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Étude du projet de loi no 43
(Dix heures vingt-six minutes)
Le Président (M. Laberge): À l'ordre,
messieurs!
La commission de l'agriculture et de l'alimentation continue ses travaux
pour l'étude du projet de loi no 43, Loi modifiant la Loi du
ministère de l'Agriculture.
Les membres de cette commission, ce matin, sont: M. Baril (Arthabaska)
remplacé par M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes); M. Beauséjour
(Iberville); M. Russell (Brome-Missisquoi); M. Gagnon (Champlain)
remplacé par M. Mercier (Berthier); M. Garon (Lévis), M. Giasson
(Montmagny-L'Islet), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M.
Rancourt (Saint-François); M. Vaillancourt (Orford) remplacé par
M. Mathieu (Beauce-Sud).
Peuvent aussi intervenir: M. Brassard (Lac-Saint-Jean) remplacé
par M. Marquis (Matapédia); M. Charbonneau (Verchères), M.
Chevrette (Joliette-Montcalm); M. Cordeau (Saint-Hyacinthe) remplacé par
M. Goulet (Bellechasse); M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue)
remplacé par M. Dubois (Huntingdon); M. Ouellette (Beauce-Nord), M.
Picotte (Maskinongé), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Le rapporteur de la commission est M. Léves-que
(Kamouraska-Témiscouata).
Constitution d'une banque de terres arables
(suite)
À la fin de la dernière séance, nous avions
adopté l'article 1. À l'article 2, nous avions
étudié le premier article de cette série, le numéro
32, auquel deux amendements ont été ajoutés et
adoptés, à savoir au troisième alinéa, après
le mot "prix", une virgule a été ajoutée, le mot "et" a
été retranché et, après le mot "conditions", les
mots "et selon les critères" ont été ajoutés et
adoptés.
J'avais demandé si l'article 32 serait adopté.
M. Garon: Ce n'étaient pas deux amendements, c'est un
même amendement.
Le Président (M. Laberge): Cela en fait deux; j'ai deux
signatures ici. J'avais demandé si l'article 32 serait adopté et
on m'avait dit que quelqu'un avait une question supplémentaire à
poser.
M. Giasson: Je pense qu'au moment d'ajourner nos travaux, M. le
Président, le député de Brome-Missisquoi avait
manifesté l'intention de continuer le débat sur l'article 2,
principalement à l'article 32 qu'on retrouve à la section VII
ajoutée.
M. Garon: On va faire cela article par article. L'article 2
ajoute une section au complet.
M. Giasson: 2.32, c'est cela.
M. Garon: Après l'article 32, on verra 33 et 34.
Le Président (M. Laberge): Nous sommes à l'article
32. L'article 32 est toujours en discussion.
M. Russell: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: ... j'avais affirmé et je réaffirme
encore que l'article 32 est presque authentiquement l'article 23 ou la section
VI qui donne au ministre les mêmes pouvoirs. J'aimerais que le ministre
nous expose de quelle façon il améliore les pouvoirs qu'il
possède déjà suivant la section VI de la Loi du
ministère de l'Agriculture, parce que, suivant la section VI, il peut
acquérir des meubles, des immeubles et en disposer. Il peut les louer.
Il peut améliorer les fermes de la façon qu'il le veut. Il a
toute la liberté au monde de le faire. Je me pose encore la question:
Pourquoi ajoute-t-on cet article 32 à la section VII? On veut obtenir
quoi? On veut faire quoi de plus, par ce projet de loi? (10 h 30)
M. Garon: La section VI, c'est un pouvoir général
d'établir toutes sortes de programmes tandis que la section VII, c'est
une section spécifique. Elle s'applique à un cadrage. Si on avait
appliqué une banque de terres en vertu de la section VI, cela aurait
sans doute été possible, excepté que vous auriez dit que
c'était en vertu d'un pouvoir général qui n'aurait pas
été prévu par l'Assemblée nationale lors de
l'adoption de ces articles-là. On aurait établi l'agriculture
socialisée, etc. La section VII encadre d'une façon
précise une banque de terres arables. Ce n'est pas un pouvoir
général comme la section VI, c'est un pouvoir particulier
à une banque de terres arables.
Elle dit des choses, à mon avis, extrêmement importantes,
comme: "Ce dernier - en parlant du ministre de l'Agriculture peut
constituer une banque de terres arables en vue de disposer de ces terres ou de
les louer..." Ce n'est pas pour thésauriser des terres, mais pour en
disposer ou les louer pour favoriser la relève agricole, agrandir les
fermes, consolider les fermes de type familial et exploiter les terres arables
non utilisées ou sous-utilisées. Cela donne une perspective
précise pour la constitution d'une banque de terres arables. Je pense
que c'était bon de le faire dans une section particulière pour
ces fins-là, plutôt qu'en vertu d'un pouvoir général
du ministère. C'est vrai que le ministère a le droit
d'établir toutes sortes de programmes par ses pouvoirs
généraux, mais est-ce que, dans un cas comme celui-là, il
n'était pas mieux de procéder de cette façon-là? Je
pense que c'était mieux de procéder de cette
façon-là pour expliquer, au point de vue des principes, quel doit
être le rôle de cette banque de terres arables. C'était cela
la perspective.
M. Russell: ... M. le Président, encore là, le
ministre peut-il nous établir que, malgré les pou-
voirs généraux qu'il possède déjà, il
n'a pu réaliser dans le passé, lui ou ses
prédécesseurs, ce voeu qui était désiré,
celui d'atteindre cet objectif, de créer une banque de terres agricoles
et pouvoir, si c'était nécessaire, acheter des fermes, les mettre
en culture et les agrandir si c'était nécessaire, les louer si
c'était nécessaire en vue d'améliorer la culture? Est-ce
qu'on a appliqué cette loi?
Relisons l'article comme il faut: "Le ministre peut élaborer des
plans, programmes ou projets propres à favoriser dans une zone qu'il
désigne il peut même désigner sa zone le
redressement ou le développement de l'agriculture, une meilleure
utilisation ou conservation des ressources agricoles ou la création,
l'extension, le regroupement et la modernisation des entreprises de traitement
ou de transformation des produits agricoles".
Cela continue, ce n'est pas tout. "Le ministre peut, avec l'approbation
du gouvernement, assumer la direction et assurer l'exécution de ces
plans, programmes et projets. Il peut, aux fins de ces plans, programmes ou
projets, acquérir, louer ou aliéner tout meuble et immeuble,
accorder des subventions, prêts ou verser des primes, allocations,
exécuter ou faire exécuter des travaux d'amélioration,
d'aménagement et d'équipement agricole. Cela continue encore. Le
ministre peut conclure des accords avec tout gouvernement ou organisme ou toute
personne, association, société, corporation en vue de
l'élaboration ou de l'exécution de tout plan, programme ou projet
visé à la présente section. Il peut faire ce qu'il veut.
Là, on arrive avec une loi qui dit à peu près la
même chose. La seule chose qu'il y a de plus, c'est qu'on parle d'une
banque de terres arables. Après tout, ce n'est pas vrai que c'est
différent de la loi. Les mots sont différents, mais les pouvoirs
sont exactement les mêmes.
M. Garon: II y a quand même plusieurs articles
là-dessus. Je ne vous comprends pas, je vais être bien franc. Je
suis habitué avec des gens qui fonctionnent selon les mêmes
principes. Les principes ne changent pas à toutes les minutes et selon
les besoins du moment. Habituellement, quand on fait des lois, comme vous
dites, tout est dans les règlements et il n'y a rien dans la loi. Vous
vous plaignez que l'Assemblée nationale ne peut pas se prononcer sur des
questions de principe sur lesquelles elle devrait se prononcer. La question
d'une banque de terres arables est une question assez importante au niveau des
principes pour faire l'objet d'une section particulière dans la Loi du
ministère de l'Agriculture, parce qu'on va regrouper là-dedans
tout ce qu'il y a de terres au ministère de l'Agriculture, qui sont des
terres agricoles du domaine public.
Il est évident que le ministère de l'Agriculture a le
droit de faire des programmes dans à peu près tous les domaines,
mais, quand on crée une banque de terres, on établit des
principes, parce que le particulier compte dans la loi. Quel genre de banque?
Si on l'avait créée de cette façon, vous auriez dit:
comme certains vont essayer de le dire que c'est de l'agriculture
communiste ou des choses du genre. On a donc préféré aller
devant l'Assemblée nationale avec une section particulière. Moi,
je ne crois pas à ça, de l'agriculture communiste.
M. Giasson: Est-ce que c'est plus mauvais que l'agriculture
catholique, l'agriculture communiste?
M. Garon: Non, parce que le communisme, c'est un régime de
propriété, ce n'est pas une religion. Parfois les
fédéralistes prennent la Confédération pour un
sacrement, mais c'est une autre affaire!
M. Giasson: Dans le fédéralisme, il y a du
fédéralisme communiste et il y a du fédéralisme
catholique!
M. Garon: Mais c'est un régime de propriété;
je pense qu'en agriculture, le meilleur système de
propriété est le régime de propriété
privée. D'ailleurs, c'est prouvé, parce qu'on peut comparer avec
ce qui est fait ailleurs. Cela va peut-être changer dans 50 ans ou 100
ans, je ne le sais pas et les os ne me feront plus mal remarquez bien
qu'ils ne me font pas mal à l'heure actuelle non plus mais c'est
une forme...
M. Giasson: M. le ministre, en passant, êtes-vous pour la
religion fédéraliste ou la séparatiste?
M. Garon: Je ne suis pas un idéologue, moi. M. Giasson:
Vous n'êtes pas religieux?
M. Garon: Non, je ne suis pas un gars d'idéologie. Je
préfère trouver des solutions aux problèmes que de trouver
des cadrages à des idéologies, parce que c'est difficile de
toucher des idéologies.
Dans le cas d'une banque de terres, il me semble qu'il peut y avoir des
principes fondamentaux qui guident la constitution d'une banque de terres, dans
quelque endroit que ce soit. Alors, j'ai pensé que c'était
important, plutôt qu'en vertu de pouvoirs généraux, de
constituer... D'ailleurs, ça aurait créé des
problèmes, ne nous trompons pas. Tantôt, je vous parlais, au sujet
de l'article 1, des pouvoirs du ministère, les pouvoirs de l'office, de
la Loi des terres de colonisation, etc. Tandis que tel que c'est défini
dans cette section 7, ça va être clair, il n'y aura pas
d'ambiguïté. Les principes directeurs de cette loi vont être
mentionnés dans la loi, de sorte que si les gens de l'Assemblée
nationale disent avec raison, je pense si les fonctionnaires
peuvent dire: Voyez-vous, vous avez les pouvoirs de faire ça, vous
devriez faire ça, là on aura adopté une section
particulière disant comment la banque de terres arables doit fonctionner
et en vertu de quels principes.
M. Russell: C'est ce qu'on veut savoir.
M. Garon: C'est ce qu'on marque dedans. Ce n'est pas pour
thésauriser, c'est marqué: "Constituer une banque de terres
arables en vue de dispo-
ser de ces terres." En disposer, ça veut dire les vendre ou les
louer. Pourquoi? Quelles sont les conditions? Il y a plusieurs articles qui
énumèrent les différentes conditions qui vont
prévaloir.
L'article 36 énumère aussi un certain nombre de principes.
Tout ça a pour but au fond de faire que la banque de terres joue un
rôle dans un cadre donné plutôt que sans aucune
directive.
M. Giasson: L'article 36 énumère des principes?
M. Garon: Les bases d'évaluation, les critères de
fixation. Je vais donner tantôt...
M. Russell: Actuellement, vous avez le contraire de ce que vous
dites.
M. Garon: ... un autre amendement qui va donner des
critères de sélection des acquéreurs ou des locataires.
Cela peut être des choses publiques. Les principes sont principalement au
début de l'article 32: "en vue de disposer de ces terres ou de les louer
pour favoriser la relève en agriculture."
M. Giasson: C'est ça. L'article 36 n'a rien à voir
avec les principes; ce sont des règlements.
M. Russell: À l'article 32, vous aviez ces
pouvoirs-là et, en plus, vous avez des règlements qui sont
publiés et connus. Si le ministre nous amène l'article 32 qui
veut créer exactement les pouvoirs qu'il a déjà avec des
règlements et qu'il dit que toutes les conditions vont être
fixées par règlements, il faudrait avoir les règlements
pour les examiner objectivement, pour voir pourquoi, s'il y a des raisons
majeures ou des raisons particulières.
Le ministre nous a dit en deuxième lecture qu'il n'avait pas
l'intention d'acheter des fermes pour les garder en sa possession, à
moins qu'il n'y ait un acheteur ou un éventuel locataire pour cette
ferme. Donc, ça veut dire que ce n'est pas une banque qu'on veut avoir;
ce sont des pouvoirs d'avoir une banque si c'est nécessaire. C'est tout
ce qu'il demande actuellement, mais il l'a déjà. Je me demande
réellement le but visé par cet article et ce qui est pire, c'est
qu'au moins dans l'autre on a les règlements, on peut les regarder et
dire: C'est ça, son pouvoir. Il peut demain matin, au prochain Conseil
des ministres, faire modifier les règlements, je suis d'accord
là-dessus, mais, au moins, on connaît ces règlements.
Il arrive présentement et nous présente un article qui lui
donne exactement les mêmes pouvoirs, qui n'ajoute rien. La seule chose,
il dit: On va mettre des règlements dans ça. On ne connaît
pas les règlements. C'est cela que j'aimerais que le ministre nous dise.
S'il nous prouvait que malgré les pouvoirs existant actuellement et
à la réglementation, il ne peut atteindre cet objectif de
créer une banque nécessaire au développement et à
l'amélioration de l'agriculture, je dirais: II est peut-être
justifié d'amener ça et les règlements permettront
d'améliorer la situation. C'est ce que nous n'avons pas encore devant
nous. Je pense que le ministre devrait nous exposer ces conditions et les
raisons pour lesquelles il n'a pas pu réussir avec la loi existante.
M. Garon: Je pense c'est une conception des choses
que, lorsqu'on a adopté les pouvoirs généraux du
ministère, on n'a pas pensé du tout à la constitution
d'une banque de terres, un peu de la même façon que lorsqu'on a
fait la confédération en 1967, on ne pensait pas qu'elle aurait
juridiction sur la télévision et la radio, parce qu'on ne
connaissait pas cela. Je pense qu'en vertu des pouvoirs généraux,
quand on tombe dans des domaines où le monde est chatouilleux, dans le
domaine de la banque de terres où il doit y avoir des principes
généraux qui guident la constitution d'une entreprise comme
celle-là, il faut revenir devant le Parlement plutôt que d'essayer
de se servir on a eu quelques problèmes juridiques de
pouvoirs généraux. Avoir pensé en bureaucrate, j'aurais
dit: Que le diable emporte l'Assemblée nationale, on va faire cela et
ça n'a pas d'importance. Je suis convaincu que quand on a adopté
les pouvoirs généraux, quand on a donné des pouvoirs
généraux au ministre de l'Agriculture, personne n'avait dans
l'esprit de donner des pouvoirs de constituer une banque de terres, à ce
moment-là. Je pense qu'il est important que cela se fasse en vertu de
pouvoirs particuliers à une entreprise comme celle-là
plutôt que d'essayer de tirer des principes généraux. C'est
évident, la Loi du ministère de l'Agriculture dit que je peux
créer à peu près n'importe quel programme, en fait on a
environ 100 programmes, mais est-ce que ce serait correct, intellectuellement,
de créer une banque de terres à partir d'un programme
général, de faire des programmes pour le ministre de
l'Agriculture? Je ne suis pas convaincu de cela. C'est la raison de...
M. Russell: Mais la banque, c'est un...
M. Giasson: C'est une question d'honnêteté
intellectuelle. C'est une question de situation pratique et de gros bon sens.
Vous êtes beaucoup mieux, M. le ministre, de procéder à la
constitution d'une banque de terres à partir d'un contenu
législatif, d'une loi qui détermine spécifiquement des
pouvoirs pour la constitution d'une banque de terres que de tenter de la
réaliser par les pouvoirs de programmes généraux du
ministère. Dans l'opération pratique de la constitution de la
banque de terres, dans toutes les opérations que cela va comporter, il
vaut beaucoup mieux le faire à partir d'une législation beaucoup
plus spécifique touchant ce domaine de banque de terres que de le faire
à partir d'un programme assez général.
M. Garon: C'est ce que je pensais aussi.
M. Giasson: D'ailleurs, j'ai l'impression que quand vous avez
conçu l'article 1, vous vouliez préciser dans la loi des
opérations qui ont déjà été
menées par le gouvernement du Québec en vertu d'un
programme, celui du réaménagement foncier, mais vous sentiez que
vous n'aviez pas assez de contenu législatif déjà, au
niveau de ce programme. De ce fait, vous avez voulu préciser davantage,
par l'adoption de l'article 1. de la loi dont on discute. Je présume que
l'idée de constituer une banque de terres, vous voulez l'asseoir
derrière un texte législatif qui va comporter des
précisions, qui va définir des pouvoirs, qui va donner des
avenues, des voies directrices pour mener de telles opérations,
plutôt que de le faire à partir d'un programme toujours possible,
dans les pouvoirs que possède déjà le ministère de
l'Agriculture de par sa loi constituante.
M. Garon: Pour l'article 1, on n'avait pas le choix, parce qu'on
n'avait pas ces pouvoirs. Pour l'article 2, on aurait pu, sans doute, avoir ces
pouvoirs généraux et faire un programme qui aurait
équivalu à cela. En ce qui concerne l'article 1, sur le plan
juridique, il est absolument essentiel.
Pour l'article 2, j'appuie ce que vous venez de mentionner, il fallait
avoir une base législative pour fonctionner dans un domaine comme
celui-là.
Ce n'est pas comme un programme. C'est pour donner une subvention pour
faire des travaux mécanisés ou bien pour aider à celui qui
fait un parc d'engraissement ou quelque chose de semblable. Ce n'est pas la
même affaire. On tombe dans quelque chose qui touche les principes
mêmes de notre fonctionnement et, si la banque de terres était mal
utilisée, par exemple, c'est évident qu'il pourrait y avoir des
abus. (10 h 45)
C'est pour cela, je pense, qu'il faut avoir comme le
député de Montmagny-L'Islet a dit un fondement
législatif particulier pour fonctionner dans un secteur comme
celui-là.
En droit, il y a deux affaires: il y a le droit et
l'équité. Il faut mesurer ces affaires. En tout cas, il me
semblait qu'en vertu des pouvoirs généraux du ministère ce
ne serait pas correct de faire une banque de terres.
M. Russell: Même à l'article 32, c'est encore
seulement les pouvoirs généraux, parce que vous allez
acquérir...
M. Garon: Oui, mais il y a le principe d'une banque de terres
avec les objectifs pour des fins poursuivies...
M. Russell: ... tout immeuble aux prix et conditions fixés
conformément au règlement. C'est une réglementation encore
et tout se traduit par des règlements.
M. Garon: Non..
M. Russell: Si ce n'est pas un pouvoir général, je
me demande ce que c'est.
M. Garon: ... les règlements réfèrent aux
prix et aux conditions...
M. Russell: Oui, bien...
M. Garon: ... de vente. Regardez le taux d'intérêt.
J'aurais gagé avec vous il y a deux ans que le taux
d'intérêt cette année serait à 15% ou 16%, vous
auriez gagé, sans doute, mais vous n'auriez pas cru cela. Il n'y aurait
pas eu grand monde qui aurait cru cela. Le taux d'escompte de la Banque du
Canada est actuellement de 15% à 16%
M. Giasson: Pour les prêts préférentiels.
M. Garon: Qui aurait cru cela il y a deux ans? Tout le monde
aurait gagé et aurait dit: Ce n'est pas possible, parce qu'on n'a jamais
vu cela. Cela se réalise. On n'est pas capable de fixer les prix et les
conditions dans la loi. C'est un peu comme si on fixait les prix et conditions
du permis de chasse dans la loi; il faudrait venir devant le Parlement chaque
fois qu'on change le prix du permis de chasse. Cela n'a pas de bon sens.
M. Giasson: M. le ministre, vous étiez sûr de cela,
la situation des taux d'intérêt, il y a deux ans?
M. Garon: Non, je dis si... Quelqu'un m'aurait dit qu'ils
allaient monter ainsi, j'aurais gagé moi aussi, je n'aurais pas cru
cela. C'est exceptionnel. Mais il y a tellement de variation dans les prix et
les conditions du marché qu'on ne peut pas prévoir cela dans la
loi. La plupart du temps, quand on se réfère au règlement,
c'est pour dire les prix et conditions de vente et de location.
M. Russell: Vous avez l'expérience de la loi
générale qui est utilisée actuellement. Il y a eu des
programmes qui ont été faits pour la consolidation de fermes dans
plusieurs régions du Québec. Est-ce que le ministère a
utilisé cette loi? Est-ce qu'il a en sa possession des terres qui lui
sont restées à la suite de ce programme? S'il y en a, combien?
Est-ce qu'il y en a qui sont louées actuellement et combien? Est-ce que
cela a été un succès? D'ailleurs, les prix sont
fixés par règlements et on les a, les règlements. On sait
ce que c'est. Combien y a-t-il de fermes? Dans quelles régions?
M. Garon: II y a un programme de réaménagement
foncier. On ne peut pas comparer une banque de terres au
réaménagement foncier. Le réaménagement foncier
fonctionne dans les régions périphériques. On ne le
retrouve pas dans la plaine de Montréal. C'est un programme à
durée déterminée. Il ne s'occupe pas de la relève.
Il n'y a pas de perspective de relève là-dedans. Il n'y a pas de
perspective de remise en valeur des terres non plus.
Si on regarde les terres qui sont achetées dans le
réaménagement foncier et ce qui est visé par la banque de
terres, ce ne sont pas véritablement les mêmes objectifs. Dans
certains cas, cela peut se ressembler, à la marge, si on veut. Mais ce
ne sont pas les mêmes objectifs qui sont poursuivis. La meilleure preuve
de cela, c'est que le pro-
gramme de réaménagement foncier est en cours à peu
près dans toutes les provinces au Canada.
Dans les Maritimes et en Ontario. Voyez-vous, dans une province comme la
Saskatchewan, qui s'est dotée d'une banque de terres, on n'a pas
procédé par réaménagement foncier, même s'il
y avait un programme fédéral possible. Pourquoi? Parce que ce ne
sont pas les mêmes fins qui sont poursuivies. Ce n'est pas la même
perspective.
M. Russell: Mais la Saskatchewan...
M. Garon: Je ne dis pas, par exemple, qu'une fois la banque de
terres constituée, on n'essaiera pas de marier un peu les deux pour que
le programme de réaménagement foncier ait une perspective plus
dynamique.
Quand je dis " plus dynamique", je ne veux pas dire que le programme qui
existe n'est pas bon, mais il n'a pas toutes les perspectives. Une banque de
terres a une perspective de développement agricole. Un
réaménagement foncier, cela n'a pas la même perspective.
Cela a plutôt la perspective de liquider des situations.
M. Russell: Je n'ai pas d'objection. Ce que je tente de savoir du
ministre, c'est l'objectif visé, parce que, quand il parle de la banque
de Saskatchewan et qu'on regarde les pouvoirs qu'il a actuellement, il peut
faire exactement la même chose que fait la Saskatchewan avec la loi
existante.
M. Garon: Non.
M. Russell: Je présume qu'actuellement, s'il le voulait,
il pourrait acheter des fermes pour le plaisir de les acheter, ce dont je doute
parce que lui-même en Chambre, en deuxième lecture, a dit qu'il
n'était pas intéressé à le faire, qu'il voulait
avoir un acheteur ou un locataire avant d'acheter une ferme, quelqu'un qui la
mettrait en culture. Il ne veut pas les payer et les garder sans qu'elles
soient en culture. À ce moment-là, si ce n'est pas là son
intention, il a tous les pouvoirs de faire ce qu'il veut. Il a
référé à la Saskatchewan. J'ai regardé la
loi actuelle du ministère et j'ai regardé la loi de la
Saskatchewan. J'ai aussi regardé les règlements existants. Il
peut modifier sa réglementation, comme il l'a dit tout à l'heure,
à la suite du changement d'intérêt. Il a le droit de le
faire. Il peut le faire par arrêté en conseil. Je me demande quel
est le but additionnel visé.
M. Garon: Un programme donne des pouvoirs au ministre, tandis que
ce projet de loi là donne des pouvoirs à l'organisme qui sera
chargé d'administrer la banque de terres.
M. Russell: Oui.
M. Garon: Hier, on disait que l'office ne pouvait pas faire
certaines choses dans le cadre du réaménagement foncier, par
exemple, parce qu'il n'a pas ces pouvoirs-là, tandis que, dans le cadre
d'une loi comme celle-là, les pouvoirs nécessaires à
l'"opérationnalisation" d'une banque de terres sont prévues dans
cette section VII.
M. Russell: Je voudrais que le ministre m'indique quels pouvoirs
il n'a pas et qu'il demande. En prenant l'article 32 au complet, quels pouvoirs
il n'a pas?
M. Garon: À l'article 35, vous n'avez cela nulle part.
M. Russell: Je parle de l'article 32.
M. Garon: La structure financière prévue aux
articles 33, 35, 37, 38 et 39 n'existe pas.
M. Russell: Je parle de l'article 32. On est en train
d'étudier l'article 32. Les autres, on va y venir tout à l'heure.
Vous avez des pouvoirs parallèles ailleurs. On va vous en parler tout
à l'heure, de cela. C'est cela qu'on veut savoir. Si vous voulez parler
généralement, certaines déclarations que vous avez faites
m'ont laissé entendre que peut-être vous vouliez abolir le
crédit agricole. Ce n'est peut-être pas l'intention du ministre,
mais c'est ce qui est ressorti.
M. Garon: Voyons donc!
M. Russell: Le projet de loi 99 a été
déposé et, là, on dépose le projet de loi 43. Dans
un, c'était édicté que cela pourrait être l'Office
du crédit agricole. Dans l'autre, il l'enlève. Je me demande
réellement: Est-ce bien son intention d'abolir l'Office du crédit
agricole? Tout à l'heure, on va revenir à cela. Je ne veux pas en
parler à l'article 32, mais je demande au ministre quels sont les
pouvoirs qu'il inclut dans l'article 32 qui n'existent pas actuellement au
ministère à la section VI. S'il peut me citer des pouvoirs
additionnels dont il a besoin là, je n'en vois pas. C'est des mots pour
des mots, c'est tout.
