Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Etude des crédits du ministère des
Affaires municipales
(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, messieurs!
La commission des affaires municipales se réunit pour
étudier les crédits jusqu'à mars 1978. Font partie de
cette commission: MM. Alfred (Papineau), Beauséjour (Iberville),
Brassard (Lac-Saint-Jean), Caron (Verdun), Cordeau (Saint-Hyacinthe), de
Bellefeuille (Deux-Montagnes), Dubois (Huntingdon), Dussault
(Châteauguay), Goldbloom (D'Arcy McGee), Lavigne (Beauharnois),
Léger (Lafontaine), Léonard (Laurentides-Labelle), Ouellette
(Hull), Roy (Beauce-Sud), Saindon (Argenteuil), Tardif (Crémazie),
Vaugeois (Trois-Rivières), Verreault (Shefford).
Lorsqu'on a ajourné nos travaux, hier soir, on était rendu
au programme 2, élément 3, la parole était au
député de Saint-Hyacinthe.
Aide et surveillance administratives et
financières
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Je voudrais savoir du
ministre si une municipalité qui a l'intention de se prévaloir de
l'élément 3 du programme 2, c'est-à-dire refaire son
évaluation foncière, doit le demander auparavant au
ministère des Affaires municipales afin d'être admissible à
la subvention de 50%.
M. Tardif: Je ne suis pas sûr de bien saisir la question.
Si ce n'est pas déjà fait...
M. Cordeau: On veut refaire un rôle complet
d'évaluation d'après les nouvelles formes.
M. Tardif: Oui, mais ce n'est pas ça que je veux vous
dire. Si ce n'est pas déjà fait, les députés ainsi
que les municipalités vont recevoir dans les jours qui viennent une
description du programme en question qui est déjà incluse dans le
manuel Réforme administrative d'évaluation foncière, qui
va être distribué à l'ensemble des municipalités du
Québec et aux députés pour qu'ils soient au courant. On y
décrit la procédure à suivre pour se qualifier. On dit
quels sont les objectifs, les critères d'admissibilité, on dit
que le programme s'adresse à tous. Il est écrit, il est
prêt, il est signé, c'est dans le courrier. On dit qu'il s'adresse
à toute autorité municipale responsable de la confection des
rôles d'évaluation, soit, selon le cas, des cités et
villes, des corporations de comté et des communautés urbaines.
L'aide vise la confection du premier rôle d'évaluation
réalisé suite à une ordonnance ministérielle, et
étant très respectueuse de cette ordonnance et du
règlement no 1 prescrit par le ministre des Affaires mu- nicipales en
vertu de la Loi sur l'évaluation foncière.
On dit que, pour les fins des calculs de subvention, les travaux requis
de l'évaluateur, en sus des exigences normales des manuels
d'évaluation, seront écartées du coût,
c'est-à-dire la confection d'un rôle de valeur locative de
recensement qui serait demandé en extra à l'évaluateur.
Tout est décrit là, la municipalité remplit les exigences
et reçoit sa subvention selon une tarification dont je pourrai donner
les détails, s'il y a lieu, mais, enfin, il y a des étapes dans
le versement, si vous voulez.
M. Cordeau: Non, ce n'est pas nécessaire, étant
donné que tout est écrit, ça suffit.
M. Tardif: II y a des étapes dans le versement. M.
Cordeau: Parfait.
Le Président (M. Laplante): Le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, avant de poser ma
première question au ministre ce matin, je ne peux m'empêcher de
faire un commentaire. Nous avons siégé toute la journée
hier et je me permets de croire que vous avez remarqué que je n'ai pas
été méchant, encore moins désobligeant, et que j'ai
essayé de faire mon travail avec le sourire.
Ayant cependant été visé pendant six années
et demie par de fréquentes critiques de la part des
députés qui constituaient à l'époque l'Opposition
officielle, pas personnellement, tellement, quoique cela soit arrivé,
mais comme membre d'un gouvernement, notamment, quand, par exemple, un vendredi
matin, il y avait seulement onze ou douze ministres ce record a
été battu deux fois par le nouveau gouvernement je ne peux
donc m'empêcher de commenter le fait que, à dix heures quatorze
minutes, maintenant dix heures quinze minutes, il y a deux
députés ministériels pour appuyer le ministre. A dix
heures quatorze minutes, il n'y en avait qu'un seul. Ces honorables
députés qui ont constitué, pendant six ans et demi,
l'Opposition officielle disaient toujours que le député est
rémunéré pour faire son travail et pour être
à son siège.
M. le Président, je n'irai pas plus loin que cela, mais je
voudrais que le journal des Débats transcrive ce commentaire...
M. Beauséjour: Vous en avez cinq.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, mais s'il s'agissait
d'un vote, nous renverserions le gouvernement. Il y a plus de
députés du côté de l'Opposition, il y en a
même un qui était en route vers cette commission et qui a
été appelé à faire un détour vers une autre
commission parlementaire; l'Opposition étant moins nombreuse, nous
sommes obligés d'être
membre de plus d'une commission parlementaire.
Je voulais simplement faire cette remarque, M. le Président. Je
trouve que ceux qui donnaient allègrement des leçons autrefois
sont mal placés pour en donner aujourd'hui et doivent perdre une bonne
mesure de crédibilité en rétrospective.
Je passe à ma question, M. le Président. Le manuel de
l'évaluation foncière, si j'ai bien compris les remarques du
ministre, hier soir, est maintenant un document public. Il avait
été envoyé largement à des personnes et organismes
intéressés qui avaient formulé certains commentaires.
J'aimerais d'abord demander au ministre si, avant de prendre cette
décision tout à fait normale et désirable de faire du
manuel un document public, il a reçu, depuis son arrivée au
ministère, des commentaires d'organismes et de particuliers sur ce
manuel et si ces commentaires ont été de nature à l'amener
à apporter des modifications au texte.
M. Tardif: M. le Président, j'ai en effet reçu des
représentations des deux principaux organismes qui représentent
les municipalités, à savoir l'Union des municipalités et
l'Union des conseils de comté; dans les deux cas, ils ne m'ont pas
demandé d'apporter des modifications, mais ils m'ont demandé
quand on rendrait public le règlement donnant effet à la
réforme de l'évaluation.
Cela se passait début janvier ou février et je leur ai dit
que cela serait vers le mois d'avril. Effectivement, le règlement a
été promulgué, est entré en vigueur. J'ai
donné suite au projet qui était déjà amorcé.
Une somme de travail considérable avait été investie dans
la préparation de ces règlements. Je peux même dire que
c'est d'autant plus une première qu'on a des instruments de travail en
langue française, sur un sujet hautement technique, sur lequel la
documentation ici, n'existait pas, la plupart du matériel existant sur
le sujet en Amérique étant américain ou, dans le reste du
Canada, en langue anglaise. Aujourd'hui, ce manuel qui a été
d'abord fait et conçu par des gens du ministère, on envisage,
dans certaines autres parties du Canada, de l'utiliser comme source de
référence, même d'en traduire des parties en anglais pour
s'en inspirer, parce qu'on pense qu'on a une approche bien intéressante
quant à la façon de procéder.
Je n'ai pas eu à réviser, à refaire tout ce travail
de cinq ans qui a été fait patiemment et, je dois le dire, bien
fait par les gens du ministère, mais bien à y donner suite dans
les meilleurs délais.
Le Président (M. Laplante): Seulement une minute, M. le
député. M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes) est remplacé
par M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata); M. Léger
(Lafontaine) est remplacé par M. Charbonneau (Verchères).
M. Goldbloom: M. le Président, je partage
entièrement les commentaires que vient de faire le ministre. D'ailleurs,
j'ai eu l'honneur de me prononcer d'une façon tout à fait
identique et j'ai eu l'occasion d'exprimer cette même fierté que
voici pour la première fois dans l'histoire du monde vraiment, un
document de cette importance et de cette qualité qui est publié
en français. Il existe sûrement des documents en France et
peut-être dans d'autres pays francophones sur l'évaluation
foncière, mais ces documents ne sont pas d'une utilité suffisante
dans le contexte nord-américain. C'est donc avec une fierté
très précise que j'ai fait une très modeste contribution
parce que, sur le plan professionnel, je n'en avais pas à faire,
mais, comme responsable du ministère à l'avancement de ce
document vers sa publication, qui est maintenant chose faite.
J'ai deux autres questions à poser au ministre, peut-être
trois. Il a mentionné l'Union des municipalités et l'Union des
conseils de comté. Il y avait eu auparavant non seulement des
commentaires reçus, mais aussi des rencontres avec la Corporation
professionnelle des évaluateurs. Il y avait un appui
général; il y avait aussi certaines divergences de vues. Je ne
voudrais pas imputer à la corporation professionnelle comme telle des
divergences de vues avec le ministère sur le contenu du manuel, mais,
à certains membres de cette corporation, sans nommer qui que ce soit. Je
pense que le ministre est au courant d'un point de vue exprimé par
comment dirais-je? le service d'une importante
municipalité du Québec qui non seulement n'était pas
d'accord sur certains détails, mais avait des commentaires
défavorables, en général, sur le document. Est-ce que le
ministre a reçu d'autres commentaires défavorables de cette
nature?
M. Tardif: M. le Président, je pense que lorsque le
député de D'Arcy McGee se réfère à une
importante municipalité du Québec, en fait, c'est une
agglomération de municipalités, c'est la Communauté
urbaine de Montréal, à moins que je ne me trompe.
M. Goldbloom: C'est cela.
M. Tardif: Les réticences qui avaient été
manifestées, on m'informe qu'elles ont été aplanies
à la satisfaction de tous.
M. Goldbloom: Très bien. M. le Président, je ne
fais point de drame avec les deux autres questions. Il était entendu,
tout le long du processus de préparation du manuel, que, lors de sa
publication, la commission parlementaire serait appelée à
siéger pour recevoir des mémoires, des points de vue
là-dessus. Cette impression est renforcée par ce que vient de
dire le ministre. Il me semble qu'il y a aujourd'hui une large mesure de
consensus et c'est pour cela que je n'en fais pas de drame. Je voudrais tout
simplement demander au ministre s'il a l'intention d'inviter la commission
parlementaire à tenir des séances pour l'étude du manuel
ou s'il sent que le consensus suffit présentement pour procéder
à la mise en application sans autre consultation.
M. Tardif: M. le Président, je pense et j'ai
demandé, à l'instant même à mes gens de faire venir
une copie intégrale du manuel ou des manuels pour vous la
présenter. Elle s'en vient. L'on se
rendra compte à la consultation rapide qu'il s'agit là de
matières hautement techniques. Je me demande si une commission
parlementaire est le lieu pour procéder à l'étude de
semblables documents. Ceci dit, je n'ai aucune espèce d'objection, ni
à les déposer ici, ni à l'Assemblée nationale,
à supposer que ce soit le voeu général, mais encore une
fois, dans la promulgation du règlement, ayant été
précédée d'un préavis de trente jours dans la
Gazette officielle, donc avant son entrée en vigueur, si bien que s'il y
avait eu des représentations de d'autres groupements qui,
intéressés par le sujet, auraient voulu se manifester, ils
avaient l'occasion de le faire. Encore une fois, je suis bien prêt
à le déposer et à recevoir, d'autant plus que le
règlement ou les règlements en la matière sont sujets
à l'approbation du ministre et qu'à supposer qu'il soit
nécessaire d'amender le ou les règlements, il sera toujours
possible de le faire si des représentations étaient valables.
