(Onze heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Ciccone) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles
ouverte. Je vous souhaite la bienvenue et
je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de poursuivre les
consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 2, Loi visant notamment à plafonner le taux
d'indexation des prix des tarifs domestiques de distribution
d'Hydro-Québec et à accroître l'encadrement de l'obligation de distribuer de
l'électricité.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Zaga Mendez (Verdun) est remplacée par M. Bouazzi
(Maurice-Richard).
Auditions (suite)
Le Président (M. Ciccone) : Ce
matin, nous entendrons la Fédération canadienne des contribuables et M. Jean-François Blain. Je souhaite donc la
bienvenue au représentant de la Fédération canadienne des contribuables.
Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis
nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je
vous invite donc à vous présenter et à commencer votre exposé.
Fédération canadienne
des contribuables (FCC)
M. Gagnon (Nicolas) : Merci, M. le
Président. D'abord, je tiens à me présenter. Mon nom est Nicolas Gagnon, et je
suis le directeur Québec pour la Fédération canadienne des contribuables.
La FCC est un organisme citoyen à but non
lucratif et non partisan qui milite aux quatre coins du Canada depuis 1990 pour obtenir des baisses d'impôt,
moins de gaspillage de l'argent des contribuables et un gouvernement
plus responsable. Au nom de nos dizaines de
milliers de sympathisants du Québec, mais aussi de l'ensemble des
contribuables québécois, je vous remercie de nous offrir l'opportunité de venir
commenter le projet de loi n° 2, qui vise notamment à plafonner le taux
d'indexation des prix domestiques de distribution d'Hydro-Québec.
D'emblée, j'aimerais commencer en disant que
notre organisation est favorable au projet de loi n° 2. Les contribuables
québécois font face à des turbulences économiques sans précédent. Entre les
hausses de taxes foncières, l'explosion du
coût du panier d'épicerie ou les multiples hausses de taux d'intérêt de la
Banque du Canada, la dernière des choses dont les Québécois ont besoin
sont des hausses démesurées de leur facture d'électricité.
Nous pensons
qu'il est dans l'intérêt des contribuables que des modifications soient
apportées dans les plus brefs délais au mécanisme d'établissement des
tarifs d'Hydro-Québec afin de corriger les failles du projet de loi n° 34 déposé à l'automne 2019. À l'origine, notre
organisation s'était positionnée en faveur du projet de loi n° 34 parce
que celui-ci incluait des dispositions permettant la redistribution de près de
1,6 milliard des trop-perçus d'Hydro-Québec à ses clients en plus de
limiter la hausse des tarifs en fonction de l'indice des prix à la consommation.
Notre position en faveur de cette précédente
pièce législative s'explique par le fait que l'évolution des tarifs domestiques
entre 2004 et 2019 montrait qu'ils avaient... qu'ils avaient augmenté à un
rythme plus élevé que l'IPC québécois. Il a
également été observé que la croissance des tarifs d'Hydro-Québec, au courant
des 50 dernières années, a généralement suivi celle de l'IPC. Or,
c'est pour cette raison que nous considérions que cette modification tarifaire était dans l'intérêt des contribuables. Malheureusement,
il n'était pas possible de prévoir, au moment de déposer le projet de loi n° 34, qu'une pandémie bouleverserait
le monde quelques mois plus tard ni que l'inflation du Québec... au
Québec, pardon, grimperait à des sommets inégalés en 40 ans. Sans
modification au mécanisme tarifaire, les factures d'électricité grimperont, le
1er avril prochain, de 6,4 %, soit une hausse record.
Tout bien considéré, force est de reconnaître
que l'indexation des tarifs d'électricité d'Hydro-Québec à l'IPC aurait dû être
mieux balisée. Il s'agit, en fait, de la faille la plus importante du projet de
loi n° 34. Bien que le nouveau mécanisme des tarifs soit appréciable, une
correction est urgente. Notre compréhension est que le projet de loi étudié
aujourd'hui apporte les correctifs pour y remédier en plafonnant les tarifs
d'Hydro-Québec au taux supérieur de la
fourchette de maîtrise de l'inflation par la Banque du Canada ou 3 %.
Autrement dit, si l'IPC observé au courant de l'année précédente est
supérieur à 3 %, la hausse des tarifs ne pourra pas dépasser le seuil
établi, si l'IPC est inférieur à 3 %, la croissance des tarifs sera
automatiquement indexée.
Ce faisant, nous
croyons que le gouvernement s'engage dans la bonne direction pour plusieurs
raisons. Dans un premier temps, cette
modification permet d'ajouter la balise manquante à un mécanisme qui doit
renforcer la prévisibilité et l'abordabilité des
tarifs pour l'ensemble des clients domestiques d'Hydro-Québec. D'autre part, il
est clair que le plafonnement des tarifs
pour l'année en cours permettrait de réduire considérablement les prix par
rapport à la hausse projetée.
Dans le mémoire
déposé auprès de ce comité, dont une seconde version corrigée suivra, nous
avons calculé l'évolution des tarifs D, DP, DM, DT en fonction de la variation
tarifaire attendue si l'indexation était maintenue à l'IPC, comme le prévoit le projet de loi n° 34, versus si la
variation était plafonnée à 3 %, comme le prévoit le projet de loi n° 2. Après calcul, l'impact d'une
variation de 6,4 % représente plus du double des charges tarifaires
additionnelles pour les factures d'électricité domestiques calculées en 2022.
De plus, il n'est pas sans rappeler que la Banque du Canada garde toujours
sur... le cap pour un retour à sa cible de croissance de l'inflation à 2 %
pour 2024. Dans le cas où la banque échouerait dans ses prédictions, le
plafonnement des tarifs permettrait aux Québécois d'assumer une croissance des
tarifs d'électricité inférieure à l'inflation.
À titre de
recommandation additionnelle, nous invitons le gouvernement du Québec à inclure
les petites et moyennes entreprises du Québec dans le projet de loi n° 2
afin que celles-ci puissent également profiter d'une hausse des tarifs d'électricité limitée à un maximum de
3 %. Si la loi n° 2 se veut être une mesure déflationniste ou qui
limite l'inflation, il est clair que la hausse des tarifs dont écoperont les
PME québécoises ne fera qu'augmenter les charges des entreprises et, de facto, les prix payés par leur clientèle. Il est
estimé par certains organismes, dont la FCEI, que la cause... que la
hausse des tarifs coûtera près de 250 millions aux PME. Alors que le
gouvernement du Québec tente d'éliminer les
écarts de richesse avec les autres provinces et de ralentir l'inflation, il serait
contreproductif que d'affliger les entreprises québécoises avec des
hausses de tarifs insoutenables. Un plafonnement des tarifs pour les
entreprises, ne serait-ce que temporaire, serait bien accueilli par l'ensemble
des contribuables.
Pour conclure, notre
organisation est présente devant ce comité aujourd'hui afin d'appuyer les
modifications apportées par le projet de loi n° 2 en ce qui a trait au
plafonnement des tarifs domestiques d'Hydro-Québec. Nous espérons que la pièce
législative sera adoptée dans les plus brefs délais afin d'éviter une hausse
record des factures d'électricité aux contribuables québécois le 1er avril
prochain. Merci.
• (11 h 30) •
Le Président (M.
Ciccone) : Merci beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant
débuter la période d'échange avec M. le ministre. Vous avez 16 min 30 s.
M.
Fitzgibbon : On vous
remercie pour votre présence aujourd'hui. Juste une question pour les PME.
J'aimerais vous entendre : Ne pensez-vous pas que, si on était pour
réduire l'augmentation aux PME, qui déjà bénéficient d'un taux très avantageux quand on compare aux autres
provinces ou même aux États-Unis... qu'on n'impose pas ce fardeau-là aux
particuliers? Alors, j'aimerais vous entendre sur l'aspect compétitif des
entreprises, considérant encore une fois que le taux qu'ils paient présentement
est très avantageux par rapport à d'autres juridictions.
M. Gagnon
(Nicolas) : Merci, M. le ministre. En fait, je suis d'accord avec vous
que les PME, au Québec, paient effectivement un tarif avantageux si on les
compare avec d'autres régions comme telles, mais il ne faut quand même pas
oublier qu'on est aussi... on est les PME parmi les plus taxées en Amérique du
Nord. Mais, d'ajouter une hausse de tarifs par-dessus la hausse des coûts auxquels
ils font déjà affaire avec l'inflation, donc d'augmenter leurs tarifs d'électricité de 6,4 % à un moment où
est-ce qu'ils s'attendaient plutôt à être inclus dans le projet de loi
n° 2, comme c'était initialement le cas, bien, en fait, je ne suis
pas sûr que ça aiderait leur situation dans ce cas-ci.
M.
Fitzgibbon : Merci. Collègue.
Le Président (M.
Ciccone) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions du côté de la partie gouvernementale? Non. C'est beau. Bon.
Alors, je vais passer immédiatement au député de Jacques-Cartier pour un temps
de 12 min 23 s.
M. Kelley : Merci, M. le Président.
Selon votre avis, est-ce qu'il y a toujours des trop-perçus avec ce projet de
loi?
M. Gagnon
(Nicolas) : Bien, pour l'instant... Bien, merci beaucoup pour votre
question. En fait, de ce qu'on a compris, c'est qu'il y avait jusqu'à
125 millions de dollars qui pourraient être cumulés par Hydro-Québec
grâce à... entre autres en bonne partie grâce à l'inflation, et qui seraient...
qui devraient être redistribués aux consommateurs québécois. Malheureusement, on n'a pas réalisé que c'était dans le...
discuté dans le projet de loi n° 2. Par contre, on sait que c'était le cas dans le projet de loi n° n° 34. On a remarqué qu'au courant du projet de loi n° 34 il y a une
partie du montant qui avait été déposée, bien, sous forme de crédit puis
que l'autre, le 1 milliard supplémentaire, avait plutôt été versé sous
forme de gel tarifaire en 2020, qui s'échelonnerait sur cinq ans et qui
donnerait une économie de 1 milliard. On espère que la prochaine fois que
des trop-perçus seront cumulés par Hydro-Québec, ils seront versés directement
aux consommateurs québécois.
M. Kelley : Parfait.
Merci beaucoup. Je veux aussi juste entendre... Dans votre mémoire, vous parlez
un petit peu aussi de la question de la sobriété énergétique et un petit peu la
pression qui est mise sur le dos des Québécois. Juste selon vous, c'est quoi,
la meilleure façon que peut-être Hydro-Québec peut aider des gens à faire cette
transition énergétique eux-mêmes et décarboniser sans être obligés de toujours
payer plus?
M. Gagnon
(Nicolas) : Merci beaucoup pour votre question. Bien, en fait,
tout ce que j'aurais à dire là-dessus, c'est que, oui, bon, la sobriété
énergétique, c'est... c'est facile, en parler pour les consommateurs, mais on
dirait qu'une des institutions qui devrait plutôt se
lancer dans cette forme de sobriété, c'est peut-être même Hydro-Québec elle-même. Il y avait des études qui ont été,
entre autres, publiées par... Bien, entre autres, l'étude sur la rémunération
globale des employés d'Hydro-Québec en 2021 démontrait qu'ils étaient jusqu'à
20 % mieux payés que leurs équivalents dans
le même marché, donc à la ville de Montréal, Banque Nationale ou Caisse de
dépôt et placement. Donc, je veux dire, on a une institution qui s'est versé, juste l'année dernière... pardon,
en 2021, pas loin de 236 millions de dollars, à ses hauts dirigeants et cadres, en salaires et primes. C'est
quand même hallucinant qu'on demande aux Québécois de faire preuve d'une sobriété énergétique, alors qu'il n'y a pas
de sobriété de la part d'Hydro-Québec dans sa gestion des
infrastructures.
Puis, en même
temps, les autres mécanismes qui visent la sobriété, dont Hilo... la filiale
Hilo ne s'est pas avérée non plus,
pour l'instant, être un effort rentable, tant pour les Québécois que pour
Hydro-Québec. Donc, je pense que c'est plutôt Hydro-Québec qui devrait
s'engager elle-même dans la sobriété avant de refiler cette pression aux
consommateurs.
M. Kelley : Parfait. Puis on a
discuté ça, hier, avec plusieurs groupes, mais, pour une personne... J'ai
utilisé l'exemple de mes parents. Ils sont peut-être en train de changer les
fenêtres chez eux. Ils ont eu quelqu'un qui est venu pour faire une évaluation.
C'était environ 20 000 $ pour changer 12 fenêtres. C'est pas mal
beaucoup, mais, si on veut garder la chaleur à l'intérieur de la maison et pas
juste de baisser le chauffage, ça prend des investissements de tout le monde, pas mal importants... très
importants. Alors, on a eu le programme RénoVert, que c'était un
crédit d'impôt. Selon vous autres encore, je sais que vous préférez un
État qui est limité... dépenses sont limitées, mais quand même, si on veut
décarboniser notre société, le gouvernement doit être prêt pour aider les
familles québécoises à faire cette transition. Alors, est-ce que vous êtes
toujours en mode que les programmes qui existent marchent ou est-ce que le
gouvernement doit élargir, peut-être revient avec le programme RénoVert, puis
simplifier le processus pour les gens qui font des rénovations?
M. Gagnon
(Nicolas) : Merci pour cette question-là. C'est une très bonne
question. Je dirais qu'effectivement de rendre disponibles les
programmes les plus abordables que possible pour permettre cette transition-là
d'initiatives individuelles de la part des
consommateurs, je pense que c'est mieux que de leur imposer à travers des
hausses de tarifs. Donc, je vais
définitivement dans le sens des différents groupes qui se sont positionnés en
faveur de ce genre d'initiatives là.
Par contre,
vous parlez de réinvestissement dans les... par exemple, là, dans la propriété,
de... pour changer les fenêtres, et tout ça. Je veux dire, les Québécois
viennent de voir leurs taxes foncières augmenter, ils viennent de voir leur charge hypothécaire presque doubler, là ils
vont voir peut-être leur taux... espérons que le projet de loi n° 2
passera, mais, sinon, les tarifs d'électricité vont aussi augmenter. C'est de
l'argent que les gens n'ont pas pour investir dans leur propre maison puis
faire des choix plus écoénergétiques.
M. Kelley : Parfait. Merci. Merci
beaucoup. Hier, on a aussi eu des discussions avec Hydro-Québec puis avec des
différents groupes que, pour l'avenir, pour la suite des choses, oui, on a ce
projet de loi ici, qui garde le tarif jusqu'à 3 %, mais, quand même,
chaque fois qu'Hydro-Québec va ajouter des projets des approvisionnements, ça
va probablement mettre des pressions sur tous les clients d'Hydro-Québec d'être
obligés peut-être de payer plus. Alors, est-ce que vous avez des suggestions
pour le gouvernement, des mises en garde que, dans ce processus d'ajouter,
c'est nécessaire d'ajouter plus d'énergie en termes de notre portfolio, mais
comment on peut mieux faire ça pour s'assurer que les coûts demeurent le plus
bas pour les Québécois?
M. Gagnon (Nicolas) : Bien, déjà, je
pense que, dans l'optique actuelle, le plafonnement serait la meilleure des
solutions pour s'assurer à ce que les tarifs restent le plus abordables que
possible.
Dans une autre optique, si on veut
qu'Hydro-Québec dégage des économies et soit en mesure d'être plus efficiente
et efficace, bien, je pense que, de un, de les forcer à suivre un rythme
d'inflation à... bien, un rythme de... un plafonnement, pardon, à 3 %, ce
serait plus approprié pour eux. Parce que ça les force, justement, à prévoir
leurs effectifs en conséquence et donc à prévoir leurs choix et leurs
investissements qui vont suivre. D'un autre parti, il avait été recommandé,
entre autres par le Groupe Optimum actuaires et conseil, devant la Régie de
l'énergie, que 10 % de la rémunération globale de la société d'État soit
coupé. Je pense qu'il y a donc vraiment... il y a du jeu pour qu'Hydro-Québec
soit en mesure, de un, de se baser sur le mécanisme actuel pour être plus
prévisible dans ses investissements et dans ses dépenses et, d'un autre côté,
soit en mesure de faire les réformes internes nécessaires pour aller dégager
des économies d'échelle et être en mesure de réinvestir cet argent-là dans les
infrastructures qui vont lui permettre d'offrir plus d'électricité pour les
Québécois.
M.
Kelley : Parfait. Alors, pour vous autres, garder un
plafond sur les tarifs est toujours la meilleure stratégie. Alors, dans
10 ans, peut-être, ça va être nécessaire... ou quand même cinq ou trois,
ça va être nécessaire pour nous de revient ici puis, pour les députés, de fixer
les tarifs dans un projet de loi. Ce n'est pas mieux d'avoir une... je ne sais
pas, une régie qui existe, qui est indépendante, de fixer les tarifs et
peut-être de mettre tous ses prix sur une longue date, dépenser un petit peu ça
sur une période de cinq ans?
M. Gagnon (Nicolas) : C'est une
bonne question. Mais, en fait, la réalité, c'est que, quand on est venus ici en
2019, c'était justement avec le projet de loi n° 34 pour s'assurer à ce
que l'ancien mécanisme soit remplacé par un nouveau qui suit beaucoup plus la
courbe de l'inflation. Comme je l'avais dit, on a remarqué à plusieurs reprises
que l'inflation... tant au courant des 50 dernières années, qu'elle était
similaire à l'évolution des prix d'Hydro-Québec, mais aussi au courant des
15 dernières années, où est-ce que l'augmentation des tarifs était
généralement supérieure à celle
de l'inflation. Donc là, malheureusement, on doit revenir avec un projet de loi
n° 2 parce que le monde a complètement
changé depuis 2019. Est-ce que le monde va changer d'ici 10 ans? J'espère
que non, mais on ne peut pas prévoir ce qui va arriver. Par contre, on est persuadés qu'en observant les demi-siècles
de données qu'on a plus les résultats... je veux dire, là, les 15 dernières années, on est capables
de considérer que plafonner serait vraiment la meilleure solution pour
l'ensemble des consommateurs. Et Hydro-Québec va pouvoir suivre ça comme étant
vraiment un indicatif sur la marche à suivre pour ses investissements comme ses
dépenses.
• (11 h 40) •
M. Kelley : Merci. Et je sais
qu'hier, dans ses remarques préliminaires, le ministre a dit que ce
n'était pas possible, nécessairement, de... prévu qu'est-ce qui est arrivé
depuis 2019. Sauf que l'histoire est toujours capable de faire une prédiction comme ça. Puis on a vu une
période, dans les années 70, où on a eu une augmentation de
l'inflation à cause des crises mondiales. Puis, oui, M. le ministre, il y a un
député, au minimum, qui a présenté ça en commission, et c'était moi, qui ai
dit : Qu'est-ce qui arrive s'il y a une crise mondiale, une guerre ou
quelque chose comme ça? Alors, c'était pourquoi ce n'était pas une bonne idée
de fixer ça à la... fixer les tarifs à l'inflation, parce qu'on ne sait jamais
dans la vie. Mais, bref, je comprends votre argument.
Aussi, je
veux savoir vos pensées... qu'est-ce que vous pensez de... comme : Est-ce
que Québec doit ajouter à son portfolio
de... le gaz naturel? Est-ce que ça, c'est quelque chose que votre association
pense qui est bon pour le Québec?
