(Quatorze heures cinq minutes)
Le
Président (M. Morin) : À l'ordre, s'il vous plaît! Comme nous avons le quorum, je déclare la séance
de la Commission de l'agriculture, des
pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles ouverte. Comme à l'habitude, mesdames messieurs, vérifiez vos téléphones
cellulaires.
La commission est réunie afin de procéder aux consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 54, Loi
visant l'amélioration de la situation juridique de l'animal.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Bourgeois
(Abitibi-Est) est remplacé par M. Huot (Vanier-Les Rivières);
M. Hardy (Saint-François) est remplacé par M. H. Plante (Maskinongé);
M. Simard (Dubuc) est remplacé par Mme Tremblay
(Chauveau); et M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs) est remplacé par Mme Soucy
(Saint-Hyacinthe).
Le
Président (M. Morin) : Aujourd'hui, nous entendons le Groupe de
recherche international en droit animal, l'Ordre des médecins vétérinaires du Québec, le Conseil de la
transformation alimentaire du Québec — je vais essayer de le dire correctement — Animal Legal Defense Fund Canada et Humane
Society International Canada — je m'en suis tiré assez correctement.
Remarques
préliminaires
Donc, sans
plus tarder, M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
à vous de faire vos remarques préliminaires. Vous avez six minutes.
M.
Pierre Paradis
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Je vais
tenter d'être rapide. L'importance du projet de loi en commanderait
davantage.
On m'avait préparé des notes où on disait «Mme
la Présidente», mais de toute évidence je vais vous appeler «M. le Président». Membres de la Commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation. Je salue également le
personnel de la commission.
D'entrée de jeu, je tiens à remercier les
personnes et les groupes qui ont transmis leurs commentaires et leurs mémoires à la commission. Leur opinion sur le
bien-être animal, de même que leur expertise de terrain, rendra le débat
plus éclairé. Je souhaite d'ailleurs la
bienvenue aux représentants des cinq groupes que nous entendons aujourd'hui et
que vous avez mentionnés, M. le Président — pas pour vous
corriger, mais on dit «Animal Legal Defense Fund». Leurs opinions et commentaires nous seront des plus
utiles afin de faire avancer nos travaux en vue de mieux protéger les animaux.
En 2015, un palmarès a établi que le Québec
demeurait, pour une quatrième année consécutive, la meilleure province pour maltraiter un animal, une situation
tout à fait déplorable et inacceptable. Vous avez pu d'ailleurs le constater
avec les nombreux cas de cruauté animale qu'on retrouve dans les médias à
chaque semaine.
Par le dépôt
du projet de loi n° 54 en juin dernier, je confirmais la volonté du
gouvernement du Québec de réprimer la
négligence et la cruauté envers les animaux. Je tiens à saluer le travail
réalisé par mon collègue ministre responsable des Affaires autochtones qui en 2009 a présidé le groupe de travail sur
le bien-être des animaux de compagnie et de loisirs.
M. le
Président, le projet de loi sur lequel nous échangerons au cours des auditions
propose d'améliorer la situation juridique
de l'animal de deux façons. La première concerne le droit civil. En effet, il
faut savoir que les animaux, actuellement,
au sens du Code civil, sont considérés comme des biens meubles. Cette rédaction
découle du code Napoléon promulgué en
France en 1804. Le projet de loi n° 54 vient donc d'abord modifier le Code
civil du Québec afin que les animaux
ne soient plus considérés comme des biens meubles mais plutôt comme des êtres
doués de sensibilité ayant des impératifs biologiques. Cette définition
de la situation juridique de l'animal s'inspire des meilleures législations européennes, soit l'Autriche, l'Allemagne, la
Suisse et la France, qui ont déjà évolué en ce sens. Notre gouvernement croit
que le Code civil du Québec se doit de refléter les valeurs de la société
québécoise.
Vous l'avez
remarqué, le Code civil du Québec n'est pas une loi que nous modifions
régulièrement à l'Assemblée nationale.
C'est pourquoi je tiens à remercier ma collègue la ministre de la Justice pour
sa collaboration et son appui. Ce projet de loi propose donc une
évolution législative qui témoigne des avancements de notre société.
• (14 h 10) •
La seconde
partie du projet de loi est inspirée de la common law, soit des lois en vigueur
dans les trois provinces canadiennes
occupant la tête du classement de l'Animal Defense Fund, soit le Manitoba,
l'Ontario et la Colombie-Britannique. Le
projet de loi propose donc d'accorder un statut juridique d'être sensible à
l'animal, d'interdire à toute personne de causer de la détresse à un animal, d'interdire les
combats d'animaux ainsi que la possession d'équipements de combat, d'exiger
des permis pour les exploitants
d'animalerie, les éleveurs de renard roux et de vison d'Amérique ainsi que les
propriétaires ou gardiens de
15 équidés ou plus, d'obliger les médecins vétérinaires à dénoncer toute
situation d'abus ou de négligence envers
un animal, d'accorder l'immunité à toute personne qui de bonne foi rapporte des
cas de mauvais traitement envers les
animaux, d'augmenter les amendes jusqu'à 250 000$ pour une première
offense, d'ajouter des peines d'emprisonnement allant jusqu'à 18 mois pour les cas de récidive, d'ajouter le
pouvoir d'adopter par règlement les règles prévues de pratiques recommandées par le conseil national pour le soin
et la manipulation des animaux d'élevage et finalement de permettre à La Financière agricole du Québec ainsi
qu'au ministère de l'Agriculture de tenir compte de la conformité des éleveurs
avec la loi avant d'octroyer une aide financière, animoconditionnalité.
Pour terminer,
je désire souligner l'excellent travail de vigie des citoyens sur le terrain
qui dénoncent au 1 844 animaux
les situations inacceptables dont ils sont témoins. Grâce à leur collaboration,
le ministère reçoit plus de 500 appels par mois, ce qui facilite
grandement le travail de nos inspecteurs dans plusieurs cas.
Je désire
également remercier l'ensemble de mes collègues parlementaires pour l'accueil
réservé au projet de loi lors de son
dépôt, le 5 juin dernier. Le travail que nous entreprenons aujourd'hui
mettra à profit le travail de chacun des parlementaires de même que l'expérience de chacun de nos invités. En ce
sens, soyez assurés de toute ma collaboration afin de bonifier ou
d'améliorer ce projet de loi. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Morin) : Merci, M. le ministre. J'invite
maintenant le porte-parole de l'opposition officielle en matière
d'agriculture et d'alimentation, le député de Berthier, à faire ses remarques
préliminaires pour une durée maximale de 3 min 30 s.
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : Merci, M. le Président. Alors, je vous salue, vous
et toute l'équipe qui vous entoure, pour mener à bien et dans le calme, comme c'est coutumier dans les commissions
parlementaires, les travaux de cette commission. Je veux aussi saluer,
évidemment, M. le ministre, et l'ensemble des parlementaires qui vous
accompagnent, ainsi que l'équipe du
ministère qui vont vous soutenir, j'en suis convaincu, tout au long du travail
qui sera fait dans cette commission. Je
veux saluer aussi les parlementaires de la deuxième opposition ainsi que les
gens qui vous accompagnent. Et vous me permettrez,
M. le Président, de saluer le redoutable recherchiste qui est à mes côtés pour
la durée de cette commission parlementaire
et probablement pour bien d'autres. Je veux saluer aussi les gens qui sont dans
la salle. Je veux saluer aussi les
gens qui par le truchement des médias tous azimuts, tout confondu, et il y en a
plusieurs, donc tous les médias, arrivent à nous suivre et nous
suivront, j'en suis convaincu, jusqu'à la fin de ces travaux-là.
Vous savez,
quand on... et je suis convaincu que c'est pareil pour M. le ministre et pour
la députée de Mirabel, on reçoit
beaucoup de courriels, beaucoup de petits mots, des fois de longs mots
concernant ce projet de loi là. Et, quand on va sur le site de l'Assemblée nationale, on constate aussi qu'il y a
beaucoup de commentaires qui sont émis par plusieurs citoyens et citoyennes du Québec. Alors, on voit
que ce projet de loi là suscite un intérêt certain dans la population. Et
d'ailleurs la forte participation des
organismes, différents organismes qui composent notre société, pas tous mais
beaucoup, on parle de 41 ou 42 qui
seront entendus, sans compter ceux qui ont déposé des mémoires mais qui ne
viendront pas en commission... Ça, on aura l'occasion d'en discuter ou
d'échanger là-dessus au cours de la commission parlementaire peut-être
éventuellement pour voir comment on n'a pas pu accommoder certains groupes ou
certains représentants de groupe pour venir
discuter de leurs sûrement très bonnes propositions qu'ils avaient à nous
faire, mais ça, c'est un autre débat. Alors, M. le Président, donc, voyant cet
engouement, on ne peut que, en tout cas... et je suis convaincu que c'est
pareil pour le ministre, on parlait de
collaboration tantôt, et pareil pour la deuxième opposition officielle, je suis
convaincu que nous sommes tout ouïe
parce que c'est un dossier qui est complexe. On peut... Quand on regarde le
titre, on dit : Bon, c'est...
Mais, quand on reçoit les mémoires puis qu'on prend connaissance des mémoires,
on se rend compte à quel point c'est
un dossier qui est extrêmement complexe, donc qui va assurément nous obliger à
une profonde réflexion quant à la teneur, au final, que ce projet de loi
là pourra prendre.
Alors, sur ce, M. le Président, je nous souhaite
à tous et à toutes une excellente commission parlementaire.
Le
Président (M. Morin) : Merci, M. le député de Berthier, pour
ces remarques. J'invite maintenant la porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière
d'agriculture, de pêcheries et d'alimentation, députée de Mirabel, à faire
ses remarques préliminaires pour une durée maximale de 2 min 30 s.
Mme Sylvie D'Amours
Mme
D'Amours : Merci, M. le Président. J'aimerais à mon tour saluer M. le
ministre, mes collègues ainsi que vous, M. le Président, ainsi que M. le
secrétaire.
Tout d'abord,
je crois important de souligner que ma formation et moi abordons les travaux de
la commission avec beaucoup
d'intérêt. Comme chacun le sait, le Québec fait piètre figure depuis de
nombreuses années en matière de protection
des animaux. Un des intervenants qui sera des nôtres aujourd'hui publie depuis
quelques années le classement des
différentes provinces du Canada pour leurs lois en matière de protection des
animaux. Sur ce classement, le Québec se
retrouve au dernier rang des provinces canadiennes. Il s'agit d'une situation
inacceptable et qui perdure depuis trop longtemps. C'est pourquoi, M. le Président, nous entendons être
attentifs aux présentations et aux discussions qui auront lieu au cours de cette commission parlementaire.
Nous croyons que la protection des animaux doit être grandement améliorée.
Par contre, nous serons aussi très attentifs aux
conséquences pour les agriculteurs
des propositions du gouvernement et
des divers groupes. L'agriculture est un secteur important de l'économie des
régions et du Québec. L'agriculture, c'est 52 000 emplois. On
peut ne pas imposer à ce secteur des conditions qui nuiraient à leur
compétitivité.
Mais les abus envers
les animaux et les conditions d'élevage inacceptables ne doivent pas être
tolérés. Nous serons donc très attentifs afin qu'un équilibre parfait puisse
être trouvé.
Finalement,
nous nous soucions aussi de l'impact que ce projet de loi pourrait avoir sur
les chasseurs du Québec. Malgré qu'il
ne vise pas les activités de chasse, nous sommes préoccupés par les
utilisations possibles de certaines clauses de ce projet de loi. Nous serons donc la voix des chasseurs dans ce
dossier, mais, comme pour l'agriculture, nous nous soucierons aussi
qu'un équilibre adéquat soit trouvé afin d'éviter les mauvais traitements
envers les animaux.
Sur
ce, M. le Président, je vous souhaite, ainsi qu'à mes collègues et à tous les
intervenants, une bonne commission parlementaire.
Auditions
Le
Président (M. Morin) : Merci, Mme la députée de Mirabel.
Maintenant, nous recevons le Groupe de recherche international en droit animal, représenté par une seule personne. Donc,
je l'invite à se présenter, aux fins d'enregistrement. Et vous avez
10 minutes pour votre présentation. À vous, chère madame.
Groupe de recherche international en droit animal (GRIDA)
Mme
Lachance (Martine) : Merci beaucoup, merci beaucoup. Alors, Martine
Lachance. Je suis directrice du Groupe
de recherche international en droit animal, le GRIDA, que j'ai mis sur pied en
janvier 2007 au sein de la Faculté de
science politique et de droit de l'UQAM. Je suis la seule à représenter mon
groupe parce que nous sommes très peu nombreux
au Canada, nous sommes sept professeurs de carrière à s'intéresser donc au
droit animal, s'il en existe un. Et je vous
dirai tout à l'heure que ce projet de loi là, particulièrement à la Loi sur le
bien-être et la sécurité de l'animal, est un début, sinon un droit
animal, un vrai régime autonome pour l'animal, ce qui est une très grande
avancée.
Alors,
très rapidement, le groupe de recherche, je l'ai mis sur pied justement pour
susciter la réflexion des rapports qu'ont les humains avec les espèces
animales, ayant constaté qu'il y avait de grandes maltraitances, qu'il y avait
de grandes douleurs chez les animaux et que
le système juridique était peu enclin à recevoir ces cas-là, et donc mon
objectif était de promouvoir
l'intérêt des animaux à l'intérieur du corps juridique. Je suis une professeure
de carrière, je ne fais pas d'activisme.
Donc, ce dont je vais vous parler aujourd'hui, c'est basé sur des études, des
recherches et, donc, des études toujours très objectives.
Ce projet de loi là,
je le reçois... Et je remercie d'ailleurs... d'entrée de jeu c'est ce que
j'aurais dû faire, vous remercier, vous, M.
le ministre Paradis, M. le Président, de même que tous les parlementaires et
membres de la commission. Vous me
permettez de venir vous présenter mes commentaires, mon opinion sur ce
projet-là qui, pour moi, est vraiment un
cadeau. Ça fait huit ans que je travaille pour améliorer la condition des
animaux. Il y a sept ans, huit ans, je ne peux même pas répéter ici les quolibets et, bon, enfin, la façon qu'on me
recevait, tant dans les médias que même parmi le corps, donc,
professoral général, chez les professeurs, alors qu'aujourd'hui, huit ans plus
tard, on voit qu'il y a du sérieux et qu'il
y a vraiment du travail à faire de ce côté-là. Alors, je reçois ça avec grand
plaisir, d'autant plus que, comme le soulignait M. le ministre Paradis, le Code civil, c'est le ius commune, c'est
vraiment le tronc de notre droit civil. Très rare qu'on a la chance de participer à son évolution, si vous
voulez, et à son détachement du droit français pour avoir notre propre marque,
notre propre couleur à nous, au Québec, et ça, j'en suis très fière.
Il
y a dans ce projet-là de très, très grandes avancées. J'en ai énuméré 10, je
vais le faire très, très rapidement. Il y a seulement quatre éléments qui, pour moi, pourraient compléter le projet
de loi pour qu'il soit à mon image, là, et à l'image de la société où
nous sommes rendus en 2015. Donc, je vais le faire très rapidement.
• (14 h 20) •
Statut juridique des
animaux, il y a plusieurs façons. J'ai déposé un mémoire, vous en avez sûrement
pris connaissance. Il y a plusieurs façons
de le faire. Il y a une façon plus américaine, plus «animal rights» qui demande
de reporter ou d'emprunter aux droits
fondamentaux humains des droits pour les donner aux animaux. Il y a le modèle
plus européen qui est celui, donc, de
garder l'animal où il est, donc, par rapport à l'homme, c'est-à-dire de se
détacher d'une personne, mais de lui enlever cette étiquette, qui ne lui
colle pas du tout, qui est celle d'un bien meuble. Alors, ce projet de loi là
sort l'animal des biens meubles, le dit ouvertement. Et là où, pour moi, est
une première, c'est qu'on reconnaît, dans le droit commun, dans le Code civil,
que les animaux ont des impératifs biologiques. On avait cette mention-là,
cette définition-là dans le droit statutaire, la Loi sur la protection
sanitaire des animaux, de même que le règlement
qui a été adopté sous ce P-42, mais le fait de le mettre dans le droit commun
fait que dorénavant on ne pourra pas regarder les animaux sans avoir en tête que chaque espèce animale,
chaque bête a des impératifs qui correspondent à sa race même, et ça, ça
va vraiment, je pense, permettre d'interpréter tout ce qui va toucher les
animaux.
Au
niveau également de... Là, je sors du droit civil pour vraiment
arriver à ce que je pense qui devient un régime juridique autonome pour
l'animal. Et je pense qu'au Québec on pourra parler de droit animal, parce que
jusqu'à maintenant je disais toujours à mes
étudiants : Il y a, oui, des différentes normes qui gouvernent
l'exploitation, l'utilisation des
animaux, mais là je pense qu'on a vraiment un régime qui est construit, qui est centré sur
l'intérêt de l'animal et non plus sur l'intérêt de l'homme quand il
utilise l'animal.
Alors,
bien entendu, j'ai entendu des préoccupations par
rapport aux agriculteurs, aux
chasseurs. Ce n'est pas qu'on ne se
préoccupe pas d'eux, mais c'est que, dans ce projet de loi là, pour une
fois, c'est vraiment l'intérêt de l'animal, je pense, qui est
mis de l'avant.
Alors,
définir un animal en détresse, moi, j'ai trouvé ça très bien,
puisque ça vient combler le flou qu'on a entre ce que la Loi sur la protection sanitaire des animaux, à l'époque, nous
donnait comme étant les normes de sécurité et bien-être... et il y
avait le Code criminel, donc cruauté,
négligence criminelle, on avait comme une espèce de zone grise, et le fait de
dire qu'un animal est en détresse, le
définir, pour moi, vient combler ce vide-là. Alors, c'est très bien,
puisque souvent on avait des animaux qui tombaient, justement, des cas, entre
deux juridictions, deux compétences, deux infractions, et on n'était pas
capable d'agir sur ces cas-là.
Les combats
d'animaux. Nous sommes peut-être moins centrés sur le football comme le sont les
Américains. Vous allez vous demander peut-être
quel est le rapport avec le football. Ceux qui écoutent le football américain
sauront qu'un quart-arrière extrêmement reconnu, Michael Vick, à
l'époque, 2007‑2008, a été reconnu coupable d'avoir entraîné et d'avoir organisé des combats de chiens et il a
fait de la prison pour ça. À l'époque, ça n'a pas été publié, ça n'a pas été
choisi, mais j'avais écrit une lettre
ouverte dans les journaux ici, au Québec, pour dire que, si cette même situation-là,
à l'époque, s'était produite au Québec,
il n'aurait rien, rien, rien eu, il serait sorti blanc comme neige, il aurait continué
à lancer ses ballons, et tout le monde aurait été heureux, sauf, bien entendu, les 50 pitbulls, dont une
grande majorité ont été euthanasiés et d'autres ont été replacés.
Alors, le gouvernement fédéral, entre autres, le
GRIDA a fait des représentations, on a souvent tenté de faire modifier le Code criminel, et le gouvernement fédéral se limite à punir le fait d'aider, d'encourager et d'assister, mais
jamais on va vraiment chercher le noeud du problème qui est le fait de
les organiser, d'avoir des équipements. Et puis, en plus, là le projet de loi va plus loin, à ma grande satisfaction, c'est de
dire : Si vous êtes propriétaire ou gardien d'un animal, vous ne pouvez
pas tolérer ou laisser... ou permettre que votre animal fasse partie de ces
combats de chiens là. Les études...
enfin, ceux qui connaissent le sujet, parce
que c'est très, très clandestin,
disent que très rarement ces animaux-là survivent à plus de cinq combats. Alors, s'ils ne meurent pas
immédiatement de grandes souffrances, ils meurent dans les jours suivants de
leurs blessures, si ce n'est pas tout
à fait comme dans l'affaire Vick, où
on pendait les chiens tout simplement
parce qu'ils n'étaient pas assez bons puis on n'était pas
content, alors donc on s'en débarrassait de façon assez violente, merci.
Mise à mort
sans douleur, sans anxiété, c'est un autre cheval de bataille que le GRIDA a,
donc à se dire : Oui, l'animal
sert à l'alimentation, mais peut-on l'amener de sa vie à son transport, à son
abattage de façon humaine? Et ce que ça demande, donc, c'est qu'on
respecte le fait qu'il souffre et qu'il est sensible, donc qu'il ressent de
l'anxiété.
Dans mon mémoire, j'ai mis l'accent sur le fait
qu'il y a toutes les questions de ce que moi, j'appelle très ouvertement, un langage cru, les chambres à gaz,
mais qu'on peut se plaire à appeler les cabinets d'euthanasie, mais c'est
quand on a surpopulation animale qui vient
avec le fait qu'il n'y a pas de stérilisation obligatoire des animaux de
compagnie, sauf ceux qui servent à la
reproduction, on se ramasse avec surpopulation, la SPCA, SPA, Humane Society
vont sûrement vous en parler, il y a une surpopulation, et ces
animaux-là, bien, malheureusement, l'efficacité demande qu'ils soient euthanasiés de façon massive, ils vont dans des
chambres à gaz et ils sont plusieurs. Alors, ça, c'est quelque chose sur lequel j'aurais aimé qu'on intervienne, puisque c'est vraiment
source de très grande anxiété.
Un sujet que
je n'ai pas parlé dans le mémoire mais qui me préoccupe également
et dont on a parlé dès ce matin dans les médias, c'est la question des
abattages religieux, cashers, halals, et donc le fait que le projet de loi
demande maintenant qu'on respecte le fait que ces animaux-là ne
devraient pas ou ne doivent pas souffrir inutilement et être anxieux inutilement, le fait de ne pas être insensibilisé.
Je vous épargne des photos d'un boeuf qu'on doit tourner sur le dos, ça
prend plusieurs coups pour être capable d'ouvrir la gorge avant que l'animal
meure. Je peux vous dire que les études vétérinaires
démontrent que ça se fait dans des conditions extrêmement souffrantes. C'est
un sujet très délicat, je le sais, ça
touche la religion, la pratique, le respect de la liberté de religion, mais,
moi, dans ce dossier-ci, c'est plus la souffrance animale qui m'inquiète, et, je me dis, on devrait
être capable, donc, avec ce projet de
loi là, d'encadrer un petit peu mieux.
Les animaux
abandonnés, c'est tout à fait une problématique, on le sait, chaque mois de juillet je suis
interpelée, vous entendez ça dans les
médias, et, bien entendu, c'est une
autre... J'aurais aimé qu'on aille un petit peu plus loin avec le projet de loi en interdisant les clauses qui
prohibent la possession d'un animal de compagnie dans les logements. Les
études, encore là, démontrent que la plus
grande cause d'abandon des animaux... On le sait, on est tellement caractériel
là-dessus au Québec en juillet, c'est le
1er juillet, donc les abandons se font tellement sur une même période qu'on
le sent. Les animaux, ça rentre à la
pelletée, excusez le terme, dans les SPA, SPCA, principalement les chats. Et je
vous avais donné les chiffres dans
mon mémoire, dans le mémoire que j'ai déposé. De mémoire, c'est
467 000 chats et 297 000 chiens, en tout cas des
chiffres assez élevés.
Le Président (M. Morin) : ...conclure,
Mme Lachance.
Mme
Lachance (Martine) : Oui. Je conclus sur l'obligation, l'immunité et
la pénalité, donc, pour les médecins vétérinaires.
Ça a été mon champ de bataille aussi dans la dernière année, je suis
extrêmement contente. Les vétérinaires sont
les premiers intervenants. Si l'animal qui est maltraité n'est pas tué par son
agresseur, il est amené chez un vétérinaire pour être soit euthanasié ou soit soigné. Et donc je pense que le code
de déontologie n'était pas suffisant à les inciter, et donc ce qu'il y a
dans le projet de loi va nous permettre, je pense, d'aller de l'avant. Je vous
remercie.
Le Président (M. Morin) :
Merci, Mme Lachance. M. le ministre, vous avez 16 min 30 s.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui. M.
le Président, je tiens à remercier Me Lachance. On a pu bénéficier de son expertise sur le plan du Québec, sur le
plan national et sur le plan international, ça nous a aidés à bonifier le
projet de loi.
Mais,
comme je l'ai indiqué, on n'est pas fermés à des bonifications ultérieurement.
J'ai l'habitude... Je pense que je
n'ai jamais adopté un projet de loi tel que déposé, je le dis, là, en
35 ans. Donc, il y a de la place pour le bonifier et l'améliorer, mais, pour le faire, et les
députés l'ont souligné, ce n'est pas un sujet qui est simple, c'est un sujet
qui est extrêmement complexe, autant
sur le plan juridique que sur le plan sociétal. Pour arriver à une oeuvre qu'on
souhaite la plus correcte possible,
la plus équilibrée possible, il faut comprendre... — puis là je pense que je vais tenter de
bénéficier d'un conseil juridique
gratuitement, je ne sais pas si c'est permis, là — il faut comprendre les juridictions de
chacun des pouvoirs — moi, je tente de les marier le plus
possible — entre le
gouvernement fédéral, le gouvernement provincial puis les municipalités,
chacun a son élément de juridiction et de distinction.
Comment on se
situe avec ce qu'on a déposé comme projet de loi dans cet appareil-là? Parce
que, s'il y a un maillon faible dans
la chaîne en quelque part, on aura beau avoir les meilleures intentions, on va
avoir des problèmes. Me Lachance.
Mme Lachance (Martine) : Oui, bien
sûr. En termes de compétence, et d'ailleurs je le soulignais dans mon mémoire, moi, je ne vois rien là-dedans qui est
hors de la compétence de la province, donc provinces et territoires.
D'ailleurs, même si la protection des
animaux est une compétence qui est partagée notamment entre le fédéral et le provincial,
il reste qu'il appartient aux provinces et territoires d'assurer le
respect de cette compétence-là.
D'ailleurs,
le fait que le projet de loi parle des animaux non ambulatoires, le fait qu'on
ne peut pas transporter des animaux
qui sont soit incapables de se mouvoir par eux-mêmes ou alors si ce n'est que
pour les faire soigner, ces normes-là, on
les trouve dans le règlement sur la santé des animaux, qui est de compétence
fédérale, et jusqu'à maintenant la province s'en était, de ce que je connais, remise à l'Agence canadienne
d'inspection des aliments pour le faire respecter. Le fait d'avoir mis ça dans le projet de loi, pour moi,
est tout à fait cohérent, j'ai vérifié, tout à fait cohérent avec la compétence
du provincial.
Au niveau,
maintenant, des municipalités, peut-être que vous voulez m'amener au niveau du
bail de logement, peut-être, mais...
M.
Paradis (Brome-Missisquoi) :
Deux volets : bail de logement et — je vais en profiter pour lancer le
débat — les
calèches.
• (14 h 30) •
Mme Lachance (Martine) : Bon, si
vous me lancez sur les calèches, c'est sûr que vous ne serez pas surpris, personne ici, d'apprendre que je ne suis pas tout
à fait en faveur des calèches ou de l'utilisation des chevaux dans l'état
actuel. Si on avait un endroit qui était
respectueux de leurs impératifs biologiques... Je ne pense pas que c'est normal
qu'un cheval marche avec les
émanations des voitures alentour, le stress. Moi, je trouve que ce n'est pas...
Quand on parle d'anxiété chez les animaux, ce n'est pas acceptable.
S'ils avaient un endroit au Vieux-Montréal qu'on pouvait promener, bon, encore
là, ce serait plus humain, si on respectait les conditions, les chaleurs, bon,
l'abreuvement, et tout ça.
Je ne vois pas de problème, moi, personnellement...
Je ne me suis pas penchée exactement là-dessus, mais je ne vois pas de problème à ce que dans une loi provinciale on vienne dire
qu'on réglemente l'utilisation de ces animaux en respect de leurs impératifs biologiques, en respect de leur sécurité et
de leur bien-être, donc qu'ils ne souffrent pas de chaleur
excessive — c'est
dans le projet de loi — qu'ils
soient abreuvés, qu'ils aient des périodes de repos. Tout ça est là.
Au niveau du bail de logement, ça prendrait,
encore une fois, une loi qui serait particulière comme celle-ci. Moi, je
pense qu'au point de vue des compétences il n'y a pas de problème.
Est-ce que
maintenant... C'est un peu comme la loi sur la faune, hein? Un autre... le
petit reproche que je fais, c'est que
je trouve qu'au Québec on ignore beaucoup les animaux de la faune. Madame ici,
tout à l'heure, parlait des chasseurs, il
y a ça aussi. Je sais qu'il y a toujours des zones qui sont assez limites,
hein, entre les compétences et les zones des uns et des autres, mais je pense, moi, que la province a
les compétences pour le faire, puis après il faut juste s'entendre qui fait
appliquer, qui fait respecter les normes
édictées. Moi, je ne vois pas de problème. Peut-être que j'aurai des appels ce
soir, mais j'espère que non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ça
va, M. le Président.
Le
Président (M. Morin) : Oui? Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants? M. le député de... oui, des Îles-de-la-Madeleine.
M.
Chevarie : Merci, M. le Président. Mme Lachance, dès le début de
votre mémoire vous dites : «La science révèle que la souffrance et la douleur ne sont pas inhérentes à la
nature humaine», et vous mentionnez que la capacité de l'animal est très bien observée, de ressentir la
douleur et la souffrance. Et tantôt, dans votre résumé que vous avez fait,
sur la question de la mise à mort, vous dites que la mise à mort devrait se
faire sans douleur et sans anxiété.
Je peux
comprendre «sans douleur» puis je peux comprendre aussi de l'anxiété, mais
comment est-ce qu'on pourrait, par un
projet de loi, encadrer ce volet-là de la perception de l'anxiété au niveau de
l'animal? Et comment ça peut se traduire dans le quotidien par rapport à
la protection de cet élément-là?
Mme
Lachance (Martine) : Bien, deux choses. Il est certain que, quand on
arrive à des normes beaucoup plus précises
qui mettent en oeuvre la loi, ça irait peut-être plus sous forme d'un règlement
mais... Je le sais parce que ça existe dans d'autres États. Bon, si on
parle de l'abattage tel qu'on le fait dans notre société, là, je ne parle pas
de l'abattage religieux, il y a des pays où
on a des chambres, donc des chambres qui sont à l'écart, où les animaux sont
gardés tranquilles, on les calme.
