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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications
Etude du projet de loi no 22
Loi sur la langue officielle
Séance du mercredi 17 juillet 1974
(Onze heures vingt et une minutes)
M. GRATTON (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs !
Avant de passer à l'article 1, j'aimerais aviser la commission
des députés qui la composent ce matin: M. Séguin
(Pointe-Claire), M. Charron (Saint-Jacques), M. Déom (Laporte), M.
Cloutier (L'Acadie), M. Hardy (Terrebonne), M. Lapointe (Laurentides-Labelle),
M. Brown (Brome-Missisquoi), M. Morin (Sauvé), M. Parent
(Prévost), M. Phaneuf (Vaudreuil-Soulanges), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier), M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Veilleux (Saint-Jean).
Article 1.
M. MORIN: M. le Président, avant que nous passions à
l'article 1, j'aurais une proposition à faire. L'expérience de la
première journée de nos débats en commission, hier, me
porte à douter de l'utilité de l'exercice que nous avons
entrepris. Je vous avoue qu'étant donné les conditions
climatiques et psychologiques qui ont caractérisé cette
première journée, je suis de plus en plus perplexe. Aussi
voudrais-je tenter un dernier effort pour persuader le gouvernement que les
conditions de ce débat ne sauraient être plus mauvaises.
M. BOURASSA: II fait beau.
Motion de report des travaux
M. MORIN: Nous nous attendions à beaucoup plus de
coopération de la part du gouvernement et, plus je
réfléchis à cela j'y ai longuement
réfléchi à la fin de nos travaux hier soir plus je
me persuade que nous devrions prendre le temps de réfléchir,
prendre le temps de nous assurer aussi de la constitutionnalité du
projet de loi. Je vous avoue que l'intervention du premier ministre du Canada
m'a étonné et m'a, du même coup, persuadé qu'il
convenait de prendre le temps de réfléchir et de s'assurer de la
constitutionnalité du projet que le gouvernement nous a
présenté. Aussi, suis-je porté, sans le plaider plus
longuement qu'il ne faut, sans insister à titre de dernier effort,
à faire la motion suivante: "Que la commission fasse un rapport
spécial et intérimaire à l'Assemblée pour demander
l'autorisation de ne poursuivre ses travaux qu'après la fin de
l'ajournement d'été". Voilà ma motion, M. le
Président.
M. BOURASSA: Parce qu'on a dit au niveau fédéral qu'il se
faisait des études, tout de suite, vous croyez tout de suite que le
gouvernement du Québec ou que le Parlement du Québec parce
qu'on dit, en réponse à une question, qu'on fait des
études doit se paralyser.
M. MORIN: Non, ce n'est pas cela.
M. BOURASSA: C'est cela la conception de...
M. MORIN: Tout d'abord, mon premier argument le premier ministre
ne m'écoutait peut-être pas à ce moment-là
mon premier motif, ce sont les conditions...
M. BOURASSA: Climatiques.
M. MORIN: ... psychologiques et climatiques aussi, lesquelles ne
sauraient être plus désavantageuses pour les fins d'un
débat sérieux.
M. BOURASSA: Oui, mais ce n'est pas le...
M. MORIN: En second lieu, le fait que les règlements ne sont pas
encore rédigés, que nous n'allons être saisis que des
grandes lignes de la législation déléguée.
Troisième motif, le fait qu'il y ait des doutes sérieux sur la
constitutionalité de l'article 2 en particulier...
M. BOURASSA: On y verra.
M. MORIN: ... et nous pensons qu'il y aurait lieu d'étudier la
question à fond avant de s'aventurer.
M. BOURASSA: M. le Président, avant de répondre sur tous
ces points, je veux rappeler au chef de l'Opposition que le gouvernement a
siégé à plusieurs reprises au mois de juillet durant les
années soixante. Ce n'est pas simplement depuis que je suis chef du
gouvernement que j'ai cette propension à faire siéger au mois de.
juillet. En 1967, je crois on a siégé jusqu'au 10
août...
M. HARDY: En 1965.
M. BOURASSA: En 1964 également, on avait siégé au
mois de juillet et cela se fait également dans beaucoup d'autres
Parlements. Je crois qu'en Angleterre et en France on siège
également au mois de juillet.
M. MORIN: Je vous parle d'un projet de loi très important et
aussi controversé comme celui-ci.
M. CLOUTIER: M. le Président, les comités siègent
aux Etats-Unis en ce moment, on siège en France en ce moment. Il ne faut
quand même pas penser que les Québécois doivent prendre des
vacances aussitôt que le soleil paraît.
M. MORIN: II n'est pas question de prendre des vacances, M. le
Président, ce n'est pas ce que j'ai dit. Parce qu'il y a d'autres
projets de loi qui peuvent nous tenir fort bien occupés pour deux ou
trois semaines encore, à la Chambre.
M. BOURASSA: Non, non.
M. MORIN: II y a d'autres problèmes devant la Chambre. Je parle
de ce projet de loi, je ne parle pas des autres. Je dis qu'il est
controversé, qu'il n'est visiblement pas mûr, qu'il fait l'objet
maintenant d'une contestation possible sur le plan constitutionnel, du
côté fédéral...
M. BOURASSA: A l'article 2.
M. MORIN: Je vous propose tout simplement, comme je l'ai fait dans ma
motion, de poursuivre les travaux à la fin de l'ajournement
d'été.
M. BOURASSA: Je n'ai pas beaucoup de conviction.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable ministre des...
M. HARDY: M. le Président, avant que nous discutions du fond, ce
que nous avons déjà entamé, je voudrais soulever une
question de règlement, une question de forme.
Je pense, M. le Président, que la motion telle que
formulée par le député de Sauvé est
irrégulière. Elle est faite, à première vue, en
vertu de l'article 157. En vertu de l'article 157, tout ce que la commission
peut faire, c'est de demander l'ajournement de ses travaux. Elle n'a pas
à demander l'autorisation de ne poursuivre ses travaux qu'après
la fin de l'ajournement d'été. Elle ne fait que demander
l'ajournement de ses travaux et c'est, à ce moment, à la Chambre
de décider quand elle devra siéger.
Quand on fait une motion en vertu de l'article 157, on fait rapport et,
à ce moment...
M. MORIN: Vous l'avez la motion. M. HARDY: Je l'ai devant moi.
M. MORIN: Nous demandons l'autorisation à la Chambre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: A ce moment, c'est la Chambre qui décide.
M. MORIN: C'est cela.
M. HARDY: De toute façon, M. le Président, l'ajournement
d'été, cela n'existe pas.
M. BURNS: Lisez donc la motion traditionnelle de la fin des travaux.
M. HARDY: M. le Président, à l'heure présente, ce
n'est pas la motion qui suspend certains articles du règlement qui va
décider si l'on va ajourner ou non. En ce moment, on ne sait pas quand
on va ajourner. Théoriquement, c'est possible qu'il n'y ait pas
d'ajournement.
M. BURNS: C'est possible.
M. HARDY: C'est-à-dire que l'actuelle session pourrait se
poursuivre jusqu'en décembre. Pour toutes ces raisons, M. le
Président, sur le fond, on pourra en discuter plus tard mais quant
à la forme, je considère que la motion ne répond pas aux
prescriptions de l'article 157.
M. BURNS: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Sur la forme?
M. BURNS: Sur la question de règlement. Je vous
réfère je n'argumenterai pas longtemps là-dessus,
il me semble que c'est tellement évident que le ministre des Affaires
culturelles n'a pas raison à une décision récente
d'un président de commission et non le moindre, c'est-à-dire le
président de l'Assemblée nationale, à titre de
président de la commission de l'Assemblée nationale. Je vous
réfère à la décision qu'il a rendue, M. le
Président.
M. CLOUTIER: Je l'ai demandé, mais je ne l'ai pas eu. Vous me le
prêtez?
M. BURNS: Je ne vous dérange pas, M. le ministre?
M. CLOUTIER: Non, pas du tout. Mais ne parlez pas trop fort.
M. BURNS: D'accord.
J'ai couru après, M. le ministre. Je l'apprends.
Je disais donc, M. le Président, avant d'être si gentiment
interrompu par le ministre, que, récemment, le président de
l'Assemblée nationale qui siégeait comme président
de la commission de l'Assemblée nationale, en particulier dans l'affaire
que j'ai soulevée relativement au député de Johnson
a eu à rendre une décision. Ce qui ressort de sa décision,
je n'ai pas le journal des Débats devant moi, mais je peux vous citer de
mémoire, à peu près, la décision du
président.
Il a, d'une part, déclaré qu'il était parfaitement
régulier, pour une commission qui avait reçu un mandat de
l'Assemblée nationale et c'est le cas ici de se poser des
questions sur son mandat. La façon de se poser des questions sur son
mandat était de faire un rapport spécial à la Chambre.
Cela commençait par la commission elle-même qui se posait la
question, qui n'a pas autorité et je ne pense pas que le chef de
l'Opposition prétende par sa motion changer son mandat de changer
le mandat que l'As-
semblée nationale lui a donné, mais qui a quand même
l'autorité pour se poser des questions sur son mandat, et revenir
à la Chambre et dire: Est-ce que vous ne voudriez pas préciser
notre mandat?
C'est la décision que le président de l'Assemblée
nationale a rendue. La date, malheureusement, ne me vient pas à
l'esprit, mais je pense que c'est vers le 4 juillet, sauf erreur, sinon le 4
juillet, c'est quelques jours plus tard, lorsque le ministre de l'Immigration
faisait une motion qui voulait modifier la motion qui avait été
adoptée en Chambre. Le président a dit: Je ne peux pas l'accepter
dans la forme où vous la faites, mais je vous suggère la forme
suivante: Faites donc, si c'est votre intention, un rapport spécial
à la Chambre, selon lequel vous voulez faire préciser votre
mandat.
Ce que le chef de l'Opposition fait actuellement par sa motion,
il nous dit que la commission aimerait savoir si l'Assemblée nationale
ne l'autoriserait pas à ne poursuivre ses travaux qu'après la fin
de l'ajournement d'été je pense que c'est tellement
évident, et si vous vous posez des questions, je vous suggère de
suspendre très brièvement deux ou trois minutes. Non, je ne veux
pas retarder la commission pour cela; je vous dis de suspendre la commission
deux ou trois minutes et vérifier la décision du président
que j'irai vous chercher immédiatement et sans aucun délai. Il me
semble que c'est tellement fondamental. Il ne faudrait quand même pas
que, à cette commission, on renverse une décision qui
était rendue par le président de l'Assemblée nationale il
y a tellement peu de temps, c'est-à-dire moins de deux semaines.
Deuxièmement, M. le Président, l'argument que le ministre
donne concernant l'ajournement de fin d'été, je trouve qu'il est
fallacieux pour le moins, parce...
M. HARDY: Frivole à sa face même.
M. BURNS: Frivole à sa face même, sûrement. Je pense
que la raison est bien simple. C'est que cette formule d'ajournement de fin des
travaux d'été est régulièrement utilisée par
la motion...
M. HARDY: Elle n'est pas reconnue...
M. BURNS: ... même du leader du gouvernement lorsqu'il fait
siéger la Chambre selon la méthode traditionnelle. Habituellement
cette motion... Je sais que celle que nous avons actuellement et qui
régit nos travaux, se lit à peu près comme suit: Que d'ici
à la fin des travaux ou à l'ajournement d'été, les
règles suivantes dirigent nos travaux. Alors, je dis, M. le
Président, que c'est parfaitement recevable, cette motion. Je ne vois
vraiment pas en quoi vous pourriez, sur le plan de la forme, ne pas
l'accepter.
M. HARDY: M. le Président, deux mots sur les propos du
député de Maisonneuve. M. le Président, la décision
que vous citez du Président, ne s'applique d'aucune façon ici.
C'est évident que la commission a le droit de retourner à
l'Assemblée nationale pour faire préciser son mandat. Il n'y a
pas de doute là-dessus, et la décision, qui a été
rendue l'autre jour en commission de l'Assemblée nationale, était
à cet effet.
Mais, M. le Président, en plus du fait, encore une' fois, que
l'ajournement d'été n'a aucune existence légale et
même réelle, de plus, M. le Président, je soutiens
qu'adopter la motion telle que formulée, ce serait changer le mandat que
nous avons reçu de la commission de l'Assemblée nationale. Parce
que le mandat que nous avons reçu de la commission de l'Assemblée
nationale...
M. MORIN: Vous plaidez au fond.
M. HARDY: M. le Président, voulez-vous demander à celui
qui est rayé du Barreau depuis quinze ans, d'attendre un peu mon
argumentation pour savoir si je plaide sur le fond ou sur la forme.
M. MORIN: Je voudrais... M. le Président, une seconde !
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MORIN: L'inculte ministre des Affaires culturelles...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MORIN: ... vien d'avoir, à mon endroit, des paroles plus que
désobligeantes. Je désire qu'il les retire, parce qu'il sait
qu'elles sont fausses.
M. HARDY: M. le Président, je voudrais ajouter que le
député de Sauvé est rayé du Barreau volontairement,
de sa propre volonté.
M. MORIN: M. le Président, ceci est fort ambigu et frise la
méchanceté.
M. HARDY: Le député de Sauvé... M. MORIN: Cela
frise l'hypocrisie!
M. HARDY: Le député de Sauvé, M. le
Président, s'est rayé volontairement du Barreau...
M. BOURASSA: Personne ne pense... M. BURNS: M. le Président, je
demande...
M.HARDY: ... en décidant de ne plus s'inscrire. C'est clair.
M. BURNS: ... que vous exigiez du ministre qu'il retire ses paroles.
M. BOURASSA: Personne ne pense un seul instant...
M. BURNS: Ce sont deux choses bien différentes, M. le
Président, que de ne pas rester membre du Barreau, parce qu'on ne le
désire pas, ou d'être rayé.
M. BOURASSA: Oui.
M. BURNS: L'aspect du mot "rayé"... Je fais appel au ministre de
la Justice pour vous expliquer la différence entre les deux.
M. MORIN: Tout le monde connaît le sens du mot "rayé".
M. BOURASSA: M. le Président, personne ne pense un seul instant
que le député de Sauvé ait pu être rayé du
Barreau. Personne !
M. LESSARD: Est-ce que le ministre...
M. BOURASSA: Si vous voulez encore trouver un moyen de prolonger la
discussion...
M. BURNS: Non...
M. MORIN: Qu'il retire ses paroles!
M. BOURASSA: II les a retirées.
M. HARDY: Je regrette. Je n'ai rien à retirer, parce que ce que
j'ai dit est tout à fait conforme à la réalité.
M. CHARRON: Il a l'air fin, le premier ministre!
M. HARDY: J'ai dit, M. le Président, que le député
de Sauvé était rayé du Barreau et j'ai ajouté par
la suite: "rayé volontairement, en décidant de ne plus
s'inscrire". Bon! C'est clair? Il n'y a que le député de
Maisonneuve qui ne comprend pas cela.
M. BURNS: Non, non. Vous n'avez même pas dit "en décidant
de ne pas s'inscrire".
M. HARDY: Je viens de le dire. Vous écoutez seulement ce que vous
voulez.
M. BURNS: Tout à l'heure, quand vous avez dit: Surtout qu'il est
rayé du Barreau depuis quinze ans, il y a une différence.
M. BOURASSA: II a été volontairement...
M. MORIN: Je voudrais dire que, si le ministre...
M. HARDY: Cela fait partie des amabilités que le
député de Sauvé a l'habitude d'avoir à mon
endroit.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. MORIN: Si le ministre veut porter le débat à ce niveau,
cela sera une journée fort désagréable. En ce qui nous
concerne, nous aimerions mieux que le climat soit serein...
M. HARDY: Nous aussi.
M. MORIN: ... avec de temps en temps des prises de bec
inévitables...
M. HARDY: Nous aussi.
M. MORIN: ... mais les injures, ce genre d'insinuations n'ont pas leur
place dans cette commission.
M. HARDY: Nous aussi nous voulons que le débat soit serein.
M. MORIN: Alors, je demande très poliment et aimablement au
ministre...
M. HARDY: Oui.
M. MORIN: ... de rectifier ses propos.
M. BOURASSA: II l'a fait trois fois.
M. MORIN: Non. Parce que le ministre sait très bien que le mot
"rayer" a un sens précis et que, lorsqu'on se désaffilie du
Barreau, on n'est pas rayé. On se désaffilie volontairement. Il
joue avec le vocabulaire et ce sont, pour parler le langage de ma jeunesse, des
"incinérations malveilleuses".
M. HARDY: Je suis parfaitement d'accord sur le fait que les
débats à cette commission comme à toutes les commissions
devraient se tenir à un niveau le plus élevé possible,
mais la responsabilité de maintenir le débat à un certain
niveau appartient à tous les membres de la commission. Ce n'est pas
à sens unique...
M. MORIN: Oui.
M. HARDY: ... et s'il y a un député ici qui ne fait pas
toujours tout ce qu'on doit faire pour maintenir le débat d'une
façon sereine, s'il y a un député qui interrompt de
n'importe quelle façon...
M. MORIN: Allons donc!
M. CHARRON: C'est le député de Terrebonne.
M. HARDY: ... et à tout propos d'autres députés...
c'est le député de Terrebonne et c'est le député de
Sauvé. Là-dessus, on est sur un pied d'égalité.
M. MORIN: Bon. Alors, retirez vos paroles. M. HARDY: Je n'ai rien
à retirer.
M. MORIN: Et l'incident sera clos. Je vous préviens, je
n'accepterai pas vos paroles et je demande au président de vous demander
de les retirer.
M. HARDY: Je n'ai rien à retirer.
M. BOURASSA: Le député a dit "volontairement". A moins que
le chef de l'Opposition ne veuille ce matin... Il est très susceptible.
Le ministre des Affaires culturelles a dit que c'était "volontairement",
c'est-à-dire que le chef de l'Opposition avait décidé de
renoncer à la pratique.
M. HARDY: De ne plus s'inscrire.
M. BOURASSA: Donc, il s'était rayé volontairement. A moins
de vouloir absolument...
M. MORIN: Vous aussi, vous jouez sur les mots. Vous êtes juriste,
vous-même. Je ne sais pas si vous avez été avocat, mais
vous êtes juriste.
M. BOURASSA: Oui. J'ai été avocat, mais pas longtemps.
M. MORIN: Vous savez ce que signifie le mot "rayer"; vous savez ce qu'il
signifie. Je vous demande vous aussi de le retirer. Faites bien attention.
M. BOURASSA: J'ai été nommé c.r. Je crois que je
peux interpréter les textes au moins avec autant d'autorité que
le chef de l'Opposition. J'ai été nommé conseiller de la
reine il y a quelques semaines.
M. LESSARD: Sans jamais l'avoir conseillée!
M. BOURASSA: Je l'ai même offert au chef de l'Opposition. Il l'a
refusé.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. MORIN: Voyez-vous cela, le chef de l'Opposition, conseiller de la
reine! Cela serait du propre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que le ministre des Affaires
culturelles a fini d'argumenter sur la motion?
M. HARDY: Non. Je n'avais pas encore commencé. On m'a interrompu
comme d'habitude.
M. CHARRON: II y a une impasse.
M. MORIN: II y a une impasse effectivement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ce n'est pas moi qui trancherai l'impasse. Je
m'en rapporte à une décision...
M. BURNS: M. le Président, je veux seulement vous mentionner,
à vous qui n'êtes pas de cette noble profession mais qui
êtes d'une autre noble profession...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, Dieu soit loué! Je remercie mon
directeur de conscience de m'avoir...
M. LESSARD: Puis-je vous dire que je vous approuve, M. le
Président?
