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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente de l'énergie et des
ressources est à nouveau réunie ce matin aux fins d'examiner les
circonstances entourant la décision du conseil d'administration de la
Société d'énergie de la Baie James de régler hors
cour la poursuite civile intentée à la suite du saccage du
chantier LG 2 survenu en 1974 et, plus spécifiquement, le rôle du
premier ministre et de son bureau à cet égard.
Les membres de cette commission sont: M. Vaillancourt
(Jonquière), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Duhaime (Saint-Maurice), M.
Bourbeau (Laporte), M. Laplante (Bourassa), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M.
Lavigne (Beauharnois), M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Perron (Duplessis), M. Rodrigue (Vimont).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M. Desbiens (Dubuc), M. Dussault
(Châteauguay), Mme Harel (Maisonneuve), M. Gratton (Gatineau), M.
Pagé (Portneuf), M. Doyon (Louis-Hébert), M. Tremblay (Chambly),
M. Saintonge (Laprairie).
Le rapporteur est M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet).
Les personnes que nous avons à entendre aujourd'hui sont,
d'abord, Me Yves Gauthier, pour terminer les questions qu'on a à lui
poser, et Me Jean-Roch Boivin.
Je dois vous faire remarquer aussi que nous siégeons de 10 h 10
jusqu'à 13 heures, que nous reviendrions, normalement, après la
période des questions, vers 16 heures, 16 h 30, pour terminer la
journée à 18 heures. Nous reviendrions, normalement, à la
suite des motions qui seront annoncées cet après-midi à
l'Assemblée nationale, demain aux heures normales, de 10 heures à
12 h 30; après la période des questions, jusqu'à 18
heures, et de 20 heures à 22 heures. C'est, grosso modo, pour le moment,
ce qui est connu.
Je tiens aussi à vous faire remarquer que la personne qui est
devant nous, Me Yves Gauthier, est toujours sous le même serment. Son
procureur, Me Jutras, m'a demandé de lui accorder la parole avant de
commencer nos travaux ce matin, ce que je fais illico. Me Jutras.
Trois requêtes de Me Yves Gauthier
M. Jutras: M. le Président, j'ai trois courtes demandes
à vous formuler. La première - je m'adresse à vous en tant
que président de cette commission - est la suivante: Attendu que, lors
de la dernière question posée avant l'ajournement de la
séance de la commission parlementaire du vendredi 13 mai 1983, votre
invité, Me Yves Gauthier, n'a pas eu le loisir de répondre
à la dernière question posée par un député;
attendu que votre invité et son avocat ont demandé et
insisté pour qu'il y ait reprise immédiate de la séance et
attendu que cette demande n'a pas été agréée et que
les députés se sont mis d'accord pour ajourner les travaux, je
vous demande de permettre à votre invité de faire
immédiatement une mise au point relativement à l'émotion
dont il a été saisi à la suite d'une question posée
et de permettre à votre invité de répondre à cette
question.
La deuxième requête est la suivante. L'article 168 du
règlement de l'Assemblée nationale se lit comme suit: "Une
question ne doit contenir que les mots nécessaires pour obtenir les
renseignements demandés. Est irrecevable une question: 1. Qui est
précédée d'un préambule inutile; 2. Qui contient
une hypothèse, une expression d'opinion, une déduction, une
suggestion ou une imputation de motifs; 3. Dont la réponse serait une
opinion professionnelle ou une appréciation personnelle".
L'article 173 de votre règlement se lit comme suit: "II est
permis de poser de nouvelles questions pour obtenir des renseignements
supplémentaires pourvu que ces questions ne prennent pas la forme d'un
contre-interrogatoire".
Alors, votre requérant, Me Yves Gauthier, votre invité n'a
pas à justifier ici l'existence de ces articles, de ces règles.
Il s'agit de balises pour l'interrogatoire de sorte que, par exemple, on ne
peut imputer des motifs dans une question, on ne peut questionner sur des
opinions, on ne peut inclure dans des questions des déductions, on ne
peut suggérer des réponses et encore moins, évidemment,
faire des insinuations.
À maintes reprises, depuis le début de cette commission et
particulièrement au cours du témoignage de Me Yves Gauthier, vous
avez décidé de ne pas recevoir certaines questions pour l'un ou
l'autre de
ces motifs. Souvent, votre décision a entraîné des
discussions où des députés, invoquant des questions de
règlement ou des demandes de directives, ont posé des
hypothèses qui, comme par hasard, allaient toujours dans le même
sens et avaient pour effet d'insinuer des éléments
défavorables au requérant. Ces discussions ont parfois
entraîné de longs débats allant même jusqu'à
une demi-heure. Le seul qui n'a pu s'exprimer au sujet de la question
posée est votre invité, soit le requérant.
En effet, votre requérant n'a pu répondre à la
question posée parce que vous aviez jugé à bon droit que
cette question était irrecevable, illégale et contraire au
règlement. Votre requérant en subit un tort et un
préjudice graves et est victime d'une injustice. Vous pouvez le
comprendre facilement par l'exemple suivant. Si votre requérant demande
à un député: N'êtes-vous pas un alcoolique, vous
jugerez, évidemment, immédiatement, que la question est
irrecevable. Pourtant, si votre décision entraîne de multiples
discussions sous forme de questions de règlement ou de demandes de
directives, invoquées par l'un et l'autre des députés, au
cours desquelles on pose des hypothèses et des insinuations toujours
défavorables au député questionné et si, au
surplus, cette discussion dure pendant environ une demi-heure, une bonne partie
des auditeurs, qui ne connaissent pas les règles de la preuve, risquent
fort de raisonner de la façon suivante: Pourquoi cette question a-t-elle
été posée? Il devait y avoir des indices ou des motifs de
poser une telle question. Plusieurs intervenants ont, d'ailleurs,
insinué que la réponse pourrait être affirmative. Il n'y a
pas de fumée sans feu. C'est donc fort possible, sinon probable, que ce
député questionné soit alcoolique. Dans cet exemple, le
pauvre député questionné, s'il respecte les règles,
sera le seul à ne pouvoir rétablir les faits parce que la
question aura été jugée irrecevable. Pour nuire à
votre requérant, il suffit donc qu'un député pose une
question de façon que ce soit jugé irrecevable et qu'en
conséquence votre requérant ne puisse y répondre.
Votre requérant et invité de cette commission vous fournit
deux exemples en précisant qu'il ne prétend pas que le tout a
été fait de façon intentionnelle. Cela peut être
dû à l'inhabilité de gens pas ou peu habitués au
prétoire et aux règles des interrogatoires. Premier exemple: la
semaine dernière, le député de Louis-Hébert a
demandé à votre invité: Étiez-vous conscient du
danger que Me Jasmin pouvait se servir des visites à votre bureau pour
déstabiliser ses adversaires? Vous avez jugé cette question
irrecevable, contraire au règlement, illégale. Cependant, cette
décision a donné lieu à plusieurs interventions insinuant
qu'il y avait un tel danger, qu'effectivement Me
Jasmin pouvait s'être servi de visites dans le sens
suggéré par cette question, alors qu'il n'y avait aucun iota de
preuve devant cette commission en ce sens. Votre invité, par
l'intermédiaire de son procureur, a suggéré au
député, et vous avez repris cette suggestion, une formulation
pour que la question soit recevable et que votre invité puisse y
répondre dans le but d'éclairer le public et cette commission
parlementaire. Le député a alors refusé de poser sa
question pour qu'elle soit recevable et que votre invité puisse y
répondre, de sorte que cette commission et le public n'ont eu droit
qu'à des hypothèses et à des insinuations faites sur le
dos et au détriment de votre invité. Deuxième exemple: le
député de Mont-Royal a demandé à votre
invité - je réfère particulièrement, parce que la
question est revenue sous diverses formes, au ruban 1315, page 1: "M. Ciaccia:
Je vais y aller. Question: Peut-on conclure que le but de votre engagement au
bureau du premier ministre n'était pas de pousser la
Société d'énergie de la Baie James à continuer sa
poursuite devant les tribunaux?
Encore là, après que vous ayez jugé cette question
irrecevable, cela a donné lieu à de longues discussions,
plusieurs pages, où les pires hypothèses et insinuations,
toujours défavorables à votre invité, ont
été soulevées selon lesquelles il pouvait y avoir un lien
entre l'engagement de votre invité au bureau du premier ministre et la
poursuite de la SEBJ. Votre invité n'a pas pu s'expliquer à ce
sujet simplement parce que le député avait mal posé sa
question, alors qu'il aurait été pourtant si simple de demander
de façon non suggestive: Quel était le but de votre engagement?
Votre invité se serait fait un plaisir de renseigner les
députés et de dissiper toute inquiétude, si vraiment les
députés en avaient.
L'article 168 du règlement de l'Assemblée nationale vise
à empêcher de telles situations et il est un principe bien reconnu
en droit qu'on ne peut faire indirectement ce qu'il est prohibé de faire
directement. Au surplus, l'article 4 de la Charte des droits et
libertées de la personne que vous avez votée ici à
l'Assemblée nationale indique clairement que toute personne a droit
à la protection de sa réputation. Je cite: "Toute personne a
droit à la sauvegarde de sa dignité, de son honneur et de sa
réputation." Devant tout tribunal, M. le Président, si un avocat
persistait à poser des questions illégales, le juge aurait vite
fait de le rappeler à l'ordre et, au cas de récidive, le juge se
ferait un devoir de lui dire d'aller apprendre son droit.
Votre requérant fait appel au sens de la justice des
députés, à l'exemple qu'ils doivent donner du respect des
droits de chacun et du respect des lois. Il insiste particulièrement
auprès des membres du
barreau qui ont prêté le serment de servir la justice et
qui savent que la procédure doit être la servante du droit et de
la justice et non pas empêcher la réalisation du droit.
En conséquence, M. le Président, votre invité vous
prie respectueusement de faire preuve de plus de fermeté, de faire
respecter les principes établis à la Charte des droits et
libertés de la personne et au règlement de l'Assemblée
nationale, de ne pas tolérer que, sous le prétexte ou sous le
couvert d'invoquer des questions de règlement ou de demander des
directives, l'un ou l'autre des députés de cette commission
puisse discuter de la question posée alors que celle-ci a
été déclarée irrecevable, de ne pas permettre que
l'on pose des hypothèses et qu'on fasse des insinuations
défavorables à votre invité. En d'autres termes, il
demande que vous décidiez qu'une question de règlement ne doit
porter que sur le règlement et non pas sur la question posée et
la décision que vous avez rendue à cet égard.
Troisième demande, M. le Président. Attendu qu'au cours de
la séance de la commission, vendredi dernier, durant
l'après-midi, un document a été remis à votre
invité, Me Yves Gauthier; attendu que ce document a été
remis de bonne foi par une personne connaissant bien votre invité et son
état de santé; attendu que ce document appartenant à votre
invité a été classé parmi ses papiers personnels
ici même; attendu qu'on lui a enlevé ce document à son
insu, sans consentement et qu'on lui a en quelque sorte volé le
document; attendu que ce document s'est retrouvé entre les mains d'un
député et que ce député s'est permis des
commentaires sur ce document; attendu que votre requérant aurait
été parfaitement d'accord pour remettre copie de ce document
à n'importe quel des députés qui en aurait fait la
demande; attendu qu'il n'était point du tout nécessaire qu'on
vienne s'emparer de ce document lors de l'ajournement, sans même avoir la
politesse de demander la permission de votre invité; votre invité
vous demande, M. le Président, non pas de faire enquête sur cette
appropriation illégale de document, mais au moins de vous assurer que
les documents appartenant à votre invité ne puissent en cette
enceinte, ici, à l'Assemblée nationale, être
subtilisés à son insu.
En conséquence, votre invité vous demande respectueusement
que toutes les mesures nécessaires et que vous jugerez
appropriées soient prises pour éviter la répétition
de gestes répréhensibles semblables et qu'il ne soit plus
porté atteinte de quelque façon que ce soit à la vie
privée de votre invité, conformément à une
disposition de la Charte des droits et libertés de la personne, article
5. Ce sont des objections qui sont basées sur la loi, les
règlements et je vous demanderais de statuer là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le procureur. Avant
de demander quelque intervention que ce soit, je vais simplement faire en sorte
que ce débat puisse durer le moins longtemps possible, tout en ayant,
cependant, une réponse à l'ensemble des demandes posées.
Le but de cette journée est de continuer à poser des questions
à Me Yves Gauthier et non pas de passer à d'autres sujets qui ne
demandent que des acquiescements de part et d'autre et des décisions de
ma part. Pour prendre une décision, je n'ai pas besoin qu'on fasse un
long débat.
La première partie de votre requête, il était tout
à fait logique qu'elle soit acceptée d'emblée,
c'est-à-dire que Me Gauthier ait la possibilité de continuer la
réponse qu'il avait commencé à donner. J'ai
moi-même, dans ce travail délicat que j'ai à faire,
à être aux aguets de façon qu'on réponde à
l'ensemble des questions posées, mais qu'on ne profite pas des
circonstances - la fatigue aidant dans certains cas - pour reposer des
questions qui ont été jugées irrecevables le matin.
Je voulais m'excuser auprès de notre invité pour la
façon dont j'ai agi; de façon tout à fait correcte et de
bonne foi, quant à moi, mais, malheureusement, avec un peu de retard. La
première question posée par le député de
Mont-Royal, qui concernait un détail après la date du mois de
mars 1979, j'aurais dû sur-le-champ la considérer irrecevable,
comme je l'avais fait le matin même avec le député de
Louis-Hébert. Cependant, la question a été posée et
notre invité y a répondu assez rapidement, de telle sorte que je
me suis retrouvé devant une décision à rendre sur les
questions subséquentes. À la suite de la demande évidente
de chacun pour éviter que des préjudices ne soient causés
à notre invité, et surtout à la suite de votre demande, Me
Jutras, j'ai acquiescé à ce que des questions additionnelles
soient posées. Cependant, je ne veux pas que ce soit
considéré comme un précédent permettant, à
l'avenir, dans les autres questions, qu'on y revienne.
Mais je dois dire que, si on avait été devant un tribunal,
l'avocat n'aurait pas posé la question. Comme elle a été
jugée irrecevable une première et une deuxième fois, il
n'aurait pas tenté de poser la question une seconde fois, par une autre
perrsonne. Je dois dire que j'ai à m'accuser, à faire mon mea
culpa, mais la tâche délicate que j'ai à remplir, j'essaie
de la remplir le mieux possible. Je voulais m'excuser auprès de notre
invité du fait que j'ai, peut-être par inadvertance, laissé
passer une question qui dépassait la date du mois de mars 1979. Ceci a
donc amené, comme je vous le dis, les questions subséquentes. Je
ne voudrais pas que ce soit considéré comme un
précédent. Mais, d'un autre côté, je
permettrai, comme première intervention, ce matin, à Me
Gauthier de terminer la réponse qu'il avait commencé à
donner.
Quant aux deux autres requêtes, comprenant celle qui concerne la
fermeté que vous me demandez, je pense que j'essaie d'agir le mieux
possible. Je vais, avant de prendre une décision sur celle-là,
demander à un représentant de l'Opposition et à un
représentant du gouvernement de donner son opinion avant de rendre une
décision finale.
Quant à la troisième et dernière qui concerne des
documents privés, je pense qu'il est de commune renommée que,
à l'Assemblée nationale, l'ensemble des gens peuvent être
sûrs que personne ne touche aux documents qui sont en leur possession et
qui sont leurs documents privés. Vous me demandez d'être plus
vigilant. Je dois vous dire que les circonstances de vendredi dernier, la
façon dont cela s'est déroulé, la vitesse à
laquelle cela s'est déroulé, les décisions que j'ai eu
à rendre comme président, d'abord, de suspendre
momentanément jusqu'à ce matin, ont fait en sorte que,
effectivement, personne n'avait le droit d'aller fouiller dans les documents
personnels de notre invité. Il aurait mieux valu, à ce
moment-là, que l'on pose la question et qu'on demande, au retour,
à Me Gauthier - mais comme il n'est pas revenu, à Me Jutras qui
l'accompagnait - ce qui s'était passé. Il aurait mieux valu
fonctionner de cette façon que de la façon dont, à la vue
de tout le monde, on l'a fait à cette commission.
Je dois donc vous dire que je demande à chacun des membres de
cette commission, ainsi qu'à tout le monde qui est dans cette salle de
faire en sorte que la confidentialité des documents personnels soit
conservée, comme on le demande chaque fois. Je verrai à ce que,
à l'avenir, cela ne se produise plus.
Quant à la deuxième requête, puisque c'est de
celle-là que je voudrais que l'on parle, je demanderais ceci: Est-ce que
c'est M. le député de Jonquière qui parlera le
premier?
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jonquière.
M. Claude Vaillancourt
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
très rapidement. Je comprends que vous avez rendu votre décision
sur les deux premières requêtes, c'est-à-dire celle de
permettre, tout d'abord, à notre invité de faire une mise au
point à la suite du début de réponse qu'il avait
donné vendredi dernier. M. le Président, je n'étais pas
ici vendredi dernier, mais j'ai eu le loisir de suivre les débats
directement de Jonquière et j'ai pu me rendre compte que cette question
était effectivement irrecevable et que des débats d'environ une
demi-heure avaient précédé la réponse de Me
Gauthier. Je pense que, même si la question était irrecevable,
à partir du moment où Me Gauthier a commencé à
donner une réponse qu'il n'a pu terminer, il est tout à fait
équitable de lui permettre de faire ce matin la mise au point ou de
compléter la réponse qu'il était en train de donner au
moment de la suspension des travaux. Donc, je n'insisterai pas sur cette
première requête qui me semble très très bien
justifiée.
En ce qui concerne l'affaire du document, M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant,
j'étais vraiment dans la lune. Je ne veux pas que vous parliez sur la
première, ni sur la troisième, mais sur la deuxième.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est quoi la
deuxième?
Le Président (M. Jolivet): La première,
c'était le droit de parole que j'accordais immédiatement...
M. Lalonde: Le droit de parole.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
député. C'est moi qui ai une décision à prendre et
c'est moi qui accorde le droit de parole; sur la première requête,
je n'accepte pas de discussion. J'ai le droit comme président de
décider sur-le-champ.
La troisième, c'est la question de l'appropriation d'un document.
Ce que je veux simplement dire, c'est que je ne veux pas, comme
président, savoir qui l'a pris. La seule chose que je sais, c'est qu'un
document a été lu. C'est sur la deuxième seulement, qui a
trait à la décision du président d'accorder des questions
de règlement qui ont pour but de remettre en question, d'une certaine
façon, d'une façon suggestive... Pour les besoins de la cause, je
demanderais à M. Bédard, du Secrétariat des commissions,
d'aller chercher les trois requêtes pour qu'on en fasse une photocopie et
que les gens puissent les avoir en main, surtout la deuxième.
M. Vaillancourt (Jonquière): Alors, M. le
Président, vous me permettrez...
M. Lalonde: J'ai une question de règlement à
soulever maintenant.
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant! M. le
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le
Président, vous me permettrez d'être en désaccord
avec vous. Sur l'affaire du document, vous n'avez fait état d'aucun nom
de député de telle sorte que...
M. Lalonde: On veut savoir ce que c'est, nous.
M. Vaillancourt (Jonquière): ...tous les
députés présents ici peuvent se sentir visés par
votre remarque. Je me sens donc bien fondé de parler de l'affaire du
document et de dire tout simplement, M. le Président - je n'étais
pas ici; donc, je ne suis pas au courant des faits et des
événements - que je partage votre point de vue en ce qui concerne
l'avenir et en ce qui concerne ce que vous avez dit, que les documents qui
appartiennent soit aux députés, au président ou aux
invités, ce sont des biens personnels et qu'aucune personne ici
présente n'est autorisée à aller les consulter ou
même, encore pis, à se les approprier. Je maintiens, M. le
Président, que j'ai quand même le droit de dire quelques mots
là-dessus parce que, si j'avais été ici, peut-être
que votre allusion, par hypothèse, cela aurait pu être moi qui
aurais touché ou consulté ces documents-là. (10 h 30)
Le Président (M. Jolivet): Justement. Pour répondre
à votre question...
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas une question, M.
le Président.
Le Président (M. Jolivet): ...de règlement sur la
question que j'ai à rendre des décisions. S'il vous plaît!
Si vous voulez qu'on fonctionne comme il faut, on va faire cela comme il faut,
parce que ce matin il n'est pas question de faire de longs débats. C'est
pour cela que...
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas un
débat.
Le Président (M. Jolivet): ...je veux éviter les
débats. La seule chose à considérer, c'est qu'il y a eu
une demande, une requête. Quant à moi, je ne veux pas juger si
c'est un député, si c'est une personne. Ce que je sais, c'est
qu'un événement s'est produit...
Une voix: C'est cela qu'on veut savoir.
Le Président (M. Jolivet): ...pour lequel il y a eu,
à la fin de la commission de vendredi, des choses...
M. Vaillancourt (Jonquière): II n'y a pas moyen de parler
ici.
Le Président (M. Jolivet): ...qui - s'il vous plaît;
- ont été dites à la fin de la commission. Ce que je veux,
c'est éviter tout débat qui allonge inutilement l'ensemble de nos
débats et qui fasse en sorte que, finalement, on passe à
côté du mandat pour lequel on est réuni ici, qui est celui
de questionner.
J'ai trois requêtes. Je pense que la deuxième mérite
que, de part et d'autre, on fasse les commentaires nécessaires avant que
je rende ma décision. Quant à la première, elle est
claire. Je pense qu'on n'aurait même pas eu besoin de requête;
j'aurais donné la parole à Me Gauthier pour qu'il termine sa
réponse de vendredi. Je pense que tout le monde est d'accord sur la
première.
Une voix: Oui.
M. Lalonde: Aucun problème.
Le Président (M. Jolivet): Sur la troisième,
à savoir si c'est un député ou une personne dans la salle
qui a pris le document et qui l'a remis à d'autres, ce que j'ai voulu
dire, c'est que je n'ai accusé personne. Je voudrais qu'on soit bien
clair sur cette question. Ce que je voulais dire simplement, c'est que
j'étais d'accord avec le fait que chacun a droit à ses documents
et que, normalement, c'est la façon dont cela se passe. Il y a eu un
incident. Je voudrais qu'on le considère comme clos, de façon
qu'on n'y revienne pas, qu'on ne le rediscute pas et qu'on ne veuille pas aller
plus loin dans ce dossier. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, d'abord strictement sur la
question de procédure -excusez-moi, il s'agit d'une question de
procédure seulement - vous parlez de requêtes qui sont
adressées. Vous avez déjà rendu une décision
à savoir que personne ne peut faire une requête, sauf un
député qui peut faire une motion. Alors, on peut
considérer les demandes de Me Jutras comme des demandes ou des
suggestions, mais simplement pour ne pas créer un
précédent. Ce n'est pas le requérant; c'est
l'invité ou le témoin qui fait une demande. Le
député de Jonquière me fait signe qu'il n'a pas
terminé son intervention. Je suis prêt à suspendre la
mienne, si vous voulez.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. M. le
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, en
résumé, sur l'affaire du document, pour vous sécuriser, je
dois vous dire que je n'ai pas l'intention de revenir sur le passé. Ce
que je voulais vous dire, c'est que vous avez, très à propos,
répété une chose qui va de soi. Les documents qui
appartiennent soit aux députés, soit aux témoins, soit aux
gens qui sont ici dans la
salle, leur appartiennent en propre et les personnes ici
présentes n'ont aucunement le droit d'aller consulter et encore moins de
prendre ces documents. Mais, je n'ai jamais voulu par cette remarque revenir
sur des faits dont je n'ai, d'ailleurs, pas été témoin,
n'étant pas ici vendredi dernier. Je voulais vous dire que
c'était à bon droit que vous avez répété ce
qui me semble une vérité de La Palice.
Concernant M. le Président, celle que vous avez
considérée comme étant la requête no 2, ou la
demande no 2, je pense qu'elle comporte deux volets. Tout d'abord, j'aimerais
vous dire que je suis extrêmement heureux de vous entendre dire ce matin
que toutes les questions portant sur des faits postérieurs au
règlement du saccage de la Baie-James et, donc, extérieurs au
mandat de notre commission et outrepassant le mandat de notre commission, comme
vous l'avez, d'ailleurs, déjà décidé, seront
déclarées irrecevables. M. le Président, c'est
extrêmement important puisque vous vous rappellerez que vous avez rendu
cette décision sur une question qui était posée à
Me Beaulé sur des conversations qu'il aurait eues en 1983. À ce
moment-là, vous nous avez fait l'honneur d'une décision
écrite et très bien fondée. La même situation s'est
présentée vendredi dernier, d'après ce que j'ai
constaté à la télévision. Bien que la question
était irrecevable, après un débat d'une demi-heure
où vous avez maintenu que la question était irrecevable parce que
portant sur des faits postérieurs de quatre ans aux
événements qui sont à l'intérieur de notre mandat,
le résultat a été que le témoin, l'invité a
été appelé à répondre à cette
question, bien qu'elle avait déjà été
déclarée pendant une demi-heure irrecevable. C'est, d'ailleurs,
un corollaire à sa première requête de ce matin.
Or, M. le Président, étant donné qu'il reste encore
plusieurs témoins à comparaître devant cette commission, je
pense qu'il est extrêmement important que vous ayez
réitéré votre intention de respecter la décision
que vous avez vous-même rendue il y a une quinzaine de jours pour faire
en sorte que, à l'avenir, toutes les questions qui porteront sur des
sujets, des conversations, des dialogues, des rencontres ou des entretiens
postérieurs au 13 mars 1979, c'est-à-dire à ce que
contient notre mandat, soient déclarées irrecevables. Je souhaite
respectueusement, M. le Président, que, des deux côtés de
cette table, on ne soulève pas de questions de règlement, de
privilège ou de directive en ce qui concerne cette décision qui
n'a jamais laissé de doute dans mon esprit, mais qui, vendredi dernier,
en a laissé quelques-uns. Je suis content de vous entendre parler ce
matin de cette façon.
Mais le principal de la requête de M. Gauthier concerne,
justement, les commentaires, les hypothèses, les insinuations, les
propos que les députés, des deux côtés de la table,
soulèvent dans des questions de règlement, de privilège ou
de directive à la suite de votre décision de déclarer une
question irrecevable. Effectivement, M. le Président, non seulement avec
Me Gauthier, mais avec d'autres témoins, nous avons eu, à
plusieurs reprises, l'occasion d'entendre des députés parler sur
des questions de règlement à la suite d'une décision qui
rendait une question irrecevable. Il est vrai de dire que la seule personne qui
n'était pas autorisée à émettre son opinion sur
cela, c'était le témoin lui-même.
Donc, la question était irrecevable. S'ensuivait un débat
d'une demi-heure pendant lequel on parlait de la question, pendant lequel on
faisait des hypothèses, pendant lequel on faisait des insinuations,
mais, à la fin, le résultat demeure le même: la question
est encore irrecevable. Pendant ce temps-là, des auditeurs, des
téléspectateurs nous écoutent, des questions se posent
dans leur esprit et, en fin de compte, le témoin, lui, a assisté
de façon attentive à un débat entre députés
sur une question qui était irrecevable, qui a été
maintenue irrecevable, mais, à cause de ces dialogues, de ces
entretiens, de ces débats entre députés qui ont
soulevé des hypothèses et des insinuations, dans l'esprit des
téléspectateurs, s'il y a eu un débat, s'il y a eu des
hypothèses, il en reste toujours quelque chose. La seule personne, M. le
Président, qui peut subir des préjudices de telles circonstances,
de tels événements, ce ne sont pas les députés, ce
n'est pas le président, ce ne sont pas les spectateurs à cette
commission parlementaire et ce ne sont pas les téléspectateurs,
c'est le témoin qui est notre invité.
Je pense que Me Jutras a dit à bon droit que, si de telles
situations se présentaient devant les tribunaux, un juge, très
rapidement, aviserait l'avocat qui pose les questions de
l'illégalité de ses questions, de l'irrecevabilité de
telle ou telle question et, à ce moment l'avocat, en cas de
récidive, se ferait mettre à l'ordre illico.
M. le Président, même si vous avez fait preuve d'une
très grande fermeté dans le déroulement de nos
débats, je pense que ce n'est pas tellement votre décision qu'une
autre conduite que les députés devraient adopter. Je pense que
nous tous, autour de la table, on devrait faire des efforts lorsqu'on
soulève des questions de règlement pour essayer de vous
convaincre qu'une question que vous avez jugée irrecevable est
recevable. Nous, les députés nous devrions faire des efforts
afin, justement, que les propos que nous tenons à votre endroit à
ce moment ne causent aucun préjudice à celui qui est notre
invité. Je soumets que c'est
une règle d'équité qui est absolument fondamentale.
Je pense que nous devons les premiers, parce que nous sommes
députés de l'Assemblée nationale d'où
émanent toutes les lois, faire en sorte que cette règle
d'équité soit respectée afin, justement, que notre
témoin ne subisse pas de préjudices.
On peut dire, sans faire le procès de personne, que de tous les
invités qui sont venus ici depuis le début il y en a
certainement, malheureusement, qui vont subir des préjudices en ce qui
concerne leur avenir pour des propos malencontreux qui ont été
tenus lors de cette commission parlementaire. Nous sommes très mal
placés pour évaluer l'importance de ces préjudices. Est-ce
que cela sera au niveau professionnel, au niveau de leurs relations
interpersonnelles, à d'autres niveaux? Nous sommes très mal
placés pour évaluer cela. Le moins que l'on puisse dire, c'est
que certaines personnes sortiront ou sont sorties de cette commission
parlementaire avec une sorte de probabilité que des séquelles
peut-être ineffaçables ont été créées.
C'est malheureux et je crois qu'il y a moyen de remplir notre mandat de la
commission parlementaire, c'est-à-dire d'éclairer les membres de
la commission et la commission parlementaire sur le mandat, sans pour autant
attaquer la crédibilité, l'honnêteté, la
réputation, l'avenir et la carrière de ceux qui nous ont fait le
plaisir d'accepter notre invitation.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, si je comprends bien, il y a
deux questions sur lesquelles vous voudriez qu'on parle, la première
demande étant déjà accordée de façon
évidente. La deuxième avait trait aux genres de questions, aux
débats qui pouvaient entourer la recevabilité d'une question.
J'écoutais les propos du député de Jonquière. Je
m'attendais qu'il allait conclure - et il aurait eu alors mon appui le plus
total - par exemple, en disant: Je vais de ce pas faire une demande au premier
ministre pour qu'il accorde une enquête publique indépendante et
objective et qu'on cesse cet exercice pénible que nous faisons depuis
deux mois.
Effectivement, je pense que et la demande de Me Jutras et certains
propos du député de Jonquière et aussi l'expérience
qu'on a vécue ici depuis deux mois prouvent qu'on est dans un forum
où c'est extrêmement pénible pour tout le monde de faire
notre devoir, qui est de faire la lumière sur toutes les circonstances
entourant la décision de régler la poursuite de 32 000 000 $ de
la SEBJ contre un certain nombre de syndicats et d'individus, hors cour pour
une somme de 200 000 $ à la SEBJ et aussi d'examiner le rôle du
premier ministre et de son bureau.