M. Gagnon (Nicolas) : Pour
l'instant, aujourd'hui, on est vraiment juste présents pour la loi n° 2 et
pour s'assurer à ce que le plafonnement des tarifs soit appliqué dans les plus
brefs délais.
Pour venir à votre commentaire précédent,
effectivement, nous, aujourd'hui... Je pense, la loi n° 2, ce qu'elle
vient réellement faire, c'est que... La loi n° 34 était initialement
bonne, c'est juste qu'il manquait la balise nécessaire pour plafonner les
tarifs pour éviter de faire face à l'imprévisible.
Maintenant, pour la question du gaz naturel, je
pense que c'est une question qui est beaucoup plus d'ordre général. C'est un débat de société qui semble être
loin derrière nous, de ce que je comprends, parce que ça a déjà été
banni par le projet de loi n° 21 qui a été déposé l'an dernier par le
gouvernement, donc je pense qu'on est mieux de rester sur la discussion de
l'hydroélectricité.
M. Kelley : Alors, votre association
est d'accord que c'est nécessaire d'avoir un vrai débat national et une consultation, peut-être, une commission qui peut
aller dans toutes les régions du Québec, d'avoir une vraie consultation
sur l'avenir de notre énergie?
M. Gagnon (Nicolas) : Je suis
d'accord à ce qu'on ouvre une discussion très large sur l'énergie. C'est effectivement ça, je me suis moi-même positionné
auparavant en faveur du gaz naturel, tant dans ce poste-ci que dans
d'autres organisations. Bien sûr, comme... je veux dire, comme je dis, on est
là pour le projet de loi n° 2, qui ne parle nullement du gaz naturel,
mais, à moyen et long terme, je serais très intéressé à ce qu'on ait une
discussion élargie pour... et que tout l'ensemble de la population puisse
participer.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Alors, on va passer maintenant la parole au député de Maurice-Richard. Cependant, il restait à peu près
2 min 30 s, qu'on va ajouter à votre temps, si vous le voulez
bien.
M. Bouazzi : Absolument. Merci
beaucoup, merci, M. le Président. Bien, d'abord, une question simple. À
votre... Dans votre mémoire, vous parlez même de la possibilité de geler les
tarifs d'hydroélectricité. Pourquoi est-ce que vous pensez que ce serait une
meilleure proposition à ce stade-ci?
M. Gagnon (Nicolas) : Bien, en fait,
la proposition d'un gel... Merci pour votre question, en fait. Mais la
proposition d'un gel vient vraiment de manière comme additionnelle dans
l'ensemble des recommandations qu'on fait. On comprend que la priorité, pour
nous, c'est vraiment le plafonnement des tarifs. Donc, le gel est plutôt une
option qu'on laisse au gouvernement, s'il veut vraiment s'assurer à ce que les
tarifs évoluent vraiment... soient le plus que... en fait, que l'impact de
l'évolution des tarifs soit le moindre possible sur le dos des contribuables.
C'est aussi qu'on a remarqué qu'Hydro-Québec, en
fait, a été en mesure de dégager, au troisième trimestre de 2022, pas loin de
862 millions de dollars en bénéfices nets. C'est une progression
quand même de 414 millions par rapport à l'année précédente. Et on sait
aussi qu'avec le gel tarifaire qui a été mis en place en 2020, ça a donné une
économie approximative de 200 millions de dollars aux contribuables
québécois par... bien, aux clients d'Hydro-Québec, par année. Donc, en
calculant ça, on s'est dit qu'il y aurait... et considérant, effectivement, le
contexte économique dans lequel on est, un gel tarifaire serait effectivement
intéressant, là, pour les Québécois. Et bien sûr un réajustement serait
possible à l'ensemble des tarifs quand la Régie du Québec, comme elle le fait
maintenant à tous les cinq ans, pourrait amener les modifications aux tarifs en
2025-2026.
M. Bouazzi : Je trouve vraiment intéressant... Vous êtes le
premier groupe qu'on rencontre, et puis j'ai rencontré plein de groupes
aussi à l'extérieur de cette commission, qui avez appuyé l'idée de sortir,
donc, les augmentations des tarifs du pouvoir de la régie de manière annuelle.
Et c'est un peu... C'est intéressant aussi que vous soyez le seul groupe, pour l'instant,
qu'on rencontre qui nous parle de gaz naturel et que, clairement, il ne semble
pas que la sobriété énergétique est une priorité pour le Québec.
Je vous poserais une
question d'abord : Quand vous dites «contribuables», il y a qui dedans,
exactement?
M. Gagnon
(Nicolas) : Tous les contribuables québécois. Puis, à titre correctif,
nulle part... il me semble que, dans le mémoire, je ne parle pas de gaz naturel
nulle part.
M. Bouazzi : Non.
Mais vous venez d'en parler. Oui.
M. Gagnon
(Nicolas) : Oui, parce qu'à l'opposition ils ont posé la question
là-dessus, mais ici je ne suis pas... je ne suis pas là pour parler de gaz
naturel. De toute manière, c'est un... c'est un enjeu qui est... qui dépasse
largement ce projet de loi là. Mais, non, la sobriété énergétique, on pense que
ça reste important pour les Québécois, mais est-ce que... est-ce que c'est
indissociable d'un plafonnement des tarifs? Je ne pense pas. Est-ce qu'une
sobriété énergétique passe nécessairement par le portefeuille des Québécois ou
devrait plutôt passer par les méthodes de gestion d'Hydro-Québec? Je pense que
ça devrait plutôt passer par la société d'État elle-même.
Maintenant, pour la
question que vous m'avez posée en ce qui a trait aux modifications qui ont été
faites au mécanisme tarifaire en 2019, c'est une position qu'on ne regrette
pas. Comme je dis, la seule chose qui manquait, c'était une balise claire qui
plafonne les tarifs pour s'assurer à ce qu'ils n'augmentent jamais à un rythme
trop élevé et qui donne place à des hausses tarifaires démesurées. Mais, dans
l'ensemble, on assume 100 % des positions qui ont été prises auparavant.
Et on s'assure aujourd'hui à ce que le tir soit corrigé et qu'à l'avenir les
tarifs évoluent à un rythme raisonnable.
M. Bouazzi : Excellent.
Ça fait que... Je veux dire, vous, vous parlez, moi, je vous écoute, hein? Vous
parliez que vous appuyez le gaz, moi, je
vous écoute. Vous avez aussi expliqué qu'il fallait commencer par les
fonctionnaires... enfin, les gens qui travaillent à Hydro-Québec. On parle de
moins de 20 000 personnes. On est à plus de 8 millions. Quelle sobriété vous pensez... Je veux dire, c'est
quoi? Si on ne s'intéresse pas aux 19 000 personnes, on ne fait pas
la sobriété? C'est ça que j'ai entendu. Donc, je suis content que vous dites
que la sobriété est, en fait, importante aussi.
Ça
fait que ma question suivante, c'est : Comment est-ce qu'on fait pour que,
par exemple, des maisons immenses, où des gens qui mettent des systèmes
de chauffage à l'extérieur pour ne pas avoir à déneiger quand ils rentrent
leurs voitures, ou des choses comme ça...
Comment est-ce qu'on fait pour... Est-ce que déjà ces personnes-là devraient
faire de la sobriété? Est-ce que... Qui
devrait faire de la sobriété, d'après vous, à part les gens qui travaillent à
Hydro-Québec?
M. Gagnon (Nicolas) : C'est
une bonne question. Mais, écoutez, je pense que, quand on parle de sobriété,
parce que, je pense, le terme est très mal perçu dans la population, on
parle... les gens ont vraiment l'impression qu'on va simplement leur serrer la
ceinture davantage. Il faut que l'offre soit intéressante pour les
consommateurs. Il ne faut pas qu'on leur
parle simplement d'augmenter les tarifs, et de leur forcer à payer plus cher,
tout en leur disant de consommer moins. C'est... Ce n'est définitivement
pas la piste de solution. Puis j'ai l'impression que, si on agit...
M. Bouazzi :
Donc, c'est quoi, l'offre? Juste pour comprendre : Qui doit faire la
sobriété? Et, si on la fait, est-ce qu'il y a des tarifs, peut-être, qui
rentrent en compte? Et comment on s'y prend?
M. Gagnon (Nicolas) : Nous,
non, on n'a pas pris le temps de calculer ça dans le contexte du projet de loi
n° 2. C'est une bonne question. Puis ça va me faire plaisir de revenir
éventuellement pour répondre avec plus de détails à votre question là-dessus.
Dans l'ensemble...
M. Bouazzi :
Donc, je comprends que vous n'avez pas de réponse à ma question. Mais je
vous poserai donc la question différemment : Est-ce que vous pensez qu'une
personne qui vit dans un immense château et qui chauffe l'extérieur pour ne pas
avoir à déneiger pour sa voiture devrait payer un peu plus cher son électricité
ou devrait faire plus de sobriété que les autres, peut-être même plus que les
gens qui travaillent à Hydro-Québec?
M. Gagnon
(Nicolas) : Bien, en fait, c'est parce que je dirais que les... je
dirais que les personnes qui vivent, justement, dans un château et qui sont
millionnaires, ces personnes-là ont amplement les moyens d'avoir à leur
disposition des outils écoénergétiques pour réduire leurs coûts de
consommation, ce qui n'est pas à la disposition de M. et Mme Tout-le-monde.
Donc, écoutez, j'ai... je n'ai pas vraiment grand-chose à rajouter à cette
question-là. Comme je dis, on est vraiment ici pour plafonner les tarifs. La
sobriété énergétique, c'est...
M. Bouazzi :
...je suis assez d'accord avec vous. Mais je veux juste comprendre. Donc,
pour vous, cette personne-là, je comprends qu'elle peut avoir effectivement une
maison bien isolée, en général c'est le cas. Le fait qu'elle chauffe
l'extérieur de son garage pour être sûre de ne pas avoir à déneiger, est-ce
que, pour vous, c'est une utilisation plus importante de notre électricité que
d'autres utilisations dans... Parce que j'essaie de comprendre. Vous avez donné un exemple précis, vous avez l'air
d'être très clair sur : les gens qui travaillent à Hydro-Québec
devraient commencer à faire de la sobriété. Est-ce qu'il y a d'autres personnes
qui devraient commencer à faire de la sobriété? Par exemple des gens qui
gaspillent, d'après vous, par exemple, l'énergie en faisant ce genre de choses?
M. Gagnon
(Nicolas) : Bien, c'est sûr que les personnes qui gaspillent de l'énergie
en paient le prix en conséquence. S'il y a
une modulation des tarifs qui est éventuellement appliquée à ces gens-là, tu
sais... moi, je veux dire, on n'est
pas là pour demander une augmentation des tarifs. On est là pour défendre les
contribuables de tous les niveaux.
Le Président (M. Ciccone) : En
10 secondes.
M. Gagnon (Nicolas) : Et on est
là aussi pour s'assurer à ce que, peu importe leur position économique ou sociale, ils ne voient pas leurs charges
augmenter. Mais je vous remercie pour les questions en termes de sobriété. Ça
va me faire plaisir de les... comment dire... des les... Oui?
Le
Président (M. Ciccone) : Merci. Merci beaucoup. Merci beaucoup,
M. Gagnon. Je vous remercie de votre contribution aux travaux de
cette commission.
Je suis suspends maintenant les travaux quelques
instants afin de permettre au prochain témoin de prendre place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 11 h 49)
(Reprise à 11 h 53)
Le Président (M. Ciccone) : Je
souhaite maintenant la bienvenue à M. Jean-François Blain. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Puis nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite donc à vous présenter puis à commencer votre exposé.
M. Jean-François Blain
M. Blain (Jean-François) : Merci,
M. Ciccone. Alors, bien, bonjour à tous les membres de la commission. Merci à la commission pour l'invitation à
témoigner sur le projet de loi n° 2. C'est apprécié. Vous avez... J'ai
déposé, hier, un mémoire qui... je veux attirer votre attention sur les faits
saillants, disons, les points saillants des différentes sections, parce qu'il
est assez consistant, disons. Je vous ai préparé, un peu, pour les députés, ce
que j'appellerais un petit buffet «all-you-can-eat», et je vais essayer
d'attirer votre attention sur ce qui est le plus important.
Donc, dans la première section, qui est
intitulée Les surplus d'approvisionnement (2008-2020), et qui...
Ah, juste afin de m'assurer que vous avez bien reçu la version corrigée du
mémoire, que j'ai dû transmettre tard hier soir, il y avait un addendum important, une erreur méthodologique dans un seul
tableau des 26 pages mais qui pervertissait des valeurs unitaires
calculées en page 18. Bref, c'est corrigé, là. On va pouvoir parler des
vrais chiffres, et des bons chiffres, surtout.
Alors, la
section... la première section du mémoire relate rapidement l'historique qui
s'est passé entre 2008 et, disons, le milieu... la fin des
années 2010 jusqu'en 2017-2018, c'est-à-dire à partir du moment où
Hydro-Québec... où Hydro-Québec Distribution a commencé à planifier ses
approvisionnements requis à long terme sur un horizon de 10 ans en
fonction des besoins prévus des clients québécois, qui allaient excéder le
volume d'électricité patrimoniale que la division Production a l'obligation de
mettre annuellement à la disposition des clients québécois.
Et donc, à
partir de 2008... et même avant, en fait, les premières prévisions, à partir de
2005, qui prévoyaient des besoins
qu'on appelle post-patrimoniaux, donc des approvisionnements additionnels
au-delà des premiers 179 térawattheures fournis par la division Production, Hydro-Québec avait des prévisions de
croissance qui étaient considérées à l'époque un peu conservatrices mais qui étaient quand même alignées sur la
croissance de la consommation d'électricité des décennies antérieures. Il s'est avéré qu'à la fois pour des
raisons conjoncturelles et structurelles la croissance de la
consommation réelle au Québec n'a pas du
tout été au niveau de ce qui était prévu par
Hydro-Québec. Et donc il y avait des engagements d'achats importants
qui ont été faits, en vertu de contrats de 20 ans, qui ont... qui ont
constitué des surplus d'approvisionnement
pendant plusieurs années, principalement entre 2010-2011 jusqu'en 2018, au point que, pendant quelques
années, on a eu des surplus d'approvisionnement engagés à hauteur de 10, 12,
jusqu'à 15 térawattheures par année, dont le surcoût... en fait, c'étaient
des approvisionnements qui étaient inutiles, compte tenu de la demande réelle,
dont le surcoût a dû être épongé par les tarifs de la collectivité. C'est le
risque qui a été... qui est apparu avec la mise en place du régime
d'approvisionnement, au début des années 2000, voulant qu'Hydro-Québec
Production a maintenant une obligation de fournir, qui est limitée à un volume
maximum, l'électricité patrimoniale, au-delà duquel la division Distribution
doit aller chercher des achats auprès de n'importe quel producteur. Ça pourrait
être d'ailleurs Hydro-Québec Production, c'est déjà arrivé, qui participe aux
appels d'offres et offre de l'énergie ou de la puissance additionnelle dite
postpatrimoniale.
Et donc c'est important de se rappeler de cet
épisode-là, parce qu'aujourd'hui, quand on parle de crédibilité, de fiabilité
des prévisions de croissance de la demande sur un horizon de moyen ou de long
terme, disons un horizon de 10 ans, qui est l'horizon le plus long de la
planification d'Hydro-Québec, il faut se rappeler que la croissance de la
consommation d'électricité, ce n'est pas quelque chose qui est acquis, ni qui
est certain, ni qui est à l'abri des périodes de perturbation économique ou des
événements. Comme par exemple dans la période de 12 ans où il n'y a eu aucune croissance de la consommation
d'électricité au Québec, comme est survenue la crise financière de 2008-2009,
ça, c'est un événement majeur qui a influencé.
Et aussi, autres
événements majeurs quand on parle d'événements conjoncturels, l'augmentation de
l'exploitation du gaz de schiste aux
États-Unis et la mise en marché du volume de gaz naturel important. Comme
dans la plupart des États du Nord-Est
américain, le gaz naturel est la forme d'énergie primaire qui est la plus
utilisée aux fins de la production d'électricité. Bien, évidemment, ça a
des effets indirects sur la valeur des prix de l'électricité. S'il y a un surplus d'offres de gaz naturel, ça crée une
pression à la baisse sur les prix de production d'électricité. Et, dans les
marchés extérieurs de vente d'Hydro-Québec,
bien, ça veut dire que c'est des revenus moins importants dans les marchés
américains.
Et donc cette première section là nous... est
formulée pour nous rappeler, un, l'importance de ne pas prendre pour acquise la croissance de la consommation et,
deux, pour prendre conscience aussi des risques associés au régime de
planification des approvisionnements qui est imposé à Hydro-Québec d'un point
de vue législatif et réglementaire.
• (12 heures) •
Aujourd'hui, en 2023, il y a des facteurs très
importants qui mettent une pression à la hausse sur la demande d'électricité des années à venir, c'est des
facteurs conjoncturels mais qui vont finir par devenir structurels,
principalement l'électrification des
transports et la décarbonation espérée des industries. Bien, à l'opposé, il y a
des facteurs baissiers qui agissent aussi sur l'évolution future de la
demande, notamment le vieillissement de la population, la moins grande
proportion de population qui est en âge de... dite de population active pour
les années à venir, un plafonnement des revenus qui doit être attendu, je parle
des revenus per capita, là, exprimés en dollars constants, et peut-être même
une baisse relative des revenus per capita
pour les années à venir. Et je pourrais mentionner aussi le réchauffement
climatique qui va avoir une tendance
forte... en fait, de plus en plus forte à diminuer les besoins d'électricité en
période hivernale, alors qu'à
l'opposé nos besoins d'électricité en période estivale vont augmenter, avec
principalement l'augmentation de la charge liée à la climatisation.
Donc, tout ça mis bout à bout, c'est des facteurs baissiers ou haussiers de la
demande à venir qui sont en opposition, évidemment, et qui sont difficiles à
juger de façon adéquate de part et d'autre.
En m'en venant, je réfléchissais justement aux
deux principales raisons qui expliquent les risques d'écart. Quand on essaie de faire des prévisions à moyen ou
à long terme, la première... le premier facteur qui augmente le risque,
la marge d'erreur, c'est le nombre de
variables qu'on doit analyser. Évidemment, si... plus les variables sont
nombreuses, plus les risques que les combinaisons des marges d'erreur des
différentes variables se traduisent par une marge d'erreur totale plus importante. Et puis le deuxième
facteur, c'est justement les transformations structurelles et
conjoncturelles qui sont la... qui font la
toile de fond de l'évolution économique. Et puis, évidemment, bien, facteur
prépondérant, la longueur d'une prévision. Plus notre horizon
prévisionnel est long, plus une marge d'erreur finit par, cumulativement, être
susceptible de devenir importante puis de s'écarter d'un scénario moyen, en
fait, en termes de résultats réels.
La deuxième section du mémoire couvre ce qui est
l'évolution plus récente des tarifs. Je ne reviens pas sur les détails, simplement pour mentionner qu'après
le gel tarifaire de 2020 et la remise d'un montant de
500 millions de dollars, hier, le chef du troisième groupe
d'opposition, M. St-Pierre Plamondon, mentionnait que la CAQ avait remis
500 millions de dollars aux clients d'Hydro-Québec en 2020, bien, ce
n'était pas une partie des trop-perçus antérieurs qui était remise, là, c'était
tout simplement la disposition du compte d'écart et de report. Par exemple,
parmi les différents comptes d'écart, il y a le compte pour aléas climatiques.