M. BURNS: M. le Président, je veux simplement, et de façon
sérieuse, vous mentionner que, pour un membre du Barreau, le terme
"rayé" du Barreau, le terme "radiation", l'implication même est
péjorative. Je pense que n'importe quand, quand on parle de radiation du
Barreau, habituellement...
M. BOURASSA: Avez-vous plusieurs autres motions à
présenter?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Laissez faire cela. On va régler le
problème...
M. BOURASSA: Est-ce qu'on peut s'absenter, le ministre de l'Education et
moi-même...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que je pourrais rendre ma
décision?
M. BURNS: Vous pouvez vous absenter toute la journée, si vous
voulez.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je pense que le ministre des Affaires
culturelles a quand même qualifié son exclamation en disant qu'il
l'a faite volontairement. La décision que je rends est la même que
j'ai rendue dans le cas du député d'Anjou qui, au cours de la
semaine dernière, s'est senti visé lui aussi. Je
suggérerais... au chef de l'Opposition, s'il se sent visé dans
ses privilèges...
M. HARDY: Vous avez la peau bien tendre quand il s'agit de vous.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ...de soulever la question de
privilège à l'Assemblée nationale.
M. CHARRON: Sur un point de règlement.
M. HARDY: C'est pas mal plus sérieux pour vous que pour les
autres.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable
député de Saint-Jacques sur un point de
règlement.
M. CHARRON: Sur un point de règlement, est-ce que je pourrais
inviter le ministre de la Justice à accompagner le premier ministre et
le ministre de l'Education, parce qu'ils vont probablement modifier votre
amendement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Le ministre des Affaires
culturelles sur le point de règlement.
M. HARDY: M. le Président, avant l'interruption...
M. CHOQUETTE: Quelle méchanceté!
M. HARDY: ...absolument infantile de ceux qui siègent à
votre gauche, j'étais à dire que la motion du
député de Sauvé...
M. VEILLEUX: Un instant! Ils nous embarquent dans le même bateau
qu'eux. J'aimerais bien que le ministre...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. VEILLEUX: Lorsqu'il parle de ses honorables collègues de la
droite et...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. VEILLEUX: ...des gens à la gauche du président, il
devrait faire une distinction.
M. HARDY: Je dirai tout simplement, M. le Président, au
député de Saint-Jean...
M. LEGER: Ils osent même nous voler nos fauteuils, M. le
Président...
M. HARDY: M. le Président, je dirai...
M. SAINT-HILAIRE: Ils sont rendus qu'ils ont des fauteuils
marqués à leur nom.
M. HARDY: ...au député de" Saint-Jean que je n'employais
pas les mots "à gauche" dans le sens physique, mais dans le sens
parlementaire. M. le Président...
M. MORIN: Un instant, sur un point de privilège. Est-ce que le
ministre a retiré ses paroles oui ou non?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Non, il ne les a pas retirées.
M. HARDY: Je n'ai rien retiré.
M. MORIN: Je lui demande de les retirer, parce que s'il part sur ce
pied-là, moi aussi je peux commencer à lui dire qu'il a
été rayé aussi et des choses comme cela.
M. HARDY: Vous pouvez le dire si vous voulez.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: Ce serait contraire aux faits comme la plupart des choses que
vous affirmez.
M. MORIN: Ce serait fort désagréable.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MORIN: M. le Président, je vous ai demandé de bien
vouloir...
M. HARDY: Vous pouvez dire toutes les faussetés que vous
voulez.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je vous ai donné ma décision.
Vous n'écoutiez sûrement pas.
M. MORIN: Non. Vous n'avez pas rendu votre décision.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'ai dit que je ne décidais pas, que
je ne demandais pas au ministre des Affaires culturelles de retirer ses
paroles, que si vous vous sentiez lésé dans vos
privilèges, de soulever la question de privilège à
l'Assemblée nationale. Je me suis basé sur le
précédent que j'ai moi-même créé la semaine
dernière vis-à-vis du député d'Anjou.
M. LEGER: Question de règlement, M. le Président, je vous
demande une directive. Est-ce que ça veut dire que maintenant, devant ce
nouveau fait, il sera possible de s'invectiver ici, puisqu'on va régler
ça à l'Assemblée nationale? Est-ce que ce n'est pas mieux
de régler la question en commission pour éviter les abus...
M. HARDY: M. le Président, pour clarifier encore une fois...
pour, à la fois respecter...
M. LEGER: J'ai la parole actuellement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. LEGER: Je vous demande une directive...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je suis prêt à vous donner la
directive.
M. LEGER: ... est-ce qu'il n'est pas préférable...
donnez-moi la chance de vous l'exprimer jusqu'au bout.
M. BURNS: II ne l'a pas demandé encore.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ecoutez, vous m'incitez à suspendre
les travaux.
M. LEGER: Est-ce que ce ne serait pas préférable, M. le
Président, que vous régliez ici
des questions de privilège de ce style, de retirer des paroles
plutôt que de renvoyer la question à l'Assemblée
nationale?
M. HARDY: Je suis prêt...
M. LEGER: Avant qu'on retourne là, il se pourrait fort bien qu'on
ait beaucoup d'autres qualificatifs à dire devant les attitudes des
députés, en face de nous.
M. HARDY: M. le Président, je suis prêt à faire une
offre pour, à la fois, respecter les susceptibilités du
député de Sauvé...
M. LEGER: Non, non, l'honnêteté.
M. HARDY: ... et respecter également...
M. LEGER: Arrêtez de débiter...
M. HARDY: ... quand même une certaine logique. Je ne suis pas pour
retirer des choses qui sont exactes. Peut-être que les mots que j'ai
utilisés ne sont pas tout à fait conformes à ce que le
député de Sauvé... Je vais répéter ce que
j'ai dit parce qu'il n'est pas question que je le retranche. Mais je vais y
ajouter une explication encore plus claire pour qu'il n'y ait aucune confusion
dans l'esprit des gens. J'ai dit tantôt que le député de
Sauvé s'était rayé volontairement, de sa propre
initiative, du Barreau. Ceci voulait dire, pour que tout le monde comprenne
bien, qu'à un moment donné, le député de
Sauvé a décidé de ne plus s'inscrire au Barreau.
M. MORIN: Vous êtes un hypocrite, M. le ministre.
M. HARDY: Merci de votre gentillesse.
M. MORIN: Vous jouez avec des mots dont vous pesez très bien le
sens.
M. HARDY: M. le Président, voyez-vous comme le
député de Sauvé...
UNE VOIX: M. le député de Sauvé...
M. HARDY: ... ce n'est pas la première fois, à part
ça. Si je faisais la liste des injures qu'il a eues à mon
endroit, j'aurais quasiment une liste aussi longue que celle que le
député de Maisonneuve traîne quotidiennement avec lui. Mais
vous savez, le député de Sauvé a encore ses
réflexes de professeur qui prétend qu'il peut dire n'importe quoi
à ses élèves mais il ne faut pas qu'un élève
lève les yeux tout de suite. Il lui dit: Elève, sous votre
pupitre et pas un mot!
M. LEGER: A l'ordre, à l'ordre, M. le Président !
M. HARDY: Enfin, M. le Président...
M. MORIN: On voit bien qu'il y a longtemps que vous êtes
passé aux études.
M. LEGER: ... les nouveaux réflexes que tout ministre des
Affaires culturelles a eus, c'est de se penser au-dessus des autres.
M. HARDY: C'est-à-dire que je reconnais que les professeurs
d'aujourd'hui n'agissent plus comme ça, mais je parle des professeurs de
la génération du député de Sauvé.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Est-ce qu'on pourrait revenir
à la motion?
M. HARDY: M. le Président, je reviens... M. MORIN: Etes-vous
jamais allé à l'école? LE PRESIDENT (M. Gratton): A
l'ordre!
M. HARDY: C'est toujours la même gentillesse du
député...
M. MORIN: A vous écouter, on en douterait.
M. HARDY: ... de l'aristocrate député de Sauvé. M.
le Président, revenant à la recevabilité de la motion du
député de Sauvé, je dis que contrairement à ce que
prétendait tantôt le député de Maisonneuve, adopter
cette motion serait modifier le mandat qui nous a été
donné par l'Assemblée nationale.
Le mandat qui nous a été donné par
l'Assemblée nationale s'inscrit dans un processus législatif.
L'adoption d'une loi. Première lecture, deuxième lecture,
étude en commission plénière ou commission élue et
troisième lecture. C'est un mandat qui s'inscrit dans un cadre
très bien défini.
M. le Président, adopter cette motion serait, à toutes
fins pratiques, refuser le mandat qui nous a été donné
d'étudier la loi article par article. Ce serait tellement changer le
mandat qui nous a été donné que ce serait, en adoptant
cette motion, faire indirectement ce qui a été refusé
directement par l'Assemblée nationale.
A un moment donné au cours du débat de deuxième
lecture, une motion du Parti québécois voulait reporter à
trois mois l'étude de ce projet de loi. Cette motion a été
majoritairement refusée par l'Assemblée nationale.
L'Assemblée nationale a décidé de ne pas reporter à
trois mois l'étude du projet de loi, mais de l'étudier
immédiatement.
Si nous adoptions la motion du député de Sauvé, ce
serait à toutes fins pratiques remettre à trois mois et
peut-être davantage, l'étude du projet de loi. Ce serait modifier
catégoriquement le mandat qui nous a été donné et,
en plus des raisons que j'ai invoquées tantôt, je
considère, M. le Président, que c'est une autre raison qui fait
que cette motion est totalement irrecevable. La seule chose que nous pouvons
faire
actuellement, c'est de demander de faire rapport à
l'Assemblée nationale, et pas plus.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je suis maintenant prêt à rendre
ma décision.
M. LESSARD: M. le Président, j'aimerais répondre quand
même à trois points...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je suis prêt à rendre ma
décision sur la recevabilité...
M. LESSARD: Le député de Terrebonne a apporté un
nouveau point dans la discussion, à savoir la référence
à la motion que nous avions faite en deuxième lecture,
c'est-à-dire de remettre à trois mois la lecture. M. le
Président, je vous dis ceci.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Faites rapidement, parce que je suis
prêt à rendre ma décision.
M. LESSARD: Oui, rapidement, M. le Président. Il ne s'agit pas
d'abord de modifier le mandat que nous avons eu, soit, en commission
élue, d'étudier le projet de loi, article par article. Nous
n'avons pas eu mandat de l'Assemblée nationale d'un temps
déterminé pour étudier ce projet de loi article par
article.
M. le Président, la motion qui est présentée par le
député de Sauvé n'a pas pour but de modifier le premier
mandat que nous avons eu. La motion du député de Sauvé a
simplement pour but de retarder ce mandat, mais la commission élue va
continuer de fonctionner à la suite de l'ajournement
d'été.
Deuxièmement, M. le Président, ce que nous demandons dans
notre motion, c'est simplement l'autorisation. Il ne s'agit pas de modifier le
mandat. Nous demandons l'autorisation à l'Assemblée nationale de
pouvoir retarder ce mandat. Nous respectons le mandat, M. le Président,
mais nous voulons que ce mandat, nous puissions le réaliser après
l'ajournement d'été. C'est simplement cela qui est la motion du
député de Sauvé.
Je vous invite à ne pas tenir compte de la troisième
argumentation que le ministre des Affaires culturelles a soulevée...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je n'en tiendrai pas compte.
M. LESSARD: ... à savoir le renvoi à trois mois. Parce que
je vous dis que le ministre des Affaires culturelles se basait sur l'article 63
qui dit qu'une motion ne doit pas soulever une question identique au fond
à une question dont l'assemblée a décidé, pendant
la session en cours, à moins qu'elle n'indique des faits nouveaux.
Or, le député de Sauvé, M. le Président,
vous a indiqué tout à l'heure un certain nombre de faits nouveaux
aussi, à savoir la déclaration de
M. Trudeau concernant la constitutionnalité de cette loi. Il
s'agit d'un fait nouveau dont nous devons nous préoccuper
maintenant...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Cela va là.
M. LESSARD: ... à savoir aussi la connaissance des
règlements qui ne sont pas rédigés. C'est un fait nouveau
qu'on a appris hier, que cette réglementation n'était pas
rédigée. M. le Président je vous invite en
conséquence à accepter la motion de M....
M. BURNS: Je sais que vous êtes prêt, M. le
Président. Je ne veux pas abuser de mes droits, ni de votre patience. Je
veux simplement dire que j'ai mis la main sur la décision. Je ne la
citerai même pas, mais la décision du président de
l'Assemblée nationale à laquelle je me référais
tout à l'heure, les collègues qui voudront la vérifier
pourront voir le rouleau 75, parce que le journal des Débats de cette
séance de l'Assemblée nationale n'est pas encore imprimé,
mais la transcription est faite. Revoyons les pages 1 et suivantes, et en
particulier le rouleau 70, page 1, et le rouleau 74, page 1. Je pense, en tout
cas, que cette décision du président est tellement claire que je
me demande même pourquoi le ministre des Affaires culturelles avait
soulevé cette question.
Evidemment, il n'a peut-être pas suivi les travaux de cette
commission. Cela, je le lui pardonne, il était peut-être ailleurs,
mais la décision existe, M. le Président, et si vous voulez qu'on
la cite in extenso, je n'ai pas d'objection à le faire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Il est évident que la commission a eu
un mandat de l'Assemblée nationale qui a été assez clair,
soit de procéder à l'étude du projet de loi 22 article par
article. Je vous avoue, entre parenthèses, que, depuis la journée
d'hier de même que ce matin, je me pose de sérieuses questions sur
la recevabilité et la légalité de certaines des motions
qui ont été faites et débattues devant cette
commission.
J'ai entrepris une étude sérieuse du règlement que
je compléterai, j'espère, prochainement et qui m'amènera
peut-être à rendre une décision dans ce sens. Quant
à la motion du chef de l'Opposition qui est devant nous, je pense que je
peux la considérer comme recevable, mais, dans le fond, il s'agit d'une
motion d'ajournement des travaux, tel que prévu à l'article 157,
puisqu'il n'est pas question, dans le rapport de la commission, de demander une
précision sur le mandat. La motion, on n'en parle pas. Je pense que tout
le monde est d'accord que le mandat est clair. En vertu de l'article 157,
j'accepte la motion du chef de l'Opposition aux conditions de l'article 157
quant au droit de parole.
M. BURNS: Bine non, M. le Président. C'est une motion
régulière de la commission.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je dis que la motion...
M. BURNS: Ce n'est pas une motion.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... faite par le chef de l'Opposition en est
une d'ajournement purement et simplement.
M. BURNS: M. le Président, permettez-moi, à ce
moment...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous savez qu'en vertu de l'article 43...
M. HARDY: La décision est rendue.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... une décision du président
n'est pas... au contraire.
M. HARDY: Etes-vous capable de respecter l'autorité un peu?
M. BURNS: Je pensais que vous étiez au courant, M. le
Président, de la décision...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: ... et même de la suggestion de la forme faite par le
président de l'Assemblée nationale.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
M. HARDY: La décision est rendue. M. BURNS: M. le
Président, un instant!
M. LEGER: Un instant! Hier, on a protesté et vous n'avez pas
décidé...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: ... que c'était correct, parce que cela avait
été trop vite.
M. BURNS: Je l'accepte en vertu de l'article 157.
M. LEGER: Le président est...
M. BURNS: Cela veut dire que je n'ai pas le droit d'en parler?
M. HARDY: La décision est rendue sur la motion.
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est évident que vous avez le droit
d'en parler.
M. BURNS: Sur la motion?
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est évident.
M. BURNS: C'est d'accord, cela va. C'est une motion...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors vous êtes d'accord sur ma
décision?
M. BURNS: Non, c'est cela, je n'ai pas le droit de parler, parce que
c'est un discours de dix minutes. Je dis que c'est une motion
régulière de la commission.
M. HARDY: Non, l'article 157.
LE PRESIDENT (M. Gratton): On va faire un compromis et on va vous donner
ce que l'article 157 prévoit.
M. BURNS: Je demande simplement mes droits, je ne demande pas plus, je
demande mes droits. C'est tout.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je vous les donne tels que je les
interprète.
M. BURNS: Je vous cite la suggestion, cela va être très
bref.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Il n'y a pas de commentaire.
M. BURNS: Vous devez me donner ce droit.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous savez qu'il n'y a pas de
débat.
M. BURNS: Je trouve que c'est absolument injuste ce que vous êtes
en train de faire. Je ne peux pas le laisser faire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je m'en excuse, c'est sur...
M. HARDY: Vous ne pouvez jamais accepter l'autorité, c'est cela
le problème.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: C'est l'anarchie que vous voulez.
M. BURNS: M. le Président, c'est au contraire parce...
M. LEGER: Vous vous cachez derrière l'autorité pour faire
fonctionner...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: C'est l'autorité qui vous permet de fonctionner. Elle a
été abusive.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. BURNS: J'accepte tellement l'autorité du
président que je veux l'empêcher d'errer dans sa
décision.
M. HARDY: Vous vous considérez au-dessus du président.
M. BURNS: Je respecte en particulier la décision du
président de l'Assemblée nationale, dans une affaire
semblable.
M. HARDY: Ce n'est pas la même chose.
M. BURNS: C'est exactement la même chose. Voulez-vous que je vous
lise la motion qu'il a suggérée qu'on fasse? Voulez-vous que je
vous le dise?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Pourrais-je demander la collaboration du
député de Maisonneuve?
M. BURNS: M. le Président, c'est parce que je ne peux pas me
laisser brimer dans mes droits comme cela.
LE PRESIDENT (M. Gratton): II y a d'autres endroits qu'en commission, et
vous le savez, pour soulever ce genre de question.
M. BURNS: II va être trop tard, le préjudice est
causé, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je considère recevable la motion.
Là où on n'est pas d'accord, vous et moi, c'est strictement sur
la limite de temps alloué pour en débattre.
M. BURNS: Oui, parce que je dis que c'est une motion qui est
circonstanciée, qui n'est pas nécessairement de la nature de
celle qui entraîne un débat restreint à l'article 157.
C'est cela que je veux dire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): On n'est pas d'accord. C'est
malheureux...
M. BURNS: Non, on n'est pas d'accord, M. le Président. Le
président de l'Assemblée nationale n'est pas d'accord avec vous,
à part cela.
M. HARDY: II faudrait que ce soit le député de Maisonneuve
qui ait raison, pas le président.
M. BURNS: Non, je prétends que le président de
l'Assemblée nationale a raison. C'est cela que je vous dis.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. HARDY: Quand cela fait votre
affaire.
M. BURNS: J'ai toujours respecté la décision du
président. Souvent, je n'étais pas d'accord, mais je l'ai
respectée.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous savez qu'en vertu de l'article 43 il n'y
a pas de débat, il n'y a pas de commentaire à faire.
M. BURNS: M. le Président, est-ce que je peux vous lire la motion
que le président de l'Assemblée nationale lui-même a
suggérée?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Si vous voulez me la donner, je la lirai avec
grand intérêt pendant...
M. BURNS: Oui, parce que je suis sûr que vous allez changer
d'opinion.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ...qu'on débat la motion d'ajournement
des travaux.
M. LEGER: Accepteriez-vous de changer de décision après
l'avoir lue, pendant qu'on continue?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Si j'ai fait erreur, je l'admettrai
sûrement publiquement.
M. HARDY: Ce n'est pas un péquiste.
M. BURNS: II y a une motion de la même nature...
M. HARDY: II admet quand il se trompe, il n'est pas péquiste.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: On s'est basé sur cette décision pour faire la
motion, M. le Président, voyons donc!
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LESSARD: On va se baser sur quoi maintenant pour faire nos motions si
ce n'est pas sur les décisions du président? Mais sur quoi
va-t-on se baser?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que le député de
Saguenay exerce le droit de parole du parti de l'Opposition officielle?
M. LESSARD: Non, M. le Président, je vous pose des questions, une
directive.
