Journal des débats (Hansard) of the Committee on Culture and Education
Version préliminaire
42nd Legislature, 2nd Session
(October 19, 2021 au August 28, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Wednesday, January 19, 2022
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Vol. 46 N° 7
Special consultations and public hearings on Bill 9, an Act respecting the National Student Ombudsman
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Intervenants par tranches d'heure
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Guillemette, Nancy
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Roberge, Jean-François
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Lemieux, Louis
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Lemieux, Louis
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Guillemette, Nancy
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Charbonneau, Francine
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Labrie, Christine
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Guillemette, Nancy
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Roberge, Jean-François
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Émond, Jean-Bernard
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Maccarone, Jennifer
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Maccarone, Jennifer
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Guillemette, Nancy
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Labrie, Christine
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Hivon, Véronique
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Guillemette, Nancy
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Roberge, Jean-François
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Lemieux, Louis
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Maccarone, Jennifer
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Maccarone, Jennifer
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Guillemette, Nancy
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Labrie, Christine
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Hivon, Véronique
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Guillemette, Nancy
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Roberge, Jean-François
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Émond, Jean-Bernard
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Charbonneau, Francine
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Charbonneau, Francine
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Guillemette, Nancy
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Labrie, Christine
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Hivon, Véronique
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Guillemette, Nancy
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Roberge, Jean-François
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Émond, Jean-Bernard
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Guillemette, Nancy
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Maccarone, Jennifer
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Labrie, Christine
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Hivon, Véronique
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Guillemette, Nancy
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Roberge, Jean-François
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Lemieux, Louis
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Maccarone, Jennifer
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Maccarone, Jennifer
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Guillemette, Nancy
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Labrie, Christine
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Hivon, Véronique
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Roberge, Jean-François
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Roberge, Jean-François
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Guillemette, Nancy
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Hivon, Véronique
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Charbonneau, Francine
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Labrie, Christine
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Labrie, Christine
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Guillemette, Nancy
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Roberge, Jean-François
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Roberge, Jean-François
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Guillemette, Nancy
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Émond, Jean-Bernard
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Charbonneau, Francine
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Labrie, Christine
9 h (version révisée)
(Neuf heures quatre minutes)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Bonjour, tout le monde. Votre attention, s'il vous plaît! Donc, ayant constaté
le quorum, je déclare la séance de la Commission de la culture et de l'éducation
ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre les auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières au projet de loi n° 9, Loi sur le
protecteur national de l'élève.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme David (Marguerite-Bourgeoys) sera remplacée par Mme Charbonneau
(Mille-Îles); Mme St-Pierre (Acadie), par Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis); et Mme Dorion (Taschereau), par Mme Labrie
(Sherbrooke).
Auditions (suite)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, ce matin, nous allons débuter par les remarques... Non, nous
allons entendre les groupes suivants : l'Association québécoise des cadres
scolaires, l'Association des commissions scolaires anglophones, la Fédération
québécoise de l'autisme et l'organisme Je protège mon école publique.
Donc, nous <accueillons...
La Présidente
(Mme Guillemette) :
...protège mon école publique.
Donc, nous >accueillons
maintenant l'Association québécoise des cadres scolaires et leurs représentants :
M. Jean-François Parent, président-directeur général; Mme Marie-France
Dion, secrétaire générale et directrice, Service du secrétariat général et des
communications, centre de services scolaire des Mille-Îles; et M. Érick Parent,
secrétaire général, centre de services scolaire de la Capitale. Bienvenue et merci
d'être avec nous ce matin.
Donc, on vous a bien expliqué. Vous aurez 10
minutes pour nous présenter votre exposé. Il y aura un échange par la suite
avec les membres de la commission. Et, sans plus attendre, je vous cède la
parole.
Association québécoise des cadres scolaires (AQCS)
M. Parent (Jean-François) : Alors,
merci à vous. M. le ministre, mesdames et messieurs, membres de la Commission
de la culture et de l'éducation, je vous remercie d'accueillir aujourd'hui l'Association
québécoise des cadres scolaires.
L'AQCS a accueilli positivement le dépôt
du projet de loi n° 9 et souligné sa satisfaction quant au fait que les
nouveaux protecteurs régionaux d'élèves ne soient pas identifiés comme porte d'entrée
de l'examen des plaintes dans le réseau scolaire. Nous avons également vu d'un
bon oeil la mise en place du Protecteur national de l'élève, notamment à l'égard
du rôle qui lui est imparti en matière de concertation et de formation des
protecteurs régionaux d'élèves. Cet avis de l'AQCS soumis au ministre... est
soumis au ministre afin de contribuer à l'amélioration du processus lié au
traitement des plaintes des parents et des élèves.
Trois commentaires généraux, d'abord.
Alors, on va débuter avec la définition de certains termes. Le projet de loi n° 9
utilise différents termes qui ont un impact sur le travail des cadres des
services et des établissements. Une définition des termes suivants permettrait
de clarifier l'application de différents articles du projet de loi.
D'abord, le terme «plainte», qui est un
terme générique, qui peut désigner une simple demande d'information, une
insatisfaction, par exemple, facturation pour les services de garde, une
retenue lors d'une récréation ou code vestimentaire, et s'étendre jusqu'à une
réclamation ou une poursuite, c'est le mot clé du projet de loi, et le définir
nous apparaît impératif. «Dénonciation». Le projet de loi remplace les notions
de signalement et de plainte par celle de la dénonciation au sens du plan de
lutte contre l'intimidation et la violence. On se demande un peu pourquoi avoir
inclus ce terme. «Allié». Comment interpréter ce terme?
Deuxième commentaire général, la procédure
d'examen des plaintes. L'article 220.2 de la Loi sur l'instruction
publique, prévoyant que les centres de services scolaires et les commissions
scolaires doivent établir par règlement une procédure d'examen des plaintes, a
été modifié par l'article 69 du projet de loi. Notre association s'interroge
sur la portée et l'application d'un tel règlement local puisque tout le
processus de traitement des plaintes est défini par le projet de loi.
Troisième commentaire général, le réseau
de la santé. Le projet de loi prévoit différents délais à chaque étape de la
procédure d'examen des plaintes. Or, plusieurs plaintes liées aux services
éducatifs nécessitent des diagnostics et des évaluations des professionnels du
réseau de la santé pour les élèves à besoins particuliers. Alors, on pense ici
aux évaluations pédopsychiatriques, des plans de services individualisés
également. Donc, il est important que le législateur fasse un arrimage étroit
avec ce réseau sur le plan des délais prévus au projet de loi.
Nominations et organisation au comité de
sélection pour les protecteurs régionaux de l'élève. Des cadres des services
administratifs des CSS sont exclus du comité de sélection pour les protecteurs
régionaux de l'élève, ce que nous avons du mal, je ne vous le cache pas, à
concevoir. Les cadres des services offrent des services directs à l'élève, dont
l'impact sur leur réussite, est fondamental.
Et, pour fins d'illustration, on pense ici
aux cadres des services éducatifs, qui sont responsables en bonne partie des
services complémentaires, des services régionaux pour les écoles régionales, l'adaptation
scolaire, cours d'été, technologies de l'information puis tout ce qui est
soutien technopédagogique, les secrétaires généraux responsables des plaintes,
les gens qui sont à l'organisation scolaire, tout le champ de la mission d'inscription,
transfert d'élèves, le transport scolaire et les ressources humaines.
Donc, étant donné le rôle et les fonctions
qu'ils exercent, il est incontournable que des cadres scolaires soient inclus
au sein du comité de sélection pour l'embauche des protecteurs régionaux. Et
notons que la majorité des plaintes dans les CSS concerne les plaintes ou les
services liés aux élèves HDAA dont ce sont les services éducatifs, l'organisation
scolaire, qui est l'admission ou l'inscription des élèves, les transferts ainsi
que le transport.
• (9 h 10) •
Fonctions et responsabilités. L'article 15
du projet de loi attribue un rôle de veille des droits des élèves au protecteur
régional de l'élève. Selon l'AQCS, ce rôle devrait être précisé. Devrait-il s'établir
dans le cadre spécifique du traitement d'une plainte ou plus largement? L'AQCS
propose que le protecteur régional de l'élève s'assure... assure, pardon, son
rôle de veille uniquement dans un contexte de dépôt d'une plainte ou lors d'une
demande d'avis.
Par ailleurs, nous constatons que le
protecteur régional devra donner son avis sur toute question que lui soumet le
conseil d'administration de la CSS, un comité de parents ou un comité <des...
M. Parent (Jean-François) :
...un comité >des élèves relativement aux services que rend le CSS.
Cette notion devra être clarifiée. Les avis du protecteur régional de l'élève
seront-ils rendus publics, soumis au conseil d'administration? De quelle façon
les suivis vont être assurés? C'est une préoccupation que nous avons.
Le libellé de l'article 21 du projet
de loi, maintenant, prévoit que l'élève, l'enfant ou les parents de ceux-ci qui
sont insatisfaits d'un service peuvent formuler une plainte à la personne
directement concernée par la plainte ou à son supérieur immédiat. L'utilisation
du verbe «pouvoir» dans cet article laisse supposer que le plaignant peut
passer à un autre palier d'intervention avant d'en saisir la personne concernée
ou son supérieur immédiat. L'AQCS demande que le verbe «devoir» soit utilisé
dans cet article de façon à bien respecter chacune des étapes du cheminement d'une
plainte.
Par ailleurs, l'article 23 du projet
de loi préoccupe vivement l'AQCS, notamment à l'égard du rôle confié au conseil
d'administration d'un CSS relatif au traitement d'une plainte. Ce rôle ne
correspond pas aux principes de saine gouvernance des nouveaux conseils d'administration.
Le C.A. d'un CSS doit, d'abord et avant tout, se porter garant du respect de la
mission du centre de services scolaire.
Ainsi, il doit adopter un plan d'engagement
vers la réussite, évaluer la performance de l'organisation en fonction de ce
plan, embaucher un directeur général à qui il délègue son autorité sur les
affaires courantes. Il exerce une surveillance appropriée, et voit à ce que le
centre de services scolaire procède à une gestion compétente des risques, et
adopte un budget annuel ainsi que l'ensemble des politiques de l'équipe de
direction. Le conseil d'administration ne doit pas avoir de rôle dans la
gestion courante de l'organisation. Celle-ci appartient, d'abord et avant tout,
à la direction générale. L'avis sur le bien-fondé d'une plainte ne devrait donc
pas être transmis au conseil d'administration, mais bien à la direction
générale, qui veillera à s'assurer que tous les aspects de la plainte, en
fonction de sa nature et de sa portée, ont été traités avec rigueur.
Ajoutons, à la lumière de notre expérience
terrain, qu'il est irréaliste que les C.A. soient saisis de tous les avis des
responsables du traitement des plaintes. Une analyse de quelques compilations
annuelles de traitement des plaintes laisse présager que plusieurs centaines d'avis
risquent d'être transmis aux membres des conseils d'administration, et, en
vertu des dispositions de l'article 23 du projet de loi, le responsable du
traitement des plaintes doit donner son avis sur le bien-fondé d'une plainte
dans un délai de 15 jours ouvrables.
Le conseil d'administration devra donc
tenir plusieurs séances extraordinaires, et probablement plus de séances
extraordinaires que de séances ordinaires. Cette fréquence de rencontres pour
des dossiers d'affaires courantes va à l'encontre des principes de saine
gouvernance et accrédite la thèse que la direction générale doit jouer un rôle
de premier plan en matière de traitement des plaintes.
Le traitement des plaintes dans les
établissements privés maintenant. L'article 26, alinéa deux, du
projet de loi prévoit qu'aux fins de l'application de la section relative au
traitement des plaintes par un CSS ou un établissement d'enseignement privé le
conseil d'administration du centre de services scolaire désigne un
établissement d'enseignement privé. Concrètement, cela signifie qu'un directeur
général d'un établissement d'enseignement privé substitue le C.A. d'un CSS
public et que le législateur accorde au privé une souplesse administrative que
le public n'a pas. Nous ne sommes pas opposés à cette application dans le
réseau privé dans la mesure où les mêmes responsabilités sont confiées aux
directeurs généraux des CSS.
Traitement des plaintes par le protecteur régional
de l'élève. Le rôle du protecteur régional de l'élève est défini dans le
chapitre II, section II du projet de loi, et cette partie du projet
de loi précise, entre autres, que, lorsque le protecteur régional de l'élève
examine une plainte, il doit en informer le CSS. Toutefois, quand il refuse d'examiner
une plainte ou qu'il met fin à l'examen d'une plainte, le protecteur régional de
l'élève n'a pas l'obligation d'en informer le CSS. L'AQCS croit que le
protecteur régional de l'élève devrait avoir l'obligation d'informer le
responsable du traitement des plaintes.
Délais applicables maintenant. L'article 39
précise, par ailleurs, que «le centre de services scolaire doit, dans les 10
jours ouvrables de la réception de toute conclusion ou recommandation, informer
par écrit le plaignant et le protecteur régional de l'élève des suites qu'il
entend donner et, le cas échéant, des motifs justifiant tout refus d'y donner
suite». Étant donné qu'en vertu de l'article 58 du projet de loi le
conseil d'administration peut infirmer, en tout ou en partie, une décision
visée par les conclusions ou des recommandations formulées en application de l'article 38
de la Loi sur le protecteur national de l'élève et prendre la décision qui, à
son avis, aurait déjà été prise en premier lieu, l'AQCS considère que le délai
prévu à l'article 39 du projet de loi n'est pas suffisant pour permettre
au conseil d'administration d'examiner la décision du protecteur régional de l'élève.
L'AQCS propose un délai de 20 jours ouvrables.
En conclusion, nous <insistons...
M. Parent (Jean-François) :
...nous
>insistons pour que les principes de subsidiarité et de saine gouvernance
soient respectés relativement aux avis sur le bien-fondé des plaintes à
remettre au conseil d'administration. La direction générale doit être mise à
contribution. Le législateur doit lui laisser sa place. Quant au conseil d'administration,
il pourra en être informé subséquemment, et ce, dans une forme plus générale
qui protégera la confidentialité de l'information. Le législateur devra porter
une attention particulière pour reconnaître pleinement l'expertise des cadres
et leur accorder leur place au comité de sélection des protecteurs régionaux d'élèves.
Ajoutons, en terminant, qu'il est
important que ce projet de loi prévoie une meilleure communication entre les
protecteurs régionaux d'élèves et leurs responsables de traitement des plaintes
des centres de services scolaires. Je vous remercie de votre attention.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup. Donc, nous pouvons débuter les échanges, en commençant avec M.
le ministre.
M. Roberge : Oui. Alors,
merci beaucoup pour votre mémoire et votre présentation, M. Parent, Mme Dion et
M. Parent.
D'abord, je constate que, comme, je pense,
la grande majorité des intervenants, vous considérez que c'est certainement une
avancée qu'on fait avec ce projet de loi là. Vous arrivez quand même avec
plusieurs propositions d'amendements, et je vous reconnais, comme groupe, là,
toujours, je dirais, pointilleux sur la cible, avec des propositions assez
précises, là. On voit que vous êtes des gens qui travaillent, en ce moment,
dans le réseau, qui traitez, en ce moment, des plaintes. En tout cas, vous avez
parmi vos membres des gens qui ont les deux mains dedans. Donc, on va... Si
vous le voulez, je vais y aller assez vite pour passer une après l'autre
certaines de vos recommandations, préoccupations, pour bien, bien les
comprendre.
D'entrée de jeu, vous dites que c'est une
bonne chose que, dans le projet de loi, tel qu'il est écrit à ce moment, c'est
une bonne chose que le protecteur régional de l'élève ne soit pas la porte d'entrée.
D'autres groupes nous ont dit le contraire ou, en tout cas, d'autres qui s'en
viennent aussi nous disent qu'on devrait, d'entrée de jeu, pouvoir aller au
protecteur régional. Pourquoi vous privilégiez de ne pas faire du protecteur la
porte d'entrée?
M. Parent (Jean-François) : Bien,
vous savez, une organisation, de façon à ce qu'elle évolue... qu'elle évolue
bien, elle doit être bien rattachée à sa mission, à sa clientèle, en l'occurrence
les parents des élèves, l'enfant. Si les gens qui sont sur le terrain ne sont
pas mis à contribution pour résoudre une problématique particulière ou une
plainte, alors, que ce soit au niveau de l'établissement ou au niveau du centre
de services scolaire, l'organisation est, en quelque sorte, un peu désincarnée
de la satisfaction de sa clientèle ou de l'insatisfaction de sa clientèle, et
on s'en va directement à une personne qui est indépendante.
Alors, vous savez, M. le ministre, on
montre aux enfants, sur les cours d'école, dans le cadre du programme Vers le
Pacifique, de résoudre ensemble leurs problèmes, hein? On leur demande de faire
de la conciliation s'il y a un problème, d'aller voir le surveillant sur la
cour d'école. Par la suite, bien, tu sais, s'il y a une difficulté, les parents
peuvent aller à la direction. Donc, on franchit les étapes une à une. Alors, je
pense qu'en tant qu'adultes c'est aussi ce qu'on doit faire par rapport aux
centres de services scolaires et aux différents paliers de plaintes.
M. Roberge : ...tellement
ancré sur la réalité de l'école et même de la cour d'école, ce que vous venez
de dire. J'en ai des souvenirs, effectivement, médiation entre élèves,
surveillants d'élèves, directions d'école. Là, avec le protecteur de l'élève,
on se dit : Bien, l'école, le centre de services, le protecteur régional...
Je comprends la démarche.
Pour ce qui est des délais, encore une
fois, il y a des gens qui trouvent que ça va trop vite, d'autres qui trouvent
que ça ne va pas assez vite. Je comprends que vous voulez, évidemment, que les
choses se fassent bien. Vous nous dites que ça serait peut-être préférable d'allonger
les délais. Je vous retourne une question. Est-ce qu'on pourrait peut-être
garder les délais tels qu'ils sont avec la possibilité d'y déroger de manière
exceptionnelle ou d'y déroger... toujours en ayant l'obligation de se justifier,
plutôt que systématiquement augmenter le nombre de jours à chacun des paliers?
• (9 h 20) •
M. Parent (Jean-François) : On
serait plutôt à l'aise avec ça. Je dois vous dire qu'on ne s'est pas attardés à
l'ensemble des délais un à un puisqu'au global ils nous convenaient. On
convient, par exemple, qu'il peut y avoir des situations plus complexes qui
nécessitent des délais de traitement plus longs. Puis on convient également qu'il
peut y avoir des périodes dans l'année, notamment, lorsqu'il y a <un...
M. Parent (Jean-François) :
...lorsqu'il y a >un goulot d'étranglement, là, à la rentrée, par
exemple, en juin, lors des périodes de classement, par exemple, de transport scolaire
également, des transferts d'élèves. Alors là, ça peut peut-être être un petit
peu plus long. Et on ne peut pas ignorer aussi la période de l'été qui, elle
aussi, là, peut causer peut-être des petites difficultés, là, pour rejoindre
tout le monde. Donc, on serait à l'aise avec ça.
Là où il y a un délai qui, pour nous,
était un petit peu plus problématique, c'est celui où... Lorsqu'on reçoit du
protecteur de l'élève une recommandation et qu'on donne 10 jours au centre
de services scolaire, là, pour, peut-être, infirmer, en tout ou en partie, là,
sa recommandation, je dois vous dire que ce délai-là de 10 jours, pour
nous, était peut-être celui, là, qui était un petit peu plus problématique.
Donc, lui, il pourrait être effectivement prolongé, là, dans certaines
circonstances. On pense que ça pourrait se produire.
M. Roberge : Je poursuis
la discussion avec vous sur ce thème-là, parce que c'est important autant, pour
le réseau, de faire son travail comme il faut, mais autant pour le parent et l'élève,
parce que, bien, pour eux, c'est toujours une urgence, c'est toujours... eux,
ils ne sont pas dans un cas, ils sont dans leur enfant, ils sont dans... Puis,
s'ils portent plainte, c'est parce que ça les touche, là, au cœur. Ce n'est
pas, sans doute, pour une dictée où il fallait avoir 19 sur 20 plutôt que
18 sur 20. Alors, c'est quelque chose, d'habitude, qui est assez important.
Le fait que vous, vous souhaitez un délai
plus grand à la toute fin du processus, là, dans le cas où un protecteur émet
des recommandations, puis ce n'est peut-être pas à chaque fois, là, est-ce que
c'est parce que ça se rend au conseil d'administration et que vous dites :
Bien, écoutez, là, les conseils d'administration ne se réunissent pas toutes
les semaines? Et donc qu'est-ce qui serait le mieux : allonger le délai
pour que ça se rende au C.A. ou garder le délai tel qu'il est, mais que ça ne
soit pas le C.A. qui s'en occupe?
M. Parent (Jean-François) : Bon,
la question est bien pertinente, et on s'est penchés sur cette question-là, et,
quand on examine, par exemple... Bien, deux choses.
Première chose, un conseil d'administration...
si on doit aller au conseil d'administration, c'est sûr qu'on doit l'informer
de l'ensemble du dossier, de a jusqu'à z, ce qui est quand même... On part du
début avec un conseil d'administration, ce qui risque d'être assez long. L'autre
aspect du conseil d'administration, selon les périodes de l'année, c'est toute
la question du quorum. Alors, on peut avoir à convoquer, mais il faut avoir
quorum. Donc, ça, c'est un aspect important.
L'autre chose par rapport à l'article... là,
c'est 58, je crois, on a... du côté privé, on dit que l'institution d'enseignement
privé, dans le fond, ça ne va pas du côté du conseil d'administration parce que
c'est l'établissement d'enseignement privé. Donc, eux, ils ont cette étape-là
de moins à faire que nous, ce qu'on trouve intéressant, alors que nous devons
faire cette étape-là avec le conseil d'administration. Si vous jugez opportun
qu'on le fasse avec le conseil d'administration, bien là, je pense qu'il
faudrait nous donner un peu plus de temps pour s'assurer qu'il est bien saisi
du dossier et qu'il puisse bien prendre... bien le comprendre avant de prendre
une décision sur la recommandation du protecteur régional de l'élève.
M. Roberge : O.K., je
comprends bien. Je vous dirais qu'on avait mis un délai assez court à la toute
fin aussi parce que l'organisation, qui est le centre de services scolaire,
connaît quand même le traitement de la plainte. Il l'a traitée en première
instance, en seconde instance. Donc, ce n'est pas comme quelque chose qui
arrive... qui est totalement nouveau. Il y a quand même quelqu'un à l'école...
puis le responsable du traitement des plaintes qui connaît ce dossier-là. Donc,
on ne tombe pas des nues, mais je comprends votre préoccupation.
Vous nous parlez du rôle de veille et vous
dites : Attention, le rôle de veille du protecteur devrait s'exercer
seulement en contexte de plainte. Et je comprends ce que vous voulez dire,
parce qu'il ne faut pas penser que c'est le désert, il n'y a rien, et là qu'on
arrive avec le protecteur de l'élève, et que le protecteur de l'élève doit, à
lui seul, être garant de la bonne marche du réseau.
Il y a un paquet d'organigrammes... un
paquet d'éléments dans l'organigramme, un paquet de personnes. Il y a le
conseil d'administration, il y a le conseil d'établissement. Ces gens-là voient
à ce que ça fonctionne bien dans le réseau. Il y a le ministère. Il y a la commission
des droits de la personne et de la jeunesse. Il y a le Conseil supérieur de l'éducation
aussi, qui, lui, est dans un grand tout, a le pouvoir d'autosaisine, se donne
des mandats pour vérifier ce qui va plus ou moins bien dans le réseau et faire
des avis généraux qui <s'adressent...
M. Roberge :
...généraux qui >s'adressent aux ministres, qui s'adressent au
gouvernement, qui s'adressent à toutes les instances. Mais il y a, malgré tout,
des gens qui souhaitent que le protecteur de l'élève puisse, je vous dirais,
avoir une espèce de vue d'ensemble sur le réseau et puisse se saisir d'une
question ou d'une autre.
Est-ce que vous pensez... Et donc je vous
ai partagé un peu mon analyse, mais j'aimerais avoir la vôtre. Considérant les
conseils d'établissement, les C.A. et tout ce qui existe, y compris le Conseil
supérieur de l'éducation, est-ce que vous pensez que l'institution du
protecteur, soit national ou régional, devrait, lui aussi, se mettre à se
saisir d'une question ou d'une autre et de produire des rapports, là, comme ça,
en autosaisine?
M. Parent (Jean-François) :
Nous, on est un peu moins à l'aise avec ça. Sincèrement, je vous dirais que ce
qu'on voit comme rôle du protecteur régional puis, ultimement, du Protecteur
national, c'est de dire...
Si, par exemple, le protecteur régional
reçoit plusieurs plaintes concernant un dossier donné, disons le transport
scolaire, et que, là, il décide, de son propre chef, de dire : Je vais
faire une analyse des différents politiques de transport scolaire des centres
de services scolaires, parce qu'il me semble y voir une difficulté ou il semble
y avoir un défi ou un enjeu, là, ça, nous, on voit ça d'un bon œil, la même
chose du côté des avis. S'il y a des avis qui sont fréquemment demandés, par
exemple, sur un sujet en particulier, alors que ce soit, par exemple, sur les
services aux élèves HDAA, bien, peut-être qu'il va se dire : Très bien, ce
serait bon de regarder les différentes politiques de services complémentaires
ou les politiques de services aux élèves HDAA.
Mais on voit mal, par exemple, qu'il
décide, s'il n'a pas trop de demandes d'avis ou peu de plaintes, par exemple,
sur le financement des budgets d'entretien aux ressources matérielles, de se
pencher sur cette question-là. On trouve que son rôle devrait d'abord être le
gardien ou encore la personne qui va veiller sur les aspects ou les enjeux où
il a plus d'appels, où il a le plus de demandes d'avis, le plus de plaintes. Ça
nous apparaît être là le cœur de la question.
M. Roberge : Et c'est un peu
comme ça qu'est bâti le projet de loi en ce moment, avec les rapports annuels
du protecteur national, qui peut, dans le cadre de son rapport annuel,
justement, creuser une question en fonction des plaintes.
Je vous remercie pour votre présentation
et les réponses que vous apportez, mais je vais laisser maintenant la parole à
mon collègue député de Saint-Jean pour la suite.
M. Parent (Jean-François) : Très
bien.
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le député.
M. Lemieux : Merci, Mme la
Présidente. On parle de combien de temps?
La Présidente (Mme Guillemette) :
5 min 30 s.
M. Lemieux : Merci beaucoup.
Messieurs, madame, je voulais commencer par le commencement de votre mémoire,
avec ce que vous dites au sujet de la sémantique de la chose. Puis les débats
de sémantique, il faut faire attention, c'est parfois ce qui peut être le plus
long et le plus difficile. Je ne voulais pas passer tout mon temps là-dessus,
mais je voulais vous entendre. Pas que ce n'est pas clair, ce que vous dites,
mais j'aimerais que vous alliez un petit peu plus loin par rapport à ce que ça
change tellement pour vous, parce qu'au final les parents, là, que ce soit
parce que l'autobus ne passe pas, parce qu'il y a un problème de cour d'école,
parce qu'il y a un problème humain, parce que... pour le parent, là, appelez ça
comme vous voulez, il a besoin d'appeler quelque part. Alors, je voulais juste
vous entendre pour comprendre un peu mieux l'importance que ça avait pour vous.
• (9 h 30) •
M. Parent (Jean-François) :
Oui. Alors, du côté d'une... Le mot «plainte», pour nous, est un générique qui,
dans notre pratique... puis il faut le vivre au quotidien, là, pour entendre
les gens, peut amener, par exemple, à avoir des demandes d'information, des
insatisfactions et, véritablement, des demandes pour des correctifs. Alors, par
exemple, on peut avoir des gens qui appellent pour une demande d'information, d'autres
qui vont dire : Écoutez, je vous appelle parce que je trouve que votre
politique de ne pas envoyer les enfants à l'extérieur pendant la récréation à
moins 20°, moi, je ne suis pas à l'aise avec ça, alors je voulais vous le dire.
Donc, il n'y a pas nécessairement de suivi
de plainte à faire, mais il y a une insatisfaction. Est-ce que c'est une
plainte? Une autre chose qui peut également arriver : Moi, je voudrais
vous dire que tel enseignant au secondaire, là, je remarque que... je ne veux
pas que vous en parliez à la direction, mais moi, là, ça me préoccupe, là, puis
je voulais juste que vous le saviez. Ça arrive, ça, dans notre quotidien. Donc,
est-ce qu'on doit le traiter comme plainte?
Récemment, on regardait une compilation
annuelle de différentes plaintes pour se rendre compte que les CSS les traitent
de façon différente. Certaines vont intégrer ce que je vous ai dit, d'autres
pas. Toutes les plaintes pour le secteur du transport scolaire, par exemple,
sont, règle générale, traitées par le service du transport scolaire et ne vont
pas au secrétariat...
9 h 30 (version révisée)
< M. Parent (Jean-François) :
...pour le >traitement des plaintes. Est-ce que, dans un bilan, on doit
les considérer, ces plaintes-là? Parce que vous savez, au transport, elles sont
nombreuses, là, le transport du midi, le transport à des adresses différentes,
demandes de changement d'arrêt, par exemple, zones dangereuses. Donc, c'est
très nombreux, là.
Est-ce qu'on doit... Est-ce que ça en fait
partie? Est-ce que ça doit être, par exemple, compilé? Parce qu'éventuellement
peut-être que ça pourrait amener le protecteur de l'élève à comparer les
centres de services scolaires les uns avec les autres en matière de plainte et
de traitement de plaintes. Et là, bien, par exemple, si on se rend compte que,
par 1 000 élèves, il y a beaucoup plus de plaintes dans un milieu que
dans un autre, bien, il faudrait savoir si, par exemple, un secteur ou un
centre de services scolaire considère les demandes d'information ou les
insatisfactions, puis l'autre, pas du tout.
Donc, on s'est buté un petit peu à ça en
regardant les compilations récemment et on pense que ça pourrait être le cas
aussi, éventuellement, si ce n'est pas précisé.
M. Lemieux : Il me reste un
peu de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Oui, deux minutes.
M. Lemieux : Merci. Bien,
effectivement, comme je le redoutais, la sémantique nous amène à bien des
endroits. Pour moi, c'est... service à la clientèle, service de plainte, à
quelque part, quand on est gros, on a plusieurs services, quand on est petit,
comme un bureau de député, il y a juste un numéro, puis il y a une personne
pour répondre, puis ça devient toutes des plaintes, des commentaires puis un
service à la clientèle.
Et là où je voulais vous amener,
justement, puis je voulais vous entendre là-dessus... parce que mon bureau de
comté, et je présume que c'est vrai dans les 124 autres, reçoivent
beaucoup d'appels. Je ne dirai pas des plaintes, là, ils reçoivent beaucoup d'appels
vis-à-vis les écoles, le centre de services scolaire, et on sent qu'il y a un
manque de... je voudrais être poli, là, mais un manque de confiance, disons-le
comme ça, là, à une certaine étape dans le processus. Et le projet de loi, à
mon sens, va nous aider à mieux voir aller les choses et va aider les parents
surtout, quand je parle de manque de confiance, je parle des parents, à leur
redonner confiance dans un processus qui me semble beaucoup plus clair et
ultimement efficace.
Est-ce que vous le sentez comme ça,
généralement parlant, ce projet de loi là? Est-ce que vous sentez que c'est
nécessaire de redonner confiance aux parents qui... en tout cas, à l'égard de
ceux qui nous appellent, sont loin d'avoir toute confiance, là?
M. Parent (Jean-François) : Oui,
je comprends, et je comprends que vous entendez la partie de ceux qui vous
appellent, mais vous n'entendez pas la partie de ceux qui ne vous appellent
pas. Parce que, dans les centres de services scolaires, on regardait, par
exemple, certaines compilations, comme on vous le mentionnait récemment, et
dans un centre de services scolaire, là, disons autour de 30 000 élèves,
il peut y avoir facilement, là, si on donne, on attribue la notion large de
plainte puis qu'on exclut le transport scolaire, il peut y avoir 300, 400, bon,
500, là, si on augmente le nombre d'élèves vers 40 000, 45 000 élèves,
plaintes, et elles sont, dans la très grande majorité des cas, réglées avec
satisfaction.
Ce dont vous entendez parler, c'est
probablement ces quelques plaintes qui sont beaucoup plus complexes et qui
nécessitent des délais de traitement beaucoup plus longs. Alors, ça, ça peut
arriver, par exemple, dans le cas de la pédopsychiatrie, par exemple, où on a
des liens avec le réseau de la santé, puis où un élève ne peut... peut ne pas
être scolarisé pendant quelques semaines. Ça, c'est malheureux...
M. Lemieux : Je n'aurai plus
de temps, là, mais je voudrais vous entendre me dire si vous trouvez que le
projet de loi s'en va dans la bonne direction pour redonner confiance.
M. Parent (Jean-François) : Oui,
oui. Je penserais que oui, mais je veux juste vous dire que vous entendez
malheureusement une minorité.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup. Ça termine les échanges. Nous allons continuer avec la
députée de Mille-Îles. Mme la députée.
Mme Charbonneau : Merci, Mme
la Présidente. Mme Dion, MM. Parent, Parent avec un s, cette fois-ci,
puisque vous êtes monsieur et M. Parent, merci. Merci d'avoir rédigé ce
mémoire et de nous avoir guidés un peu, je vous dirais, au départ, dans le même
sens que les gens qu'on a reçus hier, donc dans le principe même des
définitions, puisque quelque chose de bien défini peut être bien appliqué.
Dans le principe des définitions, vous
dites qu'il serait bien de pouvoir dire c'est quoi, une plainte. Et je vous dirais :
Est-ce qu'il n'y a pas lieu de rajouter... Vous avez rajouté «allié», parce que
ça semble inquiéter bien des gens. J'aimerais ça vous entendre un peu sur le
principe qui veut qu'on choisisse ou qu'on ne fait pas le choix de quelqu'un
qui a un allié à la commission scolaire ou dans le principe scolaire. Je
voulais vous entendre sur l'inquiétude que vous aviez là-dessus.
M. Parent (Jean-François) : Oui,
en fait, cet aspect-là est important pour, entre autres, le recrutement, là, du
protecteur de l'élève. Nous, on trouvait que c'était peut-être plus en lien
avec la <définition de parent, mais...
M. Parent (Jean-François) :
Nous,
on trouvait que c'était
peut-être plus en lien avec la >définition
de parent, mais on trouvait que d'associer ou d'exclure quelqu'un qui est
parent, éventuellement, de devenir protecteur régional de l'élève, pour nous,
on pouvait écarter, là, plusieurs bonnes candidatures. Maintenant, peut-être
que mes collègues pourraient intervenir, là, sur la notion du mot «allié».
M. Parent (Érick) : Bien, je
vais y aller. Donc, juste pour vous donner un exemple, là, pour la députation,
chez nous, au centre de services de la Capitale, la notion d'allié, de parent, là,
avec l'article 9, ça fait en sorte qu'il y a 15 membres du conseil d'administration
actuellement, il y a 47 personnes qui siègent au comité de parents, donc
47 parents au comité de parents. J'ai 72 conseils d'établissement qui
sont composés de 10 à 15 parents par conseil d'établissement, donc à peu
près 1 000 personnes, et on a un peu plus de 7 000 employés
dans notre centre de services.
Donc, c'est de se priver de...
probablement de près de 10 000 personnes. Donc, on trouve que ce
critère-là, là, demande une réflexion, puis ce qu'on propose, c'est
probablement... c'est que... plutôt de laisser au protecteur national le soin,
là, d'établir les balises de sélection du protecteur régional.
Mme Charbonneau : ...M. Parent,
sachez que je suis une alliée indéfectible des parents, donc vous allez trouver
chez moi beaucoup d'écoute par rapport au principe de... les parents sont non
seulement une source impérissable de compétences, mais peuvent être des gens
très, très intéressants alentour d'une table pour comprendre le système
scolaire.
Je veux vous entendre rapidement sur le
découpage de régions. Ça m'intrigue beaucoup, puisque chaque commission
scolaire et chaque centre scolaire a un découpage qui lui appartient et là
aussi une différence entre les anglophones et les francophones. Et on se
souviendra qu'une école privée n'a pas de régionalisation, hein, elle peut
aller piger dans toutes les piscines qu'elle veut. Ça lui appartient, ça dépend
du choix du parent et non du choix de la desserte.
Alors, je voulais vous entendre sur le
principe, puisque le projet de loi parle d'une régionalisation, hein, d'un
principe régional, mais on sait que les commissions scolaires anglophones sont
beaucoup plus larges qu'une seule région et que les commissions scolaires
francophones quelquefois... et, si je prends Montréal, c'est le cas. Bien, il y
a cinq commissions scolaires francophones, plus l'anglophone, et des politiques
et des façons de faire qui sont similaires et différentes. Donc, je voulais
vous entendre sur le principe du découpage.
M. Parent (Jean-François) : Oui,
deux choses là-dessus. On parle de régions, mais on ne définit pas très bien,
là, ce qu'est une région. Donc, première des choses, ce que l'on voyait, c'est
que si, par exemple, il y a un protecteur régional de l'élève pour la région de
la Côte-Nord, bien, il est clair qu'avec peut-être autour de 8 000, 10 000 élèves,
par rapport à un protecteur régional pour, disons, l'île de Montréal avec,
disons, un bon... près de 200 000 élèves, on voyait là une certaine
disparité, puis peut-être une iniquité, je dirais. Donc, ce qu'on se disait, c'est
qu'il faudrait que la notion de région, là, soit peut-être un peu plus large et
puisse comprendre qu'un protecteur régional soit à la fois... une personne soit
à la fois sur la Côte-Nord, au Saguenay—Lac-Saint-Jean puis en Abitibi, par
exemple, pour avoir une tâche équilibrée, tout en tenant compte de la présence
du réseau privé.
Deuxième des choses, c'est que la notion
de région ne doit pas être la même pour le secteur anglophone que le secteur
francophone. Donc, pour le secteur anglophone, elle doit être beaucoup plus
englobante, parce qu'il y a des territoires comme Central Québec ou Eastern
Shores qui sont beaucoup plus vastes qu'une seule et unique région.
• (9 h 40) •
Mme Charbonneau : Je trouve
ça, je vous le dis, puis je réfléchis à haute voix, là, je trouve ça
particulier que vous faites une distinction entre anglophone et francophone,
mais pas entre privé et public. Mais ceci dit, un autre jour, je prendrai du
temps sur le principe privé-public. Je ne veux pas passer mon temps là-dessus.
Hier, on a reçu des groupes qui nous ont
sensibilisés sur le fait que d'avoir accès directement au protecteur de l'élève,
plutôt que de passer par la commission scolaire, peut être très aidant. Je vous
donne les deux groupes qu'on a reçus... bien, je vais vous dire, je vais vous
en donner un qui a fait un poids particulier, là, sur la façon de procéder, et
c'est Béliers solidaires. Pourquoi? Bien, parce qu'ils ont vécu des choses qui
fait en sorte qu'ils se sentaient confrontés à la structure scolaire, pas
entendus, et passer directement au protecteur de l'élève régional, dans le cas
du projet de loi, pourrait être très aidant.
Je vous donne un autre exemple parce que c'est
un dossier qui me tient à coeur. Dans le projet de loi, on parle d'intimidation.
Il y a quelques parents à qui j'ai eu le privilège de parler à différents
moments, où on a <conseillé...
Mme Charbonneau :
...
quelques parents à qui j'ai eu le privilège de parler à différents moments,
où on a >conseillé de changer leur enfant d'école, qui subissait de l'intimidation,
plutôt que de faire face à l'agresseur ou à la famille de l'agresseur. Donc, de
passer directement au protecteur de l'élève devenait beaucoup plus aidant que
de faire les cinq, six marches qu'il faut que je fasse pour avoir des réponses
puis des gestes concrets.
Je vous entends, quand vous dites :
On préférerait que... mais y a-t-il pour vous des cas qui pourraient être
considérés d'exception pour pouvoir avoir accès directement au protecteur de l'élève?
M. Parent (Jean-François) :
On n'a pas spécifiquement analysé la question de cas d'exception, là, de gens
qui pourraient passer directement au protecteur de l'élève. Je dirais que si,
dans l'esprit du parent, il y a une notion d'urgence et à laquelle, par
exemple, l'établissement ou encore le centre de services scolaire n'est pas en
mesure de répondre, ou encore ça a déjà été un dossier traité dans le passé
pour lequel ça a été extrêmement difficile pour eux, il y a peut-être là
quelque chose. Mais je vous dirais que c'est vraiment l'exception, parce que je
pense que, d'abord et avant tout, on doit travailler avec la direction d'établissement
puis le centre de services scolaire. Mais donc, sincèrement, nous, on est des
tenants de gens qui disent : Il faut d'abord passer par le palier un et le
palier deux avant d'aller au protecteur. Comme je vous dis, il peut y avoir des
situations très, très, très exceptionnelles, mais de notre point de vue, elles
ne sont pas nombreuses.
Mme Charbonneau : Dans vos
années d'expérience, est-ce que les recommandations qui sont venues du
protecteur de l'élève de chacun de vos établissements ont été mises en
application ou si les réponses qui ont été faites, c'est : On a une politique,
c'est comme ça qu'on la gère, puis il n'y aura pas de changement à la décision
qu'on a posée pour l'enfant, le jeune, l'étudiant ou la famille de l'étudiant?
M. Parent (Jean-François) :
Je vous dirais que règle générale, ce qui s'est produit, lorsque le protecteur
de l'élève est intervenu dans le milieu où j'ai oeuvré, c'était pour suggérer
des modifications, par exemple, à des politiques. Donc, c'étaient des
suggestions qui étaient soumises ou des recommandations qui étaient soumises au
conseil des commissaires. Et oui, effectivement, des suivis ont été effectués,
mais je dois vous dire qu'ils n'ont pas... on n'a pas eu de nombreux cas
là-dessus, là, peut-être deux modifications des politiques, là, notamment au
transport scolaire.
Mme
Charbonneau
:
Dans les ressources au niveau des EHDAA, vous n'avez jamais été confronté à une
limitation de services et un parent exigeait ou une famille qui apprécierait en
recevoir plus avec recommandation du protecteur de l'élève. Ce n'est jamais
arrivé. Je veux juste être sûre, là, qu'on s'entende.
M. Parent (Jean-François) :
Sur un plan personnel, dans le milieu où j'ai oeuvré, non. Je ne sais pas, là,
si mes collègues auraient des éléments pour compléter cette réponse-là, mais,
non, pas dans notre milieu.
M. Parent (Érick) : Au centre
de services de la Capitale, c'est arrivé une fois en 10 ans, et les
recommandations ont été suivies.
Mme Dion (Marie-France) :
Donc, j'oeuvre au sein du centre de services scolaire des Mille-Îles depuis
moins de deux mois, alors je n'ai pas cette connaissance-là, mais pour mon
ancien milieu, à Marguerite-Bourgeoys, la plupart des recommandations étaient
suivies.
Mme Charbonneau : Pour vous
taquiner, Mme Dion, je dirais, c'est vous qui avez le meilleur nom de
commission scolaire... de centre de services, parce que Mille-Îles, pour moi, c'est
un nom bien, bien important.
Les délais de mise en application. Le
ministre a touché un peu à l'inquiétude que nous aurons probablement tout le
long du projet de loi, c'est-à-dire répondre rapidement, adéquatement à un
parent, ou à une famille, ou à un jeune, ou à un étudiant, parce que je le
rappelais hier, puis il va falloir le préciser, éventuellement, le projet de
loi du protecteur de l'élève parle des conseils scolaires, ne spécifiant pas
que l'éducation des adultes et la formation professionnelle ne sont pas
touchées par le projet de loi. On sait, vous et moi, puis le ministre aussi,
là, que ça touche... un centre scolaire fait de quatre ans jusqu'à 72, des fois
82, dépendamment des gens qui ont le goût de poursuivre dans leurs études,
donne des cours... et sont vos étudiants. L'étudiant n'a pas d'âge et non de...
de péremption non plus.
Alors, les délais pour répondre aux gens
est très important, quelle que soit la notion de la demande. Parce que si j'ai
une demande en transport, je veux que ça se règle demain, parce que je ne veux
pas que mon jeune marche le deux kilomètres, je ne veux pas que mon jeune
marche le 1,2 kilomètre. Si je suis dans un principe de service puis que
ça doit avoir une analyse médicale, bien là, je suis dans un autre délai.
Alors, quand vous dites : Le 10 jours,
c'est trop court, on parle toujours de jours ouvrables, le 20 jours, ce
serait plus propice, est-ce qu'il y a lieu de mettre des jours plutôt que de
dire «dans des délais raisonnables» ou dans un moment donné très précis par
rapport au cas? Vous aimez mieux garder des jours ou vous aimeriez mieux qu'on
utilise un <vocabulaire...
Mme Charbonneau :
...donné très précis
par rapport au cas? Vous aimez mieux garder des
jours ou vous aimeriez mieux qu'on utilise un >vocabulaire qui fait en
sorte que les délais soient parfaits pour tout le monde?
M. Parent (Jean-François) : Je
comprends, là, dans votre question, que, dans le fond, ce que vous nous dites,
c'est : Est-ce qu'on doit aller au 20 jours ou on doit avoir une
formulation qui vous donne un peu plus de marge de manoeuvre? Est-ce que c'est
bien ce que je comprends de votre question?
Mme Charbonneau : Moi, je ne
vous donne pas la marge de manoeuvre à vous, mais aux parents. Mais je
comprends comment vous l'avez compris.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Malheureusement, Mme la députée, on n'a plus de temps pour la réponse.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Sauvée par la cloche, effectivement. Mais je céderais la parole à la
députée de Sherbrooke pour continuer les discussions. Mme la députée.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Je vous écoutais parler tout à l'heure, bon, vous nous dites que
vous ne souhaitez pas que le protecteur de l'élève soit la porte d'entrée. En
même temps, je constate une difficulté, là, dans les centres de services, à
compiler de manière systématique les plaintes. Vous nous dites que ce n'est pas
uniforme, là, d'un centre de services à l'autre, la manière de les compiler.
Moi, je trouve ça problématique, je pense
qu'on doit trouver une manière plus uniforme de recevoir les plaintes, de
compiler les plaintes, de savoir si tel geste posé par le parent est une
plainte ou pas. Parce qu'autrement, comment on va faire pour savoir c'est quoi,
les problématiques rencontrées? Puis il me semble que le plus simple, ce serait
que la porte d'entrée, ce soit le protecteur de l'élève, que quand, par
exemple, un parent vous appelle pour vous dire : Bien là, moi, je ne
comprends pas, mon enfant n'est pas sorti dehors aujourd'hui, que vous lui
expliquiez c'est quoi, la politique, quand il fait telle température, puis que
vous lui disiez : Si vous jugez que vous souhaitez porter plainte à l'égard
de cette pratique-là, voici la porte d'entrée, c'est le protecteur de l'élève.
Puis là le parent jugera si, oui, ça mérite une plainte formelle ou si, non, il
a eu réponse à sa question puis c'est bon. Est-ce que ça ne serait pas plus
simple?
M. Parent (Jean-François) : Nous,
ce n'est pas une option, là, que l'on privilégie. Que ce soit une organisation
scolaire, une organisation municipale ou même une organisation privée, là, qui
offre des services à ses clients, on pense que c'est important que l'organisation
soit près de ses clients, près de ses insatisfactions, près de ses plaintes
pour être davantage en processus d'amélioration continue.
Mme Labrie : Mais ce n'est
pas un magasin, là, c'est un service public. Est-ce qu'il n'y a pas lieu de
compiler ces plaintes-là de manière uniforme? Comment vous voulez qu'on fasse
pour les compiler de manière uniforme d'un centre de services à l'autre?
M. Parent (Jean-François) : Pour
la compilation, Mme Labrie, ça, nous, on est tout à fait ouvert là-dessus.
D'ailleurs, dans un avis qu'on avait déposé à la suite du rapport déposé par la
Protectrice du citoyen, on avait même souligné que la GRICS, qui est l'organisation
qui donne des services de technologie et d'informatique aux commissions
scolaires, fasse un système intégré, pour chaque centre de services scolaire,
de traitement de plaintes. Donc, ça, on serait bien à l'aise avec ça, là. C'était
une position qu'on avait, en 2018‑2019, sur ce sujet.
Mme Labrie : Un système
intégré qui serait le même, donc, pour tous les centres de services, donc une
autre porte d'entrée qui serait... qui permettrait aux parents de choisir le
centre de services pour lequel il veut enregistrer une plainte ou... Comment ça
marcherait?
M. Parent (Jean-François) : Non.
C'est que, dans les faits, on aurait un même système informatique dans chacun
des centres de services scolaires pour le traitement des plaintes : le
palier un, qui est l'école ou le centre de formation, le palier deux,
qui est le centre administratif, et par la suite, bien, dans ton traitement
des... dans ton registre ou dans ton logiciel, tu as ensuite une étape qui dit :
Ce dossier est passé au protecteur régional de l'élève. Puis là, bien, le
protecteur régional de l'élève, lui, ce serait bon, là, qu'il fasse ses suivis
auprès du centre de services scolaire pour voir s'il accueille le dossier, ou s'il
le rejette, ou s'il met fin, peu importe, alors pour favoriser une bonne communication
avec le centre de services scolaire, là.
