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Education
(Neuf heures trente-cinq minutes)
M. PROULX (président du comité): A l'ordre, messieurs!
Messieurs les membres du comité, c'est avec joie que je déclare
ouverte cette quatrième séance du comité de
l'Education.
UNE VOIX: Cinquième.
M. LE PRESIDENT: Cinquième déjà? Dieu que cela va
vite!
M. LESAGE : Mystère joyeux, cinquième station.
M. LE PRESIDENT; My stère joyeux, cinquième station!
Cinquième station du comité de l'Education. M. le Ministre, s'il
vous plaît.
M. CARDINAL: M. le Président, permettez que je continue ce que
j'avais commencé. Auparavant, à cause d'une nouvelle parue dans
le journal ce matin, je veux dire un mot au sujet de la situation du CEGEP de
Chicoutimi, puis-qu'au début nous avons parlé des collèges
d'enseignement général et professionnel. J'ai, à plusieurs
reprises, mentionné que les occupations étaient terminées
dans ces collèges» Cependant, des journaux ont annoncé,
hier en fin de journée et ce matin, qu'à Chicoutimi l'on a repris
l'occupation.
Alors les faits sont les suivants: un groupe d'élèves du
collège de Chicoutimi ont recommencé hier à manifester,
à l'intérieur du CEGEP dont ils ont paralysé le
fonctionnement en forçant l'évacuation des classes. Avec la
participation d'un groupe d'élèves de Jonquière
c'est le premier cas de ce genre qui se passe ils ont
défoncé les portes de l'auditorium du CEGEP pour y tenir une
assemblée au cours de laquelle ils ont proposé de reprendre
l'occupation du collège. Les élèves protestent contre une
décision des autorités du collège de renvoyer, pour la
session en cours, sept élèves qui déjà avaient
invalidé leur semestre en ayant largement dépassé le
nombre limite d'absences non comprises dans la période d'occupation. Il
existe un règlement de présences, règlement
général qui s'applique à tous les collèges
présentement.
Un certain nombre d'entre eux parmi les sept
n'étaient d'ailleurs même pas inscrits au collège. De plus,
ces élèves ne s'étaient pas conformés à la
décision du CEGEP qui avait exigé la reprise des cours le 21
octobre dernier, après une semaine de journées d'étude et
d'occupation. En raison de l'agitation intérieure qui a
été organisée par des groupes d'activistes, dans ce cas,
et qui rend impossible le fonctionnement régulier des cours en
raison de la présence au collège de Chicoutimi
d'éléments extérieurs qui sont venus pour y marauder et
organiser la guérilla de contestation, en raison du risque d'une
nouvelle occupation et pour éviter de pénaliser les
élèves qui se seraient absentés aujourd'hui par crainte de
désordre et de violence, le conseil d'administration du collège
de Chicoutimi, réuni en séance spéciale hier soir, a
décidé de suspendre l'enseignement et de fermer le collège
jusqu'à ce qu'un climat normal soit rétabli. Le conseil
d'administration a également confirmé la décision prise
par la direction au sujet des sept élèves qui ont
été avisés de se retirer pour la session. Il a enfin
déclaré reconnaître le bien-fondé du
règlement provincial relatif aux absences, et réaffirmé
qu'il entend continuer à l'appliquer.
Comme ministre de l'Education, je rappelle qu'un service public ne peut
pas être livré aux volontés anarchiques de certains
agitateurs qui, dans ce cas, auraient cherché la provocation directe et
la violence.
J'appuie donc la décision du conseil d'administration de fermer
le collège de Chicoutimi, jusqu'à ce que la situation soit
rétablie. Le ministère suit cette situation d'heure en heure pour
assister les autorités locales.
Il y a encore aussi l'école des Beaux-Arts de Montréal
d'occupée...
M. LAPORTE: Nous pourrions peut-être poser certaines questions sur
ce problème particulier. Le collège de Chicoutimi, cela comprend
ou cela affecte combien d'élèves?
M. CARDINAL: Environ 1,800 élèves.
M. LAPORTE: Environ 1,800 élèves qui seront, eux,
privés de cours jusqu'à nouvel ordre?
M. CARDINAL: C'est-à-dire que, pour aujourd'hui, pour la
première journée, le collège est fermé de
façon à éviter ce qui s'est produit hier, de façon
à éviter que le groupe majoritaire d'étudiants qui
voudraient quand même suivre les cours ne se rencontrent pas, disons,
dans un état qui était de violence quand cela s'est produit avec
le groupe d'agitateurs et de façon, justement, à permettre aux
autorités locales et au ministère de régulariser la
situation avant que les étudiants n'entrent à nouveau dans le
collège.
M. HARVEY: M. le Ministre, j'aimerais poser une question. Vous avez
mentionné que, parmi les étudiants qui ont occupé de
force, hier, qui ont défoncé les portes, il y avait des jeunes de
l'extérieur qui n'étaient pas inscrits ni à Chicoutimi, ni
à Jonquière, et des étudiants du collège de
Jonquière.
D'après les informations que vous possédez, est-ce que
vous connaissez, à peu près, le nombre des étudiants de
Jonquière qui y auraient participé?
M. CARDINAL: Non, je n'ai pas ce détail. Ce qui est
arrivé, c'est qu'il y a sept autobus d'étudiants ou de
présumés étudiants qui sont arrivés de
Jonquière ou de la région de Jonquière à
Chicoutimi, pour cette occupation.
M. HARVEY: Si je demande cela, c'est parce qu'en fin de semaine des
étudiants de différents CEGEP de la province ont tenu une
réunion de deux jours au collège de Jonquière. Il se peut
fort bien que des étudiants de l'extérieur soient demeurés
dans la région pour tenter ce coup-là.
M. CARDINAL: Oui, c'est possible. D'ailleurs, évidemment, nous
n'avons pas fait un relevé des noms...
M. HARVEY: Non, je comprends.
M. CARDINAL: ... dans une situation semblable, c'est impossible»
Mais, ce que j'ai mentionné, d'après les renseignements que nous
avons, ces sept autobus venaient de Jonquière. Mais il n'était
pas certain et ce semblait même le contraire...
M. HARVEY: Quand vous dites « cet », c'est CET?
M. CARDINAL: SEPT.
M. HARVEY: SEPT?
M. CARDINAL: Ce sont sept autobus.
M. HARVEY: Sept autobus.
M. CARDINAL: Un moins que huit.
M. HARVEY: Merci.
M. CARDINAL: Quant aux Beaux-Arts de Montréal, si vous me le
permettez, j'y reviendrai un peu plus tard dans mon exposé. Normalement,
la situation serait rétablie vendredi.
Je reviens au sujet où nous étions, aux prêts et
bourses. Je réponds aux questions posées par l'honorable
député de Chambly.
L'une de ces questions était: Le système actuel, a-t-il
été établi en collaboration avec les parents et les
étudiants?
Le systeme d'aide aux étudiants, en vigueur à l'heure
actuelle, est depuis plusieurs années le fruit de consultations
multiples. Afin de connaître la situation réelle des parents et
des étudiants touchés par ce système, le ministère
a effectué, en 1967, une enquête auprès de tous les
étudiants des niveaux collégial et universitaire. Cette
enquête fut réalisée par le Centre de recherches sur
l'opinion publique que l'on appelle CROP, sous la direction du comité du
plan de l'accessibilité à l'instruction. Les résultats de
cette enquête ont été analysés par les membres de ce
comité comité de l'aide aux étudiants
comprenant, entre autres, deux représentants de l'Union
générale des étudiants du Québec, de l'UGEQ, et un
représentant des travailleurs. Toutes les suggestions du comité
ont été retenues à l'exception de celles qui impliquaient
un fardeau financier trop grand pour l'Etat, à l'heure actuelle. D'autre
part, les étudiants ont, chaque année, dans le passé,
participé à l'élaboration de politique annuelle du
service, notamment en ce qui concerne les cas exceptionnels.
Je rappelle, par exemple, que lorsque j'ai rencontré les
représentants de l'UGEQ, en décembre dernier, je leur ai à
nouveau fait l'invitation de créer un comité conjoint pour
étudier les cas exceptionnels. C'est à ce moment-là que
l'UGEQ, sur place, n'a pas donné de réponse et que dans les
semaines qui ont suivi, l'UGEQ a refusé de participer à ce
comité.
Ensuite, cette année encore une fois, les représentants de
l'UGEQ ont participé au comité pour étudier à
nouveau les normes. Ce n'est qu'après que les normes eurent
été annoncées et qu'après que la contestation eut
commencé que les étudiants de l'UGEQ se sont retirés du
comité, comme ils se sont retirés, d'ailleurs, de tous les
comités.
Autre question qui a été posée: Est-il vrai que des
étudiants qui n'en n'ont pas besoin, reçoivent des bourses, et
que d'autres qui sont dans le besoin n'en ont pas? « Tous les
étudiants dans le besoin » je le mets entre guillemets,
c'est au sens de la loi, des règlements qui ont
complété une demande et qui fréquentaient un
établissement reconnu pour fin de prêts de bourses, ont obtenu
l'aide, s'ils étaient à un niveau d'étude prévu par
la loi, et s'ils suivaient les normes.
Beaucoup de rumeurs circulent quant à ceux
qui sont riches ou qui se font passer pour riches. La
vérification des déclarations que le service de l'aide aux
étudiants effectue de façon plus régulière depuis
deux ans, particulièrement l'an passé je l'ai
mentionné à la dernière réunion du comité
a permis de diminuer considérablement les sommes accordées
à des étudiants qui pourraient ne pas être dans le besoin
et qui fournissaient des informations que j'appellerai « erronées
» afin d'obtenir de l'aide.
A la suite de la première année de vérification et
de poursuites c'est l'année 1966-1967 on a pu constater
l'année suivante, en 1967-1968, une diminution importante des sommes
versées aux étudiants en prêts et en bourses, soit $6
millions en prêts et $6 millions en bourses. Cette diminution fut de $12
millions par rapport à des prévisions fondées sur les
tendances des années antérieures.
J'avais mentionné à la dernière réunion un
chiffre de mémoire, $10 millions, le chiffre exact est $12 millions. En
1967-1968, une vérification de 5,600 demandes, choisies au hasard,
à titre d'échantillons, a amené quelque 360
étudiants, eux-mêmes, à ne pas donner suite à leur
demande et nous en avons, nous-mêmes, refusé après cette
vérification, 30 autres.
M. LAPORTE: Sur combien de cas?
M. CARDINAL: Sur 5,600 demandes choisies au hasard...
M. LAPORTE: Oui.
M. CARDINAL: ... il y en a 360 qui ont, eux-mêmes, retiré
leur demande et 30 que nous avons nous-mêmes retirées.
Environ 1,000 autres demandes ont été analysées
à la suite de renseignements qui semblaient douteux. Quelque 455 de ces
demandes, à même ces 1,000, ont dû être
annulées parce que les informations qu'elles contenaient
différaient de celles que nos moyens de vérification nous
fournissaient. Je me permets de donner un exemple que j'ai déjà
donné au comité des crédits en juin dernier. Dans un cas
particulier, si on comparaît la formule de cette année avec la
formule de l'an passé, on s'apercevait que le père qui
était mort l'an passé était vivant cette année.
Alors, ça, ce sont des cas qu'on peut, à leur face même,
vérifier de plus près.
Ces expériences nous ont amenés à effectuer cette
année une vérification très poussée et à
scruter toutes les demandes. Il est à pré- voir, encore une fois,
que bon nombre d'étudiants et de parents nous obligeront à leur
refuser toute aide pour l'année en cours de même que pour les
prochaines années à cause de leurs déclarations inexactes.
Je n'ai jamais, dans le passé, employé l'expression «
déclaration frauduleuse ». Dans les cas où ceci serait
prouvé au sens de la loi, nous y verrions. Je reverrai le texte de la
loi tantôt. L'élimination, donc, des inexactitudes...
M. LAPORTE: ... des inexactitudes dans les chiffres que vous nous avez
soumis?
M. CARDINAL: Sur la base...
M. LAPORTE: Je m'excuse. Ce n'est pas tellement une interruption
là, qu'une...
M. CARDINAL: Non, non, d'accord, sur la base soumise...
M. LAPORTE: ... oui, 5,600 vérifications... M. CARDINAL: Oui.
M. LAPORTE: ... vous en avez refusé, c'est-à-dire 360, tel
qu'annoncé le 2 mai...
M. CARDINAL: C'est 390.
M. LAPORTE: ... 390 et vous avez 455 autres qui ont
été...
M. CARDINAL: ... à même les 1,000 autres. Vous avez
6,600...
M. LAPORTE: Est-ce que les 1,000 sont sur les 5,600?
M. CARDINAL: Non, en plus.
M. LAPORTE: Excusez-moi! Cela fait 6,600. D'accord.
M. CARDINAL: De fait, maintenant, à cette base-là,
supposons que ce serait 12% ou un chiffre approximatif il faut voir
qu'elle est forte pour deux raisons - c'est que dans les cas des mille,
c'étaient des cas qui, à leur face même, nous faisaient
nous interroger. Il n'est donc pas surprenant qu'il y a là presque 50%
d'inexactitude. Dans les cas d'échantillonnage, vous avez environ 400
sur 5,600, mais la proportion est déjà moins élevée
et vous aviez eu l'an passé 68,000 demandes. Oui, mais cette
année, vous en avez 80,000. Alors, faites la proportion. Il faudrait les
vérifier toutes, donc c'est impos-
sible. Mais l'élimination des fraudes ou des inexactitudes, si
vous voulez, se fait grâce à des vérifications en ce sens
que ça devient un avertissement continuel pour les années
subséquentes, mais l'élimination des erreurs grâce à
cette vérification poussée représente pour le
ministère de l'Education le seul moyen efficace d'assurer une solution
équitable des fonds publics.
Je reviens, si vous le permettez, M. le Député, sur les
chiffres de tantôt, vu que ces chiffres sont peut-être, sont
certainement au journal des Débats, j'aimerais mentionner pour que ceci
soit clair, 5,600 demandes choisies au hasard, 1,000 demandes non choisies au
hasard, ce qui fait 6,600. Il y a de refusées, un chiffre, tantôt
je disais de 68,000 demandes, dont 36,000 demandes ont été
acceptées, cela veut dire que, vous avez un échantillonnage qui
est aux environs de 7% du total des bourses acceptées.
M. LAPORTE : En ce cas-là, puisque M. le ministre donne la
précision, est-ce qu'on doit compter l'échantillonnage des 5,600
sur les 36,000? Plutôt que sur les 68,000?
M. CARDINAL: Oui, je les compte sur les 36,000 accordées. Parce
que parmi les 68,000 demandes, il y en a qui n'obéissent pas d'avance
aux normes. Il n'est pas question d'inexactitude.
M. LAPORTE: Mais dans celles que vous aviez décidé
d'accorder?
M. CARDINAL: Je les compte pour le moment sur la base de 36,000. Je
pourrais ajouter une autre précision. Il arrive parfois que nous ayons
des renseignements que j'appellerai douteux. On nous informe que, dans un cas,
il y a peut-être, il est peut-être arrivé telle chose. Dans
ces cas précis, les renseignements qu'on nous donne sont aussi douteux
que ceux de la formule peut-être. Nous les vérifions.
C'est-à-dire que chaque fois qu'il y a non pas une dénonciation
mais qu'il y a une rumeur assez précise sur un cas en particulier, nous
vérifions ce cas.
