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(Dix heures vingt-sept minutes)
Le Président (M. Marquis): La commission parlementaire de
l'aménagement et des équipements est réunie afin de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche pour
l'année financière 1985-1986.
Je demanderais d'abord au secrétaire de la commission de
vérifier les présences et le quorum, de même que les
remplacements.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Alors, les
membres présents: M. Côté (Charlesbourg); M. Gravel
(Limoilou); Mme Juneau (Johnson); M. Le Blanc (Montmagny-L'Islet); M. Marquis
(Matapédia); M. Parent (Sauvé), en remplacement de M. Saintonge
(Laprairie), et M. Vaillancourt (Orford).
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le secrétaire.
Alors, nous commençons l'étude des crédits
budgétaires. La procédure est très simple. C'est qu'il y a
d'abord des remarques préliminaires du ministre, suivi du critique
officiel, M. le député de Charlesbourg, ou d'autres
députés membres de la commission. Ensuite, selon la
méthode la plus souple possible, on procède à
l'étude des crédits comme tels. Le droit de parole est
habituellement de 20 minutes par intervention. Le ministre peut intervenir plus
souvent, évidemment, pour répondre aux questions, selon les
besoins. Il n'y a pas d'alternance, nécessairement, qui est
respectée entre les deux partis membres de la commission. Ce sont les
gens qui demandent la parole au président qui pourront intervenir
à ce moment-là.
Ceci étant dit... Oui, M. le député de
Charlesbourg.
Crédits du ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche
M. Côté: Pour bien préciser, peut-être,
notre fonctionnement, c'est qu'on pourra aborder un certain nombre de sujets
pour, à la fin, les adopter programme par programme ou
élément par élément, sans nécessairement que
cela soit très strict et très rigide. Je pense que j'en ai
parlé au ministre et il est d'accord avec cela. Il y a un certain nombre
de dossiers à passer.
Le Président (M. Marquis): La commission est d'accord et
il n'y a pas de problème de ce côté. C'est pour cela que
j'ai dit que cela serait selon une formule la plus souple possible au cours de
ces débats. Alors, je donne la parole immédiatement à M.
le ministre.
Remarques préliminaires M. Jacques
Brassard
M. Brassard: Alors, merci, M. le Président. Madame et
messieurs les membres de la commission, je voudrais d'abord présenter
ceux qui m'accompagnent, du moins les principaux. Il y a d'abord mon directeur
de cabinet, M. Brillant; le sous-ministre, M. Bernier; je suis également
accompagné de sous-ministres adjoints et de directeurs
généraux de différents secteurs du ministère; le
sous-ministre adjoint, M. Bernard Harvey; M. Pierre Boucher, M. Armand Leblond,
M. André Tétrault; M. Paré, de l'administration; M. Magny,
directeur général à la faune; M. Desrosiers,
activité physique et sport; M. Landry, M. Barras, et quelques autres
collaborateurs des sous-ministres et des directeurs généraux.
M. le Président, comme le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche a déjà eu l'occasion de le souligner
devant cette commission, l'appellation, quand même fort explicite, de
notre ministère permet difficilement d'imaginer l'étendue du
champ dans lequel le ministère est appelé à intervenir,
ainsi que la diversité et la multiplicité de ses contacts directs
et indirects avec les Québécois et les Québécoises.
Cette variété, que j'aurai l'occasion d'illustrer partiellement
au cours des prochaines minutes, pouvant être de nature à
éparpiller les interventions du ministère et, par
conséquent, à nuire à une action efficace, le
ministère a retenu deux cadres prioritaires qui balisent ses
interventions vers l'atteinte des objectifs visés.
Le premier consiste à promouvoir l'accès au loisir pour
tous les Québécois et, pour ce faire, nous voyons activement
à ce que soient déployés les moyens qui permettront aux
individus et aux groupes d'assumer eux-mêmes le développement de
leurs expériences de loisir.
Notre seconde priorité, qui porte sur la conservation et la
gestion de la faune, nous
amène à nous préoccuper très attentivement
de toutes les actions ou situations susceptibles de menacer les habitats
fauniques ou la survie des espèces fauniques qui caractérisent
notre patrimoine.
Par ailleurs, nous nous sommes donné une troisième
priorité qui porte, elle, sur la façon de nous acquitter de nos
mandats: il s'agit d'assurer la qualité et l'adéquation de nos
services au citoyen dans ses divers contacts avec le ministère.
C'est dans le cadre de ces deux champs prioritaires et d'une
préoccupation de service au citoyen que se situent les
réalisations de l'année écoulée ainsi que la
programmation pour 1985-1986, que j'ébaucherai maintenant.
Ainsi, au cours de l'exercice 1984-1985, des efforts particuliers ont
été consacrés à l'accroissement des infrastructures
de loisir au Québec et plus particulièrement en ce qui concerne
la pratique du ski alpin, les parcs nationaux et régionaux et la mise
sur pied du parc national de l'Archipel.
En effet, en application de la politique québécoise pour
le ski alpin adoptée en 1983, le ministère a, en 1984-1985,
consacré plus de 7 000 000 $ pour soutenir des centres majeurs et
intermédiaires de ski répartis dans cinq régions du
Québec, dans leurs efforts d'amélioration de leurs
infrastructures de ski.
Comme le prévoit la politique, l'aide financière fournie
vise non seulement à la modernisation et à la consolidation des
centres de ski alpin, mais également à compléter
l'intégration du produit ski dans l'offre touristique, entre autres en
accroissant nos potentiels de destination touristique. Le programme offert n'a
pas tardé à remporter un vif succès et la demande d'aide a
été telle en 1984-1985 que plusieurs projets forts valables ont
dû être reportés à l'année 1985-1986. À
noter que, pour 1985-1986, un bon nombre de projets d'amélioration des
stations de ski pourront être considérés dans le cadre,
cette fois-ci, de l'entente auxiliaire sur le développement touristique
qui a été conclue récemment entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec, dont, comme
ministère, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. Il faut également souligner que, pour les stations à
but non lucratif, le programme d'aide au développement des
équipements de loisir offrira une aide financière, comme en
1984-1985.
Par ailleurs, parmi les autres mesures prévues dans cette
politique, je me dois d'en signaler trois qui m'apparaissent
particulièrement significatives. Je veux parler d'abord de la campagne
de publicité télévisée en faveur de la pratique du
ski alpin, ensuite de la reconnaissance du Conseil québécois du
ski comme interlocuteur privilégié et, enfin, de la promotion des
retombées industrielles de cette politique.
L'année écoulée a vu la création de cinq
parcs nationaux: le parc des îles-de-Boucherville, dans la région
de Montréal, le parc d'Aiguuebelle, dans l'Abitibi-Témiscamingue,
et enfin, dans la région Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, trois parcs:
le parc du Bic, le parc de l'île Bonaventure et du Rocher-Percé,
ainsi que le parc Miguasha, qui vise à protéger un site
fossilifère de renommée internationale.
En outre, le ministère a amorcé les travaux
préparatoires à la tenue d'audiences publiques pour la
création de deux nouveaux parcs, soit celui de Pointe-Taillon dans le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, et celui de Frontenac dans l'Estrie. Il est
prévu que les audiences publiques pour le futur parc de Pointe-Taillon
se tiennent en juin, tandis que celles pour l'éventuel parc de Frontenac
devraient avoir lieu cet automne.
Par ailleurs, dans le but de remettre à jour la Loi sur les
parcs, adoptée en 1977, mon prédécesseur a
déposé à l'Assemblée nationale, en novembre 1984,
un projet de loi, le projet de loi 13, modifiant la Loi sur les parcs. La
commission parlementaire sur l'aménagement - cette même
commission, d'ailleurs - a entendu les commentaires de neuf groupes - il n'y a
pas tellement longtemps - au sujet de ce projet de loi, dont nous poursuivrons
l'étude.
Parallèlement, en 1984-1985, le gouvernement a étendu son
action relativement aux parcs, pour encourager et soutenir la création
de parcs régionaux. Par "parcs régionaux", on entend les parcs
d'intérêt régional créés à
l'initiative des administrations locales et supralocales ou d'organismes
privés à but non lucratif qui sont appuyés par des
municipalités: l'objectif de ces parcs est d'offrir des espaces de
loisir aux citoyens de la région et d'en accroître l'attrait
touristique. Relativement à ce type de parc, le rôle du
ministère est de soutenir financièrement le développement
et la construction des infrastructures et des équipements qui seront
ensuite gérés par les instances locales. Il est
intéressant de noter que le budget de 2 000 000 $ consacré en
1984-1985 aux parcs régionaux et qui a permis que 23 parcs de 7
régions fassent l'objet de subventions a été
accordé par le gouvernement du Québec dans le cadre du budget de
relance.
En plus des travaux importants réalisés en regard des
parcs nationaux et régionaux, le ministère s'est engagé
dans un autre type de parc: le parc national de l'Archipel. En effet, en raison
des besoins de loisir de l'important bassin de population situé dans la
région montréalaise et des potentiels des plus
appréciables des multiples rives de la métropole, tant en termes
de plein air que de faune, le gouvernement a accepté, en septembre 1984,
la proposition de création du
parc national de l'Archipel. Ce parc, qui sera mis sur pied en
collaboration avec les instances municipales concernées, qui en
assumeront ultérieurement la gestion, vise à combler le
déficit en infrastructures de plein air dans la région de
Montréal en tirant parti des nombreux espaces bleus des six bassins de
la métropole, c'est-à-dire, le lac des Deux-Montagnes, le lac
Saint-Louis, le bassin de la Prairie, la rivière des Prairies, la
rivière des Mille-îles et le couloir du fleuve Saint-Laurent.
Les investissements et les travaux proprement dits, qui commencent
véritablement avec le présent exercice financier, devraient
être terminés d'ici à cinq ans.
En raison de l'importance du projet, du budget à consacrer et du
court délai imparti pour la réalisation de ce vaste projet, une
équipe spéciale a été mise sur pied pour la
durée du projet è Montréal sous l'autorité d'un
sous-ministre adjoint. Il s'agit en l'occurrence de M. Leblond, que je vous ai
présenté tout à l'heure.
Avant l'ajournement de la session cet hiver, l'Assemblée
nationale a adopté la Loi sur la Société des
établissements de plein air du Québec, maintenant de plus en plus
connue sous le nom de SEPAQ, avec notre habitude des sigles. Cette
société, dont la création est effective depuis le 20 mars
dernier par décret du gouvernement, reprendra pour les gérer
certains équipements de nature commerciale que détient le MLCP
comme, par exemple, le mont Sainte-Anne et quelques établissements
d'hébergement et de restauration opérés par notre
ministère dont, entre autres, une dizaine de campings. Le présent
exercice sera donc marqué par les nécessaires opérations
et ajustements de transfert entre le ministère et la nouvelle
société.
Au sujet du projet de normalisation et de rentabilisation de l'île
d'Anticosti, qui avait été engagé en 1982, le
ministère peut s'estimer satisfait car il a presque entièrement
complété son programme d'action. En effet, les instances
municipales ont repris la gestion des équipements à vocation
essentiellement municipale; des pourvoiries se chargent de celle de plusieurs
territoires de chasse et de pêche; les infrastructures collectives de
service relèvent à présent des organismes publics
concernés; et des particuliers se sont vu transférer la
propriété des équipements résidentiels et
commerciaux de la localité de Port-Menier. Par conséquent, la
Direction régionale de l'île d'Anticosti sera bientôt
démantelée tandis que la 5ociété des
établissements de plein air du Québec - que j'ai
précédemment évoquée - se chargera de
l'exploitation des équipements de chasse, pêche et
villégiature encore sous la juridiction du ministère. Les
employés affectés à l'aménagement et à la
conservation de la faune encore en poste à Anticosti relèveront
cependant de la Direction régionale de la Côte-Nord qui, à
mon avis, devrait dorénavant, à cause de l'implication nouvelle
d'autres organismes et ministères en plus du ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche, être qualifiée de Direction
régionale de la Côte-Nord et de l'île d'Anticosti.
Dans un autre champ, celui du loisir socioculturel, diverses
activités ont été menées ou engagées dans le
but de répondre aux besoins exprimés ou pressentis par la
clientèle.
Ainsi, en plus des divers programmes qu'il administre dans le but de
favoriser l'expression de nouveaux créneaux en activités de
loisir, le ministère s'est vu confier par le Conseil exécutif la
gestion du programme Jeunes volontaires. Ce programme, qui vise à ce que
des jeunes de 16 à 24 ans puissent réaliser des projets de leurs
choix en acquérant une formation grâce à cette
expérience, a permis la participation de près de 7000 jeunes par
le biais de quelque 1200 projets en 1984-1985. Pour le présent exercice,
il est prévu d'élargir la portée du programme en ajoutant
un volet favorisant la création de petites entreprises offrant ainsi la
possibilité aux jeunes qui le désirent de se créer leur
propre emploi, ainsi qu'un volet pour la réalisation de projets è
l'étranger. Je ne pense pas inutile de souligner ici le succès
rencontré par le programme Jeunes volontaires et la satisfaction qu'ont
à son endroit les jeunes qui y ont participé. Cet accueil positif
est, selon nous, attribuable au fait que, d'une part, ce programme permet une
prise en charge majeure par les jeunes, puisque ce sont eux qui assument
l'entière responsabilité de leur projet, de sa conception
à sa réalisation finale, et que, d'autre part, il leur offre
l'occasion de faire de nombreux apprentissages facilitant leur insertion tant
au niveau social que professionnel. Par ailleurs, le succès du programme
est également dû au dynamisme et à l'implication de
centaines de bénévoles travaillant au sein de 81 comités
locaux mis en place pour gérer le programme à l'échelon
local. À noter que le programme Jeunes volontaires vient s'ajouter
à un programme è l'intention des jeunes déjà
créé par notre ministère, soit celui d'assistance
financière aux chantiers de jeunes bénévoles.
Dans un autre ordre d'idées, mon ministère vient de
reconduire, avec le Mouvement national des Québécois, une entente
par laquelle il lui confie la coordination des manifestations locales de la
fête nationale du Québec. Le budget prévu cette
année est de 704 000 $, le même qu'en 1984-1985, qui était
la première année où le mouvement s'est occupé de
coordonner les manifestations de la fête nationale.
Pour sa participation aux célébrations du 450e
anniversaire du fait français en Amérique, le ministère a
retenu, l'an passé, deux activités représentatives de ses
priorités: d'abord, la tenue d'une exposition sur le site du Vieux-Port
portant sur le rôle des terres humides pour la protection de la faune et
de notre écosystème, ainsi que la réalisation de quinze
expositions régionales suivies d'une exposition nationale en artisanat
de loisir. Par ailleurs, comme l'ont déjà mentionné les
médias, nous étudions actuellement la faisabilité de
rapatrier sur le terrain de l'Aquarium de Québec divers
éléments qui étaient contenus dans le pavillon
H2O, lors de l'exposition tenue au Vieux-Port.
Pour répondre aux besoins croissants des adeptes de loisirs
scientifiques et techniques dans cette période où, par exemple,
l'informatique et l'électronique sont passées d'outils de travail
à instruments quotidiens de loisir, le ministère continuera cette
année à fournir le support financier qu'il avait accordé
l'an passé à ce type de loisir. À noter à ce sujet
que, l'an passé, le ministère avait rendu public un document
d'orientation sur ce type de loisir qui avait été
préparé après consultation des nombreux organismes du
milieu.
Dans le domaine de l'activité physique et du sport, la
dernière année fut marquée d'événements qui
ont permis aux différents secteurs d'activité de progresser.
D'abord, en regard de l'amélioration de la condition physique des
Québécois, l'effort soutenu de mon ministère depuis
quelques années, par le biais du programme Kino-Québec, nous a
entre autres conduits à la signature d'un protocole de collaboration
avec le gouvernement canadien. Cette entente vise à clarifier les
responsabilités en cette matière et à la
réalisation conjointe de certains projets, notamment la semaine annuelle
de l'activité physique qui aura lieu bientôt. À noter
qu'actuellement plus de 800 organismes locaux oeuvrent au sein des 51
modules-Kino à travers le Québec dans le but de modifier
l'attitude des Québécois face à l'activité
physique.
Dans le domaine du développement sportif de base, mon
ministère conviait, en mai 1984, les grands partenaires du monde du
sport au Québec à revoir toute la stratégie relative aux
organismes et programmes qui ont cours en matière d'initiation et de
perfectionnement du geste sportif. Ce groupe d'étude, à la suite
de ses échanges et réflexions, a soumis un rapport que j'ai rendu
public à l'occasion de la finale nationale des Jeux du Québec
à Dolbeau, en mars dernier. Celui-ci sera ensuite soumis à
l'analyse des divers groupes préoccupés du développement
sportif de base à l'occasion de la conférence sectorielle sur le
développement sportif de base. Ulté- rieurement, il est
prévu qu'un énoncé de politique soit proposé
à tous nos partenaires au début de l'année 1986.
En matière de développement de l'excellence sportive, mon
ministère a amorcé en mai 1984 l'application d'une politique qui
vise ultimement à relever le niveau de performance de nos
athlètes québécois à des résultats
comparables aux standards internationaux. En application de cette politique qui
est axée essentiellement sur l'athlète, des mesures ont
déjà été prises à l'intention des clubs
sportifs et des centres de préparation à la performance sportive.
On commence à les appeler, toujours avec notre manie des sigles, les
CPPS, qui ont été mis en place ou qui sont en voie d'être
mis en place dans trois régions du Québec: Montréal,
Québec et Sherbrooke. De plus, ces trois comités permanents
voient à présent à l'orientation des dossiers concernant
l'application de cette nouvelle politique, soit le comité
Excellence-Québec, qui est en activité, le comité portant
sur la formation des cadres sportifs et celui préoccupé de
l'intégration de l'athlète souffrant d'un handicap.
En 1985-1986, alors que ces diverses mesures sur l'excellence sportive
auront atteint leur rythme de croisière, un nouveau groupe de travail
sera ajouté qui portera sur la femme dans le sport. (10 h 45)
Passons maintenant au secteur de la faune, là où diverses
mesures ont aussi été adoptées ou sont prévues.
Ainsi, en juin 1984, est entrée en vigueur la Loi sur la conservation et
la mise en valeur de la faune, qui avait été adoptée en
décembre 1983, ainsi que les règlements requis en vertu des
nouvelles dispositions législatives.
Par ailleurs, dans le but d'être en meilleure position pour
prendre en compte les préoccupations et les attentes des citoyens
à l'égard de la faune, j'ai l'intention de rendre plus
représentatif et plus opérationnel le Conseil de la faune. J'ai
donc demandé à plusieurs organismes ayant des points de vue
importants à faire valoir en ce qui concerne la faune de me faire
connaître le nom des personnes qu'ils voudraient voir représenter
leurs intérêts au conseil. Des lettres ont déjà
été envoyées à ces organismes depuis maintenant
deux ou trois semaines; j'attends leurs suggestions pour faire les nominations
au Conseil de la faune.
En juin 1984, le gouvernement a adopté la politique sur le
piégeage qui prévoit trois types de territoire pour le
piégeage, en dehors des réserves à castors,
c'est-à-dire: d'abord les terrains de piégeage qui sont d'assez
grande dimension, les unités de piégeage qui sont plus
réduites et le territoire libre qui, comme son nom l'indique, est
accessible à tous les détenteurs d'un permis de piégeage.
