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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications
Etude des crédits du ministère des
Affaires culturelles
Séance du mardi 28 mai 1974
(Dix heures quarante-cinq minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Avant que ne débute la séance, je voudrais soumettre le
nom du député Lapointe, de Laurentides-Labelle, comme rapporteur
de cette commission. Les changements parmi les membres de la commission sont
les suivants: Le député Boudreault, de Bourget, remplace M.
Cloutier de L'Acadie; M. Lachance, de Mille-Iles, remplace M. L'Allier de
Deux-Montagnes; M. Bonnier, de Taschereau, remplace M. Veilleux, de
Saint-Jean.
La façon de procéder est la suivante: On laissera la
parole au ministre des Affaires culturelles, ensuite on permettra à
l'Opposition officielle de s'exprimer sur les crédits des Affaires
culturelles. Le ministre des Affaires culturelles.
Remarques préliminaires
M. HARDY: M. le Président, c'est la première fois que j'ai
l'honneur de défendre les crédits du ministère des
Affaires culturelles et, à cette occasion, je voudrais dire que si le
ministère des Affaires culturelles peut, en ce moment et au cours des
années qui viendront, mener des actions importantes sur le plan
culturel, c'est parce que, depuis 1961, il y a eu à la tête de ce
ministère des fonctionnaires qui ont déployé et accompli
un travail considérable. Le ministère des Affaires culturelles a
été, au cours de sa courte histoire, la cible de bien des
critiques, parfois fondées mais fréquemment injustes parce que
ceux qui formulaient ces critiques refusaient délibérément
ou inconsciemment de tenir compte du contexte ou d'un très grand nombre
de facteurs qui faisaient que ce ministère ne pouvait peut-être
pas faire tout ce qu'il aurait dû faire ou surtout ce que les ministres
titulaires du ministère et les hauts fonctionnaires auraient
désiré faire.
Je n'ai pas l'intention de faire un historique complet du
ministère des Affaires culturelles, mais je pense que si on veut
être objectif sur le travail qui s'est fait à ce ministère,
on doit tenir compte de tous ces facteurs et je ne voudrais pas laisser passer
cette occasion sans rendre hommage aux différents ministres qui se sont
succédé depuis 1961, au premier titulaire, bien sûr, M.
Georges-Emile Lapalme, sans la volonté inébranlable duquel, le
ministère n'aurait proba- blement pas vu le jour et aussi au
sous-ministre actuel, M. Guy Frégault, qui était à
l'origine du ministère des Affaires culturelles et qui y est encore,
à tous les hauts fonctionnaires qui sont encore là ou qui ont
oeuvré à un moment ou l'autre dans l'existence du
ministère.
L'an dernier, à l'occasion de la présentation des
crédits, le titulaire du ministère, M. Cloutier, avait
déterminé quatre priorités: les industries culturelles, le
développement régional, le cinéma et la politique de
subventions. Je peux dire que nous avons, au cours de la dernière
année financière, travaillé à réaliser ces
objectifs déterminés par M. Cloutier.
Le travail d'élaboration du développement régional
s'est poursuivi dans la ligne de pensée du ministre Cloutier; j'ai
décidé, cette année, que le mémoire de programme
à être présenté au Conseil du trésor
porterait précisément sur le développement
régional.
En ce qui a trait à la politique du cinéma, il y a eu bien
sûr certains retards dus au changement de titulaire au ministère
et surtout dus à la période électorale. Mais nous avons
repris immédiatement le dossier et, comme j'ai eu l'occasion de le
signaler à plusieurs reprises, nous serons en mesure de présenter
la loi, je le pense bien, avant l'ajournement d'été.
En ce qui a trait à la politique de subventions, nous avons
poursuivi le travail de normalisation des subventions en ce sens que nous
essayons le plus possible d'établir des normes, des critères,
afin que les subventions que nous accordons ne soient pas perdues dans le vide,
mais servent vraiment aux fins pour lesquelles elles sont accordées.
Egalement, il y a le problème des industries culturelles qui
était une des priorités déterminées par M.
Cloutier. Nous avons accéléré les travaux dans ce domaine;
le comité de travail que j'ai mis sur pied pour l'élaboration des
nouvelles politiques culturelles en fonction des orientations, que j'ai eu
l'occasion de donner à l'Assemblée nationale, travaille d'une
façon très intense dans tout ce domaine des politiques
culturelles.
Au cours de l'année, nous avons dû effectuer ce que
j'appellerais des opérations d'urgence. Je pense, en particulier,
à l'Orchestre symphoni-que de Montréal, aux Grands Ballets. Il
s'agit, bien sûr, de situations temporaires ou accidentelles. Il est
certain que nous ne pouvons pas continuer à opérer de cette
façon avec différents organismes. C'est bien dans l'intention du
ministère et du ministre d'opérer des transformations dans
l'administration de ces organismes afin que de telles situations ne se
répètent pas.
J'ai dit tantôt que les nouvelles orientations, que j'ai
annoncées dans un discours prononcé à l'Assemblée
nationale, faisaient actuellement l'objet d'études spécifiques
afin d'articuler cette nouvelle politique.
Bien sûr, que l'on ne s'attende pas à trouver dans le
budget dont nous entreprenons l'étude ce matin des traces de ces
orientations que j'ai
données dans mon discours à l'Assemblée nationale.
La préparation du budget actuel était déjà
terminée depuis un bon moment lorsque j'ai donné ces nouvelles
orientations à l'Assemblée nationale.
C'est dans le budget de l'an prochain, et surtout dans le budget
suivant, que nous trouverons, d'une façon très évidente,
très marquée, ces orientations que j'ai données. C'est
précisément le mandat du groupe de travail que j'ai
constitué de recueillir toute l'information nécessaire et de
préparer ces politiques dont nous retrouverons des traces dans les
prochains budgets.
Au cours de la dernière année budgétaire, nous
avons surtout accordé notre attention au réseau des
bibliothèques publiques et c'est ainsi que le mémoire de
programme que nous avons présenté l'an passé avait
précisément pour objet le réseau des bibliothèques
publiques.
Nous avons également accordé une très grande
attention à la sauvegarde et à la mise en valeur des biens
culturels.
Il y a d'abord eu restructuration de la direction du patrimoine, la
nomination d'un directeur, M. Junius, et certaines modifications dans la
structure de cette direction, afin que celle-ci fonctionne d'une façon
plus valable.
Déjà, nous avons commencé à appliquer, d'une
façon plus concrète, au cours de la dernière année,
la Loi sur les biens culturels, la loi 2, en classant un certain nombre de
maisons historiques, en déterminant un site naturel, un arrondissement
naturel per se, en mettant en branle la préparation de plans de
sauvegarde, en particulier sur l'île d'Orléans.
Dans le domaine des arts plastiques, nous avons également
complété l'étude effectuée sur les musées
privés. Nous avons établi une liste de près de 80
musées privés et, à partir de cette année, nous
avons un service des musées privés à la direction
générale des arts plastiques, et nous disposerons d'un budget
pouvant aider ces musées privés. Jusqu'à ce jour, sauf
dans le cas du musée des Beaux-Arts, qui n'est pas un musée
totalement privé, puisque la corporation est formée à la
fois de représentants privés et de représentants du
gouvernement, le musée des Beaux-Arts était le seul musée
autre que les musées d'Etat qui était subventionné par le
gouvernement, par le ministère des Affaires culturelles.
Egalement dans la restructuration, dans la poursuite de la
restructuration du ministère, nous avons divisé le service des
lettres et arts et il y aura maintenant un service distinct pour les
lettres.
Dans le domaine des arts d'interprétation, j'ai eu l'occasion,
tantôt, de mentionner des opérations d'urgence que nous avons
dû effectuer, mais, dans l'objectif d'écarter la
possibilité de telles situations, j'ai constitué un groupe
spécial présidé par M. Jean-Paul Jeannotte, qui a pour
mandat d'étudier tout le problème qui se pose pour
l'opéra, les orchestres symphoniques, les grands ballets. Et
déjà, ce groupe de travail m'a fait certaines recommandations, en
particulier en ce qui concerne l'opéra, parce que c'est le domaine le
plus urgent où nous devons prendre des décisions à cause
de la situation assez critique qui existe dans ce domaine.
Dans le domaine du cinéma, comme je l'ai rappelé
tantôt, nous aurons l'occasion de présenter la loi sur le
cinéma au cours de la présente session et de la faire adopter,
j'espère bien.
A la direction générale des arts d'interprétation,
on m'a remis, il y a déjà quelques semaines, le rapport d'une
enquête effectuée par M. Miville-Deschênes sur le
théâtre. Nous prendrons, au cours de la présente
année, des mesures découlant de cette enquête, un peu de la
même façon que nous ferons pour la musique avec le rapport du
groupe de travail qui me sera présenté à la fin de
septembre.
Enfin, en ce qui concerne le contentieux
fédéral-provincial, j'ai eu également l'occasion de
mentionner à plusieurs reprises que nous étions à
constituer un dossier qui servira de base à des négociations que
nous entreprendrons très bientôt avec le gouvernement
fédéral, avec objectif de faire en sorte qu'il n'y ait qu'une
seule autorité en matière culturelle au Québec et que
cette autorité soit évidemment le gouvernement provincial.
M. le Président, c'est un tableau très brièvement
résumé de la situation du ministère des Affaires
culturelles et j'aurai l'occasion, à la faveur de l'étude des
différents programmes et des différents éléments de
programme, de donner des explications supplémentaires sur l'action
passée, présente et future du ministère.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, le Québec se trouve dans
l'impossibilité d'établir sa propre politique culturelle. Avant
d'étudier les solutions possibles de ce problème, il faut d'abord
rechercher pourquoi il en est ainsi. Pourquoi le Québec et son
ministère des Affaires culturelles se trouvent-ils dans une situation
semblable?
A cause d'un état de choses qui se caractérise comme suit:
premièrement, d'une façon générale, les provinces
se sont toujours reconnu une vocation première en matière
culturelle; musées, bibliothèques, orchestres et conservatoires
ont traditionnellement relevé de la compétence provinciale.
C'était en particulier le cas de la province de Québec qui,
dès 1868, confiait à son Secrétariat les domaines qui
allaient, après 1961, devenir l'apanage du ministère des Affaires
culturelles.
Parallèlement, le gouvernement fédéral se
désintéressait du vaste champ de la culture, au point que, en mai
1951, la Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, des
lettres et des sciences, dans son volumineux rapport, pouvait constater que
cinq sociétés savantes ou
culturelles touchaient, à ce moment, des subventions
fédérales s'élevant dans l'ensemble à $21,000.
C'était il y a exactement 22 ans, 23 ans maintenant.
Deuxièmement, alors que le Québec traditionnellement
soutenait certaines institutions et finalement en arrivait, avec son
ministère des Affaires culturelles, à développer six
programmes comportant 22 éléments avec un budget annuel de
l'ordre de $17 millions ou $18 millions, le gouvernement fédéral
s'en tenait au strict minimum, pour soudainement envahir tout ce domaine de la
culture et y manifester une prolifération déroutante. En effet,
le gouvernement fédéral a maintenant neuf ministères
responsables de quatorze organismes et de treize programmes proprement
culturels. Il serait relativement facile d'énumérer 21 autres
programmes ou organismes fédéraux qu'on pourrait dire
paraculturels.
M. le Président, si nous voulions couvrir l'ensemble du champ
culturel, ainsi découvert, il nous conduirait trop loin, en exigeant des
analyses extrêmement poussées entre les organismes qui,
précisément parce qu'ils relèvent de différents
ministères, ne sont pas toujours utilisables pour fins de comparaison.
Force est donc de nous en tenir à une mise en parallèle du
ministère des Affaires culturelles, d'une part, et du Secrétariat
d'Etat et du Conseil des arts du Canada, d'autre part. Ainsi entrera en ligne
de compte l'Office du film du Québec, parce que l'Office national du
film du Canada relève du secrétariat d'Etat. En revanche, la
société Radio-Canada sera laissée de côté,
parce que Radio-Québec n'appartient pas aux Affaires culturelles, comme
on le sait.
Voyons maintenant comment cet état de choses contribue à
rendre impossible au ministère des Affaires culturelles d'établir
sa propre politique. A cause d'une concentration trop récente et trop
massive des efforts du gouvernement fédéral dans le domaine de la
culture. Premièrement, concentration trop récente. Si l'on ajoute
vis-à-vis de chaque organisme ou programme d'ordre culturel que le
gouvernement fédéral a lancé à la date à
laquelle il l'a fait, on obtient un tableau assez déroutant. Il prouve
que, sur 29 programmes ou organismes culturels, 16 sont postérieurs
à 1960, 14 sur 21 dans le cas des paraculturels le sont
également. Est-il besoin d'insister?
Deuxièmement, concentration trop massive. S'il était
possible de ventiler les sommes dépensées par les organismes et
programmes fédéraux, on aboutirait à des chiffres
sensationnels dont celui que je vais citer n'est qu'un exemple. Nous ne
retiendrons donc pas, pour les fins du tableau que j'ai à dresser, tous
les organismes fédéraux relevés. Nous nous bornerons
à ceux qui relèvent du Secrétariat d'Etat du Canada.
Lorsqu'un ministère voit en onze ans son budget passer de $11.5 millions
à $867.8 millions, il y a lieu de se poser des questions, car même
en fixant arbitrairement à 20 p.c. ou 25 p.c. du total la somme des
dépenses du Secrétariat d'Etat du Canada au Québec, cela
donne encore $173.5 millions dépensés par le
fédéral dans le champ de la culture, soit dix fois le modeste
budget que nous nous apprêtons à étudier, M. le
Président, le budget du ministère des Affaires culturelles.
Même si l'on dit que le Secrétariat d'Etat dépense
dans des domaines non culturels, même si, pour tenir compte de cette
observation qui est exacte en partie, on réduisait à $17 millions
ces $173 millions, le montant des dépenses du ministère
fédéral en matière de culture au Québec, on
obtiendrait encore une somme égale à celle du budget annuel du
ministère des Affaires culturelles du Québec. Pourquoi en est-il
ainsi? Entre d'autres hypothèses, on peut en examiner deux en
particulier. Serait-ce pour étouffer le Québec? Ce serait
négliger les phénomènes semblables qui se sont produits
dans le reste du monde et qu'a très bien notés Louis Delot dans
un opuscule de la collection Que sais-je? intitulé: Les relations
culturelles internationales. D'ailleurs, d'avoir rejeté toute mauvaise
intention de la part du gouvernement fédéral ne résout
absolument rien. Il faut chercher ailleurs, c'est tout.
Serait-ce pour créer une mentalité canadienne? C'est
certainement plus vraisemblable, plus positif ensuite, mais aussi plus
délicat. La comparaison avec l'éléphant dans le magasin de
porcelaine vient à l'esprit, même si elle est un peu
exagérée; pas tellement, cependant, si l'on songe que le Canada,
en pensant aux Etats-Unis, se plaint de coucher avec un éléphant.
Faut-il qu'il soit, lui, l'éléphant du Québec en
matière de culture? Quels que soient les motifs qui poussent le
gouvernement fédéral à investir aussi massivement dans le
domaine de la culture, il est évident qu'il ne doit pas le faire d'une
façon telle qu'il nuise au Québec. Or, il nuit au Québec.
Comment? Premièrement, en encourageant la surenchère. Il ne faut
pas prêter de mauvaises intentions aux bénéficiaires des
subventions, mais il ne faut pas être naif non plus et croire que jamais
un requérant refusé à Québec ne s'adressera
à Ottawa ou vice versa. D'ailleurs, il y a même eu le cas,
actuellement à l'étude chez le conseiller juridique du
ministère, où le requérant a réussi ce tour de
force d'obtenir de l'aide du gouvernement du Canada, du gouvernement de la
France et du gouvernement du Québec. Or, l'échange de
renseignements ne suffit pas à prévoir de tels abus. En effet,
même si le Québec découvre, sur une liste de
bénéficiaires, le nom d'un titulaire à qui il a
lui-même accordé une aide, il est trop tard, le mal est fait.
Echanger des listes de candidats? D'abord, on retardera ainsi les verdicts et
nombreux sont ceux qui, par rapport à leur inscription devant une
institution, ne peuvent attendre au-delà des dates actuellement
prévues. En second lieu, les critères en vertu desquels tel
candidat est admis par Ottawa ou rejeté par Québec peuvent ne pas
être les mêmes de sorte
que l'échange préalable de listes de candidats ne farait
que retarder le processus actuel, sans apporter aucune solution de fond.
Comment nuit-elle au Québec, cette situation, où le
gouvernement fédéral investit massivement? En conduisant à
l'incohérence. Par exemple, le Conseil des arts du Canada et le
ministère des Affaires culturelles du Québec ont versé
chacun, en sept ans, une somme d'environ $5,500,000 aux organismes qui oeuvrent
dans le domaine de la musique. Forcément, il s'agit des mêmes
organismes. Dans le domaine du théâtre, il en va tout autrement.
Pendant la même période de sept ans, le Conseil des arts du Canada
a versé $8.4 millions, tandis que le ministère des Affaires
culturelles donnait $4.7 millions, en somme, la moitié moins. On a ici
l'illustration parfaite de l'incohérence de la situation. Ou bien le
Québec est à la remorque des initiatives fédérales,
il concentre alors ses dépenses là où les autorités
canadiennes concentrent les leurs en matière de culture ou bien il
adopte une ligne de conduite propre à ses vues, mais l'exiguité
de ses moyens peut ainsi avoir pour conséquence de l'obliger à ne
pas être à la hauteur des largesses fédérales dans
un domaine pourtant indispensable à l'équilibre, non pas
idéal, mais simplement normal d'une culture qui se veut humaine.
La consultation préalable entre les deux gouvernements
constituerait-elle le remède voulu? Non, parce qu'elle a
déjà été employée sans permettre de
surmonter véritablement la difficulté. En effet, les
critères diffèrent tellement parce que les besoins sont
envisagés à partir de points de vue tellement
éloignés, qu'il n'y a pas moyen de se contenter de cette
solution. Il faut s'en servir, ainsi qu'on le verra plus loin en parlant des
musées, mais on ne peut pas s'en remettre à ce seul
procédé du soin de régler tous les problèmes, c'est
impossible. Pourquoi? Parce qu'encore une fois les hypothèses de travail
sont formulées en fonction de critères trop
hétérogènes.
Récemment, le Conseil des arts du Canada a commandité une
recherche très sérieuse à une importante firme canadienne
en vue de savoir ce qu'il convenait de faire par rapport à trois
organismes culturels du pays. L'un d'eux était le théâtre
du Nouveau-Monde. Il était évident que la tendance à
Ottawa, et sans doute aussi dans un certain milieu d'art dramatique de
Montréal consistait à viser la transformation de cette
institution en une réplique de la Comédie-Française. C'est
évident que, de la tour anglo-saxonne d'Ottawa, il est facile d'imaginer
que pour ces voyages qu'on s'occasionne, à un moment ou à un
autre, dans la province à l'accent français, il est toujours
utile d'avoir une réplique de la Comédie-Française. Peu
importe que cela sied, comme besoin, aux Québécois, les Anglais
avaient décidé que ce serait charmant, "lovely", que d'avoir une
Comédie-Française à Montréal. Or, le
ministère, dont nous sommes à étudier les crédits,
ne considère pas que le
Québec ait besoin, en priorité, d'une maison de
Molière, à Montréal, avec sociétaires et
pensionnaires, comme à Paris.
Il a été consulté, mais l'opération a
justement servi à démontrer que les présupposés
étaient trop différents pour favoriser la moindre collaboration
pratique à cet égard. On dira peut-être que,
précisément à cause de cette consultation
préalable, il se peut que l'hypothèse soit abandonnée.
Mais qui prendra la responsabilité de révéler aux
intéressés d'abord, au grand public ensuite, les résultats
de cette consultation dans le cas qui nous occupe?
Un autre exemple, M. le Président, en assurant le
développement régional pour supprimer ou alléger les
inégalités, on prévoit des investissements pour
l'infrastructure culturelle et on a raison. Mais les critères de
développement économique ne sont pas ceux de la culture. Aussi,
assiste-t-on à des initiatives sensationnelles dans une zone alors que,
dans la métropole, on manque d'argent pour finir d'équiper
l'institution où se formeront ceux qui iront enseigner dans l'autre
institution mirobolante et non refusable qu'on bâtit à coup de
dizaines de milliers de dollars à 300, 400 ou 500 milles de
Montréal.
S'il y a un critère que vise le ministère des Affaires
culturelles, c'est bien celui de mettre la culture à la portée du
plus grand nombre, non seulement des élus de Montréal et de
Québec, à des prix modiques, et non pas à des prix
réservés aux privilégiés.
La façon dont sont réparties les sommes mises à la
disposition de la culture par les contribuables, par l'intermédiaire des
gouvernements, ne permet pas d'atteindre ce double objectif de la diffusion
à prix raisonnable de la culture tout en maintenant la
qualité.
Abordons les arts plastiques, M. le Président. Dans le domaine
des arts plastiques, le Québec, en sept ans, a versé $271,800 aux
artistes, tandis que, pendant le même temps, le Conseil des arts du
Canada se contentait de $172,000. Pourquoi? Parce que les arts plastiques sont
moins nombreux ou moins bons ou parce que les jurys sont plus
sévères? Au seul énoncé de ces questions, on sent
tout ce qu'il y a d'incohérent et d'irrationnel dans la situation.
Aucune consultation préalable, aucun échange de renseignements
n'ira au fond des choses à cet égard.
Troisièmement, comment nuit-elle au Québec, cette
situation, M. le Président? En conduisant à la concurrence la
plus éhontée, dans le domaine du livre, par exemple. Dans ce
domaine, il faut distinguer l'aide à l'édition, qui
dépense ses crédits au Canada par le Conseil des arts, de l'aide
à la diffusion du livre canadien à l'étranger, qui
dépense ses crédits à l'extérieur du pays,
naturellement, mais par l'intermédiaire du ministère
fédéral de l'Industrie et du Commerce.
L'aide à l'édition. La concurrence avec les risques de
surenchère s'y fait sentir comme
ailleurs. A l'égard des livres, l'établissement des
priorités est beaucoup plus délicat et peut avoir des
répercussions non seulement culturelles, mais aussi sociales et
politiques. En tout cas, l'initiative québécoise en
matière d'assurance-édition, qui répondait à la
demande des éditeurs eux-mêmes et qui avait l'avantage
d'éviter les verdicts dangereux accordant l'aide à l'un et la
refusant à l'autre, à été réduite à
néant. Il serait exagéré d'attribuer cet échec
à l'intervention massive d'Ottawa. Mais il serait naiï de refuser
d'établir le moindre lien entre les deux faits, surtout lorsqu'on
compare les chiffres que possède déjà le ministre.
La diffusion à l'étranger. Le Secrétariat d'Etat du
Canada, a fait savoir à l'avance au ministère des Affaires
culturelles du Québec qu'il s'apprêtait à énoncer
une politique du livre. Naturellement, le ministère des Affaires
culturelles ne s'y est pas opposé. Mais la mise en marche de cette
politique impliquait le ministère de l'Industrie et du Commerce du
Canada, avec lequel les contacts avaient été jusque-là,
disons-le, inexistants.
Ils s'embrayèrent, mais avec lenteur, comme c'était
normal. Or, un contrat liait la librairie L'Ecole, de Paris, au Conseil
supérieur du livre pour assurer la diffusion du livre
québécois en France. Devant la nouvelle société
créée par le ministère de l'Industrie et du Commerce
d'Ottawa, pour la diffusion du livre canadien à l'étranger, le
Conseil supérieur a choisi de s'en remettre à cette
société plutôt que de continuer à travailler avec la
librairie L'Ecole.
En conséquence, il n'a pas renouvelé le contrat qui le
liait à celle-ci et qui était échu le 31 décembre
1972. Or, la mise en pratique de ce contrat se faisait à l'aide d'une
subvention du ministère des Affaires culturelles du Québec depuis
au moins cinq ans; le montant est de $41,500. Par conséquent,
voilà un cas patent où la concurrence d'Ottawa a réduit
à néant une initiative québécoise prise à la
demande même des intéressés.
Les cas frontières, par exemple, comme les musées. Les cas
des musées sont des cas frontières, en ce sens qu'ils prouvent
qu'une certaine forme de consultation préalable est utile, mais qu'elle
ne règle pas tout. Si l'on veut vraiment aller au fond des choses, il
faut s'en remettre à une solution plus globale. Le Secrétariat
d'Etat fédéral n'a accepté d'agir vis-à-vis des
musées régionaux locaux du Québec qu'après avoir
reçu l'avis favorable et concordant de l'autorité
compétente en la matière au Québec, soit le ministre des
Affaires culturelles. C'est un commencement de coordination qui a pour effet de
faire ressortir le contraste entre le rôle du gouvernement
fédéral et celui, non moins réel, mais tellement plus
insignifiant, du ministère des Affaires culturelles du
Québec.
En somme, le Québec fournit la matière première,
c'est-à-dire le musée requérant, la superstructure dans
laquelle s'insère le requérant, c'est-à-dire le
réseau des musées régionaux et locaux couronné par
les deux musées provinciaux et par le ministère. Le Québec
fournit l'appui favorable ou défavorable qui découle de
l'étude qu'il a faite du cas et des autres données dont il
dispose.
Bref, il fournit tout, sauf une partie de l'argent. Ne devient-il pas
évident que l'entente en vigueur dans ce secteur devrait être
généralisée et systématisée grâce
à une sorte de contrat général négocié
à l'avance?
En tout cas, il est temps d'agir. Les lettres et les rencontres qui ont
eu lieu le ministre en possède déjà une liste
exhaustive le commencement de succès nous incitent à aller
plus loin. Dans quel sens? Le rapatriement total et direct de toutes les sommes
que le gouvernement fédéral entend affecter à des fins
culturelles du Québec.
Cette hypothèse est difficilement défendable pour les
raisons suivantes: Premièrement, les décisions judiciaires en
matière de radiodiffusion constituent un précédent.
Deuxièmement, les recommandations de la Commission royale
d'enquête sur l'avancement des lettres, des arts et des sciences sont
formellement à l'effet contraire. Troisièmement,
l'établissement du gouvernement fédéral dans le domaine de
la culture semble bien être définitif. Quatrièmement, les
autres provinces ne désirent pas contester cette compétence
fédérale en matière de culture. Le Québec est
à nouveau isolé, M. le Président. Cinquièmement,
par conséquent, si le Québec décidait de se lancer dans
cette avenue, il le ferait seulement à la faveur d'une lutte
constitutionnelle au mérite. A défaut du rapatriement pur et
simple des sommes en cause, le Québec tient à déterminer
les exigences fondamentales de sa politique culturelle. Dès lors, de
quoi a-t-il besoin pour y arriver?
M. le Président, depuis le début de mon intervention, j'ai
largement emprunté, en fait, totalement emprunté mon intervention
à celui qui, dernièrement, s'est fait refiler le bill 22,
François Cloutier, l'ancien ministre des Affaires culturelles. Il n'y a
pas un mot de ce que j'ai dit depuis le début qui soit un mot du
député de Saint-Jacques ou du Parti québécois ou de
quelque groupe d'Opposition que ce soit. C'est un mémoire du ministre
des Affaires culturelles du Québec au comité ministériel
des Affaires intergouvernementales sur la politique culturelle du
Québec, signé de la main du Dr Cloutier et déposé
en mai 1973.
Ce n'est pas souvent que je vais rechercher les propos florentins du
ministre de l'Education, ce n'est pas souvent non plus qu'il est de cette
clarté, vous en conviendrez avec moi, vous aurez de la difficulté
à reconnaître l'auteur, si je n'avais l'assurance, comme il nous
l'a d'ailleurs fournie en Chambre, que c'était véritablement son
opinion, j'aurais du mal à croire. Vous et moi le connaissons fort bien
pour être un élégant patineur, un homme qui peut dire
beaucoup pour ne rien dire, mais c'est difficile d'être beaucoup plus
clair qu'il l'a été dans ce document.
Je ne sais pas si tous les ministres, lorsqu'ils sont entre eux, parlent
un langage différent de celui qu'ils ont quand ils sont devant le
public, mais j'imagine que c'est certainement un avantage pour les fins de la
discussion au Conseil exécutif.
Je pourrais probablement reprendre le texte que le ministre des Affaires
culturelles, le nouveau, l'héritier, nous a donné dans son
message à la nation, le 4 avril dernier, dans le cadre du discours du
budget, mais j'ai trop peur qu'il existe au ministère des Affaires
culturelles un document signé de la main du même ministre qui dise
exactement le contraire de ce qu'il nous a affirmé en Chambre. Je me
trouverais dans la situation...
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. CHARRON: Allez-y.
M. HARDY: J'ai écouté avec beaucoup d'attention le
député de Saint-Jacques, mais je voudrais quand même qu'il
respecte les principes fondamentaux de notre règlement. Le
député de Saint-Jacques doit savoir qu'il est tenu, selon notre
règlement, de prendre la parole du ministre et qu'il n'a pas le droit de
prétendre qu'en même temps que j'ai énoncé des
politiques à l'Assemblée nationale, au même moment j'ai
signé des propos qui étaient différents.
M. CHARRON: M. le Président, j'admets le point de
règlement du ministre des Affaires culturelles. Vous admettrez avec moi
que chat échaudé craint l'eau froide. J'ai déjà
pris la parole du ministre à cette même table, l'année
dernière, au moment où, dans les gestes les plus dramatiques au
vocabulaire cornélien, le ministre des Affaires culturelles de
l'époque, celui qui est poigné avec le bill 22 actuellement,
m'énonçait sa ferme intention de...
M. HARDY: M. le Président...
M. CHARRON: Un instant! Un instant! J'ai respecté votre point de
règlement. Il m'énonçait sa ferme intention
d'établir une politique de souveraineté culturelle.
Lorsque les trois députés de l'Opposition nous
étions trois du parti de l'Opposition à l'époque
unanimement mettaient en doute la rigueur scientifique de l'exposé de
notre suave ministre au même moment au même moment, M. le
Président, où nous prenions sa parole ce texte
était déposé au comité ministériel des
Affaires intergouvernementales sur la politique culturelle. Je ne dis pas que
le ministre actuel des Affaires culturelles refait le même truc. Je ne le
sais pas. Mais quand il me dit que je dois prendre sa parole, je le veux
bien.
M. HARDY: Soyez prudent.
M. CHARRON: J'ai pris celle du ministre des Affaires culturelles
l'année dernière.
M. HARDY: Vous vous allongez la tête sur le billot en disant ce
que vous dites.
M. CHARRON: J'ai pris la parole du ministre des Affaires culturelles
l'année dernière, et je me suis retrouvé avec ce texte
pour comparer avec les discours et les déclarations à
l'emporte-pièce du ministre des Affaires culturelles sur la
souveraineté culturelle.
De toute façon, M. le Président, sans présupposer
qu'un pareil document existe aujourd'hui, au ministère des Affaires
culturelles qui affirmerait l'impossibilité pratique dans le cadre
constitutionnel actuel d'assumer la direction totale et entière de la
culture québécoise par le gouvernement des
Québécois, dans l'hypothèse même où
n'existerait pas ce document, je puis quand même me référer
au discours prononcé par le ministre des Affaires culturelles qu'il a
choisi de faire en Chambre plutôt qu'à l'ouverture de
l'étude des crédits, c'était son choix. Je n'ai pas encore
eu l'occasion de le commenter, je le ferai donc ici ce matin.
M. le Président, le ministre a rendu hommage à ses
prédécesseurs tout à l'heure. Il a gardé la plus
fidèle tradition de ses prédécesseurs également. Il
s'est payé une longue, large et tonitruante déclaration de
principe comme, d'ailleurs, chacun de ses prédécesseurs à
l'exception peut-être de l'égarée du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche qui a occupé ce fauteuil pendant quelque temps mais
pour le reste, les vrais ministres des Affaires culturelles que nous ayons eux
ont eu, chacun à leur tour, l'occasion de faire cette déclaration
de principe.
Quand on est le titulaire du ministère clé de la politique
culturelle, cela oblige. Maintenant que le ministre des Affaires culturelles
nous a rassurés à nouveau sur son intention de faire la
souveraineté culturelle du Québec, le commando Cloutier peut
partir en campagne. Les couleurs sont bien défendues.
M. le Président, cette allocution ronflante que nous a servie le
ministre des Affaires culturelles dans le discours du budget nous a
semblé, à nous, à la lumière d'ailleurs des notes
que nous avait laissées en héritage le ministre des Affaires
culturelles précédent, vendre la peau de l'ours avant de l'avoir
tué. Une fois de plus, un ministre titulaire d'un important et je
le répète d'un important ministère a voulu faire
prendre aux Québécois des vessies pour des lanternes, en
annonçant les intentions du gouvernement, en ajoutant
discrètement que rien de cela ne transparaît au budget cette
année, mais qu'il faut le prendre sur parole, cela se verra dans les
prochains budgets qui seront déposés éventuellement.
Encore une fois, prenons la parole du ministre, même si, peut-être,
un jour, un document le contredira, prenons la parole du ministre...
M. HARDY: Cela vous plairait !
M. CHARRON: ... et disons, encore une fois, que cette politique
culturelle qu'annonçait le ministre voulait annoncer aux
Québécois un mirage comme étant une réalité.
Nous ne voyons pas, ni dans le budget actuel, et il ne peut pas refuser
à l'Opposition de mettre en doute sa parole tant que nous ne la verrons
pas dans un budget quelconque, que ce soit celui de l'année
prochaine...
M. HARDY: C'est ce qu'on appelle le scepticisme absolu.
M. CHARRON: C'est le scepticisme absolu que tout le monde doit
pratiquer, particulièrement dans cette matière. Si, par exemple,
nous avions cru à la lettre toutes les intentions qui étaient
annoncées en politique linguistique, on aurait attendu beaucoup plus que
le bill 22, vous en conviendrez avec moi. Il faut toujours attendre la
décision gouvernementale avant de commenter les déclarations de
principe. L'expérience actuelle du bill 22 nous donne raison sur cette
matière, entre les déclarations précédentes et
l'accouchement du gouvernement. Je pense qu'il aurait été de
bonne guerre de la part du ministre de garder son superbe discours qu'il...
J'imagine qu'il n'a pas pu résister à l'envie de nous le livrer,
mais pour l'année prochaine, au moment où cela aurait
été là, là-dedans... Autrement, c'est du Cloutier
réchauffé, et on ne peut pas imaginer que cela puisse être,
de façon véritable, une intention du gouvernement
québécois.
M. HARDY: M. Charron...
M. CHARRON: M. le Président, le ministre peut être
naïf. Je sais qu'il veut faire ses preuves.
Il a attendu assez longtemps avant d'accéder au cabinet, il veut
peut-être faire ses preuves, mais d'autant plus qu'on annonce des
remaniements possibles, peut-être l'ambition est-elle prise pour une
promotion déjà rapide.
Peut-être que le ministre des Affaires culturelles a cru le
premier ministre, qui affirmait sans ambages qu'il était en mesure de
réaliser sa souveraineté culturelle et sans vérifier les
textes que lui avait laissés son prédécesseur, il s'est
embarqué dans le même bateau que le premier ministre, naivement,
je dirais, et s'est mis à énoncer des politiques dont il n'avait
probablement même pas vérifié, de fond en comble, s'il
avait les moyens et s'il disposait des fonds nécessaires pour les
réaliser.
On dirait peut-être que le ministre des Affaires culturelles s'est
tenu loin des grands dossiers du gouvernement dans le domaine des
communications, par exemple, dans le domaine de l'agriculture et que, s'il
l'avait fait et avait une connaissance plus approfondie des relations
fédérales-provinciales en général, il aurait
hésité avant de se proclamer le Jean-Jacques Rousseau du nouveau
contrat culturel qu'il entend signer incessamment avec Hugh Faulkner, du
Secrétariat d'Etat du Canada.
Je pense qu'on a un petit peu devancé les faits en
annonçant tapageusement qu'on était sur le point de signer ce
nouveau contrat social.
Le ministre est peut-être aussi un tantinet prétentieux
lorsqu'il pense qu'il sera plus fort que ses collègues de l'Agriculture
ou des Communications dans ses relations avec Ottawa. Il n'a pas encore fait
ses preuves. Il est un néophyte dans cette situation.
Quand vous rencontrerez votre partenaire, qui dispose sur le même
terrain que vous d'un budget qui est dix fois supérieur, peut-être
serez-vous moins fanfaron devant M. Faulkner que vous avez aimé
l'être à l'Assemblée nationale.
M. HARDY: Si vous me reprochez de me tenir debout devant le
fédéral, très bien, j'en prends acte.
M. CHARRON: Non. Je ne vous reproche pas de vous tenir debout devant le
fédéral.
