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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications
Etude des crédits du ministère des
Affaires culturelles
Séance du mercredi 29 mai 1974
(Dix heures dix-sept minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Avant le début de la séance, il y a les changements
suivants parmi les membres de la commission: M. Boudreault (Bourget) remplace
M. Phaneuf (Vaudreuil-Soulanges); M. Tremblay (Iberville) remplace M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier).
Hier, nous étions rendus au programme 5: Arts
d'interprétation. Elément 1; Enseignement des arts
d'interprétation.
Arts d'interprétation
M. HARDY: M. le Président, l'étude de ce programme me
fournit l'occasion de donner des exemples, de donner des indices au
député de Saint-Jacques et des possibilités d'arriver
à une entente satisfaisante avec les autorités
fédérales. Evidemment, je ne reprendrai pas les
épithètes agréables que le député de
Saint-Jacques m'a adressées. Tous, nous connaissons bien son style. Je
disais hier au député de Saint-Jacques qu'il y avait
déjà des ententes qui démontraient que le Québec
pouvait être maître d'oeuvre, avoir les décisions totales de
ses politiques avec une collaboration financière du gouvernement
fédéral. Je signale un cas, entre autres, je pourrais lui en
signaler plusieurs autres, mais je lui signale le cas du conservatoire de
Rimouski. C'est un projet qui s'inscrit dans le cadre de l'ODEQ. Pour la mise
sur pied du conservatoire de Rimouski, le gouvernement fédéral a
versé la somme de $650,000 et le gouvernement provincial $162,000. Nous
avons eu la totale maîtrise d'oeuvre. Le fédéral n'a pris
aucune décision, n'a influencé d'aucune façon la mise sur
pied de ce conservatoire. Tout a été décidé par le
ministère des Affaires culturelles et, plus particulièrement, par
la direction générale des arts d'interprétation. C'est
donc dire que cette formule pourrait s'étendre à l'ensemble de
l'action culturelle. C'est cela qui est l'objectif du ministère des
Affaires culturelles, l'objectif que nous allons poursuivre dans les
négociations avec le gouvernement fédéral. Encore une
fois, l'optimisme que j'ai n'est pas fondé tout simplement sur des
illusions, mais il repose sur des faits réels qui se sont
déjà réalisés.
Malheureusement, il est fort probable que le député de
Saint-Jacques, l'an prochain, s'il est encore de ce monde, j'entends du monde
politique, et s'il a mandat de représenter son parti à
l'étude des crédits du ministère des Affaires culturelles,
devra reconnaître que tous les propos, si incendiaires qu'il voulait
qu'ils soient, il devra les ravaler ces mêmes propos.
M. CHARRON: Bon, M. le Président, le ministre est encore
parti...
M. HARDY: Vous vouliez des indices, je vous en donne. Vous n'en voulez
plus?
M. CHARRON: Voyons donc! Il va falloir commencer à zéro,
encore une fois, M. le Président. Recommençons à
zéro. Le ministère des Affaires culturelles est parvenu à
une entente avec le gouvernement central sur le conservatoire de Rimouski. Par
cette entente, vient de nous affirmer le ministre, $600,000 de nos taxes et de
nos impôts nous reviennent d'Ottawa pour assurer l'existence de ce
conservatoire pendant que l'autre partie de nos taxes et de nos impôts
que nous versons ici pour un montant de $125,000... C'est exact?
M. HARDY: $160,000.
M. CHARRON: $160,000 sont versés également. De cet exemple
à la pièce, le ministre voudrait, ce matin, par je ne sais pas
quel tortillage possible, faire un indice du déblocage du système
fédéral canadien devant conduire à une totale et
complète juridiction culturelle. M. le Président, je ne le nie
pas et personne ne l'a nié, et ce serait la fin du monde, le
régime atteindrait son point maximum d'absurdité si jamais, dans
des cas à la pièce, on parvenait à une entente. Ce sont
nos taxes et nos impôts. On doit avoir le droit, de temps à autre,
que ce soit au conservatoire de Rimouski ou au musée de Québec,
de les administrer. Personne n'a rien contre cela. Il est bien possible que,
dans une entente Canada-Québec, comme sur la Place Royale, on ait, dans
une certaine mesure, la totale juridiction de fonds fédéraux qui
nous reviennent au Québec. Personne ne nie cela. Si vraiment ce genre
d'activités, d'occasions ou de...
M. HARDY: Le député de Saint-Jacques patine.
M. CHARRON: Je ne patine pas, M. le Président. J'essaie
d'expliquer et je demande au ministre de me suivre un peu, sans faire...
M. HARDY: Je ne suis pas très fort en patin artistique.
M. CHARRON: Vous n'êtes pas très fort pour suivre. Vous
avez plutôt des talents de "back-bencher".
M. HARDY: Surtout dans votre patinage, je me perds facilement.
M. CHARRON: Ce que je suis en train d'expliquer au ministre, ce n'est
pas ce que je considérais comme un indice. Quant à cela, on peut
dire que, dans tous les domaines, tous les ministères sont
arrivés à une entente quelconque à un endroit avec le
gouvernement central. Votre collègue des Communications, dans un domaine
précis de l'Editeur officiel du Québec, pour une raison ou pour
une autre, a eu besoin de l'accord de l'Imprimeur de la reine au niveau
fédéral. Cet accord à la pièce est peut-être
bénéfique pour le Québec, mais il n'est aucunement un
indice de ce dont on parlait hier après-midi.
Je n'ai pas demandé au ministre quand je lui ai
posé la question hier sur sa politique de souveraineté
culturelle s'il est impossible qu'on arrive à des accords à
la pièce après quelque temps, quelques énergies
gaspillées, sur l'existence d'un conservatoire de Rimouski. Je serais un
imbécile si je disais que ce genre d'affaire est impossible. Le
régime serait imbécile s'il ne permettait pas que ce genre
d'affaire arrive. De là à prétendre que, parce qu'on est
arrivé à une entente à la pièce dans un domaine
précis, toutes ces victoires, pièce par pièce, champ par
champ, conduisent inéluctablement à la totale juridiction du
Québec sur l'ensemble de sa politique culturelle, "whoa"! Le ministre a
l'air ce matin, savez-vous de quoi? D'un gars qui est habitué à
tellement de défaites dans l'ensemble sur la politique globale que,
quand il y a une victoire sur un conservatoire de Rimouski ou sur un
musée dans la province, il nous arrive et nous dit: Cela y est, le
fédéralisme est rentable!
M. HARDY: C'est pour ça que j'ai présenté
ça. C'est épouvantable !
M. CHARRON: Vous l'avez présenté vous-même comme
indice en disant...
M. HARDY: Un indice.
M. CHARRON: Oui, mais des indices de même ! Je ne vois pas
pourquoi vous avez sorti celui-là ce matin. Vous auriez pu en faire
état hier lorsqu'on a parlé de la Place Royale, mais vous savez
bien...
M. HARDY: Je l'ai fait.
M. CHARRON: ... qu'hier matin, quand nous discutions ensemble des
indices qui pouvaient vous permettre d'affirmer que vous sentiez, dans
l'évolution politique du système dans lequel nous vivons, une
possibilité que le gouvernement central se départisse de toutes
ses interventions dans le domaine culturel et laisse le Québec
absolument maître d'oeuvre là-dedans, je ne vous demandais pas de
me donner des indices à la pièce. J'en ai moi-même
donné hier après-midi dans le cas des musées, vous ne
l'avez même pas relevé. Dans ce domaine, le
Québec a aussi sa juridiction et est parvenu à un contrat
dans ce domaine. Sur ce point précis des ententes, le Québec
exerce sa totale juridiction. Mais nous ne parlons pas de la même chose.
Ces choses existent, je le reconnais, et le ministre admettra avec moi que, si
elles n'existaient pas, ce serait absurde. Et je pense qu'avec moi, s'il est
honnête quand il dit qu'il veut faire du Québec le maître
d'oeuvre de sa politique culturelle, le ministre deviendrait
indépendantiste, si le régime n'avait pas, sur quelques points
d'importance comme ça, de caractère régional, une
flexibilité. S'il fallait que le régime soit centralisé
à ce point, je pense que tous les Québécois seraient
indépendantistes. Ce ne sont pas les exemples que je donnais.
M. HARDY: S'il savait ce qu'est un indice. Vous consulterez votre ami
Yves Michaud pour savoir ce qu'est un indice !
M. CHARRON: Arrêtez donc de faire des allusions comme ça!
Est-ce qu'on peut avoir avec le ministre qui est responsable de la politique
culturelle du Québec...
M. HARDY: II est partisan, le ministre. Qu'est-ce que vous voulez, il
est partisan, c'est effrayant !
M. CHARRON: Est-ce que je peux? Cinq minutes? Je sais qu'en Chambre
c'est plus fort que lui, mais ici, en commission parlementaire, est-ce qu'on
peut aborder cette question, sérieusement?
M. HARDY: C'est bien difficile d'être sérieux en vous
écoutant.
M. CHARRON: Je ne considère pas comme un indice ce genre
d'affaire, M. le Président. C'est un peu comme si, à un moment
donné, dans une entreprise, un travailleur qui réclame
l'autogestion de l'entreprise, se voyait tout à coup accorder, à
un moment ou à un autre, par l'administration en place, mais qui demeure
très solide et très forte, le droit de gérer tel domaine
de l'entreprise. On vous remet, par exemple, la gestion des
cafétérias, comme au CEGEP Edouard-Montpetit, on vous remet la
gestion du vestiaire. Voyez-vous le même travailleur sortir et dire: J'ai
l'indice qu'éventuellement j'autogé-rerai avec mes
collègues l'entreprise. On voit déjà l'indice est
clair que l'administration se retire graduellement de son champ et que
ce sont les travailleurs qui vont le prendre. Voyons donc! A plusieurs reprises
c'est du nanan qu'on donnera, à certaines occasions, parce qu'on sait
que, de l'autre côté, on les apportera en victoire, on les
élèvera sur le... C'est parfaitement calculé pour noyer
les revendications des adversaires.
Bien sûr, n'importe quel gouvernement, par exemple, devant un
groupe qui fait des revendications, va tenter de lui donner un point de
satisfaction pour essayer de lui faire oublier un autre point qu'il ne
concédera jamais. Mais le ministre a autant de connaissances que
moi dans ce domaine est-ce que ce groupe peut clamer qu'après
avoir eu sept victoires, c'est un indice éclairant et qui ne devrait
plus être mis en doute maintenant, qui devrait faire même ravaler
leurs paroles à tous ceux qui ont dit le contraire, qu'on s'en va
définitivement, vous le voyez bien. On est parvenu à un accord
sur le Conservatoire de Rimouski, donc, ipso facto, un, deux, trois, la preuve
devra être faite que la politique culturelle du Québec sera
éventuellement et totalement aux mains du Québec. Mais, voyons
donc! Il n'y a personne qui pense cela. Je me réjouis de
l'existence...
M. HARDY: De l'existence...
M. CHARRON: Certainement, mais certainement, que je me réjouis.
Si...
M. HARDY: Cela ne parait pas. Vous êtes comme cela quand vous
êtes gai?
M. CHARRON: Si je dis que je suis indépendantiste malgré
l'existence de ces affaires-là, c'est qu'elles sont justement à
la pièce. Elles sont justement à la pièce. Le ministre me
disait hier après-midi: Le député de Saint-Jacques a peur
que ce genre de succès se multiplie, parce que ce serait la fin
politique de son option et de son parti, donc de sa carrière
éventuellement, etc.
M. HARDY: Attendez un peu.
M. CHARRON: M. le Président, si c'est vraiment la fin et si vous
avez raison de dire que ce serait la fin de notre option politique, faites-la,
la souveraineté culturelle. Quel intérêt avez-vous à
soutenir un adversaire? Ecrasez-nous! Faites-nous disparaître de la
carte!
Effectivement, si vous faites la souveraineté culturelle, il est
bien possible que nous disparaissions de la carte, mais je vous mets au
défi de la faire. Mais ne me dites pas que c'est parce que vous
êtes parvenus à un arrangement concernant le Conservatoire de
Rimouski et comme un indigène qui revient de la métropole, vous
dites: Voyez-vous, ils m'ont donné une belle tunique. Je reviens avec
cela, en nous faisant croire que la victoire a été
générale. Ce sont de nanans dont on vous parle à certaines
occasions. Ce sont des "candies", des "candies" nécessaires. Vous aviez
raison de vous réjouir que le fédéral vous permette
l'autorisation de cela. Mais n'allez pas clamer à partir d'une entente
à la pièce qu'il est très visible, dans l'évolution
du système fédéral canadien depuis une dizaine
d'années, avec le régime en place, que nous sommes à la
veille d'aboutir à une entente globale à partir de laquelle le
Québec serait le complet maître d'oeuvre de la politique
culturelle chez lui.