LE PRESIDENT (M. Gratton): II n'y a pas de directive, la décision
est rendue...
M. LESSARD: M. le Président, j'ai toujours le droit en vertu des
règlements de vous questionner...
M. HARDY: II a le droit de ne pas répondre.
M. LESSARD: ... et de vous demander une directive. Vous avez pris une
décision. Or, la motion que nous avons rédigée ce matin se
base exactement sur une décision contraire, à savoir la
décision qu'a prise M. Jean-Noël Lavoie, le
président de l'Assemblée nationale, à une
même commission parlementaire, c'est-à-dire une commission
élue.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Cette argumentation a été
faite.
M. LESSARD: Voici la directive. M. le Président, nous de
l'Opposition, sur quel précédent va-t-on maintenant se baser? Sur
quel règlement maintenant va-t-on se baser pour préparer nos
motions si, lorsque nous préparons nos motions en nous basant sur des
décisions du président même de l'Assemblée
nationale, les présidents suppléants en commission parlementaire
nous disent que ces motions ne sont pas recevables? C'est la directive que je
vous demande.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je ne sais pas, je ne peux pas vous donner de
réponse très claire, mais peut-être devrez-vous vous baser
sur le précédent que je viens de créer en rendant ma
décision...
M. LESSARD: Qu'est-ce que ce sera le règlement?
M. LEGER: Un précédent comme ça, M. le
Président, ce n'est pas acceptable. Voyons donc!
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: II va savoir maintenant, M. le Président... La
directive qui vous est demandée est très sérieuse. Il va
falloir s'informer d'avance quel est le président qui préside
telle commission, parce que lui, il décide dans un sens, et l'autre
président, il décide dans un autre sens. On va dire: C'est le
député de Gatineau. Il ne faut pas faire notre motion comme cela,
parce que lui, il a créé un autre genre de
précédent. Ah! C'est le Président de l'Assemblée
nationale lui-même qui préside la commission. Lui, cela va. On
peut le faire de même, notre motion. Ecoutez, M. le Président,
c'est cela qu'on vous demande. Sur quoi voulez-vous qu'on se base strictement?
On veut bien le respecter, notre règlement, mais on veut respecter aussi
une certaine continuité dans les décisions.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'ai dit...
M. BURNS: On vous demande simplement d'être continu dans les
décisions prises par le président de l'Assemblée
nationale.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'ai dit et je le répète que
j'ai rendu ma décision, et je n'ai pas l'intention de la changer avant
d'avoir eu le temps de consulter et le président de l'Assemblée
nationale et la décision qu'il a rendue...
M. LESSARD: Si vous attendez...
M. BURNS: Suspendez donc pour trois minutes.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ma décision n'empêche pas
l'Opposition officielle ni les ministériels d'intervenir sur la motion
d'ajournement, puisque je considère que...
M. LEGER: Cela limite le temps.
M. LESSARD: Vous nous enlevez nos droits.
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est ce que c'est. Deuxièmement, j'ai
dit, et je le répète que, si je me suis trompé en rendant
ma décision, je le dirai, je l'avouerai et je m'en excuserai
auprès de l'Opposition officielle et de tous ceux que cela aura pu
brimer.
M. LESSARD: Dans ce temps, nous n'aurons...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je demanderai la collaboration de tous les
membres de la commission, et de procéder au débat prévu
à l'article 157 sur la motion d'ajournement.
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement et je
vous demande une directive.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
M. LEGER: M. le Président, est-ce que, selon vous...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: Je vous demande une directive... J'ai le droit de vous la
demander.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je ne vous en donnerai pas, de
directive...
M. LEGER: M. le Président, je vais toujours bien la demander, la
directive. J'ai le droit de le faire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Demandez-la. Je ne la donnerai pas.
M. LEGER: Bon! ...l'ouverture d'esprit du président. De toute
façon, ma directive est la suivante.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ecoutez...
M. LEGER: Est-ce que vous ne pensez pas que cela serait beaucoup plus
court si vous permettiez, en dedans d'une demi-minute, au député
de Maisonneuve de vous lire la décision du président de
l'Assemblée nationale? Cela prendrait une demi-minute pour vous la lire,
et vous seriez éclairé ensuite, non pas uniquement vous, puisque
si on vous la donne en cachette,
les autres députés ministériels ne le sauraient
pas, mais permettre au député de Maisonneuve de lire en dedans
d'une demi-minute, les sept ou huit lignes, qui sont dans la décision du
président, quitte ensuite à ce que vous changiez ou pas votre
décision. Ne pensez-vous pas que cela serait plus court que ce qu'on a
fait tantôt?
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'accepte votre suggestion, sauf que je la
qualifie... Que quelqu'un de l'Opposition officielle commence l'argumentation
en vertu de l'article 157, je pense bien que j'aurai le temps de lire la
décision pendant les premières dix minutes. Si je me suis
trompé, je le dirai à ce moment, et vous pourrez continuer.
M. LEGER: ... est une partie de ma question, mais l'autre,
c'était que les députés ministériels soient
conscients...
M. HARDY: M. le Président, une très bonne suggestion.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. LEGER: Je n'ai pas fini. Je
n'ai pas fini.
LE PRESIDENT (M. Gratton): II y en a d'autres qui ont le droit de
parole.
M. HARDY: Non, non, on n'a pas le droit de parole ici!
M. LEGER: C'était pour que les autres députés
ministériels puissent connaître la décision du
président.
M. HARDY: La majorité n'a pas droit de parole.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je n'ai pas besoin de l'avis des
députés ministériels...
M. LEGER: ... Oui, mais ils vont l'argumenter ensuite, M. le
Président, parce qu'ils ne...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ah non! je ne le permettrai pas. Probablement
qu'ils accepteront ma décision.
M. HARDY: M. le Président, sur la suggestion que vous venez de
faire...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui.
M. HARDY: ...je la trouve très valable, très logique, et
je serais prêt à m'y soumettre. Sauf que je comprends très
bien ceux qui siègent à votre gauche de s'y opposer, parce que
ceci entraverait leurs plans. Faire du "filibuster", M. le
Président...
M. LEGER: C'est cela...
M. HARDY: ...c'est parlementaire, c'est normal, et le
député de Maisonneuve pourra me rendre le témoignage que
quand on a fait ce règlement, j'ai été un de ceux qui se
sont constamment battus pour que les députés, tous les
députés, même les indépendants et de l'Opposition
aient tout le temps possible pour se débattre.
M. BURNS: C'est vrai.
M. HARDY: Mais, M. le Président, faire du "filibustering",
prendre tous les moyens légaux, c'est normal. Mais on peut le faire
d'une façon honnête. J'invite ceux qui siègent à
votre gauche d'agir honnêtement. Jamais je ne leur reprocherai d'allonger
les débats et de faire du "filibuster". Mais je leur demande de faire
preuve d'un minimum d'honnêteté intellectuelle.
M. BURNS: Je suis tellement sûr, M. le Président, que vous
allez vous ajuster à la décision que j'accepte votre suggestion
dans le but de faire avancer les travaux de la commission et le chef de
l'Opposition peut peut-être commencer à argumenter sur sa motion
et cela me permettra de vous soumettre la décision du président
que vous pourrez lire à loisir.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le chef de l'Opposition sur la motion.
M. MORIN: Ce dont nous sommes témoins ce matin confirme ma
perplexité devant ce débat et c'est sans grand espoir que je
soumets cette motion, bien qu'elle constitue le simple bon sens.
On ne peut choisir de plus mauvais moment sur le plan psychologique pour
nous présenter ce projet de loi. Je vous ferai remarquer, comme j'ai eu
l'occasion déjà de le souligner devant la Chambre, que le projet
nous a été proposé à la fin du mois de mai, que la
motion de fin de session est survenue à peine deux ou trois semaines
plus tard, que nous sommes au milieu de l'été, les
tempéraments sont à vif, comme l'a montré le comportement
du ministre des Affaires culturelles tout à l'heure, et les invectives,
hélas, peuvent se multiplier. Les insinuations méchantes
dénuées de fondement peuvent devenir monnaie courante si nous
continuons au rythme actuel.
C'est pourquoi j'ai dit en présentant ma motion que les
conditions psychologiques ne pouvaient pas être plus mauvaises. En fait,
l'argument déterminant est le suivant: A l'heure actuelle, l'opinion
publique est en vacances et cette commission, en réalité,
travaille à huis clos par rapport à l'opinion publique. Ceci me
paraît tout à fait déterminant.
Je ne sais si le gouvernement a recherché cela. Je ne serais pas
étonné que cela soit précisément la raison pour
laquelle il nous a présenté ce projet de loi si tard. Cela ne
m'étonnerait pas que ce soit la raison pour laquelle cette
commission siège en plein mois de juillet, dans la seconde moitié
de juillet.
L'opinion publique est en vacances. Nous ne pouvons profiter et
l'opinion publique ne profite pas, à l'heure actuelle, de
l'expérience des corps intermédiaires. Ceux-ci, à toutes
fins pratiques, en plein mois de juillet, sont également en vacances.
Les corps intermédiaires, dans une société comme la
nôtre, sont extrêmement importants. Ils ont un rôle de
médiation à jouer, entre le pouvoir et la population.
A l'heure actuelle, nous ne pouvons pas compter sur leur
présence. Au mois de juin, c'était encore possible, mais on ne
leur a pas vraiment donné le temps de faire valoir leurs arguments.
Après quatre semaines, après dix-neuf séances, on leur a
coupé le sifflet, de sorte que nous sommes à l'heure actuelle
devant une sorte de léthargie de l'opinion publique, une sorte
d'état second, une paralysie de l'opinion québécoise.
Encore une fois, je ne serais pas surpris que ce moment ait
été choisi pour un débat pourtant aussi sérieux,
aussi capital pour l'avenir que celui-ci, précisément parce que
l'opinion publique est en état de léthargie. On est venu nous
dire au mois de juin à plusieurs reprises, j'ai mentionné
le nombre de mémoires qui avaient soulevé des difficultés
fondamentales au sujet des règlements, au sujet du soi-disant libre
choix hier on est venu nous dire, tant de la part de la minorité
anglophone que de la part de la majorité que ce projet ne répond
pas aux besoins de la population, que ce projet inquiète, et on se
demande par moments s'il inquiète davantage la majorité ou la
minorité. Il inquiète la majorité, parce qu'il fait une
place plus grande qu'il ne se doit à la langue anglaise. Il
inquiète la minorité parce qu'il n'est pas clair. En fait, le
gouvernement, voulant concilier la chèvre et le chou, la majorité
et la minorité, les droits collectifs et les droits individuels, s'est
dit: Je vais faire un projet de loi souple. Mais, en réalité, la
souplesse ne pouvait trouver d'expression que dans l'ambiguïté. Ce
projet de loi est foncièrement ambigu et c'est la raison pour laquelle
il a fait peur à tout le monde.
Profiter de l'été, malgré l'inquiétude
fondamentale qui s'est emparée des gens, pour forcer l'opinion à
ingurgiter ce bill, c'est un peu faire, sur un malade endormi
profondément une opération qui n'aurait pas été
autorisée par le patient, comme cela se pratique quelquefois. Si nous
attendions à l'automne, si nous attendions après l'ajournement
d'été, il est bien possible que l'opinion publique pourrait faire
valoir d'autres modifications que celles que le ministre propose ou que les
ministres proposent. Il est fort possible que l'opinion ait encore des choses
à nous faire savoir. Une conférence de presse, tenue l'autre
jour, par ceux qui n'ont pu se faire entendre devant la commission au cours des
auditions, nous a appris que ces gens n'étaient pas indifférents
à la clôture qu'on leur a imposée. Ces gens ont
protesté vivement, nous ont demandé de continuer à les
entendre. Ils ne sont pas satisfaits que l'on se contente d'imprimer leur
mémoire au journal des Débats. S'ils se sont donné la
peine quelquefois avec peu de temps pour le faire de
rédiger des mémoires, de mettre leur pensée par
écrit, c'est qu'ils espéraient être entendus, c'est qu'ils
espéraient justement contribuer au grand débat de l'opinion
publique sur ce bill. On a donc "gelé" les corps intermédiaires,
on les a réduits au silence et maintenant, profitant de la
léthargie générale, on veut nous enfoncer ce bill de force
dans la gorge. Il ne faut pas se surprendre que l'Opposition soit
réticente, que l'Opposition tente par tous les moyens de faire remettre
ce débat vital, ce débat fondamental pour notre
société. Les gens vont rentrer en septembre et vont nous
dire:
Qu'est-il arrivé pendant que nous étions à nos
loisirs, à nos vacances? Quand ils vont voir ce qui s'est passé,
je crains que nous, les parlementaires, n'ayons des réponses bien
difficiles à leur donner. Je crains que nous ne soyons fortement
embarrassés d'avoir à nous expliquer devant l'opinion publique.
Je suis convaincu, à la lecture du projet je suis bien sûr
que les amendements et les modifications que le ministre va nous communiquer
aujourd'hui ou demain ne changeront guère cette impression puisqu'il
nous a dit que, sur les points fondamentaux, il ne changerait jamais
d'idée je suis convaincu que les Québécois vont
avoir une désillusion profonde en rentrant à l'automne.
Nous procédons à l'heure actuelle, à toutes fins
pratiques, à huis clos par rapport à l'opinion publique. Il y a,
bien sûr, dans la salle, ici, des citoyens peut-être plus
conscients que les autres qui sacrifient une belle journée de soleil
pour venir voir ce qui se passe en commission, mais ce sont des citoyens
exceptionnels. La plupart sont à leurs vacances et c'est normal. Ce ne
sont pas les citoyens qu'on doit blâmer de ne pas être là en
plus grand nombre et de ne pas suivre le débat, c'est le gouvernement
qu'on doit blâmer d'avoir procédé de la sorte et sans doute
volontairement, pour que l'opinion publique ne soit pas saisie.
M. le Président, je pense que la motion que j'ai eu l'honneur de
soumettre éviterait que les Québécois ne subissent cette
désillusion à la rentrée. Elle éviterait
peut-être des réactions qui seront peu favorables au gouvernement.
Puisque vous m'indiquez que mon temps est écoulé, j'aurais
aimé approfondir davantage, mais je conclurai en disant que se
vérifie une fois de plus cette tendance du gouvernement car ce
n'est pas le premier exemple, mais c'est le plus grave dont nous ayons
été témoin cette tendance regrettable du
gouvernement à reléguer des projets importants, des projets
capitaux, à la fin des sessions, pendant les vacances, et au moment
où l'Opposition se trouve sous le coup d'une motion de fin de
session.
M. le Président, ce sont les raisons pour lesquelles j'ai
demandé que nous fassions un rapport spécial et
intérimaire à l'Assemblée pour demander l'autorisation de
ne poursuivre nos travaux qu'après la fin de l'ajournement
d'été. Merci.
M. LEGER: M. le Président, un point de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Messieurs...
M. LEGER: Point de règlement. Etant donné que vous avez
semblé donner au député, au chef de l'Opposition la limite
à dix minutes, est-ce que vous êtes prêt, avant que le
député continue...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui.
M. LEGER: ... à reconsidérer ou à donner votre
décision finale à la suite de l'entente...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui.
M. LEGER: ... où vous deviez, avec le leader parlementaire,
étudier la décision... Vous êtes prêt...
UNE VOIX: II est prêt, il est prêt.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, je suis prêt. J'ai
étudié la décision que le président de
l'Assemblée nationale a rendue à la commission de
l'assemblée nationale. Je ne vois réellement et très
sincèrement pas de contradiction entre la décision rendue par le
président de l'Assemblée nationale et celle que j'ai rendue ce
matin quant à la motion du chef de l'Opposition officielle. Dans la
décision du président de l'Assemblée nationale, il
s'agissait, suite à l'argumentation qui avait été faite
à la commission, où des doutes avaient été
exprimés quant à la portée ou quant à la substance
du mandat qui avait été donné par l'assemblée
à la commission de l'Assemblée nationale.
Cela ne s'applique absolument pas au mandat que l'Assemblée a
donné à cette commission, cette semaine, d'étudier le bill
22, article par article. La formulation suggérée par le
président de l'Assemblée nationale, dans sa décision,
était et je peux peut-être la citer pour démontrer
comment, en substance, elle diffère de celle proposée ce matin
et je cite: "Que la commission de l'Assemblée nationale
désire porter à la connaissance de l'Assemblée qu'à
la suite de questions de droit soulevées sur l'interprétation,
notamment, des articles 75 et 79 de la Loi de la Législature, elle a des
doutes ou encore elle met en doute, cela, vous le déciderez
sur la portée et même la légalité du mandat
qui lui a été confié et qu'en conséquence elle
désire que ce mandat soit reconsidéré par
l'Assemblée nationale et qu'un rapport spécial soit fait
immédiatement à l'Assemblée."
La motion du chef de l'Opposition, ce matin, ne demande pas à
l'Assemblée de modifier le mandat qui, dans son fond et dans sa
substance, est d'étudier le bill 22, article par article. Elle demande
simplement de remettre à plus tard, soit après l'ajournement
d'été, cette exécution de l'ordre de l'Assemblée.
D'autant plus que j'ai noté que, dans ses remarques, le président
de l'Assemblée nationale dit: "Le grand principe, c'est qu'une
commission ne peut toucher au principe même exprimé dans un ordre
de l'Assemblée."
Je ne prétends pas que de demander à la commission de
siéger maintenant pour faire l'étude, article par article, touche
au principe même, mais la motion, telle que présentée,
à mon avis, en est strictement une d'ajournement. J'irai même plus
loin et je dirai qu'elle contrevient à un autre ordre de
l'Assemblée qui, en deuxième lecture, a voté contre un
amendement pour différer le projet de loi après l'ajournement
d'été.
Je maintiens donc ma décision, fort convaincu qu'elle n'entre
aucunement en contradiction avec la décision du président de
l'Assemblée nationale, ce qui a été soulevé par
l'honorable député de Maisonneuve.
M. LEGER: Je ne me permets pas de discuter de votre décision,
mais je voudrais qu'on ne conclue pas que cette décision devient un
précédent.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A ce moment-là, ce ne serait pas
à moi d'en juger. Alors...
M. LESSARD: M. le Président, d'abord, je voudrais...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Un instant, on agit maintenant en vertu de
l'article 157...
M. LESSARD: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Motion d'ajournement. L'honorable ministre
des Affaires culturelles, sur la motion d'ajournement.
M. HARDY: M. le Président, je n'ai évidemment pas
l'intention de reprendre toutes les assertions du député de
Sauvé, chef de l'Opposition. D'ailleurs, la plupart des arguments qu'il
a invoqués l'ont déjà été à maintes
reprises, soit ici, soit à l'Assemblée nationale.
Je voudrais simplement rappeler, M. le Président, que ce que le
député de Sauvé demande dans sa motion, encore une fois,
c'est de remettre en question une chose qui a déjà
été décidée et d'une façon très
claire, très démocratique.
Bien sûr, je ne m'étonne pas de cette façon d'agir
du député de Sauvé, soit de constamment vouloir remettre
en question des décisions prises démocratiquement. C'est une
procédure
tellement normale au sein du parti auquel il appartient. Je me rappelle,
M. le Président, ce congrès du Parti québécois tenu
à Laval où, majoritairement, les délégués
s'étaient prononcés, d'une certaine façon, au sujet d'une
question de référendum sur l'indépendance;
majoritairement, les délégués du Parti
québécois s'étaient prononcés le samedi. Cette
décision ne faisant pas l'affaire du chef du Parti, M. René
Lévesque, le matin, contrairement à son habitude, il était
sur place une demi-heure avant l'ouverture de l'assemblée et faisait un
discours à l'emporte-pièce pour faire changer la décision
adoptée majoritairement la veille.
