(Onze heures vingt-huit minutes)
La Présidente (Mme Thériault) : Votre
attention, s'il vous plaît! Donc, ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de la culture et de l'éducation ouverte.
La commission est réunie afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi n° 96, Loi sur la langue officielle et
commune du Québec, le français.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Allaire (Maskinongé) sera remplacé par M. Lévesque (Chapleau);
M. Émond (Richelieu), par M. Jacques (Mégantic); Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
par Mme Proulx (Côte-du-Sud); Mme Rizqy (Saint-Laurent), par
M. Barrette (La Pinière); Mme St-Pierre (Acadie), par
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee); Mme Dorion (Taschereau), par
Mme Ghazal (Mercier); et Mme Hivon (Joliette), par M. Bérubé
(Matane-Matapédia).
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme Thériault) : Merci
beaucoup. Donc, aujourd'hui, nous poursuivons l'étude de l'article 88.0.7 qui a été introduit par
l'article 58 du projet de loi. Hier, on avait eu le temps d'en faire la
lecture. Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys, vous aviez fait un petit commentaire avant que je suspende
les travaux. Donc, est-ce que vous voulez reprendre la parole, Mme la
députée?
Mme David : Oui, je vais
reprendre, là, une seconde, Mme la Présidente. Donc, 88.0.7, alors ce sont,
disons, les règles budgétaires et surtout, surtout, les pénalités par rapport à
un dépassement. Alors, évidemment que je vais reposer la question au ministre,
parce que, très, très clairement, il ne laissera rien passer, c'est-à-dire
qu'il ne permettra aucun dépassement, et non seulement il y aura... Comme quand
on punit un enfant, non seulement on l'envoie dans sa chambre, mais on le prive
de souper. Alors là, il y a vraiment deux punitions, là, tu vas rester dans ta
chambre pendant une semaine puis tu ne manges pas.
Donc, il y a vraiment double pénalité, et tout
ça va dépendre de la capacité, et je le répète, du ministère de livrer les
données. Livrer les données, ça veut dire que les cégeps vont être capables de
mesurer, comme si c'étaient des nombres de boîtes de tomates sur une étagère
dans l'épicerie Metro... Il y a tant de boîtes de tomates à tel jour, puis tu as le droit d'en avoir 52 sur ton étagère,
tu n'as pas le droit d'en avoir 54. Si tu en as 54, je te donne deux
punitions, et puis c'est comme ça que ça va marcher à telle date.
• (11 h 30) •
Alors là, il va falloir être très, très, très
certain que le ministre développe ce qu'on appelle une science très exacte du
dénombrement d'étudiants, et je lui souhaite bonne chance, et je souhaite bonne
chance au ministère de l'Enseignement supérieur, parce que c'est presque
impossible. L'étudiant peut décider d'abandonner. Dans ce cas-là, s'il y a
moins d'étudiants... Vous savez, dans les avions, il existe ce qu'on appelle de
l'«overbooking», des fois. Alors, des fois, il y a deux passagers sur le même
siège. Ce n'est pas bien, bien le fun. Il y en a un des deux qui retourne à l'hôtel et puis qui doit attendre au lendemain.
Mais c'est impossible... C'est comme de dire : À l'urgence, là, il n'y
aura pas tant de... il ne faut pas qu'il y ait plus que quatre crises cardiaques
en pleine nuit, là, même s'il y a eu une tempête de neige, les gens pellettent
puis ils se retrouvent à l'urgence. Si les trottoirs sont glacés, il ne faut
pas plus que quatre fractures parce que tu as une pénalité à l'hôpital si tu en
traites plus.
Comprenez-vous que c'est important, là, la
question que je pose? Si l'étudiant persévère plus qu'à l'habitude, donc, il y
a plus d'étudiants qui poursuivent au deuxième trimestre, il y a plus
d'étudiants qui s'inscrivent pour une troisième année de cégep... La gestion
des effectifs étudiants, là, je pense que le ministre n'a jamais géré un gros
réseau d'enseignement supérieur, là, ça, c'est clair, ce n'est pas une science
exacte. Moi, j'ai demandé du pluriannuel. J'ai dit : Sur trois ans, tu es
capable de voir venir, tu es capable de faire tes moyennes, de dire : Là,
on a peut-être dépassé l'an dernier. Puis, en plus, ces étudiants-là restent
deux ans, restent trois ans, des fois restent quatre ans, des fois sont à temps
partiel, etc. C'est presque... Je veux dire, je ne sais pas sur quelle planète
il vit pour penser que ça va être très, très, très facile à compter. Et le
nombre d'étudiants ne peut pas être prédéterminé. Ça ne marche pas de même. Ça
ne marche pas de même. C'est extrêmement compliqué.
Je vais vous donner l'exemple que mon collègue
de La Pinière connaît bien : les admissions en médecine. Vous n'avez
pas idée comment c'est compliqué, les admissions, parce que, chaque poste
coûtant très cher, il ne faut pas en avoir un de plus, il ne faut pas en avoir
un de moins, puis, si... il faut faire des listes d'attente de façon très, très
pointue. Mais là ça veut dire qu'ils vont devoir le faire à la grandeur des
collèges et à la grandeur des programmes.
Puis,
pour ajouter à la complexité, c'est que les devis viennent par programme.
Alors, si un cégep a 4 000 étudiants dans son devis, ce n'est
pas juste : 4 000, envoye, rentres-en 4 000. C'est que tu n'as
pas le droit d'en prendre plus que 300 en sciences
humaines, puis là, si tu en prends 304... puis là, si tu en prends... Ça
devient vraiment quelque chose d'épouvantable. Et la punition étant tellement
forte, je me dis : Comment se fait-il que le ministre ne soit pas capable
d'accepter le simple bon sens, qui est de mettre ça au moins sur trois ans, pour
pouvoir prévoir et faire des statistiques?
Je sais que d'autres
collègues disent : Ce n'est pas grave, on est pour, on est contre la loi,
puis ça s'arrête là, mais il faut voir, dans les opérations, que ça soit
réaliste. Il y a des... Le ministre, il s'en... on dirait que ça ne le dérange
pas parce qu'après la loi va être passée, puis c'est les ministères de tutelle
qui auront à gérer ça. Puis les ministères de tutelle, bien, je le répète, ils
donnent trois ans aux entreprises parce que là c'est compliqué.
Il ne faut pas
protéger la langue française dans les entreprises? Le statut du français au
travail, ce n'est pas important? Bien, il me répond : Non, non, non, puis
il faut le faire rapidement, puis septembre 2023, parce que la langue est en
danger. Mais elle n'est pas en danger dans les entreprises, la langue, elle est
juste en danger dans les cégeps. Puis, pour les cégeps, on peut aller vite,
vite, vite puis on peut faire des doubles pénalités. On ne comprend pas ce que
c'est, les admissions, puis comment tu gères ça. On ne veut pas de pluriannuel
sur trois ans pour pouvoir... au total, pouvoir dire : Oui, chaque année,
on saura combien il y a d'étudiants, mais on va faire la moyenne sur trois ans
puis on va les laisser pouvoir avoir des surplus parce qu'ils n'ont pas prévu
que, cette année-là, il y avait plus de rétention d'étudiants, puis, l'année
d'après, il y a plus d'abandons.
C'est impossible à
gérer de la façon dont le ministre présente ça. Puis, en plus, les pénalités
sont très sévères. À quoi a-t-il pensé quand il a pensé à ça, Mme la
Présidente?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bonjour, Mme la Présidente. Commentaire préliminaire. On ne chicane pas
personne. Oui, dans la chambre, s'il y a une punition, mais je ne pense pas
qu'on doit priver de souper. En tout cas,Ç a risque d'engendrer d'autres
conséquences, peut-être pour la nuit aussi. Alors, je ne sais pas c'est quoi,
la bonne technique.
Cela étant, au niveau
de la pénalité, dans le fond, ce qu'on dit... il faut lire 88.0.7 puis 88.0.8
ensemble. Dans un premier temps, on dit : On ne financera pas les
étudiants qui excèdent le devis. En gros, là, le nombre de places qui est
établi, au niveau collégial, par la ministre de l'Enseignement supérieur, là,
on a dit que c'était une photo de 2019 par rapport au nombre de places. Donc,
vous avez droit à tant, 30 000 quelques étudiants, et vous ne pouvez pas
en accepter... vous ne pouvez pas en admettre d'une façon supplémentaire comme
c'était le cas au cours des dernières années. Il n'y aura pas de dépassement de
devis, là. S'il y a un dépassement de devis, ce qui va arriver, c'est que ces
étudiants-là ne seront pas financés. Premier élément.
Deuxième élément, si
jamais vous en acceptez... Supposons que l'établissement collégial anglophone
fait fi de la loi, dit : Moi, je
contreviens sciemment à la loi, j'ai 1 000 places, j'en accueille
1 200, les 200 ne seront pas financés, et, l'année suivante, au niveau du financement, le financement sera réduit
de 200. C'est pour que la cible du devis soit respectée.
La crainte de la
députée de Marguerite-Bourgeoys, Mme la Présidente, c'est de dire : Oui,
mais ça bouge. La méthode de calcul du ministère de l'Enseignement supérieur va
faire en sorte que son financement va être assuré par rapport à son nombre
d'étudiants auquel elle a le droit d'avoir. Donc, la députée de
Marguerite-Bourgeoys me dit : Oui, mais si, après deux mois, l'étudiant
abandonne sa session? En gros, là, je paraphrase, là. Donc, l'établissement
collégial anglophone aura sa subvention en fonction de son nombre de places au
moment de la rentrée scolaire, là. Ça va être calculé pour permettre que, si
jamais il y a des étudiants qui quittent en cours de route, elle ne soit pas
pénalisée par rapport à son nombre de places et par rapport à son financement.
Mme David : ...répétez-moi
ça mieux. Vous avez l'air de bien gérer le ministère de l'Enseignement
supérieur. Expliquez-moi plus. Vous répétez ce que vous venez d'entendre, mais
expliquez-moi plus.
M. Jolin-Barrette : Bien, ce n'est pas moi
qui gère le ministère de l'Enseignement supérieur, vous en conviendrez.
Mme David : Bien
oui, vous avez l'air de bien connaître ça, les admissions dans les cégeps,
vous. Vous avez été D.G. d'un cégep, vous avez géré toute la... le mois de
septembre, le mois d'octobre, les admissions en mars, les listes d'attente dans
les programmes contingentés, ceux qui abandonnent, ceux qui sont malades, les
incomplets, les dates d'abandon. Ça a l'air vraiment formidablement simple.
M. Jolin-Barrette : Mais alors peut-être que
je peux renseigner adéquatement la députée de Marguerite-Bourgeoys. Peut-être qu'elle se méprend sur les postes que
j'ai occupés, mais je peux l'assurer que je n'ai jamais géré d'établissement
collégial.
Mme David : À
part d'être un étudiant au cégep, là, qu'est-ce que vous connaissez de la
gestion du réseau collégial, en tout respect...
M.
Jolin-Barrette : Bien, écoutez, effectivement...
Mme David : ...pour
dire que c'est si facile, que tout ça se fait bien, que tout ça est... que les
D.G. sont morts de rire en ce moment?
La Présidente (Mme Thériault) : ...Marguerite-Bourgeoys,
le ministre ne peut pas répondre à vos questions. Je vais vous demander de ne
pas l'interpeler. Laissez-le répondre, vous poserez vos questions après.
Mme David : Mon
micro était ouvert, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) : Oui,
mais c'est ça, je vois que... là, je le vois qu'il est ouvert. Je vais demander
qu'on le ferme et qu'on le rouvre seulement quand je vais vous reconnaître pour
éviter de... que vous puissiez vous interpeler. M. le ministre, la parole est à
vous.
• (11 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Alors, moi, je
n'ai pas la prétention de dire que c'est simple. Je n'ai pas la prétention de
dire que je connais tout. Je n'ai jamais dit ça. Et effectivement les gens qui
sont dans le réseau collégial, qui sont des cadres, qui gèrent les
établissements collégiaux, qu'ils soient anglophones ou qu'ils soient
francophones, qu'ils soient dans le public, dans le privé ou entièrement
privés, très certainement font leur travail et le font en fonction des balises
et des règles qui sont établies par les différents programmes du ministère de
l'Enseignement supérieur ou par les différentes lois qui les régissent. Ça, on
est d'accord là-dessus.
Ce qu'on vient faire avec le projet de loi
n° 96, c'est de venir mettre une formule qui va permettre d'assurer le
respect de la loi. Alors, l'établissement collégial, lui, se doit de respecter
l'article 88.0.4. Quel est le mécanisme pour faire en sorte que le devis
soit respecté? Parce qu'en fait c'est... comment je pourrais dire, le devis a
été fixé par la ministre de l'Enseignement supérieur et il est établi. La formule
que nous avons relativement au financement est rattachée au nombre d'étudiants.
Ça fait qu'on dit : Si vous acceptez plus d'étudiants dans le programme,
malgré ce que vous aviez droit, ils ne seront pas financés. Même chose, vous
allez recevoir une pénalité par rapport au nombre d'étudiants supplémentaires.
Le ministère de l'Enseignement supérieur pourra faire en sorte que le...
l'établissement collégial, lorsqu'il a son devis, qui est prévisible et qui est
connu, s'il atteint le nombre de personnes, il doit le respecter. Or, les devis
n'étaient pas respectés préalablement, puis on leur disait : Vous pouviez
dépasser. Là, dans le cadre du réseau anglophone, où il y a x nombre de places,
ce x nombre de places là doit être respecté.
Si la députée de Marguerite-Bourgeoys me
dit : M. le ministre, vous ne devriez pas mettre de pénalité financière
là-dedans, bien, ça veut dire, dans le fond : 88.0.4, pourquoi on
l'adopte? Tu sais, voyez-vous, ça prend un levier dans la loi, ça prend un fort
incitatif pour le respect de la loi, et on ne veut pas se retrouver dans des
situations où, comme dans le passé, les devis n'étaient pas respectés.
Alors, moi, je crois que ça prend ces
articles-là, justement, pour faire en sorte de très clairement indiquer :
Voici quelle est la conséquence à ne pas respecter le nombre de places qui vous
est autorisé.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Je n'ai jamais dit qu'il
ne fallait pas nécessairement avoir de pénalité. Je dis juste qu'avec le peu de
délai que le ministre donne c'est infaisable.
Est-ce que je peux vous donner un exemple?
Sciences infirmières, techniques en soins infirmiers, présentes dans tous les
cégeps, là, tous les cégeps de la province, sauf deux. Il en rentre, disons,
180 en première année. Il en sort 60 en troisième année. On est très tristes de
ça, là, qu'il y ait autant d'attrition. Mais savez-vous ce que c'est,
abandonner un programme pour aller dans un autre programme, parce que je ne
pensais pas qu'il fallait faire de la chimie puis de la physique, puis c'est
plus scientifique, puis c'est
difficile, puis c'est un programme très... Donc, oui, il y a une attrition,
mais l'attrition, là, ça ne marche pas comme des boîtes de conserve de tomates
sur une étagère. On ne le sait pas d'avance, l'étudiant qui va revenir, qui ne
va pas revenir.
Alors, ça se passe sur trois ans, les devis.
Est-ce que vous le savez, ça, que ça se passe sur trois ans? Vos devis, c'est
le nombre total d'étudiants dans un cégep, ça. Si un cégep a
6 000 étudiants, ce n'est pas 6 000 admissions. Ce n'est
pas simple de même. C'est 6 000, au total, de... paires de pattes qui se
promènent dans le cégep. C'est compliqué parce qu'il y en a en première année,
en deuxième année, en troisième année. Il y a des retours aux études. Il y en a
qui sont allés en Thaïlande l'année d'avant, puis qui décident de revenir, puis
ils se réinscrivent.
Vous avez l'air de dire que je ne veux pas de
pénalité. Vous avez l'air de dire que tout ça est très, très, très faisable
facilement puis vous ne voulez pas accorder une période où, aux trois ans, on
fait le point sur l'ensemble des admissions. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a
pas de pénalité, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas le plus... la possibilité
de respecter le mieux possible les devis à chaque année, mais ça se peut-tu
qu'il y ait un écart de moins 100 une année puis de plus 100 l'autre année?
Puis, quand vous employez des expressions comme
«faire fi de la loi» ou «contrevient sciemment à la loi», ça, là, je trouve que
c'est vraiment, je dirais, malveillant. Ça présume...
M. Jolin-Barrette : ...Mme la
Présidente.
Mme David : O.K., je vais
enlever le mot, mais...
La Présidente (Mme Thériault) : Oui,
je vais vous demander d'être prudente dans vos propos, oui.
Mme David : O.K., mais pourquoi
le ministre a des propos comme ça, «fait fi de la loi» et «contrevient
sciemment à la loi»? Est-ce que c'est des propos, ça, accuser des cégeps de ça?
M. Jolin-Barrette : ...je n'ai
pas accusé des cégeps. J'ai dit : pour se prémunir de certaines
institutions qui ne voudraient pas respecter la loi.
Mme David :
Qui font fi de la loi ou qui contreviennent sciemment à la loi.«Sciemment»
veut dire quelque chose. Est-ce qu'on sort notre dictionnaire, M. le ministre?
M. Jolin-Barrette :
«Sciemment», ça veut dire volontairement.
Mme David : Voilà. Et moi, ce que je
vous dis et ce que je plaide, c'est que ce n'est pas sciemment, c'est-à-dire
que vous avez peut-être vous-même abandonné
le cégep au bout de la première session, vous avez changé de programme
ou vous changez de cégep...
M. Jolin-Barrette :
Même pas. Même pas.
Mme David :
...comment on va faire pour vous comptabiliser?
M. Jolin-Barrette :
Deux ans, clic, direct à l'université.
Mme David :
Bien oui, mais vous êtes straight, puis tout est bien linéaire. Ce n'est
pas tout le monde qui est comme ça.
70 % des étudiants n'a pas de parcours linéaire, puis ça peut devenir des
grands avocats, puis des grands ministres, puis des grands toutes sortes de choses, des grands écrivains. Donc,
tout le monde n'a pas le parcours linéaire que vous avez eu.
M. Jolin-Barrette : Mais là, Mme la
Présidente, je me sens un peu interpelé. La ministre dit que je suis
straight...
Une voix :
...
M.
Jolin-Barrette : Pardon. La députée dit que je suis straight...
Une voix : L'es-tu?
M. Jolin-Barrette :
Bien là, je... on m'a qualifié comme ça. Je ne sais pas...
La Présidente (Mme
Thériault) : C'est gentil, je trouve.
Mme David :
Je voudrais que vous répondiez à la question plutôt que faire toutes sortes
de digressions, là. On va repartir dans toutes sortes de choses.
La Présidente (Mme Thériault) : Le
ministre va répondre à la question. Je vais vous demander de ne pas
l'interrompre.
Mme David :
C'est un...
M.
Jolin-Barrette : C'est pertinent...
La Présidente
(Mme Thériault) : Vous avez chacun vos perceptions dans cette
discussion-là. Moi, je veux juste que les débats se fassent sereinement. Vous
posez des questions, le ministre essaie d'y répondre. On va écouter sa réponse.
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, j'espère, Mme la Présidente, par le qualificatif «straight» que la
députée me porte... j'espère qu'elle ne dit pas... qu'elle ne l'assimile pas à
être ennuyeux. J'ose espérer que ce n'est pas ça. Peut-être, le député de
La Pinière veut commenter?
La Présidente (Mme Thériault) : ...si
le député de La Pinière veut parler, il va signifier, puis je vais le
reconnaître. Ne soyez pas inquiet.
M. Jolin-Barrette :
Je sens que ça lui brûle la langue... les lèvres.
La Présidente
(Mme Thériault) : Non, c'est votre tour, là, M. le ministre.
Allez-y.
M. Jolin-Barrette :
O.K. Alors, les devis doivent être respectés, et l'objectif est de faire en
sorte, justement, que l'ensemble des partenaires respectent la loi. Mais, vous
savez, pour que la loi s'applique, ça prend une mesure de contrôle, et cette
mesure-là de contrôle, elle est financière. Et, bien entendu, il y a des
situations, que vous décrivez actuellement, qui fonctionnent de cette façon-là,
et que ce n'est pas stable, et ce n'est pas fixe. Mais le ministère de
l'Enseignement supérieur va travailler avec les différents établissements
collégiaux pour faire en sorte d'avoir une formule qui va permettre, un,
d'entrer dans le cadre de la loi et de bien nous assurer que les établissements
collégiaux, lorsqu'ils font des offres d'admission aux étudiants, lorsqu'ils
admettent les étudiants, en fonction de leurs devis, et que c'est... que les
étudiants sont admis, ils vont pouvoir conserver leur nombre de places, parce
que...
Mme David : Alors,
je ne vous... Je voulais l'écrire, là. Ils vont pouvoir respecter leurs devis
en fonction de la loi et procéder à leurs admissions en fonction de la loi.
En avez-vous déjà fait, des admissions, dans...
au collège ou à l'université? C'est un métier d'une grande complexité, parce
que les gens... c'est par étapes, c'est par étapes. On est obligés d'en parler,
des détails, là. Vous faites... Vous demandez d'aller au cégep de
La Pocatière parce que vous voudriez aller en techniques animales, par exemple,
de soin animal, ou vous voudriez peut-être aller à Saint-Hyacinthe, parce qu'il
y a une autre bonne technique, là aussi, de soins animaux, et vous voudriez
peut-être aller, pour connaître autre chose, dans... je ne sais pas, sur la Côte-Nord.
Alors, vous faites vos demandes aux trois endroits. Là, les demandes n'arrivent
pas nécessairement... les réponses n'arrivent pas nécessairement en même temps.
Puis là vous pouvez accepter l'offre d'admission, O.K.? Vous l'acceptez à Saint-Hyacinthe.
C'est près de chez vous, vous connaissez ça, vous acceptez à Saint-Hyacinthe.
Mais là les gens répondent, les jeunes répondent, puis là il y a un premier
tour d'admission, puis un deuxième tour d'admission, puis un troisième tour
d'admission, puis un quatrième tour d'admission pour remplir leur bassin. Mais
là vous changez d'idée au mois de juillet, vous, vous décidez de ne plus y
aller, ou bien il y en a qui... chaque année, ils ont un pourcentage
d'attrition, qu'on appelle, qui finalement ne se pointent pas au mois de
septembre, ils ne viennent pas.
Alors, qu'est-ce qu'ils font, les cégeps, pour
remplir leurs quotas, pour permettre à d'autres de rentrer pendant que certains
risquent de ne pas se pointer? Bien, ils vont peut-être en prendre un peu plus,
parce qu'ils font leurs moyennes sur chaque année. Mais là, tout d'un coup
qu'ils se trompent, certaines années, une année, puis qu'il y a des... plus
d'étudiants qui persévèrent, parce qu'il y a peut-être plus de taux de chômage,
et puis que, là, bon, ils disent : O.K., je vais continuer au cégep, ou
bien qu'il y a des offres d'admission où les gens se présentent en plus grand
nombre que d'habitude, ou bien, en soins infirmiers, autant... au lieu d'avoir
beaucoup d'attrition année après année, bien, il y a un maintien dans le
programme...
Comprenez-vous qu'il y a tellement de facteurs
que votre équation, là, je voudrais la connaître pour arriver au chiffre
magique? J'ai droit à 3 220 étudiants, dans les trois niveaux, les
trois années — en
général, c'est trois ans, mais ça peut être quatre ans, cinq ans — qui
fréquentent. Comment vous faites pour arriver à ça à chaque année?
Puis, je répète, vous avez parlé : qui font
fi de la loi ou qui contreviennent sciemment à la loi. Je ne pense pas que les
exemples que je vous donne mettent en cause le moindrement la bonne volonté des
établissements de se conformer... puis là je ne parle pas de questions
linguistiques, autant francophones qu'anglophones, de se conformer au devis,
mais de, certaines années, peut-être être en bas de leur devis, parce qu'ils
ont... qu'il y a eu plus d'attrition qu'ils pensaient puis, d'autres années,
être un peu en haut. Et donc, si on regarde, si on leur donne, sur le trois
ans, ils sauraient, à ce moment-là, que, là, il faut vraiment qu'ils en
prennent 200 de moins l'année prochaine. Parce que, les étudiants, le nombre s'accumule avec les années, comprenez-vous? Je ne
sais pas si vous me suivez. Ça se fait sur trois ans, les devis. C'est
tout le monde dans un cégep, un devis, ce n'est pas les admissions en première
année, O.K.? Ça, c'est... Alors, c'est très, très compliqué. Donc, ça ne relève
pas, je le répète, de la science exacte.
Je veux comprendre comment le ministère de
l'Enseignement supérieur, puisque vous dites qu'ils vont devoir se conformer à
la loi, va faire pour être absolument sûr, avec son réseau collégial, de
pouvoir répondre à votre loi sans permettre une certaine souplesse au niveau
de... du nombre d'années à partir duquel il pourrait, à ce moment-là, déclarer
les effectifs.
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, les
effectifs seront déclarés annuellement. On fait un suivi annuel. C'est ce qu'on
a vu avec le rejet de la proposition d'amendement.
Mme David : ...oui, mais c'est parce
que je veux être claire. Il m'a redonné le... Non?
La Présidente (Mme Thériault) : Non.
Mme David : Mon micro était ouvert.
La Présidente (Mme Thériault) : ...on
va fermer votre micro. On va laisser le ministre répondre, Mme la députée,
parce qu'en principe, même, vous devriez, tous les deux, vous adresser à la
présidence. Je vous laisse vous... discuter, parce que ça va relativement bien,
mais il ne faut pas que vous vous interpeliez, sinon les gens ne sont pas
capables de s'y retrouver. Puis, en plus, quand on fait le Journal des
débats, il manque des paroles, parce que les micros ne sont pas ouverts
nécessairement à temps. Donc, M. le ministre, c'est à vous.
M. Jolin-Barrette : C'est fort
important, le Journal des débats, Mme la Présidente, puis ça va
intéresser beaucoup le député de
La Pinière, qui est mon critique en matière de justice, parce que, fort
souvent, Mme la Présidente, on réfère au Journal des débats
lorsqu'on est dans des causes devant les tribunaux, et c'est... ça peut faire
argument d'autorité. C'est toujours intéressant à citer quelle est l'intention,
supposons, du législateur, et c'est important de
lui donner toute l'importance, à l'intention du législateur, et au travail, et
au rôle des parlementaires lorsqu'on se retrouve dans les tribunaux.
Peut-être que lui-même, le député de La Pinière, y fera référence un jour.
L'avenir nous le dira.
Alors, Mme la
Présidente, les articles 88.0.7 et 88.0.8 visent notamment les
établissements collégiaux anglophones, parce qu'on se souvient qu'à 88.0.4
c'est le plafonnement au niveau des effectifs dans les établissements
collégiaux anglophones. Vous me donniez l'exemple de Saint-Hyacinthe puis de
La Pocatière. Donc là, cet article-là s'applique au
nombre de places par rapport aux 30 000 quelques places qui sont dans les
établissements collégiaux anglophones pour dire, dans le fond : Vous ne
pouvez pas excéder ces 30 000 places là.
Donc, oui, je suis
d'accord avec vous au niveau de la mécanique. Il y a une certaine mécanique
actuellement qui fonctionne d'une certaine façon. Cependant, le ministère de
l'Enseignement supérieur va travailler avec les établissements collégiaux
anglophones justement pour s'assurer que leur nombre de places, c'est ça, que
ça soit très clair. Et déjà les devis sont suivis annuellement, c'est ce que la
ministre de l'Enseignement supérieur a recommencé à faire, pour s'assurer que
ça soit ces places-là et qu'il n'y ait pas de places excédentaires qui soient
fixées dans les établissements collégiaux anglophones.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée.
Mme David :
Merci. J'attendais mon micro, pour être obéissante, Mme la Présidente.
Reprenons, reprenons. C'est correct, ça, et c'est normal, et ça existe, M. le
ministre, la déclaration annuelle des effectifs étudiants. C'est comme ça que
ça marche. Ce n'est pas ça, le problème.
La déclaration des
effectifs annuels, là, ils font un dénombrement, ils envoient ça au ministère.
Il y a toute une procédure assez longue, assez complexe pour vraiment avoir la
déclaration des effectifs à telle date et puis, après ça, à une telle autre
date, puis ça... il y a tout un travail annuellement qui se fait. Mais ce que
la Fédération des cégeps demande, puis je pense qu'ils en connaissent un petit
bout sur la question des déclarations d'effectifs étudiants, puis ça fait
longtemps qu'ils existent, et ils consultent vraiment tout leur réseau, c'est
de revoir ce fameux devis aux trois ans et non pas à tous les ans.
C'est-à-dire que,
s'il y a 6 582 étudiants dans un cégep, une année, dans sa
déclaration, il va être pénalisé, mais l'année d'après, il y en a 6 560,
donc il y en a 15 de moins que son devis, puis l'année d'après, il y avait cinq
étudiants de plus que son devis, parce que, je le répète, c'est impossible de
pouvoir prévoir un chiffre parfait. Bien là, évidemment, les années où il y en
aura moins, vous ne les payerez pas pour les sièges vides, ça, je suis sûre de
ça, ce qu'on fait, par ailleurs, dans des petites cohortes. Il y a plein de
règles budgétaires sur les petites cohortes, mais ça, je suis sûre que vous
n'irez pas là pour les cégeps anglophones. Alors, vous ne payerez pas pour les
effectifs en moins, mais vous allez les punir s'ils ont trois étudiants de
plus.
Mais ce que je
voudrais que vous conveniez avec moi, c'est que, si c'était sur trois ans qu'on
fait cette moyenne-là... ça ne veut pas dire qu'ils ne déclarent pas
annuellement, ils vont déclarer annuellement, mais de pouvoir dire aux trois
ans : Bon, bien là, c'est correct, vous avez suivi votre devis, moins 15,
plus... une année, plus 10 l'autre année... parce que ça s'adonne que les êtres
humains sont ainsi faits, qu'ils ne sont pas tous comme vous : J'entre au
cégep, je fais mes sessions les unes après les autres, je ne change pas de
programme, je ne change pas de cégep. Ça ne marche pas de même, la vie, là. Ça
ne marche pas de même.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Je suis très conscient que ce n'est pas tous les étudiants au niveau
collégial qui font leur parcours dans le temps minimal requis pour faire ça.
Certains décident d'avoir des expériences extracollégiales, ma foi,
intéressantes. Certains vont à l'école de la vie durant un certain temps.
Certains feront même des doctorats au cégep aussi, hein, décident d'explorer
les différents programmes, et c'est correct.
L'objectif de la loi,
on est au niveau du cadre général. Les modalités d'application, c'est le
ministère de l'Enseignement supérieur qui va les définir avec les
établissements collégiaux, et l'objectif est de faire en sorte que ça ne
dépasse pas le nombre de places dans les établissements collégiaux anglophones.
Alors, c'est un cran d'arrêt. Donc, c'est une photo, et c'est ce nombre de
places là, et c'est le nombre de places autorisées, et ça sera ces places-là
qui vont être financées.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée.
Mme David :
C'est un dialogue de sourds, parce que vous savez très bien ce que je veux
dire, vous êtes bien assez intelligent pour comprendre ma proposition. C'est de
dire : O.K., votre devis, c'est 2 000 étudiants, mais ça se
peut-tu qu'on fasse sur trois ans plutôt qu'à chaque année? Vous en avez eu 1 980
en 2022, 2 020 en 2023 puis 2 000 exactement, là, ce qui est à peu
près impossible, impossible, en 2024. Sur trois ans, la moyenne, ça va faire
2 000. C'est quoi, le problème que vous avez avec ce genre de proposition
là?
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Bien, Mme la Présidente, je n'ai pas de problème avec
ce genre de proposition là. Le choix qu'on fait, c'est une admission qui est
annuelle, donc on veut un calcul annuel pour le nombre de places. On prend une
photo et on dit : C'est ce nombre-là qui est autorisé, et voici le respect
du nombre de places à respecter. Donc là, on est au niveau de l'enveloppe
générale, là, du cadre, tout ça. Pour les modalités d'application, c'est le
ministère de l'Enseignement supérieur qui va les déterminer, s'il y a des
ajustements à apporter.
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la députée.
Mme David : Là,
j'essaie de décoder ce qu'il vient de dire, «s'il y a des ajustements à
apporter». Autrement dit, vous ouvrez la porte à ce que le ministère de
l'Enseignement supérieur, dans sa grande sagesse, vous dise : C'est
impossible, on va demander... on va prendre la moyenne sur trois ans.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Non, non, c'est
un calcul annuel. À chaque année, c'est le nombre de places. Il y a tant de
places dans un établissement collégial anglophone, il faut qu'il respecte son
devis de tant de places qu'il a dans une année distincte.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme David : Ma dernière
question : Est-ce que le ministère de l'Enseignement supérieur vous a
rassuré, est-ce qu'on a des preuves, est-ce qu'on a un avis comme quoi c'est
tout à fait faisable, il n'y a aucun problème, ils sont tous — j'en
vois ici — très
confortables avec cette idée-là, que la Fédération des cégeps est très
confortable, que... Puis je ne parle pas de cégeps anglophones, francophones,
ça n'a rien à voir avec la langue, ça. N'importe quel cégep, là, vous lui demanderiez
ça, ça va être difficile à appliquer. Alors, vous avez été rassuré par tout ce
monde-là, y compris votre collègue... le ministère de l'Enseignement supérieur,
que c'était très faisable?
• (12 heures) •
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Les devis sont
autorisés annuellement au ministère de l'Enseignement supérieur. Le ministère
de l'Enseignement supérieur est d'accord avec la proposition législative que
nous faisons. Et, bien entendu, il y a certaines personnes dans le réseau qui
sont en désaccord avec la proposition, j'en conviens, mais je les entends, vous
les entendez, et vous faites les représentations ici qui font écho à leurs
propos, et je respecte ça, mais ce n'est pas le choix que le gouvernement du
Québec fait relativement à ça.
C'est très clair, pour nous, qu'il y a un nombre
d'effectifs temps complet qui sont disponibles dans les établissements
collégiaux anglophones. La méthode que nous choisissons, c'est une méthode qui
est annuelle. Donc, la loi, ce qu'elle dit, c'est : Vous devez respecter
votre contingentement, le nombre d'effectifs que vous avez. Donc, à chaque année, c'est ce dont vous disposez. Si vous
acceptez des étudiants supplémentaires, vous ne serez pas financés par
ces étudiants-là... pour ces étudiants-là.
On ne veut pas se retrouver dans une situation... et je reviens au terme
«sciemment», parce que je n'ai peut-être jamais géré d'établissements
collégiaux, mais j'ai déjà constaté, dans l'administration publique québécoise,
qu'il est arrivé, par le passé, que certaines organisations ne voulaient pas
respecter certaines règles. Alors, c'est important de nous assurer, là, que,
lorsqu'on fait une loi, que les paramètres soient clairs, et que la loi soit
applicable, et qu'on ait les outils pour la faire appliquer.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
M. Jolin-Barrette : Mais je suis
convaincu que tout le monde va respecter l'article 88.0.4.
