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Commission permanente des affaires sociales
Projet de loi no 1
Régime des allocations
familiales du Québec
Séance du mardi 11 décembre 1973
(Seize heures treize minutes)
M. LAFRANCE (président de la commission permanente des affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
Le député d'Anjou remplace le député de
Jacques-Cartier.
Nous en revenons à l'article 4 du projet de loi no 1,
Régime des allocations familiales du Québec.
M. le ministre des Affaires sociales.
Définitions (suite)
M. FORGET: M. le Président, j'aimerais, s'il était
possible, avec l'accord de nos collègues, examiner à nouveau
l'article 1. On a attiré notre attention, lors de la dernière
séance sur l'importance de saisir la commission parlementaire d'un
projet éventuel de réglementation. J'ai indiqué qu'il y a
des délais qui nous rendent peut-être la chose difficile, mais
que, de toute façon, c'est une invitation dont on prenait très
sérieusement note. Durant le délai de réflexion qu'on a
eu, depuis ce moment, il nous est apparu qu'il serait peut-être important
d'inclure dans une des définitions de l'article 1, une restriction qui
aurait pu également être portée au règlement, mais
qui, étant donné son importance, pourrait peut-être
être plus appropriée dans le corps du projet de loi
lui-même. Je vise, en particulier, l'article 1 b), à la
définition de "enfant" qui se lit: Enfant: "un enfant de moins de
dix-huit ans" et qui pourrait se lire de la façon suivante: "enfant: un
enfant célibataire de moins de dix-huit ans".
Le but de cet amendement est d'exclure les enfants de moins de 18 ans
qui se marient et qui deviennent dépendants. D'une part, par exemple une
jeune fille qui se marie et qui devient dépendante de son mari ou alors
dans le cas d'un jeune homme qui devient lui-même soutien ou chef de
famille et qui est émancipé, en quelque sorte. D'ailleurs, en
vertu du code civil, il est émancipé. Cela rend les choses plus
claires, je pense.
M. BEDARD (Chicoutimi): Nous sommes parfaitement d'accord parce que
vraiment cela éclaircit...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'amendement au paragraphe b) de l'article
1, adopté.
M. BEDARD (Chicoutimi): J'espère que notre amendement à
l'article 4 a été bien reçu.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Revenons à l'article 4.
Droit à l'allocation familiale (suite)
M. FORGET: Pour ce qui est de l'article 4, nous avons
reconsidéré à nouveau, à la demande de nos
collègues, la rédaction actuelle de cet article. Nous avons tenu
compte de deux choses dans ce nouvel examen. D'une part, nous avons et
je tiens à le préciser aussi aujourd'hui
reconsidéré l'argument de technique législative, technique
de rédaction des lois.
Il apparaît important de préciser que nos conseillers
juridiques, les officiers en loi du gouvernement, ont jugé que, sur le
plan strictement formel ou de technique législative, cet article peut
demeurer tel quel sans difficulté.
Le deuxième élément que nous avons
considéré est l'adoption de l'article 26 qui a suscité
certaines questions lors de la première séance de cette
commission et dont l'adoption jette maintenant peut-être
rétrospectivement une certaine lumière sur l'article 4. On a
exprimé certains doutes sur la nécessité de l'article 26.
Je pense qu'elle est apparue clairement lors du débat et je pense que,
nous basant sur cette acceptation, il apparaît naturel et normal d'avoir
l'article 4 tel qu'il est rédigé; c'est un article
déclaratoire, dont découlent les dispositions, en premier lieu,
du deuxième alinéa du même article et l'article 26
lui-même. C'est pourquoi nous ne jugeons pas opportun de modifier la
rédaction de l'article 4 à ce moment-ci.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Chicoutimi
M. BEDARD (Chicoutimi): Je pense que les deux cas sont
complètement différents en ce qui regarde l'article 4 et
l'article 26. Je ne voudrais pas recommencer toute la discussion qu'on a eue et
qui a duré quand même assez longtemps concernant ces deux
articles, parce que je me rappelle très bien que, même en
argumentation pour faire rayer le premier alinéa de l'article 4, on
amenait justement le fait qu'à l'article 26 on ne demandait aucune
modification, même s'il y était fait allusion à une loi
fédérale parce que, tel qu'on en avait été
informé, en fait, légalement, il fallait qu'il y ait
référence à ce moment-là dans l'article 26 et qu'il
se rédige tel qu'il est présentement, tel qu'on le retrouve dans
la loi.
Concernant l'article 4, notre demande d'amendement demeure toujours et
est toujours, à mon sens, fondée, parce que, si je prends
textuellement les paroles du ministre, il nous a dit qu'après avoir
consulté ses conseillers juridiques il n'y avait rien, que la
réponse était à l'effet que cet article-là pouvait
demeurer tel quel.
Ce qui veut dire que les conseillers juridiques n'écartent pas la
possibilité que cet article
puisse changer aussi et qu'à ce moment la loi ne serait en aucune
façon en cause quant à son efficacité. Elle peut changer.
C'est clair, selon les paroles mêmes du ministre qui, à mon sens,
donnent tout simplement raison à la demande d'amendement que nous avions
faite concernant l'article 4. Les conseillers juridiques, en fait, ont
donné un avis dans le sens que cela peut demeurer là, A mon sens,
cela peut demeurer parce que la force du nombre est ici, parce que si la force
du nombre était de notre côté, naturellement,
peut-être que cela ne serait pas le cas. Mais cet avis est à
l'effet que cela peut changer.
Cela peut d'autant plus changer que l'article 4, premier alinéa,
encore une fois, n'apporte absolument rien. A mon sens, je n'en fais même
pas une question de politique simplement une question de loi nous
l'avons dit, notre argument est très clair, le législateur ne
doit pas légiférer pour rien. Quand il adopte le premier
alinéa de l'article 4, il légifère pour rien, parce que ce
qui est énoncé dans l'article 4 n'est pas de la juridiction de
l'Assemblée nationale du Québec, mais de la juridiction du
Parlement fédéral. Je pense que le ministre est d'accord avec moi
là-dessus, et je pense qu'il est normal que nous ne pensions à
légiférer, si nous voulons être clairs dans les lois, que
dans des domaines de notre juridiction. Et à mon sens, l'article 4,
alinéa 1, peut très bien se retrouver dans les notes
explicatives, comme on l'a déjà dit, peut très bien
être précisé dans le sens de donner à la population
une vue d'ensemble de ce que représenteront les allocations familiales
dans leur ensemble, en ce sens qu'on y joint le programme fédéral
et le programme provincial. Il pourrait très bien se retrouver dans les
notes explicatives, dans une annexe, ou pourrait très bien être
vulgarisé de manière qu'il y ait une compréhension
très intelligente de la part de chaque citoyen. Mais je considère
que dans cet article, si on laisse les deux alinéas,
premièrement, on légifère sur quelque chose qui n'est pas
de notre juridiction, deuxièmement, on joue simplement et
j'emploie le mot qu'a employé le ministre lors de la commission
parlementaire de jeudi on le laisse simplement là comme
impact.