Parce qu'il y a des dossiers, vous savez, Mme Labrie,
qui sont des dossiers aussi de ressources humaines. Si ça va directement au
protecteur régional de l'élève puis que là, bien, tu sais, on est dans des dossiers
qui sont plus de nature de relations de travail, par exemple, on voit mal, là,
que ça puisse aller directement au protecteur régional de l'élève, là. On pense
que, vraiment, la porte d'entrée devrait être le centre de services scolaire.
Et le parent devrait avoir confiance et être rassuré en sachant que, si ça ne
va pas bien là pour lui, il y aura toujours l'instance du protecteur régional
qui, de son point de vue à lui, agit plus comme ombudsman, par exemple. Donc,
on pense que ça devrait être de cette façon-là.
Puis tout à l'heure, quand j'évoquais, par
exemple, la ville de Québec, bien, tu sais, la ville de Québec, chaque
service...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup, M. Parent. C'est tout le temps que nous avions pour notre
présentation. On a les prochains invités qui sont déjà arrivés. Je vous
remercie tous les trois pour votre contribution aux travaux de la commission.
Et la commission suspend ses travaux
quelques instants, le temps d'accueillir les nouveaux intervenants. Merci.
(Suspension de la séance à 9 h 50)
>
(Reprise à 9 h 54)
La Présidente (Mme Guillemette) :
La Commission de la culture et de l'éducation reprend ses travaux. Et nous
accueillons maintenant l'Association des commissions scolaires anglophones du
Québec et leurs représentants : M. Dan Lamoureux, président, M. Russell Copeman,
directeur général, M. Sylvain Racette, président de l'Association des
directeurs généraux des commissions scolaires anglophones du Québec.
Bienvenue à vous trois. Donc, merci d'être
avec nous ce matin. Comme convenu, vous aurez 10 minutes pour faire votre
présentation, et, par la suite, il y aura échange avec les membres de la
commission. Donc, je vous cède dès maintenant la parole.
Association des commissions scolaires anglophones
du Québec (ACSAQ)
M. Lamoureux (Dan) : Merci
beaucoup. Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes, MM. les députés, nous vous
remercions de l'invitation pour vous <présenter...
M. Lamoureux (Dan) : ...nous
vous remercions de l'invitation pour vous >présenter...
La Présidente (Mme Guillemette) :
On ne vous entend pas bien.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Guillemette) :
On ne vous entend pas bien, monsieur, non plus. Avez-vous... Si, M. Racette,
vous fermez votre micro...
On va suspendre quelques instants puis on
va faire quelques tests, là, parce que...
(Suspension de la séance à 9 h 56)
(Reprise à 9 h 57)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, bienvenue. Nous reprenons les travaux. Donc, vous pouvez commencer depuis
le début pour une meilleure compréhension. Je vous cède la parole.
M. Lamoureux (Dan) : O.K.,
merci beaucoup. Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les députés,
nous vous remercions de l'invitation pour vous présenter nos commentaires et
recommandations sur le projet de loi n° 9, Loi sur le protecteur national
des élèves. Je suis Dan Lamoureux, président de l'Association des
commissions scolaires anglophones du Québec. Je suis accompagné de notre
directeur général, Russell Copeman, et du président de l'Association
directeurs généraux des commissions scolaires anglophones du Québec, Sylvain Racette.
This brief is submitted
jointly by the QESBA and by the Association of Directors General of English
School Boards of Québec. While we subscribe to many of the objectives of Bill n° 9, we have a number of general
observations and some serious concerns with certain aspects of the proposed
legislation.
M. Copeman (Russell) : ...M.
le ministre, Mmes les députées, nous ne sommes pas convaincus que le processus
de traitement des plaintes des élèves dans le réseau anglophone soit assorti de
problèmes structurels majeurs. Selon nous, le système actuel de protecteur de l'élève
autonome dans nos commissions scolaires, qui relève des conseils des
commissaires scolaires élus, fonctionne bien.
Cette position est validée par le très
faible nombre de cas qui sont effectivement déposés auprès des protecteurs de l'élève
dans notre réseau. Selon les rapports annuels des neuf commissions scolaires
anglophones durant la dernière année, pour laquelle des statistiques sont
disponibles, les protecteurs de l'élève ont reçu 285 plaintes au total,
dont le tiers étaient liées à la pandémie de la COVID-19.
Si le gouvernement entend s'assurer que
davantage d'élèves et de parents soient conscients de leurs droits et du
processus de traitement des plaintes et établir des délais réalistes et
uniformes pour traiter ces plaintes, il est possible de réaliser ces objectifs
sans nécessairement créer de toutes nouvelles bureaucraties régionales et
centrales.
Par ailleurs, nous avons de sérieuses
préoccupations, notamment en ce qui concerne l'accès en anglais au processus
régional de traitement des plaintes et la diminution du rôle et des pouvoirs
des conseils des commissaires scolaires, la plus haute instance des commissions
scolaires dans ce processus.
Le projet de loi élimine les actuels
protecteurs de l'élève des commissions scolaires, de même que le recours direct
des parents et des élèves au conseil des commissaires scolaires. Il les
remplace par un système de protecteur national de l'élève et de protecteurs
régionaux de l'élève administré au niveau central ainsi qu'un processus de
traitement de plaintes normalisé.
Bien que la fonction de protecteur en soit
uniformisée et professionnalisée, les commissions scolaires locales sont
essentiellement dessaisies de cette fonction. Voilà un autre exemple d'une
centralisation accrue par le gouvernement de l'administration des services d'enseignement
public.
• (10 heures) •
Conjugué à d'autres mesures législatives
récentes, le projet de loi contribue à la diminution progressive du contrôle et
de gestion locale des établissements d'enseignement par la communauté d'expression
anglaise. Il n'est pas évident non plus que le projet de loi rehaussera l'accessibilité
et l'efficacité du processus de traitement des plaintes pour les plaignants
dans le <système anglophone...
10 h (version révisée)
< M. Copeman (Russell) :
...l'efficacité
du processus de traitement des plaintes pour les plaignants dans le >système
anglophone. Le projet de loi prévoit que chaque région administrative sera
dotée d'un protecteur régional de l'élève. Nous ne sommes pas convaincus qu'un
modèle territorial régional soit en mesure de garantir les services nécessaires
du protecteur régional de l'élève en anglais, surtout à l'extérieur de la
région métropolitaine de Montréal. Les plaintes des élèves et des parents dans
les commissions scolaires anglophones risquent d'être marginalisées dans un
modèle territorial régional en raison de leur faible proportion,
particulièrement en région.
M. Racette (Sylvain) : Les
protecteurs régionaux de l'élève doivent être attentifs aux différences
éducatives et culturelles de notre réseau. Encore une fois, étant donné la
faible proportion que représente le réseau anglophone dans plusieurs régions,
nous craignons que ce ne soit pas tous les protecteurs régionaux de l'élève qui
en feront une priorité.
De plus, la majorité de nos commissions
scolaires couvrent plus d'une région. La proposition dans le projet de
loi n° 9 implique que les commissions scolaires
seraient appelées à travailler avec plusieurs différents protecteurs régionaux
de l'élève. Cela ne ferait qu'accroître la complexité pour les parents...
constituant un défi administratif de taille pour bon nombre de commissions
scolaires.
De plus, on ignore si les protecteurs
régionaux de l'élève qui desservent les commissions scolaires anglophones
auront l'obligation et la capacité de communiquer avec les plaignants en
anglais.
Pour toutes ces raisons, nous proposons un
modèle régional de traitement de plaintes beaucoup mieux adapté à notre réseau
d'éducation. Nous recommandons que la nature linguistique du système scolaire
québécois soit reconnue à l'aide de modifications au projet de loi n° 9 qui instaureraient un protecteur régional de l'élève,
ou plus d'un, qui traiterait exclusivement des plaintes provenant des
commissions scolaires anglophones et des écoles de langue anglaise privées.
En outre, le projet de loi pose également
des défis administratifs significatifs. Bien que plusieurs commissions
scolaires anglophones couvrent de vastes territoires, certaines d'entre elles
sont petites en termes d'effectifs scolaires relativement parlant. Cela
présente des défis particuliers dans l'organisation des services, où certains
administrateurs occupent plusieurs postes. La pression sur les administrateurs
des commissions scolaires est très forte et les ressources sont déjà mobilisées
au maximum.
Conséquemment, nous recommandons que le
délai de traitement des plaintes au niveau de la commission scolaire de
15 jours ouvrables soit légèrement prolongé afin de refléter la capacité
réaliste de nos commissions scolaires à traiter ces plaintes.
M. Copeman (Russell) : Le
projet de loi précise que le ministre de l'Éducation nomme les protecteurs
régionaux de l'élève parmi les personnes déclarées aptes à être nommées à ces
fonctions par un comité de sélection. Ce comité de sélection... de divers
partenaires du réseau. Bien que la représentation au sein du comité de
sélection soit variée, il est intéressant de noter que l'association des
commissions scolaires et la Fédération des centres de services scolaires n'y
sont pas représentées. Nous demandons que le comité de sélection des
protecteurs régionaux de l'élève, mentionné à l'article 6 du projet de
loi, inclue un représentant de l'association des commissions scolaires.
Nous avons quelques remarques au sujet du
traitement des plaintes au niveau des commissions scolaires. Initialement, le
rôle du protecteur de l'élève dans chaque commission scolaire a été créé à
titre d'organe impartial autonome afin d'étudier et identifier des solutions
aux problèmes locaux touchant les élèves et de formuler des recommandations
appropriées à l'intention du conseil des commissaires scolaires. L'ACSAQ a de
vives préoccupations par rapport au projet de loi proposé qui abolit le
protecteur de l'élève autonome local pour assigner la tâche à un employé d'une
commission scolaire.
Nous recommandons que le projet de loi
soit modifié de façon à donner au conseil des commissaires scolaires les
moyens, soit de conserver l'actuel protecteur de l'élève autonome de la
commission, soit de désigner une personne chargée de traiter les plaintes parmi
le personnel de la commission scolaire. À présent, un élève ou un parent peut
demander directement au conseil des commissaires scolaires de réexaminer une
décision d'une commission scolaire. En vertu du projet de loi, le conseil peut
encore renverser une décision suite à une demande d'élève ou d'un parent, mais
seulement sur recommandation du protecteur régional de l'élève. En autre mot,
les parents et les élèves ne peuvent plus porter plainte directement au conseil
des commissaires, l'instance ultime de gouvernance d'une commission scolaire.
Ce nouveau processus affaiblit le rôle du conseil des commissaires et restreint
le droit aux plaignants de pétitionner le <conseil des commissaires
scolaires...
M. Copeman (Russell) :
...
restreint le droit aux plaignants de pétitionner le >conseil des commissaires
scolaires.
En conséquence, nous demandons
premièrement que le projet de loi prévoie le droit du plaignant à un recours
direct au conseil des commissaires à tout moment du processus actuel des
plaintes, comme c'est le cas à l'heure actuelle.
M. Lamoureux
(Dan) :
The
QESBA thanks the committee on culture and education for the opportunity to be
heard during the parliamentary consultation on Bill 9. The QESBA and the
ADGESBQ are not convinced that the complaint process in the English education
network meets... needs the creation of a regional and national bureaucracies to
improve the rights of students and their parents to appropriate educational services.
However, if the National
Assembly should decide to proceed with this reform, we have proposed certain
modifications to take into account the particular realities of both the
Government and of the needs of our school system and the people it service. The
concerns about local sensitivity and language of service are crucial factors
for the National Assembly to consider.
Finally, Bill 9 removes
several elements of self-management of our school system, which school boards
have vigorously defended over decades, self-management which is crucial to the
English-speaking community of Québec. These elements of self-management do not
conflict with the objectives of Bill 9, and, as outlined in the recommendations
of this brief, they should be restored in the legislation. Merci and thank you
very much.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup, messieurs. Donc, nous allons débuter la période d'échange en
débutant avec M. le ministre. Je vous cède la parole.
M. Roberge : Merci bien,
Mme la Présidente. Merci pour votre présentation, MM. Racette, Copeman et
Lamoureux. On apprécie votre mémoire, votre présence et puis on est contents d'avoir
la chance d'échanger avec vous aujourd'hui pour trouver, je dirais, des voies
de passage puis des manières d'améliorer le réseau, là, qui seront à la
satisfaction de tous.
Puis, quand je dis de tous, il faut voir
qu'il y a vraiment une pluralité de points de vue quand on parle, depuis hier,
à des regroupements de jeunes, des associations de parents. On a eu l'association
de parents anglophones hier. On aura, tout à l'heure, l'association de comités
de parents francophones, et je vous dirais qu'il y a une convergence d'opinions.
Tout le monde veut améliorer le réseau, tout le monde veut améliorer le
système, tout le monde veut qu'il soit efficace. Il y a quand même des groupes
qui arrivent avec des propositions différentes sur la mécanique. Il faudra
ensemble, en commission, faire la suite. Mais aujourd'hui, essayons d'éclairer
nos lanternes puis faisons des réserves de propositions, d'ajustements puis
essayons de comprendre mieux les prémisses.
Dans votre mémoire, vous nous parlez de
centralisation, comme si le projet de loi n° 9
arrivait avec une centralisation de la gestion des plaintes. J'aimerais
comprendre pourquoi puisque ça ne s'en va pas à l'échelle du ministère. Bien,
en fait, c'est un organisme à part, et on ne vient formaliser que les deux
premières étapes... sont purement locales, très, très, très locales. C'est le
principe de subsidiarité qui s'applique. Et la troisième arrive à un niveau de
protecteur de l'élève, et il y avait déjà un protecteur de l'élève. Là, il est
régional. Alors qu'on vient formellement, dans la loi, dire qu'avant d'arriver
à l'étape trois, il faut d'abord faire l'étape un et deux, en souhaitant même
de ne pas se rendre à l'étape trois, on vient, je vous dirais même, renforcer
la première étape en disant que ça se règle d'abord, là, à la hauteur, là, du
quartier, à la hauteur de l'école... Comment on pourrait dire que c'est une
centralisation?
• (10 h 10) •
M. Copeman (Russell) :
Si vous me permettez, M. le ministre, je dirais que, oui, on reste avec un
processus local à l'école ou au centre, mais la deuxième étape, celui de la commission
scolaire, est beaucoup circonscrit par le projet de loi. Présentement,
évidemment, les commissions scolaires peuvent avoir un protecteur de l'élève
ou, en anglais, un ombudsman, qui est indépendant et autonome, qui traite les
plaintes.
On vous demande, dans le projet de loi, de
retenir cette possibilité que les conseils des commissaires déterminent qu'ils
veulent garder leur propre ombudsman en n'enlevant rien de l'étape supérieure
qui est <celui au régional...
M. Copeman (Russell) :
...en n'enlevant rien de l'étape supérieure qui est >celui au régional.
Le projet de loi circonscrit le traitement des plaintes, au niveau des
commissions scolaires, à un membre du personnel de la commission scolaire.
Nous, on vous demande, aux législateurs, de permettre à ce qu'une commission
scolaire peut garder le protecteur de l'élève indépendant et autonome afin que
cette personne-là soit la personne qui est chargée de recevoir des plaintes,
un.
Deuxièmement, le projet de loi élimine la
possibilité pour des plaignants de s'adresser directement au conseil des
commissaires, et c'est quelque chose qu'on souhaite retenir. Et c'est en ce
sens là qu'on a dit : Il y a une certaine centralisation des décisions non
pas nécessairement au ministère, mais dans la structure que vous avez proposée.
M. Roberge : Mais quand vous
nous dites... vous parlez du système actuel puis vous parlez des protecteurs
des élèves indépendants et autonomes, alors qu'ils sont affiliés aux centres de
services scolaires francophones, aux commissions scolaires anglophones.
Il me semble que vous faites fi du
diagnostic qui a quand même été fait, je vous dirais, qui n'a pas été remis en
question, avant aujourd'hui, par les Québécois, qui a été fait par la
Protectrice du citoyen, qui couvrait l'ensemble du réseau scolaire en 2017.
Puis j'ai devant moi, là, le document de la Protectrice du citoyen, 2017, puis
c'était assez sévère, là. On parlait de trop d'étapes et d'interlocuteurs, trop
de délais de traitement, manque d'information sur le recours, ce qui explique d'ailleurs
le faible nombre de plaintes auxquelles vous référez, absence de formation et
partage d'expertise pour les protecteurs des élèves, l'indépendance du
protecteur de l'élève à renforcer, impossibilité pour le protecteur de l'élève
d'agir de leur propre initiative, lacunes dans la reddition de comptes, suivi
des recommandations des protecteurs de l'élève difficile à assurer. Ça, c'est
ce que disait la Protectrice du citoyen sur l'ensemble des commissions
scolaires, parce qu'en 2007 il n'y avait que des commissions scolaires, et on
ne disait pas, dans ce rapport-là, à aucun endroit : Mais sachez que les
commissions scolaires anglophones, il n'y a pas d'enjeu, là, je parle que des
commissions scolaires francophones. Ça traitait de l'ensemble du réseau.
Puis j'ai de la misère à concilier ce
rapport-là avec le fait que vous nous dites ce matin qu'il n'y a pas vraiment
de problème avec le système actuel puis que, comme il y a peu de plaintes, ça
veut dire que ça va bien. La protectrice du citoyen nous disait qu'un des
éléments qui montrait qu'il y avait un problème, c'est que les gens étaient peu
informés des recours. Donc, il me semble qu'à la base c'est comme si on ne
partait pas de la même prémisse. D'ailleurs, même hier, l'Association des
comités de parents anglophones nous proposait des modifications, des
ajustements pour s'assurer que les communautés anglophones se retrouvent dans
la nouvelle structure mais étaient bien d'accord pour dire qu'il fallait
changer les choses. Est-ce que, vous, vous privilégiez en réalité le statu quo
ou vous êtes plutôt dans une démarche pour nous permettre d'améliorer le projet
de loi n° 9?
M. Copeman (Russell) : Bien,
il y a peut-être M. Racette qui va ajouter quelque chose, mais, M. le ministre,
on est là pour tenter d'améliorer le projet de loi. Mais rien dans le
diagnostic du protecteur du Québec... la Protectrice du citoyen est
irréconciliable avec la possibilité de retenir, au niveau de la commission
scolaire, un ombudsman qui sera la personne pour traiter les plaintes de façon
locale. Après ça, on sera... il y a une étape supplémentaire qui est le
protecteur régional.
Là où le bât blesse, c'est dans le projet
de loi, où, vous, vous dites : Il faut que la personne qui traite les
plaintes au niveau des commissions scolaires soit un membre du personnel de la
commission scolaire. Ce qu'on souhaite, c'est la possibilité que les
commissions scolaires anglophones, s'ils désirent, par la voie des conseils des
commissaires, retiennent leur protecteur de l'élève, leur ombudsman qui est
autonome, qui est à distance un peu de l'administration afin de traiter les
plaintes de la même façon qui est prévue dans la loi.
M. Roberge : J'apprécie la
précision. Merci. M. Racette, je croyais que vous... Oui, allez-y.
M. Racette (Sylvain) : Oui, M.
le ministre, juste en réponse à votre question, je pense qu'on a vraiment une
volonté de travailler ensemble, là, pour améliorer le système. Ce n'est pas de
défendre le statu quo à tout prix. Le sens de notre intervention, en tout cas,
la partie à laquelle je référais plutôt, je pense que c'est important aussi qu'il
y ait une reconnaissance qu'il y a une réalité assez différence avec des
commissions scolaires anglophones. On a des conventions collectives qui sont
différentes, on a une façon de faire qui est différente.
Alors, ça serait vraiment apprécié, quand
on dit... minimalement, une des pistes de solutions pour améliorer le projet de
loi ce serait d'avoir un... d'être considéré comme une région où les
commissions scolaires anglophones pourraient avoir un ombudsman ou <plusieurs
ombudsmans qui s'occupent des...
M. Racette (Sylvain) :
...ce
serait d'avoir un... d'être considéré comme une région où les commissions
scolaires anglophones pourraient avoir un ombudsman ou >plusieurs
ombudsmans qui s'occupent des commissions scolaires anglophones pour s'assurer,
là, que la personne baigne toujours dans notre réalité puis ils ne doivent pas
toujours se promener entre deux systèmes, dire : Ah oui! c'est vrai, il y
a une différence à ce niveau-là. Alors, ça, ce serait... on pense que c'est une
amélioration aussi qui respecte l'esprit du projet de loi.
M. Roberge : Merci. Bien, c'est
beaucoup plus clair avec les précisions. Je vous remercie d'avoir clarifié ça.
Peut-être une dernière question avant de
céder la parole à mon collègue député de Richelieu. La proposition que vous
faites, de dire qu'on pourrait y avoir... d'avoir des protecteurs de l'élève
régionaux assignés à la communauté anglophone, est-ce qu'on ne pourrait pas, je
vous dirais, garder la structure proposée dans le projet de loi n° 9, mais
en inscrivant, dans le profil de compétences pour sélectionner les protecteurs
des élèves régionaux, je vous dirais, la capacité de s'exprimer et de servir en
anglais la communauté qui fréquente les commissions scolaires anglophones?
Est-ce que ce serait, pour vous, une voie de passage?
M. Racette (Sylvain) : Bien,
encore une fois, je vais revenir aux faits. Il y a vraiment des différences...
moi, j'ai travaillé, j'ai eu le plaisir de travailler dans des commissions
scolaires francophones et anglophones. Il y a une différence, bon, de la façon
dont la communauté est impliquée dans nos écoles, la façon... Puis on le
voit... puis, comme je dis encore une fois, dans les conventions collectives,
ils sont différents aussi. Il y a vraiment des façons de faire qui sont
différentes. Alors... puis, des fois, je le vois quand je suis avec mes
collègues. Quand on parle, on a des échanges, je me rends compte qu'il y a des
choses... des éléments, là, qui sont culturels dans la façon d'appliquer, même,
et de vivre au jour le jour l'école, l'expérience éducative pour nos élèves et
pour nos parents.
Alors, c'est pour ça que je pense que ça
va au-delà de la langue et, juste de comprendre une autre langue, c'est
vraiment de comprendre cette différence culturelle là. Alors, je pense que c'est
pour ça que, s'il y avait quelqu'un qui était assigné, disons, aux commissions
scolaires anglophones et aux écoles privées anglophones, il baignerait
uniquement là-dedans, il serait vraiment en immersion pour vraiment s'assurer,
là, que ces interventions soient vraiment en lien avec la façon de faire des
commissions scolaires anglophones.
M. Copeman (Russell) : Si
vous me permettez, M. le ministre, je pense que ça serait... le strict minimum,
pour nous, ça serait d'intégrer dans la loi une obligation pour les protecteurs
régionaux d'être capables de communiquer et de traiter des plaintes en anglais.
Ça peut être une voie de passage, mais ça ne résout pas les problèmes de
différences culturelles et même éducatives dans le réseau.
Par ailleurs, comme vous le savez, il y en
a 17, régions administratives au Québec, là. On n'est pas convaincus
nécessairement que tous les directeurs régionaux, même si on inscrit cette
exigence comme obligation là, ils vont nécessairement porter les efforts
nécessaires dans toutes les régions. Dans la région de la Gaspésie, là, la
commission scolaire Eastern Shores représente tellement une petite proportion
des effectifs scolaires et probablement une petite portion des plaintes que ce
n'est pas très logique pour nous d'exiger nécessairement que le protecteur
régional de l'élève en Gaspésie et son équipe soient parfaitement bilingues
afin de traiter les cas. Mais si c'est la voie de passage qui est exigée par l'Assemblée
nationale, bien, c'est le minimum, c'est de s'assurer qu'il y ait accès à des
services en langue anglaise à travers le Québec.
M. Roberge : Je vous remercie
pour vos présentations puis les éclaircissements qu'on a obtenus ce matin. Je
vais laisser mon collègue poursuivre.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. M. le député.
• (10 h 20) •
M. Émond : Oui, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Messieurs, bonjour. Merci de votre présence
virtuelle avec nous ce matin et de votre contribution aux travaux de la
commission.
Ma question va être très courte. En fait,
c'est une précision que j'aimerais avoir de votre recommandation 4.2 en ce qui
a trait aux délais de traitement des plaintes, parce qu'il y a deux choses là
qui me viennent en tête, là. Quand vous parlez du délai, vous désirez qu'il
soit légèrement prolongé. Comme législateur, la précision des mots est
importante, là. Moi, j'ai souvenir de ma fille, qui est maintenant une grande
jeune femme, là, mais disons, dans sa période adolescente, lui avoir demandé :
J'aimerais, ce soir, que tu rentres à la maison légèrement plus tôt. On ne s'enlignait
assurément pas vers la même définition du plus tôt.
Alors, je ne sais pas si vous pourriez
nous préciser pour vous quel serait le délai supplémentaire que vous aimeriez
avoir. Vous avez évoqué tout à l'heure, quoi, quelque chose comme 15 jours, et
il y a également, dans votre recommandation... vous demandez que le délai soit
prolongé afin de refléter la capacité réaliste de nos commissions scolaires de <traiter
les plaintes...
M. Émond :
...vous demandez que le délai soit prolongé afin de refléter la capacité
réaliste de nos commissions scolaires de >traiter les plaintes. Est-ce
que vous entendez par là... il y a un de vous trois tantôt qui a évoqué
peut-être un manque de ressources ou, en tout cas, que les ressources sont
suffisamment... sont exploitées au maximum... ou est-ce qu'on parle du délai,
la fréquence des rencontres du conseil des commissaires, si c'est une fois par
mois...
Donc, vous désirez augmenter le délai pour
qu'ils puissent se rencontrer... parce qu'il y a une volonté dans le projet de
loi de raccourcir les délais de traitement, là. Il y a beaucoup de plaintes
qui... de critiques, pardon, qui sont à l'effet que le traitement est beaucoup
trop long. Par contre, il y a la collègue de Mille-Îles tantôt qui avait une
intervention à propos en disant que toutes les plaintes ne se ressemblent pas.
Une plainte qui a... Vous parliez... La collègue de Mille-Îles parlait d'une
plainte, entre autres, avec un traitement en lien avec le transport scolaire.
Bien, on ne veut pas que ça se règle trois mois après, là. On veut avoir une
réponse dans la journée ou dans les jours qui suivent.
Alors, quel serait pour vous, là... si
vous êtes en mesure de nous donner un chiffre plutôt qu'une une définition du «légèrement
augmenté»?
M. Racette (Sylvain) :
Bien, moi, je rajouterais cinq jours ouvrables, une autre semaine. Je pense que
ce qui est important de comprendre, c'est que les plaintes, habituellement, qui
se rendent jusque... qui montent les échelons, je vais le dire comme ça, c'est
rarement des situations faciles. Si c'était une situation facile, ce serait
réglé au niveau de l'école assez rapidement. Les commissions scolaires, comme
nos collègues, je suis sûr, des centres de services, on a à coeur de répondre
aux besoins et aux demandes des parents le plus rapidement possible. On ne veut
pas faire traîner...
Puis aussi c'est sûr que, quand on fait de
la gestion des plaintes, on regarde toujours... S'il y a une question de
transport scolaire, effectivement que ça va être traité plus rapidement. Mais
on a plusieurs plaintes... Moi, je le vois, quand ça arrive à mon bureau, je
reçois un long, long, long courriel, mais pour faire le tour de ça, moi, il
faut que je parle à plusieurs intervenants. C'est rare qu'une plainte qui se
rend jusqu'à moi est une plainte qui concerne une interaction avec deux
personnes. Donc, il faut que j'aille chercher les faits, il faut que je parle
avec les intervenants, il faut que je voie comment ça fonctionne.
Quand je parlais aussi... On parlait du
manque de ressources. Moi, j'ai des collègues qui sont aussi... leur directeur
des transports s'en va. Ils sont directeurs des transports pendant deux mois,
en même temps qu'ils s'occupent des finances, parce que... grandes commissions
scolaires couvrent des grands territoires, mais peu de personnes aux centrales.
Alors, rapidement, si on a un imprévu... Souvent, j'ai des collègues qui sont
D.G. et, comme je disais tout à l'heure, directeur des transports. Ils peuvent
porter plusieurs chapeaux en plus si quelqu'un quitte.
Alors, je peux comprendre, là, qu'il y a
des situations où on a besoin un peu d'un peu plus de temps. D'ailleurs, si je
me souviens bien, dans le projet de loi, au niveau du protecteur de l'élève
régional, je pense que le délai, c'est 20 jours, du traitement des
plaintes. Alors, ça reflète aussi un peu, là, cette réalité-là. Moi, je pense
qu'on devrait avoir le même nombre de jours pour faire nos... donner notre
réponse.
M. Émond : O.K.,
parfait. Merci beaucoup. C'est tout pour moi, Mme la Présidente. Merci,
messieurs, pour votre participation.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Il reste 40 secondes. On va passer la parole à la députée de
Westmount-Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci, Mme la Présidente. Good morning, gentlemen. It's a pleasure
to exchange with you this morning. Thank you very much for your presentation and thank
you very much for the brief that you've submitted to
this commission.
I want to come back to
the exchange that you had with the Minister in terms of the number of
complaints. And the sense that I get from the brief that you've submitted and
the remarks that you've had today is that... and we know that it's very
different in the anglophone sector, that, quite frankly, you are treating the
complaints that are happening on the ground, and we see that based on the
information that you are obliged to submit in your annual reports every year.
You must document and make public the number of complaints that you receive.
And, based on the information that you have in your brief, it's 285 for the
nine English schoolboards, that's of an hundred thousand students. Just to do
the math, it's less than 0.5% of your total population.
So, good job.
Do you think that the
elements within this bill will address the problem that we're seeing on the
ground? And, if so, what is the problem that you feel that we need to address
to improve, whether it's in the anglophone or in the francophone sector?
M. Copeman
(Russell) : Well, I think… if I may, and Mr.
Racette has something to add as well. You know, we're not <insensitive to
the idea that perhaps not all...
M. Copeman
(Russell) :
Well, I think… if I may,
and Mr. Racette has something to add as well. You know, we're not >insensitive to the idea that perhaps not all parents and students
are fully aware of their rights and fully use the system. That is a
possibility, you know, that one has to entertain. However, I guess what we're
saying, Mrs. Maccarone, is that it is not clear that you need necessarily an
entire new bureaucracy in order to increase the amount of information that's
given to parents and students with regard to their rights and their recourse.
Alors, c'est ça qu'on a
dit dans le mémoire, on peut améliorer l'information donnée aux parents et aux
élèves concernant leurs droits et leurs recours des... pour obtenir leurs
droits sans nécessairement créer un autre niveau de bureaucratie. Les deux ne
sont pas nécessairement opposés.
M. Racette (Sylvain) : And if I may add, maybe there's more information that is needed,
but I'm going to speak for my schoolboard. We've got the ombudsman report in
our annual report that we're putting out on Twitter, we've got our complaints… procedure
complaint in our school agenda, it's on our website, our ombudsman presents at
the parents committee, so there's a lot of... the information is out there.
Could we do better? Maybe, perhaps.
Mais comme dit mon collègue Copeman, on
est ouverts à toutes ces nuances-là. Est-ce que ça vaut vraiment un grand
changement dans la façon de faire? On n'est pas sûr. Et je pense aussi, puis
ça, je pense que je parle pour pas mal toutes les commissions scolaires
anglophones, nos commissaires sont très, très impliqués avec notre communauté.
Alors, il y a des plaintes qui viennent à nous par les commissaires. Notre
communauté parle à nos commissaires, alors on entend les préoccupations puis on
intervient, j'aime à penser, très rapidement pour les résoudre.
Alors, oui, j'ai entendu que ça peut être
un symptôme d'un problème, le fait qu'il y a eu peu de plaintes, mais en tout
cas, je dois parler de Riverside, ça m'étonnerait. Nos parents savent à qui s'adresser,
et puis, je suis fier de dire que, si on a peu de plaintes, c'est parce qu'on
fait un bon travail.
Mme Maccarone : Thank you to bringing up the point with regards the hard work that
the commissioners are doing on the ground in terms of treating the complaints,
and I think that that is the big value in terms of management and control. They
are responsible and accountable to the population that elected them and
therefore they certainly have a sincere invested interest to work directly with
the public that they serve. And I think that… in large part part of the reason
of the success that you have in the anglophone sector in terms of the number of
complaints that reach «les protecteurs de l'élève» or the ombudsman.
I'd like to go back to
the discussion you were having in terms of the requirement and your quest to
maintain your local ombudsman. We talked a lot about the particularities in the
anglophone sector and of course the need to have access to an ombudsman that
can treat the complaints of the parents in English. It is an essential service.
So, I'm 100% in agreement with you, but I want to hear more about why it's
important that you determine who your local ombudsman will be, because even
though we've said that you're open to the idea of having maybe one on two
regional ombudsman, I have a concern that this one or two individuals… and
first of all, good luck, because it's going to be very difficult to treat all
these complaints. You're adding distance, you're talking about the gas paying,
say the person is living in Montréal. So, now you're missing that personal connection. Not everything
can be done by Zoom. In my experience, it's always been important to… it's
counsel that votes on who your ombudsman will be, and counsel of course is a
reflection of the community that they represent. Why is it important that we
maintain that local representation and the choice within your schoolboard to
determine who will treat the complaints?
• (10 h 30) •
M. Lamoureux (Dan) : I'd like to respond to that if it's possible. I know that at
Riverside… I'm chair of Riverside schoolboard, and here, at Riverside, we make
sure that we are able to get an ombudsman that was independent. We did not want
to have an ombudsman that would be an arm of the administration. We wanted to <make
sure…
>
10 h 30 (version révisée)
< M. Lamoureux (Dan) :
...
to >make sure that the parent or the complainant
would realize that it's independent. Et la voie qui, lui, pourrait bien... à
notre commission scolaire, c'était très respectueux. We find that, with an
independent ombudsman, we're better to serve the needs of the community at
large rather than having a member of the staff be there.
Alors, pour nous, c'est très important d'avoir
quelqu'un qui... vraiment indépendant qui cherche la plus bonne manière de
régler le problème, et c'est pour ça qu'on garde ça très, très proche de nous.
M. Copeman (Russell) : Mme
Maccarone, le projet de loi maintient un choix local, dans le sens qu'il est
indiqué dans le projet de loi que la personne qui est responsable du traitement
des plaintes est nommée par le conseil d'administration. La différence majeure,
c'est que ce n'est plus un ombudsman dans son sens strict. C'est un membre du
personnel de la commission scolaire. Un membre du personnel de la commission
scolaire, ultimement, relève du directeur général. Il se rapporte au directeur
général, même si cette personne-là est nommée par le conseil des commissaires.
Ce qu'on suggère, c'est qu'on retient la
possibilité d'utiliser ce modèle-là, si le conseil des commissaires souhaite,
mais qu'on retient la possibilité de maintenir un ombudsman autonome et
indépendant. Ça n'enlève rien des objectifs du projet de loi. Ça ne contredit d'aucune
façon les objectifs du projet de loi. Ça permet un niveau de flexibilité, ça
permet un niveau de... un degré d'autonomie pour l'ombudsman et ça renforce les
pouvoirs du conseil des commissaires dans un système de gouvernance qui est
très différent entre un centre de services scolaire et une commission scolaire.
Mme Maccarone : Both, right? Because, I think, what's interesting, if I think
about... they have both. They have somebody internally who's a director of
schools, who's responsible for treating the complaints to ensure that they are
as efficient as possible, and they also have their local ombudsman. So, I think,
if what we're... the goal here, in this commission, and in debating this bill,
and hearing the consultation, is to ensure that we are more efficient and that
we improve... I think that the suggestion is certainly one that's very reasonable
because it will ensure that the parents' complaint is treated in an even more reasonable
delay, and the more actors that there are to take into consideration the
complaints, the more quickly and the more efficiently that we can do so.
I want to talk about...
because we're talking a lot about improving in efficiency and yet we're not
necessarily talking about the data that supports it. We have the report from
2017 from the Protecteur de citoyen, which is terrific, but what's your measurement
of success? Because... How are you measuring your success? And is there
somebody that's doing right? Is there something that we can lift in terms of
measures that are currently in place that we can inspire ourselves from given
the fact that you have less than half a percent of complaints that happen in
the entire network that actually reach the Protecteur de citoyen?
M. Copeman
(Russell) :
Right.
So, I mean, that's a little bit difficult because, you know, you have to go
into, I guess, the annual reports of each school board to see how many
complaints were actually resolved before they got to the ombudsman, right? And
that information is available. It's not something that we were able to do in
time for this parliamentary commission. But, you know, I think...
Mme Maccarone :
Maybe I can say: How do you attribute
your success and how do you attribute... to what do we attribute the success in
the anglophone network then? Maybe it's just an easier way to present it.
M. Copeman
(Russell) :
Right.
I mean, I think part of it is that, because of our governing structure, parents
know that they can also address directly school commissioners and the council
of commissioners. And, you know, that's a very different type of governing
structure than the one that is used in school service centers, which have
existed for some time now.
Et puis j'ajouterais même, Mme la députée,
que, même dans le projet... dans la loi n° 40, le
gouvernement a reconnu une structure de gouvernance distincte pour les
commissions scolaires anglophones. Évidemment, nous prétendons que ce n'est pas
suffisant, mais il y a une reconnaissance officielle qu'il y a une distinction
de gouvernance entre un centre de services scolaire et une commission scolaire.
Le rôle du commissaire est très important, et il faut maintenir la possibilité
d'utiliser ce rôle-là jusqu'au <maximum...
M. Copeman (Russell) : ...rôle
du commissaire est très important, et il faut maintenir la possibilité d'utiliser
ce rôle-là jusqu'au >maximum.
Mme Maccarone : ...we've heard the testimony just prior to yours from AQCS. Their
position is that we should be completely bypassing council or the «conseil d'administration»
in the francophone network. What's your opinion on that?
M. Copeman
(Russell) : Well, again, I think, you know...
La Présidente (Mme Guillemette) :
C'est tout le temps que nous avions, malheureusement, pour l'échange avec la
députée, mais nous poursuivons nos discussions avec la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci. J'ai eu
des échanges régulièrement, dans les derniers temps, avec des parents, dont
plusieurs de communautés anglophones, et ils m'exprimaient leur grand sentiment
de vulnérabilité par rapport à l'accès aux services, parce que, contrairement
au réseau francophone, bon, bien, si ça ne fait pas l'affaire dans l'école qu'ils
fréquentent, bien, l'école suivante n'est pas quelques coins de rue plus loin.
Des fois, elle peut être 75 kilomètres plus loin, elle peut être beaucoup plus
loin. Donc, il y a une impossibilité pour les familles de se revirer de bord puis
de simplement changer d'école.
Et, dans le projet de loi, c'est prévu que
le processus, la première étape, c'est de s'adresser directement, là, à la
personne concernée dans l'école. Moi, ce que j'entendais de la part des
parents, c'est qu'une démarche comme celle-là, c'était vraiment préoccupant
pour eux. Ils avaient besoin de pouvoir s'adresser en première instance à
quelqu'un de plus indépendant, justement, à cause de ce sentiment de
vulnérabilité là. Puis le fait que les communautés anglophones aussi, souvent,
bon, sont plus... dans beaucoup de régions, elles sont plus petites, donc tout
le monde se connaît, c'est des communautés tissées très serré, donc il y a une
difficulté de dénoncer des situations problématiques qui est comme accentuée
dans leur contexte. J'aimerais ça vous entendre là-dessus.
M. Racette (Sylvain) : Si
vous me permettez, je pense que c'est... Puis le projet de loi, tel que
présenté, ne changerait pas la première étape, qui est de s'adresser à la
personne, directement. Nous, la majorité des cas vont se résoudre à la première
intervention. Alors, s'il y a une situation problématique qui est identifiée,
peu importe, à l'école, avec l'enseignant ou avec la direction, tout de suite,
on appelle un ombudsman régional ou même un ombudsman local qui va, après ça,
venir à l'école. Ça rajoute des étapes dans le processus. Je pense que, s'il y
a des parents... Je pense que les parents doivent savoir que... les directions,
on a des... tout notre personnel et nos directions, tout notre personnel est
très professionnel. Tout le monde cherche à s'améliorer. Alors...
Mme Labrie : ...plusieurs,
par exemple, qui m'ont parlé, puis des gens qui connaissaient très bien, là,
leurs droits, qui connaissaient leur recours, qui m'ont parlé, par exemple, qu'ils
vivaient de l'intimidation juridique, des menaces de plaintes en harcèlement
pour demander des documents ou pour poser des questions. J'ai entendu des
témoignages comme ça, là, en ce moment, d'intimidation venant de la part de la
direction d'école, par exemple.
M. Racette (Sylvain) : Moi, c'est
la première fois que j'entends quelque chose comme ça, mais je pense que, dans
ce temps-là, il faut parler à la commission scolaire. Je ne peux pas... Je
connais bien mes confrères et je ne peux pas imaginer des confrères, là, qui
vont faire une guérilla juridique à leurs parents, là. Ce n'est pas notre rôle.
Notre rôle, c'est de supporter les élèves.
Alors, j'essaie de voir aussi en quoi,
même avec le projet de loi tel que présenté, ça changerait ça, parce que ça va
être une recommandation qui va venir après. S'il y avait vraiment de la
mauvaise foi, bien, je pense qu'il y a un problème qui faut qu'il soit adressé
au niveau du conseil des commissaires. S'il y avait de la mauvaise foi des
administrateurs, il faut que ça aille au conseil des commissaires pour qu'une
solution soit trouvée, là. Je suis étonné d'entendre ça. Je ne dis pas que ça
n'existe pas, mais...
Mme Labrie : ...que le projet
de loi ne changerait rien à cette situation-là?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup.
M. Racette (Sylvain) : Je ne pense
pas.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Donc, nous poursuivons nos échanges avec la députée de
Joliette.
Mme Hivon : Merci, Mme la
Présidente. Merci beaucoup à vous trois. Je veux revenir sur le rôle que vous
voulez maintenir, là, du conseil des commissaires. Donc, on a bien compris, là,
vos représentations générales de votre modèle idéal, mais admettons que la
structure ressemblerait, là, au bout du processus, je ne présume de rien, à ce
qui est un peu dans le projet de loi, comment vous voyez que ça pourrait
continuer de cohabiter? Comment vous feriez, je dirais, vivre ce que vous
souhaitez qui puisse demeurer, ce droit-là de s'adresser directement au conseil
des commissaires, auquel vous semblez, là, beaucoup tenir? Puis votre
structure, vous, a été maintenue, donc je comprends aussi. Est-ce que vous avez
pensé un peu à comment articuler ça, là, la concomitance, un peu?
• (10 h 40) •
M. Copeman (Russell) : Mme la
députée, ça dépend vraiment des modifications qui sont apportées à la Loi sur
l'instruction publique, hein? Tout à l'heure, un de vos collègues a insisté
beaucoup sur la précision puis la valeur des mots. Notre compréhension, c'est
que le projet de loi modifie la Loi sur l'instruction publique et évacue la
possibilité de s'adresser directement au conseil des <commissaires...
M. Copeman (Russell) :
...compréhension, c'est que le projet de loi modifie la
Loi sur
l'instruction publique et évacue la possibilité de s'adresser directement au
conseil des >commissaires pendant le processus de plainte. Bien, si c'est
le cas, ça va être difficile de réconcilier ou de continuer ce processus-là s'il
est expressément enlevé de la Loi sur l'instruction publique. Alors, peut-être
un peu de souplesse sera nécessaire afin de ne pas... de tout... de respecter
la loi, mais de permettre certaines réalités d'être vécues dans les commissions
scolaires anglophones, réalités qui sont reconnues même dans la fameuse
loi n° 40.
Mme Hivon : Parce que
comment on pourrait littéralement empêcher quelqu'un de s'adresser au conseil
en marge, mettons, d'un processus formel? C'est difficile d'imaginer qu'il n'y
aurait aucune possibilité, là, quand même.
M. Copeman (Russell) :
Tout à fait, mais c'est pour ça qu'il faut regarder de près. Et je ne suis plus
assis à votre place depuis un certain temps. C'est pour ça qu'il faut vraiment
regarder, lors de l'étude détaillée, quel est l'impact des modifications à la Loi
sur l'instruction publique, qui touche le pouvoir des commissions... des
conseils des commissaires et la possibilité des parents de s'adresser
directement au conseil pendant le processus de plainte. C'est pour ça qu'on l'a
soulevé dans notre mémoire. On se fie à vous de s'assurer que c'est assez
flexible pour permettre ces situations-là, au besoin.
Mme Hivon : Merci. J'essayais
de vous sous-traiter un peu le travail, mais ça n'a pas marché. Merci beaucoup.
Vu votre expérience.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Bien essayé, Mme la députée. Donc, merci beaucoup à vous trois pour votre
contribution aux travaux de la commission.
Et la commission suspend ses travaux
quelques instants, le temps d'accueillir les nouveaux intervenants.
(Suspension de la séance à 10 h 42)
(Reprise à 10 h 52)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, bienvenue, tout le monde. Merci d'être présents. La commission reprend
ses travaux, et nous accueillons maintenant la Fédération québécoise de l'autiste...
de l'autisme, excusez, et ses deux représentants, M. Tommy Bédard,
président, et Mme Lili Plourde, directrice générale.
Bienvenue avec nous ce matin, en virtuel,
mais bienvenue. Donc, vous disposez de 10 minutes pour nous faire votre
présentation. Il y aura un échange avec les membres de la commission par la
suite. Donc, je vous cède la parole.
Fédération québécoise de l'autisme (FQA)
M. Bédard (Tommy) : Merci.
Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, bonjour. Présente
depuis 45 ans, la Fédération québécoise de l'autisme, FQA, est un regroupement
provincial de 75 organismes qui ont en commun les intérêts de la personne
autiste et ceux de sa famille et de ses proches. 16 de ces organismes sont des
associations en autisme présentes dans chacune des régions du Québec. Les
autres organismes sont des membres associés à la fédération et proviennent de
différents réseaux, communautaires, scolaires, santé, services sociaux et
privés.
C'est à titre de représentants de l'ensemble
des personnes autistes et de leur famille que nous déposons nos commentaires
dans le cadre de la consultation particulière sur le projet de loi n° 9. La fédération se réjouit d'ailleurs de l'intérêt du
gouvernement du Québec d'améliorer le rôle du protecteur de l'élève.
Nous débuterons notre présentation en
citant la Fédération des comités de parents du Québec, qui sera entendue ici
aujourd'hui et qui demande, depuis longtemps, un protecteur de l'élève
accessible, transparent et indépendant. Le projet de loi n° 9
et les pouvoirs qui pourraient être donnés au protecteur national et aux
protecteurs régionaux sont des outils qui ont le potentiel de soutenir la
réussite éducative de tous les élèves en difficulté. On y trouve plusieurs
éléments qui assurent, justement, cette accessibilité, transparence et
indépendance. Il demeure cependant nécessaire de partager avec vous les
problèmes actuels qu'il faut s'assurer de ne pas répéter pour assurer le succès
du nouveau modèle proposé.
Les parents d'élèves autistes ont... Les
parents d'élèves autistes ou issus de la neurodiversité ont vécu et vivent
encore plusieurs frustrations face au processus de plainte actuel et aux
relations avec le protecteur de l'élève plus de 10 ans après son implantation.
Trop d'étapes résultant en autant d'embûches, délais de traitement trop longs,
manque de connaissance de la part du protecteur pour prendre des décisions
favorables à l'enfant, des rapports incomplets masquant la réalité, minimisant
les plaintes faites par les parents ou faisant tout simplement disparaître...
tout simplement disparaître, oui. Les parents ont donc perdu confiance non
seulement dans le protecteur de l'élève, mais dans tout le processus de
plaintes. Le système scolaire devient donc l'ennemi qui, présentement, semble
tout fait pour expulser les enfants autistes qui ne rentrent pas dans le moule
de l'élève neurotypique.
L'école ne fera pas disparaître les
manifestations typiques à l'autisme, mais elle peut soutenir les élèves avec
des interventions appropriées basées sur des standards de pratique. La Loi sur
l'instruction publique leur donne le droit d'aller à l'école, et aller à l'école,
ça implique d'avoir des services adéquats et adaptés aux besoins. Nous
profitons donc de l'occasion pour réclamer ces services nécessaires à la
réussite scolaire de tous les EHDAA. Cette réussite demande un processus de
plainte neutre et transparent qui ne prend pas systématiquement le parti de l'école
au détriment de <l'élève...
M. Bédard (Tommy) :
...réussite
demande un processus de plainte neutre et transparent qui ne prend pas
systématiquement le parti de l'école au détriment de >l'élève. Cette
nouvelle institution, constituée par les nouveaux protecteurs, devra cependant
démontrer rapidement cette indépendance afin de reconstruire une relation de
confiance avec les parents.
Mme Plourde (Lili) : Le
projet de loi n° 9 est un grand pas dans la bonne
direction, mais nous croyons qu'il pourrait aller encore plus loin pour donner
plus de pouvoir aux protecteurs national et régionaux. Dans le projet de loi,
il est indiqué que les écoles peuvent refuser les recommandations du protecteur
régional, probablement au détriment des élèves. Les écoles ne devraient pas
avoir cette option avant de démontrer, entre autres, que le plan d'intervention
est fait dans les règles de l'art et suivi par tous les membres du personnel,
que les méthodes d'intervention sont adaptées et qu'une analyse de l'environnement
a été effectuée. Qu'on ne fasse pas pression sur les parents pour médicamenter
les enfants plutôt que d'adapter les interventions et qu'on comprenne bien que
développer l'autonomie n'est pas synonyme de retrait des services.