Parce que, quand les animaux sortent du transport, souvent... D'ailleurs,
j'ouvre une parenthèse pour dire que,
dans la condition de vie d'un animal de ferme, il y a sa vie, il y a son
transport, il y a son abattage. Le transport est une période qui est très, très difficile. Elle,
elle relève, bon, beaucoup plus du fédéral peut-être. Mais, quand ces
animaux-là sortent des camions, où
ils sont entassés, ils ont eu chaud, bon, ils n'ont pas été abreuvés ni nourris
suffisamment, il faudrait au moins
qu'on leur permette de pouvoir se reposer dans un endroit avant d'aller dans un
endroit où ils seront abattus. Je
sais qu'il y a des pays où on a des chambres comme ça, où les animaux qui sont
abattus ne le sont pas en présence de ceux
qui attendent pour être abattus. Donc, les animaux, ça ressent, ça ressent
l'anxiété entre membres de même espèce. Si vous avez un animal qui est en train de se faire... — bon, disons que ce serait un bovin — qui reçoit la tige, les autres sont là, ils piétinent, ils le sentent, ils sont
vraiment très, très, très entassés, ne serait-ce que d'avoir un endroit où on
les place, on les calme avant qu'ils aillent peut-être chacun leur tour
ou en plus petits groupes, ça pourrait être une façon concrète de le faire.
Pour
ce qui est de l'abattage rituel, bien ça, c'est certain que le degré d'anxiété
et de souffrance est élevé, parce que
l'animal n'est pas insensibilisé. Je pense que ce n'est peut-être pas tous les
membres, en tout cas, ou toute la population qui sait que l'animal n'est pas insensibilisé. Donc, il est complètement
conscient au moment de la saignée, donc du moment où on va retirer le sang de son corps. Je l'ai
répété tout à l'heure : Quand c'est une petite poule, ça peut être facile
de couper tout de suite puis de...
bon, l'animal se vide de son sang rapidement, il n'y a pas un grand volume de
sang. Quand on est chez un bovin...
Imaginez juste comment c'est énorme. Vous irez voir les photos; on le met dans
un gros cylindre métallique, on le
tourne sur le dos. Déjà, la panse, hein, il y a plusieurs... alors déjà, les
estomacs, ça pèse, juste là, l'animal, déjà il étouffe. Et là vous n'avez pas encore essayé... Alors, vous comprenez,
déjà juste d'améliorer, de l'insensibiliser avant de le mettre à mort,
je pense, ce serait déjà une grande avancée.
Certains
membres de la communauté religieuse vous diront... Encore là, j'ai donné une
conférence à Barcelone là-dessus,
c'est un sujet qui préoccupe plusieurs États, pas juste au Québec et au Canada,
mais où vraiment on dit : L'animal doit être vivant et non pas conscient. Alors, si on dit que l'animal
doit être vivant pour être sacré, pour vraiment pouvoir après être
consommé, bien on peut le rendre insensible. Il est encore vivant, c'est juste
qu'il a perdu toute capacité de ressentir sa souffrance et de ressentir une
anxiété qui est assez majeure. Alors, moi, c'est ce que les... Enfin, les gens consultés qui interprètent les textes religieux — ce
n'est pas moi qui le fais, je suis allée voir des gens — il y a
des ouvrages qui ont été publiés là-dessus, où on demande que l'animal
soit, je le répète, vivant et non pas inconscient.
Donc,
ce sont de petites choses qui tranquillement pourraient nous amener à amener
ces animaux-là à leur fin de vie dans un contexte beaucoup plus humain.
M. Chevarie :
Merci.
Le Président (M.
Morin) : Ça va? C'est terminé, de ce côté-ci? M. le député de
Berthier.
M. Villeneuve :
Merci, M. le Président. Alors, bonjour, madame...
Le Président (M.
Morin) : ...minutes.
M.
Villeneuve : Merci. Bonjour, Mme Lachance, c'est un
plaisir de vous rencontrer. Et je salue le travail que vous avez fait.
Honnêtement, je me doutais qu'il y avait un peu de vous et votre organisation
dans le projet de loi. Le ministre l'a dit
tantôt, que vous aviez été consultés effectivement. Et moi, j'invite toutes les
personnes qui nous écoutent à aller lire le mémoire, il est vraiment...
c'est une mine d'informations et de compréhension aussi.
Et
justement, parlant compréhension, vous dites dans votre mémoire... Parce que,
là, je veux en arriver, finalement, à la
définition première, là. On dit dans le projet de loi : «Les animaux ne
sont pas des biens. Ils sont des êtres doués de sensibilité et ils ont des impératifs biologiques.» Malgré cela, ils
vont être quand même sous le régime des biens. Alors là, là, j'aimerais
ça peut-être vous entendre un peu plus là-dessus, et d'autant plus qu'on ajoute
que ça peut être une constitutionnalisation
de la protection de l'animal, ça pourrait être ça, ça pourrait être une extension
à l'animal de certains droits fondamentaux, un statut particulier, etc.
Et ce qui m'amène
peut-être à vous citer directement, parce que vous dites dans votre
recommandation : «Ma recommandation
première aurait été que les animaux, ainsi extraits des biens mobiliers, aient
un régime juridique de droit commun
qui leur soit propre», mais vous dites : Malgré tout cela, j'accepte la
définition qui est dans le projet de loi. Et vous parlez aussi que c'est une question d'acceptabilité politique — ça, on pourrait en débattre longtemps — et sociale. Ça aussi, d'ailleurs, on
pourrait en débattre longtemps.
Alors là, moi, je
suis un peu confus dans tout ça, là, et j'aimerais peut-être... Et aussi vous
dites qu'il y a des oppositions. Alors,
voyant qu'il y a des oppositions, vous préférez qu'on garde ce qui est proposé
dans le projet de loi, mais ça aurait
été quoi exactement, vous, parce que vous en parlez un petit peu dans votre
recommandation, là, mais la définition
parfaite, idéale? Oubliez les oppositions, là, oublions les oppositions,
oublions l'acceptabilité politique, gardons l'acceptabilité sociale
parce que, je pense, c'est ça qui doit nous guider, et moi, je veux vous
entendre là-dessus. Puis essayez peut-être
de me démêler le premier, là, dans tous ces concepts-là qui... parce qu'il y a
d'autres pays qui ont changé aussi le statut...
Le Président (M.
Morin) : Mme Lachance.
Mme
Lachance (Martine) : Oui, bien sûr. Oui. Alors, en vulgarisant, parce
que c'est ce que j'ai essayé de faire dans le mémoire. J'espère avoir
réussi.
Bon, tout à l'heure, d'entrée de jeu, dans mon
introduction, je vous parlais de la méthode dite américaine, parce que les Américains sont beaucoup plus
centrés sur la personnification de l'animal, alors il y a un courant qui veut
qu'on en fasse des personnes juridiques, et donc le Code
civil aurait personne physique, personne morale et personne animale. Et, bon, alors on se dit : Ça
pourrait exister. La personne morale, ça n'existe pas, hein, ce n'est pas... on
ne peut pas lui parler, à la personne
morale, c'est une fiction de la loi, alors on pourrait faire la même fiction
avec la personnification animale.
Bon,
évidemment, là, les opposants vous diraient : Oui, mais mettre l'animal au
même titre que l'homme, ça peut vraiment entraîner des dérapages du
type : Si je ne peux pas faire d'expérimentation sur l'humain parce qu'il
est une personne, si l'animal devient une
personne, donc, je ne peux plus faire d'expérimentation sur les animaux, et là
vous voyez la boîte qu'on vient d'ouvrir. Donc, ça, c'est une voie qui
appelle beaucoup d'opposants.
L'autre voie, qui est celle de dire : On va
prolonger ou on va remettre aux animaux des droits fondamentaux comme ceux qu'a l'humain, droit à la dignité,
droit à l'intégrité de son corps, droit de ne pas souffrir, droit de vivre en
toute liberté selon ses comportements, bon,
encore là, on ouvre une autre boîte parce que, pour avoir des droits, il faut
être une personne. Là, on revient à la case
départ, donc. Alors, il y a encore des opposants à ce sujet-là. Et ça, c'est un
courant qu'on appelle «animal rights», qui
est très, très, très fort aux États-Unis, et actuellement il y a un très grand
courant pour accorder des droits
humains aux grands primates, les chimpanzés. Steven Wise, entre autres, avec
son Human Rights Project, travaille très, très, très fort là-dessus.
Ensuite de
ça, la question, donc, de la constitutionnalisation, je vous dirais, ce n'est
pas par paresse, mais c'est une
technique. Alors, comme il y a certains États qui ne veulent pas rentrer dans
le débat que, je pense, avec grand courage le ministre Paradis puis son gouvernement a décidé, c'est de dire :
Bien, nous, on va se prononcer là-dessus, alors pour ne pas avoir à lancer ces débats-là, on met dans la
constitution le fait que l'animal, soit la dignité de l'animal ou la vie
animale, on parle même de la vie, de
la nature, est protégé. Et donc ça veut juste dire que, quand on interprète une
loi, elle se fait toujours selon la hiérarchie des normes, selon la norme
la plus grande, qui est celle de la constitution, et donc on doit tenir compte de ça quand on légifère puis quand on
interprète une loi. Petite paresse juridique, mais c'est une façon que
certains pays ont trouvée.
L'autre
façon, qui est celle de déréifier, donc, c'est de dire : L'animal n'est
plus une chose. Vous me demandez ce
que j'aurais voulu, le scénario qui aurait été idéal... mais pour lequel je
pense qu'on n'est pas prêts, notamment au niveau du Code civil.
Le Code civil,
il faut savoir que c'est extrêmement rigide. M.
le ministre Paradis l'a dit :
1804. Mme Suzanne Antoine, en
2005, c'est le garde des Sceaux, c'est le ministre de la Justice qui
l'avait mandatée de travailler sur le statut, et elle s'est heurtée à cette structure-là qui dit :
Tu es soit une personne ou un bien, puis, si tu es un bien, tu es un meuble ou
un immeuble. Et pourquoi?
Parce que le droit civil est fondé sur la propriété, et
donc c'est la propriété foncière qui est à l'origine, donc, de... ce sont les immeubles à l'origine de la
propriété, et donc, bien, tout ce qui n'est pas ça est meuble. Puis
l'animal, il faut qu'il...
• (14 h 40) •
Le Président (M. Morin) : Mme Lachance...
Mme Lachance (Martine) : Oui, rapidement.
Le Président (M. Morin) :
Oui. Le député de Berthier a d'autres questions.
Mme
Lachance (Martine) : Oui,
excusez-moi. Alors, juste pour revenir là-dessus, donc, ce que j'aurais voulu, moi, j'aurais voulu qu'il y ait les meubles, les
immeubles et les animaux, donc une catégorie complètement à part avec
son régime complètement à part. Ce
faisant, il aurait fallu qu'on revoie toute la propriété, parce que,
là, on n'aurait plus été
propriétaire, on aurait été, quoi, gardien, et là c'était ouvrir quelque chose pour lequel, je pense... que notre système n'est pas prêt à accepter à ce stade-ci.
Le Président (M. Morin) : M.
le député de Berthier.
Mme Lachance (Martine) : Je
m'excuse, hein? Quand vous me parlez d'animaux, moi, je suis partie.
M.
Villeneuve : Merci.
Avant d'aller à d'autres points, je veux juste revenir sur... Vous avez abordé
l'abattage religieux tantôt, et je
vous cite, là, on vérifiera au verbatim, mais ça ressemblait pas mal à ça, vous avez dit : Encadrer un petit peu mieux, vous parlez d'encadrer un peu...
ce serait mieux encadré dans le projet de loi qu'on a là. Vous avez une proposition à faire à la commission
concernant un meilleur encadrement par rapport à l'abattage religieux ou si,
selon vous, ce que nous avons actuellement comme projet de loi va faire le
travail?
Mme
Lachance (Martine) : Moi, je pense que ce qu'on a actuellement fait le
travail dans le champ de compétence que
vous avez au niveau de la province. Je pense effectivement que les conditions
d'abattage sont... En fait, je pense qu'on vient d'avoir le mieux qu'on peut avoir à la province ici, à dire sans
douleur, sans anxiété. Malheureusement, où ça va jouer...
M.
Villeneuve : Juste, M. le Président, parce que je veux vous...
Tantôt, vous disiez que, dans le cadre des compétences qui sont celles du Québec, tout va bien, on est capable de
faire ce qu'il faut, mais là vous venez de faire une nuance en disant : Bien là, selon les
compétences du Québec, parce que, là, ce serait fédéral. Je voulais juste que
vous puissiez nous ramener un petit peu votre pensée là-dessus.
Mme Lachance (Martine) :
Pour ramener, je pense qu'actuellement, ce qu'il y a là, O.K., on pourrait
aller plus loin puis dire : On
interdit tout abattage religieux sans insensibilisation. Ça, on pourrait le
faire au Québec, je n'ai aucun problème
avec ça, ça pourrait être une recommandation qui pourrait être faite. Je l'ai
indiqué dans mon mémoire, je me suis gardé une petite gêne parce que je
ne voulais pas partir... C'est un sujet...
Bon, maintenant, un
coup que ça, ça va être fait, vous devez être conscients que vous allez avoir
tout de suite l'opposition et qu'on va invoquer la charte, la liberté de
religion. Je suis en train de travailler là-dessus, je vous en reparlerai dans plusieurs mois, mais je peux juste
vous dire qu'actuellement, au point de vue de la province, oui, on peut l'interdire formellement. Maintenant, il va y
avoir... bien je crains une contestation, et ça va se jouer sur la charte, qui...
ça ne se joue pas dans ce forum-ci.
M. Villeneuve :
Bien, écoutez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : ...je peux-tu vous demander juste... J'ajouterais
à votre argumentaire dans le même sens.
M. Villeneuve :
Vous me le rembourserez au centuple. Allez-y, monsieur...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui, ça va. Quand vous dites ça, moi, je suis à
l'écoute, là, mais l'Ontario, le Manitoba et la Colombie-Britannique,
d'où on s'est inspirés, est-ce qu'ils l'interdisent?
Mme Lachance
(Martine) : À ma connaissance, il n'est pas interdit nulle part au
Canada. Et là où il y a une différence avec
toutes les provinces que vous me mentionnez, c'est que vous parlez de common
law; nous, on est dans un système, ici, de droit civil. Donc, il y a
quand même certaines distinctions à faire.
Mais,
à ma connaissance, ça n'a pas été fait dans une province et territoire
canadien. Par contre, ça a été fait dans plusieurs pays européens, où il
y a une interdiction formelle de ne pas abattre sans insensibilisation. J'ai
une liste, je pourrai la faire suivre.
M. Villeneuve :
Oui, j'aimerais ça. J'aimerais ça, oui.
Mme
Lachance (Martine) : De toute façon, je vais sûrement modifier mon
rapport, et je vous mettrai la liste.
M. Villeneuve :
Oui, tout à fait, tout à fait.
Mme
Lachance (Martine) : Il y a
trois types. Il y a la situation qui dit : On le laisse comme c'est là, O.K., on
fait une exemption puis on dit : Bien,
la loi exige l'insensibilisation, sauf quand c'est religieux. Ensuite, il y a
ceux qui disent : Non, on
demande une insensibilisation très rapide, en dedans de tant de temps, si la
mort ne vient pas, ou alors le plus sévère,
qui dit : Aucun abattage sans insensibilisation. Moi, ce que je voudrais,
c'est qu'il n'y ait aucun abattage au Québec sans
insensibilisation. Ça se fait dans plusieurs pays, je vous en donnerai la
liste.
M.
Villeneuve : Bien,
écoutez, on prend bonne note de ce que vous venez de nous dire. Puis, oui, des
oppositions, c'est toute la beauté de
la chose en démocratie, les oppositions, c'est correct et puis ça permet le
débat, alors qui... Ça prend un débat, finalement. Et en tout
cas, bref, on prend bonne note de ce que vous nous dites.
Puis
vous disiez aussi que la charte pourrait être contestée à cet égard, mais, bon...
Vous êtes avocate de formation, oui ou non?
Mme Lachance
(Martine) : J'ai fait le Barreau et la Chambre des notaires.
M. Villeneuve :
Bon, parfait. Alors...
Mme Lachance
(Martine) : J'ai les défauts et qualités des deux professions.
M. Villeneuve :
Oui, c'est ça. Il faut juste voir si la charte tiendrait le coup ou non.
J'ai encore un peu de
temps, M. le Président?
Le Président (M.
Morin) : Oui. Tout à l'heure, j'ai arrêté le temps.
M. Villeneuve :
Oui? Ah! c'est gentil, ça. Vous avez coupé sur M. le ministre, d'accord.
Le Président (M.
Morin) : Allez-y.
M.
Villeneuve : Je veux
juste vous amener... Il y a une recommandation où vous parlez de l'article 63, paragraphe 4°, et vous dites qu'il est préférable d'indiquer que le gouvernement doit appliquer... — pas
vous, là, mais c'est écrit dans... — préférable d'indiquer que le gouvernement
doit appliquer cet article plutôt que... Et là je veux juste retourner à l'endroit exact, là. En fait, c'est
«rendre obligatoire, pour toutes les personnes qu'il détermine, l'application
de dispositions de codes de pratique publiés par le Conseil national pour les
soins aux animaux».
Ne pensez-vous pas qu'on pourrait
l'élargir, pas seulement, justement... L'application de dispositions de codes
de pratique publiés par le Conseil national
pour le soin des animaux d'élevage, ça pourrait être pour d'autres... le Conseil
canadien de protection des animaux élabore aussi d'autres codes, notamment sur
la recherche et l'enseignement. Ne pensez-vous pas qu'on pourrait inclure aussi
la recherche et l'enseignement dans le projet de loi?
Mme
Lachance (Martine) : Oui. D'ailleurs, quand je regardais les groupes,
je trouvais qu'il y avait peu de gens qui
avaient réagi en matière, donc, de recherche. Puis, quand je parle à mes
étudiants puis on les questionne un peu sur la recherche, c'est drôle, ils n'ont pas d'opinion. Puis là je leur
dis : Mais comment se fait-il que vous n'avez pas d'opinion?, puis c'est clair, c'est parce qu'on n'en parle
pas. Alors, tout est gouverné par des protocoles de recherche. Puis, comment
dire, ce qui permet de jouer sur ces gens-là, souvent, ça va être le
financement, O.K.?
Maintenant,
oui, les codes de pratique, il y a les mêmes choses dans les codes de pratique
dans la recherche puis dans
l'élevage. Comme on parlait du conseil national, moi, j'ai pensé tout de suite
aux animaux d'élevage parce que, ces codes de pratique là, je me tue à
dire que ce sont des normes volontaires. Alors, à part d'avoir l'opprobre des
gens du milieu, là, qui disent, bien, je ne
sais pas, moi : Les porcs d'Untel sont maltraités, ou ci, ou ça, on arrive
toujours à écouler nos produits puis... Bon. Alors, ce n'est que
l'opprobre d'un milieu fermé.
Et
les tribunaux ont déjà dit que la norme qui est la meilleure, en élevage, c'est
la norme qui est déterminée par le
milieu. Ça, moi, ça, m'effraie, ça m'inquiète parce que, je me dis, plus on va
vers de grandes exploitations plutôt que des petites fermes, plus la norme risque de se durcir pour répondre à
des critères d'efficacité puis de rentabilité. Alors, si c'est le milieu
lui-même qui s'autoréglemente, ça risque... on perd le contrôle.
Et,
quand un éleveur... Parce que, quand on regarde ces codes-là, personne n'est
contre la vertu, c'est merveilleux. Par
contre, on est surpris de trouver, entre autres, qu'il ne faut pas donner un
coup de pied à un porc, c'est écrit dans un code de pratique. Moi, je me demande comment ça se fait qu'on doit être
obligé de le dire, qu'on ne donne pas un coup de pied à un porc, mais
c'est écrit dans les... Bon.
Alors, tout ça pour
dire que, si on peut les rendre obligatoires par un règlement, ça, pour moi,
c'est une nette avancée, parce que, là,
vraiment, s'il y a des dérapages, on est capable de dire : Tel secteur, il
y a un dérapage. Par règlement, on
rend ces codes-là obligatoires, et là on est capable de dire : Non, non,
il va y avoir des sanctions, vous devez faire attention.
Le
Président (M. Morin) : Mme Lachance, là, j'ai été chercher
le temps du ministre qu'il n'a pas pris tantôt et je suis rendu à la
députée de Mirabel.
Mme
D'Amours : Pour combien de temps, M. le Président?
Le Président (M.
Morin) : Vous avez 6 min 30 s.
Mme D'Amours : Ah! quand même. Bonjour, madame. Tout à l'heure,
vous avez parlé des calèches, des chevaux qui subissaient un stress,
qu'il y avait de l'émanation puis que... Bon. Qu'est-ce que vous pensez des
chiens pour les non-voyants, là, des chiens
qui sont obligés de marcher sur la rue, sur la rue Sainte-Catherine à Montréal,
avec de l'émanation, du stress, mais que c'est un outil pour le
non-voyant?
Mme
Lachance (Martine) : O.K. L'animal qui est un animal de support ou en
matière de... donc pour les handicapés, cet animal-là, premièrement, il ne passera pas 12 heures de sa vie
en plein milieu de la rue, l'animal qui est instrumenté — oui,
c'est un outil qui est instrumenté pour servir à ces gens-là — je ne pense pas, va avoir plus d'émanations
ou moins que moi, si vous allez vous promener à la même heure que moi sur la
rue, que ce chien-là. O.K.?
Alors,
le problème n'est pas le fait d'y aller à l'occasion; le fait, c'est que ces
animaux-là, on le sait, sont là des journées entières. Ils partent de
leurs écuries, ils sont là plusieurs heures d'affilée. Alors, ce n'est pas
juste de façon ponctuelle, où on a des
choses à faire puis on repart. Ils sont là, ils sont confinés à tous les jours
de leur vie à marcher sur du bitume qui dégage une chaleur, un animal...
Normalement, c'est dans un champ, ce n'est pas fait pour marcher sur l'asphalte. À l'époque, mon père me disait :
Oui, mais, les chevaux, on les utilisait dans les fermes. Oui, mais ils étaient
sur des chemins de terre, ils étaient dans
des champs, ils n'étaient pas sur un asphalte à 40° qui dégage de la chaleur
avec plein de voitures alentour qui
klaxonnent. Alors, pour moi, c'est cet environnement-là. Et, quand on parle
d'impératifs biologiques, ça, pour moi, cette utilisation-là ne respecte
pas leurs impératifs biologiques.
• (14 h 50) •
Mme
D'Amours : D'accord. Qu'est-ce que le premier article du projet
de loi n° 54 changera pour la population,
dans votre mémoire, pour les animaux en général et leur protection?
Mme Lachance
(Martine) : Le fait de les définir?
Mme
D'Amours : Oui.
Mme Lachance
(Martine) : Bien, je pense que le fait de reconnaître, que le droit
reconnaisse... Le droit est toujours en retard sur la société. Demandez à à peu près n'importe qui, leur animal de compagnie,
si c'est une chose, si c'est comme
ça, ils vont tous vous dire que non, O.K.? Et ce que ça va changer, je pense
que ça va permettre d'abord une meilleure
protection, et je pourrais même aller... Et ça, je n'en ai pas parlé dans le
mémoire, j'aurais pu l'ajouter aussi. Pour
M. et Mme Tout-le-monde dont l'animal est blessé, est agressé, et soit qu'il a
des... bon, disons qu'il meure de ses blessures,
on ne peut pas demander ce qu'on appelle le solatium doloris, on ne peut pas
demander une perte pour la douleur, ce qu'on peut faire quand un être humain
disparaît. Alors, quelqu'un vous agresse, il vous arrive quelque chose, je peux
me tourner vers l'agresseur puis dire, oui,
bon, outre le fait que vous avez fait un acte criminel ou une infraction,
mais : Vous m'avez enlevé
quelqu'un que j'aimais, j'ai de la peine, et ça, ça se monnaie, j'ai vraiment
de la peine. Et on ne l'aura pas pour un bien, on ne l'a jamais eu pour
un bien, et l'animal est un bien jusqu'à maintenant.
Alors, c'est sûr que
ça va avoir une influence sur la pratique vétérinaire, entre autres, parce que
les médecins vétérinaires vont vraisemblablement
devoir augmenter leurs assurances, parce qu'on va pouvoir dire, en cas de
mauvaise intervention ou d'une
intervention qui tourne mal et qu'on peut démontrer que le vétérinaire a commis
un acte qui n'était pas
déontologiquement ou qui n'était pas médicalement correct, on va pouvoir lui
dire : Tu es responsable, tu es responsable, et il faut que tu me compenses pour la perte de
mon animal. Ça, c'est M. et Mme Tout-le-monde qui va pouvoir en bénéficier.
Le
bail du logement, le fait de dire que c'est un animal sensible, on ne peut pas
dire : Je déménage, mon divan ne
rentre pas, bien là... mon animal ne rentre pas. Alors, ça va donner, je pense,
l'image que... Il y a un lien d'affection qui se tient avec un animal
qu'on n'a pas pour un bien, une chose.
Mme
D'Amours : Est-ce que je me trompe ou cela signifie aussi que, dès que
l'intégrité physique d'un animal... qu'elle serait affectée, il y aurait une
poursuite en vertu du Code civil, ça serait possible? Moi, je pense toujours,
là, que, tu sais, ça signifie que, si un chasseur tue un cerf, il
pourrait être poursuivi?
Mme
Lachance (Martine) : Dans l'état actuel des choses, je vais
malheureusement vous dire que non, il ne sera pas poursuivi, tout
simplement parce que les animaux de la faune ont droit à la protection de leur
espèce et de leur environnement et non pas à
la protection individuelle. Alors, c'est ce qui arrive avec tous les chats
errants. Donc, on peut impunément assassiner quand ils nous dérangent
parce qu'ils ne sont pas couverts par le Code criminel.
Et ça, c'est une particularité de notre droit
civil. En common law, vous parlez à des gens, ils vont vous dire que ça
n'existe pas, ça. C'est ce qu'on appelle les res nullius, les biens sans
maître. Ça n'existe pas, ça. Malheureusement, en 1994, quand on fait la réforme
du code, on a décidé qu'il y avait des biens sans maître, alors qu'avant, sous
l'ancien code, tous les biens qui étaient sans maître étaient la propriété du
souverain, donc ils avaient un propriétaire, ils étaient appropriés.
Aujourd'hui, lors de la réforme, on a enlevé
cette mention-là, qui fait que les animaux qui n'ont pas de maître. Même s'ils
sont susceptibles d'appropriation, ils ne sont pas protégés. Et c'est le
cas des animaux de la faune et de tous les chats errants qui sont partout dans
nos environnements urbains, et ça, pour moi, c'est une grande lacune, de ne pas
protéger ces animaux-là.
Mme
D'Amours : Vous avez mentionné il y a quelques minutes que vous aviez
oublié de mettre un commentaire dans votre... Est-ce que vous en avez
d'autres que vous auriez oubliés, auxquels on pourrait bénéficier?
Mme
Lachance (Martine) : Il y a des choix. Il y a des choix, des fois, des
tactiques, hein? Il y a des choix qu'on fait, bien sûr.
Mme
D'Amours : Oui, allez-y. Je vous donne le choix de...
Mme Lachance
(Martine) : Vous me donnez la chance?
Une voix :
...Mme Lachance.
Mme
Lachance (Martine) : C'est bien. Non, honnêtement non. J'y pense comme
ça, là, qu'est-ce que j'aurais pu
mettre. Sincèrement, là, ce que j'ai vraiment fait de choix, c'est l'abattage
rituel. L'autre élément, là, ce qu'on appelle le solatium doloris, était quelque chose que je trouvais, bon, un peu
moins important... pas moins important, mais je veux tellement qu'elle passe, cette loi-là, je veux tellement
qu'elle passe pour les bonnes raisons, je ne voulais pas qu'on vienne caricaturer en disant : Bien là, je vais
poursuivre parce que j'ai perdu mon chien puis... Vous comprenez? Pour moi,
c'était un plus, mais ce n'était pas un élément essentiel.
Mais
si jamais, par contre... J'ai demandé avant si je pouvais amender mon rapport
après ma présentation. Si c'est le cas, vous pouvez être certains que je
vais penser... Tout ce qu'on pourra faire dans ce forum-ci, je vais l'intégrer.
Le Président (M.
Morin) : C'est bien?
Mme
D'Amours : C'est bien.
Le
Président (M. Morin) : Merci beaucoup, Mme Lachance, du
Groupe de recherche international en droit animal.
Donc, je cesse les
travaux pour reprendre en recevant l'Ordre des médecins vétérinaires du Québec.
Merci.
(Suspension de la séance à
14 h 55)
(Reprise à 14 h 57)
Le Président (M. Morin) :
Nous reprenons nos travaux. Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, nous
recevons l'Ordre des médecins vétérinaires du Québec. Donc, messieurs, si vous
voulez bien vous présenter. Et vous rappeler que vous avez 10 minutes pour
votre présentation.
Ordre
des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ)
M.
Bergeron (Joël) : Très bien, merci
beaucoup. M. le Président de la commission, M. le
ministre, MM. et Mmes les députés, au nom de l'Ordre des médecins
vétérinaires, nous vous remercions de cette invitation, de nous offrir
l'occasion de venir nous exprimer sur
le projet de loi n° 54, la Loi visant l'amélioration de la situation
juridique de l'animal, un projet de loi qui est majeur.
Nous pouvons certainement saluer l'initiative du
gouvernement et le courage du ministre d'avoir déposé cet ambitieux projet de loi. C'est un geste qui est
concret, c'est un geste qui est fort, qui témoigne définitivement de la volonté
de notre société, d'un choix de société vers
où on veut progresser, vers où on veut aller dans le domaine du bien-être
animal.
C'est un
projet qui, bien entendu, touche directement la profession vétérinaire. Comme
vous le savez, le mandat d'un ordre,
dont l'Ordre des médecins vétérinaires, c'est la protection du public, mais
l'Ordre des médecins vétérinaires choisit
d'assumer ce mandat-là dans sa mission en parlant surtout de l'amélioration de
la santé et du bien-être animal. En
fait, améliorer la santé et le bien-être animal, c'est le point commun qui
rejoint tous les médecins vétérinaires. C'est d'abord ce qui nous dirige et ce qui nous attire, plutôt, je devrais
dire, même, vers la profession. Pour un médecin vétérinaire, un animal, ce n'est pas un bien, c'est un être qui
est sensible, c'est un être qui est doué de cette capacité-là de ressentir
la douleur et autres souffrances, alors d'autant plus que le projet de loi nous
rejoint, et la profession vétérinaire et l'Ordre des médecins vétérinaires ont
défendu ce fait depuis plus de 125 ans.
• (15 heures) •
L'Ordre des
médecins vétérinaires a le privilège, a la chance de siéger sur de nombreux
comités qui touchent au bien-être
animal. Qu'on pense au groupe de travail qui avait été présidé par
M. Kelley, député de Jacques-Cartier, sur la sécurité et le bien-être des animaux de compagnie,
la stratégie québécoise, ANIMA‑Québec, ce sont tous des endroits où l'ordre a l'occasion de signifier sa présence
comme chef de file en matière de santé et de bien-être animal. Au cours des
dernières années, l'ordre a pu s'exprimer à
au moins une vingtaine de reprises, sinon plus, en émettant des positions sur
le bien-être animal, des mémoires comme
celui-ci, des communiqués, bien entendu, et en intervenant en développant des
normes de pratique, tout récemment des
normes de pratique sur la médecine de refuge, des normes de pratique en
clinique vétérinaire de stérilisation
ciblée, donc tout ce qui sont des volets qui touchent le bien-être animal. Bien
entendu, on touche également aux chirurgies esthétiques et aux usines à
chiots dans nos interventions.
