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(Dix heures seize minutes)
La Présidente (Mme Bacon): La commission de
l'aménagement et des équipements se réunit, ce matin, pour
étudier les crédits du ministère des Affaires municipales.
C'est la poursuite des crédits qui sont déjà
commencés. Je demanderais au secrétaire de faire la nomenclature
des membres qui sont présents à la commission et des
remplaçants.
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente.
Mme Bacon (Chomedey), MM. Beauséjour (Iberville), Gravel
(Limoilou), Laplante (Bourassa) en remplacement de M. Lavigne (Beauharnois),
MM. Le Blanc (Montmagny-L'lslet), Saintonge (Laprairie) et M. Tremblay
(Chambly).
La Présidente (Mme Bacon): M. le ministre.
M. le député de Laprairie.
Aménagement du territoire municipal
La taxation à Notre-Dame-du-Lac (suite)
M. Saintonge: Merci, Mme la Présidente. Hier, nous
étions rendus au cas de Notre-Dame-du-Lac. J'aurais d'autres questions
à poser. Sans vouloir aller au fond du problème, au sujet de la
responsabilité, je soulignais au ministre que les gens de
Notre-Dame-du-Lac avaient quand même contacté le ministère
des Affaires municipales, il y a plus de deux ans, en 1982, pour souligner
certains problèmes auxquels ils faisaient face. Il y a même eu un
représentant du ministère qui est allé sur les lieux. Le
ministre nous a dit - si je comprends son intervention d'hier - que c'est
simplement lors de la tutelle ou après la tutelle qu'on s'est rendu
compte de plusieurs présumées fautes en ce qui a trait à
l'application des montants d'argent dans la municipalité sur des
règlements d'emprunt. La tutelle a été
décrétée en décembre 1982 - si mon souvenir est
exact - mais, avant décembre 1982, un officier du ministère, qui
était sur place, a analysé les règlements d'emprunt de la
municipalité et la structure financière de la
municipalité. Est-ce que le ministre peut nous confirmer si oui ou non
le ministère, à cette époque, a fait faire des
vérifications à Notre-Dame-du-Lac concernant le problème
qui avait été soulevé sur ses difficultés
financières?
M. Marcoux: Voulez-vous dire avant la mise en tutelle?
M. Saintonge: Avant la mise en tutelle. Â cet égard,
je sais qu'il y avait une rencontre de prévue, entre autres, le 17
novembre 1982 et qui a été contremandée, semble-t-il,
è la dernière minute. Il n'y a pas eu de suite de donnée
à cela.
M. Marcoux: Le ministère a eu à examiner davantage
ce qui se passait à Notre-Dame-du-Lac, comme je l'indiquais hier,
à partir du moment où la municipalité était
vraiment dans des grandes difficultés financières et est revenue
au ministère pour faire adopter d'autres règlements d'emprunt.
C'est là qu'on a demandé ce qui se passait et qu'on a
découvert, en 1982, que les règlements d'emprunt acceptés
dans le passé n'avaient pas servi aux fins pour lesquelles ils
étaient utilisés.
En ce sens, le ministère a été sensibilisé
au problème d'illégalité dans l'utilisation des
règlements d'emprunt à partir du moment où des
règlements d'emprunt approuvés selon les règles du
ministère et de la Commission municipale n'ont plus suffi à
Notre-Dame-du-Lac pour satisfaire à ses obligations financières.
À ce moment, c'est là que l'analyse s'est faite, qu'il y a eu la
demande de tutelle et la préparation de règlements d'emprunt de
consolidation.
M. Saintonge: Je pense que ce n'est pas notre rôle de
porter un jugement de valeur. La critique que je veux porter à
l'égard de tout le problème de la responsabilité au niveau
du ministère ne concerne pas simplement des officiers, mais le ministre.
Je comprends que vous n'étiez pas là à l'époque,
mais quand même. Hier, le député de
Kamouraska-Témiscouata a voulu tenter de régler des comptes, mais
je pense que dans les journaux le compte rendu de l'assemblée publique
qui a été tenue était clair. Dans le Touladi, entre
autres, c'était écrit: "Dialogue de sourds et règlement de
compte".
À cet égard, il y a peut-être eu des fautes au
niveau du conseil municipal, je ne peux pas en juger, je ne suis pas apte
à voir la situation. Je ne suis pas au courant de tout cela. Je suis au
courant d'après les informations qu'on a pu me donner. Ce qui
m'étonne grandement, c'est qu'en 1982, par
exemple, alors que les difficultés financières
étaient énormes, que la municipalité mentionnait qu'au
niveau des règlements d'emprunt elle avait peut-être versé
des sommes ailleurs qu'elle aurait dues, mais quand les taux
d'intérêt ont augmenté d'une façon assez rapide dans
un court laps de temps, les échéanciers... On a parlé de
plus de - je le disais hier, - 700 $ par jour d'intérêt qui
étaient comptabilisés en 1982 et il y avait un problème
auquel la municipalité voulait faire face.
Peu importe, sans vouloir aller au fond du problème et dire que
les autorités municipales ont peut-être mal agi à un moment
donné, la question est la suivante -vous confirmez quand même que
le ministère était saisi du problème avant la mise en
tutelle, avant décembre 1982 puisqu'il y avait un officier du
ministère qui était là: Comment se fait-il, alors que les
autorités municipales voulaient rencontrer les autorités du
ministère, le ministre et certaines autorités, qu'on ait
refusé des rencontres et au conseil municipal et au comité des
citoyens en 1982, pour tenter de voir clair dans le problème et tenter
d'apporter une solution? Je pourrais demander aussi où était le
député de Kamouraska-Témiscouata quand les gens de son
comté voulaient une rencontre formelle avec le ministre, qu'on les
refusait et qu'on annulait la rencontre la veille. Je veux faire
référence à la rencontre que j'ai mentionnée
tantôt, celle du mois de novembre 1982.
M. Marcoux: Quand vous résumez le journal Touladi, la
rencontre que j'ai eue en assemblée publique à Notre-Dame-du-Lac,
en disant qu'il y a eu un dialogue de sourds et un règlement de
compte...
M. Saintonge: Je n'ai pas résumé, je m'excuse, j'ai
dit que le titre du journal Touladi... C'est un journaliste...
M. Marcoux: Que le titre disait cela, vous ne l'avez pas
assumé, vous n'avez repris à votre compte
nécessairement...
M. Saintonge:... j'imagine, impartial ou, en tout cas, il est un
gars de la place, ce n'est pas le comité des citoyens qui a fait
l'article, c'est ce que je veux dire.
M. Marcoux: Sur ceci, je veux dire que c'est une perspective que
chacun peut avoir. À partir du moment où la solution que j'ai
annoncée n'était pas à l'entière satisfaction des
citoyens ou du conseil municipal ou du comité des citoyens, on pouvait
interpréter que, étant donné qu'ils étaient en
désaccord avec cette solution, c'était un dialogue de sourds
parce qu'on n'était pas arrivé à un accord ou à une
entente. J'ai bien indiqué au point de départ aux citoyens de
Notre-Dame- du-Lac que je n'étais pas allé les rencontrer pour
une séance de négociation. C'était que j'avais à
analyser les problèmes qui m'étaient présentés. Il
y avait une solution qui m'apparaissait équitable par rapport aux autres
municipalités du Québec, que j'ai proposée au Conseil du
trésor et qui a été acceptée.
Quant à la question de règlement de compte, durant ces
trois heures de discussion, le président du comité de citoyens a,
à l'occasion, voulu mettre la faute sur la Commission municipale du
Québec disant que c'était elle qui était responsable des
problèmes qui étaient soulevés actuellement à
Notre-Dame-du-Lac. C'est évident que j'ai été
obligé de faire un rappel historique sur les quatre ou cinq principales
décisions prises par le conseil municipal au cours des années
1978 à 1981-1982, leur rappelant, dans ma vision des choses, où
était la véritable responsabilité au niveau des
décisions d'investissements et de dépenses et j'avais
été obligé d'indiquer les interventions gouvernementales
en termes de subventions.
À ce moment, je peux dire que si certains ont pu
l'interpréter comme étant un règlement de compte,
c'était, je pense, une tentative de part et d'autre d'indiquer où
étaient les véritables responsabilités dans
l'évolution de ce dossier. Je peux vous assurer que cela s'est fait dans
un climat d'extrême politesse, sans engueulades nulle part, et de
discussions franches de part et d'autre, durant ces trois heures, sans hausses
de voix, etc.
Par rapport à la Commission municipale ou à l'intervention
du ministère à la mi-mai 1982, nous avons eu un rapport d'un
fonctionnaire du ministère qui était allé là et qui
indiquait qu'il y avait une situation financière inacceptable pour
Notre-Dame-du-Lac, mais on ne pouvait intervenir à ce moment parce qu'il
fallait qu'il y ait cette demande de tutelle, et il y a certains motifs pour
lesquels la Cour supérieure peut accepter une tutelle. Le moment
où le ministère pouvait faire accepter la tutelle le plus
facilement, c'était à partir du moment où la
municipalité ne pouvait plus satisfaire à ses obligations
financières, ce qui est arrivé au mois d'août 1982. Â
ce moment-là, évidemment, cela permettait à la Cour
supérieure d'accepter beaucoup plus facilement la tutelle.
M. Saintonge: Est-ce que le ministre lui-même a
rencontré des représentants de
Notre-Dame-du-Lac, soit le conseil municipal ou le comité des
citoyens?
M. Marcoux: J'ai rencontré à trois reprises le
conseil municipal. Lors de la première rencontre, le président du
comité de citoyens était présent. Évidemment, lors
de l'assemblée publique le président du
comité de citoyens était présent. J'ai
rencontré à trois reprises le conseil municipal.
M. Saintonge: Il semble que depuis votre visite les choses se
sont précipitées à Notre-Dame-du-Lac, dans le sens qu'une
requête vous a été adressée par les citoyens, vous
faisant part de leur intention de ne pas payer les taxes foncières.
L'information que j'ai des gens de Notre-Dame-du-Lac, du président du
comité des citoyens, c'est que tous les contribuables fonciers de la
municipalité, à l'exception de onze personnes, ont signé
cette requête. Certains locataires ou certains conjoints de
propriétaires fonciers ont également signé la
requête puisque la requête en question a été
signée par un nombre plus considérable que le nombre total de
contribuables fonciers.
Après les événements du mois de mars, la rencontre
du 22 mars, si mon souvenir est bon, que vous avez eue avec les gens
là-bas, le comité des citoyens aurait repris le dossier au mois
de décembre et aurait sollicité une rencontre avec les
autorités du ministère et le ministre. On a mentionné
qu'ils sont prêts à venir vous rencontrer à Québec.
Malgré l'annonce de subventions supplémentaires que vous avez
faite, les gens refusent cela. Dans un deuxième temps, il y a une
requête du comité des citoyens qui explicite clairement qu'ils ne
paieront pas leurs taxes foncières, qu'ils demandent à rencontrer
les autorités du ministère afin de trouver une solution plus
appréciable à cela. Est-ce que vous êtes ouverts pour
éviter tout problème subséquent et faire en sorte que les
gens, au moins, aient l'impression d'avoir été valablement
entendus? S'il y a des reproches à faire au niveau de certaines
personnes, vous le ferez. Le comité des citoyens sera présent
pour voir ou non si les arguments que vous mentionnez sont agréés
par la majorité des gens et même de ceux qui sont attaqués
par ces demandes. Ils pourront vider le dossier. Je pense que dans un cas comme
celui-là il suffit de vider le dossier. Est-ce que vous êtes
prêt à accorder à ces citoyens une nouvelle rencontre
même à Québec ici avec vous? (10 h 30)
M. Marcoux: Le comité de citoyens, au point de
départ, voulait une solution politique. J'ai indiqué, au point de
départ, qu'il n'était pas question d'accorder une solution
politique, que cela devait être une solution administrative. Ce qu'ils
entendaient par solution politique, c'était que le gouvernement
décide arbitrairement d'assumer l'ensemble de la dette sur l'aqueduc,
les égouts et l'usine d'épuration, ou quelque chose du genre, ce
qui ne s'est appliqué, depuis 1976-1977, dans aucune municipalité
du Québec. Ce serait revenir au beau temps des subventions
d'équilibre budgétaire. Le ministre des Affaires municipales, M.
Tardif, lorsque nous avons pris le pouvoir en 1976, c'est la première
chose qu'il a abolie dans le monde municipal, les subventions
d'équilibre budgétaire.
Je peux vous assurer qu'il y a consensus absolu du monde municipal sur
l'abolition de ces subventions - Est-ce que je peux terminer ma réponse?
-...
M. Saintonge: Oui.
M. Marcoux:... parce que c'est cela que ça pose comme
problème. Les hypothèses soulevées par le comité de
citoyens impliquent que nous reviendrions à l'esprit et à la
lettre des subventions d'équilibre budgétaire et je n'ai pas
l'intention de proposer au gouvernement de rétablir un tel type de
programme ou de faire une mesure discrétionnaire qui impliquerait le
rétablissement pour une municipalité du Québec de ce genre
de situation.
La décision des citoyens, leur désir de ne pas payer leur
compte de taxes, le soir même où je suis allé à
Notre-Dame-du-Lac, avant même que soit connue la décision du
gouvernement d'ajouter les 869 000 $ en subventions sur dix ans, la
pétition était faite, elle a été
déposée le soir même de cette rencontre. En ce qui me
concerne, pour ceci les lois municipales sont très claires et la loi
doit s'appliquer pour les citoyens contribuables de Notre-Dame-du-Lac comme
pour l'ensemble des autres municipalités du Québec.
M. Saintonge: Vous fermez la porte. Il n'y a plus de conseil
municipal. Les conseillers ont tous démissionné de toute
façon. Je pense qu'il reste un conseiller.
M. Marcoux: Deux, je crois.
M. Saintonge: Il en reste un. Il en restait deux et il y en a un
qui a démissionné. Il en reste seulement un. Il y en avait deux
et il y en a un qui a démissionné, il a même signé
la requête. Il y en a deux qui ont démissionné le soir de
votre rencontre. Il restait deux conseillers et le maire. Le maire a
été hospitalisé, semble-t-il. Cela ne veut pas dire qu'il
n'est plus là, mais un des deux autres conseillers aurait
démissionné pour prendre fait et cause avec le comité des
citoyens et il a même signé la pétition en question.
C'est une question de principe de revenir au régime des
subventions discrétionnaires. Je ne pense pas, dans un cas particulier,
qu'on puisse dire qu'on applique le principe général et qu'on se
ferme les yeux. L'attitude que vous prenez dans ce sens me déçoit
un peu. Vous avez une municipalité où le taux de chômage se
situe à plus de 50%, c'est évident que les gens
n'ont pas d'argent pour payer les taxes, il y a un haut taux de taxes
à payer. Dans ces circonstances particulières, ce qu'on veut
tenter de faire, d'après ce que le comité des citoyens m'a dit,
c'était de trouver un accommodement qui ferait en sorte que le montant
de taxes à payer serait reporté dans le temps. On pourrait tenter
d'aller un peu plus loin pour éviter éventuellement qu'à
chaque année on ait un taux excédentaire, qu'on tente de reporter
un peu plus loin l'ensemble des taxes à payer. Deuxièmement,
quand vous faites allusion aux subventions discrétionnaires, j'ai en
main deux décrets: un décret qui porte le numéro 2667-84,
du 5 décembre 1984, et un deuxième décret qui porte le
numéro 283-85, du 12 février 1985. Cela concerne le versement
d'une aide financière à la Municipalité de la
Côte-Nord du golfe Saint-Laurent. D'après ce que je peux
comprendre, c'est un cas qui se rapproche un peu de celui de Notre-Dame-du-Lac;
à cause de frais incidents admissibles d'aide financière dans
certains cas - c'était le programme PAIRA - au lieu des 20 %
réguliers dans ce cas précis, cela avait augmenté de 47 %.
