130
térawattheures. Cela vous donne à peu près
l'excédent...
M. Scowen: Je peux vous demander de regarder aux pages 29 et 30.
Je me suis fié à ces deux pages pour le calcul que je viens de
faire. Dans la page 29, vous avez l'énergie disponible, les ventes,
l'excédent. À la page suivante, vous avez les ventes qui sont
divisées en régulières et excédentaires.
M. Coulombe: M. Scowen, je pense que ce qu'il faudrait faire pour
suivre, il faudrait prendre la page 29 que vous avez actuellement et, pour
mieux la comprendre, il faudrait aller à la page 33. Avec ces deux
tableaux, vous avez le raisonnement complet. La page 29 vous donne les
excédents bruts. On dit qu'en 1984 on aura 56 200 000 000 de
kilowattheures ou 56 térawattheures; à la page 29, d'accord.
M. Scowen: Oui.
M. Coulombe: Si on va à la page 33, on dit qu'avec ces 56
000 000 000 de kilowattheures que vous retrouvez en 1984 - même
définition: excédent brut - vous retrouvez vos 56 200 000 000 de
kilowattheures.
M. Scowen: Oui.
M. Coulombe: D'accord.
M. Scowen: Oui.
M. Coulombe: On se dit: qu'est-ce qu'on fait avec cela?
M. Scowen: D'accord.
M. Coulombe: On va vendre 9 000 000 000 de kilowattheures en
énergie excédentaire au Québec. Pour répondre
à votre deuxième question, ces 9 000 000 000 de kilowattheures,
c'est presque assuré parce que ce sont principalement les
chaudières industrielles. Ils sont à peu près vendus,
comme on vous l'a dit tantôt. Donc, cela est sûr à environ
80% ou 90%, les 9 300 000 000 de kilowattheures qu'on vient de vendre. Et il y
a les 21 700 000 000 de kilowattheures qu'on va vendre à l'exportation.
Ce sont des contrats signés à l'heure actuelle.
M. Scowen: Oui.
M. Coulombe: On peut considérer cela comme vendu, selon
toute probabilité, à moins qu'il n'y ait une catastrophe dans les
prix de l'huile, etc.
M. Scowen: Donc, les 25.
M. Coulombe: II reste les 25 000 000 000 de kilowattheures, que
M. Bourbeau mentionnait tantôt. Et c'est le résultat qu'on appelle
l'excédent net, ces 25 000 000 000 de kilowattheures, au moment
où on se parle. Cela peut changer. L'activité économique
peut reprendre plus vite, etc. Il ne faut pas oublier qu'on prévoit l'an
prochain une augmentation de nos ventes de 11%. On a toujours parlé de
croissance de 2,9%, etc. L'an prochain, on prévoit pour les ventes
totales une augmentation de 11%.
M. Fortier: II a besoin de faire froid.
M. Coulombe: Ce qui est très optimiste.
M. Scowen: Dans l'exportation de 21 700 000 000 de
kilowattheures, vous avez 15 800 000 000 de kilowattheures
d'excédentaire. Peut-on prendre pour acquis que ces 15 800 000 000 de
kilowattheures excédentaires exportés sont aussi 80% à
90%...
M. Coulombe: À quel tableau êtes-vous?
M. Scowen: Je suis à la page 33. M. Coulombe: Page
33.
M. Scowen: Vous avez 21,7 de ventes à l'exportation. Si je
retourne à la page 30, je vois que c'est 5,9 de régulière
et 15,8 d'excédentaire.
M. Coulombe: C'est cela.
M. Scowen: Je veux savoir simplement si les contrats pour
l'excédentaire, c'est aussi à 90% ferme.
M. Coulombe: Oui.
M. Scowen: On peut prévoir, selon les prévisions,
une grande augmentation dans les ventes d'énergie excédentaire
pour l'an prochain.
M. Coulombe: Ce qu'on peut dire - je n'ai pas d'opposition
à ce qu'on soit cité là-dessus l'an prochain à la
même date, s'il y a lieu - c'est que, sur les 11,7% d'augmentation qu'on
prévoit, il faudrait que cela aille extrêmement mal pour qu'on
soit à moins de 9%. On espère un taux de 11,7%. On pense qu'on
est capable d'obtenir les 11,7%, mais il faudrait que cela aille
extrêmement mal, il faudrait des phénomènes qu'on ne peut
pas prévoir aujourd'hui pour qu'on soit en bas de 9%.
Je voudrais vous mentionner que, cette année et à la
même date l'an passé, on vous avait dit, dans le plan, que la
croissance de la demande régulière au Québec, soit les
ventes, serait d'environ 2%. On pense - là, est-ce le hasard ou la
justesse de nos prévisions? - qu'on va y arriver. Dans le plan
d'aujourd'hui, on inscrit 1,4% plutôt que 2%, mais avec les
températures favorables que nous avons depuis trois semaines ou un mois,
on pense qu'on sera très proche de 2%, ce qui était la
prévision exacte que nous avions faite en novembre 1982.
M. Fortier: C'est la prévision exacte.
M. Coulombe: Pour l'an prochain, c'est une prévision de
11,7% et c'est très optimiste. Si c'est moins de 9%, cela voudra dire
qu'il y a eu des phénomènes qu'on ne soupçonne pas
aujourd'hui qui auront joué.
M. Scowen: M. Bourbeau, peut-être pourrais-je revenir
à la question. Idéalement, quand vous parlez avec M. Coulombe et
avec vos autres collègues, qu'est-ce qui serait idéal comme
pourcentage d'excédent brut à atteindre dans une
société bien équilibrée et bien administrée?
Que cherchez-vous idéalement? Semble-t-il que, cette année, le
taux sera d'environ 33%.
M. Fortier: Plus que cela parce que les réservoirs sont
pleins.
M. Bourbeau (Joseph): Comme je vous le disais, en 1970, lorsqu'on
cherchait à répondre à la demande ferme du réseau,
on se gardait une réserve d'environ 10%. Ayant un réseau de
nature hydraulique, c'est à peu près le ratio qu'on cherche
à garder en réserve.
