(Neuf heures cinquante-et-une
minutes)
La Présidente (Mme Boutin) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'aménagement du territoire ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à des
auditions publiques dans le cadre des consultations particulières sur le projet de loi n° 49, Loi
modifiant la Loi sur les élections et les référendums dans les
municipalités, la Loi sur l'éthique et la déontologie en matière municipale et
diverses dispositions législatives.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : (Panne de
son)
La Présidente (Mme Boutin) : Merci.
Alors, ce matin, nous allons débuter par les remarques préliminaires, puis nous
entendrons l'Union des municipalités du Québec et la Fédération québécoise des
municipalités. Alors, je vais avoir besoin de votre consentement pour
poursuivre les travaux au-delà de l'heure prévue, étant donné notre retard. Est-ce
qu'on a le consentement?
Mme Laforest : Consentement.
La Présidente (Mme Boutin) :
Parfait. Consentement des autres groupes également?
Mme Lessard-Therrien : Oui,
consentement.
Remarques préliminaires
La
Présidente (Mme Boutin) :
Parfait. Merci beaucoup. Alors, sans plus attendre, je cède la parole à
Mme la ministre des Affaires municipales et de l'Habitation pour ses
remarques préliminaires. Mme la ministre, vous disposez de six minutes. À vous
la parole.
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je suis très heureuse d'être avec vous pour cette nouvelle commission,
évidemment. C'est la première fois que vous allez être la présidente de notre commission
ou vice-présidente, mais, en tout cas, je suis très heureuse de vous
accueillir. Je salue également la présidente de l'UMQ, Mme Roy — bonjour,
encore une fois, Suzanne — pour
un beau projet de loi.
Bonjour, chers collègues. On est tous ensemble
encore pour un nouveau projet de loi, comme vous le savez. On a quand même
travaillé très, très fort sur d'autres projets de loi, le projet de loi
n° 47, le projet de loi n° 16, le projet de loi n° 67, 85 pour
les élections. Alors, je salue tout le travail qu'on a fait avec les
municipalités dans tous les domaines qu'on a travaillés, évidemment. Nos projets
de loi vont quand même très, très bien. Il y a des bons amendements. Alors, on
travaille très fort.
Et, moi, ce que je peux dire, c'est que, là,
c'est un nouveau projet de loi, un nouveau projet de loi qui était très, très
attendu depuis le début, mais évidemment, avec la situation de la pandémie, il
y a des projets de loi qui ont dû être
déposés en urgence, si je peux dire. Alors, on a eu des mesures obligatoires à
prendre, donc le projet de loi
n° 67 a passé avant le projet de loi n° 49.
Maintenant, je salue évidemment, avec tous ces projets
de loi là, tous les collègues, comme je le disais auparavant. Je salue aussi
l'équipe ministérielle. Je salue également les gens de la fonction publique et
je salue chaleureusement mon chef de cabinet, Francis Côté, Nicolas Paradis,
avec qui on travaille. Me Paradis, très heureuse d'être avec vous pour un
nouveau projet de loi.
Alors, un projet de loi très important avec les
élus municipaux, un projet de loi qui sera très, très sensible, évidemment.
Mais, moi, ce que je peux dire, c'est que, tout de suite en entrant en poste,
je constatais, un, le travail des élus, un travail assez important, essentiel
dans une municipalité, dans la communauté, mais, en même temps, moi, je disais tout
de suite qu'on devrait peut-être mieux former les élus, parce que, oui, les
élus touchent tous les enjeux régionaux, municipaux, mais, en même temps, il
faut leur donner une meilleure formation, il faut bien les encadrer, et on a
vécu aussi certaines situations avec les médias sociaux.
Alors, depuis le début, moi, je trouve que la
fonction d'élu municipal, je le disais même, devrait être même une formation
qu'on devrait donner, à la blague, je le disais, là, il y a deux ans, soit une
attestation ou une formation collégiale. Mais tout ça
pour dire, c'est que le projet de loi va nous amener à aller plus loin avec les
élus municipaux pour mieux travailler ensemble et que les citoyens aient encore
plus confiance avec les élus municipaux. Alors, on veut vraiment valoriser le rôle
de l'élu municipal. Avec le projet de loi n° 49, on va sûrement y arriver.
On va travailler aussi pour mieux outiller la Commission
municipale du Québec, parce que, vous le savez, depuis deux ans et demi, on... Parfois, on essaie d'agir très, très rapidement
dans une municipalité, mais encore faut-il que la Commission municipale
ait plus de pouvoirs, soit mieux outillée. Donc, on va travailler aussi avec
les outils pour... de meilleurs outils pour la Commission municipale.
On va aussi resserrer les règles d'éthique et de
déontologie, c'est important de le mentionner, pour avoir... Comment je
pourrais dire? On va toucher les aspects de la dignité de la fonction, la
civilité. Donc, c'est des aspects qu'on va travailler ensemble, également, on
va pouvoir en discuter. Puis, au niveau de... on va pouvoir aussi définir de
meilleurs principes pour qu'il y ait une meilleure participation avec les
conseils municipaux. On le disait, est-ce que les élus municipaux se présentent
à tous les conseils municipaux? Comment on peut faire pour que les citoyens
soient intéressés à venir au conseil municipal? C'est tellement important.
On va parler aussi de la diffusion des conseils
municipaux. Ça, ça va être important aussi pour avoir une meilleure
transparence. Transparence et honnêteté, c'est vraiment deux mots que j'adore.
Ça fait qu'on va beaucoup en parler dans le projet de loi.
Puis je crois qu'avec... Je vais y aller
rapidement, je sais qu'on a manqué de temps, déjà, Mme la Présidente. Alors, moi, je peux vous dire une chose, c'est
qu'on a lancé les séances d'information pour la campagne Je me
présente dans toutes les municipalités, dans toutes les régions du Québec.
Et, je peux vous dire, je suis impressionnée de voir le nombre de participants
aux séances d'information. On va toucher le 700 personnes qui ont assisté
aux séances d'information très, très bientôt. Alors, avoir 700 personnes,
partout au Québec, qui sont intéressées à la fonction d'élu municipal, alors,
c'est vraiment une très bonne campagne qu'on a lancée, je vous remercie.
Maintenant, je sais que le temps est précieux,
je sais que votre fonction est précieuse, Mme Roy. Alors, je sais qu'on va
travailler toujours ensemble en collaboration. Merci à mes collègues de tous
partis confondus, parce que je pense que
c'est un projet de loi qu'on va travailler vraiment, vraiment ensemble. Ce
n'est pas un enjeu politique, si je peux dire, c'est un enjeu de
collaboration pour nos élus municipaux, parce que, vous le voyez, depuis la
pandémie, nos élus municipaux ont été très, très précieux, mais encore faut-il
bien les outiller puis mieux les former. Un code d'éthique, c'est important
comment le code d'éthique doit être conçu, on va en parler aussi, quel est un
bon code d'éthique. On va parler de tous ces aspects-là.
Mais on a la chance, quand même — je
suis très heureuse — avec
notre gouvernement, de déposer le projet de loi n° 49.
Ça faisait une quinzaine d'années qu'on demandait un projet de loi pour
outiller les municipalités au niveau de l'éthique et de la déontologie. Alors,
on le fait, mais on va le faire tous ensemble. Alors, merci à vous tous. Et,
sur ce, bonne commission, bonne consultation. Je vous laisse la parole. Merci à
vous tous.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci
beaucoup, Mme la ministre. J'invite maintenant la porte-parole de l'opposition
officielle en matière d'affaires municipales et députée de Vaudreuil à faire
ses remarques préliminaires. Mme la députée de Vaudreuil, vous disposez de
quatre minutes.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : Merci, Mme la
Présidente. Merci à tous les collègues, là, qui participent, évidemment, à la
commission. Les consultations, les consultations particulières, sont toujours,
selon moi, très importantes parce que ça nous permet de prendre le pouls, mais
le pouls dans le... le pouls directement avec le sujet du projet de loi. Ici,
on est dans un projet de loi, le projet de loi n° 49.
On le sait, on reconnaît, tout le monde, toute l'importance, entre autres, de l'éthique et de la déontologie, particulièrement
en 2021. Bien sûr, ici, on va s'adresser au monde municipal, mais on sait que ça devrait aussi, évidemment, préoccuper
nous, les élus au provincial. Donc, je pense qu'il va falloir légiférer avec beaucoup d'importance, beaucoup d'attention.
Et évidemment nous serons ceux qui devront donner l'exemple, avant que
Mme Roy nous le dise, là, mais on devra, évidemment, au provincial, donner
l'exemple aux élus municipaux.
On le sait, hein, si on regarde les sondages,
là, la politique, on est loin d'être les plus populaires. Je pense qu'on est
dans le bas des sondages. Donc, il est grand temps de redorer, évidemment, la
fonction d'élu municipal et de lui retourner ses lettres de noblesse. On ne le
dira jamais assez, là, mais ce n'est pas facile, être un élu municipal. C'est
des gens qui sont au niveau du terrain. C'est des gens qui se font critiquer
facilement. Puis il y a aussi entre eux... entre les élus municipaux, il y a
aussi un certain code, une certaine civilité qu'on devrait appliquer, et
j'espère sincèrement qu'on aura l'occasion, évidemment, de l'aborder et d'en
parler. La notion de respect, la notion de bonne conduite, de civilité envers
et entre les élus, c'est tellement d'actualité.
• (10 heures) •
Puis je me permets de
faire une grande parenthèse. On a eu cinq groupes qui se sont désistés des
présentes auditions pour des raisons qui leur appartiennent. C'est souvent,
évidemment, le manque de temps de produire un mémoire. Je suis bien contente
que nos deux unions soient présentes, mais il y a d'autres personnes qui ont
fait des demandes pour être entendues, et je trouve déplorable qu'on n'accepte
pas de les entendre. Puis je vais faire référence, entre autres, à deux
conseillères municipales qui ont déposé un code de civilité, à titre de mémoire.
Ils ont déposé une lettre, ils ont déposé un code de civilité, puis on n'est
pas même pas capables de leur dire : Oui, on va vous entendre présentement
en commission parlementaire, parce qu'on traite de ce sujet-là. Puis ce sont
des gens du terrain, ce sont deux conseillères municipales du canton de Bedford
et de Saint-Jérôme qui veulent nous parler de comment ça
se passe dans le milieu, et elles sont probablement les meilleures personnes
placées pour venir nous en parler. Puis je vous le dis, elles arrivent avec des
idées novatrices, novatrices, entre autres, avec le code de civilité. Donc, je
vais demander une certaine ouverture, je vais demander à Mme la ministre et à
son équipe la possibilité de les entendre. Cette demande, elle est déjà faite,
elle est déposée à la commission. Donc, j'espère que ça sera vu de façon
positive. Eh voilà.
Il y a plusieurs
enjeux, vous le savez, Mme la ministre, vous en avez fait référence, entre
autres la formation, mais c'est beaucoup plus large que ça. Et, bien, nous
traiterons, évidemment, là, article par article, mais commençons par écouter
les groupes, qui, selon moi, est d'une importance primordiale, puisqu'ils
reflètent, entre autres, le pouls du terrain, mais le pouls entre élus. Et je
le réitère, moi, je dis toujours : Mon coeur est au municipal. Donc, c'est
avec beaucoup d'amour et d'attention que je vais écouter les audiences et les
différents groupes qui vont venir nous faire des présentations. Merci.
La Présidente (Mme
Boutin) : Merci, Mme la députée. J'invite maintenant la porte-parole
du deuxième groupe d'opposition en matière d'affaires municipales et députée de
Rouyn-Noranda—Témiscamingue
à faire ses remarques préliminaires. Vous disposez d'une minute. À vous la
parole.
Mme
Lessard-Therrien : Merci, Mme la Présidente. Un simple mot, là, pour
saluer les collègues. Bien heureuse de
vous retrouver pour discuter de ce nouveau projet de loi qui est d'une
importance capitale. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Boutin) : Merci, Mme la députée. Alors, le député de Matane-Matapédia
m'a déjà signalé qu'il ne désirait pas s'exprimer.
Auditions
Alors, je voudrais
souhaiter la bienvenue aux représentants de l'Union des municipalités du Québec,
Mme Roy ainsi que M. Létourneau. Je vous rappelle que vous disposez
de 10 minutes pour votre exposé, ensuite nous allons procéder à une
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter et à procéder à votre exposé. La parole est à vous.
Union des municipalités du
Québec (UMQ)
Mme Roy
(Suzanne) : Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente de la Commission
de l'aménagement du territoire. Mme la ministre, distingués membres de la
commission, bonjour à tous.
D'abord, au bénéfice
des parlementaires, j'aimerais vous rappeler que, depuis maintenant plus de
100 ans, l'UMQ rassemble les gouvernements de proximité de toutes les
régions du Québec afin de mobiliser l'expertise municipale, accompagner ses
membres dans l'exercice de leurs compétences et valoriser la démocratie
municipale. Nos membres, qui représentent plus de 85 % de la population et
du territoire du Québec, sont regroupés en caucus d'affinité, soit les
municipalités locales, les municipalités de centralité, les cités régionales,
les grandes villes et les municipalités de la métropole.
C'est
en ma qualité de présidente de l'Union
des municipalités du Québec que je
prends la parole aujourd'hui. Et je suis très bien accompagnée par
M. Yves Létourneau, qui est conseiller aux politiques de l'UMQ.
Je remercie la
commission de recevoir les commentaires de l'Union des municipalités du Québec
sur le projet de loi n° 49, loi modifiant la Loi sur
les élections et les référendums dans les municipalités, la Loi sur l'éthique
et la déontologie en matière municipale et diverses autres dispositions
législatives.