Un enfant autiste n'est pas responsable de
ses désorganisations, peu importe son besoin de soutien. Il réagit à son environnement
et, si ce dernier n'est pas adapté, il provoque lesdites désorganisations. Son
diagnostic ne peut donc pas être un motif d'expulsion, mais c'est très peu
compris actuellement dans le processus de plainte. Nombreux sont les élèves à
qui on accole une étiquette de trouble d'opposition, alors qu'ils ne
comprennent tout simplement pas les consignes.
Nous craignons donc qu'il soit encore
beaucoup trop facile pour les écoles d'ignorer les recommandations du
protecteur en évoquant des motifs qui demeurent discriminatoires envers des
enfants à besoins particuliers, tout particulièrement lorsqu'il y a présence de
troubles de comportement. Nous comprenons bien que la violence n'a pas sa place
dans une école, mais, quand cette violence est en fait la manifestation d'un
malaise de la part d'un enfant qui ne sait pas comment l'exprimer, le rôle des
adultes qui l'entourent est de l'aider à exprimer ce malaise différemment, pas
d'expulser un enfant qui n'a pas les outils pour le faire par lui-même.
M. Bédard (Tommy) : La
formation. Le projet de loi n° 9 ne parle nulle part
de la formation particulière nécessaire afin d'assurer une bonne analyse des
plaintes et la légitimité des décisions rendues par le protecteur national et
régional, ce qui est, à notre sens, une grande lacune. Un des problèmes actuels
lors d'une plainte, c'est que, si l'école dit au protecteur de l'élève qu'elle
a bien fait son travail, ce dernier n'est pas apte à déterminer si ce qui a été
fait par l'école est adapté. Et il arrive même que des protecteurs disent aux
parents : Je ne retiens pas votre plainte car je ne connais pas l'autisme. Je
ne peux pas juger ce qui a été fait... si ce qui a été fait est bon ou non.
Vous pouvez donc comprendre notre
inquiétude et la raison derrière notre insistance à ce sujet. La formation
particulière des protecteurs est une condition essentielle au succès de ce
processus de plainte. Nous croyons qu'il faudrait que ce soit ajouté au projet
de loi. Cette formation doit être continue et toucher toute la gamme des
clientèles scolaires, peu importe la nature du handicap. Pour être réellement
impartial, le protecteur doit comprendre le mécanisme derrière les actions d'un
élève. Il doit comprendre qu'un élève qui ne comprend pas la consigne ne fait
pas de l'opposition. C'est à l'enseignant et au reste du personnel d'aider l'élève
à comprendre la consigne.
Mme Plourde (Lili) : Le Protecteur
du citoyen recommandait un accès beaucoup plus rapide au protecteur de l'élève.
Nous croyons qu'il y a encore trop d'intervenants dans le processus. En plus de
la direction d'école, on ajoute un responsable des plaintes qui appartient à l'école
avant d'arriver au protecteur régional. Bien que les délais de réponse de
chaque intervenant sont maintenant bien identifiés dans le temps et assez
courts, il n'en demeure pas moins que c'est encore long avant d'arriver au
protecteur régional, plus de 45 jours, ce qui est bien long dans la vie d'un
enfant. Pour bien des parents, se faire dire par la direction d'école et le
responsable des plaintes que leur plainte n'est pas fondée les découragera
suffisamment pour ne pas aller plus loin. Et, comme nous l'avons déjà nommé, le
protecteur de l'élève n'a déjà pas beaucoup de crédibilité actuellement. Il
sera facile de faire perdre celle du nouveau protecteur régional. Nous croyons
donc qu'il est possible de réduire le délai.
Il est d'autant plus urgent d'intervenir
rapidement lorsqu'on parle d'une suspension ou d'une expulsion. Il faudrait
alors diminuer les étapes avant d'arriver au protecteur régional. Il faut aussi
préciser les recours possibles lorsque le protecteur régional de l'élève refuse
d'examiner une plainte ou qu'il met fin à l'examen d'une plainte. Est-ce que le
Protecteur du citoyen a un rôle dans le processus de plainte, comme recommandé
dans le rapport de 2017?
M. Bédard (Tommy) : Recommandations
du protecteur national. De même, il faut donner plus de pouvoir aux
recommandations du protecteur national de l'élève et encadrer les motifs
amenant à un refus de conclusions ou recommandations afin d'éviter le retour à
la case départ et que les écoles puissent continuer d'offrir des services non
adaptés aux élèves en difficulté.
Nous croyons aussi que le protecteur
national doit formuler des recommandations au ministre. Nous croyons qu'il faut
mettre plus d'emphase sur l'importance de ces recommandations. Il est temps d'examiner
en profondeur les obstacles à la réussite scolaire des EHDAA, et le protecteur
national sera dans la bonne position pour le faire. Il faut aussi que le
ministre puisse mettre en application les recommandations.
Encore une fois, nous le répétons, le
succès des nouveaux protecteurs reposera sur leur crédibilité aux yeux des
parents afin d'arriver à un processus de plainte efficace et surtout
constructif, visant la réussite éducative.
• (11 heures) •
Mme Plourde (Lili) : Les
parents d'enfants autistes ou handicapés ont une charge familiale plus élevée
que le reste de la population. Sans les tenir par la main, il faut leur donner
un petit <soutien...
>
11 h (version révisée)
< Mme Plourde (Lili) :
...un petit >soutien supplémentaire. Il serait donc bon que le nouveau
processus de plainte soit transmis plusieurs fois dans l'année et sous
différentes formes, dont des soirées d'information en visioconférence ou en
présentiel. Cette information doit indiquer qu'il est possible de porter
plainte en cas de suspension ou d'expulsion. Les règles ne sont pas toujours
respectées en cas de suspension, ce qui lie souvent les mains des parents. Il
faut alors leur permettre d'aller directement au protecteur régional.
Nous remercions le ministre pour ces
changements proposés, et nous espérons que les nouveaux protecteurs national et
régional auront le pouvoir nécessaire pour réellement soutenir les élèves, et
surtout la formation nécessaire pour le faire, et soutenir adéquatement toutes
les personnes impliquées dans le processus de plainte. Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup à vous deux. Donc, nous débutons les échanges. M. le ministre.
M. Roberge : Merci beaucoup, Mme
la Présidente . Merci à vous pour votre mémoire et votre présentation. J'ai
trouvé que c'était très concret. Ça paraît que vous avez, je dirais, une
expérience terrain pour accompagner des parents et des intervenants dans les
processus actuels. Donc, je suis content de voir que vous disiez que le projet
de loi arrive avec des éléments qui améliorent l'accessibilité, la
transparence, l'indépendance. Il reste du travail à faire pour améliorer le
projet de loi, mais il y a quand même un pas en avant pour vous, là, qui vivez
avec le système actuel.
J'ai une petite question préalable avant
de creuser davantage vos recommandations et vos précisions. Est-ce qu'en ce
moment vous accompagnez des gens de la communauté anglophone à l'intérieur du processus
avec des commissions scolaires anglophones?
M. Bédard (Tommy) : Je peux y
aller. Moi, présentement, outre être président de la fédération, je suis
directeur de la Société de l'autisme de l'Abitibi-Témiscamingue. J'accompagne
des familles dans la commission scolaire anglophone. Donc, ça fonctionne un peu
de la même façon, mais c'est un peu différent, disons.
M. Roberge : Est-ce que...
juste pour comprendre, est-ce que le système actuel de traitement des plaintes
avec les commissions scolaires anglophones versus dans les centres de services
scolaires francophones est réellement différent? Est-ce que la problématique
est différente ou vous rencontrez autant des forces que des failles semblables
dans les deux réseaux?
M. Bédard (Tommy) : Pour les
quelques dossiers que j'ai eus pour les commissions scolaires anglophones, c'est
plus compliqué, plus compliqué et moins facile, étant donné que nous roulons,
nous fonctionnons plutôt avec le secteur québécois. Donc, l'accessibilité, je
dirais, plus difficile, donc accéder aux bonnes informations, à savoir est-ce
que ça fonctionne de la même façon, c'est ce que nous voyons. Côté québécois,
côté centre des services scolaires, oui, l'information est bien présente, mais
difficile d'accès. Donc, il faut vraiment faire partie d'une équipe quelconque
pour savoir exactement où aller et comment accéder à un processus de plainte.
M. Roberge : Merci. J'aimerais
avoir plus d'éclaircissements sur ce que vous pensez de la proposition du
projet de loi, tel qu'il est, sur le processus de nomination des protecteurs
régionaux de l'élève. Est-ce que vous pensez que la création d'un comité, c'est
une voie privilégiée? Puis est-ce que les gens qui sont en ce moment sur le
comité, dans le projet de loi tel qu'il est, sont les bonnes personnes? Est-ce
qu'il faudrait changer le processus ou changer la composition du comité pour
avoir quelqu'un, d'après vous, là, qui aurait toutes les compétences?
M. Bédard (Tommy) : Je peux y
aller encore une fois. Étant président du centre de services scolaires de ma
région, je suis un parent EHDAA d'un enfant HDAA, donc j'ai le souci, donc je
suis teinté. Présentement, à ma connaissance, je crois, du comité consultatif,
il n'y a aucun représentant HDAA. Donc, cette expertise ou cette particularité-là
ne semble... selon moi, ne sera pas prise en cause, du moins, sera moins
présente lors des délibérations ou du choix des différentes personnes.
M. Roberge : Parce que je
faisais un lien entre ce que vous avez dans votre mémoire, votre présentation,
par rapport aux formations, autant dans le réseau scolaire qu'au niveau...
enfin, à l'échelle du protecteur régional. Donc, je me demandais si vous alliez
dans ce sens-là, donc s'assurer que sur le comité de sélection ou alors dans
les critères, la personne qui occupera le poste de protecteur régional ait la
sensibilité, là, mais au-delà de la sensibilité, je vous dirais, la <formation.
C'est...
M. Roberge :
...régional ait la sensibilité, là, mais au-delà de la sensibilité, je vous
dirais, la >formation. C'est prévu, mais je vous dirais, ce n'est
peut-être pas précisément nommé. On en parle quand on en est à l'article 16 du
projet de loi, à ce moment, où on parle vraiment de formation pertinente, surtout
par rapport au système actuel où chaque centre de services scolaire, chaque
commission scolaire se nomme son protecteur de l'élève, où il n'y a pas
vraiment, en aucun endroit, là, dans la loi, d'obligation de formation, ou de
formation continue, ou d'encadrement national. On prévoit que les gens nommés
suivent des formations, mais peut-être qu'on devrait prévoir quelque chose même
au niveau du processus de nomination, là. En tout cas, je vous dirais que vos
présentations éveillent, là, ma sensibilité de ce côté-là.
Côté promotion, puis vous en parlez, là,
vous dites qu'il faut rappeler... il faut absolument que les gens soient
informés sur le processus de plainte. Même, dans votre mémoire, vous parlez à
plusieurs reprises... Dans la loi, on le prévoit quand même, là, on dit qu'à
chaque année tous les parents doivent être informés du mécanisme de plainte, de
l'existence d'un protecteur régional de l'élève, je vous parle version 2.0, là,
pas de la situation actuelle, et que ça doit être sur le site Internet.
Donc, est-ce que vous pensez que c'est
suffisant que chaque parent, chaque année, soit informé du mécanisme de
traitement de plainte, de l'existence du protecteur et que ce soit sur le site
Internet? D'après vous, c'est suffisant ou bien il y aurait même d'autres
mécanismes à prévoir pour faire connaître l'institution?
M. Bédard (Tommy) : Bien que
ce soit suffisant, disons que, de mon expérience personnelle, sur le site Web
de notre centre de services scolaires, c'est bien détaillé. Notre directeur de
centre de services scolaire nous le présente au comité de parents en nous
disant : L'information s'y retrouve, c'est extrêmement bien détaillé,
maintenant c'est vous, les ambassadeurs, de devoir faire le suivi auprès des
familles, et tout, et tout.
Une seule fois par année, ce n'est pas
assez. Si on parle de parents d'enfants HDAA, c'est des parents qui sont
extrêmement occupés et extrêmement bousculés par la vie. Donc, c'est facile d'oublier.
Puis, quand on est en situation de crise, on oublie nos ressources, nos
recours. Bien entendu, si, lors d'une expulsion ou quoi que ce soit, la
direction ou peu importe l'équipe scolaire avaient l'obligation de rediriger
les gens en leur disant : Écoutez, c'est ce qu'on fait, si vous avez une
plainte, voici, je vous reprise où est l'information, allez-y, c'est libre à
vous... bien que, comme je dis, une fois, ce n'est pas assez. Il faudrait qu'il
y ait comme un retour, une communication. Bref, je ne pourrais pas expliquer la
façon parfaite de le faire, mais plus d'une fois, ça, c'est nécessaire.
Mme Plourde (Lili) : Et ça
devrait être rappelé systématiquement en cas de suspension ou d'expulsion d'un
élève.
M. Roberge : O.K., oui, c'est
ça, c'est ce que j'avais vu. Donc, peut-être ne pas envoyer à tout le monde,
trois, quatre fois par année, la même information, là. Les parents risquent, à
un moment donné, d'ignorer quelque chose, là, quand on le voit trop, on ne le
voit plus. Mais à des moments précis, en souhaitant que ça n'arrive pas du tout
dans le parcours scolaire de notre enfant, mais, s'il arrive un élément
marquant, un événement majeur, comme une suspension ou une expulsion, bien, à
ce moment-là, si je saisis bien votre recommandation, ça serait que là,
obligatoirement, avec cette décision vienne cette information. C'est ça.
Mme Plourde (Lili) : Puis il
peut aussi y avoir des soirées d'information, une vidéo d'information, parce
que, des fois, faire un processus de plainte, si c'est pour le bien-être de
tous, ça peut être constructif. Donc, d'avoir une soirée d'échange sur le
processus, des fois, ça peut le rendre plus accessible et moins épeurant aussi
comme processus.
• (11 h 10) •
M. Roberge : Mais je trouve
ça intéressant quand vous dites d'accessibilité, information. Un processus de plainte,
un protecteur de l'élève, ce n'est pas le début d'une chicane, là. Il faut le
voir comme quelque chose qui permet d'améliorer les services, quelque chose,
même, qui peut être un peu dissuasif, là, de la part de l'organisation scolaire
ou de l'école privée, là, dit : Bon, bien, on est aussi bien de prendre
nos précautions. Mais, en même temps, aussi, ce n'est pas une attaque à
quiconque. Ça, je pense, c'est important de le dire aujourd'hui, de le répéter,
puis peut-être dans les communications aussi, autant pour le réseau, ne pas
dire : Aïe! Je ne voudrais surtout pas que quelqu'un utilise le mécanisme
de plainte. Ce n'est pas un jugement contre une personne, mais il y a peut-être
un peu d'éducation à faire de <part et d'autre avec ça...
M. Roberge :
...mais
il y a peut-être un peu d'éducation à faire de >part et d'autre avec ça.
Il y a quelque chose qui m'interpelle un
peu, parce que vous parlez peut-être d'une proposition d'éliminer le poste de
responsable des plaintes à l'échelle de la commission scolaire ou du centre de
services scolaire. Donc, il n'y aurait que deux paliers. Je ne sais pas si j'ai
bien compris, dans votre mémoire, c'est comme s'il n'y avait que l'école puis,
après ça, on irait directement au protecteur régional. Est-ce que c'est bien
ça? Parce que vous êtes le premier groupe, si vous apportez avec ça... ça ne
veut pas dire que ce n'est pas bon, mais ce serait, disons, la première fois
que je l'entendrais, cette proposition-là. Ai-je bien saisi?
Mme Plourde (Lili) : Oui,
effectivement. Effectivement, parce que, d'expérience, il y a beaucoup de
parents qui vont se décourager s'il y a trop d'étapes avant d'arriver au
protecteur régional. Mais on comprend que tout ne peut pas aller directement au
protecteur régional non plus, là. Tu sais, il faut commencer par avoir une
médiation avec la direction et tout ça, là, mais on a peur qu'il y ait encore
beaucoup d'étapes.
M. Bédard (Tommy) : Oui, puis
il y a aussi la crainte, aussi, du parent qui, lorsqu'il fait un dépôt de plainte,
idéalement, le processus, c'est de passer par la direction, puis, si ça ne
fonctionne pas, on va une étape supplémentaire, qui est la personne responsable
des plaintes. Donc, on parle d'un délai pour la première étape puis un délai
pour la deuxième étape. Et ensuite il y a peut-être une perte de confiance où,
étant donné que le protecteur de l'élève est quand même payé par le centre de
services scolaire, les gens perdent... je crois que ça enlève un peu de
crédibilité, où les gens se disent : Bon, on ne se rendra pas jusque-là ou
on a peur parce que... on a peur de faire une plainte, on a peur, étant donné
que le protecteur de l'élève est quand même payé par le centre de services
scolaire. On a peur qu'on ait des représailles ou qu'on soit jugés. Là, je
parle de petits milieux comme l'Abitibi, comme un peu partout en région. Les
gens se connaissent, ont peur un peu des représailles, sachant que la personne
est un employé de l'école, mais qui défend l'élève et l'école.
Donc, vraiment, il y a un double discours,
une double interprétation. Donc là, on parle des trois étapes, la direction, le
protecteur aux plaintes. S'il y avait une étape de moins, peut être que ce
serait plus simple.
M. Roberge : Mais ça, c'est
peut-être... il y a un os dans le jambon avec le système actuel, là,
effectivement, le fait qu'il y ait vraiment un lien direct entre, vraiment, le
protecteur de l'élève et l'organisation actuelle. On change ça, là, carrément,
là, on coupe le cordon, comme on dit, avec le projet de loi. Je m'interroge,
là, puis je ne rends pas un verdict, là. On n'est pas au moment des verdicts,
puis de toute façon, ça ne m'appartiendra pas, ça appartient à la commission,
mais sur la pertinence d'enlever l'étape du centre de services scolaire,
considérant surtout que, dans le cas d'élèves HDAA ou des élèves qui ont un
trouble du spectre de l'autisme, on parle d'élèves qui ont des besoins
particuliers. Or, l'organisation des services, elle est souvent à l'échelle du
centre de services scolaires. La répartition des élèves, il y a beaucoup de
choses qui se décident quand même au niveau, même, du comité de répartition des
ressources. Donc, j'ai peur que, si on cogne seulement à la porte de l'école
puis qu'après ça on est directement au protecteur de l'élève, on évite de
trouver une solution plus rapidement, mieux adaptée à l'organisation scolaire,
puis donc une réponse qui soit plus appropriée à l'élève, si on saute l'étape
où, justement, on fait la répartition des ressources professionnelles, parce
que ça se fait à l'échelle régionale, à l'échelle du centre de services
scolaire. C'est un peu ça qui m'inquiète, en fait, si on élimine cette
étape-là.
Mme Plourde (Lili) : Je vais
revenir avec l'exemple qu'on a donné tout à l'heure d'un enfant qui a eu des
actes de violence à l'école. Vous savez que ça, c'est un motif d'expulsion
assez rapide. Puis le temps va nous dire si le nouveau modèle, avec un
responsable des plaintes, sera efficace aussi. Le temps va le dire, mais, tu
sais, dans le cas d'une suspension ou d'une expulsion en raison d'un acte de
violence, nous, ce qu'on a peur, c'est que le responsable des plaintes du
centre de services scolaire va juste dire comme l'école puis il va dire :
Bien non, il a été violent, il faut qu'il s'en aille à la maison. Tandis que,
si on donne l'opportunité aux parents d'avoir des discussions avec la direction
d'école : Qu'est-ce qui a amené l'acte de violence?, puis, s'il n'y a pas
de réponse... il n'y a pas de possibilité de négocier pour mettre des choses en
place avec l'école, aller direct au protecteur régional. Parce que, tu sais,
ça, c'est des choses qu'on voit régulièrement sur le terrain, là, comme
conséquence.
Donc, dans cette situation-là, en cas de
suspension ou d'expulsion, je pense que ça serait bon que les parents puissent
aller direct au protecteur. Puis sinon, le temps le dira si les étapes
proposées seront quand même facilitantes, là, dans le <processus de...
Mme Plourde (Lili) :
...les étapes proposées seront quand même facilitantes, là, dans le >processus
de plainte.
M. Roberge : Je termine
en vous disant que l'article 31, qui prévoit un accès direct dans
certaines circonstances, pourrait peut-être faire l'affaire. Et pour les
minutes qui restent, et je m'excuse du peu de temps que je laisse à mon collègue,
je vais laisser mon collègue de Saint-Jean poursuivre.
M. Lemieux : ...combien
de minutes, au fait, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Trois minutes, M. le député.
M. Lemieux : D'accord.
Bonjour, Mme Plourde, M. Bédard. D'abord, je dois dire, tout à l'heure, je
parlais des citoyens qui appelaient au bureau de comté dans leurs relations
avec les plaintes au centre de services scolaire ou dans une école en
particulier... et j'avoue que je suis content de vous voir intervenir, puis je
suis content de la qualité de la présentation que vous faites, parce que l'autisme
est un bon morceau, de là où ça devient compliqué dans les relations entre les
parents et les centres de services scolaires et les écoles, en tout cas, vu du
point de vue d'un bureau de comté de député. Ceci dit, je me suis fait répondre
tout à l'heure : oui, mais ils vous appellent juste quand ils ne sont pas
contents, ce à quoi j'ai répondu : je le sais. Et puis c'est comme ça à la
longueur de journée.
Mais dans votre cas, effectivement, les
problèmes sont particuliers. Et on pourrait dire qu'il y a plusieurs zones, là,
du transport au mécontentement de ce qui se passe dans la cour d'école, puis
là-dedans, vous faites partie d'un monde à part, sans vouloir être prosaïque,
considérant ce que vous vivez puis ce que vos enfants vivent. Je vous ai
entendu, entre autres, M. Bédard, au moins trois fois parler de confiance.
Reconstruire la confiance fait partie de votre discours, la crédibilité. Rassurez-moi,
là, c'est votre expérience passée qui vous fait avoir peur, ce n'est pas ce que
vous lisez dans le p.l. n° 9, là.
M. Bédard (Tommy) : Non,
absolument pas. On veut justement que l'image de la future façon de faire
permettra justement que les gens reprennent confiance au système. Donc, tout
dépend, en fin de compte, de l'endroit, parce que moi, ici, en région, il y a
une belle collaboration, les gens ont confiance au système présent parce qu'il
y a une collaboration et une communication, ce qui n'est pas la même chose un
peu partout en région.
M. Lemieux : Il y a peut-être
un élément du projet de loi qui, moi, m'emballe, dont on ne parle pas assez.
Alors, pardonnez-moi d'essayer d'aller tirer un petit peu sur ce que je trouve
de bon. Mais en particulier, pour les enfants autistes, il me semble que d'avoir
une sorte, à la longue, de jurisprudence, pour l'appeler comme ça, là, sans
faire du droit, là... Le protecteur national et les protecteurs régionaux vont
avoir, avec le temps, un certain nombre de décisions et de meilleures
pratiques. Et il me semble que là, en particulier pour l'autisme, il y a un
filon qui est particulièrement intéressant, non?
Mme Plourde (Lili) :
Tout à fait. Quand on fait de la défense de droits, c'est comme un bureau de
député, quand ça va bien, on n'en entend pas parler, on en entend quand ça va
mal. Ça fait que, oui, effectivement, c'est notre grand espoir que le pouvoir
de recommandation des protecteurs pourra faire en sorte que, quand ça va bien
dans une région parce qu'il y a des choses qui ont été mises en place, parce qu'il
y a des gens qui se remettent en question, parce qu'il y a des gens qui
comprennent vraiment la nature d'un enfant autiste, qu'on va pouvoir appliquer
ce qui marche bien partout au Québec.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup. Donc, nous allons continuer la discussion avec la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour, Mme Plourde, bonjour, M. Bédard. Un plaisir de
vous avoir avec nous aujourd'hui comme d'habitude.
Je vais revenir un peu sur les propos de
mon collègue où il parle de... ce serait bien d'avoir du data, puis de
comptabiliser, puis d'avoir peut-être une harmonisation en ce qui concerne la
façon qu'on traite les plaintes. Je trouve ça particulier parce que, comme vous
le savez très bien, j'ai déposé plus de cinq mandats d'initiative, entre
autres, pour étudier la cause des enfants autistes, des adultes autistes, de la
transition de secteur mineur à majeur dans le réseau des services de garde où
ils n'ont souvent pas de place. Puis, juste dernièrement, j'ai déposé deux fois
un mandat d'initiative, en particulier pour les réseaux scolaires en ce qui
concerne l'expulsion scolaire, en ce qui concerne l'expulsion des enfants
handicapés, entre autres, la majorité, que nous savons tous, sont autistes, et
chaque fois, le gouvernement a refusé.
• (11 h 20) •
Alors, je trouve les questions quand même
particulières, de dire que ce serait bienvenu puis une bonne idée, étant donné
que dans le passé, les trois dernières années, le gouvernement a carrément dit :
non, ce n'est pas une bonne idée. Alors, en espérant que peut-être le vent dans
les voiles change de direction, qu'on va pouvoir faire ceci. Alors, merci de me
permettre de venter un peu de ma frustration en ce qui <concerne ceci. Je
veux...
Mme Maccarone :
...merci
de me permettre de venter un peu de ma frustration en ce qui >concerne
ceci. Je veux parler de... Dans le projet de loi n° 9, je vous entends,
puis je comprends qu'on a besoin de changer les choses pour le mieux, d'améliorer
le système, puis je pense que tout le monde a la bonne volonté de vouloir faire
ça, mais, à l'intérieur du projet de loi n° 9, moi, ce que je lis dans le
mémoire, puis vous me corrigez si j'ai tort, je n'ai pas vu que vous dites :
Ah! ça, là, ça, ça va corriger les problèmes que nous avons en ce qui concerne
l'expulsion des enfants autistes, ça, là, ça, ça va corriger ce que nous avons
comme problème comme parents qui placent des plaintes.
Dans le fond, ce que vous dites, c'est :
Bien, merci, on comprend, c'est bon qu'on regarde le système puis qu'on y va
vers l'avant avec une réforme, mais voici ce que nous recommandions parce que c'est
ça que nous avons besoin. On a des besoins particuliers, on a des enfants
particuliers, d'abord, nos parents, on a des besoins particuliers en ce qui
concerne le protecteur de l'élève.
Je veux faire un propos. Ce que je lis à l'intérieur
de ceci, puis là où je rejoins les collègues du gouvernement, c'est que, oui,
il y a un manque de confiance, tu sais, il y a un manque de confiance, les
gens... Tu sais, je comprends que c'est complexe, puis on veut réduire les
étapes, puis on veut aussi rejoindre les recommandations que nous avons eues de
la Protectrice du citoyen, le rapport de 2017, s'assurer qu'on va améliorer le
réseau pour nos enfants qui ont des besoins, surtout que nous savions tout
dernièrement qu'il y a un minimum de 1 500 élèves qui sont expulsés
du réseau. Puis ça, c'est seulement ceux qui n'ont même pas un plan d'intervention
personnalisé. Alors, on sait que ce nombre-là, il y a... Le nombre, ça peut
être illimité.
Pensez-vous que ce serait pertinent, quand
on parle du protecteur de l'élève régional, national, mais plutôt régional, qu'on
a un protecteur de l'élève spécialisé pour les élèves HDAA? Et, si oui,
décrivez-moi cette personne un peu parce que je veux mieux comprendre. Je vous
propose ça, comme idée. Pourquoi pas? Si la nature des plaintes qu'on reçoit
dans les réseaux scolaires, on dit que c'est 80 % des plaintes, pourquoi
qu'on n'a pas une personne ou une ressource dédiée uniquement pour ça?
M. Bédard (Tommy) : Lili.
Mme Plourde (Lili) : Dans
notre mémoire, où est-ce qu'on insiste puis qu'on trouve qu'il manque dans le
projet, c'est justement la formation du protecteur régional. Puis c'est la
grosse lacune présentement, c'est que le protecteur de l'élève n'est pas
capable de dire si les interventions mises en place par l'école sont adéquates.
Ça fait que c'est le problème de base qui fait que les parents ont perdu
confiance. Ça fait que de la formation, un profil dédié, mais ça prend quelqu'un
qui comprend les besoins des enfants différents qui ne fonctionnent pas dans le
moule comme les autres. C'est un élément essentiel pour assurer le succès du
nouveau processus de plaintes. Ça, c'est clair.
M. Bédard (Tommy) : Mais bien
entendu, c'est... si on nous présente la chance d'avoir quelqu'un qui est dédié
à la clientèle autiste étant donné que le pourcentage des gens où est ce que c'est
problématique, c'est les enfants autistes, donc... Mon Dieu! Si on est en
mesure d'avoir quelqu'un dédié, spécialisé, le meilleur pour tout le monde,
donc c'est bénéfique pour les parents, c'est bénéfique pour le système
scolaire, c'est bénéfique pour tout le monde. Comme on l'a dit tantôt, ce n'est
pas... il faut que ça soit constructif. C'est poser une plainte, mais ce n'est
pas une attaque. Ce n'est pas supposé être une attaque, c'est supposé être
constructif.
Mme Maccarone : Je vous
entends, surtout que, dans le rapport de l'OPHQ, nous savions que près de
50 % des plaintes qu'eux ils reçoivent sont liées au manque de ressources
ou le manque de services dans le réseau scolaire pour les enfants handicapés ou
ayant des besoins particuliers. Alors, je suis contente de vous entendre
là-dessus parce que je pense que ça serait une idée. C'est qui qui devrait faire
la formation, selon vous? Est-ce que la Fédération québécoise de l'autisme... C'est
qui qui devrait former? Peu importe. Si, mettons, on a la chance, puis le
ministre nous entend, puis qu'on dit que ce serait bien d'avoir un protecteur
de l'élève dédié pour les élèves HDAA, mais c'est qui qui devrait faire la formation,
peu importe le cas, peu importe, si c'est un directeur national, si c'est un
directeur régional de l'élève? Puis la raison que je dis ça, c'est parce qu'habituellement
dans le réseau scolaire, vous, vous savez très bien, surtout vous, M. Bédard,
le protecteur de l'élève ou l'ombudsman plutôt local, habituellement, c'est un
avocat. Alors, c'est qui qui devrait donner cette formation pour s'assurer qu'il
comprend bien la réalité de nos familles?
M. Bédard (Tommy) : Idéalement,
il faut que ce soit quelqu'un qui est outillé, qui connaît bien <l'autisme.
C'est sûr...
M. Bédard (Tommy) :
Idéalement,
il faut que ce soit quelqu'un qui est outillé, qui connaît bien >l'autisme.
C'est sûr que passer par la fédération, la fédération est le centre de l'information
en autisme au Québec, donc oui, ce serait bien. Bien entendu, ce n'est pas Lili
ou moi qui allons faire la formation. On a des gens vers qui on peut tendre
pour monter une formation qui serait solide et qui va être évolutive aussi,
parce qu'on s'entend, quand on recherche les façons d'interagir avec les
personnes autistes, ça change au fil des années. Donc, oui, je pense que la
fédération serait quand même un endroit central, privilégié.
Mme Maccarone : Puis pensez-vous
que ce serait aussi pertinent qu'on pense à un certain niveau de
perfectionnement annuel, comme on fait dans les cadres professionnels? Ils ont
un 40 heures à faire à l'intérieur d'une certaine période de temps, peu
importe, c'est quoi, le cadre de profession. Mais pensez-vous que ça aussi, ça
serait pertinent?
M. Bédard (Tommy) : Oui, tout
à fait. Comme je vous dis, étant donné que les données, les informations en
autisme évoluent rapidement, donc oui, il y a un processus de formation qui
doit être fait. On parle de 40 heures, peu importe, mais qu'il y ait un
processus aussi d'amélioration continue, donc des formations supplémentaires au
fil des années, donc, à chaque fois qu'il y a quelque chose, bonifier la
formation.
Mme Maccarone : O.K. J'aimerais
vous entendre en ce qui concerne votre préoccupation, puis vous l'avez bien
écrit dans votre mémoire, l'absence du protecteur ou protectrice du citoyen à l'intérieur
de ce processus. Que pensez-vous... Il y a quelques groupes qui ont proposé que
le protecteur national de l'élève se relève au Protecteur du citoyen. C'est
quoi, votre opinion là-dessus?
M. Bédard (Tommy) : Lili?
Mme Plourde (Lili) : Bien, ça
fait partie des solutions qui sont intéressantes parce qu'il y a beaucoup... Si
les centres de services scolaires ont la possibilité de ne pas prendre en
considération les recommandations des protecteurs régionaux et du protecteur
national, le parent, il va aller où, après? Ça fait que oui, effectivement, que
le Protecteur du citoyen reste présent, et impliqué, et avec un autre pouvoir
de recommandation, on trouve que c'est important, oui.
Mme Maccarone : Ça m'amène à
la prochaine question. Vous avez aussi évoqué parmi vos recommandations que...
qu'est-ce qu'on fait quand nous sommes face à un refus? Parce que malgré qu'il
y a beaucoup de recommandations... puis je vous dis, tu sais, je veux être très
transparente, dans l'état actuel, dans ce projet de loi, je vois difficilement
comment nous allons améliorer le système de plainte, parce que ça reste, comme
vous l'avez dit, dans votre projet... dans votre mémoire, ça reste que c'est
toujours des recommandations. C'est toujours des recommandations. Ce n'est pas
nécessairement une mesure d'application. Puis là vous évoquez : Qu'est-ce
qu'on fait à la suite... si, mettons, c'est toujours une recommandation, puis
comme on le sait dans le cas des enfants qui sont expulsés du réseau, faute de
service, faute de capacités, faute de connaissances, on fait quoi par la suite?
Ça fait que, qu'est-ce que vous recommandez en termes d'application? Parce que
c'est totalement différent de recommandation... parce que c'est ça que nous
avons dans le projet de loi n° 9.
Mme Plourde (Lili) : Grosse
question. Tu sais, quand on parle d'élèves HDAA, il y a toute la notion d'accommodement
raisonnable, puis l'accommodement raisonnable, là, il y a la moitié du monde
qui ne savent pas c'est quoi, un accommodement raisonnable. Donc, si on ne sait
pas c'est quoi, un accommodement raisonnable, c'est facile après que... tu
sais, ça fait comme une pierre qui roule, là. À toutes les étapes, on va dire :
c'est un accommodement déraisonnable, on ne peut pas le faire.
Ça fait que... puis quand on parle de
recommandation, si la recommandation touche un accommodement qui a été déclaré
déraisonnable puis que l'école dit : Bien non, c'est un accommodement
déraisonnable, on ne peut pas suivre la recommandation.
• (11 h 30) •
Là, je ne réponds clairement pas à la
question là, mais nous, on pense que ça devrait aller plus loin que le pouvoir
de recommandation parce qu'on arrive toujours aux préjugés face à l'autisme.
Dans le rapport qu'on a nommé tantôt, sur les expulsions, jusqu'à 40 % des
élèves expulsés qui n'ont pas de plan d'intervention... Comment peut-on dire
que les besoins de cet élève-là sont des accommodements déraisonnables? On ne
peut pas faire ça. Donc, pour assurer la réussite éducative de tous les
enfants, ça prend plus qu'un pouvoir de recommandation. À un moment donné, il
faut être capable de dire : il faut que ça change. Il faut qu'on mette en
place ce qu'il faut pour assurer la réussite éducative de tous. Mais je <sais...
>
11 h 30 (version révisée)
< Mme Plourde (Lili) :
...mais je >sais que je n'ai pas entièrement répondu à la question.
Mme Maccarone : Vous soulevez
quelque chose qui est manquant dans le projet de loi, que je trouve très
intéressant, c'est que, oui, on devrait mettre quelque part de faire preuve d'une
obligation d'accommodement raisonnable. Ça, c'est quelque chose, je pense, qu'on
devrait faire un débat là-dessus parce que c'est vrai, c'est très important,
incluant, peut-être, un accompagnement des parents. Tu sais...
La Présidente (Mme Guillemette) :
...Mme la députée.
Mme Maccarone : Ça ne se peut
pas, Mme la Présidente, j'ai plein d'autres questions.
La Présidente (Mme Guillemette) :
On en aurait dit pris longtemps encore. Mais, par contre, on continue les
échanges avec Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Je suis sûre que vous aurez l'occasion de vous reparler. Je vais
vous amener sur la question des représailles. Vous nous pointez du doigt que le
processus qui est là n'est peut-être pas adéquat. Puis effectivement, il y en a
d'autres qui me l'ont soulevé que, bon, comme ce n'est pas exécutoire, les
décisions du protecteur de l'élève, puis que le processus, c'est de retourner
au protecteur de l'élève s'il y a eu des représailles, ce n'est pas exactement
une protection satisfaisante. Qu'est-ce que vous nous proposez?
Mme Plourde (Lili) : Bien, à
ce moment-là... Bien, Tommy, t'avais-tu...
M. Bédard (Tommy) : Non, non,
vas-y.
Mme Plourde (Lili) : Bien, il
faut prévoir une haute instance parce qu'une des raisons principales pour
lesquelles les parents ne portent pas plainte en partant, c'est qu'ils ont peur
aux représailles pour leur enfant. Ça fait que, là, s'ils ont eu courage de
porter plainte, puis ont fait tout le processus, puis qu'après ils sont quand
même victimes de représailles, là, on les perd. On les perd complètement s'il
faut qu'ils retournent à la même place qu'ils sont déjà allés.
Ça fait qu'il faut prévoir un autre
recours que je n'ai pas nécessairement de réponse, là, pour ça. Est-ce qu'à ce
moment-là ça sera le Protecteur du citoyen? Mais clairement que ça prend un
autre recours pour permettre aux parents, là, d'être vraiment à l'aise dans
tout un processus de plainte.
Mme Labrie : Mais est-ce que
c'est un autre recours que ça prend ou carrément des indications plus claires
que ce n'est pas possible de faire des représailles, tu sais, prévoir des
sanctions, par exemple, en cas de représailles?
Mme Plourde (Lili) : Oui. Et
clairement que ça pourrait être des sanctions parce qu'on sait que les
représailles, ça existe, là. Il y a d'autres groupes qui ont passé hier, des
groupes d'étudiants, entre autres, là, des élèves qui ont été assez marquants,
j'ai trouvé, comme présentation... que, oui, effectivement, là, on peut prévoir
des sanctions en cas de représailles envers un élève ou ses parents.
Mme Labrie : O.K. Parfait.
Puis tout à l'heure, il était question de l'enjeu du nombre d'étapes, tout ça.
Vous nous disiez préférer qu'il y ait seulement l'étape de l'école avant le
protecteur régional. Parfois, ça relève du centre de services, par exemple,
quand c'est du transport. Est-ce qu'on pourrait envisager qu'il y ait seulement
une étape avant le protecteur, que ce soit les directions d'école, soit le
centre des services et que, tout de suite après, la personne puisse se rendre
au protecteur de l'élève?
Mme Plourde (Lili) : Selon
les... Encore là, je pense que...
Mme Labrie : Je réfléchis
avec vous, là.
Mme Plourde (Lili) : Oui.
Bien, moi aussi, je réfléchis en même temps. Je pense que ça, nous, on a encore
peur qu'il y ait trop d'étapes, c'est clair. Selon les expériences qu'on a
vécues dans les 10 dernières années, on pense qu'il y a encore trop d'étapes.
Il y a certaines choses qui vont se régler avec le centre de services, avec l'école.
On le sait, il y a des affaires qui vont se régler. Des fois, il y a beaucoup
des malentendus pour le transport scolaire, des trucs comme ça.
Mais ça demeure que ça peut être l'école,
ça peut être la fin de service scolaire. Mais ça demeure que, dans certaines
situations, encore une fois, parlons des accommodements raisonnables ou
déraisonnables, selon l'interprétation, si le parent doit passer par un
responsable de plainte avant d'aller au protecteur régional puis qu'il se fait
dire encore une fois que l'école a raison dans son interprétation, tu sais, ça
va... nous autres, on pense que ça va créer encore une barrière puis une d'embûche,
là.
Mme Labrie : L'idée, c'est de
faciliter l'accès direct?
Mme Plourde (Lili) : Oui.
Mme Labrie : Parfait.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, nous poursuivons les échanges avec la députée de Joliette. Mme la députée.
Mme Hivon : Oui, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour à vous deux. Merci de la pertinence de
votre présentation. Deux questions. Ça revient beaucoup, la difficulté pour des
parents qui veulent porter plainte d'être bien accompagnés, d'avoir l'information
juste, de ne pas être tétanisés, notamment, de peur de représailles et de
savoir comment être dirigés.
Je vous soumets une proposition. Dans le
secteur de la santé, il y a ce qu'on appelle les centres d'assistance et d'accompagnement
aux plaintes des usagers. Donc, quelqu'un qui dit : C'est-tu pour moi? Je
peux-tu faire une plainte? Comment m'y prendre... est-ce que vous pensez que ce
serait une bonne idée d'avoir le pendant ou d'élargir tout simplement le mandat
de ce type de centre là pour pouvoir avoir un volet dans le domaine scolaire?
Deuxième question. Est-ce qu'on devrait
garder la Protectrice du citoyen comme ultime instance? On sait que, quand elle
avait déposé son rapport, elle, elle recommandait de pouvoir avoir ce rôle-là
plutôt que de créer, par exemple, un protecteur national de l'élève. Et hier, on
lui demandait la plus-value que ça pourrait avoir, et je pensais, justement, à
des enfants qui vivent avec l'autisme. <Elle disait...
Mme Hivon :
...je
pensais, justement, à des enfants qui vivent avec l'autisme. >Elle
disait qu'une des plus-values qu'elle voit, c'est qu'elle pourrait faire des
liens entre services de santé et services en matière d'éducation, santé et
services sociaux pour que ce soit mieux intégré aussi quand elle fait des
recommandations. Donc, j'aimerais vous entendre sur ces deux éléments-là.
M. Bédard (Tommy) : Si je
peux débuter, à votre première question, à savoir pour, vraiment, un centre de
plaintes officiel, les organismes régionaux sont justement là pour aider les
familles. Est-ce que, si on crée un centre officiel de plaintes, ou je ne sais
pas comment qu'on pourrait le nommer... est-ce que les gens vont être, encore
une fois, bien outillés pour répondre et bien comprendre la nature de l'autisme
ou de la différence de l'enfant? C'est sûr que, si on n'a qu'une seule porte d'accès,
on vient de faciliter encore les choses.
Pour la deuxième partie, je vais laisser
Lili y aller.
Mme Plourde (Lili) : Bien, la
protectrice...
Mme Hivon : ...comprendre,
juste là-dessus. Vous avez le sentiment que vos organismes à vous, régionaux,
jouent vraiment ce rôle-là d'accompagner dans le milieu scolaire pour faire une
plainte. Donc, il n'y a pas ce besoin-là en ce qui a trait aux gens que vous
représentez.
Mme Plourde (Lili) : Ça
dépend des région. Ça dépend des régions.
M. Bédard (Tommy) : C'est ça,
exactement.
Mme Plourde (Lili) : Parce
que le financement n'est pas égal, à la grandeur de la province, pour nos 16
associations régionales. Ça fait qu'il y a des associations régionales qui n'ont
pas la main-d'œuvre présentement, qui n'ont pas les ressources humaines et
financières pour le faire. À ce moment-là, si on sort des centres d'accompagnement
aux plaintes puis qu'on offre aux associations régionales d'avoir ce rôle-là,
il faut que ça vienne avec un financement. C'est juste ça que je ferais
comme...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup, M. Bédard et Mme Plourde, de votre contribution aux
travaux de la commission. Et c'est malheureusement tout le temps que nous
avions.
Donc, la commission suspend ses travaux
quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 37)
>
(Reprise à 11 h 54)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Bonjour. Donc, la Commission de la culture et de l'éducation reprend ses
travaux. Avant d'accueillir la prochaine invitée, j'aurais besoin du
consentement de tout le monde pour déborder un petit peu sur notre temps, donc
de quelques minutes. Est-ce que j'ai consentement? Consentement, tout le monde,
d'accord.
Donc, nous pouvons accueillir notre
prochaine invitée qui est via le réseau téléphonique. C'est un petit peu plus
difficile au niveau du réseau Internet. Donc nous accueillons Mme Patricia
Clermont, porte-parole de Je protège mon école publique. Merci, Mme Clermont, d'être
avec nous ce matin.
Donc, vous disposez de 10 minutes
pour nous présenter votre exposé, et il y aura un échange avec les membres de
la commission par la suite. Donc, je vous cède la parole, Mme Clermont.
Je protège mon école publique
Mme Clermont (Patricia) :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, Je protège mon école publique est un
mouvement citoyen indépendant et non partisan qui a mobilisé des dizaines de
milliers de parents à travers le Québec depuis sa création en 2015. Il a pour
mission de dénoncer, à travers différentes actions, le financement de l'école
publique et ses conséquences désastreuses sur le parcours scolaire et sur la <qualité
de vie des élèves. On a fait, notamment...
Mme Clermont (Patricia) :
...le financement de l'école publique et ses conséquences désastreuses sur le
parcours scolaire et sur la >qualité de vie des élèves. On a fait,
notamment, entre mai 2015 et septembre 2016, des chaînes humaines qui ont
rassemblé plus de 135 000 parents et, depuis, on poursuit notre
action en favorisant l'implication des parents dans les milieux scolaires puis
en faisant oeuvre de vigie en matière d'éducation en prenant régulièrement
position publiquement sur certaines orientations gouvernementales et dans les
médias par rapport à des situations problématiques et des enjeux qui se
présentent dans l'actualité. Nous ne sommes pas un lobby ni un organisme formel
de représentation des parents. C'est le comité organisateur du mouvement, un
groupe d'une dizaine de parents engagés provenant de plusieurs régions de la
province, qui se prononcent ici en se basant sur leur expérience au sein de Je
protège mon école publique et auprès de comités de parents, au cours des
dernières années et quotidiennement, notamment via les réseaux sociaux, ainsi
qu'en lien avec des commentaires provenant de parents par d'autres manières.
Alors, ce projet de loi, à nos yeux, c'est
un projet capital pour les droits des élèves, mais il y a encore des choses à
préciser. Force est de constater qu'actuellement les processus de traitement
des plaintes dans le réseau scolaire restent opaques et déficients dans la
perception, mais aussi, malheureusement, l'expérience de nombreux élèves et
parents au sein du système d'éducation du Québec. Le mouvement Je protège mon
école publique le constate d'autant plus depuis la disparition des commissaires
scolaires et l'adoption de la loi n° 40 en 2019 tout
particulièrement car nous recevons davantage de témoignages, de questions et
même d'appels à l'aide de la part de parents désemparés devant le système
scolaire, qu'ils abordent le plus souvent comme un mur dont ils cherchent la
porte d'entrée, sans compter que, quand ils la trouvent, ils s'aperçoivent qu'ils
méconnaissent les structures scolaires et cela engendre de la méfiance.
D'emblée, nous nous réjouissons que le
protecteur national de l'élève soit à la tête d'une équipe de protecteurs
régionaux qui permettent de mieux rendre compte des contextes et milieux, qui
diffèrent évidemment à travers le Québec. Nous saluons aussi le fait que le
Protecteur national de l'élève concerne tous les élèves scolarisés, qu'ils
soient dans le réseau public, une institution privée ou encore scolarisés à la
maison. À nos yeux, il sera crucial d'assurer efficacement et rapidement la
promotion du rôle de ce protecteur auprès des différentes instances, mais
aussi, et surtout, auprès de la population en général, des parents, qui ne sont
pas tous engagés dans les structures et comités scolaires. Surtout, il y aura
fort à faire afin de bâtir la confiance des parents envers cette institution,
alors que les milieux scolaires connaissent nombre de problèmes importants et
particulièrement en ce qui concerne des situations problématiques que vivent
les élèves.
Trop souvent déjà, les convaincre, avec
leur famille, de s'avancer pour rendre compte de leurs difficultés, et plus
encore lorsqu'il s'agit de dénoncer, cela représente d'emblée des énergies en
plus de celles qu'ils déploient déjà afin de faire face à ces situations.
Malheureusement, au fil des années et même des décennies, un cynisme et un
désarroi profonds sont venus teinter la perception et le bouche-à-oreille entre
les parents.
Nous n'avons pas eu le temps de mettre un
processus d'analyse et de consultation des parents qui nous permette d'aller en
détail quant aux irritants des systèmes actuels de traitement des plaintes,
mais ils sont nombreux. Nous avons vu le mémoire du Regroupement des comités de
parents autonomes du Québec, et, à nos yeux, ça en brosse un portrait fiable et
pertinent. Quant à nous, nous avons fait l'exercice de lire attentivement le
présent projet de loi afin d'en faire une analyse succincte pour en faire
ressortir des recommandations qui nous apparaissent incontournables à sa
lecture.
