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Commission permanente de l'éducation, des
affaires culturelles et des communications
Etude des crédits du ministère de
l'Education
Séance du mardi 30 avril 1974
(Seize heures quarante-neuf minutes)
M. PILOTE (président de la commission de l'éducation, des
affaires culturelles et des communications): A l'ordre, messieurs!
Avant que ne débute cette séance, je voudrais mentionner
que le député de Bourget, M. Boudreault remplace M. L'Allier, de
Deux-Montagnes; M. John Ciaccia, de Mont-Royal remplace M. Saint-Germain de
Jacques-Cartier.
Quant à la façon de procéder pour l'étude
des crédits de l'Education, je vais permettre au ministre et aux partis
représentés, le Parti québécois et le Parti
créditiste, de faire valoir, sur une étude globale du
ministère, leur point de vue en général, quitte ensuite
à ce qu'on passe article par article pour l'étude de chacun des
crédits.
Si on pouvait se fixer une heure ou deux pour faire l'étude
générale du dossier du ministère de l'Education, quitte
ensuite à passer aux crédits, je pense que ce serait valable pour
les deux partis. Je cède la parole au ministre de l'Education.
Remarques préliminaires
M. CLOUTIER: M. le Président, je vous remercie. Il est de
tradition, lorsqu'on commence la discussion des crédits, que le ministre
titulaire propose un certain nombre de réflexions
générales. C'est avec plaisir que je m'y conforme.
Il y a une autre tradition au ministère de l'Education, c'est que
la discussion des crédits se passe, en général, dans un
climat très objectif et j'espère qu'il en sera de même
cette année.
Je crois que les partis de l'Opposition, depuis que je suis à ce
ministère tout au moins, ont compris qu'il s'agit de discussions qui
doivent être sérieuses et non d'un champ de bataille et que, dans
l'intérêt même de l'éducation, qui reste un des
grands objectifs de la collectivité québécoise, il y a
tout lieu de s'en tenir à ce ton.
Il convient de distinguer les activités quotidiennes d'un
ministère, de ce que j'appellerais les grandes orientations. Les
activités quotidiennes, je n'en parlerai pas puisque nous aurons
l'occasion à chaque programme d'y revenir. Je me contenterai, à
ce stade, de vous référer au rapport annuel que je vous ai fait
distribuer, même s'il n'est pas encore déposé
officiellement.
Les grandes orientations sont d'ordre politique. La meilleure
façon de s'en rendre comp- te, c'est de se rapporter aux discours de la
rentrée du ministre de l'Education. J'ai accordé une importance
considérable à ces discours, parce qu'ils me paraissent
constituer une occasion privilégiée pour non seulement
réfléchir sur l'évolution de notre système
d'éducation, mais également pour imprimer une direction aussi
claire que ferme.
Le premier discours de la rentrée, que j'ai eu l'occasion de
prononcer, m'a surtout permis d'effectuer une étude de ce
qu'était notre système d'éducation, sans proposer de
solution. Mais il reste que toutes les initiatives qui ont été
prises par la suite découlent de cette étude, laquelle ne pouvait
pas ne pas s'accompagner d'une évaluation. C'est ainsi, par exemple, que
ce premier discours fait état de notre système d'éducation
comme étant un système décentralisé, alors que
beaucoup de politiques du ministère de l'Education jusque-là, au
contraire et de façon un peu paradoxale, étaient des politiques
centralisatrices. C'est ainsi, par exemple, que ce premier discours fait aussi
état d'une préoccupation qui m'a paru excessive pour les
structures et les aspects administratifs, au détriment de la
valorisation de l'école, au détriment également du
dialogue qui doit s'instaurer avec les enseignants.
Est-ce le résultat de réformes qui ont été
appliquées, parfois, d'une manière trop théorique ou trop
rapide? Quoi qu'il en soit, j'ai tenté, avec mes collaborateurs, depuis
un peu plus de deux ans, d'en arriver à un certain nombre de solutions.
Ces solutions apparaissent surtout dans le deuxième discours de la
rentrée où, en décrivant ce que j'appelais le malaise dans
le monde de l'éducation, je faisais état de la
nécessité de renouer le dialogue interrompu le mot n'est
pas trop fort avec les enseignants, et également d'amorcer une
réflexion sur un certain nombre des secteurs les plus importants du
ministère pour ensuite en arriver à des changements. Je parlais
d'un certain nombre d'études qui sont en train, ou qui sont maintenant
complétées. Je me contente de citer l'étude POLY, sur
laquelle nous aurons l'occasion de revenir, qui s'est penchée sur le
mode de gestion, les modes administratifs, les polyvalentes, et
également sur la façon dont la vie des étudiants se
déroule à l'intérieur de ces institutions.
Il y a eu également création d'une importante commission
sur la classification des enseignants, commission qui m'a remis un rapport
préliminaire, et dont les études nous permettront
peut-être, indépendamment du règlement qui a
été acquis au niveau collégial et qui, je l'espère,
est sur le point de l'être aux niveaux élémentaire et
secondaire, de déboucher sur des orientations différentes. Il y a
eu également une étude confiée au Conseil supérieur
de l'éducation qui voyait, à ce moment-là, son rôle
valorisé, pour ainsi dire, et cette étude portait sur tout le
système collégial.
En effet, je me suis refusé à apporter des réformes
parcellaires qu'on se souvienne de la crise du régime
pédagogique et j'ai tenté, justement, d'envisager une
réforme de la loi 21, de la loi constitutive de ce niveau
d'enseignement. Mais pour ce faire, encore fallait-il avoir les données
nécessaires? Cette vaste enquête est actuellement en cours. Elle
procède par étapes. Il y a eu une étape d'étude des
mémoires et de la documentation. Il y a eu une étape de
consultation qui va très loin et je dois dire que je suis convaincu que
cette commission nous apportera les éléments dont nous avons
besoin pour améliorer il y a toujours place pour
l'amélioration le niveau collégial.
Je pourrais également citer bien d'autres études,
l'étude COMMEL sur les commissions scolaires, surtout les commissions
scolaires de moins de 3,000 élèves; il se pose des
problèmes sérieux sur le plan des disparités
régionales et c'est encore une fois à la lumière des
résultats obtenus que nous pourrons chercher des solutions.
Il y a eu un comité qui a élaboré les annexes dites
A et B de la loi 27 et qui nous ont permis justement d'en arriver à
toute une série de formules permettant plus facilement
l'intégration de l'élémentaire et du secondaire dans
certaines commissions scolaires où les problèmes se posaient avec
acuité.
Je dirais que, dans l'ensemble, nous avons eu une année
relativement calme. En fait, pour la première fois depuis la fondation
du ministère, il n'y a pas eu de grève, il n'y a pas eu
d'arrêt de travail. Les enseignants ont enseigné et les
étudiants ont étudié. Ceci ne signifie pas que certaines
difficultés ne se sont pas fait jour au niveau local, mais elles ont
réussi à trouver leurs solutions au niveau local. C'est justement
là le but qu'il faut rechercher dans un système
décentralisé comme le nôtre.
Il faut que le ministère en arrive de plus en plus à
définir des orientations, à définir des programmes-cadres
et qu'à l'intérieur des structures le milieu lui-même
puisse en arriver à des solutions.
A quoi attribuer ce calme relatif? Et j'espère qu'il va
continuer. Il n'y a pas, bien sûr, un seul facteur qui l'explique. C'est
tout un ensemble. Peut-être faut-il y voir un certain essoufflement, que
l'on constate un peu partout au monde, de la contestation organisée.
Peut-être faut-il y voir le résultat des décisions
qui ont été prises depuis quelques années au
ministère de l'Education, décisions qui ont été, je
pense, fermes quand il s'agissait de maintenir des principes, mais aussi
souples que possible sur le plan de l'application.
Peut-être faut-il y voir également le fait qu'il a
été possible d'entreprendre un dialogue avec les syndicats et,
pour ainsi dire, d'apporter un début de solution à ce malaise que
je déplorais dès le premier discours de la rentrée.
Il ne faut pas s'imaginer que nous avons encore atteint l'état
où les discussions sont très productives mais il reste que, pour
la première fois, ayant lancé, lors d'un discours devant la
Fédération des commissions scolaires, l'idée d'un sommet
qui grouperait les partenaires du gouvernement, c'est-à-dire les
commissions scolaires, tant anglophones que francophones, et les syndicats,
tant anglophones que francophones, il a tout de même été
possible d'organiser une telle rencontre. Elle a d'abord été
précédée par des rencontres avec les syndicats et des
rencontres avec les partenaires du gouvernement, et ensuite nous nous sommes
assis à une table et tout en restant, bien sûr, sur des positions
idéologiques qui séparent manifestement la société
québécoise, nous avons tenté de nous adresser à des
problèmes pratiques sur lesquels tout le monde doit être d'accord.
Même si nous n'avons pas, pour l'instant, de solution, je dois dire que
nous nous parlons et c'est peut-être un des éléments
importants du calme relatif qui a régné cette année.
Si je cite ce discours de la rentrée, c'est parce que je n'ai pas
fait beaucoup de déclarations publiques depuis que je suis ministre de
l'Education. Je n'ai pas fait beaucoup de conférences non plus. Je
préfère justement une fois par année, à l'occasion
de discours majeurs j'ai cité celui devant la
Fédération des commissions scolaires arriver avec un plan
d'ensemble qui se tienne, qui manifeste véritablement des orientations
plutôt que de tenter, à l'occasion de chaque tribune, de faire ce
que j'appellerai de la démagogie scolaire.
Voilà, par conséquent, M. le Président,
quelques-unes des remarques que je comptais faire; c'est en cours de route,
comme je le signalais au début, au moment de la discussion de chacun des
programmes, qu'il sera possible d'apporter plus de détails.
J'ai, en plus du document que j'ai cité au début,
demandé que l'on distribue aux membres de la commission toute une
série de documents susceptibles d'être utiles à notre
discussion. Je pense à l'organigramme du ministère. Je pense
à une synthèse par secteur des programmes et des
éléments de prévision des crédits. Je pense
à un état de la clientèle scolaire pour l'année
précédente et allant jusqu'en 1976-77. Je pense à la
répartition des effectifs du ministère de l'Education. Je pense
au rapport des activités du ministère que j'ai cité au
début ainsi qu'au rapport annuel du Conseil supérieur de
l'éducation. Je suis tout à fait disponible, en cours de route,
pour faciliter les discussions qui sont souvent ardues, qui sont souvent
techniques. J'apporterai également d'autres éléments. De
plus, je vais déposer, dès le début, comme ceci a
été demandé chaque année, le détail de la
catégorie 4 de tous les programmes, c'est-à-dire de la
catégorie qui porte sur les services et les contrats.
Nous pourrons peut-être, de cette façon, procéder
plus rapidement.
Je vous suggérerais, comme je l'ai fait l'année
dernière, de discuter en groupant un certain
nombre de programmes. Je vais vous faire distribuer une feuille qui
propose ce groupement. Il y a une seule raison, nous pouvons très bien
prendre les programmes individuellement, mais si nous le faisons, nous allons
empiéter sur plusieurs programmes à la fois. C'est ainsi, par
exemple, que si nous voulons discuter de l'enseignement
élémentaire public, nous nous trouvons à le faire dans
trois programmes différents, le programme 5, le programme 6 et le
programme 7. Il m'a paru opportun de grouper ces trois programmes et de
constituer douze groupes de discussion qui permettraient peut-être de
s'intéresser davantage aux problèmes de fond. C'est une
suggestion que je fais. S'il n'y avait pas de contradiction, je souhaiterais
pour ma part que l'on s'y maintienne.
Je n'ai pas l'intention d'aborder dans mes remarques
préliminaires la question linguistique, elle viendra en son heure. Il y
aura peut-être des renseignements à donner lorsque nous
discuterons de l'Office de la langue française. Cet organisme a maintenu
son action cette année et il, l'a même intensifiée. Nous
aurons également l'occasion d'y faire allusion lorsque nous parlerons du
plan d'enseignement des langues, qui a très bien démarré,
du plan d'enseignement des langues avec ses trois volets, français
langue maternelle, français et anglais langues secondes, ainsi que les
mesures d'intégration dans le secteur francophone pour les enfants
d'immigrants.
Je n'ai pas l'intention non plus de revenir sur la loi 71, qui a
amorcé la restructuration scolaire de l'île de Montréal et
qui a fait l'objet de débats. Je n'ai pas l'intention d'y revenir, sauf
pour dire qu'elle a été très bien acceptée dans le
milieu. Je me réjouis, entre autres, qu'il ait été
possible de faire l'intégration de commissions scolaires, passant de 33
commissions scolaires sur l'île de Montréal à 8 commissions
scolaires, ce qui signifie des opérations extrêmement complexes,
intégration de personnel, consolidation de budgets, de bilans, etc.,
sans que ceci crée de problèmes trop considérables. De
plus, il semble bien que le conseil scolaire ait réussi à faire
les grands arbitrages pour lequel il a été conçu et
également à s'intéresser à cette priorité
que nous lui avons donnée et qui était les zones
défavorisées.
Dans le discours de la rentrée de l'année dernière,
j'avais fixé trois priorités au ministère,
priorités qui ne sont pas limitées dans le temps parce qu'il doit
s'agir de préoccupations constantes: je pense à
l'éducation des adultes, aux zones défavorisées et aux
sports à l'école, à l'éducation physique. Nous
avons utilisé la même façon de travailler que pour
l'élaboration du plan de développement des langues,
c'est-à-dire constitution d'équipes multidisciplinaires qui,
souvent, font appel à des membres de direction générale
différente et l'élaboration d'un vaste plan qui implique toutes
les instances du ministère, parfois les instances du réseau, dans
les cas de zones défavorisées d'autres ministères que le
ministère des Affaires sociales, de manière à arriver avec
une approche globale dont l'application revient au milieu lui-même. C'est
la même méthodologie que nous suivons pour l'éducation des
adultes, pour l'éducation physique à l'école et
également pour cette autre priorité que constituent les zones
défavorisées.
En cours de route, j'aurai peut-être l'occasion, si les questions
me sont posées, d'apporter d'autres détails.
M. le Président, je m'arrête là. Il est
évident que je pourrais parler pendant des heures mais à ce
moment-là je pense que je court-circuiterais la discussion même
des crédits, puisque tout revient dans le cadre des programmes et tout
revient d'une façon beaucoup plus précise, puisqu'à ces
programmes s'attachent des budgets et des budgets qui doivent être
votés. Par conséquent, je suis prêt, pour ma part,
après avoir entendu les autres commentaires, à commencer
l'étude des crédits.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Avant de céder la parole au
député de Saint-Jacques, je soumettrais à la commission
que le député de Laurentides-Labelle, M. Lapointe, soit
rapporteur de cette commission. Est-ce agréé?
Est-ce que l'ordre de discussion proposé par le ministre à
la commission parlementaire est agréé?
M. CHARRON: C'est de tout cela que nous allons parler.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Alors, la parole est au député
de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, je dois vous dire d'abord, à
l'ouverture de l'étude des crédits du ministère de
l'Education, que je suis particulièrement conscient de la
responsabilité que j'ai cette année, encore plus grande, je dois
dire, que les années précédentes, puisque je dois
être la seule voix de l'Opposition, le seul porte-parole de l'Opposition
pour la première fois depuis longtemps, j'imagine, à passer
à travers l'étude des crédits d'un milliard et quelques
cents millions de dollars. Je demande donc immédiatement l'indulgence
à ceux qui devront subir mes questions. Très souvent, ce sera par
besoin pur et simple de renseignements que je n'aurai pas eu le temps d'aller
chercher moi-même ou par les services qui nous sont accordés.
D'autre part, je suis conscient aussi de la responsabilité à
cause du domaine de l'activité que nous touchons, celui de
l'éducation. Je suis parfaitement préparé à entamer
l'étude des crédits de l'Education de la même façon
que je crois l'avoir toujours fait depuis que je suis à cette
commission, c'est ma cinquième année maintenant.
Je devrai quand même commencer en étant
désagréable envers le ministre et en lui signalant que le
document qu'il vient de nous faire parvenir nous aurait été d'une
très grande utilité
s'il nous était parvenu, ne serait-ce qu'une fin de semaine avant
le début de l'étude des crédits du ministère de
l'Education. Ce n'est pas un document sans lequel on ne peut pas travailler,
j'en conviens. Nous avons préparé ensemble les crédits de
l'Education. Les commentaires que nous apporterons sur chacun des programmes
seront les meilleurs possible car je considère le rapport annuel d'un
ministère comme étant certainement un des meilleurs guides que
nous puissions avoir. Nous élaborerons ensuite la critique. Je devrai
donc profiter des heures de relâche que nous aurons entre les
séances de la commission pour parcourir en vitesse le rapport des
activités du ministère de l'Education. Je m'explique mal comment
ce rapport nous est parvenu si tard puisque je me souviens très bien
qu'en 1972 l'étude des crédits avait été largement
facilitée par le fait que nous détenions ce rapport des
activités du ministère de l'Education pour l'année
précédente depuis déjà quelques semaines, si ma
mémoire est fidèle. Tous nos débats s'en étaient
sentis allégés et je crois que la qualité des
débats s'était, par le fait même, accrue.
M. CLOUTIER: Est-ce que je peux apporter une précision à
ce sujet, M. le Président? Il est exact qu'en 1972, j'avais
été capable de fournir le rapport avant. Je l'aurais fait
volontiers cette année; je n'ai pas pu le faire pour l'excellente raison
qu'il nous est parvenu à la fin de la semaine dernière seulement
et je dois dire d'ailleurs que rien n'oblige le ministère à
déposer ce rapport. C'est uniquement parce qu'il cherche à aider
le plus possible l'Opposition. Je suis parfaitement conscient des
difficultés du député de Saint-Jacques. Je l'aurais fait
si la chose avait été possible. Mais, en général,
les rapports annuels sont déposés à l'Assemblée
nationale et deviennent un document public. Là, il s'agit tout
simplement d'un brouillon qui n'était malheureusement pas prêt
auparavant.
M. CHARRON: L'autre regret que je peux formuler, enfin il n'est pas
énorme et j'aurais bien aimé que le ministre profite de ses
remarques préliminaires pour nous présenter, à la
commission, son nouveau sous-ministre puisque ce sera la première
année que nous aurons l'occasion de travailler avec le successeur de M.
Martin. Je crois que l'occasion aurait été bonne de le
présenter aux membres de la commission, mais il n'est jamais trop tard
pour bien faire, le ministre reprendra la parole tantôt.
Quant à la proposition que vient de nous faire le ministre en ce
qui a trait à la façon de procéder, je suis parfaitement
d'accord. D'ailleurs, nous nous doutions tellement que la même
proposition allait venir que, dans notre préparation, nous avions
également groupé les programmes.
Je m'explique mal, toutefois si vous me permettez de recourir
immédiatement à votre document avant d'aller plus loin
comment il se fait que dans le groupe 6 où vous avez regroupé:
Formation générale et socio-culturelle des adultes, incluant
Multi-Media et la formation professionnelle, on retrouve toute la question de
la gestion interne du ministère, qui ne devrait pas, à mon avis,
apparaître à cet endroit.
M. CLOUTIER: Je peux répondre peut-être, M. le
Président, à cette question immédiatement. C'est
uniquement la gestion interne de ces programmes.
M. CHARRON: Donc, la gestion interne du ministère, on la retrouve
au programme 1, dans l'administration et la conception.
M. CLOUTIER: Oui, parce que, effectivement, il y aurait eu un
illogisme.
M. CHARRON: D'accord. Avant d'entamer la partie plus politique du
débat, j'ai aussi, puisque nous allons être quelques heures
à l'étude des crédits, demandé pour m'aider dans
mon travail encore une fois, je fais appel à l'obligeance des
autres membres de la commission... Est-ce que nous pourrions nous entendre pour
que jeudi soir, la séance, devant débuter à 8 heures
jusqu'à l'ajournement habituel, soit celle qui, de consentement, se
consacre à l'étude du groupe 12, des programmes 15 et 16? Car,
dans le cas actuel je sais que ce n'est pas le ministre de l'Education
qui a à défendre ses crédits et ce n'est pas moi qui, du
côté de l'Opposition, ai à défendre ses
crédits mon collègue de Lafontaine, actuellement
cantonné dans une autre commission, puisqu'il y en a trois qui
siègent et que nous ne sommes que cinq aujourd'hui, serait alors
disponible. Je le lui ai demandé et je lui ai dit que j'allais faire
cette suggestion à la commission pour que ce soit jeudi soir, à 8
heures. Je vois que le ministre responsable est là. Est-ce qu'on
pourrait obtenir cette entente immédiatement?
M. CLOUTIER: M. le Président, je ne vous cache pas que,
personnellement, cela me gêne, parce que j'ai évidemment un
programme extrêmement rigoureux. Il est important que je termine la
discussion de ma partie, à moi, le plus rapidement possible.
Cependant, je suis conscient des difficultés de l'Opposition qui
est obligée de couvrir plusieurs commissions à la fois et je ne
trouve pas anormal que ce soit moi qui cède sur ce point. Je pense que
c'est de nature à favoriser une discussion objective et peut-être
même à ne pas la prolonger indûment. Je sais que nous sommes
tous d'accord pour aller au fond des choses, mais de la manière la plus
rapide possible. Alors, dans les circonstances, je pense que j'aurais mauvaise
grâce à m'opposer à cette suggestion, même si cela
impose, pour ne rien vous cacher, un certain nombre d'acrobaties.
J'espérais terminer cette semaine. Etant pris constamment la semaine
dernière et calculant le
temps à notre disposition, nous pouvions nous en sortir. Nous
aurions eu une douzaine d'heures de discussions.