Pour l'application de la
politique, un tirage au sort a été tenu pour
déterminer ceux qui seraient détenteurs d'un terrain ou d'une
unité de piégeage. À l'exception de quelques terrains ou
unités, le tirage au sort a permis une attribution rapide de toutes les
portions de territoire prévues pour le piégeage.
Dans le secteur de la pêche, je prévois soumettre sous peu
au Conseil des ministres un décret pour l'approbation du premier plan de
gestion de la pêche qui est établi en vertu de la Loi sur la
conservation et la mise en valeur de la faune. Ce plan de pêche, qui
constitue l'outil concret dont se dote le gouvernement pour décider de
la répartition de la ressource halieutique entre les différents
usagers, prévoit le respect de l'ordre de priorité suivant, qui
est prévu lui aussi d'ailleurs dans la loi, c'est-à-dire: d'abord
le maintien du stock reproducteur, la pêche pour fins d'alimentation qui
est pratiquée par un nombre important d'autochtones, la pêche
sportive et enfin, en dernier lieu, la pêche commerciale.
En outre, ce plan précise, par plan d'eau, les espèces qui
peuvent faire l'objet de pêche, la récolte admissible par
espèce, ainsi que les conditions de pêche, ce qui inclut entre
autres les saisons ainsi que la nature, les dimensions et le nombre des engins
de pêche.
En ce qui concerne cette ressource particulière que constitue le
saumon, le plan de pêche retient des mesures comparables à celles
adoptées en juin 1984, dans le but de rétablir les stocks dans
l'ensemble du Québec et plus particulièrement en Gaspésie,
qui est la région la plus touchée par les faibles
remontées de géniteurs. On se souviendra que l'an dernier le
gouvernement avait adopté une série de mesures en raison de la
situation alarmante de l'état des stocks, mesures qui ont eu l'effet
recherché. Par contre, comme il avait été souligné
l'an passé, ces mesures ne visaient pas et ne pouvaient pas viser
à un redressement immédiat et complet des stocks en un an, ce qui
explique la nécessité de poursuivre le programme pour plusieurs
années encore.
Afin d'être mieux outillé pour s'acquitter efficacement de
son rôle de gestionnaire en ce qui a trait à l'exploitation et
à la conservation de la faune, le ministère envisage deux
démarches: la première consiste à réévaluer,
en fonction de l'efficacité de leur affectation et de leur utilisation,
l'ensemble des territoires réservés pour l'exploitation de la
faune, soit les réserves fauniques, les ZEC et les pourvoiries. Au sujet
de ces dernières, mentionnons que le ministère travaille
activement, de concert avec le ministère du Tourisme et l'association
des pourvoyeurs, à la classification des pourvoiries, dans une
démarche d'amélioration de la commercialisation de ces
établissements qui exercent, comme on le sait, un attrait touristique
fort important du Québec.
Le second projet concerne la politique sur la faune et sur la
conservation de son habitat qui devrait être soumise, pour consultation,
aux milieux intéressés, au cours des prochains mois. Lors de
cette consultation, seront abordés les moyens à mettre en oeuvre
pour garantir une meilleure protection de nos ressources fauniques et de leur
milieu essentiel de vie.
Enfin, dans la foulée des discussions à l'Assemblée
nationale, le 19 mars 1985, sur la reconnaissance des droits des autochtones,
j'ai précisé l'ensemble des actions que mène
déjà notre ministère pour reconnaître des droits
spécifiques aux autochtones en matière de faune et j'ai fait
état de deux types de concessions que nous sommes prêts à
considérer dans nos négociations avec les autochtones concernant
la gestion des ressources fauniques. Le premier type de concessions consiste
à assurer aux autochtones le maximum d'autonomie dans la gestion des
ressources fauniques de territoires qui auront été
désignés. Dans un tel cas, le rôle de mon ministère
sera de préparer avec les autochtones concernés les plans
d'aménagement faunique et la réglementation qui sont
spécifiques à ces territoires. Ceux-ci, une fois
sanctionnés par le gouvernement, seront gérés par les
autochtones eux-mêmes.
Le second type de concessions s'inspire du principe que les nations
autochtones ont le droit de participer au développement
économique de la société québécoise. Ainsi,
peut être envisagée la concession de certains territoires, sous
responsabilité autochtone, mais pour utilisation à la fois par
ceux-ci et par les autres citoyens du Québec. Les nations autochtones en
retireront donc des bénéfices pécuniaires, assurant ainsi
leur participation au développement du Québec, au même
titre que l'ensemble de Québécois.
L'étendue spatiale de ces deux types de concessions devra
évidemment tenir compte, en premier lieu, des besoins d'alimentation des
autochtones ainsi que leur permettre la pratique de leurs coutumes
ancestrales.
Nous avons vu, en plus de sa double préoccupation de promouvoir
l'accès au loisir et de s'acquitter efficacement de son rôle en
matière de faune, que le ministère s'était fixé
l'objectif d'accroître la qualité et l'efficacité de ses
services aux citoyens. Des actions de diverse nature ont été ou
seront entreprises à cette fin.
En effet, au cours de l'exercice écoulé, le
ministère a mis sur pied une équipe de concertation et d'action
auprès des clientèles qui, en plus de suivre la mise en oeuvre de
son plan d'8Ction auprès des citoyens dans l'exercice de leurs diverses
activités de loisir, a développé des plans
d'interventions
spécifiques pour les clientèles particulières que
sont les femmes, les personnes âgées, les personnes
handicapées et les groupes ethniques.
La création de l'unité chargée de la gestion du
projet du parc national de l'Archipel et les retranchements à effectuer
à l'intérieur du ministère pour tenir compte de la
nouvelle Société des établissements de plein air du
Québec ont nécessité des rajustements à
l'organigramme qui sont actuellement à l'étape de
l'achèvement. Le ministère profite de ces nécessaires
changements pour effectuer diverses modifications jugées
appropriées à l'organigramme qui avait été
adopté H y a quatre ans déjà: ces modifications portent
sur les regroupements de dossiers sous une seule autorité, dans le but
de faciliter les démarches des usagers.
Pour terminer, la démarche la plus visible qu'entend mener le
ministère au cours du prochain exercice est la consultation formelle de
tous les milieux intéressés sur les moyens d'action à
privilégier, aussi bien en ce qui concerne la promotion de
l'accès au loisir que la bonne gestion des ressources fauniques. Cette
consultation s'effectuera, comme le prévoit le livre blanc sur le
loisir, sous la forme d'une conférence nationale sur le loisir.
En effet, il convient, après plus de cinq ans, de réunir
les partenaires de l'État pour faire le point sur le chemin parcouru
depuis l'annonce de la réforme du loisir au Québec et ce, dans le
but d'identifier ensemble les perspectives d'avenir.
Pour ce faire, il est prévu de tenir des conférences
sectorielles et des colloques portant respectivement sur le loisir culturel, le
loisir socio-éducatif, le loisir touristique, le développement
sportif de base, le plein air, l'activité physique. Il y aura
également un colloque sur la faune et aussi des conférences
sectorielles sur le loisir en milieu municipal et le loisir au niveau
régional.
Lors de ces manifestations, des représentants du monde municipal
et des organismes volontaires de loisir siégeront avec le
ministère pour dégager la problématique et identifier les
consensus éventuels d'action. Les divers éléments ainsi
retenus seront ensuite repris lors de la conférence nationale sur le
loisir, qui devrait avoir lieu cet automne.
Le bilan ainsi dressé des options à favoriser permettra au
ministère et à ses partenaires de redéfinir leurs cadres
d'action pour tenir compte des points de vue et des préoccupations des
citoyens du Québec, aussi bien en matière de loisir qu'en
matière de gestion de la faune et de la protection des habitats
fauniques.
Voilà, je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le ministre.
M. le député de Charlesbourg.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté: M. le Président, quant à moi,
je suis très heureux à ce moment d'intervenir au nom de
l'Opposition sur l'analyse des crédits pour l'année 1985-1986.
Dans mon cas, c'est ma deuxième expérience, alors que le ministre
en est à sa première pour défendre ses crédits,
quoiqu'il a eu la chance d'avoir quelque entraînement au sujet des
engagements financiers. Je ne peux faire autrement, ce matin, que de constater
que le ministre nous a livré un texte avec peu d'enthousiasme et qu'il
en a extirpé certaines constatations que l'on se doit de faire à
la lecture et à l'analyse du budget qui a été
proposé à l'Assemblée nationale par le président du
Conseil du trésor.
C'est sans enthousiasme - mais je le comprends - puisque le budget de
1984-1985 était de 215 543 200 $ et que celui de 1985-1986 qui est
devant nous est de 207 561 000 $, ce qui veut dire une diminution de tout
près de 8 000 000 $ dans un ministère qui en a grandement besoin.
C'est considérable. Cela représente une diminution de 3, 7 % du
budget par rapport à l'an dernier, sans tenir compte de l'inflation qui,
elle, a été de 4, 2 %. C'est donc un recul de 7, 9 % que le
budget du ministère subit de 1984-1985 par rapport à 1985-1986.
Je pense que c'est la première constatation que l'on se doit de faire au
moment où on en est dans l'analyse générale du budget.
Ce qui est très étonnant c'est qu'il y a quand même
eu des efforts de faits vis-à-vis du Conseil du trésor, parce que
tout le monde connaît la mécanique des nombreuses réunions
d'abord sur le plan du ministère pour être capable de
dégager des demandes vis-à-vis du Conseil du trésor et par
la suite pour aller débattre dans la préparation de ce budget les
demandes du ministère.
On peut constater, M. le Président - je le dis de bonne foi,
parce que ce n'est pas M. le député du Lac-Saint-Jean qui
était ministre à l'époque, mais bien celui de Joliette -
qu'il y a eu des efforts pour obtenir davantage du Conseil du trésor
dans toute cette démarche pour aller négocier des enveloppes. Il
y a eu des efforts, et j'ai eu la chance de mettre la main sur un document
assez intéressant comme d'habitude - c'est peut-être la
première surprise pour le ministre aujourd'hui, mais on a trois jours
à passer ensemble, et j'espère que vous ne les trouverez pas trop
longs - un petit document qui a été déposé au
Conseil du trésor et qui s'appelle: "Revue des programmes 1985-1986,
sommaire ministériel au 6 juillet 1984. " C'est donc votre
prédécesseur qui était là à ce
moment et qui se débattait pour être capable d'aller
chercher de l'argent au Conseil du trésor.
Lorsqu'on regarde ce qui était envisagé à
l'époque, il y avait un budget de base pour 1985-1986 de 235 000 000 $.
Avant toutes les restrictions qu'avait imposées celui qui n'est plus
maintenant a la tête du ministère des Finances, il y avait un plan
de rangement de 5% qui allait chercher quelque 9 500 000 $, plus un plan de
développement, celui du ministère, de 5 % pour 1985-1986 qui
allait ajouter 29 000 000 $, tout près de 30 000 000 $, soit 29 970 000
$, pour - je cite textuellement le document que j'ai entre les mains - un
budget probable pour 1985-1986 de 256 039 000 $.
Force nous est de constater que les arguments invoqués par les
représentants du ministère, par le ministre lui-même, son
prédécesseur, j'imagine, lui aussi, n'ont pas été
entendus par les hauts ténors du gouvernement, qui donnaient une bonne
appréciation de ce qu'ils pensent, eux, de l'importance du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Quand
même, M, le ministre, lorsque vous vous présentez au Conseil du
trésor, vous y allez dans le but de chercher de l'argent, compte tenu de
tout le travail que vous avez fait au niveau de votre ministère, pour
aller chercher le minimum vital pour être capable de bien faire
paraître le ministère.
On se rend compte qu'il y a un manque à gagner, par rapport
à vos prévisions du 6 juillet 1984, de 48 478 000 $, ce qui est
tout à fait inacceptable comme comportement d'un gouvernement, compte
tenu de l'importance de votre ministère. Je ne vous demande pas de le
commenter, même pas après, parce que vous seriez dans une mauvaise
situation et votre premier ministre se rappelle ceux qui font des commentaires
en dehors... (11 heures)
Laissez-nous vous aider à prendre votre défense
vis-à-vis du gouvernement pour plaider la cause du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche. 48 000 000 $, tout près de 50 000 000 $ de moins
dans l'enveloppe, c'est vos sous-ministres, vos directeurs de service, les
directeurs régionaux et les employés partout à travers le
Québec qui en supportent les conséquences quotidiennes dans
l'application de toute la belle nomenclature que vous nous avez faite
tantôt. J'ai pris trois pages de notes.
C'est un effort louable que vous avez fait que de tenter de nous dire ce
qu'a fait le ministère au cours de l'année qui vient de
s'écouler, mais pas trop de vos propos de vision quant à
l'avenir. Je vous comprends, compte tenu de ce qu'on a vu dans les journaux ce
matin. C'est clair, il y a un problème à quelque part et qui est
d'ordre politique. Je vais tenter, au cours des prochaines minutes, de faire
une démonstration qui encore plus large d'une situation qui n'existe pas
seulement depuis que vous êtes arrivé comme ministre, mais qui
existe depuis la prise du pouvoir du Parti québécois. C'est
très clair dans les documents que nous allons aborder bientôt.
Aux engagements financiers, lorsqu'on analysait certains engagements, on
a pu se rendre compte que le gouvernement ou le ministère mettait
beaucoup d'efforts dans la rationalisation de ses services, en implantant de
nouveaux équipements sur le plan de l'informatique. Je suis un simple
député de l'Opposition, mais il y a quand même certaines
techniques qu'on peut utiliser, compte tenu des avantages qu'on a. J'ai fait un
exercice que je m'apprête à vous livrer, qui est une analyse de la
situation depuis 1975-1976, comparable dans tous les budgets. J'aimerais livrer
au ministre, avec l'autorisation de la commission, le fruit de ces
résultats.
Le travail consistait à prendre tous les crédits ou les
budgets déposés devant l'Assemblée nationale depuis
1975-1976 jusqu'au dépôt du budget de 1985-1986 et de comparer ce
qui pouvait être comparable. Je dois admettre que cela a
été un exercice passablement difficile. Avec votre permission, M.
le ministre, je vais vous livrer le fruit de ces réflexions qui ne sont
peut-être pas connues de vous dans la totalité, mais que vous
apprenez à connaître, j'imagine, régulièrement et
quotidiennement dans vos démarches, pour tenter de donner une certaine
colonne vertébrale à votre ministère.
De façon très générale, de 1974 à
1986, il y a un certain nombre de conclusions que je veux vous livrer; il y en
a seulement quatre. On verra par la suite d'autres étapes.
Une première observation nous permet de constater que le
gouvernement du Québec, afin de ne pas se faire questionner sur sa
gestion des deniers publics et sur l'évolution des coûts dans les
ministères, a changé la totalité de la vocation des
programmes d'origine dans ses ministères, sauf un: la gestion interne et
le soutien, le seul survivant sur une période de dix ans que nous avons
analysée, pour montrer à nos voisins, mes amis d'en face,
évidemment, l'importance que nous accordons à l'utilisation de
chaque sou provenant de nos taxes, donc de chaque citoyen du Québec.
Une deuxième observation nous permet de constater que le seul
programme comparable sur une période de dix ans, dans ce
ministère, la gestion interne et le soutien, est passé de 4, 8 %
de son importance dans le budget du ministère en 1974-1975 à 18,
2 % en 1985-1986 sur l'ensemble du budget du ministère. Or, le total des
employés du ministère, en 1975-1976, était
de 3608, alors qu'il est de 3305 en 1985-1986, une diminution de 303
employés, mais une croissance de l'apport du budget de gestion interne
et de soutien de 4, 8 % à 18, 2 %.
La troisième observation nous permet de constater que
malgré la disparition de certains programmes de ce ministère - le
ministre pourra me le dire - le budget n'a cessé de croître,
passant de 62 500 000 $ en 1974-1975 à 207 500 000 $, soit de trois
à quatre fois plus. J'imagine que, si M. Jean-François Bertrand,
ministre des Communications, était chargé de faire la
publicité du ministère, ce serait extraordinaire comme on s'est
donné des forces au niveau du ministère avec un
énoncé comme celui-là, surtout provenant de
l'Opposition.
Quatrième observation. Malgré cette fausse croissance, si
on applique le taux d'inflation sur les années 1980 à 1984, on
constate que réellement ce ministère offre moins aux
Québécois que ne le faisait le gouvernement libéral de
1975-1976. En conséquence, nous pouvons, dans un premier temps, tirer
quelques conclusions générales de ces observations.
Premièrement, la gestion du Québec en 1985-1986 coûte
quatre fois plus cher aux contribuables du ministère qu'en 1974-1975
à l'intérieur du budget annuel du ministère.
Deuxièmement, malgré l'impression de croissance que les budgets
peuvent donner, ce ministère est en train de mourir, passant d'un budget
de 124 000 000 $ en 1980-1981 à 63 000 000 $ en 1984-1985, si l'on
applique les taux d'inflation courants.
C'est très clair, vous avez maintenant un budget inférieur
à ce que vous aviez en 1980-1981 pour être capable de gérer
le ministère, et ça se sent partout, dans toutes les
régions du Québec. Sur le plan des parcs, vous avez
immobilisé et on meurt dans l'opération; c'est la même
chose dans la gestion de la faune. On pourrait passer l'ensemble du
ministère, mais on aura l'occasion de le faire subséquemment.
Deuxièmement, l'analyse a porté de façon
particulière sur chaque programme comparable. À cause de ce que
nous disions précédemment relativement à la disparition de
la vocation des programmes d'origine, nous allons nous limiter à
l'analyse des données de 1980-1981 à 1985-1986, le
deuxième mandat, ou à peu près, la période
où les gens ont commencé à s'apercevoir qui nous dirigeait
et comment on était dirigé.
Premier programme, le programme de soutien aux municipalités et
organismes de loisir. Ce programme est demeuré stable au sein du
ministère de 1980 à 1985, occupant de 13 % à 14 % du
budget de ce même ministère. En termes d'importance du budget
global, 13 % à 14 %, on peut dire que c'est relativement stable.
Cependant, ce programme, qui est passé de 24 000 000 $ en 1980-1981
à 28 000 000 $ en 1983-1984, a réellement décru lorsqu'on
applique le taux d'inflation puisqu'il est passé de 20 000 000 $ en
1980-1981 à 10 000 000 $ en 1983-1984. Donc, le gouvernement du
Québec accorde réellement la moitié moins de soutien aux
municipalités et aux organismes de loisir de 1980 à 1984.
Lorsqu'on regarde le budget de 1984-1985 par rapport à 1985-1986,
force nous est de constater que, dans l'argent affecté a ce programme,
il y a une diminution de 5, 1 %; ajoutez le taux d'inflation de 4, 2 %, on se
retrouve avec un recul de 9, 3 % au niveau de ce programme.
Deuxième programme, le programme de promotion du loisir
socio-culturel. Depuis 1980-1981, ce programme qui occupait 6, 6 % du budget du
ministère occupe 5, 5 % en 1985-1986; 1 %, vous me direz que ce n'est
pas beaucoup, mais 1 % sur 6 %, ça commence à être
énorme. Ce programme étant, avec le programme de la Régie
de la sécurité dans les sports, le moins considérable dans
ce ministère, nous pouvons cependant faire certaines observations.
