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Étude des crédits du ministère de
l'Éducation
(Dix heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Clair): La commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications est
réunie pour continuer et terminer, j'espère, l'examen des
crédits budgétaires du ministère de l'Éducation.
Les membres de la commission pour aujourd'hui, sont: MM. Alfred (Papineau),
Bertrand (Vanier), Bisaillon (Sainte-Marie), Chevrette (Joliette-Montcalm),
Ciaccia (Mont-Royal), Godin (Mercier), Goldbloom (D'Arcy McGee), Grenier
(Mégantic-Compton), Guay (Taschereau), Laplante (Bourassa), Laurin
(Bourget), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), Le Moignan (Gaspé), Marchand
(Laurier), Morin (Sauvé), O'Neill (Chauveau), Paquette (Rosemont), Roy
(Beauce-Sud), Samson (Rouyn-Noranda).
Lorsque nous avons ajourné nos travaux lors de la dernière
séance, nous avions convenu de rompre l'entente que nous avions de
procéder à l'étude bloc par bloc. Nous avions
procédé à l'étude du bloc 3, avant de terminer
l'étude du bloc 2, de sorte que si nous reprenons là où
nous en étions avant d'entamer l'étude de l'enseignement
privé, nous en serions au programme 3 concernant l'aide
financière aux étudiants; nous ne discuterions que de ce seul
sujet pour l'instant. Est-ce que ça va?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne sais si
madame le député veut passer tout de suite aux questions, j'aurai
peut-être deux ou trois choses à dire sur l'aide financière
aux étudiants.
Mme Lavoie-Roux: Alors, allez-y.
Aide financière aux étudiants
M. Morin (Sauvé): À titre liminaire. Au cours de
l'année écoulée, nous avons apporté au
système des prêts et bourses un certain nombre
d'améliorations dont quelques-unes peuvent certainement être
qualifiées de substantielles. Par ailleurs, le système
lui-même n'a pas fait l'objet de modifications en profondeur, puisque
nous sommes à l'heure actuelle à étudier, dans une
perspective d'avenir, un certain nombre d'hypothèses de réforme
au régime des prêts et bourses.
L'an prochain, le régime va faire l'objet d'une augmentation de
l'ordre de 19% pour ce qui est du coût du système, et nous avons
axé nos efforts sur une amélioration considérable du
régime ou des avantages qui sont destinés aux personnes à
faible revenu, à ceux qui sont vraiment les moins favorisés parmi
nos élèves et nos étudiants, de sorte que les
dépenses seront indexées, ce qui représente une
augmentation de l'ordre de 5%.
Quand je parle des dépenses, j'entends avant tout le logement et
la nourriture.
De plus, dans le calcul de la contribution des parents, nous avons agi
en sorte qu'il y ait des exemptions qui permettent à l'étudiant
d'obtenir des montants plus considérables. Cela représente une
augmentation de l'ordre de 8%.
Enfin, il y a, bien sûr, le jeu normal de l'augmentation des
clientèles, aussi bien collégiales qu'universitaires, de sorte
que, en tout et partout, nous arrivons à cette augmentation de l'ordre
de 19%.
Pour les gens les moins favorisés, nous avons l'intention
d'introduire dans le système une exemption pour les parents qui
fournissent gratuitement le gîte et la nourriture à leur fils ou
à leur fille. Autrement dit, nous effectuerons les calculs comme si
l'étudiant vivait ailleurs, même s'il vit chez ses parents. Cela
représente, une bonification, de l'ordre de $3 millions.
En tout et partout, ce système nous coûtera, l'an prochain,
coûtera à l'État, $102 millions en regard des $81 millions
de cette année. Il s'agit donc d'une amélioration
considérable et, pour ceux qui voudraient plus de détails, je les
réfère à la page C-22 de notre cahier de route.
Je pourrais également faire état des problèmes
qu'ont soulevés les situations que nous avons connues à
l'Université Laval et à l'Université du Québec
à Montréal, mais je le ferai dans la mesure où des
questions me viendront, soit d'un côté, soit de l'autre, de cette
table.
Voilà, M. le Président, de brefs propos destinés
à faire le tour de la situation de manière très
générale, avant d'aborder le système des prêts et
bourses.
Le Président (M. Clair): Le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, avant de commencer
à discuter de questions plus générales, à la suite
de l'intervention du ministre, je voudrais être sûre d'avoir bien
compris. Vous avez dit que vous considériez une exemption dans la base
de calcul, même pour les étudiants qui habitent chez leurs
parents, c'est-à-dire que vous les considéreriez comme s'ils
n'habitaient pas... Il y a quelque chose que je n'ai pas saisi, n'est-ce
pas?
M. Morin (Sauvé): Oui, seulement pour ceux qui sont
vraiment les plus défavorisés, ceux qui se trouvent en bas d'un
certain palier.
Mme Lavoie-Roux: Compte tenu des revenus des parents; ce ne sera
pas généralisé? C'est cela que...
M. Morin (Sauvé): Non, ce ne sera pas
généralisé.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord. Au départ, c'est vraiment
une question d'ordre général. Si vous regardez la page C-02 dans
le
budget général, je ne sais pas si mes calculs sont bons.
Je vois, par exemple, que, pour prêts et bourses, il y a une augmentation
de 20,5% à l'enseignement collégial; 23%, universitaire, 2,3%,
bourses d'excellence, et 24,26% pour la gestion des prêts et bourses.
Pourriez-vous me donner des explications? Pourquoi y a-t-il une telle
augmentation touchant les frais de gestion qui, de fait, est supérieure
à l'augmentation des autres pourcentages qu'on retrouve quant aux
bourses elles-mêmes? Pourquoi une telle hausse de pourcentage pour
l'administration des prêts et bourses?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, tout
étonnant que cela puisse paraître, c'est tout simplement
l'indexation des salaires du personnel qui administre ce système de
prêts et bourses. Cela ne relève pas, à vrai dire, de notre
discrétion, cela possède un caractère quasi
automatique.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le ministre, il s'agit d'indexation
de salaires.
M. Morin (Sauvé): Oui et de deux postes nouveaux.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais est-ce qu'il ne semble pas qu'il y ait
un examen à faire quant au nombre de personnes qui sont
impliquées dans cette gestion, puisque cela se traduit par une hausse de
pourcentage aussi considérable dans l'administration?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, c'est vraiment
le strict minimum de personnel dont nous ayons besoin pour faire fonctionner ce
système des prêts et bourses.
Je sais bien que c'est une augmentation qui frappe, mais nous avons
besoin, dans la perspective d'une amélioration constante de ce
régime de prêts et bourses, d'un personnel de plus en plus
qualifié et nombreux. C'est vraiment un secteur qui est en
expansion.
À la page C-28, madame, vous trouverez, d'ailleurs, quelques
détails là-dessus, et vous verrez qu'il y a tout de même
une certaine stabilité du personnel. Il faut songer, cependant,
tranquillement à l'augmenter. Vous verrez qu'en 1977/78 nous avons 127
employés permanents et 59 occasionnels, pour un total de 186; tandis que
l'an dernier, nous avions déjà 127 employés permanents
plus 51 occasionnels, pour un total de 178. Donc, ce sont surtout les
occasionnels qui vont augmenter cette année pour le traitement, de
toutes les demandes qui nous parviennent et qui, évidemment, arrivent
par bourrées.
Mme Lavoie-Roux: Ces occasionnels, est-ce qu'ils travaillent
à temps plein?
M. Morin (Sauvé): On me signale également que le
nombre de demandes à traiter est passé, en trois ans, de 53 000
à 72 000. Comme vous le savez, les formulaires de demandes sont de plus
en plus raffinés, donc, demandent de plus en plus d'attention
également.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Je vous remercie des renseignements qui
sont dans notre carnet de route, comme vous disiez, et qui évitent un
tas de questions sur des données statistiques. Est-ce qu'on sait, par
contre, quel est le taux moyen d'endettement par étudiant au secteur
collégial et au secteur universitaire?
M. Morin (Sauvé): Si vous voulez nous donner un instant,
nous allons faire sortir les renseignements, nous les avons. Pendant qu'on
trouve les chiffres, madame, je puis vous dire que des études
comparées ont permis d'établir que nous avons le régime de
prêts et bourses le plus favorable aux étudiants de toutes les
provinces et que nous avons le taux d'endettement le moins élevé
également.
Maintenant, pour ce qui est des chiffres exacts, depuis 1966/67, le
grand total des prêts déboursés a été de $275
368 143, au 30 juin 1976. Ce sont les derniers chiffres que nous
possédons. Nous en aurons donc de nouveaux à la fin de ce mois
probablement. Ce montant correspond à un nombre d'étudiants de
201 974 et à un nombre de prêts de 510 578. La moyenne par
étudiant est donc, pour toute cette période, de $1363.
Mme Lavoie-Roux: Merci. Peut-on me dire s'il y a des
étudiants qui n'effectuent pas leur remboursement de prêts et dans
quelle proportion?
M. Morin (Sauvé): Nous avons les chiffres. Je vais vous
les donner à l'instant, Mme le député.
Pour la période dont je vous entretenais tout à l'heure,
Mme le député, le pourcentage d'étudiants qui s'est
trouvé en défaut a été de 4,3% sur un total de 137
670 étudiants, et cela représente 3,4% du montant total
prêté. Là-dessus, une fois que nous avons rempli nos
obligations à l'endroit des institutions qui ont prêté aux
étudiants, c'est-à-dire une fois que nous nous sommes
substitués à l'étudiant pour le remboursement, nous
tentons, de notre côté de recouvrer ce qui est dû par
l'étudiant et, pour 60% des montants, nous réussissons à
récupérer la mise du ministère, de sorte que la perte pour
les fonds publics est d'à peu près 1%, bon an mal an, sur
l'ensemble de la période indiquée.
M. Le Moignan: Je m'excuse. Mme Lavoie-Roux: Allez.
M. Le Moignan: Invoquent-ils des raisons spéciales pour ne
pas rembourser ou y a-t-il un délai, un temps de prescription,
après un certain nombre d'années, où c'est
effacé?
M. Morin (Sauvé): Non. Naturellement, il y a des
règles de prescription, mais nous nous arrangeons toujours pour que les
réclamations soient effectuées à temps. Alors, les
principales raisons, m'indique-t-on, sont les décès, les
faillites et naturellement, on peut le penser, les difficultés
financières liées à l'emploi ou à l'absence
d'emploi mais, compte tenu de tout cela, le taux de 1% peut
être considéré comme étant vraiment
réduit au minimum.
Mme Lavoie-Roux: Les prêts se font-ils avec
intérêt?
M. Morin (Sauvé): Oui, effectivement. Je vais prendre
conseil sur cette question.
Les prêts se font avec intérêt, mais il n'y a pas de
remboursement d'intérêt pendant la période durant laquelle
l'étudiant est aux études.
Les intérêts sont remboursables uniquement une fois que
l'étudiant est au travail.
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous déjà envisagé la
possibilité de ne pas charger d'intérêt aux
étudiants à revenu plus modeste, plus limité?
M. Morin (Sauvé): C'est une possibilité qu'on a
déjà analysée et cela fait partie des hypothèses
que l'on pourrait continuer d'envisager pour l'avenir, parce qu'on pourra
parler tantôt des possibilités d'études et
d'améliorations à venir du régime des prêts et
bourses. Cela pourrait être une hypothèse.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il arrive que des étudiants se
voient refuser des bourses ou des prêts? Quel est leur droit d'appel?
Est-ce qu'il y a un mécanisme prévu pour cela?
M. Morin (Sauvé): L'étudiant qui ne serait pas
satisfait de la réponse apportée par le ministère à
sa demande des prêts et bourses possède un certain nombre de
recours à divers niveaux. Tout d'abord, au sein même du
collège ou de l'université, il se trouve des conseillers
financiers qui ont la responsabilité de voir à ce que chaque
étudiant reçoive ce qui lui est dû. Naturellement, si ce
conseiller en vient à la conclusion qu'un étudiant n'a pas eu ce
que la loi l'autoriserait à recevoir, il peut signaler la chose au
service des prêts et bourses du ministère. Au niveau du
ministère, il y a de plus un comité de révision auquel
l'étudiant peut toujours s'adresser pour faire revoir son dossier et,
enfin, je ne sache pas que cela ait fait l'objet de nombreuses demandes, mais
si un étudiant, pour divers motifs, estimait que même le
comité de révision l'a lésé dans ses droits, il
pourrait toujours s'adresser à Mme le Protecteur du citoyen.
C'est un système à plusieurs paliers et je pourrais
ajouter également que les députés sont forts actifs dans
ce domaine. Je ne sais pas si les députés libéraux l'ont
été, mais je puis vous dire que les députés
ministériels attirent souvent mon attention sur des cas qui sont
portés à leur connaissance dans leur comté.
Naturellement, chaque fois qu'on attire notre attention sur un tel cas,
cela est soumis à révision, le dossier est révisé.
J'ai même eu, à l'occasion, à revoir moi-même, des
cas particulièrement difficiles qui m'étaient soumis.
Mme Lavoie-Roux: Dans les cas de demandes de révision des
dossiers, est-ce que la majorité des décisions sont favorables,
est-ce que vous avez des statistiques là-dessus?
M. Morin (Sauvé): Je ne pense pas qu'on ait de
statistiques là-dessus, pour être franc, madame, peut-être
avons-nous une impression générale que je pourrais vous
livrer.
L'an dernier, par exemple, il y a eu environ 4000 indications de
changement à des dossiers par des étudiants et, parmi ces 4000,
il y en avait environ 1000 qui étaient véritablement des demandes
de révision de dossiers pour situations exceptionnelles,
c'est-à-dire en dehors de la volonté de l'étudiant. La
très grande majorité de ces demandes véritables de
révision ont été agréées, je dirais, dans
l'ordre de 75%. Il faut comprendre que, déjà, au niveau du
collège et de l'université, le responsable ou le conseiller est
en mesure de dire à l'étudiant si sa demande sera
agréée et quelles pièces il doit fournir pour qu'elle le
soit. Donc, il y a une collaboration assez étroite de la part des
institutions d'enseignement avec l'étudiant et avec nous, ils sont des
agents d'information extraordinaires.
Mme Lavoie-Roux: Pour mon information, dans quelle mesure
accordez-vous des prêts et bourses aux étudiants à temps
partiel?
M. Morin (Sauvé): Pour l'instant, le régime ne
favorise que les étudiants à temps complet.
Mme Lavoie-Roux: J'imagine que c'est une situation que vous allez
corriger...
M. Morin (Sauvé): C'est une question que nous nous posons,
mais à laquelle nous n'avons pas encore de réponse. Il se
pourrait que le gouvernement, selon le coût que cela pourrait
représenter, modifie cet aspect du régime. En tout cas, il a pris
soin de faire modifier la loi de façon à pouvoir prendre la
décision par voie de règlement.
Mme Lavoie-Roux: Parce que ça me semble quand même,
dans l'évolution de l'éducation en général, une
priorité, si on tient compte des femmes qui retournent sur le
marché du travail, et également des étudiants qui,
très souvent, ont un cheminement éducatif bien différent
des cheminements traditionnels qu'on a connus. Il me semble que c'est une
question à laquelle on devrait apporter une attention très
spéciale.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais ajouter quelques
considérations, madame, sur la question que vous avez posée. Nous
tentons surtout, c'est l'esprit de cette loi, de venir en aide à ceux
qui en ont le plus besoin. Nous n'en sommes pas tout à fait nous
pourrons évoquer les grandes perspectives d'avenir tout à l'heure
encore à la gratuité universitaire complète et nous
n'en sommes pas non plus au présalaire, bien que ces hypothèses
soient étudiées au sein du ministère depuis
déjà quelque temps.
Or, les étudiants d'âge adulte sont pour le plus grand
nombre des personnes au travail, qui ont des revenus et pour qui, de
surcroît, l'enseignement est le plus souvent gratuit, de sorte qu'il n'y
a pas eu de pression, du moins pas de pression soutenue et véritable, en
faveur d'une amélioration du régime sur ce point, ce qui nous
permet de consacrer tous les montants qui sont à notre disposition aux
étudiants à temps complet, qui n'ont pas les moyens de faire des
études. C'est vraiment à eux que nous songeons d'abord et avant
tout.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je me permets de
différer un petit peu d'opinion avec le ministre. C'est probablement
exact que, comme vous dites, vous n'avez pas eu de demandes ni de pressions
très vigoureuses de la part des étudiants à temps partiel.