M. Giasson: Ce n'est pas une abolition de l'office, c'est une
nouvelle vocation.
M. Russell: Oui, mais une vocation, qu'est-ce que c'est? Un
ministre qui administre un ministère, il a moins de pouvoirs par une
telle chose! Il les a les pouvoirs. Il faut adopter une autre loi et il demande
les mêmes pouvoirs. Je lui demande pourquoi. La seule chose qui n'a pas
rapport aux pouvoirs qu'il demande ici, c'est...
M. Garon: Vous avez le crédit.
M. Russell: ... les pouvoirs qu'il va se donner par
réglementation, que je n'ai pas ici. Donc, je ne peux pas discuter de
son intention. Au moins, si j'avais cela, je pourrais dire que son intention,
c'est cela. Je me pose une question, je me retourne de bord, et je dis: II
avait les pouvoirs, il avait une réglementation et il y a eu des plans.
Est-ce que cela a mal fonctionné? J'ai le droit de me po-
ser cette question. Le ministre peut me dire: Oui, cela a mal
fonctionné par rapport à telle et telle chose. Je veux, par cette
loi, remplacer l'autre, et dans ma réglementation, j'aurai telle ou
telle chose qui va changer, qui va me donner des pouvoirs de faire autre chose,
qui va fonctionner mieux que cela ne fonctionnait dans le passé. Je
pourrais être d'accord. À moins d'avoir ce renseignement, je ne
vois pas qu'un ministre puisse demander un pouvoir parallèle. À
l'article 32, c'est un pouvoir parallèle, à moins que je ne le
comprenne mal, que je ne me l'explique mal. Si je le comprend mal, c'est au
ministre ou à ses fonctionnaires de m'expliquer les pouvoirs qu'ils
veulent avoir dans l'article 32 et qui n'existent pas actuellement. C'est
tout.
M. Garon: C'est un pouvoir spécifique sur la constitution
d'une banque de terres en vue de disposer des terres ou de les louer pour des
fins de relève, d'agrandissement, de consolidation de fermes familiales,
d'exploitation de terres agricoles non utilisées ou
sous-utilisées, de remise en valeur. Je vais vous dire une chose:
À moins qu'on ne soit tous malades et qu'il n'y ait que vous qui ayez
raison... Dans le temps, les libéraux avaient étudié la
possibilité d'une banque de terres. Ils n'ont pas présenté
de loi mais ils avaient la possibilité. Ils y avaient pensé
à faire une loi. Je ne sais pas où vous prenez vos affaires,
mais...
M. Russell: Je prends simplement les textes que le ministre m'a
remis. Je regarde les pouvoirs qui existent actuellement.
M. Garon: Je comprends.
M. Russell: Je pense bien que ce serait à lui, lorsqu'il
demande des pouvoirs additionnels...
M. Garon: Je vais vous poser une question.
M. Russell: Ce n'est pas à moi à répondre
aux questions, c'est au ministre à répondre aux questions.
M. Garon: En vertu des programmes généraux, est-ce
que j'aurais le droit de faire un programme d'assurance-stabilisation des
revenus sans la Loi sur l'assurance-stabilisation? J'ai le droit de faire des
programmes dans tous les domaines.
M. Russell: Est-ce que je pourrais vous poser une autre
question?
M. Garon: Est-ce que j'aurais le droit de faire
l'assurance-stabilisation?
M. Russell: Suivant l'article 32, aviez-vous le pouvoir de le
faire?
M. Garon: Sans une loi spécifique là-dessus...
M. Russell: Avec l'article 32, avez-vous le pouvoir de le
faire?
M. Giasson: Vous auriez pu, M. le ministre, mais vous auriez eu
des problèmes à un moment donné, parce que votre programme
d'assurance-stabilisation nécessite des deniers publics pour combler les
deux tiers de la constitution de la caisse. Et par un pouvoir
général, vous auriez eu des difficultés à aller
chercher des deniers publics dans le fonds consolidé du revenu.
M. Garon: J'aurais eu des problèmes...
M. Giasson: Vous auriez pu bâtir un programme de
stabilisation et vous auriez accroché, à un moment donné,
sur des situations qui vous auraient amené à proposer une loi
spéciale pour un programme de stabilisation des revenus.
M. Garon: Théoriquement, on aurait peut-être pu
faire la protection du territoire agricole aussi par le pouvoir de faire des
programmes.
M. Giasson: Non.
M. Garon: Non, mais théoriquement, dire on va s'attacher
à cela...
M. Giasson: Vous n'auriez pas eu l'équivalence de la loi
90, si vous aviez fait cela.
M. Garon: Non. Il faudrait dire aussi que ce ne sont pas des lois
théoriques, ce sont des lois opérationnelles. Je pense que
c'était nécessaire de procéder comme cela sur le plan
opérationnel.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que l'article 32 sera
adopté?
M. Russell: Non, j'attends une réponse. Le ministre me
pose une question, mais je lui en ai posé une autre. La question qu'il
me pose: Est-ce qu'il aurait le pouvoir de faire exactement ce qu'il demande de
faire selon la loi générale? Est-ce que l'article 32 lui donne le
pouvoir de le faire, tel qu'il existe actuellement? C'est sa question, et la
mienne. Qu'il y réponde! S'il a le droit, selon l'article 32, je
pourrais dire que c'est peut-être nécessaire.
M. Garon: Tout à l'heure, je vous ai répondu. On va
tourner en rond, je vais vous dire les mêmes choses.
M. Russell: On a actuellement une loi générale qui
existe, on a une réglementation qui est assez claire, que tout le monde
connaît ou devrait connaître. Je suis certain que le ministre la
connaît bien, et ses fonctionnaires aussi. On nous demande un pouvoir
parallèle. Il me semble qu'il est bien raisonnable de demander au
ministre les raisons qui motivent cette demande de pouvoirs additionnels, de
ces pouvoirs parallèles. Jusqu'à maintenant, je ne comprends pas
qu'il m'ait donné une réponse qui soit autre chose que de me dire
exactement que c'est un pouvoir parallèle. Il ne me justifie pas que le
pouvoir qu'il avait avant n'a pas été suffisant, n'a pas servi
à des fins qui pourraient être semblables à
celles-là. On m'a
parlé de pouvoir de financement, etc., des administrateurs. Ce
sont les articles suivants. (11 heures)
M. Garon: En droit, ce serait une question d'opinion. Je pense
qu'on n'avait pas ce qu'il fallait pour faire marcher une banque de terres en
vertu des pouvoirs existants du ministère. Il y en a qui peuvent vous
dire qu'on les avait, mais ça aurait été un programme
handicapé qui aurait marché clopin-clopant. Je pense que
c'était important, sur le plan législatif, sur le plan juridique,
sur le plan opérationnel, sur le plan des structures financières,
sur le plan des rapports avec le fonds consolidé et le Conseil du
trésor, d'avoir cette loi. Surtout sur le plan des principes, d'avoir
une loi spécifique concernant un problème aussi important que
celui-là. En tout cas, c'est mon opinion; vous pouvez mettre ça
en doute, mais je pense qu'en vertu du pouvoir général de faire
des programmes au ministère de l'Agriculture on ne pouvait pas
créer une banque de terres.
M. Russell: J'aimerais que le ministre puisse m'expliquer ce
qu'il entend par une banque de terres, si c'est autre chose que des terrains
qu'on achète pour fins de location ou de revente; à mon avis,
c'est ça une banque de terres.
M. Garon: Oui, mais ce que je ne comprends pas dans votre
affaire, c'est qu'il y a un an que la loi est déposée; chaque
fois que l'Union Nationale en a parlé, elle en a parlé comme si
j'étais un Lénine qui venait de créer le pouvoir
d'accaparer tout le Québec et, là, d'un coup sec... Je ne
comprends pas, il devrait y avoir une certaine constance dans votre affaire, je
comprends que vous passez de l'Union Nationale au Parti conservateur; ça
"swing" pas mal...
M. Giasson: Une période difficile.
M. Garon: ... mais, pendant un an, vous avez dit que
j'étais le diable en personne, Lucifer; parfois je me regardais dans le
miroir et j'avais peur de me voir pousser des cornes tellement je vous en
entendais parler. Le député de Johnson avait des termes d'une
violence inouïe; alors je me disais: Péché, il me semble que
ce qu'on veut avoir, ce qu'on veut mettre en place n'est pas si pire.
Là, d'un coup sec vous dites: C'est insignifiant, vous auriez pu faire
ça dans un petit programme du ministère, vous n'aviez pas besoin
d'une loi. Je ne comprends pas.
Quand dites-vous la vérité? Quand vous dites que c'est
terrible ou quand vous dites que ce n'est rien?
M. Russell: M. le Président, si je dois répondre au
ministre sur les termes de l'Union Nationale et du Parti conservateur, je pense
bien qu'on va avoir de la difficulté à rattacher ça
à l'article 32, mais je pense que, en toute justice ou en toute
franchise, j'aurais droit à une explication du ministre.
M. Garon: Mais je l'ai dit, je ne peux pas...
M. Russell: Une explication en ce qui concerne l'article 32 et ce
qui diffère des pouvoirs qui existent actuellement. Depuis qu'on en
discute, on a parlé de toute chose, excepté des pouvoirs qui
différaient de l'article 32. S'il a déjà ces pouvoirs, je
lui demande pourquoi il veut avoir cet article, si ce n'est autre chose que
d'ajouter les règlements qu'on n'a pas actuellement. Si c'était
ça, je pourrais dire: Au moins, si vous ne déposez pas les
règlements, voulez-vous nous expliquer l'élément que vous
voulez apporter pour améliorer la situation actuelle? Vous pourriez nous
dire que dans l'histoire...
M. Garon: Pourquoi pensez-vous...
M. Russell: ... de l'agriculture passée, suivant la loi
existante, il y a telle ou telle chose que vous n'avez pu faire.
M. Garon: Je vais vous dire une chose; si vous lisez le premier
paragraphe de l'article 32 comme il faut, vous remarquerez qu'on commence en
donnant des termes: "Sans restreindre les pouvoirs accordés au ministre
en vertu de la section VI parce que les légistes sont très
conscients qu'en mettant ça on met un cadre défini à la
banque de terres. C'est-à-dire que quand on va agir dans une question de
banque de terres, d'achat et de vente de terres, on va agir dans un cadre
précis. Ils ont même senti le besoin de le mettre, sans
restreindre les pouvoirs généraux prévus, parce qu'ils
voyaient bien qu'il fallait un cadre précis ce dernier peut
constituer une banque de terres arables en vue de disposer de ces terres ou de
les louer pour favoriser la relève en agriculture, l'agrandissement ou
la consolidation de fermes de type familial et l'exploitation de terres arables
non utilisées ou sous-utilisées." Cela donne le cadre
précis. L'article 32 ajoute ce que le ministre peut faire à ces
fins; il peut acheter des immeubles aux conditions fixées dans le
règlement ça va être le prix du marché
il peut faire exécuter les travaux d'entretien, d'aménagement et
de mise en valeur ou...
M. Russell: Cela existe. M. Garon: Où?
M. Russell: Dans la loi générale.
M. Garon: Cela n'existe pas d'une façon
systématique. Donnez-moi des exemples où le ministère de
l'Agriculture agit de façon systématique dans la mise en valeur
des terres, tel que c'est indiqué là: "2 faire exécuter ou
exécuter lui-même sur un tel immeuble des travaux d'entretien,
d'aménagement et de mise en valeur. "3. louer, vendre ou autrement
aliéner à titre onéreux un tel immeuble, aux prix et
conditions fixés..." De les vendre.
"4. conclure des accords avec tout gouvernement..."
Ce sont des moyens qu'ils vont pouvoir prendre pour faire ça.
L'article 32 trace surtout le cadre au niveau des principes. Qu'est-ce qu'on
vise par cette loi-là dans le premier paragraphe? Je pense que c'est
ça le but de l'article 32. Il dit, pour le reste, quels moyens on va
pouvoir prendre.
M. Russell: Pour conclure des accords avec le gouvernement, vous
avez d'autres organismes...
M. Garon: C'est évident qu'on n'avait pas besoin de dire
qu'on pouvait conclure des accords avec le gouvernement.
Vous avez donc, à l'article 32, premier paragraphe, les
principes. Ensuite, vous verrez, on va parler de l'organisme à l'article
33. Ensuite, on va parler des dispositions financières. C'est un
ensemble, on crée une section pour la constitution d'une banque de
terres arables. Normalement, après un certain temps, après
quelques années de fonctionnement dans mon esprit en tout cas, je
ne suis pas éternel, mais... tout ce qu'il y a de terres arables
au ministère, éparpillées un peu partout, et qui ont une
vocation agricole, c'est là que ça devrait se retrouver. La
gestion devrait se faire à ce niveau-là par l'Office du
crédit agricole.
Vous avez d'un côté l'Office du crédit agricole qui
fait du crédit et ensuite les activités de la banque de terres
arables. On se trouve à avoir unifié dans un seul endroit les
opérations foncières agricoles, de la même façon
qu'on va regrouper en un seul endroit et ce sera une autre loi
toutes les opérations d'assurance d'un même organisme.
On peut diviser tout ça mais ça fait un fouillis. Je
regardais, par exemple, une réforme administrative que l'Office du
crédit agricole a mise en place dans la moitié du territoire
québécois. Au lieu d'avoir un dossier par loi, il y a le dossier
unique de l'agriculteur. Sur le plan administratif, ça a diminué
les délais par dix. Pourquoi? Parce qu'au lieu d'avoir des petits bouts
là, des petits bouts là, des petits bouts là, on a
décidé de tout regrouper à un moment donné. C'est
plus facile à faire fonctionner. C'est un peu la même chose qu'on
essaie de faire, c'est-à-dire de regrouper. Mais comme...
M. Russell: II faudrait refondre la Loi du ministère de
l'Agriculture.
M. Garon: Non, pas refondre la Loi du ministère de
l'Agriculture, mais vous avez des petits bouts dans d'autres lois. Vous avez la
Loi des terres de colonisation, il y a d'autres choses qui ne sont pas des
lois, il y a des parcelles... À ce moment-là, on va faire un
regroupement de tout ça, faire le ménage dans ça et
n'avoir qu'un endroit. Avec ça on va pouvoir fonctionner et faire
quelque chose plus rapidement. C'est le but de l'affaire, cela a un
caractère de permanence.
Une banque de terres faite par législation et un petit programme
temporaire, ce n'est pas la même affaire du tout.
M. Russell: Quand on parle de louer une terre, suivant l'article
32, est-ce que vous pouvez louer sans que le locataire ait une option
d'achat?
M. Garon: Oui.
M. Russell: Pourquoi ne mettrait-on pas dans la location une
option d'achat automatique?
M. Garon: Parce que certains n'en voudront pas.
M. Russell: Sans être obligé de l'exercer? M.
Garon: Oui, mais...
M. Russell: Mais ça peut être l'inverse. Le gars
peut la louer, l'exploiter durant quatre ans et le gouvernement peut refuser de
la lui vendre.
M. Garon: Oui, mais le but...
M. Russell: S'il y avait une option d'achat, ça
protégerait le locateur et ça n'enlèverait rien au
gouvernement. Je serais d'accord qu'on mette au moins ça à cet
article. On pourrait mettre, après le mot "louer", suivant une
option...
M. Garon: On ne peut pas... Si on met que toutes les locations
seront avec option d'achat, certains n'ont pas besoin d'option d'achat, n'en
veulent pas.
M. Russell: Oui, mais on n'est pas obligé de
l'exercer.
M. Giasson: C'est ça.
M. Russell: L'idée d'une option d'achat c'est que
ça protège simplement celui qui loue, qui va faire des
améliorations sur une ferme. S'il arrive un conflit de
personnalités comme ça se produit de temps en temps je
n'accuse pas, mais ça peut se produire que le gars dise: Je veux
acheter, mais que l'autre dise: Je ne te vends pas, il n'est pas obligé
de lui vendre. Mais s'il y a une option d'achat, il est protégé.
Si le locataire ne veut pas l'acheter, il n'est pas obligé de le
faire.
Si le ministre veut bien relire son article, à la
troisième ligne: "... ou de les louer pour favoriser..." S'il veut
"favoriser", il pourrait mettre une option d'achat. Il pourrait dire: louer
avec option d'achat.
M. le Président, j'en ferais un amendement. Si on veut
réellement insister sur cet article... Je pensais d'abord faire enlever
complètement l'article, mais je vois la justification de l'article.
M. Garon: C'est parce qu'on ne peut pas faire ça. Il faut
avoir un pouvoir général à ce point de vue-là. Il
peut y avoir un bail ordinaire. Dans certains cas, cela va être la
location d'une terre qui ne peut pas être autre chose que louée.
Dans certains cas, cela va être un bail emphytéotique. Admettons
qu'on fasse une entente avec le fédéral sur Mirabel. Je ne peux
pas présumer de l'entente,
mais on pourrait dire: Ce terrain pourra revenir à l'aviation si
on en a besoin plus tard. On pourra faire un bail emphytéotique, mais on
ne pourra pas faire une vente de la même façon. Il peut y avoir
des possibilités; dans certains cas, cela peut être un bail
ordinaire; dans certains cas, cela pourrait être un bail
emphytéotique; dans certains cas, cela pourrait être un bail avec
option d'achat; dans certains cas, cela va être une vente. Mais, dans la
loi, on est mieux de laisser cela comme cela pour permettre les
différentes possibilités.
M. Russell: Je ne vois pas que ce soit un désavantage
tellement pour le locataire excepté, si le ministre veut créer
une banque... Je m'explique. Je ne prête pas d'intention au ministre,
j'essaie de penser à ce qui pourrait arriver. Si le ministre crée
une banque qui demeurera toujours la propriété de la couronne,
sans l'intention de jamais la vendre, il pourrait louer et dire: II n'y a pas
d'option d'achat. Si c'est son intention, d'accord, la loi telle qu'elle est
là est correcte. Mais si, comme il l'a expliqué en Chambre en
deuxième lecture, il ne veut même pas être
propriétaire d'un terrain ou acheter un terrain sans qu'il y ait un
acheteur ou quelqu'un qui veut le louer, à ce moment-là,
étant donné qu'on sait que, dans dix ans, quinze ans ou vingt
ans, on améliore toujours une ferme et qu'elle peut doubler de valeur,
le propriétaire, celui qui l'a cultivée pendant dix ou quinze ans
aura le privilège de l'acheter. Ce n'est pas une obligation; c'est le
privilège de l'acheter.
M. Garon: II y a des cas où cela va être
possible.
M. Russell: Je comprends que Mirabel est une chose
différente. On pourrait le prévoir dans un règlement.
M. Garon: Je vais vous donner un exemple. Dans des cas, cela va
être possible; dans des cas, cela va être impossible d'avoir une
option d'achat. Supposons des parcelles de terres du ministère des
Transports. Le ministère des Transports prévoit un endroit
où il peut y avoir éventuellement un élargissement dans
dix ans, dans quinze, dans vingt ans. On peut le revendre normalement. On dit:
Si vous nous permettez de le louer, on va le louer, mais il n'y aura pas
d'option d'achat. Il va y avoir des cas où il ne pourra pas y avoir
d'option d'achat. C'est pour cela qu'il faut se garder le pouvoir de louer sans
option d'achat, mais le but, ce ne sera pas de garder des terres; cela va
être de les revendre. Il y a des cas où ce ne pourra pas
être autrement qu'un bail ordinaire.
M. Russell: M. le Président, je pourrais en faire un
amendement. On pourra le rejeter si on veut. Je vais en faire un
amendement.
M. Giasson: Est-ce que le député de
Brome-Missisquoi me permettrait une remarque?
M. Russell: Oui.
M. Giasson: Si le but est d'inclure dans le bail de location une
option d'achat dont pourrait se prévaloir le locataire, est-ce que le
député de Brome-Missisquoi ne serait pas d'accord que son
amendement cadrerait mieux lorsqu'on sera à l'article 36,
troisième alinéa, où on parle des "conditions que devront
comporter les actes d'acquisition ou d'aliénation et les baux"?
M. Russell: II faudrait changer l'article au complet. Je n'aurais
pas d'objection, mais il faudrait changer l'article au complet. Si on relit
ceci c'est une remarque que je fais là-dessus en plus de
cela, on parle de "favoriser la relève en agriculture, l'agrandissement
ou la consolidation de fermes de type familial ça pourrait
être une virgule et l'exploitation des terres arables non
utilisées ou sous-utilisées". Cela veut dire que l'exploitation
de terres arables non utilisées ou sous-utilisées pourrait
être faite pour d'autres fins que des types familiaux. Je rejoins ma
première pensée. Si le ministre n'a pas l'intention de ramasser
un paquet de fermes pour louer et faire travailler des gens à salaire
là-dessus, on pourrait peut-être modifier l'article d'une autre
façon. Il pourrait se lire comme ceci, à partir de favoriser:
"l'exploitation des terres arables non utilisées ou
sous-utilisées en vue de permettre la relève en agriculture et
l'agrandissement ou la consolidation de fermes de type familial." À ce
moment-là, cela voudrait dire que le gouvernement ne pourrait pas avoir
des fermes qu'il exploiterait lui-même et avoir des employés
là-dessus ou quoi que ce soit. Ce serait toujours pour fins de location
ou de revente. Si on le laisse tel qu'il est là, le ministre a le
pouvoir, s'il le veut, d'avoir des fermes, de les exploiter lui-même et
de les faire exploiter par des gens sous contrat, s'il le veut. Tandis que, de
l'autre façon, il n'a pas le droit de le faire. Si c'est son intention,
l'article doit rester tel qu'il est là. Si ce n'est pas là son
intention, je ferais un amendement dans ce sens. Le ministre pourrait nous dire
quelle est son intention.
M. Garon: Je regarde le projet de règlement que j'ai ici.
Evidemment, c'est un brouillon, il y a des bouts écrits à la
main. On dit: "Lorsque le bail est consenti à un agriculteur, à
un exploitant agricole, à un aspirant agriculteur ou à une
exploitation de groupe en vue d'agrandir sa ferme pour la rendre rentable ou en
accroître la rentabilité ou de l'établir dans une ferme
rentable, le bail pourra être emphytéotique ou ordinaire et
comporter une option d'achat." (11 h 15)
Mais il y a des cas où il ne pourra pas y avoir une option
d'achat. L'idée sera d'avoir plus généralement une option
d'achat. Alors, c'est pour cela, c'est pour permettre des locations sans option
d'achat.
M. Russell: Je n'aurais pas...
Le Président (M. Laberge): Je ne voudrais pas être
procédurier...
M. Russell: Ou mesquin.
Le Président (M. Laberge): ... ou mesquin, vous avez eu
une conversation très intéressante, vous et le ministre, mais
elle a duré 50 minutes jusqu'à maintenant. Si on divise le temps
en deux, vous avez...
M. Russell: M. le Président, je pense que c'est important;
c'est le coeur de la loi.
Le Président (M. Laberge): C'est pour cela que j'ai
été tolérant.
M. Russell: Dans ce cas, je vais conclure on pourra
réexaminer tout à l'heure la question de la possibilité de
louer avec option d'achat tout simplement en proposant un amendement au
ministre qui se lirait comme ceci: d'ajouter après le mot "favoriser",
"l'exploitation des terres arables non utilisées ou
sous-utilisées, en vue de permettre la relève en agriculture et
l'agrandissement ou la consolidation de fermes de type familial". J'en fais une
motion d'amendement.
M. Giasson: Quels sont les mots que vous ajoutez exactement?
M. Russell: Je change la phrase simplement pour que le ministre
ou le gouvernement ne puisse pas avoir certaines fermes qu'il exploiterait
lui-même ou ferait exploiter à contrat. En laissant l'article tel
qu'il est écrit actuellement, après la dernière ligne: "ou
l'exploitation des terres arables non utilisées ou
sous-utilisées", cela peut permettre au gouvernement d'exploiter
lui-même ces fermes. Tandis que de la façon dont je le modifie,
cela veut dire que cela concernera toujours des fermes de type familial ou
l'exploitation...
M. Garon: ... des stations de recherche...
Le Président (M. Laberge): L'amendement proposé par
le député de Brome-Missisquoi se lit comme suit: "Que le premier
alinéa de l'article 32 soit modifié en remplaçant tous les
mots après le mot "favoriser", à la quatrième ligne, par
les mots suivants: "l'exploitation des terres arables non utilisées ou
sous-utilisées, en vue de permettre la relève en agriculture et
l'agrandissement ou la consolidation de fermes de type familial"; ce qui
signifie que le dernier membre de phrase a été replacé
auparavant dans... cela en change un peu le sens, comme vous avez dit
aussi.
M. Russell: Cela en change le sens, exactement. Le ministre ne
pourra pas avoir des terrains pour exploiter lui-même.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que vous en avez
d'autres copies pour qu'on puisse en faire la distribution au ministre?
M. Russell: Non, j'ai seulement une copie, je m'excuse.
Le Président (M. Laberge): C'est recevable comme tel; le
ministre pourra en disposer.
M. Garon: Cela ne se passe pas de cette façon dans la
réalité. La réalité est beaucoup plus mouvante que
cela. Je vais vous donner un exemple concret. Dans le cadre du
réaménagement foncier dans l'Abitibi, il est arrivé, dans
une région, qu'une vingtaine de fermes, l'une à côté
de l'autre, ont été acquises par l'Office du crédit
agricole.
M. Giasson: En vertu des lois hypothécaires.
M. Garon: Non, dans le cadre des vendeurs, dans le cadre du
programme. On se retrouve avec ces 20 terres, il n'y a pas d'acquéreur.
Par ailleurs, 20 fermes, cela faisait 2200 acres et à peu près
1000 acres en culture. Plutôt que cela ne serve à rien, ce qu'on a
fait, on les a remises en valeur, ces 1000 acres. On a mis des clôtures
même. Il n'y avait pas d'acquéreur.
M. Russell: Pas de locataire.
M. Giasson: Est-ce que vous avez loué ces fermes au moment
où il n'y avait pas d'acquéreur?