M. CHARRON: II n'est pas dit, d'ailleurs, que nous n'aurons pas
terminé. Je n'ai rien prévu devant durer jusqu'à la
mi-juin.
M. CLOUTIER: C'est pour cela que je trouve parfaitement normal
d'accéder à votre demande,
M. CHARRON: C'est au ministre peut-être que je dois le demander
aussi.
M. PHANEUF: ... jeudi soir, la partie de la promotion des sports et le
développement des...
M. CHARRON: Merci beaucoup! Suite aux remarques préliminaires du
ministre, j'ai été heureux d'apprendre que le ministre a
passé une année relativement calme il l'a dit parce
que ce n'est pas l'impression que tout le monde a reçue. C'est
certainement une première bonne nouvelle à transmettre.
Le ministre a commencé en faisant état du fait qu'il ne
faut pas confondre ou qu'on aurait du mal à confondre les
activités quotidiennes du ministère et les grandes orientations.
Il nous a dit: Ce n'est pas dans mes remarques préliminaires que j'aurai
à parler des activités quotidiennes du ministère. Nous le
ferons programme par programme.
Je n'ai pas non plus l'intention de confondre les grandes orientations
du ministère et ses activités quotidiennes, l'administration d'un
budget de ce montant. Toutefois, je dois dire que, pour ceux qui suivent de
l'extérieur ou ceux qui vivent dans leur métier quotidiennement
la chose de l'éducation au Québec, se développe la
certitude de plus en plus grande, à suivre l'activité du
ministère, que les activités quotidiennes l'ont désormais
largement emporté dans l'intérêt, l'occupation du temps et
l'occupation des énergies humaines et financières du
ministère, au détriment de ses grandes orientations.
Je comprends très bien que le ministre ne veuille pas
mélanger l'une avec l'autre, parce que j'ai vraiment l'impression que
l'une se fait au prix de l'autre. Pour ceux qui commentent la scène de
l'éducation dans tous les journaux du Québec, des revues
spécialisées dans ce domaine à aller jusqu'aux media de
l'information les plus populaires, chaque fois qu'on aborde la question de
l'éducation maintenant au Québec, c'est pour en signaler la
lourdeur, d'une part, le nombre incalculable de ce que je continuerai à
appeler, pour les fins de la discussion, les activités quotidiennes du
ministère et la difficulté immense, pour le citoyen à un
bout de l'échelle, d'avoir non seulement la certitude, ne serait-ce que
l'impression de voir sa demande, son point de vue, son intérêt,
ses opinions entendues jusqu'à l'autre bout de l'immense appareil
administratif que le ministère de l'Education est maintenant devenu.
Je n'ai pas l'intention de remplacer ici, même si je suis le seul
porte-parole de l'Opposition, ceux que la dernière élection a
rayés de la carte. Je pense à cet ancien député de
Richmond qui accompagnait nos discussions à quelques occasions au cours
des années précédentes, qui faisait porter l'ensemble de
ses remarques sur une lutte à la technocratie et qui voyait, dans chacun
des emmerdements qu'avait à traverser le ministère de
l'Education, la faute et le résultat d'une action concertée de
technocrates à l'encontre de la population.
Je n'ai pas l'habitude de porter ce genre de manteau, de cuirasse pour
aller à la chasse aux technocrates. Je ne le revêtirai pas non
plus aujourd'hui, pas plus que je n'ai l'intention de le revêtir tout au
long de la présente Législature. Mais, sans être à
la chasse aux technocrates, sans se servir du technocrate comme du bouc
émissaire de chacun des problèmes qu'affronte le monde de
l'éducation ou de n'importe quel autre domaine de l'activité de
l'Etat, le technocrate est, quand même, un objet si vous me
permettez parmi l'ensemble de la structure administrative du
ministère de l'Education, un objet, un outil, un sujet de
décision critiquable. A certaines occasions, il a
développé des réflexes, des habitudes qui, en certaines
occasions, je l'affirme sans ambages, sont absolument bénéfiques
au développement des citoyens de l'Etat du Québec. A d'autres
occasions, cette même façon de penser, ce même processus et
je dirais, ce même éloignement puisque c'est le reproche
premier qu'on leur porte de la scène réelle, vécue,
quotidienne dans les écoles, les collèges, les universités
du Québec, cette même attitude peut être néfaste. Ce
n'est pas être à la chasse aux technocrates et vouloir les
démolir et vouloir s'en servir comme bouc émissaire, ou vouloir
accuser le ministre de les cautionner ou quoi encore, comme on l'a
déjà entendu à l'Assemblée nationale, que de dire
qu'ils sont fautifs. Si leur attitude, si le développement de cette
catégorie d'hommes de décision à l'intérieur de
l'appareil étatique ont été, je dirais, largement
bénéfiques au développement du Québec depuis une
dizaine d'années, ils ont leur contrepartie. Nous avons l'occasion,
à l'étude des programmes, un après l'autre, de mettre le
doigt sur cette contrepartie. J'invite immédiatement, si vous me le
permettez, M. le Président, les fonctionnaires qui accompagneront le
ministre de l'Education dans l'étude de ses crédits, à ne
pas se sentir personnellement visés ou à ne pas me sentir
à la chasse ou en train de vouloir atteindre le respect que
j'éprouve pour eux, si, à certains moments, je fais porter les
critiques que je crois que certaines parties de la population ont
élevées à leur égard. Ils ont été
tenus, à mon avis, à certains endroits, responsables d'un malaise
à l'intérieur d'un service ou d'un programme spécial du
ministère. Je le ferai parce que c'est mon devoir de le faire
du poste que j'occupe actuellement, et je n'ai l'envie de blesser
personne en faisant l'ouvrage que je dois exécuter maintenant
aujourd'hui.
M. le Président, quand nous préparions ensemble
l'étude des crédits de ce ministère, évidemment
nous sommes retournés à la lecture des crédits de
l'année dernière. Je me souviens encore du premier contact que
j'ai eu avec l'actuel ministre de l'Education, en 1970. Le ministre de
l'Education était alors ministre des Affaires culturelles. Il se
souviendra certainement avec un certain amusement de la première
séance d'étude des crédits du ministère des
Affaires culturelles. Evidemment, le ministre était bien placé
pour le faire à ce moment-là. Il venait d'entrer en fonction, et
il avait devant lui cette vipère de Chicoutimi, qui est maintenant
devenue le conseiller du ministre des Affaires culturelles par une
espèce de retour que seules les vipères sont capables de faire
sur elles-mêmes, et qui avait l'occasion de dire à son
prédécessuer qui siégait en face de lui qu'il allait se
pencher sur le problème. A peine l'Opposition avait-elle l'occasion de
soulever un problème, qu'immédiatement le ministre nous affirmait
qu'il allait se pencher sur le problème.
C'était à croire et l'Opposition s'est
inquiétée, je me le rappelle, à l'époque que
le ministre ne se relèverait plus tout au long de l'année
financière tellement on l'avait forcé, un nombre incalculable de
fois, à se pencher sur un certain nombre de problèmes.
Je m'aperçois que le ministre de l'Education, le ministre des
Affaires culturelles de 1970 devenu depuis lors le ministre de l'Education,
maintenant dans sa troisième année, si ma mémoire est
fidèle, n'a pas perdu cette habitude parce que, M. le Président,
en faisant une lecture attentive des crédits du ministère de
l'Education l'année dernière, à laquelle je participais au
nom du Parti québécois, j'ai simplement noté le nombre
d'endroits où le ministre se réfère à des
études ou à des enquêtes en cours ou qu'il a l'intention de
mettre sur pied, autrement dit, des endroits où le ministre s'est
probablement penché au cours de l'année en cours.
D'abord, j'en fais une nomenclature seulement pour vous informer comment
le ministre s'est commis au penchement à plusieurs occasions et sur
différents sujets. Cela allait de la nature et des objectifs de
l'école élémentaire et secondaire, ce qui n'était
pas un sujet bien neuf. Cela faisait déjà longtemps que le
ministre était penché là-dessus. Le fonctionnement des
commissions scolaires de moins de 3,000 personnes, cela était nouveau,
je l'admets, à cause justement des implications et de l'implantation de
la loi 27; le fonctionnement des polyvalentes, cela faisait longtemps qu'on
avait du monde de penché là-dessus, le ministre s'y penchait lui
aussi; les frais de scolarité, on a du monde de penché
là-dessus au ministère de l'Education depuis 1966, c'est à
croire qu'on aurait du mal à les relever; les motivations des
enseignants à l'élémentaire, beau sujet sur lequel se
pencher, M. le Président; le financement des universités, on en a
la preuve aujourd'hui, le ministre s'y est penché tout au cours de
l'année; le financement interne des commissions scolaires; la
transférabilité des enveloppes pour employer le vocabulaire que
nous a laissé M. Martin; une politique spéciale à propos
des zones défavorisées sur laquelle se penche également le
Conseil scolaire de l'île de Montréal; la centralisation des
examens, un autre sujet qui a occasionné des courbatures au ministre de
l'Education; les zones éloignées; la régionalisation des
équipements de loisirs sur laquelle le député de
Vaudreuil-Soulanges s'est aussi penché; l'enseignement du droit;
l'enseignement sur le territoire du Nouveau-Québec; l'enseignement aux
Indiens et aux Inuit; une nouvelle politique des bureaux régionaux,
là aussi, on était penché depuis à peu près
que les bureaux régionaux existent; les bibliothèques scolaires;
l'éducation des adultes, les populations scolaires et les constructions;
les annexes de la loi 27; l'enseignement collégial, le Conseil
supérieur de l'éducation, dans son ensemble, est penché
sur le sujet aussi, M. le Président; la coopération avec les
francophones du reste de l'Amérique.
M. le Président, lorsque je faisais la lecture de ce nombre
considérable d'études qu'a menées le ministère de
l'Education, et il va sans dire, le ministre qui le dirige, j'en étais
venu à avoir l'impression que nous aurions cette année, à
l'ouverture de l'étude des crédits du ministère de
l'Education, le bilan d'une révolution culturelle qui se serait
emparée du Québec sans que personne ne s'en aperçoive.
J'ai cru, à la suite de cet amoncellement de réflexions,
que la montagne de réflexions allait accoucher d'autre chose que d'une
souris dans l'action.
J'ai cru que les résultats de cette réflexion allaient
être fulgurants. Peut-être l'étude des crédits nous
réserve-t-elle des surprises à cet égard, suite à
cette énorme quantité de réflexions qui ont occupé
les cerveaux du ministère de l'Education, mais j'avais vraiment
l'impression que l'année ne serait pas calme. J'avais vraiment
l'impression que sur ce qu'on appelle ailleurs les fronts ç'allait
plutôt être calme cette année, c'est-à-dire qu'aucun
CEGEP n'exploserait, qu'aucune université ne boycotterait les frais
d'inscription, qu'aucun parent ne réclamerait l'abolition du dossier
scolaire cumulatif et quoi encore. Je me disais: Si le front a
été calme, le ministère a dû en profiter pour
être d'une activité bourdonnante alors qu'enfin il n'a plus
l'excuse facile de dire: Nous avons été pris à
éteindre un nombre considérable de feux au cours de
l'année. Maintenant, l'excuse est enlevée. Comme le dit le
ministre, l'année a été relativement calme, en tout cas
à son niveau: le bilan de l'action et des réformes,
l'établissement de nouveaux programmes, la correction des malaises qui
déjà durcissent le système de l'éducation depuis
qu'il est implanté. Je croyais
donc que nous assisterions, au début, à renonciation, ne
serait-ce que la nomenclature, aussi simple que celle que je viens de faire, M.
le Président, du nombre considérable de réformes qu'on a
apportées à l'intérieur des structures de
l'éducation. Mais cela n'a pas été le cas.
M. le Président, le ministre nous a dit: L'année a
été relativement calme et c'est à croire je reviens
à ma première affirmation du début que les
activités quotidiennes dans ce ministère l'emportent nettement et
largement sur les nécessaires remises en question, sur les grandes
orientations du ministère, maintenant que nous n'en sommes plus à
convaincre la population de tout cet effort qu'on se plaît à
évoquer souvent lorsqu'on parle de l'éducation, de toute cette
période des pionniers qui ont dû, ne serait-ce que convaincre les
Québécois de l'importance de l'éducation.
Cette époque-là est révolue, nous pouvons
maintenant travailler, nous n'avons plus à assurer que chaque acquis va
demeurer, à convaincre à gauche et à droite, plus souvent
à droite qu'à gauche de ce qu'on a à établir. Je
croyais et je crois encore que les grandes orientations du ministère,
c'est maintenant le temps de les reprendre sans crainte, sans reproche,
même si ça doit déplacer des habitudes de pensée,
des sécurités d'emplois, je veux dire des sécurités
dans la façon de travailler, même si ça doit
ébranler la routine qui accapare du plus simple fonctionnaire jusqu'au
ministre lui-même, c'est-à-dire les activités quotidiennes.
C'est le moment où nous devons les reprendre.
Le ministre a fait état de son discours de la rentrée. II
a même insisté pour nous dire que c'est devenu, à son avis,
la pièce capitale que nous devons attendre, chaque année, du
ministre de l'Education. J'en conviens, ça peut être un choix
politique qu'il a fait de préférer cette occasion. Je sais que le
ministre a même adopté une politique, à moins que je ne me
trompe, selon laquelle il le mot français me manque, j'aurais
besoin de l'Office de la langue française ...
M. CLOUTIER: Utilisez le mot anglais, je traduirai.
M. CHARRON: C'est curieux mais vraiment je n'ai que l'expression
anglaise, quand on dit: "deliver a speech" comment dites-vous cela en
français?
M. CLOUTIER: On peut prononcer une conférence ou un discours.
M. CHARRON: Merci.
M. CLOUTIER: Je suis toujours à votre disposition.
M. CHARRON; J'en conviens. Alors, le ministre prononce cette allocution
importante qui est, je crois, la réflexion des réflexions, le
penchement des penchements, si je ne m'abuse.
Il le fait chaque année dans une région différente.
Si ma mémoire est fidèle, il y a deux ans, c'était au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans votre région, M. le Président.
M. CLOUTIER: Non, c'était...
M. CHARRON: L'année dernière, c'était
Rouyn-Noranda.
M. CLOUTIER: C'était bien cela.
M. CHARRON: Pouvez-vous nous dire la primeur de l'endroit où vous
prononcerez votre allocution en septembre prochain?
M. CLOUTIER: Non, M. le Président, mais ce sera encore dans une
région en dehors des grands centres urbains, de manière que nous
puissions en même temps faire une visite dans la région.
M. CHARRON: Puis-je vous conseiller Port-Cartier, parce qu'à cet
endroit on attend beaucoup du ministère de l'Education?
M. CLOUTIER: D'accord, on peut planifier pour 1980, si vous voulez.
M. CHARRON: Non, je crois que la polyvalente sera complètement en
ruines à ce moment-là. Vous devriez peut-être y aller
auparavant, pendant que l'eau rentre dans la polyvalente. Je vous souhaiterais
même un soir de pluie.
M. CLOUTIER: Vous y êtes allé?
M. CHARRON: Non, mais le chef de l'Opposition en revient et le
député de Saguenay également, mon collègue, m'a
largement informé. Nous aurons l'occasion de reprendre cela, si vous le
permettez, tout à l'heure. Revenons à cette importante
communication au peuple québécois qu'a faite en septembre 1973,
à Rouyn-Noranda, le ministre de l'Education. Il nous relatait
lui-même tout à l'heure certains extraits ou certains aspects
contenus dans son discours. Il y en avait d'autres également, je ne sais
pas si c'est par choix que le ministre ne les a pas mentionnés. Je ne
pense pas mal interpréter, mal rapporter le discours du ministre, si je
le résume un peu de cette façon. Le ministre nous exposait, enfin
c'est l'occasion chaque année d'exposer ses objectifs au cours de
l'année. A cette occasion, les objectifs de 1973 devaient se retrouver
alentour de trois pôles je crois. D'abord, la nécessaire
amélioration des relations de travail. Le ministre l'a signalé
lui-même tantôt, c'était contenu dans son discours. On ne
peut pas attribuer au ministre un grand mérite d'avoir signalé
comme premier objectif l'amélioration des relations de travail. Cela
pouvait difficilement aller plus mal, je crois. C'était faire montre
d'un minimum de responsabilités pour le poste qu'on occupe que de
dire
que c'est la première chose qu'on a à corriger. Je crois
que l'année dernière, en 1973,- les crédits de l'Education
ont été marqués par ces conflits de travail qui,
l'année précédente avaient pourri, je dois dire,
l'ensemble du climat dans les écoles, les CEGEP, même au niveau
universitaire, et même la crédibilité du ministère
sur l'ensemble de la place publique québécoise.
Pourtant, M. le Président, le ministre aujourd'hui plaide
"mission accomplie" à ce chapitre, ou à peu près, parce
qu'il y a eu à un moment une rencontre entre les dirigeants de la
Centrale de l'enseignement du Québec et le ministre de l'Education,
rencontre que d'ailleurs les deux parties n'ont pas jugée de la
même façon. Je dois signaler que le ministre s'est empressé
beaucoup plus rapidement que son collègue de la centrale de crier aux
retrouvailles et à la fraternité. Ce n'étaient pas
exactement les propos que tenait le président de la Centrale de
l'enseignement du Québec, mais peu importe.
J'admets également que cette étape qui se voulait, je
crois, plus pour la galerie que pour les résultats concrets, constitue
certainement une différence positive dans le climat par rapport à
celui de 1972 et je le répète: Cela pouvait difficilement aller
plus mal. Je crois que je pourrais même vous citer parce que vous le
disiez vous-même l'année dernière: On en était dans
certains endroits au point zéro. Nous aurons l'occasion d'y revenir, il
y a eu cette entente sur la classification ou le classement des enseignants.
Evidemment, cela constitue une étape soulageante pour l'ensemble des...
Je crois qu'à part ce résultat mitigé, le reste de
l'objectif est encore à atteindre et nous aurons l'occasion, lorsque
nous parlerons des relations de travail du ministère, de voir exactement
comment on envisage ce qu'il reste à faire. Parce que j'affirme à
nouveau que de l'autre côté, celui qu'on essaie d'embrasser
actuellement et qui semble beaucoup plus frigide qu'on l'aurait voulu au
départ pour les besoins politiques de la cause, de l'autre
côté, on est beaucoup moins sûr que les relations de travail
se soient améliorées de cette façon. Enfin, nous
verrons.
Les autres objectifs que se fixait le ministre de l'Education au cours
de l'année scolaire en cours qui se terminera dans quelques semaines
pour l'ensemble des étudiants québécois, c'était de
corriger... Est-ce le mot que je dois employer ou si je dois dire travailler
à l'encontre, faire du mieux que l'on peut contre la lourdeur de la
machine administrative? Là-dessus, M. le Président, on a besoin
de m'en faire une démonstration savante. Je ne crois pas que cet
objectif que se fixait tapageusement puisqu'il l'avait fixé dans
ce discours des discours au début de la rentrée je ne
crois pas que cet objectif ait été atteint. Bien sûr, il
doit y avoir quelque comité dans le ministère qui travaille
là-dessus. Bien sûr, il doit y avoir une équipe de
penchée sur le sujet. Bien sûr, le ministre lui-même a
dû se pencher à l'occasion là-dessus. Mais pour le
contribuable québécois, pour les étudiants qui vivent dans
ces maisons d'enseignement de quelque niveau qu'elles soient, pour les
enseignants qui y travaillent, pour l'ensemble des administrateurs scolaires,
ceux que le ministre appelle d'une façon suave "les instances
décentralisées du ministère"...
M. CLOUTIER: C'est parce que je ne connaissais pas le mot anglais comme
vous.
M. CHARRON: ... Comme la formule est jolie! La langue française
vous sert fort bien dans ce cas-là.
M. CLOUTIER: La langue anglaise aussi, je la parle avec plaisir. J'en
parle une autre également.
M. CHARRON: Vous n'avez pas besoin d'y recourir dans ce cas-ci.
"Instances décentralisées", je crois que la formule est
limpide.
M. CLOUTIER: ... bien.
M. CHARRON: Elle couvre bien ce qui devrait exister, mais qui n'existe
pas, les "instances décentralisées" elles-mêmes seront les
premières à vous le dire. Il faut aller passer un
après-midi à un congrès de fédération de
commissions scolaires ou il faut aller rencontrer une journée une
régionale qui est en journée d'étude, des enseignants aux
administrateurs, commissaires inclus, pour s'apercevoir que ces "instances
décentralisées" sont beaucoup moins satisfaites du système
de décentralisation que ne l'est le ministre de l'Education
lui-même et que lorsqu'elles font, parfois à bout de rage, le
procès de cette lourdeur de la machine administrative du
ministère, elles le font souvent dans des mots beaucoup plus
sévères et beaucoup plus durs que même celui qui vous parle
n'a jamais employés à l'Assemblée nationale.
Elles peuvent accompagner cette critique de la lourdeur de la machine
administrative du ministère d'exemples concrets. Je parle aussi bien des
parents qui ont vu leurs revendications, quant à l'abolition de ce
dossier scolaire cumulatif, noyées, émiettées,
broyées, je dirais, dans l'ensemble de la machine administrative du
ministère. Toute cette revendication, ces parents qui s'étaient
regroupés pour protester contre l'application d'un règlement
qu'ils ne veulent pas et qu'ils n'admettent pas sur l'ensemble du territoire du
Québec", toute cette "contestation" de parents, légitime et bien
fondée, s'est trouvée comme engloutie dans l'appareil
administratif du ministère de l'Education, perdue dans quelque
commission ou quelque comité, sur la table de quelques-uns de ces
innombrables sous-ministres adjoints que comporte le ministère de
l'Education et qui se retrouvent à peu près partout. Cette
revendication légitime qui existe toujours dans l'esprit des parents et
que les parents combattent toujours sur le territoire de chacune des
écoles
et des commissions scolaires du Québec, on ne sait plus
très bien où elle en est maintenant rendue.
