(Douze
heures vingt-six minutes)
La Présidente (Mme Guillemette) : Donc, à
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de la culture et de l'éducation
ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre leurs appareils électroniques.
La commission est
réunie aujourd'hui pour poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 40,
Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à
l'organisation et à la gouvernance scolaires.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente. Mme IsaBelle (Huntingdon) est remplacée par Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac); M. Skeete (Sainte-Rose) est remplacé par M. Tremblay
(Dubuc); Mme Melançon (Verdun) est remplacée par Mme Charbonneau
(Mille-Îles); et Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel)
est remplacée par Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé).
Mémoire
déposé
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, M. le secrétaire. Avant de poursuivre l'étude
détaillée, je dépose un mémoire sur le projet de loi n° 40, transmis à la commission
par M. Pascal Beaudoin. Merci.
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme Guillemette) : Donc, lors de l'ajournement de nos travaux
hier, nous en étions à l'étude de l'article 107 du projet de loi. M. le
ministre, je vous laisse la parole pour la suite des choses.
M.
Roberge : Oui, Mme la Présidente. Merci bien. Juste souligner qu'on reprend les travaux sur le projet de loi n° 40, parce
qu'on est en étude... qu'entre les
deux il s'est passé quand même quelque
chose ce matin. Donc, les voeux de
Noël... On a souligné, puis, je pense, il faut le faire, étant donné que
nous sommes en commission culture et éducation, qu'on a sous notre
responsabilité aussi l'enseignement supérieur... Puis il y a eu des messages de
commémoration très importants qui ont été prononcés par les représentants des
formations politiques au salon bleu. Puis, je pense, c'est évident qu'on partage tous, comme membres de la commission,
l'ensemble des messages qui ont été formés par l'ensemble des formations
politiques. C'est d'une voix commune et au nom de tout le monde que nos chefs
se sont exprimés. Donc, je pense, c'est
important de le mentionner, avant de reprendre, par rapport à ce qui s'est...
aux événements de Polytechnique du 6 décembre.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci.
M.
Roberge : Je poursuivrais,
si vous le permettez, en remerciant ma collègue de Saint-Laurent, en lui donnant tout le crédit pour avoir eu l'obligeance de
nous rappeler ce devoir de mémoire.
Donc,
hier, nous avons traité de l'article 92. On a discuté. Mes collègues ont soulevé plusieurs
points. On n'est pas toujours d'accord sur la façon de trouver les fameuses voies de
passage, mais il y avait quand
même des préoccupations qu'on partage des deux côtés
de cette table. D'un commun accord, on a convenu de suspendre le 92, donc, qui
n'a pas été adopté,
pour venir au 107. Et je m'étais engagé hier à ce qu'on essaie de... enfin, pas
à ce qu'on essaie, mais à ce qu'on dépose un amendement qui, on le
souhaite, répondra aux préoccupations des collègues sur le... en allant le plus
loin possible, des fois, en trouvant la voie
de passage quelque part au milieu, entre les deux tables, considérant ce
qui est possible et ce qui ne l'est pas.
Donc, si vous
permettez, Mme la Présidente, je ferais la lecture de l'amendement qui vient
d'être distribué aux collègues.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Tout à fait. Allez-y, M. le ministre.
• (12 h 30) •
M. Roberge :
Voilà. Donc, article 107 : Remplacer l'article 107 du projet de loi par
l'article suivant:
107. L'article
239 de cette loi est modifié:
1° par
le remplacement, partout où ceci se trouve dans le premier alinéa, de «la
commission scolaire» par «le centre de services scolaire»;
2° dans le
deuxième alinéa :
a)
par le remplacement de «de la commission
scolaire» par «du centre de services
scolaire en vertu du premier alinéa de l'article 204»;
b) par le remplacement de «l'école.
Ils» par «l'école et à ceux dont une soeur ou un frère fréquente cette école.
Lorsque le nombre de demandes d'inscription
de ces derniers n'excède pas la capacité d'accueil de l'école, les critères
d'inscription doivent ensuite donner la
priorité aux autres élèves qui fréquentent déjà l'école.» Puis là il y a :
«Ces critères.» Ça continue.
Si
vous permettez, je le lirais tel que
modifié, parce que ça facilite beaucoup la compréhension, et tout le monde
ici a la feuille, mais, pour ceux qui nous
écoutent, ça va grandement faciliter, je pense, la compréhension. Je vais en
faire la lecture, des fois que je
peux donner un petit, minicomplément d'information en même temps. Donc,
le 239 se lirait ainsi si l'amendement était adopté. Oui?