M. HARDY: C'est ce que vous venez de dire.
M. CHARRON: Je dis que le seul endroit où vous vous tenez debout
devant le fédéral, c'est pour la galerie ici. Lorsque vous
arrivez à négocier sérieusement avec un homme qui dispose
de dix fois plus d'argent que vous et qui peut vous envoyer paître
à peu près quand il voudra, comme le ministre Cloutier l'a
lui-même signalé dans son testament en quittant le
ministère, dans les différents domaines que le
fédéral a déjà occupés largement,
probablement que vous serez beaucoup moins à l'aise et beaucoup moins
fort. Je ne vous dis pas que vous êtes faible. Je ne vous dis pas que
vous ne défendez pas les intérêts du Québec. Je dis
que dans les disproportions des moyens, il ne faut pas penser que David va
toujours battre Goliath. Demandez au ministre des Communications, demandez au
ministre de l'Agriculture, demandez au ministre du Travail, demandez au
ministre de l'Industrie et du Commerce. J'espère que le ministère
des Affaires culturelles a assez de contacts avec ses collègues pour
savoir dans quoi il s'embarque quand il dit que, dans peu de temps, trois
mouvements, il va aller nous chercher un nouveau contrat culturel avec le
fédéral, qu'il sent déjà les portes ouvertes. C'est
à peine si on n'attend pas avec le tapis rouge le ministre des Affaires
culturelles.
M. HARDY: Vous rendez-vous compte que vous vous faites le complice
d'Ottawa actuellement en disant ce que vous dites?
M. CHARRON: Certainement, et je vais aller plus loin à part cela,
si c'est cela que vous voulez faire. J'ai tenu les mêmes propos aux
crédits du ministère des Communications la semaine
dernière et je vais aller plus loin là-dessus.
M. HARDY: C'est parce que vous ne voulez pas que cela
réussisse.
M. CHARRON: Certainement et je vais vous décrire un petit peu
plus précisément peut-être... Parce que je n'aime pas le
genre d'interventions que vous faites en disant aux Québécois:
Fiez-vous sur moi. Dors, Baptiste, je m'occupe de tes intérêts. Je
vais aller chercher ta souveraineté culturelle.
M. HARDY: C'est l'intérêt de votre parti avant
l'intérêt du Québec qui vous intéresse.
M. CHARRON: Vous mentez aux Québécois quand vous affirmez
ces choses parce que le Dr Cloutier l'a dit lui-même dans son testament.
On n'a pas les moyens de faire cette politique actuellement et vous mentez
quand vous dites qu'Ottawa vous attend avec les bras ouverts pour faire cette
politique culturelle.
M. HARDY: Je n'ai jamais dit cela.
M. CHARRON: On en parlera tantôt parce qu'Ottawa ne peut pas vous
attendre les bras ouverts pour faire cette politique culturelle. C'est
contraire au fédéralisme dans lequel on vit.
M. HARDY: C'est surtout contraire à l'intérêt des
séparatistes.
M. CHARRON: Quand on a choisi ce régime, il faut admettre les
implications de ce régime, comme j'ai l'impression que le ministre des
Communications est en train de le réaliser à ses
dépens.
Mais, voyons, morceau par morceau, cette nouvelle politique et essayons
de la tirer au clair. Dans le manifeste du 4 avril que nous a livré
devant une Chambre où on avait à peine le quorum des
députés ministériels...
M. HARDY: Un député séparatiste.
M. CHARRON: ... le ministre des Affaires culturelles, le titre
même de la politique culturelle du Québec dans la mesure où
il pense que c'est lui qui l'écrit... Je crois que le ministre est
prétentieux dans la mesure où certains l'ont cru, il est
plutôt farceur parce qu'il est au ministère depuis peu de mois,
nouveau membre du cabinet, il est peut-être encore naif de croire qu'un
seul document peut décrire la politique culturelle du Québec. Je
peux vous dire qu'il y en a probablement une dizaine de semblables. Si le
document est proportionnel au budget, on doit trouver dix documents semblables
sur la politique culturelle au Québec au Secrétariat d'Etat du
Canada.
Le ministre a voulu donner une conception de la culture qui soit un peu
plus moderne et un peu plus à jour, je dirais, avec les conceptions
modernes dans ce domaine. "Pour une politique de la personne et une politique
du groupe humain, l'épanouissement des facultés créatrices
de chaque citoyen, un milieu plus conforme à la sensibilité sont
autant d'éléments qui font que la vie atteint une plus grande
qualité". Je cite toujours notre honorable collègue des Affaires
culturelles. Encore une fois, il répète "subordonner la
croissance économique aux besoins les plus profonds de l'être
humain, la notion de développement doit englober la vie intérieur
de l'homme". Ce sont là des propos qui ne sont pas familiers dans la
bouche d'un membre de ce gouvernement. "La seule façon de
préserver notre personnalité collective et les traits
fondamentaux de notre culture...
M. HARDY: Vous n'avez pas lu le programme de notre parti.
M. CHARRON: ... c'est de faire en sorte que celle-ci puisse
s'épanouir selon ses lignes de force. Il faut tout mettre en oeuvre pour
que nos valeurs propres, nos traits caractéristiques se
développent au maximum". Si les phrases de départ sont d'une
largeur et d'une clarté où on fait appel à toutes les
forces de l'âme humaine, c'est drôle lorsqu'on entre dans le
domaine plus proprement politique de la mise en oeuvre, les phrases deviennent
beaucoup plus serrées, la ponctuation se rapproche. Ce sont des
ambigui1 tés que, même ce matin, le ministre n'a pas
voulu éclaircir au moment où nous abordions le sujet.
Il a abordé un thème toutefois dans ce discours du 4 avril
quant à la participation individuelle à la culture. Ce n'est pas
un thème que le député de Terrebonne amène dans le
domaine culturel, il est là-dedans l'héritier comme de bien
d'autres idées d'ailleurs qu'il véhicule, mais c'est un domaine
qui, je crois, était l'objet d'une véritable préoccupation
au ministère dont il a pris la direction il y a quelques mois. En ce
sens, on ne peut passer à la légère les paragraphes qu'il
a consacrés dans son allocution à ce domaine. Il serait
étonné de voir que si cette préoccupation était
celle du ministère des affaires culturelles depuis quelques mois, en
tout cas, pour autant que je me souvienne des débats que nous avons eus
depuis cinq ans à cette table, à la commission des affaires
culturelles, c'est également la nouvelle priorité
fédérale. Imaginez-vous donc, M. le Président, qu'en
même temps que nous, le Secrétariat d'Etat du Canda, disposant
d'un budget dix fois plus élevé que celui que nous sommes
à voter, a décidé de donner dans ses actions
priorité à ce qu'il appelle probablement, dans une traduction de
l'anglais, l'accès individualisé à la culture. En se
l'appropriant, le ministre des Affaires culturelles peut même se targuer
d'une certaine habileté. Chose certaine, ce n 'est pas de la
prétention, il suit là-dedans la politique des autres. Lorsqu'il
parle de l'art de se nourrir, de se loger, de se vêtir, je crois qu'il
retombe dans ses emportements, parce que je
ne crois pas qu'il puisse vendre jamais cela à ses
collègues du cabinet, tant et aussi longtemps qu'on sera appelé
à voter un budget comme celui que nous sommes appelés à
voter cette année. Lorsqu'il parle de la collaboration avec les
organismes publics et privés qu'il y a dans le secteur, il est fortement
naiï en ce cas, parce que le Conseil des arts n'a pas attendu la
nomination du député de Terrebonne pour orienter son action et
ses budgets. Il n'a pas annoncé une politique qu'il allait appliquer
dans cinq ans, comme le ministre des Affaires culturelles, c'est cette
année qu'est en train de s'appliquer cette politique, parce que le
conseil a pensé à toutes ces belles choses au début des
années soixante-dix.
Quand le ministre des Affaires culturelles aborde la question de la
culture amérindienne et qu'il parle avec prudence, je cite le ministre,
"d'un autre ordre de gouvernement qui avait juridiction sur les populations",
en faisant allusion aux Indiens et aux Inuit, c'est donner la mesure, je pense,
de sa candeur, encore une fois. Les industries à caractère
culturel, le film, le disque, la télédiffusion, la
vidéocassette, tout ce programme est beau. Cela fait hésiter,
toutefois, entre la naïveté et la prétention. Personne ne
l'a cru, une fois rendu là, parce que tout cela nous avait
été promis à un moment ou à un autre des
discussions que nous avons eues. C'est comme le passage sur Radio-Canada et
l'Office national du film. La cour Suprême a tranché cela en
1931.
Son collègue des Communications peut d'ailleurs le rappeler assez
crûment...
M. HARDY: Vous devenez conservateur.
M. CHARRON: ... au ministre des Affaires culturelles.
M. HARDY: Vous vous enfermez dans la juridisme.
M. CHARRON: Je ne m'enferme pas dans le juridisme, M. le
Président. Je ne fais que rappeler une réalité politique
à mon honorable collègue des Affaires culturelles, selon laquelle
les propres membres du même parti que lui, tout aussi conservateurs ou
réformistes que moi mettez l'étiquette que vous voudrez
les propres membres de votre parti se sont fracassé la gueule et
peuvent vous dire encore qu'ils se fracassent la gueule quotidiennement. C'est
d'eux, à commencer par votre prédécesseur, que je prends
uniquement ce témoignage. Il n'est pas enfermé dans le juridisme.
Le témoignage du Dr Cloutier n'est pas un témoignage
légal, en disant: La constitution nous interdit de faire cela, on ne le
fait pas. La cour Suprême a décidé cela, on ne le fait pas.
Non. C'est basé sur l'aspect politique de la question. C'est proprement
une analyse de la situation politique du fédéralisme canadien que
fait le Dr Cloutier quand il décide d'inscrire, au tout début de
sa discussion: Le Québec se trouve dans l'impossibilité
d'établir sa propre politique culturelle. Vous pouvez m'accuser de
juridisme, je pense que, sur cet aspect, ce n'est pas une accusation que je
vais porter très longtemps parce que je n'ai pas eu l'occasion
d'être très "juridiste" depuis que je suis entré dans cette
Assemblée, et ce n'est pas la marque de commerce de mes propos la
plupart du temps.
M. HARDY: Vous vieillissez rapidement.
M. CHARRON: Quand je vous rappelle simplement que cette décision
de la cour Suprême de 1931... En fait, qu'elle ait eu lieu en n'importe
quelle année, que ce n'ait même pas été la cour
Suprême, que cela ait été une décision politique
enlevez le côté juridiciai-re du gouvernement
fédéral de contrôler le domaine des communications et, en
particulier, la radio d'Etat et la télévision, allez demander
à votre collègue, le député de Deux-Montagnes,
ministre des Communications, si c'est du juridisme de la part du
fédéral ou si c'est un entêtement. Quand le ministre nous
parle de la mainmise étrangère, quand il nous dit, dans une
dénonciation que bien d'autres avaient faite avant lui et qu'il aurait
eu tort de négliger quand il a dénoncé cette situation de
"dumping" culturel, ce n'est même plus une déclaration politique.
Cela a rempli les pages littéraires pendant des années et cela
convient à un journaliste peut-être de l'écrire, mais
certainement pas à un ministre, à moins que le ministre soit en
mesure d'annoncer des mesures concrètes contre cela. Mais le dire
sensibilisé, touché, passionné, bouleversé par ce
phénomène, d'autres ont déjà fait état de
leurs émotions bien avant lui. Un ministre, ce n'est pas pour des
émotions, c'est pour des décisions qu'on en a besoin.
M. HARDY: Vous ne serez jamais ministre.
M. CHARRON: Si le ministre veut nous faire encore une fois le coup de la
loi-cadre du cinéma qu'il vient encore de nous annoncer pour la
présente session et prétendre contrôler la mainmise
étrangère de cette façon, qu'il fasse attention, parce que
l'Opposition a fait semblant de croire Mme Casgrain à un certain moment
avec sa Loi sur les biens culturels, mais cette fois, la bonne volonté
ne suffira plus. Ce n'est pas, non plus, par une loi qui laisserait libre cours
à une réglementation secrète dans le cabinet du ministre
que l'Opposition pourra se déclarer satisfaite. Je pense même que
je peux dire, en un point, que cet appui naif que nous avons donné
à la Loi no 2 sur les biens culturels, tout en constatant les immenses
trous qu'on y laissait et surtout en sachant aux mains de qui on laissait
l'application de cette loi à l'époque, M. le Président,
cet appui naif, nous ne sommes pas prêts à le
répéter, surtout pas dans un domaine aussi important que la
main-
mise étrangère sur la vie culturelle des
Québécois et la loi-cadre du cinéma qui nous est promise
pour la cinquième année, lors de l'étude des
crédits du ministère des Affaires culturelles.
M: le Président, le paragraphe le plus succinct, dans
l'allocution du 4 avril, est repris de façon encore plus succincte ce
matin dans la conclusion des propos d'ouverture du ministre des Affaires
culturelles. C'est celui que je vous cite: "Nous sommes à
préparer un dossier qui servira de base à des décisions
avec les autorités fédérales afin d'en arriver à un
accord qui fera du ministère des Affaires culturelles le maître
d'oeuvre de la politique culturelle du Québec". J'ai vu une phrase
à peu près semblable dans le document du ministère des
Communications. Vous demanderez au député de Deux-Montagnes si
cela part bien une discussion quand on part comme cela. Faisant fi de toute
réalité politique et même de tout côté
juridique qui pourrait, à un moment donné, devenir, même si
on ne s'y enferre pas, de sérieux obstacles dans le partage des pouvoirs
et l'exercice des juridictions et du contrôle de l'activité
culturelle des Québécois, faisant fi du testament laissé
par son prédécesseur, non, le député de Terrebonne
arrive, lui, et, parce que le député de Terrebonne est ministre
des Affaires culturelles, la réalité politique canadienne va
maintenant changer.
C'est clair, il prépare un dossier, il ne se gêne pas pour
dire à quelles fins d'ailleurs, c'est pour arriver à un accord
qui va faire du ministère des Affaires culturelles le maître
d'oeuvre de la politique culturelle du Québec.
M. HARDY: Vous en voulez, des choses!
M. CHARRON: Cela vous rappelle peut-être un ancien premier
ministre du Québec qui a été notre collègue pendant
un bout de temps qui est malheureusement décédé
maintenant. A l'époque où il exerçait le pouvoir, on
appelait ça du "pétage" de bretelles dans la culture
québécoise. C'était ici, parmi les indigènes, avant
même d'aller rencontrer les autres, entre nous. Il disait pendant qu'on
était chez nous, qu'on se comprenait: Je vais aller leur dire, moi, aux
Anglais d'Ottawa. Tout le monde, l'unanimité de l'opinion publique
québécoise était derrière lui: Vas-y, Jean-Jacques,
disait-on, défends-toi bien. Il revenait en disant: Je reviens les mains
vides, mais j'ai les mains libres. Je peux parler du premier ministre actuel,
si vous voulez. Je peux parler du ministre des Communications. Je peux parler
du ministre de la Justice qui est allé se tramer jusqu'à
Vancouver pour avoir l'argent que la Gendarmerie royale du Canada devait au
Québec. Bien sûr, toutes ces choses existent, M. le
Président. Non, le député de Terrebonne dit: Vous n'avez
pas le droit de mettre ma parole en cause, parce que c'est contraire au
règlement. Je ne mets pas sa parole en cause. Le député de
Terrebonne dit: Je prépare un dossier; il ne dit pas un aménage-
ment. Moins de prétention aurait été de dire: Nous
essaierons, devant ce partenaire...
M.HARDY:... pas se tenir debout devant le fédéral.
M. CHARRON: ... de se tenir debout de façon réaliste.
Aller dire ça. Mais prétendre que vous allez revenir avec une
politique...
M. HARDY: Quel illogisme!
M. CHARRON: ... maître d'oeuvre de la politique. D'abord, M. le
Président, puisque le ministre m'invite à le faire, abordons ce
sujet en conclusion. Le ministre nous invite à lui faire confiance. Il
part; Tartarin va monter sa monture et va nous revenir avec un accord qui ne
fera rien de moins que de laisser au Québec la souveraineté
culturelle. Il n'affirme rien de moins à l'intérieur de
ça. Il s'en va afin d'arriver avec un accord comme ça. Nous, pour
qui la fonction est, devant les prétentions des ministres, de mettre un
peu de tempo, regardons ensemble ce matin, avec les membres de la commission,
quel est le partenaire, quelle est cette autre monture que s'en va
désarçonner le vaillant député de Terrebonne
à la direction des Affaires culturelles. C'est une monture que je vous
ai décrite au début et qui était, elle, analysée
par un ancien ministre des Affaires culturelles qui a bien conduit son
âne à quelques occasions sur le sentier fédéral et
qui est revenu tellement amoché qu'il a laissé, en
héritage et en testament, ce document dont je vous ai livré
presque la totalité de la lecture. Ce n'est pas n'importe qui qu'on s'en
va voir. On ne s'en va pas négocier avec l'Ile-du-Prince-Edouard, on
s'en va négocier avec un gouvernement qui, financièrement
tenons-nous-en à ce premier point possède dix fois plus
les moyens d'intervenir sur le territoire du Québec que le
ministère dont le budget total sera voté par cette commission
avant la fin de nos travaux.
Pour qui fait un peu de politique, pour qui, comme le
député de Terrebonne, a même eu l'occasion de faire de la
science politique sur les bancs d'université, l'étude des
rapports de forces, lorsqu'on parle de moyens financiers, des actions du
gouvernement, ce n'est pas, vous en conviendrez avec moi, la formule sera
modérée, un facteur négligeable. Je pense que si votre
collègue a eu la franchise de le poser comme premier obstacle à
la réalisation de la souveraineté culturelle des
Québécois, quand il disait que c'était impossible pour
nous d'établir une politique culturelle, vous pourriez avoir la
même humilité et dire que, quand on dispose de dix fois plus
d'argent que l'un... La moindre modestie de notre analyse scientifique est de
dire que l'autre a passablement de moyens et que ce n'est pas parce qu'on va
arriver avec un dossier pour le désarçonner, parce qu'on s'est
engagé au moment où on était chez soi à revenir
avec la totalité ou rien, que ça va le déranger
beaucoup. Il en a déjà vu arriver beaucoup, des
députés de Terrebonne, le Secrétariat d'Etat du Canada et
il en a déjà renvoyé chez neux bien concrètement
également.
Abordons l'autre question que m'a invité, par ses interruptions,
le ministre des Affaires culturelles à poser.
C'est aussi non pas simplement parce qu'il dispose de moyens financiers
plus forts que le gouvernement du Québec dans ce domaine de la culture,
mais c'est aussi parce que le gouvernement central a un intérêt
indéniable auquel il ne peut renoncer dans le domaine de la culture.
Quand on accepte le régime fédéral, quand on le
vend à ses concitoyens, quand on invite ses concitoyens à
soutenir ce régime politique dans lequel nous sommes, comme l'a fait le
député de Terrebonne à ses électeurs le 29 octobre
1973...
M. HARDY: Avec succès.
M. CHARRON: ... avec succès, on doit en tirer toutes les
conséquences. M. le Président, un régime
fédéral comme le nôtre ne peut se permettre de perdre cette
juridiction. Comme le mentionnait d'ailleurs le Dr Cloutier, mais sans en tirer
les conclusions, on peut noter un intérêt inimaginable en
proportion géométrique du gouvernement fédéral dans
le domaine de la culture. En 22 ans, puis-je vous rappeler le chiffre que je
vous citais tantôt, on est passé de $21,000, le total des
subventions fédérales dans le domaine culturel, et un budget du
Secrétariat d'Etat de $11.5 millions, par exemple, en 11 ans,
celui-là... Il y a 11 ans le budget était de $11.5 millions, il
est passé à $867 millions. Je ne crois pas qu'il y ait un
ministère ou qu'il y ait un organisme quelconque, au niveau
fédéral, tout aussi bien qu'à notre niveau à nous,
du gouvernement québécois, qui ait connu une pareille proportion
dans un si court laps de temps. Pourquoi, M. le Président?
Le ministre se posait lui-même la question. En fin de compte, un
ministère ou un Secrétariat d'Etat, appelons cela comme on le
voudra, c'est un appareil foncièrement administratif d'abord. Alors, la
moindre injection d'argent là-dedans veut dire disponibilité,
moyen d'action, accroissement des effectifs, tout le monde le sait. Je pense
que les fonctionnaires qui nous entourent ce matin pourraient élaborer
plus que moi ce domaine.
Or, croissance du budget veut dire croissance du pouvoir et augmentation
du rayonnement de ce ministère. Le ministre Cloutier, lorsqu'il
était aux Affaires culturelles, qu'il a rédigé ce texte et
qu'il l'a signé, disait: Est-ce que c'est pour étouffer le
Québec? Bien sûr, s'il avait été un méchant
séparatiste comme ceux que dénonce le député de
Terrebonne, il se serait empressé de dire oui, et d'y voir tout le
machiavélisme possible derrière les interventions
fédérales, mais ce n'était pas son genre, ce n'est pas le
mien non plus. Ce n'est pas par machiavélisme que le gouvernement
fédéral l'a fait. Ce n'est pas pour étouffer le
Québec comme une souris dans le carcan constitutionnel, non, ce n'est
pas pour cela. C'est simplement pour assumer son rôle de gouvernement
central. Il s'est rendu compte qu'une société moderne dans cette
deuxième moitié du vingtième siècle ne peut pas
maintenir une unité économique et politique sans contrôler
l'appareil culturel de cette société.
De la même façon, M. le Président, pour les
Communications, c'est impensable pour le régime fédéral
actuel d'obtenir cette souplesse. Regardons le régime dans lequel nous
vivons et le pays dans lequel nous vivons. Non seulement est-il
compliqué à gouverner ce pays, du fait de notre existence, mais
simplement aussi à l'intérieur du Canada anglais, les
régionalismes sont très forts. C'est un pays qui s'étend
sur une latitude géographique immense très difficilement
gouvernable. En fait, les gens de Halifax peuvent sentir très peu de
relations avec ceux qui vivent de l'autre côté des montagnes
rocheuses. On a toujours dit, au niveau des premiers ministres du Canada, quels
que soient ceux qui se succèdent, francophones comme anglophones, que le
problème numéro 1 de ce pays, c'était l'unité.
C'est d'ailleurs probablement parce qu'on a passé tant de temps
à façonner une unité dans ce pays, alors que les
conditions géographiques et ethniques s'y opposaient, qu'on a
laissé échappé tout le champ économique qui a
franchi le cap du parallèle qui nous sert de frontière avec les
Etats-Unis. Peu importe. Il est vrai que cela a toujours été,
pour le Canada, son problème premier, l'unité et, en particulier,
au moment où se développe la vie moderne, où la croissance
industrielle du Canada s'est développée, où les
tiraillements, les caractères particuliers de chacune des régions
se sont développés, que le problème s'est amplifié,
en même temps que la volonté d'autonomie du Québec, au
début des années soixante avec le parti qui est maintenant celui
qui restreint l'affirmation du Québec, mais qui, il y a encore une
dizaine d'années, était celui qui l'a déclenchée en
fin de compte, tous ces problèmes arrivaient en même temps, il
fallait au gouvernement central les moyens politiques nécessaires pour
faire face à son problème premier, celui de l'unité.
Y a-t-il plus beau moyen, M. le Président, y a-t-il moyen plus
fort que de contrôler, pour un Etat, pour un gouvernement, tout
l'appareillage culturel d'une société? C'est exactement pourquoi
on a assisté, au cours des dernières années, à un
déblocage de fonds et à un déblocage
d'intérêt de la part du gouvernement central pour ce domaine
culturel que, il y a encore une vingtaine d'années, il
négligeait, puisqu'il n'était pas de cette importance.
Quand Gérard Pelletier renvoie le ministre des Communications du
Québec en disant: II n'est pas question qu'Ottawa cède cela, il
ne
fait que répondre à des obligations du même genre
d'ailleurs que lui a apportées le ministre des Communications à
la table. Tous les arguments militant en faveur d'une politique culturelles qui
soit aux mains des Québécois, toutes les justifications que l'on
va apporter et je le signale au député de Terrebonne,
là-dessus, parce que j'aimerais bien qu'on ait ce débat à
un moment ou à un autre que je suis prêt à appuyer,
que l'Opposition entérine, toutes les justifications écrites ou
non écrites qui militent pour sa thèse et qui expliquent pourquoi
le Québec doit contrôler sa politique culturelle, parce qu'une
société ne peut pas laisser éparse cette vie culturelle,
c'est sa reprenons vos propres mots, M. le ministre, puisque vous m'y
avez invité dans le discours du 4 avril vie, c'est son âme,
c'est son sens, un Etat ne peut laisser émietter à sa
collectivité ce pouvoir, je les reprends à mon compte, car vous
avez raison.
La politique culturelle que vous défendez est justifiable, mais
pouvons-nous admettre sans prétention et avec toute la modestie à
laquelle nous a invités, contrairement à son habitude, le
ministre de l'Education dans le témoignage qu'il nous a laissé,
que la même règle que nous affirmons pour les
Québécois s'impose aussi au Canada et pour les mêmes
raisons que nous? Le Secrétariat d'Etat du Canada ne peut pas laisser
aller une politique culturelle, ne peut pas lui non plus laisser
émietter la politique culturelle au niveau des provinces, parce qu'il a,
lui aussi, la même tâche que ce gouvernement-ci a à faire,
maintenir l'unité du peuple.
Le problème est qu'il y a un peuple qui se trouve dans l'autre.
Là, est le problème. Quand nous disons que nous ne pouvons parler
de souveraineté culturelle sans parler de souveraineté tout
court, le ministre comprendra le sens de nos propos. Il a d'ailleurs
été appelé à les commenter à plusieurs
reprises. Mais, en fin de compte, plus vous mettez d'arguments au dossier
québécois, plus, en même temps, vous mettez d'eau au moulin
et d'arguments au dossier fédéral pour dire: Vous avez
parfaitement raison. Maintenant, aucune société ne peut plus
permettre l'émiettage culturel. Toute société qui veut
économiquement vivre ensemble, politiquement se maintenir, ne peut plus
permettre que sa vie culturelle soit émiettée d'une région
à une autre. Le problème numéro un est l'unité de
ce pays: façonner, comme le dit le Dr Cloutier, une mentalité
canadienne, c'est plus délicat, mais c'est un sujet abordable.
Que ce soit M. Faulkner, dans le régime que soutient le
député de Terrebonne, pour lequel milite le député
de Terrebonne et que s'engage encore à défendre le
député de Terrebonne, le Secrétaire d'Etat du Canada,
qu'il soit du Parti libéral ou du Parti conservateur, devra s'opposer
à tout émiettage. Ce sera une discussion qui ne prendra plus fin,
M. le Président, comme toutes les autres d'ailleurs. On le disait sur la
question du Théâtre du Nouveau Monde où on partait
d'hypothèses tellement éloignées l'une de l'autre. Le
Secrétaire d'Etat, dans le régime actuel, est aussi
justifié que le ministre des Affaires culturelles l'a été
pour prononcer ce discours, d'en faire un semblable à Ottawa.
Le gouvernement central, s'il veut demeurer le gouvernement qui dirige
les destinées du Canada, ne peut pas permettre l'émiettage
culturel. Ce qu'on fait dans ce temps-là, on tire les marrons du feu, on
tire la conclusion. Si c'est cela qu'on veut, si on veut le réaliser
chez nous, si on est convaincu comme nous le sommes que vous avez raison dans
les motifs et les "attendus que" que vous déposez à vos
décisions, prenons-les chez nous ces décisions.
Faisons-la, notre souveraineté, assumons totalement la politique
culturelle des Québécois, et assumons totalement,
également, notre avenir culturel en même temps. Mais si on accepte
le régime dans lequel on est, si on croit les Québécois
incapables de vivre par eux-mêmes, si on accepte les contraintes du
régime actuel, il faut les accepter dans toutes leurs lignes. Il faut
rendre raison.
Si le Canada doit demeurer une entité dont nous faisons partie,
il faut reconnaître au Canada ce droit, que nous revendiquons pour nous,
de contrôler une politique culturelle qui soit homogène. En fait,
c'est la politique de l'absurde. Si on entre dans ce genre de raisonnement, si
on n'admet pas qu'économiquement, politiquement et socialement, les
Québécois sont aptes à se gouverner eux-mêmes,
comment allez-vous justifier que vous croyez que, cultu-rellement, ils le sont?
Comment allez-vous faire, vous qui avez fait cette analyse moderne de la
culture, une fois devant M. Faulkner, comment allez-vous lui expliquer:
Ecoutez, nous sommes un parti élu à Québec qui a
préconisé que, dans le domaine économique, nous ne
pouvions pas nous gérer nous-mêmes. Nous avons défendu le
fait que, dans le domaine social, vous aviez le droit, comme haute
majorité d'intervenir dans nos affaires. Dans le domaine politique, nous
acceptons la constitution actuelle et le partage actuel des pouvoirs. Comment
allez-vous convaincre cet homme, par la suite, que le domaine culturel est une
exception et que vous revendiquez la plénitude des pouvoirs à
Québec? Comment allez-vous soutenir cette contradiction devant un homme
qui, lui, peut vous opposer la sienne et dire: Ecoutez, on ne peut pas
administrer économiquement, politiquement et socialement une
société, comme vous-même reconnaissez que c'est à
Ottawa de le faire prioritairement en ce territoire canadien, en laissant aller
cette politique culturelle à partir de laquelle nous allons former cette
unité. Vous voulez former l'unité des Québécois.
C'est pour cela que vous revendiquez la politique culturelle du Québec.
Il va vous répondre: Nous, nous avons été mandatés
et vous le savez puisque vous avez voté pour cette formation
politique pour former l'unité politique du Canada. Nous ne
pouvons pas, par
le même raisonnement que vous, nous priver de cet outil.
Voilà, M. le Président ! J'ai essayé de le faire
clairement, pour mettre un dernier point à tous ces arguments que nous
développons depuis que cette formule de souveraineté culturelle a
été lancée par le funambule du vocabulaire qui nous sert
de premier ministre. Depuis cette époque, nous avons insisté,
à chaque occasion, pour redire ce que je viens de dire au ministre des
Affaires culturelles sur toutes les tribunes qui nous étaient
possibles.
Nous la voulons, la souveraineté culturelle du Québec.
Nous la souhaitons, la souveraineté culturelle du Québec. Mais
parlons-en dans des domaines possibles. Voyons si elle est réalisable et
avec quel régime elle sera réalisable. Et comme le Dr Cloutier,
M. le Président, je crois qu'elle est irréalisable dans le
régime actuel. Et comme M. Faulkner, M. le Président, je crois
que le régime fédéral ne peut pas permettre que cette
politique culturelle soit refaite au Québec.
Je tire donc mes conclusions à partir des témoignages des
précédents pour dire que je devrai, si je veux réaliser
cette politique culturelle, si je veux voir mon gouvernement parce que
je suis un Québécois, que je contribue en taxes et en impôt
à la vie de ce gouvernement du Québec réaliser
cette politique que je qualifiais tantôt de prétentieuse,
prétentieuse dans le cadre actuel. Dans une société
où nous posséderions la totalité de nos pouvoirs, cela ne
serait pas de la prétention, ce serait un vaste programme d'action qu'il
faudrait entreprendre et qu'il serait nécessaire d'entreprendre. Mais
nous n'avons pas les moyens politiques, et nous avons dix fois moins de moyens
financiers pour la réaliser que le partenaire qui, lui, de son
côté, ne peut plus, à moins de travailler à son
propre éclatement, favoriser un émiettement du pouvoir culturel
dans cette matière.
Voilà donc que j'amène ici, comme dernier argument
peut-être à cette table, tout ce qu'on a essayé de faire et
de développer comme argument quand on qualifiait la formule
développée par le premier ministre de farce, de formule vide de
sens, de formule qui n'est qu'un tape-à-1'oeil, mais qui, dans la
réalité concrète, comme le signale le Dr Cloutier, est
impossible à réaliser dans le cadre constitutionnel actuel.
J'aimerais, dans sa réponse parce que j'espère bien
qu'il va le faire que le ministre des Affaires culturelles me dise
aussi, beaucoup plus que de me faire un appel à prendre sa parole
à la lettre... Vous pouvez me le demander parce que le règlement
de cette Assemblée m'impose cette obligation. Mais les
Québécois qui, demain, seront informés du débat que
nous avons eu cet après-midi, eux, ne sont pas...
M. HARDY: Nous sommes liés par le règlement.
M. CHARRON: ... liés par le règlement à prendre
votre parole. Quand vous dites: Nous partirons et nous irons chercher cette
souveraineté culturelle. Je veux vous citer textuellement: "Cet accord
qui fera du ministre des Affaires culturelles le maître d'oeuvre de la
politique culturelle du Québec".
Je crois que c'est ce que vous avez défini vous-même comme
étant la souveraineté culturelle. Quand vous dites: J'aurai un
dossier et je pars la chercher, nous ne pouvons plus prendre cette parole,
tellement les échecs sont retentissants dans d'autres domaines.
Dites-nous quels sont les indices, à partir de quoi et quelle autre
analyse de la société canadienne vous faites, différente
de la mienne. Je ne crois pas que celle que j'ai faite soit marquée de
l'option politique, que je suis vraiment aveuglé par l'option
politique.
M. HARDY: Vous ne vous en rendez même plus compte.
M. CHARRON: Non. Cette analyse a été faite par votre
collègue des Communications. Il l'a faite très franchement avec
moi la semaine dernière quand je lui demandais quel était
l'indice qui lui disait que, dans les négociations avec le gouvernement
fédéral... Il m'a répondu à la reprise de la
séance à quatre heures: Je réponds franchement au
député de Saint-Jacques: Aucun, mais je suis tellement convaincu
qu'il faut que nous ayons cette mainmise sur les comminications que je continue
à le faire quand même jusqu'à épuisement
probablement. Je lui demandais: Mais, ne concevez-vous pas que les arguments
que vous défendez vous-même sur le territoire
québécois, votre homologue fédéral peut les
défendre avec la même force, la même vigueur et la
même honnêteté que vous, si lui prétend faire
l'unité du Canada alors que, vous, vous voulez faire
l'homogénéité de la société
québécoise? Il m'a également dit oui, qu'il partageait mon
analyse de la société et c'est pourtant un
fédéraliste.
J'ai invité les autres membres de la commission parlementaire qui
étaient assis à cette table, qui sont fédéralistes
je suis le seul indépendantiste assis à cette table comme
membre de l'Assemblée nationale actuellement à me dire
quelle était leur analyse afin qu'ils puissent nous dire que, selon leur
analyse de la société canadienne et de l'évolution du
fédéralisme canadien, particulièrement au cours des six
dernières années, par exemple depuis le 25 juin 1968, dans les
indices de l'évolution du fédéralisme... Je suis bien
prêt à cette analyse et à renoncer à mon analyse, si
vous croyez qu'elle est trop teintée de mon option, mais quels sont donc
ces indices, sur quelle base partez-vous pour pouvoir dire aux
Québécois: Nous pouvons suffisamment dire qu'après
quelques mois de négociation, nous aurons cette souveraineté
culturelle?
Comme bien des éditorialistes, bien des observateurs,
indépendantistes ou fédéralistes
ou des fédéralistes tannés, comme M. Léon
Dion le disait au congrès du Parti libéral en se décrivant
lui-même comme cela, fédéraliste fatigué, je fais
une analyse et je ne vois pas ces indices. Au contraire, je vois dans le budget
fédéral, je vois dans le Conseil des arts et je vois dans tous
les moyens dont dispose le gouvernement central dix fois plus
d'intérêt à intervenir dans ce domaine. Et comment
pourrais-je, devant ces faits qui sont crûment déposés sur
la table, qui sonnent en papier et en argent, croire que le
député de Terrebonne me dise: J'entreprends des
négociations qui aboutiront au résultat suivant :
Souveraineté du Québec?
Cela va en sens opposé et peut-être que le
député de Terrebonne, dans sa réponse, pourra
compléter la quadrature du cercle et m'expli-quer, depuis qu'il assume
ce ministère, depuis qu'il est en politique, depuis qu'il est ce membre
du gouvernement et ce député ministériel, depuis 1970, qui
suit l'évolution du fédéralisme canadien, où sont
les indices actuellement, soit dans le gouvernement Trudeau, soit dans
l'éventuel gouvernement Stanfield, si cela devait arriver. On doit faire
cette hypothèse, même si elle peut paraître fantaisiste
à certaines occasions. Peu importe. Dites-moi dans l'orientation
actuelle, comme vous croyez...
M. HARDY: Vous ne l'annulez pas?
M. CHARRON: Je suis tellement convaincu qu'il n'y a pas d'indice. C'est
exactement la raison pour laquelle je ne participerai pas à
l'élection fédérale du 8 juillet prochain. Il n'y a plus
d'indice. Les seuls que je vois vont dans le sens contraire et
concrétisent mon option.
C'est au ministre responsable qui non seulement veut me faire voter un
budget qui représente $23 millions de l'argent des contribuables
québécois, mais qui veut me faire endosser aussi, sur parole, une
politique culturelle qui est énoncée, de nous donner ces indices,
pas simplement à moi parce que, probablement, vous ne réussirez
plus jamais à changer mon option tellement elle est ancrée
là maintenant, mais au reste des Québécois qui, eux, vous
ont confié de l'argent à administrer et qui ne veulent pas le
voir emporté dans n'importe quelle rêverie ou fumisterie, quand on
n'est pas doté des moyens pour les réaliser par la suite.
Voilà, M. le Président, les quelques mots que j'avais
à dire, que le Dr Cloutier et moi avions à dire à
l'ouverture de l'étude des crédits du ministère des
Affaires culturelles et j'attends impatiemment la participation des autres
membres de la commission.