Ce n'est pas loin de ce qu'on disait pour Notre-Dame-du-Lac. L'aide
financière proposée par le premier décret du 5
décembre 1984 était d'environ 307 000 $. Après rencontre
ou discussion, - je ne comprends pas pourquoi, je ne sais pas ce qu'il y a
eu...
M. Marcoux: Il y avait eu une erreur.
M. Saintonge: Il y a eu un autre décret qui a fait porter
l'aide à 1 857 000 $, pour compenser une espèce de
problème financier du même ordre, je pense, que celui de
Notre-Dame-du-Lac ou en partie.
M. Marcoux: La situation des villages isolés de la
Basse-Côte-Nord n'est pas du tout une situation semblable et a
été analysée de façon ad hoc,
précisément, et n'a aucun rapport avec la situation dans
Notre-Dame-du-Lac.
M. Saintonge: Sur quoi était basée la
reconsidération de ces subventions? C'était quand même une
charge trop élevée. Les gens ont refusé d'acquitter leurs
taxes, c'est ce qui est dit dans l'attendu. Dans l'attendu en question, on
mentionne: "Malgré cette aide financière, les usagers
considèrent leur charge trop élevée et se refusent
d'acquitter les taxes qui en découlent. " C'était l'aide
financière de PAIRA. On dit: "Attendu que ces mêmes gens
sollicitent auprès du ministère des Affaires municipales une
reconsidération des subventions déjà consenties...
M. Marcoux: Voyez comment la situation...
M. Saintonge:... comme en font foi les nombreuses requêtes
présentées. " À ce moment-là, on parle des frais
incidents admissibles qui étaient limités à 20 %, mais qui
ont varié de 43 % à 86 %. Donc, pour diminuer la charge à
l'usager, on a convenu de verser un montant supplémentaire.
M. Marcoux: Dans le cas de la Basse-Côte-Nord, ce qu'il
faut voir c'est que c'est un territoire qui, même s'il était
municipalisé, n'avait pas de conseil municipal, il n'avait même
pas de rôle d'évaluation encore il y a quatre ans, c'était
l'administrateur municipal qui était là. Ces gens-là ne
payaient pas de taxes encore il y a quatre ans. On a dû instaurer un
système d'aqueduc, ce n'est pas aqueduc et égout, d'ailleurs.
C'est seulement aqueduc et non pas aqueduc et égout et usine
d'épuration. Alors, c'est une situation complètement
différente. Il n'y a aucune analogie avec la situation à
Notre-Dame-du-Lac.
M. Saintonge: Le ministre n'est-il pas prêt à
expliquer aux gens de Notre-Dame-du-Lac la différence entre les deux
cas?
M. Marcoux: Je l'ai fait quand j'y suis allé.
M. Saintonge: Pas là-dessus, selon mon information, cela
n'a pas été le cas.
M. Marcoux: Non, les décrets étaient connus
à ce moment-là; ils ont été cités par le
président du comité de citoyens. Je l'ai expliqué à
ce moment-là.
M. Saintonge: Le ministre était-il au courant d'un autre
phénomène qui s'est passé? Vous me direz si vous
êtes en accord avec cela. Il semblerait que certaines autorités du
ministère des Affaires municipales - je ne peux pas citer de nom, je ne
sais pas si c'est le tuteur ou quelqu'un d'autre, -auraient demandé le
10 avril dernier l'envoi à Notre-Dame-du-Lac d'une escouade
spéciale de la Sûreté du Québec qui comprenait un
minimum de 18 véhicules et environ 40 policiers qui ont
été dépêchés là-dessus. L'escouade
spéciale antiémeute a été placée en attente
dans la municipalité voisine de Saint-Louis-du-Ha! Haï; en plus, on
a demandé au poste de la 5ûreté du Québec à
Notre-Dame-du-Lac de faire entrer tout le personnel disponible pour le 10 au
matin en raison d'une manifestation appréhendée. Êtes-vous
au courant de cette demande-là? Cette demande a-t-elle bien
été adressée à votre ministère et à
la Sûreté du Québec?
M. Marcoux: C'est le président de la Commission municipale
du Québec qui, lors de la décision de la commission et du tuteur
de rouvrir l'hôtel de ville qui avait été
fermé, a communiqué avec la Sûreté du
Québec pour lui demander de prendre les précautions
nécessaires pour protéger le personnel qui rentrerait à
nouveau à l'hôtel de ville. C'est le président de la
Commission municipale du Québec, le juge Beaulieu, qui a jugé
utile de communiquer avec la Sûreté du Québec. Ce n'est pas
le juge Beaulieu qui a évalué les méthodes qui devraient
être prises et les ressources humaines qui pourraient être
nécessaires. C'est la Sûreté du Québec qui a fait
l'évaluation qu'elle devait faire des moyens qu'elle devait prendre.
Vous faites allusion à un autre événement qui s'est
passé, qui est différent. Celui-là, je pense, n'est pas
encore rendu public. C'est qu'il y a eu un appel de menaces de fait
auprès du greffier de la municipalité. Le greffier s'est
adressé au poste local de la Sûreté du Québec pour
assurer la protection de l'hôtel de ville et des employés de...
C'est un autre événement qui s'est passé quelques jours
plus tard.
M. Saintonge: À quelle date? M. Marcoux:
Pardon?
M. Saintonge: Quelques jours après le 10, ce dont vous
parlez?
M. Marcoux: Non, après la réouverture. Le premier
événement dont vous parlez qui a été rendu public,
c'est le fait que, lors de la décision de la réouverture de
l'hôtel de ville, le président de la Commission municipale a cru
bon de contacter la 5ûreté du Québec pour lui demander
d'évaluer la situation et de prendre les mesures de protection
nécessaires.
M. Saintonge: Quelle est la population de Notre-Dame-du-Lac,
savez-vous cela?
M. Marcoux: Environ 2300 personnes,
M. Saintonge: Et on avait besoin de l'escouade antiémeute
de la 5ûreté du Québec! Vous ne pensez pas que c'est
provocateur et inutile? De toute façon, selon l'information que j'ai, ce
que je trouve curieux c'est...
M. Marcoux: Je ne porterai aucun jugement sur l'évaluation
faite par la Sûreté du Québec de la situation et des moyens
qu'elle pouvait prendre pour protéger la réouverture de
l'hôtel de ville et les employés qui, à ce
moment-là, allaient travailler à l'hôtel de ville.
M. Saintonge: Et la demande d'envoi, l'ordonnance d'envoyer
l'escouade antiémeute de la Sûreté du Québec
à Notre-Dame-du-Lac a été faite par le ministère
des Affaires municipales ou par la Commission municipale?
M. Marcoux: J'ai été très clair et je le
répète pour la troisième fois: La Commission municipale -
et le tuteur dépend de la Commission municipale - lorsqu'elle a
décidé de rouvrir l'hôtel de ville, le juge Beaulieu a
communiqué avec la Sûreté du Québec pour l'informer
qu'il avait décidé de rouvrir l'hôtel de ville et il a
demandé à la Sûreté du Québec de prendre les
mesures de protection pour l'hôtel de ville et les employés
qu'elle jugeait appropriées. C'est la Sûreté du
Québec. Ce n'est pas le ministère, ce n'est pas moi, c'est la
Commission municipale, et c'est la Sûreté du Québec qui a
fait l'évaluation des ressources humaines qu'elle trouvait
nécessaires pour correspondre à l'avis qui lui avait
été donné par le juge Beaulieu.
M. Saintonge: Vous avez été clair. J'avais
très bien compris ce que le juge Beaulieu a dit de la situation, mais je
vous demandais si la demande précise d'envoyer l'escouade n'avait pas
été faite par le juge Beaulieu. Vous confirmez que c'est en
dehors du ministère ou du juge Beaulieu. C'est la Sûreté du
Québec qui aurait décidé d'envoyer l'escouade, purement et
simplement.
M. Marcoux: Ce n'est évidemment pas le juge Beaulieu qui a
décidé des ressources qui pouvaient être
évaluées. C'est la Sûreté du Québec qui a
à évaluer ce genre de situation et à prendre les moyens
nécessaires. Ce n'est ni le ministère ni le juge Beaulieu qui a
décidé des personnes et de la nature des services qui devaient
être fournis.
M. Saintonge: Vis-à-vis de la situation comme telle, vous
maintenez votre position de ne pas répondre à la demande des
citoyens, avec la nouvelle requête, d'aller les rencontrer pour expliquer
au comité de citoyens, à ceux qui seraient présents,
l'ensemble du dossier comparativement à de l'aide financière que
vous avez accordée aux autres villes du Québec, celles qui ont pu
bénéficier d'un décret, d'un montant supplémentaire
d'aide?
M. Marcoux: En ce qui me concerne, j'ai respecté
l'engagement que j'avais pris. Au début de janvier, j'avais
indiqué que je ne pouvais pas y aller le 7 janvier au moment où
on aurait souhaité que j'y aille. J'avais indiqué que j'irais
à Notre-Dame-du-Lac. Je suis resté en contact continuel avec le
conseil municipal et j'y suis allé au moment où j'avais une
décision à annoncer concernant une des propositions qui avaient
été faites par le conseil municipal. À ce
moment-là, j'ai abordé l'ensemble des
questions que vous venez d'aborder ce matin, autant le décret sur
la Basse-Côte-Nord que les autres questions dont vous parlez.
M. Saintonge: D'accord. Je n'ai pas passé l'ensemble des
crédits là-dessus. Je dirai simplement, comme commentaire, que,
si le ministre a parlé de son rôle de lien entre les
différents ministères et de son rôle avec l'ensemble des
citoyens, je pense qu'il ne le remplit pas adéquatement dans ce
cas-là parce que vous avez un problème qui menace, finalement, de
faire une explosion. Il n'y a plus de conseil municipal. Même les
conseillers qui étaient en place quand vous y êtes allé ont
démissionné. Les gens se réunissent en comité de
citoyens. L'ensemble des contribuables, à l'exception de onze, dans une
municipalité, signent une requête vous disant qu'il n'est pas
question qu'ils paient leurs taxes. Ils attendent des nouvelles, ils n'en ont
pas. Ces gens-là communiquent avec le ministère de
l'Environnement. Ils n'ont aucune nouvelle du ministère de
l'Environnement non plus. Je me souviens qu'en 1982 le ministre Gendron, qui
était à l'aménagement du territoire, avait visité
les lieux, avait reçu une lettre et avait répondu qu'il irait
rencontrer les gens ou qu'il s'arrangerait pour qu'on puisse leur donner
satisfaction et les rencontrer. La même demande avait été
faite à l'Environnement et aux Affaires municipales. Cela n'a pas
été suivi. On ne les a pas rencontrés. C'est quand
même une situation exceptionnelle: c'est une municipalité... En
tout cas, peut-être qu'on pourrait m'informer, mais je n'ai jamais vu
cela, une municipalité qui demande elle-même d'être mise en
tutelle comme c'est arrivé en 1982. Je ne sais pas s'il y a un
précédent au Québec. Peut-être que les gens du
ministère pourraient me le dire, mais, d'après ce que j'ai vu
à l'époque, si je me souviens bien, il y avait une requête
de la municipalité qui demandait elle-même d'être mise en
tutelle. C'était une demande de la municipalité qui disait
qu'elle n'était plus capable de satisfaire à ses besoins. Je
trouve cela un peu curieux et que, d'autre part, la collaboration entre le
ministère et cette municipalité...
Je pense qu'à un moment donné il y a un manque quelque
part. On ne doit pas continuer à laisser une situation
dépérir, amener de la violence inutile dans un coin, surtout que
vous avez une situation où 50 % des citoyens sont en chômage. Ils
ne sont pas aptes à payer des taxes non plus qui sont plus
élevées par rapport à l'ensemble des municipalités
environnantes. Avec la différence des taxes à payer à
Notre-Dame-du-Lac d'avec les autres villes, il est évident qu'à
long terme on va s'en aller vers quoi? Est-ce qu'on veut que la
municipalité de Notre-Dame-du-Lac ferme ses portes et qu'on ait un
village fantôme? On va pratiquement arriver à cela. Les citoyens
ne paieront pas leurs taxes. Cela va être impossible. (10 h 45)
M. Marcoux: J'ai regardé l'ensemble du dossier et je pense
que le député de Laprairie pourrait regarder d'autres
éléments. Depuis qu'il y a eu des hausses de taxes
considérables, depuis trois ou quatre ans à Notre-Dame-du-Lac, il
a continué à y avoir des constructions domiciliaires, il a
continué à y avoir des rénovations de maisons, il a
continué à y avoir une hausse chaque année du rôle -
pas une hausse fantastique, mais une hausse du rôle d'évaluation.
Les gens de Notre-Dame-du-Lac ont payé les taxes municipales ces deux
dernières années comme les années
précédentes. Ces deux dernières années, le taux de
taxation était à 3, 75 $, comme il l'est cette année. Je
pense que ce qui a fait exploser la situation plus récemment, c'est la
crainte de voir augmenter les taxes à 3, 95 $ les 100 $
d'évaluation et, l'an prochain, à 4, 75 $ ou 4, 80 $ les 100 $
d'évaluation, mais tel ne sera pas le cas par suite de l'annonce de
subventions que j'ai faite. En ce qui me concerne, je pense que la solution que
j'ai annoncée à Notre-Dame-du-Lac permet de stabiliser la
situation et permet à Notre-Dame-du-Lac de continuer à augmenter
sa population ou son rôle d'évaluation comme ce fut le cas dans
les quatre ou cinq dernières années.
D'ailleurs, je vais vous donner un exemple qui illustre que la situation
s'améliore. Il y a un règlement d'emprunt à 17% qui est
arrivé à échéance en février, cette
année. Il a été renouvelé au taux
d'intérêt de 11, 18%, soit le meilleur taux d'intérêt
pour cette semaine-là au ministère parce que les obligations, le
renouvellement d'emprunts passe par le ministère. C'est
Notre-Dame-du-Lac, cette semaine-là, dans l'achat d'obligations dans le
monde municipal, qui a eu le meilleur taux d'intérêt dans tout le
Québec. C'est vous dire qu'il y a des possibilités réelles
que la situation continue de s'améliorer, mais il est évident que
cela serait plus facile pour la Commission municipale et le tuteur s'il y avait
un conseil municipal qui collaborait de ses suggestions pour améliorer
l'administration municipale, parce que c'est maintenant la partie sur laquelle
il faut travailler.
M. Saintonge: Bien, vous n'en avez plus de conseil, les gens ont
démissionné.
M. Marcoux: Non, c'est ça, on ne peut pas les forcer
à demeurer.