M. Goldbloom: M. le Président, je suis d'accord avec le
ministre que, quand les membres de la commission parlementaire verront le
document, ils ne seront peut-être pas enthousiastes à
l'idée de l'examiner longuement, en détail, avec toutes ses
technicités. Je pense que si cette perspective, voire même ces
promesses de la tenue de séances de la commission existaient dans le
passé, c'était une expression de bonne volonté et c'est
pour cela que j'ai demandé au ministre si la demande semble exister. Si
elle ne semble pas exister dans le milieu concerné, dans les milieux
concernés, c'est-à-dire le milieu municipal et le milieu
professionnel, je n'insisterai pas là-dessus et je pense que nous
pouvons simplement continuer à observer la mise en application du
manuel.
Ma dernière question sur le manuel j'en aurai d'autres sur
un autre aspect de l'évaluation foncière en est une qui ne
revêt pas un caractère dramatique non plus, mais si j'ai bien
compris, il y a approximativement quinze jours, deux semaines que le ministre a
fait du manuel un document public. C'est avant cela que nous avons lu dans les
journaux que le manuel était en vente en France ou en distribution
quelconque en France. Je trouve un peu curieux qu'un document devienne
disponible ailleurs qu'au Québec avant sa publication officielle. Je
répète, je n'en fais pas de drame, mais je voudrais quand
même que le ministre nous explique un peu comment il se fait, s'il est
vrai, que le manuel ait été mis en disponibilité en France
avant sa publication au Québec.
M. Tardif: M. le Président, ce qui a été
rendu public il y a deux semaines, ce qui a été
officialisé, c'est le règlement donnant effet à ces
manuels d'évaluation. Quant aux manuels eux-mêmes, il y a
déjà un bon moment qu'ils sont prêts et qu'ils sont
utilisés couramment auprès des évaluateurs, des
administrateurs municipaux par l'ENAP qui organise des cours à
l'intention de ce personnel, donc, relié à l'évaluation.
Je penserai à un domaine qui est celui du député de
Trois-Rivières, mais quand on pense au problème de la diffusion
du livre québécois un peu partout, je me réjouis qu'un
docu- ment et surtout un document public publié par l'Editeur officiel,
qui était là disponible à quiconque voulait bien s'en
procurer et était intéressé par le sujet, connaisse un tel
rayonnement à l'étranger.
Encore une fois, ce qui a été rendu public, c'est
l'ordonnance disant quand doit prendre effet la confection des nouveaux
rôles et le règlement disant: Vous devez maintenant
procéder de telle façon. Quant aux manuels eux-mêmes, il y
a déjà un bon moment qu'ils sont largement diffusés et
utilisés à des fins de formation du personnel.
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président, sauf que si ma
mémoire est fidèle, au moment où j'ai quitté le
ministère, il y avait plusieurs volumes, la majorité, qui
étaient déjà disponibles et qui étaient entre les
mains des professionnels, mais il en restait quand même à publier.
Peut-être que ce qui a été rapporté dans les
journaux manquait de précision, parce qu'il me semble qu'il fallait
justement l'adoption de l'arrêté en conseil pour rendre officielle
l'existence du manuel comme document public pour permettre qu'il soit mis en
vente. C'est précisément l'expression "mis en vente" qui a
été utilisée.
Je répète, M. le Président: c'était
simplement pour information. Ce n'était pas pour faire une...
M. Tardif: M. le Président, ce qui a été mis
en vente et ce qui a été distribué, c'est le volume I,
intitulé "Principes et concepts généraux" de ce manuel
d'évaluation qui comprend neuf volumes. Ces principes et concepts
généraux étaient en vente déjà aux comptoirs
de l'Editeur officiel du Québec un peu partout, depuis de nombreux mois.
Donc, ce n'est pas le reste du volume et ses autres volets plus techniques
auxquels fait allusion le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Je remercie le ministre de ces précisions,
M. le Président. Maintenant, je ne voudrais pas monopoliser la
conversation, s'il y a d'autres collègues qui voudraient parler du sujet
avant que je n'en aborde une autre facette.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: Merci, M. le Président. La dernière
question que vient de poser le député de D'Arcy McGee me permet
de constater qu'une entente signée en 1967 par l'Union Nationale
continue de bien fonctionner. Je m'en réjouis d'autant plus qu'elle
avait été signée par le député de
Trois-Rivières de l'époque, M. Gabias, et que j'y avais
personnellement travaillé à l'occasion d'une mission
spéciale.
J'aurais des questions à poser au ministre au sujet de
l'évaluation foncière. Vous semblez nous présenter ce
document de façon assez dramatique, de telle façon que vous
excluez la possibilité qu'on y investisse beaucoup de temps. J'imagine
que ces aspects techniques sont peut-être un peu déroutants.
Alors, je vais questionner plutôt le ministre, si vous me permettez.
Je voudrais distinguer deux aspects pour l'évaluation
foncière, ce que je considère comme ce qui est à
l'extérieur d'une municipalité d'une certaine importance et ce
qui est à l'intérieur.
Nous constatons souvent que l'évaluation foncière aux
limites, à l'extérieur d'une municipalité, peut varier
énormément, de telle façon qu'un individu qui a un
bungalow de telle allure, peut payer $100 ou $150 de taxes à 500 pieds
de distance d'un autre qui est à l'intérieur des limites de la
ville et qui, lui, peut se retrouver avec une évaluation foncière
qui lui impose des taxes de près de $1000. Il y a des différences
aussi énormes que ça dans ma région. J'imagine que ce
n'est pas un cas particulier.
Le deuxième cas, c'est à l'intérieur des limites de
la ville. Je constate que l'évaluation foncière peut varier
considérablement selon qu'on se trouve à l'intérieur de
vieux quartiers ou dans des quartiers nouveaux et, assez curieusement, il me
semble, à première vue, dans ce que je peux observer de
près actuellement, que l'évaluation foncière dans les
vieux quartiers est généralement plus près de la valeur
commerciale que l'évaluation des maisons dans les quartiers neufs.
Moi, je me dis souvent que s'il devait y avoir des différences,
cela devrait être exactement le contraire, c'est-à-dire que plus
une maison est située près des centre-ville, là où
une concentration, encore une fois, est nécessaire et doit être
considérée comme un objectif, on devrait favoriser la
densification de nos villes et, si nécessaire, répéter un
peu le scénario que nous connaissons cette année avec une taxe
spéciale sur les lots vacants, on pourrait avoir, à mon avis, des
taxes spéciales, et je sais qu'il y a des municipalités qui en
ont, sous le titre d'améliorations locales...
Mais au niveau même de l'évaluation foncière, s'il
devait y avoir des différences, peut-on imaginer que cette
différence irait dans le sens de favoriser une implantation dans un
périmètre que j'appellerais centre-ville et également
destinée à faire diminuer, autant que possible, ces lots vacants;
ce qui est le fait de plusieurs villes d'un certain âge?
M. Tardif: Je pense qu'il y a peut-être ici des
précisions à apporter. Le compte de taxes est le résultat
de deux facteurs qui sont, d'une part, la valeur attribuée à un
immeuble et le taux de taxation décrété par la
municipalité.
La réforme proposée par le règlement et les manuels
ne visent pas à standardiser les taux de taxation qui sont
évidemment décrétés, votés par les
municipalités, mais bien à uniformiser les façons de
calculer la valeur d'un immeuble. C'est tellement vrai que j'ai demandé
à mes gens, lorsqu'on enverra le premier compte de taxes fait à
la suite de la confection des nouveaux rôles d'évaluation, pour
bien m'assurer qu'on ne profiterait pas de l'occasion pour
décréter une augmentation déguisée de la taxe, que
cette première facturation comporte les deux valeurs,
c'est-à-dire la valeur ancienne et la valeur nouvelle avec les taux
réajustés. Imaginons le cas où une
propriété, pour simplifier les calculs, qui était
évaluée anciennement à $10 000, par exemple, et qui serait
frappée d'un taux de taxation de $2 des $100 d'évaluation. Donc,
la première facture comporterait cette valeur ancienne et le taux et
également la nouvelle valeur qui, imaginons-nous pour fins de
compréhension facile, serait doublée de sa valeur au lieu
de $10 000 passe à $20 000. Il y aura $20 000 et le taux correspondant
rajusté qui devra être de $1 les $100 d'évaluation. Le
citoyen voit, par cette opération, que ce qui a été
changé c'est la valeur de son immeuble et non pas le taux et s'il y a un
changement dans le taux, c'est dû à une décision de son
conseil municipal qu'il a élu et à qui il devra demander des
comptes.
C'est une opération dans la valeur, dans la fixation de la valeur
de l'immeuble. Deuxième élément, cette valeur est
basée non pas sur la valeur résidentielle ou commerciale, mais
bien sur la valeur marchande d'un immeuble et qui devrait être
considérée par plusieurs arrêts comme étant la
valeur réelle, donc, du bien ou de l'immeuble.
Evidemment, vous allez me dire qu'il y a toutes sortes de
difficultés techniques. C'est beaucoup plus facile d'évaluer la
valeur marchande d'un immeuble de type bungalow parce qu'il y a de nombreuses
ventes au cours d'une année, alors qu'à un endroit comme la place
Ville-Marie à Montréal, il ne s'en vend pas souvent, et
déterminer la valeur d'un tel édifice pose des problèmes
techniques différents de ceux d'une maison uni-familiale. Il s'en vend
un grand nombre sur une période d'une année et c'est beaucoup
plus facile pour autant.
Voilà en gros les précisions qu'il convient d'apporter sur
ce concept d'évaluation foncière, et de l'effort qui est fait ici
en vue de remédier précisément à certains des
points soulevés par la question du député de
Trois-Rivières, à savoir de standardiser, d'uniformiser les
méthodes d'évaluation, ce qui encore une fois, ne touche pas
à ce deuxième élément, qui est celui de la
détermination des taux applicables à ces valeurs.
M. le Président, je voudrais peut-être ajouter un
élément. En ce qui concerne les terrains vacants
viabilisés dans le discours du budget, il a été
annoncé la possibilité pour les municipalités de
décréter un taux majoré de 50% pour ces terrains vacants
viabilisés.
M. Vaugeois: M. le Président, je ne voudrais pas prolonger
le débat et reprendre ici l'expression du député D'Arcy
McGee, donc je n'insiste pas, mais j'aimerais peut-être que le ministre
demande à ses fonctionnaires de reprendre la question telle que je l'ai
formulée et de me donner l'occasion de la discuter. Parce
qu'effectivement, quelle que soit... Ce que vous venez de dire est excellent,
mais si cela ne devait rien changer à la situation actuelle, parce
qu'avec les distinctions que vous faites, cela pourrait finalement changer peu
de chose, cela pourrait faire en sorte que les professeurs du CEGEP, les
professeurs de l'université aillent vivre à 500 pieds de distance
dans la ville voisine, qui, elle, vit au crochet de la ville principale sans
les charges de la ville principale et avec finalement un taux... Non,
écoutez, M. le ministre. Je pense que le désordre de nos villes
tient
à des développements de villes de banlieue, très
souvent au détriment de villes organisées et structurées,
et la même chose à l'intérieur d'une ville. Evidemment,
à l'intérieur d'une ville, ce que vous me dites peut corriger les
différences actuelles en uniformisant l'évaluation. Là, je
pense que les dispositions que vous prenez peuvent jouer, mais cela ne joue
pas, à mon avis, ou cela ne jouera pas si vous avez de l'habitation qui
se développe aux limites des villes et qui pose exactement le même
problème que le développement sauvage à l'intérieur
d'une zone urbaine.