Mme
David : Je reviens. Le mot «respecter» n'est pas le mot approprié
dans ce cas-ci. 2 000 étudiants, 25 programmes divisés par x
étudiants par programme, soins infirmiers, sciences de la nature, sciences
humaines, techniques de génie mécanique, techniques d'inhalothérapie. Dans
chaque programme, ils vont prendre tant d'offres d'admission puis là ils vont
dire : O.K., on arrive, disons, à 2 000 — parce que, là, il ne
faut pas qu'ils dépassent d'un seul, là, votre affaire — mais
là arrive le mois de septembre, il s'en présente 1 700, 1 800, parce
qu'il y en a 200 qui ont changé d'idée. C'est comme ça que vous voulez donner
l'accès à l'enseignement supérieur, en disant : On a tellement peur
d'avoir les pénalités qu'on va en prendre juste le nombre, là, on va faire des
offres d'admission juste à cette gang-là puis pas un de plus, au cas où ils
viennent tous. Il va falloir qu'ils fassent de la prédiction sur le nombre de
gens qui risquent de ne pas se présenter. C'est ça, la prévision statistique de
n'importe qui qui a géré des admissions. Ça ne se peut pas que vous demandiez
aux cégeps de pouvoir voir d'avance le nombre d'étudiants qui vont se
présenter. Ce n'est pas des cannes de conserve.
La Présidente (Mme Thériault) : Et
je dois mettre fin à cet échange, puisque vous avez écoulé votre temps. M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Ça va.
La Présidente (Mme Thériault) : Ça
vous va? Est-ce que j'ai d'autres interventions sur l'article 88.0.7? Je
ne vois pas d'intervention. Donc, on va passer à 88.0.8. Et, M. le ministre,
vous avez trois autres amendements, par la suite, qui vont s'insérer.
C'est des nouveaux articles. Donc, commencez avec le 88.0.08.
M. Jolin-Barrette : Oui.
«Malgré toute disposition contraire, le ministre de l'Enseignement supérieur,
de la Recherche, de la Science et de la Technologie retranche le montant prévu
par un règlement du gouvernement ou déterminé conformément à ce règlement sur
les subventions qu'il verse à un établissement offrant l'enseignement collégial, pour chaque étudiant en excédent de son effectif
total particulier, déterminé en vertu du premier alinéa de
l'article 88.0.4 ou 88.0.5.
«Le règlement prévu au premier alinéa est pris
sur la recommandation du ministre de la Langue française.
«Lorsque le règlement prévoit le montant
retranché, celui-ci est indexé de plein droit, au 1er juillet de chaque
année, selon le taux prévu à l'article 83.3 de la Loi sur l'administration
financière (chapitre A-6.001). Le ministre de la Langue française publie à
la Gazette officielle du Québec le résultat de l'indexation et en
informe le public par tout autre moyen qu'il juge approprié.»
La Présidente (Mme Thériault) : Vos
commentaires.
M. Jolin-Barrette : Oui,
pardon. Commentaires. L'article 88.0.8 de la Charte de la langue française,
que propose l'article 58 du projet de loi, complète l'article 88.0.7
et prévoit que le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la
Science et de la Technologie défalque des subventions qu'il verse à un
établissement pour chaque étudiant en excédent de l'effectif total de cet
établissement, un montant qui sera déterminé par règlement du gouvernement ou déterminable selon ce règlement.
Si ce règlement détermine le montant, celui-ci est indexé annuellement.
Les dispositions de l'article 88.0.8 entreront en vigueur à compter de
l'année scolaire 2022‑2023, ainsi que le prévoit le paragraphe 4° de
l'article 201. Donc, on va lire 2023‑2024, Mme la Présidente, puisqu'on va
le repousser.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci.
Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Alors, je vais
continuer à plaider pour que ça soit au moins 2024‑2025 et non pas 2023‑2024, parce
qu'il nous fait la démonstration encore plus évidente qu'implanter tout ça va
demander au ministre de l'Enseignement supérieur un travail colossal et
que je pense qu'il ne mesure pas l'ampleur de ce qui est demandé. Et c'est
tellement, tellement, j'oserais dire, rigide, comme approche, que ça ne peut
pas fonctionner avec des admissions dans un cégep, avec autant d'étudiants puis
autant de programmes.
Alors, oui, il y a des pénalités. Oui, il y a
deux sortes de pénalités. On met vraiment le paquet, mais le mieux est l'ennemi
du bien dans ce cas-ci. On n'est pas contre le bien, on n'est pas contre le
fait qu'il y ait des devis puis, bon, etc., on... Mais, dans la gestion de ça,
je ne comprendrai vraiment jamais comment le ministre peut penser que tout ça
est simple, que tout ça est même faisable et que ça peut se gérer comme on gère
une épicerie, avec le nombre de boîtes de conserve sur la tablette.
Ce n'est pas comme ça que ça marche, l'être
humain, puis il peut changer d'idée, il peut abandonner, il peut tomber malade,
il peut décider de changer de programme, de changer de cégep. Donc, je répète,
je plains amèrement les cégeps, dans ce cas-ci, c'est anglophone, mais, je
répète, ce n'est pas une question linguistique, ça pourrait être francophone aussi, d'avoir à gérer ça à tous les
ans et, de surplus, d'être pénalisés doublement s'ils dépassent pour une
année.
Alors, on va limiter probablement l'accès aux
études supérieures parce que... et c'est tout le contraire de ce que le
gouvernement dit vouloir faire, c'est-à-dire éduquer le plus possible nos
jeunes et le plus longtemps possible pour avoir des bons salaires. Alors, des
bons salaires, ça vient avec de l'éducation supérieure, cégep, université. Et
là, bien, ils vont avoir tellement peur
d'avoir des pénalités qu'ils vont en prendre moins pour être sûrs, qu'au cas où
il n'y ait pas d'attrition ils atteignent le seuil maximal.
Alors, je suis... je trouve ça désolant. Et,
quand le ministre dit que je parle au nom des clientèles inquiètes ou des gens
inquiets, je parle aussi en mon nom. Et je pense, en ce domaine-là, d'avoir
l'entière crédibilité, Mme la Présidente, pour parler en mon nom, avec la
carrière et les postes que j'ai occupés. Je suis inquiète, je le répète, et ce
n'est pas parce que je suis... je dis que c'est épouvantable de donner des
pénalités. Il y en a eu, des pénalités, c'est quelque chose qui est construit
dans le système des règles budgétaires des collèges et même des universités, et
ça a toujours été comme ça. Donc, ce n'est pas là-dessus, là, que je...
J'espère que le ministre remarque que ce n'est pas tant sur le fait de retirer
des montants, retenir de l'argent. C'est sur la façon de procéder, qui n'a
aucun rapport avec la réalité de ce que sont les admissions et la gestion de
devis dans les collèges et, je dirais aussi, dans les universités. Alors, je ne
peux pas en dire plus, Mme la Présidente. Je pense que j'ai... je fais face à
quelqu'un qui a décidé qu'il ne changerait pas d'idée.
La Présidente (Mme Thériault) : Est-ce
que... M. le ministre, un commentaire?
M. Jolin-Barrette : Bien, le propos
de la collègue... la fin de son intervention est juste. On est très à l'aise
avec la disposition que nous avons. Par contre, elle a fait référence à :
ce n'est pas comme gérer une épicerie. Ça, par contre, Mme la Présidente, j'ai
de l'expertise là-dedans, puis ce n'est pas si simple que ça non plus, gérer
une épicerie. Je veux juste vous dire ça.
La Présidente (Mme Thériault) : S'il
n'y a pas d'autre intervention...
Mme David : Je vais juste dire que,
quand on va être rendus aux épiceries, on va être dans les commerces. Et, dans
les commerces, il va donner trois ans pour implanter ça, parce que supposément
que la langue française, ce n'est pas important dans les entreprises. On va
leur donner trois ans, mais il y a urgence dans les collèges, urgence, urgence,
urgence nationale, mais pas dans les entreprises. Trois ans versus un an, j'ai
vraiment hâte d'avoir des bonnes réponses là-dessus, convaincantes.
La Présidente (Mme
Thériault) : Quand on se rendra là. Est-ce que vous... Est-ce que j'ai
d'autres interventions sur l'article 88.0.8? Si je n'ai pas
d'intervention, M. le ministre, je vais vous demander d'aller à la lecture du
nouvel article que vous nous avez introduit, s'il vous plait.
• (12 h 10) •
M. Jolin-Barrette : Ah! Oui,
l'article 88...
La Présidente (Mme Thériault) : 88.0.8.1.
M. Jolin-Barrette : Oui. «En plus de
l'effectif total particulier à un établissement anglophone que le ministre de
l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie
détermine en vertu de l'article 88.0.4, le ministre détermine, pour chaque
année scolaire, un contingent particulier à cet établissement à l'égard des
programmes d'études conduisant à l'attestation d'études collégiales.
«Lorsqu'il détermine un contingent particulier
pour une année scolaire, le ministre s'assure que, pour cette année scolaire,
l'ensemble des contingents particuliers des établissements anglophones
n'augmente pas et n'excède pas la moindre des proportions suivantes de
l'ensemble des contingents particuliers de tous les établissements anglophones
et francophones :
«1° 11,7 %;
«2° la part
de l'ensemble des contingents particuliers pour l'année scolaire précédente des
établissements anglophones sur l'ensemble des contingents particuliers
de tous les établissements anglophones et francophones pour cette même année
scolaire.»
Cet
amendement vise à établir un mécanisme de plafonnement des effectifs analogue à
celui prévu à l'article 88.0.4 dans le cas des étudiants inscrits
dans un programme d'études conduisant à une attestation d'études collégiales.
Donc, essentiellement, Mme la Présidente, avec
cet amendement-là, ce que nous proposons, c'est d'appliquer le même traitement
aux attestations d'études collégiales qu'aux diplômes d'études collégiaux. Il
s'agit d'un gel au niveau du nombre de places dans les établissements
collégiaux anglophones pour les attestations d'études collégiaux.
La députée de Marguerite-Bourgeoys elle-même
avait d'ailleurs demandé d'étendre les mesures du projet de loi aux programmes
des A.E.C. Donc, c'est important de venir renforcer la langue. La collègue
avait dit : «La ministre avait dit que le gouvernement va renforcer la
langue française dans les A.E.C. On a été patient. On cherche dans le projet de loi, mais on ne trouve rien. Il n'y a
rien sur les A.E.C. ou les programmes et établissements privés non
subventionnés, regrette la députée de Marguerite-Bourgeoys.» Question d'un
journaliste : «Est-ce une déception?» Et la députée de Marquerite-Bourgeois
nous dit oui.
Alors, on est à l'écoute de la société civile et
de la collègue de l'opposition pour améliorer la proposition, et c'est ce qu'on
fait avec l'amendement aujourd'hui.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme David : Il a peur de moi, hein,
je pense. Alors...
M. Jolin-Barrette : Peur?
La Présidente (Mme Thériault) : Je
vais vous demander d'être prudente dans vos termes, Mme la députée, s'il vous
plait. Merci.
Mme David : Ah mon Dieu! Oui, il est
tellement sensible. Il est tellement un coeur sensible.
M. Jolin-Barrette : Je recherche
votre approbation, votre satisfaction.
Mme David : Alors, écoutez, je
voulais juste savoir si vous aviez passé une bonne nuit, parce que tout ça est
venu entre hier et aujourd'hui, la question des A.E.C.
M. Jolin-Barrette : Bien, vous
savez, les nuits sont quand même courtes. On travaille tard.
Mme David : Non, mais qu'est-ce qui
vous a inspiré ces amendements-là, tout à coup?
M. Jolin-Barrette : Bien, je pense
que la série d'amendements que je vous ai communiqués, plus tôt ce matin, elle est importante, parce qu'on a vu, au cours
des dernières années, certains défis relativement aux attestations
d'études collégiales. Notamment, prenons le cégep de Gaspé, qui utilisait les
attestations d'études collégiales à Montréal pour donner de l'enseignement
exclusivement en anglais à des étudiants étrangers, qui utilisaient, notamment,
cette attestation d'études collégiales là pour avoir un tremplin vers
l'immigration.
Même chose, il y a beaucoup de... Il y a
certains établissements collégiaux, dans la région métropolitaine de Montréal
également, qui allaient rechercher une clientèle d'étudiants étrangers
internationaux, notamment au niveau privé, avec des attestations d'études
collégiaux, et qui se servaient notamment de ça en prévision de l'immigration.
Le choix du
gouvernement du Québec est à l'effet de faire en sorte qu'il faut, pour pouvoir
s'intégrer à la société québécoise,
notamment occuper un emploi, mais aussi maîtriser la langue commune. Si on veut
pouvoir franciser le marché du travail, si on veut
avoir les outils pour franciser le marché du travail, il faut également que la
formation suive dans ce sens-là et que la francisation puisse se faire.
Et vous noterez que,
dans un des amendements que nous allons vous proposer, on prévoit que, pour obtenir
son attestation d'études collégiales, il y aura également un niveau de français
qui devra être atteint dans l'ensemble des établissements collégiaux qui
offrent des attestations d'études collégiaux.
La Présidente (Mme
Thériault) : ...Mme la députée.
Mme David : J'essaie
de comprendre, parce que, là, vous avez parlé du cégep de Gaspé, qui a un
statut bilingue, mais là qui ne l'aura plus. Donc, de toute façon, il va
rentrer dans le 2 % d'effectifs, il ne rentrera plus... il ne pourra plus
avoir 800 étudiants ou 2 000
étudiants internationaux qui viennent suivre une A.E.C.
M.
Jolin-Barrette : Effectivement, et ça, ça va être 88.0.2.
Mme David : Ça,
c'est déjà prévu dans le... dans la question du 2 %, mais...
M. Jolin-Barrette :
Juste, si je peux vous apporter une précision, Mme la Présidente, c'est
qu'à 88.0.4 on vise les D.E.C., donc le diplôme d'études collégiales, le D.E.C.
Tremplin. Là, on est rendus dans les attestations d'études collégiales, et l'enjeu, notamment avec le cégep
de Gaspé à Montréal, c'étaient des A.E.C., ce n'étaient pas des D.E.C.
Donc...
Mme David : Bien,
je le sais.
M.
Jolin-Barrette : Bien, c'est ça. Mais donc c'est pour ça qu'on vient
déposer ces amendements-là, pour venir fermer la boucle.
Mme David : J'oserais
même dire, M. le ministre, c'est peut-être moi qui ai attiré votre attention
sur cet enjeu-là. La seule chose que je me demande, c'est : Qu'est-ce qui
vous a pris, entre hier et aujourd'hui, pour que ça soit maintenant, le
17 mars, ou je ne sais trop quelle date on est rendus, là, parce qu'on
travaille tous très fort, que ça arrive là, là, et non pas il y a un mois ou
même avec le dépôt du projet de loi?
Autrement dit, vous
continuez à travailler votre projet de loi au fur et à mesure, là. Il y a des
choses que vous savez qui s'en viennent, que nous, on ne sait pas. Parce que
ça, ce n'est pas nouveau, ce que vous dites là, là, on le sait, la... Quand la
ministre a dit, au mois de juin dernier, de l'Enseignement supérieur :
C'est fini, on va mieux encadrer, avec quoi on... ce à quoi on était d'accord,
de ces A.E.C., justement, d'étudiants internationaux, etc., il faut faire
quelque chose, bon. Pourquoi maintenant?
M.
Jolin-Barrette : Bien, deux choses l'une, Mme la Présidente. J'écoute
la députée de Marguerite-Bourgeoys en continu. Deuxième chose, on est rendus à
cet article-là notamment, également, alors je trouvais ça opportun de vous les
envoyer à l'avance.
Mme David : Bien,
ça aurait pu être il y a trois semaines, puisqu'on est dans les mêmes
pourcentages. C'est la même mécanique. 11,7 %, c'est la mécanique du
nombre d'A.E.C. Je suis pas mal convaincue que c'est ça, là. Vous avez demandé
un portrait, peut-être, c'est parce qu'il vous est arrivé tard, puis ça a pris
six mois. Ça vous donne une idée de la gestion des admissions, si ça a pris
tout ce temps-là à arriver, le portrait.
M.
Jolin-Barrette : Bien, vous savez...
Mme David : Ça,
je vous laisse avec vos secrets, mais 11,7 %, vous l'avez finalement eu
puis là vous pouvez le mettre dans l'amendement. C'est le... Expliquez-moi
votre 11,7 %, là, la démarche que vous avez faite.
M.
Jolin-Barrette : Mais, juste vous dire, il y a également les
consultations qu'il y a eu à l'automne et il y a des groupes également qui sont
venus faire les représentations à l'automne dernier, relativement aux
attestations d'études collégiales, et à l'importance de venir les encadrer
également, et à l'importance également de venir indiquer clairement que, pour
diplômer d'une A.E.C., on devait avoir un niveau de français également.
Alors, le
11,7 %, c'est la proportion du nombre d'A.E.C. sur le réseau collégial,
totale. C'est la part des attestations d'études collégiales dans les cégeps
anglophones par rapport au réseau global collégial au niveau des A.E.C., donc
francophones et anglophones.
Mme David : Donc,
c'est la même chose que votre 17,5 %.
M. Jolin-Barrette :
C'est ça.
Mme David :
C'est la part des étudiants du D.E.C. par rapport à l'ensemble des étudiants.
11,7 %, c'est la part des étudiants A.E.C. actuels dans les cégeps
anglophones.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme David : Mais
l'exemple que vous me donnez, de Gaspé, où j'en étais, là, il fallait contrôler
ça puis il faudrait peut-être qu'ils aient
au moins un cours de français quand ils viennent ici puis qu'ils sont étudiants
internationaux. Là, on ne parle plus du cégep
de Gaspé, parce qu'ils vont être dans le 2 %, ils ne sont pas dans les
cégeps dits anglophones.
M. Jolin-Barrette : Ils vont être...
Bien oui.
Mme David : Parce que, vous, c'est
un établissement anglophone.
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais à l'amendement suivant, tout à l'heure,
qu'on va avoir, 88.0.8.2, là, Gaspé va être là.
Mme David : Mais dans... moi, je
parle du point 1, là.
M. Jolin-Barrette : Dans le
point 1, Gaspé n'est pas là parce que c'est un établissement collégial
francophone, désormais.
Mme David : Donc, dans les
établissements anglophones, c'est le copier-coller, d'ailleurs, mot à mot, là,
du 17.5, mais on met 11,7 %, et c'est la photo 2019.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Mme David : Est-ce qu'on les prend
tous ensemble, les amendements, ou on prend juste celui-là, là? Parce qu'on
parlait déjà des francophones et des... parce que, quand va arriver la question
d'une maîtrise du français, c'est beaucoup plus loin. Je me demande si ce n'est
pas le quatrième amendement.
La Présidente (Mme Thériault) : ...le
ministre, il a trois nouveaux articles qu'il déposait.
Mme David : ...connaissance,
l'étudiant qui a reçu l'enseignement collégial donné en anglais, bon, lui, il
n'a pas à soumettre. Donc, on parle plus tard, là, c'était au 88.0.12.1, la
question des cours de français. Je veux être sûre que je ne rate pas la bonne
station de train où on va s'arrêter pour parler du français.
M. Jolin-Barrette : Exactement,
c'est 88.0.12.1.
Mme David : O.K. Donc, le premier,
c'est le 11.7. Je répète quand même la question, parce qu'elle aurait été... ça
aurait été intéressant. Vous parlez des consultations, les gens sont venus en
consultation, mais ça, c'est quand ça convient à vos objectifs à vous, mais ils
sont aussi venus en consultation pour demander du pluriannuel, pour demander de
retarder, etc. Donc, on peut le jouer sur plusieurs tableaux, les
consultations.
M. Jolin-Barrette : Bien, comment je
pourrais dire ça?
Mme David : Oui, comment?
M. Jolin-Barrette : Lorsqu'il y a
des consultations, on écoute tous les groupes, on analyse tous leurs mémoires.
Comme dans tout choix décisionnel, on retient certaines suggestions, et il y a
d'autres suggestions que l'on ne retient pas. Et moi, je l'ai dit très
clairement, toute mesure qui vise à bonifier, à renforcer la langue française,
la protection de la langue française, je suis ouvert. Et je considère que ces
propositions-là visent à mieux protéger la langue française, et c'est pour ça
que je les inclus.
Mme David : Alors, Mme la
Présidente, bonifier, certes, mais améliorer un projet de loi, ce n'est pas que
bonifier et resserrer les vis de la langue française, c'est aussi
l'applicabilité. Mais ça, l'applicabilité, ça a l'air à moins vous inquiéter.
Si votre maison, vous la construisez, mais qu'elle est de même, là, c'est le
fun, vous avez une belle maison neuve, mais elle est de même. Vous ne pouvez
pas coucher dedans, le lit tombe en bas.
• (12 h 20) •
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Bien, pour faire suite à ce qu'on discutait hier,
effectivement, vous ne prenez pas Numérobis comme architecte pour
qu'elle soit bien construite. Sur l'application, la mise en vigueur, je
comprends ce qui est soulevé par la députée de Marguerite-Bourgeoys à l'effet
que ça fonctionne d'une certaine façon, actuellement, mais c'est sûr que, dans
toute chose, lorsqu'il y a un processus législatif, lorsque les lois changent,
il y a un ajustement également à faire. Donc, tout changement amène certaines
adaptations.
Mais c'est sûr que,
si on regarde ça de la part du prisme, que ça fonctionne de même, puis il faut
le faire... C'est dans un cylindre... actuellement, c'est dans un cylindre,
puis là on s'en va, supposons, dans un octogone. Bien, c'est sûr que ce n'est
plus tout à fait la même chose, ce n'est plus la même forme, mais maintenant on
va fonctionner avec un octogone. Là, je veux... comment je pourrais dire, je ne
veux pas que... Je n'aurais peut-être pas dû prendre l'octogone, parce que je
ne veux pas que ça soit perçu, Mme la Présidente, comme un endroit de bataille,
là. Tu sais, vous savez, l'octogone avec le combat
ultime, alors j'aurais dû prendre, peut-être, un triangle. Un triangle... Je ne
veux pas qu'on me taxe de...
La Présidente (Mme
Thériault) : Je suis convaincue qu'il n'y a pas personne qui va le faire,
M. le ministre. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Je
ne vous taxerai pas de rien, mais, si l'architecte vous dit que, pour
construire votre maison, ça va prendre un an, puis vous dites : Moi, je la
veux dans deux semaines, puis c'est moi qui vous paie, puis ça va être dans deux semaines, ça se peut que l'architecte
dise : C'est impossible, impossible, M. le client, je ne peux pas faire
ça.
J'essaie
respectueusement de vous dire que je suis bien d'accord pour les changements.
Dans la vie, là, je n'ai pas peur des changements, au contraire, mais qu'il y a
des changements qui prennent un certain temps puis qu'il faut avoir, j'oserais
dire, un certain humanisme là-dedans. Puis vous êtes pressé, vous dites :
Les changements, ça dérange tout le temps. Je vous donne raison là-dessus, que
ça dérange, les changements, mais, en même temps, et je vois qu'on exerce votre
patience dans cette vie de leader, dans cette vie de ministre, dans... Mais, je
répète, donner du temps au temps, ce n'est pas négatif. L'histoire que vous
aimez tant, l'histoire avec un grand H, c'est beaucoup de patience, beaucoup
d'empathie pour ce que l'autre vit, puis on arrive à négocier quelque chose.
Mais là, vous, vous dites : C'est un an, «that's it, that's all».
Moi, quand j'ai fait
le règlement sur l'affichage, j'ai donné trois ans. Vous allez me répondre,
quand on va être rendu là, que c'est... parce que j'ai donné trois ans, vous
dites : O.K., on va donner trois ans, effectivement, pour les entreprises,
de se conformer. Mais pourquoi c'est bon pour les entreprises puis ce n'est pas
bon pour des changements aussi importants que de rentrer un carré dans un
octogone ou rentrer... remettre une maison droite, ou réparer une inondation,
ou faire des choses? Oui, c'est du changement, mais le changement doit être
équitable pour tout le monde. Puis vous n'êtes pas équitable quand vous mettez
trois ans pour un, un an pour l'autre, sans raison, sans justificatif. En cour,
vous avez... vous êtes un avocat, vous le savez, quand on plaide, il y a la
couronne puis il y a la défense, puis que le meilleur gagne, puis là le juge
regarde ça, puis il dit : Oui, mais c'est raisonnable, peut-être, de
donner trois ans, c'est raisonnable. Il me semble que ça aurait du bon sens.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, j'espère que la décision est fondée sur le droit, là, plutôt que ça
soit... que le meilleur gagne, mais encore faut-il dire que le droit n'est pas
fixe, hein? Puis il peut y avoir plusieurs interprétations, parfois, quand vous
vous retrouvez dans une salle de cour. Par contre, oui, c'est équitable, parce
qu'on fait les changements puis on ne fait
pas ça en deux semaines, là. On parle de l'année scolaire 2023‑2024,
là, ce n'est pas demain matin, là. Ça laisse plusieurs, plusieurs mois,
plus d'une année déjà. Puis le projet de loi, on l'a déposé aussi en mai 2021,
là, 13 mai 2021, ça va... on va
célébrer l'anniversaire bientôt, là, déjà. Il est à veille de marcher, là, le projet
de loi, quasiment tout seul.
Alors,
l'objectif est de faire en sorte de venir... avoir des mesures qui vont avoir
un impact concret et immédiat au niveau
de la langue normale des études au niveau du français, puis on se retrouve dans
une situation où le collégial n'avait pas
été inclus dans ce grand chantier de protection et de promotion de la langue
française. Alors, on les inclut et, puisqu'on doit y aller d'une façon qui est importante et rapide dans tous les pans
de la société, bien entendu, on y va rondement, là.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée. J'ai le député de Matane aussi
qui veut intervenir sur cet article-là, mais c'est à vous la parole.
Mme David :
Alors, vous dites, les collèges n'avaient jamais été inclus, là, vous
incluez les collèges, c'est... je répète, ce n'est pas ça, le problème. Le
problème, c'est la vitesse avec laquelle vous voulez procéder dans tout ça,
alors que, par ailleurs, votre collègue a déjà annoncé, de toute façon, un gel.
De toute façon, votre 30 000 étudiants,
il est là, «anyway», jusqu'en 2029. Donc, le feu n'est pas pris, il est déjà
bien, bien encadré. Non, vous n'avez pas le droit
de parole, la présidente va le dire, là. Je sais, c'est difficile, hein, de
répondre, on aimerait ça se... Excusez, Mme la Présidente, mais c'est
parce qu'il était sur le point de parler.
La Présidente
(Mme Thériault) : Si vous me regardez, il n'y a pas de notre
problème, vous pouvez continuer.
Mme David :
Alors, j'ai pris sur moi de faire une présidente de moi, excusez-moi, mais
effectivement, là, ça a comme... C'est ça
que je ne comprends pas, parce que, votre raisonnement, c'est dur de le suivre.
Puis, comprenez-moi bien, je ne vais pas être contre le trois ans pour
les entreprises, là, pas du tout. Ce que je voudrais, c'est que vous soyez magnanime autant pour les collèges avec les
changements que vous demandez, puisque, de toute façon, le gel, il est
déjà établi par la ministre. Elle a agi
avant le projet de loi. Alors, votre problème d'il va y avoir une augmentation
épouvantable, il n'est pas là, là. Il
n'est pas là. Votre projet de loi, il vient encadrer, il vient mettre toutes
sortes de balises, mais déjà la ministre a fait son lit là-dessus, on pourrait dire. Mais moi, j'aimerais que vous
donniez le même temps que vous donnez aux entreprises.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Oui. Il faut que la situation, au niveau collégial, change. Et, bien
entendu, il y a un gel au niveau administratif, mais c'est pertinent qu'on ait
les outils législatifs pour faire en sorte que ça se traduise concrètement et
que la loi soit adaptée à la fonction... en fonction de la décision
administrative qui a été prise.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée.
Mme David : Ah! écoutez, je me
retiens de dire quelque chose, mais ce n'est pas ça, le problème, puis vous le
savez très, très bien. Alors, vous me dites ça comme si c'était très sérieux,
là, il faut que la loi soit appliquée, les mesures législatives... On est tous
d'accord, là, qu'une loi, c'est plus pérenne qu'un décret jusqu'en 2029. Ça,
c'est vrai, mais ça ne changera rien.
Hier, vous avez plaidé pour une urgence
épouvantable, là, pour le collégial. Il fallait faire quelque chose, il fallait
faire quelque chose. Vous le faites, la ministre le fait, mais là vous ne leur
donnez pas le temps de se retourner de bord. C'est comme si vous demandiez à
votre conseiller d'avoir fait sa thèse de doctorat en six mois, bien, ça ne se fait pas pour être... d'avoir un aussi bon travail
de thèse, ça prend un certain temps. Alors, ce n'est pas de la mauvaise
qualité qu'on demande, là, on manque de pouvoir le faire correctement. Alors,
j'ai fini, Mme la Présidente, je sens que je ne convaincrai pas le ministre.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci.
M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Merci, Mme la
Présidente. Je veux intervenir parce que c'est filmé, parce qu'il va rester une
trace de ça. Puis, d'une certaine façon, je me retrouve dans le même camp que
la députée de Marguerite-Bourgeoys qui dit : Bien, je renonce à le
convaincre. C'est la même chose pour moi, mais pas pour les mêmes enjeux,
quoique le ministre semble plus ouvert à intégrer des propositions qui proviennent
du Parti libéral que du Parti québécois. Et...
Une voix : ...
• (12 h 30) •
M. Bérubé : Oui, depuis le
début, vous avez fait davantage de gains, proximité idéologique, probablement,
mais, quand on regarde le projet de loi, oui, puis je vais vous le démontrer.
Alors, tout à l'heure, le ministre disait :
Il y a des propositions qu'on reçoit, on en retient certaines, on renonce à
d'autres. C'est le cas pour celles que j'ai faites, mais je veux évoquer une
hypothèse. Tout à l'heure, la députée de Marguerite-Bourgeoys a dit : Mais
pourquoi maintenant trois propositions? Ça vient d'où? Pourquoi? Bien, c'est
une question pertinente. Alors, j'ai une hypothèse que je souhaite partager
avec les collègues, urbi et orbi, à l'extérieur de l'Assemblée aussi, avec les
gens qui nous écoutent.
Le ministre a rencontré le premier ministre hier
selon les réseaux sociaux. Alors, ils ont eu des échanges, probablement qu'ils
ont fait le point sur la pression qui est exercée sur le gouvernement sur la
mesure la plus structurante qu'est le collège en français. Et, comme ils ne
veulent pas bouger là-dessus, ils ont dit : Il faut faire autre chose pour
donner cette impression qu'on bouge. Alors, il y a eu, il y a quelques minutes,
un point de presse dans le foyer sur le collège Dawson. Alors, ils se sont
dit : On va larguer Dawson, ça va donner l'impression qu'on est plus
engagés. Puis on n'avait pas cette position-là avant, c'est une position très
récente, mais ça va aller.
Ce n'est pas suffisant. On est rendu à
15 syndicats de collèges au Québec qui sont en faveur de la proposition du
Parti québécois. Et je lui annonce que la 16e, c'est au cégep
Édouard-Montpetit, probablement, à Longueuil, dans quelques jours.
Là, ils arrivent avec ces propositions-là. Ça ne
sera pas assez non plus. Je l'indique, je vais commencer à en parler avec le
ministre en privé tout à l'heure. Ce n'est pas ça, le fond de la question. Oui,
c'est bien, mais ça n'avance pas assez vite. À partir du moment où on convoque
des parlementaires, qu'on ouvre une discussion ou un débat, qu'on a un projet
de loi, que l'opinion publique est intéressée par ces débats-là, soit qu'on va
de l'avant avec une mesure qui, vraiment, est sérieuse, qui est démontrable
avec des chiffres et applicable...
Parce que, tout à l'heure, la députée de
Marguerite-Bourgeoys a dit : Les mesures que vous proposez, ça va être dur
de les appliquer, quant à l'admission dans les collèges, par exemple. Ça, c'est
des réponses que le ministre doit avoir. Quoiqu'avec le volontarisme dont il
fait preuve, depuis qu'il est en politique, je suis convaincu que ce n'est pas
ça qui va l'arrêter. C'est positif, quand je dis ça. Le volontariste, pour moi,
c'est positif.
C'est une question d'application. Bien, ce n'est
pas plus compliqué d'appliquer le cégep en français. Je ne sais pas si une des raisons qui fait en sorte que le
gouvernement de la CAQ et le ministre sont contre, c'est son application.
Il peut se tourner, encore une fois, juste à
sa gauche, parce que son conseiller et chercheur nous a indiqué, dans une
publication que j'ai juste devant
moi, que c'était certainement applicable. Il nous explique la recette, que je
pourrais partager au bénéfice de tout
le monde. Alors, oui, c'est faisable, c'est même souhaitable, selon son
conseiller. Alors, il y a des propositions qu'il retient, des
propositions qu'il ne retient pas, ce qu'il nous a dit tout à l'heure.
J'aimerais qu'il retienne les propositions de son conseiller, parce que c'est quelqu'un qui a
un doctorat, qui est spécialisé là-dedans. Moi, je l'écouterais davantage,
et c'est l'expertise que je souhaite mettre à contribution, celle qu'on a au
bénéfice de la commission, parce que le ministre n'est pas un spécialiste
là-dedans, moi non plus, mais lui, c'en est un. Alors, il n'a pas le droit de
parole, mais ses écrits parlent, et là on en a de plus en plus, là, qui tendent
à nous démontrer qu'on est sur la bonne voie en proposant cela.
Je termine en disant que... pourquoi les trois
propositions d'aujourd'hui, pour donner l'impression qu'on va compenser la
demande pressante, urgente, insistante, réaliste et souhaitable que la mesure
pour le collège en français soit adoptée. Alors, c'est un peu regrettable,
parce qu'il pensait qu'avec Dawson, en larguant, ça allait fonctionner. Non, ce n'est pas assez. Et là, bien, ça nous
place dans des nouvelles configurations, parce que, là, le Parti libéral,
maintenant, défend Dawson. Bien, en fait, maintenant... Ils le défendaient
parce que c'était, avant l'arrivée de la CAQ, un projet prioritaire. La CAQ en
a fait un projet prioritaire à travers les projets de loi n° 61
et n° 66. Je ne sais jamais lequel précède l'autre.
C'était dans les... au PQI, dans le collégial, le prioritaire.
Maintenant, il l'a largué.
Ça ne suffira pas, et on va continuer à en parler. Et j'invite le ministre à
suivre l'actualité au cours des prochaines heures et des prochains jours. Je ne
pense pas que la pression va diminuer sur une proposition importante. Encore
une fois, toujours disponible pour aider le ministre et son conseiller à
convaincre son gouvernement de faire un changement aussi subi et inattendu
qu'il l'a fait aujourd'hui avec ces trois propositions. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci,
M. le député. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, Mme la
Présidente, j'apprécie l'offre, de bon coeur, d'accompagnement de la part du
député de Matane-Matapédia. Vous me permettrez de la prendre en délibéré. Mais
je souligne qu'à nouveau le député de Matane-Matapédia indique clairement que
je suis bien accompagné, que le Dr Poirier est la personne toute désignée pour
conseiller le gouvernement du Québec dans le cadre de ce dossier linguistique
là. Et je suis heureux que le député de Matane-Matapédia reconnaisse la qualité
des hommes et des femmes qui conseillent le gouvernement du Québec dans ce
dossier et qui ont décidé de faire du service public pour venir réaliser ce
mandat-là. Puis je tiens à remercier le Dr Poirier à cet effet-là, d'avoir fait
le choix, pour un certain temps, de servir l'État québécois au niveau d'un
cabinet ministériel. Je crois que ce...