M. Saintonge: Est-ce que le ministre ne pense pas que la
meilleure façon de tenter de ramener les choses, de faire en sorte que
des citoyens intéressés reviennent s'occuper
des choses de leur municipalité, ce serait justement d'avoir une
rencontre avec l'ensemble des gens et d'expliquer la situation clairement,
surtout avec les nouveaux développements qui se sont passés?
C'est une situation de crise, elle ne se réglera pas toute seule.
M. Marcoux: En ce qui me concerne, j'ai rencontré le
conseil municipal à trois reprises et j'ai rencontré environ 800
ou 900 citoyens de Notre-Dame-du-Lac et l'ensemble des points que vous abordez,
M. le député, ont été discutés à ce
moment-là.
M. Saintonge: D'accord, merci. M. le Président, je
voudrais revenir au programme 1 qu'on était en train de discuter hier.
J'ai remarqué que le cas de Notre-Dame-du-Lac avait été
soulevé par le député de Kamouraska-Témiscouata et
qu'on avait changé l'ordre de l'étude. Si on est d'accord
à la commission, étant donné les délais qu'on aura,
j'aimerais qu'on puisse poser des questions sur différents programmes et
qu'à la fin, dans les quinze dernières minutes, on revienne
adopter les programmes un à la suite de l'autre. Ce serait
peut-être plus facile.
M. Marcoux: D'accord. M. Tremblay: Nous sommes d'accord.
Les MRC
M. Saintonge: Je vous remercie grandement, M. le
député de Chambly. Au programme 1, je parlais hier de
l'aménagement du territoire et de certains problèmes concernant
les pouvoirs des MRC et tout cela. Le ministre pensait que j'avais des
appréhensions, mais je pense qu'avec les informations, les remarques
qu'il a pu recueillir hier soir lors de l'ouverture du congrès de
l'Union des municipalités du Québec il a pu se rendre compte,
après certaines des interrogations que je pouvais me poser, que j'avais
perçues du monde municipal, que j'avais peut-être l'heure juste un
peu là-dessus, si je comprends les paroles du président de
l'UMRCQ et même celles de l'UMQ vis-à-vis des possibilités
de croissance des MRC, toute la question de la décentralisation et toute
la question de la régionalisation des pouvoirs.
En tout cas, quant à nous, juste un dernier point sans en faire
une discussion, je ne veux pas alourdir le climat de nos discussions, mais le
ministre a cru bon hier de noter que le Parti libéral, semble-t-il,
d'après lui, n'avait pas de position dans ce dossier. Il y a un livre de
programme politique qui a été donné. On parle
légèrement, à la question de l'administration publique, du
développement régional. Ce programme-là n'est pas
exhaustif par rapport à notre position dans le domaine municipal sur la
question des MRC principalement, mais vous pourrez noter que ce programme
politique est un programme général qui va continuer à se
concrétiser, à se préciser dans un temps très
très futur. Je pense que ce n'est pas mon intention de dire au ministre
à quel moment notre programme sera connu précisément dans
ce domaine. C'est à nous de le décider.
Vous avez mentionné que le Parti libéral n'avait pas de
position dans ce sens. Je ferai remarquer au ministre que depuis plus de deux
ans que je suis critique aux Affaires municipales, en deux ans et demi, notre
attitude vis-à-vis des MRC a quand même été
établie assez clairement vis-à-vis des compétences
actuelles sur le schéma d'aménagement. On a mentionné que
les MRC ne devraient pas avoir plus de pouvoirs qu'elles en ont là. On
n'a pas été contre, dans certains cas, que certaines
compétences soient exercées par des MRC. On ne l'a pas
dénoncé, mais on n'a jamais voulu augmenter les pouvoirs des MRC
et on s'est toujours opposé à ce que le gouvernement tente, par
la porte d'en arrière, par derrière le rideau, de créer
une situation de fait où on arrivera avec les MRC dans une situation
définie, où on ne pourra plus rien faire. Les pieds vont
être dans le ciment et les gens vont être dans une situation, face
à quelque chose, et ils seront obligés, finalement, de se rendre
compte que la structure est là, qu'elle est en place, qu'on ne peut plus
rien faire, ce que le maire Corbeil a mentionné hier et ce que le
président de l'UMRCQ a aussi souligné.
Je vous ferai remarquer que, quand on mentionne que les structures sont
en place, vous savez fort bien - on y a fait allusion hier encore une fois -
que beaucoup de personnel engagé dans certaines MRC, du personnel qui a
été syndiqué depuis ce temps-là... C'est sûr
que dans un cas comme cela, sur le plan des structures, quand on ne sait pas
exactement où on s'en va, c'est un peu, des fois, mettre la charrue
avant les boeufs, quand on ne sait pas où on va aller et dans quelle
sorte de système on va se trouver, de multiplier les structures ou les
intervenants dans cette structure...
Ces mêmes gens se syndiquent et tout cela. Cela peut amener des
problèmes assez graves dans les municipalités qui auront à
assumer les coûts de ces choses-là, si la structure avait une
modification importante. Je ne veux pas passer tout le temps des crédits
là-dessus non plus. Les messages ont été faits de votre
côté; je fais le mien vis-à-vis de cela, mais on va rester
attentif au développement éventuel des MRC. Dans tous ces
facteurs, je souhaite aussi que le ministre continue à écouter le
monde municipal et puisse réagir vis-à-vis des désirs que
le monde municipal va manifester sur les
structures qu'il veut bien appliquer à son administration.
Vis-à-vis de tout cela, si on reparle des MRC, depuis quelques
années, depuis que les MRC ont été constituées, il
y a eu, dans certains cas, des problèmes assez importants qui se sont
soulevés sur le plan, par exemple, des changements d'appartenance de
certaines municipalités à une MRC. On a fait
référence à la MRC d'Acton, brièvement, hier. Le
ministre a nommé une commission spéciale pour regarder ce qui ce
passe dans Acton. Je pense que trois personnes ont été
nommées pour examiner la situation et faire rapport au ministre. Je
voudrais savoir le mandat exact confié à cette commission. Est-ce
qu'il y a un délai d'accordé pour donner un rapport final au
ministre?
M. Marcoux: Le délai est celui du 1er juin de cette
année. Le mandat a été d'examiner quatre
possibilités: d'abord, la possibilité de maintenir la MRC
d'Acton, telle qu'elle est composée actuellement en termes municipaux.
Je peux l'indiquer textuellement ici le maintien de la MRC dans son
découpage actuel, première hypothèse; deuxième
hypothèse, un démantèlement partiel de la MRC par le
rattachement de certaines de ses composantes à des MRC environnantes;
troisième hypothèse, le rattachement à la MRC d'Acton de
territoires appartenant présentement à d'autres MRC avec ou sans
détachement de municipalités présentement dans la MRC
d'Acton; quatrième hypothèse, le démembrement complet de
la MRC d'Acton avec rattachement des composantes aux MRC contiguës.
La suite du mandat: J'apprécierais également que votre
rapport traite des modalités afférentes aux solutions que vous
voudrez bien mettre de l'avant. Je vous serais reconnaissant de me soumettre le
produit de votre travail avant le 1er juin 1985. C'est le mandat et le
délai.
M. Saintonge: Cela m'intéresserait de savoir ce qui a pu
pousser le ministre à accorder un mandat spécial dans ce sens et
à confier, disons...
M. Marcoux: Une raison bien simple, c'est que le problème
perdurait depuis deux ou trois ans; et même, maintenant, à ma
connaissance, les quatre municipalités dissidentes n'allaient plus
à la MRC comme telle. Tout le monde m'indiquait que, tant qu'il n'y
aurait pas une solution recommandée par un groupe extérieur qui
ne soit pas le ministre des Affaires municipales ou un membre du gouvernement,
il n'y aurait pas de chance que cette solution soit respectée. C'est
pour cela que j'ai décidé de créer un comité de
travail.
M. Saintonge: Maintenant, dans le choix des personnes
responsables pour faire cette enquête...
M. Marcoux: Dans le choix des personnes responsables, j'ai
demandé au président de la Commission municipale du
Québec, commission qui est maintenant responsable de donner les avis de
conformité et qui a remplacé la Commission nationale de
l'aménagement et à laquelle a été
intégré M. Jean-Marc Rivest, l'ancien président de cette
Commission nationale de l'aménagement, qui connaît très
bien toutes les questions d'aménagement puisque lui-même a
été mêlé à ces questions très
intimement lorsqu'il était dans la région de l'Outaouais, s'il
pouvait rendre quelqu'un disponible et possiblement M. Rivest, ce que le
président de la Commission municipale a accepté avec plaisir.
J'ai pensé former un comité consultatif sur la même
base que les comités qui avaient découpé le territoire,
c'est-à-dire qu'il y avait un représentant de l'UMQ et un
représentant de l'UMRCQ. Alors, l'UMQ a accepté de
désigner un de ses vice-présidents et l'UMRCQ a accepté de
désigner un de ses vice-présidents, également, qui sont
dans des territoires environnants. Alors, il y a deux vice-présidents de
l'UMQ et de l'UMRCQ, plus M. Jean-Marc Rivest, membre de la Commission
municipale du Québec.
M. Saintonge: Il n'y a qu'un point; je ne sais pas s'il a
été porté à la connaissance du ministre. Ce n'est
pas une chose grave, mais M. Rivest pétait quand même un... Dans
le curriculum vitae que j'ai, comme expérience professionnelle, M.
Jean-Marc Rivest est directeur-fondateur et a été
vice-président de PLURAM Inc., antérieurement. Le seul
problème dont je me rends compte, c'est qu'on a parlé, lors de
l'étude de la loi 4, assez attentivement des questions de conflit
d'intérêts. À mon souvenir, la compagnie PLURAM...
M. Marcoux: Il ne pouvait pas être président de la
Commission municipale...
M. Saintonge:... est celle qui a été engagée
par la MRC d'Acton.
M. Marcoux: Je peux vérifier, mais il n'est sûrement
pas là. Cela faisait deux ans ou deux ans et demi qu'il était
président de la Commission nationale de l'aménagement. Il ne
pouvait pas être fonctionnaire et membre de PLURAM en même temps.
Certainement pas.
M. Saintonge: Je ne veux pas souligner ici qu'il est toujours
président de PLURAM, je ne le pense pas. Je regarde son curriculum vitae
et on dit qu'il est
directeur-fondateur et vice-président de PLURAM inc. Pour avoir
analysé le dossier et l'avoir souligné à l'attention de
votre prédécesseur, si mon souvenir est bon, en période de
questions, la compagnie PLURAM était engagée par les MRC comme
consultante, d'une part. Je ne veux pas présumer une faute de M.
Rivest... Pardon?
M. Marcoux: Pour élaborer des plans d'urbanisme ou des
choses comme celles-là?
M. Saintonge: Oui, oui. Elle est consultante pour la MRC d'Acton
et vous avez, finalement, le problème important que, si PLURAM est
engagée par la MRC qui fonctionne à l'exclusion de quatre
municipalités qui demandent d'être détachées et
qu'on enquête là-dessus, ne pensez-vous pas qu'il y a danger de
conflit d'intérêts ou qu'une des personnes concernées se
trouve... J'imagine que, s'il fait le tour de la situation, il va aller voir
les gens de la MRC, le préfet et les membres actuels de la MRC qui ont
une opinion à donner. Ce n'est pas un secret de polichinelle que les
gens de la MRC d'Acton, les sept - je pense qu'il y a onze municipalités
au total...
M. Marcoux: Quatorze.
M. Saintonge: Quatorze. Les dix qui demeurent, à
l'exclusion des quatre, un des motifs qu'elles invoquaient pour s'opposer au
détachement des quatre, c'était qu'à dix ce ne serait pas
viable et qu'on veut absolument garder ces gens. Elles ont des consultants
qu'elles engagent par la MRC. PLURAM n'a pas été engagée
par Sainte-Hélène, Saint-Liboire ou Saint-Valérien, c'est
évident. J'imagine que M. Rivest peut avoir certaines relations avec les
gens de PLURAM. Alors, il y a peut-être une potentialité de
conflit d'intérêts.
Je sais que comme avocat, dans un cas comme celui-là, si un
ancien associé est là, on se retire du dossier et on ne lui fait
pas face. On a discuté du cas dans la fameuse loi 4, si je ne me trompe
pas, où, dans certains cas, pour éviter tout conflit
d'intérêts possible, on avait appliqué une mesure assez
draconienne, à mon point de vue - on avait voté sur division
là-dessus -pour certaines compagnies de comptables qui pouvaient fournir
des services accessoires aux municipalités. Dans un cas comme
celui-là, je veux seulement souligner à votre attention cet
élément. On n'a peut-être pas vu cela avant, je ne le sais
pas. Est-ce que vous étiez conscient de cela avant? Non?
M. Marcoux: Je n'étais pas du tout conscient de cela avant
et même, avec l'information que vous me donnez, je ne vois aucun conflit
d'intérêts. Quelqu'un qui n'est plus membre d'une
société comme PLURAM depuis au moins trois ans, sinon davantage,
et qui est membre de la Commission municipale... Ce n'est pas parce qu'il y a
trois ou quatre municipalités qui changeraient, ou deux ou trois, de MRC
que cela peut affecter le plan d'urbanisme ou le schéma
d'aménagement présenté par la MRC ou que c'est cela qui va
influencer la décision sur le rattachement ou non.
M. Saintonge: Ce n'est pas le point principal, mais je veux quand
même attirer l'attention sur un cas comme celui-là. (11
heures)
M. Marcoux: On m'indique que cela fait au moins cinq ou six ans
qu'il est parti de Pluram.
M. Saintonge: Oui, mais il était directeur-fondateur. Il
reste que c'est ce que je veux souligner à l'attention du ministre dans
un cas comme cela. C'est pour...
M. Marcoux: J'ai été professeur et administrateur
d'un cégep. Probablement que je ne pourrais jamais devenir ministre de
l'Éducation parce que je pourrais avoir des idées sur ce qu'est
un cégep?
M. Saintonge: Non, non. Oh! non. Je ne pense pas parce que je
sais que cela n'occupe pas bien gros le gouvernement actuel. Même une
personne en congé qui est employée d'Hydro-Québec comme
ingénieur et qui est en congé sans solde d'Hydro-Québec
peut retourner à son poste quand elle sera battue. C'est le ministre de
l'Énergie et des Ressources. Il a comme responsabilité
Hydro-Québec. À mon point de vue, c'est un conflit
d'intérêts patent mais on l'a confirmé quand
même.
M. Marcoux: Voyons donc! Franchement! Votre découverte des
conflits d'intérêts est assez récente. C'est comme si on
disait que les médecins ne peuvent pas être ministre des Affaires
sociales parce qu'ils vont avoir à prendre des décisions qui
affectent la profession médicale, les avocats ne peuvent pas être
ministre de la Justice parce que toute décision du ministère de
la Justice...
M. Saintonge: Vous comprenez fort bien ce que je veux dire.
Simplement, quand vous avez un avocat qui va plaider devant un juge, si le juge
en question est un ancien associé - c'est fréquent devant le
tribunal -le juge va se désister et va donner sa place à un
autre. C'est continuel parce qu'à une époque donnée,
même si cela fait dix ans, il était associé avec ce
bureau.
