Journal des débats (Hansard) of the Committee on Agriculture, Fisheries, Energy and Natural Resources
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Thursday, March 16, 2023
-
Vol. 47 N° 7
Clause-by-clause consideration of Bill 13, an Act respecting the Hertel-New York interconnection line
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
-
-
St-Louis, François
-
Skeete, Christopher
-
McGraw, Désirée
-
Bouazzi, Haroun
-
-
Bouazzi, Haroun
-
Poulin, Samuel
-
St-Louis, François
-
Morin, André Albert
-
-
Morin, André Albert
-
St-Louis, François
-
Dufour, Virginie
-
McGraw, Désirée
-
-
St-Louis, François
-
McGraw, Désirée
-
Skeete, Christopher
-
Bouazzi, Haroun
-
-
Bouazzi, Haroun
-
St-Louis, François
-
Morin, André Albert
-
-
Morin, André Albert
-
St-Louis, François
-
Dufour, Virginie
-
Bouazzi, Haroun
-
McGraw, Désirée
-
Skeete, Christopher
-
Haytayan, Céline
-
Gagnon, Yannick
-
Poulin, Samuel
-
Lemieux, Louis
-
-
Bouazzi, Haroun
-
St-Louis, François
-
Skeete, Christopher
-
McGraw, Désirée
-
Morin, André Albert
-
-
Morin, André Albert
-
St-Louis, François
-
Dufour, Virginie
-
Bouazzi, Haroun
-
Skeete, Christopher
-
Haytayan, Céline
-
Gagnon, Yannick
-
Poulin, Samuel
-
Lemieux, Louis
-
McGraw, Désirée
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures trente-six minutes)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de l'agriculture,
des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles ouverte.
Je demande à toutes les personnes dans la
salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Bogemans (Iberville) est remplacée par Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides); M. Sainte-Croix (Gaspé) est remplacé par M. Lemieux
(Saint-Jean); M. Ciccone (Marquette) est remplacé par M. Morin (Acadie);
M. Fortin (Pontiac) est remplacé par Mme Dufour (Mille-Îles); M. Kelley
(Jacques-Cartier) est remplacé par Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce); et Mme Zaga
Mendez (Verdun) est remplacée par M. Bouazzi (Maurice-Richard).
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le secrétaire. Nous débutons avec les remarques préliminaires. M. le
ministre délégué à l'Économie, vous disposez de 20 minutes.
M. Skeete : Merci, beaucoup M.
le Président. Je vous garantis que ça ne prendra pas 20 minutes. Je vais
me permettre un petit moment pour saluer les collègues de la partie
gouvernementale. Merci beaucoup pour votre présence. Je prendrais aussi un
moment pour saluer les gens d'Hydro-Québec qui sont ici, maître, et les gens
des affaires gouvernementales, aussi la sous-ministre. Merci beaucoup pour
toute votre aide, c'est vraiment apprécié.
Salutations particulières aux oppositions,
les collègues, mais particulièrement la collègue de Mille-Îles, consœur de
Laval. Alors, merci beaucoup, très heureux de vous retrouver, chers collègues.
J'espère pouvoir compter sur votre collaboration, dans cet important projet de
loi, et je n'en doute pas du tout. Donc, très hâte de vous entendre, très hâte
de collaborer avec vous et surtout, surtout, très hâte de faire en sorte que ce
projet de loi là va devenir une réalité, afin d'offrir une belle valeur ajoutée
aux Québécois. C'est tout, M. le Président. Voilà.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. J'invite maintenant la porte-parole de l'opposition officielle
à faire ses remarques préliminaires.
Mme McGraw : Alors, merci, M.
le Président. J'ai juste... Je dispose, je crois, de 20 minutes aussi? Je
veux juste confirmer.
Le Président (M. St-Louis) : Oui.
Excusez-moi.
Mme McGraw : Ça a été
tellement vite, de l'autre côté, que... Je vais juste me mettre... O.K.,
parfait. Alors, merci, M. le Président. Avant de partager mes remarques
préliminaires, je tiens tout d'abord à saluer la présidence et le secrétariat.
Je veux, évidemment, saluer le ministre délégué de l'Économie, et les équipes
qui accompagnent le ministre, ainsi que les députés de la banquette
ministérielle. Enfin, j'aimerais saluer les collègues du deuxième groupe d'opposition
et leurs équipes.
• (11 h 40) •
À titre de porte-parole de l'opposition
officielle en matière d'environnement et de lutte contre les changements
climatiques, au nom de mon collègue le porte-parole de l'opposition officielle
en matière de ressources naturelles et d'énergie et conjointement avec mes
collègues, la députée de mes Mille-Îles, qui est aussi leader parlementaire
adjointe de l'opposition officielle, aussi porte-parole de l'opposition
officielle responsable de la région de Laval et en matière d'affaires
municipales et d'habitation, ainsi que mon collègue le député de l'Acadie,
porte-parole de l'opposition officielle en matière de justice, de transports et
de mobilité durable, aussi pour les ordres professionnels ainsi qu'avec les
relations avec les Premières Nations et les Inuits, je suis très heureuse de
pouvoir participer à la Commission de l'agriculture, pêcheries, énergie et
ressources naturelles, qui se penche sur le projet de loi n° 13, Loi
concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New York.
Je tiens aussi à remercier les groupes et
les organismes qui ont participé aux consultations particulières, notamment
Hydro-Québec, la nation mohawk de Kahnawake, représentée par la grande cheffe
Sky-Deer, la Fédération des producteurs forestiers du Québec. J'ai beaucoup
apprécié leurs remarques, commentaires et recommandations sur le projet de loi n° 13 déposé par le ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie le 22 février dernier.
Le projet de loi cherche à mettre en place
les conditions de réalisation de la ligne d'interconnexion Hertel-New York.
Et, pour reprendre certains éléments clés du projet, en septembre 2021,
Hydro-Québec a été sélectionnée par l'agence de développement énergétique de l'État
de New York pour conclure <un contrat...
Mme McGraw :
...l'agence
de développement énergétique de l'État de New York pour conclure >un
contrat comprenant la livraison de 10,4 TW d'énergie à la ville de New
York. Selon Hydro-Québec, ce contrat devrait engendrer des revenus totalisant
environ 30 milliards de dollars pour Hydro-Québec, sur une période de
25 ans.
Le projet est estimé à 1 150 000 000 $,
soit 500 millions pour la construction de la ligne et 650 millions
pour les travaux au poste Hertel. Une fois la ligne mise en service, la ligne
québécoise fera l'objet d'un partenariat entre Hydro-Québec et le Conseil des
Mohawks de Kahnawake, qui bénéficiera de retombées économiques et sociales,
entre autres, pendant 40 ans. Les travaux devraient se dérouler, si je
comprends bien, très bientôt, du printemps 2023 à l'automne 2025 pour
la mise en service prévue au printemps 2026.
Alors, le projet de loi, c'est un projet
de loi important qui permettrait à Hydro-Québec de céder la propriété de ses
installations de transport d'électricité en faveur d'une personne morale ou
d'une société constituée par Hydro-Québec et par le Conseil mohawk de
Kahnawake. Quant à cette personne morale ou cette société, le projet de loi
détermine son objet et lui octroie les mêmes pouvoirs que détient Hydro-Québec
dans l'exercice des activités de transport d'électricité. Déjà rendu à
15 minutes? O.K.
Alors, toutefois, quelques questions
s'imposent sur le plan économique, environnemental et social. Ce sont bel et
bien les trois piliers du développement durable. Nous avons justement adopté,
récemment, la Stratégie gouvernementale de développement
durable 2023-2028, et on croit qu'il serait important d'analyser ce projet
selon cette approche intégrée et équilibrée. Alors, on va passer par les
piliers économiques... le pilier économique et énergétique, le pilier
environnemental et le pilier social.
Sur le volet économique, ce contrat
pourrait engendrer des revenus totalisant, comme on avait dit, selon
Hydro-Québec, environ 30 milliards de dollars sur une période de
25 ans. Alors, malgré les avantages économiques et au niveau énergétique,
la question qui s'impose, c'est : Est-ce que c'est le meilleur projet pour
le Québec? Est-ce qu'il s'agit de la meilleure utilisation que nous pouvons
faire de notre électricité, alors qu'Hydro-Québec prévoit elle-même manquer
d'électricité dans les prochaines années, dans la planification d'atteindre nos
objectifs de carboneutralité d'ici 2050, au même moment où Hydro-Québec cherche
100 TWh, d'ici 2050, pour combler les besoins énergétiques du Québec, au
même moment que le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie
invite les citoyens à la sobriété énergétique? Et même, aujourd'hui, selon le
ministre, on a dû renoncer à Volkswagen, par manque d'électricité. Par contre,
dans le même article, on comprend, selon Hydro-Québec, qu'on ne manque... on a
un surplus énergétique.
Donc, tout ça pour dire que ce qui nous
préoccupe, c'est l'improvisation et le manque d'une stratégie globale, de la
part du gouvernement, concernant notre futur énergétique. Est-ce vraiment le
moment propice à prioriser l'exportation de quelque 20 TWh d'électricité
au sud de la frontière pendant les prochains 25 ans? C'est la question
qu'on pose, et on n'a pas de réponse parce qu'on n'a pas de stratégie globale.
C'est l'improvisation, de la part du gouvernement.
Notre chef, lorsqu'il a rencontré le
premier ministre, au début de l'année, a proposé une commission itinérante sur
notre avenir énergétique. Faute de stratégie globale sur l'énergie, on navigue
à l'aveugle sur cet enjeu primordial du XXIe siècle. On ne peut pas
confirmer si et comment on va pouvoir ni combler les besoins énergétiques des
Québécois ni atteindre la carboneutralité d'ici 2050. Ce sont des enjeux
primordiaux.
Au niveau de <l'environnement...
Mme McGraw :
...
carboneutralité d'ici 2050. Ce sont des enjeux primordiaux.
Au niveau de >l'environnement, à
part des avantages financiers, Hydro-Québec positionne le contrat comme étant,
et je cite, «une pierre angulaire de la lutte contre les changements climatiques
dans le nord-est de l'Amérique du Nord, puisqu'il permettra d'éviter l'émission
de 3,9 millions de tonnes de GES chaque année, soit l'équivalent du
retrait de 44 % des rues de la ville de New York.» De plus, et encore je
cite, «le tracé de la ligne sera situé à 95 % dans les emprises des routes
nationales et régionales, ce qui minimisera les impacts sur l'environnement et
les propriétés privées.»
On comprend très bien que les changements
climatiques ne connaissent pas de frontières, on comprend très bien que réduire
les GES partout dans le monde est une bonne chose. On comprend aussi que la
ville de New York est actuellement alimentée en électricité produite à
90 % à partir des combustibles fossiles. Alors, soyons clairs que la
réduction de GES se fait à New York, et ils sont... comptent dans leurs
calculs, et pas dans les nôtres ici, au Québec. Donc, ça ne nous permet pas
d'achever la carboneutralité d'ici 2050. Par contre, on est d'accord que ça
aide à lutter contre les changements climatiques.
De plus, il n'est pas clair si la
réduction des GES est nette ou brute. Je n'ai toujours pas de réponse. Par
exemple, la construction sur les milieux naturels peut avoir des impacts sur
les services écologiques et les solutions nature qui sont essentielles à
contrer les changements climatiques; par exemple, les forêts qui servent de
puits de carbone. Donc, il va y avoir... Quels sont les impacts sur les milieux
naturels? On n'a pas de réponse, parce que, sur le volet environnemental, le
projet a fait l'objet d'une évaluation environnementale via le Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement. Le rapport a été donné au ministre
de l'Environnement, le 1er mars dernier, et la loi prévoit que le gouvernement
doit le rendre public dans un délai de 15 jours, soit aujourd'hui, le 16
mars. Le gouvernement a choisi d'attendre, littéralement, à la dernière heure,
de rendre le rapport public, c'est-à-dire aujourd'hui à 16 heures, cet
après-midi, soit une demi-heure avant la conclusion prévue de l'étude détaillée
ou de nos discussions ici aujourd'hui. Pourquoi le gouvernement a-t-il insisté
de procéder non seulement avec un vote sur l'adoption du principe, hier, et une
étude détaillée le même jour qu'on attend de recevoir le rapport du BAPE?
• (11 h 50) •
Afin d'assurer une analyse complète du
projet de loi et de prendre des décisions éclairées, le rapport du BAPE doit
être accessible sans délai. Comment peut-on effectuer notre travail de
parlementaires, de législateurs au nom des Québécois sans avoir en main toutes
les informations pertinentes, même cruciales, dans le cadre du projet de loi n° 13?
Sans le rapport du BAPE en main, nous n'avions pas pu demander l'avis des
groupes sur cette analyse en environnement et discuter, notamment, des points
problématiques, s'il y en a. Je demande donc au gouvernement de rendre public
dès aujourd'hui le rapport du BAPE, et on va porter motion à cet effet sous
peu.
Alors, comme parlementaire, je dois
souligner... je me dois de souligner que cette situation déplorable, et j'ai...
c'est une situation déplorable, et j'ai un profond malaise qu'on nous demande
de voter sur le principe du p.l. n° 13. On l'a fait parce qu'il y a
beaucoup d'éléments très positifs à ce projet de loi, et on veut procéder en
bonne foi. Mais j'ai quand même un profond malaise de faire une étude détaillée
sur cette importante documentation... sans cette importante documentation en
main. On va y revenir dans la motion. En attendant le rapport du BAPE, un parti
indépendant, nous avons consulté les rapports environnementaux produits par
Hydro-Québec et... ainsi que d'autres rapports en ligne, parce qu'aussi il n'y
a pas d'évaluation <environnementale...
Mme McGraw :
...
rapports en ligne, parce qu'aussi il n'y a pas d'évaluation >environnementale
fédérale, dans ce cas.
Alors, je souligne que l'étude... Je
souligne que, par leur insistance de garder le rapport à eux seuls, sans
analyse parlementaire, et ce, pour des raisons obscures, le gouvernement met à
risque les éléments très prometteurs de l'initiative, notamment l'entente
historique entre Hydro-Québec et la nation mohawk. Mon collègue, Me Morin, va
élaborer, dans ses remarques, sur cette entente-là, sur ce partenariat
historique. Je me permets quand même, avec le temps qu'il me reste, de parler
du volet social, soit l'acceptabilité sociale, notamment, l'entente, cette
fameuse entente.
En effet, le p.l. n° 13,
le projet de loi n° 13, vise à permettre la
conclusion d'un partenariat historique entre Hydro-Québec et le Conseil mohawk
de Kahnawake, qui deviendrait copropriétaire de la ligne d'interconnexion
Hertel-New York, soit la portion québécoise de la ligne. Hydro-Québec soutient
que le partage de la propriété d'un actif de transport avec une première nation
est une approche novatrice incarnant la volonté d'Hydro-Québec de poursuivre le
développement énergétique du Québec en collaboration avec les peuples
autochtones. Ce projet de loi manque un jalon... marque un jalon important dans
l'évolution de nos relations.
On ira plus loin pour noter que, dans le
mémoire soumis par le Conseil mohawk de Kahnawake à la commission et lors de la
présentation de la grande cheffe Sky-Deer, elle a soutenu, et je cite le
mémoire et ses remarques en anglais parce que ça a été en anglais : «We
wish to allay any doubts about the important role that Kahnawake has played in
getting this project over the line. The first Deputy Mayor of
New York confirmed with both me and Hydro-Québec, during a visit to New York,
that without the support of the Mohawk Council, Hydro-Québec would not have
been selected to support New York with electricity. This demonstrates that
partnerships like this, when... between Hydro-Québec and the Mohawks of
Kahnawake can be key in meaningfully considering Indigenous communities an
interest, establishing agreements that make both sense for Indigenous and
business interest alike. We hope that this partnership with Hydro-Québec is a
steppingstone to continue to progress in its relations with Kahnawake and with
other Indigenous communities.»
Ce sont les
paroles de la grande cheffe Sky-Deer, une leader de vision remarquable. Et on
veut, on tient à souligner que cette entente est vraiment sans précédent au
Québec. Nous percevons ça comme un vrai geste de réconciliation et même ce que
moi, j'appelle la réconciliaction, c'est la réconciliation dans les faits et
dans les gestes. C'est vraiment une première au Québec, et ça pourrait servir
d'exemple ailleurs au Québec, au Canada et ailleurs, même, dans le monde.
Alors, c'est une première. Maintenant, il faut réussir à bâtir sur cette
entente et s'assurer que la communauté aura des retombées réelles tant au
niveau économique que social. Il faut s'assurer aussi que leur rôle
environnemental est réalisé.
Et je vais conclure sur ce point. Dans les
six éléments clés du mémoire de la nation mohawk, on souligne, entre autres,
qu'ils vont avoir... ils vont participer aux évaluations environnementales.
Encore une fois, clé, parce que l'approche autochtone, comme a souligné la
grande cheffe Sky-Deer, c'est basé sur l'approche des sept générations,
c'est-à-dire qu'ils regardent sept générations à l'avance. C'est vraiment une
vision de long terme. Et c'est cette approche-là qui est à la base,
effectivement, du développement durable, c'est-à-dire de combler les besoins
des générations présentes, sans pour autant nuire aux besoins des futures
générations. Et, dans le cas des Mohawks et des, des nations autochtones en
général, pas juste ici au Québec, au Canada, mais à travers le monde, c'est une
approche de sept générations, donc on souligne l'importance de ce... parmi les
six éléments clés, c'est particulièrement important comme point.
Alors, je termine. En conclusion, M. le...
Et il y a aussi des éléments d'expropriation, et c'est ma collègue la députée
des Mille-Îles qui va en discuter davantage, selon son <expertise clé...
Mme McGraw :
...
députée des Mille-Îles qui va en discuter davantage, selon son >expertise
clé de ces dossiers. Donc, je conclus, M. le Président, qu'il y aura... on
reconnaît qu'il y aura de nombreux éléments à surveiller. Et je suis contente
de participer à l'étude détaillée, mais faisons les choses dans l'ordre. Bien
que le... Donc, c'est ça, faisons les choses en ordre. Il est important d'avoir
tous les éléments pour passer à une étude détaillée rigoureuse et respectueuse
du développement durable. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Mme
la députée. J'invite maintenant le porte-parole du deuxième groupe d'opposition
à faire ses remarques préliminaires. Vous disposez aussi de 20 minutes.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Je remarque que le ministre ici présent a beaucoup... passé plus de
temps à remercier les personnes présentes qu'à parler du projet de loi. Je vais
faire les deux et probablement beaucoup plus parler du projet de loi. Donc, je
tiens à remercier mes collègues ici présents, du gouvernement et de
l'opposition officielle.
Et d'entrée de jeu je dois dire que, dans
ma pas très longue expérience de parlementaire, je trouve très étonnant, malgré
bien des choses qui peuvent nous étonner dans notre travail parlementaire, que,
dans un projet comme celui-là qui ne semble pas controversé, où il y a des
retombées économiques vraiment importantes pour le Québec, où il y a eu un
accord qui semble, dans les faits, très intéressant, dans une approche de
réconciliation avec les Premières Nations, que nous n'ayons pas accès au
rapport du BAPE associé à ce projet. Pourtant, ça ne prendrait vraiment pas
grand-chose, de la part du gouvernement, de nous dévoiler ce rapport qui est,
donc, dans le bureau de M. Charette. Et on remarque même qu'il y a une
véritable volonté pour qu'on légifère et que le rapport soit livré ensuite. Et,
encore une fois, ça doit être ma naïveté, je dois dire que je trouve ça
vraiment, mais vraiment triste pour la santé démocratique de notre institution.
Et je n'arrive pas à m'expliquer, étant donné que, franchement, la volonté...
et je ne parlerai pas pour la première opposition, mais il est probable qu'on
soit d'accord, c'est qu'on adopte ce projet de loi avec toutes les informations
dont on aurait besoin pour l'adopter.
• (12 heures) •
Ça fait que pourquoi ne pas nous donner ce
rapport? C'est une vraie question. Ceci étant dit, elle arrive dans un cadre
plus général de manque d'information pour pouvoir prendre des décisions sur ce
qui touche à notre transition énergétique. Les exemples sont très nombreux, et
je vais me permettre d'en rappeler quelques-uns.
D'abord, il n'y a pas de stratégie
publique du gouvernement pour atteindre les objectifs de diminution de gaz à
effet de serre. Il n'y en a juste pas, il n'y a pas de chiffre, il n'y a pas
d'objectif pour la sobriété, il n'y a pas d'objectif pour l'amélioration de
notre performance, il n'y a pas d'objectif pour l'augmentation du transport en
commun. Il y a juste un objectif sur... pour l'année 2030, donc une baisse
de 35 %, et on ne sait pas sur quelle base on va pouvoir les atteindre,
étant donné que les fameux tableaux de bord dont le gouvernement aime beaucoup
parler, bien, n'existent pas, en fait, pour pouvoir avoir une idée non pas
journalière, mais au minimum, peut-être, trimestrielle de l'avancement de notre
politique de lutte contre les gaz à effet de serre.
La seule stratégie qu'on a, c'est celle
d'Hydro-Québec. Elle n'est pas sur 10 ans ou 30 ans, elle a le mérite
d'exister. Et là, encore une fois, dans un souci de manque de transparence,
nous n'avons jamais réussi à avoir la P.D.G., Mme Sophie Brochu, venir nous
expliquer les tenants et aboutissants de ce plan stratégique. Pourtant, encore
une fois, c'est très simple, c'est même prévu, il y a eu des motions adoptées
dans ce sens pour qu'Hydro-Québec vienne nous parler de son plan stratégique et
qu'on puisse, nous, comme législateurs, comprendre de quoi il est question.
Du côté du gouvernement, on entend toutes
sortes de choses, encore une fois, rattachées à aucun plan. Un jour, on doit
démarrer nos lave-vaisselles à minuit. Un jour, on doit chauffer sans problème
quand il fait moins 50°.Un jour on
se retrouve dans une situation où on ne peut pas pluguer...
12 h (version révisée)
M. Bouazzi : ...50°. Un jour, on se retrouve dans une situation où on ne peut pas
pluguer, et mes collègues ici en ont parlé, des nouvelles industries, par
manque d'électricité. Un jour, on va manquer d'électricité avant 2030, pendant
les pics, pas pendant les pics. Bref, il y a toutes sortes de choses qui
ressortent, encore une fois, rattachées à pas grand-chose. Et, en fait, on se
demande même si on a toutes les informations, si même le gouvernement, de ce
côté, a toutes les informations pour y arriver.
D'ailleurs, c'est pour ça que des membres
de la société civile, plus d'une centaine d'associations de la société civile,
ont demandé un BAPE générique, pour pouvoir analyser dans... en profondeur et
avoir les chiffres qui nous permettent de prendre les bonnes décisions. Donc,
je vais juste rappeler ici que la différence avec une enquête du BAPE, c'est :
l'exercice commence par une période d'information, justement, dans les BAPE
génériques, pour permettre aux commissaires et à la population, aux médias de
connaître et comprendre le dossier. C'est là, en général, que le chat sort du
sac.
Et je vais me permettre de vous donner l'exemple
du BAPE qui a été fait pour Énergie Est, hein, on l'a vécu, entre autres, lors
du BAPE, donc, d'Énergie Est, où il y avait des faits très clairs que les
groupes clamaient depuis des mois et des mois et que les médias... sans que les
médias n'y fassent écho. Il a suffi de poser ces questions aux commissaires,
qui les ont relayées au promoteur et au ministère et qui ont bien... et qui les
ont bien obligés de répondre, pour que ces faits fassent la manchette dans les
médias le lendemain. Par exemple, on a appris que le pipeline appartiendrait à
une filiale à responsabilité limitée, avec un mur légal entre la filiale et
TransCanada, que 30 % du pétrole viendrait des États-Unis, que la ligne 9B
inversée d'Enbridge fournirait plus de pétrole à Suncor que ce qu'elle peut
raffiner et que les autres raffineries de l'Est, Valero et Irving, n'avaient
que faire du pétrole bitumineux de l'Ouest, donc que le pétrole transporté par
Énergie Est serait exporté, alors que son gros argument de vente était l'autosuffisance
canadienne.
Je vous donne ces exemples simplement pour
vous dire que ce genre d'exercice de transparence est utile pour le
gouvernement, pour la population et, évidemment, pour le législateur pour
pouvoir prendre les informations éclairées. Et c'est ce qui a permis au projet
d'être, en fait, abandonné une fois qu'on a eu l'information.