M. Tardif: M. le Président, cette question du partage du
fardeau des dépenses dans une agglomération centrale, que ce soit
Trois-Rivières, Montréal, Québec ou ailleurs et du
coût qui devrait incomber aux villes, j'allais dire satellites,
devrais-je dire parasites, qui gravitent autour de ces grands centres, est
précisément ce qui a amené le législateur à
décréter, en 1969, la création de la Communauté
urbaine de Montréal, la Communauté urbaine de Québec et la
Communauté régionale de l'Outaouais. La création de ces
communautés n'était pas tellement pour réaliser des
économies d'échelles, même si on peut présumer
qu'elles existent, ce n'était pas non plus, je crois, même si dans
certain cas cela peut avoir eu cet effet, d'offrir nécessairement les
mêmes services partout, mais bien de faire partager à l'ensemble
des citoyens d'une agglomération ou d'une conurbation les coûts
inhérents au fonctionnement de certains services. C'est ce que
prévoit la Loi de la Communauté urbaine de Montréal, celle
de Québec, celle de Montréal notamment, à partir du moment
où on partage certaines dépenses de la communauté urbaine,
sur la base non pas de la population mais bien de l'évaluation
foncière, ce qui suppose, évidemment, que cette évaluation
a été normalisée. Cela c'est un problème
différent de celui de la stricte opération évaluation d'un
immeuble que celle du partage des coûts à l'ensemble de la
population qui vit à la périphérie d'une grande ville et
qui l'envahit à tous les jours pour s'y introduire, pour y travailler,
ou pour s'y divertir, sans néanmoins payer son écot dans la
grande ville.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, je voudrais savoir si c'est
possible. Le bureau que vous avez à Montréal, quand les gens vont
se plaindre qu'ils sont évalués trop cher, la façon qu'ils
sont traités... Ces gens-là vont là, pour la
majorité, ce sont des personnes d'un certain âge et elles sont
traitées d'une façon comme si c'était des gens qui... Je
veux bien croire que c'est au palais de justice, mais ce ne sont pas des gens
qui ont commis des crimes. Or, on a beaucoup de plaintes. Chez moi, j'ai
beaucoup de plaintes sur la façon dont les gens sont traités.
M. Tardif: M. le Président, je m'excuse. Cela ne me fait
rien d'aborder cette question mainte- nant. Cependant, pourrais-je rappeler au
député de Verdun que le bureau de révision de
l'évaluation foncière entre dans le programme 3,
élément 2: Services quasi judiciaires en gestion municipale et
élément 3: Services quasi judiciaires en évaluation
foncière.
M. Caron: Oui, je peux revenir tout à l'heure, je n'ai pas
d'objection. Vu qu'on parlait d'évaluation, alors j'ai cru bon de... Et
je dois partir un peu plus tôt.
M. Tardif: D'accord, je veux bien en parler maintenant. Je n'ai
pas objection.
M. Caron: Vous me laissez aller? Je me demande, M. le ministre,
ce qu'on peut faire pour donner satisfaction à ces gens-là.
Est-ce que vous avez l'intention de faire examiner la façon dont
certains fonctionnaires traitent les gens quand on doit passer à la cour
pour se plaindre de l'évaluation?
M. Saindon: II y a seulement à leur faire suivre des cours
de bienséance.
M. Tardif: Est-ce que le député de Verdun fait
allusion spécifiquement au fonctionnement d'un bureau
d'évaluation, à savoir celui de la Communauté urbaine de
Montréal, ou est-ce...
M. Caron: Certains fonctionnaires sont brusques avec les gens qui
vont pour s'expliquer. On ne leur donne pas de chance, la décision est
prise, c'est final, ils repartent avec une réponse qui n'est pas
favorable et, en plus, ils sont brusqués. C'est clair.
M. Tardif: Vous ne faites pas référence, M. le
député de Verdun, à cet organisme québécois
gouvernemental qu'est le bureau de révision d'évaluation
foncière qui siège en appel, donc, des décisions qui sont
rendues?
M. Caron: Ce n'est pas ce que je veux dire, qui siège
à Montréal...
M. Tardif: C'est de ce bureau et non pas du service
d'évaluation de la communauté urbaine?
M. Caron: Non, le bureau qui siège à
Montréal, au palais de justice.
M. Tardif: M. le Président, je prends bonne note...
M. Caron: Je demanderais au ministre que ces gens soient...
M. Tardif: ... des commentaires du député de Verdun
et je les transmets au président du bureau de révision...
M. Caron: ... surtout que ce sont des personnes d'un certain
âge qui méritent d'être entendues comme toute autre
personne.
M. Tardif: D'accord, alors je les transmets au président
de l'organisme en question, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Le député de
D'Arcy McGee.
M. Caron: Juste en terminant, il y aurait peut-être lieu,
pour donner satisfaction à tout le monde, être juste pour tout le
monde... Naturellement, ce n'est pas facile quand on change le rôle
d'évaluation, mais s'il y avait un comité avec un ombudsman,
c'est une suggestion que je fais au ministre. Je pense que ça
clarifierait... C'est mauvais pour tout le monde; les gens disent:
Naturellement, c'est le gouvernement. Quel que soit le gouvernement en place,
ça passe sur le dos du gouvernement en place. C'est une suggestion que
je fais au ministre, qui devrait y porter une attention tout à fait
spéciale. Que les gens soient, au moins, bien reçus.
M. Tardif: M. le Président, en réponse à
ceci, j'ai eu l'occasion de discuter longuement déjà avec le
président du bureau de révision d'évaluation
foncière des problèmes auxquels son organisme a à faire
face et de la nécessité de revoir le personnel qui est
attaché audit bureau. De l'avis et de l'aveu dudit président, il
n'a eu aucun mot à dire dans le choix des membres du bureau
d'évaluation foncière, sauf pour une ou deux personnes. Toutes
les autres étant des nominations qui lui ont été, en
quelque sorte, imposées. Cela n'est peut-être pas la raison qui
pourrait expliquer le genre de comportement qui est mentionné, mais ce
n'est pas non plus un gage d'efficacité, j'en conviens. Je ne voudrais
pas insister...
M. Goldbloom: M. le Président, puisque nous en parlons,
j'aimerais faire un commentaire et, si vous voulez, sans brimer le droit de
parole de qui que ce soit, mais quant à moi, si vous voulez par la suite
déclarer adopté l'élément 3 du programme 3, je n'y
aurai pas d'objection.
J'ai eu, comme l'actuel ministre, de nombreuses rencontres avec la
président du Bureau de révision de l'évaluation
foncière. Je voudrais témoigner de son désir personnel
très ardent, profond et sincère de faire de l'organisme qu'il
dirige un bureau accueillant, un tribunal sensible aux problèmes de
l'individu. Il est évident que, quand on travaille avec des êtres
humains, il y en a qui sont moins accueillants que d'autres. Il y en a qui sont
de commerce moins agréable que d'autres et ces personnes peuvent devenir
commissaires à un tel bureau ou bien fonctionnaires, ou
députés ou ministres. Cela se produit aussi.
Je me permets de croire, puisque j'avais reçu au moins autant de
compliments que de plaintes au sujet du fonctionnement du bureau de
révision, que les plaintes ayant tendance à faire surface
beaucoup plus souvent et en plus forte proportion que les compliments, c'est
quand même la minorité de la population qui est mal reçue.
Il est évident, comme le souligne à juste titre mon
collègue de Verdun, que tout accueil qui laisse à désirer
mérite d'être signalé.
Je prends acte de l'intention du ministre d'en parler avec le
président du Bureau de révision qui, j'en suis convaincu,
l'écoutera avec attention et avec une ferme intention d'améliorer
tout ce qui laisse à désirer.
Mais je suis convaincu que mon collègue de Verdun, en soulignant
les plaintes, n'a pas voulu faire une condamnation générale du
bureau, contraire...
M. Caron: Non, non...
M. Goldbloom: Je voudrais, avec lui, rendre hommage à ceux
qui font ce travail qui n'est pas facile et exprimer la conviction que chaque
fois qu'il y aura une petite plainte, une action correctrice sera
apportée et les choses s'amélioreront.
Puisque nous avons peut-être établi l'habitude, hier, de
transmettre des compliments aux organismes qui ont leur président et
leurs structures quand ces compliments sont mérités
je prierai le ministre, en faisant part au président des plaintes
rapportées par l'honorable député de Verdun, de
communiquer en même temps, des compliments de la part de ceux qui ont eu
à travailler avec le président et son équipe, parce que,
essentiellement, c'est un travail bien fait, qui rend un bon service à
la population.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: M. le Président, puisque nous avons
abordé cette question grâce au député de Verdun, je
voudrais simplement faire deux commentaires. Le premier, c'est que
l'expérience que j'ai pu avoir et que des amis ont pu avoir ici, dans la
région de Québec, nous amène à croire que cela se
passe mieux ici que dans le bureau dont vous avez parlé. L'accueil est
cordial, poli. Par ailleurs, l'expérience m'a démontré, de
même qu'à d'autres nous en avons beaucoup discuté,
parce que nous avons eu un problème de quartier que la loi, ou
les mécanismes d'intervention devant le bureau de révision,
laissent peu de chance aux citoyens.
Si vous attendez pendant des semaines, sinon des mois, votre
convocation, si vous insistez pour avoir sténographes ou
enregistrements, automatiquement on vous reporte à un moment
ultérieur qui est non déterminé, parce que, à ce
moment-là, vous aurez une possibilité d'appel. Pour passer tout
de suite, si vous renoncez à des enregistrements ou l'équivalent,
à ce moment-là, vous plaidez, mais sans appel possible. Je pense
qu'il y a une foule de petits mécanismes comme cela qui font que le
simple citoyen se sent drôlement démuni devant cette espèce
de tribunal qui profite de la présence d'experts, alors que celui qui
vient plaider sa cause se sent drôlement démuni. Je me demande
dans quelle mesure ce n'est pas ce fonctionnement qui crée une mauvaise
impression, parce qu'on se sent un peu bousculé.
Je tenais à rendre témoignage sur la façon dont se
comportent des gens du bureau de Québec, ici, parce que j'ai eu
l'occasion d'en faire l'expérience à quelques reprises.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que M. le ministre a
des commentaires là-dessus?
M. Tardif: M. le Président, sauf erreur, lorsqu'il y a eu
audition, en première instance, et qu'il y a appel de la
décision, à défaut d'avoir les notes
sténographiques, les parties doivent recommencer à plaider en
appel. Donc, elles ne sont pas automatiquement soustraites à ce droit
qu'elles ont d'en appeler.
M. Vaugeois: Je suis assez certain de mon coup. Si vous exigez
des notes sténographiques, on vous reporte. A ce moment-là, vous
ne savez pas à quel moment vous pourrez revenir à la charge. Cela
implique de fortes sommes beaucoup plus élevées, d'ailleurs, que
ce qui est généralement imposé devant les tribunaux
ordinaires et où le mécanisme est beaucoup plus rigoureux.
