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(Quinze heures quarante-neuf minutes)
Le Président (M. Desbiens): La commission permanente des
affaires municipales commence ses travaux et elle a pour mandat
d'étudier le projet de loi 12, Loi modifiant la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme.
Les membres de la commission sont: MM. LeMay (Gaspé), Brouillet
(Chauveau), Caron (Verdun), Dubois (Huntingdon), Fallu (Groulx), Lachance
(Bellechasse), Léonard (Labelle), LeBlanc (Montmagny-L'Islet), Rocheleau
(Hull), Saintonge (Laprairie) et Tremblay (Chambly).
Les intervenants de la commission sont: MM. Bélanger
(Mégantic-Compton), Bisaillon (Sainte-Marie), Bissonnet (Jeanne-Mance),
Doyon (Louis-Hébert), Leduc (Saint-Laurent), Léger (Lafontaine)
et Paré (Shefford).
Il serait dans l'ordre de désigner d'abord un rapporteur, s'il
vous plaît!
M. Léonard: M. LeBlanc.
Le Président (M. Desbiens): M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet)
est proposé comme rapporteur.
Une voix: Le député doit rester ici de toute
façon.
M. Caron: C'est la condition. Il faut que ça soit bien
rapporté. S'il en manque des bouts, il peut s'enfarger.
Le Président (M. Desbiens): Sur les remarques
préliminaires, M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Jacques
Léonard
M. Léonard: M. le Président, il s'agit de
modifications à la loi 125, Loi sur l'aménagement et l'urbanisme.
On me dira que ce sont encore des modifications; il reste que ça fait
partie d'un processus. Nous n'avons pas de code, nous avons une loi. Dans
d'autres pays, il s'agit d'un code et tout le monde sait que, lorsqu'il y a un
code, cela demande des ajustements assez fréquemment.
Il ne faudrait donc pas être surpris non plus, parce que cette loi
était quand même très complexe, que nous
l'améliorions au fur et à mesure des étapes que nous
traversons. Je ne promets pas, cet après-midi, que c'est la
dernière fois que nous apportons des modifications ou que ce sont les
dernières que nous apportons à cette loi. Cependant, à
mesure que nous progressons, je pense qu'il s'agit de l'améliorer.
Le projet de loi 12 apporte des ajustements techniques. Il simplifie
essentiellement la procédure. Il n'altère pas des
éléments substantiels de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme. Là-dessus je référerai tous ceux qui le
voudraient à mon discours de deuxième lecture. Il me semble que
j'ai donné les éléments essentiels. Si on les
résume simplement, il y a trois modifications, en gros. L'une permet de
transiger de gré à gré avec des particuliers, par exemple,
pour le ministère des Transports, lorsqu'il veut faire des voies de
communication. La loi, telle qu'elle est rédigée
présentement, avant amendement, empêche de transiger de gré
à gré. Même si les particuliers voulaient transiger avec le
ministère des Transports, ils ne le pourraient pas, et le
ministère des Transports est obligé de procéder par
expropriation. Je pense que là, c'est plus clair et que cela va aller
beaucoup mieux, beaucoup plus rapidement. Lorsqu'il y a consentement, de toute
façon, et qu'il n'y a pas d'opposition de la MRC, il me semble qu'on
peut procéder de telle façon.
Une précision importante qui est apportée au projet de loi
est que le régime qui touche le gouvernement, c'est le régime du
chapitre VI, article 149 et suivants, et non celui des permis, comme il est
d'usage pour les particuliers présentement. Dans la loi, on pouvait
interpréter qu'on procédait selon un double régime. On dit
que c'est le régime du chapitre VI qui s'applique au gouvernement, mais
cela n'enlève rien de ce que le gouvernement doit faire, de la
consultation qui doit avoir lieu, si la municipalité régionale de
comté n'est pas d'accord. Donc, on précise très nettement
le régime applicable au gouvernement: c'est le chapitre VI, article 149
et suivants.
Troisièmement, il y a deux délais qui sont
affectés. L'un, par exemple, si le gouvernement veut intervenir et qu'on
discute sur la conformité. Si la municipalité régionale de
comté dit que ce n'est pas conforme, il sera loisible au ministre de ne
pas aller à la Commission nationale de
l'aménagement dans le cas, où effectivement, il sera
évident que l'intervention du gouvernement n'est pas conforme. On sauve
un délai de 90 jours, à ce moment-là, et on passe tout de
suite à l'étape subséquente. Donc, cela, à
l'examen, nous est apparu inutile. Je veux bien qu'on examine chacun des
articles présentement là-dessus, mais c'est un
élément.
Si le ministre ne va pas à la commission, on procède tout
de suite à l'étape suivante, comme s'il était allé
à la commission et que celle-ci avait rendu jugement, mais il peut
sembler d'emblée à tous les intervenants que c'est vrai que
l'intervention du gouvernement n'est pas conforme au schéma
d'aménagement et qu'à ce moment-là on procède sans
aller à la commission. On est d'accord que ce n'est pas conforme, mais
on veut quand même procéder ou on ne veut pas procéder,
selon ce que le gouvernement en décidera, toujours dans le cadre de
l'application du chapitre VI.
Enfin, un délai, aussi, qui joue particulièrement à
l'avantage des municipalités régionales de comté par les
temps qui courent, c'est que les municipalités qui ont adopté un
règlement de contrôle intérimaire vont être
amenées à le modifier. Cela est dans le cours normal des choses,
c'est dans le processus même d'élaboration du schéma
d'aménagement qu'on améliore graduellement le règlement de
contrôle intérimaire. Si tout le monde s'entend et s'il y a un
large consensus, je pense que le ministre peut décider
immédiatement de ne pas désavouer le règlement de
contrôle intérimaire, dès sa réception, et ne pas
attendre un délai obligatoire de 45 jours, comme c'est de rigueur
maintenant. À l'heure actuelle, lors de l'adoption du règlement
de contrôle intérimaire, le ministre ne peut pas répondre
avant 45 jours et il a après cela encore 45 jours pour la réponse
définitive; donc, le délai total est de 90 jours.
Lorsqu'on modifie le règlement de contrôle
intérimaire - c'est l'objet du projet de loi - si tout le monde est
d'accord finalement pour le modifier, si c'est une amélioration, une
bonne correction, on peut le faire tout de suite, et le ministre dira tout de
suite qu'il ne désavoue pas, sans attendre 45 jours. Je pense que c'est
dans le sens de l'amélioration des délais pour empêcher
d'attendre inutilement. Tout le monde sait ou saurait par avance qu'au bout de
45 jours il n'y aurait pas désaveu et on n'attendrait pas pour rien. Je
pense que c'est une correction. Comme vous voyez, c'est une correction mineure
qui ne touche pas à l'esprit de la loi. Finalement, tout le monde va
s'en trouver mieux. C'est dans cet esprit que ces amendements ont
été apportés. Je m'arrête là, M. le
Président, pour entendre deux intervenants qui nous ont fait parvenir
des mémoires. Je vous dirai tout de suite qu'il y a des
résolutions de municipalités régionales de comté
qui nous sont parvenues aussi. Elles n'ont pas demandé, à ma
connaissance, d'être entendues ici, sauf qu'elles nous ont envoyé
des résolutions dont certaines vont dans le sens des mémoires qui
nous sont parvenus jusqu'ici. Je ne sais pas si le député de
Laprairie veut dire quelque chose, mais je propose en tout cas que, dès
qu'on s'entendra là-dessus, on passe aux intervenants.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: M. le Président, ce sera très bref.
En fin de compte, je ne ferai pas de discours de deuxième lecture non
plus. Je voudrais simplement noter que le ministre nous faisait mention que les
amendements à la loi 125 ne sont pas les derniers amendements qui vont
être apportés. On a vu qu'il y en a eu récemment en
décembre dernier et, moins de cinq mois après, on en avait
d'autres à soumettre. Ce qui m'intrigue, là-dessus,
vis-à-vis des amendements que le ministre nous propose, le sais fort
bien, c'est que le ministre est sûrement au courant des amendements que
le monde municipal lui demandait au niveau du contrôle intérimaire
et des difficultés d'application dans certains cas du règlement
de contrôle intérimaire pour certaines municipalités
régionales de comté; or, il semble bien que les assouplissements
qu'on aurait pu souhaiter ou demander, à ce moment, le ministre n'en a
pas tenu compte. Cependant, ce que je peux voir dans le projet de loi no 12, ce
sont surtout des amendements, des modifications qui vont faire en sorte que,
dans certains cas le gouvernement va se soustraire à des contraintes que
la loi 125 lui impose, la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme.
Se soustrayant à ces contraintes, cela va un peu à
l'encontre des engagements qui étaient donnés au début que
le gouvernement, tout comme les municipalités, comme les particuliers,
se situait à un niveau égal au regard de l'intervention sur le
territoire. Dans le cas présent, il m'apparaît en fin de compte
que les modifications apportées par les deux premiers articles vont
surtout dans le sens d'alléger pour le gouvernement les contraintes du
contrôle intérimaire. Dans ce sens, le gouvernement se soustrait
d'une quelconque façon aux obligations que la loi lui imposait
antérieurement. C'est pour cette raison que nous avons annoncé
nos couleurs lors de notre discours de deuxième lecture, dans le sens
que nous nous opposions à ce que le gouvernement se crée, ni plus
ni moins, un
régime de faveur à l'intérieur de la loi 125 au
détriment des municipalités et des particuliers qui sont soumis
aux contraintes que la loi leur impose.
Disons qu'à l'avenir le ministre pourrait peut-être
éventuellement tenir compte dans ses modifications d'assouplir
également cette loi à l'égard des municipalités
concernées. Nous allons entendre avec plaisir l'Union des
municipalités régionales de comté. Je suis très
heureux que le ministre ait cru bon de faire venir les municipalités,
les deux unions en commission parlementaire pour expliquer leur point de vue,
ce qui va réparer d'une certaine façon le défaut de
consultation qui n'avait pas eu lieu avant le dépôt du projet de
loi. Je vous remercie, M. le Président. (16 heures)
Audition
Le Président (M. Desbiens); Tel qu'entendu et convenu,
j'inviterais M. Jean-Marie Moreau, président de l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec
à soumettre son mémoire, s'il vous plaît!