Je commence à me poser des questions. Qu'est-ce que l'impact veut
dire? L'impact de quoi? Sûrement pas un impact judiciaire parce qu'il n'a
pas à être là. A partir du moment où on me dit:
C'est cela, qu'est-ce que vous voulez faire?
La loi du nombre l'emporte tout le temps, mais à ce
moment-là, il ne reste que l'impact psychologique, non pas l'impact de
compréhension, l'impact politique. A mon sens, on en arrive à la
conclusion que c'est une rédaction d'un article qui est
démagogique, à mon sens, ou qui est purement politique, et pas
autre chose que cela. Encore une fois, une loi, ce n'est pas un roman d'amour
qui doit expliciter comment cela va entre le fédéral,
l'indépendan- ce ou le provincial ou tout ce que vous voudrez. Une loi,
c'est tout simplement une chose qui doit dire très clairement ce qu'elle
a à dire. Je maintiens, en fait, l'amendement que nous avions fait, dans
le sens que non seulement l'article 4 n'est pas nécessaire, mais au
contraire qu'il devrait être enlevé parce qu'il nous oblige
à légiférer sur un sujet sur lequel nous n'avons pas
juridiction.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, mes collègues, je pense,
jeudi dernier, ont amplement fait valoir notre point; le député
de Chicoutimi vient de le faire. Je partage également le point de vue
que notre parti a exprimé, à l'effet qu'un projet de loi ne doit
pas être un communiqué de presse et ne doit pas être une
salade dans laquelle on vend n'importe quoi. Je sais qu'on a souvent
politiquement la tentation d'en passer le plus possible en même temps, en
particulier à un endroit habituellement très stratégique
pour ce genre de manoeuvres politiques et de titres de projets de loi. Aussi
incroyable que cela le paraisse, M. le Président, puis-je vous rappeler
que la loi 63, qui a été votée par une Législature
provinciale qu'on connaît bien, portait comme titre: "Loi pour promouvoir
l'enseignement du français? " II aurait bien pu être possible,
dans le titre de ce projet de loi, si vraiment le gouvernement actuel est
à court de publicité, de formuler le titre d'une façon
différente Régime des allocations familiales du Québec
découlant de l'entente cordiale et sincère entre les deux niveaux
du gouvernement, etc. Vous pouvez vendre la salade que vous voulez dans le
titre, ce n'est pas tellement grave. Il n'y a plus personne qui a à
travailler avec la loi ou avec son titre. D'ailleurs l'usage courant est
d'appeler les lois par leur numéro, même une fois adoptées.
Quelle que soit la place qu'elles occupent dans les Statuts refondus du
Québec, on parle toujours, aujourd'hui comme on l'a fait tantôt,
de la loi 63. Cela veut dire quelque chose pour tout le monde, et de plus en
plus, d'ailleurs, comme on l'a signalé cet après-midi. Ce n'est
donc pas le texte de la loi que la salade devait se mettre, mais plutôt
dans le titre.
Je pense que personne ne gagne rien à ce genre de dilapidation au
fond d'un texte fortement, essentiellement concentré que doit être
toujours un texte de projet de loi.
La plupart des tribunaux qui ont à travailler, que ce soit au
niveau civil ou même criminel, avec les lois, reprochent souvent au
législateur, dans ce qu'ils appellent la recherche de l'esprit du
législateur, de ne pas avoir été suffisamment clair et
précis. Souvent des heures et des heures entières devant les
tribunaux sont occupées par le fait qu'une loi s'était permis de
faire une digression à travers laquelle soit la couronne, soit la
défense tout le monde est au courant de ces tactiques-là
essaie de tirer bénéfice, il
va de soi. Combien de fois les honorables juges desquels on
propose d'augmenter les salaires incessamment ont-ils été
en mesure de rappeler au législateur: "De grâce, faites donc des
lois qui expriment mot à mot, sans plus, sans moins, l'intention du
législateur, l'esprit du législateur". Or, je ne pense pas
à moins d'un retour du fédéral que cette loi soit
évidemment contestée devant les tribunaux, mais c'est une
pratique législative qu'un jeune gouvernement comme celui qui vient
d'être élu le 29 octobre devrait prendre, que de connaître
des projets de loi où la lettre du projet de loi exprime clairement,
sans plus, sans moins, l'intention de l'Assemblée nationale qui l'adopte
à l'unanimité ou sur division.
Dans le cas actuel, ceci n'apporte rien. Même, M. le
Président, sans avoir fouillé plus loin, je me pose la question
tout haut, sur ce qui arriverait si, demain matin, le gouvernement central
devait à son tour modifier à nouveau son régime
d'allocations familiales. On sait toutes les tergiversations que cela voudrait
dire mais ce n'est pas de cela que je voudrais vous parler. Je voudrais
simplement dire que, s'il y avait une volonté gouvernementale à
Ottawa, prochaine peut-être on est peut-être dans la
situation d'avoir un nouveau gouvernement dès le printemps prochain
à Ottawa et qu'un des engagements du gouvernement fût de
modifier la Loi des allocations familiales, d'ajouter à la contribution
fédérale qui entre déjà ici, que deviendrait donc,
pour nous qui avons adopté cette loi à l'unanimité
à l'Assemblée nationale, le fait que la salade du premier
alinéa de l'article 4 totalise inutilement et par pure propagande le
total des deux? Il faudrait à ce moment-là, parce qu'un
gouvernement nouveau, à l'autre niveau de gouvernement, aurait
décidé de modifier sa loi, que nous modifiions la nôtre
également pour simplement faire que l'article 4, premier alinéa,
continue à ajouter, puisque c'est la volonté du gouvernement, de
façon inutile, le total des deux contributions.
Je pense que c'est s'en aller sur des pelures de banane pour rien et,
comme mon collègue de Chicoutimi et celui de Maisonneuve, je crois,
jeudi soir dernier, l'ont exprimé, on est toujours enclin à
requérir du ministre la suppression de la phrase inutile du paragraphe
4.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Rosemont.