Si des montants étaient adjugés à la suite de
déclarations erronées, il est possible d'appliquer la loi. Ce
sont les articles 9 et 10 de la loi de l'aide aux étudiants, l'article 9
dit ceci: « Quiconque fait sciemment une fausse déclaration en vue
d'obtenir ou de faire obtenir un certificat ou une bourse est coupable d'une
infraction et passible sur poursuite sommaire d'une amende d'au plus $1,000.
» La deuxième partie de la loi des poursuites sommaires s'ap-
plique aux infractions visées par le présent article 10: «
L'étudiant qui en vue d'obtenir un certificat ou une bourse fait
sciemment une fausse déclaration, doit le cas échéant,
rembourser au gouvernement les montants que celui-ci a déboursés
en conséquence de la délivrance de ce certificat et le montant de
la bourse obtenue. »
Cet étudiant ne peut obtenir un certificat d'une bourse pendant
une période de deux ans après la date de sa déclaration.
Alors, lorsque les conditions mentionnées dans cette loi sont
présentes et certains cas se sont produits, je n'ai pas le nombre
devant moi ce matin dans ce cas-là, la pénalité de
deux ans s'applique. Evidemment, on revient à la charge en nous disant:
C'est malheureux ce qui s'est produit, c'est un cas triste, etc. De toute
façon, disons que je donne cette réponse sur les
vérifications pour ajouter à ce que j'ai déjà dit
sur le sujet.
Le député de Chambly a demandé s'il était
vrai que, dans certaines institutions, l'arrivée de la bourse
d'étude déclenchait une ruée vers les magasins pour
acheter toutes sortes d'objets; il a mentionné des autos-neige, des
stéréos, etc.. Je pense que, d'après les renseignements
que nous possédons, il est vraiment exagéré de parler de
ruée vers les magasins. Il ne faudrait quand même pas faire de la
politique avec des rumeurs que l'on entend dans ce milieu.
Il faut toutefois avouer que ceci est possible pour deux
catégories d'individus: ceux qui, par de fausses déclarations,
réussissent à obtenir plus que leurs besoins essentiels, et ceux
qui, n'obtenant que des sommes normales mais, qui, après avoir obtenu
cette somme, l'utilisent pour l'achat d'articles superflus parfois au risque de
se priver de manger. Le député de Chambly va quelquefois dans les
institutions d'enseignement; le ministre le fait aussi! J'ai moi-même
entendu parler des étudiants qui, après avoir obtenu une bourse,
ne pouvaient plus se rendre à la cantine de leurs collèges ou de
leurs universités parce qu'ils avaient dépensé la bourse
pour d'autres fins que celle pour laquelle la demande avait été
faite.
Il est évidemment impossible d'imputer la responsabilité
de ces cas d'irresponsabilité au ministère de l'Education. C'est
une question d'administration du budget de chaque étudiant. En d'autres
mots, il ne faudrait pas faire une équation entre celui qui,
étant dans le besoin, demande une bourse, se conforme aux normes
établies par la loi et les règlements, obtient cette bourse et,
au lieu de l'employer pour sa subsistance, par exemple, l'emploi pour d'autres
fins parce qu'il a un désir particulier qui l'assaille
au moment où ce chèque arrive. Comme toujours les quelques
exceptions réussissent, par la publicité dont on les entoure
parce que c'est le phénomène de la publicité
à faire croire à certains qu'il s'agit d'une ruée vers les
magasins. Je n'ai jamais, pour ma part, vu de telles ruées vers les
magasins vu que ce sont les termes que l'on a employés
bien que j'aie vu des étudiants être dans le besoin même
après avoir obtenu l'aide de l'Etat.
Le député a demandé comment-il se fait que l'an
dernier le paiement des bourses avait été fait avec des retards
si grands c'est ce qu'il ajoute que cela a compromis
l'année scolaire de plusieurs élèves. J'ai,
déjà au comité des crédits, au mois de juin,
expliqué les retards de l'an passé. J'ai déjà,
à ce moment-là, expliqué que pour le calendrier de cette
année, l'administration des demandes et des réponses du
ministère se ferait différemment. J'ai mentionné,
déjà devant ce comité dans des réunions
précédentes en réponse au chef de l'Opposition et
au député de Vaudreuil-Soulanges que cette année
nous étions plus en avance sur le calendrier que jamais le
ministère ne l'a été dans son histoire.
On a cependant affirmé que plusieurs élèves ont vu
leur année académique compromise à cause du retard dans
l'émission des bourses, l'an dernier. C'est une assertion qu'on ne
pourrait faire sans nuance, si l'on maintenait des relations aussi
étroites que le fait le ministère de l'Education avec les
services de l'aide aux étudiants des différents
établissements d'enseignement à travers la province. Ces
relations permettent aux services de l'aide aux étudiants du
ministère de reviser les cas des candidats vraiment en difficulté
financière.
Dans la plupart de ces établissements, de ces institutions, il
existe des systèmes de dépannage pour les étudiants qui,
ayant complété leur demande un peu plus tard, se sont vus en
difficulté pendant l'année.
Par ailleurs, les commentaires reçus des établissements
d'enseignement nous indiquent que les élèves qui éprouvent
des difficultés académiques - et je l'ai vu du temps où,
n'étant pas ministre, je dirigeais une faculté invoquent
la raison financière pour se justifier, et que ceux qui éprouvent
de réelles difficultés financières sont, au contraire, les
plus motivés à ne pas rater leur année scolaire. Mon
séjour dans le milieu étudiant m'a fait constater que ceux qui
avaient vraiment des difficultés se rendaient dans ces centres de
dépannage, auprès des administrateurs ou des directeurs des
institutions, pour se faire aider, parce qu'ils voulaient vraiment
réussir leur année, tandis que d'autres, malheureusement, se
servaient de cette excuse.
Quant au retard constaté l'an dernier, je ne reviens pas sur les
explications qui ont été fournies. A plusieurs reprises, au
comité des crédits du budget de l'Education, en Chambre, en
réponse aux questions posées à plusieurs reprises par
l'Opposition, les mesures prises pour corriger cette situation, non seulement
semblent mais ont, cette année, jusqu'à présent,
donné d'excellents résultats.
Je reviens juste sur un détail. J'avais mentionné au
comité des crédits que, l'an passé, dans la formule dans
laquelle on demande les instructions, les formules pour la demande de
prêts, etc., la première formule qui est envoyée on
demandait: Désirez-vous des formules en anglais ou en français?
Il y avait deux petits carrés, comme il en existe dans toutes ces
formules. Ce sont des formules pour fins mécanographiques. Ces
étudiants n'avaient pas répondu à cette question. La
mécanographie faisait que c'était rejeté parce qu'il y
avait un carré qui n'était pas rempli.
Il y en a eu un nombre important l'an passé, je l'ai
mentionné au comité des crédits. Cette année,
même si ceci n'est pas une politique, le ministre, s'étant rendu
compte de ceci, a fait changer la formule. La question existe toujours :
Voulez-vous une formule en anglais ou en français? Mais, si on n'y a pas
répondu, cette formule n'est pas rejetée par la machine. Une
formule en français est envoyée automatiquement, puisque c'est la
majorité, et, cette année, il n'y a pas eu de cas qui a
été « bloqué » à cause de cette
question à laquelle plusieurs ne répondaient pas.
Et, de fait, c'est justement un des cas où la question de langue,
jusqu'à présent, ne s'est pas posée. Les étudiants
qui demandent des bourses demandant d'abord une bourse et se préoccupant
en général peu...
M. LAPORTE: Ils sont bilingues!
M. CARDINAL: ... - ils sont bilingues, justement, pour remplir la
formule - de la formule. Ce n'est qu'un exemple, beaucoup d'autres choses ont
été faites. Je rappelle que, cette année, nous sommes en
avance sur le calendrier et nous sommes en avance de plus de deux mois sur l'an
passé.
Une cinquième question a été posée,
c'était la contestation des étudiants au sujet des
prêts-bourses.
Je reviens sur ce que j'avais mentionné. Les motifs de la
contestation étudiante évoqués par le député
de Chambly au sujet des prêts-bourses se rattacheraient aux trois points
suivants :l'aug-
mentation des maximums de prêts, l'augmentation du taux
d'intérêt et le retard dans l'élaboration d'un plan
cohérent d'implantation graduelle de la gratuité scolaire aux
différents niveaux d'études.
Je reprends chacun des points. Augmentation des maximums de prêts.
Cette première contestation a pris source dans une rumeur non
fondée. Le gouvernement actuel n'a pas songé à
accroître le fardeau de dette de l'étudiant. Ce n'est pas pour
chaque étudiant que le montant des prêts était
augmenté, le maximum des prêts n'a pas été
changé. C'est $500 au niveau collégial, $700 ou $800 au niveau
universitaire. C'est le total de la somme mise à la disposition des
étudiants qui a été augmenté pour que plus
d'étudiants en bénéficient. C'est une rumeur qui est
partie d'une fausse interprétation d'une nouvelle donnée par les
moyens d'information.
L'augmentation du taux d'intérêt. L'étudiant qui
investit à l'aide d'un prêt garanti dans le coût de son
éducation est placé dans la même situation que tous les
autres citoyens qui investissent pour un rendement futur. Nous savons,
d'ailleurs, que le fédéral a lui-même augmenté le
taux d'intérêt dans ce domaine. De ce fait, de même qu'il
est impossible au gouvernement d'emprunter au taux qu'il désire, de
même qu'il est impossible au commerçant d'emprunter au taux qui
lui ferait plaisir, de même qu'il est impossible à quelqu'un qui
achète sa maison d'avoir une hypothèque au taux qui serait
intéressant et je pourrais continuer l'énuméra-tion
pour toutes personnes qui désirent, sur le marché actuel, faire
un emprunt...
M. LAPORTE : Sauf le prêt agricole.
M. CARDINAL: ... sauf le prêt agricole, si vous voulez,
j'étais pour le dire de même l'étudiant qui
décide d'emprunter le fait selon les taux en vigueur pour ce genre de
prêt. Puisque nous parlons du prêt agricole, disons que le
prêt agricole n'est pas du domaine de l'éducation, c'est un
avantage qui a été donné aux cultivateurs, de même
que l'aide aux étudiants est un avantage pour nos étudiants. A ce
moment-là, ces deux catégories de personnes dans le Québec
sont favorisées - je l'ai déjà mentionné quant aux
étudiants c'est pourquoi dans le cas de l'aide aux
étudiants, je pense que c'est un argument de plus, que le fait que
l'Etat garantisse son prêt, permet de diminuer considérablement le
coût qu'il encourrait sans cette garantie.
M. BELLEMARE: Les cultivateurs ne reçoivent pas de don.
M. CARDINAL: C'est cela. Et les cultivateurs n'ont pas une bourse avec
le prêt...
M. LAPORTE: Ils ont des subventions de diverses natures.
M. CARDINAL: Oui, comme ils ont des subventions de diverses natures aux
industriels, des subventions de diverses natures aux universités.
M. LAPORTE: On vient de dire que les cultivateurs ne reçoivent
pas de dons.
M. BELLEMARE : De dons à l'occasion de ces programmes de
crédit agricole.
M. LAPORTE: Je suis d'accord mais les cultivateurs sont dans une
situation particulière.
M. CARDINAL: Ne mêlons pas les gens. Les cultivateurs ne
reçoivent pas à la fois un prêt, d'ailleurs garanti sur
hypothèque, avec à côté n'appelez pas cela
une bourse d'études un don ou une bourse qui leur permet de faire
quelque chose d'une subvention. L'étudiant reçoit les deux en
même temps. Par conséquent, même si nous faisions le taux de
l'Intérêt sur la somme totale, comme il n'a remboursé en
principal que la moitié, son taux d'intérêt n'est quand
même pas, à ce moment, tellement élevé, par rapport
à celui du prêt agricole.
Les négociations avec les institutions de crédit nous ont
amenés à accepter, non pas avec joie, mais à accepter,
pour faciliter les prêts aux étudiants. Parce qu'on se rappelle
qu'en Chambre, dans le cours de l'année, on a posé des questions
sur les institutions qui, dans certains cas, n'étaient pas
intéressées à accorder de ces prêts justement
à cause du taux d'intérêt, les négociations avec les
institutions de crédit qui font les prêts, qui effectuent les
prêts, nous ont donc amenés à accepter le changement du
taux d'intérêt, aussi bien pour les paiements de l'Etat que pour
les paiements de l'étudiant après la fin de ses études.
Parce que, encore là, l'étudiant ne paie pas 100% de cet
intérêt puisque, pendant qu'il est aux études, c'est l'Etat
qui assume le paiement de cet intérêt. Les nouveaux taux
s'appliquent d'ailleurs, on le sait, à tous les prêts
étudiants effectués à travers tout le pays, tout le
Canada. Ce n'est pas une augmentation particulière au Québec et
l'on ne peut imputer ni au gouvernement du Québec, ni au
ministère de l'éducation, comme étant un cas
particulier.
M. LAPORTE: Si vous me le permettez... M. CARDINAL: 5.75% à
7.25%. D'ailleurs,
je peux revenir sur les taux payables par le gouvernement. Le taux
d'intérêt que le gouvernement paiera jusqu'à six mois,
après la fin des études d'un candidat, en moyenne quatre à
cinq ans, cela peut être plus, cela peut être moins, cela
dépend à quel moment un étudiant donné demande un
prêt-bourse. Cela s'établit à partir du taux de rendement
des obligations du Canada, échéance d'un à cinq ans.
Pour les six derniers mois de l'année scolaire,
précédant l'année scolaire où le prêt est
consenti, on y ajoute 1% pour les frais d'administration inhérent
à un tel système. Ce taux pour l'année 1968-1969 porte le
taux effectif d'intérêt assumé par l'Etat pour
l'année à 7.5/8% l'an.
Quant au taux payable par l'étudiant, l'étudiant a le
droit à une période maximum de dix ans pour rembourser sa dette.
En conséquence, le taux d'intérêt sera calculé de la
façon suivante au moment de son contrat de remboursement,
c'est-à-dire ce qu'on appelle la consolidation: 5.3/4% sur les
prêts consentis avant le 15 septembre 1968. Sur le total des prêts
consentis après cette date, un taux d'intérêt maximum
établi à partir du taux de rendement des obligations du Canada
à échéance de cinq à dix ans, pendant les six
derniers mois de l'année scolaire précédant le moment du
contrat de consolidation ou de remboursement ou de début de
remboursement de sa dette.
M. LAPORTE: Si on me le permet est-ce que la consolidation qui
intervient à une certaine période inclut les
intérêts qui ont été payés par l'Etat pendant
la période où il n'était pas tenu de rembourser?
M. CARDINAL: Non, non, l'intérêt déjà
payé par l'Etat est un autre don, si vous voulez, qui est fait à
l'étudiant.
M. LAPORTE: Alors, la consolidation, c'est le montant du capital?
M. CARDINAL: C'est le montant du capital. C'est ça. Et
l'intérêt qui restera à couvrir pen-dans la période
maximum de dix ans.
M. LAPORTE: Après.
M. CARDINAL: C'est pourquoi je disais tantôt au
député de Chambly que le taux effectif de l'intérêt,
que l'étudiant payait sur le montant total qu'il reçoit de
l'Etat, si on veut le calculer, il va être très inférieur
au taux de n'importe quel prêt, de n'importe qui, sur le marché
actuel, y compris l'Etat lui-même.
Enfin, le dernier point dans cette question qui avait été
posée, c'est le retard ou le présumé retard dans
l'élaboration d'un plan cohérent d'implantation graduelle de la
gratuité scolaire aux différents niveaux d'étude.