Je peux vous donner un exemple à l'Assemblée nationale
même, lors de la commission parlementaire sur le scandale de la Baie
James. Fernand Lalonde était à ce moment leader de notre parti et
il était
aussi chargé de la commission de notre côté. Quand
le bureau de Geoffrion et Prud'homme est venu en commission parlementaire
donner des commentaires, son point de vue sur certains éléments
du dossier puisqu'il était procureur à ce moment-là de la
SEBJ, je vous dirai purement et simplement que M. Lalonde s'est retiré
de la table, n'a posé aucune question, n'a voulu intervenir en aucune
façon avec les gens de Geoffrion et Prud'homme pour le simple motif que
M. Lalonde, avant 1970 jusqu'à ce moment-là, avait
été membre du cabinet Geoffrion et Prud'homme.
C'est dans ce sens que j'ai soulevé la potentialité
d'éviter tout conflit d'intérêts. Je n'ai pas dit qu'il y
avait un conflit d'intérêts. Soit dit en passant, je connais de
nom M. Rivest, qui a été nommé à la commission en
question. Je sais son expérience dans ce domaine. Je n'en doute pas du
tout, au contraire. Même je pense que le député de Hull qui
a très bien connu le monsieur en question a toujours reconnu sa
compétence professionnelle.
Je veux simplement attirer l'attention sur un conflit
d'intérêts potentiel. Si vous arrivez à décider,
comme membre d'un comité, d'un dossier mais que vous êtes aussi
directeur-fondateur d'une compagnie qui est engagée par les personnes
où vous allez enquêter et que vous allez faire part d'une
décision potentielle au ministre, je vous indique qu'il peut y avoir un
danger, même s'il n'y a pas de conflit d'intérêts, de sorte
que les gens peuvent soupçonner qu'il y a quelque chose là.
J'imagine que, si j'étais directeur-fondateur d'une compagnie il y a
cinq ans, les contacts que j'avais établis avec mes coactionnaires
à l'époque font en sorte que j'ai peut-être des liens que
je peux conserver vis-à-vis de ces gens-là. Sans présumer
nécessairement que la décision que je vais rendre ne sera pas
valable. C'est ce point de vue que je voulais porter à l'attention du
ministre tout en reconnaissant que, si dans le cas d'Acton c'est
appliqué après un certain temps, j'en suis très heureux
mais - question supplémentaire - il y a d'autres municipalités
qui ont eu des problèmes analogues à ces quatre
municipalités, Sainte-Hélène, village et paroisse,
Saint-Liboire et Saint-Valérien. Est-ce que, dans d'autres cas, le
ministre va être prêt à considérer aussi un processus
quelconque qui pourrait rendre justice aux municipalités qui,
actuellement, sont en désaccord avec leur inclusion dans certaines MRC
et qui voudraient possiblement changer de territoire? Est-ce que le ministre
est prêt à me dire s'il pourrait considérer la
possibilité de soumettre cela à une commission
particulière ou à un groupe particulier du genre de la commission
qu'il a créée, avec des membres de la Commission municipale pour
examiner ces cas particuliers?
M. Marcoux: Dans les autres cas que j'ai eu à examiner
depuis que je suis ministre des Affaires municipales, je n'ai trouvé
aucun cas analogue. Dans le cas de la MRC d'Acton, le détachement de
quatre municipalités dissidentes pose la question de l'existence
même de cette MRC ou la possibilité de rattacher d'autres
municipalités d'autres MRC à cette MRC, si les
municipalités dissidentes étaient rattachées à la
MRC des Maskoutains. En somme, il pose un problème global sur la MRC
elle-même, son avenir, etc.
En ce sens, je pensais qu'un comité de travail analogue au
comité consultatif qui a été mis en place pour la
création du territoire des MRC était probablement la mesure la
plus pertinente à prendre. Dans les autres cas, ce sont des
municipalités individuellement qui demandent le transfert d'une MRC
à une autre MRC et qui ne posent pas le même type de
problème et de situation. À ce moment, je pense que la
procédure prévue par la loi 125 doit s'appliquer. Il reste que,
comme je l'ai dit l'an dernier, il m'apparaît préférable de
façon générale que le territoire des MRC ne varie pas tant
que la préparation des schémas d'aménagement ne sera pas
terminée. Je répète la même chose que j'ai dite l'an
dernier. Cela ne signifie pas que, dans des cas particuliers, il ne pourrait
pas y avoir des changements avant que les schémas d'aménagement
soient terminés. Pour le moment, je n'ai pas jugé bon d'en
accepter sur la base des dossiers que j'ai analysés moi-même.
M. Saintonge: Quand vous parlez de la procédure
prévue dans la loi 125, vous faites allusion à quoi, M. le
ministre?
M. Marcoux: À la procédure qui fait qu'une
municipalité peut demander de changer de MRC. Il y a des étapes
de prévues, des résolutions qui doivent être
adoptées par le conseil municipal, des consultations, etc.
M. Saintonge: Une requête au ministère. M.
Marcoux: Oui, tout cela.
M. Saintonge: On va donner suite aux requêtes. Acton a fait
la même chose.
M. Marcoux: II y a une façon de donner suite aux
requêtes. C'est de refuser ou accepter la demande. Jusqu'à
maintenant, les demandes qui ont été faites par des
municipalités locales pour changer de territoire de MRC n'ont pas
été acceptées.
M. Saintonge: II reste quand même qu'Acton voulait par
requête demander au ministre une désaffiliation. Je pense que,
dans un tel cas, cela suppose que... Si je me
souviens bien, dans certains cas, les accusés de réception
des requêtes ont mis du temps à venir. Le problème a pris
du temps avant de se régler. Ce que je mentionne, c'est qu'il y a des
municipalités, par exemple, je pourrais donner des noms comme Cadillac,
Preissac, en Abitibi, il y a Val-Morin, dans la Beauce, il y a un
problème assez fondamental, dans Beauce-Sartigan qui ne siégeait
pas...
M. Marcoux: Dans le cas de...
M. Saintonge:... on a saisi un camion d'incendie. Je veux finir,
je veux dire qu'il y en a plusieurs. Dans le coin de Juliette, on a un cas
important, une municipalité qui veut se désaffilier d'une MRC
pour aller plutôt à celle de Joliette. Il n'y a pas de demande qui
est suivie. Les gens n'ont pas de réponse, semble-t-il.
M. Marcoux: Pardon. Dans le cas de 5aint-Thomas-de-Joliette, j'ai
écrit au maire et au préfet de la MRC de D'Autray, et le maire de
Saint-Thomas-de-Joliette m'avait assuré que... Je lui avais dit,
à ce moment: Si vous avez l'accord de la MRC de D'Autray, il n'y a pas
de problème, on vous transférera à la MRC de Joliette. Or,
il était convaincu de pouvoir avoir cet accord de la MRC de D'Autray. Il
ne l'a pas eu. Comme nous l'avions convenu ensemble, comme il n'y a pas eu
l'accord de la MRC de D'Autray, j'ai répondu très clairement au
maire de Saint-Thomas-de-Joliette que, pour le moment, je n'acceptais pas le
transfert de sa municipalité à une autre MRC parce que la MRC de
D'Autray n'était pas d'accord et que ce qu'on avait convenu ensemble,
c'est que, si la MRC de D'Autray était d'accord, cela se ferait.
M. Saintonge: Ne pensez-vous pas que, dans certains cas, il est
évident que, si les municipalités veulent se détacher et
que vous demandiez l'accord de la MRC où elles sont situées,
c'est presque donner une fin de non-recevoir absolue, vous en laver les
mains?
M. Marcoux: Je ne dis pas que c'est une règle
générale qu'il faut appliquer, mais, dans ce cas, on avait
convenu de cela parce que Saint-Thomas-de-Joliette avait adhéré
librement à la MRC de D'Autray. Il y a eu un changement de conseil
municipal. J'ai rencontré le maire. Il m'a dit que c'était un de
ses engagements électoraux de demander un changement de
municipalité régionale de comté. Je lui ai dit dans quel
contexte cela se posait. On en a parlé longuement. Il était
d'accord pour que ce changement puisse se faire s'il y avait consentement de la
MRC de D'Autray. Comme il n'a pu obtenir ce consentement - il était
convaincu qu'il pouvait l'obtenir - à ce moment, j'ai rejeté la
demande.
M. Saintonge: Je note de votre réponse l'attitude que vous
pouvez adopter, cela ne va pas toujours être le cas de dire qu'une
municipalité qui veut changer de MRC a besoin de l'accord de la MRC
où elle se situe. Je comprends que - c'est ce que je veux noter - si,
dans certains cas, les municipalités ont pu choisir d'être
intégrées dans un territoire donné, par rapport aux
modifications survenues après coup dans l'application de certains
pouvoirs à la MRC ou de compétence indirecte... Je vous donne
l'exemple que, dans Saint-Thomas-de-Joliette, entre autres, il y avait toute la
question de la carte scalaire qui était en suspens. Il y avait la
question du CLSC. Il y avait la question du bureau de Travail-Québec.
C'est sûr que chez les gens, à un moment donné,
vis-à-vis de tout cela, cela peut amener des changements de vue. D'autre
part, à mon point de vue, si vous dites è une municipalité
qui veut se détacher d'une MRC: Obtiens l'accord de la MRC où tu
es pour sortir de là, il est évident que l'autre MRC a des frais
d'encourus actuellement et que, en perdant une municipalité, les
quotes-parts des autres vont augmenter par rapport aux coûts en vigueur,
etc. Alors, les gens sont peut-être moins intéressés
à ce que des municipalités sortent. S'ils en acceptent une, ils
vont peut-être en accepter deux. Le processus de constitution des MRC a
été fait, je pense, non pas d'une façon aussi limpide,
aussi claire, que les gens du monde municipal l'auraient souhaité.
À mon point de vue, il serait important qu'un mécanisme soit mis
en place actuellement, par le ministère, pour examiner ces
demandes-là et faire en sorte que, si une décision doit
être prise, on tienne compte du premier élément dans une
telle affaire, qui, il me semble, est le vouloir des gens qui sont
immédiatement concernés, c'est-à-dire les résidents
de la municipalité et le conseil municipal en question.
Si on veut changer de bord et s'en aller dans une autre MRC pour des
motifs qui peuvent être valables pour ces gens-là, je pense que ce
n'est pas aux citoyens d'à côté de décider
éventuellement si, oui ou non, on va y donner suite; c'est à ceux
qui sont véritablement concernés, car il s'agit de leur
appartenance propre, et non pas à leurs voisins. Comme première
étape, ce sont ces gens-là qui devraient être
consultés. Si les motifs qu'ils donnent sont valables, on devrait,
à mon point de vue, faire en sorte de donner suite à ces
demandes-là, mais ne pas attendre trois ou quatre ans. Il est sûr
que, si on attend qu'un schéma d'aménagement soit en place, qu'il
soit constitué et tout cela, avec les frais qui en auront
découlé, ces gens-là se déplaçant, cela peut
amener des modifications au schéma
d'aménagement, cela peut causer des problèmes
ultérieurs qui vont faire en sorte que, finalement, on va dire: C'est
pratiquement impossible que vous changiez de MRC. L'autre MRC qui pourrait les
accueillir sera prise aussi, à ce moment-là, à dire: Cela
n'a pas de bon sens, notre schéma d'aménagement est
adopté, on n'est pas pour tout chambarder cela; cela change toute notre
structure. C'est cela qu'il faut visualiser pour l'avenir.
Au ministère, quand une municipalité veut vraiment
changer, si elle a un règlement dans ce sens-là, je pense
qu'à la Commission municipale - il n'y a plus de Commission nationale de
l'aménagement - qui a cette responsabilité, on devrait au minimum
tenter de régler le problème rapidement, l'examiner, rencontrer
les citoyens concernés et tenter de leur donner satisfaction. Je ne sais
pas si le ministre est d'accord avec cela, mais il y a quand même un
changement important.
Dans mon comté, par exemple, actuellement, il n'y a pas une
demande de changement de MRC, mais je vais vous dire que je suis convaincu que,
si on avait su, par exemple, ce qui arriverait, quant à la
représentativité, à une municipalité qui est dans
une MRC, ce qui lui pendrait au bout du nez quand elle accepterait d'aller dans
ce coin-là, il y aurait peut-être eu un gros changement de cette
municipalité-là, d'une part. Deuxièmement, si on avait su
aussi que certains services gouvernementaux - je parle des bureaux de
Travail-Québec qui englobent l'aide sociale et, également, tout
ce qui concerne les bureaux de main-d'oeuvre du Québec, la question des
CLSC... Je peux vous assurer que peut-être que les gens de Laprairie, de
chez nous, de Candiac et de Saint-Philippe, avant d'accepter d'aller dans
Châteauguay-Roussillon, seraient bien plus venus du côté de
Brossard et ils auraient insisté là-dessus parce qu'il y a une
différence d'environ 50 milles aller-retour. Et dans le trafic, il faut
trois quarts d'heure au lieu de trois ou cinq minutes pour être rendu au
bureau de Travail-Québec à Brossard, il leur faut trois quarts
d'heure en auto pour aller de l'autre bord. Pour celui qui est
bénéficiaire de l'aide sociale et qui n'a pas d'automobile pour
se déplacer, cela devient un peu plus compliqué. Il n'y a pas de
service d'autobus adéquat pour se rendre là-bas; cela devient
extrêmement complexe à faire. Mais on l'a imposé au niveau
des MRC sans le dire. On l'a mis au territoire de la MRC. C'est la même
chose pour les CLSC. Ce sont des éléments de cet ordre-là
qui, aujourd'hui, font en sorte que les gens disent: On change de bord.
Dans d'autres régions, on me mentionne, par exemple, pour
l'organisation sportive du hockey mineur, que des gens qui sont dans une MRC,
qui ont toujours fonctionné dans le domaine sportif avec un certain
aménagement de territoire, dans une certaine circonférence,
aujourd'hui, parce qu'ils sont rendus dans une MRC, qu'ils sont à la
limite d'une autre MRC, doivent aller jouer au hockey 60 milles plus loin dans
des chemins de campagne. Aujourd'hui, ces gens-là vont sursauter et
regimber. Ce sont des choses comme cela qui, vis-à-vis de l'appartenance
d'une région, vis-à-vis des possibilités de
s'intégrer ou pas dans une MRC, sont importantes. Je souhaite que le
ministre mette un mécanisme en place pour donner satisfaction à
toute municipalité qui pourra demander une révision de son
intégration dans une MRC à cause de son appartenance même.
Deuxièmement, il faudrait faire en sorte que cela se fasse avant que les
schémas d'aménagement soient acceptés d'ici deux ou trois
ans, mais que ce soient des choses qui se fassent rapidement.
Je prends le cas de Cadillac et celui de Val-Morin; j'ai
rencontré des gens de Rouyn-Noranda cette semaine qui m'ont
mentionné que, dans leur coin, on a un problème de ce
genre-là qui se pose et on va revenir à la charge auprès
du ministère là-desssus. Je n'ai pas le cas précis, mais
j'espère que, dans un cas semblable, le ministre pourra être
ouvert aux demandes qui seront adressées. Je ne sais pas si le ministre
a une réflexion à faire là-dessus. Non? (11 h 15)
M. Marcoux: Je pense que, pour l'essentiel, les propos que vous
avez tenus sont fort pertinents. D'ailleurs, c'est une des raisons pour
lesquelles j'ai retardé la nomination d'un comité de travail sur
la MRC d'Acton parce que ce qui avait mis le feu aux poudres à Acton,
c'est lorsque le projet de loi 40 avait mentionné ta possibilité
que ces quatre municipalités soient intégrées, aient
à envoyer leurs enfants à Acton plutôt qu'à
Saint-Hyacinthe au niveau scolaire et, lorsqu'il y a eu le choix des
régions, on craignait que la MRC d'Acton ne soit dans la région
de l'Estrie plutôt que dans la région de la
Montérégie. Mais si j'ai attendu, c'est que, maintenant - c'est
bien connu - les projets de cartes scolaires sont déposés et il
n'y a pas de parfaite conformité entre le territoire des MRC et le
découpage des commissions scolaires aux niveaux primaire et secondaire.