M. Garon: On a engagé des gens, on a engagé des
cultivateurs, pour tout mettre en valeur, les amendements, tout ce qu'il
fallait pour que ce soit vraiment en valeur. Mais il n'y avait personne pour
les acquérir. C'est pour cela qu'on les a remises en valeur. Ce qu'on a
fait, c'est une entente avec les agriculteurs, pour que cela serve de
pâturage communautaire. On les a améliorées avant. Il y a
un bail où les agriculteurs ont payé une location pour utiliser
ce pâturage. Si on avait adopté une chose disant qu'on n'a pas le
droit de louer, qu'il faut louer avec option d'achat, mais ils ne sont pas
acheteurs... Tout ce que cela faisait, c'est qu'on se retrouvait avec des
terres et les gens étaient partis. Ils partaient de toute façon.
Dans le cadre du réaménagement foncier, on se retrouvait avec les
terres. Là, on les a remises en valeur. Ce sont des terres qui servent
à l'élevage du boeuf, qui sont utilisées comme
pâturage.
M. Russell: Le ministre pourra, avec cet amendement, faire
exactement cela, à la condition qu'il la loue à nouveau pour
l'exploitation. L'article est bien clair: L'exploitation des terres arables non
utilisées ou sous-utilisées, en vue de permettre la relève
agricole et l'agrandissement ou la consolidation de la ferme de type
familial.
M. Garon: Oh! non, cela ne permettra pas cela.
M. Russell: Oui, cela devient un agrandissement.
M. Garon: En vue de permettre la relève et
l'agrandissement ou la consolidation d'une ferme familiale. En fait, il n'y a
aucune de ces trois choses.
M. Russell: Oui, vous l'avez louée. Vous l'avez
améliorée, mais vous l'avez louée.
M. Garon: On a loué cela à plusieurs cultivateurs.
C'est un groupe de cultivateurs qui envoient leurs animaux là, tous
ensemble. Cela ne consolide pas les fermes familiales, cela n'agrandit pas les
fermes familiales. C'est un pâturage communautaire.
M. Russell: Certainement, c'est en vue de l'agrandissement.
M. Giasson: Cela peut consolider les revenus de certaines fermes
familiales...
M. Russell: C'est le contraire qu'on ne veut pas qui arrive, M.
le Président.
M. Garon: Quel contraire?
M. Russell: Je ne voudrais pas que le gouvernement se mette
à devenir cultivateur et avoir des employés à salaire.
M. Garon: Je ne comprends pas pourquoi vous avez ces craintes.
Non seulement cela, mais... Mes conseillers me disent qu'en plus on pourrait
acquérir uniquement des terres non utilisées ou
sous-utilisées...
M. Giasson: C'est cela, cela limite beaucoup les capacités
d'acquisition.
M. Garon: Cela limiterait l'acquisition des terres pour la banque
de terres. Vous avez l'appréhension que le gouvernement acquière
des terres pour faire de l'agriculture lui-même; ce serait le cultivateur
le moins efficace qu'il y aurait.
M. Giasson: Cela a été prouvé en Russie.
M. Garon: Ce serait l'agriculture le moins efficace. On va faire
un réseau de fermes modèles. Et pour que ce soit vraiment bon, on
ne fera pas cela sur des fermes gouvernementales, on va faire cela sur des
fermes privées, avec des recettes à suivre sur des
méthodes d'alimentation animale différentes. On va demander aux
cultivateurs s'ils veulent les suivre. Il va y avoir un dédommagement,
mais cela va être l'agriculteur qui va administrer cela, exactement comme
sa ferme.
Pourquoi? Parce que souvent les agriculteurs ne croient pas aux fermes
du gouvernement. Ils disent: On sait bien, vous autres, vous êtes
connectés sur le trésor. Moi, je ne suis pas connecté sur
le trésor. Si on fait administrer une ferme avec des méthodes
d'alimentation animale, comme c'est dans la réalité, par un
cultivateur lui-même, si cela marche c'est pour cela qu'il va y
avoir un dédommagement aux cultivateurs les autres viennent voir
et ils vont voir que c'est un gars qui le fait lui-même sur sa ferme. Les
gens y croient. Mais si c'est fait par le gouvernement, sur des fermes du
gouvernement, ils n'y croient pas.
Ils disent: On sait bien, vous avez des fonctionnaires à temps
plein, vous avez des tracteurs, vous pouvez en avoir trois ou quatre, quand je
ne peux en avoir qu'un.
Moi, je ne le sais pas, mais je ne vois pas, dans aucun des partis
présents, quelqu'un qui a la volonté de faire des fermes du
gouvernement. C'est cela qui est le plus difficile à faire, à la
place des cultivateurs. Cela ne serait pas rentable.
M. Russell: M. le Président, si j'ai fait cet amendement,
c'est que j'ai lu l'exposé du ministre lors de son discours je ne
sais pas si j'ai les notes de son exposé tel qu'il le dit
lui-même, cet article lui permettrait de faire cela.
M. Garon: De faire quoi?
M. Russell: D'acheter des fermes pour les louer, pour les
revendre, pour les agrandir, pour la consolidation et l'exploitation de terres
arables non utilisées et sous-utilisées. Cela lui permettrait
tous ces pouvoirs-là. À moins qu'il ne veuille devenir
cultivateur lui-même; il n'en aurait pas le droit suivant l'amendement.
L'article se lirait: "Sans restreindre les pouvoirs accordés au ministre
en vertu de la section VI, ce dernier peut constituer une banque de terres
arables en vue de disposer de ces terres ou de les louer pour favoriser
l'exploitation des terres arables non utilisées ou sous-utilisées
en vue de permettre la relève en agriculture et l'agrandissement ou la
consolidation de fermes de type familial." Ce sont les pouvoirs que le ministre
réclamait lorsqu'il a fait son exposé en deuxième lecture.
C'est exactement ce qu'il voulait faire. Cela lui donne tous les pouvoirs.
M. Garon: Je ne pense pas.
M. Giasson: Cela ne donne pas le pouvoir au ministre,
nécessairement, de remettre en valeur des terres non utilisées ou
sous-utilisées, si le ministère n'a pas de locateur ou de gens
qui veulent les louer ou les acheter. À ce compte-là, le
ministère, pour les remettre en valeur, devra, pour utiliser le terme du
député de Brome-Missisquoi, devenir agriculteur lui-même.
S'il n'y a pas de gens qui veulent les louer ou les acheter et qui doivent les
remettre en valeur, il n'y aura pas d'autre moyen ou d'autre choix pour le
ministère que de devenir lui-même agriculteur.
M. Russell: C'est exactement ce qu'on veut.
M. Giasson: Vous voulez dire que le ministère devienne
agriculteur?
M. Russell: Non, c'est justement ce qu'on veut éviter.
M. Garon: Je pense qu'il n'y a personne qui veut faire cela au
Québec vraiment, que le ministère devienne agriculteur.
Le Président (M. Laberge): La motion est sur la table.
Elle a été reçue. Voulez-vous en disposer ou y a-t-il
d'autres commentaires? M. le député de...
M. Giasson: Montmagny-L'Islet.
Le Président (M. Laberge): ... Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, sans doute que dans l'esprit
du proposeur l'amendement déposé par le député de
Brome-Missisquoi aurait comme fin de permettre une meilleure utilisation de
terres qui sont mal utilisées ou sous-utilisées
présentement. Mon avis là-dessus, c'est que ce n'est pas par une
telle disposition dans la loi qu'on va vraiment obliger les
propriétaires de terres au Québec qui ne les utilisent pas ou qui
les utilisent mal à remettre ce sol en production et à lui donner
une meilleure productivité.
Je sais, comme le député de Brome-Missisquoi, que le
ministre a souvent fait état du besoin qu'on a au Québec de
remettre en valeur d'énormes quantités de terres qui sont
détenues par ce que le ministre appelle des spéculateurs, qui
sont détenues également par des gens qui n'ont aucun but de
spéculation. Dans ma région, il y a des gens qui ne sont pas
agriculteurs, qui sont des professionnels, qui sont des enseignants, des
professeurs d'université, de CEGEP, qui ont acheté des terres
complètes sans aucune intention de spéculation. Ils voulaient
tout simplement posséder une résidence à la campagne avec
un petit domaine. L'objectif poursuivi n'avait pas de fins spéculatives.
Il y en a joliment au Québec. Cela s'est développé depuis
dix ans, entre autres, à un rythme accéléré. Ce
n'est pas par un tel amendement soumis par le député de
Brome-Missisquoi que le ministre pourra obliger ces gens à exploiter les
fermes, à les remettre en production selon les régions avec des
productions ou des élevages spécialisés.
À mon avis, ce serait uniquement par des mesures fiscales qu'on
pourrait inciter les gens. Même pas de la fiscalité positive; ce
que j'appellerais de la fiscalité négative. Il y aurait
peut-être des possibilités par une fiscalité positive,
c'est-à-dire en créant des programmes d'aide additionnelle
à l'endroit des personnes qui possèdent des fermes non
exploitées, mais cela sera encore aux dépens de l'ensemble des
contribuables du Québec. La meilleure incitation, d'après moi,
pour obliger les gens sans qu'il en coûte trop au trésor public,
serait d'y aller par une fiscalité que j'appellerais négative,
c'est-à-dire une taxe additionnelle, une taxe particulière et
spéciale qui obligerait ce propriétaire, s'il voulait vraiment
conserver le petit domaine qu'il a acquis sans but spéculatif, à
le remettre en valeur ou à s'en départir. (11 h 30)
II aurait deux choix. Pour ne pas subir cette taxation que je qualifie
de négative, il aurait à choisir entre vraiment remettre en
productivité le sol qu'il possède ou accepter l'obligation qui
est sienne de le revendre, de le mettre en vente, soit par l'entreprise libre,
par des acheteurs privés qui acceptent une négociation de
gré à gré ou, si cette hypothèse n'existe pas, il y
aurait l'autre option, celle d'offrir au gouvernement, c'est-à-dire
à l'Office du crédit agricole qui est l'organisme
désigné pour constituer la banque de terres, de s'en porter
acquéreur. Je ne crois pas que la remise en valeur des terres
possédées par les Québécois ou par des
non-résidents va se régler de façon définitive
à partir des dispositions proposées par le député
de Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, je ne veux pas induire le
député de Montmagny-L'Islet en erreur. Ce n'est nullement mon
intention de prétendre qu'on va pouvoir acheter ces fermes pour les
mettre en utilisation. Je sais ce qu'il veut dire, c'est que, si quelqu'un qui
a acheté une ferme, pas pour de la spéculation, mais ne la
cultive pas, pour la remettre en valeur, il y a seulement une façon.
S'il veut la vendre volontairement, on peut l'acheter pour la remettre en
valeur. Cela permettrait au gouvernement de le faire, à condition qu'il
y ait un locataire ou un acheteur; autrement, il ne peut pas le faire.
Actuellement, c'est évident que la seule façon de remettre
beaucoup de ces terres en valeur, même dans la région de
Montréal là où il y a des spéculateurs qui ont
acheté des fermes, qui sont zonées agricoles et qui ne pourront
être utilisées pour d'autres fins qu'agricoles, c'est par les fins
de la taxation. J'ai toujours été de ceux qui ont prétendu
que la partie qui est en agriculture ne devrait jamais être taxée,
pourvu qu'elle soit exploitée. Les bâtisses pourraient être
taxées; les terrains qui ne sont pas exploités pour fins
agricoles pourraient être taxés par la taxe foncière. Mais
la partie qui est en agriculture n'étant pas taxée, cela va
forcer ces gens à les mettre en production. Ce serait une façon
indirecte d'en faire des cultivateurs ou de louer ces fermes.
Cet amendement est fait dans un seul but, c'est d'éviter que le
gouvernement ne devienne lui-même un exploiteur de fermes, dans ce sens
du mot. Si on ne fait pas cet amendement, cela veut dire que le gouvernement
veut ou a l'intention d'avoir des terres et de les exploiter lui-même.
C'est ce que je veux éviter. C'était là ma
prétention. Je pense que cet amendement évite ceci et cela donne
toute la liberté au gouvernement d'agir dans le sens que l'a
indiqué le ministre, lorsqu'il a fait son exposé en Chambre. Je
pourrais citer ses propres paroles qui ne seraient pas modifiées en
acceptant cet amendement. C'est tout ce que j'avais à dire.
M. Mathieu: M. le Président, j'aurais une question
à poser au député de Brome-Missisquoi. Quand vous dites
que vous voulez que le gouvernement n'exploite pas les fermes, est-ce que cela
s'applique également aux organismes du gouvernement comme l'Office du
crédit agricole?
M. Russell: Quand je parle d'exploiter une ferme, je veux dire
que je ne veux pas qu'il devienne un cultivateur. Qu'il loue, je n'ai pas
d'objection; qu'il soit propriétaire d'une ferme, il peut la
louer ou la revendre, je n'ai pas d'objection, mais qu'il ne l'exploite
pas.
M. Mathieu: Quand vous dites "eux autres", est-ce que cela
s'applique à un organisme comme l'Office du crédit agricole, par
exemple?
M. Russell: C'est évident. L'application de cette loi va
être remise à un organisme. Ce n'est pas le gouvernement qui va
l'exploiter; c'est un organisme du gouvernement.
M. Garon: Non. L'organisme va administrer la loi.
M. Russell: Oui, mais administrer la loi, c'est la même
chose.
M. Garon: Regardez les pouvoirs dans l'article 32, ce n'est
écrit nulle part que le ministre va exploiter ou que le ministère
va exploiter. Le ministre peut acquérir un immeuble et faire faire les
travaux d'aménagement, d'entretien et de mise en valeur et, après
cela, le louer, le vendre ou autrement l'aliéner à titre
onéreux. C'est ce qui est prévu dans la loi. Il n'est pas
prévu autre chose.
M. Russell: Non. Vous avez un article plus loin qui dit que c'est
un organisme qui va faire appliquer la loi. C'est l'organisme qui va faire les
achats.
M. Garon: C'est l'organisme qui va acheter et qui va revendre,
qui va louer.
M. Russell: Oui. C'est lui, s'il y a de l'exploitation agricole
qui se fait, je dis le gouvernement, mais c'est son organisme qui pourra faire
de l'exploitation agricole. Je veux aussi arrêter cela, pour que l'Office
du crédit agricole ne devienne pas un cultivateur.
M. Garon: II n'y a aucun danger là-dedans!
M. Russell: S'il n'y a pas de danger, mon amendement permet tout
à part cela.
M. Garon: Tantôt, il a été mentionné,
avec raison, que c'est la fiscalité qui va aider l'abandon des terres
par des gens qui ne sont pas des agriculteurs, mais elle ne pourra pas faire
tout cela en même temps, parce qu'un marché, c'est sensible. Si on
avait adopté la protection des territoires agricoles, la loi des
non-résidents et les mesures fiscales toutes en même temps, cela
aurait peut-être pu faire des hauts et des bas dans le marché.
C'est pour cela qu'on a commencé d'abord par la protection du
territoire.
M. Giasson: Si cela fait des hauts et des bas, M. le ministre, ce
sont les agriculteurs authentiques qui vont en profiter.
M. Garon: Je ne suis pas convaincu. Il peut arriver aussi que ce
soient des gens de 60 ans qui vendent leurs terres, qui ont accumulé une
valeur qui était leur fonds de retraite, et qu'ils doivent vendre. Il
n'y a pas seulement les terres des spéculateurs qui auraient
été vendues bon marché s'il y avait eu une chute des prix,
les terres des cultivateurs aussi. Un marché qui "swing" de haut en bas,
ce n'est jamais bon, il faut qu'il y ait une certaine stabilité. Des
marchés, c'est sensible. Comme pour les prix, ce sont toujours les
transactions à la marge qui font varier les prix, il fallait y aller
avec une certaine délicatesse, c'est pour ça qu'on a
commencé par la protection du territoire agricole. Vous avez
remarqué que des dispositions concernant la fiscalité sont
déjà dans la Loi sur la protection du territoire agricole.
Deuxièmement, concernant les non-résidents, ça
représente quand même 500 000 acres au Québec, en 1975. Les
territoires en spéculation représentaient presque un million
d'acres, 839 000 acres en 1975, c'est-à-dire qu'aujourd'hui c'est
à peu près un million d'acres. Il y en a un paquet qui a
été remis en valeur cette année, mais vous remarquerez,
avec les zones permanentes, dans la Loi sur la protection du territoire
agricole, que ce dont parle le député de Brome-Missisquoi est
déjà prévu, il n'a peut-être pas lu la loi, il ne
s'occupait pas des questions agricoles à ce moment. Mais il est
prévu dans la loi que, lorsqu'une terre va être dans la zone
permanente on est rendu à 90 municipalités qui ont eu leur
zone permanente; d'ici la fin de janvier on devrait être rendu à
environ 300 cela veut dire que, dans les municipalités, quand la
terre va devenir zone permanente, le remboursement fiscal ne sera plus de 40%,
mais de 70%; remboursement à l'agriculteur sur les taxes qu'il a
payées, non seulement sur les taxes, mais sur les services, parce qu'il
y a des municipalités où, comme la fiscalité était
limitée, au point de vue de l'évaluation, à $150 l'acre,
elles étaient limitées également à 1%. Leur
façon d'aller chercher un surplus de revenu était de mettre des
taxes de services. Alors, les remboursements, d'après la Loi sur la
protection du territoire agricole, il est sûr que ça pourrait
aller jusqu'à 2% sur les taxes foncières payées et les
services municipaux.
M. Giasson: Oui, mais les services, c'est fort limité.
M. Garon: Je comprends, mais...
M. Giasson: Vous ne pouviez pas taxer des services à des
agriculteurs si ces services n'étaient pas accordés dans les
rangs.
M. Garon: Non, mais c'est pour...
M. Giasson: S'il n'y avait pas de réseau d'aqueduc et
d'égout, vous ne pouviez pas taxer, au point de vue municipal.
M. Garon: II y avait toutes sortes de charges.
M. Giasson: Peut-être pour quelques fermes situées
près des centres d'habitation desservis par les mêmes services que
le village ou la ville, éclairage de rue, service de police,
réseau d'infrastructure d'aqueduc et d'égout, d'accord, mais
quand vous êtes rendu dans les rangs, M. le ministre, vous ne pouvez pas
taxer les services si vous ne les donnez pas à l'agriculteur.
M. Garon: Oui, mais plusieurs municipalités en avaient
établi au cours des dernières années.
Pourquoi a-t-on mis 70%? Parce que 70%, d'après des études
faites au Québec, l'évaluation d'une ferme, au total, maison,
bâtiments, terres, la partie agricole était de 69% et en prenant
1500 fermes différentes, études faites par le ministère
des Affaires municipales, la partie de la maison, avec un petit terrain autour
de la maison, constituait 31%. On a regardé en même temps le
rapport Blair, produit en Ontario, sur la fiscalité municipale, la
fiscalité agricole, etc., et on a bénéficié de
cette étude, elle a été faite en Ontario, alors on s'est
dit: Elle a été faite, ça ne donne rien de la recommencer,
ce sont les mêmes principes, etc. Le relevé était
là, alors on en est arrivé au principe qu'une terre agricole,
comme c'est l'instrument de travail du cultivateur, ne devrait pas être
taxée.
Alors, on dit: Si la terre et les bâtiments font 69% et que la
maison fait 31%, on a fait un chiffre rond, ça se calculait mieux et on
a dit: On remboursera 70% des impôts fonciers payés par les
agriculteurs qui cultivent. Alors, les 30% qui restent, c'est-à-dire
l'évaluation de sa maison, sont taxés comme pour tous les autres
citoyens. Le cultivateur va payer les taxes sur sa maison comme tout le monde.
Il fallait considérer ça aussi comme un ensemble.
On aurait pu dire ça différemment. On aurait pu dire, par
exemple: La terre n'est pas taxée et la maison est taxée comme
les autres. Mais cela aurait été compliqué aussi parce que
d'après ces études-là on démontre qu'il faut
évaluer la maison, la ferme et les bâtiments ensemble; autrement,
une maison ne peut être taxée selon la valeur de construction,
c'est aussi la valeur marchande, etc. La seule façon de
réellement évaluer la maison d'un cultivateur c'est de
l'évaluer avec la ferme. Ce sont les conclusions auxquelles on est
arrivé. Si on avait mis la maison à part, la maison d'un
cultivateur aurait pu être évaluée comme une maison de
ville alors que sa valeur de transaction n'est pas comme une maison de ville.
Dans un rang, quelquefois, vous avez une maison et cette maison en ville
vaudrait trois fois le prix, mais elle ne peut pas se vendre plus cher que ce
prix-là. Parce qu'il y a des avantages et des désavantages aussi.
C'est pour ça qu'on a procédé ainsi. On a dit: Evaluons la
maison, la ferme et les bâtiments dans leur ensemble et ensuite faisons
un remboursement pour la partie qui n'est pas... Il y a la partie agricole, la
ferme, la terre et les bâtiments... De sorte qu'à ce
moment-là un cultivateur paiera les taxes comme tout le monde sur sa
maison, mais une maison qui est évaluée dans son milieu. C'est la
conclusion à laquelle on est arrivé.
C'est évident que les prochaines étapes qui vont suivre...
Actuellement on dit: Un cultivateur c'est quelqu'un qui produit pour $1000 par
année. C'est un peu ridicule...
Une voix: Cela fait longtemps.
M. Garon: Cela fait longtemps mais on ne peut pas faire tout
ça en même temps parce que j'ai l'impression qu'une prochaine
étape sera... Pour avoir droit aux 70%, il faut cultiver au moins pour
$1000. C'est plus taxé que $1000. Je regardais le rapport Blair, de
l'Ontario, et eux disaient: On devrait se rendre si ma mémoire
est bonneà $2000 pour que des travaux culturaux soient...
Pour aller chercher plus de $2000 ça prend des travaux culturaux.
Pas juste couper le foin, ce n'est pas assez. Si la terre est maintenue,
ça vaut ce remboursement. C'est ce que le rapport Blair disait. Cela a
un certain bon sens.
Ce qu'il faudrait, au fond, c'est qu'éventuellement ces $1000
soient augmentés. L'avantage, ce n'est pas le remboursement à
70%. Les gens disent des fois que le remboursement de 70% ce n'est pas le gros
avantage. Le gros avantage, c'est la limitation de l'évaluation à
$150. C'est le gros avantage dans la loi. Si vous avez une terre dans un milieu
par exemple dans la région de Montréal qui s'est
vendue $1000 ou $1500 l'acre, sa valeur au marché, l'agriculteur l'a
payée $1000 ou $1500... La limitation à $150 l'acre, c'est elle
qui rend ça intéressant. 70% de remboursement sur des taxes
payées sur $150 l'acre, mais, si le gars ne cultive pas, il sera
évalué en fait à la valeur marchande, c'est-à-dire
$1500 l'acre. Cela commence à coûter cher de taxes pour prendre
des marches le dimanche.
Tous les instruments sont actuellement en place pour que la
fiscalité joue, mais il ne faut pas que ça arrive "bang", parce
qu'il faut faire attention pour ne pas perturber le marché.
Je pense que tous les instruments sont maintenant en place pour que cela
se réalise. Eventuellement, il y aura les nouvelles évaluations,
et aussi la municipalité n'est pas pénalisée. Dans le
discours du ministre des Finances... Au sujet des $150 l'acre, la
municipalité dit: Un zonage agricole me "magane" parce que je vais
chercher moins de taxes.
Même si le cultivateur paie ses taxes, on va rembourser 70%, mais
moi, comme municipalité, je retire moins de revenus. C'est pour
ça que, dans le discours du budget du ministre des Finances, il
était dit qu'il adopterait des mesures de compensation pour le manque
à gagner des municipalités rurales dû à la
protection du territoire agricole.
Le Président (M. Laberge): C'est très
intéressant, mais, en tant que président je me demande où
on doit rattacher ça à la motion d'amendement. J'essaie de voir
si ça va avec des terres non utilisées ou sous-utilisées.
Cela fait à peu près dix minutes que je suis perdu. Je vous
ramène donc à la motion d'amendement du député de
Brome-Missisquoi à savoir qu'après le mot "favoriser" on
remplace tous les mots par les mots suivants: "l'exploitation des terres
arables non utilisées ou sous-utilisées en vue de permettre la
relève en agriculture et l'agrandissement ou la consolidation de fermes
de type familial".
Est-ce que cette motion d'amendement sera adoptée?
Une voix: Rejeté.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): J'entends des "rejeté",
j'entends des "adopté". Est-elle rejetée sur division ou
voulez-vous un vote?
Une voix: Votons.
(11 h 45)
Le Président (M. Laberge): Je suis tout à fait
prêt pour un vote. Alors, j'appelle le vote.
M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes)? M. Beau-séjour
(Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Russell
(Brome-Missisquoi)?
M. Russell: Pour.
Le Président (M. Laberge): M. Mercier (Berthier)? M. Garon
(Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet)?
M. Giasson: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata)? M. Rancourt (Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Mathieu (Beauce-Sud)?
M. Mathieu: Contre.
Le Président (M. Laberge): La motion est rejetée.
Je reviens à l'article 32 en vous demandant si l'article 32 sera
adopté?
M. Dubois: M. le Président...
M. Russell: J'aurais simplement une autre remarque ici. Je ne
suis pas tellement chanceux dans mes amendements ce matin. On dit ici,
premièrement, d'"acquérir tout immeuble aux prix et conditions
fixés conformément au règlement". Deuxièmement,
d'"exécuter ou faire exécuter sur un tel immeuble des travaux
d'entretien, d'aménagement et de mise en valeur." Je suggérerais
simplement qu'on mette, après mise en valeur, "jugés essentiels
pour la rentabilité de la ferme"... Pardon?
M. Garon: On n'est pas capable de le savoir à l'avance. On
ne sait pas ce que le gars va faire sur la ferme.
M. Russell: "Exécuter ou faire exécuter sur un tel
immeuble des travaux d'entretien, d'aménagement et de mise en valeur."
Pour que cela soit jugé essentiel, c'est pour la rentabilité
d'une ferme. En somme, on ne peut pas faire toutes sortes de travaux. Si on ne
met pas cela... Oui?
Le Président (M. Laberge): Si vous en faites un
amendement, j'aimerais l'avoir.
M. Russell: Oui, j'en ferais une motion.
Le Président (M. Laberge): Parce que les membres de la
commission voudraient que ce soit porté à leur connaissance.
Alors, je vous en donne lecture. Amendement du député de
Brome-Missisquoi qui se lit comme suit: Que la deuxième ligne du
quatrième alinéa de l'article 32 soit modifiée en
ajoutant, après "mise en valeur", les mots suivants: "jugés
essentiels pour la rentabilité de la ferme". Cet amendement est
recevable, reçu et discutable.
