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Etude des crédits du ministère de
l'Education
(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, madame et
messieurs!
La commission permanente de l'éducation, des affaires culturelles
et des communications est réunie pour continuer l'étude des
crédits budgétaires du ministère de l'Education.
Les membres de la commission pour la présente séance sont:
MM. Alfred (Papineau), Boucher (Rivière-du-Loup) en remplacement de M.
Bertrand (Vanier); MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Brochu (Richmond), Charron
(Saint-Jacques), Chevrette (Joliette-Montcalm), Ciaccia (Mont-Royal), Goldbloom
(D'Arcy McGee), Guay (Taschereau), Laplante (Bourassa), Laurin (Bourget), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé)...
M. Grenier: Remplacé par Grenier
(Mégantic-Compton).
Le Président (M. Clair): ...sera remplacé par M.
Grenier (Mégantic-Compton); MM. Marchand (Laurier), Morin
(Sauvé), O'Neill (Chauveau), Paquette (Rosemont), Samson
(Rouyn-Noranda).
Au moment où nous avons ajourné nos travaux hier, le
député de L'Acadie avait demandé l'ajournement des
débats, mais je pense que le ministre avait des choses à ajouter
également, de nouveaux commentaires à apporter.
M. le ministre.
Discussion générale
M. Morin (Sauvé): Volontiers, M. le Président.
Tout d'abord, permettez-moi d'attirer l'attention de la commission sur
le mode d'emploi du document qui vous a été distribué sur
les crédits. Ce document est construit chapitre par chapitre, selon une
méthode identique. Vous y trouverez d'abord un classement par programme,
par élément et par activité. Pour chaque activité,
nous avons préparé, premièrement, un bilan 1976-1977, qui
comprend deux parties, les orientations et les réalisations.
En second lieu, ce document vous donne les axes de développement,
ce qu'on appelle les axes de développement 1977-1978, autrement dit, les
projets pour l'an prochain, de même qu'un organigramme pour chaque
activité, laquelle correspond en général à un
service ou à une direction au sein du ministère, de même
qu'une analyse des coûts par catégorie, par supercatégorie,
ainsi qu'un feuillet qui vous indique les écarts dans les coûts
entre cette année et l'an prochain.
Je voulais simplement que tout le monde comprenne parfaitement le
fonctionnement, le mode d'emploi de ce cahier et, ce matin, lorsque nous
aborderons, selon l'ordre du jour que nous nous sommes donné hier,
l'enseignement élémentaire et secondaire public, cela se trouvera
sous l'onglet D.
M. le Président, hier soir, j'ai commencé à
répondre à certaines des questions de portée très
générale qui ont été soulevées par des
membres de l'Opposition ou des membres du parti ministériel qui
siègent à cette commission.
Ce matin, je voudrais, avec l'aide des fonctionnaires qui m'entourent,
vous donner quelques indications plus précises sur les
conséquences de la diminution de la fréquentation scolaire, la
dénatalité, sur les effectifs enseignants. C'est une question qui
a été soulevée hier, soit par le député de
Jacques-Cartier, ou plutôt, par le député de
Gaspé.
Les modifications intervenues au niveau de l'entente dite provinciale
des enseignants des commissions scolaires pour les années 1976-1977
à 1978-1979 dans la détermination des effectifs enseignants
comportent déjà des éléments de solution
puisqu'elles amènent une augmentation importante du nombre d'enseignants
par rapport à la situation qui aurait prévalu si les effectifs
avaient continué d'être déterminés par le
décret de 1972, no 3811.
Par exemple, pour 1976-1977, l'entente prévoit des effectifs
enseignants de 72 722 enseignants. L'application du décret aurait
donné 67 634 enseignants, c'est-à-dire une différence de
5088 enseignants, en plus de ce qu'aurait donné l'application du
décret.
Pour 1977-1978, l'année qui vient, les prévisions sont de
69 580 contre 64 362 si le décret s'était appliqué. Cela
donne une différence de 5218 enseignants.
Pour 1978-1979, la dernière année de l'application de la
convention, la différence aurait été de 5868 enseignants,
c'est-à-dire 67 895 contre 62 027.
Quant au surplus de personnel estimé en 1976/1977, les
données disponibles, à l'heure actuelle, nous indiquent que 1250
enseignants sont en surplus de personnel.
De ce nombre, 550 ont droit à la sécurité d'emploi,
c'est-à-dire qu'ils détiennent un contrat d'enseignant depuis au
moins deux ans. Ces chiffres nous indiquent que la situation des surplus de
personnel enseignant se compare aux années antérieures. Et quand
je disais, tout à l'heure, que nous allions avoir 1250 enseignants en
surplus, dont 550 possèdent la sécurité d'emploi, nous
n'avons pas commencé encore à remplir les postes qui vont devenir
disponibles pour un certain nombre d'entre eux, de sorte que la situation est
loin d'être catastrophique; je dirais même que le problème
n'est pas plus grave que pour les années antérieures. On doit
évidemment tenir compte du fait que les mécanismes de
sécurité d'emploi prévus dans l'entente provinciale, ainsi
que le fait que l'organisation scolaire se précise chaque jour da-
vantage amèneront une résorption importante de ces
surplus. Il me faut également ajouter que le ministère
émet chaque année environ 1500 tolérances d'enseignement
pour permettre aux commissions scolaires de combler les postes d'enseignant,
parce que lesdites commissions ne peuvent recruter le personnel
légalement qualifié. Donc, la véritable situation,
à l'heure actuelle, c'est que nous manquons de personnel qualifié
possédant les diplômes nécessaires. Ceci est pour la
durée de la convention collective. Si je pouvais me permettre de
résumer la chose maintenant au niveau des collèges, puis au
niveau élémentaire et secondaire... Non, comme je l'ai
déjà donné au niveau élémentaire et
secondaire, je vais maintenant ajouter quelques mots sur l'avenir du personnel
enseignant pour les CEGEP. En 1975-1976, la clientèle étudiante
était de 103 272, pour un nombre de professeurs s'élevant
à 7229. En 1976-1977, nous passions à 106 758 étudiants
pour une augmentation correspondante chez les enseignants qui atteignait un
total de 8428. L'an prochain, en 1977-1978, nous aurons encore une augmentation
de clientèle étudiante jusqu'à 112 500, pour une
augmentation à nouveau du nombre de professeurs qui passera à
8815.
Enfin, à partir de 1978-1979, il se produira une certaine
stabilisation des effectifs étudiants à 111 500, et la courbe des
enseignants va tendre aussi à se stabiliser; nous prévoyons pour
cette année-là 8845 professeurs.
Ce n'est donc pas au niveau du collège, pour l'instant, que nous
pouvons escompter des problèmes et, comme je l'ai
démontré, pour la durée de la convention collective, au
niveau élémentaire ou secondaire, il n'y a pas vraiment de
problème grave pour l'instant. Maintenant, au-delà de la
convention collective, l'expérience semble nous indiquer que les
départs naturels compensent pour les surplus, mais je vais demander
à M. Pierre Martin de compléter les renseignements à ce
chapitre.
Il peut être difficile de prévoir au-delà de 1979 le
comportement des individus, mais l'expérience des années
passées nous montre que, bon an mal an, les commissions scolaires, en
excluant les collèges, enbauchent 4000 à 5000 enseignants
nouveaux, nouveaux au sens que ces enseignants n'étaient pas à
l'emploi d'une commission scolaire l'année précédente. Ce
sont, en particulier, de nouveaux diplômés, en partie des
enseignants qui reviennent à la profession.
Sur les 4000 ou 5000 enseignants nouveaux qui sont embauchés
chaque année, 1500 sont embauchés avec tolérance et 1500
avec autorisation provisoire, ce qui indique que, grosso modo, il y a de 2000
à 3000 postes nouveaux pour des nouveaux diplômés ou des
retours à la profession qui se créent chaque année.
Est-ce que cette situation continuera d'exister après 1980? On ne
peut pas le dire, mais, sur la foi de l'expérience des années,
des cinq dernières années, on voit une constante dans ces
chiffres, de sorte qu'apparemment, il n'y a pas de difficulté, de
situation dramatique qui soit prévisible à court terme.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, sur ce point
particulier, je voudrais quand même revenir sur l'ensemble du
débat, je voulais simplement faire remarquer au ministre que je voudrais
partager son optimisme quant au surplus de professeurs et de l'image qui vient
de nous être décrite.
Il ne s'est pas produit de problèmes catastrophiques, mais il
reste que les surplus de professeurs sont apparus à cause de la courbe
démographique qui s'est d'abord fait sentir au niveau
élémentaire, chez des professeurs qui étaient plus
âgés, d'une façon générale, et où il y
a eu plus de mises à la retraite ou des démissions.
Présentement la chute de la natalité se faisant sentir au
secondaire, le problème pourrait peut-être devenir un peu plus
complexe, parce que le secondaire, à cause de son développement
des quinze dernières années ou les vingt dernières
années, a recruté, on le sait, un corps professoral beaucoup plus
jeune que celui de l'élémentaire. Il se pourrait peut-être
que, quand arrivera vraiment... Vous avez donné des chiffres hier
montrant une diminution de tout près de 200 000 élèves au
secondaire, peut-être en 1983. Le problème se présente un
peu différemment qu'à l'élémentaire où il y
avait un grand nombre de professeurs plus âgés que ceux du
secondaire.
L'autre chose, c'est qu'on joue sur les 1500 qui ont des
tolérances et sur les 1500 qui ont des permis provisoires
d'enseignement. Mais, dans un cas comme dans l'autre, je pense que les
tolérances ne sont permises que pour des professeurs qui ont vraiment
une spécialité, pour lesquels on ne peut pas faire de
substitution de professeurs, à moins que, dans des régions
très isolées, ce soit différent. Mais je pense que, dans
la région de Montréal, les tolérances sont vraiment pour
des professeurs qu'on ne pourrait pas recruter autrement, par la formation
régulière des maîtres; la formation régulière
des maîtres ne les fournit pas présentement.
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Je suis sensible à ce que Mme le
député vient de dire et, de surcroît, il faut se rendre
compte également que certains enseignants, pour garder leur emploi, sont
souvent obligés d'aller donner des enseignements pour lesquels ils ne
sont pas particulièrement formés. C'est le fonctionnement de la
convention collective qui fait qu'ils sont quelquefois obligés de
s'éloigner de leur spécialité pour aller enseigner tout
à fait autre chose. On m'a même signalé quelques cas tout
à fait aberrants de professeurs d'instruction religieuse, par exemple,
ou de professeurs de français, qui aboutissaient à donner des
enseignements pour lesquels ils n'avaient eu aucune espèce de formation,
comme, par exemple, la musique ou le sport.
Nous sommes biens conscients de ces difficultés. Cependant, je
pense que ce ne sont pas des difficultés fondamentales. Je pense qu'on
peut arriver à les résoudre et, d'ailleurs, j'imagine qu'il va en
être question dans la prochaine convention collective également et
qu'on peut peut-être son-
ger à améliorer sur certains points la convention
collective actuelle.
M. Grenier: Est-ce qu'il y a une directive de donnée aux
commissions scolaires pour diminuer ou atténuer en tout cas le nombre de
professeurs à tiers de temps, à demi-temps ou quart de temps?
M. Morin (Sauvé): Non, je n'ai pas eu connaissance d'une
telle directive.
M. Grenier: Est-ce vraiment plus coûteux, ces professeurs,
pour parer au problème que madame vient de soulever, à savoir que
des enseignants sont transférés d'une matière à
l'autre? Est-ce vraiment plus coûteux de prendre des professeurs à
demi-temps que d'utiliser des professeurs à temps plein, à savoir
qu'on essaie de leur donner une couple de matières pour remplir un
horaire? On se ramasse avec des professeurs, comme vous le disiez, de sciences
religieuses qui enseignent l'éducation physique.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas plus coûteux. La
pratique, actuellement, c'est que les professeurs avec une demi-tâche
comblent dans l'organisation scolaire des tâches qui ne peuvent pas
être complétées par un seul professeur et, règle
générale, les professeurs à temps partiel ou à la
leçon prévus aux conventions collectives, sont engagés sur
une base horaire et, au contraire, règle générale, ils
coûtent moins cher, parce qu'ils sont engagés sur une base
horaire.
Il n'y a pas de directive qui a été envoyée
à cet égard pour indiquer quoi que ce soit. C'est une
organisation faite par la commission scolaire, compte tenu des contraintes
auxquelles elle doit faire face et des particularités dans lesquelles
elle doit aussi s'inscrire.
M. Grenier: D'accord.
Le Président (M. Clair): Les députés de
L'Acadie, Rosemont, Bourassa, Papineau ont manifesté le désir
d'intervenir. J'aimerais savoir si c'est directement sur la question.
Mme Lavoie-Roux: On est aussi bien de la vider...
Le Président (M. Clair): Le député de
l'Acadie et ainsi de suite.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être aussi bien vider le sujet,
étant donné qu'on est...
Le Président (M. Clair): Allez-y, madame.
M. Morin (Sauvé): Oui, je suis de cet avis aussi, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Je voulais demander au ministre...
M. Morin (Sauvé): Je vais demander à Mme le
député de bien parler dans le micro, parce qu'il y a un bruit de
fond qui nous empêche de nous comprendre clairement les uns les
autres.
Mme Lavoie-Roux: Mais il nous apporte de l'air frais, quand
même, ce bruit de fond. Je ne sais pas si c'est...
M. Morin (Sauvé): Non, j'ai l'impression que c'est le
système naturel qui s'applique.
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est un peu plus frais qu'hier soir.
Ce que j'allais demander à M. le ministre, c'est que vous avez
parlé de 1250 professeurs en surplus, si j'ai bien compris vous
avez énuméré plusieurs chiffres; il se peut que je fasse
erreur pour l'année 1976/77 ou pour l'année 1977/78. C'est
pour l'année 1976/77? Pour l'année 1977/78, vous en
prévoyez combien en surplus?
M. Morin (Sauvé): Le chiffre que vous venez de mentionner,
ce sont les mises en disponibilité, non pas les mises à
pied...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ...mais les mises en
disponibilité au 1er mai 1977.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Ce que je veux savoir la convention
prévoit cette mise en disponibilité pour, possiblement,
transférer ces enseignants dans d'autres régions de la province
alors, s'agit-il d'un premier surplus de ces personnes, d'une
première année en surplus ou, en fait, d'une deuxième?
M. Morin (Sauvé): Non, en l'occurrence, on m'informe que
c'est une première année. Il s'agit donc d'une première
fois.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Alors, leur salaire est payé par
leur commission scolaire. C'est uniquement l'an prochain...
M. Morin (Sauvé): C'est pour les 550 qui sont, selon le
vocabulaire, "sécuritaires", c'est-à-dire qui ont la
sécurité d'emploi, parce qu'ils détiennent un contrat
depuis au moins deux ans.
Mme Lavoie-Roux: Alors, des 1250, en fait, il n'y en a que
550...
M. Morin (Sauvé): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que je dois comprendre. Ces 550
demeurent à ce moment, à la commission scolaire, à moins
qu'ils n'acceptent un emploi ailleurs, ils sont en disponibilité, ils ne
sont pas obligés, durant cette première année, d'accepter
un emploi dans une autre commission scolaire...
M. Morin (Sauvé): Maintenant, je tiens à ajouter,
Mme le député, que ces salaires sont payés hors
enveloppe.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): En vertu de la convention
générale, c'est nous qui assumons ces frais, et non pas la
commission scolaire concernée.
Mme Lavoie-Roux: L'an dernier, des professeurs ont-ils
été mis en disponibilité qui n'ont pas été
relocalisés cette année?
M. Morin (Sauvé): Ce n'étaient pas les mêmes
règles, comme Mme le député le sait, puisque nous
appliquons cette année la convention collective. On me signale qu'il y a
eu deux professeurs qui ont refusé la mobilité qui leur
était proposée et qui, donc, ont perdu leur emploi.
Mme Lavoie-Roux: Alors, dans ces 550 professeurs, il se peut
qu'il y en ait qui soient relocalisés dans leur propre commission
scolaire durant l'année. Il y en a qui peuvent, enfin, aller dans une
autre commission scolaire. Il reste encore une autre année, pour ceux
qui demeureront, des 550, pour aller servir dans des commissions scolaires
à l'extérieur. Je pense qu'un grand nombre de ceux-ci vient de
Montréal, quoiqu'il y en ait aussi en surplus dans la région de
Gaspé. Il y en a dans d'autres régions. Pour le moment, ça
ne présente pas vraiment de problème.
Ma question est celle-ci: Disons qu'une commission scolaire a 40
professeurs en surplus. Elle demeure, en fait, avec 40 professeurs en surplus
cette année, qui ne sont pas relocalisés dans une autre
commission scolaire. Est-ce qu'on a prévu une utilisation du temps pour
ces professeurs? Je pense qu'à la CECM, c'est peut-être même
plus que 50 professeurs. J'ignore combien il y en a. Est-ce qu'on a
prévu une utilisation du temps pour ces personnes qui restent en
disponibilité au moins pendant un an dans leur commission scolaire et
qui n'acceptent pas tout de suite d'être relocalisées ailleurs
pour des considérations personnelles ou autres?
M. Morin (Sauvé): Bon! C'est juste, M. le
Président. Ces enseignants vont être affectés, règle
générale, à des tâches dites pédagogiques
comme, par exemple, à la fabrication d'outils pédagogiques et
autres tâches de cette nature, qui ne sont pas des tâches
d'enseignement.
Mme Lavoie-Roux: Ils ne seront affectés nulle part
à des tâches d'enseignement?
M. Morin (Sauvé): Pas que je sache.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, quel est le surplus, par exemple,
à la Commission des écoles catholiques de Montréal
où, peut-être, on peut en retrouver le plus grand nombre? C'est
que, si vous vous retrouvez avec un surplus, disons, d'une centaine de
professeurs, est-ce qu'on pourra vraiment tous les affecter à des
tâches pédagogiques telles que celles que M. le ministre vient de
décrire?
M. Morin (Sauvé): Actuellement, le nombre, à la
CECM, de mémoire, sous réserve de le fournir par écrit,
est de l'ordre d'à peu près 300, pour l'ensemble, les mises en
disponibilité, les surplus et tout ça, ce qui est nettement,
disons, en régression par rapport au nombre des années
précédentes. Mais, si on regarde les expériences des
années précédentes, on a espoir que la majorité
pourra se replacer ou sera réengagée dans le territoire
même de Montréal, Montréal-Nord et Montréal-Sud.
Si on demeure avec le même nombre que celui des années
précédentes... L'an dernier, je crois qu'il en est demeuré
à peu près 40 ou 45 qui n'ont pas pu être affectés
à des tâches immédiates. A ce moment-là, c'est ce
que le ministre a dit tantôt, on va prévoir une utilisation de ce
personnel en collaboration avec la CECM.