M. HARDY: M. le Président, une première impression. Le
député de Saint-Jacques n'a pas tellement d'esprit de
synthèse. Il aurait pu faire le long exposé qu'il a
formulé en beaucoup moins de mots s'il avait davantage
synthétisé sa pensée et nous aurions su quand même
ce qu'il voulait dire.
Deux conclusions majeures découlent de l'intervention du
député de Saint-Jacques. D'abord, l'absence totale, de sa part et
de la part de sa formation politique, d'une pensée politique en
matière culturelle. Cela frappe les yeux, c'est évident, c'est
vraiment presque ahurissant qu'un parti politique qui entend faire
l'indépendance du Québec n'ait même pas une politique en
matière culturelle. Absence totale de politique en matière
culturelle, M. le Président, puisque plus de la moitié de
l'exposé du député de Saint-Jacques s'est limité
à reprendre une partie du dossier que nous préparons
actuellement. D'ailleurs, je ne voudrais pas en faire le point majeur de mon
exposé en réponse au discours du député de
Saint-Jacques. Mais si le député de Saint-Jacques a autant de
rigueur intellectuelle, de rigueur scientifique dans les autres interventions
qu'il fait en cette Chambre, c'est vraiment effroyable. Il est effroyable de
manquer à ce point de rigueur et de tromper, parce que c'est
involontairement, je pense bien, c'est tout simplement par ignorance, mais le
député de Saint-Jacques, ce matin, à cause d'une
information totalement incomplète, a trompé les membres de cette
commission, a trompé tous ceux qui liront le journal des débats,
donc l'ensemble de la collectivité québécoise.
Dans la moitié de son exposé, le député de
Saint-Jacques prétend citer la pensée et un mémoire de mon
prédécesseur, alors qu'il n'en est rien. Le document que le
député de Saint-Jacques a réussi à obtenir, je ne
sais par quelle voie, je n'ai pas l'intention, je peux le rassurer
là-dessus, de faire des enquêtes policières pour savoir
comment il a réussi à obtenir ce document, ou si des gens de ses
amis l'ont obtenu par le Journal de Québec, mais le document auquel se
réfère le député de Saint-Jacques n'a jamais
été approuvé par le ministre des Affaires culturelles du
temps. Il s'agissait d'un document de travail préparé dans le
cadre général de la préparation du dossier pour les
négociations éventuelles avec le gouvernement
fédéral. D'autre part, il est bien sûr que je ne peux pas
être en désaccord sur cette partie de l'exposé que le
député de Saint-Jacques a formulée. Je pense que ce
document de travail décrit d'une façon assez exacte la situation
présente.
Deuxième conclusion qui découle de l'exposé du
député de Saint-Jacques, c'est, d'une part, l'espèce de
panique ou l'inquiétude qui s'empare de lui et des gens de sa formation
politique lorsqu'ils voient la possibilité que l'on puisse
réaliser, au sein du fédéralisme canadien, une situation
telle qu'elle permettrait à la collectivité
québécoise de complètement s'épanouir. Je comprends
l'inquiétude et la panique qui s'emparent du député de
Saint-Jacques et de ses amis politiques, parce que, si cela devait
réussir, tout leur échafaudage est complètement
détruit. Quand je dis je le répète encore ce matin
que certains fédéralistes sont également sur la
même longueur d'ondes que les séparatistes, comme le
député de Saint-Jacques
le député de Saint-Jacques nous a encore
donné une preuve ce matin c'est que certains
fédéralistes...
M. CHARRON: Des orangistes.
M. HARDY: ... conçoivent le fédéralisme canadien
comme quelque chose de centralisateur, de rigide. A cette forme de
fédéralisme, j'ai toujours dit non, et je dis non. Le
député de Saint-Jacques est un maître ès arts en
sciences politiques, il n'est pas juriste, mais il a fait des études
universitaires en sciences politiques; il devrait savoir qu'il existe une
quantité très grande de formes de fédéralisme. Le
fédéralisme, tel qu'il est pratiqué à l'heure
présente au Canada, n'est pas le fédéralisme en soi. Je
comprends que des gens comme le député de Saint-Jacques ont
l'habitude de penser en termes absolus, de croire que les choses sont unes et
inchangeables. Le député de Saint-Jacques, vous savez, M. le
Président, est un dogmatique. Il croit à des choses immuables.
Pour lui et pour les gens de son parti, le fédéralisme actuel au
Canada est une chose immuable. C'est la raison pour laquelle il dit que, dans
la dynamique de ce fédéralisme ou de certains hommes politiques,
nos propositions ne pourront pas être acceptées.
Là où le député de Saint-Jacques fait une
erreur grave, c'est que précisément, si on fait l'histoire du
fédéralisme canadien, ce fédéralisme a quand
même largement varié et rien nous interdit de croire, à
l'heure présente, que ce fédéralisme canadien peut
s'orienter d'une façon différente de celle qu'il a connue au
cours des récentes années. Nous, comme nous n'avons pas une
pensée figée, statique comme les gens du parti
séparatiste, comme nous croyons à l'évolution, comme nous
croyons à la possibilité d'une dynamique en politique, nous
croyons que ce fédéralisme canadien peut évoluer dans le
sens que nous désirons, c'est-à-dire un fédéralisme
canadien qui permettrait à la collectivité
québécoise de s'épanouir. Mais cela, M. le
Président, le député de Saint-Jacques et ses amis n'en
veulent pas. Ils sont les premiers à espérer de tout leur coeur
et de toutes leurs forces que le fédéralisme canadien ne se
modifie pas dans ce sens parce qu'à partir du moment où le
fédéralisme canadien serait modifié, à partir du
moment où le fédéralisme canadien, dans le champ qui nous
occupe plus particulièrement ce matin, reconnaîtrait que le
Québec peut être maître de sa politique culturelle, tout
l'échafaudage de leur parti politique tombe par le fait même.
M. CHARRON: C'est vrai.
M. HARDY: M. le Président, comme je disais au
député de Saint-Jacques tantôt: II a vieilli très
rapidement depuis 1970 et démontre qu'il est bien plus
préoccupé par l'intérêt partisan de cette formation
politique, qui s'appelle le Parti québécois, que par
l'intérêt véritable du Québec et de la
collectivité québécoise. Le député de
Saint-Jacques fait tout. Il va même jusqu'à appuyer, il va
même jusqu'à fournir des arguments aux fédéraux de
façon que ces objectifs, que nous voulons voir réaliser, ne se
réalisent pas.
M. CHARRON: Ils les avaient avant que je leur fournisse.
M. HARDY: C'est cela la pensée du député de
Saint-Jacques et de sa formation politique. Que ce soit dans le domaine de la
langue, que ce soit dans le domaine de la souveraineté culturelle, que
ce soit dans le domaine des communications, ces gens ne veulent pas que les
objectifs auxquels croit le gouvernement actuel, objectifs qu'il veut
défendre, soient atteints. C'est évident que nous pourrions
discuter des heures et des jours parce que nous partons,
précisément, de points de vue totalement différents.
L'objectif premier que nous recherchons, dans le domaine culturel, c'est de
permettre à la collectivité québécoise de
s'épanouir sans prendre de risques stupides comme ceux que veulent nous
faire prendre les gens du parti séparatiste. Mais, cela ils ne le
veulent pas.
Vous savez, M. le Président, c'est absolument incroyable de voir
l'illogisme de ces gens. Le député de Saint-Jacques, d'abord,
nous reproche d'être fermes devant le fédéral. Il nous
propose presque d'y aller d'une façon beaucoup plus tranquille, d'une
façon beaucoup plus facile. Il nous reproche d'admettre des choses d'une
façon trop vigoureuse vis-à-vis du gouvernement
fédéral et, ce qui est encore plus drôle, c'est que le
député de Saint-Jacques nous dit: Voyons donc, vous savez bien
que vous partez battus d'avance. Vous savez bien que le gouvernement
fédéral, avec ses millions, le gouvernement
fédéral, avec sa volonté de maintenir l'unité
canadienne, le gouvernement fédéral tel qu'il est, les choses
étant telles qu'elles sont, vous savez bien que vous partez battus
d'avance. Il me rappelait une vérité fondamentale en
matière politique, il me rappelait le rapport des forces, il disait que
ce n'est pas nécessairement ce que l'on veut, mais c'est la
réalité qui fait que les situations politiques sont ce qu'elles
sont. Tout cela est vrai, M. le Président, mais ce qu'il y a
d'absolument aberrant dans la situation du député de
Saint-Jacques, c'est qu'il dit qu'alors que nous faisons partie de cet ensemble
qui s'appelle le Canada, alors que le Québec a une représentation
on peut la discuter, on peut l'évaluer, on peut la trouver trop
faible, mais il reste quand même que le Québec actuellement a une
représentation au sein de ce niveau de gouvernement le
député de Saint-Jacques dit: Nous sommes trop faibles pour faire
entendre nos volontés. Du même souffle, cette formation politique,
dans son programme, dit: Faisons l'indépendance et, par la suite, nous
discuterons d'égal à égal avec le reste du
Canada. Si ce n'est pas faire abstraction de la réalité
des forces, si ce n'est pas prendre ses intentions pour des
réalités, je ne sais pas ce que cela peut être.
Le député de Saint-Jacques dit: Le gouvernement du
Québec, au sein du Canada, n'est pas capable de faire valoir ses
positions; mais un gouvernement indépendant, un gouvernement
séparé face à ce même Canada, alors que le
Québec n'aura plus aucune influence politique au sein de ce
gouvernement, le gouvernement de ce Québec indépendant, lui,
pourra faire entendre sa volonté au reste du Canada. Ce gouvernement
indépendant du Québec pourra dire au Canada: Nous voulons...
M. CHARRON: Le ministre se dégrade, ses arguments...
M. HARDY: Je répète votre programme. Nous voulons un
marché commun et nous allons établir un marché commun.
M. CHARRON: Est-ce que la Belgique, pour négocier avec la France,
a eu besoin d'avoir des Belges dans le gouvernement français?
M. HARDY: Je ne vous parle pas de la Belgique, je vous parle du
Québec et je parle de votre dialectique à vous. Le
député de Saint-Jacques dit: Quand nous serons un gouvernement
indépendant, nous allons arriver autour d'une table et le gouvernement
du reste du Canada dira oui à nos prétentions. Là, nous
pourrons établir un marché commun, nous pourrons établir
une monnaie commune, etc. M. le Président, c'est de la foutaise. C'est
absolument aberrant de tenir des propos semblables. Je crois encore qu'au sein
d'un fédéralisme renouvelé, et ça, le
député de Saint-Jacques se garde bien de le dire parce qu'encore
une fois, ça dessert sa thèse...
M. CHARRON: Vous, vous le dites...
M. HARDY: ... au sein d'un fédéralisme renouvelé,
il est possible...
M. CHARRON: Un fédéralisme renouvelé, Martine
Corriveau disait ça...
M. HARDY: Evidemment, quand on a l'âge du député de
Saint-Jacques je dis bien l'âge intellectuel parce que,
chronologiquement, il commence à vieillir six ans dans l'histoire
d'une collectivité ou d'un pays, ça parait. Quand le
député de Saint-Jacques aura un peu mûri, quand le
député de Saint-Jacques connaîtra un peu plus de choses des
réalités de la vie, il saura bien qu'on ne détruit pas un
système politique, on ne détruit pas un pays parce que, pendant
un certain laps de temps, on n'a pas obtenu ce que l'on voulait.
M. CHARRON: Cent ans.
M. HARDY: C'est de l'enfantillage. Les enfants agissent ainsi, les
enfants qui n'ont pas immédiatement ce qu'ils désirent tournent
le dos...
M. CHARRON: II y a 30 p.c. d'enfants qui ont voté à la
dernière...
M. HARDY: Un instant, M. le Président, dans les 30 p.c. des gens
qui ont voté pour le parti séparatiste j'en connais
beaucoup, j'ai même des amis qui sont séparatistes,
c'est-à-dire qui ont voté pour le Parti québécois,
mais qui ne sont pas séparatistes; prenez acte de cela quand vous
dites que 30 p.c. des gens sont en faveur de l'indépendance du
Québec, là encore, vous mentez, soit pas ignorance ou
volontairement. Ce n'est pas vrai. Il y a beaucoup de gens qui ont voté
pour le Parti québécois pour toutes sortes de raisons autres que
l'indépendance du Québec. Il y en a même, peut-être,
dans Saint-Jacques qui ont voté pour le député de
Saint-Jacques lui-même. Aussi étonnant que cela puisse
paraître, c'est possible.
M. CHARRON: II y en a qui ont voté contre le Parti libéral
aussi.
M. HARDY: C'est exact. C'est évident qu'il y a toujours des gens
qui sont contre le gouvernement.
M. CHARRON: Chez nous, en 1970, ça avait été
René Gagnon qui avait été le candidat et cela avait
laissé une mauvaise impression après, vous savez...
M. HARDY: Pour toutes sortes de raisons, il est...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Revenons-en aux Affaires culturelles.
M. HARDY: Pour toutes sortes de raisons, il est évident qu'il y a
toujours des gens, quel que soit le gouvernement, quel que soit le parti
politique qui forme le gouvernement, qui sont toujours contre le gouvernement.
Cela fait partie de leur mécanisme individuel. C'est évident.
Alors, il faut que vous les comptiez dans vos 30 p.c, ces gens.
M. le Président, je veux résumer en disant ceci: Nous
croyons fermement et là-dessus, je suis sur la même
longueur d'onde que le député de Saint-Jacques que, pour
avoir une politique culturelle au Québec, il faut un seul centre de
décisions et il faut que ce centre de décisions soit le
gouvernement du Québec. Il est anormal qu'une collectivité qui
confie à une autre collectivité pour élaborer sa politique
culturelle. Mais nous croyons également et c'est là que
nos chemins diffèrent, le chemin du député de
Saint-Jacques et le mien diffèrent qu'au sein du
fédéralisme, il est possible qu'un Etat
fédéré possède les pouvoirs pour atteindre ses
objectifs
et c'est ce à quoi je veux bien modestement m'employer au cours
des prochains mois. C'est possible, quand on entreprend une tâche,
surtout quand elle semble assez difficile, qu'on connaisse des échecs ou
que l'on connaisse des difficultés. Mais je n'appartiens pas à
cette catégorie d'individus qui se déclarent battus avant de
partir. Le député de Saint-Jacques parlait d'indices, je pense
qu'il y en a. Le gouvernement fédéral a déjà
manifesté, dans certains secteurs, qu'il était prêt
à respecter la priorité du gouvernement provincial. Il
était prêt à respecter le désir du gouvernement
provincial d'élaborer des politiques. Je pense au domaine des zones
spéciales, je pense au domaine des musées, en ce qui touche plus
particulièrement le ministère des Affaires culturelles.
Le député de Saint-Jacques là encore,
étant donné l'absence totale de sa pensée en
matière de politique culturelle a commenté, d'une
façon assez superficielle, les propos que j'ai tenus à
l'Assemblée nationale il y a quelques semaines. Sa principale critique a
été de dire: Vous n'auriez pas dû faire ce discours. Vous
auriez dû attendre des réalisations avant de le faire. Encore
là, je ne sais pas quelle sorte de méthodologie le
député de Saint-Jacques a apprise lorsqu'il faisait ses
études, et surtout, je me demande... Il y a une certaine
contradiction.
Ces gens-là reprochent constamment au gouvernement actuel de ne
pas gouverner d'une façon ouverte, de ne pas dire d'une façon
ouverte à la presse et à l'ensemble de l'opinion publique ce que
nous faisons, ce que nous voulons faire. M. le Président, c'est ce que
j'ai voulu faire. J'ai voulu associer, non seulement les parlementaires, mais
j'ai voulu associer l'ensemble de la collectivité
québécoise à l'élaboration des politiques. La
façon normale d'associer les parlementaires et d'associer la
collectivité à l'élaboration des politiques que nous
voulons mettre en application au cours des prochains mois et des prochaines
années, était de dire quelles étaient nos grandes
orientations. Ce que le député de Saint-Jacques dit que j'aurais
dû faire, c'est de préparer nos politiques en secret, en catimini,
mais quand ces politiques auraient été prêtes, de les
livrer à la place publique. Le député de Saint-Jacques
aurait dit: Comme toujours le ministère des Affaires culturelles,
à l'image du gouvernement actuel, n'informe pas le public, ne dit pas ce
qu'il fait, il attend que tout soit prêt, que tout soit
décidé et là il le rend public.
J'ai voulu précisément éviter cela et je pense que
la façon normale de commencer l'élaboration d'une politique,
c'est d'abord d'établir certains principes. En tout cas, c'est la
façon française de procéder. Peut-être que le
député de Saint-Jacques aimerait mieux que nous procédions
suivant la méthode anglo-saxonne, c'est-à-dire poser des gestes
et, par la suite, essayer d'énoncer de grandes idées. Nous sommes
encore assez Français au Québec, au sein de ce gouvernement et au
sein du ministère des
Affaires culturelles, pour respecter la méthode française
de penser et de travailler.
Alors, nous avons établi des principes et, à partir de ces
principes, nous allons articuler des politiques. Je pensais, M. le
Président, qu'il était normal que la collectivité
connaisse ces principes, je pensais qu'il était normal que l'ensemble de
l'opinion publique sache où nous voulions nous diriger. C'est la raison
pour laquelle j'ai prononcé ce discours. Si c'était à
refaire, je le prononcerais de nouveau.
En terminant, je voudrais faire remarquer au député de
Saint-Jacques que, malgré la modicité de notre budget, si on
regarde l'augmentation générale du budget du gouvernement cette
année qui est de 14.6 p.c, on constate que l'augmentation au
ministère des Affaires culturelles est de 18.6 p.c.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Programme 1: Livres et autres imprimés.
Elément 1 : Aide à la publication et à la vente du livre.
Adopté?
Livres et autres imprimés
M. CHARRON: M. le Président, d'abord je vais entendre
l'exposé du ministre.
M. HARDY: J'attends vos questions.
M. CHARRON: Ma question est: Qu'avez-vous fait au cours de la
dernière année et qu'entendez-vous faire cette année dans
ce programme : Livre et autres imprimés?
M. HARDY: Voici ce que nous avons fait, M. le Président. Il y a
eu d'abord l'application de la Loi de l'assurance-édition qui nous a
permis d'aider à la publication de six ouvrages. Sur ces six ouvrages,
en vertu de la Loi de l'assurance-édition, nous avons été
dans l'obligation d'en racheter un seul.
M. CHARRON: Lequel:
M. HARDY: Fonds national des textes du père Gustave Lamarche. Les
autres, le succès a été assez bon pour que nous n'ayons
pas à intervenir en vertu de la Loi de l'assurance-édition.
M. CHARRON: Attendez un peu. Vous êtes en train de me donner un
détail peut-être que j'ai voulu commencer ainsi, mais est-ce qu'il
y a eu des modifications? Abordons le sujet du livre et des autres
imprimés de façon plus générale, si vous le
permettez. Dans cette politique du livre, qui est celle du ministère des
Affaires culturelles depuis quelques années maintenant, soit en 1971, je
crois, est-ce qu'il y a eu des modifications sensibles apportées cette
année?
M. HARDY: Non, il n'y a pas eu de modifi-
cation à la politique du livre cette année,
c'est-à-dire au cours de l'année qui vient de se terminer. Il n'y
a pas eu de modification à la politique du livre, tel que
promulgué en 1971. Cependant pour l'année en cours, nous sommes
à réévaluer l'ensemble de la politique du livre.
Il est fort possible qu'au cours de l'année nous apportions des
modifications, parce que nous constatons que la politique du livre a rempli
assez bien l'un de ses objectifs, sinon le principal, qui était
d'assurer la multiplication des librairies à l'échelle du
Québec. Je dis que nous avons assez bien atteint cet objectif, puisque
le nombre de librairies, avant la promulgation de la politique du livre,
était d'environ 90 ou 92 c'était moins de 100 en tout cas
et qu'actuellement, lors du dernier recensement nous avions 176
librairies à l'échelle du territoire. C'est le principal aspect
positif de la politique du livre.
D'autre part, nous constatons que notre politique du livre n'a pas
réglé le problème du coût des volumes; non seulement
elle ne l'a pas réglé, mais elle semble avoir été
un facteur qui l'a augmenté. Il est très difficile d'arriver
à des chiffres très précis pour savoir dans quelle mesure
la politique du livre a été un facteur d'augmentation du
coût des volumes, parce qu'il y a évidemment l'inflation
générale, les livres comme tous les autres produits ont
augmenté. Mais la principale question qui nous préoccupe à
l'heure présente, c'est le problème du coût des volumes et
la réévaluation de la politique du livre se fait surtout en
fonction de cette hypothèse, de trouver une solution au problème
du coût des volumes.
M. CHARRON: Sur le premier volet, vous avez parlé de 176
librairies. C'est le chiffre exact?
M. HARDY: Avant la politique du livre, c'était 96 et maintenant
c'est 176.
M. CHARRON: Depuis...
M. HARDY: Maintenant, je vous donne un exemple.
M. CHARRON: Cela veut dire 80 de plus depuis 1971.
M. HARDY: J'ai été à Sept-Iles en fin de semaine.
Autrefois, il y avait une librairie à Sept-Iles. Cette librairie
était disparue, faute de clientèle suffisante. Maintenant que la
politique du livre est en vigueur, il y a une librairie à Sept-Iles qui
semble bien fonctionner. C'est vrai pour beaucoup de localités
situées à des points très éloignés des
grands centres.
M. CHARRON: Est-ce que vous comptez là-dedans, comme librairies
publiques, les librairies qui sont dans les maisons d'enseignement, comme les
universités?
M. HARDY: Non, ce ne sont pas les bibliothèques. On parle de
librairies.
M. CHARRON: Non, les librairies.
M. HARDY: Ceux qui vendent dans les librairies qui...
M. CHARRON: On vend également des livres dans les
universités.
M. HARDY: Non.
M. CHARRON: Ce sont celles qui ont pignon sur rue dans
différentes...
M. HARDY: Exactement.
M. CHARRON: Est-ce qu'on a un tableau de la répartition
géographique de ces...
M. HARDY: II n'est peut-être pas prêt, mais on pourrait
produire la liste des librairies agréées actuellement à
l'échelle du territoire.
M. CHARRON: D'accord, j'aimerais cela; mais sans qu'on en ait la liste
et les chiffres précis...
M. HARDY: Nous l'avons par régions.
M. CHARRON: La ville de Montréal, entendue dans son sens large,
et la ville de Québec ensemble, souvent accusées d'être,
dans tout ce qui concerne les activités culturelles, les deux
pôles égoistes, ont combien des 176 librairies?
M. HARDY: Dans la région de Montréal, il y en aurait
80.
M. CHARRON: On entend toute la région, la région
sud...
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: ... la rive sud, Longueuil, la région
économique?
M. HARDY: La région économique de Montréal.
M. CHARRON: D'accord. Cela va jusqu'à
Saint-Jérôme.
M. HARDY: Jusqu'à Mont-Laurier.
M. CHARRON: Jusqu'à Mont-Laurier.
M. HARDY: Jusqu'à Saint-Jovite. Evidemment, c'est un
Montréal très étendu.
M. CHARRON: Combien de ces librairies sont de langue anglaise?
M. HARDY: Une vingtaine sont de langue anglaise.
M. CHARRON: Spécialement à Montréal?
M. HARDY: Vingt au sein des 80. Alors, c'est dans la région de
Montréal.
M. CHARRON: D'accord. Est-ce que la plupart des librairies disposent,
suite à la politique du livre, de volumes dans les deux langues?
C'est-à-dire est-ce que le même libraire peut également
détenir des livres anglais?
M. HARDY: C'est-à-dire que, comme dans tout commerce, cela
dépend de la clientèle. Il est évident que, dans une
librairie où une bonne partie de la clientèle est de langue
anglaise, le pourcentage de volumes de langue anglaise est plus
considérable. C'est uniquement en fonction de la clientèle.
M. CHARRON: Oui, mais la clientèle peut être à 90
p.c. francophone et quand même lire l'anglais. On peut avoir une
connaissance d'usage.
M. HARDY: Je vais préciser ma réponse en disant que tout
dépend des besoins ou des demandes de la clientèle. En d'autres
termes, la politique du livre ne détermine pas la proportion de livres
anglais, français, espagnols ou autres; c'est uniquement le
désir, le goût, la volonté de la clientèle qui
déterminent le contenu des volumes qui se trouvent sur les rayons.
M. CHARRON: De quelle façon explique-riez-vous le rapport entre
la nouvelle politique du livre et le nombre plus élevé de
librairies? En quoi ou de quelle façon a-t-on augmenté?
M. HARDY: C'est assez difficile. Je vais prendre un exemple bien
concret: Sept-Iles. C'est que, à cause de la politique du livre, les
maisons d'enseignement, les commissions scolaires, les organismes
subventionnés sont obligés d'acheter leurs volumes des librairies
agréées de la région où ils existent. Au point de
départ, je reprends le cas de la librairie de Sept-Iles, elle a une
clientèle ferme. Par la suite, évidemment, il y a l'ensemble du
public. Mais si cette librairie de Sept-Iles n'avait que l'ensemble du public,
il est fort possible qu'elle ne pourrait pas se maintenir comme c'est
arrivé dans le passé. Mais parce qu'il y a, au point de
départ, la clientèle des organismes et des institutions, ceci
permet à des librairies dans des endroits éloignés,
excentriques du Québec de se maintenir.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre, au cours de l'année
dernière, a eu des représentations je ne parle pas de
l'augmentation des prix, j'aborderai ce sujet après un autre
genre de représentations de la part des librairies réunis par
région ou réunis provincialement, je ne sais pas, pour demander
des modifications à la politique du livre?
M. HARDY: Pas sur l'essence même de la politique. Evidemment, il y
a le problème des tabelles, avec la variation des monnaies, pour ajuster
les tabelles aux variations des monnaies. Mais il n'y a pas eu, de la part des
librairies, de demandes sur l'essence même de la politique du livre.
M. CHARRON: Je reviens à l'augmentation des prix, le ministre
vient de la mentionner lui-même. Lorsqu'est entrée en vigueur la
politique du livre en 1971, les bibliothèques publiques et
universitaires avaient protesté. Elles assuraient que, selon leurs
calculs, le coût allait augmenter de façon sensible. Le
ministère les avait alors assurées que sa nouvelle politique
serait source d'économie. Le ministre avoue que leurs craintes
étaient fondées puisqu'on possède des chiffres ici. A la
bibliothèque de McGill: les coûts ont augmenté de 14 p.c. ;
à la Bibliothèque municipale de Montréal: 30 p.c; à
la Commission des écoles catholiques de Montréal: 26.5 p.c; au
Protesant School Board of Greater Montreal: 30 p.c. L'inflation n'est pas la
seule explication. Comment le ministre entend-il réagir à cette
hausse des coûts?
M. HARDY: Je dois d'abord préciser qu'on n'entend pas
réagir, mais nous réagissons déjà.
M. CHARRON: Oui. Comment?
M. HARDY: En étudiant différentes hypothèses. Je
pourrais en mentionner une. Il y a l'hypothèse d'une centrale du livre.
C'est une hypothèse qui est sérieusement envisagée au
ministère et qui aurait pour conséquence de diminuer les
coûts. Je ne pense pas, à ma connaissance et à la
connaissance de ceux qui travaillent dans ce domaine au ministère, que
le ministère n'aurait jamais parlé de possibilité de
réduction des coûts avec la politique du livre. Peut-être
a-t-on laissé entendre à ce moment qu'il n'y aurait pas
d'augmentation sensible, c'est possible, mais je ne vois pas en quoi notre
politique du livre pouvait réduire les coûts.
M. CHARRON: Pas de réduire les coûts, mais...
M. HARDY: C'est possible qu'on ait pensé à ce moment que
les prix n'augmenteraient pas sensiblement. Encore là, on a des
présomptions qu'il y a une certaine relation entre notre politique du
livre et l'augmentation des coûts, mais elle est assez difficile à
établir scientifiquement. Je sais qu'il y a une petite étude qui
a été faite par quelqu'un, et le ministère de l'Education
a également étudié ce problème, mais ces
études semblent assez peu satisfaisantes. Il y a beaucoup de points
d'interrogation qui...
M, CHARRON: Autrement dit, si vous vous préparez à
réagir pour venir en aide...
M. HARDY: Nous réagissons actuellement.
M. CHARRON: Oui. Vous allez réagir plus tard. Vous êtes en
train d'étudier les hypothèses. Pour les librairies, cela ne
change pas grand-chose actuellement que, pour le moment...
M. HARDY: Le problème n'est pas pour les libraires. C'est pour
les bibliothèques publiques.
M. CHARRON: Le problème est pour les bibliothèques, je
m'excuse. Pour elles, l'action est encore à venir.
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: J'admets qu'il peut se passer des choses au sein du
ministère. Si vous envisagez différentes hypothèses et que
vous vous apprêtez à en favoriser une parmi les autres, il
faudrait, avant, que vous ayez une analyse assez exacte du rapport cause
à effet entre...
M. HARDY: Evidemment. C'est ce à quoi nous nous employons dans la
recherche que nous faisons actuellement. Nous commençons par recueillir
le plus d'informations possible.
M. CHARRON: Quelles sont les autres hypothèses, à part
cette centrale du livre?
M. HARDY: Je ne sais pas s'il y en a de formulées d'une
façon plus précise. Il n'y a pas d'autres hypothèses
précises. C'est le travail que nous effectuons actuellement qui va
pouvoir en faire, à partir de l'information, parce que encore là,
si nous travaillons d'une façon un tant soit peu scientifique, les
hypothèses pourront vraiment être ébauchées quand
nous aurons recueilli toute l'information dont nous avons besoin.
M. CHARRON: Est-ce que cette centrale...
M. HARDY: Cette centrale du livre est une idée qui est dans l'air
depuis fort longtemps.
M. CHARRON: Cela serait une centrale d'achat...
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: ... au nom des bibliothèques.
M. HARDY: II est possible que cela soit à la fois une centrale
d'achat et de service ou peut-être une centrale de service. Là
aussi, il y a plusieurs modalités qui peuvent être
envisagées.
M. CHARRON: Quand le ministre prendra-t-il sa décision finale
là-dessus?
M. HARDY: Aussi rapidement que possible. M. CHARRON:
C'est-à-dire?
M. HARDY: Actuellement, je suis tributaire de ceux qui font les
études et je leur demande d'accélérer leur travail.
M. CHARRON: Est-ce que vous leur avez donné une
échéance?
M. HARDY: Non. Je n'ai pas fixé d'échéance comme
telle, parce que j'ai absolument confiance en ceux qui sont responsables de
cette étude. Ils la feront avec le plus de diligence possible.
M. CHARRON: Qui est responsable de cette étude au
ministère?
M. HARDY: A l'heure actuelle, le grand responsable est le responsable
des industries culturelles, M. Leclerc. Ceci, parce que cette
réévaluation de la politique du livre est évidemment dans
le cadre général de toutes les études et recherches que
nous faisons sur l'ensemble des industries culturelles.
M. CHARRON: Est-ce qu'une décision est quand même à
attendre avant la fin de l'année en cours?
M. HARDY: J'espère.
M. CHARRON: C'est donc dire que, pour l'année scolaire qui
débutera avec l'automne 1974...
M. HARDY: Non.
M. CHARRON: II n'y a rien.
M. HARDY: C'est-à-dire que l'achat des volumes pour la prochaine
année scolaire se fera en vertu du système actuel.
M. CHARRON: Est-ce que les bibliothèques vous ont fait des
représentations?
M. HARDY: Oui. Nous avons des représentations des
bibliothèques publiques. A peu près toutes les
bibliothèques publiques, je pense, nous font des représentations
toujours basées sur le problème du coût et, d'une
façon moins vive, sur le service, les délais que cela prend pour
obtenir... Quand il s'agit de petites librairies éloignées, il
est évident que ces librairies ne peuvent avoir un inventaire aussi
considérable que les grandes librairies de Montréal. Cela
occasionne certains délais entre le moment où on demande des
volumes et le moment de la réception.
M. CHARRON: Cette centrale dont nous entendons parler pour la
première fois serait-elle un organisme gouvernemental?
M. HARDY: Pas nécessairement. Il n'y a pas encore de formule
d'arrêtée, mais cela n'est pas nécessairement
gouvernemental. Cela peut être un système coopératif.
M. CHARRON: C'est ce que j'allais vous demander. Est-ce qu'on a
envisagé la formule coopérative?
M. HARDY: Comme nous ne refusons aucune hypothèse de travail, que
nous essayons de procéder le plus scientifiquement possible, nous
n'écartons aucune possibilité, n'étant pas les prisonniers
en plus de cela d'un système idéologique trop serré.
M. CHARRON: Pour le moment, avant l'existence de cette centrale, si elle
doit naître, la décision n'est pas encore prise, il ne faudrait
pas l'annoncer avant quelle ne soit créée...
M. HARDY: II faudrait bien que cela soit bien clair. Je dis bien que ce
n'est qu'une hypothèse dans les recherches que nous faisons
présentement.
M. CHARRON : Et vous avez dit aussi que c'était
l'hypothèse unique, c'est-à-dire si jamais...
M. HARDY: C'est la seule hypothèse définie,
identifiée, mais quand nous aurons terminé la cueillette de
l'information, il y aura sûrement d'autres hypothèses.
M. CHARRON: En attendant, y a-t-il des mesures compensatoires qui ont
été envisagées pour venir en aide aux bibliothèques
qui font face à des...
M. HARDY: Une des mesures compensatoires que nous avons, même dans
le présent budget, face au réseau de bibliothèques
publiques, c'est que le montant des subventions aux bibliothèques
publiques a été sensiblement augmenté cette année.
Nous avons augmenté les subventions au réseau de
bibliothèques publiques pour l'année en cours de $537,000,
seulement l'augmentation, ce qui fait un chiffre total de $2,900,000 pour le
budget des bibliothèques publiques.
M. CHARRON: Est-ce que ces $537,000 de plus ne font que rattraper
l'inflation ou constituent-ils...
M. HARDY: Non. Ils permettront entre autres la création de
nouvelles bibliothèques, la subvention de nouvelles bibliothèques
publiques. C'est-à-dire qu'on va ajouter, à notre liste actuelle
de bibliothèques subventionnées, un certain nombre...
M. CHARRON : Est-ce que la décision est déjà prise
d'inclure d'autres bibliothèques?
M. HARDY: II y a cinq ou six bibliothèques de plus que l'an
passé qui sont subventionnées cette année.
M. CHARRON: Cela gruge déjà une bonne partie des
$537,000...
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: ... et l'inflation, même si on regarde les chiffres
d'augmentation des coûts du livre que je vous ai cités tout
à l'heure...
M. HARDY: Le directeur du service me dit que les $537,000 permettent
cinq à six bibliothèques de plus et accordent à chaque
bibliothèque déjà subventionnée une augmentation
suffisante non seulement pour rattraper l'inflation, mais ce qui va leur
permettre d'acheter un plus grand nombre de volumes, cette année, que
dans les années antérieures.
M. CHARRON: Donnez-moi donc un exemple. La bibliothèque de
l'université McGill recevait...
M. HARDY: C'est-à-dire que ce n'est pas cela. La
bibliothèque de l'université McGill n'est pas
subventionnée par notre ministère.
M. CHARRON: Par le ministère de l'Education?
M. HARDY: Oui, quant à nous, ce sont les bibliothèques
municipales, les bibliothèques centrales de prêts.
M. CHARRON: Prenons la Bibliothèque municipale de
Montréal. Elle recevait combien l'année dernière et va
recevoir combien cette année?
M. HARDY: La Bibliothèque municipale de Montréal, pour
l'exercice financier 1973/74, recevait $130,000. Pour le présent
exercice financier, elle recevra $230,000; soit $100,000 de plus; je vous donne
un ordre de grandeur.
M. CHARRON: Est-ce celle qui reçoit la plus grosse, la plus
petite...
M. HARDY: Oui, c'est la plus grosse subvention actuellement.
M. CHARRON: La plus grosse subvention actuellement, la plus grosse
augmentation également.
M. HARDY: C'est la plus grosse subvention à ces
bibliothèques municipales.
M. CHARRON: C'est aussi celle où on a révélé
que les coûts avaient augmenté de façon plus substantielle.
On a fixé l'augmentation à la Bibliothèque municipale de
Montréal à 30 p.c. depuis la nouvelle politique du livre.
M. HARDY: Oui, mais je vous rappelle que
l'augmentation de $100,000 dépasse largement 30 p.c.
M. CHARRON: Oui, d'accord. Mais il faut voir où c'est
utilisé.
Sur le Salon du livre, si vous permettez que l'on aborde cette question
maintenant, j'aimerais que le ministre me dise où il se place
là-dedans.
M. HARDY: C'est clair. M. CHARRON: Répétez-le.
M. HARDY: M. le Président, la situation est assez claire. Il y
aura, tel qu'annoncé, l'an prochain une Foire internationale du livre
à Montréal, subventionnée par le ministère de
l'Industrie et du Commerce, parce que cette foire internationale a surtout un
caractère commercial. Quant à nous, nous allons continuer
à subventionner les salons du livre qui ont surtout un caractère
culturel, dont évidemment celui de Québec qui obtient un
succès considérable et qui mérite sûrement, non
seulement d'être maintenu, mais de connaître, de l'expansion.