M. BELLEMARE: M. le Président, vous me permettrez... Le
député de Sagunay a été très mitigé
dans ses propos et le député de Saint-Jacques vient de justifier
mes appréhensions. Pardon?
M. BEDARD (Chicoutimi): De Chicoutimi.
M. BELLEMARE: Chicoutimi, je m'excuse. Et le député de
Saint-Jacques vient de justifier mes appréhensions, à savoir
qu'on ne faisait pas de politique sur les commissions parlementaires. Je crois
que l'article 4 leur fait beaucoup plus peur, à savoir qu'on
créera un impact politique. Personnellement, j'émets cette
opinion: C'est la peur du Parti québécois que ça fasse un
impact politique dont il voudrait en emporter les revenus.
M. CHARRON: L'impact politique, vous pouvez le faire quand vous voulez.
Vous avez tout le bénéfice du budget gouvernemental. Le
ministère des Affaires sociales, que je sache, avec le nouveau ministre,
n'a pas modifié le budget qui est quand même considérable,
je crois, au service d'information et de propagande. Le ministre des Affaires
sociales a son attaché de presse. Vous pouvez publier des
panneaux-réclame, si ça vous tente, dans le Québec, pour
dire que grâce à votre soumission au gouvernement central, vous
êtes rendu au total... Si vous voulez, cela, c'est de la politique. Mais
je l'explique au bénéfice du député de Rosemont qui
vient d'arriver dans cette Chambre: Un texte de loi doit dire ce qu'il a
à dire et ne pas ajouter des commentaires. C'est presque un commentaire
de journaliste, si vous voulez. Cela n'a pas à être dans un texte
de loi. Ce contre quoi j'en ai, c'est de voir ce gouvernement vouloir se faire
de la publicité avec ça. C'est parfaitement normal. Vous, par la
soumission à laquelle vous êtes arrivés avec Ottawa, vous
obtenez au total de $15 pour le premier enfant. Dites-le! Vous l'avez dit
pendant tout le temps de la campagne comme nous. On a aussi parlé de
notre programme à ce chapitre en particulier qui était plus
généreux que le vôtre, mais allez-y, dites-le! Vous n'avez
pas à mettre ça dans un projet de loi. Je n'ai vu aucun texte.
Remontons même plus loin, je n'ai vu aucun texte de projet de loi avant
celui-ci où une telle... à part les titres des projets de loi; je
l'ai signalé tout à l'heure. Mais dans le texte même, ce
n'est plus une question de propagande et d'être 30 p.c. ou 50 p.c. ou des
affaires comme ça. On est des législateurs pour le moment et,
comme législateurs, on a aucun intérêt à emba-rasser
les projets de loi de phrases inutiles. Cela n'est pas sur le fait que vous
vouliez vendre un produit qu'on fait objection.
Vendez-le, bon Dieu! Vous avez de l'argent à ne plus savoir quoi
en faire. Faites un appel à la caisse, à un moment donné,
faites ce que vous voudrez. Vendez-le! Vous le faites, votre projet de loi,
mais non dans la loi, pas dans la loi. On n'y gagne rien, le législateur
en premier.
M. BELLEMARE: L'article 26 le dit clairement. C'est très clair.
Il dit exactement ce que le fédéral nous donne. Ce que vous
voulez exactement, c'est que l'on dise aux gens ce que le fédéral
donne. C'est très clair dans l'article 26.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bien non! Justement, en loi, on
légifère sur un texte de loi.
Le texte de loi n'est pas pour dire ce que le fédéral
donne aux Québécois, mais pour dire ce que le Québec donne
aux Québécois. Jamais je ne croirai que vous ne comprenez pas
cela, c'est le raisonnement le plus simpliste qu'il puisse y avoir. La
meilleure preuve à moins que le ministre veuille me contredire
là-dessus c'est qu'en enlevant le premier alinéa de ce
paragraphe 4, vous n'aurez pas privé le citoyen québécois
d'un cent. Comprenez-vous? Ce qui veut dire que, quand il est là, on
légifère pour rien. Qu'i. soit là ou pas à
moins que le ministre me contredise le contribuable
québécois va recevoir la même chose. A moins qu'il y ait
des ententes avec le fédéral et que celui-ci oblige le
gouvernement québécois ou ait insisté pour que soient
présentes dans la loi provinciale, dans la loi que nous avons à
voter, les sommes qu'octroient la loi fédérale. J'espère
que ce n'est pas cela, parce que là, franchement on sortirait des cadres
normaux de la loi.
M. BELLEMARE: C'est un peu ce que le député de Vanier nous
disait jeudi soir. Les lois sont faites par les avocats. Remarquez bien que je
n'ai rien contre les avocats au départ. Par contre, le
contentieux...
M. CHARRON: II ne sert à rien...
M. BELLEMARE: Je ne suis pas avocat, toi non plus.
Alors le contentieux du ministre lui dit que ce n'est pas
nécessaire de changer l'article 4, ce sont des avocats. Et vous, en tant
qu'avocat, vous nous dites que c'est nécessaire.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ecoutez, ce que les conseillers juridiques ont
dit, c'est qu'il n'y a pas d'objection à ce que cela reste.
M. CHARRON: Tel quel.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bon. Cela peut demeurer tel quel. Ce qui veut
dire qu'il peut changer aussi. C'est à nous de faire nos lois. Cela veut
dire une chose: Vous autres, à l'Assemblée nationale du
Québec, faites-les vous-mêmes vos lois. Ce ne sont pas les
juristes que l'on consulte qui vont faire la loi, c'est nous qui sommes ici.
C'est bien regrettable, c'est bien beau de ne pas tous être avocats, mais
c'est à nous de nous servir de notre jugement, c'est nous qui avons
à la faire et à la voter.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Un instant, s'il vous plaît,
l'honorable député de Bourget a demandé la parole. Je
reviendrai aux députés de Saint-Jacques, de Taschereau et de
Chicoutimi.
M. BOUDREAULT: Le député de l'Opposition s'évertue
depuis tout à l'heure à nous dire que la loi devra être
claire.
Moi, je pense en lisant cela je suis un néophyte aussi en
politique, comme plusieurs autres parlementaires comme le commun des
mortels que c'est très clair. Je me demande pourquoi on voudrait changer
quoi que ce soit. Je sais bien que, dans mon comté, j'ai des gens qui
vont comprendre très facilement cette loi en lisant les articles et en
se rapportant à l'article 26. Donc, c'est très clair pour tout le
monde. Si vous voulez changer quelque chose, vous voulez compliquer cet article
justement pour que les gens ne le comprennent pas. Moi, je trouve la loi
très claire comme cela.