Et, lorsque ce montant de 500 millions là était remis par un versement
direct, bien, c'est un montant qui était dû aux clients d'Hydro-Québec et qui
aurait, de toute façon, été remis par voie réglementaire.
Alors, ce n'est pas du tout, là, en lien avec
quelque remise que ce soit des trop-perçus antérieurs qui sont survenus dans
les années 2008 à 2014, principalement. Alors donc, on a eu un gel
tarifaire en 2020, ensuite des augmentations de 1,3 % et de 2,6 % au
1er avril 2021 et 2022...
Le Président (M. Ciccone) : 30 secondes,
M. Blain, 30 secondes.
M. Blain (Jean-François) : ...wow!
avec un facteur de rabais applicable au tarif L qui leur a donné des augmentations
moindres.
En 2022,
l'évolution des ventes au Québec annonce une très grande rentabilité pour
Hydro-Québec, des produits des ventes qui vont être un record
historique, quand on verra le rapport annuel d'Hydro-Québec intégré au mois
d'avril, et probablement des bénéfices... en fait, je devrais dire, des
bénéfices d'exploitation, là, au sens large, qui vont dépasser les
3,5 milliards de dollars, si ce n'est pas davantage.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. Blain. Oui, M. le député.
M. Kelley : Bien, juste une
suggestion. Si le gouvernement ne va pas utiliser tout leur temps, peut-être on
peut accorder un petit peu plus de temps à monsieur de continuer la
présentation.
Le Président (M. Ciccone) : Par
consentement, oui.
Des voix : ...
Le Président (M. Ciccone) : M. Blain,
je vous laisse la parole.
M. Blain (Jean-François) : ...
Le Président (M. Ciccone) : Ah non,
on va vous laisser un peu de temps, là. Oui, oui.
M. Fitzgibbon : Cinq
minutes.
Le Président (M. Ciccone) : On va
vous donner cinq minutes, par consentement. C'est correct?
Des voix : ...
Le Président (M. Ciccone) : Par
consentement, vous avez cinq minutes de plus.
M. Blain (Jean-François) : Parfait.
Donc, la section suivante, je suis rendu à la page 11 du mémoire, pour
ceux qui l'ont sous les yeux, c'est un portrait de la réalité sociale et
économique, et démographique aussi, et aussi plusieurs informations relatives à
l'état du parc immobilier et à la différenciation du rapport dans l'usage à
l'énergie et à l'électricité. Plus
particulièrement, quand on parle de la moitié de la population qui a des
revenus inférieurs au revenu médian, le revenu médian, après impôt, étant de
59 800 $, versus l'autre moitié de la population qui a
suffisamment de capacité financière et de
marge budgétaire pour faire des choix quant au genre de résidence qu'elle
occupe, quant au genre de dépenses
qu'elle priorise au-delà des dépenses essentielles, il y a vraiment une caractérisation
marquée entre les deux.
Et le tableau de la page 11, au milieu de
la page 11, illustre, en proportion des revenus disponibles... oui, c'est
ça, la proportion des revenus d'un ménage, en fonction de son revenu net
annuel, qui est consacrée à la dépense de l'électricité. Et vous voyez, dans le
haut de la page, là, le montant de la facture annuelle que représentera différents niveaux de consommation d'électricité
annuellement, pour un client résidentiel, entre 9 000 et
25 000 kilowattheures par année. J'ai centré les cinq types de
niveaux de consommation autour... de façon... répartis également autour de la
moyenne de 17 000 kilowattheures par année, parce que cette
moyenne-là, c'est un peu moins que la moyenne de l'ensemble des clients d'Hydro-Québec, mais c'est la moyenne de ce que
les ménages à faibles revenus consomment.
Et donc il y a différents éléments d'information
qui devraient être, peut-être, relevés dans ces... notamment que, parmi les ménages à faibles revenus, il y en
a 62 % qui sont locataires. Jusque-là, il n'y a rien qui est surprenant
en soi. Ce qui est surprenant, c'est le
corollaire de ça. Il y a 38 % des ménages à faibles revenus, donc, qui
sont propriétaires de leur habitation. Et je vous invite à vous poser la
question, comme députés, dans vos comtés respectifs : Mais les ménages à
faibles revenus qui sont propriétaires, dans ma circonscription, ils occupent
quel genre de résidence, et âgée de combien
d'années? Ce n'est certainement pas des résidences performantes, construites
récemment, haut de gamme, ni coûteuses. Alors, c'est la partie du parc
immobilier qui est la moins efficace d'un point de vue énergétique.
Et, quand on habite dans une vieille habitation
ou un vieux logement, la quantité d'électricité, ou d'autres sources d'énergie,
qu'on doit utiliser par mètre carré occupé... occupable est plus élevée parce
qu'on a plus de pertes thermiques. Alors, évidemment, il y a une partie de
cette énergie-là qui est gaspillée, mais pas parce que c'est des comportements négligents, tout simplement parce
qu'on ne peut pas arrêter le chauffage pendant deux heures consécutives
quand il fait moins 20 C° puis qu'il vente, la maison ou le logement se
refroidit trop vite. Et donc on consomme, qu'on veuille ou pas, beaucoup de
puissance, on appelle beaucoup de puissance et on consomme beaucoup d'énergie à
la pointe, même si, à l'opposé, on essaie de restreindre nos besoins de base et
diminuer notre consommation au maximum sur les usages qu'on peut contrôler, en
dehors de la période de chauffe hivernale.
Et donc ces ménages-là, c'est des
hypercontributeurs aux revenus d'Hydro-Québec ou d'un distributeur réglementé
de gaz naturel et c'est aussi des hypercontributeurs au financement des mesures
d'efficacité énergétique, quand il y en a, parce qu'ils utilisent trop
d'énergie par rapport à l'usage auquel c'est destiné, en particulier pour le
chauffage de l'espace. À l'opposé, c'est des ménages qui n'ont pas la
possibilité de contribuer... de participer, plutôt, au programme Efficacité
Énergétique, soit parce que c'est des locataires puis qu'il n'y a aucun
programme des distributeurs qui s'adresse
spécifiquement à eux, soit parce que c'est des ménages propriétaires qui n'ont
pas suffisamment de marge de
manoeuvre, budgétairement, pour combler l'investissement initial que ça
prendrait, en termes de rénovation de leur résidence, au-delà de la
contribution financière qui serait offerte par un distributeur, s'il y en a
une.
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant, M. Blain.
M. Blain (Jean-François) : Parfait.
Ensuite, je vais attirer votre attention sur un autre élément, qui est à la section Les options à privilégier, où je fais une
comparaison de ce que ça coûterait, l'achat de 1 400 mégawatts
éoliens, ou 4 000 mégawatts éoliens, avec un facteur d'utilisation
typique de 35 %, qui offre une disponibilité moyenne de
1 400 mégawatts de puissance effective, pour une quantité d'énergie
de 12,25 térawattheures par année, bien, ça coûterait, sur 20 ans,
31 951 000 000 $, alors que libérer une puissance de
1 500 mégawatts par une corvée nationale d'habitation, ça nous
coûterait seulement, pour une quantité de puissance presque équivalente,
10 770 000 000 $.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. Blain. On va débuter la période d'échange. M. le ministre, il
vous reste 10 min 50 s.
M. Fitzgibbon : Merci,
M. Blain, pour votre présence, et merci pour votre énoncé très
sophistiqué. Mais on va focusser sur le p.l.
n° 2, là, c'est ça qui nous gouverne aujourd'hui. Si je comprends bien,
là, vous voulez plafonner 3 %
pour tous les tarifs. Alors, si j'ai bien compris... puis, si j'ai mal compris,
je m'excuse, mais, si c'est le cas, comment vous... Quel impact ça va avoir sur Hydro-Québec,
sur ses coûts puis sur le fait que, peut-être, l'inflation va être plus
élevée, là? De niveler à 3 % partout, est-ce que vous trouvez qu'il y a un
risque pour Hydro-Québec?
• (12 h 10) •
M.
Blain (Jean-François) : Non, il n'y a pas de risque pour Hydro-Québec. Et
puis le niveau d'augmentation tarifaire qui sera décidé pour le
1er avril 2023 n'a évidemment pas d'incidence sur ses coûts. Je ne
peux pas vous dire que de suggérer une
augmentation uniforme des différentes catégories tarifaires à un niveau maximum
de 3 % est plus valable que de
suggérer 1,5 % ou de suggérer 4 % parce qu'on ne connaît pas les
dépenses d'exploitation, les charges financières en particulier, de la
division Distribution, déjà, depuis deux ans et demi. Donc, on n'a pas une
lecture claire de l'évolution récente des
coûts d'Hydro-Québec et on aura cette mise à jour là, le «rebasing», seulement
en 2025.
Donc, on peut présumer qu'effectivement les
coûts d'Hydro-Québec ont été poussés à la hausse un peu plus fortement à cause de l'inflation des derniers
18 mois particulièrement. Cependant, est-ce que les coûts d'Hydro-Québec
ont augmenté dans des proportions équivalentes à l'inflation? Il faudrait pour
ça qu'un distributeur monopolistique qui a plus de 4 millions de clients
résidentiels et quelque 100 000 clients d'autres catégories soit
incapable de générer des économies d'échelle, soit incapable de contrôler ses
coûts fixes quand il a la possibilité de les répartir sur un nombre croissant
de clients. Et donc on saura la réponse finale à votre question, M. Fitzgibbon,
en 2025. Mais j'aurais pu suggérer :
plafonnez ça à 1,5 %, je n'aurais pas pu plus affirmer aujourd'hui que
c'était juste par rapport à l'évolution des coûts récente d'Hydro-Québec et de ce que ça... c'est susceptible de
justifier comme augmentations tarifaires cette année.
Donc, j'ai formulé ça uniquement à titre
d'équité entre les catégories tarifaires et aussi en fonction de la préoccupation de ne pas influencer indûment le
niveau d'interfinancement entre les tarifs, c'est-à-dire le rapport
entre les revenus et les coûts imputables à
chacun des groupes tarifaires. Donc, c'est pour ça, j'ai dit : Plafonnez à
3 %, faites-le pour toutes les catégories tarifaires. Puis, «by the
way», si on parle d'équité, bien, augmentez le prix des contrats spéciaux dans
une même proportion.
M. Fitzgibbon : Merci. Je ne sais
pas s'il y a des collègues...
Le Président (M. Ciccone) : Oui. Mme
la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : ...question pour
vous. Selon vous, est-ce que c'est les grosses maisons qu'on pourrait qualifier
de châteaux qui prennent le plus de pourcentage d'énergie ou c'est justement la
partie des maisons qui sont le moins bien isolées, les gens qui ont les plus
faibles revenus?
M. Blain (Jean-François) : C'est une
très bonne question. Ça peut être les deux. Ça peut être une maison de
25 pièces qui n'est pas occupée 12 heures par jour, où il y a juste
le chat dont on veut garder les fesses au chaud, et puis qui est chauffée à
22 °C inutilement à la grandeur. Bien, ça, c'est du gaspillage de la part
d'un utilisateur qui a la capacité technique de faire des choix, qui a la
capacité financière de faire des choix mais qui ne les fait pas. Alors, ça,
c'est du vrai gaspillage.
Mme Bogemans : Exactement.
M. Blain
(Jean-François) : Ça
pourrait être aussi une famille à faibles revenus, dont les deux parents
travaillent au salaire minimum, avec deux enfants, dans un grand logement de
sept pièces et demie, dans un vieux quartier d'une grande ville, qui a très peu
de résistance énergétique, qui font tout ce qu'ils peuvent pour restreindre
leur usage d'électricité, les usages qu'ils peuvent contrôler, qu'ils
n'utilisent pas la sécheuse, qu'ils n'ont pas de spa, qu'ils ne filtrent pas, qu'ils ne chauffent pas une piscine,
qu'ils n'ont rien de tout ça, hein, mais qui, en hiver, partent d'une
très faible consommation estivale à une
consommation caractérisée par une très grosse pointe hivernale parce que leur
logement ne retient pas la chaleur, puis, quand il fait très froid, bien, ils
vont chercher autant... ils vont utiliser autant d'électricité qu'une résidence
trois fois plus grande.
Mme Bogemans : Ah! je comprends.
Mais, en proportion, là, dans notre réalité québécoise.
M. Blain
(Jean-François) : En proportion totale, je n'ai pas, à ma
connaissance, vu de croisement systématique de ces données-là par Hydro-Québec
dans tous les documents que j'ai lus.
Mme Bogemans : Mais, si on avait un
segment à agir, vous dites que c'est particulièrement sur, justement, le 38 % de gens moins bien nantis pour
entretenir la propriété dont ils sont propriétaires. C'est là-dessus qu'il
faudrait agir, avant de gérer, par exemple, les châteaux. Ça serait ça, la
priorité.
M. Blain (Jean-François) : Oui, sauf
qu'Hydro-Québec ne connaît pas les revenus de ses clients, O.K.? Donc, on ne peut pas tarifer sur la base des revenus,
ça serait impossible à gérer d'un point de vue administratif, ça ne relèverait d'aucune logique en matière de
tarification non plus. Et, deuxième chose... bien, deuxième chose, c'est
vrai, oui, qu'on a une grande partie du parc
immobilier qui est vétuste. En tout cas, on en a au moins la moitié, ou plus ou
moins, qui est âgée de plus de plus de 50 ans, puis on en a au moins le
quart... on a au moins 1 000 000 d'unités d'habitation, sur
4 millions, qui sont âgées de 75 ans et plus. Et Hydro-Québec sait,
client par client, la répartition saisonnière de la consommation de chacun de
ces clients. Elle le sait au jour le jour, avec les compteurs intelligents,
évidemment, au mois ou aux 60 jours en vertu de la facturation.
Donc, s'il y avait une corvée nationale
d'habitation, de rénovation, Hydro-Québec pourrait cibler en priorité les
clients dont le profil de consommation est caractérisé par une faible
consommation pendant les mois où ils ont du contrôle,
mais une très forte consommation pendant les mois d'hiver. Ces clients-là,
c'est quasiment sûr que c'est des familles à revenus modestes ou à faibles
revenus.
Mme Bogemans : Exactement.
M. Blain (Jean-François) : Oui,
c'est quasiment sûr.
Mme Bogemans : Super. Donc, dans le
fond, ce serait de bonifier notre programme, par exemple, comme réno Québec, là, qui... mettons, cinq maisons
défavorisées, dans un village, de faire des rénovations. Vous êtes
vraiment en faveur de ce programme-là, finalement?
M. Blain (Jean-François) : Si on
voulait, comme le scénario que je suggère, offrir carrément 10 000 $
par résidence à 100 000 résidences pendant
10 années consécutives, là, puis libérer à peu près 1,5 kilowatt
d'abaissement de charge en période hivernale pour, au total, obtenir
1 500 mégawatts de capacité de production de puissance déjà existante, dont on dispose déjà mais qu'on
consomme inutilement, entre guillemets, eh bien, on pourrait cibler,
justement, les clients qui ont le profil de
charge caractérisé par une faible consommation d'ordre très faible ou très
faible en dehors de la période hivernale et disproportionnée en période
hivernale.
Et ça, c'est sûr, c'est sûr qu'on ciblerait
directement la portion du parc immobilier qui est la plus vétuste, qui coûte le
plus cher et puis qui a le plus de répercussions sociales et économiques
directes et indirectes, parce qu'elle vient priver des ménages, d'une part, de
leurs maigres revenus, qui seraient, autrement, complètement consacrés à des
dépenses courantes et à soutenir l'ensemble des activités économiques.
Mme Bogemans : Exactement.
Le
Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup. Je passe maintenant la parole au
député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue. Il vous reste trois minutes.
M. Bernard : Merci... Combien?
Le Président (M. Ciccone) : Trois
minutes.
M. Bernard : Parfait. Merci, M.
le Président. Merci pour vos échanges avec ma collègue. Puis moi, je vais aller
un peu dans le même sens, mais ce que je regarde actuellement puis qu'il y
aurait peut-être des gains à faire, c'est au niveau de la géothermie, pour le
futur. Puis je ne comprends pas encore pourquoi on ne favorise pas ou qu'il n'y
a pas des programmes pour dire... à toutes les fois qu'il y a des nouvelles
constructions, que ce soit public, entre autres, qui sont souvent des grands
bâtiments, ou même dans un quartier résidentiel, qu'il n'y ait pas des aides
pour favoriser la géothermie. Il me semble que c'est une perspective à long
terme. Ce seraient des gains pour les futurs propriétaires, et autres.
J'aimerais avoir votre opinion là-dessus.
Parce que moi, je regardais, à un moment donné,
j'ai dit : J'aimerais ça m'installer un système de géothermie sur une maison existante; qu'il faut que tu
ajoutes un montant de 35 000 $, ce n'est peut-être pas le meilleur
investissement. Toutefois, si tu construis
une nouvelle maison, au prix qu'elles sont rendues, que tu vas payer
400 000 pour construire une maison, installer un système de
géothermie, qui, à ce moment-là, rentre dans ton hypothèque, et autres, puis
que tu trouves à le financer, il n'y aurait pas des gains, à cet égard-là, vous
pensez, qu'on pourrait faire puis qui auraient un impact sur la consommation,
mais éventuellement sur les coûts d'énergie des futurs propriétaires?
M. Blain (Jean-François) : Oui,
il y a plusieurs gains qu'on pourrait faire grâce à la géothermie. Et
d'ailleurs, dans mon mémoire, je n'ai pas abordé de façon spécifique les
implications en matière de choix de sources d'approvisionnement qui vont devenir
plus criantes, plus urgentes avec le réchauffement climatique, et surtout la
multiplication en fréquence et l'augmentation en intensité des événements
climatiques extrêmes. Il va falloir aussi, dans
les prochaines années, penser à encourager une certaine forme de production
d'électricité décentralisée, ne serait-ce que... ou de production de chaleur, ne serait-ce que pour s'assurer que,
dans les régions éloignées, dans les municipalités, les petites
municipalités en région éloignée, on soit capables d'être autonomes dans
l'éventualité d'un événement climatique
majeur qui prive... qui nous prive de l'alimentation du réseau pendant des
jours ou des semaines. Ça va arriver, ça va arriver plus fréquemment.
La
géothermie... Il y a deux choses dans votre question. D'abord, l'économie qu'on
peut faire avec l'installation d'un
puits géothermique, c'est toujours proportionnel à la quantité d'énergie qui
est nécessaire pour chauffer une bâtisse. Alors, si ma maison est très inefficace puis que je consomme 30 000 kilowattheures
par année, l'installation d'un puits géothermique me permet de réduire
ma consommation du tiers, de 10 000 kilowattheures, bien, le retour
sur mon investissement, c'est paradoxal, mais il va être beaucoup plus
rapide...
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant, s'il vous plaît, M. Blain.
M. Blain (Jean-François) : ...parce
que j'ai beaucoup de coûts à éviter, alors que, si ma maison est
relativement efficace au départ, mon intérêt à installer la géothermie est
moindre parce que mon retour sur l'investissement va être beaucoup
plus long. Si je consomme juste 1 000 kilowattheures par année, ça va
prendre 30 ans au lieu de 10, me rembourser, là, parce que...
• (12 h 20) •
Le Président (M.
Ciccone) : Merci beaucoup. Merci beaucoup. Le temps est écoulé du côté
de la partie gouvernementale. Je me tourne maintenant vers le député de
Jacques-Cartier pour 10 min 44 s.