Mme Lavoie-Roux: Mais, est-ce qu'un trop grand nombre ne
crée pas un problème du point de vue de leur utilisation dans le
développement, par exemple, de programmes ou de recherche
pédagogique? Quand vous vous retrouvez avec un nombre de 20, 25, 30,
ça va. Mais, quand vous vous retrouvez avec des nombres
supplémentaires, dans des commissions scolaires plus petites, ça
peut présenter un problème quant à leur utilisation et,
à ce moment-là, est-ce que c'est tout à fait exclu qu'ils
puissent servir, par exemple, de professeurs de soutien dans des classes? Je
pense particulièrement à l'élémentaire, ou
même au secondaire où, justement, j'ai vu hier, dans le programme,
qu'on prévoit instaurer des mesures pour résoudre le
problème des enfants qui "décrochent" je ne suis pas
sûre que l'expression soit beaucoup mieux que "dropout" mais,
enfin, est-ce que, dans ces programmes, vous prévoyez que ces
professeurs pourraient être engagés?
M. Morin (Sauvé): Dans la mesure où ces
tâches sont des tâches qui ne figurent pas dans la tâche
régulière de l'enseignant, mais qui peuvent être des
services comme ceux que vous venez de décrire, pour aider la population
scolaire, il n'y a rien qui va s'opposer à cela.
Ce que l'on veut éviter, c'est d'alléger la tâche
d'un enseignant d'une façon régulière parce que ce
personnel se trouve à se présenter en surplus. C'est plutôt
de fournir des services pour améliorer la qualité, soit de la
communauté immédiate à la commission scolaire, soit dans
toute la province par des tâches, soit de fabrication de programmes ou
d'activités très spécialisées dans des classes,
comme vous le mentionnez.
Mme Lavoie-Roux: N'est-il pas difficile de déterminer ce
qui allège ou ce qui n'allège pas, dans le sens où vous le
dites? Prenons une classe régulière de 28 élèves en
secondaire I ou en secondaire II, on dit qu'il y a une dizaine d'enfants dans
cette classe qui bénéficieraient d'une attention spéciale
pendant une période de temps X, considéreriez-vous qui si un
professeur sortait ces enfants de la classe pendant un nombre X de
périodes par semaine, cela serait un allégement du professeur
régulier, compte tenu que, normale-
ment, il devra avoir à peu près 28 élèves
dans sa classe?
M. Morin (Sauvé): Je considérerais cela comme un
complément pour contribuer à un meilleur enseignement
plutôt que comme un allégement à l'enseignant original
devant la classe. Mais, ce seront tous des cas particuliers qu'il faudra
regarder et examiner un à un, et essayer de bâtir à la
première année d'exercice de la sécurité d'emploi,
une politique d'utilisation plus structurée, parce qu'actuellement, on
ne peut faire que des hypothèses, on ne connaît pas encore la
réalité. Les cas les plus patents, comme vous l'avez
signalé, sont effectivement, à Montréal, mais cela se
produit dans beaucoup d'autres régions aussi. Cela ira vers la fin de
juillet avant de connaître réellement les effectifs qui vont
demeurer en surplus.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous n'excluez pas que l'enseignant soit
affecté à des tâches de soutien direct auprès des
étudiants.
M. Morin (Sauvé): Dans la mesure où c'est
complémentaire et non pas une tâche d'enseignement
immédiate à l'enseignant.
Mme Lavoie-Roux: On s'en reparlera.
Le Président (M. Clair): Sur le même sujet, le
député de Rosemont.
M. Paquette: C'est sur le même sujet. Ce qui me
préoccupe dans tout cela, c'est une certaine stabilité des
équipes d'enseignants, pas tellement d'un point de vue syndical. Ce
n'est pas surtout cela qui me préoccupe, mais on sait que lorsque des
enseignants ou une équipe d'enseignants entreprennent une réforme
pédagogique, il faut leur donner le temps de la faire. Il faut leur
donner deux, trois ou quatre ans, et souvent, à cause en partie du
problème de dénatalité et des professeurs en surplus, il
est très difficile pour une équipe d'être stable et de
travailler à la rénovation de l'enseignement. Par exemple, les
300 professeurs en surplus à la CECM, s'ils sont là cette
année et qu'on les affecte à des tâches de matériel
pédagogique, il ne faut pas s'imaginer que le projet sera terminé
durant l'année. Donc, l'an prochain, on arrivera peut-être
à l'implantation, à l'expérimentation du matériel.
Il faudra le refaire.
A-t-on une certaine planification c'est peut-être au niveau
de la commission scolaire que cela doit se faire plutôt qu'au
ministère de l'utilisation des surplus d'enseignants? C'est ma
première question.
La deuxième, a-t-on évalué le taux de
stabilité des enseignants par commission scolaire, par matière,
au niveau secondaire?
La troisième question. On constate qu'il y aura une diminution
d'environ 2000 professeurs à chaque année dans les trois
années qui viennent. Cette diminution sera-t-elle absorbée par
les départs des enseignants qui prennent leur retraite, principalement
ou d'une autre façon, par d'autres mécanismes?
M. Morin (Sauvé): Pour la première question, la
politique d'utilisation des surplus va plutôt se bâtir dans les
prochaines semaines, dans la mesure où on va pouvoir mieux identifier le
type d'enseignants qui va rester comme surplus dans toute la province.
Actuellement, on peut difficilement le faire, compte tenu que le mouvement de
personnel des enseignants est très élevé depuis quatre ou
cinq ans et que les offres d'emploi dans les commissions scolaires ne sont pas
encore connues au moment où on se parle. Alors, tant que ceci n'aura pas
joué complètement, on peut difficilement identifier
concrètement les 50,100 ou 200 surplus réels qui pourraient
exister.
Quant à une idée qui a été mise sur la table
et qui est le besoin de maîtres plus qualifiés en enfance
inadaptée, on sait que la convention collective qui a été
signée prévoit un ajout assez substantiel dans ce domaine
d'activité des commissions scolaires. L'ensemble de la convention
prévoit, je crois, 1400 enseignants supplémentaires dans le
domaine de l'enfance inadaptée pour la durée de la convention.
Or, une partie de cette clientèle de l'enfance inadaptée,
appelons-les ceux qui souffrent de troubles légers, pourrait être
satisfaite par un recyclage rapide d'excellents maîtres en exercice qui,
souvent, vont être mis en surplus. On pense que probablement un cours de
recyclage de trois ou quatre semaines, avec la collaboration des
universités, pourrait rendre ces enseignants aptes à être
d'excellents enseignants pour ces classes du domaine de l'enfance
inadaptée dont la clientèle est légèrement
inadaptée.
Pour ceux qui sont de mésadaptation plus avancée, il est
sûr qu'il va falloir des maîtres beaucoup plus qualifiés
dans ce domaine. C'est ce genre d'activité qu'il va falloir identifier
au fur et à mesure qu'on va connaître les besoins du réseau
pour prévoir une meilleure utilisation et une utilisation plus
rationnelle des ressources qui vont être mises à la disposition de
la communauté.
M. Paquette: On tente de faire une planification sur un certain
nombre d'années. Est-ce que vous êtes capable de prévoir
quelques années à l'avance?
M. Morin (Sauvé): C'est difficile, parce que, voyez-vous,
je me souviens, il y a deux ans si vous me le permettez on a eu
une montée assez dramatique dans les journaux, à la même
période, à savoir que c'était la catastrophe dans le
réseau scolaire, les mises à pied et autres, pour s'apercevoir
qu'à la mi-juin il n'y avait plus de problème, que les
enseignants s'étaient replacés malgré le fait qu'il y a eu
5000 à 6000 enseignants qui se sont déplacés, qui ont
été mis à la retraite, qui étaient malades, qui ont
quitté le système et qui ont changé d'employeur, qui ont
changé de commission scolaire. Le mouvement est très
élevé chez les enseignants. A cette période-ci de
l'année, le problème est toujours grossi parce qu'on
connaît le nombre de tous ceux qui se déplacent et qu'on ne
connaît pas encore les besoins des commissions scolaires
identifiées. Cette année, cela va être plus difficile,
parce que les commissions scolaires ne peuvent pas faire connaître leurs
demandes d'emploi avant une date précise, pour s'assurer de bien
connaître tous ceux qui sont mis en disponibilité, parce qu'ils
devront être les premiers à être choisis. Cela retarde
d'autant plus les périodes pour connaître ces mouvements de
personnel. Cela peut peut-être créer des embêtements aussi
en juillet, probablement.
M. Paquette: Par contre, vous évaluez, je pense
c'est ce que vous avez dit à 5000 ou 6000 le nombre d'enseignants
qui se sont déplacés l'an dernier? C'est cela?
M. Morin (Sauvé): Le nombre global, oui.
M. Paquette: II y a combien d'enseignants au secondaire,
déjà?
M. Morin (Sauvé): A l'élémentaire et au
secondaire c'est de l'ordre de 72 000.
M. Paquette: Alors, c'est 5000 ou 6000 pour
l'élémentaire et le secondaire?
M. Morin (Sauvé): Oui, les deux ensemble. M. Paquette:
D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous parlez des enseignants
francophones ou de tous les enseignants?
M. Morin (Sauvé): De tous.
Mme Lavoie-Roux: De tous, protestants et catholiques,
anglo-catholiques. D'accord.
Le Président (M. Clair): Le député de
Bourassa.
M. Laplante: Au-delà des conventions collectives, surtout
sur la qualité de l'enseignement, je pense que chacun de nous a
parlé beaucoup depuis quelques années. Il y a des chiffres qu'on
nous avait donnés l'an dernier, je ne sais pas si ce sont des chiffres
officiels, et qui disaient qu'il y avait 48% des professeurs au niveau du
secondaire qui n'enseignaient plus la matière dans laquelle ils
s'étaient spécialisés. Je voudrais savoir si ce chiffre
est exact et si ça va s'accentuer au cours des années qui
viennent.
Deuxième question: Le surplus de professeurs qu'on aura en
disponibilité, est-ce qu'ils sont employés aussi pour la longue
suppléance? C'est un malaise actuellement, avec les suppléances
d'à peu près toutes les commissions scolaires, de ne pas avoir
une stabilité de suppléance pour pouvoir donner une vraie
qualité d'enseignement?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le nombre
d'enseignants qui se trouvent forcés de donner un enseignement pour
lequel ils ne sont pas spécialisés atteint environ 12 000 cette
année sur 72 000. Le député a donc raison de penser que
c'est un problème réel, un problème même assez
grave.
M. Paquette: Est-ce que vous comptez dans ces chiffres les
enseignants de l'élémentaire, quand vous dites qu'il y en a 12
000?
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est l'élémentaire
et le secondaire ensemble.
M. Laplante: Ils se trouvent surtout au secondaire. Vous n'avez
pas un chiffre pour le secondaire?
M. Paquette: Ils se trouvent surtout au secondaire.
M. Morin (Sauvé): On peut peut-être vous donner le
chiffre, si vous voulez m'attendre une seconde.
M. Laplante: C'est là qu'on voit le jeu dangereux...
M. Morin (Sauvé): Nous n'avons pas fait le
départage entre l'élémentaire et le secondaire, mais on
pourrait peut-être vous obtenir la réponse.
M. Paquette: Je ne sais pas si on peut parler de
spécialisation au niveau élémentaire, sauf quelques
matières bien précises comme l'éducation physique ou la
musique.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais il y a quand même, au
niveau primaire, un certain nombre de tâches...
M. Paquette: ... de spécialistes.
M. Morin (Sauvé): ... qui sont spécialisées.
On pense aux arts plastiques, à la musique notamment. Il arrive,
même à ce niveau, que certains enseignants se trouvent
déplacés par rapport à ce qui est leur
spécialité. Si vous voulez nous donner jusqu'à cet
après-midi, on pourra peut-être trouver un dénombrement
plus précis.
M. Laplante: Sur le même sujet, M. le ministre, j'aimerais
savoir ce que le ministère entend faire pour redresser cette chose qui
me paraît alarmante dans le système d'aujourd'hui.
Ma deuxième question concerne aussi les surplus de personnel.
Est-ce que ces gens peuvent être affectés à de la longue
suppléance ou même à des cas de suppléance,
étant donné que ce sont des gens en disponibilité?
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Laplante: Vous encouragez fortement tout ça à
l'intérieur des commissions scolaires?
M. Morin (Sauvé): La réponse est oui, c'est la
suppléance courte ou longue, et je pense que c'est offert en
priorité au personnel en surplus.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voudrais
ajouter, avant que le député de Mégantic-Compton prenne la
parole, que ce problème des 12 000 nous préoccupe beaucoup au
ministère et le député sera certainement au fait,
puisqu'il a l'expérience de la chose, qu'il y a là des
problèmes de certification. Nous avons créé un
comité chargé d'examiner précisément ce
problème en cours d'année, pour voir s'il n'y aurait pas de ce
côté des solutions.
M. Laplante: Si je pose ces questions, M. le ministre, c'est
parce que je ne crois pas au recyclage de trois ou quatre semaines pour
spécialiser un professeur dans une matière, après
avoir...
M. Morin (Sauvé): Tout va dépendre de quoi il
s'agit.
M. Laplante: Après avoir pris trois ou quatre
années d'université pour devenir un spécialiste et,
l'année suivante, on lui dit qu'il va enseigner les
mathématiques, en partant de l'éducation physique, ou vice versa,
je ne crois pas à un recyclage de trois ou quatre semaines pour en faire
un spécialiste et être capable d'enseigner dans une
matière...
M. Morin (Sauvé): II y a des transferts qui sont plus
difficiles que d'autres. De toute façon, ce n'est pas exactement de cela
qu'il s'agit. On ne va pas forcer quelqu'un à passer des arts plastiques
aux mathématiques.
M. Laplante: Cela s'est fait, et cela se fait encore.
M. Morin (Sauvé): Au niveau élémentaire, il
y a peut-être quelques cas, mais sûrement pas au niveau
secondaire.
M. Laplante: Au secondaire, on passe de l'éducation
physique à l'enseignement de l'anglais, langue seconde.
M. Morin (Sauvé): Sur les 12 000 enseignants qui
n'enseignent pas directement la matière pour laquelle ils sont
spécialisés... nous sommes à faire le relevé et
l'analyse, parce que la certification est très spécifique, elle
est trop spécifique.
Par exemple, il y a une certification pour la maternelle seulement. Or,
un professeur, formé ou certifié pour la maternelle, devient,
s'il enseigne en première ou en deuxième année de
l'élémentaire, techniquement, non qualifié par rapport
à son certificat. Il y a un abus de rigueur là-dedans. On peut
penser volontiers qu'enseigner en maternelle ou en première
année, c'est assez proche pa- rent et que le défaut technique,
dans ce cas-là, est plutôt illusoire.
Le chiffre de 12 000, il faut l'analyser en détail, c'est
là qu'on en est rendu. J'ai pris l'exemple de la maternelle et de la
première année, qui est plus simple. Passer de la chimie à
la musique, c'est un pas qu'on ne franchira pas dans notre analyse. Mais nous
devons réviser toutes les règles de certification, pour
décortiquer le problème des 12 000 et voir la dimension
réelle de cette question.
M. Laplante: M. le Président, l'exemple le plus frappant
qu'on voit actuellement, dans les négociations locales, cela s'est fait
dans les champs d'activité... Vous touchez là le bobo le plus
sensible où un professeur peut changer sans être dans une
spécialité, seulement par un champ. Si on se penche
sérieusement là-dessus, c'est un redressement qu'on doit se
presser de faire, pour le bien de l'élève. Je crois que le
député de L'Acadie serait probablement d'accord avec cela, dans
les champs.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais je connais beaucoup de contraintes, M.
le député de Bourassa, que vous connaissez vous aussi.
M. Laplante: II y a beaucoup de contraintes, hein?
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Tout ce qui vient d'être dit est
noté soigneusement, M. le Président, et nous avons
commencé à nous pencher sur ce problème. En cours
d'année, nous allons le faire de façon encore plus
spécifique.
M. Paquette: J'aurais une question supplémentaire vraiment
très courte, je m'excuse. Est-ce que la convention collective est telle
que dans un cas de surplus d'enseignants, on donne la priorité à
l'ancienneté plutôt qu'à la spécialisation par
matière?
M. Morin (Sauvé): Oui...
M. Paquette: La priorité à l'ancienneté, par
rapport...
M. Morin (Sauvé): La convention collective, je l'ai sous
la main. La convention collective, si ma mémoire est bonne on va
me donner le texte à l'instant n'est pas fondée sur
l'ancienneté. C'est localement que cela s'applique. Un instant, je vais
retrouver l'article.
C'est un système d'ancienneté par champ.
M. Paquette: Cette affaire est passablement floue.
M. Morin (Sauvé): Pour compléter l'information
là-dessus, dans la convention, il y a 25 champs de prévus. On
pourrait facilement en faire une liste de 80.
Par exemple, l'enseignement élémentaire est un champ,
l'enfance inadaptée en est un et toutes les options professionnelles au
secondaire sont autant de champs. L'ancienneté joue par champ. Il y a
donc une combinaison d'ancienneté par champ qui, de fait, amène
des déplacements qui ne sont pas toujours, et probablement dans
plusieurs cas, appropriés à l'enseignant et à
l'organisation de l'école.
Il y a eu là un compromis dans la négociation. Evidemment,
il aurait pu y avoir plus de 25 champs. L'ancienneté aurait pu jouer
pour la chimie, la physique, la biologie, les mathématiques, etc. On
serait rendu à 80 champs, ou peu importe le chiffre exact. Cela aurait
été aussi difficile d'application, d'administration et la partie
syndicale n'était pas non plus d'accord sur cette hypothèse,
parce qu'à ce moment-là, les déplacements de personnes
auraient été beaucoup plus nombreux que ceux qu'on constate
maintenant.
Il y a un problème de certification et l'analyse de la
composition des 12 000 enseignants pourra nous permettre d'en saisir la vraie
dimension, mais il y a aussi le problème des stipulations de la
convention collective qui combinent champ et ancienneté.
Le Président (M. Clair): Le député de
Papineau, le député de Mégantic-Compton et ensuite le
député de L'Acadie.
M. Alfred: Le problème des 12 000 enseignants qui doivent
enseigner une matière pour laquelle ils ne sont pas
préparés me préoccupe autant que le député
de Bourassa. Cela me préoccupe à un plus haut point, c'est au
niveau pédagogique.
Par exemple, quand un professeur est obligé d'enseigner une
matière pour laquelle il n'est pas préparé, normalement,
le problème des relations pédagogiques est posé. Etant
donné qu'il apprend en même temps que les étudiants, c'est
le problème de l'autoritarisme, les mécanismes de défense
se présentent. Cela amène le décrochage dont madame a
parlé, d'une part. On ne peut pas être un maître quand on
enseigne une matière pour laquelle on n'est pas préparé,
d'où le problème de relations pédagogiques, le
problème d'autoritarisme et non pas d'autorité.