C'est une coutume régulière chez ces gens qui parlent de
démocratie, de constamment tenter par la force morale ou autrement de
faire changer les décisions démocratiquement prises. M. le
Président, le député de Sauvé, en agissant comme il
l'a fait ce matin, agit dans la ligne autocratique qui est celle du Parti
québécois. C'est évident que pour nous, du Parti
libéral, ce n'est pas une façon de procéder. Nous ne
remettons pas... ce n'est pas un nombre restreint de députés qui
va remettre en cause une décision que la majorité et que
l'assemblée générale a prise antérieurement.
Bien sûr, certains diront que les propos que je tiens actuellement
sont partisans, que le ministre des Affaires culturelles a encore
été partisan. Si c'est cela de la partisanerie, si
démasquer les lacunes, les faiblesses et les torts d'un parti adverse,
c'est de la partisanerie, je regrette, mais je le dis et on peut le
répéter publiquement tant et aussi longtemps que je serai
dans la vie publique, j'en ferai de cette sorte de partisanerie. Si, pour
satisfaire certains beaux esprits, il s'agit pour le gouvernement au pouvoir de
toujours laisser l'Opposition dire tout ce qu'elle veut, n'importe quand,
n'importe comment et de ne rien dire, d'encaisser sans mot dire, si c'est cela
qu'il faut faire pour ne pas être accusé de partisanerie, je
refuse. Ce n'est pas cela la vie politique et ce n'est pas cela la vie
démocratique.
En démocratie, ou, du moins, en démocratie telle que nous
la vivons ici, en Amérique du Nord, chaque parti politique, chaque homme
politique doit avoir non seulement le droit, mais le devoir de dire ce qu'il
considère non acceptable chez les partis adverses. C'est cela que j'ai
toujours fait et c'est cela que j'ai l'intention de continuer à faire,
n'en déplaise, encore une fois, à quelques beaux esprits qui
appellent cela de la partisanerie.
M. le Président, le député de Sauvé a aussi
parlé d'invective. Imaginez-vous donc! Il voudrait qu'on reporte
à l'automne le débat sur le projet de loi 22, parce que, dit-il,
il y a eu des invectives. Comme si c'était la première fois qu'au
Parlement, ou dans un Parlement on dit: II faut cesser de décrier les
Québécois, il faut cesser de décrier l'Assemblée
nationale, il faut cesser de décrier les représentants du peuple
québécois qui siègent à l'Assemblée
nationale!
La qualité des débats au Parlement du Québec,
contrairement à ce que certains intellectuels et certaines gens du Parti
québécois voudraient laisser entendre, n'est pas
inférieure à la qualité des débats dans la plupart
des Parlements du monde. Il s'agit d'aller à l'Assemblée
nationale française, il s'agit d'aller au Parlement d'Italie, dans tous
les grands Parlements du monde, à certains moments, c'est normal, il y a
certains écarts de langage, il y a certaines faiblesses. Ce n'est pas
particulier au Parlement du Québec. Que l'on cesse de décrier
directement ou indirectement les représentants élus de la
collectivité québécoise !
S'il fallait attendre qu'il n'y ait aucune sorte d'invective, qu'il n'y
ait aucune sorte de faiblesse, qu'il n'y ait aucun écart de langage pour
étudier des lois importantes, on fermerait le Parlement au moins neuf
mois par année.
M. MORIN: Que feriez-vous à ce moment pour vous signaler?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. HARDY: M. le Président,
avant d'être... M. MORIN: ...que feriez-vous? LE PRESIDENT (M. Gratton):
A l'ordre!
M. HARDY: M. le Président, je ne m'engagerai pas plus avant sur
ce débat. S'il y a un député, s'il y a un parti qui
devrait être prudent dans ce domaine, c'est bien le Parti
Québécois, parce que le député de Sauvé
cela m'a largement surpris qui, avant d'être en ce
Parlement, avait la réputation d'être un grand monsieur, un
aristocrate...
M. LEGER: Qu'est-ce qui se passe, M. le Président?
M.HARDY: M. le Président, s'il y a un député en
cette Chambre qui ne manque pas l'occasion de lancer des injures oh!
bien sûr, dans un style délicat, dans un style mais
l'essence de l'injure n'en reste pas moins là. S'il y a un
député qui injurie avec beaucoup de pédantisme...
M. LEGER: Avec beaucoup de politesse.
M. HARDY: ...c'est bien le député de Sauvé. S'il y
a un député brouillon, s'il y a un député grossier,
s'il y a un député qui utilise des épithètes
absolument inqualifiables à l'endroit de ses collègues, c'est
celui qui siège à la gauche du député de
Sauvé, le député de Saint-Jacques. Encore là, on
voudrait que les députés ministériels appartiennent
à une essence tellement supérieure qu'ils pourraient
régulièrement, quotidiennement, à longueur de jour, de
mois et d'année, se faire invectiver, se faire dire les pires
bêtises et eux, rester impassibles. Au fond, le
député de Sauvé, qui nous reproche toujours
d'être trop amis avec les Anglais, voudrait que nous soyons, nous,
francophones, avec les défauts et les qualités des francophones,
voudrait que nous ayons le flegme britannique. Pour ma part, je n'ai pas le
flegme britannique, même si... Le député de Sauvé ne
sait pas les efforts que je fais...
M. MORIN: Vous faites des efforts pour vous contrôler?
M. HARDY: De très grands efforts, M. le Président. Mais,
devant l'attitude...
M. MORIN: La nature finit toujours par prendre le dessus.
M. HARDY: Oui, M. le Président, ce qui prouve que je suis
parfaitement normal.
M. CHARRON: ...elle revient au galop.
M. HARDY: M. le Président, devant l'attitude des
députés séparatistes...
M. CHARRON: Like a back-bencher.
M. HARDY: M. le Président, je n'ai jamais cessé de vous
appeler séparatistes et, tant que vous serez séparatistes, je
vous appellerai séparatistes.
M. CHARRON: Vous n'avez jamais cessé d'être un
"back-bencher."
M. HARDY: M. le Président, selon le député Charron,
selon qu'on est "back-bencher" ou ministre, on doit changer les noms pour
appeler les choses. Je regrette, mais j'ai toujours appelé un chat un
chat, et je continuerai à appeler les choses par leur nom.
M. CHARRON: II se qualifie!
M. LEGER: II y a des comportements qui se font par des "back-bencher" et
des ministres qui agissent comme des "back-benchers".
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. HARDY: Fermant cette parenthèse, je reviens...
M. LEGER: Le petit caporal ferme la parenthèse. C'était
votre nom pendant que vous étiez à l'Assemblée nationale.
Vous avez gagné ces galons, vous avez monté d'un échelon
quand vous avez essayé de remplacer le président de
l'Assemblée nationale.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. LEGER: Alors vous avez
gardé ce quali- ficatif de petit caporal et votre décision, qui
n'était pas conforme aux règlements, mais qui montrait la force
avec laquelle vous étiez capable de vous affirmer et de prouver, sans
l'ombre d'un doute, que vous pouviez maintenant vous imposer à vos
confrères.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Est-ce que le ministre des
Affaires culturelles a terminé?
M. HARDY: Non, je n'ai pas terminé.
LE PRESIDENT (M. Gratton): II reste une minute.
M. HARDY: M. le Président, je ne perdrai pas ma minute à
répondre au député de Lafontaine. Je dirai que le dernier
argument invoqué par le député de Sauvé, ce sont
les vacances. Nous ne pourrions pas étudier le projet de loi 22 parce
que le Québec est en vacances.
Mais, M. le Président, quelle confiance le député
de Sauvé fait à ses compatriotes québécois! Il a
même dit qu'ils étaient dans la léthargie.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: M. le Président, j'ai plus confiance que le
député de Sauvé aux Québécois. Même si
nous sommes dans une période de vacances... D'abord, c'est une erreur de
penser que la majorité des gens sont en vacances. Bien sûr qu'il y
en a une quantité...
M. LEGER: Les statistiques prouvent que du 15 juillet au 15 août,
c'est la période où les Québécois prennent leurs
vacances.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: M. le Président, je considère que les
Québécois ont assez de patriotisme, sont assez conscients, sont
assez responsables, que même ceux qui sont en vacances, s'ils ont quelque
chose à exprimer ou à dire sur le bill 22, ils peuvent le
faire.
M. LEGER: Quand et où?
M. HARDY: La vraie raison, M. le Président, c'est que les
vacances, c'est un faux-fuyant pour le Parti québécois. La
majorité des Québécois étant d'accord sur le bill
22, la majorité des Québécois endossant cette loi, le
Parti québécois et ses acolytes sont incapables de les mobiliser,
ils essaient de soulever le prétexte des vacances.
M. LEGER: Faites la preuve.
M. HARDY: M. le Président, dire que l'opinion publique à
l'heure actuelle ne s'expri-
me pas sur le bill 22 à cause des vacances, c'est exprimer un
profond mépris pour les Québécois.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. MORIN: Vous avez peur de
l'automne. LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: M. le Président, ce mépris que le Parti
québécois exprime à l'endroit des Québécois
se manifestera un jour ou l'autre. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Maisonneuve, sur
une question de règlement.
M. BURNS: M. le Président, je voudrais rappeler au ministre,
petit caporal...
M. LEGER: Le petit caporal...
M. BURNS: J'aimerais lui rappeler qu'il n'a pas, en vertu de l'article
99, la possibilité de se servir à cette commission, d'un langage
aussi violent, blessant à l'adresse de qui que ce soit, ou irrespectueux
pour l'assemblée.
M. HARDY: Vous avez été blessé.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
M. HARDY: Dites-moi cela. Dites-moi où.
M. BURNS: Par ce que vous dites. Vous affirmez que ce que le chef de
l'Opposition fait par sa motion, c'est de démontrer du mépris
pour les Québécois...
M. HARDY: Oui...
M. BURNS: ... alors que c'est exactement le contraire...
M. HARDY: Non, non.
M. BURNS: ... je pense, que ce que le député...
M. HARDY: C'est votre opinion.
M. BURNS: ... de Sauvé est en train de faire est de montrer,
justement, que nous, nous ne méprisons pas les Québécois.
Que nous, nous savons fort bien...
M. HARDY: ... indirectement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Non, c'est pour cela que je veux simplement signaler que, dans
ce sens, à mon avis, M. le Président, c'est se servir d'un
langage blessant et irrespectueux pour l'assemblée, entre autres, pour
un de ses membres. Ce qui est défendu par l'article 99.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je l'invite à ne plus jamais le faire
à cette commission.
M. BURNS: Merci, M. le Président.
M. LEGER: Voulez-vous répéter? Il n'était pas en
train d'écouter, M. le Président. Il était en train de se
verser un verre, un verre d'eau.
M. LESSARD: M. le Président, je vous dis que j'ai l'intention de
parler au nom de mon parti...
M. HARDY: Vous n'avez pas le droit.
M. LESSARD: ... sur la proposition du député de
Sauvé.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Sauvé a
déjà......la motion...
M. LESSARD: Voici, M. le Président. Puis-je vous rappeler que
l'article 157 des règlements dit ceci, en particulier, au
deuxième paragraphe: Ces motions sont mises aux voix sans amendement?
D'accord, et elles ne peuvent être faites qu'une fois au cours d'une
séance, sauf par un ministre. Vous avez jugé vous-même, M.
le Président, que c'était en vertu de l'article 157 que le
député de Sauvé proposait sa motion. "Elles ne peuvent
être débattues sauf qu'un représentant de chaque parti
reconnu peut prononcer un discours de dix minutes, chacun à leur sujet."
Puis-je vous rappeler aussi, M. le Président, que cette motion, en vertu
de l'article 157, ressemble à la motion d'ajournement du débat
qui est prévu à l'article 77 de nos règlements, où
on dit, M. le Président, que cette motion, motion d'ajournement des
débats, est mise aux voix sans amendement, cela ressemble
énormément... Une minute! ... sans amendement à la suite
d'un débat restreint. Une minute, M. le Président! ... "au cours
duquel un représentant de chaque parti reconnu peut prononcer un
discours de dix minutes. Le proposeur pourra exercer un droit de
réplique de même durée."
Or, je suis conscient qu'en vertu de l'article 157, le proposeur de la
motion ne peut pas exercer un droit de réplique parce que cela n'est pas
très bien précisé à l'article 157.
Cependant, puis-je vous rappeler aussi une décision du
président de l'Assemblée nationale, du samedi 12 juillet 1974,
où ce dernier a très bien affirmé qu'en vertu de l'article
77, il était possible qu'un représentant du parti
ministériel puisse proposer la motion d'ajournement du débat et
que le leader parlementaire du gouvernement ou toute autre personne qui est
déléguée par le parti ne soit pas d'accord sur cette
motion, le droit de parole doit alors être reconnu à un
représentant du parti?
Je ne vous dis pas que je suis d'accord, comme représentant du
parti, sur la motion du député de Sauvé, mais j'estime
qu'en relation avec cette décision du président de
l'Assemblée nationale, j'ai le droit de parler au nom de mon parti
puisque l'article 157 des règlements est à peu près le
même que celui de...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Allez-y. M. LESSARD: Merci.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saguenay sur la
motion d'ajournement.
M. LESSARD: Donc, vous me donnez raison sur l'interprétation de
ce règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je ne suis pas trop sûr, mais allez-y
quand même.
M. LESSARD: M. le Président... M. HARDY: Pour vous faire plaisir.
M. DEOM: Pour tuer le temps.
M. HARDY: De toute façon, on perd son temps avec vous.
UNE VOIX: Je vous l'ai dit ce matin. Je vous trouve très
convaincant.
M. LESSARD: Est-ce que le député de Laporte aurait
l'intention de...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LESSARD: ... s'exprimer? Le député de Laporte a
manqué son coup...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LESSARD: ... pour s'exprimer en deuxième lecture. Nous
espérons au moins...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LESSARD: ... que le député de Laporte aura le courage,
le minimum de courage de s'exprimer...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Votre temps commence à
s'écouler.
M. LESSARD: ... en commission parlementaire.
M. DEOM: Vous ne perdez rien pour attendre.
M. LESSARD: Nous espérons que le député de
Laporte...
M. DEOM: Vous ne perdez rien pour attendre.
M. LESSARD: ... fera valoir...
LE PRESIDENT (M. Gratton) : Une minute d'écoulée.
M. LESSARD: ... ses revendications vis-à-vis du bill 22 et qu'il
aura au moins le courage, en commission parlementaire, de s'exprimer, ce qu'il
n'a pas eu lors du discours de deuxième lecture.
M. DEOM: Donnez-nous la chance. Commençons l'étude article
par article et là...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. DEOM: ... je vais m'exprimer, vous verrez.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. DEOM: Vous nous bâillonnez.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! Le député
de Saguenay.
M. LESSARD: Cest encore le ministre des Affaires culturelles qui a
affirmé que nous voulions faire, par cette motion, indirectement, ce que
nous n'avions pu faire à l'Assemblée nationale directement, soit
lorsque nous avons présenté une motion de renvoi à trois
mois.
Je sais que le ministre des Affaires culturelles se basait à ce
moment sur un principe du règlement qui dit qu'il n'est pas possible de
présenter une motion qui a déjà été
décidée, de présenter une autre motion à
l'Assemblée nationale ou en commission parlementaire.
Il est dit aussi, dans cet article du règlement, que, s'il
arrivait des faits nouveaux, à ce moment, il est fort possible que nous
puissions présenter cette motion. Or, le député de
Sauvé a soumis très respectueusement que, depuis que nous avons
discuté de ce projet de loi en deuxième lecture, des faits
nouveaux nous ont été connus. D'abord, nous lisons dans le
journal Le Jour, ce matin, qu'Ottawa pourrait désavouer la loi 22.
M. HARDY: A la remorque d'Ottawa.
M. LESSARD: Non. Vous êtes à la remorque du gouvernement
Trudeau.
M. HARDY: Ottawa éternue et le Parti québécois
dresse l'oreille.
M. LESSARD: D'ailleurs, M. le Président, la voix de M. Trudeau
s'était fait entendre...
M. HARDY: Vous n'êtes pas capables d'avoir votre propre
pensée.
M. LEGER: M. Trudeau chuchotte, M. Bourassa tombe sur le dos.
M. LESSARD: ... à l'Assemblée nationale au cours de la
deuxième lecture puisque le député de Mont-Royal avait
affirmé qu'il était possible que le gouvernement
fédéral utilise son droit de désaveu pour rendre cette loi
inconstitutionnelle. Déjà, il s'agit d'un fait nouveau fort
important qui prouve que tant et aussi longtemps...
M. HARDY: On va ajourner parce que M. Trudeau veut qu'on ajourne.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LESSARD: ... que nous ne pourrons modifier soit l'article 133 de la
constitution...
M. HARDY: C'est cela.
M. LESSARD: ... soit encore ce pouvoir de désaveu qui est encore
entre les mains du lieutenant-gouverneur en conseil, il nous est fort
difficile...
M. HARDY: Qui est tombé en désuétude.
M. LESSARD: Qui est tombé en désuétude, mais qui
peut toujours être utilisé pour désavouer une loi puisque
même votre chef, votre réel chef à Ottawa a fait mention
qu'il était possible qu'il puisse utiliser ce pouvoir de désaveu.
C'est donc, M. le Président, un fait fort important qui nous prouve que
le projet de loi 22 ne peut être réellement mis en force tant et
aussi longtemps qu'on ne sera pas un pays normal, c'est-à-dire un pays
indépendant. Cependant, nous croyons qu'il est encore possible à
ce gouvernement de faire une vraie loi de la langue, de la seule langue
officielle du Québec, c'est-à-dire la langue française.
C'est donc, M. le Président, un fait nouveau.
Un deuxième fait nouveau que nous avons pu constater depuis hier,
c'est que le ministre de l'Education n'est pas prêt à
déposer sa réglementation. Nous savons que cette
réglementation, comme nous l'avons affirmé, est fort importante
pour voir si cette loi pourra être efficace ou pas. Nous l'avons dit
à maintes reprises et d'ailleurs d'autres députés
libéraux l'ont affirmé à l'Assemblée nationale au
cours de cette deuxième lecture.
C'est pourquoi, à cause de ces deux faits nouveaux, nous tentons
encore une fois un dernier effort pour demander au gouvernement de retarder
l'étude de ce projet de loi. Nous le faisons d'autant plus, M. le
Président, qu'il s'agit, je pense, d'un projet de loi qui peut
être fort important pour l'avenir de toute la collectivité
québécoise. Je dis que, dans les circonstances actuelles, ce
projet de loi ne correspond pas aux besoins réels de la population
québécoise.
Or, M. le Président, quoique nous puissions affirmer qu'il y a
une question d'urgence, quoique nous puissions dire que ce gouverne- ment doit,
dans le plus bref délai possible, légiférer sur la
question linguistique, nous disons aussi que de légiférer sur une
telle question exige au moins que nous prenions tout le temps nécessaire
pour pouvoir analyser l'ensemble des implications de ce projet de loi, pour
pouvoir constater si ce projet de loi représente véritablement
les besoins de la population. Or, nous avons déjà
étudié d'autres projets de loi de moindre importance et, lorsque
nous avons étudié ces projets de loi, nous avons au moins entendu
l'ensemble des mémoires qui ont été
présentés à cette commission parlementaire.