Pour continuer sur votre question, M. le député, en
reprenant le graphique à la page 34, vous vous apercevrez que ce qui est
hachuré au-dessus de la ligne représente les excédents que
l'on croit vendre. Ce que vous avez en pointillé, ce sont les
excédents qui ne sont pas vendus. Cela reprend en graphique ce que vous
avez vu sur les tableaux des pages précédentes.
M. Scowen: C'est cela. Pour l'année courante et pour
l'année prochaine, ce sera d'environ 31 térawattheures.
M. Bourbeau (Joseph): C'est cela. M. Scowen: Bon.
Parfait.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
D'accord.
M. Scowen: Non. J'ai encore quelques petites questions pour
terminer. Mon collègue d'Outremont a parlé de la question du
personnel. En pensant à l'avenir, j'ai constaté une chose dans le
cas de la SÉBJ. Au cours des quatre prochaines années, à
toutes fins utiles, on voit sa disparition. Je pense qu'il restera 75 personnes
à la fin de 1985. Si je comprends bien, c'est une équipe de
personnes qui ont des qualités, des compétences et des
expériences très importantes sur un aspect
spécialisé, c'est-à-dire la construction...
M. Fortier: ...et la gestion. M. Scowen: ...et la
gestion... M. Coulombe: ...des travaux...
M. Scowen: ...des chantiers, si vous voulez. Vous nous avez
assurés qu'à l'intérieur même d'Hydro-Québec,
il n'y a pas de problème pour l'avenir. Vous avez gardé le noyau,
mais avec 19 000 personnes, je comprends qu'il n'y a pas de problème.
Mais à l'intérieur de ce groupe spécialisé, n'y
a-t-il pas un risque, si vous permettez, à toutes fins utiles, vu la
disparition d'un tel organisme dans les prochaines années, que cela soit
difficile à refaire?
M. Coulombe: Non, nous ne croyons pas que cela soit difficile.
Les 75 personnes constituent la gérance essentiellement. Il
faut dire que la grande majorité des employés de la SEBJ
venaient de firmes participantes: Bechtel, Lavalin, etc. La philosophie de base
de la SEBJ était celle de ne pas alourdir les structures de façon
permanente. J'oublie les détails du début de la SEBJ, mais,
fondamentalement, la SEBJ était une structure qui pouvait permettre une
gérance plus souple des projets et, avec des firmes participantes,
l'intérêt du système était, lorsque les travaux
diminuaient, qu'il était possible de faire, non pas des mises à
pied, mais plutôt que ces gens retournent dans leur propre firme.
L'objectif fondamental était de dire que, lorsqu'il y a un creux dans la
construction ou quand cela descend, il faut avoir une formule souple. Cela
s'est réalisé. Voici une idée qui était originale
et qui a fait ses preuves. Il faut la conduire jusqu'au bout. Ce serait du
dernier ridicule, sous prétexte qu'il faut garder ces gens, de les
garder à ne rien faire. Ce serait ridicule. L'objectif même de la
SEBJ était de permettre la souplesse dans le management ou dans la
gérance de projets. C'est exactement et rigoureusement l'objectif qui
était poursuivi qui se réalise. (17 heures)
M. Scowen: Merci. Il me reste deux petites questions, M. le
ministre. La première touche le financement. Je fais
référence aux pages 72 et 73 du Plan de développement
où vous dites qu'un de vos objectifs est de prolonger la vie moyenne
totale de vos emprunts. Aujourd'hui, si je comprends bien, la vie moyenne est
à peu près de douze ans. Vous dites, dans un paragraphe à
la page 73, que l'idéal, une abstraction, serait d'avoir une vie moyenne
de 50 ans. Sur le plan pratique, pour les prochaines années soit 1984 et
1985, tenant compte de la situation financière, qu'est-ce que vous
prévoyez comme objectif pour la vie moyenne?
M. Coulombe: Avant de donner la parole à M. Caron, je
voudrais vous signaler que, dans l'emprunt qui a été fait hier,
il y avait une tranche de 30 ans à des taux intéressants, ce qui
est assez rare dans les marchés à l'heure actuelle. Une tranche
de 30 ans de 150 000 000 $.
M. Bourbeau (Joseph): Et 100 000 000 $ en dix ans.
M. Coulombe: Maintenant, peut-être d'une façon plus
générale.
M. Caron (Michel): Lorsqu'on regarde la perspective des
marchés pour les 18 ou 24 prochains mois, il semble qu'aux
États-Unis le marché à long terme est recommencé,
qu'il se maintient en Europe à 10 ou 15 ans. On ne voit donc pas de
difficulté à maintenir la vie moyenne de nos emprunts telle
qu'elle est ici autour de 12 ou 13 ans et ce pour les 36 prochains mois.
M. Scowen: Est-ce que pour vous c'est satisfaisant 12 ans ou si
vous ne cherchez pas à aller au-delà de cela?
M. Caron (Michel): Cela dépend des conditions de
marché. C'est une question d'évaluation des perspectives, de ce
qui est offert sur le marché à long terme en fonction des
taux...
M. Scowen: Oui, je sais cela...
M. Caron (Michel): ...et des conditions.
M. Scowen: Je sais tout cela. Je demande la perception de cette
situation. Je connais un peu les critères, les problèmes ainsi
que les choses dont vous devez tenir compte. En tenant compte de tout cela,
qu'est-ce que vous prévoyez? Si j'ai bien compris, vous avez
répondu pour les années 1984 et 1985 qu'il n'est pas question
d'avoir une vie moyenne qui va au-delà de 12 ans, mais qu'il faut
essayer de la garder à ce niveau.
M. Caron (Michel): À moins que les conditions du
marché à long terme ne s'améliorent relativement au court
terme, nous préférons garder le type d'emprunt actuel.
M. Scowen: Dernière question.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): La
dernière des dernières questions, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Oui, cela va, c'est la dernière.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): On vous
écoute.
Coupures de service
M. Scowen: C'est probablement une politique bien établie
et connue par tout le monde. Est-ce que vous pouvez m'expliquer la politique
d'Hydro-Québec concernant les coupures de service pour les personnes ou
les bâtiments qui ne paient pas leurs factures?
