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Audition des mémoires
sur le projet de loi no 1
Charte de la langue française
au Québec
(Onze heures quarante-deux minutes)
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
Comme nous sommes au début d'une nouvelle séance de la
commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications, je fais l'appel des membres et j'indique les remplacements.
M. Alfred (Papineau)...
M. Alfred: Présent.
Le Président (M. Cardinal): ... M. Bertrand (Vanier), M.
Charbonneau (Verchères) remplacé par M. Fallu (Terrebonne), M.
Charron (Saint-Jacques), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Ciaccia
(Mont-Royal), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Dussault
(Châteauguay), M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Guay (Taschereau)
remplacé par M. Gagnon (Champlain)...
M. Gagnon: Présent.
Le Président (M. Cardinal): Vous aurez l'endroit pour
poser des questions. M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Laplante
(Bourassa)...
Mme Lavoie-Roux: Ah! où est-il parti?
M. Chevrette: II est allé représenter la CSN.
Mme Lavoie-Roux: Les chanceux!
Le Président (M. Cardinal): ... M. Laurin (Bourget), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M. Paquette (Rosemont)
remplacé par M. Vaillancourt (Jonquière), M. Roy (Beauce-Sud), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Avant que nous ne débutions, quelques brèves remarques.
Tout d'abord, lorsque nous reprendrons les travaux de cette commission, je
souligne que nous sommes à discuter, à débattre une motion
d'amendement proposée par le député de D'Arcy McGee pour
que la motion principale du député de Mégantic-Compton
soit modifiée en ajoutant, à la fin de la motion, les mots "le 19
juillet 1977." La motion principale vise à ce que cette commission
invite l'Union des conseils de comté du Québec à venir
expliquer les implications de la loi 1 sur l'administration des
municipalités rurales. Nous en sommes donc à la motion de
sous-amendement et, à l'ajournement hier, M. le député de
Mont-Royal avait la parole. J'avais aussi reconnu comme intervenant suivant, M.
le député de Gaspé.
Je désire cependant souligner un fait. C'est que nous n'avons pas
devant nous de témoins et que, par conséquent, j'accepte que ce
débat se poursuive ce matin, parce qu'il a été entrepris
hier alors qu'il y avait devant nous des témoins. Je n'ajoute aucun
autre commentaire à ce que je viens de dire, mais il faudra y
penser.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, vos dernières
remarques soulèvent dans mon esprit des questions sérieuses.
Le Président (M. Cardinal): Moi aussi.
M. Lalonde: Je vous remercie de l'avoir mentionné. Je ne
sais pas dans quelle mesure vous pouvez le faire, c'est pour cela que je
m'offre à le faire, dans quelle mesure ne devrait-on pas inviter le
gouvernement à inviter d'autres représentants...
Le Président (M. Cardinal): II faudrait...
M. Lalonde: ... sinon, il met la commission dans une situation
très difficile?
Le Président (M. Cardinal): II faudrait une nouvelle
motion. Nous en avons déjà une devant nous. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, vous avez fort bien compris ce
que j'ai laissé entendre. Ce que vous dites justement indique qu'il
faudrait qu'on discute d'autre chose que ce que nous discutons. Comme c'est
déjà sur la table et que je ne puis pas, à la suite d'un
ajournement, enlever la parole à ceux qui l'avaient déjà,
sans autre commentaire, encore une fois, je laisse la parole au
député de Mont-Royal. C'est dix minutes sur une motion
d'amendement.
Reprise du débat sur la motion
d'amendement à la motion pour entendre
l'Union des conseils de comté
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Comme je le disais
hier soir, le 19 juillet est un mardi et je voudrais revenir à la
question du mardi, pourquoi est-ce une bonne journée pour inviter
l'Union des conseils de comtés du Québec? Avant de donner des
explications sur la question que mardi est une meilleure journée que
peut-être le lundi, je voudrais apporter une remarque sur la raison pour
laquelle le député de D'Arcy McGee a choisi le 19. Remarquez bien
que s'il avait choisi le 8 juillet, je sais que c'est trop tôt. Mais je
peux prendre cette occasion pour faire remarquer, puisque je ne peux pas
être avec mon fils aujourd'hui, que c'est l'anniversaire de naissance de
mon fils, et je voudrais lui souhaiter bonne fête.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, je vais dire que c'est une motion non annoncée. En
commission parlementaire, c'est
permis, sauf que les démonstrations déjà
indiquées ne sont pas permises, mais, dans ce cas, avec beaucoup de
sympathie au sens et français du terme, nous nous joignons à vous
pour souhaiter un heureux anniversaire de naissance à votre fils.
M. Ciaccia: Je vous remercie au nom de mon fils Marc pour les
applaudissements. Je suis certain qu'il va apprécier cela
grandement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier, sur une question de règlement?
M. Bertrand: Est-ce qu'on pourrait libérer le
député de Mont-Royal pour lui permettre d'aller fêter son
fils à Montréal?
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Non, je pense... S'il vous plaît! Ne recommencez pas
ça. Je l'ai permis une fois, mais, en commission parlementaire, non.
M. le député de Mont-Royal, avec tous les voeux qui
accompagnent votre fils, veuillez poursuivre.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Alors, je crois
comprendre pourquoi le député de D'Arcy McGee n'a pas choisi, par
exemple, la journée du 14. Le 14, en plus d'être le jour de
l'anniversaire de la prise de la Bastille...
M. Bertrand: C'est la fête de M. Bourassa.
M. Ciaccia; ... c'est aussi la fête de l'ex-premier
ministre du Québec, M. Robert Bourassa, mais je crois bien...
M. Bertrand: Jour chômé.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia:... que le député de D'Arcy McGee n'aura
pas voulu encombrer cette journée, il voulait être seul pour
fêter l'anniversaire de notre ex-premier ministre.
La question du mardi, M. le Président: Le député de
D'Arcy McGee aurait pu dire le 18, mais le 18 est un lundi. Je crois que c'est
bien important, et c'est mieux pour le déroutement, pour le processus
éducatif des citoyens et spécialement pour l'Union des conseils
de comtés du Québec de venir à Québec le mardi.
Premièrement, s'il fallait qu'ils viennent le lundi, vu que ce sont des
comtés ruraux et qu'il faudrait qu'ils partent le dimanche... M. le
Président, en partant le dimanche, ça cause un dérangement
à la vie familiale, qui est très importante, je crois, encore,
dans nos milieux ruraux. On ne voudrait pas être les responsables de
problèmes de ce genre. En plus, le lundi, c'est une journée de
travail. Ils peuvent partir le lundi; ils peuvent même se réunir
le dimanche pour discuter...
Une Voix: De ce qu'ils vont dire...
M. Ciaccia: ... de ce qu'ils vont dire quand ils arriveront ici
le mardi. Alors, le lundi, c'est une journée de travail; ils peuvent
partir. Les magasins sont ouverts et en cours de route... Ils peuvent, en plus
d'accomplir leur devoir, faire une sorte de pique-nique, ils peuvent "se jouir
ensemble" de cette journée, mais, ce qui est encore plus
important...
Le Président (M. Cardinal): Qu'est-ce que vous venez de
dire?
M. Ciaccia: Ils peuvent...
M. Lalonde: C'est un anglicisme.
M. Ciaccia: C'est un anglicisme. They can enjoy their trip.
Le Président (M. Cardinal): Ah bon! D'accord!
M. Ciaccia: Vous m'excuserez. Excusez-moi. Je fais mon possible.
Je n'ai pas eu l'occasion d'aller à l'école française.
Le Président (M. Cardinal): Non, ce n'est pas une
critique. Au contraire, M. le député de Mont-Royal.
Mme Lavoie-Roux: C'est peut-être un peu d'envie.
Le Président (M. Cardinal): Non, c'est parce que je
n'étais pas sûr d'avoir compris.
M. Ciaccia: Alors, le mardi, la raison pour laquelle c'est encore
plus important, c'est parce que c'est une journée où
l'Assemblée nationale siège et où il y a la période
de questions. Alors, l'Union des conseils de comté
évidemment...
M. Charron: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Saint-Jacques, sur une question de
règlement.
M. Charron: M. le Président, la motion du
député de D'Arcy McGee n'est pas à l'effet de faire
siéger un mardi, elle est de faire siéger le 19 juillet 1977.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys sur la question de
règlement.