Or, ce n'est pas le cas alors qu'il s'agit d'un projet de loi encore
bien plus important, ce n'est pas le cas, dans la situation actuelle. En effet,
nous avons pu constater que 48 p.c. des mémoires ont été
entendus en commission parlementaire. Si l'Assemblée nationale a
demandé à ces personnes, à ces organismes de venir se
faire entendre en commission parlementaire, nous croyons au moins que nous
devrions, nous, de l'Opposition, comme les ministériels, avoir une
certaine dignité et faire en sorte que ces gens puissent se faire
entendre en commission parlementaire. Nous croyons que nous devons avoir au
moins un minimum de respect pour ces personnes. Nous avons demandé un
effort à ces gens, l'effort de rédiger des mémoires; nous
croyons au moins que nous devons, de notre côté, comme
représentants à l'Assemblée nationale, comme
députés à l'Assemblée nationale, leur donner au
moins un minimum de respect. Pour la première fois, les
Québécois, quels qu'ils soient, de quelque classe de la
société qu'ils soient, de quelque groupe qu'ils soient, de
quelque région qu'ils soient, ont demandé à se faire
entendre à cette commission parlementaire. Nous croyons qu'il serait
normal, sur un projet de loi d'une telle importance...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Une minute!
M. LESSARD: ... sur un projet de loi qui, je l'affirme, touche les
tripes de tous les Québécois, qu'au moins ces gens puissent
continuer de présenter leurs mémoires, discuter de leurs
mémoires avec les représentants de la population. Nous croyons
que c'est là un minimum que nous, députés à
l'Assemblée nationale, devons au moins respecter. Encore une fois, je
pense justement que le député de Rimouski devrait, lui...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LESSARD: ... parler en faveur de cette motion puisqu'il y a un seul
mémoire qui a été présenté par toute la
région de l'Est du Québec...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LESSARD: ... et ce mémoire n'a pas été entendu
en commission parlementaire.
M. HARDY: Ils sont d'accord les gens de ce coin, comme la grande
majorité des Québécois.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le chef de l'Opposition officielle peut
maintenant avoir son droit de réplique.
M. HARDY: Vous avez peur qu'on vous batte à cause de
ça.
M. LESSARD: Le député de Terrebonne peut venir dans mon
comté...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. LESSARD: ... il n'y a pas de problème, il y a eu quatre
ministres qui sont venus dans mon comté à la dernière
élection et je les ai balayés et j'ai augmenté ma
majorité de 43 p.c. à 52 p.c.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MORIN: M. le Président, j'ai dit tout à l'heure qu'il
s'agissait de notre part d'un dernier effort. Bien sûr,
l'Assemblée nationale s'est déjà prononcée sur
cette question comme l'a souligné le ministre des Affaires culturelles.
Mais j'ai bien indiqué que c'est à la suite de la pénible
journée d'hier que je voulais faire ce dernier effort pour que ce
débat si important pour l'avenir du Québec soit renvoyé
à l'automne afin que tous les Québécois puissent
être vraiment saisis du problème et puissent se faire entendre. Je
sais bien que la majorité libérale est toujours en mesure de nous
refuser ce qui nous paraît être le simple bon sens; je sais bien
qu'avec un mastodonte pareil, une fois que sa course est commencée, il
est très difficile de l'arrêter. Ainsi voit-on, en Afrique, des
troupeaux d'éléphants affolés qui, une fois lancés
dans leur course...
M. HARDY: C'est la gentillesse du député de
Sauvé.
M. MORIN: Je n'ai pas dit du ministre qu'il était un
éléphant.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MORIN: Si le ministre tient à s'aventurer dans ce domaine,
c'est une autre affaire.
M. HARDY: M. le Président, je suis membre de l'équipe.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: Quand vous parlez de l'équipe parce que je pense
que la partie est dans le tout.
M. MORIN: Le ministre est libre de coiffer le chapeau et les oreilles si
elles lui conviennent. Et les défenses également. Mais je tenais
simplement à dire par cette métaphore qu'une fois qu'un troupeau
d'éléphants est emballé, il est très difficile de
l'arrêter. C'est presque en désespoir de cause que je vous ai
soumis cette motion. Je n'ai pas beaucoup d'illusions. Je voulais simplement
faire appel une dernière fois à ce qui reste de bon sens chez les
députés d'en face.
M. HARDY: II y en a très peu, vous le savez.
M. MORIN: J'ai dit que les conditions psychologiques ne peuvent pas
être plus défavorables à un débat de fond sur la
question de la langue. J'ai souligné les doutes constitutionnels que
j'avais d'ailleurs évoqués dans mon discours de seconde lecture,
doutes constitutionnels qui viennent du fait que le gouvernement refuse
d'abroger l'article 133, que le gouvernement se considère lié par
l'article 133, doutes constitutionnels repris par le pouvoir
fédéral au cours de la journée d'hier.
M. HARDY: L'écho du fédéral.
M. MORIN: Que le ministre des Affaires culturelles se rassure.
M. HARDY: II était mieux d'aller voter.
M. MORIN: Les doutes exprimés par le gouvernement
fédéral, nous les avons évoqués avant lui.
M. HARDY: Vous êtes sur la même longueur d'onde.
M. MORIN: Devant la vérité constitutionnelle, devant les
problèmes constitutionnels, nous ne voyons pas pourquoi nous prendrions
systématiquement le contrepied de M. Trudeau, du premier ministre
fédéral, s'il nous paraît soulever des problèmes
réels.
Bien sûr, nous pouvons être en désaccord sur bien des
choses avec le pouvoir fédéral. Mais quand il constate que
l'article 133 se trouve toujours dans les livres de droit, qu'il n'a pas
été abrogé, que le pouvoir québécois n'a pas
jugé bon de l'abroger il considère même qu'il est
lié par cet article et qu'il en tire la conclusion que le bill 22
est inconstitutionnel dans plusieurs de ses éléments et notamment
dans l'article 1 et dans l'article 2, comme l'a souligné le professeur
Frank Scott. Quand il constate qu'il y a une possibilité que nous soyons
devant des articles inconstitutionnels, l'Opposition ne peut que tendre
l'oreille, parce que cela correspond à l'opinion qu'elle a
déjà exprimée à plusieurs reprises, en seconde
lecture.
On verra bien, au cours des heures qui viennent, si le gouvernement est
prêt à affronter cette question de la constitutionnalité.
Elle nous paraît très grave. Elle nous paraît fonda-
mentale. C'est une raison de plus pour que nous nous donnions le temps
de la réflexion. Ce bill a été improvisé. Nous
avons mis quatre à cinq années d'auditions, de recherches, pour
qu'enfin la commission Gendron nous dise: Le problème du français
au Québec se présente de telle façon.
Et maintenant que nous avons les tomes de la commission Gendron, qu'il
faudrait prendre le temps de les étudier à fond, qu'il faudrait
prendre le temps d'élaborer des solutions longuement, nous faisons cela
à la vapeur. Au lieu de consacrer des mois d'études
sérieuses à prendre connaissance du rapport Gendron, on agit
comme si le rapport Gendron n'existait pas.
D'ailleurs je ferai remarquer, à l'occasion, quand on
étudiera ce projet article par article, que sur plus d'un point on n'a
tenu aucun compte de la commission Gendron. On s'est même
éloigné radicalement de certaines de ses recommandations. Sur
certains points, d'ailleurs, l'Opposition n'est pas en désaccord avec le
gouvernement quand il néglige certaines recommandations de cette
commission, comme on le verra; mais sur d'autres points, nous pensons que le
gouvernement s'en est éloigné indûment sans avoir
motivé suffisamment son attitude.
C'est pourquoi nous disons: II faut prendre le temps de la
réflexion. Nos collègues anglophones sont inquiets et je voudrais
dire, au nom de l'Opposition, que nous comprenons leur inquiétude,
même si nous n'en partageons pas tous les motifs, nous la comprenons et
nous sympathisons. Il nous paraît que cette loi est ambiguë et que
c'est avec raison que les anglophones s'en inquiètent. Pourquoi le
gouvernement n'aurait-il pas et pour cela il aurait fallu y mettre le
temps, bien sûr procédé à une véritable
consultation des intéressés? Pourquoi n'aurait-il pas longuement
interrogé tous les milieux? On nous dit: La commission Gendron a fait
cela pendant cinq ans. Dans le souffle suivant, on ne tient aucun compte de ce
qui se trouve dans le rapport de cette commission.
Je vois là un illogisme fondamental dans la façon de
procéder du gouvernement. C'est la raison pour laquelle j'ai
proposé de sortir du huis clos moral dans lequel nous sommes à
cette époque-ci de l'année, ce huis clos par rapport à
l'opinion publique... Encore une fois, qu'on ne me fasse pas dire que ce sont
les Québécois qui sont responsables de cet état de choses,
ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit que c'est le gouvernement qui en est
responsable. Il savait, bien sûr, qu'un grand nombre de
Québécois allaient partir en vacances. Il le savait. C'est par
calcul que ce bill arrive maintenant devant cette commission pour son
étude article par article, alors qu'on va aller au fond des choses. Nous
allons tenter, en tout cas, d'y aller. C'est par calcul qu'on profite de
l'absence des Québécois, et je le répète, d'une
certaine léthargie de l'opinion publique, qui n'est pas due aux
Québécois, qui est due au fait que le gouvernement, par
machiavélisme, saisissant cet état de choses, en profite pour que
le débat se perde dans les méandres, dans les sentiers où
l'opinion publique, à l'heure actuelle, se trouve
éparpillée.
M. le Président, encore une fois et sans grande illusion sur le
sort de ma motion, je veux vous dire que je ne l'ai faite que pour donner une
dernière chance au gouvernement.
La journée d'hier a été pénible pour tout le
monde et elle a démontré à quel point il va être
difficile de procéder à une étude sérieuse et
approfondie du projet de loi à cette époque-ci de l'année.
Je ne conteste pas que d'autres Législatures siègent à
l'heure actuelle. Mais étudient-elles des projets aussi fondamentaux que
ceux-ci. Voilà la question.
M. HARDY: Et le président des Etats-Unis. LE PRESIDENT (M.
Gratton): A l'ordre! M. HARDY: Ce n'est pas grave.
M. MORIN: II y a des années, il y a des mois que cela est
à l'étude et cela n'aboutira pas de sitôt, le ministre le
sait. C'est une affaire qui n'aboutira pas avant l'automne. On peut en
être convaincu.
M. HARDY: Pour qui nous prenez-vous?
M. MORIN: Pour ce que vous êtes.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MORIN: M. le Président, je termine en disant que nous n'avons
pas d'objection à ce qu'on étudie au cours ce cet
été d'autres projets de loi. Il y en a plusieurs inscrits au
feuilleton, plus d'une dizaine. Mais un projet comme celui-ci, un projet qui
aura des conséquences graves pour l'avenir des Québécois,
l'avenir de la collectivité, un projet qui va développer ses
conséquences dès l'automne alors qu'il sera trop tard pour que
l'opinion publique puisse faire sentir son juste poids dans cette affaire, un
projet de cette importance ne devrait pas être enterré de la sorte
par le gouvernement. Je vous remercie.
UNE VOIX: Vote.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Nous procéderons maintenant au vote
sur la motion d'ajournement des travaux. M. Séguin?
M. SEGUIN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Charron? M. CHARRON: En faveur, M. le
Président. LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Déom?
M. DEOM: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Hardy?
M. HARDY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Lapoin-te?
M. LAPOINTE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Brown?
M. BROWN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Morin?
M. MORIN: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Parent?
M. PARENT: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Phaneuf?
M. PHANEUF: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Saint-Germain?
M. SAINT-GERMAIN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Samson, M. Veilleux?
M. VEILLEUX: Contre.
M. MORIN: Est-ce que M. Brown a dit contre?
M. LESSARD: Si j'avais voté, M. le Président, j'aurais
voté pour. Un suspense.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Pour, deux, contre neuf. La motion est
rejetée.
M. HARDY: Un lapsus révélateur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 1.
Motion pour entendre M. McWhinney
M. CHARRON: M. le Président, j'invoque le règlement. Me
prévalant de l'article 154 de notre règlement qui se lit comme
suit: En commission plénière ou élue, après la
deuxième lecture, on ne peut discuter que les détails d'un projet
de loi, et il ne peut y avoir audition publique que devant une commission
élue pourvu que celle-ci y consente.
M. le Président, j'ai l'intention de demander le consentement de
la commission pour que nous procédions à une audition publique et
je le fais par une motion que je dépose immédiatement.
La motion, M. le Président, je vous en fais lecture pour que, par
la suite, vous me permettiez de l'argumenter. Cette motion se lirait comme
suit: "Qu'avant d'entreprendre l'étude du projet de loi 22, article par
article, la commission entende M. Edward McWhinney, ancien commissaire sur la
Commission d'enquête sur la situation du français au
Québec, sur la constitutionnalité du projet de loi 22".
M. le Président, je n'avais pas l'intention...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Avez-vous le texte?
M. CHARRON: ... jusqu'à ce matin, de vous présenter cette
motion. Mais la lecture des journaux de ce matin...
M. HARDY: Non, mais c'est pour soumettre aux autorités
fédérales?
M. CHARRON: Est-ce que le "foreman" des Affaires culturelles a fini ses
interventions?
M. HARDY: Je vous écoute.
M. CHARRON: Merci. La lecture des journaux de ce matin nous a appris
qu'un autre gouvernement, étranger à la majorité des
Québécois, procédait actuellement, en cabinet
privé, à la demande de la majorité anglophone de ce pays,
à l'étude de la constitutionnalité du projet de loi.
M. HARDY: Quelle notion de l'indépendance!
M. CHARRON: M. le Président, puisque nous vivons encore dans ce
régime de soumission et qu'il est effectivement possible que le pouvoir
central, que reconnaît le gouvernement actuel et auquel il se soumet
lorsqu'il s'agit du développement économique du Québec,
intervienne à nouveau dans le champ de la sécurité
culturelle des Québécois comme il le fait d'ailleurs avec
un budget dix fois supérieur à celui du ministère des
Affaires culturelles pour rendre absolument inopérante une loi
que nous sommes appelés à discuter actuellement, il se peut, M.
le Président, que nous procédions à une étude
longue, ardue, fastidieuse même, article par article, d'un projet de loi
qui au bout de la ligne, du seul revers de la main d'un gouvernement central
qui, lui, aurait fait une tout autre étude que nous, déclare:
Messieurs, les deux, trois ou quatre semaines que vous aurez mises, les mois
que vous aurez pris à procéder article par article à
étudier ce projet de loi, sont absolument annihilés. Quelle que
soit l'entente à laquelle le gouvernement et le Parlement élu des
Québécois en sont venus, nous déclarons cette loi
anticonstitutionnelle...
M. DEOM: Est-ce que le député de Saint-Jacques...
M. CHARRON: ... et, par le pouvoir de désaveu du gouvernement
central, nous procédons à un renvoi de cette loi. Or, M. le
Président...
M. DEOM: Est-ce que le député de Saint-Jacques me permet
une question?
M. CHARRON: Non, non. Or, M. le Président, ce gouvernement a
déjà des avis, et plus que cela, M. le Président...
M. DEOM: Sur un point de règlement.
M. CHARRON: ... ce gouvernement a la possibilité, au grand jour,
devant les citoyens québécois et devant les media d'information,
de transmettre aux citoyens québécois les débats que nous
avons, de régler cette question. Il est un spécialiste, entre
autres, de toutes ces questions. Il pourrait, dès aujourd'hui, avant
même que nous n'entamions l'étude, article par article du projet
de loi, à notre demande, venir nous dire son avis de sorte que, si M.
McWhin-ney, spécialiste reconnu de tous, venait nous émettre un
doute très valable quant à la constitutionnalité du projet
de loi et nous indiquer par quelles modifications nous pourrions faire de ce
projet de loi une loi constitutionnelle qui serait à l'abri de toute
l'argumentation fédérale qu'il faut attendre. Parce que
l'argumentation fédérale sera celle de la majorité
anglophone comme dans chaque cas et on essaiera, par tous les moyens, de rendre
inconstitutionnelle une loi que les Québécois auront votée
eux-mêmes dans leur Parlement: En ce sens, les indications
précises de M. McWhinney, avant que nous ne procédions, article
par article, pourraient nous inciter, là où il nous indiquerait
faille et anticonstitutionnalité du projet de loi, pourraient inciter
aussi bien le gouvernement québécois que l'Opposition, à
présenter les amendements de circonstance qui feraient, hors de tout
doute, cette loi constitutionnelle et qui donc écarteraient, à
l'avance, les arguments qu'entend amener la partie fédérale dans
ce débat parce que, semble-t-il, il y a faille, il y a trou.
Où y a-t-il trou? Où y a-t-il faille dans ce projet de loi
sur le chapitre de la constitutionnalité? Je ne suis pas le
spécialiste que le chef de l'Opposition est dans cette matière,
mais nous avons eu, au cours de ce débat, tellement d'argumentations
constitutionnelles que je ne peux avoir assisté à toutes ces
séances sans avoir saisi quelques-unes de ces argumentations.
La première est celle qui saute aux yeux. Le gouvernement a
refusé de modifier l'article 133 et, du même souffle, il veut
faire, à l'article 1, du français la langue officielle du
Québec. Devant cette simple coexistence d'un article 133
réaffirmé et ce que soutient le ministre de l'Education, le
gouvernement a délibérément choisi de ne pas le modifier
ici. D'autre part, l'affirmation à l'article 1 que nous
étudierons au cours des prochains jours et qui affirme le
français, langue officielle, déjà, il y a impasse,
déjà il y a matière à doute. C'est sûrement
à partir de ce point précis que le cabinet Trudeau, actuellement,
est à étudier sa possibilité d'intervenir pour
désavouer cette loi lorsqu'elle sera étudiée.
Donc, M. le Président, le chef de l'Opposition, bien sûr,
apportera encore plus de lumière sur cette motion que je
présente. Mais si nous avions l'occasion d'entendre M. McWhinney nous
dire ou ne pas nous dire qu'effectivement la coexistence et le maintien de
l'article 133 de la constitution canadienne, de l'Acte de l'Amérique du
nord britannique et en même temps une affirmation solennelle à
l'article 1 du projet de loi 22 constituent un litige constitutionnel et
peuvent conduire au désaveu de cette loi, je pense que cette information
et cet éclairage de ce grand spécialiste qu'est M. McWhinney
pourraient apporter beaucoup de lumière dans nos débats et
raccourcir nos débats également, M. le Président. Nous
aurions donc l'occasion d'avoir des indications précises sur les
amendements que nous devons apporter si nous ne voulons pas que la
majorité anglo-saxonne du Canada déclara anticonstitutionnelle et
donc illégale une loi que le Parlement québécois aura fait
voter.
LE PRESIDENT (M. Gratton): II est 13 heures, la commission suspend ses
travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
Reprise de la séance à 15 h 13
M. GRATTON (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Avant de remettre la parole au député de Saint-Jacques qui
avait, à la fin de la séance de ce matin, formulé une
motion que je lis: "Qu'avant d'entreprendre l'étude du projet de loi 22,
article par article, la commission entende M. Edward McWhinney, ancien membre
de la commission d'enquête sur la situation du français au
Québec, sur les aspects constitutionnels du projet de loi 22."
J'aimerais faire une suggestion au député de modifier cette
motion dans sa forme de façon à la rendre conforme à
l'esprit, à la lettre, de l'article 154. Je pense qu'il me serait
impossible d'accepter la motion telle que formulée par le
député de Saint-Jacques. J'aimerais lui suggérer que, dans
le but de la rendre conforme à la lettre de l'article 154, cette motion
soit reformulée dans le sens suivant, que la commission consente
à ce qu'il y ait audition publique durant l'étude du projet de
loi 22, après la deuxième lecture.
M. CHARRON: Pour entendre. M. MORIN: Pour entendre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous pourriez ajouter: Pour entendre...
M. HARDY: C'est pour entendre quelqu'un.
M. CHARRON: Oui, mais quelqu'un en particulier.
M. MORIN: ... qui en particulier?
M. CHARRON: Je ne voudrais pas que la motion soit ouverte...
M. HARDY: C'est ça qui n'est pas régulier.
M. MORIN: Autrement, cela fait deux motions. L'une pour ouvrir et
l'autre pour convoquer le professeur McWhinney en particulier.