Pénible, M. le Président, parce que, tout d'abord, les
invités ou les témoins se voient interroger par plus d'une
personne. On peut être interrogé par plus d'un avocat lorsqu'on
est témoin en cour, mais rarement par une vingtaine. Pénible
aussi parce que c'est un forum partisan où chaque question peut
être reçue par une objection, non seulement de l'avocat qui
accompagne l'invité, surtout depuis quelques jours où l'avocat a
le droit d'exprimer son objection, mais d'un député d'un
côté ou de l'autre de la table, ce qui engendre des débats
qui sont souvent étrangers au mérite de l'objection,
étrangers dans le sens où il y a des insinuations partisanes qui
se retrouvent d'un côté ou de l'autre et, au bout de 20 minutes,
il faut recommencer.
Pénible aussi à cause des règles qu'on veut
transposer du salon bleu au salon rouge. Les règles des questions qu'on
peut adresser à un ministre, c'est-à-dire les articles 168 et
suivants, s'accordent très mal à l'interrogatoire d'un
témoin. J'aimerais vous rappeler, M. le Président, que l'ancien
règlement à ce propos est beaucoup plus réaliste. L'ancien
règlement se rapproche beaucoup plus des règles que l'on retrouve
au tribunal pour interroger un témoin.
Dans votre décision, à la suite d'une question de
règlement soulevée par le ministre il y a quelques semaines, vous
avez réaffirmé que ce serait le règlement nouveau,
c'est-à-dire les articles 168 et suivants, assaisonnés de
certains principes, que vous appliqueriez; en quelque sorte, vous avez
refusé la demande du ministre - que j'avais appuyée - d'appliquer
l'ancien règlement. En fait, j'ai relu la décision et vous n'avez
pas accepté d'appliquer l'ancien règlement tel quel, sauf que,
pour ce qui concerne la possibilité de l'avocat d'intervenir - on le
retrouve dans l'ancien règlement - vous avez accepté de
l'appliquer il y a quelques jours. (10 h 45)
Donc, les règles de l'interrogatoire nous laissent toujours dans
un système ambivalent où on essaie d'emprunter à l'article
168 des règles de conduite mais sachant très bien que, devant un
tribunal, ce n'est pas du tout de cette façon que cela se pose. Qu'on le
veuille ou non, lorsqu'il s'agit de savoir ce qui s'est passé en
1978-1979 dans le bureau du premier ministre, on pose des questions sur des
faits et non sur des opinions. Sur la façon de poser des questions, on
n'a rien inventé ici autour de la table; cela existe depuis qu'il y a au
moins deux êtres humains sur la terre, M. le Président. La
façon de poser des questions est de tester la mémoire, de
rafraîchir la mémoire d'un témoin. Cela existe et ce n'est
pas inhumain. Au
contraire, je pense que c'est tout à fait conforme aux
règles de la justice naturelle que d'aider un témoin à
savoir s'il se souvient de quelque chose.
J'entendais Me Outras qui disait que, lorsqu'on discute de la
recevabilité, lorsque les députés échangent des
propos et des hypothèses sur la recevabilité d'une question, il
peut y avoir des choses dévaforables à l'invité. Je pense
que les mots "défavorables à votre invité" sont les mots
que Me Jutras a employés. Je dois vous rappeler que l'invité
n'est pas un accusé et qu'il n'y a rien de favorable ou de
défavorable à son égard qui nous intéresse. Ce
qu'on veut savoir, c'est s'il ne se souvient pas de telle chose; est-ce qu'on
pourrait lui poser la question différemment, de sorte que cela pourrait
lui rafraîchir la mémoire? Il n'est pas facile de se souvenir de
choses qui se sont passées il y a quatre ans. C'est simplement rendre
service à la commission et à l'effort de ses membres que de
demander, de tester, de voir jusqu'à quel point on pourrait aider le
témoin à se souvenir de ce qui s'est passé, parce que la
réponse est là. Lorsqu'un journal dit que le premier ministre a
trompé l'Assemblée nationale lorsqu'il a dit que, ni de
près, ni de loin le règlement en partie ou en tout n'a
été fait à son bureau et qu'on arrive avec, comme
témoins, des membres de son bureau, on est rendu au coeur du
problème. La mémoire des témoins, des membres de son
bureau devient essentielle à cette commission. Le témoin n'est
pas suspect, il n'est pas accusé, mais c'est le seul instrument de
connaissance de la commission et de la population de ce qui s'est passé
dans son bureau.
M. le Président, je pense que vous êtes en train de changer
votre décision d'il y a quelques semaines. Je ne veux pas vous
prêter d'intention. Vous aviez permis à Me Beaulé de
répondre à une question, à savoir s'il avait fait un
téléphone, s'il avait eu une conversation
téléphonique avec M. Boivin, chef de cabinet du premier ministre,
au cours de son témoignage. Je ne me souviens plus de la date exacte, un
vendredi après-midi. Il avait témoigné le vendredi matin
et il revenait la semaine suivante. Vous avez permis la question, mais vous
n'avez pas permis qu'on lui pose de questions sur le contenu de la
conversation, Me Beaulé ayant dit, je crois, que cela n'avait pas trait
au mandat.
La semaine dernière, à une question semblable à Me
Gauthier, vous avez permis la question, à savoir s'il avait eu des
conversations téléphoniques avec Me Jasmin, mais vous
étiez en train de vous accorder avec votre décision de la semaine
précédente et de ne pas permettre le contenu lorsque la
discussion a été engagée et Me Jutras - à bon
droit, je pense - soulevait le caractère injuste de permettre la
moitié de la question et de ne pas permettre l'autre moitié.
Autrement dit, on demande à un témoin s'il a
téléphoné à Untel, mais il n'a pas le droit de dire
ce qui a été dit. On peut alors présumer le pire. Je
m'accordais là-dessus avec Me Jutras et vous avez alors permis de dire
le contenu.
Je soulève cela, M. le Président, pour dire jusqu'à
quel point il est important que votre décision soit dans le sens de
l'ouverture. Lorsqu'on dit - et le mandat le dit bien - que nous sommes ici
pour examiner les circonstances entourant la décision, entourer, dans le
sens étymologique du mot, cela veut dire ce qui fait le tour. Ce qui
fait le tour, c'est ce qui se passe avant, pendant et après. C'est
très pertinent de savoir, après. Je ne veux pas, non plus,
provoquer le député de Jonquière; il a quand même eu
une expérience intense, sinon courte, à cause de son jeune
âge, devant les tribunaux. Il sait très bien que, après le
fait qui est au centre de la discussion, du procès, que ce soit criminel
ou civil, il peut arriver des faits qui y sont reliés et qui font
comprendre au juge ou à la population, à nous autres qui sommes,
non pas un tribunal, mais ceux qui devront éventuellement conclure,
apporter une conclusion à cela.
Par exemple, si, par hypothèse, je conclus une entente avec un
tiers, que cela se termine le 15 août 1982, qu'on fait enquête
là-dessus et qu'aucune question n'est permise après le 15
août 1982, mais que j'ai promis un bon pot-de-vin à un
fonctionnaire quelque part, que je vais lui payer le 15 novembre 1982, ce
serait bien important de savoir si je n'ai pas communiqué avec ce gars
le 15 novembre. Ceci pourrait me faire porter des conclusions très
différentes sur le témoignage de ce gars, ou de cet
accusé, lorsqu'il témoigne. Ici, il ne s'agit pas d'un
accusé; il s'agit seulement d'un témoin.
C'est très important, M. le Président, si vous
révisez votre décision, à savoir de pouvoir poser des
questions après le mois de mars 1979, que cette décision soit
dans le sens de l'ouverture. Si c'est dans le sens contraire, on fermerait la
porte à une source de connaissances qui m'apparaît importante pour
la commission. Je vais vous dire bien franchement que les gens ne
comprendraient pas, non plus, et ils auraient raison de ne pas comprendre.
Lorsqu'on revient ici, après quelques jours de liberté, on
revient avec des messages qui nous indiquent bien jusqu'à quel point les
gens ont du bon sens. Ils ne comprennent pas pourquoi on ne peut pas poser des
questions après si c'est relié aux circonstances entourant les
faits qu'on examine.
Là-dessus, je voudrais simplement répéter que rien,
mais rien, dans les questions, de notre côté du moins - je suis
convaincu que de l'autre côté aussi - ne
s'adresse à la faveur ou à la défaveur du
témoin. Rien n'est posé comme question pour être favorable
ou défavorable au témoin, parce que cela nous est totalement
indifférent. La faveur du témoin, en ce qui nous concerne, ce
n'est pas cela, le problème. Le problème est le suivant: Est-ce
que le premier ministre a trompé l'Assemblée nationale, oui ou
non? C'est pour cela que nous sommes ici. C'est le premier ministre
lui-même qui nous a demandé de faire la lumière entourant
l'accusation de la Presse. Pour cela, tout ce que nous demandons au
témoin, c'est d'être d'une candeur totale, c'est d'oublier qu'il
est encore au bureau du premier ministre. Cela vaudra aussi pour M. Boivin.
C'est cela que nous demandons. Ce sont des faits. Les conclusions, nous les
porterons. Nous les ferons, les conclusions. Enfin, M. le Président, si
vous décidez de changer votre décision, à l'avenir,
j'espère que ce sera dans le sens de l'ouverture.
Quant à la deuxième question, la question du document, Me
Jutras a porté une accusation grave. D'ailleurs, je l'invite à
relire la Charte des droits et libertés de la personne - c'est la
première fois que je l'invoque - qu'il a, d'une façon assez
volubile, invoquée dans ses propos. Il l'a invoquée vendredi
dernier. Il l'a invoquée encore aujourd'hui. Une accusation
générale, sans indiquer à qui elle s'adresse, est
sûrement contraire aux règles fondamentales de la justice
naturelle. C'est une accusation voulant qu'un député - on est
plusieurs ici -se soit approprié un document qui appartiendrait à
M. Gauthier, sans préciser, non plus, de quel document il s'agit. J'ai
cru comprendre qu'il s'agissait de la note qui aurait été
passée par M. Bertrand Bélanger, vendredi dernier, au
témoin et qui lui suggérait de prendre un "break",
c'est-à-dire: Si tu veux un "break", va aux toilettes, ou quelque chose
comme cela. Va aux toilettes si tu veux un "break" ou, si tu veux aller aux
toilettes, prends un "break" ou enfin.
M. Duhaime: Demande un "break".
M. Lalonde: L'idée, c'était qu'un monsieur qui
appartient apparemment au bureau du premier ministre... D'ailleurs, vous m'avez
dit que vous feriez une enquête là-dessus, des
vérifications.
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Doyon: J'ai exactement la même opinion.
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président, vous voyez ce que je voulais
dire.
Le Président (M. Jolivet): Non, non. À l'ordre, M.
le député. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Alors, ce document serait une note qui aurait
été passée. Il y a eu une accusation qui a
été portée par Me Jutras qui n'a pas demandé
d'enquête. Je pense même qu'il disait: Je ne veux pas conclure
à ce qu'il y ait une enquête. M. le Président, moi, je veux
qu'il y ait une enquête. Je veux que vous fassiez la lumière
là-dessus. L'accusation de Me Jutras va dans le sens contraire des
informations que j'ai, à savoir que ce n'est pas un député
qui serait allé chercher la note, mais l'auteur de la note
lui-même, à moins que ce ne soit un autre document. Je demanderais
que vous donniez l'occasion à Me Jutras de préciser son
accusation. D'abord, de quel député et de quel document
s'agit-il?
Le Président (M. Jolivet): Me Jutras.
M. Jutras: Merci, M. le Président. D'abord, M. Lalonde, je
pense que, maintenant que vous avez en main le texte écrit, vous voyez
qu'il n'y a rien dans la requête faite qui dit ou insinue que c'est un
député qui est venu s'emparer d'un document confidentiel
appartenant au témoin. On dit: Attendu qu'on lui a enlevé ce
document à son insu, sans son consentement et qu'on lui a en quelque
sorte volé le document. Je ne sais pas qui a fait le vol du document et
qui est venu fouiller dans les papiers du notaire Gauthier. Je n'étais
pas ici. Je dis par la suite: Attendu que ce document s'est retrouvé par
la suite entre les mains d'un député. Je ne sais pas qui a remis
le document dans les mains du député.
Une voix: Quel député?
M. Jutras: Je ne le sais pas.
M. Lalonde: Entre les mains de quel député?
Une voix: Le ministre de l'Énergie et des Ressources.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Jutras: Le document m'a été remis par le
président de l'Assemblée en tout cas, c'est un document qui a
circulé, je pense, ici. Je sais que, M. Lalonde, vous avez fait une
intervention sur ce document. Vous connaissiez le contenu du document. Je ne
sais pas si vous aviez en main le document et je ne sais pas qui vous l'a
remis, si vous
l'aviez en main. Ce que je sais, c'est que le document était ici
et que quelqu'un est venu le voler; je ne sais pas qui l'a volé et je
n'insinue pas que c'est un député. Je ne le sais pas.
M. Lalonde: Alors, j'aurais seulement une question.
Vous dites: "Attendu que ce document s'est retrouvé entre les
mains d'un député". Est-ce que c'est de moi que vous parlez quand
vous parlez d'un député?
M. Jutras: Je croyais qu'au moment où vous avez fait votre
intervention et que vous avez lu le contenu du document, vous aviez en main le
document. Peut-être ne l'aviez-vous plus?
M. Lalonde: Bien, votre attendu est plus certain que ce que vous
venez de dire. Je vois que vous atténuez un peu votre affirmation. Je
n'avais pas le document, j'avais simplement le texte au sujet duquel on m'a dit
qu'il semblerait que ce soit celui qui était sur le document. Je pense
qu'il serait très intéressant de savoir qui est allé
chercher le document dans les dossiers de Me Gauthier. Je serais très
intéressé à savoir qui l'avait. Peut-être que le
ministre aurait des précisions à nous donner là-dessus.
Est-ce qu'il a fait sa petite enquête en fin de semaine?
Le Président (M. Jolivet): Comme vous permettez au
ministre de faire une intervention, je vais vous demander qu'il n'y ait pas
d'autre intervention sur l'ensemble du dossier. Je ne voudrais pas... S'il vous
plaît! S'il vous plaît:
M. Lalonde: Je n'ai pas terminé, M. le
Président.
Une voix: Vous êtes aussi bien de finir!
Le Président (M. Jolivet): Vous n'avez pas terminé;
alors, allez-y donc.
M. Lalonde: Je pense qu'on doit faire la lumière
là-dessus. L'accusation a été portée, à
savoir que le document aurait été en quelque sorte volé.
Cela veut dire que, s'il s'est retrouvé entre mes mains, M. le
Président, je suis un receleur. Mes collègues me donnent un avis
juridique gratuit, j'espère. C'est très grave et les informations
que j'ai sont dans le sens que ce n'est pas un député qui
l'aurait pris, mais que quelqu'un serait allé chercher ce document dans
les documents de Me Gauthier. Je pense que la commission est très
intéressée à savoir qui est allé chercher ce
document. (Il heures)
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, sur la question de
règlement et sur d'autres points qui ont été
soulevés tout à l'heure, je voudrais féliciter le
député de Marguerite-Bourgeoys pour son attitude en commission,
pour la première partie de son intervention. Il a dit lui-même
que, s'il recevait des messages de l'extérieur... J'imagine qu'il
consulte des gens pendant que notre commission ne siège pas. Je vais
tenter de l'aider dans son opération de "repositionnement" ce matin. Si
c'est vrai que vous trouvez pénibles les travaux depuis six semaines,
mais que cela vous a pris six semaines pour le constater, je trouve cela un peu
plus sérieux. Et je crois retenir de vos déclarations de ce matin
que vous avez l'intention de travailler pour que cette commission
fonctionne.
C'est vrai, M. le Président, qu'il s'agit d'un forum partisan,
mais chaque commission parlementaire qui siège tous les jours depuis
qu'un Parlement existe à Québec, cela a toujours
été un forum partisan. Les commissions parlementaires ont des
mandats et les exercent. Quant aux règles de procédure, je n'ai
pas la même compréhension du jugement que vous avez rendu quant
à l'application de l'article 130, paragraphe 4, de l'ancien
règlement par voie de référence aux dispositions des
articles 3 et 4 du nouveau règlement. Mais, même si l'ancien
règlement n'avait jamais existé, M. le Président, je vous
ferai remarquer qu'en appliquant l'article 168... Contrairement à tout
ce que le monde pense, il y a des règles de procédure qui
existent à cette commission. Comme l'a souligné tantôt Me
Jutras, personne ne peut prévoir, lorsqu'une question suggestive est
posée, qu'elle contient des opinions, des hypothèses ou des
affirmations, et le règlement, quel qu'il soit, ne pourra jamais le
deviner. Je suis parfaitement d'accord avec la requête qui a
été lue tout à l'heure, à savoir qu'en posant des
questions non permises par le règlement, non seulement on retarde les
travaux de la commission, mais on crée des préjudices à
des gens qui sont appelés à témoigner devant cette
commission. On crée aussi des préjudices à des personnes
qui ne sont pas appelées à témoigner devant cette
commission, mais qui vivent et qui existent.
Le député de Marguerite-Bourgeoys revient souvent avec ce
que j'appellerais sa thèse de fond, c'est-à-dire que,
plutôt que l'Assemblée nationale ait saisi cette commission du
mandat... Sauf erreur, lorsque l'Assemblée nationale s'est
prononcée pour convoquer cette commission parlementaire élue de
l'énergie et des ressources, l'Opposition en Chambre n'a pas
prononcé un seul discours contre, mais a donné son consentement.
Aujourd'hui, on nous parle à
nouveau d'une enquête publique. Je dis essentiellement, M. le
Président, que, si cette commission parlementaire est réunie
aujourd'hui, c'est parce que le journal La Presse a porté une
très grave accusation. Et quant à parler de forum partisan, on
pourrait peut-être se demander qui dirige ce journal et, dans
l'effervescence d'une course au leadership à ma gauche, peut-être
qu'on pourrait y retrouver certains intérêts. Je ne veux pas aller
plus loin, M. le Président...
M. Lalonde: Répétez, répétez,
continuez.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Lalonde: Continuez, les gens s'amusent.
Le Président (M. Jolivet): Non, non, juste un instant!
J'ai essayé...
M. Duhaime: C'est parce que...
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant, M. le
ministre! J'ai essayé de faire en sorte, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, que votre intervention ne soit entrecoupée en
aucune façon.
M. Lalonde: Je n'ai pas été partisan.
Le Président (M. Jolivet): Non, mais je vous demande la
même chose. M. le ministre.
M. Lalonde: Je n'ai pas dit de conneries.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît: S'il
vous plaît:
M. Duhaime: Je ne veux pas dire qu'il y a eu des choses
d'écrites au sujet de M. Roger-B. Landry dans la Presse, mais il y avait
une caricature fort éloquente la semaine dernière...
M. Lalonde: Je vais le laisser aller là-dessus? Je vais le
laisser aller?
M. Duhaime: ...et une caricature en dit beaucoup plus long que
beaucoup de texte.
Une voix: Laisse-le aller.
M. Lalonde: II va bien, n'est-ce pas? Il fait rire de lui.
M. Duhaime: Ce que je veux dire, M. le Président...
M. Lalonde: Très bien.
M. Duhaime: ...c'est que, ici... M. Lalonde: Belle
justice:
M. Duhaime: ...à l'Assemblée nationale et dans la
vie publique, sur la conduite d'un parlementaire dans des choses qui ont trait
à l'exercice de ses fonctions, que ce soit comme député ou
comme ministre, et encore davantage comme premier ministre, il m'apparaît
très clairement que c'est l'Assemblée nationale et ses
commissions qui doivent juger en pareil cas. Le problème que nous avons
ici, c'est que l'Opposition libérale a choisi d'épouser la cause
du journal La Presse sans pourtant mettre sa signature sur l'acte d'accusation,
si je peux m'exprimer ainsi. C'est cela qui crée un problème et
je comprends le député de Marguerite-Bourgeoys qui se retrouve
aujourd'hui, presque au terme des travaux de cette commission, dans une
situation pénible. Là-dessus, je suis prêt à lui
offrir mes meilleurs voeux de sympathie bien ressentie. J'ajouterais que l'on
parle de la sixième semaine; cela paraît beaucoup plus long en
réalité quand on regarde le nombre d'heures passées. Cela
fait quoi? Cela ne fait pas encore 80 heures que nous sommes ici. J'ai
déjà vu des projets de loi qui ont pris beaucoup plus de
temps...
M. Lalonde: Cela pourra être plus long que cela, si vous
voulez.
M. Duhaime: ...et des projets de loi sur lesquels l'Opposition
avait fait de mauvaises évaluations quant à la possibilité
ou non de faire un "filibuster"; mais, en tout cas, il avait été
fait. Nous avons entendu ici, jusqu'à présent, tous et chacun des
membres du conseil d'administration de la Société
d'énergie de la Baie James. Nous avons demandé que les avocats de
la Société d'énergie de la Baie James, que les trois
viennent répondre aux questions des parlementaires. Me Beaulé, le
procureur du syndicat américain, est venu. Il est venu "fort
longuement", si je peux m'exprimer ainsi. Restera à venir l'honorable
juge Jasmin, si on peut finir par démêler l'écheveau des
secrets professionnels. Nous en sommes aujourd'hui à ce qui me
paraîtrait être à peu près le terme du
témoignage de Me Yves Gauthier. Reste encore comme invité Me
Jean-Roch Boivin et ensuite le premier ministre, de son siège, viendra
en commission parlementaire.
Brièvement, je suis moi-même prêt, M. le
Président, comme j'ai tenté de le faire depuis le tout
début des travaux de cette commission, à m'en tenir non seulement
à l'esprit, mais à la lettre de notre règlement. C'est
drôle comme on pourrait se rendre compte que les heures qu'on passe
à la répétition à faire des objections, à
faire sortir la transcription, pourraient s'évanouir
très rapidement et on pourrait accélérer nos
travaux. C'est en ce sens que je ne peux pas accepter que, au terme de nos
travaux, l'Opposition libérale mette en cause le fait que ce soit la
commission de l'énergie et des ressources qui ait reçu ce mandat.
Une enquête publique, en ce qui est de la conduite d'un parlementaire,
est inappropriée, M. le Président. Ce n'est pas ma faute si ce
n'est pas la commission de l'Assemblée nationale qui siège et
j'ai eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises.
Les journaux de la fin de semaine m'apprennent que le
député de Mont-Royal pourrait mettre huit sièges au
jeu...
M. Lalonde: En jeu.
M. Duhaime: Si vous voulez les mettre au jeu ou en jeu, vos huit
sièges, on peut vous donner cinq minutes, en suspendant les travaux, M.
le Président, pour vous permettre de vous consulter...
M. Lalonde: Au jeu, c'est au hockey.
M. Gratton: C'est fini depuis hier soir, le hockey.
M. Duhaime: On va ajourner nos travaux tout de suite et je pense
qu'il y aura une motion qui pourra être faite à l'Assemblée
nationale, cet après-midi.
M. Ciaccia: On va attendre la fin des travaux aussi; vous devez
citer l'article au complet.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Duhaime: Quand les travaux seront terminés, les travaux
seront terminés, mais c'est de bonne guerre de crier...
M. Lalonde: Ah! C'est encore le bâillon, n'est-ce pas?
M. Duhaime: C'est de bonne guerre de crier en restant bien
à l'abri. Vous allez me permettre, M. le Président, de rappeler
un éditorial...
M. Lalonde: Ah! Il va lire son éditorial. Cela fait deux
semaines qu'il essaie.
M. Duhaime: ...très intéressant dans le journal Le
Droit. L'article s'appelle: "Le truc de Duplessis".
M. Bourbeau: C'est en Ontario. C'est en Ontario.
M. Duhaime: Je vais le citer parce que le député de
Marguerite-Bourgeoys m'a invité à le faire en tenant ses
propos.
M. Lalonde: Pardon? Qu'est-ce que je vous ai invité
à faire?
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre!
M. Lalonde: Qu'est-ce que je vous ai invité à
faire?
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre! Vous savez,
juste avant...
M. Gratton: Louis Falardeau, Marcel Adam. Je le sais, on va vous
citer.
M. Lalonde: Bon, on commence la lecture des éditoriaux, M.
le Président? J'en ai quelques-uns.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! Le seul
problème que j'ai...
M. Lalonde: Sur l'agneau du printemps, si vous voulez...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! Le seul
problème que j'ai...
M. Duhaime: Est-ce que je pourrais terminer, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): Oui, mais, juste avant, je
m'aperçois que...
M. Gratton: La mauvaise humeur du ministre se fait entendre.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! M. le
député de Gatineau.
M. Duhaime: Je suis de très bonne humeur.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau, s'il vous plaît, aidez-moi: Vous êtes habitué de
m'aider, vous.
M. Gratton: Oui, justement, je veux vous aider le plus tôt
possible, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): C'est simplement pour vous dire
que je m'aperçois que ce qu'on est en train de faire ce matin, c'est ce
que j'ai essayé d'éviter dès le début de la
commission. Nous avons quelqu'un devant nous, qui est Me Gauthier. Je pense
qu'on devrait certainement être capable de terminer pour 13 heures
l'ensemble des questions qu'on a encore à lui poser. Il restait, au
moment où on s'est quitté vendredi, deux personnes, soit le
député de Mont-Royal et le député de
Brome-Missisquoi. Ensuite, on en avait terminé avec Me Gauthier.
M. Lalonde: Non, non.
Le Président (M. Jolivet): Ah! Vous avez d'autres noms
à ajouter? Alors, je m'excuse. Au moment où je vous parle, c'est
ce que je savais vendredi. Alors, M. le ministre, en allant rapidement.
M. Gratton: M. le Président, est-ce que je pourrais
vous...
M. Duhaime: Oui, je voudrais terminer. Parce que le
député de Marguerite-Bourgeoys a fait un commentaire en disant
que ce forum était partisan...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Duhaime: J'ai eu l'occasion d'expliquer que toutes les
commissions parlementaires...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, je suis
obligé d'entendre une question de règlement de la part du
député de Gatineau.
M. Duhaime: Oui. Mais, j'étais moi-même sur une
question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Oui, mais... M. Lalonde:
Vous étiez sur...
M. Gratton: M. le Président, c'est dans le but d'essayer
de nous comprendre. J'ai l'impression qu'on est en train de discuter de trois
choses en même temps et on risque de ne jamais finir. Est-ce qu'il ne
serait pas sage de les prendre une par une, notamment la décision sur la
pertinence des questions qu'on a posées tantôt, régler
cela? Ensuite, on pourrait régler la question du vol de document par
quelqu'un. Enfin, la troisième -je ne me rappelle même plus ce que
c'est -on pourrait régler cela. Le ministre pourra lire son
éditorial trois fois s'il le veut, cela m'importe peu, mais ne pourra
pas faire les trois en même temps.
M. Duhaime: Question de règlement. Je n'ai jamais
écrit un éditorial.
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
crois que, finalement, il y en a une qui était déjà
arrêtée; il n'y a pas de problème pour celle-là. Il
en restait deux. Maintenant, ce que j'ai sur ma liste, c'est d'abord le
ministre qui doit terminer. Vous-même, le député de
Mont-Royal et le député de Brome-Missisquoi, vous m'avez
demandé d'intervenir rapidement, mais mon problème est le
suivant: c'est que, si l'on continue comme cela, on va passer la matinée
sur cette question et je ne le voudrais pas.
M. Lalonde: ...il y a trois requêtes.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: Oui, M. le Président, parce que le
député de Marguerite-Bourgeoys ne m'a pas invité
carrément à faire la lecture du document que j'ai devant moi pour
la raison qu'il s'y oppose très fermement. À partir du moment
où il a qualifié ce forum de partisan...
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement.
Je voudrais avoir une directive.
Le Président (M. Jolivet): Oui. Juste un instant. Allez-y,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: II y a des éditoriaux qui sont écrits
presque toutes les semaines sur la commission. Si vous acceptez qu'on fasse
lecture des éditoriaux à gauche et à droite, à
propos d'une question de règlement et qui ne s'adresse pas au
mérite de la question de règlement, à ce moment, on va
passer beaucoup de temps ici. On a tous les éditoriaux, on les a tous
empilés, on va vous en parler à gauche et à droite, mais
je ne crois pas que cela fasse avancer les travaux de la commission. C'est pour
cela que je m'oppose à ce que le ministre se mettre à faire la
lecture d'éditoriaux.
Le Président (M. Jolivet): En fait, M. le ministre, vous
m'en aviez quasiment promis une copie la semaine dernière. Je vais la
prendre en passant pour au moins la lire. Ce que je voudrais, c'est qu'on
évite d'embarquer dans une discussion dans laquelle je ne voudrais pas
qu'on s'embarque ce matin.
M. Duhaime: M. le Président, je trouverai bien moyen de le
lire quelque part, soyez sans inquiétude. Je n'en ferai pas la lecture
ce matin. Je comprends que les députés libéraux ne
veuillent pas entendre cette lecture, d'autant plus qu'ils l'ont
déjà faite, j'en suis convaincu.
M. Lalonde: Non, lisez-le. Mais, à ce moment, on sera huit
à lire des éditoriaux après.
Le Président (M. Jolivet): Je ne le veux pas.
M. Lalonde: Je veux simplement faire un échange.
Le Président (M. Jolivet): Je ne le veux pas. M. le
ministre.
M. Lalonde: Huit pour un.
M. Rodrigue: Vous n'avez jamais été fort en
chiffres.
M. Duhaime: M. le Président, la semaine dernière,
vendredi, juste avant l'ajournement, le député de
Marguerite-Bourgeoys avait en main un papier, à la distance d'à
peu près sept pieds...
Le Président (M. Jolivet): Par 42 pieds.
M. Duhaime: ...que je pouvais lire moi-même. Je dois dire
qu'à l'instant où je l'ai vu, j'ai pensé que
c'était le document qui se retrouvait sur la table et dans les documents
de Me Gauthier. Ce qu'on m'a dit par la suite, et je tiens à le dire
pour que ce soit bien clair, pour qu'il ne plane aucun doute pour qui que ce
soit, c'est qu'un membre de l'Assemblée nationale a fait lecture de ce
document, en a fait la transcription et l'a remis au député de
Marguerite-Bourgeoys. Si vous aviez eu une photocopieuse, cela aurait
été plus vite.
Le point fondamental, c'est que c'est une note qui, à mon sens,
aurait été considérée comme anodine si son contenu
n'avait pas été rendu public. Il ne s'agissait pas d'une note qui
allait dans le sens d'indiquer une réponse, ou d'indiquer des propos, ou
encore quelque stratégie que ce soit. J'ai eu l'occasion d'indiquer
très clairement vendredi quel était le sens de cette note. Cela
avait carrément trait à l'état de santé de Me
Gauthier. J'ai trouvé malheureux, et je le répète ce
matin, que cette note ait eu autant de retentissement et autant de
publicité. C'est dans ce sens que j'ai dit que, si des êtres
humains sur cette planète ont droit à l'intégrité
de leur personne, à leur respect, je pense que cela pourrait commencer
aussi par là. Je n'ai pas à qualifier ce qui s'est produit
ensuite. Je n'ai jamais fait cela, moi, aller écornifler dans les
papiers des autres. S'il y en qui pensent que c'est une façon de
procéder, vous continuerez; moi, je continuerai de mon côté
de le déplorer. C'est tout ce que j'ai à dire sur cela, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Lalonde: De quel député s'agit-il?
