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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications
Etude des crédits du ministère de
l'Education
Séance du mercredi 1er mai 1974
(Dix heures et douze minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Avant que ne débute la séance, je voudrais vous mentionner
les changements des membres de la commission. M. Yves Tardif,
député d'Anjou, remplace M. Déom, député de
Laporte. M. Jean Boudreault, député de Bourget, remplace M.
L'Allier, député de Deux-Montagnes. M. Ciaccia remplace M.
Saint-Germain, député de Jacques-Cartier. Le député
de Mont-Royal.
Nouveau- Québec
M. CIACCIA: M. le Président, dans mes discussions avec les
autochtones de la baie James, les Indiens et les Inuit ont exprimé
certaines réserves sur la question de l'éducation et de la
Commission scolaire du Nouveau-Québec. Le sujet a été
abordé dans nos discussions et je sais que vous avez demandé une
étude sur l'organisation de la Commission scolaire du
Nouveau-Québec. Je me demande si vous pourriez nous dire où en
est cette étude.
M. CLOUTIER: M. le Président, il s'agit d'un point qui se
rapporte aux programmes élémentaire et secondaire que nous avons
adoptés hier. Cependant, je suis tout à fait disposé
à répondre si l'Opposition, représentée par le
député de Saint-Jacques, est d'accord.
M. CHARRON: Bien sûr.
M. CLOUTIER: Effectivement, il y a eu un bon nombre de problèmes
concernant la Commission scolaire du Nouveau-Québec, ce qui m'a
incité, il y a à peu près un an et demi, à
créer un groupe d'étude de manière que nous puissions voir
clair et arriver avec un certain nombre de propositions. Ce groupe
d'étude m'a remis son rapport il y a environ deux semaines. La
recommandation la plus importante consiste à former et c'est la
première fois que j'en fait état publiquement trois
comités, un comité pour la baie de l'Ungava, un comité
pour la baie James et un comité pour la partie nord du
Nouveau-Québec, c'est-à-dire la partie du détroit. Ces
trois comités pourraient être à l'origine, plus tard, de
trois commissions scolaires séparées. Un des problèmes de
la Commission scolaire du Nouveau-Québec, c'était
évidemment l'étendue qui empêchait une participation
suffisante des parents et, dans ces comités, nous pourrons impliquer
davantage le milieu. Voilà, par conséquent, un premier
élément qui est important.
Un deuxième, c'est qu'il y a eu la nomination d'un nouveau
directeur c'est ainsi qu'on l'appelle de la commission scolaire,
il y a six ou sept mois, un administrateur, parce que cette commission scolaire
jouit de pouvoirs un peu spéciaux par rapport aux autres commissions
scolaires. C'est Jean-Luc Falardeau qui remplace M. Durand. Je pense, par
conséquent, qu'avec ces changements, la Commission scolaire du
Nouveau-Québec pourra trouver un nouveau départ. Il n'y a pas de
modification en ce qui concerne nos approches pédagogiques, parce que
vous n'ignorez pas que nous tentons d'enseigner la langue des autochtones
dès le début. Ceci nous paraît l'approche la plus
raisonnable et la plus réaliste dans les circonstances.
M. CIACCIA: Si vous me permettez, M. le ministre, en ce qui concernait
les autochtones, c'était leur participation dans l'administration ou
dans la gérance de cette commission. Maintenant, quand vous parlez des
comités, est-ce qu'il va être possible, pour les autochtones, les
parents ou les conseils de bande, plutôt les parents, de faire partie de
ces comités?
M. CLOUTIER: Oui. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ces
comités ont été formés et ils jouiront d'une
autorité déléguée de la part de l'administrateur.
Le problème auparavant était, je pense, que la plupart des
décisions se prenaient à Québec où résidait
l'administrateur et que même si les parents étaient plus ou moins
impliqués dans des groupes, ils ne pouvaient pas influer sur
l'administration même de la commission scolaire. Ces trois comités
vont permettre maintenant à ces parents d'intervenir et je
répète que ces comités pourront être
transformés en commissions scolaires, pourront constituer le noyau des
commissions scolaires séparées plus tard, le moment venu.
M. CIACCIA: Le problème avec les autochtones, c'est de les
rassurer sur ce problème, que les décisions ne seront pas prises
indépendamment de consultations avec eux et s'ils vont avoir la
possibilité de faire partie de ces comités en plus de
l'enseignement de leur propre langue, de la langue des autochtones... Je crois,
d'après mes discussions avec eux, que ce serait la direction dans
laquelle ils voudraient aller.
M. CLOUTIER: Je suis très heureux de l'apprendre, parce que cela
a été précisément la raison qui m'a poussé
à créer ce groupe et voilà un autre exemple d'une
étude qui débouche tout de même sur des actions
concrètes. J'ajoute deux choses: la première, c'est qu'il y
aura
un administrateur adjoint qui va résider au
Nouveau-Québec, ce qui n'existait pas auparavant et un concours est
ouvert à cette fin.
De plus, le groupe ne s'est pas occupé du domaine indien. Je
viens de créer, après avoir reçu le rapport du groupe sur
le domaine esquimau, un autre groupe dont les membres ne sont pas encore
nommés, mais qui seront nommés incessamment pour s'occuper plus
particulièrement du domaine indien. Peut-être pourrons-nous
trouver des formules analogues à celles que nous avons
trouvées.
M. CIACCIA: Merci.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Hier, nous étions rendus au programme
9: Enseignement collégial public. Elément 1 : Services
d'enseignement.
Enseignement collégial public
M. CHARRON: M. le Président, ma première question sera de
savoir quand la direction générale de l'enseignement
collégial aura son directeur permanent en remplacement de M.
Paré?
M. CLOUTIER: La direction générale a son directeur
intérimaire. Je pense que très bientôt elle aura son
directeur permanent. J'irais même jusqu'à dire que
l'intérimaire a de fortes chances de devenir permanent.
M. CHARRON: C'est la nouvelle que je voulais avoir ce matin, la
première. Je voudrais vous demander, M. le ministre, la même chose
que j'ai demandée à Mme Francoeur-Hendricks hier, quand on a
abordé l'enseignement élémentaire et secondaire. Est-ce
qu'au cours de la dernière année, de nouveaux programmes et en
particulier de nouvelles options se sont ouverts dans les CEGEP du
Québec et où en particulier?
M. CLOUTIER: Nous avons essayé d'abord de stabiliser la
création des nouvelles options et de continuer à doter les
régions des options dans les différents secteurs. Vous vous
rappelez sans doute que l'enseignement collégial est basé sur...
Actuellement, en tout cas, on retrouve trois grandes séries d'options:
l'électrotechni-que, les techniques infirmières et les techniques
administratives.
Nous dotons chaque région de ces trois colonnes
vertébrales, si on peut dire. Ensuite, nous essayons de donner à
chacun de ces jeunes dans ces régions les options les mieux
adaptées aux besoins locaux.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a de nouvelles options qui ont
été offertes dans les CEGEP? Par option, je ne dis pas qu'un
CEGEP pouvait reprendre une option déjà offerte à un autre
CEGEP, mais un autre contenu de cours vrai- ment différent qui a
été ouvert au cours de l'année actuelle.
M. CLOUTIER: Oui, il y a des programmes du côté des
techniques paramédicales qui ont été offerts en 1973/74,
en cytotechnologie, par exemple. Il y a une trentaine de programmes qui sont
à l'examen, c'est-à-dire qui font objet de recherches.
M. CHARRON: La première question plus précise que je veux
poser à l'intérieur des CEGEP, c'est concernant le
problème qui touche à peu près le plus de gens et auquel
on cherche une solution de façon désespérée. C'est
le problème des inscriptions et des contingentements qui existent dans
certains CEGEP, en particulier sur le territoire de l'île de
Montréal.
L'organisme que les quatorze CEGEP de la région
métropolitaine se sont donné pour centraliser les demandes
d'admission et les dossiers des étudiants qui accompagnent ces demandes
d'admission ne semble pas, de l'avis de plusieurs parents montréalais ou
de la région de Montréal, obtenir tous les résultats qu'on
voudrait qu'il obtienne. Est-ce qu'il y a des mesures différentes ou
nouvelles qui seront prises pour faciliter le processus d'admission dans les
CEGEP?
M. CLOUTIER: Oui, au SRAM service régional des admissions
de Montréal cette année, nous pensons et nous sommes en
train de faire, nous avons fait même, à partir des demandes
d'admission, une liste préférentielle à l'intention des
CEGEP. Cette liste a l'avantage de pondérer par d'autres choses le
facteur unique qu'on retrouvait avant pour l'admission; c'étaient les
notes. Je veux dire pondérer la moyenne particulière du groupe,
la moyenne du groupe par rapport à la province, et des choses comme
cela, de telle sorte que des étudiants qui pouvaient se retrouver, on le
sait, dans des situations très difficiles à leur demande
d'entrée parce qu'ils avaient eu, peut-être, des professeurs plus
exigeants ou qui avaient corrigé plus sévèrement ou avec
d'autres barèmes de correction, seront portés sur la liste d'une
façon différente cette année. Les collèges ont tous
accepté cette mesure, ce qui veut dire que, finalement, un
étudiant ou une étudiante peut avoir son premier choix dans tel
collège, malgré que, au moins apparemment, sur ses derniers
bulletins, il ou elle ne se qualifie pas très bien, c'est-à-dire
que son groupe se qualifie mieux et a été repondéré
sur l'ensemble de la province et que tous les élèves de cette
option ont été repondérés aussi sur l'ensemble des
étudiants. C'est une mesure qui m'apparaît assez importante.
M. CHARRON: Oui, mais cela demeure toujours dans le même domaine.
C'est toujours l'évaluation strictement quantitative du travail d'un
étudiant.
On a souvent reproché au SRAM, comme à n'importe quel
CEGEP, de ne pas faire place à d'autres facteurs d'évaluation
quand il s'agit de l'admission d'un étudiant; par exemple, sa
disposition à l'emploi et à la profession qu'il sollicite, son
goût, ses aptitudes et ses connaissances, surtout dans le secteur
professionnel, sa dextérité parfois dans certains domaines. Tout
cela est utilisé et on en tient compte dans la demande d'admission de
l'étudiant de façon bien marginale par rapport au reste.
M. CLOUTIER: C'est-à-dire qu'il y a des entrevues qui se font et
il est bien évident que ces facteurs sont évalués, mais
ils ne peuvent l'être que d'une façon subjective. On en arrive
presque à la question du dossier scolaire cumulatif. Comment
évaluer des facteurs comme ceux-là autrement que par une entrevue
qui donne lieu à des impressions? Je ne sais pas si le
député de Saint-Jacques aurait des suggestions
précises.
M. CHARRON: Non. Il y a des suggestions précises qui ont
déjà été émises. Par exemple, à la
fin du secondaire V, on a déjà suggéré que, dans
une demande d'admission à un CEGEP, l'évaluation faite par
l'orienteur professionnel qu'on peut retrouver dans une école secondaire
polyvalente puisse être ajoutée au dossier de l'étudiant,
au dossier proprement scolaire de l'étudiant.
M. CLOUTIER: Mais ceci n'entre-t-il pas en contradiction avec votre
suggestion d'hier, alors que nous discutions du dossier scolaire cumulatif,
qu'il était question de détruire la fiche personnelle à
chaque niveau?
M. CHARRON: Cela n'est pas la même chose. Ce qu'il y a de
dangereux dans le dossier scolaire cumulatif, c'est une évaluation faite
sur, par exemple, la capacité de travail en groupe, l'imagination, le
sens social d'un étudiant pris de façon instantanée, pas
nécessairement par des professionnels comme l'est un orienteur, mais un
professionnel dans une institution secondaire. C'est ce qu'il y avait de
dangereux. Cela pouvait être un professeur de mathématiques qui se
permet de faire des jugements sur un étudiant du secondaire II et que ce
jugement accompagne l'étudiant pour longtemps. Mais, si on a
placé des orienteurs professionnels dans les institutions secondaires,
c'est qu'on croit à leur capacité professionnelle et leur
opinion, quant au choix de carrière et à l'intérêt
que l'étudiant manifeste pour cette carrière, ce pourrait
être un facteur important à l'intérieur du
phénomène de l'admission. D'autre part, le régime
pédagogique actuel, c'est à l'article 14 dans le régime
pédagogique actuel est, que les CEGEP reçoivent la liberté
d'organiser eux-mêmes les conditions d'admission chez eux.
Le contingentement des CEGEP, le nombre de places-élèves
dans chacune des options et dans chacune des concentrations, est fixé
par le CEGEP lui-même. A partir de quel critère, à partir
de quel chiffre, de quelle norme émanant du ministère, de la
direction générale de l'enseignement collégial,
procède-t-on dans chacun des CEGEP, selon leur autonomie reconnue dans
le régime pédagogique, à eux de le faire, au
contingentement?
M. CLOUTIER: Si vous me permettez, j'aimerais revenir au tout
début de votre phrase. Il faut bien se rappeler que, dans certains
CEGEP, il y a 6,000 demandes d'admission. C'est évident que l'orienteur
ou les conseils d'orientation du CEGEP ne peuvent pas rencontrer, d'une part,
tous les étudiants qui demandent une admission. Cependant, en
centralisant la paperasse au SRAM ou au SRAQ, on espère que les CEGEP
vont donner plus de temps à ce type de rencontres qui pourrait faire
pondérer ou en tout cas mettre dans le tableau d'autres facteurs que
ceux que vous nous avez mentionnés et qui sont très restrictifs,
je le sais.
Le contingentement des options professionnelles n'est pas directement,
je dirais, donné ou ordonné par le ministère de
l'Education. Il vient principalement de deux sources d'une certaine
façon et d'abord, évidemment, la limite de nos ressources. Il est
évident qu'il y a des options professionnelles qui coûtent cher.
On ne peut pas, je dirais un peu de façon désordonnée,
aligner des étudiants dans une option sans une certaine planification.
Parfois, ce qu'on appelle contingentement est une partie de ce qu'on voudrait
bien appeler planification.
D'un autre côté, ce contingentement il existe
surtout dans le domaine paramédical vient souvent des
difficultés de champs cliniques et de stages. Là-dessus, cela
nous impose vraiment des restrictions.
M. CHARRON: Mais est-ce que c'est la DIGEC, comme le disent souvent les
CEGEP en justifiant le refus d'admettre un étudiant au CEGEP, qui a
déterminé que cette année au collège de Maisonneuve
à Montréal, par exemple, un nombre X d'étudiants serait
admis dans une option X?
M. CLOUTIER: La seule chose dans tout ce que vous trouverez à la
DIGEC là-dedans, c'est l'autorisation donnée au CEGEP en disant:
Vos facilités et les montants qui vous seront fournis pour
rénovation, amélioration et tout cela, ne pourront pas
dépasser cette année telle somme. Evidemment, cela peut avoir des
conséquences sur le nombre d'étudiants reçus, mais jamais
nous ne disons: Vous n'aurez jamais plus que 30 étudiants.
Lorsque nous le disons, c'est parce que nous nous le sommes fait dire,
par exemple, par l'ordre des infirmiers et des infirmières qui dit
que, dans tel CEGEP, il ne pourra pas y avoir plus de 30
étudiants cette année à cause du champ clinique, des
difficultés de recruter des professeurs assez compétents dans la
région, etc.
Là-dedans, nous ne servons que d'intermédiaires.
Il y a deux nuances que j'aimerais apporter. La première, c'est
qu'un des concepts à la base même de la fondation des CEGEP
était de permettre à ces institutions de déterminer leurs
options en collant le plus possible avec marché du travail et même
avec le milieu où il était implanté. C'est un peu
théorique comme vue, parce qu'il est bien évident que jamais on
n'arrivera à une prévision suffisante de l'emploi pour avoir une
véritable adéquation entre le nombre de diplômés et
le nombre de postes possibles.
Cependant, il y a des CEGEP qui se conforment pas mal à ce
modèle et déterminent un peu leurs admissions en fonction des
débouchés qu'ils semblent déceler dans la
région.
La deuxième nuance que je voudrais apporter revient un peu en
arrière. Il s'agit de la façon dont les étudiants sont
reçus au CEGEP. Il est bien évident que, lorsqu'un jeune
étudiant de quinze ou seize ans se trouve en présence des
publications du ministère où l'on trouve une série
considérable d'options, et je crois que ces publications sont loin
d'être faciles à consulter, pour ne rien vous cacher, j'ai
essayé moi-même de m'y retrouver et j'ai eu
énormément de difficultés à comprendre même
la façon dont c'est composé et je vous jure que ce n'est pas
simple tentez l'expérience si vous voulez de composer un
programme, même pour un adulte, à plus forte raison pour un enfant
de quinze, seize ans ou 17 ans, qui est obligé de tenter, dans un climat
d'anxiété, de déterminer quelle sera sa carrière
plus tard.
Ceci signifie que je ne vois pas de solution personnellement, s'il n'y a
pas de rencontre individuelle avec des orienteurs. Même s'il y a 6,000
admissions, il va falloir trouver le moyen qu'il y ait des rencontres
individuelles parce que seul l'orienteur ou un enseignant, qui a tout de
même reçu une certaine formation de ce point de vue, peut aider un
adolescent ou une adolescente à se retrouver dans ce dédale et en
arriver à une espèce d'équilibre à peu près
satisfaisant dans le choix de ses cours.
M. CHARRON: Si vous permettez, je vais rester sur ce sujet parce qu'il
est important. Le phénomène des contingentements, est-ce qu'il
est propre comme on le dit j'ai lu ça quelque part
à la région de Montréal par rapport aux CEGEP ou si le
phénomène est étendu à tous les CEGEP?
M. CLOUTIER: Les conséquences de nos limites dans nos ressources
et les conséquences de nos limites dans les champs cliniques sont
étendues à toute la province.
M. CHARRON: Là, vous me mentionnez encore le champ clinique; vous
avez mentionné tout à l'heure que là où le
contingentement existe de façon serrée, c'est surtout pour les
professions de formation médicale, paramédicale. D'accord. Mais,
est-ce que le contingentement ne s'étend pas à d'autres branches,
de façon rigoureuse également, que le médical et le
paramédical?
M. CLOUTIER: Moins.
M. CHARRON: Je pense, par exemple, à ce secteur qui est en vogue
depuis cinq ou six ans, l'administration. Pour les étudiants qui
s'inscrivent en administration, le CEGEP Maisonneuve c'est le territoire
que je connais le mieux a fixé le nombre de places, le CEGEP
Ahuntsic également a fixé le nombre de places de façon
très rigoureuse et on dit qu'on a, à certains endroits, quatre ou
cinq fois plus de demandes d'inscription que le nombre de places qu'on a
décidé d'offrir là-dedans.
M. CLOUTIER: Cela, c'est ma responsabilité.
M. CHARRON: Cette décision a été prise par les
CEGEP, mais l'a-t-elle été sous l'empire de normes qui avaient
été établies par la direction générale de
l'enseignement collégial?
M. CLOUTIER: D'abord, je dirais que pour ce qui est du secteur
médical et paramédical, il est infiniment plus facile de
prévoir les besoins que dans les autres secteurs. C'est un
élément qu'on a tendance à négliger. On sait qu'il
y aura toujours des malades et, s'il n'y en a pas, on va s'arranger pour qu'il
y en ait parce que souvent, avec nos approches médicales modernes, on
arrive à convaincre tout le monde qu'ils ont besoin de consulter. Mais
ceci est une petite remarque qui n'est pas pertinente aux débats. Il
reste qu'on sait qu'on aura toujours besoin d'infirmières et de
médecins. Dans les autres secteurs, c'est infiniment plus difficile de
prévoir. Par conséquent, on ne peut pas parler de
véritable contingentement. Ce qui amène des limites dans certains
collèges, ce sont leurs disponibilités, disponibilités
financières, disponibilités au point de vue des professeurs. Il
n'est pas douteux non plus que les normes je pense que le
député de Saint-Jacques avait à l'esprit la norme 1/15
amènent également des limitations en ce sens que le
collège pour s'administrer, étant donné que la norme 1/15
est une moyenne couvrant le secteur professionnel et le secteur
général, aura peut-être tendance à favoriser les
secteurs les moins coûteux ou qui exigent le moins sur le plan de la
charge d'enseignement.