D'emblée, nous nous réjouissons de savoir
que le protecteur fera rapport, de manière annuelle, par le ministre de l'Éducation,
à l'Assemblée nationale au 31 décembre de chaque année au plus tard, mais nous préférerions
que ce rapport soit ensuite déposé par le Protecteur national de l'élève
lui-même, afin de bien affirmer son indépendance dans son travail. À noter que
nous saluons aussi le rapport que devra faire le Protecteur national de l'élève
au plus tard cinq ans après la mise en œuvre de l'application de la nouvelle
loi au sujet de sa mise en œuvre. Ce rapport devrait être clairement distingué
du rapport annuel. Nous saluons par ailleurs que le rapport du Protecteur
national de l'élève fasse état, de manière distincte, des plaintes concernant
un acte d'intimidation ou de violence.
• (12 heures) •
Par ailleurs, en ce qui concerne les
qualités et les compétences des protecteurs national et régionaux de l'élève,
alors qu'il est prévu que le protecteur national soit nommé en qualité de sa
connaissance du système d'éducation et ses mécanismes de règlement des
différends, nous souhaitons que les mêmes exigences soient requises pour les
protecteurs régionaux de l'élève, d'autant plus qu'ils pourraient être amenés à
assurer un intérim en cas d'empêchement ou de vacance de son poste. De plus, il
subsiste plusieurs questions quant à la composition du comité de sélection des
protecteurs régionaux et surtout de comment seront choisis les membres de ces
comités de sélection en <regard...
>
12 h (version révisée)
< Mme Clermont (Patricia) :
...en >regard de la répartition des protecteurs régionaux de l'élève,
les manières par lesquelles les protecteurs régionaux seront répartis à travers
le territoire, les manières par lesquelles ils se coordonneront et se concerteront
ensemble avec le Protecteur national, comment tous rendront compte publiquement
des situations qu'ils sont amenés à examiner, cela sera crucial. Alors que les
protecteurs régionaux pourraient être amenés à être responsables de plus d'une
région, cela nous apparaît, en fait, problématique, et il ne faudrait pas que
cela dépasse deux régions, mais, en fait, nous considérons que chaque région
devrait... mérite, en fait, l'attention et l'emploi d'un protecteur régional à
temps plein.
Il est aussi bienvenu et pertinent que le protecteur
national puisse agir en appui des protecteurs régionaux dans le cours de leur
travail de traitement des plaintes, de même qu'il puisse être interpelé par le
ministre, qui lui demanderait son avis sur toute question pour laquelle il juge
utile d'avoir son avis. Pour ce faire, il nous apparaît pertinent que ce soit
le gouvernement qui détermine le budget et les effectifs des protecteurs
régionaux également.
Quant aux démarches, délais et pouvoirs,
nous comprenons bien que les élèves et les familles feront appel au protecteur
de l'élève lorsque leurs démarches au sein de leur école et/ou au sein de leur
centre de services scolaire n'auront pas abouti et permis de résoudre les
situations problématiques. Il faudra rendre vraiment explicites ce recours et
les précédents car il est essentiel que les familles comprennent bien qu'elles
sont véritablement invitées à faire connaître leurs problèmes, et à faire
prévaloir les droits des élèves, et pour qu'elles comprennent le cheminement et
les délais qui vont de pair avec leurs démarches.
À travers le projet de loi, on comprend
bien qu'un élève et ses parents doivent d'abord dénoncer... s'adresser, en
fait, à la personne concernée dans une école, mais il reste que la procédure selon
laquelle ce membre d'établissement doit aviser sa direction, ça reste aussi à
préciser. Ensuite, il faudrait faire appel à la direction de l'école en
question, qui devrait répondre aux parents, à la famille, dans les 10 jours
ouvrables, sinon au centre de services scolaire dans un délai de 15 jours
ouvrables. Et c'est après que les parents et élèves seraient invités à entamer
une démarche auprès du protecteur régional de l'élève, mais ces délais, dans le
projet actuel de loi, sont quand même confus à la lecture, et ça pourrait
engendrer de la confusion, et ça risque de miner non seulement la confiance,
mais même d'empêcher qu'elle se bâtisse à l'égard de cette institution.
Donc, les outils de communication visant à
expliquer les pouvoirs, devoirs et délais devraient comporter un tableau clair,
exposant les délais qui concernent les protecteurs régionaux et le Protecteur
national de l'élève, tout en incluant ceux des instances précédentes, et qui
sont beaucoup mieux exposés dans ce projet de loi. Je vais sauter un petit un
peu pour ne pas excéder...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Il vous reste une minute, si vous voulez terminer.
Mme Clermont (Patricia) : Oui,
c'est ça.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait.
Mme Clermont (Patricia) : Oui,
certainement. Alors, on voulait aussi saluer, en fait, le délai de 10 jours
ouvrables dont dispose un centre de services scolaire pour informer les
plaignants à la suite des communications du protecteur de l'élève.
Mais je voudrais porter l'attention, en
fait, pour notre 10e recommandation, puis la 11e aussi, sur le fait que non
seulement l'information relative au travail du Protecteur national de l'élève
devrait être clairement communiquée au public, mais que soit aussi mis sur pied
un service d'accompagnement au sein de son équipe afin d'aider les élèves et
familles dans leur cheminement lorsqu'ils décident d'entreprendre une démarche
auprès de lui, et même que des services de médiation soient mis sur pied afin d'aider
lorsqu'il y a des problèmes du côté des centres de services scolaires, parce
que je le soulignerai aussi, au passage, que ça nous inquiète de voir, je
pense, c'est à l'article 58, en fait, que le conseil d'administration
pourrait décider de, finalement, passer outre à une recommandation ou une
conclusion du Protecteur national de l'élève.
Alors, je terminerais ici. Ce n'est pas
évident par téléphone, mais je pense que c'est complet.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. On vous entend beaucoup mieux que tout à l'heure. Donc, pour nous, c'est
plus facilitant. Donc, nous allons débuter les échanges en commençant avec M.
le ministre. Je vous cède la parole, M. le ministre.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Merci beaucoup, Mme Clermont. Effectivement, on aurait aimé mieux
vous voir. On aurait même aimé que vous soyez carrément avec nous en salle de
commission. Mais l'important, c'est qu'on a vraiment bien reçu puis pris
connaissance de votre mémoire puis on va continuer de l'analyser. On n'a pas
perdu un seul des mots que vous avez prononcé dans votre présentation. Donc, je
pense que ça, c'est l'essentiel. Merci <beaucoup...
M. Roberge :
Merci
>beaucoup.
Il y a un constat clair et dur, là, que
vous tracez à la page 3 de votre mémoire quand vous parlez de cynisme et de
désarroi par rapport au statu quo, au système actuel. Vous parlez d'une
perception de cynisme et de désarroi. Je suis certain que ce n'est pas partout
pareil pour tous les parents dans toutes les régions, mais, je pense, c'est
quand même quelque chose qu'il ne faut pas nier. Et je vous dirais que ça fait
un peu écho au diagnostic qu'avait fait la Protectrice du citoyen en 2017. Il
fallait changer le système de traitement des plaintes. Il faut rénover notre
système de protecteur de l'élève.
Donc, là-dessus, je suis d'accord avec
vous. Je suis content que vous disiez que le projet de loi est un projet de loi
capital. Travaillons maintenant à mieux le comprendre puis à l'ajuster. Vous
nous dites, en page 2 de votre mémoire, que c'est une bonne chose que les
protecteurs soient régionaux et qu'il n'y en ait pas seulement un qui est
national, parce que vous dites que ça permet de mieux considérer les différents
milieux. Est-ce que vous pouvez m'expliquer un peu plus davantage ce que vous
aviez derrière la tête, vous et votre comité, les parents, quand vous parlez de
mieux considérer les préoccupations et les réalités des différents milieux?
Mme Clermont (Patricia) : Bien,
en fait, c'est qu'étant... Bien, vivant moi-même à Montréal puis faisant
partie, donc, du centre de services scolaire de Montréal, il est évident que la
région de Montréal... Par exemple, ce centre de services là, de même que les
autres de la grande région de Montréal, sont profondément différents des
centres de services qui sont, par exemple, en Gaspésie, ou sur la Côte-Nord, ou
en Mauricie. Alors, nous, au mouvement, on en apprend tous les jours, à force
de parler avec les gens, puis on apprend... On est conscients aussi que les
dynamiques locales sont très différentes dans une ville comme Montréal, par
exemple, où est-ce qu'il y a quantité de nouveaux arrivants qui arrivent, puis
leur concentration est beaucoup plus grande que dans une région comme la
Mauricie ou comme les Laurentides, par exemple.
Alors, c'est pour ça qu'on salue le fait
que le protecteur national ait une équipe de protecteurs régionaux qui puissent
rendre compte de ces différentes réalités puis aussi des différentes dynamiques,
parce que ce n'est évidemment pas la même chose au sein d'une petite, moyenne ou
grande ville. Est-ce que c'est plus clair?
M. Roberge : Merci. Et, bien
que votre regroupement s'appelle Je protège mon école publique, vous mentionnez
que c'est une bonne chose qu'on couvre les parents qui font l'école à la maison
et les écoles privées. Voulez-vous nous dire pourquoi c'est important de
couvrir aussi ces secteurs-là pour des parents, dans le fond, qui choisissent
de ne pas envoyer leurs enfants dans une école publique?
Mme Clermont (Patricia) : Bien,
en fait, c'est sûr que nous, notre intérêt se porte plus sur l'école publique,
mais il nous apparaît qu'étant donné qu'il y a un système... En principe, il y
a un système d'éducation au Québec. Il nous apparaît important, quand même, que
le protecteur national s'intéresse à tous les élèves, d'autant plus que, par
exemple, du primaire au secondaire, il peut arriver qu'un élève passe du public
au privé et inversement ou à la maison. Alors, on n'a pas élaboré sur ce point,
mais, en fin de compte, pour que ça reste cohérent et pertinent puis pour ne pas
que les gens disent, finalement, qu'il y a une de ces trois formes-là qui n'est
pas couverte, bien, c'est dans ce sens-là qu'on salue le fait que ça couvre
tous les élèves.
M. Roberge : D'ailleurs, bon,
il y a des protecteurs régionaux qui sont prévus, dans le projet de loi, sous
la gouverne, la supervision, la formation d'un protecteur national, puis on dit :
Le protecteur national, bien, il doit couvrir tout le monde, il ne peut pas
échapper des élèves. Puis d'autres groupes ou d'autres personnes ont parlé de
pouvoir de retrait ou, excusez-moi l'anglicisme, d'«opting out» pour certaines
commissions scolaires. Moi, c'est quelque chose qui m'inquiéterait. Si on avait
un protecteur national qui ne couvre pas toutes les personnes de la nation
québécoise, il me semble, ça serait... on échapperait quelqu'un quelque part.
Mme Clermont (Patricia) : En
effet.
M. Roberge : Oui, bon, voilà,
très bien, on est d'accord là-dessus. Par rapport à un rapport... à l'article
75, où on parle, après cinq ans, d'un rapport de mise en oeuvre, vous voulez qu'on
distingue ce rapport-là des rapports annuels. Voulez-vous nous dire pourquoi
vous trouvez important ce rapport spécifique prévu à l'article 75, sur le
rapport de mise en oeuvre?
• (12 h 10) •
Mme Clermont (Patricia) : Bien,
c'est parce qu'il permettrait, au bout de cinq ans, et donc de cinq rapports
annuels, de dresser un <bilan...
Mme Clermont (Patricia) :
...un >bilan, et donc des évolutions, certainement, au fil des années,
de comment ce nouveau... cette institution-là agit et est reçue, et je pense
que ça pourrait... Par exemple, s'il y a des problèmes qui persistent, bien, ça
pourrait permettre de les mettre plus clairement en lumière afin qu'à ce
moment-là, par exemple, au bout de cinq ans, par exemple, on s'y attaque
plus particulièrement ou, en tout cas, qu'on puisse dégager des lignes de force
quant aux bénéfices qu'on a retirés de l'implantation de ce protecteur national
là ou des problèmes qui persistent. Mais un rapport annuel, pour moi, ça couvre
juste l'année courante, tandis que ce rapport-là, sur la mise en œuvre, ça
permettrait de dégager un portrait, sur plusieurs années, de comment le travail
du protecteur national et des protecteurs régionaux s'est effectué.
M. Roberge : Oui, c'est
ça et c'est prévu qu'ils soient distincts. Donc, à l'an 5, il y aurait
deux rapports, d'une certaine façon, là. Il y aura le rapport annuel de l'an 5
et il y aura, je vous dirais, là, le rapport de mise en œuvre. Puis, à l'article 75,
on dit : «Ce rapport peut contenir des recommandations visant l'amélioration
du régime de traitement des plaintes et une meilleure protection des droits des
élèves, des enfants qui reçoivent un enseignement à la maison et de leurs
parents visés...» Bref, tout le monde. Donc, c'est important de distinguer ces
deux rapports-là, comme vous le disiez.
Je voyais que, dans votre mémoire et dans
votre présentation, vous dites : Bien, ça pourrait être intéressant qu'à l'Assemblée
nationale ce ne soit pas le ministre ou la ministre qui dépose les rapports,
mais directement le protecteur national. Écoutez, ce serait totalement
différent des us et coutumes, parce que, et c'est comme ça pour tous les
ministres, on ne fait que se lever au salon bleu, dire : Je dépose le
rapport de telle instance, des universités, qui sont pourtant... qui ont
pourtant une grande, grande indépendance par rapport au gouvernement, ou même,
supposons, du Conseil supérieur de l'éducation, alors que c'est
Mme Lassonde qui préside le Conseil supérieur de l'éducation, qui a ses
budgets, son équipe de communication qui fait ses points de presse, ses
communiqués, qui a une grande indépendance.
Juste vous rassurer, vous et ceux qui nous
écoutent, que ce n'est pas parce que le ministre se lève pour déposer au salon
bleu le document qu'il a la moindre prise sur ce qui est écrit dans ce
document-là et sur l'indépendance de l'organisme ou de la personne qui préside
cette organisation-là. Donc, ce serait, si on va de l'avant avec ça, comme avec
les universités et les conseils... le Conseil supérieur et autres. Donc, je
voulais peut-être clarifier cet élément-là.
J'aimerais avoir votre avis ou vos
réflexions sur la nomination, la sélection des protecteurs régionaux des
élèves. On prévoit, dans le projet de loi, d'avoir un comité. Est-ce que vous
avez eu l'occasion de vous pencher sur la composition de ce comité-là? Est-ce
que vous pensez que les bonnes personnes y sont? Est-ce qu'il y aurait d'autres
critères, d'après vous, à préciser dans la loi pour bien choisir les personnes
qui occuperont cette importante fonction?
Mme Clermont (Patricia) :
Bien, en fait, on n'a pas vraiment eu le temps de se pencher sur ça, mais il
reste que, de s'entendre ou de publiciser qui peut être reconnu et qui ne peut
pas, c'est quelque chose qui reste crucial quant à la perception puis à la
construction de la confiance du public, parce que... Puis, eu égard à ce que
vous avez dit par rapport au dépôt, là, à l'Assemblée nationale, nous, on a mis
ça de l'avant aussi, dans le fait que, quand on parle de cynisme et de
désarroi, c'est que nous, on déploie parfois beaucoup d'énergie à essayer de
convaincre les gens qu'ils ont bien fait de nous parler, ils ont bien fait de
contacter les instances qu'ils ont essayé de contacter et que c'est important
qu'ils se fassent entendre.
Alors, je pense que de bien implanter ces
processus de sélection là, de reconnaissance... Des fois, on se rend compte
aussi de la méconnaissance des gens. Ça veut dire que, quand leur enfant entre
à l'école, des fois, c'est là qu'eux-mêmes découvrent ce monde-là, mais ils le
trouvent très complexe, et le cynisme vient du fait qu'ils ont l'impression que
c'est tellement compliqué qu'ils vont perdre, en fait, d'avance. Alors, je ne
peux pas vous répondre sur la sélection, mais c'est certain qu'encore une fois.
au sein des différents milieux, et contextes, et dynamiques locales,
régionales, c'est important que les gens qui soient nommés puis les gens qui
soient éventuellement... c'est ça, nommés et sélectionnés soient reconnus parmi
des gens qui sont reconnus par la communauté sans qu'il y ait de <polémique...
Mme Clermont (Patricia) :
...de >polémique à cet égard-là puis sans qu'il n'y ait d'oubli non
plus, parce que, parfois, il y a des... il peut y avoir des individus ou des
groupes qui ne sont pas autour de la table et qui pourraient être pertinents.
M. Roberge : Très bien, pour
susciter l'adhésion. D'ailleurs, je veux souligner le travail que vous faites
et que Je protège mon école publique fait, parce que, oui, il y a des
critiques, il y a des demandes, il y a des recommandations, mais il y a une
démarche positive, constructive, parce que j'ai vu souvent que, de la manière
dont vous travaillez, vous incitez les gens non pas à être en marge, à côté,
puis à contester... oui, à s'exprimer, mais aussi à s'impliquer, à se mobiliser
à toutes les instances, à prendre leur place au conseil d'établissement, dans
un comité de parents, au conseil d'administration, pour être des acteurs, puis
ça, ça fait toute la différence. Ça ne permet pas au réseau de s'asseoir sur
ses lauriers puis de renoncer à améliorer les structures, mais d'inciter les
gens à s'investir dans les structures, c'est sûr que ça vient lutter contre le
cynisme puis ça fait des gens qui sont très mobilisés. Donc, ça, je pense, c'est
très important de le mentionner.
Puis, par rapport à la sélection, je veux
dire que, bon, dans la version du projet de loi, on prévoit qu'il y a des
personnes sur ce comité-là, mais il y a aussi ce qu'on appelle une habilitation
réglementaire pour dire qu'il y aura un règlement qui viendra donner des
balises aussi, puis s'assurer de la compétence puis de l'adhésion, puis s'assurer
que le choix de cette personne-là sera quelque chose, justement, qui donnera
confiance dans l'institution. Puis ce n'était pas une question, c'était plus un
commentaire, un échange.
Et je permettrais à mon collègue de
Richelieu, si vous permettez, de poursuivre l'échange avec vous, en vous
remerciant pour votre contribution.
Mme Clermont (Patricia) : Je
vous remercie.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. M. le député, la parole est à vous.
M. Émond : Oui. Merci beaucoup,
madame...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Cinq minutes.
M. Émond : Cinq minutes?
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, Mme Clermont. À mon tour de vous
remercier pour votre participation aux travaux de la commission.
Dans votre mémoire, vous indiquez qu'il
est crucial d'assurer la promotion du rôle du protecteur de l'élève. Je suis
parfaitement d'accord avec vous. Il est prévu que, minimalement, au moins une
fois par année, les parents soient informés en début d'année, là, du rôle, de
la procédure, de l'existence du protecteur de l'élève par un document également
sur le site Web des centres de services scolaires. Vous, vous parlez, à votre
recommandation 6, je trouve ça intéressant, d'amener comme outil d'information
également un tableau clair qui va exposer les délais pour chacune des étapes.
Ça me semble intéressant. Et est-ce que vous proposez ça parce que, dans votre...
Tu sais, vous savez, on a des groupes qui
nous ont indiqué de diminuer les délais qui sont impartis, d'autres groupes qui
nous disent : Non, non, on a besoin de plus de temps, les délais devraient
être un petit peu plus longs. Donc, à quel endroit, votre regroupement et vous,
vous situez-vous? Est-ce que vous trouvez que, dans sa mouture actuelle, ce que
propose le projet de loi, en ce qui a trait aux délais de traitement, ça vous
semble suffisant, ça vous semble correct?
Mme Clermont (Patricia) : C'est
une très bonne question. Je dois vous dire que c'est une très bonne question,
parce que nous, on essaie aussi de se mettre du point de vue des parents
ordinaires qui... avec qui on échange, là, chaque jour. Puis, quand on compte
tous les délais, là, ça fait beaucoup de temps pour quelqu'un, par exemple, qui
a un problème pour son enfant au primaire, par exemple. Souvent, ces
enfants-là... Le problème, au primaire, c'est souvent que les parents paniquent
un peu, là. Je veux dire, ils sont... Ils se sentent désemparés, puis, des
fois, au secondaire, le problème, c'est que les parents se disent : Bien,
ça ne donne rien. Ils ont acquis, justement, une espèce de cynisme.
• (12 h 20) •
Alors, quand on compte tous les délais,
là, de 10 jours à l'école plus 15 jours au centre de services, ça fait
déjà 25, plus un 20 jours, ça fait 45 jours ouvrables. C'est très long.
Alors, je ne pourrais pas vous dire, aujourd'hui, que je suggérerais autre
chose, mais simplement, dans la démarche d'information auprès du public, ça m'apparaît
important que les gens comprennent que, même si c'est long, 45 jours ouvrables...
parce que, tu sais, c'est deux mois pour qu'un problème se règle, plus que...
bien, deux mois environ... qu'ils comprennent bien que ça se tient, tu sais, qu'il
n'y a pas une espèce de trou noir, à un moment donné, par exemple, quand ils
arrivent au protecteur régional de l'élève, au protecteur national, dans lequel
on n'entend plus parler... ou ils ne savent plus de quel délai il <s'agit.
Alors, nous...
Mme Clermont (Patricia) :
...il >s'agit.
Alors, nous, je pense que la première
chose, en fait, qu'on aurait aimé voir, qu'on aimerait voir, c'est un outil qui
permet d'exposer ces différents délais-là et qui nous permet aussi, justement,
de... Et puis, quand on parlait du service d'accompagnement, c'est que,
justement, au sein de l'équipe de protecteur national, il y ait quelqu'un qui
puisse aider et sécuriser les gens pour qu'ils continuent leurs démarches, parce
que, quand on se rend au protecteur, c'est parce que la situation n'est pas
résolue de manière satisfaisante. Alors, il faut qu'ils gardent confiance, puis
la première façon, c'est de savoir dans quoi on s'embarque. J'espère que c'était
clair.
M. Émond : Oui, oui, c'était
très clair. Je vous remercie. En conclusion, peut-être, si vous pourriez donner
un petit peu plus de précisions concernant votre recommandation 10, qui...
Vous demandez que des services d'accompagnement soient mis sur pied au sein de
l'équipe du Protecteur national de l'élève pour aider les élèves et les
familles dans leur cheminement. Quels types de services d'accompagnement
avez-vous en tête? De quelle manière, concrètement, vous pensez que cela
pourrait se déployer?
Mme Clermont (Patricia) :
Bien, par exemple... En fait, la réalité... Je reviens à la réalité des parents
telle qu'ils nous l'exposent, des fois, quand ils nous expliquent les démarches
qu'ils ont faites. Puis là, des fois, ils nous disent : Bien, vous
comprenez, Mme Clermont, moi, j'arrive puis je ne veux pas que mon enfant
ait des représailles ou des conditions défavorables. S'il y a un problème avec
un prof, bien, par exemple, ce prof-là a un représentant syndical. Puis il y a
toutes sortes d'autres gens que les parents méconnaissent, dans le fond, puis c'est
sûr que ça leur ferait craindre aussi...
Alors, à la suite du dépôt de notre
mémoire, il y a un autre de mes collègues qui a soulevé que peut-être que
les... Je ne sais pas comment ça s'appelle exactement, là, mais des centres d'accompagnement
aux plaintes, là, comme dans le milieu de la santé, ça pourrait être quelque
chose d'intéressant, en l'adaptant au milieu scolaire aussi, alors d'autant
plus... je vous le mentionne, d'autant plus qu'avec les enfants en difficulté,
souvent, ces enfants-là sont comme suivis par les deux réseaux. Puis nous, on
est parmi les acteurs qui plaidons pour, toujours, que les silos de la santé et
l'éducation, en fait, n'existent plus en tant que silos, là, qu'ils se
concertent mieux.
Alors, je ne sais pas si, par exemple, des
centres d'accompagnement aux plaintes comme ça, dans le milieu de la santé,
pourraient avoir un volet scolaire aussi qui leur soit ajouté.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme Clermont. Nous allons continuer les échanges avec la députée de
Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour, Mme Clermont.
Je vais commencer par vous taquiner un
petit peu puis vous dire que, vous savez, la plupart des députés qui sont à l'Assemblée
nationale ont commencé par être des parents qui se sont impliqués. Donc, soyez
prudente, peut-être que, bientôt, vous serez alentour de la table vous aussi en
politique active, mais merci. Je joins ma voix à celles de mes collègues pour
vous dire merci pour cette implication.
Je vais faire avec vous vos recommandations,
mais je vais commencer à l'envers. Donc, je vais commencer par la fin puis,
après ça, je vais remonter, là, sur les recommandations. Moi, je les ai devant
moi, c'est pour ça que je vous dis comment je vais procéder. Comme ça, on peut
se suivre.
Ma première question va être en même temps
une suggestion que j'ai reçue d'un parent, je l'ai reçue il y a quelques
minutes, d'ailleurs, pour la recommandation 10 et 11, puisqu'à cette
recommandation-là vous nous parlez d'accompagner les parents. Et j'entends bien
dans votre volonté toute la pesée des mots quand vous dites désarroi,
cynisme, scepticisme. Je rajoute ce mot-là, mais je sens qu'il est peut-être
aussi dans votre vocabulaire.
Alors, comment recevez-vous l'idée... Puis
je vous la propose à vous parce que vous n'êtes pas une organisation, là,
monstre. Vous êtes vraiment des gens qui parlez entre vous puis, vous le disiez
plus tôt, là, de bouche à oreille. Comment recevez-vous l'idée qu'il pourrait y
avoir une ligne nationale à laquelle élève, parent ou enseignant téléphone,
soumet sa problématique, où là on peut les guider à travers le processus de...
oui, première étape, ce serait de parler à la direction de l'école, ou, première
étape, ce serait d'aller directement au directeur général, ou : Non, non,
oubliez ça, nous, on va prendre en main votre dossier tout de suite pour s'assurer
qu'il n'y a pas de perte de temps ou de réponse. Est-ce que, pour vous, ce
serait quelque chose qui est <intéressant...
Mme Charbonneau :
...qui est >intéressant ou on s'en remet peut-être plus au tableau, là,
que vous parliez?
Mme Clermont (Patricia) :
Bien, moi, d'emblée, là, mais je le dis vraiment spontanément sur le moment, je
me dis : Pourquoi pas les deux? Parce que tout ce qui peut aller capter,
justement, le moment où est-ce qu'un parent ou un élève décide de faire
confiance à un système qui fonctionne puis qui est transparent, bien,
prenons-le, parce que nous, c'est à ça qu'on fait face. Puis quand vous dites
qu'on se parle entre nous, mais, les parents sur le comité organisateur, on est
dans plein de structures aussi. On est au sein des... On participe aux comités
de parents de nos centres de services scolaires.
Donc, on parle à d'autres parents qui sont
très engagés, et, même s'ils ne sont pas dans notre mouvement de manière
formelle, souvent, ils sont sympathisants. Certainement, tout le monde est
préoccupé, justement, par quelque chose, un, qui fonctionne, deux, qui soit
rapide, mais surtout il faut que ça soit cohérent. Alors, le tableau... Moi, je
pense que la ligne pourrait certainement être quelque chose qui s'ajoute. En
tout cas, c'est intéressant à explorer de manière sérieuse, mais ça ne peut
rien remplacer, là, au sein de ce qu'on a vu dans le projet de loi.
Mme Charbonneau : Mais je
suis heureuse de vous entendre... que ça pourrait être quelque chose d'intéressant.
Le projet de loi est en discussion entre nous en ce moment, mais va tomber dans
le principe de l'article par article, j'espère, avant que le premier ministre
déclenche les élections. Et, de ce fait, bien, c'est peut-être une proposition
qui va tomber sur la table, de notre côté, en tout cas, pour pouvoir la
proposer au ministre.
Après ça, je me rends à la recommandation n° 9 parce que c'est quelque chose qui me chatouille
beaucoup depuis le début, c'est-à-dire que donner plus de pouvoirs ou donner du
pouvoir au Protecteur national de l'élève, qu'il soit clairement affirmé étant,
finalement, prépondérant par rapport aux pouvoirs et prérogatives du conseil d'administration
du centre de services scolaires. Donc, j'aimerais ça vous entendre, parce qu'il
n'a qu'un pouvoir de recommandation. Je le dis sans vouloir être de mauvaise
foi, mais il n'a aucun pouvoir de recommandation. Donc, je voulais vous
entendre par rapport à la recommandation 9.
Mme Clermont (Patricia) : Je
vous entends bien puis je vais juste souligner qu'on a vraiment manqué de temps
pour revoir toute la cohérence de notre texte. Alors, je m'en excuse déjà, mais,
en fait, c'est que ça nous a surpris un petit peu de voir ça. Je comprends bien
le pouvoir de recommandation. Vous avez vraiment raison, mais, à sa face même,
puis c'est peut-être parce qu'il y a des situations particulières dans... comme
au CSSDM, là, qui font en sorte que le... Tu sais, à Montréal, on est sous
tutelle, alors, mais l'idée qu'un conseil d'administration, dont il faut
améliorer le lien avec le public, là, je pense, pourrait renverser ou... en
tout cas, il y a quelque chose là-dedans qui est comme un peu surprenant quand
on arrive à ce moment-là du projet de loi. Et, en fait, ce n'est pas très
détaillé, là, par exemple, les raisons pour lesquelles un conseil d'administration
pourrait décider de ne pas tenir compte d'une conclusion ou d'une
recommandation du Protecteur national de l'élève.
C'est dans ce sens-là qu'on se dit : Bien...
puis surtout, encore une fois, du point de vue du parent qui nous appelle, qui
nous interpelle, nous, à Je protège mon école publique, on se dit : Des
situations comme ça, ce serait vraiment dangereux pour la confiance du public,
parce que, finalement, quelqu'un aurait fait toutes les démarches, sur deux
mois, par rapport à une situation, donc, qui devrait se résoudre, là, mais ça,
c'est sans compter le temps que ça a pris pour se décider à faire une démarche,
et puis le conseil d'administration pourrait décider de ne pas en tenir compte,
alors que souvent, l'autre chose que je n'ai pas mentionnée dans mon allocution,
mais qui est vraiment importante, c'est que, quand il y a quelqu'un qui dénonce
une situation... En tout cas, nous, à Je protège mon... notre école publique...
mon école publique, pardon, on prend d'emblée... on suppose d'emblée que, quand
une situation nous vient d'un côté, par un individu, bien, c'est qu'elle existe
à plusieurs endroits puis qu'on ne le sait pas. Alors, c'est pour ça qu'on
salue puis qu'on veut accompagner du mieux qu'on peut cette personne-là, parce
que ça va sûrement en aider d'autres.
• (12 h 30) •
Alors, encore une fois, c'est simplement
parce que les centres de services scolaires et leurs conseils d'administration...
Je pense qu'il y a encore de la confiance à bâtir puis à voir aussi comment ils
vont recevoir ces recommandations-là. Mais nous, on se dit que le parent qui a
une recommandation du protecteur de l'élève, bien, il veut que ça soit suivi. Il
ne veut pas que ça soit retourné, tu sais, qu'il y ait un revirement de la situation.
Mme
Charbonneau
:
Il ne <veut pas...
>
12 h 30 (version révisée)
<635
Mme
Charbonneau :
Il ne >veut pas que ça soit tabletté,
comme on dit dans...
Mme Clermont (Patricia) : C'est
ça que je... C'est exactement ça.
Mme Charbonneau : Je poursuis
avec la recommandation 7 où, là, vous abordez un petit peu plus les
délais. Puis tantôt je vous entendais répondre à mon collègue, puis vous avez
nécessairement bien situé le principe de l'attente d'un parent quand il soumet,
quand il a le courage d'aller jusqu'au bout de sa démarche. Parce que les
parents EHDAA ont l'habitude, hein... eux autres, à partir du moment où leur
enfant rentre à l'école, ils sont déjà des combattants. Mais quand on est un
parent où, là, émerge une situation puis on n'est pas habitué, on se pose
beaucoup de questions, là, pour savoir si on dépose, si on va plus loin, si on
fait des démarches.
Un peu plus tôt, on faisait une
proposition de voir si, dépendamment de la situation, les délais devraient être
différents. Est-ce que vous croyez que les délais devraient être les mêmes pour
toute forme de situation?
Mme Clermont (Patricia) : Bien,
d'emblée, je dirais que non. Mais, en même temps, il ne faudrait pas qu'encore
là il y ait un trou qui puisse s'ouvrir, c'est-à-dire que, si on détermine que
ça ne serait pas toujours le même délai, bien, il faut que ce délai-là ait une
limite minimale et maximale, parce que sinon, évidemment... bien, notamment
avec les élèves avec des problèmes d'apprentissage, en difficulté, c'est des
situations vraiment complexes. Mais, encore une fois, je pense que d'avertir le
parent de combien de temps ça va prendre au plus, c'est capital pour même que
les gens décident de s'engager dans une telle démarche.
Mme Charbonneau : Merci. Ma
dernière question...
Mme Clermont (Patricia) : Il
ne faudrait pas que ça soit...
Mme Charbonneau : Oui, bien,
je comprends que c'est pour mieux accompagner le parent, à partir du moment où
il connaît son délai, là. Ça, je comprends ça.
Ma dernière question, elle est un petit
peu pointue puis, en même temps, très large, là. C'est la recommandation 5
où, là, vous donnez le pouvoir au gouvernement de déterminer le nombre d'employés
et le budget du protecteur de l'élève. Puis, si on se rappelle pourquoi votre
organisation existe, c'est justement parce que c'est le gouvernement qui a le
pouvoir de décider des budgets.
Est-ce que vous voyez, dans votre
proposition, plus un montant d'argent ou une attribution monétaire par rapport
à la région, par rapport au nombre d'élèves desservis, par rapport au nombre d'établissements
que le protecteur de l'élève va avoir, plutôt que le gouvernement qui dit :
Bien, pour toutes les régions, ça va être un protecteur, puis deux adjoints,
puis ça va être un national avec juste quelques adjoints? Comment vous voyez
votre recommandation plus précisément?
Mme Clermont (Patricia) : Bien,
effectivement, vous complétez bien la recommandation. Ce n'est, en fait, pas en
termes de budget fixe, de montant d'argent fixe et de nombre d'employés fixe,
mais en regard du nombre d'établissements, en regard aussi de certaines...
comment je pourrais dire, de certaines problématiques et dynamiques qui
pourraient justifier ça.
Alors, évidemment, c'est ça, c'est... En
fait, toutes les régions du Québec sont évidemment importantes, mais elles ne
connaissent pas les mêmes enjeux et avec la même ampleur. Par exemple, l'intensité
de l'immigration dans la région de Montréal et dans la ville de Montréal, même
par rapport à la grande région, ce n'est pas la même chose qu'en région
éloignée. Alors, ça devrait être pris en compte pour effectivement que, par
exemple, il puisse y avoir des effectifs en plus grand nombre pour un plus
grand centre de services scolaire, bien, pour un territoire, par exemple, qui
aurait des gros centres de services scolaires.
Mme Charbonneau : Tout à
fait. Je vous fais un clin d'oeil en vous disant...
Mme Clermont (Patricia) : Je
vous remercie, en fait, de la précision.
Mme Charbonneau : Je suis la
fille d'à côté, je suis la fille de Laval, puis effectivement on s'est battu
pour dire qu'on n'est pas Montréal, on est Laval. Donc, merci beaucoup pour ces
échanges, Mme Clermont.
Mme Clermont (Patricia) : C'est
moi qui vous remercie.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Nous continuons les échanges avec Mme la députée de
Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme Clermont. Je voudrais vous poser des questions
sur les outils d'information qui vont être utilisés pour informer les parents,
les familles de leurs droits puis de leurs recours. Tout à l'heure, la
Fédération québécoise de l'autisme nous a demandé que, par exemple, en cas de
suspension ou d'expulsion, la famille reçoive systématiquement, là, l'information
pour leur rappeler c'est quoi, les recours possibles en termes de plainte.
Est-ce qu'il y a des événements en
particulier qui nécessiteraient, selon vous, là, d'envoyer ce rappel
systématique, des exemples de situations, par exemple, souvent vécues par les
parents dans lesquelles ils ont vraiment besoin d'avoir ce rappel-là?
Mme Clermont (Patricia) : Bien,
moi, d'emblée... c'est une très bonne question, mais d'emblée, j'ai... peut-être
que vous allez penser que je réponds à côté, mais pourtant, non, je pense qu'un
des premiers <endroits...
Mme Clermont (Patricia) :
...mais
d'emblée, j'ai...
peut-être que vous allez penser que je réponds à côté,
mais pourtant, non,
je pense qu'un des premiers >endroits... puis
à cet égard-là, on a salué, là, que ce soit communiqué au 30 septembre le
plus tard, mais, en même temps, les assemblées générales d'établissements, par
exemple, dans les écoles, c'est souvent au début du mois de septembre, puis c'est
certain que ça serait des bons endroits où est-ce que pourraient être publicisés
les pouvoirs puis les recours, les délais. En tout cas, le fait qu'il y ait de
l'information au sujet du protecteur national de l'élève, déjà, ça me fait
penser à modifier cette recommandation-là, mais, en même temps, on comprend
bien que le 30 septembre, c'est une date maximale.
Mais je pense, en fait, que, tu sais, s'il
pouvait y avoir des outils qui soient à l'école même, mais aussi à la
disposition puis à la connaissance, par exemple, des membres de conseils d'établissement
pour qu'ils puissent déjà donner ça à un parent qui leur fait part d'un
problème, ça serait une avancée. Parce que nous, par exemple, quand on nous
contacte, on suggère souvent aux gens de contacter les gens de leur conseil d'établissement,
ce qui est étrange un peu, des fois, qu'on appelle un mouvement comme nous
plutôt que le conseil d'établissement, mais c'est pour vous montrer à quel
point les gens, des fois, ils se disent : Ah! bien, j'ai vu Je protège
dans les médias, je vais les appeler, puis ils n'ont pas pensé à appeler le conseil
d'établissement de leur école. Mais, dans tous les cas, je pense que le plus d'endroits
possible où est-ce qu'il pourrait y avoir de l'information au sujet du
protecteur de l'élève, ça serait pertinent, y compris dans les services à l'école.
Mme Labrie : Donc, que ce
soit diffusé à l'école, entre les murs de l'école, mais que ce soit aussi
transmis aux conseils d'établissement aux moments comme les assemblées
générales, ça, c'est important.
Mme Clermont (Patricia) : Bien,
ça me semble incontournable pour que ce soit vraiment quelque chose qui
participe à construire la confiance.
Mme Labrie : Parfait. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, nous allons terminer les échanges avec Mme la députée de
Joliette.
Mme Hivon : Oui, bonjour, Mme Clermont.
Je vais revenir sur vos recommandations 10 et 11. Donc, services d'accompagnement,
on vous a bien entendue. Je pense qu'on se rencontre à un certain niveau sur l'idée
d'envisager un rôle pour les comités d'assistance et d'accompagnement, là, en
matière de plainte, que l'on voit déjà dans le secteur de la santé, aussi pour
l'aspect intégration, parce que des fois des élèves vont vivre à la fois des
problèmes scolaires et dans le secteur santé et services sociaux.
Puis moi, je vous soumettrais que l'avantage
de plus que j'y vois, c'est une certaine indépendance par rapport à l'institution
elle-même. Donc, les gens ne peuvent pas avoir peur de se faire freiner dans
leur élan parce qu'ils savent que ce ne sont pas des gens à l'intérieur même de
l'organisation. Donc, je vous ai bien compris par rapport à ça, oui?
Mme Clermont (Patricia) : Oui,
je suis tout à fait d'accord. En fait, nous, on pense que les... tout ce qui
peut concourir à la perception de l'indépendance, ça peut concourir, justement,
à donner confiance puis à défaire peu à peu la méfiance envers le fait de
dénoncer une situation et de vouloir l'améliorer ou la résoudre.
Mme Hivon : Puis la
recommandation 11 sur la médiation, c'est très intéressant aussi. Je pense
que c'est dans l'air aussi, là, de la réflexion du ministre. Mais vous dites,
donc, «à agir en conséquence d'une conclusion ou d'une recommandation d'un
protecteur régional ou national». Donc, juste pour bien comprendre, vous, le
processus de médiation, vous le voyez une fois que la conclusion est tombée
pour essayer de trouver une solution pour que les choses changent, en fait.
Mme Clermont (Patricia) : Oui,
parce que ce qui m'apparaît... puis c'est pour ça que je vous exprimais ma
surprise par rapport à l'article 58, je pense, à la... justement, je
parlais, à la recommandation 9, l'important, là, du point de vue du
parent, puis ce qui peut mettre fin peu à peu au cynisme ambiant, là, puis
surtout au scepticisme, comme Mme Charbonneau le disait tout à l'heure, c'est
que ça ne puisse pas... ça ne puisse plus être possible désormais que quelqu'un
fasse toute cette démarche-là et qu'on en vienne à rester, finalement, au statu
quo. Il faut que ça, ça... il faut qu'on dise : Le protecteur de l'élève
est là pour... Évidemment, ça ne peut pas être frivole, là, ça ne peut pas
être... tu sais, on ne peut pas faire des dénonciations à propos de tout et de
rien, qui ne vaudraient pas, là... mais, je veux dire, toute situation
problématique qui a un fondement important, et, comme je vous disais, une
plainte égale probablement plusieurs situations qui se vivent à plusieurs
endroits. Il ne faut pas que la perception du public, ça soit possible que finalement,
par exemple, un conseil d'administration d'un centre de services scolaire <puisse
dire...
Mme Clermont (Patricia) :
...possible que
finalement,
par exemple, un
conseil
d'administration d'un centre de services scolaire >puisse dire :
Bien, nous, on préfère le statu quo, alors on n'en tient pas compte. En tout
cas, l'enjeu, c'est de faire cesser le statu quo.
• (12 h 40) •
Mme Hivon : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup. Merci beaucoup, Mme Clermont, pour votre contribution aux
travaux de la commission.
Et nous suspendons les travaux jusqu'à
14 h 30... 14 heures, excusez, 14 heures. Merci, tout le
monde.
(Suspension de la séance à 12 h 41)
14 h (version révisée)
(Reprise à 14 h 02)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Votre attention, s'il vous plaît! La Commission de la culture et de l'éducation
reprend ses travaux.
Donc, nous poursuivons les auditions
publiques dans le cadre des consultations particulières sur le projet de loi n° 9, la Loi sur le protecteur national de l'élève. Et cet
après-midi, nous entendrons la Coalition de parents d'enfants à besoins
particuliers du Québec, la Commission des droits de la personne et des droits
de la jeunesse, le Regroupement des comités de parents autonomes du Québec et
la Fédération des comités de parents du Québec.
Donc, nous accueillons maintenant la
représentante de la Coalition de comités de parents d'enfants à besoins
particuliers du Québec, Mme Bianca Nugent. Mme Nugent, bienvenue,
merci d'être avec nous cet après-midi. Donc, vous disposez de 10 minutes
pour faire votre présentation, et il y aura un échange avec les membres de la
commission par la suite. Donc, sans plus tarder, je vous cède la parole.
Coalition de parents d'enfants à besoins
particuliers du Québec (CPEBPQ)
Mme Nugent (Bianca) : Merci,
Mme la Présidente. Je profite de l'occasion pour remercier la Commission de la
culture et de l'éducation pour l'invitation de la Coalition des parents d'enfants
à besoins particuliers du Québec. Je me présente à vous aujourd'hui à titre de,
évidemment, porte-voix des experts par expérience des réalités éducatives et
sociales des enfants à besoins particuliers du Québec, qui représentent des
centaines de membres individuels et associatifs, dont 81 % s'identifient
comme parents d'enfants à besoins particuliers mais également comme
enseignantes, éducatrices à la petite enfance, éducateurs spécialisés,
professionnels et alliés, comme les grands-parents de toutes les régions du
Québec. Plus de 6 500 personnes sont abonnées à nos fils d'actualité,
sur les différents réseaux sociaux, en appui à notre mission.
J'aimerais attirer l'attention sur un
élément de notre mission qui vise à défendre et à promouvoir les intérêts des
enfants à besoins particuliers du Québec, qui explique notre présence aujourd'hui.
Notre présentation d'aujourd'hui va
principalement focaliser sur quatre principales recommandations et étayer,
finalement, des enjeux relatifs au processus de plainte, que nous souhaitons
plus clair, plus transparent, plus accessible et plus impartial. Nous allons
aussi témoigner des recours que les parents d'enfants à besoins particuliers
ont à leur portée quand ils sentent que leurs droits ou ceux de leurs enfants
sont lésés.
D'entrée de jeu, nous tenons à réitérer le
concept de besoin particulier, qui, pour la CPEBPQ, est relié à l'intensité de
soutien nécessaire à apporter aux enfants ayant une condition
neurodéveloppementale, ou une variation neurologique, ou un handicap visible ou
invisible, une déficience physique ou <intellectuelle...
Mme Nugent (Bianca) :
...CPEBPQ,
est relié à l'intensité de soutien nécessaire à apporter aux enfants ayant une
condition neurodéveloppementale, ou une variation neurologique, ou un handicap
visible ou invisible, une déficience physique ou >intellectuelle, ou
encore une psychopathologie reconnue dans la définition d'«enfant handicapé» par
l'Office des personnes handicapées du Québec. Pour la coalition, ces besoins
particuliers sont aussi concomitants à leur situation de vie. On réitère l'importance,
pour les membres et les élus, de prendre en compte des conditions reconnues et
celles pas encore reconnues comme la neurodiversité, sans se limiter à ces
conditions dans l'offre des services publics.
Selon les plus récentes statistiques du
ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur du Québec, Mme la
Présidente, le nombre d'élèves québécois qui sont dans ces situations ou
présentent des conditions de santé et des besoins psychosociaux associés à leur
réalité représente un élève sur quatre. La plupart d'entre eux nécessitent des
services éducatifs adaptés. C'est le respect des droits de ces centaines de
milliers d'élèves particulièrement vulnérables qui sont au coeur de notre avis
et notre mémoire déposés aujourd'hui à la commission.
Comme le stipule l'article 1 de la
Loi sur l'instruction publique, le MELS a l'obligation de rendre les services
éducatifs accessibles à tous les enfants âgés de cinq à 18 ans, ou
21 ans dans le cas d'une personne handicapée, lui permettant d'exercer ses
droits en vue de son intégration sociale, professionnelle, scolaire. Alors,
pour la coalition, rendre accessible, Mme la Présidente, c'est d'abord éliminer
les obstacles et les contraintes à l'accès aux services éducatifs et
complémentaires ainsi qu'aux ressources dont ils ont besoin. Autrement dit,
avant toute modification de loi, avant toute modification de structure, pour qu'il
y ait un accès, nous réitérons l'importance d'avoir en amont une reconnaissance
claire des droits de ces élèves qui sont plus susceptibles de vivre des
inégalités d'accès.
Pour la coalition, le respect des droits
des enfants à besoins particuliers, c'est d'abord un rempart à leur dignité d'apprendre.
Quand nous pensons aux droits des enfants, nous évoquons souvent la Convention
relative aux droits des enfants, la CDE, qui engage tous les États signataires
à garantir, dans tous les aspects de leur vie, un milieu puis les accès sans
discrimination. Alors, on entend très peu, par contre, parler de l'article 23
de la CDE, qui met l'accent sur le droit spécifique des enfants handicapés,
comme, par exemple, la reconnaissance qu'ils doivent être en mesure de mener
une vie pleine et décente dans des conditions qui garantissent leur dignité,
qui favorisent leur autonomie et qui facilitent leur participation à la vie...
à la collectivité, qui garantissent aussi leur accès à l'éducation, à la
formation, aux soins de santé, à la rééducation, à la préparation à l'emploi
ainsi qu'aux activités récréatives dont ils ont besoin pour leur épanouissement
personnel.
Dans cette optique, Mme la Présidente, on
réitère aussi l'importance de mieux connaître la Convention relative aux droits
des personnes handicapées, qu'ils reconnaissent que la notion de handicap
évolue et que le handicap résulte de l'interaction entre des personnes qui
présentent des incapacités et des barrières comportementales sur la base de l'égalité
avec les autres. Il en est de même pour tous les élèves québécois en situation
de handicap, Mme la Présidente. Et on tient que l'État québécois veille aussi à
respecter son engagement afin que tous les enfants handicapés ne soient pas
exclus sur le fondement de leur handicap, tant au niveau de l'enseignement primaire
que dans l'enseignement secondaire et les études supérieures, que ce soit sur
le principe de la base de l'égalité avec les autres, avoir accès à un
enseignement primaire et secondaire inclusif de qualité ainsi que des
aménagements raisonnables en fonction de leurs besoins est absolument
nécessaire pour leur plein épanouissement dans leur vie sociale.
En ce sens, la CPEBPQ tient à réitérer aux
membres de la Commission de la culture et de l'éducation qu'un instrument de
protection bien de chez nous, la Charte des droits et libertés du Québec, a
déjà le mandat de veiller à cette protection. Or, avoir besoin de ces
adaptations-là ne sont... ce n'est pas un luxe, c'est un droit qui est enchâssé
par la Loi sur l'instruction publique. Dans ce sens, on réitère l'importance de
respecter la portée des droits de la Commission des droits de la personne mais
aussi d'étendre, dans une portée plus large, certains de ces droits, ou ces
revendications-là, ou ces mesures d'enquête et mesures de recommandations au futur
protecteur national de l'élève.
• (14 h 10) •
Nos principales recommandations d'aujourd'hui
portent sur un processus de plainte clair, transparent, accessible et
impartial. À la lumière du constat du rapport du Protecteur du citoyen, déposé
en 2017, ainsi que l'enquête systémique sur les droits des élèves EHDAA, menée
par la commission des droits de la personne et de la protection de la <jeunesse...