Vous pouvez être reporté de plusieurs mois.
M. Tardif: C'est possible que le bureau de révision se
soit donné lui-même cette règle, mais cela n'exclut pas
l'autre possibilité également. Je prends note du commentaire du
député de Trois-Rivières pour le communiquer au
président.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Argenteuil.
M. Roy: Sur le même point.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que c'est sur le
même point?
M. Roy: C'est sur le même point. On parle des bureaux de
révision, combien y a-t-il de bureaux de révision actuellement,
au Québec?
M. Tardif: C'est le programme 3-3, présentement. Il y a 89
personnes employées dans ce bureau de révision. Quant au nombre
de bureaux, aux dernières nouvelles, j'avais une trentaine de bureaux de
révision. Est-ce que ce renseignement précis apparaît dans
le document?
La pratique, en ce qui concerne le bureau de révision, est
d'être logé dans les principaux centres je pense à
Montréal, Québec, Hull et de se déplacer, d'aller
sur place faire des auditions selon les plaintes qui sont formulées, si
bien qu'elles rayonnent finalement dans tout le Québec.
M. Roy: Est-ce l'intention du ministère, surtout dans des
comtés ruraux dans des comtés urbains, c'est
différent, je l'admets de relier ces bureaux en quelque sorte aux
conseils de comté, pour qu'il y ait au moins un bureau par
comté?
M. Tardif: Le point là-dedans, c'est que les
municipalités, quelles qu'elles soient, ne sont pas obligées de
faire appel aux services du bureau de révision d'évaluation
foncière. Le fait est qu'un bon nombre d'entre elles s'en remettent
à ce bureau en question et que, en 1976/77, au-delà de 750
municipalités avaient décidé de s'en remettre audit bureau
pour entendre les plaintes; mais rien n'empêche une municipalité
ou un conseil de comté d'opérer son propre bureau de
révision d'évaluation foncière.
Le fait est cependant que, de plus en plus, des résolutions sont
passées par les conseils municipaux demandant au bureau de
révision d'évaluation foncière de jouer ce rôle pour
elles.
Le Président (M. Laplante): Le député
d'Argenteuil.
M. Goldbloom: M. le Président, est-ce que je peux
intervenir très brièvement, parce qu'il y a peut-être une
nuance à apporter à ce que vient de dire le ministre? C'est que,
dans le cas des municipalités rurales, la responsabilité
étant donnée aux conseils de comté, ce n'est pas la
municipalité individuelle qui peut agir.
M. Tardif: Une municipalité de comté, à ce
moment...
M. Goldbloom: C'est cela.
M. Tardif: ... qui peut opérer son propre bureau.
M. Goldbloom: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): Elément 3,
adopté?
M. Saindon: J'avais une question.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, je croyais que
vous aviez donné le...
M. Saindon: Non, j'avais seulement une question à poser,
M. le Président, au ministre, à savoir si le gouvernement a
l'intention d'assumer la charge de l'évaluation foncière.
Le Président (M. Laplante): Je pense que cela vient
à l'élément 4.
M. Tardif: C'est-à-dire que non. La question est
posée au bon moment, puisque, conformément à ce que j'ai
annoncé hier, ce qui a été rendu public en même
temps que le règlement et l'ordonnance, c'est la prise en charge par le
gouvernement du Québec de 50% du coût de confection du nouveau
rôle d'évaluation. Ce n'est pas une prise en charge totale; ce
n'est pas une prise en charge de toutes les personnes qui sont à
l'emploi des municipalités présentement. On sait qu'il y a des
municipalités qui ont leur propre bureau d'évaluation; ce n'est
pas une prise en charge par l'Etat du Québec de ce personnel qui reste
à l'em-
ploi de la municipalité, mais la contribution peut aller
jusqu'à 50% du coût de confection des rôles
d'évaluation, plus évidemment les frais de la formation de ce
personnel, qui est assumée par le Québec.
M. Saindon: Prévoyez-vous avoir le personnel requis et que
les municipalités ont le personnel requis pour ce travail?
M. Tardif: A l'heure actuelle, les principaux centres
québécois ont effectivement le personnel requis pour
procéder à l'évaluation. Je pense à la
Communauté urbaine de Québec, à celle de Montréal
et aux autres grands centres.
Il est bien évident que des municipalités
préfèrent avoir recours aux services de firmes
d'évaluation, auquel cas la même aide est prévue sur le
plan de la contribution, et un contrat-type a même été
préparé dans le manuel pour celles qui voudraient y aller
à contrat.
M. Saindon: Avez-vous prévu un coût pour ce
programme?
M. Tardif: Le coût global du programme pour la
présente année est évalué à $2,9 millions.
Il est contenu dans le présent élément, programme 2,
élément 3, évaluation foncière, où vous avez
ce montant de $2 920 000 pour le présent exercice financier. Le
coût global est estimé à $42 millions pour le gouvernement
en termes de contributions pour les cinq prochaines années pour la
réalisation de ce nouveau rôle d'évaluation.
M. Saindon: C'est la part du gouvernement et non pas celle des
municipalités.
M. Tardif: Du gouvernement. Les municipalités du
Québec dépensent déjà $20 millions pour
confectionner leur propre rôle d'évaluation.
M. Goldbloom: M. le Président, il y a quelque chose qu'il
faut tirer au clair ici. A au moins deux reprises, j'ai lu des reportages assez
détaillés sur des déclarations du ministre. Ces reportages
indiquaient clairement que le ministre avait annoncé l'intention du
gouvernement d'assumer lui-même et directement la responsabilité
de l'évaluation foncière sur tout le territoire
québécois. Le premier ministre, pendant la campagne
électorale, a déclaré la même chose. Est-ce que
c'était mal compris et mal cité ou est-ce que c'est une
révision puisque nous venons de parler de révision
du point de vue du gouvernement? Est-ce que le ministre aujourd'hui
déclare clairement et carrément que ce n'est pas son intention
que le gouvernement assume au niveau du ministère, pour tout le
territoire québécois ou pour une importante partie de ce
territoire, la responsabilité de faire l'évaluation et que c'est
son intention tout simplement de maintenir un programme déjà
existant, déjà préconisé quant à
l'application du manuel, d'aider les municipalités et les conseils de
municipalités à raison d'à peu près la
moitié du coût?
M. Tardif: M. le Président, l'objectif mentionné
durant la campagne électorale et dans le programme du Parti
québécois en ce qui concerne la prise en charge de
l'évaluation foncière est là. Est-ce qu'il sera
réalisé à l'intérieur du mandat de quatre ans?
C'est une chose qui est dans le domaine du possible. Ce qui est
réalisé dès ce premier budget du gouvernement, en quelque
sorte, c'est une prise en charge partielle jusqu'à concurrence de 50%
des coûts de confection des nouveaux rôles, ce qui est
déjà un pas dans la direction indiquée, un pas
significatif. En réalité, les coûts qui incomberont
à l'Etat sont, en fait, beaucoup plus élevés que
strictement les 50% de confection des rôles. Qu'il suffise de penser au
coût de préparation de ces manuels qu'il me fait plaisir de
déposer pour la consultation des membres de cette commission. Voici
l'ensemble des manuels du parfait évaluateur qui sont utilisés,
qui ont été préparés par le ministère, avec
les coûts, évidemment, de préparation, de rédaction,
d'impression, de diffusion, également les coûts de formation de
tous ces gens. On estime présentement à 1200 le nombre
d'évaluateurs professionnels au Québec qu'il faut former pour ces
fins. Il y a également les administrateurs municipaux, les
secrétaires-trésoriers des municipalités. Ces coûts
de préparation du manuel d'impression, de diffusion, de formation par
l'ENAP sont entièrement assumés par l'Etat, si bien que
finalement la contribution de l'Etat québécois à cette
réforme, à cette évaluation du patrimoine immobilier, va
bien au-delà de ces 50%, concrètement. C'est donc dire que loin
de souligner le fait que nous nous éloignons de ce que nous avons dit,
je pense que nous avons accompli en l'espace d'un temps très court une
étape importante dans la réalisation de cet objectif.
M. Goldbloom: M. le Président, j'en conviens facilement,
mais je voudrais soumettre respectueusement par votre
intermédiaire au ministre qu'il n'a pas répondu à
ma question. Je voudrais la formuler d'une façon très simple et
très claire. S'agit-il de la prise en charge du coût ou s'agit-il
de la prise en charge de l'exécution?
M. Tardif: Cette précision qui est demandée et qui
n'était pas contenue dans les déclarations qui ont
été faites semble, en effet, devoir être faite ici. Nous
nous acheminons beaucoup plus vers une prise en charge des coûts ou d'une
partie significative des coûts plutôt que vers la création
de la centralisation de l'opération évaluation dans un organisme
gouvernemental, du genre de celui qui existe en Ontario, où on se
retrouve finalement avec quelque 3200 fonctionnaires, qui sont des
fonctionnaires ontariens, qui opèrent cette évaluation sur
l'ensemble du territoire. Il n'est pas question, pour l'instant à tout
le moins, d'envisager de centraliser l'opération évaluation, mais
bien de continuer de la laisser une opération
décentralisée au niveau des municipalités ou des
regroupements de municipalités que sont les communautés urbaines
ou les conseils de comté et d'aider, au contraire, à la
réalisation par une contribution fi-
nancière aussi importante et significative que possible.
M. Goldbloom: Je remercie le ministre de cette réponse
claire et précise. Il ne veut donc pas fonctionnariser tout le
mécanisme de l'évaluation foncière. Je me permets de lui
rappeler que j'avais abordé ce sujet dans mon discours, si ma
mémoire est fidèle, sur le discours inaugural. Peut-être
que c'est à cause de la décision un peu inusitée du
gouvernement de ne faire parler qu'un seul ministre pendant tout ce
débat, après le premier ministre qui l'a lancé, qui l'a
empêché d'apporter cette précision jusqu'à
maintenant. Il me semble qu'elle est d'une très grande importance, parce
qu'il y a une profession, une corporation professionnelle et des membres de
cette corporation qui travaillent dans le secteur privé, qui gagnent
leur vie de cette façon, en exerçant leur profession. Il serait,
à mon sens j'exprime un avis personnel, que je sais
partagé par mes collègues de l'Opposition officielle
regrettable de créer une situation où ces personnes devraient
devenir des fonctionnaires au lieu de continuer d'exercer dans le champ de
l'entreprise privée.
Je suis particulièrement heureux de la réponse
donnée par le ministre. Quant à moi, M. le Président
je ne veux pas couper la parole au ministre simplement vous
indiquer que je n'ai pas d'autres questions à l'élément 3
du programme 2.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Beauce-Sud.
M. Tardif: M. le Président, une petite remarque au sujet
d'une question qui a été posée tantôt à
propos de la vente, en France, du manuel d'évaluation foncière.
Ce qui a été effectivement offert en vente, c'est ce premier
volume qui s'intitule "Principes et concepts généraux en
évaluation foncière", qui a été édité
par l'Editeur officiel du Québec, en date du 1er septembre 1974 et qui
comporte en avant-propos une notice de présentation signée par le
ministre des Affaires municipales et de l'environnement du temps, M. Victor-C.
Goldbloom.
M. Goldbloom: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Vous êtes
international...
M. Goldbloom: Je suis vivement touché, M. le
Président, et je dois simplement demander si le nouveau ministre a
l'intention de mettre en vente...
