(Onze heures vingt-trois minutes)
La Présidente (Mme Thériault) : À
l'ordre s'il vous plaît! Donc, ayant constaté le quorum, je déclare la séance
de la Commission de la culture et de l'éducation ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude des crédits budgétaires du portefeuille Enseignement supérieur pour
l'exercice financier 2022‑2023. Une enveloppe de 3 h 30 min
a été allouée pour l'étude de ces crédits.
M. le secrétaire, avons-nous des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Lemieux
(Saint-Jean) est remplacé par Mme IsaBelle (Huntingdon);
Mme Dorion (Taschereau), par M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve); et
Mme Hivon (Joliette), par Mme Perry Mélançon (Gaspé).
Discussion générale
La Présidente (Mme Thériault) : Parfait.
Merci. Donc, nous allons procéder aux échanges entre les groupes d'opposition
et la ministre. Les temps ont déjà été répartis ce matin. Ça sera, pour
l'opposition officielle, des blocs de 16 min — environ — 7 s, pour la deuxième opposition et la troisième opposition,
12 min 5 s, et, pour le gouvernement, à la fin, vous
aurez un bloc de 14 min 30 s.
Donc, sans plus tarder, nous allons procéder aux
échanges. Et je cède la parole à la porte-parole de l'opposition officielle.
Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, la parole est à vous, allez-y.
Mme David : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Bonjour, Mme la ministre. Bonjour, tous ceux qui vous accompagnent. Je ne me rappelais pas qu'il y avait
autant de monde du ministère derrière moi quand j'étais assise à votre
place. Alors, bonjour à tout le monde. Il y en a que je reconnais. Évidemment,
il y en a... il y a des nouveaux visages.
Quelle période extraordinaire. Vous êtes
privilégiée, Mme la ministre, d'avoir un ministère aussi important et
intéressant, pour lequel on va... bon, on va... sur lequel on va poser des
questions, évidemment, pendant les prochaines heures. Et, pour moi, ça revêt un
caractère tout particulier puisque ce sera ma dernière fois que je parlerai — à
titre d'élue — que
je parlerai d'enseignement supérieur. Alors, quand même, je veux rendre ça le
plus intéressant possible et montrer toute l'importance de l'enseignement
supérieur au Québec dans les années passées, dans la réforme, dans la
Révolution tranquille, depuis ce temps-là, création des cégeps, création du
réseau de l'Université du Québec, développement
des universités, l'arrivée des étudiants internationaux, tous les enjeux que
nous vivons, évidemment très actuels,
de pénurie de main-d'oeuvre, et tous les cégeps, qu'ils soient en région, en
métropole, dans la Capitale-Nationale
et de quelques orientations linguistiques, et culturelles, et de diversité
qu'ils soient.
Alors, je vais commencer effectivement par
quelque chose qui est extrêmement d'actualité et qui me turlupine énormément,
c'est la question des bourses Perspective Québec. Les bourses Perspective
Québec ont été annoncées il y a quelques mois. C'est un concept. C'est un
concept de payer les étudiants pour aller étudier. C'est une sorte de
révolution, dans la façon de voir le fait d'étudier, en enseignement supérieur
au Québec. On paie les étudiants, et, une fois qu'ils sont payés, en génie, ils
ont fait l'exercice, que les droits de scolarité sont payés, que les frais
accessoires sont payés, les frais afférents, les livres, évidemment, l'ensemble
de ce que ça coûte, il va leur rester 8 000 $ dans leurs poches à
titre de bonus d'avoir étudié, dans leurs poches parce qu'ils ont calculé qu'un
bac de quatre ans, ça va donner 20 000 $,
et qu'ils étaient... à 12 000 $, ça couvrait tout, tout, tout. On
paie des étudiants pour étudier dans des programmes contingentés qui ne
cherchent pas d'étudiants, qui sont membres d'un ordre professionnel, qui ne
gagnent leur vie, des fois, pas bien du tout, comme le travail social, pour
être beaucoup mieux rémunérés, infirmières, etc., enseignants.
Alors, c'est un choix que vous avez fait.
Expliquez-moi philosophiquement votre vision de ce que c'est, donner des
bourses aux étudiants pour étudier, en plus du système le plus généreux du
Canada, probablement même en Amérique du Nord, qui s'appelle l'aide financière
aux études, parce qu'un n'empêche pas l'autre. Et donc c'est un choix de
société que vous avez fait, et je vais vouloir vous parler des fondements mêmes
de ce choix-là, Mme la ministre. Alors, je vous écoute.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci.
Mme la ministre.
Mme McCann : Bonjour. Bonjour,
Mme la Présidente. Très heureuse d'être ici aujourd'hui pour parler
d'enseignement supérieur. Alors, je salue d'abord mes collègues, là, de la
députation, là, du gouvernement, très heureuse de vous avoir aussi parmi nous,
et mes collègues de l'opposition aussi, toujours très heureuse d'échanger avec
vous, c'est toujours très intéressant, et évidemment les membres de mon cabinet
qui sont avec moi, et également les gens du ministère de l'Enseignement
supérieur que... Je dois vous dire, Mme la Présidente, là, puis je ne veux pas
prendre beaucoup de temps, mais il y en a que c'est la première fois que je
vois en personne, hein? Alors, je suis très heureuse de les rencontrer à
l'occasion de l'étude des crédits et je pense qu'on va avoir un échange
intéressant aujourd'hui. Je mentionne que j'ai notre
sous-ministre en titre à ma droite, Mme Paule De Blois, qui vient d'arriver il
n'y a pas très longtemps non plus, et mon chef de cabinet à ma gauche,
M. Nicolas Descroix.
Alors, en réponse à la question, les bourses
Perspective, c'est un programme très important et c'est un programme... On
parle d'un investissement... nouveaux investissements en enseignement supérieur
de 1,7 milliard d'ici 2025‑2026, et on s'attend... Notre vision,
c'est d'avoir 36 000 nouveaux diplômés d'ici 2025‑2026 parce que nous avons une pénurie de main-d'oeuvre très, très
importante dans certains secteurs... de main-d'oeuvre dans certains
secteurs.
Mme la
Présidente, je veux mentionner aussi la présidente de l'Office des professions.
Franchement, là, Mme Legault, je suis désolée parce que je ne suis pas
habituée, là. On fait une étude de crédits avec l'Office des professions, hein,
pas séparément. Alors, désolée, Mme la Présidente.
Donc, un programme majeur, et les fondements, Mme
la Présidente, c'est que nous avons, au Québec, des secteurs, et on le sait, et
on le voit, actuellement, où on a une pénurie de main-d'oeuvre importante, et
ça fait mal. Ça fait mal à notre société, si on pense au secteur de l'éducation
à la petite enfance, par exemple, dans les services de garde, si on pense au
secteur de la santé, où on a besoin de davantage de personnel. Alors, c'est
pour ça qu'on met en place les bourses Perspective, pour aller chercher
davantage de personnel. Si on pense à l'éducation au niveau des enseignants, je
pense que la démonstration n'a pas à être faite.
(Interruption)
Mme McCann : Ça va? Et au niveau
des... Oui, je sais qu'on a une musique de fond, là, mais on va essayer de se
concentrer quand même, parce qu'on est portés à l'écouter, cette musique-là.
Donc, les
technologies de l'information, secteur névralgique, névralgique pour l'ensemble
de notre économie, et le génie, dont
je n'ai pas à faire la démonstration, alors ce sont des secteurs qu'on a
identifiés avec le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité
sociale. On a identifié plusieurs programmes, et notre objectif, c'est de
remédier vraiment à cette pénurie de main-d'oeuvre qui fait très mal au Québec,
de là les bourses Perspective, Mme la Présidente.
• (11 h 30) •
La
Présidente (Mme Thériault) :
...équitable dans le temps. Et,
pour ceux qui se demandent ce que nous entendons
comme bruit de fond, parce que les gens qui suivent les travaux ne l'entendent
pas, c'est que, ce matin, il y avait une motion de Québec solidaire, et
il y a des Innus qui sont ici dans le parlement, et c'est ça, le bruit de fond
que vous entendez. Les collègues se posent la question. Et je vais joindre ma
voix à la vôtre, Mme la ministre, effectivement, pour souligner la présidente
de l'Office des professions, qui a déjà été députée de Chambly dans une vie
antérieure, donc, qui est au fait de nos règles parlementaires également.
Donc, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, la
parole est à vous.
Mme David : Merci beaucoup. Je
connais les lignes du communiqué. Je connais le fait qu'il y a une pénurie de
main-d'oeuvre et je reconnais... Je reconnais qu'il va falloir diplômer plus de
gens, mais je ne comprends toujours pas et
je n'ai rien entendu sur la philosophie de base, du fait que la Coalition avenir Québec a décidé de payer les étudiants pour étudier. Ça s'est
fait dans des choses exceptionnelles, antérieurement, comme les infirmières
praticiennes spécialisées, parce qu'on les sortait de leur milieu de travail et
qu'elles... il fallait que... c'étaient des femmes plus vieilles qui devaient
revenir à l'université pendant deux ans, et on leur donnait des bourses de
30 000 $ par année chacune. Mais là c'est un choix que vous faites de
payer des étudiants. Comme en travail social, qui est déjà de toute façon très
contingenté — je
parle du baccalauréat, là, je ne parle même pas de tous les enjeux de
techniques de travail social — ils refusent beaucoup, beaucoup, beaucoup
d'étudiants. Donc ce n'est pas pour les attirer. Puis c'est à peine pour les
garder parce qu'ils peuvent avoir de l'aide financière aux études puis ils
savent qu'ils vont avoir un travail après. Donc c'est un choix. Comme était un
choix, en 2002, du premier ministre, à l'époque, qui était ministre de
l'Éducation et qui a demandé aux universités — et j'y étais, et j'étais dans
des fonctions de gestion, et je me souviens comment ça avait été, je dirais,
pas chaleureusement accueilli — ça s'appelait les contrats de
performance. Alors, ici, c'est le même esprit. On veut que les étudiants
performent. Ce n'est pas juste qu'ils vont avoir une bourse, mais il y a des
conditions.
Je veux que vous me parliez de ces
conditions-là. Réputés temps plein, ils doivent réussir tous leurs cours.
Alors, ça va être formidable, la discussion qu'on va avoir. Parce que, quand tu
es à temps plein puis tu dois réussir tous tes cours, ça veut dire que tu es
tout à fait dans la norme, tu es un petit étudiant modèle, une femme, en
général, qui fait tout bien, qui n'est pas une mère monoparentale, qui n'est
pas quelqu'un qui, pour toutes sortes de raisons, est arrivé avec un échec dans
un cours. Ça, les conditions sont extrêmement normatives, et ça, je veux vous
entendre sur ça, Mme la ministre. Pourquoi vous avez choisi ces critères-là?
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien,
oui, les critères temps plein et réussite, évidemment, c'est parce qu'on veut
avoir un nombre maximum de gens qui sont diplômés. D'ailleurs, la diplomation,
avant ça, en amont, c'est l'inscription, hein, c'est le nombre d'admissions
qu'il faut vraiment monitorer. Parce que ça, ça va débuter à l'automne, ça fait
qu'on regarde actuellement l'augmentation du nombre d'admissions. Et je peux
vous dire, Mme la Présidente, qu'en tout cas c'est positif. Déjà avec les
bourses Perspective, on voit qu'il y a une augmentation de 8,7 % des
demandes d'admission ciblées dans les domaines ciblés, là, par des bourses
Perspective au collégial, et de 21 % à l'université. C'est déjà un résultat intéressant. Alors, évidemment, on veut
diplômer le plus vite possible aussi. Parce que, la pénurie de main-d'oeuvre,
ça ne peut pas attendre, là, alors c'est pour ça qu'on a
demandé que ce soient des gens à temps plein et qui réussissent leur session
pour avoir évidemment la bourse. L'objectif, c'est celui-là.
La Présidente (Mme
Thériault) : Merci. Mme la députée.
Mme David : Alors, comment conciliez-vous l'enjeu 2 de
votre plan stratégique, qui est celui de l'accessibilité, où vous dites
que : «La reconnaissance et la prise en compte de la diversité des
personnes et de la pluralité des parcours d'études représentent une stratégie
essentielle pour accroître de façon significative le nombre de personnes qui accéderont
à l'enseignement supérieur. Cette plus grande accessibilité — page 36
de votre plan — n'est
possible que par une vision inclusive de la réussite individuelle et
collective, une vision qui doit aussi inspirer des lieux d'études et de travail
sains et respectueux pour toutes et pour tous.» Et vous en parlez à plusieurs
endroits, dans ce plan stratégique, sur l'accessibilité, sur la santé mentale,
et là, ce que vous me dites, c'est qu'il faut qu'ils diplôment vite puis il
faut qu'ils soient à temps plein. Comment conciliez-vous la vision humaniste et
la vision utilitariste de ces bourses-là?
Mme McCann : Bien,
je pense que le point de jonction, c'est notre plan de réussite. On a mis sur
pied un gros plan de réussite,
450 millions sur les prochaines années, et il est très costaud et il est
déjà en action. Et, dans ce plan-là,
il y a l'accessibilité mais il y a aussi la persévérance. Et on met des
conditions en place pour accompagner les personnes pour qu'elles
diplôment davantage. On sait que notre taux de diplomation, au niveau
universitaire, est quand même relativement bon, hein, on est à 86 %, au
niveau du collégial, on doit s'améliorer. Alors, on met des stratégies en
place, et de là notre plan de réussite, avec
différentes stratégies, pour faire en sorte que nos étudiants diplôment le plus
rapidement possible et qu'on inclue le plus de monde possible dans cette
diplomation. Alors, on a des mesures dans ce sens-là, on a aussi l'aide
financière aux études, là, qui est généreuse, la députée de Marguerite-Bourgeoys
l'a mentionné, et je pense que ça aussi, parce que c'est une aide financière,
va contribuer à la diplomation de davantage de personnes.
La Présidente (Mme
Thériault) : Merci. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Mais,
en tout respect, il y a beaucoup de contradictions. Parce que, quand vous dites
qu'on va accompagner par un plan de réussite, il faut avoir été dans le milieu
universitaire comme je l'ai été très longtemps pour savoir qu'il y a des
étudiants qui ne peuvent pas étudier à temps plein pour toutes sortes de
raisons. Il y a des mères monoparentales et, on le sait, il y a de plus en
plus... Et, quand j'avais réinvesti une aide financière aux études, les
associations étudiantes, c'était leur première priorité, de mieux accompagner
les mères. Ça, ça ne fait pas partie d'un plan de réussite, que de dire :
Bien là, n'ait pas d'enfant. À moins que ça fasse partie du plan de réussite.
La deuxième question,
c'est la question de la santé mentale. Moi, j'ai vu des étudiants en médecine,
là — ce
n'est quand même pas des cotes R à 21, là, pour être admis en médecine — qui
avaient des problèmes de santé mentale — on sait, le stress,
l'anxiété, etc. — et
qui, avec la contribution de la Faculté de médecine, avaient un plan d'études
qui faisait en sorte qu'ils n'étaient pas à temps plein pour pouvoir réussir.
Là, vous êtes en train de dire que, si ça arrive en criminologie, en travail
social, avec des étudiants en sciences de l'éducation, en soins infirmiers, tous
ces étudiants-là, automatiquement, vont être exclus du programme de bourses
Perspective Québec?
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la ministre.
Mme McCann : Bien,
Mme la Présidente, je pense qu'au niveau de la santé mentale, les étudiants,
s'il y a un gouvernement qui a fait beaucoup, c'est bien le nôtre. D'ailleurs
moi, je peux vous dire que, quand j'ai... je suis entrée, là, à l'Enseignement
supérieur, une des premières choses que j'ai faites, c'est de rencontrer les
associations étudiantes. Et les associations étudiantes ont été celles qui
m'ont le plus sensibilisée, tout au long du mandat, sur la problématique de la santé mentale. Et on a mis en place un gros
plan, hein, on l'a annoncé l'année dernière, 60 millions sur quatre
ans, et on ajoute même, cette année, 35 millions sur cinq ans. Alors,
c'est quand même des efforts considérables qu'on fait.
Puis, Mme la
Présidente, j'ai eu l'occasion, moi, de faire la tournée des établissements. Je
n'ai pas terminé, là, mais j'en ai fait plusieurs. Les gens m'ont dit merci.
Ils m'ont dit : Écoutez, grâce à ces budgets-là, on a pu mettre en place
des mesures de prévention, de promotion, on a pu ajouter des services de
psychologues, d'intervenants et, de façon plus bonifiée, on a vu aux besoins des
étudiants qui ont des problèmes de santé mentale.
La Présidente (Mme
Thériault) : En 30 secondes.
Mme David : J'entends
bien votre réponse sur la santé mentale mais vous ne me dites pas qu'ils vont
être inclus dans le programme. Ils sont exclus de facto s'ils ne sont pas à
temps plein?
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la ministre.
Mme McCann : Le
programme est clair là-dessus, que c'est pour des étudiants à temps plein et
qui réussissent leur session.
Mme David : Voilà.
C'est digne des années 60, à peu près, ou 50, quand c'était l'élite qui allait
à l'université puis au collège, puis ils étaient tous à temps plein parce que
les parents payaient. Là, c'est l'État qui paie, mais c'est profondément
injuste pour toute une catégorie d'étudiants.
Mme McCann : C'est
des mesures extraordinaires pour une situation extraordinaire.
La Présidente (Mme Thériault) : ...de
temps... je n'ai plus de temps au bloc. Donc, je me tourne maintenant du côté
de la deuxième opposition, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
12 min 5 s à votre disposition.
• (11 h 40) •
M.
Leduc : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, Mme la ministre.
Bonjour à toutes les personnes qui vous accompagnent.
Je veux poursuivre sur la lancée des bourses
Perspective. Et je voudrais d'ailleurs saluer, dans le fond de la salle, des
gens qui sont venus aujourd'hui assister à cette période de questions,
notamment de la technique en travail social et du bac en psychoéducation, si je
ne me trompe pas. Je ne sais pas si tout le monde est arrivé, mais bref,
bienvenue. C'est votre parlement à vous aussi et vous avez toute la légitimité
d'être là.
Quand vous
avez lancé le programme bourses Perspective, Mme la ministre, ça a été, grosso
modo, applaudi dans la plupart des secteurs que vous avez identifiés,
mais visiblement, vous en avez oublié. Et il y a plusieurs groupes qui se sont
mobilisés, là, j'ai nommé technique de travail social, bac en psychoéducation,
mais il y a également la technique en analyse biomédicale et le baccalauréat en
pratique sage-femme. Je vous dirais que c'est les quatre principaux, là, qui
ont sorti du lot dans les derniers mois pour se mobiliser. Il y a une pétition,
notamment, la pétition de travail social,
8 400 noms, quand même, qu'on a déposée ici, au salon bleu. On a
demandé l'étude de cette pétition-là en séance, qui se tient bien sûr à huis clos, comme le veulent nos
procédures. Et on s'est fait dire, en micro fermé — et c'est ça que j'aimerais entendre de
votre bouche aujourd'hui, si c'est à micro ouvert, c'est toujours la même
version — on
s'est fait dire que c'était allé quand même assez vite, les bourses
Perspective, il fallait agir rapidement, on construisait l'avion en vol, pour
reprendre l'expression chère à notre premier ministre, mais qu'il allait y
avoir des révisions. Donc est-ce que c'est toujours le cas? Est-ce que vous
confirmez ce qu'on s'est fait dire, à ce moment-là, qu'il y aura révision du
programme Perspective et qu'il pourrait y avoir ajout de d'autres programmes
qui n'ont pas été inclus dans la première version?
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Oui. C'est
certainement possible parce que c'est un programme qui est évolutif. Donc il
pourrait y avoir révision. Je ne peux pas l'affirmer aujourd'hui en termes de
savoir à quel programme il pourrait être ajouté. Mais il faut savoir que
l'évaluation qui a été faite, c'est par des ministères, hein, qui ont vraiment
un regard sur ces programmes-là. Par exemple vous nommez technique de travail
social, moi, je suis bien consciente, on a eu même des discussions là-dessus, c'est
sûr que c'est le ministère de la Santé et des Services sociaux aussi, hein, qui
nous dit est-ce qu'on va de l'avant avec ce programme-là. À ce moment-ci, on a
des discussions, alors est-ce que ce sera révisé, je ne peux pas vous
l'affirmer, mais il y a des discussions à ce niveau-là avec le ministère de la
Santé et des Services sociaux. En attendant, bien, il faut dire qu'il y a des
bourses qui sont données au dernier stage, hein, dont peuvent se prévaloir des étudiants en technique de travail
social et aussi ceux qui sont en baccalauréat pour la pratique sage-femme.
Alors, ces bourses demeurent, actuellement. Mais, pour la question du député,
Mme la Présidente, ce n'est pas exclu qu'il y ait révision du programme,
certainement.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci.
M. le député.
M. Leduc : Parlons-en du ministère
de la Santé et des Services sociaux. Vous n'êtes pas sans savoir, Mme la
ministre, que toute la campagne qu'a menée le groupe notamment en technique de
travail social s'est déployée à plusieurs égards. Il y a l'APTS, le syndicat,
hein, qui les représente, une fois qu'ils ont obtenu un emploi, qui les a
appuyés de manière très solide, et ils ont recueilli de nombreuses lettres
d'appui de CIUSSS et de CISSS. On peut dire, hein, ça fait un peu partie du
ministère de la... Services sociaux... de la Santé et des Services sociaux,
pardon. Je vous en lis un extrait, là, du CISSS de l'Abitibi-Témiscamingue,
Mme Caroline Roy, elle dit : «Tout comme vous, nous croyons que des
bourses d'études offertes aux étudiants du programme de technique de travail
social les inciteront à s'y inscrire. Les techniciens en travail social font
partie des acteurs essentiels dans plusieurs de nos secteurs cliniques. La
formation de la relève est absolument nécessaire dans le contexte.» Est-ce que,
ça, ça va être pris en compte dans vos critères pour élargir à d'autres
programmes les bourses Perspective?
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien, on va
vouloir évaluer, de la meilleure façon possible, là, les programmes qui
pourraient être admissibles. Puis je dois vous avouer que, la technique en
travail social, c'est probablement le programme dont j'ai entendu le plus
parler par rapport aux bourses Perspective, dont... vous m'en avez parlé, alors
je pense qu'on va poursuivre notre travail avec le ministère de la Santé,
là-dessus, et des Services sociaux. Et, au moment où il y aura révision du
programme de bourses Perspective, moi, je pense que les programmes que vous
nommez, ce seront probablement les premiers que nous allons revoir.
M. Leduc : ...leur dire quand
il y aura une révision. Intéressant. Avez-vous déjà une date de cette révision?
Qu'est-ce qui est prévu? On parle de six mois, on parle d'un an? Parce que là,
la rentrée arrive, là. En septembre, les inscriptions, les deuxième tour,
troisième tour, je ne me rappelle plus où est-ce qu'on est rendus, c'est déjà
en cours. Est-ce que ça va... Est-ce que la révision va arriver assez vite pour
qu'on puisse les inclure pour septembre?
Mme McCann : Mme
la Présidente, je ne peux pas, absolument pas donner de date aujourd'hui parce
que je ne suis pas la seule, là, qui
est impliquée dans le dossier. C'est vraiment un effort, là, de plusieurs
ministères, et donc je ne peux pas
vous donner une date, à ce moment-ci. Est-ce que ce sera fait pour la prochaine
session? Je ne peux pas vous le dire.
M. Leduc : O.K. Donc, on ne le
sait pas pour l'instant, pour la prochaine session, mais est-ce qu'on peut au
moins s'entendre que ça va se faire, quoi, dans... au maximum dans un an? Est-ce
qu'un an, là, on commence à avoir un délai raisonnable?
Mme McCann : Bien, écoutez, je
comprends votre question, là, mais ce que je peux vous dire, c'est que c'est un
processus évolutif, donc on n'attendra pas 10 ans pour le réévaluer.
M. Leduc : O.K.
Donc un délai raisonnable. On ne ferme pas la porte à un changement pour
septembre par exemple?
Mme McCann : Bien, on ne ferme
pas la porte à rien, mais il faut... il faut être réalistes, là, vous savez, il
reste peu de temps, alors on va se dire dans un délai raisonnable.
M. Leduc : Parfait. J'aimerais
terminer, peut-être, sur ce bloc-là. Évidemment, là, on a parlé beaucoup de
technique de travail social, mais je vous ai nommé trois autres programmes,
hein, technique d'analyse biomédicale, qui avait également déposé une pétition,
baccalauréat en psychoéducation, bac de pratique sage-femme, qui également se
sont beaucoup mobilisés. J'aimerais conclure cette section-là, Mme la ministre,
en vous demandant si vous seriez ouverte à les rencontrer, les représentants de
ces quatre groupes. Ils vont venir, tantôt, prendre la parole ici. Peut-être
qu'aujourd'hui, là, on est un peu à la dernière minute, mais accepteriez-vous
de les rencontrer rapidement, dans les prochaines semaines, afin d'entendre
vraiment leurs revendications, leur argumentaire sur pourquoi ils trouvent que leur programme est justifié au Québec, pourquoi
ils trouvent que c'est important de combler la pénurie de main-d'oeuvre
dans leur domaine aussi? Bref acceptez-vous de les rencontrer?
La Présidente (Mme Thériault) : ...
Mme McCann : Écoutez, ça va me
faire plaisir évidemment, dans la mesure du possible. Mais ce que je peux leur
dire, là, parce que vous dites qu'ils sont ici présents — d'ailleurs,
je les salue — est
que mon cabinet est toujours disponible pour eux. Ils peuvent rejoindre mon
cabinet certainement. Et, nous, ce qu'on veut, c'est faire un travail
rigoureux. Alors, s'ils ont des éléments à transmettre à mon cabinet, la porte
est ouverte, le téléphone est ouvert, alors ils peuvent contacter mon cabinet.
J'ai mon chef de cabinet avec moi aujourd'hui, mes conseillères sont là aussi
pour eux, donc ça va nous faire plaisir de recevoir leurs commentaires.
M. Leduc : Parfait. Puis je...
Mme McCann : Et on a bien noté les
quatre domaines.
M. Leduc : Je le connais bien, votre
chef de cabinet — je
le salue — dans
une autre vie. Puis c'est vrai que vous avez été disponible pendant votre
mandat, Mme la ministre, je vous le remercie. Mais vraiment, aujourd'hui, ma
question, c'était plus pour vous. Je sais qu'ils ont déjà parlé avec des gens
du cabinet. Est-ce que vous acceptez, dans les prochaines semaines, de
rencontrer des représentants de ces quatre programmes là?
Mme McCann : Dans la mesure du
possible, là, je vais tenter de les rencontrer. Vous savez, la fin de mandat...
M. Leduc : Ça bouge.
Mme McCann : ...ça bouge énormément,
alors je ne veux pas non plus les décevoir. Mais ce que je veux leur dire, par
exemple, c'est qu'on va étudier avec rigueur leurs demandes pour une révision.