Notons que si la promotion des loisirs est passée de 12 000 000 $ en
1980-1981 à 11 000 000 $ en 1985-1986, elle est passée
réellement, si on applique le taux d'inflation, de 5 800 000 $ en
1980-1981 à 4 500 000 $ en 1983-1984. Il y a donc là aussi une
décroissance réelle. La comparaison de 1984-1985 et 1985-1986
nous permet aussi de constater qu'il y a une diminution de 12, 1 %; ajoutez
l'inflation de 4, 2 %, cela fait une diminution au niveau de ce programme de
16, 3 %.
Troisième programme, le programme de plein air, parcs et
réserves. Ce programme, qui est issu, depuis 1983-1984, de l'ancien
programme des activités de promotion, d'éducation et de
récréation en milieu naturel, est le plus important des
programmes du ministère puisqu'il occupe, en 1985-1986, 33, 2 % du
budget global du ministère. Il demeure cependant moins important qu'il
l'a déjà été puisqu'en 1983- 1984 il était
de 39, 1 %.
Naturellement, la décroissance de ce programme s'est
effectuée au profit de la gestion interne et du soutien qui s'accrut,
lui, de 5 % durant cette même période, ce qui nous laisse croire
qu'il est plus important pour le gouvernement du Québec de
dépenser pour l'administration publique que pour les programmes de plein
air, parcs et réserves qui profitent davantage aux
Québécois. Lorsque l'on fait la comparaison entre 1984- 1985 et
1985-1986, il y a une diminution de ce programme de 17, 6 %. Ajoutez
l'inflation de 4, 2 % et cela fait une diminution réelle de 21, 8 % de
ce programme.
Quatrième programme, ta promotion de l'activité physique
et du sport. Ce
programme est en constante décroissance: en 1980-1981, il
était à 8, 7 % du budget du ministère et en 1985-1986 il
est è 6, 9 % du budget du même ministère. Le gouvernement
du Québec a accordé en termes réels la moitié moins
de fonds à ce programme de 1980 à 1984, si on applique le taux
d'inflation. Lorsqu'on compare 1984-1985 et 1985-1986, il y a effectivement une
croissance de ce budget de 2, 7 %. Appliquez l'inflation de 4, 2 % et on se
retrouve avec une coupure de 1, 5 % du budget.
Cinquième programme, la gestion interne et le soutien. Ce
programme, qui est le seul comparable de 1974 à 1986, est passé
de 4, 8 % du budget, comme je le disais tout è l'heure, en 1974 à
18, 2 % du budget global de ce même ministère, en 1986, sans tenir
compte des 3608 employés devenus 3305. J'imagine que, si normalement il
y a moins de monde dans le ministère, la part de la gestion interne et
du soutien devrait être moins importante. Mais ce qui est
intéressant de constater dans la comparaison de 1984-1985 et 1985-1986,
c'est le champion des programmes dans l'augmentation du budget: 21, 7 %
d'augmentation. Diminuez le coût d'inflation de 4, 2 % et on se retrouve
avec une augmentation dans ce programme de 17, 5 %. Seul programme où il
y a une augmentation plus que substantielle: 17, 5 % d'augmentation.
Sixième programme, celui de la gestion des ressources fauniques.
Ce programme, qui occupait 21, 4 % du budget lors de son apparition, en
1978-1979, occupe, en 1985-1986, 21, 2 % du budget de ce même
ministère. Ce qui veut dire que les 23 600 000 $ de 1978-1979 valaient
19 700 000 $, avec l'application de l'inflation, et que les 38 400 000 $ de
1983-1984 ne valaient que 13 300 000 $ avec application de l'inflation de cette
même année. Ainsi, face à de tels chiffres, il ne peut y
avoir qu'une seule conclusion: le gouvernement du Québec laisse tomber
en ruine la gestion des ressources fauniques puisque de 19 700 000 $, en
1978-1979, on se retrouve à 13 300 000 $, en 1983-1984. J'en fournirai
d'ailleurs une copie au ministre, si cela peut lui être
d'intérêt.
M. le Président, avec l'informatique, on peut faire toutes sortes
de beaux petits tableaux. Il y en a un qui m'a frappé, qui est celui du
général. Bien sûr, si le député de Matane,
qui excelle dans les tableaux, était ici, probablement que ce matin il
serait arrivé avec un beau grand tableau, avec du rouge et du bleu, en
prenant les dollars courants, en faisant tout un beau parallèle et en
disant: Le budget du ministère du dernier gouvernement libéral de
1975-1976 n'était que de 110 000 000 $, alors qu'aujourd'hui il est
à 207 000 000 $, presque le double. Vous verriez alignées deux
belles colonnes: une bleue fantastique et une rouge à moitié.
Mais la réalité, lorsqu'on parle d'inflation, parce que
vous avez eu, comme ministère, à le vivre, et tous les
Québécois l'ont vécu, est la suivante, et le ministre
l'aura tantôt parce que je vais la lui envoyer: en dollars courants,
c'est constant, mais, lorsque vous appliquez l'inflation, on se retrouve avec
une chute dramatique du pouvoir du ministère. C'est là la
constatation, et c'est pour cela que je disais au ministre, tout à
l'heure: Ce n'est certainement pas de gaieté de coeur que vous
êtes avec nous, ce matin, pour défendre les crédits, comme
vous l'avez fait aussi en allant au Conseil du trésor, compte tenu de
l'importance de votre ministère. (11 h 15)
Mais c'est par la volonté gouvernementale que le tourisme est
devenu la responsabilité du ministère de l'Industrie et du
Commerce et, par la suite, deviendra un ministère autonome. Le tourisme
était au ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
l'élément moteur qui permettait au ministre d'aller revendiquer
des sommes additionnelles pour être capable d'investir dans la chasse, la
pêche et le loisir et, à partir du moment où ce
ministère a été perdu, face au Conseil du trésor,
le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche est un
ministère qui dépense et non un ministère qui rapporte. On
a pu le constater par certains documents internes soumis au Conseil des
ministres qui, l'an dernier, approuvait des crédits
supplémentaires de 3 400 000 $ ou 3 900 000 $ pour la gestion de la
faune, mais il était bien spécifié que ce montant ne
devait pas dépasser le montant dé l'augmentation des permis.
Donc, on allait soutirer aux utilisateurs de la faune une augmentation en
haussant le coût des permis, mais on ne se permettait pas, comme
gouvernement, d'ajouter de l'argent nouveau pour être capable de faire
face aux responsabilités du ministère.
C'est une analyse qui est là, qui n'est certainement pas
exhaustive et parfaite non plus. C'est l'idée d'ensemble qu'il faut en
retirer, que le ministère, aujourd'hui, en 1985-1986, avec son budget,
n'est pas plus important aux yeux du gouvernement qu'il ne l'était en
1975-1976. C'est donc la stagnation depuis 1975-1976.
L'an dernier, M. le Président, on a fait le même exercice
des crédits avec le député de Juliette, qui était
alors ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Il avait
été très volubile, comme on le connaît, ses racines
latines paraissaient très bien. Il faut avoir une certaine logique, une
certaine continuité dans nos efforts d'analyse des crédits. On se
rencontre une fois annuellement, six heures, ou dix heures comme cette
année; on a suivi l'inflation pour notre temps, on l'a indexé
pour se donner le temps de se parler. Le ministre,
l'an passé, a pris toute une série d'engagements. Je
vaudrais les rappeler au moment où on s'apprête à entamer
l'étude des différents programmes pour situer le ministre dans
l'ensemble du contexte dans lequel nos discussions se feront. Je ne veux
relever que treize engagements que le ministre avait pris l'an dernier et qui,
selon toute apparence ou selon mes informations qui, règle
générale, sont assez bonnes, n'ont pas été
tenus.
Je l'ai fait, M. le Président, à partir du Journal des
débats et c'est très intéressant. Ce que j'ai fait, j'ai
pris des pages du Journal des débats, l'échéance que
lui-même s'était fixée et le projet. Souvenez-vous, on
était à l'étude des crédits en avril 1984, à
peu près à pareille date. Le moment, c'était
bientôt. On n'a peut-être pas été prudent parce qu'on
n'a pas défini ce que "bientôt" voulait dire. C'est comme des
élections générales, c'est peut-être pour
bientôt. Peut-être bientôt en 1986, on ne le sait pas. Cela
varie chaque jour selon l'humeur de celui qui a à le décider.
Bientôt: mise sur pied d'une fondation pour la conservation et la mise en
valeur de la faune et de ses habitats. Il serait intéressant, au cours
de nos échanges, que vous puissiez nous informer si c'est pour
bientôt et combien dure le bientôt. C'est très
important.
Fin de l'année 1984. Le ministère est à mettre -
là, c'est du textuel - au point des règles et des normes qui
devraient être déposées à la fin de l'année
1984 dans la préoccupation de développer des habitats fauniques
essentiels et d'assurer une protection générale des habitats
fauniques. On a encore entendu parler de cela tantôt dans la
déclaration d'ouverture, mais c'était pour la fin de 1984. On est
rendu dans le quatrième mois de 1985.
Troisièmement, avant la fin du présent exercice financier,
conférence nationale sur le loisir et dit avec combien de force, je me
souviens, combien de sincérité et de volonté d'agir,
dernière mesure annoncée dans le livre blanc sur le loisir et
dont la mise en oeuvre n'a pas encore été amorcée. Cela
fait quelques années, le livre blanc sur le loisir! Dans votre
déclaration tantôt: À l'automne, il y aura une
conférence nationale sur le loisir.
Quatrièmement - il y avait toute une variété dans
les termes. On passe de "bientôt" à "prochainement" -
décision è propos des municipalités de 2500 à 5000
habitants. Très prochainement, dit le ministre, parce qu'on doit faire
connaître les programmes aux municipalités concernant le programme
national de soutien au loisir. Je n'en croyais pas mes yeux quand j'ai
regardé à l'intérieur du programme du ministère.
J'ai dit: S'il y a une politique, c'est certainement pour favoriser les gens
dans le milieu qui attendent la politique. Ce n'est pas pour favoriser une
compression du budget du ministère. Lorsqu'on regarde le programme 1, il
y a 5, 1 % de crédits en moins. Ajoutez l'inflation, 4, 2 %, cela fait
9, 3 % de moins. C'est cela le résultat de la politique? Très
beau résultat si jamais il y en a un.
D'ici une quinzaine de jours, soit d'ici la fin d'avril, les
dernières rencontres laissent percevoir une possibilité d'entente
avec les CRL. Son adjoint parlementaire, qui est devenu le président de
votre commission, devrait compléter le dossier d'ici une quinzaine de
jours, d'ici la fin avril. À mon grand étonnement, ce matin, je
rencontre les gens des CRL qui ont rencontré votre
prédécesseur, l'an dernier, le 8 mars. Ils ont envoyé un
mémoire le 28 mars, ont rencontré le nouveau ministre le 22
janvier, ont insisté pour avoir une réponse à leur demande
et ont reçu un télégramme le 6 avril, un an plus tard,
sans que rien soit réglé. Rien, mais rien.
Sixièmement, d'ici quelques jours, pour le loisir scientifique,
assistance financière à un certain nombre d'organismes nationaux
de loisir scientifique, soutien à des projets de loisir scientifique,
par exemple, salon de la science, expo-science, hebdo-science, etc. Programme
2, diminution des crédits de 12, 1 %. Ajoutez l'inflation, 4, 2 %, cela
fait une diminution réelle de 16, 5 %.
Septièmement - je dois saluer l'arrivée de l'un de nos
collègues qui s'intéresse à la pêche en haute mer,
qui s'intéresse à la pêche sportive; c'est très
bien, restez avec nous, vous allez apprendre des choses - à un moment
donné - c'est un autre terme: "bientôt, prochainement, à un
moment donné" - ils nous feront rapport des résultats de
l'expérience de Vacances-Familles hors Québec. Comme on sait
qu'au niveau de la commission il n'y a pas d'engagement formel et que le
ministre peut le faire ou ne pas le faire... En tout cas, j'ai
vérifié dans mon courrier et ce n'est pas encore entré,
ces derniers jours.
Cette année, on parlait de 1984, là, vous allez voir que
j'ai des champs d'intérêt. Jardin zoologique de Charlesbourg,
construire la bâtisse des loutres, finir la bâtisse des singes,
finir les enclos extérieurs. Vous allez avoir environ 100 000 $ pour une
demande de 320 000 $ qui était la moyenne générale des
investissements des dernières années. Vous devez être
encore en train de vous chamailler pour faire une cage pour les singes en cours
d'année en termes de budget d'immobilisations. On va avoir le temps de
s'en reparler.
En septembre prochain ou à l'automne, une politique sur les
jardins zoologiques devrait être rendue publique, politique
financière ou politique de développement des zoos
québécois. Je ne sais pas où elle est, je ne l'ai pas vue
passer encore, è moins
qu'elle ne soit cachée quelque part. On l'a peut-être
enfermée dans une cage, dans un des zoos, mais on ne l'a voit encore
nulle part. D'ici mardi prochain, compétition Rothmans invite à
s'installer sur un terrain vacant au Jardin zoologique de Charlesbourg. Projet
rejeté par le ministère, réponse d'ici mardi prochain sur
ce dossier, le mardi 17 avril. Ce sont des dates qui se ressemblent un peu,
cela fait un an. Le même projet est encore sur la table du
ministère et cela "taponne" encore.
Ultérieurement - bientôt, prochainement,
ultérieurement - il nous donnera les subventions accordées aux
jardins et aux zoos pour les années 1983-1984 et 1984-1985. On les
attend encore.
Douzièmement, au cours de 1984-1985, nous allons continuer
à développer notre réseau de parcs nationaux, nous allons
continuer à développer un réseau de parcs régionaux
et, si possible, nous allons même embarquer sur le terrain des parcs
urbains. J'ai l'impression que c'est un peu gros pour la capacité et la
considération que ce ministère a auprès du Conseil du
trésor et des décideurs du gouvernement et, aussi, face au
Comité des priorités. Effectivement, on le verra lorsqu'on
passera à l'analyse du programme en question. On a de l'ouvrage à
faire et on va se parler très sérieusement à ce
moment-là.
Treizièmement - on gardera cela pour jeudi matin, c'est un
préavis et, dans ce cas, c'est important, c'est la semaine prochaine -le
ministre entend aller au Conseil du trésor pour présenter le CT
concernant les agents de conservation supplémentaires. C'est un
préavis; on s'en reparlera parce que je pense qu'on a des
problèmes à ce sujet. M. le Président, c'était au
sujet des engagements pris par le ministre l'an dernier.
Ce qui se dégage au ministère - ce n'est certainement pas
dû à la mauvaise volonté du ministre ou de ses
prédécesseurs -c'est que, dans ce gouvernement, il y a une "gang"
qui tire en équipe et il y a une "gang" qui tire chacun pour soi. La
plus belle démonstration de celui qui tire pour lui et qui est
peut-être le ministre le plus néfaste au ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, c'est le député de
Lévis, ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, Je suis convaincu que s'attaquer aujourd'hui au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et au
député de Lévis doit certainement faire plaisir à
des fonctionnaires du ministère qui ont à se frotter
quotidiennement à cet individu qui n'est pas capable de travailler en
équipe. On en fera la démonstration au moment où on se
parlera jeudi matin.
Les exemples sont nombreux: avant vous, un arrêt de Kamouraska,
avant et avec vous dans la baie Lavallière, le lac Saint-Pierre, avant
et avec vous à Pointe-aux-
Outardes et avec vous encore aujourd'hui sur le saumon. Vous avez fait
adopter, l'an dernier, une politique sur le saumon qui était une
politique gouvernementale. Le seul membre de ce gouvernement qui ne joue pas la
"game" pour la protection du saumon est le ministre responsable de
l'agriculture et des pêches. On s'en reparlera. Ce ministère est
foulé aux pieds par les ministres importants, à moins qu'il
n'ait, comme dans le cas du député de Laval-des-Rapides, un petit
parc ou une petite expropriation à annoncer avant les élections
dans le cadre du projet Archipel pour aller se promener à
côté des religieuses et dire: On a acheté un beau petit
terrain et il va y avoir un beau petit parc éventuellement. On fait un
petit parc. Toujours pour des projets fort spécifiques et qui leur
appartiennent à eux, dans leur petit jardin.
M. le Président, il y a des constatations majeures au niveau du
ministère. Vous êtes, dans certains cas, un ministère de
parade. Vous en avez fait la nomenclature, tout à l'heure, dans votre
tour de piste: cinq parc nationaux ont été créés en
1984-1985, deux sont à venir. Créons-en des parcs! Mettons-en
partout dans le décor, des parcs! Il n'y a pas de problème, un
petit million ici, deux petits millions là, quatre petits millions, cela
paraît bien, on l'annonce, c'est un parc et cela va être ouvert
à tout le public!
Sur le plan de l'immobilisation, cela va. Sur le plan du fonctionnement,
cela ne va plus du tout parce que vos fonctionnaires, dans les régions,
ne réussissent plus à suivre, pour entretenir et ouvrir à
la population ces équipements. Elle est là, la constatation, et
vous devrez, lorsqu'on abordera le programme, mettre des chiffres sur la table.
La vérité est là, nous l'avons nous aussi, quant à
l'importance de l'immobilisation par rapport à l'importance de
l'exploitation de ces parcs. C'est beau d'annoncer des parcs; c'est beau d'en
créer, mais, à un moment donné, comme ministre responsable
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, vous devrez mettre un frein
à ce qui est aujourd'hui une cavalcade de créations de parcs
alors qu'on doit nécessairement prendre le taureau par les cornes et
dire: Mettons un cran d'arrêt à la création de parcs, mais
organisons-nous pour que les parcs existants qui nous appartiennent soient
exploités convenablement et qu'ils soient accessibles au public
aussi.
On s'est parlé très brièvement des CRL,
tantôt. C'est un problème qui traîne et qui, par l'attitude
du ministre et peut-être même d'autres au ministère et au
niveau du sous-ministre, risque de traîner encore très longtemps.
On s'en reparlera, de cela. (11 h 30)
Bien sûr, cette constatation, M. le
Président, est peut-être très sévère.
Elle ne s'adresse pas uniquement et spécifiquement au ministre
lui-même. Il vient d'arriver au ministère. Mais il va falloir se
rendre compte tantôt que ce ministère a besoin d'un leadership
plus évident et plus ferme. Lorsque le ministre a été
nommé, il a fait certaines déclarations, c'était en
décembre. Je prends un article du Soleil du 1er décembre 1984
où M. le ministre se confiait à M. André Bellemarre, qui
est un ami du ministère et qui est bien connu. Voici ce qui était
écrit pour bien se situer. Je donne le bénéfice du doute
au ministre parce que le ministre arrivait et on verra dans l'étude des
crédits où est-ce qu'on en est rendu. "Le nouveau titulaire du
MLCP, avec lequel j'ai pu converser au téléphone, hier, m'a admis
qu'il n'avait aucune préparation particulière pour prendre charge
de ce ministère-là. Mais j'entretiens un très grand
intérêt pour tous les secteurs d'activités couverts par le
MLCP, m'a-t-il dit - un gars venant d'une région à
prédominence forestière, il allait de soi que le ministre ait
quand même certaines ouvertures. Du côté de la chasse et de
la pêche, Brassard ne prétend pas être un "expert". Mais, il
s'empresse d'ajouter qu'il est un pêcheur et un chasseur. " J'ai ici un
article que le ministre avait donné un certain matin au restaurant Le
Parlementaire à la journaliste Marie-Agnès Thellier, du Devoir,
du 8 décembre où on retrouve aussi certaines choses. Le ministre
disait alors ou le journaliste interprétait: "Les qualités de
diplomate qu'il a dû démontrer à l'Assemblée
nationale - on ne pariera pas des 750 000 $ lui seront nécessaires au
MLCP, le ministère ayant une clientèle très
diversifiée. Lui-même n'est pas un maniaque de la chasse ou de la
pêche, il n'a pas eu le temps d'y aller depuis sa dernière
élection en 1976 - la dernière c'était en 1981; il en
avait oublié une - et il n'est jamais allé chasser sur
l'île d'Anticosti. Malgré l'interprétation donnée
à certains propos récents - ce qui était
rafraîchissant et on y reviendra - de son collègue du Tourisme, M.