Et d'ailleurs, vous savez, je n'hésite pas à
aller chercher des spécialistes. Notamment, je fais penser à un projet de loi
que j'ai fait avec vous deux, avec la députée de Marguerite-Bourgeoys et avec
le député de Matane également, où le Pr Rousseau, également, en matière de laïcité,
était venu nous donner un coup de main également, de nous faire bénéficier, à
l'État québécois, de ses connaissances. Et je pense que c'est tout à leur
honneur lorsqu'il y a des gens qui se joignent... peu importent les
gouvernements, d'avoir des gens qui soutiennent le gouvernement dans
l'application... qui sont des spécialistes et qui peuvent renseigner
adéquatement... Je pourrais vous donner le même exemple avec le projet de loi n° 2 que j'aurai le bonheur,
très bientôt, de faire avec le député de La Pinière, et je sens son
enthousiasme, et où le Pr Roy, de
l'Université de Montréal, nous a conseillés par rapport à la réforme du droit
de la famille. C'est un spécialiste et c'est quelqu'un d'une grande
compétence également. Alors, je suis content que le député de Matane-Matapédia reconnaisse qu'on est à l'écoute.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci.
J'ai le député de Matane qui a encore une...
M. Bérubé : Oui. Alors,
effectivement, le Pr Rousseau, je salue également son engagement public. D'ailleurs,
il souhaite le continuer avec votre formation politique. Donnez-lui des
nouvelles, là, pour cet automne. Ceci étant dit, je veux rendre hommage au Pr
Poirier à travers les oeuvres, à travers ses écrits. Alors, je veux appuyer ce
que je dis sur un texte, La loi 101 au cégep, ça ne fait pas si
longtemps que ça, ça a été repris par David Santarossa : «Au sujet de la loi 101 au cégep, les chercheurs
Guillaume Rousseau — le
même Guillaume Rousseau — et
Éric Poirier ont déjà montré que le tout était conforme au droit
canadien et québécois : "Encadrer la langue d'enseignement collégial
en y appliquant les dispositions de la Charte de la langue française
actuellement réservées aux écoles primaires et secondaires respecterait vraisemblablement
les droits de la personne." Il semblerait donc malvenu de parler ici de
discrimination.» Ça, c'est Santarossa qui ajoute ça. C'est conforme à tout ce
qu'on a lu des propositions.
Donc, c'est faisable. Alors, si c'est faisable
puis, en plus, que c'est souhaitable, j'espère que c'est envisageable et puis
qu'on va le faire. Alors, il n'y a pas d'obstacle, sinon de lever la jauge de
nationalisme, là, de la CAQ, qui est bloquée
là, là, ou la lever puis y aller avec un peu d'émotion. Tantôt, la ministre
questionnait... en fait, la députée, l'ex-ministre questionnait le
ministre : Bien, laissez-vous aller, d'une certaine façon, qu'elle a dit,
vous êtes un peu straight. C'est un peu ça, je pense... En tout cas, je
souhaite que c'est ça qu'elle souhaitait évoquer, mais ce qu'elle a dit,
finalement, c'est : Allez-y, tu sais, pourquoi vous faites ça, pourquoi
maintenant, qu'est-ce qui est arrivé, quelle embûche, pourquoi on le fait?
L'intention du législateur, c'est ça qu'on... Ça nous permet d'apprendre des
choses. Si, par exemple, sur les trois amendements, c'est le ministre qui nous
dit : Bien, j'ai découvert en cours de route... j'ai eu un avis qui me
dit... on l'avait oublié, puis c'est pour ça qu'il faut l'ajouter, ça, ça
parle. Ça nous permet d'avoir un contexte. Bien, moi, je trouve que, oui, ça me
donne de quoi. Sinon, je vais être obligé de dire : Bien là, c'est juste
du symbole, c'est de le rajouter en donnant l'impression que c'est encore plus
chargé.
Donc, ça, je veux que le ministre ne se gêne pas
pour nous dire : Bien, on a eu un avis ou on a eu... on s'est réalisé
qu'il manquait un élément, ou on a vérifié avec la Fédération des cégeps, ou on
a un avis du ministère de l'Enseignement supérieur. D'ailleurs, moi, si je le
pouvais, j'aimerais beaucoup questionner la ministre de l'Enseignement
supérieur. Bon, on n'a pas beaucoup de questions en Chambre, mais si je
pouvais, ici, je le ferais parce que je suis sûr qu'on pourrait valider
l'application, le réalisme des propositions, puis on pourrait, en tout cas,
avoir certainement un éclairage qui est souhaité tant par la députée de
Marguerite-Bourgeoys que par moi.
Alors, tout ça pour dire que je vais...
Finalement, je vais encore continuer de parler du cégep en français dans
d'autres tribunes, y compris ici, parce que ça ne suffira pas à me faire
oublier que la mesure la plus structurante, à portée de main du gouvernement,
c'est celle-ci.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci.
Est-ce que j'ai d'autres interventions? M. le ministre.
• (12 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Bien, juste
souligner qu'à juste titre le Dr Poirier et le Pr Rousseau ont
indiqué dans leur texte, effectivement, que
c'était une possibilité qui existait, et ce n'est pas en... C'est une mesure
qui est constitutionnelle, effectivement, mais ce n'est pas le choix du
gouvernement.
La Présidente (Mme
Thériault) : Merci. J'ai Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Bien, le député de
Matane-Matapédia et moi avons un point commun. Je pense qu'on a de la suite
dans les idées et puis on vous apporte des choses qui sont peut-être un peu...
Des fois, vous devez nous trouver tannants, comme on dit. Vous devez nous trouver
un peu... Mais ce n'est pas grave, ça, moi, je vais maintenir tant qu'il faut
mes objections sur la question de l'applicabilité.
Puis, quand il parle de la ministre de
l'Enseignement supérieur, effectivement, je me demande... C'est un des rares
articles où, là, tout à coup, elle... On le met toujours masculin, mais on ne
recommencera pas, Mme la Présidente, notre histoire de «le ministre», «le
ministre», là, c'est extrêmement... Je pense, les textes législatifs auraient
besoin d'être un peu plus binaires, là, et, bon, ça, c'est une autre affaire.
Mais la ministre de l'Enseignement supérieur, tout à coup, elle a une autonomie
là-dedans, mais c'est parce que partout, partout, c'est toujours qu'il faut
qu'elle rende des comptes au ministre de la Langue française, etc.
Alors, s'il y a divergence entre les deux, qui
va avoir le dernier mot dans... parce que, dans tous les articles, il faut que
la ministre, qui est maintenant sous tutelle du ministre de la Langue
française, bien, soumette, et puis là le ministre, il ne fait pas juste
recommander. Il faut vraiment qu'ils s'entendent. Comment ça va marcher, là?
Qui va avoir raison si les deux ne s'entendent pas? Puis là je ne dis pas que
c'est vous versus... On est en 2023, là.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, en fait,
il n'y a personne qui est sous la tutelle de quiconque. La façon dont est
construit le projet de loi, pour la majorité des articles, souvent, par rapport
au réseau, supposons, collégial, là, ou à l'enseignement supérieur, c'est la
ministre qui a la responsabilité, et souvent ce qui est indiqué dans le projet
de loi, c'est «après consultation du ministre de la Langue française», mais le
pouvoir décisionnel par rapport au réseau demeure celui de la ministre
l'Enseignement supérieur. Donc, dans la loi, ce qu'on crée, c'est une
obligation de consultation, mais la décision ultime revient au ministre de la
Langue française. Il n'est pas écrit : La décision est prise
conjointement. C'est la ministre de l'Enseignement supérieur, suite à la
consultation du ministre de la Langue française, qui décide x, y, z.
Mme David : Alors, j'aimerais ça que
vous me définissiez ce que veut dire «consultation».
M. Jolin-Barrette : Bien, une
consultation, c'est lorsque... vous savez, vous avez été au Conseil des
ministres, les ministres discutent ensemble des projets qui touchent différents
ministères, puis, dans ce cas-ci, la langue française... Et c'est pour ça qu'on
dit «notamment le ministère de la Langue française». La langue française
touche tous les ministères, dans le fond. Alors, c'est pour ça qu'on est venus
faire en sorte que le ministère de la Langue française est en place, mais que
le ministre également doit être consulté pour les différentes politiques, les
différentes mesures qui seront mises en place par les collègues ministériels
également.
Alors, le ministre va pouvoir suivre les
différents dossiers et également avoir une vision qui est panoramique, si je
pourrais dire, de l'ensemble des dossiers qui touchent la langue française.
C'est pour ça qu'on a construit ça de cette façon-là, parce qu'on ne souhaite
pas que, dans l'État québécois, il y ait certains domaines qui sont isolés et
qui font fi de la protection, de la promotion et de la valorisation de la
langue française. C'est pour ça que le ministre de la Langue française a une
responsabilité qui est, si je pourrais dire, circulaire à l'ensemble du
gouvernement pour être... En fait, le ministère de la Langue française va
détenir l'expertise sur ce sujet-là. Donc, il va être le mieux à même de
conseiller les différents collègues en lien avec leurs différents réseaux par
rapport à la langue française.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme David : Oui. Je ne veux pas
présumer, parce qu'on sait bien que, dans un conseil des ministres, tout le
monde est très, très collaborateur et puis tout va toujours très bien entre les
différents collègues, mais, en cas de divergence d'opinion, qui l'emporte dans
votre schéma à vous?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez,
là, vous m'amenez un point pour nous dire que, selon votre expérience
ministérielle, il arrivait des divergences d'opinion avec vos collègues.
Mme David : Mon expérience d'être
humain.
M. Jolin-Barrette : O.K. Alors, tout
dépendant des articles de loi... Donc, lorsque c'est indiqué : la ministre
de l'Enseignement supérieur prend un règlement après consultation du ministre
de la Langue française, bien, c'est la ministre
qui a le pouvoir et qui est habilitée à prendre le règlement, mais elle doit
consulter son collègue de la Langue française.
Mme David : Donc, en cas de
divergence, je conclus que c'est la ministre, dans ce cas-ci, votre exemple,
qui décide, même si son collègue n'est pas d'accord.
M.
Jolin-Barrette : Bien, ultimement, elle doit le consulter. C'est
l'obligation qui lui est faite.
Mme David : Consulter
ne veut pas dire droit de veto.
M.
Jolin-Barrette : Doit...
Mme David : Droit
de veto.
M. Jolin-Barrette :
Non, non, c'est différent.Si c'était indiqué : La ministre de
l'Enseignement supérieur, avec l'approbation
ou avec l'accord du ministre de la Langue française, là, c'est différent, là,
c'est après consultation. Donc, la responsabilité ministérielle sur le
réseau demeure en fonction des différents articles. Je vous donne un exemple, à
certains articles, la ministre de l'Enseignement supérieur doit transmettre au
ministre de la Langue française les règles budgétaires.
Donc, c'est une obligation de transmission, ce n'est pas une obligation
d'approbation des règles budgétaires.
Mme David : Ça, je comprends bien,
mais effectivement j'essaie d'imaginer... Ça veut dire qu'il y a une gradation
de vocabulaire dans le projet de loi. Des
fois, il consulte, des fois, il faut que ça soit avec l'accord de ou avec
l'autorisation de...
M.
Jolin-Barrette : Je ne crois pas qu'on a «avec l'accord» dans le
projet de loi. À 88.0.1, pour la désignation des établissements collégiaux,
qu'ils soient anglophones ou francophones, là, cette désignation-là se fait
conjointement entre le ministre de la Langue française et la ministre de
l'Enseignement supérieur, mais, par contre, pour le règlement qu'on a vu tout à
l'heure par rapport aux pénalités, bien, c'est la ministre de l'Enseignement
supérieur... À 88.0.8, là : «Malgré toute disposition contraire...» Oui,
c'est ça, au deuxième alinéa : «Le règlement prévu au premier alinéa est
pris sur la recommandation du ministre de la Langue française.» Là, c'est le ministre
de la Langue française qui recommande de prendre le règlement.
Alors, c'est plus
fort que juste consulter, c'est une recommandation, mais, ultimement, le
pouvoir demeure toujours à la ministre, puis, à d'autres endroits, c'est un
pouvoir de consultation... bien, pas un pouvoir de consultation, une obligation
de consultation de la ministre.
Mme David : Alors,
est-ce que vous seriez capable, parce que vous êtes bien équipé, vous avez
des conseillers formidables, de me sortir un peu la nomenclature dans les
différents articles, sans que ça soit exhaustif, les différents types de
rapports entre un ministre puis un autre ministre dans les futurs rôles? Parce
qu'il va y avoir un chapitre, là, sur le ministère de l'Enseignement... le
ministère de la Langue française, mais ça ne veut pas dire qu'il faudrait
refaire tous les articles de loi pour voir quel verbe a été employé. Mais, si
vous pouviez nous mettre par catégories les rôles du ministre de la Langue
française par rapport à ses autres collègues, parce que, là, il y en a
plusieurs, comme vous dites, qui sont impliqués, puis, en connaissance de
cause... Encore une fois, malheureusement, des fois, ça trahit l'âge ou
l'ancienneté dans notre vie politique. Je sais que ce n'est pas toujours facile
d'être un ministre transversal, et c'est un euphémisme de dire ça. Alors, des
fois, les mots ont tout leur sens. Alors, des fois, vous êtes vraiment
coresponsable, d'autres fois vous essayez de crier, mais on ne vous entend pas,
d'autres fois vous êtes unique responsable, d'autres fois c'est de la
consultation. Alors, je peux le faire, mais ça va être plus long que si vos
charmants collaborateurs peuvent sortir le vocabulaire, mais ce n'est pas
urgent non plus.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : O.K. Bien, on va vous sortir les différents endroits
où il y a une relation entre le ministre de la Langue française et les autres
collègues. Déjà, d'entrée de jeu, vous vous souvenez, l'article 12... 13
sur les exigences par rapport au bilinguisme, avant d'exiger qu'une personne
désignée à la fonction de juge ou décideur administratif... on exige l'avis de
sélection, mais le ministre responsable, exemple, le ministre de la Justice, le
ministre du Travail, supposons, pour nommer un décideur administratif au
Tribunal administratif du travail, devra consulter le ministre de la Langue
française. Donc, il y a différents éléments comme ça.
Mme David : J'ai
hâte de voir si le rapport entre le ministre de la Langue française puis le
ministre de la Justice... Bien, en ce cas-ci, c'est très intéressant de voir la
cohabitation intime entre l'hémisphère droit et l'hémisphère gauche d'une même
personne, mais, un jour, ça ne sera peut-être pas ça. Alors, ça va être assez
intéressant de voir...
M.
Jolin-Barrette : Bien, fort probablement que, dans le futur, ça ne
sera pas ça, éventuellement.
Mme David : Fort
probablement, pas sûre que l'expérience soit répétée.
M.
Jolin-Barrette : Bien, moi, je trouve que c'est une expérience
agréable, opportune et tout à fait justifiée, mais, vous savez, la langue s'est
promenée à quelques endroits, là. Ils avaient déjà été à la Justice. Ils ont
été beaucoup à la Culture. Ils ont été à l'Immigration.
Mme David : Je
peux vous donner des opinions sur la Condition féminine. Ça ressemble
beaucoup... Bon, c'est des affaires qu'on promène d'un bord puis de l'autre. La
présidente peut certainement témoigner de plein de choses comme ça, oui. Alors,
en tout cas, O.K., ça va pour moi, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Thériault) : Ça va pour vous? M. le ministre, est-ce qu'on passe à
l'autre article?
M. Jolin-Barrette : Oui.
La
Présidente (Mme Thériault) : C'est un... Je dois le voter, celui-là, parce que
c'est un amendement. Est-ce que le 88.0.8.1 est adopté?
Des voix : Adopté..
La Présidente (Mme Thériault) :
Adopté. Pour 88.0.8.2.
M. Jolin-Barrette : Oui. À
l'article 58 du projet de loi tel qu'amendé, insérer, après
l'article 88.0.1 de la Charte de la langue française qu'il propose,
l'article suivant :
«En plus de l'effectif total particulier à un
établissement francophone que le ministre de l'Enseignement supérieur, de la
Recherche, de la Science et de la Technologie détermine en vertu de
l'article 88.0.5, le ministre détermine,
à l'égard des programmes d'études conduisant à l'attestation d'études
collégiales et pour chaque année scolaire, un contingent d'étudiants recevant l'enseignement collégial en anglais
particulier à chacun des établissements francophones offrant cet
enseignement.
«Lorsqu'il détermine un tel contingent pour une
année scolaire, le ministre s'assure que, pour cette année scolaire, l'ensemble
de ces contingents n'excède pas 18,7 % de l'ensemble des contingents particuliers
de tous les établissements francophones offrant l'enseignement collégial.»
Commentaires : Cet amendement vise à
établir un mécanisme de plafonnement des effectifs analogue à celui prévu à
l'article 88.0.5 dans le cas des étudiants inscrits dans un programme
d'études conduisant à une attestation d'études collégiales.
• (12 h 50) •
La Présidente (Mme Thériault) : Questions,
commentaires? Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Alors, ça, on sent que
celui-là vise beaucoup, beaucoup les problèmes dont on a parlé tout à l'heure,
de certains cégeps, même publics, qui ont eu beaucoup, beaucoup d'étudiants
internationaux de par leur statut bilingue. Bon, on vient plafonner, mais, une
fois que la ministre a agi de façon administrative, la ministre de
l'Enseignement supérieur, sur cette question-là, quelle autre vertu peut avoir
cet amendement-là?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Bien, on vient créer un plafonnement à 18,7 %.
Si, exemple, ici, là, c'est le cégep des Îles-de-la-Madeleine, là, à
Montréal, donc, lui, dans le fond, c'est un cégep public...
Mme
David : Ce n'est pas un cégep, ça, c'est un CEC. C'est un
centre d'études collégiales qui appartient à Gaspé.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais sous
le chapeau du cégep de Gaspé—Les Îles.
Donc, les établissements collégiaux publics qui offrent... et publics
subventionnés qui offrent des A.E.C. en anglais, ils viennent d'être plafonnés
à 18,7 %. Dans le fond, c'est la photo. Actuellement, dans les
établissements francophones, il y a 18,7 % des cours qui sont donnés, des programmes
qui sont donnés en anglais. C'est l'équivalent du 2 % pour les D.E.C. Tu
sais, on a vu à 88.0.5 que les D.E.C... Au niveau collégial, dans le réseau
francophone, il y avait 2 % des D.E.C. qui étaient donnés en anglais. Donc
là, on est venus mettre le plafond. Ça va être 2 % des D.E.C. dans le
réseau francophone qui vont être donnés en anglais. C'est la photo. Là, pour
les A.E.C. dans le réseau francophone, c'est 18,7 %. Donc, ça ne pourra
pas excéder ça, on vient geler.
Mme David : Dans le réseau
francophone uniquement.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme David : Et c'est la photo
toujours... on est toujours 2019.
M. Jolin-Barrette : On est
toujours 2019.
Mme David : Puis tout va
être... c'est-à-dire, c'est la ministre qui va prendre ces enveloppes
particulières, parce que c'est souvent des enveloppes à part, les A.E.C., et
c'est des enveloppes régionales, et c'est divisé entre les collèges, etc. Donc,
c'est elle qui va décider des contingents, parce que, là, vous appelez ça un
contingent, j'imagine, pour éviter la question des devis, là, un contingent, et
c'est elle qui va dire : Ça doit être 18.7 % sur l'ensemble des...
Non, c'est plus compliqué que ça. C'est 18,7 % de l'ensemble des
contingents particuliers de tous les établissements francophones. Un tel... Le
ministre s'assure que l'ensemble de ces contingents n'excède pas 18,7 % de
l'ensemble des contingents particuliers. Alors, c'est quoi, la différence entre
un contingent puis un contingent particulier? Je ne comprends plus, le
18,7 % de quoi, finalement? Vous employez deux fois le mot «contingent».
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Alors,
à 88... au début, là : «En plus de l'effectif total particulier à un
établissement francophone que le ministre de l'Enseignement supérieur, de la
Recherche, de la Science et de la Technologie détermine en vertu de 88.0.5...»
Ça fait que la première phrase, elle dit : Pour les D.E.C. en français...
pardon, pour les établissements collégiaux
francophones, O.K., vous avez 2 % pour les D.E.C. en anglais dans les
collèges francophones. Ça fait qu'en plus de ça la ministre de
l'Enseignement supérieur dit, en fonction... «...à l'égard des programmes d'études conduisant à l'attestation d'études
collégiales et pour chaque année scolaire, un contingent d'étudiants
recevant l'enseignement collégial en anglais particulier à chacun des
établissements francophones offrant cet enseignement.»
Ça fait que la ministre, à chaque année, elle va
dire : Toi, cégep de Gaspé—Les Îles-de-la-Madeleine,
tu offres des A.E.C. en anglais, tu as le
droit à tant; toi, je ne sais pas, cégep du Vieux Montréal, tu as le droit à
tant d'enseignement en anglais dans tes programmes, tant de places;
cégep Édouard-Montpetit, il y a un programme à l'École nationale
d'aérotechnique qui se donne en anglais, tu as le droit à tant de places en
anglais au niveau du A.E.C.
Mme David : Jusqu'à un total de
18,7 %...
M. Jolin-Barrette : Exactement,
lorsque...
Mme David : ...de l'ensemble
des A.E.C., des étudiants aux A.E.C.
M. Jolin-Barrette : Dans le
réseau collégial francophone, parce qu'actuellement, quand on prend la photo
des A.E.C. dans le réseau collégial francophone, il y en a 18,7 % qui sont
en anglais.
Mme David : O.K. Et donc c'est
18,7 % de l'ensemble des contingents particuliers, donc, de l'ensemble des
A.E.C. totales, francophones et anglophones.
M. Jolin-Barrette : Non,
francophones.
Mme David : Francophones,
18,7 % des francophones, des A.E.C. francophones...
M. Jolin-Barrette : Des collèges francophones.
Mme David : ...non, des contingents
d'A.E.C. ont le droit d'être en anglais.
M. Jolin-Barrette : Non.
Mme David : Bien oui.
M. Jolin-Barrette : Le réseau
collégial francophone, O.K., il y a, supposons...
Mme David : 20 000
étudiants en A.E.C.
M. Jolin-Barrette : Prenons
100 000...
Mme David : 100 000.
M. Jolin-Barrette : ...100 000
qui étudient dans les A.E.C. dans le réseau collégial francophone. Sur ce
100 000 là, il y en a 18,7 %, donc 18 700, actuellement, qui
étudient dans un programme en anglais dans un collège francophone. Donc, on
vient dire : La ligne est là. Donc, on vient geler ça. Donc, annuellement,
ça ne peut pas être plus que 18,7 %. Ce n'est pas les A.E.C. dans le
collégial anglophone, là.
Mme David : C'est
ça, mais il n'y a pas, comme pour les
collèges anglophones, de maximum d'A.E.C., c'est-à-dire, les collèges
francophones vont continuer à pouvoir donner des A.E.C. francophones, en
français...
M. Jolin-Barrette : Oui, exactement.
Mme David : ...et en anglais,
jusqu'à un maximum de 18,7 %, mais les A.E.C., ça peut être quelque chose
qui... d'ailleurs, que votre gouvernement encourage énormément parce que c'est
des formations courtes, puis on a une pénurie de main-d'oeuvre. Donc, votre 100 000,
là, qui est excessif, parce que ce n'est pas ça, là, disons que c'est
50 000, pourrait devenir 70 000, là, parce qu'on a vraiment besoin de
beaucoup d'A.E.C. en plein de choses, et, à ce moment-là, si ça devient
70 000, c'est toujours 18,7 % du chiffre total.
M. Jolin-Barrette : Oui, c'est le
pourcentage, là, parce qu'on a vu, là... à 88.0.1, là, ça, c'était le réseau
anglophone, c'est 11,7 % des A.E.C. dans le collégial anglophone par
rapport au collégial total. Ça fait que ça, c'est le
premier, dans le collégial anglophone. 88.0.1, c'est dans le secteur
anglophone. Dans le secteur franco, c'est 18,7 % des cours qui sont donnés
en anglais dans les A.E.C. dans les cégeps franco. Ça fait que c'est ça qu'on
vient limiter.
Mme David : O.K. Je pense que je
comprends, Mme la Présidente. Je m'excuse, des fois, les chiffres, c'est
compliqué, mais, je pense, ça mérite d'avoir ces questions-là.
La
Présidente (Mme Thériault) : Vous avez eu vos réponses? Donc, c'est beau.
Est-ce que ça vaut pour cet article-là?
Mme David : Oui.
La Présidente (Mme Thériault) : Oui.
Est-ce que l'article 88.0.8.2 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) : Adopté.
M. le ministre, pour le suivant, 88.0.8.3.
M. Jolin-Barrette : Oui. À l'article
58 du projet de loi tel qu'amendé, insérer, après l'article 88.0.2 de la Charte
de la langue française qu'il propose, l'article suivant :
«[88.0.3]. Pour l'application des
articles [88.0.1] et [88.0.2] "contingent" s'entend du nombre
d'étudiants inscrits à temps plein, au sens de la Loi sur les collèges
d'enseignement général et professionnel et des règlements pris pour son
application, dans un programme d'études conduisant à l'attestation d'études
collégiales.
«Les articles 88.0.7 et 88.0.8 s'appliquent
aux contingents déterminés en vertu des articles [88.0.1] et [88.0.2]
comme s'il s'agissait d'effectifs totaux.»
Commentaires : Cet amendement introduit une
définition du mot «contingent» utilisé dans les articles 88.0.1 et 88.0.2.
Il prévoit également que les dispositions des articles 88.0.7 et 88.0.8
s'appliquent aux contingents comme s'il s'agissait d'un effectif total. Et, ce
faisant, l'amendement prévoit les conséquences du dépassement des effectifs
totaux sur la détermination du financement des établissements.
La Présidente (Mme Thériault) : Donc,
je vais vous suggérer peut-être de réserver vos commentaires pour après. Il
reste à peine une trentaine de secondes. Donc, au moins, l'article aura été lu,
M. le ministre.
Donc, je vais suspendre pour la pause du midi.
Je vous souhaite bon appétit, et nous reprendrons nos travaux à 15 heures.
Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 17)
Le Président (M. Poulin) : Alors,
votre attention, s'il vous plaît! La Commission de la culture et de l'éducation
reprend ses travaux.
Nous poursuivons évidemment l'étude détaillée du
projet de loi n° 96, Loi sur la langue officielle et
commune au Québec, le français.
Lors de la suspension,
le ministre venait de lire l'amendement à l'article 58, donc 88.0.8.3.
C'est bien ça? Alors, nous étions prêts pour les échanges. Est-ce qu'il
y avait des échanges? Oui, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Oui. Alors, on reprend
là où on a laissé. C'est toujours... Il faut se réchauffer un peu, là, même si
la pièce était déjà très chaude.
Le Président (M. Poulin) : Vous avez
raison.
Mme David : Alors là, on sent l'air
froid, l'air frais, bon, ça va nous réveiller un peu.
Alors, on se comprend qu'il y a un nouveau mot
qui s'appelle «contingence», et je n'ai rien contre, mais je voudrais avoir la
précision. «S'entend du nombre d'étudiants inscrits à temps plein, au sens de
la loi sur les collèges et des règlements pris pour son application», alors,
qu'est-ce que ça veut dire? Ça veut dire... parce que je ne suis pas allée voir
le chapitre C-29, là... «et des règlements pris pour son application». Ça veut
dire, tout simplement, du nombre d'étudiants inscrits à temps plein dans un
programme d'études conduisant à l'A.E.C.? Est-ce que c'est ça?
M. Jolin-Barrette : Oui, c'est ça.
C'est les étudiants inscrits à temps plein aux A.E.C.
Mme David : Donc, pas à temps
partiel.
M. Jolin-Barrette : Non, à temps
plein.
Mme
David : Donc, un contingent, ce n'est pas un EETP,
étudiant équivalent temps plein, c'est un temps plein.
M.
Jolin-Barrette : À temps plein au sens de la Loi sur les collèges
d'enseignement général et professionnel.
Mme David : Oui, mais je n'ai pas
été regarder la définition. Alors, est-ce que vous pouvez m'aider un peu?
M. Jolin-Barrette : C'est comme pour
le D.E.C., c'est le cégépien type qui suit...
Mme David : Straight.
M. Jolin-Barrette : ...oui, c'est
ça, straight, qui suit son cours à temps plein, exactement.
Mme David : Des cours à temps plein.
Puis, à temps plein, pour le cégep, ce n'est pas comme à l'université, c'est
sept cours et non pas quatre.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais,
lorsque vous suivez un A.E.C., il y a moins de cours qu'au D.E.C.
Mme David : Ça se peut. Ça se peut,
puis qu'il y ait plus de travaux pratiques. Mais c'est le même principe qu'un
étudiant à l'université, tu es à temps partiel puis tu paies moins cher si tu
es à deux cours session ou à un cours session. Tu paies aux crédits de cours,
tandis que, si tu es temps plein, tu paies étudiant temps plein. J'imagine que
c'est à peu près l'équivalent.
M. Jolin-Barrette : Bien là,
écoutez, ça, il faudrait vérifier le comparatif avec l'université, là, mais
vous me corrigerez, parce que...
Mme David : Bien non, mais ça ne
marche pas. Au cégep, c'est gratuit, alors...
• (15 h 20) •
M. Jolin-Barrette : Oui, c'est ça.
Mais supposons qu'on parle de l'université, là, quand vous avez... quand vous
êtes à l'université, là, à temps plein, les cours ne sont pas moins chers qu'à
temps partiel? Il me semble, si vous ne prenez qu'un cours à temps partiel,
le...
Mme David : Quand on est à temps
plein, c'est un «package deal», là.
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
exactement. Donc, ça revient moins cher pour le nombre de cours que vous avez.
Mme David : Oui, oui, marginalement.
M. Jolin-Barrette : Donc, par mesure
d'économie, vous êtes mieux d'aller... d'être inscrit à temps plein à
l'université puis de faire ça d'une façon straight pour finir le plus
rapidement possible.
Mme David : C'est ça. C'est ça.
M. Jolin-Barrette : Puis là, en
plus, vous pouvez faire...
Mme David : Puis, pour les frais
afférents, la même chose.
M. Jolin-Barrette : C'est ça, puis
là, après ça, vous pouvez faire plein de programmes.
Mme David : Alors, s'applique au
contingent déterminé en vertu des articles, donc, ce dont on a discuté avant.
M. Jolin-Barrette : Oui. 88.0.1,
88.0.2.
Mme David : Et donc votre... je me
souviens plus des proportions, 11 point quelque chose, là, pour cent...
M. Jolin-Barrette : Oui. Dans le
fond, pour les cégeps anglos, c'est...
Mme David : 11,7 % puis
18,7 %.
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
11,7 % et 18,7 % pour le francophone.
Mme David : C'est tout du monde qui
étudie à temps plein, là.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme
David : O.K. Puis, du monde qui étudie à temps partiel, ils
ne sont pas considérés dans la définition d'un contingent.
M.
Jolin-Barrette : Non, ils ne sont pas considérés comme un contingent,
comme on l'était à 88.0.4 puis 88.0.5. C'étaient les D.E.C. temps plein.
Mme David : C'est ça. Et donc ce qui
s'en vient aussi, les cours de français, ces choses-là, c'est pour les
contingents, la définition des contingents, j'imagine.
M. Jolin-Barrette : Ça, à 88.0.12...
Juste un instant. Donc, ça...
Mme David : Ah! il n'est pas
précisé, là.
M. Jolin-Barrette : Non. Dans le
fond, pour l'attestation d'études collégiales... c'est pour toutes les
attestations d'études collégiales. Donc, que vous soyez à temps plein ou à
temps partiel, si vous voulez être diplômé d'un A.E.C., le niveau de français
va être exigé de tout diplômé d'un A.E.C. Donc, pour avoir un A.E.C., peu
importe le chemin que vous prenez pour réaliser, pour...
Mme David : Si vous êtes un
francophone, allophone ou étudiant international, on prend toujours l'exemple
de Gaspé, disons, quelques Indiens qui viennent ou autres, tout sauf les ayant
droit, ça, on en reparlera tout à l'heure, mais ça, ça ne dépend plus si tu es
à temps partiel ou à temps plein, ça dépend du diplôme de sortie...
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme David : ...pour avoir ton
A.E.C., tu dois avoir une...
M. Jolin-Barrette : Un niveau de
français.
Mme David : ...une connaissance du
français, mais ce sera tout à l'heure. O.K.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Mme David : Bien, je n'ai pas
d'autre commentaire.
Le Président (M. Poulin) : Alors, ça
complétait, Mme la députée?
Mme David : Oui.
Le Président (M. Poulin) : Parfait.
Est-ce qu'il y avait d'autres interventions sur l'amendement?
Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention sur
l'amendement, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement
est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Poulin) : Adopté.
L'amendement est donc adopté.
M. le ministre, je crois que vous aviez un autre
amendement.
M. Jolin-Barrette : Oui, avec votre
permission, 88.0.8.4.
Donc, à l'article 58 de la... à
l'article 58 du projet de loi, tel qu'amendé, insérer, après
l'article 88... Pardon. Je vais recommencer. Je veux aller trop vite, Mme
la Présidente... M. le Président.
Le Président (M. Poulin) : Pas de
problème, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Lentement mais
sûrement.
«88.0.8.4. Un établissement d'enseignement
collégial privé non agréé aux fins de subventions est, pour l'application des
articles 88.0.4 et 88.0.6, assimilé à un établissement anglophone dès
qu'il offre l'enseignement en anglais dans un programme d'études conduisant à
l'un des diplômes visés à l'article 88.0.6 ou dans un cheminement qui y
est visé.
«Le respect par cet établissement de l'effectif
total particulier déterminé à son égard en vertu de l'article 88.0.4 est
réputé être une condition fixée par la Loi sur l'enseignement privé pour la
délivrance du permis qui l'autorise à dispenser cet enseignement.»
Cet amendement vise à étendre un mécanisme de
plafonnement des effectifs analogue à celui prévu à l'article 88.0.4 aux
étudiants inscrits dans un établissement d'enseignement collégial privé non
agréé aux fins de subventions.
Le
Président (M. Poulin) : Merci beaucoup, M. le ministre. Est-ce qu'il y
avait des interventions? Oui, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Bien,
j'ai une question de... une question très... très simple mais de déroulement de
l'étude détaillée, parce que ça, là, 88.0.12, là, c'est après point 11,
point 10, point 9, qu'on n'a pas étudiés encore.
M. Jolin-Barrette : Non, non, là on
est à... Il y a un amendement qu'on insère à 88.0.8.4.
Mme David : Bien non, mais c'est
point 12, ça.
M. Jolin-Barrette : Oui, oui,
mais... Oui, on va arriver à point 12 plus loin, mais là on est à
point 4. Il est sur Greffier. On l'a envoyé ce matin.
Des voix : ...
Mme
David : Ah! Excusez. C'est parce que je ne l'ai pas, moi,
j'étais rendue... J'ai dit : Là, il vient de sauter à 0.12.
Le Président (M. Poulin) : Il n'y a
pas de problème. À titre d'information, les membres de la commission,
également, sur l'écran, des fois, ça peut être un petit peu plus facile de
pouvoir les voir.
Mme David : O.K. On n'est plus au
français. C'est pour ça que je vous parlais tout de suite du français. Moi,
j'étais rendue à 12.