Quand je parlais d'indices, je ne parlais pas de ce genre d'affaire,
parce que cela, je vous l'ai signalé moi-même hier
après-midi. A tous les niveaux, dans tous les ministères, je
pense, il y a des endroits où le Québec obtient sa juridiction.
Il y a aussi d'autres endroits où il la perd, n'est-ce pas? Si vous nous
donnez l'entente relativement au Conservatoire de Rimouski, je pourrais vous
donner fort Lauzon, par exemple, dont on a parlé. Ce serait un indice de
l'érosion du pouvoir culturel des Québécois. Si on s'en
tenait aux arguments ridicules comme celui que vous me forcez à prendre,
pièce par pièce... Vous me dites: On a gagné à
Rimouski. Je vous dis: Vous avez perdu au fort Lauzon. Vous me dites: On a
gagné à Place Royale. Je vous dis... Ce n'est pas cela des
indices. On ne joue pas aux échecs. On essaie d'extrapoler dans un
régime que vous soutenez et que vous avez défendu. Ce n'est pas
simplement qu'encore, au cours de la prochaine année financière,
on va avoir des petites victoires à la pièce de même.
Probablement, parce que les fonctionnaires qui vous entourent sont
compétents et peuvent certainement, dans un comité, faire valoir
des points.
D'ailleurs, notre position est fondée. La position
québécoise est fondée, ce qui justifie d'autant plus qu'on
ait des victoires à l'occasion. Ce qui m'étonne, c'est que parce
qu'il y a eu une victoire à la pièce, on puisse prétendre,
comme le ministre ce matin, que voilà donc le signe avant-coureur de ce
nouveau contrat social qui sera éventuellement signé avec le
Canada.
M. le Président, concernant le Conservatoire de Rimouski, tant
mieux. Parlez-moi maintenant du Conservatoire de Hull.
M. HARDY: Avant de vous parler du Conservatoire de Hull, je vais vous
parler d'autres choses.
M. CHARRON: D'accord!
M. HARDY: M. le Président, je m'étonne que le
député de Saint-Jacques soit tellement scandalisé que j'ai
retenu les services de l'ancien député de Chicoutimi comme
conseiller spécial, parce qu'en l'écoutant hier et plus
particulièrement ce matin, je me rends compte qu'il est infiniment plus
vicieux intellectuellement que ne l'a jamais été le
député de Chicoutimi, parce qu'encore une fois, ce matin, il a
tenté je dis bien: II a tenté de détourner
complètement l'exemple que je lui ai mentionné.
Ce que j'ai voulu dire hier, ce que j'ai voulu redire ce matin à
l'aide d'un exemple très concret c'est ceci. Nous voulons
négocier une entente avec le gouvernement fédéral, dans le
domaine des arts d'interprétation, dans le domaine du patrimoine, dans
tous les champs d'action culturelle, en vertu de laquelle le ministère
des Affaires culturelles sera le maître d'oeuvre de la politique
culturelle, tout en recevant des subventions ou de l'argent du
fédéral, mais seul le ministère des Affaires
culturelles décidera des priorités, des critères, des
programmes. C'est cela l'objectif que nous poursuivons. L'entente que nous
voulons négocier avec Ottawa, veut que l'argent dont le
fédéral dispose pour le Québec en matière
culturelle, devra venir s'intégrer à notre politique, à
nous. Ce n'est pas une entente à la pièce que nous voulons faire.
C'est une entente globale. Quand je donne l'exemple du Conservatoire de
Rimouski, c'est pour dire au député qu'au niveau du gouvernement
fédéral, il n'y a pas de refus catégorique quant au
principe. Ce principe qui sous-tend l'entente que nous voulons négocier,
ce principe a déjà été reconnu par le gouvernement
fédéral.
M. CHARRON: A la pièce, bien sûr.
M. HARDY: Pas à la pièce! Il a été reconnu
dans une entente globale qui s'appelle l'ODEQ. Je vous ai donné un
exemple pour concrétiser la situation. Je comprends que le
député de Saint-Jacques aime mieux qu'on soit dans les nuages et
dans les grands principes. Il n'aime pas cela quand on descend sur la
terre.
L'exemple du Conservatoire de Rimouski est tout simplement une
concrétisation d'un principe reconnu par le gouvernement
fédéral, dans une entente globale qui s'appelle l'entente
Canada-Québec qui vaut dans beaucoup d'autres domaines que le domaine
des Affaires culturelles. Mais ce sur quoi je veux insister en lui donnant cet
exemple, c'est que le principe, le gouvernement fédéral ne refuse
pas de le reconnaître, pas plus dans les ententes Canada-Québec
qu'il a refusé de le reconnaître dans le cas des musées.
Quand je lui parle d'indice, je lui dis ceci: Puisqu'au niveau du principe, le
gouvernement fédéral n'a pas refusé, il l'a accepté
ce principe. Il s'agit tout simplement d'étendre le champ d'application
du principe et de l'étendre à l'ensemble du champ culturel. Je ne
vous dis pas que l'entente Canada-Québec...
M. CHARRON: II s'agit simplement, oui.
M. HARDY: ... signifie nécessairement que demain matin, l'entente
va être signée. Il peut y avoir des négociations. Mais
déjà, quand on veut négocier une entente, et qu'on sait
à l'avance que le principe sur lequel repose cette entente, l'autre
partie l'a déjà reconnu.
Il me semble que c'est déjà un bon bout de fait. On n'a
même plus à discuter sur le principe. Il s'agit tout simplment de
discuter sur la concrétisation, sur l'application du principe et, dans
ce sens, je dis que c'est un indice. Si le député de
Saint-Jacques trouve que ce n'est pas un indice, je ne sais pas, mais on ne
parle pas la même langue.
Je ne reviens pas avec l'histoire de Rimouski en disant: Voilà,
on a la souveraineté culturelle! Ce n'est pas cela. Il y a encore un
certain chemin à parcourir avant d'arriver à ce que nous ayons...
Même si nous avions l'entente que nous voulons signer avec le
Secrétariat d'Etat au niveau des Affaires culturelles, cela ne voudrait
pas dire que nous avons la totalité de la souveraineté culturelle
parce qu'il restera encore le domaine des communications et qu'il pourra rester
d'autres domaines.
Puisque j'ai le mandat... En étant ministre des Affaires
culturelles, je parle du champ qui m'intéresse plus
particulièrement. N'essayez pas de me faire dire plus que ce que j'ai
dit en vous donnant l'exemple de Rimouski. Je ne reviens pas en disant:
Voilà, on a la souveraineté culturelle! C'était tout
simplement pour vous démontrer que le principe sur lequel reposent nos
prétentions est déjà admis par le gouvernement
fédéral. Ce n'est pas plus, c'est tout cela et ce n'est pas plus
que cela.
M. CHARRON: Mais ce principe est dans la constitution canadienne depuis
1867 à l'effet que c'est le Québec, en principe, qui est
maître d'oeuvre de sa politique culturelle. Je ne sais pas pourquoi c'est
une découverte des dernières années. C'est
déjà là depuis tellement longtemps. Quand le ministre dit:
On a eu une victoire de principe sur la question du conservatoire de Rimouski,
il s'agit tout simplement de l'étendre à l'ensemble du secteur
culturel...
M. HARDY: ... un indice. Savez-vous ce qu'est un indice? C'est un
signe.
M. CHARRON: ... je dis: Le "tout simplement"...
M. HARDY: C'est un signe apparent qui indique une probabilité.
C'est ça un indice, d'après Robert, Littré et Larousse. Ce
n'est pas une certitude, un indice.
M. CHARRON: Ne me dites pas que c'est la note qu'on vient de vous
remettre...
M. HARDY: Oui. C'est tout simplement pour vous dire... Parce qu'à
lire votre ami Michaud, je suis en train d'attraper ses habitudes. C'est cela
un indice. C'est un signe, c'est apparent et c'est une probabilité. Ce
n'est pas une certitude, c'est une probabilité. Bon!
M. CHARRON: Est-ce que le fait que les étudiants du CEGEP
Edouard-Montpetit...
M. HARDY: Ce n'est pas le même problème du tout. Quand j'ai
dit que vous étiez plus vicieux que le député de
Chicoutimi, vous avez un exemple. Dans votre exemple du CEGEP, de la
cafétéria, cela veut dire que l'autorité n'est pas
totalement contre le principe d'une certaine autogestion. Cela ne veut pas dire
qu'elle va l'étendre à tout.
M. CHARRON: C'est cela.
M. HARDY: C'est cela, oui.
M. CHARRON: La même chose.
M. HARDY: C'est une probabilité. Ce n'est pas plus et ce n'est
pas moins.
M. CHARRON: Le gouvernement fédéral...
M. HARDY: C'est pour cela que je vous dis que c'est un indice.
M. CHARRON: ... peut être consentant dans le domaine du
conservatoire, mais...
M. HARDY: Prenez donc les mots tels que je les utilise. J'ai
parlé d'un indice.
M. CHARRON: Comment pouvez-vous dire que c'est un indice parce
que...
M. HARDY: Parce que c'est un signe apparent de probabilité. Cela
ne veut pas dire qu'ils vont signer demain matin.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce qu'on pourrait avoir un indice que
les... On va revenir aux Affaires culturelles. La parole est au
député de Laporte.
M. DEOM: II semble y avoir confusion dans l'esprit du
député de Saint-Jacques sur...
M. HARDY: Ce n'est pas nouveau.
M. DEOM: ... la gestion de la cafétéria au CEGEP
Edouard-Montpetit. Ce n'est pas une formule d'autogestion qui a
été mise en place, c'est une formule de cogestion. Alors, il y a
une grosse différence.
M. HARDY: On va l'envoyer...
M. DEOM: D'ailleurs le terme autogestion, à mon avis, est
complètement irréaliste. Il n'y en a pas d'exemple au monde.
M. CHARRON: J'ai pris cet exemple parce que je vous voyais la fraise
à l'autre bout de la table, mais j'aurais pu prendre n'importe
lequel.
M. DEOM: Oui, mais justement, ce n'est pas de l'autogestion, c'est de la
cogestion.
M. CHARRON: Bon, est-ce que c'est...
M. DEOM: Pour votre information, vous pourriez demander à votre
collègue, le député de Maisonneuve, comment cela se fait,
des négociations. Cela se fait justement pièce par pièce.
Il a pas mal d'expérience là-dedans. Il sait comment cela se
fait, des négociations de relations de travail. En 1950, juste pour
prendre un exemple très concret, les syndicats n'avaient aucun regard
sur les droits de la direction. Aujourd'hui, ils en ont gagné un peu.
C'est comme cela qu'on fait des négociations; que ce soient des
négociations entre des gouvernements ou entre des patrons et des
travailleurs, c'est de même que cela se fait. Je ne vois pas d'objection
à ce qu'on obtienne pièce par pièce ce que le
Québec désire obtenir.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Programme 5, élément 1,
adopté: Enseignement des arts d'interprétation. J'inviterais les
membres de la commission à revenir à l'étude des
crédits des Affaires culturelles. Alors, l'élément 1 est
adopté?
M. HARDY: M. le Président, les Affaires culturelles peuvent nous
conduire loin.
M. CHARRON: Non.
M. TREMBLAY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député d'Iberville, je
m'excuse.
M. TREMBLAY: M. le ministre, avez-vous l'intention de donner suite aux
recommandations du rapport Miville-Deschesne sur la situation du
théâtre au Québec?
M. HARDY: Oui, M. le Président, j'ai reçu depuis quelques
semaines déjà le rapport de l'enquête effectuée par
M. Romuald Miville-Deschesne. Nous sommes à étudier ce rapport.
Bien sûr, nous allons lui donner suite.
M. TREMBLAY: Est-ce que vous allez...
M. HARDY: C'est-à-dire que l'élaboration de la politique
du théâtre tiendra sûrement compte, je ne sais pas si ce
sera en totalité ou en partie et quelle partie... Il est évident
que le rapport de M. Miville-Deschesnes sera une pièce importante dans
l'élaboration de notre politique du théâtre.
