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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Marquis): La commission parlementaire de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux afin de
poursuivre l'étude des crédits budgétaires 1985-1986 du
ministère de l'Environnement.
M. le secrétaire, voulez-vous faire l'appel des membres, s'il
vous plaît?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Bacon (
Chomedey); M. Beauséjour (Iberville); M. Gravel (Limoilou); Mme Juneau
(Johnson); M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata); M. Marquis
(Matapédia) et M. Tremblay (Chambly).
Le Président (M. Marquis): Alors, la parole était
à Mme la ministre de Chomedey sur le programme 2...
Mme Bacon: Pour le moment, je suis encore députée,
M. le Président.
Le Président (M. Marquis): Mme la
députée.
Assainissement des eaux
Mme Bacon: Je vais peut-être mettre de côté le
programme 1, quitte à y revenir par la suite. Nous pourrions
peut-être commencer l'étude du programme 2, M. le
Président, parce qu'il y a tellement de questions, si on veut faire le
tour de ces questions.
En février dernier, l'Ordre des ingénieurs du
Québec s'est inquiété de la rapidité avec laquelle
on doit procéder pour bénéficier pleinement des avantages
financiers, avantages qui sont offerts par les pouvoirs publics aux
municipalités dans le cadre du programme de relance. On craint que cette
hâte n'ait des effets négatifs sur la qualité des
installations et sur le coût de construction et de fonctionnement.
Je pense qu'on doit se rendre compte que ces craintes sont effectivement
fondées en ce que certaines prévisions ont plus que doublé
entre le moment de mettre sur papier les plans et devis et le moment de payer
éventuellement ces constructions. Je suis dans le programme
d'assainissement des eaux. L'Ordre des ingénieurs suggère au
gouvernement de rationaliser le régime de réalisation du
programme d'assainissement des eaux par l'adoption de mesures incitatrices qui
sont mieux adaptées et en prolongeant au-delà de mars 1986 la
période donnant droit à une aide financière accrue.
J'aimerais d'abord demander au ministre si le contentieux qui a
été suscité par la déclaration de la
société Hydro-Québec, d'une part, et le ministère
de l'Environnement, d'autre part, en vue de déterminer quel serait le
délai que les municipalités devront respecter pour la mise en
place de leur usine d'épuration des eaux afin de jouir des tarifs
préférentiels d'électricité, est
réglé. On sait que, depuis quelques mois, les délais du 31
décembre 1985 au 31 mars 1987 ont cessé de circuler, tant et si
bien que les deux parties en cause, le ministère de l'Environnement et
Hydro-Québec, essaient toujours de trouver un délai commun que
les municipalités devront respecter. Est-ce que le ministre pourrait
nous préciser la raison pour laquelle cette question était
toujours à l'étude en avril dernier, alors qu'un tel accord
aurait dû intervenir bien avant l'annonce du programme de relance
puisqu'il constitue une des principales motivations de la mise en marche de
tout le programme?
M. Ouellette: M. le Président, en effet, les discussions
se poursuivent toujours avec Hydro-Québec en rapport avec
l'éloignement de la date de décembre 1985 et les motifs
invoqués par Hydro-Québec sont qu'elle doit modifier certains de
ses programmes d'abaissement de coûts. C'est fort complexe. Cela
amène la société à reconsidérer certains de
ses programmes. C'est pourquoi les discussions ne sont pas encore
terminées à cet effet.
Mme Bacon: Comment en est-on arrivé, quand on a
préparé le plan de relance, à mettre un date aussi
précise dans les communiqués ou les messages qui ont
été donnés à la population?
M. Ouellette: Cela faisait suite aux recommandations du
ministère de l'Environnement qui avait prévu un délai
suffisamment long pour permettre aux municipalités de profiter de ces
abaissements de coûts et cela faisait partie, bien sûr, des mesures
incitatrices qui accompagnaient la prime de relance qui, elle, devait se
terminer au 31 mars 1986. Les discussions avec Hydro-Québec portent sur
l'ajustement de leurs propres programmes pour répondre à nos
annonces, c'est-à-dire se conformer à ce
qui a été annoncé en termes de délai
d'abaissement de coûts que nous souhaitons voir se prolonger jusqu'en
1991.
Mme Bacon: En fait, vous êtes prêt à
considérer la demande qui a été formulée par
l'Ordre des ingénieurs, le prolongement des périodes pendant
lesquelles les municipalités peuvent bénéficier des tarifs
préférentiels.
M. Ouellette: L'Ordre des ingénieurs n'a pas encore fait
son rapport final. Tout ce qu'il a exprimé, cela a été de
demander que l'on considère la possibilité de prolonger la prime
du 31 mars, en invoquant, quant à moi, des motifs qui sont non
fondés d'ailleurs. Mais ma position là-dessus a toujours
été claire et je l'ai exprimée publiquement au cours des
derniers mois, à savoir que je souhaitais moi aussi que le gouvernement
reporte cette période de prime au-delà du 31 mars 1986, par souci
d'équité, pour ne pas pénaliser les municipalités
qui auraient connu des retards et qui se verraient dans l'impossibilité
de réaliser les travaux à l'intérieur de cette
période.
Évidemment, la décision sera prise par le Conseil des
ministres. Quant à moi, mes représentations sont faites. Sans
révéler le contenu des différents scénarios que
j'ai pu proposer, je dois dire que je reprends mes exposés devant le
Conseil des ministres pour l'amener à prolonger cette
période.
Mme Bacon: Les dates qui ont été mentionnées
dans le projet de relance l'ont été sur les recommandations du
ministère de l'Environnement. C'est ce que je comprends.
M. Ouellette: Oui.
Mme Bacon: La Communauté urbaine de Québec. Le 2
mai dernier, le ministre de l'Environnement menaçait la
Communauté urbaine de Québec pour ce qui est de l'aide
financière accordée par le gouvernement dans le cadre du
programme d'épuration des eaux usées. II était
précisé à ce moment-là que les groupes de
municipalités devaient s'entendre sur un échéancier
prévu par les autorités gouvernementales, sinon on leur couperait
l'aide financière qui leur est accordée actuellement.
Dans le cas de la CUQ, il s'agit d'investissements d'au moins 200 000
000 $. On parle de construire une ou deux usines d'épuration d'ici
à 1990 et j'aimerais savoir ce que le ministre entendait lorsqu'il
disait que la situation est ambiguë et même inquiétante.
M. Ouellette: D'abord, je voudrais corriger, M. le
Président. Le ministre de l'Environnement n'a jamais menacé la
Communauté urbaine de Québec, ni quelque municipalité que
ce soit de leur couper les vivres en termes de subventions si les
échéanciers n'étaient pas respectés. Ce que j'ai
dit à la presse à ce moment, c'était à la suite
d'une question qui se formulait à peu près ainsi: Le programme
d'assainissement des eaux est-il appelé à exister toute
l'éternité? Ce que j'ai répondu, c'est que ce programme
comme tous les programmes gouvernementaux en viennent un jour à
connaître une fin et j'ai donné un certain nombre d'exemples de ce
type de programmes qui cessaient d'exister, notamment, le programme
fédéral qui s'est arrêté à peu près en
même temps que le Québec lançait le sien. J'ai donc dit aux
municipalités et à la Communauté urbaine de Québec
qu'au-delà d'une certaine date que je ne peux pas évaluer il y a
risque que ce programme disparaisse. Mais je ne pense pas que cela constitue
une menace d'aucune façon, puisque l'échéancier de la
Communauté urbaine de Québec prévoit la fin des travaux en
1990 et je ne prévois pas que le programme d'assainissement des eaux
cessera d'exister avant cette date. D'autant plus que les crédits
engagés devront être respectés par le gouvernement et,
comme ils sont déjà engagés, ceux de la Communauté
urbaine de Québec, je ne vois pas comment on pourrait revenir sur les
ententes qui existent déjà.
Un deuxième point: lorsque j'ai parlé
d'ambiguïté, j'exprimais mon inquiétude face aux lenteurs
qu'on connaît dans le dossier de la Communauté urbaine de
Québec. Tout le monde connaît les événements qu'on a
vécus depuis un peu plus d'un an, à savoir les exigences des
citoyens de soumettre aux études d'impact et aux audiences publiques les
lieux choisis pour l'implantation des usines de l'ouest et de l'est, l'abandon
ou la cessation des activités dans le cadre de la préparation de
cette étude d'impact pour reprendre en partie, du moins, les
études de caractérisation des eaux et même pour
possiblement y inclure une analyse de l'utilisation éventuelle de
l'incinérateur de l'est de la ville pour fins d'élimination des
boues des deux usines. Or, ce n'est qu'une inquiétude que j'ai
exprimée à ce moment et, depuis ce moment, j'ai rencontré
le président de la Communauté urbaine de Québec qui
m'assure qu'il est encore tout à fait possible de réaliser
l'ensemble des travaux, malgré ces retards, à l'intérieur
du délai fixé à 1990.
Mme Bacon: Est-ce que c'est seulement la condition de respect de
l'échéancier qui compte pour avoir droit à l'aide
financière?
M. Ouellette: II faut distinguer entre deux...
Mme Bacon: Ou si c'est majeur?
M. Ouellette:... situations. Pour les municipalités qui
sont à l'extérieur des communautés urbaines, il y a une
date qui, pour l'instant, est le 31 mars 1986 et chacune d'elle sait
très bien que les travaux qui seraient réalisés
au-delà de cette date ne seraient plus subventionnés à 90
%, en moyenne, mais à 80 %. En ce qui concerne les communautés
urbaines, le programme de relance ne s'étant pas appliqué
à elles, elles ne courent aucun risque à dépasser le 31
mars 1986. Donc, il n'y a pas de limite réelle
d'échéancier en termes d'aide financière dans le cas des
communautés urbaines et de la CRO.
Mme Bacon: Est-ce que le retard qui a été
apporté par la Communauté urbaine de Québec ne
dépendrait pas par hasard du procédé même qui est
utilisé pour la construction de ces usines? C'est quand même un
facteur qui augmente les factures de taxes pour les prochaines années,
lorsque viendra le temps d'exploiter ces usines. N'est-ce pas un facteur
important?
M. Ouellette: En fait, la méthode de traitement est
choisie généralement lorsque la caractérisation des eaux
est terminée et qu'on connaît la nature même des eaux
à être traitées. C'est à partir de cela qu'on
détermine la méthode la plus appropriée et la moins
coûteuse, tout en étant très efficace. Il s'est
révélé en cours de processus que la Communauté
urbaine de Québec s'est dite insatisfaite de la connaissance
précise qu'on avait des eaux, ce qui l'a amenée à croire
qu'on pouvait prendre une mauvaise décision quant à la
méthode de traitement, même si le ministère soutient que de
toute façon il faudra nécessairement un traitement secondaire.
Elle a donc choisi de mettre un frein à son étude d'impact pour
accélérer la caractérisation à la suite de laquelle
elle pourra reprendre son étude d'impact sachant exactement le
traitement ou la méthode de traitement qui devrait être
retenu,
Mme Bacon: Dans le dossier de la rive sud de Québec,
où il y a quand même eu des hésitations qui se sont fait
sentir lorsque le moment est venu de choisir la sorte de projet de traitement,
est-ce que le ministre attribue le retard au fait de choisir l'une ou l'autre
des options, l'usine mécanique ou des étangs aérés?
Est-ce que c'est ça qui fait qu'il y a une indécision de la part
des municipalités? Il semble que les quatre localités de la rive
sud aient choisi le traitement par étang aéré en raison de
la diminution des coûts, qui seraient réduits entre 30 % et 35 %
au niveau du fonctionnement du système éventuel
d'épuration des eaux.
M Ouellette: À ma connaissance, M. le Président,
les hésitations sur la rive sud ne sont nullement liées à
la méthode de traitement qui devrait être retenue; ce sont
plutôt des discussions entre les quatre municipalités de la
région, Lévis, Lauzon, Saint-David et Saint-Louis-de-Pintendre,
et sur le partage éventuel des coûts à partir des charges
traitées et fournies par chacune des municipalités.
Je n'ai pas eu vent que la discussion portait sur la méthode de
traitement, mais bel et bien sur le partage des coûts et sur le
coût, bien sûr, qui sera imparti à chacune des
municipalités.
Mme Bacon: Est-ce que ce n'est pas une des raisons pour
lesquelles le groupe des quatre est devenu trois, maintenant, à cause
des choix à faire?
M. Ouellette: S'il y a une scission entre les quatre cela porte,
à ma connaissance, sur le partage des coûts. C'est vraiment une
décision qui est laissée aux municipalités, ce n'est pas
le ministère de l'Environnement qui décide de ce partage; cela se
fait au cours de discussions à l'intérieur même de la
régie où le ministère, bien sûr, est présent
avec son expertise. Mais ce sont des décisions qui sont laissées
à chacune des municipalités participantes.
Mme Bacon: Dans un cas comme ça, M. le Président,
est-ce que c'est le ministère de l'Environnement qui tranche le conflit
en négociant avec les municipalités ou si on. laisse aux
municipalités le soin de prendre des décisions?
M. Ouellette: En fait, les spécialistes du
ministère de l'Environnement utilisent leur expertise et leur
expérience pour éclairer la discussion, mais la décision
finale revient toujours aux municipalités.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre peut me dire si le
ministère de l'Environnement privilégie une forme de traitement
par rapport à une autre? Il semble qu'on voit beaucoup de contrats
signés pour des étangs aérés comparativement
à des usines mécaniques conventionnelles.
M. Ouellette: En fait, le ministère de l'Environnement
laisse un maximum de latitude aux municipalités, mais, bien sûr,
fait connaître à partir d'études précises ses
préférences en termes de coûts d'investissement et,
surtout, en termes de coûts d'exploitation par la suite. On
privilégie toujours la méthode qui favorise une réduction
des coûts d'exploitation parce que ces coûts se répercutent
presque indéfiniment dans le temps, alors que les
coûts d'investissement n'ont qu'une durée très
temporelle, très brève.
On n'a pas, je pense, à dicter quoi que ce soit aux
municipalités, sauf leur donner l'éclairage nécessaire
pour qu'elles prennent la décision la plus appropriée selon la
situation qui prévaut chez elles.
Mme Bacon: Dans le système de traitement par étang
aéré, il semble qu'il suffira d'au plus une dizaine
d'années - dans dix ans, quand on pense à ce système de
traitement - pour qu'il y ait un empiétement sur les terres agricoles.
Je vous parle de la rive sud parce que je pense que cela a été
suffisamment rendu public pour connaître les inquiétudes de ces
gens. On devra, à la longue, modifier le zonage agricole de
manière à modifier les limites acceptables à
l'environnement pour répondre aux besoins du temps.
Est-ce qu'il est exact qu'il faudra doubler le terrain actuellement
prévu pour l'utilisation de ce système d'étang
aéré d'ici à une dizaine d'années? Est-ce que c'est
exact?
M. Ouellette: Je ne saurais faire de prédiction
précise sur ce qui arrivera à l'avenir, mais on connaît
certaines difficultés à obtenir les terrains nécessaires
à l'implantation de ce traitement des eaux usées municipales
dû au fait qu'au moment où la loi 90 a été mise en
application les territoires propres au développement municipal ont
été restreints pour laisser plus de place au territoire agricole.
Cela signifie que, lorsque vient le temps d'implanter des étangs dans
quelque municipalité que ce soit ou dans la quasi-totalité des
municipalités, la zone blanche prévue par la loi 90 étant
souvent trop petite, nous devons, bien sûr, songer à implanter nos
fosses dans la zone verte. (10 h 30)
Cela crée des problèmes, bien sûr, parce que la
Commission de protection du territoire agricole a un devoir, celui de
protéger la zone agricole, et elle n'aime guère voir s'implanter
ces étangs dans son territoire. Mais je pense que c'est une question de
rationalité, il s'agit d'en demander suffisamment pour implanter
convenablement notre système de traitement des eaux usées, mais
pas trop, pour ne pas affecter indûment le territoire agricole. En somme,
on ne tient pas à ce qu'on ait le comportement qu'on a connu à
Mirabel, prendre six fois plus de terrain; alors, on prend le terrain qui nous
est requis et on obtient la permission de la CPTAQ pour y effectuer nos
travaux.
Il faut ajouter que, lorsqu'une expropriation se fait, il y a un
territoire suffisamment grand pour prévoir une certaine expansion, mais
tout ça dans le domaine du raisonnable.
Mme Bacon: Est-ce qu'on peut faire une évaluation des
besoins pour une période de dix ans, par exemple?
M. Ouellette: Oui, sur dix ans, il n'y a aucun problème
puisqu'on le prévoit dès l'origine. Il y a des problèmes
qui vont survenir éventuellement si des municipalités connaissent
un développement remarquable; à ce moment-là,
peut-être que, dans quinze ans, vingt ans, trente ans ou cinquante ans,
il y aura des problèmes à reconsidérer l'étendue
nécessaire au traitement des eaux usées, mais nos travaux se font
sur une base de dix ans.
Mme Bacon: Au niveau de la ventilation des crédits,
à la page 15, j'aimerais que le ministre nous précise les raisons
de la diminution des dépenses des services qui passent de 2 100 000 $,
en 1984-1985, à 2 156 000 $ - attendez un petit peu - de 2 700 000 $
à 2 156 000 $. J'aimerais que le ministre nous justifie l'augmentation
des dépenses en immobilisations qui passent de 11 000 000 $ à 13
620 000 $ pour l'année 1985-1986. Je reviendrai avec d'autres questions
sur cette page-là.