On souhaitait depuis longtemps la reconnaissance
de la nature sensible de l'animal. C'est déjà émis dans des mémoires précédents, dans une position qu'on a
d'ailleurs adoptée l'année dernière. On veut qu'il y ait des changements,
bien entendu, au sein même de la
reconnaissance de l'animal, mais surtout et avant tout auprès de nos
concitoyens. Ça nécessite des changements au sein de la société.
Le bien-être
animal est intimement lié à la santé physique et à la santé mentale des
animaux. La formation et les compétences
que développent les médecins vétérinaires leur permettent de répondre aux exigences
des propriétaires, des éleveurs et
aussi aux préoccupations de la population et du gouvernement. Par la multitude
de secteurs où le vétérinaire peut
intervenir, il est souvent au premier plan, c'est le premier témoin des
situations qui peuvent être préoccupantes, et d'ailleurs à ce titre,
depuis 1993, dans notre code de déontologie, il y a un article précis qui
demande et qui donne le devoir au médecin vétérinaire de rapporter les cas de
mauvais traitement. Le médecin vétérinaire est placé... Par cette capacité-là qu'il a d'évaluer et la santé et le
bien-être de l'animal, il est placé à l'interface même du lien humain et animal,
et on en fait état dans le mémoire, où il y
a des préoccupations qui nous rejoignent quand on parle du lien entre les mauvais
traitements aux animaux et, malheureusement, les mauvais traitements qui sont
faits aux humains
Les
producteurs, d'ailleurs, même aussi le reconnaissent. Il y a eu des changements
énormes au sein de la profession, c'est
un fait, ils reconnaissent le travail de prévention incroyable que peut faire
le médecin vétérinaire. J'en parlais d'ailleurs directement avec M. Groleau, président de l'UPA, la semaine dernière,
puis ce qu'on réalise, c'est que le médecin n'est plus là pour intervenir, pour guérir, il n'est
plus appelé pour éteindre des feux, comme on dit, mais il est d'abord là et
avant tout pour conseiller, concerter et collaborer avec les
producteurs.
Le projet de
loi soulève de grandes interrogations, nous en faisons part... nous en faisons
état, pardon, dans notre mémoire. Je
le répète, le projet de loi est très bien rédigé, il est courageux, c'est
important, on a un mouvement important à
faire au sein de notre société, et c'est ce que ça nous apporte, mais on
considère qu'il y a quand même des ajustements ou des assouplissements qui doivent être faits, vous l'avez mentionné un
peu plus tôt, M. le ministre. La déclaration de la situation juridique,
c'est le point d'ancrage clair de l'ensemble du projet de loi. Par contre, il
doit y avoir des balises, il doit y avoir
des encadrements qui vont être donnés. L'émotivité, la subjectivité ne peuvent
pas avoir leur place dans un secteur qui est si, justement, émotif à la
base.
Bien entendu, on salue et on reconnaît le besoin
de l'immunité juridique. On l'avait déjà demandé, on est très heureux qu'elle soit présentée dans le mémoire...
dans le projet de loi, pardon. C'est un élément essentiel pour les médecins
vétérinaires. De plus en plus de médecins
vétérinaires rapportent des cas, parce qu'ils ont un devoir déontologique, mais
je ne vous cacherai pas que souvent ils sont
mal pris et ils vont consulter auprès du bureau de l'ordre, particulièrement
auprès du bureau du syndic, pour bien savoir de quelle façon ils doivent
monter leurs dossiers, de quelle façon ils doivent intervenir, parce qu'ils brisent leur secret professionnel, et c'est
extrêmement précieux, le secret professionnel. Donc, c'est des choses
pour lesquelles nous, on est satisfaits qu'il y ait cette immunité-là.
Par contre,
dans la suite de l'immunité, lorsqu'on arrive avec des dispositions pénales
pour un médecin vétérinaire qui
pourrait être en infraction notamment de l'article 14, pour nous, c'est un
dédoublement. Il y a un risque marqué de nuire davantage et de ne pas aller
rejoindre les objectifs, comme le disait Me Lachance précédemment, les
objectifs qui sont d'améliorer le
sort de nos animaux. On fait porter un lourd fardeau aux médecins vétérinaires,
il y a un dédoublement de justice.
Ils ont déjà la justice disciplinaire, on y ajouterait une justice pénale.
Cette situation-là de pénalité au sein des médecins
vétérinaires n'existe nulle part ailleurs dans la situation vétérinaire au
Canada. Donc, les autres médecins vétérinaires
qui ont le devoir, entre autres en Ontario et au Manitoba, de rapporter ces
cas-là ne sont pas soumis à cette épée de Damoclès qui leur pend
au-dessus de la tête d'un double fardeau.
Et je ne vous cacherai pas qu'au-delà de ce fardeau-là il y a toute la question de l'importance de la relation, ce que nous, on appelle relation
client-vétérinaire-patient. C'est une relation de confiance qui est
primordiale. Si on risque d'instaurer
un climat de suspicion, je n'oserais pas dire un système de dénonciation, mais
un climat qui fait en sorte que ce lien
de confiance là est rompu ou risque d'être rompu entre le propriétaire de
l'animal, l'éleveur ou autres et le médecin vétérinaire, qui est la meilleure personne pour faire l'analyse complète
et l'évaluation de l'état de l'animal, on ne se rendra pas service
dans l'objectif qu'on veut atteindre.
Finalement, les points majeurs — puis
vous allez les retrouver également au sein du mémoire — touchent
l'article 63, où il
y a plusieurs dispositions réglementaires qui sont apportées. Et, dans l'ensemble,
les principales dispositions nous
conviennent, bien entendu, mais on remarque que plusieurs de celles-ci peuvent
avoir un impact sur la Loi sur les médecins
vétérinaires, certains des règlements qui en découlent et certaines normes également,
et nous considérons que ces articles-là,
ces paragraphes-là pourraient être révisés afin de tenir compte
de la législation qui existe déjà, particulièrement en ce qui touche les médecins
vétérinaires. Je vous en fais, là, rapidement état, de quelques-uns.
Donc, le quatrième alinéa, où on parle des conditions auxquelles doit être
assujetti l'exercice d'une activité qui implique un animal, il y a déjà des
lois et des règlements qui en tiennent
compte, il faut y penser. Au cinquième alinéa, on parle de situations
qui touchent beaucoup le comportement de l'animal; il faudra s'assurer
qu'on ne peut pas non plus risquer de mettre en péril la santé et les soins. Et, bien entendu, les euthanasies,
nous ne pouvons pas... Les euthanasies touchent d'abord et avant tout les
médecins vétérinaires. Le cabinet d'euthanasie est certainement un sujet qui
est délicat, il devrait être soumis à des protocoles
bien clairs, bien précis. Nous devons exiger la tenue d'un registre des
euthanasies, des registres aussi des produits qui sont injectés par les médecins vétérinaires. Ces produits-là sont extrêmement dangereux, c'est des produits qui sont contrôlés par la loi; on ne peut pas risquer qu'ils se retrouvent en
circulation libre et mettent en danger trop de personnes.
Si vous me permettez peut-être une brève
intervention...
Le Président (M. Morin) : Il
reste 18 secondes.
M. Bergeron (Joël) :
18 secondes.
Des voix : ...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...avec l'opposition officielle et la deuxième opposition, est-ce qu'il y aurait... Au lieu de 18 secondes, parce que ça ne permet
pas grand-chose, là.
Le Président (M. Morin) :
Bon, bien, regardez, il est en discussion. Allez-y, là.
M. Gagné
(Jean-Paul) : Écoutez,
je vais prendre la parole. Je suis Jean-Paul Gagné, je suis un membre nommé
de l'Ordre des médecins vétérinaires. Vous
savez qu'à l'Office des professions on nomme des membres nommés, des représentants
du public. Alors, j'en suis un. Et on m'a demandé ici aujourd'hui d'accompagner
le...
Le Président (M. Morin) : ...pas
comme vétérinaire.
• (15 h 10) •
M. Gagné
(Jean-Paul) : Non, je ne
suis pas ici comme vétérinaire, puis donc je ne peux pas me prononcer sur la
médecine vétérinaire et je n'ai pas non plus ce privilège ni cette connaissance en la matière. Je suis ici quand
même pour témoigner de ce que fait en
gros l'Ordre des médecins vétérinaires concernant le bien-être
animal, concernant le souci, les préoccupations des membres de l'ordre.
Alors, je suis au conseil depuis 2011. J'ai vu
l'ordre, donc, à l'oeuvre. J'ai vu l'ordre qui a passé plusieurs politiques
à l'interne, des déclarations, des interventions publiques aussi, toujours
en lien avec la protection du public et le bien-être animal. Alors, c'est
l'évidence même, bien entendu, que le Québec doit redresser la situation actuelle et
démontrer sa volonté de renforcer la
protection et le bien-être des animaux de façon concrète. Toutefois,
l'amélioration de la protection des animaux, de sa situation juridique et du bien-être animal, ne peut être
portée exclusivement par les médecins vétérinaires.
Alors, on a fait allusion tout à l'heure aux
assouplissements qui sont suggérés, qui sont nécessaires afin de permettre d'assurer pleinement les devoirs et les responsabilités des vétérinaires envers les animaux et envers la société. On
ne peut pas distinguer, là, ici, la protection des animaux et la protection de
la santé publique parce que, bien entendu, on est tous ici probablement des consommateurs de produits qui viennent des
animaux, que ce soient des breuvages, que ce soit de la viande. Alors, les deux sont intimement liés.
Et, comme un certain vétérinaire me disait, la profession vétérinaire s'occupe
de la fourche à la fourchette. Donc, c'est quelque chose qui embrasse très,
très large, et c'est très important.
À la lecture
du projet de loi, nous constatons la ferme volonté du gouvernement de changer les choses. Il nous est
toutefois apparu que certaines dispositions, si elles étaient maintenues,
autoriseraient des gens qui ne possèdent pas les connaissances et les
compétences requises à poser des actes ou à prendre des décisions ayant des
répercussions majeures parfois et souvent irréversibles sur les animaux et sur
leurs propriétaires. Nous avons également noté dans l'article 63, dont parlait tout à l'heure le Dr Bergeron, que
certains éléments de cet article contreviennent déjà à certaines lois, et notamment à la Loi sur les médecins
vétérinaires. Le projet de loi est de grande qualité, bien
entendu, mais cet article devrait être retravaillé. Nous réitérons donc que
le gouvernement fasse preuve de prudence et nous lui demandons
de resserrer les contrôles comme l'Organisation mondiale de la santé animale le demande à tous les pays et évidemment à toutes les provinces. Nous ne pouvons permettre à n'importe qui de donner et d'administrer des substances et poser des actes professionnels
sur les animaux, la santé publique; la santé animale et la protection du public
s'en trouvent menacées.
Nous
espérons que le courage manifesté par le gouvernement dans ce projet de loi saura trouver écho dans les autres
projets de loi qui toucheront la santé des animaux et des
élevages au Québec. Nous sommes solidairement responsables de la réputation du Québec sur les marchés internationaux. Nous devons faire bonne figure et
être une société responsable, tant en
matière du bien-être animal qu'en matière de prévention des maladies et
d'épidémies de source animale. Certaines substances qui sont administrées aux animaux d'élevage qui sont par la
suite consommés par les humains doivent être contrôlées, permettre à tout un chacun d'inclure toutes les substances
possibles aux animaux d'élevage est irresponsable et dangereux. Nous comptons donc sur le gouvernement
pour protéger nos animaux, nos cheptels et la santé publique et nous
l'encourageons à faire preuve de courage afin de bien positionner le Québec en
ce domaine. Alors, merci beaucoup.
Le
Président (M. Morin) : Oui, merci. Étant donné que le ministre
a le sens du partage après-midi, là, on a pris ça sur son temps, là.
Allez-y, M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Vous êtes sévère, M. le Président.
L'Ordre
des médecins vétérinaires, les vétérinaires, là, sont des acteurs privilégiés dans
ce secteur d'activité là. On ne
pourrait pas l'appliquer, la loi, si vous n'étiez pas là, moi, je tiens à ce
que ça soit clair. On a besoin d'un lien de confiance gouvernemental
ordre des professions comme tel, l'Ordre des médecins vétérinaires.
Moi,
j'ai retenu vos propos sur l'article 14, vous m'avez dit... Parce qu'on
vous donne beaucoup de responsabilités, mais on vous en demande beaucoup, tu sais, il y a de l'échange
là-dedans, puis on a besoin de vous autres, je vous le dis carrément.
Vous me dites : L'article 14, on n'est pas d'accord parce que ça ne
se retrouve pas ailleurs, dans les autres juridictions,
c'est un fardeau que vous nous imposez que personne d'autre n'a imposé. Moi, je
vous l'ai dit au début, là, je ne
suis pas fermé à des modifications au projet de loi. Maintenant, on
m'indique — puis ça,
là-dessus, je souhaiterais que vous
nous reveniez, informellement ou formellement, là, ça sera déposé devant la
commission — vous me
dites... on a le même type d'article
au même but en Colombie-Britannique, articles 22.1 et 25.2 de la loi; en
Ontario, articles 11.3 et 19; au
Manitoba, articles 5.3 et 37.1(2). Donc, si mes informations sont
justes — puis je
suis toujours méfiant tant que je ne les
ai pas vérifiées puis que vous ne les avez pas vérifiées, etc. — et que, dans les autres sociétés
canadiennes, les vétérinaires ont ces obligations-là, est-ce que ça vous
réconforterait de les partager?
Le Président (M.
Morin) : Oui, M. Bergeron.
M. Bergeron
(Joël) : Mon intervention n'était pas à l'effet que dans les autres
provinces il n'y avait pas d'obligation de
rapporter les cas, au contraire. 2009‑2010, entre autres, Ontario et Manitoba
ont pris ce pas-là, qui avait déjà
été pris en 1993 par l'Ordre des médecins vétérinaires en déontologie. Donc,
l'ajout de l'obligation de dénoncer puis même le libellé plus large que ce que nous, on a dans notre code de
déontologie, c'est très bien. Cet ajout-là, il est, je vous dirais, parfait, on le maintient et on le veut. L'immunité
qui y est associée, elle est extrêmement importante pour les raisons que
je vous disais tantôt.
Ce qu'on souhaite qui
soit retiré, c'est les sanctions, les pénalités qui en découlent à
l'article 65 lorsqu'on fait référence à
l'article 14, justement. Et ces sanctions-là, ces sanctions pénales là,
moi, dans les vérifications que j'ai pu faire avec mes collègues des autres provinces, elles n'existent pas. C'est un
fardeau supplémentaire qui vient s'ajouter déjà au travail que les
médecins vétérinaires font, c'est cet aspect-là.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Je saisis la nuance, et on va faire les
vérifications.
M. Bergeron
(Joël) : Très bien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Si vous avez raison, on procédera aux ajustements
requis; si vous n'avez pas raison, on vous en informera. Puis on va
conserver l'échange parce que, je le répète, là, ça ne peut pas s'appliquer correctement, cette loi-là, si on n'a pas la
collaboration des vétérinaires, comme tel, et de l'ensemble de la population.
Et c'est une chaîne de collaboration qu'il
ne faut pas briser. Je pense que, si on l'obtient, on va avoir du succès; s'il
y a un maillon faible, on va avoir des problèmes.
Moi, ça va. C'était
ma question.
Le Président (M.
Morin) : Ça va? Est-ce qu'on a d'autres questionnements?
M. Chevarie :
Est-ce qu'il reste du temps?
Le Président (M.
Morin) : Oui. Un peu de temps, oui.
M. Chevarie :
Je vais prendre une question, M. le Président.
Le Président (M. Morin) :
Allez. Allez, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Chevarie :
Merci...
Le
Président (M. Morin) : Avant ça, M. Bergeron, j'aimerais
connaître votre collègue de gauche, là, pour les fins d'enregistrement.
M. Bergeron (Joël) : J'ai omis de
faire la présentation.
Le Président (M. Morin) :
Oui. Il n'est jamais trop tard pour bien faire.
M.
Bergeron (Joël) :
Certainement. Donc, à ma gauche,
Dr Simon Verge, qui est administrateur élu à l'Ordre des médecins
vétérinaires et praticien dans le domaine des grands animaux.
Le Président (M. Morin) :
Merci.
M. Bergeron (Joël) : Si j'ai la possibilité,
je lui permettrai de faire son intervention.
Le Président (M. Morin) :
Oui, ça va. Donc, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M.
Chevarie : Merci. Vous avez mentionné, durant votre exposé, que le
projet de loi était bien rédigé et même courageux. Bon, on sait que la province, et plusieurs personnes l'ont
mentionné... la province n'obtient pas la note de passage lorsqu'il est question de notre relation avec les
animaux domestiques ou encore la protection de ces derniers. Et vous dites
que le gouvernement est courageux, puis je
suis tout à fait d'accord avec ça. Je pense que le ministre a réellement une
ferme volonté d'intervenir et de faire
cheminer la réglementation pour augmenter le niveau de protection de l'ensemble
des animaux domestiques. Mais ma question
m'amène à ceci : Vous mentionnez cet élément-là parce que vous pensez
qu'il va y avoir beaucoup d'objections, beaucoup d'opposition au projet de loi?
Le Président (M. Morin) :
M. Bergeron.
M. Bergeron (Joël) : Oui. Écoutez,
dans un premier temps, les changements qui sont suggérés sont majeurs, sont
majeurs. Parler du statut juridique de l'animal — et je ne suis pas
juriste, alors je ne m'avancerai pas longtemps là-dessus — c'est
important, puis les modifications du Code civil qui couvrent l'ensemble du
droit civil québécois, c'est majeur.
Alors, c'est sûr que beaucoup de personnes ont été interpellées. Plusieurs vont
être satisfaites. D'autres vont avoir des interrogations, on en a
souligné quelques-unes.
Puis
peut-être, à cet égard, pour compléter cette information-là, je céderais la
parole à mon collègue, Dr Verge, où il y a des situations qui... vous le disiez, là, ça touche tous les
animaux, les animaux domestiques, animaux sauvages, animaux d'élevage, et il y a des choses que mon collègue,
qui travaille dans les grands animaux, pourrait aussi, là, vous préciser, là.
Le Président (M. Morin) :
M. Verge.
M. Verge
(Simon) : Pour répondre plus
directement à votre question, au
niveau des animaux de compagnie il y a eu
beaucoup d'efforts législatifs qui ont été faits dans les
derniers mois, mais je pense qu'il est important de comprendre
qu'on a un contrôle maintenant
dans les animaux d'élevage sur l'identification
permanente qui se fait de la ferme jusqu'à la table du consommateur, finalement, ce qu'on n'a pas au niveau des
animaux de compagnie, et, à mon sens et à notre sens, je pense que ça deviendra
important que le gouvernement, par sa législation, pense à imposer une
identification obligatoire au niveau des
animaux de compagnie. Quand on parle de bien-être animal, il faut être capable
de retracer le propriétaire d'un
animal. Il ne se promène pas avec un portefeuille. Il faut penser qu'on puisse
imputer la propriété d'un animal puis rendre responsables les gens qui
l'ont abandonné ou être capable de faire du retraçage de cette façon-là.
Au niveau de
la vente, je pense que ce serait important éventuellement que les chiens, les
chats soient identifiés pour que le commerce en soit permis.
Au niveau des
animaux de la faune, bien, évidemment il faudra continuer d'y penser. On
écoutait tantôt qu'on se retrouve un
peu devant un vide législatif face à ça, puis je pense que ce serait un point à
combler par la commission actuelle.
Au niveau des
approvisionnements sur le Web, il faudra penser également à ça, c'est devenu
une façon d'écouler des animaux et de
les anoblir quand ils proviennent d'origines plutôt douteuses. Tant qu'on
n'aura pas d'identification permanente, encore une fois, on se retrouve
devant un problème.
Au niveau des
cahiers de charges dans l'élevage des animaux de production, on se retrouve
également des fois avec une adéquation entre le bien-être animal, finalement,
puis le cahier de charges d'une production. On pensera parfois notamment à des élevages de type
biologique qui à cause d'un cahier de charges ne peuvent pas, par exemple,
utiliser des antibiotiques et se retrouvent devant le mur de ne pas pouvoir
traiter un animal ou de devoir le réformer, alors
que, moyennant certaines provisions, il y aurait possiblement moyen qu'il y ait
une prescription vétérinaire qui soit établie pour un animal en
particulier puis s'assurer de son bien-être, finalement.
Ça fait que, je pense, ça fait un petit peu le
tour des points qu'on voulait rajouter sur ce dossier-là.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. Verge. Oui, M. le député des Îles.
M.
Chevarie : Est-ce qu'il reste...
Le Président (M.
Morin) : Oui, vous avez amplement de temps, mon cher.
• (15 h 20) •
M.
Chevarie : O.K. Il y a
un élément qui m'a étonné dans votre mémoire que vous avez présenté. À la
page 8, l'avant-dernier
paragraphe, vous mentionnez : «À l'instar de certains événements
en médecine humaine, est-ce que le fait
que les animaux ne sont pas des biens mais sont doués de sensibilité [ou] ont
des impératifs biologiques permettrait à
un médecin vétérinaire de demander une injonction lors d'un refus de traitement
pour ces patients?» Et ça m'étonne
pour la raison suivante, c'est parce que
dans le réseau de la santé, particulièrement au Québec, on a le droit au refus
de traitement. Alors, ce n'est pas
quelque chose qui est différent, et ça ne le serait pas au niveau d'un animal,
parce que le patient peut refuser un
traitement, que ce soit pour des traitements de chimiothérapie ou d'autres
sortes de traitements, qui de toute
façon, s'ils ne les ont pas, vont entraîner probablement une mort imminente,
mais le patient a le droit de refuser ces traitements-là. Alors,
j'aimerais entendre votre justification dans ce sens-là.
Le Président (M.
Morin) : Dr Bergeron.
M. Bergeron (Joël) : Oui. Effectivement, notre intervention faisait un lien avec des
situations où il y a des conditions qui se sont retrouvées devant les
tribunaux, où, par exemple, pour des croyances religieuses ou autres, des gens refusaient une transfusion sanguine et
mettaient en péril, par exemple, la santé de leurs enfants ou des choses comme
ça. Alors, en considérant le fait... le flou
actuel où l'animal n'est pas un bien mais n'est pas une personne, si ce flou-là
est présent, est-ce qu'il y aurait ce
pouvoir-là de dire : Bien, l'animal, je ne veux pas qu'il souffre? Il a
une nature sensible, j'ai ce qu'il faut pour pouvoir le sortir de son
état de détresse. À qui je peux m'adresser? Actuellement, bien entendu, l'animal étant un bien, la décision revient au
client, et on comprend que globalement elle continuera à lui revenir, mais
il y a cette situation-là où l'animal,
actuellement, dans l'affirmation du Code civil, se retrouve, pour nous, dans un
certain flou. C'est dans ce sens-là qu'on faisait l'intervention.
M. Chevarie :
Merci.
Le Président (M.
Morin) : Ça va?
M. Chevarie :
Ça va.
Le Président (M.
Morin) : Merci beaucoup. M. le député de Berthier.
M. Villeneuve :
Merci, M. le Président. Écoutez...
Le Président (M.
Morin) : Vous avez 10 min 30 s.
M.
Villeneuve : Bien, écoutez, dans la même ligne, hein, vous le
dites, vous le reprenez, je reprends vos paroles dans le mémoire, là : «Les animaux ne seraient plus des biens, mais
ils ne deviennent pas des personnes au sens de la loi. L'animal se voit accorder un statut particulier,
tout en étant régi par des dispositions du Code civil applicables aux biens.»
Et tantôt on a parlé avec la personne avant
vous, Mme Lachance, et, bon, je pense que ça a été tout un débat, là. Ça
va être quoi, son statut? Puis là, à
force de discuter avec vous et avec la personne avant vous, on se rend compte
que ça va apporter... il y a beaucoup
d'inconnues dans l'avenir pour la suite des choses, c'est un peu ce que... Et
vous parlez, vous... Vous parlez même de répercussions des
interprétations des flous, vous venez de le dire, un flou à ce niveau-là.
On
fait quoi pour la suite? Parce que, là, projetons-nous dans l'avenir, disons
que le projet de loi est adopté et que c'est
ce libellé-là qu'on retient pour l'article 1. On fait quoi pour prévenir,
pour prévoir? Parce qu'on le sait, qu'il va y avoir plein de questions, plein de situations qui vont
se présenter et on n'aura pas nécessairement prévu cela. Est-ce que vous
proposez quelque chose pour justement s'assurer que ça se passe bien, ça va
bien se passer? Comment on procède?
Le Président (M.
Morin) : Dr Bergeron.
M. Bergeron (Joël) : C'est ce qu'on souhaite, que ça se passe bien, définitivement. Dans le
mémoire, on amène certaines
situations qui sont ressorties au fil des discussions qu'on a eues quand on
préparait tout ça, et puis l'essence même d'un changement aussi majeur
va se trouver dans la collaboration et dans les échanges. On parlait tantôt de
lien de confiance, M. le ministre l'a bien...
Si le lien de confiance est là en intégrant dans le processus de ce qui va
venir... Parce qu'il va y avoir lieu
de tenir des échanges, des discussions, il faut que les principaux partenaires
soient consultés, soient pris en
compte. Alors, qu'il y ait des groupes de travail qui soient mis en place,
qu'il y ait des... ou autres formes de comité, c'est ce qu'on souhaite.
Le
travail qui a été fait, le... je vais plutôt dire la première étape qui a été
franchie en déposant ça laisse maintenant la porte ouverte à un éventail
d'opportunités, mais ces opportunités-là vont demeurer des opportunités
positives dans la mesure où on va tendre
vers notre objectif commun. Alors, cette concertation-là, cette
collaboration-là, il faut que le gouvernement
choisisse de faire appel aux gens qui sont sur le terrain, que ce soient les
professionnels, que ce soient les producteurs,
que ce soient les gens qui travaillent dans les refuges, c'est eux qui ont les
deux pieds dedans, pour savoir vraiment qu'est-ce qui se passe avec nos
animaux.
Le
Président (M. Morin) : Oui, M. Verge.
M.
Verge (Simon) : J'oserais dire que, les productions animales,
maintenant, le bien-être animal, c'est un consensus multidisciplinaire qui doit se faire au niveau du
bien-être. On travaille beaucoup, comme vétérinaires, avec des collaborateurs
de toutes professions, de toutes formations,
puis le souci doit être commun, et l'information doit circuler, puis on doit
arriver à monter des protocoles qui soient adéquats en vertu du bien-être
animal.
M.
Villeneuve : ...je ne sais pas si vous avez regardé aussi
l'aspect assurances. Tu sais, tantôt vous disiez, bon : Il y a aussi le refus. Le patient, ce n'est pas
lui qui va refuser, mais le propriétaire va refuser le traitement. Mais avez-vous
pensé aussi au niveau assurances?
Je
vous donne un exemple. Moi, j'ai un poney et j'ai un cheval, je m'en confesse.
Ça me coûte 30 $ par année, les
assurer, chez moi. Est-ce que ça pourrait avoir une incidence sur les
assurances? Parce que, là, on tombe dans un... Vous le dites vous-mêmes, il y a un flou, là, et donc il faut prévoir,
dans la mesure du possible, les différentes possibilités où les choses
vont bouger peut-être, là.
M. Bergeron
(Joël) : Pour préciser, vous parlez des assurances pour couvrir les
soins aux animaux?
M. Villeneuve :
Assurance responsabilité, assurance... Bien, assurance responsabilité entre
autres, là.
M. Bergeron (Joël) : Actuellement, de toute façon, comme professionnels, pour les vétérinaires — et,
j'oserais penser, pour l'ensemble
du système professionnel — chacun
est tenu de détenir une assurance responsabilité professionnelle.
M. Villeneuve :
Oui, tout à fait.
M. Bergeron (Joël) : Et c'est bien sûr
que, pour les raisons qu'on disait tantôt, l'émotivité, la valeur intrinsèque que l'animal peut prendre maintenant,
on ne s'en cachera pas, ça va influencer le coût des assurances responsabilité des médecins vétérinaires, c'est clair. Et donc ça, oui, on y a
songé, on y a pensé.
Pour revenir à la question
du refus des soins tantôt, oui, on pourrait souhaiter, petite parenthèse du
mémoire d'aujourd'hui, souhaiter que les
gens puissent avoir accès à de l'assurance pour les soins de leurs animaux
parce que, dans la mesure où le
bien-être dépend de la santé des animaux, s'ils peuvent avoir l'apport et le
soutien financier nécessaire, bien ça leur donne accès aux meilleurs
services possible.
M.
Villeneuve : Donc, beaucoup de vigilance pour la suite des
choses, là, advenant l'adoption du projet de loi. O.K.
M. Bergeron
(Joël) : Collaboration. Pour moi, le point majeur, c'est collaboration.
M.
Villeneuve : Collaboration, oui, tout à fait, je suis d'accord avec vous. Collaboration, vigilance et
puis rester aux aguets, parce que
les choses vont évoluer peut-être rapidement aussi, là. Puis, oui, ça va
bien aller, comme vous disiez tantôt, je suis tout à fait d'accord avec
vous.
J'ai abordé le sujet
suivant, et vous en parlez dans votre mémoire, concernant... Vous dites, l'article 63,
donc, qu'«il serait opportun de ne pas limiter l'application de la loi seulement
aux codes utilisés en élevage», mais de l'appliquer
aussi en recherche et enseignement. Et Mme Lachance, puis, si jamais je ne
la cite pas comme il faut, là, elle me
corrigera, là, mais elle disait que souvent les tribunaux, ils disent :
Bien, c'est selon les pratiques utilisées dans le milieu, c'est les bonnes pratiques, puis on peut se fier à
ça, mais elle amenait une certaine réticence tout en disant : Bien,
écoutez, peut-être qu'il faudrait que
ce soit fait différemment mais pas seulement laissé au milieu, pour établir les
bonnes pratiques. Ça, c'est une
chose. Mais, l'autre chose, vous, vous dites : Par rapport au projet de loi, nous, on ajouterait aussi recherche scientifique.
M. Bergeron (Joël) : En fait, le Conseil canadien
de protection des animaux, qui couvre justement les aspects de la recherche, ont des codes de pratique, ont élaboré des codes de
pratique qui sont précis, qui sont importants, alors... Et ils ne semblaient pas mentionnés ou inclus, du moins explicitement,
dans le mémoire. Donc, ce serait ce type de code là.