M. TREMBLAY: Ce n'est pas nécessairement un rapport que vous
rendrez public?
M. CHARRON: C'est la même question: Est-ce que ce document sera
rendu public?
M. HARDY: Probablement, oui. Nous sommes en train de l'étudier
présentement. Je ne vois pas de...
M. TREMBLAY: Est-ce que vous le rendrez public, croyez-vous?
M. HARDY: Je ne vois pas de raison de ne pas le rendre public.
M. TREMBLAY: Merci.
LE PRESIDENT (M. Pilote): D'autres questions sur l'élément
1? Le député de Laporte.
M. DEOM: C'est une question probablement qui aurait dû revenir
ailleurs, mais c'est d'ordre général. Alors, pour être un
peu plus terre à terre, est-ce que, puisqu'on ne le voit pas de
façon particulière dans le budget, le ministère des
Affaires culturelles va s'intéresser à la dimension industrielle
de la culture? Ce que je veux dire, c'est le développement des
industries culturelles.
M. HARDY: J'ai eu l'occasion, hier, de le mentionner. Nous nous
intéressons beaucoup à ce que l'on appelle les industries
culturelles, c'est-à-dire les industries liées à la
culture, que ce soit le disque, le cinéma, le livre, le spectacle. Il y
a même eu un centre de responsabilité de créé au
ministère sur les industries culturelles. Nous avons retenu les services
d'un bon nombre d'étudiants au niveau de la maîtrise. Nous avons
des contrats avec ces étudiants qui font une recherche sur des domaines
particuliers des industries culturelles et une fois que nous possèderons
toute cette information, nous élaborerons des politiques dans ce
domaine. L'hypothèse d'une société d'initiative est
reliée à tout ce domaine.
LE PRESIDENT (M. Pilote): D'autres questions?
M. CHARRON : Est-ce que le ministre peut faire le point sur la situation
du Conservatoire de Hull?
M. HARDY: Nous sommes actuellement à étudier
différentes propositions pour loger d'une façon définitive
le Conservatoire de Hull. Nous avons, au cours des récents mois,
réglé des problèmes immédiats, des problèmes
de personnel, des problèmes de meubles, de locaux, mais le logement
définitif du Conservatoire de Hull fait présentement l'objet
d'études. Il y a différentes propositions qui nous sont soumises,
nous examinons ces différentes propositions pour retenir celle qui nous
semblera la plus valable.
M. CHARRON : Est-ce que cela peut assurer les étudiants du
Conservatoire de Hull qu'ils auront ces nouveaux locaux pour la prochaine
année scolaire?
M. HARDY: Les locaux, pour le moment, sont adéquats. La
principale lacune, c'est que le conservatoire n'est pas logé tout au
même endroit; mais il n'y a pas de péril actuellement. Les locaux
dont nous disposons peuvent répondre aux besoins.
M. CHARRON : Est-ce que les locaux actuels ont été
insonorisés à la suite de l'entente de novembre dernier?
M. HARDY: Les locaux qui sont situés à l'orphelinat
Sainte-Thérèse sont insonorisés.
M. CHARRON: A la suite de l'entente. Le personnel pédagogique au
Conservatoire de Hull est-il complet actuellement?
M. HARDY: II reste un seul poste à combler actuellement.
M. CHARRON: Quel poste?
M. HARDY: C'est la commission pédagogique qui va décider
de la discipline reliée à ce poste.
M. CHARRON: Est-ce que le Conservatoire de Hull a des crédits
actuellement pour les professeurs à la leçon?
M. HARDY: Le Conservatoire de Hull a tous les crédits dont il a
besoin pour les professeurs à la leçon, comme les autres
conservatoires d'ailleurs.
M. CHARRON: Est-ce qu'on annonce, pour la prochaine année, une
augmentation d'étudiants au Conservatoire de Hull par rapport à
l'année actuelle?
M. HARDY: A ce stade-ci, nous ne pouvons pas déceler s'il y aura
augmentation. Cela va dépendre des auditions qui seront passées
pour l'admission. Ce sont toujours les mêmes critères. Les
critères ne sont pas plus libéraux qu'ils étaient.
M. CHARRON: II y a combien d'étudiants québécois au
conservatoire, non seulement à Hull, mais dans l'ensemble du
Québec actuellement?
M. HARDY: Environ 1,200 dans tous les conservatoires du
Québec.
Voulez-vous les avoir par conservatoire?
M. CHARRON: Oui, peut-être.
M. HARDY: A Montréal, il y en a 414; à Québec, 313;
à Trois-Rivières, 126; à Chicoutimi, 138; à
Val-d'Or, 68; à Rimouski, 38 et à Hull, 125. Pour la musique, car
votre question portait sur les conservatoires de musique.
M. CHARRON: Oui. Est-ce qu'il y a des projets, soit d'agrandissement, de
transformation de locaux ou de déménagement de certains de ces
conservatoires?
M. HARDY: II y a des projets à Trois-Rivières. Les locaux
ne sont pas considérés comme adéquats et nous
étudions, là aussi, différentes possibilités.
M. CHARRON: Ce qui devrait se faire au cours de l'année?
M. HARDY: C'est-à-dire que le déménage-
ment ne pourra pas se faire, les décisions devront se prendre
d'ici quelques semaines. A Chicoutimi, le problème est
définitivement réglé. A Trois-Rivières, nous devons
prendre une décision au cours des prochaines semaines, je ne pense pas
que cette décision pourra s'appliquer pour la prochaine année
scolaire, ça ira à l'autre année.
M. CHARRON: M. le Président, sur le même sujet des arts
d'interprétation, j'aimerais que le ministre nous fasse part de la
politique actuelle, ou de cette politique globale qu'il nous avait
annoncée qui intéresse plusieurs personnes dans le domaine de la
chanson relativement aux subventions.
M. HARDY: Malheureusement, je ne suis pas en mesure de donner beaucoup
d'information au député de Saint-Jacques sur notre politique de
la chanson, car nous sommes en train de l'élaborer. C'est une politique
qui est en gestation, je ne peux pas ajouter...
M. CHARRON: Qui est responsable, à l'intérieur du
ministère, de ce groupe de travail?
M. HARDY: C'est-à-dire qu'il est relié à l'ensemble
de l'élaboration de nos politiques sous la direction de M. Yvon Leclerc,
en collaboration avec les hauts fonctionnaires.
M. CHARRON: Quelle est l'échéance qu'on a donnée
à ce groupe de travail?
M. HARDY: Cela devrait être prêt pour le printemps
prochain.
M. CHARRON: Entre-temps, ces demandes multiples qui sont venues de
boîtes à chanson, ont reçu quelle réponse du
ministère?
M. HARDY: A partir du 1er juin, le projet sera plus
spécifiquement sous la responsabilité de Mlle Denise Lachance qui
a une maîtrise en musique et une maîtrise en administration.
M. CHARRON: Est-elle fonctionnaire du ministère
déjà?
M. HARDY: Non. Elle est contractuelle.
M. CHARRON: Contractuelle. Et est-ce que l'ensemble du groupe qui
travaille avec elle est aussi embauché sur une base contractuelle?
M. HARDY: C'est-à-dire que dans l'élaboration des
différentes politiques, nous avons des gens qui sont des fonctionnaires,
il y a même des gens qui sont prêtés par d'autres services
pour l'ensemble de l'élaboration de nos politiques. M. Pierre Roy, de
l'OPDQ, est prêté pour le moment partiellement, et
éventuellement totalement, au ministère des Affaires
culturelles.
Il y aura d'autres personnes, dont les services seront retenus
contractuellement et possiblement des fonctionnaires d'autres services du
gouvernement qui pourront venir temporairement au ministère des Affaires
culturelles.
M. CHARRON: Quand le ministre nous dit que les résultats de cette
étude devront être connus au printemps prochain, est-ce que c'est
nous assurer en même temps que nous la reverrons dans les crédits
des arts d'interprétation l'année prochaine? ... 77, ce qui fait
quand même...
M. HARDY: II va y avoir déjà des premières places.
Nous n'aurons probablement pas la politique totale, donc on n'aura pas la
totalité, mais il y aura sûrement des éléments qui
déjà pourront s'appliquer dès le prochain budget.
M. CHARRON: Maintenant...
M. HARDY: Je pense entre autres, à ce festival de la chanson.
M. CHARRON: Que vous avez si triomphalement annoncé
d'ailleurs.
M. HARDY: Non, je l'ai annoncé modestement, comme...
M. CHARRON: Est-ce que...
M. HARDY: ... comme tout ce qu'on annonce au ministère des
Affaires culturelles.
M. CHARRON: Est-ce que le ministère est parvenu à des
ententes définitives avec certaines boîtes à chanson, je
pense à la boîte à...
M. HARDY: Pas dans le domaine de la chanson. Dans le cas de la boite de
Québec, parce que notre politique n'est pas encore établie, j'ai
dit bien clairement aux responsables de la boîte de Québec, qu'il
n'était pas question pour le moment d'accorder des subventions. Si on en
accorde à Québec, il y aura une foule de demandes et nous n'avons
pas de critères sur lesquels nous pourrions nous baser pour accorder des
subventions.
Dans le cas de la bofte de Québec, je ne sais pas où en
sont rendues les négociations, je sais que les responsables de la boite
ont rencontré les responsables de la direction du patrimoine, pour
essayer de trouver un endroit à Place Royale pour les recevoir.
Différents endroits ont été examinés avec les
responsables de la boîte, mais je ne sais pas où ils en sont
rendus, je ne sais pas s'ils ont trouvé quelque chose à Place
Royale qui répondrait à leurs besoins, mais le principe est
admis, s'il y a un endroit à Place Royale qui répond aux besoins
des dirigeants de la bofte, nous serions prêts à les
héberger. Ce serait une forme indirecte de subvention.
M. CHARRON: D'accord! Est-ce que cela devrait se transposer, vous
croyez, dans les prix d'admission à la boîte à chanson, qui
sont actuellement à $3?
M. HARDY: Je ne sais pas. C'est un problème d'administration
interne. Si les responsables de la boite ont un local dont ils ne sont pas
obligés de payer le loyer, cela peut avoir...
M. CHARRON: ... se transposer sur les...
M. HARDY: C'est possible, c'est un problème d'administration
interne.
M. CHARRON: Le Patriote, à Montréal.
M. HARDY: C'est la même chose pour la section de la chanson, il
n'y a pas de décision. La décision qui a été prise
à l'endroit du Patriote, c'est que pour le Patriote, qui, depuis un
très grand nombre d'années encourage le jeune
théâtre, permet à de jeunes auteurs et à des jeunes
comédiens de se manifester, nous avons conclu une entente avec le
Patriote, selon laquelle nous pourrions subventionner des productions qui
seraient présentées au Patriote.
M. CHARRON: Au cours de l'année actuelle?
M.HARDY: Au cours de l'année. Il faut faire une distinction. Je
vais revenir tantôt au cas du Patriote, plus spécifiquement. Dans
le domaine de la chanson, il faut bien signaler que ce n'est pas
nécessairement un problème financier qui se pose pour la chanson
comme telle. C'est un des rares domaines d'activité culturelle qui est
rentable. Le problème de la chanson se pose surtout au niveau de la
relève. On a l'application de cette situation au Patriote. Au Patriote,
ce n'est pas au secteur de la chanson qu'il y a des problèmes. C'est au
secteur du théâtre et c'est la raison pour laquelle on a
décidé, pas nécessairement parce que c'est le Patriote,
mais parce que nous considérons qu'il est important, dans une politique
culturelle dynamique, d'encourager les jeunes auteurs, d'encourager les jeunes
comédiens et comme au Patriote, on permet à des jeunes auteurs et
à des jeunes comédiens de se manifester, c'est la raison pour
laquelle nous avons accepté de subventionnner des productions qui
seraient présentées au Patriote.
M. CHARRON: Est-ce que l'ensemble...
M. HARDY: Ce qui, indirectement, là aussi, pourrait...
M. CHARRON: ... accorder une subvention?
M. HARDY: ... constituer une subvention au Patriote, parce que les
troupes, en recevant une subvention, pourront payer un montant raisonnable pour
l'utilisation de la salle du Patriote.