En plus de cela, M. le député de Chicoutimi, vous nous
avez dit l'autre soir que si nos conseillers juridiques étaient
d'accord, vous accepteriez l'article tel qu'il est ou du moins...
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, non. Ce que j'ai dit, j'ai
été obligé, dès la première séance de
la commission, de voter contre quelque chose qui, à mon sens, est
très clair. Même si vous êtes de notre avis, j'ai
essayé de trouver un moyen terme dans le sens de faire une
référence aux conseillers juridiques. Disons que nos conseillers
juridiques acceptent l'article tel quel. A ce moment-là, c'était
vers onze heures et demie.
M. BOUDREAULT: Je me demande pourquoi on allongerait la discussion
là-dessus. M. le Président, je pense qu'on devrait
procéder au vote.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Je pense qu'avant de procéder au
vote, il y a des députes qui ont demandé de parler. On va leur
accorder le droit de parole.
L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, je voulais vous le rappeler, parce
que vous êtes un vieux parlementaire maintenant, on a déjà
voté vers la fin de la dernière Législature, une loi qui
s'appelait la loi 2 sur la protection des biens culturels. Vous savez bien que
s'il y a un domaine où le fédéral nous mange dix fois dans
son budget, la disparition des biens culturels, c'est bien là. Pourtant,
M. le Président, les endroits étaient multiples où on
aurait pu dire, dans le projet de loi, que le gouvernement du Québec
entend faire cela, et ajouter, inutilement comme ici ...et il ne faut pas
oublier que le gouvernement fédéral nous donne, à ce
chapitre, cinq millions. Il ne faut pas oublier que dans ce domaine le
gouvernement fédéral a versé $300,000. On se serait
opposé à cela. Qu'est-ce que cela a à faire dans un projet
de loi? Le fédéral fait ses lois. On n'a pas à totaliser
tout le temps. D'ailleurs si on faisait le total tout le temps, ce ne serait
pas toujours positif. Notre contribution à l'intérieur du
régime actuel, on n'a pas à le faire à chaque coin de rue.
C'est la première fois que je vois une loi comporter un
élément aussi inutile que celui-là.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Taschereau.
M. BONNIER: M. le Président, j'ai l'impression que, depuis le
début de la séance de cet après-midi, on
répète à peu près les mêmes arguments que
jeudi soir, peut-être d'une façon différente, mais c'est la
même chose et on tourne un peu en rond. Je me permettrai de
répéter un argument que j'ai exposé la dernière
fois, que je retrouve ici dans le texte, mais il faudrait peut-être
aboutir à une conclusion à un moment donné. Je voulais
souligner que le problème du député de Chicoutimi, c'est
peut-être qu'il considérait seulement les allocations familiales
en soi. Or, on sait que, dans ce projet-là, on déclare
c'est une disposition déclaratoire à l'article 4 qu'on va
utiliser des sommes qui, conformément à l'article 26, viennent,
d'une part, du fédéral, et d'autre part, sont fournies par le
provincial et qui forment globalement certains montants qui seront
utilisés dans le calcul général d'un programme de
sécurité de revenu. C'est ce qu'il faut voir et c'est l'ensemble
des objectifs de ce programme.
Pour saisir l'ensemble des objectifs, un peu plus tard, on va
s'apercevoir que dans la pratique on a besoin de se référer
à ces sommes-là in toto. Alors, c'est pour cela que je crois
qu'il est essentiel, dans la déclaration de cette loi, de ce bill, qu'on
ait cet article-là.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je voudrais commencer par une question et selon
la réponse de M. le ministre, on va essayer d'en terminer. Est-ce que
biffer le paragraphe a) empêcherait le contribuable, quelque contribuable
que ce soit, de recevoir moins que le programme global des allocations
familiales? Honorable ministre, je pense que cela se répond par un oui
ou un non après tout.
M. FORGET: Malheureusement, je vais en parler un peu plus, si vous le
permettez. J'écoute ces arguments depuis pas tellement longtemps,
malgré tout, mais suffisamment longtemps pour, je pense, me permettre
d'en avoir fait le tour.
Il m'apparaît que l'opposition qui se manifeste quant à
l'article 4, tel qu'on le trouve dans le projet de loi, et même si cette
opposition se présente fort habilement comme une opposition sur la forme
de la rédaction de ce projet de loi, est essentiellement une opposition
sur le fond. Tant et aussi longtemps que l'argumentation que nos
collègues nous présentaient sur ce projet de loi, et l'article 4
en particulier, semblait revêtir l'apparence d'une argumentation sur la
forme, il réapparaissait que cela était une contribution
intéressante qu'il fallait peut-être considérer et sur
laquelle il fallait réfléchir. C'est ce que nous avons fait. Ce
n'est pas du tout mon intention, ce n'est pas du tout l'intention de mes
collègues du gouvernement de nous abriter derrière l'opinion des
conseillers juridiques pour justifier la réaction actuelle de l'article
4. Le seul but de mes remarques du début de cette séance
était de souligner que, si on s'en tient strictement à un
argument de forme, comme le prétendent nos collègues de
l'Opposition, cette objection sur un strict plan de la forme n'est pas
recevable, puisque, sur un strict plan de la forme, on peut tout aussi bien le
rédiger comme il l'est qu'autrement.
Là-dessus, il a sans doute raison. On peut le rédiger
ainsi et on peut le rédiger autrement, bien entendu. Et la raison pour
laquelle nous insistons pour le rédiger de cette façon-là,
c'est la raison de fond que je viens de souligner. C'est ce qui base notre
argumentation: le motif de fond. Alors, quel est-il ce motif de fond? J'ai
écouté avec une surprise considérable les affirmations qui
ont été faites. On affirme, comme si rien ne s'était
passé, qu'il s'agit là d'une juridiction fédérale,
le montant des allocations familiales que versera Ottawa.
Or, précisément depuis deux ans, de quoi a-t-il
été question dans tout ce secteur de la sécurité du
revenu, particulièrement dans le secteur des allocations familiales? H a
été question surtout, au niveau des objectifs et au niveau des
discussions, et de façon très constante et très dure,
d'une intégration, intégration que je conçois fort bien
que nos collègues de l'Opposition déplorent de ne pas retrouver
dans la constitution ou dans un régime politique tout à fait
distinct. Mais là n'est pas la question.