Je vais demander de suspendre, parce que je ne
l'avais pas, l'amendement.
Le Président (M. Poulin) : Il n'y a
pas de problème.
Alors, on suspend. On revient dans quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 26)
(Reprise à 15 h 33)
Le Président (M. Poulin) : Alors,
nous allons pouvoir reprendre nos travaux. Est-ce qu'on avait une intervention
d'un membre de... oui, de la commission? Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Merci beaucoup. Je pense
qu'on va avoir besoin de l'aide de l'Enseignement supérieur, là, pour nous faire comprendre. Je m'excuse, je n'avais pas
lu cet amendement-là avant, et il n'est pas anodin. Alors, je vais
demander au ministre de me dire combien
d'étudiants sont visés par l'enseignement collégial privé non agréé aux fins de
subvention.
M.
Jolin-Barrette : Bien, on va faire la demande, puis je vais vous
revenir avec le chiffre suite à votre question.
Juste pour
vous expliquer, 88.0.8.4, quel est l'objectif, actuellement, il n'y a pas de
cégep privé-privé qui offre...
Mme David : D'où ma question.
M. Jolin-Barrette : Pardon?
Mme David : D'où ma question.
M. Jolin-Barrette : ...qui offre des
diplômes d'études collégiaux, donc des D.E.C. complets
Donc, par
cet article-là, ce que l'on souhaite faire, c'est d'éviter une situation où,
parce qu'il y a un plafonnement dans
le réseau collégial anglophone, dans les cégeps anglophones actuellement,
publics ou semi-publics, là... ou privés avec subvention... on ne voudrait pas, parce qu'il y a un plafonnement, que
les établissements collégiaux privés non subventionnés viennent offrir
des diplômes d'études collégiaux et que l'offre augmente à l'extérieur de ça,
qu'il y ait un déplacement, dans le fond, suite au fait qu'on vient viser les
établissements collégiaux publics anglophones
et privés subventionnés anglophones. Ça fait que c'est un mécanisme pour faire
en sorte d'éviter qu'il y ait une fuite vers le privé-privé. Ça...
Mme David : Mais on se comprend que
le privé-privé n'existe pas, pour l'instant, au niveau des D.E.C. et que, si
tant est qu'il existait, comme, d'ailleurs Pr Rousseau aurait bien voulu
qu'il existe — il
suggérait même que ça soit privé-privé pour la question des D.E.C. en anglais
pour ceux qui voulaient absolument le suivre — c'est du 30 000 $,
40 000 $, 50 000 $ par année, là.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais, si
jamais il y avait développement de ce type de programme, il serait assujetti
aux plafonds du ratio qu'il y a déjà.
Mme David : Il rentrerait dans le
17,5 %?
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme David : Mais
pourquoi vous êtes sur un mode aussi inquiet, aussi... parce que, même au
primaire, secondaire, le privé-privé est permis. Souvenez-vous quand on a
dit... vous avez dit, vous-même, à plusieurs reprises, qu'ils auront juste à
aller aux écoles entièrement privées pour les... Vous vous souvenez du collègue
de La Pinière, qui a posé la question sur un joueur de hockey qui envoie
ses enfants? Bien, vous ne vous êtes pas inquiété de ça au primaire,
secondaire. Tout à coup, au cégep, il faut s'inquiéter qu'il y ait... On part
de zéro, puis là vous vous inquiétez qu'il se mette à se créer des cégeps
privés-privés à 40 000 $ par année, ou je ne sais combien. C'est
30 000 $ pour le primaire, imaginez le secondaire... le collégial,
avec l'équipement que ça prend, la qualité de professeurs, et tout. Vous ne
trouvez pas qu'on est un peu futuristo-inquiet, inquietofuturiste?
M.
Jolin-Barrette : Moi, je vous dirais que je suis plutôt prévoyant.
Mme David : Oui,
mais pourquoi à ce point? Puis pourquoi vous le permettez... Là, on parle
d'enseignement supérieur, on parle d'adultes, là, puis vous le permettez au
primaire, secondaire de parents riches mais pas au... éventuellement, qui
n'existe même pas, au niveau collégial.
M. Jolin-Barrette : Mais, en fait, on le
permet. On permet le développement de D.E.C. dans des établissements
privés non agréés aux fins de subvention.
Mme David : Oui,
mais ça veut dire qu'ils enlèvent des places aux autres. Vous le mettez dans le
17,5 %, ce que vous ne faites pas au primaire, secondaire.
M.
Jolin-Barrette : Non, il y a déjà existence de ça au primaire,
secondaire. Mais la position que nous prenons, c'est : s'il y a développement de nouvelles places privées non
agréées, elles devront être comprises à l'intérieur du 17,5 %.
Mme David : Là,
je vais prendre la place... dommage que le collègue ne soit pas là, de
Matane-Matapédia, mais qu'est-ce qui vous a pris depuis hier, là? Ça va-tu
arriver souvent qu'on a un nouveau projet de loi du jour au lendemain, là? Je
n'avais même pas vu ça, parce qu'on était inondés d'amendements.
M.
Jolin-Barrette : Bien, inondés...
Mme David : Bien,
ce n'est pas des petites choses, là...
M.
Jolin-Barrette : Il y en a quatre... cinq.
Mme David :
...vous nous demandez d'avoir des positionnements rapides sur des choses sur
lesquelles on aurait aimé réfléchir. Je suis faite de même, excusez, mais
j'aime comprendre ce que je fais puis ce pour quoi je vote. Mais qu'est-ce qui
s'est passé depuis hier? Je suis tentée d'adhérer à la théorie du collègue.
M.
Jolin-Barrette : Bien, il ne faut pas. Il ne faut pas adhérer aux
théories du député de Matane-Matapédia, parce que, si vous adhérez à sa
théorie... Bien, écoutez...
Mme David :
À sa théorie de ce qui s'est... que vous faites tout, tout, tout pour
essayer d'éviter aucun racoin, pour pouvoir dire : J'ai des muscles gros
de même, là, puis là, vraiment, là, j'ai... vous allez voir comme nous, on agit
fort. Puis lui, il dit : Oui, vous faites tout ça pour montrer que vous
n'imposez pas la loi 101 au cégep. Mais là je trouve que c'est, comme on
dirait, un peu fort en ketchup, là.
M. Jolin-Barrette :
Je vous rassure, ça fait un petit bout de temps que j'ai été au gym. Alors,
je serais dû pour y retourner puis faire des muscles.
Mme David :
Oui, bien, allez-y plus souvent, vous allez... ça va faire du bien. Non,
mais je ne comprends pas, là, vraiment, là, qu'est-ce qui s'est passé depuis
hier, on change des affaires de même.
M. Jolin-Barrette :
Bien, je peux vous dire, si on passe un petit peu moins de temps en
commission, ça va me donner plus de temps pour y aller.
Mme David :
Oui, mais moi, je veux que vous me
répondiez. Qu'est-ce qui s'est passé depuis hier? Cinq amendements en
24 heures. Qui vous a à ce point... à part une photo sur Twitter puis un
calendrier sur la table? Je ne suis pas nounoune à temps plein, là.
M. Jolin-Barrette :
Je note, M. le Président, que la députée de Marguerite-Bourgeoys regarde
très bien les photos que le premier ministre fixe...
Mme David :
Bien, ce n'était pas dur. Excusez.
M. Jolin-Barrette : ...bien, en
fait, publie sur les réseaux sociaux.
Mme David : Non,
mais sincèrement, là, entre hier puis aujourd'hui, là... On passe notre journée
à faire des amendements qui n'étaient pas prévus — c'est un peu spécial — sur
des choses, là, entre autres, là, un peu surréalistes, futuristes, disons-le
comme ça, là...
M. Jolin-Barrette : Prévoyant.
Prévoyant.
Mme David : ...Elon Musk serait
content, là, sur, peut-être, atteindre Vénus, puis on va aller s'installer là
avec une nouvelle race de... d'êtres humains, là. C'est...
M. Jolin-Barrette : Non, mais
moi, ce que je veux éviter de faire, c'est de déplacer les places du réseau
anglophone public, ou anglophone privé subventionné, vers le privé non agréé.
Mme David : Mais vous voulez ça
seulement depuis hier. C'est des révélations nocturnes, là.
• (15 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Il se passe
beaucoup de choses la nuit.
Mme David : Bien oui, j'ai
besoin de comprendre vraiment, là.
M. Jolin-Barrette : Mais je
sens que j'ai beaucoup de collègues qui sont actifs la nuit. C'est ça,
peut-être, je peux céder la parole pour savoir ce qu'ils font.
Non, mais, plus sérieusement, je l'ai dit, dès
qu'on peut mettre des mesures pour bonifier le projet de loi... Puis j'ai été à
l'écoute des différentes consultations, des différents groupes parlementaires,
et effectivement les attestations d'études collégiales et, dans le cas de...
certaines situations pour les D.E.C. étaient dans l'angle mort, parfois, du
projet de loi, alors on vient boucler la boucle, on vient bonifier le projet de
loi pour être sûrs d'avoir une structure législative qui couvre tous les
angles, tous les aspects.
Mme David : O.K. Alors, quelle
consultation est venue vous parler de ça? Qui, en consultation, est venu vous
parler de ça, vous a mis en garde? Vous dites que c'est suite aux
consultations.
M. Jolin-Barrette : Pour les
amendements, notamment la CSQ, qui nous a dit...
Mme David : Je parle de
celui-là, le fictif D.E.C. privé-privé.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
c'est une conséquence. À partir du moment où on vient plafonner, là, le D.E.C.
au niveau des établissements collégiaux anglophones... Exemple, à Dawson,
prenons Dawson, 17,5 %, il a son devis. Est-ce que vous souhaitez faire en
sorte que les places se transfèrent vers des établissements privés non agréés
aux fins de subvention? Je ne crois pas que les gens à Dawson vont souhaiter
ça.
Mme David : Mais qui vous a
parlé de ça, voulez-vous bien me dire?
M. Jolin-Barrette : Bien là,
qui... On parle à tellement de monde.
Mme David : Bien non, mais...
moi aussi, puis ça fait bien plus d'années que vous que je parle au réseau
collégial. Je peux vous dire, il n'y a jamais personne qui a parlé d'un D.E.C.
privé-privé à 50 000 $, là, alors que le cégep est public, et
accessible, et de très, très, très bonne qualité, quelle que soit la langue.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
vous êtes d'accord que, si on ne fait pas ça, il existe un trou.
Mme David : Bien, voyons donc.
Franchement, là.
M. Jolin-Barrette : Non...
Est-ce que, oui ou non...
Mme David : Il y aurait
peut-être... Admettons qu'il y ait 50 étudiants sur les 200 000, là,
ça mérite tout ça, dernière minute, qu'on nous mette ça comme ça sur la table?
M. Jolin-Barrette : Bien, ce
n'est pas dernière minute. Je pense qu'on va être de nombreuses heures encore
ensemble.
Mme David : Ah! bien, ça, c'est
votre souhait, tant mieux, mais...
M. Jolin-Barrette : Bien, ce
n'est pas mon souhait, c'est un constat. C'est un constat.
Mme David : Bien
oui, mais, à force d'ajouter des affaires de même, oui, on va être longtemps
encore ensemble. Là, ce n'est pas moi, là, qui a apporté les
amendements, là.
M. Jolin-Barrette : Bien,
est-ce que vous me dites que, si je n'ajoute aucun nouvel amendement du projet
de loi...
Mme David : Bien,
écoutez, plus on va pouvoir avancer, mais là on passe la journée à vos
amendements nocturnes.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends, mais, vous savez, la nuit, il y a beaucoup...
Mme David : C'est parce que vous ne
voulez pas mettre la loi 101 au collégial, alors vous pensez à tout, tout,
tout qui pourrait vraiment venir serrer la vis.
M. Jolin-Barrette : Mais, la nuit,
il y a beaucoup de stimulations, puis le fait d'être stimulé intellectuellement
le soir, la nuit, ça nous permet d'avoir des travaux parlementaires plus
productifs. Alors, vous savez, c'est...
Mme David : Donc, on n'est pas
sortis du bois avec ce projet de loi là, parce qu'il va y avoir beaucoup de
dodos, là, d'ici la fin du projet de loi.
M. Jolin-Barrette : Pas autant que
je voudrais, mais c'est... comme si c'étaient des heures ouvrables la nuit, là,
ces temps-ci.
Mme David : Alors, vous nous
demandez de voter pour de la science-fiction?
Une voix : ...
Mme David : Oui, on est en
commission.
M. Jolin-Barrette : Bien, en fait,
ce n'est pas du tout de la science-fiction. La Charte de la langue française,
on ne l'offre pas à tous les jours... on ne l'ouvre pas à tous les jours. Ça
faisait plusieurs années qu'elle n'avait pas été ouverte. Écoutez, la dernière
fois, je pense, c'est 2002, à moins que je me trompe.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : 2010, pardon.
Pour les écoles passerelles?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Pour les écoles
passerelles. Et, en 2002, on l'avait réouverte aussi, mais ce n'était pas pour
des gros changements.
Alors, moi, considérant qu'on est dans la langue
normale des études, qu'on vient implanter des plafonds au niveau des cégeps
anglophones, on souhaite faire en sorte que, s'il y a développement de
nouvelles places dans le réseau privé... on ne souhaite pas que ça soit en
marge du 11... du 17...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : ...17,5 %.
Mme
David : Vraiment, vous aviez... je ne sais pas à quel
point vous aviez avancé votre soirée, mais je suis assez...
M. Jolin-Barrette : Et, je veux
juste rajouter, le tout en collaboration avec le ministère de l'Enseignement
supérieur.
Mme David : Oui, sans commentaire.
Je suis vraiment très, très étonnée. J'ai fait référence deux fois au député de
Matane-Matapédia. Là, il ne comprend pas trop ce qui se passe parce qu'il n'a
pas vu l'amendement.
M. Jolin-Barrette : M. le Président,
qu'est-ce qui dérange la députée de Marguerite-Bourgeoys de venir...
Mme David : C'est le fond et la
forme. Sur le fond, de dire : On va, au cas où, inventer quelque chose qui
n'existe pas puis on va le rentrer dans le 17,5 %. Puis la forme, bien,
tout ça nous arrive dernière minute, entre la veille puis aujourd'hui, où je
dis que je suis pas mal d'accord avec le député de Matane-Matapédia, que c'est
suite à cette rencontre d'hier où là vous avez dit : On serre tous les
boulons, quitte à inventer quelque chose qui n'a jamais existé en
60 ans : un cégep totalement privé qui offre des D.E.C. à
60 000 $.
Le seul qui a
parlé de ça, c'est Guillaume Rousseau dans son mémoire, qui a dit : Ça
devrait être la loi 101 au collégial, mais, pour ceux qui veulent absolument aller en anglais, il faudrait que
ça soit sur une base privée, parce qu'ils veulent aller dans des collèges américains, après, faire du
sport. Vous avez lu vos mémoires, j'imagine? Vous connaissez bien
Me Rousseau.
M. Jolin-Barrette : Je le connais un
peu.
Mme David : Voilà.
Et je lui avais posé des questions en consultation puis j'ai dit : Ça,
privé-privé, avez-vous une idée de combien ça coûte? Pensez-vous vraiment que
ça va courir... que tous les enfants de vos collègues vont se précipiter à du
70 000 $ par année? Parce qu'une A.E.C., là, qui est un tiers, à peu
près, de cégep, ça coûte facilement 25 000 $,
en techniques d'hygiène dentaire, par exemple. Bien, ça, une A.E.C., là,
multipliée par trois, c'est 75 000 $, là.
Donc, je ne sais pas. Je suis un peu
«flabbergastée», comme on dit, et tant sur le fond que sur la forme.
M. Jolin-Barrette : Mais, lorsqu'on
légifère, M. le Président, là, il faut prévoir les différentes situations, et
c'est le propre de la légistique également, il ne faut pas nécessairement
attendre qu'il y ait un problème avant de légiférer, il faut venir voir les
différentes situations potentielles, et c'est ce que nous faisons avec
l'amendement.
Mme David : Ça ne tient tellement
pas la route pour toutes sortes d'autres choses que... Bon, attendre... Il ne
faut pas attendre qu'il y ait un problème. Vous allez en avoir tout un dans
l'opérationnalisation, en tout cas, de toutes ces affaires-là, parce que ça va
vraiment changer le RREC, là. Bonne chance avec les syndicats. Bonne chance
avec tout le monde.
M. Jolin-Barrette : Voyez-vous,
c'est ça, la différence. Oui, il y aura des changements, oui, ça peut être
complexe, mais il ne faut pas s'arrêter à ça. Il faut faire les changements,
puis c'est ce que nous proposons de faire.
Le Président (M. Poulin) : J'ai une
demande d'intervention du député de Matane-Matapédia. Alors, M. le député de
Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Je suis un peu confus,
M. le Président. J'ai manqué la première demi-heure. J'arrive, on me parle de
stimulations nocturnes, on me dit qu'on a parlé de moi...
Une voix : ...
M.
Bérubé : Aussi.
Aussi, on a parlé... Donc, j'ai noté l'extrait. Peut-être, ça sera diffusé à La
soirée est (encore) jeune, à 17 heures, les samedis et dimanches, à la
première chaîne de Radio-Canada.
Mais, juste comprendre, est-ce que, dans la
demi-heure que j'ai manquée, le ministre a soumis un nouvel élément, un
rapport, une étude, une correspondance, un fait inusité, un songe, un début
d'hypothèse qui explique pourquoi il arrive avec ces amendements, qui vont
impliquer un certain nombre de complexités quant à l'application, si je me fie
à l'expertise de la députée de Marguerite-Bourgeoys? Donc, est-ce qu'il y a des
éléments nouveaux qui justifient ce changement subit d'attitude du ministre,
là, sur les A.E.C., notamment? Parce que, pour ce qui est du reste, ce n'est
pas le changement que j'espérais. Donc, à tout le moins, je veux comprendre le
changement qui est maintenant proposé. Y a-tu du nouveau? C'est ça que je veux
dire.
Le Président (M. Poulin) : Oui. Je
vais céder la parole à M. le ministre.
M. Bérubé : Oui. Que c'est qui s'est
passé la nuit?
Une voix : ...
M. Bérubé : O.K., d'accord, docteur.
Une voix : ...
M. Bérubé : Il a dit ça.
Des voix : ...
Le Président (M. Poulin) : À
l'ordre, s'il vous plaît!
M.
Bérubé : Tout le
monde veut savoir.
Le Président (M. Poulin) : Alors, on
va ramener le décorum, et je vais céder la parole à M. le ministre.
• (15 h 50) •
M. Jolin-Barrette : Alors, je crois
savoir que le député de Matane-Matapédia est un oiseau de nuit. Non?
M. Bérubé : Je ne dors pas beaucoup.
M. Jolin-Barrette : Bon. Donc, vous
êtes un oiseau de nuit.
M. Bérubé : Oui, mais pas
nécessairement. En tout cas, c'est plus complexe que ça. J'en parlerai avec le
docteur à ma droite.
M.
Jolin-Barrette : Mais, voyez-vous, vous l'avez vous-même dit... le
député de Matane-Matapédia vient lui-même de le dire, c'est quand même
complexe. Donc, sa situation personnelle est elle-même complexe.
On est face à une
situation, au niveau des études collégiales, où il y a différentes branches.
Les D.E.C... on est venus agir sur les D.E.C. dans le cadre du projet de loi.
On a eu les consultations en septembre dernier, et il y a eu des commentaires
relativement aux A.E.C., où on nous a indiqué que, par souci de cohérence
notamment, on devrait les viser, et c'est ce qu'on vient faire avec les
différents amendements.
Pour l'amendement que
l'on étudie présentement, dans le fond, c'est... ça vient compléter 88.0.4 et
88.0.5 relativement aux D.E.C. Dans le fond, ce qu'on fait, c'est que, si un
établissement collégial privé non agréé souhaitait développer un diplôme
d'études collégiales, donc un D.E.C. temps plein en anglais, il devrait rentrer
dans le plafond du 17,5 %. C'est ce qu'on dit.
M. Bérubé : O.K.
Mais le nouveau, c'est que c'est... c'est une des propositions qu'on vous a
faites... En tout cas, dans les mémoires qu'on a reçus, la seule trace qui
ressemble à ça, c'est le mémoire de Me Guillaume Rousseau, si je comprends bien. Donc, est-il juste de dire
que tout ça a été validé lors de la rencontre avec le premier ministre
hier?
M.
Jolin-Barrette : Alors, M. le Président, je ne dévoile pas le contenu
des rencontres confidentielles que j'ai avec le premier ministre.
M. Bérubé : Non,
mais vous les mettez sur Twitter.
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais ce n'est pas le contenu, les échanges et
les propos.
M. Bérubé : Voilà.
Alors, voilà le problème, il y a beaucoup de contenant puis pas beaucoup de
contenu. Moi, j'aimerais mieux voir moins de photos mais plus d'explications
sur l'intention du législateur. C'est une suggestion que je vous fais pour vous
guider jusqu'à la fin de votre mandat.
M.
Jolin-Barrette : Bien, M. le Président, respectueusement, là, le
député de Matane-Matapédia n'a vu qu'une seule
photo. Et moi, durant la semaine de relâche, j'ai vu plusieurs photos de lui, à
de multiples reprises, et je le félicite de son initiative, mais j'ai vu plus de photos de lui que de photos du premier
ministre et de moi hier. Je n'en ai vu qu'une seule.
Le Président (M.
Poulin) : Oui, M. le député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé :
Bien, c'est parce que j'ai eu des attentes. Le premier ministre, il dit... en
tout cas, celui qui écrit, là, pour lui sur
Twitter, là, qui est probablement le même qui écrit sur TikTok, là : «Avec
le ministre responsable de la Langue
française — bon,
là, l'acronyme, là, pour... — nous
avons discuté de moyens pour défendre et faire la promotion de notre
langue commune.»
Donc, il y a déjà eu
ce genre de photo là avant. Ça a mené à la présentation du projet de loi n° 96.
Là, il y a une rencontre, puis ils trouvent pertinent, de part et d'autre, de
publier cette photo-là. Ah! il y a du nouveau et il y a une rencontre au sommet
avec le premier ministre. Donc, il y a de nouveaux éléments qu'on va nous
communiquer, qui vont justifier les amendements qui sont faits. Et c'est ça que
j'aurais aimé savoir.
Donc, il n'y a aucun
lien entre les amendements et la rencontre? Ces amendements-là n'ont pas été
discutés avec le premier ministre? Puis, tu sais, je veux dire, ce n'est pas
comme si quelqu'un était entré dans le bureau, avait pris la photo puis s'était
sauvé pour mettre ça sur Twitter. Vous avez choisi de la mettre en ligne. Donc,
c'est ça que j'ai vu, puis je me suis dit : Peut-être, ça a un lien. Ça me
rassurait. Le premier ministre s'occupe du dossier. Peut-être que, là, le
changement... Mais manifestement c'est... il faut prendre la version que vous
me dites, là. Spontanément, vous êtes arrivé avec ce songe-là, la nuit,
manifestement, là, le champ lexical qu'on a entendu tout à l'heure. Donc, bien,
voilà, c'est juste ça, de comprendre ça vient d'où.
M.
Jolin-Barrette : Bien, M. le Président, j'ai déjà répondu. Donc, je ne
dévoile pas le contenu des discussions que j'ai de façon confidentielle avec le
premier ministre, qui sont toujours des rencontres fort intéressantes.
M. Bérubé : Bien
oui, il faut vous croire sur parole. Merci, M. le Président.
M.
Jolin-Barrette : Bien, il faut prendre la parole du député.
Le Président (M.
Poulin) : Merci, M. le député de Matane-Matapédia. Merci, M. le
ministre, également. J'ai une autre demande d'intervention. Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Oui. Vous avez dit qu'il n'y avait pas de D.E.C.
privé-privé. C'est ça que le ministère vous a dit?
M.
Jolin-Barrette : Oui.
Mme David : On
en a trouvé un en cinq minutes : Air Richelieu, D.E.C. en aviation. Le
D.E.C. du collège Air Richelieu coûtera savez-vous combien? 105 000 $
pour les trois ans de formation. «Si le collège accueille 150 nouveaux
élèves chaque année, son directeur prévoit que la première cohorte inscrite au
D.E.C. sera de 25 élèves.»
Une voix : C'est
où, ça?
Mme David : Air Richelieu.
Une voix : C'est où, ça?
Mme David : Bien, à Saint-Jean.
«C'est dans ce contexte de pénurie que le collège privé Air Richelieu offrira
son diplôme d'études collégiales en techniques de pilotage d'aéronefs.
Jusqu'ici, le cégep de Chicoutimi était le seul établissement...» Parce que,
ça, j'ai joué dans ce film-là beaucoup, là, je... Cégep de Chicoutimi, c'est
une école nationale. «La formation au cégep est très prisée, car elle est
gratuite. Or, seulement une quarantaine d'élèves sur 400 candidats sont
sélectionnés par année. Le D.E.C. du collège Air Richelieu coûtera
105 000 $ pour les trois ans de formation.»
Bien, vos informations ne sont pas très à jour,
c'est juste ça que je peux dire. Quand vous dites... vous parlez avec le
ministère de l'Enseignement supérieur, il vous manque quelques données. Ce
n'est pas très difficile à trouver.
M. Jolin-Barrette : Bien, peut-être,
pour spécifier... spécifier, oui... pour apporter des précisions, le D.E.C.
auquel vous faites référence, c'est un D.E.C. qui est donné en français.
Mme David : Et en anglais.
M. Jolin-Barrette : Moi, ce qu'on me
dit, c'est que c'est en français.
Mme David : Choix de l'étudiant.
Non, mais tout ça pour dire que c'est improvisé, là. C'est juste ça que je veux
dire, là.
M. Jolin-Barrette : Non, ce n'est
pas improvisé.
Mme David : Bien oui, c'est
improvisé.
M. Jolin-Barrette : Programme... Sur
le site Web notamment : programme offert en français seulement.
Mme David : Bien, écoutez, on n'a
pas le même site Web, là.
Une voix : ...
Le Président (M. Poulin) : Il y a un
battement, un battement. On est à la recherche de l'information.
M. Jolin-Barrette : Mais tout ça
pour dire, M. le Président, l'objectif est de faire en sorte d'éviter qu'il y
ait un développement des D.E.C. en anglais dans les cégeps privés non agréés.
Le Président (M. Poulin) : Mme la
députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : «La formation est-elle
offerte en français ou en anglais?» Réponse : «Nous offrons les cours dans
les deux langues, selon les aptitudes linguistiques des étudiants.» Air
Richelieu.
M. Jolin-Barrette : Alors, raison de
plus d'intervenir.
Mme David : Non, mais ça, je savais
que vous diriez ça, mais moi, j'en ai sur la qualité de votre information à
prendre... avant de prendre des décisions.
Le Président (M. Poulin) : Est-ce
qu'il y avait d'autres interventions qui portaient sur l'amendement?
Mme David : Bien, je vais continuer
un peu, parce que je trouve que ça nous prend beaucoup, beaucoup d'énergie,
toutes ces improvisations-là, que l'improvisation est mal documentée, qu'on ne
sait pas combien d'étudiants risquent d'être affectés, que le 17,5 % va
forcément être partagé avec une plus grosse tarte, ils vont prendre un morceau,
et que, comme on nage dans le flou le plus total et l'improvisation la plus
totale, je vais évidemment m'inscrire en faux contre cet amendement-là,
indépendamment du contenu, parce que la forme, la façon de le faire, est
totalement amateur. Voilà ma position.
Le Président (M. Poulin) : Merci,
Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys. Est-ce qu'il y avait d'autres
interventions qui portaient sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement
est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur
division.
Le Président (M. Poulin) : Adopté
sur division. Nous allons maintenant procéder à une lecture d'article, c'est
bien ça?
Une voix : ...
• (16 heures) •
Le Président (M. Poulin) : 88.0.9.
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors :
«88.0.9. Le ministre de l'Enseignement
supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie transmet au
ministre de la Langue française les dispositions des règles budgétaires,
établies en application de l'article 25 de la Loi sur les collèges d'enseignement général et professionnel ou de
l'article 84 de la Loi sur l'enseignement privé, prises, le cas
échéant, pour l'application de la présente sous-section avant de les soumettre
à l'approbation du Conseil du trésor.»
Commentaire : L'article 88.0.9 de la Charte
de la langue française que propose l'article 58 du projet de loi a pour objet de permettre au ministre de la Langue
française de prendre connaissance de toute règle budgétaire
éventuellement prise à l'égard d'un établissement offrant l'enseignement
collégial pour l'application des articles 88.0.2 et à... pardon, des
articles 88.0.2 à 88.0.12 de la charte.
Les dispositions de l'article 88.0.9
entreront en vigueur à compter de l'année scolaire 2022‑2023 — on
modifiera pour 2023‑2024 — ainsi
que le prévoit le paragraphe 4° de l'article 201.
Le Président (M. Poulin) : Merci.
Est-ce qu'il y avait des interventions sur l'article?Alors, Mme la
députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Alors là, on a un beau
cas d'encore formidable collaboration entre les deux ministres. Et là la
terminologie employée, c'est : «Le ministre de l'Enseignement supérieur,
Recherche, Science, Technologie transmet au ministre de la Langue française — transmet — les
dispositions des règles budgétaires [...] pour l'application de la présente
sous-section, avant de les soumettre...» Alors, «transmet», définition du verbe
«transmettre».
M. Jolin-Barrette : Donc, transmettre,
c'est communiquer, c'est présenter au ministre de la Langue française les
dispositions des règles budgétaires.
Mme David : Mais donc le ministre
n'a pas... il n'a pas un mot à dire, là, le ministre de la Langue française,
là. C'est une boîte aux lettres.
M. Jolin-Barrette : Il est... Dans
le fond, la ministre de l'Enseignement supérieur les transmet avant de les
faire parvenir au Conseil du trésor.
Mme
David : C'est comme un palier administratif, mais le
ministre de la Langue française n'administre rien, il...
M. Jolin-Barrette : Il en prend
connaissance.
Mme David : ...il met l'étampe
«reçu», puis il envoie ça au commissaire, probablement, à la langue française,
qui met ça dans ses données.
M. Jolin-Barrette : Bien, le
ministre de la langue...
Mme
David : Ce n'est pas le mot «consulter», ce n'est pas le
mot «autoriser». C'est vraiment une boîte aux lettres.
M. Jolin-Barrette : Il faut que le
ministre de la Langue française soit au courant.
Mme David : Soit au courant. Mais,
s'il regarde ça, puis elle s'appelle Pauline, là, Pauline, Caroline, là :
Bien, écoute, là, il me semble que ta, ta, ta, tu ne vas pas envoyer ça au Conseil
du trésor... ce n'est pas ça, là. C'est une simple transmission des
dispositions, des règles budgétaires qui ont trait à... Il n'y a pas de
jugement, il n'y a pas d'opinion, il n'y a pas de note au dossier qui est
transmis au Conseil du trésor.
M. Jolin-Barrette : Bien,
l'expertise au niveau... en matière de langue française est au niveau du
ministère de la Langue française, du ministre de la Langue française. Donc, les
règles de financement ont nécessairement un impact relativement à la langue française. Donc, le ministre de la Langue
française va en prendre connaissance, puis le ministre peut en prendre
connaissance et faire des commentaires à sa collègue avant que ça s'en aille au
Trésor, bien entendu. La ministre de
l'Enseignement supérieur va écouter le ministre de la Langue française, va prendre
note de ses propos puis, par la suite, prendra les décisions qui lui
reviennent. La responsabilité ministérielle relativement aux règles
budgétaires, elle est sur la tête de la ministre de l'Enseignement supérieur,
pas sur celle du ministre de la Langue française. Ça fait que le ministre de la
Langue française prend connaissance des données, peut commenter ou non, de
façon informelle.
Mme
David : C'est très intéressant, ce que vous dites, parce que, dans une
autre de vos inspirations nocturnes, qu'on va voir tout à l'heure, à 12.1, là
on s'en va dans l'A.E.C. puis... de la connaissance suffisante du français pour
interagir, s'épanouir, bon : «Les exigences de connaissance du français
pour l'application du premier alinéa doivent être établies par règlement du
ministre de la Langue française», dans ce cas-là. Ah! bien là... Aïe! ça va
être compliqué, votre couple, ouf, que ça va être compliqué.
Là, dans ce cas-là,
là, là, c'est le ministre de la Langue française qui fait le règlement du
français pour l'A.E.C. Si ce n'est pas avoir les deux mains dans le plat de
bonbons de l'Enseignement supérieur, je ne sais pas ce que c'est, alors que,
là, vous dites : Non, les règles budgétaires s'en vont juste avec une
transmission, une copie, dans le fond.
M.
Jolin-Barrette : Une copie.
Mme David :
Mais, dans l'autre, vous mettez vos deux mains dans le plat de bonbons pas à
peu près au niveau pédagogique.
M.
Jolin-Barrette : Comme on dit : copie de courtoisie.
Mme
David : Non, mais comment
vous conciliez ça avec ce qui s'en vient? Parce que, là, on est obligés de
voir ça, vous le dites souvent, grande
architecture, c'est comme un tout. Alors, comment vous conciliez les deux, le 9
puis le 12?
M.
Jolin-Barrette : Bien, c'est des sujets qui sont distincts. Il y en a
un que ce sont les données financières du
ministère de l'Enseignement supérieur qui sont transmises au ministre de la
Langue française pour prise de connaissance, pour être informé, tandis que, dans l'autre cas, c'est pour le niveau de
français qui doit être établi dans le cadre d'un A.E.C.
Et je vous
soumettrais, M. le Président, qu'il y a une importance très grande associée à
l'acquisition de la maîtrise la langue française pour participer au développement
de la société québécoise. Lorsqu'on fait des études, au Québec, normalement,
c'est pour pouvoir travailler au Québec, pour avoir les compétences pour
intégrer la société québécoise. Et il est fondamental que les gens qui
choisissent le Québec, qui décident d'avoir une vie professionnelle au Québec,
puissent contribuer en français dans les différents milieux de travail.
Mme David : Bien,
ce n'est pas tellement pertinent à ma question, ça. On parlera du comment
acquérir cette compétence-là, mais là vous... j'ai l'impression que vous êtes
un peu au MIFI, dans votre tête, puis que c'est vous qui établissez les règles
de francisation, là, avec le niveau 1 à 7, et puis que... Mais je pense
que ministre de l'Enseignement supérieur
connaît quelque chose sur l'éducation des jeunes, plus que le ministre de la
Langue française, là, par définition. Je pense qu'il y a des experts en enseignement puis en pédagogie. La
Commission d'évaluation de l'enseignement collégial, ils ont des... Alors, je ne vois pas en quoi le
ministre de la Langue française va être un meilleur pédagogue ou concepteur
de niveaux de français que les cégeps, qui donnent déjà beaucoup
d'accompagnement en francisation. Mais, de toute façon, Mme... M. le Président,
excusez, on se trompe des fois, là...
M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez, je veux
rassurer la collègue, non, je ne me mélange pas, je ne suis plus au
MIFI.
Une voix : ...
M.
Jolin-Barrette : Là-bas c'était mélangeant? Pourquoi?
Une voix : ...
Le Président (M.
Poulin) : C'est un droit de parole ou... Non? O.K.
M.
Jolin-Barrette : Par contre, on va le voir à 88.0.12, le ministère de
l'Immigration, de l'intégration et de la Francisation va être consulté puis le
ministère...