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant.
M. Lalonde: Parce qu'il y a une accusation envers un
député et j'aimerais savoir de quel député il
s'agit.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, s'il veut
répondre. Je ne le sais pas. (Il h 15)
M. Duhaime: Je dis de mon siège, M. le Président,
qu'il s'agit du député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Je peux avoir la parole, M. le Président?
Le Président (M. Jolivet): Oui, vous allez l'avoir. Vous
êtes sur la liste, mais d'abord le député de Gatineau.
M. Paradis: Non, non. M. le Président, pour
répondre...
M. Gratton: Je lui cède la priorité.
Le Président (M. Jolivet): Alors, vous la lui accordez?
D'accord. M. le député de Brome-Missisquoi. Priorité et
non pas droit de parole.
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: La priorité et non pas mon droit de parole.
Vous avez devant vous, M. le Président, deux éléments.
Premièrement, la requête de Me Germain Jutras, avocat, procureur
du requérant et invite de la commission, Me Yves Gauthier, notaire, qui
n'est pas appuyée d'un affidavit; mais j'imagine qu'il fonctionne comme
avocat sur son serment d'office.
Dans sa requête, Me Jutras indique ce qui suit: "Attendu qu'on lui
a enlevé - se référant au témoin - ce document
à son insu, sans son consentement et qu'on lui a en quelque sorte
volé le document - en quelque sorte volé le document - attendu
que ce document s'est retrouvé entre les mains d'un député
- on vient d'avoir une précision; semblerait-il que c'est votre humble
serviteur qui est mis en cause - et que ce député s'est permis
des commentaires sur ce document..." En conséquence, votre invité
vous demande de ne pas faire enquête: Surtout, ne faites pas
enquête sur cette appropriation illégale du document, mais au
moins assurez-vous que les documents appartenaient à votre invité
ne puissent en cette enceinte être subtilisés à son
insu.
M. le Président, je vais tout simplement vous
révéler, au meilleur de mon souvenir, ce qui s'est produit
vendredi après-midi lorsque nos travaux ont pris fin.
Une voix: Question de privilège.
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, parce que le
règlement dit qu'il n'y a pas de questions de privilège en
commission.
M. Dussault: Je sais qu'il n'y a pas de question de
privilège.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Châteauguay, une question de règlement.
M. Dussault: M. le Président, de par l'attitude de Me
Jutras, il est évident que Me Jutras aurait quelque chose à dire
à la suite de ce qui vient de se passer...
Une voix: II parlera à son tour.
M. Dussault: ...parce qu'il semble que ce que le
député de Brome-Missisquoi vient de dire est faux.
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
vous demanderais d'abord de... Non, mais pour que je l'entende, il faudrait que
vous vous taisiez n'est-ce pas? Je dois quand même l'entendre. J'ai de la
difficulté à l'entendre. C'est donc le député de
Châteauguay qui a le droit de parole et je vais le lui donner. M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: Donc, M. le Président, conséquemment,
j'aimerais que vous laissiez la parole d'abord à Me Jutras pour qu'il
puisse corriger ce qui vient d'être dit de la part du
député de Brome-Missisquoi.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Châteauguay, j'ai effectivement vu une réaction de la part de Me
Jutras. Je sais que Me Jutras peut demander aussi la parole et je peux la lui
accorder. En conséquence, j'ai cru comprendre qu'il y avait une
réaction de Me Jutras à ce que le député de
Brome-Missisquoi venait de dire.
M. Paradis: ...retirer ce qui a provoqué la
réaction?
Le Président (M. Jolivet): Non, mais je pense quand
même que ce serait bon pour Me Jutras.
M. Paradis: D'accord. Cela va.
Le Président (M. Jolivet): Me Jutras.
M. Jutras: M. le Président, d'abord, je tiens à
faire une mise au point relativement au député de
Marguerite-Bourgeoys qui s'est posé la question, à savoir si le
document pouvait contenir une accusation de recel à son égard.
À ce que je sache - et je pense que vous partagerez certainement mon
opinion, Me Lalonde - si quelqu'un découvre un document volé et
le remet à son possesseur, ce n'est certainement pas un receleur; c'est
plutôt quelqu'un qui collabore, à mon point de vue, avec la
justice.
Alors, j'ai trop le sens de l'honneur pour faire des insinuations
relativement à l'un ou l'autre des députés et je me devais
de dire clairement qu'à mon point de vue, ce n'est, ni de près,
ni de loin, un recel et je suis assez familier avec les tribunaux et le Code
criminel pour vous donner une opinion de façon certaine
là-dessus. Il n'y a aucune inquiétude dans mon esprit. Si je
découvre un objet volé et si je le remets à son
possesseur, je ne suis pas un receleur; je suis plutôt quelqu'un qui
collabore avec la justice. Et d'uni
Deuxièmement, Me Paradis, député de
Brome-Missisquoi, vous dit...
M. Lalonde: Je l'ai, le billet.
M. Jutras: ...que je vous demande de ne pas faire enquête.
M. le Président, je me suis retenu pour ne pas vous faire cette demande,
considérant le coût qu'entraînent les enquêtes ici en
commission parlementaire; mais, si vous voulez faire enquête, j'aimerais
savoir qui a volé parce que, si mon client m'en donne l'autorisation, je
poursuivrai en justice le voleur concerné.
M. Paradis: Très bien, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Lalonde: Avant, M. le Président, j'aimerais
réagir à ce que Me Jutras a dit.
Le Président (M. Jolivet): Oui, oui. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, c'est votre question.
M. Lalonde: J'ai devant moi le papier qui m'a été
remis vendredi dernier, qui a été écrit par mon
recherchiste disant... C'est à peu près le message, croit-on, qui
était sur le document: "Veux-tu un "break"...?" En tout cas. C'est un
document qui m'appartient, que je n'ai remis à personne et qui ne vient
pas des dossiers de Me Gauthier.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Je reprends donc, M. le Président, pour une
meilleure compréhension, les attendus de la requête de Me Jutras.
Me Jutras dit dans sa requête: "Attendu qu'on lui a enlevé ce
document à son insu, sans son consentement et qu'on lui a en quelque
sorte volé le document; attendu que ce document s'est retrouvé
entre les mains d'un député et que ce député s'est
permis des commentaires sur ce document - sans identifier le
député - votre invité vous demande non pas de faire
enquête sur cette appropriation..."
Le Président (M. Jolivet): De faire faire.
M. Paradis: "...de faire faire enquête -
excusez - sur cette appropriation illégale de documents, mais au
moins de vous assurer que les documents appartenant à votre
invité ne puissent en cette enceinte être subtilisés
à son insu. "En conséquence, votre invité vous demande
respectueusement que toute mesure nécessaire et que vous jugerez
appropriée soit prise pour éviter la répétition de
gestes répréhensibles semblables et qu'il ne soit plus
porté atteinte de quelque façon que ce soit à la vie
privée de votre invité contrairement à une disposition de
la charte des droits de l'homme."
À la fin de nos travaux, M. le Président - je vous livre
spontanément la connaissance des faits que j'ai eue et de ceux qui m'ont
été rapportés - à la fin de nos travaux, je me suis
également, comme vous, posé des questions sur ce qui était
arrivé à la table où notre invité
témoignait.
Le Président (M. Jolivet): C'est au moment où j'ai
suspendu la séance et non pas à la fin des travaux; je pense que
c'est important.
M. Paradis: Vers la fin. Arrêtez-moi si vous voulez des
précisions additionnelles et, si je suis capable de vous en donner, cela
me fera plaisir.
Le Président (M. Jolivet): À la première
suspension.
M. Paradis: À la première suspension, je me suis
demandé ce qui était arrivé, parce que je regardais ce qui
se passait à la table de cet angle-ci. Ma première
réaction a été d'aller m'informer auprès des gens
qui sont placés plus près, d'un autre angle, pour savoir ce qui
s'était passé. J'ai alors appris de quelqu'un de la salle que,
sur la table du témoin, était déposé un papier qui
disait substantiellement ce qu'on a répété: Prends un
"break", va aux toilettes, ou vice versa. Cela a piqué ma
curiosité qu'un tel papier, à la suite des
événements dont on avait été témoin ensemble
et qui avaient fait en sorte que le témoignage avait pris fin,
traîne là. Je me suis alors - je n'ai pas cru la personne -
dirigé vers la table des journalistes. J'ai passé à quatre
ou cinq pieds de la table. Sur le dessus des papiers privés du
témoin, il y avait un papier de ce format-là environ, qui
était blanc et sur lequel était marqué... Je ne l'ai pas,
contrairement à ce que le ministre a dit tantôt, transcrit pour le
remettre au député de Marguerite-Bourgeoys. Je l'ai simplement
regardé et, au meilleur de ma connaissance, je l'ai
mémorisé comme suit: Va aux toilettes, prends un "break", ou:
Prends un "break", va aux toilettes. J'ai averti à ce moment-là
certains journalistes qui sont assis à cet endroit-là.
Je n'ai pas arrêté d'observer ce qui s'est passé, et
cela répondra peut-être à la requête du procureur, Me
Germain Jutras, et c'est très important. Par la suite, j'ai vu un
monsieur qui était assis dans la salle tantôt, mais qui se
retrouve a la table et qu'on a identifié comme étant Bertrand
Bélanger. Le député de Marguerite-Bourgeoys a
demandé s'il était du bureau du premier ministre. J'ai vu M.
Bertrand Bélanger revenir dans la salle. Je vais simplement vous imiter
ce qu'il a fait. Il a pris les papiers du témoin comme cela et il a pris
la petite note, il l'a froissée, il a ouvert sa petite poche de veston
et il l'a mise dans sa petite poche de veston. C'est ce que j'ai vu de mes
yeux. S'il y a eu subtilisation et si mon témoignage peut vous apporter
quelque éclairage, j'en profite pour vous le dire.
Par la suite, on m'a dit qu'il y avait un député autour de
cette table qui l'avait vu, ce papier froissé. Il s'agit, en
l'occurrence, du député de Saint-Maurice. Ou bien - et là
je vous demande de le décider -il s'agit d'un papier privé du
témoin et, comme membre de l'Assemblée nationale, je suis
coupable, M. le Président, de l'avoir vu - parce que je l'ai bel et bien
vu. À ce moment-là, celui qui est assis à l'arrière
est coupable de se l'être approprié et d'avoir tripoté les
autres documents qui étaient sur la table du témoin. Ou bien, il
s'agit d'un papier public du bureau du premier ministre, qu'on a rendu public,
qu'on a communiqué -il était sur le dessus des documents, il y en
a d'autres qui l'ont vu - il s'agit d'un papier public et je ne suis pas
coupable d'avoir vu un papier public; c'était écrit en gros, je
l'ai vu à une distance de six pieds. À ce moment-là, je ne
suis coupable de rien et la personne qui l'a subtilisé n'est pas
coupable de l'avoir subtilisé non plus. Le bureau du premier ministre
est coupable d'interférence dans les travaux de cette commission et je
vous demande de rendre une décision.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Duhaime: Sur la question de règlement...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: Je n'ai de conseil à donner à personne
à cette commission, mais le député de Brome-Missisquoi
vient de faire une intervention avec le bénéfice de son
immunité parlementaire. Je lui conseillerais de la conserver et de ne
pas répéter à l'extérieur de la commission ce qu'il
vient de dire à ses risques et périls. Un membre du barreau qui
fait une affirmation comme celle que je viens d'entendre... Un cerveau humain
peut être une bonne photocopieuse et, quand
un membre de la commission subtilise les documents qui sont sur la table
d'un invité de cette commission, dans mon esprit, c'est exactement la
même chose que de les avoir transcrits à la main, puisque la
substance et le contenu, sauf l'inversion dans les phrases, se sont
retrouvés...
M. Paradis: M. le Président, question de
règlement.
M. Duhaime: ...entre les mains du député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Paradis: Question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Seulement un instant.
M. Paradis: J'affirme de mon siège...
Le Président (M. Jolivet): Seulement un instant. Je
voudrais bien éviter qu'une question de règlement soit une
question de privilège.
M. Paradis: J'affirme, M. le Président, de mon
siège, que je n'ai jamais transcrit le document auquel fait
référence le député.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! M. le
ministre.
M. Duhaime: Vous pouvez donner les explications que vous voudrez,
c'est clair pour tout le monde que le député de Brome-Missisquoi
est allé regarder sur la table de Me Yves Gauthier et de Me Germain
Jutras et qu'il a retenu l'essentiel et la substance d'un document qui s'y
trouvait, qui, en soi, est très anodin. La substance de ce document
s'est retrouvée sur un papier que j'ai vu moi-même entre les mains
du député de Marguerite-Bourgeoys. Chacun portera ses
responsabilités.
M. Lalonde: Vous avez transcrit dans votre mémoire un
document personnel qui m'appartient.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Lalonde: Oh horreur!
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: ...je demande qu'une enquête soit faite.
M. Duhaime: Vous l'avez encore dans les mains.
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît!:
M. Lalonde: Je demande qu'une enquête soit faite, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! M. le
ministre.
M. Lalonde: Le ministre regarde dans mes papiers personnels.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je vais répondre au
député de Brome-Missisquoi.
M. Lalonde: Ne répétez pas cela à
l'extérieur.
M. Duhaime: Effectivement, à un certain moment, un peu
avant 18 heures vendredi, ici, à la table, à ma droite, à
l'arrière, M. Bélanger avait entre les mains un document que je
voyais pour la première fois de ma vie. Je lui ai demandé s'il
s'agissait du fameux document. Cela deviendra aussi célèbre que
les billets de la reine. Je l'ai pris moi-même entre mes mains...
M. Lalonde: Recel!
M. Duhaime: ...et je suis allé le reporter en
présence d'au moins un journaliste qui s'appelle M. Louis Falardeau.
J'ai dit: Voici ce document. On en a fait tout un plat. On en parle pendant une
heure trente. C'est essentiellement relié à l'état de
santé de Me Gauthier; franchement: Je suggérerais, M. le
Président, si les libéraux n'ont rien à dire, qu'on passe
à autre chose...
M. Paradis: M. le Président...
M. Duhaime: ...et qu'on avance dans nos travaux.
M. Paradis: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Seulement un instant...
M. Duhaime: La dernière chose que je souhaiterais... Sur
ma table, j'ai toujours tenu pour acquis que les documents qui étaient
devant moi, à moins qu'on ne les montre, m'appartenaient. En quinze ans
de pratique, M. le Président, devant différentes instances
judiciaires, je n'ai jamais écorniflé dans les papiers de
quelqu'un. Si le conseil
vous va, prenez-le pendant qu'il est encore temps.
Le Président (M. Jolivet): Je sais qu'il reste les
députés de Gatineau et de Mont-Royal. Oui, seulement un instant.
Ce que le ministre me fait comme suggestion, cela fait longtemps que je vous
l'ai faite, mais comme je ne suis ici que pour diriger vos débats et
essayer de les contrôler... Je semble avoir de la difficulté ce
matin, parce que chacun veut dire son petit mot au début de cette
semaine. Je dois vous dire que, déjà, on a une heure trente de
prise sur quelque chose d'important, quant à moi, au niveau des
décisions. Il ne faudrait pas prendre encore une autre heure pour
régler ces décisions, afin qu'on puisse passer à Me
Gauthier.
M. Paradis: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Je serai très bref.
Le Président (M. Jolivet): Mais ne recommencez pas.
M. Paradis: Non. J'ai une question au ministre, s'il veut bien y
répondre. Est-ce que vous saviez où était le document - la
question est très claire - lorsque vous avez répondu devant cette
commission... Je lis la transcription, parce qu'on m'indique le contraire: "Je
voudrais tout simplement dire au député de Marguerite-Bourgeoys
que je suis parfaitement prêt, si cela peut intéresser à ce
point l'Opposition, à faire en sorte que l'on retrouve ce billet et
qu'on le dépose devant la commission et qu'on le remette aussi entre les
mains de la presse. Vous verrez qu'il n'y a rien là." Est-ce que vous
aviez déjà vu le document et saviez qui l'avait, à ce
moment-là?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: Non, M. le Président, parce que ce
document...
M. Paradis: Je prends votre parole.
M. Duhaime: Vous allez la prendre sur un maudit temps! Parce que
j'ai remis le document après l'ajournement, en présence des
journalistes. Franchement!
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau, rapidement, s'il vous plaît.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Oui, rapidement, M. le Président. D'abord,
j'aimerais vous demander si vous avez obtenu l'information que vous vous
étiez engagé à nous fournir aujourd'hui, à savoir
si M. Bertrand Bélanger, dont on parle, est un membre du cabinet du
premier ministre.
M. Duhaime: Je ne comprends pas.
Le Président (M, Jolivet): On peut l'assurer; je pense que
oui.
M. Duhaime: Qu'est-ce qu'il a demandé?
M. Gratton: M. le Président...
M. Duhaime: Je m'excuse, qu'a-t-il demandé?
Une voix: II a demandé si M. Bélanger est un membre
du cabinet du premier ministre.
M. Duhaime: Oui.
M. Gratton: M. le Président, je pense qu'il est utile de
rappeler ce qu'on fait à la commission. On esssaie de savoir... Le
ministre trouve qu'on perd notre temps quand cela ne fait pas son affaire,
mais...
M. Duhaime: Non, si vous voulez en parler, allez-y.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
s'il vous plaît!
M. Gratton: Qu'il me laisse parler et qu'il ne m'interrompe
pas.
Le Président (M. Jolivet): C'est exactement ce que
j'allais demander, qu'on puisse vous laisser parler. (Il h 30)
M. Gratton: Bon, merci. Ce qu'on doit faire à la
commission, c'est déterminer si effectivement des membres du cabinet du
premier ministre ont joué un rôle dans le règlement hors
cour du saccage de la Baie-James. On est, justement, au moment de nos travaux
où on questionne des membres du cabinet du premier ministre.
M. Tremblay: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Chambly, je dois comprendre que vous avez une question de règlement.
M. Tremblay: Oui. Le député vient de dire qu'on a
à déterminer s'il y a des gens du cabinet du premier ministre qui
ont joué un rôle; je ne pense pas que ce soit le cas. Ce n'est pas
cela, le rôle de la commission.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que vous voulez que je
relise, pour les besoins de la cause, le mandat?
M. Tremblay: Ce serait mieux, parce que le député
ne se le rappelle pas.
Le Président (M. Jolivet): M. le député, on
pourrait relire le mandat. Je vais essayer de le retrouver quelque part. Je
l'avais rangé tout à l'heure parce que je croyais que
c'était bien clair, mais on va simplement le redire.
M. Gratton: Je suis prêt à accepter que le
député de Chambly ne sait pas ce qu'il fait ici.
Le Président (M. Jolivet): C'est "d'examiner les
circonstances entourant..." S'il vous plaît!
M. Gratton: Je suis prêt à accepter cela.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau, vous ne m'aidez pas.
M. Gratton: Quand même!
Le Président (M. Jolivet): Vous ne m'aidez pas, M. le
député. "Examiner les circonstances entourant la décision
du conseil d'administration de la Société d'énergie de la
Baie James de régler hors cour la poursuite civile intentée
à la suite du saccage du chantier de LG 2 survenu en 1974 et, plus
spécifiquement, le rôle du premier ministre et de son bureau
à cet égard."
M. Lalonde: Bon, le rôle!
M. Gratton: Le rôle du premier ministre et de son bureau
à cet égard.
M. Tremblay: Bon!
M. Lalonde: C'est clair?
M. Gratton: M. le Président, je trouve un peu curieux
qu'au moment où on essaie de savoir quel a été le
rôle du premier ministre et des membres de son cabinet à
l'égard du règlement hors cour du saccage de la Baie-James
d'autres membres du cabinet du premier ministre viennent s'immiscer dans nos
travaux, apportant des notes...
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
voudrais vous arrêter immédiatement. Je ne permettrai pas cette
intervention pour la raison suivante: c'est que j'en ai, effectivement,
décidé vendredi. J'aurais pu, lorsque j'ai répondu
à la demande du député de Marguerite-Bourgeoys, dire,
cependant, que, lorsque d'autres personnes sont venues, qu'il y avait des gens
du bureau des avocats qui se levaient en arrière et qui venaient donner
certains renseignements parce qu'on cherchait à donner des
réponses, je l'ai permis. J'avais demandé que les gens soient
assis avec l'invité de façon à l'aider à trouver
les documents nécessaires à la réponse qu'il avait
à donner, de façon qu'elle soit la plus juste et la plus correcte
possible. J'ai permis à des gens de ces procureurs de venir les aider
aussi parce qu'on cherchait des documents. Pourquoi revenir sur cette question
qui a été décidée vendredi dernier?
On m'a demandé à plusieurs occasions, de part et d'autre,
de faire en sorte que les travaux se fassent le plus rapidement possible. Je
vais donc me taire aussitôt que j'aurai donné le petit
renseignement nécessaire. J'ai demandé que, personne ne vienne
interférer dans le témoignage de l'invité. J'ai
considéré que ce qui s'était passé était,
pour moi, réglé. Je ne voulais pas y revenir et à l'avenir
je ferai attention à ce que personne d'autre que la personne qui
accompagne l'invité ne l'aide à trouver les documents
nécessaires pour répondre. Je pense que c'est assez clair et on
ne voudrait pas faire un débat encore sur cette question.
M. Gratton: M. le Président, je suis content que vous ayez
répété cette mise au point parce qu'il m'apparaît
tout à fait inconvenable, inconvenant et inacceptable qu'un
invité, qui jouit des services d'un procureur à la table des
témoins...
Le Président (M. Jolivet): M. le député, M.
le député...
M. Gratton: Mais M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): ...je vous remercie bien
gros...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Oui, d'accord, mais avant je
voudrais simplement vous remercier de faire en sorte que la décision que
j'ai rendue puisse être mise en vigueur, et je vais la mettre en vigueur.
Ne me donnez pas d'autres conseils, je vais le faire.
M. Gratton: Je ne vous donne pas de conseils, M. le
Président, je vous dis que...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jonquière...
M. Gratton: ...je trouve inacceptable...
Le Président (M. Jolivet): ...sur une question de
règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le
Président, question de règlement. Je pense que le
député de Brome-Missisquoi vous a posé tout à
l'heure une question fort pertinente. Je pense que, si vous répondiez
à cette question, on pourrait savoir par la suite si les
députés autour de la table ont le droit de continuer à
parler de ce document. S'agit-il d'un document de nature privée ou d'un
document de nature publique? Je maintiens, M. le Président, que, s'il
s'agit d'un document de nature publique, on pourra en parler le nombre d'heures
que l'on veut, mais, s'il s'agit d'un document de nature privée,
à ce moment-là, M. le Président...
M. Paradis: D'où venait-il? D'où venait-il?
M. Vaillancourt (Jonquière): ...regardant
l'intégrité physique d'un témoin...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jonquière, le problème que j'ai, c'est que vous me compliquez la
tâche actuellement. Le député de Gatineau, ordinairement,
quand je lui demande des choses, les fait. Je vais lui demander la même
chose: S'il veut terminer rapidement et ne pas remettre en cause ce que je
viens de dire, s'il vous plaît!
M. Gratton: Non, je ne le remets pas en cause. J'appuie
simplement sur la nécessité que vous veilliez très
soigneusement à ce que des membres du cabinet du premier ministre ne
viennent pas s'immiscer...
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Gratton: ...dans le déroulement normal des travaux de
la commission...
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Gratton: ...comme Bertrand Bélanger l'a fait vendredi
dernier.
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
vous remercie beaucoup, mais moi, je ferai en sorte que toute personne - et,
comme président, je n'ai pas à déterminer quelle personne
- autre que la personne qui accompagne notre invité ne doive pas
intervenir. Je pense que c'est important.
M. Gratton: Ça va.
Le Président (M. Jolivet): Le reste, pour moi, cela n'a
pas d'importance. M. le député de Mont-Royal.
Une voix: Ce n'est pas croyable.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, le procureur de Me Gauthier,
Me Jutras, a fait certaines déclarations à l'endroit des
députés de cette commission et, plus spécifiquement,
à mon endroit. Je voudrais répondre à l'une des
requêtes qu'il a formulées à cette commission concernant
certaines affirmations qu'il a faites quant à la façon selon
laquelle les membres de la commission posent leurs questions. Vous savez, M. le
Président, ce n'est pas facile, quelquefois, de recevoir des
réponses claires, complètes et précises sur les faits que
nous cherchons à établir. Souvent, il est nécessaire de
revenir à la charge et de poser des questions, de reformuler nos
questions pour obtenir le plus de détails possible. Je pourrais donner
des exemples - comme Me Jutras a donné des exemples - de certains
témoins où cela a pris six, sept et huit pages de
témoignage avant d'obtenir l'information dont on avait besoin. Alors, je
pense qu'il faut comprendre la nature de cette commission. On ne peut pas tenir
pour acquis que la première réponse est complète. Alors,
on reformule nos questions, on revient à la charge et,
éventuellement - quelquefois oui, quelquefois non - nous obtenons des
informations. La raison de ceci, c'est qu'on semble avoir des manques de
mémoire. On se souvient qu'il y avait un imperméable, on se
souvient...
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Ciaccia: Alors, il faut y revenir. Oui?
Le Président (M. JoUvet): Je vais avoir des
problèmes.
M. Ciaccia: Je vais continuer.
Le Président (M. Jolivet): Je vais vous laisser continuer,
mais avant, je voudrais bien qu'on fasse en sorte que vous puissiez
présenter votre question de règlement. Mais, s'il vous
plaît, ne commencez pas encore par des exemples, pour faire en sorte que
des questions de règlement soulèvent des objections à ma
droite ou de la part de Me Jutras. Je voudrais que vous répondiez le
plus honnêtement possible.
M. Ciaccia: Me Jutras a donné deux exemples. Le premier
concerne le député de Louis-Hébert. La question qui avait
été posée: Étiez-vous conscient du danger que Me
Jasmin pouvait se servir des visites à votre bureau pour
déstabiliser ses adversaires? Cette question avait été
jugée irrecevable; alors, le député de Louis-Hébert
n'a pas continué. Je voudrais citer la raison. Dans le journal des
Débats, Me Aquin avait dit: Je trouve toujours très
déstabilisant ce genre...
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
Une voix: Cela n'a rien à voir là-dedans!
M. Ciaccia: ...d'information.
Le Président (M. Jolivet): M. le député. M.
le député. Je vous ai dit tout à l'heure que, sur
l'ensemble des trois requêtes, j'ai déjà répondu
à une. La deuxième, quant à moi, qui est, en fait, la
troisième, concernant le fameux document, on en a fait assez mention
pour que chacune des personnes qui sont ici autour de cette table, dans la
salle ou à la télévision, comprenne ce qui s'est
passé et porte son propre jugement. Je pense que les
Québécois, de même que nous ici, sommes capables de porter
les jugements qu'il faut. En conséquence, ne revenons pas
là-dessus.
La deuxième requête - et c'est de celle-là que vous
faites mention - c'est que vous êtes en train de susciter une autre
discussion dont je ne veux pas. Et je vais vous demander d'éviter de
reprendre tout un résumé de la façon dont les questions
pourraient être posées. Je vais vous dire que je ne l'accepterai
pas et je vais donner ma décision, parce que je suis prêt à
la rendre. J'ai essayé d'être assez large pour vous permettre de
dire tout ce que vous aviez à dire. Mais, s'il vous plaît.
M. Ciaccia: Si vous le permettez, M. le Président, je vais
aller à la question qu'il m'a imputée à moi, pour donner
un exemple très spécifique, parce que cela me touche directement.
Il y a eu des affirmations qui ont été faites, M. le
Président, et je crois qu'on ne peut pas laisser ces affirmations sans
réponse.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
question de règlement.
M. Laplante: Question de règlement.
M. Ciaccia: Ce n'est pas moi qui ai soulevé cela. Quand on
dit qu'il n'y avait aucun iota de preuve en ce sens...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, le
député de Mont-Royal est en train, justement, de faire ce que la
requête de Me Jutras a pour but d'éviter. Il est en train
d'interpréter, de se porter en juge sur le témoignage de Me
Gauthier. Ce sont, justement, ces insinuations, ces hypothèses, ces
soupçons que la requête de Me Jutras a pour but d'éviter.
Vous nous dites que vous êtes prêt à rendre votre
décision. Il est en train d'interpréter un témoignage. Il
se porte en juge, M. le Président.
Une voix: C'est la requête qui est imprécise.
M. Laplante: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Sur la question de
règlement, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Laplante: M. le Président, j'étais avant le
député de...
Le Président (M. Jolivet): Oui, oui. D'accord. Je
m'excuse, c'est par alternance.
Une voix: Laissez-le aller.
M. Laplante: S'il vous plattl Écoutez...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît: Je sais
que vous étiez avant. Je sais que le député de
Marguerite-Bourgeoys l'a demandé après, mais, par alternance,
c'est le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Sur la question de règlement soulevée
par le député de Jonquière, je pense qu'il aurait
intérêt à relire non pas la requête - enfin, je ne
sais pas si vous l'avez acceptée parce que ce serait un mauvais
précédent - mais ce qu'on appelle la requête de Me Jutras.
À la page 2, on dit: "Lé député de Mont-Royal a
demandé à votre invité..." Alors, je pense que c'est
conforme aux règles élémentaires de la justice de laisser
le député de Mont-Royal répondre à cette accusation
ou à cette référence que Me Jutras a faite à son
endroit. Je pense qu'il est tout à fait essentiel que le
député de Mont-Royal explique ce qui est arrivé et, en
fait, fasse valoir son droit.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Depuis le début, j'écoute et cela fait
1 heure et 40 minutes qu'on est sur les objections de l'Opposition quant aux
décisions rendues par vous-même, M. le Président. Vous
êtes le gardien ici, l'administrateur de l'Assemblée nationale,
avec le président. Cela nous coûte, au moment où je parle,
3500 $ et on n'a encore rien de fait. Ils ont l'air d'une "gang" qui se
fout de l'argent qui se dépense actuellement à
l'Assemblée nationale. J'aimerais que cela
arrête une fois pour toutes et qu'on puisse travailler de
façon à essayer de voir la vérité dans le dossier
de la Baie-James. Il n'en tient qu'à vous dans la conduite des travaux
d'être très sévère sur le droit de parole et de
mener les travaux à bonne fin. Il y a une limite à
dépenser l'argent du monde. Actuellement, cela fait au-dessus de 200 000
$ que cette commission coûte.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bourassa, je sais que j'ai les épaules très larges et que mon
travail est très difficile. Je vous remercie de me le rappeler. Je dois
vous dire, cependant, qu'il ne m'est pas facile de répondre à vos
objections comme députés, puisque c'est vous autres, par vos
objections, de part et d'autre, qui ne m'aidez pas. Oui, je dis bien: qui ne
m'aidez pas, de part et d'autre.