Je ne conteste pas cela, c'est possible.
Mais il ne faut pas oublier que les étudiants, qui veulent
retourner à des études à temps partiel, sont souvent mal
organisés pour justement constituer des groupes de pression. Un autre
argument que vous avez apporté, c'est que le plus grand nombre d'entre
eux sont au travail et retirent des salaires, etc.
Je voudrais simplement demander au ministre s'il a lu il l'a
certainement fait le mémoire qui lui a été remis
non, ce n'est pas à vous, c'est à Mme Payette; je suis
certaine qu'elle a fait la liaison entre son ministère et le
vôtre, et qui est intitulé "L'accès à
l'éducation pour les femmes au Québec", décembre 1976,
dans lequel, justement, on fait état de femmes qui veulent retourner sur
le marché du travail et qui n'ont pas de revenus. La situation peut se
présenter très différemment pour elles par rapport
à d'autres gens qui retournent aux études à temps partiel,
soit pour se perfectionner ou se recycler et je pense que les formules de
financement a temps partiel me semblent importantes pour ces
catégories.
M. Morin (Sauvé): Je prends bonne note de vos
observations, Mme le député, d'ailleurs, elles s'inscrivent dans
le sens de nos préoccupations. Nous tentons, chaque année, en
fonction des besoins du milieu, d'améliorer le système. Nous
sommes déjà au courant de ce que vous nous dites; nous avons pris
connaissance du document auquel vous avez fait allusion. Il y aura certainement
des améliorations à apporter dans ce sens. À l'heure
actuelle, par exemple, on tient compte des revenus du couple Et si le mari, par
exemple...
Mme Lavoie-Roux: Heureusement que le Conseil du statut de la
femme ne vous entend pas.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais puisque vous nous parlez du
cas d'un certain nombre de femmes qui voudraient poursuivre leurs
études, c'est un fait qu'à l'heure actuelle si le mari a des
revenus, sa femme peut très bien se trouver dans une situation difficile
par rapport aux prêts et bourses et c'est une des situations que nous
étudions.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, c'était juste pour
porter cela à votre attention.
M. Morin (Sauvé): Mais j'ajoute tout de suite, pour ne pas
donner l'impression qu'il y a des discriminations épouvantables qui se
cachent derrière cela, que la règle inverse...
Mme Lavoie-Roux: Je suis sûr que de votre
côté, il n'y en a pas!
M. Morin (Sauvé): La règle inverse joue
également. Si la femme a des revenus et le mari n'en a pas, nous en
tenons compte également.
Mme Lavoie-Roux: Tout cela, c'est à la condition qu'ils
s'entendent bien, de part et d'autre, et que le mari soit prêt à
libérer sa femme.
M. Morin (Sauvé): Tant qu'ils ne sont pas
séparés, nous tenons pour acquis que leurs revenus sont
conjoints.
Pour l'instant, en tout cas, c'est la formule retenue.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre pourrait nous dire ce
qu'il pense lui-même d'une possibilité de gratuité scolaire
au niveau universitaire?
M. Morin (Sauvé): Effectivement, compte tenu du programme
du parti que je représente, nous sommes à étudier cette
hypothèse avec plusieurs autres. Je dirais que le problème
fondamental en est un de coûts. Vous savez que déjà
l'État paie la plus grande part des dépenses des
universités et des collèges. De toute façon, la question
ne se pose qu'au niveau universitaire, à toutes fins pratiques. Il nous
faudrait trouver $40 millions.
Cette année, le budget de l'Éducation ayant
été coupé, il ne nous a pas été possible
d'envisager sérieusement une amélioration de ce genre. Elle reste
parmi les possibilités, au cours des prochaines années, mais ce
sera évidemment toujours compte tenu de la situation financière
du Québec et des possibilités financières qui sont mises,
en particulier, à la disposition de l'Éducation.
Mme Lavoie-Roux: Dans le secteur des bourses d'excellence, est-ce
qu'il y a des secteurs prioritaires que vous établissez chaque
année? Quels sont-ils pour l'année à venir?
Une deuxième question, plutôt que de revenir. Je voudrais
vous demander quel contrôle le service des prêts et bourses
exerce-t-il quant aux études entreprises par les étudiants sur
les résultats qu'ils obtiennent, à savoir si l'objectif qu'il
poursuivait est atteint, parce que ce sont quand même des bourses
importantes.
M. Morin (Sauvé): Je vais commencer par cela. Vous
trouverez à la page C-17, Mme le député, une
réponse à tout le moins partielle à votre question pour
l'année scolaire 1977/78, le ministère se proposant d'attribuer
des bourses pour un
montant de $5 millions dans des domaines bien précis.
C'est ainsi, par exemple, que, pour les jeunes administrateurs, nous
avons prévu cinquante bourses. Compte tenu également de notre
tendance à favoriser les étudiants qui veulent faire une
maîtrise et un doctorat, en vue d'en arriver à des moyennes
québécoises qui soient comparables à celles du Canada et
de l'Amérique du Nord, nous avons prévu 750 bourses de
maîtrise et 550 bourses de doctorat. Pour les études
postdoctorales, elles sont au nombre de vingt, auxquelles on doit encore
ajouter des bourses aux artistes, vingt également, et des bourses
Québec-Ontario au nombre de sept. On vous y informe également
qu'un montant de $1 091 000 est prévu dans le cadre de l'accord
fédéral-provincial sur le bilinguisme en éducation.
Voilà comme réponse préliminaire.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait m'indiquer ce que veut
dire le bilinguisme en éducation? Je ne suis vraiment pas au
courant.
M. Morin (Sauvé): II s'agit de programmes qui sont
régis par une entente entre Québec et Ottawa, que l'on retrouve
dans chacune des provinces canadiennes et qui prévoient pour
l'été des bourses pour les étudiants qui veulent
étudier la langue seconde, également des bourses pour le
perfectionnement des maîtres en langue seconde et qui prévoient,
troisième volet...
Mme Lavoie-Roux: ... maîtrises et doctorats, non?
M. Morin (Sauvé): Non, pas nécessairement.
Mme Lavoie-Roux: Alors, ce ne sont pas des bourses de
l'enseignement supérieur, nécessairement.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais il y a un volet qui est
administré par l'enseignement supérieur...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... au niveau de la maîtrise, que
je ne pourrais vous citer de mémoire, et qui vise le perfectionnement
dans l'enseignement d'une langue seconde.
Mme le député, vous trouverez également à la
page C-18 un tableau qui vous donnera...
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Oui, je l'avais vu.
M. Morin (Sauvé): ... une idée des priorités
du ministère de l'Éducation dans le domaine du perfectionnement
au niveau de l'enseignement supérieur.
Mme Lavoie-Roux: À ma deuxième question, est-ce que
vous avez une réponse quant au contrôle exercé sur les
études poursuivies par l'étudiant?
M. Morin (Sauvé): Dans le cadre des bourses de
perfectionnement ou dans le cadre du régime des prêts et
bourses?
Mme Lavoie-Roux: Des bourses de perfectionnement.
M. Morin (Sauvé): Dans le cas des bourses de
perfectionnement, les bourses sont accordées pour une année. Il y
a une demande de renouvellement qui doit être faite chaque année.
Il est alors tenu compte des résultats qu'a obtenus l'étudiant,
ce n'est pas un automatisme. Pour voir sa bourse renouvelée, il doit y
avoir, en général, un rapport fourni par l'institution qu'il
fréquente, ou par le tuteur, s'il est au niveau de la maîtrise ou
du doctorat, indiquant quel est son niveau scolaire.
Mme Lavoie-Roux: Ma dernière question: Quels sont les
changements majeurs envisagés vous en avez touché
quelques-uns pour l'année 1976/77, M. le ministre pour l'avenir
quant aux subventions de prêts et bourses à plus long terme?
M. Morin (Sauvé): Dans la perspective de l'avenir
prévisible, c'est-à-dire pour les toutes prochaines
années, nous voudrions favoriser une plus grande égalisation des
conditions devant l'accessibilité à l'enseignement
supérieur et à l'enseignement collégial. Constamment, nous
allons tenter d'améliorer les conditions de subventions et
d'élargir le nombre des participants, mais toujours dans le but de
favoriser ceux qui en ont le plus besoin. Nous avons déjà,
d'ailleurs, à notre disposition des études de l'OCDE., qui ont
permis d'effectuer des comparaisons entre les divers régimes de
prêts et bourses dans les pays de l'occident. Ces documents nous les
avons déjà. Nous nous en servons dans le but d'améliorer
notre propre système. Je dois dire que le système
québécois n'est pas des plus mauvais, au contraire, c'est un des
meilleurs, ce qui ne nous empêche pas de rechercher les moyens de
l'améliorer. De façon plus précise, pour les années
à venir et en vue de cet objectif général
d'égalité socio-économique, nous voulons procéder
à une analyse poussée des exemptions fiscales, des allocations
familiales, de l'aide financière directe aux étudiants, de l'aide
indirecte par le truchement des services auxiliaires et de l'appui fourni par
les institutions pour ce qui est du logement, de la nourriture et des loisirs.
Nous voulons également pousser notre analyse quant au revenu d'emploi
pendant les études, la responsabilité des parents, la
capacité de rembourser, tous ces facteurs influant sur un régime
qui veut être suffisamment nuancé et subtil pour répondre
avant tout aux besoins de ceux qui sont dans le besoin avant tout.
Les ressources sont limitées et le resteront sans doute quelques
années encore si la situation économique ne prend pas une
tournure nettement plus avantageuse d'ici un an ou deux. L'analyse que nous
entreprenons comprendra également une comparaison approfondie, comme je
l'ai indiqué il y a un instant, entre notre régime et ceux qui
sont pratiqués à travers le monde.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gaspé, avez-vous des questions?
M. Morin (Sauvé): J'ajouterai simplement ceci,
peut-être, pour votre information: Nous avons également fait
quelques études sur ce qu'on appelle le présalaire, des
études toutes récentes qui permettent d'échafauder
certaines hypothèses et de les chiffrer, surtout de les chiffrer. Je
pense que cela pourrait intéresser certains députés du
côté ministériel. Parce qu'au-delà de la
gratuité proprement dite, laquelle pourrait coûter des montants de
l'ordre de $40 millions, comme je l'ai indiqué, on pourrait envisager
plusieurs hypothèses.
La première serait une hypothèse minimum,
c'est-à-dire de ne considérer une allocation qu'en fonction des
dépenses qui sont actuellement prises en considération pour les
fins des prêts et bourses, et le coût de cette hypothèse
minimum, pour 1976/77, aurait été le $295 millions, presque $296
millions. Pour l'année qui vient, le coût aurait été
de $346,5 millions et, enfin, pour l'année 1978/79, de $397 millions; ce
sont des montants, évidemment, substantiels.
Nous avons voulu pousser plus loin nos études, toujours
hypothétiques naturellement, et, notamment, nous avons retenu
l'hypothèse de l'allocation fixe pour tous les étudiants, quels
que soient leurs moyens. Autrement dit, nous ne ferions pas de distinction
entre ceux dont les parents ont les moyens et ceux dont les parents ne les ont
pas ou entre ceux qui ont quitté la maison et ceux qui ne l'ont pas
quittée. Le coût, pour l'an dernier, aurait été de
$401 millions; pour 1977/78, il serait de l'ordre de $470 millions et, enfin,
pour 1978/79, de $539 millions.
Troisième hypothèse, qui n'en exclut pas d'autres
je vous donne ces trois-là, parce que vraiment, déjà,
ça nous donne une idée des montants requis celle du
salaire minimum. Cela donne pour l'an dernier, $716 millions; pour cette
année, $874 millions et pour l'année suivante, $1 047 639 790. Je
n'ai pas les sous, mais si vous le désirez, je pourrais faire faire les
recherches.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Le Moignan: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que c'est un appel au réalisme,
que vous faites, M. le ministre?
M. Morin (Sauvé): Non, vraiment, à l'heure
actuelle, ce sont des hypothèses et je pense qu'il est
intéressant que cette information circule, qu'elle soit connue, pour que
nous sachions exactement quelles sont les hypothèses les plus plausibles
pour l'avenir.
Le Président (M. Clair): Le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Le ministre a fait
allusion à des études, des hypothèses, des analyses et,
lors de la mini-session, il y a eu une motion, au nom du député
de Gaspé, qui de- mandait une étude en profondeur sur le
rôle que l'université devait jouer dans la société
québécoise.
J'imagine que, même si nous parlons de bourses à ce
moment-ci, dans cette étude en profondeur, on va certainement inclure ce
problème des prêts et bourses. Maintenant, est-ce que le ministre
a procédé à la formation d'un comité
actuellement?
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, M. le
député?
M. Le Moignan: Est-ce que vous avez procédé
à la formation de ce comité auquel le message inaugural faisait
allusion?
M. Morin (Sauvé): ...Les groupes de travail qui vont se
pencher sur les problèmes de l'enseignement supérieur, sa place
dans le Québec de demain, sont sur le point d'être nommés
et de se mettre au travail.
Toutefois, les quatre grands mandats que nous songeons à confier
à ces groupes de travail et au comité de coordination qui, sans
doute, les coiffera, ne font pas état spécifiquement des
régimes de prêts et bourses, mais ils permettent à ces
groupes de nous faire des recommandations de façon
générale sur la vie étudiante, sur les conditions de la
vie étudiante, de sorte, j'imagine, que nous recevrons d'ici 18 mois de
ces groupes de travail un certain nombre de recommandations qui auront un
impact sur le régime des prêts et bourses.
M. Le Moignan: Ces groupes de travail seront formés
d'universitaires et d'étudiants peut-être.
M. Morin (Sauvé): Pas seulement d'universitaires et
d'étudiants. Nous avons voulu qu'ils soient pleinement
représentatifs du milieu puisque l'un des mandats porte sur la place de
l'université dans la société québécoise, son
rôle dans la société, de sorte qu'on ne peut pas demander
à des universitaires, du moins on ne peut pas demander seulement
à des universitaires, de faire le point sur une question aussi vaste que
celle-là. Nous allons déborder largement le cadre restreint des
universitaires entendu au sens administrateur, professeur et
étudiant.
M. Le Moignan: Avez-vous...
M. Morin (Sauvé): J'ai déjà répondu,
en partie à cette question, dans mon exposé liminaire au
début de l'étude des crédits.
M. Le Moignan: Y a-t-il des critères ou des
règlements qui pourraient être remis aux députés
concernant les bourses? Parce que j'ai eu certaines demandes à l'automne
où des étudiants avaient gagné très peu et que
leurs parents ne pouvaient aider financièrement. Ils sont allés
en révision et ils n'ont eu aucune augmentation. J'ai vu quelques cas
j'ai écrit personnellement qui me semblaient assez
pénibles à ce moment, du moins.
M. Morin (Sauvé): Oui. Si vous avez des cas que vous
désirez me signaler, vous pouvez le faire directement. Je suis toujours
très ouvert à ces problèmes, mais je dois vous dire que
nous appliquons une justice distributive à tous les cas. Nous ne pouvons
pas faire d'exception et faire des règles spéciales pour des cas
spéciaux. Déjà, les règles sont suffisamment
subtiles pour tenir compte de la plupart des cas spéciaux.
Nous devons avoir le souci de traiter tous les étudiants sur le
même pied et nous ne pouvons envisager quelquefois, cela pose des
problèmes de conscience de traiter les étudiants d'une
région de façon différente de ceux d'une autre
région. Chaque cas est traité individuellement, mais à la
lumière de critères et de règles qui sont appliqués
à tous.
M. Le Moignan: Avez-vous déjà remis aux
députés ou est-ce une chose possible...?
M. Morin (Sauvé): Chaque année, les
députés reçoivent une sorte de compendium de l'aide aux
étudiants et le régime des prêts et bourses leur y est
décrit dans le détail. Vous devriez, M. le député,
avoir déjà reçu notre envoi puisqu'il a été
expédié il y a une dizaine de jours pour l'année qui
vient.
M. Le Moignan: Peut-être. Depuis une semaine, j'ai
été passablement occupé. Je procède à la
classification. Je vous...
M. Morin (Sauvé): Vous avez des excuses, étant
donné que vous avez beaucoup participé à l'étude
des crédits du ministère de l'Éducation.
M. Le Moignan: II y avait d'autres études de
crédits en même temps. C'est cela qui ne marchait pas. Je vous
remercie, M. le ministre. Je n'ai pas d'autre demande sur cela.
Le Président (M. Clair): Le député de
Bourassa.