Qu'a donc fait le ministère de l'Education pendant cette
année de calme pour combattre la lourdeur de la machine administrative?
Il se trouverait des administrateurs scolaires québécois, des
principaux d'écoles, des commissaires élus par la population, des
professeurs, des directeurs de services aux étudiants, de services
pédagogiques, de CEGEP ou d'ailleurs, qui pourraient venir à
cette table de la commission, si elle était ouverte au public pour vous
dire que la lourdeur de la machine administrative du ministère n'a fait
qu'augmenter au cours de l'année à coups de directives, les unes
plus tatillonnes que les autres, les unes plus sévères que les
autres, quant au comportement que ces instances décentralisées
ont à accomplir chaque jour sur le territoire du Québec.
Finalement, le troisième objectif du ministre de l'Education, je
dois dire, dans le discours des discours, c'était pouvait-il
éviter encore celui-là l'amélioration du climat
dans les écoles. C'est là le jeu auquel le ministre et les
technocrates du ministère, à certaines occasions, se plaisent
à se laisser aller. C'est-à-dire qu'on prend souvent le
crédit ou le mérite d'une initiative dont,
répète-t-on, l'application, le choix de l'application, la rigueur
de l'application, la tenue de l'application, l'étendue de l'application
est du parfait ressort de ces instances décentralisées. On se
contente de dire, comme on a déjà dit à des
émissions télévisées au Québec: Certains
hauts fonctionnaires du ministère... De notre côté, nous
avons tout fait.
Il n'en tient plus maintenant qu'aux instances
décentralisées à appliquer ce règlement, à
bénéficier des largesses du ministère. Elles n'ont
maintenant qu'à nous donner la preuve qu'elles ont l'intention
d'établir sur le territoire de la Commission scolaire régionale
de l'Amiante, par exemple, telle et telle mesures que le ministère est
prêt à endosser, que la direction générale de
l'enseignement élémentaire et secondaire a
préparées pour ses commissions scolaires pour que, bingo, la
chose soit faite.
Mais, de l'autre côté, les instances
décentralisées, sur qui on fait maintenant reposer l'application
de ce règlement, autrement dit sur qui on se lave maintenant les mains
autant pour les bienfaits que pour les méfaits de l'application de
certains règlements en disant : Ce sont les commissions scolaires qui
l'appliquent, lorsqu'elles parlent elles parlent dans chacune des
régions du Québec, elles occupent, il faut lire les hebdos
régionaux du Québec quelquefois seulement pour s'apercevoir que
ces instances décentralisées comme le ministre les appelle, sont
drôlement présentes dans la vie des régions du
Québec qu'est-ce qu'elles disent? Elles se disent
limitées, menottées, encarcanées dans des directives du
ministère de l'Education. Elles doivent fonctionner dans des enveloppes
budgétaires qui ont été fixées à l'avance et
en dehors desquelles elles ne sauraient agir à moins de justifications
devant être fournies par un nombre incalculable de copies et devant
tramer sur un nombre inimaginable de bureaux avant d'obtenir une réponse
infranchissable et je dois dire inchangeable.
C'est ainsi que, sur cette question importante du climat des
écoles, ce troisième objectif que le ministre fixait dans le
discours des discours, ce climat des écoles, on sent que la solution
actuellement ou les mesures appropriées à venir, les solutions,
les idées qu'on imagine sont prises quelque part entre les instances
décentralisées et le ministère.
D'un côté, on a Mme Francoeur-Hendricks, qui répond
habilement à des questions en disant : C'est du ressort des commissions
scolaires. Elles n'ont qu'à faire leur demande. La direction
générale que Mme Francoeur-Hendricks dirige ou d'autres sont
prêtes à appuyer, dans la mesure du possible, dans les enveloppes
budgétaires, dans les normes du ministère, tel et tel
règlement. Tout de suite on se retrouve là-dedans.
De l'autre côté, on dit: On ne peut pas corriger cela,
parce que le ministère nous tient les mains comme cela. Cela nous
prendrait un budget de tant et tant pour les activités parascolaires, de
tant et tant pour cela. Voilà donc ce troisième objectif que le
ministre n'a pas atteint, cette année et sur lequel, je crois, il ne
peut plaider aucune amélioration par rapport à l'année
précédente. Voilà donc où on retrouve l'endroit de
son échec. C'est justement ce jeu de balle qui nous rappelle, M. le
Président, ce que nous connaissons à l'Assemblée nationale
dans d'autres domaines, le jeu de balle entre le fédéral et le
provincial.
On n'est pas responsable d'un côté. On n'est pas
responsable de l'autre. On a préparé les plans, mais c'est aux
provinces de jouer dans les plans du fédéral. D'un autre
côté, les provinces blâment le fédéral de ne
pas leur laisser suffisamment de liberté de manoeuvre. On se retrouve
dans ce même climat et les objectifs, comme ceux que se fixait le
ministre de l'Education à l'ouverture de l'actuelle session scolaire en
cours, n'ont pas été atteints.
M. le Président, je conclus en vous disant qu'un survol rapide,
évidemment sans les explications que nous obtiendrons au cours des
séances de cette commission, des programmes et la lecture attentive de
tout ce qui se dit et s'écrit dans le domaine de l'éducation,
tout ce qu'on peut laisser imaginer, ne nous permettent pas de prévoir
autre chose, au cours de la prochaine année, que le constant souci de
remplir du mieux que l'on peut les activités quotidiennes qui deviennent
de plus en plus accaparentes, qui l'emportent dangereusement au point que
peut-être on se retrouvera, à un moment donné, où il
sera trop tard, l'emportent dangereusement, dis-je, sur la nécessaire
réflexion sur les objectifs globaux du système d'éducation
québécois que nous devons mainte-
nant répandre au Québec. L'heure, je crois, en est
maintenant venue.
M. le Président, j'appuie cette affirmation d'un seul exemple,
auquel j'aurai l'occasion de revenir. C'est le ministre lui-même qui y a
fait allusion, je me sens donc parfaitement à l'aise d'y revenir dans
ces remarques préliminaires.
Il s'agit de cette mission qu'a confiée le ministre de
l'Education au Conseil supérieur de l'éducation, l'étude
de la situation générale de l'enseignement collégial au
Québec. Nous aurons l'occasion d'en reparler, mais j'en parle à
une seule fin. Le Conseil supérieur de l'éducation, sans
évidemment s'être prononcé sur les mémoires qu'il a
reçus, sans non plus avoir fait quelque appréciation que ce soit
sur la qualité des mémoires qu'il a reçus, a quand
même déjà jugé bon de rendre publics certains des
mémoires qu'il a reçus. Certains organismes qui ont
déposé devant le ministère, certains organismes qui ont
déposé devant le Conseil supérieur de l'éducation,
ont pris d'eux-mêmes de faire connaître au public ce qu'ils avaient
déposé sur la table du Conseil supérieur de
l'éducation pour alimenter sa réflexion. Je ne présume en
rien du travail du Conseil supérieur d'éducation; je parle
seulement de ce que les groupes qui se sont prononcés sur le
système d'enseignement collégial actuel ont fait. On est surpris
de voir comment le désenchantement, comment la volonté de
transformation radicale de l'enseignement collégial occupe
déjà les couches qu'on pourrait présupposer, à
certaines occasions, opposées de la société
québécoise, et qui font unanimité là-dessus, pour
faire un procès sévère de l'enseignement collégial
au Québec. J'ai parfaitement confiance en la qualité de jugement
du Conseil supérieur de l'éducation et je ne sais pas quelles
conclusions tirera le Conseil supérieur de l'éducation, mais
qu'on prenne seulement le fait que, après sept ans d'existence de ce
système d'éducation, ce système collégial, on est
insatisfait soit chez les professionnels, soit jusqu'aux régions qui se
plaignent, par exemple, du manque d'effet, d'entraînement, de la
régionalisation de l'enseignement collégial. Partout, pour une
raison ou pour une autre, je ne dis pas que c'est pour l'ensemble, on est
insatisfait, et on l'exprime parfois en termes très
sévères. Tout cela pour ajouter à mon affirmation
première, qu'on en a la preuve, simplement par ce symptôme, qu'on
est prêt à remettre en question les objectifs fondamentaux et les
grandes orientations du ministère de l'Education.
H ne faut plus se laisser paralyser par des activités
quotidiennes parce que, si cela paralyse l'activité du ministère,
on ne pourra pas éviter la réflexion, elle se fera, mais elle se
fera en dehors du ministère, à rencontre du ministère et
cela ne profitera en rien au développement du Québec. J'en suis
convaincu. Aussi bien au ministère de s'ouvrir à cette
réflexion. Je crois que le jeune ministère des années
soixante a vieilli prématurément, peut-être faute d'une
direction capable d'imaginer de nouveaux objectifs, mais c'est maintenant
à cette tâche parce que tous les parents vont vous le dire
qu'il faut maintenant se pencher plutôt que d'essayer de raccorder
des bouts de ficelle et de se pencher sur un nombre incalculable de
problèmes pour faire tenir ensemble une bâtisse qui, si on
hésite à la réparer pendant qu'elle est là,
flanchera à un certain moment et nous en porterons tous la
responsabilité si nous ne l'avons pas fait à ce moment.
En fin de compte, c'est dans cet esprit et pour cet objectif que je suis
disposé à entreprendre l'étude des crédits du
ministère de l'Education.
M. LE PRESIDENT (M. Pilote): Le ministre de l'Education.
M. CLOUTIER: M. le Président, je félicite le
député de Saint-Jacques. Il s'en est bien tiré. Je dois
avouer que cela n'est pas facile, dans les circonstances. En fait, je pense
que, pour tout esprit raisonnable, il est bien évident qu'il y a une
vaste remise en question du ministère qui est entreprise depuis au moins
deux ans et cette vaste remise en question du ministère touche à
peu près tous les secteurs.
Le député de Saint-Jacques a repris cet exemple de la
mission confiée au Conseil supérieur de l'éducation.
Pourquoi cette mission a-t-elle été confiée...?
Précisément, parce que nous avons entrepris cette remise en
question.
Nous avons donné, pour la première fois, à un
organisme comme le Conseil supérieur de l'éducation, un mandat
particulier parce que le ministre, comme je pense un bon nombre de
fonctionnaires, était parfaitement conscient des difficultés du
système collégial.
C'est très joli de s'amuser, je le comprends fort bien et je n'en
veux pas au député de Saint-Jacques, en disant que le ministre se
penche sur certains dossiers, mais je pense qu'il faut tout de même
avouer que la première démarche dans une remise en question est
l'information, la collection des données.
Je suis de ceux qui pensent, et je ne l'ai jamais caché, que le
régime collégial a été mis en place beaucoup trop
rapidement. Il y a eu de l'improvisation, pour ne pas dire beaucoup de
naiveté également dans le "management" de toute cette
opération, et c'est une des priorités que je me suis fixée
aussitôt que la chose a été possible de revoir l'ensemble
de cette question qui mènera très certainement à un
réaménagement de la loi 21. Il faut avouer que ceci prend du
temps.
Le député de Saint-Jacques a retenu les trois
priorités dont je faisais état dans le discours de la
rentrée. Il est bien évident que, même s'il y a des points
de marqués, et ceci, il l'a admis lui-même, les problèmes
ne sont pas réglés et ne le seront jamais.
Ce sont là des objectifs qui témoignent
précisément de cette immense remise en question qui
s'impose après dix ans d'existence du ministère de l'Education.
Le dialogue avec les enseignants, il faudrait être
particulièrement naif pour s'imaginer qu'il est rétabli. Je n'ai
jamais dit cela. Je me suis contenté de souligner que, pour la
première fois, il y avait eu, dans un climat qui n'existait pas
auparavant, des rencontres. En fait, le véritable test sera les
négociations de la prochaine convention collective et nous en
discuterons au programme des relations de travail. C'est là
véritablement que nous pourrons donner, probablement, le coup de barre
de cette remise en question. Il y a une quantité de concepts qui
touchent actuellement le mode de gestion de notre système
d'éducation qui sont des matières de négociation
collective.
Il est bien évident qu'il y a des choses qui ne seront pas
acquises avant qu'elles ne soient incluses dans des conventions collectives et,
par conséquent, fassent l'objet de négociations qui seront
certainement ardues. Mais cependant, je crois qu'il y a là un premier
pas et il convient de le souligner.
Il en va de même de la lourdeur de la machine administrative. Vous
pensez bien que si je l'ai déplorée, c'est parce que je suis
comme le député de Saint-Jacques d'ailleurs, un élu et je
me fais le représentant du peuple. Je cherche à faire
évoluer un ministère et il est exact que le ministère de
l'Education est une très grande machine et que ceci comporte une
tendance à la sclérose, une tendance au manque d'ouverture. Il
appartient justement à celui qui le dirige de tenter de changer tout
cela et je dois dire d'ailleurs j'en remercie tous mes collaborateurs
à tous les niveaux que j'ai toujours trouvé la plus grande
loyauté pour ces grandes remises en question. Pour ne donner qu'un
exemple, la lourdeur de la machine administrative ne pourra
véritablement être réduite, bien que nous ayons obtenu des
résultats sur bien des points, que lorsqu'on en arrivera à la
décentralisation et à une décentralisation
véritable. Nous en sommes loin, c'est évident, mais nous avons
tout de même et nous le verrons en cours de route, si les
questions s'y prêtent introduit des modifications
considérables. Je pense, par exemple, au fait que dorénavant les
commissions scolaires auront une seule enveloppe. Ceci est une démarche
qui s'oppose à toute l'orientation centralisatrice d'autrefois.
Bien sûr, la marge de manoeuvre est réduite par le fait que
dans ces enveloppes il y a 70 p.c. à 75 p.c. qui sont consacrés
au traitement des enseignants. Mais ceci est un fait que l'on retrouve partout.
Il y a eu deux commissions qui ont été formées: la
commission sur la tâche des enseignants dans le secteur collégial
et la commission sur la tâche des enseignants dans le secteur
élémentaire et secondaire. Ces commissions doivent nous apporter
des données qui nous manquaient. Pour ma part, j'ai toujours dit que je
n'étais pas attaché aux sacro-saints "ratios". Cela me rappelle
le député de Rich- mond qui parlait toujours des fameuses normes
du ministère comme s'il s'agissait du diable, mais il est exact que ces
normes ont été beaucoup trop contraignantes. Ce qu'il faut
comprendre, et je n'en veux absolument pas au député de
Saint-Jacques de tenter d'accélérer le mouvement, même ceci
entrepris, c'est qu'il faut tout de même un certain temps. Si j'ai
cité les discours de la rentrée, c'est précisément
parce que toutes ces remises en question, ou l'orientation qu'on cherche
à leur donner est là. En ce qui concerne le climat dans les
écoles, c'est certainement le point sur lequel nous sommes, pour
l'instant, le plus faibles. Il est bien évident que malgré
l'existence du règlement numéro 7, on se souvient de la crise que
l'introduction de ce règlement avait amenée, c'est la raison pour
laquelle il a été modifié pour qu'il soit plus facilement
applicable, il n'est pas utilisé partout mais il reste que, sur le plan
pédagogique, il y a des expérimentations extrêmement
intéressantes au Québec. Il y a beaucoup de critiques
adressées au système d'éducation, beaucoup de critiques
adressées à certaines écoles aussi, mais on parle surtout
de ces écoles-là.
Il reste que tout est à faire.
Je me réjouis d'avoir reçu enfin le rapport de la
commission dite POLY pour polyvalente, qui précisément nous fait
des suggestions extrêmement heureuses. Je crois que nous allons
déposer ce rapport également dont on a pu prendre connaissance.
Je l'ai rendu public aussitôt que possible par la voie des journaux,
étant donné que nous n'étions pas en session à ce
moment. Encore fallait-il avoir ces éléments que nous n'avions
pas. Sans doute, l'opération "Ecoles polyvalentes" a-t-elle aussi
démarré bien rapidement. Mais nous avions ceci doit
être dit, à la décharge de ceux qui l'ont fait des
retards considérables à prendre. Je suis convaincu maintenant que
grâce à cette remise en question, nous pourrons en arriver
à des formules un peu plus satisfaisantes. Déjà, je me
suis prononcé en ce qui concerne la taille des écoles. Je suis,
depuis des années d'ailleurs, contre des écoles trop
considérables, comme d'ailleurs des hôpitaux trop
considérables. C'est aussi valable pour tout type d'institutions. Dans
la limite où j'ai pu influer sur la programmation, je me suis
arrangé pour qu'on ne dépasse pas un nombre, qui
déjà est trop élevé, de 1,500. On devrait essayer
de pouvoir plafonner autour de 1,000, mais il ne faut pas quand même
penser qu'il n'y a pas là des modifications.
Je m'arrête là. Je voulais simplement compléter mes
remarques générales à la lumière des remarques du
député de Saint-Jacques. Pour ma part, je suis prêt
à procéder. Je n'ai pas présenté le sous-ministre,
parce que j'attendais de le faire au moment du premier programme
budgétaire, alors que nous discuterons du personnel. Ceci me paraissait
tout indiqué et je suis très heureux que le député
de Saint-Jacques m'ait devancé. Le nouveau sous-ministre titulaire est
M. Pierre Martin qui n'est d'ailleurs pas parent
avec l'ancien sous-ministre, M. Yves Martin, qui est actuellement
président de la Régie de l'assurance-maladie. Si le
député de Saint-Jacques me le permet, en cours de route, je
pourrai demander à certains fonctionnaires d'apporter des
précisions, surtout des précisions techniques. Je leur donnerai
la parole si je m'aperçois que les questions s'y prêtent ou qu'il
est utile peut-être de faire un tour d'horizon du travail d'un service ou
d'une direction.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce qu'on peut considérer qu'il est
6 heures et suspendre les travaux à 8 h 15? Il est déjà 5
h 55.
M. TETLEY: A 8 heures et quoi?
LE PRESIDENT (M. Pilote): A 8 h 15. Alors, la commissions suspend ses
travaux à 8 h 15.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
Reprise de la séance à 20 h 30
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Nous étions rendus au programme 1, page 10-5: Administration et
conception. Si vous me le permettez, M. le ministre, j'ai paginé sur
cette feuille-ci chacune des pages qui se réfèrent aux programmes
parce qu'il va falloir revenir d'une page à l'autre. Le programme 1,
c'est la page 10-5. Si vous voulez le marquer sur votre feuille, cela va vous
aider. Le programme 5, groupe 2, c'est la page 10-15. Le programme 6, c'est
page 10-19. Le programme 7, c'est 10-23, groupe 3. Le programme 9, c'est la
page 10-27. Le groupe 4, le programme 8, c'est la page 10-25. On saute le
programme 9 pour le programme 10 à 10-31 et on a le programme 2 à
10-7 et le programme 6 à 10-19, pour la section administration. Groupe
5, programme 11, la page est 10-33. Le programme 12, c'est la page 10-37. Le
programme 13, c'est la page 10-39. Le programme 14, c'est la page 10-41. Le
programme 18, c'est la page 10-49 et le groupe 7, programmes 2 et 7, la page
est 10-7 et 10-23. Le groupe 8, le programme 2, c'est 10-7. Le groupe 9, le
programme 3, la page est 10-11. Le groupe 10, programme 4, la page est 10-13.
Le groupe 11, programme 17, la page est 10-47; 15 et 16, cela suit, 10-43 et
10-45. Je pense que cela va nous aider dans notre travail.
Programme 1 : Administration et conception. La parole est au ministre de
l'Education.
Administration et conception
M. CLOUTIER: Le programme 1 : Administration et conception, comprend
trois éléments, 1, 2 et 3, c'est-à-dire direction,
planification et gestion. Nous pouvons peut-être commencer par 1,
direction.
Direction
LE PRESIDENT (M. Pilote): Elément 1.
M. CLOUTIER: Est-ce qu'il y a des questions?
M. CHARRON: Oui. La direction, c'est le cabinet du ministre.
M. CLOUTIER: Ce n'est pas que le cabinet du ministre. C'est le cabinet
du ministre, le cabinet du ministre responsable du Haut-Commissariat à
la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports, le bureau des sous-ministres et le
service de l'enseignement catholique et le service de l'enseignement protestant
qui est rattaché...
M. CHARRON: Combien de sous-ministres, en tire d'abord, et adjoints
ensuite, a le ministre de l'Education actuellement?
M. CLOUTIER: M. Pierre Martin, que je vous ai présenté
tout à l'heure, est le sous-ministre titulaire; deux sous-ministres
associés, comme la loi nous l'impose, M. Jean-Marie Beauchemin,
sous-ministre associé de foi catholique et M. Sylvester F. White,
sous-ministre associé de foi protestante. Les sous-ministres adjoints
sont MM. Robert Girard, Claude Beau-regard, Mlle Thérèse Baron,
M. Maurice Mercier, et M. Yves Bélanger qui s'occupe
particulièrement du Haut-Commissariat, ainsi que M. Gaston Cholette qui
s'occupe particulièrement de l'Office de la langue française.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Elément 1. Adopté?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Elément 2:
Planification.
Planification
M. CHARRON: La Direction générale de la planification est
toujours assumée par M. Fontaine?
M. CLOUTIER: Toujours, en effet. Je vais demander à M. Fontaine
de rester à notre disposition.