M. CHARRON: Quant à cette histoire dans laquelle s'est
trouvé pris le ministre récemment avec la question du Salon du
livre de Québec, comment le ministre peut-il expliquer qu'on avait
greffé au protocole d'entente entre le ministère des Affaires
culturelles et le Salon du livre, cette nouvelle condition qui ne figurait pas
dans les ententes précédentes selon lesquelles on ne devait pas
annoncer la date d'une prochaine réunion du Salon du livre?
M. HARDY: M. le Président, le député de
Saint-Jacques se fait l'écho de son chef parlementaire pour monter en
épingle une chose que j'appelle une chinoiserie juridique. D'abord, je
ferai remarquer au député de Saint-Jacques qu'il n'y a jamais eu
de protocole d'entente signé antérieurement. C'était la
première fois et cela fait partie de notre nouvelle politique
précisément, au lieu de donner des subventions un peu à
l'aveuglette, des chèques en blanc. Ce n'est pas particulier au Salon du
livre, dans tous les domaines où nous accordons des subventions, il y a
des protocoles d'entente de signés.
Pendant les pourparlers, pendant la préparation de ce texte, il y
a eu une condition que je n'ai pas vue, mais c'était un mutatis mutandis
par rapport à d'autres conventions semblables qui se font dans d'autres
domaines. Mais, encore une fois, c'était vraiment une tempête dans
un verre d'eau. Le tout a été réglé très
facilement entre les deux parties et l'entente signée entre le
ministère des Affaires culturelles et le Salon du livre de Québec
répond à nos exigences et est conforme aux réalités
ou aux impératifs que les organisateurs du Salon du livre de
Québec doivent respecter.
M. CHARRON: Est-ce que le ministère va avoir une participation
quelconque à la Foire internationale du livre de Montréal?
M. HARDY: C'est le ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. CHARRON: Le vôtre a-t-il une participation quelconque?
M. HARDY: Non.
M. CHARRON: Existe-t-il un engagement pris à nouveau avec les
promoteurs?
M. HARDY: Sauf à titre technique. Nous fournissons de l'aide
technique; M. Saint-Germain est membre d'un comité. Il n'y a pas d'aide
financière.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a un engagement pris auprès des
promoteurs du Salon du livre de Québec pour répéter le
Salon du livre l'année prochaine?
M. HARDY: Oui, M. le Président. Le ministre des Affaires
culturelles s'est engagé auprès des organisateurs du Salon du
livre de Québec et, comme les organisateurs du Salon du livre de
Québec sont moins sceptiques que le député de
Saint-Jacques, ils ont pris la parole du ministre des Affaires culturelles.
M. CHARRON: Est-ce que la subvention sera la même que cette
année?
M. HARDY: Je ne sais pas. Tout dépendra des conditions ou de la
situation. Moi, j'ai pris l'engagement vis-à-vis des organisateurs
qu'elle ne soit pas moindre, ce qui nous cause des problèmes, mais j'ai
pris l'engagement ferme que cette subvention ne soit pas moindre que ce qu'elle
était cette année. Je vous avoue que nous serions assez mal venus
de diminuer cette subvention, si on tient compte du succès et de
l'ampleur qu'a connus le salon qui s'est terminé en fin de semaine. Je
pense que le Salon international du livre de Québec joue un rôle
très important dans la vie culturelle du Québec en
général et, plus particulièrement, de la région
immédiate de Québec.
M. CHARRON: Comment le ministre explique-t-il ce phénomène
de concurrence qui est déjà né entre la foire et le salon
avant même qu'on en ouvre les portes?
M. HARDY: Vous me demandez une opinion que je ne suis pas
nécessairement compétent à formuler. Je pense surtout que
ce n'est pas tellement de mes affaires. Ce qui m'importe, c'est de faire en
sorte que ces deux manifestations qui vont avoir lieu essaient de se
compléter. C'est là qu'est ma responsabilité. Je n'ai pas,
je pense, à faire l'historique et à tenter de diagnostiquer les
raisons qui ont fait que les
deux groupes semblent avoir de la difficulté à s'entendre.
Je ne pense pas que ce soit ma responsabilité de faire la police entre
des groupes qui oeuvrent dans des champs contigus, parallèles ou
même dans les mêmes champs.
M. CHARRON: Quand le ministère de l'Industrie et du Commerce
s'est lancé dans la création de cette Foire internationale du
livre à Montréal, a-t-il consulté le ministre des Affaires
culturelles à une étape ou une autre pour avoir son avis, ne
serait-ce que pour savoir si le responsable des Affaires culturelles au sein du
gouvernement favorisait l'existence d'une foire et d'un salon, en admettant
toute la différence qu'il y a entre une foire et un salon?
M. HARDY : D'abord, il faut bien préciser que ce n'est pas le
ministère de l'Industrie et du Commerce qui a lancé la Foire
internationale de Montréal. Ce sont les gens de Montréal. Encore
là, ce n'est pas tout à fait précis, c'est le Conseil
supérieur du livre qui est la fédération des organismes
professionnels dans le domaine du livre au Québec, qui est à
l'origine de cette idée.
M. CHARRON: Comme idée, mais ils n'auraient jamais pu la
réaliser sans le ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON : C'est dans ce sens que je l'expliquais, au point de vue
gouvernemental.
M. HARDY: Sur le plan financier. On me dit je n'étais pas
ministre à ce moment que le ministère de l'Industrie et du
Commerce n'a pas consulté le ministère des Affaires culturelles
avant de décider d'accorder de l'aide financière à la
Foire internationale de Montréal.
M. CHARRON: C'est drôle.
M. HARDY: On peut considérer que c'est drôle, d'une part.
D'autre part, il faut se mettre un peu dans l'idée des gens du
ministère de l'Industrie et du Commerce. S'ils ont
considéré que la Foire internationale du livre de Montréal
était d'abord une opération commerciale, et comme c'est le mandat
du ministère de l'Industrie et du Commerce de s'intéresser aux
opérations de nature industrielle et commerciale...
M. CHARRON: Le ministre de l'Industrie et du Commerce, qui est un ancien
ministre de l'Education, est quand même suffisamment intelligent pour se
rendre compte que ça présumait les conflits qui auraient pu
naître par la suite.
M. HARDY: Je pense que vous formules des questions qui auraient pu
être adressées plutôt au ministre de l'Industrie et du
Commerce, lors de l'étude de ses crédits.
M. CHARRON: Non, je demande au ministre des Affaires culturelles
si...
M. HARDY: Je vous ai répondu. Je vous ai dit: Non, on n'a pas
été consulté. Point.
M. CHARRON : Je demande au ministre des Affaires culturelles s'il trouve
convenable que des initiatives de ce genre, qui ont été conduites
comme ça, soient prises sans consulter le ministère des Affaires
culturelles.
M. HARDY: M. le Président, j'avertis immédiatement le
député de Saint-Jacques que, pas plus maintenant que tout au
cours de ce débat, je ne suis ici pour décerner des certificats
de bonne conduite ou de mauvaise conduite à mes collègues du
cabinet. La situation est-celle-ci : le ministère de l'Industrie et du
Commerce a décidé d'accorder son aide à la Foire
internationale de Montréal et il ne nous a pas consultés.
M. CHARRON : Comme cela, n'importe quel ministère peut lancer
demain des initiatives dans son rayon, mais qui touchent peut-être des
activités que vous subventionnez en plus, et ça ne vous
dérange pas?
M. HARDY: M. le Président, je dois ajouter à ceci que
c'est l'intention ferme de l'actuel ministre des Affaires culturelles de voir,
dans l'avenir...
M. CHARRON: Pour un gars qui veut rassembler la politique culturelle
d'Ottawa à Québec, qui ne contrôle même pas celle qui
est ici...
M. HARDY: Voulez-vous me laisser terminer?
M. CHARRON: Oui.
M. HARDY: Je veux bien croire que, légalement, techniquement, je
suis responsable, comme ministre, de l'ensemble des opérations du
ministère des Affaires culturelles au cours de la dernière
année, mais il y a quand même des tempéraments, à
cette responsabilité. Et je vous dis qu'en tant que ministre des
Affaires culturelles, c'est mon intention ferme de faire en sorte qu'il n'y ait
pas de décision parallèle, dans le domaine culturel, au niveau du
gouvernement provincial.
M. CHARRON: Etes-vous informé de certaines initiatives d'autres
ministères qui...
M. HARDY: Non, mais je prends les moyens pour l'être.
M. CHARRON: Par exemple, au ministère des Travaux publics, est-ce
qu'il existe actuellement un contact administratif entre fonctionnaires pour
les initiatives...
M. HARDY: M. le Président, je n'ai pas objection à ce
qu'on fasse un vaste tour d'horizon, mais on va se promener d'un programme
à l'autre. Je pense que la question que vous posez s'adresse surtout au
programme des arts plastiques.
M- CHARRON: Je prends note de la remarque du ministre.
M. HARDY: Des consultations. Je vais vous répondre, même si
ce n'est pas tout à fait régulier, ce que l'on fait,
actuellement. Il est évident que, dans l'application de la politique du
1 p.c. sur les édifices gouvernementaux, le ministère des Travaux
publics consulte régulièrement la direction des arts plastiques,
le comité conjoint qui existe entre ce ministère et notre
ministère, comme il en existe...
Là aussi je suis irrégulier, M. le Président, mais
il y a un comité conjoint qui existe à l'heure actuelle entre la
direction du patrimoine et le ministère des Transports, entre la
direction du patrimoine et le ministère des Affaires municipales. Nous
sommes actuellement, pour répondre plus globalement aux
préoccupations du député de Saint-Jacques, à mettre
sur pied des comités conjoints avec les différents
ministères qui sont appelés à oeuvrer dans des champs
d'action contigus aux champs d'action qui sont du ressort du ministère
des Affaires culturelles.
M. CHARRON: D'accord, M. le Président, je ne veux pas
m'éloigner du sujet, mais pour me ramener à l'endroit où
j'avais fait cette diversion du sujet, c'était que, j'imagine, si le
ministre des Affaires culturelles avait été le moindrement
avisé par son collègue de l'Industrie et du Commerce, du projet
du ministère de l'Industrie et du Commerce plutôt que d'aider
financièrement l'organisation d'une telle foire, peut-être
n'aurions-nous pas assisté à ce genre de débat, parce que
l'avis du ministre des Affaires culturelles dans ce secteur doit être
plus pesant...
M. HARDY: Je reconnais, M. le Président, que dans des domaines
semblables, encore une fois, je n'ai pas à juger je
n'étais pas ministre à ce moment de l'action, mais je dis
et c'est une déclaration de principe qui peut s'appliquer
à cette décision qui a été prise que dans
des domaines semblables, il est normal que le ministère des Affaires
culturelles soit consulté.
M. CHARRON: D'accord! Si mes questions vous ont amené à
préciser, face à la commission, cette position, ce sera toujours
cela de gagné, autant pour les gens qui militent dans le secteur du
livre que pour le ministre lui-même.
M. HARDY: J'espère que la contribution du député de
Saint-Jacques aura une certaine valeur positive.
M. CHARRON: C'est toujours pour améliorer le
ministère.
M. HARDY: Je ne peux pas améliorer le ministre, mais pour le
ministère, j'essaie de faire ce que je peux.
M. CHARRON: M. le Président, puisqu'on est à parler de
salon, de foire, j'aimerais parler, dans ce secteur du livre toujours, de la
participation du Québec aux foires internationales. J'aimerais qu'on me
dire comment s'établissent ces participations du Québec aux
foires. Quels sont les critères, les seuils de rentabilité qu'on
peut avoir? Comment et par qui se fait l'évaluation?
M. HARDY: Jusqu'à présent, nous n'avons pas de
participation, le gouvernement provincial n'a pas de participation.
M. CHARRON: C'est le Conseil supérieur du livre qui...
M. HARDY: C'est le Conseil supérieur du livre qui participe aux
foires internationales.
M. CHARRON: Mais vous subventionnez...
M. HARDY: Mais très indirectement, comme on donne une subvention
d'opération au Conseil supérieur du livre. Je ne sais pas dans
quelle mesure notre subvention est générale. Elle n'est pas
appliquée à des programmes particuliers. Je ne sais pas dans
quelle mesure la subvention que l'on accorde au Conseil supérieur du
livre sert à la participation à des foires internationales, mais
c'est indirectement.
M. CHARRON: Avant que vous n'établissiez votre subvention au
Conseil supérieur du livre, est-ce que...
M. HARDY: II y a le programme fédéral, dont les
participations aux foires internationales. C'est pour cela que je vous dis
qu'indirectement, je ne sais pas dans quelle mesure...
Je ne peux pas vous dire d'une façon bien précise, sur les
$15,000 que nous accordons au Conseil supérieur du livre, quelle est la
partie de cette subvention dont le Conseil supérieur du livre se sert
pour participer à une foire internationale.
M. CHARRON: Est-ce que ces décisions...
M. HARDY: Mais quand nous accordons la subvention, nous savons que le
Conseil supérieur du livre participe à la foire de Francfort.
M. CHARRON: Est-ce que vous laissez l'entière
responsabilité de ces décisions de participation internationale
du Québec au Conseil supérieur du livre?
M. HARDY: Oui, jusqu'ici.
M. CHARRON: Quand le ministre me dit jusqu'ici, est-ce que cela peut
être modifié?
M. HARDY: C'est-à-dire que nous réévaluons l'aide
que nous accordons aux associations professionnelles.
M. CHARRON: II se pourrait qu'on limite...
M. HARDY: II se pourrait qu'éventuellement il n'y ait plus...
M. CHARRON: ... ces initiatives et les organismes.
M. HARDY: Non. En tout cas, l'objectif que nous poursuivons, c'est
d'arriver à ne plus être obligés de subventionner les
organismes professionnels du livre. D'ailleurs, ils ont déjà
été avertis.
C'est une des principales justifications du Conseil supérieur du
livre pour mettre sur pied la Foire internationale. C'est
précisément pour aider l'autofinancement au Conseil
supérieur du livre. C'est dans cette optique qu'il apparaît que
c'est une opération commerciale.
M. CHARRON: Dans ce sens, si on décidait on marche sur des
hypothèses que le Conseil supérieur doit s'autofinancer,
est-ce que la participation internationale du livre québécois
serait aussi laissée à son initiative ou si le...
M. HARDY: C'est-à-dire que notre nouvelle politique est de ne pas
subventionner des organismes comme tels, comme on le fait présentement,
mais possiblement de subventionner des projets particuliers. Même si nous
n'accordons plus nos subventions de fonctionnement au Conseil supérieur
du livre, le Conseil supérieur du livre pourrait nous demander de
subventionner des projets spécifiques...
M. CHARRON: D'accord.
M. HARDY: ... comme, par exemple, une participation à une foire
internationale.
M. CHARRON: Quand cette nouvelle façon de procéder
entrera-t-elle en vigueur?
M. HARDY: Normalement, c'est la dernière année que nous
avons la subvention d'activité!
M. CHARRON: La décision est déjà prise que
l'année prochaine...
M. HARDY: C'est une décision de principe. On peut toujours la
réviser suivant les circonstances, mais l'objectif que nous poursuivons
est qu'à partir de l'an prochain le Conseil supérieur puisse
s'autofinancer pour ses activités régulières, quitte pour
nous à subventionner des programmes, des projets spéciaux.
M. CHARRON: Comme, par exemple, des participations à
l'étranger.
M. HARDY: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Programme 1...
M. CHARRON: Non, je n'ai pas fini. Est-ce qu'on continue encore
jusqu'à une heure?
M. HARDY: Je ferais remarquer que cette méthode est
annoncée depuis fort longtemps. Ce n'est pas une décision subite
que nous avons prise et communiquée. Les associations professionnelles
du livre connaissent cette décision, cette orientation du
ministère depuis longtemps.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Messieurs, est-ce qu'on pourrait
considérer qu'il est une heure et suspendre les travaux à cet
après-midi, après la période des questions?
M. CHARRON: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La commission suspend ses travaux à cet
après-midi, après la période des questions.
(Suspension de la séance à 12 h 58)
Reprise de la séance à 16 h 27
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs !
Les membres de la commission sont les suivants: M. Bérard, de
Saint-Maurice; M. Charron, de Saint-Jacques; M. Déom, de Laporte; M.
Boudreault, de Bourget, remplace M. Cloutier, de L'Acadie; M. Hardy, de
Terrebonne; M. Lapointe, de Laurentides-Labelle; M. Lachance, de Mille-Iles,
remplace M. L'Allier, de Deux-Montagnes; M. Tremblay, d'Iberville, remplace M.
Parent, de Prévost; M. Léger, de Lafontaine est membre; M.
Phaneuf, de Vaudreuil-Soulanges; M. Saint-Germain, de Jacques-Cartier; M.
Samson, de Rouyn-Noranda, et M. Bonnier de Taschereau, remplace M. Veilleux, de
Saint-Jean.
M. HARDY: M. le Président, avant que nous poursuivions, je
voudrais déposer, immédiatement, la liste des librairies
agréées, tel que je m'y étais engagé ce matin.
Malheureusement, je n'en ai que... On en a plusieurs? Est-ce qu'on en a assez
pour tous les membres de la commission? Nous en avons trois copies. Je voudrais
également, à ce stade-ci, M. le Président, déposer
la liste des subventions accordées au cours de la dernière
année de même que la liste des services...
M. CHARRON: C'est ce que j'allais vous demander.
M. HARDY: D'accord! Nous devions le faire ce matin, mais,
malheureusement, la passion et la chaleur du débat me l'ont fait
oublier.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Nous en étions toujours au programme
1.
M. CHARRON: Au programme 1, sur le livre, M. le Président, 59
p.c. des manuels scolaires qui sont vendus au Canada sont importés de
l'étranger. Je ne sais pas si le pourcentage est le même pour le
Québec, mais 65 p.c. du chiffre d'affaires des librairies en gros sont
contrôlés au Québec par des entreprises
étrangères, dont 30 p.c. par Hachette; 40 p.c. de la distribution
du manuel scolaire sont contrôlés par des entreprises
étrangères, dont 20 p.c. par Hachette. Je veux demander au
ministre, qui est certainement au courant de cette situation, si cette
situation le justifie d'intervenir et de quelle façon, puisqu'il nous a
lui-même incités, dans son discours du 4 avril dernier, à
l'Assemblée nationale, à préparer une politique devant
contrer la mainmise étrangère.
M. HARDY: D'abord, M. le Président, je dois faire remarquer que
les chiffres donnés par le député de Saint-Jacques sont
assez imprécis. D'abord, parce qu'ils ne mentionnent pas la part pour le
Québec. Je pense bien que ce sont des chiffres au niveau canadien que
vous avez mentionnés.
M. CHARRON: Oui.
M. HARDY: II ne distinguent surtout pas entre le niveau primaire, le
niveau secondaire et le niveau universitaire. Les renseignements que j'ai sont
qu'au niveau primaire et au niveau secondaire, l'importation est à peu
près nulle, très peu considérable. Ce serait surtout au
niveau universitaire.
De toute façon, il reste que c'est une préoccupation pour
le ministère des Affaires culturelles et cela fait partie de l'ensemble
des études que nous effectuons sur la politique du livre, bien
sûr, et sur les industries culturelles. Un des objectifs que nous
poursuivons dans l'élaboration de cette politique des industries
culturelles est de réduire le plus possible la présence
étrangère; que cela soit dans le livre, au cinéma, dans
l'industrie du disque, dans toutes les industries culturelles, c'est l'objectif
que le ministère poursuit.
M. CHARRON: Est-ce que vous contestez le chiffre que j'ai avancé,
que 65 p.c. du chiffre d'affaires des libraires en gros sont
contrôlés au Québec par des entreprises
étrangères, dont 30 p.c. par Hachette?
M. HARDY: D'abord, on me dit qu'il n'y a à peu près pas de
libraires en gros au Québec; et deuxièmement, la politique du
livre telle que promulguée en 1971 j'ai parlé de son
principal objectif ce matin qui était de multiplier les librairies
avait aussi comme objectif de réduire cette influence
étrangère parce qu'une des conditions pour qu'une librairie soit
agréée, c'est qu'elle soit à 50 p.c.
propriété d'intérêts québécois. C'est
ainsi qu'il y a des librairies qui ne sont pas agréées parce que
la propriété n'est pas québécoise.
Maintenant, il est possible que cette exigence ne soit pas suffisante.
Cela aussi fait partie des études ou des interrogations que nous avons
présentement, à savoir si nous devons augmenter les exigences
quant à la propriété québécoise.
M. CHARRON: Un secteur important de l'édition est
constitué par l'industrie des tests. Aux Etats-Unis, il n'y a pas de
concurrence sur ce marché. Ici, il y a un quasi-monopole. En
conséquence, les tests sont importés ici, sans adaptation
sérieuse, souvent c'est de la simple traduction. Cela rejoint encore la
question que je posais sur la mainmise étrangère. Quelles sont
les actions qu'entend prendre le ministère là-dessus?
M. HARDY: C'est d'abord la responsabilité du ministère de
l'Education. Quant à nous, je pense qu'à l'intérieur des
programmes que nous
avons déjà, de l'aide à l'édition et
même probablement de l'aide à la création, nous pourrions
aider l'édition de manuels ou de volumes, mais il faudrait, je pense
bien, que l'exigence provienne d'abord du ministère de l'Education.
En d'autres termes, nous ne pouvons rien inspirer. Si quelqu'un nous
arrive avec un projet, si un auteur de test psychologiques nous arrive avec un
projet, il est possible que nous puissions l'aider par notre programme d'aide
à la création ou, si c'est un éditeur, par notre programme
d'aide à l'édition. Je pense que le fond du problème est
au niveau du ministère de l'Education.
M. CHARRON: D'accord. Le Conseil des arts a annoncé qu'il avait
distribué 135,000 volumes d'une valeur de plus de $250,000; 25 p.c. de
ces livres distribués l'ont été au Québec, soit
dans l'ordre de $125,000. Cette somme est supérieure au total des
traitements du service du livre. C'est un des programmes fédéraux
qui a largement crû au cours des dernières années, il a
doublé en fin de compte en peu de temps. Il faut donc prévoir que
la progression se maintiendra et que le prochain budget fédéral,
à ce titre, sera sans doute plus important. Dans le cadre de cette
souveraineté culturelle que le ministre ira rechercher...
M. HARDY: Revendique.
M. CHARRON: ... revendique et ira chercher à Ottawa, pour quand
le ministre prévoit-il le rapatriement de ce programme?
M. HARDY: Le rapatriement de ce programme, comme le rapatriement de tous
les autres programmes, va se faire au cours des négociations que nous
allons entreprendre incessamment avec le gouvernement
fédéral.
M. CHARRON : Ce qui donnera encore le temps au Conseil des arts de
distribuer...
M. HARDY: C'est-à-dire, M. le Président...
M. CHARRON: ... même les mémoires du ministre.
M. HARDY: Ce que je prévois, c'est qu'une solution soit
apportée beaucoup trop rapidement pour le plaisir et le désir du
député de Saint-Jacques. Même si certains journalistes
peuvent prétendre que mes propos sont partisans, je continue à
dire que le gouvernement du Québec et le ministère des Affaires
culturelles revendiquent la souveraineté culturelle, et dans le champ
qui me préoccupe plus particulièrement, ils revendiquent
d'être la seule autorité et, ceci parce que je suis optimiste et
que j'ai des raisons de l'être, je considère que nous pourrons
l'obtenir. Ce qui fait qu'aux prochaines élections cela est
très partisan, ce que je vais dire au lieu d'avoir 30 p.c, le
Parti québécois descendra peut-être à 15 p.c. ou 20
p.c.
M. CHARRON: Bon. Cela est moins sérieux dans le propos, mais en
tout cas...
M. HARDY: C'est parce que si on veut absolument dire que je suis
partisan, je veux le justifier.
M. CHARRON: Non, j'étais en train de vous parler de quelque chose
d'assez sérieux.
M. HARDY: Je ferme la parenthèse.
M. CHARRON : Pendant que vous allez mettre à vos
négociations, avec succès ou sans succès, les
interventions de ce genre vont se multiplier, se multiplient...
M. HARDY: Oui, mais quelle est la solution? C'est de ne rien faire,
d'attendre...
M. CHARRON: Non.
M. HARDY: ... l'avènement du paradis québécois?
Alors, vous admettez que la meilleure chose à faire, c'est de
travailler à résoudre cette question.
M. CHARRON: Je n'irai jamais vous dire que votre meilleur temps à
faire, c'est de gaspiller votre énergie. Je ne parle pas tellement de la
vôtre parce que vous avez l'air de vous y complaire, mais de celle de vos
fonctionnaires, tous ceux que vous chargez d'aller défendre un
entêtement politique de votre part à faire fonctionner un
système au contraire de sa façon de fonctionner, aller se perdre
parmi plus de 150 comités fédéraux-provinciaux...
M. HARDY: Vous pensez que les négociations que vous devriez
entreprendre pour faire du Québec un Etat indépendant, cela se
ferait rapidement et en quelques jours? Cela ne demanderait pas beaucoup
d'énergie, beaucoup de négociations, beaucoup de discussions et
beaucoup d'échecs?
M. CHARRON: Certainement, mais avec un résultat au bout, avec une
idée de départ.
M. HARDY: Cela, c'est votre prétention.
M. CHARRON: On aura l'occasion de les soulever à plusieurs
endroits dans les Affaires culturelles.
M. HARDY: Evidemment qu'on aura l'occasion de toujours dire la
même chose.
M. CHARRON: On ne peut plus vous permettre, surtout, je pense, au moment
où vous
vous vantez vous-même d'être à la veille de disposer
d'un budget qui est de 18 p.c. plus élevé que celui de
l'année dernière, on ne peut pas toujours vous permettre...
M. HARDY: M. le Président, est-ce que je peux poser une question
au député de Saint-Jacques?
M. CHARRON: Oui.
M. HARDY: Croyez-vous à la réalité?
M. CHARRON: Oui, c'est justement pourquoi je vous pose la question.
M. HARDY: Bon. Croyez-vous à la démocratie?
M. CHARRON: La réalité, c'est que le Conseil des arts a
distribué, l'année dernière, pardessus votre tête,
en se foutant de votre souveraineté culturelle comme de l'an 40...
M. HARDY: Vous avez élargi le débat. Il y a moins d'un an,
M. le Président...
M. CHARRON: ... 135,000 volumes. C'est cela la
réalité.
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: Qu'est-ce que vous faites, un comité?
M. HARDY: Je viens de vous dire ce que nous faisons. Je vous
répète qu'il y a moins d'un an, les électeurs de la
province de Québec ont eu l'occasion de se prononcer. Vous leur avez
clairement émis une hypothèse: l'indépendance du
Québec; 70 p.c. des électeurs du Québec ont dit non.
Alors, le gouvernement actuel doit agir à partir de ce mandat que les
électeurs du Québec lui ont donné. Ce mandat, c'est de
réaliser un fédéralisme canadien qui permet au
Québec de s'épanouir. C'est ce à quoi nous travaillons.
Vous pouvez être sceptiques, vous pouvez dire que cela ne réussira
pas, mais c'est le mandat, à l'heure actuelle, que nous avons. D'ici les
prochaines élections générales, c'est le mandat que nous
devons réaliser.
M. CHARRON: Avez-vous été mandatés pour faire la
souveraineté culturelle?
M. HARDY: Je pense que c'était un aspect qui a été
traité largement pendant la dernière élection. On a
largement parlé de la souveraineté culturelle, on en parlait
déjà depuis plus d'un an avant la campagne électorale.
M. CHARRON: Vous allez la faire comment?
M. HARDY: Je vous l'ai dit. Vous avez récité ce matin,
devant le vacuum complet de propositions sur le plan culturel, une partie de
notre dossier.
M. CHARRON: Oui. M. HARDY: Mais oui.
M. BONNIER: M. le Président, j'aimerais revenir à la
question spécifique des crédits du livre, à moins que le
député de Saint-Jacques... Je voudrais demander au ministre
quelle est la procédure qui est suivie pour la publication. Si je
comprends bien, est-ce que c'est de l'aide à l'édition? Lorsque
vous utilisez le terme publication, c'est la même chose que l'aide
à l'édition?
M. HARDY: Nous avons un programme d'aide à l'édition;
à un moment donné, un éditeur publie un volume et,
à cause de sa nature, peut prévoir qu'il ne sera pas tellement
rentable mais qu'il est valable. Cet éditeur peut demander au
ministère des Affaires culturelles une aide. C'est aussi pour maintenir
un prix raisonnable parce qu'à un moment donné telle publication
qui est valable, on pourrait toujours la rendre rentable si le prix
était très élevé, mais on tourne dans le cercle
vicieux, la publication aurait très peu de diffusion. L'éditeur
s'adresse au ministère et nous avons des jurys formés de
personnes compétentes en la matière; si c'est dans le domaine
historique, ce sont des historiens, si c'est dans le domaine des sciences
humaines, ce sont des lecteurs de sciences humaines qui émettent un
jugement sur la valeur intrinsèque. Quand la recommandation est
positive, suivant les normes, le budget d'édition
présenté, il y a une aide à l'éditeur, une
subvention versée directement à l'éditeur, ce qui lui
permet, peut-être pas de faire de l'argent avec le volume
édité, mais au moins de ne pas en perdre et de maintenir le
coût du volume à un prix raisonnable.
M. BONNIER: Est-ce qu'il peut arriver, M. le ministre, qu'avec le budget
que vous avez, évidemment, il y ait un certain nombre d'oeuvres que vous
n'êtes pas capable d'aider? C'est possible, je suppose?
M. HARDY: Evidemment, parce que l'enveloppe, dans ce domaine comme dans
d'autres, est limitée. Le budget de cette année, pour l'aide
à l'édition, est de $40,000.
M. BONNIER: Merci.
M. CHARRON: Elément 1, oui.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Elément 1, adopté?
M. CHARRON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Elément 2.
M. CHARRON: On l'a abordé ce matin lorsque le ministre a
mentionné que l'augmentation en vue du développement d'un
réseau de bibliothèques publiques était de $537,000; c'est
exact?
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: Ceci devait compter six nouvelles bibliothèques
publiques qui seront lesquelles?
M. HARDY: Les cinq ou six seront des bibliothèques choisies parmi
les suivantes; suivant les rapports donnés, ce seront des
bibliothèques qui correspondront davantage aux normes. Il y a celles de
Matagami, Cowansville, Murdochville, Lorraine, Saint-Basile-le-Grand, LaSalle,
Lachine, Saint-Raphaël-de-1'Ile-Bizard et Chambly.
Il y en a neuf, mais il y en aura cinq ou six, suivant les rapports qui
parviendront au directeur du service des bibliothèques publiques.
M. CHARRON: D'ailleurs, dans celles que vous avez mentionnées, il
y a les cinq ou six nouvelles...
M. HARDY: Ce sont des bibliothèques qui existent mais qui ne sont
pas subventionnées par le ministère et c'est parmi ces neuf qu'il
y en aura cinq ou six, à partir de cette année, qui seront
subventionnées.
M. CHARRON: Aucune d'entre elles n'est déjà choisie?
M. HARDY: Non, les rapports ne sont pas encore entrés.
M. CHARRON : A partir de quoi f era-t-on le choix?
M. HARDY: C'est à partir des normes suivantes. Je vais demander
à M. Martin de vous donner ces détails techniques.
Les subventions de création pour les bibliothèques
municipales sont données sur production d'un document certifié,
lequel document est le règlement municipal qui crée la
bibliothèque. C'est un document certifié par le
secrétaire-trésorier de chaque municipalité, comme rapport
détaillé, pour nous indiquer quel sera le budget voté par
la ville et avec tels détails, tant pour les traitements, etc., de
façon qu'on puisse voir si cela peut fonctionner avec ce
budget-là, ensuite on remplit un formulaire de création.
M. BONNIER: M. le Président, est-ce qu'on peut savoir si, dans le
domaine des bibliothèques publiques, un effort spécial se fait de
la part du ministère auprès de certaines municipa- lités
ou si vous avez plutôt comme attitude d'attendre les demandes.
M. HARDY: On n'a pas besoin d'attendre longtemps les demandes, on en a
un grand nombre sur notre liste d'attente. Mais l'effort particulier que nous
faisons est à partir du mémoire de programme dont j'ai
parlé ce matin. Jusqu'ici, la subvention était accordée
per capita, dans une municipalité, tandis que les nouveaux
critères seront plutôt basés sur la richesse de la
municipalité, sur l'effort que fait la municipalité et aussi
basés sur l'évaluation per capita. Plus l'évaluation d'une
municipalité sera haute per capita, moins notre subvention sera
considérable et inversement, de telle façon qu'une
municipalité très riche recevra beaucoup moins qu'une
municipalité plus pauvre.
M. BONNIER: Oui, mais ma question n'est pas tellement dans l'ordre
financier que dans l'ordre des préoccupations de certaines
municipalités.
M. HARDY: Quand une municipalité a des préoccupations dans
ce domaine, nous mettons à sa disposition des services techniques pour
l'aider à mettre en branle un programme de bibliothèque.
M. BONNIER: Mais si certaines municipalités prennent du temps
à le désirer, est-ce que vous considérez qu'il est de
votre responsabilité de promouvoir?
M. HARDY: Idéalement, oui, mais comme je vous le disais
tantôt, M. le Président, comme nous avons déjà une
longue liste d'attente, ce serait un peu illogique de notre part. On n'est
même pas capable de répondre à toutes les demandes
présentes. Comme le disait un ancien premier ministre, on ne crée
pas inutilement d'appétit.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le programme 2 est adopté?
M. CHARRON: Non.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Elément 2.
M. CHARRON: M. le Président, un communiqué émis par
le bureau du ministre le 14 mars, cette année, fait état des
réalisations remarquables dans la direction des bibliothèques
publiques. Le ministre donne lui-même certains chiffres pour couvrir le
progrès fait au cours de, je ne sais plus à quelle année
il remonte, mais j'imagine au cours de la dernière décennie,
c'est cela, en l'espace de dix ans et sans mesure coercitive, la direction des
bibliothèques publiques a obtenu des résultats remarquables. Un
de ceux qu'on mentionne est que le nombre de bibliothèques municipales
est passé de 21 à 73, celui des bibliothèques
subventionnées de 71 à
110 et le nombre des municipalités desservies est de 58 à
297, celui des usagés s'est augmenté de 139 p.c. Le nombre de
livres s'est accru de 150 p.c. Enfin, le budget global des bibliothèques
a atteint $7,597,000, dont 66 p.c. proviennent des fonds municipaux, comme on
le sait, 24 p.c. du ministère et 10 p.c. d'autres sources. Ce que le
ministre aurait pu signaler, c'est que même si l'effort peut
paraître gigantesque, il l'a probablement été...
M. HARDY: II est insuffisant.
M. CHARRON: ... parce que, malgré cela, d'autres études
viennent nous dire ce n'était évidemment pas dans le
communiqué du ministre qu'encore 58 p.c...
M. HARDY: II faut laisser un peu de travail à l'Opposition.
M. CHARRON: ... des Québécois n'ont pas accès aux
bibliothèques municipales alors que la province...
M. HARDY: C'est exact.
M. CHARRON: ... d'Ontario a fixé à 10 p.c. ce taux de gens
qui n'y ont pas accès. Une ville comme Montréal, par exemple, n'a
que 5 p.c. à 10 p.c. d'abonnés, alors que Toronto en compte 35
p.c. à 40 p.c. Une ville comme Québec, ai-je besoin de le
mentionner, n'a même pas de bibliothèque qui satisfasse aux normes
minimales pour la taille de la ville de Québec.
En admettant le progrès considérable fait au cours des dix
dernières années, on partait du néant. Les comparaisons
sont certainement faciles à faire entre le résultat de 1971 et ce
qu'on était, au point de vue des bibliothèques publiques, en
1961.
J'aimerais connaître les programmes précis, outre les
quelque six ou sept bibliothèques qui recevront une subvention
spéciale de plus que celles de l'année dernière, pour
mettre ce service à la disposition d'un plus grand nombre de
citoyens.
M. HARDY: Le député de Saint-Jacques a parfaitement
raison; malgré que nous ayons fait beaucoup de progrès au cours
des dernières années, la situation est encore insuffisante,
surtout si on compare notre situation avec celle de l'Ontario. C'est
précisément dans ce but que nous avons présenté un
mémoire de programme au Conseil du trésor, dont les effets seront
d'augmenter considérablement les budgets que nous consacrerons à
ce domaine et, par voie de conséquence, le nombre des
bibliothèques. Cela aussi, en associant davantage les
municipalités, en relation avec leurs richesses réelles. Pour
donner plus de détails, je pourrais demander à M. Martin de
préciser quels sont les éléments de ce mémoire de
programme et les conséquences qu'il aura.
C'est un développement trois fois quinquennal. Ce sont trois
plans quinquennaux: 1975 à 1980, 1980 à 1985, 1985 à 1990,
qui verront à couvrir la province d'un réseau de
bibliothèques pour qu'en 1990, nous soyons dans la moyenne canadienne.
