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(Seize heures une minute)
Le Président (M. Fallu): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Ce jeudi 15 novembre, la commission de l'aménagement et des
équipements entreprend les travaux, en vertu du mandat qui nous a
été confié par l'Assemblée nationale,
d'étudier en détail le projet de loi 4, Loi sur le
ministère des Affaires municipales, et le projet de loi 2, Loi modifiant
diverses dispositions législatives concernant les finances municipales,
dont nous avons, au demeurant, préalablement étudié et
adopté les principes dans un débat à l'Assemblée
nationale.
M. le secrétaire, voulez-vous nous confirmer les présences
et les changements intervenus de part et d'autre?
Le Secrétaire: Les membres présents sont: M. Fallu
(Groulx), M. Gagnon (Champlain), Mme Juneau (Johnson), M. Le Blanc
(Montmagny-L'Islet); M. Dubois (Huntingdon) en remplacement de M. O'Gallagher
(Robert Baldwin); M. Saintonge (Laprairie), M. Tremblay (Chambly), M. Marcoux
(Rimouski). Autres remplacements: M. Côté (Charlesbourg) par M.
Doyon (Louis-Hébert) et M. Lafrenière (Ungava) par M. Brassard
(Lac-Saint-Jean).
M. Saintonge: Je voudrais également faire un autre
remplacement. M. Caron, député de Verdun, à la place de M.
Assad (Papineau).
M. Marcoux: Je suis entièrement d'accord, surtout
après les bons mots que le député de Verdun a eus à
l'égard du ministère cette semaine.
Le Président (M. Fallu): Le quorum étant
constaté, je suspens les travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 3)
(Reprise à 16 h 9)
Organisation du ministère
Le Président (M. Fallu): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux et, comme il
se doit, je dois appeler l'article 1 du projet de loi 4 pour fins de
discussion.
M. Marcoux: M. le Président, je n'ai pas de propos
d'ouverture. Je pense que l'essentiel a été dit lors du
débat en deuxième lecture. Il s'agit de rajeunir la Loi sur le
ministère des Affaires municipales qui n'a pas été
rajeunie depuis une soixantaine d'années. C'est un travail technique qui
peut poser certaines questions. On essaiera de répondre à toutes
les questions au cours du débat.
Quant à l'article 1, il indique seulement que "le
ministère des Affaires municipales est dirigé par le ministre des
Affaires municipales nommé en vertu de la Loi sur l'exécutif.
"
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Laprairie, quelques propos liminaires ou si vous préférez aborder
directement le projet de loi?
M. Saintonge: M. le Président, comme propos liminaires
simplement, comme le ministre l'a mentionné, je pense qu'on a fait une
intervention en deuxième lecture également de notre
côté. J'ai souligné certains points et j'ose espérer
que, même si c'est seulement hier, l'on pourra arriver à
temporiser certaines mesures qui ont été indiquées dans le
projet de loi, c'est-à-dire au niveau des pouvoirs et devoirs du
ministre et aussi au niveau des pouvoirs confiés aux fonctionnaires du
ministère. C'est surtout sur cela que nos interrogations se posent et
que nos questions se poseront. Quant au fait de rajeunir la loi, il est
évident que nous n'avons rien contre cela.
Le Président (M. Fallu): Voilà. Alors, la
commission convient que le ministre des Affaires municipales dirigera le
ministère des Affaires municipales. À l'évidence
même, l'article 1 est adopté.
M. Saintonge: M. le Président...
Le Président (M. Fallu): Oui, je vous en prie.
M. Saintonge:... maintenant on dit "est dirigé par le
ministre des Affaires municipales. " Auparavant, on parlait de l'administration
et de la direction. Je comprends que, plus loin, l'administration, ce serait
confié au sous-ministre...
M. Marcoux: C'est cela.
M. Saintonge:... si ma mémoire est bonne.
Évidemment, le sous-ministre demeure sous la direction du ministre,
comme tel. Le ministre conserve quand même, par son droit de regard,
l'administration du ministère, de toute façon.
M. Marcoux: Oui. Disons qu'il y a déjà eu des
discussions au moment de l'adoption de la Loi sur la fonction publique,
à savoir si le ministre devait avoir la direction générale
du ministère ou la direction, tout court, du ministère. Ce que le
Conseil des ministres avait retenu, c'est que le ministre devait avoir la
direction du ministère. En laissant entendre la direction
générale, cela voulait dire diriger simplement les grands
objectifs, les grandes orientations et que la direction, l'administration
réelle ne relevait pas de lui, alors que par cette formulation, qui est
la même que dans les lois les plus récentes créant les
ministères, il est très clair que le ministre dirige le
ministère. Mon sous-ministre est d'accord, d'ailleurs, avec le
texte.
Le Président (M. Fallu): Nous trouverons, d'ailleurs, ces
pouvoirs du sous-ministre à l'article 3. J'appelle maintenant l'article
2.
M. Marcoux: Ce que nous proposons, c'est que "le gouvernement
nomme, conformément à la Loi sur la fonction publique, une
personne au titre de sous-ministre des Affaires municipales. "
M. Saintonge: Adopté.
Le Président (M. Fallu): Adopté. L'article 3 porte
donc sur l'administration par le sous-ministre.
M. Marcoux: L'article 3 est un ajustement aux lois plus modernes
créant les ministères. "Sous la direction du ministre, le
sous-ministre administre le ministère. Il exerce également toute
autre fonction que lui assigne le gouvernement ou le ministre. " C'est la
distinction entre la notion de direction et d'administration, qui est ainsi
introduite. Encore là, le ministre et le sous-ministre sont d'accord. Je
vous l'indiquerai lorsqu'il ne sera pas d'accord.
M. Saintonge: D'après ce que j'ai relevé, de toute
façon, cela devient une concordance avec la Loi sur la fonction publique
où les mêmes termes sont employés.
M. Marcoux: Disons que cela n'a pas été les
articles les plus longs à rédiger.
Le Président (M. Fallu): L'article 3 fait le consentement
de la commission. L'article 4?
M. Marcoux: L'article 4. "Dans l'exercice de ses fonctions, le
sous-ministre a l'autorité du ministre. "
M. Saintonge: J'ai tenté de vérifier et,
effectivement, dans la Loi sur la fonction publique, on n'a pas, je pense, une
telle correspondance. Est-ce que je me trompe? Dans la Loi sur la fonction
publique, je ne pense pas avoir trouvé la correspondance concernant
l'autorité du ministre exercée par le sous-ministre. Il a
l'autorité du ministre, tel qu'on le dit, dans l'exercice de ses
fonctions.
M. Marcoux: Ce qu'on m'indique, c'est que, si ce n'est pas dit
dans la Loi sur la fonction publique, c'est probablement dit dans les lois
créant chacun des ministères.
M. Saintonge: Je n'ai pas pu, malheureusement, vérifier.
Ma question, simplement, était de savoir si c'était du droit
nouveau. Je comprends qu'en principe, dans les faits, c'est nécessaire,
une telle disposition. On confirme ce qui existait probablement auparavant dans
les faits. Je n'ai pas pu vérifier dans toutes les lois des
ministères. Vous comprendrez, notre préoccupation, a porté
sur certaines lois, dont le projet de loi 2 qui était assez
considérable. On n'a pas eu le temps de vérifier aussi à
fond qu'on l'aurait voulu.
M. Marcoux: Ce n'est peut-être pas indiqué de la
même façon dans la Loi sur la fonction publique, mais cela revient
au même; en tout cas, c'est la même signification.
M. Saintonge: De toute façon, le sous-ministre est
d'accord.
M. Marcoux: C'est important, parce que "dans l'exercice de ses
fonctions, le sous-ministre a l'autorité du ministre", cela indique
qu'il n'en a pas plus, qu'il n'en a pas moins.
M. Saintonge: Le ministre se protège.
Le Président (M. Fallu): L'article 4 est donc
adopté. L'article 5?
M. Marcoux: "Le sous-ministre peut, par écrit et dans la
mesure qu'il indique, déléguer à un fonctionnaire ou au
titulaire d'un emploi l'exercice de pouvoirs qui lui sont attribués par
la présente loi. Il peut, dans l'acte de délégation,
autoriser la subdélégation des pouvoirs qu'il indique; le cas
échéant, il identifie le titulaire d'un emploi ou le
fonctionnaire à qui cette
subdélégation peut être faite. "
M. Saintonge: C'est l'article 41 de la Loi sur la fonction
publique» C'est ce que j'ai noté dans ma recherche dans la loi en
question.
M. Marcoux: Adopté? M. Saintonge:
Adopté.
Le Président (M. Fallu): Adopté en vertu de
l'adoption précédente par l'Assemblée nationale. Article 6
maintenant?
M. Marcoux: Cet article, qui porte sur les fonctionnaires du
ministère, met à jour la formulation de l'article 4 de la loi
actuelle, devenue désuète. L'article 6 se lira comme suit: "Le
personnel du ministère est constitué des fonctionnaires
nécessaires à l'exercice des fonctions du ministre; ceux-ci sont
nommés et rémunérés conformément à la
Loi sur la fonction publique. Le ministre détermine les devoirs de ces
fonctionnaires, pour autant qu'il n'y est pas pourvu par la loi ou par le
gouvernement. "
En somme, c'est là un des exemples où on modernise.
L'ancienne loi disait: C'est le ministre des Affaires municipales qui dirige.
Avant, on disait qu'il nommait les officiers, les inspecteurs, les commis. Ce
ne sont plus des termes qui sont utilisés dans la loi pour classifier
les fonctionnaires et déterminer leur titre. Alors, c'est simplement un
ajustement au vocabulaire moderne, disant que notre ministère retient
aussi les formulations employées dans la Loi sur la fonction
publique.
M. Saintonge: M. le Président, j'ai remarqué un
petit manque.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Auparavant, on spécifiait que les officiers,
inspecteurs et commis occupaient leurs charges "durant bon plaisir". En tout
cas, j'imagine qu'on ne s'amuse plus au ministère maintenant.
M. Marcoux: Non. L'expression "bon plaisir" est une expression
aristocratique; cela veut dire le bon plaisir du prince, de la reine.
C'était le roi dans ce temps-là. C'est de la reine maintenant.
Alors, bon plaisir, c'était cela.
M. Saintonge: Effectivement, en droit, c'est fréquent.
Durant bon plaisir ou durant... J'oublie l'autre mot.
M. Marcoux: Mais, je peux vous assurer que, même si cette
expression sera supprimée, ce sera toujours agréable de
travailler au ministère des Affaires municipales.
M. Saintonge: D'accord. Ma question portait principalement sur le
point suivant de cet article. Auparavant, dans l'ancien article 4, il y avait
la possibilité pour le gouvernement de "nommer, en dehors du
ministère, les comptables qu'il juge nécessaires à
l'efficacité du service et de les destituer à sa
discrétion. " La question que je me pose là-dessus est celle-ci:
Évidemment, on n'a plus cette discrétion qui est possible comme
telle de par la loi, mais j'imagine que, par d'autres dispositions, vous pouvez
engager contractuellement.
M. Marcoux: Des contractuels, oui.
Disons, que selon les lois générales du gouvernement, on
peut engager des contractuels. Mais, c'est toutes sortes de contractuels;
pourquoi spécifier que ce sont les comptables en particulier? Alors,
ça n'exclut pas cela.
M. Saintonge: En fin de compte, de par la loi comme telle... Ce
n'est pas du personnel du ministère, à ce moment-là.
Respect de la confidentialité
Une autre chose que je voudrais demander là-dessus, c'est qu'au
niveau des inspecteurs et des comptables qui étaient nommés par
l'ancienne loi, on disait qu'ils devaient prêter le serment d'office
avant d'entrer en fonction ou d'exercer la fonction particulière pour
laquelle ils étaient engagés. Actuellement, je ne sais pas par
quel processus le ministre pourrait engager du personnel contractuel. Dans le
cas où ces gens seraient engagés, est-ce qu'il y a des
dispositions dans une loi quelconque qui permettent au ministre de faire
prêter un serment d'office? La raison est la suivante: du personnel
pourrait être engagé par le ministre pour assister ses
fonctionnaires ou même pour exercer certains pouvoirs que les
fonctionnaires ont de par la loi. Nous verrons plus loin que ce sont des
pouvoirs extrêmement étendus, à mon point de vue. Ils
peuvent aller dans les administrations municipales. Il serait important que ces
contractuels puissent être sur un serment d'office puisqu'ils ont
accès à des données qui, pour les municipalités,
pourraient être confidentielles.
Non, pour les fonctionnaires, dans la Loi sur la fonction publique -
j'ai vérifié également, je peux dire cela - il n'y a pas
de serment d'office comme tel. Il y a un serment d'atlégeance, je pense,
à l'autorité constituée, mais il n'y a pas de serment
d'office, à mon point de vue. Je n'en ai pas trouvé, en tout
cas.
M. Marcoux: La façon dont le ministère va
procéder pour l'engagement de contractuels ou de professionnels, c'est
selon les règles en vigueur au gouvernement, c'est-à-dire que,
pour les occasionnels, il faut passer par le Centre de main-d'oeuvre du
Québec. Pour des professionnels, il faut s'adresser au fichier central
des fournisseurs de services, si c'est un bureau de comptables auquel on veut
avoir recours. S'il y a des cas spécifiques où on veut telle
personne, tel bureau en particulier qui a une expertise particulière, il
faut aller au Conseil du trésor pour les dérogations. Ce sont les
règles générales de la fonction publique qui
s'appliquent.
M. Saintonge: M. le ministre, les règles
générales de la fonction publique disent, à l'article 5:
"Le fonctionnaire est tenu d'office d'être loyal et de porter
allégeance à l'autorité constituée. Il doit exercer
ses fonctions dans l'intérêt public, au mieux de sa
compétence, avec honnêteté et impartialité et ii est
tenu de traiter le public avec égards et diligence. "
Mais, dans le cas présent, même au niveau des
fonctionnaires qui, dans certains cas, vont exercer des fonctions
d'enquête dans les municipalités ou du personnel de soutien qui
verra à exercer cela, il me semblerait important que la disposition
qu'on retrouvait dans la loi antérieure concernant un serment d'office
à cette fin-là et de confidentialité des renseignements
obtenus soit maintenue dans la loi actuelle. À moins qu'on ne puisse me
dire que, par d'autres dispositions quelconques, on arrive à la
même fin.
M. Marcoux: C'est couvert par l'article 5 de la Loi sur la
fonction publique quand on dit: "Le fonctionnaire est tenu d'office
d'être loyal et de porter allégeance à l'autorité
constituée. Il doit exercer ses fonctions dans l'intérêt
public, au mieux de sa compétence, avec honnêteté et
impartialité et il est tenu de traiter le public avec égards et
diligence. " Dans les cas où ce sont des services professionnels, vous
avez les codes d'éthique de chacune des corporations qui s'appliquent,
Les lois des corporations professionnelles s'appliquent et elles doivent
être respectées par quelqu'un, qu'il soit fonctionnaire ou
non-fonctionnaire.
On dit que "le fonctionnaire est tenu à la discrétion sur
ce dont il a connaissance dans l'exercice de ses fonctions", à l'article
6.
Le Président (M. Fallu): L'article 6.
M. Marcoux: "Sous réserve des dispositions relatives
à l'accès à l'information et à la protection des
renseignements personnels, le fonctionnaire est tenu à Ta
discrétion sur ce dont il a connaissance dans l'exercice de ses
fonctions. " "Le fonctionnaire ne peut avoir un intérêt direct ou
indirect dans une entreprise qui met en conflit son intérêt
personnel et les devoirs de ses fonctions. " Il "ne peut accepter une somme
d'argent ou une autre considération pour l'exercice de ses fonctions. "
Il "ne peut accorder, solliciter ou accepter, en sa qualité de
fonctionnaire, une faveur ou un avantage indu pour lui-même. " Il "ne
peut utiliser è son profit un bien de l'État. " Il "doit faire
preuve de neutralité politique dans l'exercice de ses fonctions. " Il
"doit faire preuve de réserve. " Alors, il y a huit articles qui, je
pense, indiquent très bien...
Le Président (M. Fallu): II y a la loi sur la
confidentialité...
M. Marcoux:... tous les devoirs, les normes d'éthique et
de discipline.
Le Président (M. Fallu):... des documents, la loi 65, qui
prévoit...
M. Marcoux:... la protection des renseignements personnels.
Le Président (M. Fallu): Oui.
M. Saintonge: Je comprends, M. le Président, mais mon
souci vis-à-vis de cela est venu quand j'ai remarqué que le
serment d'office n'était plus là. J'ai lu la Loi sur la fonction
publique. Je comprends qu'on est loyal. Sauf qu'on ne spécifie pas
expressément, dans les pouvoirs d'enquête, la
confidentialité qu'on doit garder. Par exemple, on verra dans le projet
de loi, un peu plus loin, à l'article 14: "Tout fonctionnaire du
ministère que désigne par écrit le ministre peut visiter
le bureau d'une municipalité pour s'assurer de la bonne exécution
des lois dont le ministre surveille l'administration. " C'est quand même
pas mal vague. Un fonctionnaire peut s'en aller dans une municipalité,
il peut aller vérifier ce qu'il veut, il a tous les livres à sa
disposition, il n'y a pas de restrictions. Il n'a pas de mandat particulier,
comme je l'ai mentionné hier. Il n'y a pas de mandat particulier qui est
confié au fonctionnaire qui va aller dans la municipalité.
Là, il entre et les portes ne sont pas assez grandes pour les ouvrir; on
enlèverait les murs, cela ferait la même chose. Tout est à
sa discrétion, tout est à son bon vouloir, à son examen,
s'il le juge opportun, s'il le juge utile et s'il le veut bien.
Donc, à ce moment-là, cela inclut des documents pour des
municipalités, venant de personnes qui sont dans les
municipalités ou même de personnes qui seraient de
l'extérieur de la municipalité; dans certains cas, des rapports
qui peuvent appartenir, par
exemple, je dirai, à des ingénieurs qui auraient pu
examiner une structure quelconque, qui auraient déposé un
rapport, lequel aurait pu être confidentiel; ou un rapport juridique qui
aurait été déposé à la municipalité
pour un cas particulier, qui n'est pas public, qui serait là, dont le
fonctionnaire pourrait prendre connaissance. Ce fonctionnaire, est tenu, de par
la Loi sur la fonction publique, je comprends, à une certaine
discrétion, à l'impartialité, à
l'honnêteté, mais je dirai que, s'il a un serment d'office au
niveau de garder la confidentialité et le secret de ce qu'il a pu
constater... Parce que le problème, c'est qu'il n'a même pas de
rapport a soumettre, à ce moment-là. Les informations peuvent
couler, d'une certaine façon, n'importe où.
On s'en est rendu compte, même récemment, en Chambre
où un ministre menaçait des gens de poursuites, s'il y avait
lieu, parce qu'une information était sortie de son ministère.
Mais, dans le cas présent, s'il arrivait quelque chose comme cela, que
le ministre confie un mandat précis à un fonctionnaire ou
à un contractuel qu'il veut engager, je pense souhaitable qu'au sens de
la Loi sur la fonction publique on impose un serment d'office au fonctionnaire
ou au contractuel engagé en l'informant de son devoir précis ou
particulier, On ne fait pas référence à la fonction
publique pour faire appliquer ce devoir. On ne se réfère pas, non
plus, à la loi sur l'accès aux documents. C'est mon souci. Il
s'agit simplement d'assurer une confidentialité au niveau des
municipalités, qui va demeurer à la suite de l'examen des
documents fait par les fonctionnaires du ministère.
M. Marcoux: Pour les fonctionnaires, notre opinion est qu'ils
sont couverts suffisamment par les articles 4 à 12 de la Loi sur la
fonction publique. Pour les contractuels, comme ils ne sont pas des
fonctionnaires, ils ne sont pas assujettis. Ils n'ont pas, non plus, les
pouvoirs des fonctionnaires.
M. Saintonge: Oui, c'est cela.
Une voix: Cela couvre seulement les fonctionnaires.
M. Marcoux: Les pouvoirs de l'article 1k touchent seulement les
fonctionnaires. Le ministre ne pourrait pas décider et dire: J'engage un
contractuel et je lui donne les pouvoirs des fonctionnaires.
M. Saintonge: D'accord. Sauf qu'antérieurement, parce
qu'il y a une possibilité pour le ministre dans des cas, par exemple, de
tutelle, comme à Bromont...
M. Marcoux: C'était en fonction de la
Loi sur la Commission municipale.
M. Saintonge: Oui, d'accord, sauf qu'avant d'aller en tutelle ou
quoi que ce soit, j'imagine qu'il y a parfois des difficultés
financières importantes dans une municipalité. Je ne veux pas
mésestimer ta compétence des fonctionnaires du ministère
au service de l'administration financière, mais ces gens sont
occupés à des tâches particulières. Il arrive un
surcroît de travail ou il arrive des points fort particuliers et on a
besoin d'engager un contractuel, par exemple, pour aider un fonctionnaire qui
fait des études de documents. Antérieurement, la loi couvrait
cela. C'est, à mon point de vue, l'élément majeur qu'on
enlève quand on fait disparaître la possibilité d'engager
un comptable de l'extérieur qui devait prêter un serment
d'office.
Si c'est le cas, qu'ils ont besoin de personnel de soutien, par exemple,
d'expertise, je comprends que l'expert a sa confidentialité à
respecter, son code d'éthique à respecter, mais, encore une fois,
il reste que c'est le Code des professions qui va s'appliquer. Le mandat n'est
pas donné dans ce sens-là. Ce serait surtout dans la loi que
j'aurais trouvé important - je souligne mon interrogation
là-dessus - que l'on puisse maintenir un article de ce genre pour
assurer, en tout cas, le respect de la confidentialité de ce qui peut se
trouver dans chacune des municipalités, des documents qui, souvent, ne
sont pas publics.
Dans des municipalités, cela peut arriver dans la construction de
certains édifices, par exemple. Un service technique demande une
expertise avant d'autoriser l'émission d'un permis. Il y a un rapport
d'expert qui est déposé à la municipalité, mais ce
n'est pas un document qui est au conseil municipal, que n'importe qui peut
obtenir pour en discuter sur la place publique. L'expertise a été
donnée, par exemple, à une personne en particulier, à
celui qui était propriétaire des lieux ou à celui qui
construisait le bâtiment. Pour l'aider à obtenir son permis
municipal, on lui demande certaines garanties, certaines conformités
à des normes. Il prouve cela par un rapport d'expert qui est
déposé au service des plans ou au service d'urbanisme de la
ville.
Mais s'il arrive une tragédie quelconque... On a vu un pont
s'écrouler, des ingénieurs du ministère. Des choses
pareilles peuvent arriver n'importe où. Quelque chose survient et on a
un rapport d'expertise. Il pourrait arriver que quelqu'un, qui en aurait pris
connaissance à la municipalité, laisse couler un point ou laisse
couler une partie du rapport. Il me paraît alors important, pour ces
documents qui sont remis à la municipalité en toute
confidentialité, qui ne sont pas des documents publics, qu'on ne
puisse pas dire: Parce que c'est à la municipalité, c'est
public, on peut le rendre public d'une quelconque façon ou quelqu'un qui
l'examine peut donner un commentaire là-dessus éventuellement.
C'est ce souci que je veux manifester ici pour qu'on continue à
protéger cela d'une façon précise. (16 h 30)
M. le Président, juste un autre point que je pourrais soulever.
On voit dans la loi à l'article 15: "Si l'intérêt public le
justifie, le ministre peut charger, par écrit, un fonctionnaire du
ministère d'enquêter sur la conduite d'un fonctionnaire ou d'un
employé d'une municipalité". Le fonctionnaire s'en va
enquêter; il arrive là et il y a des documents. Il peut y avoir un
rapport médical qui est dans le dossier de la personne, qui a
été fourni par un médecin, etc. Woops! II y a une fuite
sur cela. Cela devient public. Cela peut être donné par qui?
Peut-être pas par la municipalité; cela peut être le
fonctionnaire qui, par hasard, pourrait peut-être le laisser couler. On
ne sait jamais pourquoi s'il n'y a pas une obligation précise que le
ministre pourrait contrôler s'il a donné un mandat express
à un tel point. Si cela coule à un moment donné et que
cela sort de la ville, la ville peut se retrouver en poursuite en dommage et
intérêts pour diffamation ou quoi que ce soit ou pour information
donnée sur la conduite de quelqu'un. J'ai déjà vu cela. Ce
n'était pas nécessairement par l'intermédiaire du
ministre, mais cela venait de la municipalité: des mises en demeure, des
menaces de poursuites ou d'actions, des règlements hors cour
interviennent. C'est un cas comme cela qui pourrait arriver.
M. Marcoux: Dans le type d'exemple que vous donnez, même
s'il prêtait serment, si quelqu'un, dans l'exercice de ses fonctions, a
fait une fuite semblable, il est passible des mêmes poursuites.
M. Saintonge: II peut être passible des mêmes
poursuites, mais vous avez au moins une protection s'il y a un serment d'office
qu'il a prêté, etc. C'est mandatoire. S'il a prêté un
serment d'office, qu'il a convenu de garder la confidentialité etc., et
que c'est précis, vous n'avez pas le problème de dire: Est-ce
que, oui ou non, c'est couvert par tel ou tel article?
M. Marcoux: De toute façon, actuellement, le
ministère n'engage pas de contractuels à cette fin et, s'il en
engageait, ils ne pourraient pas avoir ces pouvoirs. Donc, comme ils n'auraient
pas ces pouvoirs, ils n'auraient pas à les exercer. On n'a pas à
inventer un article qui fait qu'on donnerait des pouvoirs. Justement, on ne
veut pas donner de pouvoirs à ce titre, d'enquête, par exemple, ou
de vérification à d'autres que les fonctionnaires du
ministère qui sont déjà assujettis à la Loi sur la
fonction publique qui a toutes les garanties à cet effet.
M. Saintonge: Sauf que cela ne couvrirait pas le cas où il
y aurait un personnel d'appoint engagé pour aider le fonctionnaire dans
l'exécution de ses fonctions, que ce soit, par exemple, un
expert-comptable» Dans certains cas, cela pourrait arriver et là
on limite le fait d'imposer, par exemple, un serment d'office à ces gens
avant d'entrer en fonction.
M. Marcoux: L'expert-comptable, cet exemple ne peut pas
s'appliquer, entre autres, parce que lui est assujetti au Code des professions
et il est assujetti à la règle de la confidentialité et il
a son serment d'office de comptable.
M. Saintonge: Je n'en ferai pas une bataille complètement
de fond.
M. Marcoux: Non, non, je sais ce n'est pas une question de
bataille.
M. Saintonge: Mais c'est une question que je me suis
posée. Il me serait apparu important de l'intégrer dans- la loi,
de le maintenir d'une certaine façon. Je ne sais pas comment
l'administration du ministère fonctionne, si vos mandats sont
donnés. Antérieurement, c'était prévu
expressément. J'imagine qu'il a dû y avoir une utilité,
sauf qu'aujourd'hui cela ne s'applique plus.