M. Tardif: ... un "best-seller"!
M. Goldbloom:... en France toute cette pile de documents qui le
cache presque de notre vue puisqu'ils sont rangés devant lui.
M. Tardif: On n'aurait aucune espèce d'objection, je
pense, à ce que les documents produits ici par le ministère
connaissent la diffusion la plus large possible. Cela pourrait en amortir le
coût!
M. Goldbloom: Ni moi, non plus.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, le ministre vient de nous dire,
suite aux questions qui ont été posées par le
député de D'Arcy McGee, que le ministère entendait
rembourser, c'est-à-dire payer 50% des frais d'évaluation. Le
ministre nous a dit également que les municipalités
n'engageraient, cette année que $20 millions dans ce processus, dans ce
mécanisme d'évaluation foncière.
Je regarde les chiffres du livre des crédits, et je n'y vois pas
des éléments de preuve qui peuvent confirmer dans les faits, sur
le plan pratique, les dires du ministre, puisqu'en 1976/77, il y avait une
somme de $3 352 200 prévue à l'élément 3 du
programme et cette année, il n'y a qu'une augmentation de $1,2 million,
ce qui me semble à première vue j'aimerais que le ministre
me donne des précisions là-dessus, la continuation pure et simple
de ce qui avait été entrepris.
M. Tardif: J'ai dit que les municipalités consacraient
présentement à la confection de leur rôle
d'évaluation, selon leur méthode, leurs normes et leur
façon de procéder, des sommes impliquant pour elles,
présentement, indépendamment de la réforme, donc bon an,
mal an, des coûts de l'ordre de $20 millions. D'accord?
La mise en oeuvre de cette réforme suppose la confection d'un
nouveau rôle d'évaluation, mais ceci sur une période de
cinq ans, si bien qu'une ville qui viendrait de terminer son rôle
d'évaluation il y a deux ans, pourrait facilement dire: On va respirer,
on va attendre pour deux ans et ne commencer la réforme que dans deux ou
trois ans d'ici. A partir du moment où elle commence cette
réforme, fait un nouveau rôle d'évaluation, s'inscrit dans
ce programme, le fait selon ses manuels, soit avec ses propres employés,
soit à contrat avec une firme d'évaluateurs, à ce moment,
elle devient admissible à la contribution gouvernementale, donc de 50%
au maximum du coût de la confection de ces nouveaux rôles
d'évaluation.
Lorsque le député de Beauce-Sud dit, qu'il n'y a qu'un
montant additionnel de $1 million, finalement, qui apparaît, somme toute,
dans les crédits, il y a lieu d'ajouter qu'un montant supérieur
avait été prévu l'an dernier, parce qu'on pensait que la
réforme allait commencer l'an dernier. Elle n'a pas commencé et
les crédits n'ont pas été utilisés. De fait,
l'écart n'est pas strictement de $3,3 millions à $4,5 millions,
mais, si on pense à l'utilisation réelle des crédits au
cours de l'année, il a été de l'ordre de $1 million. Si
bien qu'il y a $3 millions supplémentaires qui, en
réalité, iront à cette réforme pour cette partie de
l'exercice financier qui reste. D'accord? Avant que tout ceci ne soit mis en
oeuvre, cela nous apparaît, cette année, suffisant. L'an prochain,
le montant sera beaucoup plus élevé.
Nous avons la répartition possible de la progression pour les
cinq prochaines années. On peut s'attendre, l'an prochain, à des
crédits de l'ordre de $5 millions à $6 millions, en augmentant
à $7 millions ou $8 millions, et, après cela, en rebaissant
à nouveau vers la fin des cinq ans.
M. Roy: Je remercie le ministre. Je pense que ces
précisions s'imposaient puisque, par comparaison, dans le livre des
crédits, c'était assez difficile de bien saisir la portée
des efforts faits par le gouvernement dans ce sens pour la présente
année financière.
Le Président (M. Laplante): Elément 3.
Adopté?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président. Maintenant, je me
permets de vous rappeler qu'hier nous avons conclu une entente selon laquelle
des membres de l'Assemblée nationale, selon leur disponibilité,
pourraient aborder des sujets touchant leur comté.
J'aimerais réclamer ce droit au nom du député de
Roberval, qui voudrait parler d'une municipalité de son
comté.
Le Président (M. Laplante): C'est exact, M. le
député de D'Arcy McGee. Le député de Roberval.
M. Lamontagne: Merci beaucoup, M. le Président. Je
voudrais poser quelques questions au ministre concernant deux dossiers
extrêmement importants que nous avons dans le comté de Roberval,
soit les paroisses de Roberval, maintenant fusionnées, et la ville et la
paroisse de Saint-Félicien, maintenant fusionnées elles
aussi.
Je pense que cela mérite une considération
spéciale, d'autant plus qu'il y a environ $9 millions impliqués
dans ces deux dossiers. Je voudrais commencer par un dossier dont je pensais
vraiment qu'il était réglé. Ce n'est que depuis quelques
minutes à peine que j'ai eu la surprise de ma vie. J'ai reçu un
appel téléphonique du cabinet du ministre me parlant d'une
certaine subvention concernant la cité de Roberval. Il faut remonter au
début de l'histoire de ce dossier, il y a près de quatre ans. Il
s'agit de la réfection du système d'aqueduc et d'égouts de
l'ensemble de la ville de Roberval avant sa fusion, pour laquelle une
subvention de $6 193 000 avait été promise par l'ancien
gouvernement.
M. Tardif: $6 millions?
M. Lamontagne: Oui. $6 193 000. On n'est pas habitué
à des subventions comme celle-là; en 1975, au mois d'octobre.
Evidemment, lorsqu'on parle d'un dossier de cette envergure, il apparaît
absolument certain pour tout le monde qu'un tel projet, une telle
réalisation fait suite à des démarches innombrables de la
part des autorités municipales, leurs fonctionnaires, les
ingénieurs de cette ville ainsi que des autorités du
ministère des
Affaires municipales et ses principaux officiers. Or, dans ce cas
précis d'une subvention de $6 193 000, les travaux sont
réalisés et complétés il y a
déjà...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que je pourrais vous
couper la parole, M. le député de Roberval? Il a
été entendu hier, avec les membres de cette commission, sur les
sujets dont on avait déjà parlé au programme 1,
commencé au programme 2 et au programme 4 qui a été
adopté, que n'importe quel député de l'Opposition pourrait
venir poser des questions. Mais, actuellement, vous êtes rendu
complètement au programme 11. Si, avec l'approbation de tous les membres
ici, on veut aller au programme 11, je n'aurai pas d'objection, mais si vous
voulez continuer l'intervention seulement sur les égouts, je serai
obligé de vous rappeler à l'ordre pour continuer le programme 2.
Je n'ai aucune objection, s'il y a consentement unanime des membres, à
me reporter directement au programme 11.
M. Goldbloom: M. le Président, sur le point que vous venez
de soulever, je pense que la logique nous commande d'agir dans les deux sens.
C'est-à-dire que puisque les divers membres de l'Assemblée
nationale tant du côté ministériel que du
côté de l'Opposition, sauf que, du côté
ministériel on est, par définition, plus nombreux sont aux
prises avec d'autres responsabilités et puisque nous avons
accepté, en citant comme exemple qu'à un moment donné un
député pourrait arriver à cette table et intervenir et se
faire répondre que l'élément était
déjà adopté, il me semble que ce même
problème de disponibilité individuelle s'applique dans l'autre
sens. Si l'on dit: On n'est pas encore rendu à ce programme, on place ce
même député dans une situation où lui sera
également difficile d'être présent exactement au bon
moment. Je me permets de solliciter la compréhension de tous les membres
de la commission puisqu'il y a un seul député qui se
présente ce matin pour parler de son comté. Je pense que l'on
peut faire appel au consentement unanime des membres de la commission.
Le Président (M. Laplante): Je crois, M. le
député de D'Arcy McGee, que je suis prêt à suspendre
le programme 2, à l'article 4, et je pense que c'est une très
grande porte que je vous ouvre actuellement pour empêcher
l'ambiguïté et invoquer des règlements. Je vous
suggère de demander qu'on s'en aille directement au programme 11
où on pourrait résoudre complètement le problème du
député de Roberval. Je crois que ce serait plus sage, plus
logique de cette façon-là.
M. Goldbloom: M. le Président, il me fait plaisir de me
conformer à votre demande et de solliciter de votre part et de la part
des membres de la commission la suspension temporaire du débat sur le
programme 2 où nous venons d'adopter l'élément 3, et
où nous n'avons pas encore abordé
l'élément 4, que nous abordions temporairement l'examen du
programme 11 pour permettre au député de Roberval de continuer
son intervention.
Le Président (M. Laplante): Les membres acceptent? Merci.
Programme 11. Le député de Roberval.
M. Lamontagne: Oui, M. le Président, et je suis un peu mal
à l'aise. J'avais parlé brièvement hier au ministre, lui
demandant s'il avait objection à ce que je traite de ces dossiers dont
les montants sont fort importants, à la commission sur l'étude
des crédits. Le premier dossier dont je viens de parler est un montant
fort important qui s'échelonne sur une période de trois ans.
Effectivement, comme on l'a souligné déjà, je n'ai
personnellement en main, comme député du comté de
Roberval, qu'une lettre-télégramme m'informant, il y a
déjà deux ans, que cette subvention, ce montant était
recommandé fortement au Conseil du trésor du Québec. Par
la suite, pour résumer le plus brièvement possible ce qui a pu se
passer, la ville de Roberval, avec ce télégramme dont je lui ai
remis l'original, parce qu'elle avait reçu l'autorisation
d'exécuter des travaux, est allée à la banque, suivant les
informations qui m'ont été transmises par le maire encore en
place de la cité de Roberval, M. J.- Arthur Tremblay, pour dire:
Ecoutez, nous avons en main un télégramme recommandant au Conseil
du trésor le paiement d'une subvention de $6193 000, mais il faudrait
autre chose.
J'ai recommandé et suggéré à la ville que
les autorités bancaires communiquent à la fois avec les
autorités du ministère des Affaires municipales et de la
Commission municipale du Québec pour faire les vérifications
nécessaires dans de tels cas pour le paiement de cette subvention.
Effectivement, la banque, suivant les informations que je possède, a
entrepris toutes ces démarches et a avancé la somme de $6
millions à la cité de Roberval, qui a effectué des travaux
maintenant complétés depuis déjà un an et demi.
Comme député, mon travail, par la suite, s'est fait en ce
sens que je me rendais au ministère et, beaucoup plus souvent que
moi, les autorités municipales et leurs fonctionnaires pour
savoir quand la première tranche de cette subvention serait
payée. A de très nombreuses reprises, différents officiers
du ministère, soit du service de prêts et subventions ou du
cabinet du ministre d'alors, me montraient la liste des subventions de
différentes municipalités recommandées comme payables par
le Conseil du trésor. A toutes les fois, tant pour moi que pour les
autorités municipales, le nom de la cité de Roberval et le
montant de la subvention apparaissaient sur ces listes officielles tant du
cabinet du ministre d'alors que des fonctionnaires du service des prêts
et subventions.
C'est un peu une surprise ce matin, je m'en excuse auprès de
celui qui m'a téléphoné, il m'a fait faire vraiment un
saut un peu spécial, de voir que cette subvention qui datait de trois
ans, pour des travaux déjà réalisés et pour
lesquels toutes les démarches de la municipalité et les miennes
avaient été faites auprès des autorités
concernées, était mise en doute.