M. Ouellette: Entre autres choses, la justification des 11 000
000 $ qui deviennent 13 620 000 $, c'est que cela inclut les montants
nécessaires à l'implantation des usines de traitement de lisier
de porc qui sont prévues dans la vallée de L'Assomption et dans
la Chaudière.
Mme Bacon: Ce sont les deux projets pilotes. Et, au niveau des
services, il y a une diminution par rapport à 1984-1985.
M. Ouellette: Le montant de 265 000 $ qui devient 50 000 $?
Mme Bacon: No 4, Services, c'est 2 156 200 $ et c'était 2
771 400 $ en 1984-1985.
M. Ouellette: Alors, si je prends le no 4, Services, je reste
toujours dans le même sujet, quoique votre question porte sur celui
d'avant, mais je vais répondre au deuxième. Le montant de 265 000
$ devient 50 000 $ parce que la première partie des travaux relatifs
à l'implantation des usines de traitement concernait des études
qui sont maintenant terminées; donc, il y a une diminution de
coûts, mais je crois que votre question portait sur le total.
Fonctionnement-Personnel, 2 771 400 $, ce qui devient 2 156 000 $.
Mme Bacon: 2 156 200 $.
M. Ouellette: Alors, il s'agit d'un transfert de certains
occasionnels qui sont devenus permanents.
Mme Bacon: Par contre, on retrouve aussi dans la même page
une diminution du personnel, 651 par rapport à 632, qui est
projetée pour 1985-1986.
M. Ouellette: La diminution de l'effectif est attribuable, pour
les permanents, à une compression de douze postes liés aux
activités moins prioritaires, 1985-1986, à quinze postes
déclarés excédentaires en 1984-1985 et au transfert d'un
poste au ministère du Commerce extérieur. Il y a eu un transfert
d'une personne avec poste et budget. Tout cela est relié à la
compression de 2 % qui est imposée annuellement à chacun des
ministères.
Mme Bacon: Sur demande du Conseil du trésor ou...
M. Ouellette: Oui.
Mme Bacon: D'accord. Si on revient au programme d'assainissement
des eaux, j'aimerais peut-être vérifier certains endroits
où on a eu un montant initial et, maintenant, le montant final a presque
doublé et triplé dans certains cas. Val-David village,
initialement, on avait prévu 1 500 000 $ et le montant final est de 3
000 000 $.
M. Ouellette: Si on entre dans chacun des quelque 300
dossiers...
Mme Bacon: Non, M. le Président, une quinzaine.
M. Ouellette: Une quinzaine.
Mme Bacon: Je vais être très modeste avec
quinze.
M. Ouellette: II est assez difficile de connaître par coeur
chacun des 350 dossiers. On me signale qu'on a dû contourner au niveau de
l'interception et qu'on a connu des difficultés à rendre
étanches les fosses, ce qui fait que les coûts ont
augmenté. Il y a donc plus de frais d'interception.
Mme Bacon: Vous voyez, vous avez les réponses, M. le
ministre. On va continuer. Val-Morin, 300 000 $, ce qui nous amène
à 573 000 $.
M. Ouellette: C'est Val-Morin.
Mme Bacon: Oui.
M. Ouellette: En attendant que j'aie les détails, je
voudrais vous signaler...
Mme Bacon: Je peux en donner d'autres.
M. Ouellette:... que, dans le cas de la rive sud de
Québec, la ville de Lauzon a accepté hier soir la
résolution de principe du programme d'assainissement des eaux de la rive
sud, ce qui veut dire que le problème serait réglé.
Mme Bacon: Cela faisait combien de temps que le dossier...
M. Ouellette: Trop longtemps.
Mme Bacon: C'est cela. Je suis d'accord avec vous, M. le
ministre.
M. Ouellette: Je n'ai malheureusement pas les détails pour
Val-Morin. Toutefois, on me signale que c'est de l'ajout aux travaux initiaux
et, bien sûr, l'indexation; on pourra vous fournir les détails,
cependant.
Mme Bacon: On aura les réponses plus tard. En restant dans
le même secteur, à Sainte-Agathe-des-Monts, c'était
prévu pour 2 000 000 $, le montant final est de 5 800 000 $.
M. Ouellette: Dans le cas mentionné, les problèmes
sont survenus au niveau de la réhabilitation du réseau. Le
réseau était dans un état tel qu'on n'a pas pu le
réhabiliter convenablement, ce qui signifie que les débits sont
nettement plus considérables. Il a donc fallu ajuster la taille des
usines de traitement en fonction des débits augmentés.
Deuxièmement, certaines usines ont été ajoutées
comme déverseurs dans le réseau, ce qui signifie qu'il a fallu
augmenter considérablement la taille des usines de traitement pour
recevoir à la fois les eaux d'infiltration et le déversement de
certaines usines sur le territoire de la municipalité.
Mme Bacon: M. le Président, n'y a-t-il aucun moyen de
s'apercevoir de cela avant d'entreprendre les travaux? C'est en cours de route
qu'on voit cela, qu'on ajoute des millions comme cela?
M. Ouellette: II faut rappeler qu'au moment des études
préparatoires on fait l'évaluation des quantités d'eau qui
pourraient être amenées à être traitées
après caractérisation. Parallèlement à cela, on
négocie avec les entreprises parce qu'on amène en
parallèle la dépollution des eaux usées municipales et des
eaux usées industrielles. Ces discussions ont donc lieu en
parallèle et il arrive dans certains cas que l'on prévoyait que
telle ou telle usine traiterait séparément ses eaux, mais,
dans
les discussions et dans les analyses, on se rend compte qu'il est
préférable que l'entreprise fasse uniquement du
prétraitement et fasse finir le traitement par les usines municipales,
ce qui apporte dans certains cas des quantités d'eau
considérables, ce qui peut amener à modifier la taille des usines
prévues à l'origine.
Mme Bacon: Est-ce qu'il est possible, à un tel rythme,
qu'on dépasse les 6 000 000 000 $ qui étaient prévus?
M. Ouellette: Selon nos évaluations, on situe toujours
à 4 700 000 000 $ l'ensemble du traitement des eaux usées
municipales. Rien ne nous indique que ce montant puisse être
dépassé, à moins qu'on ne connaisse des périodes
d'inflation comme celles qu'on a connues il y a quelques années, quoique
souvent cela ait un effet contraire sur les coûts aux constructeurs et
cela se neutralise. On maintient toujours les 4 700 000 000 $ pour les eaux
usées municipales.
Mme Bacon: Mais il me semble que c'est plus que l'inflation quand
on regarde cela. Ce sont des problèmes qui arrivent en cours de route.
S'il y en a à plusieurs endroits, ce ne sera plus 4 700 000 000 $.
M. Ouellette: II y a 900 projets de prévus et, s'il y en a
25 ou 30 qui sont modifiés de cette façon, je pense que cela
entre dans la normalité. On ne peut pas prétendre que les
augmentations de coûts sont généralisées; au
contraire, au cours des dernières années, les coûts ont
été inférieurs aux prévisions et cela était
dû essentiellement à la conjoncture économique qui
prévalait à ce moment.
Mme Bacon: Est-ce que cela veut dire qu'il y aura moins de
travaux d'effectués, si on veut en arriver à 4 700 000 000 $?
M. Ouellette: Je m'excuse, je n'ai pas compris.
Mme Bacon: Est-ce que cela veut dire qu'il y aura moins de
travaux d'effectués, si on ne veut pas dépasser 4 700 000 000
$?
M. Ouellette: Non, notre objectif est toujours de traiter les
eaux usées de toutes les municipalités qui sont dotées
d'un réseau et nous n'avons l'intention de laisser à la
traîne aucune d'elles. Nous prétendons toujours pouvoir
réaliser tous ces travaux à l'intérieur de 4 700 000 000
$. Il faut dire qu'il y a une certaine marge de manoeuvre puisque, lorsqu'on
parle de 4 700 000 000 $, on parle essentiellement du municipal. Il y a aussi
quelques centaines de millions qui sont prévus pour l'industriel. Si on
fait la somme de ces deux montants-là, on dépasse, bien
sûr, les 4 700 000 000 $, mais, dans le grand total, cela ne devrait pas
dépasser les 6 000 000 000 $ qui incluent également
l'agricole.
Lorsqu'une usine fait du prétraitement et fait traiter ses eaux
en dernière phase dans les eaux usées municipales, dans les
usines de traitement d'eaux municipales, il y a une diminution de coût
dans le volet industriel et une augmentation dans le volet municipal, mais le
tout est toujours à l'intérieur de l'enveloppe de 6 000 000 000 $
prévue à l'origine.
Mme Bacon: Est-ce que, dans le volet agricole, il est possible
qu'il y ait des problèmes techniques comme on en retrouve dans ce
programme?
M. Ouellette: II y a de nombreux problèmes techniques au
niveau agricole parce que la pollution agricole est très
diversifiée. C'est d'abord, bien sûr, ce qui saute aux yeux et au
nez dans bien des cas, les surplus de purin, les surplus de fumier. Il y a
aussi la gestion de ces fumiers, l'utilisation de produits chimiques,
l'érosion, le réaménagement des rives pour éviter
cette érosion qui provoque une pollution de plusieurs sources qu'on
appelle pollution diffuse. C'est très complexe, le secteur agricole. En
première phase, on s'est attaqué à l'entreposage et
à la gestion, mais il faut aller beaucoup plus loin. C'est pourquoi on a
mis de l'avant notre programme de recherche sur la transformation de ces
surplus de purin et de fumier, mais aussi sur le réaménagement
des rives pour diminuer considérablement la pollution due à
l'érosion.
Mme Bacon: Je reviens à Deux-Montagnes, 1 300 000 $, qui
va coûter 4 000 000 $.
M. Ouellette: Là, comme dans les deux autres cas, c'est un
problème relié à la difficulté de
réhabiliter convenablement le réseau. Il s'agit d'un
réseau qui reçoit beaucoup d'eau d'infiltration et, pour
répondre aux besoins de traitement, il a fallu prévoir un
agrandissement considérable des usines de traitement.
Mme Bacon: Saint-Eustache, dont le montant initial était
de 11 700 000 $; cela devient 23 368 000 $. Vous devez avoir de bonnes
raisons.
M. Ouellette: De grosses raisons.
Mme Bacon: C'est plus que l'inflation, M. le ministre. (10 h
45)
M. Ouellette: Sûrement. Alors, M. le Président, en
1981, on prévoyait 18 000 000 $ dans le cas de Saint-Eustache
et, en 1985, on prévoit toujours réaliser, à
l'intérieur de ces 18 000 000 $, les travaux. Il faut dire que la
première prédiction était de 13 000 000 $. Là
encore, c'est relié à l'interception et au problème
d'infiltration, et ce réajustement a été fait dès
1981. On maintient toujours cette évaluation de 18 000 000 $.
Mme Bacon: Châteauguay, 13 000 000 $ pour devenir 36 000
000 $.
M. Ouellette: Nos chiffres ne nous parlent pas de 36 000 000 $
dans le cas de Châteauguay, mais de 21 000 000 $. Le passage de 13 000
000 $ à 21 000 000 $ tient au fait qu'on a dû changer le site pour
protéger des milieux écologiques, On a fait l'opération
à deux reprises pour trouver finalement le terrain qui convenait. Je ne
sais pas d'où viennent ces 36 000 000 $. On en est toujours à 21
000 000 $. On me signale qu'à ces 21 000 000 $, toutefois, il faudra
ajouter l'indexation. Mais je douterais que cela monte jusqu'à 36 000
000 $.
Mme Bacon: C'est déjà suffisant.
Salaberry-de-Valleyfield, 9 894 000 $ montant initial; montant final, 26 559
000 $.
M. Ouellette: Donc, il y a eu des problèmes particuliers
à Valleyfield en ce qui concerne l'émissaire qu'il a fallu
allonger pour éviter de polluer le cours d'eau à partir des eaux
de rejet. Il y a eu aussi un problème relié à la compagnie
Expro qui a généré des augmentations de coûts pour
pouvoir traiter les eaux de cette usine dans l'usine municipale.
Mme Bacon: Est-ce que c'est la compagnie qui compense ou si c'est
le ministère, la municipalité?
M. Ouellette: Alors, il y a un partage en ce qui a trait aux
charges admises au traitement de l'usine municipale.
Mme Bacon: Est-ce que cela était prévu au
départ?
M. Ouellette: Pas nécessairement. Cela peut se produire
dans plusieurs municipalités. Comme j'expliquais tout a l'heure, on
peut, à partir des données dont on dispose en début de
processus, prétendre que telle ou telle compagnie va traiter ses eaux
séparément et, après analyse, s'apercevoir qu'il est
profitable à tout le monde que ces eaux ne soient que
prétraitées par l'usine privée, par la compagnie, pour
être traitées en dernier point dans les eaux usées
municipales, ce qui permet un partage, notamment, dans les coûts
d'opération par la suite.
Mme Bacon: Est-ce que, lorsqu'il y a signature de protocole
d'entente, on prévoit le dépassement des coûts et le
partage de cette compensation? Est-ce que cela est prévu au moment de la
signature?
M. Ouellette: Le partage est toujours maintenu à moins que
ne s'ajoutent de nouveaux partenaires, bien sûr. Maintenant, nous
travaillons toujours dans des enveloppes globales - un terme que vous aimez -
qui nous sont affectées par le...
Mme Bacon: M. le ministre, vous allez adopter ma dialectique?
M. Ouellette:... Conseil du trésor. Si jamais il devait y
avoir dépassement, nous devons retourner devant le Trésor pour
obtenir une enveloppe globale plus large.
Mme Bacon: Parfait. Saint-Hyacinthe, 20 500 000 $; 42 700 000 $,
montant final.
M. Ouellette: M. le Président, dans toutes les questions
relatives aux dossiers qui viennent d'être posées, on part
toujours de l'évaluation qui a été faite en 1979. Â
cette époque, on faisait une évaluation très sommaire qui
n'incluait pas, notamment, les discussions éventuelles avec les
entreprises privées qui pouvaient choisir de faire du
prétraitement et de déverser pour traitement final dans le
réseau municipal. En 1980, nous avons changé cette
méthodologie et nous avons réévalué chacun des
dossiers à la hausse, bien sûr, compte tenu du resserrement de la
phase initiale. Et dans certains cas s'ajoutent des coûts d'inflation,
cela va de soi, des coûts d'indexation, donc. Et il y a toujours aussi
une marge de manoeuvre de plus 10 % ou de moins 10 % qui nous est consentie
dans l'enveloppe globale du Conseil du trésor. Ce qui veut dire que les
coûts qui ont été réévalués en 1981
sont beaucoup plus justes et beaucoup plus près de la
réalité, et il est relativement rare qu'on arrive au-dessus de
cela et qu'on ait à se représenter devant le Conseil du
trésor.
Mme Bacon: M. le Président, M. le ministre, vous venez de
parler d'une évaluation sommaire qui a été faite en 1979.
Quand on a mentionné le chiffre de 4 700 000 000 $, était-ce
aussi une évaluation sommaire? Je veux bien qu'il y ait un
problème de 10 % qui nous amène à 470 000 000 $, mais, si
on parle d'évaluation sommaire faite en 1979, est-ce que les 4 700 000
000 $ étaient aussi une évaluation sommaire?
M. Ouellette: À ce moment-là, l'évaluation
était de 4 500 000 000 $. L'évaluation globale se faisait...
Mme Bacon: C'était 6 000 000 000 $ dans le temps, si vous
vous souvenez. On parlait beaucoup plus de 6 000 000 000 $, globalement.
M. Ouellette: II faut bien distinguer. Lorsque M. Léger
parlait de 6 000 000 000 $, il parlait de 4 500 000 000 $ au municipal, et le
reste se partageait entre l'agricole et l'industriel. Mais, en cours de route,
en 1978 et en 1979, les évaluations premières globales
étaient bonnes, parce qu'elles s'appuyaient sur la population en
général du Québec, vu qu'on connaissait avec
précision les municipalités qui avaient des réseaux.
Mais lorsqu'on arrive cas par cas, des municipalités se sont
jointes dans des régies et certaines ont choisi de s'en retirer. Alors,
il y a eu des variantes considérables, compte tenu des groupes qui
étaient traités dans des régies. C'est un point qui a pu
faire varier les coûts de façon considérable. C'est un peu
comme si on appliquait cela à la rive sud: si la ville de Lauzon
décidait de se retirer -heureusement, elle a décidé le
contraire hier soir - il est bien sûr que, pour le projet global, pour
Saint-David, pour Pintendre et pour Lévis, ce dossier connaîtrait
un abaissement de coûts considérable. Par contre, Lauzon aurait
connu des coûts augmentés.
Donc, cela peut être un facteur qui a fait varier
considérablement. Aussi, il y a eu des surprises comme, par exemple, des
études EPIC et de réhabilitation des réseaux. Il y a eu
des surprises quant aux changements de sites pour l'implantation des usines. Il
a pu y avoir des surprises de toute nature, de telle sorte qu'en 1978-1979
l'évaluation ne reflétait pas toujours la réalité.
Mais, à partir de 1981, ces surprises sont pratiquement disparues et
elles ne tiennent qu'au fait que certaines usines s'ajoutent ou se retirent,
alors qu'on les avait prévues ou non prévues, selon le cas.