M. Kelley :
Merci. Merci, M. Blain, pour votre mémoire. Je vois, dans l'annexe, il
y a des devoirs pour tous les élus. Alors, le
député de Beauce-Sud, puis Iberville et Noranda, on a des devoirs à faire, de
remplir ces tableaux sur comment calculer tout ça, qui est bien
intéressant. Merci. Je trouve... Je n'ai jamais vu ça, puis ça explique
beaucoup.
M. Blain (Jean-François) : En
fait, M. Kelley, c'est un vieux, vieux document de, disons... que
j'appelle puissance énergie 101, là, qu'il y avait dans mon ordinateur,
puis je me suis dit : Là, je leur ai fait un buffet «all-you-can-eat»,
mais j'ai oublié de mettre des ustensiles sur la table. Ça fait que je vous ai
mis les outils en annexe pour que vous puissiez faire vous-mêmes... bien,
comprendre les unités de mesure puis faire les conversions entre la puissance
et l'énergie, selon qu'il s'agit de produire ou de consommer.
M. Kelley : Et
merci pour ça, pour la base, parce qu'honnêtement c'est très, très intéressant
et ça m'a aidé de mieux comprendre. Je n'ai pas fait ça encore, mais, j'ai
promis, on va prendre un café, puis tu peux faire une révision et donnez-moi
des notes sur le travail que j'ai fait.
Je veux juste aller
rapidement. Sur la page 5 de votre mémoire, vous parlez un petit peu de la
nécessité concernant la sélection des projets. On sait qu'Hydro-Québec et le
gouvernement du Québec ont beaucoup des projets,
il y a plein des gens, au Québec puis à l'extérieur du Québec, qui veulent
utiliser notre énergie. Alors, encore, est-ce que vous pouvez juste parler
un petit peu... vos pensées sur quels types de critères on doit mettre en
place, pas juste les grosses choses à guider le gouvernement, mais vraiment des
choses plus spécifiques?
M. Blain
(Jean-François) : Bien, évidemment, si on parle du premier critère
d'attribution, ça pourrait être le nombre
d'emplois par mégawatt concédé. Évidemment, pour que ce critère-là se traduise
par des bénéfices économiques et sociaux tangibles, bien, il faut que la
main-d'oeuvre soit disponible, là, on va avoir un problème de ce côté-là aussi, mais c'est un critère. J'ai déjà suggéré
aussi que le gouvernement du Québec, qui exerce une ponction de... bien,
des dernières années, 3 milliards,
3,5 milliards sur les bénéfices d'exploitation d'Hydro-Québec, bientôt
4 milliards de dollars par année,
pourrait réserver 10 % ou 15 % des bénéfices annuels pour créer un
fonds national de développement des régions. Et là ce n'est pas le
gouvernement du Québec, mais les instances, unions des municipalités ou
Fédération québécoise des municipalités, qui décideraient elles-mêmes des
critères d'attribution de 10 % des bénéfices, c'est quand même un fonds de
350 millions ou 400 millions de dollars par année à répartir, selon
des critères de densité de population, revenu moyen, éloignement, etc.
Et
là on briserait le cycle malheureux — j'allais
dire «vicieux», là, mais c'est un cas — de
la logique économique dans laquelle
le Québec se retrouve et se remet perpétuellement, c'est-à-dire une logique
d'extraction et d'exploitation des matières premières avec peu de transformation,
très peu de transformation en proportion de la valeur des produits primaires qui sont puisés au Québec. Et ça
sortirait aussi les rapports politiques et les arbitrages politiques de
cette espèce de dynamique malsaine où on utilise des ressources qui
appartiennent à la collectivité pour favoriser... en fait, pour réduire la
notion d'acceptabilité sociale au simple consentement d'une communauté locale.
Quand on crée une
communauté d'intérêts entre un promoteur privé, Innergex, Boralex, d'un petit
barrage hydroélectrique et d'une municipalité, ou d'une MRC, ou d'une bande
autochtone, bien, en fait, on va chercher un prête-nom, la municipalité ou la
MRC, qui n'a aucune expertise elle-même, là, qui n'est pas un partenaire nécessaire
à l'élaboration et au développement d'un projet. Ce n'est même pas un
partenaire qui aurait, probablement, les ressources financières pour assumer
une part significative de l'investissement. Donc, c'est un prête-nom qui n'est
pas décisionnel, qui va probablement avoir 49 % des droits de vote, là, au
niveau de l'exploitation de l'entreprise. Et puis,
bien, on... En fait, on transfère les arbitrages qui devraient se faire d'un
point de vue de l'intérêt public et on exacerbe les conflits entre les préoccupations
environnementales, sociales et économiques qui doivent être réconciliées dans
les choix politiques. On transfère ce conflit-là et on l'exacerbe dans les
communautés locales et dans les régions, et on crée aussi des questions
d'injustice entre les communautés.
Ce n'est pas parce
que moi, j'habite dans un village sur le bord d'une rivière, où il y a une
dénivellation, des chutes puis des rapides
exploitables, que je devrais avoir un bénéfice particulier de l'exploitation
des forces hydrauliques du domaine de l'État, juste, devant chez moi,
plus que la personne qui habite 35 kilomètres plus loin sur le cours de la
rivière ou 17 kilomètres en aval. Voyez-vous? Alors, je ne sais pas si ça
répond à votre question.
M. Kelley : Il
y a plusieurs éléments, dans votre réponse, qui sont intéressants, mais je n'ai
pas énormément de temps, puis j'ai des autres questions pour vous, mais...
M. Blain
(Jean-François) : Ah! O.K. Bien, pour finir la réponse...
M. Kelley : O.K.
Vas-y. Continuez, oui.
M. Blain
(Jean-François) : Parce que ce qu'on a comme problématique quant à
l'attribution, il faut bien être conscient, là, quand notre premier ministre,
M. Legault... — puis
je me demande encore est-ce qu'il comprend ou il fait exprès — quand
il nous dit : Il n'y aura pas... Il nous dit ça, là...
Le Président (M. Ciccone) : M. Blain,
M. Blain, il ne faut pas prêter des intentions.
M. Blain (Jean-François) : Non,
je ne prête pas d'intentions...
Le Président (M. Ciccone) : Vous
êtes soumis sous les mêmes règlements que les députés à l'Assemblée.
M. Blain (Jean-François) : ...je
réfère à des faits puis j'y réfère pour des fins de compréhension.
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
M. Blain (Jean-François) : Quand
M. Legault dit : Il n'y aura pas d'attribution de puissance à des
nouveaux projets industriels s'il n'y a pas de bénéfices fiscaux au moins
équivalents pour le gouvernement, ce qu'il oublie de dire, c'est que le rabais
qui serait consenti à un éventuel nouveau client industriel, ce n'est pas le
gouvernement qui le paie, c'est tous les clients d'Hydro-Québec. Alors, si on
veut absolument aller chercher des nouveaux revenus ou des nouveaux bénéfices
fiscaux pour le gouvernement, que le gouvernement utilise ses leviers fiscaux,
et non pas de surdimensionner la vache à lait, la machine à pomper des revenus
dans les poches des clients d'Hydro-Québec, qu'ils ont faits, d'Hydro-Québec.
M. Kelley : Et quels, selon
vous, des leviers fiscaux que vous parlez?
M. Blain (Jean-François) : Bien,
la fiscalité des entreprises, par exemple, l'exemption. On pourrait dire :
Il n'y a pas d'exemption de taxe sur le capital si vous ne remplissez pas tels
objectifs, maintien des emplois, formation professionnelle, réduction des
émissions de gaz à effet de serre. Il y a différents éléments de la fiscalité
des entreprises qui pourraient être traités
de façon conditionnelle à l'atteinte de certains objectifs par des entreprises
concernées.
M. Kelley : Merci
beaucoup. On a eu une discussion concernant d'ajouter le 100 ou
150 térawattheures additionnel
pour le Québec dans les prochains 25, 50 ans. On ne sait pas, là,
tout encore, mais, selon vous, est-ce qu'on a vraiment un besoin de
100 térawattheures de plus? Est-ce que ce calcul est correct? Est-ce que
c'est plus élevé? Est-ce que c'est plus bas? Est-ce que vous êtes confiant dans ce chiffre-là qu'on a déjà commencé
de débattre, un petit peu, comme une société?
M. Blain (Jean-François) : Le
100 térawattheures, il a été calculé par la firme Dunsky ça fait
maintenant un peu plus d'un an, et puis c'est la quantité d'électricité
équivalente à la... pour produire autant d'énergie, équivalent de la quantité de produits pétroliers qu'on cesserait
d'utiliser, O.K., par l'électrification des transports, par la
décarbonation de certaines grandes industries ou la plupart des grandes
industries. Est-ce que... La question, c'est plus : Est-ce que ce
100 térawattheures là va être requis vraiment? Parce que c'est des sommes
colossales, là, engager la production de 100 térawattheures
de plus au Québec. Et donc on ne peut pas engager des dépenses comme
4 000 mégawatts d'éolien,
là, sans s'assurer qu'il y a des...
qu'il y a un plan de match et qu'il y a des mesures contraignantes qui vont
nous assurer que les industries en question vont effectivement
décarboner leurs activités, que les utilisateurs de véhicules personnels vont effectivement migrer vers des véhicules électriques, vont avoir la
possibilité de recharger leurs véhicules électriques autrement que sur
des bornes rapides qui coûtent cinq fois plus cher que quand tu charges à
domicile par kilowattheure, hein?
Alors, si on ne s'est pas assurés, d'un point de
vue politique, d'un point de vue de plan de match, d'un point de vue du
dispositif, que la transition va se faire, là on va engager, par l'entremise
des nouveaux approvisionnements pris contractuellement par Hydro-Québec, des
dizaines et des dizaines de milliards de dollars de dépenses sans savoir si ces
dépenses-là vont s'avérer utiles à terme. Et ça, là, ce serait un scénario
catastrophe, pas juste d'un point de vue politique, pour le gouvernement, mais
surtout d'un point de vue social et économique. Parce que, compte tenu des défis auxquels le gouvernement du Québec va être
confronté dans les prochaines années, créer inutilement une ponction
additionnelle sur les revenus disponibles des ménages, là, c'est le pire
scénario qu'on peut envisager.
• (12 h 30) •
Le Président (M. Ciccone) : 50 secondes,
M. le député.
M. Kelley : Rapidement. En
2018, le gouvernement a dit : On va avoir les surplus pour 20 ans. On
a annulé 12 projets de minicentrale. Puis, maintenant, on arrive où il
faut construire les barrages, on est en crise. Comment c'est arrivé, juste dans
quatre ans, qu'on est maintenant dans ce point-là qu'il n'y a plus de surplus
puis il faut construire les projets maintenant?
Le Président (M. Ciccone) : En
30 secondes, s'il vous plaît.
M. Blain
(Jean-François) : Ce n'est pas arrivé juste dans quatre ans. Si on
faisait abstraction de l'énorme volume de 100 térawattheures qui serait
requis pour remplacer tous les produits pétroliers qu'on voudrait remplacer au
Québec, la croissance, disons, normale, là, ou courante de la consommation
existante au Québec nous aurait amené, à la fin, des
surplus vers 2026, 2027, pour ce qui est des surplus d'énergie, hein, déjà
engagés. Par contre, on a un problème de puissance à la pointe...
Le Président (M.
Ciccone) : En terminant, s'il vous plaît.
M. Blain
(Jean-François) : ...déjà.
Le Président (M.
Ciccone) : Merci beaucoup, M. Blain. Je cède maintenant la parole
à M. le député de Maurice-Richard pour un temps de parole
de 3 min 35 s.
M. Bouazzi : Merci,
M. le Président. Merci beaucoup d'être ici. J'ai juste trois minutes, et
donc je ne vais pas avoir beaucoup de temps pour vous poser des questions, et
surtout vos réponses vont devoir être courtes.
Je vais commencer par
dire plus généralement que vous abordez quelque chose qui est vraiment très
important pour nous, c'est la question d'équité ou de justice dans le... de ce
que paient les citoyens. Vous le montrez très bien dans votre mémoire, la
portion du coût de l'énergie dans la poche des personnes les moins favorisées
est disproportionnée par rapport, évidemment, aux gens qui gagnent plus
d'argent.
Et vous avancez une
solution possible. On parle beaucoup d'efficacité énergétique. Ce que vous
dites, c'est : Avant de penser planter des éoliennes partout, voici une
solution qui est rentable, qui, en plus, va aider ces familles-là, qu'elles
soient locatrices dans des passoires énergétiques... ou aux propriétaires à
faibles revenus. Et donc vous proposez de mettre de l'argent, non pas juste une
subvention, mais vraiment de l'argent sur la table pour pouvoir rendre de
l'efficacité autour de ces maisons. Je pense qu'elle est très intéressante.
Je vais peut-être
vous emmener ailleurs. Une des choses du projet de loi, c'est d'abaisser la
limite à partir de laquelle... si on veut, le pouvoir reviendrait au pouvoir du
gouvernement de dire oui ou non à des projets. Comment vous pensez que les
critères sur l'acceptation des projets devraient se faire pour être sûrs
qu'elle contribue à la lutte aux changements climatiques?
M. Blain
(Jean-François) : Bien, c'est une question trop complexe pour une
réponse courte. Mais la chose qui est importante, en fait, c'est que ces
critères-là soient décidés de façon transparente, rigoureuse et que leur mise
en application ne relève pas de la discrétion du Conseil exécutif, ou du
ministre en titre, ou de son successeur.
M. Bouazzi : Donc,
pour assurer une transparence, qui devrait être autour de la table?
M. Blain
(Jean-François) : Bien, on a des organismes de réglementation comme la
Régie de l'énergie, qui peut très bien être saisie d'une demande d'avis à
l'initiative du ministre puis tenir audience pour proposer des critères,
justement, par exemple, s'il s'agit des critères, là, à utiliser.
Maintenant, ce deuxième
volet là du projet de loi, que j'aborde brièvement, je dis : C'est bien
que l'obligation de fournir d'Hydro-Québec soit rabaissée de 50 mégawatts
à cinq mégawatts dans le contexte actuel d'une espèce de déferlement de
demandes pour de la puissance importante. Par contre, le corollaire de ça,
c'est que, si ce n'est plus Hydro-Québec qui décide si elle doit fournir ou pas
au-delà de cinq mégawatts, c'est la discrétion exercée au niveau politique qui
se retrouve amplifiée, avec les conséquences que ça peut avoir. Alors...
Le Président (M.
Ciccone) : 30 secondes.
M. Blain
(Jean-François) : Voilà.
Le Président (M.
Ciccone) : M. le député.
M. Bouazzi : Donc,
on a une question sur les questions des tarifs. Vous avez parlé d'une manière
de pouvoir cibler les personnes les moins favorisées. Est-ce qu'on pourrait
penser à un tarif conditionnel à l'évaluation municipale? Par exemple, si la
valeur des maisons est très, très, très élevée, on peut imaginer que ce n'est
pas des passoires énergétiques étant donné que c'est...
Le Président (M.
Ciccone) : En 10 secondes, s'il vous plaît.
M. Blain
(Jean-François) : Non, on ne peut pas baser ça sur l'évaluation
municipale, ça ne serait pas gérable administrativement. Par contre, on peut réviser
la structure du tarif résidentiel, si on parle du tarif D, pour le rendre
plus agressif. Par exemple, les compteurs intelligents devraient permettre à
Hydro-Québec d'imposer un plafond sur la puissance...
Le Président (M.
Ciccone) : Merci.
M. Blain
(Jean-François) : ...en période hivernale ou introduire une troisième
tranche dans...
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. Blain. Je cède maintenant la parole au chef du troisième
groupe d'opposition pour un temps de 2 min 12 s.
M. St-Pierre Plamondon : Merci.
2 min 12 s. Un point : Comment devrions-nous entreprendre
la planification? Parce que je pense
que vous avez identifié un risque important, c'est-à-dire qu'on part de
prémisses qu'il faut construire pour
tant d'énergie, mais en n'ayant aucune certitude sur nos besoins réels et notre
capacité réelle à réduire, dans certains secteurs, la consommation,
surtout qu'on part d'une base du pétrole et là on se dirige vers une autre
technologie et une autre... Quelle serait la
marche à suivre, logiquement, là, pour bien faire chacune des étapes et que la
planification de nos besoins énergétiques soit juste, en fonction de nos
besoins réels? Quelles devraient être les étapes à suivre ici?
M. Blain (Jean-François) : Bien,
normalement, en termes de processus, quand on parle de planification
intégrée des ressources, il y a des
institutions et des processus démocratiques qui sont mis à contribution. Puis
la première étape, c'est de convenir de l'objectif ou des objectifs
qu'on veut poursuivre prioritairement. Ça, c'est la première étape. Une fois que cette... on a convenu de ça, bien,
là, l'identification des moyens ou de la combinaison de moyens optimale pour atteindre ces objectifs-là peut aussi faire
l'objet d'un débat. Ça, c'est les deux étapes d'une planification
intégrée...
M. St-Pierre
Plamondon : Puis, dans les institutions que vous identifiez pour nous
accompagner là-dedans, il y a la régie? Qu'est-ce que vous voyez?
M. Blain
(Jean-François) : Il y a la Régie de l'énergie, sûrement, puis, sur
les enjeux environnementaux, le BAPE pourrait être saisi d'un mandat générique
plus large, là, pour faire valoir des considérations à ce niveau-là.
M. St-Pierre
Plamondon : Merci beaucoup.
Le Président (M.
Ciccone) : Merci beaucoup. M. Blain, merci beaucoup pour votre grande
passion pour notre énergie ici, au Québec, c'est très apprécié, mais, surtout,
merci beaucoup pour votre contribution à nos travaux.
Je
suspends maintenant les travaux jusqu'à 15 heures, cet après-midi. Bon
dîner, tout le monde. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
12 h 37)
(Reprise à 15 h 05)
Le Président (M.
Ciccone) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'agriculture,
des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles reprend ses travaux.
Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons les
consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi
n° 2, Loi visant notamment à plafonner le taux d'indexation des prix des
tarifs domestiques de distribution d'Hydro-Québec et à accroître l'encadrement
de l'obligation de distribuer de l'électricité.
Cet après-midi, nous
entendrons les organismes suivants : l'Association québécoise des
consommateurs industriels d'électricité et l'Association des redistributeurs
d'électricité du Québec, par visioconférence.
Je
souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de l'Association québécoise
des consommateurs industriels d'électricité. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter et à commencer votre exposé.
Association québécoise des consommateurs
industriels d'électricité (AQCIE)
M. Allard (Jocelyn B.) : Merci, M. le Président.
M. le ministre de l'Économie, Innovation et Énergie, Mmes et MM. les
députés, permettez-moi tout d'abord de remercier la commission de nous
permettre de participer aux discussions entourant l'analyse du projet de loi
n° 2. Je me présente, Jocelyn B. Allard, président de l'Association
québécoise des consommateurs industriels d'électricité, l'AQCIE. Nous avons
soumis un mémoire détaillé à cette commission et nous souhaitons aujourd'hui,
évidemment, souligner les grandes lignes de notre constat.
Alors,
l'AQCIE représente les plus importants consommateurs d'électricité à des fins
industrielles, qui sont actifs dans
plusieurs secteurs de l'économie québécoise, comme l'agroalimentaire,
l'aluminium, l'acier et les produits chimiques.
