(Neuf heures quarante-huit minutes)
Le Président (M. Auger) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'aménagement du territoire ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de poursuivre les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 122, Loi visant principalement à
reconnaître que les municipalités sont des gouvernements de proximité et à
augmenter à ce titre leur autonomie et leurs pouvoirs.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Rousselle (Vimont) est remplacé par Mme Vallières (Richmond);
M. Gaudreault (Jonquière) est remplacé par Mme Poirier
(Hochelaga-Maisonneuve); et Mme Richard (Duplessis) est remplacée par Mme Maltais
(Taschereau).
Auditions (suite)
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup. Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de
l'Institut de politiques alternatives de Montréal. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre présentation, et par la suite nous allons passer à une période d'échange avec
les trois groupes parlementaires. Dans un premier temps, bien vouloir vous
identifier, les trois personnes, et par la suite vous pourrez commencer votre
présentation.
Institut de politiques alternatives de Montréal (IPAM)
M. Bumbaru
(Dinu) : Très bien. Merci,
M. le Président. Membres de la commission,
M. le ministre, on tient à vous remercier de l'accueil et de l'occasion qui nous est faite de nous
exprimer sur le projet de loi
n° 122. Mon nom est Dinu
Bumbaru, j'agis à titre de vice-président de l'institut. Mme Marie-Odile
Trépanier, membre de son conseil d'administration, et Spiro Metaxas
m'accompagnent. C'est Mme Trépanier qui fera la présentation,
principalement, du mémoire qui vous a été transmis.
Rapidement, l'institut est un groupe de
réflexion qui a été formé en 2009 avec pour intention de favoriser les échanges
entre les différentes composantes de la société civile sur la base d'un progrès
au niveau du développement de la ville mais également
de la démocratie. On est ici sous le portrait de Louis-Hippolyte La Fontaine, à qui on salue, notamment par les commémorations,
sa contribution au gouvernement responsable. C'était en 1849. On peut dire
qu'en 2017 la notion de gouvernement de proximité ou autre a beaucoup évolué. Les technologies, l'engagement des
citoyens est très différent. C'est un peu
dans le sens qu'on vous fait cette présentation
mais également dans le sens d'activités qu'on a
entreprises par le passé, notamment l'agora citoyenne, en 2010, qui a
considérablement aidé à la mise en oeuvre du Plan métropolitain d'aménagement
et de développement. On parle du contexte montréalais mais c'est également des instruments qui sont développés dans le cadre des
lois du Québec, et on souhaite contribuer à l'amélioration de ce
projet de loi. Mme Trépanier.
• (9 h 50) •
Mme Trépanier
(Marie-Odile) : Merci.
Bonjour, M. le ministre, MM., Mmes les députés. Le projet de loi n° 122 est une étape
importante pour les municipalités. Les municipalités passeraient de simples
administrations, de simples créatures des gouvernements provinciaux à gouvernements de proximité. Il faut voir ça comme une
reconnaissance mais aussi un honneur
et une responsabilité. Et cette responsabilité, au sens,
justement, de M. Hippolyte La Fontaine, c'est être responsables devant les citoyens. Les élus sont
des représentants des citoyens. Donc, ce que nous demandons, c'est un
rapprochement entre les élus et les citoyens.
La première
chose, c'est que, quand on parle de gouvernement responsable, on parle donc de missions. Et
quelles sont les missions des municipalités? Gérer leur territoire. En 2017, gérer les territoires,
ça veut dire dans une perspective de développement durable. Et ça, on ne le voit pas dans le projet de loi. Alors, c'est bien d'augmenter les pouvoirs des municipalités en
matière de développement économique, mais on voudrait aussi que ça soit dans
une perspective de développement durable. Et, quand on parle de développement durable, c'est dans toutes ses dimensions. Il faut revoir
ce qu'on en dit dans la Loi sur le développement durable. Il y a 16 grands principes dans la Loi sur le développement durable, et on pense que ça
devrait être pris en compte.
On
suggère aussi de revenir aux objectifs et aux énoncés du début du projet de loi n° 47 de 2011, le projet de loi sur l'aménagement durable du territoire et
l'urbanisme. Il y avait là des grands principes majeurs sur la responsabilité conjointe et du gouvernement et des municipalités en matière de gestion du territoire. On parlait de territoire, patrimoine commun pour tous les Québécois. Donc, je vous invite à reprendre ces
grands principes et à les introduire au début de votre projet de loi si
on veut vraiment que ce soit une étape significative.
Donc,
l'autre élément, gouvernement de proximité, renforcement de la démocratie
participative, c'est une nécessité. Aujourd'hui, on élit les élus aux
quatre ans, mais entre-temps il y a plein de décisions qui sont prises, il y a
plein de décisions qui concernent les citoyens dans leur quotidienneté. Et ce
qu'on appelle la démocratie participative, c'est le pouvoir pour les citoyens
de s'exprimer sur les projets en cours.
Donc,
on est très favorables à l'idée que les municipalités ne seront plus
étroitement encadrées comme jadis par des
lois précises et détaillées. On est favorables à l'idée qu'elles aient une
capacité d'initiative et d'innovation dans leur manière de gérer le territoire, mais cet allègement des contrôles
bureaucratiques devrait pouvoir s'appuyer sur un plus grand
rapprochement des élus et des citoyens. Et à ce moment-là on se pose la
question : Quelle est la vision de la démocratie locale sur laquelle
repose le projet de loi? Et on suggère de revenir aux grands principes. Si on
parle de gouvernement, on a besoin d'une démocratie locale qui soit forte, qui
soit mature, qui soit équilibrée, transparente et imputable. Or, on ne voit que très peu d'éléments dans le projet de loi
concernant ces grandes préoccupations. On aimerait qu'il y ait un
véritable bilan et une mise à jour de la démocratie locale au Québec.
Il
y a, parmi les six grands axes du projet de loi, un axe qui porte sur la
transparence et l'information du citoyen. C'est excellent, c'est très bien mais ce n'est pas suffisant. Est-ce que
ça permet vraiment de renforcer la participation des citoyens? On en doute. Et surtout on se pose des
questions quand on voit qu'il y a des propositions du projet de loi
n° 122 qui risquent de réduire significativement la vie démocratique
locale.
Et
j'en arrive à la question de l'abolition du référendum à Montréal et à Québec.
Évidemment, nous, on représente Montréal
et on va parler sur Montréal, mais il y a peut-être des éléments qui pourraient
intéresser Québec. Donc, le projet de loi
propose l'abolition complète de l'approbation référendaire en urbanisme sur
tout le territoire des villes de Montréal et de Québec. Quelles seraient les modalités alternatives de consultation
publique? On n'a rien vu dans le projet de loi qui donnait des
alternatives.
À Montréal, on a
l'Office de consultation publique de Montréal. Alors, est-ce que l'office va
dorénavant, en remplacement, se voir confier
automatiquement le mandat de consulter les citoyens sur toutes les situations
où actuellement les citoyens
bénéficient d'une possibilité de s'opposer par voie référendaire? On ne le sait
pas, la loi ne le précise pas. Est-ce
que l'office va organiser la consultation publique quand il va y avoir des
modifications de règlements d'urbanisme, quand il va y avoir l'adoption de projets particuliers, ce qu'on appelle
les PPCMOI, pour ceux qui connaissent le jargon, projets particuliers de construction, de modification ou d'occupation
d'immeubles? Ça, c'est des projets dérogatoires, je vous rappelle, c'est des projets qui sont dans la
loi d'urbanisme. Le projet de loi ne le précise pas. Donc, on voit là un
sérieux déficit pour les citoyens. Bon,
alors, je passe sur les détails, il y a toutes sortes d'incongruités. On
pourrait même penser que l'office
pourrait être affecté par... Si on enlève le référendum, ça risque de
débalancer complètement le jeu des négociations, alors ça nous inquiète
beaucoup.
Si
on parle de zones de requalification, c'est intéressant, mais ça ne semble pas
concerner Montréal ou Québec. On
parle de zones de requalification, mais, en échange, politiques d'information
et de consultation. Est-ce que ça concerne Montréal et Québec? Ce n'est
pas précisé. À Montréal, bien sûr, on a déjà une politique, mais elle ne
s'applique pas aux arrondissements. Et par ailleurs ce sont les arrondissements
qui adoptent les règlements d'urbanisme, ce sont les arrondissements qui adoptent les projets particuliers. Alors, là, il y a
une incongruité totale. Donc, nous, on voudrait que les arrondissements
soient tenus de respecter les mêmes principes.
On voit aussi qu'il y
aura des quartiers voisins, par exemple, ville Mont-Royal, il y aura une
consultation par référendum et pas dans les quartiers voisins...
Le Président
(M. Auger) : Juste un instant, Mme Trépanier...
Mme Trépanier
(Marie-Odile) : Donc, je conclus...
Le
Président (M. Auger) : Mme Trépanier, juste un instant!
Juste un instant! Est-ce qu'on peut continuer sur votre temps, M. le
ministre? Vous pouvez poursuive.
• (10 heures) •
Mme Trépanier
(Marie-Odile) : Merci. Alors, je conclus sur la procédure
référendaire. On élimine le référendum dans
certains cas, dans d'autres cas on le garde mais on crée des zones particulières. Mais, quand on le garde, il n'y a aucune amélioration qui est apportée au
projet de loi. Alors, nous, on pense que c'est ça, la réponse, il faut
améliorer le référendum. Il y a beaucoup de choses et — en
période de questions, je pourrai vous faire des suggestions — il
faut améliorer la procédure référendaire.
Alors, dans l'état du
projet de loi, nous sommes d'avis que l'abolition du référendum n'est pas
opportune, considérant l'ampleur des bouleversements qu'elle engendrerait à
Montréal et à Québec. Nous croyons qu'il est fondamental pour les citoyens
d'avoir leur mot à dire sur l'avenir de leur milieu de vie. Le mécanisme
d'approbation référendaire constitue une reconnaissance de ce droit et il
incite toutes les parties à préparer de meilleurs projets qui prennent en compte les soucis des citoyens.
Nous croyons donc que ça doit être bonifié et amélioré et non pas
éliminé.
En
conclusion, nous proposons de retirer cette disposition du projet de loi en ce qui concerne Montréal parce
qu'on la juge prématurée. On juge qu'il
devrait y avoir une analyse plus approfondie de l'état et des modalités de la
consultation publique, de la pertinence de ces mesures et de mécanismes
alternatifs. On souhaiterait que vous invitiez ou que la ville décide, avec les citoyens, de repenser sa politique
de consultations publiques dans le
cadre d'un débat public ouvert et collaboratif avec les citoyens et la
société civile. En définitive, il faudrait d'abord négocier un nouveau contrat
social en matière de démocratie participative au sein de la métropole avant de
jeter le bébé avec l'eau du bain. Merci.
Le
Président (M. Auger) : Merci, Mme Trépanier. Donc, M. le
ministre, vous avez à peu près 13 minutes à votre disposition.
M. Coiteux :
Merci, M. le Président. Merci beaucoup, Mme Trépanier. Merci aussi,
M. Bumbaru, M. Metaxas, pour le mémoire puis pour la
présentation aujourd'hui.
Je commencerais
peut-être par la question suivante. Beaucoup de villes, dont Montréal, par
ailleurs, qui s'est présentée en cette
commission la semaine dernière, nous ont dit que les référendums en matière
d'urbanisme, c'était souvent un
instrument qui faisait en sorte que des intérêts très, très, très particuliers,
directement concernés par un projet dans leur intérêt très individuel et
particulier, se mobilisaient pour aller finalement très souvent, nous
disait-on, à l'encontre d'un projet qui serait dans l'intérêt du plus grand
nombre, qui serait dans l'intérêt collectif.
Qu'est-ce
que vous pensez de ça? Comment vous voyez ça, vous? Après ça, on pourra
approfondir sur la question des mécanismes
de consultation, mais strictement cette idée-là que cette façon-là d'amener les
citoyens à participer dans les décisions
en matière d'urbanisme a tendance, nous dit-on, à faire triompher l'intérêt
particulier contre l'intérêt collectif?
Mme Trépanier
(Marie-Odile) : Oui. Nous
avons plusieurs suggestions à faire à cet égard. Ce n'est pas
toujours des situations de blocage, mais
enfin il en existe, et nous croyons qu'il faudrait davantage
instaurer des mécanismes de concertation
en amont et de médiation. Alors, en droit, par exemple, en droit
familial, il y a des procédures de médiation qui existent. On pourrait introduire ça dans la loi
d'urbanisme. Un autre problème, c'est la grosseur des zones de consultation.
Souvent, les zones de consultation sont beaucoup trop petites. Il faudrait
élargir... Enfin, une solution possible, ce serait
d'élargir les zones de consultation pour avoir une plus grande diversité d'opinions
et avoir un débat plus éclairé.
C'est les deux
principales recommandations concernant le blocage. Et les mécanismes de
médiation sont intéressants aussi parce
que très souvent les municipalités ou les promoteurs n'ont pas la patience de retravailler les
projets et ils disent : Ah! il y a
un blocage, on ne peut plus rien faire. Mais, dans toute négociation, il faut continuer à négocier, il faut continuer à travailler, il
faut continuer à se parler, et c'est ça que nous proposons.
M. Coiteux : Est-ce
que je me trompe si je disais que, dans le fond, des mécanismes de consultation plus robustes, plus approfondis, c'est une meilleure solution que le système actuel de
référendum en matière d'urbanisme ou
bien vous les voyez comme des compléments?
Mme Trépanier
(Marie-Odile) : C'est un petit peu plus complexe que ça parce qu'au
fond le référendum oblige les
promoteurs, oblige les élus à faire des efforts et à trouver des façons. Il y a
beaucoup de projets qui sont mis de l'avant par des promoteurs qui font
eux-mêmes une concertation en amont parce qu'ils veulent comprendre les objections
possibles des citoyens. Mais, si on enlève le référendum, est-ce que vous
pensez que les promoteurs vont faire autant d'efforts? Nous, on pense que non.
Alors,
tu sais, c'est un outil, c'est un levier que possèdent les citoyens pour s'assurer qu'ils vont être pris en
compte. Maintenant, on peut alléger la procédure, on peut la
simplifier. Avec des mécanismes plus formels de concertation, on peut
régler plein de problèmes avant d'aller au vote.
M. Coiteux :
Étant donné que ça n'existe pas ailleurs, ce système-là de référendum... On est
les seuls, pas seulement en Amérique
du Nord, me dit-on, mais pratiquement
les seuls sur la planète à avoir choisi ce mécanisme-là. Puis j'imagine que vous regardez un petit peu ce qui se passe ailleurs, notamment en Europe ou ailleurs au Canada,
ailleurs en Amérique du Nord, mais ailleurs en Europe. Il n'y a pas un meilleur système
que celui-là vers lequel on pourrait tendre?
Mme Trépanier
(Marie-Odile) : Il y a des référendums pour toutes sortes de sujets.
Il y a des référendums à d'autres niveaux.
En Suisse, il y a des référendums partout. Aux États-Unis, il y a les droits
d'initiative qui permettent aux citoyens,
quand ils votent pour un président, de voter aussi pour une disposition pour limiter les constructions dans certains quartiers ou... bon, il y a plein de formules, mais nous, on a ce
référendum. Le droit de référendum, il existe depuis longtemps.
Il est dans nos lois depuis très longtemps. Alors, ce n'est pas une invention récente, là,
ce n'est pas une lubie. C'est quelque chose qui a été reconnu dès le
début presque de nos institutions municipales.
M. Coiteux : Parlez-moi un petit peu du fonctionnement, du rôle de l'Office de consultation publique de Montréal, tout ça. Qu'est-ce
qui vous apparaît bien fonctionner dans le travail de l'office? Qu'est-ce qui
vous paraîtrait être des voies d'amélioration?
Mme Trépanier
(Marie-Odile) : Oui,
l'office fonctionne très bien. Il est très apprécié, il est très reconnu.
On met de l'avant toutes sortes d'éléments
comme le fait que ce soit un tir neutre, que les commissaires sont neutres, ne
sont pas ni d'un côté ni de l'autre.
On met de l'avant aussi l'idée qu'on a une période d'informations. Ensuite, on a du temps qui est laissé aux citoyens, ensuite on a une période de présentation des mémoires,
et ensuite on a l'analyse qui est faite par l'office, et après le
conseil municipal adopte ou modifie le projet selon la situation.
Ce qui manque dans
l'exercice, c'est ce que j'appelle, de façon simplifiée, un rapport de suivi.
On n'a pas de réponse du conseil municipal
ou du comité exécutif suite au rapport de l'office. Alors, entre le rapport de
l'office, qui fait toute une série de recommandations, puis l'adoption
d'un projet, on ne sait pas ce que la ville retient, on ne sait pas pourquoi
elle le retient ou non et on ne sait pas pourquoi elle adopte ou non le projet.
Alors,
on demanderait qu'il y ait un rapport de suivi aussi qui accompagne, et ça a
été demandé souvent dans les rapports
annuels de l'office. D'ailleurs, c'est aussi une des propositions qu'on fait,
c'est qu'il y ait des rapports annuels qui soient demandés aux
municipalités dans le cas des zones de requalification, par exemple.
M. Coiteux :
J'ai encore...
Le Président
(M. Auger) : Cinq minutes.
M. Coiteux : Cinq minutes. Vous avez parlé de l'importance de
renforcer la démocratie participative à l'échelle locale. Bon, je sais que j'extrapole un petit peu quand j'essaie de vous faire dire une chose que vous ne dites pas,
mais, quand je dis... Si on avait un
modèle qui fonctionnait bien, de démocratie participative, si on avait un
modèle robuste de consultation, mon impression, c'est que la disposition
des référendums, ça ne serait pas quelque chose auquel vous tiendriez autant.
C'est l'interprétation que j'en faisais, mais je peux me tromper, là. Je ne
veux pas vous mettre des mots dans la bouche.
Mais
je reviens à la question de la démocratie participative. Est-ce que c'est au gouvernement du Québec d'imposer un modèle à chacune des villes du Québec
dans cette matière ou c'est à la démocratie locale de définir son propre
modèle?
M. Bumbaru (Dinu) : Je vais commencer. Mme Trépanier prendra la suite, pas nécessairement pour corriger ce que j'ai dit, mais...
Le Président
(M. Auger) : Compléter ce que vous dites.
• (10 h 10) •
M. Bumbaru (Dinu) : M. le ministre, je pense que
c'est important, on parle ici des figures historiques qui
ont bâti la responsabilité du Québec en matière de droits. C'est quand même important,
ça. Et nous, ce qui nous intéresse, notamment dans les démarches au niveau local, c'est comment
est-ce qu'on peut éviter... et ça, ça interpelle votre question sur les référendums
par rapport aux autres outils de consultation, c'est comment est-ce qu'on peut
éviter d'en arriver constamment à des conflits.
Vous savez, on a
besoin d'une pédagogie collective sur beaucoup d'enjeux, et, si on pose la
question de ces mécanismes, c'est aussi
parce qu'on se dit : Il y a quelque chose à apprendre collectivement en
travaillant ensemble. Alors, comment
est-ce qu'on peut introduire? Ça a l'air un peu naïf, mais vous comprenez qu'il
y a tellement... Regardez, comme population,
on se pose des questions : Comment est-ce qu'on peut faire des
convergences, tu sais, pour donner de l'énergie à toutes ces idées,
cette volonté dispersée? Et c'est un élément qu'on voudrait apporter devant
cette Assemblée, qui pourrait se traduire par des ajustements dans certains
cas, des gestes plus forts, une vision dans le projet de loi.
Mais on pense qu'il y
a un terreau fertile, et, en 2017, c'est un peu le temps de... ce n'est pas
juste de dire : Le vivre-ensemble,
c'est pour les pays qui sont en guerre. C'est aussi de la coalition au niveau
des gens pour que, comme voisins, on
ne traite pas uniquement d'une citoyenneté générique, mais qu'on reconnaisse
qu'au niveau local les gens sont aussi
des voisins. Et comment est-ce qu'on travaille à cette échelle-là, ça nous
semble intéressant, mais on ne peut pas juste compter sur le fait que
les gens vont se battre pendant 20 ans, puis éventuellement ceux qui vont
survivre... Tu sais, l'anniversaire de Darwin, c'était avant-hier, ce n'est pas
aujourd'hui.
Alors,
je pense, c'est un élément qu'on aimerait peut-être voir se retrouver dans un
texte de loi pour que ce soit... cette
idée d'un nouveau pacte, ce n'est pas juste pour Montréal, en fait, c'est un...
Vous savez, le travail que vous avancez, il va dans le sens des déclarations des Nations unies. Là, il y a eu
Habitat III à Quito qui parle beaucoup. Un des objectifs pour le
développement durable des Nations unies, c'est le rôle des municipalités.
Donc,
le Québec s'inscrit pleinement là-dedans, mais on ne peut pas juste dire :
On fait ça de manière abstraite. Concrètement,
comment est-ce qu'on donne des mécanismes avec des responsabilités puis des
opportunités? C'est un peu la proposition qu'on fait ici.
Le Président
(M. Auger) : En complément, Mme Trépanier.
Mme Trépanier
(Marie-Odile) : Oui. Alors, nous croyons important de maintenir le
référendum. Par contre, nous sommes conscients qu'il y a eu j'appelle ça
un peu d'opacité qui a été introduite dans les mécanismes avec la charte de Montréal, la fusion de Montréal, les défusions,
avec les modifications à la loi d'urbanisme, la création de toutes
sortes de mécanismes. Il est temps de revoir
la politique de consultation et il est possible que certains projets moins
lourds commandent une procédure moins lourde, mais... et donc il faut
revoir ça.
Par
contre, est-ce que c'est le rôle du gouvernement de dire quoi faire aux
municipalités? Bien, nous croyons que le
gouvernement doit définir des balises comme il le fait pour les zones de
requalification. Le gouvernement dit : Bon, bien, les zones de
requalification, c'est identifié dans le plan d'urbanisme, il doit y avoir des
analyses sur les effets si on change les règlements, il doit y avoir une mise
en relation avec le plan d'urbanisme. Enfin, vous connaissez la loi.
Donc,
il y a ces balises-là, mais on pense qu'il devrait y en avoir aussi pour
Montréal, il devrait y en avoir aussi pour
les villes. Et peut-être qu'il faudrait distinguer entre les grandes villes
puis les petites villes. Les petites villes où vous pouvez rencontrer votre maire à la pharmacie,
c'est peut-être plus facile, la démocratie. Mais les grandes villes
comme Montréal, où on a les arrondissements,
les villes défusionnées, etc., c'est complexe et ça demande un encadrement, ça
demande une institutionnalisation des mécanismes de participation.
M. Coiteux : Merci.
Le
Président (M. Auger) : 15 secondes, M. le ministre.
M. Coiteux :
Bien, je vous remercie. Ma question était à savoir si on devait imposer un
modèle ou des grands principes. C'est
sûr que la philosophie de ce projet de loi est plus : donnons des grands
principes, mais laissons les modèles s'exprimer dans chacune des
municipalités, notamment dans les grandes aussi.
Le
Président (M. Auger) : Merci. Nous allons poursuivre avec le
porte-parole de l'opposition officielle pour les 10 prochaines
minutes. M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. M. Bumbaru, Mme Trépanier,
M. Metaxas, question bien précise de ma part, puis j'aimerais
peut-être que le ministre corrige, dans le fond, l'information si on est
erronés.
Dans
votre mémoire, vous faites mention que vous n'avez pas vu, dans le projet de
loi, l'obligation de la ville de Québec
ou de la ville de Montréal d'avoir une politique d'information et de
consultation en contrepartie de l'abolition des référendums. Moi, c'est mon interprétation aussi. Mais est-ce que le
ministre peut me confirmer qu'effectivement cette obligation-là n'est
pas inscrite dans le projet de loi tel que présenté actuellement?
Le Président
(M. Auger) : M. le ministre.
M. Coiteux : Bien, c'est qu'elles ont en place une politique
de consultation qui est quand
même assez sophistiquée. C'est
une caractéristique de Québec comme de Montréal.
M. Ouellet : Mais il n'y a pas d'obligation, telle
que prescrite pour les autres municipalités, d'en avoir une. C'est ce
que je comprends.
M. Coiteux : Non. La question des zones de requalification, ce n'est pas pour Montréal
et Québec, c'est pour les autres villes. Montréal et
Québec, c'est un modèle différent ici, dans le projet de loi.
M. Ouellet : O.K. Donc, vous soulevez quand même
un point en disant : Écoutez, il n'y
a pas d'obligation, il y a des mécanismes qui sont existants, mais il
n'y a pas d'obligation proprement dite. Cependant, lorsqu'on arrive à l'article
85.6, dans le cas des zones de requalification pour les autres municipalités, on demande effectivement
d'adopter une politique d'information et de consultation, mais on ne dit pas qu'est-ce
qu'elle doit nécessairement convenir.
Alors,
l'interrogation du ministre tout à
l'heure était à l'effet
qu'effectivement est-ce que nous devrions avoir un modèle unique ou laisser la place aux municipalités, selon leur démocratie citoyenne, de convenir quel genre de politique
ils devraient avoir pour assurer que tout le monde soit entendu et que les parties
puissent arriver à un consensus qui est partagé
par tous. Cependant, à la lumière des dispositions dans le projet de loi, si la politique ne répond pas aux obligations, le ministère
peut effectivement, par règlement, fixer toute autre exigence concernant le
contenu de cette politique.
Alors, j'aimerais
vous entendre. Quel devrait être, selon vous, le contenu minimal d'une politique
en matière d'information et de consultation, si, dans le cas des zones de
requalification, nous laissons tomber les référendums comme mécanismes de
contestation ou de discussion?
Le Président
(M. Auger) : Mme Trépanier.
Mme Trépanier
(Marie-Odile) : Dans le cas de Montréal, une des choses que nous
regrettons beaucoup, c'est que ça ne
s'applique pas aux arrondissements. Alors, on ne peut pas juste dire :
Montréal a sa politique, puis on ferme les yeux. La politique de
Montréal, à l'heure actuelle, elle est insuffisante.
D'autre
part, quels sont les principes? Les principes, comme je le disais tout à
l'heure, avoir des séances du conseil différenciées,
une séance pour l'information, une séance pour la réception des avis, mémoires,
opinions des citoyens, et une autre
séance pour l'adoption. À l'heure actuelle, là, tout est dans la même séance.
Alors, les citoyens peuvent présenter n'importe quelle opinion, si le
conseil adopte le projet tout de suite après, comment les citoyens seront-ils
reconnus? Donc, avoir trois séances distinctes, ça, c'est un élément, avoir
des...
En
fait, il y a beaucoup de principes qui, chez nous, s'appliquent à l'office de
consultation et qui pourraient servir de balises pour d'autres politiques de consultation. Le tiers neutre,
l'obligation d'information, bon, vous avez fait de grands pas dans le
projet de loi n° 122 sur l'information, sur l'accessibilité de
l'information sur Internet. Vous savez que l'office peut demander à un
promoteur d'ajouter des informations, peut demander à la ville d'ajouter des
informations. Alors, qu'est-ce que ça
serait, une commission, par exemple, dans des municipalités de taille moyenne,
créer des commissions neutres? Quels seraient leurs pouvoirs, quelles
seraient leurs possibilités, ça, c'est des choses à étudier.
M. Ouellet :
Vous avez fait mention tout à l'heure que, dans le projet de loi, actuellement,
il y aurait une différence entre le
traitement réservé à la ville de Montréal et les arrondissements tels que
Westmount, ou Saint-Luc, ou Montréal‑Est, dans le cas effectivement des
consultations versus les référendums.
Croyez-vous
que cette distorsion-là possible puisse amener un promoteur à faire un choix
différent pour implanter son site,
considérant que, sur l'île de Montréal, il y a deux endroits avec lesquels le
promoteur aurait à faire face à des enjeux
différents? Si je m'installe, selon la Charte de la Ville de Montréal, je n'ai
plus de référendum, mais je n'ai plus l'obligation nécessairement
d'aller avec l'office, alors qu'à Saint-Luc ou, exemple, à Westmount, je serais
tenu de passer à travers une consultation publique qui serait peut-être
différente.
Je voudrais savoir est-ce que vous
évalué effectivement, je ne veux pas dire une compétition, mais qu'il y
aurait une différence de traitement et que
le choix du promoteur pourrait avoir une incidence entre m'installer ou
m'implanter mon projet du côté de la ville de Montréal versus, exemple,
Saint-Luc, Montréal-Est ou Westmount.
Mme Trépanier
(Marie-Odile) : Oui, il y aurait des différences, mais il y aurait des
différences aussi pour les citoyens.
Les citoyens voisins n'auraient pas les mêmes droits, et il y aurait beaucoup
de frustration. Il y en a déjà en ce moment, et ça continuerait encore
de plus belle.
• (10 h 20) •
M. Ouellet : Donc, selon vous, est-ce que les dispositions, telles qu'inscrites présentement dans le projet de loi, favoriseraient beaucoup plus
l'arrivée de promoteurs dans la mouture actuelle, donc à la ville de Montréal,
grâce à l'office, mais suite à l'abolition
des référendums, versus l'apparition de projets du côté de Westmount, Saint-Luc
ou même Montréal-Est, considérant
qu'il n'y a pas nécessairement d'office, donc il n'y a pas d'obligation et que
c'est juste dans la zone de requalification?
Est-ce
que vous pensez qu'il pourrait y avoir un déplacement ou qu'un promoteur
voulant se lancer en affaires pourrait choisir une partie de l'île
versus l'autre?
M. Bumbaru (Dinu) : Écoutez, je pense qu'il y a peut-être un élément d'un autre niveau
parce qu'incidemment je pense qu'aux
dernières nouvelles Westmount n'était pas un arrondissement de Montréal. Je
pense que c'est un petit détail comme ça.
M. Ouellet :
Oui, merci, une municipalité.
M. Bumbaru (Dinu) : C'est ça, mais c'est que la raison pour laquelle il y a ces mesures...
Vous savez, les référendums ont été
introduits à Montréal à l'occasion de la réforme municipale. Et, dans les
années 90, des organismes montréalais, des gens des organismes de la
société civile intéressés notamment au patrimoine, d'autres du milieu des affaires, du milieu de l'immobilier, finalement
les acteurs socioéconomiques, avaient fait des observations au
gouvernement du Québec à l'effet qu'il y
avait des disparités qui n'avaient pas nécessairement des effets que vous
indiquez, mais qui créaient un climat
chaotique dans la gestion de l'urbanisme, c'est-à-dire que, quand des règles
sont différentes d'un bord à l'autre
de la rue, ça ne crée peut-être pas des occasions d'affaires... une distorsion
à ce niveau-là, parce que le territoire de Westmount est principalement bâti. Je ne sais qu'est-ce qui pourrait
arriver à court terme dans ce territoire-là, là, mais ça crée un climat... je ne veux pas dire que ça
encourage le cynisme, mais ça n'encourage pas la confiance dans les
règles du jeu puisqu'elles varient d'une manière chaotique.
À
l'époque, ça a été résolu en établissant cette règle pour l'ensemble du
territoire, tout en sachant qu'à Montréal, et c'est le cas d'autres municipalités... Vous savez, la première politique
du patrimoine au Québec, c'est Rivière-du-Loup qui l'a écrite. Donc, l'innovation n'est pas un fait
uniquement des grandes agglomérations, mais il y a aussi des villes-phares
qui ont fait beaucoup de preuve de leadership dans toutes sortes de domaines,
mais sachant qu'il y a des expériences en matière de concertation dans les
quartiers.
Par exemple, quelle
est la place des concertations dans ce projet de loi? Le mot, qui est vraiment
un des mots pour le XXIe siècle, n'est
même pas là-dedans, à ma connaissance. Je n'ai peut-être pas vu et je ne veux
pas en faire une critique sémantique,
mais il me semble que c'est des notions qui devraient se retrouver dans ce
concept de gouvernement de proximité.
Citoyenneté, mitoyenneté, la concertation, comment est-ce qu'on met les acteurs
pour éviter que l'énergie se disperse dans le conflit?
Et
qu'on ait, d'un côté de la rue, une règle x et l'autre qui soit complètement
différente, ça interpelle les citoyens au niveau des droits de chacun
par rapport à leurs voisins, et c'est peut-être là-dessus qu'il y a une
question un peu plus fondamentale et qui
n'est pas sans oublier ce que Mme Trépanier a dit, c'est que le référendum, tel
qu'il est présentement, n'est pas un
outil constructif. C'est malheureux, parce qu'il pourrait l'être, hormis le
fait qu'il mette au défi des gens de faire mieux. Enfin, il y a des
incitatifs à l'excellence qui ne sont peut-être pas ceux qu'on pense...
Le Président
(M. Auger) : M. le député de René-Lévesque, pour une dernière
question, 45 secondes.
M. Ouellet : Bien, écoutez, vous en faites mention, l'outil des référendums n'est
pas optimal, en tout cas, adéquat, et vous faites référence à certaines
dispositions du projet de loi n° 47 en 2011. Pouvez-vous nous indiquer à
quelles dispositions vous faites référence
comme étant de meilleures dispositions à adopter pour ce projet de loi,
incessamment, là?
Le Président
(M. Auger) : En 30 secondes.
Mme Trépanier
(Marie-Odile) : En
30 secondes? Je n'ai pas les chiffres, là, mais j'ai toutes sortes d'idées
que je pourrais vous transmettre éventuellement. Dans le projet de loi n° 47,
il y avait la possibilité d'alléger la procédure référendaire en enlevant
l'étape préalable d'identification des zones ou des objets contestés, enlever
la pétition de renonciation, élargir les zones concernées pour fins
référendaires...
Le
Président (M. Auger) :
Désolé. Désolé, c'est tout le temps que nous avions. Je dois respecter le
temps. M. le député de Blainville, pour les six prochaines minutes et
30 secondes.
M. Laframboise :
Merci beaucoup, M. le Président. Merci, M. Bumbaru, Mme Trépanier,
M. Metaxas.
Je pense que vous avez touché un point important
par rapport à l'abolition des référendums, là, à Montréal et Québec.
Pourquoi je vous dis ça? Parce que,
bon, le maire, par rapport à l'Office de consultation
publique de Montréal, là, est venu nous vanter son office, un tiers
neutre et tout ça. Et nous, évidemment, en tant que législateurs, on a un problème
d'efficacité avec nos villes au Québec quand on les compare à d'autres villes dans le
monde. Donc, administrativement, c'est
plus lourd, donc c'est plus difficile, donc les projets se réalisent moins
vite, et ça, évidemment, dans une globalisation, dans une... Vous voyez
le portrait. Être moins efficace, ce n'est pas bon.
Bon,
évidemment, ce qui est proposé par le ministre, je vous le dis, c'est
intéressant. Les villes semblent y adhérer, à 200 % pour le maire
de Montréal. Son office, ce que vous nous dites, s'il y avait un rapport de
suivi, ça le rendrait plus efficace, mais,
pour vous, ce n'est pas suffisant. C'est quoi, le problème de l'office? Si on
disait : Demain matin, là, c'est
ça qui va arriver, là, dans le projet de loi, là, c'est l'office qui va faire
les recommandations, et évidemment, la ville va prendre les décisions,
qu'est-ce qu'on fait avec l'office? Est-ce qu'on lui oblige?
Parce qu'il y
a une partie du projet de loi, à l'article 3, là, pour, évidemment, les zones
dans les autres villes, là, ce qu'on
appelle les zones — excusez-moi,
là — de
requalification. Bon, évidemment, il y a quand même une politique qu'on doit établir, avec une énumération des obligations
de transparence, là, qui sont énumérées dans la loi, alors que ça ne
l'est pas, là. Mais, si on décidait qu'à
Montréal on laisse ça comme ça, qu'est-ce qu'on fait, là, avec l'office? On lui
donne des obligations de transparence ou on
rajoute tout simplement ce que vous nous avez suggéré, c'est qu'on y aille avec
des rapports de suivi, tout simplement, là, pour être capable de le rendre plus
transparent?
Mme Trépanier
(Marie-Odile) : Non, mais comprenons-nous bien, là, l'office est
transparent. C'est un modèle de transparence.
Ce n'est pas l'office qui n'est pas transparent, c'est qu'est-ce qui arrive
après. Et donc, quand on demande un rapport
de suivi, ce n'est pas de la part de l'office, c'est de la part de la ville. On
demande tout simplement que la ville dise : Ça, j'ai retenu ça; ça,
je l'ai modifié et voici pourquoi. Donc, c'est juste une poursuite du dialogue.
Maintenant,
quand vous dites qu'ailleurs ça va plus vite qu'à Montréal... qu'au Québec, je
n'en suis pas certaine. Je pense
qu'un grand projet ça prend du temps et un grand projet, ça demande du travail,
ça demande des échanges, ça demande de la concertation, ça demande d'aller
voir la population. Et les procédures peuvent être différentes, mais ça prend du temps aussi. Et on peut vous dire que,
quand on a de la concertation bien réussie, le projet, en bout de ligne,
il est amélioré. Les recommandations de l'office, quand elles sont suivies ou
quand elles induisent des ajustements, qui peuvent être différents de leurs
propositions, mais qui sont des ajustements pour tenir compte des
préoccupations des citoyens, il y a vraiment amélioration des projets.
M. Laframboise : Donc, l'office, c'est quelque chose sur lequel on
peut travailler, en autant qu'il y a un rapport de suivi par la ville.
Ça, je pense que c'est ce qui manque présentement. Il n'y a pas de rapport de
suivi. Ce que vous souhaiteriez, c'est qu'il y ait un rapport de suivi.
Mme Trépanier
(Marie-Odile) : C'est un élément, mais on demande aussi que les
arrondissements soient tenus de suivre les règles de consultation.
M. Laframboise : Ça, c'est ma deuxième partie, et ça, je pense que
vous avez raison. Il faut que les arrondissements soient soumis, et, je vous dirais, je regarde, là,
les obligations qu'ont les villes par rapport aux territoires de
requalification, aux zones de requalification,
il faudrait peut-être être capable de soumettre les arrondissements aux mêmes
obligations, d'être bien sûr que... Et ça, c'est quelque chose qui pourrait se
travailler dans le projet de loi, là. Je pense qu'on peut soumettre les
arrondissements.
Vous, ce que vous nous dites, c'est que, dans le
fond, les arrondissements, c'est eux qui s'occupent de l'aménagement du territoire. Donc, il faudrait cibler les
arrondissements dans ce projet de loi là. Puis vous, ce que vous dites, c'est que, à la lecture que vous faites, il
ne semble pas que les arrondissements soient soumis. C'est ce que vous
nous dites? Parfait. Je veux juste le dire, c'est...
• (10 h 30) •
Mme Trépanier (Marie-Odile) :
Oui, oui. On ne vous dit pas nécessairement d'obliger les arrondissements, mais on vous dit : À l'heure actuelle, ce que
vous proposez, ça ne tient pas la route parce qu'il y a trop d'éléments
qui ne sont pas pris en compte. Donc, nous,
on vous dit : Retirez les dispositions concernant l'abolition référendaire
et poursuivez le travail avec la
ville, avec les citoyens, avec la société civile. Demandez à la ville de
travailler avec les citoyens et la société civile pour réfléchir à la
place du référendum, la place des autres mécanismes. Est-ce que c'est l'office
qui va remplacer complètement le référendum? Je ne le sais pas, mais il faut
qu'on continue à travailler là-dessus.
M. Laframboise : Oui, sauf que
le temps va manquer, c'est-à-dire qu'il faut que vous...
Le Président (M. Auger) : Oui,
30 secondes, M. le député.
M. Laframboise : Ça va manquer dans le sens où, si jamais on veut
faire ce que vous dites, on ne sera pas en temps pour la législature présente. C'est-à-dire qu'on va être obligés de
retarder, puis ça va aller dans une autre législature. C'est là-dessus que je veux vous dire que le temps va
manquer. Donc, vous avez quand même des bonnes pistes de solution, d'appliquer les mesures aux arrondissements,
d'obliger la ville à faire un suivi. Moi, je pense que c'est des choses
intéressantes. Si vous avez d'autres documents par rapport au temps, j'aimerais
ça que vous nous fassiez... parce que, si vous avez fait une analyse du délai dans
d'autres villes à travers le monde par rapport aux grands projets,
j'aimerais ça que vous nous le fassiez parvenir tout simplement. Merci.
Le Président (M. Auger) :
Merci, M. le député. C'est tout le temps que nous avions. Donc,
Mme Trépanier, MM. Bumbaru et
Metaxas, merci beaucoup pour votre participation aux travaux de la commission.
Je suspends
les travaux quelques instants pour permettre au prochain groupe de
prendre place.
(Suspension de la séance à 10 h 31)
(Reprise à 10 h 34)
Le Président (M. Auger) : À
l'ordre, chers collègues! Nous allons reprendre nos travaux en souhaitant la bienvenue aux représentants du Conseil du patronat
du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Par la suite, il y aura une période
d'échange avec les trois groupes parlementaires. Dans un premier temps,
bien vouloir vous identifier les deux et, par la suite, vous allez pouvoir
commencer.
Conseil du patronat du
Québec (CPQ)
M. Lamy
(Guy-François) : Je vous
remercie, M. le Président. Bonjour à toutes et à tous. Merci de nous
accueillir ce matin pour ces échanges sur le
projet de loi n° 122. Mon nom est Guy-François Lamy. Je suis
vice-président, Travail et affaires
juridiques, au Conseil du patronat du Québec, et je suis accompagné de mon
collègue, Me Jean-René Lafrance, qui est conseiller juridique au CPQ
également.
D'emblée, je
sais que certains d'entre vous nous connaissez. On est quand même devant vous
de temps à autre sur différentes
questions. Mais peut-être je crois important de replacer un peu le rôle du CPQ,
du Conseil du patronat, dans le contexte plus général de notre mission,
et puis je vais vous expliquer un peu plus pourquoi nous sommes ici dans le
cadre de ce projet de loi là.
Premièrement, bien, le CPQ est une confédération
patronale. Nous regroupons la plupart des associations sectorielles d'employeurs au Québec, mais également la plupart des plus
grandes entreprises du Québec, mais également des moyennes et des plus petites qui sont membres directement du CPQ, ce
qui fait en sorte qu'on représente, directement et indirectement, plus de 70 000 employeurs au
Québec. Soulignons aussi que parmi ces employeurs-là il y en a plusieurs
qui sont issus du secteur municipal. Les municipalités sont aussi des employeurs au Québec.
Il y en a plus de 1 100,
comme vous le savez, ce qui leur donne un poids non négligeable dans le milieu
patronal au Québec.
Le CPQ s'est
doté de cinq grandes priorités d'intervention derrière une mission qui est
celle de faire en sorte que les employeurs
du Québec disposent des meilleures conditions pour prospérer et ainsi assurer
une prospérité collective pour tous
les citoyens du Québec. Donc, ces cinq grandes priorités, je vous les énumère
rapidement. Bien, une main-d'oeuvre qualifiée,
abondante et à coût concurrentiel, une réglementation intelligente, des
finances publiques saines et une fiscalité concurrentielle, une économie durable et un dialogue social sain et
constructif. Vous comprendrez que le projet de loi n° 122 touche à certaines de ces priorités-là,
particulièrement lorsqu'on parle d'économie durable, particulièrement
lorsqu'on parle de finances publiques saines, de fiscalité concurrentielle, de
réglementation intelligente et aussi quand on parle de dialogue social sain et constructif. En fait, le CPQ est d'abord et avant
tout, je vous dirais, un acteur de dialogue social. Donc, toutes les
activités, toutes les actions que nous faisons sont faites dans cet esprit-là.
Donc, le CPQ,
d'emblée, je vous le dis, il appuie le projet de loi n° 122. Soulignons
d'abord que c'est un projet de loi
qui a un caractère très particulier, très exceptionnel, comme vous le savez,
comme vous l'avez mentionné, comme il est écrit dans le projet de loi. C'est un projet de loi qui entraîne une
importante décentralisation des pouvoirs et, en fait, je dirais même, c'est un projet de loi qui change
complètement le paradigme au niveau de l'organisation municipale au
Québec en transférant... En fait, il y a
deux grands pôles dans la compréhension que nous avons du projet de loi, le
premier en transférant le corps de
l'imputabilité des municipalités, qui était ou qui est actuellement envers
l'État... et en le transférant envers
les citoyens directement, d'une part, ce qui, à notre avis, est une bonne
chose, et, d'autre part, en assurant une plus grande flexibilité, une plus grande latitude et une plus grande marge de
manoeuvre aux municipalités pour gérer leurs activités, ce qui, à notre
avis, aussi est une bonne chose.
Pourquoi?
Bien, parce que notre organisation encourage les mesures qui cherchent à
favoriser le développement local et
régional et l'allègement des structures administratives au sein de l'appareil
public. Elle soutient aussi les mesures qui visent à moderniser la gouvernance des structures étatiques lorsqu'elles
ont notamment comme objectif d'améliorer leur efficacité et de préserver
la confiance des citoyens en leurs élus, et, à notre avis, le projet de loi
n° 122 rencontre ces objectifs-là également.
Je vous
parlais de dialogue social tout à l'heure. On constate qu'il y a un important
travail de consultation en amont qui
a été fait à l'égard du projet de loi n° 122, particulièrement avec le
milieu municipal, et on constate et on comprend que le projet de loi n° 122 en tient compte, et
ça aussi, c'est quelque chose de très positif lorsqu'on privilégie des
mesures comme le dialogue social.
Donc, globalement, nous offrons notre appui à ce
projet de loi. Quelques commentaires particuliers sur le projet de loi.
On sait que
les municipalités se disent actuellement être soumises à un encadrement légal
qui est complexe, et à une reddition
de comptes très chargée, et avec des exigences administratives qu'elles
considèrent particulièrement lourdes, et, selon elles, ça les empêche d'agir de façon
efficace, et, là-dessus, il n'y a pas de distinction à faire entre les
propos qu'on tient à l'égard des employeurs
du secteur privé et des municipalités. L'allègement administratif et
réglementaire est une bonne chose
puisqu'il permet d'allouer des ressources à des missions qui sont plus
directement en lien avec la mission première de l'organisation, qui,
ici, sont les municipalités, qui sont le service aux citoyens au niveau des
services de proximité.