M. CHARRON: M. Fontaine n'en est pas à sa première
expérience non plus à l'étude des crédits. Nous
recherchons toujours à cet élément les
développements produits au cours de la dernière année au
chapitre de la planification. Parce que depuis cinq ans que j'étudie les
crédits de l'Education, ce sont à peu près toujours les
mêmes groupes d'étude qui ont été formés,
soit Education et emploi, Education et affaires étudiantes, certains
sont peut-être arrivés dernièrement, comme Education et
planification régionale. J'aimerais que le ministre fasse le point sur
les études menées dans chacun de ces groupes d'étude.
M. CLOUTIER: Avec plaisir, ce sont en effet toujours les mêmes
groupes parce que ce sont des groupes permanents qui sont des groupes de
concertation. En fait, la Direction générale de la planification
travaille de plus en plus étroitement avec les diverses directions
générales du ministère. Il y a le groupe Education et
emploi, le groupe Statistique et analyse démographique, le groupe
Objectif et économie, le groupe Fonctionnement des
établissements, le groupe Contenu de formation et le groupe Education et
affaires étudiantes. Je pourrais dire qu'en 1973/74 il y a eu, dans le
domaine des programmes de formation personnelle, la mise au point de guides
méthodologiques qui ont été faits avec les directions
générales impliquées.
Il y a eu des recherches concernant le placement des étudiants,
en particulier les conditions d'insertion sur le marché du travail des
élèves qui ont quitté le système scolaire. Il y a
actuellement une recherche en cours sur l'analyse des tâches du personnel
enseignant. Il ne faut pas confondre cette recherche en cours avec celle dont
je vous ai parlé dans mes remarques préliminaires alors que je
faisais allusion à une commission sur la tâche des enseignants.
Cette commission a été créée par le décret
tenant lieu de convention collective, mais la nécessité d'un
groupe de réflexion au sein même du ministère s'impose.
Il y a au sein du groupe Statistique et analyse démographique des
travaux constants qui permettent de tenir compte des variations des populations
scolaires. D'ailleurs, tous ces textes ont été rendus publics.
Dans le cadre de la révision de nos immobilisations, c'est le service de
la planification qui nous fournit les renseignements nécessaires sur ces
variations de population scolaire, parce qu'il est évident que la taille
d'une école est liée à la population et que les
prévisions, qui ont été faites il y a un certain nombre
d'années, se révèlent plus ou moins exactes. Il est, par
conséquent, nécessaire de réviser.
Il y a un certain nombre d'autres dossiers qui sont actuellement
à l'étude dans cette direction générale. Je pense
aux objectifs de l'éducation dont on a parlé également
dans les remarques préliminaires et aux études qui portent sur
les contenus de formation. Il s'agit d'études permanentes
également.
Je crois que ce qu'il y a de plus intéressant dans
l'évolution de la direction générale, c'est alors qu'il
fut une époque où celle-ci travaillait d'une manière un
peu théorique, faisait des recherches sur des points précis, elle
implique de plus en plus, comme je l'ai laissé entendre, les
différentes directions générales et joue un rôle qui
est un rôle d'orientation au sein du ministère.
M. CHARRON: La direction générale de la planification
comporte combien de fonctionnaires actuellement?
M. CLOUTIER: A l'effectif, 102: 64 permanents, 38 occasionnels, pour
1974/75, alors que nous avions, en 1973/74, 64 réguliers et 18
occasionnels.
M. CHARRON: Est-ce que ces personnes travaillent de façon
permanente, dans les différents groupes permanents que vous avez
nommés, comme Education et emploi, Education et affaires
étudiantes, ou si les mêmes personnes font partie de plusieurs
groupes à la fois?
M. CLOUTIER: Oui, en général, ce sont les mêmes
personnes qui travaillent, mais il peut arriver qu'il y en ait qui participent
à plusieurs
groupes. C'est ainsi, par exemple, que je vous ai surtout parlé
des activités de l'année précédente, mais pour
1974/75, un des dossiers les plus importants sera le dossier de la
décentralisation. Nous avons mis en place un comité au plus haut
niveau. C'est le sous-ministre titulaire qui suivra ces travaux de très
près, et qui a pour but de tenter d'identifier au niveau de toutes les
activités du ministère comment nous pourrions incarner ce concept
de décentralisation. Dans le discours de la rentrée, il en est
fait état, mais il est bien évident que ceci doit être
réalisé au niveau des activités quotidiennes. Ce groupe a
mis au point une méthodologie d'ailleurs assez complexe et la
planification y participera.
M. CHARRON: Qui est responsable, en titre ou à peu près,
du groupe d'Education et emploi?
M. CLOUTIER: M. Jean L'Hérault.
M. CHARRON: L'étude rendue publique au cours de l'année
sur la situation des étudiants qui ont abandonné le secondaire ou
terminé le secondaire général et professionnel, et dont le
niveau de revenu actuel n'est pas particulièrement reluisant, si on
regarde l'étude telle quelle, est-elle une étude qui a
été conduite au cours de l'année actuelle ou si les
étudiants qui font partie du sondage, qui ont été
sondés, datent d'une autre session scolaire?
M. CLOUTIER: Elle s'est terminée en juin, l'année
dernière.
M. CHARRON: En juin 1973.
M. CLOUTIER: Je crois que le député de Saint-Jacques se
trompe quand il parle de résultat peu reluisant, parce qu'en fait, j'ai
cru comprendre en tout cas, moi, qui ai parcouru le document, que le
résultat était loin d'être insatisfaisant.
M. CHARRON: Cela dépend de quel point de vue, de quel endroit
vous vous satisfaisez, et de quel endroit vous n'êtes pas satisfait.
M. CLOUTIER: C'est bien pour cela que j'ai posé la question.
M. CHARRON: Quand on dit que plus que la moitié des finissants
des institutions secondaires ou collégiales du Québec occupaient
en janvier 1973 des emplois rémunérés à moins de
$110 par semaine, je ne considère pas cela comme une situation
particulièrement reluisante.
M. CLOUTIER: Vous savez, il s'agit d'élèves qui sortent du
secondaire et qui accèdent immédiatement au marché du
travail. Je pense qu'il faut quand même se rendre compte du niveau
d'emploi que cela signifie.
M. CHARRON: II faut faire attention, parce que sur les 15,000
étudiants qui ont été sondés, il y en avait plus de
la moitié qui étaient des finissants du professionnel.
M. CLOUTIER: Du professionnel du niveau secondaire.
M. CHARRON: Je l'admets.
M. CLOUTIER: II ne faut pas confondre avec le professionnel du niveau
collégial, qui représente déjà un niveau plus
élevé.
M. CHARRON: Est-ce que ce sondage a été mené dans
tout le Québec ou dans une région en particulier?
M. CLOUTIER: II a été mené dans chacune des
régions.
M. CHARRON: Dans chacune des régions. M. CLOUTIER: Dans chacune
des régions.
M. CHARRON: Est-ce qu'on mène un sondage actuellement au niveau
collégial également?
M. CLOUTIER: II faudrait savoir de quel document parle le
député de Saint-Jacques, parce qu'il y en a plusieurs et
manifestement, son conseiller lui souffle quelque chose, comme d'ailleurs le
mien, et j'aimerais bien savoir si nous parlons du même document, parce
qu'il y a une étude qui porte sur le secondaire et le collégial
et qui porte sur une population d'à peu près 50,000
élèves. Est-ce qu'il s'agit de cette étude?
M. CHARRON: Celle dont je fais état a été
dévoilée très récemment, le lundi 25 mars 1974.
M. CLOUTIER: C'est celle-là. M. CHARRON: C'est celle-là?
M. CLOUTIER: Oui.
M. CHARRON: Et elle porte sur combien, avez-vous dit?
M. CLOUTIER: II y a un échantillon d'environ 50,000
étudiants qui ont été sondés, l'ensemble des
étudiants du professionnel secondaire et du professionnel
collégial. Il y a un échantillon représentatif des gens
qui ont quitté le secteur général.
M. CHARRON: Se peut-il que, de tout l'échantillonnage, 15,995
soient des étudiants du secondaire?
M. CLOUTIER: Oui. C'est possible. Je n'ai pas les chiffres exacts en
mémoire.
M. CHARRON: Parce que les chiffres que j'ai ici ne traitent que du
secondaire. C'est pour cela que je vous posais la question.
M. CLOUTIER: Je pense que nous parlons de deux études
différentes. Ma réponse s'adressait à votre
première question qui portait, effectivement, sur le professionnel
secondaire alors que là, nous avons, semble-t-il, élargi. Nous
débouchons sur une autre étude qui inclut le secondaire et le
collégial.
M. CHARRON: Quel est le revenu moyen des étudiants ayant
terminé le collégial dans la même étude? Est-ce plus
élevé que le salaire moyen?
M. CLOUTIER: Oui. Il est plus élevé que celui du
secondaire et cela fait partie de la même étude. C'est dans le
même document exactement que celui auquel vous faites
référence qui s'appelle Relance 1973 et qui fait la relance en
mars des étudiants qui ont quitté le secteur secondaire et le
secteur collégial à la fin de l'année scolaire
précédente, qui ont donc séjourné pendant quelque
six mois sur le marché du travail ou chez eux s'ils étaient en
chômage.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre...
M. CLOUTIER: Le document a été diffusé, mais je
n'ai pas d'objection à le déposer et même à faire
plus que le déposer, à le transmettre directement par
l'intermédiaire du président et du député de
Fabre.
M. CHARRON: Merci. Il y a déjà deux ou trois ans, je pense
même que c'est l'ancien ministre de l'Education avant celui qui occupe le
fauteuil actuellement qui avait demandé à la Direction
générale de la planification peut-être que cela se
trouve dans la même étude, je ne sais pas parce que je viens de
l'avoir d'étudier aussi ce qu'on appelle le
phénomène des "dropouts". Est-ce que c'est dans cette
étude que cela se retrouve?
M. CLOUTIER: C'est le tome I, une étude que vous avez en main. Le
tome II est en train d'être rédigé et traite
spécifiquement des "dropouts".
M. CHARRON: C'est-à-dire cause et effet.
M. CLOUTIER: C'est cela.
M. CHARRON: II sera publié quand?
M. CLOUTIER: J'imagine dans deux mois, deux mois et demi, à peu
près.
M. CHARRON: Le ministre possède cet exemplaire, il
possédera l'autre dans deux mois, j'imagine un peu avant nous autres, le
résultat complet de l'analyse. Quelle suite politique entend-il donner
aux travaux de la Direction générale de la planification?
M. CLOUTIER: Sur ce plan précis? Je pense qu'il existe
déjà des mécanismes de concertation, après le
ministère de l'Industrie et du Commerce et le ministère du
Travail, qui visent à essayer de coller le plus possible à la
réalité en ce qui concerne l'emploi. Je ne vois pas pourquoi il
serait nécessaire de modifier ces organismes. Tout dépendra des
résultats que nous donnera l'étude, mais les approximations nous
laissent entendre que nos étudiants se placent d'une façon fort
satisfaisante; c'est le cas, en tout cas, au niveau collégial. La
majorité des étudiants du collégial, même s'il y a
des réserves à faire sur le réseau lui-même ou sur
certaines options, se sont placés, c'est un fait.
M. CHARRON: Le quotidien qui rapportait la publication de ce rapport
qu'on vient d'avoir en main mentionnait que le second volet de l'étude
sera publié bientôt et portera sur les restrictions dans le choix
d'un emploi pour les finissants.
M. CLOUTIER: Cela a été l'interprétation assez
fautive de ce que sera le deuxième tome qui est très bien
décrit, d'ailleurs, dans le document que vous avez entre les mains
à l'heure actuelle. Il s'agit de faire l'analyse des gens qui ont
quitté avant terme, avant d'avoir complété leurs
études, le système scolaire, donc les "dropouts".
M. CHARRON: Auprès de combien de jeunes "dropouts" cela a
été mené, cette deuxième phase?
M. CLOUTIER: Je ne pourrais pas vous dire exactement les chiffres, je ne
les ai pas en mémoire, c'est assez facile quand même de les
retracer et de vous les communiquer.
La façon dont on a procédé, c'est comme je vous le
signalais tout à l'heure, c'est de faire le tour de l'ensemble des gens
du secteur professionnel, qui s'étaient inscrits au début de
l'année. Ceux donc qui ont "droppé" au cours de l'année
sont couverts par le deuxième tome de l'étude, et la même
chose au niveau du secteur général.
A ce propos, je ne sais pas ce que le député de
Saint-Jacques essaie de savoir ou de prouver, mais le phénomène
du "dropout" est un phénomène pratiquement inévitable dans
la mesure où on a choisi de démocratiser l'enseignement et
d'avoir toute une jeunesse dans le système scolaire. Il faut par
conséquent ne pas trop s'étonner si les chiffres sont beaucoup
plus élevés qu'ils ne l'étaient dans les structures
d'éducation traditionnelle.
Bien sûr, il faut prendre toutes les dispositions pour les
minimiser le plus possible. Mais je crois qu'il est parfaitement illusoire de
s'imagi-
ner que le phénomène en arrivera à
disparaître. C'est là d'ailleurs la raison pour laquelle notre
système essaie d'être le plus souple possible, et soit dit en
passant, la réforme que l'on a tentée en France et que
j'espère qu'on va continuer de tenter tenait justement compte de
certaines dimensions qui sont caractéristiques de notre système,
en particulier, la possibilité de déboucher sur le marché
du travail dès le secondaire.
M. CHARRON: Je ne veux pas éviter la discussion que le ministre
entame pour le moment, parce qu'elle est importante. Mais avant d'expliquer au
ministre ce que je cherchais par les questions, j'en ai d'autres encore
à poser sur ce...
Par exemple, si je prends, à la page 168, votre document, au
premier paragraphe au haut de la page, on dit: "Les différences entre
les sortants des deux niveaux sont énormes en ce qui concerne le salaire
hebdomadaire. La catégorie modale du salaire des diplômés
du secteur professionnel du secondaire se situe entre $60 et $80 par semaine,
alors qu'elle est de $110 et plus pour les diplômés du
collégial".
Je conçois aisément pourquoi il y a une différence
qui favorise le secteur collégial par rapport au secteur secondaire.
M. CLOUTIER: C'est le marché du travail uniquement qui
détermine la différence.
M. CHARRON: Quand on a un revenu à ce point minimum de $60
à $80 au. niveau secondaire, c'est même en deça du salaire
minimum même généreusement augmenté de $0.10 qu'on
va avoir à compter de demain, parce que ça me laisse une
interrogation: Est-ce que l'étudiant détenteur d'une formation
secondaire professionnelle, une fois sur le marché du travail, se
retrouve, à toutes fins pratiques, dans l'équivalent de ce qu'il
aurait s'il avait une formation générale? Est-ce que la formation
professionnelle au niveau secondaire, lorsqu'elle est unique et ne se poursuit
pas par le collégial et par une autre formation par la suite, est
absolument inadéquate pour ce qui concerne la possibilité pour ce
travailleur de s'assurer un revenu qui soit un peu décent.
M. CLOUTIER: Puisque le député de Saint-Jacques a choisi
de discuter cet aspect, je le réfère à la page 37
où il aura justement une espèce de ventilation des
différents secteurs qui sont couverts. Il s'agit bien sûr du
collégial et du secondaire. Il existe des problèmes très
sérieux au niveau du professionnel, du secondaire. Il y a des
problèmes très sérieux, c'est certain.
Un point qui est à souligner et qui me semble extrêmement
important, c'est la facilité beaucoup plus grande qu'ont les
étudiants du secteur professionnel de trouver un emploi par rapport
à ceux qui ont quitté le secteur général. Il y a
vraiment une différence significative.
M. CHARRON: Mais, des emplois entre $60 et $80 par semaine.
M. CLOUTIER: Les autres pour le secteur général ne sont
pas plus reluisants.
M. CHARRON: Non. J'imagine bien. Je donne un exemple. Je sais
très bien quel genre d'emploi cela peut être. Par exemple, cela
peut être travailler au "shipping" dans une entreprise, entasser des
boîtes dans un camion qui va aller les livrer à l'aéroport
ou ailleurs. A ce moment-là, le fait que l'étudiant ait
quitté le secondaire professionnel ou le secondaire
général, cela n'a aucune espèce d'importance.
M. CLOUTIER: Je ne vois pas très bien où veut en venir le
député de Saint-Jacques. L'instruction était obligatoire
jusqu'après l'élémentaire à venir jusqu'à
quelques années. Maintenant, l'instruction est obligatoire
jusqu'après le secondaire. Cela n'a pas changé le marché
du travail.
M. CHARRON: Non.
M. CLOUTIER: Je ne sais pas si on ne cherche pas à régler,
par le biais de l'éducation, des problèmes qui débordent
l'éducation.
M. CHARRON: Un étudiant qui ne fait que son secondaire et qui
abandonne à la fin de son secondaire, qu'il ait fait son professionnel
au secondaire ou le général, une fois sur le marché du
travail, il se retrouve à peu près dans la même
situation.
M. CLOUTIER: Probablement. Il est possible que l'étude, bien que
cela ne m'apparaisse pas clairement à moi, le démontre, il reste
que, semble-t-il, celui du professionnel se place plus facilement parce qu'il a
tout de même un métier, ce qui n'est pas le cas du
général.
M. CHARRON: Oui, mais un métier à $60 et $80 par semaine,
si vous appelez cela un métier... c'est très passager.
M. CLOUTIER: Bien sûr, mais je me demande si on ne mélange
pas deux problèmes actuellement. Il y a d'une part la structure de
l'éducation et il y a d'autre part le marché du travail et les
conditions de la société. C'est pour cela que je ne vois pas
très clairement ce que le député de Saint-Jacques
recherche.
M. CHARRON: Je ne cherche pas plus que ce que je...
M. CLOUTIER: Alors, mes réponses sont claires.
M. CHARRON: Je pense qu'on a une affirmation, peut-être. Je ne
sais pas si je force les chiffres, mais il y a une possibilité de
conclure que la formation professionnelle au niveau
secondaire, si elle n'est pas accompagnée d'une formation
collégiale par la suite, ne soit pas ce qu'on appelle une formation
terminale. Non seulement n'est-elle pas terminale, mais elle ne garantit pas,
dans l'échelle des revenus, une meilleure situation que la formation
générale.
M. CLOUTIER: Je serais d'accord sur cela. J'irais même
jusqu'à dire qu'à notre époque aucun diplôme et
aucune formation ne garantit d'emplois. Dans la mesure où on a fait
l'option de démocratiser l'enseignement, il faut bien admettre que
l'économie ne peut pas nécessairement absorber tous les
diplômés. Si le député de Saint-Jacques essaie de
mettre en évidence le fait qu'il y a tout intérêt à
continuer ses études après le secondaire, je suis
entièrement d'accord.
Disons même que, dans la mesure où on a
démocratisé, il faut aller plus loin pour se retrouver à
un niveau qui aurait été le même il y a quelques
années avec une formation moindre.
M. CHARRON: C'est ce qui peut nous permettre de dire qu'un
étudiant au niveau secondaire qui s'inscrirait au professionnel avec
l'idée d'abandonner à la fin de son secondaire professionnel se
leurrerait, lorsqu'on regarde les résultats, s'il ne pense pas aller
plus loin, ça ne l'avantage pas plus au point de vue de la
sécurité, par la suite, que de faire son professionnel s'il n'a
pas l'intention de poursuivre au niveau collégial.
M. CLOUTIER: Sauf qu'il faut bien admettre, je m'excuse de me
répéter, que dans la mesure où on scolarise tout le monde,
il y a, au départ, qu'on le veuille ou non, des différences. Il y
a des étudiants qui ne peuvent pas aller plus loin que le secondaire. Il
y en a d'autres qui peuvent se rendre au collégial, il y en a d'autres
qui peuvent se rendre à l'universitaire. Il est assez intéressant
d'ailleurs, de voir à la page 144, alors qu'on essaie d'évaluer
la situation des sortants du secondaire, qu'une majorité est satisfaite
et que les plus satisfaits ne sont pas ceux qui sortent du secteur
général mais ceux qui sortent du secteur professionnel. Cela
semble signifier que, malgré le fait que les salaires sont relativement
bas, étant donné le niveau, ils s'insèrent quand
même dans la société et ma question est la suivante:
Jusqu'à quel point auraient-ils pu continuer?
M. CHARRON: C'est dommage que nous n'ayons pas en main le tome II
également. Je me souviens que lorsque l'ancien ministre nous avait
annoncé le début de cette étude au sein de la direction de
la planification, je m'étais empressé de l'endosser parce que
j'avais hâte de le lire, hâte de le connaître. Est-ce que la
majorité des "dropouts" sont des gens qui abandonnent le secteur
professionnel plutôt que le secteur général?
Abandonnent-ils surtout au niveau secondaire ou abandonnent-ils surtout au
niveau collégial? Sont-ce particulièrement les étudiants
des grands centres, sont-ce les étudiants des régions
périphériques, des régions éloignées,
excentriques? Il y a longtemps que le Québec a besoin de connaître
tout ce phénomène, parce qu'il est important.
Le ministre m'a dit tout à l'heure: C'est se leurrer que de
penser que ce phénomène n'existerait pas. Je n'ai pas posé
cette question avec l'idée de ce que vous me répondriez. Par
exemple, j'ai une coupure ici, disant que depuis septembre 1973, à la
seule commission scolaire des Ecoles catholiques de Québec, on a
dénombré 2.7 p.c. de la clientèle qui a abandonné
le cours depuis le début, 737.
M. CLOUTIER: Ce n'est pas un pourcentage très
élevé.