Nous croyons qu'un
débat sur le projet de loi traitant de l'éthique et de la déontologie est une
occasion toute désignée pour vous parler de la campagne ayant pour thème La
démocratie dans le respect, par respect pour la démocratie lancée en
janvier dernier par l'Union des municipalités du Québec. Pourquoi avons-nous
lancé cette campagne? Notre campagne a pour objectif premier de favoriser
l'engagement en politique municipale. Puisqu'en ce moment la situation est
assez préoccupante, on doit le dire, en effet, il est de plus en plus difficile
d'attirer de nouveaux candidats ou de garder ceux et celles qui sont déjà en
poste. On a vu plusieurs exemples au cours des dernières semaines et des
derniers mois, c'est pourquoi il faut favoriser l'engagement et non pas le
décourager. Il faut consolider le lien de confiance qui unit les citoyens à
leurs institutions démocratiques. Et, pour nous, on y arrive de deux
façons : d'abord, en valorisant la démocratie municipale et la gouvernance
municipale, aussi en établissant et en expliquant les conditions d'exercice des
élus municipaux.
Aujourd'hui, les
commentaires de l'UMQ sont basés sur la pièce législative telle qu'elle a été
déposée le 13 novembre 2019. Nous sommes conscients qu'après 17 mois
l'esprit de la loi a peut-être évolué et aussi que certains enjeux abordés ont
été traités dans d'autres projets de loi, par exemple. Ainsi, dans le contexte
où des amendements seraient déposés dans les prochaines semaines et qu'ils
occasionneraient des changements majeurs sur la gestion et sur la gouvernance
municipale, l'UMQ demande aux membres de la commission de convoquer à nouveau
le milieu municipal dans le cadre d'une consultation particulière. L'UMQ sera
au rendez-vous et déposera un nouveau mémoire, car on souhaite être en phase
avec les objectifs de notre campagne. Il faut éviter le fait accompli, et ce,
particulièrement lorsque les mesures nous touchent directement. Donc, pour que
le projet de loi atterrisse de la bonne façon, il me semble qu'il serait
nécessaire de nous entendre et d'avoir notre point de vue.
Maintenant, voici les commentaires spécifiques
au projet de loi n° 49 dans sa présente mouture.
L'UMQ est consciente de l'importance de
l'éthique en gestion municipale et est sensible aussi à la mise en place d'actions concrètes. Le
débat sur l'éthique est une occasion pour l'UMQ de réaffirmer les valeurs
d'intégrité qui animent les élus municipaux et aussi d'appuyer les règles
d'éthique qui donneront une valeur ajoutée à notre système démocratique. Ainsi,
l'UMQ est favorable avec l'ensemble des mesures proposées dans le projet de loi
n° 49. Nous apporterons toutefois quelques recommandations
supplémentaires pour bonifier la pièce législative.
Dans un premier temps, je souhaite vous parler
de la formation des élus en matière d'éthique et de déontologie. La Loi sur
l'éthique et la déontologie en matière municipale prévoit que tout membre d'un
conseil d'une municipalité qui n'a pas déjà participé à une formation sur
l'éthique et la déontologie en matière municipale doit, dans les six premiers
mois de son mandat, participer à une telle formation.
La formation des membres des conseils municipaux
est une priorité pour l'UMQ. Depuis plusieurs années déjà d'ailleurs, l'union
offre des formations sur plusieurs sujets d'intérêt municipal. La formation
offerte aux élus à la suite des élections inclut, bien évidemment, le contenu
obligatoire en éthique et en déontologie, mais aussi le contenu essentiel au
développement des compétences identifiées dans le profil des compétences des
élus municipaux de l'UMQ. Notre programme de
formation sera certifié par l'Université du Québec à Trois-Rivières. Ainsi,
pour assurer la qualité et l'uniformité de la formation en éthique et
déontologie, l'UMQ demande d'en confier l'exclusivité aux deux unions
municipales, soit la Fédération québécoise des municipalités et l'Union des
municipalités du Québec. On connaît les besoins, les attentes du milieu
municipal, nous avons les compétences, l'expertise, les équipes nécessaires
pour remplir cet important mandat.
Dans un second temps, je souhaite vous parler de
la confidentialité des informations personnelles des candidates et des
candidats municipaux. L'UMQ souhaite que la Loi sur les élections et les
référendums dans les municipalités soit modifiée afin de retirer l'obligation
de publier l'adresse personnelle des candidates et des candidats dans l'avis
public du scrutin. Les candidats aux élections municipales sont les seuls à
être soumis à cette obligation, cela n'existe pas au fédéral et ça n'existe pas
non plus à Québec.
Il est nécessaire de vérifier, bien sûr,
l'adresse des candidats municipaux, c'est une question d'éligibilité, mais ce
n'est pas nécessaire de le publier dans les journaux. Dans la majorité des cas,
cela ne cause aucun problème, mais dans d'autres cas, il peut y avoir des
risques, surtout dans un contexte où la polarisation des opinions publiques
fait en sorte que les propos sont de plus en plus agressifs, intimidants envers
la classe politique. Le ton monte rapidement, et il est impossible de prévoir jusqu'où
une crise peut aller. Pour l'UMQ, il est primordial de protéger la vie privée
des élus municipaux. C'est une question de sécurité mais aussi une question de
respect pour l'élu, pour sa conjointe, son conjoint, pour ses enfants et aussi
pour le voisinage.
• (10 h 10) •
Dans un troisième temps, j'aimerais vous parler
du délai de remboursement du Directeur général des élections du Québec. Lors des élections municipales en 2017, certains candidats
ont reçu leur remboursement plus d'un an et demi après la date des
élections. Ça ne fonctionne pas, c'est incompréhensible. Je suis certaine qu'on
peut faire mieux et surtout qu'on peut faire plus vite. Soyons agiles, soyons
efficaces, surtout dans un contexte où le Directeur général des élections gère
en moyenne deux élections générales aux quatre ans. C'est pourquoi l'UMQ
recommande que le projet de loi n° 49 oblige le Directeur général des élections
à respecter un délai précis pour rembourser les dépenses électorales des
candidats et des candidates.
Enfin l'UMQ
souhaite profiter de l'occasion aujourd'hui pour vous parler des prochaines
élections municipales. Dernièrement, l'UMQ vous a fait part de ses
préoccupations concernant les coûts associés au processus électoral qui sera
mis en place pour les élections municipales de novembre prochain, on le sait,
dans un contexte particulier. Ce processus aura un impact financier important
pour les municipalités. Je pense ici notamment aux mesures sanitaires
nécessaires, aux jours de vote supplémentaires et au processus de vote par
correspondance. Ainsi, l'UMQ demande au gouvernement du Québec de prévoir des
sommes supplémentaires pour financer les mesures mises en place dans les
municipalités dans le cadre des prochaines élections.
Alors, Mme la ministre, Mmes, MM. les
parlementaires, c'étaient les commentaires de l'UMQ concernant le projet de loi
n° 49. Nous sommes maintenant disponibles pour répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci
beaucoup, Mme Roy. Je vois que ce n'est pas la première commission à
laquelle vous participez, vous êtes très disciplinée dans le temps. Alors, je
vous remercie pour votre exposé.
Nous allons pouvoir maintenant débuter la
période d'échange. Mme la ministre, nous allons débuter avec vous. Vous
disposez de 15 min 15 s.
Mme Laforest : Oui. Alors, merci,
Mme Roy. Je voulais vous poser la question, parce que vous parlez de la formation pour les élus, qu'elle soit donnée en
exclusivité par l'UMQ et pour la Fédération québécoise
des municipalités : Est-ce que vous... J'aimerais ça que vous
me parliez des autres formations, pourquoi on devrait être exclusifs aux unions
pour la formation, s'il vous plaît.
Mme Roy (Suzanne) : Bien, d'abord,
ce qui nous préoccupe dans le sujet de la formation, c'est aussi la qualité de
la formation qui est faite en termes d'éthique et de déontologie. Comme c'est
un élément extrêmement important, obligatoire, donc, pour nous, il est
essentiel que, cette qualité-là, on en soit assuré. Donc, bien sûr, il y a déjà
l'obligation, pour les élus, de participer à cette formation-là, mais, si on
s'assure, justement, que le contenu qui est travaillé tant par la Fédération
québécoise des municipalités que l'Union des municipalités...
Et,
comme je vous l'ai mentionné aussi, dans le cadre des formations de l'Union des municipalités, on travaille avec
l'Université du Québec à Trois-Rivières, donc, pour être certains, justement,
de la qualité de l'ensemble de la formation qui est
transmise aux élus. Et déjà, dans les deux cas, tant à la fédération qu'à
l'union, nous avons des gens expérimentés qui connaissent très bien cela et qui
sont habilités à donner des formations de qualité aux élus. Donc, ça nous
assure une uniformité au niveau des formations qui vont être données. Alors,
que ça soit dans n'importe quelle ville au Québec, on est certains du contenu
qui a été transmis.
Mme
Laforest : O.K. J'ai une autre question. Parce que j'entends, là,
certains groupes qui se présentent actuellement, là, pour les plénières, ça,
j'aimerais ça vous entendre là-dessus, parce qu'il y en a qui disent que les
plénières devraient être faites soit en présence du public ou encore... Puis
ça, j'aimerais vraiment vous entendre, parce
que c'est certain que moi, je crois sincèrement que... si toutes les plénières
étaient en présence de tous les élus et de tous les conseillers, j'ai vraiment la crainte qu'on retarde les
travaux. Alors, moi, j'aimerais ça savoir... vous entendre avec la
transparence avec les plénières. Je suis totalement en accord pour la
transparence et que les décisions se prennent au conseil municipal. Maintenant,
votre position par rapport aux plénières, c'est vraiment important pour moi.
Mme Roy
(Suzanne) : Bien, la transparence fait partie de nos préoccupations
continuellement. Puis évidemment, d'abord, je veux dire que l'ensemble des élus
travaillent très bien à ce niveau-là.
Alors, en ce qui
concerne la transparence, évidemment, les séances publiques des conseils
municipaux sont des séances publiques. Donc, là où se prennent des décisions,
ce sont des séances publiques. Bien sûr, ça prend des comités de travail. Puis
je dirais, là, si je voulais faire une comparaison : C'est un peu comme
les caucus des députés où on prend le temps de travailler ensemble, de se poser
des questions, de faire évoluer notre pensée, d'aller un peu plus loin dans
l'expertise. Et ça, à mon sens, les élus municipaux comme les élus du Québec,
comme les élus fédéraux ont besoin de ces comités de travail, des comités de
travail où tous ensemble, on peut, justement, travailler, prendre position. Et
là où il y a des partis, il est normal qu'entre partis on discute, et même,
quelquefois, ça nous permet d'avoir certaines discussions un peu plus fortes
pour faire évoluer la pensée.
Mais on vit, depuis
une année, avec la pandémie, une expérience qui, somme toute, à mon sens, finit
par être concluante, c'est-à-dire qu'on enregistre les séances publiques parce
que, bon, la pandémie ne nous permettait pas le présentiel. Alors, il serait
peut-être possible d'envisager cet élément-là, que les conseils municipaux,
bien sûr, au moment où ils se tiendront en présentiel, pourront se tenir en
présentiel mais qu'on puisse aussi les enregistrer et les mettre disponibles
par la suite, par exemple sur le site Web.
Et ça, ça peut se
faire à moindre coût. Il y a des cas où ça peut se faire en direct, mais là
c'est beaucoup plus dispendieux, ça demande une technologie différente, mais je
pense, dans un souci de continuer, cette transparence-là et cet accès... Ça a
facilité l'accès à de nombreux citoyens à voir la séance publique mais de chez
eux, alors confortablement, et d'avoir, à ce
moment-là, toutes les informations nécessaires. Donc, pour ceux qui ne
souhaitent pas lire le procès-verbal,
ça permet d'assister aux débats, de voir quelles questions sont posées et
d'être accessible facilement.
Alors, je pense que
ça, ça nous permettrait à la fois de bonifier encore cette transparence que
l'on souhaite au niveau des conseils municipaux... mais sincèrement, quand on
parle des comités, des pléniers, des comités de travail, je pense qu'on doit
donner l'espace aux élus municipaux, comme c'est le cas dans les autres
législations au Québec ou au fédéral, cet espace de travail où on a besoin,
justement, de poser des questions, où on a besoin d'aller approfondir certains
éléments. Et ça, c'est essentiel qu'on le fasse.
Ce qu'on ne veut
surtout pas et ce qui n'aiderait pas à la démocratie... Puis je pense que je
l'ai dit d'emblée, notre souci de créer ce lien de respect avec la démocratie.
Ce qui n'aiderait sûrement pas, c'est de transformer nos séances de conseil municipal
en cirque parce que, justement, on n'aurait pas pris le temps de bien travailler
les dossiers. Et ça, à mon sens, c'est essentiel.
Mme Laforest :
D'accord. O.K., mais... O.K. Puis j'ai quand même une question à vous poser. Parce
qu'on disait que le projet de loi n° 49 allait peut-être dissuader
certaines personnes, des futurs élus, à se présenter considérant qu'on resserrait le cadre éthique... (panne de son) ...Alors, avez-vous entendu parler que le projet de loi n° 49 serait trop
sévère, ferait peur à certains élus?
Mme Roy
(Suzanne) : Non, je ne crois pas, je ne crois pas. D'avoir des
bonnes...
Mme Laforest :
...dans le...
Mme Roy
(Suzanne) : Je n'entends pas tout. Je perds un petit peu le son, Mme
la ministre.
Mme Laforest :
J'ai dit : C'est quoi, la réaction dans le milieu, du projet de loi
n° 49? Est-ce qu'il est perçu comme étant trop sévère parce qu'on parle de
resserrer l'éthique et la déontologie, donner plus de pouvoirs à la CMQ, au
niveau des sanctions prévues, par exemple, pour certains élus? Est-ce que vous
avez déjà des réactions positives ou négatives? Bien, j'aimerais les entendre.