D'abord, disons tout de suite ceci... C'est une question qui avait
été posée par le député de
Vaudreuil-Soulanges à laquelle je croyais avoir répondu. J'avais
même mentionné, à ce moment-là, qu'il y avait eu un
document de déposé au conseil des ministres. Le ministre
Bellemare avait confirmé ce fait. J'avais mentionné que
c'était un document confidenttel qui contenait un plan
d'établissement de la gratuité scolaire au niveau de
l'enseignement supérieur. J'avais même mentionné, à
ce moment-là, un chiffre en disant que même si ce document n'est
pas encore un document public, on peut établir « grosso modo
» qu'il en coûterait $20 millions pour une année
universitaire, pour établir cette gratuité, que ceci était
une priorité du ministère, actuellement, priorité,
cependant, qui suit une autre priorité, celle de l'établissement
du niveau collégial.
Si l'on se replace devant les faits, si on est attentif, non seulement
à un principe de gratuité dans l'abstrait, mais aux demandes de
la population, comme un gouvernement doit l'être, si on est attentif aux
faits qui se sont produits, on se rend compte que, dans l'établissement
duni-veau des collèges, la population, depuis tout
particulièrement les six derniers mois, a fait des pressions très
fortes pour que l'on établisse d'abord tout ce réseau complet de
collèges, réseau ou la gratuité scolaire existe.
Chaque fois qu'un collège est créé, c'est un
endroit de plus où il y a gratuité scolaire et il y a un plan,
nous l'avons déjà mentionné.
Cette gratuité scolaire à ce niveau collégial
devait théoriquement, à l'origine, s'établir sur une
période de cinq ans. Nous en avons parlé longuement au
comité, lorsque les crédits de l'éducation ont
été débattus. Au bout de deux ans et même un peu
moins, les deux tiers de ces collèges sont déjà
créés, il n'en reste donc que le tiers à créer. Il
faut donc remplir, si vous voulez, cette première priorité
d'établir un niveau gratuit avant le niveau universitaire, à
travers tout le réseau. Et enfin, un fait qu'il faut mentionner, c'est
que si le ministre lui-même est convaincu de la nécessité
de la gratuité scolaire à tous les niveaux d'enseignement, y
compris au niveau universitaire, cette conviction, il doit, pour la
réaliser dans le concret, tenir compte des ressources financières
de l'Etat qui sont les ressources financières des contribuables.
Je ne veux pas faire de la politicalllerie avec l'éducation, je
ne veux pas qu'on en fasse. Je
pense que l'on vient de voir ce qui s'est produit à la
conférence fédérale-provinciale, quelle a
été l'attitude du fédéral vis-à-vis les
demandes des provinces et que les contribuables se rendent compte, après
un discours qui a été rapporté hier, qu'ils ne peuvent
compter que sur de nouveaux impôts pour réaliser certains plans
que le gouvernement a devant lui. Par conséquent, nous ne pouvons pas
affirmer, nous ne devons pas affirmer, il est faux d'affirmer qu'il y a retard
dans l'élaboration d'un plan cohérent d'implantation graduelle de
la gratuité scolaire aux différents niveaux d'études.
Cette gratuité existe déjà au niveau de la maternelle, de
l'élémentaire, du secondaire, du collégial où les
CEGEP ont été établis et l'étude est faite au
niveau de l'enseignement supérieur et les projets sont devant le conseil
des ministres.
Je pense que ceci répond aux cinq ou six questions qui ont
été posées sur l'aide aux étudiants. C'est...
M. LAPORTE: Excusez-moi, M. le Ministre, on est en train de tenir un
caucus!
M. CARDINAL: D'accord, pendant ce temps-là, je vais prendre un
verre d'eau.
M. LE PRESIDENT: Je vous donne un repos de quelques secondes. J'aime que
ma voix soit enregistrée de temps à autre, sur le ruban, pour
l'histoire. Je ne veux pas être président...
M. GABIAS: Afin que l'on sache que vous fûtes là.
M. LE PRESIDENT: ... que je fusse là. Le président a un
rôle important à jouer dans un comité. Vous voyez,
messieurs, comme c'est calme, comme on l'a entre les mains. Messieurs les
journalistes, si vous voulez bien signaler que tout va bien au comité de
l'éducation. C'est la démocratie. C'est l'expression du sentiment
le plus authentique.
Maintenant que les conciliabules et les collusions sont au terme...
Avant que la chicane ne prenne...
M. BELLEMARE: M. le Président, je soulève un point
d'ordre. Le mot collusion est de trop.
M. LAPORTE: Le mot collusion ne sera pas accompagné du sourire
que vous aviez pour le dire. Il est bien évident que le leader du
gouvernement et moi-même avons discuté de la procédure que
nous entendons suivre au cours de cette journée, parce que nous
constatons que, devant tous les travaux que nous avons a faire, c'est
malheureusement non plus l'horloge qui va trop vite, mais c'est le calendrier;
les feuilles se tournent trop rapidement pour tout ce que nous avons à
faire.
M. LE PRESIDENT: Mais je crois que vous connaissez mon esprit, M. le
Député, quand je parle de collusion, je mets...
M. LAPORTE: Ne recommencez pas cela.
M. BELLEMARE: M. le Président, il n'y a pas de risque à
dévoiler la stratégie que nous pouvons mettre en place. Ce matin,
en Chambre, après la période des questions, quand nous serons
arrivés aux affaires du jour, nous pourrions peut-être faire
siéger quand même le comité ici, pour avancer nos travaux
et garder les officiers du ministère, siégeant de 11 h 30
jusqu'à une heure, pour donner la chance à d'autres
députés qui auraient peut-être des questions...
M. GABIAS: Est-ce que l'Opposition va être
représentée?
M. BELLEMARE: ... pour hâter peut-être la fin de ces travaux
et commencer les travaux de d'autres comités qui doivent absolument
siéger ici.
M. LAPORTE: Vous m'impressionnez de plus en plus.
M. CARDINAL: Je m'excuse mais je voudrais comprendre. Voulez-vous dire
que ce comité continue à être représenté?
M. LAPORTE: Jusqu'à onze heures moins quart. A onze heures la
Chambre va commencer ses travaux.
M. CARDINAL: M. le Président, est-ce que...
M. LE PRESIDENT: Cela va venir, M. le Ministre.
M. CARDINAL: Je comprends que, évidemment, les sourires ne sont
pas enregistrés dans le journal des Débats, ni les autres
expressions.
J'ai mentionné tantôt, avant de parler de l'aide aux
étudiants, que je reviendrais sur la situation des Beaux-Arts, comme
j'ai fait à chaque comité pour établir ce qu'est la
situation que l'on appelle de la contestation, de l'occupation.
Le ministre et le ministère de l'Education tiennent à
rappeler, aussi bien à la population
qu'aux étudiants des Beaux-Arts, que le ministre a mandaté
une commission d'enquête pour étudier tout le problème de
l'enseignement des arts au Québec. Que cette commission n'a pas encore
remis son rapport à aucun des deux ministre concernés,
c'est-à-dire le ministre des Affaires culturelles et le ministre de
l'Education, malgré les indiscrétions qui ont pu paraître
dans certains moyens d'information, malgré les rumeurs, malgré
les affirmations contraires.
Ce rapport, qui n'est pas encore imprimé, qui est
présentement sous presse, devrait être remis par M. Rioux...
M. LAPORTE: C'est la commission Rioux?
M. CARDINAL: C'est la commission Rioux, c'est ça.
M. LAPORTE: Cher monsieur, elle fut lancée solennellement pendant
qu'on était là.
M. CARDINAL: Cette commission n'a pas encore fait son rapport, elle ne
l'a pas encore présenté.
M. LAPORTE: Elle n'a pas encore présenté son rapport?
M. CARDINAL: C'est-à-dire qu'elle a terminé son rapport,
qu'elle l'a remis à l'imprimeur et que, d'après les
renseignements que le ministre possède, ce n'est pas une
promesse, c'est un renseignement qui a été donné ce
ne serait pas avant la mi-novembre que l'impression serait terminée.
Par conséquent, le ministère n'a eu que des rapports que
J'appellerais intérimaires de cette commission et le ministère a
décidé, pour le moment, d'intégrer l'enseignement des
Beaux-Arts à tous les niveaux du système d'enseignement
régulier, sans préjuger des conclusions de ce rapport.
Cette décision, si elle était, par la suite, mise en
pratique, impliquerait donc la disparition, comme telles, des écoles de
Beaux-Arts et le transfert de leurs responsabilités aux structures
existantes. C'est-à-dire que, conformément au rapport Parent,
toutes les institutions d'enseignement s'intègrent dans les structures,
aux divers niveaux où elles doivent s'intégrer. Ainsi, par
exemple, l'enseignement des Beaux-Arts s'intégrerait à des
structures proprement universitaires. Dans ce cas, l'on sait que la
création assurée de l'université du Québec en
septembre 1969, réglerait ce cas.
Les étudiants des Beaux-Arts ont demandé, à
plusieurs reprises, au ministre au pluriel ou au singulier de
leur remettre ce rapport. Il y a eu des télégrammes où il
y avait des ultimatums de le leur remettre dans les 24 heures et dans les trois
jours. Le ministre est dans l'impossibilité de remettre un rapport qu'il
n'a pas reçu.
Mais le ministre considère que c'est sur l'université du
Québec, à Montréal, c'est-à-dire la deuxième
université de langue française à Montréal, que
doivent se concentrer toutes les énergies puisqu'il s'agit là
d'une solution à long terme et non à court terme dans des
structures administratives entièrement nouvelles et qui ont fait
l'objet, pour les Beaux-Arts, des travaux spécifiques d'une commission
d'enquête dont on attend le rapport.
De toute manière, il est bien évident que le gouvernement
ne peut accepter que quelque groupe que ce soit décide pour
lui-même et pour lui seul et unilatéralement, de questions comme
la réforme universitaire et l'enseignement des Beaux-Arts qui
intéressent la collectivité québécoise tout
entière. L'Etat ne peut abdiquer ses responsabilités même
au bénéfice de l'assemblée générale d'un
groupe particulier qui occupe, depuis plusieurs semaines, un
édifice.
L'administration de l'école des Beaux-Arts de Montréal
avait prévu, dans son calendrier académique, une importante marge
de flexibilité, ce qui rendra encore possible l'aboutissement normal de
l'année académique à condition que l'occupation se termine
d'ici au 15 novembre.
Il va de soi et c'est ici qu'interviennent les marges que
l'administration avait prévues que la suspension des cours qui se
poursuit, ne peut pas durer indéfiniment, parce que là, comme
dans le cas des collèges, l'année scolaire de ces
étudiants pourrait être compromise. De toute façon,
l'année scolaire à l'école des Beaux-Arts est
déjà relativement courte et elle peut être allongée
pour se poursuivre, si nécessaire, par exemple, jusqu'au 30 juin, pour
reprendre le temps perdu.
L'on sait ceci a été même publié dans
les journaux et annoncé par les moyens d'Information qu'un groupe
d'étudiants conteste les contestataires. Par conséquent, ceux
qulparalysent l'école par la force de l'occupation, non seulement
s'exposent mais exposent leurs confrères qui désirent le
contraire, qui ne pensent pas comme eux et qui n'agissent pas comme eux,
à de sérieux inconvénients.
L'Etat croit sage dans les circonstances de tenir compte de la
sincérité évidente de plusieurs étudiants, de ne
pas opposer la force à l'occupation en dépit du désir
à peine voilé de certains agitateurs. Le ministère a suivi
aussi cette situation régulièrement, a envoyé des re-
présentants aux assemblées des étudiants. Le
ministère de l'Education souhaite donc vivement, comme il l'a toujours
fait, que les pourparlers qui sont en cours, et qui ont cessé, soient
ouverts avec les étudiants dès maintenant, afin que
l'activité de cette école reprenne au plus tôt et que de
nombreux embarras inutiles soient évités à tous les
intéressés.
L'on apprend par les journaux qu'un comité de négociation
de sept membres a été désigné par
l'assemblée générale des étudiants de
l'école des Beaux-Arts. Si cette information, ce renseignement est
exact, le ministère est disposé à discuter avec eux des
aménagements possibles à l'amélioration de l'enseignement
pour le prochain semestre qui, de toute façon, a de grandes chances
d'être le dernier de l'école des Beaux-Arts actuelle, dans le
système actuel. En toute hypothèse, si l'école des
Beaux-Arts doit continuer à dispenser son enseignement pendant la
session en cours, je crois que l'échéance du 15 novembre pour la
situation actuelle ne devrait pas être dépassée. Sinon, il
faudrait considérer le reclassement provisoire, dans d'autres circuits,
des étudiants qui veulent poursuivre leurs études, selon le
curriculum que l'école des Beaux-Arts s'engageait à assurer dans
son prospectus.
Les questions suivantes qui ont été posées par le
député de Chambly, si je puis les appeler questions, puisqu'il
s'agissait beaucoup plus d'affirmations, de lectures de lettres, de rapports de
conversations, concernent la régionale de Chambly. Selon le
député de Chambly, il y aurait des retards injustifiables du
ministère de l'Education, dans le cas de cette régionale. La
situation de la régionale de Chambly que le député, c'est
le moins que je puisse dire, a mise en relief, est une situation complexe qui
met en cause une diversité, une multitude de facteurs et de
responsabilités dont il faut tenir compte lorsque l'on veut juger la
situation de façon objective et lorsque l'on veut discuter de la
situation de façon constructive pour ne pas en faire une attaque
politique. Ces facteurs et ces responsabilités ne sont pas seulement
liés aux aspects techniques de l'organisation scolaire mais sont aussi
liés et je pourrais prendre les phrases du député
de Chambly pour l'établir aux attitudes et aux comportements de
certains groupes en cause dans cette régionale. Ces attitudes, ces
comportements on a mentionné, par exemple, la distribution de
tracts à un moment donné à leur tour
débordent d'ailleurs largement le cadre de la régionale de
Chambly elle-même et rejoingnent un contexte plus vaste encore, celui,
entre autres, des négociations entre les enseignants d'une part et les
commis- sions scolaires et le gouvernement d'autre part.
J'ai parlé d'aspects techniques. En ce qui concerne les aspects
techniques de l'organisation scolaire, rappelons d'abord que la
régionale de Chambly dessert un territoire en pleine expansion
domiciliaire, le député le sait. Dans le cas du programme de
construction, d'écoles secondaires découlant de
l'opération 55, opération lancée par le gouvernement dont
le député de Chambly était membre, cette régionale
a été l'une des premières à préparer,
dès 1965, les devis pédagogiques et techniques des polyvalentes
prévues par le comité régional de planification. Le
ministère de l'Education, tant par sa direction générale
de l'enseignement élémentaire et secondaire que par son service
de l'équipement, a collaboré de façon constante avec cette
régionale afin d'accélérer dans toute la mesure du
possible, dans les limites du budget, dans les limites des normes, les
études requises aux diverses phases d'approbation des projets.
Le député de Chambly sait que si, pour une
régionale donnée, nous ne devons pas suivre les normes
budgétaires, pédagogiques ou autres, cet exemple devra se
multiplier à la grandeur du Québec parce que chaque cas de chaque
régionale est pour cette régionale son cas particulier.