Je croyais qu'à ce moment-là le problème pourrait
peut-être diminuer. Or, les réactions des municipalités
dissidentes d'Acton n'ont pas suivi dans ce sens, même si le
problème de la région administrative, même si le
problème de la carte scolaire ne se posaient plus. C'est pourquoi j'ai
accepté de créer quand même le comité de travail.
C'est ce qui avait retardé ma décision aussi.
Quant aux autres cas qui peuvent se présenter, je pense qu'ils
doivent être étudiés
un à un et, dans le cadre de la loi 125, il n'est nullement
besoin de faire un comité spécial ou de demander à la
Commission municipale d'intervenir, ou tout cela. La loi 125 prévoit les
procédures. Il s'agit de décider dans chaque cas, compte tenu de
la balance des inconvénients, ce qui doit être fait, un peu comme,
par analogie, pour les annexions et les fusions selon la loi sur les
regroupements municipaux. Lorsqu'il y a des demandes d'annexion, il y a un
jugement qui doit être porté par le ministre pour savoir si
l'annexion est refusée ou acceptée selon l'opinion des gens, des
citoyens et des conseils municipaux impliqués. Je crois que ce n'est pas
nécessaire de compliquer les affaires. La loi 125 a prévu un
mécanisme et on peut l'appliquer.
M. Saintonge: D'accord, mais je souhaite qu'il s'applique.
M. Marcoux: Mais quant aux autres facteurs que vous indiquez sur
l'ajustement des territoires administratifs des ministères,
évidemment, cela pose le genre de questions que vous soulevez. Il s'agit
de voir les solutions concrètes dans chaque cas.
M. Saintonge: J'ai seulement un dernier mot là-dessus.
À Acton, ce n'était pas seulement la carte scolaire, parce que
j'y suis allé à plusieurs occasions.
M. Marcoux: C'est ce qui a mis le feu aux poudres.
M. Saintonge: Entre autres choses, mais pas seulement cela.
M. Marcoux: C'était avant la carte scolaire.
M. Saintonge: CLSC...
M. Marcoux: Non, non, d'accord, c'est cela.
M. Saintonge:... Travail-Québec... M. Marcoux: Mais
surtout la carte.
M. Saintonge:... et les rattachements au niveau des loisirs.
C'était même avant la carte scolaire.
M. Marcoux: Oui, oui.
M. Saintonge: Ce sont des choses qui ont été
soulevées et aussi le fait que, par rapport à ce qu'on avait
toujours dit à Acton, je pense, les gens avaient choisi d'être
dans l'ancien Bagot, mais ce n'était pas dans l'ancien Bagot au complet.
Ils ne se retrouvaient pas du même côté. En tout cas, ce
sont des détails. Mais, à Acton, vous vous souviendrez, M. le
ministre, que si la procédure était prévue dans la loi -
il y avait une procédure de prévue - cela a pris quand même
trois ans avant qu'on y donne suite, que vous arriviez à examiner la
situation et à confier cela à un comité
spécial.
M. Marcoux: Oui, oui.
M. Saintonge: Je vous ferai remarquer que les gens d'Acton...
M. Marcoux: II faut distinguer...
M. Saintonge: Non, non, mais je vous ferai remarquer une
chose...
M. Marcoux: Les autres cas, cela ne remet pas en question
l'existence de la MRC ou pas, sa solidité ou pas, alors que...
M. Saintonge: Oui, mais quand vous...
M. Marcoux:... dans ce cas-là, l'existence même ou
l'avenir de la MRC est en cause. C'est pour cela que j'ai
préféré reconstituer le processus du comité
consultatif tel qu'il avait été fait, il y a trois ans avec l'UMQ
et l'UMRCQ, alors que dans les autres cas, qu'une municipalité,
Saint-Thomas-de-Joliette, demande de changer de MRC, je pense qu'on
étudie le dossier et on accepte ou on refuse sur la base des
renseignements qu'on a. Pas besoin de réinventer, de remettre en place
un comité de travail spécial pour cela.
M. Saintonge: Mais il est quand même surprenant, en
concluant, que les gens d'Acton aient eu besoin de faire des recours
collectifs, d'être financés même par de l'argent des fonds
publics en recours collectif pour tenter de se faire entendre et d'avoir
raison, avant qu'on puisse décider, finalement, de les écouter
attentivement.
Évaluation foncière Le BREF
Je voudrais passer à un autre programme. Vu qu'on avait
noté que le BREF serait présent ce matin, que M. Genest serait
ici, on pourrait peut-être passer aux questions qui concernent
l'évaluation foncière immédiatement pour ne pas avoir
à faire revenir les gens du BREF la semaine prochaine.
M. Marcoux: J'aimerais présenter aux membres de la
commission - la plupart le connaissent déjà - le président
du Bureau de révision de l'évaluation foncière, M. Genest,
qui peut répondre à vos questions.
M. Saintonge: L'an dernier, M. Genest, je me souviens, on avait
discuté justement de l'espèce de retard au BREF qui était
assez considérable et du nombre de plaintes qui s'accumulaient et qui
causaient préjudice à plusieurs contribuables surtout au niveau
des petites plaintes. Pourriez-vous nous donner un état du dossier
actuellement cette année à la suite de l'année que vous
avez connue avec les mesures que vous vouliez appliquer pour tenter de
remédier à cette situation?
M. Genest (Yvon): Effectivement, tel que je l'ai mentionné
l'année dernière, à la suite de l'inscription de frais
modérateurs, on présumait une baisse des plaintes en 1984, ce qui
s'est effectivement produit et nous a aidés. Comparativement aux
années 1982 ou 1983 où les deux sections du bureau avaient eu
ensemble environ 50 000 plaintes, l'an dernier la section de Montréal en
a eu 20 000 et la section de Québec en a eu 10 000 comparativement
à 18 000. Ceci nous a permis effectivement de continuer le rattrapage
qu'on avait commencé dans l'audition des grosses plaintes. J'entends par
grosses plaintes, évidemment, toutes les évaluations qui sont
supérieures à 250 000 $ et dont les auditions peuvent
nécessiter une journée d'enquête, deux semaines, trois
semaines ou quatre semaines d'enquête.
En 1984-1985 il est bien évident que le bureau a disposé
de toutes les petites plaintes. Il n'y a jamais eu de retards dans les petites
plaintes. Je pense que les petits contribuables n'ont jamais souffert comme tel
du retard qui a été causé par l'accroissement des
plaintes. Le bureau a réussi chaque année, dans l'année de
leur dépôt, à disposer des petites plaintes, sous
réserve, évidemment, de celles qui sont remises. Il y a un
pourcentage d'environ 20 % de causes remises chaque année au bureau de
révision. Quand on en reçoit 30 000, l'année suivante on
en reçoit 15 000 plus 6000, ce qui fait 21 000.
En 1985, ce qui est encourageant -pour le bénéfice de la
commission - c'est qu'effectivement même si le délai de plaintes
n'est pas terminé encore, le délai de plaintes expire le 30
avril, il y a une baisse encore à ce temps-ci sur l'année
dernière d'environ 33 %. Cela veut dire que la section de
Montréal devrait recevoir à peu près 15 000 plaintes et la
section de Québec environ 7000, comparé è 10 000. Nous
expliquons ceci par le dépôt des rôles de nouvelle
génération qui sont maintenant terminés. Encore une fois,
cela permet au bureau de continuer à donner une poussée
très importante dans l'audition des grosses plaintes.
En ce qui concerne l'audition des grosses plaintes, il est raisonnable
de dire qu'au moment où l'on se parle la province n'a aucun retard. Nous
avons appelé tout le monde à l'extérieur de la province.
Le retard est dans la CUM. Au cours de l'année 1984 et au début
de janvier 1985 - et nous le faisons encore présentement - nous avons
passé partout dans la province pour appeler l'audition des grosses
plaintes. Comme je l'ai expliqué souvent, l'audition des grosses
plaintes est sujette aux mêmes contraintes que dans les tribunaux de
droit commun où effectivement les parties demandent elles-mêmes de
remettre les causes parce qu'elles ne sont pas prêtes à
procéder. C'est un problème, c'est une contrainte avec laquelle
le bureau doit vivre. Dans le territoire de la CUM, nous effectuons aussi
présentement une percée très importante pour rattraper les
grosses plaintes.
Sur le territoire de la CUM, il y a un autre élément qui
est très important, c'est le monopole - je ne le dis pas dans le sens
péjoratif - qu'exercent effectivement des bureaux d'avocats et des
firmes privées d'évaluateurs. Les procureurs et les
évaluateurs ne pouvant pas être dans deux cours en même
temps, il est bien évident qu'encore une fois, dans le territoire de la
CUM, on peut parler d'un retard, mais ce n'est pas un retard
nécessairement imputable au BREF. D'ailleurs, sur ce sujet à la
CUM, j'ai l'intention de faire, un peu comme les juges de la Cour
supérieure l'ont fait, au courant de l'automne, une espèce de
table de concertation avec tous les intervenants, les avocats et les
évaluateurs, pour essayer de trouver ensemble des solutions pour
raccourcir les délais parce que le problème, encore une fois, est
celui-ci: vous inscrivez une grosse plainte dont l'audition doit durer deux
semaines; le matin même, un règlement hors cour intervient de
telle sorte que c'est deux semaines qui tombent à l'eau, si vous me
permettez l'expression.
M. Marcoux: Permettez-moi de vous répéter juste une
phrase que j'ai dite hier. Malgré l'amélioration de la situation,
soit une diminution d'à peu près 40 % des plaintes de l'an
dernier et une nouvelle diminution de 33 % cette année, le Conseil du
trésor a accepté de prolonger, pour le projet spécifique
qui a été accepté pour une quatrième année
si je comprends bien, tout le personnel occasionnel en poste à
Montréal et à Québec. Cela fait que les mesures sont
prises pour continuer d'améliorer - ce ne sera pas pour la maintenir -
la situation de façon fort sensible.
M. Saintonge: M. Genest, vous aviez dit, lors d'une interview
dans Urba en janvier 1985, que vous soumettriez un bilan au ministre le
printemps prochain. Est-ce que ce bilan a été soumis au
ministre?
M. Genest: C'est un rapport annuel que
je produis au ministre des Affaires municipales chaque année.
Effectivement, il y a eu un rapport pour l'année passée pour
l'exercice 1983-1984 et je le lui soumettrai. Nous attendons toujours que les
plaintes soient déposées en mai. Je lui soumets au début
de juin un rapport annuel pour l'exercice financier 1984-1985 qui se
termine.
M. Marcoux: Et j'en tiens compte, à ce moment, dans les
demandes budgétaires pour l'année suivante. Cela arrive au
meilleur moment où cela peut arriver, en mai ou juin. On sait que
normalement c'est à la mi-juin, à la fin juin que le Conseil du
trésor demande aux ministères de commencer à travailler
sur leurs prévisions budgétaires pour l'année suivante,
pour les demandes de développement, etc. Le rapport qui m'a
été soumis en juin dernier par le président du Bureau de
révision de l'évaluation foncière, j'en ai tenu compte
dans mes demandes au Conseil du trésor pour cette année et elles
ont été acceptées en bonne partie.
M. Saintonge: C'est le bilan qui correspond au nombre de plaintes
que vous avez?
M. Marcoux: C'est un bilan très détaillé
dans le sens qu'on distingue l'évolution de la situation par
région. C'est un bilan également qui tient compte des plaintes de
moins de 250 000 $, de 250 000 $ à 1 000 000 $, de 1 000 000 $ et plus;
également qui indique le nombre de jours ou d'heures que cela prend pour
les petites, les grosses plaintes, etc., ce qui aboutit à une demande
globale en termes de besoin en ressources selon l'évolution de la
quantité des plaintes, mais aussi selon l'importance des plaintes parce
qu'au-delà de la quantité le facteur prioritaire est
sûrement l'importance des plaintes. Dix grosses plaintes donnent plus de
travail que 1000 petites plaintes.
M. Saintonge: Est-ce que ce bilan pourrait être rendu
accessible à l'Opposition? Est-ce que le ministre a objection à
ce qu'on puisse en avoir copie?
M. Marcoux: Je vais le regarder. Il faudrait que je le relise
parce qu'il y avait deux choses dans le bilan qui m'a été soumis
l'an dernier, à la fois le bilan de l'évolution des plaintes et
la demande budgétaire qui a été faite.
M. Saintonge: Ce qui m'intéresserait, ce serait au niveau
de l'évolution des plaintes surtout par région.
M. Marcoux: Au niveau de l'évolution des plaintes. Alors,
je vais demander immédiatement à M. Genest de vous faire parvenir
dès qu'il pourra l'évolution des plaintes l'an dernier et toute
l'information qu'il pourra vous donner jusqu'à ce jour sur les
prévisions. Il n'y a pas de problème.
M. Saintonge: Dans le cas des plaintes, ce qui
m'intéresse, c'est celles concernant les industries, par exemple.
Là-dessus, comment est-ce que cela fonctionne? Est-ce qu'il y a un
retard appréciable actuellement?
M. Genest: II y a un retard, pas particulièrement au
niveau des industries, appréciable dans toute cause importante qui
implique des montants d'évaluation et où les parties retiennent
les services de procureurs, d'avocats ou d'experts-évaluateurs. Il est
bien évident que, effectivement, pour certaines industries, dans
certaines villes, il peut y avoir des plaintes qui traînent depuis
plusieurs exercices financiers, mais encore faudrait-il que je sache quels
dossiers, parce qu'encore une fois l'expérience me démontre que
souvent c'est à la demande des parties, y inclus les corporations
municipales aussi, qui ne sont pas prêtes à procéder dans
tel dossier.
M. Saintonge: J'ai été avocat et j'ai
déjà été au bureau pour représenter des
villes, je sais dans quelles contraintes on peut se trouver. Si on regarde le
cas des plaintes en vertu de l'article 65. 1, il reste qu'il y a des jugements
qui ont été rendus par le bureau de Montréal ou par le
bureau de Québec, dans les causes d'Ultramar et d'Impérial Oil
entre autres, mais je pense que, dans le cas de l'Alcan pour le dossier de
Jonquière, le BREF a encore le dossier, si je ne m'abuse.
M. Genest: La cagse s'est terminée à l'automne
1984. Alors, vous savez très bien l'importance de la cause et
effectivement le membre travaille à temps plein. Le membre qui a
siégé pour cette cause est en délibéré
continuellement, depuis cette date, pour rendre jugement.
M. Saintonge: II est assigné exclusivement à cette
cause.
M. Genest: It est assigné exclusivement à cette
cause parce que c'est une cause qui s'est échelonnée sur quelque
six ans. Elle a commencé en 1975 et les notes des autorités ou
les plaidoiries ont été complétées à
l'automne 1984 seulement. Vraiment, le membre qui présidait est en
délibéré continuellement sur cette cause.