Dans le cadre du régime actuel, l'intégration a
été réalisée, et elle a été
réalisée de façon que nous jugeons satisfaisante pour
l'instant. Et cette intégration n'est pas une simple question de forme,
c'est une question de substance puisque les allocations familiales qui seront
versées par l'administration fédérale sont effectivement
quant à leur quantum déterminées par cette loi
provinciale. Il s'agit d'une question de fond puisqu'il s'agit d'un pouvoir
nouveau que nous exerçons par ce moyen et par lequel nous qualifions,
nous contraignons, dans une certaine mesure et une mesure fort
appréciable d'ailleurs, le pouvoir de dépenser du gouvernement
fédéral dans ce domaine.
Je conçois fort bien qu'on nous dira que cela n'est pas tout ce
qu'on aurait pu imaginer; peut-être. Cela n'est pas nécessairement
tout ce que nous aurions pu espérer; sans doute. C'est, malgré
tout, une réalisation qui est acquise et qui vaut beaucoup pour
justifier cette loi et pour la rendre acceptable pour l'opinion et pour le
gouvernement.
Donc, négliger cet aspect fondamental, ce résultat acquis
par des négociations qui se sont échelonnées au cours de
plusieurs mois, en prétendant qu'il s'agit d'une chose sur laquelle nous
n'avons aucun pouvoir, c'est ignorer de façon flagrante un acquis
considérable auquel nous tenons beaucoup. Il n'y a pas d'argumen-
tation dans cet article. Nous ne faisons que déclarer quel est le
résultat global d'une entente intervenue entre deux niveaux de
gouvernement. Nul ne peut nier la vérité de cette affirmation de
fait. Il ne s'agit pas de plaider, il ne s'agit pas de dire que c'est bon, que
c'est le meilleur régime possible. Il s'agit cependant de dire ce que
donne cette négociation qui a abouti à une entente, aux montants
qu'elle accordera à chaque famille qui a des enfants. C'est pour nous
une question de fond que de le dire et, d'ailleurs, il me semble beaucoup plus
normal de faire porter ce débat sur une question de fond plutôt
que sur une question de forme. Il me semble que l'on pousse assez loin le souci
de l'élégance dans la rédaction des lois que de
débattre pendant une heure et demie ou deux heures la forme d'un
article... Je pense que l'Opposition sait fort bien qu'il y a une question de
fond. Cela n'est pas du tout l'élégance de la rédaction
qu'elle vise dans ses interventions. C'est essentiellement de jeter un certain
doute sur cet acquis considérable que constitue l'accord intervenu.
Nous tenons à le mentionner dans le projet de loi. C'est le but
du projet de loi. C'est un dispositif déclaratoire qu'on retrouve dans
la même loi portant sur d'autres éléments. D'ailleurs, je
l'ai indiqué lors de la première séance de la commission.
Alors, pourquoi ne le trouverions-nous pas au niveau d'une déclaration
sur le résultat pécuniaire de cette entente? Il n'y a rien
là qui choque l'esprit puisqu'on se contente très bien d'une
déclaration sur l'indexation. En soi, une disposition
déclaratoire sur l'indexation est de la même nature quant à
la façon de rédiger le texte qu'une déclaration sur le
quantum. C'est exactement le même style, exactement le même
problème et c'est pour nous une question de substance à laquelle
nous tenons.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Chicoutimi.
Avez-vous quelque chose à ajouter?
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, sûrement. Tout d'abord, je pense
à la manière dont j'avais apporté l'amendement sur cet
article et le ministre a fait justement dévier le débat d'une
question de forme, dans le sens de rédaction de loi, à une
question de fond. S'il en fait maintenant une question de fond, je dois dire
que c'est sa responsabilité ou sa manière de voir les choses.
En ce qui me regarde, c'est une question de fond, mais de fond sur une
manière de légiférer pour un gouvernement, cela en est une
question de fond. Je me rappelle très bien le début de mon
intervention, lors de la dernière séance de la commission
parlementaire. Je m'excuse de revenir là-dessus, mais on a parlé
tantôt de répétitions, et j'imagine qu'on devra s'habituer
durant quatre ans à entendre pas mal de répétitions.
Vous-même, M. le Président, lors de la réponse au discours
inaugural, vous avez entendu des répétitions au niveau des six
députés de l'Opposition mais entre vous et moi, on a entendu pas
mal de répétitions dans les 50 discours des députés
libéraux. Aucun de nous ne s'est levé pour dire: II y a des
répétitions. Je dois dire que cela se ressemblait pas mal sur la
question des répétitions, il ne faudrait pas "se complexer". J'ai
enfin une question de fond du point de vue légal, dans le sens que, dans
un texte de loi, on se sent obligé, sur un sujet sur lequel on n'a pas
juridiction, de faire référence et même d'écrire un
texte de loi qui est de juridiction fédérale. En fait, c'est le
fédéral qui va payer cela quand même, parce que, sinon,
comme vous avez dit tantôt, c'est le résultat global de
négociations. Une loi n'est pas là justement pour faire l'analyse
des résultats globaux d'une négociation. C'est là qu'on
dit que ce n'est pas un roman d'amour entre le fédéral et le
provincial qu'on doit voir dans le texte. Que vous vouliez le faire dans
l'annexe, dans l'appendice ou n'importe quoi, faites-le donc, ce n'est pas
grave, je n'ai pas d'objection. Mais, au contraire, vous vérifiez, vous
donnez tout simplement la vérification de ce que j'avançais dans
le sens que, quand vous dites que c'est le résultat global de
négociations, justement le résultat global de
négociations, ce n'est pas dans un texte de loi qu'on doit le dire, ce
n'est pas là, à mon sens. Parce que ce que le Québec
donne, il donne exactement ce que le deuxième alinéa donne,
explicite, et c'est cela qui est important, c'est cela sur quoi on vote. Je me
dis que si vous ouvrez la porte là-dessus, pour une première
fois, cela veut dire bien des discussions pour l'avenir, dans le sens que si
vous ouvrez la porte maintenant, cela veut dire que vous pourriez à un
moment donné, par exemple faire précéder un article, du
point de vue légal, d'un préambule qui dirait que parce qu'il n'y
a pas eu d'entente entre le fédéral et le provincial sur tel
point, le Québec n'est obligé de donner que telle chose, telle
chose, et telle chose.
M. DEOM: Justement, il n'y a pas d'argumentation dans l'article 4.
M. BEDARD (Chicoutimi): La meilleure preuve qu'il y en a une, c'est que
vous nous dites que c'est une discussion de fond et que vous auriez aimé
qu'on porte la discussion...
M. FORGET: Une constatation d'un résultat, ce n'est pas une
argumentation.