M. Lalonde: Je pense que de façon sous-entendue, le
député de Saint-Jacques soulève la pertinence. Il met en
doute la pertinence des propos du député de Mont-Royal, mais je
pense que ce dernier est tout à fait autorisé pour expliquer de
quelle façon il va voter on ne le sait pas encore sur
l'amendement. Il est autorisé à décrire les raisons qui
vont l'amener à voter pour ou
contre l'amendement. Alors, je pense quJil serait extrêmement
important de les connaître. Surtout pour nous qui n'avons pas encore
parlé, qui ne savons pas si nous allons appuyer ou non l'amendement,
c'est extrêmement important de savoir de quelle façon le
député de Mont-Royal perçoit la date du 19 juillet. C'est
vrai que la Chambre siège le mardi, et je pense que c'est tout à
fait pertinent.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Je pense que c'est important de savoir quel jour de la
semaine est le 19. Il est possible que cela soit un jour férié ou
peut-être la journée de ma fête ou celle du
député de Vanier, ou peut-être qu'il y a des raisons
particulières. C'est très important. On ne peut pas lancer des
chiffres en l'air comme on le fait à l'Assemblée nationale. Le
chiffre 19 ici est très important. Je ne veux pas avoir une question de
privilège demain, un autre revenant avec un autre chiffre disant que le
19 n'est pas le 19. Le 19, c'est 18 plus 1 ou 20 moins 1. Cela peut tout
changer. C'est la raison pour laquelle le député de Mont-Royal a
toujours le droit d'exprimer ses opinions, de dire pourquoi le 19, c'est un
mardi, pourquoi il aime mieux le mardi que le lundi.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, sur la question de règlement.
M. Ciaccia: J'invoque le règlement. J'espère que ce
temps-ci n'est pas enlevé de mon droit de parole parce que je ne
pourrais pas finir...
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas encore
décidé...
M. Ciaccia: S'il vous plaît...
Le Président (M. Cardinal): ...parce que nous ne sommes
plus devant des témoins.
M. Ciaccia: II ne faudrait pas me pénaliser parce que le
député de Saint-Jacques a soulevé une question de
règlement. Je veux lui répondre...
Le Président (M. Cardinal): Vous n'avez pas à
répondre à une question de règlement.
M. Ciaccia: Non. Je veux parler sur la question de
règlement.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Ciaccia: Je vais sûrement parler de la question du 19,
mais c'est le mardi, 19. Alors, je dois expliquer premièrement pourquoi
mardi et après cela, j'expliquerai le 19. On ne peut pas scinder les
deux dates parce que le mardi, c'est un 19.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Joliette-Montcalm, sur la question de
règlement.
M. Chevrette: Non. J'avais l'intention de poser une question en
vertu de l'article 100 et, compte tenu du débat, ce ne sera même
pas nécessaire.
Le Président (M. Cardinal): Alors, je remercie les
députés de Saint-Jacques, de Saint-Louis, de
Marguerite-Bourgeoys, de Mont-Royal, dans ce débat très byzantin,
de m'avoir fort renseigné sur l'utilité de savoir que le 19 est
un mardi, le lendemain d'un lundi, la veille d'un mercredi. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Alors, pour continuer,
la raison pour laquelle le mardi est important, c'est parce que ces gens
peuvent venir à l'Assemblée nationale pour voir les brillantes
interventions des ministres, les réponses que les ministres donnent. Par
exemple, si ce sont des comtés ruraux, il faudrait que ces gens
entendent eux-mêmes, de leurs propres oreilles, et qu'il voient de leurs
propres yeux le ministre de l'Agriculture dire: Vous avez des oreilles pour
entendre. On ne va pas du tracteur au cheval dans une journée. Je crois
que ce serait très éducatif de venir écouter les propos et
les réponses et aussi de voir le ministre de l'Education quand il se
contredit dans ses propos sur les règlements qu'il veut...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, revenez-en à la motion d'amendement, s'il vous
plaît.
M. Ciaccia: Très bien. Alors, le 19, M. le
Président, je crois qu'une des raisons pour lesquelles ce pourrait
être une bonne journée, c'est que c'est la fête de
Saint-Vincent de Paul et...
M. Charron: Qui vous a dit cela?
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: Ecoutez. C'est le patron des pauvres et, M. le
Président, de la façon que notre économie va je pense que
saint Vincent de Paul pourrait devenir le patron du Québec. Alors, je
crois que ça pourrait être une autre raison pour laquelle on
pourrait convoquer la commission et cela pourrait devenir une autre fête
nationale pour nous. Là où je m'interroge, et c'est pour cela que
je ne suis pas trop certain, c'est parce que je pense que le 19 juillet, c'est
le temps des foins et le gouvernement a posé assez de gestes
jusqu'à maintenant pour causer des difficultés à toutes
les industries, la construction, les immeubles, tous les investissements. Je
soulève cette question et je voudrais que mes collègues y
répondent et y réfléchissent. Je ne voudrais pas qu'on
pose un geste qui pourrait encore affecter une autre industrie, l'industrie du
foin.
C'est pour cette raison que je ne suis pas complètement
décidé, M. le Président, si je vais voter vraiment en
faveur du 19 juillet, je vais attendre les propos et les arguments de mes
autres collègues. Spécifiquement, je solliciterais les
interventions des ministériels, parce que ce sont eux
qui vont pouvoir décider. Je voudrais avoir leur point de vue sur
la question du 19 juillet, savoir comment ça pourrait affecter cette
industrie.
Vous pourriez suspendre vos travaux, M. le Président, si vous
voulez les suspendre, pour inviter le ministre de l'Industrie et du
Commerce...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, je ne suspendrai pas les travaux, mais je vais vous demander de
suspendre votre intervention. Le temps est dépassé
déjà.
M. Ciaccia: C'est parce que j'achève. Je vais terminer
très brièvement, je ne sais pas si vous avez inclus dans mon
temps les interventions des autres députés. Mais je crois...
Le Président (M. Cardinal): Pas question de rendre de
directive là-dessus.
M. Ciaccia: ...que c'est très important,
premièrement, que l'Union des conseils de comté soit
invitée. Je ne sais si ses membres vont avoir le temps, d'ici au 19
juillet, de se consulter; j'inviterais tous mes collègues à se
prononcer sur ce sujet. Merci.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Gaspé, tel que promis, pour vous aussi, 10 minutes, sur ce sujet
très sérieux.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Face au
sérieux du projet, et surtout à l'ampleur et à la
profondeur de l'amendement que nous discutons, je demanderais aux
députés ministériels de ne pas soulever de point de
règlement. J'en aurais pour une heure ou deux à parler, mais
comme je n'ai que dix minutes, je voudrais employer mon temps pour le
bénéfice de tous les membres. Si on a choisi le 19 juillet 1977,
il ne faudrait pas vous tromper. Parfois, on voit avec des dates les lettres
a.d., ça veut dire ante Deum. On n'est pas dans l'ancien testament, nous
sommes en 1977, effectivement. Alors, il n'y a pas de petit "a", ni de petit
"d" après.
Si on a choisi le mois de juillet, je considère que c'est un mois
privilégié. Si on remonte à 1974, c'était un
été très chaud, le débat de la langue est toujours
très brûlant, et je ne suis pas surpris que les débats de
1974 se soient déroulés au mois de juillet. Il y a une
très grande analogie, une très grande correspondance entre les
mois, et si le député de D'Arcy McGee a décidé de
choisir le 19 juillet, c'est peut-être que trois jours plus tard,
c'était le 22 juillet et que c'est une date qui rappelle de mauvais
souvenirs le chiffre 22. Il a opté pour le 19 juillet; c'était
son privilège.
Comme un mois compte 28 jours, 29 quelquefois, 30 ou 31, il n'est pas
sûr que nous soyons d'accord avec lui sur la même date. Ceci sera
à discuter plus tard.
Maintenant, le 14 juillet, on a parlé de guillotine, mais il y a
quelque chose de plus beau. Le 14 juillet, c'est tout de même la
fête nationale des Français. Cela n'aurait pas été
une bonne date. Il y en a peut-être un grand nombre qui projetaient de se
rendre en France pour fêter là-bas. il n'a pas retenu le chiffre
24. Le chiffre 24, ce serait faire injure à la fête nationale des
Québécois, from Coast to Coast. On a laissé le 24 de
côté.