• (10 h 20) •
Mme Roy
(Suzanne) : Bien, je vous dirais que, d'emblée, le projet de loi me
semble bien accueilli. Ce sont des notions, je le disais, hein, qui nous
amènent à s'assurer, justement, une plus grande confiance du public. Et ce
qu'on souhaite, c'est vraiment ce lien-là au niveau de la démocratie. Il va
falloir bien faire connaître le rôle des élus. Et l'éthique et la déontologie
ne nous font pas peur. Au contraire, on pense que ça fait partie et ça
continuera de faire partie de notre quotidien. Et d'ailleurs, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, la très, très, très grande majorité... (panne de son)
...élus au Québec sont très, très confortables avec cela.
Mme Laforest :
O.K., merci. J'aimerais vous entendre, Mme Roy, ça, c'est important,
vraiment, pour moi, quand on disait... la diffusion du conseil municipal en
présence de journalistes ou encore... Bien, c'est certain qu'il faut être
prudent parce qu'on ne veut pas que les citoyens, peu importe au niveau de quel
sujet, filment un élu et reproduisent d'une
autre manière plus ou moins, en tout cas, positive sur les réseaux sociaux.
Comment vous voyez ça?
Parce que, nous, c'est important quand même, au
niveau de la transparence, que, oui, un journaliste pourrait filmer ou prendre
des moments du conseil municipal. J'aimerais vous entendre là-dessus, parce
qu'on sait très bien que même moi, comme élue, je pourrais être prise à partie,
et on pourrait me filmer et changer complètement le discours que j'aurais eu
dans un conseil municipal. Ça, c'est important pour moi de vous entendre, s'il
vous plaît.
Mme Roy (Suzanne) : Alors, merci.
Oui, tantôt, je parlais, justement on le pratique depuis un an avec la pandémie, donc, d'enregistrer les séances
publiques et la période de questions et de le mettre disponible sur le Web.
Alors, ça, je pense que la pandémie aura amené cet élément-là. C'est possible
de le faire, c'est possible de le faire sans trop de coûts. Bien sûr, la
présence des journalistes dans les séances publiques... ça le dit, c'est des
séances publiques.
Là où, par contre, nous serions en très, très
grand désaccord, c'est de dire qu'un citoyen pourrait lui-même venir filmer des
parties de séance et en faire ce qu'il voudrait. À partir du moment où une
municipalité transmet la diffusion des
séances, qu'il y a des journalistes qui sont présents, assistent aux séances,
les rapportent, les procès-verbaux
sont disponibles sur les sites Internet, les ordres du jour sont disponibles
sur le site Internet, je peux vous dire que je pense qu'il ne doit pas y avoir
d'autorisation aux citoyens d'aller filmer des parties de séances publiques ou
même de périodes de questions pour en faire je ne sais quoi.
Les journalistes sont régis par un code
d'éthique. Alors, ils sont là pour informer, il y a des règles qui sont bien
définies. Alors, pour les journalistes, c'est une chose, mais M. puis
Mme Tout-le-monde, de venir filmer et de faire quoi que ce soit après, je
pense qu'il n'y a rien qui les régit. Et, je pense, ça ne serait pas
souhaitable par respect de... par décorum de l'institution démocratique que
sont les municipalités. Il m'est impossible d'aller vous filmer au salon bleu
et après de mettre sur Facebook des extraits que j'aurais filmés des
délibérations à l'Assemblée nationale, et c'est normal. Alors, ça, pour moi,
c'est très important.
Et d'ailleurs, je vais vous dire, on l'a vécu dans notre municipalité, où un citoyen
voulait venir filmer, et les citoyens qui
venaient poser des questions, on était à l'époque du présentiel, refusaient
d'intervenir parce qu'ils refusaient d'être filmés par n'importe qui qui n'est pas régi par un code d'éthique et qui
peut faire n'importe quoi. Alors, ça, pour moi, là, quand on parle de
respect de la démocratie, ça fait aussi partie du respect du décorum des
conseils municipaux.
Mme Laforest : O.K. Bon, bien,
merci, vous avez précisé. Je vais peut-être laisser tout de suite la chance à
mes collègues de poser des questions. Je vois qu'il y a des mains levées.
Merci, Mme Roy, vraiment intéressant.
Mme Roy (Suzanne) : Bien, merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Boutin) : Oui, M.
le député de Mégantic.
M. Jacques : Oui, merci, Mme la
Présidente. Écoutez, Mme Roy, je veux revenir sur les formations. Je sais
que la ministre en a parlé un peu plus tôt. Par contre, il y a plusieurs
formations qui sont données par l'UMQ, et on parle, oui, d'éthique et de déontologie,
mais il y a d'autres formations qui sont disponibles, là, pour les conseillers
municipaux et les maires de toutes les municipalités. Est-ce que vous pouvez me
parler de certaines formations qui seraient peut-être
très, très, très envisageables et très, très profitables, là,
pour les conseillers et les maires et mairesses?
Mme Roy
(Suzanne) : Alors, on a une
multitude, évidemment, de formations, que ce soient les villes
intelligentes, que ça soit les nouvelles législations,
justement, pour se tenir à jour. Alors, on va régulièrement faire des webinaires pour expliquer
les nouvelles lois qui nous régissent, pour expliquer, par exemple, le fonctionnement, pour des nouveaux élus, d'un conseil
municipal, au-delà de l'éthique et la déontologie, la structure telle quelle
d'un conseil municipal, des règlements
municipaux, que ce soit au niveau des règles en urbanisme, en sécurité
publique, les obligations d'un conseiller ou d'un conseil. Et on va
avoir aussi des formations souvent plus pointues, donc, sur des aspects
spécifiques. Je parlais de sécurité publique, donc je pense évidemment aux
mesures d'urgence. Alors, ça, c'est le type de formation.
Et on l'a élaboré, à l'UMQ, dans un ensemble des
compétences à acquérir comme élus municipaux. Alors, évidemment, le lendemain
de l'élection, on ne devient pas ingénieur, comptable, architecte, là, c'est
clair. On a des professionnels qui travaillent avec nous, mais je pense que
c'est essentiel, la formation des élus, pour qu'on puisse, justement, avoir une
vue d'ensemble de tout ce qui se passe dans une municipalité, parce qu'on est
souvent sur plusieurs fronts différents, là,
alors, qu'on pense environnement, urbanisme, sécurité publique, communautaire.
Alors, c'est d'autant plus important.
C'est pour ça que, dans le cadre de la mise en
place de toute la formation qu'offre l'Union des municipalités, on a voulu être
vraiment... travailler avec l'Université du Québec à Trois-Rivières pour
s'assurer des assises solides et qu'on puisse vraiment reconnaître cette
formation-là, qui est une formation professionnelle. Je vous dirais, c'est le
même cas du côté de la Fédération québécoise des municipalités.
M. Jacques : Donc, s'il y avait une
formation, là, mis à part l'éthique et déontologie, là, qui serait
effectivement très nécessaire aux élus, est-ce que ce seraient les rôles et
responsabilités ou ce serait une autre formation, là, pour vous, qui serait
importante?
Mme
Roy (Suzanne) : Bien, en début de mandat, c'est clair que les rôles et
responsabilités pour un nouvel élu, c'est
quelque chose d'essentiel. Quel est le rôle du directeur général versus un
conseil municipal? Quel est le rôle des conseillers versus le maire?
Quels sont les pouvoirs de l'un, les pouvoirs de l'autre? Quelles sont les
interactions avec les différents directeurs de service, par exemple? Comment on
intervient au niveau d'un comité consultatif dans une municipalité? Alors, dès
le début, au moment de l'élection, définitivement, ce sont des formations qui
ne sont pas utiles, elles sont extrêmement nécessaires. Et je pense qu'au-delà
de l'éthique et de la déontologie, comme vous l'avez si bien dit, il faut bien
apprendre à connaître l'appareil municipal.
M. Jacques :
Bien, merci.
La Présidente (Mme
Boutin) : Il reste 30 secondes. Est-ce que M. le député de Lac-Saint-Jean
souhaitait encore intervenir? Il reste 30 secondes.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Non, plus de temps. Alors, bonjour, ça fait plaisir
de vous entendre.
Mme Roy
(Suzanne) : Bonjour.
La Présidente (Mme
Boutin) : Alors, il reste 15 secondes, on aura la chance de se
reprendre, là, plus tard dans la journée.
Alors, je vous remercie pour Mme la
ministre. Je cède maintenant la parole à la députée
de Vaudreuil. Vous disposez de 10 min 10 s pour continuer
la conversation.
Mme Nichols :
Oui, merci, Mme la Présidente. J'avais levé ma main avant l'intervention de Mme
la ministre, relativement à la répartition du temps non utilisé lors des
échanges. Donc, si vous pouvez en prendre note, là, s'il y a du temps qui est, justement,
non utilisé, qu'on puisse le répartir. On a quand même un député indépendant,
je suis certaine que ça ferait son affaire d'avoir un peu plus de temps. Alors,
voilà.
Bonjour,
bonjour. Merci, Mme Roy, d'être présente. Merci, M. Létourneau. C'est
évidemment, là, fort pertinent de vous
entendre et de prendre connaissance aussi de votre mémoire, mémoire qui a,
entre autres, là, sept recommandations. Je vais y aller peut-être un peu
dans le désordre, là, suite à certaines de vos interventions, donc ça risque
d'être un peu décoordonné mais très pertinent, là, pour la suite, évidemment,
la suite de nos travaux.
Alors, je voulais
commencer peut-être avec la formation des élus. La formation des élus, on le
sait, là, présentement, c'est obligatoire, là. La Loi sur l'éthique et la
déontologie en matière municipale prévoit qu'il faut, dans les six mois du
début de son mandat, participer à une telle formation. Vous, à l'UMQ, est-ce
que vous avez des statistiques ou des données à l'effet qu'il y a un certain
nombre de vos membres qui ne participent pas?
Mme Roy
(Suzanne) : Nous n'avons pas de donnée précise, mais nous savons que
la très, très, très grande majorité, ils participent. Pourquoi on n'a pas de
données précises? Tout simplement parce qu'actuellement on n'a pas
l'exclusivité avec la Fédération québécoise des municipalités, donc la
formation peut être donnée, par exemple, par quelqu'un localement, et on ne le
saura pas nécessairement. Donc, c'est plus complexe, à ce moment-là, pour nous,
de tenter de savoir si tout le monde a été formé. Mais on a donné un grand,
grand nombre de formations, mais on sait aussi que d'autres formations ont été
données localement.
Mme Nichols :
Merci. Présentement, la formation que vous donnez, dans le fond, ce que je
comprends, c'est qu'une municipalité peut suivre... peut décider de la
formation qu'elle va donner à ses élus, elle peut la prendre, là, un peu partout. Vous, la formation que vous donnez,
l'UMQ, est-ce que ça se trouve à être une formation complémentaire ou
c'est la formation de base vers qui une municipalité pourrait se retourner?
• (10 h 30) •
Mme Roy
(Suzanne) : C'est la formation de base, celle qui est obligatoire en
matière d'éthique et de déontologique. Évidemment, c'est encore plus complet
que ça. Il y a cette section-là, qui est la section obligatoire, mais il y a
aussi tout l'appareil, toute l'organisation municipale, comme je le mentionnais
tout à l'heure.
Donc, cette formation-là,
elle est donnée par l'UMQ, donc, et par la Fédération québécoise des
municipalités, mais une municipalité,
actuellement, dans l'état des choses actuel, pourrait, par exemple, décider
d'engager son avocat, localement, et lui demander de donner cette
formation-là à ses élus en particulier. Donc, ils n'iraient pas suivre la formation ni à l'UMQ ni à la Fédération québécoise
des municipalités, ce qui est le cas, là, depuis la dernière élection.
Donc, c'est pour ça
que, pour nous, c'est un peu plus difficile d'avoir exactement le portrait. Ce
qu'on en comprend, c'est que la très, très, très grande majorité des gens ont
été formés. Est-ce que c'est 100 %? Possiblement que non, alors… Mais ce qui est souhaitable, c'est qu'effectivement on
s'assure de la qualité et que 100 % de nos élus puissent être
formés.
Mme Nichols :
Je comprends, là, que c'est difficile, là, d'avoir le portrait. Évidemment,
c'est plus difficile à répertorier, là. Il y
a l'UMQ, mais il y a aussi, là, la FQM, puis il y a les municipalités qui le
font parfois de façon autonome. Mais
vous êtes sûrement en mesure tout de même de nous donner un peu, là, puis je
vais utiliser, là… le feed-back, là, ou du moins le commentaire des élus
en lien avec la présente formation puis certainement les points à améliorer de
la présente formation.
Puis je vais aller un petit peu plus loin, je
vais vous demander, dans votre réponse, peut-être même, là, d'aller un petit peu plus loin. Parce qu'on dit que, vous,
votre proposition, c'est de donner une formation uniformisée. L'UMQ, on le sait, représente
souvent les plus grandes villes. La FQM représente les plus petites
municipalités en région. Il y a peut-être des municipalités, au Québec,
qui ne sont ni dans la FQM ni dans l'UMQ.
Un, allez-vous être disposés à donner les
formations même s'ils ne sont pas membres d'une des deux unions? Puis,
j'imagine, ça sera des frais particuliers pour les non-membres.
Puis, deux,
relativement à la formation qui sera donnée... Parce que moi, je ne suis pas
l'adepte du mur-à-mur, là, puis je pense qu'il y a des formations qui doivent
être adaptées pour des plus petites municipalités, je donne des
exemples, des municipalités où il y a du 90 % agricole puis, sur le
conseil municipal, bien, il y a deux agriculteurs. Ça fait que, tu sais, il y a
des réalités aussi, là, différentes. Ça fait que j'aimerais vous entendre, là,
relativement sur la formation qui devrait être privilégiée relativement au
contenu.