Union des municipalités régionales et
des municipalités locales du Québec
M. Moreau (Jean-Marie): M. le Président, j'aimerais
présenter les personnes qui sont ici avec moi à la table, soit Me
Pascal Renauld, qui est recherchiste chez nous, et Me Gaétane Martel,
qui est directrice générale de l'Union des municipalités
régionales de comté. Je voudrais également remercier le
gouvernement de sa décision de tenir une commission parlementaire pour
entendre les municipalités dans les mémoires. Vous constaterez
que ce mémoire n'était pas adressé à une
commission. Il était adressé particulièrement au ministre
des Affaires municipales parce qu'à ce moment nous savions qu'il n'y
avait pas de commission parlementaire. Nous sommes heureux que le gouvernement
ait décidé d'en tenir une et d'entendre ce mémoire.
Voici notre mémoire, qui est très bref d'ailleurs. L'UMRCQ
a été très surprise de constater le dépôt le
jeudi 5 mai dernier d'un projet de loi intitulé Loi modifiant la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme. Nous sommes portés à croire
que l'on veut faire adopter à la sauvette une loi qui affecte toutes les
municipalités régies par la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme sans pour autant avoir au préalable consulté les
intéressés quant au but et à la portée des
amendements sur les dispositions de la législation actuelle. Je voudrais
ajouter ceci: c'est bien sûr que le gouvernement n'est pas obligé
de consulter les représentants du monde municipal chaque fois qu'il a
l'intention d'amender une loi. Il y a eu dans le passé des traditions
d'établies entre les représentants du monde municipal et le
gouvernement, ce qui a fait que cela nous a surpris un peu de voir à ce
moment ce projet présenté de cette façon.
Nous remercions l'Opposition de nous avoir mis au courant de la
proposition gouvernementale puisqu'on l'a appris de l'Opposition. Il aurait par
ailleurs été souhaitable que le gouvernement nous informe du
projet de loi 12 comme il avait l'habitude de le faire dans le passé.
Étant donné qu'aucune commission parlementaire n'est
prévue pour analyser l'impact de ce projet, nous vous soumettons
quelques commentaires nous réservant le droit de les compléter
ultérieurement.
À l'article 1, après toute la publicité que l'on a
fait sur la loi 125 en ce sens que le gouvernement se soumettrait en bon
citoyen à ces dispositions, nous comprenons mal le fait qu'il s'exclut
maintenant des permis et des certificats exigés par les
règlements de contrôle intérimaire. Cela vaut aussi pour
les ministères et les mandataires.
À l'article 2, le texte étaie la disposition du premier
article de façon à rendre plus sécuritaires les
interventions de l'État. Pourquoi les notes explicatives parlent-elles
de routes alors que le texte de loi parle de voies de circulation, ce qui est
beaucoup plus vaste. Cette dernière expression nous semble comprendre
beaucoup plus que des voies carrossables comme une rue, un chemin ou une
route.
Aux articles 3, 4, 6 et 7, aucun commentaire pour l'instant.
À l'article 5, il faudrait préciser cette rédaction
qui prête à l'ambiguïté. On peut s'interroger à
savoir si un gouvernement ne peut pas, s'il le désire, établir le
principe de sa liberté totale d'intervention sur des questions
d'intérêt national. Ce qui nous apparaît cependant
répréhensible, c'est qu'il le fasse après avoir
prôné dans tout le Québec qu'il se soumettrait comme tout
bon citoyen aux dispositions de la loi.
Nous ressentons une certaine frustration, après toute cette
publitité faite autour de la loi 125, quant à l'avenir de
l'aménagement du Québec lorsque l'on constate un retour en
arrière, le rétablissement des anciennes procédures,
à quelques nuances près.
Enfin, on en arrive toujours au vieil axiome: un gouvernement est fait
pour gouverner, envers et contre tous. C'est signé à
Québec, le 10 mai 1983.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: C'est vrai que c'est un projet de loi qui a
été amené rapidement. Il est passé, par exemple, au
comité de
législation le 4 mai; je ne voudrais pas parler de nos
problèmes de cuisine dans tout cela. Il reste que nous n'avons pas
l'intention de rompre avec la tradition pour autant; je voudrais vous rassurer
là-dessus. Cela s'est fait très rapidement effectivement. Disons
que la tradition est maintenue là-dessus, il n'y a pas de
problème.
Je voudrais quand même seulement poser un certain nombre de
questions là-dessus. Par exemple, sur l'article 1, évidemment on
précise que le gouvernement est toujours lié par la disposition
de la loi parce que l'article se lit quand même comme suit: Un
schéma d'aménagement et un règlement de contrôle
intérimaire adoptés par une MRC et mis en vigueur
conformément à la présente loi lient le gouvernement, ses
ministères et ses mandataires lorsque ceux-ci désirent intervenir
dans la seule mesure prévue au chapitre VI du titre I. Cela
précise que ce n'est pas sous le régime des permis qu'il est
lié mais sous le régime du chapitre VI.
En tout cas, notre opinion, à ce moment-ci, c'est que,
finalement, la loi 125 s'applique toujours sauf que le gouvernement, lui, est
lié par tous les articles 149 et suivants du chapitre VI et non pas par
le régime des permis.
Maintenant, je vais faire mes commentaires, peut-être pourrez-vous
reprendre par la suite. À l'article 2, on parle dans le texte de la loi
de voies de circulation. Nous employons dans les notes explicatives le mot
"route" parce que c'est un mot plus commun; effectivement peut-être que
"voie de circulation" est un peu plus large mais, au fond, c'est pour rendre
les notes explicatives encore plus précises ou pour employer
plutôt un terme courant. C'est le seul objectif, parce qu'il n'y avait
pas dans notre esprit de contradiction entre les deux. C'est "voie de
circulation" qui est dans le texte de la loi.
À l'article 5, est-ce que vous pourriez préciser
l'ambiguïté que vous décelez là-dessus?
M. Moreau: Voici...
Le Président (M. Desbiens): M. Moreau.
M. Moreau: Oui. Je demanderais à Me Martel de bien vouloir
préciser.
Mme Martel (Gaétane): C'est qu'à un moment
donné, on distinguait mal. Lorsqu'on disait: Si le ministre n'a pas
demandé l'avis de la commission à la suite d'une opinion
négative donnée en vertu de l'article 150, est-ce que l'opinion
vient de la commission ou du ministre? C'est un peu... En fait, on a eu des
discussions avec certains avocats et on trouvait que le texte était
quand même assez flou à ce sujet. C'est surtout...
M. Léonard: II me semble que c'est la municipalité
régionale de comté qui donne son avis. La municipalité
régionale de comté dit qu'à son avis, l'intervention du
gouvernement n'est pas conforme au schéma. Alors, le ministre
reçoit l'avis négatif de la MRC qui dit que ce n'est pas
conforme; donc ils ne sont pas d'accord en tout cas au moment où ils
communiquent. Ensuite, le ministre peut poser la question sur cet avis et dire:
Je pense quand même que c'est conforme et, pour en être bien
sûr, je demande l'avis à la commission sur l'opinion
négative émise par la municipalité régionale de
comté.
Mme Martel: C'est que, en fait, les discussions qu'on avait eues
étaient qu'on se demandait au juste qui donnait l'opinion
négative. Est-ce que c'était la commission, la MRC, la...
M. Léonard: C'est la MRC.
M. Moreau: Voici, M. le Président. Ce que j'aimerais...
Remarquez bien qu'on ne s'inscrit pas en faux contre cela.
M. Léonard: Oui, oui, je comprends.
M. Moreau: Je pense que si on tient pour acquis que la loi 125
n'est pas faite uniquement pour être lue par les avocats -sans
préjudice aux gens de loi - mais qu'elle peut être lue par des
gens qui... Je pense qu'actuellement, le libellé de l'article 152
pourrait être clarifié pour qu'on soit bien certain, M. le
Président, de ce dont on parle et qu'on sache quelle est la
responsabilité de chacun.
M. Léonard: Peut-être qu'à l'étude
article par article, on pourra préciser, sauf que ce qui est dit dans
l'article 152, "Si le ministre n'a pas demandé l'avis de la commission
à la suite d'une opinion négative donnée en vertu de
l'article 150." Quand on lit l'article 150, cela dit ceci: "Dans les 90 jours
de la date de réception de l'avis du ministre le conseil de la
municipalité régionale de comté adresse par écrit
au ministre son opinion sur la conformité de l'intervention
projetée aux objectifs du schéma d'aménagement ou aux
dispositions du règlement de contrôle intérimaire."
À notre avis, il nous semble que c'est vraiment l'opinion de la
municipalité régionale de comté dont il est question
à l'article 150. L'opinion se réfère au conseil de la
municipalité régionale de comté. En fait, c'est qu'il faut
lire les deux articles ensemble, 150 et 152, à ce moment.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il y a d'autres
questions ou d'autres remarques?
M. Léonard: Peut-être que le député
de
Laprairie...
M. Saintonge: M. Moreau, en fin de compte, si je regarde votre
mémoire, est-ce que vous avez eu des représentations
particulières de certaines corporations, certaines MRC membres de votre
union ou de municipalités relativement aux effets des deux premiers
articles en particulier du projet de loi?
M. Moreau: Je dois dire, M. le Président, que beaucoup de
municipalités ont réagi de la même façon que nous
avons réagi par rapport à l'obligation qui est faite au
gouvernement sur cette question des amendements, surtout à l'article 2,
je crois. Vous savez, il y a des principes sur lesquels on est
entièrement d'accord que le gouvernement, quand il s'agit de voies
d'accès, de routes ou de services au niveau national ou régional,
doit évidemment avoir d'autres prérogatives et des pouvoirs.
C'est bien entendu. Je pense qu'il n'y a personne qui ne conteste cela.