M. Leduc : Parfait. Je... C'est bien
entendu. Merci de votre ouverture.
Prochain sujet, Mme la ministre. Et peut-être
qu'on pourra avoir Mme Legault, de l'ordre des professions, qui pourra
commenter également dans le temps qu'il me reste. On l'a évoqué plus tôt
aujourd'hui au salon bleu, notamment, l'ordre des ostéopathes, qui faisait un
point de presse ici, il y a quelques instants, d'ailleurs. Je les ai rencontrés il y a quelques semaines. J'ai appuyé
leur démarche. Et, il faut le dire, c'est long. C'est lent. C'est
extrêmement lent. On a l'impression, peut-être que vous pourrez me corriger,
qu'on pellette en avant ce problème, cet enjeu... je dis «problème», ce n'est pas un problème, c'est un
enjeu, qu'on le pellette, qu'on le pellette, qu'on le pellette. Est-ce qu'on
peut s'attendre à de l'action rapide pour
avoir un ordre des ostéopathes dans les prochaines semaines, dans les prochains
mois?
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Alors, je vais donner,
oui, si les gens me le permettent, la parole à la présidente de l'OPQ, mais,
avant, je vais faire quelques commentaires. Parce que j'ai... je prends un
intérêt très important à ces demandes, là, d'encadrement
ou de rehaussement, des demandes de modification législative. Bon, les
ostéopathes, c'est sûr qu'un travail comme ce qui est demandé, quand on fait
une demande comme celle de l'association des ostéopathes, c'est... c'est long.
C'est vrai que c'est long. On doit le dire, là, le reconnaître, ce n'est pas un
travail de quelques mois, c'est un travail de quelques années. L'Office des
professions a travaillé très fort dans ce dossier, la présidente de l'office va
vous en parler, et c'est un dossier qui chemine bien. Et que j'aurai
probablement, dans un avenir raisonnable, une proposition là-dessus pour les
demandes de l'association des ostéopathes.
Alors, Mme la Présidente, si les... si vous êtes
d'accord, si vous l'autorisez, je vais donner la parole à la présidente de
l'Office des professions.
La Présidente (Mme Thériault) : Il y
a le consentement. Il reste un peu plus de trois minutes au bloc.
M. Leduc : Il va falloir, pour
intervenir après, bien sûr. Donc, oui.
La
Présidente (Mme Thériault) : Vous allez être en interaction avec Mme la
Présidente. Je vais vous demander de
décliner votre identité, s'il vous plaît, avec le titre exact pour des fins
d'identification au Journal des
débats.
Mme Legault (Diane) : Diane Legault,
présidente de l'Office des professions du Québec.
La Présidente (Mme Thériault) : Bienvenue
parmi nous. Allez-y.
Mme Legault (Diane) : Merci, Mme la
Présidente. Alors, en effet, la création d'un ordre professionnel, c'est l'aboutissement
de travaux de longue haleine lorsque les conditions sont réunies et favorables,
là.
Les deux derniers ordres qui ont été créés,
c'est l'ordre des sexologues en 2013, puis l'ordre des criminologues en 2015.
Et puis ils sont créés par lettres patentes après 13... à peu près 12,
13 ans, O.K.? Alors, c'était suite au rapport de Dr Trudeau, qui
disait : Il fallait revamper la santé mentale. Alors, le rapport était en
2003. Il y a eu une loi, qui a été adoptée en 2009, qu'on appelait, dans le temps,
puis qu'on appelle encore un peu, dans le folklore, le p.l. n° 21. Suite à
cette loi-là, eh bien là, il y a eu un coup d'envoi pour que des travaux, là,
s'activent très... plus intensément. Puis, à partir de 2010, là, il s'est passé
quatre ans, là, pour l'ordre des sexologues puis ensuite, bien, comme je vous
dis, six ans pour l'ordre des criminologues. Pour les ostéopathes, je veux vous
rassurer puis vous dire que c'est un dossier qui est très actif. Et il s'est
fait beaucoup de travaux, au cours des dernières années, et notamment une
consultation publique qui s'est tenue en 2020 et il y a eu à peu près
150 mémoires qui ont été déposés et analysés.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. M. le député.
Mme Legault (Diane) : Maintenant, si
le dossier est dans l'état...
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme Thériault) : Je
dois... Je dois vous interrompre parce que le temps va très vite.
Mme Legault (Diane) : Excusez-moi.
La Présidente (Mme Thériault) : Donc
M. le député a des questions. Allez-y.
M. Leduc : Oui. Il me reste très,
très peu de temps. Une dernière question. Vous pourriez ensuite conclure
évidemment. Si j'ai bien compris, il n'y a pas de nouveaux ordres depuis six
ans, depuis 2015 ou 2016. Ça fait quand même beaucoup de temps.
Mme Legault (Diane) : 2015.
M. Leduc : 2015. Depuis sept ans
alors. Ils sont présents parmi nous, je les ai vu rentrer tantôt, les gens des
ostéopathes. On a cru comprendre que ce n'était pas toujours facile d'avoir des
communications directes avec votre bureau. Est-ce qu'ici, là, devant eux,
devant nous, vous pouvez vous engager à les rencontrer rapidement et à régler
la situation rapidement?
Mme Legault (Diane) : Je vais... Je
voulais vous donner les informations additionnelles sur les enjeux...
M. Leduc : On y a.
Mme Legault (Diane) : ...en lien
avec le... avec la création de l'ordre...
La Présidente (Mme Thériault) : 40 secondes.
Mme Legault (Diane) : Combien?
La Présidente (Mme Thériault) : En
40 secondes.
Mme
Legault (Diane) : En 40 secondes. Il y a des conditions
importantes qui ne sont pas remplies à ce moment-ci. On pourra en reparler.
M. Leduc : Comme
par exemple?
Mme Legault
(Diane) : Le fait que, bon, actuellement, les
410 000 professionnels, au sein du système professionnel, là, qui
oeuvrent, là, ils ont un diplôme d'État. Ils ont soit un D.E.P., s'ils sont
infirmières auxiliaires, un D.E.C., un bac, une maîtrise ou un doctorat. Il n'y
a pas, au moment où on se parle, de diplôme en ostéopathie au Québec. Alors,
ça, c'est un... c'est un véritable enjeu. Premier enjeu.
Deuxième enjeu,
l'ostéopathie... l'exercice de l'ostéopathie, ça a beaucoup de connexité avec
beaucoup d'ordres qui exercent aujourd'hui. Alors, là, il y a du travail à
faire.
La Présidente (Mme
Thériault) : Il n'y a plus de temps.
Mme Legault
(Diane) : Mais je n'ai plus de temps. C'est sûr? Non?
La Présidente (Mme
Thériault) : Je n'ai plus de temps. Désolée.
Mme Legault
(Diane) : Excusez-moi.
La Présidente (Mme
Thériault) : Le bloc est terminé pour le deuxième groupe d'opposition.
Donc, on revient du côté de l'opposition officielle. Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys. 16 min 7 s.
Mme David : Oui. Alors, je continue sur les bourses
Perspective Québec, parce que ça me fait vraiment beaucoup, beaucoup
réfléchir et c'est un grand, grand changement dans la réflexion sur même les
études postsecondaires.
Je
continue sur les étudiants qui ne peuvent pas étudier à temps plein et sur le
caractère extrêmement conservateur et
normatif des critères. Un étudiant qui a un handicap physique, et j'en ai
beaucoup côtoyé, qui ne peut pas être à temps plein, il a besoin du
transport adapté, il a... un étudiant, une mère de famille ou un père de
famille qui a deux enfants en bas âge, dont
un, peut-être, a des difficultés, ne peut pas être à temps plein, quelqu'un qui
souffre d'un trouble de TDAH, un... On a tellement fait beaucoup pour
donner accès à l'université pour les EHDAA. Vous avez beau avoir tous les plans
de réussite au monde, comment vous allez expliquer à ces gens-là qu'ils sont
exclus de toutes les possibilités d'avoir une bourse Perspective Québec?
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la ministre.
Mme McCann : Oui.
Bien, Mme la Présidente, je pense qu'il faut revenir à l'aide financière aux
études parce que l'aide financière aux études est très généreuse au Québec. Et
tant mieux, parce qu'on veut avoir le maximum, le maximum d'étudiants. Alors,
il y a beaucoup, beaucoup d'éléments où on ouvre la porte à des étudiants qui
sont dans des situations particulières pour avoir accès à l'aide financière aux
études, par exemple, l'étudiant qui a un enfant âgé de moins de 12 ans,
l'étudiante qui est enceinte d'au moins 20 semaines, l'étudiant qui a des
contraintes sévères à l'emploi au sens de la Loi sur l'aide aux personnes et
aux familles, l'étudiant qui ne peut pas poursuivre ses études à temps plein
pendant plus d'un mois parce qu'il a des troubles graves à caractère épisodique
suite à des problèmes de santé physique ou des problèmes de santé mentale
permanents, majeurs, constatés par un certificat médical. Donc, Mme la
Présidente, l'aide financière aux études, là, c'est pour ces étudiants-là.
La Présidente (Mme
Thériault) : Merci. Mme la députée.
Mme David : Bien,
je trouve ça... Je suis très déçue de la réponse parce qu'on les met dans la
catégorie de l'aide financière aux études.
Question
rapide : Est-ce qu'un étudiant qui a une bourse Perspective Québec a le
droit d'avoir aussi l'aide financière aux études?
Mme McCann : Oui.
Alors deux choses.
Mme David : Rapidement.
Mme McCann : Deux
choses... Deux choses, oui, et je reviens sur l'autre point. La liste des
personnes, que j'ai faite, ont aussi droit aux bourses Perspective. Ce que je
dis, c'est que les personnes que j'ai nommées et qui ont droit à l'aide
financière aux études ont aussi droit à des bourses Perspective. Et une
personne qui reçoit une bourse Perspective peut avoir l'aide financière aux
études et vice versa.
La Présidente (Mme
Thériault) : Merci. Mme la députée.
Mme David : Vous omettez une chose.
C'est qu'elle peut avoir la bourse Perspective dans la mesure où elle est à
temps plein.
Mme McCann : Non.
Elle peut avoir la bourse Perspective même si elle n'est pas à temps plein.
Parce que les critères... Mme la Présidente, pour expliquer clairement, les
critères sont les mêmes pour les bourses Perspective que pour l'aide financière
aux études. Je veux... Je veux être sûre que ma collègue comprend bien mon
propos.
Mme David : Bien, alors, ce que vous
êtes en train de dire, parce que ce n'est pas écrit nulle part comme ça, aussi
clairement, c'est qu'on sait que, pour des étudiants en situation de handicap,
quand ils ont un code et qu'ils sont reconnus, peuvent être réputés temps plein
même s'ils ne sont pas à temps plein? Je vois votre directeur de cabinet... Mais, ça, ce serait très bon qu'on le dise, que
ces étudiants-là... ce n'est pas nécessairement bon pour les mères de
famille, ce n'est pas... C'est ceux qui ont des codes. Est-ce que vous avez...
vous êtes d'accord avec moi?
Mme
McCann : Bien, écoutez, ce que ça dit, là, dans le fond,
c'est que, notre programme de bourses Perspective, il est très inclusif,
et il est aussi inclusif que l'aide financière aux études. Donc, les gens qui
sont... qui peuvent avoir l'aide financière aux études avec les critères que
j'ai nommés, peuvent avoir les bourses Perspective. Et ça s'ajoute.
Mme David : Ça s'ajoute. Mais
allons voir d'une autre façon. Si, derrière vous aujourd'hui, c'étaient des
étudiants en musique, en art dramatique, en philosophie puis en anthropologie,
qu'est-ce que vous leur diriez, à eux, qui sont vraiment des étudiants de
catégorie B, là?
Mme McCann : Bien, je leur
dirais que je n'emploierais absolument pas ce terme-là. Au contraire, notre
société... notre société a besoin...
Mme David : Bien, eux autres,
c'est l'aide financière aux études puis c'est tout.
Mme McCann : Je m'excuse, là,
Mme la Présidente, notre société, et je le dis haut et fort, a besoin de toutes
les disciplines, toutes les disciplines. Mais nous avons actuellement, au
Québec et dans le monde, une situation extraordinaire. Regardez ce qui se passe
en santé, là, c'est très fragile. Nous avons besoin de faire un effort, tout le
monde, alors on le fait au niveau de l'enseignement supérieur, on le fait en
immigration, on le fait dans d'autres sphères. Mais l'enseignement supérieur
est là pour aider notre société. Nos jeunes, c'est l'avenir du Québec. Alors,
je dis aux étudiants qui sont dans la salle, qui ne sont pas dans les
disciplines ciblées, qu'ils sont très importants, qu'ils sont là pour,
vraiment, bâtir notre société aussi.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci,
merci, Mme la ministre. Mme la députée.
• (12 heures) •
Mme David : Écoutez, ce que
j'entends, quand même, c'est que, les étudiants, c'est important de faire autre
chose, comme de la philosophie, comme de l'anthropologie, comme de la musique,
des sciences politiques, mais on n'a pas...
eux autres ne seront pas aidés parce que, ça, il n'y a pas de pénurie de
main-d'oeuvre. On n'a pas besoin d'eux d'un niveau aussi vital que
d'avoir des doctorants en psychologie, qui ont déjà accès à plein de grosses
bourses aussi, quand ils font de la recherche, pas quand ils sont dans un programme
de Psy.D. Ça, c'est autre chose.
Mais ça crée quand même — et
c'est dit, plusieurs l'ont dit — une discrimination à deux niveaux.
Discrimination entre les disciplines qui ne sont pas en pénurie de
main-d'oeuvre, donc le seul critère, c'est pénurie de main-d'oeuvre, mais ça se
peut qu'on ait des pénuries de très bons musiciens qui font rayonner le Québec
à la grandeur de la planète, ils n'auront jamais accès à ça, et puis une
bisbille incroyable entre les disciplines.
Un exemple, c'est tous ceux qui sont derrière
vous, qui ne sont pas représentés dans les bourses, comme technique de travail
social, et bien d'autres. Il y en a eu en génie. Il y en a eu en plein de
domaines. Et là, évidemment, ça crée quoi? Ça crée des départements qui vont se
cannibaliser les uns les autres. Ça crée des départements qui vont avoir
beaucoup plus de professeurs. Ça crée des départements qui disent : On ne
peut pas en prendre plus, on est déjà contingentés puis on manque de
professeurs.
Alors, tu as
les étudiants riches, puis tu as les étudiants pauvres, puis tu as les
professeurs, puis les départements, qui vont avoir beaucoup plus de professeurs, puis les autres, on ne les paie
pas, puis on ne donne pas de nouveaux professeurs. 500 professeurs en
génie, 500, pas 500 professeurs en anthropologie. Peut-être qu'on a besoin
aussi d'avoir d'autres disciplines. Il y a plein de gens ici, qui ont étudié
dans d'autres disciplines, ils n'auront jamais accès à ça.
Alors, je
repose la question : Comment vous pouvez vivre avec ce deux poids, deux
mesures et cette philosophie? Parce que c'est une philosophie de
l'éducation, dont il est question, dans le fond.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien,
Mme la Présidente, moi, j'ai beaucoup de respect pour ma collègue, là, on a eu
beaucoup d'échanges ensemble, mais je dois dire que je trouve malheureux
l'angle qui est pris par ma collègue aujourd'hui. Je vais rétablir les faits,
là.
Moi, je veux dire à tous nos étudiants, que
j'apprécie énormément d'ailleurs, je peux dire que ça a été un mandat, pour
moi, en Enseignement supérieur, que j'ai vraiment apprécié. Parce que j'ai eu
contact aussi avec des étudiants, notre jeunesse que nous, au Québec, là, on
peut être fiers. On peut être fiers, parce qu'on est, au Canada, l'endroit où
on a les frais de scolarité les plus bas, Mme la Présidente. Et ça, là, je dis
aux étudiants : Allez voir les données. On est les plus bas. Je pense
c'est l'Île-du-Prince-Édouard qui est plus basse que nous. Le reste, là... Et regardez l'Ontario, les frais de scolarité, trois fois plus
chers, Mme la Présidente. On peut être fiers, nous, de notre système en
enseignement supérieur.
Puis on a l'aide financière aux études la plus
généreuse au Canada, la plus généreuse. Nous, là, ce qu'on fait, on donne des
bourses, Mme la Présidente, en majeure partie. On donne des prêts mais les
bourses sont très généreuses. Ailleurs au Canada, c'est davantage des prêts, on
doit les remettre. On a même donné congé d'intérêt sur les prêts qu'on a donnés
cette année et l'année dernière.
Mme la Présidente, moi, je vous dirais, pour
bâtir une société, ça demande toutes les disciplines. On a une situation
d'urgence actuellement dans certaines disciplines que j'ai nommées, et il faut
y voir. Il faut y voir aussi pour l'ensemble des étudiants qui vivent en
société comme nous pour qu'on ait une société solide et qu'on puisse donner les
services nécessaires.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Oui. Dans une fiche que
le ministère nous a transmise, il est dit, dans l'analyse d'impact d'inclusion
d'un programme d'études, que les bourses peuvent aider à la valorisation des
titres universitaires et améliorer l'employabilité des étudiants bénéficiaires.
Alors là, vous allez m'expliquer ce que ça veut dire, «les bourses peuvent
aider à la valorisation des titres universitaires».
Mme McCann : Bien, Mme la
Présidente, je vais demander à ma collègue de m'expliquer à quel endroit elle
lit parce que, là, je veux comprendre le contexte...
Mme David : Ministère de
l'Enseignement supérieur, étude des crédits, note ES-122.
Mme McCann : Et quelle était la
question de cette note?
Mme David : C'était l'analyse
d'impact d'inclusion d'un programme d'études. Le MESS a effectué une veille
stratégique sur les études ainsi que les évaluations, etc., et des études ont
souligné que la combinaison de bourses et d'aide pédagogique a permis des gains
significatifs en termes d'inscription, persévérance, diplomation. Par ailleurs,
les bourses peuvent aider à la valorisation des titres universitaires et
améliorer l'employabilité des étudiants. La première partie, qu'est-ce que ça
veut dire? En quoi une bourse peut aider à la valorisation d'un titre
universitaire?
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien, je vais revenir à
ce que je disais tout à l'heure, Mme la Présidente. Là, on sort un énoncé. Je
comprends, là, la question. Je la comprends à sa face même, mais je réitère,
Mme la Présidente, que le but de ces bourses Perspective, c'est d'attirer
davantage d'étudiants parce que c'est catastrophique dans certains domaines,
Mme la Présidente. Prenez en technologies de l'information, là, on a eu des
appels d'alarme, des signaux d'alarme depuis que je suis entrée, moi, à
l'Enseignement supérieur, qu'on ne soit plus capables de fonctionner si on n'a
pas suffisamment de gens en technologies de l'information. Ma collègue le sait,
c'est un domaine de base, les technologies de l'information. En santé, j'en ai
parlé beaucoup. En éducation...
La Présidente (Mme Thériault) : Merci,
Mme la ministre. Je dois équivaloir le temps.
Mme McCann : Voilà.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme David : En sciences de
l'éducation... Il y en a beaucoup, de monde qui veulent aller en sciences de
l'éducation. Il y a toutes sortes de problèmes en amont qui n'ont rien à voir
avec l'argent, en tout respect : qualité du français, épreuve... la cote R au cégep, l'attractivité du programme.
Après ça, un nombre incroyable lâche après cinq ans qu'ils ont été professeurs parce que, là, ce sont
les conditions de travail... Les infirmières disent la même chose, les
conditions de travail... J'étais sur la commission d'enquête sur la DPJ, les
conditions de travail pour les formidables techniciennes en travail social...
Ce n'était pas une question de bourses à ce moment-là. C'était une question de
conditions de travail.
Alors, je
répète ma question parce que, si vous lisez bien... Moi, je vais vous dire
comment je lis «les bourses peuvent aider
à la valorisation des titres universitaires», j'ai mis comme note :
Comment ça, ce ne sont pas des bourses au mérite? Alors, en quoi ça peut
valoriser le titre universitaire? Qu'est-ce que ça veut dire, «les bourses
valorisent»? Vous dites : Je comprends
bien. Alors, c'est quoi, votre lecture de «les bourses peuvent aider à la
valorisation des titres universitaires»?
Mme McCann : Mme la ministre.
Mme McCann : Est-ce qu'on parle des
bourses Perspective? Je présume que oui, hein, parce que j'ai vu ça dans le
libellé, bon, bien...
Mme David : ES-122, vous avez
beaucoup de monde, là.
Mme McCann : Oui,
oui, je l'ai devant moi, là, Mme la Présidente, parce que je viens de voir ça,
«ministère de l'Enseignement supérieur, demande de renseignements
particuliers». Alors, je l'ai devant moi, et on dit que... On parle de
valorisation, d'attraction, de rétention, de diplomation et d'insertion. Bien,
ce sont tous des éléments que...
Mme David : ...là, deux sur deux,
là.
Mme McCann : Oui, deux sur trois.
Mme David : Le dernier paragraphe...
l'avant-dernier paragraphe, f, l'analyse d'impact.
Mme
McCann : Bon, attendez, on va me la transmettre. On va...
Bon, parfait, oui, «peuvent aider à valoriser...» Oui, parce qu'on veut attirer davantage d'étudiants dans
ces domaines. Moi, c'est comme ça que je l'interprète, c'est
qu'évidemment... Écoutez, quand j'ai rencontré les associations étudiantes, un
des éléments qu'ils m'ont rapporté le plus souvent, c'est la situation
financière des étudiants. C'est un facteur vraiment d'attraction. Alors, nous,
là, comme j'ai dit tout à l'heure, on a les frais de scolarité les plus bas, on
a l'aide financière aux études la plus généreuse puis on ne se cache pas de ça.
On en est très fiers. On ajoute les bourses Perspective pour attirer...
La Présidente (Mme Thériault) : Merci,
Mme la ministre. Il vous reste un petit peu moins de deux minutes pour le bloc,
Mme la députée.
Mme
David : Merci. Bien, justement, moi, j'ai lu : «Les
bourses peuvent aider à la valorisation des titres universitaires»,
comme si on valorisait le titre parce que les étudiants qui le fréquentent sont
payés. Il y a quelque chose qui n'a pas de bon sens. Une bourse, là... Dans la
vie, avoir une bourse, demandez aux étudiants, c'est des bourses au mérite,
d'habitude. Les prêts et bourses, c'est autre chose. Les prêts et bourses,
c'est autre chose. On a une partie bourse. On a une partie prêt. Mais une
bourse, d'habitude, c'est une bourse au mérite et ça valorise l'étudiant, alors
qu'ici il n'y a pas de critère... J'ai compris, il y a un critère de, oui, il
faut être très normé, il faut être à temps plein, il faut réussir, mais il faut
réussir à 60 %. Il faut réussir selon les règlements pédagogiques des
collèges et des universités. Ce n'est pas une bourse au mérite.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Ah bien! Mme la
Présidente, c'est une bourse au mérite de diplômés, Mme la Présidente. Quand on
diplôme, là, déjà, là, on fait un grand pas dans sa vie, on a une perspective
dans sa vie. C'est une perspective pour le Québec puis c'est une perspective
pour nos étudiants. Et c'est pour ça que je fais toujours le lien avec le plan
de réussite. Vous savez, ce n'est pas désincarné. Tout ça est attaché. Notre
plan de réussite, c'est pour aider aussi nos étudiants à diplômer, ça vient
aussi avec les bourses Perspective.
Mme David : Autant j'aime les
étudiants et les professeurs dans les disciplines qui n'ont pas eu les bourses
comme ceux qui sont derrière vous... Je le savais, c'était écrit dans le ciel
qu'il allait y avoir de la bisbille dans les collèges,
dans les universités, entre les professeurs, entre les départements, entre les
étudiants. Ça crée de la bisbille, mais, en même temps, être un premier
prix au Conservatoire de musique et d'art dramatique, ça, ça ne mérite pas de
bourse.
La Présidente (Mme Thériault) : Et
je dois mettre fin à votre échange. Malheureusement, il n'y a plus de temps à votre bloc. Donc, sans plus tarder, nous
allons du côté de la troisième opposition. Mme la députée de Gaspé, la
parole est à vous. Vous avez 14... non, 12 min 5 s.
Mme Perry Mélançon : Vous m'avez
fait des faux espoirs, Mme la Présidente. Merci. Bonjour, Mme la ministre. Je
salue toutes les personnes qui vous accompagnent aujourd'hui.
Je vais devoir, moi aussi, en fait, creuser un
petit peu, là, l'aspect de ce nouveau programme, qui est quand même assez gros,
là, comme changement dans le domaine des études supérieures, d'ajouter toute la
notion de bourses pour inciter les étudiants à choisir une profession qui peut
être au détriment d'une autre. On aura peut-être ce débat-là plus tard, parce
que moi aussi, j'ai accompagné certains groupes, et je vous ai même écrit une
lettre pour demander à ce qu'on réévalue la possibilité d'ajouter la technique
de travail social à ces bourses Perspective là parce qu'il y a un débalancement
important. On sait que c'est des employés qui vont faire beaucoup dans nos DPJ,
dans nos organismes communautaires.
Même si je crois qu'on est allés avec l'idée des
actes réservés, c'est un petit peu ça qui a tranché, pourquoi on a choisi de
l'offrir seulement au baccalauréat, mais, tout de même, la réalité sur le
plancher, c'est qu'on fait beaucoup affaire avec ces techniciennes en travail
social, techniciennes parce que c'est beaucoup des femmes. Et j'ai fait ce
débat-là justement avec le collègue, également, d'Hochelaga-Maisonneuve. On a,
chacun, participé aussi, avec toutes les oppositions, en fait, participé à
toutes sortes de démarches pour sensibiliser. Donc, je suis un petit peu déçue
de savoir que, finalement, dans cette première année là, on ne peut pas revenir
en arrière et voir ce qu'il est possible de faire dans l'immédiat. C'est bien
ce que j'ai compris? Donc, dans la première année, il n'y aura pas de
réévaluation pour la technique de travail social.
• (12 h 10) •
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la ministre.
Mme McCann : Bien, écoutez, je ne
peux pas l'affirmer, sauf que le délai est très court. Il faut être réaliste,
mais une chose est certaine, c'est que je prends vraiment l'engagement de
l'examiner en priorité, hein? On comprend, là, les quatre disciplines que le
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve a mentionné... Vous mentionnez la technique de
travail social. Moi, je suis en lien aussi avec le ministre délégué à la Santé
et Services sociaux, hein, parce que lui a son mot à dire. Comme je disais tout
à l'heure, là, ce n'est pas l'enseignement supérieur qui décide tout seul,
c'est vraiment le ministère, là, où oeuvrent ces gens-là qui décide aussi.
Mme Perry Mélançon : Mais est-ce
que... parce que, c'est ça, ça vient d'une consultation interministérielle de
ce que j'en comprends. Depuis qu'on en a envoyé... justement, que je vous ai
envoyé cette lettre pour inclure le programme de TTS aux bourses le
23 février dernier, est-ce qu'on a eu des échanges avec les collègues,
justement, de la Santé et Services sociaux? Qu'est-ce qui a été... Quelles sont
les conclusions de ces échanges-là? Parce qu'on me dit : Il est tard, là,
pour l'inclure là, mais ça fait quand même plusieurs mois qu'on alerte le
gouvernement. Donc, qu'est-ce qui a été fait depuis?