Ce n'est pas un programme tellement ambitieux. Nous voulons, dans quinze ans,
nous situer exactement dans la moyenne canadienne, parce qu'actuellement, nous
sommes en dessous, dans la plupart des variables, de la moyenne canadienne.
Nous nous donnons quinze ans pour atteindre cette moyenne dans toutes les
variables: nombre de prêts; nombre de livres; contributions municipales;
subventions provinciales, etc.
M. CHARRON: Ce plan quinquennal, tri-quinquennal...
M. HARDY: Trois plans quinquennaux...
M. CHARRON: Les trois plans quinquennaux, si vous aimez mieux, est-ce
qu'ils connaîtront la même augmentation relative des crédits
d'année en année, comme c'est le cas actuellement?
M. HARDY: C'est une augmentation accentuée.
M. CHARRON: C'est-à-dire que si cette année...
M. HARDY: C'est une augmentation constante.
M. CHARRON: ... on retrouve quelque $500,000 de plus, il faut
s'attendre, l'année prochaine, à retrouver, sur les $2,903,000
que nous sommes appelés à voter cette année, une
augmentation encore plus grande.
M. HARDY: C'est un programme qui va chercher dans les fonds du
Québec $120 millions dans quinze ans. Le premier plan quinquennal, 1975
à 1980, va chercher $30 millions, en principe évidemment.
M. CHARRON: Oui.
M. HARDY: Si l'Opposition accepte de voter ces crédits dans le
temps. Le deuxième programme quinquennal, 1980 à 1985, va
chercher $40 millions, et le troisième, 1985 à 1990, $50
millions. Alors, $30 millions, $40 millions et $50 millions, cela fait $120
millions moralement garantis, je dirais moralement je dis bien
pour quinze ans.
M. CHARRON: Ce plan quinquennal tenait-il compte de la diminution qu'ont
dû recevoir les bibliothèques publiques dans leurs subventions,
d'abord de 15 p.c. en 1972/73, et de 19 p.c. en 1973/74? Est-ce que ces
réductions aussi élevées, à mon avis, presque un
cinquième
du budget... D'ailleurs, un ancien ministre des Affaires culturelles,
Madame Casgrain les justifiait, dans une lettre qu'elle faisait parvenir au
chef parlementaire du Parti québécois en disant: "Les besoins
avaient augmenté, mais nos règlements nous dictaient une telle
attitude. Cette année, le budget a été augmenté
à $1,828,200. Mais, une fois encore, nous devons, pour les mêmes
raisons, diminuer de 19 p.c. les sommes allouées à chaque
bibliothèque". Si je cite, c'est parce que le prochain paragraphe
était plus important: "La seule solution au problème", disait
madame le ministre à l'époque, "serait que ce budget insuffisant
soit augmenté considérablement par un budget
supplémentaire, afin de servir nos règlements et les
véritables besoins de nos bibliothèques publiques, et des
démarches seront faites en ce sens". Est-ce que c'est ce budget
supplémentaire, cette augmentation qu'annonçait le ministre comme
devant compenser au...
M. HARDY: Non. Je pense bien que le ministre d'alors, en parlant de
budget supplémentaire, parlait de l'année en cours. Il disait: Si
nous voulions donner davantage, il faudrait avoir un budget
supplémentaire pendant une année.
M. CHARRON: II n'y en a pas eu.
M. HARDY: Et il n'y a pas eu de budget à ce moment. Il est bien
sûr que les trois plans quinquennaux dont on vient de parler tiennent
compte de la situation antérieure, c'est-à-dire que nous sommes
partis de plus loin que s'il n'y avait pas eu cette diminution. Fort
probablement, s'il n'y avait pas cette situation antérieurement à
la présentation de notre mémoire de programme, nous aurions
peut-être pu arriver à l'objectif que nous nous fixons, la moyenne
canadienne, plus rapidement que nous allons le faire puisque nous y arriverons
seulement en 1990.
M. CHARRON: Je veux bien appuyer ce plan triquinquennal, même s'il
doit nous conduire à 1990, mais j'ai aussi à adopter les
crédits de l'année 1974/75 et j'ai du mal à identifier la
même philosophie qui me semble d'une progression
géométrique avec ce que je retrouve là d'abord, parce que,
si on fait exception de l'augmentation normale des crédits qui devrait
se fixer, comme l'ensemble des dépenses gouvernementales, aux alentours
de 14 p.c. ou de 15 p.c, on devrait donc déjà prévoir une
somme supérieure aux $2,359,000 que nous avons votés
l'année dernière.
D'autre part, le ministre me dit qu'il est possible que cinq à
six nouvelles bibliothèques fassent partie des subventions et donc
grugent, quant à elles, une autre partie des quelque $500,000 que nous
sommes appelés à voter en plus de ce que nous avions voté
l'année dernière.
Encore une fois, entre le principe, la théorie affirmée et
la disposition budgétaire, j'ai du mal à faire...
M. HARDY: Du tout, si vous regardez les chiffres.
M. CHARRON: Allez-y.
M. HARDY: Notre augmentation pour le réseau des
bibliothèques publiques dans le présent budget, et c'est la
première année de ce premier programme quinquennal, est de 22.11
p.c, alors que l'augmentation normale de l'ensemble du budget de la province
est entre 13 p.c. et 14 p.c.
M. CHARRON: Du ministère, il est de 18 p.c.
M. HARDY: Oui, et ici nous sommes à 22 p.c.
M. CHARRON: Oui.
M. HARDY: Alors, c'est tout à fait dans l'esprit.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a des bibliothèques qui recevront
moins cette année qu'elles ne recevaient l'année
dernière?
M. HARDY: A cause du système, il y en a qui vont recevoir moins,
il y en a qui vont recevoir plus. Les riches vont recevoir moins et les pauvres
vont recevoir plus. Je donne encore l'exemple de Sept-Iles parce que j'ai
été là en fin de semaine. La bibliothèque
municipale de Sept-Iles recevra plus avec ce programme que dans les
années antérieures.
M. CHARRON: La bibliothèque de Montréal recevra
$100,000.
M. HARDY: $100,000 de plus.
M. CHARRON: De plus. Et la bibliothèque municipale de
Québec?
M. HARDY: Le calcul n'est pas encore fait.
M. CHARRON: Comment avez-vous pu établir celle de Montréal
sans comparer?
M. HARDY: II a fallu commencer par certaines. On n'a pas terminé
le calcul pour toutes les bibliothèques. Il arrive que c'est fait pour
Montréal, mais que cela n'est pas encore fait pour Québec.
M. CHARRON: Vous nous faites voter les $2,903,000 sans qu'on sache
exactement quels montants vont se répartir entre les...
M. HARDY: Pour chacune des bibliothèques?
M. CHARRON: Oui.
M. HARDY: Le calcul n'est pas fait pour toutes les maisons et il va se
faire à partir des critères que je vous ai mentionnés.
Cela devient alors tout simplement une mécanique pour savoir combien
telle municipalité... Ce qui est important est le principe, et le
principe est que les riches recevront moins et les pauvres recevront plus.
M. CHARRON: Je ne veux pas que le ministre se transforme en Robin des
Bois du livre actuellement et qu'il...
M. HARDY: Vous n'êtes pas d'accord sur cela?
M. CHARRON: ... commence à vérifier. Dans l'affirmation de
principe, je pense que tout le monde est pour la vertu. C'est bien certain,
mais je me méfie beaucoup des affirmations de principe du gouvernement.
C'est d'ailleurs mon rôle. J'essaie de voir un peu ce que cela veut dire
dans le concret. J'aimerais que ce principe des riches et des pauvres soit
établi en termes administratifs pour les bibliothèques
publiques.
M. HARDY: On me dit qu'on n'a pas l'information pour chacune des
bibliothèques, sauf Montréal que l'on avait et, concernant
Sept-Iles, je ne peux pas vous donner de chiffres. Le responsable de la
bibliothèque de Sept-Iles m'a dit qu'avec les nouvelles normes, il
recevrait davantage.
M. CHARRON: Quand ces normes ont-elles été
modifiées?
M. HARDY: IL faut attendre que les calculs soient faits au,complet. Les
calculs ne se font que lorsque tous les rapports financiers nous sont
parvenus.
Evidemment, il faut savoir ce que la municipalité a donné
d'abord pour évaluer ensuite ce qu'elle aurait dû donner ou ce
qu'elle donne en surplus et, à ce moment, calculer notre pourcentage de
subvention, ou encore quelques rapports financiers qui ne sont pas encore
parvenus au bureau.
M. CHARRON: J'imagine que les nouvelles normes font appel à un
effort accru du côté des municipalités. Comment cet appel
à l'effort accru des municipalités s'est-il transposé?
Comment les a-t-on avisées?
M. HARDY: Acceptées?
M. CHARRON: Oui. Est-ce que c'est une directive, une lettre, un message
parvenant du ministre des Affaires culturelles à chacune des
municipalités du Québec, leur disant: Voilà, nous avons
changé nos normes et allons vérifier maintenant de quelle
façon vous allez vous qualifier pour les subventions? Est-ce que chaque
municipalité a été mise au courant?
M. HARDY: C'est-à-dire que l'Union des municipalités et
chaque bibliothèque ont reçu, en approbation préliminaire,
le projet du nouveau règlement et chaque bibliothèque nous a fait
parvenir ses commentaires. Les associations des bibliothécaires ont
été consultées également et nous ont fait parvenir
leurs commentaires. Mais il faut attendre maintenant de faire la distribution,
je dirais, mathématique du budget de cette année, d'après
l'ancien règlement ou d'après le nouveau règlement, pour
voir de quelle façon nous pouvons fonctionner cette année. Nous
sommes en fait à l'année frontière. C'est l'année
frontière. Les municipalités n'ont pas été
appelées à faire plus ou à faire moins. Elles ne seront
jamais appelées à faire moins d'ailleurs, parce que nous voulons
nous fier sur ce qu'elles ont fait en 1973 et dont on a la preuve dans les
rapports financiers qu'elles nous soumettent à l'heure actuelle. C'est
au cours de l'année qu'on les avertira que, l'an prochain, elles devront
verser, par exemple, $0.02 par $100 d'évaluation foncière
imposable, au moins $0.02. Il y a déjà des municipalités,
cette année, qui donnent jusqu'à $0.08, $0.09 et $0.10 par $100
d'évaluation.
M. CHARRON: Quand ces nouvelles normes ont-elles été
établies?
M. HARDY: Elles ont été étudiées et, comme
je le disais tout à l'heure, l'étude n'est pas encore
terminée, mais la recommandation de la Commission des
bibliothèques publiques se fera après avoir constaté
l'application cette année ou non des nouvelles normes.
M. CHARRON: Mais est-ce qu'elles vont être appliquées cette
année?
M. HARDY: On ne le sait pas tant qu'on n'aura pas vu les chiffres.
M. CHARRON: Alors, non seulement on ne sait pas où va aller cet
argent de façon précise, mais on ne sait pas non plus selon
quelles normes encore.
M. HARDY: Selon l'ancien règlement qui existe depuis dix ans.
M. CHARRON: Comment a-t-on procédé pour établir ce
budget, pour arriver à la somme $2,903,000 si on ne savait pas les
normes avec lesquelles cet argent serait distribué? D'où vient le
chiffre $2,903,000?
M. HARDY: Cela vient de la projection sur les chiffres de l'an
dernier.
M. CHARRON: En ne tenant compte d'aucun changement de normes.
M. HARDY: Sur les chiffres de l'an dernier, mais les chiffres de cette
année...
M. CHARRON: Selon les normes qui étaient en application
également l'année dernière?
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: Est-ce que l'application des nouvelles normes, dans un
montant global de $2,903,000, peut apporter des modifications sérieuses
pour certaines bibliothèques, c'est-à-dire qu'elles recevront
moins qu'elles auraient normalement pu s'attendre à recevoir en vertu
des anciennes normes de partage?
M. HARDY: Celles qui recevront moins, ce seront justement celles qui
sont les plus capables de donner plus, en fonction de l'évaluation
municipale. Je crois que c'est une question de justice. Autrefois, le per
capita, c'est-à-dire les $0.20 par tête, était applicable
pour tout le monde, pour Trois-Pistoles comme pour Verdun, ou comme pour
Westmount.
Tandis qu'à l'heure actuelle, on calcule qu'une plus juste
distribution obligera les municipalités riches à donner plus et
nous moins.
M. CHARRON: Autrement dit, si une municipalité, dans le calcul
des nouvelles normes, voit sa bibliothèque recevoir moins qu'elle ne
recevait l'année dernière et que, par contre, les besoins de la
bibliothèque en question croissent, si elle s'attendait de recevoir plus
du gouvernement québécois et avait des besoins additionnels
â satisfaire, toutes ces gens devront désormais se retourner vers
les autorités municipales. La pression est maintenant reportée
sur les autorités municipales.
M. HARDY: C'est un problème municipal d'abord avant d'être
un problème...
M. CHARRON: Quand, par exemple, des maires disent qu'il est vrai que les
subventions qu'ils reçoivent du gouvernement du Québec, au
chapitre des Affaires municipales, dans chacun des budgets du Québec,
augmentent, bien entendu, c'est annoncé avec fracas, mais en même
temps leurs responsabilités, leurs devoirs augmentent.
M. HARDY: Le député de Saint-Jacques part du très
particulier pour tomber dans le général. Le député
de Saint-Jacques fausse les données que nous indiquons
présentement. Ce qu'il vient de dire est peut-être partiellement
vrai si on regarde l'ensemble du problème municipal, l'ensemble des
responsabilités municipales en regard des revenus des
municipalités, mais là nous sommes dans un domaine bien
précis, très circonscrit.
M. CHARRON: Restons dans le domaine de la croissance...
M. HARDY: Cela revient à cela. Nous disons à Mont-Royal,
si elle a une bibliothèque municipale: Mont-Royal, vous devrez faire un
effort plus considérable que Trois-Pistoles pour maintenir votre
bibliothèque municipale. Si vous n'en voulez pas, si vous ne voulez pas
faire l'effort, c'est votre problème. Parce que c'est bien important. Le
principe de base de l'aide au réseau public de bibliothèques
municipales, c'est que nous partons du principe que c'est d'abord une
responsabilité municipale. Nous, nous sommes là pour
suppléer à celles qui ont le moins la possibilité de se
donner ces services.
M. CHARRON: La croissance du réseau de bibliothèques
municipales va maintenant porter plus sur les responsabilités
municipales que les décisions du ministère des Affaires
culturelles. Il se peut qu'une municipalité plus riche, prenons
Sainte-Rose, par exemple, ait l'occasion d'établir une politique
municipale, mais, dans le calcul, elle s'apercevra qu'il lui en coûtera
plus cher que ce qu'elle avait prévu. Il se peut que les citoyens de
Sainte-Rose n'aient pas les services de bibliothèque ou l'accroissement
de services de bibliothèque auxquels il auraient droit de s'attendre,
parce que la municipalité, en cette année, ne peut pas
assumer...
M. HARDY: C'est tout le problème de la responsabilité
municipale. C'est vrai pour les loisirs, c'est vrai pour d'autres domaines. Si,
à un moment donné, les citoyens de Sainte-Rose ou de toute autre
municipalité se rendent compte que leur conseil municipal ne leur donne
pas ce qu'ils veulent, il changeront de conseil municipal. C'est aussi simple
que cela. C'est le principe fondamental de la responsabilité de
l'autorité municipale.
M. CHARRON: C'est plus un organisme de soutien que...
M. HARDY: La politique du ministère dans ce domaine est une
politique supplétive. Nous sommes là pour suppléer aux
difficultés des collectivités locales.
M. CHARRON: II n'en tient donc qu'à l'intérêt des
autorités locales d'avoir une bibliothèque, de ne pas en avoir,
de l'agrandir ou de ne pas l'agrandir, de lui donner plus de place.
M. HARDY: Oui, d'abord.
M. CHARRON: D'accord. Elément 2.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Elément 2, adopté.
Elément 3: Bibliothèque nationale.
M. CHARRON: Est-ce que le directeur de la Bibliothèque nationale
a été nommé?
M. HARDY: Pas encore.
M. CHARRON: Pendant combien de temps encore la Bibliothèque
nationale n'aura-t-elle pas de directeur?
M. HARDY: J'espère qu'il sera nommé le plus rapidement
possible.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a un concours?
M. HARDY: II y a eu beaucoup de difficultés. Il y a d'abord eu un
concours, suivant les normes de la Fonction publique; ce concours, au jugement
de mon prédécesseur, n'a pas donné de résultat. Il
y a eu une autre forme de concours, suivant certaines permissions de la
Commission de la fonction publique, qui a été organisé. Un
jury a été mis sur pied, de nombreuses consultations se sont
déroulées auprès d'organismes professionnels qui ont
soumis des noms. Il y a eu des entrevues. Ce jury a rencontré les
candidats au poste et nous en sommes là.
M. CHARRON: Le jury a rencontré les candidats au poste.
M. HARDY: II a fait des recommandations au ministre.
M. CHARRON: II fait des recommandations au ministre. Entre plusieurs
candidats ou favorisant un seul candidat?
M. HARDY: Si mon souvenir est bon, il y avait quatre noms retenus et on
faisait des hypothèses, si on veut avoir telle sorte de candidat, c'est
un tel qui sera le plus compétent, et si on veut plutôt une autre
sorte de candidat, ce sera tel autre. On a laissé beaucoup de latitude
au ministre, ce qui rend la tâche du ministre plus difficile que quand la
Commission de la fonction publique dit que c'est un tel qui a réussi le
concours et ça finit là.
M. CHARRON: POurquoi le premier concours de la Commission de la fonction
publique avait-il été insatisfaisant?
M. HARDY: Parce qu'un seul candidat s'était
présenté à ce concours, et le ministre avait jugé
qu'il ne répondait pas aux exigences. Là, je vous parle de ce qui
s'est passé avant mon arrivée au ministère.
M. CHARRON: D'accord. Après ça, vous dites qu'il y a eu un
concours un peu spécial?
M. HARDY: C'est à ce moment-là qu'on a fait une
espèce de concours un peu spécial qui n'était pas tout
à fait suivant les règles régulières de la fonction
publique.
M. CHARRON: Mais avec avis public, j'imagine, ce concours
spécial?
M. HARDY: Je ne pense pas, non. On a écrit aux associations
professionnelles les invitant à faire des recommandations.
M. CHARRON: Et combien de recommandations y a-t-il eues à ce
moment?
M. HARDY: II y a eu 17 noms.
M. CHARRON: Devant un jury? Les 17 candidats ont...
M.HARDY: II y a eu les noms de 17 personnes soumis au jury, le jury a
fait un premier choix et c'est à partir de cette première
élimination qu'il a fait des entrevues.
M. CHARRON: Le jury était formé par le
ministère?
M. HARDY: Oui. Je précise. Les candidats n'ont pas
été rencontrés par un jury parce qu'ils étaient
tous assez bien connus des membres du jury. Le jury a fait ses recommandations
à partir de la connaissance que les membres avaient des candidats et de
leur dossier.
M. CHARRON: Qui étaient membres du jury?
M. HARDY: II y avait M. Lachapelle, le directeur général
à l'époque de la direction générale des lettres et
des arts plastiques, M. Martin du service des bibliothèques publiques,
M. Roberge, le secrétaire général du ministère et
un délégué de la fonction publique.
M. CHARRON: Quand le ministre prévoit-il prendre sa
décision?
M. HARDY: Aussi vite que possible. M. CHARRON: Avant l'automne?
M. HARDY: Bien avant l'automne. Bien avant que les feuilles ne
tombent.
M. CHARRON: Qui assure la direction par intérim?
M. HARDY: C'est le conservateur adjoint, M. Auger qui, dans des
conditions difficiles, a fait un travail merveilleux.
M. CHARRON: J'imagine, parce que ça fait longtemps que... Cela
fait combien de temps que vous assumez...
M. HARDY: Depuis la démission de M. Cartier.
M. CHARRON: C'est-à-dire? M. HARDY: Seize mois.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Programme 1. Adopté.
M. CHARRON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Programme 2: Sauvegarde et mise en valeur des
biens culturels. Elément 1 : Conservation et utilisation des
archives.
Sauvegarde et mise en valeur des biens
culturels
M. HARDY: Dans les brefs commentaires que j'ai eu l'occasion de faire ce
matin, j'ai dit qu'il y avait eu une réorganisation de la direction
générale du patrimoine depuis la nomination d'un nouveau
directeur, M. Marcel Junius, qui est à ma droite. Nous accordons une
très grande importance à ce domaine, importance qui se voit
d'ailleurs dans les chiffres. Il y a une augmentation dans le budget actuel de
34 p.c. au programme 2: Sauvegarde et mise en valeur des biens culturels.
La raison fondamentale de cette augmentation substantielle est que nous
considérons qu'il y a urgence à intervenir dans ce domaine
puisque, chaque jour, il y a des pertes considérables et parfois
irréparables. Que ce soit dans le domaine des monuments, dans le domaine
des archives, ou dans celui des sites naturels que nous avons le mandat de
protéger en vertu de la loi 2, il s'agit de domaines où, chaque
jour, il y a des pertes, des dégradations qui peuvent devenir
irréparables. Il y a donc urgence à ce que nous agissions dans
ces domaines et c'est une des raisons qui expliquent l'augmentation
substantielle du budget.
M. CHARRON: D'accord. Alors, M. le Président, je pense que le
ministre consentira qu'on étudie les deux éléments
ensemble; on adoptera le programme globalement. J'ai quelques questions un peu
plus générales pour, par la suite, profiter de la présence
des hauts fonctionnaires, conseillers du ministre, pour m'interroger, comme le
ministre vient de le signaler, sur l'existence ou la survie de certains
monuments en particulier, qui ont été signalés à
notre attention.
Mais d'abord, j'aimerais aborder, puisque c'est l'endroit, la question
des Archives nationales. Aucune somme, je crois, n'est prévue à
l'élément 1 pour les immobilisations. Le service des archives est
maintenant divisé en deux emplacements, le musée et les locaux de
la rue Berthelot. La question est la même que celle que j'ai
déjà posée aux crédits du ministère des
Affaires culturelles: Quand le ministre entend-il reloger les archives
nationales et où?
M. HARDY: S'il n'en tenait qu'au désir du ministre des Affaires
culturelles, nous serions déjà en train de voir s'élever
des édifices, que ce soit pour la Bibliothèque nationale dont on
a parlé tantôt, pour les archives ou pour une infinité
d'autres projets d'immobilisation que nous avons. Malheureusement, c'est une
réalité, nous sommes tributaires des programmes du
ministère des Travaux publics, de son calendrier, de son programme et
nous devons nous y soumettre. Même en plaidant
régulièrement en faveur de nos projets, ce sont eux qui prennent
la décision finale, c'est-à-dire les Travaux publics et le
ministère des Finances.
M. CHARRON: II n'y a aucune décision à annoncer cette
année quant...
M. HARDY: Dans le budget que nous avons devant nous, il n'y a pas de
sommes prévues pour des immobilisations dans ce domaine-là.
M. CHARRON: Même pas la Petite Bastille?
M.HARDY: La seule chose prévue cette année, c'est que nous
allons confier un mandat à un architecte pour étudier les
possibilités d'utiliser la prison pour les fins du musée.
M. CHARRON: Cela a été fait ou cela va être
fait?
M. HARDY: Non, non, cela va être fait au cours de l'année
financière actuelle.
M. CHARRON: En autant qu'il n'y aura pas d'autres décisions quant
à l'avenir de la Petite Bastille qui viendraient contrecarrer ces...
M. HARDY: C'est l'architecte qui va nous fournir des
éléments qui nous permettront de prendre une décision.
M. CHARRON: D'accord. M. le Président, quand nous avons
étudié la loi 2, le ministre nous a promis qu'un inventaire
serait dressé dans les...
M. HARDY: Oui, c'est une des priorités cette année, et
c'est une des explications de l'augmentation considérable.
M. CHARRON: Oui.
M. HARDY: Nous allons accélérer les inventaires cette
année, parce qu'il est assez difficile d'établir des politiques
très cohérentes et c'est même difficile pour la Commission
des biens culturels de faire des recommandations aussi longtemps que nous
n'avons pas un inventaire complet des biens immobiliers, des oeuvres d'art.
L'inventaire au fond, c'est le prérequis avant d'établir une
politique vraiment cohérente dans le domaine de la sauvegarde des biens
culturels.
M. CHARRON: Le ministre...
M. HARDY: Et c'est ainsi, peut-être que je
peux continuer en disant que nous aurons, par exemple, dans ce
budget-là, une somme de $96,000 pour l'inventaire des bâtiments
anciens du Québec. Relié à cela, il y a le Centre de
documentation où on ramasse tout l'inventaire; une somme de $46,000 y
est prévue. C'est un service que l'on donne aux chercheurs et à
l'ensemble de la population.
M. CHARRON: L'ensemble de l'opération inventaire totalise combien
à peu près dans le budget du programme 2?
M. HARDY: On va faire le calcul, c'est parce qu'il y a deux chiffres
à concilier pour avoir le montant total de l'inventaire; alors, nous
faisons les recherches et aussitôt...
M. CHARRON: Je peux continuer avec vous, si vous le permettez. J'imagine
que l'inventaire ne débute pas cette année, qu'il a
déjà été en cours, au cours de l'exercice financier
précédent.
Combien de personnes au ministère travaillaient à cette
opération, c'est-à-dire ont consacré le gros de leur
énergie et de leur temps à l'inventaire, en vertu de la loi
2?
M. HARDY: Il y a actuellement une vingtaine de personnes qui travaillent
à l'inventaire.
M. CHARRON: Est-ce qu'on prévoit une augmentation des effectifs
au cours de l'année?
M. HARDY: II y a vingt personnes actuellement. Il y a une augmentation
de sept personnes.
M. CHARRON: De prévue. Je sais que cette mission que nous avons
donnée, en fin de compte, en adoptant la Loi sur les biens culturels, au
ministère des Affaires culturelles, est en quelque sorte permanente. Cet
inventaire sera à tenir à jour...
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: ... mais le premier tableau, à partir duquel on fera
les mises à jour périodiques, la durée totale du projet,
c'est quoi? Il a été entrepris au cours du dernier exercice,
peut-on espérer qu'il se termine cette année?
M. HARDY: Ce sera toujours à refaire. Il y aura toujours des
révisions à faire, parce qu'il y a de nouvelles choses qu'on peut
trouver. La curiosité des historiens et des chercheurs est
insatiable.
M. CHARRON: Je suis d'accord sur cela, mais il y a quand même un
moment où on peut dire qu'on a une meilleure vue d'ensemble qu'on ne
pourra jamais avoir des biens culturels québécois. Est-ce que
cela peut prendre encore une année avant d'en avoir? Par la suite, se
grefferont bien sûr...
M. HARDY: Pour se mettre à jour, on a besoin d'au moins trois
ans.
Pour répondre à une question antérieure du
député, dans le budget que nous étudions
présentement, il y a une somme de $203,000 consacrée à
l'inventaire.
M. CHARRON: A l'inventaire.
M. HARDY: II y a aussi l'inventaire des sites naturels qu'il ne faut pas
oublier, qui est quand même un aspect nouveau.
M. CHARRON: C'est à cela que je veux en venir, parce que quand on
a discuté la loi 2, nous étions tous conscients, au moment
où on l'a adoptée, de l'ampleur de la mission puisqu'il y avait
les sites naturels, les biens, les meubles et on faisait même état
des collections privées. Je veux savoir si, dans sa façon de
travailler, le ministère des Affaires culturelles, pour dresser cet
inventaire, s'est fixé des priorités. Avant de passer aux
collections privées, s'est-on d'abord entendu pour procéder
à un inventaire complet, par exemple, des biens immobiliers?
Si le ministre le veut...
M. HARDY: Le sous-ministre pourrait peut-être...
Dans le cadre de l'inventaire des sites naturels dont vous venez de
parler, M. Charron, il n'existait pas de procédure, si vous le voulez,
pour établir les inventaires. Il a alors fallu se poser la question de
l'apport de la méthodologie. Comment faire les inventaires des sites
naturels? On s'est référé à divers pays qui ont
déjà fait des études préalables et nous avons
contacté l'université Laval, le Centre d'études nordiques,
le département de géographie. Avec eux, nous avons un contrat de
$47,000 qui est en cours présentement et qui va nous donner, avec l'aide
des services de la direction, une méthodologie, une approche de la
façon de faire pour repérer des sites naturels.
Les sites naturels, comme vous le savez, sont de nombreux ordres, que ce
soit géologique, que ce soit forestier, que ce soit simplement
esthétique aussi. Et, à partir de là, au mois de
décembre prochain le programme est fait pour se terminer en
décembre prochain nous aurons une méthodologie que nous
faisons expertiser par l'Université de Montréal au
département de géographie également. A partir de
là, nous statuons et nous pouvons couvrir le Québec d'une
grille.
Ce sera notre grille méthodologique qui nous permettra alors de
démarrer l'an prochain, véritablement, dans des inventaires et de
répertorier ceux-ci pour discriminer ceux qui valent la peine, aux fins
culturelles, d'esthétique ou de paysage, d'être classés et
soumis à la Commission des biens culturels qui pourra juger
elle-même. Elle a fait de nombreuses recommandations l'an passé
sur le sujet. C'est donc la suite, l'embrayage qui est donné à
cela.
M. CHARRON: Vous nous parlez uniquement des sites naturels?
M. HARDY: Oui, absolument.
M. CHARRON: Est-ce que la méthodologie pour l'inventaire des
biens immobiliers, par exemple, est déjà appliquée et est
en voie de réalisation?
M. HARDY: Justement, le dernier cahier qui sert de pratique pour toutes
les personnes qui vont être amenées à travailler à
l'inventaire des biens immobiliers et mobiliers, par ailleurs, a
été terminé hier.
Cela veut dire que, pour la première fois, nous avons un guide et
une grille pratiques à tous les enquêteurs, qui leur donnent le
moyen d'être vraiment sérieux. Cela veut dire que ce n'est plus de
l'interprétation personnelle qui joue, c'est basé sur des
documents n'employons pas le grand mot, mais enfin scientifiques
quand même. Ils vont pouvoir répertorier, d'une façon
définitive, tous les biens qui leur seront soumis, mais selon des
critères précis et non plus subjectifs. Alors là, c'est
terminé. On continue les inventaires qui ont déjà
été élaborés l'année passée. Par
exemple, il y a eu de très bons inventaires de faits.
M. CHARRON: Les biens mobiliers également?
M. HARDY: Oui, les biens mobiliers. A titre d'exemples: Le
diocèse de Saint-Hyacinthe est entièrement terminé
138 paroisses l'année passée. C'était une de nos
priorités. Tout cela est terminé. Il y a eu les Soeurs grises
à Montréal; c'est en voie d'achèvement, là aussi.
De ce côté-là, je crois que cela va bien. L'inventaire
immobilier était plus en retard.
Je pense que, dans l'inventaire des oeuvres d'art, il y avait eu le
travail de M. Morissette qui avait été... C'était une
technique celle-là, maintenant on a d'autres techniques pour ce faire.
C'est une chose qui est terminée depuis hier.
M. CHARRON: Bon! Pour cet inventaire, cela va.
Un autre problème que nous avions souligné lorsque nous
étudiions la loi 2 pardon, j'allais dire 22 qui concernait
la mobilité des oeuvres d'art, par exemple, et la juridiction
québécoise...
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: ... par rapport à la juridiction
fédérale dans ce domaine. Le Secrétaire d'Etat, à
Ottawa, a déjà annoncé son intention de
contrôler...
M. HARDY: II nous a soumis un projet de loi que nous étudions
présentement. Je n'ai pas encore eu le rapport des services. Je n'ai pas
encore donné ma réponse ou mon appréciation du projet de
loi au Secrétaire d'Etat fédéral, parce que nos services
n'ont pas terminé l'étude de ce projet de loi.
M. CHARRON : C'est un projet de projet de loi, je pense.
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: Ce n'est même pas déposé à la
Chambre des communes.
M. HARDY: Pas du tout! Ah non! C'est une loi en gestation.
M. CHARRON : A première vue, sans demander de détails,
est-ce que cela entre en conflit avec les dispositions de la loi 2?
M. HARDY: C'est-à-dire que, aussi longtemps que je n'aurai pas
d'opinions de la part de mes fonctionnaires, je n'en formule pas.
M. CHARRON: M. le Président, quelques questions sur
l'archéologie préhistorique. Une personne
intéressée et qui y travaille nous dit que sur les quelque 1,900
sites possibles de fouille, seuls 500 emplacements actuellement sont en
chantier, je dirais, au Québec. Faute de fonds, d'ailleurs, nos
archéologues se sont souvent adressés au gouvernement central, en
vertu des projets d'initiatives locales. Selon M. Gi-rouard, qui est
attaché à la Société d'archéologie
préhistorique du Québec, une équipe du ministère
c'est son affirmation avait préparé un vaste
programme de protection et de fouilles, mais se serait vu couper les vivres.
Est-ce exact qu'un vaste programme de cette envergure aurait eu...
M. HARDY : C'est un programme qui aurait été soumis au
ministère des Affaires culturelles?
M. CHARRON : II aurait été en préparation à
l'intérieur du ministère des Affaires culturelles.
M. HARDY: C'est-à-dire que, non seulement dans le domaine de
l'archéologie et de l'ethnologie, mais dans tous les secteurs du
ministère des Affaires culturelles, nous avons des projets et des
programmes qui pourraient absorber des sommes très considérables.
Ce n'est pas particulier à ce domaine.
M. CHARRON: Qu'y a-t-il comme projets au ministère avant que le
fédéral mette complètement la main là-dessus?
M. HARDY: Je demanderais à M. Junius de vous faire la liste des
sites.
En archéologie préhistorique, puisque c'est de
celle-là que vous parliez, nous avons, dans nos services, passablement
d'inventaires qui sont déjà faits. Je crois que le chiffre
avancé ce sont 1,000 ou 2,000 sites est possible. C'est
exact. Maintenant, cela existe comment? Cela existe en potentiel. Parce qu'en
général, ce sont des fouilles qui n'ont même pas
été faites. En général, ce sont des potentiels
suivant
certains habitants, même d'Esquimaux, d'Indiens, etc. Dans le
domaine de l'archéologie préhistorique, on peut distinguer soit
par des fouilles, soit par des sondages soit par des opérations de
sauvetage que l'on fait. Il y a bien différents moyens de
connaître ces choses. Il existe un comité conjoint avec le
ministère des Transports où nous avons maintenant, depuis environ
six mois, des accords. Lorsqu'il traite un couloir routier, le ministère
nous avise au préalable et nous pouvons faire des sondages.
Mais ce sont simplement des sondages et s'il y a une opération de
sauvetage, à ce moment, on pourrait le faire. Le ministre aurait le
droit, par la loi, d'arrêter et de faire les sauvetages.
Ici, maintenant, je pourrais vous citer toute une liste de travaux,
c'est peut-être fastidieux, mais...
M. CHARRON: D'accord.
M. HARDY: ... je vais vous en mentionner quelques-uns ici et il y en a
passablement sur la Côte-Nord, etc. A titre documentaire, le ministre a
classé ces jours derniers un premier lieu archéologique à
Nantagamiou sur la basse Côte-Nord. Cela veut dire qu'on s'en vient
maintenant avec des classements de lieux. C'est un problème. Si on
classe des lieux, on leur fait une certaine publicité et si on en fait
de la publicité, on risque parfois d'avoir du vandalisme parce que tout
le monde va être intéressé à aller avec sa petite
pelle, le dimanche, gratter et peut-être faire des dégâts.
C'est un problème encore très délicat à traiter.
Est-ce qu'il faut en placer beaucoup ou ne pas en placer du tout? Mais il faut
sûrement en protéger.
M. CHARRON: Quelle est la somme cette année pour les lieux et
biens historiques proprement archéologiques sur les $5,472,000 de
l'élément 2?
M. HARDY: $203,000 pour l'archéologie et l'ethnologie.
M. CHARRON: C'est plus que l'année dernière?
M. HARDY: Oui, il y a une augmentation. Le chiffre n'est pas disponible,
mais nous allons vous le faire parvenir aussitôt que connu. Il est
sûr qu'il y a une augmentation, mais la proportion de l'augmentation
nous...
M. CHARRON: Cela va. Maintenant, avec le temps qu'il nous reste,
j'aimerais faire le tour rapidement mais quand même avec le plus de
renseignements possible, de certains projets particuliers qui ont
été soumis à l'attention de la Commission des biens
culturels ou du ministre lui-même et recevoir l'information qui, je
crois, intéresse plusieurs citoyens.
D'abord, la Place Royale. Non seulement a-t-on évalué ce
projet en des termes artistiques et des termes d'esthétique
également, mais on l'a aussi évalué en termes de
politique. Le contrôleur des finances a découvert des
irrégularités dans l'exécution des travaux de la Place
Royale sur lesquelles le ministre des Finances a fermé les yeux. Les
contrats ont été accordés selon la méthode du "cost
plus". Toutefois, la marge de profit s'est révélée
légèrement supérieure aux 10 p.c. habituels, dans certains
cas. On nous a dit, l'année dernière, lorsqu'on a soulevé
ces questions, qu'il était impossible de procéder par soumissions
à cause de la nature des travaux. Maintenant que nous en sommes rendus
à une phase ultérieure, c'est possible, et cela devient donc
souhaitable, j'ai l'impression, pour une administration de fonds publics.