Dans le cas de Saint-Hyacinthe, par exemple, la compagnie Catelli s'est
ajoutée au réseau, ce qui a fait un apport considérable et
ce qui a justifié un agrandissement de l'usine par rapport au projet de
1979, ce qui justifie, en bonne partie, l'augmentation des coûts.
Mme Bacon: On va prendre Saint-Hyacinthe, par exemple. Est-ce que
l'addition de Catelli fait en sorte que le coût est doublé par
rapport au montant prévu?
M. Ouellette: Non.
Mme Bacon: Quand on parle de 22 000 000 $ à 42 000 000 $,
montant final, est-ce que c'est seulement l'addition de Catelli? Cela
m'inquiète encore, M. le Président, de voir que l'addition... Je
n'ai que quinze cas devant moi, mais l'addition de cela, cela commence à
faire des millions de dollars. Si on regarde cas par cas, dans l'ensemble... Je
ne vous mentionnerai pas les 300 ce matin, mais il doit sûrement y avoir
des endroits où le montant initial qui était prévu est
largement dépassé dans le montant final, comme coût, ce qui
va faire en sorte que cela va dépasser de plus de 10 % ce qu'on pourrait
accorder comme marge de manoeuvre.
M. Ouellette: Dans le cas de Saint-Hyacinthe, il y a eu plusieurs
problèmes. D'abord, il y a eu un long débat avec la Commission de
protection du territoire agricole sur l'implantation de l'usine dans un
boisé, ce qui finalement a été refusé par la CPTAQ.
Il a donc fallu changer le terrain prévu, donc la localisation de
l'usine de traitement. Pour ce faire, il a fallu modifier également
l'interception. Il y a eu l'addition de Catelli. Il y a eu des variantes dans
les appels d'offres. La plupart des appels sont sortis à un niveau
inférieur au coût prévu initialement. Alors, il y a mille
et une causes dans le dossier de Saint-Hyacinthe qui font que les coûts
d'origine ne sont pas du tout les coûts finaux. C'est quand même
relativement comparable à ce qu'on avait prévu dès 1981,
compte tenu des changements.
Mme Bacon: L'ajustement s'est fait en 1981 par...
M. Ouellette: C'est cela. Mme Bacon:... rapport à
1979. M. Ouellette: Exactement.
Mme Bacon: Est-ce qu'il va y avoir un autre ajustement dans les
années qui viennent? Est-ce qu'on l'ajuste en cours de route ou si c'est
vraiment final?
M. Ouellette: Je pense que, dans le cas de Saint-Hyacinthe, le
dossier est vraiment définitif, c'est-à-dire qu'on a prévu
l'interception, la localisation et toutes les usines susceptibles de s'y
incorporer, de telle sorte que les coûts qu'on avance aujourd'hui pour
Saint-Hyacinthe reflètent la réalité.
Mme Bacon: Cowansville, on avait prévu un montant de 5 500
000 $ qui devient 13 300 000 $. Est-ce que c'est aussi l'ajustement de
1981?
M. Ouellette: Alors, en 1980, dans le cas de Cowansville, on
prévoyait 7 000 000 $, c'est devenu 11 000 000 $; évidemment, il
y a le réajustement de 1981 dont je parlais tout à l'heure.
Mme Bacon: Je m'excuse, le chiffre de 4 600 000 $ est celui de
1979, ou si c'était 7 000 000 $ au départ?
M. Ouellette: Au départ, c'était 7 000 000 $...
Mme Bacon: De 7 000 000 $.
M. Ouellette:... et non pas 4 000 000 $. Donc, sur une
période de cinq ans, cela vaut la peine de tenir compte de l'inflation
également.
Mme Bacon: Là, cela devient 13 000 000 $.
M. Ouellette: Cela devient 11 000 000 $. Alors, actuellement,
c'est toujours le chiffre de 11 000 000 $ qui est retenu, mais on est conscient
qu'il peut y avoir une augmentation de coût jusqu'à 13 000 000 $;
on est à refaire l'évaluation avec la municipalité.
Mme Bacon: Lac-Mégantic, 3 600 000 $ qui devient 5 000 000
$ et peut-être plus.
M. Ouellette: C'est terminé, cela.
Mme Bacon: Est-ce que le dossier est terminé? Il me semble
que, pour Lac-Mégantic...
M. Ouellette: Lac-Mégantic...
Mme Bacon: Est-ce qu'on a le montant final? (11 heures)
M. Ouellette:... est terminé, je vérifie le montant
final.
Le dernier chiffre concernant Lac-Mégantic est de 6 132 000
$.
Mme Bacon: C'est le double de ce qui avait été
prévu.
M. Ouellette: Oui, par rapport aux prévisions initiales,
à l'époque où on faisait des prévisions trop
sommaires qui ont été corrigées en 1981, c'est
effectivement près du double.
Mme Bacon: Le double. Pour Mont-Laurier, le montant initial
prévu était de 6 000 000 $, et il devient 11 500 000 $.
M. Ouellette: Dans le cas de Mont-Laurier, il y a eu un
changement du site de l'usine, ce qui a affecté l'interception, et il y
a eu l'ajout de déversement industriel, ce qui a eu pour effet
l'augmentation de l'usine. C'est responsable de 3 000 000 $ d'augmentation.
Mme Bacon: Cela, ce n'était pas prévu au
départ, au moment de l'estimation?
M. Ouellette: Au moment des études préparatoires on
ne considérait pas que cette usine s'ajouterait au réseau.
Mme Bacon: À Jonquière, le montant initial
prévu était de 20 000 000 $ et le montant final serait de 29 000
000 $.
M. Ouellette: On me signale que la convention a été
signée à 20 000 000 $. Les coûts prévus sont
maintenant de 29 000 000 $. Il y a eu, bien sûr, l'indexation et il y a
eu aussi des travaux additionnels. Je fais vérifier pour en
connaître la nature exacte.
Mme Bacon: À Val-d'Or, le montant initial était de
12 400 000 $, et cela deviendrait 18 000 000 $ comme montant final.
M. Ouellette: C'est cela. On a utilisé la marge de
manoeuvre de la convention pour pallier les difficultés au niveau de
l'interception, qui s'est avérée plus coûteuse que
prévue dans le cas de Val-d'Or.
Mme Bacon: À Notre-Dame-du-Lac, est-ce que les travaux
auraient été effectués avant la signature du protocole
d'entente?
M. Ouellette: Il y a une partie des travaux qui a
été effectuée dans le cadre du programme PAIRA, et ces
travaux ont été " rachetés par le programme
d'assainissement des eaux et complétés en vertu des
critères du programme d'assainissement et non plus de PAIRA.
Mme Bacon: Rachetés: pouvez-vous m'expliquer ce que c'est
exactement?
M. Ouellette: On sait que la nature des subventions est
différente entre PAIRA et le programme d'assainissement des eaux. PAIRA,
à cette époque, allait jusqu'à 75 % des coûts alors
que le programme d'assainissement des eaux allait jusqu'à 80 %, en
moyenne. L'opération de rachat consiste à reprendre en main le
dossier là où il est, à ajuster les subventions en
fonction du nouveau programme et à terminer ces travaux en fonction du
programme tel qu'il existait à ce moment.
Mme Bacon: Le ministre nous a parlé des estimations qui
avaient été faites en 1979 par rapport à celles de 1981.
Qu'est-ce qui nous dit que la nouvelle procédure qui a été
utilisée en 1981 est la meilleure, qu'on n'en trouvera pas une autre
à un moment donné qu'il faudra utiliser pour ajuster à
nouveau les estimations qui sont faites? Sur
quelles garanties peut-on se reposer pour dire: C'est final, c'est
terminé, la prodécure à suivre est celle de 1981.
M. Ouellette: Il faut bien comprendre que ce sont des travaux
d'envergure qui s'appuient sur la réalité du réseau
existant au moment où on fait les évaluations. Il faut dire qu'en
1978-1979 le programme commençait, les firmes
d'ingénieurs-conseils n'avaient pas tellement d'expérience dans
le domaine, donc elles étaient sujettes à des erreurs
d'évaluation plus fréquemment qu'aujourd'hui. Au fur et à
mesure qu'elles ont pris de l'expérience, bien sûr, leurs
évaluations sont beaucoup plus précises. Il n'en demeure pas
moins que des surprises sont toujours possibles parce qu'on travaille dans un
réseau existant. Il faut en faire l'inspection par méthode de
télévision souterraine. C'est au fur et à mesure qu'on a
pu sophistiquer nos méthodes de travail qu'on en est arrivé
à une évaluation beaucoup plus précise, ce qui
n'était pas le cas en 1978-1979. Il reste toujours des surprises
possibles, comme des déplacements d'interception ou encore des
déplacements de site d'usine, ce qui entraîne
nécessairement des modifications.
Mme Bacon: Je ne me rendrai pas jusqu'à quinze, M. le
Président.
M. Ouellette: Cela allait bien.
Le projet Archipel
Mme Bacon: Oui, oui, il y en a d'autres pour lesquelles cela
irait moins bien. J'aimerais mieux vous amener au dossier des rapides de
Lachine. J'aimerais savoir comment le ministre peut en. arriver à
concilier les intérêts divergents qui ont été
exprimés au cours des dernières semaines. Par exemple, la
Fédération québécoise de la faune estime que le
projet du parc métropolitain Archipel n'aura pas vraiment d'envergure
tant que Québec ne protégera pas intégralement les rapides
de Lachine. On estime que la conservation des rapides de Lachine doit
être primordiale et devrait, dans les faits, constituer le coeur
même du parc national. La fédération fait valoir que les
rapides constituent évidemment un habitat faunique et un site
écologique qui doivent être préservés dans toute
leur intégrité parce que cela constitue - c'est elle qui le dit -
le poumon du fleuve, qui est une source d'oxygénation des eaux
indispensable à la vie aquatique et à la digestion de centaines
de tonnes de polluants organiques qui sont rejetés par la CUM, la
banlieue.
Le ministre québécois de l'Énergie et des
Ressources affirmait le 26 avril dernier que les projets qui sont mis de
l'avant par
Hydro-Québec indiquaient que ces derniers n'endommageraient pas
l'environnement. Plus tard, il a quand même nuancé ces paroles en
disant que les plans d'Hydro-Québec ne causeraient pas de dommages
majeurs à l'environnement. La véritable opposition qui concerne
le volet hydroélectrique, c'est que les environnementalistes affirment
que de tels travaux détruiraient les rapides en plus de causer de
nombreux dommages à l'environnement. Eu égard aux sommes d'argent
importantes investies par le gouvernement dans les plans et devis ainsi que
dans des maquettes de toutes sortes, parce qu'on en a fait plusieurs, eu
égard aussi à la volonté de plusieurs groupes de citoyens
et de groupes d'environnementalistes de faire en sorte que soit
protégé l'environnement, eu égard enfin aux sommes
d'argent encore plus importantes pour la réalisation des projets, le
ministre de l'Environnement croit-il que ses efforts, tant en ressources
financières qu'en ressources techniques, réussiront à
faire valoir le point de vue de la protection de l'environnement?
M. Ouellette: M. le Président, quand on parle du projet
Archipel comme tel, et non pas du parc, on doit dire qu'il a fait l'objet
d'études abondantes depuis plusieurs années. On a
étudié, au Laboratoire d'hydraulique LaSalle notamment, plus
d'une vingtaine de versions possibles, les unes incluant le volet de la
production hydroélectrique, les autres ne l'incluant pas. Ce que je peux
dire à ce stade-ci, c'est qu'aucun des travaux ne sera amorcé
sans que les études d'impact préalables soient rendu publiques et
qu'elles aient fait l'objet d'audiences publiques. Quant à savoir si
l'un ou l'autre des volets étudiés sera retenu par rapport aux
autres, il est trop tôt pour se prononcer.
Je me reporte à la déclaration du premier ministre, M.
Lévesque, au moment du lancement du projet de parc Archipel, à
savoir qu'il n'était pas question de mettre en péril l'existence
des rapides de Lachine. M. Lévesque, comme moi-même, sommes
convaincus de la nécessité de maintenir les rapides de Lachine
parce qu'ils constituent une source de dépoilution naturelle très
importante. Il serait fort regrettable qu'on vienne affecter les rapides de
Lachine, non seulement pour des raisons environnementales, mais aussi pour des
raisons touristiques, parce qu'on sait qu'ils sont de plus en plus
exploités et qu'ils représentent un élément
très important pour la région de Montréal. C'est donc dire
que, dans la pire des hypothèses, si le promoteur voulait
développer le volet hydroélectrique au détriment des
rapides de Lachine, il aurait à se heurter non seulement à
l'opinion publique qui lui serait hostile, mais à celle du
ministère de l'Environnement et à plusieurs
de mes collègues autour de la table du Conseil des ministres.
Mme Bacon: Quand le ministre de l'Énergie affirme que cela
ne causerait pas de dommages majeurs, quelle est votre réaction?
M. Ouellette: Peut-être que le ministre a à l'esprit
l'un des volets à être retenus qui n'affecte pas les rapides de
Lachine. Il est bien certain que, si on retenait l'hypothèse 14a - je
cite de mémoire - il me semble que c'est cela, 14a - celle-ci aurait
pour effet de neutraliser complètement les rapides de Lachine et,
à ce moment, mon collègue ne pourrait pas soutenir une pareille
version des faits. Je ne sais pas quel volet ou quelle hypothèse il
avait à l'esprit à ce moment. Il faudrait vérifier
auprès de lui. En ce qui me concerne, je vais défendre
énergiquement toute intervention négative sur les rapides de
Lachine.
Mme Bacon: Et la protection intégrale des rapides.
M. Ouellette: Effectivement.
Mme Bacon: II doit y avoir des discussions entre le
ministère de l'Énergie et des Ressources et le ministère
de l'Environnement quant à ces projets qui pourraient être mis de
l'avant par HydroQuébec. Est-ce que vous avez des rencontres avant de
telles déclarations?
M. Ouellette: Les discussions se font au niveau d'un
comité interministériel regroupé sous le
Secrétariat - je pense que c'est le bon terme - Archipel et les
discussions ont lieu au niveau technique, en termes d'évaluation de
chacun des volets ou de chacune des hypothèses qui ont été
mis de l'avant. Comme il n'y a aucune décision politique ferme de prise,
les discussions n'ont pas encore été portées, de
façon définitive, au niveau strictement ministériel.
Mme Bacon: Est-ce qu'à ce niveau on peut discuter de
principes ou si cela ne se discute qu'au niveau ministériel? Il y a
toute la technique qu'on doit discuter qui est inhérente à cela.
Les principes mêmes sont-ils discutés autour de cette table ou si
on ne les retrouve qu'à des discussions qui ont eu lieu ou qui auront
lieu autour de la table du Conseil des ministres, par exemple?
M. Ouellette: En fait, je n'ai jamais eu le privilège
d'assister aux délibérations de ce comité, quoique le
ministère de l'Environnement y soit présent par ses
fonctionnaires. Je présume que les discussions portent autour des
propositions techniques qui sont faites par le promoteur. C'est à ce
moment que chacun des ministères, défendant ses
intérêts ou les intérêts de son domaine, porte les
discussions au niveau des principes. Il est bien sûr que le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche n'est pas
intéressé à voir les rapides de Lachine affectés
par quelque projet que ce soit. Il en va de même du ministère de
l'Environnement. On doit discuter autour de propositions très
techniques, mais cela fait surgir nécessairement des
considérations plus philosophiques ou encore de principe, qui sont
défendues par nos fonctionnaires respectifs.
Mme Bacon: Dans ce cas, à qui reviendrait la
décision finale par rapport aux grands principes qui doivent être
respectés?
M. Ouellette: De ces discussions va surgir, j'imagine, sinon un
consensus, à tout le moins un projet qui sera déposé au
Conseil des ministres ou au COMPA, notamment au comité
ministériel du développement régional. Et c'est à
ce niveau que les politiciens feront valoir leur point de vue, s'opposeront ou
endosseront le projet tel que proposé, selon que les enjeux concernant
le ministère de l'Environnement et le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche seront protégés ou non.
Mme Bacon: Est-ce qu'on doit prendre la réponse du
ministre dans le sens que la décision qui sera prise le sera à la
majorité des membres de ce comité interministériel, ou
devra-t-elle être unanime?
M. Ouellette: En fait, le COMPADR va se prononcer favorablement
ou défavorablement au projet qui lui sera présenté. Ce
dossier sera appelé à cheminer. Entre-temps, il devra y avoir
dépôt d'études d'impact et audiences publiques, dans lequel
cas le Bureau d'audiences publiques remettra au ministre de l'Environnement un
rapport qu'il utilisera pour déposer un projet de décret au
Conseil des ministres qui recommandera ou rejettera l'idée de ce projet
mis de l'avant par le promoteur.
Mme Bacon: Dans le cas où, sur le plan de l'environnement,
cela serait insatisfaisant pour le ministre de l'Environnement, quel est le
recours que celui-ci peut avoir à ce moment s'il ne peut pas être
d'accord avec des décisions qui seraient prises et qui ne respecteraient
pas l'environnement? {11 h 15)
M. Ouellette: En dernier moment de processus, c'est l'arbitrage
du Conseil des ministres qui fait que la décision est retenue,
rejetée ou retenue avec modifications, avec mesures de compensation,
etc. Alors, l'arbitrage final, c'est celui du Conseil des ministres à la
suite du dépôt du décret ou du projet de décret qui
est fait
par le ministre de l'Environnement.