Mme David : La
nuit porte conseil. Vous ferez un autre amendement, cette nuit, pour ajouter le
MIFI dans votre 88.0.12, parce qu'il n'est pas là. On va revenir au 88.0.9, là,
maintenant que je me suis fait dire qu'il n'y avait pas de lien entre les deux.
Donc c'est une transmission. Alors, je n'ai pas d'autre commentaire.
Le Président (M.
Poulin) : Merci beaucoup, Mme la députée. M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Juste un point de précision, là. «88.0.12.1.
L'attestation d'études collégiales ne peut être délivrée à l'étudiant qui n'a
pas du français la connaissance suffisante afin de pouvoir interagir,
s'épanouir au sein de la société québécoise et participer à son développement.
«Les exigences de
connaissance du français pour l'application du premier alinéa doivent être
établies par règlement du ministre de la Langue française, après consultation
du ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie et du
ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'intégration.» Il
est là.
Mme David : ...de la langue
française, le patron des deux gangs qui donnent des cours depuis 50 ans en
francisation, les cégeps et puis le MIFI.
M.
Jolin-Barrette : Il n'y a pas de patron de personne, là.
Mme David : Bien, voyons! Eh bien,
là, là, on ne vit pas la même affaire, là.
M. Jolin-Barrette : Non, non. Il n'y
a qu'un seul patron, au gouvernement, puis c'est le premier ministre.
Mme David : C'est beau d'entendre
ça, c'est vraiment beau. Bien, j'ai fini pour l'amendement du 88.0.9.
Le Président (M. Poulin) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Est-ce qu'il y avait d'autres interventions
concernant l'article 88.0.9? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à sa mise aux voix... Non?On va au prochain article?
Mme David : ...on ne vote jamais, à
part les amendements, dans ce projet de loi là.
Mme David : Ah! O.K. Donc, on va au
prochain article, d'accord. Oui, c'est vrai, le 88.0.10, c'est ça, c'est bien
ça, oui. Excusez-moi.
M. Jolin-Barrette : «88.0.10. Un
établissement visé à l'article 88.0.1 offrant l'enseignement collégial ne
peut, sans l'autorisation du ministre de l'Enseignement supérieur, de la
Recherche, de la Science et de la Technologie, offrir dans une langue autre que
le français une activité de formation de la main-d'oeuvre, de recherche
appliquée, d'aide technique à l'entreprise ou d'information.
«Le ministre, avant de donner son autorisation,
doit consulter le ministre de la Langue française.»
Commentaires : L'article 88.0.10 de la
Charte de la langue française que propose l'article 58 du projet loi
subordonne à l'autorisation du ministre de l'Enseignement supérieur, de la
Recherche, de la Science et de la Technologie l'offre, dans une autre langue
que le français, d'activités de formation, de recherche, d'aide technique ou
d'information. Ces activités ne sont pas celles visées par les programmes
d'études.
Les établissements anglophones comme
francophones doivent obtenir cette autorisation.
Enfin, le ministre de la Langue française devra
être consulté avant que l'autorisation ne soit donnée.
Les dispositions de l'article 88.0.6
entreront en vigueur à compter de l'année scolaire 2022‑2023, qui sera
changée pour 2023‑2024, ainsi que le prévoit le paragraphe 4° de
l'article 201.
Le Président (M. Poulin) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions? Oui, Mme la
députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Alors là, j'aimerais ça
presque faire une devinette au ministre pour qu'il s'imagine vers quoi je vais
aller dans cet article-là, comme question. Mais, comme il y a eu... là, il y a
eu vraiment des interventions puis des mémoires, puis comme le ministre est
très, très à l'écoute des consultations et qu'il veut faire plaisir à tout le
monde, il a sûrement remarqué qu'on s'inquiète beaucoup, dans les... dans le
mémoire de la fédération, entre autres, des cégeps, de la définition de ce
qu'est une activité de formation de main-d'oeuvre, de recherche appliquée,
d'aide technique à l'entreprise ou d'information, surtout activités de
formation et de recherche appliquée.
Le Président (M. Poulin) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Donc, cet
article-là, M. le Président, se passe notamment dans les activités offertes par
les centres collégiaux de transfert de technologie et de pratiques sociales...
Mme David : Vous avez même repris la
définition exacte dans la loi des CCTT.
M. Jolin-Barrette : C'est ça. Pas
pire!
Mme David : Alors, j'aurais pu vous
le dire, moi aussi, là, avant qu'on vous dise que c'était exactement ça. Donc,
on est en plein dans les CCTT. Là, là, vous rentrez de plein fouet chez votre
collègue le ministre de l'Économie.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais là
vous m'aviez... M. le Président, la collègue de Marguerite-Bourgeois m'a déjà
dit : Lorsque j'étais ministre de l'Enseignement supérieur, j'aurais voulu
avoir la recherche.
Mme David : Mais vous ne l'avez pas
fait, vous non plus.
M. Jolin-Barrette : Non, mais ce
n'est pas ce que je dis, là. Ce n'est pas des... comme ça. Mais là elle me
dit : Je rentre chez lui. Je ne rentre pas chez lui, là.
• (16 h 10) •
Mme David : Je vous dis : Vous
rentrez de plein fouet dans l'administration du MEI. Il a les CCTT sous sa
responsabilité, il se fait de la recherche là. Et je vais vous demander :
Que veut dire «offrir dans une langue autre que le français une activité de
recherche»? Est-ce que vous vous souvenez de toute la discussion qu'on a eue?
Puis vous avez dû même faire un mémoire au Conseil des
ministres. Rémi Quirion, ça vous dit quelque chose, des Fonds de recherche du
Québec? Les CCTT sont des centres de recherche, et là vous leur dites qu'ils ne
pourront pas faire une activité de recherche appliquée.
Pourquoi c'est «appliquée»? Le savez-vous? C'est
parce que, dans l'article 1 de la loi des cégeps, les cégeps, depuis 1969,
ont fait un compromis avec les universités... ont dû faire un compromis, le
gouvernement de l'époque, pour dire : Vous n'aurez pas le droit de faire
de la recherche-recherche, parce que vous allez être en compétition avec les
universités, donc on va appeler ça «recherche appliquée». Puis il a failli y
avoir un projet de loi où on enlevait le mot «appliquée», les cégeps auraient
bien aimé ça, finalement, ça ne s'est pas passé. Alors là, c'est resté
«recherche appliquée», puis ça s'est développé beaucoup. Puis moi, avant de
partir, on... j'ai annoncé 10 nouveaux CCTT. Puis le ministre de l'Économie est
très content, puis il aime beaucoup les CCTT, il se fait plein de recherche
appliquée.
J'ai la liste ici de tous les CCTT anglophones.
Là, vous êtes en train de leur dire qu'ils ne pourront pas travailler avec...
Il y en a un que, d'ailleurs, le ministre de l'Économie aime beaucoup, le
Centre de métallurgie du Québec. Alors, ils travaillent avec... des travaux de
recherche de portée mondiale et ils travaillent avec des gens de partout, en
Allemagne, au Mexique, en Corée, en France, avec des universités francophones,
anglophones, Waterloo, etc.
Alors là, vous allez bien me dire comment ça
marche, votre affaire de mettre les deux pieds dans la recherche, comme si les
activités de recherche appliquée étaient une activité de formation. Ce n'est
pas une activité de formation, de la recherche.
M. Jolin-Barrette : Alors,
l'article, de la façon dont il est écrit, si on le reprend : «Un
établissement visé à l'article 88.0.1 offrant l'enseignement collégial ne
peut, sans l'autorisation du ministre de l'Enseignement supérieur, de la
Recherche, de la Science et de la Technologie, offrir dans une langue autre que
le français une activité de formation de la main-d'oeuvre, de recherche
appliquée, d'aide technique à l'entreprise ou d'information.» Donc, ce qu'on
dit, c'est que c'est possible de le faire, mais ça prend l'autorisation de la
ministre de l'Enseignement supérieur. Au deuxième paragraphe, on dit :
Avant de donner son autorisation, la ministre consulte le ministre de la Langue
française. Donc, on n'empêche pas...
Mme David : Mais non, mais soyons
sérieux, là, soyons...
M. Jolin-Barrette : Bien, on est
sérieux.
Mme David : ...sérieux. Écoutez, on
est dans un collège, avec des profs qui ont le même titre que Dr Poirier, ils
ont beaucoup des Ph D., maintenant, dans les CCTT. Vous ne les avez pas
visités, je les ai tous visités. C'est hallucinant, le niveau de ce qui se fait
là, là...
M. Jolin-Barrette : Je suis
désolé...
Mme
David : Au moins un dans votre vie, peut-être, bon.Deux,
pour être généreux. Moi, je les ai tous visités. Et...
Le Président (M. Poulin) : ...je
vais simplement vous rappeler au contenu du projet de loi, s'il vous plaît.
Merci beaucoup.
Mme David : Oui, bien ça, vous allez
avoir des problèmes parce qu'il y a des fois où on s'éloigne beaucoup, beaucoup
du projet de loi, et ce n'est pas moi la plus...
Le Président (M. Poulin) : Oui,
bien, j'ai... Non, mais je vous ai laissés, tout à l'heure, vous éloigner
jusqu'à la nuit. Là, je tente de revenir au projet de loi.
Mme David : Non, non, mais je parle
d'hier, avant-hier. Non, non, je suis d'accord avec vous, M. le Président...
Le Président (M. Poulin) : Oui, je
n'en doute pas, mais je souhaite qu'on puisse revenir à l'essentiel du projet
de loi. Merci beaucoup.
Mme David : Alors, une activité du
Centre de métallurgie avec l'Institute of Technology à Karlsruhe, en Allemagne,
ou le Korea Institute of Industrial Technology en Corée, là, vous allez me dire,
parce que c'est de la recherche scientifique, les CCTT... Savez-vous quoi? Ils
sont admissibles au CRSNG. Savez-vous ce que c'est, le CRSNG? Conseil de
recherches en sciences humaines et en génie... en sciences naturelles et en
génie. Là, là, vous allez me dire que les activités de recherche appliquée
doivent se faire en français, sans chercher une autorisation de deux ministres?
Non, mais vous voulez rigoler, là. On revient 50, 60 ans en arrière. C'est
des centres de recherche.
Vous avez dit, pour les universités avec...
D'ailleurs, merci, Rémi Quirion, merci, le Scientifique en chef, vous avez fait
un... déposé un mémoire, puis on a trouvé ça très correct, très équilibré, que
là, quand ils demandent des subventions, bien, la page frontispice puis la demande
elle-même devrait être faite en français, mais tout le reste pourrait être fait
en anglais. Là, on arrive ici, parce que c'est des petits cégeps puis qu'on n'y
croit pas vraiment qu'ils font de la recherche, ce n'est pas sérieux... sauf
que ce n'est pas vrai, c'est dans les plus grands producteurs de recherche
scientifique au Canada, pour le niveau où ils en font, puis ils travaillent
avec des...
Allez visiter
Saint-Hubert, allez visiter plein d'endroits où il y a des choses extrêmement
intéressantes. L'optique-photonique, à La Pocatière, André-Laurendeau puis
John-Abbott, c'est hyperpoussé comme CCTT.Tout ça va devoir se faire en
français avec, sauf autorisation, une activité de recherche, là? On va prendre
le téléphone pour appeler le collègue en Allemagne, ils ne pourront pas, il
faut que j'appelle la ministre pour demander la permission. Concrètement, ça
veut dire quoi?
M. Jolin-Barrette : Je crois, M. le
Président, qu'il y a un petit peu d'exagération, là, de la part de la députée
de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Je prends un bel
exemple.
M. Jolin-Barrette : Non, il y a un
petit peu d'exagération. Les CCTT, notamment, là, visent à permettre le
développement ou la mise à jour des compétences, hein? Il s'agit de formation
des étudiants, dans un premier temps. Oui, il y a de la recherche qui se fait,
mais il y a notamment des étudiants, également, qui sont dans les CCTT.
Mme David : ...assez et beaucoup
plus de la recherche de chercheurs pour avoir des contrats, parce que c'est
souvent des contrats de recherche avec des entreprises externes pour développer
tel produit, tel truc.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais là il
y a des chercheurs, d'accord, il y a des étudiants aussi qui participent aux
recherches aussi. On veut qu'au Québec l'environnement de travail soit
principalement en français, hein? La langue du travail doit être le français au
Québec. C'est une des mesures que nous mettons dans le cadre du projet de loi
n° 96. Il est tout à fait normal de dire que, dans le cadre de ces
recherches-là, si l'objectif est de les faire en anglais, bien, ça devrait être
autorisé par la ministre l'Enseignement supérieur. Ce n'est pas l'autorisation
de deux ministres, là, elle fait... elle consulte. On n'empêche...
Mme David : Même dans les cégeps
anglophones?
M. Jolin-Barrette : On n'empêche pas
de faire de la recherche en anglais, là. On dit simplement que ça se déroule en
français. C'est permis d'en faire en anglais, sauf que ça prend l'approbation
de la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme David : Même dans les cégeps
anglophones? Parce que, comprenons-nous bien, là, moi, j'ai beaucoup milité
pour que les étudiants dans les programmes de D.E.C. puissent avoir des stages
de recherche dans leur CCTT, ce qui était même prôné beaucoup, beaucoup dans le
rapport d'Hélène P. Tremblay, avec deux autres, que j'avais commandé, sur le
mode de financement, entre autres, etc., des cégeps. Madame, là-bas, qui est au
ministère de l'Enseignement supérieur, va s'en souvenir. Ça fait deux ou trois
ans, ce n'est pas loin, là, et le rapport a beaucoup prôné d'intensifier les
activités de recherche et d'impliquer beaucoup les étudiants.
Alors, un étudiant d'un cégep anglophone qui a
le statut, qui peut étudier en anglais, quand il va arriver, il va traverser...
parce que le CCTT est souvent dans le cégep, là, il va... devoir qu'il parle
français dans ses activités de formation qui sont liées à son programme
d'études, bien qu'il soit dans le CCTT?
M. Jolin-Barrette : La réponse à
cette question-là, quand on est à 88.0.1, c'est oui.
Mme David : 88.0.10.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais ça
réfère à 88.0.1. Alors, oui, ça couvre les deux réseaux.
Mme David : Puis c'est qui, les
établissements visés à 88.0.1?
M.
Jolin-Barrette : C'est les établissements offrant l'enseignement
collégial, à l'exception des établissements privés non agréés aux fins de subventions et des
établissements qui sont des organismes gouvernementaux au sens de l'annexe
I.
Mme David : Ça comprend les cégeps
anglophones et francophones?
M. Jolin-Barrette : Ça comprend les
cégeps anglophones.
Mme David : Puis vous êtes en train
de me dire qu'une activité de recherche appliquée devra demander l'autorisation
de la ministre pour recevoir des étudiants dans leur stage de design
métallurgique...
Le Président (M. Poulin) : Est-ce
que vous souhaitez suspendre? M. le ministre, souhaitez-vous suspendre?
M. Jolin-Barrette : Non, non.
Le Président (M. Poulin) : Non?
D'accord.
M.
Jolin-Barrette : On peut continuer, M. le Président.
Le Président (M.
Poulin) : Alors, est-ce qu'il y a un intervenant particulier qui
souhaitait reprendre la parole?
Mme David :
Bien, je n'ai pas eu ma réponse, M. le Président.
M.
Jolin-Barrette : Quelle était votre question, déjà?
Mme David : Bien,
que je suis en train de devoir comprendre que l'étudiant qui s'en va en stage,
puis il est dans un cégep anglophone autorisé en tant que cégep anglophone, va
devoir, dans les activités de recherche, parler... que ça se passe en français,
alors qu'il a le droit de passer son épreuve uniforme en anglais, etc.
M. Jolin-Barrette : Non, non, ce n'est pas ce
que l'article dit. L'article dit que les activités de recherche peuvent
être en anglais, mais sur autorisation de la ministre. Ça ne dit pas que les...
l'article ne dit pas que les activités de recherche ne seront pas dans une
langue autre que le français. Ce n'est pas ça que ça dit. L'article dit :
Il peut y en avoir, il peut y avoir de la recherche en anglais dans les CCTT,
exemple, dans un établissement collégial anglophone, mais ça doit être approuvé
par la ministre de l'Enseignement supérieur. Ça fait que, si la ministre de
l'Enseignement supérieur juge à propos que ça se passe en anglais dans les CCTT
qui sont rattachés à des cégeps anglophones, elle pourra les autoriser.
• (16 h 20) •
Mme David : Je
ne comprends pas votre logique, là. Ça me renverse qu'un cégep anglophone à qui
on a autorisé un CCTT ne puisse pas avoir le statut, pour son CCTT, qu'il a
pour son enseignement.
M.
Jolin-Barrette : Bien, il pourra l'avoir.
Mme David : Mais
non, mais il me semble que c'était inclus dans le fait d'avoir un statut
anglophone de cégep. C'est comme si vous
disiez : On rentre dans un cégep, mais, si je rentre dans le laboratoire
en soins infirmiers pour apprendre à faire des prises de sang, bien là,
il faut que ça se passe en français.
M.
Jolin-Barrette : Non, c'est différent. Ce n'est pas la même personne
morale, le CCTT, là, que le cégep.
Mme David : Bien, ils sont pas mal intégrés, là. C'est un CCTT
demandé par un cégep et autorisé dans un cégep.
M. Jolin-Barrette :
Oui, mais vous conviendrez avec moi que c'est une personne morale
distincte, un CCTT.
Mme David : Oui,
puis qu'est-ce que ça change?
M.
Jolin-Barrette : C'est une personne morale distincte.
Mme David : Qu'est-ce
que ça change, ça? Si on veut, justement, qu'ils se rapprochent...
M.
Jolin-Barrette : Non, mais vous, là, puis votre ami, là, vous n'êtes
pas la même personne, là. C'est deux personnes morales distinctes. Donc, ce que
l'article dit... Il ne dit pas qu'il n'y a pas de recherche en anglais puis
que, dans un CCTT qui est intimement lié à un cégep anglophone... Il ne dit pas
que ça ne se passera pas en anglais. Il dit que, quand ça se passe en anglais,
ça prend l'autorisation de la ministre.
Mme David : Y
compris les publications puis les liens avec la Corée, le Mexique, les
États-Unis, les contrats qu'ils peuvent avoir en Ontario, parce qu'il y a de la
business aussi, là-dedans.
M.
Jolin-Barrette : Oui, la ministre pourra l'autoriser.
Mme David : Et
là ça va être la où le ministre, parce que d'habitude, l'Économie, on se
comprend, en ce moment, que c'est un monsieur.
M.
Jolin-Barrette : Non, c'est l'Enseignement supérieur. Bien...
Mme David : MEI.
Mais pourquoi, là, ce n'est pas le ministère de l'Économie et de l'Innovation?
M.
Jolin-Barrette : Non, c'est... dans le fond, la responsabilité est sur
le ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme David : Oui,
mais vous dites que les activités de recherche devront être faites en français.
M.
Jolin-Barrette : Les activités de recherche peuvent être autorisées
par la ministre, en anglais. C'est ce que l'article dit.
Mme
David : Je vais vous lire ce que la fédération écrit, page claire...
page 15 dans son mémoire : «Il est clair que l'intention est ici de
viser les activités des CCTT, mais le projet de loi n'y fait pas référence
explicitement.
«La fédération
s'oppose à l'insertion de cet article étant donné que la recherche menée dans
les CCTT se déroule de plus en plus dans un écosystème international et avec
des partenaires de divers milieux, notamment des universités. À titre
d'exemple, le Centre de métallurgie du Québec, à Trois-Rivières, participe à
des travaux de recherche de portée mondiale avec des chercheurs de tous
horizons. Ce type de collaborations nous fait dire que la recherche au collégial représente un fleuron qu'il
faut mettre en lumière et dont il ne faut surtout pas réduire le
rayonnement. Par ailleurs, l'expression "activité de formation de la
main-d'oeuvre" entraîne une confusion en lien avec les activités de
formation continue et de services aux entreprises des cégeps.»
Alors, tout est pas
mal mêlé, là-dedans, mais ils recommandent carrément le retrait de
l'article 88.0.10 parce qu'ils disent que ce n'est pas applicable. Alors,
moi, j'essaie de comprendre. J'essaie de comprendre qu'est-ce que ça implique
puis, encore une fois, comment ça va s'appliquer.
M.
Jolin-Barrette : Alors, pour revenir à mon explication, dans le fond,
si un CCTT veut faire de la recherche en anglais, il n'y a pas d'enjeu, ça
devrait être validé par la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme David : C'est
infantilisant pas mal, là, pour des gens qui ont des Ph D., d'appeler
puis : Je peux-tu faire une collaboration avec...
M.
Jolin-Barrette : Non. Un des objectifs qu'on a, là, dans le réseau
collégial, c'est notamment de faire en sorte
que le milieu de travail se déroule en français. Les CCTT, vous mêmes, vous
l'avez dit, c'est de la commercialisation, c'est de la recherche, il y a
un lien direct avec le milieu du travail. Bien entendu que, dans des situations
où on se retrouve avec l'étranger, bien
entendu que... certaines situations que, parfois, la recherche va être en
anglais, mais il faut retrouver le réflexe, au Québec, de pouvoir faire
de la recherche en français. Il faut favoriser la recherche en français.
Mme David : Qu'est-ce
qui vous dit que ça a été perdu?
M.
Jolin-Barrette : Pardon?
Mme David : Qu'est-ce
qui vous dit que le réflexe est perdu? On parle d'un...
M.
Jolin-Barrette : Bien, vous venez... M. le Président, la députée de
Marguerite-Bourgeoys vient du milieu académique. Elle sait très bien que,
notamment dans la recherche universitaire, dans les différents types de
recherche, ce qui est valorisé, ce qui est favorisé, c'est quoi, c'est la
recherche en anglais, la publication en anglais. Vous le savez, là, vous avez
été à l'Université de Montréal, vous avez été vice-rectrice.
Mme David : Je
le sais.
M.
Jolin-Barrette : Bon, bien, ce que je veux dire : si l'État
n'intervient pas, là, on laisse les choses aller, comme ça a été le cas, là,
les 40 dernières années, là... Je ne vise personne, on jase, O.K.? L'État
du Québec se doit d'intervenir pour protéger la langue française. C'est sûr que
si, à chaque fois qu'on regarde un pan de la société, on dit : Pas eux
autres, pas eux autres, pas eux autres, bien, on ne s'en va pas dans la bonne
direction. Il faut que tout le monde fasse son effort.
Puis à chaque fois,
souvent, là, par rapport au projet de loi n° 96, là, dans les critiques
qu'on a entendues, c'est de dire : Oui, oui, on est en faveur du principe
du projet loi n° 96, on est vraiment en faveur, mais
nous autres, là, on devrait être exemptés. Pourquoi? Ça prend des outils
législatifs comme le projet de loi n° 96 pour
favoriser, pour changer la donne, pour amener à changer les comportements, pour
qu'on puisse évoluer en français au Québec, autant sur le marché du travail,
autant dans les collèges, autant dans les universités. Il faut que ça
redevienne un réflexe normal, ne pas se dire, là : Si je veux réussir,
dans la vie, il faut tout que je fasse ma carrière en anglais, à partir du
collégial. Vous conviendrez avec moi que c'est un petit peu aberrant, ce
message qui est véhiculé comme ça.
Mme David : Et
c'est pour ça que votre gouvernement a permis de faire entrer autant de gens de
l'étranger ne parlant pas un mot de français pour aller travailler dans les
technologies de l'information, parce que ça, c'étaient les emplois à
100 000 $ et plus. Alors, si c'est à 100 000 $ et
plus, ils pouvaient rentrer sans avoir... zéro, zéro de français. Puis, si
c'était à 75 000 $ et plus, là, il y avait une autre petite norme.
Ça, c'est tout récent. Ça a été très dénoncé, d'ailleurs. Mais là vous
dites : Il ne faut même plus que la recherche se fasse en anglais. Bien
là, je m'inquiète, là, beaucoup, beaucoup, beaucoup... Attendez, je n'ai pas
fini.
M. Jolin-Barrette :
Ce n'est pas ça que j'ai dit. Ce n'est pas ça que j'ai dit.
Mme David : Parce
que je suis une... J'ai toujours été une très grande fervente du...
M. Barrette :
Je sollicite l'intervention du président pour que le ministre laisse parler
ma collègue.
Le
Président (M. Poulin) : Effectivement, tant que ça se passe bien, nous
allons laisser les échanges se faire, mais un à la fois, s'il vous plaît.
M.
Jolin-Barrette : ...
Le Président (M. Poulin) : Zib,
zab, zoub! Effectivement, exactement. Tuf, tuf, tuf! Mme la députée, c'est à
vous.
Mme David :
Bon, je vais vous dire que vous touchez une corde très sensible, que j'ai
depuis très longtemps, c'est de développer
la recherche au collégial. Ça, là, j'en ai toujours parlé. Les cégeps sont des
institutions d'enseignement supérieur, puis là vous les traitez comme
des enfants qui ont des permissions à demander.
Je ne vous dis pas de
tout faire en anglais. Je vous dis que, si jamais ils ont des publications ou
des activités de collaboration avec l'international... Parce que c'est ça, ce
n'est pas des petites institutions locales, là, qui ne font rien, là, c'est des
gens qui collaborent, comme l'institut d'aérotechnique, à Saint-Hubert. Il y a
des CCTT hallucinants, là. Il y en a qui disent qu'ils n'ont jamais besoin de
parler anglais parce que leurs contrats, leur ligne d'affaires est vraiment
plus locale. Mais il y en a qui sont rendus avec des lignes d'affaires très,
très, très développées. Puis la recherche, au collégial, ce n'est plus ce qu'on
pensait, là, des petites recherches publiées à droite, à gauche. C'est des gens
qui ont des doctorats, qui travaillent, même... Bien, il ne m'écoute pas,
alors...
Le Président (M.
Poulin) : Évidemment, lors des travaux article...
Des voix : ...
Le Président (M.
Poulin) : Bien, s'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Lors des études article par article, évidemment, que ce soit du côté de
l'opposition ou du côté du gouvernement, on peut se référer à nos conseillers,
l'espace de quelques minutes, alors... et ça se fait de part et d'autre,
évidemment.
Des voix : ...
Le Président (M.
Poulin) : S'il vous plaît! S'il vous plaît! À l'ordre! On évite de
s'interpeler de cette façon. Alors, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys,
vous aviez la parole. Je vous laisse compléter votre intervention.
• (16 h 30) •
Mme David : Alors,
j'étais en train de dire qu'il touche une corde très sensible puis là il sait,
là, que la protection du français, et tout ça, c'est extrêmement important pour
moi, etc. Mais la protection de la recherche au collégial, la valorisation de
la recherche au collégial, ça se fait, très souvent, là, complètement en
français.
Mais là où je vous
dis attention, c'est qu'il y a des centres de recherche qui travaillent
vraiment, vraiment à un niveau international, qui font venir des étudiants, qui
peuvent avoir des stagiaires, même universitaires, d'universités anglophones,
francophones. Et là on parle de centres de recherche, en plus, qui sont dans
des cégeps anglophones avec le statut anglophone. Donc, c'est deux poids, deux
mesures. Les cégeps anglophones ont des permissions à demander pour parler
anglais — il
faut le faire — alors
que les cégeps francophones, eux autres, on ne s'en occupe pas vraiment et
puis, bon, eux autres, ça ne marche pas du tout de la même façon.
Alors, moi, ce que je
dis, c'est : Quand il y a des situations où ils doivent faire des contrats
et des partenariats avec des gens en dehors du Québec, est-ce que vous pourriez
au moins... ou avec des universités anglophones, où ils sont souvent dans des
conglomérats, bien, je ne vois pas qu'ils aient la permission à demander pour
faire de ce genre de recherche là. Parce que, si vous allez là...
Vous
êtes en enseignement supérieur, je vous le rappelle, vous n'êtes plus au
primaire, secondaire. L'enseignement supérieur se gouverne avec des
règles d'autonomie qui devraient... D'ailleurs, aux universités, ils ont leurs
propres lois sur leur autonomie universitaire. Et vous êtes presque en train de
dire : À la limite, il ne faudrait même pas de recherche en anglais dans
les universités. Bon, bien là, on arrête de vivre, là, puis on se renferme,
petit Québec de rien du tout, puis on n'en a plus, de Yoshua Bengio, puis on
n'en a plus, de grands chercheurs en vaccin, puis, bon... C'est un peu ça que
vous dites, là. Il faut que la recherche, le français...
C'est parce que, là,
vous touchez à la recherche, que vous venez me chercher, là. Puis moi, j'ai
toujours plaidé pour des cégeps qui développent la recherche et qui développent
les étudiants qui viennent voir ce qui se passe. Alors, j'imagine un cégep
anglophone, puis là l'étudiant, il étudie en anglais, vous lui permettez
d'étudier en anglais. Parce qu'il traverse la porte, bien là, il faut que ça se
passe en français. Je ne le comprends pas.
M. Jolin-Barrette : Alors,
ce n'est aucunement, les prétentions que me prête la députée de
Marguerite-Bourgeoys... elles ne sont pas fondées, ces prétentions-là.
Ce qu'on dit, avec
cet article-là, à 88.0.11, c'est le fait... pardon, 88.0.10, c'est simplement
le fait que, s'il y a de la recherche en
anglais... Et on n'empêche pas la recherche et on veut favoriser la recherche,
mais on souhaite également favoriser la recherche en français. Et ça, je
pense que vous êtes d'accord avec moi qu'il faut que l'État puisse, dans le
cadre des établissements collégiaux, dans les CCTT, donner une impulsion pour
la recherche en français...
Mme David : ...
M.
Jolin-Barrette : Je n'ai pas dit qu'il n'y en avait pas. J'ai dit
qu'il faut utiliser tous les mécanismes pour faire en sorte, notamment, que la
recherche puisse se passer en français. Et ce que l'article fait, c'est qu'il
dit : Bien, écoutez, si vous ne faites pas votre recherche en français,
vous pourrez le faire, mais ça va vous nécessiter l'autorisation de la
ministre. Ce n'est pas plus compliqué que ça.
Ce n'est pas déraisonnable comme proposition,
là, d'article, là. Il n'y a aucunement l'intention d'interdire la recherche
dans une autre langue que le français, mais encore faut-il, comme État,
favoriser la recherche en français. C'est sûr, là, que c'est tout le temps plus
simple, tout le temps plus facile de ne pas faire de la recherche en français.
Ça, c'est sûr. Est-ce que tout le monde peut prendre sa part de responsabilité
puis dire : Oui, il faut faire avancer le français? Oui, il faut essayer
le plus possible de favoriser le développement de la recherche en français.
Moi, je pense que c'est important.
Je pense que, dans l'environnement mondial dans
lequel on vit, on ne doit pas être gêné de vouloir faire de la recherche, de
travailler en français. Bien entendu, vous avez des programmes de recherche qui
sont avec des partenaires de partout à travers le monde, fort possiblement que
ça va se passer dans une autre langue. Effectivement, ce n'est pas interdit,
c'est permis. L'article 88.0.10 le prévoit. Moi, je trouve que ça tombe
sous le sens. La contre-proposition à ça, c'est quoi? C'est de
dire : Bien, on ne met pas d'article, puis on ne fait rien, puis on laisse
aller les choses? Honnêtement, si on veut être sérieux, par rapport à la
protection de la langue française, il faut avoir des outils, il faut avoir des
leviers, des mécanismes. Il ne faut pas que ça soit tout le temps un
automatisme pour dire : Tout se passe en anglais, puis on regarde ça aller
puis on se dit : Bien, c'est de même, on laisse ça aller de même. Non, il
faut avoir des outils. Ce n'est pas dogmatique de dire : Il faut favoriser
la recherche en français, d'avoir des outils aussi pour amener un changement de
comportement, dans la mesure du possible. C'est ce que l'article 88.0.10
nous invite.
Juste en
complément pour votre question, tout à l'heure, là, à savoir c'est sous la
responsabilité de qui, c'est vraiment sous la responsabilité de la
ministre de l'Enseignement supérieur, là. C'est l'article 6.0.1 de la Loi
sur les collèges.
Mme David : Oui, mais la recherche,
les fonds de recherche, c'est au MEI, puis les demandes de subventions, c'est
au MEI. Puis vous demanderez à votre collègue s'il est allé voir des CCTT.
Bien, il est allé souvent. Bon, alors, c'est une garde partagée.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
légalement, c'est sous la responsabilité de la ministre de l'Enseignement
supérieur. Mais tant mieux...
Mme David : Alors, je vais vous
avoir là-dessus aussi. C'est la preuve...
M. Jolin-Barrette : Tant mieux si le
ministre de l'Enseignement... de l'Économie y va aussi.
Mme David : Mais c'est la preuve
que, si la... Vous avez décidé qu'il y avait des cégeps anglophones puis des
cégeps francophones. Si c'est sous la responsabilité de la ministre de
l'Enseignement supérieur, à ce moment-là, quand tu vas dans un cégep anglophone,
bien, tu suis les règles du cégep anglophone, que le projet de loi n° 96
fait. Or, vous permettez d'enseigner en anglais.
Alors, votre ayant droit, là, qui est dans le
cégep anglophone puis qui, en même temps, fait un stage au JACOBB, le Centre
d'intelligence artificielle appliquée, avec le cégep John-Abbott, ou, encore
mieux, le CERASP, le Centre d'expertise et de recherche appliquée en sciences
pharmaceutiques, qui est uniquement au collège John-Abbott, l'étudiant ayant droit qui a le droit d'étudier en
anglais, de faire son examen final, là, l'épreuve uniforme en anglais,
etc., il va traverser dans son centre de recherche, parce que lui, il étudie en
sciences de la nature, puis là il va falloir que ça se passe en français. C'est
déraisonnable, ça n'a pas de bon sens. Vous clivez le... ce que moi, j'essaie
de faire, depuis des années, c'est-à-dire de mettre ensemble le CCTT et le
cégep, pour que les étudiants puissent profiter beaucoup plus des activités du
CCTT.
Mais là vous dites : Non, quand tu étudies,
tu étudies. Si tu as un stage, dans ton programme technique en sciences
biopharmaceutiques, par exemple, puis que tu traverses au CCTT, parce que ça
s'adonne que c'est un centre d'expertise et de recherche appliquée en sciences
pharmaceutiques, bien là, ce n'est plus bon. Là, il faut que tes professeurs, qui t'enseignent en anglais,
t'enseignent en français dans ton stage au CCTT, puis il faut que toi, tout se
passe en français. Vous plaidez l'affaire de la recherche en français en
général, etc., bien, écoutez, ça ne tient pas la route, parce que, là, on parle
de cégeps anglophones.
Je ne vous ai
pas parlé de cégeps francophones, je vous ai parlé de cégeps anglophones. Je
serais aussi mal à l'aise si on
disait : Le gars ou la fille, le prof au cégep francophone qui ne parle
pas très bien l'anglais, il fallait tout à coup qu'il se mette à parler anglais en traversant la porte,
parce que le CCTT a... Non, il va parler la langue qu'il est capable de
parler.