Marcel Léger, il n'est pas question pour Jacques Brassard d'être
seulement le ministre des caribous, du moins pour ce qui reste de caribous. "
Par la suite - vous connaissez Marcel, Marcel a un appétit glouton. Il
est difficilement "satiable", et c'est toute son histoire politique? Dans une
déclaration du 6 décembre 1984, il est très
étonnant de constater que Marcel Léger veut s'en occuper:
Réssurrection du Tourisme, Chasse et pêche! Premier assaut auquel,
le 8 décembre, le ministre répondait qu'il n'était pas
question que Marcel vienne piler dans ses plates-bandes. C'était aussi
clair que cela et c'est ce que cela voulait dire. En plus d'avoir Garon qui
s'installe comme lui seul est capable de le faire pour occuper de l'espace, il
y avait Marcel qui lui aussi avait des visées. Marcel cela lui prend un
empire, vous comprenez. Il en a déjà eu un et il l'avait perdu,
et, comme gestionnaire, le premier ministre lui-même l'a qualifié
de pas très compétent. Il est revenu aux fins qu'on connaît
maintenant et on a vu les résultats en fin de semaine. C'était la
première déclaration de Marcel. Mais l'étonnant, c'est
qu'après la mise au pas et la correction que le ministre du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche - qui était justifié de le faire -
a faites au Devoir du 8 décembre 1984, Marcel "rides again", 23 mars
1985, quelques mois plus tard. Le ministre m'avait précédé
au congrès de la Fédération des pêcheurs de saumon
le 23 mars au début de l'après-midi, et, en lisant le Soleil du
matin, je vois: "Chasse et pêche au Québec, d'une importance
capitale, dit Marcel Léger. " Je me serais attendu qu'une
déclaration comme celle-là vienne de la part du ministre. Dans le
cas d'une récidive à la Loi sur la conservation de la faune,
l'amende est plus élevée. Vous auriez dû vous lever et lui
donner la claque. Dire à Marcel: Commence à jouer dans tes terres
avec ton tourisme, cela t'appartient, commence à faire la promotion du
tourisme et commence par régler les problèmes des pourboires qui
sont maintenant ta responsabilité et tous les problèmes de
l'industrie du - tourisme, de l'hôtellerie et de la restauration et
laisse-moi m'occuper de mon secteur. Mais non, c'est Marcel qui nous apprend
tout à coup qu'il y a un potentiel extraordinaire de 2 000 000 000 $ au
Québec qui se dépense pour la chasse et la pêche; il y a un
potentiel énorme aux États-Unis avec 42 000 000 000 $ de
dépenses annuelles. C'est Marcel qui nous apprend cela.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Charlesbourg...
M. Côté: J'achève, M. le
Président.
Le Président (M. Marquis):... non, ce n'est pas
là-dessus, c'est qu'il y a une tradition dans notre parlementarisme qui
demande d'appeler nos collègues par le nom de leur comté, s'il
vous plaît.
M. Côté: Vous avez raison, M. le Président,
et je m'y range volontiers. J'avais commencé comme cela, d'ailleurs, et
je me suis un peu enflammé, vous comprenez. J'aurais dû parler du
député de Lafontaine. Alors, comme vous le constatez concernant
le député du Lac-Saint-Jean, j'ai beaucoup plus de respect pour
lui et je l'appelle M. le ministre. C'est donc un empiétement à
la fois du député de Lévis, et ministre, et du
député de Lafontaine, ministre du Tourisme, qui est
inacceptable.
M. le Président, autre constatation. Ce ministère vit un
malaise profond depuis
plusieurs années entre le monde du loisir et du sport et le monde
de la chasse et de la pêche, la chasse et la pêche revendiquant un
ministère des ressources fauniques et le monde du loisir et du sport
réclamant un ministère autonome. Force nous est de constater que
les ministres qui se sont succédé à la tête du
ministère n'ont pas su colmater les brèches et unir tout ce monde
qui est sous la responsabilité du ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. Pour les mois qui vous restent, vous avez une
responsabilité énorme quant au non-démantèlement du
ministère. Et peut-être même devrez-vous faire des efforts
pour ajouter d'autres éléments au ministère pour que
celui-ci soit considéré comme un ministère qui rapporte
aux yeux du Conseil du trésor et qui vous permette d'aller chercher des
sommes additionnelles pour son développement.
L'avant-dernière constatation, M. le Président, c'est que,
malheureusement - et cela je le dirais aussi bien pour notre période de
gouvernement et davantage pour la vôtre - ce ministère est un
ministère pour des ministres en progression ou en montée
politique et pour des ministres en sortie politique. Depuis 1980, quatre
ministres se sont succédé à la tête du
ministère. Comment voulez-vous avoir une vision d'avenir si les
députés ou les ministres passent, même si des
fonctionnaires demeurent? Comment voulez-vous que quelqu'un, sur le plan
politique, puisse imprégner à un ministère comme
celui-là une continuité, une vision d'avenir, s'il n'y est pas
affecté plus longuement? Le plus bel exemple récemment, dans le
monde de la politique, est le ministre fédéral des sports, Otto
Jelinek, qui a demandé, lui, d'être laissé au
ministère au moins pendant le premier mandat pour qu'il puisse y faire
sa marque et lui donner une orientation de fond.
Cela n'a pas pu être le cas, jusqu'à maintenant, parce que
des ministres sont passés, des ministres en montée politique
-c'est bien évident, je pense que cela crève les yeux, le
député de Saint-Maurice est passé du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche au ministère de
l'Énergie et Ressources, puis au ministère des Finances. Le
député de Joliette est passé du ministère de la
Chasse et de la Pêche - et il l'a quitté avec regret, il l'a dit -
au ministère des Affaires sociales. On ne refuse pas de monter en
politique. Pour d'autres ministres, cela a été la voie de la
sortie. On se rappellera du député de Saguenay qui, lui, a
été pris aux cheveux, des Transports au ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, et bonjour! Il s'est retrouvé
dans un CLSC.
Quant au ministre qui est devant nous, le message que je lui livre ce
matin, très cru, mais qui est la réalité: On ne sait pas
encore si vous êtes en montée ou en sortie. Cela dépend de
vos visions du ministère, cela dépend de ce que vous voulez faire
au ministère. Il faut laisser la chance à un ministre qui arrive
mais la chance est maintenant terminée; il faudra prêcher par
l'exemple, par des preuves concrètes que vous êtes capable
d'imprégner au ministère tout le leadership, tout le dynamisme
dont il a besoin pour ressortir et pour se sentir davantage important aux yeux
du gouvernement qu'il ne l'est actuellement.
La conclusion est que, s'il n'y a pas de changement dans cette
volonté gouvernementale et si vous n'arrivez pas à changer cette
mentalité de gouvernement qui met les priorités ailleurs - il y a
des priorités ailleurs, effectivement - mais le monde du loisir, du
sport, de la chasse et de la pêche ont aussi des priorités de
développement. Il faudra davantage marquer la volonté du
gouvernement par des crédits additionnels que par des
déclarations seulement.
Des jeunes volontaires - vous nous en avez parlé tantôt -
sont arrivés au ministère, parce que j'imagine qu'on ne savait
pas où les envoyer; on va les envoyer à vous. La constatation
qu'on se doit de faire' de ce ministère, c'est que ce ministère
se meurt. C'est un cri d'alarme qui vient non seulement d'un porte-parole de
l'Opposition officielle et du député de Charlesbourg, mais de
l'ensemble des 3000 fonctionnaires qui travaillent actuellement à votre
ministère qui ont quotidiennement a subir les coupures
budgétaires qui vous sont imposées comme ministère,
quotidiennement dans toutes les régions du Québec et dans tous
les domaines.
Ce n'est pas drôle que de parler à des gens, un peu partout
au Québec, de votre ministère. Le moral est à son plus bas
et on ne s'est même pas parlé des décrets. Mais le moral
est au plus bas quant è la qualité des services offerts par le
ministère, quant à la qualité de l'équipement
offert par le ministère à l'ensemble de la collectivité
québécoise.
J'ai peut-être été un peu long, M. le
Président, mais c'est un message que je tenais absolument à
passer au ministre et qui est, pour moi, capital quant à l'avenir du
ministère. Un leadership, dans son cas, s'impose, et très
rapidement. Il aura l'appui de l'Opposition officielle dans des
démarches et on pourra lui témoigner très rapidement qu'on
est prêt à l'appuyer dans certaines démarches pour
l'amélioration des conditions du ministère dans l'ensemble de
l'enveloppe budgétaire gouvernementale.
Le Président (M. Marquis): Merci. M. le ministre.
M. Jacques Brassard (réplique)
M. Brassard: M. le Président, je pourrais
évidemment me lancer dans une longue intervention et tenter de riposter
ou de répliquer, point par point, à tous les
éléments évoqués par le député de
Charlesbourg, mais je pense qu'on le fera aussi pour beaucoup des points qu'il
a mentionnés. On le fera en cours de route, à l'occasion de
l'étude des crédits et de l'examen de certains sujets, comme les
CRL, par exemple.
Mais je voudrais faire quelques remarques générales,
premièrement sur le budget et en réponse un peu à la
première partie de son intervention qui porte sur le budget où il
se scandalise de l'écart qui existe entre le budget de l'an
passé, 1984-1985, et celui de cette année, signalant une
diminution de l'ordre de 3 %, ce qui est exact.
Mais, une fois qu'on a dit ça, cela ne doit pas signifier qu'on
doive conclure qu'il y a là une diminution des services, une diminution
de la qualité des services du ministère du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche. Il y a des explications à cela. Je vous signale,
uniquement, dans le livre des crédits qui a été
déposé - le député de Charlesbourg l'a
sûrement lu, mais, évidemment, on lit bien ce qu'on veut lire, on
mentionne ce qu'on veut bien mentionner et on oublie ce qu'on veut bien oublier
- il était clairement indiqué... je vous lis le premier
paragraphe concernant le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche: "Le budget du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche diminue globalement de 3, 1 % en 1985-1986, par rapport aux
dépenses probables de 1984-1985. Cette diminution s'explique, dans une
très large mesure, par le transfert d'activités à la
Société des établissements de plein air du Québec.
" Je l'ai mentionné tantôt dans mon intervention. On va
créer une Société des établissements de plein air
du Québec qui va assumer la gestion d'un certain équipement hors
parc que possède le ministère, entre autres le Mont-Sainte-Anne,
une dizaine de campings, des auberges. L'an passé, ces
établissements étaient gérés par le
ministère. En supposant que, cette année, si on ne créait
pas la Société des établissements de plein air et qu'on
gérait, comme l'an passé, cet équipement, il y aurait
d'ajoutés au budget 9 813 500 $. Donc, il faudrait l'ajouter.
Déjà, on vient de supprimer l'écart négatif,
simplement grâce à cet élément, la création
de la Société des établissements de plein air. C'est
indiqué dans le livre des crédits, d'ailleurs. Évidemment,
on peut l'ignorer, ce sont là les règles du jeu, comme on dit.
(11 h 45)
D'autre part - juste une remarque - on pourrait reprendre point par
point différents programmes et justifier les hausses et les diminutions,
les expliquer, trouver les explications pertinentes aux diminutions de
même qu'aux augmentations budgétaires. Ce serait évidemment
trop long, mais on pourra le faire en cours de route. J'ajoute un autre
élément: l'an passé, dans le cadre du plan de relance, de
façon non récurrente, le gouvernement, le ministre des Finances,
à l'époque, tel qu'il l'avait annoncé dans son discours
sur le budget, avait réservé 10 000 000 $ pour les parcs, les
parcs nationaux, mais aussi les parcs régionaux; c'est là qu'on a
commencé à subventionner les parcs régionaux, 10 000 000
$. C'était de façon non récurrente. C'était
d'ailleurs clairement indiqué à l'époque que
c'était un effort spécifique fait, dans le cadre du plan de
relance, pour ce qui concerne les immobilisations dans les parcs.
Évidemment, ces 10 000 000 $ apparaissent dans les
dépenses de l'an passé, ils apparaissent dans le budget de l'an
passé, 1984-1985. Quand on tient compte du fait qu'il s'agissait
là de dépenses non récurrentes et qu'on compare les
budgets en tenant compte seulement de ces deux remarques, la création de
la Société des établissements de plein air et un effort
particulier, l'an passé, en matière d'immobilisations dans les
parcs, quand on tient compte de ces deux éléments, je pense qu'on
arrive à la conclusion que, tout compte fait, le budget du
ministère, cette année, n'est pas en plus mauvais état que
celui de l'an passé.
Je conclurais - là, je ne fais que parler de deux
éléments à soustraire; évidemment, je pourrais
raffiner en indiquant des éléments à ajouter et d'autres
à soustraire, mais ce serait une liste assez longue - en disant que le
budget du ministère, en 1985-1986, par rapport à celui de l'an
passé, est stable, ne connaît pas une augmentation par rapport
à l'an passé, mais, tenant compte des remarques que je viens de
faire, ne connaît pas non plus une diminution substantielle.
Cela s'explique, je pense, pour ce qui est de l'année qui vient.
Dans le domaine des loisirs et des sports, cette année en particulier,
nous amorçons ce que j'appellerais une année de réflexion.
Tout à l'heure, on a évoqué la Conférence nationale
du loisir, c'est l'année de la Conférence nationale du loisir,
c'est donc une année de réflexion où, ensemble, tous les
partenaires et l'État auront, dans le cadre de conférences
sectorielles, de colloques et d'une conférence nationale, à
réfléchir sur la politique du loisir au Québec, revoir ses
orientations, les réviser, si nécessaire, et dégager des
perspectives d'avenir.
Par conséquent, dans une année de réflexion, je
pense qu'il est important, sur le plan budgétaire, de faire
peut-être une certaine pause, de ne pas créer de nouveaux
programmes, de ne pas non plus modifier trop substantiellement les
programmes
existants; sinon, à quoi ça servirait de mettre en place
et de mettre en branle tout ce processus de réflexion en commun,
partenaires et État ensemble? Avant même qu'on connaisse les
résultats de cette réflexion, si on commençait à
lancer de nouveaux programmes importants dans ces domaines-là ou
à modifier de façon substantielle, même supprimer, des
programmes existants, je pense que ce ne serait pas sérieux. Je pense
qu'il faut tenir compte de ce contexte quand on examine le budget actuel par
rapport à celui de l'an passé.
Ceci dit, je conviens cependant que nous avons dû aussi, comme
tous les autres ministères du gouvernement, effectuer des compressions
budgétaires. Je reconnais que l'époque des compressions
budgétaires n'est pas encore terminée, qu'elle se poursuit et
qu'elle va se poursuivre probablement pendant encore plusieurs années.
Je ne suis pas certain qu'un autre gouvernement que le nôtre aurait
d'autre choix que de poursuivre cette opération de restriction
budgétaire, de rigueur dans la gestion des fonds publics.
Une autre remarque concernant le budget, c'est celle concernant la
gestion interne et le soutien. Le député de Charlesbourg
soulignait: Ah voilà, il y a un seul programme qui n'a pas changé
depuis dix ans, c'est Gestion interne et soutien. C'est vrai qu'il n'a pas
changé comme titre, comme boîte, mais à l'intérieur
de la boîte il y a eu des changements. Il y a des changements importants
cette année par rapport à l'an passé qui expliquent la
hausse importante du budget, du fait que, par exemple, on a
transféré à ce programme-là un certain nombre
d'éléments qui étaient dans d'autres programmes, mais qui
concernaient d'une façon spécifique la gestion. Par exemple, on a
transféré au programme Gestion interne et soutien tout le budget
d'administration du programme Jeunes volontaires qui est de 2 639 000 $ et qui
était dans un autre programme. C'est évident que cela provoque
immédiatement une augmentation importante du budget, mais il y a une
explication rationnelle. Une autre explication importante: on a
transféré du programme 2 la gestion des voyages échanges
qui est de 1 458 000 $. Déjà, 2 639 000 $ et 1 453 000 $, cela
fait quand même 4 000 000 $ qui ont été
transférés d'autres programmes au programme Gestion interne et
soutien. Tout à l'heure le député de Charlesbourg disait:
Cela n'a vraiment pas d'allure. Le programme Gestion interne et soutien
connaît une hausse budgétaire effarante et inadmissible. On
investit de l'argent uniquement dans l'administration alors que les autres
programmes connaissent des diminutions ou sont stables. Si on reprend les 2 639
000 $ pour l'administration du programme Jeunes volontaires et si on le remet
dans le programme où il était... Ah, c'est vrai, il était
administré par le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu; par la suite il a été
transféré à mon ministère. Soit dit en passant, on
progresse. Il y a des programmes qu'on nous transfère. C'est
intéressant.
M. Côté: Si j'étais vous, je me poserais la
question: Pourquoi ils me l'ont envoyé?
M. Brassard: Ah! Les réponses seraient
intéressantes aussi. Si on refilait au programme 2 le budget de gestion
des voyages échanges qui est de 1 453 000 $, toute l'intervention
passionnée du député de Charlesbourg sur l'augmentation
effarante et scandaleuse du budget du programme Gestion interne et soutien
perdrait ses fondements et ses justifications.
En terminant, M. le Président, j'ai pris note des engagements que
mon prédécesseur avait évoqués l'an passé
à l'occasion de l'étude des crédits. Un peu en guise aussi
de réponse à l'appel que me lançait le
député de Charlesbourg pour ouvrir des perspectives d'avenir au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, je vous dirai
que j'ai fermement l'intention, quant à moi, dans les mois qui viennent,
même si on est à la fin d'un mandat, d'assumer mes
responsabilités jusqu'à la fin du mandat. J'ai fermement
l'intention d'ouvrir des perspectives d'avenir dans les deux grands secteurs et
dans les deux grandes missions qui relèvent de mon ministère, en
particulier dans le domaine de la faune. C'est vrai qu'il y a eu des retards
dans la mise en place, la création et le lancement de la fondation pour
la mise en valeur et la conservation des habitats fauniques, qui était
prévue dans la nouvelle Loi sur la conservation et la mise en valeur de
la faune, je l'admets volontiers, mais je peux vous dire que j'ai fermement
l'intention de mettre en place cette fondation. Je la considère comme
étant un outil, un instrument essentiel au Québec en
matière de conservation et de mise en valeur des habitats fauniques, en
collaboration et en concertation avec d'autres intervenants. C'est ce qu'on
fait déjà avec une organisation comme Canards illimités.
