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(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Marquis): La commission parlementaire de
l'aménagement et des équipements se réunit afin de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère de l'Environnement pour l'année 1985-1986. M. le
secrétaire, pourriez-vous, s'il vous plaît, faire l'appel des
membres.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Les membres
présents sont: Mme Bacon (Chomedey), M. Desbiens (Dubuc), M. Gravel
(Limoilou), M. Beaumier (Nicolet) en remplacement de M. Lavigne (Beauharnois),
Mme Lachapelle (Dorion) en remplacement de M. Le Blanc (Montmagny-L'Islet); M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata) est remplacé par M.
Gagnon (Champlain), M. Marquis (Matapédia), et M. Tremblay
(Chambly).
Le Président (M. Marquis): Merci beaucoup. Pour les
remarques préliminaires, M. le ministre de l'Environnement.
Remarques préliminaires M. Adrien
Ouellette
M. Ouellette: Merci, M. le Président, je voudrais d'abord
vous présenter les gens qui m'accompagnent. M. Pierre-B. Meunier,
sous-ministre du ministère de l'Environnement, Mme Claire Monette,
sous-ministre adjointe, M. Michel Lamontagne, sous-ministre adjoint, M.
Jean-Pierre Gauthier, sous-ministre adjoint et M. Gérard Divay,
également sous-ministre adjoint, M. Denis Samson, directeur de mon
cabinet ainsi que MM. Evariste Normand, Louis Bernier, Pierre Perreault et
Benoit L'Heureux, tous de mon cabinet.
Je désire également vous présenter M. André
Beauchamp qui est président du BAPE, M. Jean-Yves Babin,
vice-président directeur général de la
Société québécoise d'assainissement des eaux. M.
Camille Rousseau, secrétaire du Conseil consultatif de l'environnement
remplace M. Junius qui, malheureusement, ne peut être présent et
plusieurs directeurs généraux des principales directions du
ministère.
Le ministère de l'Environnement a connu une période
d'activités particulièrement intenses durant les douze derniers
mois. Les crédits budgétaires, pour l'année 1985-1986,
déposés récemment à l'Assemblée nationale,
montrent que mon ministère continuera a agir aussi vigoureusement durant
l'année qui vient, afin de garantir aux Québécois et aux
Québécoises la qualité de vie à laquelle ils
aspirent bien légitimement.
En effet, mon ministère disposera, pour l'année 1985-1986,
de 166 236 000 $. Il s'agit là d'un accroissement de plus de 14 167 000
$, soit 9, 3 % d'augmentation.
Les principaux facteurs expliquant cet accroissement du budget sont la
mise sur pied du programme Berges neuves pour lequel 7 300 000 $ sont
prévus, l'accroissement des crédits au chapitre du service de la
dette du programme d'assainissement des eaux, pour un montant de 2 400 000 $,
la construction de deux usines pilotes pour le traitement du lisier de porc qui
nécessite 2 600 000 $ de nouveaux crédits et le dossier des
déchets dangereux pour lequel 2 400 000 $ additionnels sont
prévus. J'aurai l'occasion de revenir sur ces sujets.
C'est avec une grande fierté que je fais le bilan de l'action du
gouvernement au cours de l'année qui vient de s'écouler. Les
gestes posés montrent à quel point ce gouvernement
considère comme particulièrement importantes les questions qui
touchent à l'environnement. Au-delà des mots et des discours sur
la qualité de la vie, M. le Président, nous avons agi.
Parmi les priorités environnementales qui ont retenu notre
attention et qui ont fait l'objet d'activités intenses, il y a bien
sûr le dossier des précipitations acides, l'assainissement des
eaux, le nouveau programme Berges neuves et le dossier des déchets
dangereux. En juillet dernier, le gouvernement adoptait sa politique de lutte
contre les précipitations acides et annonçait, en même
temps, son intention d'adopter la réglementation requise pour sa mise en
oeuvre. En février dernier, le gouvernement donnait suite à cet
engagement en adoptant une importante réglementation visant à
réduire de 45 % les rejets de sources québécoises
d'anhydride sulfureux et ce, d'ici à 1990.
Cette disposition réglementaire vise plus particulièrement
l'assainissement des rejets d'anhydride sulfureux de la fonderie Horne de
Noranda, le principal producteur d'émissions acides au Québec. Le
gouvernement adoptait en même temps un règlement visant à
diminuer les émissions d'oxyde d'azote provenant des
véhicules
automobiles. Par ces gestes, le Québec a démontré
son leadership dans un dossier qui préoccupe de plus en plus la
population québécoise à cause de ses impacts
inquiétants sur la santé et même la vie de nos lacs et de
nos forêts.
En plus de l'adoption de cette importante réglementation, nous
n'avons ménagé aucun effort pour faire connaître nos
préoccupations dans ce dossier. Si nous avons participé
activement à la préparation de l'entente
fédérale-provinciale sur les précipitations acides de
février dernier, nous pouvons affirmer que notre rôle de
catalyseur a grandement contribué à la concrétisation de
cette entente. Nous avons également entrepris des démarches de
concertation et de liaison à divers niveaux administratifs et
politiques, plus particulièrement avec les États de la Nouvelle
Angleterre et l'État de New York.
Nous avons piloté, lors de la dernière conférence
des gouverneurs de la Nouvelle Angleterre et des premiers ministres de l'est du
Canada tenue à Newport, au Rhode Island en juin dernier, une
résolution demandant la constitution d'un comité sur
l'environnement au sein de cette conférence et proposant la tenue d'une
conférence intergouvernementale sur les précipitations acides.
Cette conférence, comme vous le savez, s'est tenue à
Québec les 9, 10 et 11 avril dernier et a réuni des
représentants de quinze États américains et de sept
provinces canadiennes. Cette conférence, que nous avons organisée
avec la collaboration du Massachusetts, a permis aux nombreux
représentants gouvernementaux présents et à la population
en général de prendre conscience de l'acuité de ce
phénomène. Elle a permis plus particulièrement aux
représentants gouvernementaux de s'entendre sur la
nécessité d'une stratégie transfrontalière pour
réduire substantiellement les émissions des principaux polluants
précurseurs des précipitations acides, soit les oxydes d'azote et
l'anhydride sulfureux.
En ce qui concerne nos relations avec l'État de New York, dans le
dossier des précipitations acides, elles se sont poursuivies. Nous
avons, entre autres, signé un nouvel accord venant renforcer l'entente
Québec-New York sur la lutte aux précipitations acides. C'est
dans le cadre de cette entente qu'a été lancée
récemment la banque ACIDOC, première banque documentaire
informatisée sur les précipitations acides, disponible à
la fois en français et en anglais.
Enfin, le ministère a publié d'importantes études
démontrant la très grande vulnérabilité du
territoire québécois, compte tenu, entre autres, de sa situation
géographique et de l'importance du phénomène des
précipitations acides sur notre territoire. Nous avons
démontré que nous prenons très au sérieux ce
dossier par les nombreux gestes posés et nous poursuivrons nos efforts
en vue de convaincre nos voisins d'entreprendre une démarche semblable
à la nôtre pour que tous ceux qui ont des responsabilités
dans ce dossier posent les gestes nécessaires pendant qu'il en est
encore temps.
Grâce aux mesures d'accélération mises de l'avant
par le gouvernement, l'année dernière, particulièrement en
ce qui concerne notre participation financière, le volet urbain du
programme d'assainissement des eaux a connu un essor remarquable. Il a
véritablement atteint son rythme de croisière. En effet, cette
année, plus de 300 000 000 $ de travaux ont été
réalisés, ce qui représente un accroissement de 82 % par
rapport à l'an dernier. De plus, 176 protocoles d'entente pour une
valeur de 1 404 000 000 $ ont été signés. Au terme de
cette année financière, les protocoles d'entente signés
avec les municipalités représentent 75 % de l'objectif global
d'investissement prévu pour le volet urbain du programme
d'assainissement des eaux, soit 3 651 000 000 $ sur les 4 700 000 000 $
prévus.
Il faut souligner, également, que durant l'année
1984-1985, 17 nouvelles usines d'épuration ont été mises
en marche, portant à 44 le nombre de stations d'épuration
réalisées dans le cadre du programme d'assainissement des eaux.
On prévoit la mise en fonctionnement de 86 nouvelles usines dans
l'année qui vient, triplant ainsi le nombre d'usines d'assainissement
réalisées.
Les mesures d'accélération adoptées à la fin
de 1983 ont donc produit les fruits escomptés. Maintenant, le mouvement
est bien enclenché. Les Québécois et les
Québécoises peuvent espérer retrouver, dans un avenir
rapproché, leurs cours d'eau d'antan.
Pour ce qui concerne le volet industriel et agricole du programme
d'assainissement, les travaux progressent également à un rythme
accéléré. Sur les 4 700 000 000 $ prévus au
chapitre des ententes avec les municipalités, 1 600 000 000 $
contribuent à l'assainissement des industries faisant partie des
réseaux municipaux. C'est donc 33 % des eaux usées industrielles
qui sont ainsi traitées dans les usines d'épuration municipales.
Si on ajoute à cela les sommes prévues pour traiter les eaux des
industries hors réseau, soit 1 800 000 000 $, c'est donc, en
réalité, un montant de 3 400 000 000 $ qui sera finalement
consacré à l'assainissement industriel. À ce jour, 65 % de
ce montant, soit 2 200 000 000 $ sont déjà engagés, alors
que les sommes dépensées sont de 1 000 000 000 $, soit 29 %.
Comparé à l'état d'avancement du secteur urbain,
dont les sommes engagées
représentent 75 % des sommes prévues et les sommes
dépensées à 27 %, nous constatons que les deux volets
cheminent parallèlement. Pour l'année 1984-1985, certaines
réalisations sont particulièrement dignes de mention. La
fromagerie Agropur, de Notre-Dame-du-Bon-Conseil inaugurait, en octobre 1984,
une usine d'épuration utilisant une toute nouvelle technologie dans ce
secteur industriel. Il s'agit d'un traitement biologique
anaérobie-aérobie avec production d'énergie. Grâce
à cette innovation, la matière organique rejetée à
la rivière Nicolet est réduite d'une quantité
supérieure è celle produite par une population équivalente
à celle de tout le bassin.
Dans un autre secteur industriel, la compagnie Kimberly Clark à
Saint-Hyacinthe a pratiquement éliminé ses effluents de
procédé, résolvant du même coup, les
problèmes de pollution de l'air et de l'eau et devenant un modèle
au sein de cette multinationale.
Au chapitre de l'assainissement agricole, le ministère a
lancé, cette année, un programme au montant de 5 000 000 $, qui
comprend la construction, le fonctionnement, le rodage et le
développement de deux usines pilotes de traitement et de valorisation du
lisier de porc, la construction d'un laboratoire témoin, ainsi que le
prolongement pour trois années additionnelles du programme de recherche
et de développement sur le traitement et la valorisation des fumiers. En
1984-1985, les plans et devis des deux usines pilotes et du laboratoire
témoin ont été complétés et les sites de
construction ont été choisis.
Le secteur agricole a également procédé à
l'identification et à la caractérisation des diverses sources de
pollution agricole provenant de l'exploitation des productions animales et
végétales, plus spécifiquement de l'élimination des
fumiers et de l'application des différentes pratiques culturales.
Tel que prévu, le règlement sur la prévention de la
pollution des eaux par les établissements de production animale a
été modifié dans une perspective de protection efficace
des eaux qui tient compte de l'évolution de la gestion des
établissements de production animale et des pratiques d'élevage
modernes.
En ce qui a trait plus particulièrement à la gestion des
fumiers, elle a été analysée dans les bassins versants des
rivières L'Assomption, Chaudière et Yamaska, où l'on
retrouve de fortes concentrations d'élevage. Une étude de
faisabilité d'un programme de transport des fumiers excédentaires
produits dans le bassin hydrographique de L'Assomption a également
été réalisé. Parallèlement à ces
actions, nous avons intensifié la surveillance et l'inspection dans les
bassins des rivières Chaudière, Yamaska et L'Assomption où
se retrouvent les fortes concentrations d'élevage. Enfin, une attention
particulière a été portée au développement
d'une méthodologie d'évaluation des charges polluantes diffuses
agricoles. L'ensemble de ces actions devrait, dans les années qui
viennent, apporter des solutions permanentes au problème de la pollution
agricole.
Les réalisations en assainissement des eaux ont été
rendues possibles grâce à l'étroite collaboration de
nombreux intervenants, soit les municipalités, les industries, les
citoyens en général, en somme, tous les utilisateurs de l'eau. La
gestion de l'eau ne peut se limiter à un ou des gestes ponctuels dans le
but de régler certains problèmes définis. Il s'agit bien
plus largement d'un virement définitif qui doit reposer sur une
transformation complète des mentalités. C'est dans cet esprit que
nous avons mené, en 1984-1985, une grande campagne d'information,
l'opération Eau propre, qui nous a amenés à parler d'eau
dans tous les coins du Québec. Nous avons voulu, par cette campagne,
associer tous les citoyens utilisateurs de l'eau à cette vaste
entreprise de restauration des cours d'eau du Québec, leur faire prendre
conscience du rôle que chacun peut et doit jouer pour conserver et
protéger la qualité de cette richesse collective.
L'état d'avancement des travaux d'assainissement, le
succès des mesures d'accélération adoptées l'an
dernier nous permettent d'espérer retrouver bientôt la
qualité passée de nos lacs et de nos rivières. Cela a
déjà commencé à se faire sentir dans certains
secteurs. La Communauté urbaine de Montréal annonçait
cette semaine l'ouverture officielle de sa première plage publique
à Cap Saint-Jacques. Il y a 25 ans que les Montréalais n'avaient
plus vu cela. D'ici à quelques années, on s'attend que plusieurs
autres plages suivent la même voie. C'est pourquoi le gouvernement a
décidé de compléter le programme d'assainissement des eaux
par un programme qui redonnera aux berges leur vraie nature et les rendra
accessibles à tous. Le programme Berges neuves, d'une durée de
trois ans, permettra le nettoyage et l'aménagement des berges afin d'en
améliorer la qualité environnementale par des travaux de
stabilisation et de végétalisation. Ce programme permettra
également de lutter contre la pollution diffuse tout en favorisant la
récupération des usages récréatifs de l'eau.
Berges neuves répond aux attentes des municipalités et de
nombreux groupes préoccupés par la qualité de
l'environnement. Ces derniers ont d'ailleurs manifesté leur
intérêt en participant nombreux au programme de subventions mis
à leur disposition pour préparer des projets dans le cadre de
Berges neuves.
La gestion des déchets dangereux est une préoccupation
constante de mon ministère. Dans ce dossier, des progrès
remarquables ont été accomplis. J'avais promis une enquête
en profondeur sur les lieux d'enfouissement et dépotoirs
contaminés par des déchets dangereux. Elle a été
complétée au cours de l'année 1984. Je m'étais
également engagé à rendre publics les résultats de
cette enquête. Douze conférences de presse ont été
tenues; elles ont permis d'informer les populations concernées de la
situation dans chacune de leur région.
J'avais promis également un programme d'action en vue de la
restauration des lieux contaminés. La réalisation en est
déjà amorcée. Le groupe de travail GERLED, (groupe
d'étude et de restauration des lieux d'élimination de
déchets dangereux) que j'avais formé en octobre 1983, a
complété en 1984 la première phase de ses travaux,
c'est-à-dire l'inventaire de tous les lieux contaminés et leur
caractérisation préliminaire. Dans les faits, 1072 lieux ont
été étudiés et, de ce nombre, GERLED a
identifié 314 lieux ayant potentiellement reçu des déchets
dangereux. Certains sites ont déjà été l'objet
d'interventions de la part du ministère, telle la Carrière
Landreville à Boucherville, et le site d'enfouissement Jean-Claude
Verreault à Saint-Robert-de-Sorel.
La deuxième phase du travail de GERLED est commencée
depuis décembre 1984. Elle consiste en une caractérisation
exhaustive des 314 lieux retenus comme potentiellement dangereux et en
l'élaboration de mesures correctrices.
Le plan d'action du ministère vise en premier lieu les 62 lieux
les plus menacés, c'est-à-dire ceux de catégorie 1. J'ai
obtenu du Conseil des ministres une somme additionnelle de 1 600 000 $ pour
l'année financière 1985-1986 afin de procéder rapidement
dans ce dossier. Une partie de cet argent servira à l'achat
d'équipements de laboratoires hautement spécialisés,
nécessaires pour la poursuite des travaux de GERLED.
Je veux maintenant vous faire le point sur un dossier de
décontamination qui, à la fin de l'opération, aura
nécessité des dépenses de 5 700 000 $. Celui de la nappe
d'eau souterraine de la ville de Mercier. Au cours de l'année 1984-1985,
le ministère de l'Environnement a investi 928 000 $ pour le
parachèvement et la mise en place de l'usine de pompage et de traitement
des eaux polluées par de vieilles huiles.
L'usine de traitement des eaux polluées de Mercier est la
propriété du ministère de l'Environnement. Elle a
été construite en douze mois au coût de 3 000 000 $.
L'usine est entrée en opération le 6 juillet 1984, dans le
respect des coûts prévus.
Les premiers mois de fonctionnement de l'usine ont permis de constater
que les installations de traitement enlèvent 99 % des produits
organiques toxiques. L'eau rejetée dans la rivière Esturgeon
après traitement est donc une eau purifiée. La performance de
l'usine est excellente. Les fortes concentrations de polluants traités
démontrent la nécessité d'une telle intervention et
justifient les dépenses de 5 700 000 $ qui seront consenties au total
pour la restauration de cette nappe d'eau souterraine.
Enfin, en ce qui concerne les résidus inorganiques dangereux, le
ministère s'est interrogé sur la façon dont les industries
en faisaient la gestion. Un programme d'intervention auprès de 109 des
plus importantes industries productrices de tels déchets a
été mené au cours de l'année. Ce programme a permis
de constater de nombreuses irrégularités, de resserrer la
surveillance de ce secteur, et de mieux connaître les problèmes
qu'on y rencontre.
L'importance d'une bonne gestion des déchets dangereux n'est plus
à démontrer. Dans ce domaine, il importe de prévenir dans
toute la mesure du possible les situations dangereuses. Un des outils les plus
efficaces de prévention, c'est une bonne réglementation.
Je vous avais annoncé, l'an dernier, que nous étions
à préparer un règlement sur la gestion des déchets
dangereux. Le Conseil des ministres a autorisé la prépublication
de ce règlement en novembre 1984 à la Gazette officielle.
Après distribution auprès de 2500 intervenants, nous avons
procédé, en collaboration étroite avec le ministère
de l'Industrie et du Commerce, à une consultation publique exhaustive,
ce qui nous a valu de recevoir 55 mémoires de municipalités,
groupes de pressions, industries, associations et autres ministères.
Ceci démontre tout l'intérêt suscité par cette
réglementation et la fébrilité avec laquelle nous avons
dû travailler pour rencontrer les intéressés et tenir
compte dans la mesure du possible des préoccupations de chacun dans la
rédaction du texte final du règlement. Cette
réglementation permettra de suivre un déchet dangereux de sa
naissance à son élimination. J'ai acheminé la Version
finale du règlement au Conseil des ministres, il y a quelques jours.
Pour assurer l'application de ce règlement, j'ai obtenu une somme
additionnelle de 800 000 $. Ces fonds serviront à créer une
équipe de contrôle spécialisée. Déjà,
neuf postes permanents se sont ajoutés à nos effectifs pour
mettre en place l'application de ce règlement. Comme vous pouvez le
constater, c'est avec tout le sérieux requis que nous nous sommes
attaqués à ce problème de plus en plus aigu
dans le monde industrialisé, celui de la gestion des
déchets dangereux. L'attention qu'y a porté le gouvernement
montre à quel point nous sommes préoccupés par une
amélioration concrète de la qualité du milieu de vie des
Québécois et des Québécoises.