Mme Roy (Suzanne) : Alors, oui,
merci beaucoup. Effectivement, je pense qu'il serait essentiel qu'à tous les
niveaux, que ce soit la fédération ou l'Union des municipalités, les
non-membres puissent avoir accès à cette formation-là. C'est essentiel, hein,
on veut que les élus aient accès partout au Québec à
cette formation-là. Alors, c'est d'autant plus important que, membre ou
non-membre, ce soit accessible.
Et, en ce qui concerne la réalité différente,
vous avez tout à fait raison. Et, dans le cadre de nos formations, on tient compte
aussi de ça. Parce qu'on dit qu'à l'UMQ on a des municipalités plus grandes,
c'est vrai, mais on a aussi beaucoup de municipalités locales et de MRC,
donc on représente aussi des municipalités qui peuvent se ramasser dans des milieux… ou issues de milieux plus ruraux
ou des plus petites communautés, et on adapte aussi, justement, à la réalité des formations. Et il est possible,
justement, par exemple, de donner plusieurs formations qui toucheraient des
plus petites municipalités et axées de façon
plus spécifique sur leur réalité, et, en contrepartie, la même chose au niveau
de d'autres municipalités, on pense aux cités régionales, on pense aux grandes
villes, où, là aussi, ce sont des particularités
qui existent dans la structure même des différentes municipalités ou MRC.
Alors, il est possible d'adapter.
Notre souci, en fait, ce n'était pas d'obtenir
une exclusivité pour tasser d'autres formations possibles, mais c'est de
s'assurer d'une qualité au niveau du contenu, s'assurer que chaque élu au
Québec reçoive une formation où ils vont retrouver les mêmes types
d'information, les mêmes règles, les mêmes façons de faire.
Mme Nichols : Ça, je le comprends,
Mme Roy, mais il y a des élus, là, qui sont là depuis trois puis quatre
mandats. Vous pensez quoi de ça, les anciens élus? On devrait leur donner la
même formation de base que les… ou on devrait faire des formations adaptées
pour soit les nouveaux élus ou soit les élus reportés ou reconduits? On leur
trouvera un nom, là. Mais avez-vous une suggestion à cet effet-là?
Mme Roy
(Suzanne) : Bien, je pense
que ça peut être possible. La suggestion est intéressante,
effectivement. C'est sûr que ça reste nécessaire, même pour un élu qui est déjà
en place, parce qu'on regarde simplement les modifications législatives qui
touchent les conseils, les municipalités. On le voit, là, avec le projet de
loi. Donc, oui, je pense que c'est peut-être
même une suggestion qui pourrait être plus intéressante pour les participants,
d'avoir quelque chose qui est plus adapté si vous avez déjà suivi une
première fois, par exemple, cette formation-là et que c'est la deuxième ou la troisième fois que vous la suivez,
par rapport à des nouveaux élus, qui... eux, on a besoin d'aller
beaucoup plus en profondeur, entre autres sur tout le fonctionnement municipal,
que quelqu'un qui est là depuis 10 ou 15 ans. Alors, oui, je pense que c'est une suggestion qui pourrait même être
intéressante au niveau des contenus des formations.
Mme Nichols : Oui. Puis un contenu
important : les conflits d'intérêts. Les conflits d'intérêts, là, quand on
arrive comme élu municipal ou même comme élu provincial, ce n'est pas une
notion qui est nécessairement facile à définir, donc… Puis on le voit, là, dans
le monde municipal, là, on voit aussi cette problématique-là.
J'ai un autre… parce qu'évidemment on est serrés
dans le temps. On a parlé tantôt… Mme la ministre vous demandait est-ce
que le projet de loi n° 49 était… Elle avait entendu dire que c'était pour
dissuader des élus à se présenter. Moi, je suis d'avis que non. Au contraire, on
vient… Moi, je n'ai jamais entendu ça, en tout cas, dans le milieu. Au contraire, je comprenais que les élus
étaient plutôt contents qu'on vienne légiférer en éthique et déontologie, puis il y a même des élus qui nous
disaient qu'on devrait aller plus loin avec un code de civilité entre les
élus.
Moi, je veux vous entendre sur le… Puis là
j'utilise «code de civilité», là, je ne suis pas l'auteure de ce terme-là puis
je n'ai pas non plus rédigé de code de civilité. Mais est-ce que c'est une
problématique, les relations entre élus, soit au conseil ou soit dans des
séances? Puis je ne veux pas faire référence à… On voit des extraits, des fois,
là, entre autres à Infoman, là, qui sont loin d'être très élogieux pour
le monde municipal, là…
Une voix : ...
Mme Nichols : Non, tout à fait, là.
Donc, qu'est-ce que… est-ce que vous voyez l'utilité de ce genre de code de
civilité entre élus qui devrait être intégré dans ce projet de loi?
Mme Roy (Suzanne) : Bien, d'abord
vous dire que la très, très grande majorité des conseils municipaux se passent
totalement correctement. Il y a 1 100 municipalités au Québec, qui se
réunissent un minimum de 12 fois par année. Alors, je peux vous dire que
je n'apprécie pas beaucoup l'émission Infoman sur le monde municipal. Je
trouve qu'on ridiculise la démocratie municipale, puis, à mon sens, ce n'est
pas…
Mme Nichols : Mais ça arrive quand
même, là, c'est des choses…
Mme
Roy (Suzanne) : Oui. Ce n'est pas la bonne façon de faire, et, oui, il
arrive… comme il arrive de temps en temps à l'Assemblée nationale qu'on entend
des mots qui ne doivent pas être utilisés, comme il arrive dans les conseils
municipaux des mots qu'ils ne doivent pas utiliser. De là l'importance d'avoir
une bonne formation en éthique et en déontologie, pour s'assurer, justement,
que le respect devienne la règle de base.
Je vous parlais tout
à l'heure…
Mme
Nichols : …l'UMQ, vous
n'avez pas nécessairement le pouvoir d'intervenir sur les relations entre
élus.
La Présidente (Mme
Boutin) : Merci beaucoup. Excusez-moi, je dois malheureusement
interrompre votre échange. J'en suis vraiment désolée, mais c'est tout le temps
qu'on avait, Mme la députée. Je vais devoir céder la parole à Mme la députée de
Rouyn-Noranda—Témiscamingue,
qui dispose de 2 min 50 s. À vous la parole.
Mme
Lessard-Therrien : Oui, bien, je ne peux pas m'empêcher, là, peut-être,
de faire du pouce sur les derniers propos qu'a tenus ma collègue sur ce code de
civilité là. Bon, je comprends que ce n'est pas dans la majorité des conseils
municipaux que ça se passe comme ce qu'on peut voir à Infoman, là, on
est bien conscients de ça. En même temps, ça existe, et il y a d'autres… il y a
des élus qui sont passés par d'autres canaux qu'Infoman pour parler de ces enjeux-là, qui sont des fois difficiles,
entre les élus, et qui a un impact sur le recrutement, en fait, de
candidatures pour les prochaines élections. Ça fait que l'idée… C'est sûr qu'on
ne veut pas faire mauvaise presse, nécessairement, à tous les conseils
municipaux. En même temps, la problématique, elle existe.
Donc, comment est-ce
qu'on fait pour encadrer ça puis s'assurer que les élus qui vont vouloir… je
veux dire, que les citoyens qui aimeraient
s'impliquer en politique municipale, bien, se sentent protégés de ce genre de
commentaires là, qui… de ce genre de comportements là à leur égard quand ils
sont rendus en politique municipale?
• (10 h 40) •
Mme Roy
(Suzanne) : Oui, puis c'est important parce que ce qu'on veut, c'est
le respect. On veut le respect citoyens, élus, on l'a bien mentionné, mais on
veut que le respect se conjugue à tous les temps : administration, élus; entre
élus; élus, citoyens. Pour nous, c'est essentiel que cette notion de respect
là, elle soit bien comprise, bien expliquée puis qu'on le dise haut et fort.
Puis on veut inciter les gens, tous ceux qui ont envie, justement, de faire
vivre la démocratie municipale dans le respect, à venir se présenter. Parce que
c'est comme ça que ça doit se vivre. On a le droit d'avoir des opinions
divergentes, au Québec, et c'est sain d'en avoir, je pense que ça fait évoluer
les discussions, mais tout ça doit se faire dans le respect. Et c'est dans les
notions qui sont apportées dans tout ce qui est la déontologie. L'éthique, bien
sûr, on parlait des conflits d'intérêts, ça fait partie de la donne, mais le
respect entre confrères, entre consoeurs, dans un même conseil municipal, est
aussi important que le respect et le décorum, par exemple, avec les citoyens,
et ça, que ce soit en présence, que ça soit sur les médias sociaux.
Alors, ce sont des
notions sur lesquelles on doit insister, ce sont des notions sur lesquelles… elles
doivent faire partie, justement, de ces formations-là. Et, oui, il y a des mots
qu'on ne doit pas utiliser, il y a des façons d'intervenir qui doivent être
inscrites dans notre façon… Quand on parle d'éthique, là, c'est aussi…
L'éthique, c'est de savoir comment on parle, même à quelqu'un qui a une opinion
divergente, dans le conseil, en dehors du conseil et dans la vie courante.
La Présidente (Mme
Boutin) : Merci infiniment, Mme Roy. Je suis désolée encore de
mettre fin à cette conversation très intéressante. Je cède la parole au député
de Matane-Matapédia. Vous disposez également de 2 min 50 s.
Votre micro, M. le député.
M. Bérubé :
Oui. Comme je n'étais pas là, je viens d'arriver de la conférence de la
ministre, j'offre mon deux minutes à Mme la mairesse pour qu'elle puisse
continuer sur sa lancée.
Mme Roy
(Suzanne) : Bien, merci beaucoup. Merci beaucoup, c'est généreux.
Parce que c'est tellement important cette période-ci, en année électorale, où
on a vécu, bon, l'année particulière, puis on voit, dans les médias sociaux, ça
sort n'importe quoi. On a vu des événements disgracieux, on peut le dire, hein,
des événements disgracieux dans certains conseils. On ne veut plus voir ça. On
veut, au contraire… Puis je pense que les règles de déontologie, d'éthique, la
campagne sur le respect… On veut, au contraire, dire : Non, maintenant,
même au niveau municipal, ce n'est pas des
combats de coqs, c'est des débats respectueux, avec des opinions qui peuvent
être divergentes et qui doivent se
faire dans le respect. Alors, je pense… Puis, je vous dirais, c'est drôle parce
qu'on constate même un début de
changement dans les médias sociaux, où des gens interviennent pour dire :
Non, on arrête les attaques personnelles, on ne va pas dans
l'intimidation. Exprime ton opinion en tout respect.
Alors,
je pense qu'on chemine. Je pense que le type de formation dont on parle, le
suivi, de pouvoir développer nos compétences comme élus municipaux, mais
ça ne sera qu'un plus pour l'ensemble de la population et surtout pour la
démocratie municipale.
La Présidente (Mme
Boutin) : M. le député, avez-vous une autre question? Votre micro, M.
le député.
M. Bérubé : …dans les caucus. Qu'est-ce qu'il manque comme leviers pour améliorer
le contexte de travail des élus?
Mme Roy (Suzanne) : Bien, je pense, la culture de la formation. On en a beaucoup parlé
aujourd'hui. Souvent, là, malheureusement, on voit que les gens ne
comprennent pas pourquoi on donnerait de la formation aux élus municipaux. Et, à mon
sens, on doit pouvoir accompagner nos élus municipaux. Étant donné, justement,
cette multitude de champs dans lesquels interviennent nos élus, il faut
pouvoir les outiller et dire que c'est positif. Ça ne répond pas juste à des
lacunes, ça nous outille pour l'avenir.
M. Bérubé :
…
La Présidente (Mme Boutin) : Merci infiniment. C'est tout le temps dont nous
disposions. Je vais maintenant céder la parole au député de Chomedey.
Vous disposez de deux minutes.
M.
Ouellette : Merci, Mme la Présidente. J'aurai trois petites questions
rapides pour Mme Roy. La première : vous dites que votre programme de
formation sera certifié par l'Université du Québec à Trois-Rivières. Pourquoi
pas l'ENAP ou le HEC? Est-ce qu'il y avait une raison?
Ma
deuxième question… Parce que je vais vous les poser en rafale pour vous donner
l'opportunité de répondre. Ma deuxième question : votre délai de
remboursement pour les dépenses. Vous nous avez parlé que le délai extrême,
c'était un an et demi. La suggestion de l'UMQ, ça serait quoi? Six mois, trois
mois, quatre mois?
Et ma dernière
question : vous sembliez avoir une crainte puisque le projet de loi
n° 49 a été déposé en novembre 2019 et que ça a beaucoup évolué.
D'ailleurs, le projet de loi de notre collègue Catherine Fournier, sur la
transparence des conseils municipaux, a été déposé au mois d'avril, récemment.
Est-ce que vous en avez pris connaissance et est-ce qu'il y aurait lieu
d'imbriquer certaines choses?
Mme Roy (Suzanne) : Alors, pourquoi l'Université
du Québec à Trois-Rivières? Parce
qu'on a travaillé avec eux pour
monter l'ensemble de la formation des élus. Alors, c'est ma consoeur Chantal
Deschamps qui est responsable de la formation. Alors, je sais que ça
s'est fait dans le cadre d'un cheminement, là, pour, justement, la disponibilité
et mettre ça en place. Alors, voilà pourquoi c'est avec l'Université du Québec
à Trois-Rivières. Ma réponse n'est pas
tellement complète, là, ma consoeur pourrait probablement mieux y répondre
parce qu'elle a travaillé au cheminement.