Donc, le ministère a collaboré dans cette mesure, à
partir de l'analyse des clientèles étudiantes jusqu'à
l'approbation des plans d'exécution qui précèdent les
appels d'offres et l'étude des soumissions. Cette
accélération, particulièrement efficace en 1967-1968, a
permis à la régionale d'atteindre un des objectifs fixés,
soit l'ouverture, à la fin de septembre 1968, de quatre nouvelles
écoles polyvalentes venant s'ajouter à l'école
Gérard-Filion et grâce auxquelles la régionale pouvait
désormais fournir le nombre de places d'élèves
exigées par sa clientèle et mettre ainsi fin au déplorable
état du double horaire qui durait depuis trois ans, c'est donc dire
depuis 1965. Ceci existait donc avant le 6 juin 1966, si l'on veut que, moi
aussi, je donne des dates précises.
UNE VOIX: Très bon.
M. LAPORTE: Si c'est rapporté au journal des Débats, moi,
je vais dire: Simple applaudissement.
M. BELLEMARE: Veuillez noter, M. le Président.
M. CARDINAL: M. le Président, je n'ai pas terminé.
M. LE PRESIDENT: M. Cardinal, vous avez la parole.
M. CARDINAL: Qu'il y ait une nécessité d'une normalisation
de l'équipement pour l'enseignement professionnel, en accord avec le
nouveau programme, cela est évident. Mais cette
accélération dans la construction des écoles polyvalentes
voulue par la régionale d'ailleurs et acceptée par le
ministère ne pouvait malheureusement pas se réaliser au
même rythme en ce qui concerne la préparation et l'approbation des
nouveaux programmes et, par voie de conséquence, l'approbation des
équipements que ces programmes exigent. Cette constatation se
vérifie particulièrement bien quand il s'agit de l'enseignement
professionnel indispensable à la polyvalence.
Faut-il rappeler que c'est au cours de l'an dernier que s'est
effectué le travail d'analyse et de refonte des enseignements de
métiers, que c'est au printemps dernier qu'ont été
approuvés les 47 nouveaux programmes de l'enseignement professionnel. La
normalisation de l'équipement ne peut pas précéder le
réaménagement des programmes d'étude et leur
approbation.
Il aurait été impensable de répéter, sans
autres examens et sans tenir compte des programmes en voie d'approbation
et cela pour quatre écoles polyvalentes en chantier de donner des
autorisations d'avance, des blancs-seings, d'autoriser automatiquement tous les
équipements déjà prévus pour les anciens cours de
métiers sans tenir compte des modifications déjà
entreprises. D'ailleurs la régionale de Chambly savait depuis au moins
l'automne 1967 que tous les programmes de l'enseignement professionnel
étaient à ce moment à l'étude et qu'il
était, malgré des lettres reçues, par conséquent
impossible d'en prévoir l'adoption officielle avant les derniers mois de
l'année scolaire.
C'est en effet au cours du congrès de la Fédération
des commissions scolaires de l'automne 1967, après avoir appris que
l'Opération 55 n'était qu'un point de départ et qu'il
fallait maintenant envisager l'opération « Programmes
d'études de l'Ecole polyvalente » parce qu'il ne s'agit pas
seulement de construire des écoles qu'un représentant du
ministère insistait sur la collaboration, que les commissions scolaires
les plus importantes devaient apporter au ministère dans cette
étape essentielle de la réforme.
A ce point de vue, je ne blâme en rien la régionale de
Chambly qui a contribué plus que d'autres à la préparation
et l'expérimentation de nouveaux programmes. Mais, entre la
prépa- ration de programmes nouveaux, l'expérimentation
préliminaire au sein de quelques groupes d'élèves et
l'approbation officielle qui permet d'en étendre
l'expérimentation à plusieurs écoles avant d'en rendre
l'enseignement obligatoire ou recommandé, il faut laisser du temps pour
l'évaluation des contenus, pour la préparation immédiate
des professeurs, pour la normalisation de l'équipement, etc.
Lorsqu'on est rendu dans ce domaine qui est de la
pédagogie appliquée - il ne faut pas se permettre des
accélérations déraisonnables. C'est la politique actuelle
du ministère de ne pas imposer, l'année même de leur
parution et de leur approbation, les programmes nouveaux, et d'exiger
même une autorisation de la direction générale de
l'enseignement élémentaire et secondaire pour les offrir aux
élèves, de façon à inciter les autorités
scolaires locales et le personnel enseignant lui aussi - à
planifier la transformation des enseignements, comme ils doivent d'ailleurs
planifier la transformation de l'organisation scolaire que prévoit le
règlement numéro un du ministère.
Le ministère devait-il aller plus loin que l'incitation?
Fallait-il contrôler et surveiller étroitement chaque
décision administrative des régionales? Pour revenir à la
régionale de Chambly, il est bien évident que le
décloisonnement complet pour toutes les années du secondaire, et
pour toutes les polyvalentes, pour septembre, ne pouvait pas faciliter les
choses. La régionale aurait pu décider de ne pas offrir cette
année les options pour lesquelles les autorisations n'avaient pas pu
être données en juin. S'il y a retard dans Chambly, je dirais que
c'est un retard par rapport à une avance que nous avons voulu prendre
très rapidement, tout spécialement en ce qui concerne les
ateliers spécialisés et les laboratoires ad hoc.
Les équipes chargées de la normalisation étalent au
travail. La régionale le savait comme elle savait aussi
l'impossibilité pratique d'obtenir tout l'équipement pour le 1er
septembre, comme elle pouvait déjà dès juillet
prévoir l'impossibilité quelles que soient les primes
offertes de voir l'achèvement de la construction et de
l'aménagement de toutes ses polyvalentes au début de
septembre.
Devions-nous prévoir, pour une partie de sa clientèle, la
continuation du double horaire pendant l'année, avec les
inconvénients déjà trop connus de ce système, et
les Inconvénients additionnels d'un changement de régime
encours?
Les dirigeants de la régionale, je n'en doute pas, n'ont pas
manqué d'envisager toutes les hypothèses. Toutefois ils ont
décidé eux-mêmes parce que c'était leur
responsabilité -enfa-
veur de la solution qui leur a paru à long terme, non pas la plus
facile mais peut-être la plus efficace.
Le ministère a respecté les responsabilités prises
par une instance locale; il a respecté la décision de l'organisme
local responsable. Est-ce que dans ce cas-ci, il y a retard du ministère
ou, plutôt, planification?
En ce qui concerne le ministère, l'opération-programmes
qui a commencé durant l'année scolaire 1966-1967, a
été accélérée quoiqu'on en dise
durant l'année 1967-1968, et est pratiquement terminée en
ce qui touche les enseignements professionnels, cette
opération-programmes devrait être complétée au cours
de la prochaine année pour l'ensemble des enseignements secondaires. La
régionale était en avance sur le ministère; le
ministère n'était pas en retard dans sa planification.
La normalisation de l'équipement se poursuit, après la
normalisation des programmes. Ce n'est donc pas le ministère qui est en
retard: c'est le régionale de Chambly qui, pressée par la mise en
valeur de son territoire et par l'accroissement rapide de la population, a
accéléré son programme de construction de même que
son programme de décloisonnement des sections. On a voulu atteindre
l'idéal.
M. LAPORTE: Ce n'est pas le ministère qui est en retard, c'est la
commission qui est en avance sur le ministère! Parce que les enfants
étaient là, à un moment donné, et il fallait s'en
occuper!
M. CARDINAL: M. le député de Chambly, ne mêlons pas
les cartes.
M. LAPORTE: C'est bon, cela!
M. CARDINAL: J'ai bien mentionné tantôt, au sujet du nombre
d'enfants, que l'on a décidé de construire des écoles, de
les avoir à temps, et d'éviter le double horaire qui existait
déjà!
M. LAPORTE: Qu'elles ne soient pas équipées, cela n'a plus
d'importance!
DES VOIX: A l'ordre! A l'ordre!
M. LAPORTE: Oui, mais c'est qu'on arrive dans le meilleur!
M. LE PRESIDENT: Messieurs, vous savez que le virus de la grippe de
Hong-Kong s'en vient. Donc, gardez vos énergies!
M. LAPORTE: S'il est comme le ministère, il va arriver en retard!
Nous ne sommes pas exposés.
UNE VOIX: Pour parer à ce virus...
M. CARDINAL: M. le Président, je reprends où l'on m'a
interrompu.
Le ministère est-il en retard ou est-ce plutôt la
régionale...
M. LAPORTE: Qui est en avance...
M. CARDINAL: Le député de Chambly est pressé par le
développement de son territoire, le développement rapide de sa
population qui, après avoir accéléré son programme
de construction avec l'entière collaboration du ministère, a
accéléré son programme que nous appelons le
décloisonnement des sections. Le ministère se doit de planifier
ces opérations et d'apporter tout le soin désirable à la
préparation de nouveaux programmes comme à l'adaptation, au
réaménagement des anciens.
Quant à l'enseignement professionnel, il exige comme nous le
savons des investissements assez considérables parce qu'il faut des
ateliers, des laboratoires ad hoc. L'enseignement des sciences
expérimentales que nous avons mentionné, pour sa part, ne saurait
se satisfaire des laboratoires traditionnels. Il ne s'agit donc pas dans ces
cas, et j'ai relu toutes les lettres que nous avons mentionnées, de
retards dans les approbations attendues du ministère, mais, bien au
contraire, d'une planification et d'une normalisation indispensables dans une
période d'austérité imposée par la situation
économique.
Cependant, malgré cette accélération dans la
régionale, malgré la période d'austérité
établie d'ailleurs depuis le début de décembre 1967, le
ministère, devant l'urgence des besoins à la régionale de
Chambly, a autorisé un certain nombre d'enseignements professionnels,
ceux pour lesquels l'équipement à prévoir
présentait le moins de risques, le moins d'erreurs coûteuses, se
réservant de communiquer au fur et à mesure de leur
préparation les normes des équipements encore à
l'étude.
L'intégration des écoles de métiers de la ville de
Jacques-Cartier, par exemple, à la régionale de Chambly,
constitue l'une de ces mesures importantes. En effet, à la suite du
rapport favorable de la mission d'intégration des enseignements
professionnels, j'ai autorisé cette intégration qui permet
à la régionale d'utiliser pleinement les ressources humaines et
les ressources en équipement professionnel de l'école des
métiers de son territoire, conformé-
ment, d'ailleurs, non pas à une décision d'espèce,
mais conformément à la politique générale
d'intégration des enseignements professionnels au niveau de
l'école polyvalente.
Déjà, l'an dernier, le ministère avait
autorisé la commission scolaire et l'école de métiers
à conclure pour 1967-1968 des ententes qui avaient permis une
première expérience de la polyvalence. Les élèves
de l'école Gérard-Filion, profitant des ressources de
l'école des métiers pour les cours d'exploration et d'initiation
au travail, cette même année la régionale
décloisonnait son enseignement secondaire précisément en
prévision de l'ouverture des cinq écoles polyvalentes incluant
l'école Gérard-Filion dont la construction ou la conversion
devait être complétée à ce moment-là vers la
fin de septembre 1968.
Conscient des problèmes particuliers qui se posaient
déjà depuis plus de trois ans à la régionale et qui
pouvaient s'accroître avec l'ouverture de ces écoles, le
ministère a maintenu des contacts fréquents avec la
régionale durant toute l'année 1967-1968: rencontres des
sous-ministres adjoints avec les commissaires et le directeur
général à l'automne et au printemps, rencontres entre le
directeur général et les services du ministère,
études spéciales de la situation avec les sous-ministres adjoints
à l'été, et enfin, devant l'impossibilité d'ouvrir
toutes les écoles au début de septembre, autorisation du
ministère de reporter l'ouverture des écoles au 23 septembre.
Enfin, au début d'octobre, et à la suite de rencontres de
mon chargé de mission avec, d'une part, le président de
l'association des parents des étudiants de la régionale de
Chambly, et d'autre part, avec le directeur général de la
régionale et un sous-ministre adjoint, un comité spécial a
été formé. Je l'ai mentionné la semaine
dernière, le ministère a délégué des
représentants des directions générales de
l'équipement, du financement de l'enseignement élémentaire
et secondaire, de même que du bureau général de
Montréal. Ces délégués ont constitué avec
les représentants de la régionale un groupe de travail
chargé de mettre au point les mesures à prendre dans les
circonstances.
Ce groupe de travail a tenu, durant trois jours, du 9 au 11 octobre, en
présence des représentants des parents et des enseignants, une
première session où l'on a étudié en commun les
sujets suivants:
Premièrement, les difficultés rencontrées par la
commission scolaire pour la reprise normale des cours qu'elle se devait
d'organiser pour les 18,000 élèves au niveau secondaire de son
territoire.
Deuxièmement, pour rechercher ensemble les solutions à
court terme qui s'imposaient.
Troisièmement, pour établir les priorités
susceptibles de remédier aux lacunes actuelles et de prévenir une
situation semblable dans l'avenir.
A la lumière des conclusions acquises au cours de cette
première session de ce comité, les deux groupes de participants
ont entrepris les actions nécessaires, chacun dans sa sphère
respective.
D'un côté, le sous-ministre adjoint qui a d'ailleurs tenu
à se rendre sur place, je parle de Mlle Thérèse Baron,
pour compléter son information...
M. LAPORTE: Pourriez-vous me nommer la date à laquelle ont eu
lieu ces rencontres?
M. CARDINL: Entre le 9 et le 11 octobre. M. LAPORTE: Octobre?
M. CARDINAL: C'est ça. De son côté, le sous-ministre
adjoint a tenu à se rendre sur place pour compléter son
information et suivre de très près l'évolution de la
situation et maintenir une liaison efficace entre l'équipe du
ministère et les organismes locaux. Cette dernière initiative est
d'ailleurs toute récente et complète les gestes
déjà posés comme vous pourrez vous en rendre compte par
une lettre datée d'hier et que la régionale devrait recevoir
aujourd'hui ou demain.
M. LESAGE: C'est-à-dire qu'elle a été
envoyée hier...
M. CARDINAL: Oui, M. le chef de l'Opposition. Oui, datée d'hier.
Pendant que le comité continuait ses débats ici et pendant qu'il
se passe autre chose ailleurs, le ministère et le ministre continuent de
remplir leurs responsabilités et, dans le cas de la régionale de
Chambly, nous avons continué à travailler jusqu'à
aujourd'hui, comme nous avions commencé à travailler
auparavant.
M. LAPORTE: Apparemment, tout le monde travaille, excepté les
élèves.
M. LESAGE: Ils ne font que tourner en rond.
M. CARDINAL: Je ne voudrais pas, encore une fois, M. le
Président, que...
M. BELLEMARE: II n'y a pas eu de parti-sanerie depuis le matin, ne
commencez pas cela.
M. CARDINAL: C'est ça. Je ne voudrais pas que l'on fasse de la
politicaillerie avec ce comité, je le regrette...
M. BELLEMARE: Nous verrons cela tout à l'heure. Nous vous
attendons en haut.
M. LESAGE: Comment, vous m'attendez en haut?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordrel s'il vous plaît. Messieurs,
il est 10 h45, est-ce que ce ne serait pas le temps d'ajourner pour monter
à la Chambre?Qu'en pensez-vous? Combien vous reste-t-il de temps, M. le
Ministre?
M. CARDINAL: Oh! j'en ai encore beaucoup à dire sur la
régionale de Chambly. L'honorable député de Chambly ayant
lui-même pris un certain temps pour exposer ses problèmes.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous prendre quelques minutes, disons, pour
finir?