Dans la foulée du sommet socio-économique de 1984 sur la
récupération et le recyclage du papier et du verre, nous avons
travaillé à réaliser les engagements pris au sommet par
tous les partenaires, notamment à compléter un plan
concerté de développement de la collecte sélective. (10 h
30)
Les efforts déployés depuis trois ans pour
développer la récupération et le recyclage commencent
à donner des résultats. Trente-quatre groupes communautaires
constituent maintenant le réseau de récupération et de
recyclage. Ils sont subventionnés à l'intérieur du
PARFAIR, soit le programme d'aide à la recherche, à la formation
et à l'amélioration de l'industrie de la
récupération. Le montant total de subvention est passé de
600 000 $ en 1983-1984, à 950 000 $ en 1984-1985. Ils reçoivent
aussi de l'aide technique et administrative. Les quantités de
matières récupérées ont triplé au cours des
trois dernières années, passant de 12 000 à 35 000 tannes
par année.
Enfin, des études de valorisation sont en cours pour ouvrir des
marchés additionnels aux matières
récupérées. On examine un procédé de
pyrolyse pour transformer en huile combustible les 4 000 000 de vieux pneus qui
vont, chaque année, au rebut. On travaille également à
développer le recyclage des plastiques et le désencrage. des
papiers fins. À cet égard, permettez-moi de vous souligner la
mise en place de l'usine de désencrage du papier qui s'est
installée à Breakeyville et qui devrait commencer ses
opérations en juillet 1985.
En matière de recyclage des déchets, le dossier de la
consignation des canettes et bouteilles non réutilisables a requis
beaucoup de nos énergies. Il s'agissait d'un dossier
particulièrement délicat compte tenu des intérêts
divergents en cause. Nous avons bénéficié, dans ce
dossier, de l'appui des consommateurs qui sont prêts à assumer les
exigences d'un tel système. Nous avons donc signé avec tous les
intervenants de l'industrie de la bière et des boissons gazeuses, les
ententes requises pour assurer le système de retour de ces contenants
uniservices. Nous avons confiance qu'après la période de rodage
inévitable au début de son implantation, ce système
assurera une diminution importante de ce type de déchets.
Bien que nous considérons le développement de la
récupération et du recyclage comme une solution d'avenir à
privilégier dans la gestion des déchets, nous ne pouvons ignorer
les problèmes à court terme auxquels sont confrontés les
citoyens de la région de Montréal avec la fermeture
éventuelle de la carrière Miron. C'est pouquoi, j'ai
invité les maires de la région métropolitaine à
former des tables de concertation à partir de cinq régions cibles
afin d'établir, d'ici décembre 1987, au moins un lieu
d'enfouissement dans chacune de ces régions. Parallèlement
à cette démarche, les représentants municipaux
poursuivent, avec l'aide technique du ministère, leur recherche afin de
trouver des solutions pour réduire le volume des déchets à
enfouir. Pour favoriser le travail de concertation de ces tables, les
équipes techniques du ministère ont procédé
à l'identification de zones favorables à l'enfouissement dans les
régions de la rive sud et de Vaudreuil-Soulanges. Un guide sur
l'élimination des déchats dans les carrières et
sablières a été élaboré à l'intention
des promoteurs. De plus, on a procédé à l'inventaire des
solutions de haute technologie pour le traitement des déchets solides.
Lors de ma dernière rencontre, en mars dernier, avec les
présidents des cinq tables de concertation, je leur ai demandé de
déposer à la mi-juin leur proposition quant à
l'implantation d'un site d'enfouissement sur leur territoire. Pour ma part, je
me suis engagé à faire effectuer une étude de
marché pour les produits résultant de l'utilisation de certaines
nouvelles technologies.
Bien que la solution au problème de l'élimination des
déchets domestiques dans la région de Montréal appartienne
aux élus municipaux, le ministère a fait et continuera à
faire tout ce qu'il est nécessaire pour favoriser l'élaboration
d'une solution dont l'urgence se fait de plus en plus sentir.
Parmi les nombreux dossiers qui ont retenu notre attention au cours de
cette année, il faut signaler l'adoption du règlement sur l'eau
destinée à la consommation humaine. Premier du genre au Canada,
ce règlement établit les responsabilités des distributeurs
d'eau potable ainsi que les normes précises de qualité de l'eau
potable. Compte tenu que la responsabilité de faire analyser l'eau
incombe maintenant aux exploitants d'aqueduc, le ministère a
préparé un programme de surveillance de la qualité des
analyses.
Dans ce même secteur de la surveillance de la qualité des
eaux de consommation, nous avons également élaboré un
programme d'analyse des eaux filtrées afin de vérifier
l'efficacité des usines de traitement è éliminer certaines
substances toxiques. Ce programme nous apportera une meilleure connaissance des
concentrations de plusieurs micro-polluants. Le ministère a
également surveillé la qualité physique, chimique et
biologique des eaux par le biais de ses réseaux de station de mesures
sur les débits, niveau et qualité des eaux de surface
et souterraines.
En tant que gestionnaire de l'eau, le ministère de
l'Environnement intervient pour assurer un meilleur contrôle du niveau
des eaux et protéger ainsi les riverains des variations excessives et
des dommages matériels qu'elles entraînent. Les principales
actions à ce chapitre, au cours de l'année 1984-1985, ont
été la lutte contre les inondations à Richmond et sur la
rivière des Mille-îles, ainsi que la réfection du barrage
Allard.
Richmond a connu de nombreuses et parfois désastreuses
inondations. Afin d'apporter une solution aux problèmes auxquels font
face les citoyens de Richmond, nous avons procédé à des
travaux de protection. Ces travaux seront complétés l'an prochain
et l'opération aura entraîné des déboursés de
4 037 000 000 $.
Sur la rivière des Mille-îles, nous avons entrepris les
travaux requis pour réduire les dommages causés aux riverains.
L'acquisition des terrains a été complétée et les
travaux de construction de l'ouvrage de contrôle des crues ont
commencé en juillet 1984, L'ouvrage sera opérationnel au
printemps 1986.
En ce qui concerne le barrage Allard, sa reconstruction assurera le
maintien et la mise en valeur d'activités de villégiature autour
du lac Saint-François. Les travaux devraient être terminés
pour le printemps 1986.
Notre rôle de gestionnaire de l'eau nous a également
amenés à participer, avec les États riverains des Grands
Lacs, à l'élaboration de la charte des Grands Lacs. Cette charte
a été signée le 11 février dernier par onze
États américains, le Québec et l'Ontario. Elle vise
à sauvegarder le plus grand bassin d'eau douce au monde et, plus
particulièrement, à maintenir les niveaux et les débits
des eaux des Grands Lacs, du fleuve Saint-Laurent et de leurs tributaires et
à assurer l'élaboration et la mise en oeuvre d'un programme
coopératif de gestion des ressources en eau de ce système. Par
cette signature, le Québec pourra se faire entendre sur tout projet de
dérivation ou de consommation importante d'eau provenant du bassin
Saint-LaurentGrands Lacs. Notre adhésion è la charte des
Grands Lacs fait du Québec un partenaire important de ce groupe de
gouvernements préoccupés par la qualité de vie de leurs
citoyens et le développement économique de leur
région.
Parmi les dossiers ayant été soumis à la
procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur
l'environnement, il y en a un qui me tient particulièrement à
coeur; il s'agit de l'analyse du programme d'arrosage contre la tordeuse des
bourgeons de l'épinette. Dans ce dossier, le gouvernement a
acccepté ma recommandation soit l'abandon, sur deux ans, de tout
arrosage chimique sur les forêts par le ministère de
l'Énergie et des Ressources. Il s'agit là d'un gain
environnemental majeur, d'autant plus qu'il s'insère dans de nouvelles
orientations de gestion forestière qui tient compte des
aménagements sylvicoles et du maintien des équilibres
écologiques en forêt. Nous apprenions, cette semaine, que
l'Ontario a décidé de suivre l'exemple du Québec en
interdisant, à son tour, l'usage d'insecticide chimique dans la lutte
contre la tordeuse.
Je veux maintenant attirer votre attention sur un changement qui montre
bien quelle orientation nous entendons donner à notre action en
matière environnementale maintenant que les grands programmes de
restauration sont bien enclenchés. Je veux parler ici de la
création, au sein du ministère, d'un secteur de la planification
et de la prévention.
En effet, les programmes de restauration sont, maintenant, très
fortement amorcés dans tous les secteurs: dans le domaine de
l'assainissement des eaux, avec le programme d'assainissement des eaux; dans le
domaine de l'assainissement de l'air, avec l'adoption de la politique des
pluies acides et des règlements de mise en application; dans le domaine
terrestre, avec l'identification et la caractérisati0n des sites de
déchets dangereux et la préparation du règlement pour
contrôler la circulation des déchets dangereux.
Il importe donc maintenant que les effets bénéfiques qui
résulteront de ces mesures d'assainissement ne soient pas compromis par
le développement de nouvelles sources de pollution. La prévention
est le moyen le moins coûteux de conservation et d'amélioration de
la qualité de l'environnement.
Le nouveau secteur Planification et prévention vise à
renforcer cette fonction déjà présente dans la plupart des
activités du ministère, que ce soit dans les interventions faites
par les directions régionales ou dans l'application de la
procédure d'évaluation et d'examen des impacts des grands projets
sur l'environnement.
Ce secteur doit devenir le catalyseur qui non seulement assurera
l'intégration de cette préoccupation dans toutes et chacune de
nos interventions, mais également permettra une meilleure harmonisation
du développement économique et des exigences inhérentes au
maintien et à l'amélioration de la qualité de
l'environnement que souhaitent les citoyens.
Avec la création de ce secteur, nous sommes maintenant mieux
outillés pour déceler et évaluer les problèmes que
soulève la nouvelle problématique environnementale. C'est dans
cet esprit que le ministère a contribué à la
préparation d'un rapport de conjoncture sur l'état de la
recherche en environnement, rapport que j'ai rendu public en fin de semaine
afin d'assurer la
concertation nécessaire entre les différents intervenants.
Ce rapport sera soumis à une période de consultation qui
permettra de définir les axes de recherche à privilégier
pour les prochaines années.
Pour mieux se préparer à assumer cette fonction de
planification et de prévention, les activités des laboratoires du
ministère ont été réorientées.
Délestés des analyses d'eau potable, ils pourront maintenant
développer leur capacité analytique dans les secteurs de pointe,
micropolluants, déchets dangereux notamment.
Je suis convaincu que le ministère est prêt plus que jamais
à répondre aux préoccupations actuelles en matière
environnementale et à s'assurer que le souci de la qualité de
l'environnement devienne de plus en plus une partie intégrante du
processus de décision.
Avant de terminer, je désire vous indiquer quelles sont les
perspectives d'action pour l'année 1985-1986. Le dossier des
précipitations acides continuera sûrement à mobiliser nos
énergies. Nous poursuivrons nos efforts de concertation avec nos voisins
afin d'en venir à une stratégie de lutte contre ce fléau.
À la suite de l'annonce du plan d'action fédéral incluant
un volet financement, nous entendons poursuivre les discussions
déjà engagées avec le gouvernement fédéral
sur le financement de l'usine d'acide sulfurique que doit construire la
compagnie Noranda.
En assainissement des eaux, nous poursuivrons avec la même vigueur
nos interventions et nous prévoyons que les travaux continueront
à se réaliser à un rythme encore
accéléré. Le programme Berges neuves est prêt
à fonctionner. Nous pouvons maintenant recevoir les projets des
municipalités et nous nous attendons qu'elles bénéficient
en grand nombre des avantages de ce programme.
L'adoption prochaine du règlement sur les déchets
dangereux, pièce maîtresse de notre politique de gestion de ces
déchets, et sa mise en application nous fera franchir un pas important
dans le dossier de la gestion des déchets dangereux. L'implantation du
manifeste nous assurera enfin un meilleur contrôle sur leur circulation.
Pour ce qui est de la situation passée, le GERLED continuera ses
interventions grâce aux crédits supplémentaires
obtenus.
Dans le dossier de la récupération et du recyclage, nous
comptons tenir, d'ici le mois de février, une réunion d'une table
de concertation de tous les intervenants présents au sommet, afin de
faire le bilan des actions de chacun. Le plan de développement de la
collecte sélective étant maintenant complété, il
sera soumis à une table sectorielle avant son implantation. Nous
prévoyons que l'élaboration de scénarios d'implantation
pourrait débuter par les régions Mauricie-
Bois-Francs et Québec, ces deux régions étant les
plus propices à l'implantation de la collecte sélective.
Dans le domaine de la recherche et du développement en
environnement, la consultation et la tenue d'un colloque, annoncé cette
semaine à la suite de la publication du rapport "Valoriser le futur",
devraient nous mener en cours d'année à l'adoption d'une
politique en cette matière.
Enfin, en matière de protection et de conservation des milieux,
nous prévoyons le dépôt, cet été, d'un
document de stratégie de conservation des milieux riverains. Nous
comptons également, conjointement avec les municipalités,
élaborer des outils favorisant la protection des espaces verts en milieu
urbain.
Enfin, pour mieux suivre l'évolution de la qualité de
l'environnement, nous comptons préparer un bilan périodique qui
rende compte de l'état de l'environnement au Québec. Cet
instrument, qui répond d'ailleurs à un voeu exprimé par le
groupe de travail qui a produit le rapport de conjoncture sur ta recherche en
environnement, permettra à tous nos partenaires, publics et
privés, avec lesquels nous collaborons étroitement, de prendre
connaissance de l'évolution de la situation. (10 h 45)
Je suis très fier de nos réalisations au cours de
l'année qui vient de se terminer. Ce fut une année
particulièrement productive pour l'environnemment. L'année qui
vient s'annonce tout aussi intéressante et c'est avec beaucoup
d'optimisme que nous* l'entreprenons. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le ministre. La
parole est maintenant la Mme la députée de Chomedey.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Merci, M. le Président. J'aimerais d'abord
souligner que mes remarques d'ouverture seront certainement d'ordre
général préférant aborder les sujets sectoriels
dans le cadre de la période des questions qui suivra.
À regarder le budget du ministère de l'Environnement pour
l'année 1985-1986, il y a une triste réalité qui saute
à mes yeux: le budget global atteint 166 000 000 $, comme vient de nous
dire le ministre, soit une partie inférieure à 1 % du total des
dépenses financières pour l'ensemble des ministères pour
la prochaine année financière.
Aussi, n'est-il pas étonnant de remarquer que le budget du
ministère de l'Environnement est dépassé par de nombreux
autres dont les activités ont des répercussions certaines sur
l'environnement. Parmi ceux-ci, je ne citerai que celui de
l'Industrie et du Commerce qui a 305 000 000 $, celui de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation qui a 524 000 000 $ et celui du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui retient 207 000 000 $ du budget.
Le simple fait de se limiter à ces quelques ministères suffit
à démontrer l'ampleur des défis devant lequels est
confronté le ministre de l'Environnement, soit de défendre une
cause comportant de multiples facettes industrielles, agricoles et autres avec
des moyens passablement limités n'atteignant même pas 272 000 000
$, proportion qui équivaudrait à environ 1 % du budget total de
l'État.
Dans de telles conditions, j'aurais cru que le ministre de
l'Environnement fasse état publiquement des pressions ou tentatives de
se voir augmenter de façon appréciable le budget alloué au
ministère de l'Environnement. Au lieu de cela, j'ai vu le ministre dans
les cadres de différentes commissions parlementaires se limiter à
expliquer que le ministère de l'Environnement ne pouvait régler
les problèmes dans un cours laps de temps. Ce raisonnement
m'apparaît fort logique, M. le Président, dans la mesure où
on ajoute bien franchement que le Conseil des ministres n'est pas prêt
à accorder davantage de crédits pour couvrir autant de sujets,
aussi bien sur le plan de la recherche et du développement que sur les
travaux à réaliser en vue de restaurer le mieux possible les
milieux ambiants.
C'est ainsi que pour l'année 1985-1986, le ministère a
l'intention de consacrer une somme de 11 500 000 $ à la gestion interne
et soutien. On croit arriver à une gestion efficace des milieux
atmosphériques et terrestres avec une somme de 14 100 000 $, un montant
qui m'apparaît tout à fait en deçà des besoins et
défis à relever. Pourtant, M. le Président, les
différents problèmes relevés en milieux
atmosphériques et terrestres ne sont-ils pas plus souvent qu'autrement
des véritables sources de pollution du milieu aquatique, dont le budget
atteindra 130 500 000 $?
Par ailleurs, le seul point positif du budget du ministère de
l'Environnement pour l'année 1985-1986 tient essentiellement à ce
que l'ensemble des programmes et éléments de programme subissent
de légères augmentations au niveau des budgets, tandis qu'on
compte arriver à assumer de façon plus efficace la gestion de ce
programme avec moins d'employés. En effet, je note qu'il y aura une
diminution de 45 employés permanents ainsi que de deux employés
dits occasionnels. À cela, le ministre répondra peut-être
que cette coupure est faite au nom de la bonne gestion, de la rationalisation
de l'appareil bureaucratique. Mais, il serait étonnant de croire
qu'à ce stade-ci de l'histoire environnementale du Québec, les 47
employés étaient à ce point inutiles qu'on puisse
dorénavant se passer de leurs services.
D'autre part, si le ministre me répond que la politique du
ministère de l'Environnement consiste à augmenter les travaux
réalisés dans le secteur privé, je lui rappellerai qu'une
politique de cette sorte n'est pas mauvaise en soi, mais elle ne saurait nous
prouver qu'une diminution du personnel n'affecterait en rien la gestion des
programmes eu égard à l'accélération du programme
d'assainissement des eaux et la création d'autres programmes comme celui
de Berges neuves, par exemple.
En ce qui a trait à la planification, la recherche et la
prévention, nous croyons que d'intenses efforts doivent être
consacrés par le ministère de l'Environnement. Depuis plusieurs
mois, l'Opposition a mis l'accent sur le manque de vision globale
démontré par le ministère de l'Environnement. Je me
souviens des paroles prononcées par des membres du Conseil des ministres
du gouvernement québécois à savoir que les projets d'un
futur gouvernement libéral en matière d'une meilleure
définition d'une vision globale des questions reliées à
l'environnement relevaient, selon eux, de la pure fantaisie.
Dernièrement, le ministre de l'Environnement rendant public son rapport
de conjoncture en matière de recherche et de développement dans
le secteur de l'environnement au Québec, devait se rendre au même
constat, c'est-à-dire qu'une meilleure gestion de la recherche devenait
de plus en plus nécessaire au Québec.
Pour sa part, le Parti libéral du Québec reconnaît
depuis longtemps les constats avancés dans le document "Valoriser le
futur", c'est pourquoi il propose aux Québécois rien de moins
qu'une meilleure coordination globale aussi bien que sectorielle dans le
secteur de la recherche dont certains éléments de programme
seraient tout simplement transférés à l'un ou l'autre des
ministères impliqués. Qu'il s'agisse de pollution industrielle,
agricole ou d'autre nature,, nous croyons que seuls les ministères
impliqués pourront y mettre les ressources nécessaires dans la
mesure où ses dirigeants posséderont des mandats précis et
cohérents, mandats axés autour de préoccupations
essentiellement environnementales et ce, à travers leurs
activités régulières.
M. le Président, en parlant de ce rapport de conjoncture, je dois
avouer que j'ai trouvé un peu cynique l'interprétation du
ministre de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie
lorsque, en conférence de presse, il tentait de minimiser le rôle
et les ressources mises à la disposition du Québec par le
gouvernement canadien. Depuis quelque temps, tout le monde avait cru que le
gouvernement du Québec avait changé d'attitude vis-à-vis
du gouvernement fédéral et acceptait de jouer ce qu'il convenait
d'appeler le beau risque.
Une telle attitude de la part du ministre responsable des questions
reliées à la science et à la technologie apparaît
surprenante eu égard à la présente conjoncture politique
en matière de relations fédérales-provinciales.