Deuxièmement, encore deux problèmes qui me
préoccupent, ces 1500 provisoires et ces 1500 tolérés. Je
me demande si, dans une autre profession, on peut avoir 1500 médecins
provisoires et 1500 médecins tolérés. La question est
double. D'une part, est-ce qu'on pense, bien sûr, à qualifier
suffisamment d'enseignants pour qu'on n'ait pas à faire appel à
des provisoires et à des tolérés qui amènent encore
une sorte d'insécurité? Ce sont des gens qui ont une "job" pour
un an. A ce moment-là, ils doivent quitter après l'année,
c'est donc une "job". C'est encore le problème des relations
pédagogiques.
Troisièmement, est-ce que vous pensez à avertir les
commissions scolaires de mettre à la disposition de ces professeurs
provisoires et tolérés des supports pédagogiques pour
sauver nos enfants? Pour moi, c'est éminemment important parce que le
problème de l'éducation se pose à cause des
problèmes de relations pédagogiques.
Or, quand le professeur n'a pas de formation psychopédagogique,
comment peut-on parler d'enseignement véritable? Est-ce que, vous
autres, au ministère, vous êtes préoccupés par ces
questions qui sont soulevées par ces professeurs tolérés,
provisoires et ces autres enseignants qui enseignent des matières pour
lesquelles ils ne sont pas préparés? Cela me préoccupe
énormément.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, pour ce qui est
des enseignants qui se trouvent déplacés dans des champs qui ne
sont pas les leurs, nous avons exprimé, à tour de rôle,
l'anxiété que cela nous cause et nous avons indiqué
quelques pistes qui vont nous permettre de résoudre, au moins en partie,
ce problème.
Pour les tolérances, pour les 1500 tolérances, il
appartient évidemment à chaque commission scolaire d'en
décider, de voir si elle trouve le personnel qualifié, tout
d'abord, et, si elle ne trouve pas le personnel possédant les
diplômes nécessaires, alors elle va chercher des gens moins
qualifiés et c'est elle qui en répond.
Comment peut-on maintenant faire en sorte qu'il n'y ait plus de telles
tolérances? En mettant à la disposition de ces gens qui n'ont pas
tout à fait les qualifications requises, la possibilité de se
perfectionner, de se recycler, le cas échéant, il n'y a pas
d'autre solution théorique que celle-là.
M. Alfred: De toute façon, en cherchant la
sécurité d'emploi, on arrive à l'insécurité
psychologique.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, est-ce que vous avez le
nombre de professeurs qui entrent dans le secteur de l'enseignement
annuellement et de ceux qui en sortent? Depuis quelques années, est-ce
qu'on sent que cela se stabilise de ce côté?
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Grenier: Approximativement?
M. Morin (Sauvé): II y a chaque année un roulement
qui, d'après l'expérience, a été assez constant
depuis quelques années, qui est en gros de 5000 qui sortent et qui
entrent. Il y a là-dedans ce qu'on appelle le phénomène de
l'attrition, c'est-à-dire ceux qui prennent leur retraite, ceux qui
décèdent, ceux qui abandonnent l'enseignement, il y en a plus
qu'on ne le pense. Il y a tous ceux qui arrivent des universités avec
leur formation et qui veulent entrer dans l'enseignement.
M. Grenier: Ce qui m'amène à poser cette autre
question, dans les 12 000 qui sont des professeurs et qui enseignent une autre
matière pour la-
quelle Ils n'ont pas été préparés, est-ce
qu'on sent que c'est dans ce nombre qu'il y a le plus de gens qui abandonnent
l'enseignement? Ce serait assez intéressant.
M. Morin (Sauvé): C'est une question bien précise,
mais, apparemment, la réponse est non.
M. Grenier: Ces gens ne se...
M. Morin (Sauvé): Au contraire, on pourrait
peut-être s'attendre à trouver parmi ces 12 000 des gens
extrêmement motivés pour conserver leur emploi, coûte que
coûte, au point qu'ils acceptent quelquefois de changer de domaine.
Socialement, à tout prendre, il y a là un problème. Je ne
le nie pas. Comme on l'a indiqué, on va tenter de le résoudre le
mieux possible. A tout prendre, il vaut mieux garder ces 12 000 personnes qui
ont coûté très cher à la collectivité, en
raison de la formation quelquefois assez élevée qu'elles
possèdent, dans le système que de les mettre à pied. Au
moins, socialement, on s'épargne une perte qui pourrait être pire.
Ceci, j'en conviens, ne diminue en rien le problème de résoudre
les difficultés auxquelles ces enseignants peuvent faire face et que le
député de Papineau soulignait il y a un instant. Leur
autorité se trouvant diminuée, ils peuvent être
tentés de tomber dans l'autoritarisme, puisqu'il est beaucoup plus
difficile de faire régler l'ordre dans une classe ou d'attirer
l'attention des élèves quand on enseigne une matière qu'on
ne possède pas parfaitement.
M. Grenier: Je ne vous le demande pas immédiatement, mais
si c'était possible de me donner exactement ce nombre de personnes qui
abandonnent l'enseignement, quitte à le faire demain ou une autre
journée, j'aimerais l'avoir.
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le député, je vais
faire en sorte qu'on puisse vous donner ce chiffre, soit cet après-midi,
soit demain.
M. Grenier: Je me joins à ce que disait le
député de Papineau et qu'on a souligné autour de la table,
il me semble que ce doit être assez désoeu-vrant que de
recommencer dans une ligne pour laquelle on n'est pas fait. Il me semble qu'on
détecte là le plus grand nombre de gens qui abandonnent
l'enseignement. De toute façon, j'ai hâte d'en avoir le
nombre.
M. Morin (Sauvé): Apparemment, à première
vue, non. On va cependant essayer de vous donner une réponse plus
précise.
M. Grenier: Merci.
Le Président (M. Clair): Le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas minimiser le problème, M.
le ministre, mais je pense que le nombre de 12 000, il faut quand même
être pru- dent en l'interprétant. Je ne crois pas, et j'aimerais
que le sous-ministre me corrige là-dessus, que ce soient tous des
professeurs de chimie qui enseignent la musique ou des professeurs de
catéchèse qui enseignent la gymnastique.
M. Morin (Sauvé): Sûrement pas.
Mme Lavoie-Roux: Je pense quand même que des gens à
l'université ont eu une majeure et, très souvent, une mineure,
enfin, si le terme est juste, comme spécialisation. A
l'élémentaire, il ne faut pas oublier qu'un grand nombre de
spécialistes sont devenus spécialistes un peu par goût. Par
exemple, un professeur sentait que les arts plastiques l'intéressaient.
Il avait d'abord été formé pour l'enseignement à
l'élémentaire et il a développé, selon
l'orientation de l'école et la demande des autres professeurs, une
spécialisation en arts plastiques. Ce n'était pas, strictement
parlant, un bonhomme qui s'était spécialisé uniquement en
arts plastiques. Alors, les 12 000, il ne faut pas les voir d'une façon
tout à fait aussi dramatique. Le problème reste
considérable.
Je pense qu'à part de se préoccuper du problème de
certification dont M. le ministre parlait pour ces 12 000 ou, enfin, le nombre
que ça peut comporter, cela nous ramène à la suggestion
que je faisais hier, que ce problème de certification se pose pour les
gens qui sont en formation, particulièrement pour les professeurs de
secondaire I, II et III, et on devra peut-être penser plus à la
formation de généralistes que de spécialistes, comme on
l'a fait par le passé. La même chose vaudrait pour
l'élémentaire, quoique ce soit moins prononcé.
Mais il y a une question précise que je voudrais poser, M. le
ministre. Dans la question de l'affectation des professeurs, à la suite
de la convention collective, on sait que ceci devait se discuter au niveau
local, par le truchement des négociations locales. Est-ce qu'on pourrait
nous informer... On sait que dans certaines commissions scolaires, les
enseignants ou, enfin, le syndicat demandait la sécurité d'emploi
pure... excusez-moi, l'ancienneté pure comme unique facteur de
réaffectation. Il y a eu certains débats à
l'intérieur des commissions scolaires, à savoir est-ce que cela
serait le seul critère ou ferait-on intervenir d'autres critères?
Est-ce que, à votre connaissance, dans toutes les commissions scolaires
où les négociations locales sont terminées je pense
que c'est la très grande majorité, sinon la totalité
est-ce qu'on a réussi à concilier ce problème
d'ancienneté pure versus celui de la spécialisation des
professeurs, pour ne pas que soit continuellement sacrifiée la
spécialité à l'ancienneté?
M. Morin (Sauvé): Je voudrais d'abord répondre
à la première partie de votre intervention et vous dire que je
suis d'accord avec vous, Mme le député, pour ne pas minimiser le
problème, mais ne pas le dramatiser outre mesure, non plus. Je parie du
problème des 12 000.
II y a, en effet, pas mal de matières connexes, et on peut, je
pense, sans brimer un enseignant, lui demander, par exemple, de passer de
matières comme la physique à la chimie ou de la chimie à
la physique, sans qu'il y ait de drame. Il y a passablement de matières
connexes de la sorte.
De surcroît, beaucoup d'enseignants ont une
spécialité, mais ils ont également, au cours de leurs
études, eu ce que vous appeliez la mineure, un apprentissage dans une
matière qui a, quelquefois, peu à voir avec leur majeure, de
sorte que l'étude que nous avons entreprise au ministère va nous
permettre de circonscrire beaucoup mieux ce problème des 12 000.
Peut-être, en réalité, n'est-il pas de 12 000.
Peut-être, peut-on le circonscrire à quelques milliers
d'enseignants. Alors, à l'égard de ceux-là, il faudra,
éventuellement, trouver des solutions, faire quelque chose, pour leur
permettre de ne pas se trouver en porte-à-faux dans leur enseignement et
de ne pas affronter les problèmes que ces messieurs les
députés décrivaient tout à l'heure.
Donc, je puis vous dire que l'étude que nous venons
d'entreprendre au sein du ministère a pour but, justement, de mieux
cerner ce problème.
Quant à la deuxième partie de votre question, M. Martin va
peut-être me donner quelques conseils là-dessus.
Oui, le relevé que nous avons fait des conventions, des
négociations locales et de leur résultat, nous montre que, dans
la très grande majorité des ententes locales, l'ancienneté
est pondérée, si on peut dire, par la qualification,
c'est-à-dire que ces deux facteurs, ces deux critères sont
utilisés pour affecter les professeurs en surplus ou pour
procéder aux affectations et que dans trois, quatre ou peut-être,
au maximum, une demi-douzaine de cas, on a convenu du seul facteur de
l'ancienneté comme critère d'affectation.
Mme Lavoie-Roux: Cela affecte combien de professeurs? Enfin,
approximativement?
M. Morin (Sauvé): De professeurs couverts par les
conventions ou de professeurs derechef affectés seulement en fonction de
l'ancienneté?
Mme Lavoie-Roux: Affectés seulement en fonction de
l'ancienneté, parce que le problème est quand même assez
crucial: on peut se retrouver en gymnastique ou en instruction religieuse, et
ça, ça peut être...
M. Morin (Sauvé): On ne pourra pas le savoir avant que les
affectations n'aient eu lieu et, malheureusement, je ne peux
répondre...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que ce sont de petites commissions
scolaires ou des commissions scolaires moyennes?
M. Morin (Sauvé): Selon l'ordre de grandeur, cela peut
peut-être affecter 1000 postes, à ce qu'on me dit, dans toutes les
commissions scolaires, de toute taille.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui!
Le Président (M. Clair): Le député de
Rosemont.
M. Paquette: On constate qu'il y a une diminution du nombre de
postes d'enseignant à l'élémentaire et au secondaire
tandis qu'il y a une augmentation au niveau collégial. Je ne sais pas si
vous avez estimé comment ce surplus de postes au niveau
collégial, au cours des prochaines années, sera comblé.
Sera-t-il comblé surtout à l'aide de nouveaux
diplômés des universités? Dans quelle proportion sera-t-il
comblé par des enseignants provenant du secondaire? Parce qu'il y a un
danger que le secondaire se vide, peut-être pas des meilleurs
éléments, mais des gens qui ont le plus de qualités
requises au niveau secondaire? Pensez-vous que les transferts vont se faire
surtout du secondaire au collégial ou à l'aide de
nouveaux...?
M. Morin (Sauvé): L'expérience nous enseigne
là-dessus qu'il y a très peu de mouvements du secondaire au
collégial qui permettraient aux collèges d'éponger en
quelque sorte un surplus éventuel au niveau secondaire.
Pourquoi en est-il ainsi exactement? Je ne le sais pas. C'est sans doute
parce que les exigences au niveau collégial ne sont peut-être pas
exactement les mêmes qu'au niveau secondaire. Toutefois, si vous
désirez avoir une réponse plus exacte, je peux faire faire les
recherches nécessaires.
Le Président (M. Clair): Le député de
Bourassa.
M. Laplante: La différence au niveau collégial
irait-elle jusqu'à la reprise de cours des élèves, soit
que les élèves demeurent plus longtemps au niveau
collégial? Souventefois un cours requiert deux ans, au lieu de quatre
sessions, on va en prendre six, on va en prendre jusqu'à huit. Est-ce la
différence qu'on peut trouver, c'est-à-dire que cela ne suit pas
le même rythme que le niveau secondaire, les diminutions...
Mme Lavoie-Roux: Des étudiants perpétuels; c'est ce
à quoi il fait allusion, je pense.
M. Laplante: Des étudiants perpétuels. Si au lieu
de prendre quatre sessions pour faire un cours, on en prend six...
M. Paquette: Cela augmente la clientèle.
M. Laplante: Cela augmente la clientèle. Y a-t-il un gros
impact à ce sujet?
M. Morin (Sauvé): On pourrait peut-être tenter de
trouver une réponse à cela. Selon mon impression
préliminaire, c'est un phénomène quand même marginal
par rapport au nombre d'étudiants réguliers. Mais on peut
peut-être répondre à cela.
M. Laplante: On nous disait que cela pouvait atteindre 30% dans
certains CEGEP.
M. Morin (Sauvé): J'en doute, mais si vous le voulez, je
peux faire préciser des chiffres là-dessus.
Le Président (M. Clair): Sur le même sujet? Le
député de Mégantic-Compton et le député de
Papineau.
M. Grenier: Je m'excuse. Cela ne semble peut-être pas sur
le même sujet, mais c'est certainement connexe. Cela touche les
enseignants. Y a-t-il une politique qui se fait sentir au ministère,
à ce qu'on dit, de sorte qu'on finira par donner moins de
décloisonnement au niveau du premier cycle? Si vous aimez mieux attendre
que cela soit sur une autre...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton, je pense que cela touche un autre sujet. Le
député de L'Acadie, sur un autre sujet, avait déjà
manifesté le désir d'intervenir.
Le député de Papineau sur le même sujet?
M. Alfred: Vous avez parlé du problème de
certification des maîtres. Quelles sont les modalités de ce
programme de certification? Comment allez-vous vous y prendre? Allez-vous
décentraliser dans les écoles ou bien...?
M. Grenier: On n'entend pas. On comprendrait, mais on n'entend
pas.
M. Alfred: Le problème de certification des maîtres.
Quelles sont les modalités de ce problème de certification?
Sera-t-il décentralisé au niveau des écoles ou au niveau
de la commission scolaire ou bien...? Va-t-il être une véritable
réflexion sur la chose pédagogique? Comment va-t-il se faire?
M. Morin (Sauvé): La certification des maîtres se
fait centralement, sous l'autorité du ministre de l'Education. Le
problème que nous avons actuellement réside dans le type de
certification. La mention qui est faite sur le certificat est identique
à celle qui apparaît sur le diplôme universitaire.
Comme les universités ont eu tendance, au cours des
dernières années, à spécifier beaucoup leurs
programmes de formation des enseignants, peut-être pour se
différencier entre elles, la certification qui suit la
"diplômation", a répété sur le certificat la mention
spécifique qui apparaît au diplôme. Par exemple:
"l'enseignement prématernel". La façon dont le problème
peut être résolu, c'est de revoir tous les certificats
actuellement en circulation et d'essayer d'en dégager de plus grandes
catégories que celles qui existent actuellement. Deuxièmement, il
s'agit de retransiger avec les universités pour que leurs programmes de
formation de nouveaux maîtres soient plus larges et de perfectionnement,
par conséquent, que ceux qu'elles donnent actuellement, et par
conséquent, leurs programmes de perfectionnement également, de
sorte qu'éventuellement le programme universitaire étant
modifié, le diplôme universitaire aurait une mention
correspondante et le certificat, ultimement, aurait aussi une mention
correspondante qui sera plus large que les mentions que l'on retrouve
actuellement.
Le Président (M. Clair): Le député de
Rosemont.
M. Paquette: Une dernière remarque. Je vais vous donner
une impression. J'ai l'impression que cette politique de certificat ne
répond pas véritablement aux besoins. C'est peut-être le
mieux qu'on peut faire pour essayer de savoir ce qui se passe de loin
concernant les besoins quant au type d'enseignants, mais j'aimerais simplement
faire la remarque suivante: II va falloir aller du côté d'un
perfectionnement continu qui se fait sur place, tant pour ce problème
des déplacements d'enseignants que pour celui où les enseignants
enseignent une matière pour laquelle ils ne sont pas qualifiés et
pour des tas d'autres raisons aussi concernant entre autres la
décentralisation du système scolaire et la prise en charge, par
les agents de l'éducation, au niveau local; il me semble que c'est au
niveau local que l'on peut être le mieux placé pour s'assurer,
à l'aide d'un système mis à leur disposition par le
ministère, des différents cheminements des enseignants. Parce
que, règle générale, un diplôme n'assure
pratiquement pas la compétence dans un domaine ou dans un autre. Je
pense que vous devez en être conscients, et c'est vraiment une
surveillance bureaucratique de loin, parce qu'on n'a pas trouvé le moyen
de faire mieux, mais je pense que, particulièrement dans cette
période que nous vivons, où on veut mettre l'accent sur la
qualité de l'éducation et où on veut
"débureaucratiser" l'éducation, il me semble que c'est une
solution à envisager et peut-être qu'on trouverait là une
utilisation plus rationnelle des surplus d'enseignants également.
M. Morin (Sauvé): Je dois dire, M. le
député, si je puis réagir, M. le Président, que
nous fondons beaucoup d'espoir dans les nouvelles méthodes de formation
sur place où l'on voit des universitaires non pas faire venir à
eux des enseignants, mais se rendre dans les écoles pour donner un
supplément de formation à ceux qui en éprouvent le besoin.
Cela ne permettra peut-être pas de résoudre tout le
problème, mais nous pensons qu'il y a là une formule d'avenir qui
doit être développée. Le député connaît
comme moi un certain nombre de ces expériences. Nous allons, au cours de
l'année qui vient, notamment, la développer beaucoup dans le
domaine du français. Il s'est d'ailleurs déjà fait des
choses, en ce sens notamment dans le domaine du français et dans le
domaine des mathématiques. Tout cela devrait être, je crois,
développé, poussé plus avant. Il y a là des
éléments fort importants de solution.