M. CARDINAL: Pour finir, ce serait vraiment difficile.
M. LE PRESIDENT: Non, mais pour finir ce matin, je veux dire.
M. CARDINAL: Bien, ce que je peux dire ce matin, c'est que...
M. LAPORTE: Tant que la première cloche n'est pas sonnée,
vous pouvez continuer.
M. CARDINAL: II y a donc cette lettre d'hier dont je parlerai
tantôt. J'y reviendrai en donnant le texte. Disons que le bilan des
gestes à poser dans l'avenir immédiat fera éventuellement
l'objet d'une nouvelle session avec le groupe concerné.
Je reviendrai donc sur les mesures prises par le ministère en
collaboration avec les groupes locaux pour répondre aux exigences
techniques de la situation à la régionale de Chambly. Je rappelle
en terminant ce matin, avant que nous suspendions, que je ne suis encore que
sur les aspects techniques de cette situation à Chambly et que j'ai
l'intention, pour répondre à l'attaque du député de
Chambly, de reprendre chacun des points qu'il a exposés de façon
que, si cela est possible, il soit satisfait des réponses qui lui seront
faites.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, nous ajournons jusqu'à...
M. BELLEMARE: Une minute, est-ce que M. Lesage est...
M. LE PRESIDENT: Nous ajournons... M. BELLEMARE: Une minute.
M. LE PRESIDENT; Messieurs du comité, veuillez accorder une
attention particulière à l'horaire que nous sommes à
déterminer.
M. LESAGE: Je vous ferai remarquer qu'on avait ajourné à
3h 30 cet après-midi pour les régies gouvernementales.
M. BELLEMARE: Oui, à 3 h 30. Cela a été une
erreur.
M. LESAGE: On a toujours l'impression que l'appel des ordres du jour est
à 3 heures.
M. ELLEMARE: C'est cela.
M. LAPORTE: Il n'était pas en Chambre.
M. LESAGE: Alors, qu'est-ce que nous faisons?
M. LE PRESIDENT: Messieurs, j'ai décidé qu'après
les ordres du jour on descendait.
M. LAPORTE: C'est satisfaisant de décider quelque chose, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Je veux revaloriser le rôle d'un
président.
(10 h 48)
Reprise de la séance à 11 h 58
M. PROULX (Président): A l'ordre!
M. CARDINAL: Je disais donc qu'une lettre est partie hier,
destinée à la régionale. Cette lettre est datée du
11 novembre 1968. Elle comporte deux parties. Elle fait le point sur la
situation. Elle confirme l'offre verbale, faite vendredi dernier au directeur
général, de mettre à la disposition de cette
régionale les services continus de l'équipe-conseil du bureau
régional de Montréal et d'assurer ainsi une liaison directe avec
le ministère tant que les problèmes d'organisation
matérielle et pédagogique ne seront pas réglés.
Comme je ne sais pas au moment où je vous parle si cette lettre a
été lue ou reçue par la commission scolaire,
j'hésite vraiment à en donner lecture. Non pas que ce soit une
lettre confidentielle, mais je pense que le tact le plus
élémentaire me demande d'attendre d'être assuré
j'ai essayé de vérifier, je n'ai pas pu avoir la
réponse que la commission scolaire l'ait reçue
avant de la rendre publique. Mais l'essence est ce que je viens de dire.
M. LAPORTE: Le ministre a parfaitement raison de ne pas vouloir en
donner lecture avant de s'être assuré que la commission scolaire
en ait pris connaissance. Est-ce que je pourrais lui demander, dès qu'il
aura eu cette assurance, peut-être par le truchement du premier ministre,
de la déposer à l'Assemblée légi$lative?
M. CARDINAL: Je n'ai aucune objection. M. LAPORTE: Merci. M. CARDINAL:
D'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour autant que la demande en sera faite en
Chambre.
M. CARDINAL: D'accord.
UNE VOIX: D'accord, je ferai le nécessaire.
M. CARDINAL: Alors, M. le Président, je me rends donc à la
demande du député de Chambly et, lorsque je serai assuré
que la commission scolaire de Chambly aura reçu cette communication et
en aura pris connaissance, je remettrai cette lettre à qui de droit pour
qu'elle soit déposée en Chambre.
Donc, à la suite de cette lettre, je l'espère, le bilan
des gestes à poser dans l'avenir immédiat, fera
éventuellement l'objet d'une nouvelle session avec les groupes
concernés et en relation directe avec le bureau régional de
Montréal à titre de conseiller.
Telles sont les mesures prises par le ministère jusqu'à
présent. Le député de Chambly a lu les lettres qui
émanaient de la commission scolaire. J'ai mentionné les gestes
qui ont été posés du côté du
ministère. Ces mesures ont été prises en collaboration
avec les groupes locaux. Je passe sous silence un rapport qui avait
été fait par mon chargé de mission, Me Jacques Laurent,
puisque depuis qu'il m'a fait ce rapport, la situation a évolué
et que ce que j'ai décrit, jusqu'à présent, je pense,
décrit la situation d'aujourd'hui. Je quitte la question des exigences
techniques, qui était le premier point dont je voulais parler, pour
passer aux problèmes scolaires de la régionale en qui concerne
les négociations.
En ce qui concerne les aspects non techniques et plus larges de cette
situation, auxquels j'ai fait allusion au début, leur analyse conduirait
fatalement à faire porter la discussion sur l'ensemble des
négociations en cours entre les commissions scolaires, la CEQ et le
gouvernement et notamment sur l'attitude des ensei- gnants devant des
propositions patronales relatives à la tâche de travail. Je dirais
quand même quelques mots à ce sujet. Il n'est pas question pour
moi, d'une part, de me désintéresser des négociations, ni
d'autre part de me désolidariser d'un collègue-ministre, ni
d'autre part de prendre ses responsabilités. M. le ministre Masse pourra
toujours, je pense, répondre aux questions précises sur les
négociations en cours avec les professeurs.
J'ai déjà souligné à plusieurs reprises que,
dans le partage des tâches entre les membres du cabinet, les
responsabilités en matière de négociations incombent
d'abord au ministre d'Etat délégué à la Fonction
publique. J'ajoute que le ministère est cependant
représenté à cette table de négociations au niveau
du sous-ministre adjoint de façon que nous soyons sans cesse mis au
courant, que nous puissions apporter notre participation. Je considère
cependant comme encourageante la reprise du dialogue à Chambly entre la
direction des études et les enseignants pour trouver un terrain
d'entente et explorer d'autres modes d'organisation de l'horaire.
En tant que ministre de l'Education, je souhaite que le délai
consenti par la régionale et les efforts des enseignants et des services
pédagogiques, permettent d'en arriver à une solution
équitable pour tous, c'est-à-dire les parents, les
étudiants, les enseignants, les commissaires. Dans cette question de la
situation globale, en dehors des aspects techniques, l'on a mentionné
à deux reprises que des directives contradictoires ou contraires
auraient été adressées. Je répète ce que
j'ai déjà dit, soit que j'avais l'intention de répondre
à cette question sans porter de blâme ni sur la commission
scolaire régionale de Chambly, ni sur la Fédération des
commissions scolaires, si sur les fonctionnaires, ni sur qui que ce soit.
Lorsque le député de Chambly a commencé à parler de
cette question, il a mis dans ma bouche certaines réponses que
supposément je donnerais. Ce n'est pas ce que j'ai l'intention de faire.
Cependant il y a une mise au point. Ces directives qui ont été
adressées à la régionale venaient, comme cela a
été mentionné d'ailleurs au sein de ce comité, de
la Fédération des commissions scolaires qui était
certainement de bonne foi et qui croyait à ce moment-là que les
négociations auraient été terminées au moment de la
reprise des cours à la régionale Chambly.
D'autre part, le cas de la régionale de Chambly est vraiment un
cas particulier. Comme je l'ai mentionné ce matin, chaque
régionale peut être considérée comme un cas
particulier et Chambly est une régionale qui a vraiment pris de l'avance
et qui avait été mise sur pied, d'ailleurs, au tout début
de l'Opération 55.
Le député de Chambly a fait la description d'une
situation. C'est une partie plus facile que d'expliquer les pourquoi de toute
cette situation. On peut facilement y mettre, dans la description, du pathos,
du sentiment, de l'interprétation. Il est normal que, des deux
côtés d'une Chambre, d'ailleurs, les faits soient
interprétés différemment quitte, à la Chambre, au
total, à faire la part des choses, quand il s'agit du bien du public, en
évitant que ce qui est affirmé ne soit que comme je le
mentionnais ce matin des attaques politiques.
Cette situation de la régionale est une situation grave, c'est
une situation qui peut nous inquiéter. Cependant, je pense qu'il ne faut
pas qu'il n'y ait qu'un son de cloche. Il faut que la réalité
soit vue sous tous ses angles. C'est pourquoi j'ai décrit ce qui a
été fait par le ministère. Et j'assure le
député de Chambly de la collaboration constante, jour
après jour, du ministère pour régler cette situation
à Chambly.
Qu'à Chambly des tracts aient été
distribués, ceci est possible. Ce renseignement n'est pas
vérifié quant à moi, je ne le niepas non plus, je n'en ai
pas une connaissance personnelle. Cependant, je ne voudrais pas que, parce que
des tracts ont été distribués par un mouvement dans
Chambly ou ailleurs, on en appelle à une deuxième crise du genre
de celle de Saint-Léonard.
Ce sont donc les directives de la Fédération des
commissions scolaires, de juin 1968, qui ont conduit aux horaires que l'on
connaît à Chambly. Et ceci est tout simplement, comme je le
mentionnais tantôt, pour rétablir les faits.
Il ne faut pas, dans ce domaine, mêler les problèmes, les
juridictions et les directives en ce sens que la régionale, comme toutes
les commissions scolaires régionales, a un certain nombre de
responsabilités et que le ministère en a d'autres. Dans certains
cas, il s'agit, pour le ministère, d'entériner les
décisions de la régionale. Cependant, comme je l'ai
mentionné, en parlant des aspects techniques, cette approbation ne peut
venir que dans le cadre d'une planification plutôt que dans le cadre d'un
cas particulier, même s'il y a urgence. De toute façon, je ne
pouvais pas d'avance répondre aux questions qui ont été
posées, quant à Chambly, parce que, lorsque le comité
s'est réuni, il s'agissait de la crise scolaire générale,
et à ce moment-là je n'ai pas pris de cas particulier.
Tous les délais, pour l'engagement du personnel à Chambly
ont été suivis normalement.
Cependant, le député de Chambly l'a mentionné
lui-même, ces engagements devaient se faire dans les limites des
dépenses considérées comme admissibles, et ces
dépenses admissibles, quant aux normes, aux directives qui viennent du
ministère, s'expliquent par la période d'austérité
et par l'étude du comité du plan qui permettent de fixer les
normes d'acceptation de ces dépenses.
Rien n'empêche la commission scolaire de faire des engagements
sauf la volonté des commissaires d'éviter toute dépense
qui pourrait éventuellement être déclarée non
admissible aux subventions d'équilibre budgétaire, ce qui
créerait un autre problème. L'on sait que, dans le domaine de
l'Education, cela ne sert à rien de le cacher, l'un des premiers
problèmes est justement le problème de financement.
Les devis pédagogiques de 1965 ne pouvaient certainement pas
prévoir, dès ce moment-là, l'équipement
normalisé pour des programmes professionnels dont l'étude n'a
commencé qu'en 1967. L'Opération 55, comme le
député de Chambly s'en rappelle, s'occupait des constructions et
non des programmes des enseignements dans les polyvalentes. Si les deux
opérations avaient été commencées de pair, elles
auraient pu, peut-être, fonctionner de pair. Ce sont des
hypothèses, ce n'est pas ce qui s'est produit, c'est un peu comme ce que
j'ai mentionné dans la réforme des maîtres. Si les deux
opérations en 1965 avaient commencé de pair, les retards
déplorés par le député ne se seraient
peut-être pas produits. Ce n'est pas de l'interprétation, et je
suis assez honnête intellectuellement pour admettre que c'est une
hypothèse.
Tous les programmes, d'ailleurs, dont a parlé le
député, sont des programmes nouveaux, que la régionale
n'était pas obligée d'enseigner. Exemple qui a été
donné: l'enseignement des sciences expérimentales selon les
nouveauxprogrammes. Cet enseignement des sciences expérimentales, selon
les nouveaux programmes, exige des équipements spécialisés
qui n'étaient pas prévisibles en 1966, par exemple. Rien
n'empêchait l'organisation des enseignements, même avec un seul
horaire, dans les écoles qui étaient terminées, selon des
méthodes plus traditionnelles. Et par conséquent, l'organisation
des laboratoires aurait été faite selon ces normes, qui
étaient connues.
Chambly a appliqué d'avance, et dans ce domaine, elle
était à l'avant-garde, d'une façon étendue en
même temps...
M. LAPORTE: Je dois comprendre selon le ministre que la régionale
de Chambly aurait dû s'équiper pour l'ancien programme sachant
que, 12 mois après, il faudrait qu'elle s'équipe de nouveau pour
le nouveau programme?
M. CARDINAL: Non, ce n'est pas ce qu'on doit comprendre. J'ai
mentionné tantôt que l'éco-
le technique de la région était intégrée. On
pouvait, dans certains domaines, ne pas prendre toute l'étendue des
options décloisonnées qui étaient offertes, conserver
certains programmes avec l'équipement que l'on avait
déjà.
M. LAPORTE: Mais c'étaient des écoles neuves!
M. CARDINAL: Dans les programmes qui étaient déjà
connus, qui venaient, par exemple, disons au point de vue métiers. Je
veux dire que, par exemple, l'option des sciences expérimentales, on
n'était pas obligé de la prendre. Ce n'est pas un blâme que
je fais du fait qu'on l'ait prise. Mais c'est que non seulement on a pris cette
option, mais comme...
M. LAPORTE: C'est le ministre que je voudrais tâcher de
comprendre. Il dit: A la régionale Chambly, vous aviez l'ancien
programme, et l'ancien équipement était approuvé. Vous
auriez dû vous en tenir à cela même si vous saviez qu'un an
après il y aurait un nouveau programme et un nouvel
équipement.
Cela aurait fait deux fois la dépense!
M. CARDINAL: Si mes paroles n'ont pas dépassé mais ont mal
exprimé ma pensée, je vais me corriger. Je n'ai jamais voulu
laisser entendre qu'on aurait dû s'équiper pour six mois, pour dix
mois, pour douze mois et recommencer après. Ce que je veux dire, c'est
qu'on aurait pu prendre des programmes conventionnels, qui n'exigeaient pas des
équipements nouveaux qui n'étaient pas encore approuvés,
mais certainement pas prendre des programmes qui n'existaient pas là,
avec des anciens équipements, si vous voulez...
M. LAPORTE: Mais avec quels équipements aurait-on appliqué
ces programmes conventionnels?
M. CARDINAL: II y a un certain nombre de programmes qui n'exigent pas
des laboratoires, par exemple, comme on désire en avoir à
Chambly. Je n'ai pas devant moi tout l'éventail des programmes, mais cet
éventail à Chambly est très étendu, comme ceci a
été mentionné d'ailleurs au comité. Ensuite, si
vous le permettez, je vais tenter de m'expliquer davantage.
M. LAPORTE: D'accord.
M. CARDINAL: Chambly a appliqué peut-être un peu d'avance,
et d'une façon étendue, et rapidement, le décloisonnement
total. Cette régionale a fait le décloisonnement total sur toute
l'échelle des enseignements. Elle a voulu être à
l'avant-garde des enseignements nouveaux; elle a expérimenté
plusieurs de ces programmes. Par conséquent, c'est un peu comme dans le
phénomène des CEGEP dont j'ai déjà parlé. Je
ne trouve pas qu'il soit étonnant que les approbations des
équipements n'aient pas pu précéder l'étude
officielle, je dis bien l'étude officielle, des programmes.