Pour
le reste, les codes de pratique qui sont mis en place, qui sont élaborés, c'est
des codes de pratique, justement,
qui sont faits par consensus
par l'ensemble des partenaires et des intervenants, donc
souvent, justement, par les gens qui sont du milieu. Si la volonté exprimée par le gouvernement — puis
c'est ce qu'on sent maintenant — est
de tirer tout ça vers le haut, le reste des codes de pratique, qui sont
appelés à évoluer, à s'améliorer, vont suivre ce cheminement-là.
Donc,
je pense, moi, pour cet aspect-là, sur l'ensemble des codes de pratique qui
existent et qui sont appelés à évoluer,
le chemin qu'on leur montre à partir de maintenant va guider justement vers une
amélioration encore plus grande, déjà qu'il y en a eu, et qui suivra.
M.
Villeneuve : D'accord. Je vous amène à un autre point :
«L'article 41 établit des circonstances où un animal risquant d'être soumis à des souffrances
importantes pourrait nécessiter d'être euthanasié.» Vous, c'est assez clair
dans votre mémoire, vous dites : Écoutez, il faut absolument qu'un
vétérinaire soit... parce qu'il y a des produits qui sont utilisés qui peuvent, si la personne ne les
connaît pas exactement, n'a peut-être pas la... non pas la nature du produit
mais comment l'administrer, ça peut peut-être faire l'effet inverse,
finalement, qu'au lieu de soulager l'animal on peut peut-être se retrouver dans
une situation traumatisante, sinon... pour ne pas dire plus, au niveau de
l'animal.
Vous
voyez ça comment? Parce que... Est-ce que vous seriez prêts à aller jusqu'à
dire : Bien, écoutez, si la loi prévoit
mais de façon exceptionnelle que cela se fasse, pour des raisons vraiment exceptionnelles...
Vous seriez ouvert à ce genre-là...
Parce qu'il y aura toujours des moments exceptionnels, mais encore faut-il les
baliser, s'assurer que ça ne devienne pas la règle, que l'exception ne devienne
pas la règle non plus et puis qu'il y ait un dérapage. Alors, comment on peut
éviter cela?
• (15 h 30) •
M. Bergeron (Joël) : Bien,
j'apprécie parce que vous rejoignez en fait l'esprit qu'on veut donner dans
notre intervention sur cet aspect-là, parce
que, comme de raison, on ne voudrait jamais risquer de mettre en péril un
animal qui l'est déjà parce qu'on va
retarder son euthanasie, ou l'abattage, ou peu importe. Mais, vous le dites
bien, il faut que ce soient des
situations exceptionnelles. Donc, on
ne pourra pas s'opposer à des dispositions qui indiqueront que le médecin vétérinaire a été consulté, il est peut-être
à deux heures de route, on ne dispose pas de ce temps-là, mais qu'il puisse au
moins... tous les efforts sont mis de l'avant pour s'assurer que, ce qui va se
passer pour cet animal-là qui est déjà en détresse,
on ne viendra pas aggraver sa situation.
Puis le médecin vétérinaire est en
mesure de donner toutes les informations nécessaires. Idéalement, il pourra y procéder lui-même,
mais sinon, au moins, qu'on ait fait tous les efforts nécessaires
et qu'on s'assure de ne pas le laisser souffrir davantage. Ça, on en est bien
conscients.
M. Villeneuve : D'accord. Il
me reste quelques minutes, monsieur...
Le Président (M. Morin) :
Oui, deux minutes.
M.
Villeneuve : Deux minutes? Rapidement. Abattage religieux, on
l'a abordé tantôt, Mme Lachance nous disait qu'elle ne verrait pas de problème à ce que dans le projet de loi on
pourrait l'inclure spécifiquement, que l'animal soit insensibilisé avant
un abattage dit religieux. Vous voyez ça comment, au niveau de l'ordre?
M.
Bergeron (Joël) : Il y a
quatre ans, l'Ordre des médecins vétérinaires avait organisé un programme
professionnel, c'est un programme en
préambule de notre congrès qui touchait justement la place des animaux dans la
religion et dans la société, et on a
abordé justement le sujet de l'abattage rituel. Je vous dirais que, pour
l'ensemble des médecins vétérinaires, ce type d'abattage là sans
insensibilisation ne devrait pas avoir sa place.
M. Villeneuve : Ne devrait
pas avoir sa place?
M.
Bergeron (Joël) : Ne devrait
pas avoir sa place. Je ne vous cacherai pas qu'on ne s'est pas prononcés parce
qu'on est tout à fait conscients de ce que
représente... et j'ai la même réserve que Me Lachance par rapport à ça,
parce qu'on sait le côté sensible de
ce sujet-là pour les gens de diverses religions, mais les douleurs, et le
stress, et l'anxiété qui sont induits
à l'animal lors de ces situations-là, malgré tout ce qui peut être dit pour
améliorer les situations, à notre avis, ça ne devrait pas avoir sa
place.
M. Villeneuve : M. le
Président, un petit commentaire tout simplement.
Le Président (M. Morin) :
Allez. Vous avez...
M.
Villeneuve : Mme Lachance, tantôt, précisait qu'elle avait
consulté des gens au niveau des différentes religions, et insensibilité
serait correct, selon ce qu'on a pu comprendre tantôt de Mme Lachance.
Alors, bien, moi, je vous...
M. Bergeron (Joël) : Ce qui serait une
bonne nouvelle.
M. Villeneuve : D'accord.
Bien, je termine là-dessus. Merci.
Le
Président (M. Morin) : Il reste un petit peu de temps. Vous
vouliez intervenir tantôt sur la recherche. Courte, courte...
M. Verge
(Simon) : Oui. Je voulais juste compléter la réponse à la question du
député à l'égard des protocoles de
recherche, mais je pense que la discussion... la mise en place d'une
réglementation dont on parle, au niveau du bien-être animal, va mettre
en lumière le fait qu'il y a des protocoles qui devraient être révisés
également dans les productions animales, où
on se retrouve parfois dans des flous juridiques où il y a des interventions
qui sont faites par des éleveurs mais
sans nécessairement avoir de protocoles qui ont été établis par un médecin
vétérinaire à l'égard de la douleur ou de tout autre aspect. Il y a des choses qui ont été tolérées au travers des
années, mais, à un moment donné, à la lumière d'une réglementation comme
ça, il y aura des révisions de protocole qui devront être faites. Merci.
Le Président (M. Morin) :
Merci. Mme la députée de Mirabel. Je sens que M. Bergeron voulait
intervenir encore là-dessus, mais je vous laisse la parole.
Mme
D'Amours : Bien, en fait, peut-être qu'il pourrait répondre à mon
questionnement. Tout à l'heure, Mme Lachance
nous a mentionné qu'une industrie agricole, une industrie... faisait ses
propres recommandations. On sait que l'industrie du porc, là, qui doit
nécessairement aussi arriver avec les demandes des grandes chaînes de
restauration et... Bon, je sais qu'on
fait état non de l'animal mais plutôt de l'industrie, mais ils exigent que les
porcs soient élevés... soient libres ou semi-libres, donc ils s'adaptent
à l'industrie, la demande de l'industrie. On sait aussi qu'il y a une
progression, chez les truies en gestation, qu'elles soient aussi libres.
Je vous parle
de l'industrie porcine. Il y a aussi l'industrie du poulet où eux sont élevés
dans des couvoirs, où ils ne peuvent pas sortir parce qu'on a peur des
maladies, entre autres la grippe aviaire, et tout ça.
Comment on va
faire pour voir son bien-être, à ce poulet-là ou à ce porc-là qui soit est
élevé semi-libre ou qui ne peut pas
être libre? Comme, le poulet qui ne peut pas être libre, bien on rêve tous
d'avoir des poules dans notre cour qui
mangent de l'herbe, qui donnent des bons oeufs, mais la réalité, ce n'est pas
ça. Alors, comment on va articuler tout ça avec les producteurs sans
qu'ils ne soient mal pris à essayer d'envoyer 3 000 poulets manger de
l'herbe?
M.
Bergeron (Joël) : Merci de
votre question. La situation est complexe, elle est très complexe. Je l'ai
mentionné en présentation, on a l'occasion, nous, de siéger avec des
gens de tous les secteurs, particulièrement au niveau de la stratégie québécoise, où il y a des éleveurs, des
producteurs, il y a des gens des transports, de la transformation et tout.
Ce qu'on a pu voir, puis vous l'avez mentionné, il y a eu beaucoup
d'améliorations qui ont été apportées.
Pour ma part, si on rentre dans un processus de
concertation et de collaboration, il y aura toujours, à ce
moment-là, possibilité d'évaluer quelles sont les raisons. Il faut
comprendre aussi qu'est-ce qui avait
amené la création de ces cages. Oui,
il y a eu une forte montée de la production industrielle, au détriment du
bien-être animal. On s'aperçoit maintenant qu'il y a moyen de bien faire la production, en termes de ressources
économiques, tout en respectant de plus en plus le bien-être animal, et c'est là que c'est important,
c'est là que l'apport des gens qui sont sur le terrain va être important.
Vous parlez
des poules qui sont laissées en liberté. C'est ce qu'on souhaite. Par contre,
il faut comprendre... Et là c'est le
médecin vétérinaire qui vous répond. Même si ce n'est pas mon secteur de
pratique, je sais que la poule en liberté va être beaucoup plus à risque de se blesser, même si des fois les cages
sont trop petites, mais va pouvoir être plus à risque aussi d'attraper des parasites, elle va picorer un
peu partout, elle va picorer un peu partout dans le champ, même chose pour les animaux qui sont laissés en liberté. Il y
a toute une question de biosécurité aussi de laquelle on doit tenir compte
parce qu'ultimement on termine avec la
question de la salubrité et de la qualité des aliments qu'on veut mettre dans
notre assiette. Alors, c'est cette
concertation-là qui est importante parce que les consommateurs sont de plus en
plus exigeants, et l'industrie
elle-même, sur la notion de bien-être animal, mais il faut aussi garder en tête
qu'il faudra s'assurer que la biosécurité est respectée, la salubrité et
la qualité des aliments également.
Mme D'Amours : Selon vous, le projet
de loi qui est sur la table, est-ce que ça fait en sorte qu'on va se
conscientiser à ce phénomène-là ou si le bien-être animal est préconisé?
M.
Bergeron (Joël) : Moi, je
dirais qu'on va y arriver avec une conscientisation claire et nette. Les gens
que je côtoie pour les comités que je
vous parlais tantôt en sont tout à fait conscients. Du côté de la médecine
vétérinaire, je l'ai mentionné, c'est
clair et net; santé et bien-être animal, c'est au coeur même de notre
profession. On a le privilège d'accompagner
ces gens-là dans leurs décisions en apportant des notions de médecine
préventive. On parle de médecine industrielle; on pourrait parler des
centres de réhabilitation de la faune, on pourrait parler de médecine de
refuge, où actuellement il y a énormément de
travail à faire également, et le médecin vétérinaire a la possibilité d'être
présent et doit être présent. Malheureusement, à cause de certaines
contraintes, il n'y est pas toujours. Mais tout ça, que ce soit la médecine, la production des animaux, que ce soient
les centres de réhabilitation de la faune, que ce soit la médecine de
refuge, c'est le centre même. Ce qu'on affirme, là, que l'animal est de nature
sensible, pour moi, ça ne peut pas faire autrement
que ça va nous amener dans ces prochaines étapes là que vous souhaitez, que
vous exprimez, avec lesquelles... et que je partage.
Mme D'Amours : Ma collègue aurait
une question, M. le Président.
Le Président (M. Morin) :
Oui, allez-y, Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy : Bonjour. Alors, merci
d'être ici.
Le bien-être des animaux, c'est parfois
subjectif, hein? Si on regarde quelqu'un qui habite en ville versus un producteur, un agriculteur, on va avoir parfois
deux façons différentes de voir l'animal. Pensez-vous que ça peut causer
des problèmes?
Tantôt, vous
parliez de code de bonne pratique. Concernant les codes de bonne pratique des
éleveurs, il y a un article qui parle
de l'amputation de la queue de l'animal, dont la vache laitière. On sait que
les agriculteurs mettent un élastique sur la queue de la vache, qui fait
en sorte qu'elle sèche puis elle tombe. J'aimerais vous entendre sur cette pratique-là parce que je me suis fait interpeller,
hein, je suis dans le secteur où est-ce qu'il y a beaucoup d'agriculteurs.
Plusieurs producteurs laitiers mettent en pratique l'amputation de la
queue pour la raison que justement, la queue, pour
ceux qui s'y connaissent moins, la queue de la vache, elle trempe dans les
excréments, puis eux autres, après ça, ils ont ça dans la figure, tu sais. Alors, parlez-moi de ça, parce que j'ai
consulté quelques médecins vétérinaires, puis eux autres me disent : Bien non, il n'y en a pas,
de problématique, comme tel, tu sais, il n'y a pas de danger, puis ça ne fait
pas souffrir l'animal non plus. Donc, j'aimerais vous entendre sur ça.
• (15 h 40) •
Le Président (M. Morin) :
J'ai besoin d'une réponse courte et précise.
M. Verge (Simon) :
Je pense qu'il faut faire, à quelque part, un petit peu confiance à l'industrie
au niveau de l'amélioration de la condition
de vie des animaux, en ce sens que depuis plusieurs années les conditions, par
exemple, dans les étables se sont
beaucoup améliorées au niveau ventilation, au niveau confort des animaux. C'est
des pratiques qui ont eu cours, qui sont de moins en moins tendance, je
dirais, et qui sont possiblement appelées à disparaître aussi. Il y a des attaches de queue, il y a toutes sortes
de dispositifs qui se font autres que ça. C'est sûr que la méthode qui est appliquée, le moment où c'est fait peut avoir un rôle à jouer sur le
fait... sur le bien-être animal, finalement, mais il faut se dire que l'industrie a intérêt, face aux
consommateurs aussi, à présenter l'image d'un animal qui est gardé dans de
bonnes conditions. Puis ils réalisent
de plus en plus aussi que l'amélioration des conditions de vie des animaux
travaille pour eux, en bout de ligne on a une meilleure productivité.
Mme Soucy : Est-ce que c'est l'image
ou c'est scientifique? Moi, ma question, c'est : Est-ce que c'est
scientifiquement...
Le Président (M. Morin) : Mme
la députée de Saint-Hyacinthe, je suis obligé...
Mme Soucy : Le temps est terminé?
Alors...
Le
Président (M. Morin) :
Je veux laisser un petit peu de temps au Dr Bergeron, mais très minime,
parce que le ministre avait quatre minutes dans son REER puis veut
l'utiliser, mais j'ai besoin du consentement.
M. Bergeron (Joël) : Peut-être en
complément de ce que disait Dr Verge... Et, dans le mémoire, vous aurez l'occasion de voir que l'ordre, en 2010, a pris
position sur diverses chirurgies esthétiques, dont la caudectomie. Alors,
pour nous, autant chez les chevaux que chez
les bovins, chez les chiens également, c'est une pratique où on suggère à nos
membres de la cesser.
Mais on n'est
pas passés par le bannissement de cette pratique-là parce qu'il y a
une sensibilisation, une éducation
qui doit se faire parce qu'il y a
des habitudes qui ont été prises, et c'est dans ce travail-là de
sensibilisation et d'éducation
qui est extrêmement important
qu'on va réussir graduellement à... Les pratiques changent, et on n'a plus
besoin de le faire, de moins en moins certainement. Alors, on voit que
ça, ça s'estompe. C'est dans ce principe-là qu'on travaille.
Le Président (M. Morin) :
Merci, docteur. C'est bien, une bonne réponse courte. M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui,
deux sujets. Pour l'ensemble des membres, pour l'application comme telle des
articles de loi, vu qu'on s'est inspirés de ce qui se passait en Europe pour la
définition du statut de l'animal, avec vos équipes de recherche vous
pouvez regarder, là, l'Autriche, c'est depuis 1988 qu'ils l'ont, donc il y a eu
des applications devant les tribunaux qui
peuvent donner des pistes d'éclairage, comme tel. L'Allemagne, c'est depuis
1990; la Suisse, depuis 2002. La
France, je pense que c'est trop récent, là, pour qu'il y ait
de la jurisprudence, comme tel, c'est 2015,
mais les trois premiers pays dont on s'est inspirés il y a déjà de
la jurisprudence. Maintenant, dans les provinces canadiennes qui sont
l'Ontario, le Manitoba et la Colombie-Britannique, il y a également de la
jurisprudence qui peut nous donner un éclairage sur ce qui va arriver dans
l'application, quand on s'est inspiré, là, de ces éléments-là.
Peut-être un dernier mot pour l'Ordre des médecins
vétérinaires. Moi, je tiens à vous remercier. Je ne veux pas vous comparer avec aucun autre ordre professionnel,
mais disons que vos membres sont disponibles et font des visites à
domicile.
Le
Président (M. Morin) :
Merci. Dr Bergeron, M. Verge et M. Gagné, merci beaucoup. C'était un mémoire très intéressant, des bons échanges. Merci.
Bon retour à la maison.
Je suspends quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 43)
(Reprise à 15 h 46)
Le Président (M. Morin) :
Nous reprenons nos travaux et par le fait même nous recevons le Conseil de la transformation alimentaire du Québec.
Donc, Mme Cloutier, si vous
voulez bien vous présenter, présenter
les personnes qui vous accompagnent et nous présenter votre mémoire.
Vous avez 10 minutes.
Conseil de la
transformation alimentaire du Québec (CTAQ)
Mme
Cloutier (Sylvie) : Alors,
Sylvie Cloutier, du Conseil de la transformation alimentaire du Québec.
Je suis accompagnée de Jean-Patrick
Laflamme, qui est notre vice-président aux affaires publiques, et de M. Stéphane
Beaudoin, qui est expert-conseil en bien-être animal pour l'industrie alimentaire.
Très brièvement,
le CTAQ est un regroupement d'associations sectorielles. Nous avons à peu près
500 membres, tous des
transformateurs alimentaires ou à peu
près ou des fournisseurs
d'ingrédients et autres. Le but de notre regroupement, c'est évidemment
de représenter les intérêts de l'industrie de la transformation alimentaire québécoise.
Merci
aux membres de la CAPERN de nous recevoir aujourd'hui, M. Paradis, MM. et
Mmes les députés. On accueille favorablement
le projet de loi et on tient à souligner que l'industrie de la transformation alimentaire québécoise a à coeur les
bonnes pratiques en matière de bien-être animal par le souci de ses membres à évoluer dans
un cadre humain en regard à la santé et au bien-être des animaux dans la
pratique quotidienne de leurs activités.
On
voulait quand même apporter certains éléments au projet de loi présenté. Par exemple, on est d'avis que, pour maximiser la portée de cette loi éventuelle et de
s'assurer du respect des entreprises interpellées, certaines précisions doivent
être apportées quant aux dispositions de la loi en ce qui a trait
notamment à l'encadrement éthique des inspecteurs et des enquêteurs, la formation adéquate en matière de transport avec les normes et règlements
en vigueur ailleurs au Canada
et finalement l'éclaircissement de certains aspects sur les dispositions réglementaires impliquant entre autres les acteurs de
proximité.
Alors, je vais céder
la parole à Jean-Patrick pour la première partie.
M.
Laflamme (Jean-Patrick) : M. le ministre, M. le Président et votre équipe, membres de la commission,
bonjour.
Alors,
comme l'a mentionné Sylvie, en fait, le premier élément était d'élaborer,
premièrement, un code d'éthique
pour les inspecteurs et enquêteurs, donc le
CTAQ est en faveur de la description des interventions dictées dans le
chapitre IV, sections I et
II, relatif aux inspections et enquêtes. Par ailleurs, il serait avisé de
définir le cadre dans lequel les inspecteurs et enquêteurs évolueront et de définir certaines balises éthiques de ces
fonctions. Le CTAQ, donc, privilégie une approche intégrée d'un code d'éthique pour les inspecteurs
et enquêteurs dont les exigences et recommandations seraient à valider par les acteurs de l'industrie
pour les éléments de la loi qui les concernent.
Dans
le domaine de la production de protéine animale, les enjeux de bien-être
sont importants pour l'animal et pour
l'industrie. Donc, l'objectif d'une telle mesure est d'intervenir afin d'éliminer
les abus et de favoriser une prise en charge
responsable par l'industrie. Le choix final de la force d'inspection devra
tenir compte du risque de tomber dans la subjectivité de la part des inspecteurs et des enquêteurs et le risque
d'influence partisane ou philosophique en opposition avec l'essence de l'industrie
et l'essence de la loi elle-même.
En ce sens, et pour
faciliter le rôle du législateur à encadrer l'éthique des inspecteurs et des
enquêteurs, il est suggéré qu'il soit établi
un lien de proximité entre les auteurs du cadre légal et les membres de l'industrie agroalimentaire afin d'établir un cadre éthique adéquat auquel
devront s'assujettir les inspecteurs et enquêteurs mandatés par le gouvernement. Les éléments que le CTAQ aimerait notamment valoriser sont la
compétence des inspecteurs, les critères de sélection — pour
les inspecteurs, évidemment — la
promotion des produits de viande, donc que les inspecteurs soient au fait que l'industrie privilégie la promotion des produits de viande saine et de qualité
provenant d'animaux bien traités, et
que l'immunité n'exclue pas la possibilité d'arbitrage. Donc, nous recommandons que les
inspecteurs et enquêteurs mandatés par le gouvernement travaillent dans le
respect de normes de travail irréprochables dictées par une approche concertée en vertu d'un code d'éthique pour les
inspecteurs et enquêteurs afin de préserver l'intégrité liée à leurs fonctions
respectives et de définir les facteurs extérieurs qui pourraient altérer leur
jugement dans l'exercice de leur travail.
J'inviterais Stéphane
à élaborer, là, sur la question de la formation adéquate en transport.
• (15 h 50) •
M. Beaudoin
(Stéphane) : Merci. Bonjour, M. le ministre, M. le Président, membres
de l'équipe.
Donc,
en ce qui a trait à une formation adéquate au transport, plusieurs entreprises
membres du CTAQ font de la formation
professionnelle en bien-être animal une priorité. Le programme d'agrément de
transport canadien d'animaux d'élevage, communément appelé le CLT, d'où
l'acronyme anglais, existe dans les principales espèces d'animaux d'élevage transportées au Canada. Le CLT est un
programme normalisé qui offre un agrément reconnu partout au Canada et aux États-Unis. Ce programme est une initiative
de l'industrie du transport des animaux d'élevage en vue d'assurer une
responsabilisation accrue et une amélioration des pratiques de manipulation des
animaux. Un nombre croissant d'installations
de transformation en Amérique du Nord exigent une preuve de compétence ou un
agrément en transport de bétail et de
la volaille; le programme CLT répond à cette exigence. Pour l'heure, la
certification n'est pas une obligation réglementaire,
mais de plus en plus d'installations exigent une preuve de compétence. Le
programme d'agrément CLT est reconnu partout en Amérique du Nord.
Le
bien-être des animaux soumis au transport, pour toute espèce transportée,
constitue une responsabilité partagée, on
tient à le souligner. Cette responsabilité incombe aux producteurs, aux équipes
de capture des volailles, aux transporteurs, aux abattoirs ainsi qu'à tout autre intervenant impliqué dans la
décision de mettre en transport un animal, on peut penser aux encans, aux commerçants d'animaux aussi, sans
les nommer plus précisément. Une compréhension et une formation uniformisée telles qu'offertes par le CLT
constituent un premier pas vers l'atteinte des objectifs à l'égard du bien-être
des animaux d'élevage que l'on doit
obligatoirement transporter au cours du processus de production, c'est un
incontournable.
Le
secteur de la volaille, entre autres, a déjà emboîté le pas avec des formations
CLT et a aussi développé une formation
spécifique à son secteur, toujours en lien avec le bien-être animal. Cette
dernière formation aborde différents aspects
tels que les lois et les règlements liés au transport, les effets du stress lié
au
transport sur la qualité de la
viande, les audits, les manipulations
appropriées et l'identification de ce qu'est un animal ou un oiseau apte au
transport selon la Politique sur les animaux fragilisés. Le Règlement
sur la santé des animauxinterditde charger, faire charger ou de
décharger ou de faire décharger des animaux de manière à leur infliger des
blessures ou des souffrances inutiles.
Donc,
la recommandation du CTAQ : Le CTAQ est d'avis que le présent projet de
loi doit permettre à l'industrie de
développer ses propres formations en bien-être animal selon ses besoins
spécifiques et doit respecter le cadre établi par le Règlement sur la santé des animaux et s'assurer
que tous les maillons impliqués dans son approvisionnement adhèrent à
des formations portant sur le bien-être et le transport des animaux.
Mme Cloutier (Sylvie) : Maintenant, concernant le partenariat avec les acteurs de
proximité, il est mentionné à l'article 4,
alinéa un, que «toute disposition d'une loi accordant un pouvoir à une
municipalité ou toute disposition d'un règlement
adopté par une municipalité, inconciliable avec une disposition de la présente
loi ou d'un de ses règlements, est inopérante, à moins qu'elle n'offre
une plus grande protection à l'animal». Également stipulé dans le
chapitre VI, article 60, que «le
ministre peut conclure, avec toute personne ou organisme, y compris une
municipalité, une communauté métropolitaine ou l'Administration
régionale Kativik, une entente établissant un programme d'inspection concernant
l'application de la présente loi».
D'une
part, le CTAQ croit effectivement que la proximité des acteurs favorise un
meilleur contrôle des pratiques en
bien-être animal. D'autre part, nous formulons une préoccupation quant au
caractère arbitraire qui semble se dégager de tels énoncés. Nous croyons
au principe de consensus lorsqu'il est question d'arbitrage... d'activités
liées à la transformation alimentaire, notamment dans le secteur de l'abattage.
Le CTAQ endosse et promeut l'utilisation des différents
codes de bonne pratique et des lois et règlements du fédéral. Nous croyons à
cet effet que, dans l'intérêt
des producteurs et du public
québécois, tous les programmes d'inspection relatifs à la transformation
alimentaire et les normes doivent
être le fruit d'un consensus... d'une concertation, plutôt,
et d'un consensus des différentes parties prenantes, incluant les acteurs de l'industrie. Nous recommandons donc
que les normes établies par la législation canadienne fassent préséance et qu'elles soient reconnues dans le présent
projet de loi afin d'éviter toute confusion. De plus, il est recommandé que
les inspecteurs et enquêteurs mandatés par les acteurs de proximité soient
assujettis au même code d'éthique qu'on recommandait dans le point n° 1.
Donc, en conclusion, le CTAQ est d'avis que le bien-être
animal est un enjeu sociétal important, que des balises qui favorisent la
cohérence, la clarté et la prévisibilité des actions devraient être définies
quant à la disposition du gouvernement à encadrer les inspecteurs et enquêteurs relevant
de la loi et d'identifier un code d'éthique définissant des facteurs qui
pourraient altérer le jugement de ces derniers. Il est donc suggéré que
l'inspection devrait favoriser un personnel compétent, impartial et axé sur une
approche scientifique, tels les vétérinaires et inspecteurs du MAPAQ.
Le
CTAQ reconnaît également l'importance
du bien-être animal dans les pratiques de l'industrie de la transformation
alimentaire, particulièrement de ses membres. À cet effet, la responsabilité de
l'industrie à former son personnel sur le
bien-être des animaux facilite la mise en place de techniques s'inspirant des
meilleures pratiques, basées sur des normes canadiennes et internationales.
Enfin, le CTAQ est
d'avis que les normes établies par la législation canadienne, soit l'ACIA,
doivent avoir préséance et doivent être
reconnues dans le présent projet de loi afin d'éviter toute confusion entre les
acteurs de proximité, telles les municipalités, dans l'élaboration de
leurs programmes d'inspection. Je vous remercie.
Le
Président (M. Morin) : Merci, Mme Cloutier. Ça arrive
juste dans le temps, je vous félicite. J'avais envie de dire :
«Bull's-eye!» M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : C'est rare que quelqu'un a des félicitations
du président, prenez-le pendant que ça passe.
Trois
éléments. Peut-être, avant les trois éléments, une introduction. On
est conscients qu'il faut bouger comme société, et je pense
que vos membres également, vous l'êtes. Il y a un aspect commercial, et
le consommateur, où qu'il se trouve
sur la planète aujourd'hui, veut savoir que le produit qu'il achète a été, comment je pourrais dire ça... il vote
avec son portefeuille, a été correctement élevé, etc., et je pense que
là-dessus on a tout avantage à progresser.
Maintenant, il y a
trois éléments sur lesquels j'aimerais avoir un petit peu plus d'éclairage de
votre part. Le premier est en lien avec les
inspections. C'est clair que, si on a une nouvelle législation, une nouvelle
réglementation, ça prend de la
formation pour les inspecteurs puis ça prend une application qui est soit
correcte, mais, dans l'état actuel du dossier, comment comparez-vous nos
systèmes d'inspection avec ceux de l'agence canadienne?
Mme
Cloutier (Sylvie) : Je vais
laisser l'expert vous répondre, mais, comme vous savez, la plupart des
entreprises qui exportent actuellement sont sous l'Agence canadienne d'inspection des aliments, et je peux
vous dire que ce sont... il y a des codes de bonne pratique, des guides, les
inspecteurs sont directement dans les usines, les abattoirs à temps plein.
Alors, je vais quand même laisser la suite des choses à Stéphane.
Le Président (M.
Morin) : ...
M.
Beaudoin (Stéphane) : Oui.
Les inspections qui sont faites présentement, à ma
connaissance, sont faites surtout dans les cas où il y aurait des
problématiques en bien-être animal, il n'y a pas rien qui est fait d'emblée, de
façon systématique qui est mis en place. À
ma connaissance, ce qui est sous juridiction du MAPAQ va être ce qui se passe à
la ferme, aux encans d'animaux, ces endroits-là. Ce qui...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...si vous permettez, les abattoirs de proximité.
M. Beaudoin
(Stéphane) : Oui, oui, les abattoirs de type B, oui, absolument,
ou les plus petits abattoirs.
Donc,
le premier commentaire serait que peut-être
avec plus d'effectifs on pourrait
faire plus, au niveau du MAPAQ. Je n'ai pas de message, là, d'aucun employé du MAPAQ ici, mais, si on
avait plus d'effectifs, on pourrait peut-être arriver, du côté élevage, du côté
commercial, à faire un petit peu plus que juste y aller dans les cas de
problématique.
Je suis de ceux qui croient qu'on ne peut
améliorer ce qu'on ne mesure pas. Donc, si on ne mesure pas, en élevage, si on n'a pas des façons d'évaluer le bien-être
animal, c'est difficile de le faire progresser. Dans votre cas, dans le cas du système
qu'on a actuellement, c'est surtout dans les cas d'abus. Puis c'est toujours
ça qu'on veut améliorer, le bien-être, on veut enrayer les abus en bien-être
animal.