Et, concernant votre
deuxième question, je pense qu'il est essentiel que ça se fasse dans les six
mois, hein, parce que, souvent, il y a des
emprunts, et sérieusement ça mettait des situations difficiles pour certains
candidats, là, qui… élus ou pas, la question n'était pas là, là, mais ça
a vraiment amené des problématiques, ce délai-là. Et on n'avait jamais vécu un
délai aussi long que celui qu'on a vécu lors de la dernière élection. Alors, je
tiens à le mentionner.
Et, concernant le
projet de loi qui est déposé par la députée, Mme Fournier, bien, d'abord
vous dire, puis je l'ai clairement exprimé, qu'on ne peut pas penser
sérieusement qu'on va être capables de bien servir la démocratie municipale si
on ne peut pas avoir des comités de travail pour faire évoluer notre pensée,
pour poser des questions plus pointues, pour discuter avec nos confrères et nos
consoeurs des différents points de vue.
La Présidente (Mme
Boutin) : Merci beaucoup, Mme Roy. Je suis vraiment désolée.
Mme Roy (Suzanne) :
Pas de problème.
La Présidente (Mme Boutin) : Je vous ai laissée aller même 30 secondes
parce que la réponse est effectivement très intéressante, là. Alors,
c'est tout le temps que nous avions pour cet échange. Je vous remercie
infiniment pour l'apport que vous apportez, là, justement, pour cette
conversation-là autour du projet de loi n° 49. Nous allons… Merci également
à M. Létourneau.
Nous allons suspendre
les travaux quelques instants afin de permettre au prochain groupe de
s'installer. Alors, merci infiniment.
(Suspension de la séance à
10 h 47)
(Reprise à 10 h 50)
La Présidente
(Mme Boutin) : Si tout le monde est présent, on va reprendre rapidement.
Alors, c'est bon? On est en ligne?
Une voix :
…
La Présidente
(Mme Boutin) : Oui, on est prêts. Alors, j'aimerais souhaiter la
bienvenue aux représentants de la Fédération québécoise des municipalités,
M. Demers et M. Lepage. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé. Ensuite, nous allons procéder à une période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter et à procéder à votre exposé. Alors, la parole est à vous.
Fédération
québécoise des municipalités (FQM)
M. Demers (Jacques) : Merci. Bonjour. Bonjour, M. le Président. Bonjour, Mme la ministre des
Affaires municipales et de
l'Habitation, Mmes et MM. les
députés. Je me présente : Jacques Demers, maire de Sainte-Catherine-de-Hatley,
préfet de la MRC Memphrémagog et président de la Fédération québécoise des
municipalités.
Bien,
vraiment fier d'être parmi vous ce matin. Je vous remercie, l'ensemble des
membres de la commission, d'accueillir aujourd'hui la FQM à titre de porte-parole
des régions. On représente plus de 1 000 municipalités et MRC au
Québec. Un projet de loi qui nous intéresse beaucoup, projet de loi n° 49.
Je vais vous
présenter la personne qui est avec moi aujourd'hui, c'est Me Sylvain
Lepage, directeur général de la FQM. M. Lepage, je vous laisserais
compléter notre résumé de mémoire, s'il vous plaît.
M.
Lepage (Sylvain) : Merci beaucoup, M. Demers. Alors, tout le
monde m'entend bien? Oui? Alors, d'abord, merci à Mme la ministre, merci
à Mme la Présidente. Bonjour, MM., Mmes les députés. Ça me fait bien plaisir de
vous rencontrer ce matin.
Alors, allons
directement sur le sujet. Dans un premier temps, je pense que la fédération
salue les principes et les objectifs qui sous-tendent le projet de loi.
Cependant, malgré cela, la FQMest préoccupée par certaines des mesures qui ont
été privilégiées par le législateur pour l'atteinte des objectifs, avec
laquelle… lesquels, pardon, nous sommes tout à fait d'accord.
D'abord, et c'est
important de le noter, la loi prévoit l'ajout de règles de déontologie qui
seront obligatoires au code d'éthique, notamment l'interdiction à tout membre
d'un conseil municipal, et là je mets des guillemets parce que c'est le mot à
mot de la loi, «de se comporter de façon irrespectueuse envers les autres
membres du conseil municipal, les employés
municipaux ou les citoyens par l'emploi, notamment, de paroles, d'écrits, de
gestes vexatoires, dénigrants ou
intimidants» et également l'interdiction «d'avoir une conduite portant atteinte
à l'honneur et à la dignité de la fonction d'élu».
Alors, je pense qu'on
est tous d'accord sur les grands principes qui sont énoncés dans les mots que
je viens de prononcer. Toutefois, il y a plusieurs de ces termes-là qui peuvent
porter à interprétation. Pour bien connaître le milieu, récemment une juge
administrative de la Commission municipale du Québec rappelait qu'en matière de
démocratie et également de démocratie municipale ça implique nécessairement une
confrontation des points de vue et des débats qui peuvent être «vigoureux et
passionnés». Et, encore une fois, mettez entre guillemets les mots «vigoureux et passionnés». Je pense, c'est
important de savoir que ce que la Commission municipale a dit là-dedans,
c'est ce que la Cour suprême du Canada avait
déjà dit également en matière de débats entre élus, là, dans d'autres
circonstances.
La commission a aussi
dit ou a aussi rappelé que, si les règles entourant le déroulement des débats
sont appliquées de façon à craindre que ceux qui participent à ces débats-là
puissent être facilement traînés devant les tribunaux au moindre écart ou à la
moindre divergence sur le sens des mots, le sens des paroles, le ton des
paroles, la probabilité que ces gens-là choisissent de ne pas se présenter ou
de se retirer de la chose publique augmente.
Alors, pour la FQM,
il est donc essentiel que la loi précise que, pour les
fins d'application, ce qu'on vient d'exposer,
ce que la loi prévoit, la notion doit s'interpréter dans le contexte de la
politique municipale. Je ne parle pas des relations employeur-employés, mais dans le contexte de la politique
municipale, en considérant,
justement, ce contexte-là et également non seulement les gestes ou les
paroles de l'élu visé, mais également les gestes des autres interlocuteurs, le
niveau de leur rapport, le ton employé, le lieu et leur échange, le climat et
l'ambiance qui entourent la discussion.
Vous êtes tous
députés, essentiellement, vous siégez tous à l'Assemblée nationale, vous pouvez
parfaitement comprendre que, sur l'émotion
du moment, certaines choses peuvent être dites, le ton peut être différent en
réponse à certaines affirmations. Alors, il est extrêmement important
que la loi, si elle encadre bien, justement, ce qui peut être fait et ce qui doit être fait en termes de civisme, ne soit
pas non plus un empêchement, justement, au débat démocratique vigoureux.
Alors, à ce sujet-là,
la FQM demande que la compétence de la Commission municipale soit clairement définie et qu'elle soit limitée aux interventions… toujours en matière de démocratie municipale, aux interventions relatives aux comportements
qui dépassent le cadre d'un débat vigoureux et passionné dans le contexte de la
démocratie municipale.
Alors, c'est important
pour la FQM, la Commission municipale ne doit pas devenir l'employeur des élus
municipaux. Il faut comprendre que les élus municipaux siègent normalement,
comme l'Assemblée nationale, en collégialité. Ils sont appelés à discuter et à
échanger de façon vigoureuse dans certaines circonstances. On doit surveiller leur éthique et la façon dont ils se
comportent lorsque certains comportements débordent, excusez
l'expression, certaines normes, mais la commission, je le répète, ne doit pas
venir… ne doit pas intervenir comme un patron peut le faire, par exemple, avec
ses employés.
Le projet de loi
propose également l'ajout de nouvelles sanctions à la loi, notamment la
possibilité pour la Commission municipale d'imposer une pénalité financière à
un élu, l'obliger également à suivre une formation en éthique et en déontologie
à ses frais — encore
là, le volet «à ses frais» impose nécessairement une pénalité dans un délai
prescrit — et
la possibilité de prolonger la subvention d'un élu au-delà de l'élargissement
de son mandat... pardon, au-delà de son
mandat et l'élargissement de la portée de la suspension d'un élu à l'ensemble
des fonctions exercées.
Alors, sur le plan
des derniers items dont je viens d'aborder, la FQM est d'accord avec cette
orientation-là. Toutefois, nous sommes très préoccupés par l'imposition d'une
pénalité financière de 4 000 $ aux élus. Il existe un écart — je
pense que vous êtes au courant — important de rémunération d'une
municipalité à l'autre, et il y a un écart
important entre la rémunération des élus municipaux des grands centres et ceux
des municipalités de petite taille. Et, par petite taille, je parle aussi des municipalités de 10 000 habitants, 5 000 habitants,
2 000 habitants, 3 000 habitants. Il y a des gens qui touchent
annuellement 10 000 $ par année, 8 000 $ par année,
9 000 $ par année. Si automatiquement la commission doit imposer une
pénalité minimale de 4 000 $, parfois vous allez... la pénalité va
être égale à 50 % du salaire, ce qui, je pense qu'on va tous l'admettre,
n'est pas très, très logique et va au-delà de ce qui est souhaité, c'est-à-dire
envoyer un signal à la personne qu'elle doit corriger son comportement.
Alors, afin d'éviter,
justement, une iniquité entre les élus, nous recommandons que la pénalité soit
modulée, hein, au prorata de la rémunération de l'élu. De cette façon-là, on ne
se retrouvera pas dans une situation où les gens seraient pénalisés de façon
aussi forte que celle dont je vous ai parlé précédemment.
Sur
la notion de respect maintenant, évidemment, la FQM est d'accord pour que cette
notion-là soit introduite. Toutefois, je pense que vous savez comme moi
que le problème de l'heure est celui du respect envers les élus municipaux et
pas nécessairement l'inverse.
Alors, de la
même façon qu'il est important que les élus municipaux fassent preuve de
respect envers les collègues, il est
aussi important que les citoyens, que les médias sociaux, parce que vous
connaissez, comme élus, le contexte dans lequel nous vivons
actuellement, soient également... fassent également... les citoyens qui
s'adressent à leurs élus par le biais de ces différentes tribunes là ou dans le
cadre des réunions du conseil fassent également preuve de respect.
Alors, que ce soit à l'occasion des assemblées
publiques ou sur les réseaux sociaux, les élus municipaux sont souvent
confrontés à de l'intimidation, carrément à du harcèlement ou à des citoyens
quérulents. Alors, nous croyons qu'il est important et nous insistons pour que
la notion de respect soit élargie également aux citoyens, qu'elle soit prévue à
la loi. Même si, évidemment, la Commission municipale ne saurait avoir
compétence sur les citoyens, ce serait un message clair aux citoyens du Québec
à l'effet qu'ils méritent du respect, les élus méritent du respect. Autrement
dit, nos débats doivent, de façon générale, toujours être empreints de respect
mutuel.
C'est important de noter que, face à ces
situations-là, au moment où on se parle, les élus municipaux sont largement
démunis pour faire face à ce genre d'attaques là, si je peux m'exprimer ainsi.
Et donc, pour cette raison-là, nous recommandons, dans un premier temps, puis
on verra au fil des années le résultat, que le gouvernement ou que l'Assemblée
nationale mise sur la formation et la sensibilisation pour promouvoir de
meilleurs comportements civiques, et ce, tant par la bonification des cours
d'éducation à la citoyenneté que par une campagne médiatique qui s'adresserait
aux citoyens pour leur rappeler que leurs élus, bien, c'est justement leurs
élus et qu'ils ont la chance, justement, de bénéficier d'élus qui, de façon
générale, leur sont dévoués.
• (11 heures) •
Le projet de loi propose aussi l'ajout de
prescriptions de la Loi sur les élections et référendums en matière de conflit
d'intérêts comme étant désormais obligatoires afin qu'elles puissent être
maintenant sanctionnée par la Commission municipale du Québec sur le plan de la
déontologie. La FQM souscrit aux mesures proposées pour limiter les conflits
d'intérêts. Bien qu'il ne fasse aucun doute qu'un encadrement en la matière
soit essentiel, on doit cependant trouver un juste équilibre entre
l'encadrement qui sera maintenant la loi et l'effet dissuasif des règles
déontologiques trop contraignantes.
Au moment où on se parle, il y a beaucoup de
petites municipalités, et, encore là, les gens, souvent, vont penser qu'on
parle de municipalités de 800 habitants, mais d'expérience nous pouvons
vous parler de municipalités de
1 000 habitants, 2 000 habitants, 3 000 habitants
et 5 000 habitants, où des citoyens qui seraient intéressés par la chose publique ne se présentent pas parce que
les règles de conflit d'intérêts sont tellement rigides pour ces petites communautés là
qu'à toutes fins utiles, si vous êtes propriétaire d'un commerce, ça exclut
automatiquement la possibilité que la municipalité fasse l'achat d'un bien ou
d'un service chez vous, ne serait-ce que pour une somme modique.
Alors, la FQM recommande donc...
La Présidente (Mme Boutin) :
M. Lepage.
M. Lepage (Sylvain) : Oui?
La Présidente (Mme Boutin) :
Excusez-moi de vous interrompre, là, c'est tout le temps qu'on avait.
M. Lepage (Sylvain) : Ah!
pardon. Je m'excuse.
La Présidente (Mme Boutin) : Je
dois malheureusement faire la discipline, mais je pense que vous allez pouvoir
avoir le loisir de poursuivre votre discussion, là, lors des échanges. Nous
allons donc commencer avec le premier bloc d'échange avec Mme la ministre. Là,
on a eu des petits enjeux tout à l'heure. Je veux juste simplement vérifier
qu'elle est bien avec nous.