Ce qui nous paraît aberrant et un peu frustrant, c'est que,
à un moment donné, on a sensibilisé les populations, les
élus à ce que le gouvernement soit astreint aux mêmes
obligations que les municipalités et que tout autre citoyen. Qu'on
accepte le principe que la loi doit être amendée, je suis
entièrement d'accord. Dans la loi 125, il y aura des amendements, on n'a
pas fini d'en voir. Il est aussi logique qu'on l'harmonise. Voici ce qui nous
surprend un peu. C'est assez fondamental de dire: L'obligation est faite
à tout le monde. Le gouvernement dit: Dans le domaine de la
fiscalité, je deviens contribuable à part entière. Il est
contribuable à part entière. On accepte ce fait, mais on
n'accepte pas le fait que d'autres gouvernements qui pourraient faire la
même chose ne le font pas et qu'ils viennent nous prêcher et nous
faire la morale.
Mais il reste que, si cela s'applique au niveau de la fiscalité,
cela pourrait également s'appliquer à ce niveau, compte tenu des
obligations du gouvernement dans le domaine des services essentiels et
publics.
Le Président (M. Desbiens): Cela va? M. le ministre.
M. Léonard: Disons deux choses sur les articles 1 et 2.
L'article 1 précise que ce sont les articles 149 et suivants. Le simple
citoyen, dans la rédaction originale de loi, n'était pas
assujetti aux articles 149 et suivants ou au chapitre VI, c'était le
régime du gouvernement. À l'article 2, cela concerne les routes.
M. Moreau, je sais bien que chacun peut avoir sa perception là-dessus,
mais il s'agit simplement de la modalité d'acquisition du terrain. Cela
ne délie pas le gouvernement d'être obligé de demander
l'avis de la MRC sur le passage, le tracé ou l'emprise de la route. Il
n'est pas du tout délié d'avoir à s'astreindre aux
articles 149 et suivants.
On parle de la modalité d'acquisition des terrains et, dans la
rédaction actuelle du projet de loi, le gouvernement ne pouvait pas
procéder de gré à gré. C'est ce qu'on nous a fait
valoir, en tout cas, au ministère des Transports. Mes juristes ont
regardé cela. On a conclu, effectivement, qu'ils ne pouvaient pas
procéder de gré à gré; même si les
particuliers l'avaient voulu, ils ne le pouvaient pas. Cela obligeait alors
tout le monde à passer par la procédure d'expropriation. Je
souligne quand même que le gouvernement est toujours assujetti au
chapitre VI, donc aux articles 149 et suivants.
L'article 1 dit que le régime qui s'applique au gouvernement est
aux articles 149 et suivants. Dans ces cas, il n'y a pas double système
avec les permis. On considérait, paraît-il, assez odieux d'avoir
à s'assujettir à un double système. Si on l'avait fait
pour le citoyen ordinaire, cela aurait été - paraît-il -
inadmissible.
M. Moreau: Me Martel aurait quelque chose à dire.
Mme Martel: Le terme "voie de circulation" est vraiment beaucoup
plus large que le terme "route" comme tel. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de
le modifier? Le terme "voie de circulation" peut avoir, comme
définition, un sens beaucoup plus vaste que le terme "route". (16 h
15)
M. Léonard: Ce qu'on dit ici, c'est que, dans la
rédaction de la loi 125 on aurait toujours utilisé le terme "voie
de circulation". Cela ne donne pas de compétence supplémentaire
au gouvernement, remarquez bien. Les trottoirs sont normalement du ressort des
municipalités. Il faut laisser les municipalités...
Mme Martel: Est-ce que cela ne pourrait pas inclure - je ne sais
pas, je donne cela comme exemple - des sentiers de motoneige dans des parcs ou
des voies autres que des voies carrossables ou quelque chose comme cela?
M. Moreau: M. le Président, je pense également aux
accès d'Hydro-Québec, par exemple, dans certains domaines de
transport d'énergie...
M. Léonard: C'est prévu expressément dans le
cas d'Hydro-Québec. Je reviens aux voies de circulation
présentement. Cela n'évite pas au gouvernement d'avoir recours
aux articles 149 et suivants. On est obligé
d'en tenir compte. Cela veut dire que l'Union des municipalités
régionales de comté exerce toujours son contrôle sur
l'aménagement par cette série d'articles. Je fais
référence à "la voie de circulation", c'est la
définition donnée au premier article, paragraphe 10, de la loi
125, où il est dit: "Voie de circulation": tout endroit ou structure
affecté à la circulation des véhicules et des
piétons, notamment une route, rue ou ruelle, un trottoir, un sentier de
piétons, une piste cyclable et de motoneige, un sentier de
randonnée, une place publique ou une aire publique de stationnement.
C'est effectivement assez large, mais on est toujours assujetti à
l'article 149.
M. Moreau: De toute façon...
Le Président (M. Desbiens): S'il n'y a pas d'autres
questions ou d'autres interventions, je vous remercie, messieurs et madame.
M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, je voudrais remercier
les représentants de l'Union des municipalités régionales
de comté d'être venus à la commission. Je sais que le
mémoire avait été adressé au ministre et non pas
à la commission, mais je tenais quand même à leur permettre
de venir à la commission. Nous n'avons effectivement pas jugé bon
de faire une commission avant la deuxième lecture du projet de loi. Nous
le faisons cependant à ce moment-ci, avant l'étude article par
article. Je pense bien que, comme je le disais, la tradition sera maintenue
d'aviser et de consulter les unions.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Je voudrais également remercier les
représentants de l'Union des municipalités régionales de
comté des commentaires qu'ils ont pu exprimer sur le projet de loi et de
m'en faire parvenir une copie. J'ai été très heureux de
constater que le ministre a accepté en fin de compte de les entendre une
fois qu'il avait quand même reçu le mémoire. C'est
peut-être une conséquence du fait que vous avez réagi au
projet de loi que le ministre accepte de vous recevoir en deuxième
lecture. Je vous remercie bien.
M. Moreau: Alors, M. le Président, on vous remercie de
nous avoir permis de nous faire entendre.
Le Président (M. Desbiens): Merci bien. J'invite
maintenant le président de l'Union des municipalités du
Québec, M. Francis Dufour, à s'approcher, s'il vous
plaît!
Union des municipalités du
Québec
M. Dufour (Francis): M. le Président, M. le ministre,
membres de l'Opposition, mon nom est Francis Dufour, président de
l'Union des municipalités du Québec. Je dois vous dire que, bien
sûr, j'étais en commission parlementaire et que, si on n'avait pas
eu des rencontres préalables, cela aurait probablement été
un voyage à peu près blanc, parce que j'ai l'intention de retirer
le mémoire qu'on a présenté à la suite des
explications que le ministre des Affaires municipales a données au
début des audiences. Pour nous, ce sont des éclaircissements qui
nous semblent satisfaisants. Cela n'ajoute pas d'éléments
à notre point de vue qui vont ajouter des contraintes à
l'administration de la loi 125.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Je vous remercie d'abord pour vos commentaires
et de vous être aussi donné la peine de revenir ici. Je sais que
vous êtes très occupé à un autre projet de loi
à l'heure actuelle. Je vous souligne simplement que les amendements que
nous avions apportés au sujet du projet de loi no 12 dans notre esprit
n'avaient pas pour objet de modifier les grands principes de la loi 125. Ce
sont vraiment des précisions que l'on voulait apporter et même des
assouplissements parce que, dans le cas des délais, effectivement, pour
la construction et pour des interventions, cela devrait simplifier des choses.
C'est aussi à l'avantage des municipalités parce que, lorsqu'on
parle du délai de 45 jours pour des modifications au règlement de
contrôle intérimaire, je ne pense pas que ce soit le gouvernement
qui en profite surtout. Ce seront plutôt les municipalités qui,
dans 290 cas sur 300, en profiteront.
Je suis très heureux. Je suppose bien que vous allez aussi faire
connaître à vos membres votre satisfaction dans l'état
actuel des choses après le discours de deuxième lecture.
M. Dufour: Je pense que l'Union des municipalités a la
caractéristique de dire les choses comme elles sont. Si on n'a rien
à dire, on ne dit rien. Il faut avoir cette franchise envers tous et
chacun.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: M. Dufour, face au projet de loi comme tel, je
comprends qu'il n'y ait pas de contraintes, vous mentionnez l'administration
municipale, mais les
contraintes qui sont enlevées, vous ne pensez pas que ce sont des
contraintes auxquelles le gouvernement était lié, d'une certaine
façon, antérieurement et qui pouvaient assurer, à tout le
moins dans certaines circonstances, même au niveau des délais...
Je ne suis pas contre l'abolition de tous les délais que la loi 125
impose. Au contraire, je pense que, dans certains cas, certains délais
qui sont enlevés peuvent être bénéfiques au monde
municipal. Ce que je veux dire, c'est que, dans les cas où il peut y
avoir des discussions quant à l'à-propos de l'intervention du
gouvernement, de l'un de ses ministères ou de l'un de ses mandataires
sur un territoire, antérieurement, les gouvernements étaient
quand même... On dit ici qu'il n'est pas tenu d'obtenir un permis ou un
certificat, on diminue aussi les délais. N'y a-t-il pas un certain
danger, à votre point de vue, puisque la consultation pourra, d'une
certaine façon, être réduite et aussi rendre l'organisation
moins possible, si vous voulez, quant aux réactions des MRC ou de
certaines municipalités à des modifications qu'on veut apporter
au règlement de contrôle intérimaire ou au schéma
d'aménagement?
Il reste un fait, à l'article 2, lorsqu'on dit que le
gouvernement demeure lié dans la seule mesure prévue au chapitre
VI du titre I, antérieurement, c'était sous réserve de ces
dispositions-là, mais il n'y avait pas non plus d'obligation. Il semble
que le gouvernement pouvait être lié par d'autres dispositions qui
ne concernent pas uniquement ce titre I, chapitre VI.
M. Dufour: II semble, en consultation avec deux avocats qui
m'accompagnent, MM. Jean-Elzéar Côté et Denis Saint-Martin,
que l'article 149 pallie les dangers que vous soulevez et que cela couvre
exactement ces problèmes-là.
Bien sûr, nous aimons toujours être consultés.