Alors, j'ai fermement l'intention de mettre en place cette fondation
malgré les retards - qui pourraient s'expliquer - de sa création,
et de faire, dès le départ, tous les efforts requis pour lui
donner un budget intéressant de façon qu'elle puisse au moins
démarrer, amorcer ses activités, procéder à la mise
au point d'un plan d'aménagement, d'un plan d'action.
Toujours dans le domaine de la faune -là aussi, malheureusement,
pour toutes sortes de raisons, il y a eu des retards, je l'admets
également volontiers - j'ai fermement
l'intention, dans les semaines qui viennent, de rendre publique une
proposition de politique sur la faune et surtout sur les habitats fauniques.
Cela devrait être prêt bientôt pour pouvoir faire l'objet
d'une consultation à l'occasion d'un colloque qui regrouperait toutes
les organisations importantes dans le domaine de la faune, à commencer
par la Fédération québécoise de la faune, la
Fédération des gestionnaires de ZEC. Toutes les organisations
nationales se préoccupant de la faune seraient conviées à
un colloque qui réfléchirait et exprimerait des avis sur cette
proposition de politique des habitats fauniques. Après cette
consultation, évidemment, il y aurait des dispositions
législatives qui pourraient être élaborées et un
projet de loi qui pourrait être déposé par la suite. Cela
va se faire sûrement dès cet été, même avant
l'été. On prévoit, probablement au cours du mois de juin,
la tenue du colloque regroupant l'ensemble des organisations
intéressées à la faune. L'objet de ce colloque,
l'essentiel de la réflexion et des débats de ce colloque
porterait sur une proposition de politique sur les habitats fauniques que je
rendrai publique bientôt.
Dans l'autre secteur important, l'autre mission importante du
ministère, celle concernant le loisir et le sport, comme perspective
d'avenir - là aussi, je sais que mon prédécesseur
s'était engagé à la tenir, il y a eu également des
retards à ce niveau, mais cela va se faire - très bientôt
on enclenchera le processus qui nous conduira à la Conférence
nationale du loisir. Dès ce printemps, il devrait y avoir une
première conférence sectorielle qui se tiendrait probablement
aussi au mois de juin. L'activité ou le secteur qui serait retenu,
à ce moment, c'est le secteur du développement sportif de base
qui est le plus prêt, actuellement, à tenir sa conférence
sectorielle. {12 heures)
J'ai déjà rendu public, comme je le mentionnais, le
rapport des experts en matière de développement sportif de base.
11 est évident que cela va devenir un des documents importants de la
réflexion à l'occasion de cette conférence sectorielle sur
le développement sportif de base. Par conséquent, M. le
Président, même si, ne sachant pas quand les élections
auront lieu... Elles peuvent avoir lieu à l'automne, au printemps, au
printemps 1986 aussi, constitutionnellement parlant. On peut y aller, on peut
se rendre au printemps 1986...
M. Côté: On étire l'élastique tant
qu'on peut, mais il peut casser.
M. Brassard: On peut terminer notre mandat comme on veut. C'est
parfaitement légal et parfaitement constitutionnel. Enfin, j'ignore la
date des élections, mais cela ne m'empêche pas, comme ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, d'ouvrir des perspectives d'avenir
dans les deux grands secteurs qui relèvent de mon ministère,
celui du loisir et celui de la faune. Si on ne termine pas ces deux processus
pendant le mandat actuel, ma foi, on les poursuivra à l'occasion de
notre troisième mandat.
M. Côté: S'il y en a un. M. le
Président...
Le Président (M. Marquis): C'est fini, M. le ministre?
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: Je tire des propos du ministre, en
conclusion, avec un certain éclat de rire, s'il est très
sérieux dans sa...
M. Brassard: Oui... un certain sourire.
M. Côté:... un certain sourire. Pour être plus
conforme à ce qu'on a vu et non pas entendu, le ministre y va avec
enthousiasme et, finalement, il a la ferme conviction qu'effectivement il y
aura un troisième mandat. De toute façon, ce n'est pas nous qui
allons régler cela.
M. Brassard: Ce sont les électeurs.
M. Côté: C'est celui qui vous a nommé
ministre qui va décider quand cela va venir et ce sont les
électeurs qui vont décider si vous allez avoir un
troisième mandat, comme pour moi, d'ailleurs.
M. Brassard: Là-dessus, on est bien d'accord.
M. Côté: Là-dessus. Pour revenir à
certaines interprétations du ministre parce que, finalement...
Évidemment, on pourrait passer la journée à
s'échanger des chiffres, mais juste au niveau du programme Gestion
interne et soutien, pour qu'on se comprenne bien, j'ai parlé d'une
importance accrue de 4, 2 % au niveau de la gestion interne par rapport au
budget global du ministère; de 4, 8 % à 18, 2 % dans un premier
temps et, dans un deuxième temps, j'ai effectivement parlé d'une
augmentation de 21, 7 % du budget du programme Gestion interne et soutien, pour
une facture de 37 000 000 $. C'est cela qui apparaît au programme, mais
on y reviendra. Juste pour éclairer le décor tout de suite, pour
être capable de faire fouiller un petit peu partout, le ministre est
arrivé avec des affaires bien savantes. Il nous arrive, déclic, 2
600 000 $, et un autre
déclic pour 1 400 000 $, cela fait un beau montant de 4 000 000
$. Chez nous, cela fait 11 % ou 12 % du budget. On s'entend là-dessus?
11 reste quand même 10 % d'augmentation par rapport à une
diminution du budget du ministère de 3, 7 %, sans tenir compte de
l'inflation.
M. Brassard: C'était les plus gros. Je peux vous en
ajouter d'autres.
M. Côté: D'accord, mais on aura l'occasion de le
faire quand on y reviendra. Ce qui m'a quand même surpris dans cette
déclaration, qui est préliminaire, c'est que le ministre dit:
Dans le monde du loisir, année de réflexion. Pas de nouveaux
programmes. Depuis quand est-ce décidé au ministère que
vous vous assoyez sur ce qui est en place, que vous allez
réfléchir? La conférence est prévue depuis
déjà fort longtemps.
Dans un document daté du 6 juillet 1984, qui vous servait de base
pour aller défendre des crédits dans la première ronde,
j'imagine que vous avez exprimé... On ne met pas des chiffres pour
mettre des chiffres. On ne gonfle pas un budget parce qu'on n'a pas des
besoins, pour être capable de dire: Bon, on va en perdre tant dans les
négociations, il va au moins nous en rester tant. Si c'est cela, autant
nous l'apprendre tout de suite. Mais quand on arrive au programme Soutien aux
municipalités et aux organismes de loisir, le programme 1, pour le
soutien aux activités de loisir, à moins que je ne comprenne
absolument rien, dans un document du ministère du 6 juillet 1984, page 1
de 5, semble-t-il - je vais vous donner assez de références pour
que vous soyez capable de le retrouver chez vous - si on regarde juste au
niveau de ce programme, plan d'opération 1984-1985, on voit 30 088 400
$. Là, je me dis: Est-ce que je me suis trompé? Parfois,
l'interprétation est peut-être trop difficile. Je vais voir dans
le budget qui est déposé pour 1984-1985: 30 088 400 $. Donc, on
est en terrain solide; ce n'est pas un faux document, cela commence à
avoir de la vérité. Ajustement et indexation: 9 405 000 $; plan
de rangement: dans ce cas, il n'y en a pas; comité des priorités:
5 000 000 $ qui arrivent, pas de ventilation; budget projeté 1985-1986:
44 493 400 $; quand on va voir à la fin de l'exercice, budget: 28 540
700 $. Cela réfléchit pas mal!
Qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné on nous annonce -
l'an dernier - une conférence nationale sur le loisir - donc, vous
étiez en préparation de la réflexion -et qu'en juillet
vous allez devant le Conseil du trésor pour négocier des sommes
d'argent qui, selon vos propres documents, qui ne doivent pas mentir, se
montent à 44 000 000 $ et que vous vous retrouvez en fin de compte avec
28 000 000 $? Est-ce que la réflexion est venue après le Conseil
du trésor ou avant? Il faudrait le savoir parce que, si c'est
après, peut-être que c'est le Conseil du trésor qui vous a
obligés à réfléchir. Il y a quand même des
chiffres.
Lorsqu'on regarde dans les autres documents - du moins, ce qui en est
compréhensible - pour le programme Promotion du loisir socio-culturel,
le budget est de 11 419 000 $, cette année. Vous aviez demandé,
à l'époque, 11 978 000 $, donc, c'est comparable, c'est
même un peu plus. Lorsque vous arrivez au programme Promotion de
l'activité physique et du sport, vous avez 14 390 000 $; et vous aviez
demandé 14 369 000 $. Qu'est-ce qui se passe? Voulez-vous nous le dire?
Très honnêtement, est-ce que c'est une rélexion qui est
obligatoire? Quand on réfléchit on ne dépense pas. Si
c'est ce que le Conseil du trésor vous a dit, dites-le nous; on va
comprendre bien plus aisément et on ne perdra pas de temps. Il y a quand
même des constatations très importantes.
M. Brassard: La question porte surtout, je pense bien, sur le
programme 1. Est-ce que c'est cela?
M. Côté: Tantôt, on parlait de budget et on
est encore dans l'assiette, globalement, où je n'arrive pas à
m'expliquer - et vous ne m'avez pas donné la réponse - qu'est-ce
qui fait que vous avez demandé à un moment donné - 256 000
000 $, si je me souviens bien - lorsque vous vous êtes
présenté au Conseil du trésor, 256 039 400 $, et que vous
vous retrouvez avec 207 561 000 $. J'imagine que cela devait être
basé sur des besoins du ministère. Je prenais un exemple en
particulier qui est le programme 1.
M. Brassard: On pourrait peut-être raffiner davantage mais,
globalement, évidemment, dans le processus budgétaire, je pense
que tous les ministères fonctionnent de cette façon. Dans les
premières ébauches, on essaie d'obtenir le maximum et on demande
aussi, sans doute, le maximum.
Alors, il y avait eu une demande, dans le domaine des parcs nationaux et
régionaux, par exemple, de l'ordre de 19 000 000 $. Évidemment,
l'intention du ministère était de dire: Au fond, on a eu 10 000
000 $ de plus dans le cadre du plan de relance, l'an passé. Même
si, à l'époque, on nous avait dit: C'est non récurrent,
c'est un effort particulier, on cherche toujours à rendre
récurrent ce qui est non récurrent; c'est une tendance bien
normale. On avait quand même demandé, en plus, 19 000 000 $ pour
les immobilisations dans les parcs nationaux et régionaux. On avait
également demandé 11 000 000 $ d'ajustement pour le coût
des loyers à la 5ociété immobilière du
Québec. On avait également demandé 26 000 000 $ pour
le
parc national Archipel. La plupart de ces demandes
supplémentaires, pour ce qui est des parcs nationaux et
régionaux, n'ont pas été retenues. Les 11 000 000 $ qu'on
demandait pour le paiement des loyers à la Société
immobilière du Québec n'ont pas été accordés
non plus. Pour ce qui est du parc national de l'Archipel, les 26 000 000 $ ont
été ramenés à 10 000 000 $. Cela est pour pour
expliquer la différence entre les 256 000 000 $ que vous évoquiez
tantôt et le budget actuel. Il y a une bonne explication de la plupart de
ces écarts par les demandes non acceptées dont je viens de faire
état. Il faudrait peut-être ajouter aussi que, pour ce qui est du
ski alpin, l'an passé c'était 8 000 000 $ et cette année
c'est 4 000 000 $. II y a 4 000 000 $ de moins dans le programme 1 dont vous
parliez tantôt et cela explique largement la différence en cours
de route.
Je dirais aussi comme remarque générale que c'est un
processus budgétaire qui s'étend sur plusieurs mois et que,
forcément, le Conseil du trésor impose un certain nombre
d'exigences en cours de route, soit les rangements prioritaires, des
restrictions budgétaires à assumer; cela est imposé
à l'ensemble des ministères, non pas uniquement à nous. Je
dois vous dire que nous avions le choix dans les dernières
opérations entre couper de façon uniforme l'ensemble des
programmes ou faire un certain nombre de restrictions quant à certains
programmes de façon que d'autres soient moins touchés. Je vous
dirais qu'en résumé le choix que j'ai fait en tout dernier lieu a
été d'éviter que les organismes nationaux de loisir, les
organismes régionaux de loisir subissent encore cette année des
diminutions en termes de transferts budgétaires et qu'ils connaissent
même une légère augmentation, quitte à faire les
coupures ou les restrictions dans d'autres programmes. Actuellement, en termes
de transfert, les organismes nationaux de loisir, les organismes
régionaux également, ne connaîtront pas cette année
de diminution, mais vont connaître une hausse budgétaire modeste,
sans doute, en général de 2, 5 % et qui peut varier selon les
secteurs. Évidemment, pour répondre aux exigences du Conseil du
trésor, il a fallu cependant effectuer certaines soustractions dans
d'autres programmes. En particulier, cela a été le cas du
programme de soutien aux activités de loisir en milieu municipal. Cela a
été le cas aussi - mais dans une moindre mesure - du programme
d'aide aux équipements de loisir. On a réduit quelque peu le
budget cette année par rapport à l'an passé. Il y avait un
choix à faire et le choix que j'ai fait a été de ne pas
toucher aux transferts en direction des organismes, en direction des
organisations, en direction du monde associatif en quelque sorte et même
de leur accorder une certaine hausse budgétaire. C'est le choix que j'ai
fait.
M. Côté: Est-ce que le ministre - c'est l'impression
que j'en tire - considère que le gouvernement dans son ensemble - quand
on parle de gouvernement cela se mesure à ce moment par la somme
d'argent affectée, aux ministères - n'est pas discriminatoire
vis-à-vis du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche dans l'attribution de ses crédits? Est-ce que vous vous
sentez appuyé? Est-ce que vous sentez que vous avez de l'appui au niveau
du gouvernement dans les démarches que vous entreprenez pour
améliorer la qualité du produit que vous avez è offrir
à la clientèle québécoise, à
l'extérieur? (12 h 15)
M, Brassard: Évidemment, cela ne fait que cinq mois que je
suis à la tête du ministère, mais je pense que je peux
répondre. En tout cas, moi je n'ai pas le sentiment, l'impression, je
dirais même la conviction que le ministère du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche est l'objet, disons de discrimination de la part soit du
Conseil du trésor ou soit du Comité des priorités.
L'expérience que j'ai vécue jusqu'à maintenant, ma
foi, et les confidences ou les remarques de mes collègues autour de la
table du Conseil des ministres m'indiquent que mon ministère n'est pas
l'objet de discrimination, ne s'est pas fait imposer davantage de restrictions,
de compressions que les autres ministères du gouvernement. C'est
l'impression que j'ai. Quand on analyse aussi les efforts qui nous ont
été exigés par le Conseil du trésor, on se rend
compte que ces efforts ont été également imposés,
exigés des autres ministères.
M. Côté: Vous êtes donc satisfait de la
situation.
M. Brassard: Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. Je dis que le
ministère n'est pas l'objet de discrimination en matière
budgétaire, c'est ce que je dis. Je pense que le Conseil du
trésor a imposé des exigences semblables à tous les
ministères du gouvernement. Il est évident que si vous me
demandez: Est-ce que vous préféreriez avoir 20 000 000 $ ou 25
000 000 $ de plus dans votre budget? Je vais vous répondre: Oui,
certainement. C'est évident que n'importe quel ministre à qui on
pose cette question va vous répondre qu'il préférerait
avoir un budget plus important. Alors, vous posez la question: Est-ce que vous
préféreriez avoir un peu plus d'argent pour les immobilisations,
plus d'argent pour les organisations de loisir, dont les CRL en particulier?
Vous les avez rencontrés récemment sans doute, je les ai
rencontrés aussi et ils sont plus ou moins satisfaits de ce qu'on leur
réserve en terme de subventions. Probablement que le RONLQ
aussi serait sans doute intéressé à obtenir
davantage que ce qu'on va lui accorder, ce dont il est au courant. Avec le
RONLQ aussi, j'ai eu une rencontre à ce sujet.
C'est évident qu'en matière de politique de l'excellence
on pourrait souhaiter avoir davantage. Vous me posez la question, vous avez
l'impression que le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche a été l'objet de discrimination de la part du Conseil
du trésor ou du Comité des priorités en matière
budgétaire. Moi, je vous réponds: Non. L'autre question
était différente: Est-ce que vous souhaiteriez avoir davantage?
Je vous réponds: Oui, voilà.
Société des établissements de
plein air du Québec
M. Côté: M. le Président, j'aimerais
peut-être, comme il ne nous reste que dix minutes avant l'ajournement,
aborder un dossier sur lequel on a déjà eu l'occasion
d'échanger: SEPAQ. Il y a eu des débats avec votre
prédécesseur, principalement en deuxième lecture en
Chambre, et par la suite avec vous au niveau de l'étude article par
article en commission parlementaire. Â ce moment-là, je vous ai
posé un certain nombre de questions concernant SEPAQ. Vous nous avez
appris tout à l'heure - d'ailleurs, on le savait parce que cela avait
été fait par communiqué. Le concepteur de ce projet au
ministère, celui qui a mené contre vents et marées
à terme ce projet est M. de Tilly, qui a été - on ne le
saura jamais -votre Xième ou Yième choix comme président
de cette société. M. de Belleval a refusé, compte tenu que
vous vouliez lui imposer, à l'intérieur de son salaire, sa
pension de député, pour que cela soit comptabilisé, je
pense que c'était une bonne gestion des fonds publics. M. de Belleval a
refusé, parce que cela ne se comparaît pas à ce qu'il
avait.
Vous êtes allé vers M. de Tilly, donc -il est en poste -
qui a été nommé officiellement et qui, j'imagine, doit
déjà avoir fait un certain bout de chemin, puisqu'il est à
la base de tout le projet. Vous avez un conseil d'administration à
nommer. Est-ce que, au moment où on se parle, il est nommé, de
qui est-il formé et quel milieu représente-t-il?
M. Brassard: M. le Président, voici un peu quel est
l'état de la situation en ce qui concerne la Société des
établissements de plein air du Québec. Comme je l'ai
mentionné tantôt, d'abord, la loi de mise en vigueur a
été adoptée le 20 mars 1985. J'ai également
procédé à la nomination d'un certain nombre de membres du
conseil d'administration.
Actuellement, sur sept, il y a cinq membres du conseil d'administration
qui ont été nommés au mois de mars également. Les
membres sont, d'abord, évidemment, comme vous l'avez dit, M. Noël
de Tilly, comme président-directeur général. Il a
également M. Michel Carpentier qui est sous-ministre adjoint au
tourisme, parce que j'ai choisi de nommer deux sous-ministres au conseil
d'administration, l'un venant du tourisme et l'autre, de mon propre
ministère. Celui de mon propre ministère, c'est M. Bernard
Harvey, qui est sous-ministre adjoint à la faune. Les deux autres
personnes qui ont été nommées, ce sont M. Gabriel Fortin
qui, comme vous le savez, est maire d'Alma.
M. Côté: Maire d'Alma! Il a aussi d'autres
qualités.