M. Bourbeau (Joseph): M. Jean Bernier, notre secrétaire
général, a été fort déçu de ne pas
avoir eu cette question.
M. Bernier (Jean): Jean Bernier, secrétaire
général d'Hydro-Québec. C'est devenu, je pense, depuis
quelques commissions parlementaires, une tradition d'en venir à cette
note des pratiques commerciales d'Hydro-Québec en matière de
recouvrement et de perception de ses comptes
d'électricité. Dans cette veine, j'aimerais vous rappeler les
éléments de cette politique d'Hydro-Québec.
L'élément fondamental ou l'assise fondamentale de cette politique
est une approche de faire confiance. Hydro-Québec a 2 500 000
abonnés et plus. C'est la politique d'Hydro-Québec de fournir de
l'électricité à tous ceux qui lui en demandent et de
rendre, effectivement, en pratique, l'électronique disponible dans tous
les locaux d'habitation, de façon que ceux qui arrivent dans ces locaux,
soit dans des locaux nouveaux ou en remplacement d'anciens locataires, puissent
immédiatement avoir l'électricité disponible.
Évidemment, cette politique est avantageuse pour l'entreprise et
aussi pour le citoyen qui n'a pas à se compliquer l'existence par des
appels téléphoniques, des lettres pour demander que
l'électricité soit rendue. Par ailleurs, cela impose à
l'entreprise, à Hydro-Québec, le fardeau d'assumer les mauvais
risques. Préalablement à l'application de la mesure ultime qu'est
l'interruption de service, on comprendra que l'abonné reçoit de
façon systématique et répétitive nombre d'avis et
nombre de demandes de paiement des factures qu'il peut devoir. C'est donc
après l'envoi de ces avis écrits, de ces rappels
téléphoniques, de ces visites à domicile que l'entreprise
en arrive ultimement à cela dans des cas, d'ailleurs, qui sont
très limités. Je parlais de 2 500 000 abonnés. Cela
représente, en fait, bon an mal an, quelque 15 000 000 de factures et
les interruptions de service qui sont pratiquées représentent
environ 15 000 interventions. Quand on parle d'interruption de service, on
parle d'un problème qui touche un peu moins de 1% des abonnés, et
encore bien moins en pourcentage de ce que représentent les factures
émises dans une année.
Donc, dans le cadre d'une politique de faire confiance, de laisser le
service disponible à ceux qui veulent l'utiliser, où on pense -
effectivement, en pratique, c'est ce qui arrive - qu'au-delà de 85% des
gens nous donnent correctement leurs coordonnées et acquittent
correctement leurs factures à échéance, nous en arrivons
dans certains cas à cette situation où on doit interrompre le
service après avoir pris toutes les précautions, après
s'être assuré par tous les moyens possibles de la
légitimité de la facture et de la responsabilité de
l'occupant. Quelque 75% des cas d'interruption - vous pouvez avoir une
idée à peu près des ratios, c'est 15 000 interruptions
dans une année -entraînent des paiements dans les 24 heures de
l'interruption. Il y a quelque 20% ou 25% de cas qui sont réglés
dans les cinq, six ou sept jours suivants. Sur les 15 000 abonnés, il
nous reste - là, je vous parle des chiffres de 1982 - à la fin de
l'année, comme solde, quelque 400 cas qui, effectivement, ne sont pas
réglés. Dans la très grande majorité des cas, ce
sont les cas de déménagement, de logements vacants, etc.
C'est dans cette perspective que nous agissons, dans une perspective
aussi d'entente sectorielle. Je pense, par exemple, aux Affaires sociales. Nous
avons dans notre réseau, si ma mémoire est bonne, quelque 150 000
abonnés qui reçoivent des prestations du bien-être social.
Pour ces gens, il y a une politique particulière qui s'applique nous
permettant, par entente avec le ministère des Affaires sociales, de
faire des arrangements qui évitent la mesure ultime qu'est
l'interruption de service. Nous pouvons, par exemple, dans le cadre de cette
entente, pour une personne qui bénéficie de l'aide sociale,
obtenir un arrangement selon lequel les factures dues et les factures
estimées sur une base de 24 mois à venir sont globalisées,
divisées en 24 versements et administrées directement par le
bureau du bien-être social. Pour cette classe de citoyens
défavorisés, nous avons donc négocié,
discuté et établi un régime particulier qui assure
fondamentalement les revenus de l'entreprise sans pour autant pénaliser
de façon indue le citoyen qui peut se trouver mal pris.
Nous avons aussi en discussion présentement un projet d'entente
avec l'Institut national canadien pour les aveugles pour, justement, formaliser
son intervention dans des cas où certains de ses membres sont
serrés, mal pris avec leurs factures d'électricité. Nous
avons aussi une entente extrêmement intéressante avec la
Commission des services juridiques qui nous a permis d'établir
à travers le Québec un réseau d'intervention auprès
des avocats participant à cette organisation et de nos propres gens
à Hydro-Québec et qui permet des liens directs, évitant
d'intervenir de façon indue, permettant de faire des arrangements,
permettant de fournir les informations appropriées de telle sorte que
-là encore, pour tout un secteur de la collectivité qui peut se
trouver mal pris avec une interruption de service - il y a des
mécanismes volontaires qui fonctionnent très bien et qui
évitent des situations déplorables pour ceux contre lesquels nous
devrions intervenir par la voie de l'interruption de service.
Il faut dire ici que, toujours dans le contexte de la politique,
fondamentalement, l'interruption de service n'a pas pour objet
spécifique d'obtenir le paiement d'un compte. Il faut voir
l'interruption de service dans une perspective un peu différente et la
voir comme étant un moyen par lequel nous posons un geste formel, nous
cessons de fournir de l'électricité pour éviter de plus
grandes pertes. Il faut imaginer, lorsqu'un abonné... Et, au point de
vue pratique, un
abonné, avant d'être interrompu, a
bénéficié certainement d'au moins 150 jours de
crédit. C'est pour éviter que, après un compte de 200 $,
300 $, 500 $, 600 $, on laisse accumuler de façon perpétuelle des
factures dues, non payées et pour lesquelles il n'y a pas de
règlement ou d'entente qui peuvent nous satisfaire quant à
l'entrée éventuelle de nos fonds.