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien, on a eu des
échanges, effectivement, mais ils ne sont pas terminés. Alors, encore une fois,
on l'a toujours dit, hein, on a toujours dit que, ce programme-là, on peut
réévaluer, hein, s'il y a des demandes, là, parce que, écoutez, on a fait du
mieux qu'on a pu, et c'est nouveau, tout ça. C'est nouveau. Alors, on va se
pencher sur d'autres domaines, là, comme celui que vous invoquez, et on va
prendre une décision, mais je ne peux pas donner de délai parce qu'encore une
fois il faut que je travaille avec le ministère de la Santé et des Services
sociaux, là, ce n'est pas juste de mon propre chef. Il faut que je travaille
avec ce ministère-là pour y arriver.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme Perry Mélançon : Merci. Puis
est-ce qu'il y a eu des consultations avec les cégeps et les universités pour
mener à la création de ce programme-là ou, sinon, donc, des consultations avec
les établissements, mais aussi des études ou une analyse approfondie pour
dire : C'est efficace, ça, là, là, on va mettre en place des bourses, et
il y aura, finalement, vraiment, un taux de rétention amélioré dans certaines
professions qu'on a visées, là? Qu'est-ce qui a mené, en amont, à la création
du programme?
Mme McCann : Bien, moi, je vous
dirais qu'un des gros travaux qui a été fait, c'est aussi avec le ministère du
Travail, de l'Emploi et de la Solidarité. Ça, c'est important de le dire, qu'il
y a eu vraiment un état de situation de la main-d'oeuvre, parce qu'on parle des
services publics, mais on parle également du secteur économique, là, le génie
et les techniques... les technologies de l'information. Alors, il y a eu un
radar, là, qui a été passé puis il y a des choses comme... vous allez être
d'accord avec moi, qui étaient assez évidentes, là. On a fait une liste de
plusieurs programmes, donc, pour voir à ces besoins. C'est le travail de fond
qui a été fait, mais je vous dirais qu'il y a eu des discussions, pour répondre
à votre question, avec les cégeps, les universités aussi là-dessus parce qu'il
fallait s'assurer qu'ils soient capables de recevoir ces personnes, et c'est le
cas. Puis on voit, d'ailleurs, je le disais tout à l'heure, je ne sais pas si
vous avez eu l'occasion de l'entendre... mais qu'on a déjà, au niveau des
admissions dans ces domaines-là, une augmentation, pour les cégeps, de
8,7 %, puis, à l'université, de 21 % de demandes d'admission dans ces
domaines.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci,
Mme la ministre. Mme la députée, allez-y.
Mme Perry Mélançon : Est-ce qu'on
peut savoir, là-dessus, le pourcentage d'augmentation d'inscriptions dans les
cégeps de région?
Mme McCann : Malheureusement, là, ça
va être difficile pour moi, Mme la Présidente, de répondre là-dessus
aujourd'hui, mais, si je comprends, si je lis entre les lignes votre demande...
et j'aurai l'occasion de vous en parler sûrement aujourd'hui si vous voulez me
poser des questions là-dessus parce que j'en suis très fière. Nos cégeps des
régions, on a fait beaucoup, beaucoup pour eux dans le mandat que j'ai occupé,
voilà.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme Perry Mélançon : Bien, en fait,
il y a eu beaucoup d'octroi, de places ajoutées dans des cégeps en région, on
va le dire comme ça, et ça a mené même à la création d'une nouvelle coalition
de cégeps, 12 cégeps de région, dont
les directeurs et directrices se sont regroupés pour former une nouvelle
coalition. Donc, je pense qu'il y avait un réel besoin d'avoir une plus
grande représentation des besoins en région, et donc que le gouvernement, il
aura certainement des améliorations à faire encore dans ce mandat-ci.
Et ça m'amène sur ce
point-là justement parce que je vois le temps qui va très, très vite, parce que
ça a un impact, là. Quand on fait des choix pour certaines bourses dans
certains programmes, ça a un impact direct sur des programmes aussi de cégeps
qui ont déjà de la difficulté à recruter, qui ont déjà des défis pour garder
leurs programmes, de partir leurs cohortes à chaque
année. Et donc, là, quand on fait le choix pour techniques d'éducation à
l'enfance et qu'on n'a, par exemple, rien pour techniques de travail social, il
y a un déplacement d'inscriptions. On le sait, c'est un fait, là, qui va
s'avérer dans la prochaine session et, bon, il y a eu des alertes de faites
justement par rapport à ça. Ça m'amène justement sur la question des programmes...
des exclusivités de certains programmes dans les régions pour amener une
attractivité. Ça a été fait, et on a toujours peur de perdre ces programmes-là
ou qu'ils soient ouverts ailleurs puis qu'on perde l'exclusivité. Est-ce que
vous seriez prête à ce qu'on ouvre la loi ou à ce qu'on encadre la protection des
exclusivités à l'intérieur de la loi?
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la ministre.
Mme McCann : Bien,
Mme la Présidente, si vous me le permettez, puis là, évidemment, si je peux
prendre un petit peu de temps, pas trop là,
pour vous répondre, parce que, je vais vous dire, c'est un dossier qui me tient
bien à coeur. Puis, je vais vous dire, quand je suis arrivée à
l'enseignement supérieur, c'est une des premières rencontres que j'ai faites, le groupe des 12 cégeps en
région, et il y a eu beaucoup de travail qui a été fait depuis ce temps-là, et
des réalisations. Alors, moi, quand j'ai appris qu'il y avait des places
de disponibles dans ces cégeps... Ça, c'est une première chose.
Deuxièmement, moi, je
crois vraiment que, si on peut étudier dans sa propre région, là, c'est
beaucoup mieux, parce qu'on risque d'y rester et on a besoin de développer nos
régions. Pour nous, là, pour notre gouvernement, et moi, comme ministre de
l'Enseignement supérieur, c'est un objectif prioritaire, les régions, les
cégeps des régions, les universités des régions, et on a mis en place plusieurs
choses.
La Présidente (Mme
Thériault) : Oui, allez-y.
Mme Perry
Mélançon : Avant de faire toute l'énumération, j'aimerais vraiment
savoir, pour la question des programmes exclusifs, est-ce qu'on va protéger
peut-être via une loi les programmes et est-ce qu'on va en développer. Donc,
j'aimerais qu'on reste sur l'exclusivité pour commencer et j'aurai d'autres
questions après.
Mme McCann : J'y arrivais. Ce que je vais vous répondre
là-dessus, c'est qu'on a fait un appel de programmes. C'est la première
fois, d'ailleurs, qu'on fait un appel de programmes national, comme ça. Je ne
peux pas vous donner les résultats aujourd'hui parce qu'on n'a pas terminé,
mais il y a beaucoup de cégeps des régions qui se sont inscrits dans cet appel
de programmes. Alors, ce que je vous dis aujourd'hui, c'est qu'on va annoncer
éventuellement, dans ce mandat, des programmes additionnels, de nombreux
programmes additionnels, notamment, et en majorité dans les cégeps des régions,
et j'en suis très fière. Et je pense que le groupe des 12, d'ailleurs, qui
avait beaucoup de demandes quand je les ai rencontrés... J'ai rencontré la
présidente de ce groupe dernièrement. Ils sont plus heureux. Ce n'est pas
parfait. Il y a encore du chemin à faire, mais il y a beaucoup de choses qui
ont été faites.
La Présidente (Mme
Thériault) : Merci. Il reste deux minutes au bloc, Mme la députée.
Mme Perry
Mélançon : Merci. Donc, ce que j'en comprends, c'est qu'on va arriver
avec une annonce avant la fin de la session.
Mme McCann : Avant
la fin du mandat.
Mme Perry
Mélançon : Avant la fin du mandat, il y aura des programmes exclusifs
dans les cégeps de région, de nouveaux...
Mme McCann : Mme
la Présidente, je veux juste être claire. Ce ne seront pas des programmes
exclusifs. Ce sont des programmes additionnels.
Mme Perry
Mélançon : O.K., parce que ça, c'est une notion... O.K., mais...
Mme McCann :
Il y a des programmes exclusifs... Excusez-moi, si vous voulez que... oui.
Mme Perry
Mélançon : Bien, c'est parce que, oui, j'accorde une importance très
élevée à l'exclusivité des programmes parce qu'on l'a vu, dans le passé, ça a
eu un effet très, très positif sur l'attraction. On pense à tourisme d'aventure
à Gaspé, là, c'est un programme contingenté, mais qui pourrait avoir je ne sais
pas combien de plus d'inscriptions par année. Ça fonctionne très bien et c'est
ce qui permet la vitalité des cégeps des régions. Donc, il faut absolument
garder nos exclusivités et en développer. C'est un point important.
Mme McCann : Bien,
Mme la Présidente, une autre annonce qu'on fera aussi, c'est un programme de
mobilité des étudiants. On en a déjà un, mais on va le bonifier, et de façon
majeure, et les cégeps des régions, vous allez voir, vont jouer un rôle
beaucoup plus important. Les programmes qui existent déjà, on les protège, mais
on va continuer d'en ajouter dans nos cégeps des régions, et des étudiants
également.
• (12 h 20) •
Mme Perry
Mélançon : Bien, je n'ai pas beaucoup de temps pour aller sur ce
sujet-là, mais, bon, je pense que je vais essayer de revenir cet après-midi
pour vous en parler parce que je n'aurai pas le temps de faire ça en quelques secondes seulement. Est-ce que vous pouvez me rappeler
quelle proportion justement du budget qui est allouée aux universités et aux
cégeps en région par rapport au budget total? Si on peut avoir cette
information-là, là...
La Présidente (Mme
Thériault) : En 20 secondes.
Mme McCann : Oui,
malheureusement, je n'ai pas la donnée, mais moi, je vais vous dire, on vous la
donnera certainement, parce que ça demande quand même un calcul un peu plus
raffiné, mais on la donnera, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Thériault) : Donc, je comprends que les gens de votre ministère vont
faire parvenir à la commission de l'éducation le pourcentage, le temps qu'on le
calcule. Merci. Donc, ça met fin à votre bloc, Mme la députée de Gaspé.
Sans plus tarder,
nous retournons du côté de l'opposition officielle, Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys. 16 min 28 s à votre disposition.
Mme David : Juste
pour compléter un peu la question de ma collègue, allez-vous accorder, d'ici la
fin du mandat, techniques de radiodiagnostic au cégep de l'Outaouais?
Mme McCann : On
est en discussion actuellement, Mme la Présidente.
Mme David : Ça
fait 10 ans que c'est en discussion.
Mme McCann : Oui,
mais je porte un intérêt très particulier à ce dossier-là. Mme la Présidente,
ce que je vais répondre à ma collègue, c'est qu'en Outaouais, actuellement, il
faut qu'on fasse un effort au niveau de la santé. Et je dois dire, là, je vais
faire un peu de politique, là, que notre gouvernement, là, au niveau de
l'Outaouais, là, on le sait, là, on va faire des annonces importantes, puis on
en a déjà fait, au niveau de la santé en Outaouais. Alors, le programme de
radiodiagnostic, je suis en train de regarder ce dossier et de voir qu'est-ce
qu'on peut faire en Outaouais. Je n'ai pas une réponse aujourd'hui parce que le
travail n'est pas terminé. Je sais que la demande est là. Le ministère est en
discussion avec l'établissement, mais la décision n'est pas prise encore, Mme
la Présidente, et je dois faire attention, parce qu'il faut que les travaux se
terminent, là.
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la députée.
Mme David : Je
vais revenir là-dessus cet après-midi, mais je reviens à votre plan
stratégique. À la page 34, je suis
gentille, je vous donne toutes mes sources, cohorte 2013, indicateur,
valeur de référence pour le taux de diplomation à l'université six ans après l'inscription dans des disciplines des
programmes initiaux, bacs, visés par l'Opération main-d'oeuvre, on parle de bourses Perspective Québec,
cohorte 2013, 80,5 %, et là ça fait 10 ans, là, parce qu'en
2023, avec les milliards que vous
investissez, on va être à 82,1 %, même pas 2 % de plus de
diplomation. Alors, expliquez-moi en quoi ça va aider tant que ça à la
diplomation. Le cégep, on va passer de 62,3 % à 64,8 %, 2,5 %
d'augmentation. Expliquez-moi, là, pourquoi ça vaut des milliards de dollars,
ça, si c'est ça, l'indicateur, puis l'indicateur, objectif 1.1, «offrir
une meilleure réponse aux besoins du marché du travail». Il n'y en aura pas
plus, de diplômés, là.
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la ministre.
Mme McCann : Bien,
Mme la Présidente, je vais peut-être faire un parallèle avec la réponse de mon
collègue ministre des Finances ce matin à la période de questions. Ça, c'est
une prévision, mais peut-être qu'on va être au-delà de ça. Deuxièmement, ma
deuxième réponse, qui est encore plus importante, je pense, il faut que vous
regardiez le dénominateur. Si on a plus de gens qui s'inscrivent, là, on va
avoir plus de diplômés.
Mme David : ...en
prendre plus. Ils ne peuvent pas en prendre plus. Ils sont pleins. Demandez à
l'Université Laval. En travail social, ils sont pleins.
Mme McCann : Bien,
écoutez, on a discuté avec nos universités et avec nos cégeps et on a demandé
que... On a fait des prévisions, en termes d'inscriptions, et on est capables
de les prendre. Alors, Mme la Présidente, c'est la seule réponse que je peux
donner à ma collègue.
Mme McCann : Parce
que, quand vous dites que vous voulez augmenter le dénominateur, là, il va
falloir augmenter le nombre d'étudiants, puis, pour augmenter le nombre
d'étudiants, ça prend plus de professeurs, puis, pour avoir des diplômes, il
faut avoir des stages. Vous le savez. Vous avez fait un diplôme en travail
social. Ça prend des stages, impossible d'avoir des stages.
Mme McCann : J'ai
fait une maîtrise en administration des affaires aussi. Alors, je calcule, et,
effectivement, quand notre dénominateur est plus élevé, on risque d'avoir plus
de diplômés. En plus, on a discuté avec les cégeps, les universités. Ils sont
capables d'en prendre davantage, Mme la Présidente. On a validé tout ça.
Mme David : Mais...
La
Présidente (Mme Thériault) : ...Mme la députée. C'est Mme la ministre
qui a la parole. Continuez.
Mme McCann : Alors, on a validé tout ça et... parce qu'on n'a
pas fait ça en vase clos, là. On a la collaboration des universités et
des cégeps et on va être capables d'absorber davantage... On parlait des cégeps
des régions, entre autres.
Mme David : Bien,
c'est clair, en tout cas, d'une chose, de vos collaborateurs, collèges,
universités, ils vous ont dit : Vous
avez beau mettre tout l'argent que vous voulez, vous n'aurez pas un meilleur
taux de diplomation parce que, même s'il y a plus d'étudiants, il n'y a
pas de meilleurs taux de diplomation, 80,5 % en 2013, 82,1 % en 2023.
Puis vous dites que ça pourrait être plus,
mais là vous dites : On a fait ça sérieusement puis on a des indicateurs
sérieux avec nos partenaires. Ils ne
diplômeront pas plus qu'ils diplôment actuellement malgré les bourses, alors
que c'est votre objectif principal.
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la ministre.
Mme McCann : Bien,
je suis obligée de répondre la même chose, le dénominateur. On va avoir plus de
gens qui vont être inscrits. Il va y avoir plus de diplômés avec le même
pourcentage, mais on pense qu'on aura probablement une augmentation du
pourcentage de diplomation parce qu'on a un plan de réussite. On a des
stratégies additionnelles, là, 450 millions en quelques années.
Mme David : Donc,
disons qu'au lieu de 100 travailleurs sociaux qui vont sortir de
l'Université Laval il y en a 200, admettons, là, ce qui est une vue de l'esprit
complète, là, il y aura autant de gens qui ne sortiront pas même s'ils ont eu
ces bourses de 15 000 $, parce que ça, c'est un bac de trois ans.
Mme David : Bien, on va avoir 36 000... Ce qu'on vise,
c'est 36 000 personnes diplômées de plus dans quatre...
Mme David : Oui,
mais vous visiez aussi, jusqu'à il y a quelques minutes, d'avoir beaucoup plus
de gens qui vont diplômer à l'intérieur des cohortes, pas 82 %, vous voulez
viser beaucoup plus du 90 %, du 95 %. Puisqu'ils sont à temps plein,
puisqu'ils sont payés pour étudier, puisqu'ils n'ont pas de situation qui fait
qu'on les empêche... puisqu'ils ont réussi tous leurs cours, ça ne diplômera
pas plus.
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la ministre.
Mme McCann : Bien,
je m'excuse, là, c'est que peut-être qu'on ne part pas du même angle, là, mais
on va même ajouter des professeurs, on va ajouter des stages. On en a discuté,
ça, avec...
Mme David : Écoutez...
Mme McCann : Oui,
mais Mme la Présidente, si vous permettez...
La Présidente (Mme
Thériault) : Oui, c'est à vous.
Mme McCann : ...merci,
je reprends ma réponse. Le taux de diplomation pourrait augmenter avec les
mesures qu'on a mises en place, mais non seulement ça, si j'ai 200 personnes
avec le même taux de diplomation quand j'en avais 100 avant, je vais avoir plus
de personnes qui vont diplômer. C'est ça que je veux expliquer.
Mme David : Allons-y
sur le nombre d'étudiants, vos cibles 2022‑2023 pour ces programmes
chouchous, là, votre cible va passer de 115 000 étudiants en 2020‑2021,
on ne parle pas de 2013... 115 000 à 137 700 étudiants en 2022‑2023.
Ça, là, c'est 22 000 étudiants en plus. Alors, dites-moi où vous
prenez ce chiffre-là. Combien de professeurs ça va vous prendre? Puis
quel va être votre taux de diplomation? Puis combien de stages ça va vous
prendre de plus?
Mme McCann : Bon,
juste une explication, Mme la Présidente, où est-ce que la collègue prend...
Mme David : Je
suis toujours à la page 34 de votre plan stratégique.
Mme McCann : Parfait,
et on parle d'un nombre global. Vous parlez...
Mme David : Nombre
d'inscriptions dans les programmes collégiaux et universitaires crédités menant
à des emplois en déficit de main-d'oeuvre visés par l'Opération main-d'oeuvre.
Mme McCann :
Parfait, parfait.
Mme
David : Je pense qu'on est
vraiment dans les bourses Perspective Québec, valeur de référence 2020‑2021,
115 344 étudiants, 2021‑2022, 124 900, 2022‑2023, 137 700.
Ça, c'est 22 000 étudiants de plus que vous voulez qui diplôment, et
qui ne diplômeront pas plus que 1 % de plus, entre 2021, 2022, 2023, et
puis vous dites : Ça va prendre des professeurs. Puis là c'est demain
matin, 2022‑2023, c'est septembre. C'est des milliers de professeurs de plus.
On n'en a pas, de profs, en plus.
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la ministre.
Mme McCann : Bon, alors, Mme la
Présidente, c'est le nombre d'inscriptions, hein, on ne parle pas de nombre de
diplomation, c'est le nombre d'inscriptions.
Mme David : Je le sais, mais il faut
leur enseigner, à ces gens-là qui s'inscrivent.
La
Présidente (Mme Thériault) : Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, s'il
vous plaît, laissez la ministre s'exprimer. Mme la ministre.
• (12 h 30) •
Mme McCann : Merci, Mme la
Présidente. Et on a validé tout ça avec les universités, les cégeps, et on a
compris que, dans certaines disciplines, il fallait plus de profs. D'ailleurs,
on a mis un budget en génie pour avoir davantage de professeurs. Là, on ne
pouvait pas passer à côté. On finance 200 professeurs de plus. Mais, dans
les autres disciplines, nos collaborateurs des cégeps, des universités nous ont
dit qu'ils sont capables d'y voir avec les budgets. Il faut le dire, Mme la
Présidente, si vous me permettez, qu'on a augmenté considérablement le
financement en enseignement supérieur. On est le gouvernement qui l'a augmenté
le plus, Mme la Présidente, dans les dernières années, on va dire dans les
20 dernières années, des augmentations de 13 % cette année à
l'enseignement supérieur, du budget de fonctionnement. C'est énorme, Mme la
Présidente, puis on a fait ça l'an passé aussi. Alors, les universités sont
mieux financées, les cégeps sont mieux financés, sont capables d'absorber.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci.
Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Alors, je répète :
Dans vos consultations, combien de nouveaux professeurs? Le génie est toujours
le chouchou de... même le Parti libéral en avait mis beaucoup en 2011‑2012,
mais il y a toutes les autres disciplines. Combien on vous a dit que ça allait
prendre de professeurs, de plus, d'université, de cégep? Et comment vous allez
faire pour trouver tous les stages? Parce que, là, c'est une chose, j'ai été
tellement coordonnatrice de stage, c'est un cauchemar, placer les étudiants
dans les milieux de stage, et d'avoir de la supervision, puis les superviseurs
ne sont pas payés, puis ils sont dans des mauvaises conditions de travail.
Alors, combien de nouveaux stages? Qui vous a dit qu'on avait toute la
possibilité puis toute l'ouverture? Puis combien de nouveaux professeurs dans
les collèges et dans les universités pour ces programmes visés?
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bon, alors, Mme la
Présidente, le nombre de profs, ça, je l'ai dit tout à l'heure, je réitère ma
réponse, 200 profs de plus en génie, c'est là qu'on en avait besoin.
Autrement, les universités et les collèges, avec le financement, l'ajout de
financement très important qu'on fait cette année et qu'on a fait l'année
passée, nous disent : On peut l'absorber. Au niveau des stages, on donne
un budget additionnel. Là, je cherche, d'ailleurs, la hauteur, parce que je
veux vous donner un budget exact. Je pense que c'est 30, 30 millions pour
les stages, pour coordonner les stages. On donne des moyens de plus au niveau
des stages, Mme la Présidente.
Écoutez, on n'est pas défaitistes, là, on est
proactifs. On ne peut pas dire : Écoutez, on a des... On règle les
problèmes. Alors, au niveau des stages, on ajoute du budget, on est conscients,
spécialement en santé. En santé, là, au niveau des sciences infirmières, on
donne un coup de barre, on donne du budget additionnel pour coordonner les
stages.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme David : Je donne un exemple. Au
cégep de l'Outaouais, ils veulent quatre programmes de plus. Ça va coûter
probablement 20 millions de dollars d'équipement. Vous voulez avoir
beaucoup plus d'étudiants en soins infirmiers, beaucoup plus d'étudiants au
niveau cégep, au niveau université. On ne parle pas de génie, là, on parle de
facultés qui vont être appelées, avec les bourses, que vous espérez,
d'ailleurs, arriver à 137 000 inscriptions dans ces programmes-là.
Alors, je prends l'exemple de sciences de l'éducation puis de soins infirmiers.
Ça va prendre beaucoup de professeurs de plus, mais, des professeurs, il faut
les trouver, et puis il faut avoir les locaux, puis il faut avoir les stages.
Alors, quels ont... Vous dites : Ils sont d'accord. J'ai de la misère à
croire qu'ils sont d'accord et que ça va être très simple pour qu'en 2022‑2023,
c'est-à-dire septembre prochain, on inscrive 137 700. Ma
sous-question : Est-ce qu'on est à 137 700 d'inscriptions? Puisque
c'est des inscriptions, puis, les inscriptions, les dates d'admission sont
terminées, on est au mois de mai, ils arrivent là en septembre, vos
137 000. Les avez-vous?
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Je n'ai pas
l'information à ce moment-ci, à moins que je ne l'aie pas reçue encore, là,
mais je n'ai pas l'information. C'est encore un peu tôt, hein, pour les
demandes d'admission. On a le pourcentage, là, d'augmentation, que je vous ai
dit tout à l'heure, qui est fort intéressant, mais, si quelqu'un peut me donner
le nombre, on va vous le donner. Mais, par rapport aux stages, c'est
75 millions sur cinq ans qu'on investit pour aider, parce que c'est vrai
qu'on a à donner un accompagnement, là, à notre réseau là-dessus. Alors, c'est
ce que je peux répondre. J'ai peut-être oublié une question, là, parce qu'il y
en avait plusieurs.
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la députée.
Mme David : Je veux savoir combien
parce que les... Si vous faites des téléphones dans les universités puis les
collèges, ils vont vous le dire s'il y a des augmentations dans leurs
admissions et leurs inscriptions, parce qu'ils le savent, rendus au mois de
mai, combien ils ont d'étudiants à qui ils ont offert des places. Vous savez
comment ça fonctionne, là. Et, en sciences de l'éducation, ils peuvent vous
dire si...
Je vais vous la poser autrement. Dans le réseau de
l'UQ, qui a été fondé sur sciences de l'éducation, là, pour former des
enseignants partout, puis qui sont très forts en soins infirmiers, quels sont,
au moment où on se parle, les taux d'augmentation d'inscriptions et de demandes
d'admission par rapport à l'an dernier?
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Je n'ai pas la donnée,
c'est trop tôt encore. On est quand même au début mai. Puis je suis d'accord que l'Université du Québec, très
forts en sciences infirmières, c'est eux qui forment le plus d'infirmières au
Québec.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme David : Un téléphone à faire.
Appelez donc dans un des... une des universités du réseau de l'UQ, je les ai
toutes visitées, puis tous les cégeps, aussi, de région, ou appelez au cégep de
Jonquière, appelez au cégep de Matane. Quel est leur taux d'augmentation
d'inscriptions dans les programmes de soins infirmiers, que ça soit au cégep ou
à l'université, ils vont vous le dire tout de suite, ils le savent.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Mme la Présidente,
c'est certainement des données que je recevrai dans un futur pas très éloigné,
mais, pour le moment, je n'ai pas ces données. Mais ce que je peux vous dire,
c'est qu'il y a de la place dans nos cégeps des régions, et nous allons tout
faire pour les occuper au maximum, dans les cégeps, les universités aussi, mais
je parle des cégeps. Je parlais des cégeps des régions, que j'ai rencontrés quand
je suis entrée à l'Enseignement supérieur. Il y a 9 000 places de
disponibles dans différents programmes, dont les programmes ciblés pour
l'Opération main-d'oeuvre.
Mme la Présidente, ça, c'est de la bonne
gestion, c'est d'utiliser vraiment ce qui est disponible dans notre réseau.
C'est pour ça qu'on va faire une belle annonce sur notre programme de mobilité
des étudiants. On a, vous le savez, des...
deux dizaines de... 20 000, plus de 20 000 étudiants qui s'en
viennent, là, à Montréal. On a besoin de nos cégeps des régions. Mme la
Présidente, on va travailler puis on va augmenter les inscriptions dans nos
cégeps des régions.