S'il est vrai de dire que le gouvernement canadien a alloué une
part que tous reconnaissent comme trop petite dans le domaine de la recherche
sur le territoire québécois, on se serait attendu à un
leadership plus valable et plus prononcé de la part du gouvernement du
Québec en vue de susciter un dialogue fructueux et efficace avec le
gouvernement canadien.
Or, dans ce même rapport de conjoncture, se contente-t-on de
souligner que le Québec a retiré des sommes d'argent dont les
proportions ont varié de 13 % en 1980 à 20 % en 1983. On est
alors en droit de se demander si le gouvernement du Québec a
réellement accompli la tâche qui lui est dévolue, soit de
défendre les intérêts du Québec en réclamant
à cor et à cri, si nécessaire, une meilleure
répartition des budgets dans le secteur scientifique.
Personnellement, j'avais espéré que les règles du
jeu de ce fameux beau risque impliquent également un dialogue soutenu et
une pression plus forte à l'endroit du gouvernement canadien afin que le
Québec bénéficie d'une plus grande proportion des montants
d'argent octroyés au Québec pour la recherche et le
développement.
En ce qui a trait à la prévention, nous croyons que le
gouvernement du Québec doit y accorder un soin attentif du fait que
l'urgence se fait sentir de plus en plus, au fur et à mesure que grandit
la sensibilisation du public à l'endroit de l'environnement. Comme je le
soulignais lors de l'adoption d'une motion pour le Mois de l'environnement,
divers facteurs concourent à cette sensibilisation de plus en plus
grande et qui touche nos modes de vie: façon de consommer, façon
de produire, façon de disposer de nos déchets, façon de
protéger notre patrimoine aquatique et terrestre, façon de
construire, bref, façon de développer notre économie.
J'espère que le ministre sera d'accord avec moi pour constater
qu'au fur et à mesure que les sociétés s'acharnent
à réparer les erreurs du passé, on constate l'ampleur des
défis et force nous est de consacrer des budgets plus importants compte
tenu des demandes du milieu. S'il est d'accord avec une telle prémisse,
je demanderai alors au ministre de nous dire les moyens qu'il entend mettre de
l'avant pour faire pression auprès des membres du Conseil des ministres
afin que lui soit alloué un budget supérieur à 1 % du
budget global de l'État.
C'est au nom de cette sensibilisation sans cesse grandissante du public
ainsi qu'au besoin de plus en plus urgent d'assumer le passé pour un
avenir meilleur que nous invitons le ministre à faire en sorte que des
ressources financières plus importantes lui soient consacrées en
vue de promouvoir cette qualité de vie.
Et, parlant de cette qualité de vie, nous sommes bien conscients
du défi auquel doit faire face le ministre de l'Environnement: en effet,
il affrontera un des grands paradoxes de notre époque moderne,
c'est-à-dire qu'il ne peut renier la bonne foi et le courage dont ont
fait preuve ceux et celles qui ont bâti notre territoire, lesquels ont
dû faire face à des problèmes géographiques et
physiques de taille et d'autre part, dénigrer ces mêmes
réalisations en raison des méthodes de développement et de
construction qui semblaient s'insérer à l'inverse de
considérations environnementales. Aujourd'hui encore, nous profitons
tous, à des degrés divers, de ce travail et de l'acharnement de
ceux et celles qui nous ont précéder.
C'est plutôt à partir des perceptions et des comportements
des années quatre-vingt que nous convenons de certaines erreurs commises
par le passé comme, par exemple, dans la façon d'aménager
le territoire. Sur ce dernier point, je crains fort que le gouvernement du
Québec ait enclenché un processus qui risque de nuire à la
coordination des travaux entrepris dans le milieu. Sans nier la
nécessité de l'existence des municipalités
régionales de comté, nous croyons que sur les questions
reliées à l'environnement, le gouvernement doit départager
au plus vite les juridictions, les mandats et les ressources financières
mises à la disposition des différents paliers de décisions
municipales et régionales.
Comme nous le verrons au cours de la période de questions, on
s'aperçoit que dans plusieurs régions du Québec, des
conflits semblent émerger entre les preneurs de décisions qui
n'arrivent plus à départager les responsabilités de l'un
ou l'autre des paliers décisionnels.
Je profite aussi de l'occasion pour souligner le travail positif de
sensibilisation accompli par les différents groupes environnementaux
dont nous avions le plaisir de souligner l'apport positif il n'y a pas si
longtemps, ici même à l'Assemblée nationale. Les pressions
venant des milieux environnementaux ont sans doute sensibilisé toutes
les sociétés modernes et forcé les dirigeants des
gouvernements à changer l'orientation en matière de
développement économique. On peut toujours se replier sur
l'argument voulant que les sociétés modernes ont
été prises de court à la suite de dénonciations
provenant des différents groupes de citoyens quant aux retards
apportés et surtout à leur façon de gérer le milieu
aquatique et terrestre. De la même façon, pouvons-nous dire que
tous les problèmes ne seront pas résolus pour l'an
2000. Il ne reste qu'à souhaiter cependant qu'une bonne partie de
la démarche aura été enclenchée, suivie d'une
série de modifications et de comportements d'une façon telle que
notre mode de vie sera fort différent par rapport aux années
quatre-vingt.
C'est précisément le défi que s'est lancé le
Parti libéral du Québec. Depuis plusieurs mois
déjà, les différentes instances de notre formation
politique ont tenté de redéfinir le cadre tant
général que sectoriel de l'intervention de l'État en
matière d'environnement. Nous croyons, en effet, qu'avec une meilleure
vue globale de l'environnement, une série de gestes et de modifications
pourront ainsi paver la voie vers une meilleure qualité de vie pour l'an
2000. C'est de cette façon positive qu'un futur gouvernement
libéral a l'intention de s'attaquer à cette recherche, par une
prévention des moindres aspects d'une qualité de vie meilleure et
amener le public québécois et les groupes environnementaux, en
particulier, à participer à cette démarche collective et
individuelle à la fois.
Comme vous le verrez, dans le cadre de la période de questions,
vous serez à même de constater que plusieurs
Québécois nous ont aidés à mieux percevoir les
dossiers régionaux et locaux qui affectent leur environnement et nous
proposer différentes avenues de solutions. Notre travail ici consistera
à demander des comptes au gouvernement et à s'enquérir des
moyens mis en place pour remédier à des situations anormales,
situations qui sont jugées en deçà d'une qualité de
vie tant recherchée.
Parmi les anomalies constatées sur le terrain, nous citerons
celle du programme d'assainissement des eaux. C'est avec satisfaction que nous
constatons que l'accélération du programme d'assainissement des
eaux semble se concrétier peu à peu. Toutefois, nous sommes
perplexes quant au respect des coûts projetés à l'origine
de ce programme, comme nous le verrons un peu plus tard dans ce débat.
(11 heures)
Nous aurions quand même souhaité que le gouvernement du
Québec effectue le délicat travail de planification et de
recherche avant la mise en marche de ce programme.
En effet, le ministre de l'Environnement a reconnu que certains retards
avaient été enregistrés quant à la
réalisation des travaux d'assainissement. Or, cette année,
l'Opposition mettra l'accent sur des écarts importants non plus entre
les objectifs de départ, mais bien en ce qui concerne les
prévisions des coûts de construction prévues au
départ comparativement à des prévisions récentes
qui, dans certains cas, atteindront le double.
En ce qui a trait au programme Berges neuves, l'Opposition officielle a
déjà fait connaître ses vues. Aujourd'hui, elles les
maintient plus que jamais. Avant de mettre sur pied un te! programme, un
état de la situation aurait dû être rédigé et
connu du public. À toutes fins utiles, nous reposons notre argument sur
la logique voulant que les différentes pollutions doivent être
éliminées à leur source même, c'est-à-dire
dans les milieux aquatique et terrestre, avant de voir à une
épuration qui risque, hélas! d'être temporaire en
dépit des objectifs valables que sous-tend ce programme.
Donc, le problème concerne davantage le moment de réaliser
ce programme que les moyens pour y parvenir.
En matière d'assainissement agricole, le Québec est loin
d'être en avance sur quelque province que ce soit au pays. Actuellement,
nous en sommes à l'étape de la construction pour une mise en
fonctionnement de deux usines pilotes de traitement de lisier de porc et du
laboratoire témoin. Bien que valables, j'estime que de tels projets
auraient dû démarrer bien avant le milieu des années
quatre-vingt, puisque le lisier de porc constitue une source de pollution
suffisamment importante pour qu'il ait valu la peine de se pencher sur ce
dossier dès la création du ministère de l'Environnement.
En fait, il est un peu étonnant de constater que, parallèlement
à la construction de ces deux usines pilotes, nous en sommes toujours
à l'état de suivi d'un programme de recherche et de
développement sur le traitement des fumiers. Sur ce point, j'aimerais
que le ministre nous explique un peu plus longuement le contenu de ce
programme, qui ne se limite certainement pas à l'expérience de
ces deux usines, et qu'il nous dise les moyens entrepris par le gouvernement en
vue de valoriser le lisier de porc et ce, en concertation avec les agriculteurs
québécois-Parlant de cette concertation, M. le Président,
nous aurons l'occasion, tout à l'heure, d'interroger un peu plus
longuement le président du Bureau des audiences publiques sur
l'environnement concernant le mandat et surtout la façon dont il exerce
son rôle d'examen des projets ayant un impact sur l'environnement. En
effet, en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement, selon
l'article 6. 3, le ministre peut mandater le bureau pour enquêter sur
toute question reliée à la qualité de l'environnement.
Dans un tel cas, nous dit la loi, il doit faire rapport au ministre de ses
constatations et de l'analyse qu'il a effectuée. Les questions
susceptibles de faire l'objet d'enquête seront généralement
des projets précis pour le développement ou l'aménagement,
plutôt que les politiques. Par ailleurs, l'article 31. 3 de cette
même loi autorise l'intervention du bureau dans le cadre de
l'évaluation et de l'examen des impacts.
Mais, il semble que l'écart devient grand entre la théorie
et la pratique. En effet, on nous a rapporté que dans le cadre de
différentes études entamées par le Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement, on s'est permis d'outrepasser son mandat en
critiquant et en analysant non pas le volet environnemental de tel ou tel
projet, mais plutôt l'essentiel du projet en se prononçant sur le
fond et le contenu dudit projet et ce, pas nécessairement en rapport
avec son impact sur l'environnement. Le président du Bureau des
audiences publiques sur l'environnement y serait allé, nous dit-on, de
déclarations susceptibles de discréditer le travail
effectué par l'ensemble des membres qui composent le BAPE.
À ce sujet, j'aimerais d'ailleurs entendre le point de vue du
ministre quant à l'interprétation et jugement qu'il porte
à l'égard non pas du mandat du BAPE, mais plutôt sur le
travail effectué par ce dernier qui s'est attiré les foudres de
nombreux agents du milieu. Si le ministre nous répond qu'il faut
s'attendre à des critiques sévères de la part d'autres
ministères qui se voient ainsi barrer la route sur des projets de
développement et d'aménagement, nous lui disons que telle n'est
pas la nature et le mandat du travail du Bureau des audiences publiques sur
l'environnement. Nous ne doutons pas que des critiques parfois
sévères puissent être adressées à quelque
promoteur, qu'il s'agisse de ministère ou d'entrepreneur privé,
mais nous croyons qu'un réexamen des règles du jeu du Bureau des
audiences publiques sur l'environnement s'impose lorsque sont mal
interprétées celles-ci, surtout lorsqu'on tente de
discréditer quelque promoteur en matière d'aménagement et
de développement.
Cette courte parenthèse nous amène, tout naturellement,
à considérer cette notion environnementale dans le
développement économique.
En effet, le Parti libéral du Québec presse le
gouvernement de faire en sorte que ne s'opposent pas les concepts environnement
et économie. La dimension environnementale doit être perçue
et vue comme un facteur positif à travers les différents projets
de développement économique et doit reposer sur des
critères objectifs davantage que subjectifs. Si l'on prend le temps de
déterminer des critères et des paramètres suffisamment
clairs et conformes à ce souci de protéger la qualité de
vie des citoyens, la cause environnementale sera d'autant plus facile à
défendre vis-à-vis de quelque promoteur que ce soit.
Concernant les délicates questions de la gestion des
déchets solides et liquides ainsi que celles reliées à la
récupération et au recyclage, le défi apparaît
colossal pour le ministère de l'Environnement dans la mesure où
nombre d'intérêts privés ou publics sont confrontés
à ce qu'il est convenu d'appeler les gestes ponctuels et pas toujours
légaux des entrepreneurs.
Là encore, le ministère de l'Environnement doit faire
preuve d'une efficacité extraordinaire pour inciter les
différents intervenants à prendre les choses en main. Toutefois,
le gouvernement du Québec n'a pas toujours su faire preuve de jugement
exemplaire. C'est ainsi que dans le cadre de la délicate question de la
récupération de la canette, nous avions insisté en
commission parlementaire, lors de l'étude des modificaitons à la
Loi sur la qualité de l'environnement, sur cette nécessité
d'un dialogue fructueux avec l'ensemble des intervenants du milieu.
Or, depuis l'entrée en vigueur de cette loi, un mouvement de
boycottage entrepris par l'Association des détaillants en alimentation a
eu comme effet de discréditer les objectifs qui auraient pu être
valables.
Aujourd'hui, les négociations achoppent sur des
éléments importants d'application de cette loi, comme nous
l'avions prévu avant que n'entre en vigueur cette pièce
législative.
Incidemment, le ministre pourrait profiter de cette occasion de
l'étude des crédits pour faire le point sur l'état des
négociations, leur fréquence ainsi que la marge qui perdure entre
les demandes du milieu et les offres du gouvernement.
En ce qui a trait à la gestion des déchets, bien que le
problème existe depuis longtemps, des appréhensions semblent
surgir à travers plusieurs régions du Québec depuis
l'incident de Kenora.
Sur ce point, il semble que le gouvernement ait été pris
de court, le ministre de l'Environnement se contentant de réaffirmer
qu'il ne fallait pas ameuter la population. Or, cet argument peut être
valable dans la mesure où cette même population est assurée
que des mesures efficaces sont prises.
Vous avouerez avec moi, M. le Président, que les
déclarations des dernières semaines du ministre de
l'Environnement se sont bornées à décrire quelques mesures
en matière de travaux de recherche et d'inventaire, ainsi que la
présentation d'un projet de règlement sur les déchets
dangereux dont les règles entreront en vigueur au cours des mois
prochains.
De notre côté, nous espérons que le ministre de
l'Environnement ajustera son discours à la mesure des
apréhensions qui surgissent un peu partout au Québec. Je ne crois
pas que les médias d'information ont voulu faire peur à qui que
ce soit, alors qu'on s'est contenté de décrire des situations de
fait.
Par exemple, la population de l'île de Montréal, où
habite le tiers des habitants du Québec, a le droit de savoir qu'elle
abrite
1 800 000 litres de BPC, soit 56 % de tous les BPC liquides; de
même qu'elle a le droit de savoir les mesures envisagées par le
gouvernement du Québec pour la rassurer. Cette population a
également le droit de savoir que la ville de Montréal abrite 119
000 litres de BPC, tandis que la Côte-Nord et le Nouveau-Québec
recèlent ensemble 10, 5 % des BPC de la province. La population des
régions de la Mauricie, de Québec et des Cantons de l'Est est
également visée, selon une compilation effectuée par les
bureaux d'Environnement Canada.
La population du Québec désire également savoir les
intentions du gouvernement à l'égard de 3500 manufactures et
usines qui produisent des déchets industriels contenant des substances
toxiques. Ces activités industrielles au Québec
généreraient annuellement entre 800 000 et 1 000 000 de tonnes
métriques de déchets. Le problème réside dans le
fait que certaines usines possèdent leur propre parc à
déchets, et d'autres déposent leurs déchets dans des sites
d'enfouissement privés. Cependant, la majorité des industries
déversent leurs résidus directement dans les cours d'eau du
Québec.
Ce sont là quelques données, bien qu'incomplètes,
qui par leur nature nous indiquent presque la voie à suivre,
c'est-à-dire celle de la décontamination du Québec qui
s'impose de façon de plus en plus urgente.
Pour notre part, nous aimerions que le gouvernement du Québec
nous rassure de façon plus satisfaisante. Depuis près de dix ans,
au Québec, les données techniques et scientifiques sont à
peu près compilées. Que le ministère de l'Environnement
sache simplement que près de 600 sites de déchets
inventoriés constituent des menaces à la population et que 70
d'entre eux menacent directement l'environnement et la santé
publique.
De toute façon, nous aurons l'occasion d'en discuter, M. le
Président, un peu plus longuement de ce sujet en cours de la
période de questions.
En ce qui a trait aux programmes 5 et 6, Gestion interne et soutien et
Organismes-conseils, je préfère garder mes commentaires lors de
l'étude de ces deux programmes, où nous procéderons par le
biais de questions techniques et autres pour en savoir plus long sur
l'amorçe de différents programmes comme Berges neuves, eau
propre, ainsi que ceux de la publicité.
M. le Président, en guise de conclusion, on me permettra
simplement de souligner que le ministère de l'Environnement ne pourra
à lui seul, au cours des prochaines années, assumer le mandat qui
lui est dévolu.
L'éveil de la population vis-à-vis des problèmes
environnementaux ainsi que son souci de voir à ce que les
générations présentes et futures bénéficient
d'une meilleure qualité de vie au Québec constituent des raisons
suffisantes pour choisir les voies du réalisme et de
l'efficacité. Ou bien le ministre de l'Environnement devra exercer
toutes les pressions possibles en vue de se voir augmenter ses ressources
financières, techniques et humaines, ou bien il devra transférer
certaines des responsabilités relevant du secteur de la
réparation à d'autres ministères directement
impliqués dans l'application de tel ou tel règlement.
Pour l'avenir, nous estimons que chacun des ministères pourrait
devenir le maître d'oeuvre de projets de surveillance et de
réalisation dans les questions relatives à la protection de
l'environnement.
Pour sa part, le rôle de coordonnateur, de superviseur devrait
être assumé par le ministère de l'Environnement. C'est
à partir de ces paramètres qu'un futur gouvernement
libéral a déjà manifesté ses intentions de mettre
sur pied des équipes interministérielles en vue d'assurer cette
concertation et ce consensus avec les différents intervenants
intéressés à travailler aux aspects environnementaux dans
le cadre d'un développement économique et de l'aménagement
harmonieusement développé. Ce même principe s'appliquerait
au sujet de l'articulation des programmes fédéraux-provinciaux.
Mais, au préalable, il incombe de déterminer les
véritables priorités environnementales avant de se lancer dans
des aventures dont le coût des réalisations peut être plus
élevé que prévu au départ. Pour y arriver, la
définition de stratégies marquées au coin du
réalisme et de la concertation pourrait assurer la mise en marche de
différents programmes.
Nous incitons donc le gouvernement du Québec à travailler
en regard des Horizons-2000 et insistons sur le fait qu'il devrait
développer des méthodes suffisamment rigides au niveau de
l'application des réglementations qu'il désire voir mises en
vigueur.
M. le Président, à moins que le ministre ait des remarques
à faire, je serais prête à étudier le programme
1.
Le Président (M. Marquis): Merci, Mme la
députée de Chomedey. M. le ministre, avez-vous d'autres choses
à ajouter.
M. Adrien Ouellette (réplique)
M. Ouellette: Oui, M. le Président, je me sens dans
l'obligation interne et naturelle de répliquer à certaines
affirmations que je viens d'entendre.
Je veux bien tenir pour acquis que le rôle de l'Opposition, c'est
de s'opposer, mais encore faut-il exiger qu'elle le fasse de
façon cohérente à tout le moins.
Je prends comme exemple le premier sujet qui a été
abordé par Mme la députée de Chomedey et qui porte sur le
budget qui, dit-elle, est trop modeste au ministère de l'Environnement.