M. Marcoux: Je vais regarder cela. Ce qui est là
m'apparaît correct. Je suis convaincu que ce n'était pas tellement
pour les contractuels professionnels, non plus, qu'on pourrait engager,
même si on en engageait pour faire un ouvrage. Pour les contractuels
professionnels, il n'y a pas de problème parce que les professionnels
sont assujettis au Code des professions et devraient respecter de semblables
règles. La seule chose sur laquelle je voudrais réfléchir
un peu plus, c'est: est-ce qu'il pourrait arriver qu'on engage des contractuels
qui ne soient pas membres de corporations professionnelles et qui pourraient
être informés de documents de la municipalité sur lesquels
ils pourraient faire des fuites etc? Si on les engageait, on ne leur donnerait
pas de pouvoirs d'enquête; alors, normalement, ils ne seraient pas...
M. Saintonge: Sauf que dans la loi actuellement, d'après
ce que j'ai pu comprendre, on ne parle plus de pouvoirs d'enquête; on
parle de pouvoirs et de visite dans le bureau pour s'assurer de la bonne
exécution. Cela, c'est le fonctionnaire, mais si quelqu'un aide le
fonctionnaire? Je vais poser une question bien simple, qui va peut-
être éclairer ma lanterne pour savoir un peu comment cela
se passe. Au niveau du ministère actuellement, des fonctions
exercées par le ministre et par le sous-ministre, avez-vous besoin,
comme l'article antérieur le prévoyait, de prendre du personnel
de l'extérieur ou si maintenant le personnel du ministère est
suffisant pour couvrir tous ces cas-là?
M. Marcoux: À ma connaissance, on n'a jamais pris des gens
qui n'ont pas eu le statut de fonctionnaires. Cela peut arriver qu'on engage un
occasionnel, mais l'occasionnel a un statut de fonctionnaire. Il est couvert
par la même loi, il y a les mêmes exigences. Je me souviens qu'on a
donné un contrat d'un an pour aider les municipalités de la
Basse-Côte-Nord à se mettre en place. On a engagé un
anthropologue qui connaissait bien ces municipalités et qui avait
travaillé avec elles. On y est allé par dérogation au
Trésor pour engager cette personne-là parce qu'elle était
familière avec elles. Mais, à partir du moment où on l'a
engagée, même si on y est allé par dérogation au
Trésor pour engager cette personne, elle a le statut de fonctionnaire et
elle est soumise à la loi du ministère et à la Loi sur la
fonction publique. Mais, que te sous-ministre ou moi ayons demandé
d'engager quelque expert que ce soit qui n'ait pas le statut fonctionnaire,
cela ne nous est pas arrivé. Je ne dis pas, mais si la Commission
municipale du Québec - mais là c'est en vertu de la Loi sur la
Commission municipale du Québec et de son pouvoir d'enquête - fait
enquête sur une municipalité, eh bien, dans les dépenses
qu'elle a à faire, elle peut engager, mais ce n'est pas le
ministère qui le fait à ce moment-là.
Je connais des rapports qui ont été entièrement
faits sur des municipalités et qui ont conduit... Souvent, ce qui se
passe, c'est une demande d'enquête de la part de citoyens. Il y a des
fonctionnaires qui vont enquêter. Ils observent certains faits. Ils font
des recommandations qui sont, la plupart du temps, soumises à la
Commission municipale qui nous dit: Oui, vous devriez aller plus loin et
déclencher le processus d'une enquête systématique ou oui,
vous devriez faire la tutelle ou simplement écrire à la
municipalité, lui disant de corriger ceci, ceci ou ceci. Tout cela a
été fait par des fonctionnaires du ministère.
Lorsqu'il y a une commission d'enquête en fonction de la Loi sur
les commissions d'enquête ou en vertu de la Loi sur la Commission
municipale, ce sont les règles qui s'appliquent aux commissions
d'enquête à ce moment-là et le personnel engagé est
assujetti à ces règles-là, il n'est pas couvert par cela.
Cela fait sept mois que je suis au ministère et je n'ai aucun cas qui me
vient à l'esprit où on a pu engager, je pourrais dire, des
techniciens - pour les professionnels, ils sont soumis aux corporations
professionnelles; il n'y a pas de problème, j'en suis certain - auxquels
on aurait pu demander d'examiner la situation de municipalités. On n'en
connaît pas.
M. Saintonge: Cela veut dire, dans le fond, que le personnel du
ministère, ce sont seulement des fonctionnaires. II n'y a pas de cas
comme antérieurement, où il y avait des gens qui pouvaient
être engagés. J'imagine que cela devait exister puisqu'on a fait
l'article. La loi remonte à assez loin; la fonction publique
n'était peut-être pas aussi volumineuse qu'aujourd'hui.
M. Marcoux: C'est cela. La loi a 60 ans. Il y a 60 ans, je l'ai
indiqué hier dans le discours de deuxième lecture l'objectif du
ministère était simplement de contrôler la situation
financière des municipalités. Pour cela, on disait: II y a des
officiers, des inspecteurs et des commis qui vont regarder et, s'il y a lieu,
on va fournir des comptables pour aider les municipalités.
C'était dans ce sens-là. La vocation du ministère a
tellement changé.
M. Saintonge: À ce moment-là, tout personnel qui
sera maintenant au ministère comme tel, ce seront des fonctionnaires,
peut-être pas des fonctionnaires qui auront leur permanence, mais
à tout le moins ils seront engagés à la base comme des
fonctionnaires. On ne dirait pas des occasionnels, par exemple, mais...
M. Marcoux: Oui, oui. Et, pour les cas où ce serait une
commission d'enquête, cela ne pourrait être qu'en fonction de la
loi de l'exécutif sur les commissions d'enquête - là, tout
est prévu dans cela - ou de la Loi sur la Commission municipale du
Québec où, là aussi, les règles des commissions
d'enquête s'appliquent.
Le Président (M. Fallu): J'ai un peu le sentiment que cet
article ancien du ministère reflétait à l'époque
les dispositions qui étaient dans la Loi sur la fonction publique. Il
faut se souvenir que la loi 50 a fait sauter le serment d'office des
fonctionnaires, parce qu'il y avait serment d'office de tous les
fonctionnaires. Ce serment d'office n'existe plus. J'ai l'impression que cela
s'inspirait de mêmes dispositions pour des inspecteurs et comptables,
alors que maintenant le seul fait d'accepter un poste de fonctionnaire
amène cette relation de confiance qui est inscrite dans la loi»
Mais c'est essentiellement basé sur une relation de confiance et non pas
sur une prestation de serment.
M. Marcoux: Il y a une chose qui s'ajoute. La sous-ministre me
fait remarquer que, si l'on créait une autre catégorie de
personnel qui n'est pas un fonctionnaire, à l'article 14 il faudrait
indiquer: Tout fonctionnaire du ministère ou toute autre personne
engagée par le ministère aurait le droit d'aller dans les
municipalités pour enquêter. Alors, je suis sûr que le monde
municipal ne veut pas qu'il y ait d'autres personnes que les fonctionnaires -
il connaît les règles auxquelles sont astreints les fonctionnaires
- qui aillent fouiller dans les municipalités.
Cette ouverture pourrait être dangereuse parce qu'on dirait qu'il
y a deux catégories de personnes engagées par le
ministère: il y a les fonctionnaires et ceux qui ne sont pas
fonctionnaires et, pourtant, on les assujettirait aux mêmes
règles. Cela devient, finalement, des fonctionnaires.
Le Président (M. Fallu): Quel sort réserve-t-on
à l'article 6?
M. Marcoux: Je vous proposerais de l'adapter, mais je vais le
regarder. On en a pour quelques jours à travailler ensemble. Je vais
l'étudier par rapport à d'autres ministères pour savoir
exactement. Je voudrais en discuter aussi avec les gens du Comité de
législation pour savoir s'ils ont des expériences d'autres
ministères qui engagent des personnes qui n'ont pas le statut de
fonctionnaires et ce qui se passe par rapport aux règles qu'ils doivent
appliquer à ce moment-là.
M. Saintonge: Mon souci, M. le Président, dans le cas de
l'article 6, c'est que je remarquais qu'antérieurement il y avait
possibilité d'engager des gens hors du ministère pour certaines
fonctions précises. Je me dis que le ministère a un certain
personnel, ça va de soi; j'imagine que le personnel qui est là
n'attend pas assis sur une chaise que le téléphone sonne pour
aller quelque part voir ce qui se passe. Ils ont sûrement du travail
à faire d'une façon assidue. Dans des cas particuliers ou dans te
cas de mandats précis, on peut avoir besoin de donner du personnel
d'appoint aux fonctionnaires. Antérieurement, quand on engageait
quelqu'un de cette façon, on lui faisait prêter un serment
d'office. Est-ce que ta même chose va arriver?
L'article 6 ne couvre pas ça. J'en ai discuté ici,
à l'article 6, pour la raison qu'antérieurement, pour les
employés ou le personnel du ministère, on avait cette disposition
particulière dans l'article précédent. Étant
donné, comme je l'ai mentionné, le grand pouvoir que les
fonctionnaires peuvent exercer au niveau des visites, etc., s'ils sont
accompagnés de personnes, il faut s'assurer de la discrétion de
ces gens-là, de leur loyauté. Its ne sont pas soumis à la
Loi sur la fonction publique.
M. Marcoux: Â ce moment-là, comme vous le voyez, il y a
deux catégories. Il y avait des fonctionnaires qui étaient
officiers, inspecteurs et commis; il y en avait cinq fonctionnaires à ce
moment-là. Eux n'avaient pas le droit de visiter les
municipalités. C'était l'autre groupe, formé d'inspecteurs
comptables, qui était engagé à contrat pour visiter les
municipalités. Cela a complètement changé maintenant.
On en parlé hier, c'est le Bureau des
inspecteurs-vérificateurs qui sont actuellement des fonctionnaires, mais
on est obligé d'adopter au Conseil des ministres, de temps à
autre, une liste d'inspecteurs-vérificateurs qui sont des
fonctionnaires. On leur ajoute un titre. Je ne sais pas si cela les flatte. Je
proposerais qu'on l'adopte.
M. Saintonge: D'accord.
M. Marcoux: Et s'il y a quelque chose...
M. Saintonge: Et pour l'autre problème que j'ai
soulevé, il y a quelque chose d'autre.
M. Marcoux: Je vais le regarder. M. Saintonge: D'accord,
adopté.
Devoirs et pouvoirs du ministre
Le Président (M. Fallu): Maintenant, nous passons à
la section II qui est relative aux devoirs et pouvoirs du ministre. L'article
7?
M. Marcoux: L'article actuel dit: "Le ministre des Affaires
municipales est chargé de surveiller, dans tout le Québec,
l'administration et la mise à exécution des lois concernant le
système municipal. " Cela veut bien dire que la fonction, quand on a
créé le ministère, c'était vraiment de surveiller
l'administration municipale. Je crois que l'évolution du monde municipal
depuis 60 ans fait que le mandat du ministre est beaucoup plus large. On a
voulu adapter à la réalité actuelle les mandats du
ministre responsable du ministère.
Selon notre proposition "Le ministre veille à la bonne
administration du système municipal dans l'intérêt des
municipalités et de leurs citoyens. " Déjà, cette phrase
répond à une préoccupation importante soulignée par
le député de Laprairie dans son discours de deuxième
lecture, à savoir que le ministre des Affaires municipales n'est pas
seulement le ministre des municipalités, il est aussi le ministre des
citoyens membres des municipalités. Dès le point de
départ, je me souviens d'avoir indiqué que je souhaitais
qu'on l'inclue dans la loi et j'étais heureux que,
spontanément, le député de Laprairie indique que cette
obligation aurait avantage à être écrite dans la loi; elle
est écrite en clair dans les devoirs et pouvoirs du ministre. "Le
ministre veille à la bonne administration du système municipal
dans l'intérêt des municipalités et de leurs citoyens.
À cette fin, il doit notamment: 1° assurer l'organisation et le
maintien de l'institution municipale là où la population le
justifie. " Vous voyez que c'est le point de départ; le ministre est
là pour voir à la constitution de municipalités là
où c'est nécessaire et utile. "2° promouvoir l'exercice de la
démocratie municipale, en favorisant notamment la participation aux
institutions municipales; 3° s'assurer que l'administration municipale
gère sainement les deniers publics et voit, dans les limites de sa
compétence, au bien-être des personnes soumises à sa
juridiction; 4° surveiller l'administration et l'exécution des lois
concernant le système municipal; 5° aider et soutenir les
municipalités dans l'exercice de leurs fonctions. " C'est la notion
d'aide et de soutien qu'on ajoute. La notion de surveillance se retrouve au
paragraphe 4; la notion d'aide et de soutien au paragraphe 5. (16 h 45) "6°
conseiller le gouvernement, les ministères et les autres organismes
publics et, le cas échéant, leur faire des recommandations sur
toute question concernant leurs activités lorsque celles-ci ont une
incidence dans le domaine municipal. " C'est le rôle d'assurer une
coordination dans le but d'assurer une cohérence de l'action des autres
ministères face au monde municipal. Cela a tellement
évolué. Juste quelques exemples, depuis six ou sept ans: la
Direction de l'environnement était aux Affaires municipales
jusqu'à 1977, celle de l'habitation était aux Affaires
municipales jusqu'à 1980-1981. C'était facile d'assurer la
coordination quand c'était le même ministre qui dirigeait les
différents volets. Mais on peut prévoir que, d'ici quelques
années, il y aura peut-être d'autres secteurs d'activité
qui vont toucher beaucoup le monde municipal et qui ne relèveront pas du
ministre des Affaires municipales à cause de leur importance. Mais le
rôle du ministre, ce n'est pas un rôle d'imposition, c'est un
rôle de conseil. Je pense que c'est important que ce soit indiqué
dans la loi. "7° favoriser, dans le cadre de la Loi sur la
prévention des incendies, la prévention des incendies et 8°
exécuter ou faire exécuter des recherches, des études ou
des analyses concernant le monde municipal. "
Évidemment, quand on s'embarque dans ce genre de liste, elle peut
être infinie comme elle peut être très courte. On a
essayé d'indiquer ce qui est l'essentiel des devoirs et des pouvoirs du
ministre dans cet article. Cela peut être dit de bien des façons.
Ce que j'aime dans cet article, c'est que tout le monde qui le lit peut
comprendre ce qui est indiqué et voir l'étendue des
responsabilités qu'on donne au ministère.
Le Président (M. Fallu): Bien au-delà de la
rédaction, je ne sais trop quelles sont les orientations des
légistes - je ne parle pas seulement au ministère, mais au
gouvernement - à propos de l'absence de discrimination selon le sexe qui
est inscrite un peu partout, malheureusement, dans !a langue française.
Je ne connais pas les dispositions qu'on a prises pour que, d'une façon
générale, on ne fasse plus de distinction de sexe. On retrouve
dans l'intitulé de l'article 7: "Le ministre veille à la bonne
administration du système municipal dans l'intérêt des
municipalités et de leurs citoyens". Je veux bien croire que le masculin
l'emporte sur le féminin, comme le veulent nos règles de
grammaire française, mais est-ce qu'il y a des dispositions de prises
auprès du Comité de législation pour que ces masculins
deviennent également des féminins?
M. Saintonge: M. le Président, je peux peut-être
vous dire, comme avocat, qu'il y a un principe d'interprétation des lois
qui est accepté partout et qui est connu: on dit toujours que la loi
parle au masculin. C'est pour éviter des redondances comme citoyens et
citoyennes et des choses comme cela. Je pense que cela va de soi que, lorsque
la loi parle au masculin, cela vise les personnes des deux sexes. C'est pour
éviter toutes les patentes, "un" avec "une", entre parenthèses,
avec un "s" au cas que ce soit au pluriel et cela en vise peut-être plus
qu'un et avec "e", "es", "e", "enne" et cela ne finirait plus. Je pense que,
dans ce sens, le législateur a prévu, dans la Loi
d'interprétation, que la loi parle au masculin. C'est "at large" et
c'est compris de tout le monde.
Le Président (M. Fallu): Je vous remercie, M. le
député de Laprairie, pour cette consultation gratuite.
M. Marcoux: Je peux vous dire, M. le Président, que je
partage les propos du député de Laprairie. Pour montrer qu'on
fait des efforts dans ce sens, tout en ne voulant pas allonger les textes,
à l'article 2 que nous venons d'adopter, au lieu de parler d'un
sous-ministre, nous parlons "d'une personne au titre de sous-ministre", dans
cette perspective. C'est le Comité de législation qui fait des
efforts, tout en n'allongeant pas les textes.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Laprairie, sur l'article 7.
M. Saintonge: Sur l'article 7, M. le Président, j'avais
fait certaines remarques lors de...
M. Marcoux: La sous-ministre à la législation
propose de changer la Loi d'interprétation pour dire que toutes les lois
devraient être au féminin et cela vaut pour le masculin. Disons
que ce sera dans une étape ultérieure. Il suffirait de modifier
une loi, la Loi d'interprétation.
M. Saintonge: M. le Président, je disais donc que, dans
mon discours sur l'adoption du principe du projet de loi, j'avais noté
qu'à l'article 7, le ministre a dit tantôt: C'est bien clair - les
devoirs et pouvoirs du ministre me semblent extrêmement larges,
extrêmement étendus, plus que ceux qu'il avait avant.
Il a dit: Tout le monde peut comprendre. J'ai l'impression que,
justement, tout le monde peut comprendre et, dans certains cas, on ne peut pas
comprendre jusqu'où l'étendue va aller. On peut comprendre que
c'est large. C'est ce que j'entrevois. Même si auparavant la loi
était peut-être bien simple en disant: "Le ministre est
chargé de surveiller l'administration et la mise à
exécution des lois concernant le système municipal", je pense
qu'on peut même déduire de l'ancien texte que le pouvoir de
contrôle et le pouvoir de soutien du ministre étaient le. En
effet, quand on disait de "surveiller l'administration et la mise à
exécution des lois", quand même, le ministre avait, j'imagine, un
pouvoir de soutien et de contrôle des municipalités. Dans les
faits, il l'a exercé de longue date. Les ministres des Affaires
municipales ont toujours, je pense, oeuvré dans ce sens ou, du moins,
ont tenté de le faire dans ce sens, tout en exerçant le pouvoir
de contrôle qui leur revenait.
M. Marcoux: C'est une question d'accent.
M. Saintonge: C'est cela, sauf que, si je reprends l'article 7,
ma question principale, c'est cela: Pourquoi et à quelle fin ces
pouvoirs sont-ils vraiment étendus, quand on dit qu'il "veille à
la bonne administration du système municipal dans l'intérêt
des municipalités et de leurs citoyens? On ne le définit pas,
mais on présume que c'est dans l'intérêt
général. Cela peut aller, mais on dit "assurer l'organisation et
le maintien d'institutions municipales là où la population le
justifie". La loi prévoit, finalement, que le ministre a des pouvoirs
dans l'organisation municipale mais jusqu'à quel point quand on
dît qu'il doit notamment assurer l'organisation et le maintien? Est-ce
qu'on veut dire que, dans le maintien, le ministre aurait des pouvoirs
particuliers qu'il pourrait exercer? Quels sont les pouvoirs que le ministre
pourrait, par exemple, exercer dans ce cadre-là?
M. Marcoux: C'est en concordance. Par exemple, si un conseil
municipal n'exerce pas son rôle, le ministre a le pouvoir de nommer
quelqu'un pour faire en sorte que les activités du conseil durent, pour
le maintien de l'institution municipale. Cela indique - sur cela, il n'y a rien
de nouveau - un pouvoir que le ministre exerce déjà. On clarifie
que c'est le ministre qui est responsable de définir ou d'assurer
l'organisation du monde municipal, mais dans certains cas cela peut vouloir
dire aussi intervenir pour maintenir une structure municipale à tel
endroit de façon intérimaire à l'occasion. Un autre
exemple: dans tous les territoires où il n'y a pas de conseils
municipaux, qui ne sont pas municipalisés et où il y avait avant
des fonctionnaires qui étaient administrateurs, c'était en vertu
du pouvoir du ministre d'assurer le maintien de la vie municipale. Cela
explique, en fait, ce qu'on fait.
M. Saintonge: Si on dit, par exemple, comme
deuxième...
M. Marcoux: "Assurer le maintien", c'est l'inverse d'assurer la
disparition.
M. Saintonge: Oui, j'imagine. Mais, par exemple, à 2°
"promouvoir l'exercice de la démocratie municipale en favorisant
notamment la participation aux institutions municipales" cela veut dire quoi?
C'est un pouvoir que le ministre a, mais peut-il donner des ordres à la
municipalité, des façons de procéder ou quoi? De quelle
façon quand on dit "notamment la participation"?
M. Marcoux: Le ministre peut donner des ordres aux
municipalités par des lois qui lui donnent des pouvoirs
réglementaires ou par d'autres moyens comme la publicité ou
l'information. Par exemple, l'Ontario a réalisé - on l'a
déjà fait ici au Québec - il y a deux ans, un vaste
programme d'information de 750 000 $ dont le slogan était "Le 4
novembre, nous décidons", "The 4th of November, we decide", pour rendre
très importante la date du à novembre -cette
année-là, c'était le 4 novembre - par rapport aux
élections municipales. Ils ont eu une forte augmentation de la
participation à l'élection, une forte augmentation des
candidatures, etc. C'est le ministère qui l'a assumé, etc. Je
pense que c'est un exemple concret de la façon dont un ministère
peut voir son rôle de maximiser la participation à la
démocratie municipale. C'est dans des choses semblables, entre autres
par les moyens de communication.
Si le gouvernement a pu adopter une loi sur la démocratie
municipale, c'est une
certaine façon d'expliciter comment la participation des citoyens
peut être favorisée. Quand on a adopté la loi 103,
c'était dans la perspective de favoriser davantage la participation des
citoyens en prévoyant des mécanismes; par exemple, en
prévoyant que, dans les municipalités où les citoyens
voulaient développer des partis politiques, ils pourraient ie faire,
etc., ou si des citoyens voulaient financer des partis politiques, ils
pourraient le faire également. Il y a différents exemples qui
peuvent illustrer... Je pense que les gestes concrets que peut poser un
ministre favorisant la participation aux institutions municipales ou la
démocratie municipale font partie de ses attributions.
M. Saintonge: Le problème que je veux tenter
d'éclairer, c'est dans un souci d'autonomie que je veux laisser aux
municipalités. On est dans la bonne période de ce
temps-là. J'apprécie bien cela. Je pense que les autorités
municipales l'apprécient bien plus que je peux le faire moi-même.
Je veux faire le message au ministre; il l'a sûrement appris, il nous dit
qu'il l'a eu. C'est dans un souci d'autonomie municipale. Il y a un pouvoir
d'intervention, mais il m'apparaît qu'il pourrait y avoir un très
grand pouvoir d'intervention du ministre avec la nouvelle phraséologie
de l'article 7 et d'autres articles. Juste à titre d'exemple, au
deuxième paragraphe de l'article 7, on dit: II doit notamment
"promouvoir l'exercice de la démocratie municipale, en favorisant
notamment la participation aux institutions municipales. " C'est dans le cadre
des pouvoirs du ministre qui "veille à la bonne administration du
système municipal". J'imagine que "promouvoir l'exercice de la
démocratie municipale", c'est une question d'administration municipale
en règle générale.
On se demande ce que fait le ministre là-dedans. A-t-il besoin
d'un pouvoir réglementaire pour intervenir? Je ferai remarquer au
ministre que l'article 11 de la loi nous dit: "Le ministre peut donner à
un conseil municipal des avis ou lui faire des recommandations sur un aspect de
l'administration de la municipalité? Alors, il n'y a pas de pouvoir
réglementaire en jeu. C'est dans ce sens que je me dis que le pouvoir
d'intervention du ministre peut être très grand de la façon
dont l'article 7 et les suivants sont phrasés. C'est-à-dire que
le ministre pourrait intervenir vis-à-vis des municipalités en
donnant, par exemple, des avis ou en faisant des recommandations. Il est
évident que vous allez me dire: Si ce n'est pas une loi, ce n'est pas un
règlement, il peut bien le suivre ou pas. Dans certains cas, cela peut
être un souhait. Dans le monde municipal, quand on travaille avec lui,
j'ai beau croire que le régime de fiscalité municipale a fait
diminuer les subventions discrétionnaires du ministre, mais je ferai
remarquer qu'il en reste et qu'il y en a; cela s'applique dans des programmes
particuliers. Je n'ai pas la statistique ici devant moi, mais je me souviens,
par exemple...
M. Marcoux: Discrétionnaires?
M. Saintonge: Oui, dans certains cas, ils peuvent être
discrétionnaires. Je vais expliquer comment cela peut exister. On avait
le programme PRIME, par exemple. Je n'ai pas les chiffres ici...
M. Marcoux: D'accord.
M. Saintonge:... mais, dans le programme PRIME, c'est le ministre
qui venait donner des subventions aux muncipalités qui venaient en
demander. Là-dessus, dans les recherches qu'on a faites par rapport
à ce qu'on a eu sur les 50 000 000 $ qui ont été
distribués, seulement en principe - c'est une petite affaire - si
l'Opposition avait tant de députés par rapport au parti
ministériel, je peux vous dire que ce n'était pas tout à
fait la même proportion dans les comtés des députés
libéraux par rapport aux comtés des députés
péquistes. D'après le souvenir que j'ai du texte, au niveau des
comtés du Parti libéral, c'était 350 000 $ en moyenne par
comté; au niveau des comtés péquistes, c'était 550
000 $.
Je comprends que le prédécesseur du ministre est
spécialiste dans ce domaine. On l'a vu encore une fois cette semaine. En
répondant à des questions pour la voirie, il a dit que les
députés libéraux ne s'occupent pas de leurs affaires; il
faut des péquistes pour s'occuper de leurs problèmes. C'est
facile de faire de la démagogie comme cela, mais je vous dirai que, dans
ce cadre, on avait vérifié et on s'est rendu compte des
situations de fait. On a descendu là-dessus et on a comparé. On a
éliminé Montréal et Québec; ce sont de gros
centres. Donnant-donnant, je veux dire qu'on n'était pas gagnant du
côté libéral. Mais c'était une façon de voir
les choses qu'on avait mise en lumière, qu'on avait regardée.
Un programme comme cela accorde des subventions dont les administrations
municipales ont, si on veut, à tenir compte, parce qu'elles auront des
demandes à faire; elles ont des relations avec le ministère et
avec le ministre. Donc, si on donne un avis, une recommandation à
l'administration municipale de faire telle chose, je vais vous avouer que c'est
drôlement contraignant parce qu'elle peut se dire: Si je ne suis pas la
recommandation ou l'avis, demain matin, qu'est-ce qui arrivera lorsqu'on aura
à me donner une autorisation ou si on a quelque chose à faire,
à m'envoyer ou à me donner, ou s'il y a une subvention dans le
cadre d'un
programme particulier que le ministre peut déterminer sans
critère? Là, l'administration municipale se pose des
questions.