M. Saintonge: Voici le problème qui peut se poser. La
plainte qui a été entendue, c'est une plainte qui remonte
à 1975, je ne sais pas trop, ce qui veut dire que les plaintes
subséquentes, en principe, en 1976, 1977, 1978, avec tout le
problème de
l'évaluation industrielle en vertu de l'article 65. 1 qui est en
suspens, n'ont pas été entendues non plus.
M. Genest: Je ne crois pas que dans cette cause l'article 65 soit
en cause parce que, effectivement, cela remonte à l'ancienne Loi sur
l'évaluation foncière en 1965. Par exemple, il y a ici une
remarque très intéressante; c'est bien évident que, quand
on entend en 1985 le cas d'une industrie qui a déposé une plainte
en 1981, on entend tous les exercices financiers. (11 h 30)
M. Saintonge: La plainte va porter sur tous les exercices.
M. Genest: C'est-à-dire que, si le plaignant a
déposé une plainte à chaque année, il est bien
évident qu'en 1985, si j'entends sa plainte 1981, j'entends 1982, 1983,
1984 ensemble. Cela explique effectivement les longs délais
nécessaires reliés, évidemment, aux expertises qui sont
produites dans chaque plainte. Dans des causes qu'on est en train de vivre
présentement, après avoir rencontré tous les avocats,
après avoir rencontré les évaluateurs, on fixe une semaine
pour une addition et l'expérience - on est en train de se faire jouer
des tours un peu - c'est qu'on est en train de consentir des semaines
supplémentaires pour continuer l'enquête.
M. Saintonge: Cela veut dire que dans le cas de plaintes
industrielles, si je prends un cas précis - disons que j'ai suivi cela
un peu par les journaux, je me suis informé aussi - celui de l'Alcan, on
entend une plainte qui remonte à 1975 sur la question
d'évaluation, purement et simplement, d'appareillage, de
bâtiments. Maintenant, toute la question de l'article 65. 1 qui vient
après 1980, ce n'est pas entendu.
M. Genest: Je ne pourrais pas vous dire si des plaintes ont
effectivement été déposées par l'Alcan.
M. Saintonge: II semblerait que oui. M. Genest: Ah, bon!
M. Saintonge: Je pense que c'est ça, le problème.
Déjà, à ce niveau-là, il y a un retard pratiquement
de cinq ans.
M. Genest: Oui, il y a un retard, mais encore une fois il
faudrait savoir s'il est imputable aux parties ou au bureau parce
qu'effectivement on le vit présentement. Je peux même vous dire
que le rythme qu'on a pris bouscule les avocats et les évaluateurs
présentement. On nous dit: Vous allez trop vite.
M. Saintonge: C'est un problème qui n'a pas de solution
nécessairement assurée à cause des délais et des
remises qui parfois sont obligatoires. Il est évident que chaque partie
peut choisir son avocat et l'avocat ne peut pas plaider à
Montréal et à Québec en même temps ou dans deux
causes en même temps devant le même bureau. Je pense que le citoyen
ou la corporation concernés peuvent retenir les services d'avocats
qu'ils jugent les plus compétents. Dans ce sens-là, il n'y a pas
de solution nécessairement absolue au problème. Je me rends
compte, en tout cas, qu'il y a un effort qui a été fait depuis
deux ans pour régler cela.
On m'a souligné un autre cas d'engorgement là-dessus. Je
ne sais pas si de votre côté vous pouvez me le confirmer ou pas,
mais cela cause un problème assez important. Est-ce qu'il y a beaucoup
de plaintes sur la valeur locative? Certaines personnes disent, disons, qu'une
des causes d'engorgement du bureau, c'est peut-être la question du
doublement des plaintes à cause de l'existence du rôle de la
valeur locative. D'après votre expérience, qu'en est-il?
M. Genest: Je ne crois pas que généralement il y
ait de l'engorgement au niveau des plaintes de valeur locative. Le point auquel
vous faites référence probablement, c'est qu'effectivement la
valeur locative met en cause la taxe d'affaire. Il y a un certain engorgement
à ce niveau-là. Pourquoi? C'est qu'effectivement, à la
suite de l'introduction de l'article 232 dans la Loi sur la fiscalité
municipale, cet objet-là fait l'interprétation de deux
écoles et le bureau de révision, à la demande de beaucoup
de personnes, a tenu une cause type dans ce jugement-là. Certaines
causes sont allées à la Cour provinciale où les opinions
sont partagées aussi. Il y a effectivement beaucoup de personnes qui
nous demandent de tenir ces plaintes-là en suspens jusqu'à ce que
la décision du BREF soit sortie, jusqu'à ce qu'il y ait une
certaine stabilisation de la jurisprudence des tribunaux.
C'est probablement le point que vous visez parce que je ne crois pas
qu'il y ait d'engorgement dans d'autres domaines au point de vue de la valeur
locative, d'autant plus que la valeur locative est concentrée surtout
dans les territoires importants. En province, il n'y a sûrement pas
d'engorgement à ce niveau-là, sinon sur le plan de la taxe
d'affaire peut-être parce que les parties attendent les jugements qui
seront rendus.
M. Saintonge: On disait que le propriétaire occupant, par
exemple, qui a à payer une taxe d'affaire, doit nécessairement
formuler une deuxième plainte pour faire corriger la valeur locative
qui, souvent dans son cas, est un pourcentage de la valeur
foncière. On souligne le fait que possiblement dans un tel cas,
s'il avait simplement une plainte, quand le bureau est saisi de la plainte, en
même temps et à la même audition, étant saisi des
deux dossiers, il pourrait rendre jugement dans les deux. Au minimum, pour
certains contribuables, cela pourrait accélérer le processus.
M. Genest: II est bien évident que sur le plan
légal cela prend deux plaintes parce que c'est deux rôles
d'évaluation. Mais sur le plan pratique, c'est fait - je peux
répondre à votre question - assurément, on entend la
valeur foncière et la valeur locative en même temps, sauf lorsque,
pour des raisons spéciales, encore une fois, les parties nous demandent
de ne pas le faire. C'est bien évident, c'est une pratique qui est
courante sur le plan quotidien, on entend valeur foncière et valeur
locative en même temps.
M. Saintonge: Est-ce que c'est une nouvelle procédure qui
est implantée?
M. Genest: Non, ça toujours été. M.
Saintonge: Cela a toujours été.
M. Genest: Sauf qu'évidemment il peut y avoir une plainte
sur la valeur locative seulement, mais dans le cas où il y a une plainte
sur la valeur locative en même temps qu'une plainte sur la valeur
foncière, il est clair qu'on entend les deux en même temps.
M. Saintonge: J'ai posé la question parce qu'on m'avait
mentionné que cela ne se faisait pas nécessairement.
M. Genest: Non, cela se fait automatiquement. Je dirais
même que c'est une pratique courante dans nos dossiers. Ils sont
même classés ensemble.
Évaluation industrielle
M. Saintonge: Ma question pourrait s'adresser au ministre
maintenant, concernant l'évaluation industrielle. Le ministre a
annoncé hier, effectivement, que très bientôt... Je ne me
souviens pas du terme qu'il a employé.
M. Marcoux: Incessamment.
M. Saintonge: Incessamment. Cela m'a rappelé un souvenir
pas très lointain. Je posais une question au ministre en Chambre et il
m'a dit que j'aurais une réponse très bientôt.
M. Marcoux: Je vous ai dit dans les meilleurs délais.
M. Saintonge: Dans les meilleurs délais.
M. Marcoux: Un délai raisonnable, pardon.
M. Saintonge: Cela avait été le lendemain. Mais,
est-ce que, dans le cas de l'article 65. 1 de l'évaluation
foncière, on peut qualifier le "incessamment"? Dans quels délais
cela peut-il se faire? Est-ce qu'on peut attendre cela pour le mois de juin, si
on est toujours le au mois de juin, ou si cela va aller plus loin que
ça? C'est un problème, quand même, l'article 65. 1.
M. Marcoux: Je n'ai pas mon discours d'hier avec moi, mais je le
sais à peu près par coeur pour ce bout-là. J'ai dit que la
solution était difficile, qu'après mes discussions et le travail
que j'ai effectué avec le ministre des Finances je pouvais assurer les
membres de l'Union des municipalités du Québec que le
problème trouverait une solution, en tenant compte des quatre objectifs
visés, incessamment. Je ne peux pas en dire plus long aujourd'hui.
Incessamment, c'est certainement...
M. Saintonge: Hier, dans votre intervention à l'UMQ, vous
avez parlé de consultations avec le monde municipal. Je sais que, d'un
côté, l'Union des municipalités du Québec vous a
fait part de sa position. Il y a un mémoire qui a été
envoyé au ministre là-dessus. Je sais, également, que la
plupart des municipalités concernées ont contacté le
bureau du ministère ou le ministre pour le saisir du problème. Au
congrès de l'UMQ, l'an passé, il y a eu des résolutions
adoptées en plénière là-dessus pour demander une
intervention rapide du ministre, etc. On est un an après et on attend
toujours.
Je sais que c'est un problème important et qu'il n'est pas facile
à résoudre. Vous avez fait part, cependant, de consultations non
seulement avec le monde municipal, mais aussi avec le monde industriel, et il
m'apparaît essentiel que cela se fasse. Est-ce que je peux comprendre de
vos paroles, hier, que vos consultations avec les gens du monde industriel,
c'est fait, c'est terminé et c'est complété?
M. Marcoux: Ah oui. Ce que j'ai indiqué, c'est que,
dès le mois de juin passé... Toutes les séries de
consultations dont je parlais ont été menées de juin
à octobre. De juin à octobre, nous avons rencontré les
municipalités concernées, les compagnies concernées,
l'Association des mines de métaux, la Chambre de commerce de la province
de Québec - je les nomme de mémoire - l'Association des
évaluateurs agréés, en tout cas, l'ensemble de ces
groupes; c'est déjà un bon paquet. Nous les avons
rencontrés pour voir le point de vue de chacun.
C'est à partir de cela que nous avons formulé une
hypothèse de solution qui implique un amendement à la Loi sur la
fiscalité municipale que j'ai soumis à mes collègues et
qui a été discuté au Comité ministériel de
développement économique. J'ai indiqué qu'une solution
tenant compte de quatre objectifs... J'essaie de m'en souvenir par coeur. Le
premier était de respecter le principe affirmé lors de la
réforme de la fiscalité municipale, soit l'élargissement
de l'assiette fiscale des municipalités en ce qui concerne les immeubles
industriels. Le deuxième était que la fiscalité
foncière des entreprises au Québec devait se situer dans un ordre
comparable par rapport aux autres provinces et aux États-Unis.
Les autres objectifs, c'était que cela devait aboutir à
une clarification du texte législatif. Le quatrième,
c'était de faciliter les règlements hors cour. Alors, à
partir du moment où il y aura une clarification de l'article 65. 1, on a
je ne dirais pas l'assurance, mais, en tout cas, la conviction que plusieurs
règlements hors cour pourraient intervenir sur la base de la
clarification de cet article.
M, Saintonge: Est-ce que c'est l'intention du ministre - quand
même, il avait toute l'étude à faire - avec les
propositions d'amendement qui pourront permettre de rajuster la situation, de
consulter également? N'y avait-il pas non pas un engagement, mais une
information à la chambre de commerce et aussi aux industries que le
ministre pourrait les consulter sur la solution qui serait proposée
éventuellement, pour tenter d'avoir une certaine réaction de leur
part vis-à-vis de la modification éventuelle à
proposer?
M. Marcoux: Non. À l'étape où on en est
rendu, tantôt, vous m'avez presque reproché d'avoir pris un an
pour donner suite aux propositions du congrès de l'UMQ de l'an dernier.
C'est un dossier majeur, comme vous le savez. Les consultations ont eu lieu.
Maintenant nous sommes rendus à l'heure de la solution.
M. Saintonge: J'ai quand même une lettre qui a
été signée par M. Robert Fournier, directeur
général à l'évaluation foncière, en date du
4 mars 1985, à M. Marcel J. -B. Tardif, directeur général
aux affaires publiques de la Chambre de commerce du Québec, qui parle du
processus. Elle a deux pages. Je ne veux pas la lire au complet, mais on parle
du mémoire au comité interministériel qui a exigé
une étude d'impact, etc., et à la page 2 on dit: "Cette
étude nous permettra de mesurer les implications de ces amendements, de
les rajuster, le cas échéant, pour préserver le
caractère compétitif du Québec, de s'assurer que
l'amendement apporte les clarifications souhaitées. Plus tard, le
dossier pourra également servir de base à une analyse comparative
de la fiscalité des entreprises dans les provinces du Canada. "Lorsque
ce dossier sera terminé, du moins pour la première tranche
relative à l'article 65. 1 elle-même, j'aurai le plaisir de vous
contacter à nouveau dans le cadre de la consultation du milieu, avec,
nous l'espérons, une solution valable et palpable. Je ne prévois
cependant pas pouvoir franchir cette étape avant encore quelques mois
à cause de l'ampleur de l'étude demandée: plus ou moins
160 usines pilotes. " On mentionne ici qu'on touche plusieurs points.
Si je comprends cet article-là, si je comprends les
démarches et les informations que j'ai prises auprès des gens de
la chambre de commerce... Je n'ai pas parlé directement à M.
Tardif à ce sujet, mais à d'autres personnes de la chambre de
commerce.
M. Marcoux: Voulez-vous dire M. Fournier?
M. Saintonge: Non, à M. Tardif. C'est une lettre
signée par M. Fournier à M. Tardif, qui parle quand même,
è mon point de vue, d'une espèce de consultation, vu la
modification qui sera apportée, pour voir l'ajustement dans le milieu et
les implications éventuelles. Il semblait que pour le monde des affaires
et de l'industrie on avait perçu - parce que c'est la perception que
j'ai aussi et qu'on m'a transmise de leur part - que, lorsque le ministre
aurait analysé la situation, pour voir leur réaction par rapport
aux amendements souhaités - on parle bien ici de l'article 65. 1 -
à tout le moins on va les consulter à nouveau.
J'ai rencontré des gens de l'industrie, pas les moindres, qui ont
finalement été touchés très fortement parce que
vous n'êtes pas sans savoir que, dans certains cas, pour des industries
on a plus que doublé, on a presque triplé l'évaluation
foncière en appliquant l'article 65. 1 d'une façon très
rigoureuse. Cela ne s'applique pas partout. Il semble qu'il y ait surtout deux
bureaux d'évaluateurs qui, comme on dit dans le milieu, y ont
donné la claque et y sont allés assez fortement. Ces industries
ont vu quand même en une année leur évaluation industrielle
presque tripler, c'est-à-dire deux fois et demie. Cela devient assez
important.