Mme Nugent (Bianca) :
...EHDAA, menée par la commission des droits de la personne et de la protection
de la >jeunesse en 2018, qui révèle un nombre accru de plaintes reçues
pour discrimination d'élèves EHDAA, nous avons recommandé déjà, dans notre
mémoire déposé en 2018, de rendre et d'améliorer le processus de plainte selon
trois principales modalités. On réitère cette recommandation aujourd'hui afin
de rendre le rôle du protecteur de l'élève complètement indépendant des
politiques internes des commissions scolaires et ainsi lui permettre de non
seulement faire recommandation à l'Assemblée nationale, mais aussi d'avoir des
pouvoirs d'enquête accrus, ainsi que des pouvoirs de recommandation, et ainsi
qu'un budget favorisant la mise en place de mesures de prévention pour s'assurer
d'éliminer les motifs de compromission à l'accès aux services qu'une majorité d'élèves
à besoins particuliers ont de la difficulté à recevoir.
Dans ce principe-là, on demande aussi aux
membres de la Commission de la culture et de l'éducation de réfléchir à ce que
la loi permette et favorise l'implantation de mécanismes simples pour s'assurer
du respect non seulement de la Loi sur l'instruction publique, mais de la
nouvelle Loi du protecteur national du citoyen. On demande aussi de prévoir,
dans la loi, des conséquences lors de constats d'inconduite de la part d'une
personne, ou d'une instance, ou d'un établissement scolaire et une obligation
de s'y conformer.
Dans cette perspective-là, Mme la
Présidente, on réitère l'importance que le processus de traitement des plaintes
ainsi que le recensement national soient clairs dans la loi et que la loi fasse
preuve non seulement de transparence dans son processus, mais que le rôle du protecteur
national et des protecteurs régionaux fasse preuve d'une grande impartialité.
Quant à la recommandation sur le plan des
traitements des plaintes, l'une des recommandations du Protecteur du citoyen,
en 2017, visait à ce que le protecteur de l'élève de la commission scolaire de
l'époque soit la porte d'entrée du processus d'examen. Or, ce n'est pas du tout
le cas. Le projet de loi n'apporte que très peu d'ouverture, en allant jusqu'à
préciser même le nombre de jours à respecter sans égard à la teneur de la
plainte ni à sa récurrence. Bien que nous sommes pour l'importance de fixer un
temps limite, nous ne le mentionnerons pas dans les premières étapes, mais
plutôt une fois que la teneur et la nature de la plainte... (panne de son) ...déterminées.
Pour nous, il est important de développer un mécanisme ou un dispositif qui
permettrait de rapidement sécuriser le parent, l'élève ou la personne qui fait
une plainte au nom de l'élève, un accès accessible, universel, qui permettrait
de rapidement avoir une meilleure idée du délai de traitement de sa plainte une
fois que celle-ci serait saisie par le responsable.
On demande aussi que non seulement ce
processus-là soit accessible en ligne, mais qu'il soit aussi accessible par
téléphone, à l'aide d'un numéro dédié, pour que les personnes qui ne disposent
pas d'ordinateur puissent y avoir accès et aussi permettre aux parents d'enfants
à besoins particuliers, l'élève ou les personnes qui déposent une plainte en
leur nom puissent rejoindre rapidement la personne responsable. Nous croyons
que ce dispositif permettrait de recenser les plaintes. Leur recension est très
importante pour la Coalition des parents d'enfants à besoins particuliers du
Québec. Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci pour votre présentation. On va débuter les échanges avec M. le ministre,
qui, j'imagine, a des questions pour vous. M. le ministre.
M. Roberge : Absolument.
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci pour votre présentation et votre
mémoire. C'est un apport complémentaire, je dirais, à d'autres groupes, donc c'est
très intéressant que vous soyez là aujourd'hui. C'est une perspective, un point
de vue qui est différent. Vous arrivez avec des prémisses qui ne sont pas
directement liées au projet de loi, mais qui couvrent plus large sur la réalité
des enfants qui ont des besoins particuliers puis la réalité aussi des parents
qui doivent trouver leur chemin, là, à travers, des fois, des dédales
administratifs qui sont trop complexes. On est là, justement, pour essayer de faire
le ménage, faciliter la vie de ceux et celles qui veulent améliorer les
services à leurs jeunes.
Je vais juste prendre une minute, je
voulais aller à la page 7 de votre mémoire, qui était peut-être en amont
de vos recommandations ou précisions, vraiment, sur le projet de loi n° 9.
Mais j'aimais bien... comme des prémisses que vous aviez, d'ores et déjà, vous
dites : «1. Rendre le protecteur de l'élève indépendant des politiques
internes des commissions scolaires ou créer une nouvelle <instance...
M. Roberge :
...protecteur de l'élève indépendant des politiques internes des commissions
scolaires ou créer une nouvelle >instance de protection de l'élève
totalement indépendante — "ombudsman des élèves à besoins
particuliers". Le tout dans le but d'alléger et non d'alourdir la
structure existante.»
J'ai l'impression que ça, c'était, disons,
une revendication, une réflexion que vous aviez faite en constatant ce qui se
passe dans le réseau mais avant de voir le projet de loi n° 9. Puis le
projet est perfectible, là, je le dis tout le temps, on travaille là-dessus, et
c'est pour ça, les auditions et la commission. Mais est-ce que vous pensez que
le projet de loi va dans le sens de votre première préoccupation, là, disons, l'indépendance
puis de créer une instance qui est indépendante des commissions scolaires, des
centres de services? Est-ce que vous pensez qu'on coche cette case, si j'ose
dire?
Mme Nugent (Bianca) :
Bien, merci, M. le ministre. En fait, effectivement, la prémisse stipule qu'on
a déposé cette recommandation-là déjà... d'ores et déjà, en 2018. Alors,
effectivement, on attendait avec anticipation le dépôt d'un projet de loi qui,
évidemment, irait de l'avant avec non seulement la prémisse de créer un poste,
mais une instance.
Alors, quand on fait état d'une instance,
pour nous, il importe que non seulement le protecteur national de l'élève soit
totalement indépendant, mais qu'il puisse avoir les moyens aussi d'investiguer
et de mener les enquêtes qu'il juge à propos, qu'il puisse aussi avoir des
moyens, aussi, de proposer des recommandations dans une perspective de
prévention. Et malheureusement, ce n'est pas... on n'a pas été en mesure de
voir non seulement ces moyens, mais non seulement être confirmés que c'est une
véritable instance et non pas simplement une personne qui va être responsable d'une
reddition de comptes à l'Assemblée nationale, selon notre proposition, mais
vraiment qui, au besoin, pourrait s'adjoindre des conseillers indépendants ou s'adjoindre,
finalement, peut-être même de partenaires comme l'Office des personnes
handicapées ou des commissions, pour vraiment s'assurer que l'ombudsman ou le Protecteur
national de l'élève ait tous les moyens nécessaires pour mettre fin aux motifs
de compromission, aux plaintes qui lui sont rapportées par les protecteurs
régionaux.
M. Roberge : O.K. Bien,
on parle ici de créer... on ne parle pas d'une personne, mais d'une institution.
On parle de créer carrément une institution, un organisme. On dit «le
protecteur», mais on s'entend que c'est un peu comme quand on dit «la
Protectrice du citoyen», on sait bien que Mme Rinfret n'est pas seule, là.
Là, on y va avec le protecteur national, les protecteurs régionaux, puis tout
ce monde-là aura le personnel nécessaire pour jouer son rôle. Mais je prends
bonne note du souhait que vous avez mentionné aussi, la prévention, et là il
faudra voir ce qu'il y a déjà dans la loi ou ce qu'on peut faire à cet
égard-là.
Ensuite, vous aviez, au point 2,
toujours dans la même séquence : «Prévoir des mécanismes simples pour s'assurer
du respect de la Loi sur l'instruction publique et de la politique d'adaptation
scolaire.» On vise à simplifier les choses, c'est sûr, faire connaître aussi,
hein? Parce que, des fois, ce qu'on ne connaît pas nous semble opaque, nous
semble complexe. On ne sait même pas que ça existe, on sait qu'il existe
quelque chose ou on ne le sait même pas que ça existe. C'est arrivé à quelques
reprises, depuis le début des auditions, que mes collègues députés disent qu'on
reçoit dans nos bureaux de comté, des fois, des plaintes de parents, souvent, d'ailleurs,
des parents qui ont des enfants à besoins particuliers, qui sont insatisfaits
de ce qui se passe dans les écoles, puis ils ne savent même pas qu'il existe un
mécanisme de plainte dans leur organisation, ils savent encore moins qu'il
existe un protecteur de l'élève. Puis donc ils vont au bureau de député, puis
là on les informe, on les aide, on les réoriente.
Ça fait que c'est sûr que, si ce n'est pas
connu du tout, du tout, ça ne peut pas être simple. Mais on a prévu, dans le
projet de loi, l'obligation pour le protecteur national et les protecteurs
régionaux de diffuser l'information, de se faire connaître, de prendre les
moyens pour se faire connaître. On a précisé qu'à chaque année il fallait que
les parents reçoivent de l'information. Donc, il ne suffit pas de dire que c'est
sur un site Internet : Vous avez juste à aller sur le site Internet. Là,
on a l'obligation de le rappeler à chaque année.
Mais, outre la diffusion, l'information
aux parents, est-ce que vous considérez que, tel que c'est conçu en ce moment
dans le projet de loi n° 9, il y a une simplification pour les parents de
se prémunir du mécanisme?
• (14 h 20) •
Mme Nugent (Bianca) : Je
vous dirais, M. le ministre, comme on a étayé plus dans notre section au niveau
de la clarté et de la <transparence...
Mme Nugent (Bianca) :
Je vous dirais, M. le ministre, comme on a étayé plus dans notre section au
niveau de la clarté et de la >transparence, il importe de mieux définir
la portée des rôles de tous les intervenants qui sont dans le processus, qui
sont inclus dans le processus de plainte. Le projet de loi, actuellement, fait,
oui, état des rôles et des responsabilités du protecteur national, du protecteur
régional, de la personne responsable aux plaintes mais, quand même, de manière
encore qui mériterait davantage de clarté. Mais qu'en est-il des directions? Qu'en
est-il des enseignants, de la responsabilité des enseignants? Qu'en est-il,
même, de la portée même du rôle du parent de l'élève? Je dirais qu'il y a
encore du travail à faire au niveau de la clarté quant à apporter au niveau des
rôles et responsabilités des différentes...
Et pour ce qui est du mécanisme, on a fait
une proposition, dans notre mémoire, d'un mécanisme... comment je pourrais
dire, je pourrais dire un peu intuitif d'auto-évaluation. La majorité des
parents, si on leur permet clairement d'arriver à une page, pas qui explique
simplement le processus de plainte, mais qui explique d'abord c'est quoi, les
droits des élèves qui sont reconnus, c'est quoi, les principales étapes, c'est
quoi, les principaux critères pour qu'une... pour la recevabilité d'une plainte...
Les plaintes, généralement, les plaintes qui seraient formulées sur la nature,
par exemple, des politiques et des procédures, pourraient être adressées, par
exemple, aux membres du conseil d'administration. Les plaintes qui sont plus de
l'ordre de l'offre de services pourraient être adressées à l'organisation
scolaire. C'est dans ce sens-là qu'on aimerait qu'il y ait un dispositif
neutre, impartial, qui permettrait au parent de se faire déjà une idée avant
que le processus de traitement de sa plainte se fasse... soit déjà au fait, à
quoi il peut s'attendre, et c'est ça qu'on ne retrouve pas en ce moment.
Et on n'a malheureusement pas aussi vu de
détails. On comprend que le projet de loi n'explique pas nécessairement la
procédure, mais on profite de... je profite de l'occasion de votre présence
aujourd'hui, M. le ministre, pour vous le demander, là, directement. C'est
important de faire confiance aux parents, que les parents sont capables de s'informer,
mais encore faut-il que l'information qu'on leur diffuse soit claire, concise
et évidemment que la portée de l'information qu'on leur donne leur permette de
se faire... de donner du sens au processus avant que ce processus, là, se
déclenche.
M. Roberge : Je
comprends. C'est pour ça qu'il faut que le protecteur national et les
protecteurs régionaux aient vraiment le mandat de vulgariser le régime. Ça
arrive souvent en commission, lors des auditions ou quand on travaille à l'article
par article, qu'on regarde le projet de loi puis on trouve : Oui, mais là,
c'est un peu... ce n'est pas facilement accessible, ce n'est pas vulgarisé. C'est
normal, là, c'est du langage de juriste. Mais par contre il faut que, dans le
langage de juristes, il y ait l'obligation de vulgarisation, ensuite. Parce que
bien peu de parents vont aller lire la Loi sur l'instruction publique pour
connaître les procédures de traitement des plaintes, puis c'est correct. Si on
se rend là, c'est parce qu'on n'aura pas fait notre travail avant.
Normalement, le protecteur et les réseaux
scolaires auront fait leur travail en fonction des articles qu'il y a dans la
loi puis auront fait connaître, auront rédigé des dépliants, les auront
distribués, auront envoyé des courriels, utilisé les médias sociaux, utilisé
les panneaux sur le bord de l'autoroute, des campagnes publicitaires à la télé,
s'il le faut, pour faire connaître la porte d'entrée puis, justement, comme
vous nous disiez, quelle est la meilleure façon de se prévaloir puis de faire
valoir ses droits.
Il y a quelque chose qui a piqué ma
curiosité aussi, dans votre mémoire, parce que, là, vous êtes les seuls à
arriver avec ça, de ne pas préciser des délais. Je suis à la page 9, vous
dites : «Bien que nous sommes pour fixer un temps limite, nous ne le
mentionnerions pas dans les premières étapes, mais plutôt une fois que la
teneur et la nature de la plainte eurent été déterminées.» Il y a des gens qui
nous ont dit que les délais dans le projet de loi étaient trop courts, d'autres
trop longs. Vous, vous nous dites qu'on ne le mentionnerait pas, au départ,
mais on ne donnerait pas, dans le projet de loi, des balises pour l'étape 1,
lorsqu'on va d'abord s'expliquer puis obtenir des précisions à l'école, dans l'étape 2,
si jamais elle est nécessaire, au centre de service, puis dans l'étape 3,
si elle nécessaire, au protecteur régional. Vous ne mettriez pas ces
balises-là, si je comprends bien?
Mme Nugent (Bianca) : Nous,
ce qu'on.... Non, en fait, dans l'optique de créer un dispositif qui
permettrait au parent de non seulement être bien <informé...
Mme Nugent (Bianca) :
Nous,
ce qu'on.... Non, en fait, dans l'optique de créer un dispositif qui
permettrait au parent de non seulement être bien >informé de quelle
nature est sa plainte, vers qui sa plainte devrait être redirigée, à ce
moment-là, et c'est un processus assez simple... à ce moment-là, ce qu'on
précise, c'est qu'effectivement, une fois que le processus ou, je pourrais
dire, la pré-étape d'envoi de la plainte est traitée dans un délai raisonnable
et rapidement, à ce moment-là, la personne responsable, finalement, de la
réception de cette demande doit valider, finalement, le processus.
Parce que, malheureusement, en validant...
ce qu'on précise, c'est qu'en validant à un moment précis il y a des plaintes
qui vont nécessiter une enquête, une analyse plus approfondie qui, et on le
précise, ne devrait pas dépasser 10 jours. On est d'accord avec ce temps
limite de 10 jours pour donner un premier avis. Mais ce qu'on dit, c'est
que, si le parent, déjà, d'abord, est bien informé, déjà, le parent est déjà...
il sait qu'il y a quelqu'un au bout de la ligne qui va lui revenir dans un
délai de 48 heures. Ça peut être même plus bas que 10 jours. C'est
pour ça qu'à l'intérieur de 10 jours on aimerait juste qu'il y ait une
pré-étape qui vienne avant l'étape 1, pour s'assurer que le parent s'informe,
est en plein processus d'autodétermination, par lui-même, de non seulement
comment sa plainte va être traitée, mais de la nature de sa plainte et à qui il
peut s'informer, d'ores et déjà, sans avoir à attendre qu'on le rappelle.
Parce qu'en ce moment, M. le ministre,
vous n'êtes pas sans le savoir... vous êtes familier avec le concept de
géométrie variable. On l'a utilisé à maintes reprises, là, dans nos
interpellations, si ce processus-là n'est pas bien défini, n'est pas appliqué
et standardisé et que les centres de services scolaires ne sont pas imputables,
justement, de rapidement répondre à toutes les demandes qui leur seraient
formulées, bien, malheureusement, on craint qu'il va y avoir encore des
demandes qui vont non seulement dépasser le délai, mais qu'il va y avoir des
parents qui vont demeurer dans l'incertitude, l'insécurité que, finalement,
leurs plaintes, ou leurs doléances, ou leurs insatisfactions ne sont pas prises
en compte.
Alors, au contraire, on demande qu'il y
ait une pré-étape rapide, instantanée, qui permet aux parents de même recevoir
un courriel de réception comme quoi que sa plainte a été prise en compte. Et d'ailleurs
ce dispositif-là permettrait également de recenser le nombre de plaintes
reçues, parce qu'en ce moment, malheureusement, les mécanismes de recension ne
permettent pas d'avoir une vue d'ensemble de l'ensemble des initiatives, que ce
soient des plaintes amorcées et avortées, que ce soient des plaintes
redirigées. Malheureusement, pour avoir siégé à titre de commissaire, à l'époque,
dédiée aux services aux élèves EHDAA, je peux vous laisser savoir que c'est un
enjeu majeur, pas simplement dans la commission scolaire de l'époque, le centre
de services scolaires, mais aussi à travers la province. Alors, on précise l'importance
d'avoir une pré-étape.
M. Roberge : Merci. Je
comprends, pour dire que c'est pris en charge à partir de tel moment. Si vous
permettez, je permettrais à mon collègue de Richelieu de poursuivre avec vous.
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Richelieu, 2 min 30 s.
M. Émond : Parfait.
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, madame. Merci pour votre participation à
notre commission, merci pour votre mémoire. M. le ministre vient de pas mal
embarquer dans l'objet de ma question, en ce qui a trait aux délais du
traitement des plaintes, puisque dans votre recommandation 1, là, vous
demandiez de fixer... d'attendre avant de fixer un délai de traitement d'une
plainte qui soit très précis. Vous venez de l'expliquer, quand même, d'une
façon claire.
• (14 h 30) •
J'aurais envie d'ajouter... Vous avez
parlé de la recension des plaintes, là, le mécanisme qui pourrait être
enclenché pour nous permettre de recenser adéquatement. Est-ce que vous pensez
que... parce que ça a été apporté par d'autres groupes, un peu plus tôt, que le
principe de jurisprudence, qui risque de s'accumuler, là, au fil du traitement
des plaintes, pourrait faire en sorte que le délai va devenir acceptable... je
m'exprime mal, le délai pourrait être connu d'une façon plus précise au fur et
à mesure que le protecteur de l'élève va être en place? Puisque, sans supposer
que les plaintes vont se ressembler partout, dans toutes les régions du Québec,
à travers les époques ou les mois, on pourrait arriver relativement facilement,
après un certain temps, à catégoriser et de donner un délai qui serait plus <précis
aux parents...
>
14 h 30 (version révisée)
<17857
M.
Émond :
...après un certain temps, à catégoriser et de donner
un délai qui serait plus >précis aux parents, parce que c'est un enjeu,
là. On en entend parler de tous les groupes. Certains nous disent :
Rajoutez des délais, s'il vous plaît, pour laisser le temps à notre
organisation de traiter des groupes comme le vôtre, ou des groupes de parents
vont plutôt dire : Non, il faut que les délais soient raccourcis. Alors,
vous vous situez où là-dedans, à peu près? Dites-moi.
Mme Nugent (Bianca) : Bien,
on se situe dans un changement de paradigme, c'est-à-dire que, pour nous, ce n'est
pas tant les délais que la prise en charge et la prise en compte de la teneur
et la nature de la plainte qui nous importent.
Pour les parents d'enfants à besoins particuliers,
qui, comme on l'a étayé dans notre mémoire, vivent plusieurs interactions avec
plusieurs instances, que ce soit dans les services sociaux ou les services de
santé et les services en éducation, le plus important, c'est de sentir qu'il y
a quelqu'un qui nous écoute, qu'il y a quelqu'un au bout de la ligne, ou au
bout du courriel, ou au bout du formulaire.
Alors, pour nous, ce n'est pas tant de,
oui, d'étayer, dans la loi, qui... ça prend un délai maximal, mais d'étayer
clairement qu'il va y avoir un mécanisme qui va permettre rapidement d'offrir
une réponse au parent de la teneur, de la nature de sa plainte. Et, à ce moment-là,
effectivement, au fur et à mesure... Puis évidemment, bien avant le projet de
loi n° 9, il faut aussi rendre compte que les centres
de services scolaires ont déjà développé des mécanismes puis ils ont déjà aussi
l'habitude de transiger, et surtout, quand c'est de niveau local, ils
connaissent les parents, ils connaissent la réalité et les enjeux vécus par les
parents de leur région. Alors, à ce moment-là, pourquoi prescrire...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme Nugent. Je m'excuse de vous interrompre, mais on va poursuivre la
discussion avec la députée de Westmount Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme Nugent. Un plaisir de vous avoir avec nous aujourd'hui.
J'aimerais vous entendre en ce qui
concerne la réalité des parents sur le processus des plaintes actuellement en
place. On comprend qu'il y a souvent la peur de conflits, la peur des
représailles ainsi que l'inconnu de qu'est-ce que je fais si j'ai besoin d'avoir
un recours suite à une décision. Ça fait que peut-être vous pouvez élaborer un
peu là-dessus.
Mme Nugent (Bianca) : Oui.
Merci pour votre question. En fait, comme on l'a étayé à la page 7 de notre
mémoire, les plaintes qui sont reçues et qui sont recensées dans les rapports
annuels des protecteurs de l'élève, là, actuels, ce n'est que la pointe de l'iceberg,
là, pour faire référence... Dans notre mandat provincial, notre mobilisation
depuis 2015, et plus formellement, là, depuis 2017, notre incorporation, on
reçoit des centaines de partages, de témoignages de parents qui hésitent, qui
nous disent de ne pas porter plainte, qu'ils n'ont pas envie de porter plainte
à l'école, d'abord aussi parce que, comme vous l'avez étayé, par peur de
conflits ou encore par crainte de représailles comme on l'a déjà vu, la
diminution des services que leurs enfants reçoivent ou même, pire, leur
expulsion. Vous êtes bien au fait, Mme la députée, des cas d'expulsion que vous
avez étayés aussi, puis dans vos mandats d'initiative, comme... que c'est
inconcevable, eu égard à l'article 1 de la Loi sur l'instruction publique, qu'il
y ait des enfants qui sont en bris de services et qui se font expulser d'un
droit enchâssé, là, accès à l'école.
Alors, souvent aussi, c'est parce que le
processus est rebutant et trop fastidieux. Et aussi, souvent, c'est qu'aux
dires du ministre, aussi, de l'Éducation, les parents d'enfants à besoins particuliers,
on est experts par expérience de nos réalités. On n'est pas à notre première
plainte. On veut juste savoir s'il va y avoir quelqu'un au bout de la ligne qui
va prendre au sérieux nos demandes et aussi qui vont faire preuve aussi d'empathie
en raison du fait que les parents d'enfants à besoins particuliers sont plus
susceptibles de vivre négativement des interactions, avec les différentes
instances, à fortes charges émotives. Et l'écoute sans jugement ni critique est
de mise pour assurer une saine collaboration.
Une plainte qui ne se rend pas, des fois,
qui doit être d'abord traitée à l'interne peut ne... et/ou pas, ne pas se
rendre au protecteur de l'élève. Le parent a besoin de sentir que le protecteur
de l'élève est là pour être à son écoute et qu'il est pleinement indépendant,
là, finalement, de l'instance scolaire ou de la personne, <évidemment...
Mme Nugent (Bianca) :
...et
qu'il est pleinement indépendant, là, finalement, de l'instance scolaire ou de
la personne, >évidemment, qui est rémunérée, là, pour entendre sa
plainte.
Mme Maccarone : Ça m'amène à
votre mémoire. Quand vous parlez de... recommandation 3, sur le plan de l'accessibilité,
vous évoquez que ce serait important d'avoir peut-être un conseiller, un
médiateur pour accompagner les parents. Je vous soumets que peut-être ce serait
une bonne idée d'avoir un protecteur de l'élève qui se spécialise dans les cas EHDAA
avec une formation particulière. Que pensez-vous de ceci et que sera le rôle de
ces personnes que vous évoquez dans votre mémoire?
Mme Nugent (Bianca) : Bien,
en fait, il est très simple d'étayer, même dans le projet de loi actuel, si on
va dans ce sens, que le protecteur régional ait les compétences en matière de
droits des élèves ou des enfants en situation de handicap et qu'il ait une
bonne connaissance aussi des partenaires communautaires utilisés par les
parents d'enfants à besoins particuliers. Alors, pour nous, il est important de
le préciser déjà en amont, au niveau de la composition, et effectivement d'élargir
le rôle du protecteur de l'élève pour qu'il puisse être amené à être
conseiller, être médiateur ou à nommer une personne désignée dans la communauté
pouvant jouer ce rôle.
Mme la députée, je me permets de dire qu'on
avait déjà, avant la réforme des centres de services scolaires, une personne
qui était dédiée aux services aux élèves, et c'étaient les commissaires. Et d'ailleurs,
en ce moment, la structure actuelle a... et la loi a éliminé cette
nomenclature-là précise. On demanderait à ce que le ministre de l'Éducation
repense sérieusement à s'assurer de la représentativité des parents d'enfants à
besoins particuliers à tous les niveaux, que ce soit local, régional et
national, des réalités vécues par les parents parce que ce sont les plaintes qui
demandent le plus de temps, énergie, ressources au réseau et ce sont les
plaintes qui sont... qui visent les élèves les plus vulnérables de notre
système d'éducation.
Mme Maccarone : Merci de la
précision. Je partage la déception puis je vois en bien une bonne
recommandation pour s'assurer que les droits des personnes qui se retrouvent
souvent en situation de vulnérabilité... non seulement l'enfant, mais aussi
leur famille doivent avoir une représentation facile, l'accessibilité. Vous l'avez
évoqué plusieurs fois non seulement dans votre mémoire, mais aussi dans votre
témoignage, ce qui m'amène à ma prochaine question.
Vous, vous désirez que les personnes qui
veulent porter plainte peuvent aller directement au protecteur de l'élève. Dans
le projet de loi, il y a quand même une clause qui dit : Exceptionnellement,
nous pouvons dire oui à ce type de demande. Mais pensez-vous que... Vous avez
utilisé le mot «universel». Ça fait que vous, vous demanderez que tous les
parents... les enfants EHDAA, des parents avec des enfants EHDAA devront avoir
la possibilité d'aller directement tout le temps. Ça fait que ça ne serait pas
une exception, ça serait un article dans la loi qui exige qu'eux, s'ils
souhaitent, pourront avoir un accès direct.
Mme Nugent (Bianca) : Oui,
tout à fait, parce qu'évidemment on n'est pas, souvent, à notre première
plainte. Le projet de loi, la manière qu'il est étayé, c'est comme si, un
parent fait une plainte, elle est traitée, il n'y a plus de problème.
Malheureusement, ce n'est pas le cas pour certains parents d'enfants à besoins
particuliers qui, année après année, en fonction des changements d'intervenants,
en fonction du manque de constance aussi dans les interventions ou simplement
des difficultés d'adaptation de leurs enfants, sont amenés à faire plusieurs
plaintes, ou plusieurs demandes, ou de partager simplement des différends ou
des doléances. Si, par exemple, un parent a vu sa plainte refusée dans le passé
pour sensiblement le même type d'enjeux ou le même type de problème ou d'insatisfaction,
bien, à ce moment-là, je vois mal le parent devoir repasser par le même
processus, obligatoirement, quand finalement le protecteur de l'élève aurait
tout à... à trouver un avantage à entendre comment cette plainte-là a été
résolue ou d'en faire le suivi.
Alors, comme le Protecteur du citoyen l'a
étayé dans son rapport en 2017, on croit qu'il est important que... de rendre l'accès
au protecteur de l'élève facile, direct et sans ambages. Alors, retirer toute
mention qui fait état d'exception, parce que, si on parle d'exceptions, il va
falloir les décrire, ces exceptions-là, et malheureusement, comme on le sait,
si ce n'est pas écrit et ce n'est pas détaillé, on se retrouve avec des
applications à géométrie variable.
• (14 h 40) •
Mme Maccarone : Parce que
vous, vous évoquez aussi des pouvoirs d'enquête, mais aussi des pouvoirs
décisionnels? C'est qui qui devrait prendre la dernière décision quand on parle
des <recours...
Mme Maccarone : ...décisionnels?
C'est qui qui devrait prendre la dernière décision quand on parle des >recours?
Mme Nugent (Bianca) : Bien, on
s'entend qu'en étayant, effectivement, l'importance de mettre de l'avant le
respect des droits comme un rempart à la dignité d'apprendre pour les élèves
vulnérables, à ce moment-là, le protecteur de l'élève serait très au fait,
finalement, de l'application de la charte, serait très au fait aussi de la
définition des droits enchâssés par les conventions internationales et aussi
notre loi sur les personnes handicapées. Alors, souvent, la plainte serait plus
facilement traitée, si elle serait traitée directement et si le protecteur de l'élève
aurait le pouvoir de rendre une décision avant même que cette plainte-là passe
à travers un processus. Parce que, et il ne faut pas se le cacher, là, ce n'est
pas tout le personnel des centres de services scolaires qui possède, finalement,
une compréhension étendue des droits des enfants en situation de handicap, la
même chose pour les directeurs d'établissement. Alors, si on est pour nommer
une personne dédiée à la protection des droits des élèves, bien, il vaut mieux
prendre une personne qui en a la compétence.
Et on rappelle aussi le droit et le délai
d'appel et d'opposition du parent à une décision du protecteur de l'élève. On
ne parle aucunement de ce droit et des délais d'appel dans le projet de loi,
contrairement à l'ombudsman de l'Ontario, qui fait état, là, de précisions, là,
plus étayées à ce sujet là. Le parent doit pouvoir connaître son droit d'appel
et d'opposition.
Mme Maccarone : Comment
le protecteur de l'élève, que ce soit régional ou national, parce que vous avez
aussi mentionné le rôle de prévention, comment qu'il pourra mettre en vigueur
cet aspect de son rôle, selon vous, sur le terrain pour s'assurer qu'on aura
moins de plaintes? On veut avoir un projet de loi qui est assez robuste pour s'assurer
qu'il y aura un vrai changement sur le terrain. Alors, selon vous, c'est quoi,
le rôle de prévention? Comment qu'on verrait ça dans le pratico-pratique?
Mme Nugent (Bianca) :
Bien, dans le pratico-pratique, c'est... Le ministre de l'Éducation a fait état,
tout à l'heure, de l'information diffusée. Pour nous, ce ne sont que des
outils, ce ne sont que des processus ou des mécanismes. Il importe que, dans la
loi, il soit précisé l'obligation de la reddition de comptes, finalement, de
ces campagnes-là, de prévention, et de s'assurer que, finalement, le protecteur
national de l'élève ait une obligation non seulement d'étayer la portée de ses
recommandations, ce n'est pas juste recenser mais de pouvoir étayer la portée...
et de formuler des recommandations aux membres de l'Assemblée nationale
directement et d'évidemment suggérer des améliorations ou des changements aux
politiques. Ce n'est pas simplement de faire état d'un nombre recensé de la
nature des plaintes, mais de vraiment s'assurer que le protecteur de l'élève a
des pouvoirs accrus pour que la mise en application de ces recommandations-là
soit faite dans les centres des services scolaires.
Mme Maccarone : Alors,
le recensement puis la reddition de comptes, ça va être important que c'est
très détaillé. Parce qu'actuellement le réseau de l'éducation, peu importe
lequel, ils disent qu'à peu près 80 % de leurs plaintes sont liées au
EHDAA. OPHQ, c'est 50 % à peu près. On a aussi les CDPDJ. Ça fait que,
vous, vous aimerez ça que ça soit vraiment détaillé. Alors, l'expulsion de l'école,
mais pas juste faute... manque de services, bris de service.
Mme Nugent (Bianca) :
Tout à fait. À l'instar de...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. C'est tout le temps que nous avions avec les échanges pour Mme la
députée, mais nous continuons tout de même avec Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme
la Présidente. Je veux vous amener sur la question des représailles. Vous dites,
dans votre mémoire, que c'est une des raisons qui peut expliquer que des
parents, en ce moment, ne déposent pas de plainte. Par exemple, ils ont peur
que les services de leur enfant soient affectés. Est-ce que vous considérez que
ce qu'il y a dans le projet de loi en ce moment, pour éviter les représailles,
c'est suffisant pour rassurer les parents et pour éviter qu'il y en ait, des
représailles?
Mme Nugent (Bianca) :
Non. En fait, dans le processus en trois étapes... d'où le pourquoi qu'on
aimerait avoir une pré-étape confidentielle, hein? Parce qu'en ce moment, si un
parent d'enfant à besoins particuliers porte une plainte et que ce parent-là
est connu, que la situation de l'enfant est connue, que, par exemple, le
parent, sa plainte a déjà été déboutée par les années passées, ou quoi que ce
soit, il va y avoir des biais inconscients envers ce parent-là, à savoir que
peut-être que ce parent-là se plaint pour rien, qu'il n'est pas satisfait, que
finalement... et c'est ce genre-là d'étiquettes que plusieurs parents d'enfants
à besoins particuliers nous partagent, pour lesquels ils veulent se <départir...
Mme Nugent (Bianca) :
...que plusieurs parents d'enfants à besoins particuliers nous partagent, pour
lesquels ils veulent se >départir.
Alors, en ce moment, le processus en trois
étapes de formuler une plainte à l'instance même visée par la plainte, pour
nous, ça ne nous apparaît pas cohérent, ça ne nous apparaît pas impartial, d'où
le pourquoi de s'assurer, comme Mme la députée Jennifer Maccarone l'a
mentionné, de pouvoir avoir un accès direct au protecteur de l'élève et
vraiment... et de s'assurer, comme on l'a écrit dans notre mémoire, que le... surtout
en matière... pour les élèves en situation de handicap, dont la protection des
droits et privilèges sont enchâssés par la charte, qu'il y ait une recension
spécifique dans son rapport annuel sur le nombre d'élèves à besoins
particuliers.
Mme Labrie : Question, parce
qu'en ce moment, dans le projet de loi, le processus en cas de représailles, c'est
de réutiliser le protecteur de l'élève. Donc, est-ce que vous pensez que ça va
rassurer les parents, cette boucle-là?
Mme Nugent (Bianca) : Bien,
en fait, le processus, c'est de réutiliser le protecteur de l'élève qui n'était
même pas au courant de la teneur de leur plainte, déjà au départ, parce que par
le temps que les plaintes arrivent au protecteur de l'élève, bien, à ce
moment-là, souvent, elle a été dénuée de son contexte. Il y a certains
éléments, peut-être, de la plainte qui ont été résolus à l'interne. On n'est
pas contre trouver des solutions rapides aux situations, mais on ne veut pas
non plus que les plaintes soient complètement... on appelle ça tuées dans l'œuf,
pour qu'une fois rendu au protecteur de l'élève, bien, finalement, qu'il n'y
ait pas de moyen ni de disposition pour pouvoir faire une recommandation qui va
vraiment amener un véritable changement.
Alors, on est d'avis que...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Merci, Mme Nugent. Nous continuons la discussion avec la députée de
Joliette. Mme la députée.
Mme Hivon : Oui, bonjour.
Merci beaucoup. Vous insistez... Un des points dans votre mémoire, vous
insistez sur le recensement des plaintes, donc avoir de la transparence, savoir
ce qu'il en est. Moi, je voulais vous amener, surtout avec les enfants que vous
représentez, les parents d'enfants que vous représentez... quand on se rend
compte qu'il y a comme un problème systémique, par exemple, les plans d'intervention
ne sont pas suivis, l'accès à l'orthophonie, l'orthopédagogie est à peu près
inexistant, et qu'on se rend compte que, même s'il y a un parent qui lève peut-être
un drapeau, ça cache probablement une multitude d'autres parents, est-ce qu'on
devrait prévoir un mécanisme pour faire en sorte que le protecteur, que ce soit
régional ou national, ait vraiment un pouvoir pour tout de suite indiquer qu'il
y a là un enjeu systémique, plutôt que de devoir y aller à la pièce, élément
par élément? Est-ce que vous avez réfléchi à ça un peu?
Mme Nugent (Bianca) : Bien,
en fait, on l'a exposé vaguement, je pourrais dire... pas vaguement, mais
plutôt de manière transversale dans l'ensemble de nos recommandations. Mais, si
on prend une vue d'ensemble de nos recommandations, en fait, ce qu'on souhaite,
c'est que le protecteur de l'élève ait tous les moyens nécessaires pour agir
rapidement afin de mettre fin aux compromissions.
Si, par exemple, on maintient le processus
en trois étapes comme étant un absolu, bien, on craint qu'encore une fois le
protecteur d'un élève, peu importe... de l'élève, peu importe ses compétences,
n'ait même pas accès, finalement, aux données, ou à la teneur, ou à des
plaintes qui ont été formulées. Alors, à ce moment-là... d'où le pourquoi qu'il
faut éliminer les barrières et les obstacles pour que le protecteur de l'élève
puisse avoir en main assez d'éléments d'information pour se faire une vision d'ensemble,
comme vous évoquez. Cette vision d'ensemble là, c'est ce qui va permettre,
finalement, de trouver des enjeux systémiques et, en raison des pouvoirs qui
pourraient leur être octroyés, agir rapidement, et ne pas attendre que le protecteur
national en fasse dépôt et en fasse état pour que, rapidement, soit précisé que,
dès que le protecteur régional est au courant, il puisse rapidement mettre en
place des solutions, là, pour mettre fin, ou en faire rapport aux élus pour
faire des modifications aux politiques, ou simplement pour s'assurer que le ministre
de l'Éducation en fasse avis au centre des services scolaire.
On l'a vu avec la Politique de réussite
éducative. Le ministre de l'époque a dû réitérer, réitérer à maintes reprises
les <prescriptions...
Mme Nugent (Bianca) :
...l'a vu avec la Politique de réussite éducative. Le ministre de l'époque a dû
réitérer, réitérer à maintes reprises les >prescriptions de la nouvelle
loi. On s'attend à ce que ça soit possible aussi, là, avec l'adoption de ce
projet de loi là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup, Mme Nugent. Merci, Mme la députée. Donc, on vous remercie
pour votre contribution aux travaux de la commission.
Et nous suspendons les travaux quelques
instants, le temps d'accueillir nos nouveaux invités. Merci.
(Suspension de la séance à 14 h 51)
(Reprise à 14 h 53)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, bon après-midi. La Commission de la culture et de l'éducation reprend ses
travaux, et nous accueillons maintenant la Commission des droits de la personne
et des droits de la jeunesse, et leurs représentants, dont Me Philippe-André
Tessier, président; Me Karina Montminy, conseillère juridique; et M. Daniel
Ducharme, chercheur.
Merci d'être avec nous cet après-midi.
Donc, vous disposez de 10 minutes pour nous faire votre présentation, et,
par la suite, il y aura un échange avec les membres de la commission. Donc,
sans plus tarder, je vous cède la parole.
Commission des droits de la personne et des droits
de la jeunesse (CDPDJ)
M. Tessier (Philippe-André) :
Merci, Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les députés. Donc,
Philippe-André Tessier, président de la CDPDJ, évidemment accompagné de M.
Daniel Ducharme et Me Karina Montminy, tous deux à la direction de la recherche
de la commission.
Je tiens d'abord à rappeler que la commission
a pour mission d'assurer le respect et la promotion des principes énoncés dans
la Charte des droits et libertés de la personne. Elle assure la protection de l'intérêt
de l'enfant ainsi que le respect et la promotion des droits qui lui sont
reconnus, notamment par la Loi sur la protection de la jeunesse.
C'est depuis sa création en 1976 que la commission
est active dans le milieu scolaire pour assurer la promotion et la défense des
droits qui sont garantis par la charte aux élèves du Québec. Ainsi, à travers l'exercice
de ses différentes responsabilités, la commission a acquis une fine
compréhension des enjeux des droits et... auxquels ces derniers font face dans
l'accès à la prestation de services éducatifs. Elle se sent donc
particulièrement interpelée par le présent projet de loi, dont l'objectif
annoncé est d'assurer une meilleure protection des droits de tous les élèves du
Québec, qu'ils fréquentent le réseau public ou privé. Elle a insisté à
plusieurs reprises récemment, notamment lors de consultations tenues par la Commission
spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, sur l'urgence
pour le gouvernement du Québec d'agir pour accroître le respect des droits de l'ensemble
des enfants et leur garantir la pleine protection de leur sécurité et de leur
développement.
Soulignons, d'entrée de jeu, que les
commentaires de la commission sont avant tout fondés sur le respect des droits
protégés par la charte, mais ils s'inscrivent aussi dans une plus large
perspective qui est celle d'assurer la complémentarité des missions des
différents acteurs qui oeuvrent spécifiquement au respect de leurs droits en
milieu scolaire. Il s'agit de <garantir...
M. Tessier (Philippe-André) :
...qui oeuvrent spécifiquement au respect de leurs droits en milieu scolaire.
Il s'agit de >garantir tant l'efficience des moyens et des ressources
qui sont alloués en faveur des élèves que l'accessibilité des mécanismes
permettant aux élèves de faire valoir leurs droits dont il est ici question. En
ce sens, la commission insiste sur l'importance pour le gouvernement et les
acteurs scolaires de s'attaquer en amont aux causes qui amènent les élèves et
leurs parents à porter plainte en cas d'insatisfaction quant aux services
auxquels ils ont droit.
Les interventions de la commission ont
comme dénominateur commun celui de veiller au respect du droit à l'égalité des
élèves dans l'instruction publique gratuite ou aux services qui y sont offerts
afin qu'aucun d'entre eux ne fasse l'objet de discrimination. Évidemment, vous
le savez, la commission traite des plaintes pour discrimination et harcèlement
discriminatoire. Les discriminations alléguées peuvent être fondées sur les
différents motifs interdits à l'article 10 de la charte, dont la race, l'origine
ethnique nationale, le handicap, le sexe et l'identité ou l'expression de
genre.
La commission agit de façon à favoriser un
règlement à l'amiable entre les parties, souvent par la voie de la médiation.
Si elle n'y parvient pas, elle peut, au terme d'une enquête, proposer des
mesures de redressement, tels la cessation des actes reprochés, le paiement d'une
indemnité pour les dommages subis, et, lorsque les mesures proposées ne sont
pas mises en oeuvre, elle peut saisir un tribunal, notamment le Tribunal des
droits de la personne, qui est spécialisé en matière de discrimination et de
harcèlement. Le tribunal a le pouvoir d'ordonner toute mesure nécessaire à la
cessation de l'atteinte illicite à un droit ou à une liberté protégés par la charte,
ainsi qu'à la réparation du préjudice moral et matériel qui en résulte.
Pour donner un aperçu des plaintes en
discrimination ou harcèlement discriminatoire que la commission reçoit
concernant le milieu scolaire, mentionnons qu'elle a, depuis l'année scolaire 2016‑2017,
donc cinq dernières années, ouvert 147 dossiers d'enquête portant sur les
services éducatifs dispensés par des établissements d'enseignement préscolaire,
primaire ou secondaire. Ces dossiers concernent l'ensemble des régions
administratives du Québec, et 88 % mettent en cause le réseau public et 12 %
le réseau privé. Le motif handicap représente 70 % de tous les dossiers
ouverts, tandis que les motifs race, couleur, origine ethnique ou nationale
représentent 19 % de ceux-ci.
Il importe de le souligner, la très vaste
majorité des dossiers concernant le milieu scolaire ouverts à la commission,
soit 90 % d'entre eux, ont trait à l'adaptation des services éducatifs
offerts aux élèves. Notons qu'il y a quand même 8 % des dossiers qui
concernent des propos discriminatoires tenus à l'égard de l'élève ou de sa
famille.
Précisons que les dossiers traités depuis 2016‑2017
sont réglés à différentes étapes du processus. En tout, 82 dossiers ont été
fermés pendant cette période, dont le quart à l'étape de l'évaluation et près
de la moitié après enquête. Mentionnons également que 15 % des dossiers l'ont
été à la suite d'une médiation entre les parties.
La commission dispose d'autres moyens d'intervention
pour assurer les droits et libertés des élèves. La commission peut notamment
offrir des activités de formation et d'éducation aux droits, faire au
gouvernement des recommandations appropriées, comme nous le faisons
présentement, et encourager les recherches et publications en lien avec
celui-ci.
C'est à ce titre que la commission a mené
une vaste étude systémique sur l'organisation des services aux élèves
handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage. C'était en 2018.
Elle a dressé, à partir des témoignages recueillis, le constat que ceux-ci sont
davantage sollicités pour des demandes d'information ou de conseils provenant
de parents ou d'élèves que par le dépôt de plaintes formelles. Les protecteurs
de l'élève refusent généralement de se saisir d'une plainte qui leur est
soumise concernant la situation d'élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation
ou d'apprentissage s'ils n'entrevoient pas a priori de solution ou de recommandation
possible. Elle a également relevé que certains protecteurs de l'élève estiment
qu'ils n'ont pas le pouvoir de recommander des mesures à portée systémique,
pourtant appropriées aux situations traitées.
Dans cette même étude, la commission a mis
en exergue le principal motif de demande de révision rapporté par les
commissions scolaires, soit le classement de l'élève en classe ordinaire ou
spécialisée ou encore dans une école spécialisée. Les autres motifs invoqués
sont essentiellement les mesures d'adaptation proposées au plan d'intervention
des élèves et le refus d'offrir certains services spécialisés réclamés par les
parents. Puis elle a révélé que les données démontraient que la majorité des
demandes de révision étaient maintenues par les conseils des commissaires, tels
qu'ils s'appelaient alors.
Ce constat a mené la commission à
recommander au ministre de l'Éducation de prendre les moyens nécessaires pour
que le processus d'examen interne des plaintes prévu à la Loi sur l'instruction
publique, en regard des services éducatifs rendus aux élèves, offre toutes les
garanties pour assurer le respect du droit à l'égalité de l'élève dans l'exercice
de son droit à l'instruction publique gratuite, enchâssé à l'article 40 de la charte,
faut-il le rappeler. Elle insistait particulièrement pour que le processus soit
accessible et efficace pour l'ensemble des élèves et leurs parents.
L'institution d'un protecteur national de
l'élève qui aurait pour mandat de coordonner, de soutenir et de conseiller les
protecteurs régionaux de l'élève, présents dans toutes les régions du Québec,
répondrait à certains des besoins identifiés par la commission. Il en est de
même des précisions prévues au projet de loi concernant les fonctions et
responsabilités des protecteurs régionaux de l'élève.
• (15 heures) •
Cependant, la commission s'interroge sur
le traitement qui sera accordé aux plaintes relatives aux services éducatifs <rendus...
>
15 h (version révisée)
< M. Tessier (Philippe-André) :
...éducatifs >rendus aux élèves qui portent sur un motif de
discrimination, ces questionnements concernent la prise en compte des droits de
la charte, les délais de traitement des plaintes ainsi que l'effectivité réelle
du mécanisme de plainte. La commission ne saurait suffisamment insister sur l'importance
pour les protecteurs régionaux de l'élève ainsi que pour le protecteur national
de détecter les actes et comportements discriminatoires dans les situations
portées à leur connaissance, par exemple, lorsque les élèves en situation de
handicap ou en difficulté d'adaptation, d'apprentissage ou racisés n'ont pas
accès à des services adaptés. Cela découle souvent de préjugés tenaces quant à
leur capacité à entreprendre et à réussir un parcours scolaire. Sans une
véritable prise en compte de la discrimination à l'oeuvre dans ces situations,
les conclusions et recommandations qui seraient formulées par les protecteurs
aux établissements d'enseignement risqueraient de rater leur cible. Cet aspect
semble occulté par le projet de loi.
Dans de telles circonstances, la commission
se demande si l'article 30 du projet de loi s'appliquerait lorsqu'une
situation visée par une plainte paraît constituer de la discrimination. Cela
obligerait les protecteurs régionaux de l'élève à refuser d'examiner une
plainte lorsqu'ils jugent qu'un autre recours serait susceptible de corriger
adéquatement, et dans un délai raisonnable, la situation faisant l'objet de la
plainte. S'il s'agit là de l'intention recherchée, la commission recommande que
le projet de loi soit amendé afin de prévoir spécifiquement que toute plainte
reçue par un protecteur qui relèverait de la compétence d'enquête de la commission
lui soit transmise, à moins que le plaignant s'y oppose. Un tel mécanisme
existe d'ailleurs déjà dans la charte concernant les plaintes traitées par la
Protectrice du citoyen. Cela éviterait toute confusion sur la compétence qui
serait attribuée au protecteur régional de l'élève.