Le Président (M. Clair): Je pense que nous nous
éloignons légèrement du sujet qui faisait l'objet de notre
digression. J'avais en liste, sur
d'autres sujets, le député de L'Acadie et le
député de Mégantic-Compton, avant d'entamer l'étude
des programmes. Alors, Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: II me resterait deux petites questions qui sont
vraiment sur le même sujet et, ensuite, il y avait un autre sujet. Voici
ma première question: Est-ce qu'on a des chiffres sur la mobilité
des enseignants entre le secteur privé et le secteur public, d'un
côté comme de l'autre? Ce serait peut-être assez
intéressant. Il peut y avoir une motivation à cause du climat
qu'on retrouve dans les écoles privées par rapport aux
perturbations que, souvent, le système public éprouve. Enfin,
vous ne l'avez pas. C'est une première question.
La deuxième question, c'est strictement de l'information. Est-ce
que la sécurité d'emploi chez les professeurs de l'enseignement
collégial... Est-ce que ce sont les mêmes conditions que celles
dans le domaine scolaire, c'est-à-dire cette mise en
disponibilité pour un an, à l'intérieur des autres CEGEP,
etc?
M. Morin (Sauvé): A la première partie de votre
question, je dois vous dire que nous n'avons pas de chiffres sur les transferts
du public au privé ou vice versa. Je doute vraiment qu'on puisse en
établir de façon efficace. Cela demanderait une bureaucratie et
une paperasse considérables, de sorte que je veux bien jeter un coup
d'oeil sur la possibilité de le faire, mais, à première
vue, j'en doute.
Quant à la deuxième partie de votre question, je vais
demander a M. Martin de m'éclairer.
Pour le niveau collégial, le réseau des CEGEP, le
même principe existe quant à la sécurité d'emploi,
mais les mécanismes sont légèrement différents; il
n'y a pas de bassin régional comme dans le cas des commissions
scolaires, il n'y a pas non plus de champ, ce qui, théoriquement, permet
des combinaisons encore plus variées d'affectations. En gros, ce sont
les mêmes principes et les mêmes mécanismes, à
l'exception particulièrement des champs, de la mobilité
régionale et du calendrier de la mobilité régionale.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, l'autre intervention que
je voulais faire hier soir, quand je vous ai quitté, c'était
quand même en réaction à différentes remarques que
des députés avaient faites et il me semblait important de
rectifier certaines choses. Mais je sais que le ministre n'a peut-être
pas fini de donner les indications qu'il voulait donner à la suite des
questions que les députés avaient soulevées. Je suis
prête à attendre si tel est son désir.
M. Morin (Sauvé): Pour l'instant, M. le Président,
j'ai répondu aux questions qui me paraissaient les plus fondamentales et
je réserve les réponses aux autres questions qui ont
été soulevées hier dans les exposés
généraux pour le moment où nous discuterons de chaque
programme. Mais je n'ai aucune objection à ce que Mme le
député nous fasse part d'autres observations
générales à ce moment-ci.
Le Président (M. Clair): Le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je n'avais pas l'intention de revenir sur les
remarques qui ont été faites hier soir par les différents
députés, n'eût été l'intervention du
député de Rosemont qui a dit à peu près ceci:
Depuis 1970, il ne s'est rien fait en éducation.
M. Paquette: C'était un peu plus nuancé que
ça.
Mme Lavoie-Roux: A peine.
M. Paquette: J'ai dit qu'il y avait eu un ralentissement.
Mme Lavoie-Roux: II faudrait relire le journal des Débats.
A tout événement, je pense que je ne peux en vouloir au nouveau
gouvernement de parler d'un nouveau départ. Je pense que c'est normal
pour un nouveau gouvernement de parler de nouveau départ, même si
le nom n'est peut-être pas très original puisqu'il a
déjà été utilisé ailleurs; mais, enfin,
c'est un nom très utile pour la circonstance.
Je pense qu'il est à l'honneur du ministre de l'Education d'avoir
montré beaucoup plus d'objectivité et de réalisme dans les
remarques qu'il a faites. Dire qu'il ne s'est rien produit depuis 1970... Je
vous réfère à la page 4 du document que le ministre nous a
présenté, dans lequel il dit: "Je voudrais également
relever un fait qui, s'il en était besoin, serait de nature à
inciter le gouvernement à continuer d'accorder à
l'éducation toute la place qui lui revient. Il s'agit des commentaires,
plus qu'élogieux, de l'Organisation pour la coopération et le
développement économique, l'OCDE, sur l'essor important, voire
sur l'avant-gardisme et la créativité dont témoignent
certaines réalisations québécoises dans le domaine de
l'éducation".
Je pense que, sans aucun doute, le gouvernement actuel poursuivra dans
la même voie. S'il innove, j'en serai fort heureuse, mais je pense que
c'est ne pas voir la réalité que d'avoir des jugements aussi
sévères, aussi fermes ou absolus, que ceux du
député de Rosemont.
M. Paquette: C'est au journal des Débats. Ce n'est pas
aussi absolu que vous le dites.
Mme Lavoie-Roux: Et quand je parle du réalisme du ministre
de l'Education, je pense qu'il a déjà fait l'expérience de
cette dure réalité, puisque j'aimerais aussi rappeler que, dans
une entrevue qu'il donnait à la télévision ou à la
radio en mai dernier, mai 1976, on le questionnait sur le budget qui avait
été adopté. Il parlait évidemment des richesses du
Québec, qui étaient des richesses en ressources naturelles, mais
qu'il y avait aussi cette autre richesse qu'étaient ces enfants.
Après avoir fait une description assez dramatique de l'école, de
la situation de l'école, il terminait, en disant: "C'est une question
beaucoup plus vaste que la simple fiscalité. C'est la question de la
qualité de l'enseignement à dispenser à nos enfants et
c'est la question de l'avenir du Québec.
Là-dessus, je pense que le gouvernement fait fausse route, en
voulant se montrer parcimonieux. Et on réalise qu'avec l'adoption du
nouveau budget, le gouvernement, une fois de plus, a dû se montrer
parcimonieux."
M. Morin (Sauvé): Econome.
Mme Lavoie-Roux: C'est votre expression que j'utilise.
M. Morin (Sauvé): Econome.
Mme Lavoie-Roux: On peut la changer, je n'ai pas d'objection.
M. Ciaccia: Quand ce sont les autres, c'est parcimonieux, quand
c'est vous, c'est économe. C'est cela?
Mme Lavoie-Roux: Le ministre m'a également parlé,
avec objectivité et réalisme, de la reconduction des anciens
programmes, à l'exception des priorités dont il a parlé le
12 mars, et je l'ai dit dans ma réponse au discours inaugural, deux de
ces priorités sont vraiment originales, c'est-à-dire qu'à
ma connaissance, elles n'apparaissaient pas à l'ancien programme. Il
s'agit de l'enseignement religieux. Il s'agit aussi de l'étude sur
l'enseignement supérieur, qui avait déjà été
suggérée, dans le passé, par le Conseil supérieur
de l'éducation, mais qui, je pense, a été provoquée
dans l'immédiat par les crises très longues qu'ont subies
l'Université du Québec à Montréal et
l'université Laval.
Je voudrais rappeler au député de Rosemont que la loi 27 a
été votée entre les années 1970 et 1977; elle
regroupait les commissions scolaires et amenait la participation
institutionnalisée des parents. Je pense que si on lui trouve des
lacunes, c'était quand même une première démarche
qu'il fallait faire. Elle a été importante et, même hier,
de part et d'autre, on reconnaissait que tous les parents ne sont pas rendus au
même stade, quant à leurs responsabilités de participation
à l'intérieur des écoles. Je pense donc que ceci a
été un pas extrêmement positif dans le sens de la
participation qui, je sais, préoccupe le député de
Rosemont.
Il y a également eu, à ce moment-là, il ne faudrait
pas l'oublier, de la démocratisation, l'élection des commissaires
d'école au suffrage universel. Il ne faut pas oublier, si je ne m'abuse,
que seuls les propriétaires avaient le droit de vote aux
élections scolaires, dans le reste de la province. Cela
m'ap-paraît aussi comme quelque chose de très positif.
Il y a eu la loi 71. En dépit des critiques qu'on peut en faire,
je pense qu'elle a corrigé le manque d'équité qui existait
au niveau de la distribution tant des ressources financières qu'humaines
dans l'île de Montréal. Je pense que cela est un
élément important, sans compter l'élection des
commissaires au suffrage universel, qui était un anachronisme dans le
cas de la CECM et du PSBGM.
Je pense aussi qu'il y a eu la loi 22, dans laquelle le français
a été proclamé langue officielle.
On aura l'occasion d'en reparler dans les semaines qui suivent. Il y a
également eu, pour parler au plan pédagogique d'efforts qui ont
été faits durant ces années, l'adoption du
règlement no 7, et qui a quand même changé les approches
pédagogiques à l'intérieur des écoles. Je pense que
c'était un...
M. Laplante: ...lors des négociations, le règlement
no 7.
Mme Lavoie-Roux: Cela est une autre chose.
Mais il reste que l'esprit du règlement no 7, personne ne l'a
contesté, et tout le monde l'a vu comme un élément positif
dans le domaine scolaire. Je citerais le livre vert, dont une copie avait
déjà été remise aux anciens ministres, en
septembre. Je pense...
M. Paquette:... à mon intervention.
Mme Lavoie-Roux: Oui c'est cela. ... au livre blanc qui
nécessairement va découler du rapport Nadeau, des travaux
supplémentaires du conseil scolaire. J'imagine que vous ne ferez pas
table rase de tout ce qui a été étudié
auparavant.
M. Morin (Sauvé): Non, mais Mme le député,
il ne faudrait pas tenir pour acquis non plus que le livre vert, tel qu'il sera
rendu public dans quelques semaines, ressemblera nécessairement aux
anciennes versions. Il portera certainement la marque du gouvernement et celle
du ministre.
De même, il ne faudrait pas non plus tenir pour acquis que le
livre blanc sur les collèges ressemblera au rapport Nadeau ou au
mystérieux "GTX". Il se pourrait qu'il y ait des différences
substantielles, fondamentales.
Mme Lavoie-Roux: Je suis convaincue que vous avez probablement
raison, très probablement raison, M. le ministre, mais ce que je voulais
signaler, c'est qu'entre 1970 et 1976, cela n'a pas été le
marasme total, bien au contraire. Vous avez eu le plan de développement
des langues, vous avez eu COPEPP qui, soit dit en passant, est un rapport
extrêmement intéressant. Vous avez eu des études sur la
décentralisation, enfin, et j'en passe.
J'aimerais référer le député de Rosemont,
entre autres, à toutes ces initiatives qui, même si un ministre
qu'il citait a dit: On a mis en place les infrastructures, maintenant il faut
réaménager et faire la meilleure utilisation possible des
ressources pour qu'elles servent davantage au bien-être des
étudiants, je pense que c'est un même objectif que le gouvernement
actuel va devoir continuer d'avoir. Je pourrais continuer, je pense que je vais
attendre...
Je voulais faire d'autres remarques sur la décentralisation, mais
je pense qu'au moment de l'étude de la partie administrative, on pourra
y revenir... ou je peux en parler tout de suite.
Tout le monde dit: Enfin, on va faire la décentralisation. Je
dois vous dire que c'est un objectif que je partage avec chacun d'entre vous.
C'est peut-être le grand défi que le ministère de
l'Educa-
tion a à relever. Je veux vous dire qu'entre les objectifs et la
réalité, dans ce domaine, la marge est très grande.
D'abord, une véritable décentralisation nécessite
des pouvoirs délégués. Elle doit être assortie des
moyens d'action appropriés. La responsabilité s'attache au
pouvoir d'agir ou de ne pas agir. Quand je regarde les budgets et que je n'y
décèle pas de montant qui soit décentralisé dans le
sens de permettre une plus grande liberté sur le plan local, je
m'inquiète vraiment, je n'en ferai pas reproche au ministre. Je sais que
l'opération est difficile.
Hier soir, je voyais les gens sourciller quand le député
de Jacques-Cartier parlait de l'attitude de la CEQ. Il ne faut quand même
pas oublier, M. le ministre, que le lendemain de votre discours du 12 mars au
cours duquel vous parliez de décentralisation comme un de vos objectifs,
il y a eu une réponse immédiate du président de la CEQ qui
a dit: Mais on a le système scolaire le plus décentralisé
qui existe avec les commissions scolaires.
J'ai fait la remarque que la décentralisation, c'est bon pour les
autres, mais c'est peut-être plus difficile pour nous.
L'autre point que je voudrais développer et qui m'inquiète
un peu, c'est que, à la page... J'ai perdu votre beau document. Ah! ici.
M. le ministre, dans sa description du ministère de l'Education, nous a
parlé assez longuement de l'effectif, vous avez mentionné que le
monstre n'avait pas 5000 têtes, comme plusieurs le pensaient, mais avait
2600 têtes. Je dois vous dire que je n'avais jamais pensé que le
ministère de l'Education avait 5000 têtes.
M. Morin (Sauvé): Non, une tête, mais plusieurs
bras.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Plusieurs bras, d'accord. Cela
aussi, je vous le concède. Pour moi, c'était 2000, et,
apparemment, c'est 2685. Là où mon inquiétude survient,
c'est quand le ministre essaie de nous rassurer en disant que ce n'est quand
même pas un organisme bureaucratique tellement considérable,
puisque dans les années 1974 à 1978, l'effectif régulier
est passé de 2144 à 2266, soit une augmentation de 5,6%. On fait
ensuite le calcul de la diminution de l'effectif occasionnel, pour arriver
à un total de 2685, en partant de 2940. Ce qui m'inquiète, c'est
que l'effectif permanent a continué d'augmenter durant les quatre
dernières années, et je vous réfère à la
page 12 de votre document... je réalise que je ne comparerai pas
les mêmes années, parce que je n'ai pas exactement les
années 1974 à 1978 si vous prenez de 1972 à 1978,
on constate une diminution, si je ne m'abuse, de 300 000 élèves.
Je sais qu'il n'y a pas de corrélation exacte, parce que vous parlez de
1974 à 1978, et je vous parle de 1972 à 1978, mais
peut-être que l'effectif a encore augmenté davantage, si on
calcule à partir de 1971.
Je pense qu'on ne pourra jamais parler de décentralisation
véritable tant qu'on n'aura pas amorcé, au ministère de
l'Education, et je réalise bien que ceci ne me rendra pas populaire
auprès des fonctionnaires du ministère, mais je me sens
obligée de le dire... Il ne faut pas que ce soient uniquement les
commissions scolaires qui éco-pent des diminutions de personnel ni
même les écoles. Il faut qu'on le ressente aussi au niveau du
ministère.
Pour ma part, je trouve que c'est très inquiétant de voir
ces chiffres que je viens de vous exposer. Je ne sens pas là, enfin, une
concrétisation de ce désir de décentraliser. Je suis
encore plus inquiète quand je pense au discours du budget que M.
Parizeau a fait et dans lequel il dit: "A partir de préoccupations de
bons gestionnaires il faudra exercer encore un contrôle plus grand sur
les dépenses de tout le système de l'éducation et des
commissions scolaires, etc.". Est-ce qu'on va encore ajouter des
contrôles?
J'ai de la difficulté à concilier, d'une part, ce
désir de contrôler davantage les dépenses pour des services
en éducation et ce désir exprimé par le ministre et par
beaucoup d'autres de décentraliser. Je pense que le dilemme est encore
total. Si je fais cette intervention, c'est que je pense qu'on devra se pencher
d'une façon beaucoup plus réaliste sur la décentralisation
et si on veut décentraliser, on devra redistribuer des sommes d'argent
aux instances locales, que ce soit aux commissions scolaires, que ce soit dans
les écoles pour qu'elles aussi puissent faire des projets de recherches,
peut-être plus limités, mais que l'expérimentation
corresponde aux besoins des milieux, sans cela, je pense qu'on va continuer de
se gargariser de mots, et je peux m'inclure avec chacun d'entre vous
là-dedans.
Cela fait longtemps qu'on entend parler de tout ça, et c'est
très difficile de passer à une action véritable dans le
sens d'une décentralisation vécue, qui veuille vraiment dire
quelque chose. Le ministre de l'Education, quand il a dit hier: Si, au moins,
je réussissais à infléchir le système dans le sens
de l'humaniser davantage dans le sens de le décentraliser un peu. Ce
sont des objectifs qui sont réalistes. Je pense qu'il devrait quand
même tenter d'aller plus loin, mais ça demandera beaucoup de
courage à un ministre de l'Education pour poser des gestes qui non
seulement vont infléchir le système, mais corriger ce qui
m'apparaît des difficultés réelles dans tout le
fonctionnement du système scolaire, qui est devenu, qu'on le veuille ou
non, très bureaucratisé et dans lequel j'ai eu l'occasion
de le dire dernièrement beaucoup de groupes de pression
s'affrontent. Les groupes de pression je ne sais si ça part, si
ça commence d'abord au Conseil du trésor, ça part du
Conseil des ministres, ça passe par le ministre, par les fonctionnaires,
par les commissions scolaires et tout ce que ça comporte, parents,
enseignants, directeurs, etc.
Moi, dans un esprit de concertation et pour vraiment faire
évoluer le système scolaire pour le mieux, pour qu'on
arrête d'utiliser des clichés et d'en développer des
nouveaux et pour qu'on réalise quelque chose, je veux assurer le
ministre de
l'Education de ma collaboration dans les étapes qui
s'avéreront difficiles pour lui, s'il veut réaliser les objectifs
qu'il semble avoir.
M. Paquette: M. le Président, avant la réponse du
ministre, j'aimerais peut-être dire deux mots sur le début de
l'intervention du député de L'Acadie. Je pense qu'elle m'a
très mal interprété. J'ai parlé de ralentissement,
et les exemples qu'elle a donnés de l'activité législative
de l'ancien gouvernement pendant six ans montrent effectivement qu'il y a eu un
ralentissement. Elle a noté deux lois d'importance, la loi 27 et la loi
71, qui constituaient un net recul par rapport aux projets antérieurs de
restructuration scolaire du gouvernement, et qui nous laissent encore une fois,
dix ans après, avec le même problème que notait la
commission Pagé au début. Quand on compare cette activité
législative de l'ancien gouvernement avec la période qui a
précédé, tant sous le gouvernement libéral de M.
Lesage que sous les gouvernements de l'Union Nationale, on ne peut pas faire
autrement que de parler d'un ralentissement. J'ai bien dit que lorsque nous
sommes arrivés le 15 novembre, le ministre a trouvé un certain
nombre d'études qui, enfin, sortaient des tablettes, des rapports qui
traînaient depuis longtemps qui provenaient du Conseil supérieur
de l'éducation et d'ailleurs, et il y a eu, au cours de la
dernière année, un effort de synthèse au niveau du
ministère, qui nous permet maintenant de repartir en
réévaluant ces documents et vraiment de donner un nouveau
départ, qui est rendu nécessaire par ce ralentissement des six
dernières années dans le domaine de l'éducation.