M. Laplante: Je passe. Mes questions ont toutes été
posées.
Le Président (M. Clair): Le député de
Taschereau.
M. Guay: Mes deux questions portent sur le présalaire, qui
est une...
M. Morin (Sauvé): Voulez-vous parler dans votre micro que
je vous entende clairement? C'est parce qu'il y a un bruit de fond.
M. Guay: Oui, effectivement. Cela vient du Parlementaire, je
pense. Ma question porte sur le salaire étudiant auquel vous avez fait
référence, il y a quelques minutes. En comparaison aux chiffres
que vous avez évoqués, quels sont les montants
déboursés annuellement par le ministère à l'heure
actuelle, au chapitre des prêts et bourses, c'est-à-dire les
montants qui sont perdus? Il y a les prêts qu'on récupère
éventuellement, mais ce qu'on investit en quelque sorte comme
investissement dans les étudiants ou à fonds perdus selon la
notion qu'on veut accepter?
M. Morin (Sauvé): II y a eu une question de la part de Mme
le député de L'Acadie tout à l'heure et la réponse
se trouve en détail à la page C-19. En gros, pour l'année
courante, nous allons investir dans le régime des prêts et bourses
quelque $102 millions. Pour ce qui est des pertes, elles sont, une fois
effectués tous les recours, de l'ordre de 1% en moyenne pour les dix
dernières années.
M. Guay: Là, vous parlez de pertes, de prêts qui ne
sont jamais récupérés, mais...
M. Morin (Sauvé): C'est exact.
M. Guay: ...ma question vise plutôt à savoir quelles
sont à l'intérieur de ces quelque $102 millions, les bourses qui
ne sont jamais récupérées, en d'autres mots, ce qu'on
donne sans prétendre à quelque récupération,
à quelque moment que ce soit.
M. Morin (Sauvé): Avez-vous votre cahier, M. le
député?
M. Guay: Je l'ai oublié.
M. Morin (Sauvé): Parce qu'à la page C-19 nous
avons donné des chiffres qui, je crois, vont répondre au moins
partiellement à votre question. Vous pourrez constater que le coût
du système, pour l'année 1977/78, sera de l'ordre de $66 885 600.
Parce qu'une partie de l'aide accordée l'est sous forme de prêts.
En bourses, maintenant, cela représente c'est dans la
dernière colonne, presque au bas de la page $51 473 200. Vous avez
également les bourses aux handicapés, les intérêts
qui sont pris en charge par le gouvernement, pour $12 millions, les
remboursements des prêts en défaut, pour $2 211 000, et vous
arrivez à ce total que je vous indiquais il y a un instant.
M. Guay: Ma deuxième question est plus globale. Il est
évident, il me semble, qu'à partir du moment où, comme
collectivité, nous nous orienterions vers un système
d'accessibilité à l'éducation qui inclurait, pour qu'il
soit complet, le salaire étudiant, il m'apparaît évident,
en même temps, que cela implique des transformations en profondeur
d'autres aspects de la société, c'est-à-dire que quelqu'un
qui est payé pour aller au cégep et à l'université
ne peut prétendre, il me semble, ensuite dans son activité
professionnelle, avoir des revenus aussi élevés que ceux que l'on
constate chez certaines catégories de professionnels à l'heure
actuelle. Or, le ministre des Finances a laissé entendre, dans le
discours du budget, qu'il procéderait, durant l'année en cours,
à une réforme en profondeur de la fiscalité
québécoise.
Est-ce que c'est dans les intentions du ministère de
l'Éducation de participer à cette réforme en garantissant
une plus grande accessibilité à l'éducation et en
compensant par la suite par un plus grand contrôle sur les revenus,
notamment de celles parmi les catégories de notre société
qui ont les revenus les plus élevés.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, les discussions
déjà commencées avec le ministère des Finances en
vue d'un réaménagement de la fiscalité
québécoise portent avant tout sur le financement du réseau
autonome des commissions scolaires. Le grand problème, on s'en doute, il
a fait allusion à des discussions très récemment au sein
du parti que nous représentons, c'est la question de l'impôt
foncier pour fins scolaires. J'en parlais hier même avec le ministre des
Finances qui, de son côté, étudie plusieurs
hypothèses. C'est donc là-dessus que nous allons nous concentrer
cette année, du moins dans nos discussions avec le ministère des
Finances. Mais, au sein du ministère de l'Éducation une
étude a été confiée à l'un des
sous-ministres adjoints, M. Mercier, en vue d'étudier des
hypothèses de transformation beaucoup plus profonde du système
fiscal québécois par rapport à l'éducation.
Cependant, je ne veux pas donner plus de détails pour l'instant
parce que, sans être au stade préliminaire, ce sont des
études qui restent tout à fait confidentielles et sur lesquelles
je n'ai même pas eu le loisir de me pencher moi-même parce que le
rapport final n'a pas été établi.
Le Président (M. Clair): Le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, ma question concerne
toujours ce problème d'accessibilité financière à
l'université. Je suis entré en contact avec plusieurs de mes
électeurs qui se sont vu refuser des prêts pour leurs enfants. Ils
ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas avoir de prêts; ils
comprennent pourquoi ils ne peuvent pas avoir de bourses, ils ne comprennent
pas pourquoi ils ne pourraient pas avoir de prêts, dans l'optique d'une
couverture minimale des frais de scolarité. Évidemment, la
réponse facile, c'est qu'on n'a pas les budgets; c'est celle-là
que je suis obligé d'utiliser.
Mme Lavoie-Roux: Cela, quotidiennement et d'une façon
cruelle.
M. Paquette: Bon. Mais je ne me sens pas très intelligent
quand je fais une réponse comme ça. Étant donné,
justement, le taux très minime de pertes sur les prêts on a
dit que c'était 1% d'argent non recouvré sur les prêts
étant donné aussi que le montant, pour une gratuité
universitaire complète, est de $40 millions, ce que vous avez
mentionné tantôt, est-ce qu'il serait très difficile
d'envisager pour l'an prochain d'accorder des prêts couvrant les frais de
scolarité de tous ceux qui le demandent, ce qui réduirait
énormément la paperasse, les contrôles, les frais
d'administration, ce qui me semblerait peut-être à la
portée du prochain budget, étant donné que ces sommes
seraient éventuellement remboursées au gouvernement?
M. Morin (Sauvé): Dans un premier temps, je voudrais
attirer l'attention du député de Rosemont sur le fait que la
plupart des demandes reçoivent une réponse affirmative de la part
du ministère. S'il veut bien se référer aux pages C-20 et
C-22 de son cahier, il trouvera que, pour l'année 1976-1977, pour 33 312
demandes reçues au niveau collégial, 30 050 ont été
acceptées. À la page C-2, il trouvera des chiffres pour le niveau
universitaire, il constatera que, pour 32 068 demandes 28 950 ont
été agréés. Ce qui donne un total de 65 380
demandes et de 59 000 étudiants admissibles à un prêt.
Ces choses étant dites, si nous devions financer
l'intérêt pendant les études, naturellement, des
dépenses encourues par les étudiants, il faudrait prévoir
$80 millions de plus au budget. Tandis que si nous devions financer
l'intérêt destiné aux emprunts qui permettrait à
l'étudiant de payer ses frais de scolarité je pense que la
question du député portait plus spécifiquement sur les
frais de scolarité il nous faudrait prévoir des montants
de l'ordre de $10 millions dans l'immédiat.
J'ajouterai simplement que ces hypothèses sont à
l'étude dans les services du ministère et qu'il s'agit de
déterminer si nous pouvons nous permettre de financer cet
intérêt. Il s'agit pour nous de déterminer où sont
nos priorités. Est-ce que nous devrions placer tous les étudiants
sur le même pied? Ou pouvons-nous considérer que les $10 millions
seraient mieux utilisés s'ils étaient destinés aux
étudiants les moins favorisés? Jusqu'ici, nos options, de
façon générale, tendent à favoriser les
étudiants qui sont moins favorisés que d'autres.
Le Président (M. Clair): Le député de
Matapédia.
M. Marquis: Une seule question. Je voudrais parler et revenir sur
l'accord fédéral-provincial sur le bilinguisme en
éducation. Tantôt, j'ai cru comprendre que cela comprenait des
bourses à des étudiants en sciences de l'éducation qui
veulent poursuivre des études en langue anglaise pendant les vacances
d'été.
J'aimerais savoir, parce que j'ai plusieurs cas en main, des cas de
refus, quels sont les critères qui président au choix des
étudiants qui obtiendront une bourse et si, dans ces critères, on
favorise des régions comme la mienne qui est à 100% francophone.
Quand il y a des étudiants de chez nous qui veulent poursuivre des
études en langue anglaise, je considère que ce serait important
qu'on en tienne compte.
M. Morin (Sauvé): Je ne sais pas exactement de quel volet
de ces programmes parle le député. Je présume qu'il s'agit
des bourses d'été pour les
étudiants de niveau collégial ou universitaire qui veulent
aller apprendre la langue seconde...
M. Marquis: C'est cela.
M. Morin (Sauvé): ... en s'inscrivant dans une institution
d'une autre province. Le mode de sélection est automatique. C'est la
date et l'heure de l'estampille d'arrivée des demandes admissibles.
Évidemment, il faut que le candidat soit inscrit au collège ou
à l'université, de fait, mais pour toutes les demandes
admissibles, c'est automatiquement et uniquement la date et l'heure
d'arrivée. On reçoit quatre à cinq fois plus de demandes
qu'il n'y a de postes. Il n'y a pas de quota régional ni de
contingentement par sexe ou par groupe d'âge. C'est tout simplement la
date d'arrivée.
M. Marquis: Vous êtes sûr que c'est vraiment le seul
critère qui a été employé jusqu'à
maintenant?
M. Morin (Sauvé): Je crois. Ce n'est pas un travail que je
fais moi-même, mais c'est cela qui est la règle. Si le
député a des raisons de croire que ce système n'est pas
appliqué ou qu'il est mal appliqué, j'espère qu'il me le
signalera.
M. Marquis: Très bien.
Le Président (M. Clair): Le programme 3 qui concernait
l'aide financière aux étudiants sera-t-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: J'aurais une question supplémentaire
à poser au ministre.
Le Président (M. Clair): Allez-y, madame.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas des étudiants de Laval et de
l'Université du Québec à Montréal, je ne veux pas
reprendre toute la discussion, je ne veux pas, non plus, remettre en question
les réponses que le ministre a déjà données. Est-ce
qu'on a accordé une compensation suffisante, compte tenu des
difficultés qu'ils ont subies?
Ma seule préoccupation est: Est-ce que vous avez officiellement
je sais qu'il y a des possibilités de recours pour les
étudiants, on en a parlé tout à l'heure fait une
invitation spéciale auprès des étudiants, soit de
l'Université du Québec à Montréal ou de Laval, pour
qu'ils se sentent tout à fait à l'aise de...
M. Morin (Sauvé): Ils se sentent bien à l'aise, je
vous l'assure.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, comme groupe, c'est autre
chose.
Ce à quoi il faut penser là-dedans, ce sont aux individus
qui souvent sont moins débrouillards, plus timides qui parfois sont les
plus démunis et c'est dans ce sens que je pense qu'un rappel de cette
possibilité de recours que les étudiants peuvent avoir leur soit
adressée et qu'on s'assure bien qu'ils ne fassent pas les frais, pour
quelques-uns d'entre eux, de circonstances qui ne dépendent pas
d'eux.
M. Morin (Sauvé): Mme le député, nous avons
été très sensibilisés au problème, et
j'ajouterai, très sensibles. Nous avons eu plusieurs rencontres avec les
autorités universitaires qui nous faisaient part des problèmes de
leurs étudiants et, également, au moins trois rencontres avec les
représentants d'associations étudiantes pour clarifier la
situation, pour écouter leurs doléances aussi, puisque certains
en avaient de réelles.
À la suite de ces interventions, un groupe spécial a
été formé à l'UQAM pour informer les
étudiants des avantages qui étaient mis à leur
disposition, en vertu du régime des prêts et bourses et des
ajustements que nous avons pratiqués dans le système pour
répondre aux besoins spécifiques qui ont résulté
des arrêts de travail dans cette université.
Quant à l'Université Laval, les conseillers financiers des
étudiants sont très au fait du régime des prêts et
bourses. Nous avons eu des contacts suivis avec eux et ils avaient en main tous
les renseignements disponibles pour informer pleinement les étudiants de
leurs droits.
On me fait observer que non seulement les étudiants ont fait
appel à leurs conseillers financiers, au moins 3000 l'ont fait, mais que
le service du ministère lui-même a répondu à un
certain nombre de demandes qui lui ont été adressées
directement par les étudiants.
Je pense qu'on peut affirmer qu'aucun étudiant qui avait le
désir de faire clarifier son dossier ne s'est vu objecter un refus; au
contraire, la consigne était de répondre le plus possible aux
besoins et j'y ai vu personnellement, d'ailleurs. Je dois dire que, de la part
de mes fonctionnaires, il y a eu je pense qu'il faut que ce soit dit
publiquement un surcroît de travail devant lequel ils ont fait
preuve d'un dévouement remarquable, parce que, pendant quelques
semaines, cela n'a pas été particulièrement drôle de
répondre à toutes les demandes en même temps, mais ils
l'ont fait. De sorte qu'à l'heure actuelle, j'estime je l'ai dit
publiquement que les avantages qui ont été mis à la
disposition tant de l'UQAM que de Laval, particulièrement pour
l'année qui vient, qui va être une année difficile, nous le
reconnaissons, ont été augmentés de $14 millions soit $10
millions à Laval et $4 millions à l'UQAM.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre peut nous assurer que, selon lui, il
n'y a pas d'étudiants qui devront quitter leurs études ou qui ont
pu quitter leurs études à la suite de difficultés
financières résultant de ces deux longues grèves?
M. Morin (Sauvé): Mme le député, il se peut
qu'il y ait eu quelques départs, quoiqu'on m'annonce que le nombre
d'inscriptions à l'Université Laval sera plus considérable
que celui de l'an dernier, puisque les inscriptions, vous le savez, se sont
effectuées tout récemment, à la suite des
événements que vous connaissez. On m'annonce qu'il y aura
18 000 étudiants inscrits à Laval pour la session qui est
commencée, dont à peu près 15 000 à temps complet.
Donc, nos craintes ne se réalisent pas. Il y a peut-être une
légère baisse par rapport à l'inscription d'automne, mais,
de toute façon, généralement, les inscriptions de
printemps sont légèrement inférieures à celles de
l'automne, parce qu'il y a, bon an mal an, des abandons en cours de route.
Je dois dire que ces nouvelles qui nous sont parvenues ce matin
même de l'Université Laval nous paraissent fort
encourageantes.
Cela veut dire que l'Université Laval, de son côté,
n'aura pas de difficulté financière au cours de l'année
qui vient. Pour ce qui est des étudiants, je ne le pense pas non plus.
De toute façon, s'il y avait des cas spécifiques, nous sommes
prêts à les étudier, comme nous l'avons fait chaque fois
qu'un étudiant est venu nous dire qu'il estimait qu'il était
lésé. Nous n'avons jamais refusé de regarder un
dossier.
Mme Lavoie-Roux: ...je voulais et je veux que les
étudiants connaissent.
M. Morin (Sauvé): Maintenant, Mme le député,
il se peut aussi que, dans certains cas, il s'y mêle un peu
d'idéologie.
Mme Lavoie-Roux: C'est un autre problème.
M. Morin (Sauvé): Cela présente, à ce
moment, des facettes un peu plus complexes.
Mme Lavoie-Roux: Je pensais vraiment aux individus qui peuvent
être pénalisés par ce qui s'est passé.
M. Morin (Sauvé): Oui. Naturellement, et je dois
dire que je ne peux pas faire autrement que le regretter, cela me paraît
vraiment une funeste conséquence des arrêts de travail il y
aura peut-être eu quelques abandons par découragement, mais je ne
peux pas en estimer le nombre.
Mme Lavoie-Roux: Cela va, M. le ministre.
Le Président (M. Clair): Le programme 3, dans son entier,
sera-t-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Formation générale et socio-culturelle
des adultes
Le Président (M. Clair): Adopté. Nous passons
maintenant immédiatement à l'étude des trois derniers
sujets du bloc 2, en un seul bloc, tel qu'il avait été convenu au
tout début, soit la formation générale et socio-culturelle
des adultes, la formation professionnelle des adultes et la gestion de la
formation des adultes. Je pense que nous pouvons...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, est-ce que je
pourrais vous demander si c'était l'intention de la commission d'aborder
également ce matin les crédits de l'Office des professions?