Le 26, c'est la fête de sainte Anne. A la fête de sainte
Anne, peut-être que plusieurs députés aimeraient aller en
pèlerinage. C'est peut-être par délicatesse qu'il nous a
laissé cette journée-là libre.
Quand on parle du mardi, le député de Mont-Royal avait
bien raison, ou le député de Saint-Louis. Si le mardi tombait un
dimanche, cela ne marcherait pas. Ce n'est pas le mardi gras, c'est le mardi 19
juillet. Cette date, si nous sommes encore à Québec, serait
peut-être de nature à rallier ici tous les membres de cette
commission.
Les raisons invoquées tout à l'heure sont bien normales.
Si on invite l'Union des conseils de comté et quand on pense que
les gens viendront des extrémités de la province il faut
tout de même leur donner le temps de se déplacer.
Maintenant, il y a beaucoup d'autres raisons qui peuvent aussi militer
en faveur du 19 juillet. On a mentionné que c'était la fête
de saint Vincent de Paul, qui était le patron des pauvres. Mais on se
souvient peut-être du film "M. Vincent". M. Vincent, c'est l'apôtre
des galères. M. Vincent a donné sa vie pour ces
misérables, pour ces Français qui étaient condamnés
à des travaux forcés. Vincent de Paul a décidé de
les accompagner, pour essayer de soulager un peu leurs misères, pour
leur apporter un peu de baume dans leurs souffrances. Cette journée,
cette date mentionnée est très convenable. On pourrait remercier
saint Vincent de Paul.
Mais il y a d'autres grands saints que l'on oublie. Il y a un compagnon
de saint Paul qui a partagé sa captivité. Il s'agit de saint
Epaphras. Si vous cherchez des noms pour vos enfants, je vais vous en nommer
quelques-uns.
Je suis toujours au 19 juillet. M. le Président, je ne veux pas
sortir du 19 juillet.
Le Président (M. Cardinal): Vous êtes parfaitement
dans le débat, M. le député.
M. Le Moignan: II y a un autre grand saint qui s'est
illustré aussi ce jour-là, c'est saint Martin saint Martin
à ne pas confondre avec saint Martin, évêque de Tours
celui-ci est saint Martin, évêque et martyr. Ensuite, le
même jour aussi il faut penser aux femmes, Mme le
député de L'Acadie il y a deux vierges en Espagne,
à Séville...
M. Lalonde: Seulement deux?
M. Le Moignan: ...plus précisément, qui ont
joué aussi un grand rôle, il s'agit de sainte Juste et de sainte
Rufine. C'est fêté le 19 juillet. On trouve ces noms dans le
martyrologe romain. A Cor-donne, en Espagne, ce jour du 19 juillet, il s'agit
de sainte Aurée, c'est un beau petit nom
cela qui est la soeur des martyrs Adolphe et Jean, qui sont plus
connus ceux-là.
Maintenant, à Rome, puisqu'il faut tout de même aller au
berceau de la chrétienté, il ne faudrait pas oublier un pape des
premiers siècles, qui a joué un rôle. Je n'ai pas
l'intention de vous décrire son rôle, cela prendrait trop de
temps, c'est saint Simmaque. J'attire votre attention, pour ceux qui seraient
tentés de faire des recherches peut-être hagiographiques, d'aller
consulter le martyrologe. Je n'ai pas l'intention de vous nommer tous ceux dont
la mémoire est honorée en cette journée-là.
En Egypte il ne faut tout de même pas oublier certains pays
qui ont une histoire il y a saint Arsène. Il y a des paroisses
Saint-Arsène dans la province de Québec. Il y en a une sur la
route qui descend vers le bas du fleuve.
Je termine avec une autre, en Cappadoce, il s'agit de sainte Macrine.
Elle était vierge. Je n'ajoute pas de... Je ne sais pas si elle
était martyre, offensée ou autre, mais c'est sainte Macrine,
vierge.
Vous voyez que nous avons là-dedans, M. le Président,
déjà beaucoup d'éléments qui militent
peut-être en faveur de la date du 19 juillet, surtout quand on consulte
patiemment le calendrier des saints et vous comprenez pourquoi, naturellement,
j'ai été incliné à poursuivre ma savante recherche
de ce côté.
Pour la question de l'Union des conseils de comtés, cela lui
donnera amplement le temps de se préparer, de mobiliser des voitures
pour sauver de l'argent, parce que l'essence coûte très cher,
surtout dans les régions éloignées. Je vous l'ai
déjà dit, c'est $0.20 le gallon de plus qu'ici à
Québec. Il faudrait bien tenir compte de cela, mais, avant de terminer,
M. le Président, pour rester toujours dans la ligne de ce très
grand sérieux, pour en revenir à la motion d'amendement, je
souhaiterais qu'on en vienne au vote le plus vite possible, tant sur la motion
d'amendement que sur la motion principale qu'il y a là devant nous et
qu'on se débarrasse au plus vite des autres motions, soit en
délibéré, soit en suspens, et je crois qu'il est
très important qu'on sache, avant de nous quitter pour la fin de
semaine, de quelle façon nous entendons mettre fin aux travaux de cette
commission.
Vous connaissez maintenant la position de l'Union Nationale sur ce
point. Elle est claire et je crois qu'elle devrait recueillir l'assentiment de
tous les membres de cette commission.
Alors, M. le Président, je vous remercie.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Gaspé. Un instant, s'il vous plaît! Dans
l'ordre, je reconnais, je l'indique tout de suite, parce que je prévois
ce qui peut se produire, MM. les députés de Saint-Jacques, de
Jacques-Cartier et de L'Acadie, sans préjuger, évidemment, de la
procédure qui peut se produire. M. le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, sur la motion d'amendement
présentée par le député de D'Arcy McGee, je suis
opposé à ce que la date du 19 juil- let soit retenue, non pas
parce que j'ai quelque objection à toutes ces vierges qui nous attendent
au paradis, non plus parce que j'estime qu'il est trop avancé dans la
saison pour travailler, bien au contraire. Je suis opposé à la
date du 19 juillet, parce que j'ai la certitude qu'à cette date
l'Assemblée nationale sera saisie de travaux qui, dans le calendrier et
à travers ce que nous permet de faire notre règlement, ne nous
permettraient pas de tenir une séance de la commission parlementaire de
l'éducation cette journée. Nous serons effectivement
engagés, à ce moment, dans un débat important de
deuxième lecture, ou de ce qui le suit, d'un projet de loi que cette
commission aura avantage à étudier et à parcourir. Le fait
que la Chambre siégera à ce moment et qu'une autre commission,
déjà réservée et promise à un ministre,
siégera à la même date... Le règlement nous
interdirait de faire siéger deux commissions en même temps. Je
m'oppose donc à la date du 19 juillet. A cette motivation s'en ajoute
une autre qu'il nous faut mettre sur table immédiatement.
Je suis convaincu que nos amis d'en face, s'ils se rendent à
l'objection que je viens de formuler et s'ils ont envie de le faire,
soumettront une autre proposition immédiatement suggérant une
nouvelle date. Je pense que le martyrologe des membres de la commission que
nous venons de parcourir par l'esprit n'est pas tout à fait le document
indiqué à cette commission. Je constate donc dans l'attitude des
députés de l'Opposition, et je le remarque, j'en prends note et
je la respecte, une volonté de faire dévier le débat sur
autre chose que l'étude pour laquelle nous avons été
convoqués par cette Assemblée.
Motion d'ajournement
M. Charron: J'ai donc l'intention, me prévalant de
l'article 77 de notre règlement, de présenter
immédiatement une motion d'ajournement des travaux de cette commission,
laquelle est débattable par des interventions de dix minutes de chacun
des deux partis reconnus, et par la suite, nous procéderons à la
mise aux voix.
Je veux, en terminant, expliquer la motivation de cet ajournement des
travaux aujourd'hui au-delà de ce que je viens de fournir comme argument
fondamental. Il me semble de mon devoir d'informer la commission des intentions
du gouvernement suite à cet ajournement. Nous n'avons plus l'intention
de convoquer cette commission parlementaire à nouveau. L'avis
donné ce matin qu'il y aurait une séance lundi matin à 10
heures est automatiquement annulé. Je le fais ici au nom du
gouvernement. Elle sera faite en Chambre tout à l'heure lors de
l'ajournement des travaux de la Chambre à lundi, 15 heures.