Donc, l'interruption de service n'est pas là pour permettre
à Hydro-Québec de percevoir. Elle est là fondamentalement
pour permettre, à un moment donné, quand on a
épuisé tous les moyens raisonnables, volontaires, de percevoir.
Donc, elle est là pour arrêter la fourniture; on isole le
problème et on tente de le régler du mieux qu'on peut.
En résumé, l'interruption de service vise une très
infime portion des clients d'Hydro-Québec, portion d'autant plus infime
si on la regarde en fonction des factures que nous émettons. Elle est
faite après moult précautions prises par Hydro-Québec.
Elle est faite dans un cadre d'entente sectorielle où nous tentons, par
tous les moyens possibles, de ne pas léser indûment les moins
nantis et, effectivement, lorsque cette procédure est exercée,
elle entraîne le paiement à l'entreprise, dans les 24 heures, de
la très grande majorité des montants réclamés.
C'est un peu la dimension générale ou le cadre
général dans lequel nous exerçons ce pouvoir
d'interrompre, non pas pour percevoir dans son sens le plus vil possible, mais
tout simplement dans une perspective de cesser de faire crédit à
quelqu'un qui n'a pas les moyens de payer pour le service, qui ne veut pas
payer de service ou qui, encore, refuse complètement d'assumer ses
respon-ponsabilités les plus fondamentales.
M. Scowen: Est-ce qu'il vous arrive parfois de couper le service
dans un immeuble à logements multiples où le coût de
l'électricité est compris dans le loyer?
M. Bernier: Effectivement, cela est arrivé. Depuis quatre
ans ou cinq ans, il y a une loi qui a été adoptée par
l'Assemblée nationale et qui nous empêche de procéder de
cette façon et nous ne recourons plus à ce moyen.
M. Scowen: Merci.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Voici le
mot de la fin par M. le ministre.
M. Duhaime: J'aurais juste une question à poser avant
d'aller au mot de la fin. Je voudrais me référer à la page
33 du document intégral parce que mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce, tantôt, quand il parlait des 52,3
térawattheures, faisait un rapprochement en disant que cela peut
représenter jusqu'au tiers de la production sur une base annuelle. Mais
les 52,3 térawattheures, je les ai additionnés ici, ce sont les
surplus prévus pour 1984, 1985, 1986 et 1987. Est-ce que cela est exact?
(17 h 15)
Une voix: À quelle page?
M. Duhaime: À la page 33. C'est cela. J'ai
également additionné la première ligne du haut à la
même page, au tableau 15, énergie disponible: 167, 164, 162 et
163,9 térawattheures. Ce chiffre me donne l'énergie disponible
par rapport aux surplus prévus, 92,06% vendus. Si je prends la colonne
qui suit, c'est-à-dire la production, en tenant compte des variations
des réserves à la troisième ligne, l'année 1984,
c'est 159 térawattheures; même chose pour 1985; 163,7 pour 1986 et
165,1 pour 1987. 646,8 térawattheures par rapport à 52,3, cela me
donne 91,9% de la production vendue. Au lieu de parler du tiers, il faut
plutôt parler de 8% en moyenne pour les années 1984, 1985, 1986 et
1987, sur la période. Est-ce qu'on se comprend bien?
M. Scowen: Si le ministre veut se référer à
la page 29, il va voir l'autre chiffre année par année.
M. Duhaime: C'est cela.
M. Scowen: Prenez la colonne 1984, l'énergie disponible,
c'est 167,6 térawattheures. C'est clair.
M. Duhaime: Ce sont les excédents bruts.
M. Scowen: Les excédents bruts, c'est 56,2. C'est
clair.
M. Duhaime: Oui, je vous arrête là. On comprend tout
cela.
M. Scowen: Vous arrivez à un peu plus de 33.
M. Duhaime: Vous ne comprenez absolument rien. Il y a deux jours
qu'on parle de cela. Des excédents bruts, il faut enlever les ventes
d'électricité excédentaire, les ventes à
l'exportation. Ce n'est pas de l'énergie qui nous reste sur les
bras.
M. Scowen: Oui, je comprends cela.
M. Duhaime: Si vous comprenez cela, on a avancé.
M. Scowen: J'ai compris cela hier.
M. Duhaime: Cela ne paraissait pas tantôt dans votre
question.
M. Scowen: Vous n'avez compris ni les questions ni les
réponses cet après-midi. C'est peut-être parce que vous
voulez partir plus vite que nous.
M. Duhaime: Non, je peux vous attendre. Il n'y a pas de
problème.
M. Scowen: Je suis prêt à rester pour vous expliquer
l'affaire si vous le voulez.
Conclusions M. Yves Duhaime
M. Duhaime: J'ai très bien compris cela.
M. le Président, en terminant, je voudrais soulever rapidement
quelques points non pas sous forme de questions, mais plus sous forme de
commentaires en donnant un répit au député de
Notre-Dame-de-Grâce. Je suis très heureux, au nom du gouvernement,
de constater que les investissements nets qui sont envisagés par
Hydro-Québec pour l'année 1984 et l'objectif pour l'année
1985 vont dans le sens de maintenir le niveau d'investissement par rapport
à ce que nous avons connu en 1983, à quelques millions
près. Les chiffres sont de l'ordre de 1 700 000 000 $. Je pense que cet
effort d'Hydro-Québec, en accélérant certains projets,
entre autres sur la cinquième ligne et sur le projet de construction
d'une usine d'hydrogène liquide, est bien reçu.
Un effort additionnel va être fait l'an prochain et dans les
années qui viennent dans les investissements dans les équipements
de distribution par rapport à un effort beaucoup plus soutenu dans le
passé dans les équipements de production. Je pense que, sur le
plan de l'emploi, on en a parlé hier soir, il y aura une plus grande
dispersion des emplois créés dans l'ensemble des régions
du Québec. Je pense que les investissements d'Hydro-Québec en
1984, espérons-le aussi pour 1985, seront aussi importants que ceux que
nous avons connus dans le total des investissements publics et privés au
Québec durant les dernières années.