Est-ce que cela devra faire l'objet d'une autre convocation?
Mme Lavoie-Roux: Je vous avouerai bien humblement que je ne
savais pas que c'était une préoccupation que je devais avoir.
Alors, comme cela n'apparaissait pas ici au programme, j'ai suivi l'ordre que
vous avez établi, alors, cela a été laissé à
l'extérieur.
M. Morin (Sauvé): Cela veut dire qu'il devra y avoir une
autre convocation de la commission pour les fins de l'Office des professions.
J'avais cru comprendre hier que nous allions tenter de passer à travers
ce chapitre également. Est-ce que Mme le député pense
avoir beaucoup de questions éventuellement sur l'Office des
professions?
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que ce dossier particulier
relève, d'ailleurs, de M. Forget. Comme ceci n'apparaissait pas, je n'ai
vraiment pas... Je pense qu'il y a eu une confusion, une
ambiguïté.
M. Morin (Sauvé): Bon. Cela devra faire l'objet d'une
nouvelle convocation. Il faudra, M. le Président, que vous en avisiez le
leader du gouvernement.
Le Président (M. Clair): J'en aviserai le leader en
conséquence, quoique ce soit de lui que dépend la convocation de
cette commission pour étudier éventuellement le sujet.
M. Morin (Sauvé): Je suis disposé à
procéder à l'étude des autres crédits de
l'Éducation.
Le Président (M. Clair): Conformément à ce
que je venais de mentionner, M. le ministre, en ce qui concerne les trois
derniers sujets, nous en discuterons dans un seul bloc. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'en d'autres occasions il a
été souligné qu'il existait d'abord peut-être un
double emploi mais également une confusion et une multiplication
peut-être à certains égards inutile des services qui
existent dans le domaine de l'éducation des adultes et qui semble
reliée à l'absence d'une politique mieux articulée,
touchant tout le secteur de l'éducation des adultes. Ma première
question serait de demander au ministre où en est son élaboration
de cette politique qui a été soulevée les années
antérieures et qui devait devenir une priorité du
ministère de l'Éducation. Je dois dire que, là-dessus, le
ministre a été assez muet dans sa conférence du 12 mars au
Conseil supérieur de l'éducation, dans laquelle il a
souligné que nous avions reçu notre millionnième
étudiant aujourd'hui quel nombre! en éducation des
adultes, mais qu'au niveau des orientations ou des intentions du
ministère, il y avait peu de chose. Dans l'autre document qui nous a
été remis au début de cette commission, on parle
évi-
demment de l'attribution qu'on va faire des subsides tant touchant la
formation professionnelle que la formation générale et
socio-culturelle.
Mais, encore là, il me semble manquer un désir de
travailler à une révision d'abord de tout ce qui existe dans le
domaine de l'éducation des adultes et, ensuite, à une
articulation plus rationnelle de tout le secteur de l'éducation des
adultes.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous sommes
sensibilisés et sensibles également à ce problème
des dédoublements. Il est exact qu'il en a été question
depuis quelque temps au ministère. C'est un problème complexe,
parce qu'il exige une sorte de planification de l'ensemble de ces enseignements
si nous voulons arriver à le résoudre. Je sais que Mme le
député est particulièrement sensible à ce
problème, parce que, à la CECM notamment, il y a eu des
problèmes de cet ordre, pour les cours d'anglais, langue seconde,
notamment je pense, alors que d'autres institutions ont offert ces cours
gratuitement, ce qui a empêché la rentabilisation des cours
donnés par la CECM.
Je puis vous dire que le ministère étudie activement ce
dossier et tente d'y trouver des solutions, mais il va nous falloir encore
quelques mois pour en venir à bout.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais demander au ministre s'il entend
considérer tout ce problème de l'établissement d'une
politique plus cohérente dans le secteur de l'éducation des
adultes d'une façon tout à fait séparée de la
préoccupation que l'on devrait avoir vis-à-vis de
l'éducation permanente. Est-ce que, dans un premier temps, ceci lui
semble plus pratique de fonctionner de cette façon ou si, au contraire,
je tout ne devrait pas s'élaborer dans un esprit d'éducation
permanente? Mais peut-être qu'il pense qu'il faut d'abord traiter les
deux séparément.
M. Morin (Sauvé): C'est une très bonne question, M.
le Président, et je dois dire que nous procédons, à
l'heure actuelle, en deux temps. Nous voulons d'abord améliorer, dans
l'avenir prévisible et le plus immédiat possible, la situation de
l'éducation des adultes qui, dans certains secteurs, présente des
lacunes assez graves, sans perdre pour autant de vue le deuxième temps
qui, lui, est celui de l'éducation permanente, lequel suppose, comme
d'autres transformations auxquelles nous avons fait allusion tout à
l'heure, de ce côté-ci de la table, une sorte de
réaménagement de plusieurs aspects de notre vie en
société. Pour ce qui est en particulier de ce qu'on appelle
l'éducation aux adultes, nous procéderons de deux façons:
D'abord, je m'attends que le livre blanc sur l'enseignement collégial
fasse état d'un bilan de l'éducation aux adultes à ce
niveau et propose des changements, des améliorations. De même, je
m'attendrais que l'étude sur l'enseignement supérieur, laquelle
va se mettre en route assez prochainement, consacre une bonne partie de son
temps à cet enseignement.
Enfin, il existe, au sein de la DGEA, un rapport qui est en voie de
rédaction, qui est presque ter- miné, sur la formation du
citoyen, problème qui est rattaché à l'éducation
des adultes.
Nous songeons également vous le savez, j'en ai fait
état dans mon exposé liminaire à intégrer
Multi-Media après une évaluation de cette expérience. Et,
enfin, le sous-ministre adjoint, M. Mercier, met la dernière main
à une étude qui va porter sur une description factuelle de
l'éducation aux adultes, notamment par rapport à l'industrie,
parce que nous avons, de ce côté-là, des problèmes.
Deuxièmement, il va procéder à l'établissement
d'une sorte de catalogue des critiques qui ont été
formulées à l'égard de l'éducation des adultes.
Troisièmement, il nous proposera sous peu les
éléments d'une nouvelle politique globale de l'éducation
des adultes, laquelle, probablement, débouchera, mais à plus long
terme, sur cette notion d'éducation permanente à laquelle vous
avez fait allusion.
D'autre part, l'Office des professions est également
sensibilisé à cette question du perfectionnement des
professionnels et des techniciens. Il n'est pas impossible que dans un avenir
assez rapproché, nous puissions favoriser le perfectionnement de ces
adultes, en particulier, dans une perspective d'éducation permanente. Je
pense, en particulier, à certaines professions, comme les
optométristes qui nous ont fait connaître des besoins de cet
ordre.
Naturellement, il nous faut examiner les coûts et il nous faut
également déterminer quelles sont les professions qui ont le plus
besoin d'être aidées. Par exemple, les médecins et les
avocats nous font part également de besoins de perfectionnement, mais il
faut bien dire que ce ne sont pas les plus démunis de notre
société et avant de nous engager dans des programmes
d'éducation permanente ou de perfectionnement destinés à
ces groupes sociaux, nous pouvons être quelque peu hésitants.
Nous voudrions que ces perspectives d'éducation permanente soient
d'abord et avant tout favorables à ceux qui en ont le plus besoin,
financièrement parlant.
Mme Lavoie-Roux: Un point sur lequel je voudrais de nouveau
attirer l'attention du ministre est la préoccupation qu'on devrait avoir
dans cette révision de l'enseignement postobligatoire à
l'égard des femmes. Je voudrais simplement vous citer, ici, ce
même rapport dont je parlais plus haut: Les conclusions auxquelles le
Conseil du statut de la femme est arrivé est que, dans le contexte
actuel, un accès égal à l'éducation postobligatoire
dans son ensemble et que les services offerts aux femmes ne correspondent pas
vraiment à leurs besoins. Les mécanismes en place ne permettent
pas aux femmes d'acquérir leur autonomie puisqu'elles ne peuvent
recevoir la formation nécessaire qui leur permettrait de jouer
pleinement leur rôle social ainsi que de subvenir à leurs
besoins.
Mais c'est le deuxième paragraphe que je trouve
particulièrement intéressant: La concentration de femmes dans les
programmes non recon-
nus ou non accrédités, comme la formation socioculturelle,
fait encore mieux ressortir les inégalités importantes qui
s'observent au niveau de la formation générale et
professionnelle...
Je pense que ce deuxième point, en particulier, est important,
parce qu'on peut facilement se leurrer pas par mauvaise volonté
quand on examine des statistiques, à savoir le nombre de femmes
qui sont inscrites à des cours pour adultes et ceci peut être
assez trompeur, parce que le fait que la majorité soit inscrite à
des cours de formation socioculturelle indique assez clairement qu'on n'a pas
eu le souci de penser dans cette révision de l'éducation des
adultes aux besoins particuliers des femmes qui de plus en plus constituent une
part importante de la main-d'oeuvre et qui désirent de plus en plus, une
fois leur famille élevée, pouvoir retourner sur le marché
du travail.
Pourquoi je tiens à le souligner? C'est parce que je ne sais pas
dans quelle mesure on est sensible à cette dimension au ministère
de l'Éducation.
M. Morin (Sauvé): J'ai reçu le rapport auquel Mme
le député fait allusion. J'ai immédiatement demandé
qu'une étude systématique en soit faite par les services du
ministère. Cette étude est presque terminée maintenant. Je
l'aurai certainement sous les yeux d'ici quelques jours, quelques semaines au
maximum, de sorte que je ne suis pas en mesure de vous décrire
immédiatement notre réaction à ce rapport qui, d'ailleurs
vous le savez, est tout récent.
Mais je note l'intérêt que Mme le député
porte à cette question de la place de la femme dans l'enseignement,
notamment postobligatoire. C'est effectivement un problème
considérable.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si le président me
permettra une digression qui ne touche pas l'éducation des adultes, mais
qui sera très brève. Je pense que cette même
préoccupation, au plan de la formation professionnelle ainsi que du
choix des professions ou de l'exercice de différentes professions, on
doit l'avoir aux autres niveaux dans l'élaboration des programmes,
particulièrement dans le secteur professionnel, d'où les jeunes
filles sont exclues presque automatiquement dans la majorité des
commissions scolaires...
M. Morin (Sauvé): Est-ce que vous avez des détails
là-dessus, madame, parce que je ne sais pas si c'est aussi
systématique que vous l'indiquez?
Mme Lavoie-Roux: Les ateliers sont encore conçus et les
choix professionnels sont encore beaucoup conçus, dans les écoles
secondaires, en fonction des choix traditionnels réservés aux
femmes. On pourra dire la même chose des modèles sexistes dans les
manuels scolaires. Je ne veux pas entrer dans un débat, mais je voudrais
que toute cette dimension soit une préoccupation au ministère de
l'Éducation, aux différents niveaux d'enseignement.
M. Morin (Sauvé): Mme le député conviendra
cependant qu'il faut faire une distinction entre ce qu'on pourrait appeler les
techniques légères et les techniques lourdes. Je ne serais pas
surpris, par exemple, que, dans l'apprentissage de la machinerie lourde et des
bulldozers, on retrouve peut-être un peu plus de garçons que de
filles. Je ne sais pas si vous considéreriez qu'il s'agit là de
discrimination, mais, dans les techniques légères...
Mme Lavoie-Roux: Parlons donc d'électricité, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): ... on me dit que le nombre de femmes va
augmentant régulièrement. Nous avons des statistiques
là-dessus au collégial. Nous pourrions peut-être soit les
déposer, soit les remettre à Mme le député.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, si la situation est aussi
brillante que vous l'exposez, je m'en réjouis fort. Ce que je demande au
ministre...
M. Morin (Sauvé): Je n'ai pas dit que la situation
était brillante. Elle est préoccupante, mais il faudrait nuancer
certaines affirmations. Naturellement il y a des techniques plus lourdes que
d'autres et qui font appel davantage aux garçons, tandis qu'il en est
certainement d'autres, j'en ai vu, d'ailleurs, au secteur professionnel de
certaines écoles secondaires, où l'on ne trouve que des
femmes.
Mme Lavoie-Roux: Cela n'est guère mieux.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire qu'il s'agit de
techniques qui font appel à l'esprit de créativité et je
pense en particulier aux techniques liées à la mode, par
exemple.
Mme Lavoie-Roux: Pourtant les grands couturiers ont
été des hommes, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Quelle discrimination, madame! J'ai ici
un tableau qui, malheureusement, demeure peut-être un peu trop
général, mais qui vous donnera une idée d'ensemble de la
situation quant au sexe des élèves inscrits aux cours, par type
de formation pour le Québec. Premièrement, il s'agit des cours
aux adultes. Formation générale à temps plein: hommes
7889, femmes: 12 734, pour un total de 20 623. Il y a donc une majorité
considérable de femmes dans ce secteur. Pour la formation
générale à temps partiel, nous avons 10 016 hommes et 16
419 femmes, pour un total de 26 435. Pour la formation professionnelle à
temps plein, nous trouvons 9904 hommes pour 3538 femmes, pour un total de 13
442. Pour la formation professionnelle à temps partiel, il y a 13 298
hommes pour 9522 femmes.
Pour la formation socio-culturelle, 9357 hommes, lesquels sont
complètement submergés par 62 514 femmes.
Mme Lavoie-Roux: Cela prouve ce que j'avançais!
M. Morin (Sauvé): Cela ne contribue pas à ce que
Mme le député a laissé entendre tout à l'heure.
Enfin, pour les cours de langue parlée, il y a 2703 hommes pour 5188
femmes. Les totaux sont les suivants: 53 167 hommes et 109 915 femmes, ce qui
fait que la clientèle féminine pour ce type de formation comprend
67,4% des étudiants.
Mme Lavoie-Roux: Les remarques que je faisais, M. le ministre,
n'avaient pas trait aux statistiques générales des femmes
impliquées dans...
M. Morin (Sauvé): J'ai bien compris que c'était sur
la formation professionnelle et, effectivement, on constate qu'il y a un
déséquilibre surtout au temps plein.
Mme Lavoie-Roux: Et, à part ça, il faudrait
évaluer ou savoir de quelle catégorie ou de quelle sorte
d'enseignement professionnel on parle. Je pense que ce n'est pas la seule
responsabilité du ministère de voir à cette modification
des attitudes dans les écoles secondaires, il y a aussi la
responsabilité des commissions scolaires, mais le ministère a
peut-être une responsabilité de sensibilisation.
Et, M. le ministre, vous me permettrez...
M. Morin (Sauvé): Cela peut peut-être se corriger
d'ici quelque temps, parce qu'on me signale de façon
générale pendant mes tournées que les filles travaillent
infiniment mieux que les garçons. Les filles ont le nez dans leurs
livres et les garçons, je ne sais trop ce qu'ils font dans bien des cas,
de sorte que les filles sont appelées à prendre une place
croissante dans les études au Québec et sans doute aussi sur le
marché du travail.
Mme Lavoie-Roux: J'espère aussi, M. le ministre, qu'elles
prendront une place croissante à l'intérieur des postes
supérieurs de votre ministère. Ceci dit sans malice...
M. Morin (Sauvé): J'encaisse le coup.
Mme Lavoie-Roux: II reste que c'est quand même...
M. Morin (Sauvé): Quoique nous ayons quelques femmes
très compétentes.
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'il y a d'intéressant, M. le
ministre, sans vouloir tourner le fer dans la plaie, vous avez des
fonctionnaires extrêmement sympathiques, compétents, que je
connaissais d'ailleurs depuis...
M. Morin (Sauvé): Je note pour les Débats votre
déclaration.
Mme Lavoie-Roux: ...quelque temps, mais il reste que c'est assez
intéressant de voir qu'à l'in- térieur du ministère
de l'Éducation, il ne se retrouve pas dans les postes supérieurs
de femmes en plus grand nombre. Par ce qu'on a pu dire, les femmes ne
s'occupaient pas des techniques lourdes, comme vous le soulignez, ou elles
étaient incompétentes pour l'économique et dans un tas de
domaines, mais elles ont quand même une longue tradition dans le domaine
de l'éducation. À part ça, il y a aussi le cabinet du
ministre où les femmes ne sont pas très nombreuses!
M. Morin (Sauvé): Madame, je dois dire que je n'ai pas
été sans faire des efforts dans ce sens, mais ils n'ont pas
été...
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez pas trouvé, il n'y a pas eu
d'élue.