M. BEDARD (Chicoutimi): A ce moment-là, c'est sûrement
sujet à argumentation. Le ministre a mentionné assez habilement
que le Parti québécois a apporté cet amendement,
prétendant que c'est une question de forme, pour vouloir en faire une
question de fond. Je dois dire que notre position est restée la
même. C'est sur une question de forme législative, de fond dans la
manière de rédiger les lois, mais cela ne
va pas plus loin que cela. Quand vous parlez de fond en termes d'impact
fédéral-provincial ou de compréhension de la loi par le
citoyen, je pense que là n'est pas la discussion de fond. Encore une
fois, et je vais terminer là-dessus, parce que, de toute façon,
je ne veux quand même pas faire perdre le temps de la commission, je
demeure convaincu que j'ai raison mais je demeure aussi convaincu que cela ne
sera pas accepté, parce que vous avez la majorité.
Je suis tout seul de ce côté-ci. Mais je reviens avec ma
question qui n'a pas eu de réponse. Est-ce que biffer et je
m'adresse à M. le ministre, j'espère en avoir une et je
terminerai là-dessus le paragraphe a) empêcherait quelque
contribuable que ce soit de recevoir les montants qui lui sont dus en fonction
des allocations, de l'ensemble du programme d'allocations familiales?
M. FORGET: Je vous répondrai en vous retournant la même
question: Est-ce qu'il est faux que le résultat découlant
directement de cette loi sera de produire le résultat décrit
à l'article 4, paragraphe 1?
M. BEDARD (Chicoutimi): Alors, entendons-nous. Nous sommes parfaitement
d'accord, cela ne veut rien dire. Cela ne changera rien.
M. FORGET: De la même façon, l'article 3 ne veut rien
dire.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous dites exactement la même chose que
moi. Cela ne voudra absolument rien dire s'il reste là. Alors, pourquoi
est-ce qu'on le laisse là? Pour ouvrir la...
M. FORGET: Au contraire, cela donne le résultat essentiel d'un
accord intervenu, un accord qui trouve son effet immédiat et son
prolongement législatif dans ce projet de loi. C'est une disposition
déclaratoire qui donne l'effet combiné de différentes
mesures qu'on retrouve dans ce projet de loi. Ce sont, en entier, des questions
qui relèvent de la juridiction de l'Assemblée nationale et cela
ne fait que déclarer quel sera l'effet global de mesures
coordonnées pour atteindre justement un objectif unique.
M. BEDARD (Chicoutimi): Des mesures coordonnées par deux ordres
de gouvernements qu'on retrouve dans cet article. Vous êtes d'accord?
M. FORGET: Par le même puisque ce sont deux mesures qui sont
déterminées par la présente loi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Comme vous nous dites, c'est le résultat
d'un accord. Alors, autrement dit, je reste convaincu que c'est... Je ne le
croyais pas au début, mais devant l'achar- nement que le gouvenement met
à le garder, je crois vraiment que c'est une rédaction tout
simplement démagogique, une manière de vouloir jeter de la poudre
aux yeux en faisant oublier aux Québécois que, dans le fond, le
vrai tableau, c'est le suivant je sais que cela frappe moins les yeux,
que cela fait moins d'impact dans le fond, le Québec donne $3 au
premier enfant, $4 au deuxième, $5...
M. BELLEMARE: Cela vous fait bien mal...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je vous laisse parler, je... Vous allez vous
apercevoir d'une chose, j'ai la politesse de ne pas interrompre les autres.
D'accord?
M. BELLEMARE: Cela vous fait mal quand même.
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela vous fait mal parce que vous ne comprenez
pas.
M. BELLEMARE: Je comprends très bien.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je vous parle du point de vue légal et
vous ne pouvez pas m'empêcher de le faire. Vous voyez que je parle
sincèrement et simplement de l'aspect légal.
M. BELLEMARE: Je vous félicite.
M. BEDARD (Chicoutimi): Dans le fond, on a peur de montrer que par cette
loi, ce que le Québec donne, c'est tout simplement mais c'est
déjà bien quand même $3 au premier enfant, $4 au
deuxième, $5 au troisième et $6 pour tous les autres. C'est
exactement cela. On veut donner un impact. C'est tellement vrai que c'est
démagogique vous m'en avez convaincu, je ne l'étais pas
avant que vous n'avez même pas, à mon sens, la
décence de mettre au moins la loi qu'on vote prioritaire à celle
d'un autre gouvernement. Au moins la mettre prioritaire. Qu'est-ce qu'on vote
là? On vote des deuxième paragraphes. Au moins, mettons-la
prioritaire à l'autre, que l'autre soit complémentaire, mais pas
le premier paragraphe sanctionnant une loi fédérale sur laquelle
on n'a même pas juridiction de voter, la mettre prioritaire au texte sur
lequel on vote, nous, à savoir le deuxième paragraphe. Jamais je
ne croirai que vous n'accepterez pas au moins cet amendement-là.
M. LECOURS: On l'a proposé l'autre jour et vous l'avez
refusé.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, je n'ai pas refusé parce qu'on avait
fait une référence. En tout cas, vous... Je ferai le
deuxième amendement pour qu'au moins le premier... On va voter sur le
premier, je le maintiens, et après cela, si vous tenez à
voter...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, je
crois que les membres de la commission sont prêts à voter
sur la motion d'amendement du Parti québécois à l'effet de
biffer le premier paragraphe de l'article 4. Alors, messieurs les membres de la
commission...
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'on peut ajouter quelque chose quand on
fait... C'est un point de droit.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Au vote? Durant le vote?
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'on peut ajouter un motif quand on fait
un amendement, pourquoi on le fait?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Non, vous l'avez expliqué.
M. BEDARD (Chicoutimi): Merci.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Mme Bacon, Bourassa, pour ou contre?
MME BACON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Bédard, Chicoutimi?
M. BEDARD (Chicoutimi): Pour.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Bellemare, Rosemont?
M. BELLEMARE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Bonnier, Taschereau?
M. BONNIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Boudreault, Bourget?
M. BOUDREAULT: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Charron, Saint-Jacques: M. Dufour,
Vanier?
M. DUFOUR: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Forget, Saint-Laurent?
M. FORGET: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Harvey, Dubuc?
M. HARVEY (Dubuc): Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Lecours, Frontenac?
M. LECOURS: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Tardif, Anjou?
M. TARDIF: Contre.
M. BEDARD (Chicoutimi): II va y avoir un autre amendement, monsieur.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Neuf contre, un pour. L'amendement est
rejeté. Le député de Chicoutimi a un autre amendement
à proposer.