M. Brassard: II a aussi d'autres qualités, oui...
M. Côté: Un fidèle supporteur depuis de
nombreuses années.
M. Brassard:... des qualités de gestionnaire,
d'administrateur, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur
privé. C'est un homme d'affaires réputé.
M. Côté: Non, mais le ministre me comprend
très bien sur l'autre qualité dont on parle.
M. Brassard: Ah! Vous voulez indiquer que M. Fortin n'est pas un
adversaire acharné du gouvernement. Oui, je pense que ce n'est pas un
adversaire du gouvernement.
L'autre membre du conseil d'administration et que j'ai également
fait nommer comme président du conseil d'administration - la loi
permettait, comme vous le savez, la nomination d'un président de conseil
d'administration - est M. André Dion, qui est fort bien connu dans les
milieux d'affaires, qui est le président-directeur général
du Groupe Ro-Na et il a une très bonne réputation dans le monde
des affaires, un homme d'affaires extrêmement dynamique. Quand on
connaît l'évolution, depuis quelques années, du Groupe
Ro-Na, on peut, je pense, se fier aux qualités d'administrateur et de
leadership de son président-directeur général, M.
Dion.
Il reste deux membres à nommer, que j'ai bien l'intention de
nommer le plus rapidement possible. Mais, avec cinq membres sur sept, il y a
quand même quorum au conseil d'administration, ce qui fait qu'il peut
commencer à fonctionner. D'ailleurs, il va se réunir, pour la
première fois, vendredi de cette semaine, le 19 avril. Il y aura donc
une première séance du conseil d'administration. J'ai
l'intention, non pas d'y participer pour toute la durée de la
séance, mais d'y aller au moins au début pour rencontrer les
membres du conseil
d'administration et leur indiquer un peu comment j'envisage les mois qui
viennent pour la nouvelle société.
Un autre geste qui a été posé aussi,
celui-là, le 29 mars, c'est l'avis de cession des employés
permanents. Cela a été expédié en date du 29 mars.
Alors, les syndicats concernés ont été mis au courant et
informés dans les formes de ces gestes. Le président-directeur
général devrait, d'ailleurs, au cours de la fin d'avril ou du
mois de mai, entreprendre une tournée d'information auprès des
employés des établissements qui seront
transférés.
Pour ce qui est du transfert proprement dit des actifs, il y a des
discussions, actuellement, qui sont en cours entre le ministère des
Finances, le Conseil du trésor, mon ministère, évidemment,
sur les décrets de transfert des actifs et immobilisations et aussi sur
les immobilisations qu'il serait urgent de faire sur les divers
équipements. Il y a une liste qui a été faite, ce sont
surtout des réparations jugées urgentes à faire dans les
divers établissements qui vont être transférés. Les
discussions se poursuivent actuellement.
M. Côté: Compte tenu que vous n'avez pas beaucoup
d'argent au ministère, c'est la société qui va
hériter des réparations.
M. Brassard: Ce n'est pas certain. Il est même probable
qu'une bonne partie de ces immobilisations soit assumée par le
ministère...
M. Côté: C'est même certain. C'est plus que
probable, c'est certain.
M. Brassard: Pour une bonne part. On est à mettre au point
un plan de travail qui va permettre à SEPAQ d'identifier un certain
nombre de gestes à poser. Le transfert des actifs comme tel, on
prévoit le faire pour le 1er juin.
M. Côté: Lorsque vous avez parlé de cinq
membres, vous avez identifié cinq membres sur sept du conseil
d'administration. Je présume que, dans la loi, vous avez voulu conserver
la possibilité de deux membres pouvant provenir de l'extérieur du
Québec.
M. Brassard: Un membre, je pense.
M. Côté: On ne se chicanera pas pour un, mais
vérifiez, j'ai l'impression que c'est deux. Les fonctionnaires font
signe que c'est deux. Je me souviens très bien de la discussion que j'ai
eue avec vous. C'est à peu près comme les crédits au
Conseil du trésor, vous en perdez la moitié.
Quant aux nominations des autres personnes, je me souviens de vous avoir
sensibilisé au fait que, pour une bonne réussite, il est
peut-être indispensable qu'un représentant des employés
puisse siéger au conseil d'administration. Je vous disais è
l'époque qu'il semble que dans votre situation, avec tout ce que vous
avez véhiculé comme parti, on n'aurait même pas besoin
d'argumentation pour vous convaincre de nommer un employé au conseil
d'administration; il me semble que ça va de soi. C'est un sur sept, je
ne pense pas qu'il puisse virer la baraque à l'envers. Il me semble que
ce serait une contribution extrêmement intéressante. On vous a
parlé de quelqu'un qui pourrait venir de la faune, de quelqu'un qui
pourrait venir du ski.
Je vois qui vous avez identifié. Votre sous-ministre, M. Harvey,
le sous-ministre au Tourisme, M. Carpentier. Il y a d'autres domaines dont on
avait parlé et qui m'apparaissaient indispensables à
l'intérieur du conseil d'administration.
Le Président (M. Marquis): Alors, il est 12 h 30, la
commission suspend ses travaux à cet après-midi, à la
salle 91. Comme il y a un autre ministère qui défend ses
crédits auparavant, soit le Revenu, ce ne sera pas avant 16 h 30,
peut-être 17 heures, et c'est le Secrétariat Archipel.
M. Brassard: M. le Président, je ne sais pas si on m'a mal
informé, mais il me semblait que pour aujourd'hui, pour mon
ministère, c'était terminé et on revenait demain, à
10 heures. C'est ça?
Le Président (M. Marquis): Vous avez raison. C'est le
Secrétariat Archipel...
M. Brassard: Le Secrétariat Archipel ne relève pas
de mon ministère, c'est le parc national Archipel qui en
relève.
Le Président (M. Marquis): Merci de la précision.
Donc, ça ne concerne pas votre ministère, ce sera pour
demain.
La commission suspend quand même ses travaux jusqu'après la
période des questions, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 17 h 8)
Conseil exécutif Projet Archipel
Le Président (M. Marquis): La commission permanente de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux afin de
procéder à l'étude des crédits du Conseil
exécutif, programme 2, élément 8, concernant le projet
Archipel. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Bacon
(Chomedey) est remplacée par M. Caron (Verdun).
Le Président (M. Marquis): Et M. le député
de Bourassa remplace...
Le Secrétaire: Et M. Laplante (Bourassa) en remplacement
de M. Beauséjour (Iberville).
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le secrétaire.
La parole est à M. le ministre.
Exposés préliminaires M. Jean-Guy
Rodrigue
M. Rodrigue: M. le Président, en premier lieu, vous me
permettrez de présenter les personnes qui m'accompagnent. D'abord,
à ma droite, M. Florient Rompré qui est le secrétaire
général associé au Conseil exécutif et qui est
également coordonnateur gouvernemental du projet Archipel, des
études qui se font là-dessus. À ma gauche, M. Jean-Louis
Dubé qui est attaché politique à mon cabinet.
Comme remarque d'introduction, vous me permettrez d'abord de vous
indiquer que, lors de la défense des crédits de 1984-1985 en
avril dernier, mon prédécesseur responsable du dossier Archipel,
M. François Gendron, le député d'Abitibi-Ouest, vous
informait, entre autres, qu'un rapport d'avancement sur le projet Archipel
venait d'être soumis au comité ministériel et que ce
rapport ferait l'objet incessamment d'une recommandation du comité
ministériel au Conseil des ministres. Depuis, ce rapport a bel et bien
fait l'objet d'une décision du Conseil des ministres en mai 1984. Il a
également été déposé en novembre dernier
à l'Assemblée nationale.
Je voudrais partir des informations alors données par mon
prédécesseur sur le contenu de ce rapport, ainsi que des
différentes questions qui avaient été soulevées
à cette occasion pour faire le point aujourd'hui sur l'état des
travaux qui se sont poursuivis depuis, de même que sur le cheminement
prévu de l'étude jusqu'à la remise du rapport de
faisabilité.
D'abord, mon collègue, M, Gendron, vous informait l'an
passé que la fin de l'étude de faisabilité était
prévue pour décembre 1985. Je puis confirmer que c'est toujours
le cas et que les travaux des différents intervenants, que ce soit les
ministères, le Secrétariat Archipel ou HydroQuébec sont
tous ordonnancés pour respecter cette échéance.
Il vous indiquait également que le rapport concluait à la
nécessité de maintenir la configuration globale du projet,
c'est-à-dire que le projet Archipel demeurerait un projet polyvalent et
intégré avec notamment les volets: régulation des eaux,
production hydroélectrique et aménagement des rives. En mai 1984,
le Conseil des ministres donnait son accord à la poursuite de
l'étude de l'ensemble du projet.
En ce qui concerne l'aménagement des rives, le rapport
d'avancement identifiait une proposition d'intervention visant essentiellement
l'aménagement d'un vaste réseau régional de parcs
riverains, structuré autour du concept de création d'un parc
national de l'archipel. Le rapport prévoyait également un plan
d'action quinquennal pour mettre en oeuvre ce concept. Cette proposition
d'intervention a été jugée réalisable à
court terme, indépendamment des composantes hydrauliques du projet. Le
gouvernement a donc pu en septembre dernier décider d'en entreprendre la
réalisation et de confier sa mise en oeuvre au ministère
responsable de ce domaine, c'est-à-dire le ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche. On peut donc souligner avec satisfaction que
les nombreux travaux effectués dans le cadre du projet Archipel ont
déjà commencé à porter fruit et qu'une
première réalisation d'une importance fondamentale pour les
citoyens de la région de Montréal est à inscrire au
crédit de l'étude de faisabilité du projet Archipel.
Dans le cadre de la poursuite des études de faisabilité
sur les composantes hydrauliques du projet Archipel, soit la régulation
des eaux et la production hydroélectrique, les dossiers
d'aménagement se concentrent maintenant sur les zones,
éventuelles d'implantation des ouvrages hydrauliques. Ces zones
comprennent: - les zones d'implantation d'ouvrages de régulation aux
quatre exutoires du lac des Deux Montagnes: Sainte-Anne, Vaudreuil, de part et
d'autre de l'île Perrot, de même que Cap-Saint-Jacques et chenal
Lalemant à l'entrée de la rivière des Prairies; - des
sites d'aménagement complémentaires, comprenant des sites de
disposition de matériaux de déblais, et des aménagements
écologiques dans les lacs des Deux Montagnes et Saint-Louis; -
l'ensemble du bassin de Laprairie (petit et grand bassins); - les sites et les
rives de la zone d'implantation du complexe hydroélectrique.
Les trois premiers éléments sont étudiés
sous la responsabilité directe du Secrétariat Archipel, tandis
que, pour le dernier, c'est-à-dire le développement
hydroélectrique, les études sont effectuées par
Hydro-Québec et sont orientées par le secrétariat, le tout
en collaboration avec les autres partenaires gouvernementaux du projet.
De manière générale, les grands objectifs
d'accès à l'eau et de qualité accrue des milieux
aquatiques et riverains, qui ont
présidé au développement de l'aménagement
des rives dans ie cadre du projet, continuent d'inspirer les études
d'aménagement des sites d'interventions. Ces études s'effectuent
dans la perspective, caractérisant le projet Archipel, qui consiste
à prévoir d'emblée, dès la conception technique,
toutes les mesures propres à assurer la meilleure intégration des
ouvrages aux milieux humains et naturels, de même que le
développement de la polyvalence des interventions par la conception
d'ouvrages multifonctionnels et la recherche de complémentarités
entre les différents travaux.
Pour ce qui est du volet régulation des eaux, les études
techniques se sont poursuivies dans le but de mettre au point la forme
d'intervention qui soit la moins "impactante" pour l'environnement tout en
étant la plus efficace et ce, au moindre coût.
Rappelons que le comité fédéral-provincial sur la
régularisation des eaux dans la région de Montréal
concluait en 1976 à l'impossibilité de contrôler les crues
sans une intervention visant à augmenter la capacité
d'évacuation aux rapides de Lachine. Cette intervention était
jugée non rentable cependant à l'époque au plan
économique.
L'étude de faisabilité du projet Archipel s'est alors
fixé comme objectif de vérifier l'intérêt de
combiner les travaux d'évacuation aux rapides de Lachine avec la mise en
valeur hydroélectrique de la chute qui y est concentrée.
L'objectif de départ était d'éliminer
complètement les inondations en ramenant les lignes de récurrence
de 100 ans au lignes de récurrence de 2 ans. Cet objectif s'étant
avéré trop coûteux économiquement, l'objectif
actuellement visé est de récupérer 90 % des
bénéfices possibles du contrôle des inondations, ce qui
représente des interventions d'un montant estimé à environ
170 000 000 $, en dollars de 1984, une fois mises en place toutes les mesures
de contrôle. Pour le seul projet Archipel, les bénéfices du
contrôle des crues sont de l'ordre de 100 000 000 $, en dollars de 1984.
Nos travaux démontrent que cet objectif peut être atteint de
façon rentable.
Les ouvrages proposés pour effectuer la régulation des
eaux comprennent: 1° Les aménagements hydrauliques et
hydroélectriques à la sortie du lac Saint-Louis, soit excavations
à la jetée de Lachine et dans le lit du fleuve, ouvrage
régulateur, centrale, évacuateur de crue. Il est à
signaler que les principaux ouvrages de l'aménagement
hydroélectrique se situent du côté sud du fleuve à
cet endroit, soit le long de la voie maritime du Saint-Laurent. 2° Une
canalisation à l'exutoire Sainte-Anne au travers de l'île Claude.
3° Des ouvrages de contrôle avec vannes mobiles ou des seuils fixes
aux exutoires du lac des Deux
Montagnes, soit à Vaudreuil, Sainte-Anne, aux rapides Lalemant et
à Cap-Saint-Jacques.
À ces ouvrages s'ajoutent des travaux visant l'utilisation en
crue des écluses de Sainte-Anne-de-Bellevue, soit l'actuelle et
l'ancienne écluses, également de la voie maritime et de ses deux
évacuateurs situés à proximité de l'écluse
de côte Sainte-Catherine.
Le choix d'une option de canal en terre, à l'île Claude,
par rapport à une option de canal en eau vient d'être
effectué à la suite de travaux qui se sont poursuivis depuis l'an
dernier. Signalons que le ministère de l'Environnement dispose
maintenant de son modèle réduit depuis janvier 1985 et que les
essais qui s'y poursuivront permettront d'optimiser cette solution et d'en
analyser précisément les impacts environnementaux.
Pour ce qui est du contrôle des étiages,
c'est-à-dire les bas niveaux, les faibles débits, l'intervention
étudiée consiste à stabiliser et à rehausser les
niveaux des lacs en période d'étiage, c'est-à-dire
à l'époque des basses eaux, et à augmenter les
débits dans la rivière des Mille Îles sans trop les
diminuer dans la rivière des Prairies et les chenaux Vaudreuil et
Sainte-Anne. Ce contrôle vise à améliorer les conditions
d'exercice des différents usages (soit l'approvisionnement en eau, les
rejets des eaux usées, la baignade, le nautisme, etc. ) de l'eau,
à mettre en place des conditions favorables au développement de
la faune et de la flore, de même qu'à améliorer les
conditions d'accessibilité à l'eau, l'aspect esthétique
et, finalement, à diminuer les problèmes d'érosion qu'on
rencontre à certains endroits le long des berges.
La mise en place d'ouvrages mobiles à tous les exutoires a
été jugée trop coûteuse. Les variantes actuellement
à l'étude prévoient surtout des interventions à la
tête de la rivière des Prairies et à l'exutoire
Sainte-Anne. Les seuils fixes modifient une fois pour toutes les lois
hydrauliques déterminant les débits dans les rivières ou
les chenaux. Ils ont pour fonction essentielle de relever le niveau du lac aux
étiages extrêmes, c'est-à-dire aux basses eaux
extrêmes, et n'offrent pas de flexibilité d'opération. Les
ouvrages de contrôle avec vannes mobiles ont cette flexibilité et
permettent un contrôle quotidien des fluctuations. Ils sont aussi plus
coûteux.
Les jours qui viennent verront également le choix de l'axe des
ouvrages éventuels à Cap-Saint-Jacques et aux rapides
Lalemant.
Il reste donc d'ici à la fin des travaux à
déterminer è l'aide d'études techniques et
économiques quelle est la meilleure combinaison d'ouvrages donnant les
meilleurs résultats et ce, au moindre coût, tout en respectant les
contraintes environnementales.
L'ordre de grandeur des coûts de ce volet, compte tenu des
combinaisons possibles, varie entre 100 000 000 $ et 150 000 000 $, en dollars
de 1984 et selon nos évaluations actuelles.
Quant au volet hydroélectrique, on a souligné lors de la
défense des crédits de l'an dernier les modifications majeures
qu'avait subies le volet hydroélectrique à la suite des efforts
de conception effectués pour trouver une variante qui réunisse
les potentiels suivants: économiquement rentable, techniquement
réalisable et acceptable sur le plan de l'environnement. Cet effort
avait permis de développer une nouvelle variante d'aménagement,
soit la variante 18, qui pouvait fonctionner sans couvert de glace dans le bief
d'amont l'hiver - ce qui est un concept nouveau pour Hydro-Québec parce
qu'à ma connaissance il n'existe pas de centrale qui opère dans
ces conditions actuellement au Québec - qui était située
plus en aval dans le fleuve permettant ainsi de restituer immédiatement
l'eau turbinée dans les rapides, qui éliminait le canal de
dérivation réduisant ainsi les coûts et les excavations, et
qui assurait un plus grand débit dans les rapides de Lachine en
aval.
Les études se poursuivent pour valider et optimiser cette
variante qui offre un meilleur potentiel d'aménagement et de mise en
valeur que les variantes précédentes. Ainsi, différents
scénarios d'aménagement ont été
étudiés et Hydro-Québec s'est dotée d'instruments
importants en vue de mettre au point le scénario permettant d'atteindre
le maximum des objectifs environnementaux, entre autres.
Parmi ces instruments, le principal est le nouveau modèle
réduit non distordu dont la mise en service s'effectuera dans quelques
jours. Pour y arriver, un programme complet de relevés
géologiques et bathymétriques a été
exécuté à l'automne 1984 et pendant l'hiver 1985. Une des
fonctions de ce modèle est de vérifier l'atteinte de l'objectif
du maintien de la superficie actuelle des habitats fauniques pour les
espèces d'eau vive. Le respect de cet objectif constitue un des
engagements majeurs du gouvernement à l'égard des rapides de
Lachine et aucun effort ne sera ménagé pour s'en assurer.
Un autre engagement majeur du gouvernement porte sur le respect des
caractéristiques esthétiques des rapides. La restitution
immédiate de l'eau dans les rapides après le passage dans la
centrale, ainsi qu'une nouvelle répartition entre les bras nord et sud
des rapides permet de laisser espérer des meilleures chances de relever
ce défi. Quoi qu'il en soit, les solutions étudiées
devront permettre de maintenir un ensemble de caractéristiques qui sont,
dans le bras nord, du côté de l'île de Montréal, le
maintien de la turbulence et des eaux blanches, le maintien des ressauts
hydrauliques, le maintien des eaux vives pour les sportifs en bateau ou en
radeau. Pour ce qui est du bras sud, c'est-à-dire le long de la voie
maritime, ces caractéristiques devront permettre le maintien des
ressauts hydrauliques, de l'eau blanche ainsi que de grandes zones de
pêche.