Chaque membre de la commission sera personnellement avisé au
cours du week-end que l'avis formulé par le leader du gouvernement vers
11 h 30 ce matin est annulé, que la séance de la commission
parlementaire est remise. Ce pourquoi je le fais, M. le Président, c'est
que j'ai l'intention de recommander au leader du gouvernement de ne plus
convoquer cette commission, qui dé-
pense l'énergie et le talent des membres de cette commission,
à parcourir le calendrier de convocation de l'un ou de l'autre des
organismes que l'on réclame.
L'intention du gouvernement est la suivante, et je la fais
connaître aux membres de la commission: Un nouveau projet de loi,
réimprimé, portant le no 101 et porteur de modifications
nées de la consultation largement faite par cette commission au cours
des cinq dernières semaines, sera soumis à l'attention des
législateurs au milieu de la semaine prochaine. Dès ce moment,
à nos amis d'en face, de proposer à nouveau, après
l'adoption en première lecture de ce projet de loi, de
déférer ce nouveau projet de loi 101 à la commission pour
entendre des mémoires. Ce sera à l'Assemblée de trancher,
par la suite, à savoir s'il faut revenir en commission pour entendre des
mémoires sur ce nouveau projet de loi ou si, plutôt, nous
considérons que les efforts faits depuis cinq semaines à entendre
les mémoires sur le projet de loi no 1 sont suffisants. C'est à
ce moment que l'Assemblée nationale et non pas cette commission sera
appelée à trancher le débat.
Deuxièmement, M. le Président, sur cette motion
d'ajournement que je fais, je tiens à aviser les membres de la
commission que si l'Assemblée ne juge pas à propos de revenir ici
pour entendre des mémoires sur le projet de loi no 101, nous entamerons
donc, dès ce moment, la deuxième lecture du projet de loi no 101
à l'Assemblée nationale.
Nous ferons, à ce moment, une motion visant à ce que les
mémoires non entendus par cette commission lorsqu'elle était
appelée à étudier le projet de loi no 1, qui aurait
été retiré du feuilleton, soient enregistrés au
journal des Débats comme nous l'avons fait, à l'occasion, pour
certains mémoires qui, pour toutes sortes de raisons, demeurent non lus
devant les membres de la commission par leurs porte-parole officiels. Autrement
dit, M. le Président, si jamais l'Assemblée nationale
décidait de se servir de la consultation faite sur la loi 1 pour
considérer qu'il n'est pas utile de revenir entendre des témoins
sur la loi 101, les privilèges précédemment reconnus aux
groupes seront intégralement maintenus.
Je propose donc l'ajournement des travaux de cette commission sine die,
M. le Président.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant! Votre intervention
est-elle sur la motion ou sur une question de règlement?
M. Lavoie: Sur une question de règlement.
Le Président (M. Cardinal): Oui, s'il vous plaît,
parce qu'il va falloir être très prudent.
M. le député de Laval, sur une question de
règlement.
M. Lavoie: Si je comprends bien, le député de
Saint-Jacques désire faire une motion en vertu de l'article 77. Est-ce
que c'est bien ça?
M. Charron: C'est exact.
M. Lavoie: Bon! Nous allons lire ensemble, M. le
Président, sur cette question très importante de
règlement, l'article 77, motion d'ajournement du débat. "Une
motion non annoncée d'ajournement du débat peut être faite
en tout temps. Une telle motion, sauf si elle est faite par un ministre, ne
peut être faite qu'une seule fois au cours d'une séance.
Elle est mise aux voix sans amendement à la suite d'un
débat restreint au cours duquel un représentant de chaque parti
reconnu peut prononcer un discours de dix minutes, le proposeur pouvant exercer
un droit de réplique de même durée."
Sur la question de règlement, je reconnais que le ministre
député de Saint-Jacques, a le droit de faire une telle motion,
qui sera débattue après que j'aurai exposé ma question de
règlement, par un représentant de l'Opposition officielle et un
d'un parti reconnu pour dix minutes, mais je voudrais vous faire remarquer, M.
le Président, qu'une fois cette motion décidée dans un
sens positif, si elle est acceptée, cela amènera uniquement
l'ajournement du débat et non pas l'ajournement de la commission. Cela
voudrait dire qu'à ce moment-là, il n'y aura plus rien devant la
commission et vous devrez accorder la parole à un autre
député qui pourra apporter une autre motion. C'est uniquement
l'ajournement du débat sur la motion en cours.
A ce moment, je vais tendre une perche au ministre, il devrait invoquer
un autre article, qui est l'article 76, qui demandera l'ajournement de
l'Assemblée qui s'applique en commission. Cela sera l'ajournement de la
commission, mais, actuellement, je voudrais bien éclairer votre
lanterne, M. le Président, après que cette motion sera
débattue peut-être par un représentant des partis reconnus
pendant dix minutes, soit le député de Marguerite-Bourgeoys ou
soit le député de L'Acadie, en ce qui nous concerne, une fois
qu'elle sera vidée, qu'il y aura eu un vote, le débat sera
uniquement ajourné uniquement sur la motion que nous avons actuellement
et vous devrez accorder la parole à un autre député qui
pourra apporter une autre motion, soit de convoquer un autre groupe ou quoi que
ce soit, à votre discrétion, et cela n'amènera aucunement
l'ajournement de la commission.
C'est le point de règlement que je voulais soulever.
M. Charron: Sur le point de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, sur le point de
règlement vous le savez mais j'aimerais qu'on ne discute
pas trop longuement sur le règlement, parce que j'aurais aussi des
commentaires sur la question de règlement et, comme président,
j'ai le droit de le faire motu proprio. Quand même, M. le
député de Saint-Jacques sur la question de règlement.
M. Charron: Je veux simplement dire que le député
de Laval vient de proposer un ordre du jour de cette commission, ordre du jour
parfaitement recevable. Effectivement, lorsque les deux partis reconnus auront
profité des dix minutes qui leur sont réparties par l'article 77,
j'ai l'intention de me prévaloir de l'article 76 pour proposer la fin
des travaux.
M. Lavoie: Ce sera au président de reconnaître...
L'Assemblée et la commission ont leurs droits et je pense bien que,
connaissant l'ouverture d'esprit du président, avant d'accorder une
motion qui équivaudra au bâillon, il donnera l'occasion à
plusieurs autres députés de s'exprimer et de proposer des motions
et je fais confiance au président en ce qui concerne cette
hypothèse.
M. Lamontagne: Surtout nous, les notaires.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Je ne sais pas si
j'ai bien fait de laisser les membres de la commission, les
députés s'exprimer sur la question de règlement. Si nous
reprenons l'article 76, avec l'article 163, si je ne me trompe, qui dit qu'en
commission, s'appliquent, "mutatis mutandis", les règles s'appliquant a
l'Assemblée nationale, l'article 76 nous dit que lorsque
l'Assemblée, disons lorsque la commission n'est saisie d'aucune affaire
est-ce que la commission n'est saisie d'aucune affaire?
M. Lavoie: II y a une motion.
Mme Lavoie-Roux: II s'agit d'une motion.
M. Blank: La motion est en délibéré,
à part cela.
Le Président (M. Cardinal): Lorsque la commission n'est
saisie d'aucune affaire c'est justement ce que je viens de dire
la commission n'est pas saisie, elle est saisie, pardon, d'une affaire.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Cardinal): C'est pourquoi je me pose
beaucoup de questions sur l'application possible de l'article 76. Ce n'est pas
une directive que je rends. Je me pose des questions à haute voix devant
la commission. On a invoqué l'article 77. D'accord, c'est une autre
application de l'article 163 à une commission parlementaire. Je me
demande pourquoi on n'a pas invoqué l'article 157: "En commission
plénière, un député peut proposer de rapporter
à l'Assemblée que la commission n'a pas fini de
délibérer et qu'elle demande la permission de siéger
à nouveau." Cela ne s'applique pas ici. "En commission
élue..." c'est notre cas " ... un député peut
proposer que la commission ajourne ses travaux."
Je m'arrête ici pour demander immédiatement que le
député de Saint-Jacques me donne sa motion par écrit avant
de rendre une décision.
M. Charron: Bien, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Je continuerai, par la suite,
ce bref exposé.
M. Charron: Je vous remets par écrit, à l'instant
même, la motion qui se lit comme suit: "Que cette commission ajourne ses
travaux sine die."