Mme Bacon: D'après une recherche de FAPEL, la
Fédération des associations pour la protection de l'environnement
des lacs, des déversements clandestins de boues de fosses septiques sont
pratique courante au Québec. On aurait recensé que le
Québec n'a que 59 sites de disposition dûment autorisés
à recevoir les quelque 75 000 000 de gallons de boues de fosses
septiques qui sont produites chaque année par les 450 000 habitants qui
ne sont pas reliés aux réseaux d'égouts municipaux. Il
s'avère que, deux ans après avoir promulgué son
règlement, Québec définit des normes qui vont régir
l'octroi des permis accordés aux entrepreneurs en service sanitaire.
Depuis cette date, soit en août 1981, il y a 19 sites de disposition pour
boues de fosses septiques qui ont vu le jour à travers la province, mais
89 % de ce nombre ne répondraient pas aux normes contenues dans la
directive ministérielle. Est-ce que le ministre pourrait confirmer de
tels faits et nous dire en quoi ces 19 sites de disposition, dont 89 % ne
répondent pas aux normes contenues dans la fameuse directive, ne
répondaient pas à ces normes? Aussi, est-ce que le
ministère a fait enquête? Est-ce que les appréhensions de
FAPEL sont fondées? Dans quel délai le ministère
agira-t-il pour corriger la situation, si une telle situation existe?
M. Ouellette: M. le Président, il est vrai que le
Québec dispose de 59 sites d'enfouissement des boues de fosses
septiques. Quant aux 19 sites que la FAPEL juge non conformes, nous sommes
à procéder actuellement à l'analyse pour vérifier
la véracité ou non de ces affirmations et détecter, si
c'est le cas, les causes de leur non-conformité. Tout cela nous situe
dans la politique qu'on est en train de mettre de l'avant pour éliminer
ces boues de fosses septiques par différents procédés qui
peuvent être la déshydratation, le lagunage, le compostage, la
stabilisation biologique ou chimique, l'addition de certaines usines ou
stations municipales qui seraient conçues de façon à
recevoir ces boues de fosses septiques. Nous sommes à élaborer
toute cette politique pour mettre fin aux déversements dont on parlait
tout à l'heure. Nous sommes conscients qu'ils existent et il faut y
mettre fin dans les plus brefs délais, de façon que 1988 nous
permette d'offrir à toutes les régions du Québec des
endroits appropriés pour éliminer ces boues de fosses septiques
de façon à protéger nos cours d'eau.
Mme Bacon: Est-ce qu'il y a un échéancier de
travail qui a été établi - d'abord il a dû y avoir
enquête et l'évaluation de la situation actuelle - pour apporter
des correctifs? Jusqu'où on va aller? Vous parlez de 1988?
M- Ouellette: En ce qui concerne la vérification de
l'affirmation à savoir que 89 % des 19 sites ne seraient pas
appropriés, c'est au cours du printemps et du début de
l'été qu'on procédera à la vérification.
Quant à la mise en place de l'ensemble de la politique, il faut à
tout prix qu'elle soit réalisée avant la fin de 1988 pour
correspondre à la mise en marche de la quasi-totalité des usines
d'épuration, en tout cas les plus importantes. Nous faisons cela en
parallèle parce qu'il y a une cohérence: À quoi
servirait-il d'épurer les eaux usées municipales si on continue
de polluer nos cours d'eau à partir des fosses septiques? Donc, on veut
que le tout coïncide pour la fin de 1988, de façon que la
cohérence soit totale.
Mme Bacon: Avant que FAPEL dénonce cette situation, est-ce
que le ministère était au courant que cela se faisait? Est-ce que
le ministère avait déjà des connaissances de la
situation?
M. Oueliette: Oui, nous savons par nos directions
régionales que certaines régions et sous-régions sont
déficitaires quant à la disposition de ces lieux
d'élimination des boues de fosses septiques, et c'est pourquoi nous
sommes au travail sur ce sujet depuis déjà deux ans, pour nous
assurer qu'on puisse correspondre à l'échéancier de 1988.
Nous sommes en négociation, d'ailleurs, avec un certain nombre de
municipalités pour les amener à considérer la
possibilité de concevoir leurs usines de traitement d'eaux usées
municipales en fonction de recevoir ces boues, dans certains cas.
Mme Bacon: Le ministre me dit qu'on était au courant que
c'était déficitaire comme site, mais est-ce qu'on savait qu'il y
avait des déversements clandestins qui se faisaient à ce
moment-là?
M. Ouellette: Forcément, parce que... Mme Bacon: Du
déficit des sites.
M. Ouellette:... dès qu'on sait qu'on n'a pas le nombre
suffisant de sites et que souvent il est mal réparti par région,
par simple déduction, on peut en conclure que certains transporteurs
agissent dans l'illégalité. Mais, ce qui importe, je pense, c'est
de s'équiper pour que cela cesse dans les plus brefs délais.
Mme Bacon: La ville de Granby a demandé une aide
financière pour l'implantation d'une usine pilote comme les deux autres
que vous aviez mises de l'avant.
Cette aide financière a été refusée par le
premier ministre quand il a été à Granby, le 26 mars
dernier. Je pense qu'il accordait alors une entrevue au journal La Voix de
l'Est. Le conseil municipal de Granby a estimé que, si les producteurs
avaient injecté leur purin dans le sol, l'été dernier,
comme cela se fait déjà en Ontario, il n'y aurait pas eu de
prolifération d'algues dans la rivière, donc pas d'eau à
l'odeur ou au goût douteux pour les gens de la ville. Le conseil
municipal aurait même fait parvenir des résolutions en ce sens au
ministère de l'Environnement, qui a fait parvenir des accusés de
réception. On sait que la municipalité a réclamé
assez fortement une intervention du gouvernement pour mettre fin au
déversement du purin dans la Yamaska. Le premier ministre avait
indiqué que son gouvernement ne ferait rien de plus avant de
connaître les expériences qui étaient menées par les
deux usines pilote. Le ministère de l'Environnement, de son
côté, étudiait la possibilité de transporter, au
plus bas coût possible, le purin de porc, de le transformer pour en faire
de l'engrais. J'aimerais savoir si les allégations du conseil municipal
de Granby sont fondées, à savoir que le ministère de
l'Environnement se serait contenté d'accuser réception de ses
demandes.
M. Ouellette: J'aimerais avoir une précision. Est-ce que
l'aide financière à laquelle vous vous référez
porte sur un projet pilote de traitement des eaux de consommation ou sur les
méthodes pour modifier le comportement des agriculteurs dans la
région?
Mme Bacon: Non, c'était une usine pilote telle que les
deux que vous mettez de l'avant, si je me base sur les demandes qui ont
été faites et qu'on retrouve dans la Voix de l'Est.
M. Ouellette: Je vais vérifier parce que je sais de la
bouche même de M. le maire de Granby que sa demande portait sur une usine
de filtration. À ce moment, je l'ai référé au
ministère des Affaires municipales qui dispose d'un PAIRA modifié
qui peut être susceptible de l'aider. Mais, en ce qui concerne le
traitement du lisier de porc, avant de multiplier les expériences, on
veut conduire à terme les deux usines qui sont en voie de
réalisation. Autrement dit, il nous paraîtrait illusoire de
multiplier des usines qui n'ont pas encore prouvé leur
efficacité. Entre temps, bien sûr, on resserre nos contrôles
sur l'entreposage du purin et sur les méthodes de gestion pour
éviter qu'il ne se retrouve dans les cours d'eau.
Mme Bacon: C'était ce genre d'usine pilote qu'on voulait
à Granby; parce que le premier ministre disait: On en a deux, on ne peut
pas commencer à en faire cinquante. C'était un peu sa
réponse. On va commencer à en faire deux et on verra
après. C'était ce genre d'usine qu'on demandait à
Granby.
Est-ce que le ministère est allé plus loin dans ses
réponses à la ville ou s'il n'a fait qu'accuser réception
des demandes?
M. Ouellette: Je vais vérifier, parce que je n'ai aucune
indication qu'une telle demande nous ait été faite par la
municipalité. La demande dont j'ai eu connaissance portait sur le
traitement des eaux usées de consommation et non pas sur...
Mme Bacon: Est-ce que la demande... M. Ouellette:... le
purin.
Mme Bacon:... n'aurait pas été faite verbalement
par le groupe devant le premier ministre quand il a été
présent?
M. Ouellette: C'est possible, je vais vérifier.
Mme Bacon: Est-ce que l'étude des coûts de transport
de purin de porc est terminée? Est-ce qu'on a fait des études de
coût de transport? Est-ce que le 'ministre pourrait nous déposer
un rapport ou peut-être un état de la situation sur ce
dossier?
M. Ouellette: Nous avons fait, avec le ministère de
l'Agriculture, un certain nombre d'études à partir de
scénarios sur les coûts de disposition des purins. On sait ce que
coûte très exactement l'épandage des purins pour le
producteur qui les épand sur sa propre terre. Nous savons
également les coûts de transport par kilomètre, au fur et
à mesure qu'on s'éloigne du producteur, et nous pourrons vous
déposer ces données dans les plus brefs délais. De toute
façon le rapport qui porte sur ce sujet est déjà
public.
Assainissement de l'air
Mme Bacon: Ma prochaine question concernera l'assainissement de
l'air et, plus précisément, la pollution émise par
certaines compagnies dont celle de la ville de Saint-Pierre - je ne sais pas
comment on prononce le nom - Anachemia Canada Inc. Il paraît que la
compagnie Les enchères d'automobiles Montréat Ltée a
communiqué avec cette compagnie de la ville de Saint-Pierre pour lui
faire part des odeurs chimiques dangereuses qu'elle émettait.
D'autres plaintes sont parvenues par le biais des travailleurs, è
savoir que cette compagnie dégage des odeurs et des acides nocives pour
la santé physique et mentale de la population environnante. Là
aussi, ce qu'on nous dit, c'est que le ministère de
l'Environnement n'aurait répondu que par un accusé de
réception. De son côté, la direction régionale de
Montréal du ministère de l'Environnement, qui accusait
réception le 15 avril dernier, a reporté le cas à la
Communauté urbaine de Montréal dont la responsabilité
consiste à analyser les plaintes et à corriger la situation dans
les questions reliées à la contamination de l'air sur son
territoire.
À ce jour, le dossier ne semble toujours pas réglé.
Je demanderais au ministre de nous dire de quelle façon il assure le
suivi du dossier avec la Communauté urbaine de Montréal et de
nous faire part des plus récents développements dans ce
dossier.
M. Ouellette: Sans entrer dans les détails, à moins
que je n'aie des informations additionnelles, j'aimerais rappeler que
l'assainissement de l'air sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal relève de cette dernière, ce qui n'exclut pas
qu'il y ait des contacts avec la direction régionale du ministère
de l'Environnement, à Montréal. Mais le premier gestionnaire de
cette réglementation, c'est la communauté urbaine
elle-même.
Mme Bacon: Est-ce qu'il y a quand même des normes à
être respectées par la compagnie et des mesures de
prévention dont le contrôle est sûrement assumé, en
partie, par le ministère de l'Environnement? Est-ce que des rencontres
ont été faites avec les dirigeants de cette compagnie? Parce
qu'on nous dit que le produit déversé dans le drain - ce qu'on
appelle toluène, je pense - c'est un produit utilisé dans la
fabrication de colle contact. Il a comme caractéristique de causer des
maux de tête aux employés, en plus du fait qu'il y a des
émanations inflammables, ce qui laisse présager qu'un accident
risque de survenir n'importe quand.
Il paraît que de telles émanations peuvent avoir des
incidences sur la santé des femmes en ce qu'elles peuvent devenir
stériles. C'est peut-être un autre détail technique,
l'intoxication chronique à la suite du déversement de
toluène s'accompagnerait de signes comme l'apparence de la fatigue, de
la nervosité, de l'insomnie, et j'en passe. Est-ce qu'il n'y a pas des
normes qui devraient être respectées et qui devraient être
revues entre le ministère de l'Environnement et cette compagnie, si cela
n'a pas été fait?
M. Ouellette: Comme je le disais tout è l'heure, la
réglementation appliquée par la Communauté urbaine de
Montréal, c'est la réglementation du Québec en
général, avec certaines modifications que la communauté a
pu apporter. En ce qui regarde l'intérieur de l'usine, c'est une
responsabilité qui relève de la Commission de la santé et
de la sécurité du travail qui s'occupe de l'air ambiant à
l'intérieur des usines ou des manufactures.
Mme Bacon: II n'y a pas moyen que le ministre de l'Environnement
aille voir un tel dossier, par le biais de sa direction régionale?
M. Ouellette: C'est un peu comme le cas de la CUM. Il est
toujours possible que le ministère de l'Environnement supervise ou
vérifie si la responsabilité dévolue tantôt è
la CUM ou tantôt è la CSST est bel et bien
respectée. Mais, il n'en demeure pas moins que les premiers responsables
du respect des normes sont, quant à l'extérieur, la
Communauté urbaine et, quant à l'intérieur, la CSST. Il ne
faut pas non plus provoquer d'empiétement de juridiction, si ce n'est
que de s'assurer que ces deux organismes font bien leur travail.
Mme Bacon: Mais, est-ce qu'il est possible, dans ce cas, de le
faire au niveau du ministère de l'Environnement? (11 h 30)
M. Ouellette: Oui, on les rencontre régulièrement,
pour s'assurer que les responsabilités qui nous sont dévolues de
façon réciproque sont bel et bien respectées.
Règlement-cadre
Mme Bacon: Dans un autre domaine, le ministre de l'Environnement
a reçu une lettre encore de la FAPEL, signée par M. Benoît
Roy et reproduite dans le Soleil le 20 avril 1985, à propos des travaux
d'édification des digues en bordure du Richelieu à
Sainte-Anne-de-Sabrevois. On allègue dans cette lettre que les travaux
affectent la rive et la plaine d'inondation de la rivière Richelieu. Ils
sont effectués dans un secteur important pour la sauvagine, le rat
musqué et plusieurs espèces de poissons qui fraient dans les
plaines d'inondation. Selon la FAPEL, il s'agit clairement d'un désastre
écologique. La FAPEL demande comment le ministère de
l'Environnement peut protéger les rives et le littoral des lacs et des
cours d'eau sans un règlement-cadre. Le ministre. est-il en mesure de
répondre à cette question?
M. Ouellette: Dans le cas de Sainte-Anne-de-Sabrevois, M. le
Président, ces travaux ont été réalisés ou
planifiés avec la collaboration de l'UPA, du ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche et des fonctionnaires du ministère de
l'Environnement. Ces derniers ont pris part aux discussions.
Quant au règlement-cadre, il est actuellement en discussion au
COMPADR et il fonctionne en parallèle avec l'éventuel
règlement sur la protection des habitats fauniques. J'ose espérer
que, d'ici quelques
mois, nous pourrons déposer une politique globale qui donnera
satisfaction à tous. Les MRC seront impliquées dans cette
réglementation, puisqu'on travaille sur leur territoire, le
ministère de l'Environnement étant responsable du milieu hydrique
et le MLCP devant profiter du milieu hydrique pour favoriser le
développement de la faune, tous ces gens étant actuellement en
discussion, j'ose espérer qu'on pourra déposer rapidement la
politique globale, aussi bien l'encadrement que la protection des habitats
fauniques.
Mme Bacon: Y a-t-il des échéanciers de travail de
prévus?
M. Ouellette: En fait, nous avons des rencontres
régulières, mais il est toujours difficile de prévoir
exactement les échéanciers, compte tenu de la
variété et de la complexité du sujet lui-même.
Mme Bacon: Quel est le pouvoir, dans un cas comme
celui-là, du ministère de l'Environnement dans un dossier? Il y a
eu des travaux d'aménagement de ces digues qui ont été
faits en accord avec les MRC du Haut-Richelieu, par exemple; est-ce que le
ministère de l'Environnement peut intervenir?
M. Ouellette: Dès qu'il y a empiétement, oui, le
ministère de l'Environnement peut intervenir. Cela va de soi. Il y a
aussi l'ampleur des travaux qui peut nécessiter, dans certains cas, une
étude d'impact et des audiences publiques, enfin, tout le processus
prévu à la Loi sur la qualité de l'environnement.
Il faut aussi mentionner que la loi nous donne la juridiction sur le
territoire couvert par la limite des hautes eaux. Lorsqu'on sort de ce
territoire, on tombe dans le domaine privé et la loi ne s'applique plus
puisqu'il ne s'agit pas là d'empiétement.
Mme Bacon: En fait, la Loi sur le régime des eaux et la
Loi sur la qualité de l'environnement vous permettent d'agir.
M. Ouellette: Jusqu'à la ligne des hautes eaux,
effectivement.
Mme Bacon: Au chapitre des réalisations en 1984-1985 qui
concernent les études du milieu aquatique, on mentionne le suivi des
répercussions environnementales du déversement des eaux
usées de la CUM. Ce suivi se concrétise par l'assistance
technique à la commission de surveillance de l'émissaire de
l'île aux Vaches. Plus récemment, la Cour supérieure a
refusé à un citoyen de Varennes la permission d'intenter un
recours collectif contre la Communauté urbaine de Montréal en
rapport avec le rejet sans traitement des eaux usées de son versant nord
dans le fleuve Saint-Laurent.