Je veux le dire d'une façon publique pour permettre au ministre
de regarder ça de près, parce que je voudrais l'informer que les
autorités municipales de la ville de Roberval n'ont jamais eu
l'idée que cette subvention pouvait être mise en doute, compte
tenu qu'elle datait de plusieurs années et que de nombreuses rencontres
avaient eu lieu entre les autorités de son ministère et les
autorités municipales de Roberval. Je prends à témoin, par
exemple, le greffier ou le gérant de la ville de Roberval, qui ont
été en contact constant avec les autorités du
ministère des Affaires municipales.
Là, nous arrivons à deux dossiers semblables qui
concernent l'élément 1, je crois, la fusion et également
les subventions. Nous avons eu, dans le comté de Roberval, deux fusions
importantes de gré à gré, soit celle de la ville et de la
paroisse de Roberval et de la ville et de la paroisse Saint-Félicien.
Pour bien situer le problème, je demeure moi-même à
Saint-Félicien, je connais donc ce dossier particulièrement bien.
Ces deux fusions ont été annoncées et les protocoles
d'entente signés la même journée. C'est cependant l'effet
du hasard, mais c'est arrivé la même journée, et cela a
donné lieu à de multiples rencontres, encore une fois, entre les
autorités municipales concernées et le ministère des
Affaires municipales.
Au coeur de la fusion de la ville et de la paroisse de Roberval,
était ce problème d'étouffement de la ville de Roberval,
qui n'avait plus aucune possibilité de développement, parce que
la cité de Roberval, qui se trouve près du lac Saint-Jean, est
complètement entourée par la paroisse de Roberval, le territoire
de la paroisse de Roberval, et il fallait de toute nécessité que
ces deux conseils municipaux s'entendent, ce qui s'est fait de façon
excellente.
Evidemment, la raison, presque la seule, de cette fusion municipale
à Roberval était de permettre le développement normal de
la cité de Roberval.
Dans cet esprit, un dossier important avait été transmis
au ministère des Affaires municipales, pour donner suite à cet
accord de fusion, un dossier de subventions d'aqueduc et d'égouts et un
montant j'ai devant moi cette étude du ministère des
Affaires municipales pour une subvention de un million quelques cents
mille dollars. Des travaux, encore là, sont réalisés.
Si j'ai, ici, l'étude signée par les fonctionnaires, il
est bien sûr qu'en faisant quelques recherches au ministère, on
peut retrouver tous ces documents, puisque j'en ai des copies moi-même.
Ce sont des documents internes du ministère des Affaires municipales,
à l'occasion d'un projet de fusion.
Ce qui arrive là-dedans, tout en reconnaissant le
privilège du ministre actuel d'établir de nouvelles politiques
municipales, le fait de mettre en cause des subventions antérieures qui
ont à l'origine et qui ont été la cause de fusions
municipales
aussi importantes que celle de la ville et de la paroisse de Roberval,
cela pose un problème énorme. Dans ce cas-là, il est
absolument évident que la ville et la paroisse de Roberval ne se
seraient pas fusionnées, si d'une façon ou d'une autre, le
ministère des Affaires municipales avait permis qu'elles se
développent.
C'est dans cet esprit et je me répète là-dessus,
que les travaux, dans le cas de la ville de Roberval maintenant
fusionnée, sont exécutés. Je me fais le porte-parole de
ces autorités municipales pour dire qu'elles attendent cette subvention
qui a été au coeur de la fusion municipale de la ville et de la
paroisse de Roberval.
Dans le cas de Saint-Félicien où je demeure, c'est un peu
plus complexe, en ce sens que cette fusion municipale s'est faite de gré
à gré, comme celle de Roberval, mais fait suite à une
invitation du gouvernement du Québec, par l'intermédiaire de deux
ministères, soit le ministère de l'Industrie et du Commerce et le
ministère des Affaires municipales, d'étudier très
sérieusement la fusion municipale.
Le 18 mars 1976, le ministre des Affaires municipales du temps, le Dr
Goldbloom, à la suite de la demande expresse du ministre de l'Industrie
et du Commerce et de son ministère, avait prié la ville et la
paroisse de Saint-Félicien d'étudier ce projet de fusion, dans le
cadre du projet d'investissement de l'industrie Donohue, chez moi, à
Saint-Félicien, un projet d'investissement de $300 millions. Le
gouvernement du Québec, par le truchement de différents
ministères, priait les deux municipalités concernées
d'étudier sérieusement ce projet de fusion que le gouvernement du
Québec considérait comme nécessaire et que même les
autorités de la compagnie Donohue et ses partenaires, voulaient, pour
avoir seulement un interlocuteur.
Dans le cadre de ce projet d'investissement qui est maintenant en cours,
comme vous le savez, et qui est majoritairement détenu par le
gouvernement du Québec, par sa filiale, la Société
générale de financement, la ville et la paroisse de
Saint-Félicien ont étudié ce projet de fusion de
façon laborieuse. Cela n'a pas été des négociations
faciles, mais, tout de même, elles sont terminées et un protocole
d'entente a été signé. Mais là, beaucoup plus
qu'à Roberval, au coeur même de cette fusion, il y avait la
réalisation d'un programme.
Dans une lettre que j'adressais au ministre des Affaires municipales le
29 avril dernier, il y a quelques jours à peine, je lui rappelais, entre
autres, que si les autorités municipales de la paroisse de
Saint-Félicien n'avaient pas reçu l'assurance de la
réalisation de ces travaux et de la subvention, jamais elles n'auraient
signé le protocole de fusion, le 30 août 1976.
Pour donner un éclairage sur ce dossier, je dois dire que celui
qui était alors maire de la paroisse de Saint-Félicien, le
docteur Laval Boily, est actuellement maire de la ville fusionnée de
Saint-Félicien. Donc, le maire actuel a été celui qui a
piloté ce dossier fort important, de cette subvention de $1 358 332.
Egalement, après les élections provinciales du 15 novembre
dernier, le Dr Boily m'avait demandé de l'accompagner ici, à
Québec, pour rencontrer certaines autorités du ministère
des Affaires municipales. Cette rencontre se situe le 10 décembre
dernier. A ce moment, nous avons reçu la confirmation que la Commission
municipale du Québec c'est le Dr Laval Boily qui l'a reçue
lui-même, mais en ma présence et en présence d'officiers du
ministère des Affaires municipales avait accepté le
règlement d'emprunt de la paroisse de Saint-Félicien d'alors,
relativement à cette subvention de $1 358 332. Encore là, c'est
pour cela que cela se rattache à l'élément 1 des
crédits actuels, ces subventions sont au coeur même des fusions
municipales des villes de Roberval et de Saint-Félicien. C'est comme
dans tout projet de fusion ou de tel règlement de construction, de
travaux, il est clair que tous les gens ont dû se rencontrer à des
dizaines de reprises. Je pense bien que, pour le moins, la bonne foi y
était de part et d'autre, parce que de très nombreux
fonctionnaires ont été impliqués dans ces dossiers. Il
serait vraiment très surprenant qu'on ne puisse, à un
étage ou un autre du ministère des Affaires municipales,
retrouver les centaines de documents relatifs à ces deux dossiers.
C'était le plus brièvement possible que je voulais
éveiller l'attention du ministre sur ces dossiers. Cela implique des
sommes de près de $10 millions. Dans le cas de Saint-Félicien,
où je demeure, l'investissement actuel du projet Donohue fait que, dans
une ville fusionnée de 7000 habitants l'essor est considérable.
Le ministère des Affaires municipales y a toujours prêté
une attention spéciale, en déléguant même un
sous-ministre adjoint au sein de ce comité pour bien planifier et
développer la ville de Saint-Félicien dans le cadre de ce
développement important au Québec. C'est pour cela que ce dossier
dont je viens de traiter, en dernier lieu, a fait l'objet de rencontres
très régulières entre le Dr Laval Boily, actuellement
maire de la ville de Saint-Félicien, ses échevins, les officiers
de la ville et de moi-même et les officiers du ministère des
Affaires municipales.
Ce sont des dossiers importants. J'espère qu'il sera possible au
ministre et à ses officiers d'y regarder de près et
peut-être de rencontrer si le ministre pouvait le faire aussi
rapidement que possible les autorités municipales
concernées qui sont, vous le comprenez bien, fusionnées
maintenant, et qui ont déjà les problèmes du passé,
qui ont été à l'origine de leur prise de position publique
sur les problèmes de fusion municipale.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Tardif: Je vais avoir seulement une réponse, avant de
donner moi-même un certain nombre d'éléments susceptibles
d'éclairer l'intervention du député de Roberval.
Le député de Roberval fait allusion à un
télégramme ou à une lettre qu'il aurait reçu,
indiquant qu'une subvention de $6,2 millions environ était
accordée à la ville de Roberval. Peut-il me dire
exactement à quel document il se réfère et la date de ce
document, s'il vous plaît?
M. Lamontagne: J'ai remis moi-même l'original du
télégramme qui m'avait été expédié
par l'ex-ministre, le Dr Goldbloom. En cherchant, a la suite de l'appel
téléphonique que j'ai eu tout à l'heure, j'ai
retrouvé l'accusé de réception du télégramme
de la ville de Roberval, mais ce télégramme avait effectivement
été remis de main à main.
Le télégramme fait suite à...
M. Tardif: C'était quand ce télégramme, M.
le Président?
M. Lamontagne: J'avais remis ce télégramme au mois
d'octobre 1975. Le télégramme de la ville de Roberval est
daté du 5 novembre 1975. Encore là, quant à moi, il s'agit
d'un élément presque mineur dans un dossier d'une telle
importance, parce que, pour un dossier de $6 millions, vous conviendrez qu'il a
dû y avoir une multitude de rencontres des autorités municipales
et des officiers. Cela me faisait dire, tout à l'heure, qu'il est
certain qu'il y a plusieurs fonctionnaires qui ont le dossier de la ville de
Roberval et tout ce que je mentionne.
M. Tardif: M. le Président, je pense que j'ai entendu
suffisamment d'explications sur ce dossier.
Il est question d'un télégramme qui aurait
été envoyé au mois d'octobre 1975, et dûment
signé par le ministre des Affaires municipales du temps, et
annonçant une subvention de cet ordre à la ville de Roberval.
M. Lamontagne: ... Recommandation au Conseil du trésor du
Québec.
M. Tardif: La question que je pose immédiatement c'est:
Comment se fait-il que cet engagement étant pris à l'automne de
1975, le dossier soit encore pendant à l'automne de 1976?