Alors, je crois qu'il y a des solutions à trouver dans cet
esprit-là et j'ai l'espoir que, pour la prochaine convention collective,
on pourra peut-être apporter un peu plus de
souplesse à ce point de vue. En ce qui concerne l'administration,
il est certain que nous avons besoin d'administrateurs. En fait, c'est un des
points les plus faibles de notre collectivité, des administrateurs
formés, et soyez convaincu que, pour ma part, tout ce qui pourrait
être fait pour en augmenter le nombre et la qualité, je le ferai.
Dans un autre domaine qui est celui de l'enseignement supérieur, nous
favorisons la formation d'administrateurs par des bourses spéciales,
mais au niveau des collèges, si c'est la norme qui constitue un
obstacle, on va essayer d'assouplir.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a des CEGEP du Québec qui ont
contingenté je ne sais pas si le mot est français
qui ont limité le nombre de places...
M. CLOUTIER: II est tout à fait français, monsieur.
M. CHARRON: ... qui ont contingenté, par exemple, le nombre
d'étudiants admis en sciences humaines ou en histoire, en
géographie, qui ont étendu cette règle du contingentement
jusqu'aux sciences humaines?
M. CLOUTIER: Pas que je sache. Je serais étonné qu'ils
l'aient fait puisque, d'après les normes, hormis qu'ils aient
trouvé des raisons qui ne me viennent pas à l'esprit, finalement,
ça facilite leur "ratio" 1/15 d'accepter des étudiants dans le
domaine du secteur général et du côté des sciences
humaines, il y a peu de laboratoires, etc. Enfin, je serais surpris.
Etant donné que tout le monde est scolarisé et qu'il se
retrouve 97,000 étudiants au niveau collégial, une augmentation
d'ailleurs de 12 p.c. par rapport aux 86,562 de 1972/73, il est bien
évident que la distribution se fait entre le général et le
professionnel et qu'il y a une prédominance du général. Le
professionnel a marqué des points sérieux depuis quelques
années. Nous en sommes actuellement à 51 p.c, nous venons de
franchir les 50 p.c., des étudiants inscrits au secteur professionnel,
c'est bien ça, par rapport à 48 p.c. en 1972/73. Vous vous
souvenez peut-être qu'il y a deux ans, lors de la discussion des
crédits, nous nous demandions si nous franchirions le cap des 50
p.c.
M. CHARRON: Quand un CEGEP décide de limiter le nombre de places
dans une option, est-ce qu'il doit en aviser la direction
générale de l'enseignement collégial, actuellement?
M. CLOUTIER: Non.
M. CHARRON: De sorte que la direction générale de
l'enseignement collégial ne sait pas combien, par exemple, de
places-élèves le réseau collégial aura dans telle
ou telle option à l'automne qui vient?
M. CLOUTIER: Ce n'est pas tout à fait exact, je crois. Lorsque
les CEGEP font des prévisions budgétaires, parce qu'ils nous
envoient leurs prévisions budgétaires dans des documents bien
techniques, ils diversifient ou ils nous donnent des indications sur
l'orientation de leur clientèle. Par exemple, ils disent: Nous attendons
60 étudiants en technique administrative, 45 étudiants en inhalo
thérapie, des choses comme ça. Evidemment, il y a le fait de
savoir si les étudiants sont vraiment dans le collège, dans cette
option, ça va dépendre si les étudiants se sont
présentés ou non, mais nous avons un peu à l'avance les
prévisions concernant les étudiants dans les différentes
options. Nous retrouvons le nombre exact des étudiants dans chacune des
options lors de la présentation des budgets. Et aux états
financiers, la même chose, C'est un état final, mais c'est un an
après. On peut le retouver à trois moments finalement.
M. CHARRON: Est-il arrivé que la DIGEC soit intervenue
auprès d'un CEGEP avant l'établissement de son budget pour lui
signaler que, dans tel domaine, le nombre de places apparaît insuffisant
pour telle ou telle option? Le ministre signalait tantôt que le
contingentement, par exemple dans le secteur de l'administration, est
peut-être plus serré par rapport aux besoins. Est-ce que la DIGEC
est déjà intervenue auprès d'un CEGEP pour signaler que
telle option, parfois parce que le CEGEP est un des seuls, comme dans les
communications à Jonquière, ou le seul CEGEP
québécois à offrir cette option, et à l'inciter
à ouvrir la porte plus grande?
M. CLOUTIER: Lorsque nous sommes intervenus, c'est pour indiquer
à un CEGEP qu'il passait outre à des indications que nous lui
avions données concernant des recommandations de corporations
professionnelles invitant les CEGEP à ne pas dépasser un tel
nombre, c'est-à-dire que nous sommes intervenus en leur rappelant un
certain contingentement qui est indiqué par des partenaires que l'on a
dans l'administration du réseau, mais je ne crois pas que nous soyons
intervenus pour dire: Faites plus de place aux techniques administratives ou
faites plus de place à une inhalothérapie.
Il y a là un véritable problème et une
espèce de contradiction. Les CEGEP jouissent d'une grande autonomie.
Jusqu'à quel point peut-on intervenir? Du même souffle, on demande
de renforcer l'autonomie de ce qu'on a appelé les instances
décentralisées et, d'un autre souffle, on demande de
contrôler de plus en plus ou de diriger de plus en plus. Comment
procéder? je me le demande. D'ailleurs, c'est une question que je me
pose depuis le début. Comment conserver à ce système, que
semblent souhaiter les Québécois, son aspect
décentralisé et en même temps arriver avec des standards
suffisamment valables pour l'ensemble du territoire de manière qu'il y
ait tout de même des orientations et une direction donnée?
Probablement pourrait-on y arriver en assouplissant le "ratio", comme on
nous le laissait entendre tout à l'heure. Assouplir le "ratio" ne veut
pas nécessairement dire le changer. Il y a peut-être de nouvelles
formules. Je préfère ne pas trop m'étendre
là-dessus, parce que cela fera l'objet d'une convention collective et de
négociations qui seront très certainement ardues. Mais il y a
peut-être une autre façon aussi, c'est de faire des grands plans
d'ensemble qui seraient suffisamment vagues, mais qui auraient tout de
même une valeur d'indication pour les CEGEP.
Je vois mal le jour où l'on pourra dire aux CEGEP: Vous allez
faire telle chose, parce qu'à ce moment nous irons à l'encontre
même de la raison d'être des CEGEP. C'est un problème que le
Conseil supérieur se pose parmi d'autres problèmes.
M. CHARRON: Est-ce que la direction générale est
informée du nombre d'étudiants qu'un CEGEP a dû refuser
dans telle ou telle option, du nombre de demandes reçues et du nombre de
réponses négatives qu'il a dû...
M. CLOUTIER: Oui, depuis deux ans, la DIGEC est informée à
la fois des étudiants reçus hors normes appelons cela hors
normes c'est-à-dire des étudiants qu'un directeur de
service a décidé d'accepter malgré qu'ils ne
répondent peut-être pas à la lettre aux indications du
régime pédagogique. Cela, ils sont obligés de
l'envoyer.
D'autre part, depuis la création du SRAM et du SRAQ, nous
pouvons, en faisant des comparaisons nécessaires, retrouver le nombre de
demandes d'admission et le nombre d'admissions réelles, donc les
étudiants qui ont été laissés. Il y a des
opérations qui sont assez mystérieuses là-dedans ou, en
tout cas, des phénomènes assez mystérieux, pas des
opérations. C'est qu'à un moment donné il semblait qu'il y
avait près de 6,000 étudiants qui n'étaient pas
acceptés dans les collèges de Montréal. Après
être retourné avec le SRAM pour examiner la situation, tous ces
étudiants ont été placés, sauf je ne suis
pas exactement sûr du chiffre à peu près 200. Ils
ont tous été placés, parce que les étudiants au
tout début ne comprennent pas exactement ce que veut dire le premier
choix, le deuxième choix et possiblement le troisième choix.
Ils ont été placés au point que, cette
année, le SRAM dit qu'il n'offre que deux choix et il pense placer tous
les étudiants qui feront des demandes d'admission dans la région
de Montréal. Je suppose que c'est la région que vous avez en
tête. En tout cas, c'est sûrement celle que j'ai en tête,
parce que c'est la région qui peut poser le plus de problèmes
à l'heure actuelle.
M. CHARRON: Actuellement, on croit pouvoir placer tous les
étudiants...
M. CLOUTIER: Etudiants...
M. CHARRON: ... dans leurs deux premiers choix.
M. CLOUTIER: ... qui répondent évidemment aux exigences
minimales, c'est-à-dire qui ont terminé leurs études
secondaires.
M. CHARRON: Je posais cette question parce que si la direction
générale de l'enseignement collégial se trouve
propriétaire de statistiques qui lui permettent de voir jusqu'à
quel point le contingentement que certains collèges se sont donné
dans certaines options frappe nombre d'étudiants, cela peut lui
permettre, dans ses prévisions pour l'année scolaire suivante,
d'inciter peut-être d'autres CEGEP à offrir la même
option.
M. CLOUTIER: Ce qui nous inquiète beaucoup plus c'est, dans
certaines techniques, le manque de clientèle au profit d'autres. Cela
est plus inquiétant. Il faut trouver les moyens d'inciter les
étudiants à entrer dans les techniques qui sont le mieux
adaptées, finalement, à notre marché du travail.
D'ailleurs, il y a peut-être eu certains excès, au
début, dans l'approbation d'options. Sortant d'un système
où les choix étaient pratiquement réduits à
zéro, on a accédé à un système où
l'éventail des choix est extrêmement considérable. En fait,
je ne peux pas imaginer beaucoup d'autres systèmes d'éducation au
monde qui offrent autant de possibilités ou de combinaisons. Je pense
qu'il y a, depuis quelque temps, un effort de rationalisation pour
éviter qu'il y ait trop de recoupements entre les choix. Il y a des
parents, par exemple, qui voudraient pratiquement trouver toutes les options
possibles et imaginables dans le CEGEP qui est de l'autre côté de
la rue. On ne peut quand même pas avoir une option pilotage dans chaque
CEGEP du Québec. Alors, il y a donc une question de ressources qui se
pose. Je fais état de ce point, parce que c'est une question qu'on m'a
souvent posée. Il y a, tout de même, des limites qui sont
dictées par le bon sens, sinon par les budgets.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Laurentides-Labelle.
M. LAPOINTE: M. le Président, est-ce possible pour un
étudiant qui a terminé des études de formation
professionnelle au niveau secondaire de poursuivre ses études en
formation professionnelle au niveau collégial?
M. CLOUTIER: Oui, c'est possible dans une très faible mesure
actuellement. Il y a des expériences qui sont menées dans deux
CEGEP, qui seront menées l'an prochain dans trois CEGEP, mais le
ministre a mis sur pied un comité de liaison entre l'enseignement
collégial et l'enseignement secondaire. Enfin, il l'a refor-
mule, parce que c'était un comité qui était un peu
théorique, et ce comité, à la manière du
comité de liaison entre l'enseignement supérieur et
l'enseignement collégial, va s'attaquer en priorité à ce
problème du passage des étudiants de l'enseignement professionnel
secondaire au professionnel collégial. Maintenant, j'aimerais, tout de
suite, ajouter que c'est une opération qui est assez délicate
avant que les prérequis qui commandent tout le secteur
général n'aient été retouchés en profondeur,
parce que sinon, nous sommes forcés d'obliger les étudiants
à prendre presque une année de rattrapage pour passer du
secondaire au collégial dans le secteur professionnel. C'est une
opération que nous menons de façon assez limitée
actuellement, mais c'est vraiment une des choses qu'on veut faire tout en
sachant très bien, cependant, que les options professionnelles sont
faites, au niveau collégial comme au niveau secondaire, pour diriger les
gens en fait, c'est le choix même des étudiants vers
les milieux de travail.
M. CHARRON: Le problème que...
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de Saint-Jean
a demandé la parole avant vous.
M. VEILLEUX: Cela ne touche pas spécifiquement...
M. CHARRON: C'est sur ce...
M. VEILLEUX: ...moi, c'est sur les relations entre un conseil
d'administration et l'ensemble de la population d'un milieu donné. On
pourrait peut-être terminer cette affaire-là...
M. CHARRON: C'est parce que...
LE PRESIDENT (M. Pilote): La parole est au député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Je veux enchaîner sur la question du
député de Laurentides-Labelle. Le hic actuellement, la
difficulté du passage du secondaire au professionnel est-elle
strictement d'ordre pédagogique? Est-elle simplement dans la
difficulté d'ajuster les programmes de formation des secondaires IV et
V, par exemple, à ce qu'un étudiant au professionnel
collège I recevrait? Est-ce que c'est strictement là que se porte
le problème?
M. CLOUTIER: II y a un problème d'ordre pédagogique
d'aménagement des études, c'est certain. Par exemple, un
étudiant les expériences que nous menons sont dans le
domaine de l'électronique et de la mécanique à
Saint-Jean et à Gaspé, et l'an prochain, nous essaierons de le
faire sur la Côte Nord.
Il y a des tentatives de le faire à Rimouski aussi, mais cela
n'est pas tout à fait clair.
Il y a le problème de l'aménagement des études. En
électrotechnique, par exemple, un étudiant du secondaire IV et du
secondaire V est assez habilité à faire des choses qu'on l'oglige
presque, actuellement, à revoir lorsqu'il arrive au niveau
collégial, au niveau des laboratoires. Il faut réaménager
cela, mais il faut le réaménager en collant exactement les
programmes aux besoins du marché du travail. C'est assez
compliqué parce que, sur les fonctions de travail et sur le
marché du travail... D'autre part, il y a une certaine difficulté
à recruter au niveau secondaire des étudiants qui désirent
poursuivre des études au niveau collégial. Ils sont assez
difficiles à recruter. J'ai l'impression que c'est plutôt quelque
chose qui est dans notre intention à nous que dans la
réalité. Il faudrait examiner cela un jour très
sérieusement.
Mais il faudrait avoir un moyen d'inciter les étudiants du
secondaire, s'ils veulent vraiment penser au collégial, à prendre
des matières qui sont quand même clés et qui sont assez
difficiles. Et je pense presque toujours aux mathématiques et à
la physique. Cela dépasse l'aménagement des programmes. Il faut
dire que le choix du professionnel au secondaire signifie presque toujours le
désir d'accéder au marché du travail le plus rapidement
possible ou une certaine difficulté à suivre des programmes qui
mèneraient au niveau collégial.
M. CHARRON: Je pense qu'on retouche un problème qu'on a
abordé hier. Lorsque la formation professionnelle secondaire est finale,
que l'étudiant ne poursuit pas sa formation professionnelle au niveau
collégial, on le retrouve après cela dans une échelle de
revenus que la Direction générale de la planification nous a
apportée hier comme n'étant pas particulièrement
reluisante.
Donc, c'est dans l'intérêt de l'étudiant et pour sa
formation, pour lui assurer une meilleure situation par la suite, qu'on peut
espérer lui faciliter le passage entre le secondaire et le
collégial au niveau professionnel.
M. CLOUTIER: C'est vrai. Mais il reste que, si l'élève
veut accéder au collégial, il peut le faire par la voie du
général et apprendre, à ce moment, sa formation
professionnelle au collégial. Ce que j'essayais de faire comprendre tout
à l'heure, c'est que l'étudiant du secondaire qui va vers le
secteur professionnel n'est pas un laissé pour compte du système
d'éducation, mais c'est quand même un étudiant qui,
à cause de ses inclinations ou de ses aptitudes, désire
accéder plus rapidement au marché du travail et il va de soi
qu'il s'y insère à un niveau moins élevé.
Si je peux ajouter quelque chose... C'est comme si votre argumentation
disait que, pour hausser le niveau de vie d'une certaine partie de la
population, il faudrait finalement que tout le monde passe par l'enseignement
collégial; il faudrait que cette partie passe par l'enseigne-
ment collégial. Je ne pense pas que, à la longue, pour le
système, cela soit sain.
Par exemple, on nous affirme souvent qu'il y a des industries qui ont un
besoin extrêmement pressant de main-d'oeuvre qualifiée, mais qui
sont des voies de sortie naturelle de niveau secondaire.
Notre problème est d'amener les étudiants de niveau
secondaire, peut-être à rester là, mais à faire de
bonnes études et à prendre les bonnes tâches au sortir du
secondaire. Cela n'est peut-être pas nécessairement les amener au
collégial.
Ce qui peut signifier l'amélioration du secteur de l'enseignement
au secteur professionnel secondaire. Je ne vous ai pas caché hier qu'il
y a là des difficultés à cause du recrutement des
professeurs et à cause, d'ailleurs, du fait que cela n'est pas simple
à ce niveau de donner un enseignement professionnel qui colle aux
fonctions du marché du travail. Mais c'est certainement là qu'il
faut mettre l'accent, ce qui n'exclut pas que l'on tente de
récupérer tous ceux qui veulent aller plus loin. Il y a certains
CEGEP où il y a des espèces de sessions d'accueil qui facilitent
d'ailleurs ce passage, par exemple, Jonquière.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: M. le Président, le phénomène ne se
produit peut-être pas dans un milieu urbain comme Montréal, mais
quand vous sortez de Montréal et que vous avez l'occasion d'aller dans
différentes régions du Québec, on se rend compte que c'est
plus difficile, au niveau d'un CEGEP, que l'équipement qui est
déjà là, que cela soit une salle de théâtre,
que cela soit un équipement d'éducation physique, soit accessible
à l'ensemble de la population à comparer avec l'équipement
qui peut exister dans le secteur secondaire.
On peut dire qu'il y a eu une ouverture d'esprit de la part des
commissions scolaires depuis un certain temps pour conclure des ententes avec
des municipalités au point de vue des loisirs pour que
l'équipement à l'intérieur des commissions scolaires soit
accessible. Cela semble plus difficile de la part de la population et de la
part des CEGEP de rendre accessible leur équipement à la
population. Ce caractère d'autonomie que le ministre mentionnait tout
à l'heure vis-à-vis des CEGEP ne se retrouve pas
nécessairement vis-à-vis des commissions scolaires, parce que les
commissions scolaires, du moins jusqu'ici, devaient s'en tenir à des
normes encore beaucoup plus strictes que les CEGEP.
Est-ce l'intention du ministère, non pas de forcer, mais de
demander que ces équipements soient à la disposition de la
population au même titre qu'au niveau des commissions scolaires?
M. CLOUTIER: M. le Président, il n'y a pas de directives
précises encore, mais c'est très certainement l'approche du
ministère et du gouvernement. En fait, je crois que nous avons fait des
progrès depuis quelque temps vers l'ouverture des équipements
scolaires, qu'il s'agisse du niveau élémentaire, secondaire ou
même collégial, vers la population en général. Je
pense que la remarque du député de Saint-Jacques est exacte. Il
semble y avoir plus de résistance du point de vue des collèges.
Je le déplore d'autant plus que les collèges sont mieux
équipés que les autres niveaux de l'enseignement sur le plan des
équipements sportifs. D'ailleurs, à certains moments, je ne vous
cache pas que, lorsque je compare l'élémentaire au
collégial, je me demande si on n'a pas suréquipé le
collégial par rapport à l'élémentaire, qui est le
grand défavorisé.
Pour moi, cela me paraît extrêmement important que ce soient
les jeunes enfants qui, au départ, aient des possibilités de
conditionnement physique et des possibilités d'activités
physiques. Enfin, c'est une option qui a été faite il y a
plusieurs années, avant même que le gouvernement ne soit en place.
Je ne peux pas la remettre en question. Ce que j'essaie de faire pour corriger
ce que je n'hésite pas à appeler un déséquilibre,
c'est de tenter d'équiper le secondaire dans la limite de nos
moyens.
Il y a des obstacles à ce que cette ouverture progresse aussi
rapidement que nous le voulions. Ces obstacles sont souvent des obstacles
d'ordre syndical, parce que l'ouverture des locaux amène tout un
ensemble de conséquences, assurances, concierges, gardiennage. Cela
crée véritablement des difficultés administratives dans
certains milieux.