J'ai vécu en décembre 1983 toute la question de la loi 58,
en novembre, décembre, janvier, février et mars 1984 aussi, tout
le phénomène de la loi 38, alors que les municipalités du
Québec se sont opposées à cette loi. Je ne veux pas faire
un débat de fond là-dessus, je veux juste donner un exemple
particulier. Combien de fois des municipalités s'opposaient à
cela, mais de là à adopter une résolution pour dire au
gouvernement qu'elles s'opposaient à la loi, il y avait un "back step"
et il n'y avait pas de résolution qui sortait, parce qu'on a un dossier
à Québec, parce qu'on a çi, parce qu'on a ça. (17
heures)
Je ne veux pas dire que l'influence du ministre est négative
à dessein, à volonté, dans ce sens-là. Je n'irai
pas jusqu'à dire ça. Je ne voudrais pas que mes paroles soient
interprétées comme ça. Il reste que, humainement parlant,
d'individu à individu, du conseil municipal d'une telle
municipalité au gouvernement, c'est de personne à personne, il y
a des individus, des humains qui sont là. Dans certains cas, ce n'est
peut-être pas palpable, mais on fait attention pour certaines choses.
C'est dans ce sens-là que, même si, au niveau de l'article
11, le ministre peut donner des avis ou faire des recommandations sur un aspect
de l'administration, quand on vient voir à l'article 7 les pouvoirs et
devoirs du ministre concernant l'administration du système municipal, je
me dis que c'est tellement grand, tellement large qu'il y a quand même,
à mon point de vue, un pouvoir d'intervention possible de la part du
ministre qui pourrait faire une coche majeure au point de vue de l'autonomie
municipale.
Je vous dirai que mon souci est partagé par des personnes du
monde municipal à qui j'ai demandé l'opinion sur l'article 7.
Même, il y a certaines personnes à qui je n'ai pas eu besoin de
demander leur opinion. Elles m'ont téléphoné pour me dire:
L'article 7 est large; les portes sont ouvertes. C'est justement ce que je me
dis, c'est justement ce que je viens d'écrire dans mes notes que je suis
en train de préparer pour le projet de loi.
C'est dans ce sens-là que je disais, lors à l'adoption du
principe en Chambre, que les pouvoirs du ministre étaient
augmentés, accrus. Ils ne sont pas assez encadrés, à mon
point de vue, là-dessus et ils ouvrent des portes assez grandes.
Dans le cas précisément de l'alinéa 2, je ne sais
pas ce qu'on peut entendre, par exemple, en disant "en favorisant notamment la
participation aux institutions municipales. "
Quel genre d'actions le ministre peut-il faire là-dessus? Quel
genre d'avis ou de recommandations pourrait-il donner là-dessus? Parce
que c'est possible, d'après le projet de loi. J'imagine que, si on l'a
écrit, c'est qu'on devait envisager quelque chose. Cela devait
correspondre à une situation antérieure.
M. Marcoux: J'ai donné des exemples tantôt. Depuis
déjà quelques années, avec plus ou moins d'accent selon
les années, le ministère des Affaires municipales fait des
programmes de publicité sur la participation aux élections.
Le Président (M. Fallu): La participation féminine
aux élections.
M. Marcoux: La thématique ou l'orientation a varié
avec les années, mais depuis des années le ministre des Affaires
municipales a considéré que c'était dans son rôle de
favoriser la participation aux élections, chaque automne, par
différents moyens. Justement, c'est un bon exemple: durant deux ou trois
ans au moins, un accent particulier a été mis sur l'incitation
à la participation féminine au niveau des candidatures comme
conseillères, comme mairesses.
L'autre exemple que je donnais tantôt: la loi sur la
démocratie municipale ou sur l'organisation administrative ne sera pas
nécessairement écrite de la même façon selon que la
perspective c'est de favoriser le développement de la participation des
citoyens. On sait que les citoyens participent de moins en moins quand ils
voient que le niveau de décision est centralisé. Si on voulait
diminuer la participation des citoyens en démocratie municipale, ce
n'est pas compliqué: sur cinq ans, on n'a qu'à recentraliser au
niveau du gouvernement du Québec les décisions sur un paquet de
choses qui concernent le mode municipal. Revenons à une fiscalité
où 25%, 30% ou 40% du financement municipal revient à
Québec et vous verrez qu'il se passera la même chose qui s'est
passée dans le domaine scolaire. La participation aux élections
va baisser de 60% ou 70% à 15% ou 12% parce que les gens ne sont pas
naïfs. Quand ils voient qu'il n'y a rien à décider, ils ne
se mêlent plus d'une chose. "Le ministre veille à la bonne
administration du système municipal dans l'intérêt des
municipalités et de leurs citoyens", cela pourrait s'arrêter
là. L'article a bien davantage un effet pédagogique qu'un effet
juridique, en disant: "À cette fin, il doit notamment... " Le mot
"notamment" explicite le sens dans lequel il doit le faire, la
préoccupation majeure qu'il doit avoir pour le faire. En termes de
pouvoirs, c'est le premier paragraphe. "À cette fin, il doit, notamment,
" ce sont des illustrations de
secteurs particuliers où on tient compte de la
réalité actuelle.
Je ne vois aucun danger, je n'ai aucune appréhension, même
si un jour le ministre des Affaires municipales est libéral, unioniste
ou de quelque allégeance qu'il soit, d'avoir mis dans la loi qu'il doit
"promouvoir l'exercice de la démocratie municipale, en favorisant
notamment la participation aux institutions municipales. " Je suis convaincu
que je ne me suis pas donné un pouvoir indû ou que je n'ai pas
donné un pouvoir indû à mes successeurs. Cela indique
simplement l'orientation qu'on doit donner à la législation.
Or, cela peut être en termes d'actions, en termes d'information
des citoyens. Cela peut être en termes de la législation qui
encadre l'expression de la démocratie municipale par les parties, par
les équipes etc., les droits à la fois des citoyens, des
candidats. C'est exactement la façon dont cela peut se
concrétiser. Je vous dis que les articles 1 à 8, à mon
sens, indiquent davantage les objectifs, l'orientation et qu'ils sont
pédagogiques. Quelqu'un qui veut savoir ce qui se fait au
ministère des Affaires municipales et l'orientation qu'il a, je pense,
verra dans quel sens le ministre a ces devoirs.
M. Saintonge: D'accord. Le ministre nous dit que c'est le genre
de situations qu'il va viser, mais c'est une personne. On sait que
l'institution demeure, les personnes passent. Il pourrait arriver certains cas
où l'attitude de certains ministres pourraient être plus... Le
ministre l'a dit, ce n'est pas une question de parti politique, ce n'est pas
toujours le même homme qui va être ministre des Affaires
municipales. On ne sait jamais. Il y a eu des changements pour le mieux dans
certains cas, je n'ai pas peur de le dire.
M. Marcoux: Je pense qu'il y a une réputation surfaite sur
cela, parce que, si on passe les ministres des Affaires municipales depuis dix
ou quinze ans, ils ont tous sauté comme des champignons; c'est une
moyenne de quatre ans. Vous regarderez, parmi mes collègues, ceux qui
ont été ministres quatre ans, en moyenne, au même
ministère. Cela a été quatre ans, M. Tardif, quatre ans,
M. Léonard et cela a été la même chose à
d'autres endroits. Souvent, c'est parce qu'il y a une tradition perceptuelle
surfaite dans cela. Je regarde la moyenne de durée dans les autres
ministères de mes collègues, elle est à peu près
cela, de deux ans et demi et trois ans. Et même dans le temps du Parti
libéral. Il y a quelque chose de surfait dans cela, de croire que les
ministres des Affaires municipales sont condamnés à la
brièveté.
M. Saintonge: Je ne faisais néces- sairement pas
référence aux Affaires municipales. Je dis: Un ministre n'est pas
permanent et aux Affaires municipales il y a eu des changements.
M. Marcoux: Vous avez raison.
M. Saintonge: II y en a eu d'autres ailleurs, mais ce que je veux
dire...
M. Caron: Qui va être ministre? Il y a un danger, c'est
cela.
M. Saintonge: Mais oui cela dépend de la
personnalité du ministre. Voici ce que je veux dire au ministre, bien
clairement: De la façon dont c'est phrasé, à mon point de
vue, avec les pouvoirs qui sont confiés au ministre
ultérieurement dans d'autres articles, par exemple, à l'article
11 au niveau des recommandations, au niveau des avis aux municipalités,
un ministre qui voudrait d'une certaine façon agir avec un dirigisme
très grand aurait les portes ouvertes pour l'exercer ce dirigisme. Il
pourrait, par exemple, faire de l'ingérence au niveau des
municipalités facilement. Il pourrait être interventionniste d'une
façon beaucoup plus facile actuellement avec les pouvoirs qui sont
accordés à l'article 7. C'est cela que je veux soulever comme
problème. Ces pouvoirs m'apparaissent extrêmement larges dans ce
sens. Un exemple. Tantôt, on a parlé de participation
féminine ou de participation des citoyens; on pourrait trouver des
modalités pour tenter d'intéresser les citoyens en faisant des
recommandations ou des avis précis: Faites telles ou telles choses.
On peut tenter de souhaiter une participation des citoyens aux affaires
municipales. Parfois, aujourd'hui, les gens participent peut-être moins
et cela ne veut pas dire qu'ils sont complètement
désintéressés. C'est peut-être parce que leur
administration est bonne. Généralement, au niveau municipal on
s'aperçoit d'une chose: quand il y a quelque chose qui ne fait pas
l'affaire, les gens y vont. On vote des règlements d'emprunt, des
affaires de 3 000 000 $, et il n'y en pas un chat dans la salle du conseil.
Mais il va y avoir, par exemple, un autre soir, à un moment
donné, un petit point, une dépense du conseil de 152 $ parce que
le maire est allé à un congrès quelque part et qu'il a
pris un "drink" avec trois personnes, crime! il y a 500 personnes dans la salle
qui vont gueuler!
M. Marcoux: Des films à trois heures de la nuit...
M. Saintonge: Bien oui!
M. Marcoux:... qu'ils ne devraient pas écouter, sur la
facture de l'hôtel.
M. Saintonge: Ce sont des exemples que je veux donner qui sont
peut-être caractérisés un peu, mais il reste que c'est tout
de même cela. La participation des citoyens, on ne pourra pas toujours la
favoriser par des moyens comme cela. Les gens viennent quand ils veulent.
Pour la participation féminine, c'est un peu la même chose.
Il y a des campagnes qui ont été menées récemment
au niveau municipal et qui me sont apparues exagérées. Je parle
de la publicité faite pour encourager la participation féminine
aux affaires municipales. Je pense, par exemple -je vous le dirai
honnêtement - qu'on ne doit pas dire qu'il faudrait tant de femmes dans
les conseils municipaux ou tant de femmes députées à
Québec. Une femme qui occupe un poste dans l'administration publique,
c'est parce qu'elle a une compétence. Les citoyens vont voter pour elle
parce qu'elle est compétente et non parce qu'elle est une femme. On ne
vote pas pour une femme plutôt que pour un homme parce que c'est une
femme. C'est parce qu'elle a plus de compétence et qu'elle peut aussi
manifester plus d'aptitudes à remplir la fonction en question. Je pense
qu'au ministère il y a des employés de sexe féminin, il y
a des sous-ministres de sexe féminin. On en a une ici. Elle est ici en
raison de sa compétence, j'imagine, pas pour autre chose. C'est ce que
je veux dire. Mais les campagnes... On pourrait avoir quelqu'un qui aurait une
marotte, qui nous "garrocherait" une publicité dans les
municipalités et donnerait des avis et des recommandations disant: C'est
cela qu'on fait pour assurer la participation aux institutions municipales.
Dans d'autres cas, ce serait pour le bien-être des personnes soumises
à sa juridiction, comme on le voit dans d'autres articles. C'est ce
point de vue.
M. Marcoux: S'il y a un ministère où je ne crains
pas les abus de pouvoir, c'est bien au ministère des Affaires
municipales. S'il y a un milieu qui est attentif aux mouvements
décisionnels, c'est bien celui-là. Je peux vous dire que je ne
juge pas de la qualité de la participation aux institutions municipales
par le fait qu'il y a beaucoup de gens qui assistent aux réunions de
conseil ou non. Quand je parlais de la participation aux élections, des
candidatures, je parlais de l'aspect historique. Si on regarde, depuis 20 ans,
l'évolution du monde scolaire comparée à
l'évolution du monde municipal, dans le monde scolaire cela a
été de plus en plus centralisé et les gens étaient
de moins en moins intéressés à l'élection des
commissaires d'écoles, etc. Par contre, dans les comités de
parents, dans les comités d'école, c'est le mouvement inverse. De
plus en plus, les parents savent qu'ils peuvent jouer un rôle positif,
pas nécessairement décisionnel au niveau de l'école et les
comités de parents dans les écoles sont de plus en plus vivants.
Ce n'est pas long que les gens réalisent là où il y a des
responsabilités, des pouvoirs ou des influences à exercer et
là où il n'y en a pas.
Pour mot, ce n'est pas parce qu'un conseil siège "dans le bordel"
le premier lundi de chaque mois durant dix mois que je vais calculer qu'il y a
une participation active des citoyens à cet endroit. Je parlais du monde
municipal en général; je veux être très clair
là-dessus. Si on prend cet exemple, je crois important de dire - en tout
cas, ce n'est pas inutile de le dire - qu'un des rôles du ministre des
Affaires municipales, c'est de favoriser, par des mécanismes
législatifs, réglementaires, informatifs ou autres, une plus
grande participation des citoyens.
Je vais vous donner un exemple. On va étudier tantôt la loi
sur les approbations administratives. Il y a une façon de favoriser la
participation des citoyens: c'est qu'il y ait plus d'information. On va parler
du rapport du vérificateur; on veut qu'il ait une plus large diffusion
et qu'il soit plus facile à comprendre par l'ensemble des gens. Cela
aussi est de nature à augmenter la participation des citoyens. Cela
indique aussi l'orientation dans laquelle les lois ou la réglementation
doivent être faites, dans quelle perspective l'aide et le soutien que le
ministère doit accorder aux municipalités et aux citoyens doivent
être faits. Je pense que c'est important de dire que le ministre des
Affaires municipales est là pour favoriser la participation aux
institutions et voir à l'exercice de la démocratie.
M. Saintonge: Dans ce cadre, même si on est à
l'article 7, les recommandations et les avis que le ministre pourrait donner
aux municipalités par un article subséquent, le ministre les voit
comment par rapport aux pouvoirs qu'il peut exercer? Est-ce que ces
recommandations seront mandatoires ou si elles seront simplement à titre
d'information? À quel titre fera-t-il ces avis et ces recommandations en
vertu de l'article 7?
M. Marcoux: D'accord. Je pense qu'il n'y a pas qu'un seul moyen.
Le premier, c'est vraiment sous forme de recommandations et d'avis. Hier,
j'indiquais rapidement en Chambre - j'ai vérifié et c'est en 1980
que la loi a été modifiée - que si les recommandations et
les avis à un conseil ne suffisent pas, je pense qu'il est du devoir du
ministre des Affaires municipales, si les citoyens ne peuvent pas obtenir
justice par eux-mêmes en allant devant les tribunaux, etc., de demander
au Procureur général du Québec de le faire. (17 h 15)
Je pense qu'il y avait eu trop de cas depuis 20 ans où on
constatait que - trop de
cas, un certain nombre de cas - des conseils municipaux faisaient des
choses illégales, mais les citoyens n'avaient pas les ressources
financières ou autres, les capacités juridiques, d'aller se
défendre devant les tribunaux. À ce moment, des situations
anormales restaient sans suite. En 1980, la loi a été
modifiée pour faire en sorte que le Procureur général du
Québec puisse entreprendre des procédures face à un
conseil municipal. L'article se lit comme suit: "Le Procureur
général peut présenter une requête en cassation ou
en annulation d'un règlement du conseil ou d'un procès-verbal,
rôle, résolution ou autre ordonnance du conseil ou du
comité exécutif. " C'est dans la Loi sur les cités et
villes à l'article 14. 1. "Le Procureur général peut
exercer contre un membre du conseil ou un fonctionnaire ou employé d'une
municipalité ou d'un organisme supramunicipal qui est inhabile à
exercer sa fonction le recours prévu par les articles 838 à 843
du Code de procédure civile. " C'est de la procédure en
disqualification. "Aux fins du présent article, l'expression "organisme
supramunicipal" a le sens que lui confèrent les articles", etc. "Le
présent article s'applique à toutes les municipalités de
cité ou de ville, quelle que soit la loi qui les régit,
même à celles qui ne sont pas visées par l'article", etc.
C'est le même article dans le Code municipal. C'est nouveau depuis 1980.
Il y a eu, à ma connaissance, deux rapports transmis du
ministère, depuis quatre ans, au Procureur général du
Québec et il y a eu une poursuite d'entreprise dans le cas d'un dossier
d'une municipalité. Mon prédécesseur n'a pas abusé
de la chose, mais c'est une possibilité qui existe et qui n'existait pas
avant.
Vous avez dit tantôt: On va voir quels sont les moyens que le
ministre pense pouvoir utiliser pour mettre ordre à certaines
situations. Je pense que le premier, c'est vraiment le plus fort et c'est celui
qui a le plus de chance de réussir le plus rapidement. C'est d'abord de
travailler avec le conseil municipal en place pour lui faire prendre conscience
des conséquences que peuvent avoir la mauvaise gestion ou les conflits
d'intérêts dans lesquels il peut être, etc.
Généralement, c'est ce qui produit des résultats. Je pense
qu'on peut le voir actuellement. On a un certain nombre de fonctionnaires qui
font des enquêtes dans les municipalités, qui travaillent avec
elles, qui leur donnent des conseils. Actuellement, il y a seulement trois
municipalités au Québec, ou deux, qui sont en tutelle sur 1500.
Les méthodes qu'utilise le ministère sont l'information du
conseil, travailler avec le conseil d'abord et, si nécessaire, cela peut
être des avis publics, des recommandations qui sont faites en pleine
séance du conseil. Là les citoyens entreprennent une dynamique
dans leur milieu qui fait qu'il y a des changements d'attitude qui se passent
au sein du conseil. Plus loin, les citoyens peuvent entreprendre les
procédures juridiques ou bien le gouvernement peut le faire. Je pense
qu'il n'y a pas une recette, mais la meilleure recette, c'est vraiment
l'implication des citoyens.
M. Caron: Personnellement, je ne vois pas d'objection à
tout cela, mais il y a un certain danger, à un moment donné. J'ai
un exemple. J'ai eu - cela fera ou cela a fait deux ans en septembre - la
visite de 36 agents de la Sûreté du Québec à 6 h 45
du matin. Ils sont repartis...
M. Marcoux: Vous n'étiez pas déjà au
travail.
M. Caron:... avec rien. Dans tout cela, je pense qu'il est tout
à fait normal que des municipalités soient surveillées.
Même je trouve que vous n'avez pas le personnel requis pour faire la
tournée des 1600 municipalités. Je pense qu'avant de poser des
gestes c'est très délicat. Le ministère ou le ministre de
la Justice doivent être sûrs que les gestes qu'ils posent - parce
que dans mon cas cela ne m'a pas dérangé du tout... Le ministre
de la Justice était certainement au courant du déroulement qui se
passait. Naturellement, je n'avais pas d'inquiétude et cela m'a
même aidé avec mon monde parce que cela a passé pour une
vengeance politique. Je pense qu'à certains moments c'est très
dangereux d'arriver trop vite. C'est bon d'aller dans une municipalité
quand on a les documents voulus, nécessaires pour pouvoir
procéder, prendre des procédures s'il y a lieu de prendre des
procédures. Vous savez, que ce soient des municipalités ou que ce
soit le gouvernement, on ne peut pas faire plaisir à tout le monde.
C'est impossible. Dans des municipalités, comme mon collègue le
disait tout à l'heure, les assemblées peuvent être
très faciles comme elles peuvent être surchargées. Il y a
de petits groupes qui se forment et une veille d'élection, on voit cela
souvent, six mois avant une élection, cela commence à se paqueter
et à essayer de trouver des poux un peu partout. La seule chose, c'est
qu'il faut être prudent, à l'article 7; que le ministre en place
fasse respecter les lois, mais, par contre, qu'il soit très prudent dans
les gestes qu'il a à poser. Il faut que ce soit fait sans
partisanerie.
M. Marcoux: Je pense que les propos du député de
Verdun sont très importants. Ils indiquent... Un ministre des Affaires
municipales qui utiliserait de façon abusive un pouvoir important que
lui confère déjà la loi nuirait à la propre cause
qu'il veut servir, s'il voulait servir une fausse cause. Dans l'exemple que
vous donnez, ce n'est pas
du tout le ministère des Affaires municipales qui est
impliqué puisque, si je me souviens bien et d'après les propos
que je vous ai indiqués, c'était le ministère de la
Justice ou la Sûreté du Québec. Si le ministère des
Affaires municipales voulait se servir de la loi à des fins de
partisanerie politique, cela se retournerait à l'avantage de celui qui
est visé dans telle municipalité, tel conseil, telle personne,
tel maire ou tel conseiller et cela se retournerait contre le ministère
et contre le ministre lui-même. C'est pourquoi, quand les ministres
exercent le pouvoir de tutelle, ils réfléchissent longtemps avant
de le faire. En tout cas, à ma connaissance, depuis une dizaine ou une
quinzaine d'années, il n'y a jamais eu de débat sur les
municipalités qui ont été mises en tutelle. Il n'y a
jamais eu personne qui a contesté le fait qu'elles devaient être
mises en tutelle. En tout cas, je ne me souviens pas, depuis quinze ans que je
suis l'actualité politique, qu'on ait contesté - le peu de fois
où c'est arrivé - la décision de mettre...
M. Caron: II y a eu deux ou trois municipalités. Depuis
quinze ans, à ma...
M. Marcoux: II y en a plus que cela qui ont été
mises en tutelle depuis quinze ans, mais je ne me souviens pas que des gens
aient déclaré que, dans tel cas, on n'aurait pas dû mettre
telle municipalité en tutelle. Cela faisait consensus, je pense, chaque
fois que cela a été fait. D'autant plus qu'à cet
égard - vous allez le voir tantôt par l'amendement qu'on introduit
à l'article 10. 1 - nous allons faire en sorte que le ministre puisse
demander l'avis de la Commission municipale sur différentes
décisions qu'il peut rendre, ce qui est une mesure de précaution
supplémentaire.
Le Président (M. Fallu): J'aurais, quant à moi, une
question à poser sur l'alinéa 7. Sans refaire l'histoire ce qu'a
été la DGPI, il fut longtemps question au gouvernement que la
protection des incendies soit regroupée avec le ministère de
l'Habitation en ce qui a trait à la protection des bâtiments, le
Code du bâtiment, etc. Est-ce à la demande du monde municipal que
le module protection des incendies est ainsi réinscrit très
officiellement dans la loi ou si le débat est toujours ouvert?
M. Marcoux: II n'y a pas eu de débat avant ni
après. C'est simplement, encore là, dans une perspective de
modernisation. Le poste de directeur du service de la protection des incendies
a été créé en vertu de la Loi sur la
prévention des incendies et relève directement du ministre, alors
qu'en pratique, dans toute la structure du ministère, il a le statut de
directeur général comme n'importe quel autre directeur
général. Il relève d'un sous-ministre adjoint et du
sous-ministre en titre. Ici, on n'abolit pas la Loi sur la prévention
des incendies. Dans la refonte des lois, on va intégrer l'aspect de la
protection des incendies et on aura les discussions qu'il faut à ce
moment-là avec les autres ministères, s'il y a lieu, mai3 la
seule chose qu'on a voulu faire ici, nommément - on n'a voulu susciter
aucun débat - c'est dire que la direction de la protection des
incendies... On n'abolit pas la Loi sur la prévention des incendies qui
relève toujours du ministère des Affaires municipales, mais on
dit: Le directeur général va être comme les autres
directeurs généraux du ministère. C'est tout. Je ne sais
pas pour quel motif, lorsqu'on avait créé cette direction, on
avait donné au directeur un statut très spécial qui ne
correspondait pas du tout à la réalité.
Le Président (M. Fallu): D'accord.
M. Caron: C'est tout à fait normal que ce soit...
M. Marcoux: Mais on ne change rien au contenu de la loi sur la
prévention...
Le Président (M. Fallu): Donc, c'est uniquement un
ajustement administratif. Donc, l'article...
M. Saintonge: J'avais une autre question, peut-être, M. le
Président si vous le permettez.
Le Président (M. Fallu): Oui.
M. Sairttonge: Juste à titre d'exemple -mon
inquiétude est véridique - je veux demander au ministre de quelle
façon il peut exercer un pouvoir qui lui est confié quand on dit:
s'assurer que l'administration municipale gère sainement les deniers
publics et voit au bien-être des personnes soumises à sa
juridiction. Comment, par exemple, le ministre voit-il ce pouvoir-là?
Pourquoi est-ce intégré dans ses pouvoirs, d'abord? De quelle
façon va-t-il l'exercer? De quelle façon peut-il l'exercer? Sur
quelles bases?
M. Marcoux: II va l'exercer de la façon
déterminée dans d'autres lois qui sont administrées par le
ministère. On dit: s'assurer que l'administration municipale gère
sainement les deniers publics. Quand j'ai à autoriser les
règlements d'emprunt, il faut les autoriser dans la mesure où la
santé financière de la municipalité est correcte, dans la
mesure où les projets de règlements d'emprunt ont un taux de
rentabilité suffisant, etc. On dit: voit, dans les limites de sa
compétence, au bien-être des personnes soumises à sa
juridiction. C'est le prolongement de la même idée. Comment
cela va être administré? C'est administré dans la
mesure où les autres lois qui concernent la gestion financière
des municipalités le permettent ou le favorisent. Vous voyez, par
l'autre loi que l'on va étudier tantôt, dans quel sens on veut
aller, c'est-à-dire contrôler la situation globale des
municipalités au niveau de leur santé financière et ne pas
exercer de contrôle sur chacun de leurs gestes quotidiens. Quand on dit:
s'assurer que l'administration financière gère sainement les
deniers publics, c'est dans ce sens-là.
M. Saintonge: Est-ce-que vous avez fini?
M. Marcoux: Oui, j'ai fini.
M. Saintonge: C'est parce que j'avais pensé qu'il y avait
quelque chose qui s'en venait.