Pour nous,
l'allègement réglementaire et administratif qui est proposé, l'allègement du
fardeau administratif qui est proposé dans le projet de loi est une mesure qui
est faite... En fait, il est fait dans une mesure raisonnable, je vous
dirais. On contribue à rendre ces
gouvernements de proximité, comme on les appelle, plus efficaces et plus
transparents à l'égard des électeurs,
mais la reddition de comptes allégée à l'égard du gouvernement va les rendre
plus efficaces et plus efficients. En quelque
sorte, je vous dirais que rien ne se perd, rien ne se crée ici. Dans le fond,
c'est une charge, ce sont des ressources et c'est du temps qui est alloué à des situations plus efficaces tout en
préservant cette préoccupation de transparence envers les citoyens,
selon la compréhension qu'on a du projet de loi.
Il faut aussi prendre en considération que
chaque région du Québec est quand même unique, elle a ses particularités. On est quand même sur un
territoire qui est très vaste, et chaque région doit aussi rayonner par la
diversité de son innovation, et les municipalités ou les MRC sont alors des
acteurs, des vecteurs de ce développement-là et de ce changement-là. Et donc la flexibilité, la latitude, qui est proposée aux
municipalités dans le projet de loi, à notre avis, est positive
puisqu'elle permettra de mettre en oeuvre, ou de favoriser, ou d'amplifier
encore plus cette mission de vecteur de changement au niveau régional et local.
• (10 h 40) •
J'ai entendu
avec les témoins précédents que vous avez énormément abordé la question de la
consultation. Le CPQ prend acte, en
fait, de ce qui est dans le projet de loi à cet égard-là, au niveau des
mécanismes de consultation, des règles
particulières à l'égard des politiques de consultation. Pour nous, ce qui est
important, c'est ce que je viens de vous dire, qu'on ait des mesures qui
favorisent le développement économique régional tout en prenant en
considération les préoccupations citoyennes, et les prendre en considération de façon
réelle et sincère et que ça se matérialise bien. À notre avis, la lecture qu'on fait du projet de loi encore une
fois ici permet d'atteindre cet objectif-là.
Il y a
aussi des dispositions qui concernent les marchés publics, ce à quoi le
CPQ est aussi interpellé. On sait que les marchés publics des municipalités
ont été estimés... En 2008, ça fait quelques années, mais on était à 8 milliards
de dollars selon les chiffres que nous avons, et donc il est important aussi de
créer un environnement qui va permettre aux petites et moyennes entreprises d'accéder à ces marchés publics là, et les municipalités sont une bonne occasion, souvent, pour ces PME là, d'accéder aux marchés publics. Alors, nous appuyons la
mesure prévue au projet de loi qui permettra à une municipalité de déterminer, dans sa politique
de gestion contractuelle, les modes d'adjudication pour les contrats de moins de 100 000 $. Encore une fois, principe de flexibilité, puis de
modulation, et de latitude, et de marge de manoeuvre.
Et puis,
quant au pouvoir de décider du mode de mise en concurrence pour les contrats de
plus de 100 000 $, le CPQ
accueille aussi positivement cette mesure. Rappelons qu'inclure le critère du
prix dans la formule de pondération est essentiel, mais limiter son influence d'une manière plus importante peut
aussi être essentiel, dans certaines situations, au profit de
l'innovation et de la durabilité. À ce sujet-là, c'est un commentaire que nous
souhaitions formuler ici.
Au niveau des
dispositions relatives au développement économique, bien, il est intéressant de
noter que le projet de loi prévoit
une augmentation de la limite prévue pour l'aide à l'exploitant d'une
entreprise privée. Et, là-dessus, je vous soulignerais peut-être quatre critères qui animent généralement le CPQ
en ces matières-là, qui sont l'amélioration de la productivité,
l'innovation et la création de valeur ajoutée, la commercialisation et la mise
en marché et la réduction de l'empreinte environnementale. À notre avis,
lorsqu'une aide financière s'inscrit dans ces paramètres-là, elle est
généralement bienvenue.
Il est aussi intéressant de noter, en terminant,
que l'ensemble des municipalités régionales pourront créer et administrer elles-mêmes un fonds de développement
économique, et, actuellement, bon, l'administration de ce fonds doit
relever d'un organisme à but non lucratif, mais, s'il y a allègement d'une
structure ici aussi, à notre avis, ça ne peut qu'être positif.
Voilà, ça termine mon exposé. Je suis disponible
pour répondre aux questions des parlementaires.
Le Président (M. Auger) : Merci
beaucoup. Donc, M. le ministre, pour les 15 prochaines minutes.
M. Coiteux :
O.K. Bien, merci beaucoup pour la présentation. Je pense que vous avez fait une
synthèse, une belle synthèse du
projet de loi dans ses différents aspects, puis c'était fort intéressant et
pédagogique pour tout le monde et pour tous ceux qui nous écoutent. Je
pense, c'était même excellent.
Par contre,
il y a peut-être une thématique que vous avez moins touchée puis sur laquelle
j'aimerais vous entendre, les dispositions fiscales du projet de loi en
particulier, parce que, là aussi, on remplace un petit peu nos approches traditionnelles, hein? Il y a une philosophie
sous-jacente au projet de loi qui est de dire qu'on n'a pas, comme
gouvernement du Québec, dans tous les cas de
figure, à déterminer exactement comment les choses doivent être faites dans
chacune des municipalités avec un
modèle unique partout sur le territoire du Québec. On veut permettre
l'innovation. Tout à l'heure, on a eu
une discussion là-dessus, notamment sur la consultation. Lorsqu'on dit que tout
le monde doit avoir un référendum avec tant de signatures dans les
projets d'urbanisme, on est en train de nier que des municipalités peuvent
vouloir développer leur propre modèle.
Donc,
ça, c'est un exemple. Mais on remplace notre approche traditionnelle en matière
de fiscalité municipale sans remettre
en question, du moins, jusqu'à nouvel ordre, l'importance qui est accordée à
l'impôt foncier, là. Ça, ça sera un autre débat peut-être un jour. Mais on remplace le système actuel, qui
consiste à dire : Vous avez le droit de ne rien faire, sauf ce qui est permis, par un
système : Vous avez le droit de tout faire, sauf ce qui n'est pas permis.
Vous avez vu que la liste des «pas permis»
est longue, mais néanmoins c'est un changement philosophique. Comment vous
voyez ça, vous, de votre côté?
M. Lamy
(Guy-François) : Écoutez, notre préoccupation en matière de fiscalité,
qu'elle soit municipale ou qu'elle soit
gouvernementale, elle est toujours la même — je l'ai dit, c'est une des priorités du
CPQ — c'est
d'avoir une fiscalité qui est
concurrentielle, en fait, d'avoir des finances publiques saines pour une
fiscalité concurrentielle. Donc, ça commence
en amont, en fait, hein, vous savez, ça commence dans la saine gestion des
finances publiques, qui après ça fait en
sorte que l'organisme, ici municipal, ou même le gouvernement devrait, en
principe, être appelé à vouloir moins taxer les citoyens ici. Ce qui est intéressant de l'approche qui est proposée dans
le projet de loi, c'est que cette modulation-là peut laisser des marges de manoeuvre plus créatives aux
municipalités dans le choix des moyens de rencontrer cette fiscalité-là,
mais on a évidemment un message qui est celui de s'assurer qu'elle soit par
ailleurs concurrentielle, cette fiscalité-là.
Est-ce
que le modèle proposé fait en sorte que cette fiscalité-là soit plus ou moins
concurrentielle que ce qu'elle est actuellement?
Je vous dirais que c'est difficile à évaluer. Ça va évidemment dépendre de la
réaction ou de l'approche de chacune
des municipalités. Mais, évidemment, rappelons aussi qu'en matière de fiscalité
les municipalités sont elles-mêmes un
peu en concurrence les unes envers les autres. Vous savez, si j'ai une
entreprise et que je cherche où l'établir, ça va faire partie des
paramètres que je vais prendre en considération dans l'ensemble des paramètres
du choix d'établir mon entreprise. Alors, contrairement, peut-être...
La réalité existe aussi entre les provinces, mais disons que c'est encore
plus facile de déménager son entreprise
de Beloeil à Blainville, là, même s'il
faut traverser l'île, là, dans cet
exemple-là. Alors, oui, il y a ces facteurs-là qui vont jouer.
Donc, cela dit, notre
commentaire par rapport à l'approche proposée, c'est : Ce qui est intéressant,
c'est de permettre une plus grande marge de manoeuvre, que je qualifierais de
créative ou d'innovante, en matière de fiscalité municipale dans la mesure évidemment
où les municipalités vont comprendre qu'elles ont tout intérêt à maintenir une fiscalité qui est concurrentielle, et peut-être
pourront-elles devenir plus concurrentielles si elles ont plus de marge
de manoeuvre. C'est une hypothèse, à ce
niveau-là, qu'on soumet. C'est pour
ça qu'on ne s'est pas trop embarqués dans les commentaires qu'on vous a
formulés sur cette question-là, justement, parce que, pour l'instant, on prend
acte de cette mesure-là dans la mesure, comme je vous disais, où elle respecte
ce principe-là.
M. Coiteux : Vous avez parlé aussi de la politique
d'adjudication des contrats. Effectivement, il y a la possibilité, pour les appels d'offres supérieurs à 100 000 $, d'avoir des modalités qui permettent de pondérer
d'autres facteurs que le prix. Vous
avez dit : C'est important qu'il y ait ces autres facteurs. Mais justement
est-ce que vous trouvez que l'approche, là, qui est proposée ici est la
bonne ou vous avez des suggestions à faire?
M. Lamy (Guy-François) : Encore une fois, au risque de me répéter, je
pense que l'approche est correcte ici dans la mesure où le... Ce qu'on disait, c'est qu'il y a eu une tendance à
considérer le prix comme un absolu absolu, si je peux le dire comme ça, et notre commentaire à nous, c'est
de dire : Bien, écoutez, c'est une approche qui est beaucoup plus
globale. Il faut faire attention au discours : On ne doit pas tenir compte
du prix à tout prix, parce que ce n'est pas juste une question de ne plus tenir
compte du prix — on
n'achète plus sans compter et sans regarder — mais c'est de savoir : Est-ce qu'au-delà du prix quand je fais une
analyse plus globale et plus rationnelle du projet ou du besoin que j'ai
comme acquéreur je ne suis pas plus gagnant si je pondère ou pas d'autres
facteurs? À notre avis, le projet de loi le permet. Il resterait à voir, dans
la culture, comment est-ce que ça va s'intégrer. Et il est peut-être là,
l'enjeu, parce que ce qu'on comprend et ce qu'on constate, ce qu'on nous a
expliqué aussi, c'est que les enjeux sur cette question-là viennent beaucoup
plus d'une question d'approche. C'est une question que je qualifierais de
culturelle. C'est-à-dire que, peut-être par
crainte de se voir attaquer ou pointer du doigt parce qu'on n'a pas pris
nécessairement... on n'a pas pondéré aussi fort l'élément du prix dans
l'attribution du contrat, de se faire dire qu'on ne gère pas bien les finances
publiques, par exemple. Je pense que la crainte peut venir de là.
Donc,
c'est la façon dont ça atterrit. Alors, si le projet de loi envoie le message
que de fonctionner comme ça, c'est une
façon qui est légale et qui est correcte, oui, c'est une bonne chose. Le
problème va être si la pression extérieure, si la pression administrative, si la pression de
l'opinion publique viennent qu'à faire en sorte que, dans la réalité, les
administrateurs municipaux n'en viennent
qu'à s'en remettre automatiquement au critère du moindre prix parce
qu'on craint de se faire pointer du doigt.
M. Coiteux :
Bien, pour nous, l'important, ça va être la transparence, c'est-à-dire, les
critères qui vont être utilisés pour donner
les contrats doivent être communiqués d'avance. Puis il y a d'autres
initiatives gouvernementales qui se
font simultanément, là, comme l'Autorité des marchés publics. Donc, il y a
toute une série de changements qui vont avoir des impacts sur le monde
municipal. Puis on parlait tout à l'heure d'avoir des finances publiques saines
au niveau municipal. L'allègement
réglementaire et administratif, qu'on met en oeuvre en partie dans le projet de
loi n° 122, mais dans d'autres
dispositions, par ailleurs, sur le plan réglementaire, est une façon aussi de
réduire la pression sur les finances publiques municipales.
Mon collègue des
Îles-de-la-Madeleine voulait poser une question.
Le
Président (M. Auger) : M. le député des Îles-de-la-Madeleine. Il
reste huit minutes, en passant, M. le député.
M. Chevarie :
Oui, merci, M. le Président. Merci pour votre présentation. Extrêmement
intéressant. De ce que j'en dégage, vous êtes très favorables sur l'ensemble du
projet de loi n° 122. Par ailleurs, j'aimerais vous poser peut-être une
question un petit peu plus pointue.
Le
groupe qui est passé avant vous mentionnait, entre autres, que peut-être il
serait intéressant, au Québec, de faire un genre d'exercice ou un bilan
sur la démocratie, comment se vit la démocratie au Québec entre les citoyens et
les différents paliers de gouvernement,
évidemment, incluant le monde municipal, et, avec le projet de loi n° 122,
on vient de créer, en fait, officialiser
et reconnaître le palier municipal comme un palier gouvernemental avec des
objectifs de proximité avec le citoyen. Alors, j'aimerais ça vous
entendre sur cette affirmation-là de l'autre groupe.
• (10 h 50) •
M. Lamy
(Guy-François) : Le CPQ, je
l'ai dit tantôt en introduction, c'est une organisation de dialogue social. Vous,
vous nous connaissez peut-être plus comme une organisation de représentation gouvernementale. C'est ce que
nous sommes aussi, mais il y a une très grande partie de nos activités et de
nos tâches qui se font à travers des organes de dialogue social, qu'ils soient
formalisés ou ad hoc, selon les circonstances. Je pense au fait qu'on participe
au conseil d'administration de la CNESST,
qu'on participe au sein du Comité consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre. Il y a la CPMT, la
Commission des partenaires du marché du travail, également. Ça, c'est des
choses qui sont formalisées. Puis on prend part à différentes tables. Le
comité-conseil du gouvernement sur l'allègement réglementaire, on est là aussi.
Alors, on
pratique ce dialogue social là, on pratique le contact, la démocratie directe,
je vous dirais, au quotidien. Alors,
je ne constate pas, de ces exercices-là, un problème de santé de notre
démocratie, je dois dire. Peut-être que c'est moins connu, par contre. Peut-être que ce travail-là, qui est un travail
plus d'ombre et moins visible, il gagnerait peut-être à être mis de l'avant et à être davantage connu.
Probablement qu'il pourrait inspirer aussi ces gouvernements de
proximité que sont les municipalités, selon le niveau de leurs ressources,
évidemment, selon chacune d'elles. On parlait de moduler puis de flexibilité. Il y en a qui pourraient y voir un avantage
à créer des organismes comme ça. On parlait de Montréal tout à l'heure
qui a aussi une structure.
Donc, la
proposition que vous me faites, que je n'ai pas entendue, je n'étais peut-être
pas encore arrivé dans la salle lorsqu'elle
a été formulée, elle est intéressante. On aurait certainement des choses à y
dire, mais je vous dirais qu'à la base le dialogue social, au Québec, est quand même en santé, à notre avis, là.
Il y a des tables, il y a des organes. Et nous sommes écoutés aussi. Parce que c'est une chose de
dire : On a créé une structure, on va asseoir les gens, on va leur
permettre entre eux de se parler,
puis nous, on va écouter, là, parce que c'est tripartite, ces choses-là, puis
de dire : Bon, bien, je fais un check sur ma liste, on a consulté,
puis après ça je fais ce que je veux. Ce n'est pas l'impression, de façon
générale, qu'on a dans ces organes de
dialogue social là. Je ne dis pas qu'à tous les jours tout le monde est
content, mais ce n'est pas l'impression qu'on a.
M. Chevarie : Merci beaucoup.
Ma collègue aimerait poser une question également.
Le Président (M. Auger) : Mme
la députée de Richmond.
Mme Vallières :
Il me reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Auger) : Cinq
minutes.
Mme Vallières :
Parfait. Merci beaucoup. Merci beaucoup de votre participation. Bien apprécié.
Le groupe de l'IPAM faisait aussi mention de
développement durable et de l'aspect, selon eux, manquant à l'intérieur du
projet de loi n° 122. Compte tenu que vous parlez de l'aspect fiscalité,
que vous représentez également plusieurs
entreprises, donc ce développement durable fait aussi partie des préoccupations
qu'a le CPQ. J'aimerais vous entendre sur votre vision quant au
développement durable, sa présence ou non dans le projet de loi n° 122.
M. Lamy
(Guy-François) : Le
développement durable, aujourd'hui, c'est inévitable, là. Ce n'est plus une
question de dire : Est-ce qu'on est
pour ou contre le développement durable, est-ce qu'on considère que ça doit s'intégrer
ou pas, là? Le développement durable, aujourd'hui, ça fait partie des
projets.
Mon
commentaire sur le développement durable, c'est peut-être de rappeler qu'il y a
trois piliers, hein, le social, l'économique,
l'environnemental, et que les trois doivent être pris en considération. On
parle aussi souvent d'économie circulaire,
hein, dans ce contexte-là. Alors, c'est quelque chose qui est intégré
maintenant dans la plupart des projets. Il faut faire attention parce que souvent, dans le discours ambiant, ce qu'on
entend par développement durable, c'est protection de l'environnement,
comme si c'était uniquement le seul critère qui doit être pris en
considération.
Mais je
reviens, c'est trois critères. L'acceptabilité sociale fait partie du
développement durable. Ce projet de loi là, par l'institution de ces politiques de consultation là, tient compte de
ce facteur très important qu'est l'acceptabilité sociale, mais évidemment le développement économique, dans
le cadre des mesures qui sont prises en matière économique, est là aussi. Il est vrai qu'il n'apparaît pas
spécifiquement, à ma lecture du projet de loi, à moins qu'on me corrige, de
disposition spécifique sur la protection de
l'environnement comme troisième pilier — un des trois piliers, là, il n'y a pas de...
justement, il n'y en a pas un plus important
que l'autre — en
matière de développement durable, mais on comprend que, derrière ces préoccupations-là, il est sous-jacent aussi. Mais,
pour nous, au CPQ, c'est fondamental, et, en fait, quand je lis le
projet de loi, je le comprends comme un
projet de loi de mise en oeuvre, un peu, du développement durable au niveau
municipal, là, quant à ces trois volets-là, personnellement.
Le Président (M. Auger) : Mme
la députée.
Mme Vallières :
J'aurais une autre question.
Le
Président (M. Auger) : Oui, bien sûr.
Mme Vallières :
Merci beaucoup, M. le Président. Dans la mise en contexte de votre document,
vous parlez du rapport Perrault puis de l'entente de partenariat 2016‑2019.
Le rapport Perrault amenait énormément de propositions. À la lumière des lectures que vous avez faites, puisque vous l'intégrez,
là, dans votre analyse du projet de loi n° 122, est-ce qu'il y a des éléments d'information, dans le
rapport Perrault et/ou dans le pacte fiscal, qui se trouveraient
manquants ou sur lesquels vous auriez axé davantage, là, dans le cadre d'un
projet de loi?
M. Lamy (Guy-François) : Je vous dirais, à première vue, que l'essentiel
est là quand on regarde en substance... puis le CPQ, on n'a pas une
position... Peut-être que l'UMQ viendra vous voir et aura des préoccupations — ou
certaines municipalités — plus
précises. Nous, quand on regarde ça dans l'ensemble, avec nos préoccupations, sous nos cinq priorités que je vous ai dites, et quand on
regarde le rapport Perrault, je vous dirais que l'essentiel s'y retrouve. Il
faut aussi comprendre que, quand on regarde
aussi cette pièce législative là, elle s'inscrit — puis on en fait mention dans le
mémoire aussi — bien, dans un ensemble d'autres mesures qui
ont été faites au niveau municipal puis dans le cadre du pacte fiscal
aussi. Donc, pour nous, quand on le regarde, je vous dirais : Oui,
l'essentiel est là. Je n'ai pas de commentaire supplémentaire à formuler. On entrerait à des niveaux de détail qui, à
notre niveau à nous, le CPQ, n'apparaissent pas comme des
préoccupations. Peut-être que d'autres intervenants, évidemment, peut-être,
municipaux, eux auront des préoccupations plus précises, mais pas nous.
Mme Vallières :
Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Auger) : M. le ministre.
M. Coiteux :
Il me reste très peu de temps, hein?
Le Président
(M. Auger) : Une minute à peu près.
M. Coiteux :
Oh! une minute à peu près. Essentiellement, la question des zones de
requalification, qui est le modèle proposé
pour les villes, à l'exclusion de Québec et Montréal, pour avoir d'autres modes de consultation que
le référendum en matière d'urbanisme, est-ce que vous avez une position
là-dessus?
M. Lamy (Guy-François) : On est à l'aise avec ce qui est proposé dans le projet de loi. Je pense qu'il y a
des paramètres qui sont prévus sur les politiques
de consultation aussi, qui sont importants à respecter dans la
mesure où ça se module. Je pense
qu'on ne peut pas s'attendre de la même chose de Montréal et d'une petite municipalité. Alors, ça va de soi aussi
qu'on tient des préoccupations qui sont différentes à ce niveau-là, mais, de
façon générale, je vous dirais qu'on est effectivement confortables avec
ce qu'il y a dans le projet de loi.
M. Coiteux :
Merci. C'est tout pour moi.
Le Président
(M. Auger) : Merci, M. le ministre. M. le député de René-Lévesque
pour 9 min 30 s.
M. Ouellet :
Oh! j'ai perdu 30 secondes.
Le Président
(M. Auger) : Oui, désolé.
M. Ouellet :
Bien, effectivement, j'en ai...
Le Président
(M. Auger) : Mais c'était pour voir si vous suiviez.
Effectivement, vous suivez. C'est bon.
M. Ouellet : O.K., oui. J'ai plusieurs questions, alors je vais y aller avec des
questions courtes, avec des réponses courtes,
parce que vous êtes allés de façon assez générale dans le
mémoire en question, mais j'aimerais avoir la position du CPQ sur des points
bien précis.
Vous
trouvez intéressant et pertinent que les MRC maintenant puissent créer leur
propre fonds d'investissement pour
faire du développement économique,
mais vous dites : Il faut que ce fonds-là touche l'amélioration de la
productivité, l'innovation, la création de
valeur ajoutée, la commercialisation, la mise en marché et la réduction de
l'empreinte environnementale.
Seriez-vous prêts, comme groupe, à faire la recommandation que soient normées
ces dispositions-là à l'intérieur des
MRC pour dire : Dorénavant... Parce que la compétition est entre les MRC à
travers le territoire. Si on veut se compétitionner sur le même enjeu,
est-ce que nous devrions normer ce fonds-là en fonction de ces indicateurs-là?
M. Lamy (Guy-François) : Bien, c'est des paramètres qu'on donne. Alors, au
niveau de la mesure à prendre après ça
pour les prendre, on n'a pas d'opinion sur : Est-ce que ça devrait être
dans la loi, est-ce que ça devrait être dans une politique, ou ce genre de chose là, mais c'est une préoccupation qui
vise à faire en sorte qu'on s'assure d'un cadre, on s'assure que ce soit utilisé, ces sommes-là, à une
mission qui soit efficiente puis qui rencontre ses objectifs, et, pour
nous, c'est des paramètres à prendre en
considération. Au niveau de la mesure après ça, ce n'est pas particulièrement
important pour nous.
M. Ouellet : Autre point là-dessus. Vous soulignez
effectivement que les MRC vont pouvoir faire ça de façon autonome, et
donc sans OBNL. On se souvient à l'époque que nous avions des centres locaux
d'emploi qui avaient plusieurs
entrepreneurs — tout
près de 3 000 au Québec — bénévoles autour de ces structures-là.
Croyez-vous que ce serait encore
nécessaire d'avoir des entrepreneurs qui viendraient aiguiller l'orientation du
fonds? Parce que vous y mettez des
recommandations en disant : Si on est pour faire des choses en
développement économique, voici les balises avec lesquelles nous, on croit qu'on devrait oeuvrer. Est-ce que vous croyez
que l'apport ou la connaissance d'entrepreneurs devrait venir
influencer, ou teinter, ou aiguiller le déploiement de ce fonds-là sur les
territoires?
M. Lamy (Guy-François) : Il est évident que les employeurs du milieu
connaissent leurs besoins, connaissent leurs
enjeux et leurs défis. Alors, les administrateurs locaux ont tout intérêt à
prendre en considération ces préoccupations-là, puis ça s'inscrit, ça
aussi, dans une dynamique de démocratie participative.
M. Ouellet : L'article 57... Parce que vous n'en parlez pas
beaucoup, mais, en tout cas, vous parlez de l'adjudication des contrats
qui pourrait permettre à une municipalité de faire des contrats de gré à gré de
25 000 $ à 100 000 $, mais l'article 57 amène une nouvelle disposition aussi qui oblige une
municipalité de déclarer les contrats de plus de 2 000 $, qui pourraient dépasser jusqu'à 25 000 $. Je
présume que, comme CPQ, vous êtes à l'aise avec le fait que cette
déclaration-là va rendre plus transparents
les contrats donnés à des entreprises qui... Dans certains cas, sans porter de
préjudice, par le passé, on avait pu
voir des stratégies de fractionnement. Donc, vous êtes à l'aise avec cette
disposition-là qui va permettre, dans le fond, de rendre compte à la
population sur les contrats de plus de 2 000 $, qui auront été en
haut de 25 000 $, pour éviter effectivement ce qu'on appelait à
l'époque les fractionnements de contrats.
• (11 heures) •
M. Lamy (Guy-François) : Bien, c'est une disposition qui s'inscrit... Quand
je disais, tout à l'heure, ce changement
de paradigme où la reddition de comptes se fait davantage envers le citoyen,
donc c'est une disposition qui, à notre
avis, s'inscrit parfaitement bien dans ce changement de paradigme là.
C'est-à-dire que le citoyen va avoir accès à cette information-là facilement et pourra se faire une
idée, là, de comment sa municipalité est gérée, là, là-dessus,
effectivement.
M. Ouellet :
Nous avons entendu les représentants, dont M. le maire de Laval, la semaine
dernière... Parce que, dans les dispositions en question, on fait mention que
l'aide financière, dans le cas de Montréal et Québec, est rehaussée à 300 000 $ et des autres
municipalités, c'est 250 000 $, et alors le maire de Laval nous
disait : Écoutez, pour une municipalité limitrophe à Montréal, il y
a un différentiel de 50 000 $. Croyez-vous que ça aura une incidence
et qu'on devrait, dans le cas des municipalités limitrophes de Montréal, mettre
ça tout le monde à 300 000 $?
M. Lamy (Guy-François) : C'est une bonne question, et je vais vous
répondre très candidement qu'on n'a pas analysé cet aspect-là. Alors,
c'est intéressant comme point de vue. Je vous dirais, à première vue, que ce
n'est pas quelque chose auquel on est
fermés. Je m'en remettrais, là-dessus, à l'expertise de ces élus-là, qui
doivent connaître les réalités de leurs secteurs particuliers.
M. Ouellet : Mais croyez-vous qu'on vient de... Dans le cas d'une compétition pour
l'installation d'un promoteur entre
Montréal et, mettons, Laval, il y a 50 000 $ de contribution qui est
différente, donc ça avantage la ville de Montréal. Est-ce que vous êtes conscients que, dans le jeu
des négociations pour accueillir un promoteur, il peut y avoir une
balance vers Montréal plutôt que vers Laval?
M. Lamy (Guy-François) : Je vous
ai dit tout à l'heure que ce phénomène-là, il va être là. Il est déjà là,
mais il va être là. Est-ce que c'est juste à
cause de ça? Est-ce que c'est à cause de la fiscalité? Est-ce que c'est à cause
des infrastructures? Il y a plein
d'autres paramètres qui vont entrer en considération, mais effectivement ce que vous soulevez, c'est que ça peut être un de ces
facteurs-là.
M. Ouellet : Vous représentez une confédération d'entreprises, et on voit dans des
dispositions du projet de loi
en question que les municipalités auront maintenant la possibilité de ne plus transmettre leurs avis
publics par les journaux, par les
médias traditionnels. Et on sait que, dans plusieurs régions du Québec,
ces avis publics là sont assurément une bonne partie des recettes publicitaires des journaux et que certains
représentants... Je ne sais pas s'ils ont fait des représentations auprès de vous, mais ils ont commencé à en faire
auprès de nous que, malheureusement, ces municipalités s'en vont vers cet objectif-là. Bien, plusieurs entreprises dans le domaine de la presse
risquent d'être fragilisés et, dans certains cas, procéder à une
fermeture. Comment vous vous positionnez, comme organisation, face à ce
constat-là ou cette possibilité-là?
M. Lamy (Guy-François) : C'est
une question intéressante, elle ne nous a pas été soumise. Je
vais être franc avec vous, elle ne
nous a pas été soumise, et on n'a pas été interpelés sur cette question-là. Je
ne remets pas en question, par contre, cette analyse-là que ces gens-là font. Je pense
que ça vaut la peine de les entendre et de les écouter. Puis ils ne sont
pas venus nous voir à ce niveau-là, de ce
côté-là, du côté des gens avec qui on transige. Chez nos membres qui
viennent du secteur des médias, on n'a pas eu de commentaire.
M. Ouellet : O.K. Mais, dans le fond, vous comprenez que cette disposition peut arriver à une baisse de revenus et, dans certains cas,
avoir une incidence sur la viabilité future de leur...
M. Lamy
(Guy-François) : Je
comprends la préoccupation, je l'entends. Je ne l'ai pas analysée. Je n'ai pas
vu le pour et le contre et je n'ai pas eu de
commentaire très spécifique de la part de ces gens-là non plus, mais je
comprends, effectivement, que ça peut être une préoccupation pour certains.
Le Président (M. Auger) :
...30 secondes en plus, M. le député.
M. Ouellet : Il me reste
combien de temps?
Le Président (M. Auger) :
Quatre minutes.
M. Ouellet : Quatre minutes.
Merci. La semaine dernière, les gens de la municipalité de Saguenay nous ont
comparé un peu une municipalité comme étant une entreprise de services. À vous
entendre, je pense que vous êtes conscients
qu'une municipalité n'est pas une entreprise de services. Mais, selon vous, à
la lumière de ce que vous avez pu analyser
dans le projet de loi, est-ce qu'il y a des endroits où est-ce qu'on aurait pu
aller un peu plus loin? Parce que vous êtes pas mal d'accord avec ce
qu'il y a dans les dispositions et vous faites quelques commentaires, mais,
selon vous, il y a-tu un endroit où est-ce qu'on aurait pu aller un petit peu
plus loin en matière de démocratie citoyenne ou en matière de reddition de comptes pour les citoyens? J'aimerais entendre
le CPQ me dire : Écoutez, on est à l'aise avec ça, mais considérant ce qu'on entend puis ce qu'on
vit... Parce que vous avez apporté la nuance importante entre ce qui
peut se vivre et se développer dans le cas d'une métropole comme Montréal
versus d'autres municipalités. Alors, comment le CPQ peut nous aider à bonifier
ce projet de loi là pour en faire un meilleur projet de loi?
M. Lamy
(Guy-François) : Je vous dirais, à la lecture que je fais du projet de loi, que ça va être surtout dans sa mise
en oeuvre et dans son suivi. Ce que
je veux dire par là, c'est que c'est un projet de loi... Comme je vous
disais, on change de paradigme, mais
on est favorables à ça. Il y a des éléments dans le projet de loi qui vont faire en sorte qu'on va donner des paramètres de consultation sur comment opérer ça auprès des municipalités. C'est sûr que — je
l'ai dit tout à l'heure, j'ai parlé de facteurs culturels — il
y a des humains derrière ça, il y a la façon avec laquelle ça va se faire.
C'est là que ça va surtout être à surveiller
puis à voir si ça se met en oeuvre de façon efficace et adéquate, mais à ce stade-ci je pense qu'au niveau du projet de loi comme il est
présenté je ne suis pas certain que vous soyez en mesure, comme
législateurs, de pouvoir intégrer un changement de culture plus fort que ça que
par ce projet de loi là que vous allez lancer, tout en considérant aussi, rappelons-le, que ces élus-là vont se retrouver
devant leurs concitoyens aux quatre ans aussi pour passer le test
ultime, là. Il y a ce facteur-là aussi.
M. Ouellet : Une des... bien, pas une disposition, mais à l'intérieur du projet de loi,
la trame de fond... et M. le ministre
l'a bien expliqué en entrée de jeu la semaine passée, à savoir que la reddition
de comptes ou l'obligation de rendre des comptes se faisait des
municipalités vers Québec, et dorénavant c'est les municipalités vers les
citoyens, et, dans certains cas, là, le
travail qui était demandé de rendre des comptes vers Québec sera tout
simplement transféré vers un travail fait pour les citoyens. Alors, vous
êtes d'accord avec cette vision-là, cette façon de faire là qui donne beaucoup
plus d'autorité aux municipalités, mais en
contrepartie beaucoup plus de responsabilités vers les citoyens? Parce que vous avez parlé tantôt de l'importance
de l'allègement réglementaire. Alors, comment vous voyez... Il peut y avoir de
l'allègement, mais présentement, si on dit : Il y a un transfert de
responsabilités vers les municipalités...
M. Lamy
(Guy-François) : Oui. La
lecture qu'on fait du projet de loi, c'est que ça se fait en même temps,
un peu, là, dans le sens qu'on leur donne,
comme je disais tout à l'heure, une marge de manoeuvre, aux municipalités, sur
la façon d'opérer, mais on leur dit,
et c'est tout à fait normal et souhaitable, on leur dit : Par contre, vous
demeurez redevables à vos citoyens,
et voici les paramètres ou les attentes qu'on a à cet égard-là. Donc, à
première vue, quand je regarde le projet de loi, je n'ai pas de préoccupation que la reddition de comptes aux citoyens va entraîner un alourdissement ou le
maintien du fardeau administratif parce que ce que je comprends, c'est que
celui à l'égard du gouvernement était quand même très strict en termes de
paperasse, et de formulaires, et de rapports à produire, alors qu'ici on se met
plus en mode transparence, et : Voici
les informations auxquelles vos citoyens doivent avoir accès. Et c'est comme ça
que je le comprends dans le projet de loi, à moins que telle ne soit pas
l'intention, là, mais c'est la lecture qu'on en fait.
Le Président (M. Auger) : 15
secondes.
M. Ouellet : C'est beau, M. le
Président. Merci beaucoup.
Le Président (M. Auger) :
Merci, M. le député. M. le député de Blainville, pour
6 min 30 s.
M. Laframboise : Merci
beaucoup, M. le Président. M. Lamy, Me Lafrance, merci de votre
présence. Bien, évidemment, à la lecture de
votre mémoire, là, on comprend que vous adhérez au projet de loi, là, puis même
vous vous surpassez, là, parce que,
quand je vous lis, là, 4.2, dernier paragraphe : «En ce sens, soulignons
l'importance de ne pas soumettre les
immeubles résidentiels à des charges fiscales trop élevées.» Et vous vous
surpassez, franchement, là, les maires
doivent être bien heureux, c'est-à-dire que vous voulez protéger le fardeau de
taxe sur les immeubles résidentiels. C'est
parfait, là, je veux dire, les maires... C'est l'intention des élus, vous le
savez, évidemment, municipaux parce que ce sont ceux qui votent. Souvent, vos membres ne votent pas, là, lors des
élections. Donc, vous voulez protéger le résidentiel.
Mes
questions sont sûrement, bon, concentrées sur la fiscalité. Donc, la taxation,
les nouveaux pouvoirs créatifs, vous
avez raison... parce que les villes vont être créatives pas juste en taxation,
en redevances. Ça, ça ne vous énerve pas, vous vous dites : Bah! Probablement, le marché va s'établir. Vous avez cité Blainville. Moi, je suis député de Blainville, donc je peux vous dire que les autres n'ont qu'à
bien se tenir, Blainville va toujours être très compétitive dans le milieu de la
taxation, elle ne sera pas créative pour des
nouvelles taxes. Bon, vous, ce que vous dites, c'est que vous souhaitez
que ça s'équilibre un peu, ça, par rapport à ça, là?
M. Lamy
(Guy-François) : Oui, effectivement, c'est un objectif que les choses se balancent, en fait, là,
qu'on puisse avoir une assiette fiscale qui
soit concurrentielle par le jeu de la concurrence ici. Et après ça, au niveau
des mesures qui sont prises, bien, si ça peut permettre aux municipalités
d'atteindre cet objectif-là, effectivement, oui, ce ne serait que positif, là.
M. Laframboise : C'est parce que tel que c'est rédigé, le projet
de loi, là, ça va être très compétitif, là, c'est-à-dire que... Vous, ça, vous adhérez à ça. Donc,
s'il y a des villes qui chargent
moins, bien, ça, c'est intéressant pour vos membres, là, parce qu'eux
autres, ils pourront choisir l'endroit où ils voudront s'installer.
M. Lamy (Guy-François) : Oui,
c'est exactement ça, exactement.
M. Laframboise : Parce que, là-dedans, il n'y a
pas de mesure d'équilibre, là, c'est carrément, là... Parce que, quand tu es créatif, là... Le ministre nous dit : Bon, bien là, c'est la taxation,
tu choisis puis tu as juste des empêchements, des clauses que tu ne peux pas faire; le reste, tu peux créer. Donc, évidemment,
là-dedans, les villes vont être... celles qui
veulent être les plus compétitives vont créer le moins possible. C'est ça, le
libre marché.
Ça
m'amène à ma deuxième question en taxation, c'est sur le non-résidentiel parce que,
là, 168 nous crée la règle relative à
l'établissement de sous-catégories d'immeubles dans la catégorie
des immeubles non résidentiels puis par
la suite les règles relatives à l'établissement de taux de taxe foncière distincts à la catégorie des immeubles non
résidentiels en fonction de l'évaluation foncière. Donc là, on va créer des
sous-catégories dans le non-résidentiel. Donc, ça, ce que vous me dites,
évidemment, vos membres adhèrent à ça? Ça va être plus facile? Ça va être
plus...
• (11 h 10) •
M. Lamy
(Guy-François) : C'est une
question, je vais le dire bien franchement, qui était complexe et pour
laquelle même nos membres ont eu un peu de difficultés à se retrouver dans
cette analyse-là. Alors, quand on la regarde, effectivement, à première vue, pour nous, ça semble être une
mesure qui soit acceptable, mais je vais vous dire bien, bien honnêtement
que, si on ne s'est pas étendus trop longtemps sur cette question-là, c'est
qu'on est dans une matière qui est particulièrement complexe et, pour certains,
ce n'était pas trop évident de se retrouver dans ces différentes strates et ces
différents niveaux là.
M.
Laframboise : Parce que,
bon, quand le maire de Montréal est venu nous expliquer que, lui, c'est plus
facile pour lui, les plus petits commerçants
qui en arrachent, il va être capable de leur faire des taux plus bas par rapport aux plus grandes entreprises qui en arrachent moins, là, évidemment,
vous, comme... tantôt, vous avez dit : C'est à l'application qu'on va voir, là. Parce que, là, théoriquement, moi, je sais comment ça fonctionne. Habituellement, tu as la
taxation sur le non-résidentiel, pour
laquelle je leur ai dit : Vous voulez maintenir du résidentiel, les
immeubles résidentiels le plus bas.
Donc, tu as le non-résidentiel puis tu as... Puis, vous savez, les villes, eux
autres, vont chercher un paquet d'argent avec le non-résidentiel, un
paquet d'argent avec le résidentiel. Là, vous nous dites — je
répète parce que je vous donne la chance de
vous corriger si ce n'est pas ça, là — l'importance de ne pas soumettre les immeubles résidentiels
à des charges fiscales trop élevées.
Ça, ça veut dire que le résidentiel, on le tient le plus bas possible; le
non-résidentiel, bon, il va avoir une marge de manoeuvre, là. Je vous
donne la chance de vous corriger, là, O.K.? Allez-y.
M. Lamy
(Guy-François) : Merci. La préoccupation ici en matière... Je vous le
dis, la première préoccupation, c'est de maintenir l'assiette fiscale,
hein, on s'entend? Au niveau du résidentiel, il y a une préoccupation aussi au niveau... parce que je vous ai dit : Capital
humain, coût concurrentiel, il y a une préoccupation d'attraction de la
main-d'oeuvre disponible aussi qui est
derrière cet élément-là. Il ne faut pas interpréter cette affirmation-là par
opposition à la fiscalité des entreprises. C'est ça, mon point, en fait.
C'est surtout ça que je veux vous dire, là. Donc, on parle ici de maintenir une assiette fiscale qui soit
concurrentielle, je pense que c'est surtout ça qu'il faut retenir, mais c'est
qu'on voulait, sur la question du résidentiel, juste faire un point
aussi plus précisément par rapport à ça.
M. Laframboise : Parfait. Non,
ça va. Et ensuite sur l'octroi des contrats, là... Il me reste combien de
temps?
Le Président (M. Auger) : Une
minute.
M. Laframboise : Une minute. L'octroi des contrats, la
pondération, là, telle qu'elle est, vous semblez d'accord avec la
pondération qui est proposée par le projet de loi.
M. Lamy
(Guy-François) : De façon
générale, oui. De façon générale, oui, comme je vous ai dit. C'est
complexe, mais, de façon générale, ce qu'on
observe, c'est qu'on fait confiance aux représentations qui nous sont faites à
l'effet que ce sera bénéfique. Je vous le dirais comme ça.
M. Laframboise :
Parfait. Puis là, avec une sensibilité pour le prix, vous auriez...
M. Lamy (Guy-François) : Je ne
vais pas jusqu'à ce niveau de détail là dans mes commentaires, je vous dirais.
Oui.
M. Laframboise : Parfait.
Merci. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. le député. Donc, Me Lamy et
Me Lafrance, merci beaucoup pour votre participation aux travaux de
la commission.
Et la commission suspend ses travaux jusqu'après
les affaires courantes. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 13)
(Reprise à 15 h 3)
Le
Président (M. Auger) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission
de l'aménagement du territoire
reprend ses travaux. Je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons les consultations particulières
et auditions publiques sur le projet de loi n° 122, Loi visant
principalement à reconnaître que les municipalités sont des gouvernements de
proximité et à augmenter à ce titre leur autonomie et leurs pouvoirs.
Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants
de la ville de Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre présentation, et, par la suite, nous allons procéder à une période d'échange avec les trois groupes
parlementaires. Bien vouloir, dans un premier temps, vous identifier et, par la suite, vous pourrez commencer.
Ville de Québec
M. Labeaume
(Régis) : Oui. Alors, M. le Président, M. le ministre, Mmes,
MM. les députés, bien, bonne
Saint-Valentin pour commencer. J'aimerais vous
présenter d'abord les gens qui m'accompagnent : Julie Lemieux,
vice-présidente du comité exécutif
de la ville de Québec, André Legault, directeur général de la ville, et Serge
Giasson, directeur des services des affaires juridiques.
Alors, le 14
novembre 2016, nous étions devant cette même commission pour présenter nos commentaires sur le projet de loi n° 109.
Nous soulignions, entre autres, notre grande satisfaction à ce que le gouvernement
reconnaisse enfin la ville de Québec, capitale nationale du Québec, comme un
partenaire à part entière et non plus comme une de ses créatures.
Et donc nous sommes honorés, une fois de plus,
d'être conviés en cette salle pour nous exprimer sur le projet de loi n° 122 qui concrétise la reconnaissance formelle par le gouvernement du statut de gouvernement de proximité des municipalités. Nous sommes convaincus que les différentes
mesures proposées, après discussions, permettront d'améliorer
l'autonomie des municipalités et de favoriser leur développement. Et,
considérant le temps qui nous est imparti, nous joignons, en annexe à la
présente allocution, une lettre que j'ai adressée au ministre des Affaires
municipales et de l'Occupation du territoire exposant nos commentaires et les amendements que nous souhaitons voir apportés
au projet de loi n° 122,
relativement à divers sujets. L'essentiel de notre allocution se concentrera
donc sur la suppression de l'obligation de soumettre à l'approbation
référendaire toute modification aux règlements d'urbanisme de la ville de
Québec.
Nous sommes
donc devant vous aujourd'hui pour vous réitérer spécifiquement l'importance de
cette mesure. Et, pour ce faire,
qu'il me soit permis de faire miens plusieurs des propos de M. Jean-Paul
L'Allier, dans son rapport Bâtir un partenariat
performant entre les citoyens et les élusdans la poursuite de l'intérêt collectif, rapport présenté au
caucus des grandes villes de l'Union des municipalités du Québec en avril 2008.
Et donc nos commentaires se retrouvent sur trois principaux éléments : les
mécanismes de consultation de la ville de Québec, la mécanique référendaire, un
outil d'opposition ou pourquoi elle doit être abolie, et la responsabilité
politique des décisions municipales.
D'entrée de jeu, nous souhaitons marteler qu'il
est possible, sans approbation référendaire, de développer le territoire de
façon démocratique. En effet, avec des moyens modernes de participation
citoyenne, il est possible, dès l'amorce
d'un projet, de prendre en considération l'opinion de la collectivité. Ainsi se
dégageront des visions concertées, et les
décisions qui seront prises seront plus proches des préoccupations de la
population, ce qui permettra d'assurer une plus grande acceptabilité
sociale et d'éviter des débats qui déchirent.