M. CHARRON: Alors, la subvention ira aux troupes qui feront cette...
M. HARDY: Si le Patriote est producteur, cela ira au Patriote, si c'est
un autre organisme qui est producteur, qui fait simplement louer la salle du
Patriote, à ce moment-là, la subvention ira au producteur. Le
principe, c'est que la subvention va au producteur.
M. CHARRON: Mais on peut dire, ce matin, qu'une entente est
effectivement intervenue entre le ministère des...
M. HARDY: A la grande satisfaction des gens du Patriote.
M. CHARRON: ... Affaires culturelles et M. Blais du Patriote. Est-ce
qu'il y a un nombre fixé de productions que le ministère...
M. HARDY: II y a une enveloppe globale. Cela ne peut pas dépasser
$50,000 pour cette année.
M. CHARRON: On n'est pas parvenu à un même genre d'entente
avec La Boite, à Québec. L'entente avec La Boite à
Québec...
M. HARDY: Avec La Boite à Québec. M. CHARRON: C'est de la
chanson. M. HARDY: C'est de la chanson.
M. CHARRON: Oui, uniquement, mais même pour le soutien de certains
spectacles...
M. HARDY: C'est parce que nous avons déjà une politique du
théâtre que l'on veut revoir; il en existe déjà une.
Dans le domaine de la chanson, il n'y en a pas. Ce serait tout à fait
arbitraire. A partir du moment où on accorderait une subvention pour la
chanson, à Québec, on aurait une multitude de demandes qui
seraient probablement aussi justifiées que la demande de Québec.
Sans critère, sans cadre déterminé, il sera absolument
impossible d'agir d'une façon juste et honnête.
M. CHARRON: L'enveloppe globale pour le Patriote au cours de la
prochaine année, les $50,000 nous les retrouvons dans ce budget du
programme 5.
M. HARDY: C'est-à-dire que c'est dans l'enveloppe actuelle et il
y a toujours la possibilité d'un budget supplémentaire.
M. CHARRON: Le ministre sait-il combien le gouvernement
fédéral s'est engagé à donner au directeur du
Patriote, à verser en subventions à cette boîte?
M. HARDY: C'est-à-dire qu'il y a eu beaucoup de rumeurs. Les
informations que nous avons prises au niveau du gouvernement
fédéral, c'est qu'il n'y avait aucune décision de prise.
Les gens du Patriote ont laissé entendre cela parfois aux journaux,
qu'ils avaient eu l'assurance de M. Pelletier d'avoir une subvention.
M. CHARRON: Non, M. Faulkner.
M. HARDY: De temps en temps, ils disaient M. Pelletier, pas M.
Faulkner.
Les informations que nous avons recueillies tant du Secrétariat
d'Etat que du Conseil des Arts sont qu'aucune décision n'avait
été prise à l'endroit du Patriote.
M. CHARRON: Je reviens, pour terminer sur cet élément,
à cela.
M. HARDY: Peut-être que si le député de
Saint-Jacques se faisait l'avocat du Patriote auprès des
autorités fédérales, le fédéral se
laisserait fléchir.
M. CHARRON: Peut-être, sait-on jamais.
Je voulais vous demander ceci: Ce groupe de travail dont vous nous avez
parlé, qui doit dresser une politique, enfin, vous recommander quelques
lignes générales sur une politique globale de la chanson, a-t-il
comme mandat également d'inclure le plus grand nombre de gens qui ont
travaillé dans le domaine de la chanson depuis quelques
années?
M. HARDY: Je l'ai dit et je le répète. Ce serait excellent
si les media d'information le mentionnaient. Dans le mandat qui a
été accordé au groupe de travail, il était bien
indiqué qu'on demandait à ce groupe de rencontrer tous ceux qui
s'intéressent au domaine et qui ont des opinions et des suggestions
à faire valoir. C'est inclus dans le mandat du groupe.
Dans le communiqué de presse qui a annoncé la
création du groupe, la chose était également très
clairement indiquée.
M. CHARRON: D'accord. Abordons, si vous le voulez, à cet
élément, la situation de l'Orchestre symphonique de
Montréal. J'aimerais que le ministre, puisque nous n'en avons pas
parlé à l'Assemblée nationale depuis sa décision de
la subvention-secours qui a été versée à la fin de
la dernière année, fasse...
M. HARDY: Parler de la situation financière actuelle de
l'Orchestre symphonique?
M. CHARRON: Oui, et aussi du rapport du groupe de travail qui a
été constitué par la même occasion.
M. HARDY: C'est-à-dire que le groupe de travail actuellement fait
du travail.
M. CHARRON: Oui.
M. HARDY: Etant donné les situations d'urgence, il a
accordé une priorité à l'opéra, parce que la
situation de l'opéra sur le plan financier est infiniment plus
inquiétante pour le moment que celle de l'Orchestre symphonique. Il
travaille d'abord à l'opéra, parce qu'il doit faire des
recommandations très précises ces jours-ci.
M. CHARRON: Est-ce que la subvention que vous avez annoncée
à la fin de décembre 1973 je pense, est totalement versée
actuellement?
M. HARDY: Oui, mais étant donné les résultats assez
heureux de la campagne de souscription, la deuxième tranche de la
subvention a pu être appliquée sur le déficit
antérieur plutôt que sur l'année en cours.
M. CHARRON: Quelle tranche? La tranche de quel montant?
M. HARDY: La deuxième tranche, celle de $160,000.
M. CHARRON: La deuxième. Alors, cela veut dire que ce matin, la
situation financière de l'Orchestre symphonique de
Montréal...
M. HARDY: Je pourrais demander à M. Vallerand de nous donner des
précisions sur la situation financière actuelle de l'Orchestre
symphonique de Montréal.
La situation financière actuelle de l'Orchestre symphonique de
Montréal est dans un état de stabilité, étant
donné, comme l'a dit M. le ministre tantôt, les résultats
de la campagne de souscription.
M. CHARRON: Qui avait rapporté combien?
M. HARDY: Elle avait rapporté $613,000.
M. CHARRON: La campagne faite dans le public?
M. HARDY: Exactement. Ce qui veut dire que le budget de l'Orchestre
symphonique de Montréal, à ce jour, est équilibré.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas des accidents de parcours dans
l'avenir. C'est une question très compliquée. Il y a un syndicat
qui est impliqué dans l'affaire. Il y a de nouvelles négociations
de la convention collective qui doivent se faire prochainement. Comment cela se
traduira au niveau des finances de l'orchestre? Personne n'en sait rien pour
l'instant. Mais en bref, à ce jour, je le sais parce que j'assiste aux
réunions de l'Orchestre symphonique de Montréal, au niveau du
conseil d'administration, au niveau du comité du conseil
exécutif, la situation financière est assainie.
M. CHARRON: Assainie. Quel est le montant prévu cette
année? C'est toujours un montant statutaire versé à
l'Orchestre symphonique de Montréal?
M. HARDY: II y a une possibilité d'augmentation de la subvention,
mais là encore, les conclusions du groupe de travail vont sûrement
orienter...
M. CHARRON: Celle qui, de toute façon, est prévue, est de
quel montant?
M. HARDY: Celle de l'an passé, statutaire, était de
$250,000.
M. CHARRON: C'était $250,000. Est-ce que le ministre, par M.
Vallerand, qui, comme je le savais, assiste aus réunions du conseil
d'administration de l'Orchestre symphonique, a été mis au courant
des prévisions budgétaires pour la prochaine année de
l'exercice de l'Orchestre symphonique de Montréal?
M. HARDY: Les budgets sont entrés, mais ils n'ont pas encore
été étudiés par les services de M. Vallerand et
ceux de la musique de M. Bouchard.
M. CHARRON: Le groupe de travail qui a été
constitué en décembre dernier est formé par qui? Pour quel
mandat exactement?
M. HARDY: M. Jean-Paul Jeannotte, qui en est le président; M.
Charles Goulet; M. Gilles Potvin, qui est chroniqueur musical; M. Vallerand et
M. Yvon Lussier. Le mandat je ne sais pas si vous voulez que je le lise
et qu'il soit inscrit au... "Faire enquête sur les organismes
québécois oeuvrant dans le domaine de la musique, de
l'opéra et de la danse, à savoir: l'Orchestre symphonique de
Montréal; l'Orchestre symphonique de Québec; l'Opéra du
Québec et les Grands Ballets canadiens. A la suite de cette
enquête et d'une consultation des personnes intéressées
à faire part de leur opinion, élaborer une politique
générale de ces organismes. Et pour mieux préciser, sans
toutefois restreindre la portée de ce qui précède: 1)
Déterminer la vocation culturelle et sociale de ces organismes; 2)
Définir les moyens de réaliser cette vocation, en
considérant les ressources humaines et financières du
Québec; 3) Analyser la gestion financière et les méthodes
administratives de ces organismes; 4) Etudier leurs structures juridiques et
administratives; 5) Définir les relations entre les quatre organismes
sous étude; 6)Analyser les critères de leur programmation;
7)Définir les méthodes de recrutement et d'embauche des artistes
au sein de ces organismes; 8) Etudier les relations entre la formation des
artistes et la marché du travail; 9) Déterminer la place des
artistes québécois et canadiens dans le cadre des points 7) et
8); 10) Proposer toutes solutions jugées utiles concernant les
organismes étudiés, tenant compte de leur rôle culturel et
social dans une perspective clairement établie."
M. CHARRON: Ce groupe a été constitué quand, M. le
ministre?
M. HARDY: Au début d'avril.
M. CHARRON: II y a eu combien de réunions depuis ce temps?
M. HARDY: Deux réunions. Le rapport doit être
déposé à la fin de septembre, le 30 septembre
exactement.
M. CHARRON: Les personnes membres de ce comité, au cours de ces
deux réunions, ont-elle travaillé ensemble ou ont-elle
invité d'autres personnes à se joindre au groupe de travail?
M. HARDY: Oui. Au cours des deux réunions... A toutes fins
pratiques, il y a eu trois réunions parce qu'il y a eu une
première réunion à laquelle j'ai participé. Oui,
les membres ont travaillé ensemble, sauf M. Potvin qui était
absent, étant présentement en Europe. Les deux séances ont
commencé à neuf heures, me dit-on, et se sont terminées
à six heures.
M. CHARRON: Puis-je demander à M. Vallerand, si le ministre me
permet de m'adresser directement à lui comme membre du
comité...
M. HARDY: Sûrement.
M. CHARRON: Dans l'accomplissement de ce mandat sur lequel je suis
d'accord, au moins dans sa formulation, comment entend-on procéder au
niveau du comité? Une fois qu'on a reçu ce mandat du ministre des
Affaires culturelles, quel calendrier le comité s'est-il donné et
de quelle façon entend-il remplir son mandat au point de vue de la
méthode de travail?
M. HARDY: Le comité essayait de se donner une méthode de
travail très pragmatique. Il a commencé par se pencher sur les
budgets, non pas des organismes, mais surtout de l'Opéra du
Québec, étant donné que c'est la situation la plus...
M. CHARRON: ... critique...
M. HARDY: ... compromise, la plus critique. Nous nous sommes
penchés sur ces dossiers en professionnels du spectacle en analysant
chaque rubrique de budget, en la discutant, en comparant les budgets de cette
année avec les budgets des années antérieures et les
budgets prévus pour les années suivantes, de façon
à cerner et à identifier les problèmes les plus graves au
sein de l'Opéra du Québec et, au fur et à mesure que nous
allons avancer dans ce travail qui est hautement technique...
M. CHARRON: Oui, j'imagine.
M. HARDY: ... et qui est très complexe je
répète, c'est surtout un travail technique que nous faisons
des orientations se dégagent et des hypothèses de solution
ou de remplacement
commencent déjà, après deux réunions, de se
dégager de notre travail.
M. CHARRON: Si vous me permettez de continuer de parler de
l'Opéra du Québec, puisque c'est celui qui occupe le temps du
comité actuellement, avec-vous l'intention, éventuellement,
d'élargir votre groupe, en consultation, parce que je crois que certains
des points du mandat, tel que formulé par le ministre, sont moins
techniques et nécessiteraient, je pense, une consultation? Je pense
à ce que le ministre a dit quand il a fait mention de la vocation de ces
organismes culturels et sociaux. Je pense que, dans l'hypothèse
où on doit remplir ce mandat, il faudrait peut-être aller
consulter à l'extérieur du comité.