Je
crois que le MAPAQ rend bien son mandat présentement. Dans l'esprit de
votre loi, ce que j'en comprends, c'est
qu'on va aller au-delà de l'abus puis regarder plus la normalité ou la
façon dont on fait les choses. Il
faudra définir les paramètres de ce
qu'on entend par «bien-être animal» sans, comme on le suggère, aller au-delà de
ce qui est peut-être déjà en
mouvement par en avant quand on considère les guides, les guides de bonnes
pratiques, qui sont un collectif, en passant,
que ce n'est pas seulement que les scientifiques qui font ça, là, dans leurs
bureaux, mais tous les offices nationaux des différentes espèces animales y
participent, les gens pour la défense des droits des animaux, les académiciens,
tout ça. Ça fait que ce qu'on a déjà en place en fait de bien-être animal,
c'est un cheminement. Votre loi s'inscrit dans ce sens-là. C'est peut-être de mettre un peu plus de vitesse,
un peu plus de momentum dans ce cheminement-là qui est une bonne chose
mais sans nécessairement, on pense, aller en dehors des balises qui sont déjà
gagnantes avec qu'est-ce qu'on a présentement en pratique.
• (16 heures) •
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Juste brièvement, là, je n'ai pas ma réponse sur
ma comparaison entre mes inspecteurs puis ceux du fédéral. Je vais
continuer à chercher.
Sur
le nombre d'inspecteurs, depuis qu'on a mis en ligne ou qu'on a fait connaître
la ligne 1 844 animaux, on a plus de 500 appels par mois au
ministère, ce qui contribue à cibler les interventions de nos inspecteurs. On
n'aurait pas pu engager, avec les
budgets qu'on a, 8 millions d'inspecteurs, là, tu sais. Puis on les a, puis la population
participe. On a des dénonciations, et nos inspecteurs donnent suite.
Donc, c'est plus efficace que ne pas avoir mis la ligne puis avoir engagé deux, trois inspecteurs de plus, là. Ça fait qu'on a fait un choix, qu'on pense, qui
est correct, qui va dans la bonne direction,
qui implique le citoyen, qui a un rôle d'éducation, puis qui donne des
résultats pratiques, puis qui ne déséquilibre pas les budgets. Ça fait
qu'on peut diverger un petit peu là-dessus, mais... C'est correct.
Sur
le transport CLT, merci de la suggestion, c'est quelque chose qu'on va regarder
attentivement. Je pense que, si on
peut s'ajuster avec ces normes-là comme on le fait dans des autres choses,
c'est très positif comme intervention.
L'autre
élément, j'en avais un troisième sur la législation, réglementation municipale
versus provinciale. C'est directement inspiré de la loi de l'Ontario.
Donc, si les Ontariens le font puis que ça fonctionne, à moins qu'on ait des problèmes qu'on n'ait pas détectés... On s'en est
inspirés puis on a décidé de le garder. Si vous avez des éléments pour
nous informer que ça ne marche pas en Ontario, qu'ils ont des problèmes, bien
on va le regarder attentivement.
Le Président (M.
Morin) : ...commentaires?
M. Beaudoin
(Stéphane) : Je crois que l'essence ou l'esprit de ce que mes
partenaires voulaient proposer ou demander,
comme mise en garde, c'était peut-être d'éviter que des lois municipales
deviennent des empêchements à la production,
un peu comme on a vécu à certains endroits avec les normes environnementales,
des fois, qui pouvaient être abusives. C'est dans ce sens-là tout
simplement, là, que c'était apporté.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Merci.
M. Beaudoin
(Stéphane) : Merci.
Le Président (M.
Morin) : Ça va? Allez-y, M. le député des Îles, j'aime bien
vous entendre.
M. Chevarie :
Merci. Merci, M. le Président. Deux petites questions sur les normes de
certification.
Est-ce
qu'il existe actuellement des chaînes alimentaires qui exigent une norme de
certification pour le transport de bétail et de volaille? Première
question.
Deuxième
question : Est-ce qu'il existe, à votre connaissance, une valeur ajoutée
au prix que reçoivent les fermes d'élevage
ou les transporteurs, je ne sais pas, je ne sais pas qui, là, par rapport à ce
qu'ils ont une norme de certification au niveau du transport?
Le Président (M.
Morin) : M. Laflamme, Mme Cloutier? M. Laflamme.
M. Beaudoin
(Stéphane) : M. Beaudoin. M. Laflamme est de l'autre côté.
Le Président (M.
Morin) : Ah! excusez-moi. Je suis porté de ce côté-là,
excusez-moi, là.
M.
Beaudoin (Stéphane) : Bien, deux choses. Exigences, bonification ou
plus-value d'une certification quelconque, mis à part des programmes vraiment spécifiques comme Humane Certified ou
d'autres choses comme ça, des acronymes américains qu'on connaît un peu
plus, il y a des exigences ou des demandes de l'industrie de la transformation
pour certaines certifications. Ce n'est pas
des obligations, ce n'est pas un droit de produire, ce n'est pas comme ça qu'il
faut le voir, mais, si on pense au
transport des porcs, par exemple, la plupart des transformateurs vont demander
une certification CLT ou une
certification de transport qui justifie que les gens sont habilités à savoir
comment les transporter. Ça fait que, oui,
c'est de plus en plus, puis on le voit apparaître de plus en plus pour
pratiquement toutes les espèces abattues, là, dans les abattoirs de type
A ou ces choses-là.
D'un point de
vue bonification, je vous dirais que, c'est certain, il y a une question de
marché, il y a une question de marché de niche aussi, donc des gens qui
veulent avoir un cahier de charges spécifique vont pouvoir ajouter des éléments de bien-être
puis aller en chercher une plus-value. C'est certain qu'à long terme, comme on
l'a vu avec la salubrité des
aliments, puis tout ça, bien, excusez l'acronyme, mais les «early adopters»,
les premiers qui ont embarqué sur ces programmes-là,
il y a sûrement eu une plus-value, puis à un moment donné on tire la parade par
en avant, puis tous les gens
s'adaptent à ça. Donc, ce que je vois, c'est un avantage d'être les premiers,
c'est de profiter de quelque chose qui va devenir un jour sociétalement minimal ou acceptable. Donc, il y a une
plus-value pendant un certain temps, d'offrir ces programmes-là, c'est
certain.
M. Chevarie : Merci.
Le Président (M. Morin) : Ça
vous va? Donc, M. le député de Berthier.
M.
Villeneuve : Merci, M. le Président. Alors, bonjour, madame.
Bonjour, messieurs. Écoutez, moi, je décèle déjà une ligne, là, une orientation, à tout le moins, des gens qu'on
rencontre, professionnalisme, collaboration, et c'est tout à votre
honneur. Parce que je vous entendais tantôt, notamment sur le code d'éthique.
C'est tout à votre honneur.
Et ça m'amène
à une question, la question suivante. Quand on va au projet de loi, là, à la
section I, chapitre IV, et on
dit, article 35, on dit : «Le ministre nomme, à titre d'inspecteurs,
des médecins vétérinaires, des analystes et toute autre personne nécessaire pour veiller à l'application...»
Puis là on est vraiment dans tout ce qu'on appelle inspection, là. Les gens que le ministre pourrait nommer... Parce que,
là, c'est large, là, c'est très large. Est-ce que, selon vous, on doit cadrer davantage dans le projet de loi, on
doit s'assurer... Parce que vous me parlez de code d'éthique, vous me parlez
des façons de faire, mais là la définition
qu'on a présentement... Moi, ça m'interpelle beaucoup, en tout cas, personnellement,
comme parlementaire, parce que c'est très
large. Et, on le sait, les parlementaires, souvent, on fait des allergies à ça,
là, quand il arrive un projet de loi
où on permet au ministre, de façon très large, de nommer des gens. Et il faut
se soucier aussi, effectivement, de
l'expertise, l'expérience, la formation, etc., que ces personnes-là doivent
posséder. Ça fait que je veux juste peut-être vous entendre là-dessus.
M. Laflamme (Jean-Patrick) : Bien,
en réalité, puis comme on l'a mentionné au départ, sur ce qui est de la pratique des inspecteurs on est absolument en
accord, là, sur la façon de faire des inspecteurs sur le terrain. Ce qui nous
préoccupe peut-être un petit peu plus dans
ce cadre-là et de la façon dont on comprend, évidemment, le projet de loi, là, personnellement, on n'est pas nécessairement des
experts dans le dossier, mais, au niveau d'un code d'éthique, ce qui peut
être important, c'est de définir aussi
l'objectivité de ces inspecteurs-là. Est-ce que personnellement ils vont être
influencés par le fait que, je ne
sais pas... Puis je prends un exemple absolument aléatoire : Est-ce qu'ils
sont végétariens? Est-ce que ça va influencer leur façon de faire une
inspection, je ne sais pas, moi, dans une usine d'abattage de porcs, par
exemple?
Donc, c'est
un petit peu à ça qu'on essaie de toucher en parlant du code d'éthique, parce
que justement... Nous, évidemment,
c'est certain que les membres qu'on représente, c'est une industrie, donc cette
industrie-là, elle produit des choses,
elle produit de la matière, elle produit de la protéine, elle produit des
viandes animales, tout ça, etc., et ça peut froisser probablement
certaines personnes dans certaines conditions. Cela dit, il faut que nous, on
s'assure, de notre côté aussi, que les
membres qu'on représente aient confiance au mode d'inspection. Et c'est
d'ailleurs pour cette raison-là qu'on
mentionne le fait d'avoir un code d'éthique qui représenterait un petit peu un
encadrement sur les inspecteurs, et ce
n'est pas... Et puis évidemment, là, puis je tiens encore une fois à le
mentionner, puis vous avez bien fait de le souligner, on est en faveur de participer à l'élaboration de
ça au niveau de notre industrie, c'est-à-dire définir c'est quoi, un code
d'éthique, à quoi doit s'assujettir un inspecteur,
par contre, qui va, je ne sais pas, moi, dans une usine d'abattage de poulets
ou une usine d'abattage de porcs, par
exemple; s'assurer que le travail est bien fait sur le terrain, mais que, la
personne, son jugement ne soit pas
altéré par des facteurs extérieurs. Donc, c'est vraiment ça qu'on tient à
souligner par le travail d'un... voyons, pardon, l'encadrement d'un code
d'éthique.
Mme Cloutier (Sylvie) : Puis, si
vous permettez...
Le Président (M. Morin) :
Oui, Mme Cloutier.
Mme Cloutier
(Sylvie) : Évidemment, ça prend une expertise. Évidemment, l'Agence
canadienne d'inspection des aliments,
je pense que ceux qui sont dans les usines ou les abattoirs, ce sont des
vétérinaires, donc, évidemment, ils ont
l'expérience aussi et les qualifications requises pour pouvoir travailler au
niveau du bien-être animal ou des animaux.
M.
Beaudoin (Stéphane) : Si je peux amener un élément supplémentaire, la
Dre Temple Grandin a mentionné elle-même
que les meilleurs intervenants pour mettre en contexte un outil d'audit dans le
bien-être animal ou ces choses-là, c'est
les gens de l'industrie eux-mêmes, accompagnés des scientifiques et des autres
personnes. Je peux vous donner un exemple
concret au Québec, qu'on a vécu dans la dernière année, qui est un exemple de
succès, qui est la Fédération des producteurs
d'oeufs du Québec qui ont mis en place leur propre système d'audit à la ferme
basé sur leur programme de santé des
animaux national, l'ont repris au Québec avec une saveur québécoise et puis, de
concert avec l'industrie, avec les intervenants pour le droit des
animaux, l'association des vétérinaires, ainsi de suite, ont mis en place un
cahier de charges auditable avec... lequel on a présenté au bureau des normes
du Québec, puis eux, ensemble, ont mis en place quelque chose qui était maintenant quantifiable, qualifiable, qu'on
était capable de tous parler ou pousser de l'avant. Ça fait que, quand on parle de compétences, de choses
comme ça, ou d'audit, bien on s'est tous autoformés ou on est tous arrivés à avoir une même
lecture de ce qu'on voulait pour cette espèce-là en ce qui a trait au bien-être
animal, à la lumière de la science, des guides de pratique, des choses
qu'on a, connues aujourd'hui.
M. Villeneuve :
D'accord.
M. Laflamme
(Jean-Patrick) : J'aimerais peut-être juste faire un petit peu de
pouce sur...
Le Président (M.
Morin) : Oui, M. Beaudoin.
M. Laflamme
(Jean-Patrick) : Laflamme. Beaudoin, Laflamme. C'est correct. Non,
mais...
Le Président (M.
Morin) : Bien là, vous auriez dû me le dire avant! Je n'aime
pas ça, là, dans ce temps-là.
• (16 h 10) •
M. Laflamme
(Jean-Patrick) : Mais j'aimerais ça faire un petit peu de pouce sur ce
que M. le ministre a dit tout à l'heure par
rapport à la ligne 1 800, là, puis la possibilité à différents acteurs de
la société civile d'intervenir. Puis en
fait c'est vrai, c'est une excellente initiative, et puis ça permet aussi aux
gens de se responsabiliser par rapport à leur milieu. Cela étant dit, à partir du moment où une dénonciation est
traitée, où un commentaire est émis par rapport à la situation d'un
animal ou d'une industrie, peu importe, qu'est-ce qui va faire foi, en fait, de
la validité ou non de cette intervention-là,
ça va être le travail de l'inspecteur. Donc, qu'est-ce qui va se retrouver...
Si jamais il y avait un recours légal,
en fait, ce serait le travail de l'inspecteur qui serait pris comme preuve.
Donc, c'est pour ça qu'il faut vraiment s'assurer que le travail de l'inspecteur... en fait que
l'inspecteur lui-même soit encadré et que sa lecture de l'actualité dont il va
être témoin soit sans faille et objective. Voilà.
M.
Villeneuve : Bien oui, tout à fait. Et, pour aller dans le sens...
Oui, effectivement, 8 millions de paires d'yeux, c'est extraordinaire, et ça se voit aussi en
environnement et dans tout autre domaine de la société, mais il n'en demeure
pas moins qu'il y a des choses qui sont
précises qui demandent une expertise précise et particulière pour faire un
travail particulier.
Ça
m'amène à vous poser la question... Parce que tantôt l'Ordre des médecins
vétérinaires du Québec nous disait qu'avec
le nouveau statut, là — bon, ça demeure pareil dans la catégorie biens, mais c'est un
animal sensible, etc. — ça va amener, pour le
futur, de nouvelles... en tout cas des questionnements, probablement des
situations particulières qu'on n'a
pas encore vu venir. M. le ministre nous disait tantôt : Allez voir ce qui
s'est passé dans d'autres juridictions. C'est ce qu'on va faire effectivement, puis je propose que tout le monde le
fasse, mais M. le ministre l'a sûrement fait avant de présenter son projet de loi. J'imagine que...
Responsable comme il est, je suis convaincu qu'il l'a fait. Et peut-être qu'il
pourrait nous nourrir de l'expertise qu'il
en a tiré, ce serait intéressant de voir le travail qui a été fait à ce
niveau-là de la part du ministre. On aimerait ça l'avoir, si c'est
possible de l'avoir.
Ça m'amène à vous
poser la question. Vous, par rapport à ce projet de loi là, est-ce que vous y
voyez des conséquences, appelons-les... — appelons un chat un chat, justement, qu'on
est dans le domaine du projet de loi — pécuniaires par rapport à l'industrie
en général?
Le Président (M.
Morin) : Mme Cloutier.
Mme
Cloutier (Sylvie) : C'est certain qu'il faut faire attention à tout
frais additionnel que le projet de loi pourrait engendrer au niveau de l'industrie. Alors, si on demande à l'industrie,
par exemple, de s'adapter rapidement à un nouveau règlement ou à un nouveau cadre législatif, il va
falloir être très sensible à tout l'aspect pécunier que pourrait amener...
ou aux dépenses additionnelles que pourrait amener ce nouveau projet de loi là
ou cette nouvelle loi là.
L'autre
chose, c'est qu'il va falloir donner aussi les ressources nécessaires au MAPAQ
et aux autres intervenants pour justement aider l'industrie à s'adapter,
entraîner des... ou former des nouveaux inspecteurs et autres. Donc, il va y avoir... c'est certain que ça va entraîner des
coûts additionnels. Il va falloir rester... demeurer très sensible vis-à-vis ce
que pourrait coûter la nouvelle loi.
M.
Villeneuve : Mon petit doigt me dit que, dans l'étude
prospective qui a été effectuée par le ministre concernant les autres pays où ça s'est mis en place, on a
peut-être des réponses à votre question par rapport à ça et à la question que
je vous posais. Mais effectivement on espère
que le gouvernement va pouvoir, justement, tout en collaboration, comme on le disait tantôt, permettre une mise en place,
là, correcte, là, et qu'il n'y ait pas de soubresaut, là, trop important.
Voilà.
Mme Cloutier
(Sylvie) : ...la nouvelle ligne 1 800, c'est une bonne idée...
M. Villeneuve :
Oui, tout à fait.
Mme Cloutier
(Sylvie) : ...mais c'est que ça va amener... on parle de
500 appels ou... Et, si ça en amène 10 000, il va y avoir un
engorgement à un moment donné à quelque part.
M. Villeneuve :
Merci.
Le Président (M. Morin) :
C'est bien. Mme la députée de Mirabel.
Mme
D'Amours : Merci, M. le Président. Bonjour. Moi, j'ai des producteurs
de poulet qui m'ont mentionné que... puis
là j'ai lu, là, dans votre mémoire, vous parlez, là... je vais vous citer,
c'est à la page 8 : «Le Règlement sur la santé des animaux interdit de charger, faire charger ou
de décharger ou faire décharger des animaux de manière à leur infliger des blessures ou de la souffrance inutile.» Ils
doivent entre autres voir à ce que l'animal qui est chargé dans son camion
soit en bonne santé et qu'il soit capable de faire le trajet.
Ce qu'on
entend dans l'industrie, c'est que, lorsqu'il y a voyagement des animaux, entre
autres, quand ils arrivent aux abattoirs, souvent, les animaux,
quelques-uns sont décédés, et on enlève les animaux décédés sur la facture du producteur. Dans la loi qui est ici, dans le
projet de loi, selon vous, qui sera responsable de ces animaux-là, de ces
poulets-là, entre autres, pour
prendre l'exemple? Qui sera responsable? Est-ce que ça va être déduit sur la
facture du producteur ou, là, on va vraiment penser au transporteur, que
c'est sa responsabilité?
Le Président (M. Morin) : ...je
ne me trompe pas, là, M. Beaudoin?
M. Beaudoin (Stéphane) : Non, non.
M. Beaudoin. Parfait, merci.
Le transport est sous législation fédérale en ce
moment, et puis la loi est très claire, on parle de responsabilité partagée de toute personne impliquée dans la
décision du transport, donc le producteur, l'équipe d'attrapage, le
transporteur et l'abattoir. Tout ça,
c'est un travail d'équipe, puis chacun pilote, essaie de coordonner pour
améliorer le bien-être des oiseaux. Chaque personne en place est responsable et
imputable de ce qui va se passer, au sens de la loi fédérale qui est déjà
en place, peu importe ce qui se passera avec la loi du Québec.
Pour ce qui
est des mortalités, si on avait à le traiter comme une offense au bien-être
animal ou quelque chose comme ça, ça devrait s'inspirer, selon moi, du
même principe que tout doit être fait pour le bien-être des animaux, puis
ça implique toutes les parties réglementées impliquées dans la décision du
transport.
Ceci étant
dit, il y a des impératifs de transport, des conditions qui
fait qu'on n'est quand même pas toujours en moyen d'avoir 100 % des animaux qu'on
transporte qui font le voyage de façon correcte, peu importe l'état dans lequel
ils ont été transportés, puis au sens de la
loi il faudra aussi prévoir certaines flexibilités ou certains statuts, un peu
comme on a présentement, où on tolère certains minimums de pourcentage, qui pourraient
dire : Bon, bien, c'est dû à des impératifs... «act of God» ou peu
importe, mais toujours garder les mêmes normalisations, comme tel.
Puis à savoir
la responsabilité de la facture, c'est une décision partagée. Quant à moi,
personnellement, la facture devrait
aller à tous les facteurs impliqués dans le transport, parce que le producteur
a une décision, le transporteur, même s'il
est imputable, ne pourra jamais faire mieux que ce qui a été mis dans son
transport avant, et l'abattoir aussi. Donc, c'est vraiment... on n'a pas
le choix de travailler ensemble en filière. C'est comme ça, d'ailleurs, que le
CTAC l'a entrepris avec ses
partenaires. C'est comme ça que l'Association des abattoirs avicoles, que vous
allez rencontrer demain, a pris les devants dans cette matière-là.
Mme
D'Amours : Est-ce que vous croyez que ça va engendrer des coûts
supplémentaires au niveau des assurances?
M.
Beaudoin (Stéphane) : Bonne question. Au niveau des assurances
responsabilité en fonction des mortalités?
Mme D'Amours : Oui, pour le
transporteur, parce qu'il va refiler la facture nécessairement à l'utilisateur.
M. Beaudoin (Stéphane) : Je crois
que ça va dépendre de la portée de la loi au niveau légal, s'il y avait des poursuites, entre autres, ou quelque chose comme
ça du niveau du statut des animaux. Pratiques d'industrie versus mortalité
et transport, ces choses-là, ce n'est pas de
coutume, je crois, à ce qu'il y ait des poursuites de ce côté-là. Je ne
m'attends pas à ce qu'il y ait de changement parce qu'il y aurait des
précisions au Québec.
Mme
D'Amours : Mais vous savez que, les coutumes, il n'y en a pas, de
pratique, il n'y a pas de... parce qu'aujourd'hui
un chat, un chien, un poulet, c'est comme un verre, une table, il n'y a pas de...
Mais là, maintenant, on va lui donner un statut différent. Alors, est-ce
qu'un organisme qui est contre toute...
M. Beaudoin (Stéphane) : ...votre
explication, oui, l'industrie pourrait s'exposer, effectivement.
Mme
D'Amours : L'industrie pourrait s'exposer à des poursuites, et à ce
moment-là ça pourrait coûter très cher. Et là on va refiler la facture...
M.
Beaudoin (Stéphane) : Ça reste hypothétique, là, on ne l'a pas vécu
encore, mais ça serait dans le domaine du possible.
Mme
D'Amours : Chantal, as-tu une question? Non? Moi, j'aimerais aussi...
C'est sûr qu'il y aurait des coûts qui
vont être supplémentaires, j'imagine, avec les assurances, avec les
responsabilités qu'il va y avoir, mais, si on ne regarde pas l'aspect pécunier, si on ne regarde pas
l'aspect de l'industrie, si on regarde au niveau de l'animal, est-ce que vous
pensez que ça va chambarder tout le réseau de transport pour les
animaux?
M.
Beaudoin (Stéphane) : Chambarder, non. Amener à s'améliorer, oui.
Amener à faire de la formation continue un acquis dans le transport, dans le bien-être des animaux, je crois
qu'il y a beaucoup de corps de métier qui sont obligés de se prêter à des
formations continues, je ne vois pas pourquoi le transport des animaux ou
l'élevage en serait dispensé. Ça fait que ça va dans le même sens, selon
moi.
Mme D'Amours : Parfait. Merci.
Le Président (M. Morin) : Ça
va?
Mme D'Amours : Oui.
Le Président (M. Morin) : M.
le ministre utilise son REER encore.
• (16 h 20) •
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui.
Rapidement, les incidences financières, là, puis je comprends tout le monde de se poser des questions sur les incidences
financières, mais elles peuvent aller dans deux sens, les incidences financières. Vous avez donné tantôt l'exemple des
producteurs d'oeufs, là, qui ont mis sur pied... Il fallait que ça se fasse.
Et moi, je lisais dans les journaux la
semaine passée que la firme McDonald, on pourrait en citer d'autres, là, mais,
bon, exigeait des oeufs des poules en
liberté sur une période de temps. Donc, ton incidence financière, c'est que, si
tu ne vois pas au bien-être animal, tu perds ton acheteur. C'est assez
catastrophique comme incidence financière.
On a vécu une
expérience il y a un peu plus d'un an, vous allez vous en souvenir, tout le
monde, ça avait fait les médias nationaux, c'était le cas de Saputo qui
avait acheté du lait d'un «marketing board» où une vache s'était fait maganer en Colombie-Britannique, et était partie
sur les réseaux sociaux une pétition Boycottons les produits Saputo.
Est-ce que je peux vous dire que la
facture devient salée vite, vite, vite? Ça fait que, si tu ne fais pas de
prévention puis tu n'y vas pas dans le bon sens, tu te ramasses avec une
facture de dommages...
Soit dit en passant, Lino Saputo avait réagi
intelligemment, correctement, il avait dit : Avant d'être un industriel,
je suis un père de famille. J'ai des enfants, j'ai des animaux domestiques,
j'aime les animaux, puis je ne veux plus en acheter,
tu sais, de fermes qui ne font pas ça. On est dans un choix économique où ne
pas bouger coûte beaucoup plus cher que de bouger, si on bouge de
façon intelligente et équilibrée.
Informations additionnelles : Est-ce que
les autres provinces ont des codes d'éthique? L'information dont je dispose présentement,
puis ça ne me fait rien d'être contredit, là, si... il n'y en aurait pas dans
les autres provinces. Est-ce que l'Agence
canadienne d'inspection des aliments a un code d'éthique? Non, ils fonctionnent
de la même façon que le ministère de l'Agriculture du Québec, avec des directives. Ça, c'est l'information dont je dispose, je les donne en début de commission à tout le
monde. Si vous avez des informations qui le contredisent, moi, ça me fait
plaisir.
Est-ce que ça veut dire qu'on ne devrait pas en
avoir? Ça, c'est une autre question.
Le Président (M. Morin) : Mme
Cloutier.
Mme
Cloutier (Sylvie) : Oui. Si
vous permettez, du côté de la CIA il y a eu un projet pilote, dans les dernières années,
sur justement la mise en place d'un code d'éthique pour
encourager plus l'objectivité que la
subjectivité, mais on n'a pas les résultats finaux, c'était un projet
pilote.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Mais là
ça m'intéresse parce que, s'ils ont fait un projet pilote puis ils ont décidé
de ne pas procéder, je voudrais savoir
pourquoi ils ne veulent pas procéder, là. Si vous pouvez nous éclairer
là-dessus, nous autres, on a besoin
du maximum d'information de façon à avoir le meilleur projet de loi possible. Ça fait que vous allez nous revenir?
Mme Cloutier (Sylvie) : D'accord. On
va essayer de trouver...
Le Président (M. Morin) :
M. Beaudoin.
M. Beaudoin
(Stéphane) : Oui, j'aurais peut-être
un commentaire. M. Paradis, vous parlez d'élaboration intelligente et équilibrée des changements à
apporter puis vous mentionnez entre autres McDonald puis les oeufs en liberté, ces choses-là. J'ai toujours un frisson quand on
parle d'adoption de ces normes-là de poules en liberté ou comme on a vu
au Canada... en fait en Europe, l'année passée, en janvier 2014, où les truies
en stabulation par cages individuelles n'étaient plus permises, c'était seulement
en groupe; souvent fait suite à des pressions des groupes, là, d'intérêts, ces choses-là. J'aime bien la portion intelligente et
équilibrée, parce que la science l'a toujours dit, dans le cas des truies en gestation, que, pourvu qu'elles avaient l'espace
suffisant, on avait une alimentation régie, une meilleure... retour en chaleur,
meilleure protection des avortements, ces
choses-là. Puis là on se ramasse des fois, sur des modes, je voudrais dire...
des modes de production, à chambouler
une production en entier. Quand on parle de poules en liberté, là, on peut
modifier, adapter comme les gens, les
poules, ont fait avec des cages enrichies, qui est un des justes milieux, mais
il ne faut pas oublier non plus l'aspect production intelligente et
équilibrée que vous avez mentionné.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Non,
puis ça ne vient pas de moi, là. Je regarde, des éleveurs du type F. Ménard, à Saint-Dominique, ils viennent
d'investir plus de 10 millions pour améliorer les conditions de vie des
truies. Breton l'a fait dans le comté
de Portneuf, l'inauguration va avoir lieu bientôt. La Coop
fédérée... Olymel, je devrais dire, le fait au Témiscamingue. Donc, ces
gens-là, ils font le tour de la planète, avant de prendre ces décisions-là,
puis ils s'ajustent aux exigences actuelles et futures du
consommateur. Et, si on ne le fait pas, on perd des marchés. Ça, c'est très
économique comme raisonnement, là.
M.
Beaudoin (Stéphane) :
L'aspect qu'on aimerait favoriser, c'est justement ces guides de bonnes
pratiques là, où ils permettraient,
dans le cas où un producteur décide d'aller de l'avant avec tel type de
production, d'être encadré, savoir comment le faire, mais d'éviter des
mouvements de masse où, là, ça deviendrait législatif que maintenant c'est comme ça qu'on fait la production. Il faut garder notre
indépendance un peu comme c'est fait aux États-Unis et en Australie
pour éviter qu'on devienne un peu comme en Europe, avec un diktat de la
production dans le législatif.
Le Président (M.
Morin) : M. Laflamme.
M.
Laflamme (Jean-Patrick) : En
ce qui a trait au code d'éthique, M.
le ministre, nous sommes très heureux
de voir que... Si le reste du Canada
n'a pas de pratique en termes d'éthique et que le gouvernement veut procéder, on va être parfaitement heureux de voir qu'on est
encore des précurseurs en matière...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Non, ce n'est pas quelque chose auquel... Je le
dis très spontanément, il arrive des problèmes
dans la gestion quotidienne, autant au niveau de l'inspection fédérale que de
l'inspection provinciale. On a été
sensibilisés puis on recherche une approche équilibrée. Et, tant que les
acteurs nous démontrent qu'ils vont dans le sens du bien-être animal, du respect puis... qu'on fasse preuve de
collaboration, je pense que ça s'impose aussi, là, dans l'autre
sens. Ce n'est jamais «a one-way street».
M.
Laflamme (Jean-Patrick) : On
pense en fait que... puis vous avez parfaitement raison, mais on pense en fait que c'est une question de crédibilité autant
auprès du... en termes gouvernementaux qu'en termes d'acteurs de l'industrie,
qu'en termes des industriels aussi. Quand on parle d'inspecteurs, tout ça,
quand on voit quelqu'un qui est, comment je pourrais dire ça, un Eliot Ness, là, si vous voulez, un incorruptible,
bien, à ce moment-là, pour tout le monde,
c'est plus simple quand
même de faire confiance et à
l'appareil gouvernemental, et à la façon dont c'est fait, et aussi à
l'industrie, parce que c'est validé par des gens qui, finalement, respectent un encadrement, là, qui est bien défini, là, au niveau de l'éthique. Voilà.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Le message de base, là, demeure le même :
Il y a un changement, si l'Assemblée
nationale se prononce en faveur, du
statut juridique de l'animal. Et ça, ça appelle des changements de mentalité et
de pratique.