Il faut bien voir que, lorsque nous voulons appliquer de nouveaux
programmes, il ne faut pas aller trop vite et d'un seul coup appliquer tous les
programmes, même si le ministère veut donner sa collaboration
totale. Dans certains cas, le désir d'amélioration peut
créer une situation, que je n'appellerai pas de crise, mais une
situation de difficulté. C'est pourquoi je mentionne ces choses. Lorsque
nous parlons de retard, il ne s'agit pas vraiment de retard. Le
ministère n'était pas en retard dans ses études, dans sa
programmation. Ce que j'ai mentionné ce matin, et je le
répète et encore une fois c'est par honnêteté
c'est que la polyvalente suivant, d'une part, pour l'engagement des
professeurs et les directives des commissions scolaires, suivant, d'autre part,
son désir de décloisonner totalement l'enseignement, a de fait
agi avec une rapidité qui n'a pas permis au ministère, dans les
limites de ses capacités, de ses possibilités et dans les limites
financières des directives du mois de juillet d'arriver à
satisfaire les demandes de la régionale de Chambly. C'est un retard sur
l'avance que nous voulions prendre. Lorsque je dis ceci, je ne voudrais pas que
l'on interprète cela comme un aveu du ministre à l'effet que la
régionale était en avance sur le ministère. Oui, dans un
sens, elle était en avance sur les études qui étaient
faites au ministère.
M. LAPORTE: Nous sommes satisfaits.
M. CARDINAL: Et ceci ne veut pas dire que le ministère est en
retard sur la planification, mais que la régionale est allée
rapidement. Si la régionale avait suivi les étapes
recommandées par le ministère, nous ne serions pas arrivés
à cette situation.
M. LAPORTE: Est-ce que je peuxdemander au ministre ce que la
régionale aurait dû faire pour suivre les étapes
prévues par le ministère, compte tenu de l'arrivée des
élèves...
M. CARDINAL: La régionale n'était pas tenue d'appliquer
tout ce décloisonnement comme je le mentionnais tout à
l'heure.
M. LAPORTE: Elle n'était pas tenue de mettre en application les
28 ateliers qui avaient été approuvés en 1965 dans le
devis de la régionale.
M. CARDINAL: Elle n'était pas tenue... Il y a d'autres
régionales qui fonctionnent...
M. LAPORTE: II y en a qui disent que c'est nécessaire pour suivre
le rythme du développement, de dire à une partie des
élèves: Eh bien, ces options-là n'existent pas. La
question est fort sérieuse. Qu'est-ce qu'aurait pu faire la
régionale pour ne pas être en avance sur les autres?
M. CARDINAL: Je ne pense pas que le député était
distrait..., je répète ce que j'ai dit ce matin avant
l'interruption quand j'ai parlé de l'aspect technique. Ce qui a
été approuvé en 1965 il peut référer au
texte qu'il a lui-même donné ce ne sont pas des
équipements...
M. LAPORTE: Bon, mais...
M. CARDINAL: Ce sont des devis pédagogiques c'est-à-dire,
des espaces, des locaux.
M. LAPORTE: Pour des fins spéciales?
M. CARDINAL: Pour des fins spéciales, d'accord. Mais, sans
équipement et à ce moment-là, il n'était pas
question, en 1965, d'approuver ces équipements.
M. LAPORTE: D'accord.
M. CARDINAL: Encore une fois, je ne veux pas relancer les blâmes,
je répète qu'en 1965, sous le gouvernement d'alors, on n'a pas
lancé l'opération sur les deux plans en même temps,
l'opération-bâtiment, ou sur les trois plans en même temps,
l'opération-programme et l'opération-équipement.
J'ai déjà mentionné devant ce comité que la
réforme s'est faite d'abord dans les structures, que nous en sommes
maintenant rendus au programme et à la formation des maîtres et
qu'elle ne s'est pas faite dans l'autre sens et que le présent
gouvernement est aux prises avec les suites de ce qui a été
posé avant qu'il n'arrive au pouvoir. C'est pourquoi j'ai voulu
expliquer le plus sereinement, sans partisanerie, la situation à
Chambly. Situation que nous devons, aujourd'hui, régler parce que c'est
une situation de fait devant laquelle nous sommes. Quand on nous demande ce
qu'aurait dû faire la régionale, je ne réponds pas à
cette question pour la raison suivante je l'ai dit et redit à
plusieurs reprises et ici ce n'est pas parce que le député de
Chambly a dit, que je dirais que d'autres auraient dû faire quelque
chose, ce n'est pas cela justement c'est que chacune des commissions
régionales ou locales a un certain nombre de responsabilités.
La commission, là-bas, a pris ses responsabilités de bonne
foi. Je l'ai mentionné ce matin, en les prenant, elle a
créé vis-à-vis le ministère une situation qui s'est
continuée quant aux étudiants. Mais, ne mêlons pas les deux
situations. En plus de cette situation technique qui est connue, il y a cette
situation des négociations sur laquelle je n'ai pas donné de
détails. Plusieurs faits ont été mentionnés par le
député de Chambly. Par exemple, le nombre d'heures de cours
qu'ont les élèves. Ce nombre d'heures de cours dépend
justement du contrat avec les professeurs à compter du moment où
des professeurs suivent strictement un contrat donné, qu'ils ne font pas
de suppléance, qu'ils ne remplacent pas quelqu'un qui est temporairement
absent, qu'ils sont à l'école aux heures strictement
prévues par le contrat. Cette situation était inévitable
avec la masse d'étudiants qui s'est rendue dans cette région
à la suite du développement.
Je ne veux ici porter aucun jugement de valeur sur cette situation et,
comme je le mentionnais tantôt, ceci fait vraiment partie du contexte
global des négociations. Cette situation que l'on rencontre à
Chambly pourrait se rencontrer ailleurs, à compter du moment où
des enseignants suivent strictement un contrat qui est un contrat qui n'est pas
conforme, d'ailleurs, à ce qu'il sera lorsque les négociations
seront terminées. Parce qu'on ne sait pas ce que sera la nouvelle
convention, il se produit et il se produira des situations semblables. Ceci ne
peut pas être imputé au ministère. On peut dire qu'il y a
retard dans les négociations. Ce n'est pas comme ceci que le ministre de
l'Education le prend. Encore une fois, les négociations, la description
des faits, de leur durée, le pourquoi de la situation actuelle peuvent
être décrits d'une façon beaucoup plus adéquate par
l'honorable ministre Masse qui représente le gouvernement à la
table des négociations.
M. SAINT-GERMAIN: Puisque dans les résultats pratiques, dans les
résultats de fait, il y a une telle coopération entre les
programmes pédagogiques et l'enseignement de ces programmes et les
contrats de travail, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'avoir plus de
coopération entre le travail fait par M. Masse et le travail que vous
faites vous-même? Il se trouve une relation directe...
M. CARDINAL: II y a une relation. De fait, il y a un sous-ministre
adjoint à la table des négociations, qui les suit de près.
Encore une fois, il faudrait faire attention de ne pas mêler les
choses.
Pendant que le ministère fait son travail approbation de
programmes, approbation de manuels, approbation d'équipement les
négociations qui se poursuivent depuis un certain temps portent non pas
sur ces choses, mais, par exemple, sur le nombre de professeurs par rapport au
nombre d'élèves, sur les heures au cours desquelles les
professeurs enseigneront ou seront présents dans l'école, sur un
tas d'autres questions qui concernent ce que nous appelons la charge de travail
ou les conditions de travail. Ceci, vous ne pouvez pas le coordonner avec le
travail d'un ministère.
Ces négociations portent sur ces sujets-là, tandis que le
ministère fait son travail. En outre, il arrive qu'à Chambly des
directives sont venues de la Fédération des commissions scolaires
et qu'elles étaient basées sur les résultats
présumés d'une nouvelle convention qui n'a pas été
réalisée. Ceci n'est pas un blâme à l'endroit de la
fédération qui l'a fait pour aider les commissions scolaires et
qui ne savait pas à ce moment-là en septembre, que serait
l'avenir. Ces directives sont de juin 1968; elles ne viennent pas du
ministère.
Au contraire, dans les commissions scolaires, ce qui se produit
il y a des situations différentes c'est qu'en certains endroits,
il y a des conventions qui ne sont pas terminées, par exemple, et ces
gens-là continuent sur l'ancienne convention. En d'autres endroits, les
conventions sont expirées mais ce sont les commissions scolaires qui
engagent les professeurs suivant un contrat qui peut être particulier aux
commissions scolaires. Ce n'est pas le ministère. Et là, vous
soulevez une question qui est beaucoup plus importante, celle des relations
entre l'autorité et la responsabilité des commissions scolaires
particulièrement l'article 203 de la Loi de l'instruction
publique et l'autorité du ministère qui n'est qu'une
autorité qui vient après pour, dans certains cas, approuver; dans
d'autres cas, le ministère n'a même pas besoin de donner son
approbation si ce que fait la commission scolaire est conforme à la loi
et aux règlements.
M. SAINT-GERMAIN: Mais après, lorsque vous aurez
étudié ou approuvé votre programme pédagogique, il
faudra bien que les contrats de travail soient signés en relation
directe avec ces colonnes-là.
M. CARDINAL: D'accord, ce qui est arrivé à Chambly n'a
aucun rapport dans ce cas-là. Ce qui est arrivé à Chambly,
c'est que, si on reprend toute l'histoire du début je ne veux pas
recommencer ce que le député de Chambly et moi-même avons
fait il faut partir de 1965 alors que les devis pédagogiques ont
été approuvés, il faut partir du fait que la commission
scolaire a voulu décloisonner totalement et aurait voulu engager le
personnel en conséquence. Et c'est justement pour cela qu'elle a
demandé des budgets supplémentaires à deux reprises. Des
budgets supplémentaires qui, de fait, ont été
refusés parce que le ministère de l'Education n'a pas voulu
aller, dans aucun cas, au-delà des directives des dépenses
admissibles qu'établissaient les directives du mois de décembre,
lorsque le premier ministre lui-même a rencontré le
représentant de toutes les commissions scolaires, c'est-à-dire le
président de la Fédération des commissions scolaires.
Celui-ci a alors promis non seulement son appui mais sa collaboration à
ce que je pourrais appeler non seulement la réalisation de ces
directives mais sa collaboration sur le fait que ces directives seraient
suivies par les commissions scolaires.
De fait, les programmes pédagogiques n'ont aucun rapport direct
avec, par exemple, le rapport maîtres-élèves parce que, de
fait, chaque fois que vous avez de nouveaux programmes, le nombre de
professeurs, à ce moment-là, va augmenter, parce que ce sont des
spécialités. C'est autre chose! La commission scolaire a
justement voulu engager des spécialistes, mais à ce
moment-là, les traitements du personnel dépassaient, si vous
voulez, les dépenses admissibles qui auraient été
versées à cette fin.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Ministre, si vous oubliez la question de Chambly
en particulier, au niveau provincial, il va bien falloir que vous en arriviez
à coordonner et les concepts de travail et les programmes
pédagogiques.
M. CARDINAL: C'est exact.
M. SAINT-GERMAIN: Même si les structures actuelles ne le vous
permettent pas, vous devrez les modifier, je le suppose. Parce qu'il est
inconcevable que vous établissiez au ministère un programme et
que les conventions collectives n'en tiennent pas compte.
M. CARDINAL: Cela n'a aucun rapport avec... Non, vous faites un rapport
qui n'existe pas. Le rapport maîtres-élèves, par exemple,
dans les conditions de travail, n'a de relation ni directe,
ni indirecte avec le nombre de spécialistes dans une
matière donnée.
Ce qui a rapport quant au nombre d'enseignants, c'est la somme que la
commission scolaire décide d'utiliser, d'une part pour les enseignants,
d'autre part pour le personnel enseignant, d'autre part pour le personnel de
direction, d'autre part pour le fonctionnement de l'école. Elle se fait
un budget, elle le suit et ceci doit entrer dans le cadre des dépenses
admissibles ou non admissibles. Ceci n'a aucun rapport avec les
négociations, non plus, ni directement ni indirectement.
De fait, lorsque des négociations sont terminées, que ce
soit après le bill 25, la dernière fois, ou lorsqu'elles seront
terminées, le gouvernement, à ce moment-là, s'il y a un
accroisse ment des dépenses dû aux résultats de la
convention, il l'accorde aux commissions scolaires comme la dernière
fois il a dû l'accorder comme il l'accorde à ses
fonctionnaires.
Cela, c'est une autre question et je veux bien revenir à Chambly
pour tenter de répondre à votre question.
Les négociations se poursuivent actuellement.
Il est bien évident que, si le résultat de ces
négociations établit des changements qui ont un effet dans
l'ordre pédagogique, le ministère devra les suivre comme les
commissions scolaires devront les suivre, comme les professeurs devront les
suivre. Mais l'état des négociations, actuellement, est dans un
état mouvant en ce sens qu'elles ne sont pas terminées et qu'on
n'en connaît pas le résultat. On ne peut donc pas se coordonner et
changer continuellement.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que le programme pédagogique va se faire
en relation, maintenant, avec le contrat ou si c'est le contrat qui va...
M. CARDINAL: Non, le programme pédagogique ne se fait jamais en
relation avec le contrat. Le contrat, d'ailleurs, ne contient rien quant au
programme pédagogique. Le contrat, ce sont des conditions de travail. Je
ne sais pas comment vous expliquer pour qu'on voie bien la distinction, sauf
que,sivousavez20programmes différents, vous allez engager 20
professeurs, disons. Les conditions du contrat ne changeront pas parce qu'il y
a 20 programmes. Cela n'a aucun rapport avec la relation
maîtres-élèves. Le généraliste, si vous
voulez, qui est devant une classe, ou le spécialiste qui est devant une
classe, lui, lorsqu'il est devant sa classe, il y a une relation quant au
nombre d'élèves qu'il a dans sa classe, dans les conditions de
travail. Mais ceci n'a aucun rapport dans l'ordre péda- gogique. Il
pourrait y avoir 10, 20 ou 50 options et le contrat serait toujours le
même, si vous voulez, par rapport aux professeurs d'une commission
scolaire donnée, en relation avec la convention. Il n'y a aucun, aucun
rapport.
M. GABIAS: Est-ce que le député croit qu'une convention
collective doit contenir l'aspect pédagogique?
M. SAINT-GERMAIN: Non, pas nécessairement.
M. GABIAS: Bon, si cela ne doit pas contenir cet aspect
pédagogique, la convention de travail doit tout simplement
prévoir les conditions de travail des professeurs. L'aspect
pédagogique est une autre question qui ne doit pas, à mon sens,
être incluse dans la convention collective.
M. SAINT-GERMAIN: Oui, mais ce qui m'a frappé, c'est que le
ministre ait ditàun moment donné que le fait que les professeurs
soient soumis à l'ancien contrat de travail, ça donnait à
Chambly, en particulier, des difficultés au point de vue
pédagogique.
M. GABIAS: Bien, peut-être...
M. CARDINAL: Mais non, pas les deux. Ce que j'ai voulu dire au point de
vue des négociations, ce n'est pas la même chose que les
programmes où l'équipement n'est pas approuvé. Le
député de Chambly n'a pas fait, dans son exposé, le
mélange. Il a décrit la situation sur les deux plans.