M. Marcoux: Non.
M. Saintonge: D'accord. Ma question est générale,
de quelle façon vous allez vous assurer de cela. Je ne veux pas dire que
c'est simplement négatif, mais je prends un exemple que j'ai
soulevé en Chambre hier concernant la municipalité du canton de
Chertsey, Je pense que le ministre peut, dans sa fonction, s'assurer que
l'administration municipale gère sainement les deniers publics. On se
rendait compte dans ce cas-là, c'était tellement évident,
le rapport en question en mentionnait, si je me souviens bien, 32, je l'ai
noté hier, je l'ai compté. Il y en avait des bonnes.
M. Marcoux: II y en avait des bonnes.
M. Saintonge: Comment le ministre va-t-il s'assurer de cela?
M. Marcoux: On s'en fait compter d'autres à part cela.
M. Saintonge: Oui, sûrement. Je vous ai dit, en tout cas,
que l'information que j'avais c'est que cela a continué par
après. Mais le maire n'est plus là. Il n'y a plus de
problèmes mais il y a eu certains cas où cela a continué.
Mais, il n'est plus là, le problème est réglé.
M. Marcoux: Cela illustre, je dirais, l'aspect
pédagogique. Le ministère agit de façon plus
pédagogique que de façon directive ou de façon
légaliste. C'est certain que s'il n'y avait pas eu le changement
d'administration municipale, pas seulement le changement de personnes, mais le
changement de l'attitude de la municipalité après
l'élection, c'est le genre de dossier qui aurait été
soumis normalement à l'examen de la Commission municipale et
possiblement il y aurait eu tutelle ou enquête. Pour l'enquête, on
n'aurait pas pu révéler autre chose - elle était
déjà faite - mais une tutelle.
M. Saintonge: Mais la tutelle était suggérée
par le...
M. Marcoux: Non.
M. Saintonge: Oui, oui, la recommandation, M. le ministre...
M. Marcoux: Sauf que, après discussions avec la Commission
municipale, on a jugé sage, à quelques mois des élections,
d'employer la prudence. Cela a peut-être eu le bon résultat.
Ça c'est vraiment une question de jugement. Notre évaluation,
notre hypothèse c'était que... Là, j'ai obligé la
municipalité à lire la lettre publiquement. Donc, à lire
l'état du dossier publiquement. C'était le meilleur moyen
d'action dans ce cas. Ce n'était pas de faire une tutelle à deux
ou trois mois d'une élection. Les gens auraient pu dire: Le
ministère nous ostracise, etc. C'était de rendre publics les
faits, de faire en sorte d'obliger la municipalité à les rendre
publics, que le débat se fasse dans la municipalité et qu'il y
ait des ajustements qui se fassent en conséquence. Je pense que cela
indique bien la façon dont le ministère agit et que, même
si c'était un beau cas théorique de tutelle, on a
préféré la voie de la participation des citoyens pour
régler le dossier. Ils l'ont réglé. (17 h 30)
M. Saintonge: Heureusementl Quand je parlais de s'assurer que
l'administration gère sainement les deniers publics, je ne vous dis pas
que ce n'est pas valable, c'est un exemple précis. J'ai posé des
questions, je disais qu'ils avaient des pouvoirs bien larges, c'est sûr,
même là, mais ça donne la possibilité au ministre
d'intervenir d'une certaine façon.
Comme je l'ai mentionné aussi, mon autre question concernait les
citoyens; le ministre y a fait allusion tantôt, je recoupe les deux en
même temps. On dit que les citoyens, parfois, à cause d'une
question financière ou une question de compétence juridique, ne
peuvent pas agir, mais on dit "le ministre doit s'assurer, " A ce
moment-là, si on se rend compte que, dans une municipalité,
ça ne fonctionne pas, qu'il y a des gens dans l'administration
municipale qui n'agissent pas selon les critères que la loi
détermine, le ministre va s'en assurer comment? Est-ce qu'il faut qu'il
ait un pouvoir, à ce moment-là... Dans le cas, par exemple, de
Chertsey un avis a été donné, ça a servi la cause,
les élections s'en venaient.
Mais entre-temps, à partir du moment
où le ministre se rend compte qu'il y a quelque chose qui ne
fonctionne pas, les citoyens se demandent ce qui se passe, ils veulent un acte
du ministre; ce n'est pas tout simplement un voeu pieux qu'il faut que le
ministre fasse aux citoyens. Il faut qu'il y ait une espèce de
contrainte pour obliger les gens à agir légalement. Il ne suffit
pas de dire aux citoyens non plus: Agissez en conséquence, attendez aux
élections.
M. Marcoux: M. le député, quand on dit "s'assurer
que l'administration municipale gère sainement les deniers publics",
ça part d'une chose aussi élémentaire que d'exiger le
rapport financer annuel des municipalités. C'est l'ensemble des
municipalités qu'on étudie, qu'on regarde sur informatique, qu'on
compare. C'est à partir de ça, par la suite, qu'on fait le bilan.
S'il y a un règlement d'emprunt, on analyse la situation. C'est ce qui
est exigé à l'ensemble des municipalités, cela va
jusqu'à des interventions particulières dans certains cas, soit
à notre initiative, si on constate qu'une municipalité s'en va
vers la faillite, ou à la demande de citoyens qui observent des choses
anormales, même si ce n'est pas une question de santé
financière qui est en jeu, mais de processus des soumissions publiques
qui n'est pas respecté ou autre chose. C'est tout ça que
ça veut couvrir et comment on administre ça, c'est prévu
dans beaucoup d'autres lois.
M. Saintonge: Évidemment, dans la Loi sur la Commission
municipale, entre autres, on peut référer un mandat à la
Commission municipale, j'imagine, et dans la Loi sur les cités et villes
aussi dans certains cas, on l'a vu tantôt.
M. Marcoux: II y a l'article 13, qu'on verra tantôt, qui
rejoint ça aussi.
M. Saintonge: Cela explique quand même un peu la
façon de voir le pouvoir du ministre pour s'assurer... C'est
peut-être bien large, évidemment, on peut ouvrir, ça peut
aller dans le cas précis qu'on cite de Chertsey, c'est un exemple que je
veux démontrer. Je comprends que le ministre, parfois, peut avoir des
interventions à faire, mais, dans d'autres cas, il pourrait arriver
qu'à cause de la façon dont la loi est écrite, dans des
cas particuliers, ça pourrait donner ouverture à une
ingérence d'un ministre des Affaires municipales - je ne dis pas du
ministre actuel, mais d'un ministre des Affaires municipales - dans le cas de
décisions qu'un conseil peut prendre. S'il y a un peu de
problèmes soulevés dans la ville par des décisions
municipales, on peut contester une décision municipale. Le ministre
pourrait dire: Je vais intervenir parce que, à mon point de vue, le
"bien-être des personnes soumises à sa juridiction" est
concerné, mais dans quel cadre? Ce n'est pas défini. On parle
d'intérêt des municipalités.
Parfois, une décision peut être prise et, au départ,
on ne peut pas voir l'intérêt immédiat. On se demande si
c'est le meilleur intérêt de la municipalité et on se rend
compte, deux, trois, quatre, cinq ans après, que c'est peut-être
le meilleur coup que la municipalité a fait dans un cas. Si on regarde
le ministre qui voit ça quant à l'impact d'une manifestation
publique dans la municipalité, il pourrait donner une recommandation
à une municipalité, par exemple, en vertu de son pouvoir
donné par l'article 7. 3, avec l'article 11, et peut-être d'autres
articles et arriver à la limite que c'est dans ce cas que ça
pourrait constituer une ingérence.
Je ne sais pas si le ministre a compris. C'est ça l'espèce
d'ouverture que je vois dans la façon dont les pouvoirs sont
donnés. Il n'y a pas de limite, il n'y a pas d'encadrement
précis, à mon point de vue, là-dessus. Je comprends que
c'est peut-être difficile de les donner dans certains cas, mais la
question que je soulève, je pense qu'elle est présente dans ces
cas. Au niveau municipal, la question d'ingérence, comme je l'ai dit
tantôt, ça peut être possible. Le respect de l'autonomie,
dans des cas, ce n'est peut-être pas flagrant, je n'ai pas de cas
précis à donner, ça n'existe pas dans les cas
antérieurs, mais c'est la question que je me posais.
M. Marcoux: Si cela existait, c'est le pouvoir politique,
à ce moment, qui serait blâmé et qui en porterait la
responsabilité. C'est quand même la pire condamnation.
M. Saintonge: Une sanction contre le ministre par l'ensemble des
municipalités, le domaine municipal. Dans ce cas, oui.
M. Marcoux: Dans le secteur des affaires municipales, c'est
encore la pire sanction. Ce n'est pas comme un ministre des Affaires sociales
qui va pénaliser le budget de tel secteur du réseau des affaires
sociales ou telle institution. Même là, il y a tellement,
maintenant, de hiérarchie dans la consultation que ce n'est pas facile,
mais un ministre des Affaires municipales, ce n'est même pas lui qui fait
le budget et qui contrôle le budget des municipalités et chacun
des actes qui sont posés. Vraiment, le rôle d'un ministre des
Affaires municipales, vous le savez très bien, c'est davantage un
rôle de leadership et d'évolution générale du monde
municipal au Québec, bien davantage qu'un rôle d'intervention
spécifique.
M. Saintonge: L'exemple que je peux donner là-dessus - on
va sûrement y revenir - le ministre en a parlé en explicitant
l'article qu'on discute ou même le
paragraphe qu'on discute. On dit: s'assurer que le ministre des Affaires
municipales gère sainement les deniers publics. Au niveau du
règlement d'emprunt, j'imagine qu'il y a des critères que vous
allez respecter et tout cela. D'après ce que je peux voir c'est une des
façons qui peuvent fonder des critères que vous allez exercer
mais je vous ferai remarquer qu'ils ne sont pas définis. On ne le sait
pas c'est quoi. Voyez-vous, c'est dans ce sens que c'est grand au niveau...
Antérieurement, en tout cas je ne veux pas faire de débat de fond
sur la loi 2...
M. Marcoux: C'est comme dans toutes les lois constitutives des
ministères. La loi créant le ministère de l'Environnement
dit au ministre de l'Environnement qu'il a le pouvoir de faire des
règlements pour protéger l'environnement au Québec. Bien
sûr qu'il peut faire un règlement qui fasse qu'une compagnie doive
dépenser 200 000 000 $ d'investissements pour ne pas polluer. Vous allez
dire que c'est un peu la même chose. Le ministre de l'Environnement, par
cette loi générale, cet article, a un pouvoir très
important sur la gestion des entreprises du Québec, même s'il
n'est pas propriétaire de ces entreprises, même si ce ne sont pas
ses mandataires, alors que pour les municipalités, jusqu'à un
certain point, qui sont créées par le ministère, en vertu
des lois qu'on sait, par le gouvernement du Québec, tout ce qu'on a
c'est le pouvoir de s'assurer qu'elles vont gérer. Ce n'est pas nous qui
gérons; on s'assure qu'elles gèrent. Je pense que c'est
l'intention générale qui est tracée là. Toutes les
lois qui constituent les ministères - ce ne sont pas mes lectures
favorites depuis huit ans que je suis député -de façon
générale, indiquent les objectifs qu'un ministère doit
poursuivre et lorsqu'on indique cela... Je ne vois pas l'abus, en tout cas. Il
faudrait que le ministre se force pour dire comment il pourrait abuser de ce
pouvoir.
M. Saintonge: Non, je vais vous donner un exemple bien clair.
C'est sûr que dans des lois on donne des pouvoirs réglementaires
au ministre. Combien de fois a-t-on discuté à l'Assemblée
nationale des projets de loi où on a dit... La loi 48, par exemple -
cela a été un débat de fond - sur la question des
pêcheries, du ministre Garon, on a dit: Bien crime, la
réglementation, proposez-là. L'Opposition l'a demandée, le
milieu la demandait; il y avait des télégrammes qui affluaient.
Il avait beau dire ce qu'il voulait à l'époque mais il y avait
des gens qui demandaient où on s'en allait avec cela.
Je vous donne l'exemple. Vous me dites qu'en vertu de l'article 7,
paragraphe 3, par le pouvoir qui vous est donné là, vous pouvez
déterminer pour l'acceptation ou pas d'un règlement d'emprunt.
Cela peut vous aider à déterminer si vous acceptez un
règlement d'emprunt ou pas. D'accord, sauf qu'antérieurement,
dans la Loi sur la Commission municipale, il y avait une section qui
était dévolue à l'approbation des règlements
d'emprunt par la Commission municipale. Je comprends que le ministre aussi
avait un pouvoir d'accepter des règlements d'emprunt mais dans les
pouvoirs et les devoirs de la Commission municipale, dans ce cadre
précis d'approbation des règlements d'emprunt, vous aviez des
conditions, vous aviez des critères que la loi déterminait, que
la loi spécifiait; une municipalité savait que dans ce cas c'est
cela qui marche; cela s'en va là, il y a telle condition à
respecter. Donc, on avait des barèmes fixés, établis
clairement, déterminés et qui n'étaient pas changeables et
il n'y avait pas de discrétion dans ce sens. C'était le minimum,
c'était sûr. S'il y avait d'autres choses, la loi pouvait
être corrigée pour dire ce qu'on voulait faire.
Actuellement, on va voir qu'en vertu de la loi constitutive du
ministère c'est cela qui va rester pour les règlements d'emprunt,
de la part du ministre. Il n'y a plus rien dans la Loi sur la Commission
municipale; cela saute. À ma connaissance, je ne vois pas autre chose.
L'approbation du ministre va être soumise à quel critère,
à quel contrôle pour les municipalités? De quelle
façon le ministre va-t-il exercer son pouvoir d'approbation du
règlement d'emprunt*?
Je comprends que, antérieurement, la Commisson municipale avait
des critères qui étaient fixés, qui étaient
déterminés. Le ministre avait à donner son approbation
aussi. Il n'y en avait pas plus de critères, vous allez me dire, sur
lesquels le ministre devait se baser, donner son approbation. Il reste quand
même que, au niveau de la municipalité, c'était clairement
établi dans quelle condition on se situait face à Commission
municipale. Au niveau des institutions financières ou des acheteurs
d'obligations, ces gens voyaient des critères de base et cela les
satisfaisaient probablement à ce niveau. Je ne sais pas si,
éventuellement, au niveau de la loi 2 on va arriver à en
discuter, mais le ministre semble dire qu'en vertu de cela il pourra donner des
approbations aux règlements d'emprunt. Je vous ferai remarquer qu'il n'y
en a pas de critères dans la loi qui disent ce que c'est.
M. Marcoux: Justement, je suis en train de lire un article "La
commission, dans la conduite de son enquête sur laquelle sera
basée sa décision relativement à une demande d'approbation
d'emprunt, doit prendre en considération les objets de l'emprunt
projeté, la nécessité ou l'opportunité d'un tel
emprunt et la situation financière de la municipalité". Cela veut
dire
que cela allait assez loin. Je pense que le monde municipal, maintenant,
sur l'opportunité, c'est au milieu même d'en juger; sur la
question concernant la situation financière, on va continuer à le
faire.
M. Saintonge: Ce que je veux dire, il y avait des critères
précis d'établis dans ce cas au niveau de la Commission
municipale. Je ne veux pas juger. Les critères étaient
peut-être larges, je suis d'accord avec vous qu'ils étaient
très larges dans certains cas, et il suffit, bien des fois, d'avoir vu
des...
M. Marcoux: Ce ne sont pas des critères financiers alors
que ce qu'on a au ministère, dans l'analyse financière, ce sont
des critères financiers, ce sont des critères de
rentabilité. Pour une municipalité dont la situation
financière est en danger, qui veut construire un réseau d'aqueduc
et d'égoût pour aménager un quartier et qui veut investir 1
000 000 $, si le taux de rentabilité, compte tenu du nombre de
résidences qu'il y a, est insuffisant, on ne l'autorisera pas.
M. Saintonge: Le ministre va comprendre quand même ce que
je veux dire, l'exemple que je viens de donner, même en faisant
référence au critère qu'on disait bien large sur
l'opportunité à la Commission municipale. Le mot était
défini. Vous allez quand même admettre avec moi actuellement que,
si vous vous basez sur le paragraphe 3 pour adopter un règlement
d'emprunt, vous allez pouvoir le refuser è n'importe qui, ce n'est pas
déterminé. Cela vous donne la porte large là-dessus.
M. Marcoux: Je comprends l'intention du député de
Laprairie qui essaie de faire préciser ces objectifs.
M. Saintonge: Ce sont des objectifs globaux que vous me donnez
finalement.
M. Marcoux: Oui. Je pense que c'est normal et c'est comme si on
constituait le ministère. On a dit: Ce n'est pas du
rapiéçage de l'ancienne loi, on la récrit en neuf. On se
place aujourd'hui comme on a fait quand on a créé trois ou quatre
ministères depuis quelques années. La façon dont on a
travaillé au cours des mois d'avril et mai pour rédiger cette
loi, c'est dans la perspective suivante. Si on créait le
ministère des Affaires municipales, qu'est-ce qu'on dirait? Que doit
faire ce ministère? Aujourd'hui, voici ce qu'on fait ou ce qu'on veut
faire de plus en plus à l'avenir et qu'on a essayé de
préciser.
Je ne pense pas qu'il y ait d'abus possible, au contraire, je pense que
cela indique les objectifs dans lesquels va travailler le ministère et
qui sont nouveaux.
Je me serais attendu à ce que le député de
Laprairie dise: Enfin, vous indiquez clairement que votre rôle c'est
d'énormément aider et de soutenir les municipalités, les
conseiller.
M. Saintonge: C'est dit expressément. Je n'ai rien contre
cela, aider et soutenir les municipalités. Mon problème
c'est...
M. Marcoux: Ce n'est pas seulement les surveiller. Vous pourriez
dire: Dans les débats sur les lois municipales, avant on pouvait dire
que toutes les lois qu'on fabriquait c'était dans le but de surveiller
les municipalités.
M. Saintonge: J'ai dit clairement au ministre, quand
même...
M. Marcoux: Là, on dit, c'est plus large que cela.
Surveiller c'est un aspect. Je me serais attendu à ce que vous
indiquiez: Enfin, quand on va faire la critique de votre action, on va pouvoir
s'inspirer de ces huit devoirs que vous vous êtes donnés et qui
sont beaucoup plus larges et arriver à un équilibre entre ces
huit devoirs.
M. Saintonge: II faut souhaiter...
M. Marcoux: Si vous préférez qu'on revienne
à l'ancien temps et dire que mon rôle c'est de surveiller les
municipalités..,
M. Saintonge: Mes questions, mes interrogations étaient
précises dans le but de définir un cadre plus précis. (17
h 45)
M. Marcoux: Vous l'auriez souhaité mais je ne pense pas
que cela soit possible, M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: Au paragraphe 8, quand vous dites "exécuter
ou faire exécuter des recherches, des études ou des analyses
concernant le domaine municipal", c'est grand mais qu'est-ce que cela veut
dire?
M. Marcoux: Je ne sais pas, moi. Je vais vous donner un exemple.
On s'embarque dans la refonte municipale. Les fonctions normatives des
municipalités, on sait que cela s'est accru beaucoup depuis des
années. Il va y avoir de l'ordre à mettre dans tout cela. Donc,
il va falloir faire des recherches. Ce pourront être des recherches
comparées aussi. Ce pourront être des recherches pour savoir ce
qui se passe dans d'autres provinces. Partons à zéro. On voudrait
refaire une réforme sur la fiscalité. Je pense que personne ne
voudrait qu'on en fasse une autre, compte tenu des bénéfices que
celle qui a été faite procure. Il y a des recherches qui doivent
présider à cela. Comment cela fonctionne dans les autres
provinces? Comment cela fonctionne dans les autres pays? La
fiscalité est un bon exemple parce que cela a supposé beaucoup de
recherches avant d'aboutir à cela.
Dans mes rencontres du monde municipal, à la
fédération des villes jumelées, par exemple, quand j'ai
regardé d'autres pays et lors de mes rencontres avec mes
collègues des Affaires municipales des autres provinces, j'ai
constaté qu'on est en avance de plusieurs coudées. Sauf, à
ce qu'on me dit, peut-être quelques pays Scandinaves ou peut-être
la Suisse en partie, mais, dans l'ensemble des pays européens, des
autres provinces, les pays africains et d'autres pays également, les
municipalités sont vraiment les enfants de l'État, au plan
financier. Elles sont sur le bras de l'État. Le budget de chacune des
municipalités en France est encore signé ou autorisé par
un fonctionnaire de la république.
M. Saintonge: Ce n'est pas le même régime de droit
public non plus. Finalement, on n'est pas dans le même régime de
droit public.
M. Marcoux: Oui, mais quand on parle de faire des recherches...
Vous me direz que je suis loin et je suis proche. "Exécuter ou faire
exécuter des recherches, des études, des analyses concernant le
domaine municipal". Le monde municipal va évoluer. Je vais vous donner
un exemple. Le projet de loi sur l'aménagement est en train de se mettre
en oeuvre. Certaines personnes disent: Un jour, quand le schéma
d'aménagement va être fini, qu'est-ce que nous allons faire?
Qu'adviendra-t-il des municipalités régionales de comté?
Je présume que, d'ici deux ans, deux ans et demi, trois ans, je
souhaiterai entreprendre des études, des recherches sur les
possibilités de donner certaines nouvelles responsabilités aux
municipalités régionales de comté ou aux
municipalités...
M. Saintonge: Est-ce que je peux vous interrompre un moment?
Dépêchez-vous parce que vous allez être en retard. Il y en a
qui ont commencé à le faire avant vous.
M. Marcoux: Oui, je le sais, sauf que la façon de le faire
peut se faire à partir d'expériences vécues ici ou
ailleurs, etc. Je parlais aussi un peu en théorie. Je pense qu'il est
normal que le ministère des Affaires municipales pense à
l'évolution du domaine municipal et se préoccupe de
différentes possibilités, de différentes options.
Je vais vous donner un exemple beaucoup plus circonstanciel. Dans
d'autres pays, les services de garde relèvent des municipalités,
comme l'éducation primaire relève des municipalités. Ici,
jusqu'à maintenant, les municipalités n'ont rien eu à
faire avec les services de garde, sauf 29 municipalités au Québec
qui fournissent des locaux pour des services de garderie. Actuellement, on est
en train de faire une recherche au ministère sur la possibilité
d'aider les municipalités à contribuer à
l'établissement d'un réseau de services de garde au Québec
qui soit plus polyvalent et qui tienne compte de ce service à la
communauté auquel pourraient participer les municipalités, comme
font les entreprises, le domaine scolaire, le réseau des affaires
sociales. On fait des recherches dans ce domaine-là et ainsi de suite.
On s'inspire des recherches faites par l'office de garde.
Donc, je pense que "exécuter ou faire exécuter des
recherches, des études, des analyses concernant le domaine municipal",
cela veut tout dire et cela ne veut rien dire. Le monde municipal va continuer
d'évoluer. C'est à partir de recherches et d'études que
l'on peut voir dans quel sens il doit évoluer.
M. Saintonge: Je comprends en général ce que vous
venez de m'expliquer. Mais, concernant le domaine municipal, cela peut
être aussi des situations particularisées. Est-ce que cela veut
dire que le ministre pourrait faire des études ou des analyses
précises dans le cas d'une municipalité, par exemple?
M. Marcoux: Des recherches, des études et des analyses
dans le cas d'une municipalité?
M. Saintonge: Oui.
M. Marcoux: Non, pas en fonction de cet article. Ce qu'on visait
c'était vraiment la question de l'orientation du ministère, un
peu comme un ministère qui a un service de planification...
M. Saintonge: Du droit comparatif ou des choses comme cela.
M. Marcoux: C'est cela, exactement cela.
M. Saintonge: En tout cas, je voulais exprimer les questions que
j'avais par rapport à l'arttcle 7. Tantôt, le ministre a
soulevé des points. Je pense que le rôle du ministère a
été précisé. Même il y a des contrôles
que le ministre a à exercer. Je pense que, en soi, c'est normal qu'il y
ait des contrôles de la législation déléguée.
C'est normal que les municipalités... Dans certains cas, c'est
même souhaitable que cela existe pour les municipalités, pour les
citoyens des municipalités, comme on l'a noté. Effectivement,
l'article 7 parle des citoyens, ainsi que des municipalités.
Il y a aussi tout l'élément qui vient d'être
ajouté dans le texte du projet de loi,
formellement, au niveau de l'aide et du soutien apportés aux
municipalités. Je pense que c'est une amélioration importante. On
l'inscrit dans le projet de loi pour démontrer que le ministère,
effectivement, s'en va vers des relations - ce qui est visé - non pas
qu'on s'en va, mais cela confirme certaines relations entre le ministère
et le monde municipal. Ce n'est pas tout le temps négatif. Je ne veux
pas soulever ce point.
Mais il y a eu des périodes où, les circonstances aidant,
on peut arriver, dans le cadre des pouvoirs exercés qui sont plus
larges, à des situations précises qui peuvent être
dangereuses pour le monde municipal. C'est surtout cela que le monde municipal
voulait soulever, je pense, à mon point de vue. Je vais vous donner un
exemple. On a eu le débat de la loi 38. On pourrait avoir un autre
débat de ce genre-là. Dans le milieu municipal, c'était
à couteaux tirés et on coupait la vapeur avec les couteaux.
C'était évident, si on se reporte à décembre
dernier. Dans une attitude comme cela, un ministre des Affaires municipales qui
voudrait agir avec le gros bout du bâton pourrait se servir de certains
pouvoirs que l'article 7 lui donne par rapport à des
municipalités qui sont des leaders, même par rapport à des
gens du monde municipal qui seraient des leaders quant à l'opposition
à un projet de loi que le gouvernement voudrait adopter, comme
c'était le cas à ce moment-là. Un ministre pourrait, dans
certaines circonstances, utiliser certains pouvoirs pour faire sentir aux gens
qu'ils sont là et qu'ils peuvent être dangereux, même pour
eux. On peut envoyer un inspecteur; sous ce couvert, on peut aller s'assurer de
quelque chose, donner une recommandation qui n'est peut-être pas
correcte, faire soupçonner, par exemple, quelqu'un. Cela pourrait
arriver, on n'est pas à l'abri de tout cela.
Ce sont des cas comme cela que je voudrais... On se dit: Quand cela va
bien, on n'a pas à se poser de problème, on signe n'importe quoi.
Mais, quand cela va moins bien, là on se dit: II faut regarder
attentivement. C'est le sens de ma préoccupation là-dessus. Je
vous dirai que, foncièrement - je ne suis pas légiste, je n'ai
pas le temps de tout réécrire cela, mais j'aurais
souhaité...
M. Marcoux: Vous êtes avocat.
M. Saintonge: Oui. Mais j'aurais souhaité que les pouvoirs
soient circonscrits d'une façon plus particulière, en tout cas
dans ces domaines, au niveau, par exemple, de la surveillance financière
et au niveau d'autres pouvoirs qui sont accordés dans le cadre de
l'article 7. C'était la préoccupation que j'avais.