M. Garon: La rentabilité de la ferme, on ne peut pas
savoir cela, parce que celui qui va décider... La rentabilité, on
va la connaître quand celui qui aura acquis ou loué va nous dire
ce qu'il veut faire avec la ferme. Vous êtes parti en regardant cette loi
dans une perspective. Ce n'est pas la perspective qui est visée du tout.
Vous avez la perspective que l'État veut fonctionner à la place
des agriculteurs. Des travaux de mise en valeur, normalement, le gouvernement
ne fait pas cela dans le vague. Il n'achètera pas une terre pour dire:
On la met en valeur. Il ne pourra pas la mettre en valeur, normalement, et
c'est toujours ce que j'ai vu jusqu'à maintenant au ministère,
avant de savoir qui va l'acquérir. Parce que c'est lui qui va
décider ce qu'il va faire de cette ferme. On ne peut pas mettre une
ferme théoriquement en valeur.
Prenons un cas, dans une région. Si on met une ferme en valeur,
est-ce que le gars va faire de la betterave à sucre? Est-ce qu'il va
faire du maïs-grain? Est-ce qu'il va faire de la luzerne? Est-ce qu'il
faire du foin? Qu'est-ce qu'il va faire exactement? Selon ce qu'il va faire la
mise en valeur ne sera pas la même. L'aménagement et l'entretien
ne seront pas les mêmes. Quand on met cela dans la loi, ce qu'on veut
dire, au fond, c'est qu'une terre est acquise par le ministère de
l'Agriculture ou par l'Office du crédit agricole. Il se présente
quelqu'un pour l'acheter ou la mettre en valeur. Il dit: Plutôt que de
faire cela, j'aimerais... Je pense que d'une façon
générale ce n'est pas l'organisme chargé de
l'administration de la loi qui va la mettre en valeur; d'une façon
générale c'est l'acquéreur de la terre lui-même qui
va la mettre en valeur.
Mais il peut arriver que ce soit un jeune et qu'il veuille que tout soit
capitalisé dans la ferme. Il dit: J'aimerais la mettre en valeur, qu'on
la mette prête pour que je commence dessus. Là, il va avoir son
projet et va dire: Sur cette ferme-là je veux faire du maïs-grain.
On va dire: D'accord. La mise en valeur d'une ferme de maïs-grain, cela
prend telle et telle chose. Là, les coûts de mise en valeur
entreraient dans le prix de la ferme, moins les subventions qu'il aurait
obtenues s'il avait été à son compte, etc. Là, il
la prend prête.
Mais la mise en valeur ne se fera pas d'une façon
théorique sans que l'acquéreur ou le locataire soit là et
dise ce qu'il veut en faire. Ce n'est pas la même chose d'une production
à l'autre. C'est pour cela que je ne comprends pas votre amendement.
Je comprends votre crainte. Vous dites que le gouvernement va prendre la
place de l'agriculteur, mais ce n'est pas possible.
M. Russell: M. le Président, je pense que l'amendement est
fait dans un but très simple. C'est de s'assurer que les travaux qui
seront faits sur cette ferme seront des travaux en vue de la mise en valeur
agricole de la ferme et pour s'assurer de la rentabilité de la ferme. Il
ne faut pas que ce soient des fonctionnaires qui décident, par exemple:
On a un "chum" et on lui organise une belle "job". Il va faire cela. Cela ne
donne aucun facteur de rentabilité à la ferme. On peut faire
toutes sortes de travaux et de dépenses. On met du capital sur la ferme,
mais cela n'augmente pas sa rentabilité.
Si une ferme est réellement rendue commerciale aujourd'hui, c'est
cela, un cultivateur. Lorsqu'on fait des aménagements dans une
bâtisse et qu'on améliore l'équipement dans un
édifice pour produire, on s'assure d'avance que c'est pour la
rentabilité de cette industrie. Avant de permettre au gouvernement
d'aller faire des dépenses sur une ferme qu'il en soit
propriétaire en vue de la louer ou de la vendre on doit s'assurer
que les sommes qu'on va dépenser là-dessus, c'est en vue
d'assurer la rentabilité d'une ferme, de la rendre agricole pour qu'elle
soit rentable.
Si on ne veut pas ajouter cela à cet article, je pense que c'est
laisser vraiment trop de latitude aux fonctionnaires. En leur donnant toutes
les qualités au monde, je sais trop ce qui s'est produit dans bien des
cas et mon rôle est de prendre toutes les dispositions
nécessaires, de donner au ministre tous les pouvoirs nécessaires
en vue d'améliorer la situation agricole dans la province, mais pas en
vue de dépenser de l'argent sans savoir d'avance que ce sera bien
dépensé.
Je suis allé dans le Grand-Nord, M. le Président. Je sais
que vous allez me dire qu'il n'y a pas d'agriculture dans le Grand-Nord. J'ai
vu au Poste-de-la-Baleine une usine d'épuration qui avait
été bâtie par le gouvernement fédéral. Il y a
800 Indiens qui y demeurent. Ce n'était pas tellement utile, mais cela
faisait un beau contrat à un "chum". Personne ne voyait cela
là-bas; seulement des Indiens. J'ai vu des dépenses gouver-
nementales qui ont été faites dans la province de Québec
de la même façon, complètement inutiles. C'était un
gaspillage d'argent. C'est cela que je voudrais éviter et je voudrais
donner une force au ministre pour restreindre les activités de ses
fonctionnaires ou des gens qui administrent la loi pour être certain
qu'il ne se fasse pas un gaspillage inutile d'argent en donnant une surcharge,
une capitalisation inutile à une ferme. C'est tout. C'est le but
visé. Cela ne lui enlève aucun pouvoir de faire tous les travaux
qu'il veut sur la ferme, à condition que ce soit pour la
rentabiliser.
M. Garon: Par l'aménagement foncier, certains travaux
peuvent être faits. Savez-vous, les seuls travaux qui ont
été faits, avant de connaître l'acquéreur ou le
locataire, cela a été la réparation de clôtures
quand c'était nécessaire, à cause du voisin. Ce sont des
obligations de voisinage de faire réparer la clôture.
M. Giasson: Des travaux d'égouttement de quelque nature
que ce soit, d'égouttement ouvert souterrain?
M. Garon: Non, jamais avant que... M. Giasson:
L'épierrement?
M. Garon: ... l'acquéreur soit connu parce que vous ne
savez pas la destination de la ferme. Il y a seulement le pâturage
communautaire et c'est après consultation avec les agriculteurs
eux-mêmes et tout cela. Mais ce qui arrive, c'est que, ne connaissant pas
la destination de la ferme, vous ne pouvez pas savoir quels travaux vont
être nécessaires.
M. Giasson: Dans le cas des pâturages communautaires, il
aurait pu être décidé de faire des travaux
d'égouttement pour donner une meilleure productivité de
pâturage sur certaines fermes où vous n'aviez pas de planches
arrondies. Cela dépend des situations que vous retrouvez sur le terrain.
J'imagine que, quand vous avez votre terrain devant vous, vous dites: On va
trouver une vocation de pâturage communautaire, une façon
d'améliorer la productivité pour des pâturages, ce serait
de donner un meilleur égouttement au sol et de faire des travaux
mécanisés. Je ne verrais pas pourquoi il ne serait pas possible
de procéder dans ce sens.
M. Garon: Cela s'est fait dans la consultation avec les
agriculteurs en Abitibi. Il s'en fait très peu, de drainage souterrain.
Mais il se fait des travaux mécanisés, du drainage de
surface.
M. Giasson: Du drainage de surface. Si vous arrondissez les
planches et que vous faites...
M. Garon: Cela s'est fait uniquement après consultation
des agriculteurs. C'est un genre de décision que j'ai prise
régionalement pour du pâturage communautaire parce qu'on avait
les
fermes. À part cet exemple, je n'ai jamais entendu parler qu'il y
a eu des travaux de mise en valeur abstraite, sans savoir à quoi la
ferme va être utilisée. Ce n'est pas possible. La clôture,
cela ne touche pas la rentabilité. C'est une question de voisinage, pour
ne pas se chicaner avec le voisin, si le voisin a des vaches. Le Code civil
parle des clôtures.
M. Russell: Si son seul argument concerne les clôtures, si
c'est tout ce qu'on a contre cela, c'est tiré par les cheveux pas
mal.
M. Garon: Vous avez des craintes qui sont théoriques.
M. Russell: II n'y a personne qui va appliquer cela et dire que
c'est illégal de faire une clôture lorsque c'est
nécessaire. Cela n'assure pas la rentabilité, cela assure la
protection qui équivaut à la rentabilité.
M. Garon: Regardez comment cela se passe dans la
réalité.
M. Russell: Je sais ce qui se passe dans la
réalité.
M. Garon: Dans la réalité, il va y avoir un gars
qui va dire: Je vais acquérir cette terre et je vais m'occuper de mes
affaires moi-même. Pas besoin d'avoir le gouvernement là-dedans.
Je l'achète.
Il va en arriver un autre qui va dire: Moi, j'aimerais cela qu'elle soit
finale, prête, organisée. Je vais me lancer dans telle affaire. Il
va discuter avec les conseillers agricoles du ministère et les gens de
l'Office du crédit agricole et il va dire: Bon, quant à y
être, j'aime autant faire le drainage souterrain, faire tel type de
travaux. Les gars vont dire: Parfait. Dans le drainage souterrain, on va
demander des soumissions, des prix. Cela veut dire que là-dedans, vous
auriez eu droit à une subvention de $0.21,5 du mètre. Il y a tant
de milliers de pieds. Donc, vous avez eu telle subvention, vous auriez dû
payer $25 000 de votre poche. Il y a le prix de la ferme, il y a le prix du
drainage souterrain. Il y aurait peut-être eu des choses qui se seraient
faites, en consultation avec le gars. Là, cela entre dans la
capitalisation et il dit: Ma ferme est prête, j'embarque.
C'est possible. Mais je ne pense pas que cela va être le gros des
cas. On en a beaucoup discuté au ministère. Je pense que dans la
plupart des cas, les gens vont dire: J'achète la ferme et je fais cela
moi-même. Mais on en voit de plus en plus actuellement, quand ils se
lancent dans les céréales à cause des programmes
existants, qui disent: Moi, j'embarque dans les céréales pour
rentabiliser une machinerie de tant. Cela me prend tant d'acrage, cela me prend
ci, cela me prend cela. On voit cela. Mais ce n'est pas 90% des cas.
M. Russell: L'amendement que j'ai apporté permet tout cela
et donne une arme de plus au ministre pour contrôler. C'est tout. C'est
en vue de protéger le ministre. Je ne vois qu'il puisse restreindre
aucune des ambitions qu'a le ministre d'améliorer les fermes. Cela peut
éviter bien du gaspillage inutile, par exemple.
M. Garon: II n'y en a pas. Ce problème n'existe pas.
M. Russell: M. le Président, s'il n'existe pas, pourquoi
refuser l'amendement?
M. Garon: Parce qu'ils n'en font pas des choses. Regardez
l'Office du crédit agricole. Il prête sur des fermes rentables.
D'ailleurs, la plupart des lettres de plainte viennent des fermes qui ne sont
pas rentables. Le gars veut avoir le prêt quand même, je
m'organiserai bien, et le diable à quatre. On ne prête pas
à des fermes non rentables. On dit: Ce n'est pas rentable, tu ne seras
pas capable de vivre et de nous rembourser. Donc, il ne prête pas. Il ne
fera pas des travaux de mise en valeur qui vont rendre la ferme non rentable.
Il sait qu'il prête uniquement en se basant sur une rentabilité.
Je ne vois pas le problème. Et on n'a jamais rencontré ce
problème jusqu'à maintenant. Pas une fois.
M. Russell: Pas de problème, M. le Président, on
peut passer l'amendement et cela va tout régler. Cela va protéger
le ministre.
M. Giasson: M. le Président, sur l'amendement
déposé...
Le Président (M. Laberge): Sur la rédaction de
l'amendement, je relis, tout en l'ayant reçu, quant à son esprit.
Le paragraphe dit: "Exécuter ou faire exécuter sur un tel
immeuble des travaux d'entretien, d'aménagement et de mise en valeur
jugés essentiels pour la rentabilité de la ferme."
Est-ce que le mot "ferme" est approprié ou si on ne devrait pas
plutôt dire "pour sa rentabilité", puisqu'on parle d'un
immeuble?
M. Russell: Cela peut être sa rentabilité. C'est
simplement une question de mots.
Le Président (M. Laberge): Je parle simplement de
rédaction, parce que le mot ferme n'est nulle part, sinon au premier
paragraphe.
M. Russell: D'accord pour "sa rentabilité". On parle de
l'immeuble.
Le Président (M. Laberge): Je corrige l'amendement qui se
lira "jugés essentiels pour sa rentabilité;".
M. Giasson: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Je pense comprendre un peu quels sont les motifs qui
animent le député qui a
proposé l'amendement. Il y a toujours dans son esprit un danger
de collusion possible je ne dis pas avec le ministre avec des
fonctionnaires. Je ne veux pas mettre en doute l'honnêteté des
fonctionnaires, mais on a vu l'administration de programmes dans le
passé, au ministère de l'Agriculture je ne fais pas
allusion nécessairement aux fonctionnaires de l'Office du crédit
agricole où la discrétion du fonctionnaire dans la
région était quasi totale. (12 heures)
J'ai, par exemple, à l'esprit le cas d'une ferme qui aurait
été achetée par le gouvernement, par l'Office du
crédit agricole. À côté de cette ferme ou de cette
parcelle de ferme, vous auriez un cultivateur qui ferait déjà de
la production de céréales ou de maïs-grains qui pourrait
être intéressé à louer la ferme ou la parcelle de
ferme propriété de l'Office du crédit agricole et qui
pourrait poser une condition au fonctionnaire avec qui il discuterait de la
location de cette ferme-là. Il pourrait dire: Les modalités du
prix de location m'iraient à la condition que l'Office du crédit
agricole fasse faire un aménagement donné, par exemple
procède au drainage souterrain de cette ferme que je vais louer. Une
fois que le drainage souterrain sera effectué, je serai locateur au prix
que vous me proposez.
Dire que cela ne s'est jamais produit dans le passé,
peut-être que cela ne s'est jamais produit dans un cas spécifique,
parce qu'on rentre dans un domaine un peu neuf; mais, dans l'administration
d'autres programmes au ministère, j'ai été témoin
de petits aménagements, de petits arrangements entre des fonctionnaires
en région et certains cultivateurs dans l'application de programmes
donnés. Je ne sais pas si c'est ce que le député de
Brome-Missisquoi avait à l'esprit, mais, là, on donne joliment de
pouvoirs quand on dit que le ministre peut à ces fins exécuter ou
faire exécuter sur tel immeuble des travaux d'entretien,
d'aménagement et de mise en valeur. Cela pourrait être en vue de
revendre, mais cela peut être aussi en vue de louer cette ferme-là
à un autre cultivateur voisin ou situé tout près. Si un
fonctionnaire jugeait que la mise en valeur pourrait être
nécessaire dans le sens de procéder au drainage souterrain avant
de louer la ferme, le gars qui la louerait serait placé dans une
situation plus intéressante si la ferme était drainée dans
certaines régions du Québec en vue de productions telles que les
céréales ou même d'autres productions.
M. Garon: Cela va se refléter dans le prix.
M. Giasson: Oui, cela va se refléter, en présumant
que le fonctionnaire dirait: D'accord, nous allons faire la mise en valeur par
un drainage souterrain ou d'autres types de travaux, mais le prix de location,
il est bien entendu qu'il n'est plus le même. Là, tu nous poses
une condition d'accepter notre prix de location pour autant que tel travail est
effectué, mais il faut être sûr que cela ira dans ces
conditions-là.
M. Russell: Je poursuis le raisonnement du député
et cela va plus loin que cela, M. le Président. C'est que le
fonctionnaire sera obligé de démontrer qu'en faisant ces travaux
cela va assurer une rentabilité de ce terrain-là. La
rentabilité au moins.
M. Garon: II ne fait pas de travaux a priori, il faut le
reconnaître.
M. Russell: M. le Président, s'il ne s'en fait pas, il n'y
a aucune objection. Pourquoi s'opposerait-on à l'amendement? C'est
simplement une garantie additionnelle, c'est tout. Je pense qu'on se doit comme
législateurs de fournir ces armes au ministre pour lui donner un
meilleur contrôle. Dépenser de l'argent sur les fermes pour les
améliorer c'est beau, mais il ne faut pas le gaspiller, parce qu'on a
beaucoup d'améliorations à faire et on a peu d'argent pour les
faire. On doit faire en sorte que chaque fois qu'un dollar sera
dépensé, il sera bien dépensé pour assurer la
rentabilité de chacune des fermes sur lesquelles on va dépenser
de l'argent. Si on ne veut pas accepter cela, on a quelque chose
derrière la tête que je ne comprends pas.
M. Mathieu: M. le Président, je crois que, sur
l'amendement, il y aurait une faute je dis cela respectueusement au
député de français.
M. Russell: En fait, ce n'est pas moi qui ai inventé le
français.
Le Président (M. Laberge): On a vérifié
aussi. Cela concerne le mot "travaux". C'est masculin.
M. Mathieu: C'est le mot "travaux", n'est-ce pas? On
enlève le "e".
Le Président (M. Laberge): Le deuxième "e" et le
"le" à "essentielle".
M. Russell: D'accord.
M. Giasson: C'est le féminin qui ne va pas.
Le Président (M. Laberge): C'est fait dans ma feuille ici,
mais le masculin, c'est "travaux". Il est très amendé.
M. Giasson: M. le Président, je signale cela au ministre,
parce que j'ai été témoin de quelques décisions
prises par des fonctionnaires en région dans l'application d'autres
programmes au ministère de l'Agriculture, entre autres celui de
l'attribution d'un permis de travaux mécanisés. Dans
l'application de ces permis pour certains types de travaux, les fonctionnaires
pourraient décider qu'Untel était admissible à des heures
subventionnées de travaux mécanisés pour construire un
chemin dans un boisé ou une érablière et que l'autre
cultivateur n'était pas admissible à cela.
Ce n'est pas de l'histoire ancienne, c'est de l'histoire vécue
encore ces dernières années. C'est
un fonctionnaire dans la région qui fait des choix, qui a des
discrétions d'attribution de permis pour des travaux
mécanisés à des agriculteurs, qu'il ne donne pas à
d'autres. C'est pour cela que tout à l'heure j'ai précisé
que je n'impliquais pas des fonctionnaires de l'Office du crédit
agricole, parce que je ne connais pas de cas. Mais je connais des programmes du
ministère qui sont appliqués à partir d'une
discrétion ou d'un choix de fonctionnaires en région. Je suis
certain qu'autour de cette table d'autres de mes collègues ont
été témoins de certains dossiers de ce genre. Cela s'est
fait encore en 1979 dans Montmagny-L'Islet.
M. Garon: Je n'ai pas d'objection à mettre cela
là.
M. Giasson: Au fond, cela ne change pas grand-chose.
M. Garon: Nous autres, on s'est posé la question quand on
a discuté du projet de loi, le genre de travaux et tout cela, et toute
la discussion s'est faite dans le sens que je vous mentionnais tantôt.
Dans notre esprit, il n'y avait pas... Je disais aux gens qui ne voulaient pas
faire des travaux eux-mêmes que l'idéal, c'est que le gars qui
achète fasse lui-même les travaux. C'est lui qui sait ce qu'il
veut. Des gens me disaient que dans 95% des cas c'est ce qui se passe. Il peut
arriver des cas où des gens veulent qu'on fasse les travaux, et ce
serait compris dans le prix de location ou le prix de vente. À ce
moment, celui qui passe la commande, c'est le futur acheteur ou le futur
locataire... La seule chose qu'on peut dire au sujet "des travaux d'entretien,
d'aménagement et de mise en valeur jugés essentiels pour sa
rentabilité," c'est que les travaux d'entretien, par
interprétation, je ne sais pas si cela pourrait dire cela, les travaux
d'entretien, comme la réparation des clôtures, ce n'est pas
essentiel pour la rentabilité. Il ne faudrait pas que cela
empêche... Je ne pense pas que cela pourrait...
M. Russell: II y en a combien de travaux de clôtures?
M. Garon: II y en a occasionnellement. Demandez au notaire, il va
vous dire qu'il y en a pas mal.
M. Giasson: D'ailleurs, des travaux de clôtures...
M. Russell: Quand on a habité une région rurale
pendant 19 ou 20 ans, on sait ce que c'est, les travaux de clôtures.
M. Giasson: ... quand vous êtes voisin d'une ferme en
exploitation sur laquelle il y a des animaux, vous n'avez pas le choix, vous
êtes obligé de répondre au voisin en matière de
clôtures.
M. Garon: S'il y a des travaux de clôtures, M. le
député, on dira: Nous autres, on ne peut plus, ce ne sont pas des
travaux jugés essentiels, vous verrez le député de
Brome-Missisquoi.
M. Giasson: J'ai bien l'impression, M. le ministre, que si le
voisin de la ferme que vous avez achetée élève des
animaux, même si vous voulez faire appel au député de
Brome-Missisquoi, vous devez répondre au voisin en matière de
clôtures.
M. Mathieu: II va vous répondre par l'article 506 du Code
civil.
M. Garon: Je n'ai pas d'objection à cet amendement.
Le Président (M. Laberge): Tel qu'il a été
amendé?
M. Garon: Oui, "jugés essentiels pour sa
rentabilité?"
Le Président (M. Laberge): Cet amendement, que
j'écris à nouveau en bas, parce qu'il a été
tellement... "jugés essentiels au masculin, parce qu'il s'agit
toujours de travaux pour sa rentabilité." ... cet amendement
est-il adopté? Adopté. L'article 32 amendé...
M. Russell: Seulement quelques remarques, le paragraphe 3° a
été amendé par le ministre lui-même...
Le Président (M. Laberge): Le paragraphe 3° a
été amendé en ajoutant "et selon les critères", il
y avait aussi une virgule.
M. Dubois: Sur l'alinéa 1°, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Sur l'alinéa 1°,
"acquérir tout immeuble aux prix et conditions fixés
conformément au règlement", M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: J'aimerais indiquer une inquiétude quelconque
au niveau des pouvoirs qui sont concédés au ministre.
M. Garon: Je ne veux pas une inquiétude quelconque, mais
une inquiétude précise.
M. Dubois: Je vais vous l'indiquer. On dit: "À ces fins,
le ministre peut: 1° acquérir tout immeuble aux prix et conditions
fixés conformément au règlement". Pour moi,
"acquérir" a le sens de posséder, obtenir. Le ministre a bien
indiqué au début de la commission que les acquisitions se
feraient de gré à gré. Je pense bien que cela est toujours
l'intention du ministre. D'ailleurs, je ne doute pas de ses bonnes intentions.
Je pense bien que le ministre désire aussi avoir des mesures
législatives très précises. Dans ce sens, je demande au
ministre pourquoi on n'ajouterait pas "acquérir de gré à
gré", les mots "de gré à gré" après
"acquérir".
M. Garon: C'est évident.
M. Dubois: C'est évident, mais ce n'est pas si clair que
cela quand même, parce qu'on ne l'a pas indiqué.
M. Garon: Si ce n'est pas de gré à gré,
c'est de force; alors, ce serait marqué de force. Le terme
acquérir est utilisé ici dans son sens simple; il n'est pas
qualifié.
M. Dubois: Ce n'est pas indiqué de force et ce n'est pas
indiqué de gré à gré. Alors, si c'est l'intention
du ministre de respecter le droit de propriété et les droits
acquis je le pense et je n'en doute pas du tout non plus pour
quelle raison ne le préciserait-on pas dans la loi?
M. Garon: Avez-vous un Code civil? Le pouvoir d'expropriation, ce
n'est pas dans ces termes que c'est mentionné.
M. Dubois: Acquérir de quelle façon? Ce n'est pas
indiqué quand même. Acquérir, ça peut être
acheter de gré à gré, d'accord, mais ça peut aussi
être obtenir...
M. Garon: Voyez les termes de la loi, vous allez voir qu'un
pouvoir d'expropriation, ce n'est pas cela.
M. Dubois: Je suis d'accord que ce n'est pas un pouvoir
d'expropriation, mais, si on va à l'extrême, acquérir, mais
acquérir de quelle façon? Ce n'est pas inscrit de gré
à gré.
M. Garon: Acquérir, c'est acheter.
M. Dubois: Oui, c'est acheter et ça peut aussi être
obtenir.
M. Rancourt: Acquérir tout immeuble.
M. Dubois: Non, on touchait les billets de location et, ici, ce
sont des fermes appartenant à des producteurs agricoles qu'on touche. Je
ne vois pas pourquoi on ne l'inclurait pas dans la loi. Je pense que ça
dissiperait une inquiétude, parce que, quand on lit le texte tel quel,
ce n'est pas tellement précis, cela peut laisser sous-entendre que le
ministre peut acquérir, mais peut acquérir à n'importe
quelle condition qu'il jugera à propos.
M. Garon: Non, la condition, c'est le prix de vente et la valeur
marchande.
M. Dubois: Oui, c'est ça, mais ça va être par
règlement.
M. Russell: Conformément aux règlements.
M. Dubois: Les règlements vont nous arriver plus tard,
mais les règlements peuvent se changer n'importe quand, tandis que le
libellé d'une loi ne se change pas comme ça; il faut qu'elle
revienne devant l'Assemblée. Alors, si on était précis
dans la loi, on dirait que les acquisitions se feront de gré à
gré.
M. Garon: On va aller même plus loin que ça dans le
règlement. On va vous donner le texte du règlement qu'on envisage
et même de gré à gré, je pense que ce serait trop
fort, parce qu'on s'entendrait sur le prix. Remarquez à quel point on va
être plus restrictif; on dit que la banque ne doit pas concurrencer le
marché; cela m'apparaît essentiel, la banque n'est pas là
pour concurrencer le marché. "Tout immeuble acquis en vertu de la
section VII ne doit, en aucun cas, être acquis pour un prix
excédant la valeur marchande établie par le ministre ou
l'organisme public visé à l'article 33 de la loi."
M. Giasson: Ce sont des règlements, M. le ministre?
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Pourrait-on en avoir copie?
M. Dubois: On ne les a pas, les règlements.
M. Garon: Je vais essayer de vous donner une copie des
règlements, mais ce sont des règlements qui ne sont pas encore
décidés.