Elle se permet d'établir des comparaisons avec d'autres
ministères. Encore heureux qu'elle ne l'ait pas fait à partir du
ministère de l'Éducation ou du ministère des Affaires
sociales parce que là, cela aurait l'air vraiment modeste. Mais, elle
s'est limitée à comparer à deux ou trois ministères
dont celui de l'Industrie et du Commerce et celui de l'Agriculture en
soulignant que ces ministères disposaient de budgets beaucoup plus
importants que celui qui est dévolu au ministère de
l'Environnement.
Je ferais remarquer préalablement que ces deux ministères
sont des ministères à caractère économique et que
l'Opposition nous reproche toujours de ne pas être assez
économique. Voilà qu'au moins, l'Opposition vient d'admettre que
nous mettions plus d'argent dans nos ministères à vocation
économique qu'elle n'ose le faire généralement dans les
débats, notamment, ceux de l'Assemblée nationale. (11 h 15)
Mais, je me sens obligé d'apporter une certaine correction. Quand
on regarde le budget du ministère de l'Environnement qui, soit dit en
passant, est augmenté de 9, 3 % cette année, il comporte certains
chiffres qui ne révèlent pas la réalité absolue. Au
seul chapitre des investissements dans le domaine de l'assainissement des eaux
usées municipales, nous avons investi au cours de l'année qui
s'est terminée le 31 mars dernier, 300 000 000 $ qu'il faudrait ajouter
aux 166 236 000 $ que comporte le budget de cette année. Si on fait
cette addition, nous rejoignons facilement le ministère de l'Agriculture
et nous dépassons largement le ministère de l'Industrie et du
Commerce. Ce sont là des dollars dépensés sur le terrain
qui sont, bien sûr, dépensés à des fins
environnementales, mais qui ont en même temps, et c'est heureux, des
effets sur l'économie et des effets très positifs puisqu'on a
relancé un secteur drôlement affecté au cours de la
dernière crise économique, celui de la construction. Donc, il
faudrait dire toute la vérité et comparer des pommes avec des
pommes plutôt que de le faire avec des pamplemousses à
l'occasion.
Le deuxième thème qui a été abordé
est celui de la vision globale. C'est un terme chéri de l'Opposition et
en particulier de Mme la députée de Chomedey, cette espèce
de vision globale dont a fait preuve le gouvernement Bourassa lorsqu'il
était au pouvoir jusqu'en 1976 et qui n'a rien donné en
matière environnementale. On s'est contenté, en 1972, d'adopter
une loi magnifique qui s'appelait la Loi sur la qualité de
l'environnement, qui était véritablement une vision globale. Mais
là s'est arrêté le travail du gouvernement Bourassa, en ce
sens qu'on a négligé d'adopter la réglementation, de
mettre la chair sur ses os de façon à rendre cette loi globale
efficace sur le terrain, ce à quoi nous nous sommes appliqués
depuis 1976 en adoptant une foule de règlements qui sont venus enlever
cet aspect globalisant de la Loi sur la qualité de l'environnement pour
lui donner des effets concrets sur le terrain.
Elle va même jusqu'à - c'est le programme du Parti
libéral qui le suggère d'ailleurs - souhaiter que les pouvoirs
actuellement détenus par le ministère de l'Environnement soient
dilués au profit des autres ministères. Je l'ai
déjà dit en public et je ne le répéterai jamais
assez, ceci équivaut tout bonnement à confier les volailles aux
renards. Donner au pollueur le soin de fixer lui-même ses propres normes,
c'est à peu près ce qui s'est produit dans le cas de Noranda
depuis 17 ans où, à partir de voeux pieux et de vision globale,
on allait pleurnicher sur le perron de sa porte pour la supplier de faire
quelque chose.
Cela a failli porter ses fruits puisqu'il y a une douzaine
d'années, effectivement, Noranda avait décidé de
construire son usine d'acide sulfurique puisqu'elle en a même construit
les fondations. Aussitôt le gouvernement revenu au pouvoir - je dis bien
le gouvernement Bourassa - les travaux se sont arrêtés et on a
enterré les fondations parce qu'elles étaient gênantes pour
la. compagnie.
Si on prétend que c'est en donnant à Noranda le pouvoir
d'agir et de fixer ses propres normes, on a l'exemple, puisqu'en 1985, il n'y a
toujours rien de réalisé. Il nous a fallu au contraire faire
preuve de leadership et de forcer, par voie réglementaire, la compagnie
Noranda à faire des choses. Il n'est pas sage - l'expérience le
prouve d'emblée - de confier aux pollueurs le soin de se régir
eux-mêmes. Il faut au contraire une position vigilante et, dans certains
cas, rigoureuse de la part du responsable de la protection de l'environnement
auprès des pollueurs.
Donc, la vision globale qui conduit dans cette voie, quant à moi,
est un cul-de-sac assuré qui nous ramènerait à peu
près à l'état de l'environnement qui prévalait sous
le gouvernement Bourassa. Que se passait-il à cette époque?
D'abord, les budgets n'avaient rien de comparable avec ceux dont dispose
aujourd'hui le ministre de l'Environnement et, en passant, le budget du
ministère de l'Environnement, depuis sa création, n'a
cessé de croître et à un rythme double de la croissance
budgétaire globale du gouvernement.
À titre d'exemple, le budget provincial, cette année, a
été augmenté de
5, 3 %; celui de l'Environnement, 9, 3 %, pratiquement le double. Quand
on fait le bilan au cours de l'exercice du pouvoir par le Parti
québécois, on s'aperçoit que le budget global du
Québec a crû de 11, 6 % alors que celui du ministère de
l'Environnement a crû de 19, 4 %, ce qui signifie qu'on ne se contente
pas d'exprimer des voeux pieux, mais au contraire on agit clairement et
même "budgétairement".
Il y a aussi certaines contradictions quand on compare les propos tenus
et la réalité qui prévalait alors que ces gens
exerçaient le pouvoir. Premièrement, il n'y avait pas de
ministère de l'Environnement. Même si la Loi sur la qualité
de l'environnement avait été adoptée sous le gouvernement
Bourassa en 1972, en 1976, lorsqu'il a perdu le pouvoir, il n'y avait toujours
pas de ministère de l'Environnement; et qui plus est, on avait
confié à un homme déjà très occupé -
malgré ses talents reconnus je dirais même mondialement, M.
Goldbloom - par le ministère des Affaires municipales, le soin de
s'occuper en "side line" ou en temps de loisir du SPE qui occupait le champ de
l'environnement à l'époque. Pire encore, on a réussi
à confier à M. Goldbloom, pour qui j'ai beaucoup de respect, une
fonction très accaparante additionnelle, celle de la surveillance du
dossier olympique. On sait ce que cela a donné.
On nous reproche également notre attitude avec le
fédéral parce que le ministre Bérubé aurait
mentionné dans une certaine conférence de presse que les
investissements en matière d'environnement au Québec
n'étaient pas comparables notamment avec ceux de l'Ontario parce que le
gouvernement fédéral ne détenait pas au Québec de
grands laboratoires ni de grands instituts. Je m'excuse, mais le virage qu'a
fait le Parti québécois n'en est pas un d'aplatventrisme. On
n'ira quand même pas jusqu'à cacher la réalité. La
réalité est ce qu'elle est. Elle est issue de l'histoire
canadienne qui a toujours fait en sorte qu'au fédéral on a
d'abord servi l'Ontario et quand il y avait des miettes, on servait le
Québec. Cette réalité est historique et elle n'a pas
changé depuis le 4 septembre dernier.
Quand on regarde les investissements fédéraux en
matière de recherche, ce n'est pas au Québec qu'il faut jeter un
coup d'oeil puisqu'ils se font généralement dans les autres
provinces canadiennes au détriment du Québec et, en particulier,
en Ontario. C'est un maigre montant de 4 000 000 $ que le fédéral
a engagé au Québec durant la dernière année
comparativement à des montants beaucoup plus impressionnants dans les
autres provinces canadiennes. Cela est la réalité. Elle est
factuelle et elle est historique. On n'a pas à se gêner de la
dénoncer. En ce qui me concerne, je ne me gênerai sûrement
pas.
On a aussi regretté que l'assainissement des eaux en tant que
programme appliqué sur le sol n'ait pas été
précédé de recherches interminables qui auraient permis de
se réembarquer dans la globalité qui est préconisée
dans le programme du Parti libéral qui devient, à toutes fins
utiles, - et l'histoire encore le démontre, - le prétexte
magnifique pour ne jamais rien faire. Étudions, étudions,
étudions. On agira plus tard. Souvent, il peut être trop tard
lorsqu'on a terminé nos études. Souvent, on a
étudié tellement longtemps qu'on a oublié les
premières données des premières études. Nous
profitions, à ce moment, et c'est malheureux, mais l'histoire l'a voulu
puisqu'on n'a rien fait sous les gouvernements précédents, de
vingt années de retard puisque partout ailleurs en Amérique du
Nord, on avait procédé à l'assainissement des eaux
usées municipales. Je ne vois pas pourquoi nous serions plongés
encore une fois dans des études alors que tous nos voisins disposaient
des réponses à ces études. Ce que nous avons fait, c'est
que nous avons pris les données qui existaient partout en
Amérique du Nord et nous les avons appliquées au Québec
avec un nombre de dollars suffisants pour nous permettre de faire les
ajustements requis.
On nous reproche aussi un retard sur les autres provinces. Jamais nous
ne l'avons caché puisque le ministère de l'Environnement n'a que
cinq ans. Évidemment, il fallait effectuer les études requises
sur la situation qui prévalait au Québec avant de commencer
à agir. Comme nous avions un retard accumulé vieux d'une
vingtaine d'années dans à peu près tous les secteurs, nous
avons, bien sûr, dû en tenir compte et nos actions accusent encore
un retard, mais au rythme où nous travaillons, ce retard sera
comblé dans à peu près tous les secteurs.
J'ai mal compris le message de Mme la députée de Chomedey
qui critiquait ouvertement le bureau des audiences publiques et certains propos
de son président. Ce n'était pas très clair, mais j'ai cru
comprendre qu'elle regrettait que le BAPE ait dans certains dossiers
outrepassé son mandat. Je regrette, mais le mandat du Bureau des
audiences publiques sur l'environnement est très large. C'est un outil
qui permet à la population d'abord de connaître le contenu des
projets qui sont fournis par certains promoteurs et qui permet à cette
même population de venir exprimer ses craintes ou encore ses objections
au programme ou au projet. Le bureau des audiences publiques, comme tout
tribunal, n'a pas le choix. Il ne dicte pas les propos qui sont tenus devant
lui ni le contenu des mémoires qui lui sont présentés. Il
n'a qu'à les écouter et à en tenir compte
dans ses rapports. À ce moment, je pense que le bureau des
audiences publiques fait un travail magnifique.
Ce qui est encore plus étonnant, c'est que le Bureau des
audiences publiques sur l'environnement est prévu par la Loi sur la
qualité de l'environnement qui lui donne un mandat aussi large. Elles
sont nettement contradictoires, d'ailleurs, par rapport au programme du Parti
libéral, les critiques qu'on a entendues. Lorsque je regarde le
programme électoral de ce parti, j'y lis les phrases suivantes: BAPE,
Bureau des audiences publiques sur l'environnement, des mandats trop
limités, dit le programme du Parti libéral, alors qu'en
commission, on lui reproche d'occuper un champ trop large. Quant au Bureau des
audiences publiques sur l'environnement, c'est un organisme d'enquête
dont le rôle est de tenir des audiences publiques notamment dans le cadre
de la procédure d'évaluation des examens d'impacts sur
l'environnement. Le mandat d'harmonisation, de législation des
différents ministères est tel que certaines décisions
sectorielles sont fréquemment prises avant même que le bureau
n'ait pu procéder à une analyse globale de la validité du
projet. Voilà le mot "global" qui revient.
C'est précisément ce que fait le BAPE lorsqu'il tient des
audiences publiques. Il regarde dans sa globalité le projet qui est
devant lui et on le lui reproche. Qui dit vrai? Est-ce que c'est Mme la
critique en matière environnementale de l'Opposition ou le programme du
Parti libéral? Je ne le sais pas. On pourra peut-être en savoir
plus long tout à l'heure. Madame a fait allusion à Kenora et au
déversement de BPC sur une autoroute ontarienne en provenance du
Québec et a laissé entendre que nous avions été
pris de court. Bien sûr, quand on a un accident, on est toujours pris de
court. Mais si ces BPC ont été déversés sur une
autoroute ontarienne en provenance du Québec, c'est que le Québec
s'était précisément occupé de ces BPC en s'assurant
qu'ils étaient transportés en un lieu d'élimination
acceptable pour le Québec. Comme ce lieu est en Alberta,
évidemment on n'a aucun contrôle là-dessus. J'aimerais lui
rappeler que nous travaillons au ministère de l'Environnement à
partir d'un règlement qui a été adopté - un des
rares règlements -par le gouvernement Bourassa en 1975, qui s'appelle Le
règlement sur les déchets liquides, auquel on a ajouté un
guide parce que la réglementation libérale n'était pas
suffisante pour nous assurer cette protection essentielle pour la santé
des citoyens, notamment, et l'environnement en général.
Pourtant, il s'est produit un accident parce qu'un individu - et je ne
veux pas me dresser en juge contre lui - s'est permis de ne pas respecter notre
réglementation en transportant un transformateur contenant des
BPC, ce qui lui est interdit notamment par le guide. Le Québec ni
le ministère de l'Environnement n'a rien à voir avec cela. On
nous reprochera peut-être de ne pas disposer actuellement des lieux
d'entreposage suffisants pour contenir les 7 000 000 de litres de BPC qui se
trouvent sur le territoire du Québec, mais je lui rappellerai que nous
avons émis, tout récemment, un certificat, dans la ville de
Pointe-Claire, à une compagnie spécialisée dans le domaine
du traitement des BPC, pour l'autoriser à entreposer. Cela s'est fait
conformément à la réglementation existante,
c'est-à-dire celle de 1975 sous le gouvernement Bourassa et avec l'appui
auprès de la compagnie par un collègue de Mme la
députée de Chomedey qui se faisait le représentant de
cette compagnie. Quand on nous dit que nous ne sommes pas tout à fait
prêts et que nous nous trouvons dans des situations où nous nous
sentons dépourvus, cela peut être vrai, mais cela ne s'applique
absolument pas au cas des BPC puisque, pour une fois, nous avions un
règlement, si imparfait soit-il, nous avions un outil de travail pour
agir dans le meilleur sens de la protection de l'environnement.
Quant au reste, le problème sera réglé de
façon globale, oui j'en conviens, mais aussi détaillée par
le règlement que j'ai déposé lundi dernier auprès
du Conseil des ministres et qui sera un outil de plus qui fera en sorte que la
Loi sur la qualité de l'environnement ne sera pas qu'une vision globale,
mais sera l'application concrète sur le sol de ce qu'on entend par
protection de l'environnement et de la santé des citoyens. Merci.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chomedey.
Mme Bacon: On va reprendre un ton plus serein, M. le
Président. Je préférais le ton du ministre quand il lisait
ses remarques préliminaires. J'aurais une question pour le ministre.
Est-ce que j'ai la parole, M. le Président?
Le Président (M. Marquis): Oui, Mme la
députée.
Mme Bacon: J'ai une question pour le ministre. Si je
relève ce qu'il vient de nous dire, est-ce que je dois comprendre qu'en
matière de relations fédérales provinciales, il
considère que le beau risque est terminé?
M. Ouellette: Pas du tout. Sauf que le beau risque, je l'ai dit
tout à l'heure, cela ne consiste pas à s'étendre sur le
plancher et se laisser passer sur le corps en ignorant la
réalité. Il y a une histoire du Canada qui a fait que le
Québec a toujours été désavantagé par
rapport à l'action fédérale
dans plusieurs autres provinces. Cela, on ne l'a jamais caché.
Absolument pas.
Mme Bacon: Alors, le programme no 1, M. le Président?
Le Président (M. Marquis): J'appelle le programme no 1,
Planification, recherche et prévention. (11 h 30)
Planification, recherche et prévention
Mme Bacon: Au chapitre administratif et technique, relatif au
régime social et environnemental dans les territoires de la Baie-James
et du Nord québécois, il y a plusieurs questions qui ont
déjà été posées concernant
l'opération de nettoyage à la suite de la noyade des 10 000
caribous. Plus récemment, on apprenait qu'il en aurait
coûté 1 000 000 $ pour transporter, de la chute du Calcaire, dans
le Nouveau-Québec, jusqu'à la ville de Sainte-Catherine, sur la
rive sud de Montréal, le tiers des 9600 caribous noyés à
Caniapiscau. Sachant que le gouvernement fédéral est
également intervenu dans ce dossier, j'aimerais tout de même
savoir du ministre de l'Environnement ce qu'il pense d'une déclaration
du sous-ministre adjoint au ministère québécois de
l'Environnement, M. Gérard Divay, qui déclarait, en
février dernier, que l'enlèvement des caribous de la Caniapiscau
n'était aucunement justifié du point de vue environnemental. Plus
précisément, je demande au ministre qu'il nous dise ce qu'il
pense de la théorie voulant que les carcasses auraient été
et seront dévorées par les prédateurs et que le reste
sera, en quelque sorte, digéré par les nombreux maillons de
l'écosystème nordique.
J'aimerais également que le ministre nous fasse part des
retombées réelles qu'il a pu y avoir dans ce coin de territoire,
en plus de la création de quelques emplois temporaires, quant aux
investissements et aux réalisations concrètes destinées
aux populations autochtones.
M. Ouellette: M. le Président, c'est une question
d'opinion à laquelle je ne serais pas tenu de répondre, mais je
vais le faire quand même, non pas dans le but de couvrir mon
sous-ministre qui a exprimé sa pensée - ce n'est pas une
couverture de ma part -puisque je la partage à 100 %.
On se rappelle, lorsque l'hécatombe s'est produite, qu'on a
dénombré 9600 caribous morts dans la rivière Caniapiscau
et que le problème nous a été soulevé rapidement
par les Inuit qui craignaient la détérioration de leur milieu,
à la suite de la décomposition naturelle de ces 9600 carcasses
dans l'eau.
L'action du ministère de l'Environne- ment du Québec a
été d'analyser la situation. Je suis allé moi-même
rencontrer les Inuit pour mettre au point une formule d'intervention qui soit
la moins coûteuse possible, tout en étant la plus
sécuritaire. Nous en sommes venus rapidement à une entente avec
le maire de Kuujjuak, avec les organismes inuit du Grand-Nord qui se sont
retrouvés à Kuujjuak en même temps que moi. Il a
été convenu que le ministère de l'Environnement du
Québec retirerait les carcasses et les éparpillerait dans la
toundra nordique selon des critères préalablement définis
par les biologistes du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche et ceux du ministère de l'Environnement. Rapidement, nous en
sommes venus è un accord puisque ceci semblait être ou
était, effectivement, une façon tout à fait acceptable et
moins coûteuse. J'ai, d'ailleurs, un télégramme en
provenance des Inuit qui confirme ce point de vue.
Beaucoup plus tard, le gouvernement fédéral a
décidé d'aller plus loin et de lancer un programme de
création d'emplois profitable aux Inuit, dans lequel on prévoyait
en engager un certain nombre pour reprendre les carcasses là où
elles avaient été éparpillées, les amener à
Kuujjuak, les dépecer et les envoyer à Montréal par avion
de Nordair.
Il faut dire que l'opération menée par le ministère
de l'Environnement du Québec a coûté très exactement
760 000 $, soit beaucoup moins que ce qu'une entreprise privée nous
offrait comme solution; si ma mémoire est bonne, c'était 1 200
000 $. L'opération a été faite en une dizaine de jours,
alors que l'entreprise privée espérait la faire sur une
période de 21 jours.
Quant à l'action du gouvernement fédéral, nous
l'avons vue comme étant beaucoup plus l'occasion de créer des
emplois que comme une intervention à caractère environnemental,
puisque tous les biologistes étaient d'accord sur la méthode
choisie, conjointement par le ministère de l'Environnement, le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et le groupe
Kativik.