M. L'Allier
a su démontrer avec force de conviction, au cours de son passage à titre de
maire de Québec, en étant à l'écoute des citoyens, il est possible de
développer harmonieusement en suscitant la participation citoyenne avec des moyens tels qu'une politique de consultation
publique efficace ou en offrant des tribunes comme les conseils de
quartier. La ville de Québec est consciente des défis qu'elle a pour inciter l'ensemble
de la population, pas seulement ceux qui sont contre, à s'impliquer pour l'appuyer dans la planification de ses projets et l'utilisation de moyens alternatifs de consultation, par
exemple l'application Mon trajet vélo, qui a été utilisée pour l'élaboration de
la vision des déplacements à vélo.
En
août dernier, afin de revoir son processus de participation citoyenne,
la ville, je pense, a eu le courage et retenu les services de l'Institut du Nouveau Monde. Cette
organisation a le mandat de réaliser un diagnostic des
pratiques de participation publique à
partir duquel la ville entend réviser sa politique de consultation publique et
bonifier ses façons de faire. De
plus, la ville a créé, en décembre 2016, un service de l'interaction citoyenne
qui aura notamment comme mandat de coordonner l'action de la ville en matière de
participation citoyenne. Ce service assurera la vigie sur les bonnes
pratiques en la matière et donnera suite aux recommandations formulées par
l'Institut du Nouveau Monde.
Comme nous l'avons
maintes fois déjà souligné par le passé, de par sa complexité excessive, la
procédure référendaire fait en sorte que
finalement seuls les opposants organisés à un projet peuvent se manifester et
exercer leur droit de veto. En ce
sens, le processus de consultation publique est beaucoup plus inclusif, plus
constructif. Il permet de mesurer l'opinion de la population bien en
amont du projet.
Et
c'est ce qu'indiquait d'ailleurs le maire Jean-Paul L'Allier, en décembre 2000,
lors des auditions en commission parlementaire,
sur le projet de loi n° 170, concernant la réforme de l'organisation
territoriale, et je cite : «Le référendum est un outil
d'opposition. Il est utile quand on veut bloquer quelque chose. Ce dont on a
besoin, ce sont des outils de construction,
et nos conseils de quartier sont des outils de construction démocratiques.»
Ainsi, la mécanique référendaire, pour
laquelle la ville de Québec était exemptée avant les fusions, et je tiens à le
souligner, ne sert que l'intérêt individuel de groupes organisés insatisfaits au détriment de l'intérêt collectif. Ces
groupes qui font grand bruit éludent l'appui que peuvent recevoir les
projets par une majorité de citoyens.
Au final, comme le
mentionnait le rapport L'Allier après une phase de consultation et l'obtention
du meilleur consensus, et je cite :
«C'est le devoir et la responsabilité des élus de gouverner dans la poursuite
de l'intérêt collectif, ce qui implique l'exercice constant de faire les
compromis nécessaires au développement durable de leur communauté.» Et, comme il soulignait alors, et je cite de
nouveau : «Les modifications réglementaires initiées pour la réalisation
d'un projet précis doivent être
motivées par la poursuite de l'intérêt collectif au même titre qu'une
modification prise à l'issue d'un exercice de planification de
l'aménagement du territoire. Les élus municipaux — c'est toujours
Jean-Paul L'Allier qui parle — sont les mieux placés pour prendre des
décisions dans la poursuite de l'intérêt collectif. Ils assurent ainsi
une plus grande équité dans les choix en matière de développement.»
• (15 h 10) •
Il
ajoutait également que «cette responsabilité politique ne devrait pas, quel que
soit le niveau décisionnel, faire l'objet d'un contrôle ou d'une remise
en question d'opportunités, et ce, afin d'assurer la mise en oeuvre de la
vision politique de l'aménagement du territoire québécois.
«C'est
la prérogative et le devoir des élus de sous-peser les intérêts particuliers et
ceux de la collectivité et de faire les
compromis nécessaires en toute équité. S'ils sont plus près des citoyens, les
villes et les élus doivent pouvoir faire des choix sans que
l'opportunité de leurs décisions ne soit court-circuitée par un référendum en
cours de projet, qui vise, finalement, à défendre les intérêts d'une poignée
d'individus.»
En conclusion, M. le
Président, dans son rapport, M. L'Allier indiquait à juste titre que «l'intérêt
public, c'est beaucoup plus que l'intérêt
particulier des citoyens touchés par l'intervention municipale en aménagement,
c'est celui de l'ensemble de la
collectivité locale dans le cadre des choix faits par les élus pour exprimer la
volonté politique de l'État en matière de planification et de
développement durable.»
À la ville de Québec,
nous nous inscrivons parfaitement dans cette vision, celle de Jean-Paul
L'Allier, et demandons aux parlementaires
d'adopter l'article 39 du projet de loi n° 122 afin qu'elle soit
affranchie de l'approbation référendaire
obligatoire en urbanisme. La ville souhaite que la dynamique d'opposition aux
projets qu'elle génère laisse place à
une participation citoyenne plus inclusive, plus constructive, plus éclairante
sur l'acceptabilité sociale des projets.
Les élus doivent
prendre des décisions dans l'intérêt public en toute transparence, en étant à
l'écoute, mais en demeurant ultimement responsables et imputables. Penser
autrement, c'est nier le résultat de l'exercice démocratique suprême dans une
ville, c'est-à-dire les élections.
Cette
place du citoyen passe toutefois par une meilleure information, une
consultation en amont de la prise de décision
en vue d'assurer une meilleure concertation. Et donc associer le citoyen à la
prise de décision, c'est le mettre à contribution avant que la décision
ne soit prise, dès le début des discussions quant à l'opportunité d'un projet
de modification, c'est lui donner la
possibilité de bonifier les projets et de porter, en temps utile, sa
préoccupation à l'attention des élus.
Et je termine en
disant que cette implication citoyenne doit être assurée par une consultation
permettant à tous les citoyens intéressés d'exprimer leurs points de vue.
Pour toutes ces
raisons, nous croyons que l'utilisation de la voie référendaire par une
minorité est un geste tout à fait antidémocratique. Merci.
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. le maire. Nous allons commencer
la période d'échange. M. le ministre, vous avez 16 minutes à votre
disposition.
M. Coiteux :
Merci, M. le Président. Merci, M. le maire, pour la présentation du mémoire.
Et, puisque vous avez... D'une part, je reconnais, j'ai reçu cette
lettre, effectivement, puis il y a des suggestions d'amendement. Comme toute
suggestion d'amendement, on va les examiner avec attention, on va les prendre
en considération, bien entendu. Mais, puisque vous avez mis l'accent,
aujourd'hui, dans votre présentation, sur la question des référendums en matière
d'urbanisme, peut-être qu'on pourra encore approfondir ça un peu davantage.
Est-ce
que vous pourriez, pour le bénéfice, là, des gens de la commission, nous
parler, donner des exemples, là, où il y avait des projets qui étaient
des bons projets pour l'intérêt de l'ensemble des citoyens, qui ont été
bloqués, là, par cette procédure-là?
M. Labeaume (Régis) : Bien, écoutez, je peux peut-être donner... puis
ma collègue Julie Lemieux pourra en parler, le projet de l'îlot Irving. Ce qui a été bâti est un moins bon projet
que ce qui était sur la table au début. Avant, il y avait des logements sociaux, il n'y en a plus. Il y avait
des stationnements pour les gens du quartier, il n'y en a plus. Julie, vas-y.
Mme Lemieux
(Julie) : Bien, il y avait
aussi un dégradé, donc en termes d'étages, donc c'était plus accessible,
en fait, pour les citoyens qui étaient plus
bas. Donc, en termes de configuration d'architecture aussi, c'était plus
intéressant. Et puis, bien, c'est ça, il y avait vraiment plus de stationnements,
il y avait des logements sociaux, alors que, là, présentement, il n'y en a pas
du tout.
Et ça, c'est
majeur, parce que c'est un projet qui était plus complet, et ça nous a beaucoup
déçus, en fait, que ça ne passe pas
par référendum, parce que ça donnait la chance aussi à des citoyens qui étaient
moins fortunés de s'installer dans un
quartier qui est au centre-ville. Et on sait que le centre-ville, en termes de
logements sociaux, il n'y en a pas autant qu'on le voudrait. Donc, pour
nous, c'était majeur.
M. Labeaume (Régis) : Et l'îlot
Esso au coin de Cartier et René-Lévesque, c'est peut-être l'exemple le plus
ridicule, là, parce qu'en développement durable, il faut que tu ailles en
hauteur pour densifier. Alors, les gens se sont opposés à ce qu'il y ait de la
hauteur. En voyant l'îlot Esso, la bâtisse qui est là, tout le monde sait qu'il
manque un ou deux étages, et ça fait en sorte que ça donne des petits
appartements pour à peu près des célibataires, peut-être des couples, sûrement pas de familles, alors que nous,
on a décidé qu'on densifiait la ville. En termes de développement
durable, il faut densifier. Tout le monde
voit cet édifice-là, sait qu'il manque au moins un ou deux étages. Et donc on a
travaillé contre le fait qu'on doive densifier un peu en hauteur.
C'est un
exemple à peu près ridicule, le plus ridicule qu'on a à Québec, avec l'îlot
Irving. C'est un mauvais projet. C'est
un projet qui a mal fini, qui a donné un mauvais résultat, alors que le projet
initial était bien meilleur. Alors, sous la menace et sous le référendum... Là, évidemment, le promoteur avait
acheté le terrain, il avait déjà investi, alors il était à la merci de tout le monde. Il a fini avec un projet
que nous, la ville de Québec, on pense qu'il n'est pas bon pour la ville
parce qu'il manque un, deux étages, où on aurait plus de gens qui y vivraient.
Au niveau de la densification du quartier, rajeunir le quartier, c'est un autre
objectif, ça n'a pas eu lieu avec ce projet-là.
Et l'îlot
Irving est l'exemple qui nous fait le plus mal. Plus de logements sociaux, plus
de stationnement pour les gens du
quartier, plus de dégradé, parce qu'on pensait que c'était la meilleure
affaire. Mais, bon, il y avait une espèce de tyrannie quelque part, où il fallait écouter tout ça, où les gens ont
demandé un référendum, avec très peu de personnes, très peu de signataires. On n'a pas travaillé dans
l'intérêt collectif de la ville de Québec. Ces projets-là ne sont pas dans
l'intérêt collectif de la ville de Québec,
l'intérêt de la densification, de la construction de logements sociaux, la
disponibilité des stationnements. On
n'a pas suivi l'intérêt collectif. La planification de la ville, ce n'est pas
ça que ça donne comme projets.
Mme
Lemieux (Julie) : Si vous me
permettez, aussi, dans le cas d'Irving, c'est un bâtiment, à l'origine, qui
devait être un bâtiment LEED, et, à cause du
référendum, bien, finalement, ça a été abandonné, ça aussi. Donc, au total, ça
a été un projet qui était moins intéressant pour tout le monde.
M. Labeaume
(Régis) : Et, si vous me
permettez, moi, quand je suis en élection, je dis aux gens : Nous
allons densifier la ville. Je trouve que les résultats ne sont pas pires. Je
pense que j'étais bien appuyé.
Alors, dans
le fond, ce qu'on fait, c'est qu'on contourne les résultats des élections, de
l'exercice démocratique, où je suis
toujours très clair en élection. Nous autres, on est très clairs, nous
densifions la ville. Alors, on contourne les résultats des élections
pour des cas particuliers qui sont près de chez soi, dans sa cour. C'est
totalement antidémocratique.
M. Coiteux : C'étaient quels
types d'arguments qui étaient avancés par les opposants dans ces deux cas-là?
M. Labeaume
(Régis) : Bien, à Québec, on
fait des syndromes de la hauteur. On parle de hauteur, mais la hauteur, à Québec, je ne le sais plus, c'est quoi parce que...
En passant, ce n'est pas absent de politique, tous ces projets-là, là,
hein? Il y a des gens qui prennent des positions
politiques, qui prennent des avantages politiques là-dedans, on le sait. Mais,
en développement durable, ce qui est dit, c'est : Prends le moins de
terrain puis monte en hauteur pour densifier. À Québec, on ne monte pas si en hauteur que ça, à part le projet qu'on
aura sur le boulevard Laurier, qui est stratégique, mais... C'est quatre étages, l'îlot Esso, à peu
près, quatre? Imaginez, quatre étages, c'était la limite en plein milieu de
la ville. C'est ça qui est ridicule. Si tu veux densifier puis travailler en
fonction du développement durable, ce n'est pas vrai que deux étages de plus,
rendu à six, tu atrophies le quartier. Ça ne se peut pas.
Alors, à un
moment donné, on ne le comprend plus. Pour être bien honnête, on ne le comprend
plus. Irving, la hauteur, on peut
comprendre, mais plus de logements sociaux, plus de stationnement, ça ne marche
pas dans notre façon de voir l'organisation de la ville, pas du tout. Et
les arguments, à un moment donné, tu ne les trouves plus valables parce que ça
devient politique dans le quartier. Il y a des éléments politiques qui
embarquent là-dedans puis qui se font du capital. Malheureusement, c'est ça.
Voilà.
M. Coiteux :
Est-ce qu'il y avait des gens qui argumentaient directement contre le logement
social dans ces cas-là?
M. Labeaume (Régis) : Ils
n'osaient pas, mais, quand on en parlait, ils étaient bien gênés, ça fait
qu'ils éludaient la question, parce que c'est gênant de se faire dire que, pour
des raisons politiques ou quasi politiques, tu empêches la construction de logements sociaux dans un édifice. Ça a
toujours été éludé parce que c'est un peu gênant.
M. Coiteux : Mais néanmoins, le
projet final, il n'y en avait pas.
M. Labeaume (Régis) : Il n'y en
avait pas.
M. Coiteux :
Donc, en quelque part, pour obtenir l'assentiment, cette partie-là a été
évacuée.
M. Labeaume (Régis) : C'était
gênant, mais ils l'ont ôtée.
M. Coiteux :
Donc, si vous avez des politiques de mixité, de densification, la procédure
actuelle, là, qui est mur à mur partout au Québec, elle empêche Québec,
par exemple, de faire valoir ses...
• (15 h 20) •
M. Labeaume
(Régis) : Mais, M. le
ministre, le problème, c'est nous. Quand on va en élection, on est clairs.
Si vous nous élisez, nous allons densifier la ville de Québec, et je trouve que
les résultats sont assez clairs.
Alors, je ne vois pas pourquoi qu'on a été élus
fortement avec cette vision-là, puis, pour certains quartiers, on passerait à côté de la philosophie qui a été
appuyée par la majorité de la population et très fortement et que, dans
certains quartiers, non, eux autres, ils ne veulent pas se plier aux résultats
des élections, aux résultats de la vision qui a été approuvée par 75 % à 80 % des gens. C'est ça, le problème
qu'on a. Quand je dis que c'est antidémocratique, c'est ça que je veux
dire.
Ce n'est pas
la densification seulement où il y a des élus de l'Équipe Labeaume, là. Ce
n'est pas comme ça que ça marche.
C'est 75 % à 80 % de la population qui dit oui à la densification
depuis deux élections, puis il y en a qui veulent éviter, dans le fond,
d'accepter des projets qui vont dans cette vision-là. Nous, on ne densifie pas
un quartier puis pas l'autre. On a une
vision globale de l'aménagement de la ville, puis le mot d'ordre, c'est
densifier pour toutes les raisons qu'on connaît, mais, entre autres, de développement
durable. C'est comme ça que ça marche, puis je pense que, dans le monde, c'est
accepté comme ça.
M. Coiteux : Concernant la politique de consultation de la ville, pouvez-vous juste nous parler un petit peu plus d'à quel moment on
l'utilise, de quelle façon on l'utilise, dans le cadre de quel projet, quelles
en sont les étapes?
M. Labeaume
(Régis) : Julie pourrait en
parler, on a eu un rapport de l'Institut du Nouveau Monde, nous devons moderniser notre politique. Ça, on le sait. La politique
de consultation de Québec, elle date de 30 ans, Julie, à peu près?
Une voix : ...
M. Labeaume (Régis) : 25, 30
ans. On est rendus au moment où il faut la moderniser. Il y a des nouveaux paradigmes dans la société, il y a
des nouvelles façons de faire, et l'INM a fait un excellent travail.
D'ailleurs, quand on a demandé à
l'Institut du Nouveau Monde de faire une espèce d'audit sur ce qu'on faisait,
on savait qu'on devait s'améliorer, mais
on a eu le courage d'aller avec une organisation comme ça, qui nous a fait des recommandations que
nous allons suivre. Mais la recommandation principale, c'est que notre politique de consultation a pris de l'âge, et ça, on est tout à fait d'accord avec ça et on devra la
refaire. Julie.
Mme Lemieux
(Julie) : Je dirais même
qu'on se rend compte qu'on fait plus que ce que la politique présentement nous force à faire,
entre guillemets. Donc, on va plus loin, on consulte plus en amont, mais on n'a
pas enchâssé ces nouvelles façons de faire
là dans notre politique et donc dans la charte de la ville. Donc, c'est
pour ça qu'il faut qu'on revoie l'ensemble
de l'oeuvre, et l'Institut du Nouveau Monde nous accompagne là-dedans. Vous les
connaissez, ce sont des gens qui sont
extrêmement sérieux, qui font des veilles partout à travers
le monde, qui s'inspirent des meilleures pratiques et on veut faire la
même chose à la ville de Québec.
Donc, oui,
nous, les référendums, on n'y croit pas, mais, par contre,
on pense qu'une politique de consultation très forte, exemplaire,
c'est vraiment la clé et c'est ce qu'on veut faire à la ville de Québec. On a
une bonne politique quand même, qui a été utile pendant de nombreuses années,
mais je pense que là il faut aller beaucoup plus loin. On a déjà commencé à le faire
en théorie, mais maintenant il faut vraiment l'enchâsser dans un document
encore plus précis.
M. Labeaume
(Régis) : Et quand Jean-Paul
L'Allier a guidé ces politiques-là, il était à l'époque d'avant-garde. Jean-Paul était à l'avance de tout le monde, au moins au Québec. Ils avaient,
je pense, fait de la vigie sur les meilleures pratiques et l'avaient appliquée à Québec. Bon, mais là, ça fait 25, 30
ans. On est dus pour la refaire, parce que depuis 25, 30 ans, depuis que Jean-Paul a créé cette
politique-là, comment dire, les pratiques de consultation publique,
premièrement, se sont étendues, hein, ont
été utilisées dans les villes de plus en plus et se sont modernisées. Les
citoyens ont eu plus de... comment
dire, ont réclamé plus d'information, la façon de donner l'information, et donc
Julie et moi, on est tous d'accord avec nos collègues qu'il faut la
refaire, mais je ne veux pas la... Elle a juste vieilli, parce que, quand
Jean-Paul l'a fait à l'époque, il était en avant-garde.
M. Coiteux :
Justement, qu'est-ce qui est devenu plus vieux dans la politique puis qu'est-ce
qui va changer dans la nouvelle? Je
comprends que vous ne l'avez pas encore complètement déterminée, mais dans
quelle direction vous voulez l'amener?
À quoi elle ressemble aujourd'hui, là, puis à quoi vous voudriez qu'elle
ressemble, là, au terme de l'exercice de révision?
Mme Lemieux
(Julie) : Remarquez que la politique est beaucoup basée sur les
conseils de quartier. Le rôle des conseils
de quartier, on y croit fondamentalement aussi. Avec le temps, peut-être que
ces conseils de quartier là ont vieilli
un peu, et on veut voir comment les dynamiser davantage, parce qu'on ne se
cachera pas les vraies choses, ce n'est pas fréquenté par énormément de gens, ces conseils
de quartier là dans la plupart de quartiers. Moi, j'en ai un chez nous, c'est une dizaine de personnes par réunion, là. On
ne parle pas de conseils de quartier qui sont extrêmement fréquentés.
Il faut aller
chercher davantage les gens, il faut que les gens viennent davantage,
s'intéressent davantage aux choses
municipales, et ça, je pense qu'on a du travail à faire puis, dans la
politique, il faut trouver des nouvelles façons d'aller chercher ces
gens-là entre autres. C'est un exemple.
Je
pense que les conseils de quartier sont là pour rester. Par contre, il faut
élargir le bassin de population qui vont vraiment venir aux rencontres, s'intéresser, prendre part aux décisions.
Souvent, ce qu'on remarque, c'est justement plus les opposants qui vont s'impliquer davantage que les gens aussi qui ont
des projets constructifs à apporter. Donc, il y en a de tout, il y a de tous les genres, mais je pense
qu'on peut faire beaucoup mieux, et ça, l'Institut du Nouveau Monde nous recommande aussi d'aller plus
dans cette voie-là. Les conseils de quartier, c'est une belle voie d'avenir,
mais ça a vieilli, ça aussi. Donc, ça, il faut vraiment améliorer les
choses.
M. Labeaume (Régis) : Et les méthodes modernes de communication... Moi,
je dis toujours : Les gens à la retraite ont le temps d'aller aux conseils de quartier, hein, en consultation,
mais le couple avec deux enfants, le soir, le mardi soir, ils n'ont pas
le temps. Alors, tu sais, il faut moderniser, il faut utiliser plus Internet.
Des sondages sur Internet, Julie l'a beaucoup fait aussi ces derniers mois.
Alors, il faut
moderniser nos façons de consulter et, pour donner la voix à ceux qui n'ont pas
le temps, il faut pouvoir les atteindre,
alors les atteindre chez eux, hein, sur leur portable, sur leur téléphone. Il
faut changer nos façons de consulter,
il faut être beaucoup plus moderne. Il faut aller au-delà de l'assemblée publique,
là, pour donner la chance aux gens de pouvoir s'exprimer s'ils n'ont pas
de temps disponible pour le faire, pour se déplacer, par exemple.
Mme Lemieux (Julie) : Puis il faut travailler davantage en amont aussi,
j'ajouterais. On l'a fait depuis deux ans, particulièrement dans les PPU qu'on a mis sur la place publique, PPU
Belvédère, PPU Saint-Roch. On a fait des avant-projets, ce qui n'est pas dans la politique présentement, mais on l'a
fait comme ça. On fait des avant-projets qu'on soumet à la population, la population commente. Nous, on
retourne faire nos devoirs par la suite, mais on n'arrive pas avec un
projet fini. Vraiment, on y va en amont, et ça, je pense que ça passe beaucoup
mieux. C'est quelque chose qu'on veut faire davantage au cours des prochaines
années puis l'enchâsser aussi dans la politique.
M. Labeaume (Régis) : Si je peux me permettre, à la ville de Québec,
vous avez plusieurs instances où vous vous exprimez très facilement, là. Vous pouvez allez au conseil municipal,
vous mettez votre nom sur une feuille puis vous posez des questions au maire à deux mètres de lui. Vous
avez le conseiller d'arrondissement, le conseiller d'agglomération. Vous
avez la Communauté métropolitaine de Québec,
vous avez le conseil de quartier. Alors, ça, vous pouvez vous exprimer
facilement.
Et
on a calculé le... à part de tout ça, là, qui a lieu à toutes les semaines, les
deux semaines ou... il y en a plein à chaque
mois au total. On a fait, à part ça, 117 consultations depuis qu'on est
là. Il y a une nouvelle consultation, à part de ça, à tous les mois
depuis 10 ans. Tu sais, quand on parle que ça ne consulte pas, ce n'est
pas vrai, là. À tous les mois, il y a une
nouvelle consultation à part de toutes ces tribunes-là, là. Vous avez un
conseil à toutes les deux semaines à Québec, à part l'été. Bien, vous
voyez, à Montréal, c'est un par mois ou il y en a moins que ça.
Les gens peuvent venir poser des questions. Vous
avez le conseil d'arrondissement, c'est à toutes les deux semaines. Le conseil d'arrondissement, vous pouvez poser des
questions. Le conseil d'arrondissement à toutes les deux semaines, le conseil d'agglo, la même affaire, la
CMQ, le conseil de quartier. Il y a plein de tribunes à Québec. Je ne
connais pas une ville au Québec où il y en a plus de tribunes qu'à Québec.
Puis, à part ça, on a une nouvelle consultation en moyenne à tous les mois
hormis ça.
Alors, à un moment
donné, la consultation, là, on en fait, il y a des places. Quand on dit que les
gens ne sont pas écoutés, c'est parce qu'il
n'y a pas de tribune. À Québec, il y a plein de tribunes. Vous en avez cinq
permanentes, là, où à toutes les deux
semaines il se passe quelque chose ou au moins à tous les mois. Excusez, au
moins à tous les mois. Ça, c'est à part des 117 qu'on a faites.
Alors,
à un moment donné, de dire qu'on ne consulte pas, c'est faux. Mais viens
t'exprimer... puis on ne voudrait pas
que ce soit toujours les mêmes non plus. Puis souvent vous avez des
quasi-politiques là-dedans. C'est pour ça qu'on veut moderniser, essayer de rejoindre. Je parle toujours le couple avec
deux enfants qui ont quatre et cinq ans, il n'a pas le temps le mardi soir, tu sais. Alors, comment aller
le rejoindre, avoir son opinion autrement que l'obliger à se déplacer?
Il faut qu'on modernise nos affaires. C'est ce que Julie vient de dire, là, il
faut qu'on modernise nos façons de faire.
Le Président
(M. Auger) : 1 min 30 s, M. le ministre.
M. Coiteux :
J'ai combien de temps?
Le Président
(M. Auger) : 1 min 30 s.
M. Coiteux :
1 min 30 s. Les avant-projets, vous avez parlé de l'approche par
avant-projets, et pouvez-vous me donner un exemple que, par
avant-projet, vous avez modifié le projet pour arriver à quelque chose qui
tenait compte des consultations que vous avez menées?
Mme Lemieux (Julie) : Bien, on
est exactement dans ce cas-ci présentement avec le PPU Belvédère. Moi,
j'ai fait des rencontres avec les citoyens en avant-projet. Il y avait, par
exemple, à l'arrière du domaine du complexe Mérici, il y avait un projet qui était prévu à cet
endroit-là de construction. Les citoyens se sont présentés, nous ont
expliqué que, bon, ils n'étaient pas à
l'aise avec ce... bien, en fait ils n'étaient pas contre la construction, mais
ils voulaient avoir une zone tampon entre les deux, une zone verte, tout
ça.
Donc,
finalement, on trouvait que c'était une excellente idée et là on arrive avec le
nouveau projet, le vrai projet, disons-le
comme ça, qui considère cette recommandation-là des citoyens. On a même
travaillé avec nos équipes aussi, on les
a rencontrées pour voir comment ils voyaient ça, comment ils voyaient
l'aménagement de ce lieu-là éventuellement. Donc, on pense que ça, c'est
vraiment un travail d'équipe. À ce moment-là, c'est un exemple.
Et dans
Saint-Roch aussi, ça a été la même chose. On a fait un avant-projet. Le terrain
qui appartient à Kevlar présentement, qui est le grand stationnement à
ciel ouvert dans Saint-Roch, qui va être développé, bon, il y avait des enjeux
sur les hauteurs. Les citoyens riverains n'étaient pas tout à fait d'accord. On
a été à l'écoute et on a été les rencontrer
aussi par la suite pour voir comment eux voyaient les choses. Et
l'entrepreneur, le promoteur est prêt aussi à entendre. Donc, ça permet
un échange qui n'est pas possible si tu arrives avec un projet qui est tout
attaché.
Donc, je
pense que c'est important justement d'aller en avant-projet comme ça parce que
ça force le dialogue un peu, ça force
le dialogue entre toutes les parties prenantes. Ça permet aussi aux gens d'entendre
ce que les uns et les autres ont à dire, les promoteurs comme les
citoyens, comme la ville. Donc, c'est bien que les citoyens entendent ce que
les promoteurs ont à dire aussi sur des projets.
Le
Président (M. Auger) : Merci. C'est tout le temps que nous avions
pour ce premier bloc d'échange. Nous allons poursuivre avec l'opposition
officielle, le porte-parole, M. le député de René-Lévesque, pour
9 min 30 s.
M. Ouellet : Merci, M. le Président. Bonjour, M. le maire. Avant d'entrer dans le
sujet de Québec, j'aimerais vous entendre sur une nouvelle disposition que le ministre introduit à l'intérieur du projet de loi. L'article 52 rend maintenant tout règlement,
sous peine de nullité... doit être...
Une voix : ...
M. Ouellet : Oui, excusez.
L'article 52 nous amène maintenant à ce que tout règlement, sous peine de
nullité, est précédé d'un avis de motion et d'un projet de règlement déposé en
séance du conseil et à être adopté à une séance subséquente tenue un jour
ultérieur.
M. Labeaume (Régis) :
Me Giasson va vous parler de ça.
Le Président (M. Auger) :
Me Giasson.
M. Giasson
(Serge) : Pour nous, ça ne change rien parce que déjà la ville de
Québec, lorsqu'on donne l'avis de motion, les projets sont déposés avec
l'avis de motion. Alors, pour nous, il n'y a pas d'enjeu sur cette disposition.
M. Ouellet : C'est de la
pratique courante.
M. Giasson (Serge) : Déjà,
c'est une pratique, oui.
M. Ouellet : Parfait, merci.
Le Président (M. Auger) : Mme
la députée de Taschereau.
• (15 h 30) •
Mme Maltais : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. le maire, Mme la vice-présidente, mesdames,
messieurs.
D'abord, je
suis désolée, ça va être assez bref parce qu'avant historiquement, avant 2015, 2016,
on avait droit à une heure quand on
rencontrait les gens comme des villes. Maintenant, le gouvernement libéral a
décidé qu'on avait droit seulement à
45 minutes. Donc, notre temps est écourté. Puisqu'on est dans le domaine
des consultations démocratiques, parlons-en.
Il y avait une tradition à l'Assemblée nationale, il ne l'a plus. C'est pour ça
que le temps est très court. Alors, je suis un peu... je suis
ambivalente.
M. Labeaume (Régis) : Oui?
Mme Maltais : Oui, parce que
je comprends tout à fait que ça peut être un mécanisme d'opposition, un
référendum, plutôt qu'un mécanisme de
construction du dialogue. Maintenant, il y a eu, savez-vous, seulement cinq
référendums en 15 ans à la ville
de Québec. Pourquoi, je dirais, cette intention de l'enlever, alors que, si
vous bonifiez, normalement — puis moi, je vous crois, là, vous allez
bonifier le processus de consultation — ça devrait, à court terme, éliminer le nombre de référendums qui vont avoir
lieu? Pourquoi ne pas se fier à ce processus de consultation qui va bonifier
des projets pour en arriver... Tu sais, s'il
te reste deux référendums en 15 ans, il n'y a pas de quoi déchirer sa
chemise.
M. Labeaume (Régis) : Pourquoi
qu'on le garde s'il y en a juste cinq?
Mme Maltais :
Bien, justement, parce qu'il a été utilisé cinq fois.
M. Labeaume
(Régis) : Non, mais ça ne doit pas être si utile que ça s'il y a eu
juste cinq référendums. Puis n'oubliez pas
que la menace du référendum... Parce que ce que font les gens, les groupes
organisés, les minorités, c'est qu'ils menacent de déclencher un
référendum. Puis déclencher un référendum à Québec, ce n'est pas compliqué, là,
tu peux te ramasser 40, 50 signatures. Ça se peut-u, Julie?
Mme Lemieux (Julie) : ...
M. Labeaume
(Régis) : Alors, 40,
50 signatures, tu vois tes voisins, ou les gens de ta formation politique,
à la limite, ou de ton groupe
organisé puis tu vas signer le registre. C'est ridicule, là. Alors, s'il y en a
eu cinq, pourquoi qu'on le garde?
Nous, on pense que c'est inutile. Sauf que la menace est toujours là, puis la
menace... C'est compliqué. Quand on dit la menace de déclencher un référendum, les gens disent : Ah! Ça
améliore le projet. Non, non, ça n'améliore pas le projet, là, une
menace de référendum, là. Je n'ai jamais compris la logique.
Alors, s'il y
en a eu cinq, pourquoi qu'on le garde? Parce que le promoteur, là... Il y a la
commission d'urbanisme aussi à
Québec, hein, il y a nous autres, les élus. Puis je pense qu'on n'est pas fous
à temps plein, on ne se lève pas le matin en disant : Comment qu'on va faire pour enlaidir la ville? Puis
vous avez la commission d'urbanisme. Je pense que c'est suffisant. Pourquoi on laisserait la possibilité
d'une menace d'un groupe organisé, souvent politique et quasi politique?
Pourquoi on vivrait avec ça, nous autres, là, pour faire notre travail
correctement?
Mme Maltais :
Oui. Je peux comprendre, mais... Je comprends l'idée de la menace, O.K.? C'est
un argument, effectivement. Sauf que,
bon, sur groupes organisés, des fois, c'est des groupes citoyens qui se montent
parce qu'ils sentent qu'il y a un projet...
M. Labeaume (Régis) : Parce
qu'ils perdent leur vue.
Mme Maltais :
Je le sais, sur l'îlot Irving, je suis en grande partie d'accord avec vous. Sur
Esso, je suis d'accord avec le
résultat, moi. Puis je vis à côté des deux, ça fait que je comprends qu'il y a
des pour et des contre. Mais quel est, à ce moment-là... Pouvez-vous au moins rassurer les gens qui vont perdre le
référendum, en disant vers quoi vous vous dirigez comme politique de
consultation? Parce que, dans vos propos, M. le maire, puis je vais... vous
savez, on se parle régulièrement, il y a
là-dedans un peu une charge sur la... pas sur la consultation, mais sur le
pouvoir citoyen, avec : C'est des
groupes politiques, on va en élection, on est élus pour ça. Mais il y a en même
temps, chez les citoyens, un besoin d'être
rassurés que, sur un délai de quatre ans, il y a des règles qui vont jouer qui
vont leur permettre de s'insérer dans le processus démocratique. Ça fait que votre politique de consultation,
est-ce qu'on peut la connaître? Vers quoi vous vous en allez? Et,
deuxièmement, est-ce qu'elle ne devrait pas... est-ce qu'on ne devrait pas
faire sauter le référendum... je comprends la menace, mais la journée, par
exemple... accoler l'article à la journée où la politique de consultation est
votée à l'hôtel de ville?
M. Labeaume (Régis) : Une
politique de consultation, ça ne va pas dans une loi, ça.
Mme Maltais :
Non, non, mais la journée où vous votez une politique de consultation...
M. Labeaume (Régis) : Non, mais
c'est parce que vous autres, là, vous allez voter une loi, là, puis il y a un référendum. Nous autres, notre politique, c'est
une politique de la ville de Québec. Alors, on a demandé au groupe, je pense, le plus crédible au Québec de nous aider,
c'est l'Institut du Nouveau Monde. Je pense vraiment que c'est le plus crédible au Québec. Ils nous ont fait une
recommandation. On va rendre le rapport public. Ça va être tout à fait
transparent, «as is», le rapport, on va le
rendre public, on va dire : Voici ce qu'ils nous disent, voici ce qu'ils
disent qu'on fait qui est bon, voici où ils disent qu'on n'est pas bons,
voici ce qu'ils nous recommandent de faire. Ça va être tout à fait transparent.
Je ne sais pas ce qu'on peut faire de plus. Et on va refaire la politique au
complet.
Mme Maltais :
O.K. C'est prévu pour quand, le rapport de l'INM?
M. Labeaume (Régis) : Bientôt,
là.
Mme Maltais :
Avez-vous une idée?
Mme Lemieux (Julie) : Dans les
prochains mois.
M. Labeaume (Régis) : On vient
de le recevoir, là.
Mme Lemieux (Julie) : On a le
diagnostic. Là, maintenant, il faut voir comment on va pouvoir changer la
politique, là, pour se coller...
M. Labeaume
(Régis) : Parce que, quand
tu sors avec ça, le monde te dit : Tu vas faire quoi? Mais on a
essayé de se préparer pour savoir qu'est-ce
qu'on va faire avant, en le sortant, parce que, quand tu le sors, si tu n'as
pas de réponse à donner, c'est un peu gênant, là.
Mme Maltais :
Oui. Parce que, quand il y avait la petite ville de Québec et qu'on avait des
conseils de quartier actifs...
M. Labeaume
(Régis) : En passant, à l'époque, il n'y avait pas de référendum.
Mme Maltais :
Non.
M. Labeaume
(Régis) : Ça n'existait pas.
Mme Maltais :
Je le sais.
M. Labeaume
(Régis) : Ça, ça existe depuis les fusions.
Mme Maltais : Mais il
y avait les conseils de quartier qui
étaient très... C'était une petite ville, c'était la petite ville de Québec,
puis ça bougeait beaucoup, il y avait beaucoup de monde. Il y avait un peu plus
de monde, je vous l'accorde, aux conseils de quartier, puis c'est vrai que ça a
vieilli.
M. Labeaume
(Régis) : C'était une époque aussi.
Mme Maltais :
O.K. Mais vous n'avez pas l'intention d'enlever les conseils de quartier.
M. Labeaume
(Régis) : Ah! Jamais de la vie. Nous autres, là, les conseils de
quartier...
Mme Maltais :
Je veux juste que tout le monde l'entende, là, parce que je l'ai entendue,
celle-là.
M. Labeaume (Régis) : Non, non. Le problème, là, il y en a
cinq, quartiers, où il n'y en a pas, parce
que ça ne marche pas. Ils sont
dans la charte, là, Mme la députée.
Mme Maltais :
Oui.
M. Labeaume
(Régis) : Non, non, mais...
Mme Maltais :
Mais on change ça, des chartes, vous savez, nous autres.
M. Labeaume (Régis) : Oui, mais on n'a jamais, nous autres, ça a toujours
été clair... Tu sais, vous connaissez mon style, là, mais je suis toujours
d'accord avec le conseil de quartier.
Mme Maltais :
Oui. Parfait.
M. Labeaume
(Régis) : C'est nécessaire. Ça prend un lieu où les gens vont
critiquer la ville ou ne pas être d'accord. Le conseil de quartier, c'est fait pour ça.
C'est pour ça que le référendum, en plus, qui a été instauré lors des fusions, c'est inutile. Jean-Paul L'Allier avait
fait sa politique... Puis Jean-Paul L'Allier, c'est un peu le père de
la démocratie municipale, moi, je pense, là. Il n'a jamais
personne qui a été meilleur que Jean-Paul. Alors, Jean-Paul a créé les conseils de quartier, puis il était contre les
référendums. Puis les référendums, ça a été ajouté
aux fusions. C'est là que ça ne marche plus, là.
Mme Maltais :
O.K. Bien, je suis contente d'entendre ça.
M. Labeaume (Régis) : Mais là, les conseils de quartier, on essaie de
les... C'est parce que ça n'intéresse pas tout le monde, puis,
qu'est-ce que tu veux que je te dise, on essaie. On en a 24, en principe.
Mme Lemieux (Julie) : On fait beaucoup de promotion. On essaie vraiment
de stimuler la participation, puis ce n'est pas toujours évident. Puis
des quartiers où il n'y a pas de conseil de quartier, c'est que c'est les citoyens
qui ont fait ce choix-là, parce que c'est eux qui doivent être à la naissance
des conseils de quartier. Ils doivent le demander. Il y a des quartiers qui
n'ont jamais demandé un conseil de quartier. Mais le jour où ils en voudront...
M. Labeaume
(Régis) : J'ai un élu ou deux, moi, qui ont trois conseils de
quartier, là, à suivre.
Le Président
(M. Auger) : Mme la députée, 1 min 45 s.
Mme Maltais :
Je vais le laisser à mon collègue qui a encore une question. Je vous remercie.
Le Président
(M. Auger) : Oui, M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet :
Juste pour préciser, M. le maire. Dans le projet de loi en question, pour les
autres municipalités, outre Québec
et Montréal, pour obtenir le retrait des référendums,
ils devront déposer une politique d'information et de consultation. Et si, à la lumière du gouvernement, elle n'est pas à leur goût, ils pourront, eux autres mêmes, exiger
des modifications. Dans le cas présent, le fait d'enlever les référendums
du côté de Québec, ça ne donne pas de garantie de mettre en
place votre politique ou de comment la cadrer.
M. Labeaume
(Régis) : Écoutez,
mes collègues, là, tu sais, on ne gère pas tous en fonction de l'ancien maire de Laval, nous
autres, là, là, tu sais, on n'est pas... Moi, mon collègue
le maire de Drummondville, c'est un gars moderne. Le maire de Sherbrooke, il ne se lève pas le matin en disant :
Qu'est-ce que je pourrais bien cacher à la population, tu sais? Ce n'est plus de même. C'est une vieille
mentalité, de penser qu'on ne veut pas être transparents. Ça, c'est comme penser que l'ancien maire de Laval, on est tous calqués dessus, tu sais, ça n'a
aucun sens, là. On est modernes parce que les gens nous élisent, parce qu'on est comme ça puis on
leur fait des promesses de transparence. Sinon, on ne sera pas élus.
Alors, mes collègues, là, de l'UMQ, là, ils
sont modernes, puis ils rajeunissent de plus en plus, puis ils ont des magnifiques
valeurs, puis ils ne veulent pas, comment
dire, polluer l'environnement, puis ils veulent être transparents. Tu sais,
l'idée qu'ils n'auront pas de
politique... Bien, non, ils vont le faire, c'est sûr. Puis, s'ils ne le font
pas puis les gens sont mécontents, ils vont les mettre dehors, c'est
aussi simple. On appelle ça la démocratie, voyez-vous? C'est la démocratie.
Le Président (M. Auger) : 15
secondes. C'est tout le temps que nous avions.
M. Ouellet : Bien, écoutez. 15
secondes? Merci.
M. Labeaume (Régis) : Bien, ils
sont modernes.
Le
Président (M. Auger) : Nous allons poursuivre avec le
porte-parole de la deuxième opposition, M. le député de Blainville, pour
6 min 30 s.
M. Laframboise : Merci, M. le Président. M. le maire,
Mme Lemieux, messieurs. Plaisir. Je vais commencer par vous
raconter ce que j'ai vécu en janvier, puis je voudrais que vous me l'appliquiez
à Québec. Parce qu'en janvier, évidemment,
porte-parole de mon parti politique, je suis allé dans un conseil de ville qui
avait à prendre une résolution sur une...
Une voix : ...
M. Laframboise : ... — je ne vous le nomme pas, c'est... — à prendre une résolution pour une
modification au règlement de zonage,
et il y avait des opposants dans la salle. Et là le maire a dit... C'était une
résidence pour personnes âgées
autonomes. Demande dans le milieu. Grosse demande. Mais c'est évidemment PMAD,
à Montréal, on a à respecter la
densification. TOD aussi qui embarque là-dedans, qui est le «transit
organization development», bon, on doit aller en hauteur. Et là, les gens ne veulent pas. Bon, finalement, ça fait que le
maire dit : Moi, c'est bien de valeur, s'il y a une ouverture de
registre, on laisse ça comme ça, je ne fais rien. O.K.?
C'est vers ça
qu'on est rendu aujourd'hui. Parce que, la densification, il n'y a personne qui
la veut dans sa cour, maire a décidé
qu'il ne dépensait pas de sous. Il va y avoir une ouverture de registre puis...
Parce que c'est ça, la réalité, c'est
la menace qui fait qu'à la fin on n'y va pas. Puis là, tantôt, vous avez
dit : Il y en a eu cinq dans l'histoire. Mais tout le temps que ça gruge pour essayer d'avoir une
entente pour... Vous allez accoucher de deux projets qui ne sont pas
bons, évidemment, pour vous en tant qu'élus
municipaux, mais inévitablement peut-être acceptables dans le milieu, mais
que vous n'auriez pas recommandés. C'est ça, la réalité, tu sais?
• (15 h 40) •
M. Labeaume
(Régis) : C'est exactement
ça, parce que tu n'as pas le goût d'embarquer dans un référendum, puis une procédure, puis, comprends-tu, à un moment
donné... Mais quand la menace est là... Moi... On résiste, à Québec,
parce qu'on est organisés pour le faire.
Mais un maire d'une ville plus petite, il peut se faire mener par le bout du
nez par chacune des minorités de
chaque quartier. Mais comment ça se fait qu'il est élu avec une forte majorité,
ce maire-là, avec un...
Par exemple,
un projet, ils vous disaient : Il faut densifier la ville, il ne faut pas
toucher aux terres agricoles, il ne faut pas faire de l'étalement
urbain. Parce que les gens, les mêmes qui voudraient qu'il n'y ait pas de
hauteur, par exemple, dans le quartier
Saint-Jean-Baptiste ou Montcalm, c'est les mêmes qui disent : Ah! Pas
d'étalement urbain, il faut le
développement durable. Mais c'est les mêmes qui ne veulent pas deux étages de
plus au coin de Cartier puis René-Lévesque. C'est parce qu'à un moment
donné il faut être cohérent dans la vie. Ils sont tous d'accord, pourvu que ça
ne soit pas à côté de chez eux. Mais ils ont tous des magnifiques principes,
magnifiques principes.
M. Laframboise : C'est là qu'on est rendus. Parce que ce matin,
évidemment, l'Institut de politiques alternatives de Montréal... Bien,
on discutait plus de Montréal, Montréal a un Office de consultation publique
qui est qualifié par l'institut comme étant
la transparence même. Puis ils disent : C'est correct, l'office, c'est
transparent, mais ils souhaitent quand
même avoir des référendums à la fin. Donc, c'est un peu ça, là, c'est
qu'évidemment on aura beau essayer d'avoir... Parce que je suis convaincu qu'avec l'Institut du Nouveau Monde vous
allez arriver à une façon de convaincre, en tout cas, d'avoir une opération, évidemment, pour être
capable de percevoir tout ce qui peut se passer dans le milieu,
évidemment, là, être capable de... Et c'est ça que vous allez sûrement essayer
d'avoir comme objectif. Mais, à la fin, il faut qu'on soit convaincus, nous, les élus, que ça sera le
résultat le plus probant. Parce que ce qui s'applique, à Montréal, à un
office, ce n'est peut-être pas la même chose qui s'appliquerait à Québec.