Mme Laforest : Oui, oui, oui.
La Présidente (Mme Boutin) :
Alors, vous disposez de 15 min 15 s pour votre échange.
M. Lepage (Sylvain) : Merci.
Mme Laforest : Oui. Bien, en
fait, M. Lepage, bonjour. Je vais vous laisser terminer. Je vais quand
même vous laisser terminer, c'est important...
M. Lepage (Sylvain) : Parfait.
Bien, je vais terminer rapidement. Merci beaucoup, Mme la ministre. Alors, ce
que j'étais pour vous dire, c'est que nous demandions que, justement, l'article 305
de la Loi sur les élections et les référendums soit modulé de façon à permettre
de ne pas rendre inhabile un élu qui est propriétaire d'une petite entreprise
de services jugés essentiels. Puis vous savez... Vous savez bien que, dans le
contexte actuel, on comprend c'est quoi, des services essentiels. Je vais vous
donner l'exemple d'une quincaillerie. Alors, dans les petites municipalités,
bien, légalement, la municipalité ne peut pas faire affaire sans rendre
inhabile le propriétaire d'une quincaillerie qui serait également conseiller municipal.
Alors, évidemment, ça ne
devrait pas être pour des montants considérables. Mais ce que nous proposons,
c'est que, par exemple, si la municipalité achète une caisse de clous ou achète
trois deux-par-quatre, là, je rends ça très
simple, la personne ne soit pas déclarée inhabile du simple fait, justement,
qu'on a fait, somme toute, des transactions relativement modestes. Évidemment,
il faut encadrer. Dans la mesure où ce serait permis, ça devrait être divulgué clairement
et de façon à ce que les citoyens puissent être au courant, justement, de ces
achats modestes là. Mais, au moment où on se parle, c'est totalement interdit
par la loi. Et la commission deviendrait, à toutes fins utiles, la personne
chargée de veiller à l'application de cette règle-là.
Alors, un dernier mot sur le nouveau motif
d'inhabilité, là, pour conduite qui porte sérieusement atteinte à l'honneur et
la dignité de l'élu. Simplement pour vous dire qu'on est d'accord sur le
principe, mais il n'en demeure pas moins que c'est assez vague. Et par
ailleurs, mon patron, M. Demers pourra vous en parler, nous souhaitons que
les mêmes règles s'appliquent également aux députés, puisque toutes ces
personnes-là, les élus municipaux comme les élus provinciaux, sont
essentiellement des représentants de la population. Alors, là-dessus, je vous
remercie et je suis prêt à répondre à vos questions, même chose de
M. Demers, là, qui veut sûrement s'exprimer lui aussi sur les questions en
cause.
(panne de son)
La Présidente (Mme Boutin) :
...petits problèmes techniques. On semble perdre Mme la ministre.
On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 04)
(Reprise à 11 h 05)
La Présidente (Mme Boutin) :
Alors, c'est reparti pour la commission. À vous la parole, Mme la ministre.
Mme Laforest : Oui. Alors, merci, M. Lepage. Bonjour,
M. Demers. Je vais y aller rapidement, je vois qu'il y a plusieurs questions
de mes collègues. On parle de la Commission municipale, de donner plus de
pouvoirs à la Commission municipale. J'aimerais vous entendre sur ce point-là,
parce que vous aviez quelques recommandations, quelques commentaires par
rapport au travail qui serait octroyé à la Commission municipale. Alors,
M. Lepage, je voudrais avoir des détails.
Puis, quand
vous dites, mon autre question, la notion d'irrespectueux, avec l'interprétation
de la notion d'irrespectueux en politique municipale, vous voyez ça
comment, vous? Alors, c'est mes deux questions, puis après je vais laisser mes collègues...
parce que je pense qu'il y a plusieurs questions. Merci, M. Lepage.
M. Lepage (Sylvain) : Merci. Je
vais répondre, si vous me permettez, à la première question, puis je vais
laisser, à moins d'indication contraire, la réponse à la deuxième question à
M. Demers.
Concernant la question de la compétence de la commission,
bon, vous le savez, je suis avocat de formation, j'ai plaidé devant les
tribunaux pendant plusieurs années, et la FQM a défendu, lorsqu'il a été question
d'abolir la Commission municipale, a plaidé fortement pour son maintien, et on
ne le regrette pas. Ceci dit, un tribunal demeure un tribunal, et, pour nous, il est extrêmement important que la
Commission municipale ne devienne pas le grand censeur des élus du Québec,
qui peut intervenir parce que, vous savez, sur plusieurs questions, c'est une question d'opinion. Le ton que
j'adopte actuellement pourrait vous paraître agressif, pour d'autres personnes,
ils vont le trouver sympathique.
Alors, c'est important que ce soit clair dans la
loi que la commission ne peut pas intervenir du simple fait que le commissaire
n'aime pas un ton ou est en désaccord avec certains propos. Je le répète, la
loi doit prévoir clairement qu'entre élus il peut y avoir des débats, justement,
pour reprendre les mots de la commission, là, vigoureux et passionnés sans que
ce soit une infraction à la loi. C'est lorsque, par exemple, on utilise un
langage discriminatoire, qu'on intimide les gens que la commission devrait pouvoir
intervenir. Et c'est important que le message donné à la commission, pour nous, soit à cet effet-là. Là, commission, donne-nous pas ton
opinion à chaque fois que quelqu'un... Parce que, vous savez, ça peut
devenir une arme facile pour des opposants politiques ou encore pour des
citoyens quérulents, par exemple, de déposer des plaintes à répétition. Puis, à
toutes fins utiles, les élus vont dire : Bon, bien, regarde, si c'est ça,
je ferme les livres puis je m'en vais chez nous parce que ça ne donne rien,
puis je suis traîné à tout bout de champ à la commission.
Mme Laforest : Oui, je
comprends. O.K. Merci. Puis là...
M. Lepage (Sylvain) : Deuxième
volet, je laisse la parole à M. Demers, là.
M. Demers (Jacques) :
Si j'ai bien compris, la deuxième question, c'est un peu au niveau des propos
qui peuvent se tenir ou le genre d'échange qu'il peut y avoir. De ce côté-là,
pour nous, ce qui est important, c'est de regarder le ton qui se passe, oui,
lors d'un échange entre élus, mais entre citoyens aussi. Il faut absolument
inclure l'ensemble. Il ne faut pas... Parce que, veux veux pas, il y a des
propos, parfois, si on n'englobe pas tout le monde... ce qui se passe dans une
salle de conseil, des fois, si on ne prend que les propos des élus, ils sont en
train de répondre à un niveau correct rapport au ton qui
se tient présentement dans la salle. Moi, je pense que c'est cet élément-là
qu'il faut faire attention aussi, parce que, présentement, notre difficulté,
c'est de garder nos élus en place. On s'aperçoit déjà que l'annonce est faite
par plusieurs, de ne pas revenir lors des prochaines élections. Il faut mettre
une ambiance plus agréable. On veut avoir des gens de tous les âges. Oui...
Mme Laforest : O.K. Merci. Et
juste une petite question comme ça. Je laisse la parole tout de suite à mes collègues.
Est-ce que... Parce que ça nous est arrivé quand même fréquemment, là, la
demande qu'un élu puisse... qu'on puisse fréquenter le dépanneur ou la
station-service d'un élu, c'est arrivé quand même régulièrement durant la
pandémie. Maintenant, avant la pandémie, c'était aussi demandé? Juste oui ou
non.
M. Lepage (Sylvain) :
Oui, oui. La réponse, c'est oui.
Mme Laforest : O.K. Merci. Ça
fait que je laisse la parole à mes collègues. Merci.
La Présidente (Mme Boutin) :
Alors, nous avions... Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice, vous aviez une
question. À vous la parole.
• (11 h 10) •
Mme Tardif : Ah! merci, merci.
Bonjour, M. Lepage. Bonjour, M. Demers. En fait, je reviendrais un
peu sur le point de la ministre. J'avais levé ma main parce que tout de suite
au début vous avez commencé avec ça, là, par rapport aux règles de déontologie.
Et un des fondements de ce projet de loi là, c'est vraiment, justement, pour
corriger des problèmes de code d'éthique et de déontologie.
Alors là, je me demande comment on va faire pour
régler ce problème-là. Ce que j'entends de vous, c'est : Est-ce que parce
qu'un citoyen parle fort ou qu'un conseiller parle fort au maire ou à un autre
conseiller, l'autre conseiller a le droit de lui répondre sur le même ton parce
que ça fait partie de l'enflammement de la discussion? Par contre, je suis
plutôt d'avis qu'il y a une façon respectueuse et qu'il doit y avoir, tel qu'il
est écrit, tel qu'il est proposé dans le projet de loi, un code d'éthique qui
devrait interdire tout simplement de répondre sur ce ton-là ou de se parler sur
ce ton-là, et ça, ça vaudrait aussi pour les gens qui sont dans la salle. C'est
certain que chaque mot est interprétable. Et la définition des mots, peut-être
que c'est vers là qu'il faudrait aller, mais d'enlever cette partie-là du
projet de loi ça vous...
Regardez, aidez-nous parce que c'est un
problème. On a beau dire que ça n'existe pas, vous le savez, ça existe, là, et ça existe beaucoup. Et nous, en
tant qu'élus, on a des citoyens, mais on a aussi des conseillers
municipaux qui nous appellent, des employés de la ville qui nous appellent, de
municipalités, pour dire : Ça n'a pas de bon sens. Et, quand les employés municipaux, eux, démissionnent parce qu'un maire
ou un conseiller leur parle de façon agressive, il faut que ça arrête,
il faut que ça arrête. Donc, aidez-nous, peut-être en nous disant comment vous
voudriez que cette règle-là soit modulée. Mais c'est le fondement, c'est un des
fondements principaux du projet de loi, et c'est essentiel, quant à moi.
M. Demers (Jacques) :
Différentes choses dans votre questionnement. Dans le fond, premièrement, on
sait que, quand on parle entre un employé, un employeur, il y a déjà toute une
notion qui est connue. Si là on parle de harcèlement ou quoi que ce soit c'est
de plus en plus clair dans la loi. Ça, c'est assez facile de régler, selon moi,
cette partie-là. Un élu n'a pas le droit d'interpeler de façon... comme
n'importe quel employeur n'a pas le droit non plus envers ses employés. Je
pense que c'est assez clair de ce côté-là, sauf quand que, là, vous
dites : À partir de tel ton, c'est ce qui est indéfinissable. C'est que,
d'un jugement à l'autre, on va dans une variété, puis, si, chacun des
mots, on commence à dire : Est-ce que c'est un mot qui peut se dire, pas
se dire?, certains, rapidement, on va dire : Bien oui, c'est une évidence, on ne peut pas insulter une personne, on ne
peut pas être agressif envers la personne, il faut rester sur le sujet. Il y a des choses qu'on est capables
de déterminer, mais faisons attention. Quand on parle d'un ton, il va y
avoir de l'interprétation énorme de ce côté-là aussi, il faut savoir lequel.
Puis, si on ne veut pas passer notre temps à être en cour ou devant la commission
à se dire : Woups! ça, ce n'est pas correct, bien, il faut être capable de
bien définir.
Puis n'oublions pas non plus que le monde
municipal est un gouvernement de proximité. Ces éléments-là, j'espère qu'au
provincial, vous allez en faire un droit, aussi, un exemple. C'est souvent plus
de ce côté-là qu'on voit à la télé, on voit les échanges, on voit ce qui se
passe. Puis plusieurs se basent sur ce qui se passe à l'Assemblée nationale.
Bien, je pense qu'on devrait d'abord, avant d'imposer ça aux municipalités,
d'être sûr qu'à ce niveau-là on a un exemple
qui est très facile à vérifier parce qu'on le voit de façon quotidienne, ce qui
se passe. Ça fait que d'imposer...
Mme Tardif : ...
M. Demers (Jacques) : Pardon?
Mme Tardif : Qui deviendrait, à
ce moment-là, le gardien de la... (panne de son) ...ça sera la CMQ.
M. Demers (Jacques) : Je ne
vous entends vraiment pas bien, excusez, mais...
M. Lepage
(Sylvain) : Si je peux me permettre, Mme Tardif, on n'est pas
contre que ce soit la Commission municipale. Ce qu'on dit, c'est que sa
compétence doit être bien encadrée dans la loi pour éviter, justement, que l'on
mette fin à des débats qui sont normalement permis dans
une société libre et démocratique. Ce qui est interdit, c'est d'insulter les
gens, c'est d'utiliser des propos discriminatoires, c'est de les intimider. Ça
rejoint un peu la notion de harcèlement dont M. Demers parlait, là.
La Présidente
(Mme Boutin) : ...on a deux autres députés qui ont des
questions, j'aimerais pouvoir leur laisser l'opportunité de s'exprimer.
M. le député de Lac-Saint-Jean, j'aimerais vous laisser la parole.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Il reste combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente
(Mme Boutin) : 4 min 40 s.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Parfait. M. Demers, bonjour, M. Lepage,
bonjour. La FQM, M. Demers, offre une formation aux nouveaux élus?
M. Demers
(Jacques) : Oui, exact.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Parfait. Qui peut dispenser de cette formation-là,
M. Demers?
M. Demers
(Jacques) : Bien, Me Lepage, vous pourriez y répondre mieux que
moi, là. Mais c'est souvent des avocats qu'on engage dans ces dossiers-là.