On parle d'un lien entre le cégep et le CCTT qui
est comme ça. La preuve, vous venez de me le dire, le ministre de
l'Enseignement supérieur est responsable de ça. Alors, je trouve ça totalement
improvisé, déraisonnable et non approfondi comme mesure. Là, vous venez de
toucher vraiment quelque chose où j'ai pas mal travaillé la question, et je
trouve que ça met des freins inutiles au meilleur partenariat entre
l'enseignement et la recherche.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Alors, je reçois votre commentaire. Je ne
partage pas votre opinion, et l'article ne dit pas qu'il n'y aura pas de recherche dans une autre
langue que le français. Il n'est pas question d'interdire la recherche dans
une autre langue que le français. Ce que
l'article dit, c'est que, s'il y a recherche dans une autre langue que le
français, ça prend l'autorisation de la ministre. C'est tout ce que ça
dit. Ne faites pas dire des choses à l'article de loi qui n'est pas dit, là.
Mme
David : O.K., je vais vous faire dire quelque chose, alors. Si
l'étudiant, dans son programme technique de D.E.C. en pharmacie, qui est
extrêmement convoité, c'est un programme très recherché, parce que les
pharmaciens ont besoin d'aide, d'auxiliaires pharmaciens, etc., c'est une aide
aux pharmaciens qui vont à l'université... Bon, alors, si ce programme-là, par
exemple, est à John-Abbott, puis que l'étudiant étudie en anglais, puis que
c'est un ayant droit, dans son stage est prévu 300 heures ou
60 heures de stage, dans le CCTT, la porte d'à côté, l'étage au-dessus, ça
veut dire que son stage, qui est évalué dans son programme, dans son programme
d'études, va devoir se faire en français?
M.
Jolin-Barrette : Non, pas nécessairement. Depuis une demi-heure, je
vous le dis.
Mme David : Il
ne va pas avoir à demander une permission parce qu'il traverse la porte pour
que son stage... parce que, là, vous touchez à tous les stages. Alors,
attention, vous touchez à tous les stages en dehors du cégep : stage dans
un hôpital, stage...
Le Président (M.
Poulin) : ...Mme la députée, il vous reste 2 min 24 s.
Je voulais vous le mentionner.
M.
Jolin-Barrette : Ce n'est pas l'étudiant qui fait une demande, hein,
c'est l'établissement visé à 88.0.1 offrant l'enseignement collégial qui va
venir demander l'autorisation.
Mme David : Donc, pour faire un stage, vous me confirmez que le
programme de D.E.C. en sciences pharmaceutiques va devoir demander la
permission pour que son étudiant fasse un stage en anglais, alors qu'il est
dans un programme en anglais, que ça soit au CCTT ou que ça soit à l'Hôpital
Douglas?
M.
Jolin-Barrette : Ce n'est pas lui qui fait la demande.
Mme David : Son
cégep.
• (16 h 40) •
M.
Jolin-Barrette : C'est un établissement.
Mme David : Ça,
vous êtes en train de dire, attention, ils nous écoutent : Tous les stages
devront être faits en français dans un programme d'études en anglais, tous.
M.
Jolin-Barrette : Non, ce n'est pas ce que j'ai dit.
Mme David : Faites
attention, parce que, si vous dites oui, là, on recommence à zéro puis on en a
pour 50 heures. Pitié.
M.
Jolin-Barrette : Est-ce que c'est une menace?
Mme David : Non,
mais c'est très grave ce dont on discute, là, c'est très important.
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais il ne faut pas monter ça en épingle, là,
hein? Ce n'est pas ça...
Mme David : C'est
pas mal ce que vous dites, là. Il va falloir que ça soit demandé à la ministre.
Donc, un stage, vous avez connu ça, les stages, là. Vous savez ce que c'est, un
stage. Ça peut être au CCTT ou ça peut-être à l'Hôpital Douglas, au service de
pharmacie. C'est quoi, la différence?
M.
Jolin-Barrette : Il y a une différence si vous êtes dans le programme
de formation qui est offert par le cégep, dans le D.E.C., ce n'est pas couvert
par l'activité de recherche, dans le CCTT.
Mme David : La
recherche fait partie du programme, il a 50 heures de recherche à faire.
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais ça, c'est dans le cadre du cursus
collégial. Ce n'est pas couvert.
Mme David : Donc,
le même chercheur qui devient le superviseur de stage, là il va pouvoir parler
anglais à son étudiant qui traverse pour 50 heures, parce qu'il est en stage,
mais, s'il y a un employé... ou une réunion où il y a cet étudiant-là, ou
quatre étudiants en stage plus deux techniciens de recherche, techniciens de
laboratoire, trois chercheurs qui sont des professeurs, en même temps, du
cégep, là il va falloir qu'ils aillent en français?
M.
Jolin-Barrette : Non, dans le cadre du programme collégial, si le
programme collégial est en anglais, ça demeure en anglais. Lorsqu'on est,
supposons, au CCTT, puis on est dans le cadre d'une activité de recherche pour une activité donnée, si la recherche se fait en
français... se fait dans une autre langue que le français, à ce moment-là,
ça prend l'autorisation de la ministre.
Donc, il ne faut pas mélanger le parcours de l'étudiant versus ce qui se passe
au CCTT.
Mme David : Sauf quand le parcours
de l'étudiant croise, miraculeusement, le CCTT, parce que c'est son lieu de
stage de recherche.
M.
Jolin-Barrette : Ça peut arriver que ça se croise, effectivement, mais
là vous étiez rendue dans les hôpitaux puis à l'autre bout du monde.
Mme David : Bien oui, c'est parce
que... tout d'un coup que son lieu de recherche, c'est le CCTT, là, il faut
demander une permission. Mais, s'il s'en va... son lieu de stage est le Douglas...
Le Président (M. Poulin) : ...35 secondes,
Mme la députée.
M. Jolin-Barrette : Il n'y a pas
d'enjeu. Il n'y a pas d'enjeu.
Mme David : Là, il n'y a pas de
permission à demander, s'il va au Douglas, puis il y a une permission à
demander s'il va au CCTT.
M. Jolin-Barrette : L'étudiant n'a
pas le...
Mme David : Le cégep, le cégep.
M. Jolin-Barrette : L'établissement.
Mme David : C'est... Je termine
juste en disant un mot : C'est hallucinant.
M.
Jolin-Barrette : Non, il ne faut pas, M. le Président... et je
tiens à rassurer la députée de Marguerite-Bourgeoys. C'est un petit peu
monté en épingle, là, hein? Il n'y a pas lieu de s'énerver.
Mme David : Parce que j'en ai vu pas
mal, je connais ça pas mal et je vous soumets des choses auxquelles vous n'avez
peut-être pas toutes pensées puis qui vont devenir une... kafkaïen au niveau de
l'applicabilité des cégeps.
Le Président (M. Poulin) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Est-ce qu'il y avait d'autres intervenants qui
souhaitaient intervenir, donc, sur l'article? M. le député de La Pinière.
M. Barrette : ...avoir une courte
suspension.
Le Président (M. Poulin) : Suspension
accordée. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 44)
>
(Reprise à 17 h 02)
Le Président (M. Poulin) : Alors,
nous sommes maintenant en ondes, et je vais céder la parole à M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : M. Le Président,
pour des fins de clarification, 88.0.10, la députée de Marguerite-Bourgeoys a beaucoup
parlé des CCTT, O.K., les CCTT peuvent être des personnes morales distinctes.
Ce qu'il faut voir, à travers l'article 88.0.10, ce sont des activités d'un
établissement collégial visées dans celle-ci, qui doivent être autorisées
lorsque c'est dans une langue autre que le français. O.K.? Notamment, ce qui
est visé, c'est pour faire en sorte...
Voyez-vous, vous avez une activité de formation de la main-d'oeuvre. Il arrive
que les établissements collégiaux font de la formation ou de la
requalification de gens qui sont sur le marché du travail. Mais on souhaite que
ça se passe en français, parce que le marché
du travail doit se passer en français. Donc, on veut que les entreprises,
lorsqu'elles font appel notamment aux
cégeps... O.K. Parce que vous l'avez beaucoup abordé sous l'angle du CCTT, mais
il doit être abordé sous l'angle de
l'établissement collégial. Premier élément. Alors, l'objectif, c'est de faire
en sorte que, supposons, l'aide technique à l'entreprise ou
d'information, ça puisse se passer en français, soir, fin de semaine, sauf
exception, si c'est autorisé par la ministre de l'Enseignement supérieur.
À votre question par rapport à la situation
individualisée d'un étudiant, l'étudiant, lui, quand il est dans le cadre de
son programme collégial, lui, son programme, il le suit, supposons, en langue
anglaise, mais ça inclut également les stages. Donc, c'est déjà couvert,
l'activité. La dispensation de l'activité, ça se fait dans sa langue, dans son
milieu de stage, mais ça ne veut pas dire
que son milieu de stage va être en anglais ou en français. Ça dépend où il fait
son stage.
Mme David : Bien, voilà, où il fait
son stage, alors...
M. Jolin-Barrette : Mais quand vous
me dites : il va à l'externe, supposons, il va à Douglas, bien oui, le
milieu de travail est davantage anglophone. On ne vient pas régir ça. Il n'y a
pas d'autorisation par rapport à un étudiant. C'est l'établissement collégial
lui-même qui veut offrir de la formation, supposons, en entreprise. Mais, pour
pouvoir le faire dans une autre langue que le français, il devra obtenir
l'autorisation de la ministre de Langue française... de la ministre de
l'Enseignement supérieur.
Ce qu'on veut faire en
sorte, là, c'est que, lorsque les entreprises demandent aux établissements
collégiaux de la formation supplémentaire,
on souhaite que cette formation pratique là... on souhaite que l'aide technique
à l'entreprise ou l'information... l'activité de formation de main-d'oeuvre,
ça se fasse le plus possible en français. Parce que, si on veut que, dans les
entreprises, ça se déroule en français, il faut envoyer un signal également
dans les établissements collégiaux qu'on souhaite que ça se déroule en
français. Donc, ça, ça signifie que, oui, la ministre pourra permettre le fait
de donner ce genre de formation là dans une autre langue que le français. Ça
pourra continuer, mais, par contre, ça va être assujetti à son autorisation,
parce que, sinon, il n'y a pas de mesure de contrôle.
Donc, si on veut agir, supposons, sur l'île de
Montréal, au niveau de la langue du travail... Parce que, bien entendu, les
établissements collégiaux, vous savez, c'est beaucoup plus proche du marché du
travail, supposons, que le milieu universitaire. Souvent, les employeurs vont
envoyer leurs employés pour une courte formation ou pour une mise à niveau,
tout ça. Les cégeps font bien ça. Mais nous, on veut franciser les milieux de
travail. Donc, ça fait part du fait que les établissements collégiaux aussi,
principalement, le fassent en français. On n'exclut pas qu'ils le fassent en
anglais, mais, par contre, la ministre va pouvoir l'autoriser... va devoir
l'autoriser.
Mme David : Bien, je n'ai qu'un
commentaire, c'est que vous avez bien remarqué, sûrement, et je vois bien votre
nouvelle stratégie, je n'ai jamais parlé d'aide technique à l'entreprise ou
d'information, parce que je le sais, ça, qu'on
travaille avec des entreprises, puis je n'ai jamais contesté cette partie-là.
Vous allez remarquer que j'ai beaucoup parlé de recherche appliquée. Pourquoi j'ai parlé de recherche appliquée?
C'est parce que c'est écrit mot pour mot, «recherche appliquée», parce
que vous avez pris la définition des CCTT dans la loi sur les CCTT. Alors, à
partir du moment où...
Le Président (M. Poulin) : ...
Mme David : Je n'ai plus le droit de
parler, c'est ça?
Le Président (M. Poulin) : C'est mon
erreur, parce que je trouvais l'échange tellement pertinent sur le sujet, et ça
fait...
Mme David : Bien, vous avez raison.
Le Président (M. Poulin) : Non, mais
pertinent dans la mesure où on est ici pour faire avancer une loi.
Une voix : ...
Mme David : Prends la relève.
M. Jolin-Barrette : Bien, M. le Président,
juste pour la bonne tenue de l'échange, de consentement, je céderais un peu de
temps à la députée de Marguerite-Bourgeoys pour qu'elle termine l'explication
de bonne foi.
Le Président (M. Poulin) : D'accord.
M. Barrette : ...de consentement, je
laisserais mon temps à ma collègue pour clarifier tout ça.
M. Jolin-Barrette : Non, mais...
Le Président (M. Poulin) : Est-ce
que vous voulez le temps du député de La Pinière ou le vôtre?
M. Jolin-Barrette : Non. Je suis
prêt à permettre à la députée de Marguerite-Bourgeoys de compléter son
intervention, mais pas de prendre le temps du député de La Pinière.
M. Barrette : La moitié, peut-être?
M. Jolin-Barrette : Non.
Le Président (M. Poulin) : D'accord.
Alors, puisqu'on a...
Mme David : Écoutez, moi, je suis
d'accord, je suis fatiguée, je pense que... Mais je voulais juste préciser, et
c'est très important...
Le Président (M. Poulin) : Est-ce
qu'il y a un consentement pour, disons, cinq minutes?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Poulin) : Il y a
consentement pour céder du temps à la députée de Marguerite-Bourgeoys... de
cinq minutes. Allez-y, Mme la députée.
Mme
David : Bien, écoutez, tout ce que je veux dire, c'est
qu'autant j'entends ce qu'il dit pour mettre technique à l'entreprise et
l'information, et j'en suis, autant je parlais d'activités de recherche
appliquée. Voilà. Ça se trouve là.
Alors, vous pourriez peut-être l'enlever, si ça
ne vous convient pas puis vous trouvez que ce n'est pas pertinent pour ça, mais
c'est là-dessus que j'ai concentré mes questions. Vous avez tout à fait bien
observé ça, mais ça n'enlève pas qu'à partir du moment où le mot est là, je me
dois de parler de recherche appliquée, ce qui n'exclut pas votre intervention
sur l'aide technique à l'entreprise, où là, effectivement, c'est complètement
une autre chose. Ça, c'est une autre activité, c'est un autre pan des services
du CCTT. Moi, je parlais uniquement de recherche appliquée.
M. Jolin-Barrette : Je suis d'accord
avec vous, vous avez concentré vos interventions sur ce point-là. Mais le
corollaire de ça, c'est qu'aussi dans mes explications que je vous ai
préalablement données aussi, c'est qu'on souhaite également favoriser la
recherche en français. Donc, il y a de ça aussi, mais ça ne veut pas dire que
la ministre ne peut pas autoriser, là, la recherche dans une autre langue, là.
Donc, cet élément-là, il est important aussi. Dans le fond, c'est une façon
d'indiquer qu'on souhaite faire favoriser la recherche en français. Ça ne veut
pas dire qu'on interdit la recherche dans une autre langue que le français.
Mais vos propos, je les comprends très bien, mais je tiens à vous rassurer, la
ministre pourra autoriser.
Mme David : Ma dernière intervention
puisque j'ai cinq minutes.
Le Président (M. Poulin) : Il vous
reste exactement 3 min 34 s.
Mme David : Ah! bien, c'est bien en
masse. Je voulais juste vous dire une chose que, vraiment, j'ai eu à répéter
souvent, les cégeps ne sont pas des grosses polyvalentes. Les cégeps font
partie de l'enseignement supérieur, font de la recherche de haut niveau, ont
des professeurs avec des doctorats puis des C.V. très impressionnants, donc il faut les traiter comme des institutions
d'enseignement supérieur. Ce n'est pas comme le secondaire, avec une
polyvalente où il ne se fait pas de recherche, il n'y a pas de mission de
recherche. À partir du moment où il y a une mission de recherche puis qu'on est
en enseignement supérieur, bien, il y a des adaptations qu'il faut faire au
niveau des partenariats internationaux de recherche. Je ne parle pas de l'aide
à l'entreprise dans le quartier ou dans la même ville.
Alors, c'est
juste ça, que je ne voudrais pas que le ministre pense, M. le Président, que
les cégeps ne sont plus ce qu'ils étaient à leur création. Ils se sont
énormément développés, et c'est pour le bien de tout le Québec.
Le Président (M. Poulin) : Merci
beaucoup, Mme la députée. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Je suis d'accord
avec la députée de Marguerite-Bourgeoys. Et les établissements collégiaux
contribuent fortement à générer des compétences, à générer de la recherche
également, mais la recherche de haut niveau, là, qui se fait au niveau
collégial, là, notamment dans la CCTT, là, la recherche de haut niveau, la
recherche poussée, ça peut se faire en français aussi. Puis l'État...
Mme David : Je n'ai jamais dit le
contraire.
M. Jolin-Barrette : ...l'État peut
favoriser ça, mais là-dessus, on s'entend, on est d'accord.
Mme David : On s'entend.
Le Président (M. Poulin) : Merci
beaucoup pour cet échange. Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder au prochain article. Oui, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : «88.0.11. Un
établissement francophone, de même qu'un établissement privé non agréé aux fins
des subventions qui offre l'enseignement collégial, ne peut établir ou
modifier, conformément au régime des études collégiales établi en vertu
l'article 18 de la Loi sur les collèges d'enseignement général et
professionnel, un programme d'études dont la langue d'enseignement est, même en
partie, autre que le français sans l'autorisation du ministre de l'Enseignement
supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie.
«Le ministre, avant de donner son autorisation,
doit consulter le ministre de la Langue française.»
Commentaire. L'article 88.0.11 de la Charte de
la langue française que propose l'article 58 du projet de loi poursuit un
double objectif... un double objet, pardon. D'autre part, il vise à
permettre... Pardon. D'une part, il vise à permettre à des établissements
francophones d'offrir l'enseignement collégial dans une autre langue que le
français, sans excéder les effectifs déterminés conformément à l'article
88.0.5. D'autre part, il permet d'assurer un certain contrôle sur le
développement éventuel d'une offre d'enseignement collégial en anglais par des
établissements privés non subventionnés.
À cette fin,
l'article 88.0.11 subordonne à l'autorisation du ministre de
l'Enseignement supérieur, de la Recherche,
de la Science et de la Technologie l'établissement ou la modification, par l'un
ou l'autre de ces établissements, d'un programme d'études dont la langue
d'enseignement est, même en partie, autre que le français. Enfin, le ministre
de la Langue française devra être consulté avant que l'autorisation ne soit
donnée.
Les dispositions de l'article 88.0.11
entreront en vigueur à compter de l'année scolaire 2022‑2023, qui sera changée,
ainsi que le prévoit le paragraphe 4° de l'article 201.
Le
Président (M. Poulin) : Est ce qu'il y a des interventions sur cet article?
Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
• (17 h 10) •
Mme David : Alors, j'aimerais ça
comprendre, dans les notes explicatives : «Il permet d'assurer un certain
contrôle sur le développement éventuel d'une offre de formation, d'une offre
d'enseignement collégial en anglais par des établissements privés non subventionnés.»
Donc, on revient à l'offre de formation dans les privés-privés, là, et je voudrais comprendre les effets concrètement, là.
Qu'est-ce que ça veut dire, concrètement, votre amendement? Qu'est-ce
que ça ajoute à ce qu'on a déjà?
M. Jolin-Barrette : Bien, en fait,
ce qui existe déjà est maintenu. Donc, pour le futur, ça va prendre une
autorisation de la part de la ministre.
Mme David : Non, mais qu'est-ce que
ça rajoute à tout ce qu'on a vécu ensemble précédemment, dans les autres
articles?
M. Jolin-Barrette : Bien, dans le
fond, ça vise les programmes de D.E.C. et les A.E.C. dans le réseau francophone
puis les collèges privés non subventionnés. Donc : «Un établissement
francophone, de même qu'un établissement privé non agréé aux fins de
subventions qui offre l'enseignement collégial ne peut établir ou modifier,
conformément au régime d'études collégiales établi en vertu de
l'article 18, un programme d'études dont la langue d'enseignement est, même en partie, autre que le français sans autorisation
de la ministre de l'Enseignement supérieur.»
Ça signifie que, si jamais... Je donne un
exemple. Prenons dans le privé non agréé, O.K., ils veulent établir un nouveau
programme, bien, ils vont devoir avoir l'autorisation de la ministre de l'Enseignement
supérieur. Dans le passé, puis je crois que vous l'avez vécu auparavant, à
partir du moment où vous aviez un établissement privé non agréé qui arrivait au
ministère de l'Enseignement supérieur puis qui disait : Bien, écoutez, en
vertu du règlement du ministère, moi, je remplis critères 1, 2, 3, j'ai...
Supposons, j'ai l'espace, j'ai le cautionnement puis j'ai... je ne sais pas,
là, j'ai x nombre de professeurs, la ministre de l'Enseignement supérieur
devait signer pour dire : Vous avez votre permis, vous démarrez votre
cégep, vous démarrez votre programme.
Là, désormais, ce que ça dit, c'est que ça
autorise la ministre à le faire. On donne le pouvoir à la ministre de
l'autoriser. Ça doit être autorisé, un programme d'études, dont la langue d'enseignement
est, même en partie, autre que le français. Ça veut dire, un programme...
J'arrive au ministère de l'Enseignement supérieur, je veux me partir un collège
qui va dispenser des cours en anglais. Désormais, la ministre de l'Enseignement
supérieur va avoir les outils pour
dire : Ce n'est pas... Ce n'est plus un pouvoir lié. À partir du moment où
vous remplissez les cases, à partir que les trois cases sont cochées, je
suis obligé de vous émettre votre permis. Désormais, elle va avoir le pouvoir
de l'autoriser.
Mme David : En fait, le pouvoir lié
avec les trois conditions, vous avez oublié l'installation matérielle, mais
c'est exactement ça, trois conditions, le ministre est obligé de signer, ce que
je déplorais personnellement beaucoup. Le problème, c'est que, là, vous agissez
uniquement sur des programmes qui seraient partiellement ou entièrement en
anglais. Mais la ministre pourrait agir bien autrement sur... en changeant ces
critères-là — en
changeant les critères, je suis obligée de signer parce que c'est des pouvoirs
liés — et
devrait agir pour que ça soit aussi des programmes en français qui, des fois,
sont peut-être particuliers.
M. Jolin-Barrette : Bien là... mais
c'est ça, mais, avec l'article...
Mme David : Vous faites... En fait,
vous abordez une partie de l'enjeu, mais pas l'ensemble de l'enjeu, parce qu'il
y a des programmes en français aussi avec des pouvoirs liés.
M. Jolin-Barrette : Je suis d'accord
avec vous, mais là, nous, on est dans la Charte de la langue française, puis le
ministre...
Mme David : Mais ce qui m'étonne,
c'est que la ministre n'ait pas trouvé la façon en dehors de votre projet de
loi. S'il n'y avait pas eu de projet de loi, vous êtes en train de me dire
qu'elle n'aurait pas pu agir là-dessus, sur les pouvoirs liés. Moi, j'ai manqué
de temps, mais il fallait intervenir d'une façon ou d'une autre, là.
Comprenez-vous? Vous agissez sur la partie anglaise, mais il y a bien d'autres
raisons pour lesquelles il faudrait agir sur ces pouvoirs liés là. Ça, c'est le
règlement sur les études des collèges privés.
M. Jolin-Barrette : Je vais
transmettre votre suggestion à ma collègue.
Mme David : Bien, j'espère.
Le Président (M. Poulin) : Merci
beaucoup pour ces échanges. Est-ce qu'il y aurait d'autres intervenants sur
l'article? Non. Alors, M. le ministre, pour le prochain article, 88.0.12.
M. Jolin-Barrette : Oui, l'article
88.0.12, et j'aurais un amendement, qui est sur Greffier, à 88.0.12 et à
88.0.12.1.
Donc : «88.0.12. Le
diplôme d'études collégiales ne peut être délivré à l'étudiant domicilié au
Québec qui n'a pas du français, parlé et écrit, la connaissance exigée par les
programmes du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la
Science et de la Technologie.
«Pour évaluer la connaissance du français, ce
ministre doit imposer une épreuve uniforme dont le contenu est le même pour tous les étudiants ayant reçu
l'enseignement collégial donné en anglais ou en français. Toutefois,
l'étudiant qui a reçu cet enseignement en anglais et a été déclaré admissible à
recevoir l'enseignement en anglais conformément à la section I n'est pas tenu
de se soumettre à cette épreuve pour que le diplôme d'études collégiales lui
soit délivré.».
Commentaire. L'article 88.0.12 de la Charte de
la langue française que propose l'article 58 du projet de loi vise à ce
que le diplôme d'études collégiales ne soit délivré qu'à des étudiants qui ont
du français, parlé et écrit, un même niveau de connaissance sans égard à ce
qu'ils aient reçu l'enseignement collégial en français ou en anglais.
À cette fin, le deuxième alinéa de
l'article 88.0.12 prévoit que le ministre de l'Enseignement supérieur, de
la Recherche, de la Science et de la Technologie doit imposer à ces étudiants
une même épreuve uniforme. Les étudiants qui, à la fois, ont reçu
l'enseignement collégial en anglais et ont été déclarés admissibles à l'enseignement
primaire et secondaire donné en anglais sont exemptés de se soumettre à cette
épreuve. Les dispositions de l'article 88.0.12 entreront en vigueur à
compter de l'année scolaire 2022‑2023 — on va le changer — ainsi
que le prévoit le paragraphe 4° de l'article 201.
L'amendement, M. le Président : À
l'article 58 du projet de loi, dans l'article 88.0.12 la Charte de la
langue française qu'il propose :
1° remplacer le premier alinéa par le
suivant :
«Le diplôme d'études collégiales ne peut être
délivré à l'étudiant qui ne remplit pas les conditions suivantes :
«1° il a du français écrit la connaissance
exigée par les programmes du ministre de l'Enseignement supérieur, de la
Recherche, de la Science et de la Technologie;
«2° il a réussi un minimum de trois cours donnés
en français, autres que des cours de langue d'enseignement, de langue seconde
et d'éducation physique.»;
2° insérer, dans le deuxième alinéa et après
«connaissance du français» de «en application du paragraphe 1° du premier
alinéa».
Commentaire : L'amendement propose de
limiter au français écrit l'exigence de connaissance du français qui
conditionne la délivrance d'un diplôme d'études collégiales.
En complément de l'amendement proposé à
l'article 88.0.2 de la charte concernant la langue d'enseignement au
collégial, il propose aussi de rendre la délivrance d'un diplôme d'études
collégiales conditionnelle à la réussite d'au moins trois cours donnés en
français.
Donc, dans le premier alinéa qu'on modifie,
c'est de la concordance, parce que, dans l'article, il était écrit «parlé et
écrit». Or, l'épreuve uniforme de français, c'est l'écrit que ça évalue. Donc,
il n'y a pas d'évaluation orale à la fin de... Donc, il y avait une petite
coquille dans le projet de loi. Et, pour le deuxième, bien là, c'est de la
concordance avec ce qu'on a fait préalablement, l'obligation de suivre les
trois cours, donc, par l'établissement collégial. Donc, on réplique la même
disposition pour obtenir le diplôme qui est délivré par le ministère de
l'Enseignement supérieur.
Le Président (M. Poulin) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions? Oui, Mme la
députée de Marguerite-Bourgeoys.
• (17 h 20) •
Mme David : Oui. Je vais vous parler
des questions que j'avais avant le dépôt de l'amendement, et qui restent tout à fait pertinentes puisque l'alinéa 1,
«il a du français écrit», je suis d'accord d'enlever le mot «parlé», la
connaissance exigée.
Alors là, c'est certain que vous avez entendu
parler des secousses sismiques que provoque cette question-là, pas tant sur le
fond de passer l'épreuve uniforme de français. Pour des étudiants qui ont vécu
au primaire, secondaire en français ou des allophones ou des francophones, ce
n'est pas si compliqué que ça. Ce n'est pas ça, le problème. La secousse
sismique vient du Règlement sur le régime des études collégiales, vient sur le
fait que, là, il y a une confusion totale. Puis là je sais que je ne parle pas
à la ministre de l'Enseignement supérieur, mais je suis obligée de vous parler à vous. C'est vous qui est devant moi. Que
voulez-vous? Mais vous avez des très bons contacts immédiats un peu
partout dans la salle et par Internet. Excusez, ça me fait étouffer.
M. Jolin-Barrette :
Comment
je dois prendre ça, le fait que ça soit moi qui soit là? Est-ce que c'est
positif ou c'est négatif?
Mme
David : Bien, c'est parce que vous allez voir. C'est parce
que vous entrez... Je pense que c'est là, dans ça, quelque part, que vous entrez le plus de plein
fouet dans des modifications majeures au règlement sur les études collégiales. Parce que... puis là on vous l'a dit
et redit, 290 heures, je pense, ou 190 ou 290, je sais plus lequel, là,
les deux cours de français. Puis l'étudiant qui est au cégep anglophone
a une formation générale qui s'appelle «Humanities». Sûrement, là, qu'on vous a
tout expliqué ça. Puis là tous les étudiants inscrits dans un cégep anglophone passaient le même examen. Là, vous créez deux
types complets d'étudiants à l'intérieur même d'un cégep. Et les
étudiants qui vont devoir passer l'épreuve uniforme de français ne seront pas
du tout, du tout, du tout préparés de la même façon, pour le moment, avec le
régime actuel, le règlement sur les régimes d'études collégiales, que leurs
collègues francophones des autres cégeps.
Alors, problème majeur, parce que, si l'étudiant
est mal préparé, déjà que la réussite à l'EUF, là, l'épreuve uniforme de
français, il y a bien du monde qui voudraient qu'elle soit plus élevée, même
dans les cégeps francophones, là... C'est 80 % à peu
près. Bien, il y en a quand même un 20 %, année après année, qui doivent
la reprendre. Là, vous mettez les étudiants francophones et allophones... Puis
là on n'a pas encore parlé des étudiants autochtones, là, qui est une autre
problématique importante. Alors, ils vont devoir vraiment, vraiment revoir
complètement le cursus pédagogique dans les cégeps anglophones. Là, on ne parle
pas de cégeps francophones, ça reste statu quo.
Comment... Quelle sorte de conversation vous
avez eue avec votre collègue pour dire : O.K. Tout ça va être facile, plus
les trois cours en français qui pourraient être sous différentes formes? Bon,
il faut qu'il revoie tout ça, et ça, je peux vous dire, c'est la première fois.
Puis là vous allez me dire : il faut qu'il y ait une première fois à tout.
C'est vrai. C'est un gros changement à apporter pour qu'il y ait une équité
procédurale, je dirais, entre la formation des étudiants francophones et allophones dans les cégeps anglophones et les
étudiants des cégeps francophones, sans compter que, pour les
anglophones, on fait autre chose aussi, là, on demande des cours en français...
des cours de français.
Il y en a qui pensent... Pour vous donner un
exemple, moi, je ne pense pas que c'est ça, l'interprétation de ça, mais qu'il
va y avoir tout le cursus des francophones avec quatre cours qui préparent à la
littérature, qui font lire des livres de Michel Tremblay. Ils ont tous des très
belles initiatives, là, dans les cégeps francophones, parce que l'épreuve
uniforme de français a quand même des décennies d'existence, et c'est un essai
critique de littérature, et tout ça, auquel ils
ne sont pas du tout préparés, les étudiants dans les cégeps anglophones. C'est
une autre sorte d'exercice. Alors, il y en a qui pensent qu'ils vont
passer l'épreuve uniforme de français, mais, en plus, l'épreuve uniforme
d'anglais.
Donc, il y en a qui pensent, dans les cégeps
anglophones même, ou même à la Fédération des cégeps, qu'il va y avoir, pour
les étudiants francophones, allophones, deux épreuves uniformes, la française
et l'anglaise, puisqu'ils sont dans un cursus de cégep anglophone. Et, pour les
anglophones, eux autres, ils auraient complètement autre chose avec des cours
en français, puis etc., des cours de langue seconde. Alors là, expliquez-moi la
faisabilité de tout ça ou quels ont été vos échanges. Comment voyez-vous
l'horizon de l'application de ça?
M. Jolin-Barrette : Le
règlement devra être modifié, vous avez raison, et notamment, bien, ça relève
de la ministre de l'Enseignement
supérieur. Mais ce qui est envisagé, c'est de faire en sorte que les deux cours
de français langue seconde deviennent des cours de préparation à
l'épreuve uniforme de français, comme dans le réseau collégial francophone, et également qu'il y ait un troisième cours qui soit
rajouté en français en vue de la préparation à l'épreuve uniforme de
français.
Mme David : C'est quatre dans
les cégeps francophones.
M. Jolin-Barrette : Bien,quatre, mais déjà, de prendre les deux qui... d'avoir le miroir, au niveau
des établissements collégiaux anglophones, pour ceux qui vont passer
l'épreuve uniforme de français.
Mme David : ...une
façon d'intégrer ça avec les trois cours en français qui pouvaient être suivis
par les deux cohortes ensemble à la limite.
M. Jolin-Barrette : Les cours
de français...
Mme David : ...
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
moi, je vous parle des cours de français, des cours de langue qui ne sont pas
inclus dans les trois cours en français, donc ça va être en supplément.
Mme David : Mais là il y a des
hypothèses aussi qui peuvent être posées parce qu'il y a des étudiants qui sont
déjà très francisés. Prenez l'exemple d'un jeune qui a fait tout son secondaire
en immersion parce qu'il y a beaucoup... Comme je vous ai dit hier, avant-hier,
je ne sais plus quand, il y a des cours d'immersion. Tu peux faire ton secondaire
en anglais dans un «high school», mais, six mois par année, ça se passe en
français. Donc, ils sont assez francisés, des fois
plus que peut-être d'autres qui fréquentent carrément l'école secondaire
française, qui, eux autres, sont classés dans des niveaux beaucoup plus
avancés, 3 et 4, que des niveaux, débutant et vraiment débutant, niveaux 1
et 2. Donc, je ne sais pas, là, mais moi, je
suis sûre qu'il y a des hypothèses où les 3 et 4 sont déjà assez avancés pour
ne pas avoir à faire ces cours-là
puis faire des cours directement en français. Ils savent parler français.
Comprenez-vous? Ça, c'est une hypothèse, qu'ils n'aient pas des cours de
français à suivre. Ils savent déjà parler français. Donc, ils suivent des cours
en français.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends.
Mme David : Ceux-là, c'est la
moitié à peu près des étudiants.
M. Jolin-Barrette : Mais le
ministère de l'Enseignement supérieur va prévoir les différentes modalités
associées à ça, mais l'objectif est de faire en sorte... Ce qu'on me dit, c'est
qu'il y a quatre cours de français, vous avez raison, mais, par contre, la
communication ne prépare pas à l'épreuve uniforme de français. Donc, il y a
trois cours préparatoires en prévision de l'épreuve uniforme de français dans
le réseau collégial.
Mme David : Et donc vous êtes
conscient... bien, en tout cas, la ministre va certainement l'être et le
ministère de l'Enseignement supérieur. Êtes-vous d'accord qu'il faut une équité
de préparation pour tous les étudiants qui sont soumis à l'épreuve uniforme de
français?
M. Jolin-Barrette : Bien,
le ministère de l'Enseignement supérieur se dirige dans cette direction,
effectivement.
Mme David : Achetez-vous l'idée
qu'il y ait une équité de préparation?
M. Jolin-Barrette : Bien, ce que je
vous dis, c'est que le ministère de l'Enseignement supérieur se dirige pour
modifier le règlement, justement, pour faire en sorte que la préparation au
niveau du collégial francophone et au niveau collégial anglophone, pour ceux
qui auront à passer l'épreuve uniforme de français... donc, les allophones et
les francophones qui étudient dans un cégep anglophone auront la même
préparation, effectivement.