L'Union des municipalités, comme telle, aime être consultée
avant que des projets de loi soient déposés, ou à la
minute que c'est déposé, elle aime être assurée de
la conformité du schéma, etc. Je pense que c'est important et que
nous allons maintenir cette position. Il n'y a peut-être pas eu assez de
consultations auparavant ou d'explications, ce qui est la raison de notre
présence ici. Mais si deux avocats qui sont habitués dans le
secteur municipal, dont l'un s'est spécialisé dans la loi 125,
nous informent qu'il n'y a pas de contraintes, selon les explications du
ministre, je suis bien obligé de vous dire, en toute franchise, que cela
me semble être des garanties.
Si c'était juste le ministre qui le disait - c'est important, je
dis "juste le ministre" et j'insiste là-dessus, le ministre, c'est
important parce qu'on sait bien que c'est le dépositaire de la loi et
qu'il doit la faire respecter - mais, en plus, le monde municipal, nos avocats,
nos principaux intervenants dans ces dossiers nous disent que cela ne cause pas
de problème, alors je suis obligé de dire que nous sommes
prêts à vivre avec cela.
M. Saintonge: Non, il y a quand même certains commentaires
qui me sont parvenus du monde municipal, entre autres, de certaines
municipalités et parfois même de certains préfets de MRC ou
certains urbanistes. On faisait des reproches au gouvernement. Comme M. Moreau,
de l'UMRCQ, le mentionnait plus tôt, parce que le gouvernement semble, en
fin de compte, faire un certain recul par rapport aux municipalités, il
ne se trouve quand même pas lié à l'obligation d'obtenir
des permis ou des certificats que la loi pourrait exiger. C'était
explicite dans la loi qu'il n'est pas tenu d'obtenir de tels permis. Dans ce
sens-là, le gouvernement semble reculer de sorte qu'il ne se contraint
pas, ni plus ni moins, enfin il oblige toutes les municipalités à
faire. C'était une garantie. Selon les réactions que j'ai
obtenues du monde municipal, on affirmait que le gouvernement disait, au moins
au départ, d'emblée: Nous sommes un citoyen ordinaire comme tout
le monde. On parle beaucoup de fiscalité à un certain moment,
mais ce sont des commentaires que j'avais, dont certains au niveau des
consultations. Ce sont les informations que j'ai obtenues. Disons que le
gouvernement se mettait au même pied et par là, ici, ils vont
sortir.
M. Dufour: Je ne veux pas dire que vous avez tort et le municipal
n'a probablement pas tort mais, quand on creuse dans la loi - c'étaient
nos commentaires à l'Union des municipalités, si vous remarquez,
nous avions un petit projet ou, si vous préférez, un
mini-mémoire où nous faisions les mêmes commentaires.
Toutefois, lorsqu'on regarde toutes les implications de la loi, on se dit que,
dans le fond, il aurait pu faire la même chose avant. Cela aurait
causé les mêmes problèmes.
M. Saintonge: C'est sûr.
M. Dufour: Peut-être que M. Côté pourrait
ajouter un mot?
M. Côté (Jean-Elzéar): Non, parce que je
crois qu'à cet égard, les articles nos 149 et suivants sont
très clairs et toute la procédure qui est prévue à
ces articles lie de façon suffisante le gouvernement. Qu'il demande en
plus un permis ou non, de toute façon l'ancien article disait que
c'était sous réserve des dispositions des articles 149 et
suivants et on aurait pu revenir exactement à la même
situation.
M. Saintonge: C'est ce que je disais tantôt dans le sens
que je suis conscient de cela. Sauf qu'on raccourcit certains délais et
il y a quand même des consultations. Les délais étant plus
longs, on s'obligeait quand même à donner une chance de
réagir dans un plus court délai. Il est évident que les
modifications de délais où c'est de consentement pallient cela.
Mais, c'est une certaine façon, je pense, de voir la situation.
M. Léonard: Si vous permettez, je voudrais quand
même dire une ou deux choses sur les remarques du député de
Laprairie. Quand on dit que le gouvernement se comporte comme un citoyen
ordinaire, oui, jusqu'à un certain point, ce qu'on a toujours dit dans
le débat sur l'article 125, c'est que le Conseil des
municipalités régionales de comté, les maires finalement,
coordonnaient l'aménagement sur le territoire et faisaient la
planification du territoire, y compris des gestes du gouvernement. Je ne suis
pas sûr qu'on ait dit qu'ils le faisaient de la même façon,
parce qu'on a toujours dit - d'ailleurs, on l'a inscrit dans la loi - que le
processus par lequel ils coordonnaient les gestes du gouvernement, ce
n'était pas le processus des permis, c'était le processus de
l'article 149 et suivants, c'est-à-dire du chapitre VI. Bon, c'est une
première chose. Donc, les maires font toujours l'aménagement,
coordonnent les gestes qui ont un impact sur le territoire, mais ils le font
pour le gouvernement par le biais du processus du chapitre VI.
D'autre part, les délais que l'on réduit dans le projet de
loi actuel ne sont pas des délais qui sont donnés aux organismes
municipaux pour se prononcer. Ce sont les délais qui sont donnés
au ministre pour réagir qu'on a réduits. Je pense que c'est un
peu différent, parce que cela n'affecte pas la consultation qu'on a
établie dans la loi au niveau de la municipalité. Le ministre
dira: Je vais vous répondre tout de suite, je n'attendrai pas 45 jours
pour vous répondre. Dans un autre cas, il dira: J'ai
décidé de ne pas aller à la Commission nationale de
l'aménagement. Donc, on passe tout de suite à l'étape
suivante, sans attendre 90 jours. C'est cela qu'on dit dans la loi.
M. Dufour: Si le ministre ou le gouvernement voulait se
soustraire aux applications de la loi 149, on n'aurait pas les mêmes
commentaires.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le ministre.
M. Léonard: Je voudrais remercier le président de
l'Union des municipalités du Québec ainsi que les deux avocats
qui l'accompagnent, ses deux conseillers juridiques. Je l'assure moi aussi,
à mon tour, que la tradition sera maintenue. On consultera les unions
comme par le passé et je pense que le projet de loi qu'on apporte est
une amélioration pour tout le monde. On n'avait pas l'intention du tout
de revenir sur le fond même de la loi. Je pense que les
municipalités, à la lecture du discours de deuxième
lecture, vont en convenir aussi. Merci.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Je remercie M. Dufour et ses deux avocats de leur
présence et de leurs commentaires.
M. Dufour: Je vous remercie.
Le Président (M. Desbiens): Merci.
Étude article par article du projet de loi
12
J'appelle l'article 1 du projet de loi. Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Léonard: Je ne sais pas si on veut des commentaires
là-dessus. M. le Président, l'article 1 précise
l'intention originale du législateur. Celui-ci a prévu qu'un
schéma d'aménagement et un règlement de contrôle
intérimaire en vigueur lient le gouvernement, ses ministères et
ses mandataires. Il a aussi prévu une procédure
expressément conçue pour déterminer si une intervention
gouvernementale est conforme au schéma ou au règlement et pour
définir la façon de réaliser l'intervention
gouvernementale en respectant l'obligation de conformité. L'article 1 a
pour effet de bien montrer que cette procédure spécialement
édictée pour tenir compte des particularités des
interventions gouvernementales est la seule qui s'applique pour assurer la
conformité de ses interventions au schéma et au règlement
de contrôle intérimaire. Ainsi, l'intention originale du
législateur est clarifiée. Le gouvernement n'a pas à se
soumettre à l'obligation d'obtenir un permis ou un certificat
délivré en vertu d'un règlement de contrôle
intérimaire pour réaliser son intervention. Il se soumettra au
chapitre VI, au processus prévu au chapitre VI, aux articles 149 et
suivants. Cette vérification de la conformité de l'intervention
s'ajouterait, si on procédait par permis, inutilement à celle qui
est déjà prévue à la section spécialement
édictée pour régir cette question. (16 h 30)
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Saintonge: Quand vous dites "ne sont pas tenus d'obtenir un
permis ou un
certificat exigé", ...vous vous référez
explicitement aux règlements du contrôle intérimaire
à ce moment-là, uniquement.
M. Léonard: Oui.
M. Saintonge: J'aimerais que vous nous donniez une explication
sur le double contrôle que cela pouvait apporter. C'est cela que vous
mentionniez?
M. Léonard: Cela n'était pas clair dans la loi. Il
n'était pas dit que le gouvernement n'était lié que par
les articles 149 et suivants. Effectivement, on peut interpréter la loi
à l'heure actuelle comme obligeant le gouvernement à obtenir
là aussi un permis. Les municipalités régionales de
comté auraient pu interpréter la loi comme cela. L'article 1 a
pour effet de rendre cela très clair. Le gouvernement est lié par
l'article 149 et non pas par le régime des permis.
M. Saintonge: Vous devez donc uniquement adresser l'avis de votre
intention d'intervenir. C'est bien cela?
M. Léonard: Oui, on l'adresse au Conseil des
municipalités régionales de comté. En un sens, cela
signifie que ce sont les maires, les hommes politiques municipaux, qui vont
trancher la question et que ce ne sera pas un fonctionnaire qui aura à
la trancher. La discussion se fera entre le gouvernement et les maires au
niveau du conseil même de la municipalité régionale de
comté.