Est-ce
qu'il y a un coût? Oui, il y a un coût. Est-ce que le coût en vaut la
chandelle? La réponse, bien, ça appartiendra aux députés lorsqu'ils s'exprimeront par la voix de leur vote, mais, de
ce côté-ci, pour le moment, on pense que ça vaut le coup.
Le
Président (M. Morin) : Merci. Merci, Mme Cloutier,
M. Beaudoin et M. Laflamme, pour votre présentation, ça a été
très intéressant.
Donc, je suspends
quelques instants pour recevoir Animal Legal Defense Fund Canada.
(Suspension de la séance à
16 h 26)
(Reprise à 16 h 30)
Le
Président (M. Morin) : Nous reprenons nos travaux. Nous
recevons Animal Legal Defense Fund Canada — je m'en viens bon. Donc, bonjour,
Mme Gaillard, oui. Si vous voulez bien vous présenter et vos titres.
Animal Legal Defense Fund Canada (ALDF)
Mme Gaillard (Sophie) :
Oui, volontiers. Donc, mon nom est Me Sophie Gaillard. Je suis, en fait,
pour ne pas créer de confusion, aussi
avocate à la SPCA de Montréal, mais je suis également porte-parole canadienne pour
l'Animal Legal Defense Fund, et c'est à ce titre que je suis ici
aujourd'hui.
Le
Président (M. Morin) : C'est
mieux prononcé que moi. C'est bien, continuez. Allez-y, vous avez
10 minutes.
Mme
Gaillard (Sophie) : Parfait.
Donc, l'Animal Legal Defense Fund ou ALDF est un organisme sans but lucratif basé
aux États-Unis, fondé en 1979, dont la mission principale est de
protéger les animaux et représenter leurs intérêts sur le plan juridique. C'est une mission qu'on accomplit
de diverses manières, mais une des manières, c'est de faire un
classement des provinces canadiennes. C'est un classement qui a commencé en
2008 et c'est en fait une évaluation détaillée
de la force et de la portée relative des lois en matière de protection
animale à travers le Canada. Donc, au cours de cette analyse comparative détaillée, on regarde plusieurs
facettes des lois existantes au Canada, dont le type de protection accordée aux animaux, les espèces qui sont
couvertes par la loi, les exemptions qui sont prévues à la loi, les peines en
cas d'infraction, le recouvrement des
coûts relatifs à la garde des animaux saisis, les pouvoirs conférés aux
inspecteurs, les mesures relatives à la confiscation et à l'interdiction
de posséder des animaux et également les politiques relatives au signalement
des cas de maltraitance.
Et, depuis le début de ces classements,
qui ont débuté, comme je vous disais, en 2008, le Québec
s'est systématiquement classé tout au bas du palmarès. Cette année, en
2015, c'est respectivement le
Manitoba, la Nouvelle-Écosse et la
Colombie-Britannique qui ont remporté les trois premières places, et le Québec,
quant à lui, s'est positionné pour la quatrième
année consécutive comme dernière province, juste avant le territoire du
Nunavut, d'où l'importance d'entreprendre une réforme de fond de notre législation en matière de protection
animale. Et c'est pour cela qu'on accueille favorablement le dépôt du
projet de loi n° 54. Il comporte effectivement plusieurs améliorations
significatives à la loi actuelle, dont notamment une réforme symbolique du
statut juridique de l'animal sous le Code civil du Québec, l'élargissement du champ d'application de la loi à un plus grand
nombre d'espèces, la protection du bien-être psychologique des animaux
et l'ajout de peines d'emprisonnement.
Tout
d'abord, les modifications au Code civil, donc, on accueille... on se réjouit
en fait beaucoup de ce changement qui
a été proposé. De reconnaître explicitement dans notre texte fondamental qu'est
le Code civil que les animaux sont distincts
des objets animés, qu'ils sont des êtres doués de sensibilité, c'est, à notre
avis, un pas très important pour le Québec.
Par
contre, à l'occasion de cette redéfinition de l'animal, on suggérerait de
porter beaucoup d'attention aux termes utilisés
à l'occasion de la redéfinition. Et je n'ai pas le temps d'élaborer là-dessus,
mais je vous référerais à notre mémoire pour quelques suggestions
relativement aux termes employés.
Également,
j'aurais voulu aussi porter votre attention au deuxième alinéa de la
disposition proposée. Pour éviter que
celui-ci vienne anéantir la force de la nouvelle conception juridique de
l'animal qui est proposée au premier alinéa, il serait important de permettre aux dispositions qui s'appliquent
actuellement aux biens de continuer à s'appliquer aux animaux seulement dans la mesure où elles ne vont
pas à l'encontre de la qualité d'être sensible qu'on leur reconnaît au
premier alinéa.
Maintenant,
si on passe à la nouvelle loi vouée exclusivement au bien-être animal qui est
édictée à l'article 7 du projet
de loi, la Loi sur le bien-être et la sécurité de l'animal, je vais me
concentrer sur les deux enjeux principaux qu'on voit au niveau de cette
loi-là, étant donné les contraintes au niveau du temps.
Donc, premièrement,
l'éventail des espèces protégées. Donc, on salue l'inclusion du renard roux et
du vison d'Amérique parmi les espèces
protégées. Ce sont effectivement les deux espèces qui sont le plus communément
élevées pour le commerce de la
fourrure au Québec et donc deux espèces particulièrement vulnérables à la
maltraitance, comme on l'a vu dans les médias l'année passée.
Par
contre, on s'inquiète du fait que la loi continue à exclure d'autres animaux, y
compris les animaux exotiques et les
animaux de la faune qui sont en captivité. Donc, ça, ça comprend à la fois les
petits animaux exotiques qu'on retrouve en vente en animalerie, comme les oiseaux, les petits rongeurs, les
reptiles, mais aussi les animaux exotiques et de la faune qui sont
gardés en captivité dans les zoos, les cirques et les parcs d'attractions. Tous
ces animaux sont, eux aussi, vulnérables à
la maltraitance et méritent d'être protégés. Ils sont encore plus fragiles que
nos animaux domestiques parce qu'ils
ont des besoins particulièrement complexes, à la fois au niveau physiologique
et comportemental, et ces besoins-là sont souvent mal compris.
Donc,
il serait absolument important, à notre avis, de couvrir ces animaux-là dans
notre loi provinciale en matière de
protection animale. On sait que ces espèces-là sont couvertes par la loi sur la
mise en valeur et conservation de la faune qui tombe sous le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. Par
contre, on croit impératif d'aussi les protéger sous notre loi provinciale en matière de bien-être. Et
la majorité des autres provinces le font, la majorité des autres provinces
n'excluent pas ces animaux-là de leurs lois
provinciales en matière de bien-être. Et, même si elles excluent les animaux
couverts par la loi sur la faune, elles
prévoient une exception spécifique pour les animaux de la faune en captivité,
qui, eux, sont couverts par la loi principale en matière de bien-être
animal.
Le
deuxième gros enjeu, à notre avis, ce sont les exemptions prévues à la loi,
parce que, telle qu'elle est actuellement rédigée, la loi écarte de son champ d'application toutes les activités
d'agriculture et de recherche scientifique, pourvu que celles-ci soient pratiquées selon les règles généralement
reconnues, essentiellement selon les méthodes employées par une
proportion importante de personnes au sein d'une même industrie, et ceci
revient essentiellement à permettre l'autoréglementation de l'industrie, ce qui
est très inquiétant, à notre avis, et ne donne absolument aucune protection véritable aux animaux d'élevage ni aux animaux de
laboratoire. Et la volonté politique qui sous-tend ce projet de loi est non seulement de protéger les chiens et les chats,
mais également tous les animaux au Québec, y compris les animaux
d'élevage, et c'est pour ça qu'il est impératif de se défaire de cette
exemption générale et de poser quelques balises à qu'est-ce que l'industrie
peut faire subir aux animaux.
Donc,
on est très contents de l'ajout du troisième paragraphe de l'article 63
qui permet au gouvernement d'adopter par
règlement... de rendre obligatoires par règlement les codes nationaux pour les
soins aux animaux d'élevage dont ont parle
depuis aujourd'hui. Et en fait on voudrait juste porter votre attention au fait
qu'il ne faut pas nécessairement se fier, pour ce cas-ci, au Manitoba. Le Manitoba, comme certaines autres
provinces, fait référence aux codes de pratique dans sa réglementation et en fait une défense à toute
infraction de cruauté envers les animaux. Par contre, elle ne les rend pas
obligatoires. Toutes les pratiques qui sont
conformes avec les règles généralement acceptées par l'industrie sont également
exclues de la loi manitobaine. Il faudrait
plutôt se tourner, à notre avis, à la loi de Terre-Neuve-et-Labrador, qui,
elle, requiert que toute pratique
exemptée par la loi soit en conformité avec les codes de pratique nationaux. Et
c'est, à notre avis, le modèle à
suivre. Et d'ailleurs on ne voit pas pourquoi ça pourrait créer de l'opposition
chez l'industrie, étant donné que c'est
l'industrie elle-même qui déclenche le processus de révision des codes, qui
participe activement à son développement et qui est représentée par la
majorité des sièges dans les comités de développement des codes nationaux.
Rapidement, en
vitesse — je
vous réfère au mémoire pour plus de détails — quelques autres améliorations
à considérer.
Premièrement,
les possibilités de peine d'incarcération, on vous suggère de les rendre
disponibles dès la première infraction,
pas seulement en cas de récidive. C'est le cas dans presque toutes les autres
provinces canadiennes, toutes les provinces qui prévoient des peines d'incarcération
les rendent disponibles dès la première infraction, évidemment selon la
discrétion d'un tribunal et seulement dans des circonstances exceptionnelles
selon la détermination du tribunal.
Deuxièmement,
la possibilité d'ordonner la confiscation d'un animal lorsque son propriétaire
est jugé inapte à en prendre soin par
un tribunal, donc ça, c'est une mesure qui est adoptée par quelques provinces
et qui est particulièrement utile
pour faire face aux problèmes des collectionneurs d'animaux. Ce sont ces gens
qui en raison d'un trouble psychiatrique accumulent de façon
pathologique, dans des conditions insalubres, des animaux et qui ne sont pas
nécessairement la meilleure cible pour des
poursuites pénales, il faudrait prévoir dans notre loi une façon de faire face
à ce problème-là sans nécessairement avoir recours à des poursuites.
Troisièmement,
la possibilité d'exiger le remboursement des frais de garde d'animaux saisis
par les refuges même lorsqu'aucune
poursuite n'est intentée, ceci, en fait, on est la seule province au Canada qui
ne permet pas aux refuges de recouvrir les frais même quand il n'y a pas
de poursuite qui est intentée, et, à notre avis, ça, ça devrait changer.
Pour
conclure, je vous dirais que sans aucun doute le projet de loi n° 54
comporte plusieurs améliorations notables à la législation actuelle et constitue un pas important en avant pour le
Québec, même tel quel il permettrait au Québec de grimper de plusieurs échelons au classement de l'ALDF, mais je vous
soumets que l'idée qui sous-tend ce projet de loi là est beaucoup plus grande et beaucoup plus
ambitieuse que ça. L'idée, c'est de
réévaluer fondamentalement notre rapport aux animaux. L'idée,
c'est aussi de non seulement rattraper notre retard, mais de dépasser les
autres provinces, se positionner comme chef
de file en matière de protection animale. Et, pour accomplir ceci, pour
répondre aux ambitions de ce projet de loi et aux attentes de la population
québécoise, il faut aller plus loin que le projet de loi tel qu'il est actuellement formulé, il faut adopter les propositions qu'on vous soumet aujourd'hui et dans notre
mémoire par écrit. Merci.
• (16 h 40) •
Le Président (M.
Morin) : Merci, Mme Gaillard. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Moi, je tiens à vous remercier, vous nous avez
assistés ou aidés plus que vous le
pensez. Votre idée du palmarès a frappé l'imaginaire populaire et celui des
hommes et des femmes politiques également
de
tous partis politiques confondus. On n'aime pas ça se retrouver comme
le cancre de la classe année après année, ça nous a incités et motivés à
déposer la législation qu'on a mise, là, en place.
Vous
avez dit dans vos commentaires... Il n'y a pas une législation qui est
parfaite. Moi, je n'en connais pas, là, de législation parfaite. Mais vous avez dit : Ça va permettre au Québec...
Et là je vais risquer une question, sur laquelle vous n'êtes pas obligée de répondre, mais, si vous prenez le projet de loi dans son état actuel et que vous le comparez aux autres
législations à travers le pays, je passe de dernier de classe à où?
Mme Gaillard
(Sophie) : Septième.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Septième? O.K. Et, si on ajuste à partir
de certaines recommandations que vous
nous faites et qui se retrouvent déjà, pour certaines, dans l'ensemble des juridictions
canadiennes ou un petit peu
dans d'autres législations, on a de l'espace de croissance?
Mme Gaillard
(Sophie) : Oui, tout à fait.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : O.K., ça va. Merci.
Le Président (M.
Morin) : M. le député des Îles.
Une voix :
...
M. Chevarie :
Oui, bien vas-y, vas-y.
Le Président (M.
Morin) : Ah bon! M. le député, allez.
M.
Giguère : Oui. Moi, j'aurais
juste une petite question. On a parlé beaucoup de la relation que
nous avons avec les animaux, qu'on va
avoir avec les animaux, ça va demander un gros changement, donc aussi les
éleveurs. Le bien-être animal, on en parle beaucoup, on parle aussi qu'il
y a un guide de bonnes pratiques, mais, sur la durée de vie de l'animal,
on sait ce qui se passe à la ferme puis on
n'a pas abordé beaucoup ce petit bout là. Peut-être que, si on veut
descendre meilleur que septième place
au Canada, là, il faudrait l'aborder, et puis la formation
des travailleurs agricoles, parce que c'est eux qui travaillent avec des animaux, ils vont travailler
pendant... exemple, en production bovine, pendant la durée de vie de l'animal. On a parlé beaucoup du
transport, on a parlé beaucoup de l'abattoir, mais c'est très court dans la durée
de vie d'un animal.
Donc,
vous, comment vous voyez ça, la formation à la ferme? On a beau avoir un guide
de bonnes pratiques, mais vous savez
que les agriculteurs, ils ne traînent pas ça dans leur poche arrière, le guide
de bonnes pratiques, donc souvent ils vont le perdre en cours de route.
Le Président (M.
Morin) : Mme Gaillard.
Mme
Gaillard (Sophie) : Oui, vous soulevez un excellent point. C'est vrai
que, le transport et l'abattage, c'est là où on réglemente, à la fois au niveau fédéral et provincial, mais on ne
réglemente presque pas ce qui se passe à la ferme. Et c'est justement pour ça que c'est important de
faire de cette exemption générale, les pratiques généralement reconnues... pour
venir encadrer comment les producteurs peuvent traiter les animaux.
Et
à ce niveau-là, de la part de l'industrie, il y a évidemment du chemin à faire.
Je crois que le rôle du législateur, c'est de poser les balises, et
l'industrie va devoir mettre en place une façon de former ses producteurs. Au
niveau provincial, on sait que ça se fait chez la Fédération des producteurs
d'oeufs du Québec, ça fait partie de leur nouveau programme dont on a fait mention aujourd'hui, de former les producteurs,
c'est un élément clé, mais, à mon avis, c'est la responsabilité de
l'industrie de venir amener leurs producteurs au niveau des balises posées par
le législateur.
Le Président (M.
Morin) : Je m'excuse, M. le député des Îles, c'est à vous.
M. Chevarie :
Merci. Il n'y a pas d'excuses, c'est très bien comme ça.
Vous dites dans votre
mémoire que vous êtes très satisfaite du projet de loi par rapport à la
redéfinition de l'animal qui fait la
différence entre... à reconnaître l'animal plutôt qu'un objet inanimé. Et, à la
page 6 de votre mémoire, vous mentionnez, dans le troisième paragraphe,
qu'on pourrait y ajouter une notion qui implique des considérations morales et éthiques par rapport à l'animal, et
j'aimerais, pour avoir une meilleure compréhension de ce que vous suggérez,
de votre proposition... de nous donner un
peu plus de détails sur ce que vous voulez dire par rapport à ces éléments-là.
Mme
Gaillard (Sophie) : Oui, tout à fait. Donc, effectivement, dans le
mémoire, on suggère de faire référence à la notion de valeur intrinsèque
de l'animal, une notion qui implique que l'animal est digne d'une considération
à part de son utilité pour l'être humain,
que l'animal a une valeur inhérente, indépendamment de son utilité pour
l'humain et de sa valeur
patrimoniale. À notre avis, c'est tellement important, les termes qu'on va
choisir. Ce n'est pas tous les jours qu'on va redéfinir l'animal dans le Code civil, peut-être que ça ne réarrivera
pas. Mais donc je pense qu'il faut vraiment songer assez profondément aux termes qu'on va utiliser et
s'assurer d'utiliser des termes qui peuvent... qui laissent à la jurisprudence l'espace de remplir, si vous voulez,
la définition, de croître la définition avec l'évolution des mentalités,
avec l'évolution des connaissances scientifiques, il faut choisir des termes
qui vont permettre aux juges d'infuser du sens dans la nouvelle définition de
l'animal.
Et je ne sais pas si
je peux me permettre juste une parenthèse...
Le Président (M.
Morin) : Allez-y, madame.
Mme
Gaillard (Sophie) : On a parlé beaucoup des dispositions du Code
civil, de la redéfinition d'«animal» et potentiellement de l'impact que ça
pourrait avoir sur les secteurs industriels, etc. Ma vision de ça, c'est qu'en
fait c'est assez limité, la portée
concrète de cette redéfinition-là de l'animal dans le Code civil. Il ne faut
pas oublier qu'on parle du droit
civil, on ne parle pas du droit pénal, qui est quand même encore encadré par
notre loi provinciale, par le Code criminel et les lois fédérales. L'impact de la redéfinition de l'animal dans le
Code civil va être limité, premièrement, au droit civil.
Et
puis on ne propose pas de donner une personnalité juridique à l'animal, on
propose simplement de le redéfinir comme
un bien un petit peu différent des autres biens. Donc, l'idée que des
chevreuils pourraient se mettre à poursuivre des chasseurs ou des choses comme ça, à mon avis, ce n'est pas du tout
réaliste. Ce qu'il pourrait y avoir comme impact au niveau du droit civil, ce serait possiblement dans le domaine des
successions, qu'on pourrait se mettre à peut-être léguer des biens à des
animaux, ou en droit de la famille on pourrait se mettre à prendre en compte
les meilleurs intérêts de l'animal un
peu comme on le fait pour l'enfant en cas de divorce, ou, pour des réparations
en responsabilité civile, par exemple,
si quelqu'un commet un geste fautif et tue mon chien, je pourrais peut-être,
comme Martine Lachance le disait, obtenir des dommages autres que la
valeur monétaire sur le marché de mon chien. Mais l'impact, somme toute, de ce
changement au niveau du Code civil est relativement limité.
Le Président (M.
Morin) : Ça va? Merci. M. le député de Berthier.
M.
Villeneuve : Oui, merci, M. le Président. Bonjour. Vous
recoupez... Il y a une de vos recommandations, si je peux appeler ça
comme ça, à la page 6 de votre mémoire, vous dites : «De plus, afin
d'assurer une portée large à la définition
de l'animal proposée par le projet de loi n° 54, il serait important que
l'application de celle-ci ne soit pas restreinte au Code civil du Québec, mais s'étende au contraire à toutes les
dispositions [...] relatives aux biens.» Et ça recoupe par le fait même une recommandation qui a été faite par le
Groupe de recherche international en droit animal, qui dit la même chose.
Est-ce que vous
pouvez nous donner des exemples concrets de cela?
Mme
Gaillard (Sophie) : Je n'ai pas une loi spécifique en tête, mais le
Code civil, en fait, c'est notre texte fondamental
en matière de droit privé au Québec, donc il émet des notions, des principes
généraux, et ensuite on a toute une
gamme de lois qui viennent régir précisément, par exemple, la vente immobilière
ou... là, je n'ai pas les noms des lois
qui me viennent à l'esprit, mais, bref, il y a toute une gamme de lois qui
encadrent le droit de propriété, la vente de la propriété, des biens. Et donc, juste pour harmoniser le tout avec la
définition du Code civil, définition des animaux dans le Code civil, ce serait important que la
définition ne s'applique pas seulement aux articles du Code civil, mais à
toutes les lois accessoires qui viennent compléter le Code civil en
matière de droit des biens.
M. Villeneuve :
Donc, il faudrait établir la liste en question et, finalement, en faire une
analyse, à savoir... Parce que, là, ce que
je comprends, c'est que ça ne doit pas se limiter seulement au Code civil au
niveau des biens, c'est ça, et d'encadrer plus largement, là, les lois
qui nous régissent. C'est ce que je comprends?
Mme Gaillard
(Sophie) : Oui, c'est ça.
M.
Villeneuve : Bien, j'imagine qu'il faut aussi en faire une
analyse pour s'assurer que... Il y a peut-être aussi des dispositions qui ne devraient peut-être pas,
selon votre recommandation, s'inscrire, finalement, dans le projet de loi.
Je ne sais pas, je vous pose la question, parce que vous devez avoir fait une...
• (16 h 50) •
Mme
Gaillard (Sophie) : Étant donné
que les dispositions qui régissent les biens continuent à... Si on prend
l'article tel qu'il est rédigé, le
deuxième alinéa nous dit que toutes les dispositions applicables aux biens
continuent à s'appliquer aux animaux,
malgré la nouvelle définition de l'animal. Donc, que l'animal soit considéré un
être sensible au Code civil ou dans toutes les autres lois, ça ne
changera pas que ces lois-là vont continuer à s'appliquer aux animaux comme si c'étaient des biens. Donc, l'impact, je ne vois
pas l'impact que ça aurait par rapport aux autres lois qui gouvernent notre
droit des biens, étant donné que les dispositions demeurent applicables aux
animaux comme si c'étaient des biens.
M.
Villeneuve : O.K. Dans un tout autre ordre d'idées, est-ce que,
selon vous, il y a une incompatibilité à réconcilier le bien-être animal
et — allons-y
avec les vrais mots, un chat un chat, là — la rentabilité agricole?
Selon vous, est-ce qu'il y aurait une incompatibilité, à l'heure où on se
parle, face à ces deux enjeux? Parce que ces deux enjeux, ils se rejoignent,
évidemment, parce qu'au final ce qu'on veut, c'est améliorer le bien-être
animal.
Mme
Gaillard (Sophie) : Je vous dirais : Certainement pas au long ou
au moyen terme. Peut-être au court terme ça peut engendrer certains coûts. Changer ses installations, etc.,
rénover, changer ses façons de faire, ça a toujours un coût.
Mais par
contre, comme le ministre le soulevait, c'est clair, quand on regarde au niveau
international, qu'on s'en va vers une
tendance à favoriser le bien-être animal. Les consommateurs s'en préoccupent de
plus en plus, s'en inquiètent de plus
en plus, et les méthodes d'élevage qui sont acceptables aujourd'hui au Canada,
il y en a plusieurs qui ne sont plus permises
en Europe et qui ne seront certainement plus permises dans une dizaine
d'années. Donc, je pense, si on regarde vers l'avant, c'est au contraire
rentable pour l'industrie de prendre au sérieux le bien-être animal.
M.
Villeneuve : O.K. Et puis encore dans un autre ordre d'idées,
désolé si je change de... — on reste sur le même projet
de loi, là, par contre, je vous rassure — vous dites qu'un animal peut être confisqué
lorsque son propriétaire est inapte à en prendre soin. Moi, j'aimerais
vous entendre, parce que vous avez dû réfléchir à la façon dont ça pourrait se faire. Parce que, que quelqu'un porte une plainte
par rapport à une maltraitance subie par un animal, est-ce que la personne
est apte ou inapte, ça commence à... Je ne sais pas, je veux juste voir comment
vous, vous avez envisagé la... Qui va déterminer que la personne, finalement,
elle est inapte à prendre soin d'un animal?
Mme Gaillard (Sophie) : Je comprends
l'inquiétude. «Inapte», c'est un mot large et vague, subjectif.
Par contre,
comment ça fonctionne dans les autres provinces qui ont adopté une disposition
semblable, c'est que c'est un tribunal, donc un juge, qui vient statuer
sur l'aptitude ou l'inaptitude. Je ne peux pas vous dire par coeur les critères qui sont considérés, mais, j'imagine, ça
doit être assez semblable aux déterminations que les juges font d'inaptitude
dans d'autres contextes, par exemple dans le
contexte des mandats d'inaptitude, etc. Donc, c'est vraiment la détermination
d'un tribunal et non d'un inspecteur.
M.
Villeneuve : Oui. Je vous amène sur le premier élément qu'on a
regardé, en tout cas pour ma part, au niveau de l'abattage religieux. Ça a été soulevé en tout début de... le premier
mémoire, la première personne qu'on a entendue, l'abattage religieux.
Vous vous
situez où par rapport à... On a vu que les médecins vétérinaires du Québec nous
ont dit qu'eux... Évidemment, c'est
un sujet sensible, on s'entend, mais eux semblaient dire que ça devrait, en
quelque part, se retrouver dans un projet de loi. On a vu aussi le groupe international, là, de...
Mme Lachance, finalement, qui est venue nous dire qu'elle serait à l'aise avec une recommandation qui dirait que,
pour l'abattage religieux, il doit y avoir une insensibilité communiquée
à l'animal avant l'abattage. Vous avez une position par rapport à ça?
Mme
Gaillard (Sophie) : Oui, l'ALDF a une position là-dessus. En fait, la
plupart des experts considèrent qu'en théorie l'abattage rituel,
c'est-à-dire trancher la gorge de l'animal alors qu'il est encore conscient, si
pratiqué dans les conditions idéales, peut
être sans cruauté. Le problème principal avec l'abattage rituel, c'est le fait
de suspendre un animal, le soulever
du plancher pour la saignée, et c'est là que les plus grandes souffrances sont
causées à l'animal. Et puis souvent cette
exigence-là que l'animal soit soulevé provient des règles concernant la salubrité
des viandes, mais, s'il y avait moyen de...
Donc, la position de notre organisme là-dessus, c'est que c'est vraiment ça, le
problème, c'est de soulever un animal alors
qu'il est encore conscient. Quand on pense à, par exemple, un bovin comme ça, c'est
extrêmement douloureux pour eux de se faire soulever encore conscients,
ils se débattent, etc.
Par contre,
ce n'est pas nécessairement le problème, de faire l'incision alors que l'animal
est encore conscient, quoiqu'il
faudrait évidemment encadrer de manière très stricte la manutention de l'animal
préalablement et pendant la saignée
pour s'assurer que ça soit fait de manière correcte. Mais c'est notre compréhension de la littérature
scientifique à ce sujet-là.
M.
Villeneuve : Et dans
les faits ça se passe bien ou... parce
que juste peut-être
l'article 12 du projet de loi... Parce
que
j'essaie de voir s'il n'y a pas contradiction, puis c'est correct, là, entre le fait de faire mourir
un animal lentement... Parce que l'article 12 nous dit «suivie d'une mort prompte». Alors
là, on peut tomber dans la sémantique à savoir c'est quoi, une mort prompte. À mon avis, c'est une mort
assez rapide, là. Alors, je veux juste voir comment vous vous situez par
rapport à l'explication que vous venez de nous donner versus l'article 12
du projet de loi.
Mme
Gaillard (Sophie) : Bien, je dois vous dire que ça sort un tout petit
peu de mes connaissances, puis je ne sais pas combien de temps ça prend,
du moment de l'incision jusqu'à la mort, donc je ne peux pas m'aventurer
là-dessus.
Le
Président (M. Morin) : Ça va? Merci, M. le député de Berthier.
Mme la députée de Mirabel, je vous écoute.
Mme
D'Amours : Merci. Bonjour, madame. Vous avez fait mention, tout à
l'heure, des animaux de zoo. Selon vous, les animaux qui sont en captivité, dont les géniteurs, là, le sont
eux-mêmes depuis... de génération en génération — puis on sait que les zoos qui sont renommés mettent, pour l'animal, un
endroit où il y a un semblant d'état naturel, là — pour l'animal, vous y voyez quoi, vous, pour... comment on peut juger,
l'animal qui est captivité, que son bien-être est affecté? Comment pensez-vous que l'animal... Est-ce que
l'animal est stressé, s'il n'a jamais connu autre chose que le zoo qui...
Puis on s'entend, là, il y a des zoos qui sont bien entretenus, qui respectent
les règles.
Mme
Gaillard (Sophie) : Bien, selon les vétérinaires spécialisés en
comportement d'animaux exotiques, c'est que ça prend beaucoup plus que deux, trois générations pour effectuer
une domestication d'une espèce. Les chiens, par exemple, sont avec nous et nous côtoient, domestiques, depuis
40 000 ans. Donc, ce n'est pas en quelques générations de lions qu'on va obtenir un lion qu'on peut
mettre dans un zoo et qui va nécessairement pouvoir combler tous ses besoins...
ou ce n'est pas parce qu'il a été en captivité depuis plusieurs générations que
ses besoins naturels disparaissent.
Évidemment, tout dépend de comment le zoo est
géré. Notre objectif, c'est que ces animaux-là soient inclus. Et puis là, pour savoir est-ce que telle ou telle
situation va répondre à leurs besoins comportementaux, physiologiques,
évidemment ça va relever de l'expertise vétérinaire, qu'il faudra certainement
consulter dans ce cas-là.
Mme
D'Amours : Mais vous avez des données qui disent que l'animal est
stressé parce qu'il n'est pas dans son environnement, même s'il n'a pas
connu autre chose que l'environnement du zoo.
Mme Gaillard (Sophie) : Oui, tout à
fait, il y a un corpus de littérature scientifique qui existe qui appuie tout à fait l'idée que les animaux sauvages en
captivité peuvent souffrir énormément de détresse psychologique, surtout quand ils sont privés d'exprimer les comportements
naturels propres à leur espèce, et que ça engendre de la souffrance psychologique, le développement de comportements
stéréotypés, donc le lion qui tourne sans cesse dans sa cage. Oui, c'est
très bien documenté au niveau scientifique.
Mme
D'Amours : Je regardais aussi, là, le perroquet en cage puis j'ai eu
une mauvaise image qui m'est venue en tête, là. On va parler des
reptiles, les reptiles qui sont gardés en captivité dans des gros aquariums,
j'aimerais ça vous entendre sur cet
animal-là, sur ce reptile-là. Puis le laisser en captivité, ça a un risque pour
l'animal, pour son bien-être, mais de le laisser en liberté, ça a un
risque pour nous.
Alors, est-ce que vous voyez là... La loi
va-t-elle faire en sorte que cette vente d'animal là sera proscrite? Est-ce que
vous avez été loin dans votre démarche, dans votre recherche au niveau de ces
animaux-là?