Mme David : Puis pourquoi... Puis là
la logistique de ça, là, ça va être vraiment quelque chose d'assez complexe,
parce que c'est inscrit dans des cursus de programmes différents, de... en tout
cas. Puis vous dites... vous répétez les cours en français là. Pourquoi vous
ramenez, dans cet amendement-là, la question des trois cours donnés en français
qu'on a déjà... dont on a discuté dans un autre article? J'essaie de voir, là,
la cohérence de ramener... C'est rare qu'on ramène deux fois un même alinéa
dans deux articles différents.
M. Jolin-Barrette : Oui. Alors,
cette explication-là, c'est parce que ce qu'on a fait préalablement, les trois cours de français, vise l'établissement collégial.
Donc, l'établissement collégial... a pour objectif d'obliger
l'établissement collégial à offrir ces cours-là. Et là, à 88.0.12, on est au
niveau de la délivrance de diplôme au niveau du ministère de l'Enseignement
supérieur. Donc, le ministère de l'Enseignement supérieur pourra délivrer le
diplôme à la personne qui aura réussi ses trois cours en français.
Mme David : Mais ce n'était pas dans
l'autre amendement?
M. Jolin-Barrette : ...on met ça
clair, parce que l'obligation, elle a été faite...
Mme David : Ça veut dire qu'une loi
peut avoir des articles pas clairs?
M. Jolin-Barrette : Bien, vous
savez, ça arrive que les lois sont contestées. Donc, pour illustrer très
clairement l'intention du législateur, on vient clairement préciser que
l'établissement collégial doit offrir trois cours en français dans le cadre du
parcours, et l'obligation, pour le ministère de l'Enseignement supérieur, pour
délivrer le diplôme d'études collégiales, doit s'assurer que les trois cours
ont été réussis.
Mme David : Oui, mais avez-vous déjà
vu un diplôme qui est donné avec des cours échoués, vous? Vos cours en droit,
là, si vous les échouez, vous ne seriez pas membre du Barreau, là. Je ne
comprends pas l'idée, là, derrière ça.
M. Jolin-Barrette : L'obligation...
le libellé de l'obligation, là, qu'on a adopté préalablement, là, c'est, le
cégep, de s'assurer de la réussite des étudiants, de trois cours, mais ce n'est
pas lui qui émet le diplôme. Là, on est au niveau de l'émission du diplôme, la
délivrance du diplôme, je devrais dire.
• (17 h 30) •
Mme David : Alors, c'est quoi, la
différence? Le cégep, il donne les notes puis, après ça, de tout temps, le
ministère, sur la foi des cours réussis, donne le diplôme.
M. Jolin-Barrette : 88.0.2, c'est le
cégep doit voir au fait d'offrir ces cours-là, puis 88.0.12, c'est la
délivrance du D.E.C. par le ministère.
Mme
David : Je sais, mais c'est implicite que, si on dit «doit
suivre trois cours en français», bien, il faut les réussir.
M.
Jolin-Barrette : Je comprends, c'est implicite. Mais comment on dit
ça, là? Ce qui est clair s'énonce clairement ou...
Une voix : ...
Mme David : Ce qui se conçoit
bien...
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Alors, c'est ce qu'on fait.
Mme David : ...va dire vienne
aisément.
M. Jolin-Barrette : C'est ce qu'on
fait. Merci.
Le Président (M. Poulin) : Merci
beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le député de La Pinière
M. Barrette : Bon, là, j'entre en
jeu, là, juste pour avoir un échange quasiment philosophique, pour qu'il soit,
d'une certaine manière, enregistré, là. J'annonce immédiatement mes intentions,
là. Puis il n'y a pas de piège dans les questions que je vais poser, là. Non,
je le dis au ministre, parce que, des fois, il l'a dit lui-même, quand
l'opposition pose des questions... C'était quoi,
l'expression que le ministre avait utilisée, là? On peut se demander s'il n'y a
pas d'objectif non dit, mais là il n'y en a pas.
Alors, moi, j'ai été très impressionné, parce
que je ne le savais pas quand les Premières Nations sont venues nous parler, et
c'était les gens du... c'étaient les Micmacs, de mémoire, qui nous ont dit ça,
eux autres, ils n'ont pas d'avenir au Québec — c'était à peu près verbatim,
ce qu'ils ont dit — parce
qu'ils ne sont pas capables de passer l'épreuve uniforme de français. Je ne
veux pas ici faire le débat là-dessus, là. Je veux simplement partir l'échange
sur un fait, juste ça... quand je les ai entendus, bon, ils ont parlé en
micmac. Ils ont parlé aussi en anglais. Ils ont parlé en français aussi. Et
j'ai compris qu'eux autres, comme ils sont à la frontière du Nouveau-Brunswick,
ils ont probablement un enseignement... C'est une déduction que je fais, ce
n'est peut-être même pas vrai. Je n'ai pas vérifié. Il y avait une éducation
primaire, secondaire probablement en anglais. C'est le cas des Cris, là, par
exemple, là. C'est le cas... À Kawawachikamach, c'est la même affaire. Les
Inuits, c'est la même chose. Bon, là, ça m'interpelle, ça, M. le
Président. Je vais laisser le ministre acquérir les informations qu'il acquiert
actuellement.
Une voix : ...
M. Barrette : Oui, mais je veux
juste qu'on soit sur la même page. Alors, ici, ce que je constate, je ne porte
pas de jugement, je vais en porter un, ce que je constate, c'est qu'il y a des
citoyens du Québec qui arrivent à l'âge adulte au cégep et qui peuvent être
défavorisés quant à leur avenir à cause d'exigences qui sont très importantes
puis, quand je regarde ça, peut-être plus importantes pour eux que pour
d'autres. Je regarde ça, là, moi, là, et puis un individu dont l'avenir dépend... puis ça, c'est un point,
pour moi, très important. Un individu dont l'avenir dépend de réussir
une épreuve uniforme d'anglais et une
épreuve uniforme de français dans la circonstance où la formation première et
secondaire... primaire et secondaire a été en anglais, je regarde ça,
là, puis il me semble que cette personne-là est désavantagée.
Puis là je vais poser une question au ministre,
là, bien simple, là. Je comprends bien... de son propos puis de la manière dont
les choses sont présentées, c'est qu'un anglophone, là, un ayant droit, on va
le dire spécifiquement, un ayant droit qui arrive au cégep anglophone va devoir
être aussi bon en français écrit qu'un francophone.
M. Jolin-Barrette : Pouvez-vous
spécifier votre question? Vous dites : Un ayant droit anglophone...
M. Barrette : Un ayant droit,
bien, il est anglophone, par définition. Quand il va arriver à la fin de son
cégep en anglais...
M. Jolin-Barrette : Bien, juste
une nuance, là, ce n'est pas parce que vous êtes un ayant droit que vous êtes
un anglophone.
M. Barrette : Non, non, c'est
correct, je l'ai... J'ai fait... C'est tout à fait... J'accepte la critique
parce qu'elle est fondée. Je les accepte toutes, de toute façon. Ça ne me
dérange pas. Mais là est-ce que... hein?
Une voix : ...
M. Barrette : ...le
10 juin, mais il n'en reste pas moins...
M. Jolin-Barrette : M.
le Président, qu'est-ce qu'il y a le 10 juin? Le député de La Pinière
vient de dire 10 juin...
M. Barrette : C'est la fin de
la session parlementaire. Moi, je quitte le 10 juin.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
vous ne cessez pas votre fonction de député, la, les élections...
• (17 h 40) •
M. Barrette : Non, je le sais,
mais, je veux dire, ma vie parlementaire. Ma vie de député continue jusqu'au
3 octobre, mais ma vie parlementaire s'arrête. M. le Président, je n'aurai
plus le plaisir de débattre avec vous à partir du 10 juin, à moins que
quelqu'un prolonge la session.
Le
Président (M. Poulin) : Puis vous savez que vous pouvez toujours changer
d'idée, M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Je le sais, mais
je ne changerai pas d'idée. Alors...
M. Jolin-Barrette : Honnêtement,
M. le Président, moi, je crois que, lorsque le député de La Pinière va être
rendu à l'étude du projet de loi n° 2, il va tellement aimer la justice
puis les dossiers de justice qu'il va vouloir rester.
M. Barrette : M. le Président,
si j'aime la justice à ce point-là, je vais aller faire mon droit par les soirs
parce que ça se fait. Ça sera une distraction de l'université de l'âge d'or
puis ça sera amusant.
Ceci dit, revenons à mon propos. Il y a comme un
désavantage, là, pour cet individu-là, c'est le scénario de l'autochtone, le scénario de l'autochtone, lui,
qui arrive à la fin, là, puis que le chef de bande vient nous dire ou le
représentant de cette communauté-là vient
nous dire : Écoutez, nous autres, là, c'est bien plate, là, mais nos
jeunes sont comme sacrifiés, là — ce n'était pas le mot qu'il a
utilisé, mais ce n'était pas loin de ça — à cause de l'épreuve uniforme
de français.
Je
ne veux pas faire un débat sur les Premières Nations. Ce n'est pas ça du tout.
Je veux faire un débat... Je veux juste comprendre... juste voir si le ministre réalise qu'il y a une catégorie
d'étudiants, là, qu'ils soient ayants droit, qu'ils soient autochtones, à qui on demande quelque
chose de plus. Le quelque chose de plus, c'est... Mettons que ma langue
maternelle, c'est l'anglais, et là j'arrive, il faut que je réussisse l'épreuve
uniforme de français... Bien, oui, c'est ça qui est écrit là.
M. Jolin-Barrette : Non, non,
non, un ayant droit est exclu de l'épreuve uniforme de français.
M. Barrette : Il est exclu?
M. Jolin-Barrette : Il est exclu.
M. Barrette : Donc, j'ai mal
compris.
M. Jolin-Barrette : Oui. Dans le
fond, ceux qui doivent réussir l'épreuve uniforme de français, désormais, suite
à l'adoption du projet loi n° 96, dans le collégial
anglophone, là, c'est les... En fait, je vais le prendre à l'inverse, n'ont pas
à passer l'épreuve uniforme de français, au collégial anglophone, les ayant
droits. Ils sont exclus.
M. Barrette : Mais il faut qu'ils
passent trois cours. Il faut qu'ils aient eu... ils se soient... qu'on leur
offre trois cours en français.
M. Jolin-Barrette : Oui, qu'ils
réussissent trois cours en français, à votre suggestion.
M. Barrette : Non, ça, c'est
correct, ça, je ne reviens pas là-dessus. Mais cette situation-là ne correspond
pas à l'amendement.
M. Jolin-Barrette : Bien oui.
M. Barrette : Bien là, le ministre
ne peut pas me dire qu'ils n'ont pas besoin de passer cette épreuve-là puis ils
doivent la passer, là.
M. Jolin-Barrette : Le diplôme
d'études collégiales ne peut être délivré à l'étudiant qui ne remplit pas les
conditions suivantes...
M. Barrette : Ah! ça, ce n'est pas
dans l'épreuve. Ça, c'est le fait d'avoir réussi ses trois... juste comprendre
ça, parce que, manifestement, j'ai mal compris. C'est parfait, vous allez
m'éclairer. On ne perd pas notre temps. En tout cas, du moins, je ne le perds
pas, pour une fois.
M. Jolin-Barrette : Vous allez
retrouver au dernier alinéa, à partir de «toutefois», là : «Toutefois,
l'étudiant qui a reçu cet enseignement en anglais et a été déclaré admissible à
recevoir l'enseignement en anglais conformément à la section I n'est pas tenu
de se soumettre à cette épreuve pour que le diplôme d'études collégiales lui
soit délivré.» La dernière phrase, vous avez votre exclusion.
M. Barrette : Je n'ai pas le bon
texte devant moi à ce moment-là. O.K.
M.
Jolin-Barrette : Donc, il n'est pas tenu, mais, s'il souhaite la
passer, il peut la passer. Il n'est pas tenu de le faire.
M. Barrette : Bon, je n'ai pas le
bon texte devant moi. Je suis désolé, là, c'est moi qui a mal...
M. Jolin-Barrette : L'amendement est
sur Greffier avec le texte consolidé.
M.
Barrette : Non, bien, je le sais. Je l'ai pris sur le
Greffier. J'ai pris l'amendement en cours, puis manifestement, ce n'est
pas le bon, mais ce n'est pas grave, juste...
M. Jolin-Barrette : Si, Mme la
secrétaire, on pouvait descendre...
M. Barrette : Non, mais c'est parce
que ce qui est à l'écran, c'est ce que j'ai devant moi.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais c'est
parce que vous n'avez pas le texte consolidé. Si vous pouvez descendre, encore,
encore, bon, voyez-vous, là, descendez...
M. Barrette : Ah! d'accord.
M.
Jolin-Barrette : Bon, regardez, là : «Pour évaluer la
connaissance du français en application du paragraphe 1° du premier
alinéa, ce ministre doit imposer une épreuve uniforme dont le contenu est le
même pour tous les étudiants ayant reçu l'enseignement
collégial donné en anglais ou en français. Toutefois, l'étudiant qui a reçu cet
enseignement en anglais et a été déclaré admissible à recevoir l'enseignement
en anglais conformément à la section I n'est pas tenu de se soumettre à cette
épreuve pour que le diplôme d'études collégiales lui soit délivré.»
M. Barrette : O.K., parfait, ça clarifie
la chose. J'avais mal compris.
Maintenant, là, je vais aller un pas plus loin.
Bien, peut-être pas plus loin, je vais faire un pas de côté plutôt. Toujours
dans l'optique, là, toujours dans l'optique... Puis là je le sais, ce que le
ministre va me répondre, mais je voudrais avoir son opinion, là, parce qu'il va
me répondre que ce n'est pas lui qui gère ça, puis c'est vrai, mais je voudrais... Oui, je vais la poser, la question,
mais c'est parce que c'est le fun de le dire à l'avance. Comme ça, peut-être
que le ministre pourrait, à ce moment-là, ne pas avoir le réflexe de me
répondre ce que je pense qu'il va me répondre.
Alors là, là, toujours dans l'optique de
l'individu et de son futur, l'amendement qu'on a déposé, qui a été accepté, là,
à la surprise générale, là, a quand même un impact. L'impact, c'est un impact
de francisation qui est réel, mais il y a un impact aussi sur l''individu et il
y a un impact sur l'organisation. Là, je me fais un peu pas mal l'avocat du
diable. Est-ce que l'individu, dans la tête du ministre, là, dans son esprit,
là, devrait bénéficier d'une évaluation... Quand je dis évaluation, là, c'est
le bulletin ou la façon de donner une approbation de réussite. Est-ce qu'il
devrait bénéficier, dans son esprit, d'un aménagement quelconque pour faire en
sorte qu'il ne soit pas pénalisé pour son futur?
Puis là je vais le dire plus clairement, là.
C'est correct, les trois cours de français, là, mais c'est sûr que, pour un non-francophone... Là, il ne faut pas me dire
qu'il y a des non-francophones qui ont de la misère en français, là, je
le sais, O.K.? Parlons de moyenne dans la société, là. Pour un non-francophone,
je pense qu'il est raisonnable de penser que ses chances de sortir avec une
grosse note pour sa cote R soient plus faibles qu'un autre. J'irais même
jusqu'à dire que ses chances de réussir le cours peuvent même, à la limite...
quelqu'un, un observateur, pourrait dire : Bien oui, c'est vrai, même
qu'il a une chance de réussir tout court, c'est peut-être plus bas qu'un autre.
Je ne remets pas en question ce qu'on a adopté,
là. Ce n'est pas ça que je fais, là. Je ne le remets pas en question. Je
demande juste l'opinion du ministre, là, bien, bien simple, là. Est-ce qu'une
notification différente est envisagée dans son esprit? Parce que, quand
j'écoute le ministre dans ce dossier-là, là, j'ai l'impression, pour ne pas
dire la certitude, que le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur, et des etc., ne sont pas préparés à toutes les conséquences du
projet de loi n° 96.
Alors, première question, là, puis je vais être
bien direct, là, ce n'est pas des cours qui devraient être, comme on dit dans
l'autre langue qui est honnie, «pass or fail», là?
Une voix : ...
M. Barrette : L'autre langue qui...
96 n'est pas une langue qui favorise l'anglais.
Une voix : ...
M. Barrette : À matin? Ah! en latin,
oui, d'accord.
M. Jolin-Barrette : Mais la fin de
votre phrase, honnie et... Je n'ai pas saisi la fin de votre phrase.
M. Barrette : «Pass or fail».
M. Jolin-Barrette : Ah! O.K.,
excusez.
M. Barrette : Réussite ou échec.
M. Jolin-Barrette : Oui, merci pour
la traduction, mais je comprends ce que ça veut dire. C'est juste que je ne
l'avais pas bien entendu.
M. Barrette : Bien, ça m'arrive
de...
M. Jolin-Barrette : Non, mais c'est
à cause du bruit ambiant.
M. Barrette : 17 h 45, il
fait chaud ici. Ah oui! en passant, demain on pourrait faire...
M. Jolin-Barrette : Vous voulez
qu'on change de salle?
M. Barrette : ...oui, gérer le
thermostat...
M. Jolin-Barrette : Bien, ça a été
demandé.
Le Président (M. Poulin) : Nos
équipes travaillent très fort présentement pour résoudre le problème.
M. Barrette : J'espère qu'ils vont
réussir à soir.
Le Président (M.
Poulin) : Et, si jamais il y avait un changement de salle, ce sera à
la discrétion du leader parlementaire du gouvernement. Il faudrait lui adresser
une demande.
M. Barrette : Utilisez votre
pouvoir, M. le leader.
M. Jolin-Barrette : Bien, en fait,
ma question, ça serait plus : Lequel de vos collègues souhaitez-vous faire
siéger dans cette salle?
M. Barrette : Je n'ai pas de
préférence.
M. Jolin-Barrette : À votre guise,
M. le député de La Pinière, à votre guise.
M. Barrette : Donc, voilà. Alors,
c'est quoi, vos... Est-ce que vous avez des réflexions là-dessus? Là, je vais
aller un peu plus loin dans l'affaire, là. Moi, je regarde ça, là, puis ce
n'est pas la question des trois cours, là, ce n'est pas ça, O.K.? Quand je
regarde ça, je regarde les conséquences organisationnelles dans les cégeps
anglophones. Alors, je le sais, là, qu'il ne faut pas s'occuper des structures,
là, puis il ne faut pas que ça... Ce n'est pas grave, si ça dérange, mais, à un
moment donné, il y a des limites au dérangement, il me semble, là. Alors là, on
a des individus qui vont se retrouver dans une situation où ils peuvent être
défavorisés.
Est-ce qu'il y a une mesure de compensation
quelconque? Compensation, là, ce que je veux dire par là, c'est : Y a-tu
un aménagement qui ferait ou fera en sorte qu'un individu qui est dans une
situation identique au niveau de formation, mais qui est, en termes de complexité, plus grande, est-ce que, là, dans
sa tête, il doit y avoir un aménagement quelconque?
M. Jolin-Barrette : Bien, vous
savez, c'est déjà le cas aujourd'hui, là. Dans les différents cégeps, là, il y
a un suivi très étroit des étudiants qui ont besoin d'accompagnement, qui ont
besoin d'aide. Il y a le Plan d'action pour la réussite en enseignement
supérieur. Il y a une attention particulière qui va être portée aux étudiants
relativement à la nouvelle mesure qui a été suggérée par votre formation
politique pour bien accompagner, pour donner les outils en vue de la
diplomation, notamment. Et, bien entendu, comme on l'a dit dans les
discussions, ça représente un défi, mais ce qu'on vise à faire, notamment,
c'est d'outiller les étudiants et les futurs travailleurs sur le marché du
travail pour qu'ils aient les compétences, les habiletés linguistiques pour
travailler en français dans le marché du travail.
M. Barrette : Je ne conteste pas ça,
M. le Président. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles l'amendement
a été proposé puis qu'il a été accepté. Je ne conteste pas ça du tout. Là, je
prends le cas particulier... Il me semble, c'est un cas particulier auquel il
faut s'adresser, le cas particulier de la résultante de la formation qui est,
dans le cas du cégep... Le cégep, hein, il y a des gens qui terminent leur
formation là puis il y a des gens qui passent à ce niveau-là pour aller au
niveau supérieur. C'est deux choses, ça. C'est deux univers qui sont
complètement séparés, et l'exigence, là, qui est demandée, la marche à monter
n'est pas nécessairement la même. Elle peut être la même, mais la conséquence
n'est pas nécessairement la même.
Alors, l'étudiant qui est en haut de l'échelle,
là, lui, est-ce qu'il est possible d'imaginer actuellement que, sans
aménagement quelconque, là, ce premier de classe là, ce deuxième de classe là,
ce troisième de classe là passe d'une cote R de 34 à 32 juste à cause de ça? Et
là est-ce qu'on doit, nous, laisser ça aller comme ça ou on doit avoir un
aménagement quelconque? Je le sais qu'on ne réglera pas ça ici, mais moi,
j'aimerais ça entendre l'opinion, le sentiment du ministre dans cette
situation-là. Il a souvent répondu à ma collègue députée de
Marguerite-Bourgeoys qu'il va parler à sa collègue à l'autre ministère, mais
est-ce que ça, c'est un sujet qui lui importe? Est-ce qu'il y a un enjeu pour
lui, là? Moi, j'en vois un. Alors...
Et là vous avez remarqué, M. le Président, que
j'ai parlé des deux extrêmes de nos étudiants. Alors, il y a ceux qui, par
définition, vont avoir de la misère, là, par définition, et ça a été bien
exprimé par... j'oublie... Malheureusement, je n'ai pas son nom avec moi, mais,
quand les Premières Nations sont venues nous voir, il nous a dit ça comme ça,
puis c'était un cri du coeur, là. Le gars, il disait : Écoutez, moi, ma
jeunesse, là, elle est obligée de partir, elle ne peut pas rester, parce que
l'épreuve uniforme du français les fait trébucher. Ils ne peuvent pas monter
cette marche-là. Puis là je regarde à l'autre... Puis ce n'est pas parce
qu'ils ne sont pas des bons élèves, là. Ce n'est pas ça, c'est qu'ils sont dans
une situation actuellement qui... Chez eux, là, ça crée une situation
difficile. Moi, je la comprends. Il faut qu'ils apprennent le micmac, il faut
qu'ils apprennent l'anglais, là. Il faut qu'ils apprennent le français à un
niveau tel qu'après ça ils tombent sur le marché du travail. Bon, le premier de
classe, là, qui est dans la population micmaque ou le premier de classe qui
vient de l'île de Montréal, lui, peut-il voit son avenir... hypothéqué, ce
n'est peut-être pas le bon mot, mais, disons, altéré en termes de possibilités
parce qu'on demande une exigence à cet individu-là qui est du même niveau...
est évalué, quantitativement, de la même manière que le francophone?
C'est ça, moi, qui m'importe, là, c'est
l'égalité des chances. Bien, l'égalité des chances, ça veut dire qu'on doit
avoir une égalité des nuisances. Alors là, je vois qu'il y a une inégalité des
nuisances. Je le vois comme ça. Peut-être que le ministre n'aime pas mon... les
mots que j'utilise, mais c'est ça dans la vraie vie. Qu'est-ce qu'on fait?
Est-ce qu'on va... Et je laisse la parole au ministre, M. le Président, là.
C'est clair que le ministère de l'Enseignement supérieur n'est pas prêt à ça,
là. Il n'est juste pas prêt. Quand j'évoque réussite ou échec, ce n'est
peut-être pas la bonne affaire, mais c'est simplement pour souligner avec
suffisamment de traits qu'il y a une problématique, puis il y a peut-être des
solutions, puis est-ce qu'on va s'y adresser?
• (17 h 50) •
Le Président (M.
Poulin) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, très
certainement qu'on est sensibles à la réussite éducative de tous les étudiants,
peu importe leur parcours, qu'ils fassent du préuniversitaire, ou qu'ils
fassent un D.E.C. collégial ou technique, ou qu'ils soient dans une attestation
d'études collégiales. On souhaite faire en sorte que la langue française puisse
leur permettre un avenir avec succès au Québec, et c'est pour ça qu'ils vont
être outillés. Ils vont être accompagnés à travers les différents
établissements collégiaux, bien entendu. Mais je pense que l'amendement qui a
été proposé est bénéfique aussi parce qu'il
va donner aussi les outils linguistiques pour réussir. Alors, il y a un virage
qui est entrepris. Ce virage-là ne sera pas fait tout seul uniquement de
la part des étudiants. Le ministre de l'Enseignement supérieur va être là, les
établissements collégiaux également aussi.
Alors, moi, je pense que c'est important de
donner ces outils linguistiques là, et la démonstration aussi, c'est que la
députée de Marguerite-Bourgeoys et le député de D'Arcy-McGee ont souhaité qu'on
l'inscrive dans la loi également. Alors, bien entendu, il y a des défis, mais
il faut répondre à ces défis-là, bien outiller les étudiants également pour la
réussite de leurs cours, et ça, ça se passe à travers les différentes étapes de
la vie au Québec, mais je pense que le fait de maîtriser la langue française
constitue certainement un atout par la suite pour le marché du travail au
Québec.
M. Barrette : M. le Président, je
n'ai pas... Tout ce que vient de dire le ministre, je suis d'accord, mais ce
n'est pas de ça que je parle. Ce que
j'essaie d'avoir comme conversation, comme échange avec le ministre, c'est
simple. Est-ce qu'il a pris ça en considération? Est-ce que c'est un
élément pour lequel il peut dire : Oui, c'est vrai, il y a un enjeu, je
vais m'asseoir avec ma collègue ministre de l'Enseignement supérieur, puis on
va trouver une solution, parce que la solution doit faire en sorte que
l'étudiant, peu importe son niveau, ne sera pas lésé par ça?
Moi, je vois clairement la possibilité selon
laquelle un étudiant pourrait être lésé. Moi, qu'un étudiant très talentueux...
Puis là je ne veux pas faire de l'élitisme, puis ce n'est pas ça, c'est juste
que c'est conceptuellement le plus facile à comprendre, surtout pour ceux qui
nous écoutent. L'étudiant très talentueux, là, pourrait-il rater une carrière,
ne pas être sélectionné, parce qu'on vit dans un univers où la cote R est ce
qu'elle est, et, compte tenu de ce que l'on met en place, cet étudiant-là, très
talentueux, va être bien correct en français, va pouvoir vivre en français? On
est heureux, puis c'est ça qu'on veut, l'objectif est là, mais là, dans sa vie,
dans sa carrière, là, il pourrait ne pas accéder à ce qu'il accéderait s'il n'y
avait pas eu cette mesure-là, qui est correcte. C'est bon pour le français,
c'est bon pour la langue commune, mais on ne peut pas faire abstraction de la
possibilité, là. Moi, ce que je veux entendre du ministre, c'est... Est-ce
qu'il considère qu'il y a là un argument suffisamment fort pour s'asseoir avec
la ministre puis dire : Oui, il faut s'occuper de ça?
M. Jolin-Barrette : Bien, le député
de La Pinière a dit : C'est bon pour le français, c'est bon pour la langue
commune. C'est bon également pour l'étudiant, la mesure qui a été proposée par
votre formation politique, effectivement. Et, comme je l'ai dit, très certainement,
le ministère de l'Enseignement supérieur va accompagner les élèves, va déployer
les ressources pour garantir leur diplomation, pour garantir leur succès aussi.
Bien entendu que c'est un changement qui amène certains défis, mais l'objectif
est d'outiller ces élèves-là et de faire en sorte que les trois cours de
français leur permettent d'acquérir une compétence langagière. Donc, de mon
avis, c'est positif. Il y a certains
étudiants, effectivement, pour qui ça va représenter un plus grand défi, mais
notre devoir, c'est de les accompagner. C'est ce qu'on va faire. C'est
ce que la ministre de l'Enseignement supérieur va faire également.
M. Barrette : Bon, alors, je vais
essayer... parce que je n'ai toujours pas d'opinion du ministre. J'aimerais ça
qu'il se prononce là-dessus, parce qu'humainement il devrait se prononcer,
juste reconnaître le problème. Moi, là, vous savez quelle est ma profession de
base, ma formation de base. Je ne reviens pas là-dessus, mais vous savez aussi
que, dans ma formation de base, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de
documentation en anglais, O.K.? Je peux vous dire que je suis imparfaitement
bilingue en médecine, sans aucun doute plus qu'à peu près tout le monde autour
de la table, c'est normal, puis je vais vous dire pourquoi, mais je ne suis pas
bilingue au même niveau en physique, par exemple,
la physique de cégep. On n'est jamais, à ce point-là, bilingue, sauf si on a
été élevé par un parent francophone et un autre parent anglophone, ça, c'est une réalité de la vie, là, ou bien
avoir été élevé dans un foyer francophone, puis, à ce moment-là, on vivait dans un pays anglophone. On
n'est jamais, à ce point-là, bilingue. Ça existe, mais ces conditions-là,
là...
Moi, j'en ai connu, des gens élevés par des
parents des deux langues, là. Ces gens-là ont une langue dans leur tête, puis,
à un moment donné, leur cerveau en choisit une des deux. C'est comme ça que ça
se passe. Mais moi, je peux vous dire que je peux m'exprimer sans accent en
médecine, après peut-être une semaine aux États-Unis, mettons, là, parce qu'à
un moment donné il faut que ça revienne. Mais faites-moi faire la même
conversation avec un cours de physique de niveau cégep et même de niveau
secondaire, vous allez voir que je suis pas mal moins bilingue, puis c'est la
même affaire pour vous autres.
Alors là, je dis ça parce que je reviens à
l'élève talentueux. L'élève talentueux, là, c'est bien beau de dire qu'on va
l'accompagner, là, ça ne sera jamais pareil. Alors, je comprends, là, qu'il y a
une volonté de l'accompagner. Est-ce que le ministre reconnaît là qu'il y a un
enjeu, c'est juste ça je veux savoir, pour voir s'il va s'asseoir avec sa
collègue pour changer, adapter certaines règles?
Le Président (M. Poulin) : ...M. le
député de La Pinière.
M. Barrette : Merci,
parce que je... Bien là, j'ai posé ma question puis, après ça, je vais terminer
sur un autre sujet.
M.
Jolin-Barrette : Bien, M. le Président, je ne peux pas être plus
clair. Ça fait trois fois que je réponds à cette question-là pour dire que le
ministère de l'Enseignement supérieur va accompagner en vue de la réussite
éducative des étudiants du cégep puis qu'il va falloir adapter certaines choses
pour les accompagner, pour être sûrs qu'ils puissent avoir les outils pour
réussir leurs cours, pour diplômer également. Il y a différentes stratégies qui
vont être mises en application pour les accompagner. Je suis d'accord avec le
député de La Pinière, là, là-dessus, là, sur le point qu'il faut mieux les
accompagner.
M. Barrette : Je ne l'aurai pas, la
réponse, c'est sûr.
M. Jolin-Barrette : Bien, je viens
de vous répondre. Je vous réponds constamment. Écrivez-moi...
M. Barrette : Non, la réponse que je
souhaite, là, elle est très simple,c'est : Oui, il y a un enjeu et
il y aura des mesures spécifiques qui seront prises pour l'enjeu en question,
alors que la réponse que j'ai, c'est : Il y aura un accompagnement, puis
on va acquérir des compétences langagières. Ah! O.K., regarde, moi...
M. Jolin-Barrette : Puis j'ai parlé
d'outils puis j'ai parlé d'accompagnement.
M. Barrette : En tout cas, il me
reste trois minutes, M. le Président. Je voulais juste aborder...
Le Président (M. Poulin) : 2 min 40 s.
M. Barrette : Oui. Je veux juste
aborder un autre élément, là, qui... je ne sais pas si... mais là, là,
vraiment, là, là, je me fais la courroie de transmission du milieu syndical.
M. Jolin-Barrette : Oh! là, vous
revenez à votre ancienne vie.
M. Barrette : Non, c'est parce que celle-là...
c'est rare que je fais ça.
M. Jolin-Barrette : Vous avez de
l'expérience là-dedans, là.
M. Barrette : Je ne fais jamais ça,
mais là je vais le faire parce que c'est un vrai enjeu. On me rapporte que ce
que l'on fait actuellement risque d'avoir des enjeux de convention collective
très grands, parce que les cours à être donnés en français vont devoir être
donnés par des professeurs qui parlent français, et la population professorale
pourrait ne pas être au rendez-vous. Et là ça pourrait générer toutes sortes de
choses qui entreraient en collision avec les conventions collectives actuelles.
Je relaie... Je l'ai dit, là, je n'en fais pas un débat. Je relaie ce qui m'a
été mentionné. J'ai regardé ça puis je pense que ceux qui m'en ont parlé
mettent le doigt sur quelque chose.
Là aussi, cet
enjeu-là, le ministre en est-il conscient? Est-ce qu'il y a un enjeu, d'abord,
dans son esprit, et est-ce que ça va faire partie des conversations
qu'il aura avec sa collègue à l'Enseignement supérieur?
M.
Jolin-Barrette : La réponse à cette question-là, c'est : Oui,
on a eu des représentations des différents syndicats. On en est très
conscients, et ça fait partie des discussions que j'ai avec ma collègue.
M. Barrette : O.K. Donc, le ministre
est conscient que, là, là, le projet de loi étant rapidement mis en
application, le ministère de l'Enseignement supérieur n'étant sans aucun doute
pas prêt à ça, ça va poser des problèmes, ce qui m'amène à la question
suivante : N'est-ce pas là un argument suffisant pour donner un petit peu
plus de délais?
M. Jolin-Barrette : Le délai, il est
important. On parle de plus d'un an avant sa mise en application.
M. Barrette : Disons que, dans
l'organisation de ces cégeps-là, là, ça ne sera pas...
M. Jolin-Barrette : Plus d'un an, on
est...
M. Barrette : Bien, plus d'un an, je
veux bien, là, plus d'un an, vous répétez ça comme un mantra, mais...
M. Jolin-Barrette : Bien oui, mais
un bébé, ça prend neuf mois avant qu'il arrive, là, puis c'est un être humain.
M. Barrette : Oui, puis le bébé, il
ne va pas à l'université ni au cégep en naissant, hein? Alors, après son année...
après sa naissance, il en a pour 18 ans à se préparer pour aller au cégep.
Là, vous voulez que le bébé naisse, le projet de loi n° 96,
puis que l'étude aille bien après un an. Vous avez des enfants vous-même, là,
vous savez bien qu'après un an on ne va pas loin, hein?
• (18 heures) •
M. Jolin-Barrette : Bien, moi, je
trouve qu'ils ont une belle progression après un an.
M.
Barrette : Bien, félicitations, mais, en fait, il n'est
certainement pas bilingue, même pas en suce et en couches, là.
M.
Jolin-Barrette : Bien, la suce, des fois, ça peut partir vite.
M. Barrette :
M. le Président, j'ai terminé mon intervention. Vous voyez, je laisse du
temps...
Le Président (M.
Poulin) : 29 secondes, c'est fort généreux, vraiment. Merci, M. le
député de La Pinière, pour ce bel échange. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Moi,
il me reste combien de temps?
Le Président (M.
Poulin) : Vous, c'est 11, 12 minutes au moins, hein?
Mme David : Bien,
je vais avoir quelques questions en rafale qui vont être tout à fait dans la
suite...
Le Président (M.
Poulin) : 12 min 30 s, effectivement.
Mme David : ...merci
beaucoup — dans
la suite de mon collègue de La Pinière. On comprend que tout ça doit être
installé, prêt pour admettre les étudiants en septembre 2023.
M. Jolin-Barrette :
...question-là, c'est oui, septembre 2023.