À ce stade-ci du dossier, j'ose espérer que le
ministère de l'Environnement ne considère pas ce refus
formulé par le tribunal comme étant vraiment une victoire pour
l'environnement. On sait, en effet, que le Conseil consultatif de
l'environnement ainsi qu'un rapport du ministère de l'Environnement
recommandaient au ministre de refuser à la CUM la permission de vidanger
ses rejets sans traitement dans le fleuve. J'aimerais savoir du
ministère de l'Environnement quelques détails sur le suivi de la
répercussion environnementale du déversement, c'est-à-dire
s'il existe des rapports d'étape ou des rapports d'étude sur le
sujet et s'il est en mesure de les déposer aux membres de la
commission.
M. Ouellette: La commission, formée de MM. Beaulne et
Kenniff, a déjà rendu public un rapport; elle s'apprête
à en rendre public un deuxième d'ici un mois, selon mes
informations. Ces rapports sont rendus publics et permettent aux gens de la
rive sud notamment, qui s'inquiétaient de cette décision de
permettre le déversement, qui s'inquiétaient des résultats
ou des effets négatifs, notamment sur leur prise d'eau potable... On
sait que le premier rapport avouait qu'il n'y avait eu aucun effet
négatif sur les prises d'eau et qu'on voulait prolonger les
études et le suivi environnemental pour être certain que, sous le
couvert de glace de cet hiver, on ne trouverait pas de surprise négative
additionnelle. Alors, j'attends avec-impatience ce deuxième rapport du
groupe Beaulne-Kenniff pour savoir si, après un an d'opération,
il y a des dégâts permanents qui sont créés par le
déversement de l'île aux Vaches.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre est en mesure de nous
préciser le coût de l'assistance technique à la commission
de surveillance de l'émissaire de l'île aux Vaches, tout au moins
les grandes lignes, les dépenses qui sont allouées à une
telle activité?
M. Ouellette: La commission a confié à une firme
privée une partie du suivi environnemental pour un montant de 200 000 $;
quant à la participation du ministère de l'Environnement,
évidemment, ce sont des fonctionnaires qui consacrent une partie de leur
temps à fournir l'expertise technique à la commission.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre est d'accord pour qu'un
tribunal refuse à des citoyens le recours collectif?
M. Ouellette: Vous savez, il serait assez délicat que je
me prononce sur le
verdict d'un tribunal. La justice est ce qu'elle est. J'ai
été élevé à me faire dire qu'il fallait
respecter les décisions des tribunaux. Je n'ai pas changé
là-dessus, malgré mon âge avancé.
Mme Bacon: J'ai d'autres questions qui concernent
l'assainissement et qui sont relatives à des dossiers peut-être un
peu plus précis.
Le 19 mars dernier, le ministre de l'Environnement a reçu une
requête de l'Association des puisatiers, qui demandait au ministre de
reconsidérer la réglementation qui affecte un secteur
d'activité précis, soit celui du forage de puits, qui est
continuellement en perte de vitesse à la suite de certaines
directives.
L'association estime qu'elle s'est vu imposer, la Commission de
contrôle du territoire agricole, la nouvelle réglementation du
ministre de l'Environnement régissant l'implantation d'une
résidence hors des services d'aqueduc et d'égout et mentionne
aussi les politiques incitatrices visant à reconquérir les
villes. L'association demande qu'il soit accordé une subvention à
ceux qui établiront leur résidence principale en dehors des
services, tout au moins un crédit d'impôt du même ordre que
celui que les citadins ont pour implanter leurs services. L'autre choix qui
était proposé, ce serait de cesser toute subvention aux
municipalités, de laisser à chaque citoyen le choix de ses
installations.
Est-ce que le ministre a pris position dans ce dossier ou si, tout
simplement, il a accusé réception de cette lettre?
M. Ouellette: Je n'ai pas pris position parce que, quant à
moi, c'est un domaine qui relève du ministère des Affaires
municipales, c'est lui qui subventionne, notamment par le PAIRA, l'implantation
de réseaux d'aqueduc dans les municipalités. En ce qui concerne
les exigences reliées à la grandeur des terrains pour permettre
la construction, je les ai endossées; je suis de ceux qui croient qu'il
est souhaitable qu'on fasse de la prévention en exigeant 32 000 ou 35
000 pieds carrés de terrain pour permettre, après quelques
années, le déplacement des fosses septiques et des champs
d'épuration souterrains sans pour autant affecter la qualité de
l'eau potable.
Mais en ce qui regarde d'éventuelles subventions à ceux
qui se construisent à l'extérieur des réseaux et qui
doivent, pour ce faire, s'alimenter en eau souterraine, je pense que c'est un
domaine qui relève du ministère des Affaires municipales.
Mme Bacon: Si on parlait un peu de la stabilisation des berges du
lac Saint-Jean, il semble que les intérêts se précisent de
plus en plus. Un hebdomadaire, qui s'appelle le Réveil, faisait
état d'une lettre qui aurait été adressée en date
du 25 mars à tous les ministres du gouvernement. Cette lettre stipulait
que la multinationale désirait l'entière responsabilité
sur le contrôle des eaux du lac Saint-Jean et de ses affluents sans quoi
l'avenir de l'entreprise, dans la région, serait sérieusement
compromis.
De leur côté, les deux tiers des riverains se sont
prononcés, dans le cadre d'un sondage mené par la firme SORECOM,
en faveur d'une cote qui se situerait entre 16 et 17. Ce sondage a
été réalisé auprès des 603 riverains et 203
autres personnes qui ont été choisies parmi la population en
général. Le sondage portait également sur le choix du
niveau minimum à retenir. Les opinions seraient partagées. Peu
importe la saison, plus de la moitié des répondants optent pour
un niveau minimum supérieur à 15, 5 pieds pendant qu'un autre
tiers se rangent derrière un niveau inférieur à 15 pieds.
Dans une proportion de 9 sur 10, les riverains croient en la possibilité
d'en arriver à un compromis entre la production de l'énergie
électrique, d'une part, et leurs besoins, d'autre part. 76 % des
riverains admettent, cependant, l'importance du niveau du lac pour la
production de l'aluminium et 66 % estiment que la production de
l'énergie est essentielle à l'économie régionale.
Cependant, quand on demande à la population à quoi on devrait
d'abord penser pour choisir un niveau du lac, c'est dans une proportion de 85 %
que les riverains privilégient la protection de l'environnement et la
protection des propriétés.
J'aimerais donc demander au ministre, d'abord, s'il a pris connaissance
de ce sondage, ce qu'il pense de la mise au point faite par la multinationale
et comment il entend solutionner un tel dossier en dépit du fait que les
audiences viennent de se terminer et que le rapport n'ait émis,
jusqu'à maintenant, aucun commentaire. Tout au plus, j'aimerais savoir
quels sont les paramètres qui guideront la décision du
ministère de l'Environnement dans ce dossier.
M. Ouellette: Je pense, M. le Président, qu'on est devant
un dossier merveilleux, en ce sens qu'il met à l'épreuve la
procédure des études d'impact et des audiences publiques. Bien
sûr que chacun des intervenants peut avoir une opinion et le sondage le
révèle d'ailleurs. La compagnie a ses intérêts et
les riverains ont les leurs. En fait, il y a une foule d'opinions qui ont
été énoncées, en particulier devant le Bureau
d'audiences publiques qui me remettra son rapport d'ici à quelques jours
à peine; la période de délai est sur le point de se
terminer.
J'ai demandé au ministère d'étudier, d'analyser les
sondages qui ont été effectués. Mais, en ce qui me
concerne, je n'émettrai
aucun avis tant et aussi longtemps que je n'aurai pas pris connaissance
du rapport du Bureau d'audiences publiques, puisque cela a été le
forum choisi par à peu près tous les gens
intéressés pour exprimer leur point de vue. Le Bureau d'audiences
a pu faire le point et me fera rapport. C'est à partir de ce rapport que
je me ferai une opinion précise afin de présenter au Conseil des
ministres un projet de décret qui respectera, je l'espère, la
volonté de la majorité dans ce dossier.
Mme Bacon: En fait, sans nous donner immédiatement son
avis avant d'avoir complété les lectures qu'il doit terminer,
est-ce que le ministre ne pourrait quand même pas nous dire quels sont
les paramètres qui peuvent guider sa décision, parce qu'il doit
déjà y en avoir? Cela doit exister?
M. Ouellette: Vous allez retrouver l'ensemble des
paramètres dans la directive qui a été émise
à l'endroit de la compagnie Alcan pour les fins de la réalisation
de son étude d'impact. Il y a plusieurs paramètres qui nous
intéressent et ils sont tous énoncés dans cette
directive.
Mme Bacon: Est-ce que ce sont les mêmes qui guideront la
décision du ministre?
M. Ouellette: En fait, l'étude d'impact a
été réalisée en conformité avec ces
paramètres et les discussions ont porté, devant le BAP, sur ces
paramètres. Ce sont donc les mêmes qui seront pris en
considération au moment où je rédigerai mon projet de
décret.
Le Président (M. Marquis): Là-dessus, la commission
suspend ses travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 11 h A5)
(Reprise à 11 h 50)
Le Président (M. Marquis): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux afin de
poursuivre l'étude des crédits budgétaires du
ministère de l'Environnement. Mme la députée de
Chomedey.
Mme Bacon: Merci, M. le Président. Une demande de
subvention de l'ordre de 5 000 000 $, répartis sur cinq ans à
raison de 1 000 000 $ par année, sur la recherche en milieu aquatique
serait parvenue au ministère de l'Environnement de la part de
l'Association pour la préservation du lac Magog. Cette subvention
servirait à créer un institut de recherche appliquée en
restauration aquatique, qu'on appelle IRA. On nous dit même que le
ministre aurait signé une pétition en faveur de la
création d'un tel institut. L'objectif des travaux serait, entre autres
choses, de valider le programme d'assainissement des eaux, d'une part, et
d'accélérer la restauration par une approche scientifique du
milieu aquatique, d'autre part. Le ministre pourrait-il nous confirmer qu'une
telle demande a été acheminée à son
ministère? A-t-il l'intention d'y répondre favorablement? Quels
sont les échéanciers de versements d'une telle subvention? S'il a
signé la pétition, il doit être d'accord.
M. Ouellette: Je suis certainement d'accord en principe. La
pétition est entrée hier au ministère; alors, on va la
regarder. Quant à ma signature de cette pétition, oui, je l'ai
fait, parce que je suis d'accord en principe. La prise en considération
de cette demande va se faire dans le cadre des colloques régionaux qui
font suite au rapport qui m'a été soumis par les douze personnes
de sciences sur l'avenir de la recherche dans le domaine de l'environnement au
Québec et le tout va se dérouler d'ici au mois de décembre
1985. C'est dans le cadre de cela qu'on prendra en considération cette
demande.
Mme Bacon: Le 6 décembre 1983, le ministre de
l'Environnement a signé un contrat de services professionnels pour
réaliser une étude d'avant-projet d'assainissement des eaux
usées dans les municipalités d'Iberville, Saint-Jean et Saint-Luc
avec Enviraqua Inc., une entreprise de Saint-Hyacinthe. Ce contrat
prévoyait une rémunération qui ne pouvait pas
excéder 195 000 $. En vertu du contrat, le contractuel ne pouvait
divulguer à un tiers, en l'occurrence les villes que je viens de
mentionner, aucune information recueillie dans le cadre de ce projet. Une
lettre qui a été signée par le sous-ministre, M.
Lamontagne, le 21 mars dernier, signifie à l'entreprise sa vive
déception et, malgré la clause dudit contrat, des informations
auraient été préparées à l'intention de la
ville de Saint-Luc. Les documents consistaient en la production de plans et
autres informations qui concernent l'objet du contrat devant être fourni
au ministère et à la clientèle de l'assainissement urbain.
Est-ce qu'une partie des honoraires a été payée à
M. Réal D'Anjou, qui est ingénieur chez Enviraqua?
M. Ouellette: M. le Président, dans le dossier dont on
nous parle, un contrat a bel et bien été affecté ou
signé avec la firme dont M. Réal D'Anjou fait partie. Ce contrat
a été retiré à cette firme parce qu'il portait sur
deux éléments principaux: l'interception et l'épuration.
Nous nous sommes rendu
compte, d'abord, qu'il y avait des délais très
étalés dans le temps et que, deuxièmement, une partie
très importante du contrat, en termes d'argent, avait été
dépensée, alors qu'on n'avait travaillé que sur
l'interception. On a donc choisi de retirer le contrat à cette firme
parce qu'il était évident qu'elle ne pourrait pas réaliser
l'ensemble de la commande à l'intérieur de la somme d'argent
allouée par ce contrat.
Quant à savoir si une partie de cet argent lui a
été versée, nous vérifions. Nous sommes à
évaluer les travaux qui ont été réalisés
pour verser la somme d'argent en équité par rapport aux travaux
qui avaient été commandés à l'intérieur de
ce montant d'argent.
Mme Bacon: M. le Président, l'équité, c'est
de quel ordre sur les 195 000 $?
M. Ouellette: C'est une évaluation à faire entre
les travaux réalisés et ceux qui ne le sont pas. Si elle a
réalisé 70 % des travaux, elle recevra 70 % du montant
prévu au contrat. On est en train de faire cette évaluation.
Mme Bacon: Est-ce qu'il y a déjà eu des paiements
dans ce dossier en cours de travaux?
M. Ouellette: II y a déjà des paiements qui ont
été effectués, mais je n'ai pas les montants. On pourra
vous les fournir.
Mme Bacon: Est-ce que vous pourrez me les fournir?
M. Ouellette: Oui.
Mme Bacon: Je reviens sur les informations que j'ai,
c'est-à-dire que des informations auraient été
préparées à l'intention de la ville de Saint-Luc. Est-ce
que cela a été vérifié? Dans le contrat, on demande
de ne pas le faire.
M. Ouellette: Étant donné que c'est un contrat qui
est passé entre le ministère de l'Environnement et une firme,
bien sûr, les résultats doivent appartenir au ministère de
l'Environnement. Nous avons eu l'information que certaines de ces informations
auraient été fournies à la municipalité, ce qui est
contraire à l'esprit du contrat qu'on avait passé avec cette
firme. Nous sommes également" à vérifier ces dires.
Mme Bacon: Si le ministère constate qu'il y a eu
irrégularité, est-ce qu'on va demander un remboursement des
sommes qui ont été versées dans le contrat?
M. Ouellette: On me signale que non puique les versements que
nous effectuerons auprès de ce contractant le seront en tenant compte de
ce fait, s'il est vérifié.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre pourrait nous fournir les
sommes qui ont déjà été payées?
M. Ouellette: Aussitôt que j'aurai ces données, je
vous les transmettrai avec plaisir.
Mme Bacon: Le ministère avait signé ce contrat le 6
décembre 1983. Quel a été le délai avant de
connaître les irrégularités et de prendre action, entre la
date où le contrat a été signé et le moment
où on a pris connaissance des irrégularités?
M. Ouellette: La lettre avisant du retrait du contrat aurait
été signifiée en mars 1985. Le sous-ministre responsable
de l'assainissement avait été mis au courant quelques semaines
plus tôt. Il a donc procédé à des
vérifications qui l'ont amené à émettre cette
lettre. On pourra vous donner plus de détails en regardant de plus
près ce dossier, mais la date dont je dispose est mars 1985 quant
à l'avis et il aura fallu quelques semaines de vérification avant
d'en venir à prendre cette décision.
Mme Bacon: Quel est le délai entre le moment où le
ministère a été averti et la lettre dont vous parlez, qui
a été envoyée en mars 1985?
M. Ouellette: Le sous-ministre a pris deux semaines à
faire l'évaluation. Donc, entre le moment où il a
été mis au courant de ce fait et le moment où il a pris la
décision de retirer le contrat, il se serait écoulé deux
semaines avec, bien sûr, les analyses juridiques nécessaires en
pareil cas. (12 heures)
Mme Bacon: Est-ce qu'il va y avoir poursuite ou si on va tout
simplement laisser le dossier tel quel?
M. Ouellette: Le contentieux a en main le dossier et c'est lui
qui me conseillera.
Mme Bacon: Si on reste dans le dossier agricole, M. le
Président, les députés du SaguenayLac-Saint-Jean ont
reçu une lettre en date du 15 avril qui était signée par
le secrétaire du syndicat de l'UPA, lettre dans laquelle on faisait
état de revendications qui provenaient des agriculteurs face à
certaines exigences du ministère de l'Environnement, que le
ministère leur impose pour se conformer aux normes de
dépollution. Les producteurs agricoles de Saint-Bruno, Alma,
Hébertville-Statton, Notre-Dame-d'Hébertville, Larouche
éprouvaient des difficultés sérieuses quant au financement
des activités qui étaient reliées à la construction
et à
l'entretien des matériaux nécessaires pour répondre
aux normes du ministère.
Pour des motifs d'ordre essentiellement financier, sans que les
agriculteurs s'opposent à la protection de l'environnement, les membres
demandent au gouvernement que celui-ci leur accorde une aide financière
qui corresponde à 90 % du coût des travaux à
réaliser, afin d'être sur le même pied que les
municipalités. On compare souvent avec ce qui est donné aux
municipalités dans le cas de l'assainissement des eaux ou des
entreprises de différentes classes.
J'aimerais avoir l'opinion du ministre sur cette question et lui
demander ceci. Pour le travail de coordination qui est effectué avec le
ministre responsable de ce dossier-là, dans le cas où le
ministère de l'Agriculture, refuserait une aide financière
adéquate aux agriculteurs, est-ce que le ministre serait prêt
à faire pression auprès du Conseil du trésor ou du
ministre des Finances pour que lui soient accordées les sommes
nécessaires pour solutionner un problème pareil?