La
Présidente (Mme Thériault) : ...à peine 1 min 15 s à votre bloc,
Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Bien, je connais bien le
programme, c'est moi, comme... qui l'a créé, ce programme de mobilité
interrégionale. Demandez à vos fonctionnaires qui étaient là à l'époque. C'est
très difficile, très, très, très difficile d'aller chercher des étudiants, dans
vos 20 000 Montréalais, là, qui vont... ils veulent rester à
Montréal. C'est très, très difficile, à moins de faire des programmes conjoints
où c'est «built-in» dans le programme. Tu dois aller un cégep... un trimestre à
Gaspé, un trimestre à Baie-Comeau, etc. Bonne chance. C'est très, très, très
difficile.
Maintenant, vous pourriez appeler à l'UQAC, par
exemple, et demander : Combien avez-vous d'inscriptions en sciences de
l'éducation cette année? Parce qu'il y a des années... Moi, quand je suis allée,
ils auraient pu en prendre plus, vous avez raison là-dessus. Les cégeps peuvent
prendre beaucoup plus d'étudiants, ils ne sont pas là.
Alors, je suis étonnée que vous n'ayez aucun
chiffre pour les admissions 2022‑2023, parce que vous allez devoir répondre
de ça. Puis là les admissions sont faites, les demandes d'admission sont
faites. Vous auriez même pu avoir combien il
y a eu de demandes d'admission, est-ce qu'il y en a eu plus que d'habitude à
cause des bourses, est-ce qu'ils sont optimistes. Un téléphone de
quelqu'un chez vous puis vous auriez la réponse rapidement.
La Présidente (Mme Thériault) : ...plus
de temps. Donc, désolée. Sans plus tarder, on va aller du côté du collègue le
député de Saint-Jérôme. Et vous avez un bloc de 14 min 28 s.
M. Chassin : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, Mme la ministre. Bonjour à tous ceux
qui vous accompagnent. D'ailleurs, pour rebondir sur la collègue de
Marguerite-Bourgeoys, si jamais vous avez effectivement besoin d'appeler une
université du Québec, je suggère fortement Mme Laberge, la rectrice de
l'UQO, qui... L'UQO a un campus à Saint-Jérôme qui fait notre fierté, qui est,
dans le fond, le campus universitaire de la région des Laurentides.
Et là, Mme la ministre, je vous avoue que j'ai
14 minutes pour à peu près huit sujets. Je vais essayer de trier ça puis
de vous poser des questions sur différents sujets.
Peut-être juste souligner qu'en réponse à la
collègue de Gaspé vous avez parlé de programmes additionnels pour les cégeps en
région. Évidemment, on est très contents d'en entendre parler. Vous le savez,
nous, on est en attente aussi, là, d'une décision pour un programme d'inhalo au
cégep de Saint-Jérôme, donc on a bien hâte d'avoir les réponses là-dessus.
• (12 h 40) •
Mais
je voudrais d'abord vous parler d'un sujet un peu grand angle. Et là je vous
ramène à un article de La Presse qui, dans le fond, là,
avait été écrit par Léa Carrier, le 3 avril dernier, sur la vague qui,
dans les cégeps, mettait beaucoup de pression, là, en termes de fréquentation
scolaire. Alors, c'est une bonne nouvelle, hein, on est heureux que des jeunes
fréquentent le cégep, mais évidemment on sent cette espèce de pression dans les
espaces qui sont disponibles. Évidemment, à la fin de l'article, la journaliste
posait la question tout à fait logique : Qu'en est-il des universités? Et
on prévoyait, donc, une augmentation, dans les 10 prochaines années, assez
forte, de l'augmentation, dans le fond, là, de la fréquentation à l'université.
Puis là je voudrais avoir avec vous, là, peut-être, un peu une perspective de
ce que le PQI réserve pour des nouveaux projets, donc pas juste pour
l'entretien, là, parce qu'on va tous s'entendre ici, le maintien des actifs, c'est important et ça a été très longtemps
délaissé, mais, pour augmenter la capacité d'accueil de nos universités,
est-ce que, dans le Plan québécois des infrastructures, on a effectivement des
sommes qui sont suffisantes pour ce qu'on voit venir ou est-ce qu'on a
identifié peut-être juste une partie de la solution et une autre partie devra
être identifiée dans les années à venir ou dans les prochains budgets?
J'aimerais avoir votre perspective là-dessus.
Le Président (M. Poulin) : Merci,
M. le député. Mme la ministre.
Mme McCann : Merci. Bonjour, M.
le Président. Merci, collègue, de la question. Puis effectivement, on comprend, c'est comme une cascade, hein, que
22 000, là, dans nos cégeps... Après ça, ça va passer à l'université. Puis
on a des projets fort intéressants, puis on
parle de Montréal, là, évidemment, mais je vais parler aussi des régions. On a
des projets qui sont en cours, là, déjà à
Polytechnique, par exemple, aux HEC, à l'Université
de Montréal, hein, deux
pavillons des sciences neufs, puis on réhabilite,
là, les... le pavillon Roger-Gaudry, là. Alors, ça, c'est des... ce sont des
investissements majeurs au niveau des universités. On a également... On ajoute
à notre PQI, cette année, 787 millions, mais c'est aussi pour du maintien
des actifs, hein, comme on le sait. Mais, par rapport aux projets dont je vous
parle, là, spécifiquement à Montréal, ces trois projets-là sont très
importants. Il y a celui aussi de McGill, là, parce qu'on sait que McGill est
très déficitaire au niveau de son espace, puis c'est lié évidemment à tout le
réaménagement puis la modernisation, on devrait dire, là, du Royal Vic, la
transformation de la vocation du Royal Vic.
Alors, on a quand même des projets intéressants
au niveau des universités à Montréal, mais on en a d'autres également qu'on
va... Il y en a un... Vous parlez de la région de... bien, parlez indirectement
de la région de l'Outaouais, là. Il y a quelque chose là aussi, puis je ne veux
pas trop en parler parce qu'il y a quelque chose qui s'en vient de ce côté-là,
et là aussi il y a des besoins, donc... Et on... il faut aussi mentionner les
pavillons délocalisés, hein, les facultés délocalisées. Par exemple, en
médecine vétérinaire, on en a déjà, là, à Saint-Hyacinthe, l'Université de
Montréal, mais on en a d'autres, là, qui s'en viennent. Puis il y a des
facultés délocalisées en médecine, par exemple, dans l'Outaouais, McGill. Puis
il y en a d'autres dans d'autres universités, là, de... des différentes régions
qui viennent, par exemple, de l'Université de Montréal. Alors, on travaille...
Puis l'Université Laval aussi. Alors, on travaille sur tous ces chantiers et de
différentes stratégies pour... puis l'Université de Sherbrooke, là, même, qui
va avoir une faculté de médecine à Longueuil, alors, pour faire en sorte qu'on
a l'espace.
M. Chassin : ...on a utilisé beaucoup l'enseignement à distance durant
une période où on en avait... finalement, on n'avait pas le choix, alors
peut-être que ça change les besoins d'espace. Néanmoins, être étudiant, ce
n'est pas que recevoir un enseignement, il y a une vie étudiante autour de ça.
Ancien militant étudiant moi-même, j'en sais quelque chose. Ça fait partie de
l'éducation qu'on reçoit dans nos institutions d'enseignement supérieur. Puis
j'ai envie de vous dire : Je sais qu'on voit, là, des sommes, évidemment
il y a le maintien d'actif, il y a certains projets, mais on n'a pas
nécessairement tant d'argent que ça encore par rapport à la vague qui s'en
vient. Puis c'est pour ça que je me demandais, puis je vous pose la question,
peut-être, là : Votre sentiment, est-ce que c'est qu'on a déjà
suffisamment d'argent au PQI pour répondre aux besoins qui sont prévisibles
dans les 10 prochaines années ou est-ce qu'on a trouvé une partie de la
solution et il faudra continuer de... disons, là, d'avoir des nouveaux projets
pour répondre complètement à ce qu'on voit venir comme vague?
Mme McCann : Bien, il va
falloir avoir probablement des sommes à chaque PQI, là, hein? Comme l'année
prochaine, là, il va falloir en avoir d'autres parce qu'on a, évidemment, des
demandes. Mais je pense que, cette année, il fallait voir aussi au cégep, hein,
parce que c'est là que ça va se passer, là, d'abord, puis il ne faut pas...
Vous avez parlé d'enseignement à distance. Bon.
Il y a... Notre... Évidemment, la grande priorité, c'est l'enseignement en
présence, mais on peut dire qu'au niveau des universités on a développé
beaucoup d'habileté au niveau de la technopédagogie, et ça varie d'une
université à l'autre. Prenez Laval, là, il y a un pourcentage un peu plus élevé
que d'autres universités qui se fait à distance. Bon, ce n'est pas très élevé
non plus, je ne me souviens pas si c'est 20 %,
mais c'est quand même appréciable, et ça, c'est fait vraiment notamment en
formation continue, hein, puis il y a des gens... Moi, j'ai rencontré
l'association des étudiants, là, qui représente les étudiants en formation
continue, puis ils me disent : Nous autres, on est contents de continuer
parce que ça nous donne de la flexibilité. Moi, j'ai des enfants, puis je
travaille, puis... Alors, ça, les universités sont très conscientes de ça puis
sont très bonnes par rapport à ça.
M. Chassin : ...partie des leçons qu'on aura tirées de la pandémie puis
qu'on va utiliser à bon escient.
Là, évidemment, je
vous ai parlé un peu du PQI. Je ne vous parle pas du budget de fonctionnement,
disons, à part pour, moi, faire un petit commentaire, parce que ça me rend très
fier, puis j'imagine que, de ce côté-ci de la table, ça nous rend tous très
fiers, parce qu'en 2021 on était autour de 8 milliards pour l'enseignement
supérieur, l'année passée on était presque à 9 milliards puis cette année
on dépasse le 10 milliards. C'est des augmentations à chaque fois qui sont importantes, qui sont récurrentes. Moi, je tiens à
féliciter le travail de vente que vous avez fait auprès de votre collègue des
Finances. Je pense qu'il s'agit là de grandes avancées, puis effectivement,
tant pour les collèges que les universités, ça donne une marge de manoeuvre.
Par ailleurs, en
plus, il y a un programme... puis là c'est très rapide, là, mais il y a un
programme qui a été annoncé, puis j'étais très fier de ce programme-là, par
rapport aux fondations collégiales. Donc, on a mis en place puis budgété, dans
le dernier budget, des sommes pour cet appariement, là, donc, pour les dons
privés, le gouvernement va aussi contribuer,
un programme qui existe déjà pour les universités. Je suis très fier de ça
parce qu'évidemment, pour plusieurs endroits au Québec, les cégeps sont
l'institution d'enseignement supérieur, ça crée une dynamique incroyable, même
en termes de recherches, en termes de liens, par exemple, avec les employeurs.
Donc, il y a vraiment une belle dynamique pour que le milieu se mobilise et
donne les moyens de leurs ambitions aux cégeps, notamment en région, et des
moyens, là, qui ne sont pas attachés, hein, qui sont vraiment... Le cégep, la
fondation détermine les besoins : On a besoin de tel matériel, on a besoin
de financer x ou y. Moi, je trouve, c'est vraiment un très, très beau programme
que d'appuyer les fondations collégiales.
Évidemment, ce que je
comprends, c'est qu'il y a encore des détails à attacher, là. Quand peut-on
penser avoir ces détails-là? Est-ce que ça sera d'ici la fin de la session ou
d'ici... avant la prochaine campagne électorale, peut-être?
Mme McCann :
Bien, écoutez, on est très fiers de ce programme-là, et je pense que les
cégeps sont très heureux aussi. C'est quand même 45 millions, là, qu'on va
investir pour les fondations collégiales. Puis, dans le fond, on fait le
miroir, là, des... du programme, au niveau des fondations des universités,
Placements Universités. Alors, on va évidemment vouloir en parler après les
règles budgétaires, là, qui n'ont pas... ne sont pas adoptées encore, là, parce
que je vois ma sous-ministre aux Finances, là, qui me fait signe, là.
M. Chassin : ...vos crédits aujourd'hui, on vous donne les moyens de...
Mme McCann :
Quand on va nous donner ces moyens-là, quand ce sera confirmé, parce qu'on
ne peut pas le confirmer maintenant, on sera très heureux, là, si c'est adopté,
de l'annoncer puis d'annoncer les détails.
Alors, il y aura des
fondations au niveau des cégeps, puis vous le dites avec éloquence, là,
qu'est-ce que ça peut donner. On attendait
ça depuis longtemps puis on est très fier, comme gouvernement, de le faire dans
ce mandat-ci.
M. Chassin : Excellent. Puis là, en quelques secondes... M. le
Président, combien de temps me reste-t-il?
Le Président
(M. Poulin) : Il vous reste tout de même
3 min 36 s.
M. Chassin : Ah! quand même.
Le Président
(M. Poulin) : Absolument.
M. Chassin : Bon, profitons-en, profitons-en. Comme ça, je vais pouvoir
ajouter une question, parce que je voudrais... je ne peux pas passer sous
silence l'enjeu de la liberté académique, la liberté universitaire. Vous avez
déposé un projet de loi. Évidemment, moi, je trouve le projet de loi assez
consensuel, mais néanmoins, parce qu'on parle du milieu universitaire, il n'y a
rien de complètement consensuel, et c'est très bien comme ça, il y a toujours
des critiques.
Là-dessus, on
comprend, là, l'espèce d'équilibre entre la liberté que devraient avoir les
universités de déterminer leurs mécanismes, leurs politiques, etc., mais la
nécessité aussi pour la société québécoise, à travers une loi de l'Assemblée
nationale, d'établir un certain nombre de principes fondamentaux. Puis, en
toute honnêteté, moi, je m'inquiète de
certaines dérives dont on a entendu parler en termes de liberté académique par
rapport à des enseignants ou des chercheurs. Je regarde aussi des
critères d'admission ou d'embauche, quand ça provient, par exemple, du fédéral,
qui m'apparaissent très inquiétants. Donc, tout ça me semble un peu lié, bien
que ce soient parfois des sujets distincts.
La conception de
l'université comme un lieu de débat, et d'apprentissage, et d'expression des
idées, est-ce que ça s'applique seulement au corps professoral ou est-ce que,
d'après vous, les étudiants eux-mêmes ont un droit de s'exprimer, un droit de contribuer au débat public, au débat dans leurs
classes, à travers leurs projets de recherche aussi, à l'avancement des sciences, tout en ayant leurs
propres opinions et cette liberté, aussi, de parole, cette liberté,
finalement, universitaire qui serait garantie aussi aux étudiants?
Le Président
(M. Poulin) : Mme la ministre, en 1 min 33 s.
• (12 h 50) •
Mme McCann :
Oui. Bien, merci, merci pour la question, parce que c'est tellement
important. Et la liberté, le projet de loi sur la liberté académique, c'est
vraiment pour répondre, comme vous le dites, à cette autocensure qui s'est
installée, à un certain niveau, dans nos établissements d'enseignement
supérieur. La commission, là, qui s'est penchée sur la question a fait un
sondage, vous le savez. Dans les dernières cinq années, il y a 60 % des
profs qui ont dit s'autocensurer, là — alors c'est beaucoup — sur
des mots et sur des sujets. Bon, je ne me souviens pas du pourcentage, mais il
y a quand même un pourcentage dont il faut se préoccuper. Donc, c'est vraiment
le but. Puis effectivement on respecte l'autonomie des universités, parce qu'on
donne un cadre, hein? Et on ne nie pas qu'il y a des universités actuellement
qui voient à la liberté académique, mais on veut que ça soit partout.
M. Chassin : ...aux étudiants aussi?
Mme McCann : Oui,
je veux répondre à cette question-là. Les bénéficiaires de la liberté
académique, selon les recommandations de la commission, c'est tout le monde qui
contribue à la mission de l'université. Un étudiant qui fait de la recherche,
il contribue à la mission. Un étudiant qui est chargé de cours — il y
en avait une, d'ailleurs, qui était sur la commission — contribue
à la mission. Ces gens-là sont protégés par la liberté académique. Et
j'ajouterais même, au niveau des débats, là, il y aura un conseil, hein, puis
là on aura des discussions là-dessus sûrement au niveau des... de l'étude du
projet de loi, et ça va permettre, à mon avis, vraiment de dédouaner aussi les
étudiants. Ça va?
M. Chassin : Tout à fait. Bien, on remercie M. Cloutier et son
équipe du travail fait...
Mme McCann : Absolument, absolument.
M. Chassin :
...mais je vous remercie, vous, de cette... de ce projet de loi excellent.
Le Président (M. Poulin) : Merci.
Merci beaucoup aux collègues.
Alors, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 14 heures. Merci. Bon lunch. Bon dîner, en
fait.
(Suspension de la séance à 12 h 53)
(Reprise à 14 heures)
La Présidente (Mme Guillemette) : Donc,
bon après-midi, tout le monde. Nous allons reprendre nos travaux. Je vous
rappelle que la commission est réunie afin de poursuivre l'étude des crédits
budgétaires du portefeuille Enseignement supérieur pour l'exercice
financier 2022‑2023.
Donc, nous en sommes maintenant à un bloc
d'intervention de l'opposition officielle, et nous étions... Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys, donc, je vous cède la parole. Merci.
Mme David : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Rebonjour. On change, on varie de présidente, mais nous, on reste,
hein, Mme la ministre, nous, on reste.
La Présidente (Mme Guillemette) : Je
suis avec vous pour le reste de l'après-midi.
Mme David : Parfait. Parfait. Ça
passe vite, ça passe vite, et c'est quand même des gros sujets. Alors là, je
vais aborder le sujet du p.l. 32. Je sais qu'on commence lundi... mardi,
excusez, mais c'est quand même un projet de loi où je pense qu'on nage
peut-être dans un certain malentendu, malentendu de la définition de liberté
académique. Puis je sais que plusieurs intervenants vous ont parlé. J'ai
parlé... On a fait pas mal les mêmes sentiers, je crois, on a parlé pas mal au
même monde. Il m'en reste d'autres en fin de semaine. Mais une chose est sûre,
c'est que c'est probablement un projet de loi qui part de la meilleure
intention possible avec un très bon rapport, vous le disiez encore tout à
l'heure avec le député, le rapport d'Alexandre Cloutier et ses collègues. Mais,
finalement, quand on parle, tant le côté syndical, syndicats de professeurs,
qui vont venir, d'ailleurs, mardi, le BCI, que j'ai rencontré, des recteurs à
qui j'ai parlé, des étudiants, on réussit presque à déplaire à tout le monde,
pas pour toujours les mêmes raisons. Mais vous allez dire : C'est normal,
dans un projet de loi, on déplaît à des gens, mais il y a... Une chose est
sûre, c'est qu'un point qu'ils ont en commun, tous ces intervenants-là, c'est...
On ne retrouve pas ce à quoi on s'attendait à retrouver, qui est écrit très
précisément dans le rapport Cloutier. Et je dirais que les choses qui
inquiètent le plus, et vous le savez, parce que je sais que vous avez parlé à
certains recteurs et qu'ils ont été très clairs avec vous de ne pas
retrouver... Et ça, la Fédération québécoise des professeurs d'université, ils
vont tout écrire ça dans leur mémoire, et ils s'entendent là-dessus, ce qui est rare, là, quand les profs,
le syndicat s'entendent avec les administrations, c'est qu'il y a vraiment
un manquement : article 4,
article 6, article 3, article 1. Finalement, qu'est-ce qui reste
qui pourrait convenir à tout le monde?
Puis je ne veux pas être défaitiste, parce que
je pense, sincèrement, Mme la ministre, qu'avec une bonne discussion, de
l'ouverture, on peut y arriver assez facilement. Je ne dis pas que tout le
monde va sauter de joie, mais je pense qu'avec... comparé au projet de loi que
je viens de terminer et qui est sorti de Chambre, là, dont on parlera plus tard, peut-être, puis je pense qu'il y en a
qui nous ont suivis là-dedans, on est dans... comme j'ai dit à votre
collègue de la Justice, on n'est pas loin de pouvoir trouver un arrangement ou
des... Mais ça va dépendre de vous, ça va dépendre de l'ouverture que vous avez
à, par exemple, reprendre l'entièreté — ça, c'est venu de tout le
monde, et c'est sûr que vous le savez, votre sous-ministre doit le savoir,
votre directeur de cabinet — reprendre
l'entièreté de la définition de l'UNESCO de 1997. Mais surtout dans l'esprit de
protéger, autant du côté... Prenez le syndicat de l'Université Laval, Louis-Philippe Lampron, qui a écrit beaucoup, à qui
j'ai souvent parlé, autant des gens de cette mouvance, je pourrais dire,
que des recteurs, de dire : Attention,
les universités, c'est... le concept de liberté académique s'applique aussi à
l'autonomie universitaire. Et c'est là que je parle de malentendu possible. Je
vous entendais parler avec le député de Saint-Jérôme, je pense, tout à l'heure,
et c'est toujours la même chose. Puis ce n'est pas lui ou d'autres, mes collègues, c'est pareil, pour eux, ce projet de
loi là n'est là que pour régler un seul problème, mais le problème, c'est
que le parapluie de ça est beaucoup plus large, depuis des siècles, là, de la
notion de la liberté universitaire. Ce n'est pas juste des profs qui se censurent, et vous le savez, parce que vous avez
lu le rapport Cloutier, ça touche et ça embrasse très large, ce concept-là.
Donc,
à partir du moment où on nomme ça dans le projet de loi, bien là, vous faites
face non pas... Il n'y a personne qui est revenu en disant : On ne protège
pas les professeurs. Ils sont... Tout le monde est d'accord pour ça, là, que
les professeurs doivent pouvoir s'exprimer sans avoir peur de la censure, etc.
Mais les gens pensent que ça ne se limite qu'à ça, votre projet de loi, et le
concept de liberté universitaire. La question, c'est que c'est
1 000 fois plus large que ça. Alors, les recteurs, d'un côté,
disent : Attention, il faut consacrer l'autonomie universitaire telle que présentée et que dit très bien, à la description,
page V, en chiffres romains, je dirais, de la commission... rapport
Cloutier, je vais dire ça plus vite :
«Que le gouvernement fasse adopter une loi sur la liberté universitaire qui
devrait — b — consacrer
l'autonomie universitaire et la liberté universitaire.» Juste ça, là, déjà, on
vient d'enlever un irritant. Puis les autres irritants des... Il faut inclure
des considérants qui vont reprendre la définition de l'UNESCO, qui vont inclure
le droit à la liberté académique et consacrer l'autonomie universitaire, le
droit de pouvoir critiquer l'institution, qui n'est pas dit nommément, donc, il
y a toutes sortes de choses qui ne sont pas dans les considérants, dans les...
ou après, dans l'article 1, 2, 3. Puis après, vous le savez, on arrive...
Parce que de critiquer la société, par exemple, des institutions, des
doctrines, vous ne dites pas «l'institution.» Ça, pour un syndicat... il y a
plein d'universités qui ont déjà ça dans leurs conventions collectives, le
droit de critiquer, mais pas d'autres universités. Le devoir de loyauté, même
si le droit civil permet toutes sortes de recours, l'Université Laval ne l'a
pas, l'UQAM l'a, l'UQAC l'a, l'UdeM l'a. Mais vous comprenez qu'on est, là,
beaucoup plus large, là, les gens qui nous suivent, ils ne comprennent plus
qu'on parle, là, de... Ils pensaient qu'on parlait juste d'étudiants et
professeurs. Ça va beaucoup plus loin que ça.
Et là ils disent,
dans l'article 4, là, les syndicats, évidemment : Qu'est-ce que c'est
que ce conseil? Il y a beaucoup de questions, je pense que vous pouvez répondre
à plusieurs de ces questions-là ou rassurer en apportant des modifications dans votre projet de loi. Puis il y
a une chose que vous savez, puis je vais vouloir vous entendre là-dessus,
que, mais alors là, l'unanimité, c'est le premier paragraphe de
l'article 6. Ça, tout le monde vous en a parlé, et ça, pour eux, c'est la
terreur en personne, là. Ça, c'est la terreur, c'est du jamais-vu, c'est
l'intrusion du pouvoir d'un ministre d'aller jouer dans les politiques à
l'intérieur, bon... Alors... Mais si on avait juste un petit amendement ou une
façon de le reformuler, là, on pourrait s'asseoir toutes les deux sur un coin
de table puis régler ça rapidement. Mais je veux vous annoncer ça d'une part,
parce que ce n'est pas un projet de loi où on veut, là, faire de l'obstruction
ou quoi que ce soit là, pas du tout, mais je pense qu'on a là une occasion
d'arriver à quelque chose de très intéressant, très inédit, qui est à partir
d'un rapport très bien fait, qui va pas mal loin. Il va même dans la... pour
dire... pour essayer d'expliquer aux gens comment ça va plus loin sur ces...
même si c'est une note en bas de page qui va traiter de l'indépendance et de la
liberté en recherche. Puis ça, c'est quelque chose, ça parle des fonds de
recherche, ça parle des grandes compagnies pharmaceutiques, ça parle des thèses
de doctorat qui ne peuvent pas être publiées parce que le bailleur de fonds
dit : Non, je ne veux pas, c'est des données personnelles. Il y a des
choses qui sont allées en cour pour ça. C'est juste pour montrer la complexité
de ce dans quoi on s'est tous collectivement embarqués et qu'on est très, très
loin du rapport dans la classe entre des étudiants et des professeurs. Ça
inclut ça, mais ce n'est pas que ça.
Alors, je veux vous
entendre là-dessus, parce qu'on va lire, vous et moi, probablement, les
mémoires qu'on va recevoir en fin de semaine. On va les entendre, ça va être ce
genre de questions là. Ils vont venir vous dire : Mme la ministre, enlevez les considérants — moi,
je mets bout à bout tout ce qu'ils voudraient enlever — prenez
le rapport Cloutier à la place.
Enlevez l'article 3, il manque telle chose, telle chose. L'article 4,
les syndicats, scrapez-moi tout ça, c'est quoi, un conseil, ça fait quoi
dans la vie, etc. Les recteurs, l'article 6, premier paragraphe. Bien, je
dis, il ne restera plus grand-chose à la fin. Donc là, je pense qu'on a une
occasion de dire : Non, non, on va pouvoir modifier de façon intelligente, adaptée pour un projet de loi qui
mérite d'exister, mais qui pourrait se coller plus sur... Alors, dans ça, il
y a des choses qui sont retenues dans votre projet de loi puis il y a des
choses qui sont tronquées, et c'est les choses qui ne sont pas là qui
inquiètent beaucoup plus que les choses qui sont là.
Alors, longue
introduction pour mettre la table, Mme la Présidente, sur... peut-être vous
entendre dans votre réponse et puis,
peut-être, qu'on gagne du temps et qu'on sache, tous ensemble, quelles sont
déjà, peut-être, les réflexions qui vous ont animée ou qui vont vous
animer puis qu'on puisse procéder, comme j'entends souvent des ministres le
dire : Vite, vite, on passe à autre chose. Mais là, vite et bien, ce serait
le fun.
• (14 h 10) •
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. Mme la ministre.