Ce que j'essaie de dire au député de Mont-Royal, et je
vais le lui répéter pour qu'il en soit bien conscient, c'est que,
à l'article 2 de la page 2 du document qui s'appelle "Requête",
que j'ai accepté non pas de considérer comme requête - je
pense que le député de Marguerite-Bourgeoys a raison sur cette
question - mais que j'ai accepté qu'on regarde, qu'on discute pour voir
si j'ai une décision à rendre, j'ai voulu qu'on m'éclaire
sur la décision que j'ai à rendre. Maintenant, ma décision
n'a pas pour but de dire que j'accepte les requêtes, mais de voir si je
peux, cependant, donner une certaine réponse à l'ensemble des
demandes qui sont faites.
À la page 2, il est dit que le député de
Mont-Royal, etc., a demandé... Bon. Ce que je ne voudrais pas que le
député de Mont-Royal fasse, c'est reprendre la discussion qui a
déjà été faite sur cette question, puisque la
question a été jugée irrecevable. Je ne veux donc pas
qu'il vienne m'expliquer que, si la question a été jugée
irrecevable, il recommence une discussion. Si c'est cela, je vais
l'arrêter. Allez-y!
M. Ciaccia: Bon. Je peux recommencer. Mais, avant de citer cette
question - et je vais vous démontrer la raison pour laquelle je vais la
citer - je me pose la question, à savoir pourquoi Me Jutras peut faire
des commentaires et même porter certaines accusations contre la
commission et que moi, je n'ai pas le droit de me défendre. Il a fait
des affirmations qui sont assez sérieuses et j'essaie seulement de
défendre un peu notre point de vue sur la façon dont on pose les
questions et dont on fait les commentaires. Il dit qu'on ne doit pas faire de
commentaire. Je voulais réaffirmer un peu et expliquer pourquoi nous
posons nos questions de cette façon. Je vais être très
bref, M. le Président. Si les députés ministériels
ne m'interrompent pas, je vous assure que cela va me prendre deux ou trois
minutes au maximum.
Le Président (M. Jolivet): Mais c'est justement mon
problème, M. le député. Il serait plus simple, pour clore
le débat et qu'on passe maintenant aux questions, puisque vous avez le
droit de parole sur les questions à poser à Me Gauthier, que je
puisse répondre aux demandes qui me sont faites ce matin et dire de
quelle façon je vais continuer à essayer de faire en sorte que
les travaux se déroulent dans les meilleures conditions possible. Je
pense que je serais capable et je suis prêt à le faire. Mais si
vous engagez un débat qui a pour but de reprendre tout cela, je vous dis
que je ne laisserai même pas les députés à ma droite
vous arrêter, je vais vous arrêter. (Il h 45)
M. Ciaccia: M. le Président, je veux seulement relever une
inexactitude; je dois la relever parce que c'est important.
M. Perron: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Je voudrais vous demander une directive.
Considérant ce que vous venez juste de mentionner en rapport avec une
décision que vous pouvez rendre immédiatement, est-ce que vous
pourriez rendre cette décision immédiatement pour qu'on puisse
procéder par la suite à l'audition de Me Gauthier? Je pense que
cela fait assez longtemps qu'on "taponne" et qu'on tourne autour du pot, et
qu'il est temps qu'on procède à nos travaux.
M. Tremblay: Le moins qu'on puisse dire, c'est que les
députés de l'Opposition ne sont pas pressés de mettre leur
siège en jeu.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! Je
pourrais rendre une décision. Je suis prêt à la rendre, la
décision, mais simplement sur un principe d'alternance je laissais aller
le député de Mont-Royal. J'ai essayé de faire en sorte que
chacun, à ma droite et à ma gauche, puisse faire une
intervention. J'ai même dit, au départ, que j'accepterais une
intervention de l'Opposition et une intervention du côté
ministériel. Cependant...
Une voix: ...
Le Président (M. Jolivet): Je sais que c'est exactement
cela, M. le député, mais je dois vous dire que, si je l'ai fait,
c'est parce qu'à côté de moi on m'a demandé de
continuer. Je l'ai permis parce que je croyais essentiel de le faire,
même si au départ j'aurais voulu qu'on ne le fasse pas dans
l'ensemble de cette matinée.
M. Laplante: Vous êtes tombé dans le panneau.
Le Président (M. Jolivet): Je vais permettre au
député de Mont-Royal d'aller rapidement, s'il vous
plaît.
M. Ciaccia: Voici la question que Me Jutras m'attribue et je cite
le document: "Le député de Mont-Royal a demandé à
votre invité: Avez-vous été engagé au bureau du
premier ministre dans le but d'arrêter la poursuite de la SEBJ? Encore
là, après que vous ayez jugé la question irrecevable - je
cite le document - cela a donné lieu à des longues discussions
où les pires hypothèses et insinuations toujours
défavorables à votre invité ont été
soulevées à l'effet qu'il pouvait y avoir un lien entre
l'engagement de votre invité au bureau du premier ministre et la
poursuite de la SEBJ". Il continue après à dire que le
député avait mal posé sa question.
Me Jutras, est-ce que cela vous surprendrait de savoir que je n'ai
jamais posé cette question telle que vous l'avez formulée dans
votre requête?
M. Jutras: Entre guillemets.
M. Ciaccia: Entre guillemets. Je vais vous citer à trois
reprises la question que j'ai formulée. Vous avez
référé au ruban 1315 page 1.
M. Rodrigue: Une question de règlement.
M. Ciaccia: Bon, une question de règlement!
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
suis prêt à entendre la question de règlement, mais je suis
prêt, cependant, à ce que Me Jutras réponde au
député.
M. Ciaccia: Je voudrais citer la question.
Le Président (M. Jolivet): Sur la question de
règlement, allez, M. le député de Vimont.
M. Rodrigue: La question de règlement que soulève
le député de Mont-Royal, ce n'est pas une question de
règlement; c'est une question de privilège qui a pour but de
corriger des affirmations qui lui sont prêtées. C'est très
clair, cela se fait régulièrement à l'Assemblée
nationale. C'est une question de privilège. Vous savez très bien,
M. le Président, et le député de Mont-Royal aussi, qu'une
question de privilège n'est pas permise en commission.
Le Président (M. Jolivet): Oui, d'accord; je vais la
régler rapidement. M. le député de Vimont, effectivement,
les questions de privilège ne sont pas permises. Mais je ne pense pas
que le député de Mont-Royal, à moins que je ne me sois
fourvoyé encore une fois, soit en train de faire une question de
règlement. Il est en train de faire une intervention, de la même
façon que les autres l'ont fait, sur ce que Me Jutras a
présenté ce matin pour m'éclairer sur la décision
que j'ai à rendre. C'est de même que je l'ai compris.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je voudrais citer textuellement, à partir du
journal des Débats, la question telle que je l'ai formulée, au
ruban 1315, page 1: "Peut-on conclure que le but de votre engagement au bureau
du premier ministre n'était pas de pousser la Société
d'énergie de la Baie James à continuer sa poursuite devant les
tribunaux?
M. Laplante: C'est pire encore.
M. Ciaccia: À la page 2: "Le but de votre engagement au
bureau du premier ministre était-il de pousser la Société
d'énergie de la Baie James à continuer ses poursuites devant les
tribunaux?" Encore à la page 3, au ruban 1315, j'ai posé une
question, à savoir si le but de l'engagement était de pousser la
SEBJ à poursuivre les procédures légales devant les
tribunaux.
Me Jutras, je voudrais vous signaler cela très respectueusement
et vous inviter peut-être à corriger votre mémoire, parce
que de la façon dont vous avez cité entre guillemets la question
que j'ai posée, ce n'est pas la question que j'ai posée. Je pense
que la nuance est assez importante. M. le Président, on a
référé aux règles de pratique devant les tribunaux
et on a dit que nous, ici, à la commission...
Le Président (M. Jolivet): Je vais répondre
à cela, M. le député.
M. Ciaccia: Très bien. Alors, juste en conclusion, puisque
je ne veux pas élargir le débat, je veux respecter vos directives
- je pourrais dire beaucoup d'autres choses sur les affirmations de Me Jutras,
mais je ne le ferai pas parce que vous voulez qu'on procède aux
questions - je voudrais dire seulement ceci: Je comprends que certains
témoins ne font pas belle... et je ne porte pas d'accusation...
Le Président (M. Jolivet): Attention, M. le
député!
M. Ciaccia: Non. Quand les témoins...
Le Président (M. Jolivet): Avec le respect que vous me
devez?
M. Ciaccia: Avec le respect. Non, mais avec certains
témoins, quand c'était clair et précis - je pense à
Me Gadbois - on n'a pas eu de questions de règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président:!
Le Président (M. Jolivet): M. le député, M.
le député!
M. Ciaccia: Qu'on n'essaie pas...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président:
Le Président (M. Jolivet): M. le député, M.
le député! Vous aurez l'occasion, lors d'interventions que vous
me ferez quand vous ferez l'ensemble de votre résumé, de dire ce
que vous pensez de la commission parlementaire, mais je ne le permettrai pas
aujourd'hui.
M. Ciaccia: Ce n'était pas sur la commission;
c'était sur le mémoire de Me Jutras.
Le Président (M. Jolivet): Oui, oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): II juge. C'est encore
pis.
Le Président (M. Jolivet): Non, non. M. le
député. Me Jutras, si vous voulez bien répondre à
cette question du député de Mont-Royal.
M. Jutras: Alors, quand j'ai lu ma requête, j'ai
référé précisément et j'ai reproduit
intégralement la question qui apparaît au ruban 1315, page 1,
où je lis: "M. Ciaccia: Peut-on conclure que le but de votre engagement
au bureau du premier ministre n'était pas de pousser la
Société d'énergie de la Baie James...
M. Ciaccia: Bien, c'est cela. C'est cela.
M. Jutras: ..."à continuer sa poursuite devant les
tribunaux?"
M. Ciaccia: Et lisez votre question dans votre requête.
M. Jutras: Alors, la question...
M. Ciaccia: Lisez la question dans votre requête.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! M. le député de Mont-Royall
M. Jutras: La question a été jugée...
Le Président (M. Jolivet): Non. Me Jutras, juste un
instant.
M. Jutras: On m'a posé une question, est-ce que je peux y
répondre?
Le Président (M. Jolivet): Me Jutras...
M. Jutras: Est-ce que je peux répondre à la
question?
Le Président (M. Jolivet): Oui, juste un instant, Me
Jutras. Ce n'est pas pour vous. C'est parce que le député de
Mont-Royal me dérange. Comme vous ne l'avez pas dérangé
quand il a lu son texte, je demanderais la même coopération de la
part du député de Mont-Royal. Me Jutras, pour qu'on puisse
comprendre... S'il vous plaîtl
M. Ciaccia: Question de directive, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Non, non.
M. Ciaccia: Sans déranger personne.
Le Président (M. Jolivet): Non, non, non.
M. Ciaccia: Question de directive?
Le Président (M. Jolivet): Non.
M. Ciaccia: J'attendrai.
Le Président (M. Jolivet): Vous avez posé une
question. Me Jutras est en train d'y répondre, ne le dérangez
pas. Me Jutras, allez à votre réponse.
M. Jutras: Alors, cette question était suggestive en ce
qu'elle posait ou cherchait à insinuer qu'il pouvait y avoir un lien
entre la poursuite de la Baie-James et l'engagement de Me Yves Gauthier
à titre de conseiller au bureau du premier ministre. Cette question a
été jugée irrecevable pour ce motif, parce qu'elle
était suggestive. Je dis simplement dans mon texte: "Et il aurait
été si facile, si on voulait avoir une explication, de dire
clairement: Quel était le but de votre engagement?"
Le Président (M. Jolivet): Mais simplement pour que le
député de Mont-Royal n'ait pas à intervenir, tout
simplement pour la compréhension, on aurait pu éviter tout ce
débat en demandant à votre invité si ce qui était
au ruban 1315 avait été inscrit mot à mot. C'est ce que
j'ai compris de la part du député de Mont-Royal.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais
une question de règlement.
M. Ciaccia: Un instant, M. le Président! M. Lalonde:
Question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je pense que c'est très important. Voici un
avocat qui - comme le dit le député de Brome-Missisquoi sous son
serment d'office, j'imagine, parce qu'il n'a pas... fait une affirmation selon
laquelle le député de Mont-Royal a demandé à votre
invité telle chose et, entre guillemets, il met une question.
Le Président (M. Jolivet): Oui, mais...
M. Lalonde: Je pense qu'il doit à la commission de nous
dire où il a trouvé cette question; sinon, de nous dire si c'est
une erreur qui est contenue dans ce paragraphe Il.2 de sa requête.
M. Ciaccia: Question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Me Jutras, simplement pour nous
aider à finir ce débat.
M. Jutras: Pour ne pas induire en erreur qui que ce soit de la
commission parlementaire, quelque député que ce soit, au moment
où j'ai rédigé cette requête, je n'avais pas en main
la transcription. C'est pour cela que ce matin, en lisant la requête, je
me suis fait un devoir d'ajouter le texte précis de la question de M.
Ciaccia qui apparaît au ruban 1315, page 1.
Le Président (M. Jolivet): C'est ce que j'avais
compris.
M. Ciaccia: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Non, mais juste un... Non, non.
M. le député...
M. Ciaccia: Non, mais, M. le Président... S'il vous
plaît, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
Oui, oui. Non, non, non. D'une façon ou d'une autre, d'ailleurs,
à la main, sur le texte que nous avons reçu, on
"confère"... Je vois: "cf, notamment, réponse 1315, page 1".
M. Lalonde: Ce n'est pas cela.
Le Président (M. Jolivet): Non, non, je le sais. Non, non.
Je ne permettrai pas de question de règlement sur cette chose.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Non! M. le député
de Mont-Royal, je vais finir.
M. Ciaccia: Je vous en prie.
Le Président (M. Jolivet): Je vais finir avant.
M. Ciaccia: Oui, cela va.
Le Président (M. Jolivet): J'avais compris. J'ai suivi
à la lettre ce qui a été dit et ce que vient de dire Me
Jutras, je l'avais compris au moment où il a fait la mention: "Je
n'avais pas le texte." Il vient de nous dire qu'effectivement il l'a dit. Cela
vient donc clarifier une chose; c'est que le texte qui est là est de
mémoire, mais, dans le texte original, il a "conféré", il
a fait allusion au ruban 1315. Cela va?
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Avant, il y a le
député de Mont-Royal que j'avais empêché de parler.
Je vais entendre sa question de règlement.
M. Ciaccia: Premièrement, la requête est
datée du 18 mai. Deuxièmement, les notes qui sont écrites
ne se réfèrent pas tectuellement aux mots inscrits au journal des
Débats. Je sais que vous voulez continuer la commission parlementaire en
procédant avec le témoin, mais je crois qu'il est important pour
moi-même, pour mon rôle comme député aux travaux de
cette commission, que je rétablisse clairement les faits et que je ne
laisse pas passer cela aussi facilement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal...
M. Ciaccia: C'est inexact.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royall
M. Ciaccia: C'est injuste, ce qui se produit ici.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal!
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
question de règlement. C'est important.
Le Président (M. Jolivet): Un instant. S'il vous
plaît! S'il vous plaît! M. le député, s'il vous
plaît! Me Jutras vient de nous lire
le texte qui se trouve au ruban 1315. M. le député de
Mont-Royal doit, au moins, savoir et entendre ce que Me Jutras a dit. "En
conséquence, Me Jutras, s'il ne le corrige pas sur un texte qu'il nous a
produit, a dit qu'effectivement la question - il l'a lue lui-même - se
trouvait non pas à être ce qui est écrit dans sa
requête - parce qu'il l'a dit de mémoire - mais ce qui est
notamment, à la réponse 1315, page 1."
L'incident étant clos, ce que vous demandiez a été
fait et, en conséquence, je n'accepte plus rien sur cette question.
M. Paradis: À la question, pas à la réponse,
M. le Président.
M. Ciaccia: Pas à la réponse, à la question.
Il n'a pas corrigé la question telle que je l'ai posée. Je
voudrais qu'il la corrige.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal, cela a été fait.
M. Ciaccia: Non, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Cela a été fait.
M. le député de Jonquière.
M. Ciaccia: Cela n'a pas été fait.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal, je vais utiliser le règlement. Oui, allez-y donc, Me
Jutras.
M. Jutras: En réponse au député de
Mont-Royal, je dis expressément que la requête faite doit
être amendée pour qu'on lise entre guillemets le texte que j'ai lu
lorsque j'ai lu la requête, à savoir le texte qui apparaît
au ruban 1315, page 1. Mais, avec le texte précis qui apparaît sur
le ruban 1315, page 1, cela ne change absolument rien au fait que la question a
été jugée irrecevable et que cela a donné lieu
à des discussions où on a insinué qu'il pouvait y avoir un
lien entre les deux.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Ce que j'ai compris
tout à l'heure - j'avais bien compris - c'est que vous l'aviez
déjà corrigé et on a perdu environ cinq minutes sur cette
question. M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, dans la requête...
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député!
Juste un instantl Oui, oui, je vais vous le donner. Je pensais que la
réponse de Me Jutras avait répondu à votre question.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est-à-dire
que...
Le Président (M. Jolivet): Allez, M. le
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je ne me suis jamais
posé de question. J'étais convaincu. Le problème, c'est
que cela peut laisser une fausse impression. C'est déjà assez
inacceptable qu'on interprète le témoignage des
témoins.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
s'il vous plaît!
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce serait inacceptable aussi
qu'on s'en prenne au procureur qui accompagne Me Gauthier. Vous l'avez dit
vous-même et M. Lalonde, le député de Marguerite-Bourgeoys,
a dit que ce n'était pas une requête formelle parce qu'il n'y a
pas de requête devant le tribunal. Je maintiens que Me Jutras n'avait
même pas à corriger ce papier. La requête qui vous a
été présentée a été
présentée verbalement. Elle est transcrite au journal des
Débats. Si le député de Mont-Royal veut se donner la peine
de lire exactement le mot à mot de ce que Me Jutras a dit, à 10 h
05, ce matin, lorsqu'il a présenté sa requête verbale, qui
est inscrite au journal des Débats, il verra qu'il a
littéralement et mot à mot reproduit le ruban 1315, page 1, du
journal des Débats.
M. Ciaccia: Non, M. le Président.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
Une voix: Le député a mal compris.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
juste un instant. Je vais essayer de conclure et, si vous avez encore une
question à poser, vous la poserez. Ce que j'ai compris, c'est qu'au
moment où Me Jutras a fait la lecture de documents que nous n'avions
pas, qu'il a appelés requête, que j'ai acceptés pour
étude, au niveau d'une décision que j'ai à rendre - comme
je l'ai dit - il avait alors fait la correction en le disant dans le texte,
notamment, mais sans lire le texte de la page 1315. Ce que j'ai compris, c'est
qu'à la suite de la demande du député de Mont-Royal et
à la suite de ma demande il vient de faire une correction. En
conséquence, pourquoi continuer un débat où,
effectivement, dans une lecture, il a fait une référence au ruban
1315, page 1, alors que, maintenant, il vient de dire qu'il était
prêt à faire en sorte que la correction ait lieu.
C'est inscrit au journal des Débats. Arrêtons de nous
"ostiner" sur des choses qui sont réglées à mon avis. (12
heures)
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Cessons de nous "ostiner",
selon le terme québécois, de nous obstiner, selon le terme
français.
M. Lalonde: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Cela suit la question de règlement du
député de Jonquière. Même dans sa
présentation verbale, Me Jutras a répété, à
mon souvenir - on pourra vérifier -ceci: "Cela a donné lieu
à de longues discussions où les pires hypothèses et
insinuations, toujours défavorables à votre invité, ont
été soulevées." M. le Président, je pense qu'il
s'agit là de propos extrêmement dérogatoires à
l'égard de la commission...
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Lalonde: ...et qu'on ne peut pas laisser passer cela.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
j'ai dit que je répondrais...
M. Lalonde: M. le Président, c'est une attaque contre des
députés.
Le Président (M. Jolivet): Oui, mais, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, j'ai dit au député
de Mont-Royal, tout à l'heure, puisqu'il a terminé son
intervention, que je répondrais à cette question dans ma
réponse.
M. Ciaccia: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Avant cela, il y avait le
député de Louis-Hébert. Est-ce que c'est une question de
règlement?
M. Ciaccia: C'est une question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Seulement un instant, M. le
député de Louis-Hébert. M. le député de
Mont-Royal veut faire une question de règlement sur ce que disait le
député de Jonquière.
M. Ciaccia: Je comprends que Me Jutras ait corrigé
textuellement la question telle que je l'ai posée, mais je ne peux pas
accepter l'insinuation du député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Ciaccia: C'est une autre insinuation à mon
égard.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Ciaccia: Me Jutras avait lu...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Ciaccia: ...tel qu'écrit dans le journal...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! M. le
député...
M. Ciaccia: Je ne peux pas l'accepter.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal, je pensais que c'était réglé. J'avais
réglé cette partie.
M. Ciaccia: Oui, c'est réglé.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Louis-Hébert d'abord.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: M. le Président, en tant qu'impliqué dans
la requête, à l'article Il.1, le procureur de Me Gauthier met dans
ma bouche des paroles qui sont, selon sa requête, les suivantes:
"Étiez-vous conscient du danger que Me Jasmin pouvait se servir des
visites à votre bureau pour déstabiliser ses adversaires?" M. le
Président, à plusieurs reprises, vous avez vous-même
insisté, et avec raison, sur le fait que n'importe quelle citation de
paroles d'un député ou d'un témoin qui était faite
devait se baser sur la référence exacte à des
transcriptions et à des épreuves. M. le Président, cette
exigence que vous avez, fort justement, eue à notre égard, vous
devez l'avoir de la même façon envers le procureur de M. Gauthier.
M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): D'accord, j'ai compris.
M. Doyon: Je n'ai pas terminé mon...
Le Président (M. Jolivet): Mais, sur cette partie, est-ce
que vous voulez que je règle cela tout de suite?
M. Doyon: M. le Président, je vais vous
référer...
Le Président (M. Jolivet): D'accord.
M. Doyon: ...pour vous éclairer suffisamment pour que vous
puissiez prendre la décision en connaissance de cause, au ruban 1309,
ER, à la page 4, où j'ai posé la question suivante et
c'est le mot à mot: "Me Gauthier, est-ce que, au moment des visites qui
ont été identifiées ici et qui se sont faites à
partir du 17 octobre 1978 jusqu'au 16 février 1979 par Me Jasmin
à votre bureau - donc au bureau que vous occupiez dans le bureau du
premier ministre - vous étiez conscient, à un moment
donné, que ces mêmes visites pouvaient servir à Me Jasmin
d'arguments visant à déstabiliser les avocats de la SEBJ et plus
particulièrement Me Aquin, qui a communiqué avec vous à ce
sujet?" C'est cela, le texte de ma question, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. C'est donc...
M. Doyon: C'est le mot à mot. Le Président (M.
Jolivet): D'accord.
M. Doyon: II est important... M. le Président, avec votre
permission, je vais terminer là-dessus et je reviendrai à autre
chose, parce qu'il y a d'autres choses qui me concernent personnellement et que
je ne laisserai pas passer ici ce matin. L'exigence que vous...
Le Président (M. Jolivet): Un instant!
M. Doyon: ...avez eue, M. le Président, je pense qu'on a
droit aux mêmes égards, en tant que membres de cette commission,
que les égards que vous avez exigés de notre part envers les
témoins; il n'y a pas deux poids deux mesures, ici. Il y a la même
mesure d'équité pour tout le monde qui doit s'appliquer. Je
n'accepterai pas que, parce que c'est un procureur qui est choisi par un
témoin, par un invité, il puisse nous arriver avec des citations
à tort et à travers. M. le Président, si une requête
doit être prise sérieusement ici, si on prend la peine de
l'écrire, on doit prendre la peine de l'écrire correctement. On
ne doit pas faire, premièrement, de vous, le député de
Joliette, ce que vous n'êtes pas. On doit commencer par le
commencement...
Le Président (M. Jolivet): M. le
député...
M. Doyon: M. le Président, je sais que c'était
difficile pour vous...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Louis-Hébert, ce n'est pas la première fois que je me fais
appeler le député de
Juliette et que je me fais appeler Laviolette; d'une façon ou
d'une autre, c'est mon comté, Laviolette.
M. Lalonde: ...
Le Président (M. Jolivet): Soyez sûr d'une chose,
c'est que le procureur peut avoir, comme tous les autres... Je n'accepterai pas
qu'on utilise ce petit point que je n'ai même pas relevé,
simplement pour faire de l'argumentation, M. le député...
M. Doyon: M. le Président, pour continuer, c'était
en passant, comme on dit, et cela éclairait le reste.
Le Président (M. Jolivet): Ce n'était pas
nécessaire.
M. Doyon: M. le Président, ce que je tiens à dire,
cependant, c'est que, à cause de la correction qui a été
faite par Me Jutras en ce qui concerne les véritables mots
employés par le député de Mont-Royal, j'exige de sa part
la même correction et le même amendement à sa requête.
Autrement, M. le Président, je soutiens qu'elle n'est purement et
simplement pas recevable, ne représentant pas la réalité
des débats qui ont eu lieu ici à notre commission
parlementaire.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est précis, ce qui a
été présenté.
Le Président (M. Jolivet): Seulement, avant...
M. Doyon: M. le Président, je reviendrai sur autre chose
aussi.
Le Président (M. Jolivet): Juste avant,
tranquillement...
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, mais je veux...
Le Président (M. Jolivet): ...je vais attendre quelques
instants. Me Jutras, juste un instant.
M. Jutras: Je veux...
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant.
M. Jutras: S'il vous plaît!
Le Président (M. Jolivet): Je veux que ce soit
calme...
M. Jutras: Oui. Quant à moi, M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui, Me Jutras, allez-y!
M. Jutras: Je n'ai pas d'électeurs ici, et je ne fais pas
de politique. M. le Président, je vais vous référer
intégralement à tous les textes des questions de M. le
député de Louis-Hébert et, s'il prétend que j'ai
induit qui que ce soit en erreur, que la question, telle qu'elle est
rapportée, ne reflète pas la teneur de ses propos, je n'ai pas
d'immunité parlementaire et il peut me poursuivre en n'importe quel
temps et on réglera cela devant un juge.
À la page 1310...
M. Doyon: M. le Président, M. le Président,
question de règlement...
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît;
M. Jutras: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Un à la fois et cela va
suffire...
M. Jutras: ...le député...
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Un instant, un instant!
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, je vais y aller avant, M.
le député de Marguerite-Bourgeoys. Non, non, Me Jutras, je vais
vous arrêter dès maintenant...
M. Jutras: ...on m'a demandé de dire...
Le Président (M. Jolivet): Oui, mais, un instant, je vais
commencer d'abord par faire une demande que j'ai adressée à
plusieurs personnes qui étaient devant nous. Comme je l'ai fait, et le
député de Louis-Hébert a raison sur cette question, je
l'ai fait pour les députés aussi, vous avez fait deux remarques
qui, à mon avis, n'étaient pas opportunes, Me Jutras, et je vous
le soumets, comme vous le dites souvent comme avocat, respectueusement, en vous
disant que j'ai assez de difficulté à faire en sorte qu'à
ma gauche et à ma droite, on puisse essayer de s'entendre pour commencer
à poser des questions à Me Gauthier, sans que les gens qui
représentent Me Gauthier ou Me Gauthier lui-même ou d'autres ou
des invités fassent en sorte que les gens réagissent comme je
viens de le voir; comme je l'ai déjà fait d'ailleurs à
l'endroit de certains invités, je vous demanderais, premièrement,
de retirer les mots que vous avez dits au départ, de façon que,
d'abord, je n'aie pas cinq, six ou sept questions de règlement qui
concernent la question de politique. Vous avez le droit de le penser, mais je
vous demande de ne pas le dire. Vous le direz ailleurs.
M. Jutras: Alors, M. le Président, vous me demandez de
dire ce que je pense, de retirer ce que je pense et de retirer ce qui est pour
moi une réalité. Si cela peut satisfaire l'un et l'autre des
députés et éviter des débats et des pertes de temps
qui coûtent de l'argent à tout le monde, y compris les
contribuables, je les retire.
Le Président (M. Jolivet): Cela va m'aider.
M. Jutras: Je veux répondre à la question, M. le
Président. On m'a demandé de citer au texte le
député de Louis-Hébert et cela me fait plaisir de le faire
et je réfère la commission au ruban 1309, page 4. C'est M. Doyon
qui parle: "Me Gauthier, est-ce que, au moment des visites qui ont
été identifiées ici et qui se sont faites à partir
du 17 octobre 1978 jusqu'au 16 février 1979 par Me Jasmin à votre
bureau - donc au bureau que vous occupiez dans le bureau du premier ministre -
vous étiez conscient, à un moment donné, que ces
mêmes visites pouvaient servir à Me Jasmin d'arguments visant
à déstabiliser les avocats de la SEBJ et plus
particulièrement Me Aquin, qui a communiqué avec vous à ce
sujet?"
À la page suivante, ruban 1310, page 1, c'est M. Doyon qui parle:
"À partir de là, M. le Président, il est important de
savoir si ces mêmes visites -parce que Me Jasmin allait voir quelqu'un,
en l'occurrence, Me Gauthier...
Le Président (M. Jolivet): Mon problème, c'est que
je vais prendre un vieux thème, vous en donnez plus que le client en
demande.
M. Jutras: Je veux lui montrer...
Le Président (M. Jolivet): D'accord, mais, ce que je veux
dire, c'est que le député de Louis-Hébert avait
demandé ce que vous avez lu en premier, et à moi, cela me
suffirait pour au moins régler ce problème-là.
M. Jutras: J'ai trois autres déclarations.
Le Président (M. Jolivet): Je sais qu'il y en a plusieurs,
sauf que le problème que j'ai, comme vous le demandiez dans votre
requête en les relisant, comme on en a fait des questions de
règlement pour mettre en cause la décision que j'avais rendue la
dernière fois, j'ai eu de la difficulté, vous vous en souvenez...
Mon problème, c'est que vous allez m'obliger à avoir d'autres
questions de règlement que je ne veux pas.
M. Jutras: M. le Président, je vais
demander la permission de substituer la phrase qui apparaît
à la requête et imputée au député de
Louis-Hébert: "Étiez-vous conscient du danger que Me Jasmin
pouvait se servir des visites à votre bureau pour déstabiliser
ses adversaires", par toutes les phrases suivantes de M. Doyon. Au ruban 1309,
page 4: "Me Gauthier, est-ce qu'au moment des visites qui ont été
identifiées ici...
Le Président (M. Jolivet): D'accord, c'est ce que vous
avez lu tout à l'heure.
M. Jutras: Bon!
Le Président (M. Jolivet): Je comprends.