Donc, quand mon sous-ministre dit que ce n'était pas
nécessaire pour la protection de l'environnement, je crois qu'il a
raison et je crois qu'il était de notre devoir -d'ailleurs, je l'ai dit
également - de le dire, puisque la solution retenue était tout
à fait acceptable.
Mme Bacon: La dernière question que j'ai posée au
ministre portrait sur les retombées réelles qu'il aurait pu y
avoir dans ce coin de territoire, en plus de la création d'emplois
temporaires - ce ne sont quand même pas des emplois permanents - en ce
qui concerne les investissements, les réalisations concrètes
destinées aux populations autochtones.
M. Ouellette: Je ne peux pas répondre à cette
question parce que c'est une décision unilatérale du gouvernement
fédéral. Le Québec n'a rien eu à voir dans la mise
en place de ce programme. Même, au contraire, j'ai suggéré
aux gens du fédéral d'affecter cet argent à un autre type
de dépollution dans le Grand-Nord, c'est-à-dire la
récupération d'une quantité inouïe, près de
500 000 barils de 45 gallons accumulés dans différents villages
nordiques. Personnellement, j'aurais préféré, étant
donné que ce sont des barils fédéraux, notamment, dû
à la construction de la ligne de radar, à l'époque, que
ces barils soient récupérés puisque les carcasses avaient
été placées à des endroits biologiquement
acceptables et qu'elles ne posaient pas de problèmes à
l'environnement alors que les barils eux en causent.
Mme Bacon: Justement, ma prochaine question concernera le projet
de nettoyage du nord de Schefferville qui a permis de découvrir qu'un
grave problème de pollution de l'environnement menace la toundra
québécoise. On s'est rendu compte de la présence, comme
vous le mentionniez, de nombreux bidons d'essence et de mazout en plus de
nombreux barils vides qui menacent l'écologie. Ces déchets font
partie intégrante de cinq anciennes stations de radar qui avaient
été érigées au nord-est de Schefferville. À
Ottawa, on a émis le commentaire qu'on allait entreprendre des
démarches pour ouvrir le dossier afin de vérifier les
informations au ministère québécois de l'Environnement. La
sous-ministre a indiqué que ce dossier était également
à l'étude.
Le 19 janvier dernier, je recevais une lettre du ministre, laquelle me
précisait que le protocole d'entente signé entre le
ministère et l'Association des pourvoyeurs stipulait que le
ministère de l'Environnement s'engageait è participer
financièrement, par le biais d'une subvention, à la
réalisation de ce projet de nettoyage. Le problème
résidera en la justification des factures totalisant 5802 $
reliés à des frais d'honoraires, tandis que ladite subvention
semblait reliée à des coûts et allocations
d'équipements, d'hébergement et d'approvisionnement ainsi que des
frais de transport reliés au projet.
Toutefois, la lettre du ministre ne fait pas état d'un CT dont
ignorait ladite Association des pourvoyeurs du Nouveau-Québec.
J'aimerais savoir si des rencontres ont eu lieu pour dénouer cette
impasse qui semblait subsister.
M. Ouellette: Dans les grandes lignes, une entente était
intervenue entre le ministère de l'Environnement et l'Association des
pourvoyeurs pour leur confier un budget qui devait être utilisé au
nettoyage des pourvoiries de la région, mais où il n'était
cas question de la récupération de ces barils. À l'usage,
on s'est aperçu qu'une somme d'argent - de mémoire, je crois que
c'est 700 000 $, ou moins que cela - une partie du budget n'a pas
été dépensée par l'Association des pourvoyeurs et
voyant qu'il restait des sommes d'argent, elle nous a demandé de les
utiliser pour la récupération des barils dans ce secteur du
Québec.
Je n'ai pas accepté cette demande de l'association et voici la
raison majeure. La quasi-totalité des barils dont on parle sont des
déchets laissés sur place en bonne partie, je dis même la
quasi-totalité, par des opérations conduites par le gouvernement
fédéral. Il m'apparaît logique que la
récupération de ces barils se fasse moyennant une contribution
importante et je dirais même totale du gouvernement
fédéral. En d'autres mots, je n'étais pas
intéressé à ce que le Québec paie pour recueillir
les déchets laissés par des activités
fédérales. C'est pourquoi j'ai demandé à ma
collègue du gouvernement fédéral de prévoir des
sommes d'argent pour la récupération de ces barils pour que le
Québec n'ait pas à les supporter. Par contre, nous avons
implanté un comité conjoint fédéral-Québec
et Association des pourvoyeurs pour en venir à une entente qui nous
permettrait de réaliser ces travaux, mais è partir de sommes
d'argent versées par le gouvernement fédéral. C'est le
ministère de la Défense nationale.
Mme Bacon: II y avait quand même un autre
élément aussi à être dénoué, à
savoir l'identification du propriétaire des terrains en question.
Paraît-il qu'en 1965, ces terrains avaient été
cédés par le gouvernement fédéral à la
province de Québec après la fermeture des postes en 1965. Le
problème, c'est que personne ne semble avoir retrouvé les
archives qui authentifiaient cette transaction. J'aimerais savoir du ministre
si son ministère a effectué des recherches nécessaires et
qu'il nous dise qui est le véritable propriétaire des terrains,
s'il le sait.
M. Ouellette: Selon les recherches qu'on a faites, il n'est pas
clair du tout que la cession de ces territoires se serait faite en incluant la
responsabilité de nettoyer le terrain. Je pense que si on prend ce
dossier au niveau juridique, on n'en sortira jamais, tellement c'est complexe.
C'est plutôt sur une base politique que j'essaie de régler le
problème avec le gouvernement fédéral en l'amenant
à prendre conscience que le fédéral a profité de
ces terrains durant un certain nombre d'années grâce à une
entente avec les provinces, dont le Québec, et qu'il serait normal qu'il
revienne sur les lieux pour faire le nettoyage de façon que ces terrains
retournés au Québec le soient dans l'état où ils
étaient lorsqu'on lui a consenti
l'utilisation et ce après la Seconde Guerre mondiale.
Mme Bacon: Est-ce que le ministère a fait des recherches
dans ce sens pour authentifier, ne serait-ce que retrouver les dossiers?
M. Ouellette: Nous avons effectué ces recherches par le
ministère des Affaires intergouvemementales et il ne se
révèle pas très clair que ces terrains aient
été cédés, mais plutôt qu'on en ait
cédé l'usufruit au gouvernement fédéral. La
pratique courante veut que lorsqu'on reprend ces terrains, on nous les rende
dans l'état où ils étaient au moment où on en a
cédé l'usufruit.
Mme Bacon: Les pourvoyeurs veulent que cette opération de
nettoyage se fasse à même les 120 000 $ qui restent dans une
enveloppe budgétaire de 263 000 $ qui leur avait été
accordée, je pense, il y a deux ans par l'Office de planification et de
développement du Québec pour nettoyer la région de ces
déchets. Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer ce matin si le
problème de communication demeure entier entre son ministère et
l'Association des pourvoyeurs ou s'il y a eu des négociations entre
eux?
M. Ouellette: II n'y a jamais eu véritablement de
problème de communication. Je l'ai expliqué tout à
l'heure, ce n'était peut-être pas très clair. Il y avait un
contrat entre le ministère et l'association qui prévoyait
certains types d'interventions et n'incluait pas la cueillette de ces barils.
L'association, voyant qu'il lui restait une somme d'argent non
dépensée, nous a demandé d'utiliser ces sommes pour aller
plus loin que ce que prévoyait l'entente. Nous avons dit non pour les
raisons que je viens d'invoquer. De toute façon, l'entente s'est
terminée le 31 mars dernier et les crédits non
dépensés se sont retrouvés parmi les crédits
périmés, ce qui ne nous permet pas aujourd'hui d'affecter cette
somme d'environ 120 000 $ à la cueillette des barils. On cherche
plutôt la voie fédérale qui évitera des
dépenses au Québec tout en ramenant la situation à son
état normal.
Mme Bacon: Ce ne sera pas long, M. le Président.
M. Ouellette: Un autre élément que je devrais
ajouter, M. le Président, c'est que ces barils contiennent, dans
certains cas, des quantités de déchets qui ne sont pas des
déchets ordinaires, mais des déchets à caractère
toxique et que, pour les manipuler, les gens doivent détenir un permis
spécial du ministère de l'Environnement. Avant d'émettre
de tel permis, on exige une certaine compétence de la part des
manipulateurs et il aurait été dangereux, selon notre
évaluation, de confier comme cela, sans analyse préalable, le
pouvoir à ces gens de manipuler des barils n'ayant pas
nécessairement la compétence nécessaire pour le faire.
Cela aurait pu être plus dangereux qu'utile pour l'environnement et la
santé.
Mme Bacon: Je ferais peut-être une digression, M. le
Président, pour aller vers le programme 2, mais cela revient encore vers
des accidents naturels et technologiques. J'aimerais peut-être qu'on
accorde quelques instants au dossier de déversement de 120 000 litres de
mazout lourd qui est survenu dans le fleuve Saint-Laurent dans la section est
du port de Montréal le 13 juin dernier. Les travaux de nettoyage et de
récupération ont fait l'objet de deux contrats octroyés
à Sanivan Inc. et à Environcorp Inc., qui totalisaient 760 000 $
en incluant des frais d'intérêt de l'ordre de A3 000 $.
Dans ce dossier, nous ne doutons pas de l'urgence des travaux de
récupération de nettoyage qui étaient rendus
nécessaires à la suite d'un tel accident. Toutefois, j'aimerais
que le ministre nous décrive les démarches administratives qui
ont été effectuées dans ce dossier. J'aimerais savoir du
ministre si un décret stipulant l'urgence de la situation avait
été émis à cette époque et, si oui,
pourrait-il nous faire parvenir copie de ce décret?
M. Ouellette: M. le Président, s'il fallait prendre la
voie des décrets pour régler les problèmes d'urgence, on
n'en règlerait pas beaucoup parce que qui dit décret dit
délai et c'est incompatible avec la notion d'urgence. Au contraire, dans
de tels cas, on procède rapidement et on essaie d'attribuer les contrats
è des firmes spécialisées reconnues en négociant.
D'ailleurs, il y a de3 prix qui sont fixés et nous agissons
parallèlement avec le ministère de l'Environnement
fédéral parce que souvent ce genre d'urgence se produit en milieu
aquatique et lorsque, par exemple, l'auteur ou les responsables de ces
catastrophes écologiques sont des gens de mer, la responsabilité
incombe tout naturellement au gouvernement fédéral. Lorsque la
source est terrestre, elle appartient au gouvernement du Québec. Donc,
nous agissons toujours conjointement avec le fédéral pour faire
en sorte qu'une alternance soit assurée entre les différentes
compagnies aptes à faire ces travaux, mais le tout se fait sans
décret parce que cela se fait sur-le-champ, au moment même
où on constate les dégâts.
Mme Bacon: M. le Président, est-ce que dans le cas des
orignaux, il y a eu décret? (11 h 45)
M. Ouellette: Non, dans le cas des caribous...
Mme Bacon: Des caribous, oui.
M. Ouellette:... il s'agissait là également d'une
urgence et nous avons procédé par Urgence-environnement, donc
sans décret.
Mme Bacon: Dans les deux cas, il n'y a pas de
décret...
M. Ouellette: Non.
Mme Bacon:... à cause de l'urgence du dossier. Est-ce que
le directeur régional des opérations de l'époque a
averti ses supérieurs, soit son sous-ministre adjoint à
l'administration ou le ministre avant d'accorder des contrats qui totalisaient
760 000 $? Comment a-t-il procédé è ce moment?
M. Ouellette: Mme la sous-ministre responsable des
opérations régionales me dit que le directeur régional a
signalé le fait à Mme la sous-ministre et a procédé
avec son accord au début des travaux. Cependant, au moment où les
gens de Urgence-environnement et la direction régionale de
Montréal ont pris connaissance de la situation, il ne leur était
pas possible d'évaluer l'ampleur des dégâts. Ce n'est qu'en
cours de travaux qu'on s'est aperçu que plusieurs kilomètres de
rive, notamment sur des îles dans le Saint-Laurent à la hauteur de
Montréal, avaient été contaminés, ce qu'on n'a pas
pu voir du premier coup d'oeil. Mais le directeur de Montréal a bel et
bien avisé la sous-ministre responsable des opérations qu'un
dégât s'était produit et qu'il procédait à la
mise en place des équipes de nettoyage.
Mme Bacon: Est-ce qu'à ce moment, le sous-ministre a
donné un accord verbal ou écrit?
M. Oueilette: Évidemment, comme il s'agissait d'urgence et
que le désastre avait eu lieu à Montréal et que la
sous-ministre était à Québec, cela s'est fait par voie
téléphonique et elle a donné son accord verbal.
Mme Bacon: En fait, le ministre est au courant que lorsqu'il y a
un contrat supérieur à 50 000 $ il faut l'autorisation du Conseil
du trésor par le biais d'un décret ou d'un document qui
décrète l'état d'urgence. Je comprends que le ministre
dise: On ne saisissait pas l'ampleur. Mais entre 50 000 $ et 760 000 $, il y a
une marge.
M. Ouellette: II faut rappeler que c'est une situation d'urgence
et on n'a guère le temps à ce moment de s'adresser au Conseil des
ministres ou au Conseil du trésor, d'autant plus qu'on ne connaissait
pas à ce moment l'ampleur réelle des dégâts et qu'on
s'appliquait aussi à chercher le pollueur. Dans la mesure où des
accidents de cette nature se produisent et qu'on est capable d'identifier le
pollueur, de toute façon la facture entière lui est
retournée, ce qui évite à l'État d'avoir à
dépenser quelque sou que ce soit de façon permanente. Evidemment,
il se peut qu'on doive avancer des sommes d'argent entre le moment du
début des travaux et le moment où on trouve le pollueur, mais
dans le cas qui nous intéresse, nous ne l'avons tout simplement pas
trouvé. La seule chose dont nous sommes certains, c'est que la source de
pollution est terrestre.
Mme Bacon: Si je comprends bien, le directeur régional a
fait une demande verbale et le sous-ministre a accepté verbalement. Il
n'y a rien d'écrit, il n'y a pas de télégramme, il n'y a
rien qui accepte une dépense de 760 000 $.
M. Ouellette: À l'époque, on me signale que la
direction régionale de Montréal évaluait à moins de
50 000 $ la nature des travaux. Ce n'est qu'en examinant l'ensemble du
territoire qu'on s'est aperçu que de nombreux kilomètres sur
l'île de Montréal et sur différentes îles en face de
Montréal avaient été pollués. C'est ainsi qu'on a
décidé de prolonger les travaux pour faire le nettoyage au
complet.
Mme Bacon: Au moment où on s'est aperçu que cela
dépasserait même 50 000 $, parce qu'entre 50 000 $ et 750 000 $ il
y a une marge, est-ce qu'on l'a fait par lettre ou si c'est encore au
téléphone? Cela ne s'est pas fait la même journée
tous ces travaux-là.
M. Ouellette: Mme la sous-ministre me signale qu'il n'y a pas eu
échange de lettre ni de télégramme suite à la
constatation de l'ampleur des dégâts.
Mme Bacon: Combien de jours se sont écoulés entre
la première journée où il y a eu des
téléphones d'échangés et les travaux au moment
où on s'est aperçu que cela dépasserait les 50 000 $. Il y
a eu quelques journées qui se sont écoulées?
M. Ouellette: C'est assez embêtant de répondre
à cela de mémoire.
Mme Bacon: Bien, il doit y avoir quelqu'un qui a en
mémoire ce dossier-là.
M. Ouellette: On me signale que le
confinement des dégâts, c'est-à-dire la mise en
place d'estacades pour éviter que cette huile qui flottait sur les eaux
du Saint-Laurent n'aille beaucoup plus loin, a pris une semaine et ce n'est que
par la suite qu'on a découvert l'amplitude des dégâts.
À ce moment-là, évidemment, il y a eu des échanges
verbaux qui ont permis de prolonger les travaux et de porter la facture
jusqu'à 750 000 $ ou à peu près.
Mme Bacon: Dans la loi, au chapitre de l'état d'urgence,
à l'article 19, on dit: "De plus, si l'état d'urgence a
été décrété suivant l'article 17, le
ministre peut, par décret, prendre en charge l'application des mesures
d'urgence ou ordonner au bureau de le faire, " II y avait urgence, il n'y a pas
eu de décret, tout s'est fait verbalement, même si cela a
été fait sur une période d'une semaine. C'est cela que je
comprends?
M. Ouellette: Pourrais-je savoir à quelle loi Mme la
députée se réfère?
Mme Bacon: À la Loi sur la protection des personnes et des
biens en cas de sinistre.
M. Ouellette: Ce n'est pas... Vous me parlez...
Mme Bacon: Cela existe dans une loi de la province.
M. Ouellette: Oui, c'est la loi qui régit la protection
civile et non pas Urgence-environnement.
Mme Bacon: Vous ne pouvez pas considérer ce
dossier-là?
M. Ouellette: Écoutez, non! C'est véritablement
sous la loi qui régit Urgence-environnement. Je peux faire les
recherches et vous donner la réponse...
Mme Bacon: S'il vous plaît!
M. Oueliette:... mais c'est assez laborieux.
Mme Bacon: D'accord. Est-ce que le montant des frais
d'intérêt de l'ordre de 43 000 $ que je mentionnais tantôt
est relié à des retards de paiement, des retards de
réalisation de travaux ou des retards de quelque nature que ce soit?
M. Ouellette: Cet argent couvre les intérêts des
montants versés, ou enfin des montants engagés entre le moment du
début des travaux et le moment où ta facture a été
acceptée par le Conseil du trésor. Ce sont donc des
intérêts qui couvrent cette période-là.
Mme Bacon: Est-ce que vous avez la période de temps?
M. Ouellette: Les travaux ont commencé au mois de juin et
se sont terminés en septembre et cela a été au mois
d'octobre que le Conseil du trésor a accepté le montant.
Mme Bacon: Le Conseil du trésor, comment se fait-il qu'il
ait autorisé le paiement de 760 000 $ uniquement au mois de
décembre 1984?
M. Ouellette: Parce que c'étaient des dépenses
justifiées, Dieu sait comment et à quel point cela s'était
fait dans le cadre d'une procédure d'urgence. J'ai donc dû aller
justifier cette dépense en montrant le caractère d'urgence et la
gravité de la situation pour la faire accepter par le Conseil du
trésor.
Mme Bacon: Est-ce qu'il serait possible, M. le Président,
que le ministre nous dépose les procédures à suivre dans
le cas d'une urgence, parce qu'il peut y en avoir d'autres. Je ne les souhaite
pas, mais c'est assez difficile à suivre cette période dans ces
deux cas-là.
M. Ouellette: M. le Président, je ferai parvenir...
Mme Bacon: Ceia doit exister; est-ce que cela existe au
ministère?
M. Ouellette: Sûrement, je ferai parvenir lois et
règlements, décrets ou autres documents, directives qui
précisent la méthode à suivre en pareille situation.
Mme Bacon: Est-ce que cette procédure a été
suivie, celle qui existe au ministère de l'Environnement dans le dernier
cas que j'ai mentionné?
M. Ouellette: J'ose espérer, M. le Président, que
la procédure a été suivie.
Mme Bacon: Est-ce qu'on a vérifié si elle a
été bien suivie?
M. Ouellette: Moi, je ne peux pas me prononcer là-dessus.
Cela a sans doute été vérifié par mon
ministère et par le Trésor,
Mme Bacon: Est-ce que votre sous-ministre peut répondre
à cette question?
M. Ouellette: Je vais vous donner la réponse en même
temps que le dépôt des documents afférents.
Mme Bacon: Mais vous avez votre sous-ministre près de
vous, M. le ministre. Elle
peut répondre?