M. Ouellette: À ce sujet, M. le Président, j'ai
rencontré il y a quinze jours l'exécutif national de l'UPA et la
discussion a porté en bonne partie sur cette vision des choses qui est
reflétée par plusieurs organismes de l'UPA au niveau
régional. On sait que le ministère de l'Agriculture, avait
consenti à mettre sur pied un programme d'aide qui portait exclusivement
sur les plates-formes à fumier solide et que les revendications de l'UPA
allaient plus loin. Elle voulait y voir inclure des subventions pour les fosses
à purin. Sa demande était effectivement de l'ordre de, 90 % de
subventions parce que l'UPA avait tendance à comparer le problème
des producteurs avec le problème des eaux usées municipales.
Vous allez retrouver l'essentiel de ce qui s'est discuté dans la
"Terre de chez nous" de la semaine dernière, mais j'aimerais
préciser que j'ai fait montre d'une bonne ouverture d'esprit à
l'endroit de l'UPA en lui faisant réaliser que comparer le traitement
des eaux usées municipales avec celui des purins et fumiers des
producteurs, c'était un peu comparer des pommes avec des tomates, en ce
sens que ce n'est pas tout à fait le même problème. Elle a
alors rétorqué qu'il y avait peut-être une certaine
similitude entre le problème des agriculteurs-producteurs et celui des
industriels, ce qui a retenu mon attention parce que c'est ma conviction
personnelle.
On a donc convenu de faire le point sur les avantages que pouvaient en
retirer les entreprises au Québec, que ce soient les entreprises
papetières, par exemple, qui ont profité du programme de
modernisation qui couvrait une partie des dépenses reliées
à la protection de l'environnement, de même que les avantages que
peuvent en retirer les entreprises qui profitent en partie des réseaux
municipaux et, donc, des usines d'épuration municipales.
J'ai demandé à mes fonctionnaires de faire le point sur
cela pour qu'on puisse déterminer avec précision le
véritable argent qui revient aux entreprises industrielles et, à
partir de cela, on pourra entreprendre des discussions avec l'UPA pour en venir
à élaborer un programme d'aide qui soit affecté à
l'agriculture et qui soit comparable à celui de l'industrie. Quand on
aura toutes ces informations, je me suis engagé à en prendre
connaissance, à les étudier, à les discuter avec mes
fonctionnaires et, possiblement, à présenter un projet de
programme d'aide aux agriculteurs qui soit compatible avec celui de
l'industrie.
Mme Bacon: Et qui serait subventionné par le
ministère de l'Environnement?
M. Ouellette: Ou celui de l'Agriculture. Traditionnellement, on
laisse aux ministères sectoriels le soin des relations avec leur
clientèle. Je n'exclus pas que ce soit le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui puisse gérer
un tel programme, si jamais il devait faire l'objet d'une décision du
Conseil des ministres à ma demande.
Mme Bacon: Comment a réagi le ministre lorsque son
collègue de l'Agriculture, qui répondait à des
reproches... Vous savez bien que je vais vous en parler. Il disait que le souci
de protéger l'environnement relève du ministère de
l'Environnement. En fait, tout le dossier qui relève de la
compétence de l'environnement appartient au ministère de
l'Environnement. Il y a eu des rencontres quand même par la suite entre
le ministre de l'Agriculture, et les dirigeants de l'UPA, mais je ne crois pas
que cela ait résolu beaucoup la nature et l'ampleur des
mésententes concernant le secteur de l'environnement agricole. Je n'ai
jamais entendu le ministre de l'Environnement intervenir dans ce dossier, sauf
peut-être les rencontres dont il vient de nous parler et qui ne sont
quand même pas publiques. Comment réagit-il lorsqu'il voit son
collègue de l'Agriculture qui se soucie si peu de la délicate
mission qu'il a lui aussi de protéger l'environnement?
M. Ouellette: Vous n'aimerez peut-être pas ma
première réaction, c'est celle de regarder le programme du Parti
libéral qui suggère que les responsabilités de
l'environnement soient imparties aux ministères sectoriels. Je me dis:
Le rôle du ministre de l'Agriculture, c'est de protéger les
agriculteurs, c'est de voir à ce que l'agriculture se développe.
Le râle du ministre de l'Industrie et du Commerce, c'est
de voir à ce que l'industrie et le commerce se développent
et d'essayer de pallier certaines contraintes qui leur sont imposées,
notamment par le ministère de l'Environnement. Donc, mes
collègues font leurs devoirs et essaient de contrer certaines demandes
en provenance du ministère de l'Environnement, et je ne saurais leur en
vouloir.
On connaît la réaction de M. Garon qui s'est dit, un jour
pas si lointain, fatigué d'être à la fois le
défenseur et de se faire poignarder dans le dos... Que voulait-il dire
exactement? M. Garon, qui défend les agriculteurs, a essayé -
c'était son devoir de le faire, je pense - de contrer certaines
exigences mises de l'avant par le ministère de l'Environnement. Un jour,
il a décidé de dire à l'UPA: J'ai fini de jouer ce double
rôle ingrat et, désormais, vous devrez vous adresser au
ministère de l'Environnement pour ce qui a trait aux dossiers
environnementaux.
Ma réaction est toute simple. Je me dis: Le ministre de
l'Agriculture fait son devoir. Il faut donc que je fasse le mien et que je
négocie directement avec l'UPA, tel que le veut le ministre de
l'Agriculture, pour en venir à des ententes, ce qui a été
fait notamment dans le dossier de l'environnement agricole pour en venir
à modifier l'ancien règlement. Il a été mis
à l'essai d'ailleurs depuis un an. Il a créé certains
problèmes - on en convient -notamment à l'annexe F.
Ma réaction est fort simple, c'est de me dire: Je vais
négocier ou je vais discuter avec l'UPA pour répondre à
ses véritables besoins, pour faire en sorte que notre
réglementation soit réaliste, applicable et
"environnementalement" exigeante, tout en prévoyant, bien sûr, les
moyens d'aide technique et financière nécessaires pour lui
permettre de la respecter sans pour autant compromettre la rentabilité
des entreprises.
Ma réaction, devant le ministre de l'Agriculture, est toute
simple: Je suis d'accord avec lui. Je sais qu'il doit être le
défenseur des agriculteurs, mais, à ce moment-là, mon
rôle est souvent inverse et doit aller plus loin que ce que veut bien
accepter le ministre de l'Agriculture.
Mme Bacon: Je n'irai pas jusqu'à parler de volonté
politique d'un gouvernement, mais je vais revenir sur d'autres
déclarations qu'a faites aussi le ministre de l'Agriculture, en
décembre dernier, lorsqu'il déclarait que les levées de
boucliers observées et les initiatives d'écologistes, de groupes
environnementaux sont le fruit de personnes ou groupes qui voudraient garder le
Québec, s'ils le pouvaient, comme il était du temps d'avant
Jacques Cartier. Le plus cynique dans cette histoire, c'est que le ministre de
l'Agriculture ne cite que des dossiers relevant du ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche pour appuyer sa thèse voulant que,
dans d'autres pays, les États-Unis par exemple, on ait trouvé
moyen de concilier agriculture et aménagement.
Parmi les dossiers qui ont régulièrement fait l'objet de
l'actualité, je peux vous citer des travaux d'assèchement
réalisés dans un des marais salés de la Côte-Nord,
alors que les citoyens et les biologistes voulaient en faire une réserve
faunique. On se souviendra que le tiers du marais salé de
Pointe-aux-Outardes, dans la région de Baie-Comeau, a été
asséché l'année dernière pour permettre à un
cultivateur d'agrandir ses terres. À l'époque, les responsables
régionaux du ministère de l'Environnement, du MLCP et le maire de
Pointe-aux-Outardes ont déploré ensemble la destruction d'une
aire importante d'alimentation des oiseaux migrateurs. Si le projet de loi sur
la protection des habitats fauniques a été rédigé
avec la collaboration du ministère de l'Environnement, en quoi ce futur
projet de loi empêchera-t-il la réalisation des travaux d'une
telle nature, qu'ils soient à Pointe-aux-Outardes ou ailleurs au
Québec, parce qu'il y en a d'autres, j'en passe?
M. Ouellette: En fait, je pense qu'il est normal que le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche fasse front
commun avec le ministère de l'Environnement parce que nos
préoccupations sont absolument communes dans ce genre de dossier. Nous
avons à protéger l'environnement, mais on sait que
protéger l'environnement, pour le MLCP, cela signifie protéger
également la faune et la flore aquatique. Donc, nos
intérêts coïncident et nous avons toutes les raisons de la
terre de nous unir dans ce genre de dossier. Il faut donc en venir rapidement
à mettre en place une politique qui va viser la protection de ces terres
humides. Cela va se faire, bien sûr, au désagrément de
certaines pratiques, je dirais, ancestrales au Québec qui consistaient
à dire: Je suis chez moi, je fais ce que je veux.
Évidemment, il va falloir que cette politique protège
véritablement non seulement jusqu'à la limite des hautes eaux les
milieux hydriques, mais qu'on couvre également les terres humides. C'est
une lacune, actuellement, de la réglementation et même de la
législation au Québec. C'est pourquoi on travaille conjointement
avec le MLCP et même avec le ministère de l'Agriculture, parce que
c'est lui qui, dans bien des cas, sera visé. On veut en venir à
établir un consensus le plus rapidement possible pour protéger
l'ensemble de ces territoires essentiels au domaine biologique et au domaine
environnemental également.
Mme Bacon: Dans le même ordre
d'idées, j'aimerais peut-être citer des déclarations
de l'ancien ministre des Finances, qui nous a dit, en avril dernier: "Nous
sommes aux prises avec des problèmes de machine administrative qui sont
rendus à des degrés tels d'isolement qu'il faut corriger à
force de vouloir tout normaliser, à force d'essayer de déterminer
par des lois et des règlements le rôle de chacun. On a
monté des parodies dans le système public qui n'ont rien à
voir avec les intérêts politiques, mais plutôt avec l'Empire
Building. " Pour étayer ses thèses, l'ancien ministre des
Finances a cité l'affrontement quasi religieux entre les empires de
l'Environnement et de l'Agriculture, dont les batailles ne sont plus
d'intérêt public, n'ont pas de sens et ont bloqué trop de
choses depuis quelques années au Québec. J'aimerais
peut-être savoir du ministre de l'Environnement s'il considère que
son ministère s'est érigé en "empire", parce que son
ministère pourrait être compris dans l'Empire Building, si ce
n'est pas plutôt celui de l'Agriculture, qui a littéralement
écrasé d'autres ministères comme le sien, ainsi que celui
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, qui font fi souvent de toute
considération environnementale.
M. Ouellette: Je pense que si on parle d'Empire Building, il ne
faut pas l'attribuer à un ministère plutôt qu'à un
autre, mais à l'ensemble d'une machine gouvernementale qui est
gigantesque, non seulement au Québec, mais dans la plupart des grandes
provinces et des grands pays. C'est un fait que la machine gouvernementale est
lourde. À l'intérieur de ces machines, on retrouve des chasses
gardées, on retrouve des politiciens, des fonctionnaires qui
défendent leur juridiction, et c'est tout à fait normal, quant
à moi. Y a-t-il eu des gagnants et des perdants dans la lutte
environnementale qu'on mène depuis cinq ans? Dans certains
cas, il y a eu des gagnants, dans certains cas, il y a eu des perdants, mais je
dirais que, globalement, la pensée environnementale a cheminé,
non seulement dans la population en général, mais aussi chez les
différents responsables de ministères sectoriels. À
certains moments, il a fallu en venir à faire reculer les
prétentions de certains des ministères qui géraient des
biens d'une façon quasi ancestrale. Je ne pense pas que le
ministère de l'Environnement ait, à cet égard, une fiche
négative. Au contraire, on a fait avancer notre cause dans plusieurs
cas. Je pense qu'on est sur la voie d'une harmonisation et c'est par des lois
qu'on pourra concrétiser tout cela.
Mme Bacon: Vous parlez d'harmonisation, est-ce qu'on a
cherché quand même à pénétrer certains de ces
empires dans le domaine environnemental?
M. Ouellette: Oh oui! Par exemple, je vous donne juste un exemple
qui est vécu dans bien des municipalités. Je parlais tout
à l'heure de la difficulté qu'on avait à obtenir la
libéralisation de certains terrains zones verts par la Commission de
protection du territoire agricole pour y implanter les usines de traitement des
eaux usées. Chaque fois, c'est un combat qui s'engage ou, en tout cas,
c'est un plaidoyer qu'il faut faire devant la commission pour lui faire
comprendre que nous avons effectivement besoin, au détriment de
l'agriculture, c'est bien normal, de ces terrains pour procéder à
l'épuration des eaux usées municipales.
Alors, voilà une instance devant laquelle il faut se
présenter régulièrement pour obtenir une forme
d'empiétement sur le territoire agricole protégé. (12 h
15)
II en va de même dans beaucoup de secteurs. Lorsqu'on dit à
Noranda: Eh bien, mes chers amis, après dix-sept ans
d'hésitation, voici qu'en 1990, vous devrez mettre en marche une usine
d'acide sulfurique, nous sommes sans doute perçus comme étant des
enfonceurs, mais la santé publique et écologique le commandant,
la compagnie doit se plier à nos exigences. Il en va de même
devant certaines pratiques culturales; il en va de même devant certaines
pratiques municipales. Je rappelle qu'en 1818, il y avait un règlement
du Bas-Canada qui obligeait les municipalités à déverser
leurs déchets solides domestiques dans les cours d'eau, nulle part
ailleurs. -Environ 160 ans plus tard, c'est l'inverse que disent nos lois,
c'est-à-dire qu'on interdit cette vieille pratique qui remontait
probablement à l'époque française. Donc, là encore
l'Environnement a dû sortir ses griffes et persuader les gens que leurs
méthodes d'action n'étaient pas conformes à la protection
de l'environnement et on les a forcés à changer leurs habitudes.
Alors, on pourrait appliquer cela à peu près à toutes les
activités humaines. Dans chaque cas, il y a sinon des affrontements,
à tout le moins des discussions qui conduisent à un changement de
mentalité pour en venir à un changement de comportement. C'est ce
qu'on appelle le passage de la société de consommation presque
aveugle à une société de conservation rationnelle.
Mme Bacon: Y a-t-il possibilité pour le ministère
de l'Environnement de connaître l'expertise environnementale existante au
niveau de certains ministères?
M. Ouellette: Je m'excuse, je..
Mme Bacon: Y a-t-il possibilité pour le ministère
de l'Environnement de connaître l'expertise environnementale qui existe
dans
certains ministères avec lesquels il doit transiger assez
souvent?
M. Ouellette: Oui. Dans les principaux ministères
"promoteurs", entre guillemets, je pense au ministère de
l'Énergie et Ressources, au ministère des Transports, au
ministère de l'Agriculture, il y a des gens qui sont affectés
spécifiquement à l'environnement. Mais, sans
arrière-pensée, je vous rappellerai que ces gens-là,
même s'ils sont chargés d'élaborer des politiques
environnementales, sont toujours plus ou moins à la merci des
ministères promoteurs. C'est pourquoi je m'oppose à toute
idée de remettre à ces ministères la responsabilité
de l'application des normes.
Bien sûr, ils sont pour nous des défenseurs à
l'intérieur du ministère, mais je pense qu'il est essentiel que
le ministère de l'Environnement garde la maîtrise d'oeuvre
générale pour s'assurer que les ministères en question ou
les entreprises privées, c'est la même chose. Je pense à
Hydro-Québec qui est une entreprise publique qui a un personnel
très compétent au point de vue environnemental, mais je continue
à maintenir que le ministère de l'Environnement doit garder le
contrôle total sur l'action de ces ministères et de ces organismes
privés ou publics si nous voulons que nos objectifs environnementaux
soient réellement atteints et que notre environnement soit
réellement protégé.
Je pense à Alcan, à Reynolds, à Pechiney et autres
grandes compagnies qui ont aussi des divisions environnementales, mais ce sont
quand même des divisions au service de leurs employeurs et je ne suis pas
certain que dans tous les cas leurs préoccupations coïncident
nécessairement avec les nôtres.
Mme Bacon: II y a quatre ans, le Conseil consultatif de
l'environnement a suggéré que le ministre de l'Environnement
exige ou approuve les projets de dragage et d'endiguement du ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et que tout projet
soit soumis à des audiences publiques, que ce soient des projets de
construction de digues ou d'aboiteaux. Comment se fait-il qu'on n'ait pas
retenu une telle recommandation? Y a-t-il des exigences qui sont inconnues ou
est-ce qu'il y a d'autres raisons?
M. Ouellette: Je suis tout à fait d'accord avec cette
recommandation, mais malheureusement, la législation actuelle ne
prévoit pas que ce genre de travaux soit soumis aux études
d'impact. C'est pourquoi, dans le dossier du lac Saint-Pierre, par exemple,
après avoir eu de bonnes discussions au COMPADR et au Conseil des
ministres, on en est venus finalement à retenir une formule qui disait:
Nous autorisons le ministère de l'Agriculture à procéder
à une partie du projet, la partie qui est la moins
"environnementalement" dangereuse. C'est la même chose pour le MLCP.