M. Jutras: Et, ensuite, à la page suivante du ruban 1310:
"À partir de là, M. le Président, il est important de
savoir si ces mêmes visites - parce que Me Jasmin allait voir quelqu'un,
en l'occurrence, Me Gauthier - il est important de savoir si Me Gauthier
était conscient du danger qu'il y avait pour lui de participer à
de telles rencontres et, par conséquent, de donner prise à un
sentiment de déstabilisation de la part des avocats qui, finalement - et
là, il a été interrompu - ...représentaient la
SEBJ. Seul le témoin peut nous informer de cela. Il va nous dire: Oui ou
non, cela ne m'a jamais effleuré l'esprit. Je l'ai fait sans m'en rendre
compte et, si cela a été évoqué, je ne le savais
pas. Cela ne m'a jamais effleuré l'esprit ou encore: Je le savais et je
l'ai fait volontairement, sachant que de telles choses pouvaient arriver."
Ensuite, à la page suivante, ruban 1310, page 2, c'est encore M.
Doyon qui dit: "Pas du tout. Je ne m'informe pas... Les états
d'âme de Me Aquin à ce sujet, M. le Président, on les
connaît déjà. La commission en a été
informée. Ce que je veux savoir, c'est si Me Gauthier a participé
à ces rencontres, sachant qu'elles pouvaient avoir l'effet que Me Aquin
a dit qu'elles avaient ou s'il ne le savait pas, purement et simplement. Ce
n'est pas plus compliqué que cela..."
Il y a quelques autres passages...
Le Président (M. Jolivet): Ça va. Je pense qu'on en
a assez.
M. Jutras: ...mais je pense que, de façon substantielle,
cela reproduit en plus long l'essentiel de la question qui était
posée.
M. Doyon: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, juste avant. Vous m'avez
dit que c'était sur un autre sujet.
M. Doyon: Oui.
Le Président (M. Jolivet): Je pense qu'on vient de clore
un premier sujet. Vous n'aviez pas terminé, mais M. le
député de Jonquière m'a posé une question de
règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
vais faire une offre au député de Mont-Royal. Je pense qu'on est
de bonne foi tous les deux. Moi, je maintiens que, dans sa requête
verbale, à 10 h 05 ce matin... Non, non, ce n'est pas fini. C'est que M.
le député de Mont-Royal et moi ne sommes pas d'accord
là-dessus. Ce n'est pas un point extrêmement important,
mais...
M. Lalonde: Oui, mais le président l'a
réglé.
M. Vaillancourt (Jonquière): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! En gentleman, je pense que M. le député de
Mont-Royal va accepter. On va clore le débat, on va relire les notes
sténographiques. Et moi, je continue à maintenir, M. le
Président - et, si j'ai tort, je le dirai cet après-midi au
député de Mont-Royal et devant tout le monde - que j'ai entendu
Me Jutras non pas répéter mot pour mot la phrase qui est
écrite à la page 2 de sa requête, mais exactement les mots
qui sont à la page 1315. On va relire tous les deux les notes et, si
j'ai tort, M. le Président, je le dirai, et je m'attends que le
député de Mont-Royal fasse la même chose. Oui, justement,
je parle du journal des Débats. Si, dans le journal des Débats,
ce n'est pas le cas, je m'attends que le député de Mont-Royal
fasse la même chose que moi et qu'il fasse amende honorable. Donc, on va
clore le débat jusqu'à 15 h 30 cet après-midi.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal, rapidement. Vous n'avez simplement qu'à prendre acte.
M. Ciaccia: Rapidement, je vais répondre au
député de Jonquière. J'ai une requête devant moi qui
est erronée. J'ai demandé à Me Jutras de la corriger,
parce qu'elle est erronée. Me Jutras a accepté de la corriger,
parce qu'elle était erronée. J'ai été mal
cité. Maintenant, si on veut vérifier le journal des
Débats sur ce que Me Jutras a dit ce matin, je suis entièrement
d'accord pour le faire, mais cela ne change pas le fait que la requête
écrite qui a été distribuée devant cette
commission...
Le Président (M. Jolivet): Oui, mais... Oui, d'accord.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne comprends pas...
Le Président (M. Jolivet): D'accord, d'accord, allez-y!
Allez-y, allez-y!
M. Ciaccia: Je ne comprends pas. Cela ne change pas le fait -
j'aimerais, si vous me le permettiez, terminer - que cette requête qui
est datée du 18 mai, de ce matin, est erronée à mon
égard, qu'elle n'a pas cité textuellement la question que j'ai
posée. Et je me suis étonné qu'un procureur qui nous
accuse, nous, de tous les péchés d'Israël, puisse citer
erronément, non seulement les propos que j'ai tenus, mais aussi les
propos du député de Louis-Hébert. J'en aurais beaucoup
plus long à dire, M. le Président, mais, évidemment, notre
droit de parole semble être restreint.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
député, vous faites référence à moi
directement et mon problème, c'est que je me sens visé et j'ai le
droit de le dire. Vous dites que votre droit de parole est restreint et c'est
moi qui le restreins, puisque vous savez que, selon le principe habituel, un
speaker est une personne qui ne parle jamais normalement et qui empêche
les autres de parler, d'après ce qu'on dit. Mais...
M. Duhaime: C'est impensable...
M. Ciaccia: Chaque fois qu'on soulève une question de
règlement et que cela devient un peu chaud, on arrive avec toutes sortes
de questions de règlement pour m'empêcher de parler.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Cela, M. le
député, c'est une question d'opinion.
M. Ciaccia: C'est mon opinion.
Le Président (M. Jolivet): Ce que je veux dire, c'est
que...
M. Ciaccia: Ce sont les faits aussi. (12 h 15)
Le Président (M. Jolivet): ...effectivement, j'essaie de
faire en sorte que les débats soient confinés à notre
mandat. Vous savez ce que je vous ai dit, à 10 h 10, ce matin,
après la lecture des trois requêtes. C'est que je ne voulais pas
de débat, ce que vous avez fait, et j'ai été
obligé, comme tout le monde, de le subir moi aussi. M. le
député de Louis-Hébert.
M. Ciaccia: Juste une remarque, M. le Président. Vous ne
vouliez pas de débat, mais ce n'est pas nous qui avons soulevé
toutes les faussetés dans ces documents.
Le Président (M. Jolivet): Ah non! Non! M. le
député de Mont-Royal!
M. Ciaccia: On a le droit de se défendre, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal, je vous ai répondu tout à l'heure que je
répondrais à cela, mais je n'en ai pas encore eu l'occasion. M.
le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Alors, compte tenu des amendements qui ont
été faits, déjà, la requête prend une autre
dimension, une autre forme.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Louis-Hébert...
M. Doyon: Je continue, M. le Président, parce que, sur la
même requête...
M. Laplante: Règlement! Règlement!
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Louis-Hébert, vous venez de faire justement ce que je ne veux pas qu'on
fasse. Vous comprenez... M. le député de Bourassa.
M. Laplante: M. le Président, je pense qu'il est temps que
vous preniez une décision. On est rendu à 4500 $ de
dépenses inutiles...
Une voix: Arrêtez de parler!
M. Laplante: Ce qui veut dire que ce sont quatre emplois
d'été perdus pour des étudiants, à faire ce qu'on
fait là, à s'amuser ici. C'est de l'enfantillage!
Une voix: Maudit épais!
M. Paradis: Avec les 32 000 000 $, on les met tous à
l'ouvrage.
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
vous remercie bien gros, mais je dois vous dire que, lorsque je n'accorde pas,
par alternance, un droit de parole à droite et un autre à
gauche...
M. Laplante: Cela fait longtemps que c'est fini, cette
affaire-là.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bourassa, je m'excuse, ce n'est pas terminé, puisque vos propres
confrères, comme les autres de l'autre côté, me demandent
le droit de parole et je suis obligé de les écouter.
M. Laplante: Je n'appuierai pas mes confrères
là-dedans, c'est la justice pour la population que je veux, ce sont des
jobs pour des étudiants qu'on aurait avec cet argent.
Le Président (M. Jolivet): Bon! Merci!
Merci! Je veux seulement savoir du député de
Louis-Hébert si ce sera long ou si ce ne sera pas long.
M. Doyon: Cela prendra le temps que cela va prendre, M. le
Président. Je ne peux pas vous le dire d'avance, parce que...
Le Président (M. Jolivet): Ce que je veux savoir, c'est
sur quoi vous voulez parler maintenant. Sur quoi?
M. Doyon: Oui, M. le Président. Je veux parler maintenant
sur la requête et sur le texte qui est devant nous.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Louis-Hébert, je vais répéter encore une fois ce que j'ai
dit au député de Mont-Royal, sur cette partie...
M. Ciaccia: Des pommes ou des oranges?
M. Doyon: Étant mis en cause personnellement...
Le Président (M. Jolivet): Écoutez! Vous venez de
régler une chose. Je vous l'ai permise, parce que je l'avais permise au
député de Mont-Royal. Mais ne recommencez pas la discussion qu'on
a eue depuis ce matin. Comme je l'ai dit au député de Mont-Royal,
je vous arrêterai.
M. Doyon: M. le Président, je ne recommencerai pas ce
qu'on a déjà fait, c'est bien sûr. Ce que je veux souligner
au procureur de Me Gauthier, par votre intermédiaire, M. le
Président, c'est que, dans cette requête - et je lis textuellement
ce qui est écrit - on dit: "Cependant, cette décision - en
parlant de votre décision de déclarer ma question irrecevable
avec les amendements qui ont été apportés, etc. - a
donné lieu à plusieurs interventions insinuant qu'il y avait un
tel danger qu'effectivement Me Jasmin pouvait s'être servi de visites,
dans le sens suggéré par cette question, alors qu'il n'y avait
aucun iota de preuve en ce sens devant la commission."
Le Président (M. Jolivet): M. le député, un
instantl J'y répondrai. D'accord? Je suis prêt à y
répondre.
M. Doyon: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Non, non!
M. Doyon: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Non!
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant! Laissez
tomber la question de règlement pour le moment...
M. Doyon: Je ne peux pas, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Je vais vous répondre de
la même façon que j'ai répondu au député de
Mont-Royal. Sur cette partie, je suis prêt à donner une
réponse de sorte qu'elle va probablement vous satisfaire.
M. Doyon: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Allez-y donc, sur une question
de règlement!
M. Doyon: Merci, M. le Président. Sur une question de
règlement, M. le Président, je pense que, comme membre de cette
commission, je ne peux pas permettre à un procureur d'affirmer, sans que
je le relève, que la question que j'ai posée, et qu'il a dû
modifier considérablement, vous l'admettrez, je l'ai posée, cette
question, comme cela, dans les airs, sans un iota de preuve. Je veux attirer
votre attention, M. le Président, et celle de la commission sur le
journal des Débats du jeudi 21 avril 1983.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Louis-Hébert, je vous arrête. Je ne vous permets pas de continuer.
Je vais répondre.
M. Doyon: Mais, M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Non, je vais répondre de
la même façon que je l'ai fait pour le député de
Mont-Royal. Sur cette partie, j'ai à décider et je suis assez
éclairé pour le moment pour y répondre et satisfaire
probablement à votre demande. Cela va?
M. Doyon: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Non, vous n'utiliserez pas une
question de règlement pour mettre en doute ma question.
M. Doyon: Non, je ne la mets pas en doute, sauf que je ne suis
peut-être pas aussi éclairé que vous l'êtes, parce
que je ne sais pas...
Le Président (M. Jolivet): Ah!
M. Doyon: Un instant, M. le Président! J'ai quelque chose
à vous faire valoir...
M. Lalonde: II ne connaît pas votre décision.
M. Doyon: M. le Président, vous me
demandez si je suis d'accord, alors que je ne connais pas la
décision que vous allez rendre.
Le Président (M. Jolivet): Bien, entendez-la. M. le
député de Louis-Hébert, non!
M. Doyon: M. le Président, question de
règlement!
Le Président (M. Jolivet): Non. M. le
député, s'il vous plaît!
Une voix: Expulsion! Expulsion!
M. Doyon: M. le Président, je n'ai même pas pu dire
deux mots.
Le Président (M. Jolivet): Non. Un instant! Je vais en
dire un et après je vous laisserai en dire un deuxième. M. le
député, s'il vous plaît! C'est aberrant, ce qui se passe
actuellement...
M. Lalonde: Oui, oui!
Des voix: Oui, oui, oui.
Une voix: Ah oui! C'est très aberrant!
M. Lalonde: On est d'accord.
Décision du président
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! Je vais
seulement répondre et vous verrez si vous avez besoin de
répondre, comme je l'ai dit au député de Mont-Royal. Le
député de Marguerite-Bourgeoys a fait une mise en garde,
dès le départ, que j'ai acceptée. J'ai une demande qui est
faite par un procureur. Si on commence à examiner l'ensemble de la
requête, on n'a pas fini, M. le député. J'ai dit que je
répondrais à cette question et je vais y répondre
maintenant. Après cela, on verra. D'accord?
Ce matin, le député de Marguerite-Bourgeoys a dit, et je
l'ai accepté, que ce n'était pas une requête, puisque
toutes les requêtes - je l'ai dit - je ne les acceptais pas. Une
décision a été rendue dans ce sens et je n'ai pas
l'intention de la changer. Je comprends cependant que la fameuse requête
a porté à discussion, que vous avez probablement, comme
député, à bon droit, des récriminations à
faire sur la requête elle-même. J'en ai permis quelques-unes qui
avaient trait au mot à mot de ce que vous aviez dit. Je sais que vous
avez votre opinion, comme le député de Mont-Royal a son opinion,
comme tous les membres de part et d'autre, à ma gauche et à ma
droite, ont des opinions et comme j'en ai moi aussi. Les gens qui sont ici dans
la salle et ailleurs, qui entendent et écoutent ces choses, ont aussi
des opinions. Me Jutras a aussi ses opinions, il les a écrites. Il a
rectifié des choses qui étaient le mot à mot de ce que
vous aviez dit, ce qui ne peut pas l'empêcher cependant d'avoir des
opinions autres.
Je sais aussi que, dans la requête telle que demandée, il y
a autour de cette table, à la commission parlementaire, des discussions
qui ont le droit d'y être. J'ai déjà fait mention que c'est
à moi, comme président, de décider si une question est
régulière ou non et même, en vertu des règlements,
j'aurais le droit de demander au député qui pose la question de
la changer, comme je l'ai fait d'ailleurs, pour la rendre
régulière. Je peux même aller plus loin en la
décidant recevable ou irrecevable. De telle sorte que, finalement,
à cette commission, la présidence, compte tenu du débat
qui s'y déroule, avec les règles que l'on connaît, a une
tâche très lourde à effectuer, et j'en suis conscient.
Il appartient donc au président de juger de la pertinence, de la
régularité et de la recevabilité d'une question. Je l'ai
d'ailleurs fait à plusieurs occasions. J'ai essayé de me situer
dans le débat, non pas au niveau du fond, mais de la forme de ce
débat, de façon à juger aussi comme président si,
à certains moments, je ne pouvais pas excéder le mandat que
j'avais. J'ai d'ailleurs fait ce geste au départ parce que je croyais
que cette commission avait une importance pour l'ensemble des gens qui sont
autour de cette table et pour ceux qui viennent répondre à nos
questions. On m'a demandé une directive à l'époque, compte
tenu de la façon assez large et assez souple dont j'utilisais le
règlement pour permettre la poursuite de notre mandat. Dès qu'une
question a été jugée irrégulière, je l'ai
fait et je l'ai jugée. Cela a certainement amené autour de cette
table des questions de règlement. Je sais qu'on a utilisé ce
moyen à bon droit et peut-être, dans certains cas, au jugement
d'autres personnes, à mauvais droit.
Ce que j'ai à juger ici comme président, c'est si chacune
des personnes autour de cette table a eu la chance de s'exprimer par des
questions ou, dans certains cas - je l'ai fait dans le cas du
député de Gatineau, il s'en souviendra, les autres s'en
souviendront aussi - par des impressions, des opinions, des façons de
voir les choses, à condition qu'elle ait terminé ses questions,
de façon que la personne qui était devant nous sache exactement
si c'était une question qui lui était posée ou si le
député faisait simplement mention de ce que, lui, il croyait
être la façon dont il percevait les travaux de cette commission.
J'ai donc demandé à tout le monde d'avoir le plus grand respect,
le respect le plus complet du règlement. J'ai même ajusté
le tir de cette commission en cours de route et je crois que ça allait
très bien jusqu'à maintenant. Cela
occasionnait quelques demandes additionnelles de questions de
règlement, mais qui se réglaient assez rapidement.
Ce matin, j'ai essayé de faire en sorte qu'on n'ait pas le
débat que, malheureusement, on à eu. On va encore dire: Le
président n'a pas été assez dur, il n'a pas
appliqué le règlement assez durement. Mais il y a une chose qui
est certaine, c'est que, d'un autre côté, si on ne l'avait pas
fait, on m'aurait accusé d'avoir été trop dur. En
conséquence, je croyais, malgré l'avertissement de départ
que j'avais donné et vu que vous êtes les maîtres de cette
commission, tout en sachant que je dois appliquer le règlement, qu'on en
arriverait à faire en sorte qu'il n'y ait pas question de
règlement par-dessus question de règlement.
Il peut arriver aussi que l'interprétation des règles
paraisse plus ou moins stricte à certains moments et vous en avez eu un
exemple vendredi dernier. Toute la matinée -le député de
Louis-Hébert en est conscient et je pense que les gens en sont
conscients -je lui avais refusé des questions dépassant la date
du mois de mars 1979. Malheureusement - et j'en ai fait mon mea culpa au
départ et je m'en suis excusé auprès de notre
invité -j'ai laissé aller une question que j'aurais dû
dès le départ déclarer irrecevable. C'était la
première question du député de Gatineau. Même si
j'ai dit que je l'ai laissée passer...
M. Lalonde: Mont-Royal.
Le Président (M. Jolivet): ...c'est parce que... Excusez.
Mont-Royal, c'est vrai. Je m'excuse. De Mont-Royal. Si je l'ai laissée
passer...
M. Lalonde: Cela a pu influencer...
Le Président (M. Jolivet): C'est parce que vous aviez
parlé un petit peu et cela m'avait...
M. Lalonde: Cela vous a influencé. Une voix:
Déstabilisé.
Le Président (M. Jolivet): Oui, j'allais employer le mot
"déstabilisé", mais je n'osais trop le dire.
M. Gratton: Je n'ai pas parlé assez longtemps.
Le Président (M. Jolivet): C'est simplement pour dire au
député de Mont-Royal, à sa première question, eu
égard aux décisions que j'avais rendues, que j'aurais dû la
juger irrecevable. Malheureusement, elle est passée trop vite entre mes
mains. J'aurais peut-être pu aussi demander au député de
Mont-Royal de ne pas répéter la question qui avait
été posée d'une façon directe la dernière
fois concernant Me Beaulé, que j'avais laissée passer à
l'époque, mais sur laquelle j'avais déjà rendu une
décision.
Mais, ceci étant fait, des questions de règlement ont
fusé de toutes parts. Me disant que cela n'avait pas d'allure, que le
témoin, notre invité, se sentirait frustré de ne pouvoir
répondre à cette question, puisque j'avais laissé passer
la première, je me suis rendu, malgré l'insistance que j'avais
mise à ne pas la donner, à la demande à la fois du
député de Marguerite-Bourgeoys - il s'en souviendra - et à
la demande de Me Jutras, qui avait fait une demande expresse et même,
à ce moment-là, le député de Marguerite-Bourgeoys
m'avait quasiment soufflé à l'oreille en me disant: II remet
votre décision en cause. Ce ne sont peut-être pas les vrais
termes. Il faudrait que je relise le journal des Débats. Cependant,
c'est à peu près ce que voulait dire, pour l'essentiel, ce que le
député de Marguerite-Bourgeoys me disait, mais je croyais
qu'à la suite de sa demande et à la demande du procureur de Me
Gauthier, il fallait la laisser aller. Je l'ai laissée aller, mais j'ai
dit ce matin que ce n'était pas une chose qui devait créer un
précédent pour l'avenir. Je pense que cette partie est bien
claire.
Il reste une chose, c'est que, lorsque j'ai rendu une décision
sur la recevabilité des questions, je n'ai jamais déclaré
rejeter les prescriptions de l'ancien règlement. J'ai plutôt,
à ce moment, donné une interprétation de la
procédure de l'ancien règlement et j'ai aussi rappelé
l'article 168 actuel du règlement en ajoutant - et c'est là que
je vais essayer de répondre à ce que le député de
Louis-Hébert demande et à ce que j'ai demandé à Me
Jutras, mais que je demanderais à tout le monde - que la gentilhommerie,
chez l'ensemble des participants - donc aussi bien pour notre invité que
pour celui qui l'accompagne, que pour les membres de cette commission -devait
nous aider à résumer l'ensemble de toutes les règles qui
devaient procéder à ce type de consensus que j'avais
demandé d'appliquer.
Il est faux de prétendre - et je reprends les mots du ministre -
qu'il n'y a pas de règles. Au contraire, il y a des règles, sauf
que, pour ce genre de commission, les règles doivent certainement
s'appliquer à l'avenir. À la demande du député de
Bourassa, j'avais répondu qu'il ne fallait pas considérer cette
commission comme créant des précédents et, je le
répète pour l'ensemble des gens qui sont autour de cette table et
pour ceux qui verront plus tard comment s'est déroulée cette
commission, il n'est pas question de faire de cette commission un
précédent, mais plutôt un moyen de corriger des choses.
Actuellement, un sous-comité de la sous-commission de la
commission de l'Assemblée nationale procède à une
révision du règlement et attend que la sous-commission se soit
prononcée sur d'autres choses pour continuer son travail; je pense que
cette commission va être un exemple frappant de la façon dont les
règlements devront être à l'avenir plus stricts pour des
commissions comme celle-là. (12 h 30)
La demande à ce niveau, donc au niveau de la première, a
déjà été réglée. La troisième,
qui concernait la question du document, je pense, était
déjà réglée. Il restera peut-être des gens
pour faire leur interprétation de ce qui s'est passé, mais une
chose qui est certaine, c'est que, pour ma part, je ne reviendrai pas sur
celle-là. Quant à l'autre, et c'est sur celle-là que
j'avais à rendre une décision, il est évident que la
requête ou la demande du procureur, Me Germain Jutras, a porté
beaucoup trop à discussion, à mon avis, parce qu'elle contenait
des opinions de la part d'une personne. Je suis assuré que les membres
de cette commission pouvaient avoir une opinion contraire. Il s'agit donc de
savoir si, dans l'avenir, je ne pourrai accepter aucune question de
règlement. Je dois dire à Me Jutras que, malheureusement, quand
une question de règlement est posée au président, il faut,
d'abord, qu'il l'entende. Il faut, d'abord, qu'il y réponde. Je ne
pourrai en aucune façon - vous l'avez vu ce matin -empêcher que
des questions de règlement ne soient soulevées. Ce qu'on avait
dit à l'époque - je le répète, je sais que je suis
très long, mais je pense que cela vaut la peine de l'être - c'est
que les questions de règlement doivent porter sur le règlement
lui-même et non pas sur les décisions que j'ai rendues.
Je le répétais aux députés et les
députés savent, dans le contexte où nous sommes - on
connaît ce qu'est une commission parlementaire, vous avez deux partis, un
au pouvoir et un dans l'Opposition - les discussions que cela peut amener.
Comme je le répète souvent à des gens, c'est à bon
droit qu'elles se font, parce que, si elles ne se faisaient pas ici, si elles
se faisaient à l'extérieur de cette enceinte qui s'appelle
l'Assemblée nationale, il y a d'autres choses qui se passent et qui,
malheureusement, ne permettent peut-être pas la démocratie. La
démocratie demande -c'est le dernier point que je demande à tous
les membres de cette commission, aussi bien qu'à nos invités et
à ceux qui les accompagnent - que la gentilhommerie aussi existe. Il ne
faut donc pas, par des questions de règlement, faire en sorte qu'on
soulève de nouvelles questions de règlement et, finalement, qu'on
remette en cause la décision du président.
Je suis donc assuré que les membres de cette commission, ayant
pris connaissance de votre document, ont donc des opinions. Il y a une chose
qui est certaine, c'est qu'à l'avenir, comme dans le passé, je
devrai entendre les questions de règlement et je continuerai à
demander aux députés de faire en sorte que la question de
règlement porte effectivement sur le règlement et qu'ils ne
remettent pas en cause les décisions du président.
Cela étant dit, comme je l'avais promis au député
de Louis-Hébert, simplement pour au moins calmer les esprits et donner
des réponses, je ne voudrais en aucune façon que, par le texte
que vous avez déposé, on recommence un débat qui, à
mon avis, a assez duré. Je ferai en sorte que le député de
Mont-Royal puisse, dans les 27 ou 28 minutes qui restent, continuer à
poser ses questions à notre invité, Me Gauthier.
M. le député de Mont-Royal.
M. Jutras: Vous avez permis, en accueillant la première
demande, que Me Gauthier...
Le Président (M. Jolivet): Oui, c'est vrai. Vous avez
raison.
M. Jutras: ...fasse une mise au point.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse pour le
député de Mont-Royal, je l'oubliais.
M. Ciaccia: Ne vous excusez pas du tout pour moi.
Le Président (M. Jolivet): Me Gauthier, terminez votre
réponse de la semaine dernière.
M. Gauthier (Yves): Merci. D'abord, je dois dire que c'est contre
l'avis de mes médecins que je suis venu témoigner, la semaine
dernière et aujourd'hui. Je suis venu quand même, parce que je
pense que cela est mon devoir. Quant à la question au sujet des appels
de Me Jasmin, j'ai voulu répondre ou tenté de répondre
qu'on n'a pas parlé de témoignage, lorsqu'il m'a appelé,
mais de ma santé et de celle de ma femme qui est gravement malade
à la suite de deux opérations au cerveau, elle est aphasique. Il
faut éviter de parler des affaires de bureau quand elle est proche. Je
ne voulais pas parler à la télévision de sa maladie,
vendredi. C'est simple. Elle a même entendu à un certain moment.
C'est de la même façon que je n'ai pas voulu parler à un
journaliste qui m'avait téléphoné le lundi avant que la
commission commence, parce que ma belle-soeur et ma femme étaient juste
à côté de moi. C'est tout.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que, Me Gauthier, vous avez eu...
M. Duhaime: Voulez-vous parler un peu plus fort, s'il vous
plaît?
M. Ciaccia: Pardon?
Le Président (M. Jolivet): M. le
député...
M. Ciaccia: Est-ce que, Me Gauthier, vous avez eu, après
le 15 février 1983, des conversations...
M. Duhaime: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal, je pense que vous n'avez pas compris ce que j'ai dit tout à
l'heure. Je le répète. Si j'ai permis la réponse à
la deuxième question, c'est que j'avais, malheureusement, laissé
passer la première, mais j'ai dit que je n'accepterais plus, à
l'avenir - Me Gauthier vient de répondre à cette question - de
questions additionnelles.
M. Ciaccia: Je voudrais comprendre le sens de votre
décision, M. le Président. Si je la comprends bien, nous n'avons
pas le droit de poser des questions sur des événements qui sont
survenus après l'entente qui a été signée, soit le
13 mars...
Le Président (M. Jolivet): 1979. M. Ciaccia:
...1979.
Le Président (M. Jolivet): Exactement. M. le
député, vous avez bien compris quand j'ai dit que si,
malheureusement, à cause de la fatigue, j'avais permis une question, il
fallait, compte tenu des demandes que j'avais, qu'on permette au moins de
répondre à cette question. Mais je ne permettrai pas d'autres
questions sur des faits survenus après le 13 mars 1979. C'est la
décision que j'ai déjà rendue et que je continue de
rendre. Je ne changerai pas cette décision.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Ne reprenez pas, s'il vous
plaît...
M. Lalonde: C'est une clarification.
Le Président (M. Jolivet): C'est une clarification, mais
c'est une décision rendue.
M. Lalonde: C'est une clarification que je voudrais demander, M.
le Président. Est-ce que vous permettrez, comme cela se fait dans les
cours de justice, à tous les témoins, des questions concernant la
préparation de son témoignage dans une époque,
naturellement, qui est ultérieure aux événements?
Le Président (M. Jolivet): M. le député!
M. Lalonde: C'est fondamental par rapport à un
témoin.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
j'ai déjà dit que, quant à moi...
M. Duhaime: Insinuation!
Le Président (M. Jolivet): ...il y a ici, dans cette
commission, un mandat qui est clair. J'ai rendu une décision, je ne la
change pas. J'ai fait mon mea culpa. J'ai été assez honnête
pour le dire. J'aurais pu dire autre chose. Mais j'ai dit ce qui était
la vérité et je ne permettrai pas d'autres questions.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ...je voudrais avoir un éclaircissement.
Encore une fois, je ne mets pas en doute votre décision, mais je crois
que j'ai besoin de cet éclaircissement. Vous aviez déjà
permis des questions sur les conversations téléphoniques. Je
crois que vous m'aviez permis cela.
Le Président (M. Jolivet): Oui, mais c'est parce
que...
M. Ciaccia: Je voudrais seulement finir, ce sera plus facile si
vous me laissez finir.
Le Président (M. Jolivet): Allez-y!
M. Ciaccia: J'avais posé cette question à Me
Jean-Paul Cardinal, j'avais posé la question à Me Beaulé.
Le fait d'avoir eu cette conversation, vous l'aviez permis. Vous aviez aussi
permis, vendredi dernier, la première question que j'avais posée
à Me Gauthier à savoir s'il avait eu des conversations
téléphoniques après le 15 février. Je voudrais
comprendre. Vous aviez statué là-dessus, c'était votre
décision que je pouvais poser des questions sur les conversations
téléphoniques. Mais vous aviez dit - c'était la
façon dont j'avais compris votre décision - que je ne pouvais pas
poser une question sur le contenu de la conversation téléphonique
si le témoin jugeait que ce n'était pas pertinent aux travaux de
cette commission. Vendredi, si je comprends bien, la deuxième partie,
vous l'avez laissée aller et vous venez de faire des mea culpa ce matin.
Est-ce que je peux compendre que
vous changez maintenant la première décision que vous avez
rendue aussi ou seulement la décision de vendredi?
Le Président (M. Jolivet): D'accord.
M. Ciaccia: Je voudrais comprendre exactement le sens de...
Le Président (M. Jolivet): Vous allez comprendre. Vous
voulez comprendre, vous allez comprendre, j'en suis assuré. Je vous ai
dit, je le répète, que j'ai été très souple
au départ sur l'ensemble de la façon dont la commission devait
être menée. J'ai eu une demande de directive. La demande de
directive est venue après avoir entendu toutes les autres personnes qui
étaient venues, au moment de l'audition de Me Rosaire Beaulé.