M. Ouellette: La procédure, dans ses grandes lignes -
évidemment, je ne peux pas entrer dans les détails; je n'ai pas
les documents afférents à cela - c'est que la période dite
d'alerte et de confinement se fait très rapidement, puisque le tout
revêt un caractère d'urgence. Lorsque l'opération nous
permet un répit, avant de procéder aux réparations, on
doit obtenir, sans doute, des autorisations. Selon les dires de Mme la
sous-ministre, ces étapes ont été suivies à la
lettre.
Pour ce qui est des détails sur la partie dite des
réparations, je verrai, à la lumière de ce que je vous
remettrai comme documents, si cela a été vraiment suivi à
la lettre.
Mme Bacon: Est-ce qu'on pourrait avoir aussi, M. le
Président, les documents suivant l'autorisation, parce que vous dites
qu'il y a l'alerte, l'urgence, qui est donnée. II y a la période
de répit avant les réparations. Cela demande une autorisation.
Est-ce qu'on peut avoir copie de l'autorisation?
M. Ouellette: On va sortir tout le dossier, Mme la
députée.
Mme Bacon: Alors, c'est dire que, dans un cas comme cela, il n'y
a pas nécessairement un décret quand il y a une urgence et que
des sommes peuvent être dépensées qui dépassent des
montants prévus au départ, quand l'évaluation n'est pas
faite. Est-ce qu'il peut y avoir d'autres factures qui arrivent tout d'un coup,
après? Est-ce qu'il en est arrivé d'autres après
décembre?
M. Ouellette: S'il y a plusieurs intervenants, les factures vont
nous arriver de ces intervenants, mais je voudrais rappeler que nous disposons
d'un fonds permanent d'urgence de 300 000 $ et c'est à même...
Mme Bacon: Est-ce que ce fonds a été
utilisé, M. le ministre?
M. Ouellette: La méthode que nous suivons, dans pareil
cas, c'est d'aller chercher 50 000 $ dans ce fonds permanent pour couvrir les
dépenses de 50 000 $ et moins. Compte tenu de l'amplitude des travaux,
nous avons préféré, après avoir utilisé ces
50 000 $, faire un bilan global que nous avons présenté au
Conseil du trésor pour obtenir un acquittement total.
Mme Bacon: Cela s'en vient! Est-ce que le Conseil du
trésor pose des questions, dans un cas comme cela? Parce qu'il peut
s'attendre à recevoir d'autres factures, à un moment
donné. II doit y avoir une limite à cela. Vous avez dû
aller devant le Conseil du trésor pour avoir vos 160 000 $ et plus, ou
on ne sait combien. Quelles sont les exigences du Conseil du trésor
devant une telle situation?
M. Ouellette: Mme la députée de Chomedey, qui a
déjà été ministre dans un gouvernement, sait
sûrement que le Conseil du trésor pose beaucoup de questions,
surtout en pareille circonstance. On a donc dû répondre à
chacune de ses questions pour lui donner satisfaction. Je disais tout è
l'heure qu'on a dû justifier, d'abord, le caractère d'urgence;
deuxièmement, la nécessité d'intervention, en faisant
valoir l'aggravation de la situation si on avait laissé les choses sans
intervention. Effectivement, il a fallu répondre aux questions du
Conseil du trésor et répondre à sa satisfaction. (12
heures)
Mme Bacon: Je dois dire au ministre, M. le Président, que
le Conseil du trésor exigeait des autorisations écrites, bien
souvent.
M. Ouellette: Mais en cas d'urgence, c'est différent un
peu.
Mme Bacon: Alors, on va retourner au programme 1, M. le
Président. Le cahier des crédits explique que parmi les
principales réalisations en 1984-1985 il y a eu la préparation de
la réglementation pour mettre en oeuvre la politique
québécoise en matière de précipitations acides.
Cette réglementation est maintenant connue du public et diverses
interventions politiques ont déjà été
effectuées.
J'aimerais savoir du ministre quels sont les moyens de contrôle de
ladite réglementation concernant les précipitations acides.
C'est-à-dire que j'aimerais savoir comment le ministère de
l'Environnement entend surveiller les modalités d'application desdits
règlements.
M. Ouellette: II y a bien des choses dans cette
réglementation. Il y a d'abord l'obligation qui est faite à
Noranda de réduire ses émissions de 50 % d'ici à 1990.
Cela signifie qu'à compter de cette date, nous devrons prévoir le
personnel requis pour effectuer un échantillonnage de l'air à
proximité de l'entreprise pour nous assurer qu'elle réponde
quotidiennement aux exigences de la réglementation. Ceci ne
connaîtra toute son amplitude qu'au moment où les exigences de la
réglementation seront applicables à l'usine Horne de Noranda.
En plus, il y a toute ta surveillance du système antipollution
qu'on retrouve sur chacune des automobiles. Là encore, nous ferons appel
à différentes méthodes qui sont sous analyse actuellement,
qui peuvent aller de la Sûreté du Québec jusqu'à des
postes à
être discutés quant à leur mise en place par les
Transports, donc à des postes de surveillance des automobiles sur le
territoire québécois. Pour l'instant, le problème ne se
pose pas, mais aussitôt que cette réglementation entrera en
vigueur, nous aurons mis en place le réseau de surveillance
nécessaire à son application, au respect de son application.
Mme Bacon: Au sujet d'une coordination de l'ensemble du dossier
au sein du ministère et de l'effort des autres ministères - parce
qu'il y a d'autres ministères, quand même, qui sont
intéressés - j'aimerais que le ministre nous trace les grandes
lignes de l'action interministérielle, qu'il nous dise la
fréquence des rencontres, la nature des discussions des entreprises avec
les autres ministères intéressés au dossier. Ce n'est
quand même pas le seul intéressé au dossier.
M. Ouellette: Il existe un comité interministériel,
au niveau des fonctionnaires, qui se réunit au rythme d'une fois par
mois. Au niveau politique, ces problèmes sont amenés soit au
CMPDE, le Comité ministériel permanent du développement
économique, ou encore au COMPADR, dont le ministère de
l'Environnement est membre permanent et qui, lui, se réunit à un
rythme d'une fois par semaine. C'est la table de concertation qui nous permet
d'amener nos collègues des autres ministères à adopter de
la réglementation, par décret ou autrement, allant dans le sens
du désir du ministère de l'Environnement, notamment.
Mme Bacon: En ce qui a trait aux réalisations au chapitre
de la normalisation environnementale, on se souvient que le 21 décembre
1983 le ministère de l'Environnement avait rendues publiques les lignes
directrices pour l'élimination des neiges usées au Québec.
J'aimerais savoir si ces lignes directrices sont comparables à la
rigidité de la réglementation, d'une part, et si les
municipalités qui avaient des problèmes - parce qu'il y en avait,
à l'époque, dans ce dossier - ont pu suivre un
procédé acceptable au niveau environnemental. J'aurais des cas
précis. Qu'il me fasse une mise à jour des dossiers de
Beauharnois, de la Communauté régionale de l'Outaouais ainsi que
de la ville de Chicoutimi, trois endroits où le problème des
neiges usées inquiétait la population au cours de l'hiver
1984.
M. Ouellette: En fait, il y a un cheminement progressif allant
vers le resserrement qui est adopté par le ministère de
l'Environnement dans certains secteurs d'activité. On peut utiliser la
ligne directrice qui est, à toutes fins utiles, la méthode la
moins vigoureuse. On peut adopter ta directive qui, elle, a un caractère
plus sévère, et on peut aller plus loin vers, carrément,
la réglementation.
Dans le cas des neiges usées, nous étions conscients que,
depuis quelques années, nous exigeons beaucoup des municipalités,
nous du gouvernement et en particulier le ministère de l'Environnement.
Pensons par exemple à la réglementation sur l'eau potable,
pensons au programme d'assainissement des eaux, pensons à toutes sortes
d'activités qu'on demande aux municipalités d'exercer sur leur
territoire pour nous assurer de la protection de l'environnement.
Nous étions conscients que si nous avions adopté
immédiatement une réglementation cela aurait été
obliger les municipalités à changer brusquement de vieilles
méthodes de disposition des neiges usées et aurait
consisté aussi à leur demander des investissements additionnels
importants dans le cas des grandes municipalités. C'est pourquoi nous y
sommes allés de façon progressive en leur faisant connaître
dans un premier temps, par voie de lignes directrices, les intentions du
ministère quant à la solution de ce
problème-là.
Ces lignes directrices seront suivies incessamment d'une directive, tout
en laissant aux municipalités le temps d'ajuster leur méthode de
traitement des neiges usées et en leur permettant également
d'ajuster leur budget en fonction des nouvelles exigences.
Notre objectif est, bien sûr, de les amener à traiter les
neiges usées à peu près simultanément avec la mise
en marche de l'ensemble du programme d'assainissement des eaux.
Mme Bacon: Évidemment, on ne peut pas comparer cela
à de la réglementation. C'est moins rigide que de la
réglementation.
M. Ouellette: C'est moins rigide.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre peut me répondre sur les
dossiers de Beauharnois, la Communauté urbaine de l'Outaouais et la
ville de Chicoutimi?
M. Ouellette: Je prends avis de la question et je donnerai des
réponses précises mardi.
Mme Bacon: Vous n'avez personne ici qui peut le faire?
D'accord.
En ce qui a trait à l'aménagement du territoire, aux
activités du ministère reliées à la coordination et
à la contribution ministérielle à la préparation et
à l'analyse des propositions d'aménagement des MRC, j'aimerais
que le ministre décrive un peu cette contribution et cette
coordination.
Est-ce que cette coordination permet
de régler des problèmes litigieux, de trancher certains
débats entre intérêts divergents, comme, par exemple, le
secteur agricole et le secteur environnemental?
M. Ouellette: Oui, M. le Président, je peux en faire la
description sommaire. C'est autour de la table du COMPADR, c'est-à-dire
le Comité ministériel permanent d'aménagement et de
développement régional, que se font ces échanges
interministériels. C'est là, par exemple, que se sont
discutés non pas les schémas d'aménagement, mais ce qui a
précédé, les propositions d'aménagement
auprès des MRC, et c'est là que se discutent présentement
les politiques gouvernementales qui touchent plusieurs ministères
à la fois quant au contenu de ces schémas régionaux
d'aménagement qui seront adoptés dans les mois qui viennent par
chacune des 94 MRC.
C'est donc à cette table que chacun des ministères apporte
ses préoccupations, les fait valoir auprès de ses
collègues et établit un consensus quant aux exigences que nous
voulons voir apparaître de part et d'autre dans ces schémas
régionaux d'aménagement.
Mme Bacon: Mais cela permet vraiment de régler des
problèmes?
M. Ouellette: Des fois de façon virile, mais cela permet
vraiment de régler des problèmes. Il ne faut pas que je trahisse
le secret de ces réunions...
Mme Bacon: Non, non, je ne vous demande pas cela, M. le
ministre.
M. Ouellette:... mais je vous avoue que, parfois, on a de bonnes
discussions.
Mme Bacon: Pour ce qui est du domaine de la recherche, on nous
dît qu'il y a 26 projets de recherche qui ont été
amorcés ou complétés en collaboration avec diverses
unités administratives. Mis à part celui qui portait sur la
conjoncture, est-ce que le ministre pourrait nous donner une liste des 26
projets?
M. Ouellette: Oui, M. le Président. Je pourrai la
remettre. Je l'ai vue tout à l'heure, elle est quelque part dans les
grandes paperasses. Je pourrai fournir à la commission la liste des 26
sujets de recherche.
Mme Bacon: Parmi les perspectives 1985-1986 en matière de
précipitations acides, on nous cite la préparation d'un document
de présentation et de vulgarisation de la politique
québécoise. S'agit-il là d'un document d'information ou
d'un document de publicité, et à qui cette information ou cette
publicité sera-t-elle destinée?
M. Ouellette: C'est un document d'information qui s'adresse
à toute la population pour la sensibiliser non seulement sur
l'état dramatique de la situation dans certains secteurs je pense aux
érablières -mais aussi sur l'action gouvernementale entreprise,
sur les objectifs que nous poursuivons et sur les moyens que nous entendons
réaliser, puisque les décisions ont été prises,
pour faire en sorte que la population soit consciente de l'ensemble du
problème.
Je pourrais ajouter un petit détail très important. Nous
aurons une version spécialisée et en langue anglaise pour nos
amis américains, parce qu'on sait très bien que l'action
unilatérale du Québec serait pratiquement sans valeur si une
telle action n'était pas conduite à la fois par l'Ontario et les
États-Unis.
Mme Bacon: C'est pour cela que M. Bourassa a publié son
livre aux États-Unis aussi, pour qu'ils le comprennent. Quand aura lieu
le lancement de la banque documentaire informatisée?
M. Ouellette: C'est déjà fait. Nous avons
lancé cette banque au moment de la rencontre intergouvernementale.
Mme Bacon: Il n'y a pas d'autre... C'est parce qu'on parle dans
Perspectives du lancement de la banque. On a annoncé qu'il y avait une
banque. Est-ce qu'on va faire d'autres annonces ou si c'était cela le
lancement de la banque?
M. Ouellette: Il va se faire, évidemment, une
publicité spécialisée auprès des utilisateurs
éventuels et la banque sera accessible le 12 juillet prochain.
Mme Bacon: Qui va avoir accès à cette banque?
M. Ouellette: En fait, toutes les personnes
intéressées à avoir des données sur tout ce qui
s'est écrit, tout ce qui s'est étudié dans le domaine des
pluies acides. Alors, on aura accès à peu près à
toute la bibliographie possible. Cela intéresse, bien sûr, d'abord
et avant tout, les gens de science - remarquez que j'ai bien dit les gens et
non pas les hommes parce qu'il y a de plus en plus de femmes dans ce secteur
-et aussi les groupes spécialisés ou les groupes soucieux de la
protection de l'environnement de même que les autres gouvernements.
Mme Bacon: Les universités ont accès aussi,
évidemment...
M. Ouellette: Oui, oui.
Mme Bacon:... à cette banque. Est-ce qu'on va informer la
population quant à l'accès?
M. Ouellette: Oui. Dans la publicité qu'on va faire, on va
donner les coordonnées, dire où on peut avoir accès aux
données de cette banque.
Mme Bacon: M. le ministre vient de dire "publicité".
Est-ce que c'est de la publicité ou de l'information?
M. Ouellette: C'est une publicité informationnelle...
Mme Bacon: Informative.
M. Ouellette:... ou informative qui sera adressée à
tous ceux et celles qui sont susceptibles d'avoir besoin de ces
données.
Mme Bacon: Le ministère nous a fait part,
évidemment, d'un projet d'élaboration de règlement type
pour favoriser la protection des sites naturels et des boisés urbains.
Est-ce que vous pourriez nous dire quelle consultation a eu lieu? Est-ce qu'il
y a une ébauche de ce règlement?
M. Ouellette: Nous sommes à la phase préliminaire
dans ce domaine en ce sens que j'ai demandé à mes fonctionnaires,
il y a quelques mois, de préparer une ébauche de politique qui,
elle, fera l'objet de consultations, notamment dans le monde municipal, qu'il
s'agisse des municipalités individuelles ou des deux grandes
associations municipales, pour nous assurer que notre politique soit
réaliste et qu'elle réponde aux besoins réels sur les
territoires municipaux. C'est une lacune, actuellement, que de n'avoir aucune
politique précise et restrictive sur les boisés privés et
sur les arbres en général. Je pense qu'il était temps que
nous passions à cette étape. Puisque les autres
éléments, comme je le mentionnais dans mes propos
préliminaires, sont bien enclenchés, il est normal qu'on aille
beaucoup plus loin pour recouvrir ce champ d'action qui est très
important pour la qualité de la vie en général.
Mme Bacon: Est-ce qu'il y a eu des discussions avec le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche? Est-ce qu'un
règlement pareil empêcherait d'autres problèmes comme ceux
qui sont survenus avec le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation? Je n'ai pas besoin de les rappeler au
ministre; je pense qu'il se rappelle suffisamment ces dossiers.
M. Ouellette: Ce sujet fait l'objet de nos discussions actuelles
au COMPADR pour en venir à établir des politiques dans chacun des
ministères concernés et viser surtout à ce que ces
politiques soient cohérentes et protègent non seulement les
terres humides, les bandes riveraines ou les milieux riverains, mais aussi les
habitats fauniques parce qu'à ce moment on est quatre ministères
à avoir des objectifs parfois différents et il est essentiel
qu'on harmonise nos moyens d'action pour atteindre réciproquement nos
objectifs sans pour autant détruire ceux des autres collègues.
J'ai mentionné, à ce moment, le ministère de
l'Environnement, cela va de soi, le ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche, le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation et le ministère des Forêts qui sont quatre
ministères qui interviennent fréquemment aux mêmes
endroits, mais avec des objectifs sauvent différents et contradictoires.
Donc, cette discussion a lieu présentement à la table de
concertation qui s'appelle le COMPADR.
Mme Bacon: Concernant l'élaboration d'une stratégie
d'aide financière à l'assainissement des rejets d'anhydride
sulfureux de la fonderie Horne à Noranda, si on revient
là-dessus, est-ce que le ministre peut nous donner plus de
détails sur les éléments de sa stratégie ainsi que
sur les montants qui sont envisagés par le ministère? (12 h
15)
M. Ouellette: La stratégie qu'on poursuivait il y a un an
et plus était de faire en sorte que nous amenions les provinces
canadiennes à s'entendre non seulement sur les objectifs, mais aussi sur
l'adoption de sommes d'argent par chacun des gouvernements impliqués.
Nous voulions également intéresser le gouvernement
fédéral à contribuer puisqu'il s'agit d'un problème
transfrontalier.
Lors de la rencontre du 5 février dernier, ce consensus a
été établi et, à peine quelques jours plus tard, le
gouvernement fédéral nous faisait part de sa décision
d'affecter un montant de 150 000 000 $ pour en venir à résoudre
le problème des pluies acides. Dans sa décision, le gouvernement
fédéral nous faisait savoir que cet argent était
disponible et couvrait non seulement les fonderies de métaux non
ferreux, mais aussi les utilités publiques, ce qui, à notre point
de vue, couvre l'ensemble du problème d'émissions, notamment de
SO2, sans compter que le fédéral nous annonçait
également sa décision d'intervenir dans le champ des automobiles
pour faire en sorte qu'on utilise de plus en plus les normes
américaines. Donc, c'étaient d'excellentes nouvelles.
À la suite de cette décision du gouvernement
fédéral et des ententes du 5 février, le Québec a
terminé ces études qu'il avait entreprises depuis quelques
années, d'ailleurs, sur le coût éventuel de la solution
de la fonderie Horne, de Noranda. Nous en sommes venus à
déterminer un montant approximatif qui peut varier de 80 000 000 $
à 100 000 000 $. Nous sommes conscients que les 150 000 000 $ du
fédéral nous sont accessibles, mais encore faut-il que
l'intervention à la fois fédérale et provinciale soit
concertée pour faire en sorte que nous ne risquions pas d'être
trop sévères, non plus que trop généreux, dans le
premier cas mettant en péril le développement économique
de l'entreprise. Alors, j'ai rencontré Mme Biais-Grenier, il y a quinze
jours, un lundi à Montréal, pour que nous convenions de mettre en
commun les données du fédéral et du Québec, pour
que nous puissions nous présenter dans les plus brefs délais
devant la compagnie Noranda pour procéder aux analyses du coût
réel des travaux exigés et adapter notre participation en tant
que gouvernements fédéral et québécois à la
réalité économique de Noranda. Actuellement, les
fonctionnaires fédéraux et québécois se rencontrent
de façon régulière et nous avons convenu, Mme Grenier et
moi-même, d'effectuer une rencontre formelle avec Noranda à la
suite de l'harmonisation des pensées - je dis bien des, d-e-s,
pensées séparées - des vues des gouvernements
québécois et fédéral face à Noranda.