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. Je crois qu'un
député semble surpris que je demande la motion par
écrit.
C'est tout simplement la règle et personne ne peut me reprocher
de demander une motion par écrit. Je l'ai toujours demandé parce
que, justement, dans un cas semblable, je voudrais bien qu'on discute, pour
autant que c'est possible, en vertu des règlements, d'un texte
précis. La motion se lit: Que cette commission ajourne ses travaux sine
die. Je continue la lecture de l'article 157, alinéa 2, qui me
paraît encore plus pertinent. Ces motions sont mises aux voix, sans
amendement, et elles ne peuvent être faites qu'une fois au cours d'une
séance, sauf par un ministre. Il n'y a pas de problème ici, c'est
un ministre qui l'a fait, de toute façon. C'est un corollaire avec la
rédaction de l'article 77. "Elles ne peuvent être
débattues, sauf qu'un représentant de chaque parti reconnu peut
prononcer un discours de dix minutes chacun à leur sujet". Un
représentant de chaque parti reconnu. Après ces commentaires, je
ne sais pas s'il y a d'autres questions de règlement qui peuvent
être soulevées.
M. Lavoie: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Ce n'est pas un reproche que je désire vous
faire, mais...
Le Président (M. Cardinal): Je n'ai pas rendu de
décision, M. le député de Laval, j'ai simplement lu des
règlements et une motion.
M. Lavoie: Je crois que la procédure normale, qui
s'applique autant à l'assemblée nationale qu'à la
commission... Si le député de Saint-Jacques, le ministre,
désirait suivre la procédure normale, comme cela se fait
couramment à l'Assemblée nationale, comme cela s'est fait hier,
entre autres, lorsque le leader parlementaire du gouvernement m'a
demandé l'ajournement du débat sur le projet de loi no 2, pour
permettre d'autres travaux plus urgents... C'était effectivement la
procédure normale, surtout lorsqu'on considère le mandat de la
présente commission qui est d'étudier les mémoires,
à la suite d'une invitation formelle qui a été faite dans
la Gazette officielle sur un projet de loi d'une ultime importance pour le
Québec, surtout lorsque le député de Saint-Jacques a
montré ses couleurs, en somme, cela équivaudrait à un
bâillon, M. le Président, ou à...
Le Président (M. Cardinal): Sur la question de
règlement, vous invoquez quel règlement?
M. Lavoie: Je vous dis que l'article... Le député
de Saint-Jacques avait tout à fait raison d'invoquer l'article 77...
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est peut-être pas
tout à fait sûr. J'aurais préféré qu'il
invoque l'article 157.
M. Lavoie: Est-ce que c'est vous qui faites la motion ou le
député de Saint-Jacques?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Laval, je regrette. Je ne participe pas aux débats. Vous avez
été président, vous le savez. Le président,
d'office, peut lui-même invoquer les règlements qui se trouvent
dans ce code.
M. Lavoie: Oui, ce qui est le devoir...
Le Président (M. Cardinal): Alors, j'ai simplement dit que
j'aurais préféré que... De toute façon, quel que
soit le règlement que le député de Saint-Jacques ait
invoqué, il y a quand même une motion et il n'aurait pas eu besoin
d'invoquer l'article 77. Il aurait pu tout simplement déposer sa motion.
Mais cela ne fait rien, je veux bien être large et vous laisser la
parole.
M. Lavoie: Si vous parlez du rôle du président,
c'est arrivé couramment dans le passé qu'un président,
pour faciliter le débat, modifie une motion dans sa forme. C'est
arrivé, mais jamais dans le fond. Ce n'est pas un reproche que je veux
vous faire, mais ce que vous avez permis, c'est un changement du fond de la
motion et non pas de la forme.
M. Charron: Je regrette, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Non, j'ai demandé la
motion par écrit au moment où j'ai cessé la lecture du
premier alinéa de l'article 157, justement pour qu'il n'y ait pas de
modification, ni dans le texte, ni dans le fond de la motion.
M. Blank: C'était une motion pour ajourner les
débats, pas les travaux.
M. Lavoie: Pas les travaux.
M. Charron: Ma première motion était pour ajourner
les travaux sine die, exactement comme elle est déposée
là.
M. Lavoie: Non, vous avez invoqué l'article 77 qui
concerne l'ajournement du débat.
M. Charron: J'ai dit: ajourner les travaux sine die, quand j'ai
présenté la motion.
M. Lavoie: Oui, mais est-ce que vous avez invoqué,
effectivement, l'article 77?
M. Charron: J'ai demandé, j'ai saisi cette
commission...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce que je devrai demander la transcription des
débats?
M. Blank: Oui.
M. Lavoie: Lisez la transcription des débats, M. le
Président.
M. Blank: Oui, lisez-la.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Alors, je suspends
la séance jusqu'à ce que j'aie la transcription de ce
débat.
(Suspension de la séance à 12 h 24)
Reprise de la séance à 12 h 31
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
A l'ordre, s'il vous plaît! C'est peut-être un
précédent, j'ai ici la transcription originale que j'ai
moi-même recueillie au journal des Débats et que je vais remettre
immédiatement après l'avoir lue. Il s'agit du 8 juillet 1977, 12
h 11 et les minutes qui suivent, référence 1639-B/E, page 1. Le
texte de M. le député de Saint-Jacques se termine exactement
comme ceci, avant que je n'aie reçu par écrit la motion et je lis
ce texte: "Je propose donc l'ajournement des travaux de cette commission sine
die, M. le Président".
M. Lavoie: M. le Président, si je comprends bien,
pourriez-vous lire également la première intervention in extenso
du député de Saint-Jacques au tout début et non pas
seulement la conclusion?
Le Président (M. Cardinal): Je regrette, s'il vous
plaît. Il y a un préambule qui dure environ peut-être deux
pages, je n'ai pas tout apporté.
M. Lavoie: C'est important.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît.
M. Lavoie: Ce ne sont pas deux pages qui vont retarder les
travaux de l'Assemblée.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Laval, ce n'est pas une question de retarder les travaux de l'Assemblée.
M. le député de Laval et les autres, peu importent les motifs
invoqués par le ministre au soutien de sa motion et peu importent les
articles qu'il a ou n'a pas invoqués, on sait fort bien que c'est la
motion qui est devant cette commission et non pas, ni les motifs, ni les
articles
invoqués. Je pense que ceci n'est pas contestable. Je viens de
lire cette motion et je viens de le direaprès m'être
rendu personnellement au journal des Débats et avoir eu un texte que je
dois remettre. Par conséquent, je déclare cette motion recevable
et elle est reçue et débattable selon l'article 157.
M. Lavoie: M. le Président, je pense que vous venez de
faire un accroc très dangereux aux droits des parlementaires. Vous avez
modifié vous-même la motion, parce que la première motion
il y a assez de témoins a été faite en vertu
de l'article 77 et c'est vous-même qui avez fait l'amendement.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, M. le député de Laval. Je viens de dire
dans ma décision que peu importent les motifs invoqués et peu
importent les articles invoqués, c'est la motion qui est la seule chose
qui soit devant cette commission. Vous avez le droit... Non, vous n'avez
même pas le droit, vous pouvez dire que j'ai rendu une mauvaise
décision, ça peut être votre opinion, mais personne ne peut
attaquer cette décision en commission parlementaire. On peut le faire
dans les corridors. Il n'y a pas de question de règlement
là-dessus, la décision est rendue et je demande celui qui
représente chacun des partis pendant dix minutes.
M. Blank: II n'y a pas un bâillon, mais deux
bâillons.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sur la motion? Bon.
M. Lalonde: Le gouvernement vient de montrer son véritable
visage, M. le Président, et d'une façon tout à fait
inacceptable, pour l'Opposition et surtout pour la population, le gouvernement
vient d'appliquer le bâillon à cette commission. Il avait
déjà commencé en faisant défaut, en
négligeant d'inviter de nombreux Québécois qui attendaient
d'être invités à cette commission et ceci, à partir
d'hier soir.
M. le Président, plus de 200 organismes représentant des
milliers et des milliers de Québécois et
Québécoises ont pris la peine de faire l'étude du projet
de loi no 1, de faire parvenir leurs opinions au gouvernement et attendent
actuellement d'être entendus.