M. Giasson: Oui, mais déposez-les sous réserve de
modification possible, avant qu'ils deviennent officiels.
M. Garon: On va les déposer cet après-midi, juste
le temps de prendre des photocopies.
M. Giasson: Merci.
M. Dubois: Mais des règlements, M. le ministre, ça
s'amende n'importe quand, tandis que les fermes qui sont dans la loi...
M. Garon: II faut que vous vous mettiez dans l'esprit de cette
affaire; là, vous parlez d'une affaire théorique.
M. Dubois: Oui, c'est vrai que c'est théorique.
M. Garon: La banque de terres n'est pas là pour
empêcher des cultivateurs d'acheter de leurs voisins ou les choses du
genre; au contraire, la mise en garde qu'il y a, c'est de ne pas concurrencer
le marché. Mettons qu'on veut acheter une terre, le gouvernement peut
entrer en compétition avec n'importe qui, au fond, quand il veut
acheter. D'ailleurs, c'est ce que l'entreprise privée nous dit parfois.
Si le gouvernement veut acheter quelque chose, il n'a qu'à y mettre le
prix. Comme les gens le disent, on est à même les fonds publics.
Alors, le problème, ce n'est pas l'acquisition de gré à
gré. Il est clair qu'il n'y pas de droit d'expropriation là;
deuxièmement, ce qu'il faut, c'est que la banque de terres ne
concurrence pas le marché.
Cela m'apparaît essentiel. C'est un pouvoir supplétif pour
aider les gens qui ne peuvent pas acquérir des terres ou louer des
terres autrement qu'avec l'aide de cet instrument. Ce n'est pas là pour
venir leur nuire ou venir les remplacer. (12 h 15)
M. Dubois: Mais nous discutons de ce qu'on a devant nous.
Présentement tout ce qu'on a, ce sont les termes de la loi, les
dispositions qui sont dans la loi. Aucun règlement n'a été
déposé, alors c'est difficile de préjuger des intentions
du ministre sans avoir les règlements. En fait, les règlements
peuvent aussi s'amender n'importe quand.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Vous savez que des règlements ça
s'amende n'importe quand.
M. Garon: Oui, mais supposons que vous achetez au-dessus du
marché. Qu'est-ce qui va arriver? Le seul acheteur ce sera la banque.
Mais la banque est là pour jouer un rôle supplétif, pas
pour remplacer le marché.
M. Dubois: C'est quand même une protection...
M. Garon: Au fond, c'est là pour aider quand il n'y a pas
de marché.
M. Dubois: Si on pousse à l'extrême, il est question
de protéger le propriétaire; des droits de disposer ou de
propriété. Ce ne sont que des règlements qui
protégeront et non la loi.
M. Garon: Mais le problème n'est pas là. Le mot
"acquérir" ne comprend pas...
M. Dubois: Acquérir, c'est quand même vaste, c'est
une porte très large.
M. Garon: Non, ce n'est pas vrai. En droit, acquérir c'est
acheter.
M. Dubois: Si on regarde le dictionnaire, c'est plus
qu'acheter.
M. Garon: Non. Un pouvoir d'expropriation, c'est un...
M. Dubois: Cela va jusqu'à obtenir.
M. Garon: Oui, mais en droit, quand vous avez un pouvoir
extraordinaire, vous ne pouvez pas le mettre dans des termes
généraux comme ça. Acquérir ne veut pas dire
exproprier. Jamais, en droit. Demandez à votre...
M. Dubois: Acquérir c'est obtenir quelque chose.
M. Giasson: Peut-être pas en droit, mais dans les faits
vous pouvez acquérir par expropriation.
M. Garon: Oui, demandez au notaire.
M. Giasson: Vous pouvez acquérir par expropriation, M. le
ministre.
M. Garon: Oui, mais il va falloir le dire. Il faut le dire.
M. Russell: Lui est avocat, il n'a jamais pratiqué.
M. Dubois: Mais ce serait quand même intéressant
d'avoir les règlements cet après-midi.
M. Garon: II y a des domaines où tu vas en cour souvent et
d'autres où tu n'y vas pas souvent.
M. Giasson: II préparait les dossiers, il ne plaidait pas.
Le ministre n'était pas un plaideur.
Le Président (M. Laberge): Un négociateur.
M. Dubois: Ce serait intéressant, M. le ministre,
d'avoir...
M. Garon: ... négociais.
M. Dubois: ... le projet de règlement quand même, ce
serait pas mal plus rassurant au niveau de cet article. Est-ce que vous
êtes disposé à nous les donner cet après-midi?
M. Garon: Je viens de le dire.
M. Dubois: Vous êtes disposé. D'accord. On pourra
discuter...
M. Garon: D'abord, il ne faudrait pas que ce soit
l'élément de discussion. Deuxièmement, il faudrait que ce
soit vu comme un projet qui n'est pas définitif. C'est un document de
travail.
M. Dubois: En autant qu'il y a un respect intégral des
droits de propriété, c'était mon inquiétude. Alors
si les règlements sont précis dans ce sens-là... Mais on
n'a pas les règlements présentement et il est difficile de
discuter sur des règlements qu'on n'a pas eus.
Le Président (M. Laberge): L'offre ayant été
faite par le ministre, est-ce que l'article 32 sera adopté?
M. Russell: Juste une question, je ne veux pas faire
d'amendement, mais au dernier alinéa on dit: "Malgré le
deuxième alinéa, le ministre peut, dans les cas prévus au
règlement, aliéner en tout ou en partie un immeuble visé
audit aliéna à des fins autres que celles
énumérées au premier alinéa, aux prix et conditions
fixés conformément au règlement."
M. Garon: Dans notre esprit, cela pourrait peut-être
permettre... J'espère qu'il n'y a pas de titres dans les journaux...
II y a des cas où des terres du réaménagement
foncier, par exemple, ont été achetées et les maisons
étaient là. Il y a des gens qui sont dedans maintenant. Ce ne
sont pas des cultivateurs. Ce sont un peu des "squatters", si on veut, et cet
article n'est pas pour des fins agricoles. Normalement, on ne le pourra pas
pour des fins qui ne sont pas agricoles, parce qu'on dit que ce n'est pas pour
des fins de relève, des gens qui veulent cultiver, tout cela.
C'étaient des maisons qui étaient en bon état, mais ils ne
veulent pas faire de culture. On pourrait peut-être, dans certains cas
où les terres n'ont pas de vocation agricole, ou des choses comme cela,
voir les cas. On ne peut pas voir d'avance facilement. Ce sont quasiment des
cas sui generis. On peut voir si dans certains cas, dans le fond, cela rend un
rang viable ou vendre ces maisons à ces gens qui veulent les
habiter.
M. Giasson: Mais dans ces expériences vécues, ceux
qui habitent les maisons placées sur des fermes, est-ce qu'ils paient un
loyer? Est-ce qu'ils occupent ces maisons contre un loyer?
M. Garon: Non.
M. Giasson: Non. C'est pour cela que vous dites que ce sont des
genres de "squatters". Ils sont allés là avec leur famille et ils
ont occupé la maison tout simplement.
M. Garon: Oui et il y avait des bonnes maisons
là-dedans.
M. Russell: Le ministre nous a expliqué un cas en
particulier, mais est-ce que dans la réglementation...
M. Garon: II peut y avoir d'autres cas.
M. Russell: Oui. Est-ce qu'il y aurait une série de ces
cas de condition...
M. Garon: II y a ce cas auquel on a pensé. Il peut y avoir
des terres, par exemple, pour des fins de routes, il peut y avoir un morceau de
terre pour des lignes d'Hydro-Québec. Il peut y avoir un emplacement
pour les tours de Bell Canada pour des fins de transmission.
M. Giasson: Micro-ondes.
M. Garon: Oui, les micro-ondes. Les pouvoirs du premier
paragraphe sont uniquement pour des fins agricoles alors qu'on pourrait
céder une partie pour d'autres fins.
M. Mathieu: Si vous permettez, il y a des terres dans mon coin
qui sont absolument incultes; alors, peut-être que des parcelles
pourraient aller à des fins de loisir, comme des pentes de ski ou des
choses comme cela. Cela pourrait entrer dans ça.
M. Garon: Oui. On n'essaiera pas de garder des terres qui ne sont
pas bonnes pour l'agriculture; j'aimerais mieux qu'on ne les garde pas du tout,
au ministère. On va les passer aux Terres et Forêts, mais
là vous parlez d'un cas particulier. Si dans un aménagement
d'ensemble d'une municipalité cela ne nuit pas à l'agriculture,
les loisirs, pourquoi pas? ce serait une bonne affaire.
M. Giasson: Mais pourquoi dites-vous: Nécessairement les
passer au ministère des Terres et Forêts? Faisons une
hypothèse. L'Office du crédit agricole acquiert des terres sur
lesquelles vous avez des parcelles ou des parties qui sont absolument impropres
à l'agriculture. Je ne verrais pas pourquoi l'office n'aurait pas la
possibilité de les revendre, ces parcelles totalement impropres à
l'agriculture, qui tout au plus peuvent servir pour la forêt, les
revendre à des citoyens ou les transmettre automatiquement au
ministère des Terres et Forêts.
M. Garon: Dans une disposition du règlement il y a un
article qui dit ceci: Lorsqu'un immeuble assujetti à la banque de terres
arables cesse d'avoir une vocation agricole cela pourrait être le
cas que vous mentionnez ou que, pour quelque autre raison, il n'est plus
opportun d'en conserver la propriété aux fins du premier
alinéa de l'article 32 de la loi les fins de relève et de
consolidation...
M. Giasson: C'est cela.
M. Garon: ... le ministre ou l'organisme public visé
à l'article 33 de la loi peut vendre cet immeuble en totalité ou
en partie à toute personne à des fins autres que celles
prévues audit alinéa.
M. Giasson: D'accord. Ce n'est pas nécessairement le
ministère des Terres et Forêts. Vous pourriez les vendre à
des citoyens, à des particuliers.
M. Garon: Oui. Avant, il faudrait qu'il s'entende avec la
Commission de protection du territoire agricole. Il faudrait une jonction
là. Cela pourrait être à des fins de
récréation, à des fins de camping ou des choses de
même, des fins de loisirs.
M. Giasson: Cela pourrait être un citoyen, un autre
cultivateur, qui veut faire de la foresterie et qui désire
acquérir une partie boisée dont le sous-sol est impropre à
l'agriculture.
La phénomène que l'on vit, chez nous, le retour de
certaines terres détenues sous billet de location par le
ministère de l'Agriculture au ministère des Terres et
Forêts, je considère que ce n'est pas la solution idéale.
On aurait pu, dans certains cas, offrir à des citoyens, des particuliers
qui vivent dans ces paroisses la possibilité de les acheter sans devoir
les remettre automatiquement au ministère des Terres et
Forêts.
Souvent ce sont des lots qui sont isolés comme
propriété publique. De chaque côté et à
chaque bout, vous avez des particuliers qui possèdent des terrains
autour. Là, cela a été retourné par le
ministère de l'Agriculture au ministère des Terres et
Forêts, parce que le sol n'était pas bon pour l'agriculture.
On aurait pu, je pense, les offrir à d'autres cultivateurs qui
souvent possèdent des lots de support comme on les appelle chez
nous pour compléter les revenus de la ferme. On aurait pu offrir
cela à ces gens. Cela aurait été plus pratique que de les
repasser au ministère des Terres et Forêts qui a ensuite à
faire surveiller un lot qui est isolé parmi d'autres
propriétés privées.
M. Garon: Je suis content de vous entendre dire cela, parce que
je suis de votre avis.
M. Giasson: C'est la voix du bon sens.
M. Garon: Oui, je peux vous dire qu'il y a des pressions
très fortes des groupements forestiers pour reboiser ces terres, ces
lots.
M. Giasson: Dans les cas que j'ai à l'esprit, que je
connais bien, il n'y avait pas besoin de reboisement. C'étaient des lots
déjà boisés. Ce dont on avait besoin, c'était une
pratique sylvicole appliquée sur ces terrains: II n'était pas
question de reboisement. Il n'y avait pas d'agriculture. Tout est en
forêt.
M. Garon: Je pensais à des lots qui ne sont pas
boisés. On fait cela, offrir des lots de support à des
cultivateurs pour compléter les revenus de la ferme.
Mais je pense plutôt, dans mon esprit, aux lots qui n'ont pas
d'acquéreurs.
M. Giasson: D'accord, cela se fait dans certains cas, mais j'ai
été témoin de situations où le ministère de
l'Agriculture les a retournés au ministère des Terres et
Forêts. Une fois qu'ils sont entre les mains du ministère des
Terres et Forêts, je vous assure que ce n'est pas facile, en vertu des
lois et règlements du ministère, de retourner à un
acquéreur individuel le lot qui est devenu la propriété du
ministère des Terres et Forêts.
Je ne sais pas si vous connaissez les politiques et les pratiques du
ministère des Terres et Forêts, mais de ce
côté-là, ils ne sont pas ouverts. Ils sont loin
d'être ouverts.
Le Président (M. Laberge): Une autre question, M. le
député de Brome-Missisquoi?
M. Russell: Oui, très brève, M. le
Président. Selon l'article actuel, il peut se produire dans la
région que je représente des cas comme celui-ci. Là
où on fait la fusion de deux fermes avec des bâtisses qui
demeurent inoccupées, est-ce que cet article pourrait permettre une
vente assez rapide à un ouvrier de la ville ou si ce sera une
restriction?
M. Garon: Disons que cet alinéa, c'est pour les cas
exceptionnels. Ce n'est pas une pratique générale. C'est pour des
cas exceptionnels. J'ai fait tout le tour du Québec à l'occasion
de la Loi sur la protection du territoire agricole et je pense que cela a
été enregistré, ce débat.
Le problème n'est pas le même dans la région de
Montréal que dans les régions périphériques. Dans
les régions périphériques, le problème n'est pas
d'empêcher les gens d'aller là; c'est de les garder là pour
qu'ils aient un peu de vie sociale. Quand vous arrivez dans les rangs, à
l'intérieur des terres dans le Bas-Saint-Laurent ou dans la
Gaspésie, dans certaines municipalités des Cantons de l'Est ou un
peu partout, le problème, c'est dans le rang. Si, à un moment
donné, il y a eu un regroupement de fermes et qu'il ne reste que deux ou
trois cultivateurs, c'est un peu ennuyant. Les gens nous disaient: II ne
faudrait pas, par la loi sur la protection des terres, empêcher des
maisons d'être dans le rang. Ce n'est pas la même chose, la
protection des terres. Cela ne doit pas être envisagé de la
même façon dans la région de Montréal que dans le
Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie ou les comtés du nord.
M. Giasson: Dans le moment, il n'y a pas de problème. Dans
ces comtés, la Gaspésie, et chez nous, sauf dans quatre
municipalités, on n'a pas les problèmes de la protection du
territoire. Il y a encore la possibilité de se construire dans les
rangs, sauf quatre paroisses qui sont couvertes par la Loi sur la protection du
territoire agricole.
M. Garon: Je pense qu'il faut appliquer les choses avec bon sens.
La Loi sur la protection du territoire agricole, c'est pour favoriser
l'agriculture, pas pour lui nuire. Dans les rangs où il y a peu de gens
qui restent, ce n'est pas la même chose.
M. Giasson: La commission va donner des autorisations de
soustraire des parcelles sur les terres agricoles?
M. Garon: Je pense qu'on va agir avec bon sens dans les rangs de
ces municipalités. Il y a un certain nombre de maisons. Les gens sont
là. Il va falloir concevoir les choses d'une façon
particulière dans ces régions par rapport à la
région de Montréal. Dans la région de Montréal,
toutes les maisons sont comme sur une rue. Le rang devient une rue. Ce danger
n'existe pas dans le haut des...
M. Russell: Le danger auquel je réfère, M. le
Président...
M. Giasson: Dans le moment, cela n'existe pas, parce que ce ne
sont pas des zones provisoires. Si un jour, par décret, vous
étendez la zone de protection du territoire agricole, on va vivre des
expériences et cela va toujours exiger des autorisations de la
Commission de protection du territoire agricole, à partir des
dispositions de la loi 90, M. le ministre.
M. Garon: Oui, mais les applications tiennent compte de la
réalité.
M. Giasson: J'aime vous entendre dire cela, parce que je mets
cela en comparaison avec certains dossiers sur lesquels j'ai eu à
intervenir vis-à-vis de la Commission du territoire agricole. Ce n'est
pas aussi facile quand nous sommes devant la commission et que nous discutons
avec les préposés de la commission, les commissaires. Ce n'est
pas aussi facile. Il y a des réserves.
M. Garon: Oui, parce que la première zone qu'on a faite,
la première région désignée, c'est une
région sur le bord du fleuve Saint-Laurent. C'est là qu'a
poussé l'urbanisation la plus forte. Ce n'est pas pareil dans des
régions périphériques. On dit "régions
périphériques", mais au fond, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, il y a
une partie qui est périphérique et il y a une partie où
c'est la même chose que la région de Montréal, la
région de Chicoutimi-Jonquière, ce coin-là, la Baie. Cela
va varier. Dans l'article 12 de la Loi sur la protection du territoire
agricole, on dit qu'on doit tenir compte de la région et de la
situation. C'est inscrit dans la loi. La commission a normalement prévu
cela. Quand on a commencé à regarder comment cela pouvait
fonctionner dans d'autres régions, il a fallu établir une
conception des choses. On a commencé à travailler sur toute la
question de la protection du territoire dans des régions
périphériques pour déterminer une conception.
Graduellement, on arrive à quelque chose, je pense, qui serait
différent de la région de Montréal. C'est parce que la
valorisation du sol ne peut pas être la même dans les
régions périphériques. Là, on est rendu loin de la
question.
M. Russell: Non, on n'est pas loin. J'essaie, pour la
troisième fois, de poser la même question. Je suis obligé
de céder la parole à d'autres, mais ma question demeure toujours
là sans réponse. (12 h 30)
J'aimerais savoir si on aura le privilège de revendre une ferme,
dont le propriétaire est fermier, achetée de son voisin qui est
financé par le crédit agricole dans des régions comme
celle que je représente ou dans la région
périphérique de Montréal, là où il y a deux
fermes qui vont fusionner ensemble, là où il y aura des
bâtisses qui ne seront pas utilisées pour d'autres fins que
l'agriculture, soit qu'un ouvrier de la ville achète ces bâtisses
ou s'il laissera ces bâtisses-là, par un tiraillement,
traîner, se ruiner et perdre de leur valeur.
M. Garon: Je vais vous dire une affaire, tous les cultivateurs
que j'ai rencontrés jusqu'à maintenant, je leur ai
conseillé de toujours acheter la maison et de la louer et, dans leur
contrat, d'inscrire que si le locataire les écoeure sur le plan
agricole, d'annuler le bail. Tous ceux jusqu'à maintenant que j'ai
connus, que j'ai rencontrés, qui m'en ont parlé
évidemment, ceux qui n'ont pas d'histoire n'en parlent pas - qui ont
acheté la terre du voisin et qui n'ont pas acheté la maison ont
tous eu des problèmes, parce qu'une maison, n'oublions jamais une
chose...
M. Russell: Je suis d'accord...
M. Garon: C'est pour cela que j'ai dit d'une façon
exceptionnelle. Une maison dans un rang, sans ferme, cela ne vaut pas cher.
Habituellement, sur le plan du marché, cela ne se vend pas cher.
M. Russell: C'est justement la raison pour laquelle je suis le
ministre et son raisonnement.
M. Giasson: M. le ministre, cela a augmenté
considérablement depuis trois ou quatre ans, le prix des maisons
situées dans des rangs. Ce ne sont pas nécessairement des gens de
la paroisse qui les achètent.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Ce sont des gens de paroisses voisines, qui
travaillent dans la paroisse voisine, qui viennent s'installer dans une
municipalité. Ils ont des véhicules pour se déplacer au
travail et ils ont donné une plus-value à beaucoup d'anciennes
maisons de ferme, qui ne sont plus des maisons de ferme aujourd'hui.
M. Garon: C'est l'augmentation du prix des maisons en ville qui a
fait que cela a augmenté. Il y a un écart entre les deux qui l'a
fait augmenter aussi.
M. Giasson: II y a des gens qui font une espèce de retour
vers la campagne, quand les gens sont capables de se trouver de l'emploi en
campagne.
M. Perron: Cela diminue.
M. Mathieu: C'est surtout le fardeau fiscal. L'an passé,
il m'arrive un individu, il achète une maison de ferme, il paie $25 000,
avec un petit emplacement, mais je n'aurais pas donné $10 000 pour. Il
dit: Je donne environ $30 de taxes municipales, et, à Montréal,
je donne $1800 par année. C'est le fardeau fiscal...
M. Russell: La question est assez importante. Je suis d'accord
avec le ministre sur son raisonnement, le cultivateur qui achète la
ferme de son voisin et la maison. Mais s'il prétend qu'il peut avoir un
prix extraordinaire et qu'il est satisfait de l'acheteur cela peut
être son fils, cela peut être son frère qu'il
travaille en ville, mais qu'il aimerait se débarrasser de la maison par
rapport au coût qu'il pourrait obtenir de la maison plutôt que de
la louer, est-ce qu'on pourrait prétendre que, par cet article, il
pourrait obtenir la permission assez rapidement de la vendre plutôt que
de tenter de la louer?
M. Garon: II y a des cas qui peuvent être prévus par
règlement, mais là-dedans on va y aller
très prudemment, parce que cela devrait être des cas
d'exception, pas des cas généralisés.
M. Russell: Ce sont toujours des cas d'exception. C'est dans ces
cas qu'il y a beaucoup de difficultés. Cela peut varier pas mal entre
l'évaluation de la propriété, le prix de la vente, et si
c'est un tiraillement... Souvent, la location n'est pas toujours recommandable.
Quand quelqu'un est propriétaire, souvent il prend soin de la
propriété beaucoup plus que quand il la loue.
M. Garon: Oui.
M. Russell: C'est toujours cette question. J'aimerais que le
ministre se prononce là-dessus, à savoir si c'est encore en
flottement. On le saura simplement quand le règlement sortira ou quand
quelqu'un sera pris avec le problème et tentera de le régler du
mieux qu'il peut. Il va être obligé d'attendre un an ou deux avant
d'avoir une réponse. On sait ce que cela coûte...
M. Garon: On ne peut pas prévoir des cas
généraux comme vous les mentionnez. Là, vous voulez
avoir... L'article que vous avez là, c'est pour des cas d'exception, pas
pour des politiques d'ensemble.
M. Russell: Cela peut être des cas prévus; lorsque
le cultivateur achète pour fins agricoles, une terre sur laquelle il a
une résidence, il pourra obtenir la permission de la vendre en
s'adressant à l'Office du crédit agricole, qui aura
l'administration de la loi.
M. Garon: II n'a pas besoin de permission pour la vendre.
M. Russell: Oui. Si c'est financé ou si c'est l'Office du
crédit agricole qui l'a achetée pour la lui revendre, ça
va lui prendre une permission.
M. Garon: Pour des questions de garanties.
Le Président (M. Laberge): L'article 32 sera-t-il
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Giasson: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Sur l'article 32, toujours?
M. Giasson: Oui, sur l'article 32, à l'alinéa 40:
"Conclure des accords avec tout gouvernement ou organisme ainsi qu'avec toute
personne, association, société ou corporation." Quel est
l'objectif recherché lorsqu'on inclut de telles possibilités dans
l'article 32? Dans l'esprit de ceux qui ont rédigé la loi,
s'agit-il de conclure des accords avec des gouvernements municipaux ou si on
vise d'abord la possibilité de conclure des ententes ou des accords avec
le gouvernement fédéral?
M. Garon: Cela peut être avec des ministères, cela
peut être avec le fédéral. Pour Mirabel, entre autres, il
faut penser au fédéral. Cela peut être un ministère,
pour les parcelles dont on parlait, pour conclure les ententes...
M. Giasson: Le ministère des Transports?
M. Garon: II y en a aux Transports et, m'a-t-on dit, aux Travaux
publics. Il y en a aux deux places. Cela peut également être avec
des municipalités.
Le Président (M. Laberge): D'ailleurs, à l'article
33, ce pouvoir est conservé au ministre seulement, il n'est pas
transféré à l'organisme. J'ai remarqué ça,
j'ai eu le temps de lire! L'article 32 sera-t-il adopté?
M. Giasson: II est tout à fait normal, si on veut conclure
des accords avec un autre gouvernement, que ce soit le ministre ou le
gouvernement comme tel qui négocie et procède à des
accords. Mais là, on pense à Mirabel. Où en est
l'état du dossier présentement?
M. Garon: II y a des rencontres.
M. Giasson: II y a des rencontres, mais est-ce que ça
progresse dans le sens des objectifs recherchés par le
ministère?
M. Garon: Disons d'abord qu'il y a eu une période
d'exploration; il semble de plus que le gouvernement fédéral va
accepter de signer des baux emphytéotiques avec des locataires. Il
semble que c'est vers cela qu'on va. Je me demande même si, dans la
réalité, on n'en a pas fait. Il y a en quelques rencontres, il y
a eu beaucoup de communication, et je pense que dans les rencontres qu'on a
eues récemment...
Mais c'est un nouveau gouvernement, souvent il faut le mettre au courant
de beaucoup de dossiers. Je ne veux pas présumer des résultats,
mais il semble ouvert aux locations à long terme.
M. Russell: Ce serait fait directement entre le cultivateur et le
gouvernement?
M. Garon: Actuellement, on leur disait, dans la première
phase, de faire des baux à long terme avec les producteurs; autrement,
les gens n'ont aucune sécurité et ne savent pas ce qu'ils vont
faire. Ils ne peuvent pas investir et rien.
M. Russell: M. le Président, ça va plus loin que
ça.
M. Garon: Ils semblent ouverts à regarder ça, mais
je ne sais pas s'ils ont commencé.
M. Russell: Ces fermes-là, si elles doivent être
améliorées, ce sera avec l'aide du gouvernement provincial dans
la plupart des cas. Le gouvernement provincial investira dans ces fermes. Il
faudrait avoir une certaine garantie, c'est évident, que ça peut
durer assez longtemps.
M. Garon: Les deux. M. Russell: Les deux.
M. Giasson: Avez-vous idée, M. le ministre, de la
superficie réelle des bonnes terres agricoles...