Aussi, il y a une autre organisation qui a fait des
représentations auprès du ministre et qui aurait fort
souhaité être entendue, c'est l'Association canadienne des
administrateurs de taxe foncière, section Québec. Eux aussi ont
leur point de vue à dire. Ils ne représentent pas tellement
d'associations. Je pense qu'ils en représentent à peu près
une centaine. C'est - la section Québec et toutes les grandes
entreprises du
Québec sont là-dedans. Ces gens-là vous ont
envoyé un mémoire. Ils ont fait des recommandations et des
contacts avec la Direction générale de l'évaluation
foncière et, d'après ce que l'on me dit, ils n'ont même pas
eu d'accusé de réception de leur mémoire. Ces
gens-là ont tenté d'exposer leur point de vue et ils m'ont dit:
Eh bien, crime, ils ne sont pas intéressés à nous
parlerl
Dans le cadre d'une consultation sur les implications éventuelles
de l'article 65. 1, pour ce qui est de la Chambre de commerce du Québec,
qui pilote pour les industries cette question, pour les compagnies les plus
fortement intéressées, qui ont des gens qui travaillent
là-dessus presque à temps plein depuis cinq ans, pour
l'Association canadienne des administrateurs de taxe foncière, qui
regroupe de toute façon l'ensemble de ces compagnies-là
également, mais qui s'attaque plus particulièrement - il y a un
comité et il y a une discussion qui se fait - à l'article 65. 1,
est-ce que le ministre pourrait prendre l'engagement de consulter ou confirmer,
à tout le moins, si vraiment l'engagement n'a pas été pris
qu'il va consulter ces gens-là sur les amendements qu'on veut apporter
éventuellement à cet article et voir quels en sont les impacts
financiers pour les compagnies en question? (16 h 45)
M. Marcoux: Le courrier qu'on a reçu sur ce sujet au
cabinet depuis un an est à peu près de cette épaisseur. Je
peux vous assurer qu'on a analysé l'ensemble de ce qui nous a
été envoyé. Evidemment, on a surtout travaillé,
dans ces consultations, avec les sept ou huit villes qui ont vécu le
problème et qui le vivent de façon très importante et les
compagnies de ces sept ou huit villes qui vivent le problème de
façon très importante.
Ce que vous indiquez illustre précisément notre
décision qui est l'urgence d'agir puisque toute inaction dans ce domaine
peut nous conduire à des extrêmes, un des extrêmes
étant une surévaluation des industries qui peut les
pénaliser financièrement et, à terme, pénaliser
aussi la municipalité elle-même, parce que si la
municipalité taxe sur cette base et qu'elle est obligée, trois,
quatre, cinq ans après, de faire des remboursements très
importants de taxes à la suite de jugements du Bureau de révision
de l'évaluation foncière ou des tribunaux, on ne rend pas service
à la municipalité non plus.
C'est pour cela que nous pensons qu'il est important d'agir
immédiatement quant à la clarification de l'article 65. 1. Comme,
dans ce genre de dossier, il faut raisonner à partir d'exemples
concrets, précis - et on a une expertise dans les compagnies à
cet égard, dans les municipalités, au ministère, dans les
groupes de pression, dont ceux que vous avez mentionnés - nous avons
essayé de tenir compte de l'ensemble de ces points de vue pour trouver
une solution d'équilibre qui respecte l'objectif de la réforme de
la fiscalité municipale, mais qui respecte aussi, c'est très
important, le fait que les entreprises au Québec doivent avoir une juste
taxation en ce qui concerne l'impôt foncier et, en conséquence
aussi, la taxe sur le rôle des valeurs locatives.
Quant aux groupes dont vous parlez je pourrais vérifier si,
spécifiquement, ils ont été consultés ou non. Je
peux vous assurer que ce n'est pas la consultation qui a manqué dans ce
genre de dossier. L'important, c'est que ce soit réglé cette
année.
M. Saintonge: Je reviens à la consultation. Si je
comprends votre point, vous me dites que !a consultation, c'est
réglé, c'est fait. Quand M. Fournier, le directeur
général de l'évaluation foncière, qui relève
de votre compétence à la Direction générale de
l'évaluation foncière, dit: "Lorsque ce dossier sera
terminé, du moins pour la première tranche relative à
l'article 65. 1 elle-même, j'aurai le plaisir de vous contacter à
nouveau dans le cadre de la consultation du milieu, avec, nous
l'espérons, une solution valable et palpable", est-ce que je comprends,
du texte même de cette lettre, qu'il y aura une consultation du milieu
sur la modification proposée ou s'il n'y en aura pas et si on va dire
que c'est cela, la solution?
M. Marcoux: C'est-à-dire que je considère qu'il y a
eu des consultations sur la solution proposée. Et j'ai indiqué
qu'il y aura une intervention législative pour donner suite à ces
consultations. À cette occasion, évidemment, le milieu pourra
à nouveau faire valoir son point de vue à partir non seulement
d'une définition du problème et de choix de solutions de
rechange, mais à partir d'un texte de loi précis parce que,
évidemment, en ce qui concerne l'évaluation foncière ce
sont les textes de loi qui font foi de tout. Ce texte de l'article 65. 1 doit
prêter à confusion puisqu'il est interprété, dans un
certain sens par certains évaluateurs, dans un tout autre sens par
d'autres, dans un troisième sens par le BREF. Il faut mettre un peu
d'ordre dans tout cela. C'est urgent.
M. Saintonge: Oui. Puis, il y a des jugements du BREF qui ne sont
pas tout à fait dans le même sens. Je pense qu'il y a
peut-être deux jugements, un à Montréal et un à
Québec, qui ont...
M. Marcoux: Cela fait partie de la complexité du
problème.
M. Saintonge: Oui, mais cela démontre,
finalement, qu'il y a une clarification essentielle à l'article
65. 1 qu'il faut que le ministère apporte. Je comprends - on veut
être bien clair - que ce qu'on a dit, à savoir qu'on allait
contacter à nouveau dans le cadre d'une consultation le milieu avec une
solution valable et palpable, cela ne se fera pas. Le texte de la
législation va être déposé purement et
simplement.
M. Marcoux: Pour être bien clair avec vous...
M. Saintonge: Je vous dirai clairement là-dessus que la
perception du milieu, c'est qu'on attend que le ministre finisse son analyse.
On attend que le ministère arrive, après le comité
interministériel et tout cela, avec une solution potentielle. Puis, le
milieu industriel s'attend d'être consulté à nouveau avant
d'arriver, pouf, avec une solution qui est là comme ça. Je pense
que ce que le milieu voulait, c'était de voir effectivement le texte de
l'amendement proposé, au cas où il aurait des choses à
dire là-dessus avant qu'on dépose un texte et qu'on s'en aille en
Chambre. Vous savez fort bien que, dans certains cas, on peut déposer un
texte d'amendement, que, dans deux ou trois semaines, on est rendu en Chambre
et que les gens n'ont pas le temps de réagir et de venir en commission
parlementaire. Ils ne sont pas plus consultés dans tous les cas. On a vu
des cas fort particuliers où - je ne parle pas nécessairement des
Affaires municipales - des papillons ont été
présentés en cours d'étude d'un projet de loi. Je ne
voudrais pas que cela arrive dans le cas de l'article 65. 1.
M. Marcoux: Je peux vous assurer que ce n'est pas le genre de
dossier ni le genre d'article qui va arriver le 20 juin, à 16 heures,
pour être adopté le 22 juin.
M. Saintonge: Maintenant, ne pas dire non plus que c'est
l'Opposition qui peut régler le problème, que c'est à nous
d'accepter ou de ne pas accepter le problème, comme cela nous est
déjà arrivé. Dans un cas comme ça, cela me
paraît essentiel. Malgré que les paroles de M. Fournier - je vais
être bien clair - disant: "Lorsque ce dossier sera terminé, du
moins pour la première tranche relative à l'article 65. 1
elle-même, j'aurai le plaisir de vous contacter à nouveau dans le
cadre de la consultation du milieu, avec, nous l'espérons, une solultion
valable et palpable", cette consultation n'aura pas lieu?
M. Marcoux: Ce n'est pas cela que j'ai dit. C'est que le moment
auquel elle aura lieu tiendra compte du processus législatif.
M. Saintonge: Vous savez fort bien que cela veut dire...
M. Marcoux: Je ne peux pas vous en dire plus. Je vous ai dit que
cela ne se ferait pas en 24 heures; il n'y en aura pas de petite vite, n'ayez
pas peur. Tout le monde va avoir le temps de voir la solution que nous allons
proposer pour clarifier cet article de loi.
M. Saintonge: Disons qu'à tout le moins le milieu
industriel, le milieu des affaires ne sera pas informé de la teneur de
l'article, ne sera pas consulté sur la teneur de l'article, comme il l'a
demandé, comme il s'attend de l'être avant que l'article soit
déposé en Chambre. Je comprends fort bien le ministre dans ce
sens. Après vos paroles, est-ce exact ce que je dis?
M. Marcoux: Oui. Mais je considère que le ministère
a toutes les informations actuellement pour arriver à proposer un
amendement législatif qui tienne compte des représentations qui
nous ont été faites, y compris dans le dossier dont vous
partez.
M, Saintonge: En tout cas, je peux vous dire là-dessus
que, quant à moi - c'est l'expérience que j'ai vécue -
j'ai rencontré les gens, j'ai pris la peine de rencontrer la section du
Québec de l'Association canadienne "des administrateurs de taxe
foncière, qui ont proposé des amendements, qui vous ont
envoyé en avril 1983 un mémoire, ici, proposant des amendements,
qui me disent qu'ils n'ont pas reçu d'accusé de réception
et qu'ils n'ont pas reçu de commentaires là-dessus.
M. Marcoux: En avril 1983? M. Saintonge: En avril
1983.
M. Marcoux: Je m'en excuse bien bas. On va essayer de
vérifier cela.
M. Saintonge: Concernant la Chambre de commerce du Québec,
les représentants que j'ai rencontrés, je vous dirai que des
industries sont touchées fortement pour des montants qui ne sont pas de
1000 $, mais de 20 000 000 $, de 13 000 000 $ dans certains cas. Cela peut
monter, vous le savez fort bien.
M. Marcoux: Ce sont des dizaines, des centaines de millions qui
sont en cause.
M. Saintonge: Pour une compagnie particulière, cela peut
monter dans un cas, je pense, si mon souvenir est bon, d'après ce que
j'ai vu dans les journaux pour l'Alcan, à quasiment 42 000 000 $, 52 000
000 $. Il y a Ultramar pour qui c'est 5 000 000 $.
M. Marcoux: II faut voir que dans cela, souvent la partie de
l'article 65. 1 va être peut-être 40 %, 50 % du litige.
M. Saintonge: C'est peut-être 20 000 000 $ pour l'Alcan,
pour l'article 65. 1, je m'excuse. Ultramar, je pense que c'est quand
même 5 000 000 $ pour l'article 65. 1.
M. Marcoux: Je ne disais pas cela pour vous corriger, mais
simplement pour ajouter une information dans le sens que, pour l'ensemble des
dossiers de contestation d'évaluation industrielle, ce sont de gros
montants. Un bonne partie de ces montants, peut-être 40 %, 50 %, 60 %,
selon le cas, sont relatifs à l'évaluation industrielle en vertu
de l'article 65. 1. Mais il y a une large part aussi qui est d'autre
nature.
M. Saintonge: Pour finir le point que j'ai noté, disons
qu'après la confirmation que le ministre m'a donnée sur la
consultation, la consultation avec l'Association canadienne des administrateurs
de taxe foncière, la chambre de commerce, certaines compagnies
industrielles qui s'attendaient d'être consultées avant que
l'amendement soit déposé - que ce soit une copie de l'amendement
suivant même, je pense, la lettre de M. Fournier - à moins que je
ne sache pas lire le français, n'aurait pas lieu. C'est bien clair qu'on
arriverait avec une proposition d'amendement sur laquelle ils ne seraient pas
consultés; cela ne semble pas le cas. Je veux dire dans ce
sens-là que, si on parle de transparence vis-à-vis du milieu en
question, il m'apparaît essentiel que, si on a pris des engagements, on
les respecte.
M. Marcoux: Je peux peut-être ajouter un
élément pour vous faire comprendre la nature de la lettre de M
Fournier. C'est qu'à ce moment-là nous pensions plutôt
attendre à l'automne pour intervenir sur le plan législatif. Mais
les informations que nous avons eues et l'analyse du dossier que nous avons
poursuivie au cours du mois de mars et au début d'avril nous permettent
maintenant de dire que nous serons prêts à procéder sur le
plan législatif à cette session.
M. Saintonge: Cela ne change pas, M. le ministre, le fait qu'il y
a un engagement de M. Fournier auprès des industries à savoir
qu'il va les consulter, mais il ne les consultera pas. Je pense qu'il y a un
partage... Vous avez parlé tantôt des impacts importants qu'il y a
pour les villes. Pour vous le dire clairement, Saint-Romuald a 5 000 000 $
à rembourser.
M. Marcoux: Il y a des industries aussi.
M. Saintonge: Bien oui, c'est cela. Les villes ont des gros
impacts. Saint-Romuald a 5 000 000 $, si mon souvenir est bon, à
rembourser. Dans d'autres circonstances, les compagnies ont retenu les montants
contestés par l'article 65. 1. Si des sommes sont retenues par les
compagnies, c'est un manque à gagner pour les municipalités;
c'est un peu un accroc à la loi, vous allez me dire, mais même si
les montants ne sont pas tellement énormes et importants, on ne les
lance pas comme cela n'importe où. Cela m'apparaissait essentiel que la
modification arrive rapidement. L'an dernier, on avait soulevé le
problème. Cette année, je me rends compte qu'après avoir
confirmé aux chambres de commerce et aux industries que vous allez les
consulter la consultation n'est quand même pas ce que vous aviez
annoncé et c'est cela que je veux déplorer.
Contestation sans modification de
l'évaluation
Il y avait un autre cas sur lequel je voudrais revenir. Cela
règle mon problème pour le cas de l'article 65. 1. L'autre
problème, j'aurais peut-être dû le soulever tantôt
quand même, M. Genest pour ne pas revenir en arrière. L'an
dernier, avec mon confrère, le député de Westmount, M.
Richard French, on vous avait interrogé à deux occasions, une
fois lors des crédits supplémentaires, en Chambre, en commission
plénière, et on était revenu avec la question ici aux
crédits comme tels, sur toute la question des contribuables qui
contestent l'évaluation pour une année...
M. Marcoux:... dont le rôle n'est pas modifié par la
suite.
M. Saintonge:... et dont le rôle n'est pas modifié
par la suite. Je comprends que le ministre a répondu par une belle
lettre; j'ai copie de la lettre que vous avez envoyée au maire de...
M. Marcoux:... de Westmount.
M. Saintonge:... de Westmount. Vous y mentionnez finalement que
certaines pratiques sont ignorées des évaluateurs municipaux, qui
pourraient se prévaloir de certaines disponibilités de la loi,
mais qui ne le font pas. À mon point de vue, cela peut être un
beau souhait. Mais le ministre ne considère-t-il pas qu'il y aurait
lieu, vis-à-vis de cela, de faire en sorte que la pratique souhaitable,
qui est à la disposition des évaluateurs et qu'ils peuvent
utiliser s'ils le veulent, devienne obligatoire pour les citoyens? Il y a le
cas de Westmount, je peux rappeler ici certains cas de plaintes. Le même
citoyen peut parfois contester son évaluation pendant sept ans. Il s'en
va au bureau, il gagne une année, il revient l'année
suivante, c'est le même processus. Cela fait sept ans que cela
dure. Dans un autre cas -il y a des noms cités dans les lettres, vous
les connaissez - cela fait cinq ans que cela existe. Il y a un bonhomme, M.