L'une des conditions était spécifiquement que tous les autres
travaux à ajouter à ces deux éléments devraient
faire l'objet d'une étude d'impact et de consultation auprès du
public. Je pense que c'est une des belles victoires du ministère de
l'Environnement au cours de l'année 1984 que d'avoir obtenu du Conseil
des ministres une décision allant dans ce sens. Cela prépare
très bien le terrain pour une législation beaucoup plus globale
qui permettrait de soumettre aux études d'impact et aux audiences
publiques tous les travaux de cette nature qui échappent
malheureusement, actuellement, à la réglementation sur les
impacts.
Mme Bacon: Est-ce qu'il y a un avant-projet de loi qui est
prêt depuis déjà quatre ans, M. le ministre?
M. Ouellette: Enfin, tout cela, ça ne fait pas quatre ans.
La décision du gouvernement n'a pas un an...
Mme Bacon: La recommandation.
M. Ouellette:... encore. Tout ce problème est
étudié dans son ensemble...
Mme Bacon: Globalement.
M. Ouellette:... j'ai failli dire globalement.
Mme Bacon: Fantastique.
M. Ouellette: C'est peut-être pour cela que cela prend du
temps. Enfin, dans son ensemble...
Mme Bacon: Vous vous faites marquer des points, M. le
ministre.
M. Ouellette:... par le COMPADR, il va déboucher sur une
politique globale, mais avec une réglementation sectorielle.
Mme Bacon: Avant la fin du mandat, on va s'entendre.
Le prochain dossier...
M. Ouellette: Pensez-vous au printemps 1986 ou...
Mme Bacon: Non. Le plus tard, l'automne 1985.
M. Ouellette: Ah bon!
Mme Bacon: Le premier ministre est tellement incohérent
qu'on peut s'y attendre
même la semaine prochaine, on ne le sait pas!
Le prochain dossier...
M. Ouellette: Je ne pense pas.
Mme Bacon:... concerne la rivière Godefroy, au sujet d'un
remblayage qui est réalisé au détriment de la faune, selon
le président de la Commission d'étude et de recherche de la
Fédération québécoise de la faune.
Une lettre a été adressée au ministre de
l'Environnement; elle a été reproduite dans le journal Le
Nouvelliste, le 15 avril 1985. On mentionnait dans cette lettre que deux
promoteurs ont déversé au-delà de 2000 voyages de camion
de matériel d'excavation dans une frayère, amputant le territoire
de 25 000 mètres carrés. Ce remblayage, qui a été
fait sans autorisation des ministères concernés, a
été effectué entre les années 1978 et 1982 et avait
pour but la mise en place d'un développement domiciliaire avec vue sur
le fleuve. À l'époque, le sous-ministre de l'Environnement avait
exigé, le 31 novembre 1981, qu'aucun travail de remplissage ou autres ne
soit poursuivi. Malgré les menaces de poursuite en vertu de la Loi sur
la qualité de l'environnement, les promoteurs ont continué les
travaux de remplissage jusqu'en 1982. On y rapporte que des travaux de
déboisement auraient été également
effectués, qui ont perturbé un site fréquenté par
la sauvagine.
J'aimerais savoir s'il y a eu des poursuites à la suite de ces
travaux?
M. Ouellette: Une étude d'impact a été
exigée de la part du promoteur. Ensuite, il y a eu des audiences
publiques et un rapport du BAPE, qui recommandait de ne pas autoriser la
construction sur cette superficie volée littéralement au domaine
hydrique.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre considère que le cadre
réglementaire est suffisamment rigide pour empêcher, en fait, ce
qu'on peut appeler une catastrophe?
M. Ouellette: Oui. On peut stopper ce genre de travaux. C'est ce
qu'on a fait, d'ailleurs, au 31 novembre 1981, même si, semble-t-il, il y
aurait eu des déversements additionnels par la suite, durant le ou les
quelques mois qui ont suivi. Ce que nous sommes en mesure d'exiger en vertu de
notre réglementation, ce sont des mesures de mitigation. Il a fallu,
d'abord, évaluer si le fait d'exiger le déplacement de ce sol
versé dans le cours d'eau était plus dommageable ou moins
dommageable pour l'environnement. On en est venu à la conclusion que de
faire évacuer les lieux aurait été plus dommageable.
Alors, on en est à la phase d'exigence de mesures de mitigation pour
corriger, en partie, les dégâts qui ont été
causés par cette action absolument inqualifiable.
Mme Bacon: Est-ce qu'il y a des possibilités d'avoir des
suivis plus rigoureux pour empêcher que se reproduise une telle
situation?
M. Ouellette: Le ministère est très attentif
à ce qui se passe sur le territoire québécois. Mais, le
territoire étant tellement vaste, il ne lui est pas possible de tout
prévoir ou de tout voir, de façon instantanée, ce qui se
produit. C'est pourquoi on fait appel à la conscience des citoyens pour
avertir le ministère de l'Environnement aussitôt qu'ils sont
témoins de ces actions, pour que l'on puisse intervenir dans les plus
brefs délais et arrêter les travaux avant qu'il ne soit trop
tard.
Mme Bacon: Dans un autre dossier, on va peut-être revenir
dans les relations entre le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation et le ministère de l'Environnement.
Parmi les perspectives 1985-1986, le cahier explicatif des crédits
indique qu'il y aura un suivi de programme de recherche et de
développement sur le traitement des fumiers. J'aimerais savoir si ce
programme consiste à relier uniquement en fonction des deux usines
pilotes ou si d'autres aspects de recherche sont inclus dans ce programme.
J'aimerais également connaître la nature des relations qui
existent entre le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, les agriculteurs eux-mêmes et le ministère de
l'Environnement pour arriver à atteindre les objectifs qui sont
visés au départ.
M. Ouellette: Bien sûr, il y a le projet de mise en place
des deux usines expérimentales de traitement et de transformation du
purin de porc. Il y a aussi des études qui se font sur la gestion des
fumiers sous la surveillance du ministère de l'Environnement, bien
sûr, avec la collaboration des fonctionnaires du ministère de
l'Agriculture qui ont toute la compétence requise dans ce domaine.
J'entends par gestion des fumiers l'affectation des sols, la mise en place de
plans agronomiques de gestion. Il y aussi tout le volet de la lutte contre
l'érosion qui s'inscrit, en bonne partie, dans le projet Berges neuves,
mais qui se fait également avec la collaboration du ministère de
l'Agriculture.
Il y a la remise en question de certaines pratiques reliées au
programme Sol-Plus qui, dans certains cas, favorise l'érosion, tout en
favorisant l'assèchement des terres de façon hâtive, le
printemps, notamment à l'occasion des grandes pluies. Nous travaillons
conjointement avec le ministère de
l'Agriculture sur plusieurs méthodes, y compris une étude
plus approfondie sur les coûts de transport et d'utilisation des surplus
de purin et fumier à l'extérieur des bassins à forte
concentration. Je pense qu'on fait véritablement le cercle sur tous les
problèmes reliés à l'environnement agricole. Cela se fait
largement en collaboration avec le ministère de l'Agriculture qui
dispose de plusieurs compétences dans ce domaine.
Mme Bacon: Je ramènerai peut-être le ministre
à l'étude des engagements financiers au moment où on
discutait d'un contrat qui avait été alloué à
Lavalin sur l'étude d'utilisation du purin de porc. Est-ce que ces
sommes sont entièrement dépensées? Est-ce qu'on a
terminé l'étude? Est-ce que vous avez en main une copie ou si,
dans votre budget, il y a d'autres sommes qui sont allouées pour
1985-1986?
M. Ouellette: On va réaliser l'ensemble dans l'enveloppe
prévue initialement. En ce qui concerne la firme Lavalin, c'est la firme
à laquelle on a confié la confection des plans et devis qui sont
pratiquement terminés, me dit-on, et le tout s'est réalisé
à l'intérieur des montants prévus au moment de
l'étude des crédits.
Mme Bacon: Le programme 3, M. le Président.
Le Président (M. Marquis): Oui, Mme la
députée.
Gestion des milieux atmosphérique et
terrestre
Mme Bacon: J'aurais peut-être quelques questions sur la
ventilation des crédits. À la page 21 du cahier explicatif,
j'aimerais avoir une explication sur l'augmentation des autres
rémunérations qui passent de 606 000 $, en 1984-1985, à 1
231 000 $.
M. Ouellette: II s'agit de l'augmentation nette des
crédits à la supercatégorie Fonctionnement-personnel. Il
est l'effet, premièrement, de l'indexation et de la révision des
traitements pour 134 600 $, des crédits additionnels accordés
pour les activités de GERLED et l'application du règlement sur
les déchets dangereux pour 1 095 000 $, d'un réaménagement
des postes entre divers programmes, d'une compression liée aux
activités moins prioritaires, donc, une soustraction de 150 000 $ et
d'une compression additionnelle au niveau des occasionnels et du surtemps pour
48 000 $. C'est ce qui justifie cet écart de 606 000 $ à 1 231
300 $. (12 h 30)
Mme Bacon: Aussi, au chapitre des services, à la page 21,
est-ce qu'il y a des raisons spéciales pour l'augmentation de 1 100 000
$ à 1 800 000 $? Il y a 700 000 $ d'augmentation.
M. Ouellette: Cette augmentation est reliée aux
études que fait GERLED quant à la caractérisation des
lieux de catégorie 1 qui ont été découverts lors de
l'inspection générale de l'an dernier.
Mme Bacon: En ce qui a trait aux immobilisations, est-ce qu'il y
a des explications pour l'augmentation des crédits, qui passent de 295
000 $ à 455 000 $?
M. Ouellette: II s'agit d'un accroissement net du crédit
pour le projet de la ville de Mercier qui consiste à décontaminer
la nappe d'eau souterraine. On me signale qu'il y a aussi l'acquisition de
l'île Brion pour la création d'une réserve
écologique.
Le dossier des BPC
Mme Bacon: Ma prochaine question, évidemment, concernera
le dossier des BPC et les récents incidents relativement aux
épandages de BPC. On a eu des répercussions dans
différentes régions du Québec. On nous annonce encore
aujourd'hui, dans d'autres régions, d'autres problèmes, par
exemple à Dorchester. À Rimouski, un entrepreneur en construction
de cette ville dit avoir personnellement dénombré dans
l'environnement des cheminées où l'on brûlait, il y a plus
de deux ans, des huiles usées contenant présumément des
BPC. Par ailleurs, une cinquante de décès par le cancer survenus
it y a peu de temps et l'hospitalisation pour le cancer de ceux qui se trouvent
en phase terminale ont amené aussi, évidemment, des
inquiétudes supplémentaires dans cette région. On parle
également de cas de malformations particulières des membres chez
les nouveau-nés. À ces constatations, le ministre a prié
la population de ne pas s'alarmer inutilement.
De son côté, la direction régionale
d'Environnement-Québec a publié le 2 mai dernier un
communiqué dans lequel elle estime qu'il n'y a pas lieu de s'alarmer
considérant que, d'autre part, les remarques du centre de santé
communautaire de Rimouski indiquent qu'il n'est pas possible, pour l'instant,
de tirer des conclusions permettant de relier des cas de cancer dans la
région de Rimouski avec la combustion des huiles usées.
Dans le même communiqué, la direction régionale
indiquait que tous les relevés techniques et scientifiques
n'étaient pas complétés et que, d'ici à une dizaine
de jours, on serait en mesure de tracer un bilan plus complet sur cette
question. J'aimerais savoir du ministre s'il considère les remarques de
la
direction régionale comme sérieuses, compte tenu du fait
qu'on affirme qu'on n'a pas complété les études
scientifiques. En somme, je dois demander au ministre de nous dire s'il
possède les expertises ou si la direction régionale
possède les expertises requises pour rendre public aussi rapidement un
communiqué dans le but d'apaiser les craintes du milieu.
M. Ouellette: Ce qui a permis à la direction
régionale de réagir aussi rapidement, ce sont les dires du
monsieur qui a prétendu, qui a osé faire un lien, par exemple,
entre les décès par le cancer et le fait que lui-même ait
alimenté en huiles certains établissements qui les utilisaient
comme combustible. Toute la théorie de ce brave monsieur reposait sur le
fait qu'il avait recueilli des huiles de transformateurs d'Hydro-Québec
à Rimouski. Alors, la première vérification qu'on s'est
empressé de faire auprès d'Hydro-Québec était
à savoir si elle avait, oui ou non, vendu des huiles contenant des BPC?
Hydro-Québec nous a répondu rapidement qu'il s'agissait de
Voltesso-35, une marque d'huile réfrigérante et, après
vérification auprès de la compagnie Esso Impériale, qui
fournit ce Voltesso-35, il s'avère qu'elle ne contient pas de BPC.
Donc, dans la mesure où le Voltesso-35 ne contient pas de BPC,
toute la théorie s'effondre puisqu'il ne semble pas y avoir de BPC dans
ces huiles. Cependant, nous sommes allés plus loin par précaution
puisqu'on avait eu vent d'une possibilité -c'est vraiment très
conditionnel - que certains camions-citernes qui auraient pu servir à
transporter des huiles de transformateurs auraient été
utilisés à d'autres fins et ce à l'époque où
il y avait des BPC, semble-t-il, dans ces huiles de transformateurs, ce qui
n'est plus le cas aujourd'hui.
Actuellement, on peut affirmer que, sur la base de Voltesso-35 il n'y a
pas de BPC, donc, il ne peut pas y avoir de lien avec les morts par cancer,
mais nous poussons plus loin nos investigations pour nous assurer que des
camions qui auraient servi à transporter des BPC n'auraient pas pu
contaminer les huiles de combustion vendues dans la région de Rimouski.
Ces études ne sont pas terminées. On procède à des
analyses, ce qui nous fait dire que, pour l'instant, il n'y a aucune raison
sérieuse de s'alarmer puisque nous n'avons aucune preuve que des BPC ont
effectivement été brûlés dans ces différents
établissements de la région de Rimouski.
Mme Bacon: Quels sont les derniers développements dans le
dossier de la rivière L'Assomption, qui aurait atteint un niveau tel que
même des biologistes du ministère de l'Environnement refuseraient
d'y travailler parce qu'ils craignent des infections cutanées? Est-ce
qu'on a les derniers développements, les plus récents?
M. Ouellette: Le niveau de pollution de la rivière
L'Assomption est très élevé. Nous avons tes données
les plus récentes qu'on pourra vous remettre volontiers. Les causes de
cette pollution sont diverses: II y a les eaux usées municipales, il y a
l'industrie et l'agriculture par les surplus de purin, par les fumiers et aussi
par certains types de produits chimiques qui sont utilisés en
agriculture et qui se retrouvent à la rivière par voie
d'érosion.
Nous sommes à mettre au point un plan d'intervention pour faire
en sorte qu'on puisse corriger la situation de cette rivière
particulièrement polluée, de même que ses tributaires, il y
en a sept. On prépare une action globale, une intervention globale,
parce que là cela vaut la peine de l'appliquer, de façon
sectorielle toutefois, pour faire en sorte que le niveau - le mot
m'échappe - d'azote soit diminué puisqu'on est conscient que des
municipalités sises en aval s'alimentent en eau potable dans cette
rivière et doivent dépenser des sommes d'argent très
importantes pour corriger la qualité médiocre de l'eau brute
d'alimentation de leurs usines de traitement d'eau potable.
Mme Bacon: Le 3 mai dernier, l'attaché de presse du
ministre de l'Environnement a précisé que le gouvernement
québécois appuierait ouvertement un projet de la compagnie SERDOQ
pour éliminer sur son territoire les déchets toxiques,
organiques. J'aimerais savoir du ministre où est rendu le projet
d'Hydro-Québec, qui aurait l'intention de disposer elle-même de
ses BPC. Y a-t-il un lieu choisi où seraient implantées les
installations? Est-ce qu'on est en pourparlers avec Hydro-Québec
à ce sujet? Y a-t-il des relations étroites qui sont
établies?
M. Ouellette: II faut distinger entre SERDOQ et
Hydro-Québec. SERDOQ est un projet de mise en place d'un
incinérateur qui serait susceptible de brûler tous les
déchets toxiques, organiques, y compris les halogénés,
mais il n'est pas question d'y inclure les BPC pour l'instant. Donc, cela
réglerait le cas pour les toxiques organiques liquides.
En ce qui a trait aux discussions que nous avons présentement
avec Hydro-Québec, c'est que nous voulons l'amener à
considérer la possibilité de s'équiper elle-même
d'un incinérateur pour BPC. Nos discussions avancent bien, mais il n'est
aucunement question, à ce stade-ci, d'une implantation à un
endroit plus qu'à un autre. Il faudra, comme le fait actuellement
SERDOQ, procéder à une étude de faisabilité et
à la préparation d'une étude d'impact pour implantation,
mais Hydro-Québec n'est pas
rendue à cette phase. On est tout simplement au niveau des
discussions quant à son intérêt à se doter d'un
équipement pour détruire les BPC de même que ceux des
autres puisque Hydro-Québec est propriétaire de 20 % de ces BPC
au Québec.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre a prévu un plan
d'information pour la population? On nous parle aujourd'hui d'un autre
problème à Dorchester. Je sais que le ministre dit souvent! Il ne
faut pas ameuter la population, mais une population bien informée est
rassurée. Est-ce que vous avez un plan d'information qui serait
donné à la population au fur et à mesure où vous
avez des données pour certaines régions?
M. Ouellette: Jusqu'à maintenant, depuis l'incident de
Kenora en particulier, il y a plusieurs émissions d'intérêt
public qui ont été reproduites soit à la
télévision, soit à la radio, et même on a
procédé à plusieurs commentaires dans les journaux. Nous
sommes à préparer un programme d'intervention pour l'ensemble de
la population avec le ministère de la santé de façon que
les citoyens connaissent exactement les risques qu'ils encourent à
côtoyer ces fameux BPC qui, soit dit en passant, sont dans le paysage
québécois depuis de très nombreuses années.