M. CHARRON: Ne prenez pas mouche pour rien.
M. CLOUTIER: Je ne prends pas mouche, je commente.
M. CHARRON: Je ne suis pas en train de vous dire, ce n'est pas comme le
chômage, qu'il faut viser le point zéro, le moins de "dropouts"
possible, au contraire. Le phénomène qui m'intéresse,
c'est que la direction générale de la planification a
touché dans son étude indépendamment des chiffres,
des statistiques qu'il y a des jeunes pour qui c'est fondamentalement
sain que d'abandonner l'école. Je le crois. Je l'ai déjà
recommandé à des personnes de ma propre famille parce que je suis
convaincu qu'une sortie, un départ, un voyage ou un séjour dans
le monde du travail ou n'importe quoi, puis un retour par la suite, à
l'endroit où il va être finalement préparé puis
choisi, est beaucoup plus profitable à la personne de cet individu que
de lui faire subir un système qu'il ne peut pas subir. C'est vrai que
quand vous "parquez" comme on dit, 2,000 étudiants dans une
bâtisse en ciment, c'est immanquable qu'il y ait une proportion, qu'elle
soit de 2.7 p.c. ou plus que ça pour qui le simple
phénomène de concentration et de vie commune obligatoire à
35 heures par semaine cloche et à leur état psychologique, et
l'état de développement qu'ils ont atteint, absolument
insupportable.
Il y a des jeunes de seize ans actuellement qui ont une maturité
énorme par rapport à des étudiants qui sont au
collégial et pour qui... Je prends juste un exemple que j'ai connu ici
dans la région de Québec, à la polyvalente de
Charlesbourg. Simplement vivre quotidiennement avec des jeunes du secondaire I,
II, III, quelles que soient les salles qu'on ait appropriées pour l'un
ou pour l'autre, quel que soit le règlement no 7 ou quelle que soit la
largeur de vue de la direction de l'école pour qui le
phénomène est proprement insoutenable, ils sont beaucoup plus
vieux pour leur âge que...
D'ailleurs, je suis content que le ministre
amène la discussion là-dessus, parce que, très
souvent, on fait porter un blâme aux "dropouts", on dit des "dropouts"
que ce sont des gens qui sont des ratés de la société,
parce qu'ils ne sont pas de bons étudiants modèles. Je suis
convaincu que parmi les 2.7 p.c. ici à Québec qui ont
abandonné depuis le début de l'année scolaire, ils se
trouvent probablement parmi les plus intelligents des étudiants qu'on
avait. Je n'ai aucune crainte envers eux du fait qu'ils ont abandonné
une polyvalente ou le secondaire quant au développement de leur
personnalité et à l'épanouissement de leur
personnalité plus tard.
M. CLOUTIER: Je suis entièrement d'accord sur cela.
M. CHARRON: Ce n'est pas un phénomène blâmable.
Quand j'insistais pour que cette étude se fasse, et je languis d'en
avoir les résultats, c'est que j'espère qu'elle a abordé
le problème non pas d'une façon morale, je ne le crois pas, mais
en tout cas, je peux me permettre d'exprimer cela, parce qu'il est parfois
abordé de cette façon.
J'ai vu des responsables scolaires, que ce soit au niveau des instances
décentralisées par exemple dans les commissions scolaires...
M. CLOUTIER: Vous avez bien dit "instances
décentralisées"?
M. CHARRON: Oui. ... pour qui ce phénomène de
"dropouts"... On dirait qu'un commissaire qui va affirmer que dans sa
commission scolaire il y a 3 p.c. des étudiants qui ont
abandonné, il dit cela avec honte, à peu près comme une
maladie vénérienne, ou je ne sais pas quelle patente il pourrait
inventer. Ce n'est pas du tout cela. C'est peut-être même bon signe
à certains endroits. L'étudiant va revenir. L'étudiant va
faire sa vie. Je n'ai pas d'inquiétude là-dessus. J'ai vraiment
hâte de connaître la teneur de l'analyse.
Est-ce que, dans l'analyse, outre les statistiques, on est allé
aux causes psychologiques d'abandon des études? Est-ce qu'on a
sondé les projets des étudiants lorsqu'ils abandonnent? Pourquoi
abandonnent-ils, etc.?
M. CLOUTIER: D'abord, je voudrais préciser que cette étude
n'aura aucune préoccupation morale ou moraliste. Il s'agit de simples
statistiques. Il s'agit de les interpréter. Je pense que je suis
largement d'accord sur les remarques du député de Saint-Jacques.
Je ne suis pas sûr, d'ailleurs, que lorsqu'on a fait cette option de
démocratiser l'enseignement on n'a pas créé un nouveau
mythe. Il est bien évident qu'on crée pour certains
étudiants un véritable carcan. En fait, ce n'est pas par hasard
qu'en France on a remis en question certains des aspects de l'instruction
obligatoire. On s'est demandé s'il ne fallait pas qu'il y ait des
individus qui débouchent directement sur l'apprentissage plutôt
que de continuer dans des structures trop contraignantes.
Je ne suis pas convaincu qu'on ait apporté toutes les
réponses. La démocratisation de l'enseignement,
l'accessibilité jusqu'à un âge déterminé
correspondent à des idées très généreuses,
mais je pense qu'à long terme il faudrait envisager des mesures un peu
plus souples qui permettraient aux étudiants qui simplement ne peuvent
pas s'adapter à la situation scolaire qu'il s'agisse des
bâtisses ou qu'il s'agisse tout simplement de cette espèce de
cheminement qui ne correspond pas à leur personnalité il
faudrait prévoir des espèces de voies d'évitement ou de
voies de garage.
En fait c'est un peu l'esprit du professionnel au secondaire, parce que
ce ne sont pas tous les systèmes d'éducation qui permettent
à un moment donné de dévier, c'est-à-dire
d'accéder immédiatement au marché du travail. Je dirais
qu'on n'a pas encore trouvé toutes les formules et qu'il se pose, de
toute façon, des problèmes sérieux sur le plan du secteur
professionnel du secondaire. Il y a des problèmes de formation des
maîtres et il y a des problèmes de personnel; c'est certainement
un point qu'il va falloir suivre de très près.
M. CHARRON: Ma question est peut-être prématurée.
Elle doit venir à un autre programme, mais est-ce qu'on ne peut pas
considérer également dans la croissance assez exceptionnelle que
connaît le secteur privé, aussi bien au secondaire qu'au
collégial, un peu le même phénomène que le "dropout"
en ce sens que c'est un climat qu'on ne peut plus subir, c'est une situation
qui n'est pas adaptée à une personne.
On a plutôt besoin d'un autre genre d'établissement avec
d'autres genres de disciplines pour que la personne de l'étudiant puisse
continuer à se développer, je ne sais pas...
M. CLOUTIER: Je dirais oui. D'ailleurs, c'est peut-être un
élément qui milite en faveur du maintien d'un secteur
privé où les conditions sont différentes, où il y a
peut-être sur le plan des traditions, sur le plan religieux un
encadrement un peu plus rigoureux. Maintenant, nous en parlerons lorsque nous
arriverons au secteur privé, cet accroissement n'est pas tellement
élevé. Remarquez qu'il existe et se rencontre un peu partout au
monde actuellement, mais il est certainement moins élevé qu'on ne
le croit généralement. Vous avez sous les yeux les populations
scolaires, mais, quand nous arriverons au programme de l'enseignement
privé, je pourrai peut-être ventiler un peu ces statistiques et
vous expliquer de quelle façon ou plutôt à quel niveau plus
exactement se situe l'accroissement.
M. CHARRON: Dans un autre groupe qui travaille à la direction
générale de la planifica-
tion, on retrouve le groupe Education et affaires étudiantes.
Est-ce qu'au cours de l'année ce groupe qui a comme objectif, dit-on
dans le rapport annuel, de promouvoir le développement harmonieux des
services aux étudiants, s'est penché d'une façon
particulière sur le problème des cafétérias?
M. CLOUTIER: Le groupe Education et affaires étudiantes
dépendait du sous-ministre Yves Bélanger jusqu'à assez
récemment, et nous sommes en voie de le réintégrer
actuellement à la direction de la planification. Il n'appartenait
qu'administrativement à cette direction, comme je vous l'avais
d'ailleurs mentionné l'an dernier.
M. CHARRON: C'est cela.
M. CLOUTIER: Actuellement, nous procédons à
l'élaboration du plan de travail de ce groupe pour l'année en
cours et le thème qui sera retenu sera l'évaluation des services
aux étudiants. Nous allons tenter de faire une évaluation de
l'état des services aux étudiants, de bâtir les outils pour
faire cette évaluation plus spécifique.
M. CHARRON: Aussi bien au secondaire qu'au collégial?
Cette évaluation va se faire dans tout le Québec, comme
les autres études?
M. CLOUTIER: Oui.
M. CHARRON: Avec un rapport à attendre au cours de l'année
financière actuelle?
M. CLOUTIER: Oui.
M. CHARRON: C'est-à-dire avant les prochains crédits de
l'Education, l'année prochaine? Parce que je crois que, dans les
services aux étudiants, un problème qui a été
soulevé aussi bien au niveau secondaire qu'au collégial cette
année, c'est le problème des cafétérias. Le groupe
aura certainement à étudier cela d'une façon...
M. CLOUTIER: D'ailleurs, j'ai eu l'occasion de manger dans plusieurs de
ces cafétérias.
M. CHARRON: Moi aussi.
M. CLOUTIER: Pas en même temps.
M. CHARRON: Je vous préviens tout de suite que j'aurai des
questions à vous poser sur ce que le groupe aura découvert
l'année prochaine et surtout sur les recommandations qu'on en aura
faites.
M. CLOUTIER: C'est surtout un problème de financement. Il y a
certainement là des progrès à marquer.
M. CHARRON: M. le Président, pour ce qui est de la direction
générale de la planification, cela va.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Elément 2 est adopté.
Elément 3: Gestion.
Gestion
M. CLOUTIER: L'élément 3 est un élément
très technique, M. le Président. Il s'agit de tous les services,
au fond. Alors, je suis disposé à répondre à toutes
les questions portant sur les catégories de l'élément.
M. CHARRON: L'élément 3.
M. CLOUTIER: II n'y a, en fait, strictement rien à dire sur le
plan de la substance. Il s'agit du support aux différentes directions
générales du ministère. Tout l'aspect des relations avec
le Conseil du trésor, par exemple.
M. CHARRON: Qui est directeur général?
M. CLOUTIER: Le poste est vacant parce que le directeur
général, M. Girard, qui est justement... L'ancien directeur
général, M. Girard, qui est à mes côtés, a
été nommé sous-ministre adjoint. Mais il continue de
couvrir le secteur du financement, le secteur financier, plus exactement.
M. CHARRON: Quand prévoit-on remplir le poste?
M. CLOUTIER: H y a un concours actuellement, qui est public.
M. CHARRON: Combien de personnes se trouvent à cette...
M. CLOUTIER: 162 réguliers en 1973/74, 22 occasionnels et nous
aurons exactement le même effectif en 1974/75.
M. CHARRON: Cela va, mais avant d'adopter globalement le programme 1,
puis-je revenir pour une question à Planification?
M. CLOUTIER: Bien sûr.
M. CHARRON: Puis-je vous demander de m'expliquer l'imputation à
l'élément 2?
M. CLOUTIER: Vous allez trouver un bon nombre d'imputations un peu
partout comme cela. Ce sont les imputations qui relèvent du programme
d'éducation des adultes. Il y a des remboursements dans le cadre des
accords provinciaux-fédéraux et ces remboursements sont
imputés aux différentes directions générales pour
la part qui leur revient. Alors là, il s'agit de la part de la gestion
et du financement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'élément 3. Adopté?
M. CLOUTIER: En fait, c'est le groupe Education et emploi qui se trouve
à être plus particulièrement financé.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'élément 3. Adopté?
M. CHARRON: $303 millions.
M. CLOUTIER: Non, pas $303 millions, $300,000. Je sais qu'on a
l'habitude de compter en millions, mais...
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'élément 3. Adopté?
M. CHARRON: ... on ne peut pas en mettre partout.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'élément 3. Adopté?
M. CHARRON: Oui.
Enseignement élémentaire et secondaire
public
LE PRESIDENT (M. Pilote): Programme 1. Adopté. On étudie
maintenant le programme 5, page 10-15: Enseignement élémentaire
public. Elément 1 : Services d'enseignement.
Services d'enseignement
M. CLOUTIER: Le groupement a pour effet de nous permettre de discuter
toute la question du secteur élémentaire et secondaire public. Le
programme 5 consiste uniquement en subventions de fonctionnement aux
commissions scolaires et c'est la raison pour laquelle on le retrouve à
la catégorie transfert, no 10. Je peux peut-être vous faciliter la
tâche en vous disant que le programme 6 est également un programme
de transfert mais qui porte sur l'enseignement secondaire public,de
sorte que les activités de la direction générale
apparaissent à l'autre programme, qui est le programme 7.
C'est pour cela que nous les avons regroupés. Alors, les
programmes 5 et 6 n'ont pas véritablement d'implication et de
substance.
M. CHARRON: C'est la direction générale de l'enseignement
élémentaire et secondaire.
M. CLOUTIER: Voilà.
M. CHARRON: Je suis bien d'accord pour les étudier ensemble.
M. le Président, j'aimerais poser un certain nombre de questions
qui peuvent paraître éparses et un peu coq-à-l'âne
mais je vais essayer d'y donner le plus de cohérence possible.
D'abord, je vais poser la question que j'ai toujours posée
à Mme Francoeur-Hendricks, peut-être la première à
chaque occasion. Au cours de l'année scolaire qui s'achève, quels
sont, aux niveaux élémentaire et secondaire, les efforts
pédagogiques particuliers que la direction générale a
faits dans la reconfection de programmes? Qules sont les niveaux de programmes
et quelle évaluation fait-on actuellement de leur mise en place?
M. CLOUTIER: II y a tout un secteur d'enseignement professionnel dont
vous avez commencé à traiter tout à l'heure, les
programmes de formation professionnelle, inspiré de la
méthode-cadre développée par le groupe Education et
emploi; nous avons procédé à compléter avec le
concours des analystes du ministère du Travail les définitions de
fonction, pour quelque 20 secteurs, 200 profils de formation professionnelle,
dans des analyses de tâches, définition ensuite des unités
de connaissances correspondantes à ces tâches. Le tout a
été décrit dans le cahier 0-2 de l'annuaire des cours de
formation au niveau secondaire.
Pour compléter cette opération, nous avons
travaillé en collaboration avec la direction générale de
l'équipement, particulièrement, à la normalisation des
équipements requis pour pouvoir dispenser ces nouveaux programmes puis,
avec la collaboration des commissions scolaires actuellement, nous
compléterons l'opération de planification de l'implantation des
options de formation professionnelle.
J'ai débordé un peu les programmes proprement dits. Un
autre champ de développement des programmes, cela a été
surtout dans le domaine des mathématiques pour compléter
l'opération qui est commencée depuis déjà un bon
nombre d'années et qui, je ne dirais pas, s'achève, mais qui
commence à tirer sur la fin, du côté des
mathématiques.
Ensuite, du côté du français, nous avons poursuivi
parallèlement à toutes les recherches qui s'amorcent dans le
cadre du plan de développement des langues et le nouvel examen en
profondeur du programme-cadre des exigences de l'enseignement du
français, nous avons quand même poursuivi un certain nombre de
travaux avec les commissions scolaires pour élaborer des plans
d'étude et des guides pédagogiques.
Dans les nouveautés il y a beaucoup de programmes du
côté de l'anglais, langue maternelle, il y avait un retard
considérable. On s'est rattrapé un peu.
Du côté des arts, on a publié plusieurs guides pour
soutenir les programmes d'enseignement de musique et d'arts plastiques
je m'excuse aux niveaux élémentaire et secondaire. Le
programme de sciences humaines à l'élémentaire et au
secondaire. Ce sont à peu près les secteurs majeurs où il
y a eu des choses. Il y a eu des développements dans tous les domaines,
mais je pense que ceux-là méritent d'être
signalés.
M. CHARRON: Le ministère de l'Education
a mis sur pied en 1972 un programme expérimental de formation
personnelle, familiale, physique, professionnelle, à Granby, je crois. A
la suite de cette expérience, les organismes ont remis un mémoire
au ministre le 1er mars dernier. J'aimerais demander au ministre sur ce
programme en particulier, suite aux remarques que je possède
également et que le groupe a fait connaître au ministre, s'il en a
tiré des conclusions quant à ce programme en particulier.
M. CLOUTIER: Le programme expérimental dont vous avez
parlé a été utilisé ou expérimenté
dans des écoles élémentaires de la commission scolaire de
Granby, mais aussi dans une école secondaire de la commission scolaire
régionale Louis-Fréchette. La CECM, pour sa part, était
partie d'un ensemble de matériel didactique de la collection de la
série Grandir dont les objectifs et, en fait, les éléments
essentiels du contenu se rapprochaient sensiblement du programme-cadre que nous
avions élaboré.
L'an dernier, les comités confessionnels ont fait connaître
leur avis au ministre sur ces deux programmes. Le comité protestant l'a
rejeté. Le comité catholique a permis que
l'expérimentation se continue au cours de l'année scolaire
1973-1974 et nous a demandé de le réexaminer surtout pour
préciser davantage la conception de l'homme qui inspirait ce programme
et pour s'assurer qu'il était compatible avec l'orientation
chrétienne ou les orientations dans les programmes d'enseignement
religieux. Il nous a demandé surtout de l'examiner sous l'angle des
recouvrements avec d'autres programmes. La conséquence de tout cela,
c'est que nous avons mis sur pied un comité assez exceptionnel, un
comité de haut calibre et qui reprend le projet à zéro.
Evidemment, il va utiliser des éléments de l'expérience
passée, mais il a fait comme si on repartait à zéro, il
s'est réinterrogé sur le besoin d'un tel programme, sur une
philosophie, les principes qu'il devrait respecter, les fondements
théoriques, soit en psychologie, en sociologie, en théorie
d'apprentissage, et évidemment les fondements philosophiques qui
soutiendraient ces principes.
Ce travail est à peu près terminé. Nous avons
déjà du travail de fait sur les objectifs généraux
du programme. Cela va se préciser davantage dans une réunion au
cours de mai.
De sorte que nous nous sommes donné comme échéance
idéale de pouvoir soumettre un nouveau projet au ministre et au
comité confessionnel à la fin de novembre pour pouvoir l'annoncer
au mois de janvier aux commissions scolaires. Mais nous allons nous
préoccuper au comité de tout l'aspect de l'implantation, donc
l'état de la situation par rapport à la préparation des
maîtres, la disponibilité du matériel didactique, le
travail de sensibilisation du milieu, les mesures à prendre pour assurer
une plus grande participation des parents à la réalisation d'un
programme comme ça dans les écoles.
M. CHARRON: Vous m'avez répondu à...
M. CLOUTIER: Je n'ai pas répondu à
l'expérimentation.
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER: Du côté de Granby, l'expérimentation
s'est révélée très positive. L'accueil que les
enseignants ont fait à ce programme et l'accueil des parents a
été très bon d'après ce que le rapport indique.
Evidemment, ç'a révélé une chose, c'est
qu'il faut dans un programme comme celui-là mettre beaucoup d'efforts
sur l'information des parents, l'invitation des parents à participer
à la réalisation du programme. Cela a été à
peu près les mêmes conclusions à Montréal.
Du côté de Louis-Fréchette, on s'était
préoccupé surtout d'accumuler des dossiers sur différents
thèmes qui sont abordés dans ce programme pour que les
enseignants aient un matériel d'appoint pour aménager le cours.
On peut ajouter aussi que l'expérimentation révèle qu'il
est relativement facile après une première réticence au
départ de la part des enseignants d'aborder des questions de
santé ou d'éducation familiale comme telles, et évidemment
l'éducation sexuelle, bien sûr, mais qu'une fois parti ça
va très bien et les enseignants trouvent beaucoup de satisfaction
là-dedans. Les éléments qui sont plus difficiles à
l'heure actuelle, et pour lesquels il faudra prévoir probablement
beaucoup plus de matériel didactique encore, c'est le secteur de
l'économie, l'éducation civique en général.
C'était un bon programme sur le plan pédagogique, mais il
ne faut quand même pas s'illusionner. Il suppose, de la part des
enseignants, des efforts considérables et je pense qu'un encadrement est
nécessaire. Ceci n'est pas tout à fait au point encore. Je pense
que c'est une des fonctions du ministère de proposer les
programmes-cadres, mais il lui revient également de fournir les
instruments nécessaires.
En somme, c'est une approche très intégrée
comme l'est au fond le développement de la personnalité et
qui porte sur plusieurs aspects qu'on vous a signalés en
coéducation...
M. CHARRON: Je m'interroge encore sur l'expérimentation de
Granby, est-ce que ces cours avaient en quelque sorte remplacé d'autres
cours, et lesquels, dans la formation habituelle au niveau secondaire?
M. CLOUTIER: Ils remplaçaient certains cours qui existaient, mais
ils apportaient aussi quelque chose de neuf. Par exemple...
M. CHARRON: Mais sur le temps de l'étudiant, ce n'était
pas ajouté à la semaine habituelle.
M. CLOUTIER: Non.
M. CHARRON: Quels cours dans l'horaire cela se trouvait-il à
remplacer?
M. CLOUTIER: Cela remplaçait de vieilles choses comme de vieux
programmes qu'on trouve encore dans l'édition des programmes de 1958,
bienséance...
M. CHARRON: Je suis content de vous l'entendre dire. Il y a tellement de
vieilles choses qui durent encore à certaines commissions scolaires.
M. CLOUTIER: ... hygiène, civisme, un petit peu de petites
sciences, il y avait même l'enseignement agricole à
l'élémentaire. Cela, on n'en parle plus. Ces trois dimensions
sont reprises dans une facture beaucoup plus moderne.
Ce que le programme vise en plus, c'est tout le problème de la
formation, de l'attitude, le développement de la réflexion
personnelle et de l'autonomie de l'enfant face à des problèmes de
vie dans les quatre champs dont on a parlé, sa vie personnelle, sa
santé.