Je voudrais que nous franchissions une nouvelle étape,
c'est-à-dire qu'en plus d'avoir clairement indiqué que
c'était l'approche gouvernementale, nous puissions donner des directives
plus précises. Mais je ne vous cache pas que j'ai envisagé de le
faire avant. Ce pourquoi je ne l'ai pas fait, c'est qu'on m'a fait comprendre
dans certains milieux que si on faisait cela, il faudrait également
qu'il y ait des budgets accrus qui suivent. Je suis un petit peu moins
d'accord, parce que, dans la mesure où on va tenter d'habituer nos gens
à travailler à l'intérieur d'enveloppes, il faudrait tout
de même que se déterminent certaines priorités. Le
gouvernement ne peut pas d'emblée tout subventionner. Je sais que
certains CEGEP seraient d'accord pour s'ouvrir plus largement, à la
condition que nous payons.
Il y a des formules à trouver et à améliorer.
M. VEILLEUX: Je ne dis pas que l'ouverture se fasse gratuitement vers la
population. D'ailleurs, dans les commissions scolaires, à l'heure
actuelle, ce n'est pas cela qui existe. Mais quand une commission scolaire va
prêter un amphithéâtre à un groupe culturel ou
n'importe quel autre groupe qui a une réunion à faire à
l'intérieur de l'école, on va dire: Prenez les frais
de ménage, vous payez le concierge. Admettons que cela
coûte $15 ou $20 pour une soirée, cela coûte $15 ou $20.
Mais quand vous arrivez au niveau d'un CEGEP, bien des fois on va dire que
c'est $125 pour la salle, c'est le concierge en plus, c'est ceci en plus. D'une
certaine façon, je ne dis pas que c'est dans tous les CEGEP, je ne veux
pas dire que c'est dans le CEGEP de Saint-Jean nécessairement, mais vous
avez des CEGEP où cela rapporte de louer un amphithéâtre
pour une pièce de théâtre ou pour un concert
organisé par une corporation sans but lucratif d'un milieu
donné.
Je vois très mal cela, parce qu'assez souvent ces CEGEP se
retrouvent dans d'anciens séminaires que la population a
déjà payés par l'évêque à
l'époque et qu'on a repayés en établissant le
système des CEGEP. Là, vous retrouvez, si on veut s'en servir,
encore les mêmes gens qui ont à payer une troisième fois
pour la même affaire.
M. CLOUTIER: Pour compléter mes explications de tout à
l'heure, j'ajoute qu'il y a peut-être une autre cause qui fait que les
CEGEP, jusqu'ici, se sont peut-être moins ouverts à la
population.
C'est le fait qu'au niveau collégial les horaires sont quand
même différents des horaires au niveau élémentaire
et secondaire. Au niveau élémentaire et secondaire, vous avez en
général des horaires relativement fixes et stables. Au niveau
collégial, à cause des programmes-cadres, que voulez-vous, les
locaux sont occupés presque tout le temps. Et même les
équipements sportifs le sont beaucoup plus par la population même
des GEGEP, population étudiante jeune ou adulte, que dans les autres
secteurs.
Mais ceci n'est pas une excuse pour ne pas accentuer le mouvement qui
est quand même démarré, qui est quand même
commencé.
M. VEILLEUX: En ce sens, le ministre me dit que des efforts seront
accrus au ministère pour accélérer le plus possible
l'ouverture des CEGEP à l'ensemble de la population.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Prévost.
M. PARENT (Prévost): Je veux seulement vous faire part d'une
expérience, dans la même ligne de pensée que mon
collègue de Saint-Jean. A Saint-Jérôme,
présentement, au niveau de la polyvalente et de la municipalité,
il y a eu une entente selon laquelle la municipalité a partagé
les frais de construction de l'auditorium, de la piscine et de l'aréna.
Ce furent des projets à frais partagés, et disons qu'en dehors
des heures de cours, c'est la municipalité qui prend la
responsabilité de l'opération et des gymnases et de la piscine et
des arénas. C'est une entente profitable et, finalement, qui implique
très peu de coûts.
M. CLOUTIER: Je voudrais simplement dire que ce n'est pas une
expérience unique à cette région. C'est une politique du
ministère qui est étendue à tout le Québec; je ne
peux pas vous donner le chiffre exact, mais il y a un grand nombre de
municipalités et d'institutions qui s'en sont prévalues, le
ministère payant 50 p.c. des équipements à la condition
que la municipalité accepte de contribuer. Ceci donne un support
à cette approche d'ouverture dont je parlais il y a quelques
instants.
M. CHARRON: Le rapport annuel...
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de Rimouski,
et après ce sera vous.
M. SAINT-HILAIRE: Est-ce qu'il y a un plan quinquennal d'investissements
à la DIGEC à l'heure actuelle et depuis quand est-il
préparé?
M. CLOUTIER: Nous avons un plan quinquennal et il est
préparé depuis 1967. Mais il a été
révisé cette année, comme d'ailleurs le plan de
l'élémentaire et secondaire, de façon très
rigoureuse.
M. SAINT-HILAIRE: Ce plan quinquennal existe autant pour
l'équipement que pour les constructions?
M. CLOUTIER: Oui.
M. SAINT-HILAIRE: Comment se fait-il que dans certains CEGEP, lorsqu'on
fait des demandes au ministère et que le CEGEP fait partie du plan
quinquennal, ça prenne autant de temps à avoir une
décision ou un arrêté en conseil pour procéder
à la construction d'équipement ou de bâtisses?
M. CLOUTIER: Je ne serais pas étonné que le
député de Rimouski pense à un problème
particulier.
Il y a deux aspects. La loi oblige à faire un plan quinquennal
d'investissement, qui est révisé chaque année, qui fait
l'objet d'une décision de principe pour l'ensemble du plan à
chaque année par le gouvernement. Cependant, même inscrit au plan
quinquennal, chaque projet individuel doit également par la suite
être approuvé par le ministère et par le gouvernement, en
particulier pour des raisons de financement.
Il y a double autorisation, une qui se fait sur le plan qui est un
document considérable...
M. SAINT-HILAIRE: Le plan quinquennal, ce sont tout simplement des
projets, un avant-projet.
M. CLOUTIER: C'est ça. Ce sont des prévisions. Et chaque
projet de construction ou
d'investissement doit être autorisé de façon
spécifique, par la suite.
M. CHARRON: ... que vient de dire le député de Rimouski
quant à l'autorisation des constructions, au cours de la dernière
année financière. Quelles autorisations ont été
données, à quels CEGEP en particulier, outre la construction
d'une piscine au CEGEP de Trois-Rivières, qui a été
autorisée par un arrêté en conseil du 22 août 1973,
et la permission accordée au CEGEP de Hull de construire un nouveau
campus, à condition que le montant n'excède pas $490,000, du 25
juillet 1973? Est-ce que d'autres constructions ont été
autorisées dans les CEGEP du Québec?
M. CLOUTIER: M. le Président, en 1973/74, on a
complété à Rouyn-Noranda le pavillon des sciences et de la
bibliothèque; à Shawinigan, le campus au complet; à
Trois-Rivières, la piscine que vient de citer le député de
Saint-Jacques. En 1974/75, nous complétons...
M. CHARRON: Une piscine de 50 mètres ou de 25 mètres. Je
sais que cela a pris deux arrêtés en conseil pour...
M. CLOUTIER: II y a des normes. C'est une piscine de combien?
M. CHARRON: L'arrêté en conseil du 22 août modifiait
l'arrêté en conseil du 6 juin qui avait fixé de
façon erronée la piscine du CEGEP de Trois-Rivières
à 50 mètres en la ramenant à 25 mètres.
M. CLOUTIER: C'était peut-être une révision des
programmes. Ce sont des normes qui sont constantes. C'est un point que nous
pourrons vérifier. Normalement, on ne les fait pas à 50
mètres.
Ce que le député de Saint-Jacques dit, c'est que cela a
été corrigé par la suite.
On est passé de 50 à 25?
M. CHARRON: C'est cela.
M. CLOUTIER: C'était certainement une erreur à ce
moment-là parce qu'on n'en a pas fait de 50 mètres.
M. PHANEUF: La seule possibilité qu'il y aurait de faire une
piscine de 50 mètres, ce serait par une entente avec la
municipalité et la municipalité paierait la différence de
construction de 25 à 50 mètres.
M. CLOUTIER: C'est l'entente dont je parlais tout à l'heure. En
fait, il y en a un bon nombre qui ont accepté d'avoir des piscines plus
grandes, d'avoir des piscines semi-olympiques, mais à ce
moment-là ils en assument les frais. Mais lorsque c'est le
ministère qui paie, on ne dépasse pas 25 mètres et cette
politique vaut pour tous les niveaux.
M. CHARRON: Je vous ai interrompu dans la lecture des constructions
autorisées.
M. CLOUTIER: Vous m'avez interrompu fort gentiment.
Nous en sommes en 1974/75, Limoilou, c'est la phase finale;
Lévis-Lauzon, c'est le collège au complet; Hull, c'est le
collège au complet; Saint-Jérôme, c'est l'agrandissement;
Sherbrooke, c'est le pavillon des sciences et le centre de documentation;
Valleyfield, c'est l'agrandissement de l'avant-dernière phase; et
Victoriaville, c'est le pavillon d'éducation physique.
M. SAINT-HILAIRE: Pour 1974/75? M. CLOUTIER: Oui. En 1975/76...
M. SAINT-HILAIRE: Pour 1975, c'est parce que je n'ai pas
complété mes questions tout à l'heure, est-ce que vous
n'avez pas un agrandissement pour le CEGEP de Rimouski aussi en
prévision ou en préparation?
M. CLOUTIER: Nous pourrions peut-être reprendre cette question
à l'équipement. Tous les fonctionnaires impliqués ne sont
pas là. Mais je vais quand même tenter de vous avoir le
renseignement.
M. SAINT-HILAIRE: C'est parce que je voulais tout simplement savoir, moi
aussi, si les investissements au CEGEP Garneau étaient inclus dans les
investissements de 1974/75, incluant une école de marine ou si...
M. CLOUTIER: Une école de marine? Pou-vez-vous nous donner
quelques renseignements sur ce que vous avez à l'esprit?
Je crois que vous faites allusion au complexe sportif de Rimouski?
M. SAINT-HILAIRE: Oui.
M. CLOUTIER: L'arrêté en conseil a actuellement
dépassé, je pense, le stade du Conseil du trésor, il doit
être au conseil des ministres. La procédure que nous avons avec
les différentes instances au gouvernement fait que ces choses, vous
l'avez souligné tantôt, étaient très lourdes. Pour
1974/75, ce qui est autorisé, je pense à moins que mon
renseignement soit faux, je m'excuse c'est un engagement pour le
professionnel et le début des travaux. Parce que, dans nos plans
quinquennaux, vous le savez, il y a des choses qui sont autorisées tout
de suite et des choses qui sont autorisées ultérieurement. Le
plan quinquennal fait état de l'ensemble de ces propositions, mais le
financement de ces choses s'étend dans le temps. Comme le disait le
sous-ministre tantôt, il faut retourner au Conseil du trésor
chaque fois, pour chaque projet spécifique, à chacune de ses
étapes: engagement de professionnels, début de construction,
etc.
M. SAINT-HILAIRE: C'est parce que...
M. CHARRON: Est-ce que Dawson a été autorisé
à construire ou à envisager une construction sur le terrain des
Sulpiciens à Montréal comme on en avait fait la demande?
M. CLOUTIER: Le problème se discute actuellement. Dawson doit
trouver des locaux temporaires. Dawson est logé dans une situation qui
n'est pas acceptable sur tous les plans d'ailleurs. Je ne sais pas si le
député de Saint-Jacques a eu l'occasion de visiter ce CEGEP.
M. CHARRON: II est en face de mon bureau.
M. CLOUTIER: C'est dans votre comté d'ailleurs. Il y a
également un problème à long terme et il s'agit de
construire. Il n'est certainement pas question que le ministère autorise
une construction sur le terrain des Sulpiciens. C'est clair et net.
M. SAINT-HILAIRE: Dans votre plan quinquennal, est-ce que la masse
d'étudiants va en décroissant ou si elle atteint... A quel moment
avez-vous prévu...
M. CLOUTIER: 1977/78.
M. SAINT-HILAIRE: A partir de ce moment, pourquoi serait-il question de
nouveaux CEGEP si, en 1977/78, votre masse d'étudiants va
déjà commencer à décroître?
M. CLOUTIER: Je n'ai pas dit qu'elle décroissait.
M. SAINT-HILAIRE: ... mouvement d'étudiants qui serait meilleur
marché pour le ministère.
M. CLOUTIER: Elle est stable depuis quelques années.
M. SAINT-HILAIRE: On voit des choses assez curieuses à l'heure
actuelle dans les CEGEP, principalement dans des CEGEP assez rapprochés
où on voit de la compétition sur certaines branches
données, des annonces radio-phoniques.
M. CLOUTIER: Est-ce nécessairement mauvais? Je pose la question
parce que ça dépend du système pour lequel on opte dans
une société. On peut opter pour un système
centralisé, un système dirigé du sommet, un système
qui interdit tout recrutement, toute concurrence, mais on peut aussi opter pour
un système plus libéral, un système qui n'exclut pas une
certaine concurrence de bon aloi, qui n'exclut pas certains regroupements et
qui colle au désir des population et du milieu.
M. SAINT-HILAIRE: Cela me fait plaisir de vous l'entendre dire, M. le
ministre. Cela permettra peut-être d'avoir deux genres d'institut de
marine à un moment donné.
M. CLOUTIER: Je ne suis pas sûr qu'il en découle une
décision concernant l'institut de marine. Mais j'admire la logique
implacable du député de Rimouski.
M. SAINT-HILAIRE: Ce n'est pas dans ce sens que ma question a
été posée. Ma question a été posée
dans le sens qu'à un certain moment, le but de la formation des CEGEP
était en effet d'avoir des regroupements de sciences et d'avoir des
meilleurs équipements, avoir des meilleurs professeurs, c'était
le but de la création des CEGEP. Donc, le but a peut-être
été prolongé parce qu'au départ, il était
peut-être question d'une vingtaine de CEGEP ou moins.
M. CLOUTIER: Au départ, il était question d'une dizaine de
CEGEP.
M. SAINT-HILAIRE: Aujourd'hui, on est rendu, je ne sais pas à
quel nombre, mais à ce moment, il y a peut-être des endroits
où c'est nécessaire de multiplier...
M. CLOUTIER: A mon avis, il y a eu des erreurs faites, je ne l'ai jamais
nié. Elles ont été faites en partie par l'ancien
gouvernement. Parce que c'est à ce moment, en 1968, que tout le
réseau...
M. SAINT-HILAIRE: II ne faudrait pas que notre gouvernement commette les
mêmes erreurs qui ont été commises dans le passé en
transférant des...
M. CLOUTIER: Nous essayons de corriger les erreurs du passé et
nous essayons de ne pas en commettre.
M. SAINT-HILAIRE: Cela me porte à une grande confiance si vous
essayez de ne pas commettre d'erreurs.
M. CLOUTIER: Encore faut-il s'entendre sur la signification d'une
erreur.
M. SAINT-HILAIRE: On aura l'occasion d'en reparler.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Saint-Maurice.
M. BEDARD: M. le Président, on disait tout à l'heure qu'on
termine actuellement la construction d'un CEGEP à Shawinigan. Il y a un
problème qui se pose lors de la construction de ces édifices, ce
sont les voies d'accès. Souvent, on construit un bel édifice pour
le ministère de l'Education et on ne pense pas aux voies d'accès
à cet édifice. On en a eu l'expérience avec la
polyvalente Des Chutes où actuellement la construction est
terminée depuis deux ans et il n'y a pas de voie d'accès
convenable à cette polyvalente. Est-ce qu'il y aurait
possibilité, pour le ministère de l'Education, de sensibiliser ou
de prendre entente avec le ministère des Transports lors d'une
construction comme celle-là, de façon à régler un
problème de voies d'accès pour le CEGEP et pour les
polyvalentes?
M. CLOUTIER: Je m'excuse, je ne suis peut-être pas au courant de
la situation très pratique que vous décrivez, mais normalement,
les normes que nous avons, lors des constructions, sont faites en collaboration
avec les autres ministères. Si je peux poser une question, est-ce qu'il
y a des difficultés à l'horizon concernant le CEGEP de
Shawinigan?
M. BEDARD: Oui, déjà, il y a des organismes qui ont
porté ce problème à mon attention c'est qu'actuellement on
n'a pas prévu les voies d'accès. Si on laisse ça dans la
situation actuelle, ça va créer d'énormes
difficultés. Evidemment, ce serait bon de sensibiliser le
ministère des Transports en vertu des programmes de subventions de
façon à régler, une fois que la construction sera
terminée, ces problèmes de voie d'accès. Comme je le
mentionnais tout à l'heure, à la polyvalente Des Chutes, on a un
problème assez grave, nous pensons être en mesure de le
régler cette année par l'intermédiaire d'une subvention du
ministère des Transports.
Mais ce problème existe depuis deux ans et les parents des
élèves se plaignent énormément de ces voies
d'accès qui sont dans un état assez déplorable. En fait,
cela concerne des milliers de gens. Ces maisons, qui doivent être
évidemment à la disposition d'un très grand nombre de
gens, n'ont pas de voies d'accès adéquates.
M. CLOUTIER: Je remercie le député d'attirer mon attention
là-dessus. Nous allons vérifier immédiatement. Ce qui
concerne la polyvalente relève de l'élémentaire et du
secondaire, c'est-à-dire de la direction de l'équipement. Cela
viendra un peu plus tard. Nous pourrons peut-être apporter des
précisions à ce moment-là.
M. BERARD: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce qu'on peut considérer le
programme...
Enseignement agricole
M. CHARRON: Deux petites questions, M. le Président. J'aimerais
d'abord que le ministre nous fasse un bref rapport de l'activité du
comité interministériel sur l'enseignement agricole dont il nous
avait parlé l'année dernière. Quelles ont
été ses activités, cette année? A-t-il donné
lieu à l'établissement de nouveaux programmes?
M. CLOUTIER: J'ignorais que le député de Saint-Jacques
s'intéressait d'aussi près aux problèmes agricoles. Je
l'en félicite.
M. CHARRON: Je vous remercie.
M. CLOUTIER: Je vais faire un bref rapport des activités...
M. CHARRON: Cela va nous donner l'occasion d'entendre Mme Baron
maintenant.
M. CLOUTIER: Ce comité existe déjà depuis au moins
deux ans. Il a été mis sur pied à la suite d'une demande
qui est venue de l'Association des producteurs agricoles. Il a
été mis sur pied avec l'accord du ministère de
l'Agriculture, du ministère de l'Education et de cette association.
Il regroupe des représentants de l'élémentaire, du
secondaire et du collégial, des écoles existantes, des instituts
agricoles existants et du ministère lui-même. Le
secrétaire, qui était d'abord le représentant de
l'Education, est maintenant un représentant du ministère de
l'Agriculture.
Son objet principal était d'étudier la pertinence des
programmes par rapport aux besoins agricoles et aussi leur pertinence quant
à l'institution qui devait les dispenser. Il y a eu des recommandations
qui ont abouti au développement des cours pour la formation des
agriculteurs, des cours qui sont de niveau collégial sans être
strictement des programmes de l'enseignement collégial, d'une part, et
ce sont des cours donnés dans les instituts agricoles. D'autre part, il
y a eu des cours secondaires et collégiaux développés qui
sont des programmes acceptés par ce comité, non pas
supervisés, mais sur lesquels le comité donne un avis.
Ce comité a aussi donné un avis quant à l'Ecole
d'agriculture de Sainte-Croix, pour ce qui est de l'intégration des
options agricoles. Le comité a un mandat spécifique pour les
programmes, mais il peut à l'occasion et il l'a fait poser
des diagnostics ou faire des recommandations soit à la direction de
l'élémentaire et du secondaire ou à la direction du
collégial, soit au ministère de l'Agriculture, pour ses propres
institutions, et il essaie principalement de coordonner des enseignements
donnés de part et d'autre et dont les objectifs peuvent être un
peu différents, un peu diversifiés, mais qui concourent au fond
à fournir une main-d'oeuvre agricole qualifiée.
M. CHARRON: Au cours de l'année, est-ce qu'on a apporté de
nouveaux programmes ou modifié ceux qui existaient déjà
dans l'enseignement agricole?