Enfin, ajoutons que des efforts particuliers sont faits pour
intégrer les ouvrages le mieux possible au décor naturel par un
agencement et un traitement architectural compatible avec le paysage.
Depuis le début de l'étude de faisabilité, un
effort considérable a été effectué au plan de la
connaissance du milieu biologique, qu'il s'agisse de ta faune ou de la flore.
Nous disposons à l'heure actuelle d'une liste impressionnante
d'études qui sera, d'ailleurs, complétée dans les mois qui
viennent.
On vous avait indiqué l'an dernier qu'en vue du rapport
d'avancement l'année précédente avait été
principalement consacrée à la recherche de solutions techniques
et économiques, mais que pour la fin des études l'accent serait
mis sur la dimension environnementale. Maintenant que les ouvrages et leur lieu
d'implantation se précisent, il est possible de passer à
l'étude des impacts de ces ouvrages mettant à profit, pour ce
faire, les connaissances du milieu acquises depuis le début de
l'étude. Un contrat a été donné en février
à une firme de consultants en vue d'intégrer l'ensemble de ces
connaissances et d'effectuer l'étude d'impact du projet. À cette
fin, le ministère de l'Environnement a émis en février
dernier un projet de directive d'impact à laquelle le consultant a
mandat de se conformer. Ce rapport d'impact ou d'étude environnementale
sera déposé en même temps que le rapport de
faisabilité et éclairera ce dernier quant aux conclusions
à tirer de l'étude de faisabilité.
Enfin, dans un autre domaine, celui de la consultation, signalons que le
Secrétariat Archipel a entrepris un programme d'échanges d'ordre
technique avec les municipalités touchées par l'implantation
éventuelle d'ouvrages hydrauliques ou hydroélectriques. Nous
visons, ce faisant, à nous assurer de mettre au point des propositions
qui tiennent compte des réalités locales, ainsi que des besoins
et projets des municipalités.
Quant au sujet précis des coûts qui constitue la raison
principale de cette réunion, prenons d'abord 1984-1985. Dans le livre
des crédits 1985-1986, vous avez, sous la colonne 1984-1985, à
l'élément 8 du programme 2 du Conseil exécutif, le chiffre
de 1 647 000 $ pour le projet Archipel. Je voudrais préciser que cette
somme représente le budget provisoire qui avait été
accordé au projet Archipel lors de la préparation des
crédits 1984-1985, étant entendu que la
décision du Conseil des ministres concernant le budget total
à être attribué à Archipel serait prise à la
suite de l'examen par le Conseil des ministres du rapport d'avancement.
À la suite de cette décision, le budget total dont aura
bénéficié le projet Archipel, (Secrétariat Archipel
et ministères), a été de 3 900 000 $ en 1984-1985. De ce
montant, 2 650 000 $ ont été attribués au
Secrétariat Archipel et 1 250 000 $ aux différents
ministères concernés.
Pour l'année 1985-1986, le montant de 3 358 000 $ qui figure dans
le livre des crédits se répartit comme suit: 2 800 000 $ au
Secrétariat Archipel et 560 000 $ aux ministères
concernés.
Si on regarde l'ensemble des coûts de l'étude du projet
Archipel pour le gouvernement, en incluant la prévision
budgétaire 1985-1986, on arrive au total de 19 880 000 $. De son
côté, Hydro-Québec aura consacré la somme totale
d'environ 30 000 000 $ à l'étude du projet lorsqu'elle se
terminera en décembre 1985. Voilà pour les remarques
préliminaires, M. le Président.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Hull.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je commençais
à croire que le ministre prendrait l'heure qui nous était
réservée pour discuter, entre autres, des crédits du
projet Archipel. Je tiens à souligner en tout premier lieu que nous
avions demandé certains documents qu'on devait nous faire parvenir d'ici
à la fin de mars. Malheureusement, ces documents, nous ne les avons pas
reçus à nos services de recherche.
M. Rodrigue: Est-ce que je pourrais vous demander des
précisions là-dessus?
M. Rocheleau: En somme, les documents habituels et les
études qui ont été faites par certains ministères
en ce qui concerne le projet Archipel. On a fait plusieurs de ces demandes et
habituellement chaque année on nous fait parvenir la documentation. Pour
votre bénéfice, M. le ministre, on pourrait vous donner
tantôt la liste complète des différents documents que nous
avions demandés.
M. Rodrigue: Je l'apprécierais, M. le
député, parce qu'effectivement j'ai posé la question
lorsque j'ai rencontré M. Rompré, du Secrétariat Archipel,
à Montréal. M. Rompré m'a indiqué qu'à sa
grande surprise cette année nous n'avions reçu aucune demande
d'information, ce qui nous est apparu surprenant.
M. Rocheleau: Cela me surprend, M. le Président, parce que
notre recherchiste s'est même informé auprès de la
commission, à savoir si on avait fait parvenir ces documents.
Malheureusement, on ne les a pas reçus. Mais, pour votre
bénéfice, nous allons vous donner tantôt la liste des
documents que nous souhaitions.
Pour le Parti libéral du Québec, qui suit
l'évolution du dossier Archipel depuis pratiquement les cinq
dernières années, depuis 1980, nous le répétons
aujourd'hui, notre préoccupation, c'est de préserver
l'intégrité des rapides de Lachine; c'est aussi de voir à
la protection de la faune et de la flore. On a pu constater au cours des
dernières années une préoccupation certaine du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et on a
semblé mettre de côté certaines informations pertinentes en
provenance de rapports de biologistes du même ministère. Pour des
raisons que nous ne comprenons pas aujourd'hui, on a semblé
éloigner ce ministère qui a une préoccupation très
importante en ce qui concerne la faune et la flore. Alors, je
répète que nos préoccupations, telles que nous les avons
énoncées il y a plusieurs années, comportent la protection
et l'intégrité plus particulièrement des rapides de
Lachine, la protection de la faune et de la flore et, bien entendu, de tout
l'environnement.
Je constate que nous en sommes approximativement rendus à 44 000
000 $ de dépensés en études, recherches et analyses en
provenance de plusieurs ministères: entre autres, le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, le ministère de
l'Environnement, le ministère des Affaires municipales, le
ministère de l'Énergie et des Ressources, l'OPDQ, le
secrétariat et HydroQuébec. Cela totalise à ce jour 44 131
000 $. (17 h 30)
M. le Président, nous aimerions que le ministre nous confirme une
chose aujourd'hui, parce que cela a toujours semblé confus. Nous avons
posé des questions à l'ex-ministre de l'Aménagement et du
Développement régional qui était le responsable du dossier
avant. Nous avons déjà posé des questions à
l'ex-ministre des Affaires municipales qui était responsable du dossier
à ce moment et cela a toujours été pour nous une certaine
confusion quand on demandait de nous garantir l'intégrité de
l'ensemble du projet Archipel comme tel au niveau des rapides de Lachine.
Même aujourd'hui, dans l'intervention qu'a faite le ministre
tantôt, on nous parle encore d'études qui ont été
déposées, on nous parle de rapport qui a été fait
au Conseil des ministres, on nous parle du document ou du rapport final qui
doit être déposé en décembre 1985, sans pour autant
nous confirmer que le gouvernement ou le ministère s'engage à
maintenir l'intégrité comme telle des rapides.
D'autre part, M. le Président, dans certains
énoncés, entre autres des énoncés faits par
Hydro-Québec, tenant compte du projet Archipel, on le situe, au niveau
des priorités, comme la quatrième priorité
d'Hydro-Québec. J'aimerais que le ministre puisse me confirmer le fait
qu'après le développement ou les autres phases de la Baie James
le projet Archipel se situe en quatrième priorité et,
effectivement, qu'on verra son parachèvement autour de l'an 2004, je
pense.
Pour l'immédiat, M. le Président, j'aimerais
peut-être que le ministre puisse nous répondre sur ces points.
Nous aurons sûrement, moi et mes collègues, d'autres questions
à poser. J'aurai l'occasion tantôt, si vous le permettez, de
fournir peut-être une liste des documents que nous avions
demandés. J'espère que nous pourrons les recevoir dans les plus
courts délais parce qu'on aurait eu sûrement des questions
à poser, aujourd'hui, sur les documents qu'on aurait souhaité
avoir dans le temps.
Période de questions
M. Rodrigue: Comme je l'ai indiqué, M. le
Président, on était surpris un peu qu'il n'y ait pas de demande
et si, effectivement, une telle demande a été faite, comme cela
semble se confirmer, il nous fera plaisir de transmettre les informations le
plus rapidement possible conformément à la demande qui sera
faite.
Coût des études
Maintenant, en ce qui concerne le coût de ces études, si on
inclut les crédits que nous sommes en train d'examiner
présentement, au total ces études auront coûté
près de 50 000 000 $ à la fin de l'exercice financier 1985-1986,
si je prends les études du gouvernement et celles d'Hydro-Québec.
Maintenant, il faut bien réaliser que c'est 50 000 000 $ d'études
pour un projet dont l'évaluation est d'environ 1 200 000 000 $ et qui
permettra, entre autres, de générer environ 600 mégawatts
d'électricité. Si vous comparez cela au coût des
études que fait normalement HydroQuébec pour ses centrales
hydroélectriques, soit à la baie James, à la baie d'Hudson
ou encore sur la Basse-Côte-Nord, vous en arrivez rapidement à des
coûts pas mal plus importants que cela.
Prenez le cas, par exemple, des études qui ont été
faites sur la rivière Romaine et qui ont duré sept ans; ces
études ont coûté 57 000 000 $. Maintenant, 57 000 000 $
pour des études qui ont été faites dans les années
1976, 1977, 1975, on ne peut pas comparer cela avec 50 000 000 $ aujourd'hui.
Il faudrait "inflationner" ces 57 000 000 $ pour les ramener au coût pour
les années 1982, 1983 ou 1984, dates auxquelles ces sommes d'argent ont
été investies, de sorte que les 57 000 000 $ prendraient des
proportions pas mal plus importantes.
Je vous cite l'exemple de la rivière Grande-Baleine. Le bassin
des rivières Grande-Baleine et Petite-Baleine, c'est un complexe qui est
situé à 80 milles au nord de la rivière La Grande et qui
se jette dans la baie d'Hudson. Les études ont duré dix ans et il
en a coûté 147 000 000 $ à Hydro-Québec pour
réaliser ces études.
Le projet Delaney dont les études ont duré sept ans - vous
savez que cela s'est fait il y a un bon nombre d'années - cela a
coûté 50 000 000 $. Le projet de la rivière du Petit
Mécatina dont les études ont débuté... C'est moi
qui les ai faites, ces études, alors que j'étais è
Hydro-Québec. J'ai commencé en 1977 par la partie étude
préliminaire et j'ai fait l'évaluation pour la poursuite de
l'étude. Si Hydro-Québec était passée à la
phase de l'avant-projet sur la rivière du Petit Mécatina, j'avais
estimé à ce moment que le coût des études sur une
période de neuf ans serait de 118 000 000 $. Vous comprendrez que
d'avoir un coût d'études qui est de l'ordre de 50 000 000 $ pour
un projet de cette envergure dont la réalisation coûterait environ
1 200 000 000 $ et qui générerait 600 mégawatts en plus
d'avoir des ouvrages de contrôle des crues au printemps, cela ne peut pas
être considéré comme un coût exorbitant; c'est un
coût normal pour ce genre d'études. Il suffit de comparer avec ce
qu'Hydro-Québec fait dans ses projets pour s'en rendre compte. Ces
études sont coûteuses, mais il faut comprendre qu'elles sont
très poussées, très sophistiquées, et qu'elles
permettent, justement, de réduire de beaucoup les coûts des
ouvrages une fois qu'on passe à la phase de l'aménagement. Il
vaut mieux investir 10 000 000 $ ou 15 000 000 $ de plus dans une étude
et économiser 200 000 000 $, 300 000 000 $ ou 500 000 000 $ sur la
réalisation que de ne pas le faire et puis, après cela, lorsqu'on
est en train de construire, de faire des ouvrages qui coûtent beaucoup
plus cher. Je considère qu'il s'agit là de coûts tout
à fait normaux pour des études de cette nature et compte tenu de
l'ampleur du projet.
En ce qui concerne l'ordre de priorités, pour répondre
à une autre de vos questions, M. le député de Hull, au
sujet du projet Archipel, dans le rangement que fait Hydro-Québec de
l'ensemble de ses projets, compte tenu des estimations actuelles qui sont
disponibles et qui sont basées, bien sûr, sur un certain nombre de
données qu'Hydro-Québec est en train de préciser et de
vérifier actuellement, le volet aménagement
hydroélectrique du projet Archipel se classerait, d'après
l'information que j'ai,
immédiatement après la réalisation du projet La
Grande I, c'est-à-dire qu'il serait le deuxième projet dans
l'ordre de priorités d'Hydro-Québec pour des centrales de base.
Je précise cependant ceci: Lorsque Hydro-Québec est venue en
commission parlementaire, il y a deux semaines, pour nous présenter son
plan d'équipement, elle nous a annoncé la réalisation de
deux centrales de pointe; d'abord, elle va compléter l'ouvrage de Manic
5 et elle va entreprendre la construction de la centrale de puissance
additionnelle à LG 2, mais cela est pour de la puissance de pointe. Pour
ce qui est des centrales de base, le volet hydroélectrique du projet
Archipel se classe actuellement après LG 1. Si les études qui
sont en cours confirment les coûts sur lesquels se base
Hydro-Québec pour faire ces rangements, cela demeurera là et si
les coûts devaient être plus élevés ou moins
élevés, cela pourrait modifier son rangement.
Protection de l'environnement et de la faune
Deux remarques: Vous vous préoccupez de l'intégrité
des rapides et également de ce qui arriverait à la flore et
à la faune sur ce plan. Les concepteurs du projet ont eu cette
préoccupation à l'esprit aussi. Je ne sais pas si on le
réalise - sûrement que vous le faites, messieurs les
députés - mais nous en sommes au 18e volet de l'étude de
l'aménagement hydroélectrique, c'est-à-dire que c'est le
18e projet qui est étudié sur les rapides de Lachine. Il y a des
projets au départ qui généraient tellement d'excavations
et qui perturbaient tellement les rapides de Lachine qu'ils ont
été abandonnés parce que cela n'avait pas de sens. On
aurait même eu un problème pour disposer des excavations.
Hydro-Québec a poussé les études, a fouillé et a
tenté de trouver d'autres volets. On a fait d'autres études et on
a examiné d'autres hypothèses pour finalement arriver au 18e
volet et celui-ci respecte les préoccupations que les concepteurs du
projet ont, qui sont de faire en sorte que cela perturbe le moins possible
l'environnement dans ce secteur. Même au niveau architectural, pour les
bâtisses, on va les tenir le plus bas possible près du niveau de
l'eau pour que les gens qui sont d'une rive n'aient pas la vue bloquée
sur l'autre rive. Les préoccupations des concepteurs vont
jusque-là.
Depuis que j'ai assumé la responsabilité de ce projet au
niveau ministériel, effectivement, j'ai eu plusieurs rencontres avec les
gens du groupe Archipel et j'ai pu constater que cette préoccupation
était constamment dans leur esprit pour la conception des ouvrages.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fortin: M. le Président, tel mon confrère, le
député de Hull, j'ai énormément de
préoccupations au sujet des rapides de Lachine et je pense que,
même au niveau du gouvernement, il y a énormément de
préoccupations. Je cite, dans la Presse du 31 mars, le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui est vraiment
préoccupé par la protection de la faune. Il dit: "La protection
de la faune et de son habitat prend une importance particulière dans la
région de Montréal, une région urbaine dont on a trop
tendance à oublier les trésors de la nature. La faune de
l'archipel de Montréal est d'une richesse exceptionnelle et il faut la
protéger à tout prix, affirme M. Brassard. À titre
d'exemple, le ministre cite certaines îles de l'ouest de l'archipel
où les hérons passent la période de la couvaison. De tels
endroits sont inestimables. Il est question, depuis quelque temps, d'une
fondation qui acquerrait les sites devenus essentiels pour la faune. Cette
fondation sera bientôt sur pied, assure le ministre. "
Est-ce que le ministre peut nous assurer qu'une fondation semblable
serait organisée pour la protection des îles qui sont
situées dans le fleuve Saint-Laurent, telles que l'île aux
Hérons, l'île au Diable où il y a déjà
énormément de projets qui ont été entamés
par Hydro-Québec et par le Secrétariat Archipel,
récemment? Il y a du dynamitage et des tests qui ont été
faits au niveau du sol, et du déboisement qui a été fait
sur ces îles. Il y a une grande préoccupation de M. Brassard qui
dit que ces îles devraient être protégées. Est-ce que
ces îles seront protégées dans le projet Archipel qu'on vit
actuellement?
Le Président (M. Marquis): M. le ministre.
M. Rodrigue: Oui. Vous faites sans doute allusion, pour ce qui
est du dynamitage, aux études sismiques qui sont faites de façon
à connaître la profondeur de mort-terrain au-dessus du roc, des
choses comme cela. Il y a des méthodes sismiques qui sont
utilisées. Il y a des petites charges de dynamite qu'on fait sauter pour
envoyer des ondes dans le sol. C'est capté un peu plus loin et cela
permet, à l'aide d'interprétations des graphiques, de
déterminer la profondeur de mort-terrain, donc, d'établir le
niveau du roc.
Pour ce qui est de l'île aux Hérons, elle sera très
peu touchée par les travaux parce qu'elle se situe en aval,
c'est-à-dire plus bas que l'ouvrage hydroélectrique. Il y aura,
je pense, le rétablissement d'un certain nombre de fonds pour favoriser
en particulier le frai dans ce coin. Il y aura un petit peu de remblai à
quelques endroits pour faire des fonds favorables au frai de certaines
espèces.
En ce qui concerne l'île au Diable,
effectivement, la centrale hydroélectrique viendrait s'arc-bouter
du côté nord sur l'île au Diable; donc, celle-là
serait touchée par l'aménagement, mais l'île aux
Hérons qui, je crois, est la plus grande, si je me souviens bien, ne
serait pas touchée par l'aménagement comme tel. Elle se situe
plutôt en aval.
M. Fortin: La préoccupation du ministre Brassard se situe
au niveau de la faune et au niveau de la protection.
M. Rodrigue: Au niveau de la faune.
M. Fortin: L'île au Diable, en fait, et l'île aux
Hérons sont vraiment son intervention. Il semble très
préoccupé et nous sommes très préoccupés par
la faune et les espèces migratrices qu'il y a sur ces deux îles.
Il y a énormément de travaux et déjà certaines
espèces sont disparues de ces deux îles et seront probablement
irrécupérables dans un avenir assez rapproché.
Nous sommes très concernés par ce barrage qui sera
installé vis-à-vis de l'île au Diable et on est convaincu
que le projet hydroélectrique ne doit pas être installé
là. Est-ce que le ministre peut nous dire où se situe sa
priorité, présentement, au niveau du projet, concrètement?