L'aspect le plus intéressant, c'est l'approche
intégrée, c'est qu'on tient compte de son niveau d'âge, de
son niveau de développement; à ce moment, toutes les notions dans
ces quatre secteurs sont apportées en même temps. Au fond, c'est
ainsi que la personnalité se développe. Elle ne se
développe pas de façon compartimentée.
M. CHARRON: A quel niveau cela se donnait-il dans
l'expérimentation de Granby?
M. CLOUTIER: A ma connaissance, il se donnait à tous les niveaux
de l'élémentaire, les six années.
M. CHARRON: Les six années? Dès la première.
M. CLOUTIER: A Montréal aussi. A Louis-Fréchette, les
dossiers étaient conçus pour des élèves de
cinquième secondaire.
M. CHARRON: Dans le calendrier que vous avez fait, suite à
l'évaluation, vous retardez en fin de compte jusqu'à janvier
prochain l'émission d'un nouveau programme de ce genre qui serait donc
au choix des commissions scolaires par la suite, et qui pourrait être
offert au cours de la session scolaire, ça nous conduit à
1975-76.
Mais au cours de l'année scolaire qui vient, est-ce qu'un cours
de ce calibre ou équivalent sera encore disponible aux commissions
scolaires qui veulent l'offrir?
M. CLOUTIER: Pour l'année en cours, les autorisations
d'expérimentation étaient limitées aux commissions
scolaires qui avaient eu l'autorisation l'année
précédente. Il faudrait retourner au comité catholique
pour obtenir une autorisation de maintenir au moins quelques champs
d'expérimentation ou de validation de nos hypothèses de
travail.
M. CHARRON: Est-ce que le Conseil supérieur de l'éducation
avait été consulté là-dessus de quelque
façon?
M. CLOUTIER: Le Conseil supérieur n'est pas consulté sur
des programmes.
M. CHARRON: Je me demandais si peut-être sur celui-là,
à l'occasion...
M. CLOUTIER: Pas à ma connaissance. Les deux comités
confessionnels.
M. CHARRON: Les deux comités confessionnels avaient
été...
M. CLOUTIER: Le conseil a été consulté par ses
comités confessionnels parce que les comités confessionnels
relèvent du Conseil supérieur.
M. CHARRON: Est-ce que le fait que le comité protestant, comme
vous dites, l'avait refusé écarte à peu près
à jamais l'hypothèse qu'un cours de ce genre-là, comme
vous l'avez décrit, soit diffusé dans les écoles
protestantes à un moment ou à un autre?
M. CLOUTIER: Le comité qui est constitué comprend des
éléments protestants et ce que nous envisageons, c'est de
définir des objectifs, un programme-cadre qui puisse s'adapter aux
écoles des diverses confessions.
Je voudrais tout de même préciser qu'on en reste à
la phase d'expérimentation. On accuse souvent le ministère
d'aller trop vite et ce n'est pas faux dans certains cas, mais dans des
domaines aussi délicats parce qu'il y a tout l'aspect de
l'éducation sexuelle qui est intégré dans ce programme
je pense qu'il faut expérimenter à fond. Je ne suis pas
encore convaincu, malgré les résultats très positifs dont
on vient de faire état, que le programme tel quel doive être
étendu à tout le territoire. La raison pour laquelle je n'en suis
pas convaincu, ce n'est pas à cause de la valeur même du
programme, mais c'est à cause de la préparation des enseignants
et de la formation des enseignants qui auront à l'administrer. Un
programme comme celui-là peut être un excellent programme entre
les mains de quelqu'un qui a la personnalité voulue et la
préparation voulue et un programme plus ou moins bon entre les mains de
quelqu'un qui n'a pas cette préparation. Je ne sais pas si c'est votre
avis, mais c'est le mien.
M. CHARRON: Sur cette question, cela va. Maintenant, puisqu'on en est
encore dans les programmes à proprement parler, vous avez
mentionné que la direction générale que vous dirigez
actuellement dans l'enseignement élémentaire et secondaire avait
travaillé à parache-
ver les programmes en mathématique sur lesquels on travaille
déjà et vous avez mentionné rapidement les programmes de
français. Je m'en voudrais de ne pas vous rappeler la
préoccupation que j'avais déjà signalée je
n'ai aucun mérite à le faire, je suis loin d'être le seul
soit le fait que de sévères critiques s'étaient
faites quant à la qualité du français écrit, plus
spécifiquement le français écrit. Je sais bien que le
français parlé également reste améliorable dans les
programmes. Quelle modification a-t-on apportée au programme pour que le
français écrit des étudiants sortant du niveau secondaire
soit meilleur qu'il ne l'est actuellement?
M. CLOUTIER: Je pense que la remarque du député de
Saint-Jacques est tout à fait véridi-que. C'est un
phénomène que l'on rencontre pas seulement ici d'ailleurs
un peu partout dans le monde. Il y a très certainement des
facteurs d'ordre sociologique qui interviennent, en particulier l'influence de
l'audio-visuel, de la télévision, mais il y a également,
chez nous, un autre facteur qui a été l'introduction de
programmes-cadres de français, il y a quelques années, lesquels,
à mon avis, n'ont peut-être pas été
accompagnés de la préparation suffisante chez les enseignants.
C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles j'ai voulu élaborer ce
plan de développement de l'enseignement des langues que connaît le
député de Saint-Jacques, dont l'aspect le plus important et le
mieux financé porte sur l'enseignement du français langue
maternelle, précisément pour pallier cette carence que j'ai
déplorée dès mon arrivée au ministère de
l'Education. Ceci signifie qu'actuellement, dans une première
étape, pour ce qui est de ce volet, nous sommes en train de mettre en
place tous les moyens nécessaires pour apporter aux enseignants cette
formation. C'est un travail complexe et un travail de longue haleine. Un
travail complexe parce que nous voulons impliquer toutes les universités
québécoises au niveau de la formation des maîtres et un
problème de longue haleine parce que nous voulons toucher la grande
majorité des maîtres en exercice, ce qui peut signifier plus de
30,000 maîtres.
Pourquoi? Parce qu'au niveau élémentaire, les
maîtres sont polyvalents, les maîtres enseignent toutes les
matières dont le français et je dirais surtout le
français, alors qu'au niveau secondaire, on rencontre davantage de
spécialistes qualifiés ou peu qualifiés mais des
spécialistes. C'est donc dans le plan d'enseignement des langues que
nous allons trouver des réponses à ce problème, mais pour
l'instant, les programmes eux-mêmes n'ont pas été
modifiés.
M. CHARRON: Quelle est la liberté c'est proprement de
l'information que je vais chercher relative laissée aux
commissions scolaires quant au nombre d'heures d'enseignement de
français qu'elles ont à donner, au niveau secondaire en
particulier?
M. CLOUTIER: II y a dans le recueil des règles de gestion, une
directive qui présente la grille-horaire pour l'année scolaire en
cours. Cette grille-horaire prévoit, au secondaire, une moyenne de 5
périodes de français, la moyenne étant définie pour
l'équivalent de 45 minutes.
M. CHARRON: A secondaire V?
M. CLOUTIER: A secondaire V. Maintenant, évidemment, si une
commission scolaire adopte un horaire de cinq jours, adopte la formule de
période jumelée, il y a toutes sortes de variantes, mais en gros,
c'est environ 225 minutes-semaine qui devraient être consacrées au
français, langue maternelle.
M. CHARRON: L'équivalent de l'anglais à cette étape
de l'éducation.
M. CLOUTIER: L'anglais, langue maternelle, c'est à raison
aussi...
M. CHARRON: L'anglais, langue seconde.
M. CLOUTIER: C'est aussi cinq périodes-semaine, de 1er secondaire
à IVe secondaire. Ce n'est pas obligatoire en Ve, alors que l'inverse,
le français, langue seconde, est obligatoire pour les anglophones de 1er
à Ve.
M. CHARRON: C'est dire qu'au secondaire I, II, III et IV, il est
possible que les étudiants aient le même nombre d'heures
d'enseignement de langue maternelle que de langue seconde?
M. CLOUTIER: Sauf que, pour le reste de l'enseignement, les 25 autres
périodes sont dispensées en français quand même.
M. CHARRON: Elles sont dispensées en français, j'en
conviens. Mais quant à la formation orthographique, grammaticale, je
dirais littéraire, dans chacune des deux langues, c'est
l'équivalent tout au long du secondaire.
M. CLOUTIER: Non, parce que cette formation ne se donne pas uniquement
dans les heures qui sont consacrées à un enseignement didactique
de la langue. Cet enseignement est transmis dans toutes les autres
activités. Je pense qu'il est difficile de comparer le nombre d'heures
qui est consacré spécifiquement à la langue seconde et
à la langue maternelle, c'est manifestement la langue maternelle qui
prédomine.
M. CHARRON: Dans l'ensemble de la vie de l'école, je l'admets
bien...
M. CLOUTIER: Pas seulement dans la vie de l'école, mais dans la
transmission des autres connaissances, de toutes les connaissances, en fait,
parce que l'enseignement se donne en français partout.
M. CHARRON: Je vais vous poser la question: Est-ce qu'on évalue
suffisantes les cinq heures actuelles de français au niveau secondaire,
de secondaire I à secondaire V?
M. CLOUTIER: A ce compte, pour le français peut-être encore
plus que pour d'autres disciplines, on pourrait toujours dire que le temps est
insuffisant. Vous allez parler aux musiciens, ils vont dire que le peu de temps
consacré à la musique est insuffisant, aux mathématiciens,
il n'y a pas assez de temps aux mathématiques, aux scientifiques, il n'y
a pas assez de temps aux sciences; on n'a pas assez de temps. Par ailleurs,
tout le monde dit que les horaires sont trop chargés. Qu'est-ce qu'on
fait entre les deux?
C'est qu'il faut vraiment en arriver à une formule où
l'enseignement du français sera continuel, l'enseignement du
français se fera par le truchement de toutes les autres matières.
En fait, c'est à se demander s'il faudra constamment avoir des heures
réservées pour l'enseignement du français, c'est quand
même la langue maternelle, ce n'est pas une langue seconde.
M. CHARRON: Je comprends. Je sais très bien que les cours de
géographie donnés en français contribuent à
améliorer la connaissance du français de l'étudiant.
M. CLOUTIER: En principe, oui.
M. CHARRON: En principe, soit par ses lectures, soit par la
communication orale qu'il recevra. Mais je vous répète que la
première question qui nous a amenés sur le sujet, c'est que tout
le monde déplore la faible qualité du français
écrit.
M. CLOUTIER: Je vais vous dire où est le problème. Le
problème n'est pas tellement dans les horaires, il est dans la formation
des maîtres. Ce n'est pas une accusation que je porte contre les
enseignants de français, loin de là, mais c'est un fait que l'on
a trop négligé ce secteur. Je vous disais tout à l'heure
qu'on a apporté au ministère de l'éducation, il y a
quelques années, un programme-cadre.
Vous vous souvenez peut-être qu'il y a eu une contestation souvent
violente de la part des professeurs de français. Pour ne rien vous
cacher, je pense que les professeurs de français avaient largement
raison. C'est qu'ils avaient un programme-cadre, c'est-à-dire un
programme au sein duquel ils jouissaient d'une liberté
considérable, mais on ne leur avait pas donné les instruments
pédagogiques et, surtout, on ne leur avait pas donné la formation
pour se débrouiller à l'intérieur de ces périodes.
C'est justement ce que le plan de l'enseignement des langues, qui a
été parfois mal compris, apporte, c'est-à-dire une
formation aux maîtres en exercice et, en plus de cela, de
l'équipement, parce que déjà, les commissions scolaires
ont pu toucher des sommes relativement importantes au titre de
l'équipement grâce aux $100 millions qui ont été
engagés pour ce plan.
M. CHARRON: M. le Président, si vous permettez, je vais me
référer au rapport annuel du ministère pour cette partie
de la direction générale de l'enseignement
élémentaire et secondaire, ce qui nous permettra de voir
l'ensemble des activités de la direction. Quand, à la page 207 du
rapport annuel, on mentionne, dans le rôle de développement
pédagogique que doit avoir la direction, que, dans ses projets de mettre
en place des mesures d'accueil pour faciliter l'intégration des enfants
d'immigrants à l'école de langue française, j'aimerais
savoir quel a été le rôle exact de la direction à ce
chapitre qui est mentionné ici...
M. CLOUTIER: Je pense que l'originalité du plan de
développement des langues est qu'il a été le
résultat d'un effort collectif. Toutes les directions
générales ont été impliquées, qu'il s'agisse
de l'élémentaire et du secondaire, qu'il s'agisse de
l'enseignement supérieur, surtout pour ce qui est de l'aspect de la
formation des maîtres. La direction générale de
l'élémentaire et du secondaire a été
impliquée dans la mesure où elle est responsable des commissions
scolaires et les mesures d'accueil, qui constituent le troisième volet
du plan de développement des langues, se déploient à ce
niveau.
Il y a eu un comité de coordination qui a été
formé, où la direction générale est
représentée, qui "manage" toute l'opération. Je ne sais
pas si vous voulez à ce stade-ci que je vous en donne certains
détails...
M. CHARRON: Non.
M. CLOUTIER: ... parce que c'est un des volets les plus
intéressants du plan.
M. CHARRON: J'ai l'intention de l'aborder de toute façon, mais,
si vous me le permettez, pas à cette étape. Je posais simplement
la question: Pour la direction générale, est-ce que cela a voulu
dire, par exemple, l'élaboration de programmes spéciaux ou
quelque chose...
M. CLOUTIER: Dans l'équipe du bureau BCAI, Bureau de coordination
de l'accueil aux immigrants, il y a du personnel de la DIGEES, notamment une
personne qui est responsable des programmes et d'aider les enseignants à
adapter les programmes pour des enfants qui ne maîtrisent pas
suffisamment la langue pour être capables de les suivre comme les autres.
Il y a aussi un responsable de l'organisation de l'enseignement qui facilite
tout l'aménagement, les classes, l'organisation pédagogique et
tout cela et une troisième personne qui se préoccupe de l'aspect
de l'échange, une personne qui travaille dans le cadre des services aux
étudiants, ce genre de problèmes.
M. CHARRON: Est-ce que ces personnes sont à Montréal ou
à Québec?
M. CLOUT1ER: A Montréal.
M. CHARRON: A Montréal, toutes les trois.
M. CLOUTIER: Oui, à Montréal. Tout le comité est
à Montréal.
M. CHARRON: Au chapitre de la recherche et de l'expérimentation
dans les commissions scolaires, on fait mention, parmi les projets,
d'établir et de publier un inventaire des projets de recherche
intéressant l'élémentaire et le secondaire je crois
que vous en avez discuté en fin de semaine réalisés
dans les universités ou d'autres organismes. Quelles recherches, dans
les universités actuelles, pourraient proprement intéresser le
développement de l'enseignement élémentaire et
secondaire?
M. CLOUTIER: Nous n'avons pas donné suite à la publication
de cet inventaire à ce moment-ci, mais nous participons, avec la
direction générale de l'enseignement supérieur, à
l'examen de projets de recherche soumis dans le cadre qu'est-ce que
c'est, ce programme? de la formation de chercheurs et action
concertée où il s'élabore énormément de
projets de recherche qui touchent à la pédagogie des niveaux
élémentaire et secondaire. Il y a une concertation. Nous suivons
ces projets. Eventuellement, ce sera intéressant d'en faire la
publication, comme...
M. CHARRON: De quelle université s'agit-il?
M. CLOUTIER: De toutes les universités.
Cafétérias
M. CHARRON: De toutes les universités du Québec.
On va entrer dans les problèmes un peu plus techniques. Il y en a
un que je me voudrais de ne pas signaler, de toute façon je suis
convaincu que vous l'avez déjà à votre attention parce
qu'il a occupé passablement d'espace dans les media d'information, aussi
bien régionaux que nationaux. C'est le problème que j'ai
abordé tout à l'heure, celui des cafétérias, aussi
bien à l'élémentaire qu'au secondaire, et même on
pourrait un peu s'étendre jusqu'au collégial parce que le
problème se repose là aussi. On connaît le problème
en gros: C'est que, d'une part, plusieurs études qui ont
été faites; il y a même un groupe qui a travaillé
qui s'appelle Alerte-alimentation, je crois; on s'en est pris à deux
aspects en particulier. D'abord, la qualité de la nourriture qui,
à certains endroits, laisse vraiment à désirer, surtout
quand on considère l'âge physique des étudiants,
c'est-à-dire le point de leur croissance physique où une bonne
nutrition est particulièrement importante, et, d'autre part, le prix
également que ces étudiants ont à payer pour souvent
recevoir un repas chaud, par exemple à l'heure du midi. J'aimerais
savoir quels efforts ont été faits ou quelles décisions
ont été prises au sein de la direction générale sur
ce chapitre.
M. CLOUTIER: II y a un problème réel. J'ai
été frappé moi-même, lors de mes quelques visites
d'écoles, alors que je mangeais dans les cafétérias,
n'annonçant pas ma visite, de la qualité souvent discutable, et
surtout du choix des étudiants. Parce que même devant des
qualités qui sont comparables et des prix comparables, j'ai
constaté que les jeunes étudiants avaient tendance à
choisir ce qu'il y avait de moins valable. Autrement dit, on va
préférer le Coca-Cola et les "chips" à pris égal
à un plat véritablement nourrissant. Je crois qu'il y a un
problème d'éducation grave. Je crois, d'ailleurs, qu'au
Québec l'alimentation laisse largement à désirer. Dans nos
institutions, les cafétérias sont autofinancées. Cela
signifie que c'est la responsabilité des commissions scolaires. Il n'y a
pas de subventions de la part du gouvernement. Je ne dis pas que ce n'est pas
une formule à revoir, mais ayant quand même des limites aux
possibilités budgétaires et, en soi, il n'est pas mauvais que les
cafétérias soient autofinancées, mais il s'agit que les
responsabilités soient prises. De plus, la qualité de la
nourriture ne relève pas du ministère de l'Education, elle
relève du ministère des Affaires sociales, qui publie des guides
à ce point de vue-là. Ceci n'empêche pas qu'à mon
sens, il y a un problème réel. Je me le suis posé d'une
façon peut-être plus précise dans cette politique des zones
défavorisées qu'on essaie de mettre sur pied. L'approche que nous
avons choisie n'est pas une approche purement scolaire. Nous ne partons pas de
l'école en nous disant: II faut essayer le plus d'enfants des zones
défavorisées. Je crois que c'est une approche beaucoup trop
limitée. Il faut, au contraire, partir du milieu et se dire que le
service scolaire n'est qu'un service parmi d'autres services, et que, de toute
façon, à services scolaires égaux les enfants d'une zone
défavorisée n'ont pas le même point de départ que
les enfants d'une zone favorisée. L'alimentation joue un rôle
extrêmement important. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le
ministère des Affaires sociales est impliqué dans notre groupe de
travail.
M. CHARRON: Justement, vous avez fait mention rapidement de la
possibilité de remettre en question la politique actuelle qui est celle
de l'autofinancement des cafétérias dans les écoles, mais
devant la situation actuelle, devant, par exemple, le problème que
soulevait je pense, la Commission scolaire régionale de Chambly, qui a
tenu une journée d'étude sur ce problème particulier et
qui a esquissé certaines
solutions, est-ce qu'il n'est pas possible de penser que les
ministères de l'Education et celui des Affaires sociales puissent en
venir, à un moment donné, à subventionner les
cafétérias?
M. CLOUTIER: La question des subventions est posée de plus en
plus entre autres par les Commissions scolaires. Il y a deux questions qui sont
posées: par les parents, d'une façon générale, la
qualité de la nourriture; par les Commissions scolaires, la subvention.
C'est normal, j'imagine.
Du côté de la rentabilité, les commissions scolaires
sont portées à donner en concession leurs
cafétérias pour la raison qu'ils ont de la difficulté
à les administrer de façon rentable, croyant qu'un
concessionnaire soi-disant plus professionnel en la matière ferait
mieux.
Le ministère, par la direction de l'équipement, a fait une
étude d'un modèle de gestion d'une cafétéria
devenant rentable avec de bons plats, pour résumer, avec une bonne
qualité de nourriture. Cette étude sera disponible d'ici quelque
temps, soit un mois ou deux. Par ailleurs, avec le ministère des
Affaires sociales qui, lui, se préoccupe de la qualité, ce
dernier vient de terminer un guide je pense qu'il l'a déjà
publié, je ne peux pas l'affirmer, encore moins le déposer
sur la qualité de la nourriture à l'intention des responsables de
cafétérias pour étudiants.
Mais j'aimerais revenir sur ce que je disais tout à l'heure. Cela
serait illusoire de croire que, même avec le financement des
cafétérias, nous allons régler le problème parce
que c'est avant tout un problème d'éducation. J'ai
été très frappé par ces choix spontanés que
font les jeunes étudiants et les jeunes étudiantes à prix
égal et c'est très souvent une question familiale. Je sais que le
ministère des Affaires sociales fait des efforts de propagande
sérieux, depuis d'ailleurs des années, pour essayer
d'améliorer l'alimentation au Québec. Je désire simplement
souligner que, même si je crois que nous pouvons peut-être faire
plus sur le plan du ministère, le problème est quand même
beaucoup plus vaste.
D'ailleurs, il est possible qu'un programme comme celui dont on parlait
tout à l'heure, programme de promotion humaine, de formation humaine,
puisse aider de ce point de vue parce qu'il y a également des
éléments qui concernent la biologie, la physiologie et qui
débouchent sur l'alimentation.