M. CLOUTIER: Non, les programmes agrico-
les sont, à l'élémentaire et au secondaire, en
réexamen, comme tous les programmes d'enseignement professionnel. Les
options agricoles ont été approuvées pour
malheureusement, je n'ai pas la liste des polyvalentes bien
spécifiques et les nouvelles options à ouvrir, les orientations
à donner font l'objet de recommandations de ce comité. C'est,
pour le ministère de l'Education, le lieu de l'examen des programmes,
mais pas en exclusivité, encore une fois, parce qu'on peut aussi avoir
des avis sur l'opportunité de les situer à tel ou tel endroit et,
deuxièmement, sur les liaisons à établir avec le milieu
dans ces endroits. C'est vers cela que l'on s'oriente surtout.
Hygiène dentaire
M. CHARRON: L'autre question que j'avais, M. le Président, la
dernière, a soulevé un problème en cette année
relativement calme. Cela a été le problème qu'ont
soulevé les étudiants du CEGEP Edouard-Montpetit quant à
la troisième année prévue pour le cours en option
hygiène dentaire. Je veux savoir si le ministre est intervenu
auprès du conseil d'administration du CEGEP pour suspendre cette
troisième année, et s'il ne l'a pas fait, est-ce que son
collègue des Affaires sociales l'a fait à sa place? Je sais que
la DIGEC a déjà imposé sept contenus de cours
différents pour cette option. Est-ce qu'il est exact que le CEGEP a
été mis en demeure de ne pas offrir la troisième
année l'année prochaine?
M. CLOUTIER: Absolument pas! C'est strictement le contraire. Le ministre
n'est pas intervenu. Le ministère a demandé, dans un premier
temps, il y a environ trois mois, au CEGEP Edouard-Montpetit, au CEGEP
Maisonneuve et au CEGEP de Saint-Jérôme d'unir leurs forces dans
une troisième année. Le problème essentiel de ce programme
d'hygiène dentaire, à part les sept contenus de cours
différents que vous avez mentionnés et qui sont le fruit qu'on
doit payer, j'ai l'impression, pour ce qu'on appelle une certaine
démocratie dans la fabrication des programmes, c'est le coordon-nateur
avec le groupe de gens impliqués qui transforme, je suppose, avec la
meilleure intention possible, ces programmes, mais on aimerait, nous aussi, que
cela s'arrête un jour. Nous avons donc demandé aux trois CEGEP de
se réunir parce que le problème se situe dans l'engagement de
professeurs compétents et dans l'utilisation de champs cliniques,
c'est-à-dire d'une clinique avec des chaises sur lesquelles ces futurs
hygiénistes dentaires puissent pratiquer. Le ministère des
Affaires sociales nous avait indiqué d'abord qu'il y aurait une clinique
à l'hôpital Sainte-Justine. Cette clinique s'est
révélée plus petite finalement, ou l'hôpital
Sainte-Justine a imposé ou demandé des conditions, je ne sais pas
exactement, qui ont fait que le ministère des Affaires sociales ne
pouvait pas y répondre. Pour mettre les gens ensemble dans un même
champ clinique, utilisant les pauvres ressources que nous avons pauvres
en quantité nous avons demandé aux trois CEGEP de se
mettre ensemble. Les étudiants du CEGEP Edouard-Montpetit ont fait des
représentations indiquant qu'ils avaient déjà loué
leur chambre, ils étaient déjà sur place. Le CEGEP a fait
aussi des représentations disant que, si on leur enlevait la
troisième année, ils ne pouvaient pas organiser de façon
très autonome et très pédagogique ce programme
d'hygiène dentaire. La semaine passée, j'ai écrit au CEGEP
de Saint-Jérôme et au CEGEP Edouard-Montpetit en leur disant
qu'ils étaient autorisés à offrir la troisième
année, mais qu'ils devaient trouver le meilleur champ clinique. Or, il
semble, à l'heure actuelle au moment où je parle, que le meilleur
champ clinique pour Edouard-Montpetit se trouvera à Saint-Hyacinthe,
parce qu'il y a là une clinique qui va pouvoir recevoir les
étudiants.
M. CHARRON: D'accord pour Edouard-Montpetit. Pour ceux de Lionel-Groulx
à Saint-Jérôme?
M. CLOUTIER: Pour ceux de Saint-Jérôme, ils offriront la
troisième année également chez eux. C'est-à-dire
qu'ils pourront engager, par mode d'honoraires, des professeurs, essayer de les
animer localement. C'est ce que je voulais finalement, qu'il se forme un
département où, tranquillement, il y ait une excellence qui
commence à poindre, mais ils devront envoyer leurs étudiants
très probablement à Sainte-Justine pour le champ clinique.
M. CHARRON: Pour les stages.
M. CLOUTIER: Pour les stages de la troisième année.
M. CHARRON: Et Maisonneuve?
M. CLOUTIER: Maisonneuve aussi, à Sainte-Justine.
M. CHARRON: A Sainte-Justine.
M. CLOUTIER: C'est cela. Ce qu'on nous dit, c'est que Sainte-Justine
serait prête à dépasser les douze chaises ou à
ajouter des chaises aux douzes qu'elle possède déjà.
M. CHARRON: C'est bien.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député d'Iberville a
demandé la parole.
M. TREMBLAY: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre nécessairement. Sur la question des
délégations de pouvoirs concédés par le ministre
à une commission
scolaire, comme par exemple une commission scolaire régionale,
dans une indication précise, sur la fermeture d'une école, par
exemple. C'est un problème qui arrive ici et là, ainsi dans mon
comté, il en arrive une assez importante. C'est un dossier qui commence
à prendre beaucoup de volume, à la régionale
Honoré-Mercier, c'est la fermeture de l'école Sacré-Coeur
d'Henryville.
M. CLOUTIER: Evidemment, nous discutons les crédits par ordre de
programmes. Ce programme a été discuté hier.
Personnellement, je n'ai aucune objection à répondre. Je pense
que la question est intéressante. Je vais être obligé de
demander la permission à la présidence et au député
de Saint-Jacques pour rouvrir le programme élémentaire et
secondaire.
M. TREMBLAY: M. le Président, je ne suis pas membre de cette
commission, mais je remplace le député de Saint-Jean et je
profite de l'occasion que le ministre m'excuse pour poser ma
question...
M. CLOUTIER: Cela ne me gêne pas du tout.
M. TREMBLAY: ... parce que je suis présent...
M. CLOUTIER: Etant donné que le programme
élémentaire et secondaire a été voté...
M.TREMBLAY: Bon.
M. CLOUTIER: ... adopté, je suis obligé de demander la
permission à l'Opposition. Si l'Opposition n'a pas d'objection, c'est
avec grand plaisir que je tenterai de répondre.
M. TREMBLAY: Je ne veux pas prendre indûment le temps de cette
commission. Donc, pas d'objection?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Pas d'objection.
M. CHARRON: Allez-y.
M. CLOUTIER: ... l'autorisation de... de votre école?
M. TREMBLAY: Non. C'est la fermeture de l'école. Si vous n'avez
pas encore pris connaissance de votre dossier, précisément, si
vous me permettez, je pourrai peut-être cet après-midi vous le
présenter. Nous serons ici. Il y aura peut-être une
deuxième question relativement à la construction d'une
école ou d'un CEGEP. Est-ce que c'est à l'ordre
présentement?
M. CLOUTIER: C'est passé également...
M. TREMBLAY: C'est passé également.
C'est juste l'information, à savoir si le CEGEP de Granby sera
construit ou non.
M. CLOUTIER: Je n'ai aucune objection si l'Opposition, qui montre la
plus grande collaboration, accepte.
M. TREMBLAY: C'est seulement pour savoir si le CEGEP de Granby sera
construit ou non. C'est simplement à titre d'information.
LE PRESIDENT (M. Pilote): En lisant le journal des Débats, le
député d'Iberville aura la réponse.
M. TREMBLAY: Pardon?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Si vous lisez le journal des Débats,
il en a été question tantôt. En fait, nous reprenons
la discussion de tantôt.
M. CLOUTIER: Si le président nous permet de donner ces
renseignements ou d'y revenir, je n'ai aucune objection.
LE PRESIDENT (M. Pilote): C'est accordé. M. CLOUTIER: C'est
accordé? LE PRESIDENT (M. Pilote): Oui.
M. TREMBLAY: Si vous avez le renseignement, c'est aussi bien de le
passer tout de suite.
UNE VOIX: II sera consigné.
M. CLOUTIER: Le CEGEP de Sherbrooke a demandé... Pardon?
M. TREMBLAY: Le CEGEP de Granby.
M. CLOUTIER: Le campus de Granby dépendant du CEGEP de
Sherbrooke...
M. TREMBLAY: L'édifice...
M. CLOUTIER: C'est cela. Alors, le CEGEP de Sherbrooke a demandé
la construction d'un nouveau campus ou enfin la réfection d'un nouveau
campus à Granby. Ces choses sont dans le plan quinquennal. Il y a des
solutions alternatives qui ont été présentées et
que nous devons aussi examiner. On peut, par exemple, pour une meilleure
utilisation des ressources physiques, penser à des locaux existants
à condition que la population soit consentante et accepte cette
situation.
M. TREMBLAY: Alors, au moment où on se parle, il n'y a pas de
décision de construction d'un édifice pouvant loger le campus de
Granby du CEGEP de Sherbrooke.
M. CLOUTIER: II y a, dans le plan, des
fonds qui ont été retenus pour faire quelque chose
à Granby. Alors, cela peut être construit pour une somme d'argent;
cela peut être rénover pour une certaine somme d'argent pour le
rendre...
M. TREMBLAY: Pour localiser dans des endroits disponibles la
polyvalente, par exemple.
M. CLOUTIER: C'est cela.
M. TREMBLAY: Merci, cela suffit.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le programme 9 est adopté ainsi que
les...
M. TREMBLAY: Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... éléments. Le groupe 4,
programme 8.
M. CLOUTIER: II s'agit bien du groupe 4? LE PRESIDENT (M. Pilote): Le
groupe 4...
M. CLOUTIER: Le groupe 4 comprend les programmes 8 et 9.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Non. Le programme 8, le programme 10, le
programme 2 et le programme 6.
M. CLOUTIER: Les programmes 8, 10... LE PRESIDENT (M. Pilote): ... 2...
M. CLOUTIER: ... 2 et 6. LE PRESIDENT (M. Pilote): Oui.
M. CLOUTIER: C'est-à-dire tous les secteurs privés...
LE PRESIDENT (M. Pilote): C'est cela.
M. CLOUTIER: ... à l'élémentaire, au secondaire, au
collégial et au soutien technique du secteur privé.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Page 10-25.
M. CLOUTIER: Le programme 8 comprend les dépenses de transfert
que l'on retrouve dans les supercatégories, la ventilation des
crédits, dépenses de transfert correspondant aux subventions.
Le programme 10 est exactement la même chose, mais pour le
collégial. Alors, ces deux premiers programmes sont des programmes
presque techniques.
Enseignement privé M. CHARRON: Est-ce que le ministre re-
prend les prévisions démographiques du secteur privé avec
nous ce matin?
M. CLOUTIER: Avec plaisir, M. le Président. Je peux les reprendre
sur quelques années pour permettre au député de
Saint-Jacques d'en suivre l'évolution. Je vais même faire plus
dans ce grand esprit de collaboration qui marque nos débats depuis le
début. Je vais déposer un tableau à ce sujet: 1971/72, il
y avait 44,994 étudiants au niveau secondaire; 1972/73, 49,192
les tableaux s'en viennent, je le cite quand même pour le Journal des
débats 1973/74, 51,148; 1974/75, 51,189.
Ces chiffres doivent être ventilés à cause d'un
phénomène qui porterait à les interpréter d'une
manière inadéquate. Le phénomène est le suivant,
c'est que ces chiffres comprennent deux catégories d'étudiants:
une catégorie d'étudiants qui est actuellement dans le secteur
privé et qui l'a toujours été et qui est
subventionnée par le ministère en tant que secteur privé,
une autre catégorie qui vient du fait que le statut d'association de
certaines écoles privées est en voie de disparition de sorte que
ces étudiants qui étaient déjà dans le secteur
privé, mais qui se trouvaient à être subventionnés
par le secteur public, se retrouvent pour fins de subvention dans le secteur
privé. Ceci, de sorte que vous avez, si vous reprenez vos chiffres
je crois que maintenant le tableau vous a été
distribué deux catégories qui distinguent le privé
non associé et le privé associé. Strictement, si on veut
évaluer la progression du secteur privé, il faut tenir compte
uniquement du privé non associé, le privé associé
étant déjà là, mais n'apparaissant pas, de sorte
que l'accroissement est moins considérable que ce qu'on pourrait croire.
Il s'agit d'un accroissement qui est exactement de 9.3 p.c. en 1972/73 et qui
est de 4 p.c. en 1973/74.
M. CHARRON: Si je prends les chiffres de 1973/74, c'est la
clientèle estimée, comme on l'a dit ici, au 19 juillet 1973.
C'est cela?
M. CLOUTIER: Est-ce que je pourrais demander au député de
Saint-Jacques de reposer sa question?
M. CHARRON: Les chiffres de 1973/74, 44,300 qu'on retrouve là,
c'est comme l'indique la note, la clientèle estimée en juillet
1973.
M. CLOUTIER: C'est exact, au 19 juillet.
M. CHARRON: Lorsqu'on avait fait, l'année
précédente de la présente année scolaire, la
prévision démographique de la clientèle pour 1973/74,
l'avait-on prévue inférieure ou supérieure aux 44,300
qu'on a retrouvés le 19 juillet 1973?
M. CLOUTIER: Inférieure. Ce qui est d'ailleurs toujours le cas ou
presque toujours le cas. Il est à peu près impossible de
prévoir à
quelques unités près, autrement dit sans une marge
d'erreur, la clientèle du privé. Pourquoi? Parce que cette
clientèle dépend de choix individuels qui sont faits en cours
d'année. On projette certains chiffres...
M. CHARRON: La marge...
M. CLOUTIER: II y a toujours une marge de variation.
M. CHARRON: La marge de variation, comme vous venez de l'appeler,
je...
M. CLOUTIER: J'aime mieux cela que marge d'erreur.
M. CHARRON: Oui. La marge de variation se trouvait de quel ordre pour
les chiffres de 1973/74? On avait légèrement sous-estimé
la clientèle à quel pourcentage près?
M. CLOUTIER: A 4 p.c. ou 5 p.c.
M. CHARRON: De 4 p.c. à 5 p.c. Il est donc possible de
prévoir la même marge d'évaluation pour 1974/75.
M. CLOUTIER: Très certainement. M. CHARRON: Alors, quand on
a...
M. CLOUTIER: Pour 1974/75, on a fait une opération additionnelle
en téléphonant aux 132 institutions de niveau secondaire pour
leur demander, à la fin de mars, combien d'élèves elles
prévoyaient pour l'an prochain. Elles organisaient leurs renseignements
pour combien d'élèves?
D'après ces derniers chiffres du mois d'avril, l'accroissement
entre 1973/74 et 1974/75 serait de l'ordre de 11 p.c, mais 6.3 p.c. en sont dus
au phénomène de désassociation, tel que je l'expliquais
tout à l'heure. On prévoit pour le moment disons 5.7 p.c., mais
on peut bien se retrouver avec 7 p.c. cependant ou 6 p.c.
J'ajoute que notre prévision de cette année a des chances
d'être plus exacte que les années précédentes
à cause de cette vérification directe auprès des
institutions qui n'avait pas été faite avant.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a eu, au cours de la dernière
année, d'autres institutions privées de reconnues pour fins de
subventions au niveau secondaire?
M. CLOUTIER: On en a la liste, nous allons vous donner la liste des
quelques institutions.
M. CHARRON: Pouvez-vous ajouter le renseignement suivant? S'agit-il
d'institutions qui auparavant n'étaient pas reconnues pour fins de
subventions mais qui existaient, ou s'agit-il littéralement de nouvelles
créations?
M. CLOUTIER: J'ai ici un travail qui porte particulièrement sur
les quatre dernières années, à la suite d'articles parus
dans les journaux, et ça donne les résultats suivants comme
écoles fermées ou comme écoles nouvelles, en termes
d'écoles subventionnées. Je vais essayer de trouver mon
tableau.
Nous allons vous donner le renseignement un peu plus tard. Est-ce qu'il
y aurait d'autres questions dans l'intervalle?
M. CHARRON: Oui. L'année dernière, dans le rapport du
vérificateur général, on traitait à la page 295 de
ceci, vous me permettrez de le citer, ce n'est pas très long: "Nous
avons signalé au ministère certaines faiblesses au niveau de
l'acceptation des institutions d'enseignement privé pour le
ministère pour fins de subventions. On nous informe que, pour
l'année 1972/73, la mise en place d'un guide d'évaluation, qui
devra être rempli par chaque institution, permettra au ministère
de s'assurer que les conditions exigées lors de l'acceptation de ces
institutions sont remplies".
Ce guide d'évaluation, est-ce qu'on peut avoir une explication
sur son contenu?
M. CLOUTIER: Comme il le dit même, c'est un guide
d'autoévaluation, c'est l'école elle-même qui fait
l'opération à partir de tous les aspects de l'éducation
dans une institution. Et toutes les personnes de l'institution, à partir
du concierge, en passant par les professeurs, le directeur, tous les services
aux étudiants sont appelés à dire comment ils situent leur
école par rapport aux critères d'excellence que l'on propose.
Si je prends comme illustration, par exemple, l'orientation, on
prévoit trois degrés d'excellence. Un premier degré
défini en termes de services, un deuxième et un troisième
et l'école se situe d'après ça.
Elle se situe elle-même. Le premier but du guide
d'autoévaluation, c'est de faire en sorte que l'école s'interroge
à partir de questions suggérées par le guide
d'autoévaluation. Cela permet à tout le monde de
réfléchir, cela permet à tous les subalternes, à
tous les employés de dire ou de discuter avec la direction de
l'école de la situation même de leur secteur. Lorsque ce guide
d'autoévaluation, qui comprend 528 points, je crois, ou environ 600
points, est rempli, cela se complète par une visite de trois personnes,
dont deux personnes du service habituellement et une personne de
l'extérieur pour avoir davantage d'objectivité, pour discuter
avec l'institution des points douteux que l'on a retrouvés dans le
formulaire d'autoévaluation en l'analysant. Cela se termine par des
recommandations du service général de l'enseignement privé
à l'endroit des institutions quant aux principales améliorations
à apporter. Alors, quelle que soit l'excellence de la qualité de
l'institution lorsqu'elle a été agréée,
l'autoé-valuation s'applique quand même et elle s'appli-
quera dans les institutions à toutes les trois, quatre ou cinq
années.
M. CHARRON: Est-ce que les institutions, au moment où elles
procèdent à leur autoévaluation, sont informées que
cette autoévaluation servira au calcul pour fins de subventions du
ministère?
M. CLOUTIER: Cela ne compte pas pour le calcul. C'est une
opération complètement distincte de l'opération de
financement. Nous, cela fait partie de notre objectif de supervision de
l'enseignement privé, service à la clientèle vers
l'excellence. Les institutions privées reçoivent cela dans la
quasi-totalité. Je dis quasi-totalité parce qu'il y en a
quelques-unes qui craignent que leur statut puisse être mis en jeu quand
elle ne sont pas tout à fait assez bonnes. Mais les autres institutions
aiment énormément l'autoévaluation parce qu'elle les fait
s'interroger à partir de critères que l'on propose et
critères qui changent au fur et à mesure que la conception de
l'éducation doit changer ou que la conception d'un service doit
changer.
M. CHARRON: Le vérificateur général faisait le
reproche au ministère de certaines faiblesses au niveau de l'acceptation
des institutions d'enseignement privé reconnues par le ministère
pour fins de subventions. Où portait-il ces remarques? Disait-il que le
ministère était trop large dans l'octroi de...
M. CLOUTIER: II est bien possible qu'au début de l'application de
la loi de l'enseignement privé où tout devait se faire à
la vapeur, il est sûr que cela a procédé un peu rapidement,
que l'on raffine nos outils et que l'on remette en question des écoles.
Dans les chiffres que je voulais vous donner tout à l'heure, à
quelques unités près, depuis quatre ans, il y a 27 institutions
qui étaient subventionnées et qui ne le sont plus.