M. CLOUTIER: Allez-y, faites-en deux. LE PRESIDENT (M. Gratton): En
fait...
M. MORIN: Vous voulez nous faire perdre du temps, M. le ministre?
M. CLOUTIER: Je ne veux pas préjuger de l'opinion du
président.
LE PRESIDENT (M. Gratton) : Je pense que s'il va de soi...
M. HARDY: C'est de l'humour noir.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... que si la motion a été
faite dans le sens que je suggère et qu'elle était
adoptée, automatiquement M. McWhinney et les autres, qui pourraient
être convoqués, pourraient être entendus. C'est dans le seul
but de rendre la motion recevable puisque, dans sa formule actuelle, je la juge
irrecevable.
M. BURNS: J'ai peut-être mal compris, je vous demanderais de
répéter, je parlais à mon collègue de Chicoutimi,
mais si j'ai compris ce que j'ai compris, je veux m'en assurer. Est-ce que vous
pouvez répéter, brièvement ce que vous venez de dire
concernant l'amendement de la motion?
M. CHARRON: La modification. M. BURNS: Ou la modification.
LE PRESIDENT (M. Gratton): La modification, oui. Je dis que dans sa
formule actuelle, je la juge irrecevable parce qu'elle ne rejoint pas
exactement l'esprit et la lettre de l'article 154 qui est le seul article de
notre règlement qui fait allusion aux auditions publiques.
Dans le but de rendre la motion du député de Saint-Jacques
conforme à la lettre de l'article 154, je lui suggère de la
modifier dans le sens qu'elle pourrait se lire ainsi: "Que la commission
consente qu'il y ait auditions publiques durant l'étude du projet de loi
22, après la deuxième lecture". C'est justement pour rejoindre
l'article qui dit qu'il ne peut y avoir auditions publiques que devant une
commission élue, pourvu que celle-ci y consente. On veut que la
commission se prononce et dise qu'elle consent qu'il y ait auditions
publiques.
M. BURNS: M. le Président, question de règlement. Il me
semble que moi, si je parle la même langue que vous, si je parle du
général, ce que vous suggérez, c'est-à-dire
auditions publiques, c'est le général et que je m'impose dans ce
cadre-là, d'aller au particulier, c'est-à-dire d'entendre M.
Untel. C'est une audition publique, sauf que je précise ce que je veux
dire par auditions publiques.
Dans le cas présent, on parle de M. Edward McWhinney qui est une
notoriété, semble-t-il, en droit constitutionnel et qui s'est
déjà penché sur ce problème à
l'intérieur des autres études qu'il a faites, que tout le monde
connaît d'ailleurs.
Si je me dis que l'article 154 permet au député de
Saint-Jacques de dire ce que vous dites actuellement je ne dis pas que
le député de Saint-Jacques n'aurait pas pu faire cette motion
il aurait pu faire une motion pour qu'il y ait auditions publiques, mais
on l'a déjà fait, M. le Président, et on sait qu'on ne
l'obtiendra pas. C'est sûr. Je parle toujours sur la question de
règlement. Je vous mets tout simplement la logique derrière
sans argumenter en faveur la logique derrière la motion du
député de Saint-Jacques, est la suivante :
c'est qu'on a proposé, à l'occasion des séances
publiques, suivant la première lecture, que les auditions publiques
continuent pour entendre les quelque 75 mémoires qui n'avaient pas
été entendus.
On se trouverait et peut-être que le ministre des Affaires
culturelles aurait raison à ce moment-là de dire qu'on
répète des choses et qu'on recommence des choses qu'on a
déjà perdues dans une situation de tenter de faire refaire
à la commission un cheminement qu'elle a déjà fait,
où la commission a déjà décidé qu'elle
n'aurait pas d'autres auditions publiques, en ce qui concerne les gens qui
présentent des mémoires, chose qui ne serait pas exclue par votre
suggestion suivant laquelle la motion du député de Saint-Jacques
soit modifiée de cette façon.
Nous avons dit, tout simplement, pour être réalistes... On
sait fort bien, et la commission s'est prononcée pas plus tard qu'il y a
une semaine sur le fait qu'elle ne veut plus avoir des auditions publiques au
sens large du mot, concernant les mémoires, et si on donne...
M. HARDY: Non.
M. BURNS: Laissez-moi donc terminer, bout de corde...
M. HARDY: Non, je vous dis non.
M. BURNS: Voyons donc!
M. LEGER: C'est un terme parlementaire.
M. BURNS: Si c'est parlementaire, bout de corde! il y a bien d'autres
choses que je vous lancerais.
M.HARDY: M. le Président, d'après le député
de Maisonneuve...
M. BURNS: Vous êtes rendu au bout de votre corde, vous là
!
M. HARDY: ... on n'a même pas le droit de faire de signes. Vous
êtes si peu convaincu que si on fait signe que non, vous êtes
déjà tout...
M. BURNS: Voyons donc. Je vous dis tout simplement que j'argumente, je
pense, à un niveau qui se situe...
M. HARDY: Continuez.
M. BURNS: ... pas mal plus élevé que le niveau que vous
avez utilisé, ce matin, pour engueuler le chef de l'Opposition.
M. HARDY: Je reconnais tout cela, que vous êtes
supérieur.
M. BURNS: Si vous voulez rester dans cette bassesse...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: ... si vous voulez rester en bas, si vous voulez rester un
petit député de bas étage comme vous êtes, un petit
politicien de bas étage, comme vous êtes...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. BURNS: ... continuez comme
cela.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! *
M. HARDY: Ils ont réveillé la léthargie et ils les
ont amenés.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plait!
J'aimerais faire un avertissement. Il n'est pas permis, selon le
règlement de l'Assemblée nationale, de faire quelque
démonstrations que ce soit, de réagir de quelque façon que
ce soit dans les galeries publiques. Je serai très sévère
là-dessus. Si cela devait se répéter, je devrai demander
au service de la sécurité de faire évacuer les galeries
publiques.
C'est tout de suite que je peux le faire. Je vous invite, s'il vous
plaît... A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! C'est le dernier
avertissement.
La commission suspend ses travaux pour dix minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 22) * Note de
l'éditeur: Le président réclame le silence d'un certain
nombre de manifestants parmi l'assistance.
Reprise de la séance à 16 h 25
M. GRATTON (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Avant de reprendre les travaux, j'aimerais faire un appel tout à
fait spécial non seulement aux personnes dans les galeries, mais
également à tous les membres de la commission, de bien vouloir
accorder leur pleine collaboration pour que le débat et les discussions
sur ce projet de loi se fassent dans un climat tout à fait serein et
tout à fait propice à la discussion qui s'impose.
Je devrai être très ferme à l'endroit des personnes
dans les galeries. Au premier signe de désordre, je donnerai l'ordre
formel d'évacuation. Alors, nous en étions à la
suggestion, sinon à la décision que j'avais faite à
l'endroit de la motion du député de Saint-Jacques. La parole
était au député de Maisonneuve.
Amendement à la motion
M. BURNS: M. le Président, j'étais en train de dire
à la suite de votre suggestion, suggestion faite auprès du
député de Saint-Jacques, de modifier sa motion à l'effet
d'enlever, si je comprends bien le nom de M. Edward McWhin-ney et de le
remplacer par "auditions publiques". Globalement, c'est le résultat de
votre suggestion.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, sauf que...
M. BURNS: Au lieu de nommer une personne, vous prétendez qu'on
doive se prononcer sur le principe d'avoir des auditions publiques, si j'ai
bien compris votre suggestion. C'est bien cela?
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est cela.
M. BURNS: C'est là que j'en étais à vous dire que
c'est assez étonnant que l'on doive interpréter de façon
restrictive un texte qui, en soi, est aussi permissif que l'article 154. Je
disais que, en ce qui nous concernait, nous croyions qu'il était
absolument inutile de la part de l'Opposition de reparler de l'ensemble des
auditions publiques pour une bonne et simple raison, que déjà la
commission s'est prononcée, du moins quant à une partie des
auditions publiques, celle des mémoires. Je dois dire qu'on s'est battu
contre cette motion quand elle est venue, d'abord de façon
expérimentale à la commission, et par la suite, en Chambre, nous
avons exprimé sans aucune restriction, notre réprobation de cette
attitude de mettre fin aux auditions publiques.
Je dois dire aussi que ces auditions publiques se faisaient dans le
cadre des invitations qui avaient été faites après la
première lecture, alors que quelque 150 mémoires avaient
été déposés et que nous avions entendu environ 74
ou 75 intervenants. De sorte que, M. le Président, si nous suivions
votre suggestion et si la motion, telle que modifiée à votre
suggestion, était adoptée, on se retrouverait possiblement devant
la même situation que celle qui a déjà été
réglée par la Chambre. C'est-à-dire que les
mémoires ne doivent pas être entendus.
C'est pour cela, M. le Président, que, de propos
délibéré, nous avons nous-mêmes restreint notre
motion à une personne nommée dans la motion, c'est-à-dire
M. Edward McWhin-ney, et pour des fins bien précises,
c'est-à-dire l'aspect de la constitutionnalité du projet de loi
22 qui, semble-t-il, est contesté, ou, sinon contesté
directement, du moins en puissance d'être contesté par les
services du premier ministre du Canada qui se penchent sur ce
problème.
Il me semble, M. le Président, que, lorsque je dis qu'une
commission... Si je voyais dans un texte, par exemple, qu'une commission a la
possibilité d'inviter des personnes à témoigner devant
elle, je ne peux pas moi, comme député, me faire dire que ma
motion est irrecevable si je nomme une de ces personnes. C'est cela qui est
tout le fond de mon argumentation à lencontre de votre suggestion. Je le
dis bien respectueusement pour votre suggestion et pour vous-même.
Je pense que le fait, pour nous, de décider qu'on aimerait
entendre M. Edward McWhinney, c'est, dans le fond, dire autrement qu'on veut au
moins une audition publique. C'est cela qui est le fond de l'affaire. On aurait
très bien pu faire ce que vous dites et soumettre amendement sur
amendement, sur amendement, sur amendement, en précisant ce qu'on veut
dire par audition publique. Je trouve, à ce moment, qu'on aurait
peut-être pu se faire accuser de vouloir reprendre des débats qui
ont déjà eu lieu. On vous dit tout de suite qu'on n'a pas du tout
l'intention de reprendre le débat qui a eu lieu et qui a
été décidé par l'Assemblée nationale, soit,
en particulier, celui qui dit que les mémoires qui n'ont pas
été entendus ne le seront pas.
Il est sûr que c'est encore notre désir de les entendre,
mais je vous donne l'intention qu'il y a derrière cette motion, c'est
d'entendre une personne nommée, de sorte que c'est une audition
publique. C'est carrément et clairement une audition publique. Je ne
pense pas que le député de Saint-Jacques doive dire dans sa
motion qu'il demande une audition publique pour entendre M. Untel. On dit tout
simplement que la commission décide d'elle-même, consent
d'elle-même à convoquer une personne en particulier, soit M.
Edward McWhinney.
M. CHARRON: Comme proposeur de la motion, puisque vous me proposez,
selon votre droit, d'en modifier la forme, puis-je faire une remarque avant de
me soumettre à votre déci-
sion? J'interviens souvent sur des questions de règlement dans le
même sens, celui...
M. BURNS: Je m'excuse auprès... M. CHARRON: Oui.
M. BURNS: ... du député de Saint-Jacques. Seulement une
parenthèse. On m'informe qu'on ne permet pas aux personnes qui ont
été exclues tout à l'heure de revenir dans la salle.
Est-ce que c'est votre décision? Je ne veux pas la mettre en cause, ni
quoi que ce soit, mais il semble que le calme est revenu. J'en suis bien
heureux d'ailleurs et il y a des gens qui sont venus ici, paisiblement,
entendre les débats sur le projet de loi 22 et qui attendent dans
l'antichambre actuellement. Je vous le signale sans vous faire de
suggestion.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je serais tout à fait d'accord, si les
membres de la commission le sont aussi, de permettre à ceux qui sont
à l'extérieur de la salle de revenir dans les galeries à
la condition que je puisse leur faire le même avertissement qu'à
ceux qui y sont déjà.
M. BURNS: Non seulement je suis d'accord que vous le fassiez, j'allais
vous faire la suggestion étant donné qu'ils n'étaient pas
ici quand vous l'avez faite, que vous refassiez la suggestion.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que les membres de la commission
seraient d'accord pour que ceux qui sont à l'extérieur...
M. BOSSE: A présent que leur "show" est donné, je pense
qu'ils pourraient revenir.
LE PRESIDENT (M. Gratton): On pourrait peut-être demander aux
gardiens de laisser entrer les gens qui sont à l'extérieur.
M. BURNS: Cela va bien. M. BOSSE: Qui l'a calmé?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saint-Jacques
pourrait reprendre son argumentation.
M. BURNS: Cela va prendre une minute.
M. CHARRON: Si vous avez une communication à faire au public.
LE PRESIDENT (M. Gratton): La commission suspend ses travaux
jusqu'à nouvel ordre.
(Suspension de la séance à 16 h 34)
Reprise de la séance à 16 h 37
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre messieurs! Alors, pour ceux qui
viennent d'entrer dans la salle, j'aimerais répéter
l'avertissement que j'ai donné plus tôt, soit que la commission ne
tolérera aucun désordre. Au premier signe de désordre,
nous donnerons l'ordre formel d'évacuer complètement les
galeries. J'aimerais également, à l'intention des photographes,
rappeler que nos règlements, dans leur cas, prévoient que les
photographies peuvent se prendre au début, mais que lors des
auditions... Et je pense qu'au cours des travaux de cette séance, pour
eux aussi nous devrons appliquer le règlement à la lettre et je
leur demanderais de s'abstenir de prendre des photos. Le député
de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, j'intervenais sur le point de
règlement, à la suite de mon collègue de Maisonneuve,
uniquement pour vous faire remarquer une chose avant de me soumettre à
votre décision. J'ai proposé cette motion dans un esprit bien
précis. J'ai toujours visé, j'ai toujours demandé et c'est
à partir de ces positions que je suis intervenu dans un seul sens sur
les questions de règlement, pour que tous les députés
membres d'une commission parlementaire se prononcent sur une motion claire qui
dit ce qu'elle veut dire et qui ne veut pas dire plus qu'elle ne veut dire et
qui ne veut pas dire moins qu'elle ne veut dire. Je crains, M. le
Président, que si j'acceptais à la lettre la proposition que vous
nous faites de modifier ma motion, elle pourrait changer le vote de chacun des
membres de la commission. Si nous avions à nous prononcer sur
l'ouverture ou la réouverture d'audiences publiques, en
général, comme vous nous le proposez, en vertu de l'article 154,
il se peut que des membres de la commission, craignant une hémorragie
d'auditions publiques et un appel sans limite à toutes sortes
d'intervenants, votent contre cette motion.
Or, c'est précisément pour que les députés
sachent ce sur quoi exactement je veux qu'ils se prononcent et ce à quoi
ils s'engagent en votant pour la motion, quyje veux la limiter, dans son sens
restreint, à M. McWhinney...
M. CLOUTIER: Est-ce que je pourrais poser une question au
député de Saint-Jacques?
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER: Dois-je comprendre que vous avez l'intention de
présenter une seule motion, au cours de ces travaux, afin de faire
entendre une personne de l'extérieur?
M. CHARRON: Je ne connais pas les circonstances du débat quand
elles permettront de soumettre des motions différentes, mais pour le
moment, oui.
J'ai signalé et j'aurai l'occasion d'y revenir lorsque le
président me remettra la parole, sur le fond de la motion, je vais
préciser pourquoi j'ai demandé M. McWhinney à ce moment
bien précis. Mais, encore une fois, M. le Président, si vous nous
demandez de nous prononcer pour ou contre la réouverture des auditions
publiques, ça peut être un vote tout à fait
différent que de se prononcer pour ou contre le fait d'entendre M.
McWhinney. Parce que M. McWhinney, je l'ai dit dans ma motion également,
je veux l'entendre sur un aspect bien particulier, en sa qualité
d'expert en droit constitutionnel, pour qu'il nous donne sa version, son
entendement de la constitutionnalité de la loi 22.
Autrement dit, vous élargissez ma motion à un point
qu'elle puisse perdre son sens. Pour faciliter les débats, je dois dire
que, si on devait accepter la motion telle que vous nous la proposez, nous nous
verrions dans l'obligation d'y présenter un amendement par la suite. Ce
n'est pas que la réouverture des auditions publiques que nous demandons,
mais bien d'entendre spécifiquement M.Edward McWhinney.
Si vous rendez cette décision et que vous la présentiez
comme une modification à ma motion, je prétends que je serai
obligé, en ma qualité de parrain de la motion, de faire à
nouveau une motion pour bien la spécifier, parce que je voudrais que les
membres de la commission se prononcent sur une chose bien précise:
devrions-nous, croyez-vous, entendre M. McWhinney à ce moment-ci ou si
nous devons nous prononcer sur l'ouverture des auditions publiques?
M. CLOUTIER: M. le Président, je ne sais pas si mon intervention
est régulière; vous me corrigerez si j'interviens mal à
propos. C'est un renseignement que je possède qui peut peut-être
orienter cette commission. Je sais pertinemment que M. McWhinney n'est pas au
Canada en ce moment, il est en Angleterre. Je peux expliquer comment cette
information m'est parvenue. Je ne sais pas si ça change le sens de la
motion.
M. BURNS: Je pense que cette information pourrait être pertinente
sur la motion elle-même, non pas sur la recevabilité. Je vous le
soumets bien amicalement.
M. CLOUTIER: C'est pour ça que j'étais un peu... Cela
enlève un peu d'effet à la motion. Mais je parlerai sur le fond
bien sûr, ce n'est pas mon intention de parler sur la
recevabilité.
M. MORIN: M. le Président, je voudrais simplement faire observer
très brièvement qu'il n'est pas nécessaire que nous
entendions le professeur McWhinney immédiatement.
M. CLOUTIER: On peut l'entendre dans quelques mois.
M. MORIN: Non, non, il n'est pas en Angleterre pour quelques mois...
M. CLOUTIER: Ah bon!
M. MORIN: Au maximum, pour quelques semaines.
M. CLOUTIER: C'est ça, pour quelques semaines, vous êtes
bien renseigné aussi. Cela n'a strictement aucun rapport avec la motion
cependant.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je suis maintenant prêt à...
M. LEGER: M. le Président...
M. CLOUTIER: Vous n'étiez pas au courant.
M. MORIN: Je ne vois pas ce que cela vient faire ici.
M. CLOUTIER: Ecoutez! Non, mais j'ai pensé rendre service
à la commission.
M. BURNS: C'est au niveau du fond, on parle de la forme de la
motion.
M. CLOUTIER: Je suis entièrement d'accord.
M. LEGER: Sur la recevabilité.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je suis prêt à rendre ma
décision.
M. LEGER: M. le Président, sur l'article 160 du
règlement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je dis que je suis prêt à rendre
ma décision.
M. LEGER: Mais quand même vous seriez prêt, M. le
Président, l'article 160 permet à un membre de la commission de
donner son point de vue, je vais vous lire l'article, M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je m'excuse, mais l'article 43 dit
également très clairement...
M. LEGER: Mais vous ne pouvez pas vous en servir à toutes les
minutes.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... que le président peut demander,
lorsque le président rend sa décision... Le président se
prononce sur les question de règlement au moment où il le juge
à propos. Alors, je juge à propos de rendre ma
décision...
M. LEGER: M. le Président, je trouve ça drôle
qu'après deux intervenants vous arriviez toujours avec l'article 43.