Mme Lavoie-Roux: Apparemment, je ne le convaincrai pas. Je ne
vous ai noté que deux lois. J'aurais pu vous en énumérer
bien davantage, mais...
M. Paquette: Si vous comparez ça avec la période
qui a précédé, oui.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Papineau, c'est exactement...
M. Alfred: Le même sujet.
Le Président (M. Clair): ...sur le même sujet.
M. Alfred: La décentralisation, oui. Je comprends
très bien, bien sûr, qu'il faille définir ce concept de
décentralisation, mais je pense que redéfinir ce terme consiste
aussi à redéfinir les rapports sociaux, non seulement au niveau
de l'école, mais aussi au niveau de la communauté et au niveau de
la commission scolaire et que cette redéfinition des rapports sociaux se
situe d'emblée dans ce que notre premier ministre cherche: un nouveau
contrat social pour le monde québécois. On a bien parlé de
décentralisation, les années antérieures, mais tout
dépendait de l'approche, de la façon de comprendre ce concept de
décentralisation.
Pour moi, maintenant, décentraliser veut dire redonner aux
enseignants, aux parents et aux gestionnaires scolaires le sens des
responsabilités...
Mme Lavoie-Roux: Cela a été dit...
M. Alfred: ... dans un type de nouveau rapport social, mais il
faut penser l'approche. Je me rappelle même que M. Cloutier avait
parlé de participation des parents et après, il avait
donné un sens très particulier aux mots participation des
parents.
Le Président (M. Clair): Le député de
Bourassa, si c'est exactement sur le même sujet.
M. Laplante: Exactement. Je me réjouis de la nouvelle
attitude du député de L'Acadie. C'est une nouvelle attitude, Mme
le député de L'Acadie, sur l'effectif que vous trouvez trop
nombreux, aujourd'hui, au niveau du ministère. Si je fais la comparaison
du temps où on était...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse. Je sais
qu'on n'a pas droit à des questions de privilège ici, mais je
ferai remarquer que l'an dernier, lorsque je suis venue au ministère de
l'Education plaider les problèmes de la CECM, j'ai fait remarquer au
sous-ministre qui est ici peut-être à deux et leur
ai demandé si on avait la même préoccupation de diminuer
les effectifs tant au niveau du ministère de l'Education qu'à
celui des commissions scolaires?
M. Laplante: Si vous me laissiez finir madame, vous comprendriez
le sens de mon intervention.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi.
M. Laplante: Si on se rappelle bien, à la CECM, où
on avait 240 000 élèves, la difficulté que nous avons eue
comme commissaires en 1973 à vouloir faire diminuer l'effectif de la
CECM qui est allé après cela jusqu'à 170 000, au lieu de
diminuer, on augmentait l'effectif. A ce moment, vous nous donniez comme
réponse qu'il n'était pas facile de diminuer l'effectif du centre
administratif de la CECM à cause des implications de services nouveaux
que vous aviez introduits à l'intérieur du centre administratif
et qu'il y avait aussi des employés de longue date qui étaient
là et qu'on ne pouvait pas suivre une évolution naturelle
d'élèves, une diminution d'élèves comparative au
centre administratif.
Aujourd'hui, voilà que vous vous surprenez de cette chose. Je
crois que vous auriez peut-être été la dernière
personne à vous surprendre du phénomène du MEQ.
Je suis d'accord avec vous lorsqu'on dit qu'il faut que cela diminue. Je
suis pleinement d'accord, mais il faudra se souvenir aussi du temps que la CECM
avait 240 000 élèves et vous avez augmenté l'effectif,
même si on avait 170 000 élèves. Il faut que cela soit dit
aussi.
Cela ne veut pas dire qu'aujourd'hui vous ne le voyez pas sous un autre
angle. C'est pourquoi je
suis heureux de votre nouvelle orientation en vue de la diminution de
l'effectif.
L'an passé, en 1976, on avait réussi à
l'intérieur du budget de la CECM à diminuer l'effectif, mais sans
congédiement sur le non-remplacement. Je crois que vous en avez un peu
plus cette année parce que c'est une orientation nouvelle. On va aller
à la CECM autour de 150 000 élèves.
Voilà la rectification que je voulais adresser au
député de L'Acadie.
Le Président (M. Clair): Le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne sais pas à
quoi cela sert de continuer cette discussion. J'aimerais que le
député de Bourassa relève les effectifs de la CECM depuis
1970 et retrace là où, d'année en année, les
postes, qui devenaient libres, n'ont pas été comblés.
C'est vrai qu'il y a eu des employés ajoutés du côté
de l'opération renouveau, mais je pense qu'il devrait avoir des
données beaucoup plus exactes que ce qu'il avance, comme il le fait.
Lui-même a admis que, l'an dernier, déjà, un grand nombre
d'employés permanents n'avaient pas été remplacés
et je sais fort bien que le ministère a aussi ses contraintes comme les
commissions scolaires: des gens ne peuvent être congédiés
parce qu'ils ont la sécurité d'emploi et qu'ils sont permanents,
mais il reste que, en même temps qu'il y a une diminution de 300 000
élèves on a les chiffres devant nous il y a une
augmentation du personnel permanent.
M. Laplante: C'est parce que vous êtes partie des
années 1970, Mme le député de L'Acadie et je me reporte
à ce moment-là aussi.
Le Président (M. Clair): Le ministre de l'Education et,
après, le député de Mégantic-Compton.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voudrais
faire part de quelques commentaires sur les propos de Mme le
député de L'Acadie. Je suis très sensible à l'appui
qu'elle nous promet, conditionnellement, si nos politiques rejoignent ses
préoccupations. D'ailleurs, je n'ai jamais attendu autre chose d'elle
étant donné son expérience passée et le
dévouement qu'elle a toujours manifesté à l'endroit de la
chose scolaire.
Pour ce qui est de la décentralisation, je ne voudrais pas
aborder ce thème en profondeur immédiatement. Nous allons
cependant devoir le faire par le détail, j'entends aussi bien la
nouvelle formule de financement qui doit nécessairement accompagner un
effort réel de décentralisation que les transactions qui vont
devoir diminuer entre le centre et la périphérie. Tout cela aura
pour effet d'entraîner un réaménagement de l'effectif, au
moins partiel, entre le centre et la périphérie.
Je tiens cependant à lui faire remarquer que la diminution de
l'effectif occasionnel a été réelle et ces occasionnels
accomplissaient un travail qui doit naturellement continuer d'être
accompli, de sorte que, quand on constate que la diminution de l'effectif
régulier et occasionnel a été de 2940 à 2685 en
quatre ans, il s'agit d'une diminution réelle en termes
d'hommes-année. Le réaménagement n'est pas terminé,
loin de là, mais il était déjà en marche au cours
des années précédentes.
Nous allons entrer dans une phase fort importante et très
difficile, j'en suis parfaitement conscient, de déconcentration du
ministère et de décentralisation des pouvoirs dans le domaine
scolaire.
J'imagine que tout le monde connaît la différence entre
déconcentration et décentralisation. Je la rappelle pour
éclairer les débats que nous ne manquerons pas d'avoir
là-dessus. La déconcentration est l'opération qui consiste
à transférer des pouvoirs de l'administration centrale à
des représentants dans les diverses régions et cela ne doit pas
être confondu avec la décentralisation qui consiste à
confier des pouvoirs de décision à diverses collectivités
territoriales autres que l'Etat.
Mais ces deux mouvements, décentralisation et
déconcentration, doivent s'effectuer parallèlement, parce qu'il
nous semble que, si les pouvoirs de décision sont augmentés au
niveau régional et au niveau local dans les commissions scolaires et
jusque dans les écoles, comme je l'ai indiqué hier, il faut qu'il
y ait, dans chaque région, un interlocuteur qui représente le
ministère et qui colle de plus près aux réalités
régionales ou locales que ne peut le faire le ministère central.
Ce double mouvement de décentralisation et de déconcentration va
certainement amener, d'ici quelques années, certains mouvements de
personnel et je puis vous dire que nous commençons déjà
à y songer au ministère.
A preuve, cette publication nouvelle du ministère, qui vient tout
juste de sortir et dont je serais heureux de faire distribuer des exemplaires
à tous les membres de la commission si nous en avions à
portée de la main, intitulée "Secteur élémentaire
et secondaire" et portant l'indication Volume 1 no 1, datée du 20 mai
1977.
Dans ce nouveau bulletin, nous indiquons déjà au personnel
du ministère que nous aimerions être informés de leur
volonté d'être réaffecté éventuellement dans
des services déconcentrés, décentralisés, advenant
que nos volontés de décentralisation et de déconcentration
se concrétisent dès les prochaines années, ce qui est
notre intention.
Je me permets de lire un passage qui se trouve à la page 21 de ce
petit bulletin: "Comme il est possible qu'il y ait parmi vous des
employés intéressés à aller ou à retourner
travailler dans les régions, nous vous demandons de le faire
connaître, aussitôt que votre intention sera arrêtée,
au service du personnel du MEQ".
Il y a, au centre du bulletin, une feuille détachable qui permet
à chaque employé de nous indiquer dans quel secteur il serait
intéressé à travailler, éventuellement.
Vous le voyez, nous commençons à préparer le
terrain de longue date, parce que notre volonté de
décentralisation est réelle, comme le démontrera
amplement, je le pense, le document sur la décentralisation qui va
paraître incessamment et qui sera lié de très près
au livre vert.
Pour l'instant, M. le Président, je ne veux pas m'aventurer plus
avant dans la décentralisation, mais je compte bien que nous y
reviendrons par le détail, au cours des heures qui viennent.
Le Président (M. Clair): II est maintenant midi.
Conformément à l'entente intervenue entre les divers partis
politiques, le mercredi, nous suspendons nos travaux à midi. Lors de la
reprise de nos travaux à quatre heures, ou après la
période des questions, je reconnaîtrai en priorité le
député de Mégantic-Compton, qui avait demandé la
parole il y a déjà un bon moment.
Nous suspendons donc nos travaux jusqu'à seize heures cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 11 h 59)
Reprise de la séance à 16 h 41
Le Président (M. Clair): A l'ordre, madame et
messieurs!
La commission permanente de l'éducation, des affaires culturelles
et des communications est réunie pour continuer l'examen des
crédits budgétaires du ministère de l'Education. Au moment
où nous avons suspendu nos travaux, ce midi, le député de
Mégantic-Compton avait demandé la parole et je lui avais promis
que je la lui accorderais. Le ministre m'informe cependant qu'il aurait des
réponses à donner à certaines questions qui ont
été posées préalablement. M. le
député de Mégantic-Compton acceptera sûrement que le
ministre prenne la parole.
M. Grenier: Sûrement, avec plaisir.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, pour ne pas
mobiliser trop longtemps l'attention de la commission en ce début des
travaux de l'après-midi, je vais retenir trois réponses à
des questions ou à des commentaires qui ont été faits
durant l'exposé général, hier soir.
Tout d'abord, certains se sont inquiétés de la taille des
écoles. Je voudrais déposer devant cette commission, avec copies
à l'intention de tous les membres, un document indiquant la
clientèle selon la dimension des écoles au 30 septembre 1975. Ce
document que vous pourrez consulter contient un certain nombre de
révélations intéressantes.
Tout d'abord, si nous considérons le nombre
d'élèves au niveau primaire, on constate que 50,3% des
écoles comprennent de 20 à 225 élèves. Plus de la
moitié de nos écoles sont donc de petites écoles
élémentaires et même très petites. Le plus grand
nombre d'écoles se situent entre 226 à 599 élèves;
ce secteur représente à lui seul 43,9% de nos écoles.
Enfin, ce qu'on pourrait appeler les écoles de bonne taille, et
même avec 1000 élèves et plus, on arrive aux écoles
assez considérables, ne représentent en somme que 5,6% de nos
écoles et un pourcentage un peu plus élevé du nombre
d'élèves, puisque cela fait un peu plus que 15%, en pourcentage
d'élèves.
Au niveau secondaire, les constatations sont légèrement
différentes. Les petites écoles, c'est-à-dire de moins de
225 élèves, ne groupent que 34,5% des écoles. Celles qui
sont de taille moyenne, c'est-à-dire de 226 à 1500, à 1499
plus exactement, représentent un peu plus que la moitié de nos
écoles, soit 51%.
Au-delà de 1500 étudiants, ce qui, à mon avis, est
une taille déjà trop considérable et qu'on doit tenter de
réduire, comme je l'ai indiqué dans certaines de mes
interventions, on trouve 15% de nos écoles, et pour ce qui est des
élèves, un peu plus, je crois que cela représente à
peu près 26% des élèves. Donc, c'est là que se
situe le problème. Il intéresse essentiellement le quart de nos
élèves et 15% de nos écoles. Ce tableau pourra faire
l'objet de commentaires ou de questions de la part des membres de la
commission, s'ils le désirent.
Deuxièmement, on m'a posé une question sur la formation
des maîtres. Je crois que c'est de la
part de Mme le député de L'Acadie. Un document interne du
comité de la formation des maîtres a été
rédigé et revu par les responsables du secteur primaire et
secondaire. Par la suite, il a été soumis aux directeurs
généraux des commissions scolaires en vue de connaître leur
point de vue sur la question. Il y a eu accord général en ce qui
concerne une nouvelle politique de la formation des maîtres dont les
écoles ont besoin. Cette nouvelle politique, dont nous nous inspirerons
au ministère, peut être résumée en quatre
points.
Premièrement, on nous conseille de considérer les niveaux
de la maternelle et de l'école primaire comme un seul niveau pour fins
de certification, tout en reconnaissant que les jardinières ont des
besoins particuliers. Par conséquent, on nous recommande de ne plus
décerner de brevet d'enseignement spécifique relatif à la
maternelle, au premier cycle, au deuxième cycle, aux arts plastiques et
au primaire. Donc, cette première recommandation est peut-être la
plus importante, soit regrouper les niveaux pour fins de certification.
Deuxièmement, on nous recommande un programme de formation en vue
d'obtenir ce qu'on pourrait appeler des généralistes, car les
enfants ont besoin de maîtres qui intègrent les différentes
disciplines.
Troisièmement, on nous suggère de donner à tous les
maîtres des connaissances minimales en vue de tenir compte de l'enfance
exceptionnelle, lorsqu'elle peut être intégrée dans les
classes régulières.
Enfin, quatrièmement, on nous demande de faire en sorte que
chaque maître reçoive une bonne formation pratique.
Naturellement, c'est là tout un programme. Sa réalisation
va certainement demander beaucoup d'efforts et il faudrait ajouter, en
terminant sur cette question, compte tenu de la priorité que nous
comptons accorder à la langue maternelle, à la langue
française, que tous les enseignants doivent avoir une solide
connaissance de la langue française avant d'obtenir leur diplôme
universitaire et leur brevet d'enseignement. Ceci est une exigence qui n'a pas
toujours été observée de façon très stricte
dans le passé, et j'ajouterais, aux recommandations qui nous sont faites
par ce comité de la formation des maîtres, cette idée
nouvelle: Quiconque enseigne une matière quelconque doit le faire dans
une langue correcte. Autrement, certains professeurs pourraient être
amenés à défaire ce que l'enseignant de la langue
maternelle tente d'obtenir auprès de ses élèves.
Enfin, je voudrais, troisièmement, fournir des
éléments de réflexion à la suite d'une intervention
du député de Rosemont hier soir. La question qu'il me posait
était la suivante: Ne serait-il pas possible de mettre fin à nos
structures salariales fondées sur la scolarité et sur
l'expérience? Pourrait-on trouver d'autres critères pour
l'établissement de ces structures salariales?
J'ai demandé qu'on me fournisse des renseignements sur cette
question, parce qu'elle n'est pas facile, et je puis vous faire savoir qu'une
commission d'étude sur la classification s'est penchée sur cette
question et a suggéré certaines al- ternatives, notamment de
classifier les enseignants selon les diplômes plutôt que selon la
scolarité et l'expérience. Cependant, cette hypothèse n'a
pas été retenue par les parties contractantes lors de la
dernière négociation collective. Elle est donc encore à
l'étude. Ce n'est pas une question qu'on peut considérer comme
réglée, parce qu'avant d'introduire un changement substantiel
dans la classification des enseignants, il faut s'assurer que ce changement ne
provoquera pas une crise semblable à celle que nous avons connue en
1971, dont, je pense, certains d'entre nous ici conservent des souvenirs
plutôt fâcheux.
Le service de la classification, puis-je ajouter pour terminer, a
déjà inventorié et apprécié, pour fins de
scolarité, plus de 5000 diplômes différents, mais je ferai
observer, par ailleurs, que seulement 35% des enseignants
québécois sont détenteurs d'un diplôme
universitaire, c'est-à-dire seize ans de scolarité et plus alors
que ce pourcentage atteint 65% en Ontario.
Ce fait est également de nature à nous faire
réfléchir sur ce critère de la "diplômation".
M. Paquette: Très brièvement
là-dessus...
M. Morin (Sauvé): Voilà quelques réponses
que je voulais apporter. J'en aurai d'autres éventuellement, lorsque ces
questions seront abordées, sur la décentralisation, les
grilles-matières, l'APASQ et d'autres.
Le Président (M. Clair): Si le ministre n'a pas
d'objection, le député de L'Acadie et le député de
Rosemont auraient des questions sur ce sujet immédiatement.
M. Morin (Sauvé): Je n'ai pas d'objection, loin de
là.
Le Président (M. Clair): Le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez présenté trois rapports.
Je vais commencer par le premier ou, y aurait-il un autre moment où on
pourra discuter de la fermeture des écoles?
M. Morin Sauvé): Oui, certainement. Je voulais porter ces
renseignements...
Mme Lavoie-Roux: Bon. Je la laisse de côté pour le
moment.
M. Morin (Sauvé): ...à votre attention pour que
vous puissiez les utiliser dans vos questions.
Mme Lavoie-Roux: La deuxième porte sur la formation des
maîtres. Va-t-on y revenir aussi ou est-ce d'ordre général?
Si c'est d'ordre général, j'aimerais seulement avoir quelques
précisions à ce moment-ci.
D'abord, on se prépare à donner une même
certification, ce sur quoi je suis d'accord, pour les professeurs de la
maternelle et de l'élémentaire. Inclut-on également
là-dedans ou se propose-t-on
d'inclure là-dedans les professeurs de prématernelle?
Parce qu'il ne faudrait pas, dans dix ans, réaliser qu'on les a exclus.
Il reste que la prématernelle et la maternelle ne sont pas totalement
différentes. C'est vraiment une progression.
M. Morin (Sauvé): Justement, Mme le député,
les professeurs, les enseignants de prématernelle sont inclus dans cette
catégorie plus vaste qui comprendrait...
Mme Lavoie-Roux: Les professeurs de...
M. Morin (Sauvé): ...prématernelle, maternelle et
également les maîtres de l'élémentaire.