Un deuxième mot, sur le plan tarifaire. Je pense qu'on ne l'a pas
suffisamment souligné lors des travaux de cette commission. On le
souligne davantage du côté de l'Opposition lorsque
l'Assemblée nationale doit malheureusement intervenir lorsque les
négociations n'aboutissent pas à Hydro-Québec, comme on
l'a connu dans le passé, dans des lois spéciales pour mettre fin
à des grèves et à des affrontements. Je pense qu'on n'a
pas suffisamment souligné la contribution à la fois des
travailleurs, de leurs dirigeants syndicaux et des dirigeants
d'Hydro-Québec qui ont signé, pour la première fois depuis
qu'il existe des syndicats reconnus et accrédités à
Hydro-
Québec, une convention collective de travail. Je dois mentionner
que ces conventions collectives s'étendent sur 1983, 1984 et
jusqu'à 31 décembre 1985. Comme M. Coulombe l'indiquait tout
à l'heure, souhaitons que ce ne soit pas un accident de parcours, mais
une nouvelle approche; si cela pouvait devenir une certaine philosophie, tant
mieux, cela pourrait durer plus longtemps. Mais soyez assuré que, du
côté du gouvernement, nous sommes très heureux du
dénouement de ces négociations et, avec les échanges qui
ont été faits tout à l'heure, il est bien certain que,
lorsqu'une convention collective est signée, c'est parce que l'une et
l'autre des deux parties voient à leurs intérêts. Ce n'est
pas toujours le maximum des objectifs visés, bien sûr, mais on y
voit, au moins, le minimum de son propre intérêt, car, autrement,
il n'y aurait pas eu de signature. Et cela a un impact sur la
problématique tarifaire des années qui viennent.
Le deuxième élément que je voudrais souligner - M.
Bourbeau en a parlé, hier soir - c'est l'effort sans
précédent qui a été fait à
Hydro-Québec au cours des dernières années, depuis deux
ans, en particulier, sur l'aspect de la réduction des dépenses ou
du rythme de croissance des dépenses d'exploitation. Il est bien connu
qu'à Hydro-Québec, on a eu des seuils largement au-dessus de 20%,
il y a même eu des années à 23% dans l'augmentation des
dépenses d'exploitation et, en 1982, si mon souvenir est bon, cela a
été ramené à 12% et, cette année, même
si elle n'est pas terminée, le document que j'ai pu lire venant
d'Hydro-Québec nous indique que l'augmentation des dépenses sera
en dessous du seuil ou de l'objectif visé. Et si on se rappelle que,
chaque 1% dans la diminution des dépenses d'exploitation pour 1984
représente 10 000 000 $, cela représente 0,3% sur le tarif, je
pense que cela aussi va dans le sens de donner une chance aux consommateurs
d'électricité.
Le troisième point, c'est avec, je dirais, précaution et
délicatesse qu'on a procédé - pour une première
fois, devrais-je dire, à Hydro-Québec - à une
rationalisation des effectifs qui a visé non seulement le personnel
syndiqué de l'entreprise, mais aussi les cadres. Les malins disent, sur
le boulevard Dorchester, qu'Hydro-Québec, il y a deux ou trois ans,
ressemblait à l'armée américaine en 1947: "overtrained,
overstaffed and overpaid". Je pense que cette rationalisation qui est
commencée et qui touche un aspect de décentralisation et de
régionalisation mérite d'être soulignée.
Tout cela pour dire que les consommateurs d'électricité au
Québec pourront pour une des rares fois depuis très longtemps -
et cela est particulièrement vrai dans le secteur des abonnés
domestiques -
bénéficier d'une hausse tarifaire qui est en dessous de
l'inflation et qui, pour le secteur domestique, est de 3%, si ma mémoire
est bonne, et, pour l'ensemble des abonnés d'Hydro-Québec, de
3,4%. Si cela est un signe des temps, espérons-le, et je suis
très heureux d'entendre la direction d'Hydro-Québec... Cela est
même écrit dans les documents que nous avons pu étudier
que, sur l'horizon 1984 et 1985, même si les prévisions de hausse
tarifaire étaient légèrement au-dessus de 3% ou même
4%, je pense que, si on vise de rester sur la ligne de l'inflation et
même en bas de l'inflation, cela est une chose que les
Québécois et leur famille apprécieront et comprendront
à leur juste valeur.
Un dernier mot, sans être méchant, pour dire à nos
amis d'en face que c'est le deuxième exercice financier
qu'Hydro-Québec boucle, cette année, dans le cadre de sa nouvelle
loi constitutive, la loi 16, et je me souviens des discours que j'ai entendus
à cette époque, où on disait même
qu'Hydro-Québec n'arriverait pas à rembourser ses emprunts, qu'il
y aurait beaucoup de problèmes sur les marchés internationaux,
qu'il faudrait augmenter les tarifs à tout casser pour être
capable de payer un dividende, etc. Je pense que, si l'Opposition a l'occasion
de relire les interventions - je dois dire que j'en ai relues quelques-unes,
mais je me suis découragé, j'ai arrêté - ce serait,
peut-être, un élément de sagesse à considérer
pour l'avenir.
Je termine ici, M. le Président, en remerciant MM. Bourbeau et
Coulombe de même que tous les vice-présidents
d'Hydro-Québec et ceux et celles qui les assistent durant cette ronde
annuelle de rencontres fraternelles entre les députés et la
direction d'Hydro-Québec. Je tiens à remercier, bien sûr,
mes collègues ministériels qui ont travaillé avant
aujourd'hui, il faut bien le dire, car nous avons eu des réunions de
travail. Et je tiens à remercier également Hydro-Québec de
sa collaboration dans la préparation de ces rencontres et nos
collègues de l'Opposition qui, habituellement, chaque année, nous
sortent le couplet qu'ils n'ont jamais d'information. Cette année, on
s'est même plaint qu'il y en avait eu trop.