À une objection, j'ai fait les vérifications qui s'imposaient
avant de rendre une décision et je n'ai plus permis, depuis ce temps -
je n'ai pas changé et le député de Louis-Hébert le
sait très bien - des questions qui dépassent le 13 mars 1979. Le
problème - je pense que, si vous aviez été devant un juge,
vous n'auriez même pas vous-même posé la première
question - c'est que je l'ai laissée aller, parce que je n'ai pas eu le
temps de la déclarer irrecevable. La personne qui était devant
nous, l'invité, avait répondu. En conséquence, je m'en
suis aperçu trop tard, j'ai donc demandé qu'il ne réponde
pas aux questions suivantes. Mais, à la suite de votre insistance, je
l'ai permis pour ne pas nuire à la crédibilité et à
la justice qu'on devait à notre invité. Je vous ai dit, depuis ce
matin, que je suis la décision que j'avais déjà rendue. Ce
n'est pas parce que j'ai fait une erreur qu'il faut la perpétuer. Ce
n'est pas un précédent. En conséquence, je ne veux plus de
discussion. Autre question, M. le député de Mont-Royal.
M. Paradis: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Autre question, M. le
député de Mont-Royal.
M. Paradis: ...sur la question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Non, il n'y a pas de question
de règlement. M. le député de Mont-Royal, question.
M. Paradis: M. le Président, j'insiste... Le
Président (M. Jolivet): Non.
M. Paradis: Je veux être certain parce que je suis le
prochain à interroger...
Le Président (M. Jolivet): Vous ne poserez pas de
questions dépassant le 13 mars 1979. C'est clair?
M. Paradis: M. le Président, je vais vous donner un
exemple.
Le Président (M. Jolivet): Non. M. le député
de Mont-Royal.
M. Paradis: M. le Président, j'insiste. Le
Président (M. Jolivet): Non, non!
M. Paradis: J'ai un questionnaire à préparer.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
vous n'avez pas à insister.
M. Paradis: Vous changez tout à coup.
Le Président (M. Jolivet): Non, je m'excuse.
M. Paradis: Oui.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
député, vous m'accusez.
M. Lalonde: Vous avez changé.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Ciaccia: Vous l'avez permis, vous avez donc changé.
Le Président (M. Jolivet): Je n'ai pas changé, M.
le député de Mont-Royal. Si vous êtes comme tout le monde,
vous allez comprendre ce qui s'est passé vendredi, parce que cela fait
quatre fois que je le répète.
M. Ciaccia: Je parle d'avant vendredi.
Le Président (M. Jolivet): Non, avant vendredi, le
député de Louis-Hébert le sait très bien, je n'ai
permis aucune question depuis la venue de Me Beaulé. C'est cette
décision qui motive la décision que j'ai rendue. Avant,
j'appliquais largement. On m'a demandé, au moment de l'audition de Me
Beaulé, de donner une directive afin de savoir s'il devait
répondre ou non et j'ai donné ma directive et elle a
été claire. Depuis ce temps, j'ai toujours appliqué la
même directive. Cependant, il y a eu, vendredi, un
événement et cet événement ne sert pas de
précédent.
M. Paradis: M. le Président, je tiens quand même,
dans le but de préparer mon interrogatoire, à vous demander une
directive.
Le Président (M. Jolivet): Allez-y! Vous v avez droit.
M. Paradis: J'appelle cela une demande de directive. M. le
Président, j'ai utilisé à l'occasion d'un interrogatoire
préalable, des comptes d'avocats qui, dans certains cas, étaient
postérieurs à la date que vous mentionnez. Ces comptes d'avocats
nous ont permis d'apporter tout un éclairage essentiel aux travaux de
cette commission. Est-ce que, si j'ai d'autres choses d'identique, je vais
pouvoir m'en servir ou est-ce que vous allez dire que, maintenant, les
règles sont plus sévères et que je ne peux plus m'en
servir? Maintenant, on approche du bureau du premier ministre et cela devient
important, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): J'ai dit, comme je l'ai dit aux
autres, que, chaque fois qu'une question arrivera, je vais vous dire si elle
est recevable ou non recevable. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Alors, M. le Président, je vais vous poser une
autre question. Je ne poserai pas la question sur les conversations
téléphoniques, car vous venez de dire que c'est irrecevable. Vous
venez de dire que vous allez voir si les autres questions sont recevables ou
non.
Durant son témoignage, Me Gauthier, s'est
référé à des lunchs, à des rencontres qu'il
avait avec M. Laferrière, un des membres du conseil d'administration de
la SEBJ. C'était un de ses amis. Il lunchait -je ne sais pas s'il a dit
régulièrement -assez fréquemment avec lui et il avait eu
un lunch avec lui le 3 novembre 1978. La question que j'aurais voulu poser
à Me Gauthier, c'est s'il y a eu d'autres lunchs, d'autres
communications avec Me Laferrière après le 3 novembre 1978 et
même après le 13 mars 1979.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
objection pour la partir postérieure au 13 mars 1979.
Le Président (M. Jolivet): Vous n'aviez pas besoin de
soulever d'objection; je l'aurais fait moi-même.
M. Ciaccia: M. le Président, juste une autre petite
précision puis, après cela, je vais continuer mes questions.
Le Président (M. Jolivet): Posez donc votre question, M.
le député, au lieu de...
M. Ciaccia: Je voudrais une précision de vous.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais soulever une
question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais vous lire
l'article 45 du règlement, qui dit: "Le président peut interdire
la parole à un député pour le reste de la séance:
"1. S'il ne se soumet pas à deux rappels à l'ordre
consécutifs; "2. Si, lorsqu'il a la parole, il continue de
s'éloigner de la question en discussion après avoir
été rappelé à l'ordre deux fois; "3. Si, lorsqu'il
s'est servi d'expressions que ne permet pas le règlement, après
en avoir été requis par le président, il ne les retire pas
sans commentaire. "En cas de récidive, le président peut avertir
le député une dernière fois et, si ce dernier ne se soumet
pas, il peut ordonner son exclusion de l'Assemblée pour le reste de la
séance." C'est l'article 45.
M. le Président, il y a une mauvaise analogie qui pourrait
être faite, mais je pense que "la croisière s'amuse" passablement!
De deux choses l'une, ou bien le député de Mont-Royal pose des
questions pertinentes à l'intérieur du mandat que vous avez lu
deux fois ce matin ou bien, si on remet en cause systématiquement les
décisions que vous avez rendues, je pourrais peut-être vous
inviter à rappeler à l'ordre le député de
Mont-Royal de façon formelle et, s'il ne se soumet pas à ces
rappels à l'ordre, je vous invite à appliquer l'article 45 du
règlement. Cela fait deux heures et quarante-cinq minutes que notre
séance est commencée et, si vous voulez que l'on se rende
à l'invitation qu'on nous faisait récemment: "II est temps de
mettre fin à cette foire", je pense que, ce matin, la ligne qui est dans
l'éditorial, Le truc de Duplessis, dans le Droit, celle-là
porte.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, vous m'en
donnerez une copie quand même, n'est-ce pas?
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Sur la question de règlement soulevée
par le ministre, naturellement, on connaît sa mauvaise humeur, elle est
devenue légendaire. On ne s'en fait plus on attend simplement les
sursauts de temps à autre. Maintenant, il demande l'expulsion des
députés libéraux. (12 h 45)
M. Duhaime: À la stupidité, je réagis
toujours.
M. Lalonde: Je tiens, quand même, à rectifier un
certain nombre d'affirmations inexactes du ministre. Ce qu'il appelle la
foire, il en est l'un des participants assez actifs. Ce qu'il regrette,
ce retard de deux heures et quarante-cinq minutes, depuis le début de la
séance, est causé par une initiative qui n'appartient pas aux
membres de l'Opposition, M. le Président. Je pense que le
député de Mont-Royal, tient compte des décisions que vous
venez de rendre, qui -je pense qu'on doit le reconnaître en toute
déférence - changent un peu notre façon de
procéder. Vous l'avez dit vous-même, d'ailleurs, vous avez, au
début, appliqué un règlement de façon très
large et à la demande du ministre, dans une question de
règlement, vous avez rendu plus stricte l'application du
règlement. C'est votre droit, en fait, je n'ai pas de jugement à
porter à ce sujet, je dois l'accepter, d'ailleurs, comme vous le savez.
Mais, je pense qu'il est tout à fait pertinent pour un
député qui a des questions à poser de vous en faire part
par mesure de prudence. On pourrait reprocher au député de
Mont-Royal, après votre décision, de poser des questions qui ne
sont pas conformes à votre décision, c'est-à-dire que cela
ferait sûrement état d'une indocilité coupable. Mais, au
contraire, le député de Mont-Royal vous demande: Est-ce que je
peux poser telle question là-dessus? Et il vous pose la question sur la
recevabilité avant même de formuler sa question au témoin.
Je pense que c'est simplement une mesure de prudence à laquelle nous a
invités le procureur du témoin.
Le Président (M. Jolivet): Tout ce que je disais au
député de Mont-Royal, c'est de ne plus poser ces questions. Donc,
je n'aurai plus à juger si elles sont recevables ou irrecevables. Qu'il
pose des questions à l'intérieur du mandat et je ne les jugerai
jamais irrecevables. Je ne voudrais pas que le député de
Mont-Royal essaie de faire en sorte que ma décision soit remise en
cause. C'est tout ce que je lui demande. Et, comme je sais qu'il va le faire,
je lui permets donc de poser sa question comme il doit la poser.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pour qu'il n'y ait pas de barrière de langage,
M. le Président, d'abord dans la définition du mandat,
"entourant" la décision, cela ne veut pas dire avant, durant et
après? "Entourant", c'est seulement avant?
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Ciaccia: Non?
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
m'excuse. Vous allez devoir m'obliger à faire ce que je veux pas
faire...
M. Ciaccia: Je vais procéder.
Le Président (M. Jolivet): ...c'est-à-dire à
utiliser l'article 45.
Témoignages M. Yves Gauthier (suite)
M. Ciaccia: Alors, je vais pouvoir continuer mes questions, M. le
Président. Me Gauthier, est-ce que vous avez eu soit des rencontres ou
des communications avec M. Laferrière, membre du conseil
d'administration de la SEBJ, entre le 3 novembre 1978 et le 13 mars 1979?
Le Président (M. Jolivet): Me Gauthier.
M. Gauthier (Yves): Oui. J'ai eu un lunch, le 3 novembre, avec M.
Laferrière. Je ne me souviens pas d'avoir mangé avec lui par la
suite. Je l'ai revu ici, le mercredi où les travaux de la commission ont
commencé. C'est lui qui m'a dit qu'il avait vu dans son agenda qu'il
avait dîné avec moi le 3 novembre.
M. Ciaccia: Je veux bien comprendre la réponse. Je ne veux
pas répéter la question. Si je comprends bien la réponse,
après le 3 novembre 1978 et jusqu'au 13 mars 1979, vous n'avez pas
rencontré M. Laferrière ou communiqué avec lui?
M. Gauthier (Yves): Je l'ai vu une fois au club Saint-Denis et je
ne lui ai même pas parlé. Il était à l'autre
table.
M. Ciaccia: Me Gauthier, vous avez mentionné dans votre
témoignage, au ruban 1253, page 3, à la suite d'une question de
mon collègue, le député de Laporte: "Pas plus qu'il faut,
mais Me Jasmin est un homme assez nerveux de nature. C'est un genre nerveux.
Que voulez-vous que je vous dise?" Qu'avez-vous fait pour le rendre moins
nerveux ou pour le calmer quand il venait vous voir?
M. Gauthier (Yves): On allait manger. On allait manger...
Une voix: Oh non! Oh non!
M. Gauthier (Yves): Lui, il fumait un cigare, il aime cela.
M. Ciaccia: Excusez-moi! J'ai eu l'interruption du
député de...
M. Gauthier (Yves): Ah! On allait manger et il passait son
anxiété en fumant des cigares.
M. Ciaccia: Mais il est venu à votre bureau à
plusieurs reprises.
M. Gauthier (Yves): Pardon? À plusieurs
reprises?
M. Ciaccia: Oui.
M. Gauthier (Yves): Ah! C'est vous qui le dites.
M. Ciaccia: Attendez, je vais prendre ma...
M. Gauthier (Yves): Je ne veux pas discuter sur cela. Il est venu
quatre fois, semble-t-il. Il n'a pas toujours été anxieux.
M. Ciaccia: II y a eu le 12 janvier... Attendez.
Le Président (M. Jolivet): À quatre reprises, M. le
député, pour accélérer.
M. Gauthier (Yves): Le 12 janvier?
M. Ciaccia: À cinq reprises. À cinq reprises.
Le Président (M. Jolivet): À cinq reprises. Et la
dernière, c'était la question.
M. Ciaccia: Alors, à plusieurs reprises -vous dites cinq
reprises -...
Le Président (M. Jolivet): Non, Me Gauthier a dit quatre
reprises.
M. Gauthier (Yves): Je n'ai pas dit à cinq reprises. J'ai
dit à quatre reprises.
M. Ciaccia: Qui a dit cinq?
M. Duhaime: La cinquième, c'est le 16 février, avec
M. Latouche, que vous connaissez très bien.
M. Ciaccia: M. Jasmin était là aussi. Je ne pense
pas que je connaisse M. Latouche plus que vous ne le connaissez.
Le Président (M. Jolivet): Simplement pour les besoins de
notre invité, M. le député de Mont-Royal, je pense qu'il a
été dit que la rencontre avait eu lieu avec M. Latouche et que M.
Jasmin était de passage. Mais la rencontre n'était pas avec M.
Jasmin.
M. Gauthier (Yves): Non, non. Le 16 février, je ne pense
pas.
M. Ciaccia: Le registre a été signé cinq
fois par Me Jasmin.
Le Président (M. Jolivet): Allez! M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Non, je pensais que...
Le Président (M. Jolivet): Non, non. Allez! Allez! Posez
votre question.
M. Ciaccia: Mais, durant le temps qu'il était à
votre bureau, avant que vous alliez manger...
M. Laplante: On n'entend pas. Est-ce qu'on pourrait demander
à notre collègue de parler plus fort?
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
s'il vous plaît, vous me compliquez la tâche. Chaque fois que vous
interrompez le député de Mont-Royal, il recommence sa question.
Allez-y donc, M. le député de Mont-Royal, et regardez-moi, comme
j'ai dit au député de Gatineau, et ne regardez pas les autres.
Allez!
M. Ciaccia: Est-ce que je peux regarder le témoin, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): Vous pouvez, mais à la
condition de ne regarder que l'invité ou moi.
M. Gauthier (Yves): II va falloir qu'il se choque ou qu'il
arrête!
Le Président (M. Jolivet): Allez!
M. Ciaccia: On va se faire dire qui on doit regarder et où
on doit regarder.
M. Duhaime: Ce n'est pas un cadeau.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
vous savez très bien que c'est de façon humoristique.
M. Ciaccia: Je l'ai pris dans ce sens. Le Président (M.
Jolivet): Merci. M. Lalonde: Avec un grain de sel.
M. Ciaccia: J'essaie de comprendre, parce que Me Jasmin
était un de vos amis. Vous avez dit qu'il "pratiquait" devant vous,
qu'il était nerveux. À part de l'amener manger, est-ce que vous
lui disiez quelque chose? Est-ce que vous lui parliez de la cause? Est-ce que
vous lui donniez une certaine assurance? Que faisiez-vous?
M. Jutras: M. le Président, je soulève une
objection. En tout respect pour le député, encore là, la
question est précédée d'un préambule et le
préambule s'avère inexact parce que le témoin n'a jamais
dit que Me Jasmin venait "se pratiquer". Il nous a dit textuellement: "J'ai eu
l'impression qu'il se pratiquait". Alors, il y a loin entre l'affirmation d'un
fait et l'expression d'une impression.
Le Président (M. Jolivet): J'avais, d'ailleurs,
déjà dit cette chose. Ce n'est pas la première fois qu'on
la répète.
M. Ciaccia: Cela aurait été bon, si Me Jutras avait
été aussi exact que cela en me citant dans son
mémoire.
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas juste.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, une
question de règlement sur le point. Une question de règlement, en
toute justice pour Me Jutras.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jonquière, je vais vous accorder la question de règlement, mais
juste un instant. Je voulais dire ceci au député de Mont-Royal:
De la même façon que j'ai demandé à Me Jutras de
retirer quelque chose, je lui demande de faire la même chose, par
gentilhommerie.
M. Ciaccia: Par gentilhommerie, M. le Président...
M. Vaillancourt (Jonquière): Une question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Cela va m'aider.
M. Ciaccia: M. le Président, si cela vous facilite...
Le Président (M. Jolivet): Cela va m'aider, en tout cas,
et cela va rendre justice.
M. Ciaccia: ...il y a plusieurs choses que j'ai voulu dire et que
n'ai pas pu dire; alors, je peux bien retirer ce que j'ai dit.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, sur
une question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je voudrais remercier le
député de Mont-Royal de m'ouvrir la porte avant 13 heures. Je
voulais, justement, le faire et j'essayais de trouver le moyen de faire la
rectification. J'ai fait sortir la transcription exacte...
M. Ciaccia: Ce n'est pas une question de règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, sur le point. M. le
Président, le député de Mont-Royal a dit que Me Jutras
avait cité erronément ses propos tout à l'heure.
M. Lalonde: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai fait sortir la
transcription du journal des Débats...
M. Lalonde: Une question de règlement. Le
Président (M. Jolivet): À l'ordre!
M. Lalonde: Est-ce que je parle assez fort?
M. Vaillancourt (Jonquière): ...et, à la page 13...
M. le Président, s'il vous plaît!
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre! Un
instant!
M. Lalonde: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, je vais simplement
permettre au député de Jonquière de faire son intervention
à l'heure qu'il a dite.
M. Lalonde: Pas du tout! Pas du tout! Ah non!
Le Président (M. Jolivet): Laissez-moi terminer et vous
allez comprendre. Le député de Jonquière a demandé
que la rectification soit faite après la période de questions cet
après-midi, à l'ouverture et pour laisser aussi au
député de Mont-Royal la chance de lire la transcription. Vous
m'avez demandé, M. le député de Mont-Royal, de lire les
épreuves. C'est simplement cela et je ne voudrais pas que vous entriez
dans cela. Si vous avez une question de règlement, j'ai...
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, je le sais, mais j'ai
demandé au député de Mont-Royal de retirer ses paroles et
il l'a fait. Est-ce que vous croyez que cela clôt le débat et
qu'on peut passer à autre chose?
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que je dois comprendre
que ce qu'à fait M. le député de Mont-Royal, c'est retirer
l'affirmation que Me Jutras avait erronément cité ses propos?
Le Président (M. Jolivet): II a retiré ses...
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce sont les paroles que
Me...
Le Président (M. Jolivet): II a retiré...
M. Ciaccia: Ce ne sont pas les mots que j'avais dits.
M. Vaillancourt (Jonquière): Si ce ne sont pas les mots,
M. le Président, je maintiens ma question de règlement.
M. Ciaccia: Ce ne sont pas les mots... M. Lalonde: C'est
cela.
Le Président (M. Jolivet): II a retiré ce qu'il a
dit au début.
M. Lalonde: Essentiellement, c'est cela, oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Donc, si je comprends bien,
M. le Président, le député de Mont-Royal a retiré
la phrase suivante: "Me Jutras avait tout à l'heure erronément
cité mes propos."
M. Lalonde: Ce n'est pas ....
Le Président (M. Jolivet): Peu importe ce qui a
été dit, ce qui est important, c'est que l'essentiel a
été retiré.
M. Lalonde: Oui. Est-ce correct?
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, M. le Président,
si je comprends bien...
Le Président (M. Jolivet): Oui, vous comprenez très
bien qu'il a retiré ses paroles.
M. Vaillancourt (Jonquière): Donc, si je comprends bien,
je n'aurai pas besoin, M. le Président, de lire la transcription du
journal des Débats...
Une voix: Peut-être, si vous en avez le temps.
M. Vaillancourt (Jonquière): ...qui démontre que le
député de Mont-Royal...
Le Président (M. Jolivet): Après dîner.
Après dîner, vous reviendrez, si vous voulez revenir.
M. Lalonde: Vous venez de coûter un peu d'argent aux
contribuables. Le député de Bourassa est très
malheureux.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, il
faudrait bien se comprendre. J'avais l'intention effectivement de soulever la
question après la période des questions, après la lecture
du journal des Débats. Or, je l'ai devant moi.
Le Président (M. Jolivet): Oui, mais...
M. Lalonde: Mais on ne l'a pas, nous autres.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Mont-Royal a retiré...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, le
député de Mont-Royal...
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas ce qu'il a
retiré. M. le député de Jonquière, le
député de Mont-Royal a fait une affirmation en commençant
sa question. Je lui ai demandé de la retirer. Il l'a retirée.
Pour le reste, on réglera cela cet après-midi, si vous voulez.
Cela n'a pas encore été retiré.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): ...c'est que le
député de Mont-Royal, dans son interrogatoire, a glissé
des mots à savoir que Me Jutras, tout à l'heure, aurait
erronément cité ses propos.
M. Ciaccia: Non, il aurait dû être plus précis
dans ce qu'il a dit.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que ce sont ces mots
qu'il a retirés?
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas ces mots que j'ai dits.
M. Lalonde: Non.
M. Vaillancourt (Jonquière): Boni Donc, M. le
Président, je maintiens ma question de règlement.
M. Ciaccia: Je n'ai pas dit ces mots.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'avais l'intention, M. le
Président, de le faire à 15 h 30, cet après-midi, parce
que je ne croyais pas, M. le Président, que, ce matin...
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Vaillancourt (Jonquière): ...avant 13 heures, j'aurais
la transcription du journal des Débats.
M. Ciaccia: Question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député. M.
le député de Jonquière, vous ne m'aidez aucunement. S'il
vous plaît, voulez-vous, on
réglera ce problème après dîner?
M. Lalonde: Laissez poser la question.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! On va
revenir à la question, mais, compte tenu du temps...
M. Vaillancourt (Jonquière): La justice a ses droits, M.
le Président.
Le Président (M. Jolivet): ...compte tenu qu'il ne reste
rien, presque rien pour répondre ou poser des questions, je vais
suspendre, ajourner, comme on dit, jusqu'à la prochaine motion, mais,
normalement, en reviendrait après la période des questions.
(Suspension de la séance à 12 h 58)
(Reprise de la séance à 16 h 33)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre! La commission
permanente de l'énergie et des ressources est à nouveau
réunie aux fins d'examiner les circonstances entourant la
décision du conseil d'administration de la Société
d'énergie de la Baie James de régler hors cour la poursuite
civile intentée à la suite du saccage du chantier LG 2 survenu en
1974 et, plus spécifiquement, le rôle du premier ministre et de
son bureau à cet égard.
Je voudrais simplement rappeler aux membres de la commission que
j'espère que je n'aurai pas besoin de relire encore une fois ce
mandat.
Les membres de cette commission sont: MM. Vaillancourt
(Jonquière), Ciaccia (Mont-Royal), Duhaime (Saint-Maurice), Bourbeau
(Laporte), Laplante (Bourassa), Paradis (Brome-Missisquoi), Lavigne
(Beauharnois), LeBlanc (Montmagny-L'Islet), Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), Perron (Duplessis), Rodrigue (Vimont).
Les intervenants sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Baril
(Rouyn-Noranda-
Témiscamingue), Desbiens (Dubuc), Blouin (Rousseau), Mme Harel
(Maisonneuve), MM. Gratton (Gatineau), Pagé (Portneuf), Doyon
(Louis-Hébert), Tremblay (Chambly),
Saintonge (Laprairie). Le rapporteur est M. LeBlanc, de
Montmagny-L'Islet.
Au moment où nous nous sommes quittés à l'heure du
dîner, nous avions toujours Me Yves Gauthier qui était
questionné par le député de Mont-Royal. Je vous rappelle
que j'avais dit au député de Jonquière qu'il devait
revenir après la période des questions avec ce dont il avait fait
mention ce matin. Je vais donc commencer par donner la parole au
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je ne
veux surtout pas soulever de débat.
Le Président (M. Jolivet): Je l'espère.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je vais faire attention
à mes propos et dire tout simplement ceci: J'ai vérifié la
transcription du journal des Débats, c'est-à-dire des
débats qui se sont tenus ce matin, et je suis en mesure de dire que Me
Jutras, lorsqu'il a présenté sa requête verbalement ce
matin à la commission et à vous, M. le Président, a, mot
à mot, cité les paroles qui avaient été
prononcées par le député de Mont-Royal et qui se
retrouvent au ruban 1315 page 1 du journal des Débats. Pour faire une
pareille affirmation, je n'ai qu'à regarder tout simplement la
transcription 1530-ER-page 1 des débats de ce matin. Je me contente de
ces propos et je laisse la parole au député de Mont-Royal.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal, vous avez la parole.
M. Ciaccia: Je ne veux pas provoquer de débat, M. le
Président. C'est seulement pour souligner que, ce matin, on avait mis
devant moi la requête écrite de Me Jutras...
Le Président (M. Jolivet): Voudriez-vous approchez votre
micro?
M. Ciaccia: Excusez-moi. J'avais une copie de la requête
qu'avait faite Me Jutras. La correction que je demandais n'était pas
celle du journal des Débats, mais plutôt ce que j'avais lu dans la
requête qui ne me citait pas de façon exacte.
M. le Président, je vais continuer avec Me Gauthier. Me Gauthier,
vous avez eu plusieurs rencontres avec Me Jasmin à votre bureau qui,
peut-être, se sont continuées en allant luncher. Me Jean-Roch
Boivin, du bureau du premier ministre, a aussi eu plusieurs rencontres avec
d'autres personnes dans ce dossier. Je crois, si ma mémoire est bonne,
que vous avez déjà mentionné que, à la suite d'une
rencontre avec Me Jasmin dans votre bureau, Me Jean-Roch Boivin vous avait
demandé: Êtes-vous encore le tuteur du local 791? Vous aviez
indiqué - je ne vous cite pas mot à mot, je ne l'ai pas devant
moi - que Me Boivin, lorsqu'il vous avait posé cette question,
c'était, ni plus ni moins, pour vous indiquer quelque chose. Votre
bureau est situé à 42 pieds de celui du premier ministre, il ne
doit pas être très loin de celui de M. Boivin, non plus.
Pourriez-vous nous dire si vous n'avez jamais discuté avec M. Boivin de
ce dossier ou si vous lui avez parlé, soit au bureau ou ailleurs, ou si
vous avez indiqué, soit votre opinion du dossier ou celle de Me Jasmin,
ou si vous avez communiqué avec lui de quelque
façon que ce soit au sujet du dossier?
Le Président (M. Jolivet): Me Gauthier.
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président, je ne me
souviens pas de cela. Avec Me Boivin?
M. Ciaccia: Alors, si je comprends bien, vous n'avez pas
discuté du tout de ce dossier avec Me Boivin? M. le Président,
je...
M. Gauthier (Yves): C'est cela. C'est cela, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): II n'y a pas d'autres
questions?
M. Ciaccia: Non, je n'ai pas d'autres questions, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Merci, M. le Président. Mes questions seront
très brèves étant donné que d'autres de mes
collègues ont eu l'occasion d'adresser plusieurs questions à
notre invité. Me Gauthier, vous avez eu une longue et, j'ose
l'espérer, fructueuse carrière de notaire. Vous vous êtes,
au cours de cette carrière, occupé de politique au début
des années soixante, si j'ai bien compris, pour le Parti libéral
du Québec, alors que M. René Lévesque était avec le
Parti libéral du Québec. Par la suite, vous vous êtes
occupé de politique et vous avez atteint les plus hauts échelons,
pourrais-je dire, alors que vous avez été organisateur en chef de
campagnes électorales pour le Parti québécois. Par la
suite, vous avez été nommé, le 26 octobre 1977, par
arrêté en conseil, président de la tutelle du local 791. Le
numéro de l'arrêté en conseil est 3631-77 et s'intitule
Concernant la nomination, les émoluments et les dépenses des
membres du conseil d'administration de certains syndicats ouvriers en vertu de
certaines lois, dont la Loi sur la mise en tutelle de certains syndicats
ouvriers. Vos émoluments étaient les suivants, selon
l'arrêté en conseil qui se lit comme suit: "Que les
émoluments de chacun de ses membres soient fixés à 50 $
l'heure pour un maximum de 350 $ par jour pour la gestion et la direction de
ces syndicats". Est-ce qu'il s'agissait à ce moment-là, pour
vous, d'un emploi à temps partiel, M. Gauthier?
M. Gauthier (Yves): C'était un emploi à temps
partiel. Mais, comme je pense l'avoir dit - je n'en suis pas sûr - cela
faisait partie de la société. On était dix
associés. Ce que je percevais, comme je le disais, moi, je portais la
lettre B. Alors, ce sont eux qui facturaient. C'était un emploi à
temps partiel, mais cela demandait pas mal de temps. Cela n'était plus
du temps partiel, à un moment donné.
M. Paradis: D'accord. Maintenant, le 18 octobre 1978, j'ai ici un
autre arrêté en conseil qui porte le numéro 3179-78 et qui
s'intitule Concernant la nomination d'un employé du cabinet du premier
ministre au ministère du Conseil exécutif. Il appert de ce
document que vous auriez eu - vous me corrigerez si c'est inexact - une
promotion, que vous méritiez certainement, au bureau du premier
ministre. Je lis l'arrêté en conseil. Il est très bref. "Il
est ordonné, sur la recommandation du premier ministre, que Me Yves
Gauthier, notaire, domicilié au 8975 boulevard Gouin est,
Rivière-des-Prairies, soit nommé au ministère du Conseil
exécutif, à Montréal, à titre de permanent,
conseiller spécial auprès du premier ministre, administrateur
classe I, au traitement annuel de 53 000 $, à compter du 3 octobre 1978
-il confirme votre témoignage selon lequel vous êtes entré
en fonction à cette date -et ce, conformément à la liste
d'éligibilité no 05249 de la Commission de la fonction publique
du Québec, en date du 3 octobre 1978". On donne votre numéro
d'assurance sociale et c'est signé par Louis Bernard.
Est-ce que cet emploi était un emploi de conseiller
spécial auprès du premier ministre à temps plein, cette
fois-là?
M. Gauthier (Yves): C'était à temps plein.
M. Paradis: Vous étiez à temps plein. On va
revenir, si vous le voulez bien - je m'en excuse, si vous avez
déjà répondu, mais il y a eu beaucoup de transcription et
beaucoup de questions - à un voyage que vous avez effectué aux
États-Unis pour rencontrer le syndicat américain. Vous
étiez tuteur du syndicat québécois, mais le syndicat
américain était également poursuivi. Vous nous avez dit...
Si vous voulez qu'on en fasse toute la lecture, je suis prêt à
prendre le temps, mais, si vous voulez qu'on écourte les débats,
je vais vous référer vous-même, ainsi que votre procureur,
à la transcription de la commission parlementaire, au ruban 1205, page
2. Cela commence au bas de la page 2 et continue aux suivantes. La date de
votre témoignage est le Il mai 1983.