Une voix :
...
M.
Roberge : Excusez-moi, c'est
bon. «Le centre de services [...] inscrit annuellement les élèves dans
les écoles conformément au choix des
parents de l'élève ou de l'élève majeur. Toutefois, si le nombre de demandes
d'inscription dans une école excède la capacité d'accueil de l'école,
l'inscription se fait selon les critères déterminés par le centre de services
scolaire après consultation du comité de parents.» Je précise que, dans ce
premier paragraphe, c'est juste des changements de concordance qui sont là,
«centre de services scolaire» versus «commission scolaire».
Second
paragraphe : «Les critères d'inscription doivent donner la priorité aux
élèves qui relèvent de la compétence du centre de services scolaire en
vertu du premier alinéa de l'article 204 et, dans la mesure du possible, aux
élèves dont le lieu de résidence est le plus rapproché des locaux de l'école et
à ceux dont une soeur ou un frère fréquentent cette école.»
Et on arrive dans les modifications, encore une fois, et j'en ai eu... On continue : «Lorsque le
nombre de demandes d'inscription de
ces derniers n'excède pas la capacité d'accueil de l'école, les critères
d'inscription doivent ensuite donner la priorité aux autres élèves qui
fréquentaient déjà l'école.
«Ces critères doivent être adoptés et mis en vigueur au moins 15 jours avant le début de
la période d'inscription des élèves; copie doit en être transmise dans
le même délai à chaque conseil d'établissement.
«Les conditions ou critères d'admission à un
projet particulier ne doivent pas servir de critères d'inscription des élèves
dans une école; ils ne peuvent avoir pour effet d'exclure de l'école de son
choix l'élève qui a le droit d'être inscrit dans cette école en application des
critères visés au premier alinéa.»
Donner quelques précisions. Dans le second
paragraphe, l'amendement, c'est écrit : «Au sens du premier alinéa...»
C'est : «En vertu du premier alinéa de l'article 204...» On fait référence
ici aux gens qui sont résidents du territoire. Donc : «Les critères d'inscription doivent donner la priorité aux
élèves qui relèvent de la compétence du centre de services scolaire au sens du premier alinéa de l'article
204...» Ce qu'on dit ici, là, c'est qu'on donne priorité aux élèves qui
relèvent de la compétence du centre de services pour les résidents, pour
ceux qui y sont placés, placés dans le sens d'un élève qui est sous protection
du département de la protection de la jeunesse.
Puis la deuxième
section, qui est en gras ici et qui fait référence à l'amendement qu'on dépose,
quand on dit : «Lorsque le nombre de
demandes d'inscription [de ces derniers] n'excède pas la capacité
d'accueil — donc il
y a de la place — les critères d'inscription doivent ensuite
donner la priorité aux autres élèves...», les autres élèves, là, on parle des
fameux extraterritoriaux. Donc, les
élèves qui arriveraient d'un territoire voisin, bien, on dit : On doit
leur donner la priorité à ceux qui fréquentaient déjà l'école. La
conséquence de ça, c'est qu'un parent qui est sur un territoire x n'a pas à
demander la permission à son centre de services où il est, mais il veut
inscrire son élève, son jeune sur un territoire voisin, et ça fonctionne, il y
a de la place en vertu de tous les critères puis la capacité d'accueil, c'est
parfait.
Une
fois que cette démarche-là est faite et que l'élève a sa place, ce qu'on
précise ici, c'est qu'en vertu des critères qui seraient dans la loi cet
élève-là aurait priorité par rapport à d'autres demandes extraterritoriales qui
arrivent. Donc, ça ne garantit pas que l'élève sera là tout le long de son
parcours ou même tout le long du cycle. Je sais que c'est à souhaiter puis je le comprends. Mais par contre ça garantit
qu'une fois qu'il est là il a sa place, et qu'un autre élève arrivant
d'un autre territoire, peut-être n'ayant pas de difficultés d'apprentissage,
celui-ci ayant des difficultés d'apprentissage,
bien, on ne pourrait pas dire : Bien, toi, on t'as admis, on se rend
compte, au fil des années, que, finalement, ça demande beaucoup de ressources, puis on a de la place pour un
autre extraterritorial, ça serait plus simple pour nous d'accueillir un autre, et donc de prendre un
élève, entre guillemets, qui pose moins de défis, qui demande moins de
ressources. Puis, comme commission scolaire ou comme centre de services
d'accueil, bien, je pourrais choisir parmi les extraterritoriaux au fil des années puis privilégier les élèves plus
faciles, ou ayant plus de facilité, etc., ou ayant moins de besoins
particuliers.