Duchesneau, à Dunham... Je n'ai qu'à mentionner son nom et je
vois que le monsieur à côté de vous a envie de sourire,
M. Marcoux: Mais là, le problème va se
régler, il est devenu conseiller municipal.
M. Saintonge: C'est un conseiller municipal, mais il a
adressé des lettres à votre ministère.
M. Marcoux: II ne l'était pas à ce
moment-là, il a été élu l'automne dernier.
M. Saintonge: II l'est maintenant, mais il vient de perdre le
dossier, je pense. En tout cas, il y a un problème qui est un peu
analogue à cela. À la municipalité, on trouve qu'il brasse
bien des choses, mais c'est un problème analogue quand même que
celui des évaluations foncières; une partie en tout cas des
plaintes, des représentations de M. Duchesneau sont dans ce
sens-là. Le ministre ne trouve-t-il pas cette situation inadmissible?
Pourquoi les contribuables seraient-ils obligés de revenir pendant sept
ans au bureau, de reformuler leur plainte et de devoir pratiquement repasser en
audition? La pratique que l'évaluateur est libre d'exercer ne
devrait-elle pas être rendue obligatoire dans la loi?
L'évaluateur, constatant cela est obligé de faire la modification
de son inscription au rôle de l'année subséquente.
Dans certains cas - on va être bien clair - il pourrait être
présupposé que, si le rôle n'a pas été
modifié, il n'y a pas eu de nouvelle inspection qui a été
faite pour faire en sorte que, vraiment, la valeur en question ne soit pas
augmentée. Celui qui est évalué à 80 000 $ et qui
conteste est réévalué à 60 000 $; la
décision est rendue. L'année suivante, on l'évalue encore
à 80 000 $; les évaluateurs n'ont pas plus examiné la
maison; ils n'ont rien changé. Il faut qu'il revienne au bureau pour
faire sa preuve de nouveau dans certains cas. C'est inadmissible que, dans
notre système, on puisse cautionner une telle pratique. Il serait
important que la possibilité du mécanisme en question que vous
aviez soulevée avec le maire Gallary, on puisse finalement la mettre en
vigueur d'une façon obligatoire. (12 heures)
M. Marcoux: La réponse, c'est non. Pourquoi? On a pris
d'autres mesures. Le Bureau de révision de l'évaluation
foncière a amélioré considérablement, depuis deux
ans, d'une part, ses informations aux citoyens, ce qui fait que, maintenant,
quand le citoyen conteste son évaluation, il est informé que
cette contestation ne vaut que pour l'année où elle a
été faite et que si le jugement du BREF n'est pas rendu à
temps pour l'année suivante ou même si le jugement du BREF est
rendu à temps pour l'année suivante, cela ne s'applique
qu'à l'année pour laquelle cela a été
décidé. Mais on a amélioré ce service aux citoyens;
avec l'information qui est transmise par le BREF, avec les dépliants
d'information, le citoyen sait maintenant très clairement que, lorsqu'il
conteste son évaluation, c'est pour l'année pour laquelle il la
conteste et qu'il doit renouveler cette contestation s'il est en
désaccord avec l'évaluation fixée pour les autres
années.
Deuxièmement, au niveau des moyens, je pars toujours avec
l'idée que, lorsqu'on peut régler un problème autrement
que législativement, il vaut mieux le faire par la voie de la formation,
de l'information. Dans cette perspective, nous avons déjà
entrepris des démarches auprès de la Corporation des
évaluateurs pour qu'elle sensibilise ses membres aux diverses
possibilités qu'ils ont pour améliorer indirectement, en somme,
ou directement, le fonctionnement du Bureau de révision de
l'évaluation foncière, par exemple, en faisant des corrections
d'office, ce que très peu d'évaluateurs faisaient, en tout cas,
beaucoup moins, il y a quelque temps. De plus en plus, les évaluateurs
acceptent de faire des corrections d'office.
M, Saintonge: Les corrections d'office... M. Marcoux:
Juste une minute! M. Saintonge: Oui.
M. Marcoux: Deuxièmement, dans le projet de loi omnibus
que je vais déposer bientôt, on va permettre que, si les parties
se sont entendues - on précisera cela - avant d'aller à
l'audition du BREF, elles pourront, par un affidavit ou, en tout cas, un
témoignage écrit quelconque, indiquer qu'elles sont d'accord avec
la solution proposée ou l'entente intervenue, ce qui évitera la
comparution.
Quant à l'autre aspect, à l'autre bout de la chaîne
- parce que je pense que c'est toute une chaîne - je crois que c'est par
la voie d'information et par la formation des évaluateurs qu'on peut
arriver à atteindre l'objectif que vous visez. Dans cet esprit, je vais
rencontrer la Corporation des évaluateurs agréés du
Québec au début de juin, parce qu'ils m'ont invité
à leur conférence annuelle. Un des points - il y a plusieurs
points que je veux aborder lors de cette conférence que je leur donnerai
- que je vais aborder est précisément celui que vous touchez.
La raison pour laquelle je ne peux retenir votre suggestion, c'est qu'il
n'est pas automatique, si le Bureau de révision de
l'évaluation foncière modifie pour une année
l'évaluation d'un bien foncier que, pour l'année suivante, ce
soit la même évaluation qui doive s'appliquer. Il peut être
intervenu des changements dans le marché à cette occasion et il
peut y avoir eu des changements sur la propriété elle-même
qui fassent qu'on ne puisse présumer que, pour la deuxième, la
troisième ou la quatrième année qui suivent, c'est la
même évaluation qui doit s'appliquer. Aller dans la voie que vous
tracez pourrait impliquer ou laisser comme message que, lorsque la valeur de
votre rôle a été modifiée pour une année,
c'est nécessairement cette valeur qui est la bonne pour l'année
suivante, alors qu'il y a beaucoup de facteurs qui peuvent intervenir et qui
peuvent modifier ceci. Je pense que cela entraînerait beaucoup plus
d'inconvénients qu'être une véritable solution. Compte tenu
que ce problème est de moins en moins fréquent et de plus en plus
localisé, je pense que c'est par des mesures de formation, d'information
et d'action auprès des évaluateurs que nous pouvons atteindre
l'objectif que vous poursuivez.
M. Saintonge: La correction d'office, je ne sais pas, mais il me
semble que cela ne s'applique pas à cela. Est-ce que la correction
d'office s'applique à un cas comme celui que j'ai soulevé? Je ne
le penserais pas.
M. Marcoux: Bien oui! L'évaluateur peut modifier
l'évaluation. Le citoyen proteste ta deuxième année ou la
troisième année. L'évaluateur s'aperçoit, s'il est
de bonne foi, qu'il n'a pas corrigé l'évaluation ou qu'il a
oublié de la corriger mais qu'il n'y a rien dans l'entourage par rapport
à ce bâtiment qui modifie son évaluation. Il peut faire une
correction d'office, aviser le Bureau de révision de l'évaluation
foncière qu'il accepte de corriger d'office son évaluation. S'il
ne l'accepte pas, cela suppose à ce moment qu'il est prêt à
aller plaider devant le BREF, qu'il conteste. Alors, le BREF doit en tenir
compte pour cette année-là. Le citoyen va dire: Non, il n'y a
rien de modifié en ce qui me concerne; ma maison n'a pas
été modifiée du tout; je suis allé à la
ville et j'ai examiné les autres évaluations; sur le
marché, je suis au même pourcentage par rapport à la
même médiane; la médiane était à 92 %
l'année dernière et elle est encore à 92 % cette
année; donc, la valeur marchande des propriétés n'a pas
changé dans mon quartier. Alors, le citoyen...
M. Saintonge: Qu'est-ce qui empêcherait, dans ces cas
précis où cela n'a pas changé, où le gars n'a pas
de modification à son bâtiment, où il n'y a pas de visite
subséquente de l'évaluateur, le marché... S'il y a un
changement du marché, généralement l'évaluateur ne
reprend pas le rôle, il va appliquer une correction par rapport au
marché, une augmentation de tel pourcentage du rôle. Dans un cas
comme celui-là, il n'y a pas un contribuable qui va venir chicaner,
parce qu'il subit un pourcentage d'augmentation qui est le même que pour
ses voisins.
M. Marcoux: H va le voir au point de départ.
M. Saintonge: Mais il peut s'en rendre compte facilement, s'il va
à la ville. La personne qui, systématiquement, pendant sept ans,
pendant cinq ans, pendant trois ans, est évaluée et
revient...
M. Marcoux:... plutôt par le code d'éthique de la
corporation professionnelle, à ce moment-là.
M. Saintonge: Mais peut-être que l'évaluateur
considère que son évaluation est bonne. Si le BREF a fait une
évaluation dans tel sens, il dit: Je la maintiens dans ce
sens-là.
M. Marcoux: C'est vraiment bien davantage un problème
d'éthique professionnelle qu'un problème de législation.
Comme c'est, à mon sens, davantage un problème d'éthique
professionnelle, je pense que c'est par l'intervention de la Corporation des
évaluateurs et l'information qu'elle peut donner à ses membres
qu'elle peut modifier cette pratique-là. À ce sujet, je pense
que...
M. Saintonge: Le contribuable, qu'est-ce qu'il fait
là-dedans?
M. Marcoux: II y a tellement eu d'améliorations qui ont
été faites par les évaluateurs dans leurs relations avec
le BREF au cours des récentes années et dans la façon dont
ils agissent dans les causes qui sont portées devant le BREF que je
préfère tabler sur cela, d'autant plus que, sur la question de
principe et de fond, je pense que c'est ainsi que cela doit se faire.
L'évaluation est valable pour un an. Elle peut être
contestée chaque année par la suite et chacun a à
défendre son point de vue, le contribuable comme
l'évaluateur.
M. Saintonge: En tout cas, je déplore le fait que... Il me
serait apparu qu'il y aurait moyen d'arriver è une mesure non seulement
et simplement incitative, par une possibilité d'ouverture pour
l'évaluateur de corriger cela, mais pour le contribuable qui se trouve
à subir les règles du jeu d'une façon
néfaste...
M. Marcoux: Quoique indirectement, en tout cas, la mesure
législative qu'on a
apportée par la loi omnibus va donner une nouvelle occasion
à l'évaluateur de tenir compte des jugements
antécédents du BREF.
M. Saintonge: C'est la municipalité qui est aux prises
avec un problème de cet ordre-là comme Westmount, par exemple.
C'est un cas qui nous est soumis...
M. Marcoux: Qu'elle change d'évaluateur.
M. Saintonge: Oui, qu'elle change d'évaluateur, mais la
municipalité ne peut pas donner l'ordre à l'évaluateur de
faire telle ou telle chose.
M. Marcoux: Elle peut changer d'évaluateur.
M. Saintonge: Elle peut changer d'évaluateur. C'est comme
à Dunham. Vous avez dit...
M. Marcoux: Cela amène des frais à la
municipalité, vous avez bien raison, une contestation est faite à
ce moment-là. Mais la municipalité peut changer
d'évaluateur. C'est vrai, c'est une suggestion que j'ai oublié de
faire au maire Gallary.
M. Saintonge: On lui transmettra votre suggestion.
M. Marcoux: Si je lui écris, je vais ajouter cela.
M. Saintonge: En ce qui concerne la question de la taxe de la
valeur locative...
M. Marcoux: On va prendre l'évaluateur à ce
moment-là.
M. Saintonge: Excusez-moi, en ce qui concerne la taxe d'affaires,
il y a eu des représentations de faites par la chambre de commerce et
également par l'Association canadienne des administrateurs de taxe
foncière dont j'ai parlé tantôt concernant les
modifications éventuelles à la taxe d'affaires. Le
ministre...
M. Marcoux: Quelle représentation? Je ne l'ai pas à
l'esprit.
M. Saintonge: Attendez un peu. Il y a un dossier en marche pour
tenter de réexaminer toute la question de la taxe d'affaires ou de
l'abolition éventuelle de la taxe d'affaires. Est-ce un dossier en
marche au ministère? L'Association canadienne des administrateurs de
taxe foncière demandait purement et simplement une abolition de la taxe
d'affaires ou, si elle était maintenue, la majorité des membres
de l'organisme préconisent l'abolition de la valeur locative comme part
de cette taxe. À ma connaissance, je crois que la Chambre de commerce du
Québec appuyait cette disposition.
M. Marcoux: Je me souviens des lettres à cet effet. Je
peux vous dire que nous n'avons pas l'intention d'apporter de changements
à la Loi sur la fiscalité municipale qui fait que la taxe
d'affaires est maintenue, en particulier en milieu rural, pour une phase
transitoire pour permettre de faire élaborer par les évaluateurs
le râle de valeur locative. Nous n'avons pas l'intention de maintenir la
taxe d'affaires comme un champ fiscal municipal, c'est la taxe de valeur
locative qui devra s'appliquer dans l'ensemble des municipalités
à partir de 1986.
M. Saintonge: Vous allez maintenir à...
M. Marcoux: II n'y a pas de changement législatif mais,
à partir de 1986, c'est le rôle de valeur locative qui va
s'appliquer.
M. Saintonge: M. le Président, j'aurais un autre dossier,
mais ce n'est peut-être pas nécessaire que M. Genest soit
là. Je vous préviens à l'avance, j'aurai mardi des
questions à vous poser concernant le problème que pose à
Montréal la médiane pour l'année 1980; c'est un
problème important. On commencera mardi sur ce sujet en posant quelques
questions. Je m'excuse, mercredi.
Une voix: Mercredi?
M. Marcoux: Mercredi, à dix heures.
M. Saintonge: Pour les fins de consentement de la commission,
disons qu'on finit...
M. Marcoux: Vous libérez M. Genest.
M. Saintonge: Oui, oui, c'est cela, je le libère, mais ce
n'est pas à moi de le dire. Simplement pour les fins des travaux de la
commission, on avait été appelé à siéger
jusqu'à 13 heures aujourd'hui, mais vu les contingences et que vous
devez être à l'Union des municipalités et moi aussi, je
pense que c'est important...
M. Marcoux:... on peut poursuivre cela au congrès
ensemble.
M. Saintonge: Oui.
La Présidente (Mme Bacon): Si vous permettez, la
commission...
M. Saintonge: Mme la Présidente, je veux simplement noter
avant la fin des
travaux qu'il reste qu'hier on a perdu 45 minutes des trois heures qui
nous avaient été allouées, et aujourd'hui... excusez,
c'est 25 minutes de moins qu'on a pu siéger et, aujourd'hui, cela va
être à peu près 45 minutes. Cela veut dire en principe une
heure de temps pour nous permettre de poser certaines questions au ministre. Il
nous reste à peine trois heures.
M. Marcoux: J'ai essayé de compenser en donnant beaucoup
de réponses à des questions qui n'avaient pas été
posées!
M* Saintonge: Simplement pour les fins de la commission, Mme la
Présidente, je veux simplement vous noter que j'espère
qu'à la fin de nos travaux, mercredi prochain, on pourra trouver des
accommodements pour récupérer une heure pour certaines questions
supplémentaires qu'on a à poser au ministre.
M. Marcoux: On va essayer de satisfaire à vos besoins.
La Présidente (Mme Bacon): On va regarder les
possibilités, M. le député de Laprairie, et nous vous en
aviserons la semaine prochaine. La commission ajourne ses travaux.
(Fin de la séance à 12 h 13)