Quand on parle du nombre de cours qu'ont les étudiants, ce n'est
pas par rapport au programme, pas par rapport aux options. C'est par rapport
aux professeurs et au nombre de cours qu'ils donnent par rapport à la
présence qu'ils ont sur place. Ceci se rapporte directement aux
conditions de travail et à l'état des négociations. Ce
sont deux choses différentes qu'il y a dans Chambly. D'une part, ce que
j'ai appelé ce matin les aspects techniques qui se rapportent au
programme pédagogique, d'autre part, les aspects de négociations
et les deux ne se confondent pas.
Comme il y a les deux problèmes, si vous voulez sur place,
ça crée une situation globale, mais les deux problèmes ne
sont pas en relation l'un avec l'autre. Il aurait pu y avoir l'un des
problèmes sans que le problème des négociations existe. Si
les négociations étaient terminées, vous auriez quand
même un problème de programme pédagogique à remplir
mais vous n'auriez pas en plus un problème de négo-
ciations qui se retrouve d'ailleurs dans certains autres cas.
M. le Président, si vous le permettez, je ne veux prendre
indûment le temps du comité, je vois l'heure qui passe, je termine
ici, pour le moment sur Chambly. Je veux simplement ajouter deux mots pour
terminer cet exposé.
Quant à la deuxième université de langue
française, je pense j'en ai parlé à plusieurs
reprises que le député de Chambly ne devrait pas affirmer
que cette université a été faite sans que les
intéressés en prennent connaissance. Dans ce dossier, comme dans
le cas du conseil des universités bill 57 devant la Chambre
comme dans le cas du projet de loi de l'université du
Québec qui n'est pas encore devant la Chambre mais qui y viendra, il y a
eu consultation de la conférence des directeurs, il y a eu consultation
de la Fédération des associations de professeurs, il y a eu
consultation de l'union générale des étudiants. C'est un
de ces cas où, malgré la consultation, il n'y a pas eu encore
d'indiscrétion. Il y a eu des rumeurs, il y a eu des nouvelles dans les
journaux à l'effet que tel groupe ou tel autre deviendrait la
deuxième université, il y a eu des affirmations à
l'extérieur. Ce n'est pas parce que nous avons fonctionné
à la connaissance de tout le monde, avec la collaboration de tous les
intéressés il s'agissait de quelque chose
d'extrêmement important, ce travail a duré pendant près de
deux ans si l'on part du tout début que le dossier très
volumineux doit être rendu public avant d'être d'abord
apporté au conseil des ministres pour que des questions de principe
soient déterminées. Je puis dire que dès que ceci aura
été fait, le ministre de l'Education, en Chambre, lui-même
s'il y est ou par son ministre d'Etat ou par le premier ministre ou par tout
autre député, fera les annonces qui s'imposeront.
L'UGEQ, par exemple, qui a été consultée à
ce sujet, n'a pas cependant encore donné son avis et ceci lui avait
été demandé à l'hiver 1968 après la
réunion que j'avais eue avec ses représentants. Enfin, quant au
marché du travail, ça été un des trois points
mentionnés dans la contestation, cela a été l'un des
points relevés par le député de Chambly. Je n'y reviens
pas parce que j'ai déjà, je pense, mentionné ce qui avait
été fait, non seulement au niveau du ministère, mais au
niveau du gouvernement dans ce domaine. Je réfère aussi à
ma déclaration du 16 octobre où il y a plusieurs propositions qui
sont faites aux étudiants pour participer avec nous à la solution
de ce qu'on appelle, un problème, encore une fois.
J'ose espérer que je n'ai pas oublié de questions dans
tout le long exposé du député de
Chambly. J'ai tenté je ne dirai pas de le satisfaire
mais d'exposer ce que le ministère avait fait à ce
sujet.
UNE VOIX: Ce n'est pas parlementaire! M. CARDINAL: Non?
M« LAPORTE: II n'est pas encore reconnu comme parlementaire!
M. CARDINAL: Si ce n'est pas parlementaire, je m'excuse d'avoir dit ce
que je pensais. Je le retire.
M. GABIAS: C'est un insatisfait naturel!
M. CARDINAL: C'est ça!
UNE VOIX: Vous avez déjà le tour...
M. CARDINAL: Alors, sur ce, M. le Président, malgré mes
paroles encore une fois, mes sourires ne sont pas enregistrés
je termine en assurant tous les députés qu'ils soient d'un
côté ou de l'autre de la Chambre, malgré les éclats
que l'on fait à mon sujet dans le moment, je préférerais
que l'on tienne l'éducation en dehors de l'élection partielle et
que ce qui se passe devant ce comité ne soit pas la copie conforme de ce
qui se passe sur le plan électoral.
Comme ministre de l'Education, jusqu'à présent, j'ai
tenté de me conduire d'une façon non partisane en ce qui regarde
tout le plan de l'éducation et c'est certainement un domaine qui est
très important pour bâtir le Québec Je pense qu'il faut,
lorsqu'on en discute, même s'il y a le jeu parlementaire, s'élever
à un niveau qui dépasse le parti ministériel et
l'Opposition. Je demeure donc à la disposition des honorables
députés, des deux côtés de la Chambre, pour
répondre à leurs questions devant ce comité. Merci, M. le
Président!
M. GABIAS: C'est un exposé sobre, un exposé complet
qui...
M. LAPORTE: C'est en plein la journée pour parler d'un
exposé « sobre ». Vous avez parfaitement raison! Vous avez
un choix de mots...
M. LE PRESIDENT: Messieurs, avant que la situation ne se gâte, je
laisse la parole au député de D'Arcy-McGee qui me l'a
demandée depuis tellement longtemps. Je vous la laisse, je consens
à vous la laisser.
M. GOLDBLOOM: Merci, M. le Président.
UNE VOIX: N'est-ce pas le temps d'un petit commentaire?
M. LAPORTE: Quand les historiens vont lire vos paroles, monsieur, ils
vont comprendre que nous avions raison!
M. GOLDBLOOM: M. le Président, selon l'avis de convocation, nous
sommes ici pour discuter, avec le ministre, de la situation des
étudiants au Québec. Je voudrais faire quelques commentaires,
poser certaines questions à la lumière de certaines politiques
qui semblent évidemment selon l'interprétation que j'en
fais, on a déjà dit que l'interprétation se fait de part
et d'autre - les politiques du gouvernement dans certains secteurs qui me
semblent importants...
UNE VOIX: Une question à poser?
M. GOLDBLOOM: Le ministre vient de parler de certaines restrictions
budgétaires imposées aux écoles par le truchement des
commissions scolaires. Il a dit clairement, et tout le monde le sait, que
l'école, qui peut être libre jusqu'à un certain point
d'instaurer des programmes, d'embaucher du personnel, est quand même
limitée dans ses possibilités par le budget qui lui est
accordé.
Le ministre a dit, si je l'ai bien compris, que des normes quantitatives
n'existent pas quant au rapport entre le nombre d'élèves et le
nombre d'enseignants et que ces normes sont imposées plutôt par le
truchement du budget; que l'on accorde une certaine masse salariale pour la
rémunération des professeurs, des enseignants dans les
écoles. Pourtant, je suis informé, par certaines conversations
que j'ai eues avec des directeurs d'écoles, qu'il y a des normes
quantitatives qui sont imposées et qui exigent un rapport
enseignants-élèves de 1 à 28, qui a récemment
été modifié pour devenir 1 à 27.
Au premier abord, il semble que ce soit une chose excellente; nous
connaissons par exemple des écoles où chaque enseignant est
obligé de s'occuper d'environ 40 enfants. Si l'on pouvait diminuer
à 28, en moyenne, cela semblerait un progrès très
satisfaisant, à 27, ce serait encore mieux.
Mais il semble, premièrement, que l'on soit obligé de
compter dans cette donnée, tout le personnel de l'école, sauf le
concierge on me dit qu'on ne compte pas le concierge là-dedans.
Le directeur lui-même, qui souvent est empêché par ses
responsabilités administratives d'enseigner, est quand même
compris dans le nombre d'enseignants pour établir ce rapport de 1
à 28 ou 27... Ce fait empêche l'école de jouir de la
présence de spécialistes en certaines matières. On m'a
parlé de spécialistes en musique, cela ne m'a pas
bouleversé particulièrement; on m'a parlé de
spécialistes en culture physique, cela m'a inquiété un peu
plus... Mais, on m'a dit aussi que dans ces écoles qui, en l'occurrence,
sont des écoles de langue anglaise, il n'y a pas de spécialistes
à l'élémentaire pour l'enseignement du français et
que l'enseignement du français est fait par du personnel qui n'est pas
parfaitement qualifié dans cette matière et qui est obligé
d'enseigner d'autres matières en même temps. Alors, c'est un
premier problème que je soumets. J'aimerais, à la fin de mes
remarques, que le ministre me donne des éclaircissements, parce qu'il y
a de l'inquiétude chez des personnes qui voudraient notamment que leurs
enfants reçoivent le meilleur enseignement qui soit possible. De la
langue française en particulier.
M. CARDINAL: M. le Président, je peux peut-être tenter de
répondre tout de suite; je demanderai aussi l'assistance du ministre
Masse pour le faire.
Encore une fois, je reviens à la distinction de tantôt. Le
rapport élève-enseignement la proportion entre
élèves et enseignants peut être abordé de
deux façons: il peut être pris dans le cadre des
négociations, ou il peut être pris dans le cadre des normes
budgétaires. Il ne faut pas confondre les deux.
Le rapport maître-élève relativement aux normes
budgétaires: il est vrai qu'il était de 1 à 28. Lorsqu'il
est de 1 à 28, il est évident que ceci crée des
restrictions, que ceci crée un contingentement pour la commission
scolaire. Mais c'est la commission scolaire qui fait elle-même
l'aménagement au sein de ces normes. Pour reprendre des exemples
donnés par le député, la commission scolaire peut choisir
d'avoir ou de ne pas avoir un spécialiste en musique, d'avoir ou de ne
pas avoir un spécialiste en sciences de l'éducation, ou d'avoir
ou de ne pas avoir un spécialiste en langue française.
En ce cas-ci évidemment, c'est la commission scolaire qui choisit
de ne pas avoir l'un ou plusieurs de ces trois spécialistes que je viens
de nommer. Si la commission scolaire préfère avoir un
spécialiste en langue française et ne pas en avoir un en sciences
de l'éducation, elle a ce choix. Mais encore une fois, ce rapport 1-28
n'est pas du tout le rapport auquel je pense; c'est peut-être 1-17. Mais,
ce n'est pas celui-ci que l'on voit dans les négociations. C'est une
autre chose.
M. MASSE: C'est 1-17 au secondaire, et 1-27, à
l'élémentaire.
M. CARDINAL: Enfin, le ministre pourra compléter. Ces normes
existent actuellement dans les règles budgétaires.
C'est un professeur pour quarante élèves de la maternelle;
pour l'élémentaire, c'est un professeur pour 28
élèves; pour le secondaire, c'est un professeur pour 17
élèves ceci est conforme d'ailleurs aux
négociations pour l'enfance exceptionnelle, c'est un professeur
pour quinze élèves. Le projet d'entente, actuellement en
négociation, prévoit un changement, je pense, c'est de 1 à
28 à 1 à 27. Mais toute cette question, si nous la prenons sur la
base des négociations elle ne s'applique pas présentement,
ce qui s'applique ce sont les normes budgétaires fait l'objet
présentement de négociations y compris les modalités du
calcul, parce que les modalités du calcul peuvent être fort
compliquées comme M. Masse le sait, et pour ce qui est de la partie des
négociations je lui laisserai la réponse.
Je reviens à la question précise. Il faut repartir du
début. Les commissions scolaires sont financées à partir
de deux sources; la taxe scolaire qui rapporte, disons, grosso modo un peu plus
de $400 millions de salaires au Québec, et le budget du ministère
de l'Education qui est $756 millions environ actuellement, pour l'année
courante, dont environ $400 millions pour les commissions scolaires pour des
subventions de fonctionnement, d'équilibre budgétaire ou
spéciales ou statutaires.
Le ministère est nécessairement obligé comme tout
autre ministère de vivre dans les limites de ce budget. Ces limites sont
fixées à l'étude du budget qui a été
étudié en juin et qui a été adopté par la
suite, et elles sont surtout fixées par la limite de taxation des
contribuables. Le ministère ne peut donc pas atteindre l'idéal.
L'idéal, ce serait peut-être qu'au point de vue des normes, qu'il
n'y en ait pas, et que les commissions scolaires puissent avoir le nombre de
professeurs qu'elles désirent. Mais ceci est impossible si nous prenons
les limites budgétaires. C'est une situation de fait qui varie
considérablement d'une commission scolaire à l'autre. J'ai
visité moi-même plusieurs commissions scolaires. Elles
décident elles-mêmes d'engager tel genre ou tel autre genre de
professeurs.
Quant à la partie de négociations, encore une fois je ne
sais pas si M. Masse peut ajouter des explications.
M. MASSE: Je n'ai pas, en soi, à ajouter d'explications. Je pense
que c'est très clair. Je pense que le ministre a fait un bon
exposé. C'est un problème qui est en négociation
présentement entre les parties et c'est à la table des
négociations que la partie patronale a, à plusieurs reprises,
expliqué sa position et discuté de la question. Maintenant la
partie patronale a donné des informations en public,que nous pouvons
reprendre ici si vous le désirez, mais qui sont dans le sens de ce que
le ministre de l'Education a énoncé. La question de cette norme
de rapports maîtres-élèves est une norme budgétaire.
Ce n'est pas une compilation physique d'un maître devant 17
élèves ou d'un maître devant 27 élèves, c'est
l'ensemble des élèves d'une commission scolaire. Le total de ces
élèves fait que, budgétairement, il y a tant de
professeurs et la répartition se fait à l'intérieur de la
commission scolaire et de l'école, compte tenu de la matière
à enseigner, compte tenu de l'enseignement également, c'est que
l'application de cette proportion se fait au niveau de l'endroit où ,
à mon avis, cela doit se faire, au niveau de la commission scolaire et
de l'école.
M. GOLDBLOOM: Alors M. le Président...
M. CARDINAL: Si vous le permettez, f ajouterai une explication,
cependant. Les commissions scolaires ont une liberté. C'est qu'elles
peuvent toujours, sur le plan de l'impôt, aller au-delà de ce qui
est normalisé pour donner plus de services.
A ce moment-là, ce sont les contribuables locaux dont les
commissaires sont les représentants en même temps qu'ils sont les
représentants de tous les parents qui doivent prendre cette
responsabilité. Cette décision, certaines commissions scolaires
la prennent. Il y a des commissions scolaires qui, justement, prennent cette
décision. Hya des commissions scolaires qui sont, dans un sens, plus
riches que d'autres parce qu'elles prennent les décisions de payer
davantage en prélevant des impôts plus élevés.
M. GOLDBLOOM: Ce sujet est très vaste et prendrait une
étude très approfondie mais cette étude me semble urgente.
Parce que s'il est vrai que cette liberté existe, la capacité de
payer des contribuables est quand même limitée, et l'on entend des
protestations un peu partout dans la province devant les hausses de taxes
scolaires. Malgré cela, on n'est pas en mesure de permettre à nos
écoles de faire tout ce qu'elles voudraient faire. J'ai parlé
tout particulièrement d'un sujet qui me tient à coeur,
c'est-à-dire l'enseignement du français par des
spécialistes en
cette matière, à des enfants qui viennent de foyers qui ne
sont pas, eux, d'expression française. Alors, c'est une chose qui est
très importante pour l'avenir du Québec.