Quand ces groupes ont demandé, donc, plus
de transparence de la part du gouvernement et un BAPE générique, le
gouvernement et, en fait, le ministre de l'Énergie nous a dit : C'est un
processus beaucoup trop long, c'est un processus qui prend deux à trois ans. Alors,
évidemment, c'est toujours étonnant de voir un ministre qui ne connaît pas les
processus qui touchent à quelque chose d'aussi important qu'un BAPE générique.
D'abord, ce n'est pas le ministre de l'Économie qui décide des BAPE génériques
et c'est bien M. Charette qui devrait le faire. Deuxièmement, c'est le
gouvernement lui-même qui décide de la longueur que devrait prendre un BAPE.
Et, dans le dernier quart de siècle, aucun BAPE générique n'a pris plus qu'une
année, même plus que 10 mois, exactement. Et il faut revenir jusqu'à 1900,
donc plus que 100 ans en arrière, pour trouver que le premier BAPE, et c'est
le seul, a pris deux ans, qui a été plus longs que 14 mois.
Donc, pourquoi ne pas commencer par un
BAPE générique qui nous permettrait d'affronter avec plus de rigueur cette
transition énergétique dont on a vraiment besoin? À la place, ce qu'on a, on a
un certain nombre de projets de loi, les uns après les autres... (panne de son)
...ne vous inquiétez pas, un jour, on manque d'électricité, mais le lendemain,
on va envoyer une quantité astronomique... — oups! c'est moi qui ai
appuyé là-dessus, oui — une quantité astronomique d'énergie vers les
États-Unis.
On a aussi un autre contrat, qui est
probablement beaucoup moins bon, qui se prépare, pour envoyer de l'électricité
au Massachusetts. Et on n'a toujours pas cette vision globale. Un jour, on va
augmenter les tarifs d'Hydro-Québec par 3 % dans un autre projet de loi et
on en profite, dans le même projet de loi, pour donner des superpouvoirs au
ministre, où il va décider lui-même qui sera connecté, parmi les grandes
industries à l'électricité, avec des critères qui, encore une fois, ne sont pas
<transparents...
M. Bouazzi :
...
l'électricité, avec des critères qui, encore une fois, ne sont pas >transparents,
qu'il va définir lui-même, etc. Sans compter, évidemment, tous les exercices de
privatisation, par exemple, maintenant, qu'on peut voir dans la génération
d'énergie.
Donc, si on revient au projet de loi
actuel, qu'on a devant nous — si je ne me trompe pas de papier — c'est
ça, donc, les contrats d'exportation d'électricité sont au cœur de la stratégie
du gouvernement, qui est critiquée de toutes parts. En fait, c'est le manque de
stratégie qui est critiqué de toutes parts. On doit pouvoir entendre,
évidemment, Sophie Brochu sur le plan stratégique d'Hydro-Québec. Et, on l'a
dit, on doit aussi avoir un débat public sur la vision d'ensemble, avec un BAPE
générique sur l'avenir énergétique.
On veut aussi avoir les résultats du BAPE.
Et c'est, encore une fois, la raison pour quoi on est obligés de rappeler au
gouvernement aujourd'hui que le manque de transparence ne nous aide pas à
prendre des décisions. On est obligés de le rappeler longtemps que ce manque de
transparence ne nous aide pas à prendre des décisions. Et c'est vraiment
dommage que, plutôt que de nous donner les résultats du BAPE hier, ou avant-hier,
ou même avant même ou en même temps qu'on déposait le projet de loi, bien, on
propose de nous le rendre public après qu'on ait analysé ce projet de loi.
Donc, on veut aussi voir les résultats du
BAPE sur le projet de ligne en question. Ça nous prend ça pour pouvoir faire
notre travail de législateurs sur ce projet. Le projet de loi n° 13 est un
projet important, il concerne l'exploitation de l'électricité du Québec vers
les États-Unis dans un contexte où la vision énergétique du gouvernement est
critiquée de toutes parts. C'est un dossier où il se brasse des grosses
affaires, en ce moment, et on doit être vigilants.
Déjà, il y a anguille sous roche devant le
fait que Mme Sophie Brochu ne peut pas venir nous parler. En tout cas, le
gouvernement ne juge pas important qu'on vienne nous parler du plan
stratégique. Et aujourd'hui on s'étonne, on ne comprend pas quelle logique il y
a derrière le fait qu'on ne nous donne pas l'information concernant le BAPE. Le
gouvernement refuse, donc, notre demande, la demande des groupes, aussi, de
tenir un BAPE générique. Bref, tout ce qui apporterait un minimum de
transparence dans le cadre de la transition énergétique du Québec, pour
l'instant, ne nous permet pas... tout ce qui apporterait de la transparence
n'est absolument pas dans la priorité du gouvernement.
M. Poulin : ...anguille sous
roche, apporter de la transparence, manque de transparence. Je pense qu'on doit
rappeler à la prudence des collègues, là, s'il vous plaît.Merci.
Le Président (M. St-Louis) : M.
le député, je vous invite à la prudence. Aussi, je souhaite vous rappeler que,
lorsque vous citez ou vous parlez d'un collègue, utilisez les titres et non les
noms. Donc, la parole est à vous. Merci.
M. Bouazzi : Je vais
effectivement faire preuve de vigilance et je vais continuer à utiliser des
mots qui sont parlementaires et éviter des mots qui ne sont pas parlementaires,
ce que je n'ai pas fait, évidemment. Et je pensais avoir utilisé les titres des
personnes, mais je vais être très vigilant sur ce point-là et je m'en excuse si
je ne l'ai pas fait.
La question de la transparence se pose,
par exemple, dans un exercice législatif comme celui-là, chers collègues et...
Une voix : ...
M. Bouazzi : ...exact, et ça
apporterait de la transparence, si on veut, qu'on ait les informations...
Le Président (M. St-Louis) : On
est à la période des remarques préliminaires. La parole est au député de la
deuxième opposition officielle. Donc, M. le député de Beauce-Sud, s'il vous
plaît. Merci.
• (12 h 10) •
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Effectivement, ça apporterait de la transparence d'avoir accès à des
informations qui sont gardées par le ministre de l'Environnement, donc, dans le
bureau du ministre de l'Environnement, et qu'il semble très important de ne pas
nous donner avant qu'on puisse légiférer sur le projet de loi, alors que le
rapport du BAPE parle justement du projet de loi.
Donc, comme parlementaires comme parti
d'opposition, on doit faire notre travail avec rigueur. Nous sommes législateurs,
nous aussi, on doit avoir toute l'information à notre disposition pour pouvoir
nous prononcer en tout état de cause. Donc, comme nous l'apprend le BAPE, il y
a de l'information à caractère public qui traîne sur le bureau du ministre
Charette, qui...
Une voix : ...
M. Bouazzi : Mais je n'ai pas
le droit... Mais, vu que je suis nouveau, ça va m'aider, là : On n'a pas
le droit de... «ministre Charette», parce qu'il...
Une voix : ...
M. Bouazzi : Ah! Pardon,
pardon, parce que <c'est son...
M. Bouazzi :
...
parce qu'il...
Une voix :
...
M. Bouazzi :
Ah!
Pardon, pardon, parce que >c'est son titre, pareil, c'est pour ça, vu
qu'il est ministre?
Une voix : ...
M. Bouazzi : Il n'y a pas de
problème. Ministre de l'Environnement, ça va me faire plaisir. Je pensais
que... Bref, ça va me faire plaisir.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député.
M. Bouazzi : Donc, du
ministre de l'Environnement, qui porte précisément sur le sujet de la ligne qui
fait l'objet du projet de loi n° 13 et à laquelle on n'a pas accès. Donc,
le ministre doit divulguer cette information aujourd'hui, à 4 heures, mais
on nous demande de nous prononcer aujourd'hui sur un projet de loi qui y est
directement relié. Il n'est pas possible pour nous, moi, je veux être clair, là...
il n'est pas possible pour nous de pouvoir nous prononcer en connaissance de
cause sur le projet de loi n° 13, sans avoir en main le rapport de la
consultation ciblée menée par le BAPE en décembre dernier sur le projet de
ligne d'interconnexion Hertel-New York, qui fait directement l'objet du projet
de loi que nous sommes en train d'étudier.
En matière d'énergie, là, on a comme deux
institutions qui nous aident vraiment à prendre des décisions éclairées : il
y a le BAPE et il y a la Régie de l'énergie. Et on a l'impression qu'à chaque
étape ou bien on affaiblit la Régie de l'énergie ou bien on affaiblit le BAPE.
Et, pour nous, c'est très important de garder ces deux institutions, parce
qu'elles sont utiles et importantes pour qu'on puisse prendre des données, des
informations éclairées.
Bon, maintenant, sur le fond, le contrat
avec New York est un bon contrat, il est à notre avantage... et qui n'occasionne
pas de problème de stabilisation du réseau, étant donné que la connexion est
directe, jusqu'à New York, et qu'il n'y a pas d'engagement à vendre de
l'électricité l'hiver, lorsque nous sommes en période de pointe. C'est
30 milliards de revenus pour Hydro-Québec sur la durée du contrat. C'est
important, aussi, et nous, on applaudit le fait qu'il y ait des diminutions de
gaz à effet de serre à l'extérieur, aussi, du Québec. Évidemment, il ne
faudrait pas que ça nous empêche d'atteindre nos objectifs. Malheureusement, on
n'a pas de plan, ça fait, qu'on ne peut pas le savoir. Mais il serait important
qu'il y ait, effectivement, une baisse de gaz à effet de serre à New York.
Or, on nous dit, d'un côté, que ça
équivaut à 14 des 15 usines de génération d'électricité, des
15 usines à gaz, que ça correspond à 44 % des voitures qui vont
diminuer... donc, les émissions des voitures, à New York, si mes souvenirs sont
bons. Une fois que le câble sera raccordé, il n'y aura pas 44 % des
voitures en moins, et puis rien ne nous assure que ne serait-ce qu'une, ou deux,
ou trois de ces usines à gaz vont être fermées. Donc, on dépend de la capacité
de New York d'améliorer son utilisation de l'électricité. On espère que ça ne
sera pas juste une accumulation de plus d'électricité et donc, dans ce cas là,
de ne pas diminuer les consommations de gaz à effet de serre. On aurait aimé
que, dans ce genre de contrats, il y ait des assurances qui nous permettent
d'espérer que la ville de New York va effectivement baisser ses émissions de
gaz à effet de serre avec un tel projet et non pas augmenter sa consommation,
tout simplement, d'électricité.
Ceci étant dit, avec le contrat avec
Massachusetts, où, vous le savez, il y a beaucoup de problèmes, où actuellement
il y a des appels en cours, etc., nous, on n'est pas sûrs du tout qu'on parle
de la même qualité de projet et on espère qu'on aura encore plus d'informations
qui vont nous permettre de prendre des informations éclairées et peut-être
d'être beaucoup moins d'accord avec ce contrat-là.
On note aussi que le projet de loi
comporte la collaboration avec le Conseil mohawk de Kahnawake et sans permettre
un partage des revenus associés avec le passage de la ligne sur leur territoire,
ce qui est une bonne chose. Le Conseil mohawk est venu nous dire qu'il était
entièrement satisfait de leur entente. On souhaite que le même genre d'entente
se répète avec les autres communautés.
Par contre, on a des questionnements par
rapport à ce projet de loi. Nous craignons que la création d'une filiale
d'Hydro soustraira la gestion de cette ligne à la régie et permettra à Hydro de
sous-traiter l'entretien de la ligne. Si on se fie à d'autres projets de ligne
générés de la même manière, comme l'intersection CRT, Cedar Rapids Transit,
l'utilisation d'une filiale permet à Hydro de faire toutes sortes de tours de
passe-passe juridiques pour que les frais de...
Une voix : ...
M. Bouazzi : À Hydro?
Une voix : ...
M. Bouazzi : D'accord. Donc, <permet
à...
M. Bouazzi :
...
juridiques pour que les frais de...
Une voix :
...
M. Bouazzi :
À
Hydro?
Une voix : ...
M. Bouazzi : D'accord.
Donc, >permet à Hydro de faire des tours de passe-passe... des acrobaties
juridiques — ça vous va? — avec les frais de transport
chargés, pour camoufler une partie des profits. Nous craignons aussi que
l'utilisation d'une filiale permette à Hydro de se soustraire aux contraintes
concernant le recours aux entrepreneurs externes, comme c'est le cas pour la
ligne d'interconnexion CRT, semblable à ce que le p.l. n° 13
propose.
La régie, c'est vraiment important, hein?
Malheureusement, nous n'avons pas eu beaucoup de temps pour questionner
Hydro-Québec sur ce sujet-là. Leurs réponses n'étaient pas vraiment claires.
Ils nous ont dit que ça resterait soumis à la régie, mais ensuite ils ont fait
référence à l'autorisation du projet par la régie. Mais nous, ce qu'on veut
savoir, c'est si la filiale que permet de créer le projet de loi va être soumise
à la régie. Notre compréhension, pour l'instant, c'est non, M. le Président, et
nous espérons avoir plus d'informations durant cette étude. On ne veut pas se
retrouver avec un énième projet de contournement de la régie, et malheureusement
l'historique des gouvernements de la CAQ sont nombreux. Le mois passé,
d'ailleurs, c'était le projet de loi n° 2 qui maintenait l'erreur du
projet de loi n° 34 de 2019 qui avait, à toutes fins pratiques...
Le Président (M. St-Louis) :
Je vous invite à conclure, M. le député.
M. Bouazzi : C'est très bien.
Donc, dans ce cadre, encore une fois, en conclusion, nous espérons que l'étude
détaillée du projet de loi permettra de répondre à nos interrogations et que
nous allons obtenir, dans les plus brefs délais, le rapport du BAPE, qui,
encore une fois, est sur le bureau du ministre de l'Environnement. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Y a-t-il d'autres membres de la commission qui souhaitent faire
des remarques préliminaires?
M. Morin : ...permission, M.
le Président, j'aimerais faire des remarques préliminaires.
Le Président (M. St-Louis) : Du
côté gouvernemental, ça va? Du côté des oppositions, ma compréhension, c'est
que... M. Morin, je vous cède la parole pour les 20 prochaines minutes.
Donc, la parole est à vous... Excusez-moi, M. le député de l'Acadie, pardon.
• (12 h 20) •
M. Morin : Merci. Merci, M.
le Président. Écoutez, d'abord, bien, permettez-moi, je me sens privilégié
d'être ici, évidemment, en compagnie de M. le ministre, les représentants du
gouvernement, mes collègues de l'opposition officielle et de la deuxième
opposition. Permettez-moi, M. le Président, également, de saluer le député de
Saint-Jean, avec qui on a eu le plaisir d'échanger sur le projet de loi n° 8,
qui est maintenant la loi qui va modifier le Code de procédure civile, ainsi
que les hauts fonctionnaires qui accompagnent la délégation ministérielle.
Ayant été moi-même un haut fonctionnaire pendant 32 ans, je peux vous dire
que c'est toujours agréable de voir des gens aussi compétents aider à l'action
législative.
Quand on m'a demandé d'être ici, et de
regarder le projet de loi n° 13, et d'intervenir, je
peux vous dire qu'il y a certains éléments qui m'ont un peu surpris ou, à tout
le moins, étonné. D'abord, commençons par les éléments, je vous dirais,
importants. La loi concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New York est
sans aucun doute, pour Hydro-Québec, une façon, évidemment, de transmettre de
l'énergie à l'extérieur et qui va rapporter, évidemment, des revenus. J'y
reviendrai, également, mais le fait que, dans le cadre de ce grand projet, on
ait discuté, on ait travaillé en collaboration avec la communauté mohawk,
c'est, je pense, un pas dans la bonne direction, M. le Président. Ma collègue
le mentionnait, 10,4 TW d'énergie qui pourraient être envoyés, 30 milliards
de revenus sur 25 ans, ce n'est pas rien. Donc, c'est un projet de loi qui
est important.
Cependant, quand on le regarde, ce projet
de loi soulève des questions, et je peux vous dire... et je ne suis pas un
ingénieur en électricité, mais je peux vous dire que ce qui m'a un peu surpris,
quand on regarde <l'ensemble...
M. Morin :
...
électricité, mais je peux vous dire que ce qui m'a un peu surpris, quand on
regarde >l'ensemble de la production puis de l'exportation d'énergie, on
veut exporter un montant important d'énergie vers les États-Unis, à un moment
où ce qu'on nous dit, en fait, ce que j'apprends par la voie des médias, du
ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, c'est qu'on n'aurait
pas eu un contrat avec la firme Volkswagen, qui est quand même un contrat majeur,
reconnaissons-le, là — c'est l'Ontario qui va avoir le contrat,
semble-t-il — en nous interrogeant sur la capacité, pour la société
d'État, de produire suffisamment d'énergie pour répondre aux attentes du
constructeur, et là, au même moment, on est en train d'étudier un projet de loi
qui va permettre l'exportation d'une quantité importante d'énergie vers les
États-Unis.
Comprenez-moi bien, ça va sûrement aider
la ville de New York, parce que, quand on regarde, par exemple, certains
articles dans les médias, on apprend que, dans la ville de New York, il y a
encore des centrales électriques qui utilisent des matières fossiles et qui
sont donc très polluantes. Donc, qu'on veuille aider et qu'on veuille réduire
la quantité, par exemple, de GES qui sont produits dans la ville de New York,
en soi, ce n'est pas une mauvaise chose. Sauf que je pense qu'il faut regarder
le tout dans un ensemble. Est-ce qu'on a raté un contrat parce que, finalement,
on n'a pas assez d'énergie et puis on veut en exporter? Je pense que c'est une
question qu'on peut se poser valablement. Ça, c'est pour New York. Mais on sait
aussi qu'au même moment, si on regarde un peu à moyen terme, il y a des
contrats importants qu'Hydro-Québec doit gérer.
Très récemment, le premier ministre était
à Terre-Neuve pour, justement, avec la province, tenter de renégocier le
contrat important. Est-ce que ça va nous coûter plus cher? Est-ce qu'on pourra,
éventuellement, produire assez d'électricité? Donc, le portrait global, M. le
Président, et c'est ce qui est malheureux avec ce projet de loi, c'est que, le
portrait global en matière de production d'hydroélectricité au Québec, on ne
l'a pas. Et souvent, souvent, pendant la période des questions, le premier
ministre nous disait : Écoutez, l'opposition officielle, soumettez-nous
des suggestions valables, aidez-nous. Eh bien, justement, le chef intérimaire
de ma formation politique, lors de sa rencontre avec M. le premier ministre,
disait : Écoutez, nous, là, on voudrait avoir une stratégie globale, on voudrait
une commission itinérante sur l'énergie, pour avoir une approche globale. Bien,
ça, je vous dirais que c'en est une, suggestion qui est constructive et qui
permettrait maintenant au Parlement, aux élus, aux législateurs, quand on a à
étudier un tel projet de loi, de savoir : Mais au fond, dans l'ensemble,
où allons-nous? Est-ce que c'est une pièce du casse-tête qui s'imbrique dans
une image qui va être géniale pour le Québec ou si c'est juste des morceaux
qu'on colle à gauche et à droite? Ça, malheureusement, on ne l'a pas. Donc, je
le dis, si on avait accepté l'idée de cette commission itinérante pour une
approche globale, on aurait, je pense, et je vous le soumets, une meilleure
analyse, une meilleure approche pour l'ensemble des Québécois et des Québécoises.
Il y a un autre élément que je veux
soulever, on va probablement en reparler, M. le Président, mon collègue de la
deuxième opposition en a parlé, c'est ce fameux rapport du BAPE. Moi, quand on
m'a demandé de siéger ici puis que j'ai lu le projet, j'ai dit : Ah! Fantastique!
C'est certain, il y a eu toutes les évaluations, toutes les analyses ont été
faites, c'est parfait, on a le feu vert, on y va. Eh bien non, j'apprends que
ce n'est pas le cas. Mieux, j'apprends qu'apparemment le rapport, il existe, il
est en quelque part sur un bureau, mais le législateur, les élus ne l'ont pas.
Encore mieux, M. le Président, j'apprends, semble-t-il, qu'il serait disponible
en fin de journée, aujourd'hui, si je ne me trompe pas. Donc, on demande aux
élus de faire un <travail...
M. Morin :
...
journée, aujourd'hui, si je ne me trompe pas. Donc, on demande aux élus de
faire un >travail, d'analyser un document fort important, parce que,
comme je vous le disais, là, on parle de milliards de dollars, mais
l'environnement, l'analyse, l'enquête, là, on ne l'a pas, on va l'avoir plus
tard.
Et là je me dis : C'est vraiment
curieux, pourquoi, pourquoi le gouvernement ne veut pas rendre le rapport
disponible immédiatement? On est ici pour travailler dans le bien commun pour
l'ensemble de la population. Alors, je me dis : Bien, il y a trois
options, trois options possibles, et il y en a une qui m'étonnerait, mais
enfin, bref, c'est possible. Ou bien le rapport ou l'enquête dit :
Écoutez, on a le feu vert, tout est parfait; bien, alors, déposons-le,
regardons-le puis allons-y, ça, ça va juste aller plus vite, et il n'y a pas de
souci parce qu'à ce moment-là, on va être capables... on va être capables
d'assurer la population, les gens qui vont être visés par ça, qu'il n'y a pas
de souci. Première option. Deuxième option, le feu est au jaune. Bien, si c'est
le cas, ça ne veut pas dire que c'est fatal, mais, ce que ça veut dire,
cependant, c'est qu'il faudrait regarder le document adéquatement et faire en
sorte qu'on puisse apporter peut-être des correctifs, ça ne va que bonifier
l'exercice qu'on est en train de faire. Troisième élément, troisième option, le
rapport, le feu est rouge. Bien là, à ce moment-là, c'est encore plus grave, donc
qu'on le regarde, parce que, si c'est le cas, bien là, à ce moment-là, il va
falloir refaire les devoirs pour s'assurer qu'il n'y aura pas un impact sur
l'environnement. Tout le monde... je pense qu'aujourd'hui tout le monde sait
que la considération qu'on doit avoir pour l'environnement, c'est fondamental.
Donc, qu'on nous le présente, qu'on nous l'explique, et puis, à ce moment-là,
on pourra faire notre travail adéquatement.
L'autre élément qui est un peu surprenant,
à mon avis, c'est qu'on ne sait pas où ce projet-là s'insère dans la stratégie
globale d'Hydro-Québec. On me dit qu'on aurait invité la P.D.G.; on ne l'a pas
entendue. Il me semble que ce serait un élément qui est très important, compte
tenu de l'ampleur des travaux et puis de l'énergie qui va être exportée. Mais
là-dessus, malheureusement, nous n'aurons pas de réponse. Mais l'impression que
j'ai, c'est que le gouvernement légifère à la pièce et que, malheureusement, le
tableau global, nous ne l'avons pas. Est-ce que ça aura un impact sur notre
consommation hydroélectrique? Évidemment, il faudra attendre, éventuellement,
parce que, là, on ne le sait pas.
• (12 h 30) •
Quand j'ai regardé le projet de loi,
évidemment, et puis on aura la chance, j'imagine, de revoir — parce
que, là, je suis aux remarques préliminaires — le document plus en
profondeur, il y a la création de cette société. Enfin, j'aurai des questions à
poser là-dessus pour voir, évidemment, comment cela va fonctionner. Cependant, j'aimerais
souligner un élément que je qualifie de très positif, et c'est la façon dont le
gouvernement a travaillé avec le Conseil des Mohawks de Kahnawake. Et je
relisais, je relisais le document qui a été déposé par le conseil et, je
comprends, que la grande cheffe, Mme Sky-Deer, est venue expliquer, et ça,
je peux vous dire que... il faut le dire, ma collègue l'a mentionné tout à
l'heure, je suis le porte-parole de l'opposition officielle en matière de
relations avec les Premières Nations et des Inuits, donc c'est quelque chose
qui me tient et que j'ai à cœur, et le fait qu'on ait travaillé avec la
communauté, je vois ça d'une façon excessivement positive, d'autant plus qu'il
y aura sans aucun doute des retombées très positives pour la communauté.
Cependant, cependant, quand je regardais
le rapport, à la page 4, on disait que la communauté, évidemment, voulait
avoir un impact, voulait être consultée, voulait avoir son mot à dire en ce qui
a trait à toutes les évaluations environnementales qui pourraient être faites. Puis
je les comprends, parce que ça a un impact important pour leur communauté. Mais
là on revient à ce que je disais tout à l'heure, là, ça devient difficile...