Donc, on vient ici se
prémunir contre ça. Je ne dis pas que ça arrive, mais on vient se prémunir
contre ça, puis faciliter l'attachement, puis donner davantage de stabilité.
Mais tout ça, quand même, je l'admets, est corollaire quand même de la capacité
d'accueil d'origine. Puis on garde quand
même préséance au territoire
d'origine puis aux gens... à la proximité, puis à l'école de quartier,
puis tout ça. Ça a préséance sur le droit d'un extraterritorial de fréquenter
l'école de son choix. Puis je pense que, puis là les gens le diront, ça répond
à des préoccupations qu'on a dites depuis le
début de l'étude de ça, de ne pas faire passer le critère de choix d'école,
certains disent magasinage, avant la proximité.
Et
là je ne suis pas dans l'amendement, mais je ferais un dernier ajustement,
parce que je réponds à une question qui a été posée hier, pour laquelle
je n'avais pas de réponse hier, c'est la question de fratrie. Et là ce n'est
pas dans l'amendement, mais c'est dans le projet de loi n° 40,
là, qui est un élément nouveau, qui vient dire... Là, on donne... On l'inscrit dans la loi, là : ceux qui ont
une soeur ou un frère auraient une espèce de priorité. Donc, de mettre la
fratrie dans la loi... Ça se retrouve
déjà dans des critères de plusieurs commissions scolaires, mais là on le mettrait
dans la loi.
Puis
on a dit : Oui, mais là qu'en est-il des demi-frères, des demi-soeurs? Eh
bien, ce qu'on me dit, c'est qu'au sens des commissions scolaires, déjà là, on inclut... on parle de ceux qui
habitent à la même adresse, là. Il y a eu des appels qui
ont été faits avant... pendant notre période de questions, puis on nous a
confirmé qu'on considérait, dans les faits, que
c'est admis que, frères et soeurs, c'est ceux qui habitent à la même place, et
on m'a confirmé aussi, du côté des légistes, que ça incluait
demi-frères, demi-soeurs.
Puis, quand
on regarde même dans le dictionnaire, là, on dit... définition de «frère», là,
celui... est né des mêmes parents de
la personne considérée, ou seulement du même père, ou seulement de la même
mère. Donc, ça inclut tout ça. Quand
on met «frères et soeurs» dans l'usage et dans la loi, on compte les gens
habitant à la même adresse, les demi-frères, demi-soeurs. Tout ça est
inclusif, si j'ose dire.
Voilà, c'est un peu long, mais, je pense, ça
explique...
La
Présidente (Mme Guillemette) :
Il fallait faire le tour. Merci, M. le ministre. Mme la députée de Mille-Îles
m'a demandé la parole.
Mme
Charbonneau :
Merci, Mme la Présidente. Je remercie l'écoute que vous avez eue pour les
soucis que nous avions, je vais le dire
comme ça, parce qu'on peut généraliser beaucoup, mais, hier, on a eu de belles
discussions par rapport à la priorité qu'on veut donner à l'élève, et
cet élève-là, quelquefois, vient avec une famille plus élargie, une famille
moins élargie, une famille reconstituée. Puis, quand on fait des critères
d'inscription, on se doit d'être très
sensibles à toutes ces possibilités-là. J'expliquais hier, à des collègues qui
ne sont pas avec nous, que, quand on applique des critères d'inscription, la commission scolaire ne peut pas aller en
deçà de la volonté du ministre. Elle peut aller au-delà, hein? Elle peut mettre plus de critères, mais elle
ne peut pas en mettre moins, puis elle ne peut pas tasser du revers de la main
un critère qui est écrit dans une loi.
Donc,
j'apprécie qu'on puisse regarder cet élève qui, pour toutes sortes de raisons
qui ne lui appartiennent pas, n'a pas
de frères et soeurs, mais qui peut quand même garder une stabilité à
l'intérieur de son parcours scolaire, parce qu'il est toujours fragilisé par le fait que, dans les trois critères
que je mets et que j'ancre dans la loi, bien, la proximité, la fratrie
puis l'ancienneté, il n'y en a pas beaucoup, quelquefois, qui rentrent dans
l'ensemble des cases.