M. BEDARD (Chicoutimi): J'aurais un autre amendement à l'effet
qu'à l'article 4, le deuxième paragraphe qui représente la
loi sur laquelle on doit voter, devienne le premier paragraphe et que le
deuxième paragraphe devienne le premier paragraphe.
Cela change quelque chose dans l'esprit des lois. C'est qu'on commence
par voter sa loi pour la mettre prioritaire. On en a assez parlé de la
priorité de l'anglais et du français. Ayez donc au moins le sens
de la priorité des lois qu'on vote!
M. FORGET: La priorité des lois n'est pas modifiée par
l'ordre des paragraphes. Je ferais remarquer au député de
Chicoutimi que le deuxième paragraphe de l'article 4 vienne après
ou avant, il a le même effet. Je ne vois pas en quoi ça change la
substance de la question et ça rend plus confus à mon avis
l'objet du premier paragraphe qui est d'indiquer l'effet global des deux
dispositions qui en découlent et qui sont, d'une part, le
deuxième paragraphe et d'autre part, l'article 26. Ce sont deux
dispositions qui découlent de la première qui sont sous-tendues
toutes les deux par l'effet global recherché qui est le versement aux
familles des montants globaux indiqués au premier paragraphe. Je ne vois
pas en quoi ça peut améliorer la rédaction d'en inverser
l'ordre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous savez très bien que ça ne
change rien dans les numéros. On vient de faire la discussion, M. le
ministre, concernant l'autre amendement que j'ai fait. J'espère que vous
me donnez assez de bon sens pour savoir que ça ne change rien en termes
de montant donné...
M. FORGET: ... on ne peut pas le faire.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vous me le permettez, comme vous l'avez dit,
c'est le même effet. Si c'est le même effet, je vous pose la
question: Est-ce que ce n'est pas normal que le texte qui est voté, sur
lequel on a juridiction, soit pris...
M. FORGET: On a juridiction sur les deux textes. J'aimerais attirer
l'attention...
M. BEDARD (Chicoutimi): On a juridiction sur les deux textes, mais si le
fédéral veut changer le premier aliéna, il peut bien le
changer comme il le veut.
M. FORGET: J'attire l'attention du député de Chicoutimi
sur l'article 26. Il persiste à nous répéter depuis le
début que les montants en question sont déterminés par
Ottawa. Il est bien clair que, si cette loi n'était pas adoptée,
chaque famille qui a un enfant du quatrième rang ou plus et qui a un
enfant de plus de 12 ans, recevrait en tout et pour tout un montant de $20
alors qu'il recevra maintenant un montant, en vertu de cette loi, de '$36. Si
ce n'est pas l'effet d'une loi que d'obtenir presque le double d'une somme qui
est prévue par une autre juridiction, je pense qu'il y a quelques
explications qui manquent jusqu'à maintenant pour la
compréhension de la loi puisque ça ne peut découler que de
cette loi-ci.
M. BEDARD (Chicoutimi): L'honorable député de Bourassa
l'avait même proposé lors de la dernière commission...
MME BACON: Si vous me permettez...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... de placer le deuxième paragraphe en
premier et le premier en deuxième.
M. BURNS: Elle n'était pas la seule, à part ça.
MME BACON: Si vous me permettez, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Bourassa.
MME BACON: Je l'avais proposé parce qu'il y avait une discussion
interminable qui était en cours et je sais très bien... Vous vous
souviendrez que le député de Chicoutimi avait refusé cette
proposition, alors je m'explique mal qu'il la propose lui-même
aujourd'hui.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député
d'Anjou.
M. TARDIF: M. le Président, je ne pense pas qu'on doive faire un
débat interminable là-dessus. Au plan juridique, malgré ce
que j'ai cru comprendre du député de Chicoutimi, au tout
début de son explication, après avoir fait l'amendement,
ça ne change absolument rien. Je veux dire que ce soit au premier ou au
deuxième paragraphe, les tribunaux ne jugeront pas la disposition
différemment en fonction qu'elle est située en premier ou en
deuxième.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord!
M. TARDIF: Moi, a priori, c'est un amende- ment qui peut me tenter mais
certainement pas pour les mêmes motifs évoqués par le
député de Chicoutimi, à savoir: On va
légiférer d'abord sur notre législation. Mais c'est
peut-être plus facilement compréhensible. Autant j'ai voté
contre le retrait de l'article 4, paragraphe premier, autant a priori ça
me sourit en ce sens que c'est plus facilement compréhensible pour la
population en général. On dit tout d'abord que le premier enfant
reçoit $3 du gouvernement provincial, au premier alinéa et au
deuxième alinéa, que cette allocation jointe à celle de
l'article 26 fait un total de $15. Mathématiquement, logiquement et
rationnellement, c'est plus facile, il me semble, à comprendre. A plus B
égale C.
C'est pour cela que cela peut paraître acceptable, mais
certainement pas parce qu'on dit qu'on va légiférer en fonction
de la juridiction que l'on a sur un article par rapport à un autre. Cela
est faire appel à des sentiments, mais de toute façon, cela ne me
touche absolument pas. Cela me parait, je pense, plus logique, plus
mathématique, plus rationnel et peut-être que l'on pourrait y
penser mais, encore là, il ne faudrait pas faire un débat
jusqu'au 24 décembre à quatre heures de l'après-midi sur
cette question. Une chose est certaine et tout le monde s'entend à ce
sujet, cela ne vaut pas la peine d'en faire un débat, surtout que l'on
sait d'avance que les juges n'interpréteront pas l'article 4 en fonction
du fait que le paragraphe 1 se trouve actuellement au paragraphe 2 ou que le
paragraphe 2 se trouve actuellement au paragraphe 1.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Taschereau.
M. BONNIER: M. le Président, je ne sais pas quelle devrait
être la longueur de ce débat-là!
UNE VOIX: Court.
M. BONNIER: Si cela doit être court, je dis que je suis contre
l'amendement proposé justement parce qu'en fait, je crois que le
ministre a très bien expliqué qu'il s'agit là d'une
disposition spécifique que le gouvernement du Québec entend bien
prendre par rapport à l'utilisation de certaines sommes d'argent. Il les
utilise d'une façon différente et je pense qu'il faut que cela
soit clair pour tout le monde. Il faut donc le dire, à mon avis, c'est
cela le paragraphe principal, c'est la façon dont il utilise ces sommes.