M. Marcoux: Je pense que c'est un débat...
M. Saintonge: Je pense que c'est important de le soulever et cela
rendait aussi, à ce niveau-là, la préoccupation de
certaines personnes du monde municipal que j'ai obtenue.
M. Marcoux: Je ne trouve pas du tout inutile, au contraire, le
débat que nous avons eu sur cet article, M. le député. Je
considère que c'est normal, lorsqu'on étudie une loi
constitutive, qu'on regarde les devoirs et pouvoirs du ministre pour savoir
où le ministre ou le ministère pense aller dans ses
activités. Mais je pense une chose, c'est que je risque bien plus que ce
soit invoqué... Ces huit articles risquent d'être plus
invoqués contre le ministre que le ministre puisse les invoquer contre
les municipalités. Je me demande si on n'a pas donné trop de
précisions sur tout ce qu'on devrait faire avec les municipalités
ou pour les municipalités et qu'on ne devrait pas s'en tenir à
dire une chose bien simple: On est là pour surveiller l'administration
municipalel
M. Saintonge: De toute façon, comme le ministre l'a
dit...
M. Marcoux: Non, je le dis à la blague, mais pour moi cela
illustre vraiment qu'il y a de quoi probablement pour aider les
municipalités dans leur argumentation, dans leurs rapports avec le
ministère des Affaires municipales, dans le sens des objectifs qu'on
vise.
Le Président (M. Fallu): Néanmoins, il n'en reste
pas moins que nous avons devant nous un texte de loi et qu'aucun ministre ne
lira à l'avenir le Journal des débats pour savoir comment
s'inspirer non pas de la lettre mais de l'esprit du législateur. Et,
davantage, aucun juge ne s'autorisera...
M. Marcoux: C'est cela.
Le Président (M. Fallu):... à lire le Journal des
débats, de telle sorte qu'il n'y a que la lettre de la loi qui
sera...
M. Marcoux: II faudrait changer la loi pour obliger les juges
à lire le Journal de débats.
M. Saintonge: Cela ne changerait rien, même s'ils le
lisaient. Je vous dirai, M. le Président, que dans certains causes on a
déjà cité le Journal des débats. On a donné
l'objectif visé, ce qu'on pouvait attendre d'une loi. Le juge a dit: Je
regrette, mais je n'ai pas à interpréter ce qui s'est dit au
Journal des débats. C'est le texte de loi qui est écrit qui
compte. Qu'on dise bleu, blanc ou rouge là-dessus, cela ne change
rien.
Le Président (M. Fallu): Alors c'est un débat
qu'on...
M. Marcoux: On pourrait aussi changer la Loi
d'interprétation. On pourrait indiquer: "Fait partie de la Loi
d'interprétation le Journal des débats. "
M. Saintonge: Je n'oserais pas souhaiter cela.
Le Président (M. Fallu): Pas toujours! Bref, l'article 7
est adopté.
M. Saintonge: Avec les...
M. Marcoux:... remarques que vous avez faites.
M. Saintonge:... et les réserves que j'ai
manifestées. Adopté.
Le Président (M. Fallu): Sauf que vous savez qu'on ne peut
pas adopter les réserves et les remarques.
M. Marcoux:... notre façon de procéder.
Le Président (M. Fallu): D'accord. Pour le moment, le
ministre les prend comme...
M. Marcoux:.. des remarques, c'est cela.
Le Président (M. Fallu):... des remarques, des conseils.
Alors, adopté. Article 8.
M. Marcoux: "Le ministre élabore et propose au
gouvernement les politiques concernant l'activité du ministère.
Il en dirige et coordonne l'application. "
M. Saintonge: J'avais soulevé une interrogation au
ministre dans le débat en Chambre sur l'adoption du principe du projet
de loi. Quand on parle de politique qui concerne une activité du
ministère, on vise quoi? Est-ce qu'on vise uniquement l'administration
interne du ministère ou si on veut parler aussi de politiques à
l'égard des administrations municipales, par exemple?
M. Marcoux: Cela concerne autant le monde municipal; les deux:
cela comprend l'activité interne, bien sûr, mais l'activité
principale du ministère est dirigée vers le monde municipal.
Quand je dis que "le ministre élabore et propose au gouvernement les
politiques concernant l'activité du ministère", l'activité
du ministère c'est l'ensemble des responsabilités qu'il a. "Il en
dirige et coordonne l'application. "
M. Saintonge: Quand vous parlez d'un tel genre de pouvoir, la
précision que je voudrais avoir c'est à savoir ce qui est
visé quand on parle des politiques.
M. Marcoux: Les politiques concernant l'activité du
ministère, cela peut être les politiques concernant la
fiscalité, concernant les pouvoirs municipaux, la législation,
alors l'ensemble de l'activité du ministère qui concerne le monde
municipal. On ne pourrait pas réduire le rôle du ministère
à élaborer et à proposer au gouvernement des politiques
qui concernent, je dirais, la gestion interne du ministère ou
l'activité interne du ministère. Le ministère n'existe pas
pour lui-même, j'espère. Je veux qu'il existe pour le monde
municipal. Dans ce sens: "Le ministre élabore et propose au gouvernement
les politiques concernant l'activité du ministère", c'est
l'ensemble de ses rôles. "Il en dirige et coordonne l'application. "
M. Saintonge: Ce qui veut dire que le ministre agit... Lorsque
vous me répondez, vous me renvoyez pratiquement à l'article 7.
Cela démontre ce que je disais tout à l'heure, qu'il est
tellement grand que même l'article 8 est compris dans 7.
M. Marcoux: C'est la mise en application; l'autre indique les
devoirs. Comment remplir mes devoirs. J'élabore et propose au
gouvernement les politiques en conséquence.
M. Saintonge: D'accord, M. le Président,
adopté.
Le Président (M. Fallu): Adopté. Article 9.
Maintenant, qu'est-ce que le ministre peut faire?
M. Marcoux: Dans l'exercice de ses fonctions, le ministre peut
obtenir des ministères et des organismes gouvernementaux ou municipaux
les renseignements disponibles nécessaires à l'exécution
de ses fonctions; conclure, conformément à la loi, une entente
avec un gouvernement autre que celui du Québec, l'un de ses ministres,
une organisation internationale ou un organisme de ce gouvernement ou de cette
organisation, en vue de l'exécution de ses fonctions. Cet article qu'on
introduit de plus en plus dans les lois sur les ministères donne au
ministre deux pouvoirs: celui d'obtenir des renseignements du reste du
gouvernement, celui de conclure des ententes avec un gouvernement autre que
celui du Québec ou avec une organisation internationale. Il semble que
ce soit un article qui revient dans la plupart des lois des ministères
maintenant.
Le Président (M. Fallu): Nous reviendrons sur cet article
9...
M. Marcoux: D'accord.
Le Président (M. Fallu):... après le dîner.
En conséquence, puisqu'il est 18 heures, je suspends nos travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 17)
Le Président (M. Fallu): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux sur
l'étude détaillée du projet de loi 4, Loi sur le
ministère des Affaires municipales, et nous en sommes à l'article
9. La parole était au député de Laprairie, en
l'occurence.
M. Saintonge: M. le Président, dans le cas de l'article 9,
quand on dit que le ministre peut obtenir "les renseignements disponibles
nécessaires à l'exécution de ses fonctions", on parle des
ministères et des organismes gouvernementaux. Je comprends que cela peut
être utile dans sa fonction d'ombudsman, avec ses confrères
ministériels. Au niveau des organismes municipaux, j'aurais besoin
d'éclaircissements sur le genre de renseignements que le ministre veut
obtenir des municipalités et des organismes municipaux.
M. Marcoux: Par exemple, les rapports financiers des
municipalités. Le ministre peut obtenir des ministères et
organismes les renseignements disponibles nécessaires à
l'exécution de ses fonctions, par exemple, les rapports financiers
annuels, les budgets annuels, ce genre de choses que le ministère peut
réclamer et, en fait, réclame actuellement. Avec les rapports
financiers et le budget, on a l'essentiel de la matière qu'on
réclame. Je n'ai jamais entendu critiquer les municipalités sur
le fait qu'on faisait souvent des demandes de renseignements ou des choses
comme cela. On demande très peu de renseignements. Je n'ai jamais
entendu parler de cela. Avant d'être ministre des Affaires municipales,
je n'ai jamais entendu de critiques des municipalités disant, un peu
comme on l'entend chez les petites et moyennes entreprises, qu'on reçoit
toujours des questionnaires, des rapports, etc. Le monde municipal n'a jamais
indiqué que le ministère des Affaires municipales
réclamait beaucoup de renseignements de lui, mais cela peut arriver, si
l'on veut.
M. Saintonge: Quant au paragraphe 2, M. le Président, en
conclusion, on dit "... toujours en vue de l'exécution de ses fonctions.
" Il s'agit d'une entente avec un gouvernement autre que celui du
Québec. Le ministre fait référence, j'imagine, quand on
dit "conformément à la loi", à certaines ententes, par
exemple, fédérales-provinciales.
M. Marcoux: Conformément è la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales.
M. Saintonge: D'accord, c'est le pendant, un petit peu, de ce
qu'on trouve dans la Loi du ministère des Affaires
intergouvernementales, mais toujours avec la participation du ministre des
Affaires intergouvernementales qui doit être celui qui chapeaute les
activités.
M. Marcoux: Adopté?
Le Président (M. Fallu): Alors» l'article 9 est
adopté. L'article 10 maintenant.
M. Marcoux: "Le ministre dépose à
l'Assemblée nationale un rapport des activités du
ministère pour chaque exercice financier. "Ce rapport est
déposé dans les six mois qui suivent la fin de cet exercice si
l'Assemblée est en session ou, si elle ne siège pas, dans les
trente jours de l'ouverture de la session suivante ou de la reprise des
travaux. "
M. Saintonge: Ma question là-dessus, M. le
Président, est une question d'information. Quand on parle de trente
jours, pourquoi trente jours et pas dix jours?
M. Marcoux: Probablement que si on mettait dix jours pour tous
les ministères ensemble, les dix premiers jours, les ministres
passeraient dix minutes à déposer un paquet de rapports alors
qu'en mettant trente jours, probablement, cela permet d'échelonner le
dépôt des rapports des différents ministères.
M. Saintonge: Le problème c'est que -je ne sais pas si je
comprends - dans le fond je me dis que si l'Assemblée ne siège
pas, par exemple, les six mois peuvent être écoulés.
L'Assemblée n'a pas siégé. Si l'Assemblée a
commencé à siéger, on donne trente jours
supplémentaires, ni plus ni moins. L'exercice financier du
ministère finit fin mars. Avril, mai, juin, juillet, août,
septembre, cela nous mène à la fin de septembre. Or la session ne
commence pas avant la mi-octobre, disons, le troisième lundi d'octobre,
ou le deuxième - c'est plutôt le deuxième - et à ce
moment-là vous avez un mois supplémentaire à vos six mois.
Auparavant, je ne m'en souviens pas, il me semble que le dépôt
était dans les dix jours du commencement de chaque session. La question
s'est posée. J'ai vu dix jours, j'ai vu trente jours. Y a-t-il un motif?
Y a-t-il
quelque chose qui...
Le Président (M. Fallu): Comment cela se passe-t-il pour
les rapports des autres ministères?
M. Marcoux: On a adopté ici la formulation que l'on
retrouve habituellement dans les lois sur les autres ministères, plus
réaliste que celle de l'article 3 de la loi actuelle qui est devenu
inapplicable. En effet, l'article 3 dit que le rapport annuel est
déposé au début de chaque session. Or, avec la pratique
actuelle à l'Assemblée nationale, une année peut passer
sans qu'une session ne débute, mais il peut y avoir plus d'un
début de session dans une année.
M. Saintonge: De toute façon, en fait, c'est dans les
trente jours. J'imagine que cela peut être moins de trente jours.
M. Marcoux: C'est cela.
M. Saintonge: D'accord, adopté.
Le Président (M. Fallu): II n'y a pas un amendement?
M. Marcoux: C'est un nouvel article, M. le Président.
Le Président (M. Fallu): Donc, l'article 10 est
adopté. Vous voulez bien faire lecture de votre projet d'amendement,
s'il vous plaît!
M. Marcoux: Le projet de loi A est modifié par
l'insertion, après l'article 10 du nouvel article suivant: "10. 1.
Lorsqu'une disposition législative donne au ministre le pouvoir
d'approuver, d'autoriser ou de désavouer un règlement, une
résolution ou un acte, il peut, avant de prendre sa décision,
demander l'avis de la Commission municipale du Québec. "
M. Saintonge: C'est assez clair. C'est une disposition, je pense,
qui est intéressante. Au moins, c'est du droit écrit.
M. Marcoux: Je pensais que vous alliez dire: J'avais pensé
vous le proposer.
M. Saintonge: Non, mais je pense qu'avec la Loi sur la Commission
municipale,
Il y aurait peut-être toujours eu possibilité, non? Je ne
suis pas sûr de cela.
M. Marcoux: Pour parler bien clairement, c'est qu'à propos
du projet de loi 2 sur les approbations administratives, le juge Beaulieu a
suggéré de maintenir le pouvoir, pour le ministre, de demander un
avis. Il n'est pas nécessaire qu'on approuve. On est d'accord pour ne
plus contresigner toutes les approbations administratives mais cela pourrait
être utile, à l'occasion, pour vous, que vous conserviez le
pouvoir de nous demander notre avis. Au lieu de l'introduire dans la loi 2, qui
n'est pas une loi constitutive, si je peux dire, mais simplement une loi qui
amende d'autres lois, supprimant des choses, on a pensé
préférable de le mettre dans la loi du ministère
elle-même, ce qui lui donne une portée générale qui
ne touche pas seulement les approbations administratives. C'est à propos
de la discussion sur la loi 2 qu'on a pensé à introduire cet
amendement.
M. Saintonge: D'accord, on va y concourir.
Le Président (M. Fallu): Donc, l'article 10. 1 est
adopté.
M. Saintonge: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Fallu): L'article 11.
M. Marcoux: "Le ministre peut donner à un conseil
municipal des avis ou lui faire des recommandations sur un aspect de
l'administration de la municipalité. " En fait, c'est l'ancien pouvoir
qui est maintenu.
M. Saintonge: La seule remarque que je peux faire
là-dessus - c'est dans le même cadre que ce dont on discutait
à l'article 7 ce matin - c'est que, finalement, l'inspecteur
vérificateur agissait dans un cadre précis avec l'ancienne loi.
Dans son mandat, il devait enquêter dans certaines circonstances
particulières selon certaines procédures, si je me souviens bien,
qu'il avait à suivre. On disait: Sur réception d'un inspecteur
vérificateur... Maintenant il n'y a plus d'inspecteur
vérificateur. Cela veut dire que les avis ou recommandations que le
ministre peut envoyer concernent tout aspect de l'administration de la
municipalité...
M. Marcoux: Comme...
M. Saintonge: Cela élargit le pouvoir d'avis ou de
recommandation du ministre...
M. Marcoux: Oui.
M. Saintonge:... mais la chose impartante...
M. Marcoux: Non, le processus est changé. Avant,
c'était sur réception du rapport d'un inspecteur
vérificateur. L'inspecteur vérificateur pouvait noter d'autres
choses qui n'avaient pas trait exclusivement à la comptabilité ou
à la situation financière. Cela pouvait concerner le processus de
décision ou l'application de diverses lois. Les inspecteurs
vérificateurs
n'existent plus, on les supprime, donc... On maintient la même
chose actuellement même si c'est formulé tel quel... Les avis ou
les recommandations que le ministre donne à l'occasion aux
municipalités touchent tous les aspects de la vie municipale.
Évidemment, probablement que 90% des avis ont trait à la gestion
financière des municipalités parce que, dans la gestion
financière, on retrouve le reste. Le fait que la municipalité ne
respecte pas le processus de soumissions publiques, cela ne touche pas
nécessairement sa santé financière, mais cela touche la
gestion financière. Souvent, l'analyse de la gestion financière
d'une municipalité va entraîner des recommandations qui touchent
la gestion proprement dite de la municipalité.
M. Saintonge: Finalement, vu que ce sont des recommandations ou
des avis, cela ne viendra pas lier ou obliger la municipalité...
M. Marcoux: Non.
M. Saintonge:... de sorte que ce sera une étape
subséquente...
M. Marcoux: C'est cela.
M. Saintonge:... et que le ministre va simplement donner une
espèce de premier avis...
M. Marcoux: C'est cela.
M. Saintonge:... avant d'entreprendre quoi que ce soit, pour
permettre à la municipalité de se conformer. Ce n'est pas
mandatoire, comme on l'a dit tantôt?
M. Marcoux: C'est cela. M. Saintonge: D'accord.
Le Président (M. Fallu): L'article 11 est-il
adopté? Nous passons à l'article 12 comme corollaire de l'article
11.
M. Marcoux: "Les avis ou les recommandations mentionnés
à l'article 11 sont transmis, par lettre recommandée ou
certifiée, au maire et au secrétaire-trésorier ou au
greffier de la municipalité. Le maire et le
secrétaire-trésorier ou le greffier sont tenus d'en saisir le
conseil à la première séance que tient celui-ci
après leur réception. "Si le ministre l'ordonne dans sa lettre,
le secrétaire-trésorier ou le greffier doit publier celle-ci ou,
le cas échéant, un résumé fourni par le ministre,
en la manière prescrite pour la publication des avis publics de la
municipalité. " Le deuxième alinéa est nouveau. Le premier
reprend l'esprit sinon la lettre de l'ancienne loi.
M. Saintonge: Dans quel but le deuxième alinéa
est-il ajouté?
M. Marcoux: Souvent, il y a deux ou trois personnes qui assistent
à une séance du conseil et, en obligeant la municipalité
à publier le résumé dans les journaux selon la
méthode des avis publics, on risque que 20%, 30% ou 45% des citoyens
soient informés de la chose. C'est dans le sens d'assurer une diffusion
et une information plus grandes lorsque le ministre le juge nécessaire.
Au lieu de prendre des trucs détournés en disant qu'on va
répondre à un comité de citoyens en lui transmettant un
rapport, etc., à partir du moment où on assure la diffusion de
renseignements, qui sont, de toute façon, publics, au moment de la
réunion du conseil... C'est dans le but d'informer l'ensemble des
citoyens. On m'indique que, si on n'exigeait pas cette procédure, la
municipalité pourrait décider de faire la lecture de la lettre
à une séance spéciale convoquée 48 heures
auparavant sans avis aux journalistes, etc....
M. Saintonge: Oui, d'accord.
M. Marcoux:... alors que, par un processus semblable, on peut
éviter cela.
M. Saintonge: Oui, mais là-dessus, la réponse est
bien simple: on n'a qu'à obliger la municipalité, à la
première assemblée régulière suivant la
réception de l'avis... On évite cet écueil.
M. Marcoux: La première assemblée
régulière... Oui, d'accord, cela peut être une exception
qu'un conseil décide de faire une assemblée spéciale pour
éviter que ce soit trop largement diffusé. Mais souvent, la
première assemblée régulière peut être en
juillet ou en août, et ce ne sont habituellement pas les séances
du conseil les plus courues. Cela peut être aussi... (20 h 30)
M. Saintonge: Vous vous référez à
Chertsey...
M. Marcoux: Je pense qu'il n'y a pas grand mal dans ça. On
fournirait le résumé à part ça.
M. Saintonge: Je vais vous avouer, M. le Président, que
j'ai une objection fondamentale au deuxième alinéa de l'article
12. D'abord, dans un premier temps, je pense qu'au niveau des avis publics, on
tend de plus en plus à les multiplier dans certains cas. Ce sont des
remarques que les gens du monde municipal m'ont faites. Mon expérience
pratique m'a permis de constater que la formule de l'avis public est un peu
désuète. On n'atteint pas tout le monde, pas tellement de
monde que ça. Même au niveau des règlements de zonage. Je
vais vous donner un exemple. D'après la loi 125, on donne aujourd'hui
des avis publics dans les journaux. On oblige même à l'affichage.
Dans les villes il y a des pancartes. Mais c'est bon pour les moineaux et non
pour les citoyens qui ne lisent pas, ils ne sont pas au courant, ils ne voient
pas.
Quant à l'information des citoyens par avis publics dans les
journaux, c'est souvent d'un coût assez onéreux pour les
municipalités, d'une part. Deuxièmement, si le conseil les publie
dans un des journaux qui circulent dans la municipalité, une des raisons
pour lesquelles on n'atteint pas beaucoup de monde souvent, au sujet de quelque
chose qui est essentiel et important au niveau de la municipalité, c'est
qu'il y a toujours, peut-être pas dans les grandes villes autour de
Montréal mais dans des petits coins, des journaux qui passent moins que
d'autres. II y a parfois deux journaux locaux. On en prend un et on choisit
celui qui est le moins bien distribué. Il arrive souvent que les
municipalités ont des problèmes de distribution de journaux. Dans
le coin chez nous, sur la rive sud de Montréal, cela arrive.
M. Marcoux: On pourrait donner au ministre le pouvoir de
déterminer quel journal.
M. Saintonge: On n'irait pas jusque là... Une voix:
Distribué porte à porte.
M. Saintonge: Par la ville, oui. Disons que même si c'est
distribué porte à porte, je vous dirai que dans certains cas
ça devrait être fait comme ça, mais il arrive que les
journaux n'arrivent pas. Le coût pour la ville est le même et c'est
quand même assez onéreux, je pense, pour ce qu'on peut atteindre
avec ça.
L'élément fondamental, disons qu'au niveau du
fonctionnement par avis public je ne suis pas d'accord avec ça. On dit
que le ministre mentionne que, si on le donne au conseil, souvent ce ne sera
pas assez lu. Je pense que ce n'est pas en arrivant avec la procédure
d'avis public que ce sera plus lu.
Quant au conseil on dit qu'on a rendu les séances publiques plus
accessibles aux citoyens. Je mentionnais hier toute la publicité qui est
faite. Je pense, dans certains cas, à la publicité
gouvernementale qu'on peut voir et à celle aussi qui est faite par les
postes de télévision communautaire où on mentionne
souvent: Vous avez accessibilité aux débats du conseil municipal.
Vous ouvrez Videotron ou je ne sais pas trop quel canal de distribution, on
vous dit: Tel jour vous entendrez tel conseil municipal et tel autre jour tel
autre conseil municipal. Les citoyens sont quand même informés
quant à leur accessibilité concernant les assemblées
municipales, extérieures peut-être au conseil lui-même.
C'est de plus en plus fréquent, d'une part.
Deuxièmement, en amenant plus les citoyens aux assemblées,
soit par la télévision communautaire mais aussi par les journaux
locaux ou par avis publics... S'il y a quelque chose d'important les journaux
locaux, souventefois, délèguent maintenant quelqu'un dans les
conseils municipaux. Je peux vous assurer que si un conseil municipal a
à lire une lettre du ministre en assemblée, ce sont les citoyens
qui, finalement, ont exigé une enquête et ont informé le
ministre que quelque chose se passait dans l'administration municipale, qu'on
voulait que quelqu'un fasse une enquête là-dessus et un rapport
quelconque.
S'il fallait que ces gens qui ont soulevé le point à
savoir que le ministre informe... Un comité de citoyens ou même
certains groupes de pression qui auraient demandé qu'on vérifie
l'administration municipale, ces gens-là vous pouvez être
sûrs qu'ils vont informer le journaliste en question, qui va être
présent à l'assemblée et il en sera traité dans sa
chronique. C'est mon point.
Il y a d'autres moyens plus faciles que l'avis public pour rejoindre
plus de gens, et qui, d'une certaine façon, sont moins onéreux
pour la municipalité.
Le deuxième point qui me fait aller contre l'avis public, d'une
certaine façon, c'est une question d'équité dans certains
cas. Si la municipalité peut recevoir un avis public concernant quelque
chose d'incorrect, peut-être pas illégal, dans le cadre de son
administration, parce que j'imagine que les avis et recommandations du ministre
ne sont pas nécessairement dans les cas d'illégalité, que
cela peut être dans des cas où, au niveau du conseil municipal on
a pu agir incorrectement, soit par omission ou par erreur, ou des fois en
pensant qu'on pouvait le faire comme cela, dans le même "border line"...
Ce n'est peut-être pas nécessairement dans un but
d'illégalité. C'est peut-être une
irrégularité. Si on le publie dans un journal, simplement cet
avis public, à ce moment-là on ne donne pas l'occasion au conseil
municipal, parfois, d'expliquer son geste et de dire vraiment aux citoyens:
C'est ce que le ministre nous a dit, on en prend acte, on en prend note, on
corrige l'administration. Vis-à-vis des citoyens ils peuvent prendre
l'engagement de le faire, mais en même temps ils ont la chance, d'une
certaine façon, d'expliquer leur comportement comme élus
responsables devant leurs citoyens, pas nécessairement, de se justifier,
mais d'expliquer pourquoi c'est arrivé. Si, par exemple, même au
niveau du conseil
municipal, certaines personnes ont des choses à ajouter,
même un conseiller, cela peut arriver... Je donne un exemple. On a
parlé de Chertsey avant-hier, hier et même cet après-midi.
Dans le cas de Chertsey, il y avait un des conseillers municipaux
présents au conseil qui avait communiqué avec les officiers du
ministère pour soulever les irrégularités qui se
passaient. On a participé à des démarches auprès du
bureau du premier ministre également pour demander qu'on fasse une
enquête sur l'administration de Chertsey. C'était de longue date.
Cela n'était pas six mois avant les élections; c'était au
moins un an et demi avant les élections. Cela a pris un bon bout de
temps avant que, finalement, on réagisse, pour différents motifs.
Je ne veux pas accuser. Il y a eu un manque de diligence. En tout cas, il y a
eu un certain laps de temps avant que l'enquête soit ordonnée.
Cela a pris plus qu'une lettre du député. Cela a pris plus qu'une
lettre du comité de citoyens ou d'autres citoyens
intéressés auprès du ministère, auprès du
ministre et auprès du premier ministre.
Je n'ai pas le dossier ici pour savoir la date exacte. Cela a pris une
couple de mois. Cela a pris quatre, cinq ou six mois au minimum avant que
l'enclenchement de l'enquête se fasse. L'enquête avait
été ordonnée, si mon souvenir est exact, à
l'automne. Elle a duré pendant pratiquement cinq mois. C'était
compliqué. Il y avait 32 irrégularités. Il y avait une
trentaine de pages d'analyses de transactions ou de gestes du conseil
municipal. Finalement, disons que dans le cas de Chertsey, après que le
rapport fut arrivé au conseil, on a produit une lettre. Finalement, du
fait que la lettre n'a pas été lue à la première
assemblée subséquente, au mois de juillet, c'est justement le
conseiller en question qui a pu soulever le problème. La
secrétaire-trésorière n'avait pas apporté non
plus... On a informé l'inspecteur-vérificateur qui retournait
dans la municipalité examiner la situation, qui a informé la
secrétaire-trésorière qu'elle devait donner lecture de la
lettre en question et le faire même si, au début, elle a dit
carrément: Les balivernes, on ne va pas lire ça. C'est pareil
pour toutes les villes. Ce n'était pas vrai. Le bonhomme s'en doutait un
peu de cela. Il avait même dit à l'inspecteur-vérificateur
qu'il n'y avait rien là.