(17 h 45)
M. Rodrigue: En fait, pour ce qui est de la faune, en particulier
les espèces marines, il y a eu beaucoup de travail. D'ailleurs, cela
explique en partie l'importance du coût des études qui ont
été faites là, auxquelles se référait tout
à l'heure votre collègue. Juste pour les études concernant
l'impact sur les espèces fauniques, on a dépensé quelque
chose comme 5 000 000 $ pour bien comprendre de quelle façon ces
espèces évoluent, quels sont leurs habitudes, leurs habitats et
faire en sorte de pouvoir les protéger le mieux possible. Effectivement,
dans les projets d'intervention au niveau des rapides de Lachine, il y a un
volet qui concerne les mesures qui seront prises pour non seulement
recréer les habitats qui, à l'occasion des travaux, pourraient
être perturbés, mais également pour en créer de
nouveaux pour favoriser davantage encore la prolifération de certaines
espèces de poissons dans ces zones.
C'est un peu ce que je vous indiquais tout à l'heure quand je
parlais de l'île aux Hérons: autour de l'île aux
Hérons, il y aura des aménagements de faits dans l'eau, quelques
remblais de faits, pour avoir de bonnes bases de frayères pour certaines
espèces de poissons qui ont été identifiées
à l'occasion de nos études.
Alors, sur ce plan, effectivement, c'est une préoccupation que
nous partageons et je pense qu'il est normal, aussi, de le faire parce que,
lorsqu'on veut faire des travaux importants comme cela, il faut les faire d'une
façon telle qu'on puisse protéger l'environnement et ne pas
détruire les espèces naturelles qui ont ces lieux comme habitat.
C'est le cas de plusieurs espèces fauniques. Les travaux et les
études ont été faits de façon que les impacts des
ouvrages sur ces espèces soient réduits au minimum.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Merci, M. le Président. Je suis heureux des
résultats que vous venez de transmettre, M. le ministre, sur le projet
Archipel. Je pense que c'est connu à peu près de tout le monde
que les deux députés qui ont commencé ce projet, qui ont
amené la conception du groupe Archipel sont celui de Châteauguay
et moi-même. Maintenant, au début, on s'est donné des
objectifs de protection de l'environnement, justement, de la faune, des rapides
de Lachine. Tout était là-dedans. Il y a un seul point qui n'est
plus dans le projet actuellement et qui me paraît disparu, c'est la ligne
de transport qu'on voulait avoir pour relier le sud avec Montréal.
Apparemment, vous n'avez pas été capable de trouver de solution
à ce problème parce qu'on voulait que la centrale, s'il devait en
exister une, puisse servir à un mode de transport de la rive sud, pour
décongestionner le pont Mercier, soit le transport public ou le
transport lourd.
Maintenant, les 50 000 000 $ qui sont dépensés
actuellement montrent le sérieux du projet. Les dépenses qui se
sont faites là-dedans ont servi à faire l'inventaire de ce qu'il
n'y avait pas dans ce milieu-là. Elles ont servi aussi à
l'environnement, à faire l'inventaire de la faune et de la flore,
à voir comment était composé le sous-sol.
Je me souviens très bien, lorsqu'on a fait la canalisation du
Saint-Laurent, de tout ce que cela avait apporté comme argumentation.
C'est drôle, on a fait la canalisation du Saint-Laurent sans faire toutes
ces études et on ne s'est pas beaucoup préoccupé de la
contestation dans ce temps-là des biologistes, de tout ce que vous
voudrez, des conservateurs de la faune. On l'a fait quand même. On est
allé aussi jusqu'à dire que jamais dans le bassin de Laprairie il
n'existera un poisson. Les rapports sont encore tous là, des
biologistes, de tout ce que vous voudrez. Mais pourtant, aujourd'hui, s'il y a
une place où on pêche beaucoup et qui est intéressante,
c'est bien le bassin Laprairie où il y a un grand nombre de
poissons.
Maintenant, il y a 18 variantes qui sont actuellement là dans
l'étude. La première variante qui a été
proposée dans Montréal dans l'eau, c'est la première
étude qu'on avait sortie, avec les moyens du bord, dans
le projet, et c'est rendu aujourd'hui à 18. C'est la preuve dans
mon esprit du sérieux apporté à ce projet.
Il y a tout le problème de Kahnawake dont vous n'avez pas
parlé, M. le ministre. Cela m'intéresserait de savoir où
en est l'évolution de cela - c'est actuellement le canal court que vous
envisagez dans la variante 18 - l'implication qu'il peut y avoir sur cette
rive. Aussi, vu que le temps presse, je ferais appel aux gens du comté
de Marguerite-Bourgeoys d'être à l'affût de la protection
des rapides - je suis bien d'accord avec vous sur cela - mais de ne pas faire
de démagogie comme on voulait le faire à un certain moment, de
laisser étudier le projet.
J'espère, M. le ministre, que les membres de cette commission
seront invités à aller voir ce qui se passe dans le modèle
réduit que vous avez. N'oubliez pas non plus d'inviter les
députés que cela touche, tel le député de
Marguerite-Bourgeoys - le député de Robert Baldwin, cela le
touche un peu moins, mais cela touche beaucoup le député de
Verdun - et ce, le plus tôt possible pour essayer d'effacer cette
espèce de négativisme qu'il y a eu autour du projet et de
regarder le sérieux des variantes posées
antérieurement.
Je combattrai le projet Archipel, même si c'est un projet qui me
tient beaucoup à coeur, si on ne trouve pas de solution aux rapides de
Lachine, à la protection de l'environnement, de la faune, à toute
cette conservation-là.
M. Rodrigue: M. le Président, en ce qui concerne le lien
de transport avec la rive sud, les études se poursuivent effectivement
là-dessus. Il n'y a pas d'orientation définitive de prise. Les
études se poursuivent en particulier sur le volet transport en commun,
qui est important dans ce secteur, et il n'y a pas eu de conclusion comme telle
d'arrêtée à ce sujet.
Concernant les liens qu'il peut y avoir avec la réserve de
Kahnawake, en 1982, les Mohawks de Kahnawake avaient été
invités à la table de concertation, mais ils avaient
préféré à ce moment-là ne pas participer
publiquement à ces discussions. Par contre, il y a quand même eu
des rencontres à cette époque, rencontres qu'on peut qualifier
d'officieuses, mais où l'information a été transmise.
Depuis 1982, il y a eu auprès d'eux des périodes d'information
technique. Le secrétariat a, d'ailleurs, nommé un agent de
liaison qui a été constamment et spécialement en relation
avec eux et toute l'information relative au projet leur a effectivement
été communiquée. Plusieurs rencontres d'information
technique ont, d'ailleurs, eu lieu pour leur permettre de suivre
l'évolution du projet. Sur ce plan, le Secrétariat Archipel et le
ministère sont toujours ouverts à des discussions et à des
échanges avec les Mohawks de Kahnawake. Nous les avons même
incités à nous rencontrer et nous sommes disposés à
leur fournir toute l'information qu'ils pourront juger pertinente et utile.
Vous avez, d'ailleurs, fait une excellente suggestion concernant le
modèle réduit. Je vous signale qu'il sera en service le 25 avril.
Cela me fera plaisir d'inviter nos collègues, les députés
de part et d'autre, à venir le visiter. Je vous signale en même
temps que les Mohawks de Kahnawake ont accepté une invitation à
venir visiter le modèle réduit qui sera mis en service le 25
avril. Sur ce plan, des efforts ont été faits pour faire en sorte
qu'ils soient bien informés, qu'ils puissent suivre les études au
fur et à mesure qu'elles se déroulent, afin d'en connaître
les impacts, si impacts il y a en ce qui les concerne. Les derniers volets qui
ont été retenus pour étude, cependant, ont assez peu
d'impact, d'après l'indication que j'en ai, sur la réserve de
Kahnawake.
M. Laplante: Juste une courte question. Est-ce que les travaux
sur l'évacuateur de la rivière des Prairies vous ont servi
beaucoup au point de vue de l'ampleur des travaux qui pourraient être
faits dans le projet Archipel pour la centrale hydroélectrique, vu que
c'est fait dans un milieu hautement urbanisé? Je sais que, pour le
travail qui a été fait sur l'évacuateur de la
rivière des Prairies, qui fait partie de l'ensemble d'Archipel, on n'a
que des félicitations dans notre comté et dans le comté de
Mille-îles; la façon dont Hydro a travaillé
là-dedans a été formidable. Avez-vous pris des
données là-dessus pour...
M. Rodrigue: Justement, des interventions en milieu urbain, cela
fait un bon bout de temps qu'Hydrô-Ouébec, n'en a pas fait. La
dernière en milieu urbanisé, mais un petit village,
c'était à Carillon, en 1960, finalement; les travaux de Carillon
ont commencé en 1958, si je me souviens bien, ou même un peu
avant. Il y avait un petit village du côté du Québec, qui
s'appelle Carillon, qui est encore là, d'ailleurs. Je crois que cela a
été la dernière intervention en milieu urbanisé
parce que, après cela, les travaux se sont déplacés sur la
Manic-Outardes et, ensuite, sur la rivière La Grande, de sorte
qu'Hydro-Québec n'avait pas réalisé de travaux en milieu
urbain depuis longtemps.
Cependant, en ce qui concerne la rivière des Prairies,
effectivement, les travaux se sont faits dans des conditions qui ont permis aux
riverains d'être assez peu perturbés. Il est sûr que les
méthodes de travail qui ont été retenues à
l'évacuateur de la rivière des Prairies inspirent
HydroQuébec pour le développement des méthodes de travail
qu'elle voudrait utiliser dans un aménagement hydroélectrique,
dans le cadre
du projet Archipel.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Merci, M. te Président. Comme le
député de Bourassa l'a dit tout à l'heure, j'ai un
intérêt dans le projet Archipel. Pardon?
M. Laplante: On a tous des intérêts à
Montréal.
Travaux contre les inondations
M. O'Gallagher: Mon intérêt n'est pas tout à
fait le même que celui du député de Marguerite-Bourgeoys.
Il a peur de perdre les visiteurs des rapides de Lachine. Chez nous, dans le
comté de Robert Baldwin et dans celui de Nelligan, on ne veut pas
seulement sauver la belle vue, mais aussi sauver les meubles, puisqu'on a peur
des inondations. Comme vous le savez, on a souvent des inondations.
M. Rodrigue: Le long de la rivière des Prairies.
M. O'Gallagher: C'est cela, toute la rivière des Prairies,
l'île Bizard jusqu'à Cap-Saint-Jacques, en allant jusqu'à
Saint-Laurent.
Alors, M. le ministre, on a vu dépenser 50 000 000 $ depuis cinq
ans; on se demande quel est le résultat concret, le résultat en
béton de ces 50 000 000 $ qui devrait nous éviter des inondations
dans le futur. Qu'est-ce qui a été fait jusqu'à
aujourd'hui pour prévoir, pour connaître la cause de la
dernière inondation qu'on a eue en 1977? Qu'est-ce qui a
été fait avec ces 50 000 000 $ pour éviter une nouvelle
inondation?
M. Rodrigue: Disons que, préalablement à cela, il y
a beaucoup de travaux de faits dans le cadre d'un comité conjoint
Québec-Ontario-Ottawa (le gouvernement fédéral) sur le
contrôle des eaux dans le bassin de l'Outaouais. Cela a amené une
gestion différente des réservoirs sur le Haut-Outaouais, en
particulier du côté québécois, mais également
du côté ontarien, ce qui a eu comme conséquence de
réduire les débits en période de crue à la hauteur
de Montréal. Cela est un premier point et c'est déjà
réalisé. Il y a déjà eu des travaux importants de
faits.
Deuxièmement, actuellement, il y a en construction le barrage de
la rivière des Mille îles, qui est un ouvrage de 13 000 000 $, qui
se bâtit à coûts partagés entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec; le Québec
paie 55 % des coûts et le fédéral 45 %. Cet ouvrage va
être complété en 1985 et va être en opération
pour la crue de 1986.
Troisièmement, dans le cadre des études Archipel, il y a
eu étude d'ouvrages aux quatre autres sorties du lac des Deux Montagnes
et en particulier des deux qui vous intéressent, les rapides Lalemant et
Cap-Saint-Jacques, pour contrôler la quantité d'eau qui rentre
dans la rivières des Prairies en période de crue, de façon
à éviter les inondations.
M. O'Gallagher: Mais cela, c'est du papier.
M. Rodrigue: Pour régler le problème des
inondations dans la rivière des Prairies, dans la rivière des
Mille îles, jusqu'à un certain point, parce que le barrage qui est
là va permettre de régler en partie, jusqu'à 90 % des cas,
mais pas tout à fait 100 % des cas. Il est essentiel qu'il y ait un
ouvrage d'évacuation dans les rapides de Lachine, c'est-à-dire
à la sortie du lac Saint-Louis, pour augmenter la capacité
d'évacuation par le fleuve Saint-Laurent, de sorte qu'au lieu de laisser
passer l'eau dans la rivière des Prairies et dans la rivière des
Mille îles au printemps, elle va être acheminée vers le
fleuve et, de là, avec une augmentation de capacité
d'évacuation à la sortie du lac Saint-Louis, cela va être
évacué dans les rapides de Lachine.
C'est pour cela qu'il est très impartant d'avoir un ouvrage
régulateur à la sortie du lac Saint-Louis. Maintenant, cet
ouvrage s'il avait dû être construit sans autre aménagement
aurait été extrêmement coûteux, et, finalement,
l'étude coûts-bénéfices s'avérait
négative. Mais, parce qu'on est parvenu à développer un
volet hydroélectrique rentable, auquel doit nécessairement se
greffer un ouvrage régulateur, cela devient possible d'utiliser la
sortie du lac Saint-Louis pour évacuer davantage d'eau au printemps. Les
interventions qu'on va pouvoir faire du côté de Cap-Saint-Jacques
et des rapides Lalemant vont permettre de contrôler les crues dans la
rivière des Prairies sans inonder le lac des Deux Montagnes. C'est tout
le sens de l'étude qui se poursuit et qui est en train de se
compléter.
Il y a déjà eu des interventions importantes de faites,
qui ont déjà amené une amélioration de la
situation. Cependant, la proposition qui est à l'étude
présentement, si elle se révèle avantageuse - cela semble
être le cas puisque, même si les études vont se terminer
à la fin de l'année, on a déjà des indications que
c'est fort intéressant -va nous conduire à un projet qui va
intégrer toutes les dimensions de contrôle des crues et de
production hydroélectrique, et qui va permettre, justement, de
régler le problème auquel vous vous référez sur la
rivière des
Prairies. Je vous signale en terminant qu'il y a déjà eu,
cependant, des interventions importantes à la hauteur de Pierrefonds de
ce côté; il y a eu des digues de construites, dans le cadre,
encore une fois, d'une entente fédérale-provinciale, qui limitent
dans certaines zones à la hauteur de Pierrefonds les inondations. II y a
déjà eu des travaux de faits pour régler le
problème que vous soulignez et ce qui est à l'étude dans
le projet Archipel nous permettrait d'arriver à une solution pour
pratiquement 100 % des cas.
M. O'Gallagher: Merci, M. le ministre. La chose qui
m'intéresse dans le moment, c'est l'amélioration de la situation
en ce qui concerne l'entente entre Hydro-Québec, le gouvernement du
Québec et celui de l'Ontario pour la rivière des Outaouais.
Pourriez-vous m'envoyer un rapport sur les choses qui ont été
faites depuis la dernière inondation et sur ce qui peut être
prévu au sujet d'éventuels sinistres semblables?
M. Rodrigue: Oui, il existe des rapports à ce sujet.
D'ailleurs, cela a amené HydroQuébec à modifier la gestion
des réservoirs sur le bassin supérieur de l'Outaouais. On vide
davantage les réservoirs en hiver maintenant pour créer de la
place pour le contrôle des crues au printemps.
Le Président (M. Marquis): Normalement, nous devrions
ajourner immédiatement, mais vu que nous étions quelques minutes
en retard - sept minutes pour être précis - je suis prêt
à vous accorder du temps, si nécessaire, pour permettre quelques
dernières courtes questions et des courtes réponses.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Fortin: Merci, M. le Président. Le député
de Bourassa a dit tout à l'heure, que les gens qui faisaient une
certaine opposition au projet Archipel faisaient une certaine démagogie
autour du projet. Je crois que le député de Bourassa aurait tout
intérêt à venir voir ce qui se produit vraiment autour de
Lachine, de LaSalle et de Verdun au sujet du projet Archipel. Les concitoyens
de LaSalle et de Verdun qui habitent en bordure du fleuve Saint-Laurent sont
vraiment inquiets de voir des amoncellements de béton hauts de 8
à 10 pieds et larges de 100 mètres environ, et les canaux de
déviation. Il est très important, en ce qui a trait à la
richesse naturelle du fleuve Saint-Laurent qui est le plus beau site au Canada,
qu'on le conserve dans son authenticité actuelle. Je pense que le
député de Bourassa aurait tout intérêt à
venir voir ce qui se produit, à venir voir de quoi l'île au
Diable, a l'air actuellement et de quoi elle avait l'air il y a deux ans, au
moment où il y avait une faune naturelle et de la vie à
l'intérieur.
M. Laplante: Je suis allé voir tout le remplissage que la
ville a fait aussi et elle a détruit les bords du fleuve, chez vous. Je
suis allé voir cela.
M. Fortin: Le fleuve chez nous actuellement...
M. Laplante: Il n'y a pas eu de respect de l'environnement
à ce moment.
M. Fortin:... est en très bonne condition et il y a des
gens qui en font la préservation. Je suggère au
député de Bourassa de venir vraiment voir ce qui se produit et,
s'il y a un canal de dérivation qui est passé, ce sera tout
simplement du remplissage, ce sera un grand chantier de construction en plein
centre-ville, en plein centre de nos plus belles ressources naturelles du
Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, en ce qui concerne les
crédits, nous allons les adopter sur division, compte tenu du fait qu'on
n'a pas eu le temps, malheureusement, de s'attarder à examiner,
premièrement, le fait qu'il y avait une augmentation de l'ordre de 103 %
cette année par rapport aux crédits de l'an passé,
c'est-à-dire qu'on a pratiquement doublé le montant. D'autre
part, M. le Président, nous n'avons pas reçu les documents qu'on
avait demandés au Conseil exécutif, les renseignements
demandés par l'Opposition, qu'on reçoit habituellement
d'année en année pour l'étude des crédits.
M. Rodrigue: Est-ce que vous pourriez m'indiquer à qui
cela avait été demandé?
M. Rocheleau: Les leaders et du gouvernement et de l'Opposition
se transmettent des informations sur les renseignements dont nous avons besoin
et que nous obtenons habituellement avant l'amorce de l'étude des
crédits. Ces documents, normalement, nous parviennent vers la fin du
mois de mars, chaque année et on les a suffisamment à l'avance
pour que nous puissions tenir compte des différents échanges.
M. Rodrigue: Faites-moi parvenir ce que vous avez demandé
et on vous fournira les réponses.
M. Rocheleau: En tout cas, à toutes fins utiles, M. le
Président, nous ferons parvenir de nouveau la demande, parce que
je pense qu'il y a certaines informations qui nous seront très
utiles. En ce qui concerne l'Opposition officielle, nous allons adopter les
crédits sur division.
Le Président (M. Marquis): Est-ce que le programme 2,
élément 8, du Conseil exécutif est adopté?
M. Rocheleau: Sur division.
Le Président (M. Marquis): Il est adopté sur
division et, là-dessus, je vous remercie. La commission parlementaire
ajourne ses travaux à demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 7)