M. Lepage
(Sylvain) : C'est des
avocats qui oeuvrent dans le domaine du monde municipal, du droit
municipal et, justement, des normes d'éthique, généralement, depuis de
nombreuses années, là. Il nous est arrivé, même, que, certains avocats, on
les... Parce qu'on vérifie la qualité de ces gens-là. On vérifie par des
sondages, aussi, le caractère pédagogique, là. Parce que vous avez beau avoir
le meilleur... Vous avez tous été à l'université ou au collège, là. Des fois,
le meilleur prof n'a pas le meilleur contenu, mais des fois le meilleur contenu
n'a pas le meilleur contenant. Excusez
l'expression, là. Alors, on vérifie les deux items de façon systématique puis on définit également le cursus, là,
de façon à s'assurer que soit bel et bien enseigné l'ensemble des règles de
déontologie qui s'appliquent aux élus, là.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Bon. Et est-ce que les directeurs généraux des
municipalités peuvent aussi donner la formation aux élus?
M. Lepage
(Sylvain) : Non, absolument pas. Les directeurs généraux sont les
employés des élus. C'est comme si je formais mon patron. Je ne pense pas, avec
tout le respect que j'ai pour lui, que c'est à moi à le former. Il peut me
poser des questions. Bon, je suis avocat. Si c'est une question juridique, je
vais répondre, mais, à la base, on souhaite que ce ne soient pas des directeurs
généraux de municipalité qui forment leurs conseils municipaux. Premièrement,
si jamais il est formé mal, on aura un gros problème, là. Comprenez-vous?
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Donc, la majorité de vos municipalités, en grande
partie, la formation est dispensée par les gens de la FQM?
M. Lepage
(Sylvain) : Oui, et des bureaux d'avocat associés, là.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Exact.
M. Lepage
(Sylvain) : Parce qu'il faut comprendre qu'on en donne beaucoup, là.
On parle de centaines de personnes qui
suivent cette formation-là. Puis on l'a aussi en Web. Avec l'aide du ministère
des Affaires municipales, on a mis en
place, là, tout un système. On est rendus habitués avec ça, mais déjà, il y a
quatre ans, on était très avant-gardistes là-dessus, là, pour ceux qui
ne peuvent pas se déplacer.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Merci beaucoup.
La Présidente
(Mme Boutin) : Merci. Alors, M. le député de Beauce-Nord, vous
aviez également une question. Est-ce que vous êtes avec nous? Est-ce que M. le
député de Beauce-Nord est là? Sinon, on va passer...
M. Provençal :
Oui, oui. Je suis là.
La Présidente (Mme Boutin) : Ah! Allez-y, allez-y, on vous écoute. On aimerait
vous voir également, si possible.
M. Provençal :
Ma caméra est ouverte.
La Présidente (Mme Boutin) :
Ah! d'accord. Parfait.
M. Provençal :
Alors, salutations à M. Demers et à son directeur général. Écoutez, vous
avez quand même plusieurs recommandations et, à un moment donné, vous faites
référence à un écart entre les élus de l'Assemblée nationale et les élus
municipaux. Est-ce que vous pourriez clarifier sur ça, s'il vous plaît?
M. Demers
(Jacques) : Je cherche le... Oui, bien, vas-y, Sylvain.
M. Lepage
(Sylvain) : ...je m'excuse, j'étais pour vous laisser la parole. Bien,
essentiellement, dans une des dernières propositions dans la loi, là, c'est la
conduite portant sérieusement atteinte à l'honneur et la dignité de la fonction
d'élu. Alors, ce que nous, on dit, c'est que, dans la mesure où on parle de
dignité et d'atteinte à l'honneur et la dignité d'un élu, bien, tous les élus
devraient être assujettis à la même obligation et aux mêmes règles à cet égard-là. Et je pense que ceux qui donnent l'exemple
d'abord, comme M. Demers le disait, c'est les élus de l'Assemblée
nationale. Je pense que vous êtes bien placé, M. Provençal, pour nous en
parler. Vous avez occupé les deux fonctions, vous êtes probablement une des
personnes qu'on pourrait consulter sur la différence entre être un élu au
niveau provincial et être un élu au niveau municipal. Mais, du côté des élus
municipaux, en tout cas, ce que nos membres nous disent, c'est qu'ils sont
prêts généralement à suivre les mêmes règles que les règles que les députés
sont prêts à s'imposer eux-mêmes, mais il y a toujours une grande réticence, je
pense, vous le savez, quand ils ont la perception, à tort ou à raison, qu'il y
a deux poids, deux mesures dans les règles qui leur sont imposées.
Et, à ma
connaissance, il n'y a pas, dans les élus de l'Assemblée nationale, là, le
genre de tribunal, là, du bon goût, là, parce que,
comme Mme Tardif l'a dit, il est clair qu'il y a certains problèmes à cet
égard-là puis que ça mérite une intervention. Mais il faut quand même
être prudents, c'est le coeur de nos démocraties, ce dont on parle aussi, là.
M. Provençal :
O.K. Dans l'écriture ou le rafraîchissement d'un code d'éthique et de déontologie,
vous parlez, là, FQM et Commission municipale, mais est-ce qu'il ne serait
pas...
La Présidente
(Mme Boutin) : Désolée, M. le député, je vais devoir vous
interrompre. Je déteste faire ça, je vous le dis d'emblée, là, je n'aime pas
interrompre les conversations comme ça dans la vie, mais, bon, nous sommes en commission,
et c'est tout le temps qu'on avait pour la partie gouvernementale. Alors, je
remercie Mme la ministre ainsi que les collègues de la partie gouvernementale.
J'aimerais
céder la parole à Mme la députée de Vaudreuil. Vous disposez de 10 min 10 s pour
la conversation.
• (11 h 20) •
Mme Nichols :
Oui, bonjour. Bonjour, M. Demers. Bonjour, M. Lepage. Merci d'être
parmi nous. Vous savez, là, toute l'importance, là, qu'on accorde à nos deux
unions, l'UMQ et la FQM, là, relativement aux propos dirigés particulièrement sur le projet
de loi n° 49, éthique et déontologie. On sait que vous êtes des gens de terrain, que vous représentez
aussi des gens de terrain. Donc, c'est pour nous, là, important de prendre le
pouls, pour pouvoir, évidemment, là, l'intégrer dans le projet de loi.
Plusieurs questions.
Permettez-moi, là, d'y aller un peu en rafale, puis peut-être un peu
éparpillée. D'abord, je vais continuer sur les formations. Relativement aux
formations, on comprend, là, qu'il y a des formations pour les nouveaux élus.
On comprend que les formations... Est-ce que vous souhaiteriez que ça soit des
formations uniformes ou vous souhaitez que ça soit des formations adaptées?
Puis je vous donne deux... ce n'est pas des éléments de réponse, mais sur quoi
j'aimerais vous entendre.
En fait, quand je dis
adapté, parce qu'on le sait, là, la FQM... puis je l'ai dit aussi à l'UMQ, là,
mais vous représentez plus des régions, des plus petites municipalités, alors
que l'UMQ représente souvent des plus grandes municipalités. Selon moi, il y a
une différence au niveau du fonctionnement du conseil municipal,
particulièrement en lien avec la déclaration des conflits d'intérêts. En tout
cas, je pourrais vous donner plusieurs exemples. Puis la deuxième chose pour
quoi je veux vous entendre aussi au niveau des formations, c'est la formation
pour le nouvel élu, mais la formation pour l'élu qui est en place puis qui est
là depuis deux, trois, quatre, cinq mandats puis qui est drôlement confortable
avec ces notions.
M. Demers
(Jacques) : Bonne question. De ce côté-là, bien, évidemment, on
le sent puis, dans nos propos tantôt, on en parlait, même au niveau des amendes
ou des coûts, un 4 000 $ pour quelqu'un qui fait 150 000 $
ou quelqu'un qui fait 10 000 $, on ne parle pas de la même chose.
Pourtant, si on regarde ce qui est présenté, il y aurait des chances que c'est
le même propos qui s'est tenu dans la même circonstance. Pourtant, un impact
bien différent. Tout en disant ça, du respect, ça n'a pas de prix. Je pense
que, si on veut continuer à garder le respect, de mettre des choses en place,
je suis totalement d'accord avec ça. Mais, oui, il faudrait l'adapter puis,
selon la municipalité, selon... on n'est pas toujours à la même place.
Si vous verriez
comment, dans des petites municipalités, souvent, le conseiller municipal ou le
maire se retrouve souvent sur le terrain. Dans le verglas ou tout ça, je suis
avec la chain-saw à couper des branches puis à faire des choses quand on a à ouvrir des chemins. D'autres
diraient : Wo! Ce n'est vraiment pas tes tâches. Est-ce que c'est
conforme? Est-ce qu'on se retrouve à la Commission municipale parce qu'on est
en train de faire dans l'urgence des travaux qui, non, ne seraient peut-être
pas dédiés directement à l'élu? En même temps, je me dis... puis je n'ai aucune
crainte d'arriver devant mes citoyens en disant : Regardez ce que j'ai
fait. Ce n'est peut-être pas ce qui était écrit, mais des fois le terrain nous
amène ailleurs, selon la municipalité. Puis, quand tu as moins de deux
personnes au niveau de la voirie, bien, tu dois parfois t'impliquer aussi.
Nouveaux élus, quand vous parlez au niveau des
formations, bien, il faudrait peut-être regarder ce côté-là. De former les gens
à chaque fois, je ne suis pas sûr. Mais, quand il y a des modifications aussi
importantes qu'on est en train d'apporter présentement,
oui, je pense qu'à ce moment-là ça appelle une formation qui est peut-être
nécessaire, mais il faudrait être sûr qu'on ne se répète pas puis qu'on
n'oblige pas des formations à des gens qui les ont déjà suivies sans qu'il y
ait eu de modifications importantes dans ce qu'ils auront à apprendre, là.
C'est dans ce sens-là, de dire «à chaque fois», je ne suis pas sûr, à moins
qu'il y ait des modifications importantes.
Mme Nichols : Bien, il reste
que, tu sais, les projets de loi, les règles évoluent. Puis, des fois, en tant qu'ancien élu, on n'est pas nécessairement au
courant des nouvelles règles en éthique et déontologie. Donc, ça peut
toujours être nécessaire de les rafraîchir. Même, ça pourrait être deux formations,
une pour les nouveaux élus puis une pour les mises à jour, disons. Je ne sais
pas comment l'appeler, là, mais ça pourrait être quelque chose qui est regardé.
M. Lepage (Sylvain) : Au
Barreau, on appelle ça développements récents. Développements récents en droit,
mettons, municipal, en droit du travail. On a ça régulièrement, là.
Mme Nichols : Oui. Bien, ça
pourrait être à propos pour ici aussi.
Relativement... Vous avez mentionné tantôt la
difficulté... Vous avez dit, tu sais : La difficulté, c'est souvent de
garder les élus en place. Puis là on est à l'approche d'une élection
municipale, le 7 novembre prochain. Vous le savez, on a légiféré puis on
s'est parlé pour le projet de loi n° 85. Est-ce que,
un, vous voyez une difficulté à recruter des élus? Puis ça, c'est plus le pouls
terrain puis votre opinion à cet effet-là. Moi, j'ai parlé à beaucoup d'élus
qui sont déjà en place puis qui me disent : Moi, je remets les clés de la
ville à tous. Les gens sont de plus en plus exigeants,
les gens sont irrespectueux. Est-ce
que, selon vous, la difficulté
de garder les élus en place, dont vous avez fait mention tantôt, est particulièrement reliée à l'ambiance? Bien, l'ambiance par rapport aux citoyens ou l'ambiance entre élus?
M. Demers (Jacques) :
Bien, je pense que c'est l'ambiance générale. Puis je ne sais pas s'il y a un
bout qu'il faudrait mettre au niveau de la COVID, là-dessus, mais présentement...
puis c'est vraiment juste un feeling personnel, mais je ne me souviens pas... ça
fait quand même plus de 20 ans que je suis dans le monde municipal, et je
ne me souviens pas d'avoir vécu une élection où est-ce que j'entends autant de
gens dire qu'ils quittent déjà. Puis parfois
on disait : Bon, bien, dans les petites municipalités, le salaire
n'est pas vraiment là, il
y a peut-être des raisons,
mais je lisais une conseillère de la ville de Montréal, qui n'a pas fait le
dernier mandat, mais c'était celui d'avant, qui écrivait très bien dans les
réseaux sociaux à quel point elle avait fait son analyse et voir... puis c'est
une des personnes qui avaient fait évoluer beaucoup les bébés au conseil de
ville, dans les commissions puis ces choses-là, mais que, là, elle n'est pas
prête à revenir puis à redire... Non, l'ambiance qui est là, ce n'est pas tant
pour elle, mais pour ses enfants, pour sa famille, des fois pour nos parents.
Tu sais, l'élu, là, on prend une décision, mais, avec ce qui est en train de se
passer, si on ne réussit pas à ramener ça, puis expliquer à quel point
valoriser l'élu, puis dire : Là, là, il ne faut pas que l'élu devienne
seulement qu'un «punching bag»... On fait un choix de s'impliquer pour notre
communauté. Bien, il faudrait aussi essayer de bien le faire comprendre. Puis
on a une occasion extraordinaire, on a une
élection, partout au Québec, dans le monde municipal cette année. C'est le
temps de l'avancer plus que jamais.
Mme Nichols : Oui. Je vous
partage cette inquiétude-là, là, relativement à la... relativement. Hein, quand
on devient un élu, on dirait qu'on a le rideau de la vie privée ou la vie...
Hein, on est des personnalités publiques puis on fait face à plusieurs
préjugés, là, d'emblée, là, hein? Des élus, on a déjà des préjugés collés à
nous, tant provincial que municipal. Puis vous avez raison, aussi, quand vous
dites que le provincial, on doit définitivement être l'exemple du municipal. Je
vous suis là-dessus à 120 %.