M. Morin (Sauvé): ...couronnés de succès
pour l'instant.
Mme Lavoie-Roux: Enfin, je suis vraiment à
côté de la question.
Je sais que, l'an dernier, il y a eu ou il devait y avoir une initiative
dans certaines commissions scolaires touchant ce qu'on appelait l'enseignement
individualisé pour les adultes. Est-ce que, d'abord, ce programme a
été mis en place et est-ce qu'on a certains résultats
préliminaires? Je sais qu'il y avait certaines difficultés qu'on
avait prévues, est-ce qu'elles se sont avérées exactes ou
quelles sont les intentions à l'égard de ces programmes
individualisés pour les adultes?
M. Morin (Sauvé): L'expérience a
débuté, elle se poursuit et l'intention du ministère est
de l'intensifier au cours des années à venir.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question, je ne devrais pas
dire une dernière, mais une autre question. Est-ce qu'on entend,
à l'égard des analphabètes qui existent encore au
Québec, malheureusement, prendre des mesures spéciales ou essayer
d'en récupérer le plus grand nombre? Parce que souvent, ils se
trouvent dans des milieux où la motivation peut être moindre pour
des raisons socioéconomiques ou autres, quels sont les gestes plus
énergiques qu'on entend poser dans ce domaine?
M. Morin (Sauvé): À l'intérieur du rapport
sur la formation du citoyen dont on a parlé plus tôt, il y a un
sous-rapport qui traitera plus spécifiquement du problème des
analphabètes et de moyens qui pourraient être mis en oeuvre pour
aller en chercher un plus grand nombre.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Le Moignan: Est-ce que vous avez des statistiques sur les
analphabètes?
M. Morin (Sauvé): Oui, on a des statistiques, qui ne sont
pas aussi complètes et aussi nombreuses qu'on le souhaiterait;
précisément dans
ce sous-rapport, nous voulons tenter de les approfondir et de les mieux
connaître.
M. Le Moignan: Et cela joue selon les âges
également? Cela peut commencer assez jeune?
M. Morin (Sauvé): Oui, la pyramide d'âges est fort
importante à cet égard. Je n'ai pas sous les yeux, mais nous en
avons parlé l'autre jour, en réponse à des questions du
député d'Outremont, je crois, la pyramide des âges, par
rapport à l'éducation. Nous constatons que plus on descend dans
la pyramide des âges, plus on se réfère aux personnes
jeunes, plus le degré de scolarisation augmente sans cesse.
Donc, le problème de l'analphabétisme n'est pas
très présent dans les générations toutes
récentes. On peut dire nous l'avons dit, d'ailleurs que le
degré de scolarisation atteint 100% à toutes fins pratiques. Les
cas d'analphabétisme sont liés, en général,
à des handicaps, physiques ou mentaux.
C'est pour les générations qui nous ont
précédés qu'il existe encore, non pas toujours des cas
d'analphabétisme complet, mais d'analphabétisme partiel, de
degré de scolarisation extrêmement bas. C'est en particulier
à ces problèmes que nous allons songer dans ce rapport dont nous
faisions état.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, vous avez indiqué votre
intention d'intégrer je ne sais pas si c'est cette année
ou éventuellement Multi-Media aux commissions scolaires,
c'est-à-dire aux services des adultes qui existent dans les commissions
scolaires.
Voici ma première question: Est-ce qu'on a d'abord une
évaluation des programmes de Multi-Media, de leurs coûts? Il y a
une deuxième question. Si vous persévérez dans votre
idée de les intégrer dans les commissions scolaires, est-ce que
Multi-Media n'avait pas un objectif, au départ, de vraiment coller aux
réalités des milieux et de laisser aux milieux beaucoup
d'initiative pour décider de leurs programmes, etc.? Est-ce que ceci ne
viendra pas un peu diminuer cette initiative qu'on voulait, au départ,
donner aux différents milieux?
M. Morin (Sauvé): Sur ce dernier point, on a
précisément eu l'occasion d'en discuter à plusieurs
reprises avec la commission administrative de Multi-Media et, dans le projet
d'intégration, dès que le programme sera terminé, ce qui
doit se faire au mois d'août 1978, il faudra tenir compte de ces aspects
particuliers et faire en sorte que les clientèles plus
particulières que rejoignait Multi-Media ne soient pas automatiquement
éliminées par l'intégration dans les réseaux
réguliers et, en particulier, dans le réseau des commissions
scolaires.
Je peux vous assurer que le rapport qu'est en train de préparer
la commission administrative, à la demande du ministère,
insistera de façon spécifique sur ce point.
Par ailleurs, même avant que le programme n'arrive à son
terme, il y aura certaines intégrations qui seront faites en cours
d'année. Mais l'évaluation du programme Multi-Media se poursuit,
des commandites ont été données, les premiers rapports
doivent nous arriver au cours des prochaines semaines et on procédera
à l'analyse de ces rapports.
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce qui vous a motivé à
penser à intégrer Multi-Media dans les commissions scolaires?
M. Morin (Sauvé): Multi-Media était une
expérience pilote qu'il fallait évaluer. L'évaluation nous
amène à conclure qu'il n'est pas utile de multiplier les
organismes parallèles, mais qu'il est préférable de tenter
des intégrations, quitte à apporter des modifications à
l'intérieur des réseaux, pour bien atteindre les
clientèles.
Mme Lavoie-Roux: Bonne réponse. Je laisse la parole aux
autres.
Le Président (M. Clair): Le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Je n'ai pas de question spéciale. Je pense
que Mme le député de L'Acadie a touché beaucoup d'aspects
qui m'intéressaient vivement.
Le Président (M. Clair): Le député de
Bourassa.
M. Laplante: Que représentent les efforts de
l'éducation des adultes vis-à-vis du gouvernement central pour
récupérer les points d'impôt, pour qu'on ait une plus large
autonomie dans ce domaine?
Vous avez l'aspect de l'assurance-chômage qui touche
l'éducation des adultes; vous avez une partie de ces cours qui sont
payés aussi par des programmes spéciaux du
fédéral.
M. Morin (Sauvé): Si on prend comme point de
référence les dépenses en éducation des adultes,
c'est-à-dire les programmes 7, il est une partie de certains
éléments du programme 2, il faut faire un total qui est de
l'ordre de $120 millions. La contribution fédérale, dans ces $120
millions, pour l'éducation, est de l'ordre de $83 millions, comme c'est
indiqué dans le document de référence. C'est une situation
de fait qui découle directement des accords sur la formation dits
programmes de formation de la main-d'oeuvre.
Pour ce qui est de l'avenir, la question proprement politique que cela
peut soulever, vous connaissez sans doute, parce qu'elle a fait l'objet de
commentaires à l'occasion, l'attitude générale du
gouvernement qui est de récupérer ces montants, si possible, sous
forme de points d'impôt, étant donné que cela, à
notre avis, touche à l'éducation.
M. Laplante: Le grand nombre de chômeurs qu'on a
actuellement chez les jeunes qui ont fait
peut-être un an, deux ans ou trois ans... Ils ont
été intégrés dans des milieux de travail et,
aujourd'hui, ce sont des chômeurs à qui le programme du
gouvernement central ne donne pas la chance d'un recyclage ou de cours
nouveaux. Est-ce que le ministère a un programme pour l'éducation
aux adultes de jour, là-dessus, en dehors des programmes
fédéraux?
M. Morin (Sauvé): II y a un programme
québécois de formation professionnelle à temps partiel qui
existe, auquel on consacre $3 millions.
M. Laplante: Qui comprend combien d'étudiants environ?
M. Morin (Sauvé): Nous allons vous donner les chiffres
dans un instant.
M. Laplante: Si je pose ces questions, M. le Président,
c'est qu'on a un grand nombre d'assistés sociaux actuellement qui ont
moins de trente ans. Un jugement de la cour oblige à les traiter sur le
même pied qu'un individu de trente ans et plus. Ils auraient besoin, au
lieu d'essayer de pénaliser ces gens, d'une nouvelle formation. Je ne
sais pas si cela peut entrer dans les cadres actuels du ministère.
M. Morin (Sauvé): M. le député, je ne suis
pas en mesure de vous donner le nombre de personnes qui
bénéficient de ces programmes qui ont fait l'objet de votre
question. Toutefois, je puis vous donner une réponse sous forme d'un
total d'heures d'enseignement.
Pour le Québec, cette formation professionnelle à temps
partiel, dans les commissions scolaires et les commissions régionales,
représente un total de 65 450 heures, tandis que, dans les
cégeps, elle est de 27 500 heures, pour l'an dernier. De même,
pour l'année 1977/78, je crois que vous trouverez à la page G-07
les chiffres qui vous intéressent. La formation professionnelle à
temps partiel représente 67 900 heures dans les commissions scolaires et
27 500 heures dans les cégeps.
M. Laplante: Les critères d'admissibilité...
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est des commissions
scolaires et des commissions régionales, il y aura une
légère augmentation.
M. Laplante: Quels sont les critères
d'admissibilité dans ces programmes?
M. Morin (Sauvé): Le critère, c'est que ces gens
doivent déjà posséder des connaissances. C'est
destiné essentiellement au perfectionnement.
M. Laplante: Essentiellement au perfectionnement. C'est tout, M.
le Président.
Le Président (M. Clair): Le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, dans la perspective
où on semble s'orienter, cette perspective d'intégration des
différentes activités des adultes dans les réseaux
réguliers on a cité l'exemple de Multi-Media il y
a, évidemment, ce problème particulier de l'enseignement des
adultes qu'il s'agit de conserver, de l'autonomie des personnes responsables,
des enseignants. Je pense que c'est un problème important.
Ma question concerne ce problème plus précis des
enseignants à temps partiel. Ce problème a été
soulevé depuis plusieurs années. Dans l'enseignement
régulier offert aux adultes, je pense que ce problème va se poser
pour un nouveau programme qu'on décidera d'intégrer
également, du fait suivant, c'est que... J'aimerais savoir si les
chiffres ont évolué là-dessus.
Beaucoup ou peut-être la majorité des enseignants à
l'éducation des adultes sont pris, soit parmi le personnel
régulier, je pense, par exemple, au niveau secondaire, donc des
enseignants qui sont habitués de travailler avec des adolescents ou des
jeunes. On leur confie, en surcharge de temps, l'enseignement aux adultes, ce
qui requiert, à mon avis, une toute autre psychologie. On peut
être compétent dans la matière enseignée, mais il
est peut-être encore plus important de connaître les besoins de la
clientèle. Alors, j'aimerais savoir quelle est la proportion
d'enseignants qui enseignent à l'enseignement aux adultes en surcharge
de temps.
D'autre part, les enseignants qu'on engage à temps partiel
il y a bien sûr le cas des spécialistes qu'on ne peut pas trouver
autrement qu'à temps partiel règle générale,
ce sont des enseignants qui ont peut-être moins de qualification, soit
qu'ils étudient à l'université ou qu'ils enseignent
à temps partiel. Encore là, il y a un problème
d'adaptation à la clientèle. Il me semble que l'objectif qu'on
doive poursuivre soit de développer, pour l'enseignement aux adultes, un
personnel permanent spécialisé qui peut prendre de
l'expérience d'année en année avec ce genre de
clientèle. J'aimerais connaître je ne sais pas si vous avez
ces renseignements connaître l'évolution des
différentes catégories d'enseignants qu'on engage pour
l'éducation des adultes dans les réseaux, particulièrement
au secondaire.
M. Morin (Sauvé): Oui, il y a eu une évolution au
cours des récentes années à ce propos, parce que la
clientèle elle-même de l'éducation des adultes s'est
modifiée. Il y a une dizaine d'années, la plus grande proportion
des étudiants adultes étaient inscrits à des programmes ou
à des cours de formation générale, tandis que maintenant,
la majorité est inscrite à des cours de formation
professionnelle. Par conséquent, le type d'enseignants s'est
également modifié. Actuellement, pour l'année qui
débute, 1977/78, on estime à environ 11 000 ou 12 000 les
enseignants qui enseigneront dans les programmes dits d'éducation aux
adultes. Seulement 30% d'entre eux sont des enseignants qui enseignent de
façon régulière à des jeunes des matières
dites générales et 70%
sont plutôt des formateurs d'adultes en enseignement professionnel
qui viennent de l'industrie.
M. Paquette: Donc, engagés à temps partiel? M.
Morin (Sauvé): À temps partiel...
M. Paquette: Les 30%, vous me dites que ce sont...
M. Morin (Sauvé): 30%, les 11 000 ou 12 000 sont des
enseignants réguliers des commissions scolaires.
M. Paquette: Qui enseignent aux adultes en surcharge de
temps.
M. Morin (Sauvé): Qui enseignent... M. Paquette:
Mais on a...
M. Morin (Sauvé): ... qui ne sont pas en surcharge de
temps, mais en...
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Morin (Sauvé): Oui, enfin, entendons-nous, comme
deuxième emploi, si on veut. Il n'y a pas de confusion avec la charge de
l'enseignant prévue dans la convention collective, auprès de ses
élèves de jour.
M. Paquette: Les chiffres que vous m'avez donnés sont
à la fois pour la formation générale et
professionnelle.
M. Morin (Sauvé): C'est ça.
M. Paquette: Est-ce que vous avez des chiffres
différenciés pour les deux catégories?
M. Morin (Sauvé): Je n'en ai pas ici, mais nous en avons,
oui. On pourrait les avoir...
M. Paquette: J'aimerais connaître l'évolution... Je
ne sais pas si c'est la coutume de déposer...
M. Morin (Sauvé): II s'agit de chercher les
tableaux...
M. Paquette: Le problème, c'est qu'on essaie de terminer
ce matin.
M. Morin (Sauvé): Je pourrais remettre ces tableaux au
député de Rosemont s'il le désire, mais il faut faire la
recherche pour les établir.
M. Paquette: Bon! Cela m'apparaît quand même un
problème important, en tout cas, une chose claire au niveau de la
formation générale. Est-ce que le ministère s'oriente vers
la formation de corps d'enseignants spécialisés dans
l'éducation des adultes et qui font ça à temps plein,
d'année en année?
M. Morin (Sauvé): Sûrement qu'il faut s'orienter, au
moins pour un minimum, vers...
M. Paquette: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... un certain nombre d'individus
spécialisés, j'allais dire dans cette pédagogie, mais
l'étymologie du mot "pédagogie" devrait m'empêcher de
l'utiliser lorsqu'il s'agit d'adultes, mais il n'y a pas de doute que, dans la
mesure où l'enseignement va demeurer axé sur le secteur
professionnel et dans la mesure où nous allons devoir faire appel
à l'extérieur et, notamment, à l'industrie pour favoriser
le développement de cet enseignement, je ne pense pas, dans l'avenir
prévisible en tout cas, en venir à un corps d'enseignants
entièrement spécialisés à l'endroit des adultes. On
peut faire des efforts, cependant, et je pense qu'il y a eu des adaptations,
depuis quelque temps, en vue de trouver des enseignants qui soient sensibles au
fait qu'ils se trouvent devant des adultes et qu'il faut une psychologie
particulière.
M. Paquette: Une autre question, M. le Président,
très courte. Il y a trois ou quatre ans, le Conseil supérieur de
l'éducation, je pense, avait remis un rapport sur l'enseignement en
milieux défavorisés et un des palliatifs, disons, une des actions
qui étaient proposées au ministère, c'était de
développer l'enseignement des adultes, prioritairement, dans les zones
défavorisées, parce que je pense que, si on veut agir, bien
sûr, et mettre plus de ressources dans les milieux favorisés, il
est extrêmement important, en même temps, d'agir sur le milieu
familial et de s'assurer qu'il y a une attitude évolutive au sein de la
famille. Une façon de favoriser ça, c'est que les parents
améliorent également leur formation.
Est-ce qu'on peut dire, actuellement, qu'un effort plus grand se fait
dans les zones défavorisées sur le plan de l'éducation des
adultes?
M. Morin (Sauvé): L'intention, c'est toujours de maintenir
comme priorité les zones défavorisées. C'est
précisément un autre aspect de ce rapport sur la formation du
citoyen. Par ailleurs, une des difficultés auxquelles nous devons faire
face et qui n'est pas négligeable, c'est d'en venir à des
définitions opérationnelles des défavorisés.
Comment est-ce qu'on les définit? Par rapport à quoi? C'est
précisément ce à quoi on s'attaque actuellement. Mais la
volonté, c'est véritablement de venir en aide à ces
milieux et, dans les critères d'attribution, par exemple, des
subventions aux organismes volontaires d'éducation populaire, il y a un
effort qui est fait du côté des milieux
défavorisés.