M. CHARRON: Au niveau secondaire?
M. CLOUTIER: Je ne peux pas vous garantir si c'est au niveau secondaire.
En tout cas, la plupart au niveau secondaire parce que ce sont des institutions
à qui on a posé la grande question: Demeurez-vous en
éducation ou pas? Si on demeure en éducation, il faut donner un
certain service.
Il y a 27 institutions qui ne sont plus subventionnées alors que,
depuis ce temps, il y en a 8 ou 9 qui ont commencé à être
subventionnées alors qu'elles ne l'étaient pas il y a quatre ans.
Dans ces 8 ou 9, il y en a 3 ou 4 qui ne sont pas de nouvelles institutions,
mais qui sont des résurrections d'institutions.
M. CHARRON: Comme quoi, par exemple? M. CLOUTIER: L'école
Notre-Dame de Ri- vière-du-Loup qui était un externat classique
appartenant à la commission scolaire, qui est devenue privée dans
l'école normale de Rivière-du-Loup après que
l'école normale a dû être mise de côté lorsque
la formation des maîtres est passée à l'université.
L'équipement était là, une organisation pédagogique
était en place, elle est devenue une institution. Ce n'est pas à
proprement parler une nouvelle institution privée. Des nouvelles
institutions privées, depuis quatre ans, c'est quelques-unes, cinq ou
six.
Je peux maintenant apporter les renseignements que demandait le
député de Saint-Jacques. Je crois qu'il y a lieu et
intérêt à expliquer de quelle façon les permis,
comme les reconnaissances, sont accordés. Le processus suppose une
recommandation de la part de la commission consultative de l'enseignement
privé. J'ai déposé récemment à
l'Assemblée nationale un rapport annuel, le quatrième rapport
annuel de cette commission et je vais maintenant le distribuer à
nouveau. On trouve la liste complète de toutes les recommandations ainsi
que les décisions de toutes les institutions. Il y en a plusieurs
centaines d'ailleurs parce que ça comprend à peu près
toutes les écoles qui ont actuellement un permis. De plus, je vais
déposer un tableau qui donne l'état des institutions
privées agréées pour l'année scolaire 1973/74, avec
la distinction entre celles déclarées d'intérêt
public et celles reconnues pour fins de subvention. Je crois que nous aurons,
avec cela, un tableau vraiment complet.
M. SAINT-HILAIRE: Dans le même ordre d'idées, vous avez un
collège à l'heure actuelle qui est semi-privé,
semi-public, le collège Sainte-Anne-de-la-Pocatière; advenant la
construction du CEGEP Sainte-Anne-de-la-Pocatière, l'institution
va-t-elle devenir complètement privée ou quels sont les buts du
ministère là-dedans?
Parce qu'à l'heure actuelle, c'est moitié moitié ou
à peu près.
M. CLOUTIER: Actuellement, à Sainte-Anne-de-la-Pocatière,
dans le collège Sainte-Anne-de-la-Pocatière, il y a location au
CEGEP et à la commission scolaire régionale, donc pour du
collégial public, pour du secondaire public, et aussi le collège
lui-même loge son propre secondaire privé. La question de
l'avenir...
M. SAINT-HILAIRE: Je pose la question advenant le départ, parce
que je pense qu'il est question d'une construction d'un CEGEP dans le
secteur.
M. CLOUTIER: Les visées de l'institution du collège de La
Pocatière, du séminaire, c'est de récupérer tous
ses espaces pour les occuper en totalité par de l'enseignement
privé.
M. SAINT-HILAIRE: Est-ce que ça entre définitivement dans
les cadres du ministère pour la subvention d'un collège
privé, parce
qu'à ce moment-là la subvention va peut-être doubler
ou tripler?
M. CLOUTIER: La subvention est liée au nombre
d'étudiants.
M. SAINT-HILAIRE: Au nombre d'étudiants, mais s'il augmente le
nombre d'étudiants, est-ce que le ministère va le permettre?
M. CLOUTIER: S'il augmente, il augmente. Il n'est pas soumis à
une planification comme institution privée. S'il augmente son nombre
d'étudiants, c'est bien évident que ses subventions vont
augmenter. Toutes les institutions sont traitées exactement de la
même façon.
M. SAINT-HILAIRE: D'accord.
M. CLOUTIER: II a demandé s'il y aurait assez d'étudiants
pour une institution privée de cette grandeur, au total, avec un
collège public...
M. SAINT-HILAIRE: On peut peut-être avoir des surprises parce
qu'à l'heure actuelle, une bonne partie de la ville de Rimouski est en
train de déménager à l'école de Sainte-
Anne-de-la-Pocatière, parce que c'est une institution privée.
M. LAFRANCE: Pas l'Ecole de la marine.
M. SAINT-HILAIRE: Non, on garde l'Ecole de la marine.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Saint-Maurice.
M. BERARD: M. le Président peut-on passer à l'enseignement
privé?
M. CLOUTIER: On peut donner la parole aux fonctionnaires.
M. BERARD: Cela concerne une école privée, mais
d'enseignement primaire. J'aimerais savoir s'il y a eu une décision de
prise concernant le Jardin de l'Enfance de Shawinigan. J'ai évidemment
consulté le document ici et je n'ai pas retrouvé la
décision. L'institution s'est adressé au ministère de
l'Education. J'ai moi-même fait des communications et je n'ai pas encore
obtenu de décision concernant le Jardin de l'Enfance de Shawinigan.
Enfin, c'est une institution privée qui existe depuis nombre
d'années mais qui, par l'évolution de l'éducation,
évidemment, a perdu énormément sa clientèle.
Actuellement, il ne reste qu'une seule classe.
C'était la quatrième année, cette classe, l'an
passé. Les parents seraient désireux que l'institution fasse la
cinquième et la sixième années de façon à
amener ces enfants au niveau secondaire. Est-ce que le ministre aurait objec-
tion à ce que cette classe soit amenée jusqu'au niveau
secondaire?
M. CLOUTIER: M. le Président, il m'est difficile de
répondre à une question comme celle-là dans le cadre d'une
discussion de crédits. Je suggérerais que le député
s'adresse au ministère et on lui donnera le renseignement à ce
moment-là. Je ne sais pas si cette institution est comprise dans la
liste de la commission consultative de l'enseignement privé, parce que
c'est sur recommandation de cette commission consultative de l'enseignement
privé que le ministère peut agir.
M. BERARD: Parce qu'à toutes fins pratiques, on n'a pas eu de
décision et les parents se posent des questions. Si le ministère
refuse d'accepter que cette institution continue ses activités, les
parents veulent évidemment diriger leurs enfants vers d'autres
institutions. On n'a pas eu de décision...
M. CLOUTIER: Ce n'est pas le ministère qui refuse. Si la
commission consultative de l'enseignement privé, qui a un rôle
précis à jouer dans le système d'éducation, ne fait
pas de recommandation, c'est parce que ses études lui auront fait
conclure que cette école ne se conforme pas aux normes qui existent. A
ce moment-là, le ministère entérinera cette
recommandation. Je suggérerais donc au député, puisqu'il
s'agit d'un problème très particulier, de s'adresser au
ministère et on lui fournira tous les renseignements.
M. BERARD: Très bien, merci!
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Rivière-du-Loup.
M. LAFRANCE: M. le Président, dans le cadre d'une réponse
qui a été donnée tout à l'heure au sujet de l'Ecole
Notre-Dame-de-Lour-des de Rivière-du-Loup, j'aimerais avoir plus de
précisions, dans le sens de la réponse qui a été
donnée sur les subventions qui sont accordées dans une
école qui a été ressuscitée au niveau secondaire
privé. Une réponse que vous avez donnée tout à
l'heure,...
M. CLOUTIER: L'école secondaire Notre-Dame de
Rivière-du-Loup...
M. LAFRANCE: Notre-Dame-de-Lourdes, c'est cela.
M. CLOUTIER: ... qui est située dans l'ancienne école
normale.
M. LAFRANCE: C'est cela.
M. CLOUTIER: C'est une école qui, à l'heure actuelle,
dispense le secondaire et qui est déclarée d'intérêt
public depuis deux ans.
M. LAFRANCE: C'est de l'enseignement privé?
M. CLOUTIER: C'est de l'enseignement privé. Elle a deux
catégories.
M. LAFRANCE: La subvention qui est donnée par le
ministère, à cette école principalement, c'est dans quoi?
Est-ce que c'est dans le domaine de l'investissement ou simplement dans le
domaine du fonctionnement?
M. CLOUTIER: Nos subventions sont pour le fonctionnement et il y a deux
catégories, une catégorie subventionnée à 80 p.c.
et une autre catégorie subventionnée à 60 p.c. C'est
déclaré d'intérêt public. C'est subventionné
à 80 p.c. et reconnu pour fins de subvention à 60 p.c, 80 p.c. du
coût moyen du secteur privé.
Dans le calcul de la subvention c'est peut-être le
renseignement que souhaite avoir le député on tient
compte, au point de départ, du coût moyen dans le secteur public,
d'un étudiant, auquel on ajoute la valeur locative des immeubles
occupés, ce qui, indirectement, tient compte des investissements.
M. LAFRANCE: J'ai posé la question. Cela me fait plaisir d'avoir
cette réponse. Cela m'éclaire, mais tout de même, on a tout
près l'un de l'autre, deux établissements, l'un public, l'autre
privé à Rivière-du-Loup. Evidemment, on vient de passer le
domaine public, le secteur public secondaire. C'est qu'il y a, à l'heure
actuelle, à Rivière-du-Loup, dans l'institut privé des
aménagements qui se font. Ils s'en est fait aussi dans le domaine du
CEGEP, dans le domaine du collégial; il s'en fera encore dans le domaine
du collégial. On a peut-être un petit peu plus de
difficulté dans le secteur public à avoir cet aménagement,
alors que c'est dans le secteur public je m'excuse, c'est une
digression, parce que cela a déjà été passé
à l'heure actuelle que les difficultés se rencontrent au
sujet des immobilisations.
M. CLOUTIER: C'est vraiment un cas particulier. Tout le monde est
traité de la même façon. C'est évident. Il y a un
secteur privé ici et il y a un secteur public qui ne sont pas en
concurrence, mais, sur le plan de la clientèle, cela signifie tout de
même des choix de la part de la population. Il peut y avoir des choix qui
portent davantage vers le secteur privé que vers le secteur public. Vous
avez vu, tout à l'heure, l'évolution des clientèles,
l'augmentation du secteur privé qui ne dépasse pas 5 p.c. ou 6
p.c. C'est une augmentation raisonnable, semble-t-il. C'est à peu
près la seule réponse que je peux apporter.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le programme 8 est adopté.
Le programme 10. A la page 10-31...
M. CHARRON: A la page...
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... l'enseignement collégial
privé.
M. CHARRON: En fait...
M. CLOUTIER: On a pas mal empiété là-dessus, sur
ces trois points.
M. CHARRON: La question que je veux poser ici, j'aurais pu
également la poser là. C'est le recrutement que font les
institutions privées. Evidemment, si elles veulent augmenter leur
clientèle, le seul endroit où elles peuvent s'adresser est dans
la clientèle publique. C'est d'inciter des étudiants
déjà inscrits au réseau public à quitter celui-ci
pour poursuivre leurs études dans le secteur privé.
M. CLOUTIER: Ou dans le réseau privé secondaire.
M. CHARRON: Ou dans le réseau privé secondaire, mais les
institutions privées secondaires aussi, dont on vient de disposer,
peuvent faire de la publicité pour faire du recrutement.
Cette publicité, cet appel à l'inscription dans le secteur
privé est-il de quelque façon que ce soit
réglementé par le service que vous dirigez?
M. CLOUTIER: Toute la publicité que fait une école doit
être approuvée par le service général de
l'enseignement privé, pour toutes catégories d'écoles.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a des limites quant à cette
publicité? J'imagine que cette publicité peut très bien se
porter dans les media d'information, mais a-t-on des institutions
privées qui vont aller jusqu'au coeur des institutions publiques, sur
les babillards ou dans les journaux, dans les bulletins que produisent les
services aux étudiants de certains CEGEP, par exemple, pour annoncer
leur existence et inciter les étudiants à se joindre au secteur
privé?
M. CLOUTIER: II y a les annonces faites par les journaux et d'ailleurs,
là où c'est fait le plus objectivement, c'est dans les services
d'orientation des commissions scolaires, dans les informations qui sont
transmises aux élèves. Toutes les informations en ce qui concerne
les CEGEP et les institutions privées sont données. Toutes les
listes des institutions, tous les services d'orientation des commissions
scolaires possèdent les listes des CEGEP et les listes des institutions
privées avec les diverses options que toutes ces institutions
dispensent. Si votre question est dans le sens d'une publicité indue ou
outrée de la part de certaines institutions de niveau collégial,
je pense que la réponse doit être catégoriquement non.
M. CHARRON : Mais existe-t-elle à l'intérieur des
institutions publiques actuellement? Vous parlez des commissions scolaires
où, dans le service d'orientation, les finissants peuvent
très bien offrir l'éventail présenté par le
secteur privé aussi bien que le secteur public, mais se peut-il que,
dans les institutions de caractère public, au niveau collégial,
on fasse du recrutement pour le secteur privé collégial?
M. CLOUTIER: Est-ce que je comprends bien la question? On ferait dans le
secteur public du recrutement pour le secteur privé?
M. CHARRON: Oui. Les institutions publiques...
M. CLOUTIER: Je crois que les institutions publiques au collégial
font également de la publicité et je vois dans les journaux,
fréquemment, des listes d'options qui sont offertes. Il ne s'agit pas de
cela?
M. CHARRON: II ne s'agit pas de cela. Est-ce que les institutions
privées ont l'autorisation de certains CEGEP pour pénétrer
à l'intérieur du CEGEP, s'adresser à la clientèle
même du niveau collégial...
M. CLOUTIER: Ah! Ah!
M. CHARRON: ... pour les inciter à poursuivre leur collège
II, par exemple?
M. CLOUTIER: Je ne crois réellement pas que cela puisse se faire,
en fait. Si le député de Saint-Jacques à des cas à
vous apporter, c'est ici le moment.
M. CHARRON: Non, je n'ai pas de cas, c'est vraiment l'information que je
recherchais.
M. CLOUTIER: Ce serait très étonnant. Bien sûr,
c'est contre la logique même de la situation. Il n'y a pas de directives
ni dans un sens, ni dans l'autre, de la part du ministère. D'ailleurs
quand l'élève est entré dans le cours collégial,
soit au public ou au privé, habituellement il y entre pour deux ans.
C'est surtout avant l'entrée.
M. CHARRON: Mais l'Etat québécois ne subventionne en rien
la publicité de ces institutions privées ou indirectement
peut-être, parce que...
M. CLOUTIER: Oui, le gouvernement ne subventionne pas le poste
précis de la publicité. Ce serait quand même aberrant.
D'autant plus que cela irait à l'encontre de tout ce que nous essayons
de faire à l'aide des enveloppes globales. Vous savez d'après
quelle formule je l'ai expliqué rapidement tout à l'heure
sont subventionnées les institutions privées. Les
institutions privées se retrouvent avec un budget qui vient, en grande
partie, de l'Etat.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le programme 10 est adopté?
M. CHARRON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Les programmes 2 et 6, page
10-7.
M. CLOUTIER: Les programmes 2 et 6 entrent dans le même
groupe?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Oui.
M. CLOUTIER: II s'agit simplement de la gestion. C'est adopté
presque automatiquement.
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): C'est adopté. Les programmes 2 et 6
sont adoptés.
M. CHARRON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Alors, il est midi. La commision suspend ses
travaux. On sera rendu au programme 11, enseignement supérieur. La
commission suspend ses travaux à cet après-midi, après la
période des questions.
(Suspension de la séance à 12 heures)
Reprise de la séance à 16 h 25
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs! Nous avons suspendu nos travaux au groupe 5, programme 11:
Enseignement supérieur.
M. CLOUTIER: En effet, nous pouvons prendre les programmes 11 et 12 en
même temps.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Programmes 11 et 12, pages 10-33 et 10-37:
Services d'enseignement et de recherches.
Enseignement supérieur
M. CLOUTIER: Je rappelle que je viens de déposer à
l'Assemblée nationale deux importants documents concernant le
financement universitaire ainsi que les immobilisations. Il se trouve que ces
documents répondent à un bon nombre de questions. J'apporterai
avec plaisir les précisions utiles.
M. CHARRON: J'aimerais demander au ministre si les normes qui
prévalent depuis déjà quelques années à
l'établissement des budgets dont bénéficie chacune des
universités ont été modifiées à quelque
endroit pour le calcul des subventions de cette année et pour
l'établissement du plan quinquennal.
M. CLOUTIER: Ne confondons pas, le plan quinquennal s'adresse aux
immobilisations. Il y a, par ailleurs, les dépenses de fonctionnement et
j'ai l'impression que la question du député de Saint-Jacques
porte surtout sur les dépenses de fonctionnement.
En ce qui concerne ces dépenses de fonctionnement, les principes
sont exactement les mêmes. Il y a comme chaque année des
modifications mineures. En revanche, nous avons entrepris depuis
déjà un certain temps une remise en question qui devrait nous
permettre de baser nos subventions sur d'autres critères que les
critères qui sont utilisés actuellement.
Ces critères sont des critères de per capita avec un
certain nombre de facteurs, ce qui constitue une formule assez complexe. En
1975/76, nous pensons arriver avec un projet en ce sens. Tous les travaux
préliminaires se font en coDaboration avec les universités
elles-mêmes.
Il faut procéder prudemment et lentement parce qu'il s'agira d'un
changement majeur. Il ne faudrait pas que dans ce processus les
universités se voient confrontées avec certaines
difficultés, parce qu'on ne peut pas encore savoir exactement ce qui
sortira de l'application de ces formules. Il va falloir probablement envisager
une certaine transition.
M. CHARRON: Au chapitre de la recherche dans les universités, la
conférence des ministres de l'Education de tout le Canada avait
décidé de faire front commun contre le gouvernement
fédéral pour obtenir plus et mieux de ce gouvernement, parce
qu'on sait que c'est lui qui domine à peu près entièrement
les budgets affectés à la recherche par les gouvernements sur le
territoire du Canada. En même temps, le gouvernement
fédéral a décidé de se montrer plus exigeant quant
aux sommes qu'il remet aux universités pour la recherche en demandant
des comptes, ni plus ni moins, ce qui pourrait constituer dans certains
endroits cela a déjà été signalé, des
gens l'ont écrit une intrusion injustifiée du gouvernement
fédéral dans le domaine de l'éducation et en particulier
le domaine universitaire. J'aimerais que le ministre nous explique cette
position de la conférence des ministres de l'Education et les suites
qu'on a données à cette prise de position dans les journaux.
M. CLOUTIER: Est-ce que le député de Saint-Jacques pose
cette question au ministre de l'Education du Québec ou au
président du Conseil des ministres de l'Education du Canada, parce qu'il
se trouve que je suis les deux et qu'il peut y avoir certaines nuances entre la
position du ministre de l'Education du Québec et la position du
président du conseil des ministres.
M. CHARRON: C'est le ministre de l'Education du Québec que je
préfère.
M. CLOUTIER: Je crois qu'il était quand même utile que
j'amène cette distinction et je suis très heureux d'être
préféré par le député de Saint-Jacques, au
moins en une de mes capacités. Il est certain que la question du
financement de la recherche au niveau universitaire pose des difficultés
et en pose pour toutes les provinces du Canada d'ailleurs. C'est la raison pour
laquelle, lors de la dernière conférence des ministres de
l'Education du Canada, il a été possible d'en arriver à
une prise de position commune sur le plan des principes, ce qui ne signifie pas
qu'il ne peut pas y avoir de divergences sur le plan de l'application.
Là, le ministre de l'Education du Québec rejoint la position du
président, qui est mandaté pour négocier avec le
gouvernement fédéral. En somme, les provinces désirent
participer, par un mécanisme à déterminer, au financement
du secteur postsecondaire en matière de recherche. Pourquoi? Je pourrais
en parler longtemps, mais il est bien évident que, lorsqu'un projet de
recherche ou un chercheur est subventionné ou encore lorsqu'une
priorité est déterminée, cela a des répercussions
sur les budgets des universités, sur l'engagement du personnel, sur
l'évolution des programmes mêmes.