M. Saintonge: Vous mentionniez tantôt, M. le ministre, que
l'engagement que vous aviez pris semblait dénoter... Je vous avouerai
franchement que, vis-à-vis de ce que je vous disais, que l'engagement du
gouvernement de se comporter comme tout citoyen... On m'a rapporté que,
dans certaines régions - des représentants municipaux, même
de préfets de MRC - on disait formellement qu'antérieurement
à la consultation sur la loi 125, les émissaires du gouvernement
semblaient avoir engagé la responsabilité du gouvernement
à se soumettre justement à tout genre de permis, comme les MRC ou
comme toute autre instance devait se soumettre par la loi 125. C'est à
cela que j'ai voulu me référer tantôt. Je n'ai
malheureusement pas de déclaration écrite. Je ne parle pas d'une
déclaration du ministre, je dis que le ministère semblait
s'être lié à cette structure, c'est-à-dire de suivre
les modalités de la loi 125 tant au niveau du règlement qu'au
niveau du schéma d'aménagement. Actuellement, par cette
modification comprenant que les possibilités - il restait que,
même si vous étiez obligé d'obtenir un permis -
c'était un double permis, vous aviez le contrôle administratif,
vous aviez le contrôle de l'article 149 qui demeurait - cela ne vous
enlevait pas l'obligation, si vous aviez à obtenir un permis ou un
certificat suivant le contrôle intérimaire, quand même
d'adresser par l'article 149 un avis au conseil de la MRC. Il est un fait que,
par l'article 2, vous vous enlevez une contrainte formelle pour l'obtention
d'un permis que le règlement du contrôle intérimaire
semblait exiger. C'est dans ce sens-là, suivant les
représentations qu'on m'a faites, que le gouvernement se soustrait
à des obligations qui devaient être à sa charge, ce qui
avait été garanti par l'adoption d'un tel règlement ou du
schéma.
M. Léonard: Je voudrais quand même revenir sur
l'affirmation qu'un gouvernement se comporte comme un citoyen ordinaire. Je
dirais essentiellement oui, parce que ce sont finalement les maires qui font
l'aménagement, qui prennent les décisions d'orientation du
schéma. Cependant, si on avait décidé qu'en tout point, le
gouvernement était comme un citoyen ordinaire, - je vous pose la
question -pourquoi aurait-on écrit le chapitre VI, les articles 149 et
suivants? On se rend très bien compte que les gestes du gouvernement ont
un impact et on veut qu'il y ait débat au niveau politique en inscrivant
dans la loi le chapitre VI. Je dis là-dessus: Pourquoi refaire en termes
de papier et d'administration ce qui sera fait au niveau politique directement
par le préfet? Il n'y a rien qui empêche à l'heure
actuelle, dans le processus des articles 149 et suivants - je pense que c'est
surtout cela qui va se faire - le préfet et les membres du conseil de la
MRC de demander à leurs fonctionnaires ce qu'ils pensent d'une telle
intervention. Ils vont donc demander leur avis à l'interne et ensuite
ils vont rédiger leur propre avis à la suite des
représentations faites au niveau de leurs propres fonctionnaires, de
leur propre fonction publique et ils vont ensuite transmettre leur
réaction au ministre. Au fond, le fonctionnaire se trouverait à
dire et peut-être même - ce qui pourrait survenir dans le temps -
il pourrait être en contradiction avec le conseil de la
municipalité régionale de comté. On le pourrait
possiblement, étant donné qu'il y a double régime. Il
pourrait survenir que, sur le plan administratif, il n'y ait aucune objection
à l'intervention gouvernementale mais que les maires auraient
peut-être bien des objections sur le plan politique à tel geste
posé par le gouvernement. Je pense qu'à ce moment-là vous
mettez dans de mauvais draps ou en mauvaise situation des fonctionnaires de la
MRC par rapport au conseil de la municipalité régionale de
comté. Je pense qu'ils sont mieux de faire leur coordination à
l'interne et ensuite de transmettre un avis, puis l'avis de la
municipalité régionale de comté au ministre par la
suite. Je pense que c'est une question d'administration, de bon processus
administratif qu'on procède comme cela par les articles 149 et suivants
plutôt que de laisser persister la possibilité qu'il y ait double
régime.
M. Saintonge: Une interrogation qu'on peut se poser, advenant une
intervention sur un territoire donné d'une MRC qui comprend plus d'une
ville, c'est l'avis que le conseil va vous transmettre, un avis qui sera
exprimé majoritairement par le conseil comme tel. Il pourrait arriver
que l'intervention suivant certaines municipalités membres du conseil,
ne soit pas nécessairement conforme au point de vue de toutes les
municipalités.
M. Léonard: Vous voulez dire toutes les
municipalités.
M. Saintonge: De toutes les municipalités, avec une
implication politique dans certains cas. Il est sûr que certaines
décisions pourraient favoriser certaines municipalités en gros au
détriment de ce que d'autres pourraient souhaiter ou contrairement
à ce souhait. L'implantation d'une structure à un moment
donné, on pourrait dire que trois ou quatre municipalités
voudraient bien l'avoir dans leur propre territoire, mais il peut
s'établir une espèce de consensus ou, donnant donnant, on est
d'accord, un groupe ensemble, il y a danger de créer une espèce
de friction au niveau politique dans ce sens-là.
À ce moment-là, si la décision est au conseil, si
la question de permis ou de certificat demeurait, au niveau du règlement
comme tel, vous aviez peut-être deux instances...
M. Léonard: Si vous le permettez, cela renforce notre
point à l'heure actuelle.
M. Saintonge: Oui, sauf que ce que je veux dire, M. le ministre,
c'est qu'une décision au niveau politique peut déplaire à
certains et on semble s'en aller carrément vers une décision
à caractère politique. Au niveau du règlement, la
modification devra venir de toute façon, le permis éventuel qui
devra être accordé en vertu du règlement, même
actuellement, vous obligera quand même à modifier le
règlement.
M. Léonard: Je pense que vous avez souligné un
point qui est important. Au fond, si vous laissez le régime des permis
en même temps que le processus du chapitre VI, dans le cas où il y
a débat à l'intérieur de la MRC entre les maires
eux-mêmes, les fonctionnaires pourraient être dans une très
mauvaise situation parce que, du point de vue administratif, ils seraient
amenés à prendre partie pour un groupe ou l'autre. C'est toujours
très mauvais sur le plan administratif. Je pense que c'est cela qui peut
amener le double régime.
Par ailleurs, en ce qui concerne l'avis de la municipalité
régionale de comté, on va probablement s'entendre maintenant, sur
le plan administratif, sur la façon dont il peut être transmis ou
dont la municipalité elle-même peut le transmettre. Cela peut
ressembler assez à un permis ou à une autorisation quelconque,
sauf qu'il y aura une différence essentielle: dans ces cas-là, en
ce qui concerne le gouvernement, les élus auront toujours leur mot
à dire directement. Donc, le gouvernement ne traitera pas avec des
fonctionnaires mais avec les élus du conseil de la municipalité
régionale de comté qui, eux, auront au préalable
consulté leurs fonctionnaires.
Je crois qu'à tout prendre et à tout considérer, la
précision que nous apportons ici est très saine.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Saintonge: Juste un cas précis que je peux vous
soumettre. On est sur la question d'obtention de permis. Je recevais un
télégramme dont le ministre a dû prendre connaissance, dans
un cas donné, celui de la ville, de la MRC Beauharnois-Salaberry.
M. Léonard: Saint-Timothée.
M. Saintonge: Saint-Timothée, oui. Vous avez les
allégués: "Attendu que le ministère des Affaires - vous
avez copie du télégramme, M. le ministre - municipales, lors du
dépôt du livre blanc, a tenu de multiples consultations avec l'UMQ
et l'UMRCQ avant le dépôt de la loi 125; "Attendu que le ministre
des Affaires municipales a maintes fois, lors de ses allocutions,
répété que le gouvernement et ses mandataires seraient
liés par la loi 125; "Attendu que le projet de loi no 12 a
été déposé sans consultation et que nous
considérons que c'est une modification substantielle de ses
premières décisions en ce qui regarde son engagement à
être lié, ainsi que ses partenaires, à la mise en place
d'un schéma d'aménagement; "En conséquence, est
proposé par M. Mercier, appuyé par M. Tessier, et résolu
unanimement que nous demandions au gouvernement de retirer l'adoption du projet
de loi no 12 et de rester lié avec la loi 125 au même titre que
les municipalités qui y sont liées."
Là-dessus, il semblerait, d'après les renseignements que
j'ai, que ce qu'on avait à reprocher un petit peu, c'est un cas
précis où le ministère des Transports du Québec
aurait procédé à l'installation de lumières
de rue dans le village de Saint-Timothée, sans avoir obtenu
préalablement la permission de la MRC. Donc, on avait un cas où,
en fin de compte, puisqu'il n'y a pas de permis obligatoire, il y a eu une
action entreprise par un ministère sans, effectivement, que la
municipalité en soit avisée. L'action a été faite.
Mon confrère de Huntingdon donnait aussi un autre exemple. J'oublie la
municipalité où c'est arrivé, mais il y a eu dans ce cas
une intervention qui a été faite dans le même sens. On a
démoli une structure, dans le cas d'Hydro-Québec, sans demander
aucun permis ou quoi que ce soit, contrairement à
l'interprétation fondamentale, je pense, que les avocats de la MRC
faisaient.
Donc, l'obligation d'obtenir un permis gardait un certain contrôle
administratif qui était garant, d'une certaine façon, que
l'intervention de toute instance gouvernementale ou d'un mandataire du
gouvernement se fasse sans que la MRC soit prévenue et qu'on soit dans
une situation de fait. C'est, en fait, un des points fondamentaux que
l'obligation, pour un gouvernement, ses ministères ou mandataires,
d'obtenir un permis ou certificat exigé par le règlement du
contrôle intérimaire, mais qu'il puisse garantir à tout le
moins que cette chose serait assurée.
M. Léonard: Est-ce que je peux dire quand même une
chose? Si un ministère pose un geste sur un territoire, il est tenu, par
le chapitre VI, article 149 et suivants... Je ne sais pas si cela va jusqu'aux
lumières ou aux feux mais je pense que oui. On va lire l'article 149
mais, en réalité, je vous dis que, normalement, si cela avait une
signification sur le territoire, il devrait procéder selon l'article
149, donc, donner avis qu'il poserait tel geste.
Voici ce qui est dit: "Lorsque le gouvernement, ses ministères ou
mandataires désirent intervenir sur le territoire d'une
municipalité régionale de comté où est en vigueur
un règlement de contrôle intérimaire - ce qui est
maintenant le cas dans 59 municipalités - ou un schéma
d'aménagement, par l'implantation d'un équipement ou d'une
infrastructure, par la réalisation de travaux ou l'utilisation d'un
immeuble, le ministre doit d'abord adresser un avis de cette intention au
Conseil des municipalités régionales de comté. "L'avis du
ministre mentionne l'objet et les motifs de l'intervention. Copie de cet avis
est enregistrée à la commission."