J'apprécie
aussi la réponse qui dit que, si une commission scolaire appelle au ministère,
puis qu'on dit : C'est quoi, un
frère puis une soeur, d'après vous?, que la réponse puisse être, par les gens
qui donneront la réponse... c'est des enfants qui habitent à la même adresse. Je vous le dis, parce que, quelquefois,
ça peut être une résidence d'accueil pour des enfants qui sont en accueil dans des endroits, ce qui fait
qu'à la même adresse ils iront à la même école. Et là il y a un accompagnement
par les pairs qui se fait, qui est fort
intéressant aussi. Donc, le principe de la même adresse, même si ce n'est pas
ma vraie soeur ou mon vrai frère, là, je crois que c'est une très bonne
perspective.
Par contre,
moi, je fais toujours le même exercice, là, le soir, avant d'aller au
lit, je repense à toute ma journée, puis
mes discussions, puis je me dis : J'ai-tu tout fait correct? La volonté
d'être une bonne personne, chez nous, c'est très fort. De ce fait, je me
disais : L'exemple que vous donnez, quand on parle du 240, il va falloir
le corriger. Je vous explique.
Une concentration sport pourrait ne pas empêcher
à mon frère de venir à la même école secondaire que moi, d'après mes critères, parce que,
si je suis acceptée dans une concentration sport, ce n'est pas un 240, c'est une
concentration. Je vous le donne en
réflexion, parce qu'on a souvent pris l'exemple de votre pauvre soeur
qui a vraiment beaucoup de talent, là, mais à qui on a attribué,
depuis que... Parce qu'hier quelqu'un me disait : Sa soeur fait du
patinage puis de l'art dramatique. Puis là j'ai dit : Bien non, bien non, pauvre
fille, un peu plus puis on lui donnait trop de talent. J'ai dit : Non,
non, si tu y penses comme il faut, elle fait de l'art dramatique. Son frère est
un peu génétiquement constitué comme elle, mais elle ne fait pas de patinage
officiel dans les Olympiques.
• (12 h 40) •
Une voix : ...
Mme Charbonneau :
Oui, je ne répète pas au micro ouvert.
Ceci dit, il
faudra être très vigilant, quand on parle du 240 puis qu'on parle des
concentrations, parce que, les
concentrations, si je suis au secondaire puis je veux appliquer vos critères,
je peux. Donc, je suis accepté en football parce que j'ai un talent, je réussis, je réponds aux critères que
l'école va me demander d'avoir pour répondre à la concentration sport, bien, la fratrie, tout à coup, a une
possibilité de rentrer dans l'école parce que moi, j'y suis déjà. Ce n'est
peut-être pas mon école d'appartenance. Elle est peut-être dans un autre
environnement, une autre commission scolaire.
Puis je fais juste nous le donner en réflexion,
parce que je le sais, qu'entre où vous êtes en ce moment, entre vos deux personnes, il y a des gens qui regardent
beaucoup comment on écrit les choses, puis je l'apprécie. Je vous le dis,
je l'apprécie. Puis je ne le fais pas pour
challenger, je répète, je le fais parce que je veux qu'on écrive la meilleure
affaire qu'on peut écrire.
Donc, je vous
le dis, si jamais vous reprenez l'exemple de sport-études, arts-études,
musique-études, on ne peut pas, parce
que ce n'est pas du 240. C'est vraiment une concentration que l'école veut se
donner pour être... pour aller attirer une
clientèle, hein, pour, des fois... pas sa survie, mais donner un «oumpf» à son
école puis lui donner une volonté d'avoir un peu plus pour sa clientèle.
Et, quelquefois, bien, chez nous, on dit :
La gratte, elle passe plus large. On va chercher dans les autres
circonscriptions puis dans les autres régions pour ramener des élèves qui sont
soit en sport, en arts, en musique ou quelque
chose comme ça. Alors, je le garde en tête, parce qu'éventuellement on va
peut-être arriver au 240 puis on va s'en parler, mais ça, ce n'est pas
du 240. Ça, c'est une concentration, une volonté scolaire.
Mon dernier
point, puis, si ce n'est pas là, vous allez me dire c'est où parce que vous
avez sûrement eu le temps d'y penser,
mais mon élève handicapé qui reçoit des services particuliers, à qui je veux
garder une stabilité, à qui on m'a dit : Ce
n'était pas dans l'autre, puis ce n'était pas quand on a regardé 92, ce n'était
pas là que ça pouvait se situer, puis on s'est dit : On peut peut-être le
situer ailleurs...
Quand je
regarde les amendements apportés à l'article déposé par le ministre,
j'apprécie, je le dis d'emblée, là, parce que je crois qu'on fait
quelque chose de bien. Mais il manque ce petit bout-là où je peux protéger mon
élève qui reçoit des services tout à fait
particuliers pour deux ans, puis qui fait en sorte que c'est attaché. Je l'ai
toujours en tête, je vais le garder,
parce que lui... Comme je vous disais, mon souci, dans ce cas-là, n'est pas que
l'élève, c'est surtout le parent.