M. Labeaume
(Régis) : Vous savez, c'est
correct, l'office, mais moi, je trouve toujours que c'est dans l'espèce
de tendance, tu sais, tu es élu, mais on
voudrait que ça soit quelque chose d'à part de toi qui décides, tu sais? Mais
c'est parce que je suis élu, là, tu
sais? J'ai été élu à 74 %, la dernière fois. Je peux-tu appliquer le
programme que j'ai promis aux citoyens?
Non, fais donc une boîte neutre à côté, puis, eux autres, ils vont marcher
neutre. Oui, mais c'est parce que j'ai été
élu, moi, je suis payé pour prendre des décisions, ma collègue est là, tu
sais... C'est toujours l'idée que, même si tu es élu, fais donc quelque
chose de neutre à côté. C'est parce qu'on est payés pour gérer la ville, nous
autres, là, là, puis appliquer un programme
pour lequel on a été élus. Alors, tous les efforts pour dévier de ça, je trouve
ça antidémocratique.
C'est l'fun,
une affaire centrale, mais c'est parce que nous autres, on a une nouvelle boîte
à la ville. Puis c'est parce que
créer des boîtes neutres, c'est parce qu'il faut payer aussi, là, il faut
embaucher du monde. Puis nous autres, à la ville de Québec, embaucher du monde, là, on n'est pas trop forts là-dessus, tu
sais? Tu sais, on les embauche pour renouveler le personnel, mais
ajouter des postes, on n'aime pas trop ça, tu sais? Julie.
Mme Lemieux
(Julie) : Vous avez vu les
statistiques d'étalement urbain dans la région de Québec, ces dernières semaines, avec le dernier recensement, vous voyez
à quel point les municipalités périphériques sont en train de grandir. Et, si on ne fait rien, si on bloque le
développement à chaque fois, bien, ces gens-là, ils vont continuer d'aller à
l'extérieur. On va continuer d'étaler la
ville et on ne pourra pas vraiment profiter de notre transport en commun comme
il se doit et vraiment... Parce que
c'est ce qu'on souhaite, nous, c'est aussi densifier aux endroits où le SRB va
passer, densifier aux endroits où il
reste de la place au centre-ville pour permettre aux familles de s'installer
aussi au centre-ville. Parce que, si on ne fait rien, ces familles-là,
ces gens-là, ils vont aller ailleurs. Et ça, il ne faut pas le perdre de vue,
c'est vraiment le principe de base qu'on s'est donné aussi, là.
M. Labeaume
(Régis) : Dites-vous bien
que ceux qui vont à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier sont à la veille de demander l'autobus, là, comprends-tu?
Puis nous autres, là, le tuyau d'égout, là, rendu au nord de Val-Bélair,
là, on ne verra jamais notre remboursement,
la couleur de notre argent. Sauf qu'un tuyau de cinq mètres pour connecter
un nouveau bloc sur la 1re Avenue, on aime pas mal ça, là, tu sais? Alors,
c'est ça, l'étalement urbain.
À un moment
donné, nous autres, on dit qu'on densifie le problème. Tout le monde ne fait
pas la même chose autour de nous autres. Le meilleur exemple, c'est
probablement Stoneham. Mais nous autres, on décide de densifier, mais tout le monde n'a pas décidé de densifier.
Alors, ça fait de l'étalement urbain. Puis, pendant ce temps-là, nous
autres, on ne veut pas monter en hauteur. Ça
fait que ces gens-là, il faut qu'ils aillent rester à quelque part. Bien,
peut-être qu'ils vont aller à
Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier. Peut-être qu'à l'étage de plus qu'on
aurait eu, au coin de l'îlot Esso, je ne sais pas, moi, peut-être qu'ils
sont rendus à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier.
C'est ça qui
n'a pas de sens, à un moment donné. On veut du développement durable, on ne
veut pas d'étalement urbain, mais on
ne veut pas aller en hauteur. Bien là, fouillez-moi! Qu'est-ce qu'on fait?
Comprends-tu? Puis ils veulent des référendums, en plus, parce que là,
j'aimerais ça un peu de cohérence, moi, tu sais, on a été élus pour ça, nous
autres, en passant.
Le Président (M. Auger) : 15
secondes, M. le député.
M. Laframboise : ...
Le
Président (M. Auger) : Ça va? Court mais intense.
Mme Lemieux, merci beaucoup. M. le maire Labeaume, M. Legault
et Me Giasson, merci beaucoup pour votre participation aux travaux de la
commission.
Je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 45)
(Reprise à 15 h 48)
Le Président (M. Auger) : À
l'ordre, chers collègues! Nous allons reprendre nos travaux en souhaitant la bienvenue à la représentante du Centre canadien
d'architecture. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour votre présentation, et par la suite nous aurons une période
d'échange avec les trois groupes parlementaires. Dans
un premier temps, vouloir vous identifier, et par la suite vous pourrez
commencer votre exposé.
Centre canadien
d'architecture (CCA)
Mme Lambert (Phyllis) :
Bonjour. M. le ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du
territoire et MM. et Mmes les membres de la Commission de l'aménagement du
territoire. Nous sommes tout à fait heureux, c'est-à-dire le Centre canadien
d'architecture, de pouvoir faire part de nos réflexions sur votre projet de la
loi n° 122.
Commentaires généraux. Le principe de moderniser
la relation entre le gouvernement du Québec et ses municipalités constituées
sous la responsabilité constitutionnelle est bienvenu. Bien que... notre
intérêt pour tous les éléments
du projet de loi, nous nous préoccupons de trois sujets qui reposent dans ce
projet de loi : l'aménagement du territoire,
le patrimoine et la consultation et participation de la population. Nous
voulons présenter quelques commentaires en général sur ce projet.
Bien que nous voyons le projet de loi
n° 122 d'un très bon oeil, nous voulons signaler qu'il y a certaines responsabilités qui ne peuvent être que celles du
Québec, par exemple les garanties quant aux droits des citoyens et la
protection du territoire du Québec. Et puis il y a d'autres questions aussi
pour les villes.
• (15 h 50) •
Il serait
tout à fait recevable que le projet de loi n° 122 ajoute aux quatre
attendus proposés un énoncé de vision aux notions de fonctions et de services des municipalités qui y sont évoquées.
Nous espérons que le présent exercice du projet sera complété d'une mise à jour substantielle de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, la LAU, qui remonte jusqu'à 1978. Le
Québec doit aussi se doter d'une politique nationale d'aménagement du territoire.
La capacité
professionnelle et administrative des municipalités varie grandement, au
Québec, entre les grandes villes et
les municipalités locales et de petite taille et ainsi leur capacité d'agir en
véritables gouvernements de proximité. En ce sens, le projet de loi n° 122 devrait reconnaître la capacité
distincte des grandes villes et le rôle possible des municipalités
régionales de comtés, les MRC, comme pour les ressources partagées.
Dans un esprit de gouvernement de proximité, les
municipalités doivent avoir l'obligation de réaliser ou de participer à la réalisation de projets de qualité
architecturale qui puissent enrichir le patrimoine local et national, comme on en a des exemples dans l'architecture civique depuis le XIXe siècle
et, plus récemment, avec la réalisation de plusieurs bibliothèques et équipements culturels avec des
concours d'architecture soutenus par les gouvernements et le ministère
de la Culture. Le projet de loi n° 122, les articles 96 et 117,
montre une certaine ouverture à la question dans les critères d'évaluation pour les appels d'offres, mais cette
obligation doit être explicitement dans le préambule du projet de loi.
La formation de comités d'experts compétents
pour accompagner les instances municipales devrait être permise et
favorisée.
Les comités
composés du gouvernement et, quelque chose de nouveau, les comités qui sont
composés des instances du
gouvernement et des municipalités... administratif des municipalités sont en
train de travailler ensemble dans plusieurs des cas, et ça s'avère d'une action très fructueuse. Je pourrais
l'expliquer un peu plus tard. Mais c'est une façon aussi de... et ça revient dans les consultations aussi, mais
c'est une façon très importante pour arriver à mettre en place les
changements.
L'aménagement du territoire, j'y viens
maintenant. L'aménagement du territoire est déjà une des principales responsabilités reconnues aux municipalités sous
réserve de certaines lois, dont celle de protection du territoire
agricole. Or, le Québec ne dispose pas
encore d'une politique nationale qui reconnaisse la valeur du territoire et
oriente ensemble les acteurs vers son
développement et son aménagement selon les principes du bien commun. Longtemps
promise, la mise à jour de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme n'a
jamais été menée à terme, malgré les termes des consultations ministérielles puis parlementaires sur
l'avant-projet de loi sur un projet de loi sur l'aménagement durable du
territoire et de l'urbanisme.
L'article L110
du code de l'urbanisme de la France déclare, et je cite : «Le territoire
français est le patrimoine commun de
la nation. Chaque collectivité publique en est le gestionnaire et le garant
dans le cadre des compétences», fin de citation.
C'est un exemple pertinent qui pourrait inspirer un préambule pour le projet de
loi n° 122, mais aussi pour une future politique nationale de
l'aménagement du territoire et son développement.
La notion de zone de requalification — et
ça, nous serions beaucoup là-dessus — proposée dans le projet de loi n° 122 est d'un grand intérêt et demande
à être beaucoup plus développée. En particulier, la densification
justifiant une zone de requalification doit
être assujettie à des obligations en matière de qualité d'architecture du
paysage et d'urbanisme pour éviter
des densifications qui appauvrissent
les villes et leurs patrimoines. Mais, à l'opposé, ils pourraient et
devraient amener à enrichir le patrimoine,
nos villes, notre société. Les grandes villes, les petites villes, toutes les
villes et la société québécoise gagneront énormément en sauvegardant les
mises en valeur des secteurs de ville authentiques.
Donnons exemple à Montréal. Ceci comprendrait les secteurs
récents comme Benny Farm, datant des années 1950, et la
densification de ce secteur dans le début du XXe siècle. Et, comme le
Vieux-Montréal, classifié comme quartier patrimonial,
il devrait être... on devrait protéger, avec des manières différentes, le
Square Mile au centre-ville, Hochelaga-Maisonneuve, à l'est, et les
secteurs Outremont, du Plateau-Mont-Royal, Notre-Dame-de-Grâce, Saint-Henri, la
Petite-Bourgogne, pour en nommer juste certains.
Le concept
d'aménagement d'architecture du patrimoine du passé et maintenant formant le
patrimoine futur doit statuer sur les secteurs urbains. Les zones de
régulation est d'un grand intérêt pour le futur de nos villes.
Le projet de loi n° 122, article 3,
prévoit que les municipalités peuvent définir des zones de requalification pour y intervenir prioritairement dans une
perspective de développement durable. Le développement durable doit ici
être défini à partir des principes de la Loi
sur le développement durable du Québec de 2006, incluant la protection du
patrimoine.
La loi
québécoise du développement durable a été adoptée en 2006, comme j'ai dit, et
le principe, section k de cette loi, vise à la protection du patrimoine
culturel. Je cite : «Le patrimoine culturel, constitué de biens, de lieux,
de paysages, de traditions et de savoirs,
reflète l'identité d'une société. Il transmet les valeurs de celle-ci de
génération en génération et sa conservation favorise le caractère
durable du développement. Il importe d'assurer son identification, sa
protection et sa mise en valeur, en tenant compte des composantes de rareté et
de fragilité qui le caractérisent.»
Maintenant,
je viens au patrimoine. Le projet de loi n° 122 n'aborde pas la question
du patrimoine architectural et paysager,
qui était un élément de plus en plus reconnu de la qualité du milieu de vie que
le troisième attendu du préambule du projet de loi mentionne dans les
fonctions des municipalités.
Les
territoires patrimoniaux — rues principales, centres-villes, quartiers anciens et modernes,
paysages aménagés ou naturels — participent à l'identité des municipalités
et au sentiment d'appartenance qu'ils suscitent chez leurs citoyens comme auprès des entreprises et des visiteurs qui
contribuent à leurs économies et leurs développements culturels ou
autres.
Le
patrimoine religieux est un exemple particulièrement évident, alors que le
Québec se distingue par son expérience
unique. Prenez en 1995, il réunissait... ensemble les communautés catholique,
protestante et juive dans un effort de
restauration sur mesure. De plus en plus, le sort de ce patrimoine passe par
des opérations de réaffectation et de mixité, de mobilisation, les collectivités autant que les élus municipaux,
au-delà du partage formel des responsabilités entre les gouvernements,
les municipalités et les citoyens.
En
octobre de 2016, à Quito, la conférence des Nations Unies sur les
établissements humains, Habitat III, a adopté une déclaration finale qui reconnaît l'intérêt du patrimoine culturel et
naturel, de sa mise en valeur, je cite : «...compte tenu du rôle qu'il joue dans la restauration et la
redynamisation des zones urbaines ainsi que le renforcement de la
participation sociale et de l'exercice de la citoyenneté.»
• (16 heures) •
Alors,
le projet de loi n° 122
devrait mentionner notamment la protection et la mise en valeur du patrimoine
et du paysage au troisième attendu que... du
programme, que parmi les fonctions d'une municipalité, il doit inclure
la protection et la mise en valeur du patrimoine parmi les objectifs
identifiés pour les zones de requalification proposées à l'article 3 et
inclure les effets sur le patrimoine, dont le contenu obligatoire de l'étude
préalable des effets d'une modification du règlement de zonage qu'une
municipalité devrait produire et pour... et rendre public.
Finalement,
j'arrive à la consultation et la participation de la population. La conférence
des États des Nations unies Habitat,
à Quito en 2016, a adopté l'article suivant dans sa déclaration, et c'est très
long, alors je vais juste noter quelques petits... pas petits, mais quelques sections : assurer
l'association de tous, promouvoir la participation civique, faire naître
chez tous les habitants des sentiments
d'appartenance et d'appropriation, accorder un rang de priorité élevé à la
présence des espaces verts et des espaces
publics de qualité. Et ça, je dois dire que j'apprécie beaucoup qu'on a parlé
un peu, quand même, des espaces
publics et des espaces verts, et aussi qu'on a parlé d'une question qui est
très importante, puis je n'entre pas
là-dedans ici, mais on pourra en discuter plus tard, mais c'est la question de
maintenir les bâtiments, de maintenir les parcs, de maintenir les...
l'infrastructure.
Alors,
revenons à Quito. On devrait favoriser les interactions sociales et
intergénérationnelles, les expressions culturelles
et la participation publique, le cas échéant, et promouvoir la cohésion
sociale. Dans son préambule, au troisième attendu, le projet de loi n° 122 mentionne la légitimité conférée
aux élus au sens de la démocratie représentative... et sera essentielle,
l'importance de la démocratie participative.
Je
ne vais pas parler de la question référendaire. Vous avez pas mal entendu tout
à l'heure... Mais il y a aussi mes collègues de l'IPAM, l'Institut de
politiques alternatives de Montréal, qui en ont parlé ce matin, alors je vais
passer par-dessus. J'appuie leur position entièrement.
Alors, je reviens à
l'article 1 du projet de loi n° 122, qui prévoit que les orientations
gouvernementales soient adoptées par le
gouvernement, en matière d'aménagement, après consultation par le ministre des
instances représentatives du milieu municipal. Cette consultation par le
ministre devrait aussi comprendre la société civile et, le cas échéant, la
population. Moi, je ne trouve pas... le cas échéant, je trouve tout ça très
bon, avec la population. Il faut obliger les municipalités
à fournir un suivi transparent aux recommandations de tout exercice de
consultations publiques qui soit mené par l'OCPM ou dans une autre
municipalité dans le cadre de la politique adoptée pour les zones de
requalification. Et comme les
arrondissements de Montréal sont responsables de l'application ou de la
modification du règlement de zonage, il devrait y avoir une obligation semblable à celle que le projet de loi
n° 122 crée pour les municipalités, d'avoir une politique
d'information et de consultation. Actuellement, la politique de consultation de
la ville de Montréal ne s'applique pas aux
arrondissements, que sur une base volontaire, et elle ne s'applique pas non
plus aux villes au nord et sud de Montréal. Alors, je reste pour... j'ai
fini et je... j'attends les questions.
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup, pour votre présentation. Effectivement, nous avons excédé le temps de quelques
minutes, mais, gracieuseté de M. le ministre, nous allons maintenant poursuivre
la période d'échanges et, M. le ministre, il vous reste un peu moins de neuf
minutes à votre disposition.
M. Coiteux :
...
Le Président
(M. Auger) : Neuf minutes.
M. Coiteux :
Un peu moins de neuf minutes. D'abord, merci, Mme Lambert, merci beaucoup
pour votre présentation. Je comprends qu'il
y a des aspects de votre présentation qui ne touchent pas nécessairement
seulement le projet de loi
n° 122, mais ce qui peut aussi s'ajouter au projet de loi n° 122. La
raison pour laquelle j'avance ça, c'est qu'on est en pleine révision aussi des orientations
gouvernementales en matière d'aménagement du territoire. Alors, une façon
de répondre à certaines des questions que vous
soulevez, notamment à l'égard de la protection du patrimoine et du
patrimoine architectural, notamment, sur la question du développement durable,
sur la question de la densification harmonieuse, respectueuse du patrimoine, ce
sont des questions qui peuvent être abordées aussi dans le cadre de la révision
des orientations gouvernementales en aménagement du territoire parce que c'est
ce que le gouvernement utilise comme cadre
général pour recevoir, analyser et donner son aval aux schémas d'aménagement et
d'urbanisme qui sont développés dans les villes et dans les MRC.
Alors,
comment vous voyez la complémentarité de ce qui peut être fait dans le projet
de loi avec des orientations beaucoup plus générales qui encadreraient
les schémas d'aménagement et d'urbanisme?
Mme Lambert
(Phyllis) : Je ne sais pas exactement ce qu'ils sont, ces schémas
généraux, mais je trouve surtout qu'on ne doit plus regarder les villes, les
villages comme des endroits où il y a un bâtiment, un secteur, et tout ça, il faut les regarder
comme un plan de... vraiment un tapis complet, c'est-à-dire qu'il y a des
secteurs qui sont des endroits patrimoniaux et, comme vous le savez, il
y a des désastres qui arrivent tout le temps dans ces secteurs et ce n'est pas nécessaire. Il faut savoir où on va mettre les
bâtiments plus récents et qui ont une autre fonction plus grande ou je ne
sais pas quoi, mais on n'a pas besoin... et
puis, au point de vue de densification, on n'a pas besoin de construire des
tours. Il y a, dans la loi de... comme
un lien... quand même, des démonstrations du comment on peut densifier, et
puis, à Montréal, il y a très longtemps,
j'oublie la date, mais Melvin Charney avait fait une étude absolument
importante — je
cherche le nom — oui,
oui, pour le Faubourg Saint-Laurent, et il
s'agissait d'un savoir urbain, une vision éclairée de développement du
faubourg, rapport final d'une étude préparée pour le service d'habitation de la
ville de Montréal, mais ça pourrait aussi être un projet pour... pas le
faubourg uniquement mais pour tous les secteurs de Montréal, et dans les
villages et les villes de Montréal. Ce sont
des façons de densification toujours en gardant la qualité et le caractère du
patrimoine. Parce que c'est vraiment
la force de notre culture à Québec. C'est exactement ça. Et si nous démolissons
de plus en plus les secteurs ici en grugeant avec des nouveaux bâtiments
qui finalement changent complètement le caractère, nous perdons beaucoup. Alors, il y a moyen de faire les deux en
sauvegardant les anciennes entités, je ne veux pas dire... pas toujours
anciens. À Montréal, il y a un cas tout à
fait intéressant de Benny Farm où c'était fait après guerre par le gouvernement
fédéral pour les soldats qui ont...
qui étaient dans la guerre et puis finalement c'était... on voulait le changer,
bien, je ne sais pas en quoi, mais ce
monde a objecté, beaucoup de gens ont objecté. Finalement, on a fait un
quartier la démonstration de comment on peut densifier, comment on peut amener des systèmes environnementaux, de
l'eau chaude, du chauffage, et toutes
ces choses, ce genre d'infrastructures. Quand on peut relever tout ça,
on peut faire quelque chose de très intéressant.
Alors,
je crois que c'est une demande de vraiment
regarder le patrimoine en premier et voir comment on peut mettre ça en valeur, le rendre en valeur, et les autres
choses en fonction de ce patrimoine. Pas : On va faire quelque chose, et puis si le patrimoine est là, alors on va... Vous voyez,
c'est très important.
• (16 h 10) •
M. Coiteux :
Bien, Mme Lambert, vous êtes...
Mme Lambert
(Phyllis) : Je ne sais pas si j'ai répondu à votre question.
M. Coiteux : Oui. Bien, vous ouvrez le débat. Mais, justement,
je voudrais vous amener juste un tout petit peu plus loin là-dedans. Vous êtes montréalaise puis vous avez à
coeur la protection du patrimoine à Montréal, mais vous avez aussi une perspective de quelqu'un qui a vécu dans
d'autres grandes villes, à la fois au Canada, mais vous avez une perspective internationale
aussi. Lorsque vous comparez des villes comme Montréal ou comme Québec à ce que
vous avez vu ailleurs, soit dans d'autres
provinces, soit ailleurs dans le monde, comment on se compare en matière de protection du patrimoine? Comment on se compare puis qu'est-ce
qu'il faudrait qu'on fasse pour être parmi les meilleurs?
Mme Lambert (Phyllis) : Au Canada? Il n'y
a pas d'autre qui tienne la chandelle
à nous. Nous sommes vraiment bien en
avant. Mais si on se compare à Paris, ouf! Il y a beaucoup
à faire. Parce que la chose qui nous manque ici, c'est une
rigueur. Et puis il y a un énoncé de société qu'on doit avoir, c'est très
important, on doit avoir dans la loi des villes et villages, et tout ça, une façon de vraiment avoir un système
rigoureux, bien pensé, bien géré. Alors, comme vous le savez, il y a des
désastres qui arrivent à Montréal à droite et à gauche depuis quelques
semaines, quelques mois, qui ne devraient jamais, jamais
arriver. Et on perd à chaque fois, et c'est un manque de rigueur de la Commission
des biens culturels parce qu'il n'y a pas des gens qui regardent...
O.K., on fait faire quelque chose à côté, il y a un bâtiment patrimonial, et on
ne regarde pas. Les gens de l'extérieur, ils
disent : Ah! il y a quelque chose dans la maison... pas Van Horne, qu'est-ce
que c'est? En tout cas, sur la rue de la Montagne. Et voilà quelque chose de
précieux qui part parce qu'il n'y a pas d'attention qui est prêtée par le
ministère des Affaires culturelles. Nous avons discuté ça avec eux, évidemment.
Et
puis il y a beaucoup d'autres... Ça, c'est juste un exemple dernièrement, mais
parce que... et puis aussi les gens ne connaissent
pas la question de la maison Alcan, par exemple. Si les gens qui avaient
dérobé... savaient l'importance de la maison
Alcan et l'histoire d'établir ça, comment c'est important à Montréal comme
modèle, comme exemple, on n'aurait jamais
eu la difficulté qu'on a maintenant, et ça, c'est un des cas où j'ai dit tout à
l'heure que les gens de la société et les gens du gouvernement travaillent ensemble avec le promoteur à très bonne
échéance, et ça, c'est une façon de faire aussi.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre, en 30 secondes.
M. Coiteux :
En 30 secondes? Ah! je pense que je vais simplement vous remercier puis
passer la parole à l'opposition officielle. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Hardy) : Merci, M. le ministre. Maintenant, je
passe la parole à l'opposition officielle. Vous avez
9 min 30 s, M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, monsieur le nouveau Président. Bonjour,
Mme Lambert. J'aurais une question pour vous d'entrée de jeu. Le projet de loi en question va venir augmenter
les amendes pour ceux et celles qui procéderont à la démolition
d'immeubles dits patrimoniaux. Anciennement, nous étions à une amende d'au
moins 5 000 $ et d'au plus
25 000 $ et maintenant ce sont des amendes d'au moins
10 000 $ et jusqu'à 250 000 $. Trouvez-vous,
Mme Lambert, que ces dispositions-là sont suffisantes pour décourager
justement les gens qui procèdent à la démolition?
Mme Lambert
(Phyllis) : Ça ne s'avère
pas... Non, c'est vraiment... Je crois que... Vous savez, je ne crois
pas qu'on doit gérer une société par les
amendes, et tout ça. Il faut qu'on change la mentalité. Si les gens
comprenaient comment ça augmente la qualité de la société, alors on n'aura pas besoin de dire qu'il y a un manque pour ceci ou pour
cela. L'autre chose : il y a toujours des horreurs qui arrivent.
Ils font n'importe quoi, mais, en principe, je crois que c'est un grand manque. Le ministère des Affaires culturelles
essaie de faire quelque chose. Les organismes comme Héritage Montréal, mais je crois que le gouvernement... mais je crois que le gouvernement devrait voir à ce que l'éducation,
dans les écoles... et que ce soit beaucoup plus présent, l'importance et
l'ingénuité, et le caractère spécial de notre patrimoine, et comment s'exprime notre société, et comment nous
interagissons avec. Je crois que c'est pour ça que, dans les notes que je
viens de dire pour ma présentation, je trouve... que j'ai dit de temps en
temps, assez souvent, qu'on devrait mettre ça dans le préambule. C'est un... un
préambule doit contenir pas juste les faits et les... mais des principes de société,
les projets de société.
M. Ouellet : Merci. M. le
Président, ma collègue...
Le Président (M. Hardy) : Mme
la députée de Taschereau.
Mme Maltais :
Merci. Bonjour, Mme Lambert. C'est un plaisir de vous revoir ici, parce
que vous êtes venu régulièrement, je crois,
dans votre carrière et dans votre vie. Toujours pour faire un appel à la
protection du patrimoine... et vous
avez une phrase qui porte, c'est : On perd à chaque fois. C'est-à-dire
que, quand on perd un morceau de patrimoine, c'est fini, là, il n'y a
plus de retour en arrière.
Mme Lambert (Phyllis) : Tout à
fait.
Mme Maltais :
C'est quelque chose qui m'a souvent marquée quand vous faisiez des
déclarations. Écoutez, vous nous avez fait remarquer effectivement qu'il
y a une omission totale dans cette loi.
Mme Lambert (Phyllis) : Un
quoi?
Mme Maltais :
Une omission, un oubli dans cette loi que nous avons, dans ce projet de loi,
c'est qu'une fonction essentielle
d'une ville sur la proposition du patrimoine est absolument absente. On a
des... Effectivement, dans l'«attendu», le troisième «attendu», on dit que les municipalités exercent des
fonctions essentielles, offrent des services, milieux de vie de qualité,
sécuritaires et sains.
Mme Lambert (Phyllis) : C'est la seule fois qu'on mentionne «qualité», oui.
Mme Maltais : Qualité, voilà. Mais on ne dit pas que cette
qualité-là inclut la protection du
patrimoine et tout ça. Mais pourtant on prend un «notamment». Contexte
de développement durable, réduction des gaz et émission... des émissions de gaz
à effet de serre et adaptation aux changements climatiques, si on prend ce
«notamment»-là, on se dirige vers la densification et la surdensification.
C'est vraiment... L'esprit, c'est d'éliminer la... ce qui est très bien, d'éliminer le... comment... l'étalement
géographique, mais par contre, à ce moment-là, c'est que ça met de la
pression sur les terrains où il y a de l'espace,
qui sont souvent des constructions patrimoniales, où il y a de grands terrains,
où il y a... qui sont dans les
centres-villes. C'est tout le débat qu'on a, alors, je comprends bien que vous
nous suggérez d'introduire dans l'attendu, dans un des attendus, la
notion de patrimoine. Est-ce qu'on devrait faire un attendu particulier pour
faire que les municipalités portent une attention particulière, qu'il soit
vraiment un objet de lecture de la loi? D'en faire...
Mme Lambert
(Phyllis) : Ça, ça serait magnifique,
oui. Je ne sais pas exactement le libellé... mais de prendre... de vraiment donner de l'importance à ça, je trouve,
oui. Je crois qu'il faut dire pourquoi, parce que je crois que toutes
ces questions dont on parle dans... plus
tôt, et puis en France, de la raison de sauvegarder et de mettre en valeur le
patrimoine, c'est ça qui est important. On peut dire que... patrimoine,
patrimoine, et puis qu'est-ce que c'est? Alors, quand vous expliquez, on peut
le faire en quelques mots, comme dans le projet de Quito.
Mme Maltais :
O.K. Parce que c'est vraiment un projet de loi qui touche aux relations entre
les citoyens et les élus, entre
autres sur les référendums. Ça, il y a des discussions avec ça, mais c'est un
projet de loi qui touche véritablement aux pouvoirs d'aménagement des villes, d'aménagement des territoires. Or la
protection du patrimoine doit faire partie de la conception de l'aménagement d'une ville et d'un territoire. Vous dites qu'on pourrait avoir des secteurs de ville
authentiques ou des secteurs qualifiés comme patrimoniaux. Pouvez-vous nous
expliquer comment vous voyez ça?
• (16 h 20) •
Mme Lambert
(Phyllis) : On peut même
faire ça avec... ça dépend de comment... quelles sont les complications
et tout ça. Je suis tout à fait
pour ça, mais on peut faire ça aussi par le zonage. Si on défait des bâtiments
d'une certaine hauteur dans un
endroit, ça, ça protège aussi, ça dépend des secteurs. Mais, on ne peut pas
tout dire... patrimoine, je crois, mais je crois que, par exemple, à Hochelaga-Maisonneuve,
il nuit, cet endroit, vous savez. Il nuit au point de vue des lois qui l'avaient établi, ce grand boulevard avec de
magnifiques édifices là-dessus. Les bâtiments, tous les bâtiments qui
étaient donnés par M. Viau, qui
devaient être avec les façades en pierre grise, alors... et puis ça a un
caractère magnifique. Alors, là, je
crois qu'avec le zonage, on peut faire beaucoup. Mais, je sais que le
patrimoine... quand on dit que quelque chose est patrimonial, ça implique aussi des coûts, et puis... parce qu'il faut
aider et je crois qu'on devrait aider, mais je trouve qu'on peut faire
ça, tout ça, peut-être avec une intention très forte de compréhension de
l'importance du patrimoine.
Le
Président (M. Hardy) : Mme la députée de Taschereau, il reste
deux minutes.
Mme Maltais : O.K., d'où l'introduction d'un attendu qui
permettrait de porter une attention particulière à cet élément-là. Écoutez, même dans des villes où je
connais le maire, Gilles Lehouillier, le maire de Lévis, il y a
une attention particulière au
patrimoine, c'est un gars bien, mais il
y a trois maisons de la rue de la
Montagne qui ont failli être rasées, il y a un débat actuellement sur un
bel édifice patrimonial dans le centre de la ville. Même avec les meilleures intentions
du monde, ça... Les promoteurs mettent de la pression puis les maires cherchent
des revenus. Ça fait que cette conjugaison-là...
Mme Lambert (Phyllis) : ...un des très, très, très grands
problèmes. Ça, c'est un grand... et puis c'est un grand problème si... Je sais qu'on parle de donner la
gestion du patrimoine aux villes, mais c'est désastreux de faire ça
parce que les maires des villes veulent de
l'argent, alors s'il y a un petit bâtiment de trois étages et ils peuvent
mettre là un bâtiment de je ne sais
pas combien d'étages et avoir beaucoup plus de revenus, ils le feront. Et ça, c'est
contre-productif et c'est... je ne sais pas, il y a un mot pour ça...
conflit d'intérêts, complet.
Mme Maltais :
Ils sont en conflit d'intérêts.
Mme Lambert
(Phyllis) : Oui, oui, alors, ça, ça ne pourrait jamais le faire. Il y
a une question de gérer le patrimoine localement et de... ces choses peuvent...
on doit travailler ensemble parce que nous sommes un monde où travailler
ensemble est essentiel.
Mme Maltais : On n'est pas seulement dans la démocratie
représentative, on est de plus en
plus dans la démocratie participative. Ce qui est... et je remarque que ce
projet de loi là parle seulement de démocratie représentative,
donc, on nomme des élus puis on les
reverra dans quatre ans, c'est exactement le discours qu'on vient d'avoir,
alors que la démocratie participative
c'est : on travaille ensemble, en amont pour ne pas être seulement dans la
résolution de conflits ou dans le positionnement
de conflit. Enfin. Merci beaucoup pour ces quelques commentaires qui nous font
réfléchir un peu plus haut.
Le Président
(M. Hardy) : Merci beaucoup. Maintenant, je passe la parole aux
représentants de la deuxième opposition officielle. M. le député de Blainville,
pour 6 min 30 s.
M. Laframboise :
Merci, M. le Président. Merci beaucoup, Mme Lambert, de votre présence.
Vous venez à l'occasion...
Mme Lambert
(Phyllis) : ...
M. Laframboise : Vous venez à l'occasion. Je vais vous lire un paragraphe
du mémoire de la ville de
Montréal puis je voudrais vos
commentaires : «En matière d'adjudication de contrats, la ville est
toutefois étonnée de ne pas retrouver dans
le projet de loi n° 122 une disposition donnant le pouvoir aux municipalités de conclure des ententes de gré à gré avec les finalistes et les lauréats d'un concours de design et
d'architecture, et ce, sans autorisation préalable du gouvernement. Malgré les
nombreux précédents antérieurs, la ville n'arrive toujours pas à obtenir dans les
délais raisonnables l'autorisation du ministère pour ce type de concours. Cette situation
emblématique d'une certaine lourdeur administrative doit être corrigée.»
Est-ce que le maire a raison de faire cette demande-là?
Mme Lambert (Phyllis) : Je n'ai pas exactement compris mais si... je vais
dire ce que j'ai compris et que... Vous avez dit que le maire dit qu'il
y a des problèmes d'échéances avec... quand il y a un concours.
M. Laframboise :
C'est-à-dire que, les concours de design et d'architecture, il doit demander l'autorisation
à Québec, et ça prend trop de temps. Donc, il aimerait négocier de gré à gré
avec les gagnants des concours de design et d'architecture.
Mme Lambert (Phyllis) : Pourquoi? Parce
qu'il faut aller un peu plus au fond. Pourquoi est-ce
qu'il faut demander à Québec?
Je n'en sais rien. Et puis c'est peut-être oui, peut-être non. Alors, il faut
comprendre ça pour commencer. Mais je trouve
que cette question de vitesse qu'on cherche toujours
est un peu... Vous savez, ce n'est pas nécessaire. Je sais que, dans certains cas, il y a
des... Par exemple des bâtiments excédents pour les hôpitaux, chaque mois qui
vient, on dépense des millions de dollars
pour les... pour les maintenir, pas les sauvegarder, pour les maintenir. Mais
ce n'est pas ce genre de choses dans
les... Et puis on voit ça venir. Vous savez, je ne suis pas... Sur la face, je
ne suis pas pour ce que le maire dit.
Mais je vous... Mais il faudrait comprendre pourquoi on doit demander à Québec
et tout ça. Mais je trouve que la question d'avoir les concours
d'architecture, de design, a amélioré énormément ce qui se passe.
M. Laframboise :
Parfait. Donc, vous êtes pour le maintien des concours.
Mme Lambert
(Phyllis) : Absolument.
M. Laframboise : Et, si le gouvernement a à autoriser, ça
ne vous dérange pas que ça prenne le temps qu'il faut pour que le gouvernement
les autorise. C'est ce que vous dites, vous, là.
Mme Lambert (Phyllis) : Mais ces questions de perte de temps, qu'est-ce que ça veut dire? Qu'est-ce que
ça veut dire? Je n'en sais rien. Il y a
des cas où, je ne sais pas, c'est une question qui est ouverte, parce qu'on ne sait
pas.
M. Laframboise : Est-ce que mondialement vous avez pris connaissance de la procédure, sûrement, des concours de design dans d'autres pays?
Est-ce que les gouvernements autorisent ou...
Mme Lambert
(Phyllis) : Je ne sais pas ça. Cela dépend de... Il y a des concours
qui sont faits par des villes et il y a
des concours qui sont faits par des gouvernements. Je crois que ça dépend à qui appartient le
bâtiment, n'est-ce pas? Le
Monument-National... Non, non, ça, c'est... Mais la Grande Bibliothèque,
c'était... ça appartient au gouvernement du Québec.
M. Laframboise :
Parce que le maire, lui, ce qu'il dit, c'est que, sur ses bâtiments à lui, il
aimerait mieux...
Mme Lambert
(Phyllis) : Ce n'est pas ses bâtiments... bâtiments de la société.
M. Laframboise : C'est ça. Vous, ce que vous dites, c'est : Ce n'est pas ses
bâtiments, ce n'est pas les bâtiments de la ville, ça appartient à la société. C'est ça que vous dites. Et ça serait normal que
le ministre de la Culture puisse en prendre connaissance puis être
capable de donner son autorisation aux fameux concours.
Mme Lambert (Phyllis) : Bien, pourquoi ce qu'on doit même donner une
autorisation à faire des concours de... Et c'est ça que je ne comprends
pas. Mais peut-être qu'il y a des bonnes raisons pour ça, mais c'est...
uniquement, je n'imagine pas pourquoi. Mais
je crois que les concours, d'habitude, ils sont faits par les gens à qui
appartient le bien ou le terrain où
on veut faire un projet, n'est-ce pas? Dans le vieux... dans le port de
Montréal, c'est le fédéral. Alors, je crois que c'est comme ça que ça
roule, non?
M. Laframboise : Bien, ce que le maire nous disait, lui, c'est que c'est pour ses
bâtiments à lui, quand il y a à faire un
concours. Puis, tuant à ouvrir un concours, il y aurait aimé être libre de ses
gestes, d'être capable de donner le contrat de gré à gré, sans autorisation du gouvernement, à celui qui a gagné le
concours. Donc, c'est ce qui est... Vous, ce que vous nous dites,
c'est : Il faut questionner...
Mme Lambert (Phyllis) : ...faudrait savoir pourquoi qu'on doit faire ça
avec Québec. Et c'est... Mais ça se peut qu'il y ait une très bonne
raison.
M. Laframboise : Parfait. Donc, on va être plus... on va questionner le gouvernement par
rapport à ça. Il me reste combien de temps?
Le Président
(M. Hardy) : Il vous reste une minute, M. le député de
Blainville.
M. Laframboise : Une minute. Et je vais juste reprendre... parce que j'ai bien compris
que, vous, ce que vous souhaitez,
c'est la protection du patrimoine et des paysages. Vous auriez souhaité une
modification à Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, probablement, qu'on puisse être capables de le faire à l'intérieur
de cette loi-là. C'est ce que vous souhaitez?
• (16 h 30) •
Mme Lambert (Phyllis) : Oui, bien, c'était... c'est-à-dire que le
patrimoine fait partie du paysage, et le paysage naturel et le paysage bâti. Et tous les deux sont très importants. Mais
la chose que j'essaie de dire, c'est que les quartiers qui sont tellement importants, par exemple Milton
Park, que nous avons sauvegardé à Montréal, il y a très, très, très
longtemps, et qu'on a construit des
immeubles... On a démoli la moitié et on a construit des bâtiments qui ne
donnent rien à Montréal, tandis que
ce quartier est magnifique, n'est-ce pas? Alors, c'est juste, quoi,
700 unités d'habitation, je crois, mais c'est déjà un groupe de
choses qui se tiennent et...
Le Président (M. Hardy) : Je vous remercie, Mme Lambert, pour votre
contribution aux travaux de la commission.
Je
suspends les travaux quelques instants afin de permettre aux représentants du
prochain groupe de prendre place, qui est le groupe de la Fédération
québécoise des municipalités.
(Suspension de la séance à
16 h 31)
(Reprise à 16 h 34)
Le Président
(M. Hardy) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il
vous plaît!
Je souhaite la
bienvenue aux représentants de la Fédération québécoise des municipalités. Je
vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter
ainsi que les personnes qui vous accompagnent puis à commencer votre exposé.
Fédération
québécoise des municipalités (FQM)
M. Lehoux
(Richard) : M. le Président de la commission, bonjour, M. le ministre,
membres de la commission. Les gens qui m'accompagnent, à ma droite,
M. Sylvain Lepage, directeur général de la Fédération québécoise des
municipalités, et M. Patrick Émond, directeur, Recherche et politiques.
Alors, comme vous le savez sans doute, la
Fédération québécoise des municipalités est là depuis 1944. Elle représente au-delà de 7 000
élus, et je pense que c'est une force, là, qui est constante, et on défend
l'autonomie du milieu municipal, et nous travaillons à favoriser le
développement des régions. Vous comprendrez donc que nous étions fort heureux
d'apprendre la volonté du gouvernement du Québec de transformer en profondeur
sa relation avec le milieu municipal en reconnaissant les municipalités locales
et les MRC comme véritables gouvernements de proximité, une demande qui est au
centre de nos actions politiques depuis plus 30 ans.
Le projet de loi n° 122 vient redéfinir cette relation entre nos deux
paliers de gouvernement. En abandonnant le statut de créatures de
l'État, le gouvernement démontre sa volonté d'échanger et de négocier d'égal à
égal avec les municipalités. Alors, nous
recevons positivement ce projet de
loi, mais comme tout projet, aussi
emballant soit-il, celui-ci est
perfectible. Nous proposons à la commission 14 recommandations afin de bonifier ce projet de loi pour qu'il tienne compte des réalités des municipalités locales
et des MRC.
De prime
abord, je vous dirais que notre analyse s'est faite en ayant toujours
en tête les principes qui ont guidé le gouvernement lorsqu'il a présenté sa Politique
gouvernementale de consultation et de simplification administrative à l'égard des municipalités, soit une plus grande autonomie
des municipalités, un allègement du fardeau administratif et une plus grande décentralisation des pouvoirs. Vous
reconnaîtrez ici l'essence même du rapport Perrault, auquel nous avons
participé et dont les recommandations doivent être appliquées dans les
meilleurs délais.
La notion de
gouvernance est au centre de ce projet de loi. Pour les municipalités, cette
question est tout aussi centrale dans le cadre de leurs échanges. Si
dans la majorité des cas un certain équilibre existe entre les différentes municipalités d'une même MRC, il en existe une trentaine où le maire d'une seule municipalité peut bloquer toute décision du conseil parce qu'il représente la
majorité de la population. De plus, dans huit d'entre elles, une seule municipalité
détient plus d'au moins 50 % des votes du conseil. Cette municipalité
possède donc un pouvoir disproportionné.
À l'article 178
du présent projet de loi qui modifie l'article 201 de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, le gouvernement établit le principe de la double majorité lors
des votes concernant le Fonds de développement des territoires et le programme de partage
des revenus des redevances sur les ressources naturelles. Pour qu'une décision
soit prise dans ces domaines, la résolution
doit être appuyée par une majorité d'élus représentant 50 % plus un de la population ainsi que 50 % plus un des municipalités,
chaque municipalité ayant un droit de vote. Nous demandons au gouvernement d'amender l'article 178 pour que l'ensemble
des votes de la MRC se tiennent selon ce principe, ainsi la distorsion
évoquée précédemment sera corrigée. Les
grandes municipalités garderont une prépondérance grâce à leurs
populations, mais elles devront tenir compte des réalités des plus
petites afin de dégager des consensus concernant l'ensemble de la MRC.
Même si le
Fonds d'appui au rayonnement des régions, le FARR, ne fait pas partie
intégrante du présent projet de loi, nous tenons à saluer sa création. Toutefois,
et vous en conviendrez, le lien avec le présent projet de loi est
évident. Le gouvernement souhaite une décentralisation, et la gestion du
FARR est un exemple parfait du type de responsabilités
que doivent assumer les MRC. C'est d'ailleurs
un des principes qui sous-tend ce projet
de loi, soit de responsabiliser
davantage les élus municipaux en matière de développement local et régional.
C'est ce même principe sur lequel s'est basé le gouvernement lorsqu'il a
rapatrié les responsabilités des conférences régionales des élus et des centres
locaux de développement au sein des MRC. En
conséquence, le gouvernement se doit de confier la gestion du FARR aux
MRC, qui sont les mieux placées pour définir les priorités économiques de leurs
milieux et pour administrer ensuite les impacts administratifs des projets qui seront retenus. Nous proposons aussi une
série de mesures qui concerne l'aménagement du territoire et qui a pour
but de décentraliser la prise de décisions et de responsabiliser les
municipalités.
• (16 h 40) •
Pour la FQM, un des symboles importants de la
nouvelle relation de partenariat que souhaite développer le gouvernement avec les municipalités réside dans
l'application du régime d'autorisation environnementale. Nous en avons
parlé lors de l'étude du projet de loi n° 102 et nous attendons toujours
le signal clair du gouvernement sur sa volonté d'apporter un assouplissement en ce qui concerne la question des travaux
en cours d'eau, tel que nous le réclamons depuis bien longtemps. Les MRC ont l'expertise et la légitimité pour intervenir
avec professionnalisme dans les cours d'eau tout en respectant l'environnement. Bien que le projet de
loi n° 102 évoque un droit d'exemption au ministre pour
l'obligation d'un certificat d'autorisation
pour les travaux en cours d'eau réalisés dans un contexte d'urgence, nous
attendons toujours de voir les
règlements qui en découlent et quelles seront les mesures concrètes d'allègement
dans ce domaine. En ce sens, nous profitons
de l'occasion aujourd'hui pour réitérer certaines demandes formulées lors de
l'étude du projet de loi n° 102, soit de mettre en place dans le cadre législatif ou réglementaire découlant
de l'adoption du projet de loi n° 102 une exemption de poursuite
pour les travaux d'urgence effectués dans les cours d'eau et aussi de confirmer
au moyen d'un règlement l'engagement 47
du ministre d'éliminer l'obligation d'obtenir un certificat d'autorisation
environnemental du ministère pour les travaux d'urgence dans un cours
d'eau dans le cadre de la redéfinition des relations Québec-municipalités.