J'essaie de le résumer substantiellement, mais je ne veux
bousculer personne. S'il y a des inexactitudes, je suis certain que votre
savant procureur va les corriger au fur et à mesure. Vous nous avez dit,
selon votre témoignage, qu'en mars 1978 - vers cette époque -
vous étiez allé à Washington rencontrer les
Américains qui étaient poursuivis. Vous avez ajouté - et,
pour faciliter le travail à votre procureur, c'est à la page 2 du
ruban 1206 - que vous êtes allé
les voir au moins deux fois et qu'à l'occasion - deux ou trois
fois, vous êtes revenu, deux fois, trois fois, mais ce n'est pas
tellement le nombre - de la visite de mars 1978, parmi les devoirs que vous
avez accomplis, vous avez référé, en assemblée,
privément, ainsi qu'aux avocats - c'est à la page 3 du ruban
1205, Me Jutras - le nom de certains avocats dont Rosaire Beaulé - lui,
vous l'avez qualifié - parce qu'il était "tough". Pour vous
faciliter la tâche, Me Jutras, c'est à la page 1 du ruban 1206.
Êtes-vous certain que c'est à cette rencontre de mars 1978 que
vous avez référé Me Beaulé? (16 h 45)
M. Gauthier (Yves): D'après moi, je suis certain - parce
que j'y suis allé deux fois - que c'est là, c'est en mars.
M. Paradis: D'après vous, c'est en mars?
M. Gauthier (Yves): J'y suis allé deux fois, je suis
allé voir aussi l'autre syndicat. Je n'ai pas gardé mes billets
quand ils m'ont payé; je les ai jetés. D'après moi, c'est
en mars.
M. Paradis: J'étais pour parler de vos billets. À
la page 1206 et à la page 1207 de la même transcription, vous avez
parlé de vos billets et dit que vous ne réussissiez pas à
mettre la main dessus ou à les retrouver. Cela va si vous avez quelque
chose à ajouter.
M. Gauthier (Yves): Cela va, continuez.
M. Paradis: Est-il possible que vous soyez allé - cela
ferait référence à l'autre rencontre - rencontrer les
Américains le 12 décembre 1977?
M. Gauthier (Yves): Cela se peut. Comme je vous le dis, une fois
j'y suis allé et j'avais mon manteau de fourrure et ils le trouvaient
bien beau. J'y suis allé au moins deux fois, mais, d'après moi,
c'est plutôt en mars. Cela se peut que ce soit en décembre.
M. Paradis: Je me rappelais également votre manteau de
fourrure. Décembre 1977. Je sais que c'est loin en arrière; on
était en décembre 1977 et on est déjà rendu en
1983, mais je vous demanderais de tenter de m'aider. Est-ce que cela se peut
que ce soit cette journée, justement, que vous portiez votre manteau de
chat alors qu'il pleuvait à Washington?
M. Gauthier (Yves): Oui, cela se peut. C'est une
possibilité. S'il pleuvait, je ne le sais pas, mais cela se peut.
M. Paradis: À cette rencontre du 19 décembre 1977
à Washington - si j'ai dit le 12, je m'excuse, ce serait plutôt le
19 - qui avez-vous rencontré?
M. Jutras: Un instant. Je comprends que M. le
député suggère que la rencontre a eu lieu le 12 ou le 19
décembre, enfin au mois de décembre, mais le témoin a dit
qu'il ne le savait pas, que cela se pouvait que ce soit en décembre. Je
ne sais pas si cela a une importance dans votre question, peut-être pas
du tout, mais...
M. Paradis: La date exacte, je suis prêt à dire en
décembre. Est-ce que vous vous souvenez d'y être allé en
décembre? On va préciser cela.
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas, mais je sais qu'il y a une
personne qui pourrait vous le dire. Je pense qu'elle vous a appelé. M.
McBrearty, lui, il serait au courant.
M. Paradis: M. McBrearty serait au courant de cela?
M. Gauthier (Yves): Oui, parce qu'il était venu avec
moi.
M. Paradis: II était allé avec vous?
M. Gauthier (Yves): En tout cas, je me souviens qu'il est venu
une fois.
M. Paradis: D'accord. Au mois de décembre 1977, qui
avez-vous rencontré là-bas?
M. Gauthier (Yves): Si c'est en décembre que vous situez
la rencontre, ce doit être encore les mêmes gens du conseil, leur
président et les avocats.
M. Paradis: M. Turner?
M. Gauthier (Yves): M. Turner était président d'un
local, mais il y en avait un autre qui était président pour les
plombiers. C'est parce que j'y suis allé à peu près dans
le même temps.
M. Paradis: Mais est-ce que vous l'avez rencontré M.
Turner?
M. Gauthier (Yves): M. Turner? M. Paradis: Oui à ce
moment?
M. Gauthier (Yves): Je lui ai donné la main. Oui, il
était là.
M. Paradis: Vous l'avez rencontré à l'occasion de
vos deux visites?
M. Gauthier (Yves): Certainement à une visite, en tout
cas.
M. Paradis: D'accord. Est-ce que vous l'avez rencontré
à votre visite d'avant les fêtes?
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas, M. le Président, je
ne peux vous le certifier.
M. Paradis: Est-ce que vous avez rencontré...
M. Gauthier (Yves): Parce qu'ils avaient un congrès
à ce moment.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous posez la question:
Est-ce que vous l'avez rencontré à votre visite d'avant les
fêtes? Le témoin n'a jamais dit qu'il y était allé
avant les fêtes. Il a dit que cela se pouvait.
M. Paradis: On va y revenir. On va tenter de préciser, on
va faire appel à votre mémoire. Lorsque vous avez
témoigné le Il mai, vous avez dit que vous vous souveniez d'y
être allé aux alentours du mois de mars. C'est la période
que vous avez indiquée. Vous avez également indiqué dans
votre témoignage que vous y étiez allé deux ou trois fois.
Est-ce que vous vous souvenez d'y être allé avant les
fêtes?
M. Jutras: M. le Président, si je reporte l'honorable
député au ruban 1207, M. Gauthier a répondu ceci. La
question de M. Bourbeau était la suivante: "Après le mois de mars
1978?" M. Gauthier a répondu: "Non, c'était avant cela. Si
j'avais conservé mes billets d'avion, il me semble que c'était en
septembre, mais après mars, j'ai l'impression que je n'y suis pas
allé." Alors, le seul mois mentionné par l'invité à
ce jour est le mois de septembre.
M. Paradis: En se fiant aux réponses que vous avez
déjà données, que j'avais lues et que votre procureur
vient de souligner à nouveau, si vous nous avez dit qu'après mars
1978 vous n'y étiez pas retourné, donc des deux ou trois visites
auxquelles vous avez fait allusion, il y en a une qui se situe en mars 1978?
Suivant ce que votre procureur -vous êtes libre de reprendre ses propos
-vient de nous indiquer, il y en aurait une en septembre. Est-ce exact?
M. Gauthier (Yves): Cela se peut, M. le Président, mais je
sais qu'eux, je les ai vus deux fois, mais je ne pourrais vous dire les dates
exactes. Mais M. McBrearty le sait certainement parce que je suis revenu en
avion avec lui.
M. Paradis: On va essayer de se resituer avec le "capot" de chat,
si vous le permettez.
M. Gauthier (Yves): Excusez, ce n'est pas un manteau de chat,
mais de pattes de vison.
M. Paradis: Ah!
M. Gauthier (Yves): Je l'ai su hier parce que je l'ai
assuré.
M. Paradis: Je vous remercie pour la précision, mais ce
n'était pas le but de mon interrogatoire. Je suis content que vous ayez
une mémoire aussi précise; cela peut permettre de préciser
encore l'époque et les dates de voyage. Au mois de septembre, on ne
porte généralement pas cela, ni au Québec ni à
Washington.
M. Gauthier (Yves): Non, non.
M. Paradis: Est-ce que vous vous souvenez d'y être
allé au mois de décembre?
M. Gauthier (Yves): Non, je ne m'en souviens pas, M. le
Président. Cela se peut, par exemple, mais je ne m'en souviens pas.
M. Paradis: À votre rencontre dont vous ne vous souvenez
pas de la date, mais qui précédait celle du mois de mars, qui
avez-vous rencontré à Washington?
M. Gauthier (Yves): D'après moi, ce sont encore les
avocats. Une fois, il me semble que M. Turner n'y était pas. Mais les
avocats, puis d'autres personnes dont je ne sais pas le nom qui étaient
assises autour d'une table comme ici.
M. Paradis: Quand vous parlez des autres personnes, est-ce que
vous pourriez nous spécifier les noms?
M. Gauthier (Yves): Non, les Américains, non. Je ne m'en
souviens pas.
M. Paradis: On me souffle "six ans" de l'autre côté,
je comprends.
M. Gauthier (Yves): Non, je ne m'en souviens pas, M. Paradis.
M. Paradis: Je vais essayer de vous aider. Est-ce que M. Frank
Henley était là?
M. Gauthier (Yves): Frank Henley. Vous voulez dire de
Montréal?
M. Paradis: Non, de Washington.
M. Gauthier (Yves): Ah!, non je ne sais pas cela.
M. Jutras: Ce n'est pas le même Frank Hanley qu'on
connaît.
M. Gauthier (Yves): Non, non, je ne le
connais pas.
M. Paradis: Est-ce que M. Rawley Hill était là?
M. Gauthier (Yves): Oui, M. Rawley Hill, cela se peut parce que
c'était lui qui était le représentant américain
ici. Je pense qu'il avait été élevé à
côte Saint-Paul ou quelque chose de même.
M. Paradis: Est-ce que M. Ross Conlon était là?
M. Gauthier (Yves): Ross? M. Paradis: C-O-N-L-O-N. M.
Gauthier (Yves): Je ne le sais pas.
M. Paradis: Vous ne vous en souvenez absolument pas.
M. Gauthier (Yves): Je me souviens de Rawley Hill, par exemple,
qui est venu une fois, mais je ne sais pas laquelle. Ils venaient assez
souvent, eux, au bureau.
M. Paradis: Vous avez mentionné tantôt en
réponse à une de mes questions que M. Léo McBrearty vous
accompagnait. Est-ce qu'il a assisté à la réunion avec
vous?
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas.
Mais je sais qu'il est venu parce que j'étais dans l'avion avec
lui, c'est pour cela que je me le rappelle.
M. Paradis: Oui, mais vous ne pouvez pas vous souvenir s'il a
assisté à la réunion avec vous?
M. Gauthier (Yves): J'ai bien l'impression qu'il a dû, mais
je ne peux pas... Je sais qu'il y avait M. Napier, qui vient d'Égypte,
et que j'ai nommé l'autre jour.
M. Paradis: Maintenant, vous nous avez dit l'autre jour - et je
vous demande de faire un effort de mémoire - que c'était au mois
de mars que vous aviez recommandé Me Rosaire Beaulé, parce qu'il
était "tough", aux Américains. Est-ce qu'après avoir vu le
nom des personnes qui étaient présentes à cette
réunion, ce ne serait pas plutôt à la réunion que
vous ne pouvez pas situer dans le temps, mais qui se situerait entre septembre
et mars?
M. Gauthier (Yves): Je ne m'en souviens pas, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Juste avant que vous
répondiez, simplement pour les besoins de la cause, M. le
député de Brome-Missisquoi, vous avez pris deux affirmations de
Me Gauthier, vous avez fait une phrase avec et vous avez dit: Vous avez
recommandé Me Beaulé parce qu'il était "tough". Je ne
pense pas que Me Gauthier ait répondu cela à une des questions.
Il a dit: J'ai recommandé différentes personnes dont Me
Beaulé. À la suite d'autres questions, il a dit parce qu'il
était "tough", mais je ne pense pas qu'il l'ait fait de cette
façon-là.
M. Paradis: M. le Président, si vous le voulez, je suis
prêt à le faire. J'avais offert de lire toute la transcription
pour resituer le témoin.
Le Président (M. Jolivet): Donc, si on m'assure à
ma droite que ma gauche ne sera pas dérangée, tant mieux.
M. Paradis: C'est sous réserve. Ils vous ont dit qu'ils ne
m'avaient pas dérangé jusqu'à maintenant. Ils n'ont rien
promis pour l'avenir.
Le Président (M. Jolivet): Allez-y donc. Me Gauthier a
répondu à votre question.
M. Paradis: Qu'est-ce qu'il a répondu?
M. Gauthier (Yves): Je ne me souviens pas.
Le Président (M. Jolivet): Je ne me souviens pas.
M. Paradis: Encore!
M. Jutras: Peut-être que c'est un commentaire qui vous a
échappé, M. le député, mais cela n'est certainement
pas une question. Il y a déjà six ans de cela.
M. Paradis: Cela va. Je comprends que cela fait six ans, mais,
pour répondre à l'avocat, au savant procureur qui accompagne Me
Gauthier, en relisant la transcription, je me suis rendu compte que ma
mémoire n'était pas si mal relativement à la
réunion du mois de mars. Pour une réunion antérieure - il
n'y a quand même pas six ans entre les deux - c'est quasiment le vide
absolu et je tente - je vous le dis sérieusement - le mieux possible, en
donnant toutes les indications que je possède à notre
invité, de resituer cela dans le contexte et de retourner en
arrière. S'il me dit qu'il ne s'en souvient absolument pas, cela va, je
retire mon commentaire. Vous avez raison, mais je n'ai pas pu empêcher,
pour les motifs que je vous donne, le commentaire que j'ai fait.
Le Président (M. Jolivet): Allez donc. M. Gauthier
(Yves): D'accord.
M. Paradis: Je vais poser ma question différemment. Est-ce
que vous êtes certain d'avoir recommandé, entre autres, Me
Beaulé - je ne dirai pas parce qu'il était "tough" -après
le décès de Me Maynard Golt?
M. Gauthier (Yves): Oui. Si vous trouvez quand... Je pense que ce
n'est pas Golt, c'est Galt, quelque chose de même...
M. Paradis: Golt, Maynard Golt.
M. Gauthier (Yves): Ah bon! C'est après parce qu'ils se
cherchaient un avocat. Ils avaient une liste. C'est après son
décès. Si vous avez une date... Ou il est
décédé entretemps... Je pense qu'ils trouvaient que leur
avocat coûtait cher, mais j'ai l'impression qu'il est mort
entre-temps.
M. Paradis: Est-ce que c'est une impression? Je voudrais
que...
M. Gauthier (Yves): C'est une impression. Selon moi, ils avaient
remplacé Golt parce que ce dernier était mort, mais j'ai aussi
l'impression - ce n'est peut-être pas fin de dire cela - que cela a fait
leur affaire qu'il meure, qu'ils voulaient changer. C'est ce que j'ai compris.
Je n'aime pas cela dire cela, mais je sais qu'il a remplacé Golt. Je
sais cela.
M. Paradis: Vous savez cela. Maintenant, je vous pose la
question, Me Gauthier, parce que, sans retourner au texte - on pourra le faire
si votre procureur ou quelqu'un de l'autre côté l'exige - vous
nous avez dit que c'était votre impression, à l'occasion de votre
témoignage du Il mai, que c'était au mois de mars que vous
l'aviez recommandé, après le décès de Me Golt. Ma
question est bien simple. Est-ce qu'à votre connaissance, vous pouvez
vous souvenir de l'avoir recommandé lors de votre visite qui se situe
entre celle de septembre et celle de mars, en décembre?
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas, monsieur...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Juste une chose, c'est que Me
Gauthier a dit: Je ne le sais pas. Oui, M. le député.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, le
député de Brome-Missisquoi dans sa question a parlé de
celle de septembre. Il n'a jamais été dit de façon
sûre que M. Gauthier était allé à Washington en
septembre. Il a dit que cela se pouvait que ce soit en septembre.
M. Paradis: La période... Je réserve en disant la
période du mois de septembre ou autour de la période du mois de
septembre. On peut l'élargir tant qu'on veut. Mais il y a deux ou trois
visites: on en aurait une autour de la période de septembre, on en
aurait une autour de la période de mars. Y en a-t-il une autre dont vous
vous souvenez, à votre connaissance?
Le Président (M. Jolivet): La réponse a
été faite, jusqu'à maintenant...
M. Gauthier (Yves): Je ne peux pas. Je sais que j'y suis
allé deux fois, mais il me semble qu'une autre fois, je suis allé
voir un autre syndicat, parce que c'était la rue d'à
côté. Ce qui est mêlant là-dedans, c'est qu'il y a un
de ces avocats qui était aussi l'avocat d'un autre syndicat dont je
m'occupais. Je ne peux pas...
M. Paradis: Je vais y revenir, M. le Président, si vous
permettez, le plus précisément possible: Est-ce que vous
maintenez, maintenant qu'on a fait le tour du problème... Je ne vous
demanderai pas si vous maintenez, je vais poser la question autrement, pour
avoir encore plus de déférence envers le témoin. Est-ce
que vous dites, à cette commission, aujourd'hui, que c'est après
le décès de Me Maynard Golt que vous avez recommandé Me
Rosaire Beaulé, que vous connaissiez et qui est l'ancien associé
du chef de cabinet du premier ministre, au syndicat américain, entre
autres noms?
M. Gauthier (Yves): Oui, mais, si vous me disiez quand Golt est
mort, je pourrais peut-être essayer d'y revenir. Car, comme je vous l'ai
dit, j'ai l'impression qu'ils trouvaient que leur avocat leur coûtait
cher et il est mort entre-temps. (17 heures)
Le Président (M. Jolivet): Connaissez-vous la date du
décès?
M. Paradis: Oui, c'est cela que je voulais dire.
Le Président (M. Jolivet): Allez-y donc. M. Gauthier
(Yves): Je ne le sais pas. M. Paradis: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Allez-y, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, l'invité me
demande...
Le Président (M. Jolivet): Non, vous avez la parole.
M. Paradis: L'invité me demande de lui
révéler, si je la connais, la date du décès...
Le Président (M. Jolivet): Parce qu'à ma
connaissance, cela fait deux fois qu'il la demande.
M. Gauthier (Yves): Cela ne me fait rien.
M. Paradis: Ma connaissance est indirecte. Mais je veux vous
faire part de ce qui a été porté à ma connaissance,
M. le Président. Si on me demande mes sources, je les
révélerai. C'est le 12 janvier 1978.
M. Gauthier (Yves): Le 12 janvier 1978. Il est mort pendant les
fêtes, c'est cela. Je savais qu'il était mort à peu
près dans le temps des fêtes. Je pense qu'ils n'étaient pas
trop désappointés non plus.
M. Paradis: D'accord. On revient à ma question initiale:
Est-ce que vous pouvez dire à cette commission que vous avez
recommandé Me Beaulé après...
M. Vaillancourt (Jonquière): Entre autres noms.
M. Paradis: ...entre autres noms, M. le député de
Jonquière, après le décès de Me Maynard Golt?
M. Gauthier (Yves): Je ne sais pas, M. le Président. Mais
je sais qu'ils me l'ont demandé. Ils m'ont demandé des noms.
Était-ce avant qu'il meure ou après? Je ne peux pas vous le dire.
J'aimerais bien vous le dire. J'ai donné quatre ou cinq noms. Quatre
noms dont je me souviens; l'autre, je ne m'en souviens pas. Je ne peux pas vous
le dire. J'aimerais bien cela.
M. Paradis: Merci beaucoup.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Merci, M. le Président. Je n'aurais que
quelques questions à poser à Me Gauthier. Pendant votre tutelle -
on va rester dans cette période du 26 octobre 1977 au 3 octobre 1978,
plus ou moins - est-ce que vous avez discuté avec Me Jasmin de
l'idée que la cause contre le local 791 soit réglée hors
cour?
M. Gauthier (Yves): ...M. le Président.
M. Lalonde: Est-ce que, pendant cette période, le mandat
qu'exerçait Me Jasmin incluait celui de régler la cause contre le
local 791? Autrement dit, est-ce que, en plus de poursuivre, il avait le mandat
général de le régler autrement qu'en cour?
M. Gauthier (Yves): Bien là, d'après moi, il
fallait qu'il aille en cour, il me semble, M. Lalonde. C'était l'avocat
du local et il prenait à peu près toutes les causes. Pour moi,
c'était sa cause et puis...
M. Lalonde: Alors, vous ne pouvez pas dire si, dans le mandat de
poursuivre...
M. Gauthier (Yves): Ah, je comprends. Excusez-moi. Je comprends.
Si, dans son mandat, il avait reçu aussi le mandat de régler hors
cour? C'est cela que vous voulez dire? Je ne le sais pas.
M. Lalonde: Vous ne le savez pas?
M. Gauthier (Yves): Pour autant que j'étais
concerné peut-être bien de façon simpliste, mais on
n'était pas coupable, cela fait que je ne cherchais pas midi à
quatorze heures, mais...
M. Lalonde: Je m'excuse si la question vous a été
posée. C'est possible que vous y ayez répondu, soit directement
ou indirectement: Quand avez-vous entendu parler, pour la première fois,
qu'un règlement était en train d'être négocié
dans la cause de la SEBJ contre les syndicats? Il me semble que, d'après
les réponses que j'ai pu... C'était autour du 17 ou du 18 janvier
1979. Est-ce que c'est exact?
M. Gauthier (Yves): C'est après le 17.
M. Lalonde: Après le 17?
M. Gauthier (Yves): Après le 17.
M. Lalonde: Parce que, après le 17, cela peut être
n'importe quand jusqu'au 15 mars.
M. Gauthier (Yves): Ah, non! Quand j'ai vu M. Aquin - il dit que
je l'ai vu vers, je ne sais pas, le 26 ou le 27 - ils étaient en cour,
eux, les deux locaux contre la SEBJ. Alors, moi, c'est après. Pour moi,
c'est dans la semaine suivante. Il a dû me dire: On peut régler.
Je ne le sais pas.
M. Lalonde: Est-ce que, à ce moment-là, vous
étiez au courant que la SEBJ exigeait que les défendeurs
reconnaissent leur responsabilité?
M. Gauthier (Yves): Non, de cela je n'étais pas au
courant. Comme je vous le dis, cela m'aurait bien frappé que les gars se
reconnaissent coupables.
M. Lalonde: Mais vous n'avez jamais été au courant
- si je comprends bien votre réponse - que l'une des exigences de la
SEBJ était que les défendeurs reconnaissent leur
responsabilité.
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Lalonde: Saviez-vous, à ce moment-là, que M.
André Desjardins était l'un des défendeurs?
M. Gauthier (Yves): Oui, je le savais. Je ne sais pas en quel
honneur il était là, mais je sais que, lui, n'avait pas voulu
reconnaître sa culpabilité.
M. Lalonde: Là, vous le savez maintenant. Est-ce que vous
le saviez à ce moment-là?
M. Gauthier (Yves): Non. Oui, je l'ai su après, parce
qu'ils voulaient signer un règlement, au mois de mars, et il semble que
M. Desjardins ne voulait pas reconnaître sa culpabilité.
M. Lalonde: J'essaie de vous comprendre. Vous dites que vous ne
saviez pas qu'une des exigences de la SEBJ, c'était la reconnaissance de
la responsabilité par les défendeurs?
M. Gauthier (Yves): C'est cela.
M. Lalonde: Je crois comprendre -corrigez-moi, si je fais erreur
- que vous aviez appris, dans cette période-là, que M. Desjardins
ne voulait pas reconnaître sa responsabilité.
M. Gauthier (Yves): À la fin, quand ils ont signé
les papiers pour le règlement, au mois de mars. N'y en a-t-il pas un
autre aussi qui n'a pas voulu...
M. Lalonde: Je ne vous parle pas des autres, je vous parle de M.
Desjardins.
M. Gauthier (Yves): Non, non, mais, pour l'affaire de M.
Desjardins, c'est quand ils ont signé les papiers pour le
règlement en mars.
M. Lalonde: Vers quelle date situez-vous cet
événement?
M. Gauthier (Yves): Je situe cela dans le temps du
règlement et je pense que c'était en mars 1979.
M. Lalonde: Est-ce que vous connaissez Me Pierre Morneau, avocat
à Montréal?
M. Gauthier (Yves): Pierre Morneau. Oui. Je ne le connais pas,
mais je sais que... Est-ce qu'il était dans le bureau de M. Cutler?
M. Lalonde: Je l'ignore. Je vous demande si vous le connaissiez.
Est-ce que vous le connaissiez?
M. Gauthier (Yves): Non. Je sais que Pierre Morneau était
un avocat dans ce dossier, mais je ne connais pas son rôle. C'est parce
qu'en plus je m'occupais du local 89 et du local 101 et M. Cutler
défendait ces gars-là. M. Morneau était peut-être
dans ce bureau. Il y avait un autre type et M. Cutler.
M. Lalonde: Est-ce que vous connaissiez un lien de parenté
entre Me Pierre Morneau et M. André Desjardins?
M. Gauthier (Yves): Non. Cela, jamais! Je savais qu'il y avait
d'autres personnes parentes avec lui, mais M. Morneau, je n'ai jamais su
cela.
M. Lalonde: Est-ce que vous avez parlé à Me Pierre
Morneau de la cause et, plus particulièrement, du fait que M.
André Desjardins ne voulait pas reconnaître sa
responsabilité?
M. Gauthier (Yves): Ah! Je ne le pense pas. Je n'avais pas
d'affaire à appeler à M. Morneau, moi.
M. Lalonde: Vous êtes sûr que vous n'avez pas
parlé à Me Pierre Morneau de cette cause-là?
M. Gauthier (Yves): Je ne vois pas pourquoi, mais,
écoutez, c'est possible. Mais là, c'est parce que cela fait
quelque temps. Tout ce que je sais, c'est que M. Desjardins n'avait pas voulu
signer la reconnaissance de culpabilité. C'est tout ce dont je me
souviens.
M. Lalonde: Est-ce que vous avez parlé à Me Morneau
du fait que M. Desjardins ne voulait pas reconnaître sa
responsabilité?
M. Gauthier (Yves): Je pense que j'ai répondu non, que je
ne le savais pas.
M. Lalonde: Est-ce que vous avez rencontré fortuitement Me
Pierre Morneau chez votre tailleur, durant cette période?
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas. Cela se peut.
M. Lalonde: Est-ce que, à cette occasion, si cela se peut,
vous auriez parlé à Me Morneau du fait que M. Desjardins ne
voulait pas reconnaître sa responsabilité?
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas. C'est une
possibilité parce que c'est un tailleur qui avait plusieurs clients. Il
avait
plusieurs avocats comme clients. Je sais cela. M. Shoofey et bien
d'autres. Ils étaient tous ses clients.
M. Lalonde: Mais vous ne pouvez pas vous souvenir d'avoir
rencontré Me Morneau fortuitement. Ce n'était pas une rencontre
organisée, d'après ce que je comprends.
M. Gauthier (Yves): Bien non. Cela, je m'en souviendrais. En tout
cas, si cela avait été un rendez-vous, il me semble que je m'en
souviendrais.
M. Lalonde: J'aimerais qu'on aille porter à Me Gauthier
une copie de deux documents. Le premier semble être un organigramme des
services de spécialistes; l'autre, un extrait d'un procès-verbal,
que je décrirai, M. le Président, lorsque le témoin aura
en sa possession les deux documents.
Le Président (M. Jolivet): Sauf que la coutume veut qu'on
en ait des copies nous aussi, pour qu'on puisse suivre. Est-ce qu'on en a?
M. Lalonde: Ah oui! Vous ne serez pas oubliés.
Le Président (M. Jolivet): Oui. Ahl Merci. Donc, on
demanderait qu'on nous distribue les documents, s'il vous plaît.
M. Lalonde: Vous voyez un premier document qu'on nous exhibe et
qui semble être ce qu'on appelle un organigramme. Est-ce qu'il s'agit de
l'organigramme que vous a remis M. Yvan Latouche lors de la réunion du
16 février et dont vous auriez fait une copie?
M. Gauthier (Yves): Oui, cela ressemble à cela en tout
cas. Je reconnais les noms de M. Devries et de M. Loos. Cela m'avait
frappé. C'est lui qui avait attiré mon attention sur cela.
M. Lalonde: Quant à l'autre document, il s'agit d'un
extrait du procès-verbal de la 157e assemblée du conseil
d'administration de la Société d'énergie de la Baie James,
tenue le mardi 3 décembre 1974. Est-ce que vous reconnaissez dans ce
document le deuxième ou le troisième ou un des autres documents
dont vous aviez fait une photocopie lors de la réunion du 16
février 1979?
M. Gauthier (Yves): Je ne me souviens pas de celui-là. Je
me souviens de celui-ci.
M. Lalonde: Vous pouvez prendre votre temps pour en prendre
connaissance.
M. Gauthier (Yves): Je parle de l'organigramme.
M. Lalonde: Mais l'autre est un document beaucoup plus long.
M. Gauthier (Yves): Même si je regardais, cela ne me dit
rien, il n'y a pas de nom qui me dise quelque chose. Cela m'avait dit quelque
chose, par exemple.
M. Lalonde: Si vous voulez, on peut en lire, si vous le
permettez, quelques extraits après avoir passé les attendus.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: Je voudrais savoir où est-ce que l'on s'en va.
Ce que le député de Marguerite-Bourgeoys exhibe à Me Yves
Gauthier, je vais le lire: "Extrait du procès-verbal de la 157e
assemblée du conseil d'administration de la Société
d'énergie de la Baie James tenue le mardi 3 décembre 1974." Je
suis bien prêt à prendre la parole de bien du monde, mais
j'aimerais cela qu'on puisse savoir de la Société
d'énergie de la Baie James s'il s'agit vraiment d'un extrait du
procès-verbal avant que les questions puissent continuer.
M. Lalonde: M. le Président, je ne demande pas...
M. Duhaime: Ce n'est pas la meilleure façon d'introduire
un document d'une société comme la Société
d'énergie de la Baie James... On peut faire faire la
vérification, cela peut prendre une dizaine de minutes. On va envoyer un
bélino à Montréal. Je ne voudrais pas que l'on pose des
questions. Si c'est l'extrait véritable du procès-verbal, je n'ai
aucune espèce d'objection à ce que les questions soient
posées, mais je ne le sais pas. Je ne voudrais pas que l'on se retrouve
dans 20 minutes en disant: Cela fait 20 minutes qu'on travaille sur un document
qui n'a pas été attesté par la direction de la SEBJ.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: L'objection du ministre serait valable si je
prétendais, par le témoin qui est ici, établir
l'authenticité du document, établir qu'il s'agit bien du
procès-verbal de la 157e assemblée du conseil d'adminisration,
etc. Ce n'est pas du tout ce que je demande au témoin. Je demande
simplement s'il s'agit d'un des documents qui lui ont été
exhibés par M. Yvan Latouche lors de la réunion au bureau de Me
Gauthier, le 16 février 1979, sur laquelle réunion Me Gauthier a
témoigné jusqu'à maintenant et à
propos de laquelle il a dit qu'il avait examiné un dossier. Il
n'est pas du tout de mon intention d'établir l'authenticité du
document ou de la faire établir par le témoin. Il s'agit tout
simplement de savoir s'il s'agit d'un document qui se trouvait dans le dossier
exhibé par M. Latouche.
M. Duhaime: Si c'est seulement cela. Il a répondu.
Le Président (M. Jolivet): Allez, Me Gauthier.
M. Gauthier (Yves): Je vais répondre, s'il n'y a pas
d'objection. Je ne m'en souviens pas.