Mme McCann : Oui,
bien, merci, Mme la Présidente. Bonjour. Bien, je suis très contente d'entendre
ma collègue, parce que ce que je décode dans ce que la députée de
Marguerite-Bourgeoys dit, c'est qu'il y a une volonté de collaboration. Et ça,
c'est vraiment ce qu'il nous faut dans un projet de loi qui est si important.
D'ailleurs, c'est unique, hein, ce projet de loi. Je pense qu'il y a
l'Angleterre, là, qui travaille actuellement sur un projet de loi, mais si on
arrive à bon port, et je le souhaite fortement, on va être assez uniques dans
l'univers, dans l'écosystème, comme diraient certains de mes collègues.
C'est
sûr que, moi... puis j'aime beaucoup les discussions qu'on peut avoir quand on
étudie des projets de loi. Alors, c'est sûr que l'étape qu'on va faire
la semaine prochaine, quand on va entendre, là, les partenaires, très
importante et, par la suite, l'étude article par article... Et évidemment je ne
veux pas présumer «de», donc je ne vais pas entrer, là, dans des spécificités
par rapport au projet de loi, mais j'entends le message de ma collègue, qui
m'apparaît très positif, et les points qui sont amenés, ce seront sûrement des
points de discussion.
Ce qui est important
de retenir, c'est qu'il y a une volonté d'amener ce projet de loi à bon port,
parce que la situation le demande, actuellement, au Québec. Il y a... Qu'est-ce
qu'il va y avoir dans le projet de loi, là, ça, c'est l'objet des discussions
qu'on va avoir, là, il y a un véhicule, actuellement.
Moi, ce que je peux dire, c'est que je suis
ouverte. Je pense qu'il y a un assentiment qu'il faut faire quelque chose, là,
ça, c'est déjà intéressant de la part des recteurs, de la part de tous les
partenaires qui ont été nommés, mais il y a une ouverture
évidemment à de la discussion, à du débat. D'ailleurs, pour être un peu méta
dans mon intervention, bien, il faut faire, en commission parlementaire, ce
qu'on demande de faire dans les universités, d'avoir des débats. Alors, c'est
ce qu'on va faire pour le projet de loi. Et je pense qu'il va être bonifié,
certainement, comme les autres projets de loi que j'ai eu le privilège de
mener. Ils ont toujours été bonifiés, avec les oppositions, avec les partenaires,
et c'est ce que je compte faire avec le projet de loi sur la liberté
académique.
Mme David : Bien, c'est intéressant
parce que, oui, il y a certainement lieu de bonifier ou, en tout cas, répondre
à la fois aux attentes... Il y en a que vous allez voir, évidemment, qui...
vous ne pourrez pas nécessairement répondre aux attentes. Il y en a certains
qui disent : Non, non, non, une loi n'est pas un bon véhicule. Bon, on va
entendre toutes sortes de choses, des propositions assez créatives, d'ailleurs.
Mais il ne faut pas que les gens pensent que c'est un projet de loi woke,
antiwoke, ce n'est pas ça, là, ce n'est pas ça. Woke, antiwoke, là, c'est
rendu, là, le jargon fédéraliste-souverainiste, de gauche, de droite, puis là
le nouveau duo binaire, là, c'est woke, antiwoke. Ce n'est pas ça, là, parce
que ça peut se passer dans plein d'autres choses, cette notion de liberté
universitaire.
Alors, d'avoir fait ce rapport, ce rapport de la
Commission scientifique et technique indépendante — j'aime le titre, Sur
la reconnaissance de la liberté académique dans le milieu universitaire — c'est...
La question, c'est qu'en touchant au mot «liberté académique», bien,
effectivement et le rapport le dit bien, ce n'est pas d'hier qu'on appelle ça
«liberté académique», là, ça vient de très, très loin, et c'est profondément la
notion qu'il a fallu de tout temps, dans tous les régimes politiques... parce
que des universités, il y en a partout dans le monde, sous toutes sortes de
régimes, il faut enlever l'ingérence ou l'influence de grands bailleurs de
fonds, et le gouvernement peut en être un, évidemment, mais de d'autres
bailleurs de fonds, pour pouvoir faire de la recherche libre et de
l'enseignement libre. Mais l'enseignement libre, il y a d'autres lois qui protègent
les propos haineux, et un prof et une étudiante n'ont pas le droit de faire du
harcèlement, de l'intimidation, de tenir des propos haineux, des propos
homophobes. Tout ça, c'est prévu par d'autres et, heureusement, chartes des
droits et libertés.
Maintenant, la liberté académique, quand on
parle des administrateurs, c'est d'ailleurs le sacro-saint principe de
dire : Pour qu'une université exerce en toute indépendance la recherche,
la recherche scientifique, la recherche sur les idées, sur les grands concepts,
bien, cette recherche-là doit être libre de toute influence, parce que sinon on
va juste chercher ce que les bailleurs de fonds veulent qu'on trouve, puis,
malheureusement, ça se retrouve, des fois, dans des fonds de recherche. Votre
collègue de Saint-Jérôme donnait un exemple sur les fonds... les chaires de
recherche du Canada, il y a eu un enjeu sur... Il faut... Avec une bonne
intention, on peut aller très loin, mais la bonne intention peut donner des
résultats un peu particuliers, de dire : Bien, on ne veut pas d'homme
blanc, parce que là ça prend des minorités visibles, ça prend des gens en
situation de handicap, ça prend des gens en diversité de genre, etc., ça peut
mener à des choses comme ça.
Alors, oui, on est là-dedans, mais on est aussi
dans la notion fondamentale de qu'est-ce que c'est, une université. C'est à ça
que vous touchez, dans le fond, avec votre loi. Puis ce n'est peut-être pas
comme ça que vous l'avez voulu, vous avez
voulu régler un problème important qui est : Est-ce que les professeurs
peuvent encore enseigner ce qu'ils veulent? Parce que, vous savez, même
à mon époque, là, on n'appelait pas ça «woke». Mais, moi, j'étais dans un
département où j'enseignais une approche, qui était la psychanalyse, qui a été
démonisée après par les féministes, par... Puis il y avait la montée en force
du béhaviorisme — ça
doit vous... vous avez fait travail social, vous devez savoir un peu — ça
déchirait les départements de psychologie, de psychiatrie, de travail social
aussi, c'était : C'est quoi, la cause des maladies mentales, puis comment
on traite ça. Puis là le béhavioriste a dit : On va traiter ça vite, puis
la psychanalyse, Freud : Non, non, non, c'est l'inconscient, etc.
Donc, tout ça se reflétait dans nos réunions
départementales, et je vous jure que, des fois, une période de questions à
l'Assemblée nationale, c'est du bonbon comparé à nos réunions départementales,
parce que les approches se colletaillaient solide. Puis ça, ça veut dire des
fonds de recherche, ça veut dire des étudiants dans les cours, etc. Alors, la
liberté académique, c'est de pouvoir tolérer ton voisin qui enseigne quelque
chose, puis tu dis : Bien, non, je ne
suis pas d'accord pantoute avec lui, mais si c'est scientifique, si c'est
prouvé scientifiquement, revu par des pairs, etc., tout ça doit être
toléré.
Alors, est-ce que vous êtes d'accord avec moi
que votre projet de loi, dans le fond, embrasse beaucoup plus large que le
problème qu'il faut peut-être... peut-être pas régler, mais sur lequel on
voulait travailler dès le départ? Puis que ce qu'on va entendre, là, le mardi,
ça va beaucoup plus large et que, dans le fond, ça nous plonge dans tout le
monde de qu'est-ce que c'est une université, autant au niveau de la gestion, de
la recherche, des rapports étudiants-professeurs, des rapports
professeurs-étudiants. Est-ce qu'on est, là-dessus, à peu près sur la même
longueur d'onde?
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Mme la ministre.
Mme McCann : Merci. Bien, écoutez,
si l'esprit du projet de loi... D'ailleurs, la commission Cloutier a fait
tellement un excellent travail puis a abordé ces questions. Et, paradoxalement,
d'ailleurs, le Pr Gingras, là, qui a fait partie de la commission, l'a
exprimé mieux que moi, que si on renforce la liberté académique, on renforce
l'autonomie des universités. Et on aura l'occasion d'en discuter certainement
lors des discussions qu'on aura pour le projet de loi. Et on aura, on le voit
déjà, là, des discussions fort, fort intéressantes. Je me retiens, là, parce
que je me dis, on va le faire au niveau de la commission, mais on ne devrait
pas peut-être la faire entièrement ici sûrement, mais il faudra faire des distinctions
entre la liberté d'expression et la liberté académique universitaire. Et il
faudra... On va aborder, c'est sûr, la question de l'équité, de la diversité et
de l'inclusion, parce que c'est autre chose. Ça ne veut pas dire que ce n'est
pas lié, mais c'est autre chose. Et on aura sûrement des discussions fort
intéressantes.
Puis je reviens à ce que
ma collègue disait là, ce n'est pas antiwoke, c'est prodébat. La loi, elle est
prodébat, elle n'est pas antiwoke. Et je l'ai dit, quand on a fait notre conférence
de presse pour annoncer, là, le projet de loi que, et je le redis encore, il y
aura un impact très bénéfique sur nos étudiants. Parce que, oui, on protège
tout le monde, là, qui est bénéficiaire de la liberté académique, ce sont les
gens qui contribuent à la mission, mais l'étudiant, lui, il faut qu'il ait,
c'est nommé dans le rapport de la commission, la liberté d'apprendre dans un
contexte qui est propice à cet apprentissage. Et un contexte qui est propice à
cet apprentissage, c'est un contexte qui permet les débats, des débats
respectueux, des débats qui sont basés aussi sur des connaissances
scientifiques. Et donc... Et il y a un ensemble d'éléments qui existent déjà
dans nos universités, des codes de déontologie, etc. Alors, il y a vraiment, encore
une fois, un écosystème, là, autour de ça, mais on vient renforcer la liberté
académique, en quelque part, ce qui va renforcer l'autonomie des universités.
Ça a l'air paradoxal, peut-être, pour certains, on l'expliquera davantage.
• (14 h 20) •
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la ministre. Une minute, Mme la députée.
Mme David : Oui, effectivement,
le... comment on dit ça, l'enfer est pavé de bonnes intentions. Là, je pense
qu'on est plein de bonnes intentions, mais vous allez voir, à l'article 4,
entre autres, sur le comment, parce que, là, il faut avoir un comment. On crée
un conseil. Alors, ça, c'est quoi, ça? Quelqu'un me disait : Déjà, dans
mon université, il y a 48 règlements, 57 comités. La recherche, quand
il y a des abus, ça va là, quand c'est... Bon, en tout cas. Alors, évidemment
que ça, ça énerve beaucoup, beaucoup les gens, donc on va être aussi dans le
comment et dans... Donc, l'article 4,
les syndicats, ils disent : Là, on scrape ça complètement, oubliez ça, l'article 4.
Les recteurs, oubliez ça, le premier paragraphe de l'article 6. Et
puis d'autres disent : Bien, oubliez ça, les considérants, reprenons donc
le copier-coller du rapport Cloutier.
Alors, c'est pour ça que je vous dis, dans le
fond, on ne pourra pas dire qu'on ne s'en sera pas parlé même publiquement
avant, là, ça va nous permettre de mettre la table pour poser des bonnes
questions mardi.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Vous aurez l'occasion d'avoir un
autre bloc d'échange avec Mme la ministre. Donc, je cède maintenant la parole
au député d'Hochelaga-Maisonneuve. M. le député.
M. Leduc : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Rebonjour. Je voulais juste vous dire, Mme la ministre, que, ce
midi, j'ai parlé longuement avec des gens qui sont venus se déplacer
aujourd'hui pour parler des bourses Perspective. Je pense qu'il y en a qui sont
restés encore en arrière aujourd'hui. Ils étaient contents de l'ouverture que
vous avez démontrée, que vous n'avez pas fermé la porte pour septembre et que
vous avez surtout accepté de les rencontrer. Alors, je vais me faire un plaisir
de faire le suivi avec vous, dans les prochains jours, pour être certain que ce
rendez-vous ait lieu, mais je vous fais confiance.
Je voudrais parler des frais de scolarité. Les
frais de scolarité ont fait l'objet, depuis plusieurs années maintenant,
presque 10 ans, donc font l'objet d'une espèce de, j'oserais presque dire,
un consensus ou, en tout cas, une espèce de... bien, je vais le dire, un
consensus social qui s'est atterri alentour de l'indexation des frais de
scolarité. Bien sûr, nous, on demeure pour la gratuité scolaire, vous le savez.
Mais les indexations avaient fait en sorte d'avoir des hausses d'à peu près
2 %, 3 % dans les dernières années. Et là on avait, selon la méthode
que vous aviez héritée du précédent gouvernement, indexé, là... on indexait sur
le revenu disponible. Et là on allait avoir une indexation de 8 %. On a
tiré la sonnette d'alarme. Vous avez regardé ça, vous avez décidé de choisir un
autre modèle de calcul de l'indexation, puis ça a fini par être 2,6 %. Ce
n'est pas la gratuité scolaire, on s'entend, mais ce n'est pas 8 %, donc
j'ai salué la nouvelle. Vous avez choisi le nouvel indice qui est l'indexation
au régime fiscal.
Moi, ma question, c'est — bravo
pour cette année : Qu'est-ce qui nous attend l'année prochaine? Est-ce
qu'on est, maintenant, dorénavant, toujours sur l'indexation du régime fiscal
pour les prochaines années?
La Présidente (Mme Guillemette) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Merci. Alors, bien,
écoutez, je pense qu'il faut se remettre dans le contexte, mais vous en avez dit
une bonne partie, le député d'Hochelaga-Maisonneuve, qu'il y avait une
entente... Il y a une entente, hein, c'est encore d'actualité, entre les
universités, les étudiants et le gouvernement, hein, qui a eu lieu il y a
10 ans, quand il y a eu les événements, les carrés rouges. Et cette
entente, on a voulu la respecter, hein, elle a été respectée, de... même par le
précédent gouvernement, bien entendu. Et, comme vous l'avez bien décrit, on
arrivait à quelque chose qui était inacceptable, à notre avis, une hausse de
8 point quelques pour cent pour nos étudiants. On trouvait que ça
n'avait pas de bon sens, alors on a pris une autre méthode, qui est
l'indexation au prix de la consommation, et donc l'indice des prix à la
consommation. Et donc, on est arrivé à 2,64 % pour cette année.
Alors, la réponse que je ferais, c'est que vous
voyez comment on est vigilant et qu'on prend le pari de l'accessibilité pour nos étudiants. On se dit : Nous, là,
l'important, c'est que ça soit accessible. C'est sûr qu'il faut financer
nos universités, puis on devait indexer un petit peu plus haut, et on va
compenser nos universités pour l'écart, là. Par rapport à l'année passée, on
avait monté à 3,9 %. Alors, on va compenser nos universités entre le
2,6 % puis le 3,9 %. Mais, pour
l'année prochaine, ça, je pense que je ne peux pas m'avancer, mais ce que je
peux dire et affirmer, puis il y a des étudiants
qui nous écoutent, c'est qu'on va toujours prendre le pari de nos étudiants, du
bien-être de nos étudiants et de l'accessibilité
aux études. D'ailleurs, si on ne fait pas ça, en bon québécois, on se tire dans
le pied, parce qu'on a besoin de nos étudiants, puis on a besoin qu'ils
diplôment, qu'ils persévèrent. Alors, on veut que leur situation financière
soit bonne.
Et, je le réitère, comme
je l'ai dit ce matin, on a quand même les frais de scolarité les plus bas,
deuxième les plus bas au Canada. Et si on se compare à l'Ontario, c'est trois
fois plus cher en Ontario. Alors, on veut continuer dans la même veine.
M. Leduc : Si je comprends bien,
donc, vous ne vous êtes pas nécessairement engagés à reprendre le même calcul
ou de laisser, peut-être, la porte ouverte à une révision. Est-ce que je saisis
bien que votre objectif, au-delà du calcul, c'est d'avoir encore une augmentation,
mais modérée?
Mme McCann : Bien, je ne peux pas,
encore une fois, présumer de l'année prochaine, mais ce que je peux dire, c'est
que... parce qu'il a le ministre des Finances également qui doit travailler la
question. Mais ce que je peux dire, vous voyez, cette année, là, on a changé de
méthode même si on avait une entente, là, avec les étudiants, avec les
universités et le gouvernement, qui a toujours été respectée. Mais là on se
disait : Ce n'est plus dans l'intérêt de nos étudiants. Et évidemment les
associations étudiantes étaient d'accord avec ça. Donc, l'année prochaine,
évidemment, dépendant de ce qui va se passer aux élections, mais on ne peut pas
présumer de rien, mais la méthode va toujours être celle d'être le plus en
faveur de l'accessibilité pour nos étudiants. C'est ce que je peux vous
répondre.
M.
Leduc : Donc, flexibilité de la part du gouvernement sur
la méthode exacte de calcul, puis on vise l'accessibilité. Donc, je le traduis un peu ad lib sur une hausse,
mais pas très haute. Ça fait que, est-ce qu'on peut, peut-être, en terminant sur ce sujet-là, s'attendre à pas plus haut que
2,5 % l'année prochaine, 3 % maximum l'année prochaine?
Mme McCann : Encore une fois,
je ne peux pas m'engager, là, pour l'an prochain, je pense que ce ne serait pas
indiqué, là. Donc, je ne peux pas m'avancer plus loin. Je peux juste réitérer
que vous avez vu, cette année, comment on a été très prudents puis qu'on a
considéré l'intérêt de nos étudiants. Je ne peux pas aller plus loin.
M. Leduc : Mais on peut
s'entendre que, pour vous, 8 %, c'était trop gros?
Mme McCann : Oui.
M. Leduc : 2,5 %... Ça
fait que c'est le jeu qu'on a, là, pour l'année prochaine, entre 2,5 % et
8 %.
Mme McCann : Ah! bien, écoutez,
c'est sûr que, si vous voulez le regarder de cette façon-là, mais je ne veux
pas être citée... Ça va être entre 2 % et 8 %, parce que là mon
ministre des Finances ne va pas être content.
M. Leduc : Ça peut descendre à
2 %, bon, voilà.
Mme McCann : Alors, je ne
m'avance pas sur aucun chiffre.
M. Leduc : Une
fourchette entre 2 % et 8 %, c'est ma compréhension, mais... Parfait.
Pour L'échange là-dessus, ça clarifie un peu les choses.
Parlons
encore des universités, parlons encore de sous. Vous avez certainement vu
passer, dans les derniers mois, l'enjeu des assurances étudiantes, qui a
fait couler beaucoup d'encre, qui a généré, quand même, son lot d'anxiété,
plusieurs courriels à mon bureau, plusieurs contacts de la part des
représentants étudiants. Je résume rapidement, là. L'Autorité des marchés
financiers a décidé, suite, semble-t-il, à quelques très peu nombreuses
plaintes, qu'il ne pouvait plus y avoir le régime actuel où il y a une
cotisation automatique, là, à même l'inscription, comme dans plein d'autres
programmes, évidemment, aux assurances, et que la question de pouvoir avoir une
fenêtre pour s'en retirer de manière volontaire, ça ne fonctionnait plus. Il
fallait renverser l'ordre des choses, il fallait individuellement s'inscrire.
Évidemment, l'assureur a dit : Ça n'a pas de bon sens, je ne rentrerai
jamais dans mon argent, ce n'est pas rentable, ce n'est pas un modèle qui est
possible. Alors, Desjardins a dit : Si c'est ça, je tire la plug, pour
reprendre l'expression québécoise, comme vous le disiez tantôt. C'est là que le
monde s'est mis à paniquer, avec raison, à mon avis. Là, ils ont... L'AMF a
décidé de surseoir à sa décision. Moi, j'ai compris que votre cabinet avait été
impliqué dans ce dossier-là. Vous vous y étiez intéressés, en tout cas.
Moi, je veux
savoir qu'est-ce qui s'attend... De quoi on parle quand on parle de nouvelle
consultation? Est-ce que vous, comme
ministre de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur, vous pourriez nous dire
aujourd'hui que vous adhérez à cette idée qu'il est correct, qu'il est
normal d'avoir un régime d'assurance pour les étudiants et étudiantes au
Québec?
• (14 h 30) •
Mme McCann : Oui. Alors, oui,
je dis oui, simplement parce que je commence ma réponse, là. Je ne vous ai pas
dit un oui, il faut que je fasse attention, ce n'est pas ça que je voulais
dire. Mais, écoutez, c'est un dossier, là, qu'on prend très, très au sérieux,
et que je suis avec beaucoup d'intérêt. Quand la situation a été portée à mon
attention, j'ai rencontré l'UMF... non, pas l'UMF, l'UEF, l'Union étudiante...
Pardon?
Une voix : ...
Mme McCann : L'UEQ — l'UMF,
ça, c'est mon ancien rôle — l'UEQ
là-dessus, et je les ai bien entendus. Mais ce qu'on encourage, à ce moment-ci,
c'est vraiment des rencontres avec l'AMF, entre les étudiants et l'AMF. C'est vraiment ce qu'il faut faire. Et je pense qu'ils ont
mis sur pied un comité de consultation, là, en février 2022, donc, cette année,
et qu'ils veulent réexaminer la situation. Mais je peux vous dire que je
comprends les préoccupations des étudiants.
Puis, en même temps, l'AMF, il faut respecter son travail. Et, moi, je souhaite
vraiment — j'appelle
ça des voies de passage — qu'on
arrive à quelque chose qui va être satisfaisant, autant pour l'AMF, que pour
les associations étudiantes.
Alors, ce comité de consultation est très
important. Les étudiants sont invités à y participer, et ça va débuter au mois
de juin. Et je pense que ça, c'est à la satisfaction des étudiants, dans le
sens qu'ils vont avoir l'occasion de discuter avec l'AMF. Il faut considérer
que le ministère de l'Enseignement supérieur, c'est un observateur dans ce
dossier-là, hein? On ne peut pas s'immiscer directement, mais on suit ça avec
beaucoup, beaucoup d'intérêt.
M. Leduc : Bien, je pense
que... oui, Mme la ministre, les étudiants et étudiantes s'attendent quand même
à un petit peu plus de prise de position de votre part. Je sais que vous avez
été impliquée, je le sais que vous suivez le dossier, mais je... Vous me
permettrez de ne pas être d'accord avec le rôle d'observateur. Vous avez, à mon
avis, une prise de position qu'il est possible de prendre. Parce que vous êtes
la ministre de l'Enseignement supérieur, vous êtes la ministre des étudiants et
étudiantes en enseignement supérieur, je pense que, dans ce débat-là, dans cet
échange-là, vous devez prendre position. Les étudiants et étudiantes se
demandent de quel côté loge leur ministre. Ce n'est pas une bataille contre l'Autorité des marchés financiers, c'est une discussion, mais je pense que vous devez prendre une
position pour appuyer les étudiants, étudiantes dans cet échange-là avec l'AMF,
et non rester sur les lignes de touche, pour reprendre une expression.
Je reformule
donc ma question : Est-ce que, dans cette discussion-là, vous pourriez
vous engager ou vous pourriez prendre une certaine position aujourd'hui
à l'égard de dire que vous avez un préjugé favorable à la condition étudiante?
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Mme la ministre.
Mme McCann : Bien, si je vous
comprends bien, j'ai un préjugé favorable à la condition étudiante... Je veux
bien vous comprendre. En tout cas, moi, j'ai un préjugé favorable pour le
bien-être de nos étudiants. Bon, mais, ceci étant dit, la meilleure chose que
je peux faire comme ministre de l'Enseignement supérieur, c'est de faire en
sorte que nos étudiants et l'AMF discutent ensemble.
Vous savez, moi, j'ai rencontré... Puis,
écoutez, je ne suis pas celle, là, qui a le plus de pouvoir là-dessus, c'est
l'AMF et les associations étudiantes qui décident de se rencontrer, mais au
moins de l'encourager, et c'est ce que j'ai fait, c'est ce que j'ai fait
beaucoup avec l'association étudiante. Mais ils prennent leurs propres
décisions. Écoutez, je les ai rencontrés plusieurs fois, là, au cours de mon
mandat. Puis moi, je dois vous dire que je ne venais pas du même domaine, là, je venais de la santé, et ça faisait
longtemps que j'avais fait... j'étais... j'avais fait mes cours en
enseignement supérieur, mais ce que j'ai découvert, vraiment, de nos
associations étudiantes, c'est des gens qui, en bon Québécois, ont des bonnes
têtes. Et nos associations étudiantes sont fortes, elles sont capables de
défendre leurs dossiers, et je pense que l'UEQ, qu'ils s'assoient à la table avec
l'AMF, vont être très, très en mesure de défendre leurs dossiers.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la ministre. M. le député.
M. Leduc : ...une dernière fois.
Est-ce que vous soutenez l'idée que les étudiants ont le droit d'adhérer et
d'administrer librement le régime d'assurance de leur choix?
Mme McCann : Bien, moi, je pense
que, pour faire justice à ce dossier, c'est sûr que les gens vont se pencher
sur les aspects aussi légaux, par exemple, la Loi sur l'accréditation et le
financement des associations d'élèves et d'étudiants. Alors, je pense que je
vais laisser ça à des experts. Il y a une position de l'UEQ là-dessus, que je
respecte, et il y a l'AMF. Alors, il y a des
juristes puis il y a des experts qui vont se pencher là-dessus. Et moi, ce que
je vais faire, comme ministre de l'Enseignement supérieur, c'est de
dire : Ce dossier est très, très important, il faut qu'il chemine, et je suis ça avec beaucoup, beaucoup d'intérêt,
ce qui veut dire que je vais me tenir au courant de l'évolution du
dossier.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la ministre. M. le député.
M. Leduc : Merci. On parlait tantôt
de liberté académique, j'aimerais qu'on discute d'un cas concret de liberté
académique. Vous n'êtes pas sans savoir toute la polémique qui a cours, en ce
moment, à McGill, alentour de la question palestinienne. L'autorité universitaire,
là, l'administration de McGill, menace de punir une association étudiante, la grande association étudiante de
McGill, en raison d'un référendum étudiant qu'ils ont tenu en mars
dernier, avec un soutien de 61 %... 71 %, pardon, pour que
l'association se joigne à une campagne internationale de boycott pour les
entreprises et les institutions qui sont, et je cite, «complices de l'apartheid
colonial contre les Palestiniens».
Il y a une espèce d'amalgame qui est fait, de la
part de l'université, entre critique de l'État d'Israël et antisémitisme, c'est
assez étonnant de leur part, menaces de sanctions de l'association étudiante.
On parlait tantôt de liberté d'idées, liberté de pensée. Je ne vous ai pas
entendue sur la place publique par rapport à ce cas précisément, ce cas précis
là. Est-ce qu'aujourd'hui vous pourriez nous confirmer que l'administration de
McGill n'est pas dans la bonne voie lorsqu'elle approche cette question-là de
la démocratie étudiante et de la liberté d'opinion sur la question, notamment,
palestinienne, avec son association étudiante à McGill?
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
1 min 30 s, Mme la ministre.