Pour bien des régions, l'agriculture est au
centre de l'activité économique. Ainsi, les MRC se sont dotées de plans de développement de la zone agricole, les
PDZA, dont l'élaboration doit tenir compte de la planification
globale du territoire, et cela permet de
situer la zone agricole dans une dynamique d'ensemble du développement du territoire. Les élus locaux,
en concertation avec les autres acteurs du milieu, peuvent percevoir la vision
multifonctionnelle du territoire agricole tout en encourageant la participation de leurs concitoyens aux enjeux de développement. L'ajout, par l'article 184 du projet de loi, d'un nouveau paragraphe
à la fin du troisième alinéa de l'article 62 de la Loi sur la protection du territoire
et des activités agricoles selon lequel la Commission de
protection du territoire peut prendre en considération le PDZA pour
rendre une décision ou émettre un avis ou un
permis dans une affaire qui lui est soumise est un pas dans la bonne direction.
On reconnaît finalement la légitimité du
PDZA, mais le gouvernement doit aller plus loin. Cette présomption d'utilisation
du PDZA que l'on retrouve présentement dans le projet de loi maintient encore le flou sur l'importance que doit accorder le gouvernement à cet outil essentiel dont se sont dotées les municipalités. La prise en compte du PDZA d'une MRC doit devenir obligatoire
pour la Commission de protection du territoire agricole lorsqu'elle doit rendre
une décision ou émettre un avis ou un permis dans une affaire qui lui
est soumise.
D'autres propositions se retrouvent dans notre
document, mais le temps nous est compté, alors nous aurons peut-être l'occasion de les aborder lors de nos
échanges. Mais, avant de conclure, j'aimerais revenir sur notre dernière
proposition, qui concerne les mesures d'accompagnement pour la mise en oeuvre
du projet de loi n° 122. Selon notre analyse,
pas moins de 12 nouvelles mesures introduites par le projet de loi
n° 122 nécessiteront la production de documents d'application, résolutions, règlements,
politiques, avis de motion et rapports. Pour bien des municipalités, ces
nouvelles responsabilités représenteront une
charge colossale de travail. Pour l'atténuer, le gouvernement doit appliquer
les mesures introduites par la
Politique gouvernementale de consultation et de simplification administrative à
l'égard des municipalités et plus particulièrement celles visant à
limiter les impacts de l'ajout de nouvelles responsabilités aux municipalités locales et à mettre en place des mesures
d'accompagnement pour qu'elles puissent répondre à de nouvelles
exigences.
En conclusion, comme je le disais en
introduction, nous sommes globalement satisfaits du contenu du projet de loi n° 122. Cette redéfinition des
relations Québec-municipalités était attendue de longue date chez nos membres,
et force est de constater que la volonté du premier ministre exprimée lors de
son discours d'ouverture s'est matérialisée concrètement
dans ce projet de loi. Nous saluons l'ouverture du gouvernement à cet égard et
tout le travail effectué en collaboration
avec les municipalités locales et les MRC depuis plus de trois ans. Désormais,
nous travaillons sur un pied d'égalité
de gouvernement à gouvernement. Comme nous l'avons précisé plusieurs fois, ce
projet de loi constitue un pas dans
la bonne direction, mais le gouvernement doit aller plus loin. Nous espérons
que vous tiendrez compte des propositions que nous vous avons
présentées. Ce projet de loi ne peut qu'en bénéficier.
Alors, nous
sommes conscients que les nouveaux pouvoirs qui sont octroyés aux municipalités
locales et aux MRC impliquent de
nouvelles responsabilités qui nécessiteront une adaptation et des ajustements
importants. Nous continuerons à travailler en collaboration avec le
gouvernement pour que les dispositions du projet de loi n° 122
s'appliquant à nos membres puissent être
déployées harmonieusement, et selon les capacités financières, matérielles et humaines
de chacun, et avec cet objectif que
nous avons tous ici en commun, soit de développer pleinement le potentiel de
nos régions. Alors, je vous remercie et je suis prêt à répondre à vos
questions.
Le
Président (M. Hardy) : Je vous remercie, M. Lehoux, pour
votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période d'échange. M. le
ministre, la parole est à vous pour 15 min 20 s.
M. Coiteux : D'accord. Je vais
commencer, mais je pense que, par la suite, certains de mes collègues vont
certainement avoir aussi des questions, vouloir échanger avec les gens de la
FQM. Alors, merci, M. Lehoux et vous deux qui accompagnez M. Lehoux
aujourd'hui, pour la présentation.
Peut-être que
je commencerais par l'aspect suivant parce que, dans la philosophie générale du
projet de loi, il y a effectivement de diminuer... et c'est en accord
avec les suites qu'on a données au rapport Perrault, bien entendu, là, mais il y a philosophiquement l'idée que, si on a
une approche moins paternaliste, ça veut dire qu'on soumet moins les municipalités à une reddition de comptes constante
vis-à-vis des ministères du gouvernement. Mais en même temps ce qu'on
souhaitait, et c'est vraiment dans la philosophie du projet de loi, on
souhaitait que les municipalités rendent davantage de comptes à leurs citoyens.
Et c'est pour ça que j'essayais de voir comment on pouvait aborder, là, cette question-là que vous avez abordée dans l'une de
vos recommandations : d'un côté, on aura peut-être moins de choses
à donner au gouvernement, mais d'un autre
côté il y a peut-être des exigences de transparence, de transmission
d'information à nos citoyens. Je pense
qu'on... en tout cas, mon sentiment, c'est qu'on doit partager cette
philosophie-là, mais comment vous voyez l'équilibre dans tout ça?
Le Président (M. Hardy) :
M. Lehoux.
M. Lehoux
(Richard) : M. le ministre, pour nous, c'est sûr qu'on est tout à fait
d'accord sur le principe, là, que vous
mentionniez. L'objectif, c'est d'alléger aussi, là, toute la question, là, de
la bureaucratie tout en respectant le devoir premier des élus municipaux
de rendre compte à leur population. Ça, je pense que, sur cet angle-là, on est
tout à fait à l'aise. Mais dans le contexte
où ça arrive — je vous
dis, M. le ministre, ça fait quand même au-delà de 30 ans, là,
qu'on demande, en fin de compte, ce genre
d'assouplissement là — là, il en arrive quand même beaucoup en même temps, il faut se donner aussi le temps. Puis je pense que
le monde municipal, en tout cas pour la plupart, les membres de la FQM sont prêts à aller de l'avant, à collaborer, là, à
cet objectif-là, mais il faut se donner un peu le temps aussi de le faire
puis avec les outils, en fin de compte, là, qu'on pourra travailler à
développer ensemble aussi, là, sur cet angle-là.
M. Coiteux :
Oui, bien, je suis tout à fait d'accord, surtout que, dans certains aspects de
la diffusion proactive de certains renseignements, on a justement
l'intention, nous, de fournir un certain nombre d'outils. On a l'intention d'encadrer ça d'une façon qui tienne compte aussi
de la taille des villes, hein, parce qu'on n'a pas tous nécessairement
la même quantité d'information à divulguer sur un ensemble de projets, on n'a
pas tous la même fonction publique municipale, on n'a pas tous les mêmes outils
technologiques. Donc, ça, si je peux vous rassurer à cet effet, c'est dans notre intention de tenir
compte des réalités, par exemple, des milieux ruraux versus les milieux
urbains, les grandes villes par
rapport aux villes moyennes. Donc, on travaille sur des outils d'accompagnement
puis aussi pour que les règlements d'application tiennent compte, là,
des différences qui existent. Donc, c'est pour ça qu'on recherche globalement,
pas seulement avec le projet de loi
n° 122, moins de paperasserie inutile, moins d'administration inutile,
mais on veut, en même temps, plus de transparence aux citoyens. C'est
l'équilibre qu'on va rechercher ensemble là-dessus.
Mais il y a
une chose sur laquelle j'aimerais vous entendre maintenant. Je change de sujet,
mais ça a moins fait l'objet de votre
présentation. Comment vous voyez ça, vous, de votre côté, la disposition du
projet de loi qui dit : Bien, pour autant qu'une ville a désigné
des zones de requalification, par exemple, pour autant qu'elle s'est dotée
d'une politique de consultation adéquate,
bien, les référendums en matière d'urbanisme peuvent disparaître? Comment
vous voyez ça, vous? Comment ça va
s'appliquer, là, sur le terrain, pour vous? Dans le fond, comment vous voyez
ça? Et vos membres, comment ils voient ça?
Le Président (M. Hardy) :
M. Lehoux.
M. Lehoux
(Richard) : Je vous dirais, M. le ministre, par rapport à la taille,
en fin de compte, là, des municipalités que la FQM représente, les référendums, je pense qu'on les vit quotidiennement.
Quand j'arrête à l'épicerie, quand je passe mettre de l'essence, je suis pas mal toujours en référendum parce que je
suis vraiment, là, en contact toujours. Puis je pense que, pour la grande majorité de nos membres, cette
dynamique-là, on la vit quotidiennement. C'est pour ça que, pour nous,
toute la question de l'enjeu référendaire, on la vit assez quotidiennement, le
fait de la proximité que l'on a avec nos citoyens.
Je vous dirais, là, l'enjeu est peut-être un peu moins, là, sensible chez nos membres
comme tels parce que, quand on parle de requalification...
Le
Président (M. Hardy) : Excusez-moi, on est obligés de suspendre
quelques instants, on est demandés au salon bleu pour un vote. Ça fait
que je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 50)
(Reprise à 17 h 8)
Le
Président (M. Hardy) : À l'ordre,
s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux, mais avant de
commencer, ça me prendrait l'accord de tout le monde pour pouvoir déborder le temps prévu, vu qu'on avait arrêté quelques
instants. Consentement? Donc, nous continuons avec M. le ministre. Vous avez
10 min 51 s. À vous la parole.
M. Coiteux : Oui. Bien, on avait commencé à aborder le thème
des référendums, puis, M. Lehoux, vous nous disiez que, dans le cas de beaucoup de municipalités que vous représentez, peut-être
même la vôtre, les référendums se font pratiquement à l'épicerie locale,
c'est un peu ça.
M. Lehoux
(Richard) : Effectivement, M. le ministre, parce que moi, en
tout cas, je suis à ma 19e année
d'élu municipal à Saint-Elzéar, puis je n'ai jamais eu de référendum, puis, à
ma connaissance, sur le territoire de la MRC, je n'en ai pas vu souvent non
plus.
M. Coiteux : Mais vos citoyens vous soumettent leur avis sur
certains projets puis vous n'avez pas bien, bien le choix d'en tenir
compte. Vous devez en tenir compte forcément?
M. Lehoux
(Richard) : Bon, je pense
que la réalité fait qu'on en tient compte. La proximité que l'on a avec
les élus dans nos plus petites municipalités, c'est clair qu'il y a bien des
éléments... Parce que, dans le projet de loi, dans les articles, en
fin de compte, que vous proposez, c'est sûr que, quand on regarde ça, là, les
municipalités devraient produire puis
déposer au conseil un rapport de consultation et plein, plein de choses, c'est
sûr qu'actuellement, quand je regarde les plus petites municipalités, ce n'est pas vraiment le cas. Est-ce que ça
pourrait être modulé en fonction de la taille? Parce que, je vous
dirais, on peut faire le tour du Québec, mais je pense que les référendums dans
des municipalités de plus petite taille, ça ne doit pas se faire de façon très,
très courante.
M. Coiteux :
O.K. Par exemple, dans votre municipalité, est-ce qu'il y en a eu dans les
dernières années, de tels...
M. Lehoux (Richard) : Non.
Comme je vous dis, moi, en 19 ans à la mairie de la municipalité, chez
nous, je n'en ai jamais vu.
M. Coiteux : En 19 ans, il
n'y en a pas eu.
M. Lehoux
(Richard) : Puis ça fait quand même 16 ans que je suis le préfet
de la MRC et je pense qu'il y en a eu à une reprise, lors de l'implantation d'un parc éolien, que la
municipalité avait procédé à un référendum parce qu'elle le voulait, elle voulait vraiment connaître le pouls
pour bien... aussi tout l'aspect de l'acceptabilité sociale, et c'est elle
qui l'avait commandé. Il n'avait pas été demandé par les citoyens, c'est la
municipalité qui l'avait... Elle voulait faire un échange.
Ça fait que moi, en tout cas, à ma connaissance, dans 16 ans de préfet de
la MRC, c'est la seule fois que j'ai eu connaissance d'un référendum.
• (17 h 10) •
M. Coiteux : D'accord. Je
change de... Il me reste combien de temps?
Le Président (M. Hardy) :
8 min 55 s.
M. Coiteux :
Huit minutes? Peut-être, je vais... Parce que je veux prendre une dernière
question pour en laisser à mes
collègues qui voulaient en poser aussi, mais je change de sujet complètement
puis je vais sur le PDZA, où vous avez dit :
Bien, tel que c'est proposé dans le projet de loi, la CPTAQ pourrait désormais
le considérer, ce PDZA, alors que là elle ne peut même pas le considérer. Vous, vous voudriez aller jusqu'à
obliger à ce qu'elle le considère. Juste pour qu'on ait tous la même
compréhension, pouvez-vous nous parler de ce que c'est, un PDZA, puis c'est
quoi, l'importance, pour vos communautés, d'un PDZA?
M. Lehoux
(Richard) : M. le ministre, pour nous, en fin de compte, un PDZA... Je
regarde le PDZA de la MRC de La
Nouvelle-Beauce, qui est réalisé depuis déjà, là... on est à la quatrième année
de fonctionnement, on a un plan d'action qui a été... Parce que, dans le
fond, nous, ce que l'on a fait, c'est qu'on a mis l'ensemble des intervenants
du milieu à contribution, le monde municipal,
le monde agricole, mais aussi tous nos acteurs en développement économique, ça
fait que tout le monde a fait partie de l'équation. On s'est donné, vraiment,
là, une vision de qu'est-ce qu'on voulait voir développer sur notre territoire, qui est quand même, là,
900 kilomètres carrés, à 96,5 % zoné vert. Ça fait que, pour
nous, c'était vraiment important. On est la deuxième MRC en importance au
niveau agricole au Québec, la MRC de La Nouvelle-Beauce.
C'était d'autant plus important, la réalisation de ce PDZA là en relation avec
l'ensemble des partenaires du milieu, et on arrive avec un plan d'action
et qui... Cette année, là, on a des mesures concrètes qu'on met en place depuis
déjà trois ans, et, au fur et à mesure...
Ce matin
même, ce n'était pas plus tard que ce matin, on a un comité aviseur qui se
réunit, où on retrouve, encore là,
des membres du conseil des maires de la MRC, là, et des représentants de l'UPA.
Nos agents de développement, nos commissaires industriels font partie
aussi des réflexions. Et on a ajouté à ça — même, on est allés un petit
peu plus loin — toute la question, là, de la foresterie, qui
est quand même un secteur important. Oui, il est souvent couvert par
l'UPA, mais nous, on voulait avoir vraiment
le point de vue, là, de l'association des producteurs forestiers de bois privé
parce qu'on est vraiment, là, en bois privé chez nous, et l'ensemble des
acteurs joue un rôle très important. Et encore ce matin je regardais la dynamique qu'il y a autour de cette
table-là, c'est vraiment positif, et on va être capables de mettre des
jalons.
C'est pour ça
que nous, on dit : Si le PDZA... Puis je pense que plusieurs MRC au Québec
l'ont réalisé de cette façon-là. Je
comprends que ce n'était pas une obligation, ça fait que ça n'a pas été fait
partout de cette façon-là, mais où ça
a été fait de cette façon-là, je pense que de tenir compte... Pour nous, quand
vous disiez, dans le projet de loi, M. le ministre, «peut tenir compte», on n'allait pas assez loin parce qu'on a
vraiment fait la réflexion globale avec le monde agricole, mais avec l'ensemble des intervenants du milieu, et c'est de
là l'importance de voir apparaître le mot «doit tenir compte». On comprend que c'est la tenue en compte
qui est... par la commission, elle «doit». Si on fait juste lui
suggérer, notre crainte... Parce
qu'actuellement on le voit, ça fait déjà quatre ans qu'il est réalisé chez
nous, à chaque fois qu'on se présente
devant la commission, même si on leur parle de notre PDZA, je vous dirais,
c'est très court comme réflexion.
M. Lepage (Sylvain) : Si vous
me permettez, M. le ministre, ce qui est important là-dessus, c'est que...
Le Président (M. Hardy) :
M. Lepage.
M. Lepage
(Sylvain) : Merci. Ce qu'on vous dit, c'est que ce n'est pas que la
commission soit liée par le PDZA, c'est
qu'elle doit en tenir compte. Tenir compte, ça veut dire le considérer,
l'évaluer et déterminer en fonction de ce qu'il contient. Mais on ne demande à ce que la loi fasse en sorte que la
commission soit liée par le PDZA, mais on veut faire en sorte qu'elle ne puisse pas dire : Bien,
aujourd'hui, je n'en tiens pas compte. Qu'elle en tienne compte... Qu'elle
évalue, par exemple, de quelle façon il a
été préparé ou il a été fait, et, à partir du moment où elle constate que ça a
été fait dans les règles ou d'une
façon sérieuse, bon, bien, à ce moment-là, elle doit en tenir compte pour
rendre sa décision. En tenir compte, ça
ne veut pas dire le respecter entièrement ou faire en sorte que ce soit
l'Évangile, si je peux m'exprimer de cette façon-là, mais qu'elle doive
en tenir compte.
M. Lehoux
(Richard) : Si vous me permettez, M. le Président, je voulais juste
ajouter à ce que M. Lepage vient de mentionner : Vraiment important
de bien dire «doit tenir compte» parce que, pour nous, lorsqu'on se présente
devant la Commission de protection du territoire agricole et que l'on tiendrait
vraiment compte, bien, ça veut dire que, dans l'argumentaire
qui est fourni dans la décision de la commission, bien, on aurait des éléments
pour comprendre en fin de compte la
décision qu'elle rend et il faudrait qu'elle justifie aussi, là, en fonction du
contenu, là, du plan de développement. Ce
n'est pas un lien, là, comme Sylvain vient de le mentionner, là, d'automatisme,
là, à respecter le PDZA, mais bien, là, de l'obligation d'en tenir
compte, ce qui est quand même une nuance importante.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Coiteux : Je pense que j'ai
peut-être le député de Chapleau qui...
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Chapleau, à vous la parole.
M. Carrière : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Hardy) : 3 min
56 s.
M. Carrière : Oh! O.K. Je vais faire vite pour laisser une chance aussi
à mon collègue des Îles-de-la-Madeleine.
Merci, M. Lehoux. Toujours un plaisir de vous retrouver avec
M. Lepage, M. Émond.
Je vais vous
amener à votre recommandation 2, que le gouvernement confie la gestion du FARR aux MRC, qui sont les instances démocratiques les mieux
placées pour définir les priorités économiques locales et régionales et pour administrer ensuite les aspects administratifs des projets qui sont retenus.
Qu'est-ce que vous souhaitez par ça? Est-ce que j'entends que vous
voulez des enveloppes dédiées? Vous voulez plus d'autonomie? En fait,
expliquez-moi cette recommandation-là.
M. Lehoux
(Richard) : C'est vraiment dans le respect de l'autonomie, en fin de
compte, municipale, locale, mais là
on parle du FARR, qui est au niveau du rayonnement des régions. Pour nous, ce
qui est important, c'est que les sommes soient dédiées aux MRC. Je pense que l'ensemble des MRC, dans chacune
des régions respectives, se sont dotées que ce soit d'une table des préfets élargie ou peu importe, là, la structure
que ça leur a pris, mais ils sont capables de se rencontrer et de se concerter, que l'argent soit dédié aux
MRC, qu'on établisse nos priorités territoriales au niveau de la région
comme telle, que ça soit à cinq, ou à sept,
ou à 10 MRC. Mais nous, ce que l'on préconise, c'est que les fonds doivent
revenir à chacune des MRC, mais pour des projets qui sont pour plus qu'une MRC.
Ça, je pense qu'on est tout à fait d'accord avec cela. L'argent qui viendrait
du FARR serait dédié à des projets qui touchent plus d'une MRC.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Chapleau.
M. Carrière :
Merci, M. le Président. Mais comment on a des enveloppes dédiées, une enveloppe
dédiée régionale ou une enveloppe dédiée par MRC?
M. Lehoux (Richard) : Par MRC
parce que, dans le fond, on a instauré, avec la création du Fonds de développement des territoires, une façon de
répartir les enveloppes provincialement. Bien, pourquoi qu'on ne prendrait
pas cette même réflexion-là, et, par la
suite, ces argents-là vont à chacune des MRC puis ils pourront se traduire par
la suite... mais avec des projets qui sont supra MRC, si je peux me permettre?
Le Président (M. Hardy) : M. le
député des Îles-de-la-Madeleine, 1 min 48 s.
M. Chevarie :
Merci, M. le Président. Merci pour votre présence et votre présentation sur le
projet de loi n° 122.
Ce matin, on a reçu un groupe qui se
questionnait sur l'opportunité de faire un bilan ou une mise à jour de la démocratie au Québec, et comme vous représentez un
grand nombre de municipalités et que la démocratie passe également par les relations du conseil municipal ou de la
municipalité versus les citoyens de votre ville ou de votre
municipalité, j'aimerais ça vous entendre là-dessus.
M. Lehoux (Richard) : Sur la
question de la démocratie?
M. Chevarie : Oui, puis la
nécessité de faire un bilan, aujourd'hui, au Québec, sur le volet de la
démocratie au Québec.
M. Lehoux (Richard) : Une
excellente question.
Le Président (M. Hardy) :
M. Lehoux, 50 secondes.
M. Lehoux
(Richard) : La nécessité de faire le bilan? Bien, je pense que la
meilleure façon de faire le bilan de la démocratie, ça va être lors des élections municipales à l'automne qui
s'en vient, là. Il y a une belle plateforme qui va être là. Les gens qui ne sont pas satisfaits des gens
qui sont en place, bien, il y a une opportunité, c'est de se présenter et
puis de relever le défi. Moi, je me dis : Il n'y a pas mieux de... La plus
belle opportunité, c'est celle-là. Pour des citoyens qui voudraient, là... qui pensent, en fin de compte,
que la démocratie n'est pas respectée, bien, qu'ils fassent valoir leurs
droits, là, et la plus belle tribune, c'est
les élections, à l'automne, d'aller voter pour les... si eux ne se présentent
pas eux-mêmes, bien, pour voter pour les gens en fin de compte, mais de
se déplacer pour aller voter. On sait que, normalement, il y a quand même une
bonne participation aux élections municipales, mais il faut toujours augmenter,
en fin de compte, cette contribution-là de la population. Mais je pense que la
plus belle démocratie, c'est là qu'elle va s'exprimer.
Le
Président (M. Hardy) : Je vous remercie, mais le temps du côté
gouvernemental est terminé. Maintenant, je passe à l'opposition
officielle. M. le député de René-Lévesque, vous avez 9 min 20 s.
M. Ouellet : Eh! j'ai perdu 10
secondes. Bonjour, M. Lehoux. Vous allez bien?
D'entrée de jeu, on va aller
directement dans le vif du sujet parce que vous apportez quand même, à
l'intérieur du mémoire, plusieurs points de questionnement ou points
d'amélioration.
Le
premier, et ça, je voudrais vous entendre là-dessus, bon, vous nous dites que,
suite à l'application de cette loi-là, vous constatez que ça va
augmenter le fardeau de vos municipalités, et tellement que vous demandez des
moyens financiers et techniques pour passer
au travers de ça. Donc, je comprends que le pacte fiscal n'était pas suffisant
avec ce qui a été mis sur la table, et donc vous demandez des moyens
supplémentaires. Est-ce que vous demandez des moyens supplémentaires pour la
transition, pour la mise en application de cette nouvelle disposition-là, d'une
part?
Et,
en filigrane, ce que j'entends, est-ce que vous manquez de moyens aussi pour
engager pas juste du monde, donc du
jus de bras, mais aussi du jus de cerveau, des compétences? Parce que, exemple,
dans le cas de la zone de requalification, pour pouvoir se soustraire des référendums, les municipalités devront se
prévaloir d'une politique de consultation, et ma question : Est-ce
que vous avez les compétences dans vos municipalités pour être capables de
mettre ça de l'avant ou vous allez être obligés d'engager des compétences
externes pour arriver à répondre à ces demandes-là?
• (17 h 20) •
Le Président
(M. Hardy) : M. Lehoux.
M. Lehoux
(Richard) : M. le Président, je vous dirais d'entrée de jeu que les compétences... Je pense que,
lorsque les municipalités se regroupent aussi au sein de leur MRC... et de là
l'importance, en fin de compte, là, de vraiment reconnaître la capacité de nos municipalités
régionales de comté à assumer
certaines responsabilités. Je pense que les outils, on est capables
de se les donner, là, en fonction, là... peut-être pas par municipalité, là.
Moi, j'ai une municipalité de 2 000 de
population. Je comprends que je n'aurai pas la capacité d'aller me
chercher, en fin de compte, tous les effectifs nécessaires, mais en
étant regroupés au sein de ma MRC, je pense qu'on est capables de se développer
les outils pour répondre à ces questionnements-là, à ces nouvelles
réglementations là.
Nous,
l'interrogation que l'on a, à la FQM, puis comme je le mentionnais d'entrée de jeu,
c'est clair que c'est le fait qu'on
arrive avec quand même une masse assez importante, là, de modifications qui vont amener... Ça fait que, là, pour nous, ce qui est important, c'est toute la
question de se donner aussi un temps, là, pour assimiler parce que, comme je
vous dis, ça fait... Moi, en tout cas, ça fait 30 ans, là, qu'on entend, à la FQM, cette revendication-là de
décentralisation, là, on en arrive
avec, quand même, là, des morceaux assez importants
qui vont nous apparaître dans un seul moment. Je pense qu'il faut se donner un petit peu plus, là, de
temps. La question financière, bien, ça va aussi en relation avec nos
revendications dans toute la question, là, du
rapport Perrault puis de sa mise en
oeuvre, c'est de... On ne veut pas de
nouvelles réglementations sans aussi,
là, la capacité financière pour les assumer, parce qu'on a déjà
reçu, dans le passé, certaines responsabilités et les moyens financiers
n'ont pas toujours suivi, et, dans ce contexte-là, bien, on veut s'assurer
aussi que ces responsabilités-là qui nous
incombent, bien, qu'on puisse aussi avoir les moyens financiers pour y
répondre. Mais toute la question de
l'expertise, je pense qu'on est capables, au sein de nos MRC, en regroupant les
forces, d'aller la chercher.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet :
Parce que vous avez identifié, quand je vous entendais tout à l'heure, à peu
près 12 mesures supplémentaires qui, selon vous, représentent un surplus de
travail et un surplus de ressources, et donc une incapacité financière de les
atteindre. D'accord.
Autre
registre : double majorité. L'article 178 fait sauter cette... pas fait
sauter, mais permet une majorité simple, pardon, pour la gestion du fonds économique tel que les MRC pourraient
créer ou pourraient, dans le fond, utiliser suite à la disparition ou,
du moins, la dissolution de leurs organismes économiques. Est-ce que vous
croyez que d'appliquer ça au sein de la MRC
lorsqu'il y a une grande ville centre plus grande qui paie une grande quote-part
à la MRC... Est-ce que, là, de mettre
le vote à majorité simple, ce n'est pas effectivement de diminuer le pouvoir de
sa contribution parce qu'elle ne
pourra pas voter nécessairement en fonction de l'implication qu'elle a, mais
elle devra subir ou, du moins, accepter la décision unanime malgré sa
contribution et l'impact que ça a sur sa municipalité?
M. Lehoux
(Richard) : Bien, si je peux me permettre, M. le Président, la réelle
double majorité, là, il n'y a personne qui
peut imposer sa vision. Que ce soient les plus petites ou que ce soit la ville
centre, il n'y a personne qui peut... Ils auront l'obligation de trouver
un consensus. Et je comprends que ça déplaise à certains milieux de ne pas
pouvoir imposer, en fin de compte, leurs
décisions, parce que l'objectif demandé... Puis on salue l'ouverture, là, en ce
qui a trait, là, à la répartition du
FDT, Fonds de développement de territoires, et des redevances sur les
ressources naturelles parce qu'on a vu des aberrations. Ça ne fait pas
12 ans que ça existe, là, les redevances sur les ressources naturelles, et puis
on a déjà vu certaines aberrations, et nous,
on dit : Si l'ensemble des municipalités avec un maire, un vote... mais,
après ça, on implique la population.
Ça fait que le droit, en fin de compte, de retenir une décision, la ville
centre, elle va toujours l'avoir, mais
ça va forcer, pour arriver à la conclusion, à l'obligation... un consensus, là,
de la part des gens. L'objectif ultime, là, c'est que tout le monde mette de l'eau dans son vin puis mette l'épaule
à la roue pour que les projets puissent avancer, mais ce n'est pas de
faire imposer une décision aux plus petits, pas plus qu'aux plus gros.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Donc, si je comprends bien, le fait de porter le vote... une
municipalité, un vote, ça va déjà annoncer la nécessité d'appeler un
consensus parce que malgré le...
M. Lehoux
(Richard) : Ça envoie déjà un signal très clair, puis ça, je pense que
ça serait bénéfique pour plusieurs milieux, entre autres, là, les huit que je
nommais tout à l'heure, où la ville centre va partir avec la décision,
là.
M. Ouellet :
Parfait. Combien de temps, M. le Président?
Le Président
(M. Hardy) : Il vous reste 3 min 20 s.
M. Ouellet : O.K. Question importante, l'article
185, pouvoir réglementaire du gouvernement de déterminer les cas où l'utilisation de lots à une fin autre que l'agriculture est permise sans autorisation de la CPTAQ. Alors, dans l'article
en question, le gouvernement peut en outre prévoir par règlement le cas où l'utilisation de lots à
une fin autre que l'agriculture est
permise sans autorisation de la commission. J'aimerais vous entendre là-dessus
parce que, lorsqu'on a rencontré certains groupes puis lorsqu'on
a eu des discussions par rapport au dépôt du projet de loi, les exemples qu'on
nous donnait, c'était, exemple, bon,
écoutez, on aurait un panneau publicitaire qu'on voudrait faire apparaître.
Bref, on a eu quelques exemples bien
ciblés et pour lesquels on pourrait, nous, à notre prétention, les circonscrire
directement dans la loi. Mais j'aimerais vous entendre. Vous avez besoin
d'un règlement plus large qui vous permettrait effectivement de...
Le Président
(M. Hardy) : M. Lehoux.
M. Lehoux (Richard) : Effectivement, M. le Président, l'ouverture est
importante pour nous parce qu'effectivement il y a des enjeux. Des
exemples concrets? Oui, vous venez de mentionner la question, là, de
l'implantation de puits municipaux pour le
captage des eaux de la municipalité. C'est clair que, dans ces cas-là, on reste
convaincus qu'il devrait y avoir là
une rapidité, là, à l'effet de pouvoir, là, aller faire des forages, aller
puiser l'eau où est-ce qu'elle est, que ça soit aussi en lien avec la question des bornes sèches, là, que l'on doit
demander l'autorisation. Je pense que c'est pour le bien-être de l'ensemble de la population que ces
exercices-là se font, autant pour l'eau potable que la question de la
protection incendie. Il y a des exemples
comme ça qu'on pourrait voir peut-être encadrés. On sait qu'il y a eu, dans le
rapport Ouimet, certaines... je pense qu'il y aurait dans cela certaines
recommandations qui pourraient venir de façon un peu plus encadrée, si je peux
me permettre. Pardon?
Une voix :
...
M. Lehoux
(Richard) : Oui, dans les catégories qui avaient été ciblées dans le
rapport Ouimet, je pense qu'il y a
quelques-unes de ces catégories-là avec lesquelles on pourrait être favorables,
mais ça prend quand même un peu plus de latitude qu'on en a
actuellement.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de René-Lévesque,
1 min 20 s.
M. Ouellet : Donc, c'est ce que je voulais entendre. Donc, ce serait important
que... Si on prend les exemples, bon, si,
majoritairement, c'est là qu'on s'en va, c'est ça qu'on voudrait voir
apparaître. Là, on va avoir l'étude article par article. Je ne sais pas si M. le ministre va déposer le
règlement en question, mais on va le questionner. Effectivement, qu'est-ce
qu'on aurait là? Oui?
Le Président
(M. Hardy) : M. Lepage.
M. Lepage
(Sylvain) : Merci, M. le Président. Si je peux me permettre, en ce qui
nous concerne, on pense... Dans un monde
idéal, on aurait aimé voir le projet
de règlement, O.K.? Parce qu'il est clair que de simplement limiter, par exemple, dans la loi,
un certain nombre de cas bien précis — on a parlé, par exemple, des
bornes-fontaines — bien,
évidemment, on pense que ça n'a pas une flexibilité suffisante pour couvrir
l'ensemble des situations qui arrivent. M. Lehoux
vous a parlé d'une situation d'un puits. Quand tu as un besoin de creuser un
puits pour alimenter tes citoyens, puis
qu'il faut que tu ailles à la commission, puis que ça prend des mois, ça n'a pas vraiment de bon sens. Mais il
est facile, ensemble, hein, de faire
une liste de 10 situations, sauf qu'il va en arriver une 12e et on ne peut
pas faire modifier la loi à chaque
fois qu'il y a une exception, où le gros bon sens devrait dicter normalement que ce soit exempté, là, du pouvoir
d'examen complexe de la commission, d'où le fait qu'en ce qui nous concerne on
appuie le texte tel que libellé. Évidemment,
il faudra qu'au moment de la publication des règlements ce soit fait de façon
transparente, je vous dirais, puis il
ne s'agit pas que ça se transforme en bar ouvert. On est tout à fait en faveur de la protection du territoire agricole.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup. Le temps est écoulé. Maintenant, je passe la parole au député de Blainville pour
6 min 10 s.
M. Laframboise : Merci beaucoup, M. le
Président. M. Lehoux,
M. Lepage, M. Émond, merci de votre présence.
Moi,
je vais être un petit peu plus... C'est parce
que vous êtes toujours
un petit peu mi-figue, mi-raisin, là, dans votre mémoire, puis ça, ça... dans le sens où,
bon, à 14, vous nous dites, puis mon collègue l'a relevé : Ça va
nous coûter plus cher, on aimerait
avoir un budget. Puis il y a des choses qui m'agacent dans le projet de loi, moi, là, O.K., puis, dans votre mémoire, vous dites : «Le gouvernement devrait analyser
l'impact anticipé du processus d'approbation des règlements municipaux pour les petites
municipalités.» Bon, le projet de loi dit : Dès que tu déposes l'avis de
motion, ça prend un règlement. La ville de Saguenay est venue nous dire :
Ça n'a pas d'allure, ça n'a pas de bon sens.
Donc,
à quelque part, est-ce que ça a du bon sens pour les 900 quelques plus petites
municipalités du Québec? Il y en a
1 100 au Québec, là. Ça a-tu de l'allure? Là, Québec, eux autres, il n'y a
pas de problème, quand ils déposent l'avis de motion, le règlement est déjà prêt, mais c'est Québec, puis ils ont un contentieux, là. Dans la vraie
vie, là, ça va vous occasionner des problèmes si on oblige de déposer le règlement avec l'avis de motion... efficacité,
et tout ça, là. J'aimerais ça vous entendre là-dessus, là.
• (17 h 30) •
M. Lehoux (Richard) : Je vous
dirais, pour ma part, comme organisation, c'est clair qu'on n'a pas... Nous, la question, là, du... Déposer, en fin de compte,
le projet de règlement avec l'avis de motion, je vous dirais, à
certaines exceptions, je ne suis pas
convaincu que ça pose problème de façon si importante, là, qu'on peut le
laisser sous-entendre, par expérience personnelle comme maire d'une
municipalité, là, de 2 000 de population.
M. Laframboise : Parfait. Donc, ça veut dire que c'est correct
qu'est-ce que le gouvernement dépose, là, dans le fond, là. C'est ça?
Parce que, quand je vous dis...
Le Président (M. Hardy) :
M. Émond.
M. Émond
(Patrick) : Oui, bien, écoutez, ils vont sûrement avoir une certaine
modulation, là, qui sera requise parce qu'on peut penser que, dans les
endroits, les municipalités où il y a peu de personnel au sein de la
municipalité, il va y avoir une pression qui
va être exercée sur ceux-ci pour produire un projet de règlement avec de
l'information, de la documentation pour alimenter les élus, mais aussi
répondre aux questions des citoyens pour préciser certains aspects. Donc, c'est sûr qu'il va y avoir une charge de
travail accrue pour ceux qui ont un nombre de personnel assez réduit
dans les municipalités, donc il faudra sûrement de l'accompagnement, voir à
assurer un certain soutien, là.
M. Laframboise : Parce que le projet de loi, il ne joue pas dans
les nuances, là. Il exige un avis de motion, là. Il exige le dépôt du règlement avec l'avis de motion,
là. Il n'y a pas de nuance là-dedans, là. Tu sais, c'est pour ça que,
quand je vois la ville Saguenay qui vient
nous dire : Écoute, nous autres, ça va nous empêcher d'être efficaces...
Là, c'est correct. Si vous, vous nous dites qu'il n'y a pas de problème,
vous n'avez pas de problème avec ça, O.K.
M. Émond
(Patrick) : Comme je viens de vous répondre, M. le député, c'est clair
que, quand on dépose l'avis de motion
pour un projet x, j'espère qu'on a réfléchi à ce projet de règlement là
puis qu'il est déjà assez avancé, là. En tout cas, je comprends que, oui, il faut avoir une
ouverture, là, parce qu'on peut rencontrer, à l'égard, là, de certaines
réglementations... Mais, de façon
générale, moi, je pense que, quand on dépose l'avis de motion, on est pas mal
prêts pour déposer le projet de règlement en même temps.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Blainville.
M. Laframboise : Par la suite, vous nous dites... Bon, je
comprends, vous, là, par rapport à l'ouverture sur 178. Je comprends, je n'embarquerai pas, là, le fait
vous voulez que la façon de voter sur... Moi, je pense que c'est une belle
ouverture, 178, pour vous, je vais la
défendre. Aller plus loin... ouf! Là, évidemment, il aurait fallu que le
ministre la dépose tout de suite
parce que, là, je ne sais pas l'autre union, qu'est-ce qu'elle aurait dit puis
les commentaires qu'on aurait eus des autres, là. C'est juste...
M. Lehoux (Richard) : Elle l'a
déjà dit, M. le député, en commission parlementaire.
M. Laframboise : Non, mais,
depuis ce temps-là, la présidence a changé, là.
M. Lehoux (Richard) : Il a
coulé de l'eau en dessous du pont? O.K.
M. Laframboise : Oui, oui, c'est ça. C'est ça que je veux dire,
là. C'est pour ça que... Mais c'est quand même une belle ouverture. Ça peut être une belle opportunité pour l'avenir,
dire : On a commencé par là, après ça, ça arrivera. Ça, je pense
que c'est quelque chose d'intéressant.
Évidemment,
par rapport aux zones de requalification, là... Bon, là, évidemment, les zones
de requalification, ça va être du
travail, là. Ça, c'est évident, là. Les villes vont passer probablement par le
service d'aménagement des MRC pour le
faire, ça va être assez compliqué, il va falloir qu'ils revoient leurs plans
d'urbanisme. C'est sûr que c'est du travail, là. Ça, il faut le dire au ministre, là. C'est une opportunité d'être
capable de moduler puis à être plus efficace pour les villes, mais ça va nécessairement... il va y avoir plus de
travail, je vous dirais, peut-être à court terme, là. C'est un peu ça,
là, quand mon collègue vous disait :
Avez-vous besoin d'une aide pour une transition? Est-ce que c'est ça ou vous
aimeriez avoir une aide permanente par rapport à ça?
Le Président (M. Hardy) :
M. Lehoux.
M. Lehoux (Richard) : Je pense
que c'est beaucoup dans la transition comme telle. Parce que, quand on regarde
toute la question de requalification, tu ne requalifies pas, là, non plus une
fois par année, là. Ça fait que c'est vraiment,
là, une réflexion qui se fait puis qui se prévoit aussi dans du moyen. En tout
cas, moi, je calcule dans du moyen. Je regarde dans nos petites municipalités, il faut
revoir aussi cette requalification-là dans nos périmètres urbains, même
s'ils ne sont pas de grande envergure, mais
il y a quand même des modifications qui ont pu se faire avec le temps. Mais,
quand on parle de requalification, c'est
quelque chose, là, qui se fait sur du moyen terme. Ça fait que ce n'est pas une
aide, là, qui se doit récurrente,
c'est plutôt de l'accompagnement et puis se donner les outils. Nous, ce que
l'on veut, à la fédération, c'est
d'être capables, en collaboration avec l'État, de se donner les outils pour
permettre d'arriver à cela. Je pense que l'objectif peut être très
louable en soi, mais il faut se donner les outils pour être capables d'y
arriver.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Blainville, 15 secondes.
M. Laframboise : ...
Le Président (M. Hardy) : Bon,
bien, M. Lehoux, M. Lepage, M. Émond, je vous remercie pour
votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends
les travaux quelques instants afin de permettre
aux représentants du prochain groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à 17 h 35)
(Reprise à 17 h 38)
Le
Président (M. Hardy) :
Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! Je souhaite la bienvenue aux représentants de Shawinigan Citoyens avertis. Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé,
puis nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter
ainsi que les personnes qui vous accompagnent puis à commencer votre exposé.
Shawinigan Citoyens
avertis (SCA)
M. Houle (Robert) : Merci. Mon
nom est Robert Houle, membre de Shawinigan Citoyens avertis. Je suis accompagné de Mme Marie Crête et de
M. Marc Tellier, membres de Shawinigan Citoyens avertis. Mme Crête
est adjointe administrative de Diane Borgia, qui est à l'extérieur du
pays, qui devait présenter le mémoire. C'est notre première expérience à une audition publique, alors je vais
faire de mon mieux pour présenter notre proposition d'amendement et
répondre à vos questions.
Le projet de
loi n° 122 est l'aboutissement d'une longue réflexion de la part du
gouvernement afin de conférer aux municipalités
le statut de gouvernement de proximité. C'est certain que les municipalités
vont accueillir favorablement sa plus
grande autonomie. Le but de notre démarche aujourd'hui est de prévoir un
mécanisme de vérification législative pour faire contrepoids à cette plus grande latitude conférée aux municipalités.
Comme vous avez des échos ailleurs aussi, nous, comme citoyens, on est préoccupés de ne plus avoir de mécanisme de
consultation en matière d'urbanisme. Cela peut soulever des enjeux
environnementaux et de santé publique, sans compter la possibilité de conflits
d'intérêts. Alors, on a des réserves de ce côté-là.
• (17 h 40) •
Aussi, l'octroi des contrats de
100 000 $ et moins sans appel d'offres peut donner lieu à du
favoritisme ou à des décisions arbitraires.
De tels montants peuvent être courants dans les grandes villes, mais dans les
régions ces sommes d'argent sont non négligeables.
Notre groupe,
Shawinigan Citoyens avertis, milite depuis 2014 en faveur d'une modification à
la Loi sur les cités et villes afin
d'étendre l'obligation pour les municipalités de 35 000 à
99 000 habitants de se doter d'un vérificateur général. En ce
moment, la loi ne s'applique qu'aux municipalités de 100 000 et plus.
D'ailleurs, le rapport de la commission Charbonneau
formule essentiellement la même recommandation, n° 26. Dans le rapport,
les commissaires ont fait entre autres
les deux constats suivants : premièrement, la vulnérabilité du monde
municipal, qui peut être exposé à des situations de favoritisme, de
collusion, de corruption et de mauvaise gouvernance; deuxièmement, la valeur
incontestable d'un vérificateur général dans une municipalité comme outil de
contrôle, de transparence et de reddition de comptes.
La
recommandation n° 26 a été reprise aussi dans le mémoire soumis par le
comité qui s'est formé pour faire le suivi
des recommandations de la commission Charbonneau. Les villes de taille moyenne
évoluent dans un contexte différent des grandes villes. C'est un milieu
beaucoup plus fermé. Les liens de proximité sont très serrés entre
l'administration municipale et le milieu des
affaires, des organismes sociocommunautaires, des activités culturelles,
sportives, etc. De plus, l'administration municipale peut représenter un
employeur important, selon la région.
Dans les
villes de taille moyenne, souvent il n'y a pas de parti d'opposition. Les
interventions citoyennes donnent généralement peu de résultats, sauf
quelques exceptions. Dans notre mémoire, on aborde de façon plus spécifique la
situation à Shawinigan comme exemple de la réalité vécue dans les villes moins
populeuses. On y décrit certaines démarches
citoyennes qui ont fait ressortir des difficultés à obtenir de l'information
financière de la part de l'administration municipale. On mentionne aussi
des cas qui soulèvent des questions sur la gestion des fonds publics.
Comme le
révèle un des tableaux annexés à notre mémoire, la ville de Shawinigan est la
plus endettée de toutes les villes de
sa catégorie de population. Depuis les dernières années, la dette a connu une
forte hausse et le fardeau fiscal s'est alourdi en conséquence. Concernant la dette, la ville insiste sur la
nécessité de renouveler les infrastructures. C'est vrai qu'il y a des infrastructures vieillissantes, mais
ce n'est pas un problème unique à Shawinigan. Plusieurs villes font face
à la même réalité. Il y a eu aussi des fermetures d'usine
qui ont fait mal à notre économie, mais il faut dire que beaucoup d'autres
municipalités ont connu elles aussi des revers. Bécancour, par exemple, a eu
son lot de fermetures d'usine, mais elle est
loin d'avoir connu une hausse de son endettement comparable à celle de
Shawinigan. Une autre difficulté à laquelle
nous devons faire face est notre très faible richesse foncière. C'est une
réalité et cela devrait nous inciter d'autant plus à faire preuve de
prudence et à vivre selon nos moyens. Il y a eu des investissements, à
Shawinigan, autres que les infrastructures, puis il faut toujours tenir compte
de la capacité de payer des contribuables.