M. HARDY: Non seulement avons-nous l'intention de nous livrer à
cette consultation, mais nous serons obligés de le faire, non seulement
de par notre mandat, mais de par la logique même du travail de recherche
dans lequel nous sommes intégrés. Ce n'est pas au terme de deux
séances que nous pouvons commencer à nous constituer en une
espèce de para commission d'enquête pour entendre les opinions
d'organismes ou d'individus. Nous sommes déjà saisis de demandes
d'entrevues auxquelles, de toute évidence, nous donnerons suite.
M. CHARRON : Je comprends la situation de l'Opéra du
Québec, en particulier. Je comprends que le ministre qui a chargé
le comité de lui faire rapport se trouve aux prises avec deux
problèmes d'ordre différent. D'une part, c'est d'assurer la
survie et, éventuellement, une deuxième étape sera
d'améliorer, je crois, je pense simplement à la promotion des
Québécois à l'intérieur de ces entreprises. Je
crois que, comme première fonction, vous vous attachez surtout au
côté financier et proprement budgétaire des entreprises
avant d'y inclure des transformations culturelles ou sociales qui pourraient
avoir de l'importance.
M. HARDY: C'est-à-dire que nous sommes engagés dans une
étude quant à la viabilité, pour l'instant, de
l'Opéra du Québec, dans ses structures actuelles. Mais,
déjà, nous commençons, à la lumière des
études déjà très approfondies que nous avons
faites, d'imaginer des structures différentes et dans une situation
globale qui implique également ce que vous mentionnez,
c'est-à-dire l'utilisation du talent québécois qui,
d'ailleurs, est déjà assez bien représenté à
l'Opéra du Québec.
M. CHARRON: Oui, d'accord. C'est peut-être moins fort dans
d'autres organismes que vous aurez à étudier. Est-ce que vous
entendez soumettre au ministre un rapport organisme par organisme,
c'est-à-dire l'urgence de l'Opéra du Québec et, par la
suite, vous pencher sur un autre des organismes dont vous avez mandat de
vérifier la viabilité?
M. HARDY: Nous prenons, pour reprendre une de vos expressions, les
problèmes à la pièce. Pour l'instant, nous sommes à
l'Opéra du Québec et nous sommes déjà en mesure,
après demain, de faire des recommandations extrêmement
précises au ministre des Affaires culturelles. Nous avons ensuite
l'intention d'aborder, parce que cela aussi est un problème très
difficile, le cas des Grands Ballets canadiens...
M. CHARRON: C'est le deuxième.
M. HARDY: ... et nous commençons déjà à
avoir une vision d'ensemble, une vision globale et une conception de
synthèse de ces quatre grands organismes, Orchestre symphonique de
Montréal, Orchestre symphonique de Québec, Opéra du
Québec et Grands Ballets canadiens.
M. CHARRON: Le ministre sera saisi d'un rapport dans les prochains
jours...
M. HARDY: II ne sera pas saisi d'un rapport. Il sera saisi du...
M. CHARRON: ... de recommandations...
M. HARDY: ... résultat de nos réflexions, d'une
identification très précise des problèmes fondamentaux qui
dépassent des problèmes qui sont purement d'ordre financier, qui
proviennent de problèmes de conception, de problèmes de
mentalité et de problèmes de structure.
Donc, après-demain, le ministre sera saisi, il en est
déjà informé dans les grandes lignes, mais nous
l'informerons de façon très précise d'une recommandation
très exacte et très vigoureuse au sujet de l'Opéra du
Québec.
M. CHARRON: Bon. Vous avez mentionné que le deuxième
organisme sera les Grands Ballets canadiens, suite à la subvention
exceptionnelle également qu'ils avaient reçue l'année
dernière, je pense que c'était à l'été, en
juin 1973, si ma mémoire est fidèle, est-ce que c'est...
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: C'était en juin 1973. Quelle est la situation
financière actuelle des Grands Ballets canadiens, à la suite de
cette subvention?
M. HARDY: La subvention supplémentaire de $150,000 qui a
été accordée aux Grands Ballets canadiens est une
subvention conditionnelle. C'est une assurance sur déficit, subvention
qui ne sera versée qu'après vérification.
Vérification d'ailleurs qui est déjà en cours, qui est
périodique. Elle est presque continue après vérification
de la comptabilité des Grands Ballets canadiens. Pour l'instant, au
moment où nous sommes, grâce à cette assurance et
grâce également au mécanisme de contrôle hebdo-
madaire que nous exerçons à l'égard des Grands
Ballets, la situation ne s'est pas détériorée. Elle ne
s'est pas financièrement améliorée. Les problèmes
sont toujours là, mais les Grands Ballets canadiens ne sont pas en
péril présentement.
M. CHARRON: Bon. J'avais une autre question, mais je viens de
l'échapper. Le groupe de travail formé par le ministre croit
avoir fini son évaluation à quel moment au cours de
l'année financière actuelle?
M. HARDY: C'est très difficile à apprécier.
Evidemment, nous avons abordé la première séance avec les
dossiers de l'Opéra du Québec. Nous n'imaginions pas qu'en deux
réunions, nous aurions pu voir clair dans la situation, mais comme nous
travaillons entre spécialistes et entre techniciens, il y a dans ce
comité des gens qui ont de vastes expériences du
théâtre lyrique, nous sommes arrivés très rapidement
à identifier les problèmes. Nous ne sommes pas évidemment
arrivés à définir les méthodes de solution de la
situation financière extrêmement difficile dans laquelle se trouve
l'Opéra du Québec. D'ici deux ou trois semaines, je pense que
nous aurons fait le tour de la question et nous serions en mesure de remettre
au ministre un premier sous-rapport ou un premier para-rapport concernant
uniquement l'Opéra du Québec et non pas concernant l'imbrication
possible des différents organismes sur lesquels nous avons à nous
pencher.
M. CHARRON: D'accord. L'urgence de la situation de l'Opéra du
Québec a affecté le comité. J'imagine qu'elle affectera le
ministre également lorsqu'il recevra ce rapport.
M. HARDY: La question de l'Opéra affecte beaucoup le ministre
présentement.
M. CHARRON: Le ministre s'est-il donné un délai pour une
décision...
M. HARDY: C'est-à-dire que j'ai demandé lors de la
première rencontre, de la première réunion du groupe de
travail, réunion à laquelle j'ai assisté,
d'accélérer le plus possible les travaux pour être en
mesure de me remettre le rapport définitif le 30 septembre.
M. CHARRON: Le 30 septembre? Sur l'Opéra du Québec?
M. HARDY: Non, sur l'ensemble du mandat.
M. CHARRON: Sur l'ensemble. Bon. Quant à l'Opéra du
Québec vous en serez saisi au cours des prochaines semaines?
M. HARDY: Oui, parce qu'il y a des décisions imminentes à
prendre. La programmation de la...
M. CHARRON: De la prochaine saison?
M. HARDY: La prochaine saison est déjà pas mal
engagée, mais pour la saison subséquente à la prochaine
saison, les contrats doivent se signer longtemps à l'avance. Alors, il
est important que je donne des directives à l'Opéra du
Québec.
M. CHARRON: Dernière question, M. le Président, à
l'endroit du ministre. M. Guy Beaulne a fait une suggestion, qui mérite
examen, savoir qu'à l'avenir les campagnes de fonds publics pour ces
organismes soient fédérées en quelque sorte. Or,
plutôt que de voir l'Orchestre symphonique se lancer lui-même dans
une recherche de fonds et puis, tour à tour les Grands Ballets, et tout
cela, les organismes, comme ceux qui sont regroupés au comité,
auraient une campagne publique fédérée. Est-ce que cette
suggestion a reçu l'appui du ministre?
M. HARDY: II s'agit d'une hypothèse qu'il serait peut-être
intéressant d'examiner en soi quant à sa valeur
intrinsèque. Si le ministre et le ministère en venaient à
la conclusion qu'elle est valable, nous ne pourrions que la recommander aux
organismes, parce que la plupart de ces organismes sont quand même
autonomes. Nous les subventionnons mais juridiquement ils demeurent libres de
prendre les décisions qu'ils veulent.
M. CHARRON: Je voulais simplement...
M. HARDY: C'est une hypothèse qui mérite d'être
étudiée à la fois par les organismes et par le
ministère des Affaires culturelles.
M. CHARRON: Est-ce qu'on a une idée de ce que chacun de ces
quatre organismes a pu rassembler comme fonds publics, fonds provenant du
public, au cours de la dernière année? Vous avez mentionné
$613,000 pour l'Orchestre symphonique de Montréal.
M. HARDY: On me dit que c'est à peu près $1 million pour
les quatre organismes.
M. CHARRON: Ensemble. J'ai retenu cette suggestion, je l'ai
signalée au ministre parce que j'imagine que les frais d'administration
d'une pareille campagne, si elle était fédérée, ce
sont les organismes mêmes qui y gagneraient.
M. HARDY: On me dit que cela ne coûte rien, ce sont des
bénévoles, dans les organismes, qui...
M. CHARRON: Et la publicité que font les organismes?
M. HARDY: II n'y a pas d'administration. Il y a des frais de
publicité mais pas d'administration comme telle.
M. CHARRON: Même sur ce point des frais de publicité, si la
campagne était fédérée, peut-être y
gagnerait-on également?
M. HARDY: II y a quand même de ces organismes dont l'action est
circonscrite à Montréal, d'autres à Québec,
d'autres dont l'action s'étend dans l'ensemble de la province, je pense
aux Grand Ballets. L'Opéra du Québec se produit à
Montréal et à Québec seulement.
M. CHARRON: Une dernière question à ce programme, M. le
Président. C'en est une que j'ai glissée à un autre
programme et qui n'avait pas sa place. Le Conseil des arts a annoncé
qu'il allait geler l'aide qu'il accorde à une quarantaine d'organismes
culturels canadiens dont certains sont proprement québécois. Je
pense que l'Orchestre symphonique de Montréal est touché, le
Musée des Beaux-Arts, l'Ecole nationale de théâtre, le
Théâtre du Nouveau Monde, les Grands Ballets également.
Est-ce que le Québec a été consulté pour ce
changement de priorités?
M. HARDY: D'abord, c'est 29 organismes, et le Québec n'a pas
été consulté.
M. CHARRON: Est-ce que c'est un indice?
M. HARDY: C'est un indice qu'il faut absolument en arriver à une
entente le plus rapidement possible avec le gouvernement fédéral,
que l'on ne peut pas se limiter à la situation actuelle.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre a tenu compte de cette situation dans
l'édification de son budget actuel, sachant que certains organismes ne
recevraient plus rien du côté fédéral? Est-ce qu'il
a augmenté en conséquence la contribution
québécoise?
M. HARDY: II y a une augmentation générale du budget des
arts d'interprétation, ce qui nous permettra de pallier, dans une
certaine mesure, cette carence de fonds venant du fédéral.
M. CHARRON: Par exemple, l'école nationale de
Théâtre à Montréal recevait combien du gouvernement
fédéral et recevra combien en plus ou en sus, devrais-je dire,
maintenant du gouvernement québécois?
M. HARDY: La contribution du Conseil des arts était de $500,000;
quant à nous, notre contribution se limite à l'héberger,
ce qui représente à peu près une subvention de $90,000 par
année, en tenant compte de la valeur locative.
M. CHARRON: II recevait $700,000 du gouvernement canadien?
M. HARDY: Non. $500,000 du gouvernement canadien.
De toute façon, nous ne donnions pas d'aide financière
comme telle, en espèces sonnantes.
M. CHARRON: Cela ceut dire quoi pour l'Ecole nationale de
théâtre quand elle se voit privée d'une subvention aussi
importante?
M. HARDY: Ces gens ne sont pas privés, la subvention demeure
à $500,000. Il faut qu'ils organisent leur budget en fonction des
revenus qu'ils ont.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a des organismes...
M. HARDY: Cela arrive aussi de notre côté; nous sommes
obligés, à cause de nos contraintes budgétaires, de geler
pendant un certain nombre d'années, l'aide que nous apportons à
différents organismes.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a des organismes québécois qui
sont touchés par la directive du Conseil des Arts, qui ont fait
directement appel depuis ce temps au ministère des Affaires
culturelles?
M. HARDY: II y a 29 organismes au Canada, dont sept ou huit qui sont du
Québec.
M CHARRON: J'en ai mentionné cinq, je crois. De ces sept ou huit
organismes québécois...
M. HARDY: ... est dans cette situaation.
M. CHARRON: L'Orchestre symphonique de Montréal
également.