Il restait quand même que si on avait donné un avis public
à Chertsey, vous n'auriez peut-être pas rejoint plus de monde que
cela. Il n'y aurait peut-être pas eu plus de gens informés, sauf
que, quand cela vient au conseil, si un des conseillers est
intéressé par l'enquête qui a été
menée par le ministère ou par l'inspection qui a eu lieu, par la
vérification qui a eu lieu, il pourrait soulever certains points, poser
des questions et tenter, à ce moment-là, soit de faire prendre
des engagements soit par le maire ou par des conseillers. Mais à tout le
moins, à ce moment-là, je me dis qu'en toute justice... C'est
audi alteram partem, c'est-à-dire que chaque personne peut être
entendue. Chaque partie, sur une situation donnée a le droit de donner
son point de vue. Dans un cas comme cela, surtout avec la loi actuelle, il y a
des possibilités, et on le verra tantôt dans un autre article, que
les fonctionnaires du ministère aillent dans les municipalités
faire enquête, "at large", sans mandat précis, donnent un rapport
sur certaines circonstances ou n'en donnent même pas. Cela
m'apparaît peut-être un peu drôle, mais cela pourrait
arriver. On va voir plus tard que les rapports des fonctionnaires... Il pourra
dire quelque chose au ministre et celui-ci pourra envoyer une lettre. Il n'y a
pas de rapport. La municipalité n'est pas informée de la teneur
de l'enquête, elle n'est pas informée des choses
vérifiées et constatées, des documents dont on a pris
connaissance, dont on a pris copie, etc. Ce que je veux dire, c'est que c'est
un peu en dehors de la municipalité. La municipalité n'est pas
informée. Elle ne sait pas ce qui se passe. Le maire est... Les
employés de la municipalité sont... Le vérificateur
regarde cela. Il dit: bon, c'est correct. Je vais dans le bureau, je prends les
livres... La municipalité ne saura jamais exactement le contenu des
informations qu'on a eues... Il y a déjà eu un rapport qui...
À ce moment-là, ta municipalité n'a pas la chance de voir
ce qui... Le conseil municipal n'a pas eu la chance de voir exactement sur
quelle partie de son administration on enquête. On a simplement des
commentaires, dans certains cas, où la municipalité pourrait se
justifier. Dans d'autres cas, pas. Dans d'autres cas, sur des questions - il y
a une période de questions à l'assemblée du conseil - si
la lettre est lue à l'assemblée du conseil, si les conseillers
présents peuvent poser des questions là-dessus au maire, les
citoyens peuvent aussi venir poser des questions exactement là-dessus.
Ils se justifieront et on pourra davantage faire la lumière
là-dessus lors de la période des questions, à la suite des
questions qui pourraient être posées et selon l'importance des
réponses qui seront données.
Mais au moins on aura respecté à ce moment-là les
règles que la municipalité aura pu dire ce qu'elle a à
dire sur les recommandations et les avis que le ministre a donnés. Cela
me paraît fondamental à ce moment-là pour le respect des
élus. J'ai mentionné qu'au niveau des citoyens le ministre
protège les citoyens. Dans ce sens-là, le paragraphe 2 de
l'article 12 et je m'inscris en faux contre cela je m'opposerai à cette
chose-là et je ne vois pas l'utilité de la maintenir. Je pense
que pour mettre toute
l'emphase qu'on veut sur la responsabilité non seulement des
officiers municipaux, mais des élus municipaux, ce serait
préférable qu'on oblige que la lettre soit non seulement lue
à l'assemblée du conseil, mais à l'assemblée
régulière.
Avec la publicité qui s'ensuit sur les assemblées
régulières du conseil, les gens suivent cela et il ne faut pas
s'en faire. J'ai l'impression que, dans les cas où il y a un
problème dans une ville, si, par exemple, un rapport ou un avis du
ministre est arrivé, j'en suis convaincu, les gens
intéressés, ceux qui ont demandé une enquête et ceux
qui vérifient l'administration courante de la municipalité vont
être présents et ils pourront questionner. Mais, aussi, la
contrepartie sera possible pour les gens du conseil municipal, non pas de se
défendre, mais de s'expliquer. Si c'est dans le journal, un avis public,
qu'est-ce qui va arriver? Le conseil municipal va donner une conférence
de presse pour tenter de dire aux gens que ce qui est arrivé, ce n'est
pas ça, mais c'est autre chose. Cela va être un mois après.
Cela va être rendu public, cela va être dans le journal, sur un
point précis. S'il est possible d'apporter une justification par le
conseil municipal sur son comportement ou tout au moins une explication par
rapport aux citoyens, Dieu sait que quand quelque chose paraît une fois
dans le journal, la contrepartie qui suit, la deuxième fois, ce n'est
pas tout le monde qui la voit. Cela n'explique pas nécessairement le
suivi, ce qui s'est dit avant; cela ne justifie pas ou cela n'éclaire
pas nécessairement pour celui qui est attaqué, disons. Son point
de vue ne sort pas aussi facilement dans un deuxième temps. Je pense
qu'au niveau des communications, on sait ce que c'est en politique. Quand on
fait une déclaration sur un homme politique, cela sort gros comme cela,
tout le monde le voit.
Mais quand l'explication arrive après, c'est dans une autre page
ou à un moment ultérieur et il n'y a pas le même nombre de
personnes qui vont avoir l'explication qui s'ensuit. À ce
moment-là, la chance pour la personne de s'expliquer, à mon point
de vue, n'est pas donnée au même point. On ne lui donne pas la
contrepartie efficace et équitable è laquelle la personne a
encore droit pour donner une réponse à ce qu'on a commenté
à son sujet.
M. Marcoux: II y a deux remarques. La première remarque,
c'est que lorsque le député de Laprairie dit qu'il y a trop
d'avis qui sont demandés ou qu'on exige souvent des
municipalités, ou qu'on exige de la municipalité de faire
paraître des avis sur beaucoup de choses, j'ai eu la remarque, moi aussi,
et je la partage sur un certain aspect. C'est-à-dire que lorsque les
avis qu'on fait paraître sont d'une complexité telle que personne
ne peut comprendre ce que ça veut dire en les regardant, oui. (20 h
45)
Trop d'information, ce n'est plus de l'information. Trop de chiffres,
ça peut rendre les choses inintelligibles. D'accord. Dans ce cas-ci, je
regrette, mais je ne peux pas partager le point de vue du député
de Laprairie. Parce que la thèse qu'il défend est à savoir
que c'est comme s'il n'y avait pas d'enquête sérieuse, que la
lettre va être improvisée et... Non, mais dans cette
hypothèse-là, un fonctionnaire peut aller faire une enquête
dans une municipalité, ne pas faire de rapport écrit; vous en
parlez simplement et vous rédigez une lettre à la
municipalité, vous l'obligez à rendre public... Un sénario
du genre. D'abord, ce n'est pas dans tous les cas qu'on exigerait que la lettre
soit publique, sous forme d'avis public. Et ce n'est pas dans toutes les
municipalités qu'il y a des journalistes. Il y a plusieurs
municipalités au Québec où il n'y a jamais un journaliste
qui va aux séances du conseil, où il n'y a pas de médias
d'information qui sont là. Il y a souvent des conseils qui
siègent en l'absence de citoyens pour les écouter ou les
entendre.
Quand on parle des coûts par rapport à d'autres types de
publications ou d'autres types d'avis qui peuvent être donnés, on
dit: il y a la possibilité de faire un résumé.
Évidemment, cela indique qu'on ne veut pas qu'on roman soit
publié aux frais de la municipalité, mais que les choses
essentielles puissent être rendues publiques.
Je ne comprends pas... J'ai un problème face au discours d'hier
du député de Laprairie. Il dit: Dans votre loi, vous
préoccupez-vous du citoyen et de son information? Quelle est la place
que vous donnez aux citoyens d'une municipalité? Vous semblez dire,
d'une part: Il faut que le citoyen soit informé, il ne faut pas avoir
peur d'ouvrir les livres; d'autre part, vous dites que vous avez peur que le
conseil ne puisse pas se défendre comme il faut, ne puisse pas faire
entendre son point de vue comme il faut. Vous dites: Un avis va être
publié dans les journaux et la réponse va venir un mois
après. Précisément, c'est qu'en publiant... Parce qu'il y
a plusieurs conseils municipaux où il n'y a pas d'agents d'information
ou de journalistes qui les couvrent à toutes les semaines; à
chaque mois, c'est le cas de la plupart des conseils municipaux... Je suis
sûr que, dans mon comté, il y a des journalistes qui couvrent les
séances du conseil de la ville de Rimouski. Dans les 22 autres
municipalités, c'est extrêmement rare que des journalistes
assistent à ces réunions.
Quand on dit à la suite de l'avis, s'il y a un avis qui est
publié dans les journaux, il va y avoir de la nouvelle parce qu'un
journal qui va voir cet avis va en faire une nouvelle
également. Là, il y aura des réponses qui seront
fournies par la municipalité. Je crois que ce n'est pas un abus
d'information, c'est si le ministre l'ordonne dans sa lettre. En tout cas, cela
fait sept mois que je suis ministre et, à ma connaissance, j'ai
écrit une lettre à une municipalité. Dans d'autres cas,
j'ai posé d'autres gestes. Je veux dire qu'on a mis une
municipalité en tutelle, Saint-Didace, mais je n'ai pas écrit de
lettre, je savais que c'était inutile, que c'était rendu à
une autre étape. Mais, en sept mois, j'ai écrit une lettre. Et il
n'est pas dit que, même si j'avais eu ce pouvoir, j'aurais jugé
que, dans ce cas-là, c'était nécessaire de faire en sorte
que la lettre soit publiée. Mais je pense que c'est une
possibilité que l'on doit donner au ministre qu'il puisse ordonner
à une municipalité de rendre publics les recommandations et les
avis qui en découlent.
En quoi est-ce que cela peut être nuisible que 200 ou 500 ou 1000
électeurs d'une municipalité sachent des choses qu'autrement
peut-être 7 ou 8 ou 9 personnes de la municipalité pourraient
connaître? À moins que, comme vous le supposez, cela
m'apparaît curieux... C'est bien sûr que, si l'on déclenche
une enquête comme cela, il y a des comités de citoyens ou des
individus qui s'en sont préoccupés. Mais vous nous dites, en
somme: Prenez des moyens détournés, avisez les gens
concernés - j'ai envoyé une lettre - allez au conseil,
demandez-la...
M. Saintonge: Non, ce n'est pas cela. M. Marcoux: Non,
mais... M. Saintonge:...
M. Marcoux: Je ne vois pas en quoi... Ce n'est pas automatique,
ce n'est pas le genre de choses qui se passent fréquemment, mais je
pense que c'est le genre de choses qui peuvent être nécessaires.
Cela fait partie de l'équilibre des moyens. Vous sembliez, dans d'autres
discussions, déplorer qu'on intervienne juste par information
plutôt que d'avoir un pouvoir directif ou d'exercer le pouvoir directif
trop rapidement sur la municipalité pour qu'elle corrige certaines
choses. Je pense que cela fait partie de la pédagogie et de la
participation des citoyens. La première condition, c'est l'information.
Je crois, en tout cas, qu'il n'y a vraiment rien d'abusif dans cela et que cela
répond aux conditions d'une saine démocratie.
Une voix:...
M. Marcoux: Non, il n'y a pas d'absolu dans cela, bien sûr.
Évidemment, la municipalité peut publier dans le même
journal sa version des faits.
M. Saintonge: Toujours...
M. Marcoux: Non, mais elle peut répondre...
M. Saintonge:... ce que j'ai noté en première
lecture hier.
M. Marcoux: C'est peut-être ce que j'ai compris.
M. Saintonge: Depuis que je suis député ou depuis
les deux dernières années que je suis le porte-parole des
affaires municipales, le ministre des Communications... Les fonctionnaires en
ont, mais l'Opposition en a aussi. C'est évident. Quand les citoyens
veulent... Quand il y a un problème dans un conseil municipal, ce que
j'ai déploré, c'est que parfois le citoyen vis-à-vis de
l'administration municipale va considérer que l'administration
municipale pose des gestes illégaux ou qu'elle est en
irrégularité avec la loi. Elle pose des gestes illégaux et
elle est en irrégularité avec la loi aussi. Le citoyen n'avait
pas de recours. Dans certains cas, on lui dit de faire affaires avec le
ministère des Affaires municipales. On l'envoie à la Commission
municipale. On l'envoie à un autre gars. Il s'en va là. Le
député me répond. Il est renvoyé au ministre. Il
dit: On ne sait pas ce qui se passe. Quel est le recours du citoyen dans ce
cas-là? Le recours du citoyen, c'était quoi? C'était de
s'en aller voir un avocat pour dire: II y a un problème. Il n'y a
personne qui ne fait rien. Il faut faire quelque chose. Mais le gars, quand il
est allé faire quelque chose, cela lui a coûté 4000 $ ou
5000 $. Je ne veux pas dire que les avocats coûtent cher, mais je vous
dirai que, quand même, c'était dans le temps où
j'étais avocat. Je pense que le sous-ministre était avocat.
M. Marcoux: On l'est pour toute la vie. Vous l'êtes
sûrement encore.
M. Saintonge: Vous êtes aussi ministre des Affaires
municipales. Vous avez des fonctionnaires qui travaillent avec vous et vous
savez qu'il y a de la paperasse. Dans votre discours de deuxième lecture
sur le projet de loi 2, vous avez reconnu que les lois municipales,
c'était un fouillis. Ce sont vos paroles. Je pense que vous l'avez
dit.
M. Marcoux: La jungle.
M. Saintonge: II y a beaucoup de problèmes, une jungle. En
tout cas, on peut l'interpréter de cette façon.
M. Marcoux: C'est la même chose.
M. Saintonge: Je vais m'en tenir à quelque chose comme
cela. Selon vos termes
- je n'ai pas la citation - entre autres, it y avait bien des choses,
bien des toiles d'araignée partout avec toute la réglementation
qui s'applique. On sait que les règlements municipaux, ce n'est pas bien
sorcier. Le ministre disait, dans un communiqué du ministère,
qu'au niveau des processus à suivre dans la nouvelle notion de mise
à jour de nos lois... À un moment donné, j'ai vu dans un
communiqué qu'au niveau des municipalités, par exemple, beaucoup
de municipalités n'ont pas de registre de règlements à
jour. Vous allez voir dans une ville un règlement concernant je ne sais
pas trop quel sujet, disons l'ordre public, les bonnes moeurs, Vous avez des
règlements. Pas de problème. Il faut suivre le règlement
341, en bon français... Il dit: II doit être à jour. Il
s'en va le prendre; 341, 392, 424, 632, 634, 649, en modification. Le citoyen
qui veut voir ce qui se passe dans sa ville va prendre sept, huit ou neuf
règlements au niveau municipal.
S'il y a un problème qui se passe dans la réglementation
municipale, des choses à suivre au niveau de la réglementation
gouvernementale et des lois à suivre, l'avocat qui demanderait un
dossier, c'est évident qu'il a beaucoup de pas à faire pour
vérifier tout, avoir tous les faits en sa possession et vérifier
ce qu'il peut faire avec cela. C'est cela qui coûte du temps. Comme on
dit, c'est "time consuming" et la facture arrive. Quel recours l'avocat va-t-il
conseiller de prendre? Dans certains cas, au point de vue municipal, on exerce
des recours. Si je me souviens bien, même dans la municipalité de
Chertsey, il y avait eu un recours de pris en vertu de la Loi sur la fraude et
la corruption dans les affaires municipales. Il se fait dire par le juge...
C'est la requête pour l'émission de l'enquête, si on veut,
avant que le juge ordonne une enquête. En vertu de la Loi sur la fraude
et la corruption dans les affaires municipales, vous avez une requête
à présenter au juge en chef. Ils sont allés devant le juge
en chef. Ils ont expliqué tout cela. Ils ont sorti le dossier. Ils ont
analysé toute la patente. C'est vous dire qu'il y en avait. Votre
fonctionnaire avait pris six mois pour faire un rapport. L'avocat n'est
peut-être pas plus fin que lui. Il a pris le temps de voir cela.
Là, il a présenté la requête au juge en chef pour se
faire dire, à un moment donné: Dans la loi, il y a d'autres
possibilités de recours contre les municipalités. Dans les
circonstances, il dit: Pas de recours. Prévalez-vous d'un autre recours.
Le gars, cela lui a coûté 4500 $ pour se faire dire cela. Il n'est
pas retourné une autre fois dans les procédures judiciaires. Il
s'est dit: Crime, il y a quelque chose qui doit se faire.
M. Marcoux: Je ne serai pas mal conseillé deux fois par un
avocat.
M. Saintonge: Non, il n'a pas été mal
conseillé nécessairement. C'est une question
d'interprétation du sens de la loi par le juge. C'est dans ce
sens-là que je disais que le citoyen n'est pas informé, dans un
cas comme cela, ce que j'ai noté dans mon discours hier,
c'est-à-dire qu'il y a trop de publicité ou qu'il n'y en a pas
assez. Ce n'est pas cela que je veux dire du tout. C'est impartant que le
citoyen dans sa municipalité, par rapport à l'application des
lois... À un moment donné, il faut que tu te fasses entendre. Le
ministère a un rôle de contrôle, un rôle de soutien
pour les municipalités. Par rapport au citoyen, c'est la même
chose. Il y a de l'information qui peut être donnée au citoyen sur
la démocratie municipale, sur la mise en oeuvre de la démocratie
municipale et, dans certains cas, si le citoyen veut soulever au
ministère un point quelconque qui lui apparaît irrégulier
ou qui lui apparaît même illégal dans l'administration
municipale, je pense que c'est important qu'il puisse trouver auprès du
ministre ou auprès des fonctionnaires du ministre la possibilité
qu'il y ait une intervention qui se fasse, que ce ne soit pas le citoyen qui
aura à débourser toujours quelque chose.
C'est dans ce sens-là que j'ai déploré que, dans
certains cas, les demandes faites au ministère de vérifier
quelque chose dans une municipalité n'ont pas eu de suite. Dans ce
cas-là, il y a eu une enquête de faite. Je n'ai rien à dire
contre le fait qu'il y a des enquêtes, cela va dans le pouvoir de
vérification et de contrôle du ministre. C'est cela que je veux
dire quand le citoyen a besoin, quelquefois, d'être écouté.
Ce n'est pas parce qu'un citoyen, dans un certain cas, n'aurait pas d'argent et
même, ce n'est pas une question d'argent. Je ne veux pas non plus que,
dans tous les cas, un citoyen envoie une lettre au ministère disant
qu'il y a quelque chose d'irrégulier qui se passe, il faut que le
ministre ou que le ministère, tout de suite, fasse une enquête,
prenne une action en cour contre le conseil municipal. Non, les tribunaux sont
là pour cela. Mais, dans l'espèce de contrôle que le
ministre a à exercer par des avis et des recommandations, cela peut se
faire, ou des vérifications se font. Cela fait une espèce de
tampon qui peut être valable. Je pense que c'est une des fonctions du
ministère. À ce moment-là, au niveau du citoyen,
l'information va se rendre et il va être satisfait au moins de voir que,
sur une question qu'on pose, cela amène des mécanismes et qu'il y
a quelque chose qui va bouger.
Le ministre a déjà répondu, dans un certain cas: Si
le citoyen a des problèmes avec la municipalité, il votera contre
le conseil, la prochaine fois, dans quatre ans.
C'est cela que vous aviez donné comme information. C'était
peut-être en riant un peu, mais il votera dans quatre ans. Si c'est dans
trois ans et demi, s'il y a eu des élections, s'il y a quelque chose qui
se passe contre l'administration municipale et qu'il y a une espèce de
problème qui s'ensuit vis-à-vis d'un groupe de citoyens qui peut
être important, on ne peut pas dire: Dans quatre ans, vous vous
reprendrez et laisser aller quelqu'un pendant quatre ans faire des gestes
illégaux. Je pense que l'administration publique ne sera pas servie.
C'est dans ce sens-là que, même si le citoyen ne prend pas
un recours contre un acte d'un conseil municipal ou d'administrateurs
municipaux, cela ne veut pas dire qu'il faut fermer les yeux, parce que les
prescriptions légales doivent s'appliquer au conseil municipal et
à l'administration municipale. S'il n'y a personne qui prend une action,
je pense que le ministère a un rôle à jouer, celui de faire
respecter au minimum sa loi, surtout si, dans des cas flagrants, on lui dit:
Votre loi n'est pas respectée. À Chertsey, si quelqu'un demandait
- ce n'est pas arrivé rien qu'une fois - si, sur un cas donné, on
demande une soumission et on demande au ministère d'autoriser à
donner la soumission non pas au plus bas, mais au troisième plus bas
soumissionnaire, si le ministre dit non, le gars arrive et dit: Ce n'est pas
grave. Non, on le donne pareil. Cela roule. Une fois, deux fois, trois fois. Le
gars regarde cela et il dit: Qu'est-ce qui se passe là? Ce n'est pas le
contribuable qui nécessairement a le temps de prendre une action contre
cela. Si le ministère est informé que, dans un cas précis
comme cela, la soumission a été donnée, je pense qu'il y a
une action directe qui doit être enclenchée au niveau du
ministère, parce que, autrement, pourquoi un fonctionnaire serait-iI
là pour dire oui ou non au deuxième ou au troisième plus
bas soumissionnaire? Pourquoi s'en va-t-on en soumissions publiques? C'est pour
rien. C'est pour rien, c'est dans ce sens-là.
Donc, qu'on me comprenne.
L'intervention, la correction que je veux apporter au niveau du citoyen,
c'est dans ce sens-là. Quant à l'abus d'information, je ne veux
pas dire que c'est un abus d'information de donner un avis public. Ce à
quoi j'en veux, c'est à la méthode de donner l'information par
avis public. Dans plusieurs cas, au niveau des gens du milieu municipal, des
conseils municipaux et même, quand on regarde, au niveau des directeurs
généraux des municipalités, entre autres, ils disent: Cela
donne quoi? Un avis public, dans le fond, cela coûte cher pour ce que
cela donne comme résultat. Je veux dire que c'est dans ce
sens-là. (21 heures)
Peut-être que, dans ce cas-là, vous allez dire: D'accord,
s'il y a trois ou quatre personnes au conseil municipal et si on donne un avis
public, on a des chances d'aller en toucher un plus grand nombre. C'est
peut-être vrai. Je ne veux pas dire que l'information comme telle, que
c'est un abus de donner un avis public. Non, c'est la méthode de le
donner que je conteste, que je ne trouve pas valable, qui est de plus en plus
désuète. Parlez-en au monde municipal. De plus en plus, en tout
cas je l'ai entendu. auprès de confrères avocats qui pratiquent
dans le domaine et que je rencontre encore à l'occasion, on me dit que
cela n'a pas de bon sens; c'est désuet de toujours procéder par
avis public. C'est cher pour rien et cela ne rapporte pas de bons dividendes
pour l'investissement que l'on fait. Cette méthode devrait être
repensée. Dans certains cas, un avis public, c'est bon, mais pas tout le
temps.
Même l'avis public, on dit que c'est dans le journal, cela va,
c'est corrigé. Parce que je me souviens que, dans certains cas, pour les
municipalités, ce n'était pas nécessairement publié
dans le journal; cela peut être publié à la porte d'une
église ou au bureau de la municipalité et les gens ne le voient
pas.
L'autre point de vue, ce n'est pas un abus d'information, mais ce que je
veux dire, c'est que, dans l'information qu'on veut donner dans l'avis public,
dans un cas comme cela, c'est qu'à tout le moins on ne donne pas au
conseil municipal la possibilité de donner son point de vue
immédiatement. L'exemple que vous me donnez, c'est dans votre
comté. À Rimouski, c'est bien sûr qu'il y a plus de gens
qui vont au conseil; dans les petites villes d'à côté, il
n'y en a pas. On sait que des fois, dans un territoire, il y a plusieurs
petites municipalités et il y a un journal qui va en couvrir une
quinzaine. Cela arrive fréquemment dans tout le territoire du
Québec.
Je donne un exemple qui pourrait être facilement
réalisable. Vous pensez que, dans une municipalité, et avec
raison, il y a une irrégularité qui a été commise.
Le ministre dit de publier l'avis dans le journal; c'est un avis de
publication. Le conseil se défendra. Je suis bien d'accord qu'il va se
défendre, mais cela va être le mois suivant probablement. Dans les
26 municipalités où le journal va passer, on va dire que, dans la
dixième municipalité des 26, la municipalité M. il y a
telle irrégularité qui a été soulevée, le
conseil a fait cela, le ministre fait telle et telle recommandation et tout.
Cela va circuler partout, mais le conseil n'aura pas nécessairement la
possibilité de donner son point de vue, d'expliquer ce qui est
arrivé.
Au point de vue de la crédibilité d'une personne et aussi
au point de vue de la réputation d'une personne, dans 26
municipalités, ce bonhomme peut avoir une tache sur lui. Quand il
va justifier pourquoi il a fait cela, dans certaines circonstances, ou
même s'il reconnaît qu'il n'a peut-être pas agi suivant la
loi, mais qu'il avait un motif quelconque, que ce soit la raison que cela
voudra, il s'expliquera. Dans sa municipalité, ils vont peut-être
le savoir, mais, dans les 25 autres, ils ne liront peut-être jamais la
mise au point qu'il va faire. On peut entacher sa réputation d'une
quelconque façon, en ce sens.
À Chertsey, on regarde cela: C'est un bandit, c'est aussi simple
que cela. Cela va en venir quasiment à cela. C'est cela que je veux
protéger, c'est au point de vue de l'équité par rapport
à la réputation de quelqu'un et de la possibilité pour
cette personne de se défendre. Je trouve que, si on y va par avis
public, je vous l'ai dit tantôt, on le sait. Comme homme politique, comme
homme public, on va dans un journal, on donne quelque chose sur Untel. C'est en
gros titres quand cela sort, mais la correction qui arrive après,
combien y a-t-il de gens qui la lisent?
Un petit exemple comme cela: la campagne électorale
fédérale m'a confondu avec un de mes confrères et un
article du Devoir a dit: Saintonge appuie les conservateurs. J'ai eu des appels
téléphoniques, mais la correction...
M. Marcoux: Par rapport à votre réputation, cela ne
vous nuirait pas dans ce cas.