M. Fortier: On ne s'est pas plaint de cela.
M. Duhaime: L'information a été livrée en
temps utile. Je sais même qu'il y a eu des rencontres entre la direction
d'Hydro-Québec et l'Opposition. Je voudrais, je ne sais pas si on va me
le permettre, féliciter, cette année, nos collègues de
l'Opposition; premièrement, pour être restés tout le temps
de la séance et, deuxièmement, pour avoir contribué de
façon positive à nos travaux. J'allais ajouter un mot pour mon
bon ami le député de Notre-Dame-de-Grâce, mais je le lui
dirai tantôt.
Et, finalement, je voudrais remercier le personnel du greffe de cette
commission parlementaire qui, cette année, a eu une tâche
extraordinaire puisque la commission permanente de l'énergie et des
ressources a siégé, non plus en termes d'heures, de jours ou
même de semaines, mais en termes de mois. Je voudrais les remercier et,
pour être bien sûr que cela va être consigné dans le
journal des Débats, je le dis à partir de mon siège: sans
le travail constant de ces gens qui nous épaulent, je pense qu'on
n'arriverait pas à passer à travers le boulot que nous avons
à accomplir. Et puisque c'est l'approche des fêtes et que la
proposition tarifaire d'Hydro-Québec ne constitue pas un cadeau en soi,
j'ai hâte de voir le jour où on va baisser les tarifs. Mais avec
une proposition tarifaire comme celle-là, je voudrais offrir à
tout le monde mes meilleurs voeux pour une excellente année en 1984. Et
je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, c'est peut-être la
dernière fois que nous avons l'occasion de discuter de la question
énergétique avec le ministre, parce qu'on s'attend à un
remaniement ministériel...
Une voix: Je pensais que tu annonçais ta démission
toi aussi.
M. Fortier: Oui, mais là, je vais me retrouver à
Hydro-Québec. Sérieusement parlant, je ne sais pas. On a
évoqué des changements au cabinet, cela me ferait de la peine de
perdre mon vis-à-vis parce que, après deux ans, maintenant, on
commence à s'entendre; même lorsqu'on ne s'entend pas, c'est
même un plaisir à l'occasion d'échanger sur le sujet
énergétique.
J'aimerais, sérieusement, remercier Hydro-Québec. Nous ne
nous sommes pas plaints de la documentation; elle était plus volumineuse
et mieux orchestrée qu'à l'accoutumée et je vous en
félicite. Elle correspond au genre d'information que le public devrait
avoir et que les députés doivent avoir. Cela nous permettait de
mieux faire les comparaisons entre les objectifs de l'an dernier et les
résultats, de comparer avec les nouveaux objectifs de cette
année... Au lieu d'être obligés nous-mêmes de faire
cette comparaison, vous l'avez faite dans vos documents. Je crois que c'est
plus facile ainsi, avec les explications que vous nous avez données et
les chiffres que vous nous avez fournis, quoique, dans le passé il y ait
toujours eu une information utile. Cette
année, je crois qu'on a fait un effort particulier et on doit
féliciter ceux qui ont préparé ces documents.
En ce qui concerne les investissements, le ministre nous disait qu'il
fallait se réjouir et qu'ils seraient à peu près au
même niveau que ceux de cette année. Sans vouloir présumer
le pire, je lui rappellerais qu'à chaque année, depuis deux ou
trois ans, les objectifs d'investissement d'Hydro-Québec n'ont pas
toujours - malheureusement ou heureusement, je ne sais pas - été
réalisés. L'an dernier, on nous disait que c'était
supposé être de l'ordre de 2 600 000 000 $ et ils seront de 2 300
000 000 $. Enfin, il y a toujours une baisse. Quand même, je sais qu'il y
a un effort qui est fait, mais l'expérience nous apprend que, pour
toutes sortes de raisons, le niveau d'investissement semble chuter
d'année en année au lieu de se maintenir. Je crois
qu'Hydro-Québec nous a donné les raisons qui expliquent cette
différence. (17 h 30)
Mais même s'il y a un effort de fait Hydro-Québec nous a
donné des explications sur les avantages des nouveaux investissements
qu'elle fait: une meilleure sécurité d'approvisionnement, une
meilleure sécurité dans le système de distribution;
d'après les chiffres qu'elle nous a fournis, le travail dans certaines
régions peut être plus important que par le passé - nous
avons entendu en commission parlementaire les doléances de plusieurs
groupes qui, eux, ne bénéficieront pas des retombées
économiques du plan d'action que le gouvernement nous avait vanté
en 1981. Même si je suis le premier à reconnaître qu'il faut
s'ajuster aux conditions économiques, il faut souligner que certaines
sociétés - qui avaient investi beaucoup, comptant sur l'avenir du
développement économique et énergétique du
Québec - devront s'ajuster à la baisse. Et pour certaines de ces
sociétés, je crois que l'ajustement sera extrêmement
brutal.
Nous avons entendu en commission parlementaire des représentants
de différentes associations de manufacturiers, d'associations de
travailleurs, d'ingénieurs-conseils qui nous ont dit que cette chute
dans les investissements, surtout en ce qui concerne la production
d'électricité, va les affecter de façon
considérable. J'ose espérer que le ministère se penchera
sur les cas particuliers qui pourraient souffrir davantage que d'autres et
tentera de voir si, avec la collaboration d'Hydro-Québec, on ne pourrait
pas aider certaines des sociétés - qui sont peut-être
spécialisées dans un domaine de haute technologie - qui
pourraient bénéficier d'une aide spéciale, pour pouvoir
préserver le "know-how" et la technologie qui ont été
développés au Québec depuis un certain nombre
d'années.