Mais faites l'expérience entre un plat acceptable et nourrissant
et les "chips" et le Coca-Cola, vous allez voir que les jeunes étudiants
vont aller surtout vers les "chips" et le Coca-Cola. C'est à
déplorer. J'espère qu'on ne deviendra pas une culture de
"chips".
M. CHARRON: Je ne nie pas cette possibilité. Elle existe
certainement. Comme le dit le ministre, cela a souvent des raisons à
l'extérieur de l'école. C'est bien entendu. Quand on pense qu'il
y a plusieurs travailleurs du Québec qui gagnent, à compter de
demain, un salaire brut de $84 par semaine pour nourrir des familles, il ne
faut pas croire que ces enfants sont, à domicile, habitués
à une nutrition exceptionnelle; ce qui fait que, lorsqu'ils sont
laissés à eux-mêmes à l'intérieur d'une
cafétéria scolaire, c'est tout l'ensemble social et vous avez
parfaitement raison de dire qu'on doit revenir là-dessus du
côté du ministère des Affaires sociales.
Mais je crois que la possibilité d'envisager une politique de
subvention pour faire que des repas complets, chauds soient à un prix
plus abordable pour les étudiants, mérite maintenant d'être
envisagée beaucoup plus qu'elle ne l'a été auparavant.
C'est dommage que ni dans le budget du ministère des Affaires sociales,
ni dans le budget du ministère de l'Education, cette année, on
ait prévu un montant qui puisse faire au moins la moitié du
chemin dans ce sens. C'est donc dire que pour toute l'année scolaire
prochaine, les commissions scolaires devront encore une fois assurer
elles-mêmes l'autofinancement de leur cafétéria.
M. CLOUTIER: C'est exact. Mais je persiste à croire
qu'étant donné que nos ressources restent limitées,
là où il faudra insister, c'est surtout sur les zones
défavorisées sur le plan de l'alimentation. Si nous ne pouvons
pas tout faire en même temps, c'est certainement le secteur qui devra
être privilégié.
M. CHARRON: La CECM a réussi à offrir des repas à
$0.65. Je ne peux pas mettre ma main dans le feu sur la qualité de ces
repas, mais c'est au moins une nourriture chaude et complète.
M. CLOUTIER: II y a les hôpitaux qui arrivent également
pour leur personnel c'est ce que vous alliez dire à
fournir des repas très satisfaisants.
M. DEOM: J'aimerais dire qu'il y a un collège qui est allé
plus loin que tout cela. Il a confié la gestion de sa
cafétéria...
M. CLOUTIER: Pas Edouard-Montpetit par hasard?
M. DEOM: Oui. ... aux étudiants pour faire une
expérience.
M. CLOUTIER: Et alors?
M. DEOM: On va le savoir d'ici quatre ou cinq mois.
M. CLOUTIER: Est-ce qu'il y a quand même une certaine surveillance
qui s'exerce concernant la qualité, pas tellement de la gestion, de la
nourriture?
M. DEOM: Non, la qualité va être surveillée par le
ministère des Affaires sociales, par le service de la santé.
M. CHARRON: Est-ce qu'on a déjà...
M. DEOM: C'est à la demande des étudiants que cela a
été fait.
M. CLOUTIER: Oui, l'expérience vaut certainement la peine
d'être tentée. Il n'y a aucune raison que cela ne puisse pas
être administré par les étudiants.
M. CHARRON: Mais le comité auquel faisait référence
le ministre tout à l'heure, où il se trouve des
représentants du ministère des Affaires sociales sur cette
question, est-ce qu'il a déjà fait une étude avec
chiffres, en noir sur blanc, sur ce que coûterait par exemple un
programme de subvention aux cafétérias, je ne dis pas pour faire
disparaître le coût des repas aux étudiants, mais les
réduire au minimum en fin de compte? Est-ce qu'on est allé
jusqu'à étudier la possibilité de subventionner les
cafétérias?
M. CLOUTIER: Subventionner, non. Mais de planifier des menus qui soient
sains et au prix le plus bas possible. Vous savez, ce vers quoi j'espère
que nous pourrons évoluer dans une optique de décentralisation,
puisque ce n'est pas un slogan, c'est très sérieux, c'est
véritablement vers des enveloppes globales sur les commissions
scolaires. Au sein de ces enveloppes, rien n'interdirait que les commissions
scolaires puissent s'administrer et insister sur cet aspect plutôt qu'un
autre. Pour l'instant, c'est un poste qui n'est pas transférable pour
l'excellente raison que c'est de l'autofinancement. Mais il n'est pas exclu que
cela puisse le devenir.
Transport des écoliers
M. CHARRON: A un autre chapitre, puisqu'on est à peu près
dans le même genre de problèmes auxquels font face les commissions
scolaires au niveau élémentaire et secondaire, la
Fédération des commissions scolaires a fait parvenir au premier
ministre un mémoire en termes très durs qualifiant le
ministère des Transports d'irresponsable et qu'on ne devrait pas lui
confier, dit-elle, contrairement à la loi 23 de l'année
dernière, le transport des écoliers.
M. CLOUTIER: Je pense que le député de Saint-Jacques fait
allusion à ce que la Fédération des commissions scolaires
a appelé son cahier de doléances.
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER: Cette doléance en particulier, parce que je dois
dire que toutes les autres doléances, nous avons réussi à
y répondre, avant même d'ailleurs qu'elles ne soient
formulées, parce que c'étaient des dossiers que nous connaissions
fort bien.
Pour ce qui est du ministère des Transports, je dois dire
qu'évidemment cela relève du ministère des Transports. Il
y a des problèmes qui se posent. Il existe un comité, n'est-ce
pas, entre le ministère des Transports et le ministère de
l'Education qui tente d'aplanir ces difficultés.
M. CHARRON: Autrement dit, ce que vous faites ce soir, c'est de
répondre à la Fédération des commissions scolaires
qu'il n'est pas question que le ministère de l'Education reprenne en
main tout le transport des écoliers au Québec.
M. CLOUTIER: Je pense que je serais mal placé pour faire une
telle affirmation. La loi a été votée sans mon
prédécesseur il y a deux ans et demi. Je crois qu'il faudra
peut-être réévaluer tout ce qui a été fait.
Ce n'est qu'après une réévaluation qu'on pourrait
peut-être envisager un changement. Est-ce que le transport scolaire
était mieux administré du temps qu'il était
administré par le ministère de l'Education? Je n'en suis pas
convaincu. C'est précisément par un effort de rationalisation
qu'on a voulu transférer ce secteur au ministère des
Transports.
M. CHARRON: Actuellement, qui représente le ministère de
l'Education dans ce comité avec le ministère des Transports? M.
White? Maintenant, est-ce qu'il est exact que le ministère de
l'Education offre aux commissions scolaires locales l'occasion de se dissocier
des commissions scolaires régionales afin de dispenser par
elles-mêmes l'enseignement élémentaire et secondaire?
M. CLOUTIER: J'ai fait allusion dans les remarques préliminaires
à une étude sur laquelle nous nous étions penchés,
pour reprendre l'expression du député de Saint-Jacques, mais
suffisamment pour obtenir des résultats. Il y a de nombreuses
études d'ailleurs qui ont débouché sur des
résultats et qui nous ont permis de prendre certaines actions
précises. Il s'agit de l'étude portant sur les annexes A et B de
la loi 27. C'est cette étude qui permet justement actuellement aux
commissions scolaires d'intégrer l'élémentaire et le
secondaire. C'est cette étude qui a permis ou qui va permettre de
régler un bon nombre de problèmes qui se posaient un peu partout
au Québec.
M. CHARRON: Combien de commissions scolaires ont fait ce choix
maintenant?
M. CLOUTIER: Actuellement, écoutez, nous sommes au tout
début. Le rapport nous est parvenu il y a deux mois. Nous avons, je
pense, ilyaà peine un mois, soit le 6 mars, envoyé aux
commissions scolaires le document en question avec un énoncé de
politique.
Je sais qu'il y a au moins une demi-douzaine de commissions scolaires
qui avaient logé antérieurement des demandes et que nous ne
pouvions pas accepter avant que nous ayons pu mettre au point exactement les
procédures et les conditions, parce que ceci ne sera pas accepté
n'importe comment.
Nous posons un certain nombre de conditions, mais je crois que
l'intérêt de cette façon de procéder, c'est que ces
conditions doivent être déterminées par les commissions
scolaires. Nous proposons une espèce de cadre général et
il s'agit pour les commissions scolaires de voir si elles rentrent dans ce
cadre général.
Voilà un exemple de la décentralisation que nous essayons
d'obtenir.
M. CHARRON: Est-ce qu'on peut croire qu'au cours de l'année
financière qui commence ce phénomène va être
encouragé par le ministère de l'Education, pour celles qui
pourront le faire?
M. CLOUTIER: Oui. C'est-à-dire que nous ne les forcerons pas.
C'est une politique permissive. Elle n'est pas incitative pour répondre
à l'aspect encouragé. Cela donne ouverture à cette
possibilité dans un certain nombre de conditions dont la principale est
que toutes les commissions scolaires locales d'une régionale se mettent
d'accord pour procéder à l'opération. Je n'ai pas
d'objection à déposer l'énoncé de cette
politique.
Il y a des calendriers pratiques qui sont liés à
l'année scolaire, de sorte qu'on ne peut pas penser à des choses
pour l'année qui commence maintenant mais plutôt pour
l'année scolaire qui commence en juillet 1975.
Je pense que ceci fait partie de cette remise en question dont je
parlais au début. C'est un exemple parmi d'autres. Mais avant d'en
arriver à réaliser cet objectif, qui est un objectif parfaitement
valable et qui existe d'ailleurs sur l'île de Montréal, encore
était-il nécessaire de revoir la carte scolaire et de faire
travailler ce comité pendant un certain temps.
M. CHARRON: Puisque vous me parlez souvent de
décentralisation...
M. CLOUTIER: Parce que je revenais un peu sur les remarques
préliminaires.
M. CHARRON: Bien sûr.
M. CLOUTIER: A l'occasion, je ne peux pas rater la chance de le
souligner.
M. CHARRON: Pourquoi le ministère a-t-il annulé le
colloque qui devait porter sur cet épineux problème?
M. CLOUTIER: Pour une raison très simple.
C'est que ce colloque a été commencé sur une
espèce de malentendu. Le but du ministère était tout
simplement de réunir les directeurs généraux pour discuter
de décentralisation, comme je l'avais fait, moi, à plusieurs
reprises avec la Fédération des commissions scolaires, et avec
divers groupes, non pas parce que nous pensons être en mesure d'apporter
toutes les solutions, mais parce que nous voulions consulter le plus largement
possible.
Il semble que est-ce à la suite d'un manque de
consultation, je ne sais pas la Fédération des commissions
scolaires ait cru que ceci relevait plutôt de ses prérogatives
à elle, et des instructions sont parvenues aux directeurs
généraux de certaines commissions scolaires de ne pas assister au
colloque.
Dans les circonstances, la seule condition raisonnable était
d'annuler le colloque. Ceci nous a quand même donné une
leçon. Nous avons compris que, même si nous avons des relations
très étroites avec la Fédération des commissions
scolaires, ces relations n'étaient peut-être pas suffisamment
institutionnalisées. Et nous sommes sur le point de mettre en place un
comité qui va comprendre le ministère, la
fédération des commissions scolaires, et nous souhaitons trouver
une formule qui nous permettrait d'impliquer les représentants des
directeurs généraux aussi, de manière que toutes les
grandes politiques du ministère puissent être débattues au
sein de ce comité.
Si un tel comité avait existé, même s'il y a eu des
communications avant l'organisation de ce colloque, à ce moment le
problème aurait peut-être été réglé
avant que l'organisation soit poussée autant que cela. Il n'y a pas plus
que ça dans toute cette histoire.
M. CHARRON: Vous m'avez dit: Le plus simple était de
l'annuler.
M. CLOUTIER: Oui.
M. CHARRON: Mais le plus profitable n'aurait-il pas été
d'inviter également les membres de la Fédération des
commissions scolaires avec les directeurs...
M. CLOUTIER: Au point où en était rendue l'affaire.
M. CHARRON: C'est-à-dire?
M. CLOUTIER: Une organisation montée pour recevoir 225 à
250 personnes, du jour au lendemain ça ne s'organise pas pour cinq
cents.
M. CHARRON: Cela a été annulé très peu de
temps avant la date prévue.
M. CLOUTIER: Quatre jours.
Huit jours, quelques jours avant. En fait, c'est bien ce que je vous
disais tout à l'heure, c'est une question de mécanisme de
concertation entre la fédération et le ministère et je
crois que maintenant de tels incidents ne peuvent pas se reproduire.
M. CHARRON: C'est assez curieux qu'un colloque qui allait porter sur la
décentralisation soit annulé parce que, justement, les personnes
intéressées à la décentralisation n'avaient pas
été invitées, c'est-à-dire les instances
décentralisées, comme on dit au ministère.
M. CLOUTIER: Les commissaires et syndics d'écoles avaient
été invités trois mois d'avance à
déléguer, s'ils le voulaient bien, leur directeur
général à des journées d'étude où il
serait question de...
Il ne s'agissait pas d'un colloque sur la décentralisation, il ne
s'agissait pas d'élaborer des politiques avec la
fédération. D'ailleurs, j'ai eu une réunion avec la
fédération, plusieurs réunions, nous avons parlé de
décentralisation. Lors de cette réunion au sommet dont je vous
parlais dans mes remarques préliminaires, les fédérations,
tant la francophone que l'anglophone, ainsi que tous les syndicats, les chefs
syndicaux étaient présents. J'ai demandé à tout le
monde de nous fournir des documents sur la décentralisation pour les
entendre. Je dois dire que nous en avons reçu un qui vient de la Quebec
Association of Protestant School Boards et nous attendons les autres.
J'espère que la Fédération des écoles catholiques
et les autres organismes vont collaborer. A ce propos d'ailleurs, je ne veux
pas que la décentralisation reste un vain mot. Ce n'est pas parce que
nous avons multiplié les initiatives en cours de route que le
problème est réglé. Le problème est
extrêmement complexe.
Je vous ai parlé tout à l'heure de ce comité qui a
été mis sur pied et de sa méthodologie. J'ajoute qu'il ne
peut pas y avoir de décentralisation si on ne repense pas tous nos modes
de financement. Vous souvenez-vous de la loi 291 qui a été
longtemps inscrite au feuilleton? La loi 291 est mise de côté.
Pourquoi? Parce qu'à mon avis c'était une loi qui n'insistait pas
suffisamment sur cette nouvelle orientation que je cherche à donner au
ministère. C'était une loi qui était trop centralisatrice.
Nous avons mis sur pied un autre groupe de travail pour nous interroger sur
d'autres modes de financement des commissions scolaires et cela devra se faire
très étroitement avec les travaux du comité sur la
décentralisation. En fait et ceci constitue une nouvelle jusqu'à
un certain point j'envisage la possibilité, une fois que les
travaux seront plus avancés et une fois que nos partenaires comme les
syndicats nous auront fait connaître leur point de vue, peut-être
d'en arriver à un véritable livre blanc sur la
décentralisation. Ceci marquerait certainement un point tournant pour
cette remise en question de l'éducation.
M. CHARRON: Vous venez de faire allusion au mode de financement des
commissions scolaires et vous avez annoncé cette nouveauté par
rapport à l'année dernière. Les commissions scolaires
recevront maintenant du ministère de l'Education une seule enveloppe
à l'intérieur de laquelle il leur sera permis, à partir
d'un montant minimal pour toutes les commissions scolaires et ensuite un per
capita, de jouer avec les montants à l'intérieur des...
Jusqu'à quel point? La première chose qui frappe dans l'annonce
de ce mode de financement, c'est de se demander jusqu'à quel point cette
liberté de... Est-ce vraiment une enveloppe globale et par la suite
liberté complète aux commissions scolaires de l'affecter
là où elles le veulent?
M. CLOUTIER: Pas encore. D'abord, il y a, à toutes fins utiles,
deux enveloppes. Il y a la masse salariale des enseignants, et ceci constitue,
comme je l'ai déjà dit, 70 p.c. à 75 p.c, et ceci est
commandé, comme vous le savez, par des normes provinciales. C'est dans
l'autre enveloppe, qui comprend le solde budgétaire, que la marge de
manoeuvre existe. Mais, même là, cette marge est réduite,
pour l'instant du moins, par nos normes. Je crois qu'il faut maintenir
certaines normes. Plus exactement, parlons de standards minimaux. Ce serait au
fond l'idéal parce que c'est le sens même de notre effort alors
que nous voulons en arriver à une péréquation des
ressources et à une péréquation des services.
Mais je crois personnellement que le ministère n'a pas
suffisamment insisté sur cette marge de manoeuvre. Je vous donne un
exemple qui est celui des disparités régionales. Le seul moyen,
à mon sens, de régler intelligemment le problème des
disparités régionales est d'en arriver à une enveloppe qui
laisse une marge de manoeuvre suffisante pour qu'on puisse tenir compte de ces
disparités. Ceci fait partie de la remise en question dont je vous
parlais.
Permettez-moi de vous donner un exemple. Nous traitons à peu
près de la même façon, avec quelques petits facteurs de
correction, une commission scolaire de 200,000 élèves, comme la
CECM, une commission scolaire de 500 élèves, comme certaines
commissions scolaires du Nord-Ouest, commissions scolaires urbaines,
commissions scolaires rurales. A toutes fins utiles, ce sont à peu
près les mêmes formules qui s'appliquent tant pour le personnel
que pour les subventions. Où se trouve la disparité à ce
moment? La plus grande loi de décentralisation que nous avons
passée, c'est la loi 71 parce que c'est une loi qui met l'accent sur le
milieu et qui donne son autonomie au milieu. Mais dans le reste du
Québec, on est loin d'en être là. C'est le genre de
réponses qu'il va falloir apporter à un moment donné.
Comment voulez-vous comparer les commissions scolaires rurales où
les distances sont très grandes? On en arrive à des
véritables aberrations et je ne parle pas comme l'ancien
député de Richmond. Je sais qu'il y a des facteurs de correction,
mais ce n'est pas suffisant. On en arrive dans de telles aberrations comme dans
le
Nord-Ouest, par exemple, où on se retrouve avec un
demi-enseignant ou un demi-cadre pour des écoles qui peuvent se trouver
à 100 milles de distance. Il est bien évident qu'il faut
prévoir des formules suffisamment souples pour que l'on puisse tenir
compte des situations locales et une petite commission scolaire peut avoir
besoin de plus de personnel qu'une grande commission scolaire, elle n'a pas la
même marge de manoeuvre. C'est tout le sens de l'étude COMMEL qui
fait partie de cette réflexion dont on parlait dans le discours de la
rentrée ou un certain nombre d'études ont été mises
en marche pour déboucher sur des solutions. L'étude COMMEL,
actuellement, porte sur les commissions scolaires de moins de 3,000
élèves.
M. CHARRON: Vous avez fait allusion aux zones éloignées,
il y a des facteurs de correction qui existent actuellement. Quels sont-ils?
Sans entrer dans les détails, ils portent sur quoi?
M. CLOUTIER: Les indices de compensation tiennent compte des frais
à caractère objectif, des frais de communication, transport,
téléphone et le facteur de distance entre les écoles de la
commission scolaire de chacune des écoles au siège social et du
siège social à Québec, à Montréal. Ce
facteur de distance, cet indice de compensation, basé comme ça,
essaie de tenir compte des situations particulières des commissions.
Ce n'est pas suffisant. C'est uniquement l'aspect purement
administratif. Le véritable problème, ce n'est pas
celui-là. Le véritable problème, c'est qu'il y a des
enfants qui ont des distances considérables à parcourir et il y a
des enseignants qui viennent d'un bassin relativement limité au point de
vue de la population. Il faut que ça colle à une
réalité qui varie énormément d'un endroit à
l'autre. Il suffit de visiter le Nord-Ouest, pour ceux qui n'en sont pas
convaincus, pour s'en rendre compte. C'est précisément dans ce
sens que nous travaillons, mais ce ne sont pas des choses qui peuvent changer
du jour au lendemain, précisément parce que c'est
extrêmement complexe. Cela met en jeu des problèmes de
financement. On parle de masse très importante. Il nous faut des
données. Aussitôt que nous avons les données, nous
agissons, nous l'avons fait pour les annexes A et B, c'est un vieux
problème en suspens. Nous allons le faire pour POLY qui nous a
apporté des éléments très intéressants. Nous
allons très certainement le faire après le résultat de
l'étude COMMEL.
M. CHARRON: Quand aurons-nous le résultat de ces
études?
M. CLOUTIER: Le 31 juillet 1974, on prévoit déposer le
rapport. A ce jour, ils ont respecté toutes leurs
échéances.
M. CHARRON: Cela veut dire que, si le rapport est déposé
le 31 juillet, il est possible que, pour la prochaine année
financière, il y ait des modifications importantes apportées.
M. CLOUTIER: Certainement, je vise, dans cette remise en question, des
modifications importantes à deux niveaux. Le premier niveau est le
niveau de nos structures et ceci pourra se faire petit à petit
aussitôt que nous aurons les données nécessaires. Le
deuxième niveau est celui des négociations collectives. Parce
qu'il ne faut quand même pas oublier que beaucoup de changements passent
par le biais des relations de travail. Le véritable test sera la
prochaine convention collective.
M. CHARRON: C'est vrai. Les commissions scolaires en comité vous
avaient demandé également d'assumer les intérêts sur
les emprunts, je ne parle pas des fonds qu'elles ont elles-mêmes à
percevoir pour la taxe foncière, je parle de ce qu'elles attendent du
ministère de l'Education et qu'elles doivent...