Ce qui est également important, quand on considère les
restrictions budgétaires qui peuvent exister et qui existent
sûrement, c'est que nous risquons d'empêcher nos écoles
d'innover, de prendre certaines initiatives, de faire des expériences et
alors, de nous trouver à la remorque de ceux qui feront, dans d'autres
provinces et dans d'autres pays, les recherches pédagogiques qui sont
essentielles pour notre avenir vu notre contexte social et linguistique.
M. BOUSQUET: Réduisons le budget de la défense et
employons cet argent-là à l'éducation.
M. GOLDBLOOM: Je suis d'accord. Mais nous sommes ici à discuter
de l'éducation, dans la province de Québec.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jonquière. M. HARVEY:
Je n'ai pas l'intention... M. LE PRESIDENT: Un instant...
M. GABIAS: Notre collègue reconnaîtra sûrement que la
première responsabilité de l'engagement des professeurs
relève des commissions scolaires et je ne sache pas qu'au
ministère, à ma connaissance, on ait refusé l'engagement
de professeurs de français comme dépenses admissibles.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jonquière, s'il vous
plaît.
M. HARVEY: Je n'ai pas l'intention de prendre beaucoup de temps du
comité. Mais, tout de même, j'ai été, ce
matin,...
M. LAPORTE: Est-ce que c'est sur le même sujet?
M. HARVEY: Non, ce n'est pas sur le même sujet.
M. LAPORTE: C'est parce que M. Golbloom n'avait pas fini...
M. HARVEY: Ah, parfait! Si M. Goldbloom n'a pas fini. Je m'excuse...
M. LAPORTE: ... à cause des interruptions.
M. HARVEY: Je m'excuse et j'excuse le président de m'avoir
donné la parole.
M. GOLDBLOOM: J'essaierai de terminer mes remarques rapidement puisque
le temps presse. Il y a un problème qui existe et qui est de nature
à nourrir la crise scolaire, et c'est la pénurie d'espace. Nous
avons connu des occupations où simplement le problème des espaces
disponibles donnait lieu à une concurrence entre les divers
éléments de la société qui croyaient avoir droit
aux locaux qui étaient disponibles mais ne suffisaient pas. Je pense en
particulier à l'occupation de l'école Aimé-Renaud à
Saint-Léonard, et à la situation qui existe toujours là,
la commission scolaire étant obligée de louer des sous-sols de
maison pour donner des cours, en outre des classes privées qui sont
également données dans des sous-sols de maison.
Le troisième problème que je voudrais discuter avec calme
et objectivité avec le ministre, c'est un sujet sur lequel j'ai
déjà attiré son attention par une lettre que je lui ai
envoyée il y a quelques mois.
Mon collègue, le député de Chambly, a parlé
ce matin en Chambre de deux projets de loi qui sont inscrits au feuilleton
à son nom, dont l'un a pour but si je le comprends bien, parce
qu'il n'a pas encore été distribué de créer
un citoyen municipal, un citoyen à part entière. J'ai
souligné déjà, à l'attention du ministre, le
problème du citoyen qui n'est pas citoyen scolaire à part
entière. Il y a des personnes, dans notre société qui se
veut démocratique, qui n'ont pas la possibilité de se porter
candidats dans les élections aux commissions scolaires et qui n'ont
même pas le droit de vote. Il y avait possibilité, avant
l'ajournement de la session au mois de juillet, et avant
l'échéance qui arrivait le 10 juin dans un cas particulier
et cela, je l'ai souligné au ministre de poser un geste, un geste
législatif qui aurait corrigé cette injustice. A ma connaissance,
ce geste n'a pas été posé: il y a des citoyens qui sont
privés de leur droit de vote et de participation à des
élections scolaires. J'espère que cette situation sera
bientôt corrigée et que le ministre pourra me donner un
encouragement là-dessus. Pour ne pas risquer de faire de la
démagogie, je n'entre pas plus avant dans les détails, parce que
je ne voudrais pas que cela devienne une question démagogique.
M. GABIAS: Une grosse amélioration sur le député de
Chambly.
M. CARDINAL: M. le Président, est-ce que je pourrais
répondre tout de suite à cette ques-
tion? M. le Député, je ne voudrais pas vous interrompre!
J'ai rencontré, de fait, les représentants de cette
communauté je me mets sur le même plan que vous et
il y avait deux questions dont nous avons parlé. Cette question de
représentation et de vote, etc., et la question d'association des
écoles indépendantes et des écoles publiques.
Jamais, dans le passé... Cette question d'association a
été réglée pour la première fois. Cela
faisait très longtemps que nous attendions qu'elle soit
réglée. Quant à la deuxième question, les personnes
que j'ai rencontrées qui ont eu une assemblée après
ont convenud'at-tendre le rapport du comité de restructuration
scolaire de Montréal car, advenant que les recommandations de ce rapport
soient en partie ou en totalité acceptées, la situation des
structures scolaires serait profondément changée, tout
particulièrement dans l'île de Montréal. C'est surtout
là que cela se pose, même si ça peut se retrouver ailleurs.
C'est dire que la situation que nous connaissons présentement
elle est loin d'être actuelle, puisqu'elle dure depuis que dure le
système présent serait d'elle-même
corrigée.
Ces personnes-là ont donc accepté, à ce
moment-là, qu'à cette session aucune loi ne soit
présentée, puisque tout le système de taxation,
particulièrement dans l'île de Montréal, en aurait
été bouleversé, et qu'il valait mieux attendre le rapport
d'un comité qui donnerait une solution globale. Ou, peut-être que
le problème ne se poserait plus.
Alors, je peux donc assurer le député que cette question
n'est pas oubliée, qu'elle a même été
discutée, qu'il y a déjà de la correspondance et des
rencontres en assez grand nombre, que le ministre suit ceci avec
intérêt, avec un grand sens de la justice je m'excuse
presque de le dire et que le rapport qui a été rendu
public prévoit une nouvelle situation selon laquelle tous les citoyens
du Québec, quant au plan scolaire, quant à leur
représentation, seraient tous sur le même pied.
M. GOLDBLOOM: Je remercie le ministre. Puisqu'il vient de parler de son
sens de la justice, je lui demanderais, aussi, de se pencher sur un
problème un peu particulier. Nous venons d'adopter une loi créant
un ministère de l'Immigration. Il y a un article de cette loi qui
demande au nouveau ministre d'agir de façon à préserver
des coutumes ethniques. Parmi ces coutumes, il y a, évidemment, la
langue que ces personnes ont apportée avec elles en ce pays.
Il y a, sous l'égide de certaines commissions scolaires, des
classes qui se donnent le samedi. Les locaux sont offerts gratuitement pour ces
classes, pour permettre, justement, que la langue et les coutumes de ces
peuples soient conservées dans notre milieu québécois.
Nous avons assisté à une modification de politique quant
à ces classes qui étaient consacrées, au départ,
uniquement à la culture d'origine mais qui sont, maintenant,
divisées entre les caractères ethniques de l'enseignement et
l'enseignement du français.
Ayant déclaré et je n'avais pas besoin de le dire
mon intérêt dans l'enseignement du français, je
n'oppose aucune objection à ce que le français soit
enseigné à ces enfants-là. Mais, vu qu'il s'agit de
classes qui se tiennent en dehors du curriculum régulier, de l'horaire
régulier de la semaine, et vu qu'il y a, me dit-on, des distinctions qui
se font quant à la rémunération des enseignants dans les
deux situations, c'est-à-dire que ceux qui enseignent la langue
maternelle sont rémunérés à une échelle plus
basse que ceux qui enseignent le français, je demanderais au ministre,
avec son sens de la justice, de se pencher sur ce problème et de voir
à ce que la situation soit régularisée en toute
justice.
M. GABIAS: Si le député me permet, c'est
déjà fait. Je sais que récemment le ministre de
l'Education s'y est intéressé en nommant une personne
spécialement désignée par le ministre pour communiquer
avec l'Immigration et je sais que M. Buzzanga s'intéresse
particulièrement à tous ces problèmes.
M. GOLDBLOOM: Maintenant, M. le Président, il me reste deux
petits sujets à traiter. On a parlé brièvement de
l'occupation de l'école des Beaux-Arts et je voudrais dire en termes
généraux que je trouve l'attitude du gouvernement trop passive
devant les conflits de cette nature.
Je m'explique dans l'optique de ce qui s'est passé à
l'école des Beaux-Arts. Il y a eu, sur les 900 étudiants, bon
nombre qui auraient voulu reprendre les classes. Il y a eu des
assemblées où les avis de convocation ont été, dans
certains cas, un peu confus et on n'était pas certain si c'était
marqué 9 heures ou 19 heures. Aucun ordre du jour n'a été
annoncé et, séance tenante, on a essayé de construire un
ordre du jour par des motions qui étaient amenées du parquet. Des
choses de cette nature ont abouti à un scrutin qui n'était pas
secret, et qui a été tenu et même repris dans un cas
où le résultat n'a pas semblé satisfaire les dirigeants de
l'occupation.
Je tiens à souligner que l'on m'a informé que le principal
dirigeant n'est pas inscrit comme élève régulier à
cette école depuis approximativement cinq ans.
Il me semble que le ministère, par sa présence, devrait y
être plus qu'un observateur; il devrait avoir une certaine
responsabilité morale pour contribuer à l'établissement
d'un ordre du jour, pour diriger un scrutin secret s'il n'y a pas
d'autres moyens d'obtenir un scrutin secret parce qu'il est clair qu'il
y a eu des menaces contre les élèves qui voulaient reprendre les
classes.
M. GABIAS: Qui a fait les menaces?
M. LAPORTE: Ah bon, très bien!
M. GOLDBLOOM: D'autres élèves.
M. LAPORTE: Ah, ce n'est pas important!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est important! Il est important que nous le
sachions! C'est une accusation qui est...
M. LAPORTE: C'est une accusation...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une affirmation qu'il a
portée...
M. LE PRESIDENT: Le président est là. Respectez la
présidence!
M. GOLDBLOOM: Merci, M. le Président. Je voudrais dire simplement
que nous sommes en présence d'un problème que l'on est en voie de
résoudre par la nomination d'un certain nombre d'étudiants au
conseil d'administration de nos institutions d'enseignement. Il me semble qu'il
est temps que l'on adopte une politique qui exige que ces étudiants qui
accèdent à ces postes-là soient des étudiants
à plein temps. Il y a trop d'étudiants qui prennent un seul cours
afin d'être officiellement inscrits à l'université ou
à une autre institution, et qui ont par conséquent tout leur
temps libre pour s'occuper des mouvements estudiantins et des contestations qui
se font nombreuses dans notre société d'aujourd'hui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que vous avez la liste?
M. GOLDBLOOM: Enfin, M. le Président, puisque...
M. LAPORTE: M. le Président, voulez-vous demander au
député de Chicoutimi de se taire?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai le droit de
parler au comité comme tout le monde.
M. LAPORTE: Quand vous aurez la parole.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je demande la parole.
M. LAPORTE: Vous attendez depuis deux ans, vous pouvez attendre encore
une demi-heure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je me dois encore une fois de faire observer
au député de Chambly qu'il est mesquin, malhonnête,
injuste... Je retire tout cela!
M. LAPORTE: « L'injurieux » est encore à
l'oeuvre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai posé une
question.
M. GOLDBLOOM: Et je vais essayer d'y répondre si le
député de Chicoutimi veut bien me laisser parler.
M. LAPORTE: Vous avez bien raison.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de D'Arcy-McGee a
formulé tout à l'heure des accusations voulant que des gens qui
faisaient de l'agitation n'étaient pas inscrits dans des écoles.
Le ministre de l'Education et ses collaborateurs ont le droit de savoir qui
sont ces gens. Ce n'est pas une question pour embêter le
député de D'Arcy-McGee. Mais, il a porté une accusation,
alors nous lui demandons de préciser qui sont ces gens.
M. GOLDBLOOM: Je suis, M. le Président...
M. HARVEY: M. le Président, sur le point soulevé par le
député de Chicoutimi, ce matin dans une déclaration faite
au début de son intervention, le ministre sans porter
d'accusations a affirmé que dans la contestation qui a lieu
présentement à Chicoutimi, se trouvaient des noms inscrits au
collège de Jonquière, et à
Chicoutimi.
M. GABIAS: Des quoi?
M. HARVEY: Nous ne lui avons pas demandé de les nommer; nous ne
l'avons pas accusé de porter des accusations.
M. GABIAS: Qu'est-ce qu'il y a?
M. LAPORTE: C'est parce que les gens sont moins savants que le
ministre!
M. GABIAS: Les quoi?
M. LAPORTE: Très bien! Nous avons de l'instruction, mais nous
laissons les autres tranquilles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre!
M. BOUSQUET: Sur un point d'ordre, M. le Président.
M. GABIAS: II est de mauvaise humeur ce matin.
M. LE PRESIDENT: Sur un point d'ordre.
M. BOUSQUET: M. le Président, je trouve qu'en Chambre aussi bien
qu'au comité, le député de Chambly a suffisamment
l'occasion de s'exprimer...
M.LAPORTE: Oui, oui, oui!
M. BOUSQUET: ... lorsqu'il y en a d'autres qui veulent...
M. LAPORTE: Vous l'avez autant que moi mais vous n'en profitez
jamais.
M. BOUSQUET: Quand il y en a d'autres qui veulent s'exprimer, il me
semble qu'il pourrait leur laisser une chance de le faire.
M. LAPORTE: Je remercie le député de ses paroles
extrêmement sensées et s'il veut savoir quand on peut s'exprimer,
qu'il lise donc le règlement.
M. BOUSQUET: Le règlement, jusqu'à présent, n'a
servi qu'au député de Chambly!
M. LE PRESIDENT: Messieurs, il est une heure, seriez-vous tous d'accord
pour commencer...
M. LAPORTE: Quand on parle d'accord, on pourrait commencer par le
député de Chicoutimi.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que tout le monde est d'accord pour ajourner le
débat à la semaine prochaine?
UNE VOIX: Sine die!
UNE VOIX: Il est 1 heure, M. le Président,
M. GOLDBLOOM: S'il vous plaît, M. le Président, il y a une
question qui m'a été posée par le député de
Chicoutimi et j'aimerais bien y répondre. Je ne voudrais pas en public
présenter les noms des personnes impliquées mais je les fournirai
au ministre pour qu'il en soit renseigné. Je n'ai pas l'intention de
porter des accusations à tort et à travers.
M. GABIAS: Nous avons connu le député de D'Arcy-McGee de
cette façon et nous ne voudrions pas qu'il bifurque.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, nous ajournons cette séance
légèrement mouvementée. Ajournons-nous sine die je
vous pose une question ou à la semaine prochaine? Quelle est la
réponse?
M. LAPORTE: Mardi prochain, à 9 h 30.
M. LE PRESIDENT: Quelle est l'opinion du ministre?
M. CARDINAL: Moi, je ne peux avoir l'opinion. Je suis témoin
idoine dans cette affaire.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je souligne que je n'ai pas tout
à fait terminé mon intervention et que je serai favorable
à...
M. HARVEY: M. le Président, si on veut ajourner sine die, on va
continuer à siéger aujourd'hui parce que moi, j'ai une
intervention à faire également.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, nous aussi, nous en avons!
UNE VOIX: Alors, moi aussi.
M. LE PRESIDENT: Ajourné au 19 novembre, à 9 h 30.
(13 h 2)