Ceci justifie entièrement que les provinces puissent participer
très étroitement. En ma qualité de président du
Conseil des ministres de
l'Education du Canada, je suis allé tout récemment, la
semaine dernière ou il y a deux semaines, en compagnie du
vice-président, qui est le ministre de l'Education de l'Ontario,
rencontrer le ministre d'Etat chargé de la science et de la technologie,
Mme Jeanne Sauvé. Nous étions avec les fonctionnaires du Conseil
des ministres de l'Education du Canada et j'étais accompagné
moi-même d'un ou deux conseillers, dont le sous-ministre, qui se trouve,
soit dit en passant, président du comité des sous-ministres du
Conseil des ministres de l'Education du Canada. Traditionnellement, c'est le
sous-ministre du ministre titulaire qui se trouve à être
président qui dirige les travaux de ce comité.
Je dois dire que la discussion a été extrêmement
fructueuse. Je n'ai pas jugé à propos de donner de
conférence de presse ou d'en faire état publiquement avant que
l'exécutif du conseil soit consulté. Ce que je peux dire à
ce stade-ci, c'est que le principe de la consultation avec les provinces est
certainement reconnu par le ministre chargé de la science et de la
technologie. Nous avons convenu de mettre sur pied un comité technique
qui étudiera les modalités par lesquelles cette consultation
pourrait se faire. Sans doute conviendrait-il de distinguer les subventions aux
chercheurs, qui sont extrêmement nombreuses. Il y a des milliers de
subventions, et il est évidemment, à ce moment-là,
extrêmement difficile que chaque subvention soit étudiée au
mérite. Sans doute conviendra-t-il de distinguer ces subventions des
subventions plus importantes. Est-ce que ce comité nous suggérera
de procéder par seuil, avec un montant minimum ou un montant maximum? Je
ne le sais pas encore. Tout ce que je peux dire, c'est que cette
négociation, sur le plan du Conseil des ministres de l'Education du
Canada, est très bien engagée.
M. CHARRON: Le ministre de l'Education du Québec peut-il nous
dire quel est le montant global dont dispose le gouvernement
fédéral sur le territoire du Québec pour la recherche?
M. CLOUTIER: Je vais voir s'il est possible d'en avoir une indication.
Je peux vous donner le chiffre en ce qui concerne les universités, mais
il y a bien sûr un financement de la recherche qui déborde de
beaucoup le secteur universitaire. En ce qui concerne les universités,
c'est de l'ordre d'à peu près $50 millions.
M. CHARRON: A peu près $50 millions, ça représente
quel pourcentage de ce que le gouvernement fédéral dépose
dans les universités canadiennes?
M. CLOUTIER: Cela représente à peu près un quart de
l'ensemble du financement, ce qui signifie que le Québec, en somme,
toucherait davantage qu'une majorité des autres provinces.
M. CHARRON: Dans l'établissement du budget de fonctionnement de
chacune des universités, est-ce qu'on a tenu compte de cet apport du
gouvernement fédéral?
M. CLOUTIER: Non, parce que l'établissement, qui est fait
d'après une formule assez complexe je peux vous la donner si vous
le voulez...
M. CHARRON: Je la connais.
M. CLOUTIER: Si vous la connaissez...
M. CHARRON: Vous me l'avez donnée l'année
dernière.
M. CLOUTIER: Je suis très heureux de voir que votre
mémoire est bonne. Si vous la connaissez, vous savez fort bien qu'elle
est basée sur les dépenses antérieures de l'année
et que tout un ensemble de facteurs de correction sont apportés par la
suite. Mais le financement de la recherche est indépendant du
financement du fonctionnement. La recherche ne constitue pas, à toutes
fins utiles, une dépense de fonctionnement.
M. CHARRON: Quel montant le gouvernement du Québec, de
lui-même, consacre-t-il à la recherche dans les
universités?
M. CLOUTIER: II faut inclure les bourses, en particulier. Je vais vous
donner un chiffre global qui comprend les bourses de l'enseignement
supérieur et les programmes de recherche concertée. Les
programmes de recherche sont de $6,100,000. Les bourses de l'enseignement
supérieur sont de $5,200,000, ce qui fait à peu près $11
millions.
M. CHARRON: Dans les universités du Québec. Quelle
proportion de cette somme va à l'Université du Québec?
M. CLOUTIER: C'est en fonction des projets, ce n'est pas une
répartition analogue à la répartition des dépenses
du fonctionnement. Toutes les universités sont traitées
également en ce qui concerne les dépenses de fonctionnement. En
ce qui concerne les projets de recherche ou des bourses, cela dépend des
candidats et cela dépend des projets. La proportion est de combien?
L'allocation pour 1974/75 aux différentes universités est
en cours. On n'a pas terminé à l'heure actuelle.
Qu'est-ce que cela va représenter?
J'ai $6,100,000. La part de l'Université du Québec, je ne
pourrais la dire.
C'est lorsque les projets seront acceptés ou les bourses auront
été données que nous le saurons. C'est un résultat.
Cela ne fait pas partie d'une politique qui détermine une part qui irait
à telle université.
Ces $6,100,000 sont répartis sur un certain nombre de programmes.
Il y a d'abord des
subventions à des équipes et les demandes sont
évaluées par des jurys. Cette opération est à peu
près terminée, mais le ministre n'a pas encore annoncé les
subventions. Je pense que cela vient à peine de se terminer. Il y a
aussi un autre volet du programme qui comporte des subventions à des
centres de recherche. Ceci suppose une évaluation par un groupe
d'experts de centres. C'est en cours et cela s'étale sur à peu
près une bonne partie de l'année.
Alors, tout cela n'est pas encore arrêté et le sera en
cours d'année. C'est pour cela que je ne peux pas vous donner la
répartition entre les différentes universités.
M. CHARRON: Lorsqu'on procède à la répartition
entre les différentes universités, est-ce que la direction
générale de l'enseignement supérieur est informée
du montant dont chacune des universités dispose sur ses propres fonds
à elle, que ce soit les dons privés qu'elle reçoit
d'entreprises ou de particuliers ou même du financement qu'elle
reçoit des étudiants?
M. CLOUTIER: D'abord, je voudrais préciser qu'on ne
procède pas à une répartition des fonds qui sont
destinés à la recherche entre les universités. Ces fonds
sont accordés suivant les demandes présentées par des
individus dans le cadre des bourses de l'enseignement supérieur et
suivant la qualité des projets qui sont présentés dans le
cadre du plan de recherche concertée. Je pense que ce que le
député de Saint-Jacques veut savoir, c'est autre chose. Ce qu'il
veut savoir, c'est si les universités anglophones qui parce que
je connais le député de Saint-Jacques; je sais ce qu'il a dans
l'esprit elles, ont bénéficié de dotations
privées, beaucoup plus importantes que celles des universités
francophones, de beaucoup plus importantes, si on tient compte de ce fait dans
l'attribution des sommes disponibles. C'est bien ce que veut savoir le
député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: C'est une des choses que je peux savoir. Je veux savoir
également... J'avais aussi en tête voyez, vous ne me
connaissez pas parfaitement...
M. CLOUTIER: ... surpris.
M. CHARRON: ... un autre sujet, qui est: Des professeurs de l'INRS, au
cours de l'année actuelle, se sont groupés pour faire une
critique assez sévère de l'utilisation que l'on faisait des
sommes versées à la recherche en insistant et en
démontrant, chiffres à l'appui, que, selon eux, un pourcentage
trop élevé des montants versés à la recherche passe
au chapitre de l'administration de ces recherches, que le montant à
proprement parler qu'utilisent les chercheurs dans les différents
domaines de la santé, de la physique ou des mathématiques, sont
finalement réduits, et que, par exemple je ne sais pas si mon
chiffre serait bon mais du chiffre de $6,100,000 dont le gouvernement du
Québec dispose pour la recherche universitaire, peut-être que
$2,000,000 ou $2,500,000 passent uniquement à l'administration de ces...
Les chiffres que l'INRS publiaient sont... La réponse que je voulais
avoir à ma question, c'est: A-t-on, à la direction
générale de l'enseignement supérieur, les chiffres sur
l'utilisation par la suite, au niveau de la recherche, une fois la bourse
accordée, soit à un groupe, soit à un titulaire, je ne
sais trop, l'utilisation réelle de cet argent pour pouvoir faire, comme
on a fait à l'INRS, une répartition des dépenses entre les
chapitres d'administration, d'enseignement et de recherche du service technique
proprement dit?
M. CLOUTIER: Dans le cas des institutions autres que l'INRS où il
y a des chercheurs qui font des demandes dans le cadre du programme de
recherche du ministère, les chercheurs font rapport sur l'utilisation
des fonds et, dans ce cas, il n'y a à peu près pas d'argent qui
est utilisé pour la gestion et l'administration. C'est de l'argent qui
va directement aux programmes de recherche, aux recherches de l'équipe,
à leur recherche.
Dans le cas de l'INRS, c'est différent, parce que l'INRS n'est
pas financé en vertu du programme formation de chercheurs et action
concertée, sauf dans le cas où il y a des chercheurs individuels
qui font des demandes, mais est financé par une enveloppe comme les
autres établissements. C'est normal que l'INRS, avec sa subvention
générale, prélève une partie pour ses fonds
d'administration comme le font les autres universités, d'ailleurs.
En fait, l'INRS est une constituante, à toutes fins utiles, de
l'Université du Québec.
Si le député de Saint-Jacques se réfère
à l'article qui a été publié dans le Devoir il y a
deux mois à peu près...
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER: ... qui est une critique du budget à terme de
l'INRS, le directeur de l'INRS a fait une réponse qu'il n'a pas
publiée dans les journaux pour ne pas poursuivre cette querelle, mais
qu'il a fait parvenir à un certain nombre de personnes susceptibles
d'être intéressées par la question et démontrant de
son point de vue que la part affectée à l'administration n'est
pas du tout celle qui est citée par les chercheurs. Je pense qu'il
serait intéressant que le Dr Beaulieu fasse parvenir son texte aux
députés et je suis sûr qu'il ne s'y opposera pas. Il ne
faut pas trop s'étonner si, entre chercheurs, il y a parfois une
concurrence de bon aloi pour tenter d'obtenir le plus de fonds possible.
D'ailleurs, la question de l'INRS est actuellement discutée
je n'hésite pas à le dire au comité de la
recherche scientifique du comité gouvernemental.
M. CHARRON: L'université Sir George Williams, que le ministre de
l'Education connaît très bien, a subi une croissance
démesurée au cours de l'année, un peu comme un enfant qui
grandit trop vite et qui oblige le gouvernement, souvent, à
déverser des sommes additionnelles pour une croissance trop rapide.
Je crois que, du fait qu'on ait adjoint à l'université Sir
George Williams un nouveau campus et que cette université puisse
maintenant compter sur des sièges supplémentaires, quoique le
Conseil des universités ait dit que déjà il était
prévisible qu'on ait dans les prochaines années un surcroît
de places-élèves au niveau universitaire, le ministre n'a pas
hésité, lui, à cautionner la création de
l'université Concordia.
M. CLOUTIER: Bon. Il y a une exactitude dans la
question-déclaration que vient de faire le député de
Saint-Jacques. Je vais tenter brièvement, ce n'est pas facile, parce que
c'est une affaire assez complexe, de faire le point là-dessus.
M. CHARRON: C'est ce que je voulais que vous fassiez.
M. CLOUTIER: D'abord, l'université Sir George Williams n'a pas
connu une croissance démesurée cette année. Elle a
crû comme à peu près toutes les universités.
Pourquoi? Parce que l'opération dont parle le député de
Saint-Jacques, à savoir la création d'une nouvelle
université Concordia et l'adjonction d'un campus, n'est pas encore
réalisée. Par conséquent, on ne peut pas dire que Sir
George Williams a crû démesurément. Si ce que signifie le
député de Saint-Jacques, c'est qu'une fois l'opération
réalisée, Sir George Williams se trouvera plus
considérable, c'est évident, cela va de soi, c'est d'ailleurs le
but même de l'opération. Alors, première inexactitude ou
peut-être imprécision sur laquelle je voulais faire quelques
commentaires.
Le deuxième point que je désire soulever, c'est cette
allusion à une décision du Conseil des universités
qu'effectivement je n'ai pas suivie. Le Conseil des universités est un
important organisme consultatif, comme le Conseil supérieur de
l'éducation. Il fait des recommandations au ministre de l'Education. En
ce qui nous concerne, j'ai toujours fait appel fréquemment à ces
deux organismes. Je les considère comme des éléments
extrêmement importants de notre structure d'enseignement, mais ceci ne
signifie pas que je suis aveuglément toutes les recommandations que l'on
me fait. Je considère qu'en tant qu'homme politique élu, c'est
à moi que revient la responsabilité ultime d'évaluer une
situation. L'évaluation que j'ai faite avec mes hauts fonctionnaires m'a
convaincu que cette recommandation reposait sur des interprétations qui
n'étaient pas fondées et surtout ne tenaient pas compte d'un
très long historique. Il ne faudrait pas croire que c'est le
gouvernement actuel qui a lancé l'opération fusion entre Sir
George Williams et Loyola. Cette opération a commencé avant
même que le gouvernement actuel ait son premier mandat.
Et la raison pour laquelle elle a été
démarrée, c'est que Loyola réclamait un statut
d'université. Et le gouvernement précédent a
décidé qu'il y aurait suffisamment d'universités
anglophones à Montreal et qu'il n'était pas souhaitable que
Loyola accède au statut d'université, même si Loyola
et c'est une chose qu'il ne faut pas oublier possédait un
enseignement de niveau universitaire.
Par conséquent, pour sortir d'une difficulté qui existait,
le gouvernement a suggéré à ce moment qu'il y ait fusion
entre Sir George Williams et Loyola et l'opération a été
lancée. Lorsque le gouvernement actuel est arrivé au pouvoir, mon
prédécesseur a continué sur cette lancée et quand
je suis arrivé au ministère de l'Education, j'ai constaté
qu'il y avait un dossier extrêmement avancé, et que cette fusion
était sur le point de se faire. Le seul problème qui subsistait
était un problème d'ordre juridique; il s'agissait de savoir de
quelle façon nous allions procéder.
Allions-nous procéder par législation, par
arrêté en conseil? Nos conseillers juridiques en sont
arrivés à la conclusion que nous devions, et qu'il était
souhaitable, de procéder par arrêté en conseil. Si nous ne
l'avons pas fait encore jusqu'ici, c'est que,, de la part de Loyola, il y a
encore quelques difficultés légales à aplanir en ce qui
concerne nous pourrons vous donner des détails si vous le
souhaitez une fiducie à Loyola même.
Voilà, je pense, la question et je sais qu'il y a eu beaucoup de
commentaires qui ne tenaient pas toujours compte de la réalité et
qui m'ont amené, pour ma part, à essayer d'être le plus
clair possible. D'ailleurs, j'ai dans mes dossiers un témoignage qui est
extrêmement intéressant, qui est le témoignage d'un ancien
candidat péquiste, qui est professeur à Loyola, qui a fait
lui-même l'historique de la situation, et qui se trouve en accord total
avec le gouvernement.
M. CHARRON: Revenons encore sur cette justification que vous venez
encore d'essayer de fournir, mais qui est largement incomplète à
mon avis, sur le pourquoi, le besoin de places supplémentaires au niveau
universitaire pour les anglophones de Montréal; c'est ça la
question. Que toutes les raisons historiques aient milité en faveur de
ça, qu'il y avait déjà, lorsque vous êtes
arrivé au ministère de l'Education, un dossier fort avancé
que vous n'avez pas pris la décision d'arrêter, cela vous regarde,
c'est la petite histoire de la fusion de Sir George Williams et de Loyola.
Mais la justification du geste politique qui consiste à donner
à la minorité anglophone de Montréal, au moment où
elle n'en manque pas et au moment où on prévoit même,
à l'aide des
chiffres fournis par la direction générale de
l'enseignement supérieur et par le Conseil des universités,
qu'elle aura un surcroît de places d'ici quelques années à
prévoir, en 1976/77, je crois... Le ministre de l'Education nous dit,
lui, qu'il favorise la fusion des deux institutions.
M. CLOUTIER: Ce n'est pas tout à fait exact, et nous allons vous
montrer que le Conseil des universités a peut-être
interprété à sa façon, qui n'était pas celle
du ministère, cette question de places.
Mais avant de vous faire cette démonstration parce qu'il
n'est pas exact qu'il y a un excédent de places à court terme
dans le secteur anglophone je voudrais vous faire observer qu'il ne
m'apparaît pas possible le député de Saint-Jacques
me suit bien? de prendre une décision comme celle-ci en se basant
uniquement sur le critère des places. Si nous nous basions uniquement
sur le critère des places, il y a un bon nombre d'écoles qu'on ne
construirait pas actuellement et il y a un bon nombre de CEGEP qu'on ne
construirait pas non plus, parce que ce seul facteur ne tient pas compte de
toute une quantité d'autres facteurs, dont des facteurs humains. On ne
peut pas, d'un revers de la main, par exemple, balayer le fait qu'il y a un
enseignement universitaire à Loyola et, également, en ce qui
concerne les écoles, je pense au problème des distances, au
problème de climat, je pense au milieu même, etc. Ce sont tous ces
facteurs qui sont venus modifier cette question de
places-élèves.
Si, par exemple, on s'était basé uniquement sur le
critère places-élèves, l'ancien gouvernement n'aurait pas
créé l'Université du Québec que défend si
vaillamment et avec raison le député de Saint-Jacques. Pourquoi?
Parce qu'à ce moment-là, non seulement le secteur francophone ne
manquait pas de places-élèves, mais il avait déjà
une possibilité d'excédent par ses autres universités. Il
y a quand même eu là un choix parce que l'ancien gouvernement a
jugé qu'il y avait intérêt à avoir une
université d'un autre type. C'est un simple exemple pour montrer que le
Conseil des universités fait son travail en faisant une recommandation
qui repose sur une analyse, mais le ministre de l'Education, lui, a le devoir
de faire son travail aussi en tenant compte d'une approche beaucoup plus
globale.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable ministre...
M. TETLEY: Après l'explication officielle.
M. CLOUTIER: Lorsque le conseil a fait son étude technique, il
l'a faite à partir de données du ministère de l'Education
sur les espaces disponibles, donc s'est appuyé sur des données du
ministère de l'Education. Le conseil prévoyait, en 1975, dans le
secteur anglophone, un excédent d'espaces de 6,856 étudiants et,
pour la région de Montréal seulement, 6,467 étudiants, ce
qui constituait un excédent, pour l'année 1975/76, de 24 p.c, ce
qui était relativement considérable. Depuis, le ministère
a réévalué ces normes d'investissement et ceci, pas de
façon particulière pour le secteur anglophone, mais pour
l'ensemble du secteur universitaire. Il y a eu des rajustements techniques aux
calculs d'espaces. Certains espaces qui étaient comptés ne le
sont plus ou sont comptés avec un certain facteur qui réduit les
espaces utilisables. Il y a eu aussi d'établi, pour l'ensemble des
universités, un seuil de 80 p.c. Lorsque l'utilisation atteint 80 p.c,
on estime qu'il y a des rigidités dans l'utilisation des espaces et on
considère qu'il serait temps de penser à ajouter des espaces
additionnels. Il y a eu également, du côté du secteur
anglophone, une croissance de population légèrement
supérieure à celle qui était prévue par le
ministère en 1972/73. On prévoyait une déperdition du
nombre d'étudiants au collégial. En fait, cela s'est produit,
mais c'est compensé légèrement. Alors, ces trois seuls
facteurs, qui sont des facteurs techniques, amènent un excédent
d'espaces pour 1974/75 qui serait de 16 p.c. seulement, alors que le conseil en
prévoyait un de 24 p.c. en 1975/76. Il y a un autre facteur qui peut
entrer en considération, mais qui n'est pas définitivement
réglé, c'est la conversion à d'autres fins du campus
Macdonald de l'université McGill. Si on n'inclut plus dans les
inventaires universitaires ces espaces considérables, l'excédent
global pour le secteur universitaire anglophone de la région de
Montréal ne serait plus que de 8.5 p.c, ce qui est relativement faible.