Sans aucune arrière-pensée, je me joins au ministre pour
féliciter et les travailleurs d'Hydro-Québec et la direction pour
avoir conclu ces ententes négociées. Tout ce qu'il a dit, je
l'endosse personnellement, j'ose espérer que c'est une nouvelle
ère qui s'annonce au Québec. Non seulement cette entente va
permettre au public de pouvoir compter sur une sécurité
d'approvisionnement cet hiver, ce qui est essentiel, mais également tout
le monde sait que, dans le domaine économique et dans le domaine du
développement économique, des relations harmonieuses entre les
employeurs et les employés sont une condition essentielle au
Québec. Et si, au Québec, on va vers une nouvelle ère ou,
sans aller vers une collaboration exemplaire, on a du moins des relations plus
humaines et plus civilisées, je crois qu'on doit s'en féliciter.
Je crois, comme le ministre l'a souligné, que, lorsque deux parties
signent un contrat, c'est parce que chacune des parties a mis de l'eau dans son
vin et a négocié une entente qui était sûrement
à l'avantage des deux parties. Et on doit féliciter ceux qui - de
la part du syndicat et de la part de la direction - ont négocié
ces ententes qui nous permettront, durant les deux ou trois prochaines
annnées -est-ce que les contrats sont pour trois ans? -d'avoir des
relations harmonieuses à Hydro-Québec. Encore une fois,
félicitations.
En ce qui concerne les tarifs, on doit féliciter la direction
d'avoir cherché à diminuer les coûts.
Pour revenir au projet de loi 16, je rappellerai au ministre que, si
l'on demande à Hydro-Québec de couper dans ses coûts, il
faudrait également demander au ministre des Finances d'arrêter
d'ajouter de nouvelles taxes à Hydro-Québec. Je lui rappellerai
qu'en 1978, les taxes qu'Hydro-Québec devait payer n'étaient que
de 40 000 000 $ et, en 1982, elles étaient de 85 000 000 $. Année
après année, avec les taxes sur le capital, ces taxes augmentent.
Elles sont incorporées à l'intérieur du tarif et c'est ce
qui fait qu'il y a eu des hausses de tarif qui étaient attribuables
à des hausses de taxe. Et bien sûr, s'ajoutent à cela les
taxes de 9% qui doivent être payées par ceux, principalement dans
le domaine domestique, qui achètent l'électricité
d'Hydro-Québec. Cela représente un montant de l'ordre de 165 000
000 $.
Tout cela pour dire que le gouvernement bénéficie de cette
ressource financière et, même s'il a dit que les dividendes
étaient peu élevés, il faut souligner le fait que les
taxes, qui sont incorporées à l'intérieur des coûts
de production d'Hydro-Québec, sont très importantes, alors que,
dans une province voisine, elles le sont beaucoup moins.
En ce qui concerne le tarif, on a évoqué certaines
difficultés d'application. Mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce, à juste titre, a sonné une sonnette
d'alarme en
disant qu'il faut faire attention, lorsqu'on met sur pied des nouveaux
programmes de subventions, pour ne pas nuire aux industries existantes et qui
luttent pour leur survie ici même. Le ministre a dit qu'il était
conscient du problème et que les modalités d'application
tenteront d'éviter ce genre de situation ridicule qui ferait qu'on
pourrait inviter une nouvelle société à venir
s'établir au Québec alors qu'une société existante
serait en difficultés. Je sais que ce n'est pas là le but du
gouvernement, mais un programme de subventions comme celui qui est
proposé pourrait créer de telles difficultés et il
faudrait les prévenir dans toute la mesure du possible.
Lors de la dernière commission parlementaire sur
l'énergie, M. le ministre, vous aviez évoqué
l'agrément que vous avez donné à certaines recommandations
et l'une d'entre elles traitait de la possibilité d'avoir un conseil de
l'énergie. Je crois que c'est l'Ordre des ingénieurs du
Québec, l'Association des ingénieurs-conseils du Québec et
d'autres associations qui avaient fait cette recommandation qui allait un peu
dans le sens des propos de mon collègue de Notre-Dame-de-Grâce
voulant qu'il serait peut-être bon qu'au Québec on en arrive
à un certain consensus pour déterminer les paramètres du
domaine énergétique.
Vous avez refusé l'argumentation de mon collègue, mais
vous aviez dit, il y a deux mois, que vous étiez en accord avec cette
recommandation. J'aimerais savoir où en sont vos cogitations sur ce
sujet et quand on entendra parler de cette possibilité de la
création d'un conseil de l'énergie où les
différents agents économiques pourraient se réunir pour
tenter de dégager des consensus sur l'orientation
énergétique du Québec.
Au tout début de cette commission, le ministre a
évoqué la possibilité de tenir une commission
parlementaire sur l'augmentation des tarifs d'Hydro-Québec et pour
discuter du programme d'équipement à un moment qui serait plus
opportun. Je dois dire, au nom de l'Opposition, que nous sommes tout à
fait d'accord avec cette recommandation. Si le ministre et Hydro-Québec
veulent modifier le choix du temps, le "timing", pour nous permettre d'en
discuter au moment où tous et chacun d'entre nous seront moins
bousculés par les événements - tout le monde sait qu'en
fin de session nous travaillons cinq jours par semaine et bien souvent quinze
heures par jour - il serait certainement plus facile pour nous, parlementaires,
d'étudier une telle documentation, de la revoir d'une façon plus
systématique si cela se faisait, disons, au mois de juillet ou au mois
d'août, enfin, certainement avant le début des travaux du mois de
septembre. Ceci demande un changement de programmation d'Hydro-Québec,
cela demandera des ajustements considérables, mais il faudra bien le
faire un jour et, si c'est possible, cette année; vu que les
augmentations ne sont pas très importantes, c'est peut-être la
meilleure année pour modifier le programme historique qui a
prévalu jusqu'à maintenant.
Je rappellerai maintenant deux promesses du ministre lors de la
commission parlementaire qui traitait de l'énergie et du
développement économique. La première était celle
de préparer un rapport sur les travaux de la commission; il serait
opportun que tous et chacun qui ont participé à ces travaux
puissent avoir un résumé de ce qui s'est dit. Je pense plus
particulièrement aux différentes opinions qui ont
été exprimées en ce qui a trait à la demande
énergétique, aux différents programmes d'équipement
et aux différentes recommandations, aux différentes politiques
qui touchaient le domaine énergétique et, à ce sujet, bien
sûr, tout ce qui concernait le domaine pétrolier et le domaine
gazier en particulier.