M. Garon: Oui.
M. Giasson: ... qui étaient en exploitation au moment
où le gouvernement fédéral a décidé
d'exproprier? Je parle de celles qui étaient en exploitation.
M. Garon: Ils ont exproprié 93 000 acres; ils en ont
utilisé 16 000 ou 17 000.
M. Giasson: 93 000 acres? M. Garon: Oui.
M. Giasson: Sur les 93 000 acres, quel était l'"acrage"
constitué de bonnes fermes en exploitation, utilisées en
agriculture?
M. Garon: Ils ont eu besoin de 16 000 ou 17 000 acres pour
l'aéroport, il y en a 76 000 dont ils n'ont pas eu besoin.
Là-dessus, c'est à peu près 45 000 qui étaient de
bonnes terres agricoles; il y avait un peu de boisé
là-dedans.
M. Giasson: Est-ce que ces terres étaient
exploitées?
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Vous êtes sûr de ça?
M. Garon: Oui, c'étaient des villages qui marchaient
très bien, Sainte-Scholastique, etc.
M. Giasson: Oui, les villages fonctionnaient, mais je vous parle
des terres agricoles qui étaient en exploitation. Cela ne regarde pas le
village lui-même. Il y a des terres agricoles qui n'ont pas
été exploitées depuis des années.
M. Garon: Pas à ces distances-là de
Montréal.
M. Giasson: Si le gouvernement du Québec les achetait, ce
ne serait pas une perte pour la productivité agricole; au contraire, on
aurait des chances qu'elles retournent possiblement à la
productivité.
M. Garon: Pour l'utilisation et la non-utilisation, il y a des
endroits bien caractéristiques. C'est plutôt autour des grandes
villes, à une certaine distance; on a une spéculation trois
à cinq milles autour des grandes villes, mais dans des régions
agricoles... Par exemple, hier, j'avais à aller en
hélicoptère un petit bout dans la région de Nicolet.
Savez-vous qu'où je suis passé, c'était
épuisé à cent pour cent. Il n'y avait pas vraiment de
terres non utilisées.
M. Giasson: Dans la région de Nicolet?
M. Garon: Oui, parce qu'il n'y a pas de ville. Alors, il n'y a
pas de spéculation véritablement là. Mais la
spéculation va se faire autour d'une municipalité où il y
a un développement domiciliaire. Cela va être cinq milles autour
de cela surtout que va se faire la spéculation.
M. Giasson: Toujours à Mirabel, les cultivateurs qui ont
continué d'exploiter le sol, parce qu'il y a encore de l'agriculture qui
se pratique en dépit de la présence du fédéral sur
le territoire, ceux qui ont déjà loué, quelles sont les
conditions de location, les taux?
M. Garon: Je pense que les taux ne sont pas très
élevés. C'est pour un an, deux ans.
M. Giasson: Ce sont des baux d'un an.
M. Garon: À court terme. C'est un an ou deux. On n'a pas
vu tous les baux, mais les cultivateurs qu'on a rencontrés ont des baux
d'un an ou deux.
M. Giasson: Qui sont renouvelables à la volonté
de...
M. Garon: On nous a même dit je ne sais pas si c'est
exact; je ne voudrais pas lancer la rumeur non plus qu'il y avait un
certain nombre de fonctionnaires fédéraux qui avaient loué
des fermes là aussi. On a demandé de vérifier si
c'était vrai.
M. Giasson: Comme on a des fonctionnaires provinciaux qui ont
acheté des terres également au Québec. Non seulement ils
ont loué, mais ils ont acheté. Les fonctionnaires se
ressemblent.
M. Garon: À Mirabel, ce n'est pas pareil.
M. Giasson: Si on loue selon les conditions, les critères
et les normes déterminés par règlement, cela ne me fatigue
pas trop que ce soit un fonctionnaire fédéral qui loue
plutôt qu'un fonctionnaire provincial.
M. Garon: Mais si vous faites un bail renouvelable d'année
en année, cela baisse immédiatement la valeur de location. Alors,
si je ne suis pas un agriculteur, si je veux avoir une ferme là et ne
pas payer cher, j'aime autant avoir des baux à court terme, un an, cela
ne vaudra pas cher. Si je mets des baux emphytéotiques à 30 ans,
immédiatement le bail prend une valeur et le cultivateur est
intéressé parce qu'il va investir et cela vaut l'argent que cela
va rapporter. Alors, là cela devient moins intéressant pour un
gars qui n'est pas cultivateur.
M. Giasson: Mais ce bail d'un an ou de deux ans, le
propriétaire du fonds de terre n'est pas tenu obligatoirement de le
renouveler.
M. Garon: Mais non. Sur une terre agricole, un bail d'un an, cela
ne vaut rien. Cela vaut la culture. Cela ne vaut pas la culture. Cela vaut ce
que vous allez ramasser sans cultiver. Vous ne commencerez pas à
développer la terre. Vous allez couper le foin.
M. Russell: Est-ce qu'il y a eu des travaux d'amélioration
qui ont été faits, sur ces baux à court terme, avec l'aide
du gouvernement provincial, dans certains cas?
M. Garon: II y en a eu. Cette année on a
arrêté cela. On a dit: S'il n'y a pas de baux à long terme,
sauf les dépenses de fonctionnement normales, les taxes foncières
et des choses comme cela. Mais des taxes pour des travaux d'investissements, on
a dit qu'on ne paierait pas, sauf s'il y avait des baux à long terme.
Cet argent va servir à quoi? C'est un bail pour un minimum de dix ans de
manière que lorsqu'il y a des travaux de développement de
l'infrastructure agricole, il y ait une subvention là-dessus avec
l'accord des cultivateurs. Ils trouvaient cela épouvantable que le
gouvernement provincial dépense de l'argent. Ceux qui m'ont
alerté ce sont les cultivateurs qui m'ont dit que c'était
épouvantable, sur une terre, dans un an, dépenser tant d'argent
dans le sol sans savoir si ce sera pour de l'agriculture l'année
suivante. C'est à la suggestion des cultivateurs eux-mêmes qu'on a
fait cette...
M. Giasson: Oui, mais quelle est l'expérience vécue
jusqu'à maintenant vous me corrigerez si ce n'est pas cela
pour les cultivateurs qui ont demeuré dans la région
possédée par le fédéral pour la zone
aéroportuaire qui ont continué de faire de la culture? Est-ce que
le fédéral, en dépit de l'existence d'un bail d'un ou de
deux ans, n'a pas renouvelé ces baux? Parce que j'imagine que le gars
qui fait n'importe quel type de production à temps plein...
M. Garon: Oui, mais il va emprunter de l'argent de qui? Qui va
lui prêter de l'argent sur un bail d'un an pour faire des travaux?
Personne.
M. Giasson: II se fait beaucoup de prêts sans
nécessairement donner la garantie du fonds.
M. Garon: Je vous dis que si vous faites des travaux et que vous
avez besoin de financement, si vous avez un bail d'un an, de ce que j'ai vu
jusqu'à maintenant, les banques...
M. Giasson: Mais, tout de même, les gens qui cultivent ces
fermes, comment s'organisent-ils sur le plan financier? S'ils continuent
d'exploiter les fermes, c'est signe ou qu'ils...
M. Garon: Ce sont des exceptions.
M. Giasson: ... sont personnellement dans une bonne situation
financière ou qu'ils ont des capacités d'emprunt sur simple
valeur morale. (12 h 45)
M. Garon: Ou bien ils ont de l'argent personnel, d'autres
valeurs. Lors d'une conférence socio-économique sur l'industrie
des céréales, les gens disaient que si le bail n'avait pas une
certaine durée les banques ne voulaient pas prêter du tout, parce
qu'autrement, elles ne récupéreront pas l'investissement du fonds
de terre.
M. Russell: Quel est le but poursuivi actuellement? Est-ce la
banque de terres qui négocierait avec le fédéral en vue de
la location?
M. Garon: Non.
M. Russell: Le fédéral fera affaires directement
avec les cultivateurs?
M. Garon: J'ai une équipe qui rencontre les gens du
fédéral, les gens du ministère, de l'office. Il y a quatre
ou cinq personnes. C'est parce qu'il y a différents aspects. Ce sont eux
qui voient comment vont les choses.
M. Russell: Vous avez une liste de gens qui demandent à
louer des fermes dans cette région-là?
M. Garon: Non, on n'a pas fait cela, mais il y en aurait
rapidement.
M. Russell: II y a actuellement beaucoup de terrains qui ne sont
pas occupés?
M. Garon: Oui... Est-ce qu'il y a des terrains pas occupés
ou non? Je n'ai pas fait de recherche dans ce sens. On sait qu'au point de vue
des bonnes terres agricoles, au point de vue du développement agricole,
s'il n'y a pas de baux à long terme, cela ne sert à rien.
À part cela, il y avait une chose qui fatiguait bien les gens de
cet endroit. Ils disaient: Si on fait des travaux d'amélioration, cela
entre dans la valeur de la ferme et le taux de location augmente. On n'a pas
intérêt à faire des travaux, à ce
moment-là.
Après les avoir rencontrés, avoir discuté avec eux,
écouté ce qu'ils disaient, je leur demandais ce qu'ils voulaient
exactement et ils m'expliquaient cela dans leurs mots. J'ai
réalisé à ce moment que ce qu'ils demandaient, au fond, ce
qu'ils voulaient avoir, l'instrument juridique correspondant à cela,
c'est le bail emphytéotique. Je leur ai suggéré de
regarder le bail emphytéotique. Cela répondrait à ce
qu'ils voulaient. Ils l'ont regardé. Et ils ont dit: C'est exactement ce
qui ferait notre affaire.
À ce moment-là, les améliorations leur reviennent,
leur restent. Cela n'augmente pas le loyer. Cela correspondrait à leur
affaire.
M. Giasson: Mais quand vous dites que le gouvernement
fédéral augmente le loyer dès qu'un cultivateur a fait des
améliorations, cela suppose que dans les règlements d'application
de ce programme, de cette politique, il est prévu que le gouvernement
peut, d'autorité, augmenter les
taux de location parce qu'un agriculteur qui était sur une ferme,
a décidé de l'améliorer. C'est cela qui existe.
M. Garon: C'est cela qu'ils m'ont dit.
M. Giasson: Cela serait intéressant à examiner.
M. Garon: Le gros point, je pense que c'est Mirabel. J'ai
l'impression que cela va prendre quelques années avant que le besoin
d'agrandissement se fasse sentir. C'est plutôt le besoin de rapetisser.
S'il avait été localisé où Daniel Johnson le
voulait de son temps, dans le bout de Drummondville, cela aurait
été beaucoup mieux que...
M. Giasson: Vous auriez vécu la même
expérience pour le développement du nouvel aéroport. Tant
que vous ne fermerez pas Dorval, vous allez vivre le problème, que
l'aéroport soit à Mirabel, à Joliette, à
Drummondville. Vous ne changez rien actuellement.
M. Garon: Ce n'est pas cela le problème. J'ai
été à plusieurs endroits jusqu'à maintenant et je
n'ai jamais vu un aéroport aussi loin du centre de la ville que Mirabel.
C'est loin.
M. Giasson: Ce ne serait pas moins loin à
Drummondville.
M. Garon: À Drummondville, vous pourriez facilement...
M. Russell: Cela dépend où on aurait fait la
sortie. C'était entre Drummondville et Saint-Hyacinthe. Mais, encore
là, la première remarque, c'est que c'était inutile.
Deuxièmement, si cela devait être fait, cela devait être
plus central dans la province si c'était fait pour cette
région-ci. Et comme il était question d'en faire un en
Ontario...
Le Président (M. Laberge): Cette discussion concerne
plutôt le ministère des Transports.
M. Russell: Nous sommes à l'article 32, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Nous sommes à l'article
32, mais on déroge. Nous sommes rendus au ministère des
Transports.
M. Giasson: M. le Président, nous étions justement
à discuter de...
M. Russell: On transporte le débat, actuellement.
Le Président (M. Laberge): En le transportant à
Drummondville, j'ai sursauté. En restant à Mirabel, cela
allait.
M. Giasson: Nous étions à discuter justement des
pouvoirs qu'on donne dans l'article 32 de "conclure des accords avec tout
gouvernement". La discussion était à l'intérieur de cette
opération-là. Lorsqu'on veut conclure des accords
également avec "toute personne, association, société ou
corporation", quels sont les objectifs précis qu'on recherche?
M. Garon: Je vais vous donner l'exemple d'une
société. Disons que gouvernement, cela peut être le
gouvernement fédéral, organisme, d'autres ministères;
corporation, cela peut être une corporation municipale. Une
société? Prenons pour l'exploitation de la vallée de la
Matapédia, il y a une société qui regroupe tant de
personnes; d'ailleurs, elles se sont bâti un parc d'engraissement en
vertu des programmes du ministère. Le JAL, par exemple. Ce sont des
organismes un peu comme ceux-là qui voudraient faire du
développement dans certaines régions. Je ne pense pas que ce sera
la formule générale, mais, dans certains cas, pour des fins de
développement, il y a des formules comme cela qui ont été
tentées. Cela pourrait être cela.
M. Giasson: Des opérations pilotes.
M. Garon: J'ai bien confiance en la Matapédia. Il y a des
genres de travaux qui sont peut-être plus faciles que d'autres. En tout
cas!
M. Giasson: Mais ne pensez-vous pas que, sur une longue
période, les expériences qu'on tente dans ces
régions-là vont devoir, pour se continuer dans le temps, obtenir
nécessairement des programmes spéciaux?
M. Garon: Je pense que, si ces formules-là essaient de se
maintenir de façon constante, ce sera difficile.
M. Giasson: Vous admettez cela?
M. Garon: Oui, parce que, habituellement, il y a un leader qui
regroupe les gens. Tant que le leader est là, cela marche. Quand le
leader s'en va, s'il n'est pas remplacé, cela s'"effoire" souvent. Par
ailleurs, dans certains cas, je parle, par exemple d'un parc d'engraissement
dans le boeuf qui est parti, une formule comme cela, une fois parti, le parc
d'engraissement peut devenir la propriété de deux ou trois, de
trois ou quatre personnes en société. Cela pourrait marcher. Mais
quand cela reste quelque chose où il y a trop de monde, il y a beaucoup
de bonne volonté, mais ça prend plus que cela.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que l'article 32 sera
adopté?
M. Garon: On ne peut pas empêcher les gens qui n'ont pas eu
beaucoup de possibilités de tenter quelque chose. C'est ma conviction
personnelle. Je ne peux pas me mettre à la place de tout le monde et
dire: On va décider à votre place en toute chose, s'il y a une
possibilité, si vous avez
confiance, et leur donner un coup de main. Des organismes collectifs
dans ces choses... En tout cas j'ai travaillé et j'ai enseigné le
droit des coopératives à l'Université Laval, pendant
quelques années; j'ai regardé ce qui s'est passé dans les
différents pays du monde, et des formules collectives, cela ne
fonctionne pas.
M. Giasson: Si vous avez des bons leaders, cela fonctionne.
M. Garon: Oui, cela fonctionne temporairement. Il y a une
expérience dans le domaine du verre, en France, qui fonctionne depuis
deux cents ans. C'est un cas d'espèce, cela a fonctionné. Dans le
domaine des coopératives ouvrières de production ou des fermes
coopératives de production, on a trouvé une formule qui
correspond à notre génie. Les fermes privées avec des
coopératives pour faire notre mise en marché ou pour faire la
transformation des produits, cela correspond à notre
mentalité.
M. Giasson: Comme dans les pays Scandinaves.
M. Garon: Oui. En tout cas, c'est une question d'opinion. Je ne
pense pas que cela ait des grosses chances de succès. Cela ne correspond
pas assez à la mentalité des gens.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre, êtes-vous
prêt à adopter l'article 32?
M. Russell: ... exploités par une coopérative, cela
pourrait peut-être fonctionner, mais...
M. Garon: Pas une coopérative, mais une
société d'exploitation de développement. Cette
société d'exploitation, il y a un groupe de gens ensemble qui se
disent: On va partir un parc. Ils vont se rendre compte rapidement, à
moins qu'il y ait un gérant, un gars qui connaît cela et qui
demeure là, ils vont se partager les bénéfices entre eux.
S'ils sont trop, cela ne rapportera pas grand-chose à chacun. Quand il
est organisé, il peut faire vivre deux ou trois personnes, alors on le
revend et on en organise un autre. Je ne sais pas, il peut y avoir
différentes façons.
M. Russell: II y a des coopératives qui ont bien
fonctionné. Cela a été la même opération.
Cela prend un leader dans cela, sans cela les coopératives mêmes
ne fonctionnent pas.
M. Garon: Oui, mais les coopératives font des affaires. Ce
n'est pas la même chose que la production. La production, c'est une autre
affaire. Des animaux, ce n'est pas comme un magasin où tu mets la
clé sur la porte à 17 heures et où tu reviens le lendemain
à 9 heures. Tu entres dans l'affaire, mais à un moment
donné, s'il y a une vache qui est malade, qui est-ce qui se lève
et va s'en occuper, qui couche dans la grange le soir ou qui passe des heures
là? Ce n'est pas pareil.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre, en attendant
est-ce que je pourrais avoir votre consentement? Tout le monde est prêt
à adopter l'article 32?
M. Giasson: M. le Président, on ajoute, à la toute
fin de l'article 32, le texte suivant: "Le troisième alinéa de
l'article 29 s'applique à la présente section." Je n'ai pas le
texte de la loi du ministère devant moi; pourrait-on au moins nous
donner lecture du troisième alinéa de l'article 29? C'est celui
qu'on retrouve à l'article 1 de la loi et qui constitue le
troisième alinéa?
Le Président (M. Laberge): C'est ça, l'article 29
est amendé.
M. Garon: C'est pour ne pas être soumis à la Loi des
terres de colonisation.
Le Président (M. Laberge): Cela va?
M. Giasson: Cela va, mais, lors de la discussion, la semaine
dernière, on avait indiqué que la réglementation
s'appliquerait uniquement aux dispositions de la section VII, qui est la
nouvelle section, mais ça va s'appliquer également à une
disposition qu'on retrouve à la section VI.
M. Garon: Non, ce n'est pas le pouvoir réglementaire
concernant ça, c'est simplement soustraire à l'application de la
Loi des terres de colonisation, pour permettre la location et la vente d'un
droit.
M. Giasson: Oui, mais il reste que votre réglementation,
que vous allez vous donner en vertu de l'article 36, qui va déterminer
les critères permettant de fixer le prix d'acquisition,
d'aliénation ou le coût du loyer de tels immeubles va s'appliquer
également aux immeubles qui sont possédés par le
ministère des Terres et Forêts dont il est question dans le
troisième alinéa de l'article 1. Quand vous allez louer des
terres, propriétés du ministère, tel qu'indiqué au
troisième alinéa, vous allez utiliser les règlements que
vous retrouvez...
M. Garon: Non.
M. Giasson: Oui, à la section VII. Vous n'avez pas d'autre
règlement pour ces cas, voyons! C'est sûr.
M. Garon: S'ils viennent dans la banque de terres.
M. Giasson: Oui. M. Garon: C'est ça.
M. Giasson: Dont il est question dans l'article 29, donc dans la
section VI de la loi du ministère. Je vous disais, la semaine
dernière, que votre réglementation pouvait s'appliquer d'abord
à la
section VII, qui est une section nouvelle, mais également
à des dispositions de la section VI.
M. Garon: Non, c'est seulement le troisième
alinéa.
M. Giasson: Oui, mais il est dans la section VI. M. Garon:
Oui.
M. Giasson: Vous m'aviez dit non la semaine dernière.
M. Garon: Oui, mais...
M. Giasson: Vous m'aviez dit non la semaine dernière. Vous
venez de me confirmer que j'avais raison lorsque je vous ai dit que la
réglementation de la section VII pouvait s'appliquer partiellement aux
dispositions de la section VI.
M. Garon: Le troisième alinéa, c'est
celui-là... Non.
M. Giasson: Écoutez, vous ne ferez pas un règlement
spécial pour le troisième alinéa de la section VI. Vous
allez utiliser les règlements prévus dans la section VII pour
appliquer à la partie concernée dans la section VI.
M. Garon: Oui, mais le troisième alinéa qui
s'applique dans la section VII est seulement celui qui se trouve être le
premier dans les amendements. "À ces fins, le ministre peut, notamment,
acquérir tout immeuble détenu en vertu d'un billet de location
émis sous l'autorité de la Loi des terres de colonisation et,
à compter de cette acquisition, c'est ça qui est
important, "à compter de cette acquisition" ce billet de location
est révoqué de plein droit et la révocation a le
même effet que si elle était faite par le ministre en vertu de la
section IV..."
M. Giasson: C'est le deuxième alinéa.
M. Garon: C'est le troisième. Cela s'ajoute à
d'autres alinéas dans la loi du ministère. La loi du
ministère est modifiée par l'addition, à la fin des
alinéas suivants... comme on dit dans l'autre article, le
troisième alinéa de l'article 29 s'applique à la
présente section. Le troisième alinéa c'est celui qui
commence par: "À ces fins".
M. Giasson: Oui, c'est ça. M. Garon: Lorsqu'il y
aura...
M. Giasson: Est-ce que c'est celui qui commence par "À ces
fins", ou celui qui commence par "II peut aussi par avis"...?
M. Garon: C'est celui qui commence par "À ces fins". C'est
pour dire que lorsqu'un billet de location est révoqué, ça
va soustraire l'immeuble... Après ça, on dit: "À compter
de cette acquisition, un tel immeuble n'est plus soumis à cette
loi."
M. Giasson: De toute façon, le troisième
alinéa fait partie de la section VI. Ensuite on ajoute la section VII,
et les règlements que vous allez édicter pour rendre
opérante la section VII vont devoir, dans le cas du troisième
alinéa de la section VI, servir là également.
Le Président (M. Laberge): Sur ce, la commission ajourne
ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise de la séance à 16 h 44)
Le Président (M. Laberge): À l'ordre,
messieurs!
La commission de l'agriculture et de l'alimentation reprend ses travaux
concernant le projet de loi no 43, Loi modifiant la Loi du ministère de
l'Agriculture.
Les membres de cette commission, cet après-midi, sont: M. Baril
(Arthabaska) remplacé par M. Lavigne (Beauharnois); M. Beauséjour
(Iberville); M. Dubois (Huntingdon) remplacé par M. Russell
(Brome-Missisquoi); M. Gagnon (Champlain), M. Garon (Lévis), M. Giasson
(Montmagny-L'Islet), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M.
Rancourt (Saint-François), M. Vaillancourt (Orford).
Les intervenants sont: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Charbonneau
(Verchères), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue), M.
Mercier (Berthier), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Picotte (Maskinongé)
remplacé par M. Mathieu (Beauce-Sud); M. Samson (Rouyn-Noranda).
Le rapporteur est M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata).
Lorsque nous avons suspendu nos travaux avant le lunch, j'ai
demandé si l'article 32 serait adopté.
M. Garon: Adopté.
M. Russell: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): L'article 32 est adopté
sur division. J'appelle l'article 33.
Administration de la banque de terres
M. Garon: L'article 33 n'est pas trop compliqué. Le
premier paragraphe dit que "le lieutenant-gouverneur en conseil peut, aux
conditions qu'il détermine, confier l'administration de la
présente section à un organisme public qu'il désigne.
À cette fin, l'organisme désigné exerce, au nom du
ministre, les pouvoirs conférés à ce dernier par les
paragraphes 1, 2 et 3 du deuxième alinéa de l'article 32 et par
les troisième et quatrième alinéas dudit article". C'est
simplement pour que le gouvernement puisse confier à un organisme public
qu'il va désigner l'administration de cette nouvelle section de la loi
concernant la banque de terrains. L'organisme ainsi désigné aura
les mêmes pou-
voirs que le ministre quant à l'acquisition des immeubles,
à l'exécution des travaux, à la location ou à la
vente d'immeubles et à la soustraction au régime de la Loi des
terres de colonisation.
Le deuxième paragraphe se lit comme suit: "L'organisme
désigné, malgré toute disposition contraire de la loi en
vertu de laquelle il est constitué, peut, aux fins de la présente
section et avec l'autorisation préalable du lieutenant-gouverneur en
conseil, contracter des emprunts par billets, obligations ou autrement, aux
termes et conditions que détermine le lieutenant-gouverneur en conseil."
On aurait pu écrire le gouvernement.
M. Giasson: Cela n'a pas d'importance. C'est du pareil au
même.
M. Garon: Cela se dit mieux le gouvernement. Le gouvernement peut
donc accorder à l'organisme visé des pouvoirs d'emprunt, mais aux
termes et conditions déterminés par le gouvernement et avec
autorisation préalable.
Troisième alinéa: "Aux fins de la présente section,
on entend par organisme public un organisme dont le gouvernement ou un ministre
nomme la majorité des membres, dont la loi ordonne que le personnel soit
nommé et soit rémunéré suivant la Loi de la
fonction publique et dont le capital-actions provient, pour plus de la
moitié, du fonds consolidé du revenu."
Alors, ici, comme je l'ai mentionné, l'organisme public que nous
avons à l'esprit, c'est l'Office du crédit agricole. Alors, c'est
cela, l'article 33.
Le Président (M. Laberge): Une question, M. le
député de Montmagny-L'Islet?
M. Giasson: M. le Président, étant donné que
le ministre vient de déclarer à nouveau que l'organisme qu'il
avait à l'esprit pour administrer la banque des terres arables
était l'Office du crédit agricole, je voudrais qu'il me donne les
raisons pour lesquelles il n'a pas mentionné, à l'article 33 ou
à quelque part dans la loi, que l'organisme qu'il avait à
l'esprit initialement était bel et bien l'Office du crédit
agricole.
Je ne comprends pas, au moment où le ministre est
déjà fixé dans le choix d'un organisme qui sera
administrateur vis-à-vis de la banque de terres agricoles, pourquoi il
n'a pas procédé, dans son texte de loi, en précisant le
nom de l'organisme, c'est-à-dire l'Office du crédit agricole du
Québec.
M. Garon: Parce qu'à ce moment-ci ce qui convient le
mieux, c'est l'Office du crédit agricole. On va essayer de regrouper les
terres, un moment donné, dans un même organisme. Les terres de
colonisation, actuellement, sont au ministère... Il y a des terres du
réaménagement foncier, il y a des parcelles, différentes
choses, comme cela. À ce moment-ci, je pense que ce serait mieux de
confier cela à l'Office du crédit agricole. S'il arrivait
qu'éventuellement, pour différentes raisons, ce serait mieux de
reconfier cela au minis- tère, dans un regroupement au sein du
ministère, ou encore ailleurs, la loi donnerait la latitude pour le
faire, mais, à ce moment-ci, je pense que c'est... Et je dois dire
que...