Cela ne se pourrait pas que, cette fois-ci, sur la recevabilité,
vous
pourriez nous permettre d'ajouter d'autres choses, d'autres
éléments?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je pourrais bien laisser tous les membres de
la commission intervenir et je ne serai pas plus éclairé que je
le suis, là.
M. LEGER: Cela dépend.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'aimerais...
M. LEGER: Si je vous dis, M. le Président, que...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: ... qu'un article de...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: ... une allusion ou un détail de plus...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. LEGER: ... à
apporter...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous plaît ! J'ai
demandé la collaboration des membres de la commission...
M. LEGER: Vous voulez vous prononcer trop rapidement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Cela inclut le député de
Lafontaine.
M. LEGER: Vous voulez vous prononcer trop rapidement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est un jugement que vous pouvez faire et
c'est à moi quand même de voir à l'application des
règlements, et c'est ce que je tente de faire dans des conditions
passablement difficiles, vous en conviendrez.
M. LEGER: J'en conviens, M. le Président, mais c'est aussi
difficile pour les députés de s'exprimer...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, j'ai dit que j'étais... A
l'ordre!
M. LEGER: ... de voir constamment le président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. LEGER: ... qui se sert de
l'article 43...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LEGER: ... pour arrêter un député de s'exprimer
sur la motion.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je rappelle le député de
Lafontaine à l'ordre !
M. LEGER: J'ai droit à deux autres fois, mais je vais attendre
pour connaître la raison pour laquelle le ministre...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. LEGER: ... veut le faire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, ma décision. D'abord, je dois
vous le dire, elle a été prise après consultation avec le
président de l'Assemblée nationale, avant qu'on me suggère
de le faire. Elle s'inscrit sur la même base que celle que nous avons
acceptée pour certaines motions hier. Le règlement qui
régit les travaux des commissions est très clair quant aux
façons de procéder aux travaux. Je l'ai dit à plusieurs
occasions et je le répète: Le mandat de la commission,
après la deuxième lecture, est d'étudier le projet de loi
22, article par article. C'est le principe de base, c'est tout ce que doit
faire la commission à ce moment-ci, sauf que certaines dispositions du
règlement prévoient, par exemple, qu'à l'article 161 on
nomme un rapporteur. C'est évident qu'une motion en ce sens, avant d'en
arriver à l'article 1, est acceptable, de la même façon que
nous avons accepté, en vertu de l'article 148, de donner le droit de
parole à tous les députés.
Je veux qu'on soit constant dans nos décisions et c'est pourquoi
je me réfère à l'article 154 qui dit très
clairement: "Qu'il ne peut y avoir d'auditions publiques que devant une
commission élue, pourvu que celle-ci y consente".
Je voudrais que la motion soit pour demander à la commission de
se prononcer pour qu'il y ait des auditions publiques... J'aimerais relever
l'argument du député de Maisonneuve qui dit: On a
déjà décidé, ici, en commission, de mettre fin aux
auditions. On l'a fait de la même façon que la motion du
député de Saint-Jacques sur le droit de parole. J'ai
déclaré qu'elle ne s'appliquait pas, à ce moment-ci de nos
travaux, après la deuxième lecture, de la même façon
que...
M. MORIN: M. le Président, nous acceptons votre point de vue. Il
n'est pas nécessaire de discourir plus longuement. Nous nous rangeons
à votre point de vue. Cette motion que vous proposez va, en effet,
être utile. Disposons-en rapidement et passons à autre chose.
M. BURNS: Si le président veut continuer à circonstancier
sa décision, je pense bien qu'on n'a pas d'objection.
M. HARDY: II semble que l'élément...
M. BURNS: A la suite de ce que le chef de l'Opposition a dit,
simplement, après s'être consulté rapidement, on a dit:
Ecoutez, il semble que la décision du président s'en va dans
cette direction, alors soit. On n'est pas...
M. HARDY: Laissez-le s'expliquer...
M. BURNS: ... d'accord avec le président. On ne peut pas en
appeler de sa décision et on la respecte.
M. HARDY: Laissez-le terminer, c'est de la jurisprudence.
M. BURNS: Je vais le laisser terminer, je suis d'accord, si le chef de
l'Opposition est d'accord...
M. MORIN: Je n'ai pas d'objection.
M. BURNS: ... mais c'était pour aider le président que je
voulais...
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'ai terminé.
M. MORIN: Bien. M. le Président, je tiens pour acquis qu'il y a
unanimité sur cette motion, ou bien est-ce qu'on doit passer à un
vote formel?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CLOUTIER: Ce n'est pas au chef de l'Opposition de tenir pour acquis.
Je crois que le président devrait demander...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. MORIN: Nous acceptons...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre ! A l'ordre !
M. CLOUTIER: ... à la commission. Je crois que ce serait plus
juste que vous parliez pour votre parti.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre! Premièrement,
qu'on formule la motion et qu'on se comprenne bien tous et chacun. Ma
décision est que la motion se lise comme suit, si le
député de Saint-Jacques est d'accord: "Que la commission consente
à ce qu'il y ait auditions publiques durant l'étude du projet de
loi 22, après la deuxième lecture".
M. LEGER: Pouvez-vous lire plus lentement, M. le Président, pour
qu'on puisse écrire?
LE PRESIDENT (M. Gratton): "Que la commission consente à ce qu'il
y ait auditions publiques durant l'étude..."
M. LEGER: On n'a pas de copie, M. le Président. A ce qu'il y
ait?
LE PRESIDENT (M. Gratton): "... auditions publiques..." A l'ordre! A
l'ordre, s'il vous plaît! Je vous demande votre collaboration sans
quoi... A l'ordre! Dernier avertissement très formel. "Que la commission
consente à ce qu'il y ait auditions publiques durant l'étude du
projet de loi 22, après la deuxième lecture". C'est le texte qui
respecte intégralement l'article 154.
M. LEGER: Merci, M. le Président.
M. CHARRON: M. le Président, puis-je vous demander une directive?
Est-ce que cette motion, telle que libellée et je me soumets
à votre décision qui est conforme à l'article 154
pourra être amendée à des fins particulières?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je prévois que vous voulez me demander
si vous pourriez greffer un non, ajouter un non au texte de la motion. Je pense
que, tout de suite, je peux vous répondre que non. La commission
consentira ou ne consentira pas à des auditions publiques.
Une fois qu'on aura réglé cela, supposons que la
commission accepte cette motion, à ce moment, il y aura seulement
à avoir une autre motion chaque fois que vous voudrez faire entendre
quelqu'un.
M. BEDARD (Chicoutimi): Question d'information.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Laissez-moi finir. Si, par hasard, la
commission rejetait cette motion, il n'y en aurait sûrement pas.
M. BEDARD (Chicoutimi): Question d'information, M. le Président.
Je voudrais savoir la portée de la motion sur laquelle on aura à
voter. Si on vote négativement à la motion
présentée par le député de Saint-Jacques, est-ce
qu'à ce moment cela enlève toute possibilité, d'une
façon définitive, à la commission d'entendre qui que ce
soit durant qu'elle va siéger? Je pose cette question dans le sens
suivant : Très normalement, et pour des motifs très
sérieux, à ce moment-ci, les membres de la commission peuvent
voter négativement à la motion faite par le député
de Saint-Jacques parce qu'ils ne voient pas la nécessité à
ce moment, de faire entendre qui que ce soit en audition publique à la
commission.
Maintenant, il me semble que si c'est cela l'interprétation, je
trouve qu'on se lie beaucoup en fonction de l'avenir ou de ce qui s'en vient.
Il se peut que maintenant ce ne soit pas nécessaire, dans l'esprit de la
commission, d'entendre qui que ce soit en audition publique. Il se peut aussi
et je ne pense pas qu'on doive fermer la porte, si on est sérieux
que demain, après une semaine de discussion, étant
donné la manière dont s'orienteront les discussions ou les sujets
sur lesquels ces discussions porteront, la
commission puisse juger opportun d'entendre quelqu'un en particulier sur
un sujet précis. Est-ce qu'à ce moment parce qu'on a
voté trop rapidement ou encore, si on a voté contre cette motion
d'avance, la commission fermerait la porte à toutes
possibilités d'entendre ultérieurement quelqu'un qui pourrait
apporter un éclairage important au niveau de la commission et des
discussions qui sont en cours et qu'il qu'il pourrait être, à ce
moment, dans l'esprit même des membres de la commission,
nécessaire d'être entendue?
Si on devait interpréter et je ne crois pas qu'on doive
interpréteter, en tout cas, c'est mon humble opinion, je ne me
prétends pas un spécialiste en termes de règlement
disons que, démocratiquement parlant, et même au nom du
sérieux que doit avoir la commission, je concevrais difficilement qu'on
puisse fermer la porte dès maintenant à la possibilité ou
à la nécessité d'entendre ultérieurement quelqu'un
au niveau de cette commission. Je pense que, très sérieusement,
cette commission peut décider qu'à ce temps de la
procédure, il n'est pas nécessaire d'entendre qui que ce soit,
mais elle peut tout aussi sérieusement décider, dans trois ou
quatre jours, qu'il soit nécessaire d'entendre quelqu'un.
M. HARDY: M. le Président, sur la question de
recevabilité...
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, vous avez mal compris. C'est une question
d'information. Je veux savoir, avant de voter sur la motion, quelle en est la
portée.
M. HARDY: Vous demandez une directive.
M. BEDARD (Chicoutimi): Une directive. Est-ce que cela ferme les portes,
d'une façon définitive, à toutes auditions
ultérieures, si on vote négativement à ce temps-ci, ou
encore si cela garde je pense que ce serait sérieux, ce serait
normal une porte ouverte à la possibilité de faire une
motion dans le même sens, aux membres de la commission?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Au moment où nous parlons, il n'y a
aucune audition publique permise par le règlement, justement en vertu de
l'article 154 qui dit qu'il ne peut pas y en avoir après la
deuxième lecture, sauf si la commission y consent. Alors, dans le
moment, il n'est pas question d'auditions publiques. A cause de l'article 154,
il est possible, à mon avis, de faire une motion qui soit recevable pour
permettre ces auditions publiques. Comme réponse directe à votre
question, il est évident que, si la commission décide de rejeter
la motion, c'en sera réglé pour la durée des travaux de la
commission, à moins qu'un ministre se serve de l'article 89 pour une
motion de révocation. Il y a cette possibilité. Pour être
bien honnête avec vous, seul le ministre peut faire cette motion.
Mais si, par contre, elle est acceptée... Ce n'est pas à
moi de deviner si elle sera acceptée oui ou non. Moi, mon rôle est
de faire respecter le règlement, et c'est ce que je tente de faire.
C'est la seule formulation de la motion qui m'apparaît recevable, et
ceci, je le répète après consultation avec les
officiers.
M. BEDARD (Chicoutimi): Votre interprétation est qu'on ne peut
pas, ultérieurement, au niveau des travaux de cette commission...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A moins de se prévaloir de
l'article...
M. LESSARD: L'article 154.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... dont j'ai parlé sur la motion de
révocation d'un ordre, et peut-être d'autres articles qui ne me
viennent pas à...
M. LESSARD: Un ordre de l'Assemblée nationale.
M. BURNS: C'est justement un ordre qui n'aura pas été
adopté. Alors, il n'y a pas d'ordre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vous me permettez, c'est cela que je voudrais
voir très bien éclairci. Quelle est votre interprétation?
Est-ce que cela règle la question?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Mon interprétation, je vous l'ai
donnée. Si la commission refuse la motion...
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous l'avez...
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... il n'en est plus question. Si elle
l'accepte, bien...
M. BEDARD (Chicoutimi): A moins que, vous avez dit...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je me suis peut-être trop avancé
en citant cela.
M. LESSARD: II n'est pas dit, M. le Président, à l'article
154, contrairement à l'article 157, que cette motion ne peut être
présentée qu'une seule fois.
M. BURNS: II n'est pas dit qu'elle ne peut pas être amendée
non plus.
M. LESSARD: II n'est pas dit qu'elle ne peut pas être
amendée, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Non, mais il est dit... Je pense que c'est le
principe général. Il faut qu'une motion soit conforme aux
règlements.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je partage... M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Non, non. Ecoutez. J'ai rendu ma
décision. Je pense bien...
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, mais c'est une question de directive.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... que j'essaie d'être aussi large que
possible.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est une directive. C'est parce que j'ai de la
difficulté, très sérieusement, à concevoir votre
interprétation. Parce qu'au niveau d'une commission...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je conviens que cela peut être
difficile à interpréter, à concevoir.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je vais essayer de vous expliquer. C'est que,
quand une motion comme celle-là est acceptée au niveau d'une
commission, comme on l'a vu en première lecture...
M. BOSSE: M. le Président, la décision du
président, est-ce que c'est discutable, en vertu du
règlement...
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, je n'en suis pas au
niveau de votre décision.
M. BOSSE: C'est sur le fond.
M. BEDARD (Chicoutimi): J'en suis au niveau de l'interprétation
de votre décision. Je pense que, si on veut...
M. BOSSE: II discute la décision, M. le Président.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bien non! Je ne discute pas la
décision.
M. BOSSE: Bien oui.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): II ne comprend rien.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Je pense que vous avez très
bien compris mon interprétation.
M. BEDARD (Chicoutimi): Seulement un exemple. Permettez-moi deux
phrases, je veux savoir une chose. C'est pour cela que je comprends mal votre
interprétation. C'est qu'au début d'une commission, comme c'est
arrivé en commission parlementaire, après la première
lecture, il est arrivé ceci: On a voté une motion afin d'entendre
les différents groupes, d'entendre tous les groupes qui seraient
intéressés à venir devant la commission. A un moment,
cette même commission a décidé de cesser,
d'elle-même, d'entendre ces groupes. Je me demande si la contrepartie ne
peut pas être vraie, si on peut, à un certain moment,
décider, au début d'une commission, que personne ne sera entendu,
si la même commission peut, par la suite, décider, d'une
façon très sérieuse, étant donné les
circonstances et pour une meilleure compréhension du débat, que
ce soit nécessaire de changer cette décision initiale afin
d'entendre quelqu'un au niveau des discussions.
LE PRESIDENT (M. Gratton): La différence entre les deux
situations auxquelles vous faites allusion, c'est qu'après la
première lecture, le règlement prévoit très
spécifiquement la possibilité et prévoit même des
règles de pratique spéciales pour l'audition des organismes alors
qu'après la deuxième lecture c'est tout à fait le
contraire qui se produit. Le règlement dit bel et bien qu'il ne peut pas
y avoir d'audition publique à moins que la commission y consente.
La seule question qu'on doit trancher vis-à-vis de la motion du
député de Saint-Jacques est à savoir si la commission
veut, consent à tenir des auditions publiques ou non, et je pense qu'au
point de vue de l'interprétation, vous comprenez.
M. LESSARD: Je comprends...
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est ma décision et j'espère
que vous allez vous y plier.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends très bien votre
interprétation. Je...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre! C'est ma
décision. On n'est pas pour passer l'après-midi
là-dessus.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pour être bien clair...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): ... j'aurais à en discuter...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): Je respecte votre décision...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Merci.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... mais je veux vous dire que je ne partage pas
votre interprétation.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Parfait. A l'ordre!
Le député de Saint-Jacques sur la motion.
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement pour
poser seulement une question de directive. Est-ce que selon la décision
que vous venez de rendre je veux que vous écoutiez vous
jugez recevable la correction de la motion du député de
Saint-Jacques et qu'on doive en discuter elle est sur la table ou
trouvez-vous irrecevable la correction que vous avez apportée?
LE PRESIDENT (M. Gratton): La correction que j'ai apportée...
M. LEGER: Vous la jugez recevable? LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui.
M. LEGER: Donc on discuterait là-dessus après votre
jugement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est cela. M. LEGER: C'est cela que je
voulais savoir.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saint-Jacques sur
la motion telle que formulée...
M. CHARRON: Sur la motion du président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, si vous voulez.
M. CHARRON: ... parce que vous avez passablement épluché
ma motion depuis...
M. HARDY: II l'a améliorée.
M. CHARRON: ... que je l'ai présentée. Enfin. Je soutiens
encore que cette commission doit ouvrir les auditions publiques et j'appuie
donc votre motion parce que je crois que nous n'avons pas fini de recevoir
l'éclairage dont cette commission a besoin avant de se prononcer,
article par article, sur le projet de loi.
Je ne soutiens pas, puisque le règlement me l'interdit, et que la
Chambre me l'a imposé, que la réouverture de ces auditions
publiques soit faite en vue d'entendre les 76 mémoires que nous avons
laissés en plan. Cela a été une décision
imposée par la majorité ministérielle et je n'ai pas le
droit, même si j'en avais fortement envie, de la remettre en
question.
Donc, je me suis prévalu de l'article 154, parce que je crois
qu'après avoir entendu la population du Québec, telle qu'elle
avait répondu à notre invitation enfin ceux que nous avons
bien daigné entendre à cette table il serait
peut-être bon à ce moment-ci d'entendre également ce que
nous appelons habituellement la voix des spécialistes qui, eux, ne sont
pas venus au moment où nous avions ouvert les portes de cette commission
aux témoignages du grand public de toutes les régions du
Québec, de toutes les classes sociales, de toutes les organisations qui
ont bien voulu répondre à notre invitation.
Effectivement, sur le plan des spécialistes, je crois que le seul
groupe que nous ayons entendu au cours des auditions publiques, à la
suite de la première lecture, vient probablement du témoignage
que l'Association des démographes du Québec nous a
apporté.
Ils ont apporté leur démoignage sous l'angle
professionnel, conscients de la baisse de population du Québec, du taux
d'érosion de la langue française et de la force d'anglicisation
qui se manifeste dans toutes les régions du Québec. M. le
Président, je vous propose maintenant, à vous et à la
commission, d'ouvrir à nouveau les portes de cette commission pour
entendre un témoignage en particulier. Bien sûr, il ne sera
aucunement interdit à d'autres membres de la commission de signaler
d'autres témoins que nous devrions entendre.
M. le Président, je soutiens que cette commission devrait
entendre un expert en droit constitutionnel. Celui que j'ai voulu proposer
à la commission, ce matin, M. le Président, ne manque
certainement pas de galons, de mérite et ne manque certainement pas de
crédibilité dans ce domaine.
L'Opposition officielle a recommandé que nous entendions M.
Edward McWhinney, qui a été un des commissaires de la Commission
Gendron qui nous a soumis un rapport extrêmement détaillé
et dont l'appréciation en haut lieu n'a fait aucun doute, M. le
Président, quant à sa qualité et sa portée
réelle.
Nous aurions besoin d'entendre M. McWhinney parce que, comme l'a soutenu
le député de Mont-Royal. Avant de voter contre le projet de loi,
certains membres de cette assemblée ont encore des doutes quant à
la portée constitutionnelle et la légitimité
constitutionnelle de cette loi et, aussi bien pour le député de
Mont-Royal que pour le député de Sainte-Anne, qui ont voté
contre cette motion de deuxième lecture, peut-être les
éclaircissements d'un expert constitutionnel seraient de bon aloi avant
que nous en entreprenions l'étude article par article. M. le
Président, vous devinez bien qu'il y a une deuxième raison
à cette motion que je présente pour que nous entendions un expert
en droit constitutionnel. Lorsque, ce matin, vous m'avez permis de
déposer ma motion avant de la déclarer irrecevable et de la
modifier, j'ai soutenu que je n'avais pas encore, jusqu'à hier soir,
l'intention de faire cette proposition à la commission, mais la
manchette des quotidiens de ce matin nous invite certainement à poser ce
geste.