12 h 30 (version révisée)
M. Morin : ...en communauté,
mais là on revient à ce que je disais tout à l'heure, là ça devient difficile
parce que, l'enquête du BAPE, on ne l'a pas. Donc, c'est comme si on tournait
un peu en rond. Et ça, ça pose pour moi un problème, sincèrement, je tiens à
vous le souligner, parce que... et ma collègue y faisait référence, la façon
dont la grande cheffe explique comment la nation mohawk fonctionne, c'est avec
le concept des sept générations. Donc, à partir d'aujourd'hui, essayons de voir,
pour sept générations dans le futur, quel sera l'impact de ce projet-là sur la
communauté. Et là ça va devenir excessivement difficile de faire le travail si
on n'a pas les résultats de l'enquête du BAPE. Cependant, on peut se féliciter
que, dès le départ, la communauté mohawk ait été consultée, et pas seulement
consultée, ait été vraiment mise en partie prenante de ce projet de loi pour
faire en sorte qu'il y ait des retombées et qu'on considère, effectivement, le
territoire sur lequel la communauté existe, habite, et ce, depuis des
générations.
Donc, quand on regarde le projet de loi,
projet de loi particulièrement court, quelques articles, on se rend compte
également qu'Hydro-Québec va conserver, en fait, une partie importante des
critères décisionnels. C'est innovateur de vouloir créer une société. Encore
là, il faudra voir comment cela va fonctionner. Et l'autre élément que je
voudrais dire dans mes remarques préliminaires, c'est qu'il y a des
dispositions de ce projet de loi qui enlève, finalement, des droits en ce qui a
trait aux gens qui pourraient être éventuellement expropriés. Et, ça, on y
reviendra, M. le Président, un peu plus tard.
Donc, en conclusion, ce sont les remarques
préliminaires que je voulais partager avec les membres de la commission. Je
vous dirais que, d'emblée, c'est un projet qui est intéressant, mais qu'il
manque des éléments pour qu'on ait une analyse complète. Et évidemment on va
continuer les travaux et puis on verra, à ce moment-là, où cela va nous mener.
Alors je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Je comprends que Mme la députée des Mille-Îles souhaite prendre
la parole. C'est bien le cas?
Mme Dufour : C'est bien le
cas, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée. Vous disposez de 20 minutes.
Mme Dufour : Merci beaucoup.
Alors, tout comme mes collègues, j'aimerais saluer les gens qui sont présents
et je vais rendre la pareille à mon collègue de Laval, M. Skeete, mais aussi Mme
Haytayan... députée de Laval-des-Rapides, pardon, que je salue, évidemment tous
les autres députés.
Écoutez, je n'ai pas assisté à toutes les
consultations, mais j'ai lu les mémoires avec grand intérêt et donc je suis
heureuse, là, de pouvoir partager avec vous mes commentaires sur le projet de
loi n° 13 ce matin, la Loi concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New
York. Et je remercie, d'ailleurs, les groupes qui ont participé, donc, et je
remercie Hydro-Québec, le mémoire était très éclairant, la nation mohawk de Kahnawake,
représentée par la grand chef Sky-Deer, et la Fédération des producteurs
forestiers du Québec. J'ai lu avec beaucoup d'attention et, vous allez voir,
là, je vais y revenir à plusieurs reprises.
Comme l'ont mentionné mes collègues
précédemment, il est tout de même... il est très préoccupant qu'on tente, dans
le fond, de compléter les travaux avant d'avoir en main toutes les données. Et
le rapport du BAPE sur ce projet serait très éclairant. Le tracé fait passer le
projet dans une rivière. On ne sait pas s'il traverse des milieux humides d'intérêt.
On ne sait pas s'il traverse des <boisés...
Mme Dufour :
...le
projet dans une rivière. On ne sait pas s'il traverse des milieux humides
d'intérêt. On ne sait pas s'il traverse des >boisés très très, très...
de grande valeur. Il y a quand même des enjeux qu'on doit connaître, et le
rapport du BAPE, donc, nous serait très utile. Alors, il est un peu,
malheureusement, triste, là, qu'on ne l'ait pas eu jusqu'à maintenant. Je
comprends qu'on va l'avoir d'ici la fin de la journée, donc on pourra en
prendre connaissance rendu là, mais disons que l'étude détaillée article par
article aurait pu commencer après la réception de ce rapport et non pas avant.
Ça nous éclairerait, ça nous orienterait sur nos questions.
On lit, dans le rapport de... dans le
mémoire d'Hydro-Québec, que le projet va permettre de décarboner l'État de New
York en bonne partie, hein, 40 % des véhicules, que j'ai lu... c'est
l'équivalent de 40 % des véhicules de la ville de New York, qui est une
immense, immense ville, qui seraient retirés. C'est très bien. Et comme l'ont
mentionné mes collègues, on a besoin d'aller vers une décarbonation, mais
évidemment est-ce que ce projet-là va nous empêcher d'atteindre notre propre
décarbonation québécoise, alors qu'on a les plus belles ressources au monde? Il
faut le savoir. Peut-être que le BAPE s'y penche, d'ailleurs, mais on ne le
sait pas. Mais ça, c'est une inquiétude parce que c'est quand même un contrat à
long terme avec l'État de New York, puis on ne sait pas si ça va avoir un
impact, nous empêcher d'atteindre nos propres objectifs.
On vise, quoi, 2050, d'être carboneutres
au Québec, qui est un objectif absolument louable qu'on doit atteindre. On a
les capacités de l'atteindre en autant qu'on ne donne pas notre électricité et
qu'il ne nous en reste plus pour décarboner notre propre économie. Donc, ça, je
pense que c'est majeur, on doit répondre à cette question-là.
Et comme l'ont souligné mes collègues ici
présents, député de l'Acadie et député de D'Arcy-McGee, c'est un peu
inquiétant, ce qu'on a lu dans les journaux cette semaine par rapport à la
réponse du ministre de l'Économie, qui signifiait qu'on aurait perdu un contrat
avec... bien, pas un contrat, mais une usine de Volkswagen parce qu'on n'aurait
pas eu la capacité énergétique, bon. On a lu, après ça, qu'Hydro-Québec
mentionnait : Non, elle est là, la capacité énergétique, mais il reste
qu'on a aussi entendu le ministre, il y a quelques semaines, dire qu'il y avait
plus de projets sur la table que la capacité énergétique actuelle. Alors,
est-ce qu'on est en train de mettre de côté des projets pour la ligne de New
York? Est-ce qu'on est en train de mettre de côté des projets qui nous
permettraient peut-être de relancer... de lancer un pan de notre économie et
d'atteindre notre carboneutralité? On ne le sait pas. Donc, ça, c'est un
élément.
• (12 h 40) •
Comme je vous ai dit, je me suis beaucoup
attardée aussi au mémoire de la Fédération des producteurs forestiers du
Québec. Il y a plusieurs éléments, là, qui m'ont interpelée, et j'aimerais
revenir sur des recommandations qu'ils ont faites. Ils ont recommandé,
notamment, d'éviter, minimiser, compenser les pertes de milieux naturels et
forestiers par la création de nouveaux écosystèmes forestiers de valeur
équivalente dans les régions affectées. Ça, c'est définitivement, aujourd'hui,
la tendance. On doit aller vers des compensations. Parce qu'on comprend qu'une
nouvelle ligne peut avoir des impacts, ça, on n'est pas contre, mais il faut
savoir quels sont ces impacts-là et sont-ils évitables, et, sinon, sont-ils...
ou comment on peut les compenser. Mais, ça, on ne le sait pas. Alors, le
mémoire en fait... en fait mention, et je pense qu'on doit le souligner.
Et là on mentionne, ça, c'est très
intéressant, que la ligne... la ligne Hertel-New York passe dans un endroit où
Québec, la Montérégie, qu'on mentionne, qui est un des endroits où le
pourcentage de superficie forestière est le plus faible au Québec. Ça, je l'ai
appris en le lisant. Je n'étais pas au courant, donc j'étais très, très étonnée
de cette situation-là. Il y a énormément de terres agricoles en Montérégie,
donc ça peut expliquer pourquoi le pourcentage de superficie forestière est
aussi faible. Mais on a besoin de canopées, on a besoin d'arbres pour la lutte
aux changements climatiques. Ce sont des puits de carbone. Et là on ne sait pas
si ce projet-là retire de cette région-là une superficie de canopée. On
l'ignore.
Par contre, il y a quelque chose que je
dois souligner qui est très intéressant, c'est que le projet prévoit de
l'enfouissement, hein? Donc, c'est une ligne souterraine. Et, ça, je le salue
parce que ça limite tout de même beaucoup les <coupes...
Mme Dufour :
...une
ligne souterraine. Et, ça, je le salue parce que ça limite tout de même
beaucoup les >coupes forestières. C'est absolument hallucinant.
Actuellement, quand il y a une ligne de distribution qui s'installe, les
distances de coupe qu'on fait, la largeur du... c'est pire qu'une autoroute.
C'est effrayant. C'est énorme. On coupe énormément d'arbres. Alors là, d'aller
en souterrain, ça permet définitivement d'en couper beaucoup moins. Donc, je
salue cette façon de faire.
Par contre, il y a quand même des
inconvénients, il y a quand même des coupes, parce que, pour aller en
souterrain, bien, il faut creuser, il faut amener de la machinerie. Cette
machinerie-là passe peut-être à travers un boisé, on ne le sait pas. Donc, ça,
c'est quelque chose qui est souligné dans le mémoire de la Fédération des
producteurs forestiers du Québec, et je pense qu'on doit s'y attarder. Et
particulièrement pour la Montérégie, là, je ne sais pas si les élus de cette
région-là sont conscients qu'ils pourraient peut-être perdre du couvert
forestier.
Puis il y a aussi toute la question des
milieux naturels. En fait, là, j'ai parlé du couvert forestier, mais, comme je
disais, on ne sait pas si ça passe à travers des milieux humides... des milieux
hydriques, on le sait parce qu'il y a la rivière Richelieu. Et là on est dans
une situation où on est dans la lutte aux changements climatiques. On doit
absolument tenir compte des milieux naturels et, comme je disais, compenser
dans le cas où il y aurait destruction.
On mentionne, dans le mémoire, le fait
que, justement, l'enfouissement, c'est une solution, là, qui diminue l'impact
d'insertion de la ligne, mais que certains désagréments peuvent subsister. Puis
là ils mentionnent «la présence de tension parasite dans une ligne souterraine
ou bien l'incidence du dégagement de chaleur par la ligne souterraine sur le
système racinaire de la végétation». Je ne sais pas si le BAPE s'est penché
là-dessus, mais j'ai appris quelque chose et je trouve que c'est très, très,
très intéressant. J'aurais aimé pouvoir leur poser la question directement,
mais je n'étais pas présente à ce moment-là.
Ensuite... Et un élément qu'ils mentionnent
dans leur mémoire, disons, assez allègrement, là, c'est tout l'enjeu
d'expropriation. Et là c'est de ça que je vais vous parler pour le reste de mon
intervention, tout ce qui est les expropriations, de la façon que le projet de
loi est rédigé, les pouvoirs qu'Hydro-Québec s'octroie avec ce projet de loi là
ou octroierait, plutôt, avec ce projet de loi là. Il mentionne donc que la
nouvelle société va bénéficier «des mêmes pouvoirs d'expropriation accordés à Hydro-Québec»,
donc, ça, jusque-là, ça va, mais que... on rappelle que la délégation de
pouvoir d'expropriation, hein, ça doit être un acte d'exception.
Puis moi, j'ai été longuement impliquée à
la ville de Laval, donc je suis passée par ce processus-là. On a vécu ça. Ce
n'est pas un processus d'expropriation avec des contestations. Et c'est sûr que
ça l'a un impact pour les gens qui sont expropriés quand on les... on prive des
gens de leur droit de propriété. On le fait pour le bien commun, alors c'est
normal de le faire, mais il faut que ça soit bien, bien, bien balisé. Et
d'ailleurs ils rappellent... Dans leur rapport, toujours, la Fédération, là,
des producteurs forestiers rappelle que l'octroi du droit d'exproprier de façon
permanente, c'est toujours un risque important pour les propriétaires terriens.
Il faut le rappeler. Et ce qui les inquiète, donc, c'est «le retranchement du
recours aux articles 44 à 44.3 de la Loi sur l'expropriation qui élimine»,
ça, c'est l'article du projet de loi, là, je ne me... Le 7, je crois, mais je
ne suis pas certaine. C'est le 7? C'est ça. Donc, qui «élimine la possibilité
de contester l'expropriation en Cour supérieure.» Donc, on vient déposséder les
citoyens expropriés d'un droit fondamental de contestation.
Et là je me pose la question :
Pourquoi on le fait comme ça? Parce que je révisais la Loi sur l'expropriation,
puis les délais sont quand même encadrés. C'est vrai qu'il peut y avoir des
contestations, ça, on... ça peut amener un certain délai, mais ce n'est pas...
ce n'est pas... Si c'est encadré, la contestation, ce n'est pas dérisoire non
plus, les délais que ça peut ajouter. À quelque part, du moins, il faudrait
voir si c'est absolument nécessaire de priver les citoyens de leur droit
fondamental.
Par contre, je comprends que c'est un
projet avec un droit... un but collectif. Donc, je comprends le gouvernement de
vouloir aller là à ce moment-là. Et j'espère sincèrement qu'il ira au même
endroit lors de <la...
Mme Dufour :
...je
comprends le gouvernement de vouloir aller là à ce moment-là. Et j'espère
sincèrement qu'il ira au même endroit lors de >la révision, bien, parce
qu'il s'est engagé, le premier... Le premier ministre s'est engagé à réviser la
Loi sur l'expropriation, et donc il faudra absolument revoir cette loi-là pour
que le droit collectif prenne le dessus sur le droit individuel.
Et ici, dans ce projet de loi là, c'est...
Hydro-Québec fait exactement ça, il s'assure que le droit collectif... parce
qu'à quelque part, quand la ligne amène des revenus à la société d'État, c'est
des revenus pour le Québec. Donc, ce sont... c'est le droit collectif qui prime.
Il s'assure que ça soit au-delà du... du droit privé ou le droit individuel.
Mais la réalité actuellement sur le
terrain, pour les municipalités, elle est toute autre. Et là... Et là,
vraiment, je trouve que c'est... Actuellement, on a des jugements qui sortent.
Ça a sorti dans les journaux. Notamment, le boisé des Hirondelles, cette
semaine, le sénateur Paul Massicotte, que la Cour supérieure a confirmé qu'il
était victime d'expropriation déguisée, il demande 15 millions de
dollars à la ville de Saint-Bruno pour avoir, dans le fond, avoir vu sa terre
protégée. Et... Et, dans le fond ce que les... Il y a eu d'autres cas, là, il y
a eu à Mascouche aussi, la Cour suprême du Canada qui a rejeté la demande
d'appel qui était faite par la ville de Mascouche. Et c'était une... suite à
une décision de la Cour d'appel du Québec qui ordonnait à la ville à verser une
compensation financière pour expropriation déguisée. Et là, vraiment, ça...
tout ça, dans le fond, ces jugements-là viennent confirmer des demandes qui
avaient été faites par l'Union des municipalités du Québec de réformer la Loi
de l'expropriation, parce qu'actuellement ça met en péril la réalisation, là,
de projets d'intérêt public, comme le développement...
(Interruption) ...excusez-moi, le
développement de projets de transport collectif. Pensons au tramway, pensons à des
lignes de... qui pourraient se faire, là. Des lignes rapides, il y en aura
notamment dans Laval-des-Rapides qui passeront, il y aura des expropriations
nécessaires. Mais actuellement la façon que la loi est faite... Évidemment, là,
la protection de milieux naturels, ça, c'est... les... les jugements que je
vous ai mentionnés traitaient cet aspect-là, mais tous les projets collectifs,
actuellement, ont besoin d'aller à... de faire des expropriations, vivent une
situation vraiment difficile. Tous les... Toutes les municipalités, notamment,
qui n'ont pas des puits... ne sont pas des puits sans fond de... d'argent.
Donc là, ce qu'on voit, c'est la fixation
de l'indemnité qui est vraiment problématique. Il y a évidemment les délais, un
peu, mais c'est surtout la fixation de l'indemnité qui est problématique. Et ce
qui est intéressant, c'est que, dans le projet de loi qu'on a vu, qui nous est
présenté aujourd'hui, dans le fond, je vais juste vous lire les notes dans le
cahier de commentaires, on dit que «l'indemnité d'expropriation d'un bien doit
seulement se fonder sur la valeur du bien et du préjudice directement causé par
l'expropriation à la date d'expropriation.» Donc, ça, c'est ce qu'Hydro-Québec,
dans le fond, avec la loi, veut avoir. Ils veulent que l'expropriation, l'indemnité
d'expropriation soit celle... soit celle, donc, seulement du... la valeur du
bien et le préjudice, mais pas la plus-value, O.K., pas la plus-value qui
pourrait être attribuable à l'annonce publique du projet.
• (12 h 50) •
Les municipalités vivent exactement
l'inverse, là. Le plus gros des... des indemnités, ce sont les profits
potentiels futurs. Et c'est le cas, d'ailleurs, du sénateur, M. Massicotte,
qui dit : Moi, j'aurais pu faire 15 millions de dollars, là,
j'ai payé mon terrain à peu près 2 millions, j'aurais pu faire, mettons,
13 millions de profit, donc donnez-moi 15 millions. Ça, c'est ce qui...
actuellement, les... certains promoteurs exigent aux municipalités. Et le Tribunal
administratif du Québec, bien, il va dans ce sens-là de plus en plus parce que
la Loi sur l'expropriation, elle laisse un peu... un flou, là.
Je... Je vais juste vous lire des extraits
de la Loi sur l'expropriation. On dit que «l'indemnité est fixée d'après la
valeur du bien exproprié et du préjudice directement causé par l'expropriation.»
Jusque-là, vous voyez, c'est la même chose qu'Hydro-Québec, de... que... ce
qu'on veut pour Hydro-Québec ici, mais on rajoute, l'article 59 de la Loi
sur l'expropriation : «Lorsqu'une... plus-value particulière résultant de
la construction d'ouvrages ou d'améliorations effectuées par l'expropriant,
cette plus-value est compensée, jusqu'à concurrence, avec l'indemnité due à
l'exproprié.» Donc, la Loi sur l'expropriation vient prévoir une plus-value
particulière pour les... dans le fond, les profits.
Et, ça, ce droit-là, il n'est pas donné
aux municipalités, il n'est pas donné à tous les autres qui doivent exproprier.
Mais ici on vient le reconnaître, que ça a... dans le fond, ça vient, <comme...
Mme Dufour :
... qui
doivent exproprier. Mais ici on vient le reconnaître, que ça a... dans le fond,
ça vient, >comme, contrevenir les droits collectifs parce qu'on veut,
ici, le mettre dans la loi pour cette ligne-là. Donc, si on juge qu'Hydro-Québec
doit... ne doit pas payer cette plus-value-là, pourquoi on exige des
municipalités de le faire?
Et c'est pour ça, d'ailleurs, je vous
rappellerai que les demandes de l'UMQ étaient... disaient : «Ça fait 40
ans que la Loi sur l'expropriation n'a pas été modifiée substantiellement et
que le gouvernement reconnaît lui-même que la législation est problématique
parce que l'Assemblée nationale adopte une loi spéciale pour contourner la Loi
sur l'expropriation à chaque fois qu'un projet important est lancé», on disait
ici : «comme le REM ou le réseau structurant du transport collectif à
Québec.» J'ajouterais : Comme les projets d'Hydro-Québec. Alors, il est
impératif qu'on accorde ce même droit là aux municipalités.
Ensuite, je voudrais mentionner aussi que
j'ai trouvé un petit peu particulier de lire dans la loi que l'indemnité
provisionnelle est fixée par Hydro-Québec. Donc, ça, ça m'a étonnée. On dit que
c'est, dans le fond, dans le cas où... Attendez, j'ai vu ça dans les notes.
«Pour ce qui est d'une exploitation agricole, d'un commerce ou d'une industrie,
l'indemnité provisionnelle à être versée au début du processus d'expropriation
sera fixée par Hydro-Québec au lieu d'être fixée par le Tribunal administratif
du Québec.» J'aimerais bien comprendre pourquoi on prend cette provision-là
parce que la Loi sur l'expropriation encadre quand même bien les indemnités
provisionnelles. Alors, je ne sais pas pourquoi Hydro-Québec a besoin de fixer
elle-même, elle-même les indemnités provisionnelles. Ça, je trouve qu'il y a
quelque chose ici qu'on devrait peut-être regarder davantage. Puis d'ailleurs
ça fera partie des questions — vous pouvez déjà aller chercher des
réponses — que je poserai cet après-midi. Et après ça je pense que ça
complète. Excellent. Excellent.
Ah! je voudrais juste terminer avec des
extraits d'une lettre ouverte qui a été publiée... c'est, je crois, cette
semaine ou la semaine passée, par un conseiller municipal de Saint-Bruno. Et
là, là, ça va... ça vient, tout son sens, conclure un peu ce que je viens de
dire. On dit bien : «La grande majorité des municipalités n'a pas la
capacité financière d'offrir de telles compensations, celles, par exemple,
demandées par le sénateur Massicotte, que ce genre d'indemnité là oppose le
droit collectif — on pourrait dire environnement, Hydro-Québec — au
droit individuel, le droit aux profits spéculatifs, et qu'il est impossible,
là, de mettre en place des mesures environnementales si on continue dans la
même direction, que les indemnisations sont déconnectées de la réalité
économique.»
Alors, je crois que vous comprendrez que
l'article... le projet de loi d'Hydro-Québec va dans la bonne direction pour ce
qui est des municipalités pour l'expropriation. Alors, je vous invite à faire
de même pour la Loi sur l'expropriation. Merci beaucoup.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée. À moins que d'autres membres de la commission ne souhaitent
s'exprimer, ceci met fin aux remarques préliminaires.
Nous en sommes donc maintenant aux motions
préliminaires. Donc, je comprends que, Mme la porte-parole de l'opposition
officielle, vous souhaitez déposer une motion?
Mme McGraw : Oui, M. le
Président. Je suis prête à lire la motion quand vous me permettrez.
Le Président (M. St-Louis) : Donc,
M. le secrétaire?
Une voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Nous
allons déposer sur Greffier dans quelques secondes. Dès que ce sera fait et que
tout le monde aura pu en prendre connaissance, je vous demanderai de...
Une voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : C'est
beau. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, vous pouvez...
Mme McGraw : ...
Le Président (M. St-Louis) : Oui,
vous pouvez procéder à la lecture.
Mme McGraw : Alors, la motion
préliminaire se lit comme suit :
Conformément à l'article 244 du règlement
de l'Assemblée nationale, je fais motion afin :
«Que, la Commission de l'agriculture, des
pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de la loi n° 13, Loi
concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New York, entende le Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement.»
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la <députée...
Le Président (M. St-Louis) :
...merci,
Mme la >députée. Vous pouvez procéder aux explications. Excusez-moi.
Allez-y.
Mme McGraw : Première fois en
étude détaillée, donc merci, M. le Président, pour me conseiller.
Alors, je dépose une motion préliminaire
ce matin pour entendre le BAPE. J'aimerais rappeler que l'objet des motions
préliminaires est de voir à l'organisation fonctionnelle des travaux de la
commission. Le but et l'esprit d'une motion préliminaire sont de proposer les
meilleurs moyens afin d'aider la commission à accomplir son mandat, notamment en
tenant des auditions publiques ou, comme dans le cas présent, en utilisant
d'autres moyens pour éclairer le parlementaire et organiser ses travaux. Alors,
voilà pourquoi nous jugeons nécessaire d'entendre le BAPE avant de procéder à
l'étude détaillée du projet de la loi n° 13.
Nous sommes flexibles, M. le Président.
Nous ne souhaitons pas retarder les travaux de la commission. Alors, si la
partie... pardon, si le parti gouvernemental accepte et vote pour notre motion
préliminaire, nous pourrions débuter l'étude détaillée dès maintenant et
attendre le BAPE mardi prochain.
J'aimerais rappeler, M. le Président, car
j'ai fait mes devoirs, et, pour moi, il est inadmissible que, premièrement, le
BAPE se soit désisté de nos consultations et, deuxièmement, il est inadmissible
que nous n'ayons pas en main le rapport du BAPE sur le projet de la ligne
d'interconnexion Hertel-New York, et ce, même si le gouvernement nous
répète que ce n'est pas la même chose.