A peine 60 sur 264 ont été invités à le
faire. L'examen, de la façon dont les invités ont
été appelés ici, est intéressant. Dans le domaine
des affaires, extrêmement important pour l'application d'un tel projet de
loi, seulement treize organismes environ ont été entendus et plus
de 65 attendent encore.
Dans le domaine de l'éducation, une quinzaine ont
été entendus et plus de 40, si on inclut aussi les syndicats
d'enseignement, attendent d'être entendus.
Dans le domaine de l'administration publique, M. le Président,
qui est extrêmement affecté, très sérieusement
affecté par ce projet de loi cela comprend les
municipalités, les commissions sco- laires, les hôpitaux
aucun organisme de telle nature, à ma mémoire, peut-être y
a-t-il une exception, mais je n'en vois pas actuellement, n'a été
invité ici pour se faire entendre. Cela affecte des centaines de
milliers de Québécois.
Dans le domaine des associations professionnelles, seulement deux ont
été entendus. Environ sept organismes religieux, de toutes
dénominations, ont pris la peine d'envoyer des mémoires et aucun
je le répète, aucun organisme religieux n'a
été invité ici devant cette commission.
M. le Président, environ 40, soit les deux tiers des
mémoires, ont été choisis à même les 132
premiers mémoires inscrits dans la liste, donc, les 132 premiers
arrivés. Est-ce qu'on doit conclure que le fait de faire parvenir dans
les trente jours, mais dans les derniers jours de la période
accordée par le règlement, de faire parvenir leur mémoire
à la fin des trente jours cause un préjudice à ceux qui
veulent être entendus, parce qu'ils ont mis plus de soin,
peut-être, à faire leur mémoire ou qu'en raison d'un
incident postal ou autre, leur mémoire est arrivé un peu plus
tard?
M. le Président, je vous donne ces chiffres pour montrer
jusqu'à quel point le gouvernement, en appliquant le bâillon
actuellement, se rit des Québécois et du Parlement. Je ne ferai
pas d'intervention particulière sur la question de la procédure.
Je laisserai cela aux experts. Je pense que d'ici quelques jours nous aurons
probablement à nous attacher à la façon dont le
gouvernement s'y est pris pour mettre le bâillon à cette
commission parlementaire.
M. le Président, je m'élève contre cette
façon d'agir du gouvernement. On a invité le président de
la Régie de la langue française le 20 juillet et on l'a fait avec
l'accord des députés ministériels. Est-ce que c'est la
façon dont le gouvernement prend au sérieux la propre
Régie de la langue française, le propre organisme du gouvernement
qui doit voir à l'application de cette loi?
M. le Président, le ministre lui-même, à la demande
répétée du député de
Mégantic-Compton, il y a quelques jours, demande appuyée par
plusieurs autres députés, y compris votre serviteur, s'est
engagé, de la façon suivante: j'aimerais retrouver ses
paroles dans ma mémoire "Ils seront convoqués dès
que possible", donnant à penser à toute personne de bonne foi
qu'elle serait convoquée et qu'elle serait convoquée le plus
tôt possible.
M. le Président, je pense que cette façon de traiter la
commission parlementaire, qui est l'extension de l'Assemblée nationale,
cette façon, dis-je, de traiter la commission parlementaire de la part
du gouvernement est indigne et je pense que tous les députés et
tous les Québécois vont s'en apercevoir.
Je comprends que le gouvernement est dans une situation difficile. Il
vient d'abandonner son projet de loi devant l'opposition bien marquée
ici en commission parlementaire et partout à son projet de loi, mal
inspiré, mais je ne m'attaquerai pas au fond, M. le Président,
vous allez me rappeler à l'ordre. Il vient d'abandonner son projet de
loi, et c'est un autre débat qui va s'engager. Au moins,
pour une fois, M. le Président, on connaît le
véritable visage du gouvernement. Je vous remercie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Je cède maintenant
la parole au représentant de l'Union Nationale. Le député
de Mégantic-Compton, avec dix minutes bien précises.
M. Grenier: M. le Président, on reconnaît, bien
sûr, que c'est le droit du ministre de présenter une telle motion.
Je déplore cependant la façon d'agir qui nous impose une
espèce de bâillon qui est difficile à accepter, suite aux
propositions qui étaient quand même assez positives hier soir,
suite à la suggestion que j'avais faite au président, et ce signe
de mort qui nous est donné ce matin est donné surtout par
quelqu'un qui n'a à peu près pas participé au
débat. C'est d'autant plus difficile à accepter que des gens qui
ont suivi continuellement ces débats sentaient qu'il y avait
passablement de gens qui étaient peut-être insuffisamment
informés, mais cela tournait surtout autour d'une série de
mémoires que nous aurions pu très bien résumer, que nous
aurions pu entendre. C'était notre intention, hier soir, quand j'ai fait
ici une espèce de motion qui a tourné bien plus à une
recommandation, c'était bien plus dans le but d'entendre un
échantillonnage des 210 ou 215 mémoires qu'il restait à
voir ici qui aurait dû, à mon sens, être acceptée,
n'eût été de ce fouillis de procédure qui a
commencé et qui a permis de rejeter ce matin cette motion ou cette
recommandation qu'on faisait au gouvernement.
Quand le ministre avait laissé entendre, la semaine
dernière, à la question que je posais sur le mémoire de la
Eastern Townships Citizens Association et qu'il m'avait dit textuellement
qu'elle serait convoquée dès que possible, quand on a
mentionné, hier soir, que l'Union Nationale avait changé
d'idée dans la même journée, pas besoin de vous surprendre,
on a détecté que c'était le gouvernement qui venait de
décider de mettre fin au débat. C'était pour nous
passablement difficile à accepter et on est arrivé avec cette
proposition qui permettait et à l'Opposition et au gouvernement un
consensus acceptable, à mon sens, puisqu'avec cette motion, on
s'était donné la peine de regrouper par secteurs les 210
mémoires qui restaient. Ce monde rural était
représenté par une motion que nous avions amenée quelques
heures auparavant. Le monde rural était représenté par
l'Union des conseils de comté, dans cette motion fondamentale que nous
avions hier soir et, ensuite, c'était le monde municipal. Nous avions
les minorités francophones hors Québec qui avaient demandé
à être entendues également. Nous avions des industries de
type sectoriel, le domaine spécialisé du transport et des
communications. Nous avions le monde du sport, qui a quand même fourni
des mémoires et qui demandait à être étudiés,
le monde agricole, comme l'UPA et encore les gens de l'âge d'or, qui
avaient déjà quelques mémoires très substantiels et
qu'on n'a pas vus ici devant cette commission, et, enfin, le secteur
hospitalier où on aurait aimé, nous de l'Opposition, de toute
façon, l'Union Nationale, rencontrer ces infirmières qui ont
été passablement bafouées par la loi 253. C'est ce
monde-là qu'on aurait aimé rencontrer.
Cette proposition, je pense, hier soir, qui aurait fait que de part et
d'autre on aurait permis la fin des débats au plus tard mardi soir,
avait recueilli l'assentiment de ce côté de la table. En tout cas,
officieusement, on sentait que cela faisait l'affaire des gens de ce
côté de la table, n'eut été que de l'autre
côté, on a refusé le consentement.
Personnellement, je peux vous dire une chose, les débats de
procédures, je ne veux pas en tenir, notre parti ne veut pas en tenir.
La proposition tout à fait louable que nous avions hier soir avait
été réfléchie par les travailleurs que nous avons
ici, en arrière, avait été mûrement
réfléchie. Je pense qu'elle aurait pu faire le consensus autour
de cette table.
Je dois vous dire aujturd'hui qu'avec tous ces gens qui n'ont pas
été rencontrés, on trouve prématuré de venir
aujourd'hui, avec cette motion de clôture, alors qu'on aurait pu
très facilement, à mon sens, s'entendre pour terminer au plus
tard mardi soir prochain. Ceci aurait permis à l'ensemble des
Québécois qui ont présenté des mémoires
et vous le savez, vous êtes le premier à le savoir, M. le
Président ...Le ministre, qui a suivi de façon très
régulière ces débats, savait qu'il y avait dans
l'étude de ces mémoires, le monde rural principalement, tous ces
groupes en dehors des grands centres de Québec et de Montréal,
qui ont été, à mon sens, insuffisamment entendus.