• (17 heures) •
Mme
Gaillard (Sophie) : Bien, telle qu'elle est actuellement, la loi ne
couvre pas du tout ces animaux-là. On aimerait qu'ils soient couverts,
que ces espèces-là soient couvertes au même titre qu'un chien ou un chat vendu
en animalerie. C'est-à-dire que, tant que
certaines conditions sont remplies, la vente, le commerce de ces animaux-là est
permis, mais il faut quand même
pouvoir répondre à leurs besoins de base, autant au niveau physiologique que
comportemental. Et l'exemple des
reptiles est intéressant parce que c'est des animaux qui sont souvent vendus
très bon marché en animalerie et puis
qui se retrouvent souvent négligés. Ce n'est pas toujours évident, savoir
comment bien prendre soin d'un reptile, ce n'est pas à la portée de tout le monde. Et souvent, ces animaux-là, les frais
vétérinaires, si on veut soigner son reptile, sont assez élevés, parce
qu'il faut aller voir un spécialiste, etc.
Donc, c'est
des animaux qui souffrent beaucoup et qui devraient absolument, donc, être
protégés au moins au même titre que les chiens et les chats, c'est-à-dire qu'il y ait des normes minimales qui encadrent la façon
dont on peut garder et s'occuper de ces animaux-là en captivité.
Mme D'Amours : Vous avez donné des
données, là, pour le Québec versus le Canada, notre fameux score, c'est-à-dire. Avez-vous des données très précises de l'industrie
agricole? Est-ce que vous avez des données très spécifiques? Est-ce qu'on est les pires au Canada, au
niveau de l'industrie agricole, ou si votre chiffre, ça englobe toutes les sphères?
Mme
Gaillard (Sophie) : La
détermination du classement est basée sur les lois dont l'objectif
est la protection animale. Donc, l'analyse porte exclusivement sur ces
lois-là. Elle ne porte pas sur les lois fédérales qui encadrent le transport, l'abattage, elle ne porte pas sur les
lois provinciales non plus qui encadrent ces activités-là. C'est vraiment
la loi principale en matière de bien-être animal de chaque province qui
est analysée et comparée.
Mme
D'Amours : Et, quand cette
analyse-là est faite, est-ce que l'industrie... Là, vous me dites, si je comprends bien, que l'industrie
agroalimentaire ne fait pas partie de cette analyse-là.
Mme Gaillard
(Sophie) : Bien, la loi est analysée dans le sens que, s'il y a des dispositions
qui touchent à l'industrie, aux animaux utilisés en agriculture, ça va faire partie de l'analyse. Et, par exemple, l'exemption dont j'ai parlé dans ma présentation, ça, c'est quelque
chose qui vaut beaucoup de points dans notre système de classement, donc, comment une exemption est prévue à la loi pour le
secteur agricole. Mais, étant donné
que justement ces secteurs-là sont souvent
exemptés des lois, il n'y a pas grande analyse qui peut se faire plus loin que
juste la façon dont l'exemption est formulée... ou, s'il y a des codes
de pratique qui sont intégrés à la loi, c'est sur ça que se concentre
l'analyse.
Mme
D'Amours : Mais là rassurez-moi, je veux bien comprendre. L'analyse
que vous avez faite, ça n'inclut pas l'industrie agroalimentaire?
Mme Gaillard (Sophie) : Ça l'inclut
dans la mesure où elle est traitée dans la loi provinciale en matière de bien-être
animal. Donc, par exemple, une province va perdre des points au classement si
elle donne à l'industrie une exemption
complète, comme c'est le cas du Québec. Une province comme Terre-Neuve-et-Labrador, dont j'ai parlé, qui, elle, rend
obligatoire les codes de pratique, va au contraire gagner des points dans le
classement.
Mme D'Amours : Ma collègue a...
Le Président (M. Morin) :
Oui, mais il ne me reste plus de temps, il me reste 13 secondes, là.
Mme
Soucy : Bien, écoutez,
si je me réfère au projet de loi, l'article 75, pensez-vous que ce serait une bonne façon
de faire d'avoir un registre, en fait, pour
les personnes qui abusent des animaux, qu'il y ait un registre pour justement
éviter qu'ils s'en procurent d'autres
soit dans les SPCA, dans les refuges ou dans les animaleries? Alors, est-ce qu'il existe un exemple que vous
pourriez nous dire, soit dans une province ou dans un autre pays, que ce
registre-là existe?
Mme
Gaillard (Sophie) : Aux États-Unis, oui, il y a un registre, qui est d'ailleurs... qui a été beaucoup promu par
l'Animal Legal Defense Fund.
Mme
Soucy : Parce que,
de la façon que l'article est libellé, je veux dire, le juge pourrait
prononcer une interdiction à une
personne d'avoir un animal, mais... C'est bien, sauf que, si on n'a pas le
moyen pour contrer ça, c'est non applicable.
Mme
Gaillard (Sophie) : ...puis
en fait c'est un bon point, parce que la loi ne prévoit pas d'infraction par rapport à un bris d'ordonnance. Donc, quelqu'un peut être en bris d'ordonnance, mais il n'y a pas
d'infraction correspondante à la loi.
Et il n'y a pas non plus de pouvoir particulier pour les
inspecteurs de, par exemple, saisir un animal qui est détenu par quelqu'un
qui a une ordonnance, et ça, ça serait quelque chose à combler.
Mme
Soucy : Une dernière question,
revenir très rapidement... Je suis très, très étonnée, en fait,
de vous entendre dire que les animaux
qui sont abattus selon les rites religieux, si c'était fait dans le respect,
pour reprendre votre expression, c'était
moins pire que de suspendre l'animal, vous avez donné l'exemple d'un veau ou de...
d'un bovin ou d'une poule. J'ai de la misère à comprendre ça parce que,
si... je ne sais pas, à moins que je sois vraiment dans le champ, là, mais, supposons qu'on suspend un poulet par en haut,
bien il se vide de son sang pas mal plus vite, donc il n'agonise pas. J'ai de
la misère avec votre aspect de dire que, pour les rites religieux, c'est
correct.
Mme Gaillard (Sophie) : C'est
surtout pour les gros animaux. Mais je tiens à préciser que les animaux sont soulevés, peu importe que ce soit dans l'abattage
rituel ou non rituel. Par contre, la problématique au
niveau de l'abattage rituel, c'est que l'animal n'a pas perdu conscience
au moment où il est soulevé du sol, et c'est là qu'il se
débat, etc. Donc, notre point de vue, c'est que c'est ça, le plus gros problème de bien-être
lié à l'abattage rituel; pas nécessairement le fait de faire l'incision sans avoir
désensibilisé l'animal mais vraiment de le soulever du sol pleinement
conscient.
Mme Soucy : Merci.
Mme Gaillard (Sophie) : Merci.
Le
Président (M. Morin) :
Bienvenue. Étant donné qu'il y
a des bons échanges, ça suscite des questionnements de notre ministre.
Est-ce que vous permettez qu'il pose certaines questions,
on a encore du temps? Mais vous comprendrez que je suis très permissif, compte
tenu de l'ambiance, parce que... Mais ça va bien.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Merci, M. le Président. Je tombe dans le coeur du projet de loi, là. J'ai tenté de comprendre
votre interprétation de la définition qui est issue, là, du Code civil
comme tel, vous allez voir que c'est le moyeu de la roue, si vous me passez
l'expression, là, et j'ai eu des discussions avec, je dirais, une tonne de
légistes, on s'est inspirés des
légistes de droit civil de l'Autriche, de l'Allemagne, de la Suisse, et tout
récemment la France vient de faire un
travail incommensurable là-dessus, et vous êtes, puis je vous le dis avec tout le
respect, là, le seul organisme qui
donnez à l'article 1 l'interprétation que vous lui donnez. Ou bien
tous les autres pays sont dans l'erreur, tous les autres juristes consultés sont dans l'erreur, et vous
avez raison, ce qui est possible, mais moi, étant donné que c'est le coeur
du projet de loi, là, je vais relire attentivement
l'interprétation que vous en avez donné, mais je vous saurais gré également de faire des vérifications auprès de spécialistes internationaux, nationaux et locaux de ce type de
droit, parce que c'est la première fois que je l'entends.
Mme Gaillard (Sophie) : Vous voulez
dire quand j'ai dit que l'impact était limité?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui.
Mme
Gaillard (Sophie) : Oui, bien c'est parce que ça n'aura pas d'impact
concret sur notre façon de traiter les animaux du jour au lendemain.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Non,
non, mais c'est majeur. On va le retirer, à ce moment-là.
Mme
Gaillard (Sophie) : C'est symbolique, et c'est important, à notre
avis, au niveau du symbole, ça sème des graines pour l'évolution du
droit civil en ce sens, mais c'est...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : ...le
garder ou le retirer?
Mme
Gaillard (Sophie) : Selon mes connaissances, les pays européens qui
ont adopté des amendements semblables,
leurs industries ont continué à fonctionner pas mal du pareil au même le
lendemain de l'adoption du projet de loi.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Je ne
sais pas si vous avez suivi attentivement les débats à l'Assemblée nationale
française, mais, strictement pour en arriver
à un libellé semblable, ça a pris, comment je pourrais dire ça, toute une
démarche politique puis un support de la population.
Mme
Gaillard (Sophie) : Oui, ça suscite beaucoup, beaucoup de bruit et ça
déclenche beaucoup d'inquiétude auprès
de l'industrie, mais le fait de redéfinir l'animal comme un être vivant mais de
dire que toutes les lois continuent à
s'appliquer à l'animal comme aux autres biens dans le Code civil, à mon avis,
ça ne va pas créer une révolution. Au niveau du symbole peut-être.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Mais ce
n'est pas ça que ça dit, là. Ce que ça dit, c'est que «les animaux ne sont pas des biens. Ils sont des êtres doués de
sensibilité et ils ont des impératifs biologiques.» C'est au deuxième alinéa
où on tombe dans l'interprétation :
«Outre les dispositions des lois particulières qui les protègent...» Donc, les
lois particulières qui les protègent
ont primauté. S'il n'y a pas de loi particulière qui les protège, là on tombe
dans le chapitre des biens. Mais on
donne la primauté aux lois particulières qui protègent les animaux, et ça, c'en
est une. Donc, l'interprétation est a contrario, là.
Mme
Gaillard (Sophie) : Mais les lois particulières qui s'appliquent aux
animaux, c'est, par exemple, la loi pénale dont vous parlez. Oui, ça a primauté, mais ça a déjà primauté, dans un
certain sens, à l'heure actuelle, parce que c'est... je veux dire, un chien a beau être un bien meuble, à
l'heure actuelle, sous le Code civil, si je torture mon chien, il y a quand
même le Code criminel et notre Loi sur la
protection sanitaire des animaux actuelle qui va intervenir pour m'empêcher.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Donc,
restons avec ce qu'on a actuellement, puis on n'a pas besoin de s'asseoir
ici, là, puis jaser.
Mme
Gaillard (Sophie) : Non, je crois que c'est extrêmement important au
niveau du symbole et je crois que ça ouvre
la voie à des développements très intéressants. Par contre, je ne crois pas que
du jour au lendemain ça va avoir un impact tangible sur la façon de
traiter les animaux, par exemple, dans l'industrie agroalimentaire.
• (17 h 10) •
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : On va
revérifier auprès de l'ensemble des juristes qu'on a consultés, là, parce
que c'est normal que les avocats n'aient pas
tous la même interprétation, sinon il n'y aurait pas de procès, puis les palais
de justice seraient vides, là. Mais ce que
vous me dites, là, m'inquiète profondément, et ça va à l'encontre de tous les
avis juridiques qu'on a reçus à date,
là. Ça fait que, je vous le dis, si vous pouvez revérifier, de votre côté, ou
le substantifier... Parce que,
si on fait fausse route, il faut le savoir dès le départ. Puis, si on est sur la
bonne voie, il faut le savoir dès le départ. Ça va?
Mme Gaillard (Sophie) : Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Merci.
Le
Président (M. Morin) :
Merci, M. le ministre. Donc, Me Gaillard, merci de votre
interprétation, les échanges sont très intéressants et très instructifs.
Merci. Bon retour à la maison.
Je suspends quelques instants et j'invite notre
prochain organisme à venir s'asseoir à table.
(Suspension de la séance à 17 h 11)
(Reprise à 17 h 14)
Le
Président (M. Morin) :
Nous reprenons nos travaux. Nous recevons Humane Society International. Donc,
mesdames, si vous voulez bien vous présenter. Ça va aller mieux pour vous que
pour moi.
Humane
Society International Canada (HSI Canada)
Mme Demianowicz
(Ewa) : Donc, je suis Ewa Demianowicz, responsable de campagne pour
Humane Society International Canada.
Mme Thurston (Sayara) : Et moi, je
suis Sayara Thurston, aussi responsable de campagne pour la Humane Society
International Canada.
Le Président (M. Morin) :
Bienvenue chez vous. Et vous avez 10 minutes pour votre présentation.
Mme
Demianowicz (Ewa) : Merci.
HSI Canada est un organisme à but non lucratif basé à Montréal
qui fait partie de Humane Society
International, un des plus importants organismes de protection animale au
monde. Notre organisme travaille sur
une variété de campagnes qui visent à améliorer le bien-être
animal et protéger toutes les espèces animales. Par exemple, nous avons une
campagne contre les usines à chiots, une campagne pour améliorer les conditions
de vie des animaux d'élevage
spécifiquement contre les méthodes de confinement intensif pour les truies
gestantes et les poules pondeuses,
une campagne internationale qui vise à mettre fin aux tests menés sur les
animaux pour les cosmétiques et plusieurs autres.
Au Québec, notre campagne contre les usines à
chiots nous a menés à collaborer avec le MAPAQ sur des saisies d'animaux d'envergure. En 2011, notre organisme a
participé à l'une des premières saisies importantes faites en vertu de la loi P-42, plus de 500 chiens ont été saisis dans un seul commerce d'élevage. Ces
animaux-là ont été maintenus dans un refuge
d'urgence où des employés et des bénévoles de HSI Canada se sont occupés des
animaux au quotidien pendant environ
trois mois. Depuis cette saisie, HSI Canada a aidé le MAPAQ sur une douzaine de
saisies qui totalisent près de 1 500 animaux secourus de situations
de négligence et ultimement placés en famille adoptive.
Comme mentionné
plus tôt, nous sommes un organisme à but non lucratif qui ne vit que sur les
dons du public. Nous ne recevons
aucune aide financière ou subvention
gouvernementale, et ce, même dans les cas de saisie en collaboration
avec le MAPAQ. Nous sommes donc un partenaire du MAPAQ important, vraiment à
part et indépendant.
Nous voulons
d'abord féliciter le ministre Paradis pour ce projet de loi et cette volonté
d'améliorer la condition de vie des
animaux au Québec. Nous, ainsi que la majorité des Québécois, attendions cette
réforme depuis longtemps, car malheureusement les modifications
apportées à la loi en 2012 n'ont pas été à la hauteur et n'ont pas réussi à
faire du Québec un chef de file en matière
de bien-être animal. Comparé aux autres provinces canadiennes, nous l'avons vu,
le Québec faisait encore piètre
figure. Avec ce projet de loi, nous voyons qu'il y a vraiment une volonté
d'améliorer la situation des animaux au Québec, et nous appuyons la
majorité des modifications proposées par le projet de loi.
Nous avons,
dans le cadre des consultations, quelques suggestions de modification pour
améliorer et solidifier le projet de
loi, vous les trouverez toutes dans le mémoire. Et nous avons identifié cinq
éléments prioritaires desquels nous voulions parler dans la
présentation.
Donc,
premièrement, les espèces couvertes par la loi. Tel que mentionné dans la
présentation précédente, nous croyons qu'une des lacunes importantes de
la loi actuelle qu'il faut absolument rectifier est d'accorder une protection sous la loi à toutes les espèces animales gardées
en captivité. Donc, contrairement aux autres provinces canadiennes, ce ne
sont pas tous ces animaux qui vont
bénéficier de la même protection au niveau législatif au Québec. Certains
animaux gardés en captivité ne seront
couverts que par la loi sur la mise en valeur de la faune, qui est insuffisante
et n'accorde que des protections de base aux animaux sans les protéger
adéquatement contre les abus et la négligence.
Mme
Thurston (Sayara) : Moi, je vais parler de quelques exemptions dans la
loi proposée. Et donc la plupart de
ces exemptions s'appliquent aux animaux d'élevage, et je prends quelques
moments pour nous faire penser au fait que les animaux d'élevage représentent de loin la majorité des animaux
élevés au Québec chaque année. Et, bien que notre société ne donne pas
la même valeur aux poulets, aux vaches, aux cochons et aux autres animaux de
ferme que nous accordons aux chiens et aux
chats, ces animaux restent des êtres tout aussi sensibles, intelligents et
capables de souffrance que les
animaux que nous gardons au sein de nos familles, et donc je souligne
l'importance de fournir des protections concrètes et significatives pour
ces dizaines de millions d'animaux élevés au Québec tous les ans.
Alors, je vais
d'abord adresser la section 7 et les exemptions pour les industries
agricoles, d'enseignement et de recherche scientifique, dont les deux
derniers sont discutés dans notre mémoire.
Exempter ces
industries avec le terme «les règles généralement reconnues» est problématique
si ce terme n'est pas défini, alors
on recommande d'abord que ce terme soit modifié et que l'exemption de ces
industries soit selon des règles
raisonnables et généralement reconnues. Cette formulation est plus claire, plus
appropriée et elle déjà utilisée dans plusieurs... d'autres provinces
canadiennes.
Concernant la
définition des règles généralement reconnues, pour éviter la confusion chez les
producteurs et les inspecteurs qui
appliquent la loi, il faut absolument que les pratiques généralement acceptées
soient définies pour chaque activité pour lesquelles une exemption
générale des articles 5 et 6 s'applique et que ces définitions soient
adoptées comme des obligations positives dans les règlements à venir sur la loi
proposée.
Pour
ce qui est des pratiques agricoles, HSI Canada recommande que, pour toutes les
industries pour lesquelles un code
rédigé par le Conseil national pour les soins aux animaux d'élevage existe, ce
document soit utilisé pour définir les
règles raisonnables et généralement reconnues. En se référant à ces codes de
pratique, la loi devrait également préciser que les plus récentes mises
à jour des codes de pratique sont en vigueur.
Et HSI Canada
encourage le gouvernement d'adopter toutes les sections obligatoires des codes
de pratique dans sa législation. Ce
qu'on voit au Canada actuellement est un système inconsistant et inquiétant par
rapport à l'adoption des codes de
pratique dans les provinces. Ce qu'on
aimerait voir au Québec est une protection claire et uniforme pour
les animaux d'élevage, et on encourage le gouvernement à suivre l'exemple de Terre-Neuve dans ce cadre en adoptant les exigences des codes de pratique comme des
obligations positives dans les règlements à venir. Le public québécois est
de plus en plus conscient du traitement des animaux de ferme, et le gouvernement a le pouvoir et la responsabilité d'agir dans ce dossier.
Nous recommandons aussi que les industries
soient requises de fournir des preuves de conformité avec leurs normes respectives. À cette fin, HSI Canada
suggère que toutes les industries exemptées des dispositions de bien-être
animal du projet de loi soient obligées, par réglementation, d'établir un
système d'audit par des tiers dans un délai raisonnable.
• (17 h 20) •
Mme
Demianowicz (Ewa) : Donc, notre troisième point important concerne le
système de permis. Nous suggérons qu'un
système de permis soit nécessaire dès qu'il y a cinq animaux et plus gardés
dans un endroit, que ce soient des chats, chiens ou des équidés. Il nous paraît essentiel que toute personne
tirant profit de la vente d'animaux soit soumise au système de permis.
Dans le cas
des équidés, c'est d'autant plus important, vu leur taille et leurs besoins;
garder cinq chevaux est un grand
engagement au point de vue des soins et des ressources financières qui seront
nécessaires pour assurer leur bien-être. Et, nous le savons, les cas de négligence et d'abus sont très communs
avec les équidés, je crois qu'ils représentent 50 % des plaintes qui sont
logées auprès du MAPAQ, nous avons vu
des cas dans les médias où des chevaux sont morts suite à de la négligence extrême. Donc, il est important,
selon nous, d'encadrer la garde de plus de cinq équidés en soumettant
les propriétaires au système de permis.
Toujours
pour le système de permis, limiter le nombre d'animaux
reproducteurs maintenus dans les élevages. Cette limite permettrait d'adresser le problème de surpopulation
animale au Québec mais aussi d'assurer un meilleur respect
des lois sur le bien-être animal en milieu d'élevage.
Nous savons
tous qu'il y a un grand problème de surpopulation de chats et de chiens au Québec.
Chaque année, des milliers d'animaux
se retrouvent dans des refuges ou sont euthanasiés, faute de foyer pour les
accueillir. Le nombre d'animaux de compagnie disponibles est tout
simplement plus élevé que le nombre de foyers disponibles.
Une façon de
régler ce problème de surpopulation est de limiter le nombre
d'animaux produits à la source, soit dans
les commerces d'élevage. Plusieurs États aux États-Unis ont d'ailleurs adopté cette mesure, ils faisaient face à une
situation similaire de surpopulation, et ils ont limité le nombre d'animaux
dans les commerces d'élevage au nombre de 50 ou de 75, dépendamment de l'État.
Cette limite
du nombre d'animaux reproducteurs assure aussi une meilleure qualité de vie aux
animaux dans ces commerces, car c'est
plus facile de maintenir, là, des normes minimales pour les soins pour les
animaux lorsqu'il y en a moins. Il a
été prouvé, là, que plus un volume d'élevage est élevé, plus la qualité de vie
des animaux reproducteurs qui s'y
trouvent diminue. C'est souvent les grands élevages qui sont reconnus coupables
d'infraction grave aux lois en matière de
bien-être animal. Donc, nous, nous suggérons une interdiction
de garder plus de 50 chiens ou chats non stérilisés dans les
élevages.
Finalement,
dernier point pour les permis, c'est d'exiger l'inspection avant la délivrance
d'un permis. En ce moment, le permis
ne s'accompagne pas d'inspection obligatoire avant la délivrance du permis et
ne mentionne aucune inspection obligatoire par la suite, et ce, même
lors de demandes de renouvellement, donc, dans les faits, ce système ressemble davantage
à un système de registre ou d'enregistrement plutôt qu'à un système
de permis. Souvent, un permis provincial va être perçu par le public
comme étant une garantie de conformation aux lois en vigueur, en d'autres mots
des établissements approuvés par le gouvernement. En ce moment,
des établissements qui ne respectent pas les lois provinciales
en matière de bien-être animal sont
susceptibles de se munir d'un permis, tant que leur demande de permis est dûment
complétée. Il est très dangereux de délivrer
des permis sans une inspection des lieux au préalable, donc, pour nous, c'est
essentiel de faire cette modification. D'ailleurs, aux États-Unis, pour recevoir un permis, il y a des inspections
annuelles qui ont lieu.
Quatrième
point : l'application de la loi. Apporter des modifications à la loi
représente certainement un premier pas vers une amélioration de la qualité
de vie de nombreux animaux, par contre
HSI Canada souhaite que ces changements se reflètent aussi sur le terrain et qu'ils aient
un impact réel sur la vie des animaux. Sans un système d'inspection efficace,
une approche proactive sur le terrain et un investissement financier dans les saisies, la portée de cette nouvelle loi sera
limitée. Il faut être en mesure de répondre
aux plaintes ou aux cas de maltraitance en intervenant auprès des
contrevenants, et, selon notre expérience, le système actuel de mise en application
de la loi est très lourd.
Il y a plusieurs étapes avant d'intervenir dans
les cas de négligence, on laisse beaucoup d'avertissements aux contrevenants. Il y a des années qui passent
et plusieurs animaux qui souffrent avant qu'on intervienne vraiment
sur le terrain. Une solution qu'on
suggère pour améliorer et alléger le travail des inspecteurs du MAPAQ est
d'élargir le pouvoir des SPA et SPCA
mandatées par le gouvernement pour appliquer la loi pour les chats et les
chiens pour qu'ils puissent le faire à tous les animaux couverts par la
loi. Le Québec est la seule province dans laquelle les agents mandatés pour l'application de la loi relative à la protection
animale ne peuvent appliquer cette loi à toutes les espèces couvertes, ceci est...
Le Président (M. Morin) :
Je vous invite à conclure.
Mme
Demianowicz (Ewa) : Oui,
bien je vais passer tout de suite à un point vraiment primordial pour nous,
c'est le fait de libérer les animaux beaucoup plus rapidement que nous
le faisons en ce moment.
Donc, comme j'ai mentionné plus tôt, on
collabore beaucoup sur les saisies d'envergure et nous sommes responsables des animaux que le MAPAQ saisit dans
un refuge d'urgence. En ce moment, il y a des opérations qui nous coûtent des
dizaines de milliers de dollars parce que les délais de garde jusqu'à ce qu'un
juge décide de la garde des animaux peuvent
être très longs. Nous avons eu des cas où les animaux ont été gardés dans un
refuge pendant un an, donc imaginez. Des employés, des bénévoles qui se
déplacent à tous les jours pendant un an pour subvenir aux besoins de beaucoup
d'animaux, ça représente beaucoup
d'argent. Des délais de quatre à six mois sont par ailleurs très courants dans
les cas de saisie, c'est juste trop facile
pour les contrevenants de contester les saisies et d'étirer les procédures
légales en cours.
Donc, nous
voulons que le gouvernement se penche sur la possibilité d'ajouter des
dispositions dans la loi qui accorderaient
la garde des animaux plus rapidement, par exemple immédiatement après une
saisie. Ces saisies-là sont faites quand même avec mandat, donc il y a
déjà une première étape qui se fait devant un juge; il nous paraît un peu superflu de repasser devant un juge pour déterminer
si ces animaux-là devraient être à la garde du gouvernement. Nous croyons que c'est la responsabilité du saisi de
contester et de donner une avance de fonds sur les frais de garde qui vont
être nécessaires pour garder les animaux, si jamais ils contestent cette
saisie.
Et je voudrais juste souligner qu'aux États-Unis
nos collègues qui travaillent, là aussi, avec les autorités gouvernementales dans le cas de saisies
réussissent, là, à avoir la garde des animaux très rapidement, on parle de sept
à 10 jours. Donc, il y a sûrement une possibilité, là, de le faire au niveau de
la loi. Et ceci serait une bonne nouvelle pour les organismes, pour le gouvernement, pour les contribuables mais aussi
pour les animaux, là, qui ne devraient pas, là, être dans un refuge d'urgence qui n'est pas adapté, là, pour garder des
animaux à long terme, passer des mois et des mois dans ces endroits-là.
Le Président (M. Morin) :
Merci. Je sais que c'est un gros travail de préparer votre mémoire; il faudrait
peut-être, pour les prochains, s'enligner
sur les 10 minutes qu'on vous donne. Je suis très permissif. Peut-être
que, si c'est un autre président, il va vous demander d'arrêter à
10 minutes. Mais, vu que l'ambiance est bonne... Merci de votre
intervention. M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...prendre
sur mon temps puis je vais... Dans un premier temps, je tiens à vous remercier de la collaboration. À chaque fois qu'on
a eu à effectuer des saisies, puis ce n'est jamais dans des situations qui sont faciles, c'est toujours des situations
qui sont complexes, qui sont extrêmement difficiles, vous avez travaillé avec
les gens du ministère de façon impeccable, vous prenez bien soin des animaux
parce que vous en avez la vocation.
Maintenant,
moi, j'ai accroché, là, sur votre dernier point, saisie, confiscation, etc., et
je partage votre point de vue. Les
délais sont longs, puis, pendant ces délais-là, il y a une perturbation chez
l'animal qu'on n'a pas besoin d'étirer inutilement dans le temps.
Ce que
j'aurais besoin de votre part — je vais vous demander encore du bénévolat
puis du travail — j'aurais
besoin que vous me preniez les
sociétés où ça fonctionne le mieux. Tu sais, on est quand même dans un régime
judiciaire, on ne peut pas se faire justice à soi-même, mais quelle
société à laquelle on peut se comparer qui y va le plus rapidement possible et dans laquelle ce n'est pas le
contribuable qui assume le fardeau de garder un animal? Parce que ça coûte
cher, garder un animal, comme tel.
Là-dessus, si vous pouviez nous envoyer de la documentation additionnelle, on
pourrait voir comment on peut ajuster le libellé du projet de loi de
façon à être plus performants.
• (17 h 30) •
Mme
Demianowicz (Ewa) : C'est sûr qu'on va pouvoir vous envoyer des
extraits de lois américaines des États qui
ont adopté des mesures, là, qui leur permettent de récupérer les animaux
rapidement. Par contre, ce que je comprends, là, de la loi, c'est qu'on n'a pas les mêmes bases, là, qu'aux États-Unis,
donc il se peut, là, que ce ne soit pas nécessairement facile de
répliquer exactement ce langage-là dans nos lois à nous.
Mais moi, je
tenais quand même à souligner dans le mémoire qu'on a des dispositions déjà qui
permettent de demander une avance de
fonds. Si un juge ordonne le maintien sous saisie des animaux jusqu'au jugement
final, il y a quand même un mécanisme
qui demande une avance de fonds de la part du saisi. Donc, ça serait de peut-être inclure ce
mécanisme-là un peu plus tôt dans le processus, donc dès qu'il y a
contestation, là, de la saisie, en tant que tel.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Le
droit américain, bien qu'il ne soit pas importable ou exportable de façon,
là, littéraire, comme tel, peut quand même
être une source d'inspiration. Maintenant, je pense que vous oeuvrez également dans
d'autres juridictions canadiennes, et ça, quand on touche à l'aspect common
law, là, on peut s'en servir de façon assez
exemplaire. Ça fait que, si vous aviez la gentillesse de mettre
ça ensemble, là... Parce que je suis conscient de ça, on en fait de plus en plus. Je regardais les statistiques d'intervention au niveau des saisies : même avant l'adoption de ce
projet de loi là, en vertu de la loi en vigueur, on a augmenté la pression sur le
système, grâce à votre collaboration. On veut continuer à le faire.
L'entrée en vigueur de cette loi-là devrait, comment je pourrais dire, servir
de processus d'éducation.
On souhaite qu'on en ait moins à faire dans l'avenir, mais, dans l'intervalle,
à chaque fois qu'il y a une saisie, le bien-être animal, plus longtemps
on ne sait pas c'est qui, le propriétaire, plus longtemps ça reste devant le
système judiciaire, plus insécurisant c'est pour l'ensemble des intervenants.
Ça va? Merci. Moi, ça va. Le reste du mémoire,
là, je vais en prendre connaissance, mais je suis arrêté sur la saisie,
confiscation, etc., parce que vous avez une expertise particulière dans ce
domaine-là.
Le
Président (M. Morin) : Oui, M. le député de Saint-Maurice.
M.
Giguère : Oui. Au
point 8, on dit que, les chiens, chats, équidés, on «doit fournir à
l'animal la stimulation, la
socialisation ou l'enrichissement
environnemental qui [convient] à ses impératifs biologiques», puis vous voulez
qu'on l'amène à tous les animaux d'élevage, entre autres. Donc,
j'aimerais ça vous entendre un petit bout sur ça.