Alors, l'argument technique ne se présente plus de la même
façon aujourd'hui qu'il se présentait en 1972/73.
Lorsque la décision a été reçue, c'est
à la lumière de ces éléments techniques,
ajoutés à tous les autres facteurs dont je vous ai parlé,
que la décision a été prise. Depuis ce temps-là, le
dossier évolue.
M. CHARRON: Vous nous avez informés en Chambre qu'il ne serait
probablement pas nécessaire de modifier la charte de l'université
Sir George Williams. Sur quelle analyse juridique vous basez-vous pour dire que
pareille fusion ne nécessitait pas de changement à la charte?
M. CLOUTIER: Personnellement, ce n'est certainement pas un débat
que je cherche à éviter parce que le débat, on peut
l'avoir maintenant et je crois d'ailleurs qu'on l'a ou on peut l'avoir à
l'Assemblée à la suite d'une motion. C'est uniquement la
méthode la plus commode et la moins coûteuse pour le gouvernement
de procéder à une opération technique. Cette
décision ne vient pas de moi, elle vient de consultations juridiques qui
ont commencé d'abord au contentieux du ministère, ensuite au
ministère de la Justice. Il y a d'ailleurs eu des avocats de
l'extérieur qui ont été consultés,
toutes les opinions ont été consolidées. Il y a eu,
à un certain moment, divergence entre certains avocats, ce qui est une
chose qui n'est pas rare, je crois, et finalement la conclusion du
ministère de la Justice a été qu'il a été
souhaitable de procéder par arrêté en conseil. Je ne crois
pas être habilité pour vous donner tous les aspects purement
techniques, je demanderai peut-être au sous-ministre, qui est un juriste
de formation, d'ajouter à ce que je viens de dire, si nécessaire,
mais c'est véritablement le sens de la décision, c'est la
recommandation du ministère de la Justice.
Maintenant, pourquoi ceci n'a pas été fait auparavant?
Pour une excellente raison, c'est que le problème a été
découvert en cours de route. En somme, nous avons toujours eu
l'impression, au ministère, à la lumière des
éléments que nous avions, qu'il suffisait d'un simple
arrêté en conseil parce qu'il ne s'agit pas juridiquement d'une
fusion. Il s'agit d'une cession de biens de la part de Loyola à Sir
George Williams. S'il s'agissait strictement d'une fusion, à ce
moment-là, un projet de loi serait probablement nécessaire. Etant
donné qu'il s'agit d'une cession, on est en présence d'une
transaction privée, il s'agit de corporations qui transigent entre elles
et on nous a même dit qu'un arrêté en conseil ne serait pas
absolument essentiel, qu'il y a intérêt à ce qu'il y ait un
arrêté en conseil pour consacrer cette opération.
Voilà le fond du dossier juridique.
M. TETLEY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable ministre des Institutions
financières.
M. TETLEY: En premier lieu, je tiens à remercier le ministre et
le député de Saint-Jacques, pour le ton serein du débat.
J'espère que j'aurai la même sérénité lors de
l'étude de mes crédits, mais surtout sur cette question
importante de Loyola. Je remercie le ministre aussi de ses précisions au
sujet de la décision concernant la cession de biens de Loyola à
Sir George Williams et que le délai n'est pas causé par le
gouvernement, mais plutôt par une question de droit qui n'est pas rare.
Comme avocat, je peux appuyer ses remarques au sujet des opinions de deux ou
plus d'avocats, c'est peut-être son erreur d'avoir consulté plus
d'un avocat. Mais pour régler toute l'affaire, il faut consulter un
nombre inégal, si vous voulez un consensus. Je dois noter que Loyola
fait partie et a décerné les diplômes de
l'Université de Montréal. Il y a un an, j'ai eu l'honneur
d'être présent lors de la présentation des diplômes
et je n'ai pas été surpris, mais j'ai noté que ces
diplômes étaient signés par l'université, sur le
papier de l'Université de Montréal, etc. Le changement à
l'université Sir George Williams était à la demande et
l'insistance de l'Université de Montréal. Je note aussi que
Loyola a 75 ans de tradition, qu'on ne peut pas perdre, une bonne
éducation et surtout une éducation très peu
coûteuse. Il y a deux ans, lors de la considération des
crédits du ministère de l'Education, j'ai démontré
que le coût par étudiant était très bas et c'est
encore très bas. Fermer une telle institution serait dangereux.
Moi-même, je m'appuie un peu sur le document de Gaston Laurion dans le
Devoir, le i3 avril 1974.
M. CLOUTIER: ... du candidat péquiste de...
M. TETLEY: Parfois, M. le ministre, même au sein du Parti
libéral, il y a des dissidences aussi, mais je dis que c'est une
opinion. J'ai dit qu'il exprime assez bien mes pensées; donc, je laisse
la parole aux autres. Je vous remercie tous les deux, le député
de Saint-Jacques et le ministre, encore une fois, de la
sérénité de vos débats. J'espère que cela va
continuer jusqu'à la fin. Vous êtes certains?
M. CLOUTIER: Bien sûr, c'est une tradition. M. TETLEY: Depuis
combien de temps? M. CLOUTIER: Depuis 1970. M. TETLEY: Ah oui? Très
bien. UNE VOIX: Depuis que tu présides.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce qu'on peut considérer le
programme 11 comme étant adopté?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Le programme 12...
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a eu des...
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... Conseil des universités.
Conseil des universités
M. CHARRON: M. le Président, je vais poser au ministre une seule
question. Est-ce qu'au Conseil des universités on a eu de nouvelles
nominations au cours de l'année actuelle?
M. CLOUTIER: Oui, M. le Président. J'ai ici la liste des membres.
Quels sont les nouveaux là-dedans? Andrée Paradis a
été nommée... J'aimerais les avoir dans l'ordre. C'est que
j'ai la liste de tous les membres. Voulez-vous que je vous lise la liste
entière ou que je vous cite simplement...?
M. CHARRON: J'ai celle de l'année passée. Je veux juste
savoir...
M. CLOUTIER: On va distribuer cette liste.
Si vous le voulez, on vous la donnera. Il y a Mme Andrée Paradis,
qui a été nommée cette année, M. Jacques Lemieux,
M. Yves Dulude, Me Denis Pelletier. Il y a eu des renouvellements: M. Paul
Lacoste, M. Perry Meyer; un nouveau que je n'ai pas cité,
particulièrement dans le secteur de la recherche, le Dr Yves Morin.
C'est tout.
Le président, Me Germain Gauthier, voyait son mandat se terminer
cette année. Je lui ai offert de reconduire ce mandat et il a
accepté.
M. CHARRON: Pour une autre année?
M. CLOUTIER: Non, il a accepté pour un autre mandat. C'est un
mandat de cinq ans. Je pense que M. Gauthier a été un
président extrêmement efficace. Il a fait un très bon
travail. En fait, c'est sous lui que le conseil s'est structuré, que le
conseil a démarré. J'attire simplement votre attention sur la
complexité des opérations de subventions aux universités,
sur la complexité des calculs et des évaluations qui sont faits.
J'attire votre attention aussi sur le fait que, depuis peut-être une
couple d'années, même si nous ne pouvons pas répondre
à tous les besoins des universités, les universités se
sont toujours dites raisonnablement satisfaites.
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le programme 12 est adopté.
Le groupe 6, programme 13: Formation générale et
socio-culturelle des adultes.
Formation générale et socio-culturelle
des adultes
M. CLOUTIER: Le groupe 6 comprend...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le groupe 6 comprend les programmes 13, 14 et
18.
Pour le programme 13, à la page 10-39: Formation
générale et socio-culturelle des adultes, Elément 1 :
Formation dans les organismes.
M. CLOUTIER: C'est tout le secteur de l'éducation des adultes qui
inclut Multi-Media.
M. CHARRON: A ce programme 13, M. le Président, à
l'extérieur du projet Multi-Media, est-ce qu'on peut connaître les
autres activités, dans le domaine de la formation générale
et socio-culturelle des adultes, qui sont prévues au cours de
l'année?
M. CLOUTIER: Oui.
Vous savez sans doute, M. le député, que le programme de
formation générale et socioculturelle dans les organismes se
donne dans les commissions scolaires et dans les CEGEP. Il y a des cours pour
les adultes qui veulent s'inscrire à ce qu'on appelle le
présecondaire où à ce moment-là, il y a diverses
catégories qui permettent aux gens d'obtenir ce qu'on avait autrefois
dans les cinquième et sixième années.
Il y a ensuite le secondaire, qui est la grosse partie actuellement
où sont les besoins et il y a ensuite aussi les CEGEP où il y a
des besoins de formation générale. Cela se situe dans 75
commissions scolaires et 36 CEGEP.
M. CHARRON : La responsabilité de cette direction du
ministère dans les programmes offerts aux adultes est entière, je
crois.
M. CLOUTIER: Oui, certainement.
M. CHARRON: Les commissions scolaires n'ont en aucun cas la
possibilité de modifier le programme que vous offrez.
M. CLOUTIER: Ecoutez, les commissions scolaires sont responsables de
dispenser l'enseignement. Nous, nous essayons de fabriquer, au niveau central,
un certain nombre de programmes qui seront adaptés plus
spécialement aux adultes. Je dois dire là-dessus que nous avons
fait du chemin depuis les anciens programmes, surtout au niveau des
quatrième et cinquième années, qui étaient
destinés à des tout jeunes et qui par conséquent
s'adaptaient très peu aux adultes. On a développé diverses
formules regroupant ou supprimant des matières qu'on n'estimait pas
nécessaire pour l'adulte. On a beaucoup essayé de
développer aussi, de fabriquer des programmes qui se font par objectifs
de façon à rentabiliser et, disons accélérer les
exigences qui sont normales pour les adultes, de façon qu'ils puissent
les faire en un temps réduit. Comme on sait bien, l'adulte n'a pas le
temps comme les jeunes de passer tout le temps de l'année pour
satisfaire aux exigences. Or, sans amoindrir la qualité, on a
réduit à ce qu'on pensait juste les choses indispensables.
M. CHARRON: Vous savez que, déjà, dans les quelque 300
mémoires qu'a reçus le Conseil supérieur de
l'éducation, qui, à la demande du ministre, fait enquête
sur l'ensemble du système collégial, il y a déjà
des critiques très sévères; les plus
sévères, enfin, qu'on retrouve dans ces mémoires portent
sur l'échec relatif que l'on fait porter aux CEGEP dans
l'éducation des adultes. On dit. que cet objectif, parmi les gens qui
ont voulu le signaler au Conseil supérieur de l'éducation, que
visait au départ le réseau collégial n'a été
que partiellement atteint et de façon inefficace, comme vous venez de le
dire vous-même en faisant état des programmes, les premiers
programmes sur lesquels on a travaillé, inadéquats et
inadaptés à la population à laquelle ils s'adressent.
J'aimerais savoir si, au cours de l'année qui s'achève et au
cours de la prochaine année, on songe à modifier
considérablement, avant même le rapport du Conseil
supérieur de l'éducation, puisque déjà les
reproches existent, les programmes offerts aux adultes au niveau
collégial.
M. CLOUTIER: Je dois dire que, tant au niveau secondaire qu'au niveau
collégial, on se rend compte qu'un bon nombre de besoins des adultes ne
s'inscrivent pas automatiquement dans les programmations plus longues ou plus
englobantes qui conviennent à ceux qui sont à cette étape
de leur formation chez les jeunes. Il s'est développé et il se
développe actuellement un bon nombre de programmes qu'on appelle sur
mesure ou pour satisfaire des besoins donnés, c'est-à-dire que
l'adulte, rendu au niveau collégial ou professionnel, a à un
moment donné un certain besoin de recyclage qui est relativement
réduit. Par conséquent, il n'est pas ou il ne doit pas être
astreint à toute une série de formats ou de prérequis qui,
dans le cours normal de l'éducation des jeunes, accompagnent tous les
programmes. C'est de ce côté-là que cela se
développe, je pense, énormément pour répondre aux
besoins que nous amène l'adulte, car je pense que c'est un peu ce que
nous essayons de développer, que le principal critère est de
répondre aux besoins des adultes qui, en général, le
savent et ils sont assez pratiques. A ce moment-là, il ne s'agit pas de
les encombrer d'un certain nombre de prérequis qui, au fond, les lassent
et pour lesquels parfois ils n'ont aucun goût et peu de motivation.
Il reste que nous avons beaucoup de progrès à faire pour
en arriver à cela parce que ce que dit le député de
Saint-Jacques est loin d'être inexact. A l'origine, l'éducation
des adultes a été conçue un peu comme l'éducation
des étudiants ordinaires, mais qui seraient plus âgés. On
les a peut-être axés vers les besoins spécifiques d'un
certain groupe, mais on ne les a pas conçus suffisamment de façon
globale.
S'il n'y avait que ce problème des programmes, l'éducation
des adultes ne donnerait pas autant de soucis. En fait, il y a beaucoup
d'autres problèmes. Il y en a de toutes natures et il n'y a pas encore,
au Québec, une politique globale de l'éducation des adultes.
Mais, en revanche, nous y travaillons et cela n'est pas par hasard que
l'éducation des adultes a été inscrite comme une des trois
priorités du ministère, non seulement pour cette année,
mais également pour les années à venir. Et nous avons
envisagé une double approche, une approche pragmatique qui tente, dans
un premier temps, de régler un certain nombre de problèmes, et
une approche plus globale qui tente d'élaborer un concept à
l'éducation des adultes.
Dans l'absolu, il aurait mieux valu commencer par la deuxième
approche et tenter d'élaborer un concept et d'en faire découler
un certain nombre de conséquences, mais ceci prendrait plusieurs
années et il y a des problèmes précis qui exigent des
solutions.
Alors, les deux démarches sont poursuivies en même temps
et, pour la démarche pragmatique, nous avons fait une liste de 17
problèmes que je pourrais énumérer d'ailleurs, si cela
vous intéresse, parce que je vous jure que cela donne une très
bonne idée des difficultés que nous éprouvons. Nous en
avons choisi sept sur lesquels nous travaillons actuellement de façon
précise et nous croyons pouvoir arriver avec des solutions à
très court terme.
Mais, parallèlement à cela, il y a, sous la direction d'un
des sous-ministres adjoints, M. Mercier, une réflexion beaucoup plus
globale, beaucoup plus large qui se poursuit.
Pour vous donner une idée des problèmes je ne sais
pas si vous seriez intéresse que je vous les cite presque tous il
y a le mandat du ministère en éducation permanente, la
législation de l'éducation des adultes, le sens du
développement à donner à l'éducation des adultes,
ce que j'expliquais tout à l'heure, mais qui revient ici dans un
vocabulaire un peu plus technique, la surdétermination du schème
scolaire en éducation des adultes, le lien entre l'éducation des
adultes et la politique de main-d'oeuvre, le développement et le
perfectionnement de personnel en éducation des adultes, la
démocratisation de l'éducation des adultes, la participation des
adultes, la confessionnalité qui crée certaines
difficultés, la dispersion des centres de responsabilités au
ministère même, les relations
fédérales-provinciales, la décentralisation de
l'éducation des adultes, le rapport entre les institutions publiques et
les institutions privées, les aspects financiers, etc. Voici les
principaux problèmes.
Mais ce que j'ai surtout favorisé pour l'instant, c'est,
premièrement, ce que je viens d'appeler la surdétermination du
schème scolaire en éducation des adultes, c'est-à-dire le
fait que l'on part des programmes des étudiants non adultes et on
s'imagine qu'il suffit de les étendre aux adultes ou on y introduit les
adultes dans un cheminement qui n'est pas conçu du tout pour eux. On les
prépare au fond à des diplômes alors que cela ne devrait
pas être le véritable objectif. Premier problème qui est
isolé.
Deuxièmement, le développement et le perfectionnement du
personnel en éducation des adultes. On arrive toujours à cette
question de formation du personnel. Dans tous les grands dossiers que nous
avons mis de côté et sur lesquels nous travaillons suivant les
modèles du plan de développement des langues, suivant la
même méthodologie, c'est toujours une question de formation.
La question de la confessionnalité, la dispersion des centres de
responsabilités au ministère, les relations
fédérales-provinciales, la décentralisation de
l'éducation des adultes, laquelle sera faite et a déjà
commencé à être faite en conjonction avec toutes les autres
initiatives prises dans le même sens, et le rapport entre les
institutions publiques et les institutions privées. Sur ce dernier
problème, nous avons d'ailleurs marqué des points.
Récemment, nous avons mis de l'avant, nous avons annoncé une
politique assez précise, même très précise, qui
constitue une espèce d'amélioration.
Alors, voilà vraiment, je pense, l'état de la
question.
M. CHARRON: Le Conseil supérieur de l'éducation nous a
remis, il n'y a pas tellement longtemps, un rapport sur l'éducation des
adultes défavorisés, comme on avait intitulé le rapport,
et ce rapport recommande, entre autres, de changer le rôle des centres de
main-d'oeuvre dans le domaine de la formation professionnelle, de les
réduire à peu près à la porte d'entrée et
à la porte de sortie, recrutement de l'étudiant adulte et son
placement à la fin de la période de formation.
Suite à cette recommandation et puisque le ministre doit prendre
une décision là-dessus, est-ce que le ministre est entré
en contact avec son collègue, le ministre du Travail, sur cette
question?
M. CLOUTIER: Pas encore sur cette question précise, pour deux
raisons principales. La première, c'est qu'il existe un comité
entre le ministère de l'Education et le ministère du Travail. Ce
comité a été formé à la suite d'une entente
signée en 1972, entente qui déterminait les
responsabilités respectives des deux ministères. Ensuite, parce
qu'il y a, semble-t-il, eu des études au ministère du Travail
même sur cette question. Le moment venu, je pense qu'il faudrait
effectivement qu'il y ait, non seulement entre le ministre de l'Education et le
ministre du Travail, des contacts à ce sujet, mais probablement des
décisions prises au niveau du conseil des ministres.
M. CHARRON: Actuellement, le rôle des centres de main-d'oeuvre,
déjà dans l'appréciation actuelle, vous apparaît-il
trop grand par rapport à ce qu'il devrait être dans le champ de
l'éducation?
M. CLOUTIER: Est-ce que vous parlez des centres de main-d'oeuvre du
Canada ou du Québec?
M. CHARRON: Du Canada.
M. CLOUTIER: On ne parle pas tout à fait de la même chose.
Les centres de main-d'oeuvre interviennent au niveau de la sélection des
candidats. Il s'agit là de l'application de la Loi
fédérale de formation des adultes. Les explications que je viens
de vous donner s'appliquent davantage aux centres d'apprentissage, aux centres
de formation professionnelle. C'est cela. C'est à partir de ces centres
de formation professionnelle que l'entente entre les deux ministères a
été signée. Maintenant que les deux choses sont bien
isolées, je pense qu'effectivement il y a, pour cette Loi de la
formation professionnelle des adultes, des problèmes et en particulier
le problème de la sélection.
Etant donné que cette loi n'est pas une loi qui vise tellement
à l'éducation, mais à replacer dans le milieu du travail
un certain nombre d'individus, il est certain qu'elle joue un rôle tout
à fait pratique, un rôle qui, au départ, découle
d'une espèce de philosophie. Cela limite un peu le type
d'éducation que l'on pourrait donner; autrement dit, c'est une
éducation qui est très déterminée,
prédéterminée. Maintenant, à l'origine, il y a
quelques années, ces centres de main-d'oeuvre faisaient rigoureusement
la sélection des candidats, mais les gouvernements provinciaux avaient
la responsabilité de la formation. Il y a eu des accommodements
d'apportés et dont on va vous parler, et ces accommodements permettent
une meilleure intervention des provinces.
Cependant, ceci n'est pas suffisant. Le député de
Saint-Jacques serait probablement très intéressé
d'apprendre que le Conseil des ministres de l'Education du Canada est
préoccupé par cette question. Elle est constamment à
l'ordre du jour, elle revient, parce que les provinces ont des vues qui ne sont
pas encore des vues communes, mais très certainement des approches assez
semblables.