Deuxième élément, malgré les recherches au
ministère, il n'y a aucune trace de ce télégramme qui
aurait été envoyé et auquel fait allusion le
député de Roberval, à l'automne de 1975? Par ailleurs,
nous avons au ministère, à ce qu'on me dit, dans nos dossiers,
une lettre annonçant l'intention du ministre des Affaires municipales du
temps, datée du 23 novembre 1976, annonçant, dis-je, l'intention
de présenter au Conseil du trésor, de recommander l'octroi de la
subvention de $6,2 mi-lions. Parmi ces nombreuses lettres qui ont
été envoyées à ce moment, c'est le seul document
qui fasse état de cette promesse de subvention à cette
municipalité. Dans ma déclaration ministérielle du 22
décembre, j'ai déclaré que, face aux engagements,
l'attitude du gouvernement serait la suivante: Dans un premier temps, et je lis
textuellement "Face à toutes ces promesses, tant gouvernementales que
ministérielles, nous avons, en matière de subventions à la
construction d'égouts et d'aqueduc, décidé ce qui suit:
Premièrement, le ministère va subventionner les engagements
déjà approuvés, "déjà approuvés", par
le Conseil du trésor ou par le Conseil des ministres, sauf ceux de plus
d'un an et qui n'ont pas donné lieu à des suites
concrètes. "Deuxièmement, le ministère va également
honorer les engagements "du ministre", qui ont donné lieu à des
travaux déjà terminés ou déjà
substantiellement avancés. A ce sujet, nous allons demander au ministre
responsable de l'environnement et aux ingénieurs des services de
protection de l'environnement, de déterminer cas par cas cette notion de
substantiellement avancés. "Troisièmement, le ministère va
subventionner les projets qui font l'objet d'une ordonnance des services de
protection de l'environnement, et qui visent spécifiquement des cas
où la santé de la population est concernée de façon
immédiate. Il va de soi, évidemment, que les projets recouverts
par plus d'un critère seront d'autant plus prioritaires".
Si on se reporte à cette déclaration ministérielle,
strictement, il n'y avait aucune autorisation, ni du Conseil des ministres, ni
du Conseil du trésor. Il y avait une promesse ministérielle, et
il semble bien que nous nous trouvions en face d'un de ces cas où les
travaux étaient substantiellement avancés, sinon terminés,
et qui, normalement, devraient entrer dans celles qui seraient
honorées.
Ceci dit, toutefois, il y a une difficulté qui vient s'ajouter au
dossier. C'est qu'il semblerait que le projet de règlement d'emprunts de
cette municipalité était lié en quelque sorte à
l'existence d'une subvention pour les fins de ces travaux. Concrètement,
la Commission municipale avait ce dossier, cette situation n'ayant jamais
été éclaircie, puisque ni la recommandation du Conseil du
trésor ni celle du Conseil des ministres a eu lieu, et, vu le montant
impliqué, c'est quand même très élevé, eu
égard à la population desservie et à la charge
financière de cette municipalité, c'est-à-dire de $6 193
200. Présentement, ce dossier est à l'étude au
ministère. J'espère pouvoir donner réponse au
député de Roberval dans les meilleurs délais.
Avant de terminer, c'est hier que le député de Roberval
m'a saisi de ce cas, parmi cet ensemble de cas, chaque feuille étant un
cas particulier. J'ai demandé aux fonctionnaires du ministère de
me dire...
M. Lamontagne: Vous m'avez dit ce matin que vous aviez une bonne
mémoire, pour le moins.
M. Tardif: ... où c'en était et c'est là,
sans doute, qu'on a communiqué avec vous pour avoir plus de
précisions sur ce cas.
Je vous dis que, présentement, il entrait dans ce deuxième
alinéa de ma déclaration ministérielle, mais eu
égard au montant et à un certain nombre de facteurs, il est
présentement encore à l'étude. J'espère qu'on
pourra donner le feu vert là-dessus, spécifiquement.
Ceci dit, il y a tout l'aspect des fusions qui est
complètement un autre cas, qui est un autre problème et
pour lesquelles la municipalité de Roberval a droit, comme celle de
Saint-Félicien, aux subventions statutaires de $15
échelonnées sur cinq ans ou $3 par année par personne.
Deuxièmement, il reste aussi que, avec le discours du budget, la
population de la municipalité de Roberval ayant été
portée à 10 240 habitants, elle devient admissible au per capita
de $6.40 par tête, ce qui n'était pas le cas avant la fusion.
Quand vous parlez de la possibilité d'avoir une subvention
supplémentaire à celle prévue par la loi de $15
échelonnée sur cinq ans, j'ai dit, hier, dans ma
déclaration d'ouverture, qu'il existe, effectivement, au budget du
ministère, un montant dans ces cas, mais c'était vraiment pour
les cas de fusion où l'addition de deux municipalités faisait
qu'on changeait vraiment d'échelle et que les problèmes
n'étaient plus du même ordre de grandeur.
Dans le cas de Roberval, si les renseignements que j'ai sont bons, la
population globale actuelle est de 10 240, au dernier recensement de 1976.
L'annexion de la paroisse n'ajoute, à la ville de Roberval, que quelque
800 âmes. A ce moment, l'addition de 800 personnes dans une
municipalité de 9000 à 10 000 n'occasionne pas, selon nous, des
déboursés additionnels, des dépenses considérables,
des frais d'administration et un même maire, un même conseil, un
même secrétaire-trésorier, une même machine
administrative peut facilement gérer une ville de 9200 ou de 10 200
âmes.
M. Lamontagne: Le ministre me permettra... Sur le chiffre de la
paroisse de Roberval, il y a une inexactitude: la paroisse de Roberval comptait
au moins 2000 personnes. C'est une paroisse très importante du
comté de Roberval.
M. Tardif: Je n'ai pas devant moi les données du
recensement, mais ce que j'ai ici reproduit effectivement la population
nouvelle évaluée au 30 juin 1976, selon le recensement du bureau
fédéral de Statistique Canada. Qu'on ajoute à une ville de
10 000 âmes 2000 âmes de plus n'occasionne pas des dépenses
d'échelle aussi considérables, ne nécessite pas un
traitement particulier. Lorsqu'on prend cinq municipalités de 3000,
4000, 5000 âmes dans le cas de Jonquière ou qu'on fusionne
Kénogami-Arvida dans un tout, les problèmes ne sont pas du tout
de même nature. Cela ne nécessite pas, encore une fois, un
changement massif de l'échelle dans le fonctionnement de la
municipalité.
Ceci dit, dans le cas de Roberval, elle devient admissible à la
subvention pour fins de fusion, subvention statutaire de $5 par tête
échelonnée sur cinq ans. Elle devient admissible cette
année à la subvention per capita de $6.40 parce qu'elle a 10 000
âmes et plus et, dans ce cas, c'est la partie dite pour la fusion.
Je conçois fort bien qu'il ait pu se produire qu'une partie
et là, il faudrait peut-être poser la question au
député de D'Arcy McGee que la promesse de subvention
d'environ $6 millions pour les fins d'aqueduc et d'égouts était
une autre "façon", sous toute réserve, d'acheter la fusion,
d'inciter à fusionner, mais je ferme ma parenthèse
là-dessus.
M. Lamontagne: Excusez, non, je pense que c'est nécessaire
qu'on vous fournisse certains renseignements pour permettre que le texte de la
commission que je ferai parvenir à la ville de Roberval ne contienne pas
trop d'erreurs de la part du ministre.
Le projet de $6 millions de la ville de Roberval n'avait aucun rapport
avec la fusion municipale, mais avec la nécessité, les pressions
des corps publics, des chambres de commerce et de tout le monde d'arrêter
la pollution du lac Saint-Jean. Je pense que le gouvernement actuel se dit fort
préoccupé par la pollution en général, et c'est
dans cet esprit. La ville de Roberval n'avait plus d'égouts. Dans
certaines parties, ils étaient complètement condamnés et,
en même temps, une partie importante de la ville n'avait même pas
d'égouts.
Ce programme de $6 millions était un premier pas, une des trois
phases, la première des trois phases pour en arriver à une usine
d'épuration qui, elle, n'est pas encore réalisée. Je tiens
donc à préciser que ce premier dossier en 1974-1975 n'avait aucun
rapport avec la fusion municipale et, dans ce temps-là, on n'en parlait
pas, on n'y pensait même pas.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Je voulais justement mettre l'accent sur le point
que vient de soulever le député de Roberval. Le lac Saint-Jean
est le plus important lac du Québec, certainement le plus important lac
"habité". Il est habité sur presque toute sa
périphérie et il est utilisé à des fins de
villégiature et de récréation par de nombreuses personnes.
Cherchant à établir un programme d'assainissement pour le lac
Saint-Jean, nous avions déjà commencé par des
investissements relativement mineurs en comparaison, à des endroits
comme Saint-Gédéon, Saint-Jérôme, maintenant
Métabetchouan. Il était de toute évidence que le foyer le
plus important de pollution du lac Saint-Jean était et est toujours la
ville de Roberval, en particulier à cause de la présence d'un
hôpital. Cet important hôpital, relève dans une très
grande mesure des autorités publiques, à cause de la
responsabilité du ministère des Affaires sociales. Ce fait a
attiré vers les pouvoirs publics une critique tout à fait
sensée; voilà une institution publique qui pollue le lac et vous
demandez à d'autres, vous demandez aux simples citoyens qui ont un
chalet avec une fosse septique qui fonctionne mal de payer
l'amélioration ou le remplacement de leur fosse septique, et cela sans
la moindre aide des autorités publiques, mais vous ne faites rien pour
corriger la pollution causée par votre hôpital et par la ville qui
l'entoure, qui doit nécessairement l'entourer, c'est pour cela que l'on
a établi un hôpital dans une agglomération importante.
C'était la raison fondamentale qui a donné naissance au
cheminement indiqué par le député de Roberval. Dans le cas
de Saint-Félicien, c'était le projet Donohue qui a
été la force motrice. Nous avions, en discussion avec les
autorités industrielles, tiré assez facilement une conclusion que
je crois toujours logique, qu'une importante industrie arrivant dans une
agglomération quand même relativement petite, cette industrie
étant appelée à être la force motrice du
développement et de l'épanouissement de cette
agglomération, qu'il ne fallait pas mettre inutilement des bâtons
dans les roues de cette machine industrielle. La présence de deux
autorités municipales était de nature à mettre des
bâtons dans les roues d'un développement essentiel, pas simplement
pour Saint-Félicien, mais pour toute la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean et effectivement pour toute la province, parce qu'il
faut voir au développement industriel un peu partout sur le territoire.
Voilà les deux raisons fondamentales dans les deux cas.
J'aimerais ajouter simplement ce qui suit. Je suis convaincu que le
ministre, maintenant qu'il est en fonction depuis plus de cinq mois, devient de
plus en plus familier avec les rouages administratifs de son ministère
et du gouvernement. Quand il s'agit d'un projet majeur, il est
évidemment irresponsable de la part d'un conseil municipal d'aller de
l'avant sans l'assurance d'une aide de la part du gouvernement, si le
coût du projet dépasse les moyens financiers de la population.
Il serait en outre malhonnête de la part d'un tel conseil
municipal d'entreprendre une action en ce sens, à l'insu de la
population, dans le sens que cette population ne serait pas au courant de ce
qui était impliqué sur le plan financier.
Le Conseil du trésor, et, le cas échéant, le
Conseil des ministres quand il s'agit d'une forte somme, sont chargés
d'administrer les crédits qui sont votés. Mais, entre la
décision de procéder avec un projet majeur et le moment de
décider de l'utilisation des crédits votés pour une
année financière, il y a une période qui,
généralement, dépasse, et de beaucoup, les douze mois de
l'année financière. Or, le point de vue du Conseil du
trésor et du Conseil des ministres, a toujours été,
pendant mon mandat au ministère des Affaires municipales que, pour les
engagements devant affecter les budgets à venir, il n'y avait pas moyen,
pour le Conseil du trésor, de prendre une décision précise
et chiffrée parce que les crédits n'existaient pas et qu'il
relevait donc du ministre des Finances de dire à son collègue:
Allez de l'avant dans une certaine mesure et dans notre planification
budgétaire, pour l'année à venir, dans certains cas pour
la deuxième année suivante, nous réglerons le
problème et nous augmenterons les crédits affectés au
programme 11 du budget du ministère des Affaires municipales.