Mme Lavoie-Roux: Prévoyez-vous quand même dans la
formation des maîtres de prématernelle certaines adaptations
particulières pour les professeurs de prématernelle?
M. Morin (Sauvé): Les jardinières ont des besoins
particuliers et tout en les incluant dans un même brevet, il y a tout de
même moyen de tenir compte de ces besoins. Autrement dit, la formation
qu'elles recevraient forcément tiendrait compte de leurs besoins
spécifiques, mais pour autant, on ne leur donnerait pas un brevet qui
serait restreint au point de les tenir enfermées dans des
spécialités dont elles auraient peine à sortir.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez également mentionné la
question des généralistes. Pourriez-vous me dire pour quel
niveau, quand vous avez parlé d'une orientation qui formerait des
généralistes? C'était pour quel niveau d'enseignement?
M. Morin (Sauvé): Bien sûr, on pense d'abord et
avant tout à l'enseignement primaire puisqu'il y règne, vous le
savez, un système de titulariat, mais on pense également
et je crois que c'était le souci de ce comité aux
premières années du niveau secondaire. Peut-être puis-je
demander à M. Halley, le sous-ministre adjoint à l'enseignement
primaire et secondaire, de préciser exactement de quel degré du
second niveau il s'agit en l'occurrence.
Dans un premier temps, le document de travail visait uniquement
l'élémentaire, pour répondre à la première
partie de la question. Le comité élabore les travaux sur le
secondaire, premier cycle et deuxième cycle, le premier cycle incluant
secondaire I, II et une partie du troisième secondaire. Ce qui est
envisagé actuellement comme hypothèse de travail, c'est que ce
premier cycle, incluant le troisième secondaire, ferait de plus en plus
l'objet d'une formation de généralistes, mais en n'excluant pas,
quand même, l'aspect de spécialiste nécessaire dans
l'enseignement secondaire, que ce soit en partie pour le niveau du secondaire
III, pour certaines matières, mais pas pour toutes les matières,
et surtout au niveau du secondaire IV et V. Alors, la notion de
spécialiste va demeurer quand même dans l'hypothèse de
travail. Il s'agit de voir de quelle façon elle peut se
développer, pour tenir compte de la mobilité de la main-d'oeuvre
et aussi c'est toujours la même question pour que
l'enseignant soit un élément intégrateur de l'ensemble des
disciplines à offrir à l'enfant, de façon que quelqu'un
puisse donner une image complète de la formation et non pas avoir un
enseignement morcelé.
Mme Lavoie-Roux: Une question additionnelle, M. le ministre. Je
pense que ce comité s'est penché sur la formation des
maîtres pour le niveau maternel, élémentaire et secondaire.
Est-ce qu'il entend également examiner le problème de la
formation des maîtres du niveau collégial ou si ce sera un autre
mandat accordé à un autre comité?
M. Morin (Sauvé): Mme le député, je ne pense
pas que le mandat ait dépassé les secteurs primaire et
secondaire, mais, si vous le voulez, nous pourrons revenir sur cette question
de la formation des maîtres au niveau collégial, au moment
où nous aborderons le programme 5.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, M. le ministre, est-ce qu'il est
possible que nous ayons copie de ce premier rapport de votre comité
d'étude sur la formation des maîtres, qui donne les orientations
que vous venez de nous présenter en résumé?
M. Morin (Sauvé): Oui, c'était un document interne,
mais je n'ai pas d'objection à ce qu'il soit déposé devant
la commission, M. le Président. Nous ne l'avons pas ici, parce
que...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): ...nous n'avons pas prévu le
déposer, mais enfin, dans toute la mesure du possible, nous
déposerons les documents qui ne sont pas strictement confidentiels.
Le Président (M. Clair): M. le ministre, est-ce que vous
entendez par là qu'une copie sera distribuée à chacun des
membres de la commission et non pas un dépôt...
M. Morin (Sauvé): A la première occasion.
Le Président (M. Clair): A la première
occasion.
Mme Lavoie-Roux: Pour ce qui est du troisième point que
vous avez soulevé, je vais laisser la parole au député de
Rosemont, puisque vous répondiez à une de ses questions et je
reviendrai avec une question additionnelle, s'il ne l'a pas couverte.
Le Président (M. Clair): Le député de
Rosemont.
M. Paquette: Effectivement, c'était sur le
troisième aspect que vous avez touché, M. le ministre. Vous avez
mentionné que 35% des professeurs ont 16 ans de scolarité ou plus
et vous avez dit... c'est bien ça?
M. Morin (Sauvé): C'est cela. Ils sont détenteurs
d'un diplôme universitaire.
M. Paquette: Ah! d'un diplôme universitaire, parce qu'il y
a une confusion possible de ce côté, c'est justement ce que je
voulais faire préciser, parce qu'il y a énormément de
professeurs qui ont une formation obtenue au moyen de petits diplômes.
Comme on est dans un système de reclassification qui met l'accent sur
les années de scolarité, je pense qu'on a encouragé
énormément la dispersion, particulièrement au niveau
secondaire, de la formation des maîtres.
Quand vous parlez de ces 35%, ce sont 35% de professeurs qui ont un
diplôme de premier cycle, c'est bien ça.
Comme ça, on peut comparer avec les statistiques que vous avez
données pour l'Ontario, je crois, 65%?
M. Morin (Sauvé): ...qui atteint 65% pour...
M. Paquette: Pour des diplômes de premier cycle
également.
M. Morin (Sauvé): Pour tout diplôme
universitaire.
Le Président (M. Clair): Le député de
L'Acadie, sur le même sujet.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cette disparité entre
l'Ontario et le Québec n'est pas due au fait qu'un grand nombre de nos
enseignants ont été formés dans des écoles normales
qui, à ce moment-là, ne donnaient pas de diplôme
universitaire? Est-ce qu'il n'y aurait pas là une raison de la
disparité entre les deux groupes?
M. Morin (Sauvé): C'est fort possible, M. le
Président, que ce soit là l'une des explications
fondamentales.
Mme Lavoie-Roux: Une autre question que je voulais poser et je ne
sais pas si elle rejoint la préoccupation du député de
Rosemont, est-ce qu'on entend continuer d'accorder des augmentations de salaire
en fonction de l'addition de crédits?
Je pense en particulier au recyclage qu'on a fait pour les enseignants
de la langue seconde qui va se poser et qui se pose, en partie, pour le
recyclage des maîtres de français. Cela me semble et je
pense que c'est peut-être une opinion qui est partagée par
d'autres être une approche qui coûte extrêmement cher
à l'Etat. Je ne sais pas s'il y a vraiment d'autres pays qui ont cette
approche dont les coûts ne se répartissent pas seulement sur un
an, mais sur une période de 25 ans ou de 30 ans. Dans quelle mesure
l'Etat peut-ll continuer dans ce sens, compte tenu, il faut bien l'admettre, de
la diminution des élèves et des crédits qui sont
accordés à l'éducation? Comment entend-on continuer dans
cette ligne? J'espère que ce n'est pas une affirmation gratuite que je
fais là, mais dans la motivation des enseignants vis-à-vis du
recyclage de la langue seconde qui accordait des crédits et
vis-à-vis du recyclage des maîtres de français qui, parce
que c'était sur une période plus courte, n'accordait pas de
crédits, le gain ou non de crédits jouait un peu dans la
motivation des maîtres à aller se recycler.
Il y a deux aspects à ma question, au plan de la motivation et au
plan des coûts pour l'Etat. Est-ce que c'est un problème que le
ministère a examiné ou se propose d'examiner, compte tenu des
ressources financières limitées qu'on a?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, pour la
durée de la convention, il est bien difficile de modifier ce
système, parce que, sans l'entériner spécifiquement, la
convention se réfère, en quelque sorte, au système de
classification du ministère, lequel est fondé sur les
critères de scolarité et d'expérience.
Pour l'instant, d'ici 1979, il est difficile de modifier ces
critères, mais nous pouvons en profiter pour repenser le système
de classification. Bien sûr, nous allons le faire avec nos partenaires,
nous ne pouvons pas le faire seul. Ce n'est peut-être pas le meilleur
système, mais à l'heure actuelle, je dois dire que les
dernières négociations n'ont pas permis de s'éloigner de
ce système mis en place depuis quelque temps.
Peut-être puis-je vous signaler la disposition de la convention
collective qui porte le numéro 6-1.03 du chapitre 6 portant sur la
rémunération des instituteurs. Le texte se lit comme suit: "Le
ministre décide de l'évaluation de la scolarité en
années complètes de tout instituteur conformément au
manuel de l'évaluation de la scolarité en vigueur à la
date de la signature de la présente convention."
Je vous dispense des vingt lignes qui suivent, mais c'est une
référence, somme toute, très claire à ce manuel
d'évaluation, lequel, comme je disais à l'instant, est
fondé sur la scolarité et l'expérience.
Mme Lavoie-Roux: Dans les cours de recyclage qui sont
prévus pour les maîtres de français, étant
donné que ce sera fait sur place, c'est-à-dire à
l'intérieur des commissions scolaires, est-ce qu'on prévoit aussi
cette accumulation de crédits pour ces cours-là?
M. Morin (Sauvé): Le système est plus varié
que cela. Il va y en avoir à l'intérieur de certaines commissions
scolaires, mais il va aussi y avoir des cours dans les universités. On
trouve les deux façons de se perfectionner.
Mme Lavoie-Roux: Mais est-ce qu'on accordera des crédits
dans les deux cas?
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est exact, dans les deux cas.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mégantic-Compton. Pardon?
M. Paquette: Question additionnelle sur exactement le même
sujet. Est-ce que vous me permettez?
Le Président (M. Clair): Le député de
Rosemont, sur le même sujet.
M. Grenier: Allez-y!
M. Paquette: Sauf erreur, dans le programme de perfectionnement
des maîtres de français, en tout cas, au niveau de
l'Université du Québec, est-ce qu'il n'y a pas, en plus de
l'élévation dans l'échelle de la scolarité,
également une possibilité de dégagement d'un certain
nombre de périodes d'enseignement, en guise de compensation?
M. Morin (Sauvé): C'est exact, mais on ne peut pas
considérer cela comme une augmentation de traitement.
M. Paquette: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Je sais que certains voudraient nous
faire considérer cela de cette façon, mais c'est inexact.
M. Paquette: La question que je voudrais poser, c'est si,
à la suite de cette expérience, on a évalué le
coût d'un système où les enseignants augmenteraient de
scolarité par rapport au coût d'un système où la
gratification irait plutôt dans le sens d'un dégagement d'un
certain nombre de périodes d'enseignement, comme cela se pratique dans
certains pays européens. Est-ce qu'on a évalué la
différence des coûts?
M. Morin (Sauvé): Vous voulez dire dégagement
à des fins de perfectionnement?
M. Paquette: A des fins de perfectionnement. Par exemple, si le
perfectionnement se fait sur place dans la commission scolaire, on peut
libérer l'enseignant d'un certain nombre de périodes par
semaine.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Paquette: Réduire les 27 heures de présences, je
ne sais pas, à 22 heures, quelque chose comme cela.
M. Morin (Sauvé): C'est déjà le fait, c'est
déjà le cas, puisque, pour le perfectionnement dans le domaine du
français, nous voulons porter la libération, si je puis
m'exprimer ainsi, de quinze à trente heures; c'est bien cela, je
crois.
Une Voix: De quinze à trente jours.
M. Morin (Sauvé): De quinze à trente jours, pardon,
bien sûr, dans la mesure où cela va être possible. Nous
éprouvons quelques difficultés dans l'application de cette
politique. C'est déjà ce qu'on pourrait appeler une
gratification, mais beaucoup d'enseignants insistent pour que cela leur soit
crédité à des fins salariales. Bien sûr, la nature
humaine étant ce qu'elle est, à côté de l'oignon que
constitue le dégagement, il faut peut-être ajouter la carotte des
avantages salariaux.
Si le député de Rosemont a des suggestions
concrètes à me faire pour sortir de cette façon de
concevoir les choses, je suis tout à fait prêt à
l'écouter.
M. Paquette: J'en ai, M. le ministre, mais ce ne serait
peut-être pas le moment de développer très longuement, mais
simplement pour dire ceci: J'ai travaillé pendant cinq ans au sein du
programme de perfectionnement des maîtres de mathématiques et nous
avons fait plusieurs enquêtes auprès des quelque 1000 enseignants
qui étaient inscrits au programme au niveau secondaire. Au début,
on se rendait compte que la motivation le plus souvent mentionnée
était justement l'augmentation de scolarité, mais au fur et
à mesure où le perfectionnement devenait plus adapté
à la tâche, et où l'enseignant voyait l'utilité, on
a constaté l'apparition de nouveaux types de comportement. Les gens
disaient: On préférerait avoir un allégement de
tâche, plutôt qu'une augmentation de scolarité. Il y a
peut-être tout un changement de mentalité à faire dans ce
domaine, bien sûr, pour arriver à la situation d'autres pays
européens où on n'a aucune gratification. Les enseignants sont
dans un système de perfectionnement continu. Ils se perfectionnent,
parce que c'est utile pour leur travail dans une optique professionnelle, de la
même façon qu'un médecin va sentir le besoin de se
perfectionner continuellement tout le long de sa vie pour jouer un rôle
adéquat face à sa profession.
M. Morin (Sauvé): M. le député, est-ce que
je peux vous demander un détail? Lorsque vous parlez de
dégagement, pensez-vous à un dégagement qui n'aurait lieu
que pour les fins du perfectionnement ou d'un dégagement de type
permanent? J'ai cru comprendre que vous vous référiez à un
dégagement pour fins de perfectionnement.
M. Paquette: Tout dépend si on va dans le sens d'un
recyclage ou dans le sens d'un perfectionnement continu, mais si on allait dans
le sens d'un perfectionnement continu, il me semble qu'il y a moyen de
concevoir un système de perfectionnement des maîtres où le
perfectionnement sert également à la tâche professionnelle,
c'est-à-dire qu'il y a des activités de perfectionnement qui
servent à produire du matériel pédagogique, de
façon à lier très étroitement la théorie et
la pratique. Dans ce sens, le dégagement qu'on pourrait accorder aux
enseignants serait autant admis dans l'amélioration de la qualité
de l'enseignement. C'est ce que font un certain nombre de pays
européens. Entre autres, j'aimerais citer l'expérience des
centres de formation des maîtres au Danemark, qui m'apparaît
extrêmement intéressante. Je souhaiterais que le ministère,
dans le cadre de sa politique de décentralisation, établisse une
politique de perfectionnement des maîtres qui pourrait s'inspirer de
principes comme ceux-là, de plus en plus.
M. Morin (Sauvé): M. le député, j'en prends
bonne note. Naturellement, je devrai m'entretenir, éventuellement, de
tout système de perfectionnement avec les centrales syndicales
intéressées. Il se pourrait qu'elles prennent des attitudes
différentes, mais je puis vous assurer que nous allons y
réfléchir.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mégantic-Compton, sur un nouveau sujet.
M. Grenier: M. le Président, vous me permettrez, je
regrette de ne pas être le porte-parole officiel de notre parti,
étant donné qu'on a délégué ici le
député de Gaspé, et que mes fonctions m'appellent dans
d'autres milieux, mais je dois vous dire que ce dossier m'intéresse au
plus haut point, étant donné que je suis, au Québec, les
débats sur l'éducation depuis 1960 et que j'étais dans le
comté du ministre du temps, à Rigaud. J'étais le directeur
général de cette institution au moment de la première
polyvalente qui s'est construite à Vaudreuil-Soulanges. J'ai
négocié, à ce moment, avec l'association des parents, des
instituteurs. J'étais leur représentant à ce
comité. Je n'ai pas besoin de vous dire toutes les difficultés
d'accouchement qui sont survenues.
C'est là qu'on a vraiment vécu, dans la région de
Vaudreuil-Soulanges, la première école centralisée, et,
après 16 ans ou 17 ans, on parle, depuis que je suis ici ce matin, de
décentralisation. C'est un problème qu'on a vécu et qu'on
a souventefois reproché au gouvernement du temps, que c'était
difficile et qu'il fallait y aller avec pondération dans la
centralisation.
J'ai oeuvré, peut-être pas au niveau du
député de L'Acadie, qui a siégé à une table
importante dans le domaine de l'éducation, mais j'ai suivi ce dossier
comme responsable d'une institution qui était importante comme
collège privé au Québec, le collège Bourget, de
Rigaud, et j'ai vu bâtir cette polyvalente à Vaudreuil-Soulanges.
Ensuite, j'ai suivi le dossier d'encore plus près quand je suis devenu
député de la circonscription de Frontenac de 1966 à 1970.
J'étais même président de cette commission. Le
député de Drummond avait partagé avec le
député de Saint-Jean, qui est actuellement un
député du gouvernement également, et ces débats ne
m'ont jamais laissé indifférent. Cela me fait drôle,
aujourd'hui, d'entendre de la voix du ministre des paroles que j'ai dites, de
façon presque textuelle, de 1960 à 1970. Je reconnais des figures
chez vos haut-fonctionnaires ici. Je reconnais même un sous-ministre qui
a été cueilli dans ma région. J'imagine que c'est un bon
porte-parole parmi ses fonctionnaires. Je vois maintenant ce retour qu'on fait
à ce qu'on préconisait en 1966-1970. Je ne vous cache pas que
c'est pénible de constater qu'on est obligé de faire marche
arrière pour revenir à des systèmes qu'on a
préconisés et sur lesquels, comme parti politique, nous nous
sommes fait élire en 1966. Malheureusement, on a
accéléré la politique de l'ancien gouvernement, alors
qu'on avait laissé croire à nos gens qu'on mettrait la
pédale douce. Après 1966, on a accéléré
notre politique.
Pour faire ça, M. Johnson se plaisait à dire, à ce
moment-là, qu'il avait en arrière de lui une brochette de
députés vaillants, intelligents et courageux. Il était
allé chercher un ministre en dehors de la députation pour en
faire son ministre de l'Education; il était reconnu pour être un
homme fort. Il est actuellement un des vice-présidents de la Chambre. Je
me rappellerai fort bien avoir fait la tournée dans la province avec lui
pour le faire élire chef de notre formation politique et, un jour, en
arrivant à Québec, ici, il m'a confirmé, à moi et
au député d'Anjou, qui était avec nous dans cette
tournée, qu'il détenait en otage un haut fonctionnaire dans un
motel, afin de lui faire signer des documents avant de l'envoyer en mission en
Europe. Je trouvais que c'était difficile, pour un ministre,
d'être "boss" d'un ministère.
Vous avez une grosse tâche, au ministère de l'Education.
Avec M. Lazure, vous partagez certainement les plus grosses tâches, dans
un ministère où pas mal de fonctionnaires peuvent faire battre
des députés.
J'ai été battu dans ma circonscription en 1970 à
cause du ministère de l'Education, à cause d'une école qui
devait se bâtir à Courcelles, et je le dis, parce que vos
fonctionnaires sont là, je suis content de le dire, pour qu'ils
l'apprennent, et je voudrais vous dire, à vous, M. le ministre
principalement, par la voix du Président, que ce que vous dites dans le
moment, c'est ce que j'ai prêché pendant un certain temps.