Les
industries dont nous défendons les intérêts consomment plus du tiers de
l'électricité vendue par Hydro-Québec dans ses fonctions de
distributeur. Ils paient leur électricité au tarif L, tarif de grande
puissance pour usage industriel, au tarif M, tarif de moyenne puissance.
Et quelques membres ont conclu des contrats à risques partagés avec le
gouvernement du Québec.
Pour illustrer
l'importance de nos membres aux revenus même d'Hydro-Québec, les récentes
données de la société d'État précisent que le secteur Grands Clients
industriels apporte 21,1 % des produits de vente d'électricité en dollars,
et ce, malgré le fait que le nombre d'abonnements au Québec de ce secteur ne
constitue que 0,004 % du nombre d'abonnements totaux.
Nos usines sont au
centre du tissu industriel et socioéconomique de plusieurs des régions du
Québec. Elles offrent des dizaines de milliers d'emplois, parmi les mieux
rémunérés du secteur industriel, en plus de ceux soutenus chez leurs
fournisseurs de biens et services.
Mais, au-delà des emplois directs et indirects
qu'elles génèrent, il importe de rappeler que, lorsque nos usines québécoises
réussissent à contrôler leurs coûts de production et à améliorer leur
rentabilité, elles se positionnent pour attirer de
nouveaux investissements. C'est ainsi que nos usines peuvent se moderniser et
permettent au Québec de participer
pleinement à la nouvelle économie industrielle, qui intègre les nouvelles
technologies créatrices de richesse. On ne fait pas, donc, que maintenir
des emplois payants, mais on développe pour des activités à valeur ajoutée dans
nos régions au Québec.
Malheureusement,
le projet de loi n° 2 vient, encore une fois, affecter la compétitivité de
nos différentes industries.
Pour nos membres, la part qu'occupe l'achat
d'électricité dans leurs coûts d'exploitation varie de 25 % à plus de 70 %. On comprend alors sans difficulté
toute l'importance d'offrir des tarifs d'électricité qui soient
concurrentiels pour permettre aux usines du Québec d'attirer chez elles les
investissements qui, en somme, garantissent leur avenir.
L'arbitrage des investissements entre les
différentes filiales est aisé à faire pour des entreprises mondialisées, qui
fabriquent souvent les mêmes produits à différents endroits dans le monde.
Toute diminution de l'attrait des tarifs d'électricité québécois représente
donc une menace bien concrète.
Hydro-Québec est un monopole et une société
d'État, bénéficiant donc du pouvoir et de l'influence de son seul actionnaire,
le gouvernement du Québec. C'est l'une des raisons fondamentales pour laquelle
nos membres soutiennent depuis toujours la fixation des tarifs d'électricité en
fonction des coûts réels que doit encourir Hydro-Québec pour desservir ses
différentes classes de clients.
Or, en 2019, comme d'autres participants à
cette commission l'ont mentionné, le projet de loi n° 34 a éliminé le système transparent de fixation des tarifs. En
indexant les tarifs selon le taux d'inflation plutôt que suivant
l'évolution des coûts requis pour servir ses clients, on a favorisé des tarifs
qui permettent à Hydro-Québec de générer des revenus supérieurs à ses besoins,
incluant des rendements au-delà du rendement raisonnable reconnu historiquement
pour l'actionnaire d'Hydro-Québec.
• (15 h 10) •
Devant l'inflation importante vécue
depuis 2021, le gouvernement avait déposé le projet de loi n° 43 à la
toute fin de la session parlementaire, au
mois de juin 2022. Le mécanisme prévu dans cette loi permettait de
plafonner la hausse des tarifs de toutes les classes de clients.
C'est ainsi que les représentants de nos usines
québécoises ont entamé la période estivale, indiquant à leurs dirigeants,
souvent localisés à l'extérieur du Québec, que des élections auraient lieu en
octobre 2022 et que ce n'est qu'à la suite de ces dernières qu'un nouveau
projet de loi pourrait être présenté pour limiter comme prévu la hausse du
tarif M à 3 % et celle du tarif L à 2 %, à compter du
1er avril 2023.
Dans plusieurs cas, c'est cette information
publique et diffusée par le gouvernement et Hydro-Québec qui a été utilisée
pour préparer les budgets 2023 des usines québécoises.
La mauvaise surprise du projet de loi n° 2,
au début du mois de décembre 2022, représente un cas type de ce qu'il ne faut pas faire pour maintenir un climat
d'investissement favorable dans quelque juridiction politique que ce
soit.
Sans avertissement, les usines québécoises se
sont fait dire que, finalement, le tarif M augmenterait de 6,4 % et
le tarif L, de 4,2 %, et ce, quatre mois seulement avant le
changement. Pour la prévisibilité, on repassera. Pire, on semble perdre de vue
ce que ça veut dire, 2,2 % de plus, comme facture.
Par exemple,
pour un client tarif L qui paie 96 millions de dollars par année
d'électricité — là,
c'est un cas réel, je ne nommerai pas le client — bien,
c'est une surprise de 2,2 millions de dollars. Pour un autre qui paie
60 millions de dollars annuellement, on vient se voir ajouter un
surplus-surprise de 1,3 million de dollars.
Dans un monde
compétitif comme celui dans lequel évoluent nos usines québécoises, un tel
surcoût inattendu a toutes les caractéristiques d'une fixation de tarifs
d'électricité aléatoire, imprévisible et politique.
Par ailleurs, vous verrez aux pages 8 et
suivantes et en annexe de notre mémoire que nous présentons une rapide analyse
du positionnement du tarif L par rapport au tarif recensé dans des
juridictions concurrentes. Nous constatons que la position concurrentielle du
tarif L s'est détériorée de 2019 à 2022 par rapport au tarif industriel ayant
cours dans neuf autres villes canadiennes pertinentes.
Dans un tel contexte, augmenter de 6,4 %
plutôt que de 3 % le tarif M, de même qu'augmenter de 4,2 % plutôt que de 2 % le tarif L à compter
du 1er avril 2023, réduira davantage l'écart entre les tarifs industriels
québécois et ceux des juridictions concurrentes.
Dans un contexte où le Québec ne choisit pas, à
juste titre, de concurrencer par des coûts de main-d'oeuvre à rabais ou encore
en relâchant ses règles environnementales, il devient impératif de maintenir la
compétitivité de nos industries existantes
en misant sur nos avantages concurrentiels naturels, tels que la stabilité
politique et, évidemment, une électricité au prix le plus compétitif
possible.
Ce qui nous
amène à souligner un autre aspect négatif du projet de loi n° 2, lequel
empirerait la problématique de l'interfinancement en plafonnant
seulement les tarifs résidentiels à 3 % d'augmentation.
Différents rapports, expertises et décisions
reconnaissent depuis plusieurs années que l'interfinancement des tarifs d'électricité au Québec est une
problématique qu'il faut corriger. D'ailleurs, la veille du dépôt du projet de
loi n° 2, le Pr Pineau faisait une conférence où il expliquait
l'importance... des HEC, là, expliquait l'importance de corriger cet interfinancement, de s'y mettre. Or, étant
donné que, pour l'année 2023, l'augmentation des tarifs industriels
serait supérieure à l'augmentation des
tarifs domestiques, il faut s'attendre à une autre augmentation de l'indice
d'interfinancement, si le projet n° 2 est adopté comme proposé. On
ne tente donc même pas de corriger la problématique reconnue depuis longtemps,
mais on l'empire.
Dernier aspect. Dans un contexte où la fixation
des tarifs d'électricité au Québec apparaît de plus en plus politisée, la
proposition transitoire de l'article 9 du projet de loi n° 2, de
rendre conditionnel à l'approbation du gouvernement chaque projet de
cinq mégawatts, au lieu de la limite actuelle de 50 mégawatts, ajoute
à l'incertitude qui entoure les questions
d'approvisionnement électrique au Québec pour les industries existantes déjà
bien implantées ici.
Tout
en étant conscients des enjeux de forte demande anticipée pour l'électricité
québécoise, nous soumettons que les
clients industriels existants devraient plutôt voir leurs projets de croissance
et/ou de modernisation de leurs usines soumis aux règles présentement en
vigueur. Sinon, ce serait un changement des règles du jeu qui, encore une fois,
nuit au climat de confiance pour les investissements.
De plus, des études récentes ont de nouveau
démontré que l'utilisation d'électricité pour des fins industrielles
contribuait de manière significativement plus substantielle au développement
économique et social du Québec. Vous pouvez voir le lien, dans le mémoire, là,
à l'étude de l'Institut du Québec.
Il est donc justifié de traiter différemment les
demandes d'augmentation des charges des clients industriels actuels, qui
contribuent déjà substantiellement à l'économie québécoise, des demandes de
nouvelles implantations ou de celles de grandes puissances qui ne sont pas pour
des fins industrielles au sens de la loi.
Donc, en conclusion, les décisions subites et
inattendues en matière de fixation des tarifs d'électricité qui ont eu cours
depuis 2019 ont créé un sentiment d'incertitude nuisant au maintien d'un
climat favorable pour sécuriser les investissements requis pour réussir la
modernisation des usines du Québec et la transition énergétique. Cette
politisation grandissante des tarifs d'électricité au Québec inquiète les
membres de l'AQCIE, qui appréhendent le changement important aux règles
établies pour les usines opérant déjà lorsqu'elles voudront augmenter leur
charge auprès d'Hydro-Québec.
Conséquemment, l'AQCIE recommande : que les
articles 3 et 4 du projet de loi n° 2 ne soient pas adoptés comme proposés mais qu'ils soient remplacés par
les articles équivalents du projet de loi n° 43 du mois de juin 2022;
et que les articles 6 et 9 du projet de
loi n° 2 soient modifiés pour ne maintenir la non-obligation de desserte
par Hydro-Québec que dans les cas où la demande d'ajouts de charges
excède 50 mégawatts lorsqu'il s'agit d'une installation opérant déjà au
Québec et qu'elle utilise l'électricité à des fins industrielles au sens de la
législation et du règlement tarifaire.
Alors, M. le Président, M. le ministre, Mmes et
MM. les députés, merci de votre attention.
Le
Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup pour votre exposé. Nous allons
maintenant commencer la période d'échange et nous débuterons avec M. le
ministre.
M. Fitzgibbon : M. le
Président, on va être magnanimes, à la CAQ, on va vous donner
3 min 30 s de réduction de la période de questions pour pouvoir
finir à temps, parce qu'on a commencé un peu en retard.
M. Allard, merci beaucoup pour votre
présentation. Je ne parlerai pas de tarifs, là. Je pense que vous avez été très, très clair, là, sur la situation tarifaire.
Je vais revenir sur le terrain de l'obligation de desservir. On est dans une
situation où il y a un resserrement au niveau de l'offre, et il faut être
parcimonieux. Hydro-Québec nous demande de ne pas se soustraire à l'obligation... de se soustraire à l'obligation de
desservir en bas de 50 mégawatts, en haut de cinq mégawatts. Comment... Aidez-moi à comprendre comment on
pourrait être dans une situation où... Quels sont les critères qu'on
devrait utiliser? Parce que c'est possible que nous ne puissions pas
nécessairement offrir la connectivité pour tous les projets en haut de
cinq mégawatts. Comment verriez-vous, peut-être, une modulation ou quels
sont les cas qu'on devrait... ou les conditions qu'on devrait établir pour y
arriver?
M. Allard
(Jocelyn B.) : Oui. Merci, M. le ministre, pour la question. Dans
un premier temps... Évidemment, c'est un
petit peu difficile, des fois, de démêler aussi qu'est-ce qu'on entend par
les... ce qui est attendu comme augmentation de la demande d'électricité, hein? On a entendu toutes sortes de choses.
J'écoutais encore le représentant d'Hydro-Québec, à la radio ce matin, là, qui nous expliquait,
finalement, que c'était 4 000 mégawatts qui étaient attendus sur les
10 prochaines années.
D'ailleurs,
ça correspond avec... Vous savez, il y a déjà un dossier pour la prévision de
la demande devant la Régie de
l'énergie. Ça serait bien, d'ailleurs,
qu'on puisse faire l'exercice de façon exhaustive devant la Régie. On vise
4 000 mégawatts. C'est ce
qu'Hydro-Québec anticipe, et c'est surtout dans certains créneaux. On a
beaucoup, beaucoup d'augmentation de la demande, là, dans les véhicules
électriques, dans l'hydrogène, effectivement, mais, ça, je pense que vous avez fait des commentaires vous-même à
cet effet-là, donc... et il y a seulement comme 5 % qui est prévu
pour la demande industrielle.
Alors, ce
qu'on dit ici, c'est que, déjà, les entreprises qui ont déjà installé... qui
ont déjà fait des investissements importants,
qui ont contribué... puis qui contribuent, d'ailleurs, dans leurs tarifs, hein?
Quand on parle d'interfinancement, c'est qu'on paie plus cher que ce que
ça coûte pour nous... pour desservir les usines. Puis c'est le même propos,
d'ailleurs, que les clients commerciaux, là, on est d'accord, qui, eux autres
aussi, paient plus que ce qu'ils devraient payer. Or, on subventionne les
tarifs résidentiels depuis longtemps, ça permet à Hydro-Québec d'avoir
développé des actifs importants. Donc, c'est pour ça qu'on dit : Bien,
pour ces joueurs-là, on devrait garder la même règle que le 50 mégawatts.
Quand tu arrives à te présenter à ton conseil d'administration, à tes
dirigeants... tu sais, on a besoin de faire un projet de décarbonation, on a
besoin de faire un projet de modernisation, mais cinq mégawatts, c'est
très bas pour des usines qui sont déjà implantées. 50, tu sais, on vit déjà
avec.
Alors, c'est
pour ça qu'on dit : Il devrait y avoir... On devrait être traités
différemment que... de tous nouveaux joueurs
qui arrivent ou qui ne sont même pas dans le domaine industriel. Parce que...
Et c'est pour ça que l'étude à laquelle je référais, de l'Institut du
Québec, nous montre que, justement, sur le long terme, c'est beaucoup plus
rentable, pour l'économie québécoise, d'utiliser l'électricité ici que de
l'exporter de façon commise auprès des Américains ou que dans des secteurs qui
ne sont pas des secteurs industriels.
Quant aux critères, plus spécifiquement sur
votre question, j'attirerais... puis là je ne voudrais pas vous lire les
deux pages, là, mais les pages 58, 59 de l'étude de l'Institut du
Québec, il y a toute une section qui a été faite, une réflexion sur les critères, là, qui sont énumérés,
au-delà des emplois. Parce qu'on est conscients... puis c'est pour ça
que j'en parlais dans mon petit laïus au
début, ce n'est pas juste une question de garder des emplois. Parce qu'on a
bien des gens qui nous disent :
Oui, mais là on n'a pas assez de monde, de toute façon, on n'a pas besoin de
créer des emplois. Un, on dit : Il faut commencer par maintenir
ceux qu'on a. Puis, on veut les transformer en des emplois à valeur ajoutée
dans des créneaux encore plus spécialisés.
On ne veut pas que le Québec, ce soient
seulement des exécutants. On veut être... On veut développer des créneaux dans
nos régions. Bien, pour faire ça, ça prend de l'argent puis ça prend des investissements.
Puis on veut que nos usines soient celles qui reçoivent l'investissement. Quand
le groupe corporatif dit : On va investir à l'usine du Québec plutôt qu'à celle de... choisissez la
juridiction concurrente, où ils font le même produit. Alors, c'est pour
ça.
Mais, la question des critères, là, j'attirerais
l'attention à la page 59, particulièrement, du mémoire. Là, pour la
question de temps, je ne lirais pas tous les critères qui sont là, mais c'est
intéressant, là, pour voir... Puis ça touche, justement,
à c'est quoi, l'effet structurant, l'effet sur la contribution aux exportations
des produits québécois, le potentiel d'innovation, le potentiel
d'investissement. C'est ça.
• (15 h 20) •
Mais ce qui est important, c'est que ce soient
des critères qui soient publics, connus, débattus publiquement. Parce que, présentement, puis ça, c'est un de
mes... puis j'ai peut-être l'air bien négatif, mais je l'entends de la
plupart de mes membres, c'est...
depuis 2019, là, on ne sait pas trop où on s'en va. Puis c'est un peu
des... de surprise en surprise en matière de gestion des tarifs
d'électricité puis de l'accès à l'électricité. Alors, c'est ça.
M. Fitzgibbon : Puis là, juste pour
bien, bien comprendre ce que vous avez dit, là, je veux être... que c'est clair dans ma tête, vous vous dites, vous :
Les besoins de clients existants en haut de cinq mégawatts peuvent être
desservis par Hydro-Québec, selon les chiffres que vous avez, et, pour les
nouveaux projets, là, il peut y avoir des critères plus précis s'il manque
d'électrons, en gros?
M. Allard (Jocelyn B.) : C'est à peu
près ça, effectivement.
M. Fitzgibbon : O.K. C'est beau, pas
de problème. Alors, c'est tout pour moi. Mes collègues, il reste à peu près
huit minutes?
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
Député de Joliette, oui, vous avez la parole.
M. St-Louis : Merci, M. le
Président. Merci d'être ici. Ma question est assez simple : En tant
qu'association, est-ce que vous considérez que la prévisibilité et le plafonnement
du taux d'indexation des tarifs sont importants pour les consommateurs?
M. Allard (Jocelyn B.) : Bien, les
consommateurs, vous voulez dire toutes les classes de clients, incluant les
industriels? La prévisibilité, là, c'est effectivement, M. le député, très important.
Puis, depuis 2019, là, on l'a complètement évacuée, cette
prévisibilité-là. D'ailleurs, le fait qu'on soit devant vous avec... que vous
soyez en train de discuter du projet de loi n° 2, ça vient justement
démontrer que c'était une erreur d'attacher ça à l'inflation.
Quand on était devant la Régie de l'énergie, la
prévisibilité qu'il y avait, c'est qu'on était capables de questionner, puis
les différents intervenants et la régie, on était capables de savoir où est-ce
qu'on s'en allait, où est-ce qu'Hydro-Québec était pour faire des
investissements, qu'est-ce qui était la demande d'augmentation des revenus
qu'ils avaient besoin pour desservir la clientèle. Alors, il y avait des
débats, puis c'est la façon la plus... C'est pour ça que je mentionnais que,
dans toutes les juridictions, depuis plus d'un siècle, là, quand on fait
de la tarification de services de monopoles comme l'électricité ou le gaz
naturel, etc., ça se fait sur la base de... on appelle ça la base des coûts, qui inclut le rendement raisonnable sur
l'investissement. Puis, Hydro-Québec, là, ça fait 8,2 %, dans sa
fonction de distributeur, sur ces
investissements qu'ils font dans leur réseau, là, etc. Alors, c'est quand
même... c'est 8,2 %, ce n'est pas mauvais du tout, là, c'est ce qui
était considéré comme un rendement raisonnable. Et, quand on additionne tous
les coûts, incluant le rendement raisonnable, on dit : Voici les tarifs
que ça devrait faire.