Dans un autre ordre d'idées, la commission
reconnaît que de définir des délais stricts à chacune des étapes du cheminement
des plaintes contribuerait à régler avec célérité toute plainte soumise. Elle
souhaite néanmoins porter à l'attention du législateur la complexité que revêt
généralement le traitement des plaintes en milieu scolaire, entre autres
lorsque celles-ci portent sur le classement d'élèves handicapés ou en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage qui, rappelons-le, est le principal
motif de révision des plaintes formulées actuellement en vertu des mécanismes
internes de plaintes prévues à la LIP. Les enquêtes qui doivent être menées à
ce sujet impliquent souvent plusieurs acteurs du milieu scolaire et requièrent
de faire appel à des experts externes. Cela entraîne nécessairement des délais
de traitement, malgré la volonté d'agir promptement.
Considérant que le projet de loi prévoit
un processus de traitement des plaintes en plusieurs étapes, il apparaît
justifié d'appréhender certains délais, et ce, particulièrement dans les
régions administratives où les ressources professionnelles sont limitées pour
participer au processus de traitement de plainte. Ajoutons à cela que même si
les délais étaient respectés, le projet de loi prévoit que le conseil d'administration
du centre des services scolaires pourrait infirmer en tout ou en partie une
décision visée par des conclusions ou des recommandations formulées par les
protecteurs régionaux de l'élève ou le protecteur national et prendre la décision
qui, à son avis, aurait dû être prise en premier lieu.
La commission ne comprend pas pourquoi une
telle possibilité est prévue, sachant que le gouvernement présente le projet de
loi comme étant de nature à rehausser l'indépendance et la transparence de l'institution
du protecteur de l'élève. Elle se demande sur quels éléments se fonderait un
conseil d'administration pour rejeter les conclusions d'enquête du protecteur
régional ou national. Cela irait d'ailleurs à l'encontre de la position que la commission
défend depuis maintenant 10 ans, lorsque la LIP a été modifiée pour lutter
contre l'intimidation et la violence à l'école. Quant à l'importance de
renforcer l'impartialité du rôle du protecteur de l'élève, elle estime
essentiel que le projet de loi soit modifié pour retirer cette possibilité qui
viendrait amoindrir significativement l'efficacité des dispositions visant à
renforcer le rôle des protecteurs de l'élève.
En terminant, la commission entend
poursuivre l'accomplissement de ses responsabilités en milieu scolaire afin d'assurer
les droits garantis par la charte aux élèves et elle demeure évidemment
disponible pour collaborer avec tous les acteurs qui oeuvrent à cette fin. Nous
vous remercions de votre attention et nous sommes disponibles pour répondre à
vos questions.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup. Donc, nous allons débuter les échanges avec M. le ministre.
M. Roberge : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Merci beaucoup, Me Tessier, Me Ducharme et...
j'ai oublié le nom, vous trois.
M. Tessier (Philippe-André) :
Me Montminy et M. Ducharme.
M. Roberge : Montminy.
Excusez-moi, j'ai pris trop de notes en même temps et ça n'entrait plus. Donc,
merci pour votre présentation. J'ai beaucoup de questions, puis mes collègues
aussi m'ont fait signe qu'ils voulaient creuser davantage. Merci de venir nous
éclairer.
La CDPDJ arrive avec une perspective, une
compétence, un historique très, très riche, très complémentaire aux autres
acteurs qui sont venus et viendront. Donc, on est privilégiés de vous avoir. Je
vais y aller brièvement. Le précédent gouvernement avait déposé, juste avant l'élection
de 2018, un projet de loi qui allait quand même donner davantage, là, de
pouvoirs, allait améliorer, quand même, le régime protecteur de l'élève, mais
ne touchait pas le réseau privé.
Est-ce que vous considérez que l'actuel
projet de loi, en couvrant aussi les élèves du réseau privé, <fait la
bonne...
M. Roberge :
Est-ce
que vous considérez que l'actuel projet de loi, en couvrant aussi les élèves du
réseau privé, >fait la bonne chose?
M. Tessier (Philippe-André) :
Une réponse courte : Oui, tout à fait.
M. Roberge : Excellent. D'autres
groupes avant vous sont venus nous dire qu'il faudrait avoir... pour des
commissions scolaires, soit anglophones, soit commission à statut particulier,
crie, Kativik, du Littoral, peut-être, ce serait pertinent de leur permettre de
s'exclure du projet de loi, une espèce d'opting-out. Votre avis à ce sujet là?
M. Tessier (Philippe-André) :
On n'a pas pris connaissance de ces éléments-là, je suis désolé. La position de
la commission était de faire en sorte que... La charte s'applique à l'ensemble
des citoyens du Québec, à l'ensemble des élèves québécois. Donc, c'est sûr et
certain que, pour la commission, l'optique et l'essence des recommandations qui
avaient été faites étaient de voir à ce que tant les élèves qui sont au public
qu'au privé bénéficient d'un recours utile, accessible et efficace. Donc, ça, c'est
valable pour l'ensemble des élèves. Et évidemment il faut tenir compte
toujours, comme on l'a dit, des particularités aussi. Il n'est pas interdit d'avoir
des particularités pour tenir compte de certains types de clientèles, certaines
communautés. Ça, c'est sûr et certain que ce genre de mesures là peuvent être
réfléchies, mais ce n'est pas un élément sur lequel on s'est penchés
spécifiquement à ce moment-ci, Mme la Présidente.
M. Roberge : Il faut trouver
une façon, en réalité, de protéger, de donner les mêmes droits à tous les
élèves sur le territoire québécois, mais évidemment pas interdit de tenir
compte du contexte culturel, économique, etc. Très bien.
Vous avez piqué ma curiosité quand vous
avez parlé du traitement des plaintes que vous faites dans votre institution.
Vous avez mentionné, puis vous me corrigerez si je me trompe, que parmi les
plaintes qui touchent l'éducation, vous avez dit un 25 % qui sont fermées après
l'évaluation de la plainte. Qu'est-ce que ça veut dire? Ça veut dire que vous
ne donnez pas suite? Les gens arrivent à une conclusion positive avant que vous
ayez le temps de compléter l'analyse? Qu'est-ce que ça veut dire quand 25% des
cas, des plaintes sont fermées au stade de l'évaluation?
M. Tessier (Philippe-André) :
Évidemment, ce que la commission va faire lorsqu'elle reçoit une plainte... il
y a différentes étapes de traitement. Et un des rôles de la commission, dans le
contexte de l'évaluation d'une plainte, évidemment, c'est de vérifier s'il y a
suffisance de preuves pour soumettre le dossier au Tribunal des droits de la
personne. Donc, la commission, lorsqu'elle procède à cet exercice-là, elle pose
un regard sur la nature des services offerts et peut, pour des raisons qui sont
propres à chacun des dossiers, décider de cesser d'agir, de ne pas continuer
son intervention. Parce que ce n'est pas 100% des plaintes qui sont déposées à
la commission qui débouchent automatiquement dans un constat que le centre de
services scolaire a fait défaut de remplir ses obligations. Il y a des cas où
la commission va juger que les situations qui lui sont présentées... le centre
de services scolaire a rempli ses obligations en vertu de la charte. Donc, c'est
sûr et certain qu'il y a un pourcentage de ces dossiers-là qui vont être fermés
à ces étapes-là.
Et il y a aussi, évidemment, des dossiers
qui vont être fermés en médiation. Évidemment, la commission, depuis une
vingtaine d'années, comme la plupart des institutions du réseau juridique
québécois élargi, là, puis je parle de l'administratif, a mis beaucoup l'accent
et l'emphase sur le recours à la médiation, aux méthodes alternatives de
résolution de conflits pour tenter de trouver des solutions. Parce qu'évidemment,
lorsqu'on parle de scolarisation d'élèves, bien, ces élèves-là continuent leur
parcours scolaire, donc une solution négociée, souvent, bien, permet justement
la continuité dans le même milieu scolaire en trouvant une solution de
compromis entre les parties. Donc, ça, évidemment... aussi la question d'encourager
ça et va tenter d'amener les parties à trouver des solutions ensemble.
M. Roberge : C'est ça, vous
avez mentionné environ 15 % via médiation, 25 % au stade de l'évaluation et
comme, disons, 25% des plaintes dans votre institution ne dépassent pas l'évaluation,
peut-être raison de plus pour les faire en concomitance au protecteur de l'élève
et peut-être à la commission, pour ne pas que ça soit mutuellement exclusif, si
on va à un, on se ferme la porte à l'autre. Est-ce que je vous comprends bien?
M. Tessier (Philippe-André) :
Oui, effectivement, l'idée ici, c'est de s'assurer que les recours, évidemment,
ici n'ont pas la même finalité. Notre compréhension, puis n'hésitez pas à me
corriger si la commission a mal compris le sens du projet de loi, mais de notre
compréhension du projet de loi, le Protecteur national de l'élève est plus un
recours de l'équivalent du Protecteur du citoyen, donc, qu'on appelle d'ombudsman,
la catégorie de l'ombudsman, alors que le rôle de la commission des droits,
elle, est de s'assurer du respect des droits devant, ultimement, un forum
judiciaire, ce qui n'est pas le propre des ombudsmans, ça, de façon, là... au
niveau international, là. <C'est comme ça...
M. Tessier (Philippe-André) :
...n'est pas le propre des ombudsmans, ça, de façon, là... au niveau
international, là. >C'est comme ça, un peu, la grande distinction entre
les deux types de recours.
• (15 h 10) •
Donc, c'est sûr et certain que ces
recours-là peuvent être... peuvent se dérouler au même moment, peuvent être
successifs l'un à l'autre. Ce sur quoi on attire l'attention du législateur à l'article
30, c'est qu'il faut faire attention pour ne pas que nécessairement... que
cette collaboration-là, essentielle entre les institutions, elle se fasse de
façon explicite dans le projet de loi. Et on attire l'attention du législateur
à l'article 75 de la charte, qui prévoit explicitement une passerelle, là — dans
le jargon, on l'appelle la passerelle — entre la Protectrice du
citoyen et la commission. Donc, c'est inscrit dans le texte législatif, ce qui
donne encore plus de clarté sur le fait qu'il faut que les institutions, on
travaille chacun dans notre compétence, et de façon complémentaire, pour
évidemment assurer les droits et le respect des droits des élèves en cause ici.
Parce qu'ultimement, puis je termine
là-dessus, c'est que c'est le choix de la personne. Le parent ou l'élève peut
décider, pour toutes sortes de raisons, de déposer son dossier à la commission
parce que les aspects discriminatoires sont, pour cette personne-là, les
éléments les plus probants. D'autres peuvent choisir le recours au protecteur
de l'élève. Donc, il faut respecter aussi l'autonomie décisionnelle des
parents, des élèves, qui, pour toutes sortes de bonnes ou de mauvaises raisons,
peu importe... ça leur appartient de choisir l'un ou l'autre recours, ou les
deux, le cas échéant, mais de prévoir une passerelle entre les deux
organisations pour que cela se fasse de façon la plus explicite possible.
M. Roberge : Prévoir la
passerelle puis l'information pour connaître les tenants et les aboutissants si
on va à un, si on va à l'autre, etc. Mais je pense qu'on va demander, là, à nos
légistes de regarder cette question-là.
Bien, écoutez, j'avais plein, plein, plein
de questions, mais je vais laisser mes collègues poursuivre parce qu'ils en ont
aussi. Merci beaucoup pour votre présentation, très, très apprécié.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. Je cède la parole au député de Saint-Jean, avec neuf minutes, M. le
député.
M. Lemieux : Merci de prendre
les devants, Mme la Présidente. Bonjour, Me Tessier, et toute votre équipe. Je
voulais comprendre davantage, je n'ose pas dire, le fond de votre pensée, mais
je vous écoutais puis je me disais : Ça va être quoi, la cohabitation?
Puis là, bien, pour en parler, forcément, on est obligés de partir de ce qu'on
a comme projet de loi n° 9, là... vous, et... ce qui
va advenir de ce projet de loi avec le protecteur national et les protecteurs régionaux
des élèves. La cohabitation, vous la voyez comment?
M. Tessier (Philippe-André) :
Bien, écoutez... Puis là, je veux dire, mes collègues aussi, là, n'hésitez pas
aussi à intervenir, s'il y a lieu. Mais il faut comprendre... Le protecteur de
l'élève, il existe déjà, hein? Il y a déjà des protecteurs de l'élève dans les
différentes commissions scolaires, là, et centres de services scolaires. Donc,
c'est sûr et certain que la commission va généralement aussi recevoir... ou
tenir compte s'il y a un processus qui a été fait devant un protecteur de l'élève.
Mais il est toujours opportun... et le législateur ne parle pas sans rien
dire... de prévoir de façon explicite ces modes de collaboration là entre les
entités.
Parce qu'il faut comprendre que les... une
des recommandations, puis un des éléments qui a débouché de nos enquêtes, de l'enquête
de la Protectrice du citoyen également, en 2017, de notre étude sur les élèves
HDAA en 2018, c'était le fait que les parents et les élèves souhaitent un...
quelque chose de beau, très robuste, un protecteur de l'élève qui est
indépendant de la commission scolaire, qui ne relève pas de la commission
scolaire, qui donne cette sécurité-là que, lorsque l'élève ou le parent fait
une plainte, il sent réellement qu'il y a quelqu'un qui est là pour l'écouter,
ce qui est déjà le cas de la commission, ce qui n'était pas... ce qui n'est pas
le cas des protecteurs actuels de l'élève et ce que vise à corriger le projet
de loi n° 9. Ces éléments-là, on le salue puis on dit :
Il faut juste s'assurer de bien boucler la boucle, parce que la collaboration
des différentes entités de l'État, elle est essentielle dans le succès de l'équation.
M. Lemieux : Et c'est
précisément ce que j'essayais de comprendre, entre ce que vous dites ou ce que
vous disiez tout à l'heure, par rapport à ce qui existe puis ce qui existera.
Et c'est là où j'essaie de voir dans quelle mesure, vous, vous voyez ça
arriver, en termes de... Bon, ce n'est pas une compétition, là. Ce n'est pas
que vous allez perdre des clients parce que les protecteurs vont en avoir plus.
Mais effectivement, il va se passer un peu de ça aussi, là.
M. Tessier (Philippe-André) :
Écoutez, c'est dur à prévoir s'il va... peut-être, parce que, s'il y a un
recours mieux connu... Ce recours-là est plus robuste, il va peut-être y avoir
plus de plaintes, et donc peut-être plus de plaintes à la commission aussi,
parce que le protecteur pourrait prendre des conclusions... Cela n'exclut pas
un recours aussi à la commission, vous comprenez? Il est possible d'avoir... C'est
dur, à ce moment-ci, de savoir. Mais généralement, lorsqu'on prévoit un
recours, on lui donne une robustesse, on fait en sorte qu'il est mieux connu,
bien, il peut y avoir plus de plaintes, parce que des gens peuvent se retenir
de <faire des plaintes...
M. Tessier (Philippe-André) :
...est mieux connu, bien, il peut y avoir plus de plaintes, parce que des gens
peuvent se retenir de >faire des plaintes, parce que le recours, c'est
un parcours du combattant puis c'est très complexe ou autre. Puis, quand on le
simplifie, bien, peut-être que ça peut générer plus de plaintes, et ça, l'avenir
nous le dira.
M. Lemieux : Bien, j'ai
tendance à penser que vous avez raison dans la mesure où, effectivement, le
but, c'est d'élargir la capacité pour les élèves et leurs parents de demander à
faire respecter leurs droits. Mais ici, c'est ici qu'il faut... ce n'est pas
une ségrégation, mais il faut voir les choses en face. Il n'y a pas de petit
droit puis il n'y a pas de grand droit, il y a des droits. Mais on s'entend que
le protecteur de l'élève, au premier niveau, même avant qu'on arrive au
protecteur régional, le premier niveau des plaintes, on est peut-être
directement, dans plusieurs cas, dans le fondamental, dans des droits
fondamentaux, mais on est aussi beaucoup dans l'administratif, le transport, l'autobus
et plein d'autres choses comme ça, là. Là, à quelque part, ce trafic-là va
devoir être réorienté.
Est-ce que vous... Si on faisait table
rase de ce qu'on appelle le p.l. n° 9, là, les
légistes ne seront pas contents, là, mais vous puis moi, on recommence, là, est-ce
qu'on devrait dire... ces droits-là, ces droits fondamentaux là qui arrivent
dans une optique puis une vision de la spécialité du CDPDJ, ça devrait aller là
directement, ça ne devrait pas aller jouer dans le reste du cheminement? Mais
là je comprends qu'on... Je parle en fou, là, vous n'êtes pas obligé de me
suivre, mais j'aimerais ça vous entendre là-dessus quand même.
M. Tessier (Philippe-André) :
Bien, je veux dire, pratico-pratique, là, un des éléments sur lequel on s'est
attardé... des éléments, là, par exemple, à l'article 41 du projet de loi, est-ce
que le protecteur de l'élève, il va être tenu de partager ses conclusions à la
demande de la commission? Tu sais, si on veut, justement, faire en sorte qu'il
y a une belle et belle... une bonne passerelle, il y a une bonne collaboration,
c'est ce genre de questions là que nous, on se pose, donc, dans l'application
pratique. Maintenant, ce qui arrive, puis c'est un... le sens de notre propos,
il faut se rappeler que notre étude HDAA démontre, et puis la protectrice, elle
aussi a fait les mêmes constats, la vaste majorité des plaintes qui sont
déposées sont des questions en lien avec des éléments qui touchent à des droits
et des droits des élèves HDAA.
Donc, c'est sûr et certain que, lorsqu'on
est dans ce type de dossier là, il y a deux préoccupations qu'on soulève. Un,
il va falloir que le mécanisme... que les protecteurs de l'élève se saisissent
de questions en lien avec les aspects discriminatoires, aient ça en tête. Je
sais que vous avez entendu d'autres groupes vous parler aussi de violences
sexuelles. Vous avez entendu d'autres groupes parler d'autres éléments, des
élèves racisés, etc. Donc, les protecteurs de l'élève vont avoir ces éléments-là
qui vont leur être portés devant eux. Ils vont donc devoir tenir compte du
cadre aussi de la charte parce que l'article 49 de la charte québécoise prévoit
qu'elle s'applique à tout l'ensemble de l'appareil de la fonction publique...
le dire explicitement. C'est une loi quasi constitutionnelle au Québec, c'est
une loi fondamentale, donc elle doit diriger les travaux aussi des protecteurs
de l'élève dans les dossiers dont ils sont saisis, et ça, bien, ça, pour nous,
c'est aussi un élément assez fondamental.
Et l'autre chose, bien, c'est la question
des délais. Puis là-dessus on le dit bien gentiment au législateur, il est bien
beau de vouloir avoir des délais très rapprochés, très brefs, on comprend, et
un mécanisme déjudiciarisé, comme un ombudsman, est de nature à aider ça. Cela
dit, il ne faut pas s'illusionner non plus lorsqu'on parle des questions, par
exemple, de plans d'intervention, de classement ou de services à des élèves
HDAA. Ce ne sont pas des questions simples. Et qui dit pas simple, dit pas
nécessairement court à traiter.
M. Lemieux : J'avais compris.
Quand on est en train de parler de là où on est rendus, est-ce que vous
suggérez... parce que j'ai compris que le ministre a dit : On va aller
voir les légistes, quelle sorte de passerelle ils vont trouver? Ça peut se
faire en parallèle tout le temps ou il y a des moments où il n'y a pas des cas,
mais des questions fondamentales, des droits fondamentaux qui ne devraient pas
être débattus en même temps aux deux places, chez le protecteur et chez vous...
Et pourtant, si je comprends bien, ça pourrait être possible, quelqu'un
pourrait aller cogner aux deux portes en même temps puis voir lequel se rend le
plus loin le premier.
• (15 h 20) •
M. Tessier (Philippe-André) :
L'objectif de nos représentations aujourd'hui, ce n'est pas de venir tenter de
faire une liste de droits ou de venir... parce que c'est un peu illusoire d'essayer
de faire ce genre d'exercice là. Ce qu'il faut rappeler, puis c'est un peu le coeur
de nos représentations qu'on fait, c'est qu'il faudra que les protecteurs de
l'élève tiennent compte du cadre de la charte dans l'exercice de leurs
compétences. <Et lorsque ...
M. Tessier (Philippe-André) :
...les protecteurs de l'élève tiennent compte du cadre de la charte dans l'exercice
de leurs compétences. >Et lorsque... puis c'est pour ça qu'on vous dit,
la passerelle est intéressante. C'est que lorsque le protecteur constatera que
la question devant lui est une question véritablement de discrimination, où les
remèdes, où les recours... bien, il faut permettre au protecteur de dire :
Bien, ce dossier-là, je vais le déférer à la commission, comme l'article 75
de la charte le prévoit pour la protectrice.
M. Lemieux : Clair.
Merci beaucoup.
M. Tessier (Philippe-André) :
C'est un peu la façon qu'on... tu sais, c'est la façon un peu, dans la
mécanique quotidienne, qu'on peut le faire.
M. Lemieux : Je
comprends. Il reste combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Guillemette) :
40 secondes.
M. Lemieux : Bon, bien,
désolé. Je ne sais pas si le député de Richelieu va m'en vouloir, mais avec le
peu de temps qu'il me reste, dernière question. Oui, je sais, il n'est pas
content.
À la page 5, où vous nous dites...
bien, moi, je l'interprète comme ça, pas question de donner un droit d'appel,
finalement, aux C.A. des centres de services. C'est un peu ça la nature de
votre remarque, là-dedans, là.
M. Tessier (Philippe-André) :
Bien, écoutez, tout à fait. On dit : Ce qu'on veut, c'est avoir un
mécanisme indépendant, mais il... puis rappelez vous aussi, dans l'étude EHDAA,
ce qu'on disait, ce qui était sorti, c'est que le conseil des commissaires,
dans... puis Daniel, corrige-moi si je me trompe, 80 % et 90 % du
temps, il faisait juste confirmer la décision.
Donc, dans les faits, on dit : un
conseil d'administration de centre de services scolaires a bien des choses à
gérer. Ce n'est pas un mécanisme d'appel d'un organisme qu'on vient structurer,
donner une robustesse, donner une indépendance, donner un protecteur national
de l'élève pour dire : vous, vous allez vous saisir des questions puis
vous allez être «second-guessés» par un conseil d'administration, avec respect
pour les conseils d'administration. Ils en ont en masse à faire dans leur... j'en
suis convaincu, dans leur gestion des centres de services scolaires.
M. Lemieux : Merci, Me
Tessier.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le député. Donc, nous poursuivons la discussion avec Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour à vous trois. Un plaisir de vous avoir avec nous aujourd'hui.
Merci beaucoup pour votre mémoire et votre témoignage. Merci aussi pour la
clarté en ce qui concerne ce que vous évoquez, de s'assurer qu'il y a un lien.
Je rajoute l'OPHQ. Comment voyez-vous leur
rôle à l'intérieur de ceci? Parce que là, on a beaucoup de gens qui traitent
des plaintes, mettons, des personnes handicapées, en ce cas ici, vous, le
Protecteur du citoyen ou Protectrice du citoyen, et aussi l'OPHQ qui va faire
un genre d'accompagnement. Alors, est-ce que vous évoquez le même type de liens
et portes en ce qui concerne l'article 30, par exemple, pour eux, ou c'est
uniquement en ce qui concerne les plaintes de discrimination, de racisme, etc.,
seulement pour la CDPDJ?
M. Tessier (Philippe-André) :
Peut-être me tourner vers mes collègues, mais à ma connaissance, l'OPHQ n'entend
pas de plainte. Donc, je n'ai pas entendu, jamais, parler d'un type de
passerelle de cette nature-là. L'OPHQ, on travaille beaucoup avec eux dans l'accompagnement,
dans les services offerts. Donc, c'est un partenaire essentiel dans l'équation
parce qu'eux vont être en soutien des élèves, vont être en soutien des élèves
en situation EHDAA. Mais ils ne seront pas et ils ne vont pas être ceux qui
vont, disons, entendre la plainte en discrimination ou se prononcer sur une
situation de respect des droits comme les protecteurs de l'élève le font
présentement.
Mme Maccarone : Mais ils
font quand même de l'accompagnement, ils font de la médiation. C'est ce qu'ils
évoquent aussi dans leur mémoire, alors, de s'assurer qu'ils font partie du
processus. Est-ce que nous devons prévoir aussi qu'ils font partie d'un projet
de loi pour s'assurer que leurs compétences, leur expertise... est-ce que nous
devons, dans le fond, craindre un peu en ce qui concerne le protecteur de l'élève
régional, national, en ce qui concerne les compétences? Il y a beaucoup de gens
qui disent : On a besoin d'avoir des compétences en ce qui concerne les
élèves handicapés. Vous, vous dites que ça devrait être vous, que les
compétences en ce qui concerne discrimination, racisme, etc... Alors, que
devons-nous prévoir en ce qui concerne toutes les autres instances? Comment
voyez-vous la collaboration?
M. Tessier (Philippe-André) :
Bien, on n'a pas regardé la question spécifique de l'OPHQ. Puis, encore là, les
collègues, hésitez pas s'il y a quelque chose. Donc, cette question-là, je ne
peux malheureusement pas vous répondre plus que ce que je vous ai dit.
Ce que je peux dire, par exemple, puis c'est
un peu le sens dans notre mémoire, c'est que, puis vous avez parfaitement
raison, Mme la députée, il y a beaucoup d'organismes qui travaillent, des
organismes de l'État, et la collaboration de ces organismes-là, pour assurer l'exercice
effectif des droits des enfants, elle est centrale. Donc, c'est sûr et certain
que d'avoir une reconnaissance des rôles et des responsabilités de tout le
monde puis une bonne compréhension, ça peut faire partie de l'équation. Je ne
sais pas si, Daniel ou Karina, vous voulez ajouter quelque chose là-dessus.
Mme Montminy (Karina) :
Non, moi, je dirais, effectivement, ça va puisqu'effectivement, là, chacun, on
a un rôle... nos rôles sont très... sont complémentaires. Il faut le voir aussi
beaucoup de cette façon-là. Ils peuvent être concurrents à certains égards,
mais surtout pour... c'est le but, là, de notre présentation, c'était de
vraiment s'assurer de la complémentarité puis de s'assurer que les <mécanismes...
Mme Montminy (Karina) :
...le
but, là, de notre présentation, c'était de vraiment s'assurer de la
complémentarité puis de s'assurer que les >mécanismes soient là effectivement.
Ça, c'est un bon point, de s'assurer que ces mécanismes-là, ça soit aussi des
automatismes, là, pour le protecteur régional de l'élève qui doit penser dans
ces situations-là, est-ce que... Quels sont les acteurs les plus... Est-ce qu'il
y a d'autres acteurs? Est-ce que j'ai des collaborations aussi... des
collaborateurs à consulter?
Mme Maccarone : Une des
raisons pour laquelle que je pose cette question, c'est parce qu'on a plusieurs
gens qui sont venus témoigner, qui disent que le droit des élèves, ce n'est pas
clair en ce qui concerne ce projet de loi. Et je rajouterais d'abord le droit,
peut-être, des personnes handicapées, ce n'est pas nécessairement écrit et
évoqué. Ce n'est pas clair.
Est-ce que nous devons prévoir peut-être
des amendements pour s'assurer que ceci est écrit pour qu'il y ait une
compréhension commune de c'est quoi, le droit des élèves? Je rajoute à ceci
aussi, exemple ,la définition de «service» est manquante, la définition de c'est
quoi, la différence entre une dénonciation et une plainte pour s'assurer qu'on
a de la clarté.
M. Tessier (Philippe-André) : Ce
n'est pas des éléments sur lesquels on s'est penché de façon très spécifique.
Cela dit, encore une fois, les principes
derrière lesquels et ce sur quoi on a insisté dans notre étude HDAA, c'était d'avoir
un recours, hein, accessible, efficace, avec la meilleure information possible.
Donc, des éléments de cette nature-là, il
faut aussi comprendre une chose, c'est qu'il y a une distinction des fois à
faire aussi entre la loi et les mécanismes d'information eux-mêmes. Donc, si,
par exemple, la loi prévoit les droits des enfants, il peut y avoir différents
services d'information qui vont venir baliser qu'est-ce que cela veut dire, qu'est-ce
qui est prévu et compris.
Et il y a une chose aussi, ça me permet de
rebondir à... parce que vous avez soulevé la question. L'idée ici, évidemment,
ce n'est pas de s'amuser à faire double emploi, hein? Je pense qu'un des
objectifs... Puis il faut bien comprendre, oui, les recours peuvent être
concurrents, mais dans un monde idéal, ce qu'on a, c'est qu'il y a aussi une
complémentarité dans les recours. Donc, on vient bonifier par la création de ce
qu'on vient faire là, on vient donner de la robustesse à un mécanisme déjà existant.
Et cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas, des fois, des recours qui se
retrouvent aussi chez nous. Mais le but ce n'est pas non plus de faire... de
juste faire deux enquêtes pour la même situation. Ce n'est pas non plus
nécessairement, là, une utilisation des ressources judicieuses.
L'idée, c'est plus de travailler en
complémentarité puis en... Donc, c'est pour ça que votre idée avec... ce que
vous soulevez avec l'OPHQ, effectivement, donc, tous les acteurs qui peuvent
être partie d'une solution, qu'elle soit négociée de notre côté ou avec un
protecteur, bien, si l'OPHQ peut être mis à contribution pour trouver une
solution, tant mieux. Ça, c'est sûr que cette complémentarité-là des acteurs,
elle est au coeur aussi de nos représentations.
Mme Maccarone : Que pensez-vous
de ce qui est présenté par plusieurs groupes qui représentent les enfants
handicapés ainsi que les groupes qui sont venus témoigner des causes d'intimidation,
abus sexuel, les droits des personnes handicapées, d'aller directement au
protecteur de l'élève? Vous, vous pensez que c'est une bonne idée qu'ils
devront avoir un accès direct au lieu que ça soit traité comme une exception?
M. Tessier (Philippe-André) : Pour
ce qui est de la nature spécifique des mécanismes, on n'a pas pris de position,
dans le cadre de notre analyse du projet de loi, sur le point d'entrée. Puis
encore une fois, l'optique étant de dire que, pour nous, ce qui est essentiel,
c'est que la personne qui va avoir le droit de regard, qui est le protecteur
régional, soit complètement indépendante du conseil d'administration, ait le
dernier mot à dire sur le recours, puisse faire des recommandations de nature
systémique lorsque c'est nécessaire de le faire. Donc, toute cette
robustesse-là qu'on viendrait donner au PNE puis au PRE, pour nous, ça, c'est
ça qui est l'avancée du projet de loi n° 9. C'est ça la bonne chose. C'est ça
qui répond à certaines de nos recommandations de 2018.
Mme Maccarone : Je ne suis
pas avocate, mais le mot «recommandation», pour moi, ce n'est pas exécutoire.
Alors, est-ce qu'on devrait penser... It's not executory. Ce n'est pas la même
chose... comme un pouvoir décisionnel. On fait des recommandations. Il y a
quand même une instance qui va prendre une décision.
M. Tessier (Philippe-André) : Oui,
c'est ma compréhension. Oui...
Mme Maccarone : Alors, vous,
vous évoquez que le protecteur de l'élève devrait avoir des pouvoirs
décisionnels.
M. Tessier (Philippe-André) : Non,
ce n'est pas ce qu'on a dit. Ce qu'on a dit, c'est qu'ultimement le protecteur
de l'élève, tout comme la Protectrice du citoyen, fait des recommandations.
Mme Maccarone : Mais c'est
une recommandation, ce n'est pas un pouvoir décisionnel.
M. Tessier (Philippe-André) : Oui,
tout à fait.
Mme Maccarone : Il y a quand
même quelqu'un qui va dire : Oui, je suis d'accord. Oui, je veux mettre ça
en vigueur ou non je ne suis pas en accord. Alors, est-ce que ce serait
peut-être mieux, selon vous, d'abord, qu'on donne des pouvoirs décisionnels à
cette instance?
• (15 h 30) •
M. Tessier (Philippe-André) : Bien,
à ce moment-là, est-ce qu'on le transforme en recours qui est plus de la <nature...
15 h 30 (version révisée)
< M. Tessier (Philippe-André) :
...qui est plus de la >nature judiciaire et on l'éloigne d'un
recours d'ombudsman. Et donc c'est ça, la difficulté de ce que... de l'exercice
auquel vous voulez que je me prête, c'est qu'on change la nature de la
fonction.
Mme Maccarone : Tout à
fait. Je voulais juste avoir la clarté. En ce qui concerne l'accès, on a aussi
entendu des groupes qui ont quand même des craintes, puis ils ont peur qu'ils n'auront
pas accès, mettons, en anglais, parce qu'avec ce type de transformation, par
exemple, les commissions scolaires anglophones, les parents anglophones, si on
a des représentants de protecteur régional de l'élève qui ne sont pas
bilingues, qui ne sont pas... qui ne parlent pas anglais, ils ne vont pas
nécessairement comprendre aussi la réalité. Puis il faut comprendre aussi, dans
une commission scolaire anglophone, il peut y avoir trois, même quatre régions
dont ils siègent sur leur territoire. Entre autres, nous sommes ici sur le
territoire de Central Québec School Board. C'est la grandeur d'Espagne.
Alors, est-ce que, selon vous, c'est un
droit, parce que c'est quand même un service essentiel, l'éducation, que ces
élèves, ces parents devront avoir accès à un protecteur de l'élève dans leur
langue maternelle?
M. Tessier (Philippe-André) :
Avec toutes les excuses pour la commission parlementaire, ce n'est pas un
sujet qu'on a étudié pour notre comparution aujourd'hui. Je suis vraiment
désolé.
Mme Maccarone : Mais si,
mettons, vous recevez une plainte... tu sais, vous êtes quand même la CDPDJ. Je
suis parent, je me mets dans les souliers d'un parent qui dit : Bien,
écoute, vous avez aussi parlé d'un délai raisonnable, un délai... c'est quoi un
délai raisonnable, mais moi, j'ai eu un retard parce qu'ils n'ont pas pu
trouver quelqu'un qui parlait en anglais, puis moi, c'est important. Je vous
parle des besoins de mes enfants, que mon enfant a été victime de racisme
systémique ou bien que mon enfant est victime d'un manque de services, puis il n'y
a personne qui a pu traiter la plainte que j'ai déposée parce qu'ils ne parlent
pas en anglais.
M. Tessier (Philippe-André) :
Bien, je peux vous répondre ainsi, peut-être, c'est que, pour nous, lorsque
nous, on a une plainte qui implique un élève anglophone d'une commission
scolaire anglophone, on lui répond en anglais.
Mme Maccarone : Parfait.
O.K. C'est bon. Une dernière question pour vous, ce serait en ce qui
concerne... puis, encore une fois, ce n'est pas dans votre mémoire, mais j'ose
croire que vous avez quand même une idée. Est-ce qu'il y a un système actuel
qui existe peut-être à l'extérieur de notre province en ce qui concerne
ombudsman, protecteur de l'élève, dont vous pensez que nous devons s'inspirer
parce que le modèle fonctionne, que ça soit en Ontario ou au Manitoba? Je
comprends qu'il y a quand même des pouvoirs décisionnels, c'est un peu
différent de notre modèle de fonctionnement ici. Alors, est-ce que nous devons
s'inspirer peut-être d'ailleurs en ce qui concerne des modifications pour ce projet
de loi?
M. Tessier (Philippe-André) :
Peut-être sur ça je laisserais mes collègues s'ils veulent s'avancer. Moi,
je n'ai pas de réponse à cette question-là.
Mme Montminy (Karina) : Malheureusement,
on n'aura pas de réponse complémentaire, là, à vous fournir, de modèle
spécifique, là, qu'on a eu l'opportunité, là, d'analyser plus en détail.
Mme Maccarone : O.K. Que
dites-vous en ce qui concerne la peur de conflit, la peur de représailles que
plusieurs parents font face quand ils vont déposer des plaintes? Vous avez
mentionné que ça va être important d'avoir une mesure d'indépendance. Comment
pouvons-nous s'assurer que ces parents se sentent en sécurité pour déposer une
plainte auprès de leur protecteur de l'élève?
M. Tessier (Philippe-André) :
Bien, c'est sûr et certain que, pour ce qui est de la commission, chez
nous, évidemment, il y a une protection contre les représailles. Donc, c'est
toujours ce genre de mécanisme là qui est utilisé à la commission lorsque nous
sommes saisis d'une plainte et qu'il y a effectivement, là, des allégations que
la personne a subi des répercussions d'avoir porté plainte chez nous, là. Donc,
il y a une protection contre les représailles lorsqu'on dépose une plainte à la
commission.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. Tessier. C'est tout le temps que nous disposions avec la
députée de Westmount—Saint-Louis, mais nous continuons la discussion avec la
députée de Sherbrooke. Mme la députée.
Mme Labrie : Merci. J'aimerais
ça vous amener sur la question de la médiation. Vous avez dit que c'est un
mécanisme que vous utilisez à l'intérieur de la CDPDJ. Je vous pose la question
parce que vous avez entendu tout le débat sur la porte d'entrée, là, est-ce que
le protecteur de l'élève devrait être la porte d'entrée ou non. Il y en a qui
disent que ça ne devrait pas l'être parce qu'ils privilégient, justement, qu'il
y ait comme un peu de médiation sur le terrain entre la personne qui souhaite
porter plainte puis la personne concernée. J'aimerais ça que vous m'expliquiez
comment ça marche, la médiation, dans l'esprit de savoir si ça ne pourrait pas
être intégré dans le protecteur de l'élève aussi comme mécanisme.
M. Tessier (Philippe-André) :
Bien, la médiation, en gros, elle fonctionne à toutes sortes d'étapes du
dossier. Oui, il y a des médiateurs dont le travail est à temps plein de faire
des médiations. Mais il faut comprendre que souvent, comme je l'évoquais tout à
l'heure, dans les étapes préliminaires d'un dossier, si la commission constate
qu'il y a des possibilités... puis, des fois, c'est parce que justement le
dossier a fait l'objet d'une plainte chez nous. Ça fait en sorte qu'il y a <différents
acteurs qui sont impliqués...
M. Tessier (Philippe-André) :
...constate qu'il y a des possibilités... puis, des fois, c'est parce que
justement le dossier a fait l'objet d'une plainte chez nous. Ça fait en sorte
qu'il y a >différents acteurs qui sont impliqués, qui ont des regards.
Il y a aussi l'écoulement du temps. Il y a des expertises. Il y a des éléments
de faits nouveaux qui se produisent dans un dossier puis qui viennent un peu
changer l'approche des parties au dossier, qui font en sorte que, des fois, les
conditions pour une médiation sont réussies. Ça prend toujours une médiation, c'est
aussi la volonté des parties. Il n'y a pas de médiation qui se peut sans...
Mme Labrie : Elle peut
arriver n'importe quand dans le processus. Ça peut être au tout début, après...
à la fin, ça peut être plus tard. O.K..
M. Tessier (Philippe-André) :
Oui. Ça peut être à la toute fin aussi. Ça peut même être... on est rendu... au
tribunal, il y a des dossiers qu'on règle aussi, qui sont judiciarisés. Oui, ça
peut être offert à toute étape.
Mme Labrie : Puis ce
service-là, il est offert gratuitement par la CDPDJ?
M. Tessier (Philippe-André) :
Oui, comme tous les services de la commission.
Mme Labrie : O.K.
Parfait. Puis sur la question des représailles, comment ça fonctionne, la
protection contre les représailles à la CDPDJ? Parce que je ne vous cacherai
pas que je trouve un peu faible la protection qui est proposée dans le projet
de loi n° 9 actuellement, dans la mesure où on propose de réutiliser le
même mécanisme, qui peut être rejeté par le conseil d'administration.
M. Tessier (Philippe-André) :
Essentiellement, la protection contre les représailles, c'est un recours, c'est
un droit de recours. Puis encore une fois, il faut comprendre, la commission
étant un organisme qui va saisir le tribunal, donc il s'agit d'un recours
distinct sur lequel on peut encore une fois saisir le tribunal. Donc, ça peut
être l'objet d'une deuxième plainte.
Mme Labrie : Dans votre
cas, on peut saisir un tribunal. C'est que, dans le cas du projet de loi n° 9,
c'est de réutiliser le protecteur de l'élève. Et donc le conseil d'administration
pourrait ultimement dire qu'il ne va pas suivre la recommandation de ne pas
faire de représailles.
M. Tessier (Philippe-André) :
Le modèle d'ombudsman, si... puis, encore une fois, il faut comprendre, c'est
qu'un modèle d'ombudsman... les ombudsmans, c'est ça aussi, leur force, puis,
je veux dire, il faut comprendre les deux modèles, puis je ne veux pas... je
pense que la Protectrice du citoyen peut vous en parler beaucoup mieux que moi,
mais la vaste majorité de ses recommandations sont suivies. Ce n'est pas parce
qu'il n'y a pas nécessairement de contrainte que ce n'est pas suivi.
Il y a une question aussi de reddition de
comptes. Je comprends qu'il y a des rapports annuels qui sont mis de l'avant.
Il y a une question d'exemplarité. Le protecteur national de l'élève va rendre
des comptes une fois par année, si je ne m'abuse, dans le projet de loi. Les
parlementaires sont aussi un bon chien de garde pour s'assurer que les centres
de services scolaires font le travail. Ça fait des bonnes questions, pour une
période des questions, pour un ministre de l'Éducation.
Donc, ce n'est pas juste la voie
judiciaire qui est utilisée lorsqu'on a un ombudsman. Alors, je fais juste dire
qu'il ne faut pas nécessairement le voir comme étant quelque chose de... C'est
quelque chose de différent, mais ce n'est pas nécessairement quelque chose de
moins bon ou de mieux. Moi, je ne suis pas dans la qualification de lequel est
le meilleur. C'est deux choses différentes, puis ça, il faut bien comprendre.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Me Tessier. Merci, Mme la députée. Donc, je cède la parole à la députée
de Joliette.
Mme Hivon : Oui. Bonjour
à vous tous et toutes. Vous parlez, là, à quel point, en ce qui a trait aux
plaintes que vous recevez chez vous, pour le milieu scolaire, 90 % sont en lien
avec un enjeu relié à un handicap. Donc, c'est très important. On peut imaginer
qu'il y aurait beaucoup de plaintes aussi au protecteur de l'élève à cet égard
là. Est-ce que vous estimez qu'il devrait y avoir, de ce fait, une formation
spécifique sur tous ces enjeux-là? Certains groupes qui représentent des
parents d'élèves HDAA nous l'ont dit.
Et aussi, sur l'aspect, là... Je veux
vraiment comprendre, là, j'ai trois minutes, ça fait que je vous dis mes deux
éléments. Vous dites... vous ne vous prononcez pas que ça devrait être
mutuellement exclusif, les deux peuvent cohabiter, mais est-ce qu'on peut
imaginer qu'avec l'expérience que vous avez, que les protecteurs de l'élève
soient bien outillés pour des enjeux de discrimination, par exemple, sur la
base d'un handicap, là, dans la mesure où ils ne veulent pas entreprendre un
recours du style commission des droits plus une plainte à l'ombudsman, mais
est-ce qu'ils sont bien outillés ou est-ce que c'est très complexe, selon votre
expérience?
M. Tessier (Philippe-André) :
Bien, je vais tenter de répondre à vos deux questions en une. En gros, c'est
que c'est sûr que l'adaptation des services aux élèves HDAA, c'est déjà le
motif numéro un pour les plaintes au protecteur actuel de l'élève. C'est ce que
notre étude HDAA révèle. Ça l'est chez nous aussi, mais ça l'est aussi chez
eux. Donc, ça, ça ne changera pas. Alors, oui, il faut que les personnes
nommées pour ça... puis c'est un peu ça, la robustesse qu'on voit dans le projet
de loi n° 9, c'est d'avoir aussi des gens habilités, bien formés, qui sont
compétents pour se saisir de ces questions-là. Ça, c'est au cœur de la chose.
Et donc, si on a des personnes bien formées, bien compétentes... puis c'est ce
qu'on dit dans notre mémoire, nous, ce qu'on souhaite, c'est que les
protecteurs puissent prendre en compte ces éléments-là de droits prévus à la
charte, les différents droits prévus. Donc, évidemment, ils devront être formés
puis habilités à se poser ces questions-là, ce <genre de questions là...
M. Tessier (Philippe-André) :
...les différents droits prévus. Donc, évidemment, ils devront être
formés puis habilités à se poser ces questions-là, ce >genre de
questions là, bien comprendre les différents mécanismes prévus et le respect
des droits, les principes juridiques applicables, les arrêts de la Cour d'appel.
Tout ça devra faire partie de leur cursus de formation, assurément.
• (15 h 40) •
Mme Hivon : O.K. Puis si
un parent se demandait c'est quoi le meilleur chemin pour moi... On vient de le
faire, là, avec le tribunal spécialisé puis l'accompagnement, donc de pouvoir
accompagner des gens. Donc, le parent, il se dit : Est-ce que moi, je suis
mieux d'aller vers le processus protecteur de l'élève, commission des droits,
tout ça? Est-ce que, s'il appelle chez vous, on va le guider à travers tout ça?
Comment vous voyez ça, le... comment on peut accompagner le mieux possible les
parents?
M. Tessier (Philippe-André) :
Nous, ce qui est toujours important, c'est de bien faire comprendre c'est
quoi, la spécificité de chacun des recours, à quoi ça mène, c'est quoi la
finalité. L'un peut arriver après l'autre, ils peuvent être en même temps, ils
peuvent être un après l'autre. Notre prescription, hein, chez nous, c'est deux
ans, même trois ans pour dans certains cas. Donc, c'est sûr et certain qu'avec
les délais qu'il y a là, une personne peut être... se déclarer insatisfaite
puis finalement de se retourner chez nous. Il y a toutes sortes de cas de
figure qui peuvent se poser. C'est pour ça que ce qu'on répète, c'est qu'il
va... ce protecteur national de l'élève là va d'avoir collaborer avec la
commission dans l'exercice de nos responsabilités spécifiques pour trouver les
bonnes façons de fonctionner, pour assurer le respect des droits des élèves, et
ça, ça va être le temps qui va nous le dire.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup. Merci, Mme la députée. Merci à vous trois pour votre
contribution aux travaux de la commission et d'avoir été présents avec nous cet
après-midi, donc nous suspendons les travaux quelques instants, le temps d'accueillir
nos nouveaux invités.
(Suspension de la séance à 15 h 42)
(Reprise à 15 h 45)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Bonjour. La Commission de la culture et de l'éducation reprend ses travaux. Donc,
nous accueillons maintenant le Regroupement des comités de parents autonomes du
Québec et leurs deux représentants : M. Sylvain Martel,
administrateur et porte-parole, et Mme Lyne Deschamps, conseillère. Bon
après-midi, bienvenue. Merci d'être avec nous cet après-midi.
Donc, vous disposez de 10 minutes
pour nous présenter votre... nous faire votre présentation, et, par la suite, il
y aura un échange avec les membres de la commission. <Donc, je vous cède
la...
La Présidente (Mme Guillemette) :
...un échange avec les membres de la commission. >Donc, je vous cède la
parole.
Regroupement des comités de parents autonomes du
Québec (RCPAQ)
M. Martel (Sylvain) :
Merci, Mme la Présidente. Alors, bonjour, M. le ministre. Bonjour, membres
de la commission et députés. Je profiterais de l'occasion pour saluer plus
particulièrement Mme la députée des Mille-Îles, qui est ma représentante à l'Assemblée
nationale, qui m'a conseillé, il y a une dizaine d'années, de m'impliquer dans
les structures en éducation pour pouvoir influer sur les décisions. Alors, je
pense que le message a bien été reçu.
Merci d'entendre les parents aujourd'hui.
C'est important parce que ça fait longtemps que les parents demandent des
changements dans ce dossier et puis les parents sont les principaux
utilisateurs du recours du protecteur de l'élève. Donc, souvent, quand on a une
problématique, elle se dessine autour de deux intervenants, c'est-à-dire le
parent, la direction d'école. Donc, leur point de vue est essentiel au bon déroulement
des travaux, et je vous remercie d'avoir invité.
Au Regroupement des comités de parents
autonomes du Québec, on a travaillé sur ce dossier, comme on le fait à l'habitude,
de façon pertinente et rigoureuse. On est allé chercher les talents, les
connaissances, les expertises, notamment légales, des parents de nos comités de
parents, parce qu'on est des parents, mais on a aussi des métiers, et donc on
est capables d'apporter une couleur à ces travaux-là, selon nos différents
backgrounds.
Donc, on est ici pour vous présenter l'avis
des parents qu'on représente. Le RCPAQ, c'est 1 500 parents, un peu plus
que 1 500 parents engagés dans le réseau scolaire de différents
milieux, que ce soit des grands centres urbains, des banlieues, des villes et
villages, des régions rurales à la fois francophones et anglophones, qui, par
leur rôle dans les comités de parents, représentent les familles d'environ
200 000 élèves québécois, soit un élève sur cinq, à peu près 20 %
des élèves.
Suite à la consultation de nos parents et
avoir compilé tous leurs commentaires, leurs propositions et leurs avis, deux
choses sont claires : ils sont favorables à ce que le protecteur de l'élève
devienne une entité en soit, 83 % étaient d'accord avec cette
affirmation-là, mais ils désirent un service plus vaste, plus complet. 92 %
indiquent qu'il doit demeurer une première étape locale de résolution de
problématiques, donc qu'on puisse donner la chance de résoudre les problèmes au
niveau local.