Le Président (M. Clair): Le député de
Matapédia.
M. Marquis: M. le Président, je note avec satisfaction,
dans les orientations qui sont mentionnées à la page G-03,
l'intention du ministère de
l'Éducation d'affirmer son leadership et d'accroître son
influence et que cette politique se manifeste surtout au niveau des principes
généraux et des relations avec les partenaires.
Or, en parlant de partenaires, je voudrais mentionner le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre par le biais des commissions
de formation professionnelle. Pour avoir oeuvré dans le secteur de
l'éducation des adultes dans la période qui a
précédé mon entrée en politique, nous avions
beaucoup de difficultés à nous entendre avec les CFP. Est-ce
qu'il y a quelque chose de positif qui est envisagé de ce
côté, et est-ce que le ministère de l'Éducation va
justement affirmer son leadership face au ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre?
M. Morin (Sauvé): II vient de nous parvenir un rapport sur
la coopération qui a dû être établie dans le
passé entre le ministère du Travail et le ministère de
l'Éducation. Il y a deux semaines environ que nous avons reçu ce
rapport sur l'entente entre les deux ministères. Tant que je n'aurai pas
pris connaissance de ce rapport et de l'évaluation qu'il contient, je ne
puis vraiment pas vous donner de réponse très précise,
mais nous ressentons à l'Éducation le besoin de, comme on dit en
québécois, prendre la pôle parce que nous pensons que c'est
d'abord et avant tout de l'éducation et que cela nous revient de
permettre aux Québécois de pouvoir bénéficier d'une
politique de l'éducation des adultes convenables. C'est notre
première responsabilité.
Le Président (M. Clair): Le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: II me reste une remarque et une question. Je
pense qu'il convient de souligner l'effort que le gouvernement fait pour les
organismes volontaires d'animation et de formation populaire.
M. Morin (Sauvé): Les OVEP.
Mme Lavoie-Roux: Les OVEP. C'est un drôle de sigle, je dois
dire.
M. Morin (Sauvé): Cela ne nous donne aucun complexe au
ministère!
Mme Lavoie-Roux: Non... Il reste qu'on devrait avoir le souci de
mettre en place certains mécanismes d'évaluation, non pas des
mécanismes annuels, parce que je pense que c'est impossible dans un tel
domaine, mais sur des périodes de cinq ans par exemple, parce que, dans
tous ces domaines, celui-là comme les autres, au niveau universitaire,
au niveau collégial, je pense qu'il ne s'agit pas d'évaluation
annuelle, mais peut-être des évaluations à plus long terme
sur les sommes qui sont investies dans ces programmes et les résultats
obtenus.
M. Morin (Sauvé): Chaque projet fait l'objet d'une
étude attentive. L'argent n'est pas donné sans que nous ne nous
soyons assurés...
Mme Lavoie-Roux: Je veux dire du point de vue des
résultats.
M. Morin (Sauvé): ...de la qualité du projet.
Mme Lavoie-Roux: Et les résultats sont
évalués aussi?
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est de l'évaluation,
je puis vous dire ceci: Parmi les aspects qui concernent la DGEA, nous
retrouvons l'expérience acquise par l'organisme subventionné dans
le processus même de solution des problèmes qui ont jalonné
les diverses phases de la mise en marche et de la réalisation de
l'activité éducative par l'organisme non institutionnel. Cette
évaluation permet d'expliquer, s'il y a lieu, les causes de
succès ou d'insuccès dans la réalisation du projet, la
nécessité de certains investissements supplémentaires,
l'impossibilité de dépasser les sommes disponibles parce
qu'à l'occasion cela se présente, les difficultés
résultant des modes de financement, etc.
Ces évaluations sont présentées par l'organisme
subventionné sous forme d'un rapport destiné à la DGEA sur
les divers aspects de la pratique des organismes en éducation populaire,
ceci, naturellement, en vue d'améliorer l'appui qu'elle entend apporter
à ces organismes dans la mise en marche et la réalisation de
projets éducatifs.
J'ajouterai simplement que, pour l'exercice financier 1977/78, la DGEA
entend mettre en oeuvre, dans la mesure de ses moyens et après
consultation avec les OVEP, des processus permettant d'améliorer
l'évaluation des projets. Ces processus devraient permettre une
amélioration de cette évaluation qui vous tient à coeur,
Mme le député.
Mme Lavoie-Roux: Je m'en réjouis. Une autre question, et
je voudrais une réponse très brève, suite à la
négociation qui s'est terminée au printemps, je pense, le
sous-ministre pourrait-il nous indiquer s'il y a vraiment eu
amélioration des conditions de travail au plan de la
sécurité d'emploi, au plan des possibilités de
perfectionnement cela rejoint la préoccupation du
député de Rosemont du personnel de l'éducation des
adultes qui, on le sait, avait pendant assez longtemps été
négligé!
Il n'était pas resté en marge, mais leur statut
était assez confus.
M. Morin (Sauvé): Oui. Sur la question précise de
l'amélioration des conditions de travail en ce qui regarde la
sécurité, l'entente qui a été signée
prévoit que les enseignants aux adultes qui exerçaient cette
activité à temps plein, à la première année
de la convention, pouvaient devenir du personnel régulier de chacune des
commissions scolaires où ils étaient engagés à
cette époque et, si ma mémoire est bonne, cette disposition
couvre
environ 600 enseignants aux adultes. Par le fait même, ces
enseignants étant assimilés à des instituteurs
réguliers, ils sont couverts non seulement par les régimes de
sécurité, mais de perfectionnement, de bénéfices
marginaux, etc.
Mme Lavoie-Roux: Alors, une partie des problèmes a
été résolue.
M. Morin (Sauvé): Ceux qui exerçaient cette
activité à temps plein, à la première année
de la convention, ont été couverts.
Mme Lavoie-Roux: Il reste le problème de...
M. Morin (Sauvé): II reste la question, enfin le
problème ou la situation de ceux qui n'exercent pas cette
activité à temps plein ou qui ne l'exerçaient pas à
cette époque.
Mme Lavoie-Roux: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Sommes-nous prêts à
adopter les trois derniers paragraphes du bloc II?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Clair): Le programme 7, concernant la
formation générale et socioculturelle des adultes serait-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Clair): Adopté. Le programme 11,
concernant la formation professionnelle des adultes serait-il adopté?
Adopté. L'élément 2 du programme 2, dans sa
troisième partie, concernant la gestion de la formation des adultes
serait-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Clair): Adopté.
M. Morin (Sauvé): Assurément.
Administration générale du
ministère
Le Président {M. Clair): II nous reste maintenant à
étudier le bloc 4 qui concerne l'administration générale
du ministère et le bureau de la science et de la technologie. M. le
ministre, avez-vous des remarques préliminaires?
M. Morin (Sauvé): Je me contenterai, étant
donné l'heure tardive, M. le Président, de répondre aux
questions.
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie.
M. Morin (Sauvé): D'ailleurs j'ai fait un exposé
dans mon discours préliminaire au chapitre 9 assez complet de la
situation du ministère, j'entends dans ses organismes centraux.
Mme Lavoie-Roux: Moi aussi, je vais m'en tenir aux questions
assurément. Quand, une fois de plus, j'examine l'augmentation des
budgets dans tous les secteurs de l'éducation, mis à part les
professions, il m'apparaît, si mes calculs sont bons, que là
où les augmentations sont les plus élevées en termes de
pourcentage, l'administration générale va chercher 13,84%
d'augmentation, l'administration des réseaux 22,6%, l'aide
financière aux étudiants, etc. Là où l'on retrouve
les augmentations les plus faibles, c'est du côté de
l'enseignement élémentaire et secondaire public où l'on
retrouve une augmentation de 4,25%. Alors, il y a peut-être des
explications que l'on peut me donner sans que l'on ne recommence à
discuter de l'administration de chacun des réseaux qui a
été adoptée, c'est vraiment une image
générale. Je veux également souligner qu'il faudrait
peut-être que cette image se modifie. On en a parlé à
plusieurs reprises, non seulement il y a une diminution dans l'augmentation de
l'indexation, qui normalement devrait être accordée, il y a une
diminution des élèves qui vient également jouer sur la
diminution générale des ressources à cause du
système du per capita. Je pense qu'il faut le signaler. J'aimerais que
le ministre nous donne des indications si cette tendance va se poursuivre ou si
on va faire des efforts pour la redresser l'année prochaine.
Là, à toutes fins pratiques, les budgets sont
adoptés, mais ça me semble quand même un peu surprenant que
l'augmentation des administrations, en pourcentage, soit beaucoup plus
élevée que ce qu'on accorde, en fait, à la majorité
de la population étudiante qui se trouve à l'enseignement
élémentaire et secondaire.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne suis pas
d'accord avec cette analyse. Il faut analyser de très près la
croissance des crédits destinés à l'administration
générale interne. Si Mme le député veut bien se
reporter à la page A-06, elle va constater, en y regardant de
près, que cette augmentation de 12,8% peut s'expliquer de façon
très précise. Tout d'abord, il y a des ajustements qu'on pourrait
qualifier d'automatiques et, naturellement, on ne peut pas en vouloir à
l'administration de ce que ces traitements augmentent comme les traitements de
l'ensemble de la fonction publique.
C'est ce qui explique, par exemple, les $180 000 d'ajustement au
traitement des réguliers et les $337 000 au traitement des occasionnels.
Ces chiffres seraient infiniment plus considérables si nous n'avions
fait depuis déjà quelque temps des efforts, comme je l'ai
souligné dans mon exposé liminaire, pour comprimer le nombre de
fonctionnaires, surtout les occasionnels, mais cela peut s'appliquer aussi, de
manière générale, à l'ensemble du
ministère.
Nous sommes passés de 3175 fonctionnaires en 1974 à 2732
en 1977. Il y a donc eu là des efforts qui permettent de réduire
ces écarts de croissance entre les dépenses de l'an dernier et
celles de cette année.
D'autre part, si vous voulez bien regarder de près la feuille
A-06, vous constaterez qu'une grande partie de la somme de $1 752 900
apparaît sous forme de dépenses occasionnées par la
coordination du plan de développement de l'éducation
chrétienne. Vous verrez qu'il y a là un montant de $445 000, soit
le quart du montant total. De même pour ce qui est de la recherche et de
la consultation qui y seront consacrées au livre vert, nous avons
dû, parce que c'est une de nos priorités, y affecter $350 000. De
même pour l'élaboration du plan d'intervention en milieux
défavorisés, il s'agit d'une priorité qui compte pour $385
000.
De sorte que, lorsqu'on veut savoir exactement quelle est la croissance
réelle de l'argent consacré à l'administration
générale et interne, il faudrait sans doute parler beaucoup plus
d'augmentation de l'ordre de 3% à 4%, puisque ces montants que nous
avons insérés dans l'administration interne sont des montants
destinés à répondre à nos priorités.
Mme Lavoie-Roux: Diriez-vous la même chose des 22,6% de
l'administration des réseaux, 22,6% d'augmentation?
M. Morin (Sauvé): Voyez-vous, on peut retourner les voir,
nous en avons déjà parlé.
Prenons le réseau élémentaire et secondaire public,
à l'oeillet D, et reportons-nous maintenant à l'analyse des
écarts, qui, je pense, se trouve à la page D-08. Pour ce qui est
de l'administration, vous verrez que ça n'est que de l'ordre de 4,2%.
Tandis que si on se reporte aux écarts pour l'ensemble des
réseaux, qui se trouvent à la page... les écarts globaux
pour l'ensemble doivent se trouver à la fin, si je ne m'abuse.
Où sont-ils, les écarts globaux? Je n'ai pas le sommaire
de ce programme, mais nous pouvons parcourir les écarts chapitre par
chapitre et vous verrez que la croissance des dépenses se situe dans
certains secteurs bien identifiés. Je vais essayer de le faire avec
vous.
Prenons la page D-28. Pour ce qui est du soutien administratif, il y a
une diminution. Non, je m'excuse. Comment doit-on analyser, à la page
D-28, messieurs, l'écart de $810 000? Il n'y a certainement pas une
diminution. C'est un plus. Plus $810 000, donc plus 25,6% pour le soutien
administratif, dont la majeure partie, $500 000, va aux travaux qui vont
entourer la nouvelle formule de financement. Il s'agit là d'une
dépense qui ne reviendra pas l'an prochain, puisque nous comptons
régler cette question au cours de l'année.
Continuons, à la page E-15, au collégial, pour changer de
réseau, les écarts sont attribuables principalement aux
augmentations dues à l'application automatique des conventions
collectives de travail...
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, avant que vous ne poursuiviez,
je réalise bien que c'est dû à l'indexation des salaires,
aux nouveaux traitements, etc. Puisque cette augmentation se fait sentir
davantage au niveau de l'administration qu'au niveau de l'enseignement
proprement dit et du soutien pédagogique, est-ce qu'on n'a pas là
une indication qu'il y a un peu un déséquilibre que, dans un
esprit de décentralisation, on devrait tenter de redresser?
M. Morin (Sauvé): Madame, j'essayais de faire la
démonstration suivante: Dans ces dépenses classifiées
comme étant d'administration, on trouve, en réalité, des
sommes qui sont consacrées à des priorités, lesquelles
comportent évidemment un aspect administratif, mais ce sont des montants
qui expliquent, pour une bonne part, ces augmentations de pourcentage qui ont
l'air de vous étonner.
Prenez le collégial, il y a tout de même $120 000 qui sont
consacrés à la préparation du livre blanc pour
l'enseignement collégial. On ne peut pas procéder à la
rédaction de ce livre blanc sans trouver les effectifs
nécessaires pour sa rédaction.
Je ne voudrais pas que vous tiriez de tout cela l'impression que
l'administration coûte de plus en plus cher par rapport aux services
qu'on met à la disposition des étudiants et des enseignants. Je
crois que ce serait inexact.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je ne veux pas faire de ceci une
bataille, bien au contraire. Mais il est vrai que, quand vous mettez $100 000
pour le livre blanc, $200 000 pour le livre vert, etc., ce sont des
priorités qui, éventuellement, vont toucher la qualité de
l'enseignement ou les services de l'enseignement. Il reste qu'entre-temps, au
plan du service direct à l'amélioration de la qualité du
service auprès de l'étudiant lui-même, il y en a
très peu. Je pense que les autres sont en fonction de grands programmes
si on met l'opération des défavorisés à part
qui devraient éventuellement avoir des répercussions dans
le système scolaire.
Mais il reste que les ajouts au niveau direct de l'étudiant sont
minimes et c'est le sens de mes remarques. On ne refera pas le budget ce matin,
mais je voulais quand même porter à votre attention cette
observation.
M. Morin (Sauvé): Je note ce que vous me dites, mais je
suis obligé de constater avec vous que le fonctionnement ne coûte
au ministère, en fin de compte, que 2,36% des dépenses. La grande
majorité des dépenses, soit 97,63% va à des
transferts.
De plus, est-ce que vous voulez vous référer...
Peut-être que cela sera-t-il utile, je crois qu'on l'a déjà
fait, mais reportons-nous à la page 0 08, et vous pourrez constater,
pour ce qui est de l'explication de l'écart j'entends les grands
écarts agglomérés que seulement $11,7 millions vont
à l'administration du ministère et $287,7 millions aux
réseaux d'enseignement pour un total de $300 millions.
Quand on voit ces chiffres par rapport au reste, je pense qu'il faut
admettre que c'est plutôt
raisonnable et surtout si vous considérez que, dans ces $11,7
millions, $3,6 millions vont aux priorités du ministère pour
l'année 1977/78. D'ailleurs, nous avons déjà ensemble
regardé ces chiffres, Mme le député.
Mme Lavoie-Roux: Pour l'Office des professions, est-ce qu'on
convient que c'est remis à plus tard? C'est parce que...
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie, je pense qu'on peut poser la question également de votre
côté. Il s'agit de savoir si effectivement on étudiera
aujourd'hui les crédits de l'Office des professions. Je crois savoir que
le principal intéressé, le président de l'Office, ne
serait pas disponible cet après-midi.
M. Morin (Sauvé): II ne le serait pas, à ce qu'on
m'a fait savoir, M. le Président, de sorte que cela devrait aller sans
doute à la semaine prochaine. Je sais que ce ne sera pas sans
créer des problèmes.
M. Paquette: M. le Président, la semaine prochaine sera
convoquée la commission chargée d'étudier la charte de la
langue française. Cela risque de nous mener aux calendes grecques.