Alors, premièrement, le désistement du
BAPE. Vous savez quoi, M. le Président? Je suis déçue du BAPE et, ce matin, je
souhaite leur offrir une deuxième chance. Je suis déçue, car il s'agit de ma
première étude détaillée sur un projet de loi, et je n'ai pas l'ensemble des
informations nécessaires pour bien faire mon travail. Et je me pose la question
face à la banquette ministérielle, collègues qui, je sais, sont sérieux, et
comment on peut procéder. Pourquoi ils seraient prêts à procéder, à voter à
l'aveugle sur un projet tel p.l. n° 13, projet de
loi... p.l. n° 13?
Alors, j'ai un message pour le BAPE
aujourd'hui : Oui, vous avez un code d'éthique, et nous respectons cela.
Cependant, quand les élus, les parlementaires demandent et consentent à ce
qu'un organisme public soit entendu en commission parlementaire sur un projet
de loi, la moindre des choses, c'est de participer à l'exercice. L'audition du
BAPE, en tout respect, le gouvernement y avait consenti. Le gouvernement
consentait donc à ce que le Bureau des audiences publiques en environnement
vienne partager son expertise avec les parlementaires. Nous sommes capables de
faire preuve de jugement, M. le Président. Nous aurions très bien pu ajuster
nos questions afin de faire en sorte que le devoir de réserve de la présidente
du BAPE soit préservé.
Nous ne souhaitons pas être pénalisés dans
nos droits, et c'est pour cette raison que nous revenons à charge aujourd'hui.
D'ailleurs, j'ai pris connaissance de la lettre de désistement du BAPE, ici, et
j'aimerais en souligner quelques passages. La présidente par intérim justifie
le désistement de l'organisme public...
Le Président (M. St-Louis) : Excusez-moi,
Mme la députée. Il est déjà 13 heures.
Mme McGraw : Ah oui? Parfait.
Le Président (M. St-Louis) : Nous
allons donc suspendre les travaux et nous serons de retour à 14 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 13 heures)
14 h (version révisée)
(Reprise à 14 h 03)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
votre attention, s'il vous plaît! La Commission de l'agriculture, des
pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles reprend ses travaux. Au
moment de la suspension, nous en étions aux motions préliminaires. Nous étions
avec la députée de Notre-Dame-de-Grâce sur les remarques sur... Bien, en fait, Mme
la députée est l'auteure de cette motion. Donc, Mme la députée, vous disposez
de 25 min 9 s. La parole est à vous.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Alors, j'en profite pour reprendre, pas tout, mais puisqu'on a pris
un petit dîner. Alors, M. le Président, je vais revenir sur les raisons pour
lesquelles je dépose une motion préliminaire, ce... bien, cet après-midi
maintenant, pour entendre le BAPE. Alors, j'aimerais rappeler que l'objet des
motions préliminaires est de voir à l'organisation fonctionnelle des travaux de
la commission. Le but et l'esprit d'une motion préliminaire sont de proposer
les meilleurs moyens afin d'aider la commission à accomplir son mandat,
notamment en tenant des auditions publiques ou, comme dans le cas présent, en
utilisant d'autres moyens pour éclairer le parlementaire et organiser ses
travaux. Alors, voilà pourquoi nous jugeons nécessaire d'entendre le BAPE avant
de procéder à l'étude détaillée du projet de loi n° 13.
Mais je répète que nous sommes flexibles, M.
le Président, nous ne souhaitons pas retarder les travaux de la commission.
Alors, si le parti gouvernemental accepte et vote pour notre motion, nous
pourrions débuter l'étude détaillée dès maintenant et entendre le BAPE mardi
prochain. J'aimerais rappeler, M. le Président, car j'ai fait mes devoirs, et,
pour moi, il est inadmissible que, premièrement, le BAPE se soit désisté de nos
consultations et, deuxièmement, que nous n'ayons pas en main le rapport du BAPE
sur le projet de ligne d'interconnexion Hertel-New York, et ce, même si le
gouvernement nous répète que ce n'est pas la même chose.
Alors, premièrement, le désistement du
BAPE, je suis déçue, M. le Président, du BAPE, et cet après-midi je souhaite
leur offrir une deuxième chance. Je suis déçue parce que, comme je l'ai déjà
mentionné, c'est ma première étude détaillée sur un projet de loi et je n'ai
pas l'ensemble des informations nécessaires pour bien faire mon travail de
députée, de parlementaire.
J'ai un message pour le BAPE aujourd'hui :
Oui, vous avez un code d'éthique, et nous respectons cela à 100 %. Cependant,
quand les élus, les parlementaires demandent et consentent à ce qu'un organisme
public soit entendu en commission parlementaire sur un projet de loi, la
moindre des choses, c'est de participer à l'exercice.
L'audition du BAPE, en tout respect, le
gouvernement y avait consenti. Le gouvernement <consentait...
Mme McGraw :
...respect,
le gouvernement y avait consenti. Le gouvernement >consentait donc à ce
que le Bureau des audiences publiques en environnement vienne partager pas son
opinion, mais son expertise avec les parlementaires. Nous sommes capables de
faire preuve de jugement, M. le Président, nous aurions très bien pu
assister... ajuster, je devrais dire, nos questions afin de faire en sorte que
le devoir de réserve de la présidente du BAPE soit préservé.
Nous ne souhaitons pas être pénalisés dans
nos droits, et c'est pour cette raison que nous revenons à la charge
aujourd'hui. D'ailleurs, j'ai pris connaissance de la lettre de désistement du
BAPE, datée du 9 mars, et j'aimerais souligner quelques passages. Je pense
que j'étais rendue là ce matin.
La présidente par intérim justifie le
désistement de l'organisme public puisqu'elle est tenue en tout temps de
respecter le code de déontologie des membres du BAPE. En se servant des
articles 18, 19 et 20 de son code d'éthique pour se désister d'une
présence en commission parlementaire, le BAPE n'a fait qu'éveiller des
questionnements de notre part.
Prenons l'article 18 du code
d'éthique du BAPE qui se lit comme suit, et je cite : «Le membre fait
preuve de réserve dans la manifestation publique de son opinion concernant un
projet controversé lié à l'environnement et s'abstient de prendre position
publiquement sur tout projet faisant l'objet ou pouvant faire l'objet, dans un
avenir prévisible, d'un mandat du bureau.»
De plus, dans la même lettre, la
présidente par intérim nous informe que, et je cite, «par ailleurs, il est
important de préciser qu'à la demande du ministre le BAPE a tenu récemment une consultation
ciblée sur le projet de ligne d'interconnexion Hertel-New York, laquelle a
débuté le 12 décembre 2022».
Le rapport d'enquête du BAPE a été déposé
au ministre responsable de l'Environnement le 1er mars, et celui-ci a
15 jours pour le rendre public. Ça peut être avant 15 jours, mais pas
plus que 15 jours. À noter que les constats et les avis d'une commission
d'enquête sont basés sur une documentation rendue publique sur le site Web du
BAPE au fur et à mesure de ses travaux.
• (14 h 10) •
Je vous rappelle, M. le Président, si le
BAPE avait accepté de venir nous rencontrer lors des auditions publiques des
consultations particulières cette semaine que nous avons tenues, je ne serais
pas en train de proposer une motion préliminaire en ce moment.
Deuxièmement, en deuxièmement... en
deuxième lieu, je devrais dire, le projet de loi n° 13
ajouté à l'horaire hier en après-midi. M. le Président, nous allons collaborer
sur ce projet de loi et nous avons voté pour le principe du projet de loi.
Cependant, je le rappelle, il nous manque un élément clé pour bien faire notre
travail.
J'ai parlé au ministre délégué de
l'Économie et au ministre de l'Environnement hier. Je vous confirme que le
rapport du BAPE sera rendu public aujourd'hui, à 16 h 30. Mais quelle
était l'urgence du leader du gouvernement de convoquer l'étude détaillée du
projet de loi n° 13 aujourd'hui, alors qu'il savait très bien que le
rapport d'enquête qui a été commandé par le ministre de l'Environnement sur le
projet de la ligne d'interconnexion Hertel-New York allait être rendu
public en fin de journée? Quelle était l'urgence du leader du gouvernement?
Le fait que la présidente du BAPE s'appuie
sur le fait qu'elle doit faire preuve de réserve dans la manifestation publique
de son opinion concernant un projet controversé lié à l'environnement me rend
très perplexe. Les apparences, M. le Président, elles sont importantes.
L'apparence que le gouvernement donne actuellement, c'est d'aller le plus vite
possible avant qu'un rapport d'enquête, et je répète, avant que le rapport
d'enquête demandé par le gouvernement soit rendu public.
Alors, M. le Président, nous déplorons
cette façon de faire du gouvernement. Nous avons été en <bonne...
Mme McGraw :
...nous
déplorons cette façon de faire du gouvernement. Nous avons été en >bonne
foi et nous avons fait toutes les démarches pour que nos travaux se déroulent
correctement. Comme je l'ai dit, j'ai même eu la chance de parler directement à
deux ministres. Nous avons, M. le Président, fait des représentations auprès du
gouvernement pour ne pas retarder les travaux, justement, pour qu'on puisse
passer à l'étude détaillée mais avec le rapport du BAPE, pour bien faire les
choses et faire les choses en ordre.
Nos représentations ont été, c'est dommage
de le dire, ignorées par le leader du gouvernement. M. le Président, vous
gouvernez nos travaux, vous le faites bien et vous appliquez un principe
fondamental pour le bon fonctionnement de notre commission, vous favorisez ce
débat. Ce sont des faits, M. le Président, l'opposition propose d'améliorer
l'organisation de nos travaux, tel que le règlement le permet. C'est pourquoi,
dans un esprit de favoriser le débat, nous demandons aux collègues de bien
vouloir accepter et voter pour entendre le BAPE. Il n'y aura plus autre... il
n'y aura... il n'y aura plus aucune raison éthique à ce moment pour ne pas
entendre le BAPE.
Et, en parlant du BAPE, j'ai... en
attendant le rapport... le rapport... que le rapport soit rendu public, on a
été voir au site d'Hydro-Québec, au site du ministre de l'Environnement, de la
Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, il y a
quand même d'autres documents qui... qui sont... qu'on voudrait souligner.
Dans la section Avis de projet, daté du
6 août 2021, donc ça commence même en 2021, un document d'Hydro-Québec, Avis
de projet, document de quatre pages.
Ensuite, Directive ministérielle, il y
avait trois éléments : la directive datée en août 2022... 2021, je devrais
dire, publiée, encore une fois, le 6 août 2021; deuxièmement, avis
d'évaluation environnementale, aussi en août 2022. Ensuite, parmi les trois
éléments de la directive ministérielle, il y avait aussi les résultats... pardon,
l'avis d'évaluation environnementale, encore une fois, Hydro-Québec... pardon,
résultats des consultations publiques sur les enjeux, compilation des enjeux
soumis dans le cadre de la consultation sur les enjeux que l'étude d'impact devrait
aborder, et ce, en septembre 2021, de 11 pages.
Recevabilité de l'étude d'impact, il y
avait 25 éléments. Je ne passerai pas à travers les 25.
Participation publique, et je prends le
temps de souligner les sept éléments : donc, il y avait la lettre
demandant au BAPE d'annoncer le début de la période d'information publique, et
ça, en septembre 2022; la lettre demandant à l'initiateur du projet
d'entreprendre la période d'information publique, septembre 2022; Hydro-Québec,
avis sur la tenue d'une période d'information publique, en septembre 2022;
ensuite, lettre mandatant le bureau, le BAPE, de tenir une consultation ciblée,
novembre 2022; auteurs multiples, requêtes d'audience ou de médiation, en
octobre 2022; recommandation du BAPE sur le type de mandat qui devrait lui être
confié, novembre 2022; ensuite, le... il y a d'autres documents sur le site du
BAPE sur ce projet.
L'analyse, les sections Analyse
environnementale, on ne peut pas, parce que ce n'est pas encore disponible, ni
la décision, évidemment, ni le suivi.
Donc, voilà quelques documents clés.
Alors, je souligne encore une fois à quel point c'est essentiel d'avoir... de
pouvoir faire notre travail de parlementaires, de législateurs au nom des
Québécois, c'est de notre devoir, et il nous manque le rapport, et le
désistement du BAPE est préoccupant.
Alors, notre... notre motion va dans ce
sens-là, alors je répète, pour <conclure...
Mme McGraw :
...préoccupant.
Alors, notre... notre motion va dans ce
sens-là, alors je répète, pour >conclure, qu'on propose d'améliorer
l'organisation de nos travaux, tel que le règlement le permet. Et, dans un
esprit de favoriser le débat, de favoriser un débat démocratique, rigoureux,
basé sur les faits, nous demandons aux collègues de bien vouloir accepter et
voter pour entendre le BAPE. Et, je souligne encore, il n'y aura plus de raison
éthique, à ce moment, pour ne pas entendre le BAPE. Alors, merci, M. le
Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Nous en sommes maintenant aux remarques sur la motion
préliminaire déposée par l'opposition officielle pour la partie
gouvernementale. M. le ministre, la parole est à vous, vous disposez de
30 minutes.
M. Skeete : Merci beaucoup,
M. le Président. J'apprécie. Merci aussi à la collègue de nous expliquer la
raison derrière son intervention. Il est vrai, on s'est parlé hier, on s'est
parlé tantôt. Comme j'ai dit à la collègue, les négociations qui se font au
niveau de nos leaders respectifs sur le calendrier législatif, c'est le fruit
de négociations de bonne foi, d'égal à égal. Donc, si nous sommes ici
aujourd'hui, c'est parce que tout le monde le voulait, un.
Deux, bien, le BAPE, c'est un organisme
indépendant. Ils ont été invités, ils ont décliné. J'imagine, s'ils avaient
quelque chose à dire, ils viendraient le dire. Puis on ne va quand même pas
leur tordre un bras pour venir nous dire ce qu'ils n'ont pas le goût de nous
dire. Ça fait que, moi, je fais confiance que s'il y avait quelque chose
d'important, de significatif, de «deal breaker», ils seraient venus nous le
dire. Donc, je ne pense pas que ce serait approprié de forcer le BAPE, à ce
stade-ci, de venir se présenter. Ça fait que voilà, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Maintenant, nous en sommes aux remarques sur la
motion déposée par l'opposition officielle au porte-parole de la deuxième
opposition. Donc, M. le député de Maurice-Richard, la parole est à vous, vous
disposez de 30 minutes.
• (14 h 20) •
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
M. le Président. D'entrée de jeu, je dirais que cette motion est vraiment très,
très bonne. Je l'apprécie énormément. Ce que j'apprécierais encore plus, c'est
qu'on ait les documents dont on a besoin pour pouvoir travailler. J'ai entendu
les remarques de M. le ministre et je dois avouer mon étonnement que le fait
qu'on puisse avoir accès à des documents qui nous permettent de bien faire
notre travail soit objet de négociation. Encore une fois, ça doit être ma
naïveté, mon amour pour le travail législatif et pour cette institution qui
fait en sorte que je pense qu'il est quand même assez minimal qu'on puisse
avoir accès à un document d'analyse d'impact environnemental qui touche directement
au projet de loi qu'on est en train d'étudier et qui nous permettrait tout
simplement d'accélérer ces travaux étant donné qu'avec plus d'informations ça
nous permet d'avancer beaucoup, beaucoup plus vite. Mais je comprends qu'il est
important pour la partie gouvernementale de nous faire patienter, donc nous
patienterons.
Ceci étant dit, cette situation vient dans
une situation plus globale, j'en ai parlé tout à l'heure. Et, pour ne pas
parler comme le voudra mon collègue de Beauce-Sud...
Une voix : ...
M. Bouazzi : S'il vous plaît,
vous êtes bien...
Le Président (M. St-Louis) : S'il
vous plaît! M. le député de Beauce-Sud, on n'est pas à une étape de débat, on
est à une étape de remarques. La parole est au député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Je suis très
étonné de la réaction de mon collègue étant donné que je n'avais pas encore dit
ce qui avait... ce que j'allais dire, donc, après, c'est qu'effectivement nous
pouvons au minimum remarquer des faits, et les faits sont les suivants, c'est
qu'il y a de l'information qui est retenue, qui n'est pas donnée au législateur
et que, pour ne pas parler de manque de transparence, on peut au minimum parler
d'inquiétude certaine. Et je suis sûr que c'est un langage qui plaira à mon
collègue.
Donc, si on revient dans un... dans un
environnement plus large, <actuellement...
M. Bouazzi :
...Donc,
si on revient dans un... dans un environnement plus large, >actuellement,
nous, la transparence, les informations dont on a besoin, elles sont évidemment
plus larges que cette motion-là. On a parlé tout à l'heure du fait que jusqu'à
maintenant on n'a toujours pas été capable d'avoir Mme Sophie Brochu en
commission parlementaire pour nous parler du plan stratégique. Mais
actuellement, encore une fois, on ne voit pas pourquoi est-ce que cette motion
ne pourrait pas être acceptée. On a aussi parlé du fait que le gouvernement
refuse la demande des associations de la société civile qui veulent un BAPE générique.
Et on ne voit toujours pas pourquoi ceci ne peut pas être accepté.
Il nous manque des informations cruciales
dans ce débat, et c'est le cas encore aujourd'hui pour le projet de loi n° 13
qui est devant nous. Comme parlementaires, comme parti d'opposition, on doit
faire notre travail avec rigueur. Nous sommes législateurs, nous aussi. On doit
avoir cette information à notre disposition pour pouvoir nous prononcer en tout
état de cause.
Tout ce qu'on a reçu, c'est la lettre de
correspondance adressée par le BAPE à la CAPERN, et je vais vous la lire, et
vous verrez pourquoi est-ce que nos inquiétudes ne sont pas réglées. Donc, pour
le projet de loi n° 13, Loi concernant la ligne d'interconnexion
Hertel-New York :
«M. Garant, la présente fait suite à
notre convocation à participer le 14 mars prochain, à 11 h 40,
aux consultations particulières de la Commission de l'agriculture, des pêches,
de l'énergie et des ressources naturelles sur le projet de loi cité en objet.
Nous avons pris connaissance attentivement de ce projet de loi et, après
analyse, nous constatons qu'aucun élément de celui-ci ne touche à la mission
des activités du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, le BAPE.
«Le BAPE est un organisme gouvernemental
impartial relevant du ministre responsable de l'Environnement. Le bureau
informe et consulte les citoyens, enquête puis avise le ministre sur les
dossiers qu'il lui confie afin d'éclairer la prise de décision gouvernementale...
afin d'éclairer la prise de décision gouvernementale. Le BAPE n'a pas le
pouvoir d'autoriser ou de refuser un projet ni celui de l'autosaisir... de
s'autosaisir d'un dossier ou d'une question relative à la qualité de
l'environnement.
«Par ailleurs, il est important de
préciser qu'à la demande du ministre le BAPE a tenu récemment une consultation
ciblée sur le projet de ligne d'interconnexion Hertel-New York, laquelle a
débuté le 12 décembre 2022 — le projet dont on parle aujourd'hui.
Le rapport d'enquête du BAPE a été déposé au ministre responsable de
l'Environnement le 1er mars dernier — on est quel jour... ça
fait déjà un certain nombre de jours — et celui-ci a 15 jours
pour le rendre public. À noter que les constats et les avis de commission
d'enquête sont basés sur une documentation rendue publique sur notre site Web
au fur et à mesure de ses travaux.
«En tant que ministre et présidente par
intérim du bureau, je suis tenue à respecter en tout temps les obligations du
code de déontologie des membres du BAPE. J'attire votre attention sur les
articles 18, 19 et 20 qui précisent que "le membre fait preuve de
réserve dans la manifestation publique de son opinion concernant un projet
controversé lié à l'environnement et s'abstient de prendre position
publiquement sur tout projet faisant l'objet ou pouvant faire l'objet, dans un
avenir prévisible, d'un mandat du bureau; qu'un membre ne commente pas les
rapports du bureau et qu'il s'abstient pendant la durée de son mandat, comme
membre du bureau, de commenter publiquement les décisions relatives à un projet
qui a fait l'objet d'un rapport du bureau".
«Considérant les éléments mentionnés
précédemment, nous devons respectueusement décliner votre invitation et nous
vous saurions gré de faire parvenir cette lettre aux membres de la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles.»
Donc, comme nous l'apprend le BAPE, il y a
de l'information à caractère public qui est sur le bureau du ministre de
l'Environnement, qui porte précisément sur le projet de ligne qui fait l'objet
du projet de loi n° 13 et à laquelle on n'a pas accès. Je reste persuadé,
sincèrement persuadé que cette situation ne peut pas satisfaire aucun <législateur...
M. Bouazzi :
...sincèrement
persuadé que cette situation ne peut pas satisfaire aucun >législateur,
qu'il y ait des informations comme celles-là qui portent directement sur le
projet de loi qu'on touche aujourd'hui, et qui ne peut pas nous être rendu
public. J'ai du mal à croire que c'est une question de négociation, comme j'ai
entendu M. le ministre le dire, pour pouvoir avoir de l'information
pertinente...
Le Président (M. St-Louis) : M.
le député, un instant, s'il vous plaît. Oui, M. le ministre.
M. Skeete : J'ai dit que si
on était assis, puis selon la cédule actuelle, c'était le fruit de
négociations, que le dépôt du BAPE, ce n'est pas ça que j'ai dit. Alors, je
demanderais à ce qu'on se tienne sur le principe et les propos que j'ai tenus.
Le Président (M. St-Louis) : M.
le ministre, à moins que ce soit un point de règlement.
M. Skeete : Bien, c'est un
point de règlement, on me prête des intentions.
Une voix : ...
M. Skeete : On prête des
intentions, on me prête des intentions, je n'ai jamais soulevé le fait que le
BAPE et le dépôt du BAPE étaient sujets à négociation. Ce que j'ai dit
précisément, c'était que la cédule organisée pour le dépôt des commissions
parlementaires l'était. Puis ça fait deux fois que vous le faites, ça fait que
là, tu sais, il y a nouveau puis il y pas comprendre.
M. Bouazzi : O.K. Je
comprends.
Le Président (M. St-Louis) : Je
pense qu'on est tous ici de bonne foi pour le bon avancement des travaux. Donc,
on va reprendre. Merci de votre intervention. M. le député, la parole est à
vous.
M. Bouazzi : Ceci étant dit,
moi, je rappelle et puis j'insiste sur le fait qu'on aimerait bien que ça
avance beaucoup, beaucoup plus vite et que plus vite on va avoir ce rapport,
plus vite ça avance. Malheureusement, on doit expliquer pourquoi est-ce que
c'est important d'avoir ce rapport pour faire en sorte que notre travail de
législateur soit bien fait, et je pense, c'est important de le faire pour ce
projet de loi et pour tous les prochains projets de loi où il y aura un rapport
pertinent qui va traîner sur les bureaux d'un ministre et qui ne sera pas rendu
public pour le législateur pour qu'il puisse faire son travail de la meilleure
manière dont le peuple du Québec nous a mandatés et pour lequel nous avons
prêté toutes et tous serment.
Donc, je veux être très clair, il n'est
pas possible pour nous de pouvoir nous prononcer en connaissance de cause sur
le projet de loi n° 13 sans avoir eu en main le rapport de consultation
ciblée mené par le BAPE en décembre dernier sur le projet de ligne
d'interconnexion Hertel-New York qui fait directement l'objet du projet de
loi.
• (14 h 30) •
Qu'est-ce qui arrive si on apprend, dans
les résultats de la consultation, qu'il y a un aspect très problématique relié
à un article du projet de loi, mais qu'on a déjà complété l'étude de l'article
en commission? Je comprends que le gouvernement n'a pas grand-chose à mettre
dans la moulinette des travaux parlementaires, donc il presse le pas sur le
projet de loi n° 3, tout se fait très rapidement, mais c'est une raison
pour nous... ce n'est pas une raison pour nous forcer à étudier le projet de
loi avant le dépôt du rapport du BAPE, surtout que la date du dépôt ne dépend
pas de nous et qu'il est même possible que ce rapport ait été... il aurait été
possible que ce report ait été, donc, déposé en amont, ce qui nous permettrait
d'accélérer notre travail de législateur.