Je voudrais simplement ajouter que, dans une discussion je ne sais pas
si j'ai le droit de mentionner cela avec mon collègue du
Crédit social, je en sais pas si cela s'appelle comme ça encore,
le député de Beauce-Sud, l'autre soir, celui-ci disait: A mon
avis, c'est le deuxième paragraphe qui doit disparaître parce que
c'est le premier qui est vraiment l'ensemble qui exprime ce que va faire cette
loi.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): On ne me l'avait pas permis tout à
l'heure, je ne dis pas qu'on me l'avait défendu, mais je n'étais
pas intervenu sur les motifs du deuxième amendement que je demandais. Je
l'avais d'ailleurs noté pour la meilleure compréhension du texte.
Puisque l'on s'est référé à la compréhension
dans le premier amendement, c'était l'argumentation qu'a amenée
M. Roy, dans le sens suivant, cela fait à mon sens plus
méthodique au moins comme compréhension, le montant de
l'allocation versé par le Québec à chaque mois, trois,
quatre, cinq, six. On se réfère, c'est une continuation normale
en fait, cette allocation jointe à l'allocation, et on forme l'ensemble
du total de... Je pense que c'est aussi logique que lorsque l'on additionne un
plus un et au bout est l'addition. Alors, ce sera un peu dans ce sens.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le ministre des Affaires sociales.
M. FORGET: Si l'on suit cette logique, je pense qu'il faudra aller plus
loin que ce que l'on nous a suggéré. Il est bien clair que l'on
peut présenter une addition ou le résultat d'une addition
à la fin de l'addition ou au début, annoncer d'avance l'addition
que l'on obtiendra, mais il me semble que si l'on veut traiter ce paragraphe
non pas comme une disposition déclaratoire, mais comme le
résultat d'une addition, il faudrait le mettre à la fin de
l'article 26 puisque c'est à l'article 26 que l'on donne l'autre
composante.
Il reste qu'il ne faut pas être un expert en mathématiques
pour découvrir que lorsque l'on a A plus B égale C,
évidemment on peut aussi dire: A moins B égale C, C moins B
égale A et C moins A égale B. Il y a toutes les permutations
possibles de ces trois termes et, bien entendu, on peut s'amuser comme cela
toute la veillée à transporter d'une place à l'autre le
fameux paragraphe 1 de l'article 4.
Il reste que le but n'est pas tellement d'indiquer le résultat
d'une addition. Il est bien certain que les sommes vont s'additionner. Le but
est de déclarer au départ quel est l'effet global de la loi. Ne
l'oublions pas, ce n'est pas le résultat d'une addition, c'est une
disposition déclaratoire d'un effet d'ensemble, de la même
façon que l'on pourrait dire que l'article 3 qui indique que
l'allocation varie selon le nombre des enfants et l'indice des rentes devrait
apparaître comme le dernier du projet de loi puisque c'est seulement
quand on aura lu les articles relatifs à l'indexation des prestations
que l'on pourra donc conclure que l'effet net de tout cela est d'indexer et que
l'on pourra aussi conclure que les allocations sont progressives selon le rang
des enfants. Ordinairement, puisque l'on a commencé ce débat en
parlant de la façon dont les lois sont rédigées, les
dispositions déclaratoires sont au début plutôt qu'à
la fin, sauf erreur de ma part, parce que je ne suis pas un expert
contrairement à plusieurs dans la réfection des lois.
Il me semble que c'est au début qu'on a les dispositions
générales et à la fin qu'on a les dispositions
particulières. C'est la façon dont ce projet-là,
très humblement, me semble rédigé. Encore une fois, on
peut tout brasser, mettre dans un sac et sortir les articles au hasard, et
évidemment cela va avoir le même effet juridique. Cela cependant
va être un peu plus difficile à lire, d'avoir les
définitions au milieu et des choses dans ce genre.
Je pense que c'est un peu le jeu qu'on nous invite à faire. Je ne
vois pas en quoi cela améliore une rédaction législative
que de mettre des dispositions déclaratoires à la fin, en
prétendant que c'est le résultat d'une addition. Il y a aussi un
tas de constatations générales. Les définitions
elles-mêmes pourraient être à la fin parce qu'on va bien se
rendre compte à la fin du texte que les mots ont une certaine
signification dans cette loi, qu'ils n'ont peut-être pas dans une autre
loi, et ainsi de suite. Mais je pense que là, c'est aller
peut-être, il me semble, dans un terrain de pure rédaction, de
pure technique de rédaction et je n'en vois vraiment pas
l'intérêt.
M. BEDARD (Chicoutimi): J'essaie juste de le convaincre encore une fois.
Quand vous parlez, ce sont des dispositions déclaratoires. Si vous me
permettez un avis juridique, les dispositions déclaratoires, justement,
ne sont pas dans une loi. C'est dans le préambule d'une loi qu'elles
existent.
M. FORGET: Ce ne sont pas des notes explicatives.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je vous dis exactement, textuellement, ce que
vous nous avez dit: Dispositions déclaratoires. Où les
dispositions déclaratoires se situent, en fait, ce n'est pas dans le
texte de loi. Les dispositions déclaratoires se situent dans un texte
annexe ou dans des notes explicatives qui précèdent une loi. Je
ne voudrais pas étendre le débat. Si M. le ministre parlait dans
le sens que cela pourrait être plus facile à lire, je demeure
convaincu, d'ailleurs de la même manière que l'honorable
député qui a parlé tout à l'heure, que ce serait
peut-être plus facile à lire, disons à suivre au moins,
dans le sens d'avoir un tableau, si le premier paragraphe était au tout
début.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Les membres de la commission semblent assez
éclairés pour se prononcer sur le deuxième amendement
à l'effet que, dans l'article 4, le deuxième paragraphe devienne
le premier paragraphe et que le premier paragraphe devienne le deuxième
paragraphe. Mme Bacon (Bourassa), pour ou contre?
MME BACON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Bédard (Chicoutimi)?
M. BEDARD (Chicoutimi): Pour.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Bellemare (Rosemont)?
M. BELLEMARE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Bonnier (Taschereau)?
M. BONNIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Boudreault (Bourget)?
M. BOUDREAULT: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Dufour (Vanier)?
M. DUFOUR: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Forget (Saint-Laurent)?
M. FORGET: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Harvey (Dubuc)?
M. HARVEY (Dubuc): Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Lecours (Frontenac)?
M. LECOURS: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Tardif (Anjou)?
M. TARDIF: Abstention.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Huit contre, un pour et une abstention.
L'amendement est rejeté. L'article 4, adopté.
Tous les articles du présent projet de loi ont été
adoptés avec modification.
M. BEDARD (Chicoutimi): On peut quand même le mentionner à
l'Assemblée nationale.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): On remercie bien les membres de la
commission d'avoir participé au débat.
(Fin de la séance à 17 h 9)