M. HARDY: Les deux orchestres symphoniques.
M. CHARRON: Le Théâtre du Nouveau-Monde, les Grands Ballets
canadiens, le Musée des Beaux-Arts.
M. HARDY: La subvention du Musée des Beaux-Arts, selon mes
informations, ne provient pas du Conseil des Arts.
M. CHARRON: II est mentionné dans la dépêche... De
ces organismes touchés, est-ce qu'il y en a qui ont fait des
démarches auprès du ministre des Affaires culturelles pour que le
gel de la subvention fédérale soit compensé?
M. HARDY: La plupart de ces organismes annuellement font des pressions
auprès du ministère des Affaires culturelles pour voir augmenter
leur subvention.
M. CHARRON: Bien sûr, mais dans la circonstance spéciale
actuelle?
M. HARDY: Nous présumons que des pressions plus fortes...
M. CHARRON: Viendront.
M. HARDY: ... se feront cette année.
M. CHARRON: Aucune ne s'est faite jusqu'ici?
M. HARDY: Non, pas jusqu'à maintenant.
M. CHARRON: Bien. Dernière question, M. le Président.
J'aimerais que le ministre précise un peu plus ce qu'il mentionnait de
façon très vague dans son discours du 4 avril sur la nouvelle
politique culturelle du Québec concernant l'industrie du disque. Je
sais, comme il l'a lui-même mentionné, que tout ça
paraîtra beaucoup plus dans le prochain budget que dans le budget actuel.
Mais que se fera-t-il à ce chapitre précis, au ministère
des Affaires culturelles cette année?
M. HARDY: J'ai toujours tenté d'être aussi rigoureux que
possible sur le plan intellectuel mais je considère que ce ne serait pas
respecter la rigueur intellectuelle, pour le ministre, que de donner des
conclusions alors qu'une étude est en cours. J'attends que les
études...
M. CHARRON: II y a une étude en cours.
M. HARDY: Oui, il y a même...
M. CHARRON: Menée par M. Leclerc?
M. HARDY: Sous sa juridiction générale et même il y
a deux étudiants au niveau de la maîtrise à
l'université Laval qui commenceront, s'ils n'ont pas déjà
commencé, une étude bien précise sur le domaine du disque.
Je peux même vous donner leurs noms, M. Gilles Biron et M. Yves Grouan
qui sont des étudiants au niveau de la maîtrise en administration
à l'université Laval.
M. CHARRON: Embauchés sur base contractuelle
également?
M. HARDY: Sur base contractuelle, oui.
M. CHARRON: Avec quelle échéance devant eux?
M. HARDY: Ils doivent remettre leur rapport, au plus tard, à la
fin de mars 1975. Mais au cours de leurs travaux, ils vont nous fournir des
informations, ils vont nous faire des rapports préliminaires.
M. CHARRON: Ce qui veut dire que la politique du disque
n'apparaîtra pas avant le budget de 1976/77?
M. HARDY: D'une façon globale, non. Il pourrait y avoir des
éléments dans le prochain budget...
M. CHARRON: Des indices.
M. HARDY: Plus que des indices, des éléments, des
certitudes. Un élément dans une politique, ce n'est pas seulement
un indice, c'est une certitude, pour l'élément.
M. CHARRON: Oui. On attendra l'élément de l'année
prochaine, ce qui vous permettra alors de faire un long discours.
M. HARDY: Actuellement, il y a des indices que nous aurons une politique
du disque parce qu'accorder des contrats de recherches, c'est un indice pas mal
probable.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que le programme 5 est adopté
avec les deux éléments? Programme 6: Cinéma et
audio-visuel. Elément 1: Production et distribution de films et de
documents audio-visuels.
Cinéma et audio-visuel
M. CHARRON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député
d'Iberville.
M. TREMBLAY: M. le Président, M. le ministre, qu'avez-vous
l'intention de faire avec la commandite gouvernementale dans le domaine de la
production de films?
M. HARDY: Je m'excuse, je n'ai pas saisi.
M. TREMBLAY: Qu'avez-vous l'intention de faire avec la commandite
gouvernementale dans le domaine de la production de films? Est-ce que cela fait
partie de la loi-cadre qui sera déposée ou quoi?
M. HARDY: Je pense qu'on peut répondre à cette question en
deux temps. Premier temps. La situation actuelle...
M. TREMBLAY: Vous êtes monsieur? M. HARDY: Raymond-Marie
Léger.
M.TREMBLAY: Ah bon! De notoriété publique.
M. HARDY: La situation actuelle est celle-ci. Je parlerai de l'Office du
film du Québec uniquement, je ne veux pas évidemment faire part
de la politique, à ce titre, de Radio-Québec
ou du ministère de l'Education par exemple; l'Office du film du
Québec a toujours confié, par contrat, à l'industrie
cinématographique, aux producteurs privés, aux
indépendants qu'on les appelait chez nous, l'exécution technique
et la réalisation d'à peu près tous les films, tous les
documents audio-visuels que les ministères, chaque année, nous
demandent de produire pour leur compte.
C'est ainsi, par exemple, que l'année dernière, en
1973/74, on a injecté dans l'industrie, pour ce qui est uniquement de la
production cinématographique, à peu près $1 million qui
ont été partagés entre 36 sociétés
différentes et qui ont fait l'objet de 61 contrats. Premier temps.
Deuxième temps. M. le ministre pourra en parler de façon
beaucoup plus autorisée que moi, mais il semble bien que la loi-cadre
sur le cinéma mettra fin à une certaine confusion qui
règne dans ce domaine et du point de vue des juridictions qui, par
certains côtés, sont partagées entre Radio-Québec,
le ministère des Communications, le ministère de l'Education et
l'Office du film du Québec.
M. TREMBLAY: Films qui sont produits nécessairement par des
firmes indépendantes, mais qui produisent ces films sous votre
supervision, sans doute?
M. HARDY: Oui, je tiens à préciser, si vous le permettez,
que nous, nous demeurons producteur en titre, nous gardons évidemment
tous les droits, les droits universels et mondiaux de distribution et de
diffusion puisque nous travaillons à forfait. Mais les compagnies,
évidemment, exécutent et analysent pour nous les films que nous
produisons.
M. TREMBLAY: Le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, l'an dernier, a commandité ou a commandé chez vous
des films?
M. HARDY: Oui, il a commandé une dizaine de films. Cela a
été et je tiens à le souligner le plus gros
commanditaire l'année dernière. Je pense que le montant total des
commandites qu'il nous a demandé d'exécuter pour son compte
s'élevait à peu près à $250,000.
M. TREMBLAY: Bon. Est-ce que vous avez les documents, aujourd'hui, qui
nous donnent les noms des firmes auxquelles ces productions ont
été confiées?
M. HARDY: Je pense que dans la liste que vous avez déjà,
la liste des services, la liste complète des services qui a
été distribuée hier, vous retrouverez les producteurs de
films.
J'ai d'ailleurs fait parvenir, d'abord bien sûr, au ministre, au
sous-ministre et à mes collègues, mais également à
tous les membres de l'Assemblée nationale, le rapport annuel 1973/74 de
l'OFQ, qui comporte deux volumes. Le premier volume est le document qui fait le
bilan des activités, qui donne l'idée également de ce
qu'on tentera de faire en 1974/75 et il y a un deuxième volume, qui est
peut-être celui qui vous intéresse davantage, et qui comporte
quatorze annexes, dont la liste complète des contrats octroyés
avec les montants, le nom de la compagnie, le nom du ministère
commanditaire, etc.
M. TREMBLAY: Sur ces choses produites l'an passé?
M. HARDY: Oui, monsieur.
M. TREMBLAY: Bon. De mémoire, je me rappelle qu'il y avait M.
Fournier qui était un des principaux, je ne dirais pas soumissionnaires,
parce que cela ne marche pas par soumissions publiques, vos commandes de
films.
M. HARDY: II faut bien distinguer. L'année dernière,
presque la moitié du volume de productions confiées à
l'extérieur, de $1,000,000 à peu près, presque la
moitié de ces contrats ont été effectivement
octroyés par voie d'appels d'offres et de soumissions.
M. TREMBLAY: Mais, dans le cas de ceux du ministère du
Tourisme?
M. HARDY: Dans le cas de la série de films, pour le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, nous avons
procédé directement aux choix...
M. TREMBLAY: Est-ce qu'à votre connaissance il y avait des
affinités entre peut-être trois ou quatre firmes dont, à
toutes fins pratiques, M. Fournier était l'âme dirigeante ou
à peu près, associé à chacune des quatre?
M. HARDY: C'est une question qu'on nous a déjà
posée et à laquelle nous avons répondu en temps opportun
par écrit.
M. TREMBLAY: A laquelle vous avez répondu.
M. HARDY: Nous avons pu faire la preuve qu'il n'y avait aucune
affinité, aucun lien financier entre la compagnie dont Guy Fournier est
président, qui s'appelle Les Productions du Verseau, et les cinq, six ou
sept autres compagnies impliquées dans la production de cette
série de films.
M. TREMBLAY: Evidemment, il n'y avait peut-être pas
d'affinité légale au niveau de l'incorporation des compagnies,
mais, au bout du fil, tout le monde se rejoignait.
M. HARDY: Je ne dirais pas cela.
M. TREMBLAY: Vous ne diriez pas cela. En tout cas, cela a
déjà été discuté en certains lieux dont je
me souviens très bien; je voulais simplement vous le signaler, M.
Léger, et je suis heureux que vous soyez là pour répondre
à ces questions.
M. HARDY: II y a d'ailleurs, en dossiers, une opinion, une
réponse écrite qui avait été donnée, que
j'avais signée aux questions qui, à l'époque, nous avaient
été posées et qui...
M. TREMBLAY: Est-ce que c'était en commission?
M. HARDY: ... correspondaient pas mal... Non, ce n'était pas en
votre nom.
M. TREMBLAY: Ce n'était pas en commission parlementaire?
M. HARDY: Non.
M. TREMBLAY: Est-ce que vous pourriez prendre sur vous de me faire
parvenir une copie de ce document?
M. HARDY: Avec plaisir.
M. TREMBLAY: Je me ferais le porte-parole de quelqu'un pour leur montrer
si finalement votre rapport était bien reconnu. Dans un même
domaine, est-ce que la loi-cadre sur le cinéma englobera les
ciné-parcs?
M. HARDY: Oui, la loi-cadre du cinéma va englober tout ce qui est
cinéma.
M. TREMBLAY: Oui. Une dernière question, si vous me le permettez,
et ensuite...
UNE VOIX: M. Charron.
M. TREMBLAY: Est-ce que la diffusion du cinéma
québécois sera assurée dans la loi-cadre?
M. HARDY: C'est-à-dire que la loi-cadre traitera de cette
question très importante.
M. TREMBLAY: Encore une fois, c'est globalement. D'accord. Merci.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, le règlement m'oblige
à prendre la parole du ministre. Le ministre nous a promis la loi-cadre
du cinéma pour cette année.
M. HARDY: Oui, pour cette année. J'ai dit que
j'espère...
M. CHARRON: J'ai aussi pris la parole du ministre l'année
passée, l'année d'avant et l'autre année d'avant...
M. HARDY: Encore là, M. le Président, si le
député...
M. CHARRON: Je retiens toujours la parole du ministre.
M. HARDY: ... de Saint-Jacques voulait être un tant soit peu
objectif, il reconnaîtrait qu'il y a eu certaines difficultés de
parcours.
M. CHARRON: Oui, bien sûr.
M. HARDY: II y a eu des changements de titulaire au ministère des
Affaires culturelles.
M. CHARRON: C'est cela que vous appelez des difficultés de
parcours?
M. HARDY: En fonction d'une certaine continuité, c'est bien
sûr, c'est évident, cela représente une certaine
difficulté pour des dossiers complexes comme celui du cinéma. Les
élections du mois d'octobre ont sûrement constitué une
difficulté de parcours, parce que, pendant un certain nombre de mois, la
préparation de cette loi a été interrompue.
M. CHARRON: De toute façon, M. le Président, l'engagement
a été pris de façon je dirais beaucoup plus formelle cette
année pour pouvoir croire que c'est au cours de la présente
session que le projet de loi sera étudié, de sorte que toutes les
questions sur le cinéma, l'audiovisuel pourraient être
conservées pour cette époque.