Toutefois, les parents qu'on représente
demeurent insatisfaits sur certains points : le délai et le nombre d'étapes
pour atteindre la fin du processus et la capacité du réseau de répondre
adéquatement aux décisions et recommandations du protecteur.
On a, pour la présentation d'aujourd'hui...
on vous a soumis un mémoire, mais, pour la présentation d'aujourd'hui, on va se
concentrer sur quatre incontournables à mettre en place. Donc, le premier de
ces incontournables-là, c'est un accès rapide. Idéalement, comme je le disais,
on règle au niveau local, mais, à partir du moment où la résolution locale n'est
pas possible, si les délais restent les mêmes partout dans le processus, on n'améliore
rien, là.
On a entendu que le processus peut
présentement prendre jusqu'à un an, mais nous, on a calculé que dans le
processus qui est proposé dans le projet de loi n° 9, on peut se rendre
jusqu'à 60 jours ouvrables. Ça, c'est presque trois mois. C'est
inacceptable comme délai dans toutes circonstances. C'est pour ça qu'on suggère
de diminuer le nombre d'étapes et que le délai soit d'un maximum de 10 jours
ouvrables au niveau local et d'un maximum de 20 jours ouvrables au niveau
cumulé du protecteur régional et national. Pensons plutôt à avoir l'opportunité
d'allonger certains délais dans des situations exceptionnelles, comme, par
exemple, s'il faut attendre un rapport en pédopsychiatre ou quelque chose comme
ça, plutôt que de déjà allonger les délais maximaux.
Donc, ultimement, c'est le directeur
général qui prend la décision. Il y a un délai de 10 jours suivant la
recommandation du protecteur de l'élève, selon l'article 38. Mais le
conseil d'administration, dans l'article 58, peut infirmer en tout et en
partie cette décision, mais il n'y a aucun délai prescrit pour que le conseil d'administration
le fasse. Selon nous, ça laisse un dossier ouvert indéfiniment. En fait, ça
laisse tous les dossiers ouverts indéfiniment. Puis, si ce n'est pas le cas,
bien, il y a lieu d'aller clarifier les articles 38 et 58, parce que nous,
tout le monde qui l'a regardé l'a compris comme ça.
• (15 h 50) •
Donc, deuxième incontournable, ça prend un
processus spécialisé, dédié, centralisé et uniformisé. Si on garde l'intention
de répartir par région les ressources, on doit assurer une charge à temps plein,
parce que c'est comme ça qu'on va réussir à professionnaliser le rôle du
protecteur qu'on dit régional, mais il faut également un processus de sélection
<qui soit au-dessus...
M. Martel (Sylvain) :
...parce
que c'est comme ça qu'on va réussir à professionnaliser le rôle du protecteur
qu'on dit régional, mais il faut également un processus de sélection >qui
soit au-dessus des critiques. Donc, il faut arriver à nommer des personnes
neutres, indépendantes. Aussi, on pense que les désignations devraient toujours
être faites par l'Assemblée nationale, pour tous les protecteurs, qu'il soit
national ou régional. Le comité de sélection doit définitivement éviter les
critiques aussi. Donc, soyons inclusifs puis ajoutons plus de monde au niveau
de ses membres pour qu'on ait vraiment une diversité d'opinions.
En écoutant les autres témoignages, depuis
hier, on a continué notre réflexion puis on est arrivés à se demander :
Est-ce qu'il ne devrait pas y avoir un découpage par spécialisation plutôt que
par région? Parce que ce n'est pas la même chose que de prendre une plainte d'un
parent ou prendre celle d'un élève, tout comme ce n'est pas la même chose de
prendre la plainte d'un parent d'élève HDAA ou une plainte de harcèlement, une
plainte d'intimidation, violence, une plainte par rapport au transport, au
classement des élèves. Donc, ça optimiserait le processus, si le protecteur
connaissait et maîtrisait déjà le sujet et son contexte.
Donc, nous, dans notre mémoire, on
recommande des protecteurs affectés aux parents anglophones. C'est pour des
questions de compréhension de langue, mais, dans la même veine, pourquoi pas
des protecteurs spécialisés au lieu de protecteurs territoriaux? La comparaison
est boiteuse un peu, là, mais on l'a fait dans les C.A., pour les membres de la
communauté. On a créé des catégories puis on s'en tient à ces spécialités-là.
Donc, peut-être qu'on pourrait répliquer le modèle ici.
Troisième incontournable, un service
publicisé. Ça aussi, on l'a entendu pendant les travaux. On doit faire
connaître le service à tous, partout, sans oublier les contraintes au niveau de
la langue et de la compréhension. Chez nous, c'est 90 % des parents
consultés qui disent connaître peu ou pas du tout l'actuel recours du
protecteur de l'élève et le processus qui l'entoure. On s'entend, là, c'est des
parents qui sont engagés, ils siègent dans un conseil d'établissement et dans
un comité de parents. On peut présumer qu'ils sont mieux informés que la
moyenne, et quand même, il y en a neuf sur 10 qui ne connaissent pas au complet
le recours. Donc, on recommande un grand effort de communication pour faire
connaître le protecteur de l'élève, un effort de communication aussi qui doit
toujours prendre en compte, comme on devrait le faire dans tous les dossiers...
en fait, dès qu'on s'adresse à des parents.
Il ne faut jamais oublier qu'au Québec, on
a un gros problème d'analphabétisme puis qu'il y a 50 % de la population,
donc 50 % des parents qui ont des problèmes à ce niveau-là. Donc, il faut
trouver des façons de les rejoindre et de pouvoir leur permettre à la fois de
comprendre le recours, leurs droits, mais aussi de l'utiliser. Si tout est
écrit, si les plaintes sont écrites, si la documentation est écrite, que ce
soit en ligne, en vrai, ce n'est plus un service qui est accessible de façon
universelle parce qu'on a à peu près la moitié des parents qui ne peuvent pas
vraiment y avoir accès.
Donc, notre quatrième incontournable, c'est
une assurance que les recommandations peuvent avoir un vrai impact sur l'organisation.
Donc, on veut plus qu'un processus qui vise exclusivement une analyse de la
conformité à des politiques ou des règlements. Souvent, ces analyses-là sont
liées à des considérations financières. Puis, si on reste pris dans ces
concepts-là, là, on n'avancera pas puis on n'améliorera pas rien. Donc, il faut
absolument, absolument avoir un côté un peu plus humain à l'écoute des plaintes
et aussi à la résolution et à l'application des recommandations que fera le
Protecteur national de l'élève.
En plus aussi, on pense qu'un pouvoir d'initiative
serait essentiel, particulièrement dans les cas d'intimidation et de violence.
Les situations problématiques qui viennent à être connues par d'autres moyens,
donc dans les médias, ça pourrait être un cas, devraient être traitées aussi
sans l'attente d'une plainte officielle, d'autant plus que le protecteur peut
faire des recommandations à portée collective. Donc, il devrait avoir la
possibilité d'initier une enquête. Si on veut un exemple, là, pensons juste à l'école
Henri-Bourassa, puis je pense que ça nous met un contexte où est-ce que ça
aurait pu être nécessaire d'avoir ce pouvoir-là.
Donc, suite à notre consultation, on peut
dire que les parents qu'on représente s'attendent à <trois choses...
M. Martel (Sylvain) :
...nécessaire d'avoir ce pouvoir-là.
Donc, suite à notre consultation, on
peut dire que les parents qu'on représente s'attendent à >trois choses
principales : un pouvoir accru du protecteur national, qui implique de
contraindre les centres de services scolaires à appliquer ces décisions; une
indépendance des individus nommés à titre de protecteur national et protecteurs
régionaux, exigeant une prestation de serment; et, naturellement, un processus
de plaintes plus rapide.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, nous procédons maintenant à la période d'échange avec les
parlementaires en débutant avec M. le ministre.
M. Roberge : Merci
beaucoup. Merci, M. Martel, Mme Deschamps. Ça a-tu vraiment duré
10 minutes? C'était comme un épisode de District 31.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Même un petit peu plus que 10 minutes.
M. Roberge : Ça a passé
trop vite. C'était vraiment très pertinent. Vous avez une connaissance
exceptionnelle du projet de loi. Vous naviguez d'un article à l'autre. Très,
très, très pertinent. Merci beaucoup.
Je regardais votre mémoire. J'aime bien qu'au
départ on y va... page 3, vous disiez : Bien, écoutez, voici ce qu'on
avait sur le cœur, en ce moment, elle avait une apparence de partialité, un
processus qui visait seulement l'analyse de la conformité avec les politiques
actuelles... Je ne referai pas la lecture, mais vous l'avez fait. Ce que j'aime
bien aussi, c'est que vous êtes arrivés, à la page 4, à dire : Bien,
voici ce qu'on ne veut pas, voici ce qu'on veut. La page 4, j'ai comme l'impression
que... voici votre grille d'analyse à la fin, il faut arriver à ceci : Un,
un accès rapide; deux, un processus spécialisé, dédié, centralisé, uniformisé;
après ça, un service publicisé par une variété de moyens connus... donc connus,
c'est un des problèmes avec le système actuel.
Une assurance... les recommandations
peuvent avoir un vrai impact sur l'organisation. Et là vous dites : «par
exemple, en ajoutant une obligation au centre de services scolaire de justifier,
par écrit, les motifs pour lesquels le centre de services scolaire ne met pas
en œuvre les recommandations».
Et là, ici, je vous pose une question,
parce qu'il me semble que, dans votre présentation, vous êtes allés plus loin
que dans votre mémoire. Dans votre présentation, vous avez dit : Il faut
que ça s'applique, il faut que ce soit exécutoire. Dans votre mémoire, vous
dites : Bien, il faudrait qu'idéalement elles soient retenues, mais, si
les recommandations n'étaient pas retenues, il faut se justifier. Alors, j'aimerais
avoir des précisions, là, sur ce que vous souhaitez là-dedans, au fond.
M. Martel (Sylvain) :
Bien, écoutez, il y a à peu près trois quarts des parents qui demandaient que
les décisions soient exécutoires et qu'elles soient... que les centres de
services soient contraints à appliquer les recommandations.
Maintenant, on regarde les travaux aussi, on
voit ça aller puis on se rend bien compte qu'on est les seuls, à peu près, qui
ont demandé ça. Donc, c'est sûr que pour... On demande, mais on le sait que, si
on est les seuls, fort probablement que ça ne s'appliquera pas. Donc, le niveau
juste en dessous, ça serait de justifier un refus d'appliquer. Ça, les parents
le saluaient, là, que de voir qu'il y aurait ce genre de processus là, mais à
la base, la demande pure et dure, je vais le dire, ça, là, des parents, c'était :
Il faudrait que les recommandations ne soient pas des... justement, des
recommandations, mais des décisions.
M. Roberge : O.K. Non,
mais je comprends, mais je suis content de vous poser la question parce que je
comprends vraiment le cheminement, puis voilà. D'ailleurs, la commission des
droits de la personne, de la jeunesse, qui est venue passer juste avant vous,
nous a donné une petite précision, justement, entre ce qu'on attend plus d'un
processus qu'on appelle un ombudsman, protecteur du citoyen, ce qu'on retrouve
dans les universités, où là il y a des recommandations avec quand même un fort
ascendant, je vous dirais, là. Quand la Protectrice du citoyen dit quelque
chose, il y a quand même un poids puis une reconnaissance certaine de la
crédibilité. Il faut donner suite, peut-être pas exactement à chaque mesure
dans la manière, mais c'est sûr qu'on ne veut pas ignorer les recommandations.
Ça sera probablement un peu la même chose avec le protecteur de l'élève. En
fait, c'est ce qu'on souhaite. Donc, différence entre ombudsman versus tribunal
judiciaire, puis ça m'aide bien à mieux comprendre.
• (16 heures) •
Un peu plus loin après, je trouvais ça
très intéressant que vous rendiez publiques vos statistiques, vos consultations
en pourcentage, le taux d'adhésion, quoi qu'on ne peut pas juste décider en
fonction du plus... du pourcentage le plus élevé, suite à son... mais ça donne quand
même un poids, puis un ascendant, puis un portrait de parents impliqués aussi,
mais ça <donne...
>
16 h (version révisée)
<15361
M.
Roberge :
...mais ça >donne quand même un poids, puis un
ascendant, puis un portrait de parents impliqués aussi. Parce qu'évidemment
vous n'avez pas consulté 100 % des parents dans un sondage d'une firme. Ce
sont des parents qui sont déjà mobilisés, donc peut-être un peu plus informés
aussi. Donc, ça, c'est intéressant, de voir quand... vous arrivez avec 83 %
des parents qui disent que l'information va être fluide, très, très, très
important. C'est là, dans la loi, mais il ne faudrait surtout pas que ça parte
au fil, supposons, de l'article par article. Parce qu'on sait bien que le
projet de loi, quand il va être adopté, il ne sera pas identique à ce qu'on
connaît aujourd'hui. On va le bonifier, donc il faut garder absolument l'information.
L'accompagnement, qui n'est peut-être pas
explicite en ce moment, dans un projet de loi n° 9,
la nécessité de soutenir ceux qui vont cheminer dans le processus, d'autres l'ont
dit avant moi, mais je pense qu'il va falloir faire quelque chose ou, en tout cas,
s'en assurer. Si ce n'est pas dans la loi, ce sera via d'autres leviers
gouvernementaux.
Puis la médiation, qui est déjà là, mais
qui n'est pas là pour les premières instances, est-ce que vous considérez que
le protecteur régional devrait aider le parent qui souhaite recevoir de l'aide,
même si c'est une plainte qui ne se... au niveau de l'école? Est-ce qu'il
devrait donner un coup de main pour la médiation au niveau de l'école?
M. Martel (Sylvain) :
Écoutez, moi, je sais pertinemment que, dans certains centres de services, vu,
justement, que, des fois, l'information est... sur le processus de plainte, est
difficilement accessible, les gens ont parfois tendance à avoir recours
directement au protecteur de l'élève. Et puis je sais qu'il y en a certains qui
lancent un genre de processus de médiation sur leur propre... Ça ne fait pas
nécessairement partie de leur rôle, mais ils le font et ils accompagnent les
parents là-dedans pour dire : Bien, regardez, parlez à telle personne, peut-être
qu'on peut régler le cas à ce niveau-là. Et je sais que ça marche. Je sais que
ça permet d'éviter qu'il y ait une plainte officielle parce que... Vous savez,
souvent, la plainte, c'est un manque d'information, c'est un manque de
compréhension de comment ça se passe. Donc, si on amène le parent à se faire
expliquer et surtout comprendre, souvent, la plainte, elle disparaît.
Puis oui, si vous regardez les
statistiques, effectivement, les parents sont en accord avec le projet mais
aimeraient ça qu'il soit bonifié, qu'il soit un peu plus large pour qu'on
puisse, justement, tout... Puis c'est important parce que... toujours en
gardant une possibilité de régler au niveau local, parce que, là aussi, on
règle probablement... je ne sais pas les statistiques, mais je sais que c'est
très, très élevé, le nombre de plaintes qu'on peut, juste au niveau local,
résorber. Je pense que ça, il faut le garder, mais d'aller vers un service qui
est un peu plus complet dans l'accompagnement, dans l'information aussi : Vous
savez, vous pouvez faire ça, vous pouvez parler à telle personne, vous
pouvez...
Donc, je pense qu'on résoudrait beaucoup
de problèmes qui ne... Bon, il y en a qui méritent des plaintes, là, c'est sûr,
là. Les gens ne font pas des plaintes pour rien, là, mais, des fois, le but de
la... la cause de la plainte, ce n'est pas nécessairement une problématique
grave, c'est un manque de compréhension d'une situation. Donc, par une
médiation ou par de l'information, on réussit à éliminer ça, puis, bien, ça
laisse de la place pour traiter les dossiers vraiment, vraiment graves ou qui
méritent vraiment une attention plus poussée, là.
M. Roberge : Oui, la
meilleure des plaintes, c'est celle qu'on ne formule pas parce qu'on est
satisfaits. Mais, si on n'est pas satisfaits, on veut avoir de l'information.
M. Martel (Sylvain) : C'est
rare que les gens appellent pour dire : On est contents.
M. Roberge : Oui. Non, c'est
rare, c'est rare. L'humain n'est pas ainsi fait. Mais s'il y a quelque chose,
par contre, on veut être informés, on veut être aidés, on veut être outillés.
On ne veut pas qu'il y ait des disparités en fonction de la langue d'usage à la
maison ou du niveau de littératie du parent. C'est là où on veut une équité de
droit pour les élèves et pour les parents et c'est là où je pense que le
protecteur peut être appelé à jouer un rôle important.
Il y a quelque chose que vous avez dit,
une demande, mais il me semble qu'on a déjà répondu favorablement. Alors, peut-être
que... Là, encore une fois, il faut se comprendre. Peut-être c'est moi qui a
mal saisi. Vous dites : Si jamais l'école ou centre de service ne répond
pas favorablement à la recommandation, il faut le justifier, il faut le dire.
Or, il me semble qu'à l'article 39 on le précise exactement quand on dit,
bon : Le centre de services scolaire doit, dans les 10 jours ouvrables...
la <réception...
M. Roberge :
...on
le précise exactement quand on dit, bon : Le centre de services scolaire
doit, dans les 10 jours ouvrables... la >réception de toute conclusion
ou recommandation, informer par écrit le plaignant et le protecteur régional de
l'élève des suites qu'il entend y donner et, le cas échéant, les motifs
justifiant tout refus d'y donner suite.
Donc, si jamais le centre de services
scolaire ou l'école ne donnait pas suite, il doit quand même se justifier en
donnant les motifs puis ne pas juste dire : Bien, on ne s'en occupera pas.
Donc, ça, il me semble que c'est déjà là. Est-ce que vous souhaitiez davantage
ou c'est parce qu'on s'était peut-être juste mal compris là-dessus?
M. Martel (Sylvain) : Mme
Deschamps, est-ce que vous voulez prendre le relais sur celle-là?
Mme Deschamps (Lyne) : Oui,
oui. Il n'y a pas de souci.
M. Roberge : Je ne veux pas
vous piéger, hein? Je veux juste qu'on se comprenne. Des fois, c'est d'un côté,
des fois, c'est de l'autre, là.
Mme Deschamps (Lyne) : Il n'y
a pas de souci. Effectivement, c'est peut-être une demande que ce soit
justifié. Oui, on le retrouve à cet endroit-là dans le projet de loi. Par
ailleurs, on pourrait gagner à ce que ce soit tout le temps comme ça partout,
pas juste au niveau d'une décision. Parce que j'ai vu, dans d'autres
recommandations d'autres organismes qui sont passés chez vous, aujourd'hui ou
hier, qu'il y a eu souvent des recommandations d'expliciter par écrit
systématiquement tout refus, voire toute recommandation. Donc, on veut juste s'assurer
que, partout, il y aura une justification.
En passant, l'article 9 de la Loi de
l'instruction publique, nos juristes nous ont dit... les parents qui sont
juristes nous ont interpelés par rapport au fait que, le conseil d'administration,
il n'y a comme pas de délai sur la manière dont lui peut se prononcer. En tout
cas, c'est comme ça qu'ils l'ont compris. Donc, il faudrait juste vérifier ça.
Est-ce que j'ai répondu à votre question, M. le ministre?
M. Roberge : Absolument, oui.
Et je suis content que vous le rameniez, celui-là, parce que, pendant votre
présentation, je me suis retourné puis j'ai discuté avec la sous-ministre
adjointe qui est avec nous pour nous guider puis nous aider là-dedans. Et oui,
c'est un malentendu ou... Bon, vous savez, des fois, c'est écrit de manière un
peu technique. C'est la même réponse, donc c'est 10 jours pour l'institution qu'est
le centre des services scolaire pour donner sa réponse finale. Idéalement, on
souhaite qu'elle soit positive, mais, si elle est négative, bien, il doit
justifier son refus, et ça doit se faire de manière très claire. Donc, ce n'est
pas... Il n'y a pas de délai ouvert, fort heureusement. Sinon, on l'aurait...
on aurait bouché le trou si ça avait été le cas, là. Mais, dans ce cas-ci, c'est
peut-être juste une question, là, d'interprétation législative.
Mme Deschamps (Lyne) : On
clarifiera, je suppose.
M. Roberge : Bien, il faut
clarifier, des fois, dans la loi. Mais, des fois aussi, on ne lit pas
toujours... Je ne suis pas un juriste. Des fois, je ne lis pas la loi avec des
yeux de juriste. Alors, je me retourne vers les juristes et... Ça, ça veut dire
quoi, exactement? Par contre, quand on va extraire de la loi les documents
explicatifs, les documents de vulgarisation, les pamphlets, les outils de
communication, là, ceux-là auront l'obligation d'être clairs et facilement
compréhensibles par tout le monde. Mais on ne peut pas tout le temps écrire le
projet de loi en disant : Oui, mais la mère ou le père de famille que je
suis devrait le comprendre selon la langue d'usage. Des fois, il y a des termes
techniques. Mais ceci dit, je vous rassure, là, il n'y a pas de délais ouverts,
là, c'est refermé. On peut souhaiter qu'ils soient plus courts, mais ils sont
quand même limités dans le temps.
Sur la question du mécanisme d'urgence, l'idée
de dire : Parfois, ça presse, parfois, là, il y a une crise qui se vit
dans la famille — dans l'école ou dans la famille, des fois, c'est la
même chose, là, le jeune, il est tantôt élève, tantôt enfant — je
veux aussi vous dire qu'on a l'article 31 qui peut nous dire... qui permet
au protecteur régional de l'élève de dire : O.K., regarde, là, on saute l'étape 1,
l'étape 2, on peut aller directement au protecteur régional, puis il peut
accepter de se saisir tout de suite d'une situation. Ce n'est pas, je vous
dirais, la mécanique qu'on étend à toutes les plaintes parce qu'on pense que, d'habitude,
là, ça se règle à l'échelle de la classe, avec l'enseignant ou, au pire, avec
la direction d'école. Mais il y a quand même une souplesse dans la loi pour
dire : Voici la démarche habituelle puis voici la démarche d'exception,
parce que, quand arrive une situation exceptionnelle, il faut avoir des mesures
exceptionnelles. Puis ça, c'est notre article 31 qui, je pense, fait le
travail.
Il me reste un peu de temps, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Trois minutes.
• (16 h 10) •
M. Roberge : Trois minutes. O.K.
À la page 7, vous parlez... commentaires spécifiques, section des notes
explicatives du projet de loi n° 9, vous parlez
de la nomination. Deuxième paragraphe, je lis : «La nomination des
protecteurs régionaux par le <ministre...
M. Roberge :
...vous parlez de la nomination. Deuxième paragraphe, je lis : «La
nomination des protecteurs régionaux par le >ministre et non par le
gouvernement met à risque l'indépendance des personnes nommées.» Une nomination
gouvernementale pour tous les protecteurs serait plus appropriée, puis une
garantie de neutralité, en tout cas, apporterait, selon vous, une garantie de
neutralité ou, en tout cas, une apparence, parce que, des fois, il y a une
question de perception, au-delà de la réalité, pour que les gens aient
confiance. Je comprends que vous êtes là-dedans. Est-ce à dire que des
nominations par le gouvernement, pour vous, ça apporte suffisamment, comme on
dit, un bras de distance entre le ministre? Est-ce que c'est ça que vous
vouliez dire? J'aimerais ça comprendre ce qu'il y a derrière ce paragraphe-là.
Oui?
M. Martel (Sylvain) : En
fait, ce qu'il y a derrière ce paragraphe-là, c'est une erreur, M. le ministre.
M. Roberge : Bon. Voilà.
M. Martel (Sylvain) : C'est
pour ça que j'ai pris la peine, dans l'allocution, de le dire. C'est qu'en fait
on aurait dû dire «une nomination par l'Assemblée nationale» et non pas
par «une nomination gouvernementale». Donc, ça change un peu le...
Donc, en fait, ce qu'on disait, ce qu'on
dit, ce qu'on voulait dire, c'était à peu près la même chose que certains
autres groupes ont amené, là, comme proposition. Donc, c'est pour ça que,
tantôt, j'ai pris la peine de le dire, parce que je savais, on l'a vu, et le
mémoire était parti, alors...
M. Roberge : Pas d'enjeu.
Est-ce qu'il y aurait une recommandation prioritaire pour vous, que je n'ai pas
abordée? Parce que, bon, mon intention dans ma discussion avec vous, c'était de
clarifier, justement, pour dire : Est-ce que j'ai bien compris, sur votre
présentation, sur votre mémoire? Est-ce qu'il y a un élément, là, crucial, vous
dites : Là-dessus, M. le ministre, voici ce qu'on veut préciser, puis peut-être
que je ne vous ai pas questionné là dessus?
M. Martel (Sylvain) :
Écoutez, je pense que le plus grand enjeu pour les parents, là, c'est vraiment
le délai. C'est vraiment le délai. Vous l'avez dit, parfois, c'est l'urgence,
mais, même si ce n'est pas urgent, si un parent fait une plainte, c'est parce
qu'il y a une problématique qui vient toucher sa famille, qui vient toucher ses
enfants. Et vous savez, bon, il y a des exceptions dans tout, mais, si un
parent fait une plainte, il y a une raison de faire une plainte, là. S'il est
rendu là, c'est parce qu'il a tout essayé puis, donc, il y a quelque chose qui
ne marche pas.
C'est sûr que, si on commence à parler
de... parce que, vous savez, bon, présentement, les délais, généralement, c'est
quelque chose comme deux mois, ça peut même aller à trois mois. C'est très,
très long pour... si un enfant a une problématique dans la classe même, donc, c'est
deux mois où est-ce que son apprentissage va souffrir. Donc, je pense que le
plus gros enjeu, là, c'est vraiment le délai, d'être capable de répondre
rapidement et d'être capable d'analyser la situation rapidement.
Puis c'est pour ça aussi qu'il nous est
venu, à un moment donné... en écoutant les autres intervenants, qu'on s'est dit :
Si on avait des gens en place qui ont une spécialité, qui connaissent déjà
des... mettons, si, au niveau du transport, qu'ils ont déjà un genre de
background au niveau du transport, qu'ils seraient capables, donc, dans leur
analyse, d'aller beaucoup plus vite. Si c'est au niveau des élèves HDAA, ils
pourraient aller plus vite. Donc, voilà. C'est un peu ça.
Je ne sais pas, Lyne, si tu voulais
ajouter quelque chose.
Mme Deschamps (Lyne) :
Bien, peut-être préciser que...
La Présidente (Mme Guillemette) :
C'est tout le temps que nous avions pour M. le ministre, mais nous allons
continuer les échanges avec Mme la députée de Joliette.
Mme Deschamps (Lyne) : Sauvée
par la cloche.
Mme Hivon : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour à vous deux. J'ai un gros trois minutes,
donc on va... et plein de petites questions. Vous dites que vous trouvez
pertinent, là, de conserver l'étape locale d'abord, avant d'aller au protecteur
régional ou spécialisé, selon votre proposition. Est-ce que vous estimez que ça
doit être obligatoire ou optionnel, dans la mesure où des parents ne seraient
pas confortables d'aller à ce niveau-là, peur de représailles, mauvaises
expériences? Est-ce que vous pensez quand même que cette étape-là, elle est
incontournable ou devrait être optionnelle?
Mme Deschamps (Lyne) :
Moi, je pense que les parents doivent avoir un accès pour se faire entendre. Et
si, ça, ça fait partie de ce qu'on a parlé tantôt, des choses urgentes, bien, l'urgence,
ce n'est pas toujours nécessairement une question de temps. Ça peut être aussi
une question de confort. Qu'on pense à l'intimidation, sérieusement, quand on a
un problème d'intimidation puis qu'on est très mal avec ça, peut-être qu'il
faut qu'on trouve... puis qu'on soit ouvert à ce que ce soit exceptionnel, mais
qu'on puisse aller ailleurs qu'au niveau local. Parce que de l'intimidation, <ça...
Mme Deschamps (Lyne) :
...ce soit exceptionnel, mais qu'on puisse aller ailleurs qu'au niveau local.
Parce que de l'intimidation, >ça peut briser une vie, puis on ne peut
pas passer à côté de ça.
Mme Hivon : O.K. Vous êtes
les premiers qui nous arrivez avec cette idée-là de découper par
spécialisations au lieu de régions. On a entendu certains nous dire qu'il
devrait y avoir une expertise... ma collègue de Westmount—Saint-Louis va
sûrement en reparler, là, mais une expertise vraiment pour les élèves HDAA.
Donc, ça, on pourrait imaginer peut-être un sous-protecteur ou protecteur
adjoint. Ça, c'est quelque chose qu'on a entendu, mais pas jusqu'où vous
poussez l'idée.
Donc, juste pour nous donner un aperçu de
ce que vous voyez comme types de catégorie, là, vous avez dit transport,
évidemment... Tantôt, les gens de la commission des droits... moi, c'est une
statistique que je ne savais pas, mais ils nous disaient que chez eux, c'est à
peu près 90 % des plaintes en discrimination dans le milieu scolaire qui
viennent de situations d'élèves HDAA. C'est à peu près la même chose
actuellement pour le protecteur de l'élève. Donc, est-ce qu'il n'y aurait pas
une disproportion? Comment vous voyez ça? Puis c'est quoi, les différentes
catégories? Disproportion entre les spécialisations, je veux dire.
Mme Deschamps (Lyne) : Je
pense que ce qui est important, c'est de vraiment voir qu'il y a des plaintes
qui sont plus techniques puis il y a des plaintes qui méritent de comprendre
beaucoup plus de choses. Donc, qu'il y ait un nombre x de protecteurs au
service des parents, mais qu'ils soient... qu'ils aient chacun une
spécialisation, ça va augmenter l'efficacité, mais surtout on va devenir
efficients. Transport, organisation scolaire, qu'on pense à l'intimidation et
la violence, ce n'est pas vrai que traiter de ça, parce que, là, on l'amène
au niveau du protecteur, que c'est pareil.
Comment on reçoit la plainte d'un jeune?
On a la Protection de la jeunesse qui s'occupe d'eux autres, ils sont
spécialisés, puis là on va dire que, quand on est dans le réseau de l'éducation,
tout le monde peut répondre à ça. Vous savez, qu'il y ait un nombre x de
protecteurs, ce n'est pas le nombre qui nous semble important, c'est plus de
voir comment ils seront efficients. On parle de collaboration, dans le projet
de loi, entre les protecteurs qu'on appelle régionaux, mais, dans ce cas-ci, on
pourrait avoir un spécialisé en anglais, un pour les EHDAA — vous en
avez parlé — l'organisation scolaire, le classement, et ça, ça irait
tellement plus vite. Voilà.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme Deschamps.
Mme Deschamps (Lyne) : Je ne
peux pas aller plus loin.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, nous allons poursuivre la discussion avec la députée de
Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour. M. Martel, vous m'avez surprise tantôt, je ne savais
pas trop pourquoi vous étiez pour me saluer particulièrement, à part le fait qu'on
est deux Lavallois puis orgueilleux dans la place qu'on occupe au niveau de
Laval. Mme Deschamps, salutations particulières, puisqu'on a eu le plaisir,
dans le mot «Mille-Îles», de se fréquenter à la commission scolaire des
Mille-Îles dans le temps, début d'implication parentale de mon côté.
Je vais revenir sur les incontournables
pour pouvoir vous poser mes questions à partir de vos cinq incontournables. Le
premier, l'accès rapide. Tous les intervenants qu'on a rencontrés aujourd'hui
nous ont parlé, aujourd'hui puis hier, nous ont parlé d'une accessibilité
facile, rapide. Je vais rajouter «spécifique» parce que vous semblez dire que
ça serait intéressant d'avoir des gens avec des spécificités par rapport à
certains dossiers. Ma collègue de Westmount—Saint-Louis a parlé de deux
spécificités : la première, avoir accès dans sa langue maternelle pour
avoir une facilité de compréhension pour des parents et la deuxième, EHDAA. On
a beaucoup parlé des élèves, des jeunes et des parents. Comment recevez-vous l'idée
d'ouvrir cette porte aussi aux enseignants?
M. Martel (Sylvain) :
Écoutez, ça va être très simple. Si ça aide nos enfants, on est d'accord. C'est
aussi simple que ça. On ne voit pas de souci si, en bout de ligne, nos enfants
en tirent un bénéfice.
Mme Charbonneau : Parfait.
Dans le processus de spécialiser, dédier, centraliser, uniformiser, deux
questions. La première, le découpage régional. Vous avez parlé d'une autre
forme de découpage. Quelques représentations, entre autres, les cadres, des
gens qui sont plus rattachés aux centres scolaires, nous ont dit : Il y a
quelque chose qui nous achale par rapport à la régionalisation, soit le regard
sur la clientèle, soit la répartition de la clientèle, soit le territoire qu'on
va occuper.
J'aimerais ça savoir comment vous percevez
le découpage régional et j'aimerais vous entendre sur la formation qu'il
pourrait y avoir, soit du côté du protecteur de l'élève <envers...
Mme Charbonneau :
...le découpage régional et j'aimerais vous entendre sur la formation qu'il pourrait
y avoir, soit du côté du protecteur de l'élève >envers la clientèle qu'il
va desservir ou spécifiquement la formation chez le protecteur de l'élève pour
pouvoir être plus compétent ou meilleur pour répondre à la clientèle.
• (16 h 20) •
Mme Deschamps (Lyne) : Je
pense que, dans un premier temps, quand on parle d'information, de formation, c'est
essentiel dans les deux cas. Et plus que ça, l'information au niveau des
parents, par exemple, là, il faut aller beaucoup plus loin que ce qu'on propose
dans le projet de loi.
Concernant l'occupation du territoire, je
reprends votre expression, vous savez, on regarde le projet de loi avec ce qu'on
connaît depuis très, très, très longtemps au Québec, où on a toujours divisé le
territoire pour donner des services éducatifs. Est-ce que c'est la meilleure
chose? Est-ce que c'est comme ça qu'il faut continuer à voir les choses? Quand
l'objectif du protecteur national, c'est de trouver des solutions à des
problèmes que vivent les parents puis qui n'ont pas pu être résolus au niveau
local, c'est quoi, l'impact de recevoir une question de manière territoriale
plutôt qu'autrement? Honnêtement, ça nous semble une question moins essentielle
ici.
Mme Charbonneau : Je
comprends. Merci. Je me souviens d'un ancien député... ou un député qui l'est
toujours, mais maintenant rendu ministre, qui déchirait sa chemise sur un code
postal. C'est pour ça qu'en ce moment, quand on dit «attribuer des services» et
«critiquer des services» puis qu'on parle des régions, je peux comprendre que
les centres scolaires puissent dire : Bien, il faut vraiment être
spécifique par rapport à ça, parce que tout ne retient pas d'un code postal.
Malheureusement, nos écoles sont codées, il faut le dire comme ça, par rapport
à la clientèle. Je ne vous apprends rien, je sais que vous le savez, mais je le
dis. J'avais le goût que le ministre l'entende aussi puisqu'on se...
quelquefois, on se passe les messages en parlant à d'autre monde, hein? Un peu
comme, des sondages, ça se fait autrement que les commander puis de les payer.
Des fois, ça se fait gratuitement à travers une clientèle très spécifique.
Votre troisième incontournable, un service
publicisé par une variété de moyens, je dois vous avouer que,celle-là, je l'ai
vue, je la vois à chaque fois qu'on parle d'information en éducation. On parle
de l'agenda, on parle de la rentrée scolaire. On a émis un peu le début d'une
idée d'une possibilité d'un service téléphonique, une ligne unique où un parent
peut appeler, un jeune peut appeler, un étudiant, parce que... on ne les nomme
jamais, mais la formation professionnelle et l'éducation font partie des
centres scolaires, peut-être pas des écoles privées, mais des centres scolaires — de
ce fait, à un moment donné, on va en parler — mais d'être capable d'accompagner
la personne qui croit qu'elle ne se sent pas bien par rapport à un geste, qui
veut savoir jusqu'où elle peut aller ou par où aller, première marche, deuxième
marche, troisième marche, qui sait. Un coup de téléphone pour l'accompagner
dans sa démarche, est-ce que, pour vous, c'est quelque chose d'intéressant? En
plus, j'imagine, là, que l'agenda puis le bulletin, le portail, tous les autres
moyens qu'on a actuellement et qui sont en place depuis assez longtemps qui...
quelquefois, quand ça fait trop longtemps, le parent passe un peu par-dessus ou
le voit peut-être un peu moins.
M. Martel (Sylvain) : Oui. En
fait, ce n'est pas juste intéressant, c'est essentiel, selon nous, parce que,
comme je le disais tantôt, on a à peu près la moitié des parents qui ont des
problèmes au niveau de la lecture ou de l'écriture. Donc, que ce soit pour la
langue... D'ailleurs, un service téléphonique, oui. Dans certains endroits, il
faudrait peut-être que les gens parlent plus que les deux langues les plus
communes pour être capables d'offrir les services aussi aux parents. Donc, oui,
oui, oui, tout à fait, que ce soit pour informer, mais aussi pour déposer une
plainte, parce que, comme c'est là, dans le projet de loi, il faut déposer une plainte
écrite. Ce n'est pas donné à tout le monde d'être capable de faire une plainte
écrite. C'est quand même un processus intimidant et complexe quand on ne
maîtrise pas les communications écrites, là. Donc, oui, oui.
Mme Charbonneau : ...un petit
peu plus tôt, l'aspect analphabète d'une partie de la communauté ou des gens au
Québec.
M. Martel (Sylvain) : Oui, tout
à fait.
Mme
Charbonneau
:
La quatrième, une assurance que les recommandations peuvent... Moi, je suis
allée à la page 12. Page 12, vous spécifiez l'aspect contraignant. Là, je vais
faire appel à vous en vous faisant un petit clin d'œil à la fois. Vous avez
tous les deux siégé à des endroits différents dans des commissions scolaires. Je
les nomme spécifiquement comme <ça...
Mme Charbonneau :
...tous
les deux siégé à des endroits différents dans des commissions scolaires. Je les
nomme spécifiquement comme >ça parce qu'il y a certains comités qui ont
changé depuis ce temps-là. Est-ce qu'il vous est arrivé de pouvoir appliquer une
recommandation qui allait à l'encontre d'une décision d'une commission scolaire
face à un service ou une demande d'un parent?
Mme Deschamps (Lyne) : Est-ce
que je peux commencer, M. Martel?
M. Martel (Sylvain) : Allez-y.
Mme Deschamps (Lyne) : Je
vais vous raconter quelque chose qui est arrivé, effectivement, alors que j'occupais
un autre poste au niveau de l'application de la politique du transport et du
fameux 1,6 kilomètre à l'époque. La demande faisait en sorte que, si on
prenait juste le mosus de logiciel, dont j'oublie le nom, bien, ça donnait 1,4.
O.K.? Mais on a demandé, nous, d'aller plus loin puis de prendre le petit
machin, la roue, là, qui tourne puis en faisant le même piétage que l'enfant
ferait. Ça donnait plus que 1,6.
Donc, oui, on est allés plus loin que ce
que disait la politique et les outils qui étaient en place. Est-ce que c'est
arrivé souvent? Non. Est-ce que c'est exceptionnel? Oui.
M. Martel (Sylvain) : Moi, je
peux vous dire que j'ai été commissaire représentant des parents, et puis,
lorsqu'il y avait une recommandation du protecteur de l'élève, souvent, la
résolution qui finissait par être adoptée disait «prendre acte de la
recommandation», et c'est là que ça arrêtait. Je ne dis pas que, dans l'administration,
il n'y avait pas des choses qui s'ajustaient, là. C'est possible. C'est fort
probable, d'ailleurs. Mais moi, je l'ai vécu même comme parent, parce qu'on s'est
rendus jusqu'au protecteur de l'élève, à l'école où mes enfants vont, et puis
le protecteur de l'élève était complètement d'accord avec nos demandes. Puis le
conseil des commissaires, à l'époque, a pris acte de sa recommandation, et ça a
fini là. On était d'ailleurs 28 parents avec la même demande chez le protecteur
de l'élève en même temps.
Donc, vous savez, depuis hier, on entend les
craintes sur la nature des plaintes que peuvent faire les parents, puis ces
craintes sont apparues généralisées par les exceptions, là. Un parent, ça ne
porte pas plainte pour rien, là. Je l'ai dit tantôt, là, un parent qui dépose
plainte, c'est parce qu'il a besoin d'adresser un besoin essentiellement
humain, là. C'est un acte sensible. Ça fait que, si l'analyse reste au niveau
des règlements puis de l'argent, bien, le côté humain, il est évacué. Ça fait
que, si le protecteur national répond aux parents que la politique a été
respectée puis que... bien, il n'y a rien qui est réglé, là, du niveau... de l'optique
du parent. Si le projet de loi permet qu'on reste dans ce pattern-là, là, bien,
on n'aura rien amélioré.
Donc, moi, je... tu sais, moi, je ne suis
pas juriste, là, mais on m'a souvent dit qu'à la Cour des petites créances le
bon sens prévalait sur la lettre de la loi, là, dans les décisions. Ça fait que
je me dis : Inspirons-nous plus de la Cour des petites créances que,
mettons, de la Régie du logement, où est-ce que, là, c'est vraiment le
règlement à la lettre, puis il n'y a aucune humanité. Puis je suis désolé pour
les gens de ce tribunal-là, mais, bon, c'est quand même la réputation qu'on en
tire.
Ça fait que je ne suis pas en train de
dire qu'il ne faut plus respecter les politiques puis les règlements des
centres de services, là, mais ce que je dis, c'est : Donnons-nous une
certaine latitude pour trouver des solutions humaines aux problèmes soumis au
protecteur de l'élève plutôt que de les balayer puis de prétendre qu'ils sont
résolus ou impossibles à résoudre pour toutes sortes de considérations de
politique, de réglementation. À long terme, là, on va tous en sortir gagnants,
nos enfants en premier.
Mme Charbonneau : Je vous
lance une dernière... Vous n'aurez pas beaucoup de temps pour me répondre, je
vous le dis tout de suite.
M. Martel (Sylvain) : C'est
bon.
Mme Charbonneau : Mais je n'irai
pas à la cinquième, là, je vais tout de suite vous poser cette question-ci, c'est-à-dire
qu'à partir de l'expérience que vous avez, à partir des parents que vous avez
consultés, croyez-vous que le projet de loi n° 9 va
venir améliorer de façon substantielle la façon qu'on fait les choses au niveau
du protecteur de l'élève?
M. Martel (Sylvain) : Je vais
me garder une petite gêne et je vais dire qu'il va améliorer. Je vais arrêter
là. Je n'irai pas jusqu'à «de façon substantielle». Il y a de la place à
bonifier et à venir outiller le protecteur de l'élève pour répondre aux besoins
des parents, tel qu'ils le demandent depuis de nombreuses années.
Mme Charbonneau : Donc, un
peu de scepticisme. Un peu, un peu.
Mme Deschamps (Lyne) : Un
petit pas. C'est un petit pas.
Mme Charbonneau : Merci
infiniment.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Donc, nous poursuivons les échanges avec Mme la
députée de Sherbrooke.
• (16 h 30) •
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. J'ai entendu tantôt que vous vous êtes un peu limités dans vos
demandes parce que vous avez vu que, bon, aucun autre groupe n'a demandé la
chose que vous auriez souhaitée. Je vois aussi qu'il y a des écarts entre ce
que vous nous dites puis ce qui est écrit dans le mémoire, notamment au
niveau... qu'il y a plein de recommandations pour améliorer le protecteur
régional, mais vous nous dites, bon, ce n'est peut-être pas ce qui serait l'idéal.
Là, j'aimerais ça que vous fassiez
abstraction de ce que les autres ont dit, de ce que nous, on peut penser, puis
que vous nous disiez c'est quoi, pour vous, le scénario idéal de réforme du
protecteur de l'élève, qu'est-ce que ça prend dedans, comment vous le voyez..
Mme Deschamps (Lyne) : <
Je
pense que...
>
16 h 30 (version révisée)
< Mme Deschamps (Lyne) :
>Je pense que... deux choses essentielles, incontournables : la
rapidité de donner une réponse de la part de quelqu'un ou d'un organisme qui
saura se faire écouter dans sa recommandation. Je pense que, si on est capable
de diminuer les délais pour la masse importante, pas les exceptions, là, O.K.,
pour la masse des parents qui font des demandes, si on peut réduire les délais
de manière significative et pas nécessairement tel que prescrit dans le projet de
loi maintenant, là... parce que, quand on rentre en processus d'appel de
décision, tel que prévu par le projet de loi, si on va jusqu'au bout, puis ça
se peut qu'on aille jusqu'au bout, parce que si c'est réglé localement, on n'y
touchera pas, au processus, mais si on va jusqu'au bout, bien, c'est 60 jours
de calendrier ouvrables. Ce n'est pas deux semaines, ça, c'est beaucoup,
beaucoup de semaines. Donc, ça, là, c'est un irritant qui était top numéro un.
Pas certaine que de dire qu'on règle jusqu'au bout en deux ou trois mois, ça
fait la job, vraiment pas certaine de ça.
Deuxième élément : Est-ce que les
recommandations vont aller plus loin que la... vérifier si c'est conforme aux
politiques? Puis est-ce que ça va aller... est-ce que ces recommandations-là
seront mises en place? J'ai lu dans un mémoire que faire le suivi des
recommandations, ça serait intéressant. On l'a demandé, nous aussi, dans... Nos
parents nous ont dit la même chose : Est-ce que quelqu'un peut assurer le
suivi des recommandations?
Donc, c'est important, ce sont ces deux
éléments-là qui sont au centre, bien, des raisons pour lesquelles on trouvait
que c'était... que ça méritait une modification, mais pour lesquelles on reste
sur notre faim. Est-ce que j'ai répondu à votre question?
Mme Labrie : Oui. Souhaitez-vous
compléter, monsieur?
M. Martel (Sylvain) : Bien,
en fait, oui, c'est un peu ça, c'est-à-dire qu'il y a certaines attentes des
parents qui ont été répondues, la plus grande étant de sortir du centre de services
l'entité qu'est le protecteur de l'élève. C'est un... comme on vient de dire
tantôt, c'est un pas dans la bonne direction. Il y a encore de la place pour,
quand même, de la bonification. C'est sûr que quand ça fait si longtemps qu'on
demande que cet outil-là soit modernisé puis, en fait, qu'il serve plus, hein,
parce que c'est quand même un bel outil, là, bien, c'est sûr que, bon, on s'attend
à avoir peut-être un peu plus. Puis, tu sais, l'expression, là, changer quatre
trente-sous pour une piastre, là, tu sais, ça, on craint ça, là. C'est sûr que
si on le sort puis que c'est exactement la même procédure du point de vue du
parent, c'est juste qu'il n'est plus au centre des services, on n'avance pas,
là. Ce n'est pas...
Mme Labrie : Ça, vous le
craignez avec le projet de loi?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Merci, Mme la députée. C'est tout le temps que nous avions. Donc,
merci de votre présence et de la contribution... de votre contribution aux
travaux de la commission.
Nous ajournons quelques instants, le temps
d'accueillir nos nouveaux invités. Bonne fin d'après-midi.
(Suspension de la séance à 16 h 34)
>
(Reprise à 16 h 38)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, la commission reprend ses travaux. Bienvenue à la Commission culture
éducation. Donc, nous accueillons maintenant la Fédération des comités de
parents du Québec et leurs représentants, Mme Corinne Payne,
directrice générale, et M. Kévin Roy, président. Merci d'être avec
nous cet après-midi. Donc, vous disposez de 10 minutes pour votre
présentation avec un échange, par la suite, avec les membres de la commission.
Donc, je vous cède la parole.
Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ)
M. Roy (Kévin) : Merci, Mme
la Présidente. M. le ministre, Mmes et MM. les parlementaires, merci de nous
recevoir pour entendre l'avis des parents d'élèves sur la réforme du protecteur
de l'élève. Mon nom est Kévin Roy, je suis parent bénévole et je suis le
président de la Fédération des comités de parents du Québec. Je suis accompagné
par Corinne Payne, directrice générale de la fédération.
La FCPQ a pour mission, depuis maintenant
près de 50 ans, la défense et la promotion des droits et intérêts des parents
et des élèves des écoles publiques dans l'objectif d'assurer la qualité des
services éducatifs et la réussite de tous les élèves. La FCPQ représente
aujourd'hui les comités de parents de plus de 90 % des centres de services
scolaires.
Depuis 30 ans, la FCPQ a pris le rôle
de chef de file dans le dossier du traitement des plaintes dans le milieu
scolaire. C'est d'ailleurs à l'insistance de la FCPQ que le rôle du protecteur
de l'élève a été ajouté à la Loi sur l'instruction publique en 2009. Depuis, la
fédération a régulièrement consulté ses membres. Entre autres, en 2016, à l'occasion
de la consultation nationale sur la réussite éducative, les délégués ont
réaffirmé l'importance de rendre accessible le protecteur de l'élève et d'en assurer
la neutralité.
La FCPQ a ensuite applaudi le rapport du
Protecteur du citoyen, en 2017, qui mettait en lumière plusieurs constats
dressés par la fédération à partir des expériences vécues par les parents sur
le terrain. De plus, selon notre sondage Léger d'octobre dernier, seulement 42 %
des parents ont confiance au protecteur de l'élève.