Quand vous parlez d'écoles primaires qu'il faut conserver dans
les villages, quand vous nous parlez de généralistes qu'il faut
former pour les écoles primaires et que vous abondez même pour le
secteur du premier cycle, vous ne savez pas comment vous me faites chaud au
coeur. Mais je vous mets en garde. Vous avez besoin d'avoir la main ferme. Je
vous le dis tout de suite.
M. Morin (Sauvé): Vous savez...
M. Grenier: Je vous demande d'avoir la main ferme sur cette
décentralisation dont vous parlez, ce que vous préconisez.
M. Morin (Sauvé): Me permettez-vous...
M. Grenier: Oui, vous pouvez...
M. Morin (Sauvé): ...sans vouloir vous interrompre, parce
que je trouve intéressant ce que vous dites, me permettez-vous de dire
tout de suite, pour ce qui est de mes fonctionnaires, que, depuis six mois que
je suis au ministère, j'ai pu constater qu'ils sont d'une
fidélité tout à fait étonnante et qu'ils servent
admirablement bien le gouvernement, quel qu'il soit. Je puis vous assurer que
je n'ai fait face à aucune difficulté, à aucune
résistance aux politiques que le gouvernement entend mettre en oeuvre
et, notamment, cette politique de décentralisation à laquelle ils
songeaient déjà de leur côté. Seulement,
naturellement, pour que les fonctionnaires puissent mettre fidèlement en
oeuvre des politiques, il faut avoir des politiques, et je pense que le
gouvernement actuel en a dans le domaine de l'éducation.
M. Grenier: Bien! Je pense que, chaque fois que je dis ça,
c'est entendu que le ministre prend toujours la parole pour dire qu'il a les
meilleurs fonctionnaires des ministères, et c'est son rôle de le
dire.
M. Morin (Sauvé): Je ne suis pas obligé de le dire,
mais je le constate.
M. Grenier: Evidemment, que moi non plus...
M. Morin (Sauvé): ... et j'en suis particulièrement
satisfait.
M. Grenier:... je ne condamne pas l'ensemble des fonctionnaires
au ministère de l'Education. Je regrette la grosseur de la boîte
du ministère de l'Education et le contrôle qui y est difficile.
Vous allez être obligé de l'admettre. Le contrôle est
difficile et pendant les trois ou quatre années qu'il nous reste
à vivre ensemble, ici, au Parlement, je vais suivre de très
près ce dosier et soyez sûr qu'à partir de la semaine
prochaine, je vais me faire nommer par mon chef à la commission de
l'éducation. Cela m'intéresse trop pour laisser passer... surtout
quand on rencontre un ministre qui a si bonne volonté d'en arriver
à ce qui avait été préconisé longuement par
notre gouvernement.
Alors, je vais suivre de très près ce dossier et je me
réintéresserai, si j'ai manqué pendant... Parce que je
suis passé aux Affaires sociales de 1970 à 1976, j'ai
manqué un bon bout et les reproches... qu'on pouvait faire ce matin, je
peux vous dire que c'était peut-être le temps... Si on dit que le
Parti libéral a marqué le pas pendant six ans, il y a
peut-être du vrai, mais ce n'est pas une accusation qu'on a
portée. C'était peut-être le temps qu'on marque le pas,
parce que de 1960 à 1970, on a mis les bouchées doubles. On nous
a élus en 1966 parce qu'on avait dit aux gens qu'on marquerait le pas,
et parce qu'on a accéléré les démarches, cela a
été moins bien.
Juste pour vous illustrer ce que je viens de vous dire, je vais vous
raconter une petite histoire bien courte. C'est une histoire qui n'a pas
été drôle. C'est l'histoire de l'école de
Courcelles. J'avais fait une guerre dans le temps. Je demandais ce que vous
venez de confirmer tout à l'heure en parlant d'une école de 1500
que vous trouvez considérable. On avait construit, à
Mégantic, une école de 2000 et je disais: Coupez-la donc!
Faites-donc à Courcelles une école de 700 élèves.
Je n'ai jamais été capable de faire accepter cela. Cela n'a
jamais été possible. Le ministre avait des bonnes intentions et,
pendant ce temps, ce n'était pas possible, cela brisait toutes les
normes et, au même moment, on en construisait une de 700
élèves à moins de 25 milles, à Saint-Martin. Je
disais: II arrive quoi? Le ministre ne voit pas ce qui se passe ou bien il y a
un fonctionnaire qui fait quelque chose qu'il n'est pas censé faire. Je
ne dis pas que c'est l'ensemble, encore une fois, mais je vous mets en garde
contre cela et je vais continuer de le prêcher.
Quand je vous entends je ne me suis pas gêné pour
vous le dire et c'est cela qu'on va dire en Chambre aussi quand je vous
entends dire que vous voulez ramener, si c'est possible, ou conserver dans les
villages, les écoles primaires, je dis: Bravo! et je dis que je vais
vous aider et j'espère que vous aurez toute la collaboration que vous
méritez pour cela.
Maintenant, je ne sais pas comment vous entendez procéder du
côté du secondaire. Je vois que vous avez parlé du
côté... Quand vous parlez du côté
généraliste, vous êtes du côté des
professeurs, mais on sous-entendait, bien sûr, que la base de
l'enseignement au secondaire aurait dû être plus large avant de
décloisonner dans le cycle numéro 1, même pour ce qu'on
appelle le secondaire III.
Il est bien sûr que c'est par là qu'on réussira
peut-être à diminuer nos grosses écoles et ce dont vous
nous faites part dans ces trois ou quatre déclarations, importantes pour
moi, soit de conserver les écoles primaires et de rendre un peu plus
généralistes les professeurs des écoles primaires et du
premier cycle, ce sont des déclarations qui sont bien et qui me plaisent
énormément. Vous aurez certainement l'appui de notre
équipe pendant l'étude des crédits et quand vous ferez de
telles déclarations. Je voudrais que vous ayez aussi toute
l'autorité qu'il faut pour que cela se concrétise au
Québec. On est allé trop vite depuis...
Pas besoin de vous dire qu'en 1970, quand on est; arrivé,
après avoir accéléré ces démarches, on nous
a donné la bonne claque qu'on méritait. Je ne le cache pas
aujourd'hui. C'est une grosse part de notre défaite que d'avoir
accéléré ce système qui était
commencé depuis 1960, non pas que ce n'était pas le temps de
faire quelque chose... Maintenant, il y aurait à comprendre aussi
et je pense que vous le saisissez que Montréal, c'est une chose
et que la province, c'est une autre chose et de faire la part des choses dans
ces deux secteurs. Quand on voyait regrouper ces grosses écoles de 2000
et charrier nos enfants dans des rayons de 45 ou 50 milles, on savait que ces
politiques se décidaient à Québec. Alors du
côté de la décentralisation maintenant, il y aura tout cela
à penser, ... s'entendre d'abord avec le ministre des Transports, parce
que des routes n'ont jamais été construites. Cela fait 17 ans
qu'on attend. On les carrose encore sur ces routes.
J'aimerais bien maintenant... Quand vous dites ici dans le rapport que
vous nous soumettez, les écoles de 20 et moins, cela comprend-il le
secteur privé et le secteur public? J'imagine?
M. Morin (Sauvé): Non. Je crois que c'est un rapport sur
les écoles publiques, pour autant que je sache.
M. Grenier: Alors, je dois comprendre que les écoles de 21
à 37 ou moins sont hors normes à ce moment?
M. Morin (Sauvé): Je dois attirer votre attention sur le
fait que ce sont des chiffres du 30 septembre 1975. Nous aurons un nouveau
tableau prochainement, à ce qu'on me dit, pour le 30 septembre 1976.
Mme Lavoie-Roux: ...aussi.
M. Morin (Sauvé): Nous faisons ce tableau chaque
année. Je m'excuse, est-ce que j'ai bien saisi toute votre question?
M. Grenier: Oui, tout est très bien. Maintenant, vous ne
m'avez pas dit si c'était subventionné; est-ce qu'ils sont hors
normes à ce moment-là?
M. Morin (Sauvé): Non. Ce sont des écoles qui...
Vous voulez dire celles de 20 ou moins?
M. Grenier: Oui, 21 et moins. M. Morin (Sauvé): 21
et moins.
Mme Lavoie-Roux: ...pour la commission scolaire, 20 et moins?
M. Morin (Sauvé): Elles ont droit à un
instituteur.
M. Grenier: Seulement.
M. Morin (Sauvé): Seulement, oui, c'est cela. Mais,
récemment, il y a eu une amélioration, comme vous le savez, en
vertu du programme SOPPEC, qui fait que, dès que vous avez 37
élèves, si ma mémoire est bonne, vous avez droit à
trois instituteurs, trois enseignants.
Mme Lavoie-Roux: 38.
M. Morin (Sauvé): 38 au lieu de 37. C'est cela.
M. Grenier: Tout à l'heure, vous avez mentionné
cette formation générale des maîtres du primaire et des
trois premiers cours du secondaire. Est-ce qu'on a également l'intention
d'adapter un programme qui va être d'ordre plus général
pour les étudiants de ces trois catégories, ces trois premiers
cours du secondaire? En revenir à des matières de base, non plus
des spécialités.
M. Morin (Sauvé): Votre question porte plus directement
sur l'enseignement primaire, secondaire, peut-être qu'on pourrait garder
cela pour le moment où on abordera ce programme, si vous voulez. Je
voudrais ajouter, M. le Président, à l'intention du
député de Mégantic-Compton, que je me réjouis tout
particulièrement de ce qu'il vient de nous annoncer, c'est-à-dire
qu'il va s'intéresser personnellement à ces questions. Je sais
qu'il a eu l'expérience de la chose dans le passé et, de mon
côté et du côté de mon ministère, il ne
trouvera que coopération. Je suis heureux de le voir revenir à
ses anciennes amours, en quelque sorte.
Je ferai cependant un petit commentaire sur l'une des remarques dont il
nous faisait part tout à l'heure. Est-ce que nous faisons marche
arrière en ce moment ou est-ce que nous entrons dans une nouvelle phase
du développement de la pédagogie et des écoles? Je suis de
ceux qui pensent que la phase de centralisation était peut-être
inévitable, étant donné que, dans un premier temps, il
fallait égaliser les conditions d'accessibilité des
élèves à l'école à travers tout le
Québec. Or, vous savez l'état de choses qui régnait il y a
quinze ans. Rarement un enfant avait-il l'occasion d'aller au secondaire.
C'était la minorité qui allait au-delà de l'école
primaire, de sorte qu'il y avait une énorme tâche de mise en place
d'un réseau d'écoles secondaires, de collèges, qui
n'existait pas et, pour réaliser cette vaste opération, il
fallait sans doute que le balancier aille assez loin du côté de la
centralisation pour vraiment égaliser les chances, mais on peut dire que
cette phase, que cet objectif a été atteint. Je ne veux pas dire
qu'il n'y a pas encore de-ci de-là quelque école à
construire ou quelque collègue, ou des agrandissements à
effectuer; bien sûr, il en restera toujours. Il faudra toujours s'adapter
aux déplacements de la clientèle. Mais on peut dire que la phase
brique et béton est maintenant révolue et qu'on peut s'attaquer
à d'autres problèmes qui sont ceux du contenu de l'enseignement,
de ce qui se passe à l'intérieur de la brique et du béton
et, dans ce sens, il est nécessaire non pas peut-être de faire
marche arrière, mais que le balancier aille dans l'autre sens, dans
l'espoir de trouver quelque part un juste milieu entre des
préoccupations purement matérielles et des préoccupations
d'ordre pédagogique.
Le Président (M. Clair): Je n'ai pas d'autre intervenant
au niveau des commentaires généraux. Je pense que nous pourrions
donc commencer immédiatement l'étude des programmes dans l'ordre
proposé par le ministre. Oui, Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si c'est une question d'ordre
général. J'aurais aimé et ce serait ma seule
question avant d'aborder le premier programme que le budget global du
ministère de l'Education puisse être ventilé un peu? Il y a
$300 millions. Est-ce une augmentation? Dans les $3 437 000 000, c'est
ça $300 millions d'augmentation; quelle partie de cette masse est
consacrée à l'augmentation des salaires des fonctionnaires, du
personnel de soutien, des enseignants et des professeurs? Quelle est la partie
consacrée à l'entretien, à l'inflation et à
l'indexation? En fait, qu'est-ce qui reste strictement pour le
développement et l'amélioration des services
pédagogiques?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, Mme le
député voudra bien se référer aux pages 007 et 008
du cahier, où elle pourra prendre connaissance des chiffres qui
l'intéressent. Effectivement, les crédits ont augmenté,
d'une année à l'autre, de $299 millions, disons $300 millions en
gros, ce qui représente une croissance d'un peu plus de 10%.
C'est à la page 007 que vous pouvez voir que nous passons de $3
138 266 900 à $3 437 712 800. A la page suivante, vous avez ce qu'on
pourrait appeler les grands écarts ou les écarts
agglomérés, et vous pourrez constater que l'explication tient
surtout aux montants qui sont destinés aux réseaux
d'enseignement. Vous pouvez constater que l'administration du ministère
prend $11,7 mil-
lions tandis que le réseau d'enseignement totalise $287,7
millions.
Ensuite, aux points 1 et 2, sur la même page, vous avez la
ventilation générale des écarts, premièrement, pour
ce qui est de l'administration du ministère et, à moins que vous
ne vouliez entrer dans les détails immédiatement, étant
donné qu'il s'agit de montants, somme toute, assez peu
élevés, je préférerais m'attacher au
deuxième point qui est la ventilation des montants intéressant
les réseaux d'enseignement, pour un total de $287,7 millions. Comme vous
pouvez le voir, il y a d'abord ce qu'on appelle des coûts
antérieurs à 1977/78, c'est-à-dire que ce sont des
augmentations en quelque sorte automatiques. La révision des subventions
1975/76 et 1976/77 due à l'ajustement des coûts des conventions
collectives, explique à elle seule une croissance de $200 millions.
J'espère que vous avez les chiffres sous les yeux, page 008, dans
la toute première section.
Mme Lavoie-Roux: II me manquait une page, c'est pour
ça.
M. Morin (Sauvé): Je vais reprendre, Madame, pour que nous
puissions...c'est vraiment...
Mme Lavoie-Roux: Peut-être que toutes les réponses
sont là, je m'excuse.
M. Morin (Sauvé): Oui, elles y sont. Comme vous pourrez le
constater au point 2, c'est le réseau d'enseignement qui monopolise la
très grande partie de l'écart ou des écarts
agglomérés.
J'en étais à vous faire part de l'augmentation
causée par les coûts antérieurs, $199,4 millions en
subventions, suite à l'ajustement des coûts de conventions
collectives et $159 millions en arrérages aux commissions scolaires.
Au-delà de cela, vous n'avez que des brindilles.
Ensuite, il y a des ajustements aux différents coûts de
système, pour l'année 1977/78, comme vous le voyez, il s'agit de
$259,5 millions; des ajustements au service de la dette pour $18,4 millions et
des priorités 1977/78, dont je vous ai déjà parlé,
pour $3,7 millions, ce qui donne un sous-total de $666,5 millions. Il faut
défalquer de ce total les budgets supplémentaires de 1976 qui ont
payé une partie de ces coûts. Il faut donc défalquer $378,8
millions, ce qui laisse ce total, pour les réseaux, de $287,7
millions.
Mais ce sont, encore une fois, des écarts
agglomérés. Si vous voulez, dans chaque programme, par la suite,
nous pourrons voir le détail de ces écarts. Nous vous les
donnons, d'ailleurs, programme par programme.
Mme Lavoie-Roux: L'augmentation du budget qui va à du
nouveau développement, est-ce que c'est la différence entre $287
millions et $300 millions, pour ne pas se chicaner... Est-ce que c'est cela qui
est, en fait, du nouveau développement?
M. Morin (Sauvé): Non. Strictement parlant, le nouveau
développement, ce sont les priorités.
Mme Lavoie-Roux: C'est $3,7 millions?
M. Morin (Sauvé): C'est, en haut, sous l'administration du
ministère, et en vue de l'administration des priorités, $3,6
millions...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Et dans les réseaux, $3,7
millions.
Maintenant, si vous voulez qu'on aille à la page 0-13, on vous
donne les priorités.
Mme Lavoie-Roux: En fait, cela fait $7 millions? $7,4
millions?
M. Morin (Sauvé): $7 408 000. Si vous voulez prendre la
page 0-13, madame, vous y trouverez tous les détails de ces
priorités.
Mme Lavoie-Roux: Ah! bon. D'accord.
Le Président (M. Clair): Le député de
Bourassa sur...
Mme Lavoie-Roux: Un instant, s'il vous plaît. Est-ce que,
M. le ministre, vous considérez qu'il y a eu une indexation des
coûts de l'entretien, des coûts d'achat du matériel
didactique, qui coïncide réellement avec l'inflation?
M. Morin (Sauvé): Pour l'année scolaire 1977/78
à venir, l'indexation, pour les dépenses, autres que pour le
personnel...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ...a été 4%, ce qui se
traduit, dans les règles budgétaires 1977-1978, aux commissions
scolaires, par une indexation réelle de 6%, par un jeu de...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que l'inflation n'est pas d'environ 8,4%?
8,7%, je pense?
M. Morin (Sauvé): On n'a pas le chiffre exact encore. Il
est possible qu'elle soit de cette nature. L'an dernier, pour l'année
1976-1977, l'indexation pour les autres dépenses a été de
0%.
Mme Lavoie-Roux: Mais il reste que cela fait deux années
de suite qu'on restreint les budgets. La première fois, cela a
été de 6% et cette année, non seulement on ne fait pas le
rattrapage annuel mais on ajoute encore une restriction sur le plan de
l'indexation des coûts, ce qui veut dire que c'est cumulatif de 6%. Je ne
sais pas ce que cela aurait été l'an dernier, l'indexation, mais
de l'indexation de l'an dernier, plus cette partie qui n'est pas couverte cette
année... En même temps, les commissions scolaires doivent
s'ajuster à des diminutions de clientèle pour lesquelles il y a
une compensation vraiment très mineure accordée et simplement
dans le domaine de l'entretien où on finit par... Enfin, vous avez votre
calcul de $80 à l'élémentaire et de $100 environ au
secondaire,
multiplié par la moitié de la diminution des
élèves. Est-ce que c'est cela?
M. Morin (Sauvé): Exact. C'est-à-dire qu'il y a un
coussin qui est laissé aux commissions scolaires pour être capable
de faire face à la diminution de clientèle, en ne comptant que la
moitié de...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on peut conclure que, dans les faits,
par ces nouvelles restrictions imposées cette année, on finisse,
si ce n'est déjà fait, par toucher à la qualité des
services qu'on offre aux étudiants?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne sais pas
si on peut tirer tout de go cette conclusion aussi à
l'emporte-pièce que celle-là.