Donc, normalement, s'il y a des gestes posés par le
ministère des Transports, enfin, tous les travaux qui sont faits par le
ministère des Transports sont visés par cet article. Il doit donc
informer d'avance. Je pense qu'il y a des avis de travaux qui sont
préparés présentement. Je sais que les divisionnaires de
la voirie sont allés rencontrer les maires. Est-ce que toutes les
formalités ont été vraiment respectées au moment
où on se parle? Peut-être bien que, effectivement, cela a pu
être omis au printemps. Je suppose, avec l'entrée en vigueur des
règlements de contrôle intérimaire, qu'on y parviendra. Il
y a peut-être une faute qui a été faite à l'encontre
de l'article 149, au moment où on se parle, mais le permis n'aurait rien
ajouté. Il faut qu'il donne son avis.
M. Saintonge: Sauf que je voudrais vous soumettre que, au moins,
si tout ministère ou mandataire quelconque du gouvernement sait que,
avant de faire quelque intervention sur le territoire dans ce sens-là,
il doit obtenir un permis, au départ, non seulement c'est une question
d'avis mais il y a une formalité administrative à respecter qui
le garantit d'une certaine façon, à tout le moins.
M. Léonard: Mais, si on poursuit, M. le
député de Laprairie, il se pourrait que des fonctionnaires
donnent des permis, à ce moment-là, sans qu'on adresse l'avis
d'intention. Cela pourrait être pire parce que, finalement, les
élus municipaux pourraient être contre une intervention
gouvernementale, alors que, du point de vue administratif, cela pourrait
être conforme et qu'il n'y aurait pas objection. On se
réveillerait avec des permis donnés par des fonctionnaires qui
sont subalternes dans une MRC pour des interventions contre lesquelles on
aurait voulu s'élever. Je pense qu'il faut d'abord qu'on suive bien
l'article 149.
M. Saintonge: Mais c'est quand même courant aussi dans
certains cas où des permis peuvent être émis, contrairement
au désir de certains conseillers municipaux et ce même pour les
règlements de zonage. (16 h 45)
M. Léonard: Oui, justement, il s'en produit trop.
M. Saintonge: De toute façon, s'il y en a, il reste une
chose: même si le permis de la ville est accordé contrairement
à la réglementation applicable, la ville n'est pas
nécessairement liée par un permis contraire à
l'application du règlement. Cela peut entraîner d'autres
problèmes. Mais disons que ce n'est pas la question en jeu.
M. Léonard: En tout cas, le présent projet de loi
pose comme hypothèse que cela se fait au niveau politique et par les
élus.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Saintonge: Sur division.
Le Président (M. Desbiens): Adopté sur
division.
J'appelle l'article 2. Est-ce que l'article 2 est adopté?
M. le ministre.
M. Léonard: Je vais donner une explication de l'article 2
rapidement, M. le Président. Cet article permet à un
propriétaire de terrain d'effectuer une opération cadastrale ou
de morceler son terrain de façon à céder un lot ou une
parcelle de lot pour que le gouvernement ou l'un de ses ministères ou
mandataires puisse y construire une route et ce, même si les dispositions
du contrôle intérimaire relatives au gel des opérations
cadastrales et des morcellements s'appliquent dans le territoire
concerné dans le cas, évidemment, où le
propriétaire est d'accord pour céder son terrain au gouvernement,
à ses ministères ou mandataires. Sinon, c'est la procédure
d'expropriation qui s'applique. Là, on embarque dans une
procédure beaucoup plus longue. À l'heure actuelle, il est
impossible de procéder; il faut absolument passer par l'expropriation.
Ce sont des choses qu'on découvre au fur et à mesure qu'on avance
dans le projet de loi. On essaie de simplifier la procédure au
maximum.
M. Saintonge: Je m'excuse, j'ai manqué un bout de
l'explication. Je voudrais que vous m'expliquiez ce qui vous empêchait de
le faire de gré à gré antérieurement, alors qu'il
vous est permis de le faire par expropriation.
M. Léonard: D'après la rédaction actuelle du
projet de loi, on ne peut pas, dans le cas d'un gel, d'un contrôle
intérimaire ou peut-être même d'un schéma, si on
maintient les interdictions, procéder de gré à gré.
Il faut absolument passer par l'expropriation. Même " si la MRC
était d'accord, même si les municipalités étaient
d'accord, il fallait procéder par expropriation. Même si tout le
monde était d'accord, finalement, on était obligé de
procéder par expropriation. Maintenant, on dit: Si tout le monde est
d'accord et que le propriétaire est consentant à vendre de
gré à gré, pourquoi s'empêcher de le faire?
M. Saintonge: Cela lève le gel auquel le gouvernement
était soumis.
M. Léonard: Non, le gel ne s'applique pas au gouvernement,
il s'applique à l'autre partie. C'est celle-ci qui ne pouvait pas
morceler. Remarquez que cela n'évite pas au gouvernement de devoir
procéder par les articles 149 et suivants. Il est obligé dedonner son avis qu'il veut faire des travaux, d'après le chapitre
VI.
M. Saintonge: Ce que je veux dire, c'est que le gouvernement
n'est pas soumis au gel dans le sens que l'implantation de la structure
était impossible à réaliser. Le règlement avait
gelé la situation pour le contribuable en question. Cela permettra
effectivement au contribuable, dans ce cas précis, de ne pas être
soumis au règlement.
M. Léonard: Le gouvernement ne peut pas agir parce qu'il y
a gel sur le territoire, de toute façon. Il peut agir s'il donne avis de
son intention d'après les articles 149 et suivants. Disons qu'ayant fait
part de son intention, la municipalité régionale de comté
est d'accord pour dire qu'il y a conformité, que tout le monde est
d'accord. À l'heure actuelle, on ne pourrait pas procéder, sauf
par expropriation, ce qui implique un processus très long. Je ne pense
pas que cela mette en cause l'esprit de la loi à ce
moment-là.
Si la MRC n'est pas d'accord, là, on embarque dans tout le
processus des articles 149 et suivants qui font qu'il doit y avoir une
consultation, une opposition, etc. Là, on s'embarque dans quelque chose
de long, qui est pratiquement aussi long que le processus de l'expropriation,
finalement.
Le Président (M. Desbiens): Article 2, adopté?
M. Saintonge: Oui, sur division.
Le Président (M. Desbiens): Adopté sur
division.
J'appelle l'article 3.
M. Lachance: M. le Président....
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: On peut parler, M. le Président?
Le Président (M. Desbiens): Sûrement.
M. Lachance: Je m'interroge. Cela me vient à l'esprit, ce
n'est pas une attrape. Dans les cas où c'est une municipalité qui
désire acquérir une parcelle de terrain, en fait, effectuer une
opération cadastrale, pour permettre au ministère des Transports,
par la suite, d'élargir une route, qu'est-ce qu'il advient à ce
moment? Vous comprenez très bien qu'il s'agit des routes
secondaires.
M. Léonard: Ce qu'on me dit ici, c'est qu'étant
donné la finalité ultime, qui est de faire la construction d'une
route par le gouvernement, effectivement, cela permet à la
municipalité d'acquérir. Disons que ce
serait juste une route municipale. À ce moment, si ce
n'était pas permis par le règlement de contrôle
intérimaire, il y a toujours la possibilité de modifier le
règlement de contrôle intérimaire et cela aussi est
assoupli parce que si tout le monde est d'accord, le délai de 45 jours
saute par un des derniers amendements à la loi. Je pense que c'est oui
effectivement, surtout si c'est le ministère des Transports qui
construit la route.
M. Lachance: Par extension, ce que le projet de loi 12 amende va
permettre à des municipalités...
M. Léonard: D'acquérir de gré à
gré et de permettre au ministère des Transports de faire les
travaux.
M. Lachance: II faut bien le dire, le phénomène est
très répandu dans les comtés ruraux maintenant.
M. Léonard: Oui, parce que ce sont les
municipalités, règle générale, qui sont
propriétaires de l'assise, de l'emprise des routes.
M. Saintonge: À ce moment, il y a obligation d'amender le
règlement de contrôle intérimaire, si ce n'est pas
prévu comme tel. C'est cela que vous avez mentionné, sous la
restriction que le "sauf" s'applique au gouvernement.
M. Léonard: Comme je le disais, cela n'évite pas
les articles 149 et suivants, qui s'appliquent toujours.
M. Saintonge: Mais l'article 2 s'applique dans le cas où
c'est le gouvernement qui doit construire la voie; ce n'est pas la
municipalité, même si c'est un chemin municipal. La
municipalité ne pourrait quand même pas bénéficier
de l'exemption apportée à nouveau à l'article 61 ici,
parce que c'est bien spécifié, à mon sens, que l'exclusion
est pour permettre au gouvernement ou à l'un de ses ministères ou
mandataires et non pas à une municipalité...
M. Léonard: Oui, c'est pour permettre au gouvernement ou
à l'un de ses ministères ou mandataires de construire une voie de
circulation.
M. Saintonge: Donc, pas à une municipalité.
M. Léonard: Cela ne veut pas dire qu'ils ne sont pas
nécessairement propriétaires. C'est pour faire le travail des
constructions.
M. Lachance: Cette distinction est très importante.
M. Saintonge: L'exception profite au gouvernement et non pas aux
municipalités.
M. Lachance: Elle profite à la municipalité, en
fait, à la population de la municipalité pour obtenir la route.
Je sais que c'est peut-être un problème. Je sais que c'est
peut-être moins fréquent. Vous connaissez peut-être moins le
problème dans certaines régions, mais dans les comtés
ruraux, c'est maintenant très fréquent, le ministère exige
que la municipalité se porte acquéreur de la parcelle de terrain
nécessaire pour acquérir la route avant d'effectuer les
travaux.