Je voudrais savoir du ministre si de nouvelles dispositions quant
à l'administration et aux opérations de Place Royale ont
été prises maintenant.
M. HARDY: D'abord, il faut quand même, pour être juste, dire
que c'est exact qu'on a relevé certaines irrégularités ou
certaines situations qui ne sont pas souhaitables dans une saine
administration.
D'autre part, avant de jeter la pierre d'une façon trop
rigoureuse à certaines personnes, il faut quand même
reconnaître que nous sommes dans un domaine très nouveau ici au
Québec, domaine où, aussi bien du côté du
gouvernement que du côté des entrepreneurs qui ont
travaillé, on ne pouvait pas se référer à une
tradition ou à des expériences passées.
Nous commencions et il est normal que, dans de telles situations, des
erreurs puissent se glisser. Le grand débat auquel le
député de Saint-Jacques faisait tantôt allusion
était de savoir s'il est possible, oui ou non, dans le domaine de la
restauration, de procéder à des appels d'offres comme on le fait
pour des constructions habituelles.
Encore là, c'était passablement difficile de
décider de cela avant de faire l'expérience. A la lumière
de l'expérience et des études nouvelles qui ont été
faites, on est arrivé à la conclusion que lorsqu'il s'agit de
véritable restauration, il est à peu près impossible de
demander des soumissions publiques. Cela serait absolument fantaisiste et on
n'arriverait pas au but poursuivi quand on demande des soumissions publiques
parce que ceux qui seraient appelés à préparer des
soumissions publiques n'ont pas toutes les connaissances voulues devant une
vieille maison à restaurer pour savoir exactement quelle sera la somme
de ces travaux.
D'autre part, quand il s'agit de reconstitution, c'est-à-dire
quand il s'agit de refaire des maisons qui ont été
démolies et de les reconstituer, à ce moment, il est possible de
demander des soumissions publiques, de telle sorte que cette année, dans
le programme de construction à Place Royale, comme il ne s'agit que de
reconstitution, tous les contrats ont été accor-
dés à la suite d'appels d'offres, d'appels publics dans
les journaux, comme cela se fait pour n'importe quelle construction
gouvernementale. Si l'an prochain ou subséquemment, nous avons à
faire de la restauration, c'est-à-dire à prendre des vieux murs
et à les restaurer, suivant le témoignage des
spécialistes, il est impossible de faire des appels d'offres
généraux.
Quant à l'administration à notre niveau, il y a eu
certaines modifications et Place Royale, qui constituait en quelque sorte un
service autonome, a été rattachée à la direction
générale du patrimoine et plus particulièrement au service
des monuments.
M. CHARRON: Quels sont les projets pour cette année à
Place Royale? On annonce dix nouvelles maisons.
M. HARDY: Je vais demander à M. Junius de donner la liste des
travaux en cours. Est-ce que vous voulez le nom des maisons ou le nombre?
M. CHARRON: J'en ai quelques-unes, je veux savoir si je les ai toutes.
Chevalier, Leber...
M. HARDY: Chevalier, non. M. CHARRON: Leber?
M. HARDY: Non, c'était l'an passé. Que M. Junius
donne...
M. CHARRON: Allez-y, c'est plus simple.
M. HARDY: ... la liste des travaux qui se font cette année.
Il y a Amiot, Langlois; il y a la maison Du Roi; il y a la maison
Chinique et la maison Gervault, la maison Morin-Davaine-Drouin. Il y a du
curetage dans la maison Beaudoin, du curetage dans la maison Couillard. C'est
à peu près tout, comme nouveautés. Cela en fait dix
finalement.
M. CHARRON: Ces maisons sont résidentielles uniquement, je
crois.
M. HARDY: Mais il y a un peu de tout là-dedans.
M. CHARRON: II y a un peu de tout?
M. HARDY: Oui, il y a un peu de tout. Il y a des logements aussi, bien
sûr. Il y a des commerces au rez-de-chaussée, parce qu'il y en a
qui se situent sur des niveaux très différents. Entre les niveaux
de la Place, du côté de la rue Du Fort, par exemple, et le
boulevard Champlain, vous avez presque deux étages de différence,
voyez-vous? Alors, du côté Champlain, ce seront des restaurants et
une brasserie, quelque chose du genre, aussi de l'habitation et des commerces
au rez-de-chaussée généralement.
M. CHARRON: Cela représente quelle somme au budget cette
année, les travaux de la Place Royale?
M. HARDY: Déjà accordée, on a $1,962,925, parce
que, l'année passée, il ne s'est pas fait de chantier, comme vous
l'avez vu. Il y a eu peu d'activités, mais il y a eu des plans qui ont
été faits. Ces soumissions se sont faites dans le cours de
l'hiver ici, et les entrepreneurs commençaient au printemps.
M. CHARRON: Est-ce que les travaux sont en cours dans ces dix maisons
actuellement?
M. HARDY: Non, pas dans les dix. M. CHARRON: Dans quelques-unes.
M. HARDY: II y en a où on doit attendre les approbations des
ententes Canada-Québec, etc, par l'OPDQ, etc. Il y en a d'autres qui
sont des contrats à faire maintenant et qui sont en fabrication.
Administrativement, il y en a, de mémoire, je pense, à peu
près quatre qui sont en voie de négociation. Les autres sont
commencées.
M. CHARRON: La relocalisation des familles par la suite, celles qui ont
été délogées, se fera comment?
M. HARDY: Peut-être que je peux faire des erreurs, je m'en excuse
à l'avance, mais ce que je sais, c'est que des familles ont
demandé de rester sur place et d'autres ont voulu partir. Elles ont
été dédommagées. Il y a des indemnités
à chaque famille qui veut déménager, etc., et qui ne peut
encore rester dans des lieux perturbés, etc., ou qui ne lui conviennent
plus. Néanmoins, là, c'est un programme qu'on veut
précisément relancer, de revoir toutes ces familles et essayer de
les reloger là où elles peuvent être relogées avec
des loyers raisonnables et suivant le marché normal et non pas le
marché d'une maison restaurée.
M. CHARRON: Oui, d'accord.
M. HARDY: On essaiera de les avoir là parce qu'en fait, selon ma
conviction profonde, il est évident que ces gens ont la priorité
sur tous les autres.
M. BONNIER: D'ailleurs, M. le Président, je pense que le principe
est de garder ces mêmes familles à l'intérieur de...
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre a une statistique, qui
m'intéresserait, des logements occupés...
M. HARDY: Le nombre de logements occupés par des personnes qui
étaient déjà à Place
Royale. Il y en a un paquet. Je pense que ce qui intéresse le
député de Saint-Jacques est de connaître le nombre exact de
personnes qui habitent actuellement dans les maisons restaurées de Place
Royale et qui étaient déjà là. J'ai tout cela ici.
Vous pourriez peut-être faire le calcul. Aussitôt que vous aurez
terminé, je fournirai la réponse au député.
M. CHARRON: D'accord! Ces gens qui sont revenus dans la maison
après la restauration n'ont pas été indemnisés...
Quel taux de loyer leur a-t-on demandé par rapport à celui...
M. HARDY: II faudrait que j'aie d'autres renseignements pour vous
répondre adéquatement. J'ai des chiffres ici, $75 pour cinq
pièces, $84 pour cinq pièces, etc. Il faudrait peut-être
comparer avec ce qu'ils avaient avant et ce qu'ils paient aujourd'hui. Je n'ai
pas le document ici.
M. CHARRON: J'imagine que pour la plupart, il y a eu une hausse de loyer
étant donné que la maison s'est sensiblement
améliorée.
M. HARDY: Je ne suis pas sûr. Je vais vérifier cela
avant...
Je fournirai la réponse au député de Saint-Jacques
pendant l'étude actuelle des crédits si elle arrive assez
tôt. Sinon, je la lui fournirai par la suite.
M. CHARRON: Bien. Une dernière question sur Place Royale, M. le
Président. Le ministre a-t-il reçu un avis de la part du
Protecteur du citoyen sur la démission et la demande de
réengagement de trois employés responsables des fouilles à
Place Royale?
M. HARDY: J'ai reçu un avis que je n'ai pas eu le temps de
consulter, d'étudier.
M. CHARRON: De la part du Protecteur du citoyen.
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: Vous l'avez reçu quand?
M. HARDY: Cela fait déjà quelque temps. C'était
peut-être moins urgent que je consulte ce document puisque j'avais
déjà, avant de recevoir l'avis du Protecteur du citoyen,
demandé au service concerné d'avertir les trois
démissionnaires de Place Royale, de les inviter à faire une
demande d'emploi et de les considérer comme suivant leur
compétence et, de fait, je pense que c'est ce qui s'est fait. Ils ont
été avertis, ils ont soumis leur candidature et, selon leur
compétence respective, il est fort probable qu'ils seront placés
aux endroits où ils sont compétents.
M. CHARRON: II y a eu combien de temps entre leur démission et
aujourd'hui?
M. HARDY: Cela fait trois mois, grosso modo.
M. CHARRON: Au début de mars.
M. HARDY: Ils ont démissionné, personne ne les a
obligés à démissionner et, personnellement, j'ai
donné des instructions pour que le fait qu'ils aient
démissionné ne constitue pas une entrave quelconque à leur
embauchement au ministère.
M. CHARRON: M. le Président, pendant qu'on est dans la
région de la capitale des Québécois, je vais demander au
ministre s'il a été consulté et sur quoi a porté
cette consultation. Quelle réponse a-t-il donnée au projet d'une
nouvelle intervention fédérale qui a été connue
dans le rapport URBEX et qui voudrait que ce niveau de gouvernement
supérieur veuille restaurer tout le vieux port de Québec.
M. HARDY: Nous n'avons pas été consulté.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre a l'intention de faire
connaître...
M. HARDY: Le ministre a l'intention de faire des représentations
vigoureuses.
M. CHARRON: Bravo. Voulez-vous que je vous dise tout de suite la
réponse que vous allez avoir? Non. Vous aimez mieux l'avoir
vous-même.
M. HARDY: Vous êtes un pessimiste
invétéré.
M. CHARRON: On se reverra l'année prochaine, si vous êtes
encore à ce fauteuil.
M. le Président, la ville de Lauzon a cédé, il y a
deux ans, le fort Lauzon au gouvernement fédéral et le
ministère n'est pas intervenu. On a un nouveau programme de $7 millions
pour rénover le fort Lauzon au niveau fédéral. Est-ce que
le Québec a été consulté?
M. HARDY: Nous pouvons prévenir de telles situations. Au moment
où la ville de Lauzon a effectué cela, elle avait
légalement toute liberté de le faire. Elle ne nous a pas
informés.
La ville n'était pas obligée de nous informer en vertu de
la loi, mais, précisément, la Loi sur les biens culturels et les
inventaires auxquels nous procédons nous permettront d'éviter de
telles situations parce qu'à partir du moment où, si le phare en
question avait été classé, la ville n'aurait pas pu en
disposer comme elle l'a fait, sans nous consulter. Non seulement sans nous
consulter, mais sans nous demander l'autorisation. Il est bien sur que
l'autorisation n'aurait pas été accordée.
M. CHARRON: Maintenant que c'est chose faite et qu'il y a un nouveau
programme de $7 millions qui vient d'être débloqué par le
gouver-
nement central, est-ce que le ministre entend intervenir
vigoureusement...
M. HARDY: Le problème fait partie des négociations que
nous allons bientôt commencer avec le gouvernement fédéral
et nous accordons une priorité à tout le domaine du patrimoine
dans ces négociations.
M. CHARRON: La Petite Bastille est aussi en négociation entre le
gouvernement fédéral et le gouvernement
québécois.
M. HARDY: C'est une acquisition. Si nous sommes d'accord pour
l'utiliser, ça va être une conquête.
M. CHARRON : Oui, je sais; dans le genre du vieux moulin de
l'Ile-Perrot, en échange des Forges ou vice versa.
M. HARDY: Dans le cas de la prison des plaines, il n'est pas question
d'échange, ce sera un don total.
M. CHARRON: Quand ce don viendra-t-il?
M. HARDY: Quand nous ferons connaître à l'autorité
fédérale notre intention de l'acquérir.
M. CHARRON: Quand ferez-vous connaître à l'autorité
fédérale...
M. HARDY: Parce que vous savez que, dans toute donation, il y a la
volonté du donateur et du donataire. Actuellement, le donateur est
prêt à donner; le donataire, en l'occurence le gouvernement
provincial, n'a pas encore fait connaître son attitude.
M. CHARRON: Quand fera-t-il connaître son attitude?
M. HARDY: Aussitôt que les études que nous avons
demandées nous seront fournies.
M. CHARRON : Mais ces études durent déjà depuis
longtemps.
M. HARDY: Non, nous donnerons bientôt un mandat à un
architecte.
M. CHARRON: Quelle échéance allez-vous donner à cet
architecte.
M. HARDY: C'est un dossier tout récent, la possibilité
d'utiliser, pour les fins du musée, la prison des plaines.
M. CHARRON : M. le Président, si vous me le permettez, je vais
retourner chez nous à Montréal et demander au ministre s'il a
donné suite à une question que je lui posais en Chambre sur le
carré Saint-Louis.
M. HARDY: Nous avons un comité du mi- nistère des Affaires
culturelles et de la ville de Montréal, non seulement pour le
carré Saint-Louis, mais pour tous les autres lieux à
caractère historique à Montréal. Ce comité s'occupe
du carré Saint-Louis comme d'autres sites qui se trouvent à
Montréal.
M. CHARRON : Mais est-ce que la Commission des biens culturels a
juridiction sur...
M. HARDY: La Commission des biens culturels peut nous faire des
recommandations sur tout ce qui existe à Montréal. Au moment
où on se parle, la Commission des biens culturels ne s'est pas encore
prononcée sur le cas du carré Saint-Louis.
M. CHARRON: Est-ce qu'elle a été saisie par quiconque ou
le ministre lui-même de sa position sur le carré Saint-Louis?
M. HARDY: C'est un dossier qui est actuellement à l'étude,
nous n'avons pas de position définitive sur le cas du carré
Saint-Louis au ministère.
M. CHARRON: N'attendez pas qu'ils coupent tous les arbres, encore une
fois, comme le ministre des Affaires municipales... Vous savez à qui
vous avez affaire, c'est le maire de Montréal et, si vous attendez trop
longtemps, je vous jure que...
M. HARDY: II semble vous obséder, le maire de Montréal,
vous et votre collègue de Lafontaine!
M. CHARRON: II obsède bien du monde, en particulier ceux qui sont
intéressés à la protection des espaces verts à
Montréal, et à fort bon droit d'ailleurs. Je pense que son
passé...
M. HARDY: Je ne suis pas ici pour défendre le maire de
Montréal, mais vous n'avez pas constaté que le maire de
Montréal a planté beaucoup plus d'arbres qu'il n'en a
coupés?
M. CHARRON: S'il les a plantés, il ne les a pas plantés
dans des secteurs comme le carré Saint-Louis, c'est dans ce
sens-là que c'est important. C'est un des derniers flots, et il est en
même temps à caractère historique, dans la ville de
Montréal.
M. HARDY: Et nous nous y intéressons et la ville de
Montréal s'y intéresse puisque nous avons mis sur pied un
comité.
M. CHARRON: C'est important, parce que déjà, juste en
face, de l'autre côté de la rue Saint-Denis, on est à
édifier l'école d'hôtellerie. C'est le gouvernement
québécois qui fait édifier l'école
d'hôtellerie. Cela va, très nécessairement, à cause
de la hauteur des édifices, altérer la face, l'ambiance du
carré Saint-Louis et je répète ce que j'ai dit au ministre
à l'Assemblée
nationale; c'est que, sur cette question, il y a véritablement
urgence.
M.HARDY: C'est un cas urgent. Je pense que le comité qui est mis
sur pied entre la ville de Montréal et le ministère des Affaires
culturelles accorde une priorité au cas du carré Saint-Louis.
M. CHARRON: Justement, au sujet de ce comité, existe-t-il depuis
longtemps?
M. HARDY: Non. Il est en voie de formation actuellement.
M. CHARRON: II est en voie de formation? C'est plus précis.
M. HARDY: Cela veut dire que nous sommes dans un domaine pour
répondre à beaucoup de questions que le député de
Saint-Jacques pourrait avoir nous sommes dans un domaine
véritablement neuf. La Loi des biens culturels a été
votée en 1972. Nous avons dû mettre un tas de mécanismes en
place. Véritablement, actuellement, à la direction du patrimoine,
on est débordé de travail, les gens doivent faire beaucoup
d'heures supplémentaires et c'est une des raisons pour lesquelles,
encore une fois, nous avons accordé une augmentation tellement
substantielle à cette direction. C'est qu'il y a des urgences partout.
Vous mentionnez le carré Saint-Louis, mais je pourrais vous mentionner
un tas d'autres endroits, il y a Trois-Rivières, etc.; tous les cas sont
urgents. Chaque jour ou presque, à la direction du patrimoine...
M. CHARRON: Mais parlons...
M. HARDY: ... nous recevons des appels où on nous dit:
Hâtez-vous, tel monument à tel endroit, est en voie de disparition
et on s'empresse d'aller sur place, de constituer un dossier aussi rapidement
que possible...
M. CHARRON: Parce que vous le savez comme moi je ne vous en fais
pas le reproche, vous avez 24 heures dans une journée, comme moi j'en ai
aussi il y a des endroits où on marque plus d'empressement
qu'ailleurs, par exemple, l'île du Moulin. J'ai l'impression que...
M. HARDY: Vous vous avancez sur un territoire extrêmement
dangereux pour vous.
M. CHARRON: ... le député de Terrebonne a
été très vigilant.
M. HARDY: Vous êtes, comme d'habitude, et cela serait le temps de
vous taxer, vous aussi, de partisanerie. Je considère que vous
êtes très partisan lorsque vous dites ceci.
M. CHARRON: Mais non.
M. HARDY: Le cas de Terrebonne est un cas bien particulier. C'est
qu'à cause de la zone spéciale, à cause de l'existence de
SATRA et d'un tas d'autres choses, Terrebonne est dans la zone
aéroportuaire. Un très grand nombre d'études ont
été faites dans le cadre de ce plan et, entre autres, on avait
confié à la société Histart le mandat de faire un
relevé complet des maisons et des sites historiques dans toute la zone
aéroportuaire. Il arrive que le site de l'île du Moulin se trouve
dans le comté que je représente, mais le rapport
préparé par la société Histart s'est fait bien
avant que je sois ministre des Affaires culturelles, sans que j'intervienne
d'aucune façon.
Si la direction du patrimoine a recommandé d'agir dès
maintenant, c'est que nous avions un dossier très complet sur
l'île du Moulin, d'une part, et qu'à cause de la zone
spéciale nous pouvions bénéficier de sommes d'argent qui
venaient du fédéral, dans le cadre de l'entente
Canada-Québec, tellement que, même si nous faisons des travaux
cette année, si nous procédons à l'acquisition de
l'île du Moulin cette année et si nous faisons des travaux, il n'y
a rien à notre budget, à nous, qui apparaît.
L'acquisition de l'île et les travaux que nous ferons et
l'acquisition de l'île sont à même le montant de $300,000
qui vient totalement du gouvernement fédéral. Les deux seules
raisons qui nous ont amenés à donner une priorité à
l'île du Moulin, c'est parce que le dossier était tout à
fait complété et que nous bénéficiions de sommes
d'argent du fédéral.
Il y a une troisième raison sur laquelle le député
de Saint-Jacques devrait être d'accord, s'il est un tant soit peu
cohérent et logique. L'île du Moulin, en plus d'avoir une
très grande valeur historique, sera un parc situé à
proximité de l'est de Montréal. Tantôt le
député de Saint-Jacques reprochait au maire de Montréal de
ne pas conserver tous les arbres et tous les espaces verts qu'il voudrait voir
conserver, mais c'est justement, c'est dans cet esprit... je ne voulais pas en
parler encore une fois pour ne pas être trop partisan, mais constamment
le député de Saint-Jacques m'ouvre des portes...
M. CHARRON: ... ne peut pas l'être.
M. HARDY: ... me tente et comme je succombe parfois à la
tentation...
M. CHARRON: Oui, parfois.
M. HARDY: ... je devrais lui dire que l'organe officiel de son parti
s'est comporté d'une façon totalement malhonnête dans cette
histoire. Ce parti, avec raison, demande constamment que l'on sauvegarde des
espaces verts, que l'on sauvegarde les biens culturels. Pour les raisons que
j'ai données tantôt, à proximité de Montréal,
pour permettre aux gens de l'est de Montréal d'avoir accès
à un site historique, à un parc historique, voilà que
notre politique, notre
décision s'inscrit totalement dans ce que le Parti
québécois dit constamment. Voilà que même le
député de Saint-Jacques essaie de mettre en cause la valeur de
notre décision en disant que c'est une décision du ministre,
parce que c'est dans sa circonscription. Autre exemple d'illogisme, de
partisanerie, autre exemple d'absence de cohérence du Parti
québécois.
M. CHARRON: Le message du commanditaire étant passé, M. le
Président, je voudrais demander au député de
Terrebonne...
M. HARDY: Vous n'avez pas d'autres questions à me poser sur l'fle
du Moulin?
M. CHARRON: Non, j'en ai encore. Je voudrais demander au
député de Terrebonne s'il a lu l'éditorial de Cyril
Felteau? J'en prends connaissance pour la première fois.
M. HARDY: Bien sûr, il n'était pas si mauvais.
M. CHARRON: Un ministre et son comté.
M. HARDY: Bien oui.
M. CHARRON: C'est beau.
M. HARDY: Est-ce que vous contestez la décision d'avoir
classé l'île du Moulin et de mettre en valeur l'île du
Moulin? Est-ce que c'est cela? Parlez donc franchement. Cessez de faire du
patinage. Etes-vous pour ou contre?
M. CHARRON: Je vous ai posé une question sans même avoir
l'occasion de vous dire si j'étais pour ou contre. Vous êtes
monté dans les rideaux...
M. HARDY: Pas du tout.
M. CHARRON: ... en disant que je faisais de la partisanerie politique et
que je disais que...
M. HARDY: C'est vrai, c'est cela.
M. CHARRON: Je n'avais encore rien dit. J'étais en train de vous
poser des questions. Il n'y a pas simplement l'île du Moulin.
M. HARDY: II y a tellement de diversion...
M. CHARRON: II n'y a pas seulement l'fle du Moulin dans le beau
comté de Terrebonne. Il y a aussi la maison Bélisle, la maison
Tremblay...
M. HARDY: Elles sont simplement classées...
M. CHARRON: D'accord. La maison...
M. HARDY: A la recommandation de la Commission des biens culturels.
M. CHARRON: Oui, vous l'avez dit dans votre communiqué de presse.
Bien sûr, ce n'est pas toutes les décisions de la Commission des
biens culturels qui reçoivent un communiqué de presse.
M. HARDY: Vous nous reprochez de ne pas avoir classé notre maison
Van Horne.
M. CHARRON: Non, ne mélangez pas les choux avec les carottes. Je
suis en train de vous parler du beau comté de Terrebonne. Il n'y a pas
simplement l'île du Moulin qui peut être effectivement un site
à protéger votre baragouinage sur l'est de Montréal, on ne
partira pas de la rue Amherst pour s'en aller sur l'île du Moulin.
M. HARDY: Savez-vous combien de temps il y a entre l'est de
Montréal et l'île du Moulin?
M. CHARRON: Ne charriez pas!
M. HARDY: Savez-vous dans combien de temps on peut se rendre?
M. CHARRON: Quand je parlais du carré Saint-Louis, tantôt,
je parlais du bas de la ville chez nous.
M. HARDY: Vous parlez de votre comté, aussi. Vous me reprochez de
m'intéresser à mon comté...
M. CHARRON: Ce n'est pas mon comté, si vous voulez savoir. C'est
le comté de votre collègue...
M. HARDY: Le comté de Saint-Louis.
M. CHARRON: ... votre collègue de Saint-Louis, effectivement.
Non, chez nous, il y a le parc Lafontaine...
M. HARDY: Les frontières sont assez nues à
Montréal.
M. CHARRON: On a assez peur que le maniaque qui nous sert de maire
arrive avec une hache, une journée, qu'on est en train d'ériger
un système pour le surveiller. Conservons le parc Lafontaine... Je
voudrais demander au ministre qui a annoncé de son bureau la
décision de la Commission des affaires culturelles de classer la maison
Belisle, la maison Tremblay également...
M. HARDY: Pardon! Le député de Saint-Jacques confond tout!
Lui qui était le porte-parole officiel de son parti lors de
l'étude de la loi 2 devrait savoir qu'il y a une nette distinction entre
la Commission des biens culturels et le ministère.
M. CHARRON: Je le sais.
M. HARDY: Bien non! Ce que vous venez de dire...
M. CHARRON: Justement je suis en train de vous dire que, normalement,
c'est la commission qui devrait annoncer ces décisions.
M. HARDY: Bien non! Justement, vous démontrez que vous ne
connaissez rien dans la loi 2.
M. CHARRON: Bon!
M. HARDY: La loi que vous avez été appelé à
défendre, vous l'ignorez totalement !
M. CHARRON: Bon!
M. HARDY: Je vais vous expliquer comment fonctionne la loi 2, même
si je n'étais le porte-parole d'aucun parti lors de son adoption.
En vertu de la loi 2, il existe une commission, commission
indépendante, commission consultative, présidée par M.
Lapalme. Ecoutez! Cela va vous faire du bien; la prochaine fois, vous le saurez
!
M. CHARRON: Allez-y!
M. HARDY: Composée d'un certain nombre de spécialistes.
Ces gens étudient un dossier et font des recommandations au ministre,
recommandations de classer, de reconnaître. Parfois, ils recommandent
également d'acheter. Le ministre ne peut pas prendre de décision
avant d'avoir consulté la commission. D'autre part, il n'est pas
obligé de se soumettre à la décision de la commission.
Mais le classement comme tel, en vertu de la loi 2, c'est le ministre qui le
fait, et puisque c'est le ministre qui le fait, il est normal que ce soit le
ministre qui l'annonce. La Commission des biens culturels peut annoncer, si
elle a un service de presse, qu'elle a recommandé au ministre de
classer, de reconnaître ou d'acheter. Mais le classement, l'acte en vertu
duquel un bien est classé, c'est le ministre qui pose ce geste. Il est
donc normal que ce soit le ministre qui l'annonce.
M. CHARRON: Le ministre a annoncé, par un communiqué de
presse, chacune des décisions qu'il a prises dans le passé.
M. HARDY: Oui, parce qu'il est normal que les gens sachent ce que l'on
classe et ce que l'on ne classe pas.
M. CHARRON: Est-ce que, parmi les recommandations de la commission des
biens culturels qui s'adressaient à des établissements à
l'intérieur du beau comté de Terrebonne, il y a des
recommandations que le ministre n'a pas suivies?
M. HARDY: Pas à ma connaissance.
M. CHARRON: Bon! Pouvez-vous nous dire...
M. HARDY: Ce n'est pas la faute du député actuel, du
ministre des Affaires culturelles, si le comté de Terrebonne est un
comté historique.
M, CHARRON: Non. Ce n'est pas à cause de vous qu'il va le devenir
non plus!
M. HARDY: Les historiens du futur en décideront!
M. CHARRON: En vertu du programme 2, puis-je vous demander quelles sont
les dépenses totales qui seront faites dans le comté de
Terrebonne au cours de la prochaine année financière?
M. HARDY: Pardon?
M. CHARRON: Si j'inclus l'île du Moulin, la maison Bélisle,
la maison Tremblay, le Vieux-Terrebonne, du montant...
M. HARDY: J'ai dit tantôt au député de Saint-Jacques
que nous n'avons rien de prévu dans notre budget...
M. CHARRON: Rien, actuellement.
M. HARDY: Les sommes que nous allons débourser
actuellement...
M. CHARRON: Actuellement...
M. HARDY: ... à l'île du Moulin proviennent...
M. CHARRON: ... totalement de nos taxes que nous envoyons à
Ottawa et qui nous sont remises pour l'occasion.
M. HARDY: ... et qui vous intéressent tellement peu que vous ne
vous occupez même pas de savoir qui va les administrer.
M. CHARRON: Je vous pose une question d'information. Y a-t-il dans ce
budget un montant québécois affecté au Vieux-Terrebonne ou
à l'île du Moulin?
M. HARDY: Non.
M. CHARRON: Très bien. Merci. Puis-je demander maintenant: Dans
ses négociations avec les locataires de l'île du Moulin, où
en est le ministre des Affaires culturelles actuel? Seront-ils
dédommagés même s'ils n'ont pas de...
M. HARDY: Ce n'est pas au ministre, comme j'ai eu l'occasion de le dire
et, comme toujours, le journaliste de votre organe officiel l'a tout
à fait mal rapporté de décider si les
locataires de l'île du Moulin seront indemnisés et de quel
montant ils seront indemnisés. Le député de Saint-Jacques
connaît probablement la Loi de l'expropriation. Il y a tout un
mécanisme de prévu. Ce que j'ai dit, lorsque j'ai
rencontré les locataires de l'île du Moulin c'est de faire leurs
réclamations et de les adresser à qui de droit et, suivant les
lois existantes, on décidera si oui ou non ils ont droit à une
indemnité et de combien. Le ministre n'est pas un juge, il n'est pas
membre d'un tribunal pour décider si ces gens ont droit et à
combien ils ont droit. Ce sont les lois actuellement existantes. La seule chose
que j'ai dite et j'avais le pouvoir de le faire aux gens de
l'île du Moulin est que nous ne les forcerions pas à partir de
l'île aussi longtemps qu'un endroit convenable ne serait pas
trouvé pour qu'ils puissent déménager leurs maisons
mobiles, même si cela devait impliquer un certain retard dans les
travaux.
M. CHARRON : L'avis d'expropriation a-t-il été
déposé actuellement?
M. HARDY: II a été déposé au bureau
d'enregistrement.
M. CHARRON: Cette semaine. Est-ce que le ministre a prévu une
nouvelle rencontre avec ses commettants de l'île du Moulin?
M. HARDY: Je suis toujours à la disposition de tous mes
électeurs et je les rencontre chaque fois qu'ils m'invitent à
aller les rencontrer.
M. CHARRON : Je ne vous ai pas demandé de partir sur une fripe
encore! Je vous ai posé une question bien précise.
M. HARDY: C'est très précis.
M. CHARRON: Vous les avez rencontrés. Vous êtes-vous
donné un délai pour de nouveau et de la même façon
que vous les avez rencontrés c'est-à-dire en assemblée,
les rencontrer de nouveau?
M. HARDY: Je ne peux que dire au député de Saint-Jacques
que si mes électeurs qui habitent actuellement dans l'île du
Moulin désirent rencontrer leur député, ils n'ont
qu'à me le faire savoir et c'est avec plaisir que j'irai de nouveau les
rencontrer. C'est fort probable que, comme cela s'est produit la
dernière fois, un membre du Parti québécois en profitera
pour venir faire un peu de propagande pour son parti.
M. CHARRON: C'est bien. M. TREMBLAY: Du chahut...
M. CHARRON: Du chahut. M. le Président, je vous demanderais de
considérer qu'il est 6 heures et nous procéderons à 8 h 15
au reste de l'étude.
M. HARDY: M. le Président, je suis d'accord sur la proposition du
député de Saint-Jacques.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 8 h 15.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
Reprise de la séance à 20 h 20
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Les membres de la commission sont les mêmes que cet
après-midi, sauf que M. Leduc, de Taillon, remplace M. Phaneuf de
Vaudreuil-Soulanges. Nous étions rendus au programme 2,
élément 2.
M. CHARRON: Nous achevions, M. le Président, en fait, le
programme 2. Il me reste encore quelques cas qui, je pense, méritent
notre attention. Le ministre est certainement au courant de la situation
particulière du manoir Juchereau-Duchesnay, à
Sainte-Catherine-de-Portneuf, là où a vécu Saint-Denys
Gar-neau.
M. HARDY: Ce n'est pas le cas le plus grave, parce qu'il est en bon
état et...
M. CHARRON: Non. Je ne parle pas de l'édifice, je parle de son
cas juridique. C'est-à-dire que je voulais demander au ministre s'il a
pris la décision de classer cette maison, même si, nous dit-on, le
propriétaire actuel, le colonel Parent, ne le souhaiterait pas.
M. HARDY: M. le Président, le sentiment du colonel Parent, pas
plus que le sentiment d'autres propriétaires de biens historiques,
n'entre en ligne de compte dans notre appréciation. Nous sommes
actuellement à constituer le dossier du manoir où a vécu
Saint-Denys Garneau et, dès que ce dossier sera constitué, nous
allons le soumettre à la Commission des biens culturels, comme la loi
nous y oblige, et quand la Commission des biens culturels aura fait sa
recommandation, je déciderai.
M. CHARRON: Ce n'est pas encore fait.
M. HARDY: Non. Nous sommes en train de constituer le dossier.
M. CHARRON: Donc, la commission n'en est même pas encore saisie,
si j'ai bien compris.
M. HARDY: Pas encore.
M. CHARRON: Mais cela devrait se faire bientôt, parce que le
ministre juge que cette pièce devrait être recommandée.
M. HARDY: II y a une présomption très favorable
M. CHARRON: J'imagine, oui.
M. HARDY: Pas tant à cause de l'architecture de la maison que de
son caractère historique.
M. CHARRON: De son histoire. Un autre cas plus particulier, le moulin
des Ouellet à Cap-Saint-Ignace.
M. HARDY: Cela vous inquiète beaucoup.
M. CHARRON: Quelle est sa situation par rapport au classement?
M. HARDY: C'est une de nos propriétés. C'est une
propriété du ministère des Affaires culturelles.
Justement, le cas du manoir Ouellet est relié au cas d'un grand nombre
de propriétés du ministère des Affaires culturelles qui
ont été achetées un peu au hasard sans qu'on connaisse
exactement la vocation de ces immeubles. C'est une expropriation de la Voirie.
Nous avons hérité, au ministère des Affaires culturelles,
de ce moulin.
M. CHARRON: Il y a longtemps de cela?
M. HARDY: II y a deux ou trois ans. De toute façon,
l'étude concernant le moulin Ouellet est reliée à
l'étude des autres propriétés du ministère des
Affaires culturelles.
Nous étudions la vocation que l'on peut donner à ces
maisons, non seulement pour les conserver, mais pour les faire servir à
quelque chose, les animer.
M. CHARRON: Dans le cadre de l'animation de ces bâtiments dont le
ministère est propriétaire, quelle est la situation actuelle du
manoir des Ouellet à Cap-Saint-Ignace? Est-ce qu'il est abandonné
actuellement?
M. HARDY: Actuellement, nous n'avons pas encore défini la
vocation du manoir.
M. CHARRON : Est-ce qu'il a été classé?
M. HARDY: D n'est pas classé, étant notre
propriété; le classement, c'est surtout pour assurer la...
M. CHARRON: Oui, d'accord.
M. HARDY: II n'y a pas d'urgence à le classer.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que le programme 1 est
considéré comme adopté?
M. CHARRON: Je pense que oui, mais je voudrais être sûr. Une
dernière question, le ministère des Affaires culturelles a
répondu au promoteur de la restauration du manoir Deschênes
à Saint-Roch-des-Aulnaies que les plans et archives concernant cet
édifice étaient rendus à Ottawa. Quand le ministre a-t-il
autorisé ce transport?
M. HARDY: C'est une propriété du gouver-
nement provincial, particulièrement du ministère du
Tourisme.
M. CHARRON : II est la propriété du ministère du
Tourisme.
M. HARDY: Oui. Mais justement dans la définition des vocations de
ces maisons, dès que nous aurons un plan bien défini, il est fort
probable, tel que le désire le ministre du Tourisme, que ce manoir tombe
sous notre juridiction. C'est un peu anormal que ce manoir soit actuellement
sous la juridiction du ministère du Tourisme.
M. CHARRON : Quand cette décision est-elle à
prévoir?
M. HARDY: Dès que les études que nous faisons actuellement
sur la vocation assignée aux maisons que nous possédons seront
terminées.
M. CHARRON: Le château Dufresne, ce luxueux hôtel
particulier qui est situé à l'angle des rues Sherbrooke et Pie IX
à Montréal.
M. HARDY: C'est un autre cas intéressant que le service des
monuments n'a pas encore eu le temps d'étudier, d'en constituer un
dossier. La Commission des biens culturels, par voie de conséquence, ne
l'a pas encore pris en considération.
M. CHARRON: Si je soulève cette question, c'est que le ministre
est probablement au courant que le maire Drapeau a déjà
annoncé son intention, au conseil exécutif de Montréal, de
réintégrer le château Dufresne, peut-être dans le but
d'en faire le siège du comité organisateur des Jeux olympiques
ou, enfin, d'en faire une succursale. Cela a été affirmé
par le maire Drapeau, au conseil exécutif de Montréal, le 12
décembre 1973.
M. HARDY: C'est un cas qui sera discuté au comité conjoint
de la ville de Montréal et du ministère des Affaires
culturelles.