Puis c'est
drôlement dit comme ça, mais c'est surtout lui qui, tout le long du primaire,
va se battre. Au secondaire, il y a une forme de résilience qui s'est
installée. Je vais reprendre un peu les propos de ma collègue de Joliette, qui,
hors micro, disait : La politique fait
en sorte que plus tu as d'années d'expérience, plus tu deviens résilient.
Alors, mon parent, lui, quand il
commence en maternelle première année, c'est un «fighter». Il veut, puis il
fonce, puis il cogne dans les portes, puis il va chercher ses
statistiques puis son papier de médecin, et tout, et tout. Mais, rendu au
secondaire, il a calmé un peu sa ferveur,
parce qu'il y a de la fatigue qui s'installe, puis il sait qu'année, après
année, après année... puis lui, il a jusqu'à 21 ans, souvent, là, où il va aller
chercher des services. Est-ce que c'est là qu'on peut le placer ou c'est ailleurs?
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Roberge : Oui, bien, d'abord, je ne partage pas nécessairement l'analyse qu'au fil des années le parent devient peut-être
moins combatif. Je ne le sais pas, ça se peut, là, mais peut-être
aussi qu'au fil des années il connaît bien le réseau, ou le groupe
d'aide, ou l'association de parents ayant ce type de difficulté. Peut-être justement
qu'il s'est impliqué au comité de parents, qu'il est sur le comité EHDAA, puis qu'il
y a plein de moyens pour obtenir les services qu'il ou elle ne connaissait pas
quand son enfant avait cinq, six ans.
Peut-être
aussi qu'on a moins besoin de se battre, puis on le déplore à chaque fois que
ça soit nécessaire de se battre. Quand l'enfant a déjà eu un
plan d'intervention, puis un premier service, puis, des fois, un premier
diagnostic rendu au secondaire, je ne dis
pas que c'est tout le temps facile, mais ce que je dis, c'est qu'il y a
quand même un suivi. Le système reconnaît la difficulté
ou la vulnérabilité puis est plus habile à aider les parents. Bon,
c'était juste ça, puis ce n'est pas contre ce que vous avez dit, c'est
plus ma réflexion sur cette situation.
Je dirais,
oui et non, j'ai répondu à votre préoccupation.
Pas telle quelle, ce n'est pas
copié-collé de son amendement, Mme la Présidente, mais je pense quand
même avoir été le plus loin qu'on puisse aller dans cette direction, mais pas en ne le faisant que pour des enfants qui ont des
besoins particuliers, visés, et reconnus, diagnostiqués, etc. Quand on parle,
à la fin de l'amendement : «Les
critères d'inscription doivent ensuite donner la priorité aux autres élèves qui
fréquentaient déjà l'école», bien là on a l'idée aussi que vous avez
peut-être moins à vous battre et à faire valoir pourquoi
votre enfant devrait rester à cette
école-là et pourquoi on ne devrait pas le remplacer par un autre, parce que
le fait qu'il soit entré lui donne préséance sur quelqu'un d'autre qui
voudrait arriver. C'est une façon d'amener le critère de stabilité. Puis, quand on amène le critère de stabilité puis qu'on
donne à celui ou celle qui est déjà à l'école préséance sur celui qui voudrait
arriver pour cette même place...
Supposons qu'il y a juste une place pour un
enfant extraterritorial. Pour le cas de figure, il y a juste une place pour l'extraterritorial, c'est mon fils qui y est,
et puis il avait peut-être ce diagnostic, mais, en tout cas, peu importe, là, il l'a, mais le fait qu'il y soit fait que le centre de services d'accueil ne
pourrait pas dire : Bien, on a une place pour un extraterritorial,
puis, bien, votre fils nous demande des services, et puis ça serait plus simple
pour nous d'accueillir un autre élève extraterritorial,
ça fait que, cette année, on choisit — nous étant le centre de services
d'accueil — on a une
place puis on dit : Bien, ce
n'est pas toi, c'est toi. Mais on enlève, là, ce droit-là, ici, on dit :
Non, non, non, quand l'enfant a sa place, il la garde tant que la
capacité d'accueil est là, mais il la garde.