Pour
illustrer la valeur que peut représenter un vérificateur général dans une
municipalité, on a abordé dans notre mémoire quelques dossiers traités
par la vérificatrice générale de Trois-Rivières. Les constats qu'elle a faits,
ses recommandations et la mise en
application de ses directives par l'administration municipale de Trois-Rivières
ont donné des résultats concluants.
L'exemple qui illustre particulièrement les progrès accomplis et la gestion de
l'endettement de la ville de Trois-Rivières... vous serez à même de
constater les bons résultats atteints en consultant les tableaux annexés au
mémoire.
Concernant notre proposition d'amendement pour
les villes de taille moyenne, nous aimerions vous souligner deux choses. Premièrement, les enjeux et les défis
propres à chaque région peuvent différer, mais les citoyens partagent
tous les mêmes préoccupations, soit le besoin de transparence, d'une reddition
de comptes et d'une bonne gestion des fonds publics.
Deuxièmement,
et ça, c'est important, les villes confient d'importantes sommes d'argent aux
sociétés paramunicipales. Cette situation
présente des risques, car ces organismes ne soumettent pas toujours leurs états
financiers aux élus. Ce problème a été soulevé par la vérificatrice
générale de Trois-Rivières dans ses rapports annuels, et elle a fait des
recommandations en conséquence. La présence d'un vérificateur général pourrait
rassurer les citoyens à cet égard.
Maintenant,
en ce qui concerne les montants alloués pour l'embauche d'un vérificateur
général dans les villes de taille
moyenne, voici ce que l'on propose. Les municipalités visées sont au nombre de
20. Comme ces villes disposent d'un budget plus modeste, il pourrait y
avoir un vérificateur général par MRC. Ensuite, les tâches du vérificateur
général pourraient être consacrées à deux
volets sur trois, soit l'optimisation des ressources et la vérification de la
conformité aux lois et règlements. Le volet Vérification des états financiers
demeurerait la responsabilité du vérificateur externe, car il y a un chevauchement entre les deux
professionnels à cet égard. Le vérificateur général pourrait possiblement
partager son temps entre quelques villes d'une même région au sein de la MRC.
Pour
conclure, je tiens à souligner que le but de notre démarche n'est pas de porter
un jugement de valeur sur le travail
des élus et des gestionnaires des villes, quelle que soit la municipalité. Nous
sommes bien conscients que c'est une fonction très exigeante et que les
titulaires consacrent beaucoup d'efforts à répondre aux besoins de la
population et à assurer le développement
social et économique de leur ville. Notre objectif est d'obliger les villes de
taille moyenne à se doter d'un vérificateur général en vue d'assurer une
saine gestion des fonds publics dans nos municipalités.
Mon dernier point est le suivant : il
importe d'axer les lois sur la prévention et de favoriser une culture de transparence, d'efficacité et de respect d'une
éthique rigoureuse. Il en résulterait un climat plus serein dans les
relations entre les villes et les citoyens. Merci.
Le Président (M. Hardy) : Merci
beaucoup. Donc, nous passons à M. le ministre, vous avez
15 min 30 s.
M. Coiteux :
Oui. C'est toujours le 30 secondes, M. le Président, qui m'impressionne
beaucoup dans le 15 minutes, 15 min 30 s.
Merci
beaucoup pour votre présentation, votre participation à la commission. Puis
vous dites que c'était votre première expérience en la matière? En tout
cas, c'est une belle première expérience parce que vous avez apporté un
document puis un argumentaire très structurés. Donc, je vous en félicite puis
je vous en remercie.
D'entrée de
jeu, évidemment, puisque vous y avez consacré une bonne partie de votre
présentation, je vais parler un peu
de la question des vérificateurs généraux. Vous savez que, dans les
recommandations de la commission Charbonneau, la recommandation 26 nous appelle à étendre, éventuellement, le
rôle du Vérificateur général du Québec aux municipalités. Est-ce que
c'est la façon de le faire? Il y a des municipalités qui ont déjà leur
vérificateur général, les municipalités de
100 000 et plus, et c'est les autres villes dont il est question ici.
Alors, je vous dis d'entrée de jeu, on est en réflexion là-dessus, je suis en réflexion là-dessus. Puis
d'ailleurs on a eu l'occasion d'en discuter dans cette même commission à
l'occasion d'un autre projet de loi. À
chaque année, il y a au moins un — des fois, il y en a même plus qu'un — omnibus
dans le secteur municipal. Alors, l'état de
la réflexion pour l'instant, de notre côté, nous, c'est qu'il faut qu'on trouve
une approche par rapport aux vérificateurs
généraux dans les villes de moins de 100 000 habitants mais que le
meilleur véhicule risque d'être...
plutôt que le projet de loi n° 122 qui va être à l'étude, là, qui est en
consultation, ça risque d'être plutôt l'omnibus,
mais on est en réflexion là-dessus. Puis ce que vous nous amenez aujourd'hui
dans votre mémoire, même si vous
l'amenez pour le 122, il va rester pertinent pour la suite des choses. Je
voulais simplement vous rassurer par rapport à cette question-là parce
qu'on est en réflexion là-dessus.
Maintenant que j'ai dit cela, peut-être que je
poserais d'autres questions. Par exemple, à Shawinigan... Parce qu'une des dispositions du projet de loi, c'est de
dire la chose suivante : Pour autant que les villes se soient dotées
d'une politique de consultation, qu'elles
aient bien défini des zones de requalification, par exemple dans un souci de
densification, bien, ces villes-là
n'auraient plus l'obligation de permettre la tenue d'un référendum en matière
d'urbanisme. Je vous ai entendu
émettre peut-être quelques craintes à cet égard. J'aimerais ça qu'on
l'approfondisse un petit peu. D'abord, est-ce que les référendums en matière d'urbanisme, au cours des dernières
années, ça a été quelque chose de fréquent à Shawinigan?
• (17 h 50) •
Le Président (M. Hardy) :
M. Houle.
M. Houle
(Robert) : Nous, notre participation ici, O.K... Non, on n'a pas de...
On peut peut-être craindre, O.K., mais
il n'y a pas eu de fait, O.K., puis de situation. Nous autres, notre objectif
est de doter, O.K., comme j'ai dit puis on le dit dans le mémoire aussi, d'un vérificateur général, O.K., pour
optimiser, O.K., la conformité des lois et règlements. Mais, comme on parle d'urbanisme, O.K., aussi il y
a le fait que l'octroi de contrats de 100 000 $ et moins, O.K., qui
serait fait sans appel d'offres. Mais il n'y a pas eu de situation, O.K., qui
est portée à nos oreilles, là.
M. Coiteux :
Donc, si je comprends bien, dans le fond, vous n'avez pas une position ferme
sur cette question-là des référendums en matière d'urbanisme.
M. Houle (Robert) : Non, non,
non.
M. Coiteux :
Donc, si notre intention, c'est de demander aux villes d'adopter une politique
de consultation, vous n'êtes quand même pas en désaccord avec l'idée que
ça peut être le mécanisme alternatif aux référendums en matière d'urbanisme.
C'est ce que je comprends.
Maintenant,
une autre intention qui est dans différentes dispositions du projet de loi
n° 122, c'est de remplacer, dans plusieurs
cas, une reddition de comptes de la ville vers le gouvernement puis de la
remplacer par une reddition de compte de la ville vers ses citoyens. Donc, on demande plus de transparence, on
demande plus de transmission d'information en amont, par exemple des décisions sur un règlement.
Comment vous voyez ça, vous, de votre côté, cette façon-là de voir les
choses, là, qui est dans le projet de loi n° 122?
M. Houle
(Robert) : Nous, on voit plus de pouvoirs aux municipalités, mais
est-ce que le citoyen est informé? C'est ça, notre préoccupation.
M. Coiteux : C'est pour ça
qu'il y a toute une section du projet de loi qui demande aux villes de
divulguer davantage d'information vis-à-vis
de leurs citoyens. Est-ce que vous avez des commentaires à faire sur ces
articles-là, des suggestions à faire peut-être pour améliorer les choses
par rapport à ce qu'on propose dans le projet de loi?
M. Houle
(Robert) : Non. Moi, comme je vous dis, notre but, c'est que le
citoyen, O.K., soit très informé. On a vécu
quelques situations, nous, qu'il est indiqué dans le mémoire, que le citoyen
n'a pas eu les informations qu'il devait s'attendre, O.K., mais je ne
peux pas plus loin, là.
M. Coiteux : Il y a toute une
série d'exigences nouvelles en matière de divulgation, par exemple la liste des
contrats, là, elle serait rendue accessible
aux citoyens, par exemple. Ça, c'est quelque chose, j'imagine, vous allez
dire : Bon, c'est un pas dans la bonne direction.
M. Houle (Robert) : La liste
des contrats actuels, là?
M. Coiteux : Des contrats, oui,
oui.
M. Houle (Robert) : Oui, oui.
M. Coiteux : Avec le projet de
loi, là.
M. Houle (Robert) : Avec le
projet de loi?
M. Coiteux : Oui. Et d'autres
dispositions. Mais ça, c'est un exemple, la liste des contrats.
M. Houle (Robert) : Oui.
M. Coiteux :
Donc, c'est pour ça. Il y a un souci, dans le projet de loi, de faire en sorte
que les citoyens reçoivent plus
d'information qu'ils n'en reçoivent aujourd'hui. Il y a toute une section
là-dessus, transparence, reddition de comptes vis-à-vis des citoyens.
M. Tellier (Marc) : Si vous me
permettez, en fait, c'est la transparence qu'on veut.
Le Président (M. Hardy) :
M. Tellier.
M. Tellier (Marc) : Marc
Tellier.
C'est la transparence qu'on veut. Où va notre
argent? On veut avoir des réponses. C'est comme les sociétés paramunicipales, on n'a jamais, mais jamais... on
pose des questions puis on n'a jamais de réponse. Alors, nous, on paie des taxes, puis moi et des citoyens veulent bien
savoir où va notre argent. Alors, si vous dites que, dans la loi n° 122,
tous les contrats, tout ça, ça va paraître,
tant mieux. C'est de la transparence qu'on veut. C'est sûr que je parle de la
ville de Shawinigan, mais on paie
énormément de taxes, à Shawinigan, à
cause de la dette, ainsi de suite. Alors, moi, je vais vous dire, je ne suis pas supposé de parler, là, mais
c'est la transparence que je veux, moi, c'est la transparence. Alors, écoutez, c'est sûr que, si dans le projet
de loi, vous mettez ça... On veut
avoir la transparence aux municipalités. C'est notre petit gouvernement puis on
n'est pas capables d'avoir de la transparence.
M. Coiteux : Bien, c'est l'objectif, c'est l'objectif.
Dans plusieurs cas — puis
ce n'est pas seulement à travers le projet de loi n° 122,
c'est à travers d'autres initiatives du gouvernement — on
s'est aperçu que plusieurs ministères demandaient
la même information aux villes, puis elles devaient la fournir dans
trois, quatre formats différents. Bon, ça, on arrête de le demander 100 fois, on le demande une fois. Dans
certains cas, on se dit : Est-ce qu'on a besoin, nous, comme gouvernement, de cette information-là? On arrête de la demander. Mais par contre,
en contrepartie, on veut que le citoyen, lui, il en reçoive plus, d'information. Puis c'est pour ça qu'il y a des dispositions dans le projet de loi qui font exactement ça.
Donc, ce qu'on dit, c'est que les villes, étant
des gouvernements de proximité, étant des partenaires du gouvernement du Québec et non pas des créatures du gouvernement du Québec, auront peut-être moins de comptes à rendre sur certaines choses au gouvernement mais auront l'obligation de davantage de transparence vis-à-vis des citoyens. C'est ça qui est l'objectif, là, du projet de loi, l'inversion de la reddition de
comptes : plus vers le citoyen,
moins vers le gouvernement. Ça, comme philosophie... Parce que ce n'est pas
notre façon traditionnelle de fonctionner, là. La façon traditionnelle de fonctionner, c'est que, des
fois, le citoyen, pour avoir l'information sur sa ville, il
faut qu'il la demande au gouvernement
du Québec parce que c'est lui qui la
reçoit. Nous, on pense que c'est la ville qui devrait la donner à ses
citoyens. Alors, comment vous voyez ça, vous, cette approche-là?
Le Président (M. Hardy) :
M. Tellier.
M. Tellier (Marc) : Si vous
parlez dans ce sens-là, moi, je suis bien heureux. Je vais pouvoir savoir bien
des choses, où va mon argent, je me répète,
là, mais où vont mes sous. Puis, pour tous les citoyens, pour tous les citoyens
de la ville de... pas rien que la ville de Shawinigan,
là, de toutes les villes, tout
simplement, mais on a beaucoup
de misère à avoir de l'information. Il faut toujours aller à la loi...
M. Houle (Robert) : Par la loi
d'accès à l'information.
M. Tellier
(Marc) : La loi sur l'information. Écoutez, ce n'est pas normal, je
crois, de toujours, toujours aller là. D'après moi, ce n'est pas normal.
Il y a des choses qu'on devrait... que c'est public, c'est public.
Le Président (M. Hardy) :
Mme Crête.
• (18 heures) •
Mme Crête
(Marie) : Oui. Aussi, pour
répondre à votre question concernant la valeur d'un vérificateur général, c'est que, oui, c'est vrai qu'on peut avoir plus
d'information avec les nouveaux mécanismes, mais nous, on a remarqué, en
tout cas dans les rapports de la vérificatrice générale de Trois-Rivières,
qu'elle peut porter des jugements, bien, sur comment
optimiser les ressources, puis ça, nous, comme citoyens on n'a pas ces connaissances-là puis on n'a pas non plus l'autorité
pour dire à la ville : Vous devriez préparer plus vos budgets, vos soumissions pour ne pas avoir des
mauvaises surprises, des dépassements de
coûts. Tu sais, nous, on n'a aucun pouvoir de dire comment optimiser les
ressources ou comment économiser en regroupant... Tu sais, ce n'est pas
des exemples précis, mais on a donné des exemples dans le mémoire sur une meilleure efficacité. Ça, c'est d'une part. Puis
alors nous, on n'a pas les connaissances pour apporter des jugements comme
ça.
Puis l'autre point, c'est la conformité aux lois
et règlements. Nous, on n'est pas des juristes et... Alors, un vérificateur peut voir si une administration
municipale qui a des conflits d'intérêts ou du favoritisme... Nous, on n'est
pas en mesure de juger ça puis on n'a pas
les connaissances. Alors, c'est pour ça qu'on aimerait ça avoir quelqu'un sur
qui on pourrait se fier pour... puis on
serait vraiment en confiance, puis on paie nos taxes, puis ça ne nous dérange
pas, mais on dit : C'est bien géré.
C'est ça, un peu, le but de notre démarche aujourd'hui. Ce n'est pas de
dire : Ah! la ville ne nous dit rien.
Je suis sûre que la ville va tout
faire pour nous dire, selon ce que vous allez... avec le nouveau projet de loi, mais on n'a aucune autorité.
Nos démarches... Je veux dire, on n'a aucun pouvoir de persuasion ou... tu
sais, je veux dire, ce n'est pas notre rôle, puis aussi ça fait un climat de confrontation, puis on
n'aime pas ça. Tu sais, nous, on voudrait avoir quelqu'un qui surveille puis qui donne des conseils à la
ville, parce que c'est des conseils... Les vérificateurs, ils donnent des conseils, et puis là, bien, je veux dire, la ville les met
en application peut-être à 75 %, mais nous, on est rassurés à ce moment-là.
C'est ça, l'idée.
Puis aussi on
n'a pas la disponibilité pour tout passer en revue les contrats puis tout ça.
On n'a pas la compétence puis on peut
partir sur des perceptions alors que peut-être c'est bien géré dans tel cas
puis peut-être pas dans d'autres cas. C'est pour ça, tu sais, pour avoir
un avis objectif puis professionnel.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Coiteux :
Non, j'entends bien, puis on va certainement prendre en compte les propositions
puis l'argumentaire que vous donnez ici.
La seule
chose, comme je vous expliquais, c'est que la réflexion sur le rôle des
vérificateurs généraux dans les villes de moins de 100 000
habitants, on est en train de la faire comme gouvernement, notamment dans le
contexte de la recommandation 26 de la
commission Charbonneau. Cette réflexion-là va nous amener forcément à faire des
propositions, puis donc ce que vous nous amenez aujourd'hui, ça va être
important, là, pour nous.
Donc, mon message aujourd'hui, ce
n'est pas qu'on n'est pas attentifs puis qu'on n'est pas à l'écoute de ce
que vous nous dites par rapport à ça, mais
que probablement que ça va prendre la forme d'un autre projet de loi que
celui-là, disons, mettons ça comme
ça, fort probablement. C'est un peu l'état d'esprit dans lequel on a travaillé ça
jusqu'à maintenant, parce qu'on a un
certain nombre d'enjeux à analyser encore, mais rapidement. On a parlé
notamment qu'il y avait un omnibus à chaque année. Donc, il est possible
que, dans cet omnibus-là, on puisse adresser directement cette question-là,
mais on est en analyse actuellement là-dessus et donc on garde ça
précieusement. C'est ce que je voulais vous dire. Merci.
Le
Président (M. Hardy) : Merci, M. le ministre. Il reste
40 secondes. Tout est beau sur votre côté? Bon, parfait. Ça fait
que je vais passer du côté de l'opposition officielle,
9 min 20 s. À vous la parole.
M. Ouellet :
Merci, M. le Président. Merci. Bonjour à vous. Merci.
Je
comprends puis je partage la nécessité que vous mettez de l'avant, de doter nos
municipalités, dans certains cas, d'un
vérificateur général, qui est un peu le gardien de certaines valeurs de
transparence pour les citoyens. Mais j'aimerais attirer votre attention sur différentes dispositions dans le projet de
loi en question, qui, dans le cas où est-ce que, comme le ministre l'expose, on n'adresse pas la notion des
vérificateurs généraux pour les municipalités de 35 000 à 100 000
habitants dans cette loi-là et que, dans un
heureux hasard, même si l'intention du gouvernement est de réfléchir et que
peut-être, dans un omnibus, on voit apparaître ça...
Admettons,
là, que ça ne se passe pas, là. Il y a certaines dispositions dans la loi que
j'aimerais vous exposer pour entendre un peu votre son de cloche sur la
solidité de ces dispositions-là par rapport à ce que vous demandez, plus de transparence ou plus de reddition de comptes à ce
qui se passe dans votre municipalité. Et d'ailleurs vous nous faites une
nomenclature de plusieurs situations que
vous semblez avoir... pas décriées, mais résumées sur un état de fait, mais,
si on avait ça aujourd'hui, peut-être que dans certains cas la situation serait
différente ou, du moins, vous auriez eu des indicateurs sur l'ampleur de la
situation qui est en train de se passer.
Première chose,
l'article 41, puis je vais vous le lire, là : «Tout règlement ou
résolution qui autorise une municipalité à conclure un contrat, autre qu'un
contrat de construction — et
là contrat de construction, on pense construction de rue, là, voirie — ou
une entente intermunicipale, par lequel elle engage son crédit et duquel
découle, même implicitement, une obligation
pour un tiers de construire ou de rénover un bâtiment ou une infrastructure mis
à la disposition du public ou utilisé
à des fins municipales doit, sous peine de nullité, être soumis à l'approbation
des personnes habiles à voter selon la procédure prévue pour les
règlements d'emprunt.»
Ce
que ça dit, c'est que dorénavant une municipalité ou un tiers qui est
paramunicipal, dans le cas d'un contrat qui sert à construire ou rénover un bâtiment ou une infrastructure, pourrait être soumis à la disposition des personnes habiles à voter
et donc au référendum. Donc, dans certains cas, la municipalité, si elle veut engager certaines dépenses, bien, les citoyens
pourront effectivement aller remplir les exigences pour demander un référendum
à ce sujet-là. Donc, à votre question des paramunicipaux, là, on a une disposition
ici qui apporte un bouclier supplémentaire à cette situation. Est-ce que, ça,
selon vous, c'est un pas dans la bonne direction?
Le Président
(M. Hardy) : M. Houle.
M. Houle
(Robert) : Oui. C'est un petit peu le résumé, O.K., qu'on veut. Comme Marc mentionnait tantôt,
on veut avoir plus d'information, plus de transparence. Le citoyen veut savoir, O.K.
Shawinigan Citoyens avertis, on fait plusieurs représentations aux séances du conseil. Puis est-ce qu'on a des suivis? Pas toujours. Donc, si dans le projet de loi vous mentionnez s'il y a obligation de...
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci. Une autre disposition, on sait que dorénavant les municipalités pourront convenir d'une façon différente de donner un contrat de plus de
25 000 $ et de moins de 100 000 $. Elles ne sont pas
obligées de le faire, mais elles pourront le faire.
Cependant, il y a une
disposition nouvelle qui vient d'être installée, c'est que, pour toutes
dépenses de plus de 2 000 $ qui,
si on les additionne pour le même fournisseur, dépassent le 25 000 $,
la municipalité doit les rentrer dans un registre et les rendre disponibles justement pour déclarer ce qui s'est passé. Et donc, comme
citoyens, vous allez pouvoir voir
que, si anciennement, dans certaines municipalités, on faisait ce qu'on appelait du fractionnement
de contrat et donc, pour éviter
d'être en haut de la demande... en haut du 25 000 $, pardon, on fractionnait le contrat, l'addition faisait qu'on dépassait, bien, dorénavant, ce genre de manigance ou ce genre de
manipulation qui pouvait exister va être divulguée, c'est-à-dire que les
gens vont pouvoir savoir que l'entrepreneur en question a plus de contrats de
25 000 $, et donc ça va être
disponible et donc plus transparent. Est-ce que ça, selon vous, c'est un poids
de plus pour obtenir transparence et reddition de comptes?
Le Président
(M. Hardy) : M. Houle.
M. Houle
(Robert) : Sûrement. O.K. Ce que j'entends là, c'est merveilleux,
parce que... O.K. Vous avez parlé de
manigances, O.K., il pouvait y avoir des manigances puis fractionner un contrat
de x... 10 000 $, O.K., en plusieurs pour en arriver là, mais si, par le projet de loi, le citoyen serait
averti, O.K., informé de cette situation-là, oui, allons-y.
M. Ouellet : Bien, l'information va être disponible. Donc, à
ce moment-là, effectivement, les citoyens pourront poser des questions
suite à l'information qui est disponible.
Troisième
disposition, article 70, «De la diffusion de certains renseignements.» Et
celle-là, elle est importante parce que vous avez parlé beaucoup de
transparence, ou d'obtenir des documents, ou d'obtenir de l'information :
«Le
gouvernement peut, par règlement, déterminer
les renseignements que toute municipalité a l'obligation de diffuser, en
format ouvert, sur un support informatique permettant leur réutilisation.
«Le règlement fixe les modalités de cette
diffusion, qui peuvent varier en fonction des différentes catégories de
municipalités.»
Donc, ce que
ça nous dit, c'est qu'au-delà des choses qu'on peut adopter aujourd'hui... pas aujourd'hui, pardon, mais
lors de l'étude article par article, le gouvernement pourra, par règlement, déterminer quel
genre de renseignements une municipalité pourra être obligée de rendre ça public. Alors, est-ce que
ça, pour vous, c'est un bouclier supplémentaire dont vous avez besoin
pour obtenir beaucoup plus de transparence et de reddition de comptes?
Le Président (M. Hardy) :
M. Houle.
M. Houle
(Robert) : Je dirais que
oui. Par exemple, on parle de paramunicipal, paramunicipal, il y a beaucoup d'OSBL, mais ces OSBL là n'ont pas l'obligation de déposer leur
bilan financier. Donc, de par là, le citoyen, comme on a eu un cas, le citoyen qui fait une demande par voie d'accès à
l'information ne peut avoir cette information-là. La ville nous répond que,
O.K., ce sont des organismes sans
but lucratif, puis ils n'ont pas
accès à leurs bilans. Mais là vous me dites que, dans une situation
comme celle-là, la municipalité aurait l'obligation de divulguer ces
informations-là?
M. Ouellet : Bien, ce que je vous dis, c'est que le
gouvernement peut décider quel genre d'information, qui n'est pas
disponible présentement, qui devrait être rendue disponible, dans quel support
informatique permettant leur utilisation, et dans quelles modalités les
municipalités... dans quelles modalités, pardon, ce genre de diffusion là peut
se faire.
Donc, ce qui
n'existe pas, ce qui n'est pas diffusé présentement, le gouvernement pourrait,
par règlement, décider qu'est-ce qu'il sera à l'avenir. Ça serait un
bouclier supplémentaire, ça.
Le Président (M. Hardy) :
M. Houle.
M. Houle (Robert) : Ce serait
bien.
Le Président (M. Hardy) : Il
vous reste 1 min 30 s.
M. Ouellet : Bien, écoutez, je
vous remercie de la profondeur de l'argumentaire que vous avez préparé pour la nécessité de regarder l'opportunité
d'astreindre les municipalités de 35 000 à 99 999 en vérificateur
général. Assurément, nous allons
l'utiliser. J'ai entendu le commentaire du ministre, à savoir que ce n'est
peut-être pas dans le projet de loi n° 122 que nous allons en discuter. Nous allons avoir l'association des
vérificateurs généraux qui seront entendus, donc on pourrait les questionner sur la pertinence d'y adresser ou
pas dans ce projet de loi là. Mais je comprends bien que M. le ministre
et son équipe font une réflexion. Alors,
nous serons au rendez-vous pour pousser plus loin cette réflexion, assurément,
avec le document que vous nous avez remis. Merci beaucoup.
Le Président (M. Hardy) : Merci
beaucoup. Donc, à ce moment-ci... Oui, il y a une question?
Mme Crête (Marie) : Est-ce que
je peux poser une question, une question concernant...
Le Président (M. Hardy) : Avec
l'assentiment de tout le monde.
Des voix : ...
Mme Crête (Marie) : Bien... ou
je la poserai après.
Le Président (M. Hardy) : Oui.
Il restait 40 secondes à vous.
Des voix :...
Mme Crête
(Marie) : O.K. Bien, savez-vous, nous, c'est sûr que l'endettement,
c'est ça qui nous inquiète le plus, puis
on a remarqué qu'à Trois-Rivières la vérificatrice fait des recommandations
pour avoir une meilleure gestion de la dette, puis ça a donné des
résultats. En tout cas, on a l'a démontré dans le mémoire.
Mais nous,
c'est sûr que, même si on a tous les renseignements, si l'administration
municipale veut continuer à s'endetter,
on n'a rien, rien à dire, tandis qu'on s'imagine, bien, je ne sais pas, que
s'il y avait une fonction de vérification générale qui disait : Bon, bien là, votre ratio, il est rendu un
peu limite, il faudrait ralentir les ardeurs, je ne sais pas, tu sais,
avoir un pouvoir de... j'ai de la difficulté à l'exprimer, mais un pouvoir de
conseil qui serait respecté.
Nous, même si
on est des citoyens, puis on dit qu'il ne faut pas s'endetter comme ça, bien,
je veux dire... c'est ça.
Le
Président (M. Hardy) : Je vais être obligé d'attendre un petit
peu. Je vais passer la parole au deuxième groupe d'opposition, M. le
député de Blainville, 6 min 10 s.
M. Laframboise : Merci. Merci
beaucoup d'être présents, M. Houle, Mme Crête, M. Tellier.
Merci.
Vous avez mis bien gentiment le doigt sur
problème du projet de loi, c'est-à-dire que c'est vrai que c'est une amélioration, mais, dans la vraie vie, là, il va y
avoir plus de contrats donnés de gré à gré avec ce projet de loi là qu'il
n'y en avait avant, puis ça, ça... et ce ne
sera plus le plus bas soumissionnaire qui va devenir... Donc, il va y avoir une
nouvelle façon de pondérer, pas nécessairement le plus bas soumissionnaire.
Donc,
théoriquement, pour vous autres, il n'y a rien de rassurant là-dedans. Tu sais,
là, quand on voit, malgré tout ce qui
est public puis qui va être fait, là... oui, il va falloir qu'il y ait une
intervention d'un vérificateur général. Le problème... Tu sais, moi, là, dans les 35 villes que vous
avez dites, là, là, j'en ai 18, j'en ai plus que la moitié qui sont à la
Coalition avenir Québec, là. J'ai des
députés, là, qui chapeautent, là, puis qui doivent s'occuper de
circonscriptions dans lesquels ces villes sont là, là. Et ça,
évidemment, c'est un problème.
Là où je rejoins le ministre, c'est comment,
moi, je vais l'appuyer dans toute démarche où on peut faire une intervention par rapport à un vérificateur
général. Est-ce que ce sera un vérificateur général par ville ou la
vérificatrice... Moi, je vous dirais,
personnellement, là, j'ai un avantage pour la Vérificatrice générale qui
pourrait faire intervenir dans ces
35 municipalités là. Est-ce qu'on leur fait faire des fonds pour aider à
payer puis que, tu sais, à quelque part... parce que le pouvoir de la Vérificatrice générale du Québec,
il est assez fort, là, puis avec l'expérience qu'ils ont, la collusion
puis tout ça, ils en ont vu d'autres, là, tu
sais? Là-dessus, là, est-ce que vous avez regardé la possibilité, plutôt
qu'avoir... Je vous comprends, là. Avec une vérificatrice générale qui
serait pour la ville, elle va vérifier la dette et tout ça, mais avec la Vérificatrice générale, là, en plus de la dette, là, en plus de la dette, là, puis tous les systèmes
de collusion, de corruption puis ces appels d'offres là qui vont arriver
à avoir regardé pour... tu sais, il va y avoir un suivi.
Est-ce que
vous avez analysé la possibilité que ça puisse être la Vérificatrice générale même, qui ne les ferait peut-être pas
tous à tous les ans, là, il faut comprendre, là, mais pour lesquels on pourrait
dire à ces 35 là : Maintenant, vous êtes sous... et la Vérificatrice
générale pourra intervenir dans une
ville puis choisir, une année, une; l'autre année, l'autre pour être bien sûr qu'en quelque part, là, ces gens-là,
là, se... tu sais, là, ils se sentent un
petit peu, tu sais, vraiment surveillés, là, puis qu'ils... ce n'est pas des fous non plus, là, à
temps plein. Mais qu'ils voient que la VG
va là, là... Est-ce que vous avez regardé ça ou, vous, ce que vous
souhaitez, c'est qu'il y ait une vérificatrice générale ou un vérificateur par
ville, là?
• (18 h 10) •
Le Président (M. Hardy) :
M. Houle.
M. Houle
(Robert) : La crainte que vous soulevez, c'est le coût du vérificateur
ou d'une vérificatrice générale par municipalité ou par MRC?
M. Laframboise : Oui, et la
capacité... c'est-à-dire que la Vérificatrice générale du Québec, là, elle,
elle a des compétences, là, tu sais, elle a
des compétences dans tous les domaines qui ne sont pas juste dans les domaines
des chiffres, là, tu sais. Donc, c'est une
force, la Vérificatrice générale du Québec, là, autre que... donc, vous, vous
n'avez pas regardé ça. Vous, vous souhaiteriez
qu'il y ait, comme à Trois-Rivières, comme les autres villes et tout ça, là,
qu'il y ait vraiment juste une vérificatrice générale. Vous, c'est les
chiffres qui vous intéressent plus que tout le reste, là.
M. Houle
(Robert) : Oui, c'est ça, mais, si le mandat de la Vérificatrice
générale du Québec, si c'est un mandat élargi
comme vous mentionnez, puis qu'elle aurait mainmise sur toutes les
municipalités, puis qu'elle ferait rapport, on croirait que... oui, on
milite pour une vérificatrice générale par municipalité, mais...
M. Laframboise : Vous seriez
ouverts à regarder ça?
M. Houle (Robert) : On serait
ouverts à regarder ça.
M. Laframboise : C'est ça, parce que, vous savez, mon seul
problème avec ça, là, c'est que... puis j'ouvre mon livre devant le
ministre, là, c'est les plaintes, tu sais, parce que la Vérificatrice générale
reçoit des plaintes puis doit intervenir. C'est la loi, là. C'est tel que c'est
fait pour la Vérificatrice générale. Là, le problème qu'on a, c'est que, si on rajoute 35 municipalités avec des plaintes
pour les 35, là, tu sais, là... on va l'entendre en commission
parlementaire, je crois qu'elle vient la Vérificatrice en commission
parlementaire... Elle ne viendra pas? Bon. O.K.
Mais c'est ça qui met... évidemment, parce que
le but, ce n'est pas de soumettre par rapport à la vérification générale, mais là, c'est un petit peu mon problème
à moi, là. Moi, soyez sûr que je veux qu'il y ait une vérification qui
se fasse de ces villes-là. Je veux qu'ils
fassent... On ne peut pas avoir la commission Charbonneau, les scandales qui
ont sorti là-dessus puis laisser les
maires... leur donner plus de pouvoirs de donner des contrats de gré à gré,
d'être capable de ne plus respecter le plus bas soumissionnaire puis ne
pas avoir une vérification externe, là, qui se fasse, là, autre que le vérificateur qui est engagé par la ville, là, tu
sais. Bon, vous savez, là, ça a donné qu'il y avait des vérificateurs dans
chacune des villes puis ils ont tout autorisé toutes les dépenses qui ont eu
lieu, là, là.
Ce n'est plus
ça qu'on veut, là. Je pense que, vous, ce que vous voulez, là, c'est qu'il y
ait vraiment une intervention extérieure qui permet... mais une
intervention extérieure, quand on va avec la VG, il y a toute une équipe, là.
Ils sont pratiquement 200 personnes, puis,
tu sais, à un moment donné, là, quand ils arrivent, là, ils ont des compétences
dans tous les domaines, puis on peut
vraiment, là, s'il y a beaucoup de plaintes dans une municipalité, dire :
O.K., si c'est Shawinigan, ça va être à son tour, puis elle va se faire parler d'amour pendant je
ne sais pas combien de temps, là. Tu sais, c'est comme ça, là, que ça
fonctionne, là. En tout cas, c'est ça que je voudrais juste que vous puissiez
regarder pour l'avenir.
Le Président (M. Hardy) :
M. Houle.
M. Houle (Robert) : C'est bien.
On mentionne depuis tantôt que, comme citoyens, on veut être informés, comme
citoyens on veut, bon, une meilleure gestion des fonds publics, puis, si le
fait que la Vérificatrice générale du Québec a un mandat de vérifier par
municipalité cette gestion-là de chaque municipalité...
M. Laframboise : Vous, ce qui
vous intéresse, c'est l'endettement, vous, là, là?
Le Président (M. Hardy) :
Mme Crête.
Mme Crête (Marie) : Oui. O.K., rapidement.
Oui, nous, on est ouverts à... Dans le fond, c'est le résultat qui compte. La seule question que je me pose,
c'est : Est-ce que cette équipe-là aurait 35 municipalités ou 20 municipalités? C'est une grosse charge de travail.
M. Laframboise : Ils ne peuvent
pas les faire la même année, c'est ça que je vous dis, là.
Mme Crête (Marie) : Non, non,
mais... Alors, ce serait, comme on dit, des «spot check»? C'est ça?
M. Laframboise : Ils en
prennent une puis, une autre année, ils en prennent une autre ou deux autres,
là.
Le Président (M. Hardy) :
Mme Crête, M. Houle, M. Tellier, je vous remercie pour votre
contribution à nos travaux.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 19 h 30.
(Suspension de la séance à 18 h 20)
(Reprise à 19 h 32)
Le
Président (M. Hardy) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de
l'aménagement du territoire reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons les consultations particulières
et auditions publiques sur le projet de loi n° 122, Loi visant
principalement à reconnaître que les municipalités sont des gouvernements de
proximité et à augmenter à ce titre leur autonomie et leurs pouvoirs.
Je souhaite la bienvenue aux représentants de la
Ligue d'action civique du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10
minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange avec
les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter ainsi que
les personnes qui vous accompagnent puis commencer votre exposé.
Ligue d'action civique
(LDAC)
M. Lapointe (Frédéric) : Merci,
M. le Président. C'est la Ligue d'action civique tout court, il n'y a pas de «du Québec». C'est le même nom que la Ligue
d'action civique des années 50, celle de Jean Drapeau, celle de
Pacifique Plante, qui a vu le jour dans un
contexte un peu similaire à celui qui a vu le jour de la Ligue d'action
civique. La ligue est fondée depuis
2011. Ella a été constituée par les premières personnes qui, dans différents
partis, ont réclamé la tenue de la commission Charbonneau et qui, en
particulier au municipal, mais également au scolaire, ont entrepris une lutte d'assainissement de la scène politique, de lutte à
la corruption, mais aussi, plus généralement, de proposition de
meilleure gouvernance, de meilleure administration.
Je vous présente, à ma gauche, Xavier-Antoine
Lalande, qui est conseiller municipal dans la municipalité de Saint-Colomban. C'est un peu au nord de Mirabel. À
ma droite, Rodolphe Parent, qui est vice-président de la Ligue d'action
civique et auteur principal du présent mémoire.
C'est la
Saint-Valentin. C'est peut-être un bon soir pour les cadeaux. Je voudrais
d'abord saluer la décision que le ministre
a prise en nommant un vérificateur général temporaire ou intérimaire dans la
municipalité de Saguenay. C'est un dossier
qui nous a occupés lourdement et qu'on considère, à plusieurs égards,
exemplaire. On a dit souvent que le MAMOT, le gouvernement ne prenait pas ses responsabilités, mais c'est une
situation où le gouvernement les a prises en conformité avec la loi. On en est très heureux. Saguenay
n'est pas un cas si unique, là, mais on aime bien le souligner à chaque
occasion qui se présente, souligner également que nous sommes favorables à ce
qu'on pourrait appeler l'économie générale du projet de loi.
La Ligue d'action civique, par définition,
cherche à responsabiliser les citoyens par rapport à leur capacité de régler les problèmes par eux-mêmes. On cherche à
responsabiliser les élus également pour qu'ils cessent d'être victimes
des événements et aient davantage les moyens de régler les problèmes. Par
ailleurs, on constate que le projet de loi le fait très bien pour responsabiliser la fonction
exécutive des villes, la mairie principalement. On comprend que le projet
de loi est le fruit de discussions entre des
maires, qui ne résument pas l'ensemble de l'institution municipale, et le
gouvernement, que, par ailleurs, sur le plan de l'équilibre des pouvoirs entre
les citoyens et les maires ou même entre les différentes catégories d'élus et
les maires, il y a des éléments, des ajouts qui pourraient être introduits dans
le projet de loi pour renforcer les contre-pouvoirs. Mes collègues en
discuteront.
Mais, dans un
premier temps, je voudrais souligner les positions de la ligue relativement à
l'exercice des recours référendaires
par les citoyens. Nous comprenons qu'il est désagréable, pour des promoteurs
immobiliers qui investissent lourdement
dans certains projets et pour les maires qui apprécient ces projets et qui
investissent également de leur argent, que c'est difficile pour eux de
se soumettre à une forme ou une autre — même si elle était très
théorique, même si ça n'arrive pas
souvent — de veto
de la part des citoyens. Nous avons consulté sur ce sujet. À la ligue, il y a
des élus, des conseillers municipaux, des maires, des citoyens
ordinaires. Donc, il nous fallait consulter sur cette question, et, généralement, ce que les gens nous ont dit,
c'est : On n'aime pas non plus que l'intérêt public soit pris en otage par
un petit nombre de citoyens. On préférerait
que la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme soit révisée de telle sorte qu'on
puisse peut-être élargir... là, on n'est pas
spécialistes de cette question-là, mais, disons, élargir les bassins au sein
desquels une démocratie locale peut
se prononcer sur des règlements d'emprunt — ça, c'est réglé, c'est assez clair, c'est la
ville — mais
sur des changements de zonage également.
Mais le fait de perdre ou le sentiment de perdre un pouvoir, dans le
contexte où la crédibilité des municipalités
a été rudement mise à mal ces dernières années, c'est quelque chose qui ne
passe pas très bien chez les gens que nous avons consultés.
Évidemment, les gens sont contents, et les élus
membres de la ligue également, qu'il y ait une insistance de donnée dans la loi sur des processus de
consultation, mais les municipalités n'ont pas besoin de la loi pour adopter
des bonnes pratiques en matière de
consultation, les municipalités ont besoin de la loi pour éteindre des recours
référendaires. Et donc les gens que nous
avons consultés considèrent que c'est un peu un marché de dupes que de
dire : Bien, on va vous consulter, mais on vous enlève du pouvoir
en échange. Donc, c'est quelque chose avec lequel on n'arrive pas à se
réconcilier.
Par ailleurs,
pour Québec et Montréal... Je crois avoir remarqué que le maire de Québec a
fait une déclaration un peu étonnante
tout à l'heure. Mais, dans le cas de Montréal, il y a déjà des exceptions
prévues à la charte. On pense qu'elles sont suffisantes. Peut-être que Québec aurait besoin d'une exception pour
certains types de projets, mais, pour le développement immobilier, je
comprends que, dans un dossier en particulier, les gens ont été heurtés par le
vote qui a été pris il y a quelques années.
Nous ne sommes pas d'avis qu'il faille légiférer sur cette question-là en
raison d'un seul projet où il y a pu y avoir un vote désagréable pour un
maire.
Sur cette
question, c'est la même chose sur les référendums pour les emprunts, si vous
avez des questions là-dessus. On est
contents que, sur certains points, les référendums sur les emprunts sont
possibles, sont requis en échange de l'absence d'approbation du ministre, mais on préférerait quand même que, sur les
autres aspects, les référendums sur les emprunts puissent être produits,
puis il y a des exemples qui se sont produits récemment, d'ailleurs.
Là-dessus, je passe la parole à M. Rodolphe
Parent sur les autres points du mémoire.
Le Président (M. Hardy) :
M. Parent.
• (19 h 40) •
M. Parent (Rodolphe) : Merci
beaucoup, tout d'abord, de nous avoir reçus aujourd'hui.
Rapidement, les contrats de moins de
100 000 $. C'est que la loi, donc, prévoit que les contrats passés de
plus de 100 000 $ seront toujours
en appel d'offres et de moins de 100 000 $ passeront en mode
d'adjudication libre. On a fait une
étude rapide sur la taille des villes
pour regarder si la taille de la ville avait un impact sur le nombre de
contrats qui passeraient en
adjudication libre. La réponse est oui. Donc, Montréal, ce serait 25 %,
alors que certaines villes, comme Mont-Joli puis d'autres qu'ont fait
les journalistes du Devoir, entre autres, on remarque que ça dépasse le
65 %.
Nous, ce qui
nous apparaît primordial de rappeler, c'est que, un, un appel d'offres, c'est
un outil pour diminuer les prix sur
les marchés publics. Donc, ça, c'est absolument essentiel. Vous le verrez, le
mémoire présente trois études qui le démontrent
très clairement. La deuxième chose, c'est que nous avons peur qu'augmenter le
prix de 25 000 $ à 100 000 $ permette aux
villes — et
d'ailleurs le maire de Rivière-du-Loup nous l'a rappelé — de
surfractionner les contrats, c'est-à-dire,
tout simplement, que, si je prends un exemple rapide, une voiture qui coûterait
plus de 25 000 $, si on l'achète en lot et que ça donne plus
de 100 000 $, avant, c'était impossible de la faire passer en gré à
gré, cette fois-ci, ce sera possible. Il suffira de tout fractionner en 10 lots
de voitures à 25 000 $ puis pouf! tout sera en gré à gré.
Ensuite, la vérification générale. Donc, la
deuxième chose qu'il manque aux villes, c'est que certaines villes comme... On va reprendre Mont-Joli, qui a
72 % de passage d'appels d'offres en gré à gré, elle n'a pas de
vérificateur général. Plus encore, elle n'a
aucun vérificateur qui fait son travail, et même, de manière éphémère, pendant
un an, sur 10 années. C'est un problème parce que les contrôles, dans
les petites villes, sont absents. Donc, nous proposons évidemment de respecter
la recommandation 26 de la commission Charbonneau.
Mais, plus
encore, pour les vérificateurs des villes de plus de 100 000 habitants, on
a remarqué qu'il y a un grave manque d'indépendance de ces derniers. On citera
Mme Zampieri, qui a expliqué être victime de menaces quand elle
faisait son travail de vérificateur, et nous pensons que la bonne méthode pour
les rendre plus indépendants, mais aussi plus efficaces,
c'est de les mettre sous le Vérificateur général du Québec. À cet égard, on a
produit un document de 30 pages qui résume l'ensemble de nos positions
sur la question.
Enfin,
le principe de colistier. Donc, on a toujours... On trouve, à la ligue...
Enfin, évidemment, une opposition, dans
les villes, est extrêmement importante. On a remarqué, à la ligue, que ce n'est
pas la norme, qu'en général on trouve des villes qui ont une fausse
opposition, par exemple, c'est-à-dire, ce qu'on pourrait appeler le un-deux.
Donc, c'est deux partis qui se déchirent publiquement,
mais qui sont en réalité un seul et même parti. Il y a des villes au Québec où il n'y a aucune opposition. Pourquoi? C'est
parce qu'être en opposition, c'est extrêmement compliqué de se
structurer. Donc, il y a des conseillers qui
vont tout simplement ne pas tenter leur chance à la mairie parce que, s'ils
tentent leur chance, ils perdent leur rôle en tant que conseillers
indépendants, puis il est possible qu'il n'y ait plus aucun, comment dire,
contre-pouvoir au sein du conseil municipal. Pour empêcher cette situation-là,
nous proposons le colistier.
Et je laisserais la
parole à Xavier-Antoine Lalande pour le comité et l'accès à l'information.
Le Président
(M. Hardy) : M. Lalande.
M. Lalande
(Xavier-Antoine) : Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Hardy) : 1 min 25 s.
M. Lalande
(Xavier-Antoine) : Oui, je vais essayer de faire ça rapidement.