Mme Bacon: Vous me permettrez, M. le Président, de
discuter d'un dossier qui est plus près de moi, le boisé
Papineau. Je sais que nous n'êtes pas le seul intervenant dans ce
dossier, mais, parmi les problèmes qui ont été
étudiés quant au règlement de ce dossier, on a
souligné dans le milieu l'insuffisance des moyens légaux
d'intervention accessibles à une MRC ou à une administration
municipale. La contradiction des lois et la divergence des
intérêts urbains et agricoles, et l'importance des sommes en cause
constituent, évidemment, autant d'obstacles à la sauvegarde et
à la mise en valeur du boisé Papineau et des autres zones
boisées lavalloises.
J'avais une lettre du premier magistrat de la ville de Laval qui nous
disait que, depuis deux ans, la ville a adopté des mesures pour assurer
la protection de ce bois et qu'elle attend que le gouvernement pose des gestes.
Je sais qu'il y a aussi d'autres ministères, mais il y a des
comités interministériels; on en parlait tantôt. Est-ce que
les "conservationnistes" peuvent espérer gagner cette bataille pour que
soit limitée la détérioration de l'ensemble du territoire
projeté?
M. Ouellette: Dans l'état actuel de notre
législation et de notre réglementation, il est clair et net que
le premier ou les premiers responsables dans de tels cas sont les
municipalités. Bien sûr que le ministère de
l'Environnement, de même que celui des Affaires municipales et celui du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, se préoccupe non seulement du
boisé Papineau, mais de tous les cas similaires au Québec.
En ce qui concerne l'environnement et le boisé Papineau, j'ai
adressé une lettre à l'ACAPAL, le groupe qui se préoccupe
de sa conservation, et je lui ai fait savoir que nous étions
disposés è faire le maximum de ce que nos moyens
législatifs et budgétaires nous permettent pour sauvegarder le
boisé Papineau. Je lui ai fait savoir que nous travaillions en termes de
concertation interministérielle pour en venir à préciser
les pouvoirs de chacun et à mettre des moyens budgétaires
d'intervention plus solides que ceux dont nous jouissons actuellement.
Mme Bacon: On sait que les négociations avec le
gouvernement et la municipalité se poursuivent, mais est-ce qu'on peut
prévoir que les délais vont atteindre une fin à un certain
moment et que sera défini clairement le cadre de la participation du
gouvernement avec la ville de Laval?
M. Ouellette: C'est toujours difficile lorsqu'on parle de
délai et qu'il y a plusieurs éléments décisionnels
dans un dossier. Ce que je peux vous dire, c'est que le ministère de
l'Environnement se sent pressé de résoudre ce problème
pour sauvegarder véritablement le boisé parce qu'il est
menacé tant et aussi longtemps que durent les discussions. Nous*
souhaitons que cela se règle le plus vite possible et nous avons mis
à la disposition de la municipalité et du groupe les
fonctionnaires compétents de notre ministère pour faire en sorte
que les discussions se terminent le plus rapidement possible.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre a aussi fait des pressions sur
ses collègues du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche et du ministère des Affaires municipales?
M. Ouellette: Oui, nous en avons parlé, notamment,
à la table du COMPADR pour nous assurer que nos interventions
réciproques n'étaient pas contradictoires. Il est sûr que,
si les différents ministères défendent le même point
de vue, cela a des chances de déboucher rapidement sur un consensus au
niveau local.
Mme Bacon: En ce qui a trait à l'analyse économique
de projets, est-ce que le ministre peut décrire les contenus et les
échéanciers de travail prévus pour la présente
année financière? Le projet, le règlement, le programme du
ministère?
M. Ouellette: J'imagine que Mme la députée fait
allusion au projet de règlement, par exemple.
Mme Bacon: Je suis votre dossier.
M. Ouellette: Chaque fois que nous déposons au Conseil des
ministres un projet de règlement, ce projet est accompagné d'une
analyse économique qui est effectuée simultanément
à la rédaction du projet de règlement de façon que
le gouvernement, le Conseil des ministres en particulier, et les
différents groupes interministériels aient toujours en main non
seulement la portée de cette réglementation, mais aussi les
effets sur les gens qui devront s'y soumettre. Il y a toujours une analyse
économique qui accompagne un projet de règlement lorsqu'il est
déposé au Conseil exécutif.
Mme Bacon: Concernant les questions nordiques, est-ce que le
ministre pourrait nous donner les titres des dix projets qui sont actuellement
en cours d'étude d'impact ou nous déposer une copie,
peut-être?
M. Ouellette: Je ne les ai pas en main, mais je pourrai vous les
remettre mardi.
Mme Bacon: D'accord. En matière de recherche, est-ce que
le ministre peut nous énumérer divers projets de recherche qui
concernent le traitement, la valorisation du lisier de porc?
M. Ouellette: Oui, M. le Président, j'ai la liste des 26
projets dont on parlait tout à l'heure. À l'intérieur de
cette liste, on retrouve les dossiers spécifiques sur la revalorisation
du lisier de porc. Je peux en remettre une copie à la commission.
Mme Bacon: Au niveau de la ventilation des crédits du
programme 1, élément 3, en page 14 du cahier explicatif, on voit
que la somme consacrée aux communications augmente - programme 1,
élément 3, page 14 - et passe de 179 000 $ à 214 000 $.
Est-ce que le ministre peut justifier cette hausse? Est-ce que ce sont des
campagnes de publicité, ou des communications internes, ou un programme
spécial qui doit justifier une telle hausse des crédits?
M. Ouellette: On me signale qu'une partie importante de cette
augmentation est due à la croissance des demandes du public en
général quant aux informations relatives à
l'activité du ministère. C'est souvent beaucoup de photocopies,
de dépliants explicatifs des programmes ou des actions du
ministère, et une large partie de ces 35 000 $ est due à la
demande accrue d'information de la part du public, ce qui n'est pas
étranger, d'ailleurs, à la loi 65 sur l'information.
Mme Bacon: J'aimerais maintenant m'attaquer au dossier de la
recherche, plus particulièrement sur l'élaboration d'une
politique de recherche à la suite des consultations sur le rapport de
conjoncture.
M. Gagnon: J'aurais juste une question auprès de Mme la
députée de Chomedey.
Mme Bacon: Oui.
M. Gagnon: J'aurais juste une question additionnelle par rapport
à l'augmentation du budget de l'information. Compte tenu de l'ampleur
des programmes que le ministère a mis de l'avant et qui vont bien, comme
celui de l'assainissement des eaux, Berges neuves, etc., et de la
préoccupation environnementale de plus en plus développée
chez la population, en termes d'information ou plus spécialement de la
publicité pour faire connaître les programmes et pour sensibiliser
davantage la population, je trouve qu'on n'investit pas assez d'argent. Est-ce
que les quelque 200 000 $ qu'on accorde dans ce domaine, pour vous, M. le
ministre, c'est satisfaisant?
Mme Bacon: M. le Président, M. le député de
Champlain me donne raison que les budgets ne sont pas suffisants au
ministère de l'Environnement.
M. Gagnon: Je parle de cet élément parce que c'est
un élément extrêmement important...
Mme Bacon: Ah oui!
M. Gagnon:... pour faire connaître les programmes. Par
exemple, si on veut que les municipalités s'impliquent davantage, si on
veut que le programme Berges neuves ou celui de l'assainissement des eaux
aillent plus rapidement, il faut que la population demande à sa
municipalité de faire son travail le plus rapidement possible. On peut
rejoindre la population par, entre autres - un des bons moyens - la
publicité qu'on fait ou l'information que l'on donne. Dans ce sens,
est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité d'ajouter à cette
information ou d'ajouter... Je précise même en termes de
publicité à donner à la population.
Mme Bacon: Si le député de Champlain en a d'autres
comme cela, M. le Président, j'aimerais cela à chaque
programme.
M. Ouellette: Alors, Mme la députée de Chomedey
trouve que le député de Champlain lui donne raison lorsqu'il
regrette qu'il n'y ait pas plus d'argent en information ou en publicité,
mais je voudrais faire
remarquer que...
Mme Bacon: Je ne dis pas qu'en publicité et en
information.
M. Gagnon: Je tiens à la publicité.
Mme Bacon: Oui, on sait cela. La propagande!
M. Gagnon: Voilà!
M. Ouellette: C'est évident que, si nous avions des
budgets plus importants, cela informerait davantage la population, mais je sens
déjà Mme la députée qui grouille sur son
fauteuil...
Mme Bacon: Je ne bouge pas du tout, M. le Président.
M. Ouellette:... et qui nous reprocherait de faire de la
publicité du type propagande. On sait que l'Opposition tient ce langage.
Je dois dire que...
Mme Bacon: Ce n'est pas moi qui l'ai dit, M. le
Président.
M. Ouellette:... tout gouvernement, toute administration publique
ressent le même problème: lorsqu'elle agit, elle trouve
pénible d'informer convenablement la population parce qu'elle s'adresse
à des gens qui ne sont pas tous sensibilisés à son action.
On a beau investir beaucoup d'argent dans la publicité ou l'information,
il en ressort toujours que nos gens ne sont pas à notre goût
informés. Si on applique cela au système d'éducation -
c'est pourquoi l'éducation coûte si cher - on ne peut pas se
permettre d'éduquer les gens uniquement par la télévision.
Il faut regrouper les élèves par catégorie, par âge
et par matière dans des locaux séparés, dans des
écoles coûteuses, etc., et là, on atteint nos
objectifs.
Bien sûr qu'on pourrait accorder beaucoup plus d'argent è
l'information. Cependant, je dois dire que dans l'élément 1 on ne
retrouve pas le budget de publicité qui est affecté à
l'information publique relative au programme Berges neuves, par exemple. On a
des messages télévisés qui décrivent la situation
et qui incitent les citoyens à se préoccuper davantage de la
qualité de l'eau. On leur dit d'ailleurs qu'on traite l'eau et on les
incite à découvrir les beautés de nos rives lorsqu'on
prend bien soin d'elles. Si on avait plus d'argent, on pourrait doubler cette
publicité et montrer des exemples catastrophiques de
détérioration de nos rives à la suite de l'activité
humaine et mettre en parallèle les deux situations pour inciter
davantage les gens à prendre connaissance de l'état
dégradé de nos rives et de la nécessité de les
ramener, peut-être pas à leur état climatique, mais
à tout le moins les améliorer de façon que nos rives
soient plus belles et plus attrayantes. (12 h 30)
M. Gagnon: Je pense en particulier à ce programme qui,
entre parenthèses, est très bien fait et qui plaît beaucoup
à la population. Je veux souligner un autre point: on a travaillé
avec beaucoup d'énergie pour en venir à l'élaboration d'un
protocole d'entente qui a été signé la semaine
dernière entre les quatre villes de la région,
c'est-à-dire quatre villes importantes: Trois-Rivières,
Trois-Rivières-Ouest, Cap-de-la-Ma-deleine et Sainte-Marthe: 86 000 000
$ d'investissement pour assainir les eaux usées de ces quatre
municipalités. Moi, je me demande si la population le sait, d'abord,
suffisamment. C'est important qu'elle le sache parce que c'est de l'argent
investi non seulement par le gouvernement, mais il y a une partie aussi qu'elle
devra payer pour sa part. En même temps, cela donne l'exemple à
d'autres qui sont peut-être un peu trop lents à embarquer dans le
programme, cela crée une pression pour aller un peu plus vite de la part
des élus municipaux. C'était dans ce sens-là qu'en tout
cas, personnellement, cela ne me scandalise pas de voir la publicité,
entre autres, qui est faite sur le programme Berges neuves, une
publicité de bon goût. À mon point de vue, on devrait en
faire plus si on veut sensibiliser la population davantage aux problèmes
environnementaux.
M. Ouellette: Je peux vous rassurer, M. le député,
en vous disant que dans le programme Berges neuves, notamment, on autorise un
montant de 3 % du projet retenu pour fins de publicité, argent qui peut
être utilisé par les municipalités qui demandent des
budgets dans le cadre du programme Berges neuves. Elles peuvent donc utiliser
ce montant d'argent pour faire connaître auprès de leur population
- je parle toujours des municipalités - les intentions municipales et le
but poursuivi, de même que les sommes d'argent recueillies pour atteindre
ces objectifs. Il serait souhaitable que chaque programme gouvernemental soit
prévu de cette façon, c'est-à-dire qu'on affecte une
partie des montants à être dépensés à
l'information populaire.
M. Gagnon: Merci.
Le Président (M. Marquis): Mme la députée de
Chomedey.
Mme Bacon: Si vous me permettez de continuer dans la même
veine, je vais revenir à l'aspect publicitaire de Berges neuves.
J'aimerais que le ministre nous commente une lettre qui était
publiée dans le Devoir, le 13 avril dernier, par Gisèle
Lamoureux, qui est botaniste-écologiste,
résidant à Saint-Augustin, et qui écrivait au
ministre le premier avril dernier. Dans cette lettre, on mentionne -
c'était déjà prêt, M. le député de
Chambly - que la plante qui apparaît en gros plan sur l'affiche n'est pas
une plante indigène du Québec et qu'elle ne pousse pas sur les
berges, à moins que l'on ne décide de la planter soi-même,
ce qui n'a rien è voir avec la vraie nature des berges. Paraît-il
que l'on retrouve quelquefois cette plante dans les parterres des maisons et au
bord des routes, près d'anciens emplacements de maisons, et parfois en
bordure de cours d'eau qui passent près d'habitations où on l'a
déjà cultivée. Gisèle Lamoureux aurait tenté
d'expliquer cette réalité aux fonctionnaires du ministère
responsables de cette affaire, mais en vain, puisque l'affiche était
déjà dessinée et prête à aller sous
presse.
Je voudrais donc savoir du ministre qui était responsable de la
publication de cette affiche et quelle consultation on a menée avant
d'en arriver à un tel croquis. Le ministre croit-il qu'il est bon pour
la réputation du ministère de l'Environnement de présenter
à la population une telle image de la nature qui paraît relever,
selon la botaniste-écologiste, de la pure ignorance des lois biologiques
qui régissent les lacs et les cours d'eau?
M. Ouellette: Bon, écoutez, M. le Président.
Mme Bacon: II n'y a rien qui nous échappe, vous savez.
M. Ouellette: J'ai lu beaucoup de choses sur cette fameuse fleur
que je trouve très belle et je dois vous dire que ce n'est pas une fleur
importée d'Indochine ou de la planète Mars. Moi, j'ai
été élevé dans la Beauce, qui n'est pas une
région extraterritoriale, et je dois vous dire que tout autour de la
maison où j'ai été élevé on retrouvait de
ces lys jaunes - je n'ai jamais su le nom, remarquez bien - et, lorsqu'on m'a
présenté cette affiche, je me suis retrouvé en pays de
connaissance puisqu'il y en avait des dizaines et des dizaines autour de la
maison natale. Je n'ai donc pas porté attention, à savoir ce
qu'on peut reprocher à cette horrible fleur, que je trouve d'ailleurs
très belle.
Après avoir lu les critiques et après avoir pris les
informations auprès des botanistes, j'ai découvert que cette
fleur portait en elle un horrible péché, c'est qu'elle ne se
reproduit pas naturellement. Je me suis donc dit que, si elle ne se reproduit
pas naturellement et qu'on la retrouve en une telle abondance au Québec,
c'est que les Québécois et les Québécoises l'aiment
puisqu'il faut faire l'effort de la transplanter pour l'avoir chez soi. Je
trouve que c'est vraiment charrier et chercher des poux que de dire que le
programme Berges neuves n'est pas bon parce qu'on l'a illustré à
partir d'une fleur qui n'a pas le mérite de se multiplier naturellement,
mais qu'elle exige...
Mme Bacon: On ne parle pas du programme, M. le Président,
on parle de la publicité qui a été faite.
M. Ouellette: Bien voyons donc! Lisez bien l'article et vous
allez voir qu'on en profite pour donner quelques gifles au programme, tout
comme on reproche à cette même affiche d'illustrer une situation
de rives dégradées parce qu'on y voit à
l'arrière-plan un quai - c'est un quai flottant; au moins, c'est
acceptable - et qu'on y voit une immense pelouse, dit-on. J'entendais, hier,
une cassette d'une émission enregistrée à Montréal,
il n'y a pas longtemps, où mon sous-ministre, M. Lamontagne,
représentait le ministère; on disait qu'en bordure, ce qui est
jaune, ce sont des herbes séchées. Je ne sais pas, j'ai vu cela
comme étant du sable, ce qu'on retrouve fréquemment en milieu
riverain, mais on reproche la présence d'une énorme pelouse.
Écoutez, c'est un dessin, d'abord. C'est assez difficile de faire
une analyse en laboratoire pour savoir si c'est de la pelouse ou autre chose.
Mais les gens qui ont conçu l'affiche nous jurent qu'il s'agit là
de macrophytes, c'est-à-dire des plantes qu'on retrouve en milieu
humide, où on retrouve, bien sûr, une table à pique-nique.
Puisque c'est une propriété privée, ce serait difficile de
la faire enlever. On reproche toutes sortes de choses qui sont, quant à
moi, du grenouillage absolument incroyable.
On va même jusqu'à dire que le pêcheur qui est sur le
quai est un imbécile d'être là, parce qu'il pêche
dans l'eau. Écoutez, c'est sûr qu'on est mieux d'aller au
restaurant et de prendre un homard dans un aquarium ou une truite dans un autre
aquarium que d'aller dans certains de nos cours d'eau. Mais ce qu'on a voulu
illustrer, c'est la beauté de nos rives, tout en étant
réaliste. Nos rives ne sont pas toutes idéales. Nous
espérons que par le programme Berges neuves nous améliorerons ces
rives en donnant à nos rives leur caractère de vraie nature. Mais
je ne pense pas que de transplanter une fleur aussi jolie que celle qui est sur
l'affiche fasse de nos rives des milieux qui ne sont pas naturels. Voyons
donc!
Mme Bacon: II n'y en a pas sur la rivière
Chaudière, aux abords de la rivière Chaudière.
M. Ouellette: Si cela vous fait plaisir, je peux m'engager
à aller en transplanter une!
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Sur le même sujet, je voulais ajouter, M. le
Président, si vous me permettez, que cette personne qui a
écrit...
Mme Bacon:... il existe encore des portes.
M. Gagnon:... l'article n'est sûrement pas venue non plus
è Champlain, parce que j'habite le long du fleuve, ma
propriété est le long du fleuve. Avant qu'on fasse les fameux
quais en ciment pour protéger les berges, je peux vous dire qu'on
retrouvait ces fleurs en abondance dans les roches, dans les cailloux, le long
du fleuve. Donc, si vous l'avez dans la Beauce, cela existe aussi ailleurs et
le long des cours d'eau.
Mme Bacon: Il n'y en avait pas à
Trois-Rivières.
M. Gagnon: Il y en avait aussi à Trois-Rivières,
madame.
M. Ouellette: Cela démontre que Champlain n'est pas plus
naturel que la Beauce.
Mme Bacon: Je vais revenir, si vous voulez, M. le
Président, au dossier de la recherche et je reviens encore sur
l'élaboration d'une politique de recherche, à la suite des
consultations sur le rapport de conjoncture. Quelques éléments
d'une étude gouvernementale qui a été effectuée
à cet effet, qui contenait 158 ou 168 pages, avec annexes techniques,
constataient ' un manque de vision globale - je reviens à cela - du
gouvernement en matière d'environnement.
Dans un premier temps, j'aimerais bien que le ministre nous
précise les démarches de consultation qu'il a faites et
peut-être aller plus loin que ce qu'il nous a dit, nous dire ce qu'il a
l'intention de faire et, surtout, quels sont les échéanciers de
travail. On nous a donné des dates tantôt, mais j'aimerais qu'il
soit plus précis. Quels échéanciers de travail avait-il
prévus à l'époque, M. le Président, avant que
certains éléments de cette étude ne soient rendus
publics?
M. Ouellette: M. le Président, d'abord, je voudrais
préciser qu'il ne s'agit pas d'une étude gouvernementale, puisque
quatre des douze membres étaient des gens du milieu universitaire,
quatre étaient du milieu gouvernemental - donc, de différents
ministères, cela va de soi - et quatre étaient du domaine de
l'industrie en général. Donc, les deux tiers des douze membres
n'étaient pas du gouvernement.