Mme McCann : Ce
sont des questions délicates, et ce sont des questions aussi qui touchent à
l'autonomie de l'université, et ce sont des questions qui touchent à la liberté
d'expression, qui est protégée par la Charte des droits. Alors, c'est là qu'il
faut faire une distinction, hein? La liberté académique, universitaire, les
bénéficiaires sont des gens qui contribuent à la mission de l'université. Alors
là, on parle d'associations étudiantes. C'est sûr, la liberté d'apprendre, j'en
parlais tout à l'heure, mais on parle de la mission de l'université, la
formation et la recherche, service à la collectivité. Alors, la liberté
d'expression, c'est autre chose. Et là il y a d'autres textes légaux et
d'autres règles qui régissent la liberté d'expression et il y a aussi
l'autonomie de l'université.
M. Leduc : Donc, est-ce que
l'association étudiante, de manière démocratique, avec un référendum, a le
droit de prendre une position de critique envers l'État d'Israël sans se faire
accuser d'antisémitisme par une administration McGillienne?
Mme McCann : Bien, voyez-vous,
c'est... là, c'est un bon exemple de dire : Bien, il faut que je... Je ne
peux pas commenter, parce qu'il faut que je respecte aussi la liberté...
l'autonomie, plutôt, de l'université dans ces questions.
M. Leduc : Bien non. On fait un
projet de loi sur la liberté académique, puis là il y a une association
étudiante qui risque de se faire sanctionner pour une prise de position, qui
n'est pas scandaleuse, là, puis vous, vous allez laisser sur les lignes de
touche, vous n'allez pas vous investir là-dedans?
Mme McCann : Et c'est là que ça va
être important de faire les distinctions entre la liberté d'expression et la
liberté académique.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la ministre. Donc, je cède la parole à Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Vous voyez que c'est
passionnant, hein? Et vous allez voir que les gens vont être passionnés, alors
ça va nous réveiller, mardi, là, c'est... Je trouve que ce que le député
apporte... Enfin, il n'apporte pas les dossiers les plus simples, là. Ce
dossier-là est vraiment... vous avez réussi à sortir assez bien, parce que
c'est vrai qu'en même temps on ne peut pas plaider la liberté puis se mêler...
Bon.
Puis là je vais aller dans un sujet. On ne peut
pas quitter, l'une et l'autre, notre vie politique sans parler de mon sujet
fétiche, puis je pense que ça va rallier vos deux fonctions, santé... Et on en
a parlé, l'an dernier, et vous allez reconnaître vite de quoi on parle, puis on
parle devant, quand même, des collègues que vous avez et qui sont des universitaires — la
collègue d'Huntingdon, la collègue de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, deux doctorants en
communications, les deux...
Une voix : ...
• (14 h 40) •
Mme
David : ...non,
communications, communications, Université de Moncton, Université d'Ottawa,
Université Laval — alors,
c'est intéressant parce qu'on parle de milieux universitaires, et j'ai nommé le
rehaussement en soins infirmiers.
Pour moi, là,
ça, c'est emblématique, bien, du Québec, de ce qu'on vit au Québec,
c'est-à-dire avoir deux réseaux en
enseignement supérieur. Si vous étiez ministre de l'Enseignement supérieur en
Ontario puis que... C'est complètement autre chose, on est vraiment
ailleurs. Mais là ce fameux — il y en a qui diraient «ce foutu» — rehaussement
qui existe, je pense que... Écoutez, j'étais sous-ministre à l'Enseignement
supérieur, en 2008, puis on en parlait déjà. Puis après ça je suis revenue,
puis on en a parlé, puis il y a encore eu des consultations. Puis on parlait
déjà de révision du programme court collégial, puis là vous l'avez mis en
place, mais ça fait 10 ans ou 20 ans, même, qu'on en parle. Et puis là on a un enjeu de main-d'oeuvre. Puis là,
on a des bourses et pour les collégiaux et pour les universitaires. Et
puis l'ordre, l'OIIQ, est vraiment bien
campé par l'approche qu'ils ont. Vous avez votre collègue qui est farouchement
contre le rehaussement, le ministre de la Santé, qui dit : On n'a pas...
surtout pas en ce moment, pas le temps de se priver de collègues, et puis,
évidemment, la Fédération des cégeps, qui est très inquiète.
Et comme j'ai dit l'an dernier, j'ai
l'impression de me répéter, mais on va se répéter et vous et moi, on pourra
aller prendre un café ensemble, dans cinq ans, je pense qu'on en parlera
encore, de ça. Puis on sera peut-être à la retraite toutes les deux, puis ça va
faire du bien à tout le monde, peut-être, y compris à nous, mais on va encore
se parler de ça, je vous le prédis. Mais... puis je ne dis pas ça en disant que
c'est un sujet banal. C'est parce que ça touche au coeur même de l'existence
des cégeps puis ça a l'air d'être un artefact, là, tu sais, c'est-tu ça qui est
important ou ce n'est pas ça, mais ça aussi, c'est important.
On parlait des cégeps en région. Il n'y a que
deux cégeps qui n'ont pas le programme en soins infirmiers, que deux sur les
48. Il y en a 46, programmes. On ne ferme pas ça demain matin, là, je veux
dire, politiquement, c'est suicidaire, mais socialement aussi. On a besoin de
ces filles-là et de ces garçons-là. La preuve, vous leur donnez des bourses. C'est la première chose que suis allée
voir, j'ai dit : Heureusement... J'étais très inquiète. J'ai dit :
Heureusement qu'ils ont des bourses. Elles jouent un rôle absolument important
dans le système de santé, oui, avec une technique, c'est vrai. Puis c'est vrai
que, dans d'autres gouvernements ou d'autres législatures, que ça soit dans
d'autres provinces canadiennes, et tout ça... J'ai joué dans le film, en
psycho, puis ça a donné le doctorat en psycho, avec les pour et les contre.
Mais ce film-là dit... de dire qu'il faut rehausser, ça veut dire qu'il faut un
baccalauréat obligatoire, alors que, depuis 40, 50 ans, on développe et on
devient de plus en plus professionnalisants dans nos D.E.C. techniques.
Alors,
vous avez lancé la modernisation de la formation collégiale, merci, merci,
merci, mais ça va, évidemment, au
même pas de la même petite tortue qu'on voit depuis toujours dans les révisions
de programmes. Et ça, moi, ça me rendait folle. Et il y en a, derrière,
qui écoutent puis qui disent : On reconnaît bien la... Je vois certains
fonctionnaires qui me disent... ou qui sont
directeurs généraux ou directeurs, qui disent : Bon... Je disais
toujours : Voyons donc! Un an et demi, on est capables de régler
ça, là, une modernisation de programme. Bien non, qu'on me disait, ça a pris
10 ans pour tel programme, ça a pris 12 ans pour tel autre. Ça n'a
pas de bon sens. Puis je le sais que vous êtes d'accord avec moi, parce que
vous dites : Il faut... on a vite mis des programmes de bourses Perspective
Québec, on met des incitatifs. Vous avez même lancé un D.E.C. accéléré qui
conduit à l'exercice de la profession, vous avez développé ça, vous voulez le
développer ou si... Je ne sais pas, je vais vous demander où est-ce qu'il en
est rendu.
Mais ce sujet-là, pour moi, c'est emblématique,
d'abord, de nos deux réseaux qui sont très performants, collégial et
universitaire, c'est emblématique que tout est à la hausse. C'est comme le prix
du pain, ou le prix du lait, ou le prix de l'essence, là. Tout est à la hausse.
Il faudrait que tout le monde ait des bacs, puis, tous ceux qui ont des bacs,
il faudrait que ce soient des maîtrises puis, tous ceux qui ont des maîtrises,
il faudrait que ce soient des doctorats. Ça, c'est ce qui est arrivé, puis le
Commissaire à l'admission aux professions, M. Gariépy, est là derrière, puis la
présidente de l'office est là, puis elle a été présidente d'un ordre
professionnel, je crois, des dentistes, si je ne me trompe pas, donc elle sait
exactement de quoi je parle. Le rehaussement, là, c'est comme des doyens de
faculté, ils veulent toujours plus. Puis le cours de génie, c'était trois ans,
c'est devenu quatre ans, ça pourrait devenir une maîtrise, etc. Mais là on a
l'ordre collégial qui est en cause, en plus, alors là, là, les universités sont
mal prises, parce que, là, on parle de deux ordres collégiaux, puis, ça, je
suis sûre que la présidente de l'office est très au courant de ça.
Alors, je veux absolument vous entendre sur où
vous en êtes mais où vous en êtes dans votre coeur, aussi, de ministre, là. Ça
fait un an qu'on s'en est parlé. Bernard Tremblay, pour ne pas le nommer, est
évidemment extrêmement inquiet, a fait des sorties très, très puissantes
là-dessus. Il y a eu une consultation générale de l'OIIQ, qui n'a pas donné une
place si grande que ça à l'ordre collégial, sincèrement, là, c'était pas mal du
côté plus universitaire. Alors, évidemment, la conclusion va un peu avec ça,
c'est-à-dire : il faut un bac absolument, il faut absolument un bac. On va
commencer comme ça : Où est-ce que vous en êtes dans vos réflexions
là-dessus?
La Présidente (Mme Guillemette) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien, c'est une
excellente question. Parce qu'il y a beaucoup d'enjeux, et le premier enjeu,
là, et je ne dis pas ça en ordre d'importance mais qui me vient à l'esprit,
c'est la pénurie de main-d'oeuvre. On a besoin besoin, besoin de plus de
personnes qui viennent en sciences infirmières. Il y a l'enjeu aussi du réseau
collégial, les cégeps, qui a été bien nommé, là, par votre intervention, et il
y a, évidemment, l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. Bon, alors,
écoutez, c'est sûr qu'il y a des travaux actuellement de modernisation du
programme collégial, et je suis un peu plus optimiste que vous, là, parce que
je pense que notre ministère saisit l'urgence de la situation, et on travaille
ce dossier-là avec le ministère de la Santé, aussi, et évidemment ils sont
extrêmement sensibles à l'urgence de la situation. Alors, moi, je pense qu'on
va arriver à bon port plus rapidement que, peut-être, dans le passé, là.
L'OIIQ, puis je suis certaine que ma collègue de
Marguerite-Bourgeoys sait tout ça, là, mais... peut présenter une demande, là,
de rehaussement à l'Office des professions, qui ne l'a pas fait encore. Non,
non, effectivement, ce n'est pas fait encore. Donc, le diplôme collégial est
toujours qualifiant. Le diplôme collégial est toujours qualifiant. Puis vous
savez probablement que 50 % des étudiants qui terminent leur D.E.C. en
sciences infirmières s'en vont au D.E.C.-bac, là, ils vont faire leur
baccalauréat accéléré, évidemment, là, donc c'est 50 %, déjà, qui s'en
vont faire leur bac, mais le D.E.C. est toujours qualifiant. Et donc l'OIIQ,
l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, pourrait faire une demande à l'Office
des professions pour examiner le dossier. Évidemment, c'est un processus,
encore une fois, comme je le disais ce matin, qui ne se fait pas en quelques
mois. C'est un processus qui est assez long, qui a beaucoup de répercussions,
et il faut aussi que le ministère de la Santé et des Services sociaux soit
impliqué, le ministère de l'Enseignement supérieur aussi.
Mais moi, je vous dirais, là, mon... ma vision
là-dessus, c'est que nous, au Québec, là, on a créé les cégeps, ça n'existe pas
ailleurs. Bon, vous allez me dire, il y a des programmes collégiaux ailleurs,
mais ce n'est pas à l'envergure de nos cégeps. Alors, nous, on a là une
créature unique, très performante, intéressante et qui forme beaucoup, beaucoup
d'infirmières. Alors, il faut tenir compte de ça. Et on a créé les cégeps, donc
on a été très créatifs, et je crois qu'au Québec on n'a pas besoin d'imiter,
là, d'autres provinces, là, parce que, d'ailleurs, l'écosystème n'est pas le
même. On peut... Et je ne peux pas présumer de ce qui va se passer, parce que
je n'ai pas de boule de cristal, mais moi, j'ai assez confiance qu'on va
trouver des voies de passage.
Et il demeure — et là je vais peut-être
parler un petit peu plus de ma connaissance du domaine de la santé, mais ça
touche à l'enseignement supérieur, aussi, parce que la formation au niveau des
cégeps est excellente — il
demeure qu'il y a certains actes qui ne sont pas enseignés au niveau du cégep,
ils sont enseignés au niveau du bac. Alors, il faut regarder ça. Et j'ai
rencontré, ça fait un certain temps, d'ailleurs, et à quelques reprises,
l'Association des enseignants en soins
infirmiers au collégial, et ils sont très conscients de ça aussi. Alors... et
on les connaît ces actes-là, hein, notamment en soins à domicile,
notamment en soins intensifs.
Alors là, on a une
situation ou on doit être performant au niveau des soins infirmiers, au Québec,
dans le monde entier, mais au Québec. Alors, on a là une opportunité, je pense,
parce que, oui, on peut voir ça comme un dossier complexe et on est inquiets,
tout ça, mais moi, je vois ça comme une opportunité d'enfin, comme le disait ma
collègue, après tant d'années, régler un dossier qui n'a jamais été réglé. Et
là on a certains ingrédients qui font en sorte qu'on est un petit peu poussés dans
le dos, parce qu'on a une pénurie, suite à une pandémie importante, puis on a
une pénurie qui fait en sorte qu'on a une urgence de
faire quelque chose. Et, même si on ne peut pas le faire en quelques mois, moi,
j'ai confiance qu'on va arriver à bon port. Et je n'en ai pas, je n'en ai pas
la solution, là, je ne présume même pas de la solution, mais j'ai confiance
qu'on va arriver à une solution.
Et j'ai rencontré...
D'ailleurs, je dois vous dire que, quand je suis arrivée comme ministre de
l'Enseignement supérieur, une des premières rencontres que j'ai eues, c'est
avec Bernard Tremblay, le président de la fédération, et son équipe, et ils
m'ont parlé tout de suite de ce dossier-là, et il a des idées. Et j'ai
rencontré aussi l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, ils ont des
idées, beaucoup d'idées. Alors, je vous dirais qu'il faut suivre le processus.
C'est ça qui est important, d'avoir la discipline et la rigueur, de ne pas
présumer «de», de ne pas faire des hypothèses sans avoir tous les faits. Et on
ne les a pas, tous les faits, actuellement. L'étude, l'analyse n'est pas faite,
c'est l'office qui va la faire avec les ministères impliqués.
Donc, si vous
souhaitez un complément d'information là-dessus, moi, Mme la Présidente, je
peux donner la parole à la présidente de l'Office des professions.
• (14 h 50) •
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, Mme la ministre. Est-ce que vous...
Une voix : ...
La Présidente
(Mme Guillemette) : Parfait, merci. Madame.
Mme Legault
(Diane) : Merci, Mme la Présidente. Effectivement, il y a quelques
années, on a mis sur pied, pour traiter ces demandes-là de façon... puis
valoriser la concertation gouvernementale, on a mis un processus, un nouveau
processus sur pied et qu'on anime, là, on est avec le Conseil du trésor,
l'Enseignement supérieur, la Santé et l'office,
puis on analyse les demandes. On en a analysé une qui avait été formulée par
l'ordre des inhalothérapeutes et puis qui
était au collège — ils
ont une formation collégiale — qui
voulait aller au bac. Puis après 10 mois d'analyse, là, on a des
mécanismes qui sont bien établis, il y a une décision qui a été rendue à
l'effet de ne pas rehausser au bac, en tenant compte toutefois des centaines
d'heures, là, je pense qu'il y avait 200 heures d'orientation qui étaient
données par le ministère de la Santé. Donc,
toutes les informations ont été mises en commun, les analyses ont été faites
par chacun des ministères, puis
ensuite, bien, la conclusion et la décision qui est communiquée à l'ordre est
une décision gouvernementale. Alors, c'est un historique récent
relativement à la prise de décision en lien avec les demandes de rehaussement.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Ça, ça date de mes études
de crédits de l'an passé : rehaussement, inhalothérapeutes. Alors, en
voilà un qui est un peu réglé. J'aimerais ça que... Peut-être, je suis
pessimiste, mais il faudrait créer un grand chantier. Vous pourriez, avant de
partir, laisser un petit mémo, là, puis dire : Ça doit se régler dans la
prochaine année, là. Mais c'est parce que ça touche, en même temps, la question
de qu'est-ce qu'un D.E.C. technique puis qu'est-ce qu'un bac. Puis vous avez raison, vous avez raison de dire qu'il y
a des actes réservés pour les D.E.C. techniques, mais que, quand on est bachelière, c'est d'autres actes additionnels que
nous pouvons poser, même que plusieurs hôpitaux, ou départements, ou, comme... soins intensifs exigent un baccalauréat
pour... Ils affichent ça dans leurs postes : Tu ne rentres pas dans tel
poste si tu n'as pas un bac. Mais c'est correct, c'est normal, je veux dire,
c'est des niveaux différents, des actes différents.
Mais déjà, en 2015,
il y avait un magnifique rapport qui s'appelait Retracer les frontières des
formations collégiales : entre
l'héritage — donc,
années 70 — et
les possibles, et... Conseil
supérieur de l'éducation. Puis on relit ça, et tout est encore
d'actualité, puis ça fait sept ans. Alors, ils avaient des choses... Quand vous
dites qu'il y a des idées intéressantes, une
des idées : créer un diplôme collégial d'étude spécialisée aux finalités
et au positionnement redessinés; créer un D.E.C. technique avancé
témoignant d'un niveau d'exigence supérieur; favoriser la création — attention,
ça, ça fait peur aux universités — d'un baccalauréat collaboratif collège et
université. Bien oui, ça pourrait se faire, ça, un parcours beaucoup plus
intégré. Un autre : poursuivre les travaux relatifs à l'introduction d'un
baccalauréat appliqué au collégial. Là, si vous voulez que les universités
capotent, là, on est bien partis parce que c'est sûr que dire le mot
«baccalauréat appliqué», eh! ça, ça fait grincer des dents, mais ça existe dans
d'autres provinces, on n'invente pas rien, là. Mais ils ont osé l'écrire dans
le rapport. Puis c'est le Conseil supérieur de l'éducation, c'est
collectivement, au Québec, un des conseils dont on s'est doté pour dire :
On a besoin d'un lieu de réflexion.
Et
donc ces gens-là se sont penchés là-dessus en 2015, puis là on est encore à se
dire : Oui, non, oui, non, peut-être. Puis, pendant ce temps-là, vous avez raison, quand le ministre Dubé, là,
quand le titre de l'article... Je vais le trouver, là. Excusez, je ne sais plus où est-ce qu'il est.
Alors, tu vas me le retrouver... «"Pas question de se priver des
infirmières du collégial", tranche le ministre» — qu'on nomme par son nom — pas
question de se priver — ça,
c'était en septembre 2021 — surtout avec la crise que l'on vit, on
n'en est pas là", dit le ministre de la Santé et Services sociaux,
balayant du revers de la main l'idée que les infirmières devraient
nécessairement décrocher un baccalauréat.» Le ministre dit avoir pris
connaissance du rapport, donc, de Francine Ducharme et Robert Salois, qui
propose que les infirmières ne puissent plus entrer dans la profession par une
formation collégiale.
On le sait, le
commissaire Salois puis Mme Ducharme, qui était doyenne à l'époque — je ne
suis pas sûre qu'elle l'est encore, là — de sciences infirmières à
l'Université de Montréal...
Une voix : ...
Mme David : Pardon?
Une voix : ...
Mme David : C'est ça. Alors
donc : «Ce diplôme universitaire obligatoire, que l'Ordre des infirmières
appelle de ses voeux depuis des années — des années, là — n'est
pas ce que souhaite le ministre.» Alors là, M. Tremblay «a pour sa part
dit trouver honteux que cette recommandation soit faite, alors que toute
l'énergie devrait plutôt aller à la rétention des infirmières et aux conditions
d'exercice.» Il dit : «Je suis en poste depuis sept ans, et c'est même
avant mon arrivée qu'on le réclamait du ministère de l'Éducation supérieure.»
Il parle de la révision du programme. Alors, sept ans, déjà, puis là vous étiez
à peine arrivée en poste.
Là, le comité de modernisation existe, sauf que,
bien, il ne s'est pas réuni souvent, là, ce comité-là n'a eu qu'une réunion,
puis c'est le 21 mars. Ça, c'est dans les notes de votre ministère,
21 mars 2022, où j'ai même l'ordre du jour : Mot de bienvenue;
modernisation de la formation collégiale; rôles et responsabilités des parties
prenantes; démarrage des travaux; étapes à venir; modalités de collaboration;
échanges et questions; clôture de la rencontre. Et donc ça, là, c'est le
21 mars. Et votre communiqué de presse, Mme la ministre, date du
8 octobre 2021. Là, là, là, je trouve
que ça fait bien des petits mois entre le 8 octobre puis le 21 mars.
Pour des gens qui veulent aller vite, là, s'il y a huit mois entre
chaque réunion de comité... Vous puis moi, je vous le dis, là, dans cinq ans,
là, je vous invite à prendre un café, puis
ils auront eu cinq réunions, à ce rythme-là. Alors, on fait quoi? On fait quoi
avec ce comité qui a pris six mois avant même de fixer une date de
rencontre?
La Présidente (Mme Guillemette) : Mme
la ministre
Mme McCann : Oui. C'est parce
qu'entre les rencontres dont vous parlez, il y a d'autres rencontres, il y a
des travaux qui se font, hein? Moi, j'ai une liste ici, à l'hiver, des
rencontres qui ont eu lieu avec le ministère de la Santé, rencontre avec l'OIIQ
pour présenter les travaux de documentation, l'analyse, rencontre avec
l'Association des enseignants en soins infirmiers. Au printemps, il va y avoir
des rencontres avec les représentants. La liste est longue. C'est qu'il y a des
travaux entre les réunions du comité, vous savez ce que c'est, dans des grands
chantiers comme ça.
Mais je vais vous répondre... bien, je veux
répondre à la députée de Marguerite Bourgeoys sur ces dossiers. On a vu comment
certains dossiers ont été bloqués à cause de la pandémie. La pandémie a changé
beaucoup de choses dans notre urgence d'agir, et même avant la pandémie. Je
vais vous parler d'un dossier que je connais bien puis qui est concomitant : les IPS. Ça faisait combien
d'années qu'on voulait que nos infirmières praticiennes spécialisées
posent un diagnostic? Et je suis certaine que ma collègue se souvient de toutes
les embûches. Et on parle au moins d'une décennie, où est-ce qu'on voulait que
nos IPS posent un diagnostic. Et finalement on a réussi.
Et là je n'en parlerai pas longuement, parce
qu'on n'a pas le temps et ce n'est pas l'objet, mais ça prend une volonté
politique et ça prend une volonté de partenaires très importants dans ces
dossiers, et l'environnement. Et la pandémie vient changer beaucoup de choses.
Si on a réussi à débloquer des dossiers comme les IPS, et vous avez vu, après, les pharmaciens, puis il y en a d'autres
qui ont débloqué après... Et on pourra parler peut-être de décloisonnement
en santé, qui est un fer de lance, là, actuellement, dans la refondation, et
dont l'office... L'office va participer activement. Alors, moi, je crois
qu'avec une volonté politique on peut faire débloquer des dossiers qui urgent
vraiment.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
30 secondes, Mme la députée.
Mme David : Oui, bien, c'est ça, je
voulais prendre 30 secondes pour vous féliciter de ça. IPS, ça, j'ai
tellement travaillé ce dossier-là dans toutes sortes de fonctions, y compris à
l'université. Puis là je regarde la présidente de l'Office des professions,
c'est sûr que les ordres professionnels, dont un qui s'appelle le Collège des
médecins... Mettons que, quand vous dites : Ça prend de la volonté
politique, je comprends exactement ce que vous dites. Et, pour ça, je vous
félicite, je félicite ce gouvernement. Quand même!
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Donc, vous aurez la chance d'avoir un autre bloc avec
Mme la ministre. Et je cède la parole à la députée de Gaspé.
• (15 heures) •
Mme Perry Mélançon : Merci, Mme la
Présidente. J'aimerais commencer en parlant de la loi 101 au cégep. La
ministre a sûrement entendu parler de ce mouvement qui prend beaucoup... qui
gagne en popularité auprès, notamment, de la population enseignante collégiale.
On est rendus à 31 syndicats de professeurs, au cégep, qui ont voté pour
l'application de la loi 101 au cégep, même des cégeps de région qui ont
voté. Il faut dire, c'est 31 votes pour sur
31, donc c'est quand même très, très considérable, l'engouement, finalement, et
la volonté qu'ont nos professeurs de cégep, nos enseignants, qui voient
la réalité sur le terrain, qui sont les premiers à noter, finalement, que
l'anglais prend beaucoup, beaucoup, beaucoup d'espace dans le réseau collégial,
même chez les étudiants francophones, et qu'on est en train de former beaucoup,
beaucoup d'étudiants, aussi, qui vont aller choisir des métiers qui vont être
plus en langue anglaise, même une fois sur le marché du travail.
Donc, on sait aussi que la ministre a reculé,
récemment, sur l'agrandissement du collège Dawson puis l'augmentation du nombre de places. Donc, ça, je suis tout à fait
d'accord avec cette décision-là, c'était la chose à faire. Mais quand
est-ce que ce sera le cas pour la loi 101 au cégep? Est-ce qu'on va aller
de l'avant? Est-ce qu'on peut connaître l'avis de la ministre sur cet enjeu-là
qui est très important au Québec?
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Mme la ministre.
Mme McCann : Oui.
Bien, moi, je pense que le p.l. n° 96, là, c'est une
approche très équilibrée et qui protège le français. Moi, je pense aussi que,
quand on arrive à l'âge de 17, 18 ans, là, on peut faire un choix, là,
d'aller au cégep de son choix, là, justement. Et les établissements anglophones
doivent prioriser les ayants droit.
Moi, j'ai entendu beaucoup de commentaires, même
avant les discussions sur le projet de loi n° 96, de gens qui me disaient
qu'il y a des personnes anglophones qui n'arrivent pas à entrer au cégep
anglophone. Alors, nous, dans le projet de loi n° 96, il y a une clause
qui dit que les cégeps anglophones doivent prioriser les ayants droit. Et
évidemment on s'assure, là, on souhaite vraiment que ce soit fait.
Maintenant,
au niveau du français, je pense que ce qui a été proposé dans le projet de loi
n° 96, c'est extrêmement intéressant
que les allophones, les étudiants allophones et francophones vont avoir à
passer l'épreuve uniforme de français maintenant dans les cégeps
anglophones. Donc, ils vont devoir suivre leurs deux cours en... leurs trois
cours, plutôt, en littérature française,
etc., pour se préparer à l'épreuve uniforme de français, et ils vont devoir
suivre, en plus, trois cours en français. Ça veut dire que ça va être
huit cours... six, oui, les mathématiques, huit cours en français quand on va
dans un cégep anglophone. Et les ayants droit, les étudiants ayants droit, eux,
ils vont devoir suivre ou trois cours de français en plus de leurs deux cours
de langue seconde...