M. CLOUTIER: Des arrérages dont on est responsable. Nous avons
réussi à négocier ça et on m'informe que la
moitié est financée par nous et que l'autre moitié
par...
M. CHARRON: Par la commission scolaire.
M. CLOUTIER: ... par la commission scolaire. Une moitié se trouve
à être entrée actuellement dans l'enveloppe,
c'est-à-dire financée par nous, et l'autre moitié peut
être financée par la commission scolaire.
M. CHARRON: Cela représente...
M. CLOUTIER: II y a également un poste qui leur permet de
récupérer un peu d'argent, c'est qu'eux-mêmes exigent des
intérêts sur les taxes, alors l'un dans l'autre.
M. CHARRON: Si on fait un calcul, cela représente combien
d'argent par année, simplement ces intérêts?
M. CLOUTIER: A peu près $25 millions. Vous parlez d'argent?
M. CHARRON: Oui. Donc, c'est moitié moitié. Il y a $12
millions...
M. CLOUTIER: C'est cela.
M. CHARRON: ... quelques $100,000...
M. CLOUTIER: Qui se retrouvent dans les enveloppes.
M. CHARRON: Par le ministère de l'Education.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Laurentides-Labelle.
M. LAPOINTE: Ma question concerne les résidences. Certaines
commissions scolaires doivent maintenir des résidences à cause
des distances. Est-ce que les sommes nécessaires pour l'administration
des résidences doivent être prises à même l'enveloppe
globale?
M. CLOUTIER: Ils s'autofinancent comme les cafétérias, je
pense.
Oui, par ailleurs, les parents ont droit à une aide
équivalant à un maximum de $700 par élève, dans le
cas d'enfants qui demeurent en résidence.
M. LAPOINTE: A ma connaissance, je crois qu'il y a un montant
transférable qui pourrait être alloué au transport. Le
coût du transport peut être transféré pour
l'administration des résidences. Est-ce que mes informations sont
bonnes?
M. CLOUTIER: M. Girard.
M. LAPOINTE: Coût alternatif, transport.
M. CLOUTIER: C'est parce que c'est en administration des
résidences ou à des frais de transport, de déplacement en
fin de semaine, par exemple...
C'est certainement du transport spécial. Cela m'étonnerait
que ce soit... C'est un point que nous allons vérifier auprès du
ministère des Transports, si vous le voulez.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Elément 1...
M. CHARRON: Ce que j'ai l'intention de faire, c'est de les adopter tout
d'un coup quand j'aurai fini...
LE PRESIDENT (M. Pilote): D'accord. L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Je reviens aux recommandations du groupe POLY. La
neuvième recommandation porte sur l'année scolaire qui commence
le 31 juillet 1974 et recommande que, pour cette année scolaire, on
réaménage les postes de direction de l'école secondaire
polyvalente pour permettre d'avoir de véritables directeurs ou chefs de
département. Est-ce que cette recommandation, si elle devait être
acceptée, est conciliable avec les budgets et les enveloppes actuels
dont disposeront les commissions scolaires?
M. CLOUTIER: J'ai le sentiment qu'à moins qu'on puisse faire des
tours de force assez extraordinaires au cours des prochains mois, il sera assez
difficile d'appliquer des mesures en septembre 1974 qui impliqueraient des
modifications majeures aux allocations budgétaires, d'autant plus que
cette recommandation précise mérite d'être
étudiée, parce que vous allez trouver, dans le rapport, qu'on
préconise à la fois une structure départementale qui a
telles implications pédagogiques, mais qu'on insiste en même temps
sur le problème de l'encadrement de la vie étudiante qui, elle,
en soi, peut commander une autre structure. Que l'on adopte l'une ou l'autre,
il faut concilier, si on parle d'une structure, cellule-communauté, par
exemple, les exigences qu'on trouverait dans une structure
départementale des objectifs qu'on vise ou l'inverse, et il faut
développer un nombre de modèles.
Je dirais d'ailleurs qu'il n'est pas question d'adopter, de façon
isolée, une recommandation parmi d'autres. Actuellement, le rapport qui
vient de nous parvenir et qui a été rendu public il y a à
peine une semaine fait l'objet d'une consultation dans le milieu. C'est le
résultat d'un groupe de travail. Encore faut-il savoir ce que le milieu
en pense. Toutes les commissions scolaires l'ont reçu et toutes les
commissions scolaires ont été invitées à nous faire
leurs commentaires. Npus allons en faire la synthèse et on verra ce qui
peut être réalisé et non réalisé. A priori,
c'est bon, c'est même très bon, mais il n'est pas dit que nous
allons tout retenir.
M. CHARRON: Justement, sur cet aspect que vient de soulever Mme
Hendricks, soulevez-vous cela comme une contradiction ce que vous venez de dire
dans le rapport, c'est-à-dire l'impossibilité de faire les deux
choses à la fois, d'encadrer la vie étudiante, d'un
côté, et de procéder par départements, de
l'autre?
M. CLOUTIER: Vous ne voulez pas que j'embarque dans une description des
structures départementales, mais une structure départementale
regroupe, par exemple, tous les professeurs d'histoire.
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER: Quand vous faites cela, vous vous préoccupez des
enseignants et de leurs affinités. Vous ne vous préoccupez pas de
facto des enfants et de leurs affinités.
M. CHARRON: Parce qu'ils ne sont pas...
M. CLOUTIER: Alors, il faut trouver des formules qui concilient à
la fois les besoins des professeurs de travailler en équipe dans une
même discipline, mais en même temps les besoins des
élèves de se retrouver et le besoin que tous les professeurs qui
travaillent avec des élèves, qu'ils soient mathématiciens
ou historiens, forment aussi équipe auprès de ces enfants. Il y a
des liens qui ne m'apparaissent pas tout à fait clairement faits dans le
rapport.
M. CHARRON: Ah bon! Qui va travailler là-dessus, en particulier,
au sein de la direction générale pour les suites du...?
M. CLOUTIER: C'est le service de l'organisation de l'enseignement,
particulièrement. Mais
tous les autres services y collaborent. Ils ont la responsabilité
de coordonner la consultation.
M. CHARRON: Ce que j'aurais aimé, pour les fins de cette
discussion, c'est si j'avais eu connaissance du rapport, mais je dois plaider
absolument ignorance. Je fonctionne simplement avec un résumé,
mais peut-être que l'année prochaine, ce sera...
M. CLOUTIER: C'est un bon résumé, parce que je crois que
vous avez toutes les recommandations.
M. CHARRON: Oui, c'est cela.
M. CLOUTIER: Vous avez eu le rapport?
M. CHARRON: Je crois que oui. On l'a eu à l'heure du souper.
M. CLOUTIER: II me semble qu'on vous l'a distribué.
M. CHARRON: Je crois que quelqu'un nous l'a remis. Je vérifierai.
Si je ne l'ai pas, je vous le demanderai demain.
J'ai une question bien isolée, mais qu'on m'a demandé de
vous poser, parce que cela semblait inquiéter certaines personnes, et
à juste titre, je crois.
La Commission scolaire régionale de l'Outaouais a adopté,
l'année dernière, un règlement, ce qu'elle avait
parfaitement le droit de faire dans sa juridiction qui lui permet
d'expulser tout étudiant qui serait sous le coup d'accusation
criminelle, avant même que le jugement ne soit rendu. Certaines personnes
ont protesté jusqu'auprès du Protecteur du citoyen, parce que
c'est porter préjudice d'abord et oublier toute la tradition de
présomption d'innocence, donc d'aucune sentence qui doit s'abattre tant
que le jugement n'a pas été rendu. A ce que je sache, ce
règlement existe toujours à la Commission scolaire
régionale de l'Outaouais, et on se demande si le ministère peut,
de quelque façon, intervenir, parce que ce règlement serait ultra
vires, ni plus ni moins.
M. CLOUTIER: Ecoutez, nous ne sommes pas au courant, mais c'est
certainement un point que je vais vérifier. Chaque fois qu'on porte
à mon attention des problèmes de cet ordre, je m'arrange pour
vérifier. Alors, nous prenons bonne note.
Comités d'écoles
M. CHARRON: Très bien, c'est l'objectif que je visais pour le
moment.
En dernier lieu, puisque nous en sommes à ce secteur de
l'éducation, je me souviens qu'à un moment, Mme Hendricks m'avait
fait le reproche, il y a une année ou deux, à la fin de
l'étude des crédits de l'Education, de ne pas avoir abordé
la question des comités d'écoles, si vous vous rappelez bien.
Vous m'aviez dit: Cela marche pourtant bien, vous auriez dû me poser des
questions là-dessus. Alors, je vous pose des questions sur le dossier
scolaire cumulatif, parce que les comités d'école ont
été particulièrement actifs sur cette question, je
crois.
J'ai assisté, moi-même, à une réunion dans le
territoire de Montréal, zone 2 de la CECM, où vraiment une
opposition que moi-même je ressentais simplement au caractère du
règlement, les doutes que j'avais quant à l'efficacité du
règlement. Je me suis aperçu, à entendre les parents et
à la façon dont ils l'abordaient, que c'était
véritablement un objet de ressentiment qu'ils éprouvaient
à l'égard de ce règlement. J'ai eu un débat
habituel avec le ministre de l'Education à l'Assemblée nationale
à ce sujet et je n'ai pas été satisfait de la
réponse que le ministre m'a fournie à cette occasion, parce que
cela me semblait ne pas donner une réponse claire et nette que plusieurs
groupes exigent maintenant sur le dossier scolaire cumulatif. Je connais
déjà la réponse que le ministre m'a fournie à
l'Assemblée nationale, ce groupe d'études qui va revoir, etc.
Je veux savoir où on en est actuellement sur cette question du
dossier scolaire cumulatif au ministère.
M. CLOUTIER: II n'est sans doute pas utile que je revienne sur tout le
cheminement de ce problème, n'est-ce pas? Il y a eu, effectivement, un
règlement touchant le dossier scolaire cumulatif. Ce règlement
faisait suite à une consultation qui a été beaucoup plus
vaste et approfondie qu'on ne le croit généralement. Cependant,
malgré tout, il y a eu des réserves qui se sont
manifestées ici et là. Moi-même, j'ai éprouvé
des réserves dès le début, en particulier en ce qui touche
non pas les renseignements proprement académiques, mais les
renseignements d'ordre individuel et ces réserves m'ont poussé
très rapidement à suspendre l'application du dossier scolaire
cumulatif.
J'ai été moi-même frappé par l'excellent
travail qui a été fait par certains comités de parents. Je
pense, en particulier, à des comités de parents que j'ai
rencontrés dans le Nord-Ouest. Ceci, soit dit en passant, est une
justification des comités de parents qui peuvent faire, contrepoids et
un contrepoids utile devant certaines mesures, qu'elles soient prises par le
ministère ou qu'elles soient prises par les commissions scolaires.
Alors, le dossier scolaire cumulatif a été retiré.
Il y a eu une vaste consultation, une nouvelle consultation qui a
été entreprise. Elle s'est terminée à la fin de
mars et le député de Saint-Jacques m'a posé une question
à ce moment. J'ai dit à peu près ce que je viens de dire,
mais j'ai aussi expliqué qu'il était essentiel de
dépouiller cette consultation avant de prendre d'autres
décisions, mais j'ai clairement laissé
entendre qu'il n'était pas question d'utiliser le dossier
scolaire cumulatif dès le mois de septembre et qu'il faudrait en arriver
à un nouveau projet qui tiendrait compte de l'ensemble des opinions
émises.
Nous en sommes là, à ceci près que maintenant que
nous avons franchi l'étape du dépouillement de la consultation,
de manière qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, nous allons
présenter un arrêté en conseil qui, à toutes fins
utiles, va suspendre, abroger littéralement, ce qui est la chose
naturelle à faire, ce que le député de Saint-Jacques
d'ailleurs souhaitait, je crois, dans sa question, mais j'ai été
obligé de répondre que c'était prématuré et
qu'il fallait au moins qu'on se donne la peine de dépouiller, même
si notre échange a été un peu violent...
M. CHARRON: J'étais d'avant-garde...
M. CLOUTIER: ... à ce moment-là. Pour moi, c'était
une question de correction vis-à-vis des gens que j'avais
consultés et je voulais au moins prendre la peine de connaître
leur opinion et cet arrêté en conseil va abroger le dossier
scolaire cumulatif, mais ceci ne fait pas disparaître toutes les
difficultés parce qu'il y a tout de même un problème de
confidentialité qui se pose et ceci est important. Par une directive
administrative, nous allons imposer la confidentialité des dossiers qui
existent déjà parce que vous n'ignorez pas qu'il y a des dossiers
qui existent. Alors, nous allons aborger l'arrêté en conseil,
régulariser la situation maintenant que le moment est venu et, par
ailleurs, exiger la confidentialité des dossiers par voie administrative
et nous reprendrons parce qu'il n'y a pas que du mal là-dedans. Il y a
également un effort de rationalisation qui a été
souhaité par tout le monde depuis des années. Nous allons
reprendre le projet à la lumière de la consultation et envisager
d'arriver avec quelque chose de plus adapté en septembre 1975.
M. CHARRON: La Commission des écoles catholiques de
Montréal a déjà un dossier scolaire cumulatif depuis
déjà quelques années...
M. CLOUTIER: Oui, et cela n'est pas mauvais du tout d'ailleurs.
M. CHARRON: ... et si je ne me trompe pas, ce dossier scolaire cumulatif
n'existe qu'au niveau élémentaire...
M. CLOUTIER: A tous les niveaux, je pense.
M. CHARRON: Attendez un peu. Une partie...
M. CLOUTIER: ... de la fiche...
M. CHARRON: ... de la fiche individuelle est accumulée
jusqu'à la fin de l'élémentaire où elle est
rayée du dossier de l'étudiant par la suite, l'évaluation
de sa famille, conditions familiales, etc., notes qu'on peut prendre à
l'époque élémentaire mais qui n'accompagnent pas
l'étudiant au secondaire et encore moins par la suite.
M. CLOUTIER: C'est d'ailleurs une formule comme celle-là vers
laquelle nous allons fort probablement évoluer.
M. CHARRON: C'est ce que j'allais vous demander.
M. CLOUTIER: II y a intérêt qu'il y ait des notations, mais
il n'y a pas intérêt que les notations suivent
l'élève tout le temps d'autant plus que ces notations, il faut
bien le dire, sont subjectives.
M. CHARRON: C'est vrai.
M. CLOUTIER: II ne faut pas avoir beaucoup d'expérience en
psychologie pour savoir comme un diagnostic peut suivre quelqu'un pendant toute
sa vie. On peut déterminer qu'un étudiant présente une
certaine débilité mentale à un certain âge, mais si
on en fait un débile mental pour le reste de son existence, j'en connais
beaucoup qui le seraient à l'âge adulte. C'est là où
il y avait quelque chose de véritablement difficile à
apprécier et il faut raffiner un peu l'instrument.
On peut même se demander s'il est nécessaire de conserver
les résultats scolaires dans leurs détails à tous les
niveaux. Au fond, qu'est-ce qui compte? C'est d'avoir franchi une
étape.
Ce n'est peut-être pas de savoir... Si je demandais au
député de Saint-Jacques combien il a eu en catéchisme en
deuxième année, il ne s'en souvient probablement pas.
M. CHARRON: 98 p.c, 99 p.c.
M. CLOUTIER: Ce qui est important, c'est véritablement
l'étape. On peut se demander aussi s'il y a intérêt
à ce que des résultats suivent l'élève toute sa
vie. Une dernière remarque, c'est que, en particulier en ce qui concerne
les résultats scolaires, il est quand même nécessaire
d'avoir des données. Ces données doivent être
conservées pendant un laps de temps assez long pour qu'on puisse y faire
appel, le cas échéant, mais pas nécessairement toutes les
données.
M. CHARRON: M. le Président, je suis content de la tournure de ce
débat autour du dossier scolaire cumulatif, surtout des positions que
vient d'énoncer le ministre actuellement. Je pense que Mme Hendricks a
encore plus de raisons d'être fière des comités
d'écoles, du travail que font les comités de parents, parce que
je pense que la vigilance de certains et l'écoute qu'ils ont connue dans
d'autres foyers du Québec a été importante sur cette
question.
C'était peut-être une erreur qu'on allait commettre que
d'installer le dossier scolaire cumulatif tel qu'il apparaissait dans
l'arrêté en conseil.
Actuellement, l'évaluation et la conservation des
évaluations des étudiants ne sont pas uniformes, si j'ai bien
compris, parce que je parlais du modèle qui est en vogue à la
Commission des écoles catholiques de Montréal. Une autre
commission scolaire peut avoir un autre... C'est ce besoin d'uniformer...
M. CLOUTIER: D'uniformiser, si je peux me permettre cette
légère correction.
M. CHARRON: ...D'uniformiser le mode d'évaluation dans tout le
Québec.
M. CLOUTIER: Pas seulement cela. Assurer le caractère
confidentiel, c'est peut-être le plus important, parce qu'à la
CECM, je veux bien croire que c'est une grande commission scolaire et que le
caractère confidentiel existe, mais ailleurs, c'est loin d'être le
cas. C'est la raison pour laquelle je ne voulais pas abroger trop rapidement
l'arrêté, avant d'avoir véritablement été au
fond de la chose. Nous allons l'abroger mais, comme je vous le disait tout
à l'heure, parallèlement à cela, nous allons prendre des
dispositions pour assurer, en attendant qu'il y ait autre chose, le
caractère confidentiel...
M. CHARRON: D'accord.
M. CLOUTIER: ... ce qui n'était pas prévu.
M. CHARRON: Quand le ministre prévoit-il le nouvel
arrêté en conseil pour abroger le précédent?
M. CLOUTIER: II est prêt. Il suffit qu'il passe actuellement.
C'est une question d'une semaine, deux semaines. Mercredi prochain, fort
probablement. Je pourrais peut-être ajouter que le ministère ne
considère pas du tout que les représentations qui lui sont faites
par les comités de parents constituent des contestations, loin de
là. Les comités de parents sont justement là pour faire
entendre leur voix. Le ministère est là pour les entendre.
J'aimerais peut-être ajouter que les comités de parents n'ont pas
qu'une fonction de vigilance. Je crois que vous avez saisi ce que je disais. Je
disais qu'il y a également, en plus de cette fonction de vigilance, des
fonctions peut-être encore plus positives de contribution à la vie
de leur école et de contribution à la vie de la commission
scolaire.
M. CHARRON: Probablement que dans les mémoires que vous avez
reçus et qui sont étudiés actuellement, vous avez des
suggestions qui sont cette contribution positive. J'ai l'impression qu'on l'a
fait à certains endroits.
M. CLOUTIER: Très certainement.
Gestion interne et soutien
M. CHARRON: Bon, sur cette question et sur l'ensemble, je crois avoir
fait le tour que je voulais faire des plate-bandes de Mme Hen-dricks. Je veux
demander, sur les éléments des crédits, à la page
10-22 de la gestion interne et soutien du secteur élémentaire et
secondaire public.
M. CLOUTIER: Quel élément? M. CHARRON: Page 10-22.
M. CLOUTIER: Je n'ai pas cela comme cela. Il faudrait me donner
le...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Programme 7. M. CLOUTIER: Oui, quelle est la
question?
M. CHARRON: Si on regarde les colonnes 1973/74 et 1974/75, au chapitre
des traitements, il y a une diminution. Mais au chapitre des services, il y a
une substantielle augmentation. Lorsqu'on vérifie les effectifs, il y a
une diminution. J'aimerais une explication.
M. CLOUTIER: Oui, quitte à justifier, c'est purement technique.
Il y a eu un transfert entre honoraires et traitements, c'est-à-dire que
les honoraires sont maintenant inclus dans les traitements, ce qui
n'était pas le cas l'année précédente. C'est
l'explication.
M. CHARRON: Dans les services? M. CLOUTIER: Dans les services, oui.
M. CHARRON: Ce sont les honoraires de qui, de quoi?
M. CLOUTIER: Ce sont, pour la plupart, des consultants, des personnes
qu'on peut engager à forfait, par exemple, pour produire un document
quelconque, un guide, ou qu'on engage à raison de tant d'heures pour
produire tel document.
Vous me permettrez de signaler que, ce qu'il faut comparer, c'est le
total des deux. Comparez le total des traitements et services et, à ce
moment, vous retrouvez votre équilibre.
M. CHARRON: C'est ça, c'est $700,000 à peu près aux
deux endroits.
Direction générale de l'enseignement
élémentaire et secondaire jusqu'à l'année
prochaine.
LE PRESIDENT (M. Pilote): On peut considérer que le programme 5
est adopté?
M. CHARRON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Programme 6, adopté. Programme 7?
M. CHARRON: Tout le groupe 2.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Tout le groupe 2,ainsi que le programme 9.
M. CHARRON: Non.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le programme 9 fait partie du groupe 2.
M. CHARRON: Non, il fait partie du groupe 3,enseignement
collégial.
LE PRESIDENT (M. Pilote): D'accord.
M. CHARRON: Si vous voulez qu'on parle du collège d'Alma,
donnez-nous la chance de...
M. CLOUTIER: Cela va bien.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Nous sommes rendus au programme 3.
M. CHARRON: Est-ce qu'on peut ajourner à demain matin, dix
heures, pour aborder le collégial?
M. CLOUTIER: Je n'ai pas d'objection. Je pense que la commission est
souveraine. Si nous considérons que nous avons suffisamment bien
travaillé...
M. CHARRON: On ne ferait qu'aborder le collégial et c'est
déjà...
LE PRESIDENT (M. Pilote): La commission est d'accord.
M. CLOUTIER: Demain, dix heures, ça nous permettra de faire des
progrès.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La commission ajourne ses travaux à
demain, dix heures.
(Fin de la séance à 22 h 32)