En effet, M. le Président, la majorité anglaise du Canada
a fait savoir, par son gouvernement et par son premier ministre hier, qu'elle
étudiait la possibilité très réelle de
désavouer une loi qu'un parlement québécois aurait
votée pour assurer sa sécurité culturelle. Cette nouvelle
ingérence du gouvernement central et de la
majorité anglaise dans nons propres affaires, M. le
Président, non seulement constitue-t-elle à nouveau une
provocation et un rappel que dans ce régime constitutionnel, nous sommes
un peuple inférieur et qui, même dans le domaine de sa
sécurité culturelle, doit se soumettre à l'aveu ou au
désaveu de la majorité anglaise du pays...
M.HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CHARRON: ... mais plus que cela, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! L'honorable député
de Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, est-ce que le fond de la motion,
l'objet de la motion ou l'intention derrière la motion du
député de Saint-Jacques est de vérifier, à l'aide
d'un expert en droit constitutionnel, si la loi 22 est constitutionnelle ou
non? Je ne pense pas, M. le Président, que ce soit l'occasion de faire
le procès du fédéralisme. Si vous avez d'excellentes
raisons...
M. CHARRON: Vous êtes chatouilleux là-dessus.
M. BBDARD (Chicoutimi): II faut tenir compte des interventions.
M. HARDY: Au contraire, M. le Président, je considère, en
tant que Québécois, en tant que membre de ce Parlement et
même en tant que membre de ce gouvernement, que le
fédéralisme peut être remis en question.
Mais je dis que pour le bon ordre de nos travaux et pour
répondre à la demande du président qui nous demandait
notre collaboration vous pourriez vous en tenir à la pertinence
de votre motion, à savoir l'à-propos de convoquer un expert en
droit constitutionnel. Je ne pense pas, M. le Président, même si
nous faisions venir cet expert en droit constitutionnel, que nous aurions
à lui poser des questions sur l'ensemble du fédéralisme.
Nos questions seraient à savoir si la loi 22 est constitutionnelle ou
non. Donc, les propos sur votre motion...
M. MORIN: Mais c'est lié au régime
fédéral.
M. HARDY: De nouveau le député de Sauvé, dans sa
grande politesse...
M. MORIN: Vous avez interrompu le député de Saint-Jacques,
pourquoi ne puis-je vous faire une objection?
M. HARDY: M. le Président, j'ai interrompu le
député de Saint-Jacques, avec votre permission, sur une question
de règlement.
M. MORIN: Eh bien, je vous interromps avec la permission du
président...
M. HARDY: Non. Nous sommes sur une question de règlement.
Voulez-vous rappeler cela au député de Sauvé?
M.MORIN: Moi aussi, j'étais sur une question de
règlement.
M. HARDY: Sur une question de règlement, on n'interrompt pas.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: Le député de Saint-Jacques parlait du fond de la
motion et j'ai demandé...
M. CHARRON: Allez-vous me l'interdire?
M. HARDY: Non. Je vous demande tout simplement de vous en tenir à
la règle de la pertinence du débat.
M. CHARRON: Depuis quand est-ce que je n'ai pas le droit de soutenir les
motifs de la motion? Le motif principal de cette motion et ce qui a fait la
première page, ce matin, la majorité anglaise du pays, par son
gouvernement...
M. HARDY: M. le Président, j'invoque de nouveau le
règlement.
M. CHARRON: ... a laissé entendre qu'on étudiait la
possibilité de désavouer une loi du Parlement
québécois.
M. HARDY: M. le Président, j'invoque de nouveau le
règlement.
M. CHARRON: Est-ce que ce n'est pas un motif suffisant? Est-ce que je ne
suis pas en pleine régularité de soutenir, à l'appui de ma
motion, cet événement de ce matin?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Il y a un nouveau...
M. HARDY: M. le Président, j'invoque la question de
règlement. En plus de la pertinence du débat, M. le
Président, c'est bien sûr que le député de
Saint-Jacques a le droit de "s'à-plat-ventrir" devant le pouvoir
fédéral et de changer son attitude.
M. MORIN: Oh non!
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le ministre des Affaires culturelles
permettrait une question que je voudrais lui poser? Comment peut-on, dans le
contexte actuel, parler de constitutionnalité sans parler
nécessairement de fédéralisme?
M. HARDY: Vous n'avez rien compris.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est vous qui n'avez rien compris quand vous
vous opposez à ce que le député de Saint-Jacques parle
là-dessus, c'est le fond de la question.
M. LESSARD: IL y a seulement le ministre des Affaires culturelles qui
comprend quelque chose.
LE PRESIDENT(M. Gratton): Le député de Saint-Jacques.
M. LESSARD: A la Jean-Noël Tremblay. LE PRESIDENT (M. Gratton): A
l'ordre! M. HARDY: Elle est vieille.
M. CHARRON: M. le Président, l'intervention du "foreman" des
Affaires culturelles m'invite à préciser encore un peu plus la
motion que j'avais l'intention de vous proposer.
M. HARDY: Celle-là aussi est vieille. Vous êtes rendus
à la dixième édition.
M. CHARRON: Mais vous êtes de plus en plus ce que j'ai
déjà décrit.
M. HARDY: Même pas corrigée.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quand c'est bon, c'est bon longtemps.
M. CHARRON: M. le Président, qui contestera autour de cette
table.à la suite de l'annonce faite par le premier ministre de la
majorité anglaise du pays, hier, que nous vivons dans un régime
où n'importe quelle loi de cette province peut être
désavouée et annulée par une décision d'un
gouvernement étranger? Qui peut nier que la majorité anglaise,
hier soir, par la voix de son premier ministre et de son gouvernement, a
laissé entendre que, de son côté, elle étudiait tous
les moyens et tous les aspects constitutionnels de cette loi et qu'il se peut
que tout le gonflage qu'on a fait autour de cette loi du côté
gouvernemental soit annulé par la décision d'un autre
gouvernement? Voilà le motif principal qui m'amène à
proposer la réouverture des auditions publiques et à entendre M.
McWhin-ney pour que cet expert constitutionnel qui a d'ailleurs
déjà de son propre chef, recommandé et souligné au
gouvernement la possibilité de modifier l'article 133 de la
constitution, recommandation et aveu que le gouvernement, de son propre chef
aussi, a décidé de ne pas suivre vienne à la table
de cette commission et nous indique où et à quel endroit de la
loi effectivement, la majorité anglaise du pays pourrait
prétendre trouver argument pour dire que cette loi est
anticonstitutionnelle, qu'elle ne respecte pas le British North America Act,
voté par le
Parlement de Londres en 1867 et qui est le régime dans lequel
nous vivons et que soutient ce gouvernement. Il pourrait nous indiquer et nous
aider à faire une loi que, même si demain matin la majorité
anglaise du pays, par son gouvernement, par sa force économique et par
sa force numérique, décidait de mettre en pièces,
même si elle a été votée par une Assemblée
nationale des Québécois, nous aurions la certitude que cette loi
est parfaitement constitutionnelle et nous pourrions soumettre nos lois qui
concernent la sécurité culturelle des Québécois
sans aucune crainte à la chasse et au crible que veut en faire la
majorité anglaise.
Nous ne sommes pas souverains, M. le Président, nous ne pouvons
même pas légiférer en matière culturelle sans que,
automatiquement, la première page des journaux évoque la
possibilité, pour la majorité anglaise, de trouver une faille
dans notre loi et de l'annuler, de la mettre sans valeur, même
après toutes les semaines et les heures que nous aurons mises, article
par article, à édifier cette loi selon l'entendement que nous en
avons.
Nous vivons dans ce régime et qui plus est, M. le
Président, c'est ce gouvernement qui l'a vendu aux
Québéois ce régime. Je dis maintenant: Payez-en le prix!
Vous savez que la majorité anglaise, demain matin, peut dénoncer
notre loi. Faisons donc venir M. McWhinney, cet expert anglophone que tout le
monde reconnaîtra, qui a participé aux travaux de la commission
Gendron, et demandons-lui de nous aider à faire que notre loi soit,
à tout le moins étanche et ne donne pas trop prise à la
majorité anglaise du pays pour qu'elle vienne, dans le domaine culturel,
comme elle intervient quotidiennement dans notre vie économique ou dans
notre vie sociale, imposer ses règles, ses conceptions, comme si nous
n'étions pas un peuple normal, capable de décider par
lui-même et d'assurer par lui-même sa sécurité
culturelle.
Ce n'est pas une phrase en l'air, M. le Président. Le premier
ministre du Canada a dit hier qu'il avait chargé son cabinet et des
membres de son cabinet de scruter cette loi et d'en vérifier les
possibilités de contestation sur le plan de la
constitutionnalité. Le moins que nous puissions demander au gouvernement
québécois, s'il est le moindrement le gouvernement des
Québécois, c'est que lui aussi se prépare à
défendre la constitutionnalité de cette loi. S'il est un homme
qui peut nous aider à préparer la défense de la
constitutionnalité, à fermer les brèches et les trous
qu'il y a dans la loi sur le plan constitutionnel, c'est M. McWhinney qui, lors
de l'ouverture de l'audition publique, pourrait venir nous signaler les points
faibles de la loi, à partir desquels certains experts, comme M. Frank
Scott, ont déjà déclaré que la loi; effectivement
sur le plan constitutionnel, était faible, laissait prise à la
majorité anglaise et que ce gouvernement pouvait se retrouver non
seulement faible comme il est, mais dans une situation ridicule où,
après avoir imposé une loi
à l'ensemble des Québécois quand ceux-ci n'en
voulaient pas, il se retrouverait au bout de la ligne avec un désaveu de
son patron fédéral. C'est pour éviter le ridicule et,
encore une fois, l'humiliation des Québécois que je propose
simplement à ce Parlement et à cette Assemblée nationale
de nous préparer à nous défendre. Parce que la
majorité anglaise, par son premier ministre et par son gouvernement,
hier, nous a avisés qu'elle se préparait à nous
attaquer.
Préparons donc notre défense et édifions donc une
loi constitutionnelle! S'il est un homme qui peut nous aider à
édifier une loi, qui, malgré toutes les astuces et toutes
les finesses du premier ministre du Canada, malgré toutes les forces et
les arguments qu'invoquera la majorité anglaise du pays demeurera
au-thentiquement une loi québécoise et que devra assumer, face
aux Québécois, le gouvernement qui l'a imposée pendant les
vacances des Québécois.
Mais cette ouverture des auditions publiques, s'il est un sens à
y donner, c'est de préparer la défense, parce que vous avez dans
la première page de tous les journaux, ce matin, l'avis très net
et le rappel très net du régime fédéral dans lequel
nous vivons: Vous êtes une minorité et vous ne pouvez
décider rien, même pas votre sécurité culturelle
sans que la majorité anglaise se permette le droit d'envahir ce terrain
et d'annuler vos propres décisions.
Cette humiliation que nous avons reçue encore une fois, hier, de
la part du gouvernement de la majorité anglaise du pays, est-ce que ces
Québécois autour de cette table, ont suffisamment de
dignité pour au moins esquisser un système de défense qui,
sur le plan de la constitutionnalité ferait que cette loi serait
inattaquable.
Pour le reste, quant à son fond politique, quant à sa
portée réelle, ce sont les Québécois qui seront les
juges, qui jugeront ce gouvernement. Mais, de grâce! ne poussez pas
l'humiliation jusqu'à permettre qu'une loi qui aurait été
aussi débattue, dans des conditions aussi difficiles et qui sera le
choix d'un gouvernement majoritaire, contre le voeu de la population du
Québec, soit ridiculement annulée demain, parce que vous n'aurez
pas pris les précautions suffisantes sur le plan constitutionnel. Qu'une
fois de plus, on se fasse rappeler, comme on se le fait rappeler
quotidiennement dans les usines, comme on se le fait rappeler quotidiennement
dans toute la vie québécoise, que nous sommes une minorité
qui ne peut même pas imposer sa langue, là où elle est
majoritaire sans que la majorité anglaise du pays le consente ou le
concède.
Est-ce qu'il existe encore assez de volonté
québécoise dans ce gouvernement pour aller dans le sens de la
motion que j'ai présentée et demander avis à un expert que
tout le monde a reconnu et qui a déjà signalé dans des
auditions publiques qu'il accordait des failles dans la loi 22.
Il y a d'autres experts d'ailleurs, si le gouvernement n'a aucune
objection à le faire. Que ces experts viennent nous dire
qu'effectivement tel article, à la façon hypocrite dont il est
rédigé, laisse prise à une contestation constitutionnelle
et nous expose à nous retrouver au bout de la ligne, demain matin, avec
une décision de là cour Suprême du Canada où
les Québécois ont toujours été et ne seront jamais
plus que le tiers des représentants qui déclarerait du
haut de sa hauteur que ce que la tribu francophone du Québec a
décidé est absolument non valide parce qu'elle ne respecte pas la
loi que Londres a votée en 1867.
Est-ce qu'il reste encore suffisamment de force à
l'intérieur de ce gouvernement pour au moins éviter que nous
n'ayons pas cet air ridicule au bout de la ligne? C'est l'unique sens de ma
motion, M. le Président. Vous avez voulu l'élargir en faisant
qu'elle soit une audition publique où d'autres témoins, où
d'autres experts pourront venir prémunir la loi, et lui assurer, si elle
n'a pas d'allure quant à la portée réelle du
français et à la sécurité du français, qu'au
moins, sur le plan constitutionnel, elle ne soit pas empreinte de trous et de
failles comme a déjà commencé à le sentir la
majorité anglaise du pays.
Il fallait probablement deviner, M. le Président, hier soir, la
satisfaction que devait éprouver le premier ministre de la
majorité anglaise du pays, lorsqu'il disait: "Vous savez, ne vous
inquiétez pas, on les laisse aller, on laisse aller le petit
gouvernement provincial. Quand nous jugerons bon de rétablir les faits,
si on sent qu'il va trop loin, si on sent qu'il prend trop de liberté
avec la loi que les députés de Londres ont votée en 1867,
nous lui rappellerons qu'il n'est qu'une minorité, qu'il n'est pas chez
lui, qu'il ne sera jamais chez lui tant qu'il n'aura pas décidé
de prendre les pouvoirs politiques qu'on lui concède. Nous l'humilierons
une fois de plus".
Est-ce que vous voulez encore une fois, comme vous l'avez fait aussi
servilement sur le plan économique, faire le jeu de Trudeau et de la
majorité anglaise? Est-ce que c'est ce chemin-là? Est-ce que vous
voulez encore lui permettre de se faire des lauriers en piétinant les
droits des Québécois pour obtenir la gloire au sein de la
majorité anglaise du pays?
Si c'est à ce point de servilité qu'est rendu le
gouvernement, M. le Président, alors, qu'il batte ma motion. Comme le
ministre de l'Education, qu'il se cale dans son fauteuil et qu'il admire sa
loi. Mais, par la suite, lorsque le gouvernement fédéral
interviendra et annulera, comme si nous étions un troupeau
d'indigènes incapable de décider par lui-même ce qu'il est
en train de devenir, une loi qui vise essentiellement la sécurité
culturelle des Québécois, vous prendrez votre bonheur, vous
prendrez votre petit bonheur de chemin et vous retournerez chez vous avec votre
loi dans votre poche. Et vous continuerez, à la prochaine campagne
électora-
le, à vous promener sur les "hustings" en disant: Vive le
fédéralisme qui nous humilie quotidiennement et qui nous rappelle
quotidiennement que même dans la sécurité culturelle, on
n'est pas capable de décider par nous-mêmes sans le consentement
de la majorité anglaise.
C'est le sens de ma motion, M. le Président, que nous entendions
à cette table les experts qui, sur ce plan-là au moins, nous
garantissent que nous ne subirons pas l'humiliation et le piétinement de
nos droits par une majorité qui nous est étrangère et qui
nous restera étrangère. Par la suite, ce sera un problème
entre Québécois de donner à cette loi, par des amendements
que nous allons y proposer, une portée beaucoup plus réelle dans
la protection du français que cette vaste mascarade du bilinguisme qu'on
trouve à chacun de ces articles.
C'est le sens de ma motion, M. le Président, et c'est
également, je crois, le sens d'un désir profond d'assurer que,
dans ce domaine au moins, un gouvernement qui se tape les bretelles de
souveraineté culturelle puisse au moins prendre les mesures
nécessaires pour ne pas subir l'humiliation.
Comme adversaire de ce gouvernement, je pourrais très bien me
réjouir de l'humiliation éventuelle de ce gouvernement lorsqu'on
contestera la constitutionnalité de cette loi, mais comme
Québécois, même si je suis adversaire de ce gouvernement,
c'est quand même le gouvernement du Québec et par là, le
gouvernement de tous les Québécois qui se trouvera
humilié, si pareille chose se présente.
Tout ce que je demande, c'est qu'au moment où les
fédéraux et la majorité anglaise du pays se
préparent à contester cette loi, nous nous assurions qu'elle est
incontestable sur le plan constitutionnel et M. McWhinney peut certainement
être quelqu'un qui nous aide à la préparer. Merci, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
M. BERTHIAUME: On vient d'entendre le faible écho de Maurice
Duplessis.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre de l'Education
M. CLOUTIER: M. le Président... M. BERTHIAUME: Le faible
écho.
M. CLOUTIER: Et l'on viendra prétendre que la liberté de
parole n'existe pas au Québec, après ce que nous venons
d'entendre. J'ai dit, hier, sur un ton serein et calme, ce que je pensais des
manoeuvres d'obstruction du Parti québécois. Autant j'ai de
respect pour un parti qui a une opinion et qui a fait une option, autant je
n'en ai pas pour un parti qui choisit de porter le débat au niveau des
procédures et non au niveau du fond. Aurions-nous, hier, accepté
de commencer la discussion de l'article 1? Le Parti québécois
aurait pu et cela aurait été de bonne guerre faire
exactement le même "filibustering", mais, à ce moment, à
partir d'arguments qui auraient servi la collectivité
québécoise. Le Parti québécois a choisi de
procéder autrement. Je crois que c'est là une démarche
à courte vue et que l'avenir nous donnera raison.
Je n'ai pas l'intention de tomber dans l'écueil de faire un
discours politique et je m'en tiendrai à la pertinence du débat.
Même s'il peut paraître beaucoup plus agréable de se faire
applaudir, ce n'est pas le but que je recherche. J'ai, en deuxième
lecture...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CLOUTIER: ... fait un exposé complet du cheminement que le
gouvernement québécois avait suivi de manière à
proposer une politique linguistique. Qu'on ne s'y trompe pas, c'est une
politique linguistique majeure qui représente le résultat, non
pas d'une improvisation, mais le résultat d'un très long travail.
Cette politique linguistique est basée sur...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! * M. CLOUTIER: ... les
recommandations...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
J'en ai jusque là. Je demande... A l'ordre! Je demanderais...
M. CLOUTIER: Cette politique, dis-je...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je m'excuse, mais je demanderais aux gardes
du service de la sécurité de prendre les mesures
nécessaires pour faire évacuer ceux qui causent le
désordre. A l'ordre! Messieurs les photographes, je vous invite à
vous rappeler la consigne.
UNE VOIX: M. le Président, sur ce point-là... UNE VOIX: Le
pseudo-président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): La commission suspend ses travaux
jusqu'à vingt heures.
(Fin de la séance à 17 h 23) * Note de l'éditeur:
Rappel à l'ordre du président à la suite de manifestations
dans l'assistance.
Reprise de la séance à 20 h 10
M. GRATTON (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs !
Au moment de la suspension des travaux de cet après-midi, j'avais
demandé qu'on évacue les galeries du public. Je constate à
regret qu'elles n'ont pas été évacuées et je me
vois donc dans l'obligation, de façon que cette commission ne tourne pas
en cirque ou en foire, d'ajourner les travaux de la commission jusqu'à
nouvel ordre de l'Assemblée.
(Fin de la séance à 20 h 11)