M. Saintonge: C'est le gouvernement qui fait la route quand
même.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. LeBlanc: Dans ces cas, c'est le gouvernement qui est
maître d'oeuvre parce que la municipalité fait l'acquisition des
terrains, fait les contrats notariés pour les parcelles de tous les
différents propriétaires qui sont en bordure et le
ministère des Transports construit la route après que toutes ces
opérations sont faites. Donc, construire a son véritable sens
dans le texte.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Je voudrais simplement apporter une
précision. L'article 61 vise le contrôle légal. Donc, c'est
le gel automatique dont il est question. Si une municipalité veut
elle-même faire une route, effectivement, dans son règlement de
contrôle intérimaire, elle va prévoir qu'il y a telle route
à tel endroit. Donc cela lui donne le pouvoir d'acquérir de
gré à gré parce que cela va être dans le
contrôle intérimaire, dans son règlement de contrôle
intérimaire. Cela vise ici des travaux faits par le gouvernement, mais
l'emprise peut cependant être acquise par la municipalité, comme
il est de règle dans beaucoup de routes à l'heure actuelle.
Le Président (M. Desbiens): Alors...
M. Léonard: Ce qui arrive, c'est que, par exemple, dans le
cas où une municipalité aurait un contrôle
intérimaire automatique, il se peut que cela dure un certain temps.
À l'heure actuelle, il y a un règlement de contrôle
intérimaire qui a été désavoué, mais quand
sera-t-il levé? Je ne le sais pas. Il ne faut quand même pas geler
tous les travaux faits par le gouvernement là-dessus simplement pour des
considérations légales, si
tout le monde s'entend sur les travaux.
Le Président (M. Desbiens): Alors, je repose la question.
L'article 2 est-il adopté, sur division toujours?
M. Saintonge: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté sur division.
J'appelle l'article 3. M. le ministre.
M. Léonard: L'article 3. C'est dans le cas d'un
règlement qui modifie un règlement de contrôle
intérimaire qui est déjà en vigueur. L'article 3 permet au
ministre des Affaires municipales de donner à la municipalité
régionale de comté l'avis écrit annonçant qu'il n'a
pas l'intention de désavouer le règlement modificateur et ce,
dès la réception d'une copie de ce règlement, sans
attendre l'expiration du délai normal de 45 jours après cette
réception. L'entrée en vigueur du règlement modificateur
peut ainsi se faire avant l'expiration de ce délai.
Je pense que cela pose cependant la question du consensus à
l'intérieur même de la municipalité régionale de
comté. Au fond, si la municipalité régionale de
comté l'adopte, on sait d'avance qu'il y a une majorité qui est
d'accord. Maintenant, je pense qu'il faudra ne pas désavouer seulement
dans des cas où il y a large consensus ou unanimité. Dans tout
cas où il y a unanimité, le ministre peut, à mon sens,
procéder sans attendre 45 jours. Dans le cas où il n'y a pas
unanimité, il peut s'enquérir à ce moment des raisons de
ceux qui s'opposent et attendre 45 jours. Il peut attendre, mais il pourrait
aussi procéder tout de suite, dans la mesure où il y a large
consensus. Mais, au fond, dès qu'il y a modification du règlement
de contrôle intérimaire, ce qui ne vise pas le premier
règlement de contrôle intérimaire qui, je pense, est
très important en ce qui concerne des modifications sur lesquelles les
gens s'entendent, on peut procéder sans attendre 45 jours. Le ministre
peut ne pas désavouer, parce que, finalement, la décision aura
déjà été prise au niveau de la municipalité
de comté.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: M. le ministre, la note que j'avais
là-dessus, c'est qu'il me semble qu'au niveau des articles 68 et 69, il
y avait une obligation de 45 jours pour permettre aux municipalités
membres de faire une objection.
M. Léonard: Oui, mais... C'est cela.
M. Saintonge: Une municipalité qui est régie par
cette loi peut faire une objection en dedans des 45 premiers jours. Le but de
l'article 72 est d'éliminer ces 45 premiers jours.
M. Léonard: S'il y a consensus ou unanimité.
M. Saintonge: Cela prendrait un consensus unanime.
M. Léonard: II peut... On peut... On n'est pas
obligé.
M. Saintonge: Est-ce qu'aux yeux du ministre, cela ne prendrait
pas à ce moment un consensus unanime? Autrement, vous ne respectez pas
une condition prévue à un autre article de la loi qui vous dit
que, dans ce délai de 45 jours, toute municipalité qui a une
objection à faire peut s'adresser par demande écrite au ministre
à ce sujet. Donc, vous éliminez par l'article 72 l'effet de
l'article 69, je pense.
M. Léonard: Dans le cas de modifications. Cependant, la
municipalité qui s'oppose peut toujours faire parvenir son avis au
ministre. À l'heure actuelle, si on réglemente trop - c'est un
peu ce qu'on craint présentement - si on oblige chaque fois à un
délai de 45 jours, s'il y a une municipalité qui s'oppose de
façon systématique, elle va imposer un délai de 45 jours
à tout le monde pour toutes les modifications, alors qu'il nous semble
au fond qu'il peut y avoir là un peu de discrétion de la part du
ministre, d'autant plus qu'il y a déjà majorité au niveau
de la municipalité régionale de comté. Si ce n'est pas
unanime, ce sera dit dans la résolution de transmission. Le vote doit
être transmis en même temps que la résolution et le ministre
pourra toujours s'enquérir des raisons avant de dire: Je ne
désavoue pas.
Même à cela, disons que s'il y a une municipalité
qui s'oppose, le ministre pourrait attendre 45 jours pour lui permettre de
faire valoir tous ses points de vue ou aussi décider au bout de dix
jours que, finalement, les raisons qui sont là, compte tenu d'une large
majorité des autres, il passe outre et il dit tout de suite qu'il ne
désavouera pas. (17 heures)
C'est alors parce qu'il s'agira de modifications au règlement de
contrôle intérimaire. S'il y a eu un large débat sur ce
sujet, si, à un moment donné, il y a eu des contraires qui se
sont affrontés violemment, il me semble que cela sera
l'intérêt de tout le monde de prendre un certain temps avant de
dire qu'il n'y a pas désaveu. De toute façon, tout le monde est
informé en même temps. Il faut tout de même dire que la
municipalité qui s'oppose peut transmettre aussi rapidement que le
conseil de la
municipalité régionale de comté la décision
de la municipalité régionale de comté; vous avez les
mêmes délais pour tout le monde.
M. Saintonge: Sauf que, dans l'article 69, il était
prévu que vous aviez un délai minimal de 45 jours que vous
accordez à toute municipalité. Ce n'est pas modifié
actuellement, il n'y a pas d'autre opposition. Vous ne pouvez pas savoir s'il y
en a ou pas, mais cela vous permet d'agir à l'intérieur des 45
jours malgré une disposition expresse qui dit à une
municipalité: Vous avez 45 jours pour le faire. Je pense qu'à ce
moment cela m'apparaît un peu inacceptable qu'on ne modifie pas l'article
69 où on dit: Vous avez légalement 45 jours pour le faire. Donc,
même si, dans la légalité de l'article 68 et de l'article
69, une municipalité s'oppose ou fait part de son observation la 43e ou
la 44e journée, même si, légalement, elle a suivi les
prescriptions de la loi, on lui a coupé l'herbe sous le pied, car on a
dit, par 72, qu'on a coupé le délai de 45 jours; on va être
hors temps pour le faire.
M. Léonard: Dans le cas...
M. Saintonge: Ne faudrait-il pas qu'à l'article 72 on
mentionne que l'unanimité est acquise à ce moment?
M. Léonard: Si l'unanimité est acquise, cela
devient très restrictif. S'il n'y a pas une unanimité, cela
indique au ministre qu'il n'y en a justement pas et que, normalement, avant de
dire qu'il ne désavoue pas, il doit s'enquérir des raisons de
ceux qui s'opposent. Une fois qu'il s'est enquis de ces raisons, il n'est pas
obligé d'attendre 45 jours. Il peut dire: Ou j'attends 45 jours, etc.,
ou je n'attends pas 45 jours, malgré l'opposition de l'une des
municipalités, compte tenu de la nature de la raison invoquée
pour ne pas pénaliser tout le monde. Cela donne une flexibilité
effectivement. Il y a un peu de discrétion de la part de ministre mais,
en réalité, cela joue en général à
l'avantage des municipalités car, à l'heure actuelle, s'il y a
unanimité ou s'il y a un large consensus et un très large
consensus, le ministre peut au moins procéder tout de suite.
M. Saintonge: Vous contrevenez quand même à une
disposition spécifique de l'article 69 dans le sens que vous ne
respectez pas la possibilité pour une municipalité de donner son
avis dans les 45 jours. Je maintiens cela, il me semble qu'il faudrait, et je
serais d'accord que...
M. Léonard: Elle peut le faire quand même et le
ministre peut attendre les 45 jours.
M. Saintonge: Donc, à ce moment...
M. Léonard: Je crois que ce qu'un ministre va faire quand
une municipalité va s'opposer, il va demander à la
municipalité pourquoi elle s'est opposée. Au vu de la raison, il
peut décider d'attendre les 45 jours et de demander à la
municipalité d'envoyer son avis. La municipalité peut l'envoyer
d'elle-même, sans que le ministre le lui demande, en même temps et
aussi rapidement que la municipalité régionale de comté,
au moment où on s'en parle, c'est bien sûr, mais cela donne
effectivement plus de souplesse au système et lui permet de fonctionner
plus rapidement.
Le Président (M. Desbiens): L'article 3 est-il
adopté?
M. Saintonge: Je ne suis toujours pas satisfait, M. le ministre.
Je comprends que cela va donner une souplesse accrue, mais, comme je l'ai dit,
vous coupez l'application d'un délai accordé de façon
formelle par l'article 69.
M. Léonard: Le délai accordé à
l'heure actuelle est accordé de façon absolue. Comme ministre, je
ne peux rien faire tant que les 45 jours ne se sont pas écoulés.