Et le centre
de services ne peut pas, lui, de son côté — je prends le terme «magasiner», là — dire : Je vais magasiner mon
élève pour avoir quelque chose qui va, je ne sais pas, moi, être plus facile ou
même augmenter mes résultats dans une
perspective de compétition entre les écoles, puis j'aime mieux avoir un enfant,
un élève qui est plus performant. On tasse tout ça puis on fait passer
le droit et le besoin de l'enfant d'avoir de la stabilité... et de la famille
aussi, parce que je reprends la préoccupation de ma collègue. On dit à la famille
aussi : Bien, vous n'avez pas à entrer en compétition avec une autre
famille qui voudrait cette même place. Puis là, bien, c'est à savoir, au plus
fort la poche, laquelle des deux familles va réussir à obtenir cette place.
Donc, c'est
dans ce sens-là. Je comprends que ça ne garantit pas pour un an, ou pour le
cycle, ou pour deux ans, ou pour trois ans, mais ça va dans ce sens-là
de laisser plus de stabilité, et donc d'avoir moins, excusez-moi le terme, de
compétition pour cette place recherchée. Il faut se rappeler qu'on est dans des
mesures qui sont quand même exceptionnelles. On parle d'un territoire d'accueil
pour un extraterritorial. Mais, quand même, je pense qu'on va dans ce sens-là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. Oui, Mme la députée de Mille-Îles.
• (12 h 50) •
Mme Charbonneau :
Petite question de précision, parce que je ne suis pas sûre que je l'ai bien
saisi. Vous allez pouvoir m'aider à
mieux le comprendre. Si je suis hors territoire, j'ai les mêmes critères
d'inscription. Donc, si je suis hors territoire, je suis protégé. Si je
suis déjà dans l'école, là, d'année en année, plutôt que ce qui est...
Actuellement, dans la plupart des
commissions scolaires, les élèves hors territoire doivent faire une demande à
chaque année, parce que la commission scolaire juge, de par la clientèle
qu'elle accueille...
Je
vous donne un exemple facile. À Laval, quand il y a eu un boom démographique
parce qu'on a reçu des gens de
l'immigration... Vous vous souvenez, il y a eu, il y a de ça presque
trois ans, là, un début de boom démographique, puis, après ça, ça a eu un «peak». À la commission
scolaire de Laval, on a été une des commissions scolaires à recevoir le
plus d'élèves, de façon très sporadique. Ce n'était pas planifié. Ce n'était
pas dans les chiffres du gouvernement, ce n'était... ni dans les chiffres de la
commission scolaire. Alors, ça a créé une zone de turbulence pour les élèves
qui étaient là puis les élèves qui ont été accueillis. Il a fallu tout aménager
les choses pour être sûr que tout le monde avait une place.
Alors,
dans les critères d'inscription, un élève qui arrive de façon sporadique puis,
bon, qu'on accueille, qu'on fait tout
ça, qui n'est pas nécessairement dans le bon contexte, d'être dans son
territoire de desserte, avait moins de protection, je le dis comme ça sans porter de jugement, parce
que, dans les critères d'inscription, l'élève qui avait de l'ancienneté n'était
pas protégé. C'était l'élève de proximité qui était protégé.
Alors,
quand je lis les critères présentement, ma question de précision, c'est :
Si je suis un élève à l'extérieur de l'aire de desserte, à l'extérieur
même de la desserte de la commission scolaire, je vais dans une autre
commission scolaire, je demande si je peux
être inscrit, on me dit oui, on m'envoie une lettre, d'ailleurs, qui m'explique
les critères, qui me dit : Voici
pourquoi vous êtes inscrit dans notre école puis vous avez une place, l'année
d'ensuite, est-ce qu'il a la protection, je vais dire, d'ancienneté? C'est peut-être mal dit, mais est-ce qu'il a
la protection d'ancienneté ou s'il retombe à la case zéro parce que
c'est un élève hors circuit de ce centre de services là?
La Présidente (Mme
Guillemette) : M. le ministre.
M.
Roberge : Mme la Présidente, ce que nous dit l'amendement, justement,
c'est qu'il a cette protection, je
vous dirais, parce qu'il est extraterritorial. Ce qu'on dit ici, à l'endos de
la feuille, là : «Lorsque le nombre de demandes d'inscription de ces derniers — là, on parle des gens qui sont sur le
territoire — n'excède
pas la capacité d'accueil...» Donc, en gros, le centre de...
Une voix :
...
M.