Il y a une partie des coûts d'Hydro-Québec qui
sont attachés, qui sont influencés par l'inflation, c'est clair, mais ce n'est
pas la majeure partie des coûts, et, les calculs qu'on avait faits
en 2019, bien, on les a refaits pour 2023 avec l'annonce du... avec le projet de loi n° 2, là, puis le... ce
qu'on... Vous savez, les fameux trop-perçus, là, ça, en termes techniques, c'est des... c'est vraiment... ça
s'appelle des excédents de rendement. Alors, ce que ça veut dire, là, c'est
qu'avec les tarifs, si on les augmente, au
1er avril, de 3 % dans le tarif... c'est-à-dire de 6,4 % le
tarif M et les autres tarifs généraux, puis de 4,2 % au tarif L, puis de 3 % dans le
résidentiel, il va y avoir un excédent par rapport au rendement
raisonnable, il va y avoir un excédent,
juste pour l'année 2023, de 125 millions de dollars, qu'Hydro-Québec
va mettre dans ses poches.
Alors, ça, ce n'est pas de la prévisibilité,
c'est aléatoire, c'est politique. Au mois de juin, mes gens sont partis... Moi,
je me fais appeler... je me faisais appeler pour de vrai à l'été, dire :
Aïe! Qu'est-ce que je mets dans mes budgets? Il faut que j'envoie ça au siège
social. Que c'est que je suis obligé de mettre pour l'électricité? Tu sais,
quand c'est 50 % de tes coûts de production, c'est important. Puis là on
m'a dit... moi, je dis : Bien, écoutez, la loi, actuellement, ce serait
6 points et quelques pour cent. À ce moment-là, les chiffres n'étaient pas
finalisés, 6 points... bon, finalement,
c'est 6,4 %, 4,2 % pour le tarif L. Mais le gouvernement,
écoutez, il a présenté le projet de loi n° 43, la session a fini, c'est mort, il faut qu'il
recommence. C'est pour ça, là. Alors, je parle, ça, là, c'est totalement
imprévisible, là, c'est... ça, ce n'est pas... ce n'est pas bon, ça, là.
Le Président (M.
Ciccone) : Merci beaucoup. Oui?
Une voix : ...
Le
Président (M. Ciccone) : Oui, oui, vous avez encore du temps. M. le député
de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, vous avez la parole.
M. Bernard : Merci, M. le Président.
Merci, M. Allard. Depuis hier, on entend, effectivement, parler des différents
tarifs puis que les industriels, entre autres, là, ne seront pas plafonnés,
mais, étant moins familier, les gens, ils m'ont... dans l'entourage, là, m'ont
parlé du taux multiplicateur de la Régie de l'énergie, O.K., que je n'étais pas
familier. Puis, à ce moment-là, là, je me demandais, puis on m'expliquait...
Est-ce que, selon vous, l'application, le taux multiplicateur de la régie, il
serait suffisant pour minimiser la hausse que vous venez de parler, là, du
tarif L, puis permettre de garder la compétitivité?
M. Allard (Jocelyn B.) : C'est
une... C'est très intéressant comme avenue de solution. Malheureusement...
Bien, premièrement, ça ne règle pas le problème des tarifs M, parce que
j'ai quand même beaucoup de membres, là... Il y a beaucoup d'industries, au
Québec, qui ne sont pas toutes... ce n'est pas toutes des grandes industries,
là, qui utilisent l'électricité à grande puissance, ça fait que tu as de la
moyenne puissance, là, avec le tarif M. Ça, ça serait encore, là,
actuellement. Puis ce n'est pas 4,2 %. Eux autres, là, c'est 6,4 %.
Bon, évidemment, je comprends que la facture est moins importante que dans...
tu sais, en chiffres absolus, en dollars, mais ça reste que c'est quand même...
tu sais, c'est un coup qui se rajoute à
d'autres. Ça fait que je ne veux pas répéter ce que la FCEI ou d'autres
organismes ont mentionné, mais c'est la même problématique.
Pour ce qui est du fameux taux multiplicateur
devant la régie, ça, malheureusement, la loi, bien, c'est tout le temps... Si
on faisait un projet de loi, s'il y a encore l'opportunité, on pourrait
rajouter des articles, là, on pourrait le corriger, cette question-là, parce
que, dans le projet de loi n° 34 de 2019, il y a eu... ce que ça disait,
c'est que le taux multiplicateur devait être décidé par la régie de façon
annuelle, pas dans le cadre d'une clause tarifaire, ça a l'air qu'on n'avait pas le droit d'en parler trop, il
fallait que ça soit juste un échange de commentaires écrits,
malheureusement. Et la régie devait tenir compte, pour être sûr de la
compétitivité du tarif L, de garder la compétitivité du tarif L...
mais là l'article de loi disait : Tout en préservant ou en considérant
l'interfinancement.
Alors, ce qui est arrivé avec ça, à cause de ce
bout de phrase là, c'est que nous, on a fait une démonstration. La première
fois qu'on a eu à utiliser ça dans la régie en 2021, on est allés
expliquer à la régie : Écoutez... Là, les prix d'électricité étaient au
plancher aux États-Unis. Les membres se plaignaient, parce qu'ils
disaient : Écoutez, on va augmenter les tarifs. Au Québec, l'inflation
n'était pas encore aussi élevée. On va en augmentant, alors que les prix aux États-Unis ont chuté à cause de la
pandémie, etc., parce que le prix du gaz naturel avait chuté. Ça fait que
l'écart s'était agrandi ou... c'est-à-dire l'écart s'était rapetissé entre le
tarif L puis les tarifs concurrents. Les autres coûts, au Québec, ça coûte
plus cher faire affaire ici, bien, les coûts de main-d'oeuvre, les coûts de
construction, les coûts de transport, etc. Ça fait que c'est pour ça que tu veux
garder, même quand tu es en dessous des autres, là, le tarif L, même si
c'est vrai, là, bien, tu veux être sûr de garder le plus grand écart possible
parce que ça vient compenser tes autres coûts, au Québec, de faire affaire.
Alors, on a présenté ça à la régie, puis la
régie, elle a finalement... pour faire une histoire courte, elle a dit :
Vous savez... Écoutez, vous restez encore en dessous des autres tarifs quand on
regarde. Ils n'ont pas tenu compte... Ils disent : Il ne faut pas tenir
compte de l'écart. Ce n'est pas ça que la loi... Ce n'est pas ça qu'on comprend
de la loi. Puis, surtout, c'est qu'on ne
veut pas, en bon... en méchant français, là, déflaboxer le lien entre les
tarifs, parce que, là, on ne voudrait
pas changer l'interfinancement. Ça fait qu'on va vous laisser à 0,65, ce qui
était d'ailleurs la première mouture du projet de loi n° 34, le
fameux taux multiplicateur dont vous parlez. C'est pour ça qu'on en arrive à
deux tiers, grosso modo, du taux d'inflation. On a dit : Ce n'est pas ça
que la loi dit. On est allés en révision devant la régie.
On s'est
débattus. On a tout fait valoir ça. Puis, malheureusement, la régie a
dit : Ah non, bien, vous savez, moi, je ne veux pas parce que, quand on va arriver pour faire les tarifs
en 2025, s'il y a trop d'écart, là, ça... l'interfinancement, on
risque de... on ne pourra pas garder la même affaire, ça fait qu'on va garder
la même chose que dans le passé. Ça fait qu'on leur a dit : Bien là, vous
ne regardez plus la compétitivité du tarif L, ce que vous faites, c'est
que vous voulez juste garder la même... Si c'est toujours pour être 0,65, c'est
sûr qu'année après année ça va toujours être 0,65, ça fait qu'on fait ça de
façon inutile. Ils ont dit : Non, non, ce n'est pas ça que ça veut dire.
Finalement, la deuxième année, on s'est réessayés, puis finalement ça a fini à
0,65 encore.
Puis là, pire que ça, au mois de décembre, ils
nous ont envoyé une décision procédurale, là, pour mettre le dossier en place.
Parce qu'officiellement on n'a pas encore le chiffre, mais on sait que ça va
être 0,65. Parce que c'est tellement... La régie, dans sa décision, dit :
Écoutez, là, on vous invite, tu sais, à faire vos commentaires, mais, vous
savez, ça fait deux ans qu'on vous dit que c'est 0,65, alors, nous autres,
on pense que ça va être 0,65 cette année. Ils nous l'ont dit, même dans la
décision, c'est déjà décidé : On pense que ça va être 0,65. Mais, écoutez,
c'est sûr qu'il faut vous écouter, là, si vous avez quelque chose à dire de
nouveau, dites-nous-le.
Ça fait qu'à
toutes fins pratiques, là, on comprend qu'à un moment donné on ait des
ressources limitées, hein, comme
association également. Puis c'est important pour les membres, mais là, à un
moment donné, si... tu sais, tu as beau battre un cheval qui est mort,
il ne se lève plus, là. Alors, c'est ça. Ça fait qu'on se dit : Bien, ça
va être encore 0,65.
Ça fait que vous avez raison de dire, parce
qu'on a fait cette démonstration-là, que l'écart s'était rétréci. L'écart, d'ailleurs... Puis ça, c'est reconnu par
Hydro-Québec parce que, même en... dès 2017, là, c'était avant le
projet de loi n° 34, Hydro-Québec avait reconnu que
la compétitivité du tarif L, ça s'était détérioré par rapport... Il est
peut-être moins cher, mais plus ton écart se rétrécit... Puis là, actuellement,
on me parlait... Puis, récemment, les gens disaient :
Oui, mais, aux États-Unis, ce n'était pas pire, parce que le gaz naturel a
monté à cause de la guerre, puis de ci, puis de ça. Mais, si vous regardez les «futures» du gaz naturel, encore
ce matin... puis on m'envoyait des chiffres, justement, juste avant que
j'arrive ici, là, puis on est revenu à des niveaux historiques, on est revenu à
des prix qu'on a vécus depuis les 10,
15 dernières années, on retombe à 3 $ du gigajoule, grosso modo, on
n'est pas loin de ça. Alors, ça veut dire qu'encore une fois... Et ça, ça a une influence directement sur les prix
d'électricité, parce qu'il y a beaucoup de générations électriques, aux États-Unis, à partir du gaz
naturel, ce qui fait en sorte que nos compétiteurs américains se retrouvent
avec ça.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Y a-t-il d'autres interventions ici?
M. Bernard : Merci.
Le Président (M. Ciccone) : C'est
beau. Je suis prêt maintenant à reconnaître le député de Jacques-Cartier pour
un temps de 12 min 23 s.
M. Kelley : Merci beaucoup pour
votre présentation et aussi pour votre mémoire. Juste une question, je vais
commencer... qui est pas mal simple. Hydro-Québec répète que le tarif L
est toujours le meilleur tarif. Est-ce que ça demeure toujours vrai ou est-ce
que ce n'est pas vrai du tout?
• (15 h 30) •
M. Allard
(Jocelyn B.) : Bien, comme je le mentionnais un peu, c'est... ce
n'est pas vrai. On ne peut pas juste dire :
C'est le meilleur tarif, tu sais. C'est sûr que... Il faut faire attention, il
y a différents concepts. Le tarif, le tarif L, là, quand on
regarde... quand Hydro-Québec nous dit ça, il nous parle de tarifs affichés.
Alors, les tarifs affichés, là, la réalité, là, il regarde le tarif L, il
dit : Voici le chiffre officiel puis voici les tarifs dans d'autres
juridictions. Bon.
La première chose, il y a deux aspects,
premièrement, dans... Et la régie l'avait reconnu dans un avis au ministre de l'Énergie de l'époque, en 2017,
dans l'avis sur la compétitivité des tarifs industriels, la régie avait
reconnu que c'est difficile de faire ces
comparaisons-là parce que les tarifs affichés, ça ne donne pas toute
l'histoire, ça donne ce qui est officiellement. Mais, vous savez,
beaucoup de juridictions, ils se battent pour garder des usines, ils se battent
pour attirer des investissements industriels
de centaines de millions de dollars. Alors, ce qu'ils font, c'est que les
modalités d'application de ces tarifs-là puis ce qui entoure, justement, la
facture finale, ça fait en sorte que le tarif affiché, bien, c'est «cute», là, mais ce n'est pas vraiment,
nécessairement ce que les gens vont payer. Puis on me dit : Bien, ce
n'est pas ça qu'on paie dans d'autres juridictions. Alors, ça, c'est la
première chose qu'il faut faire attention.
Deuxièmement, c'est... La comparaison
qu'Hydro-Québec fait... Puis, à chaque année, ils nous donnent une liste, une liste de 22 villes, je l'ai même
mis dans mon mémoire, parce que je me suis servi de la même liste qu'eux
pour prendre les villes canadiennes. Mais,
en plus de ça, ces villes-là, ils comparent des grandes villes. Au Québec, là,
c'est vrai que le tarif industriel, s'il y avait une usine dans... voyons, dans
le quartier Sainte-Marie à Montréal, là, versus une usine à Lennoxville, ça serait le même tarif L. Mais, dans d'autres
juridictions américaines... Puis là ils comparent des villes, ils
comparent San Francisco, Boston. Il n'y a pas grand usines... industries
lourdes au centre-ville de San Francisco puis au centre-ville de Boston ou à
Manhattan. Alors, ça, il faut que tu fasses attention quand tu compares ça. La sélection... puis ça, on a argumenté ça tout à
l'heure, la question de M. le député de Rouyn-Noranda, là, c'était la
même chose, où on essayait justement de
démontrer qu'il fallait comparer des pommes avec des pommes. Il fallait
comparer avec des tarifs dans des régions industrielles, dans des villes
industrielles et non pas la liste qu'Hydro-Québec nous donne.
Puis je reviens à mon point, c'est que, de toute
façon, même si on prenait celle d'Hydro-Québec puis on faisait abstraction de ces nuances-là, l'idée, c'est que le
tarif L, comme je disais souvent, il est meilleur, mais, depuis...
avant même 2020, là, puis là ça empire, il est moins meilleur qu'il était
meilleur, c'est-à-dire que l'écart, comme je disais,
il s'amoindrit. Ça fait que plus tu... Ton écart s'amoindrit, tes autres coûts,
ils ne vont pas à la baisse. Les coûts de main-d'oeuvre, ils augmentent,
les coûts de conformité environnementale, ils augmentent, les coûts de carbone
au Québec augmentent, les coûts de transport augmentent. Ce n'est pas facile,
là. Puis je pense... j'ai une sympathie pour le ministre, là, qui doit essayer
d'attirer, même, des nouveaux joueurs. Ce n'est pas toujours facile de
regarder, dire : Écoute, comment tu
fais pour investir? Les tarifs industriels d'électricité pour les grands
consommateurs, oui, c'était un avantage, puis c'est pour ça qu'on dit
qu'il faut le garder, puis c'est pour ça qu'on disait : Il faut garder au
moins le même écart que ce qu'il y avait en 2019 — là, je suis plus légal
avec le projet de loi n° 34. La régie aurait dû dire : Il faut garder
au moins le même écart entre les autres... les compétiteurs puis le tarif du
Québec. Ça, ça va garder cette compétitivité-là.
Puis, juste pour finir là-dessus, une des... Ça
m'a frappé, parce qu'en lisant le très court mémoire de nos amis de chez Hydro-Québec, déposé hier à cette
commission, si vous regardez à la page 4 — puis je trouvais ça intéressant — ils disaient : «La demande en électricité au
Québec est demeurée relativement stable au cours des deux dernières
décennies. En particulier, la demande
industrielle a augmenté de seulement — c'est
incroyable — 0,1 % — pas
1 %, là, 0,1 % — entre 2000 et 2022», donc 22 ans, là.
Le tarif L, il est tellement bon, là, il y a une avalanche de monde qui
veulent s'installer au Québec, puis qui a augmenté 0,1 % en 22 ans.
Ça fait que moi, ça, là, non, je ne suis pas d'accord. Le tarif L, il
n'est pas le meilleur, puis ce n'est pas vrai.
M. Kelley : Merci beaucoup pour cette
réponse-là. Puis je sais que vous avez mentionné... rapidement, il y a un tableau, dans l'annexe, qui présente un petit
peu les autres villes, qu'est-ce que les autres juridictions font
présentement. Est-ce que vous avez comme une suggestion
d'une place qui... comme, présentement, un système en place, si c'est
concernant les tarifs, mais les façons d'attirer des entreprises ou quand même
garder les entreprises, qui est modèle, peut-être, qu'on doit suivre comme une
société?
M. Allard (Jocelyn B.) : Bien, le
modèle qu'on devrait suivre, là, puis ça, je vais revenir à... Parce que c'est
sûr que... On l'a fait, d'ailleurs, l'exercice, quand on a fait nos
représentations à la Régie de l'énergie pour la première fixation du fameux taux multiplicateur. On avait même...
j'avais même fait un sondage, auprès de mes membres, dans quelles juridictions concurrentes qu'on
devrait comparer. Puis on était allés extraire les villes qu'Hydro-Québec
avait identifiées dans les six juridictions américaines qui étaient plus
compétitives que... qui étaient des compétiteurs pour leur propre groupe corporatif. Parce que, souvent, ils ont une usine...
Au Texas, il y en avait dans l'État de New York. Bon, ça fait que tu
dis : Bon, Texas, New York... On avait pris ces endroits-là.
Mais, pour répondre à votre question sur le
modèle à suivre, là, je ne réinvente pas la roue, ça fait au-dessus d'un
siècle, puis je ne suis pas tout seul à le dire, la façon de fixer des tarifs
pour des services de monopole, c'est par la tarification basée sur les coûts.
Puis les coûts puis le rendement raisonnable, c'est l'équivalent du profit,
parce que c'est normal que quelqu'un qui investit... L'actionnaire
d'Hydro-Québec, c'est le gouvernement du Québec, c'est tout nous autres, comme Québécois. Ça fait qu'on veut un rendement
raisonnable sur l'investissement qu'on fait. Puis la façon la plus
transparente puis la plus correcte de facturer au client... Parce que c'est un
monopole. Si tu laisses un monopole...
sinon, ça devient... Puis là, ces temps-ci, j'ai l'impression d'entendre
souvent... Moi, j'appelle ça la tarification basée sur la méthode de presser le citron, tu sais, c'est de payer. On
va le presser aussi longtemps qu'on peut le presser, on va lui en sortir
le plus, jusqu'à tant que, woups! il y ait un danger. Puis le problème, c'est
que, le danger, tu ne le vois pas toujours avant qu'il soit trop tard.
Puis les usines... Puis ce n'est pas une
question de dramatiser, parce que ce n'est pas demain matin qu'ils ferment
nécessairement. Mais, quand l'usine est moins compétitive, elle attire moins
d'investissement. Puis, quand elle attire moins d'investissement, elle est
moins moderne, puis là c'est le principe des saucisses Hygrade à l'envers, tu
sais, parce que, là, moins elle est compétitive, bien, moins il y a des
commandes, puis moins tu l'utilises, puis là, à un moment donné, tu finis par
dire : Bien, ça, c'est l'usine qu'on va finir par fermer.
Puis, en 2018 — moi, ça fait depuis 2016 que
je suis avec l'AQCIE, je suis un membre important — dans le domaine de la
chimie, il y avait trois usines, il y en avait deux au Québec, dans deux
régions différentes du Québec, puis il y en avait une aux États-Unis, dans un
État plus, en tout cas, au sud, là, au sud de la Pennsylvanie, là, c'était, bon, un État du Sud. Et puis il y avait trois
usines qui faisaient le même produit, puis, à un moment donné, bien, ils
ont été obligés de regarder puis... la
demande de leurs produits, puis il y a d'autres compétiteurs, ils
ont décidé de rationaliser, de moderniser leurs installations et ils en
ont gardé deux. Moi, j'aurais bien aimé ça... puis on a travaillé fort, puis on
aurait bien voulu que ce soit celle des
États-Unis qui ferme, parce que notre monde, nos dirigeants d'usine, ici, c'est
des gens qui sont... qui vivent dans leur
région puis qui vivent au Québec, puis on a tous le même intérêt à coeur. Puis
finalement, bien, malheureusement, c'est une
des deux du Québec qui a fermé, puis elle n'est plus là. Ça fait que le
tarif L, là, ça a contribué au
fait qu'on a juste 1 % d'augmentation de la demande industrielle. Ça fait
que ce n'est pas tout... pas tout facile, là.