Je ne peux même pas dire oui, présentement, tandis qu'avec la
nouvelle rédaction je peux dire oui. Je ne suis pas obligé de le
faire. S'il y a des objections, cela vaut la peine de les entendre et, si elles
sont fondées, on va les considérer par écrit. Donc, on va
prendre le temps qu'il faut pour le faire. S'il y a un vote, par exemple, de 25
à 1, qu'on s'informe des raisons de tout cela et qu'au vu et au su de
tout le monde, ce n'est pas très fort. Finalement cela donne quand
même la possibilité de procéder rapidement, surtout dans
des cas d'urgence.
M. Saintonge: II reste qu'il y a un pouvoir
discrétionnaire qui demeure au ministre contre une prescription
impérative de la loi. Je pense que, sans la modifier, elle
m'apparaît difficile d'acceptation.
Le Président (M. Desbiens): L'article 3 est-il
adopté? Sur division?
M. Saintonge: Sur division. Remarquez, M. le Président,
que j'ai renoncé à préparer tout amendement au projet de
loi, parce que je me souviens de ce qui est advenu de tout amendement que
l'Opposition a présenté dans les précédents projets
de loi en affaires municipales. Cela a été
systématiquement rejeté dans ces circonstances, de toute
façon.
Le Président (M. Desbiens): L'article 3 est adopté
sur division. Article 4.
M. Léonard: Je voudrais seulement
ajouter que, l'article 3 étant adopté, il y a quand
même eu des amendements obtenus, par exemple, dans la loi des SIDAC. Je
ne suis pas sûr que cela a été une bonne chose.
M. Saintonge: Oh oui, les SIDAC, mais je veux dire au sujet de la
loi 125. Je vais m'en tenir à la loi 125, sauf...
M. Léonard: La loi 92 aussi, je pense que...
M. Saintonge: Oui. Dans la loi 92, nous avons...
M. Léonard: ...au contraire, on pourrait peut-être
s'interroger sur le bien-fondé de certains amendements qui nous ont
été proposés par l'Opposition. On n'ouvrira pas de
débat là-dessus.
M. Saintonge: Non, c'est une grande question. Je dois dire au
ministre que, dans la loi 92, sur tous les amendements qu'on a proposés,
malgré que, dans certains cas, on avait eu des demandes de faites, il
s'est avéré que des situations ont été
déplorées par des municipalités et le sont encore,
même aujourd'hui. Je veux dire qu'on n'a pas reçu d'amendement
favorable, sauf dans un cas. Je dois être honnête, le seul cas,
cela a été un demi-amendement, qui a été
accepté dans le cadre de la loi 92 et qui avait été
demandé par les arpenteurs-géomètres. C'est le seul
amendement qu'a voulu accorder le ministre.
Le Président (M. Desbiens): Article 4.
M. Léonard: Article 4. Selon la loi actuelle, lorsque le
conseil de la municipalité régionale de comté a
donné une opinion voulant qu'une intervention gouvernementale
projetée ne soit pas conforme au schéma ou au règlement de
contrôle intérimaire, le ministre des Affaires municipales a 90
jours pour s'adresser à la Commission nationale de l'aménagement
et obtenir d'elle un avis sur la conformité de l'intervention. Cela
signifie que, dans l'état actuel du droit, il faut attendre 90 jours
pour savoir si le ministre a, oui ou non, l'intention de s'adresser à la
CNA, parce qu'il a 90 jours.
L'article 4 permet d'éliminer ou de réduire cette
période d'incertitude en autorisant le ministre à donner un avis
de son intention de ne pas s'adresser à la Commission nationale de
l'aménagement. À ce moment-là, on passe tout de suite aux
étapes suivantes, parce qu'à l'heure actuelle, l'obligation est
d'attendre 90 jours. Ensuite, on passait aux étapes suivantes. Si la
Commission nationale de l'aménagement disait: C'est conforme, le
ministre pouvait procéder immédiatement et sans plus de
procédures; si ce n'était pas conforme, on passait à
l'étape suivante, dans le sens où le ministre pouvait
décider de retirer son intervention ou de procéder quand
même plus avant, mais en demandant cette fois-là à la
municipalité régionale de comté de modifier son
schéma d'aménagement.
Alors, je crois que, dans les circonstances, le délai
était superflu dans le cas où le ministre décidait de ne
pas aller à la Commission nationale de l'aménagement parce qu'il
pouvait savoir dès le premier jour qu'il n'irait pas à la
Commission nationale de l'aménagement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Je n'ai pas de question là-dessus.
Le Président (M. Desbiens): Alors, l'article 4 est-il
adopté?
M. Saintonge: Oui, sur division toujours.
Le Président (M. Desbiens): Adopté sur
division.
M. Léonard: Vous pourriez être d'accord sur
celui-là sans problème, il me semble.
M. Saintonge: Je suis d'accord sans problème, mais, sur le
fond du projet de loi, je maintiens ma position.
M. Léonard: Ah! la division, c'est sur le fond du projet
de loi!
M. Caron: Mon collègue veut être plus
sécuritaire.
Le Président (M. Desbiens): J'appelle l'article 5.
M. Léonard: Ce sont la ceinture et les bretelles. Alors,
l'article 5, en concordance avec l'article 4, prévoit qu'il n'est pas
toujours nécessaire d'attendre 90 jours avant de pouvoir passer à
l'étape suivante dans le processus de réalisation d'intervention
gouvernementale, à savoir la modification du schéma ou du
règlement de contrôle intérimaire pour rendre
l'intervention conforme. En effet, on peut passer à cette étape
dès que le ministre a donné avis de son intention de ne pas
s'adresser à la CNA. C'est de concordance avec l'article 4.
M. Saintonge: M. le ministre, la disposition que l'UMRCQ vous
reprochait tantôt, c'est que cet article avait peut-être une
certaine ambiguïté quand on fait référence à
l'article 150; en fin de compte, l'article 150, c'est l'opinion négative
de la municipalité régionale...
M. Léonard: De la municipalité. Je pense
qu'on...
M. Saintonge: Par l'article 150, c'est clairement...
M. Léonard: Oui, oui.
M. Saintonge: En le relisant, on se rend compte que c'est
vraiment l'opinion négative du conseil de la MRC.
M. Léonard: De la municipalité régionale de
comté. Je pense même que, dans le contexte, il faudrait que ce
soit seulement l'opinion négative de la Commission nationale de
l'aménagement. Or, le ministre vient de dire qu'il donne un avis qu'il
n'ira pas à la Commission nationale de l'aménagement, il ne peut
donc pas y avoir d'opinion négative de la Commission nationale de
l'aménagement. Cela ne peut qu'être celle de la
municipalité régionale de comté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 5 est
adopté.
M. Saintonge: Sur division.
Le Président (M. Desbiens): Sur division. J'appelle
l'article 6.
M. Léonard: L'article 6 clarifie l'intention originale du
législateur. Si le conseil de la municipalité régionale de
comté modifie son schéma ou son règlement de
contrôle intérimaire pour rendre conforme l'intention
gouvernementale, le ministre n'a pas besoin, après la modification, de
redemander l'avis du conseil de la MRC sur la conformité de
l'intervention. Je pense que cela va de soi. Une fois fait le changement
demandé, il n'est pas nécessaire de donner l'avis; cela a
été fait conformément. Dans ces cas, on est toujours au
chapitre VI de la loi, là où il y a une intervention
gouvernementale et où il y a discussion entre la municipalité
régionale de comté et le gouvernement. En fait, il n'y a pas
accord et le gouvernement demande de modifier le schéma
d'aménagement.
M. Saintonge: En fin de compte, cela porte sur l'intervention
projetée directement par la demande initiale.
M. Léonard: Du gouvernement, oui.
Le Président (M. Desbiens): L'article 6 est
adopté?
M. Saintonge: Sur division.
Le Président (M. Desbiens): Sur division. J'appelle
l'article 7.
M. Saintonge: L'article 7...
M. Léonard: L'article 7 est une clause connue. Elle
écarte l'application de certains articles de la Loi constitutionnelle de
1982.
M. Saintonge: Sur division sûrement, M. le
Président.
M. Léonard: Deux fois. Bis! M. Saintonge: Bis!
Le Président (M. Desbiens): L'article 7 est adopté
sur division. Article 8.
M. Léonard: L'article 8 se lit comme suit: "La
présente loi a effet à compter du 5 mai 1983." C'est la date
qu'il faudra inscrire, et cet article prévoit que le projet de loi a
effet depuis son dépôt, de façon à permettre le
démarrage immédiat de certains projets ou de divers projets que
nous avons à l'heure actuelle.
M. Saintonge: Est-ce que... Oui. C'est mon problème. Je
voulais savoir pourquoi vous... Évidemment, je me doutais un peu de la
rétroactivité, ni plus ni moins, à compter du 5 mai, mais
à quoi vous référez-vous principalement pour les projets
qui sont en marche?
M. Léonard: Vous connaissez la situation. Rendu au mois de
mai, il y a des tas de travaux que les municipalités font, que le
gouvernement fait, notamment pour les transports, et le projet de loi visait
justement ces interventions, de façon qu'il y ait de l'activité
économique dans le territoire.
Le Président (M. Desbiens): L'article 8 se lit donc: - "La
présente loi a effet à compter du 5 mai 1983." C'est cela?
M. Léonard: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Saintonge: Sur division.
Le Président (M. Desbiens): Sur division. Article 9.
M. Léonard: On prévoit à l'article 9
l'entrée en vigueur du projet de loi dès le jour de sa
sanction.
Le Président (M. Desbiens): L'article 9 est
adopté?
M. Saintonge: Sur division aussi.
Le Président (M. Desbiens): Sur division
toujours. Est-ce que le titre du projet de loi est adopté?
M. Léonard: Adopté quant à nous, M. le
Président.
M. Saintonge: Sur division.
Le Président (M. Desbiens): Sur division toujours. Le
projet de loi no 12, Loi modifiant la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, est adopté sur division.
M. Saintonge: C'est bien cela.
Le Président (M. Desbiens): Je demanderais au rapporteur
de faire rapport à l'Assemblée nationale de la fin de nos travaux
et je remercie les membres de la commission. La commission élue
permanente des affaires municipales ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 14)