C'est d'autant plus étonnant qu'il y a des
choses vraiment pertinentes et positives dans ce projet de loi, nous en avions
parlé, un accord historique avec des membres des Premières Nations, et on
aimerait bien accélérer le travail pour pouvoir faire avancer, entre autres
choses, cet accord historique. Le ministre de l'Environnement aurait très bien
pu aussi dévoiler le résultat, donc, de la consultation bien avant, c'est sur
son bureau depuis le 1er mars. Pourquoi le gouvernement a-t-il choisi
d'utiliser le maximum de la période des 15 jours? S'il n'y a rien à
cacher, pourquoi nous forcer à faire l'étude détaillée sans cette information?
C'est bizarre, M. le Président, et j'irais même jusqu'à dire que je suis
inquiet.
Je veux présumer de la bonne foi de la
partie gouvernementale, sincèrement, mais le fait qu'il nous donne toutes les raisons
de craindre le pire, puisqu'il nous presse de faire l'étude détaillée avant le
dévoilement du rapport, plus j'anticipe qu'est-ce qu'il y a dans ce rapport.
Vous savez, la bonne foi, c'est aussi de permettre à tous les collègues de
faire leur travail avec toute l'information disponible. On parle ici
d'information à caractère public qui doit être dévoilée de toute façon. C'est
seulement à 16 heures aujourd'hui, selon ce que je comprends, que ces
informations seront dévoilées. Je ne comprends pas à quoi ça sert de nous
forcer à procéder à l'étude détaillée quand on a déjà informé la partie
gouvernementale qu'il était hors de question qu'on commence avant d'avoir
obtenu ledit rapport. On perd notre temps...
14 h 30 (version révisée)
M. Bouazzi : ...hors de
question qu'on commence avant d'avoir obtenu ledit rapport. On perd notre temps
et on fait perdre notre temps. C'est kafkaïen, c'est ridicule, et, de ma courte
expérience de député, j'espère sincèrement, pour tous les prochains projets de
loi, et, pour celui-là, incluant, nous n'allons pas avoir à demander de manière
aussi insistante l'accès à un document qui, normalement, aurait dû nous être
donné depuis le début pour qu'on puisse faire notre travail de législateurs. La
moindre des choses, c'est d'inviter le BAPE à venir nous soumettre le rapport.
Sinon, le gouvernement peut aussi juste nous le remettre. Ils l'ont depuis le 1er
mars. Au pire, on doit ajourner les travaux d'ici à ce que le rapport soit dévoilé.
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Nous en sommes maintenant à l'étape où les remarques sur la
motion préliminaire déposée par l'auteur… Ce sont les remarques de l'opposition
officielle. Donc, la parole est au député de l'Acadie. Vous avez 30 minutes.
M. Morin : Merci. Merci, M.
le Président. À ce stade, j'interviens au nom du chef de l'opposition
officielle, le chef de ma formation politique, le PLQ. Et donc je veux faire
part à la commission de mes observations en ce qui a trait à la motion
préliminaire qui a été déposée par ma collègue. Évidemment, j'appuie cette
motion. Ça me semble être évident. Et c'est d'autant plus étrange ou curieux
que, si mon calcul est bon, M. le Président, ce rapport, éventuellement, va
devenir public cet après-midi, et on veut continuer à ce que les parlementaires
travaillent sans qu'on ait un élément essentiel pour faire notre travail. Alors,
moi, je tiens à souligner ce fait et à partager avec vous mes observations
là-dessus.
J'ai lu avec attention la lettre qui a été
envoyée par la présidente par intérim du BAPE. Je comprends. Je comprends, et c'est
normal, et c'est bien, que le BAPE ait un code de déontologie, évidemment qu'il
le respecte, sauf que ma compréhension ici en les invitant, ce n'était
absolument pas pour les inciter à ne pas respecter ce code, mais plutôt à
éclairer le travail des parlementaires dans le cadre d'une étude d'un projet de
loi qui est, par ailleurs, très important.
Donc, évidemment, on veut respecter le
BAPE et son code de déontologie. On m'informait même tout à l'heure que, dans
une première fois, ils avaient même accepté de venir rencontrer la commission.
Maintenant, bon, la décision du BAPE est différente, mais il n'en demeure pas
moins que, compte tenu de son mandat, compte tenu de son travail, il me semble
fondamental que les parlementaires puissent avoir accès à ce document, et, bon,
évidemment, l'avenir nous le dira, là, parce qu'on va continuer nos travaux, M.
le Président, mais, si, à un moment donné, on finit par avoir accès au rapport,
je pense qu'il serait important que le BAPE puisse venir nous expliquer ce
rapport, et, évidemment, à ce moment-là, il n'y aurait plus de difficulté en
lien avec le code de déontologie, et venir éclairer les parlementaires sur ce
projet de loi, et qui, en fait, vise la construction d'une ligne électrique de
haut voltage, mais qui va passer à travers une région du Québec qui, déjà, ne
possède plus beaucoup de forêts.
Donc, c'est d'autant plus important, s'il
y a des enjeux, que nous les connaissions, et, dans le temps qui m'est alloué,
M. le Président, j'aimerais vous expliquer pourquoi, à mon avis, il est
important d'avoir ce rapport et pourquoi il est important éventuellement d'entendre
le BAPE. Pourquoi? Bien, quand on regarde la mission du BAPE, on dit que le
BAPE est là pour informer, consulter la population et faire enquête afin d'aviser
les autorités, donc, le ministre de l'Environnement, dans le but d'accomplir sa
mission. Le BAPE, et ce n'est pas rien, le BAPE a pour mission d'éclairer la <prise...
M. Morin :
...d'éclairer
la >prise de décision gouvernementale.
Donc, au fond, c'est ce que nous
demandons, M. le Président. On aimerait que les parlementaires soient éclairés
par ce rapport dans le cadre de l'étude de ce projet de loi important. Et,
évidemment, pour réaliser sa mission, le BAPE doit offrir les conditions
propices pour que les citoyennes et citoyens puissent s'informer et s'exprimer,
et ça aussi, c'est fondamental. On parle d'un projet de loi… On parle de la
construction d'une ligne électrique qui va traverser une partie de la
Montérégie jusqu'à la frontière des États-Unis, endroit du Québec où il y a
quand même un bon nombre de populations qui y vivent avec des villes
importantes. Donc, il me semble que ce serait d'autant plus important que
d'avoir ce rapport et d'avoir l'information, l'expertise du BAPE.
Voilà pour la mission, mais l'approche du
BAPE… et ça aussi, c'est important, parce que le BAPE est là pour aider le
gouvernement, pour produire des avis crédibles, documentés. Pourquoi? Bien,
pour permettre au gouvernement puis nous, à l'étape de l'étude de ce projet de
loi, donc, les parlementaires, d'être capables de prendre des décisions et de
bien cerner les enjeux écologiques, sociaux et économiques des projets. Et, M.
le Président, je ne crois pas me tromper en vous disant cet après-midi qu'il y
a probablement très peu de Québécois et de Québécoises qui ne sont pas
intéressés par les enjeux écologiques, sociaux et économiques. Ça m'apparaît
totalement essentiel.
Quand on regarde ces trois piliers, avec
le projet de loi, en ce qui a trait aux enjeux économiques, bien, évidemment,
on se rend compte qu'exporter autant d'énergie va avoir des retombées
significatives pour le Québec, mais qu'en est-il des enjeux sociaux, et surtout
qu'en est-il des enjeux économiques? Parce que, quand on regarde le tracé, et
le tracé, je l'ai trouvé dans un document d'information, de consultation
d'Hydro-Québec du printemps 2021, ligne d'interconnexion Hertel-New York…
et on se rend compte très rapidement, à la lecture, même juste à voir le tracé,
que la ligne va franchir plusieurs rivières, des ruisseaux, visiblement, des
terres agricoles, passer à côté de villages, des terrains humides, des boisés,
pour aller finir… Et là, enfin, je ne suis pas un expert avec le tracé, mais,
quand je regarde la carte, en tout cas, ça finit dans le milieu de la rivière
Richelieu, juste avant le début du lac Champlain. Alors, j'imagine qu'après,
bien, ça va passer complètement sous le Richelieu pour aller vers les
États-Unis, mais, quand on parle d'enjeux écologiques et sociaux, bien, je
pense que n'importe quel citoyen qui regarderait le tracé verrait qu'il y aura
sûrement des enjeux écologiques, et donc qu'il est important d'avoir ce rapport
pour être capables de faire notre travail adéquat de parlementaires.
• (14 h 40) •
C'est tellement vrai qu'il y a des enjeux
écologiques, sociaux et économiques que ma compréhension, c'est qu'on a demandé
au BAPE de faire son travail. Ce n'est pas un petit projet. C'est un projet
d'envergure. Et donc il était normal qu'il en soit ainsi. D'ailleurs,
Hydro-Québec a envoyé un avis public d'évaluation concernant un avis
d'évaluation environnementale indiquant aux citoyens et aux citoyennes qu'ils
pouvaient donner leurs renseignements, leur information, leur opinion sur le
tracé, et l'avis disait même : «Toute personne, tout groupe ou toute
municipalité peut faire part au ministre par écrit des observations sur les
enjeux que l'étude d'impact du projet devrait aborder.» Donc, ce volet là a été
fait. Puis, quand on regarde et qu'on revient au tracé, on voit
qu'effectivement le tracé va franchir différentes <municipalités...
M. Morin :
...différentes
>municipalités. Le ministère de l'Environnement, bien sûr, avec le BAPE,
a fait son travail.
Et donc, en août 2021, en lien avec le
projet de ligne d'interconnexion Hertel-New York, il y a eu une directive pour
la réalisation d'une étude d'impact sur l'environnement, et cette directive-là,
M. le Président, elle est importante. Je pense qu'elle... ce qu'on regarde, ce
qu'on veut explorer, la directive qui est donnée, démontre qu'effectivement il
peut y avoir des enjeux économiques, sociaux ou écologiques parce que, quand on
regarde le document qui a été publié par Hydro-Québec en août 2021, on voit,
entre autres, permettez-moi de citer le document, évidemment, pour ne pas se
tromper, pour ne pas induire personne en erreur : «La directive présente
en introduction les caractéristiques de l'évaluation environnementale ainsi que
les exigences et les objectifs qu'elle doit viser. Elle comprend par la suite
deux autres parties décrivant, d'une part, le contenu de l'étude d'impact et,
d'autre part, sa présentation. Et elle contient finalement une annexe
présentant les autres renseignements particuliers requis selon le type de
projet. L'ensemble de ces éléments — et c'est ça qui est important — visent
à aider l'initiateur à bien comprendre la procédure d'évaluation
environnementale québécoise, mais aussi de réaliser une étude d'impact qui
comprendra les renseignements pertinents à l'analyse afin évidemment d'aider à
la prise de décision par le gouvernement.»
Et je reviens sur la prise de décision par
le gouvernement. Évidemment, le gouvernement est là pour diriger. C'est normal,
mais, au Québec, comme vous le savez, on a aussi un processus parlementaire.
Donc, quand le gouvernement dépose une loi, bien, on se ramasse à un moment
donné en commission, et là l'opposition peut faire son travail et commenter
certaines dispositions. Ce que je comprends, c'est qu'il y en a eu un,
document, il y en a un, rapport, et il serait sur le bureau du ministre. Et
donc, si ce rapport… Et, forcément, ce rapport doit contenir des informations
et des renseignements pertinents. C'est l'essence même, c'est la mission du
BAPE et de son analyse. Donc, il est d'autant plus étonnant que ce rapport-là
ne soit pas partagé avec l'ensemble des parlementaires pour aider justement le
gouvernement, dans le cadre du processus législatif, à bien remplir sa mission
et à prendre une décision éclairée.
Et, quand on regarde, quand on regarde
comment doit être faite l'évaluation environnementale… Et c'est là que ça
devient important, M. le Président. Pourquoi? Bien, parce qu'on a, dans le
guide, qui, forcément, a dû être suivi par le BAPE, les éléments qui doivent
être pris en considération. Au départ, avec les principes généraux, on dit que
l'évaluation environnementale est un processus progressif qui doit commencer le
plus tôt possible, et qui doit prendre en considération tous les éléments en ce
qui a trait à l'environnement, et que ça doit prendre pour acquis différents
éléments, dont prévenir la détérioration et la qualité de l'environnement,
maintenir la biodiversité. Puis évidemment j'imagine, parce que je ne l'ai pas
vu, le rapport, M. le Président, mais, quand on regarde le tracé, quand on
regarde les rivières, les ruisseaux, les milieux humides qui vont être
évidemment traversés par la ligne, il doit y avoir forcément probablement un
impact, qu'il soit positif ou négatif, peut-être plus négatif, sur la biodiversité
et la pérennité des écosystèmes.
On dit également qu'on doit respecter la
sensibilité des composantes physiques, biologiques et humaines du milieu
récepteur, et, encore là, quand on regarde le tracé et qu'on regarde les villes
et les villages, c'est sûr qu'il y a évidemment des composantes humaines dans
le milieu, et, finalement, protéger la vie, la santé, la sécurité, le bien-être
ou le confort de l'être humain. Et permettez-moi d'insister là-dessus. Ce n'est
pas banal. Je comprends que le projet, c'est d'enfouir la ligne. Donc,
évidemment, on ne va pas construire de pylônes ou de structures, mais c'est
quand même une ligne qui <va permettre...
M. Morin :
...ligne
qui >va permettre à une quantité phénoménale d'énergie, d'électricité de
passer. Alors, est-ce qu'il y aura… est-ce qu'il y aura un impact sur la vie,
la santé et la sécurité? Bien, ce serait effectivement très important de le
savoir dans... en fait, quant à la continuation de nos travaux.
Quand on regarde le document... et là je
dois souligner d'une façon très positive la consultation et les démarches
qu'Hydro-Québec a faites avec les nations autochtones parce que c'est un des
éléments importants, les démarches d'information et de consultation du public
et des communautés autochtones. Ça, quand on lit ce que la communauté mohawk
nous a écrit, je pense qu'à ce niveau-là le mandat est complètement rempli et
qu'il y aura évidemment des retombées bénéfiques, mais ce n'est pas tout. Il y
a d'autres éléments sur lesquels j'aimerais attirer votre attention.
On parle également de la détermination des
enjeux, et, quand on regarde la liste, bien, j'imagine que, quand l'enquête a
été faite et que la population a été consultée, on a tenu compte de ces
différents facteurs. Et donc ce serait très intéressant, pour nous,
parlementaires, d'avoir le résultat. Comme je le disais ce matin, si tout est
au vert, tant mieux, mais, si c'est au jaune ou au rouge, bien là, à ce
moment-là, il faudrait qu'on soit capables d'en discuter, parce que, quand on
regarde les impacts du projet et les enjeux qui doivent être évidemment
analysés ou qui peuvent être analysés, on parle du maintien de la biodiversité.
C'est clair, je ne suis pas un expert en biologie, mais, à regarder le
territoire, c'est certain que la ligne, et donc, même s'il l'enfouit, ça va
avoir un impact éventuellement pendant un bout de temps, à tout le moins, sur
la biodiversité.
Le maintien de la quantité d'habitats
floristiques et fauniques et leur qualité... Il y a, dans ce territoire-là, M.
le Président, non seulement des cours d'eau, il y a des milieux humides, et
donc, particulièrement en Montérégie, vous avez de la faune et de la flore qui
va nécessairement être abîmée ou détruite par le tracé et par l'enfouissement.
Est-ce que ça va toucher des milieux humides, par exemple, où il y a des
espèces menacées? Ça serait intéressant de le savoir parce qu'évidemment, si la
ligne... Comprenez-moi bien, on n'est pas contre le développement économique,
loin de là, mais, si la ligne est en train de passer à travers des milieux
humides où vous avez des espèces menacées, je pense, entre autres, à la
rainette faux-grillon, je pense, entre autres, à différents types de
couleuvres, et que ça a un impact irréversible, bien, à ce moment-là, je pense
qu'il faudrait le savoir, et ça nous permettrait de faire notre travail.
• (14 h 50) •
La lutte contre les changements
climatiques, bon, probablement que ce sera très bénéfique pour New York, un peu
moins pour le Québec. La protection des milieux humides et hydriques, j'en ai
parlé tout à l'heure, c'est hyperimportant pour la biodiversité. La protection
de la santé publique, la conciliation des usages et du territoire, la
protection du patrimoine bâti et, finalement, la pérennité du territoire et des
activités agricoles…
Donc, on est dans un secteur du Québec, en
Montérégie, où il y a effectivement énormément de fermes. Donc, ce serait
superimportant de voir quel sera l'impact. Et je tenais à souligner ces
éléments-là pour illustrer justement combien le rapport en question nous
aiderait à faire notre travail. Quand on parle, dans le document, par exemple,
de la description des impacts, on nous dit clairement que, lorsqu'un projet
implique le déboisement de superficies forestières, une description détaillée
des impacts du projet sur le milieu forestier et sur l'objectif d'aménagement
forestier doit être fournie. Or, c'est hyperimportant, on le soulignait ce
matin, M. le Président, c'est un secteur du Québec où il y a déjà moins de
forêt. Donc, si la ligne est pour passer à travers des boisés et des milieux
humides, bien, je pense que ce serait hyperimportant de le savoir, et surtout
d'être capable d'évaluer l'impact pour la biodiversité.
Donc, ça ne vient que, finalement,
renforcer, je pense, l'importance de l'appui… l'importance de cette motion
préliminaire, d'avoir accès aux documents ou encore de <pouvoir...
M. Morin :
...ou
encore de >pouvoir bénéficier de l'expertise du BAPE pour nous expliquer
quels peuvent être les véritables impacts, mais ce n'est pas tout. J'ai
également découvert, toujours en lien avec la ligne d'interconnexion Hertel-New
York d'Hydro-Québec, un document du 29 septembre 2021 qui fait état de la
compilation des enjeux soumis dans le cadre de la consultation sur les enjeux
que l'étude d'impact devrait aborder. Et, quand vous regardez ce document-là,
le projet de ligne d'interconnexion Hertel-New York est très bien décrit, et,
comme on le mentionnait ce matin, ça consiste à construire une ligne
souterraine à courant continu d'une longueur de 60 kilomètres et d'une
tension de 400 kilovolts.
Hydro-Québec a délimité une zone d'étude
d'environ 800 km², ce n'est pas rien, afin de déterminer des tracés
potentiels pour la ligne, et, comme je l'ai mentionné un peu plus tôt, ça va
chevaucher les territoires de différentes municipalités régionales de comté,
dont le Roussillon, Le Haut-Richelieu et Les Jardins-de-Napierville, endroits
où vous avez quand même une densité de population qui est importante. En plus,
on dit que la ligne pourra allonger des axes routiers existants, et, ça, on
veut le faire, dans la mesure du possible, dans le but de préserver des zones
boisées et des terres agricoles, ce qui est bien. Cependant, Hydro-Québec
reconnaît qu'il y aura une évaluation des impacts de son projet notamment dans
les milieux humides et hydriques, sur la faune, les espèces à statut
particulier, les espèces exotiques, certaines envahissantes, le peuplement
forestier, le climat sonore, l'archéologie.
Donc, ce que je comprends de ce document,
c'est qu'en ce qui a trait à la compilation des enjeux soumis dans le cadre de
la consultation, normalement, l'étude doit tenir compte de tous ces éléments-là
que je viens d'énumérer, et donc qu'il serait, encore là, et je me répète,
hyperimportant d'avoir accès à ce rapport pour savoir quel est, finalement… ou
quels sont les enjeux. Nous ne l'avons toujours pas. Et, quand on parle de ces
différents éléments, il est intéressant de trouver sur le site du bureau des audiences
publiques sur l'environnement les fiches d'aide à l'interprétation des
principes de la Loi sur le développement durable, et vous avez là un ensemble
de principes qui sont mis en application par le BAPE dans le cadre de ces
études, et je pense que ça vaut la peine de s'y attarder pendant quelques
minutes parce qu'il y a différents... D'ailleurs, c'est très, très bien fait, bravo,
bravo au BAPE. Et, quand on regarde les différents domaines qui doivent être
analysés, bien, on se rend compte évidemment encore là de l'importance d'avoir
les conclusions et le rapport, bien sûr.
On a d'abord l'effet sur la santé et la
qualité de vie, parce que c'est une préoccupation constante et ça doit l'être,
les risques technologiques, la sécurité des individus, etc. Donc, ça, c'est un
élément qui doit être considéré et c'est très important. Alors, il faudrait
savoir ce que ça donne. L'équité et les solidarités sociales, la perspective
intergénérationnelle… et ça aussi, c'est hyperimportant parce que ce matin, M.
le Président, quand on faisait référence au mémoire qui a été déposé par la
communauté mohawk, on parlait justement et on faisait référence au principe des
sept générations. Alors, si on veut travailler en collaboration, en partenariat
avec la communauté mohawk, je pense qu'il est important de voir si ce projet a
un impact sur, évidemment, la qualité des relations intergénérationnelles.
Vous avez, bien sûr, la protection de
l'environnement. Je passerai plus rapidement parce que j'en ai parlé, pendant mon
intervention, à quelques reprises, mais permettez-moi encore une fois de
rappeler l'importance de la protection de l'eau parce qu'à un moment donné,
forcément, cette <ligne...
M. Morin :
...cette
>ligne va passer sous des cours d'eau. Bon, écoutez, quand on regarde le
ruisseau Saint-André, ça ne devrait pas être trop compliqué, quoiqu'on ne sait
pas s'il y a des espèces protégées qui y vivent, mais, quand on regarde le
Richelieu, bien, c'est quand même un fleuve qui est beaucoup plus important.
Donc, protection de l'environnement, très important.
Efficacité économique, je pense que, quand
on parle des retombées fiscales, ça, on a déjà une idée de ce que le projet de
loi va faire, et ça va rapporter de l'argent au Québec et à la communauté mohawk,
ce qui est très important. Participation et engagement, la communauté mohawk a
été consultée, et je pense que c'est une bonne chose. Au niveau de
l'acceptabilité sociale, cependant, ce serait intéressant de voir ce que le
BAPE a à nous dire. Accès au savoir, peut-être moins pertinent, subsidiarité
également. Partenariat et coopération intergouvernementale, là-dessus,
évidemment, félicitations, les différentes communautés… En tout cas, la
communauté mohawk a été consultée.
Maintenant, au niveau de la prévention, on
parle d'une ligne à haute tension. Je comprends qu'elle va être enfouie, mais,
quand même, c'est une ligne à haute tension. Alors, ça ne sera pas du 110 volts.
Ça va être pas mal plus que ça. Donc, est-ce qu'il y a des risques
technologiques? Est-ce qu'il y a des mesures de sécurité d'urgence? Quelle va
être la surveillance environnementale? Ce sont autant d'éléments sur lesquels
nous devrions avoir de l'information pour prendre de bonnes décisions.
Protection du patrimoine culturel, alors
là, je pense que je n'ai pas besoin d'insister sur l'importance du patrimoine
culturel au Québec. Donc, on espère... parce qu'évidemment, quand vous
regardez, encore là, le tracé de la ligne, vous vous rendez compte que ça va
passer dans des lieux historiques. Et donc on espère évidemment que tout sera
fait, tout sera mis en œuvre, et que ça a été considéré dans le rapport que
nous n'avons pas, pour s'assurer que le patrimoine culturel va être respecté.
Entre autres, et je le mentionnais, précédemment, on donne des exemples :
conserver une bande boisée pour préserver un paysage ou encore un milieu
hydrique.
• (15 heures) •
Écoutez, préservation de la biodiversité,
on n'a pas besoin d'en parler très longtemps. Est-ce que ça va avoir un effet,
un impact sur les habitats, la dégradation des espèces protégées, des espèces
menacées ou vulnérables? Ça, je pense que c'est fondamental, et il faudrait que
les parlementaires aient accès à ces informations-là. Respect de la capacité de
support des écosystèmes, évidemment, on recherche la pérennité des ressources
physiques ou biologiques, et donc il faudra tenir compte, surtout quand on
touche à des cours d'eau, de s'assurer qu'il n'y aura pas de rejets ou de
problèmes évidemment de pollution. Production et consommation responsable, ça
peut paraître étonnant, mais, encore là, est-ce que la technologie qui a été
utilisée va faire en sorte qu'on va protéger l'environnement? Ce sera également
à voir. Et finalement, le volet pollueur-payeur, dans ce cas-ci, on pense
effectivement que, pour Hydro-Québec et la communauté mohawk, il y aura des
retombées économiques intéressantes.