M. Laplante: Est-ce qu'on pourrait suggérer au
député de L'Acadie de formuler ses questions par écrit,
des documents que vous voudriez avoir? Je pense que le ministre pourrait lui
fournir les informations, si vous aviez des questions spécifiques
là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Cela ne paraissait pas dans le plan de travail
qu'on nous a soumis.
M. Laplante: C'est un fait.
Le Président (M. Clair): Cela apparaissait, par ailleurs,
dans les crédits du ministère de l'Éducation. C'est
vraiment pour le bénéfice...
Mme Lavoie-Roux: Après cela vous avez le Haut-Commissariat
à la jeunesse, aux loisirs et aux sports aussi.
Le Président (M. Clair): ... des membres de la commission
que je fais la suggestion, parce que mes craintes sont également celles
du député de Bourassa, en ce sens que, si cette commission doit
débattre la semaine prochaine sur l'étude du projet de loi 1,
peut-être bien que cela nous reportera...
Mme Lavoie-Roux: Personnellement, il nous reste vingt minutes, de
toute façon, pour finir ce qu'il nous reste à couvrir. Je pense
qu'on devrait finir le reste et que ce serait préférable que la
commission soit rappelée avec les personnes qui se sont vraiment
préoccupées de ce problème.
M. Morin (Sauvé): Oui, bien sûr, mais ce ne pourra
être cet après-midi, puisque le président de l'Office doit
être à Montréal ce soir et, quant à moi, je pars
pour Sept-Îles au début de la soirée, de sorte qu'il
faudrait que cela soit reporté à la semaine prochaine.
Le Président (M. Clair): Nous continuons. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'avais seulement quelques petites questions
à poser. Au sujet des différents conseils que l'on retrouve, le
Conseil supérieur de l'éducation, le Conseil des
universités, le Conseil de la recherche scientifique, je ne poserai pas
de question, je voudrais simplement faire un souhait, que, l'an prochain, au
moment de l'étude des crédits, les membres de ces
différents conseils puissent être entendus à cette
commission. Ce serait un souhait que je ferais pour que vous y songiez
peut-être pour l'an prochain et je ne poserai aucune question. Pour la
formule, vous pourriez décider.
Le Président (M. Clair): Y a-t-il d'autres intervenants
sur ce bloc?
Mme Lavoie-Roux: Oui, j'ai d'autres questions. Du
côté des communications, je le prends de mémoire, A-36, je
pense que dans les communications, l'estimation grossière de
l'augmentation est de l'ordre de 10% à 11%; si je me trompe, qu'on me
corrige. Je sais qu'il se produit beaucoup de brochures...
M. Morin (Sauvé): Si vous vous reportez à la page
A-44, vous aurez justement le pourcentage d'augmentation qui est de 11,4%.
Mme Lavoie-Roux: J'avais entendu dire que c'était 11%.
Évidemment, il y a la traduction du livre vert, les milieux
défavorisés, le français, langue maternelle, les
publications, etc. Alors, disons que l'augmentation peut être
justifiée. Est-ce qu'on se préoccupe, à l'intérieur
du ministère de l'Éducation, de faire une évaluation de la
portée des nombreuses brochures qu'on y publie? Est-ce qu'il y a un
effort de coordination qui pourrait peut-être en réduire les
coûts?
M. Morin (Sauvé): En fait, nous avons au service des
communications une section qui s'intitule rétro-information.
L'équipe qui est là poursuit à l'année longue des
évaluations sur l'impact des actions de communication qui sont
entreprises. À titre d'exemple, lorsque le ministère organise
dans des régions des semaines d'information, l'équipe de la
rétro-information est sur place pour causer avec le public et voir dans
quelle mesure ce public est satisfait de la documentation qui lui parvient, des
activités que le ministère fait dans le secteur des
communications. De plus, nos publications, nos périodiques, entre
autres, font l'objet d'une évaluation tous les deux ans pour voir,
à l'aide d'une enquête, quel est le niveau de satisfaction des
gens et en quoi cela répond à leurs besoins.
Nous avons ensuite des activités d'évaluation sectorielles
sur des grands projets qui sont mis de l'avant, soit à l'aide de
questionnaires, soit à l'aide de rencontres avec des éducateurs,
des étudiants ou des comités de parents. C'est une action
continue tout au cours de l'année.
Mme Lavoie-Roux: Bon. D'accord. Je voudrais signaler en A-36 et
en A-39, qu'on avait l'intention, semble-t-il, de publier un journal
d'information à l'intention de la population anglophone qui se serait
intitulé Meqnews.
M. Morin (Sauvé): C'est fait.
Mme Lavoie-Roux: C'est fait. Alors, l'autre paragraphe ou la
phrase suivante n'a plus d'importance. Dans ce dernier cas, compte tenu de la
politique linguistique, il n'y aurait plus lieu de poursuivre cette initiative.
Je dois vous dire on ne discutera pas de la loi no 1 que je
trouverais extrêmement regrettable qu'une publication qui doit aller
auprès d'une population scolaire, à laquelle on reconnaît
des services, que la loi no 1 empêche de poursuivre une initiative comme
celle-là. Je pense que, s'il y a un réseau anglais, c'est un
service à cette population scolaire. Cela m'étonne même de
trouver ce point d'interrogation ici.
M. Morin (Sauvé): Je puis vous dire, madame, que, pour ce
qui est de l'an prochain, cette publication est incluse dans nos
prévisions de dépenses, dans nos projets. Tout cela coûte
cher. Je ne puis prendre d'engagement pour l'avenir. D'ailleurs, j'ai
l'impression que le ministère va être obligé de surveiller
de plus en plus, grâce à ce groupe de rétro-information, le
nombre de ses publications. Je ne sais pas si vous avez une idée du
nombre...
Mme Lavoie-Roux: ...que j'ai posé.
M. Morin (Sauvé): Oui. En ce qui me concerne, je veux
qu'une analyse très stricte soit faite des retombées de ces
publications. Donc, au cours de l'année qui vient, j'ai l'intention de
me pencher sur la valeur de chaque publication et l'opportunité d'en
continuer la production.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, j'ai l'impression que vous ne
répondez pas à ma question. J'espère que, quand vous ferez
cette étude ou cette évaluation de la valeur et de
l'opportunité de continuer la publication de certaines brochures ou
journaux, cette première restriction budgétaire s'appliquera
à partir d'un principe quand même d'équité, de
devoir servir deux populations linguistiques au Québec.
M. Morin (Sauvé): Je puis vous assurer que je vais tenir
compte de tous les facteurs dans l'évaluation de ces publications. Mais,
encore une fois, si elles ont été maintenues pour l'année
qui vient, je ne prendrai pas d'engagement pour l'avenir. Je veux
réexaminer tout cela.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Le député de
Rosemont.
M. Paquette: ... j'aimerais savoir à qui s'adresse
Meqnews? Si cette publication s'adresse aux administrateurs, aux enseignants,
comme le projet no 1 vise à faire en sorte que la langue de travail
soit, autant que possible, le français partout, et que les
communications entre les divers organismes et le gouvernement se fassent en
français, ça pourrait être un peu anachronique de maintenir
cette publication, si elle ne s'adresse qu'aux professionnels de
l'éducation. Si elle s'adresse au grand public, c'est une autre
chose.
Mme Lavoie-Roux: Si elle s'adresse...
M. Paquette: Je comprends la remarque et la réserve qui
est mise...
M. Morin (Sauvé): Cela s'adresse avant tout aux
partenaires de l'éducation, aux professionnels. Elle n'est pas
destinée au grand public. C'est quand même un tirage assez
limité et c'est fort coûteux, il faut l'admettre.
Mme Lavoie-Roux: Mais dans les professionnels de
l'éducation, j'imagine que vous entendez les enseignants.
M. Morin (Sauvé): Bien sûr.
Mme Lavoie-Roux: Alors, au moment où vous admettez qu'il y
a un secteur anglophone où il y a des enseignants anglophones, alors on
peut se poser des questions, à savoir si les moyens nous le permettent,
s'il est approprié à partir d'une politique linguistique qu'on
débattra dans un mois, d'abolir ce service.
M. Morin (Sauvé): On ne peut rien vous cacher, madame. Ce
sont les questions que nous nous posons.
M. Le Moignan: M. le Président, il y a tellement de
publications gouvernementales, et si c'est destiné aux enseignants qui
ne parlent que la langue anglaise, alors, ils seront brimés un peu dans
leur droit à l'information, parce qu'il y a plusieurs professeurs qui ne
sont pas tellement spécialisés en français.
Mme Lavoie-Roux: Ou est-ce qu'on a l'intention d'exiger des
professeurs du secteur anglais au niveau scolaire que, désormais, pour
pouvoir continuer d'enseigner, ils parlent le français?
M. Morin (Sauvé): Je ne crois pas que les deux questions
soient liées, M. le Président. Dans la mesure où beaucoup
d'anglophones lisent le français, nous sommes déjà en
mesure de ne publier certaines choses que dans la langue française. Je
n'ai pas entendu de plaintes à cet égard.
Encore une fois, pour l'année qui vient, nous maintenons cette
publication particulière.
Mme Lavoie-Roux: Bon! D'accord!
Bureau de la science et de la technologie
Je pense que je n'ai pas d'autres questions. Il y a le Bureau de la
science et de la technologie. J'ai cru comprendre que ce bureau était
une création passablement récente au ministère de
l'Éducation et, très brièvement, si vous voulez nous dire
en quoi il consiste. J'ai lu les objectifs ici un peu, mais on parle
plutôt d'essayer... j'ai cru comprendre que c'était un organisme
de coordination, dans le fond, pour toutes les recherches qui se font aux
différents niveaux à l'intérieur du ministère et
des autres ministères. Est-ce que je me trompe? On n'a pas encore tout
à fait établi le cadre dans lequel ce bureau va fonctionner.
Est-ce exact?
M. Morin (Sauvé): Le Bureau de la science et de la
technologie vient d'être rattaché au ministère de
l'Éducation. Il fait suite à un secrétariat à la
science et à la technologie, qui était logé, auparavant,
au Conseil exécutif. Le Bureau de la science et de la technologie a
comme responsabilité, comme c'est indiqué dans les documents, de
conseiller le ministre responsable, en l'occurrence, le ministre de
l'Éducation, sur les éléments d'une politique de la
science et de la technologie.
Cette politique couvre évidemment les volets de la recherche et
de la science dans les universités, dans l'industrie et dans les
activités des divers ministères du gouvernement. C'est un bureau,
sous la forme d'un bureau, même sous la forme du secrétariat
antérieur. C'est une unité qui en est à ses
débuts.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'autres questions sur ces
programmes.
M. Le Moignan: J'aurais seulement...
M. Morin (Sauvé): Le député de Gaspé
voudrait-il prendre maintenant lui aussi la défense des publications
anglophones.
M. Le Moignan: Non, mais je me pose une question au sujet du
système qui existe.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il ne s'agit pas de prendre la
défense des publications anglophones, mais je pense qu'il est temps que
le ministre et le gouvernement soient conscients que, lorsqu'on sert des
élèves auxquels on reconnaît le droit ou le
privilège appelez-le comme vous voudrez à
l'enseignement dans leur langue maternelle, on ne doit pas prendre des mesures
qui viennent brimer cela. Je le dis maintenant et je le redirai en public parce
que l'équité, dans la façon dont on traite les enfants,
cela me semble la considération et la préoccupation la plus
importante qu'un ministre de l'Éducation devrait avoir.
M. Morin (Sauvé): Cela a été le souci du
ministère de l'Éducation depuis, en particulier, une année
ou deux, contrairement à ce qui se fait ailleurs dans d'autres provinces
où nos minorités n'ont pas le traitement auquel Mme le
député fait allusion, et je serais très heureux d'entendre
Mme le député prendre la défense également des
francophones des autres provinces.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est là un
argument qui m'étonne chez un homme avec la formation du ministre. Je
pense que nos critères de justice et d'équité ne doivent
pas s'établir à partir des injustices des autres.
M. Morin (Sauvé): Assurément pas, mais on doit tout
de même tenir compte de ce qui se fait ailleurs et le Québec n'est
pas obligé, je pense, de dépasser les normes
d'équité qui sont appliquées dans l'ensemble des pays
civilisés.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, vous dites que c'est
beaucoup mieux depuis un an ou deux. Alors, tout ce que je peux souhaiter,
c'est que le ministre actuel continue dans la même veine.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais je souhaiterais que Mme le
député s'intéresse aussi à la défense des
élèves francophones.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que j'en ai fait la preuve et le
ministre le sait fort bien.
M. Morin (Sauvé): N'exigiez-vous pas d'ailleurs, à
la CECM, que vos hauts fonctionnaires, fussent-ils de langue anglaise,
connaissent bien le français?
Mme Lavoie-Roux: Exactement, mais pas à l'intérieur
des écoles. Pour les professeurs et les professionnels, surtout pour
ceux qui étaient engagés dans le système, et même
pour les cadres supérieurs, il y avait aussi une période de
transition dont il fallait tenir compte.
M. Morin (Sauvé): Je puis vous assurer que le
ministère de l'Éducation aborde ces questions avec l'esprit
ouvert, mais il y a également des questions de coût et de
rationalisation de nos publications. Le traitement que nous appliquons aux
francophones, il faudra bien l'appliquer aussi aux anglophones.
M. Le Moignan: C'est un peu mon inquiétude, parce que vous
dites que c'est assuré seulement pour un an. Il y a au-delà d'un
million d'anglophones qui vont continuer à vivre, à avoir leurs
classes, leurs écoles en anglais au Québec. On sait que les
anglophones sont des contribuables. Une très forte proportion des taxes
vient des anglophones parce qu'ils ont le contrôle des compagnies et
qu'ils contrôlent peut-être plus l'économie. Ce n'est
peut-être pas une des raisons les plus fondamentales, mais il reste
qu'ils ont le droit d'être informés dans leur langue.
Quand on regarde le discours inaugural, quand on regarde un peu les
déclarations du premier ministre, c'est tout à fait normal que
pour l'avenir, si on continue à leur donner cet enseignement auquel ils
ont droit, qu'ils soient servis dans leur langue.
On peut peut-être l'exiger des directions des commissions
scolaires anglaises, mais quand on arrive dans le détail plus
précis des étudiants qui auront peut-être à lire
certaines communications, quand on aura à traiter avec les professeurs,
il me semble qu'à ce point-là, on doit oublier un peu les autres
provinces. Il faut vivre ici à l'heure du Québec, à ce
moment-là.
Le Président (M. Clair): Le député de
Rosemont.
M. Paquette: Je ne sais pas si le ministre est prêt
à répondre, mais je tiens à dire que si on vous suit
entièrement dans ce domaine, on va multiplier les postes bilingues au
ministère de l'Éducation. On devrait se rendre compte de cela. On
veut assurer le droit de travailler en français. On est d'accord pour le
bilinguisme des individus, mais, de là à dire que cela va prendre
de l'anglais pour travailler dans une multitude de postes où ce n'est
pas nécessaire au ministère de l'Éducation...
M. Le Moignan: Je ne pousse pas l'affaire aussi loin que
cela.
M. Paquette: Non, mais on parle de la question de principe. Je ne
vous suis pas.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que vous tirez des conclusions beaucoup
plus larges que les observations que j'ai mises de l'avant. On a parlé
d'un journal qui était destiné à des professionnels de
l'enseignement dans le secteur scolaire anglophone. J'ai reconnu, avec le
ministre de l'Éducation, et d'ailleurs j'y étais, qu'autant que
possible les cadres de la CECM et les cadres supérieurs anglais doivent
être capables de s'exprimer en français, en permettant une
période de transition raisonnable. Il ne s'agit pas de demander au
ministère de l'Éducation d'être bilingue. Mais quand il
s'agit d'apporter un service de soutien qui peut contribuer, et si cela ne
contribue pas, qu'on l'enlève, au meilleur fonctionnement des
enseignants et des écoles, là, c'est une autre question.
M. Morin (Sauvé): Pour mettre un terme à ce
débat qu'il est difficile de maintenir au niveau des principes parce
que, déjà, le ministère ne traduit pas tous ses documents,
il faudrait donc, pour vraiment avoir un débat cohérent, examiner
la chose article par article, publication par publication. Or, c'est ce que je
vais faire au cours de l'année qui vient en me conformant à
l'esprit et à la lettre de la loi qui sera tantôt adoptée
par l'Assemblée nationale. Je ne pense pas que personne puisse me faire
le reproche d'appliquer la loi telle qu'elle sera. Cela dit, je tiens à
attirer l'attention de Mme le député de L'Acadie, pour le cas
où elle ne le saurait pas, sur le fait que les conventions collectives
entre l'État québécois et les enseignants protestants
anglophones sont rédigées en français. Ceci pour le cas
où elle ne le saurait pas.