La Présidente (Mme Guillemette) : En
terminant, Mme la ministre.
Mme McCann : ...ou des cours en
français, selon leur choix. Alors, moi, je pense, c'est une grande avancée et
qu'on va vraiment, de cette façon-là, protéger le français.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la ministre. Mme la députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Mais moi, je
veux savoir, en fait, si la ministre s'inquiète de cette nouvelle tendance qui
est de plus en plus grande chez les francophones de choisir justement... vous
parlez d'avoir le choix, mais on voit que de plus en plus d'étudiants
francophones choisissent cette nouvelle tendance d'aller s'éduquer en
enseignement supérieur en anglais parce que ça ouvrirait plus de portes dans
l'avenir. Je pense que le gouvernement a une responsabilité, tout de même, de
dire : Il y a d'autres façons d'apprendre l'anglais. Moi, je le parle bien,
l'anglais, je maîtrise cette langue-là, puis
je l'ai appris dans un stage dans les Caraïbes, ça a été super, je n'ai pas eu
besoin d'aller donner de l'argent
dans des collèges ni privés ni anglophones. Il y a d'autres moyens pour ça.
Donc, est-ce que le gouvernement du Québec ne s'inquiète pas de cette...
et la ministre ne s'inquiète pas de cette tendance?
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Mme la ministre.
Mme McCann : Bien, écoutez, il y a
un élément que je n'ai pas mentionné tout à l'heure, qui est très important,
c'est qu'on a plafonné les devis des cégeps anglophones, alors il n'y aura pas
de progression pendant 10 ans. Donc, ça, c'est dans le projet de loi n° 96,
on garde le même nombre d'étudiants dans les cégeps anglophones à la hauteur de
ce qu'il y avait au niveau des devis de 2019. Alors, il n'y aura pas de
progression.
Mme Perry Mélançon : C'est déjà un
problème, donc il y a déjà trop d'étudiants qui vont vers les cégeps
anglophones puis qui, ensuite, prennent des... qui vont vers des métiers dans
lesquels ils vont parler majoritairement anglais. Donc, j'en comprends que dans
la Coalition avenir Québec il y a deux camps, il y a les nationalistes qui sont
un petit peu plus minoritaires et il y a le camp des fédéralistes, où est-ce
qu'on les retrouve en grand nombre au Conseil des ministres, et, finalement, je
comprends dans lequel des camps la ministre se loge.
La Présidente (Mme Guillemette) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Écoutez, moi, je
réitère que le projet de loi n° 96 protège la langue française. Quand on
est rendu à donner huit cours, dans nos cégeps anglophones, en français, nos
étudiants vont avoir la possibilité vraiment d'apprendre le français et d'être
très à l'aise avec la langue française. En plus, il faut se souvenir qu'on va
avoir 22 000 étudiants francophones de plus dans la grande région de
Montréal, et on développe nos cégeps francophones dans la grande région de
Montréal. Alors, ces 22 000 étudiants, ils vont aller dans les cégeps
francophones. Donc, la proportion des cégeps anglophones va diminuer parce
qu'évidemment le dénominateur, encore une fois, va être augmenté. Donc, on va
être en meilleure position, bien meilleure position pour protéger la langue
française.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Mme la députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Bien, je suis
déçue qu'on aille à l'encontre de la volonté des syndicats des enseignants qui
sont, je pense, encore mieux placés que des membres du gouvernement pour
constater l'effet de s'éduquer en anglais sur des Québécois de langue
française, et que ça a un réel impact sur le déclin de notre langue puis notre
identité pour les générations futures. Je pense que... Nous, ça vient de notre
aile jeunesse, hein, et, par la suite, il y a eu un vote, justement, dans nos instances pour qu'on veuille
appliquer la loi 101 aux cégeps. Donc, c'est aussi une volonté des
jeunes, pas seulement des enseignants, mais il y a beaucoup de jeunes qui
veulent aussi protéger la langue française au Québec.
On va rester dans ce thème-là, mais en parlant
de plusieurs étudiants étrangers francophones qui ont connu le triste sort de
se faire bloquer pour venir étudier dans nos cégeps français, justement,
francophones, partout dans nos régions du Québec, des
étudiants africains qui ont été refusés à la hauteur de 80 %, alors que le
Québec est en accord avec des dossiers d'immigration francophone, évidemment.
Donc, on sait... bien, c'est certain que c'est beaucoup par les études que le
taux de rétention est bon, surtout dans nos régions. Les immigrants qui
viennent étudier, souvent, vont s'installer
parce qu'ils se font une vie dans leur ville étudiante, puis ils vont
probablement y demeurer. Alors, est-ce que le gouvernement a eu de
nouvelles communications, justement, avec le fédéral sur cette question-là? Où
en sommes-nous?
La Présidente (Mme Guillemette) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Oui, bien, c'est un
sujet dont j'ai beaucoup discuté avec le ministre de l'Immigration, le ministre
Boulet, et j'ai même moi-même envoyé une lettre il y a quelque temps au
ministre de l'Immigration canadien, fédéral, parce que j'étais extrêmement
préoccupée. Le ministre de l'Immigration l'est tout autant que moi. Et je
trouve que c'est malheureux, ça affecte même la réputation de nos
établissements d'enseignement supérieur, puis nous, on voudrait vraiment
accueillir de plus en plus des étudiants francophones d'à travers le monde.
Alors, c'est un enjeu majeur, mais je sais que mon collègue, le ministre
Boulet, travaille beaucoup avec le ministre fédéral sur cette question, puis on
a vraiment espoir de faire débloquer le dossier, parce que c'est vraiment de
juridiction fédérale, mais on fait toutes les pressions nécessaires pour que le
dossier évolue. Et notre objectif, c'est vraiment d'accueillir beaucoup plus
d'étudiants des pays francophones.
• (15 h 10) •
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Mme la députée.
Mme Perry Mélançon : Oui. C'est
paradoxal parce qu'on dit qu'on a la volonté d'en accueillir plus, mais on ne
va pas rapatrier ces pouvoirs-là au fédéral, sachant que ça fait bien leur
affaire quand on a une immigration ou des étudiants qui vont plutôt vers les
universités anglophones, qui parlent anglais et qui vont contribuer à
l'anglicisation du Québec. Donc, on n'a pas les mêmes souhaits, hein, dans les
deux paliers de gouvernement. Et j'aimerais savoir s'il y a des nouvelles
données. En fait, est-ce qu'on est en mesure de savoir s'il y a eu d'autres
refus de ce genre-là d'étudiants étrangers francophones d'Afrique depuis ce qui
est sorti dans les nouvelles?
La Présidente (Mme Guillemette) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien, ce que je peux
dire aujourd'hui, c'est que, comme je le disais dans mon intervention
précédente, le ministre de l'Immigration, là, le ministre Boulet est très,
très, très actif dans le dossier. On espère vraiment
que le dossier va débloquer, va évoluer dans un futur pas très lointain. Je ne
peux pas donner plus d'informations parce qu'évidemment il faut laisser
le ministre de l'Immigration faire ce travail avec son collègue du fédéral.
Mais, comme gouvernement, là, évidemment, ces pouvoirs sont très importants
parce qu'ils affectent nos universités. Puis on a d'excellentes universités et
cégeps, on le sait, dans les différentes régions du Québec, qui accueillent
déjà des étudiants internationaux, des cégeps des régions. Puis on a des
universités francophones qui font un excellent travail. Mais nous, ce qu'on
veut, c'est augmenter.
Alors, encore une fois, Mme la Présidente, je
réitère, je sais que je me répète, mais je veux vraiment insister sur le fait
que c'est un dossier très prioritaire pour nous et que le ministre de l'Immigration
y travaille de façon très intensive actuellement.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Mme la députée.
Mme Perry Mélançon : Oui, bien,
j'aurais aimé justement peut-être en savoir plus sur ces actions intensives que
le ministre pose, parce que, là, je n'ai pas vu vraiment d'action concrète
depuis que ça s'est passé puis que c'est sorti dans les journaux. Je n'ai pas
vu rien de concret sur le terrain pour freiner cette injustice-là, l'arrêter,
donc j'aurais souhaité avoir des réponses peut-être un peu plus précises. Mais
je comprends, finalement, qu'il n'y a pas d'action concrète encore de mise sur
pied, là, on est dans les discussions seulement.
Mme McCann : Bien, il y a des
actions concrètes dans le sens qu'il y a beaucoup de représentations, et ma
collègue sait à quel point c'est important ces représentations intensives de
mon collègue ministre de l'Immigration.
Mme Perry Mélançon : Important, mais
pas très fructueux, il faut dire.
Mme McCann : Bien, je pense, Mme la
Présidente, que ces dossiers-là, parfois, il faut attendre un petit peu pour
voir l'aboutissement. Il y a eu des élections fédérales récemment. Ça aussi, ça
a mis un délai, parce qu'on a un nouveau ministre au fédéral, donc, qui doit
prendre possession de ses dossiers, etc. Ça, ça a créé certains délais, mais
c'est repris, et je pense qu'on ne ménage pas nos efforts.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Mme la députée.
Mme Perry Mélançon : Oui, puis
justement, je ne sais pas si vous avez vu le premier ministre Trudeau, qui a
fermé la porte carrément au gouvernement du Québec de donner, de céder des
pouvoirs en Immigration. Je ne sais pas si vous avez un
avis là-dessus, justement, c'est sorti hier. Donc, ce que le Québec souhaitait,
là, aller chercher ces pouvoirs-là, 100 % des pouvoirs, il s'est fait
fermer la porte à ça. Donc, est-ce que vous pensez que ça va nuire à vos
discussions peut-être, justement, avec le ministre de l'Immigration?
Mme McCann : Bien, moi, je pense que
le ministre de l'Immigration va apporter les bons arguments à son collègue.
J'ai bien confiance en lui. On a des échanges, lui et moi, il est très sensible
à cette question, au niveau de l'Enseignement supérieur, et j'ai confiance que
les discussions vont amener de l'évolution. Il faut continuer.
Mme Perry Mélançon : Maintenant, je
regarde dans le PQI, il y a près de 70 % des investissements en
Enseignement supérieur qui ont été placés dans le Royal Vic. Si on revient
un petit peu, là, dans les investissements initiaux du gouvernement, on parlait
d'environ 37 millions pour mettre le projet en branle. Après ça, on avait
des investissements prévus, pour aider à la
rénovation, de 475 millions. Mais là, si je regarde dans le nouveau PQI,
là, il y a un montant prévu pour la réfection du Royal Vic qui
semble avoir bondi de 50 millions de dollars pour maintenant atteindre
522 millions. Je veux juste être sûre, là, qu'on me... bien, qu'on puisse
peut-être nous expliquer d'où vient l'augmentation de 50 millions.
Mme McCann : Je m'excuse, je n'ai
pas compris la dernière partie de votre question.
Mme Perry
Mélançon : Oui. En fait, le 50 millions, si on pouvait
nous justifier ou nous expliquer d'où il vient. Dans le PQI, là, si je
regarde, je n'ai pas la source de la page, là, mais c'est le 787 millions
de dollars pour l'Enseignement supérieur. Là-dessus, moi, je vois, là, autre
enveloppe pour de nouvelles initiatives, il semble y avoir un 50 millions
de plus pour le Royal Vic, pour finalement atteindre, là, jusqu'à
522 millions.
La Présidente (Mme Guillemette) : 30 secondes,
Mme la ministre.
Mme McCann : Je vais vérifier.
Écoutez, pendant que je cherche le montant, exactement...
Mme Perry Mélançon : Mais est-ce
qu'on a rajouté des investissements dans le Royal Vic, sûrement que vous
savez ça, oui ou non?
Mme McCann : C'est parce que vous
avez mentionné 50 millions.
Mme Perry Mélançon : Dans le nouveau
budget, est-ce qu'il y a des nouveaux investissements pour le Royal Vic?
Mme McCann : Il y a
787 millions. Et, là-dessus, il y a un ajout pour le Royal Vic. Mais
je cherche la donne, là, actuellement, mais la grande majorité, c'est pour des
établissements francophones.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la ministre. Donc, je cède la parole à Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys
pour son dernier bloc. Mme la députée.
Mme David : Alors là, le menu, j'ai
des choix épouvantables à faire. Je vais commencer et je vais essayer d'aller
vite, puis vous savez que j'aime parler, alors ça va être très difficile. Je
vais vous poser une question qui n'est pas un piège, mais je veux que ce soit
un révélateur pour ceux qui nous écoutent : Est-ce que vous savez, ou
quelqu'un derrière vous, je suis sûre qu'ils le savent, à combien d'erreurs par
tranche de 900 mots les étudiants ont droit, des erreurs de français, de
grammaire, d'orthographe, dans l'épreuve uniforme de français?
Mme McCann : Ah! je l'ai vue, cette
donnée, Mme la Présidente. Ça, ça me frustre, quand je ne me souviens pas de
cette donnée-là. Alors, on va me la donner. Oui?
Une voix : ...
Mme McCann : Alors, je vais vous la
dire tout de suite.
Mme David : Bien, écoutez, je peux
vous la donner parce que, moi, je l'ai.
Mme McCann : Bon, bien, allez-y,
allez-y.
Mme David : 30 erreurs.
Mme McCann : D'accord.
Mme David : On a des profs ici, là,
30 fois le participe passé qui est mal accordé, il n'y a pas de s, ce
n'est pas au féminin, ce n'est pas au masculin, etc., 30 erreurs dans
900 mots. 900 mots, là, c'est facile à vérifier avec les ordinateurs, c'est à peu près une page et demie de texte.
Ça, ça s'appelle l'épreuve uniforme de français à la fin du collégial.
Imaginez, imaginez ce qu'on...
Alors, Pascale Lefrançois, celle qui a
gagné l'épreuve de... le concours international d'orthographe, ce n'est pas
rien, qui est doyenne de la Faculté des sciences de l'éducation à l'Université
de Montréal, elle dit : «Pour réussir l'épreuve uniforme de français au
collégial — puis
c'est là que vous avez dû le voir, je l'ai retrouvé hier — on
permet un maximum de 30 erreurs — maximum, ça, c'est avant de
commencer à enlever des points, les profs vont reconnaître ce que ça veut dire — un
maximum de 30 erreurs sur 900 mots. Donc, quand on arrive à
l'université — parce
que, là, c'est pour finir le cégep, ça — il ne faut pas s'étonner que
des étudiants commettent 30 erreurs dans un texte de 900 mots.»
Alors, mesdames, quand on corrige des travaux, on le sait, des fois, on est
plus professeures de français que professeures de contenu.
Pourquoi je vous dis ça? Elle a gagné la dictée,
championne mondiale de la Dictée Bernard-Pivot, en 1990. Mon Dieu, elle était
toute jeune. Alors : «Mais là où le bât blesse, c'est vraiment la maîtrise
de la langue, plus spécifiquement — ce qui est difficile et
plate, là — l'orthographe
et la syntaxe.»
Alors : «Préoccupée par la maîtrise du
français aux études supérieures, la ministre a demandé un diagnostic à un
comité d'experts. Il doit remettre son rapport à la fin de décembre.»
Décembre 2021.
Alors, Mme la ministre, vous me voyez venir,
est-ce qu'il y a eu un rapport? On est rendu au mois de mai. Qu'est-ce qu'il
contient puis qu'est-ce qu'on fait pour ça?
La Présidente (Mme Guillemette) : Mme
la ministre.
• (15 h 20) •
Mme McCann : Oui, bien, Mme la
Présidente, c'est un point important parce qu'on est très, très préoccupés par
l'apprentissage du français. Je suis très préoccupée. Quand je me suis aperçue
que le taux de réussite à l'épreuve uniforme de français est de 10 %
inférieur, par exemple, au taux de réussite de l'épreuve uniforme en anglais...
Bon, vous allez me dire, effectivement, il y a une dimension, là, qui est la
complexité de la langue, là, puis je suis entièrement d'accord, mais il faut faire quelque chose, là. Et 30 erreurs
d'orthographe... Parce qu'au niveau... à d'autres niveaux, dans
l'épreuve uniforme de français, nos étudiants, j'ai eu l'occasion de le
vérifier, vont bien. Leurs scores, je ne sais pas si je peux dire ce mot-là,
leurs résultats sont très bons. C'est vraiment au niveau de l'orthographe qu'il
y a un problème.
Alors, ce groupe d'expertes, effectivement, m'a
remis son rapport, là, que j'avais demandé. J'avais demandé ça, je pense que
c'est à la fin de l'été passé, et je voulais avoir un rapport dans les
prochains mois, et elles ont fait un très, très bon travail. Et on est en train
de l'analyser, ce rapport-là, parce qu'il est très important puis il est quand
même étoffé. Et j'espère, j'espère que ce
rapport va nous aider à élaborer des stratégies concrètes pour améliorer
l'apprentissage du français. Et je le dis
vraiment, concrètement, on a un diagnostic, là, quand on parle de
l'orthographe, mais le groupe d'expertes, moi, je leur ai demandé :
Allez plus loin, là, expliquez-nous, là, comment se fait-il que... Alors,
l'analyse est en train de se faire, là, du rapport, au ministère, mais j'espère
qu'avec ce rapport puis avec d'autres données que nous avons et d'autres
stratégies on va arriver à poser des actions pour le français, pour
l'apprentissage du français, pour la langue, mais aussi pour la réussite de nos
étudiants.
Les gens à qui je parle dans le réseau... Je me
rappelle d'une rencontre avec le président de la fédération,
Bernard Tremblay, qui m'a bien dit que c'est la donne, c'est là-dessus
qu'il faut travailler, que c'est ça qui... Vous savez, quand on parle du 80-20,
là, bon, bien, c'est le 20 % d'investissement, mais 80 % de résultat.
C'est vraiment l'apprentissage du français qui est à la base de tout, de tout,
incluant les mathématiques, les sciences, etc.
Alors, j'espère qu'avec ce rapport-là et
d'autres données que nous avons, nous allons pouvoir poser des actions
costaudes pour améliorer la qualité de l'apprentissage du français au niveau
collégial. Et j'ai eu des discussions avec mon
collègue à l'Éducation aussi, le ministre Roberge, parce que c'est un
continuum, tout ça, là. Alors, on mise là-dessus puis on va prendre les
moyens parce qu'encore une fois, puis je termine avec ça, c'est non seulement
la langue, c'est la réussite de nos étudiants. Si l'épreuve uniforme de
français, là, on arrivait à un taux de réussite, imaginez... Bon, on sait que
les gens le reprennent, là, plusieurs fois, mais, regardez, ça retarde la
diplomation. Alors, si on règle une partie de ça, imaginez-vous, 5 %, le
nombre de diplômés qui va augmenter, c'est important. Alors, moi, je pense que,
pour nous, ce sera une priorité.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la ministre. Mme la députée.
Mme David : Je continue et je
répète, vous trouvez que le taux même de réussite de l'épreuve n'est pas
suffisamment fort, et je le répète, ils réussissent en ayant droit à
30 erreurs par 900 mots. Et cette conversation-là, cette
discussion-là, je l'ai eue énormément autour d'un projet de loi que vous
connaissez bien, le projet de loi n° 96, et on en a beaucoup discuté avec
votre collègue le ministre responsable de la Langue française. Et effectivement
on s'est rendu compte, et chez les anglophones et chez les francophones, c'est
un problème, bien, planétaire, la question de la maîtrise du français, on l'a
dans d'autres pays aussi qui ont cette langue en partage, je dirais. Mais, oui,
il faut mettre des efforts sur la partie la plus difficile, la plus plate, là,
on a tous des enfants, là, les dictées, l'orthographe, ce n'est pas la chose
qui est la plus sexy à faire un jeudi soir pour l'examen du lendemain ou de la
dictée que nos enfants ont, mais ça part du primaire, du secondaire, etc.
Donc, moi, j'ai hâte de voir le rapport.
J'espère que vous allez pouvoir nous le rendre public avant la fin de la législature.
Ce serait vraiment intéressant. Et j'appelle de tous mes voeux, puis je l'ai
dit au ministre de la Justice... bien, Justice, Langue française qu'il nous
faut un rapport, un genre rapport Parent n° 2 ou un
grand chantier puis... pour réfléchir à toutes ces questions de maîtrise du
français autant chez les francophones, allophones, anglophones.
Alors, pendant qu'on y
est, je vais vous parler un petit peu du projet de loi n° 96. Vous le
savez que j'ai un peu travaillé là-dessus, mais, justement, parce que j'ai
beaucoup travaillé là-dessus, j'ai écouté deux choses pour lesquelles je veux
absolument des précisions. Pour les bénéfices de nos auditeurs et peut-être
pour que les gens derrière vous ne fassent pas de crise cardiaque, vous avez
dit, et ça doit être une erreur que vous avez faite ou un lapsus linguistique,
qu'il y aurait, en réponse à la députée de Gaspé, huit cours de ou en français,
huit cours. Non, ce n'est pas huit, là, à moins
que le ministre ait changé des affaires puis qu'il nous amène avec des
surprises la semaine prochaine. C'est cinq cours. C'est deux obligatoires dans les cours de langue
seconde, que tout le monde a toujours eu depuis 50 ans, et c'est trois
cours de ou en français. Est-ce que c'est un lapsus que vous avez fait? Non? O.K.,
expliquez-moi le huit.
La Présidente (Mme Guillemette) : Mme
la ministre.
Mme McCann : C'est que c'est
obligatoire, pour passer l'épreuve uniforme de français, c'est obligatoire,
dans le régime collégial, d'avoir trois cours en littérature ou...
Mme David : ...des étudiants
anglophones, là.
Mme McCann : Non, non, je parlais
des étudiants allophones et francophones. Voilà.
Mme David : O.K. Donc, mais je veux
rassurer quand même les étudiants ayants droit, entre guillemets, c'est cinq.
O.K., on s'entend, ça va.
Quand vous avez dit : C'est plafonné
pendant 10 ans, les cours, je vous ai questionnée l'an dernier là-dessus,
les devis, ce n'est pas plafonné pendant 10 ans avec les amendements que
le ministre a apportés, de la Langue française, c'est à vie, ce
plafonnement-là, ce n'est pas 10 ans. Moi, j'ai essayé de... Tu sais,
bien, là, il y a votre collègue qui a dit 10 ans. Puis vous, vous
dites : Avec les amendements, non, c'est dans la loi, puis c'est comme ça.
Bien là, je m'inquiète, là, je ne sais plus si c'est à vie ou si c'est pour
10 ans, exemple, le 9 715 étudiants dans le devis de Dawson. Je
n'ai pas les autres devis par coeur.
Mme McCann : L'explication est
simple, c'est qu'au ministère on qualifie pour 10 ans, bien, c'est 2029,
hein, jusqu'en 2029, même, c'est pour sept ans, là. Mais la loi a préséance,
là, bien entendu, on se comprend.
Mme David : Donc, ce n'est pas
10 ans, là, ce n'est pas 2029.
Mme McCann : Bien, en fait, ce que
j'exprimais, c'est la planification qu'on a faite, des devis, mais, vous
comprenez, quand la...
Mme David : Oui, ça, ce n'est pas la
même chose, mais c'est parce que les cégeps qui vous écoutent vont peut-être
êtes bien contents de voir que votre interprétation prime sur celle du
ministre.
Mme McCann : Non, non, et vous me
permettez de clarifier, c'est très bien. Alors, si la loi est adoptée, c'est à
vie, parce que la loi a préséance, hein, on se comprend, là. Il ne faut pas
qu'il y ait d'ambiguïté.
Mme David : Bon, bien, c'est parce
que, là, ils retrouvaient espoir depuis 20 minutes, là, alors...
Mme McCann : Non, non, je comprends
très bien, là, puis on clarifie tout de suite.
Mme David : Bon. Alors, la liste des
principaux changements apportés dans ce projet de loi, qui vous concernent, là,
qui vous concernent, je vais le dire rapidement, là, mais c'est les principaux,
parce qu'il y en a d'autres : catégorisation des établissements, bon,
basée sur la langue d'enseignement, les anglophones, les francophones; ajout de
trois cours de ou en français; plafonner... plafonnement baissier des devis
pour les collèges anglophones; imposition d'un
maximum de 2 % d'étudiants pouvant suivre une formation en anglais dans
les collèges francophones; plafonnement du nombre d'étudiants pouvant suivre une A.E.C. dans les collèges
anglophones; imposition d'une pénalité pour les collèges anglophones
dans le cas de dépassement des devis; la ministre de l'Enseignement supérieur doit
transmettre les règles budgétaires au ministre de la Langue française avant de
les acheminer au Trésor; les cégeps devront avoir l'approbation de la ministre
de l'Enseignement supérieur pour offrir dans une autre langue que le français
une activité de recherche appliquée, une activité de formation de
main-d'oeuvre, une aide technique à une entreprise ou d'information; imposition
de l'épreuve uniforme de français pour les étudiants des collèges anglophones
issus du secondaire français. Application dès 2024.
Et ça, c'est
une... vraiment une liste des plus frappants. Alors, tout ça, 2024. Comment
vont-ils... parce que vous ne serez plus là, moi non plus, mais comment
vont-ils réussir ce tour de force au ministère?
Mme McCann : Bien, écoutez, Mme la
Présidente, je vais juste mentionner aussi, si vous le permettez, qu'on demande également que, pour les gens qui viennent
suivre une A.E.C. dans les établissements anglophones, les collèges
anglophones, qu'ils aient un cours qui leur permette d'avoir une connaissance
pratique du français, là, quand ils sortent du
collège, là, de leur formation, qu'ils puissent fonctionner en français. Alors,
ça aussi, c'est un autre élément important du p.l. n° 96, parce qu'on a
quand même un certain nombre d'étudiants, là, qui font des A.E.C. dans des
collèges anglophones. Il ne faut pas les oublier.
Alors, moi, je peux vous dire, Mme la
Présidente, qu'une des premières choses qui sera faite, parce que, là... puis
on... le ministère, et les gens m'entendent, là, sont à pied d'oeuvre déjà,
hein, ont beaucoup travaillé, on a eu des rencontres. Parce que, bon, le projet
de loi n'est pas adopté, mais il faut se préparer s'il est adopté. Et on a déjà
une planification qui inclut la création d'un comité consultatif avec les cégeps
anglophones, la Fédération des cégeps, l'Association des collèges privés. Il va
y avoir une première rencontre dès que la loi va être sanctionnée, si elle est
sanctionnée.
Donc, ce que
je dis en parlant de cet élément-là en premier, c'est la concertation. Moi,
j'ai eu quelques rencontres, là, avec
les établissements anglophones, et je leur ai dit, là, qu'ils seraient
consultés, qu'on travaillerait ensemble, qu'on accompagnerait. On a tous
un objectif commun, c'est que nos étudiants diplôment. Alors donc, la création
de ce comité est très importante.
Il va y avoir également un comité de
collaboration entre le ministère de l'Enseignement supérieur puis le ministère de la Langue française. Première
rencontre dès que la loi, elle est sanctionnée. Création d'un comité de
travail avec les établissements anglophones pour convenir d'un scénario pour
l'épreuve uniforme de langue, évidemment, puis un scénario pour les trois cours
en français. Et on va faire une première rencontre dès qu'il va y avoir approbation
des scénarios puis sanction de la loi.