Je voudrais ajouter un détail technique. C'est que, dans nos
discussions avec nos collègues fédéraux en particulier,
nous avons pu maintenant distinguer, dans le processus de sélection, un
certain nombre d'actes qui permettent de mieux partager les juridictions, par
exemple, ce que nous appelons l'admissibilité à la formation. En
vertu de la loi, c'est un fonctionnaire de la Main-d'Oeuvre du Canada qui doit,
lui, établir cette adminissibilité et donner le sceau. C'est dans
la loi. Par ailleurs, dans le processus de sélection, il y a
l'admissibilité à la formation, c'est-à-dire que, pour
suivre un cours donné, il y a des prérequis et il y a un certain
nombre de choses à vérifier, si les candidats disposent des
qualifications, des prérequis suffisants. A ce moment-là, c'est
vraiment le rôle de l'institution de faire des tests et de
déterminer si le candidat est admissible... S'il n'est pas admissible,
nous ne l'admettrons pas.
Par ailleurs, entre les centres de main-d'oeuvre du Canada et les
institutions et aussi les CFP, c'est développé... Je pense que,
dans nos discussions avec le gouvernement fédéral, nous sommes
sur le point d'arriver à des mécanismes un peu plus
opérationnels.
Je voulais dire qu'il y a beaucoup de relations pour que le client, qui
doit passer par ces diverses instances, soit dans un processus qui l'avantage,
en ce sens que, s'il doit avoir l'accord d'une partie et d'une autre partie,
que ceci se fasse suivant un processus et non pas comme une série
d'actes ponctuels sans lien les uns avec les autres.
M. CHARRON: Les deux niveaux de gouvernement ont décidé de
réduire d'à peu près 80 p.c. les sommes qu'ils versaient
habituellement à l'éducation des adultes. Est-ce que ça
met en péril comme certains l'ont prétendu la
gratuité scolaire pour l'éducation des adultes?
M. CLOUTIER: Ce n'est pas exact. Voici pourquoi.
Je ne pense pas que ce soit exact qu'il y ait
une réduction de 80 p.c. Au contraire, il y a même une
augmentation des montants.
Si le danger à partir des articles de certains journaux... Parce
que j'ai moi-même vu cette information, et c'est exactement l'inverse. Il
s'agit d'une interprétation fautive.
Il y a une augmentation de 16 p.c. des budgets. Cela ne touche pas
uniquement le programme dont on parle, mais aussi le programme qui viendra
tantôt de formation professionnelle, mais je m'explique mal cette rumeur
à l'effet qu'il y ait une diminution de 80 p.c. Il a pu y avoir certains
cours qui ont été abandonnés ou annulés en cours de
route faute de candidats, qui ont peut-être affecté
sérieusement certaines institutions, qui, elles peut-être, ont vu
leurs activités réduites. Mais dans l'ensemble, c'est tout
à fait inexact.
M. CHARRON: Est-ce que ce n'est pas exact qu'un centre de main-d'oeuvre
de Montréal avait avisé je reprends l'information telle
qu'elle est là certains CEGEP de Montréal que
dorénavant on ne subventionnerait plus qu'une partie des cours,
contrairement à ce qui avait été prévu, et qu'en
fait il fournirait à peine 30 p.c. des montants nécessaires, et
que le reste devait être défrayé par les étudiants
eux-mêmes.
Avez-vous eu connaissance de cette...
M. CLOUTIER: Est-ce que le député de Saint-Jacques ne fait
pas allusion à un moment donné à la programmation
où il y avait un certain nombre de cours prévus dans les
techniques paramédicales, où, pour des raisons d'analyse de
tâches et de difficultés pour s'entendre sur l'organisation de ces
cours, on a dû mettre un certain embargo sur l'organisation de ces
cours?
Cependant, lors de nos dernières discussions, nous avons
levé cet embargo qui était un embargo simplement pour une
question d'organisation et les cours doivent se donner.
M. CHARRON: Où retrouve-t-on, dans le programme que nous sommes
à étudier, le montant que le gouvernement fédéral
met à la disposition...
M. CLOUTIER: Vous vous souvenez qu'en cours de route on a vu des
imputations à certains programmes. On les retrouve dans plusieurs
programmes.
M. CHARRON: 13, 14 et 18.
M. CLOUTIER: On en a vu d'autres hier.
On a vu quelques petites sommes ici et là, $300,000 ici et
parfois davantage, parce que nous imputons nos dépenses à tous
les postes pertinents.
M. CHARRON: $3 millions au programme 14.
M. CLOUTIER: On en a vu hier dans l'admi- nistration, $77 millions,
quelque chose comme ça.
M. CHARRON: $77 millions. Est-ce qu'on a éliminé à
peu près partout les frais de scolarité pour les adultes?
M. CLOUTIER: Dans l'enseignement de la formation générale,
à temps plein, au niveau secondaire, oui; au niveau de la formation
professionnelle à temps plein, aussi. Pour ce qui est de la formation
à temps partiel, non.
Au niveau du CEGEP, là c'est un peu plus complexe parce que les
modalités sont différentes, mais en général, les
cours de formation professionnelle pour adultes à temps plein, oui. Pour
les cours de formation générale, non.
M. CHARRON: Quels sont les frais pour un étudiant? C'est au
cours, pour chaque cours?
M. CLOUTIER: Excusez-moi, j'ai peut-être oublié une
précision; au niveau collégial, si l'adulte suit quatre cours,
à ce moment-là il bénéficie de la gratuité
scolaire, il devient à temps plein. Lorsque c'est en bas de quatre
cours, à ce moment-là il n'y a pas gratuité scolaire.
M. CHARRON: Quels sont les frais à ce moment-là, s'il suit
trois cours par exemple?
M. CLOUTIER: Nous n'avons pas les fonctionnaires de la direction
générale du collégial, c'est un programme qu'on a
passé, mais comme tout se recoupe, c'est tout à fait normal de
poser la question. C'est de quel ordre?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je pense que c'était de $40. Est-ce que
cela se peut que ce soit $48 pour 60 heures ou 80 heures?
M. CLOUTIER: C'est environ $40 par cours.
M. CHARRON: A la suite de la publication du mémoire de l'Institut
canadien d'éducation des adultes sur le financement des organismes
volontaires d'éducation populaire, des négociations avaient
été entamées entre 1TCEA et le ministère de
l'Education. Où en sont rendues ces négociations? Est-on parvenu
à une entente?
M. CLOUTIER: Elles se traduisent par cette politique dont je parlais
tout à l'heure en énumérant les problèmes que nous
avons décidé de régler cette année, politique qui
détermine le financement des différents organismes. Ceci est le
résultat véritablement, de consultations et semble
correspondre...
M. CHARRON: Quelle est la date de cette entente?
M. CLOUTIER: L'entente est toute récente. La première
entente, au niveau des principes,
était au mois de juin l'an dernier et la concrétisation
opérationnelle de cela s'est faite autour du mois de mars.
J'ai eu une rencontre moi-même, après bien sûr un bon
nombre de rencontres au niveau des fonctionnaires, avec les
représentants de cette association et je crois que cela se situe
à peu près à cette date l'année dernière,
autour de juin.
M. CHARRON: A Multi-Media, maintenant. J'aimerais qu'on profite de cette
occasion pour faire le point le plus complet possible sur
l'établissement du réseau.
M. CLOUTIER: Je n'ai jamais caché que Multi-Media créait
des problèmes et c'est un des problèmes auxquels j'ai
souhaité m'attaquer en arrivant au ministère. Pourquoi? Parce que
Multi-Media avait été commencé comme un programme
expérimental, mais j'ai constaté que, dans les programmations, on
envisageait de l'étendre à l'ensemble du territoire du
Québec, un peu rapidement à mon sens, c'est-à-dire avant
qu'une évaluation complète soit faite dans les trois
régions initiales. Ensuite, j'ai été obligé de
constater que les structures au niveau local se traduisaient souvent par des
dédoublements d'activités, étant donné que
Multi-Media était une opération centrale par rapport à des
responsabilités réelles et admises des commissions scolaires dans
le domaine de l'éducation des adultes. En troisième lieu, j'ai
également noté que la façon dont Multi-Media avait
été conçu, avec sa commission administrative, ne
permettait peut-être pas une intégration, je ne dis pas un
contrôle, mais une intégration satisfaisante avec la Direction
générale de l'enseignement des adultes qui portait autrefois le
nom de Direction générale de l'éducation permanente et qui
a été changée justement pour que son titre corresponde
véritablement à sa fonction.
Pour ces trois raisons, j'ai mis en marche un processus qui a
été très bien accepté par les fonctionnaires de
Multi-Media et je crois également par ceux qui ont oeuvré au sein
de la première commission consultative, processus qui visait, au niveau
de la direction générale, à en arriver à une
véritable intégration et, au niveau local, à minimiser les
dédoublements.
A mon sens, le problème se posait de la façon suivante. Il
fallait conserver le dynamisme de Multi-Media qui fait appel à des
concepts parfaitement fondés sur le plan pédagogique tout en
permettant quand même que le programme devienne opérationnel.
C'était assez difficile de trouver le bon équilibre et je pense
que nous l'avons trouvé. Pourquoi était-il important de le
trouver? Pour ne pas laisser Multi-Media se déployer seul et
également pour que tout le secteur de l'éducation des adultes
puisse profiter de ce qu'apportait Multi-Media. D'autant plus qu'en donnant
comme une des priorités du ministère l'éducation des
adultes, il ne fallait pas en isoler Multi-Media. Il fallait, au contraire, que
cet esprit un peu nouveau se traduise dans tout le secteur. Il faut dire que
tout le secteur en avait largement besoin parce que, souvent, le secteur de
l'éducation des adultes se comportait comme un secteur assez
traditionnel.
Voilà, je pense, en gros, les raisons qui ont amené les
décisions prises, lesquelles se sont traduites à deux niveaux. Le
premier niveau a été de limiter le programme à ces trois
régions pour un temps à déterminer jusqu'à ce
qu'une évaluation très satisfaisante soit faite. Et le
deuxième a été de passer un nouvel arrêté en
conseil qui proposait une nouvelle structure plus évolutive et qui
déterminait d'une façon un peu plus claire les relations entre la
direction générale et Multi-Media. Il se trouve maintenant que le
coordonnateur de Multi-Media, qui reste coordonnateur de Multi-Media, est en
même temps le directeur général adjoint de la direction et
que nous pensons qu'au sommet, nous avons réussi cette
intégration. Il se trouve également que, dans le milieu, il y a
une collaboration beaucoup plus grande.
Je termine, et je serai à votre disposition ainsi que les
fonctionnaires pour vous donner des détails supplémentaires, en
disant que l'intérêt de Multi-Média vient non seulement de
l'utilisation des media. En fait, jusqu'ici, ils ne l'ont pas été
tellement. Il vient également de la clientèle visée,
c'est-à-dire une clientèle parfaitement marginale au
système scolaire, une clientèle qui, normalement,
n'accéderait pas aux structures, même aux structures de
l'éducation des adultes, lesquelles sont pensées de façon
beaucoup trop traditionnelle.
Ce sont les deux points. En plus du fait c'est le
troisième que Multi-Media utilise des techniques d'animation,
permet à une clientèle de définir ses propres besoins. Ce
processus de définition est déjà un processus
d'éducation. Il y a donc quelque chose que je ne voulais absolument pas
perdre parce que j'étais sensible à cette approche. D'autre part,
il y avait toute la série de problème que j'ai cru déceler
et il fallait trouver une solution. C'est la solution que nous avons
trouvée.
M. CHARRON: Qu'est-ce que c'est aujourd'hui, Multi-Media? Où cela
en est-il? Par rapport au projet original, quel degré de
réalisation a été accompli?
M. CLOUTIER: II serait, en effet, intéressant, parce que je vous
ai surtout parlé des structures, de vous parler des réalisations,
c'est-à-dire de ce qui a été fait dans le milieu avec des
exemples précis, et je pense que le bilan est imposant.
Si je peux dire quelques mots au départ, le programme
Multi-Media, comme tous les programmes un peu expérimentaux
vis-à-vis des populations surtout défavorisées, pose des
problèmes d'approche. Dans la programmation que Multi-Media s'est
donnée, il y avait trois grandes
phases. Une première qui était une phase de
sensibilisation ou de début d'implantation de façon que des
groupes de travail d'adultes naissent et que, à travers le travail des
animateurs, ces adultes puissent faire des cheminements éducatifs
simples, mais déjà amorcer quelque chose. La seconde phase, qui
s'achève maintenant, ajoutait, sur la consolidation de la
première, l'usage ou l'utilisation de media un peu plus
développés de façon que ces groupes soient un peu mieux
instrumentés et que d'autres groupes qui naissent soient plus
instrumentés et puissent bénéficier des nouveaux media
technologiques. Quant à la troisième phase, qui devrait s'amorcer
il fallait d'abord faire ces deux premières étapes
on envisage des projets plus longs et l'utilisation de media technologiques,
T.V., radio, par câble, beaucoup plus grande de ce côté.
Disons qu'à l'heure actuelle il y a à peu près
5,000 adultes, je pense, qui font partie de groupes de travail, sans
évidemment compter les gens qui suivent ou participent à diverses
émissions et qui sont difficilement comptables, vous me l'accorderez, et
un bon nombre de groupes de travail dans la région du Nord-Ouest, dans
la région de Montréal, avec ses trois divisions: nord, sud, et
centre, et aussi au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Est-ce que cela vous satisfait? J'aimerais vous parler des
réalisations dans le milieu, vous donner un certain nombre d'exemples de
programmes, par exemple, citer quelques groupes actuellement au travail.
En fait, les groupes de travail identifient eux-mêmes les
démarches éducatives qu'ils désirent faire, c'est
déjà un problème pour eux d'identifier les
démarches éducatives qu'ils veulent faire. Finalement cela fait
des projets éducatifs très diversifiés et très
ponctuels au fond. C'est selon les gens eux-mêmes.
Il y a des gens qui font de la scolarisation à leur
manière. Ils apprennent à lire et à écrire.
D'autres font de la formation professionnelle, encore là à leur
manière. Ils n'apprennent pas l'anglais pour avoir un diplôme en
anglais, mais pour parler avec leurs voisins. Si c'est à
Laterriè-re, ils veulent parler avec leurs voisins de la base militaire
de Bagotville. Il y a aussi évidemment une quantité de projets
éducatifs qui sont de types socio-culturels, qui sont identifiés
à partir d'une facette ou d'une autre de leur vie de citoyen, de
père de famille, de mère de famille, etc. A ce moment-là,
ils veulent connaître, ils étudient les lois, ils étudient
les services auxquels ils ont droit, ils étudient les structures de la
société dans laquelle ils sont, beaucoup.
En faisant ces projets, ils utilisent beaucoup les media. Je vous donne,
par exemple, des exemples précis: Mettons à Lachute, il y a une
coopérative de chômeurs, de décapage de meubles. Ils ont
trouvé une personne-ressource de leur entourage qui accepte
bénévolement de leur faire un peu l'ébénisterie
dont ils ont besoin dans leur coopérative même. C'est la
même chose que pour des tas d'autres coopératives. Dans
Montréal, qui vous intéresse particulièrement, on a fait
des choses du même ordre avec les comptoirs alimentaires, par exemple, le
Bon Marché de la Petite Bourgogne et la même chose pour les
comptoirs alimentaires du Plateau Mont-Royal.
Dans d'autres types de groupes de travail, vous allez prendre, par
exemple, des agriculteurs du côté de Saint-Hyacinthe, des gens qui
étudient à ce moment-ci, ils font une espèce de projet
éducatif sur l'agrico-organique qu'ils appellent c'est-à-dire
faire de l'agriculture sans engrais chimique. Il n'y a pas d'école qui
donne ce genre de chose. Dans Huntingdon, en banlieue de Hundingdon, il y a des
gens extrêmement défavorisés qui, finalement, après
un long processus, passent par le camp de l'évêque de Valleyfield,
où ils ont fait un camp d'abord en constituant les draps et les taies
d'oreillers dont ils avaient besoin et maintenant ils apprennent à lire
et à écrire.
On pourrait multiplier les exemples. Ce n'est pas, je pense, le lieu,
mais je crois que ceci illustre très bien l'approche qui est
utilisée. Je crois qu'avec la consolidation de Multi-Media sur le plan
administratif et, surtout avec une sensibilisation du milieu qui fera
disparaître ces recoupements, je pense plus particulièrement
à SEAPAC, c'est-à-dire aux créations ou aux
créatures des commissions scolaires, nous allons pouvoir être
utiles.
Cependant, la raison d'être de Multi-Média sera
peut-être de disparaître à un moment donné, parce que
Multi-Média a été conçu je crois que cela a
été clairement indiqué comme un projet
expérimental et restera un projet expérimental, en tout cas, pour
le moment. Il n'est pas exclu que Multi-Media passe la main aux structures, aux
instances décentralisées, parce que je ne voudrais pas oublier le
vocabulaire qui semble plaire au député de Saint-Jacques.
Il me semble qu'il y a une responsabilité directe, dans une
optique de décentralisation, qui revient aux commissions scolaires.
Maintenant, il était nécessaire de procéder de cette
façon, de manière à créer un modèle
utilisable.
M. CHARRON: Je suis peut-être d'accord sur ce que vous venez de
dire à long terme, mais je ne crois pas qu'on puisse
immédiatement se départir de cette expérience.
M. CLOUTIER: II n'en est pas question immédiatement. Il s'agit de
long terme ou de moyen terme.
M. CHARRON: Je voudrais savoir s'il est possible de prévoir, au
cours de l'année financière qui commence, que des projets
Multi-Media s'étendent à d'autres régions que celles
déjà couvertes par le réseau.
M. CLOUTIER: Non, précisément parce que
j'ai indiqué au début que, pour cette année du
moins, nous avons décidé de maintenir Multi-Media dans ces trois
régions, et j'ai indiqué également la raison, c'est que
l'évaluation n'est pas au point. On n'administre pas des programmes
comme cela qui supposent des dépenses de fonds publics sans être
absolument certain des directions où l'on va. Les idées
généreuses ont aussi besoin d'être vues avec un esprit
critique et, pour l'instant, même si les indications nous portent
à croire que Multi-Media donne des résultats et permet des
initiatives intéressantes, je ne crois pas que nous soyons encore
prêts à l'étendre aux autres régions. Nous reverrons
le problème en cours d'année et je prends la
responsabilité, d'ailleurs, pour avoir limité l'extension de
Multi-Media pour le moment.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 13, adopté?
M. CHARRON: Un instant.
M. CLOUTIER: II y a également le fait, que j'ai souligné
au début, que jusqu'ici l'utilisation des média a
été assez modeste de par les circonstances.
M. CHARRON: C'est l'aboutissement normal.
M. CLOUTER: Justement. Il y a intérêt que, dans ces trois
régions, nous puissions avoir un projet vraiment complet, et là,
nous aurons des modèles utilisables. Nous verrons. S'il y a lieu
d'étendre ailleurs, nous étendrons ailleurs ou s'il y a lieu,
peut-être, de passer la main, ailleurs, aux instances
décentralisées, c'est aussi une chose qui pourrait être
faite. Ou encore, on pourrait envisager de faire un projet pilote avec les
instances décentralisées dans une région choisie et de
continuer à étendre Multi-Media dans d'autres régions.
M. CHARRON: Je crois que la dernière hypothèse que vous
venez de soulever en est une possible, parce que je n'ai peut-être pas
toutes les données que vous avez, mais je ne me sentirais
peut-être pas prêt à laisser l'équivalent de ce que
fait Multi-Media aux instances décentralisées qui n'ont pas connu
cette expérience pilote. Il faudrait peut-être en mener une
conjointement avec elles avant, éventuellement, de leur passer le reste
du travail, ce que j'admettrais facilement.
M. le Président, cela va pour le programme 13.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le programme 13,
éléments 1 et 2, adopté.
M. CHARRON: Le programme 14 également.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le programme 14, adopté.
M. CHARRON: Et le programme 18.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le programme 18, adopté.
M. CHARRON: M. le Président, je crois qu'on doit retourner
à la Chambre d'ici deux minutes pour le vote sur la motion du
député de Maisonneuve...
M. CLOUTIER: ... mesure technique?
M. CHARRON: ... le vote qui doit se prendre obligatoirement aujourd'hui
quinze minutes avant la fin de la séance.
M. CLOUTIER: Ah bon!
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, la commission ajourne ses
travaux à demain matin, dix heures.
(Fin de la séance à 17 h 44)