M. CHARRON: Depuis que ce château n'est plus le site du
musée d'art contemporain, depuis l'Expo 1967, est-ce que le
ministère a eu une...
M. HARDY: C'est la propriété de la ville de
Montréal et le ministère n'est pas intervenu.
M. CHARRON: Est-ce qu'au cours de l'année le ministère
saisira la Commission des biens culturels pour statuer sur le château
Dufresne, même si c'est la propriété de la ville de
Montréal?
M. HARDY: Ce n'est pas à cause du fait que c'est la ville de
Montréal qu'il nous était interdit d'intervenir...
M. CHARRON: Dernière question.
M. HARDY: ... mais il y a, là comme ailleurs, de plus grandes
urgences. Parce que, quand même, le château Dufresne, actuellement,
n'est pas utilisé, mais, étant la propriété de la
ville de Montréal, il n'est pas menacé de démolition.
Tandis qu'il y a d'autres endroits où il est plus urgent d'intervenir
parce que des gestes irréparables peuvent être posés.
M. CHARRON: M. le Président, le moulin de l'Hôpital
Général de Québec. Il semble que les urbanistes de la
ville de Québec ne se soucient pas de la démolition de cette
pièce unique. Est-ce que le ministre est intervenu?
M. HARDY: C'est un autre dossier qui est actuellement à
l'étude par le service des monuments, conjointement avec la ville de
Québec.
M. CHARRON: La maison Fargues aussi à Québec.
M. HARDY: Nous commençons la restauration cette année et
ce sera notre centre d'interprétarion de la restauration. Nous avons
l'intention de mettre sur pied un centre de restauration, c'est-à-dire
un centre où les gens pourront prendre connaissance du processus de
restauration depuis le tout début jusqu'à la fin de la
restauration d'un immeuble.
M. HCARRON: Quand a-t-on donné l'autorisation de détruire
l'église St. Patrick?
M. HARDY: Si mes informations sont bonnes, la première
destruction est due à un incendie. Le dossier a été
étudié et la décision finale fait suite à une
recommandation de la Commission des biens culturels. Nous allons consolider les
ruines, conserver les ruines actuelles et les mettre en valeur par un
système d'éclairage.
M. CHARRON: Est-ce que, dans ce dossier particulier de l'église
St. Patrick de Québec, l'organisme fédéral qui s'appelle
Parcs-Canada n'a pas quelque intervention que ce soit? Actuellement pas.
M. HARDY: Aucune intervention. On m'informe que Parcs-Canada intervient
très peu dans les églises.
M. CHARRON: Une dernière question qui a soulevé
l'attention de l'Assemblée nationale l'année dernière,
mais peut-être pas directement avec le ministre des Affaires culturelles:
Est-ce que le ministre a demandé un avis à la Commission des
biens culturels sur la valeur du site comme arrondissement naturel de la
vallée de la Jacques-Cartier?
M. HARDY: Non, il n'y a pas eu d'avis
demandé à la Commission des biens culturels et
probablement que cela découle du fait que nous n'avons pas encore un
inventaire des sites naturels. Nous devons d'abord définir la
méthodologie, faire l'inventaire avant d'intervenir. Notre intervention
aurait pu être valable, mais elle n'aurait pas reposé sur des
bases très scientifiques.
M. CHARRON: Est-ce que cela vous intéressait de demander un avis
au cas où, à nouveau au Conseil exécutif, vous auriez
à rediscuter cela avec...
M. HARDY: Je suis bien prêt à redemander un avis, mais je
pense que la Commission des biens culturels devra donner un avis un peu
arbitraire.
M. CHARRON: Dans quel sens?
M. HARDY: Je pense qu'il y a actuellement d'autres moyens de
préserver la vallée de la Jacques-Cartier, mais j'imagine bien
que, dès que l'inventaire que nous allons mettre en marche sera
terminé, nous saurons, à ce moment-là, si...
M. CHARRON: Ce sera un des objets de l'inventaire.
M. HARDY: Evidemment, oui.
M. CHARRON: M. le Président, j'ai...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Programme 2, éléments 1 et 2
sont adoptés?
M. CHARRON: Merci.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Programme 3: Gestion interne et soutien,
élément 1 : Direction et gestion interne.
Gestion interne et soutien
M. CHARRON: Comment est composé le cabinet du ministre des
Affaires culturelles actuellement?
M. HARDY: II y a un directeur de cabinet qui est M. Gérard
Lajeunesse. Il y a une secrétaire particulière adjointe au
cabinet qui remplit les fonctions d'attachée de presse, Mlle Gingras. Il
y a un autre secrétaire particulier adjoint qui est dans le
comté, M. André Houde, et il y a un autre secrétaire
particulier adjoint qui agit à titre d'occasionnel, M. Denis
Turcotte.
M. CHARRON: Comme sous-ministre en titre, il y a M. Frégault.
M. HARDY: II y a M. Frégault qui est sous-ministre en
titre...
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a des sous-ministres adjoints?
M. HARDY: ... et M. Raymond Gariépy qui est sous-ministre
adjoint.
M. CHARRON: Quelles sont les responsabilités de M. Gariépy
en particulier?
M. HARDY: Je pense que M. Gariépy est la personne la plus
compétente pour définir ses responsabilités.
Comme sous-ministre adjoint, je suis surtout responsable du programme de
l'administration, programme qui est défini comme étant celui de
l'administration générale du ministère, gestion interne et
soutien. Et puis, évidemment, il y a toutes les questions que le
sous-ministre ou le ministre veulent bien me soumettre pour examen ou
étude. En fait, il n'y a pas de délimitation très nette.
Je suis à la disposition du ministre ou du sous-ministre pour
étudier tout dossier qu'on veut me confier, en plus de la direction
générale de l'administration.
M. CHARRON : Combien de conseillers avez-vous?
M. HARDY: A l'heure présente, j'ai deux conseillers,
c'est-à-dire qu'il y a le groupe de travail qui a été
constitué, qui est sous la responsabilité de M. Yvon Leclerc qui
agit, en quelque sorte, comme conseiller, je ne sais plus exactement quel est
son titre. En quelque sorte, M. Leclerc agit comme conseiller auprès du
ministre, mais je ne pense pas que ce soit son titre officiel. Quel est votre
titre officiel? M. Leclerc est encore secrétaire particulier adjoint,
mais il a démissionné, sa démission doit prendre effet ces
jours-ci, pour assumer le service des industries culturelles, et responsable de
l'élaboration des politiques du ministère.
M. CHARRON: Et l'autre?
M. HARDY: De concert avec, évidemment, les directeurs
généraux et les sous-ministres.
M. CHARRON: Et l'autre? M. HARDY: Et l'autre? M. CHARRON:
Conseiller.
M. HARDY: II y a, sur une base contractuelle, M. Jean-Noël
Tremblay.
M. CHARRON: Qui fait quoi?
M. HARDY: Qui s'occupe actuellement d'étudier tout ce qui ressort
du problème des jeunes musiciens, des musiciens qui ont une formation
professionnelle et qui sont en chômage. Il a reçu mandat de
préparer des programmes ou des organismes, de les soumettre, pour
tâcher de permettre à ces jeunes musiciens de
trouver de l'emploi. En même temps que ces jeunes musiciens
trouveraient de l'emploi, on pourrait assurer une plus grande diffusion de la
musique" à l'échelle du territoire.
M. CHARRON: Cela veut dire quoi?
M. HARDY: Un problème qui intéresse également mon
collègue, le ministre du Travail, en tant que responsable de la
main-d'oeuvre.
M. CHARRON: C'est d'ailleurs par le ministère du Travail, je
pense, qu'on ...
M. HARDY: C'est-à-dire que j'ai retenu les services de M.
Jean-Noël Tremblay à la suite de consultations avec mon
collègue, le ministre du Travail.
M. CHARRON: Mais qu'est-ce qu'il fait au juste?
M. HARDY: II fait ce que je viens de vous dire.
M. CHARRON: II a un bureau à Québec, un bureau à
Montréal. Il visite les conservatoires. Qu'est-ce qu'il fait?
M. HARDY: II n'a de bureau ni à Québec, ni à
Montréal. Il fait une recherche. Il a un contrat et son contrat est de
trouver des formules qui permettraient de trouver de l'emploi aux jeunes
musiciens. C'est le contrat purement et simplement et, comme n'importe quel
contractuel, il a la responsabilité de remplir son contrat.
M. CHARRON: On l'a envoyé chez lui pour pondre des
méthodes.
M. HARDY: Pour faire enquête, examiner la situation.
M. CHARRON: Chez lui?
M. HARDY: Je ne sais pas s'il fait cela chez lui. Il a toute
liberté. Il a un contrat. Il a mandat de me soumettre des suggestions.
Je ne contrôle pas sa méthode de travail. Il a un contrat. Il est
maître de ses moyens.
Si le député de Saint-Jacques avait fait des études
juridiques, je lui ferais la distinction entre l'obligation de moyen et
l'obligation de résultat. En vertu du contrat que M. Jean-Noël
Tremblay a avec le ministre, il n'a pas d'obligation de moyen. Il a une
obligation de résultat. Il est maître des moyens.
M. CHARRON: Cela ne vous dérange pas que...
M. HARDY: Pas plus que si je confie un contrat...
M. CHARRON: Laissez-moi donc terminer ma question. Vous êtes donc
bien nerveux sur ce sujet! Je suis en train de vous dire...
M. HARDY: Je suis moins nerveux que le député de
Saint-Jacques ne l'était à la télévision lorsque
j'ai annoncé la nomination de M. Tremblay. Ce soir-là, il avait
l'air passablement plus nerveux que moi.
M. CHARRON: C'est bien certain parce que, aujourd'hui, ce soir, on peut
faire semblant qu'il a été engagé comme conseiller des
Affaires culturelles et avoir une discussion très mondaine sur ses
capacités, mais lorsque la nomination a été faite, cela
sautait aux yeux que c'était une récompense partisane du Parti
libéral. Vous aviez le droit de le récompenser pour les services
rendus, évidemment, mais ce que je trouve plus grave, c'est que cela
soit $20,000 pris sur les fonds publics. Je pense que votre parti ne manque pas
d'argent à ce point. Vous auriez pu le récompenser à
même les fonds du parti. Là, ce sont les contribuables qui vont
verser, en vertu d'un contrat dont d'ailleurs nous n'avons jamais eu copie...
Est-ce qu'on peut demander de déposer une copie du contrat d'embauche de
Jean-Noël Tremblay?
M. HARDY: Est-ce que vous croyez que les contrats sont
nécessairements écrits?
M. CHARRON: Ah! Parce que ce n'est même pas écrit !
M. HARDY: II existe autre chose que des contrats verbaux.
M. CHARRON: Alors, on a dit: Je te donne $20,000 par année, je
suppose, pour la première année. J'espère que le contrat
verbal ne s'est pas...
M. HARDY: II faudrait faire une correction.
M. CHARRON: Laissez-moi terminer. Et il n'y a pas d'obligation de moyen,
en ce sens: Vous pouvez me produire le résultat que vous voudrez, comme
étude...
M. HARDY: Bien non.
M. CHARRON: L'important est le résultat, et vous
vérifierez.
Est-ce que M. Cloutier, pardon, M. Tremblay M. Cloutier, son tour
viendra bien un jour a des obligations? Est-ce qu'il a des rapports
périodiques à vous faire?
M. HARDY: Evidemment. Premièrement, je voudrais corriger une
chose. M. Tremblay n'est pas engagé sur une base annuelle. Son
traitement est calculé sur une base annuelle de $20,000 par
année, mais il n'y a aucune période déterminée. Il
y a seulement dans l'esprit du député de Saint-Jacques, qui
voudrait absolu-
ment assurer une certaine permanence d'emploi à M. Tremblay... Ce
n'est pas dans l'esprit du ministre des Affaires culturelles. Je
répète que les services de M. Jean-Noël Tremblay, à
la suite de discussions avec mon collègue du Travail, ont
été retenus pour trouver une solution au problème des
musiciens en chômage. M. Jean-Noël Tremblay m'a déjà
soumis deux rapports préliminaires. Il y a déjà un
orchestre qui a été mis sur pied. Il y a déjà eu un
concert de donné. M. Tremblay n'a pas la liberté de donner des
résultats comme il le veut. Il y a déjà des efforts de
faits. Je regrette, cela peut être une opinion contraire de la part du
député de Saint-Jacques, mais je considère que M.
Jean-Noël Tremblay, ex-ministre des Affaires culturelles, est un homme
honnête et responsable. Je n'ai aucune raison de croire qu'il ne fera pas
un travail efficace et qu'il ne produira pas un rapport sérieux dans un
délai raisonnable.
Le député de Saint-Jacques peut bien croire le contraire,
mais s'il veut bien attendre et voir les résultats et s'il
considère que les résultats ne sont pas à la hauteur ou
dans la mesure du traitement accordé à M. Tremblay, il nous le
reprochera et il dira que le ministre des Affaires culturelles n'a
peut-être pas ou le gouvernement n'a peut-être pas bien
utilisé les fonds publics à l'endroit de M. Tremblay. Je pense
qu'il faudrait au moins attendre les résultats des travaux fournis par
M. Tremblay.
M. CHARRON: Dans le contrat verbal qui lie M. Tremblay au ministre des
Affaires culturelles, est-ce qu'il y a des dispositions vous m'avez dit
qu'il n'y en avait pas quant à la durée du contrat quant
au salaire?
M. HARDY: Oui, l'arrêté en conseil, parce que les services
de M. Tremblay ont été retenus à la suite d'un
arrêté en conseil qui dit qu'il est payé sur une base de
$20,000 par année. Ces honoraires sont calculés sur une base de
$20,000 par année.
M. CHARRON: II est payé quand, à chaque mois?
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: Combien a-t-il reçu depuis son entrée en
fonction?
M. HARDY: Un douzième par mois.
M. CHARRON: Combien de fois l'avez-vous rencontré depuis le
début de son entrée en fonction?
M. HARDY: Je l'ai rencontré deux fois, il m'a soumis deux
rapports.
M. CHARRON: Ces rapports sont publics? M. HARDY: Non. Pas à ce
stade-ci.
M. CHARRON: Ce groupe dont vous parlez, c'est quel groupe?
M. HARDY: Le groupe de travail?
M. CHARRON: Le groupe de musiciens qu'il a suscité et
formé, ce mécène?
M. HARDY: La Société des musiciens du Québec
Inc.
M. CHARRON: Qui est un groupe qui travaille où?
M. HARDY: II a donné exactement un concert à
Montréal. Le mandat est à l'échelle du Québec.
M. CHARRON: Quel a été le rôle exact de votre
conseiller dans la formation de ce groupe?
M. HARDY: Je ne peux pas vous donner exactement les détails de ce
qu'il a fait. Je pourrai lui demander un autre rapport sur ce qui s'est fait
précisément avec ce groupe dont l'incorporation n'est pas
encore... C'est un groupe qui, de fait, a déjà donné un
concert, mais dont l'existence juridique n'est pas encore reconnue.
M. CHARRON: Est-ce que vous allez attendre d'autres rapports de lui
également?
M. HARDY: Evidemment.
M. CHARRON: Sur quel sujet en particulier?
M. HARDY: Sur ce sujet. Le problème qu'il a mandat
d'étudier, c'est de trouver des formules de suggérer des
organismes qui auraient pour rôle de permettre aux musiciens d'exercer
leur profession d'une part et en même temps d'assurer une plus grande
diffusion de la musique à l'échelle du territoire. A l'heure
présente, le problème qui se pose c'est que les gens, beaucoup de
jeunes qui sortent des conservatoires, même s'ils ont fait des
études sérieuses, ne peuvent pas trouver d'emploi étant
donné la nature, la constitution, la vocation des grands orchestres.
Alors, c'est pour assurer à tous ces gens qui ont une formation
professionnelle qu'ils auront la possibilité d'exercer leur art et en
même temps assurer à un plus grand nombre de
Québécois qu'ils profiteront de concerts.
M. CHARRON: ... à des provisions.
M. HARDY: Actuellement, les rapports préliminaires que j'ai eus,
et cela devrait plaire au député de Saint-Jacques, c'est que ce
qui semble être retenu entre autres M. Tremblay a pour mandat de
fouiller davantage cette hypothèse l'hypothèse qui est
retenue à l'heure actuelle, c'est la formule coopérative.
M. CHARRON: Dans quel sens?
M. HARDY: Ce sera une coopérative de musiciens.
M. CHARRON: Cela coûte cher quand même.
M. HARDY: M. le Président, je trouve que le député
de Saint-Jacques, encore une fois, est bien imprudent. Quand on sait ce qu'un
de ses collègues, candidat à la dernière élection,
a coûté à la province de 1970 à 1973 et quand on
connaît les résultats que cela a donnés, je pense bien que
M. Jean-Noël Tremblay, à $20,000 par année, va produire plus
qu'un dénommé Yves Michaud et cela va coûter moins cher,
surtout en compte de dépenses. Les qualifications scolaires de M.
Tremblay et son expérience de l'administration publique sont largement
plus favorables que la formation scolaire de M. Michaud.
M. CHARRON: Et dire qu'il n'y a pas un an, j'entendais le
député de Chicoutimi à l'époque me parler du
député de Terrebonne en termes qui, aujourd'hui, feraient
probablement rougir les membres de la commission parlementaire. Et voilà
que ces alliés se retrouvent aujourd'hui...
M. HARDY: M. le Président, c'est justement...
M. CHARRON: Faites attention, c'est un vampire, vous le savez.
M. HARDY: M. le Président, c'est là la grande distinction
qui existe entre ceux qui siègent à votre droite et ceux qui
siègent à votre gauche.
M. CHARRON: Mais oui, bien sûr.
M. HARDY: Ceux qui siègent à votre gauche sont
rongés...
M. CHARRON: C'est drôle quand on est rendu au pouvoir, ce que le
pouvoir peut faire.
M. HARDY: ... par la haine et la rancune.
LE PRESIDENT (M. Pilote): J'inviterais les membres de la commission
à revenir aux crédits des Affaires culturelles.
M. CHARRON: Que le diable l'emporte! Continuons maintenant. M. le
Président, le Conseil des arts je crois que c'est à ce
programme 3 que je dois en parler a gelé les subventions qu'il
donne à l'Orchestre symphonique de Montréal, au Musée des
Beaux-Arts, à l'Ecole nationale de théâtre, au
Théâtre du Nouveau-Monde, aux Grands Ballets.
M. HARDY: Est-ce que vous adoptez le programme 3? Vous êtes rendu
dans un autre programme.
M. CHARRON: Vous voulez que j'en parle au programme 5? D'accord. J'en
parlerai là. Je ne veux pas mélanger les programmes. Si d'autres
collègues ont des questions?
M. TREMBLAY: M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député
d'Iberville.
M. TREMBLAY: Jusqu'à ce que le député de
Saint-Jacques se débouche avec ses documents, je demanderais au ministre
si on peut parler de l'élément 2 du programme 3. J'aurais deux
questions qui seraient peut-être pertinentes. On a fait allusion à
un grand voyageur tout à l'heure. Est-ce que les relations de votre
ministère avec la France se sont modifiées pour l'année
1974/75 ou si vous avez à peu près les mêmes thèmes
d'activités, M. le ministre?
M. HARDY: II n'y a pas de modification essentielle dans notre programme
d'échanges avec la France.
M. TREMBLAY: Avez-vous l'intention d'amorcer des relations culturelles
avec d'autres pays que la France?
M. HARDY: Oui. Nous avons déjà des relations culturelles
avec d'autres pays, en particulier, la Roumanie. Nous avons une exposition,
l'exposition Lemieux, qui ira en Russie, en Roumanie, en Tchécoslovaquie
pour se terminer en France. Nous avons également une exposition d'un
peintre-sculpteur argentin qui a lieu actuellement au Musée du
Québec.
M. TREMBLAY: En ce qui concerne le Festival international de la jeunesse
francophone, quel est le niveau de participation de votre ministère, en
regard de ce grand festival?
M. HARDY: II y a la subvention accordée à la
société d'accueil, c'est-à-dire que les Affaires
intergouvernementales ont accordé une subvention de $500,000. Pour ce
qui est plus spécifiquement du ministère des Affaires
culturelles, nous avons une somme de $300,000 qui va servir à trois
boursiers de plus que le nombre officiel, celui reconnu par l'Agence de
coopération culturelle et technique. En plus des représentations
officielles, nous organisons des manifestations pour près de 1,000
jeunes artistes québécois qui pourront présenter des
spectacles dans le cadre du festival. De plus, par le truchement de l'Office du
film du Québec, un montant de $100,000 est prévu pour la
production d'un film documentaire sur le festival. Ceci veut dire que la
participation du gouvernement du Québec sera de $900,000 en argent, en
plus évidemment de l'aide technique du développement
régional et d'autres services du ministère.
M. TREMBLAY: Avez-vous l'intention, M. le ministre, de continuer
à participer aux activités culturelles des Jeux du
Québec?
M. HARDY: Oui. Cela fait partie de la politique...
M.TREMBLAY: Quelle est la forme de participation la plus vivante, celle
qui intéresse davantage les jeunes au niveau des Jeux du Québec,
la participation de votre ministère? Qu'est-ce qui frappe davantage les
jeunes participants?
M. HARDY: Compte tenu de l'expérience qu'on a dans le festival
francophone, on pense élaborer à peu près la même
stratégie pour les Jeux olympiques de 1976.
M. TREMBLAY: Je parle des Jeux du Québec.
M. HARDY: Les Jeux du Québec.
M. TREMBLAY: Cela veut dire ce qui va avoir lieu...
M. HARDY: Alors pour les Jeux du Québec, pour l'instant, on a
amené...
M. TREMBLAY: Pour les jeux qui ont eu lieu dans la Beauce cet hiver et
qui vont avoir lieu à Valleyfield prochainement.
M. HARDY: Dans la Beauce, cet hiver, on a dépensé un
montant de $3,000 pour payer le secteur culturel des Jeux du Québec et
pour les Jeux de Rouyn-Noranda, on a envoyé un technicien qui a
monté une exposition culturelle. Pour les prochains jeux, c'est la
même chose, on va prendre en charge le secteur culturel des Jeux du
Québec.
M. TREMBLAY: Dans la Beauce, est-ce que c'était sous forme de
subvention spéciale...
M. HARDY: Exact.
M. TREMBLAY: ... pour payer des activités artistiques...
M. HARDY: Des expositions...
M. TREMBLAY: ... est-ce que les étudiants pouvaient produire des
choses qu'ils fabriquaient eux-mêmes?
M. HARDY: C'est cela.
M. TREMBLAY: Des oeuvres qu'ils...
M. HARDY: ... qu'ils pouvaient exposer, même il y avait des jeunes
comédiens là-dedans qui ont pu donner des spectacles.
M. TREMBLAY: Et la même question en regard des Jeux olympiques,
c'est peut-être un peu plus élaboré.
M. HARDY: C'est la même chose que les
Jeux de la francophonie. On veut créer une ambiance aux Jeux
olympiques de 1976 qui va faire en sorte que tout le contexte culturel
québécois va pouvoir apparaître dans ces jeux. Alors, c'est
un peu le même principe que le festival de la francophonie. Dans ce
sens-là aussi, il y a un comité interministériel qui a
été mis sur pied et qui est en relation avec le COJO pour faire
en sorte que les activités du ministère et du COJO soient
coordonnées.
M. TREMBLAY: Est-ce que vous avez déjà des
assemblées qui vous réunissent...
M. HARDY: II y a déjà eu des réunions entre le COJO
et le ministère à ce sujet.
M. TREMBLAY: Est-ce que cela se produit assez souvent ou si c'est...
M. HARDY: Cela se produit...
M. TREMBLAY: ... au stade d'une préparation assez intense, pas
encore, non?
M. HARDY: C'est-à-dire que l'on veut passer les Jeux de la
francophonie et, après, on va se lancer carrément dans les Jeux
olympiques de 1976, parce qu'on aura un peu plus de temps, après les
Jeux de la francophonie.
M. TREMBLAY: Alors, pour les Jeux du Québec proprement dits,
comme on parlait tout à l'heure, ce n'est pas une activité
très accaparante pour le ministère, au fond?
M. HARDY: C'est-à-dire...
M. TREMBLAY: C'est deux fois par année, les Jeux du
Québec.
M. HARDY: En fait, dans les Jeux du Québec, dans le passé,
il y avait très peu de secteurs culturels. Puis, c'est avec le
précédent de Rouyn-Noranda qu'on a commencé à
penser aux secteurs culturels des Jeux du Québec. Et, dans la Beauce,
cela s'est affirmé un peu plus, tandis qu'à Valleyfield, cela va
prendre vraiment une ampleur que l'on n'a connu ni à Rouyn-Noranda, ni
dans la Beauce. A ce moment-là, graduellement, le ministère va
s'impliquer dans la mise en place du secteur culturel des Jeux du
Québec.
M. TREMBLAY: Je vous remercie. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): D'autres questions?
M. CHARRON: Oui, M. le Président. Au cours d'un dîner avec
la tribune de la presse, il y a quelques semaines, le ministre avait
parlé de la création d'une société d'initiatives
culturelles.
M. HARDY: Oui, c'est un projet, c'est un dossier que nous sommes en
train de...
M. CHARRON: Est-ce que cette société serait directement
rattachée au ministre? C'est pour cela que j'en parle ici...
M. HARDY: Je ne suis pas en mesure de le dire actuellement. Le projet
est au stade d'étude, de recherche en ce moment et, aussi longtemps
qu'un rapport définitif ne me sera pas présenté, je ne
suis pas en mesure de dire, d'abord, si la décision sera prise et quelle
sera la nature de cette organisation. Pour nous, actuellement, c'est une
hypothèse de travail...
M. CHARRON: Maintenant, puisqu'on...
M. HARDY: ... niais qui est assez avancée. Les travaux dans ce
domaine sont assez avancés.
M. CHARRON: Cela devrait donner lieu à une décision au
cours de l'année?
M. HARDY: Au cours de l'année, oui. M. CHARRON: Oui.
M. HARDY: Une décision au niveau du ministre au cours de
l'année.
M. CHARRON: Le ministre a aussi confirmé je ne voudrais
pas le mal interpréter que tout le secteur du sport et des loisirs
devrait être intégré à son ministère et
serait intégré à son ministère. Est-ce exact?
M. HARDY: C'est-à-dire qu'à partir de l'orientation dont
j'ai parlé à l'Assemblée nationale, à savoir que la
politique culturelle, l'action culturelle devait englober l'ensemble de la vie
culturelle de la collectivité et, partant de cette situation qu'il ne
devait y avoir qu'une seule autorité en matière culturelle, il
est évident que tout le domaine socio-culturel devra relever d'une
autorité qui est le ministère des Affaires culturelles.
M. CHARRON: Quand vous dites cela, vous défendez cela aussi au
conseil exécutif?
M. HARDY: C'est-à-dire que même le conseil exécutif
a eu l'occasion de se prononcer sur cette question.
M. CHARRON: Est-ce à dire que...
M. HARDY: ... que le principe a été reconnu.
M. CHARRON: Donc.
M. HARDY: II s'agit tout simplement de trouver les aménagements
pour faire le transfert en pratique.
M. CHARRON: Du Haut-Commissariat au ministère des Affaires
culturelles?
M. HARDY: Oui, mais le principe qu'il doit y avoir une seule
autorité, que le socio-culturel ne peut pas être
séparé de l'ensemble de l'action culturelle, que la vie
culturelle ne se sépare pas en deux, la grande culture et la petite
culture, qu'il n'y a qu'une vie culturelle et qu'il ne devrait y avoir qu'une
politique culturelle, ce principe est admis par le cabinet. Il s'agit
évidemment de...
M. CHARRON: Par le ministre d'Etat responsable du Haut-Commissariat
à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports.
M. HARDY: Le ministre d'Etat responsable du Haut-Commissariat est
également membre du cabinet.
M. CHARRON: Cela veut dire qu'au cours de l'année, on devrait
voir le transfert des activités du Haut-Commissariat, du
ministère de l'Education au ministère des Affaires
culturelles?
M. HARDY: C'est-à-dire que le processus est actuellement
engagé.
M. CHARRON: A quel niveau? Au niveau des programmes?
M. HARDY: Oui, au niveau des programmes et des budgets.
M. CHARRON: Certains programmes du Haut-Commissariat sont maintenant
administrés. Est-ce que cela transparaît déjà dans
ce budget?
M. HARDY: Non, pas dans le budget actuel. La décision de
principe, lorsque ce budget a été préparé,
n'était pas encore prise. Comme vous le savez, il y a eu un premier
comité interministériel qui a étudié l'ensemble du
problème, lequel comité n'a pas pu arriver à des
décisions. Par la suite, il y a eu un comité plus restreint des
Affaires culturelles, du Haut-Commissariat, de l'Education où
siégeaient le ministre de l'Education, le ministre d'Etat à
l'Education, responsable du Haut-Commissariat et le ministre des Affaires
culturelles qui ont présenté un rapport au cabinet.
M. CHARRON: Est-ce que cela veut dire que la totalité des
activités couvertes par le Haut-Commissariat s'en iront aux Affaires
culturelles?
M. HARDY: Oui, c'est cela l'objectif final. M. CHARRON: Y compris le
sport?
M. HARDY: Mais non, c'est seulement le socio-culturel,
c'est-à-dire que c'est l'action culturelle.
M. CHARRON: Uniquement le socio-culturel, ce qui veut dire que...
M. HARDY: Oui. Le ministère des Affaires culturelles ne deviendra
pas le ministère des affaires culturelles et des sports.
M. CHARRON: Vous avez annoncé vous-même dans votre
conception de la culture que cela allait à la façon de se loger,
à la façon de se vêtir. La culture, c'est aussi son corps,
ce n'est pas que l'esprit.
M. HARDY: Bien oui, à ce moment-là, chaque
ministère du gouvernement serait un ministère des Affaires
culturelles.
M. CHARRON: Je ne veux pas engager cette discussion, je veux juste
savoir si la décision connexe à celle-là...
M. HARDY: A ce moment-là, M. le Président, si le
ministère des Affaires culturelles embrasse tellement, il me faudra
recourir à tous les anciens ministres comme conseillers
spéciaux.
M. CHARRON: Je veux savoir si dans cette hypothèse les
activités sportives que couvre le Haut-Commissariat seraient à
l'avenir couvertes par un ministère des sports?
M. HARDY: M. le Président, je pense que vous ne vous adressez pas
à la bonne place. Vous auriez dû poser cette question au ministre
responsable du Haut-Commissariat.
M. CHARRON: Mais je veux savoir ce que vous allez aller chercher
exactement au Haut-Commissariat.
M. HARDY: L'activité socio-culturelle, les programmes
socio-culturels.
M. CHARRON: Cela veut dire que les organismes qui viennent d'être
regroupés actuellement dans une centrale administrative unique, contre
leur gré, par le ministre responsable du Haut-Commissariat, ces
organismes seraient à nouveau séparés, parce qu'il y en a
quelques-uns qui doivent se rendre là.
M. HARDY: Pas nécessairement. Le même organisme, je vous
donne l'exemple...
M. CHARRON: La Confédération des loisirs par exemple.
M. HARDY: ... d'un service de loisirs d'une municipalité.
Très souvent le service de loisirs d'une municipalité s'occupe
à la fois des loisirs culturels et des loisirs physiques, loisirs
sportifs. Il n'y a rien qui empêche le ministère des Affaires
culturelles d'intervenir auprès de ce service de loisirs pour ses
activités culturelles et un autre organisme d'intervenir pour les
loisirs sportifs.
M. CHARRON: C'est d'accord si votre décision est que le sport ne
fait pas partie de ce que vous avez à administrer; si c'est votre
conception, soit !
M. HARDY: Dans l'état actuel des choses, mais je ne sais pas ce
qui arrivera dans dix ans ou dans quinze ans selon l'évolution.
M. CHARRON: Ce que je veux savoir, c'est...
M. HARDY: Pour le moment, il n'est pas question pour le ministère
des Affaires culturelles d'intervenir dans le domaine du sport.
M. CHARRON: C'est parce que moi, comme Québécois, je suis
en face de deux décisions de ce gouvernement dont vous faites partie. La
première est celle que vous avez déjà
énoncée, mais que vous nous précisez ce soir, à
l'effet que les activités socio-culturelles que couvre actuellement le
Haut-Commissariat seront éventuellement assumées par votre
ministère. D'autre part...
M. HARDY: II reste à définir les modalités.
M. CHARRON: ... nous avons été mis, il y a à peine
quelques jours, au début du mois de mai, en face d'une décision
qui n'a pas semblé plaire aux gens concernés mais peu
importe, là n'est pas le débat, ce débat a eu lieu
à un autre ministère d'une réorganisation
administrative de la Confédération des sports, de la centrale des
loisirs et de celle du plein air également. Ces trois organismes, contre
leur gré, si on en croit leur témoignage, à l'instigation
et avec la force budgétaire du ministre responsable du
Haut-Commissariat, doivent maintenant vivre dans une seule unité
administrative, une centrale administrative unique à Montréal,
qu'a défendue, lors de l'étude des crédits, le ministre
responsable du Haut-Commissariat.
Après avoir forcé l'intégration de ces gens, vous
m'annoncez qu'éventuellement, c'est plutôt avec...
M. HARDY: Ce sont deux problèmes. M. CHARRON: ... votre
ministère...
M. HARDY: Ce sont deux problèmes totalement différents.
Leur structure à eux et la structure gouvernementale, ce sont deux
choses différentes.
M. CHARRON: Le gouvernement vient d'intégrer leurs structures. Je
sais bien qu'elles ont leurs structures à elles, mais vous voulez dire
que dans la même centrale administrative, puisqu'elles sont
maintenant...
M. HARDY: Cette centrale administrative peut recevoir...
M. CHARRON: II y aura deux ministères. M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: C'est exact? C'est cela. M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: En votre qualité de responsable éventuel des
activités socio-culturelles dans le domaine du loisir, est-ce que vous
aviez annoncé aux responsables, au moment où on essayait de les
convaincre du bien fondé de cette centrale unique administrative, qu'ils
seraient éventuellement sous votre juridiction?
M. HARDY: Personnellement, je n'ai rien annoncé à ces
gens. Je n'ai rien eu à voir dans leur regroupement, parce
qu'actuellement, au moment où tout cela s'est fait, le Haut-Commissariat
était responsable et des loisirs physiques et du socio-culturel.
M. CHARRON: Pouvez-vous affirmer, ce soir, que ces organismes, qui
travaillent dans le domaine socio-culturel, sont désormais avisés
qu'éventuellement ce ne sera plus avec le Haut-Commissariat, mais bien
avec le ministère...
M. HARDY: Ils ne sont probablement pas encore avisés, parce que
les transferts, en pratique, ne sont pas encore faits. Au moment où je
vous parle, c'est encore le Haut-Commissariat qui accorde des subventions dans
le domaine socio-culturel.
La situation est assez claire à comprendre, en tout cas, au
niveau des principes. C'est qu'il y a, au ministère des Affaires
culturelles un service qui s'appelle: Le développement culturel
régional. Nous avons déjà un certain nombre de bureaux
régionaux dans chacune des régions administratives du
Québec. Il y a encore deux régions qui n'ont pas de bureau. Nous
avons une structure en régions sur le terrain, d'une part. D'autre part,
comme je l'ai rappelé tantôt, et comme je l'ai rappelé dans
d'autres occasions, la vie culturelle forme un tout. On ne peut pas
séparer cela. Il y a eu, autrefois, une école qui parlait de
grande culture et de petite culture, mais nous ne croyons pas à cette
division au ministère des Affaires culturelles.
M. CHARRON: C'est un conseiller du ministre qui parlait comme cela
justement !
M. HARDY: II y a eu déjà, à l'époque du
conseiller du ministre, les premiers jalons de ce service que nous retrouvons
maintenant sous le thème de "Développement culturel
régional".
M. CHARRON: Qu'est-ce qu'on ne dirait pas!
M. TREMBLAY: M. le Président...
M. HARDY: Est-ce que je peux terminer ma réponse au
député de Saint-Jacques?
M. CHARRON: Oui.
M. HARDY: Le député de Saint-Jacques, vous savez, est
complètement ébahi de voir que des adversaires politiques peuvent
s'entendre sur certains points.
M. TREMBLAY: II est bien jeune encore. M. CHARRON: Merci.
M. HARDY: Partant de cette situation que nous avons... Et partant du
fait qu'il doit n'y avoir qu'une seule autorité politique en
matières culturelles, nous croyons que le socio-culturel, qui est
actuellement la responsabilité du Haut-Commissariat, doit être
sous la juridiction du ministère des Affaires culturelles.
M. CHARRON: Bien! Ce transfert se fera au cours de l'année?
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: Ce qui veut dire que l'année prochaine,
lorsque...
M. HARDY: Normalement, si tout va normalement, oui.
M. CHARRON: Oui.
M. HARDY: Si la décision de principe va jusqu'à sa fin
normale et ultime, l'an prochain, le programme socio-culturel devrait se
retrouver au ministère des Affaires culturelles.
M. CHARRON: N'avez-vous pas parlé, également, d'une partie
des Communications que vous aimeriez intégrer à votre
ministère?