Encore là, je voudrais bien qu'on comprenne que ce n'est pas
uniquement pour faire étirer les débats. C'était
sérieux, la proposition. M. Biron nous avait rencontrés à
plusieurs reprises et nous avait demandé si c'était possible de
mieux faire entendre ce monde hors Montréal et Québec. Je pense
que cette proposition que nous avions faite hier soir par les dédales de
toutes ces procédures auxquelles je ne suis pas habitué et
auxquelles je n'ai pas l'intention de m'habituer non plus, a fait que cela est
tombé caduc et qu'on aurait pu avoir une proposition fort
intéressante qui satisfaisait ce côté de la table et qui
aurait pu plaire aussi aux gens de l'autre côté, puisqu'on ne sait
plus maintenant si cette discussion ne nous rendra pas quand même
jusqu'à mardi. Pendant ce temps, ce sont plusieurs catégories de
Québécois qui auraient pu être entendus.
M. le Président, je peux vous dire que personnellement, je ne
suis pas un procédurier, et je vous l'ai dit tout à l'heure, je
n'ai pas l'intention de le devenir non plus, ce n'est pas un secteur qui
m'intéresse. J'aime bien mieux me coller aux problèmes des
réalités québécoises que de venir m'as-seoir sur un
fauteuil ici et être obligé de faire des discours de dix minutes,
de faire des farces comme on est obligé d'en faire pour s'astreindre
à une procédure qui est, à mon sens, bien
déplacée. J'aurais espéré voir avec la venue de ce
gouvernement, en qui j'ai encore confiance, je peux vous le dire, changer pas
mal de choses. Il y a des gens décidés. Je pense qu'il y a bon
nombre de gens de l'autre côté qui ont l'intention de changer les
cho-
ses, mais j'aurais voulu qu'on commence avec un projet de loi aussi
important, à changer des choses aussi regrettables que celles qu'on doit
vivre ici ce matin. Alors, je trouve que c'est prématuré, et je
termine avec cela. Bien sûr; il faudra maintenant expliquer pourquoi,
à ces milieux qui voulaient se faire entendre ici, les milieux ruraux,
les milieux agricoles, les milieux municipaux, pourquoi le gouvernement n'a pas
daigné les entendre, suite à cette motion qui a semblé
faire l'unanimité hier soir. On regardait cela ce matin dans les media
d'information, cette motion semblait avoir du sérieux, avoir de la
consistance et, ce matin, on tombe au niveau de toutes les autres motions qui
prennent une allure de comédie bien plus qu'une allure de
sérieux, qu'on aurait voulu voir de ce gouvernement. Indécente
également, parce qu'elle ouvre la porte au bâillon.
Il faudra suivre maintenant, à ce qu'on m'informe, les
procédures qui nous restent à suivre, c'est que cela se terminera
en Chambre. On verra que ce sera là, en Chambre, qu'on verra la fin de
ce débat. Malheureusement, je peux vous dire qu'à 95%, cette
commission a fait venir ici des témoignages importants, des
témoignages sérieux même s'il y a eu certaines
mémoires qui manquaient peut-être de préparation, de toute
façon suscités par certains groupes. Dans l'ensemble, on a
eu des mémoires sérieux.
Il en restait quelques-uns qui auraient fait le consentement unanime, et
c'est cette partie que je regrette, M. le Président, et je me
soumettrai, bien sûr, comme tous les autres membres de cette commission,
à grand regret. Je vous remercie.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
remercie, M. le député de Mégantic-Compton, d'avoir
respecté votre période de dix minutes.
M. Saint-Germain: ...j'aurais une directive à vous
demander. Premièrement, ce matin, nous avons entendu, en Chambre, le
leader parlementaire du gouvernement nous indiquer que cette commission
siégerait lundi, à 10 heures. Après l'intervention d'une
de nos collègues, le leader parlementaire du gouvernement a convenu que
nous siégerions lundi, à cette commission, à 11 heures. Si
je ne m'abuse, M. le Président, l'Assemblée nationale est
souveraine et nous nous sommes réunis au niveau de cette
commission...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Jacques-Cartier, est-ce que vous pourriez faire votre
demande très précise de directive à la présidence,
s'il vous plaît?
M. Saint-Germain: C'est exactement ce que je fais, mais je vous
donne les éléments, si vous voulez, qui pourront vous
éclairer sur la directive que vous voudrez bien me donner.
Le leader parlementaire...
Mme Lavoie-Roux: ...de la précédure;
écoutez-nous au moins.
M. Saint-Germain: Oui...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
demanderais, s'il vous plaît, la directive que vous entendez demander
à la présidence.
M. Saint-Germain: C'est justement, M. le...
M. Lavoie: M. le Président, ce n'est pas la course contre
la montre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval...
M. Lavoie: La démocratie, ça existe, non?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval, s'il vous plaît...
Une Voix: ...après le vote.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...la
parole est au député de Jacques-Cartier. Je le prie de me
demander la directive, s'il vous plaît, que je rendrai, s'il y a
lieu.
M. Saint-Germain: Je disais que le premier avis qui nous avait
été donné par le leader du gouvernement était que
nous devions siéger à 10 heures ici, lundi, et cette directive,
comme je vous l'ai dit, a été modifiée.
M. Charron: Elle a été retirée tout à
l'heure à l'Assemblée.
M. Saint-Germain: ...a été...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Jacques-Cartier, est-ce que vous pouvez faire votre
demande de directive, s'il vous plaît?
M. Saint-Germain: Mais c'est ce que je fais, M. le
Président. C'est ce que j'essaie de faire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Quelle
est la directive que vous entendez recevoir?
M. Saint-Germain: Je veux vous dire ce qui s'est passé
à l'Assemblée nationale, pour que vous puissiez me donner une
directive intelligente.
Je disais que 10 heures avait été, sur l'intervention
d'une de nos collègues, changé pour 11 heures. Alors, si on
considère que l'Assemblée nationale est souveraine, que c'est
l'Assemblée nationale qui nous a ordonné de nous former ici en
commission et d'écouter des mémoires, il y a certainement
là des éléments qui ne sont pas clairs, à mon
esprit, toujours. Bon!
Ici, ce matin, tel que convenu dans l'avis qui nous avait
été donné par le leader du gouverne-
ment, nous nous sommes réunis après la période des
questions, et voilà qu'un représentant du même gouvernement
veut mettre fin aux travaux de la Chambre. Il y a certainement là un
conflit, et comme l'Assemblée nationale est souveraine, je vous
demanderais un avis là-dessus. Est-ce qu'il n'y a pas conflit entre
l'autorité suprême, qui est l'Assemblée nationale, et la
commission ici, au- jourd,hui?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Jacques-Cartier, je suis informé que l'avis qui
avait été donné en Chambre a été
retiré.
M. Blank: Quand?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Et, en
conséquence...
M. Saint-Germain: Quand, monsieur le Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
...j'essaie de...
M. Blank: Quand?
M. Charron: La Chambre siège à
côté...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
directive est que je suis informé que l'avis qui a été
donné a été retiré.
M. Blank: C'est le président qui vous a
informé?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En
conséquence, je cède la parole, conformément à
l'article 157, le droit de réplique, au député de
Saint-Jacques et ministre.
M. Blank: Question de règlement! M. Lavoie:
Question de règlement!
M. Blank: Question de règlement, M. le
Président!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pour
l'information des membres de la commission, j'aimerais vous lire un extrait du
journal des Débats: "II me semble de mon devoir d'informer la commission
des intentions du gouvernement suite à cet ajournement. Nous n'avons
plus l'intention de convoquer cette commission parlementaire à nouveau.
L'avis donné ce matin qu'il y aurait une séance lundi matin
à 10 heures est automatiquement annulé. Je le fais ici au nom du
gouvernement. Elle sera faite en Chambre tout à l'heure lors de
l'ajournement des travaux de la Chambre à lundi 15 heures."
M. Blank: Ce n'est pas fait encore.
M. Lavoie: Ce n'est pas fait. Une minute.
M. Lalonde: ... président.
M. Blank: Ce n'est pas fait encore.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Avez-vous reçu un avis du président de
l'Assemblée nationale?
M. Blank: Question de règlement.
M. Lalonde: Ce n'est pas le député de Saint-Jacques
qui est président à mon sens.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! M. le député de Saint-Louis.
M. Ciaccia: C'est un privilège du leader du
gouvernement.
M. Blank: Ce n'est pas une question de règlement. C'est
une directive. Nous sommes ici dans une situation que je ne comprends pas.