M. Kelley : Très, très intéressant.
Merci. Une autre question. Je sais que tu as parlé un petit peu concernant les
critères. Le premier ministre a dit, la semaine dernière, qu'on va moduler ça
dans le prochain projet de loi qui s'en
vient l'automne prochain, notamment sur leurs efforts pour décarboner le
Québec. Mais, pour certaines industries comme l'acier ou l'aluminium, c'est comme il y a une formule puis une
recette pour faire ça, puis de réduire nécessairement les GES, c'est
peut-être difficile, parce que les technologies pour réduire ça n'est pas
nécessairement là encore.
Mais je veux juste vous entendre comme, selon
vous, quoi doit être le critère et/ou la définition d'un effort de décarboner.
C'est comme... c'est très vague pour moi de comprendre qu'est-ce que le premier
ministre veut dire. Alors, selon vous, qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Allard (Jocelyn B.) : Bien, c'est
effectivement... Ça revient un peu à mélanger différents concepts, hein? La
meilleure façon de facturer l'électricité, là, comme je reviens, c'est se baser
sur les coûts que ça engendre, puis le monopole... Combien ça coûte pour aller
desservir tel client, tel commerce, telle usine à tel endroit? Ça leur coûte
quoi en production d'électricité, en transport d'électricité puis en
distribution d'électricité? Alors, ça, c'est la façon. Puis, oui, ça prend de l'investissement, ça prend des actifs, ça prend
un rendement raisonnable. Parfait. Ça, c'est la méthode traditionnelle, puis tu ne mélanges pas. Parce
que, quand tu commences à rentrer... il faut faire attention, puis je ne dis pas
que ce n'est pas possible de trouver des façons, mais, quand tu commences à rentrer
les autres critères, les autres concepts, là, tu mélanges les genres, là.
Et puis je
voyais... justement, là, juste avant de rentrer, je voyais des annonces de
certains de mes membres qui ont
été... Le gouvernement a annoncé des investissements, des sommes importantes
pour les aider à décarboner dans leurs procédés
industriels, dans différentes choses, là, pour certains des grands joueurs au
Québec. Alors, on prend... D'un côté, on a des programmes, on dit :
Voici ce qu'il est possible de faire. Voici comment on va... Puis on les fait
contribuer. Ils participent déjà dans le SPEDE, tout le monde participe au
SPEDE. Mais beaucoup de ces joueurs-là sont déjà des grands émetteurs
également, ça fait qu'ils sont déjà dans le SPEDE. Ils paient déjà pour le
carbone. Il faut faire attention, là, ce n'est pas toutes les juridictions,
puis on y croit, il faut aller vers là, puis l'aluminium vert, puis l'acier vert. Malheureusement, quand tu arrives pour le
vendre, puis ça j'ai entendu également le premier ministre dire ça, ça
ne se vend pas encore aussi cher puis aussi avec autant de valeur qu'on
voudrait. On travaille tous vers cet objectif-là, mais on n'est pas rendus là.
Ça fait que, quand on fait des produits, là... puis je ne vous parlerai pas
d'aluminium parce qu'on en entend souvent parler, on va
parler des autres aussi. J'ai du monde qui font du zinc, du cuivre, toutes
sortes d'affaires. Bien, ça a beau être moins carbone, mais tu veux quand même
être capable de survivre, il faut que ce soit rentable de le faire. Alors, il y
a d'autres programmes. Il y avait les allocations gratuites dans le cadre du
SPEDE. Il y avait d'autres programmes, puis
d'ailleurs, la démonstration, le gouvernement, même aujourd'hui, annonce un
programme pour aider justement dans des industries ciblées qui ont besoin.
• (15 h 40) •
Les tarifs
d'électricité, là, puis on a dit ça dans... pour d'autres... dans
d'autres contextes, ça ne peut pas être... Ce n'est pas une
façon de gérer, c'est supposé être de la tarification, c'est pour le service
qui est rendu. Puis tu veux juste le réglementer, le contrôler, parce que c'est
un monopole, puis il pourrait te charger le prix qu'il veut s'il n'était pas contrôlé. Alors, tu dis : Woups! Un
instant, il faut que ça soit raisonnable, parce que c'est un service utile à
l'ensemble de la société, l'électricité, gaz
naturel, l'eau, hein? Aux États-Unis, souvent, c'est même l'eau qui est soumise
à ça. Alors, des choses essentielles.
Après ça, bien, évidemment, si tu veux faire du développement économique
régional, si tu veux faire des
mesures environnementales, si tu veux faire d'autres buts louables
gouvernementaux, bien, tu as d'autres chapeaux au gouvernement, tu as d'autres outils. Ça, ça fait partie... ce n'est
pas à travers les tarifs d'électricité que tu dois faire ça. Puis, même répartir la richesse, c'est le même
débat. Les tarifs d'électricité, quand on parle d'interfinancement, au-delà
de dire... Puis je sais que les chiffres
font que, même si on... même si les clients résidentiels payaient 100 % de
ce qui coûte à Hydro-Québec, qui
couvrait leur part, là, les tarifs seraient encore plus bas que ce qu'on voit
dans d'autres juridictions. C'est vrai, ça fait que, déjà...
Mais, au-delà
de ça, c'est que, si on dit : Il y a des gens qui ont besoin, on a un
système de fiscalité progressive, on a
un système... Il y a d'autres outils pour aider les plus démunis, puis ça, ça
fait partie... Puis ça, je pense qu'on rejoint beaucoup des discours,
même, qu'on a entendus d'Hydro-Québec au cours des années. Récemment, on a
moins entendu sur l'interfinancement, mais ça fait partie des choses qui
étaient... sont importantes, ça fait que chacun... On ne veut pas de «free
right». Puis, quand...
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant, s'il vous plaît. En terminant.
M. Allard
(Jocelyn B.) : Oui. Parfait. Oui, bien, c'est ça, je pense que
j'ai répondu à la question de M. le député.
Le
Président (M. Ciccone) : Je pense que oui. Oui, oui. Bien, merci beaucoup.
Merci beaucoup. Maintenant, je cède la parole au député de
Maurice-Richard pour une durée de 4 min 8 s.
M.
Bouazzi : Merci beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup
pour votre mémoire, vraiment très intéressant, c'est une voix qui est,
on pense, très importante dans le débat.
D'abord, ce que je comprends de vous, comme une
énorme partie des gens qui sont déjà venus, c'est que vous regrettez le rôle
que la régie pouvait jouer dans la définition des tarifs. Ma question pour
vous, c'est... Je comprends que vous voulez que la limite, pour avoir un
raccordement, une augmentation d'électricité ou de puissance automatique, ne passe pas à cinq mais reste à
50 mégawatts, mais, si elle passe à cinq, ça serait quoi, pour
vous, un mécanisme, un processus pour définir des critères qui soient
acceptables ou compréhensibles par l'industrie?
M. Allard (Jocelyn B.) : Vous
aviez... deux, trois questions ou deux, trois choses de commentaires dans votre
question, là. Bon, pour ce qui est des critères, comme je répondais à M. le ministre
tout à l'heure, il y a déjà une piste d'idée
dans l'étude de l'IDQ, effectivement. Pour y arriver, à les définir, etc.,
bien, c'est sûr que ça prendrait un input, une consultation. Puis je
comprenais qu'avec un... à un moment donné, il va y avoir... Si ça devait être
le projet de loi n° 2, il va finir par y avoir, au
moins, un règlement — il
ne faut pas que ça traîne trop — un règlement qui va venir définir... où on pourra justement faire des
commentaires. Ça devrait aussi s'instaurer... on entend dire... On nous
a annoncé une refonte importante de tout l'encadrement réglementaire de
l'énergie électrique, à tout le moins, dans les prochains... d'ici l'automne, là. Alors, ça, on espère fortement être
consultés, participer, puis on entend faire valoir différents points. On
pourra regarder à ce moment-là. Mais évidemment les... Encore une fois, il faut
faire attention, là, de bien cibler que les tarifs puis ce qui est chargé, ça,
c'est en fonction vraiment de ce que ça coûte à Hydro-Québec.
Maintenant, pour choisir, il y a déjà...
Actuellement, c'est 50 mégawatts et plus, ces critères-là pourraient
s'appliquer. Moi, ce qui me fascinait un petit peu, c'est... Quand je regarde
même, encore une fois, dans le mémoire d'Hydro-Québec, on nous disait... tu
sais, on nous parlait qu'hier on avait commencé avec
23 000 mégawatts, là, qui étaient anticipés puis... Mais, là-dedans,
il y avait comme... pour 20 000, c'était au-dessus de 50 mégawatts.
Ça fait que moi, je me dis, tu sais, tout ça, dans le fond, on discute :
C'est-tu parce qu'on vise le 3 000 mégawatts qu'on veut éviter? Il me semble que ça fait... c'est gros par
rapport... Parce que, tu sais, on dit 23 000, il y en a 20 000 qui
sont déjà couverts par la loi actuelle, ils n'ont même pas besoin de
rien changer, c'est 50 mégawatts et plus. Hydro-Québec nous dit :
Plus de 80 projets de 50 mégawatts pour environ
20 000 mégawatts. Ça fait qu'on n'aurait même pas besoin de rien
changer, ils ont déjà le contrôle au-dessus de 50 mégawatts.
Est-ce qu'il y aurait avantage à avoir des
critères mieux définis? Probablement. Puis ça, je pense qu'on va faire... comme
je disais, on va faire la réflexion. Ici, on est venu... Évidemment, là, ce qui
nous préoccupait, c'était qu'il y a des gens... Au-delà de faire des nouveaux projets,
des nouvelles implantations, on est dans un contexte où on a des gens qui
opèrent, puis là on leur dit, d'un côté... Puis le gouvernement, des fois,
donne... veut essayer d'aider, donner de l'argent pour décarboner en faisant
certains projets, puis là il dit : Bien là, je vais avoir besoin de plus
d'électricité. Ah, bien là, c'est cinq mégawatts, ça vient vite pour des gros
joueurs, le cinq mégawatts. Là, on va les empêcher, ça
fait que la main gauche n'a pas l'air à savoir ce que la droite va faire, là,
ça devient très aléatoire puis c'est ça qui est inquiétant. Ça fait que ça,
évidemment, ça nous prend...
C'est pour ça qu'on a dit : Bien, écoutez,
pour ceux qui sont déjà en opération, regardez, là, laissez-leur... n'ajoutez
pas cette incertitude au-delà de ce qu'ils ont, gardez-les avec les règles du
50 mégawatts, là, de toute façon, ce n'est pas à tous les jours qu'ils en
ont, on s'entend, puis... C'est ça. Puis, pour les nouveaux...
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant.
M. Allard (Jocelyn B.) : ...puis
pour ceux qui ne sont pas industriels, ça, effectivement... mais il faudra
regarder les critères puis de façon plus longue.
Le
Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup, maître. Alors, je vous remercie
beaucoup pour votre contribution aux travaux de cette commission.
On va maintenant suspendre pour donner le temps
au prochain groupe de prendre place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 15 h 46)
(Reprise à 15 h 51)
Le Président (M. Ciccone) : Mesdames
et messieurs, nous allons reprendre les travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de
l'Association des redistributeurs d'électricité du Québec. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite donc à vous présenter et à commencer votre exposé. À vous la parole.
Association des
redistributeurs d'électricité du Québec (AREQ)
Mme Beaudin (Évelyne) : Bonjour à
tous et à toutes. M. le Président, M. le ministre, chers membres de la
commission, merci de nous recevoir aujourd'hui dans le cadre des auditions sur
le projet de loi n° 2.
Je m'appelle Évelyne Beaudin, je suis mairesse
de Sherbrooke et présidente de l'AREQ, donc, comme vous l'avez dit, l'Association des redistributeurs d'électricité du Québec.
Je suis accompagnée de M. Christian Laprise, premier vice-président
de l'AREQ et directeur d'Hydro-Sherbrooke; de Martin Vachon, deuxième
vice-président de l'AREQ et directeur d'Hydro-Jonquière; et de Damien
Tholomier, directeur général de la Coopérative régionale d'électricité.
Je vais laisser M. Laprise faire
l'essentiel de la présentation, mais je tenais à vous adresser quelques mots
sur l'importance des réseaux municipaux dans
l'atteinte des objectifs du gouvernement en matière de transition
énergétique. L'AREQ, c'est 10 membres,
41 municipalités, 166 000 clients, donc, parmi ses clients, des
familles, des entreprises, des commerces,
et c'est aussi 315 emplois directs dans les régions du Québec. L'AREQ, et
je tiens à le souligner, c'est aussi la seule autre expertise publique
en distribution électrique au Québec, à part, évidemment, Hydro-Québec.
Je suis persuadée que plus il y a de joueurs sur
le marché de la distribution d'électricité, plus on se donne des moyens d'innover et plus on a de chances de voir
émerger de bonnes idées et des solutions locales qui visent l'efficience
et la sobriété électrique. Les
10 membres de l'AREQ sont 10 pépinières d'idées pour atteindre les
objectifs québécois en matière de
lutte aux changements climatiques. Bref, il est impératif que la vitalité des
réseaux municipaux soit maintenue, et ce, pour le bien de l'ensemble du
Québec. Merci de votre écoute. Et je cède maintenant la parole à
M. Laprise.
M. Laprise (Christian) : Merci, Mme
la mairesse. Bonjour à tous, M. le Président, M. le ministre, députés et membres de la commission. Dans un premier
temps, je tiens à mentionner, lorsque je parlerai des réseaux
municipaux, que cela comprend la Coopérative régionale d'électricité
Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville.
Comme Mme Beaudin l'a mentionné, il existe
10 réseaux municipaux qui desservent 166 000 clients, des foyers, des entreprises dans
41 municipalités. Les réseaux municipaux existent depuis l'ère du début de
l'électrification avec plus de 100 ans d'histoire en développement local
et communautaire. Les achats des réseaux municipaux, les achats d'électricité sont fixés à la Régie de
l'énergie au tarif LG. Les ventes sont contraintes par nos lois
constitutives, qui sont différentes pour les réseaux municipaux et coops, mais,
enfin, qui ne peuvent pas être plus dispendieuses que les tarifs adoptés à la
Régie de l'énergie. Ainsi, les tarifs des consommateurs dans les réseaux
municipaux suivent ceux adoptés à la Régie de l'énergie comme ceux
d'Hydro-Québec.
En 2021, les
achats se situaient à 303 millions pour cinq térawattheures. Il est
important de mentionner que les réseaux
municipaux ne consomment pas d'électricité. En fait, les achats sont faits dans
un seul but, de les revendre. La fonction des réseaux municipaux, c'est
plus que juste le distributeur, parce qu'il y a aussi la fonction de
transporteur qui possède les postes de
transformation. Alors, on transforme, on distribue, on mesure, on facture, on
administre, on gère l'entretien, on gère le recouvrement. En fait, on
fait l'ensemble de ces fonctions pour transformer et distribuer. Dans certains cas, les réseaux municipaux sont aussi
des producteurs d'électricité. Au Québec, comme mentionné, c'est la
seule expertise autre qu'Hydro-Québec en
distribution, avec 315 emplois directs, des employés qui participent
régulièrement à des efforts de rétablissement ou de reconstruction lors de
pannes importantes sur le réseau d'Hydro-Québec.
Il est très important de mettre en contexte que
la transition énergétique et le contexte particulièrement inflationniste du domaine de l'électricité,
particulièrement pour les achats d'équipements dans ces périodes-ci,
exigent davantage de
capacités en investissement. En investissement, on parle de capital, mais on
parle aussi d'investissement en coût
d'opération. Puis il y a quatre grands volets qui sont importants de mentionner
en investissement, qui sont nécessaires, il y a : maintenir la
pérennité des infrastructures, des postes et des réseaux pour maintenir la
fiabilité et la qualité du service; supporter la nouvelle demande due à la
transition énergétique, on comprend que c'est des véhicules électriques, la
conversion de chauffage, mais aussi la conversion de certains procédés
industriels; les nouvelles technologies, telles que les compteurs, les
logiciels, et plein d'autres; puis finalement l'adaptation aux changements climatiques. On serait portés ici à penser, dans
un premier temps, de reconstruire le réseau suite à un verglas ou une
tempête, mais c'est plus que ça, c'est de
rendre le réseau plus robuste, d'appliquer des nouvelles normes, d'augmenter
possiblement les efforts d'élagage et même, dans certains cas, d'augmenter la
capacité de retenue de certains barrages.
Le projet de loi n° 2 crée une augmentation
non uniforme des tarifs pour les réseaux municipaux. Les achats augmentent à
6,5 %, alors que les ventes augmentent à 3 % pour le domestique et
6,5 pour les tarifs généraux. Puis il faut
savoir que les ventes au tarif domestique des réseaux municipaux peuvent
représenter jusqu'à 70 % de la proportion. Il est donc facile de comprendre et de constater que l'augmentation des
tarifs, telle que proposée par le projet
de loi n° 2, diminue la capacité
d'investir dans le contexte que les coûts, les coûts d'achat d'électricité,
augmentent plus fortement que les revenus. Cet impact, pour les réseaux
municipaux, est estimé à 7 millions de dollars de façon récurrente,
donc d'année en année, mais surtout de façon cumulative avec les augmentations
à venir, par exemple l'année prochaine.
Alors, ce
manque à gagner met en péril la capacité d'augmenter les investissements et
d'investir dans les défis nommés
précédemment, en gros, les changements climatiques, la transition énergétique,
la pérennité des infrastructures et les technologies. C'est pourquoi,
afin de maintenir la capacité d'investir dans ce contexte de hausse non
uniforme, nos recommandations sont à l'effet d'amender le projet de loi
n° 2 afin de compenser l'écart des ventes des réseaux municipaux créé par
le plafonnement et de mettre en place un remboursement financier par un
mécanisme simple, fiable et récurrent, basé sur les ventes, dont les tarifs
sont plafonnés.
En conclusion, les réseaux municipaux sont
impliqués localement et contribuent au développement durable de leur région. Ils peuvent même générer des
nouvelles solutions. Les réseaux municipaux sont affectés par les
augmentations non uniformes des tarifs. Dans le contexte, le projet de loi
n° 2 démontre l'anomalie du tarif des réseaux
municipaux. Il est donc opportun de nommer, aujourd'hui, qu'il faut moderniser
le modèle tarifaire des réseaux municipaux afin de leur permettre
d'investir et d'être des partenaires performants dans la transition
énergétique. C'est pour cette raison que, dans le cadre du dossier
tarifaire 2025, une révision de la structure du tarif des réseaux
municipaux s'impose.
Ceci complète notre présentation. Nous vous
remercions de votre attention.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange, en débutant avec M. le ministre.