Alors, on se prépare déjà, et nos travaux vont
être très importants. Il faut arriver à bon port pour 2024, vous avez
absolument raison, et faire en sorte que les conditions soient réunies. Et on
sait les enjeux, hein, il y a des enjeux de réorganisation de cours. Il faut
qu'il y ait des profs aussi qui puissent donner ces cours-là. Alors, on va
mettre l'épaule à la roue. Le ministère est déjà très, très actif là-dessus
avec les établissements. Et on va passer à travers si on travaille en
partenariat avec la Fédération des cégeps et les établissements concernés.
• (15 h 30) •
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la ministre. Mme la députée.
Mme David : Alors, je souhaite bonne
chance au ministère. Ça va être des mois extrêmement occupés, comme ils ont... Peut-être la pandémie, déjà, les a
épuisés, mais ça, ça va être... de ce que je connais du fonctionnement de tout
ça, changer le RREC, etc., bonne chance, et je le dis du plus profond de mon
coeur.
On va passer
à du PQI, on va parler business, argent et compagnie, en particulier
l'Outaouais, parce que l'Outaouais a...
Et je me souviens parce que je... on l'avait mis au PQI, vous l'avez confirmé
deux fois plutôt qu'une, le campus unifié de l'UQO, le fameux campus
unifié de l'UQO, 61 millions. Et là ils sont très, très, très inquiets
parce que les coûts ont monté, les coûts ont monté, etc. Puis là on leur
dit : Bien là, faites plus avec moins, c'est-à-dire diminuez le projet,
parce les coûts de construction ont augmenté. Il faudrait que ça soit, pour
garder le projet en l'état où ils ont... où ça a été accepté, à peu près le double d'argent. Alors, ils sont très
inquiets que ce projet-là ne voie pas le jour. La pelletée de terre
devait être en 2024. C'est demain matin, ça, pour un PQI puis de la
construction. On en est où dans ce projet-là?
La Présidente (Mme Guillemette) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Oui. C'est parce que,
excusez-moi, j'entendais «projet de loi», mais vous voulez dire projet
d'infrastructure, hein? C'est bien compris?
Mme David : Bien, qu'est-ce que j'ai
dit, «projet de loi»?
Mme McCann : Oui.
Mme David : Non, projet
d'infrastructure.
Mme McCann : Oui, je voulais juste
être sûre.
Mme David : Je suis un peu...
Mme McCann : Non, non, écoutez,
moi-même, là, des fois, je fais toutes sortes d'acrobaties avec les mots.
Non, écoutez, j'ai même rencontré la rectrice,
là, de l'Université du Québec en Outaouais et je suis très au courant de cette
situation-là, et on y travaille. Et je vais dire, Mme la Présidente, à ma
collègue de Marguerite-Bourgeoys qu'on a un intérêt particulier pour
l'Outaouais. Puis je le dis, on a un intérêt particulier pour tout le monde,
là, toutes les régions sont importantes, mais l'Outaouais étant juste à côté de
l'Ontario, on le sait, les défis particuliers qu'on a en Outaouais, et on veut
retenir davantage nos étudiants. Donc, on doit développer l'offre de services
autant au niveau des cégeps que de l'université. Et ça vient avec
l'infrastructure.
Donc, je ne peux pas en dire beaucoup,
aujourd'hui, parce que je ne peux pas devancer, mais on y travaille très fort
et on est très en lien avec la rectrice de l'université pour que nos projets
aboutissent. C'est à peu près ce que je peux dire aujourd'hui.
Mme David : ...Mme la Présidente, je
me suis trompée. Ce n'est même pas la pelletée de terre, ça devait être promis
d'être construit dans... on appelle ça couper le ruban, là, en 2024.
Alors, ils sont très inquiets.
Et tous ceux qui sont
passés par ce genre de fonction là savent que l'Outaouais est un... Il y a des
gens extrêmement mobilisés, dans cette région-là, très mobilisés autour d'un
regroupement, autour de l'enseignement supérieur.
Il y a la CISSSO, il faut dire C-I-S-S-S-O, là, qui appuie les projets, par exemple,
le cégep de l'Outaouais. Parce que
ça, c'est l'autre sujet, il y a une université puis il y a un cégep, puis,
quand on est ministre de l'Enseignement supérieur, on le sait pas mal
vite.
Mme McCann : Il y en a deux,
deux cégeps.
Mme David : Même
deux. Heritage, oui. Alors... je parlais francophones, disons. Alors, le cégep
de l'Outaouais, effectivement, est toujours craintif, l'UQO aussi, là,
des... ils traversent le fleuve — le fleuve... — la rivière, puis ils
sont de l'autre côté, et il y a La Cité collégiale, etc. Donc là, ils sont...
On a parlé un petit peu de radiodiagnostic, tout à l'heure, mais ils sont en
attente de quatre projets qui pourraient vraiment, là... physiothérapie,
radiodiagnostic, travail social puis gestion et intervention en loisir. Bon,
plus ils vont avoir de beaux programmes comme ça, évidemment, plus ça va être
attractif pour les étudiants. Et puis ça... C'est 20 millions que ça
coûterait, effectivement, puis ça peut demander quelques infrastructures. Mais
comment vous voyez? Justement, vous dites que c'est important, mais là on... il
va y avoir des élections, là, ils vont vous attendre, là. Ils vont attendre.
Ils ont vraiment des besoins particuliers, comme on dit. Ils ont une sorte de
statut particulier. Comment on peut les aider puis les rassurer rapidement?
Mme McCann : Bien, moi, je pense
qu'on peut les rassurer en leur disant, puis on leur a dit, puis je pense
que... On a eu beaucoup de rencontres avec eux. D'ailleurs, je vais vous dire,
d'ailleurs, mes collègues députés en Outaouais m'ont bien sensibilisée, puis le
ministre régional aussi, le ministre Lacombe, aux besoins de la région en
enseignement supérieur. Et on a offert au cégep, entre autres, quelque chose de
particulier pour l'aider à développer des programmes, un accompagnement. On ne
fait pas ça pour tous les cégeps, mais on considérait qu'en Outaouais c'était important de leur donner un coup de pouce
additionnel à cause de la situation particulière qu'ils vivent. Donc, on
a fait ça, et ça a porté fruit. Je ne peux
pas en dire beaucoup plus aujourd'hui, mais je peux vous dire qu'on a fait un
appel de projets, et le résultat est positif. Mais je ne peux pas aller plus
loin, parce que je ne peux pas devancer les étapes.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la ministre. Une minute, Mme la députée.
Mme David : Ah mon Dieu! C'est
épouvantable.
Vous avez mis 232 millions en matière de
combler les besoins d'espace par des locations immobilières. C'est quand même
pas mal d'argent. 39,7 millions en 2022‑2023, et ça continue, 48, 48, 48.
Ça, ça comprend les coûts énormes que ça va prendre pour combler les
10 000 mètres carrés de Dawson, entre autres?
Mme McCann : Mme la Présidente,
c'est difficile de répondre de façon extrêmement précise sur Dawson, mais c'est
sûr que, par rapport à Dawson, moi, j'ai bien dit à la directrice générale que
nous allons l'accompagner et qu'on va trouver des espaces de location pour les
besoins de Dawson. Et il y a des travaux qui se font actuellement. D'ailleurs,
mon sous-ministre aux Infrastructures suit le dossier de très près, a eu des
rencontres de façon soutenue avec Dawson. Donc, ça va... Moi, j'ai confiance
que ça va progresser et que, peut-être, il va sortir des opportunités de ce dossier-là, des nouvelles façons de faire. Mais
il est certain, et c'est bien dit à Dawson, que nous allons
l'accompagner pour trouver des espaces de location.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la ministre. Merci. Donc, je cède maintenant la parole à la députée
de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Foster : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Tout d'abord, permettez-moi de saluer tous les collègues ici
présents pour cet exercice de reddition de comptes qu'est l'étude des crédits
budgétaires. Je salue particulièrement, bien sûr, Mme la ministre de
l'Enseignement supérieur et mes collègues, que ce soit de la banquette
ministérielle ou des banquettes des oppositions. Bien sûr, salutations à tout
le monde qui accompagne Mme la ministre, parce que c'est beaucoup de travail, cette préparation. Pour avoir
déjà fait l'exercice lorsque j'étais dans l'opposition, entre autres,
comme recherchiste, c'était beaucoup de travail, mais je sais que, du côté du
ministère également, c'est beaucoup, beaucoup d'heures de travail. Donc, je
salue toutes les personnes, en arrière, dévouées, du ministère de
l'Enseignement supérieur.
Le premier sujet, Mme la Présidente, que
j'aimerais aborder avec Mme la ministre concerne un grand chantier, un grand
chantier duquel je suis très fière, qui est celui de l'Université québécoise du
futur. Vous savez, en 2019, l'actuel ministre de l'Éducation, ancien
ministre de l'Enseignement supérieur, avait lancé ce grand chantier pour imaginer nos universités québécoises du futur,
pour faire le point, premièrement, sur l'ensemble du monde
universitaire. C'est un vaste chantier qui a été mené par le scientifique...
qui a été chapeauté par le Scientifique en chef du Québec, M. Rémi
Quirion, que je salue d'ailleurs, et Rémi... qui est un partenaire exceptionnel
à travers toute cette aventure.
Donc, en 2019, ce chantier, ce vaste
chantier a débuté, qui a réuni toutes les éminences possibles liées à
l'enseignement supérieur. Un premier rapport a été déposé en 2020. Suite à
ça, il y a eu des consultations élargies, qui ont été demandées par Mme la
ministre de l'Enseignement supérieur, ce qui a permis de consulter beaucoup de
gens dans la société civile, hein, tant dans les domaines scolaire, social,
économique, et tout ça. Et, suite à tout ça, il y a eu un rapport final qui a
été remis à la fin 2020.
• (15 h 40) •
Au
début 2021, j'ai été en charge d'un comité de suivi. Alors là, avec un
groupe restreint de personnes, on a étudié le rapport et on a fait
certaines recommandations à la ministre, ce qui a été... bien, je crois que
c'était à la mi-2021, là, dans ce coin-là.
Donc, on a été en mesure de faire quelques recommandations à la ministre. Bon,
ce chantier, il était vaste. On parlait tant... On pouvait parler autant
de la réussite que de l'accessibilité, le passage au numérique, également, la
collaboration, hein, la collaboration interordres, la collaboration interétablissements
également, interuniversitaire, interdisciplinaire, la place de l'université
dans la société québécoise mais aussi dans le monde, bon, reconnaissance de
l'institution universitaire, etc. Il y a eu de nombreuses choses écrites dans
ce rapport.
Et ce que j'aimerais aujourd'hui demander à Mme
la ministre, c'est : Quelles sont les suites de ce rapport de l'université
du futur? Donc, quelles actions sont en place présentement? Quelles sont les
actions qui devraient être en place également pour un prochain mandat au
ministère de l'Enseignement supérieur?
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la députée. Mme la ministre.
Mme McCann : Bien, Mme la
Présidente, je remercie ma collègue pour cette question, parce que ça a été un
travail très, très, très important. Mais, si vous permettez, je vais faire un
petit accroc au protocole parce que j'ai peur de l'oublier, et 4 heures
arrivent. Je veux aussi remercier les équipes, les équipes du ministère. C'est
un énorme travail qui a été fait. Je les en remercie. Et c'est très
intéressant, mais c'est des heures et des heures. Alors, merci aux équipes du
ministère puis aux équipes du cabinet également, qui ont beaucoup mis la main à
la pâte. On a des équipes formidables en Enseignement supérieur. Merci au
sous-ministre adjoint et à notre sous-ministre en titre, également.
Donc, c'est un vaste sujet, ma collègue le sait.
Et il y a... Moi, j'ai ici 12recommandations du rapport final de l'université
du futur, puis on a, effectivement, le privilège d'avoir ma collègue qui a fait
le suivi, là, de ces recommandations, et le ministère est à pied d'oeuvre, là,
pour les mettre en application. Une de ces recommandations-là, c'est... porte
sur la liberté académique, hein, c'est un grand chantier, et on sait qu'on
arrive avec un projet de loi. Alors, ça, c'est une recommandation de
l'université du futur.
Il y a également le financement des universités,
et, le financement des universités, on s'y penche. Actuellement, il y a des
travaux qui se font avec le BCI, avec les universités au niveau, là, du
ministère pour regarder la question du financement des universités, des
propositions qui ont été faites par le BCI, et on s'est penchés là-dessus, mais
il y a d'autres travaux, puis on a demandé une pause, là, par rapport à ces
travaux-là, parce que... pour toutes sortes de raisons, mais on va continuer.
Même si, comme je le disais tout à l'heure, on a vraiment rehaussé le
financement des universités, là, au gouvernement actuel de façon importante, il
y a encore des choses à regarder.
Évidemment, on veut regarder la composition des
corps professoraux et des autres corps d'emploi dans les universités, ça a été
une recommandation, là, de l'université du futur, par exemple, au niveau de la
parité hommes-femmes et de la meilleure conciliation travail et vie
personnelle, et il y a d'autres éléments. Puis il y a des actions aussi en
matière d'équité, diversité, inclusion qui sont demandées dans le rapport, là,
de l'université du futur.
La reconnaissance de l'institution
universitaire, donc la question de l'autonomie, hein, on en a parlé un petit
peu dans le cadre de la liberté académique.
Et on veut également, et ma collègue y a fait
allusion, travailler davantage toute la synergie interordre. Et je mentionne,
on n'a pas eu l'occasion d'en parler aujourd'hui, que les pôles régionaux qu'on
a mis en place et qui ont été bonifiés, hein, on bonifie les pôles régionaux
cette année, vont faire en sorte qu'on va soutenir davantage ces synergies
interordres. Donc, on répond aux demandes, là, du rapport de l'université du
futur.
Et on a même mis des coordonnateurs régionaux.
Alors, on est un gouvernement qui décentralise. On a même fait une belle
annonce, ma collègue et moi, dans Charlevoix dernièrement, sur une chaire en
recherche sur la ruralité avec l'INRS.
Alors, je pourrais continuer, mais... On
souhaite l'augmentation de la fréquentation universitaire. Ça, tout le monde le
souhaite. On fait des travaux dans ce sens-là, comme vous savez, avec nos
bourses et d'autres stratégies. On veut aussi accroître la réussite scolaire.
Et là on voit que ça fait le lien avec notre planification stratégique, avec
notre plan de réussite, avec notre plan sur la santé mentale, et on veut que
nos universités soient plus enchâssées dans la société, et on le voit, avec nos
zones d'innovation, hein, que nos universités vont jouer un rôle plus grand,
avec ce que je viens de mentionner, des chaires comme celle de la ruralité qui
va être travaillée avec une municipalité et toute une région pour l'ensemble du
Québec.
Alors, nos universités ont le vent dans les
voiles, et je pense qu'il y a des belles choses qui s'annoncent pour le futur.
Et, bien, j'ai parlé d'innovation, évidemment, on n'en a pas parlé beaucoup
aujourd'hui, mais on travaille beaucoup avec le MEI. On a une stratégie, là,
québécoise de recherche et d'innovation qu'on va annoncer bientôt et on est
partie prenante, au ministère de l'Enseignement supérieur.
Alors, ce sont quelques éléments, il y en a
d'autres, mais ce sont quelques éléments de travaux. Et je remercie vraiment ma
collègue qui a été la porteuse de dossiers et qui a vraiment... qui s'est
assurée, avec le Scientifique en chef, qu'on arrive à bon port, et c'est un
legs très important pour nos universités. Alors, je remercie ma collègue.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la ministre. Mme la députée.
Mme Foster : Je remercie Mme la
ministre pour ses bons commentaires, mais je remercie également le ministère et
la ministre pour le suivi à ce grand rapport parce qu'il y en avait, des
choses, dans ce rapport. Je l'ai dit tout à l'heure, les angles étaient très,
très, très nombreux. C'est des dizaines, et des dizaines, et des dizaines de
pages. Donc, voilà.
Peut-être un petit aspect
que vous n'avez pas abordé concernant ce chantier. On avait beaucoup parlé de
faire du Québec, à l'international, un leader en termes d'enseignement et de
recherche dans la francophonie. Est-ce que vous prévoyez quelque chose à ce
niveau dans les suites des travaux.
Mme McCann : Absolument. Puis
je remercie ma collègue de le mentionner parce qu'effectivement je pense que je
l'ai sauté, celui-là, et puis il est très important. J'en ai parlé un petit
peu, quand j'ai répondu à la question de la députée de Gaspé, comment on veut
que nos universités jouent un rôle à l'international, bon, en accueillant des
étudiants mais aussi, et c'est déjà en cours, là, en donnant des formations,
même à distance, à l'extérieur, là, du Québec, mais... et je ne ferai pas la liste, là, de tout ce que nos universités
font au niveau de l'international, que ce soit en formation ou en recherche, parce qu'il y a tout le volet
recherche qui est très, très important de nos universités. On sait l'annonce
qu'il y a eu, d'ailleurs, de la nouvelle usine au niveau des vaccins, hein, de
Medicago, je pense. Là, je ne me trompe pas?
Une voix : ...
Mme McCann : Ah!
Moderna, excusez-moi, j'ai dit Medicago, Moderna avec l'Université McGill, le développement des vaccins, et ça, c'est un bel exemple. L'Université
Laval qui fait des travaux extrêmement importants à l'international.
D'ailleurs, il y a un élément dont je ne peux pas parler — là,
je sais que c'est frustrant de vous dire ça — qui s'en vient par rapport au
rôle international de l'Université Laval. Bien, je pourrais toutes les
nommer : Sherbrooke, Montréal, l'UQAM, l'UQ en général. Toutes nos
universités ont un rôle à l'international, mais on veut vraiment déployer
davantage, attirer davantage, faire plus de recherche à l'international.
Et on est en lien avec l'agence universitaire
francophone et qui a ses bureaux ici, d'ailleurs, comme vous savez, son siège
social. Et nos universités sont très, très en partenariat avec cette agence qui
a des tentacules un peu partout dans le monde. Et on est reconnus, au Québec,
comme jouant un rôle très prépondérant dans cet écosystème.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Mme la députée.
Mme Foster : Merci,
Mme la Présidente. Maintenant, je désirerais aborder un autre sujet avec Mme la
ministre, parler d'accessibilité aux études supérieures, plus particulièrement
de l'aide financière aux études. On le sait, au Québec, et la ministre l'a
mentionné à plusieurs reprises dans sa présente étude des crédits, dans ses
autres discussions avec les collègues de l'opposition, on sait qu'on a un
régime d'aide financière aux études qui est généreux au Québec. Somme toute, on
peut toujours l'améliorer, mais il est somme toute généreux.
Bien sûr, on voudrait toujours qu'il n'y ait
aucun frein à l'accessibilité pour nos étudiants pour les études supérieures.
Il y a plusieurs obstacles pour plusieurs d'entre eux. On parlait tout à
l'heure des gens avec handicap. On peut parler de gens, de femmes
monoparentales, qui décident de retourner aux études, les parents, etc. Il y a
plusieurs, plusieurs cas qui peuvent entraver cette accessibilité. Mais, de
façon générale, le système d'aide financière aux études, au Québec, est quand
même très, je dirais, évolué si on le compare à plusieurs juridictions ailleurs.
Ma question à la ministre : Quelles
bonifications ont été appliquées à l'aide financière aux études pour mieux
répondre à l'ensemble des clientèles, pour faire suite aussi à l'augmentation
de la compensation qui a été reçue du gouvernement fédéral?
• (15 h 50) •
Mme McCann : Oui. Bien, merci
pour la question parce qu'on est très fiers de notre régime d'aide financière
aux études qui est, effectivement, très généreux, puis on est contents.
D'ailleurs, on veut qu'il soit généreux. Il faut dire qu'on dépense plus de
1 milliard par année en aide financière aux études au Québec, et c'est
20 % de nos étudiants qui bénéficient de l'aide financière. Et on parle
d'un régime qui a une majeure en bourses, donc, qui a des prêts, oui, il y a
des prêts assez nombreux, d'ailleurs, mais il y a aussi des bourses qui sont
proportionnellement plus nombreuses que dans d'autres provinces du Canada. Et
tout le monde peut y avoir accès, mais, évidemment, il y a des critères. Mais
on a fait beaucoup pour aider nos étudiants.
Puis je commence avec une mesure très
importante, là, qui a été de donner un certain montant par mois aux étudiants,
96 $ par mois. Ça, ça a débuté en 2021 puis c'est encore présent
cette année, qui... pour... 96 $ par mois pour des étudiants qui résident chez leurs parents puis 205 $ par mois
pour ceux qui n'y résident pas. Donc, c'est quand même apprécié et
appréciable.
C'est quand même des dépenses importantes. Là,
on parle de, cette année, 164 millions de dollars. Cette année, en aide
financière, on a ajouté, en aide financière aux études,
385 millions de dollars, donc en 2022‑2023, et on a augmenté le seuil
de contribution des tiers. Ça veut dire qu'on a haussé le montant qui est
considéré quand on donne l'aide financière aux études, ce qui est positif, là,
pour l'aide financière aux études. Et c'est 30 000 étudiants de plus
qui ont profité de l'aide financière aux études à cause de cette bonification
qu'on a faite.
Il faut dire également que, même après les
études, là, on aide nos étudiants qui arrivent sur le marché du travail puis
qui n'ont pas des moyens fabuleux. Alors, on a un budget de 72 millions
pour éliminer des frais d'intérêts, les intérêts sur la dette, hein, pour
l'année 2022‑2023, puis on l'avait fait l'année dernière aussi. Alors, ça
aussi, c'est de l'aide qu'on donne.
Puis on a mentionné
aussi les frais de scolarité, là, quand on a vraiment gardé extrêmement
l'augmentation très raisonnable, donc... et
d'autres mesures, là, par exemple, on a donné des budgets pour l'achat de
matériel. Tout ça, là, a été fait depuis 2019‑2020. On a, en 2021,
mis énormément de mesures, qui se poursuivent, d'ailleurs, de façon permanente
en 2022‑2023. J'ai parlé de l'augmentation du seuil de contribution des
tiers, la bonification de l'exemption des montants reçus
à titre de pension alimentaire. Ça, ce n'est pas un budget énorme, mais ça fait
beaucoup de bien à nos étudiants. L'augmentation du seuil d'exonération de la
prise en compte du montant des bourses, la bonification de certaines mesures
pour les étudiants stagiaires en santé, en santé, par exemple, on ne pénalise
pas nos étudiants qui font des stages en santé, l'augmentation des frais de
subsistance et du matériel.
Donc, ces mesures se
poursuivent encore cette année à la hauteur de 385 millions. Donc, encore
une fois, on est très fiers. Puis on a même, suite au rapport de la VG... on
améliore actuellement notre service d'aide financière aux études. Alors, quand
on appelle à l'aide financière aux études, on va améliorer le service. On a
déjà commencé des améliorations. Donc, c'est un service très, très important et
qui va continuer.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. Mme la députée, 2 min 40 s.
Mme Foster : 2 min 40 s.
Parfait. Ça me laisse le temps d'aller rapidement sur un enjeu que j'aurais
souhaité aller plus en profondeur, mais on va quand même le faire rapidement.
Vous savez, cette semaine, c'est la Semaine de la santé mentale, du 2 au
8 mai. La pandémie, la pandémie, bien sûr, a représenté un immense défi
pour nos étudiantes et étudiants, dans nos collèges, dans nos universités. Ça a
été difficile. D'ailleurs, on avait vu passer certains chiffres, là, des
sondages qui avaient été faits auprès de la clientèle étudiante, collégiale,
où... bon, où les gens nous disaient, là... c'est à proportion, là, de tout
près du deux tiers des étudiants qui affirmaient avoir eu des problèmes de
santé mentale ou avoir beaucoup de difficulté avec la santé mentale.
Ce que je voudrais
savoir, de la part de Mme la ministre, c'est : Est-ce qu'il y a eu une
augmentation des budgets pour la santé mentale cette année, l'an dernier? Et
qu'est-ce qui est dans les cartons? Est-ce qu'on va continuer de soutenir ça?
Est-ce qu'on en fait une priorité?
La Présidente (Mme
Guillemette) : Mme la ministre.
Mme McCann : Oui,
bien, merci pour la question parce que c'est une grande priorité. J'ai
mentionné tout à l'heure que les associations étudiantes ont sonné l'alarme
très tôt, là. Puis la pandémie a mis en lumière les besoins. Donc, on a investi
l'année passée 60 millions et on a investi cette année 35 millions de
plus. On avait déjà investi avant, pendant la pandémie, les budgets, mais on
continue. Et moi, dans ma tournée, les établissements m'ont dit, les
associations étudiantes également, que ça a fait beaucoup de bien, qu'on a été
capables d'ajouter des ressources pour donner des services, hein? Je vois ici
qu'il y a 125 ressources qui ont été embauchées,
23 000 étudiants de plus qui ont été... qui ont reçu des services,
69 000 heures de services d'évaluation et de psychothérapie qui ont
été faites, alors... et ça, c'est très important.
Puis il y a aussi de
la promotion, de la promotion et de la prévention dans nos établissements,
parce que, dans le fond, c'est un changement de culture qu'on voulait. Et je
pense que nos établissements sont à pied d'oeuvre et qu'avec les moyens qu'on
leur donne et qu'on va continuer de leur donner on va continuer de modifier la
culture et de faire en sorte qu'on réponde aux besoins de nos étudiants.
La santé mentale,
c'est prioritaire, et il faut que les étudiants aient accès, et c'est pour ça
qu'on a ajouté des ressources. Et on continue de travailler au niveau du
ministère, hein? On fait une concertation nationale, on veut qu'il y ait des
campus qui soient favorables à la santé mentale, qu'on enlève les tabous, hein,
on consulte, on a un problème de santé mentale, on consulte, on est accueilli
rapidement. Moi, j'ai vu des...
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, Mme la ministre.
Adoption des crédits
Donc, le temps alloué
à l'étude des crédits budgétaires du portefeuille Enseignement supérieur étant
presque écoulé, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix. Le
programme 1, intitulé Administration, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Adopté sur division. Le programme 2,
intitulé Soutien aux organismes, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Adopté sur division. Le programme 3,
intitulé Aide financière aux études et bourses incitatives, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Sur division. Le
programme 4, intitulé Enseignement supérieur, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Présidente (Mme Guillemette) : Sur
division. Le programme 5, intitulé Régimes de retraite, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Adopté sur division.
Donc, enfin, l'ensemble des crédits budgétaires
du portefeuille Enseignement supérieur pour l'exercice financier 2022‑2023
est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Présidente (Mme Guillemette) : Adopté
sur division.
Documents déposés
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte
tenu de l'heure, la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux
au mardi 10 mai 2022, à 9 h 45, où elle poursuivra
un autre mandat. Merci, tout le monde, pour votre très belle collaboration.
(Fin de la séance à 15 h 59)