Pour cette raison, il y a une séquence d'événements
qui impliquent un engagement moral qui doit par la suite être
confirmé, le moment venu, par le Conseil du trésor. C'est la
situation de Roberval et de Saint-Félicien. Comme l'a indiqué le
député de Roberval, la Commission municipale a été
impliquée notamment dans le cas de la ville du même nom, et elle a
participé aux discussions qui envisageaient une aide financière.
C'est pour cela que les travaux ont été entrepris et sont
maintenant terminés. C'est donc dans une séquence qui, j'en
conviens, peut être trouvée imparfaite par un critique, d'accord,
mais qui procédait quand même d'une honnêteté
intellectuelle et d'une volonté de bien servir la population et ces
administrations municipales que de tels dossiers se trouvent maintenant entre
les mains du député de Crémazie.
M. Tardif: M. le Président, je ne voudrais pas qu'on fasse
un débat d'une heure pour chacun des cas, parce qu'alors nous
épuiserions tout le temps à la disposition de cette commission,
à analyser chacun des cas des municipalités au Québec,
puisqu'il y avait, pendantes à mon ministère à mon
arrivée, au-delà de 600 demandes de subventions de toutes sortes,
sur 1600 municipalités.
M. Goldbloom: M. le Président, excusez-moi d'interrompre
le ministre. Mais s'il n'y en avait que 600, c'était une baisse parce
que nous étions rendus à plus de 1000 à un certain moment
et il en entrait à peu près 50 par semaine.
M. Tardif: Alors, contrairement à ce qu'on peut penser, il
n'y a pas là motif à en tirer honneur. Cela traduit encore ce que
j'ai tenté d'éliminer depuis mon arrivée au
ministère, c'est-à-dire cette attitude subventionniste des
municipalités qui viennent faire des requêtes et qui viennent
faire leur pèlerinage à Québec pour obtenir des
subventions de toute nature. Lorsque l'ex-ministre des Affaires municipales, le
député de D'Arcy Mc-Gee, nous dit que c'était une
façon pragmatique finalement de travailler que de donner une sorte
d'engagement moral à une municipalité, je qualifierais
plutôt ceci de façon peut-être imprudente de
fonctionner.
Je verrais mal le ministre de l'Education dire à des
autorités scolaires: Allez de l'avant avec la construction de telle
école, je ferai les recommandations voulues auprès du Conseil du
trésor, au moment voulu. Je verrais encore fort mal tel autre ministre
annonçant de faire des choses semblables.
Je comprends que cela pouvait être dans un désir ou un
souci d'aider les municipalités, mais, les exigences étant ce
qu'elles sont, il devait être possible, à la lumière des
nombreuses demandes reçues au cours des années
antérieures, de procéder à une étude empirique, une
étude statistique de l'ensemble des demandes, de prévoir des
montants possibles pour ces demandes, de faire voter les crédits,
après quoi les représentations pouvaient être faites.
Lorsque le député de D'Arcy McGee invoque les
délais de douze mois où la règle des crédits qui
deviennent périmés après douze mois, je lui rappellerai
que ceci ne vaut qu'après l'approbation du Conseil des ministres et du
Conseil du trésor et non pas pour la période d'avant, de la
pré-
paration des plans et tout ceci, ce que je veux indiquer en
réponse au député de Roberval, est que le cas de la
municipalité en question est un de ces cas problèmes, très
complexes où, effectivement, bien qu'il n'y ait d'engagements ni du
Conseil du trésor, ni du Conseil des ministres, les travaux ont
été effectués et une participation gouvernementale est
dans l'ordre.
Ce que j'ai demandé aux gens de mon ministère,
après les commentaires du député de Roberval, hier, c'est
de sortir ce dossier, de me dire où il en était, et de voir
comment il pourrait être établi à la satisfaction de tous
un quantum pour cette participation gouvernementale après le fait,
dois-je dire, post facto, mais avec lequel nous sommes aux prises
présentement. J'espère pouvoir lui donner une réponse et
la population aussi dans les meilleurs délais.
M. Lamontagne: M. le Président, vous me permettrez, je
pense que c'est mon devoir le plus sacré de le faire, de remercier le
ministre, d'abord, d'avoir accepté qu'on parle de ces dossiers fort
importants pour mon comté, à l'étude des crédits et
je suis très heureux d'apprendre que lui-même et ses
fonctionnaires apporteront une attention très spéciale à
ces dossiers déjà exécutés.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Tandis que nous sommes à l'étude du
programme 12, je voudrais avoir des explications. Je sais que le ministre a
fourni hier des détails sur certains programmes d'aide financière
aux municipalités pour des réseaux d'aqueduc et d'égouts.
Il a parlé, entre autres, du programme PAIRA.
Je voudrais être certain de bien comprendre la différence
que le ministre fait entre le programme PAIRA et un nouveau programme qui
s'appelle, je pense, Liquidation, dont je n'ai pas eu de copie.
J'espérerais, M. le ministre, avoir une copie de ce programme
Liquidation. Est-ce qu'il existe un autre programme pour les
municipalités qui n'entrent pas dans les catégories des deux
programmes mentionnés? C'est une première question
préliminaire à laquelle j'aimerais que vous répondiez pour
pouvoir me permettre par la suite d'expliciter un peu plus le
problème.
M. Tardif: M. le Président, en ce qui concerne la
participation gouvernementale à l'accomplissement d'une fonction
municipale essentielle, parce qu'on persiste à dire et à croire
qu'il s'agit d'une fonction municipale et non pas de l'Etat
québécois, c'est-à-dire, l'alimentation en eau et
l'évacuation des eaux usées, deux programmes existent
présentement.
Le premier a été diffusé, publié et remis
à toutes les municipalités, à tous les
députés. Le deuxième a été signé par
moi et il est sous impression. Il sera distribué à l'ensemble des
municipalités et aux députés également, s'il ne
l'est pas déjà.
Ces deux programmes prévoient, dans le cas du programme PAIRA,
qui est le sigle du Pro- gramme d'aide à l'implantation de
réseaux d'aqueduc et d'égouts, nous avons laissé tomber le
mot égout à la fin, parce que le sigle se lisait mieux de cette
façon ils prévoient, dis-je, que qui dit implantation dit
construction et réalisation d'un réseau d'aqueduc et
d'égouts dans les municipalités où il n'y en a pas
déjà, ou encore le renouvellement d'un système d'aqueduc
qui est complètement fini, désuet, qui ne sert plus la population
comme il le devrait.
Dans ce cas, le programme PAIRA établit des normes de
densité. Il est évident que nous voulons contribuer à la
réalisation d'un réseau d'aqueduc pour le milieu bâti, mais
non pas à ses prolongements à un quart de mille, ou à un
demi-mille, de chaque côté du village. Ces réserves
étant faites, ces restrictions étant faites, le programme
prévoit une participation gouvernementale de l'ordre de 75% des
coûts de réalisation dans ces cas. Qui dit implantation de
réseau d'aqueduc là où il n'y en a pas, s'adresse d'abord
et avant tout exclusivement aux municipalités rurales,
c'est-à-dire régies par le code municipal, jusqu'à
à peu près 3000 ou 4000 de population, ce qui est le seuil
maximum de ces entités municipales, les autres étant
généralement régies par la Loi des cités et
villes.
Dans le cas des municipalités rurales, le programme PAIRA, c'est
la participation gouvernementale de 75% avec une charge maximale prévue
pour les résidents, de l'ordre de $180 par unité
résidentielle, le reste étant assumé, encore une fois,
jusqu'à concurrence de 75% par l'Etat. Tel est le programme PAIRA.
A l'autre extrémité, pour les villes de 10 000 âmes
et plus, présentement, à la suite des modifications qui ont
été annoncées dans le discours du budget, ces
municipalités seront admissibles à une aide per capita de $6.40,
de façon croissante, selon la taille de la population. Les
municipalités rurales, jusqu'à 3000 ou 4000 habitants,
bénéficient du programme PAIRA. Celles de 10 000 habitants et
plus ont une subvention per capita. Il y avait donc, entre le programme PAIRA
et le per capita, certaines municipalités, entre 3000 et 10 000
âmes M. le Président, je voudrais terminer là-dessus
qui pouvaient avoir besoin d'aide, soit à la suite d'une
expansion, d'une urbanisation rapide, pour lesquelles nous avons prévu
un programme temporaire je dis bien temporaire sur deux ans
seulement, de rattrapage, pour ce qui est de la réalisation de ces
infrastructures nécessaires, non pas à du développement
nouveau, mais bien à l'alimentation en eau et à
l'évacuation des eaux usées des populations existantes,
implantées sur le territoire.
Ce n'est pas pour du développement nouveau, c'est pour donner de
l'eau aux gens qui n'en ont pas et qui y sont dûment implantés.
Dans ce cas, le programme Liquidation, symboliquement, vise à procurer
non seulement de l'eau, du liquide, mais également de l'argent, et aussi
à liquider les cas problèmes dans ces cas.
Voilà les deux programmes qui existent présentement. Nous
étudions la possibilité de voir si, en sus du programme existant,
il faut dire aussi que pour ce qui est du développement nouveau,
sans égard à la taille des municipalités, il existe
le programme de la Société centrale d'hypothèques et de
logement de $1000 par unité de logement, à condition que, encore
une fois, les normes de densification entre 10 et 45 unités de logement
à l'acre soient respectées. Si bien que, pour les
municipalités rurales, il y a le programme PAIRA pour les autres
municipalités entre le rural et le per capita, il y a le programme
Liquidation. Pour celles qui ont 10 000 âmes et plus, il y a le per
capita, et pour les autres qui veulent faire du développement nouveau,
ce développement nouveau peut se faire en bénéficiant,
moyennant des normes de densification, avec l'aide de $1000 par unité de
logement, ce qui est administré, même s'il s'agit d'un programme
de la Société centrale d'hypothèques et de logement, par
mon ministère, et pour lequel il est prévu, cette année,
des déboursés de $25 millions, c'est-à-dire environ 25 000
unités de logement à $1000 par unité.
Voilà en gros la situation telle qu'elle existe
présentement; en dehors de cela, il n'y a aucun autre programme.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, nous ajournons nos
travaux sine die. C'est regrettable, il est midi et trois minutes, nous serions
dans l'illégalité de continuer.
M. Charbonneau: Sera-t-il possible d'avoir la parole, lorsque
nous continuerons, parce que j'avais d'autres questions? C'était une
question préliminaire.
Le Président (M. Laplante): Absolument. Lorsque la Chambre
nous dira de revenir en séance, je suis d'accord.
M. Charbonneau: Merci.
Le Président (M. Laplante): II y a une entente
actuellement entre les partis, sur l'ordre de la Chambre, de finir à
midi, le mercredi, pour donner une chance à chaque parti de tenir ses
réunions.
M. Roy: C'est une entente des partis, mais il y a quand
même des partis qui n'ont pas été consultés. Je
l'apprends.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, j'espère
que ce n'est pas un reproche pour moi.
(Fin de la séance à 12 h 5)