Je veux simplement savoir si le ministre a l'intention,
premièrement, de déposer ce projet de loi avant l'ajournement de
l'été, deuxièmement, de convoquer la commission
parlementaire des affaires culturelles, de l'éducation et des
communications pour que tous les intéressés au cinéma
puissent faire entendre leur opinion sur cette loi-cadre et en assurer
l'adoption, en mesure de sa qualité, bien sûr, par
l'Assemblée avant la fin de l'année 1974.
M. HARDY: Encore une fois, M. le Président, je
décèle certaines contradictions dans l'attitude du
député de Saint-Jacques. Une des raisons, je dis bien une des
raisons, qui a fait que tellement de temps s'est écoulé avant le
dépôt final du projet de loi, c'est que les consultations se sont
multipliées et surmultipliées. A peu près tout le monde
qui, directement ou très indirectement, s'intéresse au domaine du
film a eu l'occasion de se faire entendre et ce à maintes reprises. En
d'autres termes, je répète que, si cela a pris tellement de temps
à accoucher de ce projet de loi, c'est qu'il y a eu de la
superconsultation. Je vous avoue, sans rejeter d'une façon totalement
catégorique l'hypothèse du dépôt du projet de loi en
commission parlementaire, qu'à ce stade-ci, je ne vois pas tellement
l'utilité de cela à moins de vouloir encore retarder l'adoption
du projet de loi.
Je suis très sceptique quant à l'opportunité de
convoquer la commission parlementaire.
M. CHARRON: Mais, M. le Président...
M. HARDY: Je vais terminer ma réponse. Il y avait deux volets
à votre question. Quant au moment du dépôt de la loi, j'ai
dit et je répète, que ce n'est pas un engagement formel. J'ai dit
que j'espérais et j'espère encore pouvoir déposer cette
loi avant l'ajournement d'été. Tout cela, évidemment, est
largement en fonction de la date d'ajournement.
M. CHARRON: Cela vous donne encore passablement de temps, parce que j'ai
l'impression qu'on est encore ici pour un bon bout de temps. A moins que le
cabinet prenne des décisions contraires.
Mais, M. le Président, toute cette consultation menée sur
la question du cinéma à l'intérieur du ministère
des Affaires culturelles ne remplace pas les témoignages publics sur un
projet de loi précis, une fois que les consultations premières
ont effectivement eu lieu. Je pense que tous les projets de loi le moindrement
d'envergure donnent lieu, dans les ministères, à ce genre de
consultations préalables avec les intéressés. Mais il est
aussi extrêmement important, une fois que le ministre a pris une
décision et s'est fait une idée lui-même de tous les
témoignages qui lui ont été donnés, de soumettre de
nouveau sa décision à lui, si c'est son projet, c'est la
décision du gouvernement à l'opinion publique, et, cette
fois, d'entendre publiquement, à une commission...
Puis-je simplement, M. le Président, donner l'exemple d'un projet
de loi qui a pris beaucoup de temps avant d'accoucher, qui a connu beaucoup
d'incidents de parcours également, mais qui est finalement sorti de la
montagne gouvernementale la semaine dernière? Il sera
étudié par les mêmes groupes qui ont probablement
été déjà consultés par le ministre de
l'Education et par le premier ministre, mais il sera étudié avant
même son adoption en deuxième lecture, à cette même
commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications.
Je pense que la loi-cadre du cinéma, parce qu'elle est attendue,
parce qu'elle est importante, mériterait que les observations
d'autant plus si elle est assez satisfaisante des groupes qui
l'attendent, pour qui elle aura énormément de
conséquences, j'imagine, dans leur vie professionnelle, se fassent
entendre ici, plutôt que de clamer, dans les journaux et sur d'autres
tribunes, leur opinion sur le projet de loi.
Cela ne veut pas dire d'étirer inutilement... Si le projet de loi
est déposé, comme le ministre l'espère, et je
l'espère également, avant l'ajournement d'été, il
est bien possible de prévoir, avant la reprise de l'automne, je ne sais
pas, trois ou quatre séances éparpillées à une
dizaine de jours d'intervalle au cours de septembre et octobre sur cette
importante question. De sorte que, une fois cet éclairage donné
publiquement et pour l'ensemble de la commission parlementaire, nous y
gagnerions beaucoup à la deuxième lecture et au travail en
commission plénière sur le projet de loi. Mais je pense que c'est
la contrepartie que doit donner le ministre à tous les incidents de
parcours qu'il y a eus avant d'aboutir à cette loi...
M. HARDY: Créer d'autre incidents de parcours...
M. CHARRON: Non, créer simplement celui-là qui est
absolument normal, à moins que le ministre n'ait pas la même
conception que moi de sa loi. Je considère la loi-cadre du cinéma
comme quelque chose d'extrêmement important dans la politique culturelle
du Québec.
M. HARDY: Là-dessus, nous sommes totalement d'accord.
M. CHARRON: Alors, si nous sommes d'accord sur cette importance, si nous
convoquons la commission parlementaire pour entendre l'opinion des gens sur des
projets de loi qui, vous l'avouerez avec moi, ont souvent beaucoup moins
d'envergure et d'importance que cela, mais que le ministre responsable juge
essentiel d'avoir l'opinion des gens directement intéressés, que
dire du cinéma québécois, de cette industrie culturelle
!
M. HARDY: Un grand nombre de lois auxquelles se réfère le
député de Saint-Jacques n'ont pas connu, n'ont pas
été l'objet d'autant de consultations, je le
répète...
M. CHARRON: Oui.
M. HARDY: ... que la loi-cadre du cinéma. De toute façon,
je ne ferme pas complètement la porte, et, en temps opportun, au moment
du dépôt de la loi, je verrai s'il est valable de convoquer la
commission parlementaire. Je ne ferme pas la porte, mais je ne donne pas
d'indications plus précises pour le moment au député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Pour ma part, M. le Président, comme je l'ai
dit...
M. HARDY: Je ne lui donne même pas d'indices à ce
sujet.
M. CHARRON: J'attends cette occasion pour reprendre tout l'ensemble des
discussions que nous avons sur le cinéma.
M. HARDY: Très bien.
M. CHARRON: ... à l'exception de deux questions précises
que je voudrais poser.
Est-ce que le ministre a reçu, comme nous l'avons reçue,
une demande pour que la Loi du cinéma soit modifiée afin de
permettre la présentation de films classés pour les quatorze ans
dans les ciné-parcs?
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: Quelle réponse le ministre a-t-il donnée?
M. HARDY: La question est à l'étude.
M. CHARRON: Quand aurons-nous une réponse?
M. HARDY: Probablement avec la loi-cadre du cinéma.
M. CHARRON: Bien. Autre question, M. le Président, qui revient
cette année à l'étude des crédits du
ministère des Affaires culturelles. Le 8 février 1973, un
arrêté en conseil portant le numéro 427-73 accordait un
permis spécial à la compagnie Cinémas Odéon pour
l'établissement d'un ciné-parc...
M. HARDY: ... à Boucherville.
M. CHARRON: C'est cela. Contrairement à la loi, la
municipalité de Boucherville n'avait pas donné son accord. De
plus, l'arrêté en conseil n'est pas conforme à l'article 10
du règlement sur l'aménagement des ciné-parcs puisque cet
écran est très facilement visible à partir de la route 20
et constitue donc aux yeux du ministre des Travaux publics et de
l'Approvisionnement un danger. Lors de l'étude des crédits du
ministère des Affaires culturelles de l'année dernière,
l'affaire avait été soulevée le ministre s'en
souvient et le ministre de l'époque avait promis de rouvrir le
dossier et de vérifier auprès de son collègue des Travaux
publics et de l'Approvisionnement, entre autres, si ce ciné-parc
était érigé conformément au règlement.
Je cite le ministre des Affaires culturelles, à ce moment. Il
avait dit: "Si je me convaincs que toutes les procédures n'ont pas
été suivies et que la réglementation n'a pas
été respectée, je vais certainement représenter le
problème au conseil des ministres". Depuis, rien. Sinon une lettre du
cabinet du premier ministre à un propriétaire de ciné-parc
voisin et qui dit ceci: "As you know, this question is at the present time
revised at the Department of Cultural Affairs and rest assured that Mr Denis
Hardy, Parliamentary Assistant to the Minister, will give it his particular
attention".
Aujourd'hui, le ciné-parc est encore ouvert. Ont
été prévenus des irrégularités de
l'arrêté en conseil 427-73 M. Cloutier, M. Hardy, M. Saint-Pierre,
M. Cournoyer, M. Maurice Saint-Pierre, M. Claude Rouleau, sous-ministre des
Transports, et M. Bourassa. Le premier ministre du Québec a même
reçu des représentations de vive voix de gens qui avaient
sollicité une entrevue avec lui.
Est-ce que le ministre peut nous dire comment il se fait que
l'engagement du ministre des Affaires culturelles de l'année
dernière n'a pas été respecté?
M. HARDY: M. le Président, comme il arrive souvent, le
député de Saint-Jacques, plutôt que de vouloir s'informer,
lance des accusations qui ne reposent sur aucun fondement. Il est vrai que
c'est un dossier complexe qui a été revu par l'adjoint
parlementaire d'alors et qui a même été revu encore tout
dernièrement par l'adjoint parlementaire devenu ministre. D'abord, vous
avez fait allusion tantôt au permis de la municipalité. Or,
d'après la loi et les règlements concernant l'aménagement
et l'exploitation des ciné-parcs, le cabinet n'a pas à tenir
compte s'il y a eu permis ou non-permis de la municipalité pour accorder
un permis de ciné-parcs. La municipalité a juridiction sur son
territoire et si un organisme, un individu ou une compagnie...
M. CHARRON: Est-ce que cela ne prend pas une résolution de la
municipalité pour permettre l'autorisation des ciné-parcs?
Article 22, si vous voulez regardez avec moi.
M. BACON: Ce n'est peut-être plus une règle
générale.
M. HARDY: La résolution du conseil municipal doit indiquer si
dans un rayon de deux milles du site proposé se trouvent les
institutions publiques et privées ou services publics. Cela ne parle pas
de permis.
M. BACON: La résolution, ce n'est pas...
M. CHARRON: Est-ce que la ville de Boucherville a émis cette
résolution?
M. HARDY: La résolution de la ville de Boucherville indiquant
qu'il n'y a pas d'institution publique et privée ou de service public
est au dossier.
M. CHARRON: Est-il exact que le Comité consultatif des
ciné-parcs avait refusé d'abord?
M. HARDY: Au moment où ce permis a été
accordé, le Comité consultatif des ciné-parcs n'existait
plus. Ces le sous-ministre adjoint, M. Gariépy, qui avait le mandat du
ministre et qui l'a encore, d'étudier les dossiers de demandes de permis
de ciné-parcs.
M. CHARRON: Est-ce que le comité consultatif qui n'existait plus
à l'époque où le ciné-parc je prends votre
parole a été érigé, n'avait quand même
pas été consulté avant et n'avait pas émis un avis
sur ce sujet? Ou alors, le document que j'ai est une création?
M. HARDY: Personnellement, c'est la même chose pour le
sous-ministre adjoint, nous n'avons pas vu au dossier d'avis du comité
consultatif.
M. CHARRON: Ce rapport est de M. Théo-ret, si cela peut
préciser.
M. HARDY: Pardon?
M. CHARRON: M. Théoret, du Comité consultatif des
ciné-parcs. Théroux? Est-ce que le ciné-parc en
question...
M. HARDY: Je voudrais terminer avec la question première du
député de Saint-Jacques. L'autre question
d'irrégularité qui se posait et où nous avons encore revu
tout dernièrement tout le dossier avec des conseillers juridiques du
ministère, c'est à savoir si les responsables du ciné-parc
en question avaient respecté les prescriptions quant à la
distance qui doit exister entre l'écran et une route. Malheureusement,
je dis bien malheureusement.
Je répète l'avis juridique de nos conseillers, la
prétention des propriétaires du ciné-parc en question est
conforme à la lettre de la loi parce qu'il y a entre la route 20 et la
route transcanadienne et le ciné-parc en question une autre route.
M. CHARRON: Une voie de sortie.
M. HARDY: C'est-à-dire que ce n'était pas une route mais
une zone industrielle. Je vais demander à M. Gariépy, qui a suivi
le dossier de très près avec Me Mercier, de donner des
précisions, parce qu'il a reçu en même temps les avocats
des propriétaires du ciné-parc avec Me Mercier, ils ont
examiné cela à fond. Je vais lui demander de résumer
exactement la situation.