Roberge : Il y a de la place. On va le résumer de même. Il y a de la
place. C'est très bien dit. «Les critères d'inscription doivent ensuite donner [...] priorité aux autres
élèves — donc les
gens des autres territoires — qui fréquentaient déjà l'école. Donc, j'arrive d'un autre
territoire. Je fréquente cette école depuis deux ans. J'ai priorité sur
d'autres élèves arrivant d'autres territoires qui voudraient, entre
guillemets, ma place. En gros, j'y suis, j'y reste.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Oui, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : J'aimerais juste,
pour le commentaire de tantôt... Dans un premier temps, on accueille
favorablement l'amendement. Merci. Deuxièmement, dans les commentaires,
pensez-vous que c'est possible, pour le commentaire que vous avez parlé, sur la fratrie, de venir le mettre juste dans le
commentaire? Comme ça, ça donne une indication claire. Est-ce que c'est
possible?
M. Roberge :
Je veux juste comprendre. Ce n'est pas dans la loi, parce qu'on dit que ça
s'applique déjà, mais de le mettre dans le commentaire, est-ce que...
Mme Rizqy :
Parce qu'en fait, les commentaires, là, sont...
M. Roberge :
Là, j'ai une question technique : Est-ce que les commentaires restent
après? Parce que, là, c'est l'article de loi qui reste.
Mme
Rizqy : Oui, les commentaires restent après. Lorsqu'on s'en va à la
bibliothèque du législateur, donc, oui, on peut voir les commentaires pour précision. Dans la loi, on ne voit
pas les commentaires, mais, lorsqu'on se présente, par exemple, à la bibliothèque du Barreau ou ici,
à l'Assemblée nationale, les commentaires... on comprend l'intention du
législateur, l'intention du ministre. C'est simplement pour indiquer c'est
quoi, l'intention, tout simplement.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Oui, M. le ministre.
M. Roberge :
Après vérification, on acquiesce à cette demande.
Mme
Rizqy : Merci. Puis là je sais que le temps file, donc, parce qu'on se
retrouve juste en janvier. Pour ce qui est du commentaire de la députée de Mille-Îles par rapport aux enfants
handicapés, je nous invite à réfléchir sur la possibilité d'avoir une
formule accélérée. Donc, si, par exemple, vous ne voulez pas prendre l'avenue
de donner un deux ans ou un trois ans de
tranquillité d'esprit, disons-le ainsi, pour les parents, de voir s'il peut y
avoir une formule où est-ce qu'on n'a
pas besoin de redéposer un dossier, revoir un médecin spécialiste, revoir...
Comme ça, ça, est-ce qu'on peut le faire, réfléchir ensemble de trouver
une façon qu'on pourra l'inscrire quelque part, soit dans la loi, soit par
directive, soit par règlement, mais trouver vraiment une façon pour aider les
parents?
La Présidente (Mme
Guillemette) : M. le ministre.
M. Roberge : Mme la
Présidente, bien, je ne pense pas qu'il faut retourner voir un médecin
spécialiste pour être inscrit dans
une école. Mais là où on dit, dans le fond : C'est plus facile, puis il y
a plus de stabilité... Parce qu'on dit, là, grosso modo, je résume, là : J'y suis, j'y reste. Donc, si je
fréquentais déjà, là, j'ai préséance sur d'autres qui arriveraient et
voudraient cette place que j'occupe. Donc, ça peut peut-être diminuer ce que ma
collègue appelle le stress, là, pendant
peut-être deux, trois semaines. Je fais la demande : Est-ce que je vais
être accepté encore? Bien, ça me rassure, parce que je sais que je ne
suis pas en compétition avec plein d'autres personnes qui voudraient cette
place-là.
Ceci dit, c'est pour
tout le monde, et c'est dans le 239 qu'il y a l'inscription annuelle. Ça ne
veut pas dire qu'il faut à chaque fois, pour un enfant... On parle tout le
temps des enfants à besoins particuliers, mais supposons, pour un enfant qui
aurait un besoin particulier, de retourner voir un spécialiste...
Et là je veux juste
préciser quelque chose. Tout ça, là, on s'intéresse à ça de manière plus
particulière à cause de l'article 1, où
on dit : Bien, ça va faciliter un peu la vie des parents pour inscrire
leurs enfants sur un territoire autre que le leur. Mais, dans des cas où, vraiment, c'est parce que, dans mon
territoire, il n'y a pas les services adéquats pour mon jeune, c'est un fait, il ne l'a pas, bien, ce n'est pas
via l'article 1 que le parent va passer. Il va aller voir son centre de
services, dire : Vous n'avez pas
les services. Et là ce sont les articles dont j'ai parlés hier, là, 208, 209,
213... La commission scolaire, en ce
moment... Puis ça ne changera pas, le centre de services va dire : Bien
là, vous avez, supposons, un enfant qui a une déficience auditive, et nous, le centre de services, on n'a pas ça,
on le reconnaît, on va vous inscrire, supposons, à l'école oraliste, et
donc...