M. Saintonge: Non, non. Je veux simplement vous dire, comme
exemple, que, même aujourd'hui, on me dit qu'il y a des gens qui n'ont
pas vu la correction. C'était dans le Devoir, ce n'était pas le
dernier journal du coin qui avait fait paraître cela. Dans le Devoir, ils
l'ont publiée, mais la correction est arrivée quatre ou cinq
jours après. Parmi ceux qui ont vu la première affaire, il y a
bien des gens qui n'ont pas vu la deuxième, à tel point que,
même après la campagne électorale, ils pensaient que...
M. Marcoux: Il aurait fallu que vous fassiez paraître un
avis public.
M. Saintonge: Non, le pire c'est que j'étais neutre.
Publiquement, je n'avais pas fait cela, mais cela vous explique quand
même, c'est l'exemple que je veux donner par rapport à un
individu. Vous avez un maire d'une municipalité et l'ensemble de son
groupe de conseillers. Il y a une remontrance, une recommandation du ministre,
une certaine façon de procéder et on dit de corriger cela. On
donne un avis public. C'est publié dans le journal. Tout le monde lit
cela, mais, quand ce sera le temps de l'explication du conseil pour se
justifier - ce n'est peut-être pas de mauvaise foi que cette affaire est
arrivée, c'est une irrégularité qu'on corrige - il va
rester que cette personne, lors du verdict rendu d'une certaine façon
par le ministre, par son avis ou sa recommandation, n'aura pas pu s'expliquer.
C'est que la règle fondamentale, dans ce cas, c'est-à-dire que
chaque personne a le droit d'être entendue d'une certaine façon,
devrait être respectée. Ce n'est peut-être pas un tribunal,
vous allez me dire, quand le ministre va donner un avis, une recommandation,
mais c'est quand même, à mon point de vue, que cela va toujours
apparaître comme une sanction par rapport au citoyen.
Si un conseil municipal mérite une sanction sur un point et qu'il
a eu la confiance de la population pour être élu, il devrait
mériter d'avoir la chance de s'expliquer.
Quand vous me reprochiez presque de vous dire tantôt qu'ils
avisent les citoyens qu'ils vont envoyer ça au conseil municipal qui
prend un moyen détourné pour informer la population... Ce n'est
pas ce que j'ai voulu dire. J'ai voulu dire que, dans certains cas, si le
ministre intervient dans une municipalité, si les officiers du
ministère y vont pour examiner quelque chose, c'est parce qu'on aura
attiré l'attention du ministre d'une quelconque façon
là-dessus, soit en s'adressant à son député pour
dire: Ça n'a pas de bon sens, qu'est-ce qui arrive? Que les affaires
municipales viennent s'informer là-dessus. Ou bien en adressant une
lettre à la Commission municipale - à l'époque, on le
faisait à la Commission municipale - ou au ministère même.
Ces gens ont demandé une intervention soit auprès de leur
député, soit auprès du ministère, soit
auprès de la Commission municipale et on a donné suite à
ça, on peut leur répondre. Qu'est-ce que le ministère
fait? On fait un accusé réception. Bon, ça va de soi. Le
gars dit: Je suis bien content, on va examiner la situation. Mais qu'est-ce qui
se passe? Il appelle et dit: Qu'est-ce qui arrive? Je ne le sais pas. On dit:
II y a une enquête publique qui a été ordonnée. Si
le gars est le moindrement tenace, il apprend qu'une enquête publique se
déroule ou il sait que quelque chose se passe dans la
municipalité, les inspecteurs du ministère sont là,
ça se sait.
Quand le rapport d'enquête arrive, personne n'est au courant. Je
pense que, si les citoyens - que ce soit un comité de citoyens, un
groupe de pression ou même un individu qui peut l'avoir fait par
l'intermédiaire du député - qui ont demandé cela
reçoivent un accusé réception disant: C'est correct, le
ministère s'en occupe, il fait quelque chose... Si le ministre doit
faire une recommandation ou un avis quelconque, je pense qu'on pourrait dire
aux personnes
qui ont demandé ça: Le ministère a
enquêté là-dessus, a fait une vérification et, lors
de la prochaine assemblée du conseil, le conseil fournira la
recommandation que le ministre a donné ou l'avis que le ministre a fait
par rapport à ce que vous nous avez demandé.
Si la personne est celle qui est à l'origine de l'inspection qui
se fait dans la municipalité, de la recommandation que le ministre va
donner ou de l'avis que le ministre donne au conseil municipal, je pense qu'il
serait peut-être normal que cette personne soit informée du
processus enclenché par sa dénonciation ou sa demande
d'information ou de vérification auprès du ministre, qu'on
l'informe que cela a donné telle conséquence et que les
résultats seront donnés au conseil municipal par lettre du
ministre.
Je pense que ce serait normal, ce serait un processus, si on veut parler
justement d'ouverture au niveau de la municipalité, aux citoyens comme
au conseil municipal, ce serait valable et ça protégerait aussi,
à mon point de vue. Trop souvent, en politique municipale... Regardez au
niveau des élus municipaux, c'est une chose qu'on entend
fréquemment. Quand on va dans les congrès, qu'on se
promène un peu, des fois, il arrive un incident dans telle ville,
ça se sait.
Ces gens-là, les maires et les conseillers, sont des gens qui
vont donner beaucoup de temps à des municipalités et je ne pense
pas qu'ils soient là pour le salaire. Ce sont des gens qui veulent
donner du temps à leur collectivité et à leur
communauté. C'est facile des fois de salir la réputation de
quelqu'un par une affaire dans un journal, alors qu'il a donné dix ans
de sa vie à sa municipalité. Il a peut-être commis une
irrégularité, d'accord; on peut lui servir une remontrance, un
avis, mais qu'on lui donne la chance de s'expliquer. Autrement, des gens de
valeur qui ne sont pas à l'abri des critiques, vous en aurez de moins en
moins dans les conseils municipaux, considérant surtout les efforts
énormes que ça peut demander aux gens par rapport au salaire
qu'ils reçoivent, avec toute la réglementation qui s'applique,
tous les efforts qu'on demande à ces gens-là. Je pense que c'est
le minimum qu'on devrait leur devoir comme respect et aussi le respect des
citoyens qui les ont quand même élus comme
représentants.
Le Président (M. Fallu): Avant de réagir, M. le
ministre, me permettriez-vous un petit point quant à la méthode
de travail? Nous sommes deux à vouloir nous exprimer. Voulez-vous
réagir par la suite?
M. Marcoux: D'accord.
Le Président (M. Fallu): D'accord.
M. le député de Verdun.
M. Caron: Avant de répondre à mon collègue
de Lapraitrie, quand on parle des avis publics, c'est un couteau à deux
tranchants. Cela coûte cher à la municipalité quand on se
sert des journaux pour annoncer. Je vais vous donner un exemple: on a besoin
d'un châssis pour un appareil à feu, qui coûtera à
peu près 50 000 $ ou 60 000 $. Ensuite, on fera habiller le
châssis par une des deux compagnies au Québec qui auront
soumissionné. Après avoir annoncé dans le journal local...
Si vous n'annoncez pas dans le journal local, ça dérange le type
du journal parce qu'il veut que vous annonciez dans son journal. Vous annoncez
dans les autres journaux aussi, ce qui est assez dispendieux.
Vous arrivez des fois avec des soumissions où cela peut jouer
entre 100 $, 200 $ ou 300 $ de différence seulement dans la soumission.
Vous vous ramassez pour aller chez GM, au rond-point de Dorval et Saint-Laurent
- c'est un exemple que je vous donne - pour peut-être 200 $ de
différence de prix. Imaginez ce que cela peut coûter à la
municipalité chaque fois qu'il y a une inspection et qu'il faut aller
pour les réparations de cet équipement parce qu'il est garanti
pour un temps X. Des fois, le meilleur marché peut devenir local.
 quelques reprises, on s'est fait dire qu'il fallait aller au meilleur
marché.
Il y a un autre facteur aussi, c'est dans des contrats de voirie. Il y a
deux ou trois entrepreneurs qui vont se mettre ensemble et ils vont
décider que seulement un va fournir une soumission. Je pense que je
n'apprends rien au ministre ni à ses fonctionnaires en leur disant cela.
La municipalité se ramasse avec une soumission après avoir
dépensé du temps et de l'argent; on l'accepte. Il se fait du
"bargain power". Des fois, le plus bas soumissionnaire n'est pas le meilleur.
Quand on fait de la voirie, des trottoirs, des égouts etc., ce n'est pas
toujours le meilleur marché qui est le meilleur. Je crois qu'il devrait
y avoir un genre d'attitude pour les municipalités, un genre de
flexibilité pour pouvoir aller au deuxième soumissionnaire. On a
vécu l'expérience de prendre des entrepreneurs de broche à
foin - excusez l'expression que j'emploie - qui étaient meilleur
marché, mais, quand on a eu tout fini, avec la surveillance - il fallait
garder un ingénieur ou deux sur les travaux pendant tout
l'été - et les extra que cela a apportés, cela a
coûté bien plus cher et on n'a pas eu satisfaction comme si on
avait pris une firme qui est habituée de faire cela et qui fait cela
continuellement.
Dans la question des soumissions publiques, je crois que cela devrait
être regardé de plus près afin d'essayer de donner la
chance... Je n'ai pas la réponse ici, mais
je peux vous dire que souvent les municipalités dépensent
énormément d'argent et qu'on n'a pas la satisfaction qu'on
devrait avoir.
Merci, c'est juste cela que je voulais dire.
Le Président (M. Fallu): À propos du
deuxième aliéna, pour avoir un cas bien en tête, dans la
région de Québec d'ailleurs - si vous me demandez de le nommer,
je le préciserai - la municipalité aurait été au
contraire tout à fait heureuse qu'un tel avis soit publié.
À la suite du harcèlement d'un comité relativement
restreint de citoyens, il est arrivé qu'un dossier de plus de 50
récriminations a été déposé auquel les
journaux locaux avaient fait abondamment référence, lorsque la
lettre du ministre est arrivée. Elle ne soulignait que trois aspects
administratifs. D'ailleurs, soit dit en passant, pour l'un d'entre eux,
dérogatoire dans plusieurs municipalités; de toute façon,
deux de ces recommandations avaient déjà été mises
en application avant même que la lettre du ministre arrive. Mais la
lettre du ministre est arrivée au conseil municipal et le groupe de
citoyens, appelés baillis, a tout écrasé, comme on dit en
jargon populaire, de telle sorte que cela n'a pas été fait dans
la municipalité. Au lieu d'entacher la réputation des conseillers
municipaux et du maire, l'absence de publication a plutôt causé
une perte morale aux élus alors que, si l'avis avait été
publié, chacun dans la municipalité aurait su que finalement il
n'y avait rien la, que c'était en grande partie une agitation de nature
plus politique que technique. (21 h 15)
J'imagine que le ministre des Affaires municipales, connaissant une
situation précise dans une municipalité, prend avis pour savoir
si, dans ce cas précis, sachant les conséquences de la
publication, ii ordonnera ou n'ordonnera pas que la lettre ou le
résumé soit publié.
M. le ministre, en réplique.
M. Marcoux: Peut-être, avant de revenir sur le sujet
indiqué, je vais répondre brièvement aux propos du
député de Verdun. C'est un sujet sur lequel j'ai à me
pencher assez régulièrement parce que j'ai assez souvent des
demandes des municipalités de ne pas octroyer le contrat au plus bas
soumissionnaire, de l'octroyer au deuxièmement souvent, ou au
troisième, surtout dans le cas que vous signalez, dans le cas de vente
d'appareils mécaniques, d'autos souffleuses, des choses comme
celles-là qui nécessitent une certaine forme d'entretien.
À la suite de différents commentaires que j'ai eus, il y a
une chose que je n'ai pas encore demandé qu'on examine et que je vais
faire examiner, et on va regarder cela avec le Service général
des achats du gouvernement du Québec, c'est la possibilité que,
dans les soumissions publiques, on puisse tenir compte du coût
d'entretien de choses. Il y a à peine dix jours, la chose m'est venue
à l'esprit en regardant un dossier de municipalité et en
discutant en particulier avec quelqu'un de mon entourage qui était
familier avec ces questions. Dans tous les cas jusqu'à maintenant, sauf
de très rares exceptions, je refuse qu'on prenne le deuxième plus
bas soumissionnaire. Il faut prendre le plus bas soumissionnaire conforme, y
compris quand il y a des coûts de service d'entretien
supplémentaires, la raison étant la suivante: On ne peut pas
changer les règles du jeu après que c'est allé en
soumissions publiques, quand la règle du jeu ne précise pas qu'on
tient compte du coût d'entretien d'une chose ou du coût de service
dans le cahier de charges, sans indiquer que le coût d'entretien doit
être inclus.
Mais il y a aussi un chose qu'on a vérifiée auprès
du Service général des achats. C'est que, normalement, pour les
institutions publiques, dans le contrat de vente est inclus l'entretien. Cela
ne coûte pas plus cher de le faire entretenir, normalement, à
deux, trois, cinq ou six milles de là que de le faire entretenir dans la
municipalité. Souvent, les demandes qu'on reçoit en ce
sens-là, c'est que les conseillers municipaux préfèrent ou
tiennent absolument à ce que ce soit un vendeur local qui ait le
contrat. Ce n'est pas nécessairement l'achat de produits
fabriqués au Québec, mais c'est l'achat chez nous.
Or, je peux vous dire que, sur la politique générale, il
n'est pas question de changer d'attitude face aux soumissions publiques. Mats
il y a une chose que je veux faire examiner; je ne peux pas vous dire si cela
va être dans trois ou quatre mois. Il y a beaucoup d'autres dossiers sur
lesquels on travaille actuellement. Je veux faire examiner cette
question-là en relation avec le Service général des
achats, pour savoir si ces gens ont déjà développé
des critères -parce que c'est quand même là qu'est
l'expertise au gouvernement - qui permettent de tenir compte du coût
d'exploitation ou du coût d'entretien; en somme, le service
après-vente, on pourrait qualifier cela comme cela.
M. Caron: Le service après-vente, oui.
M. Marcoux: Mais, dans l'état actuel des choses, c'est
très rare qu'on puisse en tenir compte et prendre le deuxième
plus bas soumissionnaire pour le type de facteur que vous utilisez. Mais je
vous dis que, de façon très récente, cela fait à
peine dix jours, j'ai commencé à réfléchir à
cette question.
Pour revenir aux propos du député de Laprairie, ce que je
voudrais indiquer, c'est qu'il n'y a pas d'absolu dans cela. C'est
certain que le fait de donner au ministre le pouvoir d'imposer à
la municipalité de rendre public une lettre au un avis qui lui serait
transmis ne règle pas tous les problèmes, mais je pense qu'il
peut arriver qu'il y ait des circonstances qui le justifient et, comme vous
l'avez souligné, M. le Président, elles ne sont pas toujours
négatives pour le conseil municipal lui-même. Il peut arriver que
des dossiers soient montés par ce qu'on appelle des comités de
citoyens parce que souvent, plutôt à l'occasion, c'est devenu
l'opposition dans plusieurs municipalités où l'opposition n'est
pas au conseil, mais sous la forme d'un comité de citoyens. Il peut y
avoir des choses ou des accusations injustes portées contre un conseil
municipal et, après enquête, l'avis du ministre indique bien
que... Selon l'exemple que vous donnez, sur 50 dossiers portés à
l'attention du ministre, il peut y en avoir deux ou trois où il y a des
anomalies ou, comme vous l'avez dit, des formalités qui n'ont pas
été respectées. À ce moment-là, pour
clarifier le débat, il peut même arriver que le ministre, dans ces
cas-là, puisse exiger l'avis public parce que ça changerait le
climat dans la municipalité, le climat démocratique; ce serait
à l'avantage de tout le monde par rapport è la qualité de
la démocratie dans cette municipalité.
M. le Président, je maintiens la proposition faite par le
ministère et, s'il n'y a pas d'autres interventions, on va voter.
M. Saintonge; Là-dessus, sur ce que le président disait
tantôt, ce que j'ai compris de son intervention, c'est que, dans ce cas
précis, le ministre aurait peut-être donné une lettre, un
avis à la municipalité. Ce n'est pas l'avis public publié
dans les journaux par la procédure d'avis public.
M. Marcoux: C'est à l'avantage de la municipalité
que ce soit public.
M. Saintonge: Dans un cas comme ça, il n'y a pas de
problème, à mon avis, c'est bien évident. La
municipalité qui le reçoit, qui a un avis dans ce sens, va
émettre un communiqué dans un journal - il n'y a pas de
problème - en disant qu'il y a eu une lettre du ministre. Les gens vont
expliquer qu'ils ont été accusés de telle ou telle chose
ou que tel point a été soulevé, mais que ça s'est
fait dans les règles; d'ailleurs, la lettre du ministre le confirme, ils
peuvent la citer. Mais ce ne sera pas un avis public sous la forme d'un avis de
publication.
M. Marcoux: Ce que vous ajoutez indique précisément
l'inverse. Dans le cas contraire, le conseil municipal n'aurait pas de
communiqué public. C'est peut-être nécessaire de...
M. Saintonge: Pour se justifier. Ce que je veux souligner
principalement, dans ce cas-là, c'est que ce n'est pas un avis par
publication. Qui va lire ça? Vous avez des tonnes d'avis publics que les
gens ne voient pas. Dans ce processus, même dans un cas comme ça,
la municipalité va donner une conférence de presse, si c'est le
cas, si elle veut se justifier, démontrer qu'elle a raison alors que des
gens ont soulevé le point. Ces gens vont faire une conférence de
presse, ils vont montrer la lettre, ils vont la donner, il y aura un
communiqué qui sera publié. Ils ne se fieront pas à un
avis public parce que l'avis public est dans la page des avis légaux, si
on veut, dans le petit journal, à la page 42, quelque part comme
ça. Ce n'est pas aussi important qu'une manchette qui serait en page 2,
en page 3 ou en page 1. Dans ce sens, je pense que, dans un tel cas, le
ministre recommanderait au conseil d'émettre un avis de publication.
M. Marcoux: Même dans le cas où les journalistes
couvriraient tout ça...
M. Saintonge: Le plus bel exemple que je pourrais...
M. Marcoux:... je pense qu'il serait d'intérêt
public que les citoyens puissent lire le texte véritable que le ministre
a envoyé au conseil municipal, et pas seulement les rapports que les
journaux pourraient en faire en insistant sur deux ou trois points ou sur un
point. C'est le mandat d'un journal ou d'un journaliste de dégager les
points qu'il juge les plus importants ou qu'il juge les plus importants pour
les citoyens. L'avis du ministre devra tenir compte d'un ensemble de facteurs
et devra en pondérer tous les aspects.
Je pense que, même dans un cas où la couverture
journalistique pourrait être importante, il pourrait être utile que
les citoyens puissent lire l'ensemble du dossier dans leur hebdo local.
M. Saintonge: Si vous faites ça, un avis de publication
dans un tel cas, je vais vous avouer que ça va coûter cher en
bibite à la municipalité d'émettre un avis public de ce
genre. Même dans le cas... Vous avez la possibilité actuellement,
dans les cas de règlements d'emprunt - c'est un exemple que je peux vous
donner, un exemple bien précis - un conseil municipal veut modifier son
règlement d'emprunt, selon la procédure actuelle, après
que les publications sont émises. Une demande est faite, ça va au
ministère, ça va à la Commission municipale, etc. On dit
au conseil municipal: Vous devez donner l'avis public du règlement
d'emprunt. Là, mon cher ami, attachez vos bretelles, ce n'est pas l'avis
public spécifiant que le règlement a été
modifié à telles fins, c'est l'avis public, le règlement
au complet que
vous devez publier dans un journal. Cela n'atteint pas le but
visé, à mon point de vue.
M. Marcoux: Je l'ai dit tantôt. Il y a une
différence entre un avis de règlement d'emprunt qui est un texte
souvent très technique et ce type d'avis public. Vous avez
indiqué tantôt que vous avtez des commentaires du monde municipal,
du milieu concerné, des avocats, etc., à savoir que trop d'avis
publics ou certains avis publics n'informent personne ou les informent mal.
Cela pourrait être plutôt, au lieu de publier tout l'avis public,
de spécifier qu'il y a un règlement d'emprunt de telle valeur. Si
vous voulez savoir ce que ça couvre, il faut vous adresser à tel
conseil et indiquer qu'il s'agit de 5 000 000 $, donc que c'est un gros
montant, et ce que cela touche plutôt que d'imposer... C'est comme les
annonces que la ville de Montréal est obligée de faire, qui
remplissent de pleines pages de la Presse et du Devoir où tu as besoin
de dix loupes pour arriver à lire ce qui est écrit. Je suis
convaincu que cela n'informe personne, sauf les spécialistes.
Probablement que les spécialistes de tel dossier doivent prendre le
temps de les lire, mais ce n'est pas l'ensemble de la population.
M. Saintonge: Le ministre n'a peut-être pas répondu
à une de mes interrogations de tantôt. J'aimerais qu'il me dise ce
qu'il en pense vraiment. N'est-il pas d'accord là-dessus, avec au moins
une partie de ce que j'ai dit tantôt. Après une
vérification d'irrégularité ou même
d'illégalité faite dans une municipalité, le ministre
donne une recommandation et il envoie un avis à la municipalité,
disant: C'est cela, donnez-le au premier conseil avec une publication dans les
journaux par avis de publication. À ce moment, c'est toute la lettre qui
s'en va dans le journal ou le contenu résumé, tel que la loi
l'indique à l'article 12, paragraphe 1.
Est-ce que le ministre pourrait être d'accord avec moi en disant
que, dans ce cas, c'est incriminer en partie l'administration municipale, le
conseil municipal sur les actes posés? Est-ce que, dans un tel cas, le
conseil municipal ne se retrouve pas rabroué d'une certaine
façon? Cela va rester dans la conscience de la population que les gestes
posés, ce sont des gestes illégaux, c'est quelque chose de pas
correct. Ah les maudits! Ils ont voulu nous en passer une vite! Qu'est-ce qui
se passe là? Est-ce que le ministre n'est pas d'accord que les gens qui
vont lire cela, leur premier réflexe, cela va être cela?
M. Marcoux: II y a une chose, c'est que le ministre qui va
ordonner à la municipalité de le publier va lire son document et
sa lettre quelquefois avant...
M. Saintonge: Je ne parle pas du contenu de la lettre que le
ministre va envoyer.
M. Marcouxi Vous dites que cela va être vu comme
incriminant. Il va s'assurer qu'à la fots le ton comme le contenu qui
sont utilisés il peut les assumer jusqu'au bout. Je pense que la
portée du geste, ayant une signification énorme, va donner encore
plus de responsabilité au geste posé. Vous dites: Le fait de
publier la lettre va nécessairement entraîner une preuve de
culpabilité ou une accusation de responsabilité du conseil. Si,
évidemment, le contenu de la lettre est négatif par rapport
à l'administration de la municipalité, c'est oui. Je suppose que,
si le ministre exige que la lettre soit publiée, c'est parce qu'il avait
des motifs majeurs de le faire et il avait des motifs de croire que, simplement
une lettre... Depuis que je suis ministre, j'en ai écrit des lettres
à des maires leur disant: Â notre avis ou à la suite d'un
conseil que la Commission municipale nous a donné, je crois que je dois
vous informer de telle situation. Je n'ai même pas demandé au
maire de la lire au conseil, mais je tenais quand même à ce que le
maire sache que, du point de vue du ministère, on voulait lui donner tel
conseil ou tel avis. Je n'ai même 'pas exigé qu'il la lise au
conseil et qu'il la rende publique.
Dans d'autres cas, on l'indique au conseil et on demande de la lire.
Dans ce cas, on parle des autres possibilités de la rendre publique. Il
y a des niveaux d'intervention. II y a des cas très rares que j'ai
vécus depuis sept mois où je me souviens que j'ai écrit
à tel maire en lui disant: D'après nous et d'après la
Commission municipale du Québec, telle chose, vous devriez y faire
attention. On écrit au maire, d'accord. Cela va être dans les
dossiers de la municipalité et le maire va... Même que cela a
soulevé des rencontres entre cette municipalité et le
ministère, il y a eu une discussion très franche, très
ouverte sur l'ensemble du dossier. Dans d'autres cas, c'est différent,
j'ai exigé que la lettre soit lue.
Cela peut laisser penser à cela, mais, pour en arriver là,
le ministre, avant d'imposer l'avis public, va assumer ses
responsabilités, parce qu'il n'y aura pas juste les citoyens dans la
municipalité qui vont poser des questions.
M. Saintonge: Donc, te ministre peut quand même
reconnaître que c'est incriminant...
M. Marcoux: Ce serait un geste important.
M. Saintonge:... "au sens très large",
entre guillemets, pas incriminant au sens de dire qu'on accuse quelqu'un
et que c'est un jugement formel qui lui tombe sur le nez. Mais cela donne une
coloration négative à l'administration municipale et aux gens qui
sont là. À ce moment, ma question va être: Sur quels
critères le ministre se basera-t-il pour ordonner, dans le cas A, la
publication et, dans le cas B, pas de publication? (21 h 30)
M. Marcoux: Un critère bien simple qui s'appelle...
M. Saintonge: La plupart du temps, ce que je veux dire aussi,
c'est que, quand l'avis va être publié, ce ne sera pas pour donner
une tape dans le dos aux conseillers municipaux ou au maire en disant: Mon
homme, tu es bon...
M. Marcoux: Vous avez de bonnes chances de ne pas vous
tromper.
M. Saintonge: Ce ne sera pas pour cela. Cela va être parce
qu'il va y avoir une certaine remontrance, si on peut dire, à faire au
conseil municipal.
M. Marcoux: Le critère?
M. Saintonge: Le ou les critères?
M. Marcoux: Cela va être le jugement que va exercer le
ministre et cela aussi fait partie de la responsabilité politique
ministérielle. C'est lui qui l'exerce. Si le ministre l'exerce
incorrectement, c'est davantage lui qui en portera la responsabilité
plutôt que le conseil qu'il aurait voulu blâmer injustement. Dans
ce sens, c'est un équilibre de la responsabilité, dans le fond,
qui est impliqué.
M. Saintonge: Cela va être quoi? Dans quels cas allez-vous
le publier et dans quels cas ne le publierez-vous pas? Cela va être
à cause de quoi, dans le premier cas, en vertu de quoi... Cela va
être discrétionnaire. Dans votre cas, c'est vous qui êtes le
ministre. Cela peut être Pierre, Jean, Jacques. Cela peut être
n'importe qui. Et la personne à qui vous vous adressez... Vous allez
comprendre aussi là-dessus... Donnez-moi vos critères s'il y en a
quelques-uns ou admettez avec moi que c'est discrétionnaire.