Déjà, avant ces motions de ce matin, ou d'hier, du
député de Saint-Jacques, on a débattu quelques motions.
Ces motions ont été adoptées par cette commission, en
particulier celle de convoquer le président de la Régie de la
langue française le 20 juillet. Du moment qu'on a adopté cette
motion, c'est un ordre de cette assemblée, c'est un ordre de la Chambre
que ce monsieur comparaisse ici. Il y a au moins un article dans notre
règlement qui veut qu'on adopte une motion particulière pour
invoquer cet ordre. On ne peut pas ajourner sine die, parce que il y avait
déjà une date fixe donnée par cette commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Louis, s'il vous plaît! Peu importe l'ordre
de la Chambre, l'article 157 donne le droit à tout député
de présenter une motion d'ajournement. Lundi, la commission suivra sans
doute l'ordre de la Chambre, s'il n'a pas été annulé.
Chaque chose en son temps.
M. Blank: Une minute.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Louis, ma décision est rendue.
M. Blank: C'est la même question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Louis, s'il vous plaît, à
l'ordre!
M. Blank: C'est une question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Louis, s'il vous plaît, à
l'ordre!
M. Blank: C'est une question de règlement, parce que
vous-même avez utilisé le journal des Débats pour dire que
le ministre a annoncé que cette commission ne siégerait pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Louis...
M. Blank: ... et maintenant vous dites que la commission va
siéger. De quel côté...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Louis, s'il vous plaît...
M. Blank: Entrez-vous dans le débat ou non?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... s'il
vous plaît. Et sans me servir même des arguments ou du retrait de
l'avis qui a été donné au nom du gouvernement par le
député de Saint-Jacques, je peux vous dire que l'article 157
n'est aucunement limitatif et donne à tout membre de cette commission le
pouvoir et le droit de présenter une motion d'ajournement.
M. Blank: Mais vous avez dit vous-même...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Louis, s'il vous plaît!
M. Blank: Mais, vous-même, M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Et si
l'ordre de la Chambre n'a pas été retiré, sans doute que
cette commission suivra son cours normal lundi prochain et viendra
siéger.
M. Blank: Mais, vous-même, M. le Président, avez lu
le journal des Débats...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'incident est clos et je cède la parole au
député-ministre de Saint-Jacques.
M. Blank: Non, non, non. Je n'accepterai pas le bâillon
comme cela. Une minute. Une minute.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Louis, s'il vous plaît. La parole est au
député de Saint-Jacques.
M. Blank: Une minute. Une minute.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, à l'ordre!
M. Lavoie: Sur la même question de règlement, M. le
Président. Je voudrais vous lire l'article 89 du règlement sur la
même question de règlement. Cet article s'intitule: "Motions de
révocation d'un ordre ou d'une résolution."
M. Charron: M. le Président, il ne s'agit pas d'un ordre.
C'est un avis du leader.
M. Lavoie: Est-ce que j'ai la parole? C'est une question de
règlement, sur la même question de règlement, M. le
Président. Il y a des droits qui doivent être respectés.
Voulez-vous m'entendre?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très brièvement, M. le député de Laval, parce que
ma réponse est prête sur l'article 89.
M. Lavoie: L'article 89 dit: "Motions de révocation d'un
ordre ou d'une résolution." "Seul un ministre peut proposer, par motion
non annoncée, la révocation d'un ordre ou d'une résolution
de l'Assemblée. Le débat peut porter tant sur le fond de l'ordre
et de la résolution à révoquer que sur cette motion". Ce
que le député de Saint-Louis disait sur la question de
règlement, c'est que cette commission, comme l'Assemblée
nationale, par une résolution, par une motion dûment
adoptée qui devient une résolution ou un ordre, en l'occurrence,
est devenue un ordre de cette commission pour qu'un organisme...
M. Lalonde: ... de la langue française.
M. Lavoie: Cela a été adopté par cette
commission...
M. Lalonde: Unanimement.
M. Lavoie: ... c'est devenu un ordre de cette commission, et cet
ordre demeure tant qu'il ne sera pas révoqué.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval, j'aimerais quand même vous faire remarquer
qu'il ne s'agissait pas d'un ordre, mais d'une invitation à venir
témoigner.
M. Lavoie: C'est un ordre de cette commission.
M. Blank: Certainement que c'est un ordre... Parce que si le
monsieur ne vient pas, on peut le mettre en prison. C'est certainement un ordre
de la Chambre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît. Tous les députés, s'il vous plaît,
à l'ordre. Le député de Laval également.
M. Lavoie: Vous êtes le serviteur de la commission et vous
ne devez pas avoir de parti pris pour quelque gouvernement que ce soit. Vous
êtes le défenseur de la commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval, s'il vous plaît. Je n'accepte pas
vos...
M. Lavoie: Conseils.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pas vos
conseils, parce que je suis prêt à les accepter s'ils sont
pertinents, mais vos remarques qui me semblent, du moins, partiellement
désobligeantes. Ce que j'aimerais vous dire, c'est que cette commission
siège actuellement en vertu d'un ordre de la Chambre. L'article 157
donne le pou-
voir à un député de présenter une motion
comme celle qui a été présentée. Si l'ordre de la
Chambre ou l'avis du leader du gouvernement n'est pas annulé, il ne fait
aucun doute que ta commission siégera lundi matin. Actuellement, nous
siégeons en vertu d'un avis de la Chambre et tout député
peut présenter une motion comme celle qui a été
présentée.
M. Lalonde: M. le Président, une question de
règlement. Je pense que vous ne comprenez pas l'intervention du
député de Saint-Louis. Il ne parle pas de l'ordre de la Chambre
ou de l'avis de la Chambre à ce qu'on siège. Il parle de l'ordre
de cette commission qui a été faite sous forme d'invitation, si
vous voulez, dans le langage, mais c'était un ordre, c'était une
décision de cette commission qui devrait, si le gouvernement et si cette
commission sont cohérents, faire l'objet d'un contre-ordre ou d'une
révocation de... Il faut faire une motion pour cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, s'il vous plaît. Si les
membres de la commission ne parlaient pas lorsque le président parle...
M. le député de Saint-Louis, s'il vous plaît.
M. Blank: Mais l'article 86... D'accord, après.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que la motion par laquelle la commission invitait des gens à venir se
présenter n'empêche aucunement un député de se
prévaloir de l'article 157 qui n'est aucunement limitatif. Je pense que
c'est clair.
M. Blank: M. le Président, vous auriez eu raison si
c'était une motion pour ajourner la fin des travaux. Vous-même
avez lu le journal des Débats et la véritable intention du
gouvernement était de donner à cette commission, par votre voix,
M. le Président.
Vous avez dit vous-même que le député de
Saint-Jacques avait dit qu'il n'y aurait pas de commission, c'est fini, le
bâillon serait fait ailleurs. Les intentions sont là, c'est
vous-même qui vous nous avez dit...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Louis.
M. Blank: Maintenant on est ici. Je vais vous lire l'article
90.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Louis, vous avez dit des choses qui sont fausses,
je vous ai dit que, malgré ce qui a été dit par le
député de Saint-Jacques et malgré que j'en fasse
abstraction, l'article 157 donne le pouvoir à un membre de cette
commission de présenter la motion qui a été
présentée.
M. Blank: Je veux attirer votre attention sur l'article 90. Je
parle maintenant de cette fameuse résolution. "Seule la personne au nom
de qui est inscrit un ordre du jour peut proposer, par motion non
annoncée, la révocation de cet ordre du jour". Je veux dire que
le député de Marguerite-Bourgeoys qui présentait cette
résolution qui est déjà acceptée par cette
commission, s'il veut que cet ordre soit révoqué, c'est seulement
lui qui peut le faire et le ministre, par un moyen détourné, ne
peut révoquer l'ordre ou la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le gros problème ici, c'est qu'on a essayé de faire
quelque chose contre nos règlements par des moyens
détournés, on ne veut pas le faire directement. Si on veut
procéder de cette façon, le ministre doit demander au
député de Marguerite-Bourgeoys de retirer sa motion qui a
été adoptée et après ça, on peut aller
discuter des autres motions, particulièrement quand ils ont dit... Je
constate qu'il est 1 heure.
Le Président (M. Cardinal): Les travaux de cette
commission sont ajournés à lundi matin, 11 heures.
(Fin de la séance à 12 h 59)