M. HARDY: Non, jamais.
M. CHARRON: Vous auriez peut-être dû.
M. HARDY: Pardon?
M. CHARRON: Dans cette même conception...
M. HARDY: Je serais intéressé à écouter le
député de Saint-Jacques là-dessus, s'il a des suggestions
intelligentes et objectives.
M. CHARRON: Dans cette même conception de la culture, j'ai
déjà signalé, je ne me souviens plus en quelle
année, c'est la cinquième fois que je fais les crédits des
Affaires culturelles...
M. HARDY: Vous avez toujours dit substantiellement la même
chose.
M. CHARRON: Non, mais je l'ai déjà signalé, plus
précisément, parce qu'à une époque, j'avais un
ministre à qui je pouvais parler, puis j'avais signalé, à
ce moment, que c'était un peu inconcevable de parler, par exemple, d'une
politique culturelle vous m'avez appelé à le faire ce matin
en négligeant, sous cet aspect, des ondes publiques qu'une
société se donne. Je pense qu'un jour, lorsqu'on...
Si jamais nos débats devaient faire partie des archives et qu'on
lisait nos débats sur les Affaires culturelles, on verrait que tout le
secteur de la radio-télévision échappait à un
ministère qui s'affirmait comme étant le maître d'oeuvre de
la politique culturelle du Québec. On se demandera dans quel
siècle on vivait. Il est évident que, lorsqu'on parle de
contrôle culturel et d'une politique globale par laquelle on veut assumer
tout l'aspect de la qualité culturelle d'une société, il
n'y a plus tellement de sociétés qui laissent maintenant
échapper les ondes.
Par exemple, le Secrétariat d'Etat du Canada, qui est le
ministère des Affaires culturelles fédéral et qui dispose
de dix fois plus de moyens que vous, d'ailleurs, pour intervenir, voit
également rattachée au Secrétariat d'Etat, la
société Radio-Canada.
Il serait absolument prévisible et envisageable de voir
Radio-Québec, l'Office de radio-télédiffusion du
Québec être rattaché également au ministère
des Affaires culturelles. Il n'y a rien d'aberrant là-dedans. Quand je
vous demande si c'est une possibilité pour votre ministère
d'aller chercher ça aux Communications, je ne vous invite pas à
le faire, parce qu'il ne restera plus rien à votre pauvre
collègue, excepté les tiraillages avec Gérard
Pelletier.
M. HARDY: ... lors de l'étude des crédits...
M. CHARRON: J'ai abordé la question avec le ministre des
Communications. Je l'ai parfaitement convaincu. C'est tout ce qui fonctionne
dans son ministère, Radio-Québec. Il n'a pas envie de le voir
aller aux Affaires culturelles. J'ai quand même envisagé avec lui
cette possibilité et, sur le plan des principes, il admettait avec moi
que la plupart des sociétés organisées voient l'organisme
de radio-télévision oeuvrant sur leur territoire,
sociétés autonomes, mais rattachées, et c'est le ministre
des Affaires culturelles qui en est responsable devant la Chambre. Je pense que
les exemples européens sont là. Je posais cette question parce
que c'était...
Puis-je ajouter, M. le Président, ce qui pourrait militer en
faveur de cette thèse? D'autant plus que Radio-Québec j'ai
eu une très intéressante discussion avec le président de
Radio-Québec lorsque nous avons étudié les crédits
du ministère des Communications se donne une vocation de
télévision éuducative et culturelle, exactement comme il
l'appelle. Radio-Québec se refuse à devenir commerciale, elle se
refuse à prendre des normes... Elle veut garder la vocation que
l'Assemblée nationale lui a votée et, en ce sens, il ne serait
absolument pas absurde de le voir rattaché au ministère des
Affaires culturelles.
C'est tout ce que je voulais signaler.
M. HARDY: L'hypothèse soulevée par le député
de Saint-Jacques est sûrement très intéressante et elle
mériterait d'être fouillée davantage.
M. CHARRON: Si cela peut vous aider au conseil des ministres, vous
pourrez apporter la copie du journal des Débats.
Maintenant, M. le Président, puis-je aborder le troisième
élément de façon plus précise?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député d'Iberville.
M. TREMBLAY: J'aurais une question pertinente au sujet du
socio-culturel. Je crois que sur le plan personnel, on s'en est
déjà parlé, mais cela serait peut-être le bon moment
de vous poser la question le plus directement possible. Ce transfert qui aura
nécessairement lieu ne s'appliquera pas pour les budgets 1974/75. Alors,
si on ne fait pas...
M. HARDY: Cela se pourrait, mais ce sont des détails techniques,
Conseil du trésor...
M. TREMBLAY: Au niveau des subventions que nous réclamons
à cor et à cri pour notre petite culture de comté, nos
jeunes qui forment des groupes, choeurs de chant, chorales, groupes de danse,
etc., on ne peut pas qualifier ces activités et les subventionner comme
sports. Si toutefois, on le fait, on nous dit: Donne-leur à même
ton budget hors norme; on prive alors nos équipes de vrais sports de
quelques dollars.
M. HARDY: Même si le transfert du socioculturel n'est pas encore
effectué en pratique, des cas comme ceux que vous soulevez peuvent
être présentés aux bureaux régionaux et ils peuvent
être étudiés, suivant les disponibilités
actuelles.
M. TREMBLAY: Si cela devient trop officiel, comme quelqu'un m'a
déjà répondu: Eya une fédération qui groupe
les chorales dans la province de Québec et elle est subventionnée
par le ministère. Conséquemment, les chorales doivent s'adresser
à la fédération. Alors, finalement les groupes de jeunes
qui sont des choeurs de chant d'amateurs...
M. HARDY: C'est un cas.
M. TREMBLAY: ... qui se groupent et ne font pas nécessairement
partie de...
M. HARDY: C'est-à-dire que la direction des
arts d'interprétation subventionne des fédérations
de chorales, je pense, mais il y a aussi possibilité que des organismes
individuels s'adressent...
M. TREMBLAY: Chorales de jeunes qui ne font pas partie de
fédération...
M. HARDY: C'est cela. Elles peuvent s'adresser au bureau
régional.
M. TREMBLAY: A qui?
M. HARDY: Pour vous, c'est à Montréal, dans le
comté d'Iberville, sous la direction de M. Cornu. Le bureau est sur la
rue Nore-Dame dans l'ancien édifice du palais de justice.
M. TREMBLAY: Est-ce que cela va plus vite que passer par le cabinet du
ministre?
M. HARDY: Pardon?
M. TREMBLAY: Est-ce que cela va plus vite, aller directement au bureau
régional que passer par le cabinet du ministre?
M. HARDY: Cela devrait aller plus vite au bureau régional parce
que c'est le principe de la décentralisation administrative.
M. TREMBLAY: Je m'informerai à votre directeur.
M. HARDY: C'est la raison d'être des bureaux régionaux pour
que les décisions collent davantage à la réalité et
soient plus efficaces, plus rapides.
M. TREMBLAY: Le "red tape", comme on dit en bon français, est
éliminé.
M. HARDY: En partie, puisque le circuit est moins long.
M. TREMBLAY: Alors, on va faire un bon "test case" pour aller avec le
bill 22, M. le ministre, en français et en anglais. Merci beaucoup.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, puis-je demander simplement ceci au
ministre? Est-ce qu'il peut exprimer déjà après 18 mois
d'existence de la direction du développement culturel régional,
un bilan qui lui permettrait de tirer des conclusions et d'affirmer...
M. HARDY: Je vais demander à M. Monette de dresser un bilan
positif.
Depuis le 2 octobre 1972 qui est la date de la mise sur pied du
développement régional, à ce moment-là, il y avait
trois bureaux régionaux au ministère, qui existaient depuis
1969.
M. CHARRON: Lesquels étaient-ils?
M. HARDY: C'étaient l'Estrie, la Mauricie et le
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Donc, il y en avait trois. Depuis ce temps, il y en a
sept maintenant, en 1974. Il y a deux régions qui ne sont pas encore
couvertes par les bureaux régionaux, la Côte-Nord et l'Outaouais.
On a pris deux personnes du bureau central à Québec et on les a
nommées par intérim, directeurs de ces deux régions, pour
faire en sorte qu'il n'y ait aucune région qui soit laissée de
côté par cette politique de développement culturel et
régional. D'accord? Voilà sur le plan de l'administration.
Sur le plan du développement des structures, on a financé
des municipalités, on a financé des comités culturels, on
a financé les cours à l'Université du Québec pour
les agents de développement; on a financé aussi des programmes
d'information en région. Sur le plan de la créativité, il
y a tout le programme des comités culturels, des centres culturels ou
des municipalités qui ont reçu l'aide du développement
régional. On a, en plus, fouillé un peu dans le secteur
industriel en lançant un peu l'idée des coopératives de
développement culturel qui a connu un aboutissement à Chicoutimi
dans une coopérative de développement qui est en train de se
mettre sur pied. On a fait des recherches dans différents secteurs de la
culture.
Maintenant, en chiffres précis, j'ai un bilan ici, de toute
façon, qui peut donner les activités qu'on a faites en 1973/74.
C'est le bilan du développement régional. Alors, je pense qu'on a
la liste des subventions qu'on a données à différents
comités, centres culturels, commissions de loisirs municipales, etc.
Cette liste va vous donner une idée des opérations 1973/74. En
gros, on a dépensé avec une partie du budget du Pavillon du
Québec $418,000 et on a financé 97 organismes culturels en
1973/74. Une cinquantaine en manifestations culturelles et 47, je pense, en
subventions comme telles. Il y a une grille à la fin qui vous donne la
liste de toutes ces subventions.
M. CHARRON: L'établissement des subventions par la direction du
développement culturel régional se fait-il au niveau de chacune
des régions ou ici à Québec? Je veux dire, est-ce qu'une
région part avec un budget qu'elle a à assumer, à
gérer elle-même ou si chacune des décisions doit revenir au
ministère?
M. HARDY: Depuis le 2 octobre 1972, dès le 1er avril 1973, on a
crée 16 centres de responsabilité budgétaire qui fait en
sorte que chaque bureau régional a son budget et est maître
d'oeuvre de son budget. Alors, 16 centres, cela veut dire simplement les dix
régions économiques évidemment, plus les budgets de
l'ODEQ, avec différents projets particuliers des centres de
responsabilité là-dedans. Cela veut dire que dès le
début de l'année, chaque bureau régional retourne dans la
région avec son enveloppe budgétaire. Il doit planifier
ses programmes en région, élaborer ses priorités
avec le terrain. Le terrain veut dire simplement qu'on a structuré en
région des tables de concertation régionales, c'est-à-dire
qu'on retrouve deux fois par année tous les organismes culturels qui
oeuvrent dans le milieu pour justement faire l'élaboration des
programmes, identifier les priorités et affecter les budgets de chacun
des bureaux régionaux. C'est très important au point de vue des
centralisations administratives qui fait en sorte que le gars peut planifier
dans son territoire en fonction de ses priorités, les priorités
de son terrain, les investissements du ministère, dans les
différents secteurs dont je vous ai parlé tout à
l'heure.
M. CHARRON: Le personnel actuel total de la direction, c'est quoi?
M. HARDY: C'est 26, vous l'avez dans le livre.
M. CHARRON: C'est cela, 26.
M. HARDY: Maintenant, il y a des occasionnels, évidemment, pour
un nombre total de 42 personnes au développement régional.
M. CHARRON: Le ministre peut-il expliquer comment cette importante
direction a vu son budget diminuer par rapport à l'année
dernière?
M. HARDY: Encore là, il faut être prudent. Il n'y a pas de
diminution quant à nous, quant au budget du ministère des
Affaires culturelles. Il y a diminution du budget brut parce que, comme
l'entente Canada-Québec s'en va vers la fin, il y a moins d'argent cette
année qui provient de l'entente Canada-Québec que normalement.
Quant à l'effort du ministère des Affaires culturelles, il n'y a
pas de diminution, il y a même augmentation. Nous passons de $808,000
à $1,135,000 de la part du ministère des Affaires culturelles. Il
y a cette augmentation quand même substantielle.
M. CHARRON: La déduction qui était à faire, c'est
la contribution fédérale.
M. HARDY: C'est la contribution fédérale qui est moindre
cette année que l'an passé.
M. CHARRON: Est-ce que cela veut dire que si l'entente
Canada-Québec ne devait pas être renouvelée ou
signée de nouveau, le ministère aurait à assumer
désormais par lui seul cette politique de développement culturel
régional? Cela va, M. le Président, programme 3.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le programme 3 est adopté. Programme 4:
Arts plastiques. Elément 1 : Incitation à la création et
à la recherche.
Arts plastiques
UNE VOIX: A quelle heure allons-nous suspendre les travaux?
M. HARDY: Au moment choisi par les membres.
M. CHARRON: Je vous avertis que je vais faire une proposition à
10 heures.
M. HARDY: Pour être agréable au député de
Saint-Jacques, je pense bien que les membres de la commission qui
siègent à vos côtés...
M. CHARRON: En vous assurant d'ailleurs qu'on terminera les
débats demain matin. Je n'ai pas l'intention de faire durer
jusqu'à vendredi, contrairement à votre conseiller, les
crédits des Affaires culturelles pendant trois semaines.
M. HARDY: M. le Président, je ne me plains pas de la durée
de l'étude des crédits du ministère des Affaires
culturelles. Je souhaite que cette étude se prolonge aussi longtemps que
possible, mais je considère qu'il est valable, étant donné
l'importance de la politique culturelle, que l'on étudie en profondeur
tous les programmes du ministère.
M. TREMBLAY: Je m'inscris, à toute éventualité,
pour quelques questions sur les éléments 1 et 2.
M. CHARRON: Allez-y. Si vous voulez y aller, cela ne me dérange
absolument pas.
M. TREMBLAY: A l'élément 1, M. le ministre, est-ce que les
problèmes de locaux dans les conservatoires sont en voie de
solution?
M..HARDY: Oui. c'est à l'autre programme. Si vous voulez
réserver votre question.
M. TREMBLAY: Nous sommes au programme 4. Je vous demande pardon.
M. HARDY: Vous êtes déjà rendu aux arts
d'interprétation.
M. TREMBLAY: Je reviens. Quelle est, plutôt, la façon de
procéder au choix des candidats à l'aide, à la
création et à la recherche?
M. HARDY: II y a des jurys constitués. On a déjà
passé ce programme.
M. TREMBLAY: On est venu là-dessus tout à l'heure?
M. HARDY: On a déjà passé ce programme, mais je
peux quand même vous répondre en vous disant qu'il y a des jurys
constitués et les
candidatures sont étudiées par des jurys. Les bourses sont
accordées suivant les recommandations.
M.TREMBLAY: Est-ce qu'on a passé ces éléments du
programme 4 au début?
M. HARDY: Cela relève de l'administration. Programme: Gestion
interne.
M. TREMBLAY: A-t-on parlé de la baisse de quelque $300,000
à cet élément, il en a été question au
début, je pense, cet après-midi.
M. HARDY: Il n'y a pas de diminution à l'aide à la
création.
M. TREMBLAY: Ma question était rédigée de cette
façon : Quelle est la façon de procéder au choix des
candidats à l'aide à la création et à la recherche?
La question qui venait par la suite c'était: Comment expliquer la baisse
de quelque $300,000 à cet élément? Cela devait
certainement se rapporter à quelque chose qui...
M. HARDY: II y a une augmentation de $300,000 plutôt qu'une
diminution.
M. TREMBLAY: Nos recherchistes se sont peut-être trompés de
ministère. Les musées, est-ce qu'on en a parlé?
M. HARDY: Là on peut en parler.
M. TREMBLAY: Là on va en parler? J'ai deux questions sur les
musées.
M.HARDY: La diminution de $300,000 aux arts plastiques...
M. TREMBLAY: Est-ce qu'on en a parlé au début?
M. HARDY: ... il n'y a pas vraiment de diminution, c'est le budget
supplémentaire qui a été voté au mois de
décembre dernier pour la Centrale d'artisanat.
Le fameux débat! C'est un montant bien spécial et...
M. TREMBLAY: Bien encadré. On n'y reviendra pas, comme ça,
parce qu'il y a eu pas mal d'encre d'imprimerie dépensée
là-dessus. On peut peut-être parler des musées.
M. HARDY: Je suis prêt à discuter de tout problème
qui intéresse les membres de la commission, pour autant...
M. TREMBLAY: J'ai deux questions sur les musées.
M. HARDY: ... qu'on peut rattacher ça à un programme.
M. TREMBLAY: Est-ce que l'étude entreprise sur les musées
privés est terminée?
M. HARDY: Oui, l'étude est terminée et nous avons, pour la
première fois, cette année, dans notre budget... D'abord, il y a
un service des musées privés maintenant au ministère et
nous avons un budget de $247,900 pour les musées privés.
M. TREMBLAY: Pouvez-vous, M. le ministre, donner un exemple d'un
musée privé avec un nom, pour qu'on puisse identifier un endroit,
par exemple?
M. HARDY: Le musée de Rimouski est un musée privé,
le musée de Vaudreuil, le musée, la maison natale d'Honoré
Mercier.
M. TREMBLAY: Qui, à toutes fins utiles, appartient au
ministère?
M. HARDY: C'est-à-dire que, dans le cas de la maison
Honoré Mercier, l'immeuble appartient au ministère. Le
musée, comme tel, et les collections appartiennent à une
corporation privée.
M. TREMBLAY: C'est très bien, j'y reviendrai plus tard.
LE PRESIDENT (M. Pilote): D'autres questions?
M. CHARRON : J'aimerais demander au ministre... lorsque nous avons eu ce
débat sur la Centrale d'artisanat, dans l'échange des
affirmations qu'a faites le ministre à cette occasion, il nous avait
parlé d'une planification à long terme au chapitre des arts
plastiques. Est-ce que ce projet de planification est en marche...
M. HARDY: Le projet est en cours et même, il achève.
L'étude, confiée à Métiers d'art, est actuellement
en cours.
M. CHARRON : On devrait avoir le résultat quand?
M. HARDY: Quand peut-on s'attendre d'avoir les conclusions de cette
étude? Dans une douzaine de mois.
M. CHARRON: C'est en cours. Quelles sommes sont consacrées
à cette activité actuellement?
M. HARDY: $146,700.
M. CHARRON : Qu'on retrouve où dans le budget actuellement?
M. HARDY: Au programme 3, élément 1. M. CHARRON:
D'accord.
M. HARDY: C'est rattaché au service des industries
culturelles.
M. CHARRON: C'est une étude à long terme?
M. HARDY: L'étude au complet aura duré quatorze mois.
M. CHARRON: Et entre-temps, est-ce que des situations d'urgence comme
celle de la Centrale d'artisanat du Québec...
M. HARDY: Nous avons l'adjoint du vérificateur. Il est
administrateur délégué à la Centrale et,
d'après les derniers rapports que j'ai eus, sans faire des profits
extraordinaires, il n'y avait pas de déficit.
La première étape de l'étude en cours va nous
permettre... Ce ne sera pas nécessaire d'attendre l'étude
globale, le rapport final pour prendre une décision quant à la
vocation de la Centrale d'artisanat.
M. CHARRON: Qui est responsable de cette étude?
M. HARDY: Ce sont les métiers d'art. M. CHARRON: Et pour le
ministère?
M. HARDY: C'est un contrat que nous avons accordé à
Métiers d'art.
M. CHARRON: Personne au ministère n'a...
M. HARDY: En relation, évidemment, avec le centre de
responsabilités des industries culturelles.
M. CHARRON: M. le Président, le Conseil de l'artisanat, qui a
été créé en 1964, constitué en fin de
décembre 1973...
M. HARDY: Mis en vigueur.
M. CHARRON : Est-ce que ce conseil a remis des avis au ministre depuis
ce temps?
M. HARDY: Pas encore. Il y a eu une réunion
générale et quatre réunions du comité
directeur.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre, lui, a demandé des avis au
Conseil de l'artisanat sur certains sujets?
M. HARDY: Pas sur des sujets précis jusqu'à ce jour.
M. CHARRON: Ces réunions du Conseil de l'artisanat mènent
à quoi actuellement si elles n'aboutissent à des recommandations
au ministre? Elles ont quelle utilité actuellement?
M. HARDY: Le problème qui existe actuellement, c'est que le
mandat du Conseil de l'artisanat est de conseiller le ministre sur
l'élaboration d'une politique. Mais comme déjà, d'une
façon bien précise et bien technique, il y a une étude qui
est en cours par Métiers d'Art, le Conseil de l'artisanat, en fait, est
un peu dans la situation du ministre, attend les résultats concrets de
cette étude, avant de mettre en branle l'élaboration des
recommandations de politiques à long terme.
M. CHARRON: Cette étude, justement, faite par les Métiers
d'Art, n'aurait-elle pas gagné à être conduite par le
Conseil de l'artisanat?
M. HARDY: Le Conseil de l'artisanat, à l'heure actuelle, n'est
pas équipé pour faire le genre d'étude que Métiers
d'Art... C'est un conseil consultatif. Il n'est pas en mesure de donner des
avis très techniques. Il y a quand même le fait qu'il y a des gens
actuellement à Métiers d'art qui sont représentés
au Conseil de l'artisanat.
Mais l'organisme tel le Conseil de l'artisanat n'est pas outillé
actuellement pour mener des études techniques comme celles que nous
avons confiées à Métiers d'art.
M. CHARRON: Selon votre plan, M. le Président, l'entente du
ministère avec la Corporation des artisans créateurs du
Québec doit se terminer normalement le 9 juillet.
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: De l'est du Québec, oui. Le ministère, nous
dit-on, entend confier son programme à un regroupement...
M. HARDY: Mais cela ne relève pas du programme qu'on est à
étudier. Je peux bien revenir au programme tout à l'heure, si
vous le voulez, on va finir ce programme...
M. CHARRON: Revenir? A quel endroit allez-vous? D'accord, c'était
au développement culturel...
M. HARDY: Si vous voulez on va finir les arts plastiques et si vous
voulez aborder ce sujet, on pourra revenir au développement
régional.
M. CHARRON: Parce que c'est dans l'air et que j'aurais besoin...
J'aurais dû la poser tout à l'heure.
M. HARDY: Nous allons finir les arts plastiques et nous pourrons revenir
au développement culturel régional.
M. CHARRON: Certaines municipalités, M. le Président, au
cours de la dernière année, ont
procédé à la création de ce qu'elles
appelaient, chez elles, des conseils des arts, pour justement favoriser, dans
certaines occasions, le développement des arts plastiques. Cela a
été le cas de la ville de Longueuil, entre autres. J'aimerais
demander au ministre si ces initiatives des municipalités correspondent
à ses vues, si à son avis, elles entrent dans les politiques du
ministère.
M. HARDY: Vous parlez de conseil des arts qui ont...
M. CHARRON: C'est ce qu'on a appelé, au niveau d'une
municipalité. C'est-à-dire que les organismes municipaux, dont on
parlait tantôt quand on parlait des bibliothèques, ont aussi
parfois des intérêts à développer...
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: ... c'est le domaine des arts plastiques. Certaines
initiatives des municipalités, à Longueuil, en particulier, sont
venues favoriser le développement de ces choses. Je veux juste demander
au ministre s'il a été mêlé à cette
initiative de Longueuil ou s'il considère que ce genre d'initiative
prolifère.
M. LEDUC: M. le Président, si on me le permet, je peux
peut-être donner une idée au sujet de ce projet de ce conseil des
arts de Longueuil, c'est que l'initiative a été commencée
par des gens de Longueuil, mais, effectivement, ce n'est pas exclusivement la
ville de Longueuil, cela s'adresse à une série de
municipalités du territoire de la rive sud et c'est au stade très
embryonnaire, actuellement. Les gens se sont réunis depuis le mois de
septembre l'an dernier et ont pris l'initiative de faire une étude, un
inventaire du territoire.
M. CHARRON: Cela regroupe quelles municipalités?
M. LEDUC: Au stade de l'étude préliminaire, cela touche
Boucherville, Longueuil, Saint-Lambert, Saint-Hubert, Greenfield Park et je
crois, la ville de Brossard, mais je ne voudrais pas aller plus loin que cela.
Il est question, dans le projet qui est mis de l'avant actuellement,
d'étendre cela à un territoire un peu plus grand,
géographiquement, que celui que je viens de décrire.
M. HARDY: Je pense, M. le Président, que la politique actuelle du
ministère des Affaires culturelles est d'éviter le plus possible
de multiplier les structures.
Par exemple, il existait et c'est peut-être à peu
près le cas dans l'est du Québec, la Corporation des
festivals. Le ministère a déjà subventionné la
Corporation des festivals qui, elle-même, était censée
distribuer des subventions à des organismes locaux. A ce stade-ci, en
tout cas, nous ne favorisons pas l'existence de tels groupes, parce qu'on s'est
aperçu qu'une bonne partie des subventions qu'on leur accordait allait
à des fins administratives et qu'à toutes fins pratiques la vie
culturelle comme telle en profitait très peu.
Nous croyons qu'avec les bureaux régionaux que nous avons et les
tables de concertation dont a parlé tantôt M. Monette, il nous est
possible de permettre aux différents groupes et organismes qui existent
comme tels de pouvoir faire connaître leurs besoins. Les bureaux
régionaux sont en mesure de les analyser et de les évaluer sans
qu'il existe une autre structure qui aurait mandat de regrouper ces organismes,
de les administrer.
M. CHARRON: Si on est à cette étape, sur la rive sud de
Montréal, vous conseilleriez...
M. HARDY: Si un organisme a un projet particulier, par exemple pour
faire l'inventaire, on peut accorder une subvention à ce projet
particulier, parce que cela va donner un résultat. Ce qu'on veut
éviter, en d'autres termes, c'est que nos subventions passent tout
simplement en salaires, en frais d'administration et qu'au bout de la ligne il
y ait très peu d'effet sur le plan culturel. Mais si on fait un
inventaire des besoins, pour autant que cela ne recoupe pas le travail qui est
déjà fait par nos bureaux régionaux...
M. LEDUC: Si mes renseignements sont bons, M. le Président, cet
inventaire a été fait avec une subvention du gouvernement
fédéral. Une des raisons, en tout cas, quant à moi, pour
que j'encourage ces gens, même si cela peut peut-être aller
à l'encontre de la politique du ministère, à faire les
pressions nécessaires lorsque ce sera le temps d'avoir un conseil des
arts sur la rive sud, c'est qu'à tort ou à raison on associe
beaucoup trop souvent la rive sud de Montréal avec Montréal. Il y
a quand même une vie culturelle sur la rive sud qu'on doit
développer. Je crois qu'il faudra peut-être, avec le temps, faire
une exception, du moins je le souhaite, et je sais que le député
de Laporte est un peu, même pas mal d'accord là-dessus, puisque
nous sommes tous les deux impliqués dans cela, il faut quand même
être conscient des problèmes qui existent au niveau d'un
territoire. Ce n'est pas parce que la rive sud est collée sur
Montréal que nécessairement la rive sud doit être à
la remorque de Montréal.
M. HARDY: C'est une volonté d'autonomie.
M. LEDUC: Et d'initiative.
M. HARDY: Je dois peut-être ajouter pour le bénéfice
des gens de la rive sud que notre bureau général de
Montréal est divisé en zones. Il existe une zone pour la rive sud
et nous avons un agent culturel spécifiquement désigné
pour la rive sud.
M. LEDUC: Qui entre parenthèses, son nom m'échappe
fait un excellent travail et a un peu la même optique que celle
des deux députés du coin.
M. HARDY: Merci.
M. CHARRON: Est-ce que c'est à ce programme, M. le
Président, que je peux poser des questions au ministre sur l'aide aux
expositions?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Oui.
M. CHARRON: La période d'inscription se termine au 1er juin.
Est-ce que cette année on peut dire on est à quelques
jours que le programme a été plus populaire que l'an
dernier? Y a-t-il eu plus de membres? Quel est le budget prévu cette
année spécifiquement pour l'aide aux expositions?
M. HARDY: C'est $24,000.
M. CHARRON: C'était combien l'année dernière?
M. HARDY: L'an passé, c'était $17,500. C'est un peu
tributaire du nombre de demandes d'inscription.
M. CHARRON: Combien y en a-t-il cette année? Jusqu'ici.
M. HARDY: Une cinquantaine d'inscriptions cette année.
M. CHARRON: II y a un délai de deux mois d'étude qu'on
accorde entre la demande et la réponse.
M. HARDY: II y a la formation du jury, l'examen des dossiers, et c'est
ce qui justifie les délais entre le moment de la fermeture des
inscriptions et les décisions qui sont prises.
M. CHARRON: C'est donc dire que, pour ce qui est d'assurer les
expositions comme telles d'oeuvres d'artistes québécois, il y a
environ 50 artistes québécois, cette année, qui pourront
bénéficier de cette aide aux expositions.
M. HARDY: II y a 50 demandes.
M. CHARRON: II y a 50 demandes. Combien sont retenues sur les 50? Chaque
année, le ministère se trouve à financer combien
d'expositions?
M. HARDY: C'est très difficile à déterminer. Ce
sont les membres du jury...
M. CHARRON: L'année dernière?
M. HARDY: L'an dernier, 40.
M. CHARRON: L'année dernière...
M. HARDY: II y a eu 40 bénéficiaires; 40 demandes ont
été retenues.
M. CHARRON: Dans tout le Québec ou uniquement dans les galeries
de Montréal et de Québec?
M. HARDY: Dans tout le Québec.
M. CHARRON: Cela va, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le programme 4 est adopté. Vous aviez
une question?
M. CHARRON: Ah oui! Ma question. Me permettez-vous d'y revenir?
M. HARDY: Pour revenir aux...
M. CHARRON: C'est une courte question, en fin de compte, c'est parce
qu'elle est...
LE PRESIDENT (M. Pilote): On vous le permet.
M. CHARRON: ... d'actualité. C'est au sujet des artisans
professionnels. C'est simplement pour signaler au ministre, qui le sait
déjà d'ailleurs, que l'entente du ministère avec la
Corporation des artisans créateurs de l'est du Québec se termine
le 19 juillet. Je veux savoir de quelle façon le ministre envisage le
renouvellement de cette entente ou connaître les modifications qu'il doit
apporter à cette entente pour la prochaine année.
M. HARDY: Je m'excuse.
M. CHARRON: Je vous demande simplement si, à la fin de cette
entente...
M. HARDY: Oui.
M. CHARRON: ... qui expire le 19 juillet, elle sera renouvelée,
et à quelle condition. Quelles modifications apporte-t-on à
l'entente?
M. HARDY: Elle ne sera pas nécessairement renouvelée avec
l'organisme actuel. Elle pourra être renouvelée avec un autre
organisme, et avec un autre mandat.
Je dois ajouter, selon les renseignements qu'on me donne, que la
corporation actuelle, avec laquelle nous avions une entente, est d'accord pour
que l'on mette fin à l'entente présente.
M. CHARRON : Quel est l'avis exprimé par le directeur
régional, M. Rivest, sur cette question en particulier?
M. HARDY: Ce fut cet avis, c'est-à-dire qu'au bout d'un an
c'était normal que le ministère revoie l'évolution de
l'entente qu'on avait avec la corporation, et l'avis a été de
mettre fin à l'entente, puisque la corporation
demandait un mandat agrandi qu'elle n'avait pas dans le cadre de
l'entente actuelle. Il était aussi dans la politique du ministère
qu'on donne un mandat agrandi graduel, soit à la corporation, ou en tout
cas, à la région, aux artisans de la région. Or, c'est
tout à fait normal, et ils ont été d'accord avec nous pour
mettre fin à l'entente actuelle qui nous liait avec la corporation, qui
ne les satisfaisait pas, et qui ne nous satisfaisait pas.
M. CHARRON: Comment ont été lancées les invitations
pour la réunion qui se tient aujourd'hui ou demain à
Rimouski?
M. HARDY: C'est demain, oui. C'est simplement qu'on a voulu, suite
à la fin de l'entente, consulter directement les artisans, en plus
d'avoir l'avis de la corporation. Or, j'ai demandé, moi, de
Québec, que mon directeur de bureau convoque les artisans et convoque
aussi les CREA, pour qu'on puisse entendre directement les artisans sur le
terrain, sur la politique du ministère. Alors, je m'en vais à
Rimouski demain je suis heureux que mon budget soit passé ce soir
pour discuter avec les artisans, savoir ce qu'ils pensent de
l'évolution du projet qu'on a mis sur pied depuis quelques
années, et ce qu'ils proposent aussi, comme formule, pour l'année
qui vient. Donc, l'année qui vient, cela veut dire le 19 juillet, la
date de mise à fin de l'entente qu'on a avec la corporation.
M. CHARRON: La corporation a été convoquée pour
demain à Rimouski?
M. HARDY: Pas la corporation, les artisans.
M. CHARRON: Pourquoi n'a-t-on pas invité la corporation?
M. HARDY: Parce que la corporation, on l'a déjà
rencontrée à Québec, pour, justement, mettre fin à
l'entente, et il y a des contacts continus, parce que la corporation a des
locaux dans le même immeuble que les responsables de l'artisanat. Il y a
des contacts réguliers qui se font avec la corporation, tandis que les
artisans directement, en fait, on les a, si vous voulez, pour l'instant, dans
l'année qui s'est passée, très peu consultés
directement. On a passé par la corporation. Alors, à partir de
maintenant, on veut prendre contact avec les artisans, pour voir un peu ce
qu'ils pensent de l'évolution du projet. C'est un retour à la
base.
M. CHARRON : Est-ce que tous ces artisans que vous avez convoqués
pour demain à Rimouski, sont membres de la corporation?
M. HARDY: Ils ne le sont pas tous. Il y en a quelques-uns. Il y a
seulement un petit nombre qui n'est pas membre de la corporation. La
majorité sont membres de la corporation. Il y a quelques artisans
professionnels qui ne sont pas membres de la corporation.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a des artisans membres de la corporation qui
n'ont pas été convoqués pour demain?
M. HARDY: Oui, parce que nous avons voulu convoquer demain les artisans
professionnels et spécialement ceux qui sont en voie de le devenir
puisque nous avons toujours dit que le programme du ministère
s'adressait spécifiquement à ces artisans et non pas à la
totalité des artisans du territoire, dans le cadre du budget de
l'ODEQ.
Il y a peut-être une chose que je n'ai pas dite tout à
l'heure et qui est peut-être un peu surprenante, c'est que les directeurs
de bureau sont membres des conférences administratives à titre de
représentants du ministère. Alors, quand il y a un budget comme
une entente Canada-Québec qui se signe, les directeurs de bureau sont
responsable de l'entente, et c'est pour cela que vous voyez des budgets qui
sont dans le développement régional et non pas dans des
directions générales spécifiques.
A ce moment, nous avons le mandat de mettre en marche ce projet et le
directeur de bureau représente le ministère à la
conférence.
M. CHARRON: Est-ce que le fait que certains membres de la corporation
n'aient pas été invités demain à Rimouski tient
à la conception qu'ont le ministre et le ministère de la
définition de l'artisan professionnel?
M. HARDY: Non. Il tient à la conception de l'entente
Canada-Québec, qui veut qu'on affecte des fonds à l'artisanat
dans le développement de l'industrie touristique. A ce moment, vous ne
pouvez pas toucher les artisans de loisirs dans le développement de
l'industrie touristique spécialement. C'est une conception de l'entente
Canada-Québec. Dans ce budget, il est impossible d'aller jusqu'aux
artisans de loisirs. Dans notre budget régulier le
développement régional en dehors de l'entente, on peut
toucher tous les artisans de loisirs. Il n'y a aucun problème
là-dedans.
M. CHARRON: J'ai l'information que je cherchais. Est-ce que cette
définition qui est tirée de l'entente Canada-Québec et qui
s'adresse seulement à un groupe d'artisans n'est pas
préjudiciable à d'autres à qui l'entente pourrait
être profitable à long terme?
M. HARDY: Personnellement, je considère qu'il faut encourager
l'artisanat, les loisirs ou les artisans amateurs. Je pense que c'est une
dimension très importante, surtout dans l'optique de l'encouragement
à la créativité des Québécois et pour la
favoriser. Je pense que ce sont deux domaines quand même assez distincts,
les artisans professionnels, ceux qui gagnent leur vie avec l'artisanat, et
ceux qui en font sur une base de loisirs. Je ne vois pas comment on pourrait
dans un même organisme ou même dans un même budget, placer
les deux secteurs. C'est vraiment trop différent.
M. CHARRON: C'est ce que je voulais savoir sur cette question et je
remercie le ministre d'avoir permis de revenir sur le débat. Je voulais
savoir sur quelle base justement s'était faite l'action du
ministère pour la réunion de demain à Rimouski
Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Programme 5: Arts d'interprétation.
Elément 1: Enseignement des arts d'interprétation.
UNE VOIX: Est-ce qu'on peut ajourner nos débats?
M. CHARRON: Je suis vidé.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que les membres sont d'accord pour que
nous ajournions nos travaux...
M. HARDY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... à demain matin, 10 h 30.
M. HARDY: A 10 heures ou à 10 h 30? M. CHARRON: C'est à 10
heures.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La commission ajourne ses travaux à 10
heures demain matin.
M. CHARRON: De 10 heures à midi, on devrait faire les deux autres
programmes.
M. HARDY: Merci, M. le Président.
(Fin de la séance à 21 h 44)