En faisant une recherche à midi, M. le
Président, je suis tombé sur un rapport d'enquête du BAPE. Ce n'est pas celui
qu'on espère avoir, on l'aura un jour, mais c'est un projet de la ligne
d'interconnexion des Appalaches et du Maine, et je trouvais qu'il y avait comme
une espèce de semblant de comparaison possible, d'où, justement, l'importance
d'avoir ces rapports. Puis c'est tellement comparable que, dans ce rapport,
justement, on fait état des relations avec les peuples autochtones, avec les
Premières Nations. On parle... Évidemment, la ligne, ici, dans ce cas-ci,
produisait moins d'électricité, mais on parle du choix du tracé, de
l'importance de tenir compte de la biodiversité, de tenir compte de
l'importance de la santé des gens, donc, autant d'éléments qui sont pertinents
pour le travail des parlementaires.
Et ce qui est superintéressant, M. le
Président, c'est qu'à la fin, le BAPE, avec son expertise que nous
reconnaissons, fait des constats et des avis, et c'est là que ça devient
intéressant. Quand on parle, dans le projet de loi, par exemple,
d'expropriation, bien, ici, on dit : Écoutez, on parlait ici d'une ligne à
haute tension, mais ça peut occasionner une diminution de la valeur...
15 h (version révisée)
M. Morin : ...mais ça peut
occasionner une diminution de la valeur des propriétés situées à proximité, donc
ce n'est quand même pas banal, quand on parle d'expropriation, d'avoir ces
renseignements-là; faire une analyse des sols, c'est d'autant plus pertinent qu'ici
ça sera enfoui et donc qu'il y ait des mesures d'atténuation dans le milieu
naturel. Et puis c'est ça, au fond, qu'on veut savoir, M. le Président.
Alors, je prenais la peine de citer ce
rapport à titre d'illustration pour démontrer combien le travail du BAPE est
important, combien ce rapport serait utile, quant à moi, pour les
parlementaires, pour faire notre travail. Je pense en avoir assez parlé, avoir
assez insisté. Je vous remercie pour votre attention, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Alors, l'auteur de cette motion préliminaire ainsi que les
représentants officiels des partis ayant exprimé leurs remarques... Oui?
Une voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : J'y
arrivais, j'y arrivais, soyez patiente. Justement, nous sommes à l'étape, s'il
y a d'autres membres de la commission qui souhaitent le faire, c'est le moment
de le faire. Donc, Mme la députée des...
Une voix : ...
Le Président (M. St-Louis) :
...Mille-Îles — pardon, excusez-moi — la parole est à vous.
Vous disposez de 10 minutes.
Mme Dufour : Excellent. Merci.
Merci, M. le Président. Alors, je crois que mon collègue le député de l'Acadie
vient de faire un plaidoyer assez exhaustif du pourquoi il est important d'avoir
l'avis du BAPE avant d'analyser un projet de loi qui a des impacts
environnementaux. Et c'est pourquoi la motion de ma collègue la députée de D'Arcy-McGee...
pardon, de Notre-Dame-de-Grâce, est aussi importante. Et elle ne serait pas
nécessaire, cette motion, si on avait... si, dans le fond, la présidente par
intérim n'avait pas, dans le fond, décliné l'invitation de participer aux
consultations, ici. C'est préoccupant de lire qu'elle souligne le code de
déontologie, l'article 18, où elle dit que le membre fait preuve de
réserve... doit faire preuve de réserve dans la manifestation publique de son
opinion concernant un projet controversé lié à l'environnement. Pour nous, ça
ne semblait pas si controversé, mais il y a peut-être des éléments qui... qu'on
ne connaît pas. Alors, c'est inquiétant et c'est pour ça que, ce rapport-là, il
est aussi important d'en prendre connaissance avant l'étude détaillée.
Et d'ailleurs je trouvais très, très, très
intéressant de rappeler... de relire les impacts qui sont soulignés dans un
document, là, qui a été présenté — ça, c'étaient les consultations de
2021 — au printemps 2021. On mentionne notamment, là, que les
principaux impacts sur le milieu naturel humain sont temporaires, donc qu'il y
aura très peu d'impacts environnementaux résiduels, une fois les équipements
mis en service. Mais ça, c'est un peu utopique parce que, si on détruit un
milieu pour enfouir les câbles ou, en tout cas, là, la ligne, bien, une fois
détruit, il est détruit, le milieu. Certaines espèces, si elles disparaissent,
elles disparaissent, ça ne revient pas naturellement, ce n'est pas comme du
gazon qu'on coupe et il va repousser. Il y a des milieux humides, hydriques, si
on les détruit, bien, ils ne reviendront pas. Alors, c'est vraiment important
de connaître tous les impacts.
D'ailleurs, dans ce même document, on peut
lire que d'autres méthodes de construction sont... tu sais, on peut lire toute
la méthode, là, de construction qu'ils vont proposer, mais ils disent : «D'autres
méthodes de construction sont actuellement à l'étude pour le franchissement d'obstacles,
tels que les ruisseaux et autres secteurs sensibles comme la rivière Richelieu.»
Ça, c'était en 2021. Est-ce que ces autres méthodes de construction ont été
dévoilées, en 2022? On ne le sait pas, on n'a pas vu le rapport du BAPE.
Je souligne aussi que le tracé, et mon
collègue en a parlé longuement, là, du tracé, il chevauche trois MRC : MRC
Roussillon, le Haut-Richelieu, les Jardins-de-Napierville. Est-ce que ces MRC
là se sont prononcées? Est-ce que les conseils régionaux de l'environnement du
secteur se sont prononcés? Moi, j'aimerais bien voir quels sont leurs avis, s'ils
l'ont fait.
On dit... on nomme notamment, là, les
composantes d'un milieu naturel qui sont... qui devraient être documentées dans
l'étude d'impact. On parle de la qualité des sols, les champs électriques et
magnétiques. On parle des milieux humides et hydriques, de la traversée de
cours d'eau, les communautés de poissons. Ça, on n'en a pas du tout parlé, les
communautés de poissons, rivière Richelieu; est-ce qu'il y a des poissons qui
vont être impactés de façon importante? Les <espèces...
Mme Dufour :
...
est-ce qu'il y a des poissons qui vont être impactés de façon importante? Les
>espèces à statut particulier, on n'a aucune information à cet effet-là,
est-ce qu'il y en a qui vont être perturbées à un point qu'elles pourraient
être à risque? Les peuplements forestiers, ça, j'en avais parlé ce matin.
L'approche du BAPE, mon collègue en a
parlé, mais permet au gouvernement d'intégrer à sa prise de décision les enjeux
écologiques, socioéconomiques des projets. Puis on dit aussi : «En
informant les citoyens et en recherchant la contribution des communautés
directement touchées par les projets, le BAPE s'assure de l'intégration des
préoccupations et de l'expertise du milieu à cette prise de décision.» Là, on
est en train de prendre des décisions alors qu'on n'a même pas ce rapport.
Je rappelle que le BAPE doit tenir compte
des principes de développement durable. On dit aussi que la démarche de prise
en considération des principes de la Loi sur le développement durable doit y
être intégrée, dans l'analyse du BAPE.
On parle que le contexte d'insertion du
projet doit être regardé dans les... sous les angles environnemental, social,
économique. Puis là on l'a vu, le contexte d'insertion, il est quand même assez
varié, il touche beaucoup de milieux, trois MRC, des milieux naturels. Et il
est toujours important de garder en tête le contexte particulier d'insertion du
projet, puisque la durabilité absolue n'existe pas en soi, mais elle doit être
mise en relation avec le contexte. Et ça, c'est ce que le rapport nous
donnerait.
Puis aussi, ce qui était très, très,
très... qui est très pertinent, on dit bien : «Il n'est pas toujours
possible de trouver des pistes de bonification applicables en lien avec
certains principes.» Et, si c'est le cas, bien, la commission d'enquête peut
être amenée à émettre un avis globalement défavorable à propos du projet à
l'examen. Est-ce que c'est le cas ici? On ne le sait pas. Je le suppose que
non, mais on ne le sait pas. Est-ce que c'est pourquoi on veut... on retarde le
dépôt? J'espère que non.
Et là je vais venir sur quelques
principes, je ne renommerai pas tous les principes que mon collègue a
mentionnés, mais, les principes de la Loi du développement durable, il y a des
exemples de bonification qu'on pourrait trouver dans le rapport.
Par exemple, on dit qu'on pourrait
modifier le projet pour éviter des milieux humides ou forestiers — puis
ça, on sait que ça passe à travers des milieux humides et forestiers
actuellement — en proposant de rechercher un autre tracé. Donc, ça,
le BAPE pourrait proposer peut-être des modifications au tracé.
On parle aussi de compenser la perte de
milieux humides et forestiers... ou forestiers. Puis ça, j'en ai parlé ce
matin. Ça, je pense que c'est très important, aujourd'hui, on doit être sur un
principe d'aucune perte nette, qui est d'ailleurs... La loi sur les milieux
humides et hydriques, ce qu'elle dit : Aucune perte nette. On dit que,
bien, ce principe, là, peut être invoqué lorsqu'il y a une destruction des
milieux et que l'analyse peut servir pour proposer des mesures d'atténuation.
Alors, il faut vraiment regarder ce qui va se passer sur le milieu.
• (15 h 10) •
Le principe de subsidiarité, mon collègue
n'en a pas parlé, ça, je l'ai trouvé très intéressant. La proximité entre les
lieux de décision et les champs d'action, et des exemples qui pourraient être
dans le document : suggérer qu'un conseil de bande soit impliqué dans le
suivi de l'environnement d'un projet. Là, on sait qu'ils vont participer, le conseil
des Mohawks va participer aux profits, mais toute la production, là,
l'implantation de la ligne, c'est Hydro-Québec. Est-ce qu'ils vont participer
au suivi de l'environnement? Ça, je ne suis pas au courant. Et ça dit aussi
qu'on peut suggérer à une municipalité... qu'une municipalité encadre certains
aspects. Ça traverse trois MRC, une multitude de municipalités; est-ce qu'il y
a des éléments que ces municipalités-là pourraient venir encadrer?
La préservation de la biodiversité, je
pense, ça a été bien abordé. Je vais mentionner brièvement la destruction,
l'assèchement et la perturbation de milieux humides. Ça, c'est quelque chose
qui peut vraiment arriver lorsqu'on creuse pour installer une ligne comme ça.
Bon, bien, à ce moment-là, est-ce qu'il y a des bonifications possibles?
Les espèces exotiques envahissantes, on
n'en a pas beaucoup parlé, mais il faudra aussi s'assurer que, lorsqu'il y aura
du creusage, qu'on ne déplace pas une espèce ailleurs, qui, finalement,
finirait par contaminer un autre secteur. Parce qu'il y aura du creusage, et
les sols vont être entreposés ailleurs, mais, les espèces qui sont là, il y en
a certaines qui sont vraiment très problématiques, actuellement, qui coûtent
très, très cher au Québec, d'ailleurs, à contrôler.
On parle que, par exemple, il faudrait
élaborer un plan de compensation des milieux touchés. Ça, on n'a pas vu ça. Le
respect de la capacité de support des écosystèmes, hein, l'inventaire des
habitats d'écosystèmes — moi, <je n'ai pas...
Mme Dufour :
...
support des écosystèmes, hein, l'inventaire des habitats d'écosystèmes
— moi,
>je n'ai pas vu ça — et des exemples de bonification. Effectuer
une analyse des impacts cumulatifs, parce qu'effectivement peut-être
qu'actuellement la ligne, son effet premier n'est pas si majeur, mais, s'il y a
eu d'autres travaux ou d'autres constructions à proximité, les effets
cumulatifs de ça... Est-ce qu'il faudrait créer des aires favorables, des
réhabilitations d'habitats? C'est le genre d'éléments qu'on pourrait retrouver
dans le rapport.
Et je terminerais en soulignant que, dans
le rapport des enjeux soumis dans le cadre de la consultation sur les enjeux
que l'étude d'impact devrait aborder, bien, il y a eu une observation par
rapport au passage et la traverse de terrain abritant des espèces fauniques.
Donc, le tracé, là, contrairement à ce qui... ça ne fait pas que longer des
lignes ferroviaires et des autoroutes, il coupe aussi et traverse des terrains,
des propriétés privées. Alors, il est important d'étudier le tracé adéquatement
et savoir tous les milieux qui sont... qui peuvent être touchés par cette
ligne-là, pour faire en sorte que les impacts soient compensés et soient le
plus minimisés possible, particulièrement en lien avec tous les principes que
le Québec a adopté récemment, notamment par rapport à la biodiversité. Merci,
M. le Président, j'ai fait 10 minutes pile.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a certains membres de cette commission qui ne se
sont pas déjà exprimés sur la motion préliminaire... est-ce qu'il y en a qui
souhaiteraient le faire à ce stade-ci? Alors, il semble que non, donc nous
allons procéder à la mise aux voix. M. le secrétaire... Alors, est-ce que cette
motion, je vais commencer par la partie... est adoptée?
Des voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Donc,
la motion est rejetée. Comme nous sommes à mi-chemin de cette séance... Oui, M.
le député.
M. Bouazzi : ...appel nominal,
s'il vous plaît.
Le Président (M. St-Louis) :
M. le député, nous allons accepter votre demande. La prochaine fois, peut-être
le faire un peu avant. Alors, M. le secrétaire, à la demande du député de
Maurice-Richard, nous allons procéder à un vote par appel nominal.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme McGraw : Pour.
Le Secrétaire : M. Morin
(Acadie)?
M. Morin : Pour.
Le Secrétaire : Mme Dufour
(Mille-Îles).
Mme Dufour : Pour.
Le Secrétaire : M. Skeete
(Sainte-Rose)?
M. Skeete : Contre.
Le Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
Le Secrétaire : M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire : M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
Le Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
Le Secrétaire : M. Bouazzi
(Maurice-Richard)?
M. Bouazzi : Pour.
Le Secrétaire : M. St-Louis
(Joliette)?
Le Président (M. St-Louis) : Abstention.
M. le secrétaire, pour la pause...
Le Secrétaire
: ...
Le Président (M. St-Louis) : Ah!
pardon, excusez-moi. Ça fait trop longtemps que j'ai présidé. Non, ce n'est
pas... Alors, le résultat final : cinq votes... Non, je m'excuse.
Le Secrétaire
: ...
Le Secrétaire
: Rejeté.
Excusez-moi. Alors, ce que j'allais suggérer, comme nous sommes à mi-chemin de
cette séance de travail, donc, nous allons prendre une pause de
10 minutes.
Je suspends les travaux.
(Suspension de la séance à 15 h 15)
(Reprise à 15 h 26)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
votre attention, s'il vous plaît! La Commission de l'agriculture, des
pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles reprend ses travaux.
Alors, je vous informe que nous avons reçu
une seconde motion <préliminaire...
Le Président (M. St-Louis) :
...
Alors, je vous informe que nous avons reçu une seconde motion >préliminaire
déposée par le deuxième groupe d'opposition. Je demanderais donc à l'auteur
d'en faire la lecture et suivi de ses remarques. Vous aurez 30 minutes
pour ce faire. À vous la parole.
M. Bouazzi : Avec grand
plaisir, M. le Président. Donc, la motion préliminaire va comme suit :
«Qu'en vertu de l'article 244 de nos
règles de procédure, la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi n° 13, Loi concernant
la ligne d'interconnexion Hertel-New York, des consultations particulières
et qu'à cette fin elle entende la personne suivante : le Syndicat canadien
de la fonction publique Québec, SCFP.»
Donc, j'y vais avec mes remarques?
Le Président (M. St-Louis) : Allez-y.
M. Bouazzi : Donc, peut-être
quelques mots, avant de rentrer dans le vif du sujet. J'aime beaucoup cette
motion. C'est un groupe qu'on avait invité, mais je dois quand même rappeler
notre tristesse du fait qu'on est encore ici en train d'attendre un document
qui, pour une raison obscure, ne nous sera pas remis avant 33 minutes. Donc,
M. le Président, je dépose la motion suivante... Donc, c'est ce que j'ai lu.
Le SCFP représente plus de 15 000 travailleurs,
dans les employés du réseau d'Hydro-Québec : les technologues
d'Hydro-Québec, les spécialistes et les ingénieurs d'Hydro-Québec ainsi que les
employés de métier d'Hydro-Québec. Le SCFP, c'est nous qui l'avons mis sur
notre liste parce qu'on pense que c'est important d'entendre l'avis des
employés d'Hydro sur un projet de loi qui implique directement Hydro-Québec. Je
sais que le SCFP a décliné notre invitation à venir témoigner, mais je pense
que c'est quand même important qu'en tant que commission on leur envoie une
nouvelle invitation pour leur souligner qu'on veut vraiment les entendre. Ils
n'ont vraiment pas eu beaucoup de temps pour analyser le projet de loi et
décider s'ils viendraient en commission. Ils ont reçu une communication jeudi
pour passer... pour une présence mardi. Ça ne laisse pas beaucoup de temps,
vous conviendrez, M. le Président, aux gens pour rédiger un mémoire, se rendre
disponibles et se présenter.
• (15 h 30) •
D'ailleurs, la moitié des groupes qu'on
devait entendre ne sont pas venus. Je pense qu'il faut qu'on réfléchisse à la
manière dont on communique, comme commission, avec les gens qu'on invite. On ne
peut pas s'attendre à ce que les gens se revirent sur un dix sous et se rendent
disponibles pour nous quand on leur laisse... quand on ne leur laisse même pas
une semaine. Le gouvernement a donc sa part de responsabilité là-dedans parce
que c'est lui qui détermine l'agenda des commissions, en bout de ligne, et
c'est la partie gouvernementale qui a la majorité ici et qui, d'ailleurs, a
accès aux documents du BAPE qu'on attend. Si le gouvernement veut accélérer le
rythme, parce qu'il n'y a rien à mettre dans la machine, c'est correct, mais ça
ne doit pas se faire aux dépens du respect des gens qu'on invite. Et le
respect, c'est, entre autres, de ne pas convoquer des groupes à moins d'une
semaine de préavis. Vous savez, souvent, les groupes reçoivent une communication
officielle de la commission pour les inviter, et ça leur arrive comme une
surprise, comme dans ce cas-ci, un jeudi, pour le mardi suivant.
Nous, on veut bien essayer de faire le
lien, expliquer pourquoi on pense que leur avis est important, mais on n'a pas
les ressources pour le faire systématiquement, et surtout, quand ça se fait
super rapidement, en semaine de circonscription, nous aussi, on est pris de
court. Pour l'instant, on a juste entendu trois groupes. Moi, je pense que ce
n'est pas assez. Je pense que ce n'est pas... que ce n'est pas assez. Je pense
qu'on a pu aller au... on aurait pu aller au fond des choses, dans les
auditions particulières. Deux groupes sur trois avaient des intérêts directs
dans le projet de loi, en venant le défendre. C'est correct. On est contents
que les Mohawks soient contents, mais on n'a pas vraiment eu d'expertise tierce.
Les syndiqués d'Hydro ont cette expertise tierce. Je pense que ce serait
intéressant...
15 h 30 (version révisée)
M. Bouazzi : ...syndiqués d'Hydro
ont cette expertise tierce. Je pense que ce serait intéressant qu'on prenne le
temps de les réinviter comme... en commission en leur expliquant pourquoi c'est
important d'avoir leur avis, sur quelles questions on veut leur input et leur
expertise. Peut-être qu'eux aussi, comme nous, ils se sont dit qu'à première
vue il n'y avait pas d'enjeu saillant dans le projet de loi, mais peut-être qu'eux
aussi, comme nous, ils se sont aperçus, avec les auditions des autres groupes,
que le diable peut possiblement se cacher dans les détails et que, quand on
gratte, il y a peut-être quelque chose et des enjeux. Évidemment, c'est plus
facile quand on a toutes les informations dont on aurait besoin.
Parce que, selon ma compréhension, le
projet de loi, il a des conséquences sur les employés d'Hydro-Québec. C'est
toute la question de la création des filiales. Selon ce que je comprends, la
création d'une société en commandite ou filiale permet à Hydro de contourner la
régie. Comme je le disais plus tôt, la réponse d'Hydro-Québec à cet effet n'était
pas satisfaisante pour nous. J'ai hâte d'en avoir le cœur net parce que, comme
je le disais tout à l'heure, encore une fois, on ne veut pas encore se
retrouver avec un énième projet de contournement de la régie par le
gouvernement de la CAQ.
Le mois passé, c'était le projet de loi n° 2,
qui maintenait l'erreur du projet de loi n° 34 de 2019 qui avait, à toutes
fins pratiques, retiré le contrôle tarifaire d'Hydro des mains de la régie. C'est
une erreur monumentale. C'est une erreur monumentale, d'autant plus qu'en fin
de compte les tarifs d'Hydro se transforment de plus en plus en taxe, M. le
Président, une taxe cachée qui, avant tout, pénalise les personnes les plus
défavorisées étant donné que c'est elles qui vivent dans des maisons qui sont
des passoires énergétiques. Beaucoup, d'ailleurs, des personnes pauvres, au
Québec, 30 % de la population, à peu près, ne paient pas d'impôt, parce qu'ils
ne gagnent pas assez d'argent, mais ils paient tous leur Hydro et donc ils
transfèrent tous de l'argent à l'État étant donné qu'il y a des gains sur
chacune de ces factures. Je rappelle aussi qu'il y a une baisse d'impôt qui se
prépare qui, elle, va exclure le 30 % de tout retour d'impôt étant donné qu'ils
ne sont pas assez riches pour les avoir. Donc, la combinaison des deux fait,
effectivement, qu'on transfère de l'argent des payeurs d'Hydro, et parmi eux
les plus pauvres, à ceux qui paient des impôts, et parmi eux ceux qui paient le
plus, donc les plus riches.
Donc, si je reviens à la quasi-totalité
des intervenants qui sont venus, à ce moment-là, nous dire qu'il devait... qu'on
devait revenir au contrôle de la régie, quand Option Consommateurs, les experts
en énergie, les grosses industries et les PME sont tous d'accord, c'est signe
qu'il y a un consensus fort. Il y avait déjà un consensus pour le projet 34
en 2019, et le gouvernement n'a montré aucune ouverture. Son manque d'ouverture
et son entêtement idéologique l'a poussé à se tromper. Et, encore une fois, c'est
affaiblir la Régie du logement, et, je le rappelle, il y a deux... de l'énergie,
et, je le rappelle, il y a deux contre-pouvoirs à Hydro et au gouvernement qui
nous permettent, dans un cas, de régler un problème de monopole de l'État, qui
est la Régie de l'énergie et, dans l'autre, de nous permettre à nous,
législateurs, de prendre des décisions éclairées et informer la population, qui
est le BAPE, qui effectivement a rendu un rapport auquel nous n'avons pas
encore accès.
Donc, le gouvernement de la CAQ a encore
une fois contourné la régie dans ce projet de règlement et de décret pour un
nouveau bloc de 1 500 mégawatts de l'énergie éolienne d'ici le 31 mars
2023. En effet, même si l'article 72 de la Loi sur la Régie de l'énergie
prévoit que les plans d'approvisionnement doivent être soumis à l'approbation
de la régie, la CAQ a décidé... ou le gouvernement de la CAQ a décidé de
circonvenir à cette obligation en plaidant l'urgence, or l'urgence causée par
sa propre décision d'annuler les appels d'offres de l'automne dernier.
Ça fait aussi plusieurs fois que les
médias... que, dans les médias, on parle de la situation inacceptable causée
par le fait que plusieurs larges plans d'Hydro-Québec échappent encore et
toujours à la régie et donc à tout contrôle public. C'est le cas d'Hydro-Québec
Production, comme on le sait depuis longtemps, mais c'est aussi le cas, et
c'est pour ça qu'on en parle <aujourd'hui...
M. Bouazzi :
...comme
on le sait depuis longtemps, mais c'est aussi le cas, et c'est pour ça qu'on en
parle >aujourd'hui, des filiales d'Hydro. Hilo, par exemple, on ne sait
pas combien ça coûte, combien ça rapporte. Le bruit court qu'il y a plein de
problèmes, que la puissance déplacée n'est pas au rendez-vous, que les clients
surconsomment volontairement et se voient récompensés pour le faire. Mais,
comme c'est une filiale, c'est complètement opaque, on n'a pas accès aux
documents, rien n'est déposé devant la régie.