Mme
Thurston (Sayara) : Bien, dans notre mémoire, je pense, en fait, qu'on
suggère que le point 8 s'applique à
tous les animaux qui sont gardés en captivité, donc pas seulement les chats,
les chiens et les chevaux, mais aussi les lapins, les animaux exotiques, etc., avec une vision... et
éventuellement accorder pas exactement ce qui est accordé dans le point 8
mais les cinq libertés pour tous les animaux d'élevage. Les cinq libertés,
c'est un système, si vous voulez, qui est très accepté dans le monde scientifique de bien-être des
animaux d'élevage, et c'est un système qui est appliqué de plus en plus dans
les nouveaux systèmes de logement, par
exemple, donc c'est vraiment ce que les industries visent à combler avec leurs
nouveaux systèmes. Donc, oui, je pense tout
à fait que... Ce n'est sûrement pas pour tout de suite, vu les installations
qui existent actuellement au Québec,
mais ça devrait être vraiment le but pour tous les animaux d'élevage dans le
futur, que ces cinq libertés soient comblées.
M.
Giguère : O.K. Que ça devienne des critères pour les prochains
élevages qu'on va faire, avec les prochaines installations que nous
allons faire ici, au Québec.
Mme
Thurston (Sayara) : Exactement, oui. Donc, même en ce moment ça se
passe, actuellement. On a vu la semaine
dernière que McDonald, justement, a demandé à leurs fournisseurs d'élever leurs
poules pondeuses en liberté. Donc là,
on commence vraiment à parler de demander aux producteurs de laisser aux
animaux assez d'espace pour bouger, pour exprimer les comportements
naturels, pour pouvoir être dans des situations qui ne leur causent pas de
stress, pas d'anxiété. Donc, c'est un
mouvement qui est déjà commencé, pour vraiment accorder plus de liberté des
animaux d'élevage, et c'est sûr que ça va continuer au Québec et
ailleurs.
Le
Président (M. Morin) : Merci. M. le député de Saint-Maurice, ça
va? M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Chevarie :
Oui. Probablement deux questions.
D'abord,
vous recommandez fortement que les codes de pratique du Conseil national pour
les soins aux animaux d'élevage
soient inscrits dans la réglementation, c'est ça, mais j'aimerais avoir votre
point de vue sur les guides de pratique, de bonnes pratiques qui sont suggérées et diffusées au niveau de
l'ensemble des entreprises d'élevage, que ce soit au niveau des bovins, des porcs, ainsi de suite, parce que
c'est vraiment... je pense que les entrepreneurs dans ces milieux-là ont
intérêt à ce que leur animal puisse être élevé de la meilleure façon possible
et dans les meilleures conditions possible.
Mme
Thurston (Sayara) : Quand vous dites «les guides de pratique», vous
voulez dire «les documents à part les codes de pratique du Conseil
national des soins aux animaux d'élevage»?
M. Chevarie :
Bien, des différentes fédérations, des...
Mme
Thurston (Sayara) : O.K., O.K.
Bien, je pense que c'est très, très important
d'avoir de la consistance. À la ferme,
pour les industries, c'est sûr qu'on voit... à travers le monde il y a
de plus en plus d'attentes chez les consommateurs, que les consommateurs veulent savoir comment les
animaux étaient traités pendant leur vie, et c'est très dur à assurer si
différents systèmes, différents guides pour le bien-être animal entre les industries
et même dans la même industrie... s'il y a plusieurs systèmes de bien-être qui peuvent être
suivis. Donc, je pense qu'en fait c'est plus rentable pour le producteur s'il y a de la consistance
dans ce système-là. C'est ce qu'on voit dans les autres provinces, les
inspecteurs des autres SPCA, par exemple, sont formés avec les codes de pratique du Conseil national de soins
des animaux d'élevage. Je pense que c'est vraiment un avantage pour les
producteurs de pouvoir tous avoir des normes et des exigences qui sont
comprises. Il n'y a pas de confusion, il n'y a pas de peut-être là-dedans.
Donc,
c'est sûr que ça va être puissant pour les producteurs dans le futur
et aussi pour les gouvernements, parce
que
ça devient de plus en plus une question...
Quand on parle du commerce, par exemple, il y a déjà... en Europe il y a des situations
où il faut que les lois européennes, par exemple, soient appliquées quand les
animaux quittent la région européenne, donc
ça devient vraiment quelque
chose qui est demandé par d'autres
pays, par d'autres compagnies, par des consommateurs aussi.
Donc,
plus c'est clair, plus que c'est consistant, plus c'est facile, pour les
producteurs et pour les industries, de se développer
sur l'échelle mondiale. Donc, je
pense que se fier vraiment
à un système qui est assez reconnu au Canada... C'est
sûr que ce n'est pas un système parfait, il y a beaucoup
d'espace pour améliorer le système des codes de pratique du conseil national, mais c'est le système qu'on a actuellement et c'est compris entre les producteurs et par les associations, l'industrie aussi.
Donc, je pense que c'est vraiment dans cette direction-là qu'on devrait se
pencher.
M.
Chevarie : O.K. Est-ce que
vous avez... Je pense que vous mentionnez également
que c'est Terre-Neuve-et-Labrador
qui est la province de référence par rapport à ces éléments-là pour le Canada.
Mme
Thurston (Sayara) : Oui, exactement, parce qu'en ce moment c'est la
seule province où c'est obligatoire, pour les producteurs, de respecter
les codes de pratique.
Donc,
actuellement, ce qu'on voit dans les codes de pratique, il y a des exigences,
et après il y a des recommandations.
Donc, ce que Terre-Neuve a fait, c'est de rendre, bien, obligatoires les
exigences dans les codes de pratique,
et c'est ça qu'on aimerait voir au Québec aussi. Et comme ça c'est très, très
clair pour les producteurs, ce qui est demandé de leur part pour le
bien-être animal.
M.
Chevarie : Dans un autre ordre d'idées, je pense que vous avez
mentionné qu'il devrait... ou une proposition ou une suggestion qu'il devrait y avoir une inspection avant d'émettre
un permis par le MAPAQ pour ce qui est des chats ou des chiens, peu importe, et, selon l'information qu'on a, le MAPAQ
fait une visite, fait une inspection avant d'émettre, déjà, le permis.
• (17 h 40) •
Mme
Demianowicz (Ewa) : Je ne pense pas que c'est obligatoire et je crois
qu'elles sont faites un peu dans... Ce qui
est important, c'est de vraiment s'assurer qu'il s'agit bel et bien d'un
permis, donc qu'il y a eu une visite des lieux, on s'est assuré que les lieux sont conformes, parce que, de la façon que
la loi est rédigée en ce moment, il n'y a qu'un formulaire à remplir, fournir quelques informations assez de base, et,
le permis, on le reçoit par la poste. Donc, il n'y a pas nécessairement
de visite qui se fait ou de visites régulières.
Donc, ça
s'est vu, des élevages qui étaient conformes à leurs débuts, finalement les
personnes sont devenues plus âgées, les animaux ont commencé à dépérir parce
qu'il y a eu moins de soins, et pourtant c'étaient des élevages qui étaient
reconnus quelques années auparavant. Donc,
c'est important, là, de s'assurer que, si un commerce a un permis provincial
avec un numéro valide auquel le public peut
se référer, auquel le public fait confiance... que ces endroits-là sont des
endroits qui sont bel et bien conformes et que les animaux sont bien
traités.
Il y a
beaucoup, encore, de commerces d'élevage dans la province qui sont
problématiques, qui sont de grands élevages, qui produisent des animaux
à la chaîne dans des conditions vraiment inacceptables, qui ne sont pas encore sanctionnés parce que justement notre processus
d'inspection est tellement difficile et lourd que souvent ça prend des années
avant qu'il y ait réellement, là, une
condamnation d'un propriétaire. Donc, à la base, sur papier, cet élevage-là
pourrait donner l'impression qu'il
est acceptable, alors que dans les faits, là, sur place, il ne l'est pas. Donc, c'est pour ça que, pour nous, c'est vraiment
important, là, qu'on ait des inspections claires qui sont prévues dans la loi.
M.
Chevarie : Je pense que vous
avez raison, il n'y a pas vraiment une réglementation à cet
effet-là, mais il y a des directives ministérielles qui exigent une
visite, une inspection avant l'émission du permis.
Et, en ce qui
concerne le nombre de saisies — on me donne une note ici — en
2014, plus de 600 animaux qui ont
été saisis; en 2015, on est rendu à près de 300 animaux saisis suite à des
inspections qui ont été faites par le MAPAQ. Alors, merci.
Mme
Demianowicz (Ewa) : Alors,
on encourage le gouvernement à continuer leurs inspections et à faire des saisies,
ça, c'est certain, parce que c'est le seul moyen de fermer ces élevages-là qui
continuent, là, de profiter... En fait, du moment qu'ils ont un marché puis que les gens peuvent acheter, bien ils vont continuer à opérer, tant qu'il n'y aura pas une intervention, là.
Le Président (M. Morin) :
J'aurais peut-être, moi, un petit questionnement. Est-ce que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : ...sur
le temps de qui?
Le Président (M. Morin) :
Oui, je vais le faire... C'est sur votre temps, M. le ministre.
Est-ce que ces nouvelles façons d'élevage
parfois peuvent être dommageables pour la santé humaine? Les médecins
vétérinaires l'ont dit tout à l'heure. C'est quoi, votre position? Si on parle
du porc, la trichinose...
Mme Thurston (Sayara) : Si le bien-être
animal peut avoir un impact sur la santé humaine? C'est ça, votre question?
Le Président (M. Morin) :
Dans cette nouvelle façon d'élevage que vous proposez.
Mme
Thurston (Sayara) : Non,
non, non. Les systèmes, par
exemple, avec les animaux en liberté
sont très, très communs. Ce sont des systèmes
qui existent déjà au Canada, qui sont très bien gérés et qui sont...
bien, qui existent depuis très longtemps.
En fait,
c'est le fait de garder des animaux dans des cages minuscules qui emporte plus
de risques pour la santé humaine parce que,
bien sûr, ça stresse un animal, qui baisse son système
immunitaire, qui le rend plus susceptible à des maladies. Je ne suis, bien
sûr, pas vétérinaire, mais il y a beaucoup de littérature scientifique là-dessus.
Donc, quand
on parle de systèmes avec des animaux en liberté, ce sont des systèmes
qui existent depuis très, très
longtemps, qui sont très bien connus et qui... C'est sûr que ce sont des
méthodes différentes, donc, pour un producteur qui a toujours élevé, par
exemple, ses truies en cage de
gestation, il va falloir apprendre des pratiques de gestion différentes,
mais ça ne veut pas dire qu'il y a plus de risques associés avec ces systèmes, pas
du tout.
Le
Président (M. Morin) :
Parce que, quand j'étais un petit peu plus jeune, les
agriculteurs avaient très peu de porcs, mettons, l'exemple, et ce
n'était pas la même approche. Je ne sais pas si aujourd'hui, avec la quantité
de porcs qui se promèneraient
à l'extérieur... Je ne sais pas de quelle façon... Et vous savez qu'un porc, ça
prend de la bonne terre, parce
qu'ils font des moyens ravages. Donc, c'est simplement une question pour
factualiser ce que vous dites.
Mme
Thurston (Sayara) : Oui,
oui. Non, c'est... Bien, en fait, quand on parle... Bien, quand on parle, par exemple, des codes de pratique du
Conseil national de soins des animaux d'élevage, on ne parle pas de retourner
dans le vieux bon temps avec les
animaux dans le champ, ce n'est pas
du tout ça. En fait, on n'accorde vraiment,
les animaux, pas énormément plus d'espace qu'actuellement, c'est juste une
question vraiment de donner un niveau
de bien-être de base à ces animaux-là, donc
les enlever de leurs cages très, très petites et d'assurer un niveau très
minimal de bien-être animal. Donc, ça ne prend pas beaucoup d'espace de
plus, en fait.
Le Président (M.
Morin) : Merci. C'est une bonne précision parce que peut-être
que dans la tête de certains agriculteurs ce questionnement arrivait. Merci. Je
suis dans le temps. M. le député de Berthier, à vous.
M. Villeneuve :
Vous vous autorégulez, M. le Président.
Le Président (M.
Morin) : Oui, oui.
M.
Villeneuve : C'est bon. Bonjour, mesdames. Évidemment, si le coeur du projet de loi est l'article 1 de la partie I, ce qui va faire en sorte que ce projet de loi là va pouvoir se réaliser, c'est les moyens qu'on va lui donner, qu'on
va bien vouloir y mettre aussi, hein,
parce que tout part de là, il faut avoir les ressources
pour faire cela. Et, dans votre mémoire, là, vous dites : «De plus, le gouvernement doit prendre les mesures nécessaires pour
répondre aux plaintes des citoyens par
rapport au bien-être
animal en formant un nombre suffisant d'inspecteurs qui peuvent agir sur le
terrain.» Selon vous, c'est vraiment
le gouvernement du Québec qui doit être la pierre angulaire de toute
l'inspection qui doit se faire, malgré le
fait que tantôt vous parliez de la SPA, SPCA? Mais j'aimerais vous entendre sur
le rôle du gouvernement par
rapport aux suites à donner pour justement réaliser l'ambition du projet
de loi n° 54.
Mme
Demianowicz (Ewa) : En fait,
le gouvernement mandate les SPA, SPCA et leurs inspecteurs, donc
c'est quand même le gouvernement qui forme ces inspecteurs-là. Donc, nous, vraiment,
ce qu'on essaie de souligner, là, de
façon très claire, là, c'est que, tant qu'on n'aura pas assez d'inspecteurs
et de ressources pour intervenir et faire appliquer la loi, la loi va rester, là, une loi sur papier.
Donc, il faut avoir cette volonté-là aussi de, oui, faire changer la législation, qui est une première étape,
mais ensuite de se pencher sur notre système de mise en application de la loi et de regarder
s'il y a des failles et s'il y a des améliorations qui peuvent être faites.
En
ce moment, nous, selon notre expérience, parce qu'on n'est pas mandatés
par le MAPAQ pour les enquêtes ou les
inspections, nous, notre expérience, c'est vraiment d'intervenir au moment où il y a saisie, mais, de ce qu'on voit sur le terrain, c'est que c'est encore très, très
difficile d'arriver à ce moment où des lieux où il y a vraiment
négligence claire, abus sont fermés, où il y a des accusations qui sont
portées, où il y a éventuellement une interdiction de possession d'animaux, alors qu'ultimement c'est la façon où
on arrête, là, l'abus, c'est de condamner les contrevenants. Donc, c'était
ça, l'esprit de ce commentaire-là.
M.
Villeneuve : La SPA,
SPCA ne couvrent pas l'ensemble... à moins que vous me disiez le contraire, là,
mais je ne crois pas qu'elles
couvrent l'ensemble du territoire québécois. Comment on va suppléer, pour la suite des
choses, pour les territoires qui ne sont pas couverts par SPA, SPCA? Est-ce
que vous avez une idée de comment ça va...
Mme
Demianowicz (Ewa) : Bien, en ce moment, on a des inspecteurs du MAPAQ qui couvrent les territoires
qui ne sont pas couverts par les SPA, SPCA,
mais il faut aussi souligner le fait que ces organismes-là sont souvent très
peu financés, là. Ils ont quand même
besoin de beaucoup de ressources pour, eux-mêmes, aller faire appliquer la loi. Ils ont
souvent des inspecteurs qui sont là à temps partiel. Donc, c'est sûr
qu'ultimement...
M.
Villeneuve : Donc, il y a un manque de ressources clair en ce
moment. Et, si on va avec l'application de la loi demain matin, bien là
il va falloir vraiment combler cela, là, de façon importante.
Mme
Demianowicz (Ewa) : Bien, en fait, c'est sûr que ça demande un
investissement, là. C'est sûr qu'il y a des façons d'améliorer les
interventions, que ce soit en étant un peu plus sévère dès les premières
visites au lieu d'étirer et de faire de
multiples visites dans un endroit avant, là, de donner des rapports
d'infraction. Ce serait un moyen, là, sans mettre beaucoup plus de
ressources, d'être plus efficace sur le terrain.
Mais
nous, aussi, on a suggéré, là, l'implantation d'une taxe de 1 % sur les
produits animaux pour générer un fonds qui pourrait être investi ensuite
dans la mise en application, mais c'est sûr qu'il y a plusieurs façons de...
M.
Villeneuve : Et déjà vous faites des propositions qui vont
nécessiter nécessairement davantage d'inspecteurs, davantage de personnel sur le terrain, de
ressources, ne serait-ce que la visite avant d'émettre le permis pour
effectivement s'assurer que tout se
passe bien dès le départ, et après ça peut-être des visites annuelles. Parce
que, là, présentement, c'est sur
plainte ou c'est sur... Si on n'a pas de plainte d'un organisme, bien, bon, on n'y
va pas ou on y va moins. Alors donc, déjà,
vous, vous demandez de telles... Avec vos demandes, vous mettez une pression,
justement, sur le nombre de ressources nécessaire.
Vous parlez de saisie... Oui, allez-y, allez-y.
Vous vouliez...
Mme Demianowicz (Ewa) :
Bien, en fait, oui, c'est sûr que l'idéal, ce serait de faire des inspections
avant de délivrer un permis. Par contre, pour l'instant, il y a deux
catégories de permis : un permis qui est pour ceux qui ont 50 animaux et plus, 50 animaux et moins.
Ça serait important qu'au moins pour les élevages où il y a 50 animaux et
plus, qui sont souvent les plus à risque de contrevenir à la loi, il y
ait une visite au préalable avant de délivrer le permis.
M.
Villeneuve : Vu qu'on est dans le bien-être animal — et moi, je ne m'y connais pas beaucoup, là,
mais c'est pour ça que vous êtes ici, hein, c'est entre autres pour venir
m'informer — quand on
parle de ces... Et M. le ministre, il dit que lui aussi, il veut être informé. Bien, tout à fait, on est tous là
pour être informés, puis Dieu sait qu'on a des gens de qualité et on aura d'autres gens de qualité qui
vont poursuivre les auditions. Mais moi, je me pose la question. Lorsqu'il
y a une saisie et que ça prend autant de
temps que ça prend présentement pour arriver à une solution, l'animal, il
vieillit, là, l'animal qui a été... les animaux qui sont saisis, ils
vieillissent. Alors, si on parle de bien-être, est-ce qu'on prend en considération, est-ce qu'on trouve quelque part
dans le projet de loi... Puis, vous, ce que vous dites, il faut enlever de la
lourdeur pour, justement, accélérer. Parce
qu'en bout de course, là, je ne sais pas ce qui arrive aux animaux, là, mais,
si on avait un chiot, puis que ça a
pris un an, bien il a un an. On fait quoi, là, avec cet animal-là qui a un an,
là? Je vous pose la question.
Qu'est-ce qui arrive à ces animaux-là qui sont pendant un an dans une zone
grise? Ils n'ont pas de maître, à ce que je sache, là, vous allez
peut-être m'informer, ils n'ont pas de maître, ils ont... C'est quoi, l'avenir
qu'ils ont, ces animaux-là? Qu'est-ce qu'il arrive de ces animaux-là par la
suite, après de longs délais comme ça?
• (17 h 50) •
Mme
Demianowicz (Ewa) : Bien, je peux vous rassurer qu'on a un taux de
succès de placement assez exceptionnel,
là. Donc, on va vraiment, là, euthanasier des animaux... bien en fait c'est le
MAPAQ qui euthanasie, c'est ultimement
eux à qui appartiennent ces animaux-là, mais vraiment dans les cas où on a des
problèmes de maladie vraiment irrécupérables,
où les animaux ont des problèmes de comportement vraiment importants, mais,
pour ce qui est de l'âge ou d'un
problème, là, plus léger, qui ne met pas en danger, là, le public, là, on se
met tous ensemble, là, on a un réseau de
groupes de sauvetage. Il y a plusieurs personnes qui ont à coeur le bien-être
animal qui veulent adopter des animaux qui
ont des besoins plus importants, des animaux plus âgés, des animaux qui ont
besoin de médicaments. Donc, on trouve, nous, avec nos partenaires, là, un placement pour ces cas plus
difficiles là. On a envoyé des animaux en avion, là, jusqu'à Calgary
pour placement. Donc, ça, ce n'est pas un problème dans la mesure où on a la
garde des animaux.
Ce qui est un
problème, c'est le fait que, si on peut les placer plus rapidement, bien c'est
mieux pour l'animal parce que, oui, il n'est
pas dans cette espèce d'entre-deux où il est maintenu dans un refuge que, oui,
on essaie de rendre le plus optimal
possible, avec des bénévoles, avec des employés, mais qui n'est pas une famille,
là, donc qui n'est pas ce qu'on souhaite, là, ultimement comme pour le
chat, le chien saisi.
M. Villeneuve :
Rapidement, vous étiez ici tantôt, on a parlé de l'abattage rituel ou abattage
religieux. Vous voyez ça comment, vous? Vous avez une position là-dessus?
Mme Demianowicz
(Ewa) : Bien, on n'a pas abordé ce sujet-là dans le mémoire.
M. Villeneuve :
Non, j'ai... Oui, j'ai remarqué, oui.
Mme Thurston
(Sayara) : Je peux répondre. Oui, un peu comme Sophie avait dit
tantôt, c'est vrai que c'est possible de
respecter l'abattage rituel sans trop faire... bien sans faire souffrir
l'animal, mais ce qui est vraiment un problème actuellement, c'est le
fait de suspendre l'animal avant qu'il soit rendu insensible, donc, avec...
M. Villeneuve :
...
Mme Thurston
(Sayara) : Oui.
M.
Villeneuve : Puis je ne veux pas imputer des paroles à la dame
tantôt, je suis allé discuter avec elle hors micro, et ce qu'elle me disait, en tout cas ce que j'ai
compris, puis vous me corrigerez, madame, j'irai vous voir tantôt, là, mais
c'est que théoriquement, oui; en pratique,
non. Donc, que l'animal ne souffre pas, là, puis que... théoriquement c'est
vrai qu'ultimement ils étaient
d'accord, là, mais qu'en pratique cette façon de faire là n'amène pas les
résultats escomptés.
Mme
Thurston (Sayara) : Oui, c'est vrai. C'est aussi le cas qu'il y a des...
bien, il y a des avis scientifiques, moi, je ne suis vraiment pas experte en abattage rituel, mais que c'est
possible de faire l'abattage rituel avec un animal qui est déjà rendu insensible, donc que ce n'est pas
forcément nécessaire, bien, de couper la gorge de l'animal avec l'animal qui
est sensible à 100 %. Donc, je sais que
ça existe, des systèmes qui sont conformes avec les religions où c'est possible
de rendre un animal insensible avant de le tuer.
M. Villeneuve :
Merci beaucoup.
Le Président (M.
Morin) : Merci, M. le député de Berthier. Mme la députée de
Mirabel.
Mme
D'Amours : Oui. Je ne connais pas vraiment votre organisme, je sais
que vous avez dit tout à l'heure que vous
étiez bénévoles. Votre expertise avec le travail sur le terrain avec beaucoup
de bénévoles se situe où, sur les animaux, les chiens, les chats,
domestiques ou agricoles, et/ou agricoles, les animaux au niveau des fermes
agricoles?
Mme Demianowicz (Ewa) : Je
veux juste préciser que nous ne sommes pas bénévoles, mais nous avons, oui,
énormément...
Mme
D'Amours : Non, pas vous, mais que vous aviez beaucoup de bénévoles.
D'accord, oui.
Mme
Demianowicz (Ewa) : ...une grande, grande liste de bénévoles, de gens
très généreux qui nous aident aux refuges
d'urgence. Sur le terrain, nous, on travaille dans le cadre de notre campagne
qui vise à éliminer les usines à chiots, avec chats et chiens
strictement, puis c'est dans le cadre, là, de saisies avec le MAPAQ. Pour ce
qui est des animaux d'élevage et de tous les
autres animaux, on a des campagnes qui sont vraiment axées sur faire améliorer
les lois, les pratiques en milieu corporatif ou faire de l'éducation.
Mme
D'Amours : Mais vos campagnes qui sont élaborées en fonction de ça,
elles se basent sur quoi? Sur des analyses
que vous avez faites, j'imagine, des recherches que vous avez faites, par des
experts. Pour être capable de faire des campagnes, il faut...
Mme
Thurston (Sayara) : Oui. Donc, toutes nos campagnes sont vraiment
basées dans la science, on travaille avec
vraiment les experts scientifiques de renommée mondiale. On travaille avec
Temple Grandin, par exemple, qui a déjà été nommée aujourd'hui. Donc, toutes nos positions, que ce soit pour les
animaux d'élevage, pour la faune, pour les animaux de compagnie, sont
basées dans la science.
Mme
D'Amours : De dire qu'il en manque, là, des inspecteurs, c'est dire
que vous en avez fait l'analyse. Alors, d'après vous, d'après votre
analyse, combien d'inspecteurs manque-t-il au Québec?
Mme Demianowicz
(Ewa) : On n'a malheureusement pas accès à toutes ces données-là parce
que c'est un processus qui est confidentiel. Donc, nous, on n'a pas accès aux
étapes, là, qui précèdent les saisies.
Ce
que l'on sait par expérience en assistant le MAPAQ avec les saisies ainsi que
les divers SPA, SPCA, c'est le fait qu'il
y a énormément de plaintes qui sont logées. On en reçoit nous-mêmes. Le public,
forcément, pense que nous aussi, on
peut intervenir et aller répondre à des cas, à des plaintes, et ce n'est pas le
cas. On reçoit énormément de plaintes qui ne sont malheureusement
peut-être pas répondues de façon adéquate, donc des cas qui vont se prolonger,
des élevages où l'on sait qu'il y a des
problèmes. On a vu des fois des vidéos où on voit des infractions commises à la
loi et où il n'y a pas intervention aussi rapide qu'on le souhaite,
saisie ou avis de... rapport d'infraction.
Donc,
c'est là qu'il y a un problème, là, dans la mise en application de la loi,
avoir des inspecteurs, là, qui peuvent réagir
rapidement. Et c'est surtout le cas, je pense, pour les organismes à but non
lucratif comme les SPA, SPCA, qui sont responsables de grands, grands
territoires, là, et qui ont souvent un ou deux inspecteurs au sein de leurs
équipes. C'est pratiquement
impossible, là, de penser qu'un inspecteur ou deux inspecteurs peuvent
répondre, là, à toutes les plaintes qui sont déposées sur un territoire.
Mme
D'Amours : ...l'analyse n'a pas été faite, mais vous... Comme bien des
gens, vous constatez qu'il y a un manque
d'inspecteurs, mais l'analyse n'a pas été faite à combien que le Québec aurait
besoin d'inspecteurs, c'est ce que je comprends.
Que pensez-vous...
Bon, vous êtes plutôt avec les animaux, les usines à chiots, tout ça. Que
pensez-vous d'un propriétaire qui garde son
chien en laisse, qui est quand même assez longue, qui a un beau terrain avec un
cabanon, mais qui est 24 heures
sur 24, sept jours sur sept attaché après sa chaîne? Il mange, il a de l'eau,
il est brossé, on l'emmène chez le vétérinaire pour le vacciner. Mais
que pensez-vous du 24 sur 24, sept jours sur sept?
Mme
Demianowicz (Ewa) : Bien, en fait, on l'aborde dans le mémoire, là, on
est contre l'attache en permanence pour
des raisons, là, essentiellement de bien-être psychologique. L'article 8 vise
d'ailleurs les chats, et les chiens, et les équidés, leurs besoins psychologiques devraient être reconnus. On le
sait, qu'un chien a besoin de socialisation, a besoin d'exercice, a besoin de contacts humains, et
malheureusement les chiens gardés en laisse en permanence, attachés au fond
d'une cour, ne reçoivent souvent pas ce genre d'interaction ou de soins. Donc,
c'est sûr que nous, on appuie, là, une disposition qui limiterait, là, le
nombre d'heures ou l'attache en permanence.
Mme
D'Amours : Vous parlez de nombre de chiens et de chats, là, vous
dites : 50 chiens ou chats maximum. D'où vient ce chiffre?
Mme
Demianowicz (Ewa) : Eh bien, en fait, pour les chiens, les chats
reproducteurs dans les élevages, on s'est fiés à ce qui a été fait aux États-Unis. On le sait, qu'au Québec il y a
en ce moment des élevages qui ont beaucoup plus que 50 animaux. Ils sont responsables, là, de la production
d'énormément de chiots qui sont vendus au public dans un contexte où on a une surpopulation animale assez
criante. Donc, pour nous, limiter le nombre d'animaux qui sont maintenus
dans les élevages diminuerait, là, le nombre
de chiens et de chats qui se retrouvent sur le marché par après et qui viennent
embourber, là, tout le système. Ces animaux-là se retrouvent souvent en refuge
par la suite.
Mme
D'Amours : En fait, c'est plus pour la reproduction que pour la vie de
l'animal dans un endroit précis.
Mme
Demianowicz (Ewa) : Bien, cette limite-là répond à deux problèmes,
là : premièrement, la surpopulation animale, donc il y a moins d'animaux qui sont produits, forcément, parce
qu'il y a moins d'animaux reproducteurs, mais aussi pour le bien-être des
animaux qui sont dans ces élevages-là, parce que, selon ce qu'on voit sur le
terrain, de ce qu'on se fait dire,
des interventions que nous, on a faites, plus il y a d'animaux, dans un
élevage, plus il y a de problèmes au niveau
du bien-être animal. Donc, oui, en limitant le nombre d'animaux, on vient
régler aussi un problème de bien-être.
• (18 heures) •
Mme
D'Amours : Avez-vous
regardé, en fonction du nombre d'animaux, les lieux? Est-ce que
vous avez délimité un espace, est-ce que
vous avez regardé? Est-ce qu'un chien
en usine de chiens... Vous dites 50 chiens. Ça prendrait une
superficie de tant de pieds par tant de pieds, tant de mètres par tant de
mètres? Est-ce que vous en avez fait l'analyse? Est-ce que vous êtes arrivés
avec une conclusion que l'animal doit avoir tel espace?
Le Président (M. Morin) : Une
réponse courte, notre temps...
Mme
Demianowicz (Ewa) : Oui. Bien, je crois que, dans les règlements, il y
a des spécifications sur les cages dans
lesquelles les animaux doivent être, et tout ça. C'est sûr que c'est difficile
parce qu'un chien peut avoir des tailles différentes, là, donc ça va
dépendre, là, de races qu'on vend, là. Donc, c'est difficile de faire cet
exercice-là, mais...
Le
Président (M. Morin) : Merci beaucoup. Nous avons fait ensemble
quelque chose de très rare, on a fait ça dans le temps déterminé. Donc,
merci à tout le monde et bon retour chez vous.
Et, compte tenu de l'heure, j'ajourne les
travaux de la commission à demain, le mardi 15 septembre 2015, à
10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 1)