M. Giasson: Serait-ce que le ministre n'a pas entière
confiance dans l'Office du crédit agricole pour procéder à
la constitution et l'administration de la banque des terres, au
Québec?
M. Garon: C'est parce que dans le passé, il y a eu des
lois qui ont été votées ou des programmes qui ont
été faits, comme les programmes de terres de colonisation ou dans
les affaires de billets de location, réaménagement foncier, et,
selon qu'on passait d'un organisme à un autre, les pouvoirs
étaient limités, soit que le ministère pouvait faire des
choses que l'office ne pouvait pas faire ou inversement. Tandis qu'en mettant
la réversibilité des pouvoirs, dans cet article, à ce
moment, soit que ce soit administré par l'un ou l'autre, ou en partie
par l'un ou l'autre, cela peut fonctionner, tous les mécanismes peuvent
fonctionner.
M. Giasson: Ce sont là les seules raisons? M. Garon:
Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que c'est pour tenir l'Office du
crédit agricole sous votre autorité que vous le faites? Si cela
n'est pas à votre goût, vous allez lui faire des menaces de lui
enlever le dossier? Qu'est-ce que vous répondez à cela? C'est
sérieux, ce sont des choses qui peuvent arriver.
M. Garon: Les organismes marchent selon les directives qui leur
sont données. On ne peut pas présumer de ce qu'il serait mieux de
faire. À ce moment-ci, je suis convaincu que c'est mieux d'agir de cette
manière. Mais, avec le temps, comment seront administrés les
programmes, dans un certain nombre d'années? Je ne le sais pas. On ne
sait pas de quelle manière ils seront administrés dans un certain
nombre d'années. Je pense aux différentes régions. On a
des mécanismes qui sont appelés à se modifier aujourd'hui,
nous sommes rendus avec je ne sais combien de syndicats de gestion. C'est une
formule qui est partie très lentement, mais qui est en train de
s'accroître. Si cette formule se généralisait, par exemple,
cela changerait drôlement les perspectives du ministère dans les
régions.
M. Giasson: Qu'est-ce que vous entendez par là
exactement?
M. Garon: Cela se pourrait.
M. Giasson: Précisez donc cela un peu, qu'on aille au fond
des choses.
M. Garon: Je vous donne des exemples. M. Giasson: Vous ne
précisez rien.
M. Vaillancourt (Orford): Vous n'en avez pas donné.
M. Giasson: C'est un exemple et cela n'en est pas un. C'est une
hypothèse, sans précision.
M. Garon: II y a beaucoup de syndicats de gestion qui se forment
actuellement.
M. Giasson: Oui. Est-ce que vous les voyez comme organismes
pouvant administrer la banque de terres?
M. Garon: Non, je ne les vois pas comme organismes pouvant
administrer, mais si, par exemple, il y avait 300 syndicats de gestion, ce qui
n'est pas impossible, est-ce qu'on aurait besoin de faire fonctionner des
bureaux locaux et des bureaux régionaux de la même façon
qu'aujourd'hui? Je ne suis pas convaincu de cela.
M. Giasson: Pourquoi n'êtes-vous pas convaincu de cela?
M. Garon: Parce qu'un syndicat de gestion a un agronome à
temps plein pour cinquante cultivateurs. C'est en partie financé par le
ministère de l'Agriculture. C'est un programme qu'il y avait dans votre
temps, mais il ne marchait pas. Peut-être que les gens n'étaient
pas prêts pour cette formule-là, non plus.
M. Vaillancourt (Orford): Cela a fonctionné dans certaines
régions, mais je pense que cela ne fonctionne pas dans toute la
province.
M. Garon: Là, cela démarrait mal.
M. Giasson: Vous avez combien de syndicats de gestion qui
fonctionnent vraiment au moment où on se parle? Je vous demande ceux qui
fonctionnent; je ne vous demande pas le nombre qui existe.
M. Garon: II y en a au-delà d'une dizaine. Je ne me
rappelle plus le nombre exact, mais je sais que c'est une formule qui a pris
une ampleur considérable au cours de cette année.
M. Beauséjour: Chez nous, cela marche bien. M. Garon:
Chez vous, il y en a un.
M. Giasson: Ils ne sont pas tous comme le vôtre.
M. Beauséjour: Les autres, il faut leur laisser le temps
de partir.
M. Garon: À part cela, il y a l'aspect humain, disons. On
ne l'a pas mentionné là-dedans. Vous êtes conscients qu'il
y a toujours des rivalités d'organismes et de choses comme cela, au
fond.
M. Giasson: C'est la concurrence.
M. Russell: Quand il y en a seulement un, il n'y a pas de
rivalité.
M. Garon: Non, je veux dire que quand il y a des terres à
une place, il y en a à l'autre et à l'autre. On veut faire un
regroupement, mais, psychologiquement, c'est peut-être mieux d'inscrire
cela comme cela.
M. Giasson: Êtes-vous conscient, M. le ministre, que votre
façon de procéder pour déterminer l'organisme est quelque
chose de nouveau sur le plan de la législation?
M. Garon: Je ne le sais pas. Personne n'a été
surpris de cela.
M. Giasson: Faites de la recherche au niveau des lois du
Québec et vous ne retrouverez pas cela facilement dans la
législation québécoise, ni au Québec, ni dans
d'autres provinces, ni au pays.
M. Vaillancourt (Orford): Pourquoi ne l'incluez-vous pas dans la
loi? Vous avez donné comme raison, tout à l'heure, que c'est au
cas où il arriverait certains besoins de changements. L'Assemblée
nationale se réunit tous les ans. Une loi peut toujours être
modifiée assez facilement. Cela donne la chance au ministre de parler
d'agriculture. Cela lui ouvre une porte.
M. Garon: Là, vous parlez en théoricien. Je
fusionne deux régies. Pour arriver avec un projet de loi prêt
à être déposé, cela m'a pris deux ans et demi de
bataille. Je ne parle pas en théorie, je parle en pratique.
M. Giasson: Vous vous êtes battu avec qui? Avec
l'Opposition?
M. Garon: Ce n'est pas facile de faire des regroupements dans des
ministères et des choses comme cela. Dans des ministères, quand
on veut rationaliser des fonctions administratives, ce n'est pas facile. Cela
veut dire des regroupements. Aujourd'hui, entre faire une mutation et
déplacer l'édifice du parlement, je pense que c'est quasiment
plus facile de déplacer le parlement.
M. Giasson: C'est plus facile de déplacer le parlement que
de déplacer un fonctionnaire.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Vous dites cela avec un sérieux qu'on ne vous
connaît pas habituellement.
M. Garon: C'est vrai. Je suis très convaincu de cela.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce parce que vous manquiez de
pouvoirs auprès du Conseil des ministres pour faire passer vos
demandes?
M. Garon: C'est parce que l'organisme de la Fonction publique, il
pense à protéger les fonc-
tionnaires, mais il faudrait aussi qu'il pense à protéger
le public. Ce serait peut-être une bonne affaire.
M. Giasson: Les fonctionnaires font partie du public
québécois aussi.
M. Vaillancourt (Orford): Vos arguments ne me convainquent pas
beaucoup.
M. Garon: Non, parce que vous n'avez jamais essayé de
faire cela.
M. Vaillancourt (Orford): Non, je n'aurais pas osé
suggérer cela au Conseil des ministres lorsque j'étais là.
Etant donné que l'Assemblée nationale siège tous les ans,
c'est toujours facile d'apporter des amendements à un projet de loi
quand l'Assemblée nationale siège tous les ans. Vos arguments ne
me convainquent pas. Vous vous gardez tous les pouvoirs de changer l'organisme
qui sera appelé à administrer la banque de terres. C'est ni plus
ni moins de la législation par décret, tout simplement. En ce qui
me concerne, je trouve que c'est une nouvelle formule. C'est du nouveau dans la
législation. C'est du droit nouveau, comme dirait Jean-Noël Lavoie,
mais je pense que ce n'est pas la bonne façon de garder une certaine
sécurité pour un organisme qui va avoir à administrer la
banque de terres. Vous allez toujours les tenir sous l'épée de
Damoclès, ce qui va peut-être les empêcher de donner...
M. Garon: Quelle épée de Damoclès?
M. Vaillancourt (Orford): N'importe quand. Vous n'avez pas
à amener cela devant l'Assemblée nationale pour changer
l'organisme. Vous allez tout simplement changer cela par arrêté en
conseil. C'est aussi simple que cela. Quand cela vient devant
l'Assemblée nationale, vous dites que cela prend deux ans avant que cela
ne vienne. C'est un petit peu long, mais mettons un an, parce que
l'Assemblée nationale siège tous les ans. Vous ne le mettez pas
dans la loi. Vous le mettez dans vos règlements, ce qui veut dire que
vous allez pouvoir changer l'organisme. C'est de la législation par
décret tout simplement.
M. Garon: Ce n'est pas de la législation, c'est de
l'administration. L'administration est du ressort du gouvernement. Remarquez
que le lieutenant-gouverneur en conseil peut, aux conditions qu'il
détermine, confier l'administration... C'est de l'administration.
M. Giasson: C'est de l'administration, mais, avant
l'administration, il y a le droit strict des élus.
M. Garon: Pardon?
M. Giasson: II y a le droit strict chez les élus du peuple
de connaître par la loi quel est l'organisme qui va avoir à
administrer une section de la Loi du ministère de l'Agriculture. En
définitive, vous demandez à l'Office du crédit agricole,
sans le dire dans votre loi, de constituer la banque de terres,
c'est-à-dire de prendre charge de l'administration de toute la nouvelle
section qu'on ajoute à la loi du ministère.
M. Garon: Mais il faut regrouper toutes ces affaires pour ne pas
qu'on se retrouve avec plusieurs organismes.
M. Giasson: Vous allez dans le même sens que nos
commentaires lors du débat sur la loi no 90; nous avions dit: II existe
déjà un organisme qui s'appelle l'Office du crédit
agricole qui est fort bien équipé et qui a une connaissance, une
expertise dans le secteur de l'agriculture au Québec c'est
indéniable qui aurait pu prendre charge de l'administration de la
loi no 90. Là, vous avez jugé bon de créer un organisme
nouveau. (17 heures)
M. Garon: Non.
M. Giasson: La Commission de contrôle du territoire
agricole. C'est un organisme que vous avez créé dans votre loi no
90.
M. Garon: La Commission de protection du territoire agricole et
faire une banque de terres, c'est le jour et la nuit. Si vous pensez à
mettre une banque de terres dans la Commission de protection du territoire
agricole, cela ne va pas ensemble.
M. Giasson: Ce n'est pas cela que je vous ai dit, M. le ministre.
Je vous ai rappelé que, pendant le débat sur la loi no 90, on
s'était opposé à la création d'une nouvelle
commission parce qu'on savait qu'au ministère vous aviez l'organisme
tout désigné pour prendre charge de l'administration et de
l'application de toutes les dispositions prévues dans la loi no 90 sur
la protection du territoire.
M. Garon: Je ne suis pas convaincu de cela.
M. Giasson: Cela paraît que vous n'êtes pas
convaincu. Vous n'avez pas à nous le redire. Vous l'avez largement
signalé lors des débats sur la loi no 90...
M. Garon: Remarquez bien qu'on a hésité longuement,
on a discuté longuement, mais c'est un travail considérable. Tout
le crédit agricole, dans la période d'expansion que connaît
l'agriculture actuellement, et les montants, l'augmentation du crédit
agricole actuellement, administrer une banque de terres, la protection du
territoire agricole, la loi des non-résidents, cela commence à
être quelque chose d'important. Faire du crédit, faire des
transactions foncières et protéger les terres sont deux choses
différentes. C'est une question d'opinion. Je pense qu'on en a
déjà discuté.
M. Giasson: C'est cela. Je pense que ce n'était pas
mauvais de vous le rappeler.
M. Garon: Pardon?
M. Giasson: Ce n'était pas mauvais de vous le rappeler
quand vous nous aviez dit que vous étiez plutôt d'avis de ne pas
créer de nouvelles régies ou commissions et que c'était un
peu ce qui vous avait animé lorsque vous avez regroupé,
c'est-à-dire que vous avez un projet de loi qui veut regrouper deux
plans d'assurances, soit l'assurance-récolte et l'assurance de
stabilisation des revenus des agriculteurs.
Mais puisque c'est l'organisme du Crédit agricole qui, sans que
la loi ne le mentionne, devrait administrer la banque de terres - puisque vous
le dites est-ce que l'office n'a pas déjà une certaine
expérience dans le domaine de l'acquisition de parcelles, de terres et
de locations qu'elle aurait faites à d'autres cultivateurs?
M. Garon: Oui, mais vous savez...
M. Giasson: Ces opérations-là ont été
menées en vertu de quels pouvoirs précisément, quelles
lois ou quels règlements?
M. Garon: ... dans le temps de l'Union Nationale, par exemple,
quand le réaménagement foncier a été
créé, qu'est-ce qu'on a fait? On a agi en vertu de la loi du
ministère et on a confié cela à un organisme, comme le
permettait la loi...
M. Giasson: L'OPDQ n'a-t-il pas été impliqué
dans cette opération de réaménagement foncier
vis-à-vis de certaines régions?
M. Garon: Peut-être, je ne suis pas au courant de toute
cette histoire. Cela veut dire que c'est une façon de procéder.
Je pense que ça peut se faire de cette façon sans aucun
problème. La section VI prévoit aussi la formation de programmes
dont le ministre peut confier, l'administration à un organisme... Ce
n'est pas la première fois qu'on voit ça.
Avez-vous la section VI de la loi du ministère? Le
député de Brome-Missisquoi l'avait tantôt.
M. Giasson: Sauf erreur, la section VI donnait les pouvoirs au
ministère, mais je ne pense pas que la section VI donnait
nécessairement les pouvoirs à un organisme autre que le
ministère.
M. Garon: Non, mais c'est écrit que le ministre peut
confier ça... S'il n'avait pas le pouvoir de confier ça à
un organisme, il n'aurait pu faire ça. Ce doit être écrit
dans la loi; il me semble avoir déjà vu ça.
M. Russell: Le gouvernement peut, aux conditions qu'il
détermine, confier la direction, l'exécution de plans, programmes
ou projets à un organisme gouvernemental qu'il désigne.
M. Garon: Voyez-vous l'intuition juridique?
M. Russell: L'organisme désigné peut, à ces
fins, exercer tout pouvoir prévu aux articles 24 et 25 que lui
confère le gouvernement... les biens qu'il acquiert ou
possède...
M. Garon: Cela a été fait en quelle année?
M. Giasson: 1968 ou 1969.
M. Vaillancourt (Orford): Ce doit être entre 1966 et
1970.
M. Garon: Étiez-vous là? M. Giasson:
Non.
M. Garon: C'est pour ça que vous ne vous le rappelez pas.
Vous voyez que ce n'est pas la première fois.
M. Giasson: Mais ce n'est pas arrivé souvent.
M. Garon: Non, mais c'est un organisme du ministère, une
loi du ministère et...
M. Giasson: Depuis 1970, depuis que je suis député
à l'Assemblée nationale, de mémoire, je ne me souviens pas
d'une loi qui ait procédé d'une telle manière.
Le Président (M. Laberge): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, est-ce que le
ministre pourrait me dire combien de fonctionnaires additionnels cela va
prendre pour administrer la banque de terres?
M. Garon: Pas beaucoup. On a parlé peut-être de cinq
fonctionnaires.
M. Vaillancourt (Orford): Cinq fonctionnaires additionnels. Cela
veut dire qu'il y a des fonctionnaires actuellement à l'Office du
crédit agricole qui seront disponibles pour cela.
M. Garon: Ce ne sera peut-être pas de l'addition de
personnel, parce que l'Office du crédit agricole, avec de nouvelles
méthodes administratives, fait un seul dossier au lieu d'un dossier par
loi, par agriculteur. Le président me disait, il y a quelque temps,
qu'il pensait avoir besoin de plusieurs postes de moins. Cinq postes pour
administrer cela. S'il y avait les terres de Mirabel, cela en prendrait
peut-être plus de cinq, mais cela ne veut pas dire nécessairement
l'addition de personnel. Cela peut vouloir dire la réduction de
personnel.
M. Giasson: Est-ce que l'institution de prêts agricoles
faits à partir des institutions privées a diminué la
charge de travail de l'ensemble du personnel de l'office?
M. Garon: Pas vraiment. C'est une réforme administrative
qui a permis de faire beaucoup plus
de travail avec beaucoup moins de délais. C'est une
réforme administrative surtout.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que vous avez des
prévisions du nombre de dossiers additionnels que cela va amener
à l'Office du crédit agricole? Est-ce que vous avez fait des
études dans ce domaine?
M. Garon: C'est difficile, on a des projections.
M. Vaillancourt (Orford): Quelles sont vos projections?
M. Garon: D'après vous?
M. Vaillancourt (Orford): Je ne le sais pas, je vous pose la
question pour le savoir. Je sais que cela va en faire beaucoup moins que la
Commission de protection du territoire agricole.
M. Garon: Beaucoup moins de dossiers, certainement,
j'espère.
La commission va bien.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que cela se replace un peu?
M. Garon: Cela s'est replacé.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce qu'il y a moins de dossiers en
suspens?
M. Garon: Tous les dossiers sont traités, à ce
moment-ci, dans les 30 jours.
M. Giasson: Pas ceux qui vont en audition.
M. Garon: En audition, cela dépend. Il y a une couple
d'avocats qui conseillent à leurs clients d'aller
systématiquement en audition. On calculait, la première
année, 230 dossiers; la deuxième année, 235; la
troisième année, 240 dossiers.
Le réaménagement foncier est inclus là-dedans. Cela
voudrait dire à peu près 80 dossiers par année.
M. Vaillancourt (Orford): 80 nouveaux dossiers, étant
donné que l'aménagement foncier inclut déjà des
dossiers qui sont en marche. Est-ce que cela va représenter l'achat des
terres et la vente, ces 80 dossiers?
M. Garon: Oui, mais quand vous dites réaménagement
foncier, il y a une date terminale. La banque de terres doit continuer... Le
réaménagement foncier doit se terminer en 1982. Alors,
voyez-vous, la banque de terres, 80 dossiers, le réaménagement
foncier, 150. Mais il arrive, à un moment donné, que le
réaménagement foncier disparaît, tandis que la banque de
terres continuera à jouer son rôle. C'est un programme temporaire,
le réaménagement foncier.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que cela a donné un bon
résultat, le réaménagement foncier?
M. Garon: Je n'ai jamais analysé le
réaménagement foncier dans tous ses détails. Cela a
dépensé de l'argent.
M. Vaillancourt (Orford): Cela fait longtemps qu'on n'en a pas
parlé, de ce programme-là.
M. Garon: Oui, cela manipule pas mal de dossiers.
M. Giasson: Cela travaille, l'Office du crédit agricole,
M. le ministre.
M. Vaillancourt (Orford): Comme je puis voir, il s'agit de poser
la question et ils ont la réponse.
M. Giasson: C'est le même monde. M. Garon: Une
meilleure loi.
M. Vaillancourt (Orford): C'est le même monde.
M. Garon: Je ne parle pas d'interférence politique, je ne
veux pas aller plus vite.
M. Vaillancourt (Orford): II n'y en a jamais eu tellement
à l'Office du crédit agricole.
M. Garon: Alors, dans les lots acquis...
M. Giasson: Les pressions politiques sur l'administration sont
plus fortes que jamais.
M. Vaillancourt (Orford): II y en a peut-être eu avant
1960, mais depuis 1960, il n'y en a plus.
M. Garon: Je n'ai jamais fait de pression...
Le Président (M. Laberge): Je vous rappelle tous à
l'ordre. Ce n'est pas pertinent à l'article 33.
M. Garon: Dans les lots, en 1978, il y a eu 2110 lots acquis.
M. Giasson: C'est parce qu'on fait...
M. Garon: C'est cumulatif. 2110 lots, cela me paraissait
extraordinaire. C'est en 10 ans. Je trouvais cela... De revendus, il y en a un
certain nombre, mais pas énormément. 172 lots
transférés, 174 au ministère des Terres et Forêts
qui n'avaient pas de vocation agricole. Il y a des lots de sous-location: 268,
il y a des lots invendus, non loués: 1596, la grosse partie. Mais il
faut dire que le réaménagement foncier, dans les zones
périphériques, ce ne sont pas les meilleures terres du
Québec, nécessairement.
M. Vaillancourt (Orford): Automatiquement, avec la banque de
terres, ce programme va diminuer considérablement d'année en
année.
M. Garon: Pardon?
M. Vaillancourt (Orford): Avec la banque de terres,
automatiquement ce dossier va diminuer d'année en année.
M. Garon: La banque de terres va venir compléter le
réaménagement foncier. Mais il a été utilisé
dans les années passées surtout pour fermer des paroisses. S'il y
a une grosse banque de terres accumulées et que le programme de
réaménagement foncier est utilisé pour fermer des
paroisses dans la Gaspésie... C'est pour cela qu'il y a un grand nombre
de lots qui ont été acquis et qui sont invendus. Quand on ferme
des paroisses, c'est bien "mosus" de les revendre. Tandis que la banque de
terres, elle, n'agira pas comme le réaménagement foncier pour
acquérir des terres qui ne sont pas bonnes pour l'agriculture. Cela va
être dans le but de la location et de la vente. Cela n'aura pas pour but
d'acquérir des terres pour régler des problèmes comme
cela.
M. Vaillancourt (Orford): Les remettre au ministère des
Terres et Forêts, cela ne serait pas tellement le but de la banque de
terres.
M. Garon: Non, la banque de terres ne touchera pas à cela,
remettre au ministère des Terres et Forêts.
M. Russell: On a fermé combien de paroisses depuis dix
ans? Et combien cela a-t-il coûté?
M. Garon: Dix ou douze paroisses, dans le Bas-Saint-Laurent et en
Gaspésie.
M. Russell: C'est à peu près une des seules
régions dans lesquelles on a fermé les paroisses. Et cela a
coûté combien?
M. Garon: Dans les années soixante, ils avaient
nommé une centaine de technocrates dans le Bas-Saint-Laurent. Ils ont
dit: La seule façon de régler le problème est de fermer
les paroisses. Il n'y avait plus de chômage, la paroisse était
fermée.
M. Giasson: Où allaient ces gens-là?
M. Garon: Dans les villages sur le bord du fleuve.
(17 h 15)
M. Russell: Ils s'en vont "sur" le bien-être social.
M. Giasson: Les HLM.
Le Président (M. Laberge): L'article 33 sera-t-il
adopté?
Des voix: M. le Président.
M. Garon: C'est pour cela qu'il faut bien faire attention dans
des politiques de...
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Garon: Dans des politiques de...
M. Giasson: De planification.
M. Garon: J'allais utiliser un autre mot, mais...
M. Giasson: De planification.
M. Garon: J'allais dire...
M. Giasson: On a trouvé le terme de planification de
l'économie du Bas-Saint-Laurent.
M. Garon: Dans ce temps-là, on disait planification. Il y
a un autre mot aujourd'hui.
M. Giasson: Cela a été un peu l'opération
dislocation.
M. Garon: J'aime mieux des politiques de développement
économique. Des politiques planifiées sur papier, cela ne donne
pas grand-chose.
M. Giasson: J'aurais une autre question, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: J'aimerais que le ministre m'explique une chose.
D'abord, il désire confier l'administration des pouvoirs prévus
à l'article 32 à l'Office du crédit agricole. Mais,
à un point donné, il ne fait plus confiance à
l'office.
M. Garon: Non, non.
M. Giasson: Écoutez, vous vous êtes
réservé exclusivement pour vous les pouvoirs du quatrième
paragraphe du deuxième alinéa.
M. Garon: On veut employer la même technique
législative que dans la section VI de la Loi du ministère de
l'Agriculture, et on a employé la même chose. On a pensé
mettre l'office aussi, mais il y a plusieurs arguments qui ont
été invoqués pour marquer "organisme".
M. Giasson: Quelles sont les réserves exactes que vous
avez à l'esprit lorsque vous ne voulez pas confier ce pouvoir de
l'article 32 à l'office? Vous avez certainement quelque chose à
l'idée.
M. Garon: Non.
M. Giasson: Le pouvoir de conclure des accords avec tout
gouvernement ou organisme ainsi qu'avec toute personne, association,
société ou corporation.
M. Garon: Ce n'est pas la même chose.
M. Giasson: Mais dites-nous ce que vous aviez à l'esprit,
quelles étaient les réserves, quels étaient les motifs
profonds qui...
M. Garon: On l'a dit ce matin. C'est ce qu'on visait par le
quatrième alinéa du deuxième paragraphe de l'article 32.
Là, ce n'est pas la même chose. Ce sont des accords, comme je le
mentionnais, avec les municipalités, d'autres ministères ou avec
le gouvernement fédéral, tandis que dans le troisième
paragraphe, c'est un organisme qui dépend normalement du
ministère de l'Agriculture. L'administration des lois dépend du
ministre de l'Agriculture qui va pouvoir confier l'administration,
théoriquement. Concrètement, cela peut être l'office ou le
ministère, à l'heure actuelle.
M. Giasson: C'est parce que, dans le troisième paragraphe,
c'est-à-dire le troisième alinéa de l'article 32, vous
laissez cette possibilité d'administration à l'organisme qui est
l'Office du crédit agricole en dépit du fait que cet
alinéa se lit comme suit: "Malgré le deuxième
alinéa, le ministre peut, dans les cas prévus au
règlement, aliéner en tout ou en partie un immeuble visé,
etc." Là, vous dites à cet alinéa, que le ministre "peut",
mais vous décidez de confier les pouvoirs qui sont entre les mains du
ministre à l'Office du crédit agricole, et, au quatrième
paragraphe du deuxième alinéa, vous ne donnez pas ces pouvoirs
à l'Office du crédit agricole.
M. Garon: C'est toujours le ministre qui conclut les accords.
C'est dans toutes les lois. Comme il est responsable de l'administration de la
loi, le ministre ou le gouvernement peut conclure les accords. De toute
façon, c'est le ministre, habituellement autorisé par le
gouvernement.