Mme David : Enlevez
votre masque, s'il vous plaît, parce que, là, je n'entends pas.
M.
Jolin-Barrette : J'ai dit : Oui, septembre 2023.
Mme David : Et
est-ce que c'est seulement les nouvelles cohortes ou tout le monde?
M.
Jolin-Barrette : Ça sera à partir des nouvelles cohortes, oui, les
nouvelles cohortes.
Mme David : Est-ce
que vous êtes conscient... la réponse, je sais qu'elle va être... que vous
allez dire non, que c'est impossible de réaliser ça avant les demandes
d'admission. Vous dites : Un an... Vous dites : Un an, un an et demi,
mais le temps d'installer tout ça, là, c'est... je le répète, le régime... le
règlement sur le régime d'études collégiales, c'est comme la Constitution. Vous
donnez un temps incroyablement court pour faire des changements incroyablement
importants et complexes. On a parlé des syndicats. Il y a même des postes qui
sont... Les postes sont affichés en fonction de la langue. Il va falloir
changer des conventions collectives.
Je veux dire, c'est
tellement énorme, changer le règlement sur les études collégiales. Il faut
installer tout ça. Puis là vous dites qu'il
faut être prêt pour septembre 2023. Moi, je vous dis bien sincèrement que c'est
assez épouvantable, imposer ça et au ministère de l'Enseignement
supérieur et aux collèges, et qu'à cause de ça je ne peux pas être d'accord
avec... Quand vous dites, là, dans le commentaire, que ça sera applicable en
septembre 2023, pour l'année scolaire 2023‑2024... parce qu'une année scolaire,
là, ça se prépare en amont. En ce moment, ils sont dans les admissions déjà,
là. Il faut que les étudiants sachent dans quoi ils s'embarquent. Comment ça va
fonctionner?
M.
Jolin-Barrette : Ils sont en préparation pour 2022.
Mme David : Ils
sont en préparation pour 2022‑2023, là, en ce moment.
M.
Jolin-Barrette : Mais nous, on parle de 2023‑2024.
Mme David : Oui,
2023‑2024, c'est déjà dans un an. Ils vont être dans les admissions de 2023‑2024.
M.
Jolin-Barrette : Mais je comprends, mais là...
Mme David :
Vous dites, un an, que c'est comme la fin du monde, mais ce n'est pas vrai que
ça marche de même dans le réseau collégial.
M.
Jolin-Barrette : Il y a 365 jours dans une année, là, hein? Je
vous le dis, honnêtement, j'espère que le projet de loi va être adopté avant la
préretraite...
Mme David : Il
y a 365 jours par année dans une entreprise aussi...
M.
Jolin-Barrette : ...du député de La Pinière.
Mme David : ...puis
vous donnez trois ans. Vous donnez trois ans pour les entreprises. Vous donnez
plus de 1 000 jours. Eux autres, ils sont slowbine complètement, c'est
quoi?
M.
Jolin-Barrette : Non, je ne fais pas de qualificatif à cet effet-là.
On en discutera au moment où on sera rendus au niveau des entreprises.
Mme David : Ah! c'est drôle, vous ne
répondez pas avec autant d'aplomb sur les entreprises. Pourquoi, eux, trois
ans? Puis pourquoi un an pour les cégeps, à qui on demande un effort qui n'a
jamais été demandé?
M. Jolin-Barrette : Oui, je
comprends, c'est un effort, mais c'est un effort qui est nécessaire.
Mme David : Je ne vous dis pas qu'il
n'est pas nécessaire. Je vous dis, c'est comme si vous disiez : Moi, là,
je dois avoir un traitement en médecine, en n'importe quoi, puis là moi, j'ai
juste deux semaines pour l'avoir, là, mais les médecins vont vous
répondre : Excusez, M. le ministre, mais votre traitement, il va durer six
mois, que c'est que vous voulez, ça prend ça.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais en
médecine, d'autant plus... puis le député de La Pinière pourra commenter, idéalement, j'imagine, puis vous me corrigerez,
c'est de traiter le patient le plus rapidement possible quand il est
malade.
Mme David : Non, mais le traitement
peut durer plusieurs mois, une réadaptation, un...
M. Jolin-Barrette : Bien, je suis
d'accord, mais il faut qu'il commence au plus rapidement possible.
Mme David : Je ne vous dis pas le
contraire, mais moi, je vous dis que vous pressez énormément le citron pour un
énorme réseau, alors que vous ne le pressez pas du tout pour les entreprises.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais les
entreprises, ce sont des partenaires du réseau privé. On en discutera plus
tard, c'est une autre section, c'est relativement à...
Mme David : Donc, il y a grosse
différence entre le... Vous ne vous gênez pas pour jouer dans le privé... dans
les collèges, par exemple, c'est privé.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais vous
savez très bien l'importance, l'impact. Et pourquoi est-ce qu'on devrait
tarder, dans le réseau collégial, à amener des mesures qui sont nécessaires,
vous le savez, tout comme moi, notamment sur l'île de Montréal?
Mme David : Je ne vous demande pas
de ne pas l'amener, je vous demande de donner deux ans au lieu d'un an, pour
faire les conventions collectives, les changements au Règlement sur le régime
des études collégiales, pour adapter les nouveaux cours de l'épreuve uniforme
de français dans les collèges anglais, pour donner les trois cours en français.
Puis je vais vous en ajouter un autre dont on ne parle pas suffisamment, parce
que ça va venir après, dans un autre amendement, mieux préparer au secondaire
en français, la question de la langue seconde au secondaire anglophone, mieux
les préparer en français.
M. Jolin-Barrette : Oui, bien, je
suis d'accord avec vous, honnêtement, là, mais là...
Mme David : Parce qu'ils arrivent au
collégial, puis on réalise qu'ils ne parlent pas aussi bien français, une...
disons, la moitié des étudiants, qu'on pensait. Là, je parle de ceux qui n'ont
pas nécessairement été en immersion, parce que ce n'est pas dans toutes les
commissions scolaires. Alors, ça va venir plus loin qu'ils doivent maîtriser la
langue, primaire, secondaire, collégial, mais là ce que des collèges nous
disent, c'est qu'ils nous donnent à nous toute la responsabilité et
l'imputabilité de les franciser.
M. Jolin-Barrette : Ça, ce n'est pas
vrai.
Mme David : Ils ont besoin de l'aide
du secondaire. Êtes-vous d'accord au moins pour ça, là?
M. Jolin-Barrette : Bien oui, on l'a
toujours dit.
Mme David : Mais il n'y en a pas, de
mesure, là.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais ça, ça
relève de mesures administratives qui sont... qui relèvent du ministère de
l'Éducation, et ça, c'est possible de le faire.
Mme David : Administratives, de
mieux franciser les étudiants au secondaire? Bien, vous ne dites pas ça pour le
collégial, «administratives».
M. Jolin-Barrette : Le collégial,
c'est un réseau qui est différent. Il y a une intervention législative qui est
nécessaire, de le faire, puis vous le savez. Et c'est ce qu'on fait ensemble.
Mme David : Puis
il n'y en a pas, au secondaire, pour mieux franciser les... nos jeunes.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais le
ministre de l'Éducation a les outils pour le faire.
Mme David : On aurait pu dire la
même chose de la ministre de l'Enseignement supérieur.
M. Jolin-Barrette : Non, c'est
différent. Le réseau n'est pas bâti de la même façon, vous le savez, mais...
Mme David : Non, mais vous ne me
direz pas que vous n'auriez pas le goût de parler à votre collègue de
l'enseignement primaire, secondaire pour dire...
M. Jolin-Barrette : Ce sont deux
réseaux distincts. Vous connaissez les modalités du réseau collégial et du
réseau universitaire, qui ne sont pas les mêmes que le réseau de l'éducation
primaire et secondaire.
Mme David : Oui, mais vous êtes
quand même d'accord...
M. Jolin-Barrette : Vous avez été
titulaire, là, de ce ministère-là.
Mme David : ...vous êtes quand même
d'accord que, s'ils arrivaient mieux préparés, mieux... en possédant mieux la langue française au collégial, le
collégial n'aurait pas toute cette responsabilité de franciser autant les
étudiants, de les accompagner, comme vous dites, à la réussite, etc.
M. Jolin-Barrette : Je vais être
très, très clair, très clair. Tout le monde, tous les réseaux, toutes les
sphères de la société, chacun des secteurs
ont une responsabilité pour promouvoir, pour valoriser l'utilisation de la
langue française, je suis d'accord avec vous, Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys, incluant le ministère de l'Éducation. Je suis d'accord,
tout le monde doit faire des efforts.
Mme David : Mais vous n'apportez
aucune mesure concrète dans votre article qui s'en vient, là.
M. Jolin-Barrette : Le ministre de
l'Éducation travaille avec nous également.
Mme David : Bien, j'ai hâte de vous
poser des questions sur ça, parce qu'il y a un article qui s'en vient, là, sur
le primaire, secondaire, collégial.
M. Jolin-Barrette : D'accord. Je
nous invite à y aller puis à se diriger dans cette direction-là.
Mme David : Qu'en est-il pour les
2 352 étudiants ayants droit qui fréquentent un collège francophone?
Ils vont passer quelle épreuve, eux autres?
M. Jolin-Barrette : Eux... Un ayant
droit dans le collégial francophone, il passe l'épreuve uniforme de français,
comme c'est le cas actuellement.
Mme
David : Parce qu'à la limite il pourrait passer... si
c'est linguistique, la division, il pourrait passer l'épreuve uniforme
en anglais.
M. Jolin-Barrette : Non, un ayant
droit inscrit dans un établissement collégial francophone, actuellement, passe
l'épreuve uniforme de français. Et juste pour rappeler que l'étudiant ayant
droit, qui peut-être se retrouvait dans un établissement collégial
francophone... Puis ça, ça fait le lien avec le député de La Pinière, tantôt,
quand il me disait : Est-ce que le ministre... Qu'est-ce que le ministre
fait, supposons, pour les ayants droit, maintenant qu'ils vont avoir des cours
de français? Bien, vous vous retrouvez dans certaines situations, actuellement,
que des ayants droit, qui souhaitaient aller étudier dans les établissements
collégiaux anglophones, n'étaient pas admis, parce que, supposons, leur moyenne
au secondaire n'était pas assez élevée pour aller, supposons, à Dawson, puis là
ils se retrouvaient au collégial francophone. Or, avec mon projet... avec notre
projet de loi, il va avoir priorité pour aller étudier à Dawson parce que c'est
un ayant droit.
Alors, voyez-vous, il ne faut pas tout le temps
voir ça comme Picsou, le coffre-fort à moitié vide, parce que le projet de loi,
il est équilibré et surtout il préserve les droits de la communauté anglophone,
et même il lui en donne, supplémentaires, en faisant en sorte qu'ils vont avoir
priorité dans leurs établissements d'enseignement collégiaux qui sont
disponibles.
Mme David : Alors, je conclus, et je
vais conclure là-dessus, M. le Président, je vais laisser du temps sur la
table, comme dit mon collègue, vous allez être content, que vous ne changerez
pas d'idée par rapport à la date d'implantation. C'est septembre 2023.
M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez,
vous avez jusqu'à l'article 201 pour me convaincre du contraire.
Mme
David : Bien, avec ce que vous avez dit, disons... Avec ce que vous
avez dit puis tout ce qui est écrit dans vos commentaires, disons que...
M.
Jolin-Barrette : Mais je ne vous dis pas que j'ai l'intention de
changer d'idée.
Mme David : On
ne vous connaît pas trop, trop sous cet angle-là, sauf d'avoir des amendements
nocturnes qui, tout à coup, apparaissent.
M.
Jolin-Barrette : Il se passe beaucoup de choses la nuit, beaucoup,
beaucoup.
Mme David : Merci,
M. le Président.
Le Président (M.
Poulin) : Merci, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys. Alors, s'il
n'y a pas d'autre intervention à cet amendement... Il vous reste
29 secondes, M. le député de La Pinière.
M. Barrette :
C'est une pièce d'anthologie. «Vous
avez jusqu'à l'article 201 pour me convaincre du contraire», comme
si c'était faisable.
Le Président (M.
Poulin) : Ça complétait votre intervention?
M. Barrette :
Absolument.
• (18 h 10) •
Le Président (M.
Poulin) : Excellent. Merci, M. le député. Alors, s'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à
la mise aux voix sur l'amendement du ministre. Parfait. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Non,
M. le Président...
Le Président (M. Poulin) : Ah!
Excusez-moi, il faut le consentement. Excusez-moi, Mme la députée, ce ne
sera...
Mme Massé :
Oui, consentez.
Le Président (M.
Poulin) : ...ce ne sera pas très long. Comme, ce matin, le
remplacement de la députée de Taschereau par la députée de Mercier avait été
annoncé, je vais avoir besoin du consentement afin que la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
puisse remplacer la députée de Taschereau pour la suite de la séance. Est-ce
qu'il y a consentement?
M.
Jolin-Barrette : On va consentir, M. le Président.
Le Président (M.
Poulin) : Consentement. On a fait les choses dans l'ordre. Allez-y,
Mme la députée.
Mme Massé : En
fait, je vais... Si vous me dites que je peux amener un amendement, par après,
sur le deuxième alinéa, je veux juste faire ça. Je voulais juste être sûre de
la procédure.
Le Président (M.
Poulin) : Aucun problème, Mme la députée. Alors, nous allons voter cet
amendement et, par la suite, nous pourrons accueillir le vôtre. Alors, est-ce
que cet amendement de M. le ministre est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Poulin) : Adopté.
Mme David : Attendez
un peu, là. J'ai entendu le mot «adopté»...
Le Président (M.
Poulin) : Oui, absolument.
Mme David : ...de
l'amendement. Sur division.
Le Président (M.
Poulin) : Sur division. D'accord, nous acceptons. Alors, l'amendement
est adopté, sur division. Maintenant, de ce
que j'en comprends, nous avons un amendement de la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Vous pouvez en faire
lecture.
Mme Massé : Oui,
merci, M. le Président. Il est sur le Greffier.
Le Président (M.
Poulin) : Alors, si vous voulez en faire la lecture, Mme la députée.
Des voix : ...
Le Président (M.
Poulin) : S'il vous plaît, nous... c'est la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
qui a la parole. Mme la députée.
Mme Massé : Bien, en fait, c'est ça,
je dépose un amendement à l'article 58, donc, qui se lit comme suit :
L'article 88.0.12, introduit par l'article 58 du projet de loi, est
modifié par l'ajout, à la fin de l'alinéa... du deuxième alinéa, pardon, et je
citre... je cite, pardon, entre parenthèses, de :
«N'est pas tenu également de se soumettre à
cette épreuve un étudiant possédant un certificat de statut d'indien délivré aux personnes inscrites au Registre des
Indiens en vertu de la Loi sur les Indiens ou toute personne reconnue
par le code d'appartenance du gouvernement local de la Première Nation;».
Le Président (M. Poulin) : Allez-y,
Mme la députée.
Mme Massé : Merci, M. le Président.
En fait, je sentais le besoin de revenir discuter avec le ministre, parce que, depuis nos derniers échanges, il y a
peut-être deux semaines de cela, où, bien naïvement, je croyais que, de
reconnaître aux premiers peuples que leur langue, qui a été soit complètement
massacrée, complètement... on fait en sorte qu'ils l'oublient et qu'ils ne le parlent plus. On a imposé une langue
coloniale, soit le français ou l'anglais, qu'on était capables, après ce qu'on a vécu et qu'on reconnaît comme
société, qu'on a commis comme crime culturel... qu'on était capable de
dire : Oui, O.K., nous, ici, au Québec, c'est fondamental de protéger la
loi 101.
Je pense que vous voyez aller ma collègue de
Mercier, il n'y a pas de contredit. Mais, ceci étant dit, on est aussi capables d'assurer, par l'inclusion à
l'intérieur de la charte, notre charte qui nous protège, de reconnaître... Si
on le reconnaît aux minorités anglophones, hein, les ayants droit... qui
ne sont pas tous anglophones, mais, à prime abord, là, lorsque ça a été écrit,
cette affaire-là, là, c'était pour reconnaître qu'il y avait une minorité
historique qui avait des droits. Alors, si on a été capables de le faire voilà
30 ans, 40 ans, mon calcul n'est pas fort rendu à cette heure-là,
pourquoi aujourd'hui, alors qu'on a énormément cheminé concernant les premiers
peuples, pourquoi on ne serait pas capables aussi de reconnaître qu'on peut
agir là-dedans?
Ça fait que, la raison pour laquelle je reviens,
je n'y reviendrai pas jusqu'au 251e article...
Une voix : ...
Mme Massé : Ah! pardon, j'en ai trop
mis, mais il y a une chose qui est sûre, c'est que j'ai reparlé avec des gens
des Premières Nations, et un des éléments que je n'ai peut-être pas fait assez
ressortir la dernière fois... Oui, je concède, c'est deux régimes, vous l'avez
dit, le régime primaire-secondaire, le régime postsecondaire, c'est deux
réseaux. Ce n'est pas les mêmes réseaux, mais, M. le ministre, ils sont quand
même liés, là. Tu sais, le fait que tu es reconnu comme un ayant droit t'amène
dans une trajectoire qui peut aller dans un bord ou l'autre. Ça fait que c'est
lié, même s'ils sont d'accord avec vous, indépendants, et tout ça.
Mais moi, ce que je pense que je n'ai peut-être
pas fait assez ressortir, la dernière fois, puis je m'en veux un petit peu, c'est que, dans les faits,
actuellement, dans notre charte, il y a deux classes d'autochtones. Il y a les
autochtones conventionnés... il y a trois nations sur 11 qui sont
conventionnées, donc qui, eux, à quelque part, ont des règles qui sont
différentes, ont des exceptions, parce qu'on a reconnu... Puis là la Convention
de la Baie James, ça commence à dater, on a reconnu qu'effectivement
l'enseignement de leur langue... qu'ils puissent prendre le contrôle sur leurs
écoles, enseigner leur langue, mais qu'après ça leur trajectoire n'allait pas
être comme n'importe qui qui est au Québec.
Alors donc, je me suis dit : Je n'ai
peut-être pas assez expliqué ça au ministre, c'est-à-dire que, déjà, à cause de
la Convention de la Baie James, on reconnaît des parcours particuliers à des
gens des Premières Nations au Québec. Le problème, c'est qu'il y a huit
nations. Ils ne sont pas plus fines, moins fines. Ils étaient là aussi, autant...
autant que les Cris, que... ils étaient même... plusieurs d'entre elles étaient
là avant les Inuits, mais il y a huit nations qui, elles, n'ont pas cette
reconnaissance-là, que leur langue, que leur langue ancestrale, je dirais,
nécessite qu'on la reconnaisse et qu'on... Bon, je sais que ce n'est pas ici
qu'on va lui donner un statut particulier, j'ai compris ça. Ce n'est pas là,
moi, mon enjeu. Mon enjeu, c'est : il y a des étudiants autochtones qui
ont la chance, et je le mets entre guillemets, de naître en territoire cri,
donc en territoire Eeyou, c'est des Cris qui auront l'opportunité de faire des
choix, et tu as la malchance de naître en territoire attikamek, et toi, tu
n'auras pas cette possibilité-là.
Moi, je trouve qu'il y a quelque chose, là, qui
n'est pas «fair», qui n'est vraiment pas «fair»... qui n'est pas juste, pardon.
Je viens d'avoir une claque en arrière de la tête de mon ancienne collègue de
Gouin qui ne me laissait jamais faire des choses comme ça, mais c'est ça, le
langage de la rue, parfois, ça peut être difficile. Bref, alors, je me suis
dit, je n'ai peut-être pas assez insisté là-dessus.
Puis, bon, c'est sûr que, là, le député de
La Pinière en a parlé tantôt un peu, c'est sûr que, quand... là où se
traduit concrètement l'injustice entre ces deux jeunes autochtones-là, c'est
qu'il y en a un qui va pouvoir faire... prendre le chemin qu'il veut et qu'il
n'y aura pas... il ne se verra pas imposer l'épreuve uniforme de français, donc
ses chances de réussite risquent d'être augmentées. Puis tu en as un autre,
parce qu'il n'est pas né sur le bon territoire, qui, lui, va devoir passer au
travers, parce que... puis j'ai compris, là, parce qu'on a peur qu'il
s'anglicise. Mais que l'épreuve de français ne soit pas applicable à tout le
monde, à tous les autochtones, ce n'est pas juste pour les gens qui ont été
scolarisés en anglais, là. Je veux dire, leur langue maternelle n'est pas le
français. Nous avons une dette historique.
• (18 h 20) •
Alors, moi, c'est ça que je veux revenir en
disant : O.K., je n'ai pas réussi à faire... puis on ne retournera pas en
arrière, ça, je comprends, mais est-ce que... parce que, oui, c'est une
question de réussite scolaire, oui, c'est une question de
découragement, oui, c'est une question de qualité de vie, après, et c'est ce
qu'on leur souhaite, le meilleur. Ces
gens-là viennent nous dire : Bien, il y a une façon de le faire, c'est de
faire en sorte que, lorsqu'on émet, à l'article 58, les exceptions,
bien, on dit : N'est pas tenu de se soumettre les gens qui sont les
Premières Nations. Et alors, voilà.
Donc, je me réessaie, parce que j'avais vraiment
l'impression que je n'avais peut-être pas assez insisté pour dire qu'il y a
deux classes d'autochtones et que... Si on n'a pas voulu les reconnaître comme
des ayants droit, pour toutes sortes de raisons, puis qu'on est rendus à
l'article 58, puis que, là, on peut au moins essayer de sauver la gang qui
rentre au cégep, bien, je me dis, au moins, ça sera ça. Puis c'est ce que les
autochtones avec lesquels j'ai parlé m'ont dit : Au moins, ça sera ça.
Alors donc, c'est pour ça, M. le ministre, ce n'est pas pour vous accabler,
c'est que je pense que je n'avais pas tout à fait bien fait mes devoirs et que
je n'avais peut-être pas bien articulé cette injustice fondamentale qu'il y a
deux classes d'autochtones au Québec.
Le Président (M. Poulin) : Merci
beaucoup, Mme la députée. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, je comprends l'intervention de la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Il y a plusieurs modalités
rattachées, en lien avec les problématiques qui sont soulevées par la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Premièrement, il y a
beaucoup d'autochtones qui sont des ayants droit également, parce que leur
parcours, primaire et secondaire notamment, s'est fait en anglais. Donc, il y a
une partie de ceux-ci qui peuvent être reconnus comme ayants droit, et se
retrouver dans le réseau, supposons, collégial anglophone, et passer l'épreuve
uniforme en langue anglaise. Premier élément.
Votre amendement, ce qu'il propose, c'est de
faire en sorte que toutes les personnes autochtones, dans le fond, ne... seraient exclues, dans le fond, de l'épreuve
uniforme de français. Il y a beaucoup de communautés qui s'expriment,
notamment, en français. Alors, c'est vraiment des cas particuliers, des cas
individualisés qui doivent être analysés. Puis il faut pouvoir donner les
outils à tous les individus qui fréquentent les établissements collégiaux
anglophones ou francophones, les outils pour qu'ils puissent réussir. Mais je
ne suis pas prêt à exclure l'ensemble de la population autochtone de l'épreuve
uniforme de français. Ce que ça fait, c'est qu'on... même les communautés qui
s'expriment en français, avec votre amendement, vous viendriez les exclure.
L'autre point, aussi, au niveau de l'épreuve
uniforme de français, là, il y a déjà des mesures d'accompagnement qui sont
faites, par le ministère de l'Enseignement supérieur, dans le guide pour
l'épreuve uniforme de français. Donc, il y a
des accommodements qui sont offerts aux étudiants autochtones, notamment, bon,
un glossaire, un accompagnateur qui peut être désigné pour présenter,
interpréter le glossaire. Il y a un temps additionnel de 60 minutes qui
est donné, il y a la prolongation du temps imparti à l'élève qui ne comprend
pas lors de la présentation du glossaire. Il y a la passation de l'épreuve dans
un local adapté également. Donc, il y a différentes mesures qui sont mises en
application, des mesures d'adaptabilité pour aider, accompagner.
Mais je suis d'accord avec vous qu'il y a du
travail à faire, constamment, pour les gens qui ne se retrouvent pas dans une
situation de statut d'ayant droit. Mais l'effet de votre amendement
serait d'exclure l'ensemble de la population
autochtone de l'épreuve uniforme de français, puis je ne crois pas qu'on doit
aller dans cette direction-là aussi.
Mme Massé : En fait, quand on adopte
une loi, comme nous sommes en train de le faire, c'est pour protéger une
langue, hein? C'est ce que vous avez beaucoup dit, l'importance de protéger la
langue. Certes, la langue française le nécessite, mais les Premières Nations,
le fait qu'ils améliorent leur qualité de vie et leur vie en général, ça ne
menace pas la langue française. Il n'y a pas de menace.
Vous savez, l'expérience qu'on a vécue avec
Samian, la semaine dernière... Samian n'a pas été socialisé en anishnabe, bien
non. Il a été sorti de sa communauté, il a vécu en dehors de sa communauté.
Oui, il a appris l'anishnabe avec sa grand-mère, mais, ceci étant dit, on
pourrait dire : Ah! bien oui, mais sa première langue, c'est le français.
On pourrait dire ça. Il a été socialisé en français, mais sa langue, ses
repères, sa culture, c'est ça qu'on défend ici. C'est qu'une langue, ce n'est
pas rien que mots, c'est tout, tout ce qui nous anime. Mais, dans le gars...
dans le cas de Samian, ce qu'on dit : Bien, écoute, tu en as fait, des
chansons en français, là, bien, chante en français, on ne veut pas que tu
chantes en anishnabe, c'est un festival francophone. Bien, pourquoi on l'a
invité? Bien, en tout cas, ça, c'est un autre dossier.
Mais ce que je veux dire, lui, là, ça... on pourrait, à première vue, se
dire : Sa langue maternelle, c'est le français.
Mais puisque la langue configure comment on
opère, comment on fonctionne, ce qu'on met de l'avant, comment on voit la vie,
les mots qu'on utilise, etc., tout le travail qu'ils ont à faire pour
réapproprier... parce que, dans leur cas, ce
n'est pas de faire en sorte qu'elle ne disparaisse pas, c'est qu'ils doivent
faire des efforts de se la réapproprier, parce que nous avons interdit
qu'ils parlent leur langue, parce que nous avons imposé nos façons de faire et
de parler, notamment avec ça. Ça fait que moi, c'est ça, M. le ministre, c'est
comme... Tu sais, vous me dites : Oui, bien là, vous allez... ça serait
offert à tout le monde. Oui, et vous savez quoi? Il y a des ayants droit,
là-dedans, puis il y a des autochtones qui, effectivement, passent au travers,
mais j'emploie bien le mot «passer au travers», parce que ce que nous dit les
spécialistes, dont notamment le Conseil en éducation, c'est que c'est un des
facteurs majeurs où est-ce que les jeunes décrochent.
Puis, oui, du soutien, mais, bon, pas facile
dans nos écoles, là. On a fait un peu de rattrapage, dans les dernières années, mais ce n'est pas facile d'être un
autochtone, dans le réseau francophone ou anglophone, d'ailleurs. Ce n'est
pas facile, les préjugés persistent, les...
Ça fait qu'il y a beaucoup de couches à enlever, puis moi, mon feeling,
c'est : Si on se dit d'entrée de
jeu, là, que ce n'est pas les... Tu sais, l'autre fois, je vous disais, au
niveau primaire-secondaire, on parlait de 200 quelques personnes, 207, de mémoire. Au niveau cégep, là, tu sais,
Kiuna, là, il y a six étudiants anglophones, tu sais. Kiuna a... Ça fait
que c'est ça, il n'y a rien de menaçant. C'est juste ça, je... voilà, je trouve
qu'il n'y a rien de menaçant.
M.
Jolin-Barrette : Bien, il ne faut pas opposer les langues autochtones
à la langue française, puis la langue française est un liant pour l'ensemble de
la société. C'est simplement ce que je dis, mais je comprends votre point. Par
contre, sur le fond, je ne pense pas que c'est opportun d'étendre cette
exception-là à l'ensemble, parce que l'autre effet, si vous... ça amène une
rupture du lien également. Il faut plutôt miser sur l'importance du lien entre
les nations autochtones et la nation québécoise.
Mme Massé : Mais bien sûr, mais une
des façons de faire ça, c'est... Lorsqu'ils nous disent : Vous nous avez
rendu la vie difficile, et une des façons de nous assurer qu'on va mieux passer
au travers, et donc mieux vivre dans la vie moderne d'aujourd'hui, et pour une
grande partie en français, certes, une certaine partie en anglais, c'est de
nous... d'enlever des barrières qui nous nuisent. Moi, je ne peux pas savoir
c'est quoi, ces barrières-là, quoique je ne suis pas sûre que je... en tout
cas, je n'ai pas un repère là-dedans, mais... parce que je n'ai pas vécu ça.
Mais ce que je sais, c'est que les gens qui le vivent, c'est ça qu'ils nous
disent, tu sais. Ça fait que je ne sais pas... Je ne veux pas indûment
poursuivre, parce que, là, je crains qu'on me dise : Oh! il est
6 h 30, c'est fini, puis... Combien de temps qu'il me reste?
Le Président (M. Poulin) : En fait,
il n'en reste plus, compte tenu de l'heure. Cependant, si vous souhaitez poursuivre, disons, un, deux, trois minutes... Ah!
il vous reste sept minutes de votre temps, mais effectivement, pour la
séance actuellement, ça se termine à
18 h 30, donc... Mais on peut poursuivre pour... si vous souhaitez
voter votre amendement.
Mme Massé : Est-ce qu'on prend le
dernier quatre minutes puis on vote là-dessus?
Le Président (M. Poulin) : Est-ce
qu'il y a consentement?
Mme Massé : C'est vous qui décidez.
Une voix : Sur l'amendement
seulement?
Le Président (M. Poulin) : Sur
l'amendement de la députée, effectivement.
• (18 h 30) •
Une voix : Oui, oui, consentement.
Le Président (M. Poulin) : Consentement.
M. Jolin-Barrette : Bien, si vous
voulez prendre votre temps, puis ensuite on vote.
Une voix : Sur l'amendement?
Le Président (M. Poulin) : Sur
l'amendement de la députée, effectivement.
M. Jolin-Barrette : Oui, oui, on ne
vote pas sur l'ensemble du projet de loi...
Mme Massé : On est rendu au dernier
article... Bon.
Le Président (M. Poulin) : C'est ça.
Alors, poursuivez, Mme la députée. On pourra passer au vote ensuite.
Mme Massé : Bon. Oui, bien, bien
sûr... Alors, dans ce cas-là, je vous reviens sur la question des deux classes d'autochtones. Je veux dire, si, là, on se
dit : O.K., mais, en bout de ligne, là, il y a quand même deux classes
d'autochtones au Québec, là... Ça fait que
ça ne marche pas. C'est comme si, à un moment donné, on a reconnu que les gens
avaient une langue qui formait leur
identité. Et, avec les Naskapis... les gens qui vivent sur le territoire...
Eeyou Istchee, les Inuits, on a dit :
O.K., vous autres, voici le processus et voici à quoi vous ne serez pas
obligés. D'ailleurs, c'est dans la Charte
de la langue française. Mais il y a tous les autres Québécois qui n'ont...
les autres autochtones, pardon, qui n'ont pas ce privilège-là. Ça fait
que comment on peut justifier ça, M. le ministre? On pourrait le corriger, là,
au moins pour les gens qui vont au cégep.
M. Jolin-Barrette : Donc, on est
d'accord pour la sauvegarde des langues autochtones, mais ici, on parle la
langue commune qui est partagée par tous. Donc, votre amendement, ce qu'il
fait, c'est qu'il vient exclure, dans le fond, l'ensemble des nations
autochtones de quelconque liant avec la société québécoise.
Moi, je pense qu'au contraire on doit miser sur
la langue française, mais il n'est pas question d'opposer les langues
autochtones à la langue française, plutôt, il faut faire des ponts, joindre.
Puis aussi, si on veut notamment faire en sorte de pouvoir justement... Vous le
savez, les défis en matière, supposons, d'employabilité pour les membres des
communautés autochtones, pour les faire participer au marché du travail, moi,
je pense que c'est un outil important, la langue française aussi, parce qu'il y
a un potentiel qui est... un grand potentiel, notamment chez les jeunes
autochtones.
Vous savez à quel point, dans les différentes
communautés, il y a beaucoup, beaucoup de jeunes. Alors, il faut les faire
participer à la société québécoise. Et le fait d'avoir des outils, notamment en
matière de la langue française, permettra aussi d'améliorer... notamment, vous
parliez tantôt des conditions de vie. J'en suis, et c'est au niveau de
l'accompagnement qu'il faut travailler à ce niveau-là.
Mme Massé : Mais
c'est parce qu'ils ne réussiront pas... ils ne réussiront pas leur test. Ils
décrochent au secondaire... Bon, on ne revient pas sur le passé, j'ai compris.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais on est
sur le collégial. Au niveau collégial... Au niveau secondaire, primaire, on en
a parlé. Là, on est au niveau collégial.
Mme Massé : Absolument. Et donc,
puisque je n'ai pas réussi à vous convaincre au niveau secondaire, l'enjeu
demeure pour les gens quand ils sont rendus au cégep. Et les jeunes des
Premières Nations, pour beaucoup, sont socialisés en français. Je veux dire, il
n'y a pas... Tu ne peux pas faire ton cégep... Bien, il y a Kiuna qui commence
à intégrer un certain nombre d'enseignements dans des langues, par exemple,
l'abénaquis, etc., mais, tu sais, je veux dire, tu ne peux pas faire ton
université en micmac, là, tu sais.
Ça fait que, donc, oui, M. le Président...
alors donc, c'est pour ça, moi, c'est cet irritant-là... je me dis, si on
enlève, on permet à du monde, donc, de se développer. Puis vous avez raison,
rendu sur le marché du travail, oui... Puis
vous le savez qu'à Québec solidaire on pense que c'est le marché du travail,
que c'est par là que la francisation est fondamentale, pas en obligeant
un test comme celui-là à des gens qu'on a malheureusement handicapés par le
passé.
Ça fait que,
oui, M. le Président, avant de nous quitter, je pourrais demander le vote par
appel nominal, de façon...
Le Président (M. Poulin) : D'accord.
Merci à Mme la députée. Alors, nous allons procéder au vote sur l'amendement de
la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
par appel nominal. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Veuillez répondre
pour, contre ou abstention. Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques)?
Mme Massé : Pour.
La Secrétaire : M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Contre.
La Secrétaire : M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Contre.
La Secrétaire : Mme Proulx
(Côte-du-Sud)?
Mme Proulx (Côte-du-Sud) : Contre.
La Secrétaire : M. Jacques
(Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
La Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire : M. Chassin
(Saint-Jérôme)?
M. Chassin : Contre.
La Secrétaire : Mme David
(Marguerite-Bourgeoys)?
Mme David : Abstention.
La Secrétaire : M. Barrette (La
Pinière)?
M. Barrette : Abstention.
La Secrétaire : Et M. Poulin
(Beauce-Sud)?
Le Président (M. Poulin) : Abstention.
Alors, l'amendement de la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques est rejeté.
Compte tenu de l'heure, la commission... merci
à vous. La commission ajourne ses travaux, demain, 8 h 30, pour une
séance de travail. Merci à tous. Bonne soirée.
(Fin de la séance à 18 h 34)