Donc, je rappelle, détournement du...
enlever les droits à la régie pour pouvoir décider, au niveau du gouvernement,
des tarifs, créer des filiales, comme ici, dans Hilo, pour pouvoir encore une
fois enlever du pouvoir à la régie, qui est le principal contre-pouvoir dont on
a besoin. Quand il s'agit d'Hydro, dès qu'on entend le mot «filiale», il faut
comprendre que c'est une coquille juridique qui permet de soustraire tout ce
qui est dedans au contrôle public. Le vice-président... le vice-président gouvernance
d'Hydro parlait lui-même, mardi, des filiales créées pour le projet comme étant
des coquilles juridiques. Quand on lit le mot «filiale», il faut aussi lire
«possibilité de se soustraire aux règles qui régissent normalement
Hydro-Québec».
Je vais parler d'une autre ligne
d'interconnexion, la ligne Cedar Rapid Transit ou CRT pour les intimes.
Pourquoi je vous parle de CRT? Parce qu'à prime abord, selon ce que je
comprends, c'est géré de façon pas mal semblable à ce qu'on propose ici, en
termes d'utilisation de filiales, qui permet de faire toutes sortes de choses.
Et ça a des conséquences sur les employés d'Hydro-Québec. En effet,
l'utilisation d'une filiale pourrait avoir comme objectif ou comme effet
d'autoriser l'utilisation d'employés hors Hydro-Québec, donc des tiers, pour
l'entretien de la nouvelle ligne. C'est justement le cas pour CRT.
Ce qu'on me dit, c'est que, normalement,
l'entretien d'une ligne est réservé aux employés d'Hydro-Québec, tandis que la
construction peut se faire par des entrepreneurs privés. Mais, dans le cas de
CRT, il y aurait seulement quelques employés d'Hydro d'impliqués dans
l'entretien, et le reste des travaux d'entretien plus exhaustifs sont faits par
les entrepreneurs privés en dehors de toute contrainte.
De plus, CRT a des employés pour faire
l'entretien de base et des lignes de transmission. Quand un enjeu de
main-d'œuvre apparaît pour les prix ou autres, étant donné que CRT est
indépendant d'Hydro-Québec, alors CRT peut faire appel à n'importe quel monteur
de ligne pour aider ses activités. Elle peut aussi avoir recours à la
sous-traitance, en toute impunité, voire même avoir des normes d'exploitation
plus laxistes qu'Hydro-Québec.
• (15 h 40) •
Ici, si on veut garantir des emplois aux
Mohawks, évidemment, on est pour, mais il faut qu'on puisse entendre le SCFP
pour comprendre les tenants et aboutissants du recours à la filiale. Est-ce
qu'il y a des balises, des contraintes qui empêchent de court-circuiter
complètement l'expertise d'entretien par les équipes d'Hydro-Québec? Il faut
aussi comprendre que les structures juridiques d'Hydro-Québec sont
particulièrement compliquées. Le SCFP est probablement l'un des seuls
organismes qui peut la comprendre complètement, à part Hydro-Québec elle-même,
évidemment, parce que ce sont des personnes de terrain.
Quand on regarde la structure
d'exploitation de CRT, on remarque qu'il y a plusieurs enjeux qui chargent
des... plusieurs enjeux sur qui chargent des frais et qui... sur lesquels il y
a... ah oui, sur lesquels on charge des frais pour faire des profits. Dans les
documents d'exploitation de CRT, on peut lire — donc, ça, c'est tiré
du document public d'exploitation de CRT : «Dans le but de favoriser des
transactions entre réseaux et d'accroître la flexibilité des livraisons
effectuées par l'intermédiaire du réseau de CRT, le transport réserve la
totalité de la capacité de transfert disponible à ce réseau. Il peut ainsi offrir
à ses clients, par l'entremise d'Oasis, un service intégré de réservation qui
leur permet, pour un tarif intégré, d'en utiliser un seul <segment...
M. Bouazzi :
...réservation
qui leur permet, pour un tarif intégré, d'en utiliser un seul >segment
pour le transport d'électricité vers les points de livraison CORN et DEN.»
Autrement dit, M. le Président, le
transporteur Hydro-Québec Transport est prioritaire sur l'exploitation de CRT
en tout temps, mais qu'est-ce que ça veut dire concrètement? On apprend aussi,
et donc je cite : «Pour faciliter les transactions avec le réseau de New
York, CRT réserve la totalité de la capacité de transport disponible sur la
ligne de Long Sault. Cependant, cette ligne étant située aux États-Unis, le
tarif pour son utilisation ne peut être intégré au tarif du transporteur. Pour
cette raison, CRT facture des frais de 1,58 $ du mégawattheure pour
l'utilisation de la ligne en sus du tarif applicable du transporteur.»
Donc, en fin de compte, l'interconnexion
de CRT coûte plus cher que toute autre interconnexion opérée par Hydro, car il
faut payer CRT d'abord, qui donc appartient à Hydro-Québec, et ensuite payer
Hydro-Québec Transport, Hydro-Québec encore. Ce que j'en comprends, c'est que
cette disposition commerciale de CRT fait qu'Hydro réserve la totalité du
transport et exclut par règlement les autres acteurs du marché. Tout ça, c'est
grâce à l'existence d'une filiale, comme ce que le projet de loi propose pour
Hertel-New York.
Donc, on vous a donné à date deux exemples
de filiales, et là je vais résumer sur celle-là. Donc, pour résumer, quand on
gratte un peu, on regarde des projets comparables existants comme celui de CRT,
on se rend compte qu'il y a plein d'enjeux potentiels. C'est vrai pour Hilo
pour d'autres raisons, c'est vrai pour CRT pour d'autres raisons. Et on
comprend que toutes ces filiales sont différentes, d'ailleurs, c'est pour ça
probablement qu'on les crée, mais nous devons comprendre quelle structure de
tarification, quelle est les... quelles sont les conséquences par rapport à la Régie
de l'énergie et quelles sont les conséquences, évidemment, entre autres sur les
travailleuses et les travailleurs d'Hydro-Québec.
Donc, je ne dis pas que c'est
nécessairement mauvais comme projet de loi, peut-être qu'il y a des bonnes
réponses à tous ces enjeux, mais j'aimerais quand même qu'on invite les gens
qui ont une expertise pour nous dire ce qu'il en est, et ces gens-là, c'est les
employés d'Hydro-Québec.
Donc, encore une fois, a priori, on est devant
un bon projet de loi. Et moi, Dieu sait que j'ai du respect pour le temps que
mes collègues ici passent à l'Assemblée nationale, et pour le mien et pour
celui y compris de mon collègue de Beauce-Sud, et je trouve quand même spécial
qu'on n'a pas tous les éléments dont on a besoin pour pouvoir légiférer.
Candidement, encore une fois, je pensais que le temps qu'on pouvait passer pour
demander plus d'informations pour pouvoir bien faire le travail devait être
minimal, car il va de soi que nous avons besoin des documents et des
informations dont on a besoin pour pouvoir prendre les bonnes décisions.
C'était vrai pour la motion précédente, et c'est évidemment vrai pour les
groupes de travailleurs d'Hydro-Québec, dont on voudrait entendre les
recommandations.
Donc, en conclusion, je pense que, si on
réinvite, qu'on leur pose ces questions-là, les gens de SCFP vont voir, eux
aussi, que c'est important qu'on les entende. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci
beaucoup, M. le député. La parole est maintenant à la partie gouvernementale.
M. le ministre, la parole est à vous, vous disposez de 30 minutes.
M. Skeete : Merci beaucoup,
M. le Président. Je regarde la motion et, je dois vous dire, je suis surpris,
parce qu'on avait accepté, nous, au gouvernement, d'entendre la SCFP, tout le
monde était d'accord, mais ils ont réalisé qu'ils n'avaient rien à dire. Ça
fait que, là, ils ont dit : Sais-tu quoi? On va passer notre tour, un peu
comme le BAPE. Ça fait que, là, ce que je pense décoder du collègue, c'est
qu'encore une fois il faudrait menotter les gens pour qu'ils viennent nous
parler, même quand ils ne veulent pas nous parler. Or, j'ai assez d'expérience
parlementaire pour savoir que, quand un projet de loi ne fait pas consensus,
pas besoin de s'attarder, les gens vont nous trouver, les mémoires vont
rentrer, même quand l'échéancier est court et même sans <mémoire...
M. Skeete :
...rentrer,
même quand l'échéancier est court et même sans >mémoire. Il y a plein de
gens, là, qui peuvent venir nous parler, là, puis un mémoire, ce n'est pas
obligatoire. Ça fait que moi, j'en ai vu d'autres, des projets de loi, bien
plus rapides que celui-là. On a subi, lorsqu'on était dans l'opposition, des
délais beaucoup plus courts. Puis ça n'a pas empêché que, quand les gens ont
quelque chose à dire, ils viennent nous le dire. Ça fait qu'en partant je ne
sais pas qu'est-ce qu'on peut faire de plus. On les a invités. Ils auraient pu
envoyer un mémoire. Ils auraient pu venir. Là, on fait une motion encore pour
réinviter, je ne comprends pas la démarche.
Ceci étant, bonne nouvelle, M. le
Président, il reste 14 minutes avant le rapport du BAPE. Puis je voudrais
rappeler aux collègues qu'en ce moment il n'y a rien qui nous empêche de
procéder à l'étude détaillée parce que, premièrement, 14 minutes, ce n'est
pas long. Deuxièmement, même si on fait tous les articles, puis on est
superbons, puis on passe au bout de ça à soir, ce n'est pas grave, si vous
n'aimez pas ce que vous voyez dans le BAPE, vous pouvez voter contre le projet
de loi. Ça fait que ce n'est pas comme si ça se décide aujourd'hui puis c'est
la fin de la finalité, là. Ça fait qu'on peut en donner pour leur argent aux
contribuables en continuant et avançant ici avec l'article 1.
Donc, ça me ferait énormément plaisir de
commencer ça. Puis je vous garantis que vous allez avoir votre rapport du BAPE
et vous allez avoir tout le temps pour l'analyser avant de voter pour ou contre
la loi. Donc, je vous inviterais, s'il vous plaît, à respecter le Syndicat
canadien de la fonction publique qui elle, elle a dit : Ça ne me tente pas
de venir vous voir, je n'ai rien à dire. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. La parole est maintenant à l'opposition... Oui, M. le député.
M. Bouazzi : Je remarque que
M. le ministre a parlé dudit rapport. Est-ce qu'il peut le déposer, s'il vous
plaît?
M. Skeete : Je ne comprends
pas la question, M. le Président.
M. Bouazzi : Vous avez parlé
d'un document.
M. Skeete : J'ai parlé du
BAPE que vous dites... que vous prétendez depuis deux heures attendre, que je
vous dis depuis deux heures qu'il va arriver à 16 heures. Et je vous ai
fait la grande annonce que maintenant 12 minutes nous séparent entre le
dépôt du BAPE et votre questionnement.
M. Bouazzi : Exactement, vous
avez parlé, donc, du rapport. Moi, ce que je demande, est-ce que M. le ministre
pourrait déposer le document dont il a parlé, s'il vous plaît? Ça nous ferait
gagner 12 minutes.
Le Président (M. St-Louis) : Écoutez,
à ce...
M. Skeete : Bien, moi, je ne
considère pas qu'on perd notre temps, M. le Président. Moi, je pense que le
processus législatif est très important. Je fais juste rappeler aux collègues
que, si on avançait avec l'article 1, et, comme par hasard, le BAPE ne
leur faisait pas plaisir, il n'y a rien qui... ils ne sont pas commis, il n'y a
rien qui les empêche à dire : Aïe! Attends une seconde, ça, ça ne nous
plaît pas, on veut revenir. Ça fait que je fais juste vous dire : Vous
pouvez vous sentir libérés d'exercer l'exercice pour lequel on a été réunis
aujourd'hui, qui est l'étude détaillée de l'article... des neuf articles, il y
en a juste neuf, articles, dans ce projet de loi là.
• (15 h 50) •
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Juste à titre informatif, on n'est pas en période de débat, on
est toujours à la période des remarques sur une motion préliminaire. Donc, la
parole est aux représentants de l'opposition officielle, vous disposez de
30 minutes.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Donc, on attend toujours le rapport, mais il va falloir, évidemment,
qu'on prenne le temps de l'analyser, donc... En tout cas, je... En ce qui
concerne la motion, en principe, on est pour. On comprend, avec l'information
qui vient d'être présentée, que cet organisme aurait pu être déjà invité, mais
je pense que puisque les consultations qui ont été demandées, c'est des
consultations ciblées...
Et j'ai devant moi la lettre du ministre
de l'Environnement à la présidente intérimaire du BAPE, datée du
15 novembre, et justement, et je cite : «Je donne le mandat au BAPE
de tenir une consultation ciblée concernant le projet de ligne d'interconnexion
Hertel-New York sur le territoire des municipalités... — et ça
continue. Cette consultation devra cibler spécifiquement les sujets entourant
les questionnements et préoccupations qui m'ont été transmis, soit la
protection du territoire agricole et des activités agricoles ainsi que la
protection des cours d'eau et des infrastructures de ces cours d'eau. Plus
précisément, la consultation devra couvrir les impacts des tensions parasites
ainsi que les impacts des travaux sur le sol arable, les cultures et la
circulation de la machinerie agricole.»
Je m'attarde là-dessus parce que, puisque
les consultations sont ciblées, il me semble que <parler...
Mme McGraw :
...parce
que, puisque les consultations sont ciblées, il me semble que >parler à
plus d'organismes a du bon sens, puisque la consultation même est ciblée et non
générale et générique, ça a du bon sens. On avait nous-mêmes invité plusieurs
organismes qui se sont... trois qui ont accepté, sur la liste sur laquelle on
s'est mis d'accord avec le gouvernement, et il y en a qui se sont désistés,
dont le BAPE, évidemment. Mais il y en avait une couple d'autres, dont... je ne
sais pas si je peux les nommer, en tout cas, FQM... FMQ et UQM.
Alors, c'est sûr qu'on respecte ces
décisions-là. Par contre, en ce qui concerne un organisme public comme le BAPE,
c'est différent. Le ministre avait dit avant, en réponse à la motion de
l'opposition officielle, il avait dit : On ne va pas tordre le bras pour
venir nous dire ce qu'ils n'ont... on n'a pas le goût de dire. Et je trouve
que, lorsque ça concerne un organisme public, c'est inacceptable. C'est
inacceptable de dire qu'on tord le bras puis qu'on ne vient pas nous dire ce
qu'on n'a pas le goût de dire. Ce n'est pas une question de «on n'a pas le goût»,
c'est : On a le devoir de venir partager notre expertise, on a le devoir
d'informer les parlementaires, les législateurs, parce que nous, on a le devoir
auprès des Québécois de bien faire les choses, de bien faire notre travail en
tant que parlementaires et législateurs.
Alors, je reviendrais sur les commentaires
de mes collègues en parlant des fondements du développement durable. Pardon,
permettez-moi... on a parlé du syndicat canadien. Ça me fait penser aux six
points qui ont été mentionnés dans le mémoire du Conseil mohawk de Kahnawake.
Il y en avait six. Antérieurement, je me suis attardée au point n° 3
concernant les évaluations environnementales et l'approche des sept
générations. Mais je m'attarderais maintenant, lorsqu'on parle de syndicats et
de travailleurs... le point n° 6, et je cite, et je
le cite en... même si le mémoire était en anglais, je le cite en français :
«Hydro-Québec cherchera à offrir des possibilités de contrats aux travailleurs
de Kahnawake pendant la phase de construction.»
Et une des questions qu'on avait posées
pendant les consultations particulières, justement, c'est : Est-ce que des
entreprises et des membres de votre communauté, c'est-à-dire la communauté
mohawk, seront priorisés pour travailler sur le projet? Ce qui est intéressant
là-dedans, c'est que le peuple mohawk, ils ont une double citoyenneté
canadienne et américaine, donc ils ont l'opportunité de travailler des deux
côtés de la frontière qui définit cette ligne.
Mais une autre question qui pourrait se
poser : Est-ce qu'il y a des garanties? Premièrement, est-ce qu'il y a des
garanties? Parce que, dans le langage qu'on nous a partagé dans le mémoire
d'Hydro-Québec, c'était qu'ils allaient faire de leur mieux, mais ce n'était
pas une garantie, si je comprends bien.
Et l'autre question qui se pose :
Est-ce que c'est juste la phase construction? Il va y avoir d'autres phases
pour le maintien de la ligne? Est-ce que, dans ces autres phases là, il va y
avoir... est-ce qu'on va favoriser la communauté mohawk et peut-être d'autres
communautés autochtones?
Alors, c'est des questions qu'on se pose.
Parce que c'est clair qu'au niveau de l'économie il y a des retombées
intéressantes. Mais il faut toujours regarder, avec n'importe quel projet,
l'acceptabilité sociale et aussi, évidemment, l'économie et le développement...
je veux dire environnemental et les trois piliers, encore une fois, du
développement durable.
Et j'aimerais en profiter pour parler un
peu de mon... un peu... une histoire un peu personnelle dans le sens que, là,
le développement durable, ça fait 10 ans, je pense, que le BAPE est... se
base sur ces fondements-là, mais ça provient de 1987. Il y avait la commission
de l'ancienne première ministre de la Norvège, Brundtland, et c'est vraiment
cette <commission...
Mme McGraw :
...première
ministre de la Norvège, Brundtland, et c'est vraiment cette >commission
globale qui ont vraiment mis de l'avant le principe du développement durable.
Et ça a été repris en 1992 au Sommet de la Terre de Rio. Et j'ai participé en
tant que jeune ambassadrice, à Rio, en 1992, et c'est là où le monde... on a
mis de l'avant les conventions sur les changements climatiques et sur la
biodiversité, la COP15, qui vient d'avoir lieu ici, au Québec. Donc, c'est
vraiment... ça se retrouve, tout ça, le développement durable, les conventions,
ça, ça relie de... ça revient du Sommet de la Terre à Rio.
Alors, je trouve ça très pertinent qu'ici,
au Québec, le BAPE se base sur ce principe-là, cette approche équilibrée et
intégrée. Et c'est pour ça, M. le Président, qu'on insiste d'avoir le rapport
du BAPE. Et je comprends que ça va arriver bientôt, mais il faut prendre le
temps, M. le ministre, M. le Président, trois minutes de faire l'analyse, parce
que, justement, c'est notre... c'est ce qu'on dit, hein, ce n'est pas juste de
le recevoir, mais c'est de faire l'analyse, c'est de faire nos devoirs.
Mon collègue, il a parlé de trois
scénarios : vert, jaune et rouge. On espère que ça va être un scénario
vert. Je pense qu'on est d'accord pour dire qu'on est là de bonne... avec une
bonne volonté. On veut procéder, mais, en même temps, il faut respecter le fait
qu'on doit faire notre travail en tant que parlementaires. Donc, c'est ça, on
attend le rapport, et c'est sûr qu'on va regarder ça de très près puis on va
revenir mardi, ayant fait l'analyse et prêts, je n'en doute pas, à passer à
l'étude détaillée article par article et alinéa par alinéa de ce projet de loi
important. Donc, avec ça, M. le Président, je conclus. Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée. Est-ce que d'autres membres de la commission souhaitent... M.
le député de l'Acadie, la parole est à vous pour 10 minutes.
M.
Morin :Merci. Merci, M. le Président. J'aimerais effectivement
partager certaines observations en lien avec la motion que mon collègue, le
député de Maurice-Richard, a présentée. J'aimerais aussi,
avant, de façon préliminaire, partager mes observations suite à ce que disait
M. le ministre quand il nous invitait, il y a quelques minutes, à ce qu'on
puisse commencer assez rapidement à regarder le projet de loi article par
article. Et M. le ministre nous disait : Vous savez, vous pourrez toujours
voter contre. C'est vrai. Ça, c'est exact, dans l'opposition, ça arrive qu'on
vote contre, parfois, certains projets de loi, ça arrive. Mais voyez-vous, M.
le Président, l'avantage... Ah! le rapport est là? Ah! bon, bien là, écoutez...
Non, mais permettez-moi de... Bravo, j'en suis heureux. Quand allons-nous le
voir?
Une voix : ...
M.
Morin :Ah! bien, je n'en ai jamais douté, M. le ministre.
Une voix : ...
M.
Morin :Alors, si vous me permettez de continuer, M. le Président.
• (16 heures) •
Des voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Messieurs,
la parole est au député de l'Acadie, s'il vous plaît. Merci.
M.
Morin :Merci, M. le Président. L'avantage de travailler en
commission parlementaire, ce n'est justement pas uniquement de voter contre,
mais d'être capable de proposer des modifications, des amendements et donc de
bonifier un projet de loi du gouvernement. J'ai très hâte de lire le rapport du
BAPE parce qu'évidemment, tout dépendant de ce qu'il contient, on pourra
possiblement proposer des amendements. Et ça, ce n'est pas uniquement voter
contre, c'est bonifier.
Et je vous dirai humblement, je n'ai pas
une très longue carrière de parlementaire, mais j'ai quand même récemment vécu
l'exercice avec le projet de loi n° 8, auquel a participé M. le député de Saint-Jean.
Et justement, dans le cadre... et c'est pour exprimer... c'est pour vous donner
un exemple concret de mon propos, l'opposition officielle a soumis un nombre
important de modifications qui ont été acceptées par le gouvernement. Donc, ce
n'est pas uniquement de voter contre, c'est de faire un travail parlementaire
professionnel avec attention et d'être capable de proposer des choses qui vont
faire en sorte qu'en bout de piste le projet de loi, la loi va correspondre à
ce que s'attendent les Québécois et les Québécoises. Donc, ça, c'était pour mes
remarques préliminaires.
Maintenant, quant à la motion de M. le
député de Maurice-Richard, je suis prêt à l'appuyer parce
qu'effectivement ce qui est particulier, dans ce projet de loi, c'est la
création...
16 h (version révisée)
M.
Morin :...je suis prêt à l'appuyer, parce qu'effectivement ce
qui est particulier dans ce projet de loi, c'est la création, à l'article 4, d'une
société, et on n'a pas beaucoup d'information sur la société. Et d'ailleurs,
quand on regarde le mémoire qui a été déposé par Hydro-Québec à la commission,
on parle évidemment de l'objectif, du but souhaité, du partenariat avec le
Conseil mohawk, mais, quant à la société comme telle, comment elle va être
composée, qui va être là, que va-t-elle faire, va-t-elle être soumise à la
régie ou pas, qui seront ses employés, là on n'a pas d'information. Et donc,
compte... En fait, ce qu'on a, c'est qu'on dit «qu'il est prévu qu'Hydro-Québec
serait exclusivement responsable de la gestion, l'exploitation de l'entretien,
de la conformité de la ligne, comme pour le reste de son réseau.» Que viendra
faire la société? Qui seront ses employés? Seront-ils syndiqués?
Et c'est là que la demande du... à mon
avis, du député de Maurice-Richard devient pertinente, de vouloir entendre le Syndicat
canadien de la fonction publique, qui, en tant que syndicat depuis des années,
a une expertise, pourrait évidemment informer les membres de la commission sur
l'apport qu'un syndicat important pourrait faire pour la bonne marche de cette
société, ce que nous n'avons pas. Et c'est la raison pour laquelle moi, je suis
prêt à appuyer la motion de mon collègue député de Maurice-Richard. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Y a-t-il d'autres membres de la commission qui souhaiteraient s'exprimer?
Oui, Mme la députée... Mme la députée de Mille-Îles. Je vais finir par le
savoir. Excusez-moi. Vous avez 10 minutes.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Écoutez, la motion de mon collègue le député de Maurice-Richard est
intéressante pour les points qu'il a amenés, la question des filiales. On voit,
là, que, dans le fond, si on relit le projet de loi, là, dans le fond, la
société qui serait créée, en partenariat avec le Conseil des Mohawks, bon, c'est
limité à l'exercice des activités de transport. On dit que la société va
disposer «des mêmes pouvoirs qu'Hydro-Québec dans l'exercice de ses activités
et bénéficie de tous les droits de cette dernière», mais ce qu'on ne sait pas,
c'est : Est-ce qu'elle va appliquer les mêmes conditions salariales? Ça,
on l'ignore.
Moi, je veux vous dire, dans mon passé, et
là je ne retournerai pas aussi loin qu'en 1992, comme ma collègue la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, mais je vais retourner en 2000. En 2000, je travaillais au
Chili. J'y ai habité et travaillé quatre ans, au Chili. Et, à l'époque, il y
avait une entreprise qui s'appelait Transelec, qu'Hydro-Québec était, en fait,
en grande partie propriétaire, là, ils avaient 92 % de la société à l'époque.