On
m'a sommé de discuter de deux enjeux qui sont deux enjeux qui sont très chers
personnellement, c'est l'accès à l'information
puis les comités pléniers en conseil de ville. Donc, ce que la ligue vient
proposer, c'est de s'inspirer des mesures
qui sont prises en Ontario pour limiter les comités pléniers afin que tout se
passe de manière transparente devant public.
Personnellement, j'ai eu à vivre cette situation-là où je suis confronté à des
informations qui ne sont pas équitables par rapport à mes collègues, sauf que, même si la loi dit que
normalement il n'y a pas de parti dans des conseils municipaux, force
est d'admettre que ça se passe autrement dans la réalité.
L'autre point, au
niveau de l'accès à l'information, la ligue propose de réformer cette loi-là
afin de faciliter la publication.
Présentement, les délais, au niveau du tribunal de l'accès à l'information, la
Commission d'accès à l'information,
sont extrêmement longs, si bien que ce qu'on constate, c'est qu'il y a des
administrations municipales qui utilisent
ce fait-là pour reporter la transmission d'information que ça soit à des
conseils municipaux ou à des citoyens, ce qui fait que le partage
d'information est inéquitable même à l'intérieur de l'administration ou d'un
conseil municipal.
Le
Président (M. Hardy) : En conclusion. Tout est beau? Parfait.
Bien, je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter
la période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous pour 16 minutes.
M. Coiteux :
Alors, merci beaucoup à vous trois de la Ligue d'action civique.
Plusieurs sujets à
discuter, mais, peut-être, on va commencer par la question des contrats, la
question des 100 000 $ et des plus
de 100 000 $. Peut-être vous l'avez noté, en fait, ce qu'on fait avec
les villes, la proposition qui est faite
ici, c'est de les mettre au même niveau que les autres organismes publics,
commissions scolaires, les établissements du milieu hospitalier, d'une part, parce qu'on se dit : Pourquoi les
villes seraient sujettes à un régime d'exception et, en fait, un régime qui leur témoignerait moins de confiance,
disons, qu'à l'égard des autres organismes publics, incluant commissions
scolaires, établissements hospitaliers?
Comment vous voyez ça, vous, de votre côté? Est-ce que vous auriez souhaité
que, plutôt que de mettre les villes au même
niveau, on resserre davantage et on se dise : Bien, les contrats seulement
en haut de 10 000 $, au
gouvernement ou dans les commissions scolaires, soient sujets à appels
d'offres? Est-ce que ça aurait été votre approche?
Le Président
(M. Hardy) : M. Parent.
M. Parent
(Rodolphe) : Oui, merci. Effectivement, c'est une question qu'on
adresse dans le mémoire. C'est-à-dire que
prenez le cas d'un hôpital, par exemple, et d'une toute petite ville, le niveau
d'expertise qui est pour une petite ville et pour un hôpital est totalement différent. Déjà, par exemple, le
Vérificateur général du Québec peut se permettre d'aller vérifier les
hôpitaux. Il ne peut pas se permettre d'aller vérifier les 1 134
municipalités du Québec.
L'autre
chose, c'est qu'il faut voir la question non pas comme les villes versus le
reste, mais comme une pensée globale
de pourquoi on ferait un appel d'offres. La raison pour laquelle on pense que
les appels d'offres sont nécessaires, c'est
tout simplement parce que c'est moins de gaspillage d'argent public.
C'est-à-dire que les études sont formelles : si vous faites un
appel d'offres, vous gagnez de l'argent. Donc, c'est aussi une question...
De
notre avis, il vaudrait mieux baisser l'ensemble, baisser les commissions
scolaires plutôt que de tout remettre au plus haut possible parce qu'on va avoir des problèmes de
surfractionnement dans les municipalités, puis ils l'avouent. Ce n'est pas nous qui inventons, c'est le public.
Deuxièmement, on va avoir de l'argent qui va être perdu, tout
simplement. Troisièmement, on va avoir l'Autorité des marchés publics qui ne va
pas être capable de faire son travail parce que l'Autorité des marchés publics ne s'occupe que de ce qui va en appel
d'offres. Ensuite, on va avoir les vérificateurs de villes qui auront
plus de mal à faire leur travail parce qu'en gré à gré c'est beaucoup plus
simple de cacher l'information.
C'est tout un tas de
considérations qui nous font penser que la question des appels d'offres, ce
n'est pas une question de municipalités contre le reste, c'est une question de
qu'est-ce qu'on veut globalement, à l'échelle du Québec, et je pense que ce
qu'on veut globalement, c'est moins d'argent dépensé.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Coiteux :
Mais, à ma question, vous dites qu'il faudrait abaisser les seuils pour tout le
monde. À combien?
Le Président (M. Hardy) :
M. Lapointe.
M. Lapointe
(Frédéric) : Ah! on n'a pas examiné un chiffre magique, si vous me
permettez, mais, dans nos discussions, les
gens considèrent que peut-être le seuil de 25 000 $ qui a été fixé il
y a fort longtemps a une réalité qui s'est
érodée avec le temps. Alors, ma foi, on peut penser que l'inflation s'applique.
Peut-être, est-ce que le chiffre magique est de 50 000 $ pour l'ensemble des administrations? Ce qui
nous apparaît surtout problématique, puis je le répète, c'est le fractionnement. C'est qu'en ce moment il y a... Et
c'est peut-être la raison pour laquelle plusieurs personnes souhaitent remonter la limite à 100 000 $, pour
pouvoir normaliser des pratiques existantes, hein? Trois contrats de
24 900 $, si on peut en donner un seul de 75 000 $,
ce serait beaucoup plus simple en gré à gré. Mais le problème, c'est qu'on
n'est pas convaincus que de remonter la limite à 100 000 $ ne ferait
que normaliser les pratiques existantes. On a le sentiment qu'il y a un grand risque que ça entraîne du faux
gré à gré pour des contrats qui, en réalité, sont de l'ordre de
300 000 $, 500 000 $ ou
600 000 $, et là, pour certaines villes, par rapport aux statistiques
qu'on a montrées, bien, c'est l'essentiel des contrats qui sont
attribués.
M. Coiteux : J'aimerais quand
même dire pour le bénéfice de tout le monde, ceux qui nous écoutent aussi,
notamment, c'est que, lorsqu'il y a nécessité de vérifier de telles choses que
des comportements soupçonnés de fractionnement
ou peu importe la raison pour laquelle on voudrait faire une telle
vérification, on a les instruments ici, au ministère, pour vérifier ces choses-là dans les villes. Donc, ça se fait
couramment, ce genre de vérification là. Donc, on n'est pas sans outil
pour vérifier de telles choses, et vous savez qu'il y a des vérifications qui
se font régulièrement, puis certaines sont même publiques. Alors, ce n'est pas
qu'on n'a aucun outil pour le faire.
Mais je
reviens à la question... Je passerai à un autre sujet après, là, mais, je
pense, c'est un sujet qui est important. Vous l'avez soulevé puis c'est légitime de le soulever. Êtes-vous
d'accord que, quand même, il y a des coûts qui sont liés au processus d'appel d'offres — il y a des coûts fixes, notamment — qui font en sorte qu'on ne peut pas... On
peut avoir des seuils à un certain
niveau, mais il faut tenir compte du coût d'un appel d'offres. Lorsque vous
dites : Dans les petites villes qui
ont des petits contrats, il va y en avoir plus qui vont être en bas de
100 000 $, c'est peut-être justement parce que la nature de leurs contrats, c'est des petits
contrats. Mais, s'ils vont en appels d'offres pour chacun de ces contrats-là,
peut-être qu'ils vont avoir un bas prix,
mais par contre le coût administratif de faire ça va faire en sorte qu'ils ne
seront pas gagnants en définitive. C'est pour ça qu'il y a des seuils à
établir. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça, qu'il y a quand même un
équilibre à tout?
Le Président (M. Hardy) :
M. Lapointe.
M. Lapointe
(Frédéric) : Oui.
L'équilibre qui a été trouvé jusqu'à présent, c'était 25 000 $. On
est à l'aise avec ce niveau. Je ne
sache pas que le principal facteur de coût dans les municipalités soit lié à la
gestion des appels d'offres, hein? Les
retraites est un facteur de coût, les infrastructures, c'est un facteur de
coût. Enfin, les municipalités gèrent beaucoup. Je ne sache pas que cet
élément-là leur soit particulièrement pesant.
Le Président (M. Hardy) :
M. Parent.
M. Parent
(Rodolphe) : Je rajouterais à ça qu'un article est sorti dernièrement
où des journalistes demandaient justement
l'avis des maires sur la question des gains d'argent dans le projet de loi, et
je tiens à souligner qu'aucun maire n'a expliqué dans cet article-là que de monter de 25 000 $ à
100 000 $ lui sauvait réellement des coûts. La deuxième chose
que je rajouterais, c'est que l'appel d'offres permet une autre chose...
Une voix : Rive-Sud de
Montréal.
M. Parent
(Rodolphe) : Oui. L'appel d'offres permet une autre chose, c'est
qu'elle permet le développement technologique
du marché. Donc, au-delà du fait qu'effectivement il y a des coûts qui sont
engendrés et il y a des coûts qui sont
sauvés avec les appels d'offres, l'autre chose, c'est qu'on a, au Québec, cette
fameuse phrase, c'est : On a toujours fait comme ça. Donc, un D.G. donne un contrat à quelqu'un parce qu'on a
toujours fait comme ça, puis les prix augmentent de 10 % par an, puis les citoyens sont
clairement floués sur la question parce que jamais ils ne se sont posé la
question : Est-ce qu'il n'y a
pas mieux ailleurs? Puis la raison pour laquelle ils ne font pas ça, c'est
parce que tout est en gré à gré et ça ne passera jamais en appel d'offres. Puis là, pour monter d'un contrat qui
va être, imaginons, à 25 000 $ puis, donc, qui devrait passer en appel d'offres, parce qu'ils augmentent
chaque année les prix, bien là, on va attendre jusqu'à 100 000 $,
que ça soit beaucoup trop cher pour le produit final, finalement.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Coiteux : Oui. Un autre
aspect, c'est de permettre, au-delà de 100 000 $, des politiques
contractuelles qui permettent d'avoir des
grilles de pondération, donc que ce ne soit pas strictement le plus bas
soumissionnaire, mais qu'on puisse
tenir compte de critères beaucoup plus compliqués, évidemment, mais des choses
qui tiennent, qui ont rapport à la qualité,
la durabilité, un certain nombre de caractéristiques que vous et moi, là, comme consommateurs, en général,
on va considérer. Si on va s'acheter, par exemple, un téléphone cellulaire, il y
a le moins cher sur le marché, mais
on ne va pas nécessairement prendre celui-là parce qu'on recherche
certaines fonctionnalités. Donc, ça, sur cet aspect-là, indépendamment du seuil, là, qui est établi
à 100 000 $, est-ce que vous avez un avis favorable là-dessus?
• (19 h 50) •
Le Président
(M. Hardy) : M. Lapointe.
M. Lapointe (Frédéric) : On n'a
pas trop de soucis sur ce point-là, l'enjeu étant toujours de constituer des comités de sélection qui jugent de façon
adéquate. Là, on a vu des comités de sélection, dans les dernières années,
qui donnaient des notes de zéro à
SNC-Lavalin face à des petites sociétés d'ingénierie. On sait que parfois les critères
sont drôlement utilisés, mais sur le principe d'avoir des critères différents
que le prix, aucun souci.
M. Coiteux : Puis, sur cette partie-là, bien, il y aura
un mécanisme de vérification et d'appel, dans certains cas, qui va exister, là, en vertu d'un projet de loi sur l'Autorité des marchés publics. Là, ça va
s'appliquer également aux municipalités, comme vous le savez.
Donc, il y a beaucoup
de choses qui se font en même temps dans le secteur municipal, qui sont
complémentaires. Puis la raison pour laquelle je dis ça, c'est parce qu'on a eu
juste avant vous un groupe qui est venu nous parler des vérificateurs généraux et on a eu des échanges intéressants avec ces
gens-là, parce que, vous le savez puis vous y avez fait référence, il y a la recommandation 26 de la commission Charbonneau qui fait en sorte qu'on examine attentivement cette question-là, comment on va s'assurer de processus de vérification adéquats dans des villes qui actuellement n'ont pas un vérificateur général, hein,
parce que c'est le seuil des 100 000 habitants.
Donc, cette réflexion-là et ces analyses-là, on
est en train de les faire au gouvernement. Donc, vous apportez quelques éléments là-dessus. On a eu une
discussion là-dessus tout à l'heure. Il est tout à fait possible qu'on trouve
une réponse à ça puis qu'on ait à discuter
d'une réponse à ça dans cette même commission, pas forcément dans ce projet
de loi ci, mais peut-être dans un autre
projet de loi qui va être présenté plus tard. Donc, toute discussion là-dessus,
tout élément qui est contenu dans
votre mémoire est tout à fait... même si on n'en discutera peut-être pas dans
le cadre du projet de loi n° 122, on risque d'en rediscuter après
de toute façon. Alors, ça, je voulais vous le dire.
Mais, si tel
est le cas, est-ce que ça ne vous rassurerait pas, justement, sur la question
des seuils à 100 000 $ qui mettraient
tout le monde au même niveau partout, alors qu'à l'heure actuelle les villes
sont sujettes à des règles beaucoup plus strictes là-dessus que les
commissions scolaires, que les établissements hospitaliers?
Le Président (M. Hardy) :
M. Lapointe.
M. Lapointe
(Frédéric) : Oui. C'est
certain que d'établir un processus de contrôle a posteriori, là — la vérification générale, c'est ce dont il s'agit — et, d'autre part, de permettre qu'il y ait
une vigilance accrue en cours de processus... Parce que c'est une chose, qu'il y ait un rapport du Vérificateur
général du Québec sur Shawinigan — je crois que c'est des gens de Shawinigan que vous avez
rencontrés — trois
ans, quatre ans après les faits... C'est important, pour que les gens
puissent se saisir du rapport puis ne pas faire de la politique avec, que ce
soient les citoyens, que ce soient les politiciens, que la personne qui fait la
vérification soit nommée, de notre point de vue, de l'extérieur du milieu. Le
Vérificateur général du Québec est la personne toute désignée pour faire ça,
mais tous les autres contre-pouvoirs à l'intérieur
de l'administration sont aussi susceptibles de créer beaucoup d'assurance,
beaucoup de confiance dans le public pour
qu'on s'assure que les dérives des dernières années ne se reproduisent pas.
Alors, forcément, si les autres mécanismes sont également présents, alors on va être un peu moins soupçonneux sur
la conduite administrative du secteur municipal.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Coiteux :
O.K. Les référendums maintenant parce que vous en avez parlé. Vous dites :
Les gens que nous avons consultés ne
sont pas tout à fait convaincus que c'est une bonne idée. Est-ce que vous avez
regardé ce qui se fait ailleurs aussi, ailleurs au Canada, ailleurs dans
le monde? Est-ce que vous avez comparé notre système actuel avec ce qui se fait
ailleurs?
Le Président (M. Hardy) :
M. Lapointe.
M. Lapointe
(Frédéric) : Oui. On dit que
les municipalités québécoises sont l'objet d'une exception, hein, à cet égard. D'autres administrations donnent des
pouvoirs beaucoup plus importants aux citoyens. Il y a des
fonctionnaires qui sont élus par la population aux États-Unis. Il y a quelques
juridictions qui permettent des référendums d'initiative populaire au moment des scrutins, y compris au
niveau municipal. Donc, il y a une gradation de possibilités entre ce
qu'on pourrait appeler une démocratie
représentative pure, qui se transforme en démocratie une fois par quatre ans ou
une forme de démocratie plus directe, plus participative. Il y a
différents gradients.
En ce qui nous concerne, ce sont moins les
exemples internationaux qui nous préoccupent que les exemples québécois qui sont vécus en ce moment. En ce
moment, il y a des projets pour lesquels... ce n'est pas fréquent, mais
pour lesquels les gens se mobilisent,
signent des registres, un référendum a lieu et la population tranche. Alors,
ces gens-là, on va leur expliquer demain que ce pouvoir-là n'existe plus
parce que quoi? Parce qu'il n'existe pas en France? Parce qu'il n'existe pas au Botswana? Je pense que les
décisions que les gens prennent, ils les prennent dans leur propre intérêt,
puis je me vois mal leur dire, dire aux gens
de Percé, par exemple, ou dire aux gens de La Pêche — il y a un référendum sur leur objet bientôt — qu'on va juger à leur place que la
discussion qui n'a pas eu lieu durant l'élection tient lieu de
délibération sur le projet qui les engage pour une génération. Non, on n'achète
pas ça.
Cela étant,
on ne veut pas... enfin, les gens qu'on consulte ne veulent pas que des projets
d'intérêt public... on ne parle pas
de deux étages de plus sur un immeuble, là, les projets d'intérêt public soient
capturés, pris en otage par le petit nombre et on pense
que réformer autrement la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme permettrait de
répondre à cette question-là, ou, dans le cas de Québec, peut-être une
exception comme Montréal a.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Coiteux :
Pouvez-vous parler de l'exception à Montréal justement?, parce que le projet de
loi, il prévoit une exception Québec et une exception Montréal
là-dessus, là.
M. Lapointe (Frédéric) : Oui,
elle est générale, l'exception.
M. Coiteux : Oui, elle est
générale.
M. Lapointe
(Frédéric) : C'est-à-dire
que ma compréhension de l'article 89 de la charte de Montréal et la
manière dont c'est appliqué, un certain nombre de changements qui sont associés
à des projets d'utilité publique — hôpitaux, écoles, etc. — peuvent
être produits et être protégés d'un recours référendaire. Ma compréhension,
c'est que ça ne s'applique pas à un changement de nombre d'étages dans
l'arrière-cour de la prison de Bordeaux, dans Ahuntsic-Cartierville, parce que j'imagine qu'au moment où cet article-là,
l'article 89, a été adopté, on ne percevait pas que d'ajouter quelques
étages, c'était d'intérêt public. C'est un sujet de zonage, mais ce n'est pas
d'intérêt public, pour faire une exception.
Alors, on pense que les dispositions actuelles permettent déjà à Montréal
d'avancer des projets qui sont d'intérêt public puis qui ne peuvent pas être bloqués par un recours référendaire.
L'exception qui est proposée dans le projet de loi l'élargirait à des projets immobiliers, des
changements de nombre d'étages dans des quartiers, et ça, bien, on ne
pense pas que c'est une raison suffisante pour accorder une exemption générale.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Coiteux :
Bien, si on parle de cette question du nombre d'étages... On n'a pas discuté
que du nombre d'étages, mais on a
discuté de cette question-là avec le maire de Québec tout à l'heure, un peu
plus tôt dans la journée, puis il nous disait :
Moi, j'ai été... C'est comme ça qu'il nous a présenté les choses, il dit :
J'ai été élu en disant que j'avais l'intention de densifier sur le territoire de Québec, mais, quand
on densifie sur le territoire de Québec puis que les espaces disponibles
sont limités, c'est que c'est clair qu'à un
certain moment donné les projets vont peut-être, dans certains cas, avoir un
étage ou deux de plus. Et, si c'est les
voisins immédiats qui disent : Nous, on est contre ça, mais que l'ensemble
des citoyens ont voté sur ce genre de proposition là, nous disait le
maire de Québec, mais il n'est pas le seul à nous alerter sur ce genre de problème là, il nous dit : Finalement, les
référendums, ce n'est pas la démocratie, c'est la dictature d'intérêts
particuliers contre l'ensemble des citoyens. Qu'est-ce que vous pensez de ce
genre d'argument là?
M. Lapointe
(Frédéric) : Oui. Je pense
qu'il a été échaudé par un projet en particulier
où il y a eu un référendum serré puis
je pense que tout le monde a bien fait son travail dans ce dossier-là, là,
l'îlot Irving, si mon souvenir est bon. Mais par ailleurs les obstacles à la densification, ils ne sont pas
légion, là. Les barbares ne sont pas aux portes, là. La plupart des projets trouvent leur chemin, font l'objet de
consultations, de peu de contestation, et une des raisons pour
lesquelles, j'imagine, que les projets sont
bien ficelés et font l'objectif de peu de contestation, c'est que les gens qui
les proposent doivent tenir compte en
amont de la possibilité qu'il y ait un blocage par recours référendaire. Alors,
la crainte qu'on a, c'est qu'en enlevant l'épée de Damoclès du recours
référendaire, c'est que la qualité même des projets puis la qualité de
l'acceptabilité sociale vont être moindres, parce qu'échanger un pouvoir de
consultation contre un pouvoir de veto...
Le
Président (M. Hardy) : Je vous remercie beaucoup. Le temps
accordé à l'équipe gouvernementale étant écoulé, je passe maintenant la
parole à l'opposition officielle pour 9 min 30 s. M. le député de
René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci, beaucoup, M. le Président. Bonjour à vous.
Je veux juste bien comprendre. Le travail que vous avez fait est issu
d'une consultation que vous avez faite à l'intérieur du Québec dernièrement?
M. Lapointe (Frédéric) : Oui, à
l'intérieur de la ligue...
M. Ouellet : De la ligue.
M. Lapointe
(Frédéric) : ...on a débuté
quelques séances de consultation. On va continuer à le faire. Là, il a
bien fallu qu'on accouche d'une proposition
à temps pour la commission parlementaire. On a tenu une rencontre à
Mirabel, une à Saguenay, une à Gatineau, et on en a d'autres prévues dans les
prochaines semaines.
M. Ouellet : O.K. Donc, il ne serait pas faux de dire que,
dans vos recommandations, c'est issu de ce que vous avez entendu de citoyens, de conseillers indépendants,
de conseillers municipaux, bref, de votre tournée, ce n'est pas juste
issu de votre réflexion, de la ligue, mais issu des discussions et de...
• (20 heures) •
M. Lapointe (Frédéric) : Non,
non, non! Le tiers des membres de la ligue sont des conseillers municipaux et des maires. Alors, on a discuté de cette question-là avec des
conseillers municipaux et des maires.
Vous comprendrez que
certains maires ne vont pas sortir du rang de l'UMQ sur une question comme
celle-là. Certains sont inconfortables et ne vont pas se servir de... et ils ont la liberté de le faire, remarquez,
hein, le projet de loi est ainsi écrit, n'ont pas l'intention de se
servir des zones de requalification qui sont présentées.
Maintenant,
ça, ça nous renvoie à l'idée selon laquelle peut-être que les gens qui pensent
être capables de vendre leurs projets
sans faire des zones d'exception ne le feront pas, mais que les gens qui n'ont
pas l'intention de convaincre les
gens de la pertinence de leurs projets, bien, ils vont utiliser la zone
d'exception. Donc, on a le sentiment que ça ne va peut-être pas
entraîner autant de vertus que souhaité.
M. Ouellet : Si vous me permettez, à titre de porte-parole des
affaires municipales, lorsque le projet de loi a été déposé, évidemment,
plusieurs ont décrié le fait que des contrats de gré à gré pourraient arriver
de 25 000 $ jusqu'à 100 000 $.
Et là on a tenté d'affubler tous les maires et mairesses des pires quolibets en
leur disant que, dans le fond, vous n'êtes
pas capables de gérer, ça va être tout croche, en prenant exemple sur Montréal
et Laval, ailleurs... alors que, dans d'autres
municipalités et de petites municipalités au Québec, cette situation-là n'était
pas présente. Alors, malheureusement, il
y en a qui se sont dit : Écoutez, j'ai l'impression d'être un mafieux sans
l'être, à cause de l'exercice, alors pour nous, d'être affublés de ça, ça nous atteint parce qu'on pense avoir les bons
mécanismes puis faire une bonne reddition de comptes.
Ceci étant
dit, à l'intérieur du projet de loi, il y a une disposition qui va permettre de
rendre publics tous les contrats de
plus de 2 000 $ qui vont dépasser 25 000 $, justement pour
rendre accessible cette information-là qui pourrait démontrer qu'il y a eu fractionnement ou, du moins,
collusion dans certains cas. Est-ce que ça, vous trouvez qu'on va
suffisamment loin avec cette disposition-là, de permettre ça?
Le Président (M. Hardy) :
M. Lapointe.
M. Lapointe
(Frédéric) : Oui, c'est une
bonne disposition. Puis vous avez raison de parler de Laval et Montréal parce qu'aujourd'hui les affaires sont devant les
tribunaux, trouvent leur conclusion. Puis les gens ont peut-être
l'impression qu'à Laval et Montréal ça va
mal. Ça va bien, à Québec aussi, Laval, Montréal, dans la plupart des grandes
villes, pas toutes, ça va relativement bien. Ce n'est pas vrai partout
encore aujourd'hui. Peut-être que mon collègue a quelques exemples à fournir,
sans se mettre dans le trouble, de fonctionnements qui laisseraient à désirer.
M. Lalande
(Xavier-Antoine) : Bien, en fait, en termes de fonctionnement, là,
moi, ce qui m'irrite dans l'augmentation du montant à
100 000 $, c'est que même un... tu sais, il n'y a pas de contrôle sur
qui est invité dans le gré à gré. Puis ce
qu'on constate, là, c'est que c'est toujours les mêmes entreprises qui vont
acquérir les mêmes contrats, que ça
soit dans le domaine de l'horticulture, que ça soit dans le domaine du
génie-conseil, surveillance des travaux routiers, par exemple, c'est toujours les mêmes qui vont se
faire donner les contrats. Puis on constate que cette accessibilité-là à
cette liste est très, très, très restreinte.
Ça fait que, dans l'idée d'augmenter le contrat de 25 000 $ à
100 000 $, bien, on donne encore plus de moyens à peu
d'entreprises de contrôler un certain monopole.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Je vais y aller en rafale, les gars, parce que
j'ai plusieurs questions. Vous abordez plusieurs recommandations, puis il y en a qui sont intéressantes, puis j'aimerais
vous entendre là-dessus. Les avis publics, vous dites qu'on devrait maintenir encore dans les journaux... Dans certaines
municipalités, le journal local est encore très lu et très couru et ça sert aussi de circulation
d'information. Alors, vous pensez que ce serait... sans vous faire parler, là,
mais ce serait un déni de démocratie de ne
pas rendre accessible publiquement, dans certaines municipalités, parce que le
journal local est la source d'information disponible.
Le Président (M. Hardy) :
M. Lapointe.
M. Lapointe (Frédéric) : Oui,
tout à fait. C'est déjà difficile pour les journaux de résister à
l'intimidation de certaines villes qui
menaçaient de retirer les avis publics et de le passer à un autre journal, là.
Si, en plus, ils peuvent juste retirer
ça et mettre ça sur leur site Web à volonté, on pense que ça risque d'affecter
la qualité de l'information régionale.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci. Deux recommandations, puis je trouve ça
intéressant, 21, 22 : «Que les réunions des conseils des MRC soient soumises aux mêmes règles de
transparence que les conseils municipaux» et «que les conseils des MRC soient assujettis à la proposition 52 du
projet de loi n° 122». Donc, à votre étude, lorsqu'on regarde le projet de
loi, on s'adresse beaucoup aux
villes, mais là vous dites : Tant qu'à faire un bout dans les villes,
soyons conséquents et faisons ce même bout-là pour les MRC. Est-ce que
je comprends?
Le Président (M. Hardy) :
M. Lapointe.
M. Lalande
(Xavier-Antoine) : À Mont-Laurier, là, tous les élus se sont entendus
pour tenir leurs réunions à huis clos, parce
que c'est donc plus simple de pouvoir se parler à huis clos, là, on peut se
dire les vraies affaires. Mais c'est dans Le Journal de Montréal,
là, faites une recherche, vous pourrez le trouver. Au Témiscamingue, la MRC a
trouvé que c'était une
bonne idée d'imposer des amendes de 400 $ à des gens qui venaient trop
poser de questions. Je veux dire, c'est un peu le far west, là, les
règles de fonctionnement, là, dans les municipalités, d'une part, mais dans les
MRC également. Puis, dans de nombreux
endroits, c'est à la MRC que les choses se passent. Donc, je pense qu'il faut
appliquer les mêmes principes.
Le Président
(M. Hardy) : ... temps, M. le député, 3 min 30 s.
M. Ouellet : Parfait. Recommandation 14 : «Que toute documentation utile à une prise de décision en conseil municipal soit disponible pour tous les élus 72 heures avant la
tenue du conseil et que cette documentation soit publique et sans
exception.» Vous avez assurément des exemples.
M. Lapointe (Frédéric) : La recommandation de la commission Charbonneau, sur ce point-là, je pense
que...
M. Lalande
(Xavier-Antoine) : Je peux y aller.
M. Lapointe
(Frédéric) : Oui, vas-y.
M. Lalande
(Xavier-Antoine) : Moi, je
reçois le budget annuel, ça fait trois ans que je le reçois à
24 heures d'avis, là. On parle
d'un document... Il faut que j'analyse ça à 24 heures
d'avis. Chez moi, on a payé un sondage avec des frais dédié au conseil municipal. Je ne suis pas capable d'avoir le sondage, même si c'est une
résolution, là, parce que c'est un contrôle. On contrôle toujours
l'information qu'on donne.
M. Ouellet : Vous avez vu, dans le projet
de loi en question, qu'il y a une disposition qui, par règlement, peut amener
le gouvernement à forcer une municipalité à rendre publics
certains documents. Croyez-vous que cette disposition-là va assez loin pour répondre à cette préoccupation-là?
Le Président
(M. Hardy) : M. Lapointe.
M. Lapointe (Frédéric) : Ah! je ne le sais pas, là, parce qu'à la quantité
de demandes d'accès à l'information qui
se font et ne se font pas parce qu'elles sont trop longues je pense que d'avoir
une telle disposition est une bonne idée. En partant, si la ville de Saguenay s'y oppose, on considère que ça risque
d'être une bonne idée, mais ça ne remplace pas le fait d'avoir des
administrations qui par défaut sont transparentes, plutôt que d'être opaques
par défaut.
M. Lalande
(Xavier-Antoine) : Si je peux me permettre...
Le Président
(M. Hardy) : M. Lalande.
M. Lalande
(Xavier-Antoine) : Si je
peux me permettre aussi, ça manque de clarté, tu sais? Que le gouvernement
demande, O.K., mais comment?
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Oui. Recommandation 13, vous dites de «maintenir, dans le projet
de loi n° 122, l'exigence de déposer un projet de règlement à une séance antérieure». Donc, il est dans la
disposition, et vous dites : Il serait important qu'il reste là.
Vous craigniez qu'il y ait des représentations qui se fassent?
M. Lapointe (Frédéric) : Ah! Non. C'est juste parce qu'il faut envoyer des
fleurs quand il y en a, là. Tu sais, ça va faciliter le travail des élus comme Xavier Lalande et tous les
autres, qui cherchent à savoir ce qui se passe au conseil municipal et,
à l'occasion, à ameuter les gens sur une décision à venir du conseil municipal.
M. Ouellet : Considérant la fin de la tournée, je présume que, suite à la fin de la
tournée, vous allez bonifier votre mémoire,
alors ce serait pertinent peut-être de nous envoyer à la commission, à la fin
de la tournée... d'avoir l'ensemble de vos recommandations pour qu'on
puisse travailler dans ce sens pour améliorer le projet de loi en question.
M. Lapointe
(Frédéric) : Certainement.
Le Président
(M. Hardy) : Il vous reste 1 min 25 s.
M. Ouellet :
Il me reste encore du temps?
Le Président (M. Hardy) :
Oui.
M. Ouellet :
Ah! Bien, tabarouette! O.K., on va aller plus loin.
Le Président (M. Hardy) : Vous
avez encore du temps.
M. Ouellet : D'instaurer le devoir de désobéissance pour les
fonctionnaires pour les décisions illégales qui sont de nature à
compromettre gravement un intérêt public. J'aimerais vous entendre là-dessus.
Le Président
(M. Hardy) : M. Parent.
M. Parent
(Rodolphe) : Alors, cette
réflexion nous vient tout simplement d'une société absolument
inacceptable qui s'est passée au Québec. C'est-à-dire
qu'un greffier qui avait dénoncé une situation de conflit d'intérêts s'est fait dire par une cour municipale, donc par la loi, les représentants de la loi,
qu'il n'avait pas à dénoncer des situations d'illégalité et que, si quelqu'un était en situation
de conflit d'intérêts, c'était uniquement lui qui avait le pouvoir de se dénoncer. Évidemment,
ça paraît totalement absurde d'un point de vue éthique et moral, mais c'est ce
qui s'est passé au Québec.
La
raison derrière cela, c'est tout
simplement qu'on demande — et
on a lu un document d'un cabinet d'avocats qui a travaillé pour les directeurs généraux — aux
fonctionnaires de ne rien dire et de tout laisser passer, ce n'est pas
leur problème, ils ne sont pas imputables.
Nous, on veut renverser cette situation-là et dire : Si on vous demande de
prendre la décision x ou y, qui est illégale
et qui nuit gravement à l'intérêt public, votre devoir, ce n'est pas de dire :
Oui, oui, très bien, je suis loyal, c'est d'aller dénoncer cette situation,
tout simplement.
M. Lapointe
(Frédéric) : Ou de refuser.
M. Parent
(Rodolphe) : Ou de refuser, tout simplement. Mais le mieux c'est... Comme vous voyez, on met en quatre étapes un cheminement, c'est... La première
chose à dire à son supérieur : On m'a demandé de faire quelque
chose d'illégal, je ne veux pas le faire.
Mais, si on vous dit : Si, si, moi, je veux que tu le fasses, bien, on ira
plus haut puis on dénoncera la situation.
Le Président
(M. Hardy) : Merci beaucoup. Maintenant, je passe la parole à la
deuxième opposition pour 6 min 30 s. M. le député de Blainville.
M. Laframboise : Merci beaucoup, M. le
Président. M. Lapointe,
M. Parent, M. Lalande. Si je
comprends bien, le maire du Dumais, à Saint-Colomban, il n'est pas
membre de votre ligue, là?
M. Lapointe
(Frédéric) : Non.
M. Laframboise :
Ce serait tout un avantage pour eux. Je profite pour passer le message.
M. Lapointe
(Frédéric) : ...faire une petite visite à l'oratoire Saint-Joseph, là,
préalablement. Ce serait de circonstance.
M. Laframboise : Non. Moi, là, ce qui m'interpelle vraiment, là... Parce qu'il
faut comprendre que, dans un projet de
loi, d'abord, c'est soumis par le gouvernement. Les amendements, quand on les dépose, ils peuvent être
considérés comme étant hors du projet de loi, il faut qu'ils soient recevables par la présidence. Donc, si le gouvernement ne donne pas son aval, c'est assez difficile de déposer des
amendements. Mais il y en aurait d'importants que vous avez soulevés puis qui a
été soulevé par le groupe qui vous a précédé, là, avant la pause du souper,
c'est que les municipalités en bas de 100 000 habitants soient
surveillées par le Vérificateur général, la Vérificatrice générale.
Voir tous les
pouvoirs qu'on donne aux villes sans un processus de surveillance, c'est
quelque chose de... je vous dirais, là, ça peut même risquer d'être dangereux.
J'utilise le mot, là, je comprends que le ministre veut modifier, puis déposer, puis apporter des amendements, mais... Et moi,
je suis ambigu parce que, moi, je veux qu'il y ait une vérification. Est-ce que c'est la
Vérificatrice générale? Puis vous m'avez dit que vous avez fait les études là-dessus.
Vous avez analysé ça. Ça serait-u une grosse charge? Comment ça fonctionnerait?
J'aimerais vous entendre.
• (20 h 10) •
Le Président
(M. Hardy) : M. Parent.
M. Parent (Rodolphe) : Alors, bien, ce que nous on a proposé, c'est tout d'abord, évidemment, la recommandation
de Charbonneau, c'est-à-dire la 26, mettre toutes les
villes de 100 000 et moins sous le Vérificateur général du
Québec. La manière dont ça pourrait marcher,
je vous soumets, ça pourrait être assigner un VG par MRC, ça pourrait être...
Chaque année, bon, il y a souvent des cas problématiques qui sont dans les
journaux, ça pourrait être ciblé, ça pourrait être aléatoire, etc.
Pour
les 100 000 et plus — là, je vais essayer de vous résumer le mémoire en
30 pages — pourquoi
on pense que c'est bien de les
intégrer au Vérificateur général du Québec, un, c'est l'indépendance.
L'indépendance est absolument primordiale.
Quand je vais dans une cour de justice, je ne choisis pas mon juge, je ne
choisis pas non plus le policier qui m'arrête. Je ne vois pas pourquoi
une ville serait capable de choisir son juge.
La
deuxième chose, c'est qu'en termes d'efficacité ils ont un problème de budget,
les vérificateurs. Les intégrer sous
le Vérificateur général du Québec, c'est leur donner un budget flexible.
C'est-à-dire que vous avez une ville qui est très problématique, une
ville qui ne l'est pas... Imaginons que Gatineau, il me semble que ça se passe
en ce moment extrêmement bien, le
vérificateur a effectivement du travail, mais peut-être que ça serait mieux
d'aller voir Brossard, par exemple,
quand il aura plus de 100 000 habitants, ou même en ce moment même
pour y mettre un vérificateur général. Je donne des exemples évidemment
aléatoires, on se comprendra bien.
Donc,
la vérification générale en tant que telle, ce ne sera pas plus compliqué parce
que le Vérificateur général du Québec
pourra se créer une armée, une armée qui est déjà disponible au Québec, c'est
les vérificateurs de villes. Ils sont compétents,
ils savent ce qu'ils font, ça fait des années qu'ils le font. C'est quand même
un mandat de sept ans. Et on pourra évidemment
ouvrir ce mandat de sept ans là pour garder leur expertise. La raison pour
laquelle on a sept ans, c'est pour leur indépendance, mais ça sera caduc le jour où ils seront sous le
Vérificateur général du Québec, et ils pourront s'entraider, parce qu'en
ce moment ils ont une association, mais, ils le disent, il faudrait que ça soit
plus intégré.
M. Laframboise : Donc...
M. Lapointe (Frédéric) : En
complément, très rapidement.
M. Laframboise : Allez-y. Oui.
Le Président (M. Hardy) :
M. Lapointe.
M. Lapointe
(Frédéric) : En ce moment,
vous êtes vérificateur général de ville, vous faites un mandat, vous
voulez être embauché par une autre. C'est
quoi, l'incitatif? Si vous êtes plutôt nommé par le Vérificateur général du
Québec, l'incitatif pour la suite de la carrière change complètement. Et
M. Rodolphe Parent a lu, quoi, tous les rapports de vérificateurs
généraux depuis...
M. Parent (Rodolphe) : 2002.
M. Lapointe
(Frédéric) : ...et c'est
très variable, hein, en termes de profondeur, en termes de qualité. Et on
pense qu'en relevant du Vérificateur général du Québec la qualité de la
vérification va être...
M. Parent
(Rodolphe) : Je vais vous
donner un exemple. Je ne citerai pas la personne ni la ville, mais je
vous conseille de les lire. Il y a un
rapport de vérification générale d'une des plus grandes villes du Québec qui
fait 30 pages, écrit en gros,
doubles interlignes avec des images, et il est payé 140 000 $ par an
pour faire ça. Maintenant... Et c'était une des pires villes au Québec.
Elle est devant les tribunaux en ce moment.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Blainville.
M. Laframboise : Donc, j'aime ce que vous me dites, là. Et ils
seraient sous la supervision de la Vérificatrice générale, mais
rémunérés par la ville, c'est ce que vous dites, finalement, chacune des
villes... Parce que, nous, il faut protéger
aussi la charge des contribuables, là. Moi, ce que vais essayer aussi, c'est
qu'on soit capables d'avoir... Donc, de cette façon-là, ils seraient
indépendants. Vous, vous dites qu'il y en a même qui subissent des pressions.
C'est ce que vous nous dites?
M. Parent (Rodolphe) : C'est
eux qui le disent.
M. Laframboise : C'est eux qui
le disent.
M. Parent
(Rodolphe) : Pour le budget, je pense que c'est très simple. À quoi
sert un vérificateur général? Pas à punir
une ville. Il sert à l'améliorer. C'est normal que les contribuables de cette
ville soient mis à disposition. Si je prends, par exemple, à Montréal, à Montréal, le rapport est absolument parfait,
puis il y a une liste de recommandations, puis cette liste de recommandations permet une meilleure
gestion de la ville pour les Montréalais. C'est normal que les
Montréalais paient pour ça. Je préfère payer
Gatineau, Brossard ou n'importe quoi pour Montréal. Donc, la question, ça
serait d'ouvrir les budgets, hein, faire comme l'a demandé
l'association, c'est-à-dire le budget final de la ville et pas le budget avant OSBL, etc., là, et paramunicipal. Ça, c'est la
première chose. La deuxième chose, donner tout ça au VGQ, qui aura donc
les enveloppes et qui aura en plus une
enveloppe supplémentaire qui sera l'enveloppe flexibilité et qui permettra
d'aller là où c'est nécessaire.
M. Laframboise : Parfait.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Blainville, il vous reste une minute.
M. Laframboise : Oui. Une minute. Donc, pour les plus petites
communautés, vous dites : Peut-être par MRC ou peut-être aléatoire,
tout dépendant... Allez-y, là, je vais vous laisser la dernière minute, là.
M. Parent
(Rodolphe) : La première
chose qu'on peut penser, c'est que certains maires nous ont avoué que
leurs vérificateurs ne travaillaient que trois
jours sur cinq. Donc, si je suppose qu'ils ont du travail à faire, moi, je les
ferais bosser deux jours par semaine
sur les petites villes, par exemple, parce qu'ils ont cette expertise-là, ils
sont capables d'aller là, puis dans
des villes où ce n'est pas très problématique, la gestion. Puis, évidemment, il
y a toujours des choses à améliorer, là, mais on pourrait penser que ces gens-là pourraient, après un mandat,
finir dans les petites villes. Ça, ça serait une possibilité. Je pense que l'aléatoire
est très efficace parce que l'aléatoire, c'est une épée de Damoclès sur toutes
les villes, parce que, bien, si ça tombe sur toi le jour où tu as pris
une mauvaise décision, bien, tant pis pour toi. Donc, ils vont peut-être
réfléchir à deux fois avant de prendre de mauvaises décisions.
M. Laframboise : Surtout à 1 137 municipalités, où il y en a des plus petites, là, évidemment. Merci beaucoup
pour votre présentation.
Le
Président (M. Hardy) :
M. Parent, M. Lapointe, M. Lalande, je vous remercie pour votre
contribution aux travaux de la commission.
Je suspends
les travaux quelques instants afin de permettre aux représentants du
prochain groupe de prendre place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 20 h 16)
(Reprise à 20 h 18)
Le
Président (M. Auger) :
Nous allons reprendre nos travaux en souhaitant la bienvenue aux représentants
de l'Association des firmes de
génie-conseil. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
présentation, et par la suite nous allons procéder à une période
d'échange avec les trois groupes parlementaires.
Dans un
premier temps, bien vouloir vous identifier. Par la suite, vous allez pouvoir
commencer votre présentation.
Association des firmes
de génie-conseil, Québec (AFG-Québec)
M. Rainville (André) : Merci,
M. le Président. M. le ministre, membres de la commission, je vous remercie sincèrement de nous donner l'opportunité aujourd'hui de vous présenter nos commentaires sur le projet de loi n° 122.
Mon nom est
André Rainville, je suis président-directeur
général de l'Association des firmes
de génie-conseil Québec, l'AFG. Je
suis accompagné par M. Alexandre Beaupré, administrateur de l'AFG et vice-président ingénierie et associé chez IGF
Axiome, une PME qui offre des services d'ingénierie dans le domaine municipal
depuis quelques années, et
de M. Gaétan Demers, président du comité municipal de l'AFG et vice-président infrastructures municipales chez WSP, qui figure parmi les plus
grandes firmes de génie-conseil au monde.
L'AFG compte
parmi ses membres des firmes de toutes les tailles, présentes dans toutes les
régions et qui emploient environ
16 000 personnes au Québec, soit la majorité de la main-d'oeuvre dans notre secteur. Plusieurs firmes
offrent leurs services aux clients publics, qui représentent 39 % du
marché au Québec.
L'intérêt de
l'AFG dans le projet de loi n° 122 se situe spécifiquement au chapitre des
modes d'octroi des contrats de services professionnels. Avec des investissements
majeurs en infrastructures prévus au cours des prochaines années et avec
les révélations de la commission
Charbonneau, nous croyons qu'il est nécessaire d'adopter les meilleures
pratiques en matière d'octroi et de
gestion de contrats publics. Les travaux de la commission Charbonneau ont
d'ailleurs clairement démontré la nécessité de mieux encadrer l'octroi
et la gestion des contrats dans le domaine municipal.
Depuis 2002,
avec l'adoption du projet de loi n° 106 qui devait, en principe, assurer
un rapport qualité-prix, les contrats
de services professionnels d'ingénierie sont presque tous attribués au plus bas
soumissionnaire. Cette dynamique ne laisse
pas de place à l'innovation et à l'optimisation des projets. Au contraire, pour
obtenir des contrats, les firmes sont incitées
à réduire leurs prestations de service au strict minimum, ce qui entraîne alors
des risques de dépassement de coûts et
d'échéanciers plus importants, de coûts d'exploitation et d'entretien plus
élevés et enfin l'insatisfaction des municipalités vis-à-vis des
services rendus.
• (20 h 20) •
Le mode
d'octroi des contrats municipaux actuel assimile les services professionnels à
une commodité, sans en reconnaître la
valeur ajoutée. Les services d'ingénierie sont de plus en plus acquis comme de
simples biens de consommation, une
approche que semble renforcer le projet de loi n° 122. Pourtant, la
différence entre les biens, les travaux de construction et les services
professionnels est fondamentale. Les biens répondent habituellement à des
spécifications claires, et les travaux de
construction sont réalisés selon des plans et devis détaillés. Dans chacun des
cas, les paramètres sont bien définis et une évaluation précise des
coûts est possible.