M. Lalonde: Pour aider à la compréhension et au
souvenir de Me Gauthier, au moment où j'ai été interrompu,
je m'apprêtais à simplement souligner ici au témoin un
paragraphe qui peut peut-être l'aider...
M. Duhaime: Non, c'est cela qui est interdit. J'ai
déjà lu...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre. (17 h 15)
M. Duhaime: M. le Président, je vais utiliser une phrase
que le député de Marguerite-Bourgeoys a sûrement entendue
plusieurs fois en première année de droit. Il est interdit de
faire ou même de tenter de faire indirectement ce qui vous est
directement interdit. Tant et aussi longtemps que cet extrait du
procès-verbal de la SEBJ n'aura pas été authentifié
comme étant un document de la Société d'Énergie de
la Baie James par une personne en autorité à la SEBJ, je ne
permettrai pas qu'on fasse la lecture de quoi que ce soit qu'il y a dans ce
document. On n'est pas pour partir un drame et faire un mystère avec
rien, mais le député de Marguerite-Bourgeoys devrait au moins
reconnaître qu'il n'a pas le droit de faire ce qu'il tente de faire
actuellement.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je ne reconnais rien et le ministre n'a rien à
permettre non plus. C'est à vous, M. le Président, de
déclarer cette question irrecevable ou non.
M. Duhaime: C'est cela.
M. Lalonde: Comme je ne prétends pas établir
l'authenticité du document, je l'ai dit, le faire établir par le
témoin, je peux quand même demander au témoin si, au cours
de cette réunion, M. Latouche vous a fait état d'une augmentation
d'un contrat avec Les Constructions du Saint-Laurent Ltée pour une somme
additionnelle de 3 900 000 $. Est-ce que c'était l'une des sources des
griefs que M. Latouche a exprimés lors de cette réunion où
il vous a dit qu'il y avait des griefs contre la SEBJ?
M. Gauthier (Yves): Je ne m'en souviens pas, M. le
Président.
M. Lalonde: M. le Président, lors de cette réunion
du 16 février où Me Jasmin, M. Latouche et Me Gauthier se sont
retrouvés ensemble pour une partie de la réunion, Me Gauthier,
vous souvenez-vous d'échanges qui auraient pu avoir lieu entre M.
Latouche et Me Jasmin en votre présence?
M. Gauthier (Yves): Je ne m'en souviens pas, M. le
Président.
M. Lalonde: Est-ce que - je voudrais bien comprendre, M. le
Président - Me Gauthier, vous dites que vous ne vous souvenez pas qu'il
y ait eu des échanges ou si vous ne vous souvenez pas du contenu des
échanges? C'est ce que je n'ai pas compris.
M. Gauthier (Yves): Je ne me souviens pas du contenu des
échanges. Je me souviens de ce que M. Latouche m'a dit, par exemple. Je
m'en souviens en partie. Je peux vous référer à mon
témoignage.
M. Lalonde: Oui, mais je ne veux pas revenir sur votre
témoignage.
M. Gauthier (Yves): II n'était pas content.
M. Lalonde: Je ne veux pas revenir sur votre témoignage.
Maintenant, je me demandais si vous vous souveniez...
M. Gauthier (Yves): Non.
M. Lalonde: ...en plus de ce que vous avez affirmé dans
votre témoignage jusqu'à maintenant, d'échanges qui
auraient pu avoir lieu entre... C'est-à-dire, à un moment
donné, pendant cette période de quelques minutes quand même
de plusieurs minutes, est-ce que M. Jasmin n'a parlé qu'à
vous?
M. Gauthier (Yves): Non, non.
M. Lalonde: Est-ce que M. Latouche n'a parlé qu'à
vous?
M. Gauthier (Yves): Non, non.
M. Lalonde: Ou s'ils se sont parlé ensemble?
M. Gauthier (Yves): Ils se sont parlé, mais je ne sais
pas...
M. Lalonde: Est-ce que vous vous souvenez si M. Latouche aurait
dit à M. Jasmin qu'advenant le cas où les syndicats, les clients
de M. Jasmin seraient condamnés, cela irait sûrement en appel et
que ce serait long?
M. Gauthier (Yves): Je ne me souviens pas de cela, M. le
Président.
M, Lalonde: Est-ce que vous vous souvenez si M. Jasmin aurait dit
à M. Latouche qu'aucun appel ne serait nécessaire, qu'il y aurait
règlement hors cour?
M. Duhaime: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! M. le
ministre. M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, non seulement c'est une
tentative d'introduire un témoignage par ouï-dire, mais je pense
que le député de Marguerite-Bourgeoys s'en rend compte
lui-même: il est en train de mettre dans la bouche d'une tierce personne
des propos que quelqu'un aurait rapportés en présence de Me
Gauthier. Franchement... C'est irrecevable, M. le Président.
M. Lalonde: Non, non, M. le Président. Question de
règlement sur...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je pense que le ministre fait erreur dans la mesure
suivante: le ouT-dire est une chose, mais être témoin d'une
conversation est une autre chose.
Une voix: Demandez-lui ce qu'ils se sont dit.
M. Lalonde: C'est ce que je demande à Me Gauthier: ce qui
s'est passé devant lui et dont il a été témoin. Ce
n'est pas du ouï-dire. Et je peux demander, sans que ce soit une
question suggestive: Est-ce que vous avez parlé de la
température? Ce n'est pas suggérer qu'ils ont parlé de la
température. La réponse est oui ou non.
Ce serait une question suggestive, par exemple - et de la nature d'un
contre-interrogatoire - si je lui demandais: "N'est-il pas vrai que vous avez
fait telle chose?" et si je tentais de convaincre le témoin qu'il a dit
ou entendu cela. Ce n'est pas du tout ce que je fais. Je demande simplement au
témoin s'il se souvient qu'une personne présente avec lui lors
d'une réunion a dit: Ce ne sera pas nécessaire d'aller en appel,
cela va se régler hors cour. S'il m'a dit qu'il ne se souvient
pas...
M. Duhaime: Si ce n'est pas une question suggestive, cela!
M. Lalonde: Ce n'est pas une question suggestive.
M. Duhaime: Bien, franchement! M. Lalonde: Non.
M. Duhaime: M. le Président, je vous demanderais...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: ...de déclarer cette question irrecevable. Si
cette question n'est pas une question suggestive ou encore une "leading
question", si le député de Mont-Royal aime mieux, je me demande
bien ce que c'est. Je prends l'univers entier à témoin.
Franchement!
M. Lalonde: Écoutez, vous pouvez aller chercher la lune,
si vous le voulez.
M. Duhaime: Non, ce n'est pas nécessaire, car, dans votre
cas, vous y êtes déjà rendu.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Lalonde: Vous seriez "en" Mars qu'on ne s'ennuierait pas, M.
le ministre.
M. Duhaime: Non, on est en mai. On a commencé en
avril.
Le Président (M. Jolivet): Oui, mais sur Mars, ce serait
sûrement mieux.
M. Lalonde: En Mars, car on dit en lune, ou en somme.
Le Président (M. Jolivet): Écoutez, vous êtes
dans une grosse discussion entre deux avocats, l'un à ma gauche, l'autre
à ma droite. Une chose est certaine: n'est pas permise par le
règlement une question qui tente de suggérer à notre
invité une réponse.
M. Duhaime: Je peux vous lire un éditorial.
Le Président (M. Jolivet): Non, non, ne faites pas la
lecture de l'éditorial, car je l'ai dans ma poche et je le conserve
précieusement. S'il vous plaît!
Donc, pour régler le problème de façon à ne
pas avoir à décider si elle est recevable ou non, est-ce que le
député peut reposer sa question et on verra à ce
moment-là?
Oui, M. le député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je comprends que vous n'ayez
pas décidé si c'étaient des questions suggestives ou non.
Pour vous enlever cet embarras, je vous rappellerai qu'à la question du
député de Marguerite-Bourgeoys Me Gauthier a répondu qu'il
ne se souvenait pas de la conversation qui s'était engagée, s'il
y en avait eu une entre Me Jasmin et M. Latouche. Donc, le député
de Marguerite-Bourgeoys peut bien poser toutes sortes de questions, s'il ne se
souvenait pas de la conversation...
Le Président (M. Jolivet): Avant de continuer, j'essaie de
me rappeler une chose, mais je n'ai pas la transcription et peut-être que
cela m'aiderait dans ma décision au niveau de la suggestion. Il me
semble - je pose la question à Me Gauthier - que lors de
l'interrogatoire à cette commission, Me Gauthier aurait répondu
que, lorsqu'il est allé faire des photocopies, il est possible qu'il y
ait eu une conversation et qu'il n'était pas présent à ce
moment-là. Je veux savoir si c'est bien ce que j'ai retenu de ce que
vous avez répondu et, après cela, je verrai. Me Gauthier.
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas. Il faudrait lire la
transcription. Je ne me souviens pas de la discussion entre les deux sur un
recours ou un appel de la cause.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je ne posais pas la question
au témoin à savoir quelle conversation aurait été
tenue entre les deux autres en l'absence du témoin. Vous pouvez
être sûr que j'avais bien précisé au début que
je voulais simplement qu'il nous dise ce dont il se souvient avoir
été dit entre Me Jasmin et M. Latouche en sa présence.
Le Président (M. Jolivet): D'accord.
M. Lalonde: M. le Président, je vais régler votre
problème, puis je vais passer à une autre question. De toute
façon, si je décide de ne pas insister, M. le Président,
c'est parce que le témoin jusqu'à maintenant, dans toutes les
questions sur ses conversations, m'a répondu qu'il ne s'en souvenait
pas. Je n'ai pas d'espoir qu'en posant d'autres questions je réussisse
à rafraîchir sa mémoire.
Je voudrais lui poser une question qui a trait à la
présence de Me Jasmin à son bureau à quelques reprises -
on a parlé de quatre ou cinq occasions - entre le 17 octobre 1978 et le
13 mars 1979. C'est bien le 13 mars 1979, je ne suggère pas que la
dernière réunion a eu lieu le 13 mars 1979, elle a eu lieu avant
cela. Comme c'est la période qui est permise, comme au-delà de
cette période je serais dans l'interdiction la plus totale, je termine
la période au 13 mars 1979.
Le témoin nous a dit que Me Jasmin allait le voir à
quelques reprises et qu'il a été question de la cause. À
une occasion Me Jasmin lui a fait part des arguments qu'il allait
défendre soit en cour ou devant les représentants de la SEBJ. Je
maintiens que la question suivante est parfaitement recevable parce qu'elle
tend...
Le Président (M. Jolivet): Je vais l'écouter.
M. Lalonde: Je vous invite à l'écouter
attentivement...
Le Président (M. Jolivet): Oui, merci.
M. Lalonde: ...comme vous le faites régulièrement.
Il s'agit de savoir si, entre le 17 octobre 1978 et le 13 mars 1979, Me Jasmin
serait allé vous voir pour vous expliquer ses arguments dans d'autres
causes que celle du saccage.
M. Gauthier (Yves): Je ne le pense pas. Je ne m'en souviens
pas.
M. Lalonde: Merci, M. le Président. Je n'ai pas d'autres
questions.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Il n'y a pas d'autres
questions? En conséquence, au nom des membres de la commission, je vais
libérer Me Gauthier de cette commission en le remerciant de l'aide qu'il
nous a apportée.
Autres remarques sur les requêtes de M. Yves
Gauthier
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: J'aurais une précision à apporter, M.
le Président, qui ne s'adresse pas au témoin, mais à son
avocat.
Le Président (M. Jolivet): À l'avocat, Me
Jutras.
M. Lalonde: J'ai relu la transcription des tentatives de
requêtes qu'on a faites cet avant-midi...
Le Président (M. Jolivet): N'oubliez pas qu'on avait dit
des demandes.
M. Lalonde: Oui, des demandes. On ne les a pas reçues,
mais on en a tellement parlé.
Le Président (M. Jolivet): On en a des copies.
M. Lalonde: Si on reçoit de la visite comme cela, on la
reçoit longtemps même si on ne la reçoit pas! Je veux
simplement référer à deux paragraphes qui ont
été inscrits dans une des requêtes - ce qu'on appelle
requêtes, et la signature est celle de Me Germain Jutras - soit celle qui
a trait au document.
M. Jutras: Pardon? Celle qui a trait à...
M. Lalonde: Au document.
Le Président (M. Jolivet): C'est celle qui...
M. Lalonde: II n'y a pas de numéro, mais...
Le Président (M. Jolivet): Celle qui dit: "En
conséquence, votre invité vous demande respectueusement que toute
mesure..."
M. Lalonde: C'est cela. Dans les quatrième et
cinquième attendus, Me Jutras affirme ceci: "Attendu qu'on lui a
enlevé ce document à son insu, sans son consentement et qu'on lui
a en quelque sorte volé ce document." Immédiatement après
Me Jutras affirme: "Attendu que ce document s'est retrouvé entre les
mains d'un député et que ce député s'est permis des
commentaires sur ce document;".
M. le Président, j'ai eu l'occasion ce matin de relever cette
affirmation, même de faire l'hypothèse que, si Me Jutras avait
raison, cela ferait du député entre les mains de qui le document
se serait retrouvé un receleur. À ce moment-là, Me Jutras
m'a répondu que, lorsque quelqu'un reçoit un objet volé,
mais le remet à la justice, non seulement il n'est pas un receleur, mais
il est un ami de la justice. C'est à peu près cela, le sens de
vos propos.
M. Jutras: Exactement.
M. Lalonde: Je pense qu'il n'a pas été
affirmé assez clairement... Lorsqu'on dit: "Ce document s'est
retrouvé entre les mains d'un député et que ce
député s'est permis des commentaires sur ce document" je croyais
que Me Jasmin parlait du député de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Jolivet): Me Jutras.
M. Jutras: Je suis heureux de l'occasion que vous me donnez.
Premièrement, quant à moi, il s'agissait de ouï-dire parce
que ce sont des faits que personnellement je n'ai pas vus. Vous connaissez les
règles de ouï- dire, les règles de la meilleure preuve. Pour
faire la meilleure preuve, il aurait fallu faire une enquête. Je n'ai pas
demandé d'enquête pour les raisons que je vous ai
expliquées ce matin. Je tiens à dire que je n'ai pas vu le
document en question dans les mains de quelque député que ce
soit, malgré que des gens me l'aient dit. Si ce qui vous
inquiète, M. le député, c'est de savoir si vous avez eu le
document en main, j'ai relu la transcription de votre intervention à la
reprise qui a eu lieu vendredi dernier à la suite de la suspension de
quelques minutes. Vous avez dit, si mon souvenir est bon: "On m'a dit que", et,
là aussi, vous avez rapporté le contenu d'un document que vous
n'aviez peut-être pas entre les mains. Je ne connais pas le document que
vous aviez entre les mains. Vous m'avez dit ce matin que ce que vous aviez
était un document de format semblable, mais qui n'était pas
celui-là, qui était vos notes personnelles où vous aviez
transcrit le contenu du document. Je n'ai pas lieu de douter de votre parole.
(17 h 30)
M. Lalonde: Je veux dire à Me Jutras que cela
m'inquiétait et qu'il y a d'autres choses qui m'inquiètent aussi,
mais j'y reviendrai tout à l'heure. Je voudrais simplement dire que je
n'ai jamais eu entre les mains ce document. Je ne l'ai jamais vu jusqu'au
moment où je vous parle. Le ministre a suggéré, à
un moment donné, qu'on pourrait même le déposer, mais il
n'a pas été requis de le faire. Il l'aurait exhibé
lui-même - je pense qu'il l'a même affirmé ce matin, mais il
pourra me corriger si je fais erreur - aux journalistes. Donc, s'il y avait un
député qui l'avait entre les mains, ce n'était pas moi,
premièrement.
En ce qui concerne l'enlèvement du document à son insu,
sans son consentement, c'est-à-dire le vol du document, il me semble que
la démonstration du député de Brome-Missisquoi, ce matin,
qui n'a été démentie d'aucune façon, est assez
évidente. Je regrette, Me Jutras, que, dans l'exercice de vos fonctions
comme avocat du témoin, vous ayez cru bon affirmer ici et sous votre
signature des faits que vous n'aviez pas vérifiés...
M. Jutras: Un instant.
M. Lalonde: ...et qui portent atteinte à mon honneur,
à ma dignité et à l'honneur et à la dignité
de tous les membres de cette commission. Je regrette aussi le peu de rigueur
avec laquelle vous avez rédigé ces requêtes. Je regrette
aussi que vous n'ayez même pas cru bon de prendre connaissance d'une
décision de la présidence, il n'y a pas tellement longtemps,
disant qu'aucune requête qui n'est pas faite par un député
n'est recevable par la commission. On s'est souvent plaint du traitement fait
à différents
témoins, mais je pense qu'il est temps que les témoins et
leurs avocats, à plus forte raison... Pour les témoins, par
nervosité, par fatigue, à cause de la pression, à un
moment donné, c'est assez humain d'avoir des réparties qui sont
parfois un peu plus vigoureuses, mais, en ce qui me concerne, je trouve que la
performance, surtout celle de ce matin, Me Jutras, est déplorable et je
la regrette beaucoup.
Le Président (M. Jolivet): Seulement un instant. Vous
aurez ensuite la parole, Me Jutras. M. le ministre.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais, d'abord, vous
dire une chose. Des requêtes qui sont rédigées et
signées par des procureurs au nom de leur client, il y en a parfois qui
ont 200 paragraphes. Règle générale, elles sont
supportées par un affidavit. Puisque le document n'a jamais
été déposé devant la commission, parce qu'il est
irrecevable comme tel, je m'en tiens donc à la requête verbale
qu'a faite Me Jutras pour dire essentiellement ceci: Je trouve que le
député de Marguerite-Bourgeoys est bien mal placé, lui et
son groupe, pour faire des leçons de rigueur à quiconque.
M. Lalonde: Non, je regrette...
M. Duhaime: J'ajouterai essentiellement que, pour ce qui est de
l'incident de ce petit document, je vais réaffirmer ce que j'ai dit ce
matin. Cela a, d'ailleurs, été confirmé par le
député de Brome-Missisquoi. Le député de
Marguerite-Bourgeoys aurait eu le document entre les mains. Remarquez que ce
n'est pas celui-là, parce que ce sont d'autres notes. Je vais vous les
montrer.
M. Lalonde: Je ne regarde pas vos notes.
M. Duhaime: Le député de Marguerite-Bourgeoys
aurait eu le document entre les mains et en aurait fait la lecture, cela aurait
été exactement la même chose, puisque le contenu qui a
été véhiculé par le député de
Brome-Missisquoi et qui s'est retrouvé sur un papier entre les mains du
député de Marguerite-Bourgeoys - je le dis en toute bonne foi,
j'en étais moi-même convaincu vendredi après-midi lorsque
j'ai fait mes remarques, mais j'ai fait beaucoup de réserves -
était le document qui était, quelques instants plus tôt,
sur la table en face de nous. Mais je ne l'ai pas affirmé. C'est
après la suspension de la séance, comme je l'ai dit ce matin, que
j'ai vu le vrai document. Je suis allé le porter moi-même. Je l'ai
remis à Me Jutras en présence de témoins, parce que,
apparemment, M. le Président, quand on a affaire aux libéraux, il
faut toujours avoir beaucoup de témoins. Pour être bien sûr
de mon coup, je l'ai remis devant les journalistes.
M. le Président, je ne pense pas que l'honneur, la
réputation et la dignité du député de
Marguerite-Bourgeoys aient été atteints de quelque manière
que ce soit. Comme vous le savez, le député de
Marguerite-Bourgeoys est un membre honorable de l'Assemblée et il est
très parcimonieux et attentif au règlement de l'Assemblée
et de la commission. On a eu l'occasion de s'en rendre compte depuis six
semaines.
Si vous voulez mon avis, s'il y a des griefs quelconques à
être formulés à l'endroit de Me Germain Jutras dans
l'exercice de ses fonctions comme procureur, cela n'appartient pas au
député de Marguerite-Bourgeoys de les faire. Il y a l'Ordre des
avocats, il y a un bâtonnier, il y a un syndic. Si vous avez des plaintes
à formuler, faites-les à qui de droit. Je vous trouve très
prudent de vous abriter continuellement derrière l'immunité
parlementaire pour vous permettre de dire à peu près n'importe
quoi, oui, de dire à peu près n'importe quoi sur la conduite des
gens, sur leur témoignage, sur leur personnalité. Je trouve cela
vraiment dommage. Le premier ministre l'a évoqué de nouveau, cet
après-midi, à l'Assemblée nationale. J'espère que,
dans les jours qui restent à cette commission parlementaire, comme on
l'a écrit dans le journal Le Droit, il n'y a pas tellement longtemps,
l'Opposition va retrouver sa dignité.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le ministre. Me
Jutras.
M. Germain Jutras
M. Jutras: M. le Président, évidemment, mon mandat
vient de se terminer. Je représentais Me Gauthier et, comme bien des
gens dans la société, on ne digère pas tellement bien
qu'un avocat représente son client. Pour compléter les
informations que j'avais données, je dois dire que mon client m'a
représenté, qu'au moment de l'ajournement le document en question
- qui était un document personnel et que je n'avais pas encore vu au
moment de l'ajournement, dont je n'avais pas vu le contenu - il l'avait mis en
dessous de tous ses autres papiers. Quand il est revenu, le document
n'était plus là. Et, quand il est revenu, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys a fait des commentaires sur ce
document-là ou, à tout le moins, sur le contenu du document.
Moi, je n'ai pas demandé d'enquête là-dessus. Si
c'est nécessaire de le répéter de nouveau pour l'honneur
qui aurait pu être froissé du député de
Marguerite-Bourgeoys:
Je n'ai jamais insinué - ce n'est pas mon style d'insinuer, non
plus; c'est justement ce que j'ai reproché ce matin, dans une des
requêtes, que l'on fasse des insinuations à l'égard des
invités, je ne me permettrai pas d'en faire - que le
député de Marguerite-Bourgeoys était venu s'emparer de ce
document-là. Je répète encore que je n'ai pas
été témoin des faits. Moi-même, j'étais
absent. Mais j'ai pris la parole de mon client selon laquelle le document
était en dessous de ses autres documents et, quand il est revenu, le
document n'y était plus. Mon client m'a informé qu'il n'avait
jamais consenti à ce que qui que ce soit vienne prendre des documents
dans ses papiers. Peut-être que cela peut plaire ou déplaire
à certains. Moi, je ne suis pas ici pour plaire à quelque
député que ce soit. J'étais ici pour représenter
les droits d'une personne.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Brome-Missisquoi, rapidement sur la même question.
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: Très rapidement, M. le Président, et
sans faire le tour, comme je l'ai fait ce matin. Je ne sais pas quelles ont
été les représentations qu'a faites son client à Me
Jutras, mais j'ai dit, ce matin, que j'avais vu le papier en passant, à
cinq ou six pieds de la table. Je vois difficilement comment il aurait pu
être sous la pile. Je prends à témoin tous les autres qui
sont passés à côté et qui l'ont vu également.
Je ne suis pas tout seul. Ce qui est plus important que cela...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! M. le
député, continuez. Non, non, vous n'avez pas à vous...
S'il vous plaît!
M. Paradis: M. le Président, le député de
Bourassa m'a interrompu en me disant: Je le défie de lire un papier
à six pieds.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! M. le
député de Bourassa, s'il vous plaît!
M. Laplante: Je vous défie de le lire, le papier, à
six pieds de la table.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bourassa, s'il vous plaît:
M. Paradis: Mon optométriste m'a dit que j'avais 125%, M.
le Président.
Le Président (M. Jolivet): Allez, allez, allez. Allez!
M. Paradis: M. le Président, je reviens donc. Me Jutras,
ce qu'on vous reproche finalement - et je pense que c'étaient
peut-être là les propos du député de
Marguerite-Bourgeoys - c'est que la requête que vous avez signée
comme procureur - et je me rends à l'argument du député de
Saint-Maurice, le ministre - elle n'est pas appuyée d'un affidavit, mais
vous l'avez signée. Je ne sais pas, mais j'aimerais que vous nous
précisiez, avant que vous quittiez cette commission, qui a pu vous
donner ce genre d'information qu'un député aurait eu ce document
en sa possession, etc., puis, voler le document, etc. C'est important pour
notre commission, parce que si vous le savez...
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Paradis: ...et que vous ne nous dites pas vos sources
d'information...
Le Président (M. Jolivet): M. le député. M.
le député. M. le député, vous êtes en train
d'ouvrir une boîte que je ne voudrais pas ouvrir.
M. Jutras: Sur un autre point, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Non, non. Juste avant. Non, un
instant. On va commencer par régler cela point par point, M. le
député, s'il vous plaît.
M. Paradis: Sur l'intervention du ministre, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Un instant: II ne reste pas
tellement de minutes avant l'ajournement. Je vais, quand même, permettre
è Me Gauthier de laisser la place puisqu'il est libéré
pour le moment, s'il le désire. C'est parce que je ne voudrais d'aucune
façon qu'on rouvre une boîte que je ne permettrai de rouvrir. J'ai
permis au député de Marguerite-Bourgeoys d'ouvrir sur un petit
secteur parce qu'il avait quelque chose d'important, je pense, à
régler une fois pour toutes. Me Jutras, vous répondrez et je
verrai après si je continue.
M. Paradis: M. le Président, en terminant...
Le Président (M. Jolivet): Non, Me Jutras, d'abord. Il
avait quelque chose à ajouter.
M. Paradis: Mon droit de parole, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, oui, vous allez l'avoir.
Ne vous inquiétez pas. Me Jutras, est-ce que vous avez quelque chose
à ajouter?
M. Jutras: Ce n'était pas pour faire
suite à la remarque du député de
Marguerite-Bourgeoys. C'était simplement pour préciser un point
de ce matin concernant le député de Louis-Hébert...
Le Président (M. Jolivet): Dans ce cas-là, non,
non.
M. Jutras: ...où je tiens à faire une mise au
point.
Le Président (M. Jolivet): Oui, mais, avant cela, je vais
terminer la question. Je pensais que c'était sur la question en cours.
Le député de Brome-Missisquoi n'a pas terminé, mais je
croyais que vous vouliez apporter une précision sur ce qu'il venait de
dire.
M. Jutras: Non. Je suis témoin d'absolument rien de ce qui
s'est passé lors de l'ajournement; j'étais absent.
Le Président (M. Jolivet): D'accord.
M. Jutras: J'ai donné les renseignements provenant de mon
client, point. Quant au reste, je pense bien que je suis sous le secret
professionnel et que vous ne demanderez pas à un confrère du
barreau de trahir son secret professionnel, je suppose, malgré que vous
avez certainement le pouvoir de demander qu'une enquête soit faite.
Le Président (M. Jolivet): Non. M. le député
de Brome-Missisquoi. Je suis pris, d'une certaine façon, parce que je
pensais qu'on embarquait dans une discussion qui devait être
brève. Mais le problème que j'ai, c'est que la boîte que
j'ai fermée ce matin, j'ai l'impression qu'elle est en train de se
rouvrir. Je ne veux pas qu'elle s'ouvre.
M. Paradis: M. le Président, je voudrais...
Le Président (M. Jolivet): Oui, je vais voir ce que le
député de Brome-Missisquoi a à dire et je verrai
après.
M. Paradis: M. le Président, est-ce que c'est mon droit de
parole?
Le Président (M. Jolivet): Oui, vous n'aviez pas
terminé. Allez-y!
M. Paradis: M. le Président, je voudrais seulement
rappeler au ministre - et cela va peut-être rendre ses interventions plus
précises - les remarques qu'il a faites à cette commission,
vendredi après-midi, lorsqu'il est revenu s'asseoir à la suite de
la suspension de nos travaux que vous aviez ordonnée. M. Duhaime a dit
ce qui suit - et je le cite au journal des Débats, M. le
Président - "Alors, M. le Président, je serais, bien sûr,
d'accord avec le député de Marguerite-Bourgeoys. Je n'accepterai
pas qu'en quelque manière que ce soit quelqu'un intervienne au cours du
témoignage pour soit suggérer des réponses ou donner des
indications. Mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Je pense que ce message
dont on m'a communiqué le contenu - avant qu'il s'assoie - je regrette
de devoir donner ces précisions à la télévision,
mais je vais devoir le faire à cause des allusions que cela contient
-référait essentiellement à des besoins physiques que
l'état de santé du témoin qui est devant la commission
parlementaire l'oblige à remplir. Je pense que cela serait -je ne sais
pas si c'est marqué quelque part dans la Charte des droits et
libertés de la personne - je n'ai jamais souhaité de malheur
à personne, mais je pense qu'on ne peut pas, non plus, reprocher
à qui que ce soit de remplir des devoirs que la nature nous impose
à tous de combler. Je pense que c'était cela qui était le
contenu de cette note qui a été transmise et rien de plus". Donc,
le ministre l'avait vue avant de venir s'asseoir.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: Franchement; M. le Président, avant de
répondre au député de Brome-Missisquoi - parce que je ne
lui dirai pas ce qui m'est venu à l'esprit, il y a trois secondes - je
voudrais faire une question de règlement plus large. La commission a
libéré Me Yves Gauthier. Et ce qui est commencé depuis
cinq à dix minutes me paraît être un dangereux
précédent auquel je ne peux pas donner mon consentement. Je vais
m'opposer à ce que quelque député que ce soit entreprenne
une discussion avec un procureur qui remplit son mandat d'assister une personne
convoquée devant la commission. Je voudrais qu'on règle cette
question-là. Si on a des problèmes entre nous, ensuite, ne soyez
pas inquiet, on va les régler. Je pense qu'il faudrait qu'on clarifie
cette question. Si vous voulez avoir un débat ensuite sur ce que j'ai
dit, pas dit, pensé et sur ce que je pense de vous, je vais vous le
dire, ce ne sera pas une traînerie. Je voudrais qu'on règle
chacun...
M. Paradis: On veut une réponse.
Le Président (M. Jolivet): J'imagine que je vais en avoir
une aussi, mais ce n'est pas ce que je veux.
M. Duhaime: Vous allez en avoir une réponse. Ne soyez pas
inquiet.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, la
demande que je voulais faire, c'est celle que le ministre vient d'adresser. Je
pense que, le témoin étant libéré, ce n'est pas la
place ici pour les députés de faire valoir leurs
récriminations ou de faire des sermons ou de faire des reproches
à qui que ce soit. Pour le député de Mont-Royal et le
député de Louis-Hébert, je demande que Me Gauthier et Me
Jutras soient libérés, parce qu'ils étaient
libérés.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, je vais la prendre, la décision. Je l'ai déjà prise
ce matin quant au reste. Si j'ai laissé aller le député de
Marguerite-Bourgeoys, c'est que, sur le point de les libérer, il m'a
dit: Un instant, j'ai quelque chose. Je l'ai permis, mais je ne savais pas ce
qu'il avait comme demande. Je croyais que c'était une question
additionnelle à Me Gauthier. N'ayant pas d'autres questions à Me
Gauthier, je libère les deux personnes, Me Gauthier, d'abord, et la
personne qui l'accompagne. Compte tenu du temps, j'ajourne nos travaux à
demain matin dix heures.
(Fin de la séance à 17 h 46)