Le dossier de l'Odéon a été acheminé au
ministère en février 1973, dans un état qui n'était
peut-être pas satisfaisant pour le ministère. Cela a d'ailleurs
été dit en Chambre l'année passée et les
fonctionnaires n'ont pas recommandé l'émission du permis. Le
permis a été émis quand même, alors le fait doit
être pris en ligne de compte. Il s'agissait de savoir dans quelle mesure
les règlements pouvaient être observés quand même.
D'après le règlement des ciné-parcs, le
propriétaire éventuel est censé fournir un plan
d'aménagement pour qu'on puisse juger si l'aménagement est
conforme aux exigences du règlement quant à la disposition des
écrans, quant à la sécurité, et si le
ministère des Transports est d'accord aussi avec le choix du site. Ces
pièces n'étaient pas au dossier lors de l'émission du
permis. Par la suite, nous avons fait des démarches pour obtenir ces
informations. Elles nous sont parvenues après beaucoup de délai.
Au cours de ce délai, la construction avait eu le temps de se faire
parce que la ville de Boucherville a émis son permis en juin suivant,
quelques jours à peine après avoir modifié son plan de
zonage pour permettre l'implantation du ciné-parc dans la zone
industrielle dans l'angle que forment les autoroutes 20 et 30. Cette zone
étant industrielle, la ville ne pouvait pas accorder un permis de
ciné-parc à moins de modifier son règlement, ce qu'elle a
fait et tout de suite après, elle a donné le permis de
construction à l'Odéon.
Des mois ont passé. Quand j'ai repris le dossier je l'ai
momentanément perdu de vue parce que c'était un autre
fonctionnaire qui l'avait eu pendant quelques mois en vue de
l'émission du permis de 1974/75, j'ai repris la question de fond en
comble. C'est à ce moment-là que j'ai pu obtenir des avocats le
plan d'aménagement, les titres des terrains, les règlements de
zonage et tous les documents pertinents pour qu'on puisse se former une opinion
et savoir si le règlement était observé, sinon dans son
esprit, du moins dans sa lettre. C'est là qu'on s'est rendu compte de
toute cette histoire de zonage qui a permis au ciné-parc de s'implanter
à proximité des autoroutes tout en n'étant pas en bordure,
au sens du règlement.
Le règlement, à l'article 10, dit que "si le
ciné-parc est construit en bordure d'une voie rapide, l'image ne doit
jamais être visible de celle-ci". Odéon prétend qu'ils ne
sont pas en bordure, étant donné que la ville de Boucher-ville a
exigé qu'une zone d'à peu près 1,200 pieds de la route 20
et puis, peut-être, 2,000 pieds de l'autoroute 30, séparent
l'emplacement du ciné-parc de ces autoroutes.
Je pense qu'il apparaît très clairement que, dans ce cas-ci
je donne une opinion presque juridique, ce n'est pas tout à fait
conforme au règlement je pense que la situation du
ciné-parc Odéon ne respecte pas l'esprit du règlement,
mais est conforme à la lettre. Je pense qu'il y aura lieu, pour
éviter des cas semblables à l'avenir, que le règlement
soit modifié. C'est bien évident que l'esprit du règlement
ou le but poursuivi en édictant ce règlement était
d'éviter que les automobilistes, sur une grande route, voient un
écran. On a dit "en bordure", ceux qui ont rédigé le
règlement on cru qu'en disant "en bordure" d'une grande route, on
réglait le problème. Ils n'ont pas pensé que certains
avocats pourraient faire valoir qu'en bordure, si le terrain du
ciné-parc n'est pas immédiatement contigu à la route, on
peut ériger l'écran. Quant aux faits, ça ne change rien.
Je sais, pour y passer fréquemment, que l'écran, on le voit
très bien. C'est l'avis de nos conseillers juridiques que, si on avait
refusé d'émettre le permis d'exploitation, nous aurions pu nous
faire poursuivre par les cinémas Odéon. La seule
différence que cela aurait donné, c'est que nous aurions eu des
honoraires d'avocat et des frais judiciaires sans pouvoir faire changer la
réalité.
M. CHARRON: Tout ça a commencé de façon très
étrange, c'est que, contrairement à l'avis du ministère
des Affaires culturelles...
M. HARDY: II n'est pas question... Nous n'avons rien à
cacher...
M. CHARRON : Voulez-vous me laisser terminer?
M. HARDY: Je vous le dis, le sous-minsitre l'a bien dit tantôt, le
permis a été accordé...
M. CHARRON: Laissez-moi terminer.
M. HARDY: Laissez-moi terminer moi aussi.
M. CHARRON: Après, vous interviendrez. C'est moi qui avait
commencé à parler.
M. HARDY: Le permis a été accordé sans que le
sous-ministre donne son approbation. C'est clair?
M. CHARRON: Contrairement aux recommandations du ministère des
Affaires culturelles, on avait, par arrêté en conseil, le 8
février 1973 accordé un permis spécial à la
compagnie.
M. HARDY: Voyez-vous si c'est important de vous arrêter, parce que
même quand on vous arrête, vous formulez des questions qui reposent
sur des faussetés. Il n'y a pas eu de recommandation, ni
négative, ni positive. Ce n'est pas contrairement à la
recommandation du ministère des Affaires culturelles, il n'y a pas eu de
recommandation. Il y a un permis d'accordé par le cabinet sans qu'il y
ait recommandation, ni positivement, ni négativement de la part du
ministère des Affaires culturelles.
M. CHARRON: Sur quoi s'est basé le cabinet pour prendre sa
décision?
M. HARDY: Ne me posez pas la question à moi, je n'étais
pas au cabinet.
M. CHARRON: Serait-ce sur le fait que l'agent d'office et l'avocat du
ciné-parc Odéon...
M. HARDY: Vous pouvez faire toutes les suppositions et prêter
toutes les intentions que vous pouvez, que voulez-vous faire? Pardon, vous
dites quoi?
M. CHARRON: Vous voyez, si vous m'aviez laissé parler au lieu de
monter dans les rideaux, vous auriez compris ma question.
M. HARDY: Je ne monte pas dans les rideaux, je suis bien calme.
M. CHARRON: J'ai dit: Est-ce que ce serait parce que l'agent d'affaires
ou l'avocat du ciné-parc Odéon est quelqu'un qui a des
entrées au cabinet? Comment expliquer ce genre de décision qui
arrive tout d'un coup, comme cela? Depuis quand, sans même consulter les
personnes responsables, au niveau du ministère des Affaires culturelles,
le cabinet prend sur lui...
M. HARDY: ... est responsable.
M. CHARRON: ... d'autoriser...
M.HARDY: II est évident que l'arrêté en conseil a
été proposé au cabinet par le ministre titulaire des
Affaires culturelles à ce moment. Légalement, le ministre peut
toujours proposer des choses au cabinet sans avoir l'approbation de ses
fonctionnaires.
M. CHARRON: C'était madame Casgrain.
M. HARDY: A ce moment-là, oui. C'était madame Claire
Kirkland-Casgrain qui était chef du ministère.
M. CHARRON: L'année passée, d'ailleurs, je vous
suggère tout de suite...
M. HARDY: Vous lui avez déjà posé des questions
à madame Casgrain?
M. CHARRON: Je vous le dis tout de suite au cas où cela vous
tenterait de faire la même affaire, l'année passée, votre
prédécesseur s'était scandalisé du fait, il avait
bien manifesté que ce n'était pas lui qui était ministre
des Affaires culturelles, mais c'était bien madame Casgrain. C'est alors
qu'il avait pris l'engagement devant la commission qu'il allait
représenter le problème au conseil des ministres. Vous pouvez
toujours dire que c'est madame Casgrain, mais pour moi, c'était le
ministre des Affaires culturelles.
M. HARDY: C'est cela.
M. CHARRON: S'ils se succèdent à un rythme
effréné, ce n'est pas mon problème, c'est le
vôtre.
M. HARDY: Pas nécessairement.
M. CHARRON: Quand un ministre prend de lui-même la décision
de recommander sans qu'il ait un avis ni favorable, ni défavorable de
son personnel compétent en la matière, le ...
M. HARDY: Le ministre prend un certain risque.
M. CHARRON: II prend un certain risque. Pour l'opinion publique, ce
n'est pas souvent qu'on voit des ministres prendre des risques de ce genre. Le
public attend souvent beaucoup de décisions. On lui répond qu'on
est en consultation et il y a des comités là-dessus.
M. HARDY: Vous avez pu le voir au cours des...
M. CHARRON: A d'autres occasions, c'est assez curieux, parce qu'il n'y
en a pas.
M. HARDY: Vous avez pu voir qu'au cours des crédits actuels, le
ministre actuel consulte beaucoup.
M. CHARRON: Est-ce que vous seriez prêt à dire que cette
décision a été prise...
M. HARDY: M. le Président, je ne suis pas le...
M. CHARRON : Laissez-moi poser ma question. Est-ce que vous êtes
prêt à dire que cette décision n'a pas été
prise dans un intérêt conforme à l'intérêt
public?
M. HARDY: M. le Président, j'ai été très
clair tantôt. Je dis que l'émission du permis est, selon la lettre
de la loi et les règlements, légale. Je ne fais que
répéter ce que les conseillers juridiques ont dit.
M. CHARRON: En tout cas.
M. HARDY: Je n'ai pas l'intention... Laissez-moi finir mes
réponses. J'ai dit et je répète, M. le Président,
que je n'ai pas l'intention de me constituer en cour d'appel des
décisions, dans ce cas ou dans d'autres cas, de mes
prédécesseurs.
M. CHARRON: Non, parce que je pense qu'en cette matière vous
seriez perdant au départ, car il y a des intérêts plus
forts que ces intérêts qui jouent à la fois. Je vous laisse
donc simplement cela à votre réflexion au cours de l'année
qui s'en vient, jusqu'à ce que, si vous êtes toujours ministre des
Affaires culturelles l'année prochaine, nous nous retrouvions, et je
vous mentionne que l'agent d'affaires et avocat du ciné-parc
Odéon, que je vous mentionnais, est un M. John Pepper, que vous
retrouverez probablement dans le comité de finance du Parti
libéral.
M. le Président, le programme 6 est adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Programme 6, adopté,
éléments 1, 2 et 3.
M. CHARRON : Egalement, les crédits des Affaires culturelles.
M. HARDY: M. le Président, en...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Les crédits des
Affaires culturelles sont adoptés, les programmes 1 à 6,
ainsi que les éléments.
Je demanderais au député de Laurentides-Labelle de faire
rapport en Chambre que les crédits ont été adoptés.
La parole est au ministre des Affaires culturelles.
M. HARDY: M. le Président, vous me permettrez sûrement de
remercier d'abord les sous-ministres et les hauts fonctionnaires du
ministère qui ont apporté une précieuse collaboration
à l'étude de ces crédits.
Vous me permettrez également de remercier le porte-parole de
l'Opposition officielle qui a manifesté dans l'ensemble une relative
objectivité à l'occasion de l'étude de ces crédits.
Je constate à la fin de cette étude ce que j'avais dit au
début, que lui-même ou son parti semblait avoir une pensée
politique assez pauvre en matière culturelle. L'ensemble de
l'étude des crédits n'a fait que confirmer cette
présomption que j'avais émise, mais ceci n'empêchera pas le
ministère de continuer à appliquer les orientations que j'ai
définies à l'Assemblée nationale au mois d'avril,
c'est-à-dire continuer la politique mise en vigueur jusqu'ici par le
ministère et l'étendre à un plus vaste champ pour assurer
la créativité, l'expression artistique du plus grand nombre de
citoyens québécois, et aussi pour assurer la souveraineté
culturelle dans le champ qu'occupe le ministère des Affaires
culturelles.
Je suis convaincu, M. le Président, que lorsque nous nous
reverrons l'an prochain, le député de Saint-Jacques devra faire
amende honorable et devra reconnaître que les propos que j'avais tenus
à l'occasion de ces crédits étaient fondés sur des
réalités, et qu'ils se sont réalisés. Il est fort
possible, M. le Président, que le député de Saint-Jacques
ne partira pas, comme il le fait en ce moment, de la commission... Il sera
peut-être tenté de faire ce qu'il fait actuellement au tout
début des crédits, devant la déconfiture de ses options,
de son parti et de sa politique.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Merci, messieurs! La commission parlementaire
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 3).