Oui, je sais que...
dans quelques secondes. Il y a beaucoup d'enthousiasme autour de la table.
Et
donc, via l'article 208, 209, 213 de la LIP actuelle, le centre de
services va faire sa job de centre de services : Je suis au service de vous, familles, et de vous,
élèves, je m'occupe de vous, vous n'avez pas à faire des demandes, des ci,
des ça, je m'occupe de vous, je vous inscris même dans l'école privée et, via
les fonds publics, j'acquitte la facture.
Donc, il y a un
chemin facile quand il y a vraiment une difficulté grande puis que c'est
évident que le centre de services ne peut
pas répondre aux besoins particuliers de cet enfant. Il ne s'agira pas, à ce
moment-là, pour le parent, de faire
le parcours du combattant puis de faire l'inscription extraterritoriale tout
seul. Le centre de services va prendre en charge cet enfant-là et cette
famille-là.
Mme Rizqy :
Juste une courte réponse.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Oui, merci, deux minutes.
Mme
Rizqy : Hier, on vous l'a dit, 208, 209, 213 viennent bien après... 1,
c'est la loi actuelle, mais viennent bien après la loi qui sera modifiée, parce que l'article 1, maintenant,
c'est mentionné «inscription annuelle». Donc, il va falloir qu'on réfléchisse à une manière que 208, 209, 213...
Si jamais il peut y avoir une entente plurielle, de plusieurs années, à ce moment-là, il ne faut pas que
l'article 1 fasse en sorte qu'on pourrait interpréter que ça doit être une
inscription annuelle, et là, ici, ça
peut faire ce genre d'interprétation là. Alors, c'est pour ça que je vous
dis : Il faudrait y réfléchir pour ceux qui ne sont pas des cas
lourds et que c'est des EHDAA. Peut-être qu'elle vous l'a mentionné à plusieurs
reprises, avec différents cas, différents exemples. Puis moi, je peux vous
dire, j'ai des cas de comté où est-ce qu'effectivement les parents,
annuellement, redéposent un dossier annuellement, revoient leur médecin.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. D'autres interventions? Mme la députée de
Sherbrooke.
Mme Labrie :
Bien, en quelques secondes, je me demandais juste : Par rapport à la
question des demi-frères, demi-soeurs,
est-ce que la notion juridique de demi-frère, demi-soeur inclut aussi les
enfants de familles recomposées qui
n'ont aucun parent en commun? C'est une vraie question... Par exemple, si moi,
je me fais un nouveau conjoint qui a lui-même deux enfants, mais que je
ne suis pas la mère d'aucun de ces enfants-là, est-ce qu'ils sont considérés
comme des demi-frères au sens de la loi?
Et,
pour s'assurer que le concept de même adresse est uniforme à travers tout le
Québec, est-ce qu'on ne devrait pas plutôt
l'inscrire dans la loi aussi? Je comprends que c'est la situation, c'est ça qui
est appliqué en ce moment dans quelques commissions scolaires auxquelles vous avez vérifié... mais juste pour
qu'on soit certains que la même adresse, c'est ça qui est appliqué
uniformément, peut-être que ça serait plus prudent de l'inscrire dans la loi?
La Présidente (Mme Guillemette) : J'aurais besoin d'un consentement pour prolonger
les travaux de quelques minutes. Est-ce qu'il y a consentement, quelques
minutes?
• (13 heures) •
M. Roberge :
Ah! brièvement, juste pour que je puisse répondre, parce que, sinon, ma réponse
en janvier va peut-être être moins sur la coche.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Parfait, c'est ça. Merci.
M. Roberge :
Bien, écoutez, brièvement, ce qu'on me dit, c'est que c'est déjà reconnu par
les commissions scolaires, puis c'est quelque chose qu'on pourrait mettre dans
le commentaire pour le préciser, qu'on parle davantage de la famille, même adresse. On pourra étendre, via le commentaire... de
dire : Bien, on comprend que ce sont les gens qui font partie de la même famille qui habitent à
la même adresse juste pour clarifier. Tout à fait ouvert à ce qu'on fasse ça.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci. Ça vous va? Merci. Donc, joyeuses fêtes à tout le monde. Donc,
je vous remercie de votre collaboration. Et, avant d'ajourner les travaux, je
souhaite joyeux temps des fêtes à tout le monde ici, et ceux qui nous écoutent
à la maison également, et nous serons de retour frais et dispos en janvier.
Merci, tout le monde.
Donc, la commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 13 h 01)