Il y a deux conseillères municipales qui ont
déposé un code de civilité, je ne sais pas si vous avez eu l'opportunité d'en
prendre connaissance, députées de... deux femmes, d'ailleurs, deux femmes
députées de... une de Saint-Jérôme, une du comté de Bedford. Peut-être
que vous êtes au courant de ce code de civilité. Puis j'aimerais savoir
qu'est-ce que vous en pensez si on venait mettre un code sur comment
s'interpeler entre élus.
M. Demers
(Jacques) : Bien,
j'espère... Tu sais, on parle de civisme. Ça fait qu'un code tout le monde
pourrait en écrire un, mais je pense que c'est au-delà de ça, parce qu'une fois
qu'on met un code ce qui me fait toujours peur, c'est que quelqu'un va
dire : Ah! j'ai respecté le code. Parce que, les gens, à chaque fois qu'on
met une règle, on dirait que les gens veulent s'accoter sur la règle. Il faut
aller au-delà de ça. Je pense que tout le civisme, là, qu'on a de besoin
présentement, c'est d'expliquer aux gens qu'est-ce qui est notre rôle. Puis
c'est peut-être l'occasion d'amener des gens qui s'impliquent avec des
bonnes... j'ose dire des bonnes valeurs, ou avec des...
Tu sais, le rôle municipal, c'est tellement
plaisant, c'est un rôle directement terrain. Puis là on est en train de le
mettre avec des cadres tellement compliqués, à choisir des mots, des gens qui
vont dire : Je ne le sais plus. Puis on est rendus qu'on est enregistrés
dans la plupart de nos conseils municipaux. Bien, ce n'est pas tout le monde
qui est à l'aise d'être devant une caméra puis de dire tous les mots, puis, si
je m'enfarge dans une virgule, je serai jugé sur ces éléments-là, où souvent
c'est pris hors contexte, on ne passe qu'une petite séquence. C'est ça qu'il ne
faut pas rendre si compliqué. Dans le fond, là, tout ce qu'on fait, là, c'est
de s'occuper de nos citoyens pour des besoins qui sont au quotidien, sur le
terrain. On devrait être capables de ramener ça à la hauteur que c'est et ne
pas toujours ramener ça sur des lois, des cadres trop complexes.
Mme Nichols :
Oui, vous avez raison, la base, ça devrait être ça, là, mais on le sait, que
c'est beaucoup plus large que ça, puis c'est difficile à ramener, puis c'est peut-être
en signant un code de civilité ou en signant un engagement.
Souvent, quand on signe en bas, bien, ça fait qu'on en prend connaissance. Bien
sûr, ça pourrait être aussi intégré dans la formation, mais moi, je pense qu'au
niveau de la civilité, là... je pense que ça doit... Entre collègues, là, tu sais, ce n'est pas toujours
évident non plus, ici, à l'Assemblée nationale, bien que la période de
questions est souvent une pièce de théâtre, mais... Je fais une farce, mais,
si... Puis on se parle. Tout le monde, on échange, on a nos cellulaires, on
s'échange des textos, puis il y a quand même une certaine collégialité, là, qui
s'applique entre nous, là. Mais, moi, là, le
code de civilité, c'est demandé par des élus en plus. Là, ça vient... Puis,
comme on dit, il y a des municipalités qui sont... peut-être que c'est plus
difficile que d'autres endroits, là, il y a des partis politiques, il y a
des...
La Présidente (Mme Boutin) : Merci. Malheureusement, c'est tout le temps qu'on
avait pour le bloc d'échange. Peut-être que, bon, on va voir dans le prochain. Je vais
céder la parole à Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue pour
2 min 50 s.
• (11 h 30) •
Mme Lessard-Therrien :
Merci, Mme la Présidente. J'aimerais vous entendre, là, sur un élément qu'on
n'a pas abordé beaucoup encore, là, la question des comités pléniers, comités
de travail, là, les huis clos. C'était... C'est une des... Il y a différents
groupes, en fait, qui avancent, là, l'idée d'encadrer davantage ces moments de
discussion là pour vraiment s'assurer de la transparence des processus qui
mènent aux décisions puis de faire exister, en fait, le débat politique, là,
pour que les gens puissent vraiment comprendre pourquoi on en est arrivés à
cette décision-là.
Puis
on le sait, bon, souvent — moi,
j'ai été conseillère municipale aussi — qu'il
y a beaucoup de discussions, de décisions qui sont prises dans les huis
clos, puis ensuite elles sont nommées au moment du conseil municipal. Donc,
comment s'assurer que les citoyens ont tous les outils pour vraiment comprendre
tous les processus qui mènent aux décisions? Ça fait que, bref, savoir
qu'est-ce que vous pensez de l'encadrement de ces comités pléniers là.
M.
Demers (Jacques) : ...ce qu'on nous parle comme encadrement,
parce qu'on a entendu un peu toutes sortes de choses, des personnes qui
auraient même souhaité que ça soit en direct, que ça soit enregistré ou
directement qu'on puisse... Il faut faire attention, je pense que c'est...
Parce que nous, de façon générale, on parle, on appelle, de tables de travail. Lors d'une table de travail, ça nous
permet d'avoir plein d'éléments puis de se faire une idée.
Le risque de mettre
ça trop ouvert, c'est que les gens arrivent avec leurs arguments,
particulièrement des endroits où est-ce que c'est des oppositions officielles
alentour de la table... Bien, une fois qu'ils s'assoient, puis surtout si on le
met public, je suis convaincu que ces gens-là vont rapidement cristalliser
leurs opinions et plutôt chercher juste à défendre leurs opinions, plutôt
qu'une table de travail nous permet de faire du gauche-droite un peu pour
trouver la meilleure solution.
Puis, lors de la
table de travail, il y a beaucoup de sujets qui sont confidentiels. On ne doit
pas nommer plein de choses qui se passent à l'intérieur de ces tables-là. Ça
fait qu'il faut... il y a une limite à dire que ça soit ouvert, mais c'est un
endroit de travail essentiel. Puis déjà nos réunions de conseil, parfois, sont
très longues. S'il faudrait rajouter le quatre ou cinq heures de table de
travail, bien là, c'est... on passe à un autre niveau.
La place où est-ce
que le citoyen a une belle chance, c'est qu'à tous les mois, nous, minimalement
une fois par mois, certaines municipalités plus... ont la chance d'avoir des
périodes de questions. Si quelqu'un a une question parce qu'un dossier n'est
pas clair, normalement, moi, je considère que c'est le rôle, entre autres, du
maire, quand qu'on prend une décision, expliquer pourquoi qu'on la prend puis
de quelle façon qu'on l'a prise. Ça, il faut expliquer aux citoyens, parce
qu'il n'y a pas de décisions qui sont noires ou blanches, il y a beaucoup de
zones grises. Il faut expliquer notre cheminement, pourquoi qu'on arrive à ça,
puis, quand qu'il y a des gens qui sont contre, leur donner une chance
d'expliquer pourquoi qu'ils sont contre. Ça, ça permet de répondre aux
citoyens, puis, si ce n'est, encore là, pas assez clair pour lui, bien, il y a
une période de questions où est-ce qu'il peut les poser et qu'il devrait avoir
toutes ses réponses.
La Présidente (Mme
Boutin) : Merci, M. Demers. Malheureusement, c'est tout le temps
qu'on avait pour ce bloc-là. Je vais céder la parole au député de
Matane-Matapédia pour 2 min 50 s également. M. le député, ouvrez
votre micro, s'il vous plaît.
M. Bérubé :
Comment vous percevez l'article 105 en lien avec la Commission municipale?
Est-ce que le projet de loi devrait préciser les circonstances qui devraient
pousser le ministre à faire intervenir la CMQ?
M.
Demers (Jacques) : Sylvain, je te laisserais répondre, s'il te
plaît.
M. Lepage
(Sylvain) : Pardon. Pouvez-vous juste... J'ai mal compris la question,
M. Bérubé, je m'excuse.
M.
Bérubé :
...105, avec la Commission municipale, est-ce que le projet de loi devrait
préciser les circonstances qui devraient pousser le ministre ou la ministre à
faire intervenir la CMQ?
M. Lepage
(Sylvain) : Oui, bien, tout à fait. Ça rejoint expressément ce que
nous avons dit avant. Pour nous, il est extrêmement important que
l'intervention de la commission, si elle est précieuse et, sans aucun doute, nécessaire
en certaines circonstances, ne devienne pas, justement, là, un outil de
contestation à répétition, où, encore là j'ai plaidé pendant de nombreuses
années devant les tribunaux, en fonction du juge sur lequel tu tombes, tu peux
avoir une petite idée de vers où ça va aller. Alors, on parle de... Je pense
que la démocratie, malheureusement ou heureusement, ça s'exprime justement par
des débats vigoureux.
Et c'est un peu comme...
J'écoutais Mme Nichols tantôt. Moi, j'ai été avocat pendant des années,
j'ai plaidé contre des confrères, souvent les mêmes, pendant des années. Et souvent
mes clients étaient surpris quand, en sortant, on se donnait la main puis on
partait à rire ou on allait prendre une bière ensemble. Lui t'a payé pendant
une journée pour te chicaner, tu t'es chicané toute la journée, tu sors de la
salle. Alors, c'est important que les gens... Puis ça, il y a peut-être de
l'éducation citoyenne à faire encore là. C'est la même chose à l'Assemblée
nationale, vous pouvez interpeler le premier ministre, vous pouvez poser des
questions, puis, quand vous sortez de la salle, ça n'a pas fait que le débat a
dérapé ou est devenu impoli, désagréable, ou vexatoire, ou discriminatoire.
Alors, on pense, oui, M. Bérubé, que ça
devrait... toutes ces questions-là devraient être bien encadrées pour que ça
soit plutôt l'exception, l'intervention, que la règle.
M. Bérubé : D'accord. J'ai un petit
peu de temps encore. Est-ce que... Évidemment, vous nous demandez, à
l'Assemblée nationale, de faire preuve d'exemplarité, parce que non seulement
on est des législateurs, mais on peut être des modèles à certains égards, donc
j'imagine que vous avez un message aussi qui s'adresse aux élus de l'Assemblée
nationale.
M. Demers (Jacques) :
Oui, absolument, parce que je ne sais pas si les gens se sont rendu compte,
mais on vous voit beaucoup plus souvent à la télé que le conseil de
Sainte-Catherine-de-Hatley, là. Ça fait que, pour moi, c'est important que ceux
qu'on voit le plus, ils nous donnent l'exemple, qui sont nos élus provinciaux.
Bien, quand qu'on parle d'éthique, si on se fait imposer par l'Assemblée
nationale des choses, au monde municipal, j'espère qu'on va voir au moins la
même chose, qui est un exemple tellement important. Il n'y a pas de décision...
Au niveau de la ligue nationale, au niveau
du hockey, quand qu'on fait un changement, on le fait dans nos ligues mineures
aussi ou à d'autres niveaux. Alors,
si un sport se joue d'une façon,
bien, la politique devrait aussi se jouer d'une même façon partout.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci
infiniment. Malheureusement, c'est tout le temps qu'il vous restait. Je vous ai
même laissé un quelques secondes de plus, étant donné que votre micro était
fermé au début. Alors, je vais maintenant laisser la parole, pour deux minutes,
au député de Chomedey.
M.
Ouellette : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. Deux petites questions. Je reviens sur la
formation. Vous avez l'opportunité de desservir, en formation, on va faire un
beau chiffre rond, là, 1 000 municipalités. Je suis préoccupé par l'uniformisation de la formation que
vous dispensez. Je regardais Mme Roy nous parler que son programme était balisé, si on veut, ou... pas autorisé mais
certifié par l'Université du Québec à Trois-Rivières. Comment ça
fonctionne chez vous? Est-ce qu'il y a beaucoup d'équipes de formateurs
différents au niveau de la province?
M. Lepage (Sylvain) : La réponse à
la question, c'est oui. On a une directrice qui est spécifiquement en charge de
la formation. Le contenu des formations est, oui, uniformisé et revérifié pour
s'assurer qu'il correspond aux dernières... à l'évolution de la jurisprudence,
hein? Parce que vous savez qu'il y a des règles, mais il y a aussi
l'application des règles, qui interprète ces règles-là. Donc, à chaque année,
il y a une révision, justement, pour s'assurer que les contenus soient
conformes.
Et les
contenus sont dispensés par des gens... On couvre l'ensemble du territoire du
Québec. Alors, si quelqu'un ne participe pas à une formation en
webconférence, là, ou... parce qu'on a même un logiciel encore plus spécialisé
que ça, qui permet des interrelations, bien,
on s'assure qu'il y a, dans... Bien, par exemple, en Abitibi-Témiscamingue, il
y a une équipe d'avocats de la région qui dispense la formation, qui ne sera
normalement pas la même équipe que celle de la Gaspésie.
Mais, malgré tout, il y a une vérification du
contenu du cursus, un peu comme à l'école primaire, à l'école secondaire, puis
au collège, là, puis même à l'université, où on s'assure que ce qui est
dispensé, c'est l'ABC ou les règles de base qui sont nécessaires à un élu pour
faire face à la réalité dans laquelle, au lendemain de son élection, là, il va
avoir à travailler, là.
M. Demers (Jacques) :
Et je pense que...
La Présidente (Mme Boutin) : Merci
infiniment. Je suis désolée, M. le député, de devoir vous interrompre encore
une fois de cette manière. J'aimerais remercier M. Lepage et
M. Demers, de la Fédération québécoise des municipalités, là, pour votre
contribution. Désolée encore une fois du retard qui a été causé par le contretemps
technique. Je remercie tous les membres, d'ailleurs, pour votre patience et
votre collaboration.
La commission ayant accompli ce mandat, nous
allons ajourner nos travaux au mercredi 21 avril, après les affaires
courantes, où elle poursuivra son mandat. Alors, merci infiniment, et je vous
souhaite une très belle journée.
(Fin de la séance à 11 h 39)