Pour répondre à la question, à savoir quel est
l'objectif qu'on poursuit, il faut revenir au début. Lorsque je suis
entré au ministère de l'Environnement, j'ai bien vu, moi aussi,
comme tout le monde, que les budgets de recherche n'étaient pas
suffisants du moins, c'est ce qui m'est apparu clairement - compte tenu de la
problématique globale de l'environnement. Je me suis rendu compte que,
si on additionnait les budgets de recherche d'autres ministères, on en
arrivait à une somme beaucoup plus intéressante. Mais il m'est
apparu, à tort ou à raison, qu'il était possible que
certains ministères, séparément, versent des sommes
d'argent à des chercheurs pour faire des études sur des sujets
analogues. Je me suis dit: II est très important qu'on harmonise nos
actions en matière de recherche entre les différents
ministères pour éviter que des sommes dédoublées ne
servent aux mêmes recherches.
C'est alors que j'ai convenu de mettre sur pied ce comité auquel
j'ai demandé de procéder à l'analyse de tous les budgets
interministériels, ou ministériels isolément, voués
à la protection de l'environnement. Je pense que le document qui nous a
été remis par ce comité révèle que j'avais
raison de m'inquiéter, tout comme Mme la députée de
Chomedey avait raison de s'en préoccuper.
Quant à moi, c'est le 'moment magnifique pour procéder
à l'harmonisation dans le secteur de la recherche au Québec. Mais
encore faut-il consulter tous les gens qui ne sont pas nécessairement
dans le gouvernement et qui se préoccupent du même domaine. Elle
me demande l'échéancier. D'abord, il y avait évidemment
l'étape qui consistait à rendre public ce document; ça a
été fait. On prévoit un ou plusieurs colloques
régionaux, selon les demandes qui nous seront acheminées à
la suite de l'information qu'on va nous-mêmes acheminer aux gens
susceptibles d'être intéressés par ce dossier, et on leur
demande de nous acheminer des mémoires pour en venir à
établir une politique en matière de recherche
environnementale.
Je pense - et c'est notre échéancier qui le prévoit
- qu'à la fin de 1985, nous aurons franchi chacune de ces étapes
et que nous serons en mesure, autour du mois de décembre - donc
décembre 1985 ou janvier 1986 - de remettre au Conseil des ministres une
politique qui sera issue de cette consultation à partir du rapport du
comité qui a étudié la situation de la recherche
environnementale au Québec. C'est là qu'on a découvert que
le fédéral ne mettait pas assez d'argent, en passant.
Mme Bacon: Dans cette étude, on dit que la
Société québécoise d'assainissement des eaux doit
mettre sur pied un protocole de recherche, qu'on appelle recherche
adaptée, je pense, de manière à découvrir les
meilleures conditions d'exploitation ses stations de traitement des eaux
usées, incluant le traitement, la valorisation et la disposition des
boues. J'aimerais que le ministre nous précise ce qui a
été fait en matière de recherche avant que ne soient
signés les protocoles d'entente qui lançaient, ni plus ni moins,
les municipalités dans des travaux d'envergure à moyen et
à long terme.
J'aimerais surtout savoir si les municipalités, avant la
signature des protocoles d'entente, étaient au courant de ces conditions
d'exploitation des stations de traitement des eaux usées.
M. Ouellette: D'abord, je reviens à la première
partie de la question. Tout le cheminement qui va suivre la publication de
l'étude va nous conduire à consulter la population pour
élaborer une politique de recherche. Au moment où je remettrai au
Conseil des ministres cette politique de recherche, évidemment, on va me
poser des questions sur l'action idéale à être conduite
pour atteindre les objectifs de cette politique. C'est à ce
moment-là que j'entends sensibiliser mes collègues, non seulement
au Conseil des ministres, mais aussi aux deux tables de concertation du COMPADR
et du CMPDE, et peut-être même du COMPADS, c'est-à-dire le
développement social, puisque ça touche la santé, sur la
nécessité de répartir la recherche dans chacun des
secteurs environnementaux.
En ce qui concerne la qualité de l'eau, les méthodes de
traitement à être sophistiqués davantage, je pense que ce
sera là l'occasion rêvée de leur vendre l'idée
qu'une partie des budgets affectés au programme d'assainissement des
eaux puisse être affectée à la recherche
particulière sur l'exploitation des usines, sur les méthodes de
traitement.
Je vous disais tout à l'heure, sur un ton un peu
élevé, j'en conviens, que nous ne sommes pas orphelins, dans ce
secteur-là, puisqu'on profite de tout ce qui a été fait
aux États-Unis et dans les autres provinces canadiennes qui ont
commencé, elles, à épurer leurs eaux au début des
années soixante. Nous avons aussi fait des études
particulières sur certains sujets, au Québec, pour adapter - je
l'ai mentionné aussi - nos méthodes de traitement à notre
climat, à la caractérisation des eaux, etc. Mais il serait
souhaitable que nous allions plus loin dans le sens de raffiner les
méthodes de traitement pour en venir à éliminer
peut-être certains coûts exigés par l'application du
programme, et surtout pour en venir à réduire les frais
d'exploitation à partir des réalités concrètes de
chacun des projets.
Donc, je pense que c'est au moment où je remettrai cette
politique globale de recherche qu'on pourra affecter cette globalité
à chacun des secteurs qui intéressent le ministère de
l'Environnement dans chacune de ses activités. (12 h 45)
Mme Bacon: Je reviens peut-être à ma deuxième
question. Il faut aller vite parce qu'il y en a beaucoup. Est-ce que les
municipalités, avant la signature des protocoles d'entente,
étaient au courant des conditions d'exploitation des stations de
traitement des eaux usées? Comment s'effectue cette
discussion-là?
M. Ouellette: Au moment où nous signons une convention
avec une municipalité ou avec une régie intermunicipale, les
études préparatoires sont terminées. On a donc
procédé aux études EPIC, à la
caractérisation des eaux et on a déjà
déterminé les méthodes de traitement approprié aux
eaux caractérisées. À ce moment-là, nous signons
l'entente et nous procédons par la suite à la rédaction
des plans et devis. Tout au long du processus qui est fait, bien sûr, par
des firmes d'ingénieurs-conseils, la municipalité est
impliquée dans les discussions et dans les décisions. C'est donc
à cette étape-là que la municipalité reçoit,
au fur et à mesure du cheminement du dossier, de la prise de
décision sur les méthodes de traitement, notamment, est
informée convenablement et elle est prend part au cheminement qui nous
conduit à la solution retenue. Elle a d'ailleurs, dès ce
moment-là, une évaluation approximative, mais assez
serrée, des frais d'exploitation qui suivront l'application de ces
méthodes de traitement.
On me signale même que, dans certains cas, les
municipalités ont eu à prendre des décisions quant aux
méthodes retenues. Cela s'est fait sur la base de l'évaluation
des frais d'exploitation. J'ai déjà eu l'occasion de dire, il y a
près de trois ans maintenant, que le ministère de l'Environnement
ne mesquinerait pas sur le choix des solutions, c'est-à-dire qu'il
verrait à ce que la méthode retenue n'aille pas dans le sens de
l'économie de coûts d'investissement au détriment des frais
d'exploitation, puisque nous sommes conscients que l'investissement, cela ne se
produit qu'une fois dans la vie d'une usine, alors que l'exploitation se
répercute année après année sur les budgets
municipaux qui sont à l'entière charge des municipalités,
moins les réductions des coûts d'énergie.
Alors, les municipalités ont tout le loisir, durant la
préparation des plans et devis, de faire valoir leur point de vue et
d'être mises au courant des conséquences des décisions qui
seront prises conjointement par les ingénieurs et la municipalité
impliquée.
Mme Bacon: Comment le ministre explique-t-il certaines
réticences des
municipalités, par exemple, à signer? Si la recherche est
bien faite, comme il nous le dit, si on les a vraiment bien informées et
s'il y a eu discussion et consultation, qu'est-ce qui explique que plusieurs
municipalités soient si réticentes à signer?
M. Ouellette: Il faut admettre, au départ, que ce sont des
dossiers très complexes et qui ne sont peut-être familiers que
pour des gens formés. Je parle des ingénieurs et des biologistes.
Pour eux, c'est facile de comprendre toute la problématique, mais les
élus municipaux ne sont pas tous biologistes, ni ingénieurs
sanitaires, ni même ingénieurs civils. Ce sont des dossiers
complexes. Ils doivent donc s'en remettre aux conseils qui leur sont
donnés, soit par leurs conseillers personnels, et là encore, on
peut trouver des divergences. Il arrive dans certains cas, quoique ce ne soit
pas généralisé, loin de là, que certains
élus municipaux ne s'entendent pas sur la méthode retenue
même entre eux, compte tenu de l'information qu'ils ont reçue.
Alors, je pense que c'est lié directement à la
complexité des dossiers et à l'analyse qu'on peut en faire avec
les informations qu'on a.
Mme Bacon: D'après une autre recommandation, le
ministère de l'Environnement doit favoriser la recherche en vue
d'améliorer les connaissances des procédés de traitement
plus efficaces et moins coûteux qui permettent l'élimination des
micro-contaminants, principalement les produits organiques qui sont
présents dans les eaux de consommation. J'aimerais savoir du ministre
quelles recherches ont été faites jusqu'à maintenant dans
ce domaine-là et si les municipalités sont actuellement en mesure
de juger - encore là, cela revient à l'information des
municipalités, la bonne compréhension des choses - du
bien-fondé de tel ou tel procédé de traitement avant de
signer un protocole d'entente?
Je comprends qu'ils ont eux aussi leurs consultants, mais jusqu'à
quel point peuvent-ils juger de ces procédés?
M. Ouellette: Vous parlez bien des eaux usées municipales
et non pas de l'eau potable?
Mme Bacon: Les deux.
M. Ouellette: Parce que ce sont deux choses très
différentes.
Mme Bacon: On peut aller aussi aux autres consommations que je
mentionnais.
M. Ouellette: Je commence par les autres consommations. Le
fournisseur d'eau, à la suite de la réglementation sur les eaux
potables adoptée par le Québec récemment, est responsable
de la qualité de l'eau qu'il offre aux consommateurs. À ce titre,
évidemment, il doit s'assurer que l'eau qu'il offre à ses
consommateurs est conforme à la réglementation. C'est donc lui
qui doit faire faire les analyses.
Maintenant, au moment où nous avons adopté ce nouveau
règlement, nous avons pris la décision de retourner la facture
d'analyse d'eau potable aux municipalités ou, encore, aux
propriétaires de réseaux privés. Nous l'avons fait, et
nous l'avons dit à ce moment-là, dans le but de soulager le
ministère de l'Environnement de ces analyses routinières
préférant les remettre au secteur privé, chez des
laboratoires accrédités par le ministère, pour nous
permettre de concentrer nos efforts vers de l'analyse beaucoup plus
spécialisée, notamment sur la présence de micro-polluants,
d'éléments toxiques ou de métaux lourds dans l'eau. Alors,
nos laboratoires, à Québec et à Montréal,
actuellement, sont en train d'acquérir les équipements
nécessaires. J'y faisais allusion dans mon préambule pour
répondre aux demandes très détaillées, très
précises, très scientifiques des municipalités à
l'endroit du contenu de ces éléments, difficilement perceptibles
et qui n'ont véritablement jamais fait l'objet d'analyses
précises dans le passé au moment où le ministère de
l'Environnement se limitait à analyser la valeur bactériologique
des eaux de consommation.
Donc, on retourne au secteur privé ces analyses
routinières et on spécialise le ministère dans l'analyse
plus détaillée du. contenu des eaux de consommation. Â
cette fin, par exemple, on a acheté un appareil sophistiqué qui
permet de faire plusieurs analyses, enfin d'analyser plusieurs
paramètres simultanément, un appareil qui coûte, si je me
souviens bien, près de 500 000 $ et qui s'appelle un spectromètre
de masse. Nous en avons au moins un à Montréal, et
éventuellement, un nous en aurons à Québec pour
répondre à ces besoins plus poussés d'analyse.
En ce qui a trait aux eaux usées municipales après
traitement, bien sûr, avant de déterminer la méthode de
traitement, nous procédons à la caractérisation des eaux
pour connaître leur contenu réel, pour déterminer la
méthode de traitement et pour respecter des normes de rejet, en tenant
compte de la quantité de ces rejets et de la capacité
réceptrice des cours d'eau qui reçoivent ces eaux après
traitement. Nous avons refusé d'établir une norme nationale qui
aurait eu, quant à moi, le vilain caractère d'être peu
flexible et de ne pas répondre aux besoins réels. À titre
d'exemple, si on a une municipalité de 2000 habitants sur le territoire
de laquelle il n'y a aucune usine chimique et qui déverse ses eaux dans
le Saint-Laurent, on n'a pas à être
aussi sévère que si cette municipalité se retrouve
sur une rivière tertiaire ou quaternaire, ou de quatrième ordre,
qui contient peu d'eau. Alors, il faudrait, dans un tel cas, être
beaucoup plus exigeant parce que le cours d'eau récepteur n'a pas la
capacité du Saint-Laurent. Donc, cette façon de déterminer
la méthode de traitement et l'objectif du traitement, cas par cas, cela
nous permet d'être beaucoup plus souple, beaucoup plus réaliste et
de ne pas entraîner des coûts inutiles en fixant une norme uniforme
dans tout le Québec, sans tenir compte des cours d'eau
récepteurs.
Mme Bacon: Le ministre nous dit aussi que les
municipalités sont en mesure de bien juger, en ce moment, du
bien-fondé de tel ou tel procédé de traitement avant de
signer des protocoles d'entente?
M. Ouellette: En fait...
Mme Bacon: Elles ont toutes les informations
nécessaires?
M. Ouellette: Dans ce domaine comme dans tous les domaines
techniques, le monde municipal s'adresse à des firmes-conseils qui ont
les spécialistes pour leur dire: Ce que vous demande le ministère
de l'Environnement, cela a de l'allure ou cela n'en a pas. Je n'ai pas eu vent
que nos exigences avaient été trop sévères, en tout
cas. Peut-être y a-t-il eu quelques cas, je l'ignore.
Généralement, ils en viennent rapidement à une entente sur
cette norme de rejet adaptée au cours d'eau récepteur.
Mme Bacon: Dans le domaine de l'emploi de pesticides chimiques
qu'on recommande comme outils de dernier recours, comment se fait-il que le
gouvernement ait pris une position en faveur de leur élimination
graduelle, alors qu'en 1985 on préconise la recherche et le
développement de systèmes, de stratégies de lutte
intégrée? Faut-il comprendre qu'il n'y avait pas eu de recherches
qui avaient été faites avant que soit rendue publique la
recommandation d'éliminer les pesticides chimiques.
M. Ouellette: Vous faites allusion aux phytocides?
Mme Bacon: Je suis toujours dans le... Oui. Je suis les
recommandations de votre rapport.
M. Ouellette: Je pense qu'à sa face même
l'utilisation de pesticides de type phytocide comporte des risques.
Évidemment, on peut toujours exagérer en reliant cela au produit
orange utilisé au Vietnam durant la dernière guerre. Je ne pense
pas que nos phytocides soient quand même comparables à cela, mais
il n'en demeure pas moins que ce sont des éléments très
violents qui tuent littéralement le feuillage, donc le feuillage des
feuillus, et, à sa face même, ce sont des éléments
dangereux. C'est par démonstration auprès du COMPADR et
auprès du Conseil exécutif que j'en suis venu à persuader
le ministère de l'Énergie et des Ressources à mettre fin
à l'utilisation de ces produits, notamment dans la gestion du
reboisement. Il nous reste quelques pas à franchir d'ici les mois qui
viennent pour en venir à obtenir qu'Hydro-Québec adopte la
même politique et qu'elle préfère l'utilisation de moyens
mécaniques qui, eux, sont créateurs d'emplois, un peu ptus
coûteux, cela va de soi, mais ne constituent aucun risque pour la
santé et l'environnement en général.
C'est un débat qui a été long, qui a
été pénible parce que les utilisateurs n'étaient
pas convaincus, eux, des risques pour la santé et l'environnement, mais,
à force d'argumenter, j'en suis venu à en persuader le Conseil
des ministres, ce qui a permis au premier ministre de faire l'annonce que,
désormais, le ministère de l'Énergie et des Ressources
renonçait à l'utilisation de ces produits.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre peut nous dire quels gestes ont
été posés pour favoriser la recherche et le
développement des méthodes de réduction,
réutilisation, récupération, recyclage appropriées
à la nature des rebuts, par exemple?
M. Ouellette: Évidemment, il y a plusieurs
catégories. Si on pense, par exemple, au papier journal; on
connaît très bien la méthode de réutilisation qui
passe par le désencrage. Nous étions conscients -et cela a
été flagrant lors du sommet sur la récupération et
le recyclage - que, si nous voulions intéresser les citoyens à
procéder au tri è la source, les municipalités à
favoriser la collecte sélective, encourager les groupes régionaux
de récupération et de recyclage, il fallait, à tout ce
beau monde, assurer un débouché qui leur assure des revenus
dignes de les rentabiliser dans les plus brefs délais.
Il manquait un élément important à la chaîne;
c'est qu'au Québec on ne retrouvait aucune entreprise qui se soit
spécialisée dans le désencrage apte à recycler ce
papier et à fournir de la fibre recyclée à nos producteurs
de papier journal. Heureusement, la décision a été prise,
â notre demande, par les frères Lemaire de la compagnie Cascade
d'acquérir l'usine de Breakeyville dans mon comté - et ce n'est
pas du patronage, soyez-en certains - et de réaliser un premier
exemplaire du désencrage qui va permettre à Papier Reed - elle
s'y est engagée - d'avoir accès à cette fibre
recyclée et désencrée de
bonne qualité. Nous espérons que Cascade ira plus loin et
installera dans les plus brefs délais, à la suite de
l'expérience de Breakeyville, d'autres usines semblables, notamment dans
la région de Montréal.
Donc, c'est un secteur où c'était relativement facile
puisque la recherche existait, la technologie existait également. Il
s'agissait d'avoir l'audace d'investir les dollars nécessaires. Le
gouvernement fédéral et le ministère de l'Industrie et du
Commerce ont d'ailleurs collaboré en versant des subventions dans ce
projet.
Si on regarde le métal, là aussi la technologie existe. On
procède malheureusement, à mon avis, à beaucoup trop
d'exportations de ces rebuts métalliques. Je souhaite qu'un jour on
puisse en venir è transformer, à recycler ce métal de
façon plus importante au Québec, mais le problème
environnemental n'existe pas véritablement.
Si on regarde le domaine du verre, c'est la même chose. Nous avons
d'excellents recycleurs. On fabrique du calcin; il est recyclé au
Québec et cela va bien. Quant à l'aluminium, cela va se
régler puisqu'on a déjà plusieurs usines
intéressées à recycler ce métal.
Il reste à savoir ce qu'on fait du reste des déchets, et
on tombe dans le secteur des plastiques. Nous sommes à examiner la
situation qui prévaut en Scandinavie, en Europe et aux États-Unis
et c'est à cette fin qu'on a annoncé que le ministère de
l'Environnement - je fais vite parce que le temps est terminé, mais je
veux finir ma pensée -on a annoncé aux municipalités
membres des tables de concertation en banlieue de Montréal que nous
étions intéressés à investir les montants d'argent
nécessaires à une recherche qui nous permettrait d'étaler
les débouchés, ce qui permettra aux municipalités d'avoir,
avant de prendre une décision, de se lancer dans ce secteur, devant
elles tout le tableau des débouchés et ce qui leur permettra,
également, de justifier la rentabilisation de leurs investissements
parce que c'est vraiment un domaine exclusivement municipal.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. La
commission de l'aménagement et des équipements ajourne ses
travaux à mardi, 10 heures. Bonne fin de semaine è tout le
monde.
(Fin de la séance à 13 heures)