Mme Lavoie-Roux: Mais...
M. Morin (Sauvé): Evidemment, il faut tenir compte aussi
des montants qui sont mis à notre disposition par le ministère
des Finances. Il faut tenir compte qu'une bonne partie de ces montants d'argent
sont déjà retenus en fonction des conventions collectives sous
forme de salaires.
Néanmoins, j'ai mentionné bien sûr les
priorités, mais on pourrait mentionner aussi d'autres montants qui
constituent des bonifications par rapport à l'an dernier. Je pense, par
exemple, aux coûts de systèmes qui connaissent une augmentation de
l'ordre de 4% vous avez ces chiffres à la page 0-08 et une
indexation pour les autres dépenses et les variations de
clientèles également. En plus de cela, vous avez une
augmentation, un ajustement à l'aide financière aux
étudiants qui est causée par l'augmentation des clientèles
et par l'indexation des critères de l'attribution de l'aide. Or, cela
représente un montant de $12,1 millions, qui est indiqué
également à la page 0-08.
Compte tenu des contraintes budgétaires extrêmement lourdes
qui pèsent sur le gouvernement, j'estime que nous sommes arrivés
tout de même à bonifier et à améliorer certains
services offerts à la clientèle des élèves et des
étudiants. Nous n'arrivons pas à faire tout ce que nous
souhaiterions, j'en suis parfaitement conscient, mais, à
l'intérieur des contraintes, je puis vous dire que j'ai
été moi-même presque étonné de constater que
j'arrivais à faire dégager quelque $7 millions, dont l'obtention
paraissait très problématique au départ, pour les
priorités que j'ai indiquées au Conseil des ministres.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, malheureusement, sans
vouloir nier les efforts très louables que le ministre de l'Education a
dû faire auprès du Conseil du trésor ce sont des
hommes très sévères il reste qu'il est difficile
pour moi d'admettre qu'on bonifie le système. Vous insistez en
particulier sur les $12 millions qui vont aux étudiants pour couvrir des
frais de bourses ou de prêts, mais ma question portait évidemment
sur le niveau élémentaire et secondaire où ces $12
millions n'ont à peu près pas d'application, peut-être sauf
pour le professionnel à Vaudreuil ou quelques exceptions.
Il ne faut oublier que c'est la deuxième année qu'on
soumet les commissions scolaires à ce même principe de restriction
budgétaire et que les populations diminuant considérablement et
les allocations étant accordées per capita, c'est aussi une autre
façon pour les commissions scolaires de sentir ce serrement sur le plan
financier qui ne peut faire autrement que de se répercuter quant aux
projets que certaines commissions scolaires voudraient continuer, ou
développer, même si ce sont des projets assez restreints.
Je ne peux pas accepter votre explication. Je comprends que vous ne
pouvez peut-être pas faire autrement; je ne vous en fais pas reproche
personnellement, mais je ne peux pas laisser passer sous silence que le
système d'éducation, on ne lui accorde pas la priorité
qu'on prétend vouloir lui accorder.
M. Morin (Sauvé): Mme le député, je vous
dirai cependant ceci: L'an dernier, alors que l'argent coulait à flot,
pour un tas de folies que vous connaissez aussi bien que moi, l'augmentation
des coûts de système a été de 0%, sous l'ancien
gouvernement.
Cette année, en dépit des contraintes, on est
arrivé à ajouter 4%. Tirez vous-même les conclusions.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais faire
remarquer au ministre de l'Education que ce que je ne trouvais pas
justifié l'an dernier, je ne le trouve pas davantage justifié
cette année. On peut bien parler des Olympiques, etc., je pense que j'ai
eu personnellement des restrictions à cet égard et je suis ici
quand même pour promouvoir et défendre les intérêts
de l'éducation. Je me dois de faire remarquer que ce sont des
restrictions qui, répétées d'année en année,
compromettent, à plus ou moins long terme, la qualité des
services qu'on donne aux étudiants.
En fait, c'est... Alors, on le reprendra pour l'université et le
collégial, par la suite. Je pense qu'on s'en tenait au scolaire.
M. Morin (Sauvé): Sûrement.
Le Président (M. Clair): Le député de
Bourassa.
M. Laplante: Lorsque vous parlez, à la page 8, de moins
$54 millions d'augmentation de la taxe scolaire, quelle est l'explication?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, c'est tout
simplement l'augmentation du rendement de la taxe scolaire. Ce rendement a
augmenté et on vous donne les détails là-dessus,
d'ailleurs, à D-07, si vous voulez bien vous y référer.
Vous avez à D-07 un état comparatif des coûts de
système sur trois années, le coût redressé pour
1975/76, ensuite pour 1976/77 et, enfin, pour l'année qui vient. Si vous
vous référez à cela, vous verrez, au
bas, dans les revenus, au sous-total, que la croissance va de $552
millions...
M. Laplante: Ce qui m'amène à vous poser une
question...
M. Morin (Sauvé): ... à $591 millions. Oui, M. le
député?
M. Laplante: Quelle est la différence actuellement entre
1976/77 et 1977/78 pour l'aide aux commissions scolaires? Je crois que
c'était environ 32% des commissions scolaires qui se finançaient
par elles-mêmes. Vu l'augmentation dans les revenus des commissions
scolaires, à quel taux actuellement finançons-nous les
commissions scolaires? Le taux normalisé de la taxe est de $1... Par
contre, les commissions scolaires vont avoir des revenus accrus. Est-ce que ces
revenus accrus vis-à-vis du ministère de l'Education... On
finançait, disons, 70% du système scolaire, maintenant, à
quel montant le finance-t-on? On le finançait en 1976/77 et en
1977/78.
M. Morin (Sauvé): Si vous prenez la page D-07, vous avez
des revenus de taxes locales de $591,3 millions... un coût de
système de $2 212 000 000, ce qui donne un rapport d'à peu
près 72% ou 73% de subventions. Donc, la taxe locale et les autres
revenus sont de l'ordre de 27% à 28%.
M. Laplante: Ce que le député de L'Acadie
évoquait tout à l'heure, c'est surtout dans l'indice 90. On s'est
plaint souvent au ministère de l'Education qu'on ne différenciait
pas les commissions scolaires aux équipements vieillots tels qu'il
pouvait y en avoir à Montréal, Trois-Rivières,
Québec même, où on a un très grand nombre
d'écoles à entretenir qui ont parfois jusqu'à 60 ou 70
ans, qui ne coûtent pas le même prix d'entretien qu'une
école de 8, 10 ou 20 ans. C'est là-dessus que ces commissions
scolaires sont énormément pénalisées, à
cause de la grande diminution de leur clientèle. Avec un taux
d'occupation de 35% ou 40%, ces écoles qui recevaient peut-être
800 élèves, aujourd'hui en sont rendues à peut-être
300 élèves.
On est obligé d'entretenir ces écoles à pleine
capacité, même s'il n'y a que 300 élèves. Le
coût de la peinture, actuellement, dans ces... Seulement pour donner un
exemple, c'est qu'on est obligé d'entretenir ces écoles par
cycles de sept ans, au point de vue de la peinture seulement. C'est ça
qu'on n'a pas été capable, sous l'ancien régime, de faire
comprendre, c'est qu'il y a des besoins spécifiques dans ces commissions
scolaires. Je ne sais pas si, actuellement, de par les budgets, vous avez
reconnu un besoin spécifique chez les commissions scolaires qui
possèdent de vieux équipements.
M. Morin (Sauvé): Si vous voulez bien prendre la page
D-07, M. le député, vous allez constater que le poste "autres
coûts" est resté très constant, et est même en voie
de diminution légère, puisqu'on passe de $205 millions à
$199 millions et à $201 millions. D'autre part, si on jette un coup
d'oeil sur les inadmissibles au bas de la page, je pense qu'il faut constater
que les commissions scolaires ont fait preuve d'une bonne gestion en
général je pense qu'il faut le dire pour
l'année 1976-1977 en particulier, puisqu'on estime que les
dépenses inadmissibles sont demeurées constantes, voire qu'elles
ont diminué en dépit des restrictions budgétaires, ce qui
est tout de même remarquable.
M. Laplante: Ce que je voudrais vous faire comprendre
là-dedans, c'est que... C'est peut-être difficile pour le
ministère d'aller sur place dans ces commissions scolaires, mais ce
serait de faire un choix d'écoles, de faire une disparité
d'écoles...
M. Morin (Sauvé): ...
M. Laplante: ...par la vieillesse de l'école, de
l'établissement. On est pris avec de la vieille tuyauterie
là-dedans, de vieux systèmes électriques. Souventefois,
les pompiers passent et on nous oblige à faire certaines
réparations. Pour l'indice 90, après son budget adopté, la
commission scolaire ne peut plus récupérer. Elle n'est plus
capable. Elle est obligée de balancer son budget "à la cenne",
parce qu'elle n'a pas droit au déficit. Surtout qu'on n'a pas de pouvoir
de taxation. Cela fait rire Mme le député de L'Acadie, parce
qu'on en a parlé drôlement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vou: drais
quand même dire que ma préoccupation allait bien au-delà de
l'entretien.
M. Laplante: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Parce que je regarde... Espérons qu'il
n'y aura pas d'augmentation d'huile, ce qui me semble peu probable. Cela ne
vous regarde pas, l'huile?
M. Laplante: C'est tout ça, l'huile,
l'électricité...
Mme Lavoie-Roux: Non, mais enfin, c'est l'indexation du
matériel didactique. Je vais mentionner une autre chose qui peut
être un détail: La politique d'achat, qui pourra aussi avoir une
conséquence peut-être minime, si vous voulez. Ce n'est pas parce
que je suis contre la politique d'achat, mais c'est encore un coût
supplémentaire que les commissions scolaires devront peut-être
absorber, comme elles ont dû absorber aussi je n'en tiens pas
rancune au gouvernement actuel la fameuse politique du livre.
Finalement, ce sont des coûts supplémentaires. Sans compter que la
diminution rapide des élèves elle-même ne permet pas, comme
vous le savez, de diminuer au même rythme les frais d'administration ou
les services pédagogiques.
Enfin, ce sont toutes ces rubriques, ajoutées les unes aux
autres, qui font que les gens se trouvent finalement extrêmement
serrés et cela ne peut faire autrement que d'avoir un effet de
contrainte qui, pour moi, est au détriment de l'éducation.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais tout de même vous
faire observer que nous ne connaissons pas encore les conséquences de la
politique d'achat. Si on se fie à l'expérience de
l'Hydro-Québec, on doit dire que cela n'a pas entraîné de
croissance extraordinaire des coûts.
Mme Lavoie-Roux: Si cela n'existe pas, tant mieux.
M. Morin (Sauvé): Si cela devait entraîner une telle
croissance, il est évident que dans un gouvernement qui veut pratiquer
un minimum de synchronisation entre ses divers minitères, nous devrons
en tenir compte. Je le pense bien. Nous n'avons pas encore de chiffres qui nous
permettent de penser que la nouvelle politique des achats aura des
répercussions fâcheuses pour les commissions scolaires.
Mme Lavoie-Roux: Je le souhaite bien.
M. Morin (Sauvé): Encore une fois, si c'était le
cas, il faudrait réexaminer notre affaire.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: J'aurais deux questions à poser au ministre.
Vous nous avez référés à la page 0-13. Cela donne
des montants additionnels au sujet de certaines priorités que votre
ministère peut avoir pour l'année courante et je remarque que
pour l'enseignement de la langue seconde, vous n'avez aucun montant
d'alloué. Cela veut-il dire que vous n'accordez pas de priorité
à l'enseignement de...?
M. Morin (Sauvé): Non. Ce n'est pas ce que cela veut dire.
Cela veut dire que nous avons l'argent dans notre enveloppe
générale. Nous ne manquons pas de fonds, soit pour le
français et l'anglais, langue seconde, soit pour l'enseignement des
langues d'origine. Une bonne partie de l'effort qui sera consenti cette
année consiste à la mise en place des programmes, des
méthodes d'évaluation et nous pouvons accomplir cela avec les
moyens que nous avons déjà au ministère.
M. Ciaccia: Cela veut-il dire que vous avez le même budget
pour l'année 1977/78 pour l'enseignement de la langue seconde que celui
de 1976/77?
M. Morin (Sauvé): II faut distinguer le budget des
commissions scolaires du budget du ministère. Dans le budget
général des commissions scolaires, le même budget que
l'année précédente, il y a essentiellement des effectifs.
Les mas- ses salariales sont forcément indexées selon les
conventions collectives de sorte que c'est le même budget, si on veut,
mais ce ne sont pas les mêmes chiffres. A l'intérieur du
ministère, nous avons déjà les équipes en nombre
suffisant pour travailler aux programmes et aux méthodes
d'évaluation. Il s'agit de la même base budgétaire, mais de
chiffres différents puisque les salaires ont été
ajustés. Il n'y avait pas nécessité d'ajouter à
l'intérieur du ministère des montants supplémentaires pour
spécifier les programmes et évaluer les méthodes.
M. Ciaccia: Alors, vous n'avez pas de montants additionnels que
vous avez alloués à l'enseignement d'une langue seconde?
M. Morin (Sauvé): Non. Nous n'en avons pas besoin. Il ne
faudrait pas confondre une priorité du ministère avec des
augmentations budgétaires. On peut très bien avoir une
priorité, une politique de développement dans tel domaine, sans
que cela n'entraîne nécessairement des dépenses.
M. Ciaccia: Mais dans les autres secteurs, vous avez, par
exemple... Vous mentionnez l'enseignement de l'histoire et de la
géographie...
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Ciaccia: ...le plan de développement de
l'éducation chrétienne. Vous avez ajouté des montants pour
ces priorités.
M. Morin (Sauvé): C'est juste. Il est évident que,
dans la mesure, M. le député, où le ministère va
réussir, au cours de l'année qui vient, à préciser
les programmes de français et anglais, langue seconde, de même
qu'à mettre sur pied des programmes d'enseignement des langues et des
cultures d'origine, l'an prochain, on verra apparaître des montants,
parce qu'il faudra trouver du personnel, il faudra mettre en oeuvre les
politiques que nous aurons déterminées pendant l'année.
Donc, normalement, l'année prochaine, vous devriez voir apparaître
des montants vis-à-vis de ces projets. La raison pour laquelle il y a $3
millions devant le français, langue maternelle, c'est que c'est un
projet qui est déjà en route et que nous renforçons, mais
que nous n'avons pas à élaborer. Il existe déjà un
programme de perfectionnement des maîtres du français.
M. Ciaccia: Alors, peut-être que nous pourrons revenir
à l'enseignement, car il y a un autre programme qui parle de
l'enseignement des langues secondes. C'est une priorité pour l'avenir.
Ce n'est pas une priorité pour l'exercice 1977/78.
M. Morin (Sauvé): Si. Au sein du ministère, c'est
une priorité pour cette année même, mais nous ne pensons
pas avoir besoin d'argent supplémentaire pour la réaliser.
M. Ciaccia: Une autre question.
M. Grenier: J'aurais aussi une question sur le même
sujet...
Le Président (M. Clair): J'ai sur liste, sur le même
sujet, le député de Papineau après.
M. Ciaccia: Je n'avais pas fini. J'avais une autre question.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal, vous avez d'autres questions sur le même sujet?
M. Ciaccia: Oui, sur le même sujet. Le ministre a fait une
déclaration où il s'était référé
à l'administration des commissions scolaires et à leur bonne
gestion. Je me réfère à une déclaration...
Le Président (M. Clair): Je pense, M. le
député de Mont-Royal que, sur le financement
général, il y avait d'autres questions. Peut-être...
M. Ciaccia: Ce serait sur le financement général
de... Vous aviez dit que la suppression de l'impôt foncier scolaire
pourrait conduire à de l'irresponsabilité financière chez
les commissions scolaires. Alors, question de financement général
pour le domaine de l'éducation, est-ce votre intention de maintenir la
taxe scolaire ou est-ce votre intention de changer le mode de financement et de
le remplacer par une ou d'autres formules?
M. Morin (Sauvé): Tant qu'on n'aura pas trouvé de
formule de taxation qui permette de décentraliser dans le domaine
scolaire et de maintenir la responsabilité des élus locaux pour
les dépenses qu'ils effectuent, je pense qu'il faut maintenir, je ne dis
pas qu'on doive le faire de façon perpétuelle, mais en attendant
qu'on ait trouvé une meilleure formule, je crois qu'il faut maintenir
l'impôt foncier scolaire.
Certains de mes collègues ont élaboré des
hypothèses à cet effet, qu'éventuellement, on en vienne
à l'idée d'une fusion des impôts fonciers, mais nous n'en
sommes pas là, et avant d'en venir là, il y a bien des
étapes à franchir et il va couler beaucoup d'eau dans le
Saint-Laurent, à mon avis personnel.
J'estime que nous commettrions une erreur importante si nous allions
décentraliser d'une main et donner des responsabilités accrues
sur le plan de la gestion et sur le plan pédagogique aux commissions
scolaires pour recentraliser financièrement de l'autre main.
Je crois, comme on dit dans votre langue maternelle, qu'il y aurait
là un cas de "crossed purposes", n'est-ce pas et que nous serions en
contradiction avec nous-mêmes.
M. Ciaccia: II faudrait que vous le disiez en italien, si vous
voulez le dire dans ma langue maternelle.
M. Morin (Sauvé): Oui, comment dit-on ça en
italien, ça doit être fort joli. Una contradizione?
M. Ciaccia: Contradizidne. Peut-être avez-vous raison en
termes de finance et en termes de réalisme, mais je crois que le
programme de votre parti préconisait l'abolition de la taxe
scolaire.
M. Morin (Sauvé): Mais j'ai cru remarquer dans le cahier
des résolutions du prochain congrès un certain nombre de
résolutions qui tendent à nuancer cette affirmation. On verra
bien, de toute façon, au cours de la fin de semaine prochaine, ce qu'il
va en être.
Naturellement, le gouvernement devra tenir compte de ce qui sera
voté à l'occasion de ce congrès. Je vous ai donné
l'opinion du ministre, qui n'est pas loin d'être celle du
gouvernement.
Le Président (M. Clair): J'ai la liste actuellement de
plusieurs députés mais j'ignore si c'est exactement sur la
même question, les députés de Mégantic-Compton,
Papineau, Rosemont et L'Acadie. Quels sont ceux qui désirent intervenir
exactement sur la même question de l'impôt foncier actuellement?
Alors, dans l'ordre, le député de Mégantic-Compton,
Papineau, Rosemont, L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je propose l'ajournement, il est 6 heures, M. le
Président. S'il faut vider ce débat, nous en avons
jusqu'à...
Le Président (M. Clair): Etant donné qu'il est 6
heures, effectivement, nous allons ajourner nos travaux à demain matin,
10 heures, et nous reprendrons la même liste pour les intervenants,
demain matin.
(Fin de la séance à 17 h 57)