M. Marcoux: Non! Le critère, c'est... Cela dépend
qu'est-ce que vous dites... On sait ce que cela signifie le mot
"discrétionnaire". Cela va être discrétionnaire sur la base
d'un dossier si on juge qu'il est important que les citoyens connaissent la
situation. Si vous voulez me demander selon quels critères, dans sept
ans, j'écrirai à telle municipalité en lui disant: Si vous
faites tel investissement, si votre municipalité fait tel
investissement, son taux d'endettement va être si grave qu'il va mettre
en danger la santé financière de la municipalité pour les
dix ou quinze prochaines années, je ne peux pas vous dire sur quels
critères le ministre va se baser pour dire: Cette lettre-la doit
être publique ou non, Les critères seront sur l'analyse du dossier
et l'importance d'en informer tous les citoyens.
Une autre chose aussi. C'est sur l'évaluation qui est faite sur
la possibilité que le conseil municipal lui-même règle les
problèmes simplement par la lettre du ministre. Je vais vous donner un
exemple. Si on est convaincu, par exemple, que, parmi les six conseillers et le
maire, tout le monde au sein du conseil, aucune personne n'a
décidé ou n'a la volonté d'apporter des corrections
à ce qui pourrait être nécessaire de corriger, cela peut
être un cas ou le ministre décide de faire publier la lettre. Dans
un cas où il y a un, deux ou trois conseillers qui partagent un autre
point de vue et qui sont sensibles aux irrégularités ou aux
choses à modifier, ce sera aux conseillers eux-mêmes, aux gens du
conseil à s'assurer de faire en sorte que le contenu soit
diffusé, soit connu de leurs concitoyens et que le débat se fasse
dans le milieu. Je vous donne un exempte. Ce n'est pas un critère. C'est
un exemple d'une situation où, en tout cas, moi je n'hésiterais
pas. Si tout le conseil municipal refusait clairement, avec absence
complète de volonté de corriger des irrégularités,
on pourrait exiger que cela soit publié pour que l'ensemble des citoyens
le sachent. Souvent, dans ce type de circonstances, il n'y a pas beaucoup de
monde aux réunions du conseil. Je vous donne un exemple. Ce n'est pas un
critère, c'est un exemple.
M. Saintonge: Des critères, dans le fond... C'est que
normalement, quand vous arrivez sous forme d'avis de publication, un avis
public, avec la procédure d'avis de publication connue, dans les cas
actuels, c'est précis, c'est dans des cas carrément
déterminés. Dans ce cas-là, ce n'est pas ça. Le
ministre actuel des Affaires municipales est député de Rimouski.
Je ne mets pas en doute son honnêteté intellectuelle, sa
volonté politique au niveau des gens et tout cela. Mais il pourrait
arriver un ministre des Affaires municipales, avec un tel pouvoir entre les
mains. Dans certains cas, il pourrait y avoir des pressions.
M. Marcoux: Pensez-vous qu'il va rester ministre des Affaires
municipales bien longtemps, à ce moment-là? S'il se sert de son
jugement de...
M. Saintonge: Non. Écoutez, la question n'est pas
là. Non, la question n'est pas là. C'est évident que la
responsabilité du
ministre, il va toujours l'avoir par rapport à ce qu'il va faire.
Cela ne changera pas. Ce que je veux dire, c'est que, dans certains cas, c'est
toujours plus facile de taper plus fort sur les doigts d'une personne X ou Y
que de le faire pour d'autres personnes. Je vous ai donné des exemples
comme la loi 38, cet après-midi. Il est sûr qu'en amendant la loi
38, on ne se fera pas de cachette. On a mené une dure bataille en
Chambre. Vous n'étiez pas ministre des Affaires municipales à ce
moment-là, mais c'était votre confrère. Cela a
été une bataille qui a amené des étincelles et qui
a amené aussi des moments assez chauds, pas seulement au niveau de
l'Assemblée nationale, mais aussi au niveau des unions municipales et
des municipalités concernées. C'était un dossier
dynamite.
Mais, dans ce cas-là, on sait que les municipalités
s'opposaient presque unanimement à la loi 38; les municipalités
étaient bien d'accord à faire respecter la compétence du
Québec, mais pas de la façon qu'on voulait la faire imposer par
rapport à la municipalité. Les gens ne voulaient pas de la loi
38. C'était clair, les unions l'avaient déclaré, mais
combien de municipalités, cependant, quand je rencontrais des maires et
que j'avais des appels téléphoniques comme porte-parole des
affaires municipales... Les gens écoutaient les débats. Vous
êtes contre? Il n'y a pas de problème. Vous voulez manifester
votre avis? Il y a environ 1500 municipalités au Québec, S'il y
en a 1500. qui m'envoient des résolutions disant qu'elles sont contre,
on va les donner au ministre. Il va peut-être comprendre que sa loi des
municipalités, quand il nous disait en Chambre qu'elles étaient
pour, ce n'était pas vrai. Mais combien de fois, dans des cas comme
ceux-là, les municipalités ont refusé purement et
simplement de manifester ce qu'elles étaient capables de dire librement
en conversation privée ou même chez elles, avec leurs concitoyens.
Mais jamais, au grand jamais, on n'aurait osé envoyer une
résolution du conseil municipal pour la simple et unique raison
suivante: Eh bien, j'ai un projet de loi privé au ministère et je
voudrais bien qu'il soit adopté. J'attends une subvention, une
réponse à cela. C'est ce qui était là. Il y a des
projets PRIME en jeu. C'étaient des éléments en place
à ce moment-là et que les gens nous soulignaient.
Je suis bien convaincu que si, publiquement, les gens ne le disaient
pas... Ils pourraient même vous dire dans l'oreille que c'était
bien vrai qu'ils ne le faisaient pas dans ce sens-là. Mais, dans un cas
comme celui-là, vis-à-vis des attitudes que des hommes municipaux
auront à poser, craignant une forme de représailles d'une
certaine façon... Parce que je maintiens toujours que ce sera, d'une
certaine façon, discriminatoire à l'égard de ces
gens-là. La seule et unique raison pour laquelle ils ne le pourront pas
au moment où la sanction du ministre va apparaître par la
recommandation qu'il va donner et les exigences qu'il va demander pour corriger
la situation, c'est que ces gens-là ne pourront pas expliciter leur
point de vue.
Je ne prends pas leur défense, cela peut être dans des cas
d'illégalité flagrante et je suis le premier à
reconnaître que, dans un cas comme celui-là, le ministre devrait
donner une lettre, la faire lire au conseil municipal et la publier dans la
population en disant: C'est cela; que cela aille au conseil municipal. Si les
gens ne sont pas intéressés à la chose municipale, si le
conseil peut leur en passer dans les jambes tant qu'il veut, ces gens-là
méritent peut-être l'administration municipale qu'ils se sont
donnée. Mais si on veut vraiment publier les choses et responsabiliser
non seulement les maires et les conseillers, mais les citoyens, qu'on leur
donne la chance de le faire d'une façon démocratique et qu'on
donne la chance aux élus municipaux d'y répondre
démocratiquement en se défendant, parce que mon point de vue,
c'est cela principalement. Le conseil municipal n'aura pas la chance, non pas
de se disculper, mais à tout le moins d'expliquer la situation
clairement. Quand le ministre reconnaît que cela peut être
"incriminant" pour le conseil municipal, cela peut s'expliquer d'une certaine
façon à cause du fait que la lettre que le ministre a
envoyée pour demander l'avis de publication, c'est pour quelque chose de
vraiment majeur et cela vaut le coup de le faire.
D'accord, il va dire: Je le fais parce que c'est cela. C'est tellement
vrai qu'ils méritent de se le faire dire à la face de tout le
monde par avis public qu'ils ne se défendent même pas et qu'ils
subissent les conséquences de leurs gestes. On peut bien dire cela, mais
je vais vous donner seulement un petit exemple pour vous montrer que la
discrétion est d'une certaine façon discriminatoire à
l'égard de certaines personnes. Vous avez eu l'exemple de Chertsey, je
vais y revenir pour vous expliquer cela. Je suis peut-être achalant avec
cela, mais c'est seulement un exemple. Vous m'avez dit tantôt que
l'enquête publique à Chertsey - pas l'enquête publique, la
tutelle - vu que c'était à six mois des élections, le juge
Beaulieu de la Commission municipale vous a recommandé de ne pas donner
de tutelle à moins de six mois ou trois mois d'une élection.
C'était rendu au mois de juillet et l'élection avait lieu en
novembre. Mais dans le cas d'un geste comme celui-là, est-ce que vous
allez me dire que, dans la même situation, dans une municipalité
qui est à deux ans ou à un an des élections, vous allez
exiger du conseil un avis de publication, mais, si elle est à six mois
des élections, vous ne l'exigerez pas? Là, vous vous trouvez pris
dans deux cas
semblables. Dans un cas, vous allez dire: C'est à la veille des
élections, je ne donnerai pas d'avis de publication. Pourquoi, dans un
cas semblable, n'auriez-vous pas la même réaction? C'est bien
normal.
Dans d'autres cas, vis-à-vis des hommes politiques, je n'irai pas
jusqu'à dire... Je peux le dire carrément, ce peut être
parce que le maire d'une municipalité, dans un cas, n'est pas du
même parti politique que vous, que le ministre. C'est peut-être
plus facile d'exiger un avis de publication qui va l'écorcher un peu, ce
ne sera pas mauvais.
M. Marcoux: Le député de Verdun a répondu
à ça cet après-midi. Dans un cas semblable, ça va
plutôt aider le maire concerné que lui nuire.
M. Saintonge: Pas toujours! Pas toujours!
M. Marcoux: En tout cas, il y a autant de chances que ce soit
ça qui arrive que l'inverse.
M. Saintonge: Dans le cas que le député de Verdun a
souligné cet après-midi, en fin de compte, il reste que la
situation était claire pour la personne en question; dans ce cas, la
situation est incriminante d'une certaine façon. Cela peut être
aussi dans le cas de quelqu'un qui s'est opposé à certaines
politiques du ministère, même si, politiquement, il peut
être neutre; ce peut être quelqu'un qui a été actif,
a regimbé contre certaines réglementations et a fait valoir son
opinion assez fortement. On est peut-être plus sensible à lui
donner une petite coche.
C'est dans ce sens que la discrétion du ministre... L'homme
étant homme, dans le sens non pas masculin et féminin, mais dans
le sens générique du terme, on sait ce que ça veut dire.
Quand il y a de l'homme, il y a de "l'hommerie"; dans ces choses-là, il
faut prévoir. À mon point de vue, c'est essentiel parce que vous
visez des gens qui sont dans une municipalité et il faut quand
même encourager... Le ministre disait dans son discours, avant-hier, en
Chambre, que c'était important d'attirer des gens de valeur dans le
monde municipal et que, par certaines procédures qui ouvrent la
démocratie, qui démontrent la confiance, on va attirer plus
d'hommes de valeur dans les conseils municipaux.
Dans des cas de cette envergure, quelqu'un qui en verrait un se faire
écorcher un peu, sans avoir la possibilité de s'expliquer,
même si la personne est en irrégularité, ça peut
faire réfléchir quelqu'un avant de se garrocher dans
l'arène municipale. En même temps, dans certains cas, il y a des
municipalaités où des décisions prises par des maires
n'ont pas toujours été les bonnes. Ils ont pu faire certaines
erreurs, mais il reste que ces gens méritent qu'on leur donne la chance
de répondre. Ce sont des gens qui ont consacré du temps à
l'administration publique et on devrait, au minimum, leur donner la chance
d'être entendus sur ce sujet.
Cela fait un débst qui est peut-être bien long, mais je
vous dirai que fondamentalement, à mon point de vue, c'est un
élément majeur au niveau de la confiance qu'on veut manifester
aux élus municipaux et un élément majeur au point de vue
non pas de l'autonomie municipale, mais de l'équité par rapport
aux hommes publics.
M. Marcoux: Dans ça, ce n'est pas du tout que le
débat soit trop long, mais c'est une question d'équilibre entre
l'équité à donner au conseil municipal en place et le
droit des citoyens d'être informés sur l'évaluation qui est
faite par le ministère des Affaires municipales, qui a une
responsabilité face au monde municipal dans son ensemble.
Je ne crois pas qu'adopter ce deuxième alinéa constitue un
abus de pouvoir ministériel. Le pouvoir d'imposer, de rendre public un
avis qui est donné à une municipalité s'il y avait abus,
c'est un abus qui va se retourner contre celui qui a abusé dans ' ce
cas-là, non pas contre ceux qui étaient peut-être
accusés, si c'est vraiment un abus. Je diverge d'évaluation sur
les conséquences que pourrait avoir ce deuxième
alinéa.
M. le Président, je maintiens la proposition de l'article...
M. Saintonge: J'aurais un amendement à proposer.
Le Président (M. Fallu): Oui, M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Peut-être qu'on pourrait
régler le problème tout simplement en disant que le ministre, non
pas qu'il l'ordonne, mais que ce soit obligatoire.
M. Saintonge: C'est encore pire!
M. Beauséjour: Ce serait une chose. Ce sur quoi je voulais
revenir, c'est sur le premier paragraphe. À la dernière phrase,
on dit: "Le maire et le secrétaire-trésorier ou le greffier sont
tenus d'en saisir le conseil è la première séance que
tient celui-ci après leur réception. " Je crois qu'il faudrait
ajouter, après le mot "séance", le mot "régulière",
"séance régulière".
Le Président (M. Fallu): Dans l'ancienne loi, on indiquait
déjà "séance régulière" ou "séance
spéciale", si j'ai bonne mémoire.
M. Marcoux: Et on disait "ou les deux".
Alors, ce serait "à la première séance
générale"? Comment est-ce qu'on appelle ça maintenant?
Séance régulière?
M. Saintonge: Régulière.
M. Marcoux: Je n'ai pas d'objection concernant cet amendement, au
contraire. (21 h 45)
M. Saintonge: J'appuierai le député d'Iberville
parce que j'avais mentionné que, dans une première critique, je
voulais proposer un amendement tantôt.
M. Beauséjour: J'en fais une proposition d'amendement.
M. Marcoux: M. le Président, adopté. La
première séance régulière. Est-ce une séance
ordinaire? Une séance ordinaire que tient celui-ci après leur
réception.
M. Beauséjour: Voulez-vous que je modifie pour... C'est
une séance ordinaire? C'est une séance
régulière.
M. Marcoux: M. le Président, c'est une séance
ordinaire.
M. Beauséjour: Je suis d'accord pour une séance
ordinaire.
M. Saintonge: Dans le Code municipal, je crois que ce sont les
mêmes termes.
M. Marcoux: On va uniformiser cela dans la Loi sur la refonte des
lois et des règlements.
M. Saintonge: Est-ce qu'on dit en séance
générale ou ordinaire? C'est la première séance
générale ou ordinaire. À ce moment, on peut dire
ordinaire, cela complète...
M. Marcoux: Disons ordinaire, cela va être...
M. Beauséjour: J'avais indiqué
régulière. Si le terme plus exact, c'est ordinaire, je suis
d'accord.
M. Marcoux: Ordinaire.
M. Beauséjour: Quand on indique générale ou
ordinaire, quelle est la différence?
M. Saintonge: C'est la même chose.
M. Beauséjour: C'est la même chose.
M. Saintonge: Par opposition à spéciale.
M. Beauséjour: Ah bon!
Le Président (M. Fallu): Donc, l'amendement est
adopté.
M. Saintonge: Adopté, M. le Président. J'en aurais
un autre à proposer.
Le Président (M. Fallu): Vous avez aussi un autre
amendement.
M. Saintonge: Je proposerais que l'article 12 du projet de loi 4
soit modifié en retranchant le deuxième alinéa.
Le Président (M. Fallu): On peut considérer que le
débat a eu lieu.
M. Marcoux: Je serais d'accord.
M. Saintonge: On peut recommencer.
M. Marcoux: Rejeté sur division.
M. Saintonge: Vous me permettrez de dire: Sur division. Je n'irai
pas jusqu'à demander le vote, mais je ne serais pas loin de le demander.
Rejeté sur division.
M. Marcoux: Je pense que c'est sur division.
M. Saintonge: Sûrement sur division.
Le Président (M. Fallu): Sur division. Donc, l'article 12
est adopté tel qu'amendé.
M. Saintonge: Adopté tel qu'amendé, mais sur
division.
Le Président (M. Fallu): D'accord. J'appelle l'article 13.
M. le ministre.
M. Marcoux: Cet article introduit une nouvelle disposition et
prévoit qu'à la suite d'une enquête de la Commission
municipale le ministre peut donner des directives au conseil municipal. Le
conseil doit se conformer aux directives.
M. Saintonge: Au niveau de la Commission municipale, aux articles
22 et suivants, dans un tel cas, on sait que la Commission municipale - c'est
à la suite d'une enquête - donne toujours un rapport écrit,
a l'obligation de fournir un rapport écrit au ministre. Ce que je me
posais comme question: Est-ce qu'un tel rapport est un rapport qui, je ne
dirais pas est public, mais est à la disposition de la
municipalité concernée? Si la municipalité sait, par
exemple, qu'une enquête a eu lieu, si la Commission municipale fait un
rapport, est-ce que la municipalité a accès à un tel
rapport?
M. Marcoux: C'est un rapport au ministre.
M. Saintonge: Oui, c'est cela. C'est un rapport au ministre de
toute enquête tenue par elle. C'est la vérification que je voulais
faire, mais je pense que vos conseillers nous informent que la
municipalité n'a pas copie du rapport en question.
M. Marcoux: Non.
M. Saintonge: Est-ce que le ministre ne considérerait pas
qu'il y aurait lieu, dans les cas où il y a une enquête de la
Commission municipale qui est suivie par cela, que le rapport de la Commission
municipale soit donné à la municipalité, que la
municipalité ait accès à ce rapport en même temps
que la recommandation que le ministre va donner?
Je comprends que, généralement, assez souvent
d'après ce que j'ai pu comprendre, le rapport de la Commission
municipale qui est fait ou certains rapports qui ont été faits
antérieurement par... Ce n'était peut-être pas la
Commission municipale, mais cela pouvait être le vérificateur
comme dans le cas de Chertsey, pour revenir à notre exemple type. Le
rapport a été donné à la municipalité. Il y
a eu une lettre de recommandation du ministre avec des spécifications
disant de se conformer à certains points, en souhaitant que cela soit
exécuté de telle et telle façon par la municipalité
à l'avenir. Mais, il reste que la municipalité a quand même
eu en main le rapport en question. Si, à l'article 13, le ministre donne
des directives au conseil, le conseil doit se conformer aux directives,
à ces directives-là. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de
considérer que, dans une telle circonstance, au minimum, le conseil
municipal reçoive également le rapport de la Commission
municipale?
M. Marcoux: Comme la Commission municipale fait des
enquêtes qui sont soumises à la loi des enquêtes, il peut y
avoir des gens qui témoignent à huis clos. II peut y avoir, en
somme, toutes sortes de rapports ou de données dans ces types de
rapports qui ne sont pas nécessairement d'intérêt public.
Ce qu'on m'indique, c'est que, lorsqu'il y a un tel rapport, il y a
ordinairement une séance à huis clos avec le conseil de la
municipalité et les enquêteurs font le bilan de l'enquête.
À ce moment-là, ils peuvent répondre au conseil municipal.
Ce n'est sûrement pas obligatoire actuellement et il n'est pas habituel
de rendre publics de tels rapports d'enquête.
M. Saintonge: La Commission municipale pourrait enquêter et
donner des directives. Le ministre pourrait donner certaines directives au
conseil. Le conseil peut, à ce moment-là... C'est quand
même important, à mon point de vue, qu'on sache.
M. Marcoux: Si le ministre donne des directives, en les donnant,
il va falloir qu'ils les justifient sur ces aspects-là. Mais il n'aura
pas à donner... Il pourrait citer des extraits du rapport, mais il
n'aura pas à rendre public le rapport de l'enquête. Je pense qu'un
des aspects de toute la crédibilité de la Commission municipale,
en particulier dans le monde municipal, c'est que, lorsque la Commission
municipale fait enquête, ceux qui sont appelés à
témoigner ou à apporter des éléments de preuve ou
des choses comme cela ont l'assurance que la commission va en user à bon
escient ou à bon usage.
Ce n'est pas la même chose lorsque la commission d'enquête
siège en public. À ce moment-là, tout ce qui est dit en
public est entendu par les gens. Tout le monde peut évaluer. Le rapport
lui-même, je crois que c'est une autre chose. D'ailleurs, je n'ai jamais
eu de demande en ce sens. En tout cas, je n'ai jamais entendu parler, ni avant
d'être ministre ni maintenant, de gens qui se préoccupaient du
fait que les rapports de la commission d'enquête ne sont pas rendus
publics.
M. Saintonge: Non, mais rendus publics... Je veux dire que si,.
au conseil... Si la Commission municipale fait une enquête en vertu des
articles 22 et suivants, procède à l'examen de certains dossiers,
entend les témoignages, etc., elle va donner certains commentaires,
certaines conclusions. À partir de ces conclusions, de ce qui est
arrivé, le ministre va dire: Je regarde cela, je vais donner des
directives au conseil. Le conseil,à ce moment-là,
doit se conformer aux directives et prendre les mesures prescrites par le
ministre. Remarquez que je suis bien d'accord avec cela. Je vais vous le dire
tout de suite, honnêtement. Dans certains cas, ce que j'ai dit
précédemment, ce que j'ai mentionné dans le discours sur
l'adoption du principe du projet de loi, j'ai mentionné justement que,
dans certains cas, le ministre, dans certaines circonstances, ne pouvait pas
justement faire en sorte que les recommandations qu'il pouvait donner aux
municipalités soient suivies. Il n'y avait rien qui était
mandatoire pour les municipalités en question. Cela devenait des voeux
pieux.
Je vous avais dit, entre autres choses, dans le cas de Chertsey, que
c'était un beau voeu pieux. La lettre était là;
C'était bien beau. Le gars lisait cela. Il disait: C'est pas grave, tout
le monde a cela. C'est cela qu'il a dit. Il n'a pas besoin de lire cela. Mais
cela n'avançait pas le problème. Le ministre...
M. Marcoux: Cela avançait la solution.
M. Saintonge: Cela ne réglait pas le problème. Cela
avançait la solution. Cela
avançait la solution, parce que, finalement, il y a eu un
conseiller municipal qui a été un de ceux qui avaient
demandé une enquête et qui s'étaient battus pour que le
maire se conforme et les autres conseillers se conforment à la
légalité. Lui a poussé le cas et il a insisté
auprès du secrétaire-trésorier et ii a insisté
auprès de l'enquêteur, le vérificateur du ministère,
pour qu'on oblige, pour qu'on donne au secrétaire-trésorier
l'obligation de lire cela et que l'obligation appartenait non seulement au
maire, mais au secrétaire-trésorier de faire part de la
communication au conseil. Le maire l'a aussi compris et on a lu la lettre, non
pas à la première assemblée, mais à la
deuxième ou à la troisième, je ne m'en souviens pas
exactement.
Mais il reste que, vis-à-vis de cela, dans ce cas précis
de l'article 13, le ministre va donner certaines recommandations au conseil. Je
me mets dans la peau d'un conseiller et je me dirais: Si j'ai une
recommandation formelle du ministre, mais qui va lier la municipalité...
Vous devez vous conformer et prendre des mesures. Ce n'est pas à peu
près, c'est mandatoire. À ce moment, comme conseiller municipal,
si je me faisais dire cela, je vais vous avouer bien honnêtement que
j'aimerais bien savoir pourquoi. J'aimerais bien voir si c'est à la
suite d'une enquête de la Commission municipale où on a
trouvé tel et tel élément irrégulier ou
illégal. Qu'est-ce qui s'est dit, sur quoi a-t-on enquêté
dans la ville que j'administre? C'est basé sur quoi? Le rapport
d'enquête le dirait et la Commission municipale, dans un tel cas, joue
quand même un rôle quasi judiciaire.
Donc, la décision qu'elle rend dans ce cas-là, ' c'est
comme un jugement. Elle porte un jugement sur quelque chose. Quand vous allez
devant un tribunal, même dans des cas où vous avez des huis clos
pour les témoins, il reste une chose, le jugement est public.
M. Marcoux: Oui, mais dans les directives qui pourraient
être données à une municipalité, évidemment,
il faudrait que ces directives soient basées sur des faits. À ce
moment, dans l'ensemble du rapport d'enquête, il peut y avoir des
éléments qui sont repris par le ministre et, à partir de
ces faits, il donne la conclusion: Je vous donne la directive suivante, telle
ou telle directive relative à des faits qui se sont passés.
Pour revenir à Chertsey, même si je n'avais pas le pouvoir
de l'article 13 au moment où j'ai pris la décision, j'aurais pris
le pouvoir que vous me donnez à l'article 12 plutôt qu'à
l'article 13, parce j'aurais pensé que c'était un pouvoir
suffisant pour atteindre l'objectif.
M. Saintonge: Non, mais, de toute façon, vous en
étiez à l'article 12.
M. Marcoux: Dans d'autres cas, comme Saint-Didace, je me place
plus loin en arrière dans le temps. J'aurais utilisé l'article
13.
M. Saintonge: Mais c'était la Commission municipale qui
était là. C'est évident dans le cas de Chertsey.
M. Marcoux: Non, mais avant d'en arriver à la tutelle,
disons.
M. Saintonge: Oui.
M. Marcoux: Je parle d'il y a un an ou deux, parce que cela fait
longtemps que ce problème dure. Peut-être que j'aurais
utilité l'article 13 d'abord, avant de demander une tutelle ou autre
chose. Alors, il y a une gradation qui m'apparaît correcte dans la loi
qui est proposée. Adopté?
Le Président (M. Fallu): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: "Le conseil doit se conformer aux
directives et prendre les mesures prescrites par le ministre. " Qu'est-ce qui
arrive si Je conseil ne le fait pas?
M. Marcoux: Qu'est-ce qui arrive?
M. Beauséjour: Si le conseil ne se conforme pas aux
directives.
M. Marcoux: On peut prendre des recours judiciaires pour
l'obliger.
M. Saintonge: La tutelle.
M. Marcoux: La tutelle ou des recours judicaires. Vu que c'est
dans la loi que la directive est exécutoire, à ce
moment-là, tu as des recours judicaires ou de tutelle.
M. Beauséjour: De la part du ministre.
M. Marcoux: Du ministère. C'est une injonction. C'est dans
les procédures judiciaires. II y a des procédures judiciaires ou
de tutelle, etc.
Le Président (M. Fallu): L'article 13 est donc
adopté?
M. Saintonge: Adopté, M. le Président. Les
remarques que je faisais valoir n'allaient pas à l'encontre des
prescriptions de l'article 13, mais c'était pour donner de l'information
supplémentaire au conseil municipal sur le contenu de l'enquête et
les conclusions de l'enquête.
Le Président (M. Fallu): Compte tenu
de l'heure, il nous faut maintenant, en appelant l'article 14, ajourner
la séance, comme le mandat pour la tenue de cette séance est
épuisé en termes de temps, puisque l'Assemblée nous
ordonnait de siéger jusqu'à 22 heures. J'ajourne donc la
séance sine die.
(Fin de la séance à 22 heures)