Et cette société-là, elle fournissait l'énergie aux distributeurs locaux
chiliens, qui desservaient 99 % de la clientèle chilienne. Puis il était
aussi au Pérou, Transelec. Mais c'est évident que les conditions salariales des
employés chiliens de Transelec n'avaient rien du tout à voir avec celle des
conditions salariales d'Hydro-Québec à Montréal, au Québec, ça, c'est certain.
C'était loin, loin, loin d'être les mêmes conditions salariales. Donc, ça, ça
peut être intéressant, d'entendre le Syndicat canadien de la fonction publique
Québec, le SCFP, pour savoir leur vision de ça et comment il... bien, c'est ça,
l'enjeu de la sous-traitance.
Là, j'ai entendu que l'entretien,
généralement, dans les projets de transport, généralement, l'entretien est
réservé aux employés d'Hydro-Québec. Est-ce que ce sera aussi le cas dans le
cas de la société, la filiale? Moi, je trouve intéressant s'il y a
effectivement des garanties d'emploi aux Mohawks, mais j'imagine que le conseil
va faire ses représentations ou a déjà fait ses... si le conseil de bande a
déjà fait ses représentations à cet effet-là. Mais je rappelle qu'Hydro-Québec va
contrôler la majeure partie de cette nouvelle... de cette société qui va être
créée. Donc, au bout du compte, c'est Hydro-Québec qui va décider des
conditions et de qui pourra obtenir ces <emplois-là...
Mme Dufour :
...créée.
Donc, au bout du compte, c'est
Hydro-Québec qui va décider des
conditions et de qui pourra obtenir ces >emplois-là, donc ce serait intéressant
d'entendre le syndicat à cet effet-là.
Et, quand on regarde, là, le nombre de
filiales d'Hydro-Québec, il y a un organigramme sur le site d'Hydro-Québec, là,
les participations, ils en ont plusieurs, vraiment beaucoup, beaucoup de
participations dans différentes filiales. Donc, il faut juste s'assurer que ça
ne devienne pas une façon, dans le fond, de se détourner d'obligations que
l'entreprise aurait, que la société d'État aurait, si elle était propriétaire à
100 % de la société.
J'aimerais souligner, en passant, qu'à
l'époque Hydro-Québec a vendu ses parts de Transelec. C'était en 2006, donc je
réfère à l'époque au Chili. Elle a vendu ses parts pour... elle a dit faire un
profit... elle aurait fait un profit de 750 millions. Malheureusement,
bon, à l'époque, ils étaient très, très contents, Hydro-Québec, de se départir
de plusieurs filiales. C'était en 2006. Aujourd'hui, la valeur de ce qu'Hydro-Québec
possédait au Chili... elle n'a pas fait de profit en les vendant à cette
époque-là, malheureusement, ça a été... l'énergie a pris énormément d'ampleur,
et aujourd'hui la valeur de cette entreprise-là est incommensurable, à comparer
au prix que ça a été vendu à l'époque.
Et donc je suis contente de lire que, dans
ce projet de loi là, on prévoit que les parts ne peuvent pas être cédées à un
tiers. Elles doivent rester à Hydro-Québec si elles ne sont plus parties du
Conseil des Mohawks. Donc, ça, c'est vraiment une bonne avancée, là, de faire
en sorte que ça ne puisse pas être revendu, ces parts-là, et que ça reste chez
nous.
Je ne m'éterniserai pas éternellement,
mais, je vais vous dire, contrairement à ce que mon collègue le député de
Sainte-Rose mentionnait, et ministre délégué à l'Économie, non, ce n'est pas
l'objectif seulement de voter contre un projet. On est ici pour améliorer les
projets de loi. Et, pour pouvoir améliorer les projets de loi, bien, il faut
qu'à l'étude article par article on ait toutes les informations. Alors, c'était
la raison pour quoi on souhaitait tous avoir le rapport du BAPE avant de
procéder à cet article... à cette étude.
Et d'ailleurs l'enjeu de la... et là je
l'ai téléchargé pendant que d'autres collègues parlaient, le rapport, et
l'enjeu de la transition énergétique est mentionné à deux... bien, en fait, est
mentionné... c'est le principal, là, ce qui est mentionné dans le rapport. On
dit que... On mentionne le fait qu'il va y avoir une diminution, là, des
capacités de production et qui va... et ça va impliquer des nouveaux
approvisionnements, éventuellement, Hydro-Québec. On dit : «La commission
d'enquête», je le lis, là, «La commission d'enquête est d'avis que, face à
l'urgence climatique, à l'imminence du besoin d'augmenter l'approvisionnement
énergétique du Québec, la transition énergétique devrait être fondée sur une
planification qui concilie ses besoins en approvisionnement et ses projets
d'exportation d'électricité.» Je ne sais pas si cette planification-là a été
faite avant d'autoriser ce projet, ici, qu'on est à l'étude. «Et comme cette
transition implique d'importants changements sociétaux qui engagent plus que la
seule responsabilité gouvernementale, cette planification gagnerait à favoriser
une participation active et inclusive de la société civile. Cela permettrait un
débat à partir duquel les grandes orientations stratégiques seraient
déterminées, tout en obtenant un éclairage sur les divers enjeux de
développement durable qu'une telle planification soulève.»
• (16 h 10) •
Et là j'aimerais souligner que nous avions
proposé une commission. C'était d'ailleurs ma collègue, je crois, la commission
nationale... non, c'était le député de Jacques-Cartier, la commission nationale
itinérante sur l'avenir énergétique. Et le rapport du BAPE, je pense, vient
appuyer cette demande-là en disant : Là, il y a des projets qui avancent,
mais avant, pour le futur, il faudra avoir cette conversation nationale là.
Sinon, bien, ils le disent, là, on pourrait s'en aller dans le mur. On va avoir
besoin de nouveaux approvisionnements. Et on le sait tous, que ce n'est pas si
simple que ça, d'avoir de nouveaux approvisionnements en électricité quand
c'est très, très... certains projets, là, sont énormément énergivores et qu'il
y a de moins en moins de rivières à harnacher, on s'entend. Et la capacité
éolienne, ça prend un bon moment avant d'augmenter. Donc voilà.
Alors, pour moi, ça complète, là, mon
intervention. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée. Ne présumant de rien, est-ce que d'autres membres de la
commission souhaitent s'exprimer sur cette motion préliminaire?
Comme il semble que non, nous allons
procéder à la mise aux voix. Alors, est-ce <que...
Le Président (M. St-Louis) :
...motion
préliminaire?
Comme il semble que non, nous allons
procéder à la mise aux voix. Alors, est-ce >que cette motion... Oui, M.
le député?
M. Bouazzi : ...vote nominal,
s'il vous plaît.
Le Président (M. St-Louis) : M.
le secrétaire, à la demande du député de Maurice-Richard, nous allons procéder
à la mise aux voix par appel nominal.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Bouazzi (Maurice-Richard)?
M. Bouazzi : Pour.
Le Secrétaire : M. Skeete
(Sainte-Rose)?
M. Skeete : Contre.
Le Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
Le Secrétaire : M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire : M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
Le Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
Le Secrétaire : Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme McGraw : Pour.
Le Secrétaire : M. Morin
(Acadie)?
M. Morin : Pour.
Le Secrétaire : Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Pour.
Le Secrétaire : M. St-Louis
(Joliette)?
Le Président (M. St-Louis) : Abstention.
Alors, la motion est rejetée.
La commission est maintenant prête à
prendre en considération l'article 1 du projet de loi. M. le ministre, veuillez
en faire la lecture. La parole est à vous.
M. Skeete : Avec plaisir, M.
le Président.
M. Morin : ...si vous
permettez?
Le Président (M. St-Louis) : Oui,
M. le député.
M. Morin : Avant le début de
l'étude détaillée, tel que prévu à l'article 245 et conformément à notre
jurisprudence, pour cette étude détaillée, je demande à ce que les articles de
ce projet de loi soient étudiés alinéa par alinéa et paragraphe par paragraphe,
et ce... à ce que chacun des articles qu'on propose de modifier ou d'ajouter
dans les lois existantes soit étudié séparément là où c'est applicable, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci.
C'est noté.
M. Morin : Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
M. le ministre, la parole est à vous. Un instant. Oui, M. le député?
M. Bouazzi : M. le Président,
maintenant qu'on a le document, moi, je demande simplement une suspension, le
temps de le lire pour bien faire notre travail. Et je suis sûr que le ministre
ici présent, qui, lui, l'a probablement déjà lu, pense que c'est pertinent que
nous ayons la même quantité d'informations concernant le même projet de loi
pour pouvoir le bonifier, si possible.
M. Skeete : M. le Président,
non, je n'avais pas lu le rapport à l'avance, donc je savais, selon le ministre
de l'Environnement, qu'il n'y avait pas de crainte à avoir.
Par contre, je pense qu'on pourrait
commencer par lire l'article n° 1. Ce serait le fun
d'au moins faire ça avant la fin de la journée. Puis, après l'article 1, je ne
propose même pas de l'adopter. Commençons. Il reste quelques minutes. Donc,
maximisons le temps ensemble et poursuivons.
Le Président (M. St-Louis) : Écoutez,
je pense que, dans les procédures usuelles, puis voyant le temps qu'il nous
reste, la proposition du ministre me semble raisonnable. Donc, nous allons
procéder avec la lecture de l'article 1.
M. Skeete : Je procède, M. le
Président :
«Afin de faciliter la réalisation du
projet Hydro-Québec de fournir l'électricité principalement à la ville de New
York, lequel inclut la construction et l'exploitation d'installations destinées
à transporter de l'électricité entre le poste Hertel, à La Prairie, et un endroit
d'interconnexion dans la rivière Richelieu, à la frontière canado-américaine,
la présente loi a pour objet de conférer à Hydro-Québec un pouvoir de cession
de ces installations. Elle a aussi pour objet d'alléger la procédure
d'expropriation applicable aux acquisitions effectuées par Hydro-Québec et
nécessaires à la construction de ces installations.
«Pour l'application de la présente loi, on
entend par "ligne d'interconnexion Hertel-New York" les installations
de transport d'électricité visées au premier "aliéna".»
Je vous avise tout de suite, chers
collègues, j'ai bien de la misère avec ce mot-là.
Une voix : Alinéa.
M. Skeete : Oui, je le
comprends intellectuellement, mais je le muffe tout le temps, ça fait que je
vous le dis tout de suite, bon.
L'article 1 du projet de loi de la
présente... présente l'objet de loi. D'abord, la loi vise à ce qu'Hydro-Québec
puisse céder des installations de transport d'électricité afin de fournir,
principalement à la ville de New York, de l'électricité. La loi prévoit aussi
une procédure allégée en matière d'expropriation dont pourra bénéficier Hydro-Québec
pour la construction des installations de transport.
Enfin, cet article prévoit que, dans la
loi, les installations de transport sont nommées la ligne d'interconnexion
Hertel-New York.
Je suis prêt, collègues, à recevoir vos
questions, commentaires et, j'ose être assez optimiste, peut-être adopter
l'article 1.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Donc, je cède la parole à un membre de l'opposition officielle.
Des voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Députée
des Mille-Îles, la parole est à vous.
Mme Dufour : Merci beaucoup.
Alors, peut-être une question sur le mot «alléger» la procédure <d'expropriation...
Mme Dufour :
...beaucoup.
Alors, peut-être une question sur le mot «alléger» la procédure >d'expropriation.
Est-ce que c'est possible de nous indiquer qu'est-ce que... quelle serait la
procédure d'expropriation, les mesures d'allègement qu'on veut mettre en place?
Puis est-ce que ça pourrait créer des conflits supplémentaires avec les
propriétaires touchés?
M. Skeete : C'est une
excellente question, qui... qui fait objet à l'article 7. Je suggère que
la collègue garde cette question-là pour ce moment-là.
Ici, on est surtout dans l'acceptation de
l'idée derrière le projet de loi, donc... Mais c'est à l'article 7, là, je
pense, que ce serait peut-être plus opportun d'avoir cette discussion-là.
J'imagine qu'il va y avoir des longues discussions à ce sujet-là à
l'article 7.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. La parole est maintenant au représentant de la deuxième
opposition officielle, M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Je voudrais juste d'abord réagir à l'idée que c'était pertinent pour
nous de parler aussi longtemps avant d'avoir ce rapport. J'ai beaucoup de respect
pour les fonctions de toutes les personnes qui sont autour de la table, mais je
note que, pour M. le ministre, c'est très pertinent d'attendre autant. Et j'en
prends bien note. Et je comprends que, pour lui, c'est important de faire durer
les choses pour pouvoir avoir accès aux données dont on a besoin et je vais
tenter, des fois, de le satisfaire, parce que je trouve ça quand même décevant.
Sur le projet de loi, bien, je poserai une
question simple au ministre : Par rapport au rapport du BAPE, justement,
comment il interprète le... l'article 1 en fonction de ce qu'il y a dans
le rapport du BAPE actuellement?
M. Skeete : Excellente
question, M. le Président. En fait, ce qui est intéressant à noter, c'est que
le collègue, à plusieurs reprises, disait qu'il était somme toute d'accord avec
le principe de la loi qu'on vise à l'article... dans le projet de loi
n° 13. Donc, l'article 1 touche essentiellement à ça : Sommes-nous
d'accord avec l'idée de faire une ligne d'interconnexion vers New York? Alors,
je pense que s'il y a une chose qui a été claire par les interventions du
collègue à nombreuses reprises, c'était le fait qu'il n'avait pas le bac... le
BAPE, pardon, devant lui qui lui empêchait de dire : Non, moi, je veux
vraiment être 100 % content, puis ça va me permettre de pouvoir vous aider
à arriver à vos fins. Et je suis d'accord avec l'idée d'aider New York à se
décarboner, donc je veux avancer. Mais, en fait, l'article 1 ne fait que
juste dire, toutes choses étant égales par ailleurs, le principe est de faire
une ligne d'interconnexion entre le Québec et l'État de New York dans le but de
vendre de l'électricité à New York, et, je dois le dire, si jamais un jour on
est en déficit, de recevoir de l'énergie de nos voisins aussi. Donc, c'est une interconnexion
importante pour l'avenir en général, et ici on parle, dans l'article 1, du
moins, du principe.
M. Bouazzi : Donc, je veux
juste être sûr : Quel est le rôle du BAPE, d'après M. le ministre, et du
rapport dont on parle?
M. Skeete : Bien, en fait, le
rôle du BAPE est pour éclairer le gouvernement du Québec sur les projets qu'il
y a et de lui donner des conseils sur la manière la plus efficace,
environnementalement parlant, de procéder à ses désirs et ses options de
réalisation. Voilà.
• (16 h 20) •
M. Bouazzi : Donc, le BAPE
sert à prendre des décisions éclairées pour le gouvernement et évidemment pour
les ministres qui en font partie. Et donc je comprends qu'il y a un rapport où,
maintenant, on a accès... malheureusement, on n'a pas encore eu le temps de le
lire, qui porte justement sur le présent projet. Et donc en quoi le rapport du
BAPE a éclairé M. le ministre ici? Comment il vous a éclairé? Qu'est-ce que
vous en pensez exactement de ce que le BAPE vous a dit, qui, d'après les
raisons mêmes pourquoi le BAPE existe et ce rapport-là, devrait vous éclairer
pour prendre des décisions concernant ce projet de loi?
M. Skeete : Il y a peu
d'avantages aux délais qu'on a subis en attendant le rapport du BAPE, mais un
des avantages est que, pendant que vous étiez à nous énumérer la pertinence
d'avoir un syndicat qui avait déjà refusé, de sa participation, d'être ici,
c'est que j'ai eu la chance de lire la conclusion, entre autres, mais aussi les
quelques sections dans le rapport, et il semble, selon moi, comme si c'est des
considérations très valides, des informations très pertinentes et aussi surtout
des recommandations d'ordre de gouvernance. Donc, tout ça est dans la bonne
pratique et dans les meilleures pratiques. Je suis encore une fois rassuré, non
<seulement...
M. Skeete :
...la
bonne pratique et dans les meilleures pratiques. Je suis encore une fois
rassuré, non >seulement par ça, mais aussi par le fait que mon collègue
le ministre de l'Environnement m'avait dit qu'il n'y avait rien dans le projet
qui, lui pensait, pourrait faire en sorte qu'on nuisait à l'environnement.
Donc, avant... ayant cette information de mon collègue et maintenant avoir lu
certaines parties du rapport, je suis confiant, comme je l'étais avant, qu'on
peut procéder du moins à l'acceptation de l'article 1.
M. Bouazzi : Est-ce que...
Le Président (M. St-Louis) : Si
vous permettez, M. le député...
M. Bouazzi : Est-ce que...
Non, mais je pense que c'est une conversation intéressante, parce que je
comprends que M. le ministre a lu seulement la conclusion sur un rapport qui
devrait lui permettre de prendre des décisions pertinentes et éclairantes sur
un projet de loi, je pense que c'est vraiment une conversation de fond sur à
quoi sert les institutions du Québec qui nous permettent à bien légiférer.
Est-ce que M. le ministre trouve normal que lui ait lu la conclusion, par
exemple, et je pense que ce n'est probablement pas assez, et que d'autres
législateurs ici présents ne l'ont pas encore lue?
M. Skeete : Bien, M. le
Président, je voudrais vous rappeler que ça serait important, vu qu'on est
rendus à l'article 1, qu'on spécifie qu'on parle de l'article 1, pas
la philosophie de qui travaille comment. Mais je rappellerais au collègue
qu'ici, par sa voix, lui-même nous a fait part à de nombreuses reprises qu'il
était d'accord avec le principe, mais que, lui, ce que ça lui prenait
absolument, c'était d'avoir de manière publique le BAPE, chose qu'on a livrée.
Donc, le BAPE, il est public. Et ici on parle du principe. Alors, avec son
accord, je serais prêt, moi, à passer au vote.
M. Bouazzi : Malheureusement,
M. le Président, je pense que M. le ministre n'a pas compris ce que j'ai
pourtant dit à répétition. C'est que, ce rapport-là, on en a besoin pour
pouvoir prendre des décisions éclairées en tant que législateurs, pas pour ce...
qu'il soit public et qu'il flotte sur Internet pendant que nous, on parle d'un
projet de loi où il y a un rapport du BAPE qui explique, je le rappelle, c'est
quoi, les impacts environnementaux de ce projet, et qui vient justement nous
éclairer pour pouvoir bien faire notre travail, nous avant tout le monde, mais
aussi pour que les autres citoyens le sachent. Et je note donc qu'il n'a pas
entendu tout ce qu'on a dit et répété sur l'importance d'avoir accès à ce
document pour pouvoir bien faire notre travail.
Par contre, moi, j'ai entendu le ministre
quand il nous a dit l'importance de passer du temps à expliquer, à échanger en
tant que parlementaires, qu'il a pensé que tout ce qui s'est passé ce matin
était justement un exercice important. Et je pense qu'on va continuer l'exercice
important d'échanger sur l'importance du BAPE pour pouvoir bien faire notre
travail parlementaire.
Donc, je repose la question au ministre :
Est-ce qu'il pense que c'est pertinent pour nous de ne pas l'avoir lu pour
pouvoir répondre à ce qu'on pense de ce projet de loi?
Le Président (M. St-Louis) : Si
vous permettez, M. le ministre, M. le député de Maurice-Richard, ce serait le
dernier échange sur le sujet. On est à la lecture de l'article 1, donc le
débat devrait se faire sur l'article 1. Et, afin de permettre à
l'opposition officielle aussi d'intervenir, la prochaine question sera pour la
députée de Notre-Dame-de-Grâce. Donc, M. le ministre, la parole est à vous.
M. Skeete : Je n'ai rien à
rajouter, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Donc, la parole est à la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Oui. Merci, M.
le Président. Et je promets que ça va terminer avec une question précise sur
l'article n° 1. Mais j'ai une observation qui sert de
contexte pour ma question, et ça a rapport au projet... au rapport du BAPE. C'est
sûr qu'on n'a pas eu le temps de tout lire, mais on prend note du document,
rapport en un clin d'oeil.
Et le dernier paragraphe, donc, c'est le
contexte pour ma question, l'enjeu relatif à la transition énergétique :
«...face à l'urgence climatique et l'imminence du besoin d'augmenter
l'approvisionnement énergétique du Québec, la transition énergétique devrait
être fondée sur une planification qui concilie ses besoins en approvisionnement
et ses projets d'exportation d'électricité. Et comme cette transition implique
d'importants changements sociétaux qui engagent plus que la seule
responsabilité gouvernementale, cette planification gagnerait à favoriser une
participation active et inclusive de la société civile. Cela permettrait un
débat à partir duquel les grandes orientations stratégiques seraient
déterminées tout en obtenant un éclairage sur les divers enjeux du
développement durable qu'une planification soulève.»
Donc, ça rejoint beaucoup les commentaires
qu'on avait et le questionnement au niveau économique et environnemental.
Alors, avec ça comme contexte... Et c'est
un contexte très important parce que ça, ce n'est pas une petite chose. C'est
considérable que le BAPE ait décidé de sortir un peu de la consultation ciblée
puis de dire : C'est tellement important, cet enjeu-là, qu'on a
effectivement besoin d'une commission ou une consultation publique. Donc, <c'est...
Mme McGraw :
...cet
enjeu-là, qu'on a effectivement besoin d'une commission ou une consultation
publique. Donc, >c'est... c'est quand même extraordinaire.
Avec ça comme contexte, question
spécifique, maintenant que le rapport du BAPE est sorti — et le
gouvernement a accès à ce rapport depuis le 1er mars, donc ce n'est pas du
nouveau pour le représentant du gouvernement — donc on aimerait
savoir, en parlant... article n° 1, lorsqu'on parle
d'interconnexion dans la rivière Richelieu, est-ce qu'on connaît... Est-ce que
vous pouvez... maintenant que le rapport est là, vous êtes en position
depuis... le gouvernement, depuis le 1er mars, est-ce que vous pouvez nous
renseigner davantage sur les impacts environnementaux pour la rivière?
M. Skeete : Merci, M. le
Président, pour me céder la parole. Premièrement, je voudrais rappeler au
collègue... à la collègue, pardon, qu'on va avoir... et le ministre de
l'Énergie l'a déjà dit, qu'il va y avoir des consultations en mai pour un
rapport qui va être déposé au mois de... à l'automne. Donc, j'entends
l'opposition souvent dire que ça prend un débat. On en fait un actuellement. On
en a eu un avec le projet de loi n° 2. J'ai eu la
chance de faire une interpellation avec les collègues récemment aussi à ce
niveau-là. Donc, on est toujours partants pour avoir ces discussions-là. On n'a
jamais autant parlé d'Hydro, et d'Hydro-Québec, et d'hydroélectricité, et de la
transition énergétique, et comment qu'on va alimenter l'avenir qu'on le fait
actuellement. Donc, le débat que vous souhaitez, on l'a, on est dedans. Alors,
la collègue, elle défonce une porte déjà ouverte.
Bon, pour ce qui est de la ligne
d'interconnexion, on a un tracé qui a été rendu public, on a une analyse
d'impact qui se trouve dans le rapport et aussi on a les analyses de... les
gens du BAPE. Mais surtout, quand qu'on pense au paragraphe que la collègue
nous a lu, c'est important de le répéter parce que je pense qu'on ne peut pas
assez le dire, il y a l'objectif de vendre de l'électricité afin d'aider nos
voisins à se décarboner. Aussi, ça a l'avantage de faire des revenus pour le
gouvernement du Québec. Il y a aussi la planification pour l'avenir. On ne sait
jamais. Peut-être, un jour, on va avoir besoin d'importer de l'énergie. Donc,
l'interconnexion, ce n'est pas juste un enjeu d'exportation de notre
électricité, c'est aussi une interconnexion avec un voisin qui devient une
connexion stratégique pour le nord-est.
Alors, tout ça ensemble fait en sorte
qu'on arrive avec un projet d'interconnexion qui nous permet à nous de voir à
l'avenir, d'assurer notre approvisionnement aujourd'hui et futur. Donc, on est
dans ça. C'est ça, la raison d'être de cette interconnexion-là.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Alors, ceci met fin...
Écoutez, je souhaitais vous remercier pour
votre collaboration aux travaux de la commission.
Alors, la commission ajourne ses travaux à
demain, vendredi 17 mars, où elle... entreprendra, pardon, un nouveau
mandat. Merci à tous, à toutes et à tous.
(Fin de la séance à 16 h 29)