De leur côté,
les professionnels, architectes, ingénieurs, vendent des connaissances
techniques, la compétence, le jugement, l'habileté, la créativité,
l'expérience et la performance. Ils vendent leurs aptitudes à faire des
recherches, à imaginer des solutions et à prendre des décisions. C'est d'ailleurs
à l'étape de la conception que les professionnels peuvent innover et optimiser les projets afin qu'ils soient mieux
adaptés aux besoins et afin de faire diminuer les coûts de possession avec des ouvrages bien pensés et bien
dimensionnés. À cet égard, il importe également de rappeler que le coût
de l'ingénierie représente seulement de 1 % à 2 % du coût global d'un
projet sur l'ensemble de son cycle de vie, mais qu'une bonne conception permet
de générer des économies sur 98 % à 99 % des autres coûts.
Ceci dit, une
sélection basée sur le plus bas prix entraîne plutôt une baisse de la qualité
des services professionnels qui peut
se manifester, entre autres, par un manque d'optimisation ou des plans et devis
moins bien ficelés ou de moins bonne qualité.
Un
avis tiré d'un appel d'offres dans les services d'ingénierie, lancé en janvier
2017 par la ville de Blainville, reflète bien la situation dans le domaine municipal. Je vous en lis un
extrait : «La ville de Blainville est préoccupée par la guerre des prix que se livrent
certaines firmes-conseils pour l'obtention de contrats municipaux. Elle
considère que le versement d'honoraires professionnels trop bas, voire
ridicules ou fantaisistes, risque de mettre en péril la qualité des services professionnels, le tout à l'encontre des intérêts
de la municipalité et ses contribuables.» Je reprends, deux paragraphes plus loin, la citation de Blainville :
«L'expérience passée permet également à la ville de conclure que l'offre de
service professionnelle à rabais entraîne
presque systématiquement une prestation de service à la baisse de la part de
professionnels concernés et des réclamations
d'honoraires professionnels supplémentaires totalement injustifiés pour tenter
de récupérer autant que possible le manque à gagner qui en découle.»
Voilà où nous en
sommes rendus : prestations de service à la baisse, réclamations, climat
de méfiance et insatisfaction, et tout cela,
sans compter les impacts sur les coûts de construction, d'exploitation et
d'entretien. Sachant qu'il ne s'agit
malheureusement pas d'un cas isolé, cet exemple confirme, à notre avis, la
nécessité de favoriser une plus grande
qualité de la prestation de service professionnel dans le domaine municipal au
Québec. L'approche proposée par le projet de loi n° 122 n'est pas
convaincante à cet égard.
D'abord, le projet de
loi n° 122 offre aux municipalités la possibilité d'utiliser un système de
pondération et d'évaluation des offres qui
était jusqu'alors proscrit pour les services professionnels. Ce système ne détermine
pas de balises quant à la pondération des critères d'évaluation, ce qui
risque d'empirer la situation.
Ensuite, le projet de
loi n° 122 propose de modifier la formule qualité-prix en vigueur pour
inclure un facteur variable qui permettrait
de modifier l'importance accordée à la qualité dans l'évaluation des
soumissions. L'objectif est légitime pour la modification proposée...
mais la modification proposée, dis-je, est davantage d'ordre cosmétique et n'apporte pas de solution véritable pour corriger
la situation qui perdure depuis trop longtemps dans le domaine
municipal.
En effet, le facteur
de zéro à 50 aura peu d'incidence sur le prix soumis et un impact limité pour
contrer la diminution de la qualité des
services. L'influence du prix demeure beaucoup trop importante, même avec un
facteur de majoration variable établi à zéro, donc favorisant une plus
grande qualité dans cette formule.
Ainsi,
les firmes continueront de soumissionner en fonction d'une prestation de
service réduite au strict minimum. Dans
les faits, tant et aussi longtemps que l'influence du prix ne sera pas limitée,
les soumissionnaires seront toujours fortement
incités à trouver des façons de réduire les services. Pour limiter l'influence
négative du prix sur la qualité des services,
celui-ci devrait être limité à un certain pourcentage dans l'évaluation globale
des offres de service. Dans la formule actuelle, même avec des
modifications proposées, tout repose sur le prix.
Nous formulons trois
recommandations dans notre mémoire. La première est de permettre l'utilisation
d'un mode de sélection basé uniquement sur
la qualité pour les contrats de services professionnels dans le domaine
municipal. Les commentaires de plusieurs donneurs d'ouvrage municipaux
confirment les effets négatifs d'une sélection des professionnels basée sur le
plus bas soumissionnaire.
L'AFG
aurait souhaité que le gouvernement uniformise le mode d'octroi des contrats de
services professionnels dans le
domaine municipal avec celui utilisé par les ministères et organismes publics
au Québec, soit la sélection basée sur la
qualité, accompagnée d'une négociation des honoraires une fois le projet bien
défini. Cela permet de mieux planifier et mieux définir les mandats, fixer des honoraires de façon plus précise,
optimiser les projets, innover, augmenter la qualité, réduire les coûts
supplémentaires, mieux respecter les échéanciers et réduire les litiges.
La sélection sur la
qualité est appliquée aux États-Unis depuis 1972 au niveau national et dans la
très grande majorité des États. Ailleurs au
Canada, la sélection des professionnels s'oriente vers plus de qualité, tel qu'observé en Ontario, en Alberta, en Colombie-Britannique, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. Nous sommes inquiets de constater que le Québec
semble suivre une tendance inverse.
Ceci dit, puisque le gouvernement
veut accorder davantage d'autonomie aux municipalités avec le projet de loi n° 122, pourquoi ne pas permettre aux
municipalités qui souhaitent obtenir des services professionnels de qualité
à juste prix d'utiliser une méthode reconnue
pour atteindre ces objectifs? Une recommandation similaire avait
d'ailleurs été faite, en 2010, par le
Groupe-conseil sur l'octroi des contrats municipaux présidé par M. Guy
Coulombe. La sélection basée sur la
qualité correspond également à la meilleure pratique identifiée par la
Fédération canadienne des municipalités et le Conseil national de
recherches du Canada.
Notre deuxième recommandation
est de revoir la formule proposée pour l'évaluation des soumissions. Si une formule qualité-prix doit être maintenue, la
pondération doit donner la prépondérance à la qualité et une influence
limitée au prix. Nous avons soumis dans
notre mémoire des exemples de formules utilisées par d'importants donneurs
d'ouvrage publics au niveau fédéral qui
assurent une prépondérance à la qualité. Dans ces exemples, on accorde le
meilleur pointage pour l'évaluation des critères prix au plus bas soumissionnaire, mais ce pointage est
limité à un certain pourcentage dans l'évaluation globale de la soumission. La méthode d'évaluation et la pondération peuvent varier, mais le prix n'est jamais le
critère prépondérant dans le choix final.
Notre troisième et
dernière recommandation consiste à élaborer un guide pour les municipalités,
similaire à ce qui se fait déjà par le gouvernement avec le Passeport Entreprises. Ce guide permettrait d'appuyer les
municipalités dans la mise en place des
meilleurs processus d'octroi de contrats, en plus de favoriser une plus grande
concurrence et l'accès aux marchés publics aux PME.
En conclusion, le projet de loi n° 106 adopté en 2002 a entraîné une dégradation des services
professionnels au cours des
15 dernières années. Dans la foulée de la commission Charbonneau et devant les problèmes évidents du
système actuel, le projet de loi n° 122 offre l'occasion d'adopter de
meilleures pratiques. Pour ce faire, il ne suffit pas de modifier légèrement la formule actuelle, il faut la changer
complètement pour favoriser avant tout la qualité dans l'octroi des
contrats de services professionels. Je vous remercie.
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup pour votre présentation.
Nous allons débuter la période d'échange. M. le ministre, avec
16 minutes à votre disposition.
M. Coiteux :
Alors, merci pour la présentation. Comme c'est un sujet que vous avez choisi
d'approfondir, on pourrait aller dans
des détails très, très, très techniques, mais je pense que ça ne sera pas
l'occasion de le faire, mais on va essayer d'y aller plus sur le plan
des principes et des comparaisons avec ce qui se fait ailleurs. Alors, sur le
plan des principes, vous avez dit : Il
faudrait, de votre point de vue, limiter l'influence du prix au minimum. Ça
veut dire quoi, ça, pour vous, le minimum?
M. Rainville
(André) : Dans les termes
qu'on utilise, il s'agit ici de donner une prépondérance à la qualité.
Parce que je crois que le gouvernement a
cette intention, avec le projet de loi n° 122, avec la
recommandation 2 de la commission
Charbonneau, de faire en sorte, là,
que la qualité soit installée à bon niveau en fonction des marchés dont il est
question.
Ici, il est
question de services professionnels. Il n'est pas question d'acheter des biens
de consommation, il n'est pas question d'acheter un projet de construction, il
est ici question de services professionnels. C'est l'investissement qu'on fait pour obtenir le meilleur coût de construction, le
meilleur coût d'opération et d'entretien, pour finalement avoir le
meilleur coût de possession d'un ouvrage.
C'est l'investissement, là, qui doit, par sa qualité, là, déterminer
tout le reste du cycle de vie de l'ouvrage qui serait à construire.
Alors, on parle de prépondérance de la qualité par
rapport au prix. On dit une formule qui, elle, limite à un pourcentage l'influence du prix par rapport au global de l'évaluation, par opposition à ce qui est proposé actuellement, où la formule repose sur le prix, ce qui fait en sorte
que plus on diminue le prix, plus on peut compenser le manque de compétence.
Donc, si je donne un exemple, par exemple, peut-être
pour aider à comprendre la commission, si on prend la formule actuelle, avec son
facteur 50, et qu'on compare par exemple la formule proposée avec un facteur zéro qui, dans le cas de cette formule, donne la plus haute qualité,
eh bien, si on avait un proposant qui avait une note de 70 %,
la note de passage minimale, par exemple, et qui offrait un marché avec un écart de coût de 7,5 % plus bas qu'un proposant qui a une
compétence évaluée à 80 % — alors, vous avez la note de passage à 70 %,
vous avez celui qui obtient une note de
80 % — eh bien,
dans la formule en vigueur, eh bien, avec 7,5 % de différence de prix par
rapport au soumissionnaire qui a eu
80 %, eh bien, on est capable d'aller chercher le marché. C'est-à-dire
qu'avec 10 % moins de compétence 7,5 % peut suffire pour aller
chercher le marché.
Si on améliore la formule, je vous résume, ça
donne moins de 5 % de plus. On peut parler de 12,5 % à peu près
d'écart.
Ce qu'on constate dans le marché actuellement, ce n'est pas des 7,5 % puis des 12,5 % d'écart, de
différence qu'il y a sur les prix de soumission. C'est des 30 %
puis des 40 % d'écart par
rapport aux prix qui sont habituellement soumis et c'est ce qui nous fait dire que le changement de
formule n'a pas d'incidence véritable par
rapport à la situation
du marché actuel qui a été largement
dénoncée tout au cours de la commission
Charbonneau, dont les municipalités se plaignent depuis de nombreuses années puis qui est en
vigueur déjà 15 ans.
Alors, si on
veut vraiment changer la situation, il ne s'agit pas simplement de faire varier ce facteur-là qui n'a pas d'incidence véritable par rapport au comportement actuel du marché des services professionnels
dans les municipalités.
• (20 h 30) •
M. Coiteux : Je veux juste quand même être bien certain
de comprendre, là. Vous nous dites que, dans certains cas, une qualité moindre pourrait être compensée
par un prix moindre. Je veux bien croire, là, qu'il y a des vases
communicants dans certains types de
formules, mais je pense que vous ne recommandez pas que le facteur prix soit inexistant dans toutes les considérations en matière de contrats, y
compris pour les services professionnels. Le prix a quand même une certaine importance. Si on a affaire à des compétiteurs qui ont des offres
différentes, mais par ailleurs acceptables du point de
vue de la qualité, comment on ne pourrait pas considérer le prix d'une façon ou
d'une autre dans une formule?
M. Rainville
(André) : Une réponse
double, si vous me permettez. D'abord, on recommande
effectivement comme premier mode
d'octroi de contrats la sélection
basée sur la qualité telle qu'appliquée actuellement au gouvernement du Québec quand il s'agit
des ministères et organismes publics. Ça prévaut depuis 2008,
et on pense que c'est la meilleure formule,
puisqu'effectivement on sélectionne
sur la qualité et, après coup, on détermine, là, en vertu d'une définition
précise des besoins, une enveloppe
budgétaire, dans ce cas-ci préconisée par un décret. Ça peut être également une
enveloppe financière soumise par l'adjudicataire assumé.
Donc, c'est
une formule qui est en vigueur au Québec, et quand on a lu, à la recommandation
2 de la commission Charbonneau, qu'on
préconisait l'uniformisation, de façon optimiste, on s'est dit : Pourquoi
ne pas optimiser vers la formule qui préconise la plus haute qualité
dans les marchés?
Donc, force
est de dire que ce n'est pas ce qui a été choisi dans ce projet de loi,
puisqu'on fait une modification de la
formule actuelle de façon qu'on considère insuffisante et on ouvre sur un
nouvel article, là, qui auparavant permettait tous les types de marchés,
sauf les services professionnels, pour permettre, dans une variabilité, là, à
définir par la municipalité, quelle sera la
pondération qualité et prix. Et là on y voit un danger également, parce
qu'effectivement certaines municipalités
agiront de façon simple en disant : Allons-y avec le maximum de prix puis
le minimum de qualité. C'est simple,
et facile, et rapide à administrer, mais c'est toujours au mépris du fait que,
quand on veut avoir des ouvrages de qualité,
des ouvrages durables, il faut savoir investir dans l'optimisation et
l'innovation parfois de son ouvrage, et ça, ça se passe en amont, ça se passe à la conception, ça se
passe avec les professionnels concepteurs des projets. Alors, ça, c'est
le premier mode.
Quant au deuxième
mode, on vous fait un état... on vous dit : si le gouvernement tient
absolument à avoir une formule qualité-prix
comme il en existe une en vigueur, bien, pourquoi ne pas en prendre une qui, à
l'exemple des modèles qu'on a mis
dans notre mémoire, là, limite l'influence du prix? Alors, on a mis des
modèles, là, par exemple, à 90-10, là, où tu as 90 % compétence, 10 % prix. Alors, effectivement, le
prix peut faire une différence entre des soumissionnaires qui sont quasi égaux au niveau de la compétence. Alors, celui qui
aurait le meilleur prix, dans une compétence comparable, eh bien, remporterait
le marché effectivement. Mais ici on ne parle pas d'un compétiteur qui, ayant
la limite de la compétence, est capable de
battre les soumissionnaires de la plus haute qualité simplement en jouant sur
le facteur prix. À ce moment-là, on
déjoue le marché puis on déjoue également l'intention du donneur d'ordres ou donneur
d'ouvrage qui, lui, veut obtenir, pour son ouvrage, la meilleure
qualité, bien sûr.
M. Coiteux :
Donc, vous avez donné un exemple 90-10. Est-ce que vous travailleriez aussi
avec des 80-20, des 70-30 ou 10 % c'est comme votre maximum sur le
prix dans les propositions que vous faites?
M. Rainville (André) : On a mis des exemples qui sont en vigueur ici, au
Canada, et puis on suggère, nous, d'avoir un échange avec les
partenaires pour pouvoir discuter des meilleures formules, parce qu'il ne
s'agit pas simplement de dire 90-10 ou
80-20. Il faut voir, après coup, de quelle façon qu'on fait l'évaluation du
critère prix et comment est-ce qu'aussi
on a évalué le critère qualité. Alors, vous savez, ça peut sembler simple, là,
comme ça, là, mais, je veux dire, chaque formule à 90-10 a des effets
différents à cause de la façon dont on évalue les critères qualité et prix.
Alors,
nous, on ne veut pas pousser une seule formule. On dit simplement que celle qui
est en vigueur, puisqu'elle repose
sur le prix, aura toujours cette tendance à vouloir amener une réduction du
service pour atteindre les meilleurs coûts concurrentiels pour obtenir
les marchés. Alors, on dit : Mettons-en une où la qualité est à l'avant-plan
et discutons avec les municipalités, discutons avec le MAMOT, quelle serait celle qui pourrait accommoder
le plus de gens possibles, mais construisons autour d'une formule qui,
elle, tend à valoriser la qualité et non pas celle qui veut valoriser le prix.
M. Demers
(Gaétan) : Parce que,
si vous permettez, actuellement... parce
que la formule qui est proposée,
en fait, c'est une accommodation que vous
proposez dans le projet de loi par
rapport à une formule qui est
utilisée depuis 2002. L'expérience que l'on a, donc, depuis près de
15 ans, dans 98 % du temps, lorsqu'on fait des propositions de
service, on a beau avoir la meilleure compétence possible, dans 98 % du
temps, c'est le plus bas prix qui domine.
Je
comprends que... puis j'écoutais les gens qui nous ont précédés, puis on
comprend, avec les scandales qui se sont passés au cours des dernières
années puis avec la commission Charbonneau, ce qui a été révélé, on comprend
que le gouvernement veuille resserrer les contrôles, mais à resserrer les
contrôles, ce qu'on a perdu de vue, c'est la qualité des projets. Ce qu'on entend depuis tout à l'heure, c'est : Le
moins cher possible, le moins cher possible. Qu'est-ce qu'on vous dit que ça fait, c'est que les villes, quand
elles vont en appel d'offres et qu'elles ne recherchent qu'un bas prix,
un, soit leurs documents sont très, très mal faits, et donc nous, à quoi on
répond, bien, on répond essentiellement à ce qui se retrouve dans un document et on est choisi comme si on ne faisait que
des plans et devis. Le génie-conseil, ce n'est pas ça. C'est de prendre un projet, de bien
l'analyser, d'amener les villes à... et à leur proposer des projets qui, sur
une durée de vie, va être moins coûteux.
Actuellement,
au Québec, on prend toujours le plus bas soumissionnaire puis, si je veux être
un peu direct, on fait toujours le
plus cheap possible. Mais qu'est-ce que ça fait, le plus cheap? C'est que les
ouvrages durent le moins longtemps possible.
Si on regarde, sur une durée de vie d'un ouvrage, de mieux le construire, oui,
ça peut coûter plus cher, mais dans les
coûts d'opération, sur une durée de vie, ça peut revenir moins cher. C'est ce
qu'on vous dit. Le génie-conseil, c'est de pouvoir faire cette analyse-là. Actuellement, au Québec, ce n'est pas ça
qu'on fait. Les villes lancent des appels d'offres, elles veulent avoir
des plans et devis le plus vite possible.
Ce que je trouve un
peu dangereux avec le ministère des Affaires municipales... il y a des
programmes de subvention qui sont sur la
table au niveau du traitement de l'eau avec des dates butoirs, mars 2018. Les
villes se précipitent pour présenter
des projets qui sont mal ficelés. Bien, qu'est-ce qu'on se retrouve? On se
retrouve, nous, à devoir faire une proposition
de service sur un projet qui est très mal défini, et les villes demandent et
indiquent dans leurs documents : Bien, écoutez, nous, on ne sait pas trop ce que c'est, mais on veut avoir un
forfait puis on veut avoir tous les services, même si on les définit
très, très mal.
Donc,
tout le reste est sur nous, ce qui fait en sorte, à ce moment-là, quand on
gagne des mandats, bien, on ne fait que
servir. Qu'est-ce vous voulez? Une usine d'épuration ou de traitement de l'eau,
vite faite, qui va répondre actuellement à vos besoins puis le plus vite possible, parce que vous voulez
absolument avoir le maximum de subvention. Actuellement, c'est une obsession que les corps
publics... puis je peux comprendre, là, mais ce n'est que de la
reddition de comptes que vous regardez. Il faut que ça soit le moins cher
possible.
Il y a une
conséquence à ça au Québec. Je trouve, de mon expérience, qu'on investit très
mal l'argent public actuellement au Québec.
C'est des millions et des millions de dollars, mais... et quand on vous parle
de revoir la formule pour l'octroi
des contrats, c'est un symptôme. Quand on voit la guerre de prix puis qu'on
voit les prix qui sont faits puis qui n'ont aucun bon sens, c'est un
symptôme. Ce n'est pas la maladie, elle n'est pas là. Ce que ça nous donne comme indication, c'est qu'actuellement on n'a
aucun souci de la qualité de ce qu'on fait. Je n'ai pas entendu aucun
discours jusqu'à date où on se préoccupe de la qualité. Le moins cher possible,
c'est tout ce qu'on veut. On fait erreur.
M. Coiteux :
Disons que ce que couvre le projet de loi n° 122, c'est de considérer la
qualité, pas seulement le prix, là.
Donc, vous dites qu'il y a d'autres formules que celle qui est proposée ici
comme formule générale, mais ce n'est pas vrai que la qualité n'est pas
considérée dans cette formule-là.
M. Demers
(Gaétan) : M. le ministre, ce qu'on vous dit c'est que l'équation qui
est utilisée depuis 15 ans bientôt,
dans 98 % du temps, on pourrait faire une offre, avoir 95 % de la
note, être considéré par le donneur d'ouvrage comme ayant la meilleure
expertise; si je suis plus cher que quelqu'un qui a une note de 70 %,
bien, c'est celui qui a 70 % qui va l'avoir. Et ça a une conséquence, là,
au niveau du service.
M. Coiteux :
Maintenant, la situation que vous décrivez, qui est un peu décourageante, parce
que vous dites que la qualité est
mauvaise partout, partout, partout à cause des formules qu'on utilise, est-ce que
vous la voyez dans toutes les villes du Québec, indépendamment de leur
taille, indépendamment des travaux qu'ils ont à exécuter? C'est un phénomène
généralisé, petites, moyennes et grandes villes?
• (20 h 40) •
M. Demers
(Gaétan) : Regardez, moi, je travaille pour WSP qui est une firme
mondiale, 36 000 employés à travers le monde sur les cinq continents. On est dans 40 pays. Au Canada,
on a plus de 8 000 employés. Au Québec, on est près de 2 500
employés.
Alors, je peux
comparer avec ce qui se fait à travers le Canada et à travers le Canada,
ailleurs dans l'Ouest. À partir de l'Ontario
vers l'Ouest, je peux vous dire que c'est une situation qui est complètement
différente parce qu'on sent ailleurs
que le service-conseil est recherché pour la plus-value qu'il peut générer. Et,
au niveau des honoraires, ils sont bien meilleurs, parce que les gens
soit donnent plus de temps, mais alors qu'au Québec avec la formule, c'est
toujours le plus vite fait, le moins cher possible.
M. Coiteux :
Mettons, l'Ontario, par exemple, comment fonctionne la pondération ou autre façon
de les considérer, comment fonctionne la considération des facteurs
qualité, des facteurs prix dans les villes ontariennes dans lesquelles vous
faites affaire?
M. Rainville (André) : En Ontario, le seul exemple qu'on a de sélection
basée sur le prix qu'on a pu voir dans notre balisage, parce qu'on a
fait certains balisages aux fins du mémoire, là, ça se passe actuellement au
niveau de Metrolinx qui réalise des projets
pilotes. Alors, ils sont en train d'explorer de nouveaux modes d'octroi de
contrats basés sur la qualité, et on a deux exemples à ce niveau-là.
Il
y a des provinces qui sont plus avancées dans des expériences semblables, là.
On pense à l'Alberta où il y a des villes
qui l'appliquent systématiquement et le ministère des Transports qui l'introduit
en expérience également, et ainsi de suite. Je pourrais continuer, M. le
ministre.
M. Coiteux :
Oui, justement, j'aimerais juste relancer ma question, parce que vous me dites
que systématiquement la qualité est
davantage valorisée en... vous n'avez pas seulement dit dans l'Ouest du pays,
vous avez dit en Ontario aussi. Vous
avez dit que vous avez des contrats en Ontario, vous êtes capable de les
comparer aux contrats au Québec, que la qualité est meilleure en
Ontario. Comment diable s'y prennent-ils pour avoir ce genre de situation là en
Ontario par rapport à nous? Comment ils donnent les contrats?
M. Demers
(Gaétan) : Bien, je vais rapidement... Vous savez, la façon dont on
fait les contrats au Québec, un donneur
d'ouvrage va engager des ingénieurs-conseils qui vont faire des plans et devis
complets, puis, après ça, on va aller en appels d'offres pour les
entrepreneurs qui vont réaliser les travaux. C'est plutôt l'exception.
Ailleurs,
ce qu'on va voir, c'est ce qu'on appelle du conception-construction,
c'est-à-dire que le contrat va être donné
à un entrepreneur général qui va venir avec une équipe d'ingénieurs qui va
faire le projet. Alors, dépendamment des
modes de réalisation, l'entrepreneur, lui, a tout intérêt à avoir des travaux
d'une grande qualité s'il veut livrer le projet en question.
Alors, l'échange
qu'on a est davantage avec des entrepreneurs généraux qu'avec le public et, je
vous dirais... puis même au Québec, là, il y a certains projets qu'on réalise
dans ce mode-là. Actuellement, l'échangeur Turcot, c'est nous, on travaille pour un entrepreneur général. L'approche est
complètement différente. Ce qu'il veut avoir, c'est le meilleur projet
possible et il nous donne une rémunération qui est conséquente à ça. Donc, on a
le temps de faire correctement les choses, ça va très vite, mais...
Le
Président (M. Auger) : Merci. C'est tout le temps que nous avions
pour le premier bloc d'échange. Nous allons poursuivre pour
9 min 30 s. avec M. le député de René-Lévesque, porte-parole de
l'opposition officielle.
M. Ouellet :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, bonsoir à vous. J'aurais quelques
questions un peu techniques, là, mais juste
pour m'aider à bien comprendre. J'ai eu à rencontrer certains élus puis je vais
vous exposer la situation. J'aimerais que vous m'expliquiez comment ça
se passe ou comment ça pourrait se passer avec le projet de loi en question.
Vous
avez fait mention tout à l'heure des projets rapides qu'il faut sortir en
fonction des programmes existants, et là les différents maires se
revirent de bord, puis ça me prend un devis, ça fait que, là, il faut que je
m'en aille en... Je demande à une firme de
me donner un coup de main, de concevoir les plans et devis, mais, si j'ai bien
compris, une fois qu'elle conçoit l'appel d'offres, elle ne peut pas
soumissionner. C'est bien ça?
M. Demers
(Gaétan) : Bien, c'est-à-dire, nous, on est des ingénieurs-conseils,
on n'est pas des entrepreneurs. Donc,
on ne fait pas de construction. Alors, on fait vraiment les plans et devis,
donc, pour la réalisation. Donc, en général, on est donc entre les deux, là, c'est-à-dire quel est le projet de la
municipalité en question pour le concevoir et le transposer en plans et
devis. Puis après la ville va en appel d'offres pour des entrepreneurs qui vont
construire sous la surveillance soit de la firme ou d'une autre firme.
M. Ouellet :
O.K. Dans ce cas-là, avec les nouvelles dispositions qui permettent d'aller de
gré à gré jusqu'à 100 000 $, la prétention que j'aurais, c'est que
certaines municipalités vont pouvoir faire plus vite parce que s'étant déjà entendu avec un
fournisseur X, connaissant sa compétence, son degré de rapidité et sa
disponibilité, pourrait donner rapidement ce contrat-là et donc réussir
d'être plus juste à temps.
M. Demers
(Gaétan) : Je vous dirais que la question du 100 000 $...
puis juste une précision. Vous êtes dans le monde municipal qui paie des taxes. Ce n'est pas 100 000 $
comme le ministre des Transports, c'est plutôt 86 000 $, si on
enlève les taxes, le maximum, là.
Ce
qu'on croit plutôt, ce qui va être avantageux pour les municipalités, c'est
qu'elles pourront faire des avant-projets.
Donc, avec cette enveloppe de budget là, on peut faire un avant-projet beaucoup
mieux détaillé, parce qu'actuellement, en bas de 25 000 $, je
vous jure, en bas de 25 000 $, là, pour les honoraires
professionnels, après deux semaines ou trois semaines de travail, c'est à peu
près fini.
Donc, quand on va
avec 100 000 $, on peut faire un avant-projet qui va être beaucoup
plus... Donc, ça permet aux villes de
pouvoir faire cet avant-projet-là, parce qu'actuellement elles ne le font pas,
puis on voit des documents d'appel d'offres
où elles définissent mal leurs besoins puis elles nous foutent : Fais l'avant-projet,
fais les plans et devis, tu vas faire la surveillance, mets-moi un
forfait, même si tu ne sais pas qu'est-ce que c'est, là, mets-moi un forfait
puis tu vas vivre avec.
Alors, on pense que
de le ramener à 100 000 $, c'est une très bonne chose. Je ne sais pas
si je réponds à votre question.
M. Ouellet : Oui, merci. Vous avez parlé tantôt des indicateurs objectifs pour
évaluer les compétences. Si ce n'est pas
la perception des membres du comité de sélection, selon vous, ce seraient quoi
comme indicateurs? Qu'est-ce qu'on devrait voir?
M. Rainville
(André) : Je ne suis pas sûr de comprendre votre question. Je vous
demande pardon.
M. Ouellet :
Bien, tout à l'heure... Ça prend des indicateurs, des objectifs, dans le fond,
pour évaluer la compétence. Ce serait quoi,
selon vous? De façon très objective,
les types d'indicateurs pourraient donner une compétence. Vous nous dites depuis tout à l'heure que
malheureusement on construit à moindre coût et à moindre qualité, mais ce
serait quoi, selon vous, le genre d'indicateurs pour dire : Ça, c'est
compétent? C'est-u...
M. Rainville
(André) : Ils sont...
M. Ouellet : Excusez. Est-ce que ça serait un cartable de réalisations phénoménales
des prix qu'on a... Tu sais, sur quoi on se base pour dire : Ça,
c'est compétent; ça, c'est moins compétent; ça, ce n'est pas compétent?
M. Rainville (André) : C'est parce qu'il faut d'abord, là, que les
critères de sélection soient basés sur le type de marché qu'on va réaliser. Alors, on ne peut pas
établir des critères uniques pour l'ensemble des projets qu'on va
réaliser. Il faut qu'ils soient adaptés.
La
deuxième des choses également, c'est que, dans un contexte d'ouverture des
marchés, il faut que les critères permettent,
là, à des entreprises nouvelles, petites ou moyennes, de pouvoir contribuer
également, et, en cela, il y a déjà un défaut
actuellement qui est à corriger, mais ça, j'appellerais ça l'administration des
modes d'octroi de contrats, parce que, des
fois, le mode peut être bon, mais, des fois, son administration peut amener des
résultats qui ne sont pas ceux attendus.
Alors,
je vous donne un exemple. Par exemple, si on veut introduire des nouvelles
firmes dans les marchés pour leur
donner la chance eux aussi de partager des marchés publics et de donner une
meilleure offre de services à l'ensemble des municipalités, eh bien, on aura des critères qui se pencheront plus sur
la qualité des individus et des équipes de travail que sur l'expérience
de la firme, parce que souvent ce qu'on voit, voire presque systématiquement,
on voit tant d'années d'expérience de la
firme, tant de projets de réalisés par la firme au cours des cinq dernières
années. Alors, si vous êtes une nouvelle firme, vous êtes exclu à tout
jamais des marchés publics.
Alors,
ce qu'on essaie de dire... et puis c'est pour ça qu'on a fait référence au
Passeport Entreprises, une expérience que
le ministre Coiteux connaît bien, parce que c'est lui qui l'a créé au moment où
il présidait le Secrétariat du Conseil du trésor. Dans une perspective semblable, on peut ouvrir les marchés, on
peut avoir des critères pertinents, on peut s'assurer d'inviter des
entreprises, là, nouvellement constituées ou de petit gabarit. Et l'approche,
par exemple, là, du 25 000 $ à 100 000 $, qui est une belle
ouverture au niveau de la loi, bien qu'on doute que rapidement les
municipalités se l'approprient, mais enfin,
à terme, éventuellement, ils sauront bien l'utiliser soit pour faire des
avant-projets, pour faire des études
préliminaires ou peut-être de petits dossiers, parce qu'on pense également,
c'est que ça doit être une opportunité d'inviter des nouvelles firmes,
d'inviter de petites firmes à y participer pour qu'ils puissent prendre de
l'expérience des marchés publics, puis éventuellement grandir, et puis devenir,
là, des offrants intéressants pour ces marchés-là.
Alors,
je profite de votre question pour vous dire qu'effectivement les critères de
sélection seront au coeur, là, de la détermination
d'un marché selon le type de réalisation qu'on veut faire et ça doit être
l'opportunité d'élargir ce marché puis donner des opportunités à tous
d'y participer.
M. Ouellet : Dans le projet de loi... parce que je veux faire du pouce sur ce que
vous mentionnez. Dans le projet de loi
en question, effectivement, bon, on est après la commission Charbonneau, et une
des dispositions, c'est de permettre la divulgation de tout contrat de plus de 1 000 $ qui va dépasser
25 000 $ pour, de façon très publique, là, démontrer qui obtient ces contrats-là
et effectivement de rendre ça très transparent, et les gens vont pouvoir poser
des questions pourquoi c'est toujours la même firme, sur quelle base
que...
Comme association,
vous êtes à l'aise avec cette mesure-là qui permet d'être plus diligent?
M. Demers
(Gaétan) : Absolument. Oui, la divulgation, on n'a aucun problème avec
ça. Quand c'est des contrats publics, c'est l'argent public. Donc, nous aussi,
on est des contribuables. Mais au niveau de la divulgation, je vous donnerais peut-être un très bon exemple,
il y a, quand on fait... il y a des comités de sélection, puis on doit
avoir des notes, puis après ça il y a le
prix. Normalement, les villes devraient diffuser sur leur site Internet quels
sont les résultats, et puis on a une difficulté énorme à avoir des
résultats, sauf à Montréal.
À
Montréal, on a, pour chacune des propositions qu'on fait, on a tous les critères et toutes les notes de toutes
les firmes. On les reçoit, puis c'est
public. On les reçoit et on peut voir, à
ce moment-là... parce que ce n'est
pas parce qu'on veut contester, c'est
parce que d'une offre à l'offre, on veut s'améliorer. Alors, quand on voit les critères, bien, on voit où on
a été plus faibles puis on voit aussi les prix de chacun. Ça fait que je vous
dirais que la diffusion de l'information, ça ne nous rebute absolument pas, là.
• (20 h 50) •
M. Ouellet :
J'aimerais peut-être une précision à cette question-là. Vous dites que, dans le
fond, Montréal est un exemple...
Une voix :
...
M. Ouellet :
Là-dessus, oui. Mais j'aimerais vous entendre, est-ce que vous avez... pas une
étude, mais une comparaison pour dire est-ce
que c'est parce que, comme Montréal est une métropole avec beaucoup
de moyens, beaucoup d'équipes, beaucoup
de compétences, est-ce que c'est plus facile d'arriver à ce résultat-là
versus une municipalité qui
voudrait le faire, mais, par manque de temps ou par manque de ressources, par
manque de compétences, ne peut pas le faire et quitte à...
Je
vous pose la question : Est-ce que c'est exclusivement dans des grandes
villes ou vous êtes capable de me dire : Non, non, Martin, ailleurs au Québec, il y a des endroits où est-ce qu'on pourrait le
faire et on l'a déjà vu quelques reprises?
Le Président
(M. Auger) : M. Beaupré.
M. Beaupré
(Alexandre) : Bien, si je peux me permettre, en fait, nous, comme
petite entreprise, justement, on cherche à s'améliorer pour obtenir des
meilleurs scores en termes de qualité. Puis on doit faire, dans les petites municipalités, là, seulement pour obtenir les notes par rapport aux autres qu'on a obtenues, on fait des demandes d'accès à
l'information, puis l'information ne vient pas toujours.
Donc,
ce n'est pas nécessairement parce qu'il manque de ressources. Ce n'est pas
difficile, mais on se demande pourquoi l'information ne vient pas, justement.
M. Rainville
(André) : Ça, c'est un principe d'amélioration continue. Si on veut
faire une meilleure offre la prochaine fois,
il faut savoir là où on a eu de moins bonnes notes, et, de cette façon-là,
bien, le donneur d'ouvrage, lui, risque d'avoir des fournisseurs qui
s'améliorent continuellement, puis c'est tout à son bénéfice.
M. Ouellet :
Ça, là-dessus, je comprends.
Le Président
(M. Auger) : Deux minutes, M. le député.
M. Ouellet : Oui, dernière question, là. La municipalité de Montréal, lorsqu'elle est venue nous voir en début
de commission, elle demandait l'opportunité de ne plus avoir à demander au ministère
la permission pour, lorsqu'elle fait des
appels d'offres pour des concours architecturaux, d'y aller selon son plein
gré. Comment vous voyez ça? Trouvez-vous que c'est une bonne chose?
C'est-u quelque chose qui...
M. Rainville (André) : L'approche des concours de design et
d'architecture, c'est une approche basée sur la qualité. Alors, si je me réfère à l'Ordre des architectes, aussi à
l'Association des architectes en pratique privée, qui ont fait la
promotion de ce mode d'octroi de contrats, eh bien, pour eux, il y a deux
façons de donner un contrat sur la qualité. Il
y a des concours et il y a la section basée sur la qualité, dont je vous
parlais, celle qui est en vigueur actuellement
pour les ministères et organismes publics au Québec,
parce que de cette façon-là, ce qui prime d'abord, c'est la qualité. Après
qu'on ait établi le projet qui répond le
mieux aux besoins du client, à son niveau de qualité et au niveau esthétique et
fonctionnalités qui auront pu être décidés, après ça on négocie une
enveloppe-prix.
Le Président
(M. Auger) : C'est tout le temps que nous avions sur la période
d'échange.
M. Rainville
(André) : Alors, c'est l'approche qui devrait être privilégiée.
Une voix : ...
Le Président
(M. Auger) : Pardon? Excellent. Question de bien finir la journée
en beauté, M. le député de Blainville, pour 6 min 30 s.
M. Laframboise : ...ça fait plaisir. D'abord, je vais être
d'accord avec vous, le plus dur, pour moi... Moi, j'ai été 11 ans à Ottawa. Le plus dur pour moi, ça a été de voir qu'il y
avait de l'argent qui dormait dans les programmes d'infrastructure à Ottawa
depuis 2010. Il y a eu une élection en 2015. Imaginez-vous, je recevais des
téléphones du gouvernement conservateur qui voulait dépenser puis... Puis là, finalement,
ils vont commencer à investir. Deux ans et
demi, là, puis là vous avez dit, là, là le téléphone va sonner. Il a sûrement
commencé à sonner, parce qu'on met des dates butoirs puis on veut sortir
l'argent, puis les élections provinciales s'en viennent. Ça, c'est dur.
J'avoue, là, qu'en tant qu'ex-élu municipal
aussi, ce n'est pas évident, là, quand on est tous en même temps obligés de faire la demande avec des dates butoirs
puis on sollicite les firmes pour être capables d'arriver. Puis là ce
que vous nous dites, bien, finalement, des fois, vous bâclez le travail. Ça, ça
m'inquiète. Donc, il faudrait peut-être que le gouvernement se discipline puis
qu'on ait un programme qui soit permanent, plus facile à gérer. C'est un peu ça
que vous nous dites?
M. Demers
(Gaétan) : Oui, effectivement, ce serait bien, parce qu'évidemment, bon, il y a toujours cette question
de temps. Et aussi les municipalités ont une grande crainte, hein, de perdre une partie des subventions. Je
suis moins familier avec le nouveau programme,
mais les anciens programmes, même si on annonçait un tiers-un tiers-un tiers,
on s'entend que les villes payaient généralement beaucoup que leur tiers
à elles, là.
En fait, pour
que des projets puissent être subventionnés, il faudrait qu'il y ait davantage
d'exigences au niveau de
l'avant-projet puis de la définition du projet. Vous savez, on a dépensé des
centaines de millions de dollars au Québec dans les années 80, au début
des années 90, dans le Programme d'assainissement des eaux, et il y avait un
organisme, qui s'appelait la Société québécoise d'assainissement des eaux, qui
faisait les avant-projets, qui connaissait toutes les technologies. Alors, on avait beau avoir un inventeur qui
arrivait avec une nouvelle technologie, elle était testée, puis c'était très
pertinent, c'était beaucoup mieux encadré et géré.
Aujourd'hui,
je comprends qu'on veut laisser l'autonomie aux villes, mais ce n'est pas tout
le monde, hein, vous savez, dans le monde municipal, qui est équipé pour
gérer ce genre de projets là.
M. Laframboise : Ma deuxième question, ce sera plus sur tout le
volet de reddition de comptes et tout ça, là, puis les contrats. Donc là, ce que vous nous dites...
il faut comprendre, là, nous, on a eu des témoins... si vous avez été ici
une partie de l'après-midi... Je ne voudrais pas qu'on interprète mal. J'ai dit
aux gens... exemple, aux représentants qui venaient
de Shawinigan, la façon dont le projet de loi est fait, pour le citoyen, ce
n'est pas trop sécurisant, c'est-à-dire dans le sens où il va y avoir plus de contrats de gré à gré, bon, jusqu'à
100 000 $, puis ensuite, par la suite, ça ne sera plus le plus bas soumissionnaire. Je ne vous dis pas que
ce n'est pas correct. Au contraire, c'est correct, mais ça prend un pendant
pour le citoyen. Madame, elle, de
Shawinigan, ce qui l'inquiétait, c'était l'endettement de la ville, tu sais,
donc toutes des choses que les citoyens peuvent vivre.
Vous avez donné l'exemple du maire de
Blainville. L'équipe du maire de Blainville, de M. Perreault, elle est excellente, elle fait du bon travail. Par contre,
il y a une enquête de l'UPAC sur l'ancienne équipe politique, donc les
anciens élus municipaux. Donc, évidemment,
pour moi, c'est assez dur. Puis l'interprétation que j'ai faite tout au long de
l'après-midi, c'est dire : Pourquoi ne pas avoir profité du projet de loi
pour donner des pouvoirs à la Vérificatrice générale? C'est-à-dire qu'à quelque part, vous, vous nous dites : permettre
l'utilisation d'un mode de sélection basé uniquement sur la qualité. Là, ça veut dire juste la qualité, pas
le prix. Je veux vivre avec ça, mais comment je peux me garantir que ça
a bien été respecté dans un système de
gestion globale des municipalités? La Vérificatrice générale pourrait... Là,
dans votre mémoire, vous ne nous le
dites pas, mais il faut que, pour le citoyen, on ait une contrepartie, donc
d'être capable de dire, à un moment
donné, que la Vérificatrice générale du Québec va aller vérifier pour être bien
sûr que tous ces principes-là qu'on a adoptés respectent la capacité de
payer des citoyens puis qu'ils en ont pour leur argent.
Parce que moi, je vous crois, là. Vous nous
dites : La qualité, c'est meilleur. Puis ça a été prouvé, même à la
commission Charbonneau, la qualité, il faut penser à ça. Mais est-ce que
vraiment, à la fin du contrat, la qualité était là? Donc, ça prend quelqu'un qui vient vérifier si tout a été fait comme
il faut. Ça, est-ce que vous seriez d'accord pour qu'on puisse avoir une
procédure avec la Vérificatrice générale, et tout ça?
M. Rainville (André) : Moi, je
vous dirai tout simplement, là, qu'il n'y a pas de passe-droit possible. Une surveillance doit être exercée, là, sur toutes les
activités de l'État. Que ça soit un gouvernement municipal ou
provincial, je pense qu'il n'y a pas d'exception qui doive exister.
En septembre, on était ici sur le projet de loi
n° 108 puis on disait qu'il fallait inclure les municipalités sous le joug de l'Autorité des marchés publics. Par
amendement, finalement, c'est un pouvoir de recommandation qui est
obtenu. C'est un peu moins que ce qu'on
aurait souhaité. Il faudra espérer que les municipalités feront droit aux
recommandations et dans les temps voulus,
parce que ça se passe vite un appel d'offres, pour d'abord en amont avoir les
meilleurs modes d'octroi de contrats.
Parce qu'une bonne réalisation, un bon ouvrage, ça commence par un bon appel
d'offres, ça suit avec une conception de haute qualité et puis après ça,
bien, avec une exécution de qualité sur la construction pour une opération et
un entretien optimisé.
Donc, il
s'agit de tout un processus qui est à surveiller, et chaque étape doit être
contrôlée. Et je vais être le premier à
vous dire, moi, que toute vérification qu'on voudra faire, là, vous ne connaîtrez
jamais d'opposition de notre part, parce qu'on a appris qu'on devait être transparents si on voulait regagner
cette essentielle confiance pour pouvoir travailler avec le monde public. On
s'entendra que c'est de la confiance que naît l'efficacité. Alors, si on veut
bien faire de bons projets, il faut avoir des évaluations de confiance,
et quoi de mieux que d'avoir cette transparence qui démontre la qualité du
travail qu'on a réalisé.
Alors, quand
on dit, là, que c'est s'aligner sur la qualité aussi, il ne faudrait pas penser
qu'il s'agit d'un dogme, là, parce
qu'à partir du moment où la qualité à déterminer, par exemple, un
adjudicataire... après ça, l'enveloppe financière doit être négociée. Actuellement, au Québec, ça se fait
sur la base d'un décret, et le décret, c'est vous qui le décidez, c'est
le gouvernement qui l'adopte. Alors, à ce
moment-ci, là, ça permet après ça d'établir des coûts raisonnables pour
réaliser un projet avec celui qui a présenté la meilleure proposition pour le
marché dont il question. Quand on propose pour les municipalités, c'est la même chose, ils peuvent se référer soit à un
décret ou à une enveloppe financière qui sera négociée par les gens
compétents et avec reddition de comptes, avec vérification, comme vous le suggérez.
Ça va de soi.
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup. C'est tout le temps que
nous avions. Donc, MM. Rainville, Demers et Beaupré, merci beaucoup
pour votre contribution aux travaux de la commission.
Et la
commission ajourne ses travaux au mercredi 15 février 2017, après les
affaires courantes, où elle poursuivra son mandat.
(Fin de la séance à 21 heures)