C'est un produit qui est interdit de fabrication depuis 1975, je pense,
mais il n'en demeure pas moins qu'on en retrouve encore dans plusieurs
équipements électriques et nous sommes conscients qu'il faut en
contrôler la circulation et l'entreposage puisqu'on n'a pas, pour
l'instant, les moyens d'élimination. Il nous apparaît urgent
d'informer convenablement la population pour qu'elle cesse de s'émouvoir
pour des choses qui n'ont pas encore fait la preuve de leur gravité.
D'ici à quelques jours, j'imagine qu'on sera en mesure de mettre en
place un programme d'action et d'information pour l'ensemble de la population
conjointement avec le ministère de la santé qui a
déjà émis un communiqué pour faire le point
sommairement sur l'état de la situation par rapport à la
santé.
Mme Bacon: Est-ce qu'il y a une expertise environnementale au
ministère de la santé?
M. Ouellette: Je m'excuse?
Mme Bacon: Est-ce qu'il y a une expertise environnementale au
ministère de la santé?
M. Ouellette: En fait, qui parle santé parle
environnement, et vice versa. C'est bien sûr qu'on a des gens au
ministère de la santé, dans le domaine de la médecine en
particulier, qui ont une préoccupation particulière pour
l'environnement puisque de l'environnement dépend souvent la
santé. Je dois ajouter qu'il y a aussi un comité de travail avec
Hydro-Québec pour en venir à livrer cette information de
façon que les gens soient bien conscients de la réalité et
non pas de certaines nouvelles un peu fantastiques qui sont lancées dans
les journaux et qui font paniquer, je pense, indûment, dans certains cas,
la population. La même chose existe d'ailleurs en termes de travail de
nos fonctionnaires avec la Communauté urbaine de Montréal
où on retrouve une grande partie des BPC, soit 55 % du territoire
québécois.
Mme Bacon: Le ministre est quand même conscient que, si la
population s'émeut, c'est qu'elle n'est pas informée
totalement.
M. Ouellette: C'est un fait. Je dois mentionner qu'avec le
règlement sur les déchets dangereux, qui a été
déposé au Conseil des ministres et qui sera adopté
incessamment, on sera en mesure de rassurer vraiment la population sur le
contrôle que nous exerçons sur l'ensemble des déchets
solides, liquides et gazeux, et ça rassurera sans doute la
population.
Mme Bacon: Est-ce qu'il sera adopté bientôt?
M. Ouellette: J'ose l'espérer. Il reste à franchir
des étapes de comité interministériel. J'en rencontre un
aujourd'hui, un autre demain, ce qui veut dire qu'au plus tard dans une
quinzaine de jours on devrait avoir la décision finale du Conseil des
ministres.
Mme Bacon: J'aimerais aborder - il y a tellement de sujets, M. le
Président...
M. Ouellette: C'est global, l'environnement.
Mme Bacon: Oui, je suis d'accord avec vous, mais il y a des
problèmes sectoriels.
M. Ouellette: Aussi.
La récupération des canettes
d'aluminium
Mme Bacon: J'aimerais aborder le dossier du boycottage des
canettes qui se poursuit dans certaines régions, notamment à
Granby. L'Association des détaillants en alimentation poursuit le
mouvement de boycottage des canettes d'aluminium, mais on revendique une
compensation de 0, 025 $ pour chacun des contenants uniservices qu'on aura
récupéré. Aux dernières nouvelles, on dit que les
négociations se poursuivent. On me dit
même autre chose, mais j'aime mieux entendre le ministre me le
dire. Est-ce qu'il y a un échéancier de discussion? Est-ce qu'il
y a des rencontres qui se font régulièrement? Est-ce que c'est
vrai que c'est réglé?
M. Ouellette: L'échéancier, c'était le 1er
février dernier, mais il y a eu, comme vous le mentionniez, un
boycottage systématique des distributeurs qui ne voulaient pas voir
s'ajouter des contenants consignés sans qu'ils n'obtiennent une
compensation. Ils disaient ouvertement avoir suffisamment à
récupérer les bouteilles consignées contre aucune
rémunération et ils refusaient de voir s'ajouter les contenants
d'aluminium ou les contenants uniservices en général sans
compensation. Ils ont donc demander au Fonds québécois de la
récupération de leur fournir cette compensation
financière. Aux dernières nouvelles, une rencontre a eu lieu hier
et tout semble bien engagé puisque le Fonds québécois de
la récupération, qui n'est pas gouvernemental en passant, mais
qui regroupe les intervenants de tout le domaine des bières et des
boissons gazeuses, aurait acquiescé à leur demande. Il reste,
semble-t-il, certains détails à ciseler et à ficeler, et
aussitôt qu'on aura procédé à la rédaction de
l'entente, il semblerait que la consignation va se faire et la
récupération, également, par les distributeurs. (12 h
45)
Cela est déjà commencé, d'ailleurs, soit dit en
passant. Le marché des canettes est à peu près à 60
% de l'objectif. La récupération est à 20 %, alors que
l'objectif pour l'année était de 25 %. On est déjà
rendu à 20 % et nous prétendons même pouvoir atteindre un
niveau de récupération beaucoup plus élevé que
celui qu'on avait prévu au moment de la signature des ententes.
Mme Bacon: Si je me rappelle les discussions que nous avions eues
lors de la commission parlementaire, l'Opposition officielle avait
insisté sur la nécessité de s'entendre sur la
réglementation, à ce moment. Comment se fait-il qu'on n'ait pu y
arriver avant, y compris l'association des détaillants?
M. Ouellette: II n'y a pas de réglementation.
Mme Bacon: Une entente.
M. Ouellette: En fait, on a procédé par...
Mme Bacon: En fait, c'est l'entente, au fond. L'entente
était essentielle.
M. Ouellette: Je crois comprendre. Les discussions qui ont
duré près d'un an et demi pour la reconduction de l'entente
préalable incluaient, à titre d'intervenants, les franchiseurs,
les embouteilleurs régionaux, les brasseurs et les grandes associations
de marchands. Selon l'évaluation que je peux faire, j'ai l'impression
qu'il y a eu un manque de contact à l'intérieur même des
associations de détaillants, de telle sorte que les ententes se sont
signées en incluant tous les gens présents à la table,
mais à la suite de la signature de l'entente il y a eu divergence de
points de vue entre les détaillants et leurs associations.
Cette divergence portait essentiellement sur la
rémunération à leur être versée pour la
récupération des contenants uniservices nouvellement
consignés. Évidemment, dans la deuxième phase, â la
suite de ce boycott, les discussions ont repris à la table qui
réunissait tous ces gens et nous nous sommes assurés que le lien
se faisait vraiment entre les détaillants et leurs associations pour en
venir à une entente qui englobe véritablement tous et chacun des
responsables de la cueillette sur place, c'est-à-dire de la
récupération des canettes.
Gestion interne et soutien
Mme Bacon: M. le Président, je vais aller rapidement dans
le programme 4. Le gouvernement du Québec a négocié des
ententes avec d'autres ordres de gouvernement pour une coordination sur le plan
de la recherche, l'utilisation des banques-informatisées. Quel est le
budget que le gouvernement du Québec alloue à la banque
ASIDOQ?
M. Ouellette: Mis à part le temps de deux fonctionnaires
qui sont affectés à la banque ASIDOQ, on prévoit des
dépenses de l'ordre de 10 000 $ à 12 000 $.
Mme Bacon: C'est cette banque qui est utilisée du
côté américain aussi pour avoir des données?
M. Ouellette: C'est une entente conjointe entre l'État de
New York et le Québec dans le cadre du bureau QuébecNew
York sur les pluies acides et cette banque sera rendue accessible à tous
ceux qui veulent avoir accès aux connaissances actuelles reliées
aux pluies acides.
Mme Bacon: Quel montant les États-Unis injectent-ils dans
ce projet?
M. Ouellette: Comme il s'agit d'un élément de
travail qui a fait l'objet d'une entente entre l'État de New York et le
Québec, ce volet banque ASIDOQ est l'entière
responsabilité du Québec, alors que
l'État de New York assume d'autres dépenses reliées
à d'autres activités qui font l'objet de l'entente du bureau
QuébecNew York.
Mme Bacon: 12 000 $, vous dites, seraient dépensés.
Est-ce que c'est suffisant pour avoir l'information?
M. Ouellette: C'est suffisant et il s'agit surtout du temps-homme
ou femme, parce qu'on a deux personnes affectées à cela.
Évidemment, si on ajoute à cela le salaire de ces deux personnes,
cela totalise peut-être quelque chose comme une centaine de milliers de
dollars par année. Si cette expérience s'avère un
succès, on entend d'abord...
Mme Bacon: II y aura une réévaluation de cela
aussi?
M. Ouellette: Oui, et l'élargir pour y inclure d'autres
partenaires éventuellement.
Mme Bacon: La même question en ce qui a trait à la
banque ENVIRODOQ. Quels seront les budgets qui y seront alloués?
M. Ouellette: Dans le cas d'ENVIRODOQ, c'est le temps d'une
personne à temps complet et l'addition de 7000 $ par année.
Mme Bacon: Est-ce qu'on a mis fin au programme
Téléréférence ou si ce programme se continue?
M. Ouellette: Alors, ce programme est maintenu et il coûte
sensiblement la même chose qu'ENVIRODOQ, c'est-à-dire le temps
d'une personne et environ 7000 $ d'opération par année.
Mme Bacon: Les informations sont adéquates. Est-ce qu'on
peut fournir les informations de 1984-1985, par exemple, de ces... C'est
actualisé.
M. Ouellette: On essaie de maintenir très à jour
les données de cette banque. On me signale que nous avons des ententes
avec plusieurs pays à travers le monde. La mise à jour se fait
non seulement par le Québec, mais par l'ensemble des partenaires dans le
cadre de ce programme.
Mme Bacon: Est-ce qu'il y a une part financière des autres
partenaires ou si c'est seulement dans le...
M. Ouellette: Ils sont appelés à contribuer par une
formule de plan d'abonnement, ce qui permet de diminuer les coûts pour le
Québec.
Mme Bacon: Le ministre du Travail a annoncé,
dernièrement, qu'il y aurait un centre de toxicologie dont les services
sont censés profiter aux fonctionnaires de différents
ministères. Est-ce qu'au ministère de l'Environnement on a
l'intention d'établir un tel centre de toxicologie.
M. Ouellette: Oh là là!
Mme Bacon: Est-ce qu'on a prévu des sommes à ce
sujet?
M. Ouellette: On me dit qu'il n'y a aucun montant d'argent de
prévu au ministère de l'Environnement, mais dans la mesure
où cela s'avérerait nécessaire on trouverait les fonds,
évidemment, pour permettre à nos fonctionnaires d'en profiter
également.
Mme Bacon: Est-ce que cela devient la responsabilité de
chacun des ministères ou s'il y a une banque centrale où les
ministères vont puiser suivant les demandes qui lui sont faites?
M. Ouellette: Je vous avoue être incapable de
répondre à cette question. Je vais vérifier.
Mme Bacon: II existe quand même une clinique de premiers
soins au ministère de l'Environnement?
M. Ouellette: Oui, côté premiers soins, nous sommes
bien équipés comme tous les ministères.
Mme Bacon: Avec une infirmière ou un infirmier?
M. Ouellette: Oui, il y a une infirmière qui vient
régulièrement à l'édifice où sont nos
bureaux.
Mme Bacon: II y a une clinique qui existe là?
M. Ouellette: Oui. D'ailleurs, on le fait conjointement
maintenant avec le ministère du Revenu.
Mme Bacon: D'accord.
Il y avait des réponses, je pense, que le ministre devait me
donner ce matin concernant la procédure a suivre dans le cas de l'octroi
de contrats sans soumission, par exemple, comme le dossier de Sanivan et
Envirocorp.
M. Ouellette: Oui, j'ai les réponses à certaines
questions qui ont été posées vendredi dernier. En ce qui a
trait d'abord aux projets nordiques, vous nous avez demandé la liste de
ces projets et certains éléments. Je sais qu'on n'a pas le droit
de
déposer à une commission, mais on peut quand même
remettre ces documents.
Le Président (M. Marquis): Vous pouvez transmettre les
réponses, oui.
M. Ouellette: En ce qui a trait au déversement des huiles
lourdes dans la région de Montréal, j'ai quelques informations.
J'ai même l'ensemble des informations. D'abord, j'aimerais rappeler que
le déversement s'est effectué en soirée du 18 juin 1984
à l'occasion d'une pluie torrentielle et de vents. Une estimation
sommaire faite par les gens de la direction régionale de Montréal
situait autour de 10 000 le nombre de litres ainsi déversés dans
le fleuve Saint-Laurent. Il y a donc eu un appel du directeur régional
à la sous-ministre responsable des opérations régionales
pour lui faire connaître cette estimation de 10 000 litres et un
coût approximatif prévu de l'ordre de 50 000 $.
Quelques jours plus tard, on a procédé au confinement de
cette nappe d'huile alors qu'on venait de prendre connaissance, finalement, que
les quantités d'huile étaient de beaucoup supérieures
à celles qu'on avait préalablement estimées. Donc, on a
mis en place le confinement pour éviter que cette nappe d'huile ne se
propage sur la surface du Saint-Laurent et on a fait une évaluation qui
nous a révélé que plus de 118 000 pieds linéaires
de rive avaient été contaminés par cette nappe d'huile. On
a déterminé sa provenance qui se situait à la hauteur,
donc en milieu terrestre, mais à la hauteur du tunnel
Louis-Hippolyte-Lafontaine. On a donc procédé à la
signature d'un contrat avec deux firmes, selon la procédure d'urgence
qui est prévue à l'article 53 du règlement sur les
contrats de services gouvernementaux.
Cet article 53, si vous me le permettez, je vais vous en faire la
lecture. Alors, l'article 53 se lit comme suit: "Un contrat de services
auxiliaires ne peut être conclu à moins que des soumissions
n'aient été sollicitées conformément à ce
règlement, sauf dans les cas d'urgence où la
sécurité des personnes ou des biens est en cause et où il
serait préjudiciable à l'intérêt public de
solliciter des soumissions, auquel cas l'autorisation du Conseil du
trésor doit être obtenue avant tout paiement si le montant
excède 1000 $. "
Donc, nous avons agi conformément à cet article 53. Il y a
eu respect de la réglementation gouvernementale et, donc, pas
d'irrégularité administrative. Il y a eu aussi respect des
procédures internes et je vais également remettre le cahier qui
précise les procédures internes. Le cahier porte le nom
d'Urgence-Environnement Québec, plan d'urgence. Dans ce cahier, j'attire
votre attention sur deux choses: d'abord, la définition du mandat que
l'on retrouve à l'article 114a de la Loi sur la qualité de
l'environnement, section I, page 1. Alors, c'est le mandat du ministre, bien
sûr! Lorsqu'il estime qu'il y a urgence - et je pense que cela ne fait de
doute dans l'esprit de personne - le ministre peut ordonner à toute
personne ou municipalité qui en avait la garde ou le contrôle de
ramasser ou d'enlever tout contaminant déversé, émis,
dégagé ou rejeté dans l'eau ou sur le sol accidentellement
ou contrairement aux dispositions de la présente loi ou des
règlements du lieutenant-gouverneur en conseil et de prendre les mesures
requises pour nettoyer l'eau et le sol et pour que ces contaminants cessent de
se répandre ou de se propager dans l'environnement. La notion d'urgence
s'étend tant et aussi longtemps que le risque demeure.
Alors, dans le guide on retrouve la définition que je viens de
vous dire de façon verbale. Voici le texte réel: "La
période d'urgence dure tant et aussi longtemps que la situation n'a plus
d'effet direct menaçant pour le milieu naturel et urbain. "
Voilà. Donc, tout a été respecté aux deux
niveaux.
Le Président (M. Marquis): Mme la députée de
Chomedey.
M, Ouellette: Alors, je remets les documents pertinents dont j'ai
fait lecture à la commission.
Adoption des crédits
Le Président (M. Marquis): Comme le temps est pratiquement
écoulé, nous allons passer à l'adoption des programmes. Le
programme 1, Planification, recherche et prévention,
éléments 1 et 2, est-il adopté?
Mme Bacon: Adopté.
Le Président (M. Marquis): Adopté. Est-ce que le
programme 2, Gestion du milieu aquatique, éléments 1 et 2, est
adopté?
Mme Bacon: Adopté.
Le Président (M. Marquis): Adopté. Est-ce que le
programme 3, Gestion des milieux atmosphérique et terrestre,
éléments 1 et 2, est adopté?
Mme Bacon: Adopté.
Le Président (M. Marquis): Adopté. Est-ce que le
programme 4, Gestion interne et soutien, éléments 1 et 2, est
adopté?
Mme Bacon: Adopté.
Le Président (M. Marquis): Adopté. Est-ce que le
programme 5, Organismes-conseils, éléments 1 et 2, est
adopté?
Mme Bacon: Adopté.
Le Président (M. Marquis): Adopté. Est-ce que
l'ensemble des crédits budgétaires pour l'année 1985-1986
du ministère de l'Environnement est adopté?
Mme Bacon: Adopté.
Le Président (M. Marquis): Adopté.
Là-dessus, la commission parlementaire ajourne ses travaux sine die.
Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 13 heures)