M. Fitzgibbon : Parfait. Bien, merci
beaucoup pour votre présentation. La question... Le deuxième volet de votre revendication, là... La première, je pense
qu'on va voir un amendement au p.l. n° 2, là, je ne veux pas
faire un outrage au tribunal, mais on
va régler ça. Mais le deuxième, c'est : Comment voyez-vous un mécanisme
optimal de tarification pour le
futur, pour vous donner plus de moyens, je pourrais dire? Comment voyez-vous un
ajustement de tarification futur?
M. Laprise (Christian) : Pour être
sûr de bien comprendre, vous voulez dire en deuxième partie, en 2025?
• (16 heures) •
M.
Fitzgibbon : Oui, comprendre... Parce qu'il y a une
tarification présentement. Là, vous voulez revoir cette tarification-là.
Quels sont, selon vous, les mécanismes qu'on devrait utiliser pour avoir une
meilleure tarification ou la plus optimale possible?
M. Laprise (Christian) : Bien, on
pense qu'il faudrait faire une table à ce sujet-là. Mais on va vous donner
quelques exemples. Entre autres, les achats domestiques et les achats généraux,
si les bases sont différentes, il pourrait y avoir un mécanisme permanent
d'achat qui varie selon la proportion de domestiques versus généraux. Ça
viendrait faire un équilibrage naturel et très sensé pour les... autant pour le
vendeur, qui est Hydro-Québec, que pour l'acheteur, qui sont les réseaux
municipaux. Ça, c'est un mécanisme.
Un autre mécanisme, ça pourrait être une gestion
annuelle de la pointe au lieu d'une gestion mensuelle. Pourquoi? C'est qu'on
doit délester. Ça, c'est un sujet qui n'est pas traité dans le mémoire ici,
mais qui serait très aidant dans la transition énergétique. C'est qu'on a des capacités
de délestage, on veut travailler pour davantage aider le système québécois, le
système provincial. Alors, on pourrait réserver nos capacités de délestage, au
lieu de les utiliser en novembre, décembre, les utiliser à la pointe annuelle.
Mais, pour ça, ça prendrait un mécanisme qui est d'une facturation totalement
différente ou avec des mécanismes différents. Puis on a des idées plus précises
sur le sujet, où on pourrait, effectivement, travailler des meilleurs
mécanismes pour être dans une synergie québécoise.
M. Fitzgibbon : Merci. Mes
collègues?
Le Président (M. Ciccone) : Y a-t-il
des interventions? Oui, Mme la députée d'Iberville, à vous la parole.
Mme Bogemans : Avez-vous d'autres
projets de développement à court terme? Je pense, entre autres, à
M. Tholomier, je pense qu'il en a sur la table. Mais quels sont vos
projets autres à venir?
M.
Tholomier (Damien) : Bien, je peux peut-être prendre la question...
Bien, au niveau de la coopérative, mais je pense que c'est quelque chose qui
peut être aussi applicable à d'autres réseaux, effectivement on essaie de développer des projets d'énergie renouvelable
pour, à la fois, effectivement, participer dans notre contribution,
effectivement, d'atteindre l'objectif
de carboneutralité en 2050. Donc, effectivement, les deux projets que nous
essayons de développer, à la coopérative, c'est un projet éolien et
puis, également, un projet de biométhanisation, et ça va nous permettre
également de... nous permettre d'investir aussi, supporter nos activités
futures au niveau... en tant que distributeur d'électricité dans la région de
Montérégie-Est.
Le Président (M.
Ciccone) : Y a-t-il d'autres...
M. Laprise (Christian) : On pourrait aussi... Oui,
on pourrait aussi enrichir... pour ceux qui ont des centrales, bien, c'est de les renouveler, de les
remettre à neuf afin de... puisque c'est de l'énergie... Vous savez,
l'énergie au fil de l'eau... souvent, les centrales au fil de l'eau sont celles
qui génèrent le moins de GES dans le cycle de vie, alors c'est des... vraiment des trucs de production à
maintenir. Alors, on est en projet d'amélioration de ces centrales-là
aussi.
Le Président (M.
Ciccone) : Oui, M. le député de Jonquière.
M. Gagnon
(Jonquière) : Oui, simplement une petite question qui pique ma
curiosité : Au niveau des municipalités, des villes qui sont... qui
produisent de l'électricité, le pourcentage en autonomie qu'on est capables de
produire sur une année?
M. Laprise
(Christian) : Je vais juste vérifier si on a le chiffre pour
l'ensemble.
M. Vachon
(Martin) : C'est... c'est 3 % pour Jonquière, 3,5 % à
4 %, ça dépend de l'hydraulicité, autour de 3 %, 3,5 % à
4 % pour Jonquière, sur l'ensemble de nos besoins.
M. Gagnon
(Jonquière) : Merci.
Le Président (M.
Ciccone) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions du côté de la partie
gouvernementale? Non, c'est beau? M. le ministre, c'est beau? Parfait. Je cède
maintenant la parole au député de Jacques-Cartier pour une durée de 12 min 23 s.
M. Kelley : Merci
beaucoup pour votre présentation. Je vais poser une question plus large :
Mais est-ce que les municipalités sont prêtes pour ajouter 50 % de
capacité à Hydro-Québec? Parce que c'est sûr que c'est une grosse opportunité,
mais ça dit qu'on va ajouter plusieurs projets partout au Québec, alors je veux
juste voir comment vous, vous voyez ça, l'avenir du secteur énergétique au
Québec.
M. Laprise
(Christian) : Bien, ce qu'il faut, entre autres, comprendre aussi du
projet d'augmenter de 50 %, c'est qu'il
va falloir augmenter la distribution de 50 %. Donc, on est des
partenaires... on se voit comme des partenaires indéfectibles, parce
qu'on va devoir livrer pour ces demandes en... pour les véhicules électriques,
la transformation du chauffage. On est déjà... on a déjà fait la même entente
avec Hydro-Québec et Énergir pour les projets de biénergie. Alors, on s'oriente
pour livrer les mêmes défis, qui sont d'augmenter les capacités de distribution
aussi.
M. Kelley : Parfait,
merci beaucoup...
M. Vachon
(Martin) : Excusez. On pourrait ajouter aussi, Christian — excusez-nous — qu'on
l'a déjà fait par le passé, à plusieurs reprises. Hydro-Jonquière, on est en
affaires depuis plus de 100 ans. On l'a fait dans les années 50, dans
les années 70, lorsque le chauffage électrique s'est installé. On est
encore prêts, on a toutes les équipes puis
on a toute l'expertise pour participer à la prochaine augmentation de la charge
sur nos réseaux. C'est... Je pense
qu'on... on est prêts à le faire. Seulement avec une tarification adéquate, on
serait capables de participer, cependant.
M. Kelley : Et
je ne veux pas mélanger, mais, Chicoutimi, Lac-Saint-Jean, dans ce coin-là, les
projets de Val-Jalbert, puis aussi la Cinquième Chute, j'imagine, des petits
projets de minicentrales sont toujours des projets très intéressants dans
certains coins du Québec?
M. Laprise
(Christian) : ...les... il n'y a pas nécessairement de capacité
supplémentaire sur les rivières. Elles ont déjà été exploitées bien... au début
de l'ère de l'électrification, mais... Par exemple, ici aussi, à Sherbrooke, on
a été un des premiers à avoir le plus gros parc solaire, en partenariat avec l'Université
de Sherbrooke aussi, pour faire un projet de recherche pas juste en production
renouvelable, mais en gestion d'énergie. Puis on a été, avec le gouvernement et
Hydro-Québec, précurseurs dans les projets pilotes de gestion de domotique, qui
ont généré, finalement, les projets de tarifs Flex et aussi de Hilo, qu'on
connaît aujourd'hui. Ça fait qu'on... il y a l'ensemble de l'oeuvre qu'on...
dans lequel on est actifs pour participer.
M. Tholomier
(Damien) : Et peut-être aussi un point, là, au niveau de la
coopérative, puis réamplifier un petit peu
ce que j'ai mentionné précédemment, dans la circonscription, effectivement,
d'Iberville, on essaie de développer un projet
éolien de 90 mégawatts. Eh bien, ça permettra aussi de participer,
effectivement, dans les futurs appels d'offres d'Hydro-Québec et répondre aux
besoins d'Hydro-Québec dans les années futures.
M. Kelley : Parfait.
Puis une autre question, sur un autre sujet, mais c'est l'équité des tarifs. On
a entendu le Pr Blain, aujourd'hui, parler que juste donner un tarif de
3 % pour tout le monde, c'est la meilleure façon d'avancer pour le Québec,
si on va fixer un tarif, dans ce projet de loi, de 3 %. Est-ce que vous
êtes d'accord d'avoir quelque chose qui est consistant pour tout le monde, tous
les joueurs, tous les gens qui achètent de l'hydroélectricité d'Hydro-Québec?
Le Président (M.
Ciccone) : Votre micro, s'il vous plaît, M. Laprise.
Mme Beaudin
(Évelyne) : Bien, en fait, si je peux me permettre, le... la raison
pour laquelle on est en commission parlementaire aujourd'hui, c'est parce que,
justement, on considère que notre réalité est vraiment différente des autres.
Donc, on a un même tarif qui affecte plusieurs personnes, mais nous — c'est
ce que M. Laprise expliquait dans sa présentation — on
n'est pas vraiment un consommateur, à proprement dit, d'électricité. On achète
pour revendre ou... On a parlé aussi de transformation. Alors, on... Puis ça
revient aussi, peut-être, à la question de M. le ministre un peu plus tôt, il
faudrait peut-être voir à ce qu'on... puisque notre réalité est différente, à
ce qu'on puisse être traités différemment. Est-ce qu'on voudrait penser à un
tarif spécifique pour nous ou est-ce qu'on veut trouver une autre solution qui
permet de tenir compte de notre unicité un peu? Donc, c'est la raison pour
laquelle on est en commission parlementaire aujourd'hui.
M. Kelley : Parfait.
C'est tout pour moi, M. le Président. Merci.
Le Président (M.
Ciccone) : Merci beaucoup, M. le député de Jacques-Cartier. Et
maintenant, je cède la parole au député de Maurice-Richard pour
4 min 8 s. Cependant, on peut rajouter un quatre minutes que le
député de Jacques-Cartier n'a pas pris, alors vous avez huit minutes, si vous
voulez.
M. Bouazzi : Excellent.
Je ne suis pas sûr de le prendre, là, mais on va voir. Merci beaucoup. Donc,
juste pour être sûr de comprendre, en fait, je pense, le coeur de votre
mémoire, ce que vous dites, c'est que le fait que le tarif LG ne soit pas
plafonné à 3 %, la différence fait 7 millions, et donc, d'une manière
ou d'une autre, il faudrait corriger cette situation-là, vu que vous n'êtes pas
un consommateur mais juste un groupe qui transporte de l'énergie. Je comprends
aussi que, si... que ce soit vous ayez un tarif particulier... Juste pour être
sûr, au début, vous disiez que vous... il n'y avait pas que des citoyens, mais
aussi des industries que vous livrez. Donc, il n'y a pas juste le tarif D, il y
a d'autres tarifs aussi sur lesquels vous alignez dans la vente.
• (16 h 10) •
M. Laprise
(Christian) : Exact.
M. Bouazzi : Donc, une manière très, très simple... et puis
corrigez-moi si ce n'est pas bon, mais, une manière très, très simple
serait... si on revient, justement, à ce qu'on a entendu plus tôt aujourd'hui,
serait d'avoir la même augmentation pour tout le monde, et, vous, du coup, tout
s'annulerait, et le 7 millions de manque à gagner disparaît.
M. Laprise
(Christian) : Exact, ou une compensation pour soutenir la capacité
d'investissement.
M. Bouazzi : Je
comprends. La compensation ne serait pas toute simple, mais elle marcherait,
effectivement, vu qu'elle évoluerait en fonction des clients que vous avez.
Question,
par curiosité, vous avez parlé d'un certain nombre de projets de production
d'énergie, donc il y a eu et des questions
d'éoliennes et des questions de solaire. Dans votre réalité, est-ce que... Est-ce que, d'abord, c'est des projets que vous
avez commencés il y a longtemps? Et ma deuxième question serait : Quelles
sont les évolutions que vous voyez, que ce soit dans les coûts que ça
vous demande entre les premiers projets d'énergie renouvelable, éolienne et
solaire, et puis ceux que vous avez faits
plus récemment, ou... Si, évidemment, ils sont tous récents, la question deux
ne marche plus.
M. Tholomier
(Damien) : Je vais répondre sur le solaire...
M. Laprise
(Christian) : Oui. Peut-être pour l'éolien, oui.
M. Tholomier (Damien) :
O.K. Alors, concernant les projets... le projet éolien, hein, juste pour
vous donner un ordre d'idée, en fait, on a
démarré ce développement de ce projet-là en mai 2021, donc ça fait déjà
plus de 18 mois qu'on développe le projet, et donc c'est vraiment
une... juste... Quand on parle de développer des projets éoliens, ça prend minimum entre six et sept ans, donc, entre,
je dirais, les premières rencontres avec les citoyens, les
municipalités, les MRC, et puis, après, effectivement, faire des campagnes
énergétiques, des mesures devant et, ensuite, bien, je dirais, toutes les
études environnementales, etc. Donc, ça prend du temps.
Aujourd'hui,
au niveau de notre Projet Éolien Monnoir, on est aujourd'hui, je dirais, prêts
à... dans les starting-blocks, à répondre aux futurs appels d'offres
d'Hydro-Québec, et puis, après, bien, ce sera conditionné sur le fait si on est sélectionnés, et puis... et puis,
après, d'avoir un contrat d'approvisionnement. Donc, c'est toute une
étape et... et voilà, on suit le processus normal.
Maintenant,
par rapport à votre question sur les évolutions des prix et des coûts, bien,
c'est sûr qu'effectivement, les deux dernières années, on a vu une
évolution importante sur... bien, sur les coûts des matériaux, les turbines, etc.
Donc, ça, c'est une vraie réalité et, souvent les coûts ont augmenté plus que
l'inflation de 6,5 %.
M. Bouazzi : Et pour le solaire? Et,
pour le solaire, je pensais que votre... Je ne vois pas le nom...
M. Laprise
(Christian) : On n'a pas de nouveaux prix pour le solaire, en
termes de croissance, ici, mais plutôt sur des réfections de turbines
hydrauliques ou de barrages. Puis la croissance des coûts est... elle est
énorme, c'est de l'ordre de 40 %, donc ce n'est pas... Puis, dans l'achat
des équipements électriques, elle est très, très importante.
M. Bouazzi : Et c'est vraiment...
C'est dû à quoi? Je serais curieux de voir une augmentation. Je veux dire, si
c'est des... C'est les chaînes d'approvisionnement? C'est le fait qu'il y a une
grosse concurrence internationale pour en acheter? Il n'y en a pas assez? C'est
quoi qui fait que les prix augmentent autant de plus que l'inflation?
M. Laprise (Christian) : Il y a
comme eu une... il y a... Je n'ai pas de... Je vais vous dire quelques
éléments, là. Il y a... Présentement, partout sur la planète en même temps, on
veut électrifier pour davantage décarboner, donc on veut faire de l'énergie
renouvelable. Alors, le cuivre, l'an passé, en trois mois, il a plus que
doublé. Le métal a grandement augmenté aussi. Même les PVC, les isolants, ils
ont augmenté. Même le papier isolant a augmenté, parce qu'il y a moins de
papetières, moins d'offres sur le marché, alors que la demande explose. En
plus, il y a l'Ukraine qui est un phénomène important, là, de destruction, qui
va devoir aussi s'alimenter. Alors, l'an passé, pour des transformateurs
aériens, par exemple, on est passé de 16 semaines à 50 semaines de
livraison, puis on pense que ça va augmenter encore à cause de ces phénomènes-là.
Il y a aussi un manque d'expertise. On a été
plusieurs années, au Québec et, possiblement, en Amérique du Nord, où, vous savez, il n'y avait pas... peu de
projets qui se faisaient d'augmentation de capacité, c'était stagnant,
puis je crois que ça a été mentionné aujourd'hui par quelqu'un. Puis là,
soudainement, on veut augmenter de beaucoup les capacités. Alors, les coûts
explosent, il y a moins de firmes, il y a moins de... Alors, peut-être que les
profits de certains augmentent aussi, mais ce n'est pas ceux des distributeurs
comme nous où on va chercher des marges énormes. Les marges sont très, très
minces comparativement à ce que, peut-être, des contracteurs peuvent faire.
M. Tholomier (Damien) : Puis
peut-être aussi un point à rajouter, quand vous parliez, effectivement... C'est
vrai qu'aujourd'hui, sur le marché éolien,
par exemple, il y a de la compétition, évidemment, au niveau des
développements de projets. Et, juste l'exemple... évidemment, le plus gros
marché en Amérique du Nord, c'est les États-Unis. Il y a beaucoup de demandes,
donc les turbiniers sont beaucoup sollicités. Et puis, le marché québécois,
bien, on parle, effectivement, d'un futur
appel d'offres de 4 000 mégawatts. Donc, il y a aussi la... je
dirais, les turbiniers, aujourd'hui, les fournisseurs ont aussi le
choix, un peu, des marchés qu'ils veulent desservir.
M. Bouazzi : Ça fait que j'ai...
Donc, donc, j'entends que le temps d'approvisionnement pour les turbines, dans
le cas présent, a explosé. Je vous ai entendu aussi parler de projets éoliens
qui... entre le moment où ça commence et le moment où ça génère de
l'électricité, si j'ai bien compris vos propos, ça prenait six, sept ans. Si on
se dit qu'on doit se donner de la marge très rapidement, en fait, de ce
qu'on... de ce qu'on lit dans les journaux, dans les prochaines années, j'imagine qu'une des voies les plus rapides pour
y arriver ça va être plus d'en consommer mieux et moins, à court terme,
pour pouvoir se donner le temps de construire toutes ces nouvelles sources
d'énergie, là.
M.
Tholomier (Damien) : C'est vrai, mais j'aurais... Aussi, peut-être
rajouter un point. Souvent, tous les réseaux municipaux, aujourd'hui,
ont fait beaucoup d'efforts par rapport, justement, à la gestion de la pointe,
comme l'a mentionné M. Laprise. Donc,
si vous voulez, ce genre d'efforts, lorsqu'on parle, effectivement,
d'efficacité énergétique ou de
réduction de la consommation énergétique, ce sont aussi des programmes ou des
solutions que les réseaux municipaux engagent pour, effectivement, faire
en sorte que les appels de pointe ne soient pas dans les heures de... ou les
demandes de consommation ne sont pas dans les heures de pointe. Donc, ça peut
être tout ce genre de choses. La réduction de la consommation d'énergie, c'est
quelque chose que nous regardons dans chacun de nos réseaux. Puis, évidemment,
on travaille aussi beaucoup en collaboration avec Hydro-Québec pour voir aussi
les bonnes pratiques à déployer au sein de nos réseaux.
Le
Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup, merci beaucoup. C'est tout le
temps que nous avons. Mme Beaudin, M. Laprise, M. Vachon,
M. Tholomier, merci beaucoup de votre contribution aux travaux de la
commission.
Mémoires déposés
Avant de conclure les auditions, je procède au
dépôt des mémoires des personnes et organismes qui n'ont pas été entendus lors des auditions publiques. Et,
vous, chers collègues, je vous remercie pour votre discipline exemplaire
et votre contribution.
La commission, ayant accompli son mandat,
ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 16 h 18)