Mme Lavoie-Roux: Je le sais, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Vous n'avez pas l'air de le savoir.
Mme Lavoie-Roux: Je regrette. Ce dont on parle, c'est un bulletin
qui est au service, me dit-on, des professionnels de l'enseignement dans le
secteur anglophone, et ce sont là deux choses différentes, et je
vous ferai remarquer que les conventions collectives en français dans le
secteur public ne sont même pas une initiative que le gouvernement actuel
va prendre, mais une initiative du gouvernement qui vous a
précédé, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): C'est juste, et c'est une raison de plus
pour que Mme le député se fasse nuancée dans ses
questions.
Le Président (M. Clair): Madame, messieurs, s'il vous
plaît! Il me semble que nous nous éloignons un tout petit peu du
sujet qui devrait être le nôtre, soit l'administration
générale du ministère et le bureau de la science et de la
technologie. Je comprends l'intérêt que tous les membres de la
commission portent au sujet sur lequel nous avons glissé, mais il me
semble qu'avec le peu de temps qu'il nous reste, nous devrions conserver nos
questions pour les deux derniers éléments qu'il nous reste
à l'ordre du jour. Nous aurons l'occasion, je pense, lors de
l'étude de la loi 1, de revenir sur les sujets qui étaient
soulevés. M. le député de Gaspé, je sais que vous
avez des questions précises sur l'administration générale
et sur le bureau de la science et de la technologie. M. le député
de Gaspé.
M. Le Moignan: Sur la charte de la langue, j'aurais certainement
des questions précises, mais j'ai une question d'ordre
général, qui déborde peut-être les cadres du
ministère de l'Éducation. J'aimerais savoir s'il y a une
possibilité d'avoir un système, une certaine normalisation dans
les publications gouvernementales.
On en reçoit beaucoup, je sais que ça coûte
très cher, il y en a qui ont deux pouces de hauteur, d'autres ont six
pouces, d'autres ont douze pouces, d'autres ont de grands formats. Il est
peut-être difficile d'avoir un format uniforme pour tous les
ministères, mais il y aurait peut-être un moyen d'atteindre une
certaine uniformisation.
On dit que c'était déposé au ministère des
Communications dans ce sens.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le souci du
député de Gaspé, je l'ai exprimé tout à
l'heure et je ne voudrais pas que nous terminions l'étude de ces
crédits sur un malentendu. C'est essentiellement dans l'esprit d'une
certaine économie de moyens
que j'ai l'intention de jeter un coup d'oeil sur l'ensemble des
publications du ministère au cours de l'année qui vient.
Effectivement, celles-ci sont nombreuses comme dans l'ensemble du gouvernement,
et je voudrais m'assurer qu'elles sont toutes nécessaires. C'est bien le
sens de la question du député de Gaspé, n'est-ce pas?
M. Le Moignan: Oui, je ne parlais pas seulement du
ministère de l'Éducation, je parlais un peu d'une façon
générale.
M. Morin (Sauvé): Non, mais puisque je suis responsable de
l'Éducation, je peux vous dire que j'étais déjà
sensible à ce problème; la preuve, c'est que je m'engage à
revoir tout cela au cours de l'année qui vient.
J'ai noté le souci de Mme le député pour une
publication en particulier, je l'ai bien noté, je vais en tenir compte.
Mais je ne voudrais pas qu'on tente de faire pression sur moi pour maintenir
des situations qui ne seraient pas justifiées sur le plan
économique et sur le plan de la clientèle à laquelle ces
publications sont destinées.
Mme Lavoie-Roux: Tout à fait d'accord là-dessus, si
la clientèle n'y est pas, il n'y a pas de problème.
M. Morin (Sauvé): Sur ce plan, donc, nous sommes
d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Je suis prête à proposer l'adoption
du dernier bloc, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, Mme le
député de L'Acadie vous indique qu'elle est prête à
adopter le dernier bloc.
M. Le Moignan: Le président n'est pas prêt.
Mme Lavoie-Roux: Ne perdez pas votre chance.
Le Président (M. Clair): Je m'excuse. Puisque nous avons
le leader parlementaire parmi nous, nous pourrions peut-être en profiter
pour discuter justement de la possibilité d'adopter, dans une autre
commission, les crédits qui concernent l'organisation et la
réglementation des professions.
M. le leader parlementaire, est-ce que ces budgets doivent être
bien étudiés à l'intérieur de la commission de
l'éducation?
M. Morin (Sauvé): Vous pourriez peut-être d'abord
demander, M. le Président, si le quatrième bloc est
accepté.
M. Burns: Quatrième bloc, accepté?
Le Président (M. Clair): J'en ai conclu qu'il était
accepté, M. le ministre.
M. Burns: Vu que je suis de ce côté-ci,
accepté.
M. Morin (Sauvé): Je constate qu'il est officiellement
accepté. Maintenant, on peut passer à la question suivante.
Le Président (M. Clair): Pour un peu plus de
précision, M. le ministre, effectivement, le programme 1, je le
déclare adopté. Mais en ce qui concerne le bloc 4, le premier
article du bloc 4 comportait une légère erreur; il faudrait
plutôt y lire l'adoption de la cinquième activité de
l'élément 2 du programme 2 et non le cinquième
élément du programme 2, puisqu'il n'y a pas cinq
éléments au programme 2. L'élément qui se trouve
adopté est l'élément 2 du programme 2, dans sa
cinquième activité. Adopté.
M. Morin (Sauvé): De sorte que nos quatre blocs sont
maintenant adoptés, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Effectivement, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): Et il nous reste l'Office des
professions que nous comptions couvrir ce matin, mais qui, à la suite
d'un malentendu, ne peut faire l'objet d'une décision de la commission
aujourd'hui.
Je serais disposé, M. le Président, à me
référer au leader du gouvernement pour toute suggestion qu'il
pourrait nous faire quant à la présentation de ces crédits
devant une autre commission.
M. Burns: Si c'était du consentement de la commission, je
ne suis pas sûr que ce soit régulier, mais si c'était du
consentement de la commission, on pourrait peut-être les examiner ici,
étant donné qu'ils apparaissent aux crédits du
ministère de l'Éducation. Il y a, en vertu de l'article 135 de
notre règlement, une commission précise qui s'occupe des
corporations professionnelles, c'est la commission des corporations
professionnelles.
Je me demande, si on voulait être tout à fait
régulier, si cet après-midi on ne devrait pas, s'il y a de la
place évidemment, parce que, de mémoire je ne sais pas quelles
sont les commissions que nous avons organisées cet après-midi,
mais je me demande s'il n'y aurait pas lieu, cet après-midi ou à
un autre moment, de convoquer la commission parlementaire des corporations
professionnelles.
Le Président (M. Clair): Cela devrait probablement
être à un autre moment, M. le leader, puisque je crois que le
président de l'office sera absent de la ville pour le reste de la
journée.
M. Burns: À l'Éducation, en somme, il ne resterait
que le budget des... le programme 12.
M. Morin (Sauvé): Exact. Puis-je attirer l'attention du
leader du gouvernement sur le fait que nous devrons, de toute façon,
à un moment ou à un autre, convoquer la commission qui s'occupe
des corporations professionnelles pour examiner le projet de loi no 25?
Je ne sais pas si on ne pourrait pas joindre les deux activités,
du moins dans le temps.
M. Burns: Peut-être dans le temps, oui. M. Morin
(Sauvé): Dans le temps.
M. Burns: Cela prendrait deux mandats spéciaux,
spécifiques. Je pourrai consulter les représentants de
l'Opposition et le ministre à ce sujet.
M. Morin (Sauvé): On me dit que ce ne seront pas
nécessairement les mêmes membres de l'Opposition qui seront
intéressés à adopter ces crédits.
M. Burns: Je vais consulter le ministre ainsi que les leaders
parlementaires de l'Opposition pour essayer d'organiser une séance, une
courte séance, espérons-le, pour adopter le programme 12 qui
terminerait l'examen des crédits du ministère de
l'Éducation. Est-ce qu'on le fera au sein de la commission de
l'éducation ou au sein de la commission des corporations
professionnelles? Là-dessus, j'entendrai les suggestions du
ministre.
M. Laplante: La commission de l'éducation se réunit
mardi prochain.
M. Burns: Oui, mais pour d'autres fins et c'est pour cela que je
tenais...
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Burns: ...tellement à ce que la commission de
l'éducation ait pu terminer ses travaux pour céder la place, au
point de vue du mandat, au projet de loi no 1. En somme, on pourrait...
M. Morin (Sauvé): Dans toute la mesure où c'est
possible, M. le leader du gouvernement, je préférerais que ces
crédits soient examinés par l'autre...
M. Burns: L'autre commission.
M. Morin (Sauvé): ...commission que vous avez
indiquée.
M. Burns: D'accord. On pourrait, pour les fins de la commission
de l'éducation, des affaires culturelles et des communications, adopter
les programmes qui sont visés aux crédits du ministère de
l'Éducation, sauf le programme 12 que nous réserverons pour la
commission des corporations professionnelles.
M. Morin (Sauvé): À toutes fins pratiques,
l'adoption des crédits de l'Éducation...
Mme Lavoie-Roux: Ils sont terminés. M. Morin
(Sauvé): ...est chose faite. Une voix: Bravo!
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie.
Remerciements et conclusions
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, avant de terminer,
est-ce qu'on peut me donner trois minutes pour, d'une part, vous remercier. Je
pense que vous avez été un président tout à fait
compréhensif. Je voudrais également remercier le ministre de sa
collaboration et souligner particulièrement celle des sous-ministres et
des autres hauts fonctionnaires du ministère qui ont vraiment fourni
toutes les explications nécessaires et qui également nous ont
donné, au départ de la commission et durant la commission, les
outils de travail dont nous avions besoin pour essayer de faire le travail le
plus efficacement possible.
Il y avait uniquement deux points que je voulais soulever et, en fait,
à la suite de ce qui vient de se passer, je les ai modifiés,
quant au contenu. Il y a une seule remarque que je voudrais faire.
Quand on traite d'éducation, et particulièrement à
l'égard des enfants d'âge scolaire, le plus grand souci qui doit
nous animer, je pense que c'est un souci d'équité quant à
la qualité des services qui doivent être offerts à chaque
enfant de cette province. Ceci veut dire par exemple que, du côté
de la démocratisation de l'enseignement scolaire, pour les moins
favorisés, même s'il faut reconnaître que $2 millions ont
été ajoutés, et qu'aussi cette démocratisation se
fera, je le souhaite bien, par le truchement de la décentralisation dont
nous avons beaucoup parlé, il reste que ce qui est affecté au
niveau des ressources pour cette clientèle scolaire est quand même
minime et presque symbolique en regard de tous les budgets qui sont
consacrés à l'éducation.
Il y a aussi cette équité à l'égard des
différents groupes culturels qu'on doit servir en éducation. Je
pense que les considérations doivent d'abord passer par cette
préoccupation du service à l'élève, qu'il s'agisse
d'un élève qui est dans le secteur public ou privé, qu'il
s'agisse d'un élève d'une origine ou d'une autre. C'est vraiment,
en tout cas, cette préoccupation, qui peut se traduire dans
différents domaines, qui devrait nous animer et qui, je suis certaine,
anime le ministre quand il regarde les choses froidement et qu'il en fait un
examen rigoureux selon l'esprit qu'il a démontré dans la presque
totalité des études qui ont eu cours durant les travaux de cette
commission.
Je veux également l'assurer qu'il a des objectifs et des
défis très grands à surmonter dans l'année qui
vient, et l'assurer, à cet égard, de mon appui. Si j'ai des
représentations qu'il me semble opportun de faire, je les lui ferai
personnellement. Je veux qu'il comprenne bien que mon souci est que tous les
enfants du Québec soient servis le mieux possible dans un sens
très démocratique qui tienne compte de leurs différences,
tant au plan individuel, social et culturel.
Alors, je vous remercie, M. le Président.
M. Le Moignan: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: ... je vais être très bref. Je
voudrais souscrire aux remarques de Mme le député de L'Acadie et
vous remercier vous, personnellement, pour la façon dont vous avez
conduit nos débats depuis presque deux semaines, la patience de M. le
ministre à écouter toutes nos doléances. Je pense en
même temps aux autres membres du parti ministériel qui ont
accepté également de travailler et les fonctionnaires du
ministère qui se sont succédé et qui, réellement,
nous ont donné un beau témoignage de leur compétence.
Ce n'est pas facile que d'être ministre de l'Éducation dans
un Québec en évolution, dans un Québec qui se cherche,
dans un Québec qui tente de se définir, où la
collectivité ou la majorité, que nous appelons, aura à
affronter, dès mardi prochain, les opposants ou les tenants de certaines
doctrines, de certaines théories, de certaines factions scolaires, mais,
à ce moment-là, on met l'esprit de parti de côté. Je
crois qu'on doit travailler, comme Mme le député l'a
mentionné, en songeant à tous les jeunes et, comme on l'avait dit
au début, quand on voit ce qui se fait dans les autres provinces
ça ne touche pas le Québec il se fait des efforts
là-bas. On le voit au Nouveau-Brunswick, on le voit en Ontario. Mais si
ce n'est uniquement que le problème du Québec qui nous concerne,
il faudrait y penser beaucoup. Je n'ai pas à développer cette
idée, nous allons y revenir.
Mais je voudrais dire encore une fois au ministre un gros merci et
surtout lui souhaiter courage et persévérance dans cette lourde
tâche, qui est celle d'être ministre de l'Éducation. Je sais
que c'est un très gros bateau, et je crois qu'il a toute l'étoffe
voulue pour en être un très bon capitaine, et selon l'adage qui va
vous faire plaisir, M. le ministre, "where there is the will, there is a
way".
M. Morin (Sauvé): M. le Président...
Le Président (M. Clair): Le ministre de
l'Éducation.
M. Morin (Sauvé): ... il a régné, dans cette
commission, un climat studieux et favorable à l'étude objective
de la situation qui prévaut dans le monde de l'enseignement. C'est
même peut-être le climat le plus agréable qui ait
dominé dans cette commission, depuis quelques années. Je m'en
réjouis.
Je remercie les députés d'un côté comme de
l'autre de la table de la façon dont ils ont posé leurs
questions. On sentait chez chacun le dévouement à la cause de
l'éducation et j'ose espérer que ce même climat pourra
exister pendant les années où j'aurai l'honneur d'assumer ces
responsabilités.
J'ai dit au départ, dans mon exposé préliminaire,
que je voulais que l'étude de ces crédits marquât un
nouveau départ. Ce n'est pas une expression exagérée,
comme on a pu le constater puisqu'au cours de l'année qui vient, nous
allons, non seulement mettre en oeuvre les priorités immédiates
que j'ai annoncées au mois de mars pour ce qui est de la langue, de
l'éducation physique, de l'éducation religieuse, des milieux
défavorisés, mais nous entreprendrons, au cours de cette
même année, l'étude et la discussion publique du livre vert
sur l'enseignement primaire et secondaire, du livre blanc sur l'enseignement
collégial tandis que, d'autre part, les groupes de travail se mettront
à l'oeuvre pour tenter de dégager les chemins de l'avenir dans le
domaine de l'enseignement universitaire.
Cela sera donc une année cruciale et j'ose espérer que,
lorsque nous nous retrouverons dans un an, nous aurons déjà fait
du chemin dans la direction des objectifs que rappelait encore, il y a un
instant, Mme le député, c'est-à-dire la qualité des
services à offrir à tous les niveaux, aux élèves
qui sont après tout notre première raison d'être.
Ce n'est sans doute pas facile, comme le premier ministre le sait
également, d'administrer un ministère comme celui de
l'Éducation, mais je puis vous assurer que c'est une tâche fort
stimulante, pour ne pas dire passionnante.
Je vous remercie, M. le Président, de la façon dont vous
avez présidé, de façon extrêmement méthodique
et méticuleuse à l'étude de ces crédits.
Le Président (M. Clair): Permettez-moi en terminant de
remercier chacun des membres de cette commission pour la pondération
ainsi que la qualité de leurs interventions. Cela a grandement
facilité ma tâche et m'a intéressé au plus haut
point.
La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 10)