Il avait fait une autre promesse et, avant qu'il quitte son poste de
ministre de l'Énergie et des Ressources, j'aimerais bien qu'il remplisse
cette promesse, celle de prendre position, à savoir s'il a l'intention
ou pas de nationaliser ou d'acheter une raffinerie de pétrole pour
prévoir les pénuries qui pourraient survenir d'après les
évocations du Parti québécois ou de ceux qui militent dans
son parti. Il nous avait dit qu'une décision serait prise avant les
prochaines élections; comme il y a un danger qu'il ne soit plus ministre
après Noël, ce serait peut-être le bon temps, d'ici le 21
décembre, de prendre une décision à ce sujet et de la
faire connaître pour rassurer les milieux financiers et les milieux
d'affaires.
M. Tremblay: Pourrais-je savoir où vous l'avez promu?
M. Fortier: En conclusion, nous devons encore une fois remercier
Hydro-Québec pour sa collaboration. Je crois qu'elle comprendra que le
devoir de l'Opposition est de poser toutes les questions possibles au nom du
public. Même si, à l'occasion, nous devons vous pistonner un peu
pour obtenir de l'information, sachez que ce n'est jamais par mauvaise
volonté, bien au contraire, c'est pour tenter de cerner la
réalité de plus près. Nous apprécions le travail
que vous accomplissez pour le public. Merci beaucoup.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
ministre.
M. Duhaime: Bien, écoutez, M. le Président, je
pensais que j'avais terminé, mais...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
B-1D955
M. Duhaime: Je ne sais pas si c'est... J'ai beaucoup
apprécié les bons mots du député d'Outremont
à mon endroit. Il commence à prendre plaisir...
M. Fortier: C'est parce que vous vous en allez maintenant.
M. Duhaime: ...à travailler avec moi. Je lui en suis
très reconnaissant, mais ce n'est pas parce que vous vous êtes
fait à l'idée que vous-même vous partiez que je vais vous
suivre.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Fortier: Vous allez être surpris.
M. Duhaime: Je lis les journaux, moi aussi. Plus
sérieusement, je voudrais dire que, pour ce qui est des travaux de notre
commission parlementaire qui s'est terminée au mois d'octobre, comme je
m'étais engagé à le faire, nous allons publier un rapport
sur ces travaux dès la fin de janvier 1984.
Pour ce qui est des décisions concernant le conseil de
l'énergie et de l'opportunité de créer un tel organisme,
disons que c'est en réflexion, c'est en analyse; nous ferons
connaître une décision très probablement au cours de
l'année 1984. Je réitère l'engagement, et je
réponds à votre troisième question, qu'en ce qui a trait
à l'intervention du gouvernement dans le secteur pétrolier, nous
prendrons une décision avant les prochaines élections.
Juste un point. Je suis très heureux de la réaction de
l'Opposition sur une éventuelle nouvelle date d'entrée en vigueur
des tarifs d'Hydro-Québec, sous réserve de voir
l'évolution des ratios à Hydro au cours de l'année 1984.
On peut parler de juin, de juillet ou d'août, sauf que je ne nous vois
pas tellement travailler ici en juillet. Ce que j'aurais en tête, c'est
une nouvelle tarification qui pourrait entrer en vigueur le 1er juillet, ce qui
nous permettrait de travailler durant le mois de mai, avant l'application du
règlement sessionnel de juin.
M. Fortier: II ne faudrait pas arriver avec la fin de la session
de juin non plus.
M. Duhaime: Bien non, bien non, bien non!
Des voix: Ah! Ah! Ah! M. Fortier: Oui, papa.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Fortier: II est paternaliste comme tout.
M. Duhaime: On pourrait travailler en mai, travailler en
commission, et voir ensuite... Je le dis sous toute réserve, toute chose
étant égale par ailleurs, si on est capable de le réaliser
lors de la prochaine révision tarifaire, on le fera. Voilà, je
pense avoir répondu à vos questions.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Au nom de
tous les membres de la commission parlementaire...
M. Duhaime: M. le Président, les gens d'Hydro disent un
petit mot d'habitude.
M. Fortier: Hydro-Québec veut dire un mot.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Oui,
d'accord... Hydro-Québec. Cela va.
M. Bourbeau (Joseph): J'aimerais vous remercier de nous avoir
entendus avec autant de patience et, au nom d'Hydro-Québec, je voudrais,
à l'approche des fêtes, vous offrir nos meilleurs voeux.
M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): D'accord.
Au nom de tous les membres de la commission parlementaire de l'énergie
et des ressources, je veux remercier M. Joseph Bourbeau, président du
conseil d'administration, M. Guy Coulombe, président-directeur
général, ainsi que les nombreux vice-présidents, sans
oublier le secrétaire général...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): ...de
s'être présentés devant la commission parlementaire. Cela a
été agréable pour nous et je pense que tous les
parlementaires et la population sont fiers de l'institution qu'est
Hydro-Québec. Je voudrais également remercier mes
collègues de chaque côté de cette table pour leur
collaboration. J'étais un peu jaloux puisque, en tant que
président, je n'avais pas le droit d'intervenir. J'aurais aimé,
en tant que député du comté de Mille-Îles, parler du
barrage...
M. Duhaime: Du barrage des Mille-Îles. M. Fortier:
Non, non, non.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): ...de la
rivière des Prairies.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Fortier: ...c'est fini, là.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Maintenant,
on va penser qu'en 1984,
de toute façon, on aura de bonnes nouvelles à ce
sujet.
Sur ce, je vais rappeler au rapporteur, M. le député de
Montmagny-L'Islet, de faire rapport le plus vite possible à
l'Assemblée nationale. La commission élue permanente de
l'énergie et des ressources ajourne ses travaux sine die, parce qu'elle
a rempli le mandat qui lui était confié, soit d'étudier la
proposition tarifaire d'Hydro-Québec pour l'année 1984.
Merci.
(Fin de la séance à 17 h 45)