• (16 h 40) •
Les nombreuses consultations et échanges
avec les membres ont dégagé quatre grands principes essentiels pour que le
protecteur de l'élève puisse remplir efficacement son rôle : l'accessibilité,
la transparence, l'indépendance et l'impact réel. La FCPQ accueille favorablement
le projet de réforme du protecteur de l'élève. Cette réforme était demandée et
attendue depuis <longtemps...
M. Roy (Kévin) :
...accueille
favorablement le projet de réforme du protecteur de l'élève. Cette
réforme était demandée et attendue depuis >longtemps.
Ceci étant dit, notre fédération voit
encore des améliorations à apporter qui sont détaillées en quatre exigences et
16 recommandations dans notre mémoire. Aujourd'hui, nous nous
concentrerons sur les quatre exigences. Je souligne que nos recommandations et
exigences sont issues d'une consultation rigoureuse de l'ensemble des comités
de parents que nous représentons.
La première exigence. Les comités de
parents sont favorables à la création du protecteur national de l'élève. Par
contre, nous avons une sérieuse réserve. 70 % des répondants à notre
consultation ne sont pas favorables à la nomination par le gouvernement. Pour
les parents, il s'agit d'un manque d'indépendance. Les comités de parents sont
catégoriques : la nomination du protecteur national de l'élève ne doit pas
être politique.
Nous exigeons donc que la nomination du protecteur
national de l'élève soit faite avec le plus haut degré d'indépendance possible,
de manière non partisane, soit par l'Assemblée nationale ou par un comité d'experts
désignés à cette fin. Cette exigence rejoint les principes d'indépendance.
Mme Payne (Corinne) : L'exigence
deux. Concernant les protecteurs régionaux d'élève, le nouveau mode de nomination
proposé est une perte importante par rapport à qu'est-ce qui se fait
présentement. Actuellement, chaque comité de parents est consulté sur la
nomination du protecteur d'élève de leur centre de services. Nous pensons qu'un
seul parent parmi un comité de sept n'assure pas la représentation nécessaire
des parents, sûrement pas instaurer la confiance non plus.
La FCPQ exige que le comité de sélection
soit composé d'un tiers des parents, une personne désignée par la principale
fédération représentant des comités de parents, un représentant des parents de
la région concernée et un parent représentant des élèves HDAA de cette région.
De plus, la FCPQ recommande que les
comités de parents de la région soient consultés lors de la nomination de leur
protecteur régional d'élève. Cette exigence rejoint les principes d'indépendance
et de transparence.
Je veux ajouter un mot sur le terme «parent
et allié» dans le projet de loi. M. Parent, le D.G. de la CSS de la
Capitale a bien expliqué ce matin. Nous comprenons qu'une personne ne pourrait
accéder à la fonction de protecteur d'élève, si elle est parent ou alliée d'une
personne employée d'un CSS, membre d'un C.A., un comité de parents et même un
conseil d'établissement. Avec 18 000 parents bénévoles impliqués dans
le milieu scolaire, l'interprétation large viendra restreindre le bassin des
candidats d'une manière considérable. Je pense qu'il ne va rester presque
personne. Nous recommandons donc de clarifier les critères d'éligibilité.
M. Roy (Kévin) : La troisième
exigence, dans la loi actuelle, la fonction de protecteur de l'élève est
parfois critiquée parce que les centres de services scolaires n'ont aucune
obligation d'appliquer ces recommandations. Lors de notre consultation, il a
été clair que le protecteur de l'élève devenait inutile si le conseil d'administration
et le centre de services scolaire peuvent ignorer ces recommandations. Par
conséquent, la FCPQ exige que le conseil d'administration du centre de services
scolaire doive suivre les recommandations du protecteur de l'élève, à moins qu'il
n'en démontre l'impossibilité pour des motifs graves ou une contrainte
excessive. Cette exigence rejoint le principe d'impact réel.
Mme Payne (Corinne) : La
quatrième exigence, puis on a attendu qu'elle porte pendant les derniers deux
jours. Nous, on dit : La porte entre les parents et le protecteur d'élève
ne devrait être jamais fermée. Dans toutes les situations conflictuelles, nous
croyons qu'il... privilégier des discussions entre les personnes concernées
comme première étape, même de mettre en place des programmes de prévention, de
proactivité.
La FCPQ a une forte expérience dans l'accompagnement
des parents depuis presque 50 ans. Entre septembre et décembre 2021,
nous avons reçu près de 500 demandes de service-conseil, dont 32 %,
oui, plus qu'une sur trois, concernent les droits et des recours. Lorsque les
parents appellent notre service-conseil, nous leur demandons s'ils ont tenté de
résoudre le conflit ou de trouver une solution en parlant avec l'autre partie,
avec la direction ou avec l'enseignante.
Il y a toutefois des situations où les
parents vont préférer parler avec le protecteur d'élève en premier lieu, parce
qu'ils ont besoin d'une personne neutre pour les écouter et les conseiller.
Pour cette raison, la FCPQ demande que le protecteur régional d'élève ait accès
à toutes les plaintes déposées sur son territoire pour pouvoir s'en saisir à
tout moment, s'il juge nécessaire et pertinent. Puis je répète, la porte entre
les parents et le protecteur d'élève ne devrait jamais être fermée. Cette
exigence rejoint le <principe d'accessibilité...
Mme Payne (Corinne) :
...nécessaire et pertinent. Puis je répète, la porte entre les parents et le protecteur
d'élève ne devrait
jamais être fermée. Cette exigence rejoint le >principe
d'accessibilité.
M. Roy (Kévin) : De plus, les
délais proposés pour atteindre le protecteur de l'élève et obtenir sa
recommandation sont trop longs. Selon le projet de loi, les délais pourraient
aller jusqu'à 60 jours ouvrables. 12 semaines, c'est long dans la vie
d'un enfant, c'est long dans la vie d'un élève, c'est même trop long. Un délai
de 30 jours, selon nous, serait beaucoup plus raisonnable. Même que dans
certaines situations, comme des situations de violence et d'intimidation, nous
devrions agir encore plus vite.
Concernant les violences à caractère
sexuel, les comités de parents ont indiqué avoir une grande préoccupation pour
ce type de violence et ont été très clairs qu'elles doivent être traitées
différemment des autres types de plaintes. En ce sens, la Fédération des
comités de parents joint sa voix au collectif La Voix des jeunes compte et
demande au gouvernement d'appeler le projet de loi n° 394
visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans le
milieu scolaire. Les dénonciations de violence à caractère sexuel doivent être
traitées d'une façon adaptée.
Les comités de parents sont très clairs,
le rôle du protecteur national de l'élève devrait être un rôle de connaissance
des droits, de formation, d'information et de promotion, parce que seulement
une affiche sur un babillard dans une école, c'est loin d'être suffisant. Cette
personne devrait s'assurer que toutes les familles puissent être accompagnées,
malgré les barrières diverses qui existent.
Nous pensons que les parents analphabètes
ou défavorisés, qui n'ont pas le temps ou les capacités de suivre des processus
de plainte complexes... nous pensons d'ailleurs à ceux-là, en fait, aux parents
analphabètes ou défavorisés. Nous pensons aussi aux familles autochtones, aux
allophones, aux anglophones, qui ont aussi besoin d'accompagnement dans une
langue autre que le français. La FCPQ appuie d'ailleurs son partenaire, l'Association
des comités de parents anglophones, EPCA, qui demande que les services soient
disponibles en anglais dans tout le réseau.
Pour conclure, la Fédération des comités
de parents est favorable à la réforme. En consultant notre mémoire, vous verrez
que les comités de parents sont unanimes, 100 % d'accord avec plusieurs
des éléments du projet de loi. La FCPQ accorde une note acceptable, dans l'ensemble,
de 78 % au projet de loi, mais nous ne serons entièrement satisfaits que
si nos quatre exigences sont incluses dans la loi et si nos recommandations font
l'objet d'une étude et d'une réflexion approfondies.
Malgré le court délai accordé pour notre
consultation, malgré le confinement et l'école à distance, les parents
bénévoles ont été en mesure de s'organiser et de remettre leurs bulletins à l'heure
sans demander d'extension. Le projet de loi n° 9 doit
être mis en œuvre rapidement avec tous les éléments nécessaires. Vous pourrez
toujours compter sur la collaboration de la Fédération des comités de parents
du Québec et vous pourrez toujours compter sur les parents du Québec pour
défendre les droits et les intérêts de tous les élèves. Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup. Donc, nous passons maintenant à la période d'échange en
débutant avec M. le ministre.
M. Roberge : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci, Mme Payne, M. Roy. Merci pour votre
présentation puis la clarté de votre mémoire, la clarté de votre présentation,
des propositions claires, des revendications claires aussi. J'aime bien vos
quatre principes : accessibilité, indépendance, transparence, impact réel.
Je pense que... 78 %, c'est la note que vous donnez au projet de loi
actuel. Tant mieux, ce n'est pas l'épreuve finale. On verra lors de la
sanction. On espère que la note augmentera davantage. Ce n'est pas gênant,
78 %, mais je pense qu'on peut faire mieux. J'ai déjà écrit ça, d'ailleurs,
comme enseignant, tu sais, c'est bien, mais peut faire mieux. Donc, allons-y, on
est en train de faire un travail d'équipe, justement, comme ça se fait à l'école.
Je pense que sur les quatre points,
accessibilité, indépendance, transparence et impact réel, le projet de loi, c'est
définitivement une avancée très importante par rapport à la situation actuelle.
Par contre, vous nous proposez des suggestions ou des voies pour augmenter,
dans chacun de ces quatre éléments-là, des fois, c'est assez... C'est un
changement important que vous proposez.
• (16 h 50) •
Par rapport à la nomination du protecteur
national ou des protecteurs régionaux, plusieurs sont allés dans la même
direction que vous, avant vous. Je veux quand même souligner le fait que c'est
rare que des institutions voient leurs dirigeants nommés aux deux tiers par l'Assemblée
nationale. Il y a quand même beaucoup d'autres institutions à fort <mandat
social...
M. Roberge :
...des
institutions
voient leurs dirigeants nommés aux deux tiers par
l'Assemblée nationale.
I
l y a
quand même
beaucoup d'autres
institutions à
fort >mandat social qui voient leurs dirigeants nommés soit par le
ministre ou par le gouvernement... ministre de l'Éducation, par exemple, le
commissaire-conseil à la santé, le Coroner en chef, le directeur national de la
DPJ, puis c'est trois institutions où il y a une parenté avec le protecteur
national, c'est-à-dire qu'il y a une institution nationale puis des bureaux ou
des représentants régionaux qui s'intéressent, je vous dirais, à la prestation
de services locale.
La mission de ces trois institutions-là,
comme celle du protecteur de l'élève, n'est pas de critiquer ou de commenter le
travail du gouvernement mais plutôt des instances locales. C'est là où il y a
une parenté. Ceci dit, on ne présume pas des amendements puis du travail qui se
fera en commission, par la suite, sur la nomination ou pas, mais je voulais
quand même apporter ça, parce que je ne pense pas avoir eu le temps de le
mentionner précédemment.
Vous parlez de l'article 9 puis vous
voulez une clarification sur «parent», sur la nomination des protecteurs
régionaux des élèves. D'autres l'ont mentionné avant vous. On dit... je vais y
aller, parce que c'est important, article 9 : «Le protecteur national
de l'élève ou un protecteur régional de l'élève ne peut...» Après ça, on dit :
«être membre du C.A. d'un centre de services scolaire, d'un comité de parents
ou d'un conseil d'établissement ou employé d'un centre de services scolaire; être
administrateur, actionnaire, dirigeant ou employé d'un établissement
d'enseignement privé — puis, bon, je saute les technicalités — ou
être parent ou allié d'une personne visée aux paragraphes 1° et 2°.»
Donc, ce n'est pas qu'il ne peut pas être
parent d'un enfant qui va à l'école, c'est qu'il ne peut pas être parent de
quelqu'un qui est membre du C.A. ou membre d'un conseil d'établissement. C'est
une précision que je voulais apporter. Je pense que vous aviez compris cette
subtilité-là, puis vous me direz si oui ou non, mais je pense que d'autres
avant vous avaient dit : Mais ça n'a pas de bon sens, un parent ne peut
pas être protecteur. Ce n'est pas ça, là, ce n'est pas que les parents sont
exclus, mais c'est quelqu'un qui a un lien de parenté avec un administrateur.
Est-ce qu'on se comprend à cet égard-là?
Des voix : ...
M. Roberge : On ne vous
entend pas, M. Roy.
M. Roy (Kévin) : Voilà, mon
micro était fermé. Je pense qu'on a bien compris le terme «parent ou allié»,
mais on pense que ça va venir... En fait, il y a 18 000... on évalue à 18
000 parents impliqués dans le réseau scolaire, puis on pense qu'on vient
rejeter, en fait, on vient d'emblée éliminer beaucoup de personnes qui
pourraient avoir les compétences pour assumer ce rôle-là. Puis Mme Payne
va pouvoir me compléter, mais c'est à ce niveau-là puis... c'est à ce
niveau-là, en fait, qu'on voulait venir préciser pour venir plus donner une
définition ou clarifier, en fait, ces termes-là, qu'est-ce qu'on voulait dire
avec ces termes-là. Mme Payne, est-ce que...
Mme Payne (Corinne) : Bien,
on comprend très bien la nuance entre parent puis parent ou allié. On comprend
très bien, mais il y a tellement de monde, surtout quand... Regarde, je pense à
M. Parent, ce matin, le D.G. de la capitale a donné... exemple, quand il a
dit, dans son centre de services, quand il prend ses employés puis tout le
monde qui siègent sur les comités... puis, si tu enlèves juste ce monde-là,
leur famille immédiate... puis ça, ce n'est pas des alliés, là. Puis, je vais
vous dire, il y a plein de monde qui sont nos alliés, hein? Il y a plein de
monde qui sont parents, qui sont alliés des parents ou du monde qui siègent sur
ces comités-là.
Alors, il faut assurer que l'application
de cet article-là n'est pas trop, trop stricte, parce qu'on va éliminer bien,
bien, bien... beaucoup, beaucoup de bon monde qui peut être les protecteurs
régionaux d'élève surtout. Voilà.
M. Roberge : Je comprends
votre préoccupation, parce que le réseau de l'éducation, c'est tellement vaste.
Souvent, les gens ne réalisent pas, tu sais, l'éducation, c'est plus de 3 000 écoles,
plus de 1 million d'élèves. Quand on prend le personnel, on tombe à 1,3,
1,4 million de Québécois, quand on compte les élèves, évidemment, je ne
parle pas... 1,4 million de parents, là, les parents ne sont pas exclus,
mais ça fait beaucoup de monde. Donc, je comprends ça.
En même temps, on parle beaucoup, beaucoup,
puis c'est un de vos quatre piliers, là, dans vos quatre piliers, il y a
indépendance. Alors, il faut prendre garde de ne pas exclure des gens qui
pourraient faire un travail exceptionnel, mais, en même temps, si on ne trace
pas la ligne au bon endroit, les gens vont nous dire qu'on manque d'indépendance,
parce que, bon, le conjoint de quelqu'un qui siège au C.A., le conjoint ou la
conjointe du directeur général ou de la directrice générale qui deviendrait le
protecteur de l'élève régional, là, les gens nous diraient : Bien là, pour
l'indépendance, c'est raté, là. Donc, il y aura des arbitrages, peut-être, à
faire, en tout cas, une réflexion pour tracer la ligne. Parce que je suis
d'accord avec vous qu'on ne peut pas <exclure...
M. Roberge :
...des
arbitrages, peut-être, à faire, en tout cas, une réflexion pour tracer la
ligne. Parce que je suis d'accord avec vous qu'on ne peut pas >exclure
des personnes, mais, en même temps, sinon, on va passer à côté d'un de vos
quatre piliers. Mais là, je pense, Mme Payne voulait ajouter quelque
chose, je le vois dans vos yeux.
Mme Payne (Corinne) : Bien, je
vais vous dire, nous, on vous apporte la voix puis le point de vue des parents.
On laisse à vous de trouver des solutions. On vous donne plusieurs fois des
solutions, mais celui-là, c'est vraiment une question légale. On va laisser des
bons juristes trouver la solution.
M. Roberge : C'est ça, voici
nos préoccupations, puis voilà. C'est correct. C'est correct, chacun, on va le
faire... je ne le prends pas juste sur moi, je vous le dis. Une chance qu'on a
une commission culture, éducation, beaucoup d'expérience puis de compétences.
Puis je vois, hein, les députés, la députée de Sherbrooke notamment... je suis
capable d'en prendre, parfait. On trouvera la voie d'accès pour concilier la
compétence puis l'indépendance. Allez-y, oui.
Mme Payne (Corinne) : Je peux
juste ajouter quelque chose, parce que, M. le ministre, vous avez fait... On a
un écho ou c'est juste moi? Non? Vous faites référence aussi de la nomination
de la PNE par l'Assemblée nationale, puis je veux juste apporter deux points à
votre attention. Un sondage Léger, cet automne, a démontré... qui a clairement,
là, dit que 42 % des parents n'a pas confiance présentement dans le protecteur
d'élève. En plus, si on n'est pas prêt que l'Assemblée nationale va nommer la
personne qui va protéger nos enfants au Québec, je pense, on passe à côté de
quelque chose pour assurer l'indépendance puis augmenter le niveau de confiance
de tous les parents du Québec.
M. Roberge : Merci. Je vous
amènerais sur la question de la médiation. Je pense, c'est votre
recommandation 8, on recommande que le recours à la médiation soit
systématiquement suggéré. On en parle dans le projet de loi. Quand vous parlez
d'un principe de médiation plus systématiquement utilisé, suggéré, mis en
place, est-ce que vous parlez à l'échelle du protecteur de l'élève, au
protecteur régional ou même dès le départ, là, de l'étape un, là, si,
supposons, la plainte est au niveau de l'école?
M. Roy (Kévin) : Tu pourras
me compléter, Corinne, mais c'est à tous les niveaux, en fait. Je pense qu'on
devrait... On souhaite puis je pense que tout le monde souhaite que les
problèmes, que les plaintes, que les différends se règlent avec une médiation.
Je pense que c'est le souhait de tous les parents qui font une plainte, en
fait, c'est que le problème se règle. Puis si ça doit passer... si ça peut
passer par une médiation, je pense que c'est une bonne chose, mais c'est à tous
les niveaux. Puis on pense que le protecteur régional de l'élève devrait d'emblée...
on comprend qu'il devrait y avoir... qu'il va sûrement y avoir des exceptions,
que ça ne serait pas possible, là, mais devrait d'emblée proposer une médiation
aux parties. On comprend que, si la médiation est acceptée par les deux
parties, si on peut les appeler comme ça, le chronomètre du délai va s'arrêter
là. Mais je ne sais pas, Corinne, si tu voulais compléter. Mais, en fait, c'est
à tous les niveaux, mais surtout puis systématiquement au niveau du protecteur
régional.
Mme Payne (Corinne) : La
seule chose que je vais ajouter, c'est, je pense, c'est l'article 37... je
m'excuse, je peux juste comprendre vous autres, c'est deux longues journées, là.
Je pense que c'est l'article 37, il fait référence à la médiation, mais il
ne dit jamais le mot «médiation». Alors, on ne comprend pas pourquoi les
juristes qui a écrit ça, pourquoi il n'a pas utilisé le vrai mot pour dire c'est
la médiation. Mais, dans le fond, la médiation, c'est : on s'assoit
ensemble puis on essaie de trouver une solution. Puis ça, c'est qu'est-ce qu'on
doit toujours faire, hein? Quand on a un problème avec notre conjoint, là, c'est
toujours mieux d'asseoir ensemble puis essayer de trouver un problème avant d'aller
en recours de divorce. Alors, on peut toujours trouver une bonne solution si on
se communique ensemble.
• (17 heures) •
M. Roberge : Je vais me
garder de commenter. Ça va bien encore, là, pour l'instant, on croise les
doigts, mais ce n'est pas... Bon, bref, je ne commenterai pas, j'avais dit je
ne le ferais pas. Bon, je vais... je suis... je pense à trop de choses et trop
d'amis en même temps. Mais vous êtes le dernier groupe, hein? Vous vouliez être
le dernier groupe, ça donne ça.
Par rapport au devoir de justifier, si
jamais le centre de services scolaire ne donne pas suite à la recommandation,
il y a des gens qui sont venus insister pour dire : Attention, c'est un
ombudsman, ce n'est pas un tribunal. D'ailleurs, la commission des droits de la
personne est venue en parler tout à l'heure. La Protectrice du citoyen
elle-même aussi a dit : Attention, l'idée, c'est de renforcer la
confiance, la compétence de l'institution et ensuite, bien, ce sera suffisant,
il faudra quand même laisser l'instance locale décider de sa manière de
recevoir les recommandations. Enfin, c'est quelque chose qui sourit à l'instance
de la Protectrice du citoyen.
Est-ce que la voie de passage, c'est de
garantir ou de s'assurer, justement, de la <force de l'institution puis
de s'assurer qu'advenant le cas...
>
17 h (version révisée)
<15361
M.
Roberge :
...est-ce que la voie de passage, c'est de garantir
ou de s'assurer, justement, de la >force de l'institution puis de s'assurer
qu'advenant le cas où une recommandation ne peut vraiment être appliquée il y
ait obligation de justifier le fait de faire ça, ou vous n'en démordez pas, ça
doit être exécutoire?
M. Roy (Kévin) : En fait, quand
on a consulté nos parents, quand on a consulté les parents sur le terrain, eux,
ce qu'ils nous ont dit, c'est que ça devrait être exécutoire. Je pense, c'est
le mot qui... le mot juste. Il faudrait que, le protecteur régional de l'élève,
ses recommandations soient applicables. On a quand même pensé que probablement
qu'il y aurait des cas d'exception, comme on l'a mentionné, là, quand il y a
une impossibilité, ou des motifs graves, ou des contraintes excessives, qui
devront être expliqués, mais on pense que les décisions du protecteur, puis «on»
étant les parents qu'on a consultés, les comités de parents... c'est ce qu'ils
nous ont dit.
Si on veut garder... ramener la
confiance... Parce que Corinne l'a dit tantôt, dans nos statistiques, on veut
ramener la confiance des parents envers cette personne-là, envers cet organisme-là.
Il faut s'assurer, en fait, que, quand un parent fait appel au protecteur régional
de l'élève, bien, ses décisions vont être réellement appliquées, puis ils
vont... il va vraiment venir à bout de quelque chose puis qu'un conseil d'administration
ne pourrait pas venir défaire une recommandation.
Il y a eu des éléments aussi de jurisprudence
qui ont été parlés. Ce n'est pas légal, mais, dans un terme de... je vous parle
comme un parent, là, tu sais, à force des années qui vont suivre, bien, il va y
avoir une certaine jurisprudence qui va se développer. Donc, je pense que ça
devrait guider aussi les conseils d'administration après. Mais c'est vraiment
une exigence, c'est les parents qui nous l'ont dit, on veut qu'une décision du
protecteur régional de l'élève soit mise en place, absolument, dans un centre
de services scolaire.
M. Roberge : O.K.
Indépendance, accessibilité, transparence, poids réel, protection contre des
représailles, informations aux parents et à tous, médiation, accompagnement, on
va essayer de renforcer ces éléments-là, qui sont tous dans le projet de loi.
Mais je vous remercie beaucoup pour vos
réflexions, vos précisions aussi puis, si Mme la présidente le permet, je
passerais la parole à mon collègue de Richelieu. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le député.
M. Émond : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Bien, je vais avoir une courte question pour peut-être diriger
le débat vers mon collègue de Saint-Jean, là, si le temps nous le permet. Mme Payne,
M. Roy, bonjour. Merci beaucoup. Merci pour votre mémoire, pour votre
présence, votre participation aux travaux de la commission. Vous avez d'excellentes...
plusieurs recommandations, des exigences, même un précieux conseil concernant
notre vie conjugale de parlementaires.
Mais, blague à part, je voudrais vous
amener concernant... Vous avez consulté vos délégués en ce qui a trait aux
délais, là, que vos membres semblent juger déraisonnables, là, dans une
majorité des cas. J'aimerais vous entendre peut-être un petit peu plus en
détail concernant les commentaires qui ont pu.. vous apportez face à ces délais-là.
Parce que, dans votre proposition, là, je vois, dans votre tableau, que vous
coupez en deux, là, beaucoup des jours ouvrables qui sont dans le projet de
loi, surtout au niveau du traitement dans les établissements pour le protecteur
régional de l'élève. Et n'avez-vous pas peur que... Moi, j'entends, là, je
salue votre intention derrière la recommandation, mais vous ne craignez pas que
raccourcir les délais, ça puisse parfois rendre le processus expéditif ou
contre-productif, là?
M. Roy (Kévin) : Au niveau
des délais, ce qu'il faut savoir, c'est que les parents... tu sais, avec le
processus actuel, le processus de plainte, puis il est variable d'un centre de
services scolaire à l'autre, là, c'est une course à obstacles. Tu sais, c'est
une étape, après ça une autre étape, après ça une autre étape. Il y a des
délais, il y a des... tu sais, il y a un certain temps pour chacune de ces
étapes-là. Les parents, ce qu'ils nous ont dit, c'est qu'un délai acceptable,
ça serait 30 jours. Donc, en ayant ça en tête, nous, on a essayé de
proposer, c'est une proposition... Ce qu'il faut surtout retenir, c'est le 30 jours,
mais on est allés avec une proposition de délai dans chacune des étapes. D'ailleurs,
je crois, la Protectrice du citoyen a même aussi dit que pour... Au niveau de l'établissement,
nous, on propose cinq jours. C'est ce que la Protectrice du citoyen aussi a
proposé.
Mais ce qu'il faut comprendre, ce qu'il
faut surtout retenir, c'est que c'est... 60 jours, c'est trop long, puis
quand que... Nous, on pense aux enfants, on pense aux élèves qui vivent peut-être
des préjudices pendant ce délai-là. Donc, il faudrait le minimiser, le réduire au
plus... le plus possible. Puis, tu sais, 12 semaines, c'est long. Puis là
je calculais un peu plus tôt, voilà 12 semaines, là, c'était l'Halloween.
Ça fait longtemps, l'Halloween. Ça veut dire que, si un parent a déposé une
plainte fin octobre, bien, aujourd'hui, elle <n'est...
M. Roy (Kévin) :
...
dire que, si un parent a déposé une plainte fin octobre, bien,
aujourd'hui,
elle >n'est peut-être pas encore traitée, là, avec la mouture du projet
de loi qu'on a actuellement.
Donc, on comprend que, pour certains cas,
il pourrait y avoir des délais supplémentaires. Il y a d'autres groupes qui
demandent des... un délai plus long. Nous, ce qu'on voudrait, en fait, c'est
que ce serait un maximum de 30 jours, mais on s'entend qu'il peut y avoir
des cas d'exception ou qu'il pourrait y avoir une demande d'extensionner ce
délai-là. Mais, pour le bien des enfants, je pense qu'on devrait réduire ce
délai-là. Puis, si jamais il y a un cas exceptionnel qui demande un plus long
délai, bien là, on pourrait aller avec une demande d'extensionner le délai.
Mme Payne (Corinne) : Puis, si
je peux ajouter aussi, notre expérience sur le terrain puis... c'est les
parents, c'est... Qu'est-ce qu'on a mis dans notre mémoire, c'est qu'est-ce que
les parents nous dit. Puis, quand tu vas le lire au complet, si vous n'avez pas
eu la chance, il y a des citations qui viennent directement d'eux autres sur le
terrain, des centaines, puis des centaines, puis des centaines de parents,
pendant le temps de Noël, là, qui a fait cette consultation-là. Puis je vous
dis, l'expérience, c'est : si on donne 20 jours, ils vont prendre les
20 jours, O.K.? Alors, ils veulent déjà extensionner plus que 60 jours,
alors, s'il y en a 10, jours, je peux pas mal dire qu'il va prendre les 10 jours,
il ne va pas essayer d'expédier... puis je dis «on», toute la grosse structure
de l'école, puis c'est ça que les parents vivent avec tous les jours.
Alors, il veut assurer que les choses sont
traitées puis les enfants, ils ne vivent pas des torts, des préjudices ou... Et
ça affecte leur réussite, parce que, comme M. Roy le dit, là, 12 semaines
dans une vie d'un enfant, c'est infernal, hein? Nous autres, on ne veut plus
avoir d'autres fêtes, nos fêtes arrivent trop vite, mais eux autres, là, ils
ont assez hâte à la prochaine fête, leur prochain anniversaire pour avoir leur
journée. Alors, 12 semaines, c'est long.
M. Émond : Merci pour vos
commentaires. Dites-moi, juste avant de compléter, je vois que vous recommandez
la création d'un site Web national pour publiciser, là. Vous vous inscrivez
dans une forme d'accessibilité et de transparence, là, une campagne de
sensibilisation pour que les gens puissent retrouver... rapidement, pardon, l'information
sur le protocole, la mise en application d'un processus d'une demande de
plainte, et tout ça.
Est-ce que vous vous rendez aussi loin
dans votre volonté d'avoir un site Web national? Je réfléchis tout haut en vous
parlant, là. On a évoqué avec d'autres groupes la jurisprudence qui se crée,
qui va se créer avec les entités régionales et le Protecteur national de l'élève.
Est-ce que, par contre, on devrait...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Je suis désolée, M. le député, mais on n'aura pas le temps pour la réponse. Merci.
Donc, je cède la parole, maintenant, à la députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour à vous deux, M. Roy, Mme Payne. On s'est déjà
rencontrées, là, auprès de d'autres commissions, Mme Payne, dans une autre
vie mais dans d'autres endroits, donc on se connaît un peu.
Les mots sont importants, et votre mémoire
fait foi de ça, puisque vous n'avez pas juste des recommandations, vous exigez
et vous êtes favorables. Je reprends en gros, là, les recommandations, les
exigences. Vous soulignez, vous êtes favorables, donc chaque recommandation
vient avec son petit mot qui donne un peu le sens du reste du texte. Depuis qu'on
se connaît, je vous dirais que la... le pouvoir que vous avez maintenant est
vraiment très différent. Je ne pensais pas qu'un groupe pouvait demander de
passer en dernier, mais puisque le ministre vous l'a accordé, je trouve ça
intéressant de savoir que vous aviez ce pouvoir-là.
Je voulais savoir, dans la même intention
de la pesanteur des mots et des questions que je vais poser... Vous parlez d'un
sondage Léger et vous parlez d'une consultation auprès de vos membres. Qu'est-ce
qui a construit votre mémoire, deux aspects, c'est-à-dire le sondage Léger et
une consultation, ou que le sondage Léger auprès de vos membres?
M. Roy (Kévin) : Non, en
fait, on fonctionne par consensus, donc c'est réellement une consultation. C'est
la consultation qu'on a faite auprès de nos membres pendant le temps des Fêtes,
hein? Ils ont travaillé fort, les parents bénévoles, pendant le temps des fêtes,
avec des instances à des endroits où qu'il n'y avait pas nécessairement des
rencontres. Ça fait qu'il a fallu qu'ils soient imaginatifs pour bien consulter
chacun des membres dans chacun des comités de parents, mais c'est vraiment les
consultations.
On prend aussi nos grandes orientations
envers nos conseils généraux, donc, qui regroupent des parents bénévoles de
chacun des comités de parents qu'on représente, donc, quatre fois par année.
Donc, c'est de là qu'ils viennent, qu'ils proviennent, nos recommandations, donc
c'est vraiment la parole des parents. Quand on fait référence au sondage Léger...
On a fait un sondage Léger, dernièrement, un sondage scientifique avec... en
bonne et due forme, puis c'est... on en a profité pour poser une question sur
le protecteur de l'élève à ce moment-là.
Mme
Charbonneau
:
Vous avez bien fait. Quelquefois, les sondages Léger influencent le <gouvernement...
Mme
Charbonneau
:
Vous avez bien fait. Quelquefois, les sondages Léger influencent le >gouvernement,
donc vous avez bien fait d'aller jusque-là pour le protecteur de l'élève.
• (17 h 10) •
J'ai, comme mon collègue, apprécié les quatre
mots principaux qui viennent guider l'ensemble de votre réflexion, là :
accessibilité, indépendance, clarté, impact réel. J'aime surtout le
numéro 4, impact réel, parce qu'on parle beaucoup du protecteur de l'élève,
on parle des recommandations, mais quelquefois on peut avoir un doute, là, puis
je le dis maintenant en tant que grand-parent, mais il fut un temps que je le
disais comme parent, sur la recommandation qu'il fait.
Vous allez probablement m'entendre vous
répéter des questions que j'ai posées à d'autres personnes, mais j'ai besoin de
vous entendre là-dessus, puisque vos parents viennent de toutes les régions du
Québec et dans toute sa forme de conseil d'établissement de chacune des écoles
qui est rattachée au centre qui vous est dévolu, donc je voulais savoir votre
opinion sur le principe des régions. Quand, dans le projet de loi, on dit que
le protecteur de l'élève sera un représentant d'une région, je veux vous entendre
là-dessus, puisque chaque commission scolaire, anglophone, francophone, école
privée, ne représente pas nécessairement, dans leur sens à eux, la même région.
M. Roy (Kévin) : Pour les... Ce
qu'il faut retenir, ce qui est important pour les parents, sur le protecteur
régional, le protecteur de l'élève régional, c'est que... Puis là j'ai entendu
aussi d'autres groupes puis je vais joindre d'autres éléments à ça, là, mais,
au niveau de l'expertise, au niveau des particularités de chacune des régions,
même au niveau d'urbains, ruraux ou au niveau de la langue aussi, on peut
penser aux anglophones, bien évidemment, mais ce qui est important, c'est que
chaque bureau régional ait toutes les expertises dans son bureau, parce qu'on...
nous, dans notre tête, c'est. Il y a un protecteur de l'élève régional ou
plusieurs, mais il ne travaillera pas seul, j'imagine qu'il va y avoir des... une
équipe aussi avec lui. Donc, dans son équipe, ça va être important que chacune
des personnes ait toutes les expertises pour pouvoir bien accompagner les
parents, bien aider les parents.
Au niveau de la séparation des régions,
bien, j'imagine que le Protecteur national de l'élève va bien faire les choses
pour bien répartir chacun de son équipe dans chacune des régions, mais ce qui
est important, ce qui est surtout important pour les parents, c'est l'expertise
puis la sensibilité. On a pensé... D'autres groupes ont dit, puis on le
mentionne nous aussi, là, au niveau des élèves à besoins particuliers, bien, la
formation... Ça fait que ça va être important que, dans chacune de ces équipes-là,
il y ait quelqu'un qui a cette expertise-là pour pouvoir bien comprendre les
préoccupations des parents, bien les accompagner.
Mme Charbonneau : Donc, pas
la région mais plus la spécificité des personnes qui vont répondre pour qu'ils
aient une connaissance par rapport à certains aspects de certains dossiers, là.
Vous avez fait... nommément les EHDAA, mais effectivement, c'est une spécialité.
Puis on a reçu différents groupes qui nous ont dit que, nécessairement, la
plupart des plaintes... sinon eux disaient 90 % étaient par rapport à un
service ou une qualité de service au niveau des EHDAA.
M. Roy (Kévin) : Ça peut être
par région, mais ce qui est important, c'est, quand que le parent veut aller
cogner à cette porte-là, qu'il y ait quelqu'un qui va l'aider, qui va
comprendre sa réalité. Donc, je pense, c'est ça qui est important pour les
régions. Je ne sais pas si Mme Payne voulait...
Mme Payne (Corinne) : Oui, je
vais ajouter un complément. Certaines personnes, puis même en première
lecture... mais je sais qu'on est rendu loin sur ça, le Protecteur national de
l'élève, ce n'est pas une personne, c'est un institut ou même un réseau qu'il
faut couvrir. Puis une autre chose qui est dans notre mémoire, c'est : on
ne pense pas qu'il doit y avoir des protecteurs régionaux qui sont à temps
partiel. Parce que comment vous pouvez travailler à temps partiel, d'être un
protecteur de l'élève, puis tu as un contrat à quelque d'autre part? Parce que,
là, on a vraiment un problème au niveau d'indépendance. Alors, ça, c'est très
important aussi.
Les protecteurs régionaux d'élève, il faut
qu'ils connaissent les services qui sont sur le territoire. Vous comme moi, Mme Charbonneau,
c'est important que, quand on va aider un parent, on peut le suggérer les
bonnes ressources dans son territoire, alors tu as besoin de savoir qu'à Baie-James...
c'est quoi qui est offert pour aider ce parent-là. Ce n'est pas la même chose
que si tu es à Hochelaga-Maisonneuve, là, ce n'est pas les mêmes services qui
sont disponibles. Alors, il faut savoir c'est quoi, les services.
Puis je vais ajouter aussi... Puis
excuse-moi, je vais... Le député de Richelieu a demandé sur le site Web
national. Oui, ça prend un site Web national, pas quelque chose bric-à-brac que
chaque protecteur régional va faire quelque chose ou chaque centre de services.
Ça prend quelque chose vraiment costaud, là, comme Clic Santé, hein?
Mme Charbonneau : Je
comprends. Et l'exemple est bonne quand même de dire : Clic Santé, c'est
aussi une bonne chose. Par contre, c'était une question de mon collègue, qui
rejoint un peu le principe de l'accessibilité, hein? Nous, on propose aussi
peut-être de regarder pour une ligne téléphonique pour accompagner. Il y a
certains services gouvernementaux qui ont ce <service-là...
Mme Charbonneau :
...ligne téléphonique pour accompagner. Il y a certains services
gouvernementaux qui ont ce >service-là, c'est-à-dire qu'un parent
pourrait appeler un enseignant ou un étudiant puis dire : Bien, moi, j'ai
une question par rapport à une plainte que j'aimerais poser, j'aimerais savoir
où aller. Et là on pourrait trouver les réponses.
Parce qu'on parle souvent de l'accessibilité
Internet, tout le monde ne l'a pas. On souhaite que tout le Québec ait
Internet. On n'est pas rendus là, mais on va nous dire que ça s'en vient, et je
comprends, mais tout le monde n'a pas la même possibilité. Puis je suis capable
même de penser à une étudiante, dans son cégep, qui choisit de prendre un
téléphone pour appeler la ligne plutôt que d'essayer d'aller voir sur les
réseaux, donc... Mais je comprends, quand vous nous faites la suggestion et
quand on regarde les façons de faire, que plus c'est accessible, plus on a de l'information,
plus c'est facile pour tout le monde de s'y retrouver. Ça, je comprends ça.
Au niveau de l'indépendance, vous faites
la recommandation, à 7, de... ne bougez pas, que... à chaque centre scolaire,
qu'il y ait une personne à même le centre scolaire qui s'occupe des plaintes,
qui devient un peu le responsable du traitement de la plainte à l'intérieur du
réseau, que je vais appeler le réseau scolaire. Donc, pour moi, j'ai une petite
difficulté... puis vous allez probablement me recadrer, là, une petite
difficulté avec l'indépendance d'un employé qui va dire : Bien oui, tu
peux aller au protecteur de l'élève, ou non, non, non, vas-y pas, si c'est un
employé de la commission scolaire. Donc, expliquez-moi le principe, que je le
comprenne mieux.
M. Roy (Kévin) : Oui, bien,
en fait, on vient... dans notre recommandation, là, c'est ce qu'on vient
souligner, en fait, c'est exactement ce que vous dites. C'est que la personne
qui va être responsable des plaintes, elle doit être neutre, impartiale. Puis
ce qui est important aussi, là, dans tout ça puis ce qui va aider aussi les
parents à avoir confiance à ce processus-là, c'est la confidentialité, la
confidentialité dans tout le processus. Ça met des freins à bien des parents de
déposer une plainte, parce qu'il se dit : Bon, bien, je vais aller faire
du trouble, puis finalement ce n'est pas grand-chose, puis finalement... Ça
fait qu'il s'abstient de faire une plainte, il garde ça pour lui puis même s'il
voit... il voit les impacts réels sur les élèves. Donc, la confidentialité dans
tout ça, je le rajoute, là, à la neutralité, impartialité, ça va être vraiment
important dans... d'avoir le souci de ça dans tout le processus.
Mme Payne (Corinne) : Puis la
personne à qui on fait référence, c'est la personne... chaque centre de
services ou chaque commission scolaire. Je sais, Mme Charbonneau, tu veux
utiliser le mot encore jusqu'à... encore un petit peu, le plus possible, mais
chaque centre de services, chaque commission scolaire, il y a déjà quelqu'un
qui traite les plaintes habituellement. Des fois, c'est le secrétaire général, des
fois, il y a quelqu'un d'autre, mais c'est important qu'il y ait quand même
cette porte-là puis cette tâche-là.
Mme Charbonneau : Je pense qu'on
ne pourra jamais m'enlever l'amour que j'avais pour les commissions scolaires,
Mme Payne, nonobstant tout ce que les autres personnes peuvent en penser.
Je veux aller à l'exigence 3, qui dit
que «le protecteur régional de l'élève puisse avoir accès à toutes les plaintes
déposées dans un centre de services scolaire». Est-ce que vous croyez à la
réciprocité? C'est-à-dire que... Plus tôt, on se posait la question, par
rapport au centre scolaire, de savoir les plaintes qui sont déposées au
protecteur de l'élève et que le protecteur de l'élève... Moi, je me suis fait
un petit rond, là, pour montrer que vous parlez peut-être d'une réciprocité. Je
ne suis pas sûre, mais vous nous dites que vous, vous exigiez que le protecteur
régional ait tous les plaintes, même ceux qui ne vont pas à lui, ceux qui sont
déposés au centre scolaire aussi. J'imagine, c'est pour avoir un regard large,
mais je vais vous laisser me l'expliquer un petit peu plus.
M. Roy (Kévin) : Exact, un
regard large, c'est... je pense que c'est un bon mot. Mais aussi on dit, dans
le projet de loi, qu'il va pouvoir... qu'il pourrait intervenir à tout moment
dans le processus. Donc, pour pouvoir intervenir, il faut qu'il ait une vision
de ce qui se passe. Puis, s'il voit qu'il y a une plainte, deux plaintes, trois
plaintes sur le même sujet, bien, peut-être que lui, il va décider lui-même de
pouvoir intervenir plus rapidement ou, s'il voit qu'il y a une plainte, dans le
processus, présentement, qui s'en vient, qui va probablement arriver vers lui, bien,
ça ne va pas lui permettre de réagir peut-être plus vite.
Puis ça va dans les deux sens. Quand on
dit «réciproque», là, nous, on pense aux parents. Ça devrait être réciproque
aux parents. Les parents devraient aussi avoir accès au protecteur régional de
l'élève pour de l'accompagnement, pour une ressource neutre, en fait, qui
pourrait aussi accompagner les parents dans ce processus-là. En fait, vous avez
parlé d'une ligne téléphonique tantôt, ça pourrait être une ligne de clavardage
dans le site Web... tu sais, quelque chose qui va... tout, en fait, ce qui va
faire en sorte que ça va assurer une accessibilité pour les parents. Donc, dans
les deux sens, les parents devraient aussi avoir accès au protecteur régional de
l'élève à tout moment. La porte ne devrait être jamais fermée, je pense, c'est
les mots qu'il faut retenir.
• (17 h 20) •
Mme Charbonneau : Bien,
j'ai entendu tantôt... puis je les ai appréciés, là. La porte ne devrait jamais
être fermée. Mais est-ce que la porte pourrait être directe? Est-ce que je suis
obligée de prendre l'ascenseur pour me rendre à lui? C'est-à-dire que est-ce
que, comme parent d'un élève EHDAA, je peux me rendre directement au
protecteur, ou vous croyez qu'il est plus pertinent de <passer...
Mme Charbonneau :
...est-ce
que, comme parent d'un élève EHDAA, je peux me rendre directement au protecteur,
ou vous croyez qu'il est plus pertinent de >passer par la... le centre
de services — vous voyez, Mme Payne, je suis capable de le dire — le
centre de services ou la commission scolaire, parce qu'elles existent encore, où
il pourrait avoir accès direct pour s'assurer d'une communication et d'une
explication et de ne pas avoir de représailles puis d'avoir des réponses un peu
plus claires ou un accompagnement un peu plus solide?
M. Roy (Kévin) : Exact.Corinne...
La Présidente (Mme Guillemette) :
...temps pour la réponse, Mme la députée.
Mme Charbonneau : Vous m'écrirez.
La Présidente (Mme Guillemette) :
C'est tout le temps...
Mme Payne (Corinne) : On peut
échanger pendant des heures.
La Présidente (Mme Guillemette) :
On poursuit nos échanges avec la députée de Sherbrooke. Mme la députée.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Je trouve ça intéressant que vous ayez distingué vos exigences de
vos recommandations dans le mémoire. Ça nous éclaire beaucoup.
Puis je trouve ça intéressant aussi que
vous ayez sondé l'appui pour la proposition du collectif La Voix des jeunes
compte, un projet de loi-cadre sur les violences sexuelles. Je trouve que c'est
une belle reconnaissance de leur travail puis de leur mobilisation, puis on
voit que l'appui est assez fort. Donc, je vous remercie d'avoir pris le temps
de sonder vos membres là-dessus.
Je vais continuer sur l'accompagnement. Il
a été question, dans les différentes auditions, de peut-être créer des comités
d'accompagnement pour les plaintes comme on le voit dans le réseau de la santé.
D'autres ont parlé que ça devrait relever du protecteur de l'élève lui-même d'offrir
cet accompagnement-là. Tout le monde s'entend que ça prend un accompagnement. J'aimerais
ça vous entendre sur le chemin qui vous semble le plus intéressant.
M. Roy (Kévin) : C'est sûr
que ça prend un accompagnement, en fait, tout ce qui va venir garantir plus d'accessibilité
au protecteur de l'élève. Dans le processus des plaintes aussi, on parle du
protecteur de l'élève, mais, si ça se règle plus bas, à d'autres niveaux, tant
mieux, là. Puis, à la fédération, on a une ligne de services-conseils puis on
en reçoit, là... je n'ai pas les statistiques, mais Mme Payne les a, elle
pourra peut-être les évoquer, là, mais le tiers de nos appels, c'est en lien
avec des droits et des recours. Donc, on fait de l'accompagnement, on le fait
déjà, à la fédération, donc c'est déjà un service qu'on offre. On réenligne les
parents, on les redirige, je devrais dire, vers les bonnes ressources. Bien,
tant mieux s'il y a d'autres ressources supplémentaires qui viennent s'ajouter
à ça, qui pourraient venir nous donner un coup de main dans... à aider les
parents. Je ne sais pas si...
Mme Labrie : C'est un mandat
qu'on pourrait confier officiellement au comité de parents de faire cet
accompagnement-là, par exemple, parce que, là, vous le faites sans que ce soit
nécessairement votre responsabilité de le faire, sans nécessairement avoir les
moyens que ça peut nécessiter.
Mme Payne (Corinne) : Bien,
notre mission, c'est de défendre les droits des parents puis des enfants dans l'école
publique. Alors, on trouve que ça rentre directement dans notre mission puis
notre mandat de le faire. Puis on le fait depuis près de 50 ans maintenant,
accompagner des parents. On ne va jamais lâcher d'accompagner des parents.
Mme Labrie : Oui, oui, bien,
je sais que vous faites ça, mais c'est juste, tu sais, par rapport... quand on
dresse le parallèle avec le système de santé où on a... il y a carrément des
organismes dans toutes les régions du Québec qui se dédient exclusivement à
cette mission-là d'accompagner les usagers dans le processus de rédaction d'une
plainte, par exemple. Donc, je comprends que vous accompagnez les parents, mais,
tu sais, ce n'est pas formalisé de cette manière-là, donc ça pourrait être
intéressant de le faire.
M. Roy (Kévin) : Ça pourrait
faire partie de notre mandat, mais ça pourrait faire partie du mandat d'un
autre organisme. Ce qui est important à retenir, là, si on se place à la
position d'un parent, bien, c'est comme ça, puis c'est ça que je suis, puis c'est
au nom de ces parents-là qu'on... de tous les parents qu'on parle, mais ça
prend de l'accompagnement. Moi, je veux cogner... il se passe quelque chose,
mon jeune, il me raconte quelque chose, le soir, en arrivant, bien, je ne sais pas
à quelle porte cogner, mais, si on a... on connaît le numéro, la ligne
téléphonique, le site Web, bien, je vais cogner là, puis ce site Web là va me
référer vers une ressource pour m'accompagner, pour m'aider. On pense aux
parents anglophones, aux parents peut-être un peu plus vulnérables, aux parents
analphabètes. Donc, il faut vraiment... Je pense, ça serait une bonne solution,
en fait, qu'il y ait de l'accompagnement pour les parents. Que ça soit cette
solution-là ou une autre, bien, en fait, ce qu'il faut... ce qui est important,
c'est que ça prend de l'accompagnement pour nos parents.
Mme Payne (Corinne) : Puis je
pense...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup. C'est tout le temps que nous avions. Merci à Mme Payne
et à M. Roy pour votre contribution aux travaux de la commission.
Mémoires déposés
Avant de terminer, je dépose les mémoires
des personnes et des organismes qui n'ont pas été entendus.
Et la commission ayant accompli son
mandat, j'ajourne ses travaux sine die. Merci, tout le monde, et bonne fin de
journée.
(Fin de la séance à 17 h 25)