M. Giasson: Non, cela peut être le ministre. D'ailleurs,
vous le dites bien: À ces fins, le ministre peut: premièrement...
deuxièmement... troisièmement... quatrièmement.
M. Garon: Ce sont des accords administratifs. M. Giasson:
Ce n'est pas là le problème. M. Garon: Les accords
administratifs...
M. Giasson: C'est que vous faites une réserve en
matière de transmission de pouvoirs prévus à
l'intérieur de l'article 32, au quatrième paragraphe de
l'alinéa 2.
M. Garon: Dans l'article 32? L'article 33 a seulement trois
paragraphes.
M. Giasson: C'est-à-dire que l'article 33 vient confirmer
que vous faites une réserve pour ce qui est des pouvoirs prévus
au quatrième paragraphe de l'alinéa 2.
M. Garon: Oui, mais c'est toujours comme cela. Dans aucune loi le
ministre ne confie le pouvoir de faire des ententes avec d'autres gouvernements
à des organismes. Je n'ai jamais vu cela, en tout cas. Là, c'est
vrai qu'on n'aurait jamais vu cela.
M. Giasson: Oui.
M. Garon: Les ententes administratives sont toujours
signées par le ministre ou par le gouvernement d'après ce
que j'ai vu jusqu'à maintenant avec un autre ordre du
gouvernement ou un autre gouvernement. Je pense que c'est ce qu'il y a de plus
traditionnel.
M. Giasson: Cela ne répond pas à ma question. Les
motifs profonds, je ne les ai pas connus. Cela demeure un secret bien
gardé.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Brome-Missisquoi.
Une voix: C'est une autre trouvaille du siècle. M.
Garon: Pardon?
M. Russell: M. le Président, l'attitude du ministre
m'inquiète un peu, quoique, ce matin, il tentait de nous accuser. Il
disait qu'on avait une loi depuis un an. C'est vrai qu'on a la loi 99 depuis un
an. Là, il demande les mêmes pouvoirs dans ce projet de loi,
surtout à l'article 32.
Tel que je l'ai indiqué ce matin, le ministre pourra, lorsque
cette loi sera adoptée, devenir, par l'entremise d'un organisme qu'il va
désigner, l'exploiteur de fermes agricoles au profit de cet organisme ou
au profit de son ministère.
M. Giasson: L'exploitant ou l'exploiteur?
M. Russell: L'exploitant, excusez-moi. L'exploitant de fermes
agricoles. C'est tellement vrai que même, comme on le disait tout
à l'heure, il garde aussi le pouvoir de "conclure des accords avec tout
gouvernement ou organisme, ainsi qu'avec toute personne, association et
société qu'il désigne". Cela peut être un organisme
qu'il désigne. Dans l'article dont on discute actuellement, on dit: "Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut, aux conditions qu'il détermine,
confier l'administration de la présente section à un organisme
public qu'il désigne", encore. "À cette fin, l'organisme
désigné exerce, au nom du ministre de l'Agriculture, les pouvoirs
conférés à ce dernier par les paragraphes 1, 2 et 3".
Cela veut dire ceci: Dans la loi qui avait été
déposée, le projet de loi 99, ces pouvoirs étaient
donnés directement à l'Office du crédit agricole. On
savait d'ailleurs, par l'expérience vécue ou passée, que
l'Office du crédit agricole ne faisait pas d'exploitation de fermes,
d'aucune façon, peut-être à l'exception de quelques-unes en
Abitibi qu'on a mentionnées ce matin. C'est peut-être pour ces
raisons que le ministre a décidé de changer cela et de se garder
l'entier privilège de former un organisme. Il peut le faire suivant la
loi. Il pourra former un organisme auquel il pourra confier l'administration de
cette loi. Je ne dis pas que le ministre actuel a l'intention de le faire, mais
ce sont des pouvoirs qu'il va donner à un autre, son successeur, qu'il
pourra donner à un autre organisme que l'Office du crédit
agricole.
Si c'est l'intention du ministre de le donner à l'Office du
crédit agricole, je me demande pourquoi il n'a pas gardé dans le
projet de loi 43 ce qu'il avait mis dans le projet de loi 99. Quelle a
été réellement la raison? Il a tenté d'expliquer
que c'était difficile de faire des fusions entre des organismes
gouvernementaux. Est-ce que réellement l'idée de poursuivre la
fusion ou l'abolition de l'Office du crédit agricole, c'est la raison
pour laquelle il ne veut pas l'inclure dans la loi? Ou a-t-il l'intention de
confier éventuellement cette loi à un autre organisme qu'il va
créer? Il y a certainement des raisons qui ont porté le ministre
à changer d'idée depuis qu'il a déposé le projet de
loi 99 pour imprimer une autre loi qui dit presque la même chose et,
surtout, qui enlève cette délégation de pouvoirs à
l'Office du crédit agricole.
M. Garon: Ce sont des concordances...
M. Russell: II n'y a pas de concordances, M. le
Président.
M. Garon:... avec la section VI.
M. Russell: C'est très clair. À l'article 35 de la
loi 99, on disait: "Dans le cas où l'organisme désigné en
vertu de l'article 33 est l'Office du crédit agricole du
Québec."
M. Garon: II faut une concordance avec la section VI.
M. Russell: II n'y a pas de concordance là.
M. Garon: La section VI dit qu'on peut faire les programmes, les
confier à l'organisme. On a mis la même chose dans la section VII.
C'est de la concordance.
M. Russell: Le projet de loi 99 a été
déposé l'an dernier. Il n'y avait pas de concordance à ce
moment.
M. Garon: On aurait pu le faire en commission parlementaire
à ce moment, mais il y avait d'autres choses à ajouter; ce
n'était pas principalement pour cela.
M. Russell: II n'y a pas tellement d'autres choses, parce que les
pouvoirs que vous avez demandés dans cette loi et qui n'existent pas
dans le projet de loi 99, vous les avez dans la Loi du crédit agricole.
Donc, ce n'était pas réellement nécessaire. Si vous
donniez à l'Office du crédit agricole la responsabilité de
l'administration, il pouvait par sa loi agir et réussir le même
truc qu'en se servant du projet de loi 43.
Les seules additions, c'est qu'on prend les pouvoirs qui sont
déjà dans la Loi du crédit agricole et qu'on les met dans
le projet de loi no 43. On enlève l'organisme qui était
censé l'administrer, ce projet de loi; le ministre nous dit qu'il est
censé l'administrer. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans
cela, que le ministre a dans l'idée, qu'il ne veut pas dire, qu'il
semble cacher. Ce sont des pouvoirs extraordinaires que demande le ministre,
s'il ne veut pas devenir un cultivateur attitré au nom du
gouvernement.
M. Garon: Non, vous allez voir.
M. Russell: C'est bien beau, mais ce n'est pas notre rôle
de dire: On va attendre pour voir. Notre rôle, c'est de s'assurer qu'une
loi est faite et que les politiques qui sont appliquées ou applicables
demeurent dans les cadres d'une politique qui n'est pas de gouvernement
plutôt socialiste, si on veut l'appeler ainsi. Le ministre nous dit qu'on
est toujours malade à penser qu'il est un socialiste. Je ne veux pas
taxer le ministre de socialiste, mais avec les pouvoirs qu'il demande, il peut
agir exactement dans ce sens. Il peut agir dans ce sens, alors je me demande
pourquoi il veut tellement insister pour demeurer...
Prenons un exemple. Ce matin, j'ai fait un amendement qui allait
éviter de conserver cette accusation qu'on pourrait lui porter. Il n'a
pas voulu l'accepter. C'est sa responsabilité. Là, on serait bien
d'accord pour faire un amendement afin que soit inscrit dans la loi que ce soit
l'Office du crédit agricole. Je pense que, raisonnablement, on devrait
avoir droit à une information plus claire là-dessus pour nous
dire ce qu'il a l'intention de faire avec cette loi.
M. Garon: Je ne peux pas vous donner plus de lumière que
cela.
M. Russell: La lumière...
M. Giasson: La Banque Nationale du Québec, banque des
terres.
M. Russell: Ce n'est pas une banque, M. le Président. Ce
sont des pouvoirs de devenir un exploitant du territoire agricole. C'est clair.
D'un bout à l'autre de la loi, on voit ces pouvoirs qu'il peut conserver
pour faire ce qu'il veut. C'est un chèque en blanc. On fait confiance au
ministre.
M. Garon: C'est un peu comme les bleus qui donnent les contrats
de bateaux en Ontario.
M. Russell: Les bateaux en Ontario?
M. Garon: Oui. Depuis le nouveau gouvernement conservateur. Le
député de Bellechasse, c'est le temps d'en parler. Vous avez des
contacts avec les bleus à Ottawa. Comment se fait-il qu'on donne des
contrats de bateaux à l'Ontario? En plus des automobiles, ils ont les
bateaux. Alors que nos chantiers, dans le comté de Lévis...
M. Giasson:... on est capable de surveiller les
intérêts de son chantier.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que c'est pertinent
à l'article 33? Je pose la question. Je n'ai
pas demandé vos lumières, mais je me pose la question.
M. Russell: M. le Président, le ministre voudrait savoir
pourquoi les contrats de construction ou de réparation de bateaux ont
été donnés à un organisme ontarien. C'est ce que je
vais tenter de savoir, s'il veut que j'intervienne au nom du ministre de
l'Agriculture, pour les bateaux qui sont sous la juridiction
fédérale. Est-ce que c'est son ministère ou est-ce une
demande faite au nom de son collègue? Je ne le sais pas. J'essaie
d'obtenir une clarification. C'est une demande que le ministre faisait.
M. Garon: J'avais cité cela comme exemple. C'est un
aparté.
Le Président (M. Laberge): C'est entre parenthèses,
cela.
M. Russell: Quand on tente d'obtenir des informations, bien
justifiées, à mon sens...
M. Garon: Je vous l'ai dit. Je vous ai répondu. C'est une
concordance avec la section VI. C'est une loi qui concerne le ministère
de l'Agriculture, la constitution de la banque est là-dedans. J'aurais
aimé confier cela à un organisme, de la même façon
que, dans votre temps, vous l'aviez confié à un organisme. La
section VI, ce n'est pas plus que cela. Quant à ce que le gouvernement
soit agriculteur, on a parlé de cela pendant deux jours de temps et je
vous ai dit non. Voulez-vous que je vous dise non, non, non? C'est long. Le
gouvernement ne fera pas d'agriculture à la place des cultivateurs.
M. Russell: Actuellement, vous gardez tous les pouvoirs pour le
faire. Lorsqu'on a tenté d'apporter un amendement ce matin, qui vous
donnait exactement les mêmes pouvoirs autres que vous assurer que
personne ne pourrait devenir un administrateur...
M. Garon: Vous auriez pu le dire, quant à y être.
À l'article 32, c'est marqué: Acquérir tout immeuble. On
pourrait acheter le Château Frontenac, théoriquement. Tout
immeuble.
M. Giasson: Vous allez un peu loin. Cela ne correspondrait pas au
but premier visé au premier texte de l'article 32. Ce dernier peut
constituer une banque de terres arables. Le château Frontenac, ce
n'est... (17 h 30)
M. Garon: Je comprends.
M. Vaillancourt (Orford): On a pensé qu'en achetant le
château Frontenac ce ne serait pas rentable au point de vue de
l'agriculture pour mettre le siège de la commission sauf...
M. Giasson: Sauf si le ministre avait l'intention d'y
élever des poules.
M. Garon: Je l'achèterais avec le stock compris.
M. Giasson: Ce sont de bonnes variétés comme
ça? Vous connaissez les variétés de poules qu'il y a au
château puisque ça vous prend le stock avec l'immeuble? Vous
connaissez les poules là-bas?
M. Russell: Je pourrai faire cette suggestion ou en faire une
motion si on veut...
M. Garon: Le député de Brome-Missisquoi est plus
renseigné dans le domaine de l'agriculture.
M. Russell: De l'aviculture ou de l'agriculture?
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Brome-Missisquoi...
M. Garon: Etant donné que je vais chez nous à tous
les soirs, je ne connais pas ces...
Le Président (M. Laberge): Je vais être
obligé de vous rappeler à l'ordre, messieurs.
M. Garon: Des veillées du poulailler.
M. Russell: Je ne sais pas... Est-ce que le ministre pourrait
clarifier son idée sans laisser des sous-entendus? S'il a quelque chose
à dire, j'aimerais qu'il s'explique.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Brome-Missisquoi...
M. Russell: Je tente d'avoir quelque chose de sérieux du
ministre et...
Le Président (M. Laberge): ... vous m'aviez laissé
entendre que vous aviez une idée précise à exprimer tout
à l'heure. Ne déviez pas de votre première intention.
M. Russell: M. le Président, j'ai certainement droit de
savoir à quoi le ministre veut référer quand il fait des
allusions...
Le Président (M. Laberge): Tout ce que j'ai appris c'est
que les allusions qui étaient en dehors de l'article 33 étaient
entre parenthèses...
M. Russell: Elles sont inscrites au journal des Débats, M.
le Président, et j'ai le droit de savoir si le ministre a quelque chose
de concret à dire sur ses allusions. Qu'il le dise.
Le Président (M. Laberge):... et la parenthèse est
fermée.
M. Garon: Quelles allusions?
M. Russell: Vous avez commencé à faire des
allusions à l'effet que vous alliez chez vous tous les soirs, que le
député de Brome-Missisquoi
connaissait peut-être l'aviculture et je veux savoir ce à
quoi le ministre veut référer.
M. Garon: Je n'ai pas pensé à ça du tout. Le
député de Montmagny-L'Islet parlait des activités au
château Frontenac, j'ai dit: Je ne le sais pas, je n'y vais pas, je vais
chez nous à tous les soirs.
M. Giasson: Mais c'est vous qui avez parlé de la
possibilité d'acheter le château Frontenac.
M. Garon: Oui parce que c'est marqué: "acquérir
tout immeuble".
M. Giasson: Oui.
M. Garon: Théoriquement on pourrait aussi acquérir
un centre commercial ou n'importe quoi. Tout le monde voit bien par le texte
que ce n'est pas ça qu'on veut faire.
Par le texte, il dit: On ne veut pas cultiver le sol, le
ministère ne cultivera pas le sol, le but c'est de faciliter la
relève agricole, les fermes familiales, l'exploitation des terres
agricoles non utilisées ou sous-utilisées. Il ne faut pas
chercher des interprétations qu'il n'y a pas dans ce texte de loi. Le
député de Brome-Missisquoi essaie de trouver toutes sortes
d'explications à toutes sortes...
M. Russell: J'essaie d'obtenir des explications que je ne peux
obtenir. Le ministre dit qu'il pourrait acheter le château Frontenac; je
prends l'article et le regarde: "acquérir tout immeuble aux prix et
conditions fixés conformément au règlement". Je
présume que les règlements indiquent qu'on pourrait acheter un
immeuble, n'importe quel immeuble qui pourrait servir pour fins agricoles. Ce
peut être le château Frontenac, s'il veut le convertir en bureaux
pour l'administration agricole; il pourrait le faire.
Le Président (M. Laberge): Je mets fin à cette
discussion vu que l'article 32 a été adopté en bonne et
due forme avec des amendements.
M. Russell: Je vais m'en tenir à l'article 33, mais
j'aimerais bien que les autres le fassent aussi.
M. Giasson: ... M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Cela est vrai en soi, sauf
qu'on déborde le cadre de notre discussion amplement. L'article 33
sera-t-il adopté?
M. Russell: Lorsque le ministre est intervenu avec toutes sortes
d'allusions, j'étais à tenter de proposer un amendement qui
pourrait peut-être régler le problème. Cet amendement
pourrait se lire comme suit: "que le premier alinéa de l'article 33 soit
modifié en remplaçant les mots "organisme public qu'il
désigne" par les mots "l'Office du crédit agricole du
Québec". Cela pourrait peut-être régler...
M. Garon: Je pense que c'est irrecevable.
M. Russell: C'est irrecevable?
M. Garon: C'est irrecevable.
M. Giasson: On va voir la formulation...
M. Garon: ... l'administration...
Une voix: Attendez qu'il finisse.
M. Russell: M. le Président, je ne sache pas que le
ministre soit président de la commission.
M. Garon: Non.
Le Président (M. Laberge): Mais je vais en prendre
connaissance.
Le président a toujours le droit de corriger une motion
d'amendement pour quelle soit acceptable parce que, telle qu'elle est
rédigée à sa face même, elle ne s'explique pas. Les
mots remplacés dans votre amendement... Les mots qu'on demande de rayer
sont bien entre guillemets, mais dans le reste, il n'y a pas de guillemets et
on ne sait pas quels mots... Les remplacer par quoi? C'est incomplet comme
amendement. Techniquement, il n'est pas recevable tel quel parce qu'il ne
s'exprime pas.
M. Russell: Je n'ai pas mon amendement ici. Je n'ai pas de
copie.
Le Président (M. Laberge): Ce n'est pas au point de vue de
la recevabilité comme telle, mais au point de vue technique. Il ne
pourrait pas s'exprimer.
M. Russell: C'est simplement après les mots... L'article
se lirait comme suit: Le lieutenant-gouverneur en conseil peut, aux conditions
qu'il détermine, confier l'administration de la présente section
à un organisme public qu'il désigne... La partie qu'on
enlève, c'est un organisme public qu'il désigne pour la remplacer
par l'Office du crédit agricole du Québec. Je ne sais pas si
c'est bien clair, mais, à mon sens...
Le Président (M. Laberge): Au point de vue technique, je
comprends ce que vous voulez dire. Il faudrait tout simplement qu'après
les mots "par", il y ait des guillemets pour dire "l'Office du crédit
agricole", mais il n'y en avait pas.
M. Russell: L'organisme public désigné est
enlevé et remplacé par l'Office du crédit agricole.
Le Président (M. Laberge): Techniquement, cela faisait un
membre de phrase qui n'était pas acceptable comme motion.
M. Giasson: C'est l'article 137.
Le Président (M. Laberge): Oui. Voici la nouvelle
formulation de votre amendement. Après le mot "par", on met des
guillemets pour dire "l'Office du crédit agricole du Québec".
Techniquement, il n'était pas recevable autrement. Il est recevable et
il est reçu.
M. Russell: C'est pour remplacer "organisme public
désigné" par "l'Office du crédit agricole".
M. Garon: Je ne pense pas que ce soit recevable, parce que cela
concerne l'administration dévolue au gouvernement.
Le Président (M. Laberge): Au point de vue de la
recevabilité d'un amendement, ce qui a été porté
à ma connaissance, c'est qu'un député qui n'est pas le
ministre qui soutient le projet de loi ne peut présenter un amendement
qui implique, pour le gouvernement, des dépenses gouvernementales.
M. Garon: Cela en implique.
M. Russell: M. le Président, choisir ainsi, cela
n'implique pas plus de dépenses qu'un office qu'il va désigner.
On détermine l'office. Il faut qu'il en désigne un.
M. Garon: Oui, cinq postes. On disait tantôt que cela
implique cinq postes. Vous avez posé la question. Cela implique cinq
postes, alors, cela implique des dépenses.
M. Russell: M. le Président, c'est un organisme...
Le Président (M. Laberge): Ce que je veux dire, M. le
ministre c'est ceci. Je ne pourrais pas recevoir l'amendement si cela
impliquait des dépenses nouvelles pour le gouvernement, mais à sa
face, ici, ce ne semble pas être le cas. Moi, je le considère
recevable. Cela veut dire qu'il est discutable.
M. Garon: Je suis prêt à voter.
Le Président (M. Laberge): Je vais le
répéter. Je répète, pour que ce soit très
clair, que la motion d'amendement du député de Brome-Missisquoi
se lit comme suit: Que le premier alinéa de l'article 33 soit
modifié en remplaçant les mots "organisme public qu'il
désigne" par "l'Office du crédit agricole du Québec."
Est-ce que cette motion d'amendement sera adoptée?
Des voix: Adopté.
M. Garon: On va prendre le vote à main levée, c'est
marqué dans le règlement.
M. Giasson: Sauf s'il y a des membres qui demandent... Ce n'est
pas obligatoire.
M. Garon: À main levée.
Le Président (M. Laberge): On peut le demander à
main levée. À ce moment-là, que ceux qui sont en faveur de
la motion lèvent la main droite.
M. Russell: La main droite?
Une voix: Ceux qui ont le droit de vote.
M. Garon: Evidemment.
Le Président (M. Laberge): Alors, il y en a deux. Ceux qui
sont contre la motion?
M. Garon: Vous n'avez pas le droit de vote, M. Vaillancourt.
Le Président (M. Laberge): J'en considère cinq...
six.
M. Russell: Vous avez tous le droit de vote?
Le Président (M. Laberge): La motion est rejetée
par deux voix pour et six contre.
M. Garon: C'est vous qui avez été nommé au
début, M. le député de Beauce-Sud.
M. Giasson: Cela a été changé cet
après-midi.
Le Président (M. Laberge): C'est-à-dire
qu'aujourd'hui il est à titre d'intervenant. Cela ne vous enlève
pas le droit de parole, mais cela vous enlève le droit de vote...
M. Mathieu: Je viens de voter, je m'excuse.
Le Président (M. Laberge): Cela ne dérange rien,
cela n'a pas été compté. La motion a été
rejetée par deux voix contre six. L'article 33 sera-t-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté.
M. Vaillancourt (Orford): Avant qu'il ne soit adopté... Je
peux le demander à l'autre article.
M. Giasson: M. le Président, concernant le vote, à
l'article 149, il est dit ceci: "Le vote en commission a lieu à main
levée, à moins qu'en commission élue, un membre demande
l'enregistrement des noms." Un seul membre peut obtenir l'enregistrement des
noms.
Le Président (M. Laberge): C'est cela. Et comme c'est le
ministre qui en a fait mention, mais qu'il n'y tenait pas, nous avons
procédé à main levée. Alors, l'article 33 sera-t-il
adopté?
M. Giasson: Un instant, M. le Président. "L'organisme
désigné, malgré toute disposition contraire de la loi en
vertu de laquelle il est constitué". Pourquoi ajoute-t-on cela?
Deuxième alinéa de l'article 33 qui dit ceci: "L'organisme
désigné en l'occurrence, l'Office
du crédit agricole, d'après ce que le ministre nous a
déclaré malgré toute disposition contraire de la
loi en vertu de laquelle il est constitué".
M. Garon: S'il y avait dans la loi de l'organisme une disposition
qui ne l'habiliterait pas à contracter des emprunts, cette loi
l'habiliterait pour cette fin-là à contracter des emprunts.
M. Giasson: Mais présentement, dans la loi constituante de
l'Office du crédit agricole, est-ce qu'il est habilité à
contracter des emprunts?
M. Garon: Ce n'est pas l'Office du crédit agricole; c'est
l'organisme désigné. Pour des fins de prêts, ils ont des
pouvoirs dans leur loi d'emprunter, mais pas pour les banques de terres.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que les sommes qui serviront
pour l'achat des terres vont être discutables lors de l'étude des
crédits?
M. Giasson: Au fonds consolidé.
M. Vaillancourt (Orford): Ou bien si ce sont des sommes qui sont
prises au fonds consolidé?
M. Garon: L'aspect administratif entre dans le budgétaire,
mais pas les emprunts. C'est de l'extrabudgétaire, de la même
façon que les emprunts, actuellement, de l'Office du crédit
agricole n'entrent pas dans le budgétaire, mais dans
l'extrabudgétaire.
M. Russell: Mais vous devriez avoir un rapport de l'office ou de
l'organisme, qui devient public, sur lequel on peut questionner le ministre
à l'occasion des crédits.
M. Vaillancourt (Orford): Cela va être dans le rapport de
l'Office du crédit agricole.
M. Garon: Le rapport annuel.
M. Russell: Si je comprends bien, le ministre peut créer
un organisme? L'alinéa no 3 lui donne le pouvoir de le faire.
M. Garon: Non.
M. Russell: L'alinéa no 3 lui donne le pouvoir de le
faire.
M. Garon: Non.
M. Russell: Cela détermine ce que c'est qu'un organisme
public.
M. Garon: II le définit.
Le Président (M. Laberge): L'article 33 sera-t-il
adopté?
M. Russell: Sur division.
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division.
J'appelle l'article 34.
Biens du domaine public
M. Garon: L'article 34 est un article court qui dit: "Les biens
que l'organisme désigné acquiert ou possède, au nom du
ministre, en vertu de la présente section font partie du domaine public,
mais l'exécution des obligations que l'organisme contracte à ces
fins peut être poursuivie sur ces biens." Alors, l'organisme qui sera
habilité à administrer la banque de terres arables ne pourra
être poursuivi que sur les actifs de cette banque, en exécution
des obligations qu'il contractera dans le cadre de ce programme.
Et deuxième paragraphe: "L'organisme désigné
n'engage que lui-même lorsqu'il agit en son propre nom". Alors, si
l'organisme agit en son propre nom, par conséquent, plutôt qu'au
nom du gouvernement, seul l'organisme répond des engagements ainsi
pris.
M. Russell: Les administrateurs de cet organisme sont
protégés comme le ministre l'est par la loi. Ils ne peuvent pas
être poursuivis.
M. Garon: Oui, cela doit être dans la loi du
ministère, dans les articles généraux.
M. Giasson: Quelle est la raison pour laquelle on a
utilisé le mot "biens" lorsque, antérieurement, dans la loi, on a
toujours parlé "d'immeubles"?
M. Garon: Parce que, dans l'acquisition d'une ferme, il peut y
avoir de l'équipement. Il peut y avoir des choses assimilées
à des meubles, sur une ferme.
M. Giasson: Dans la maison. Mais dans les bâtiments de
ferme, c'est plutôt de l'immeuble.
M. Garon: C'est la même chose. Pas tous,
nécessairement.
M. Vaillancourt (Orford): Immeubles par désignation.
Est-ce que c'est parce que le mot "biens" est plus large dans le sens...
M. Garon: Le mot "biens" est plus large que le mot "immeubles".
(17 h 45)
M. Vaillancourt (Orford): Cela peut comprendre les meubles, les
immeubles et un peu tout ce que l'office va posséder. Comme les
prêts?
M. Garon: Non.
M. Vaillancourt (Orford): Cela ne tombe pas là-dedans.
Cela ne fait pas partie des biens de la banque de terres?
M. Garon: Non. Ce n'est pas un organisme de collection. C'est la
clause omnibus qu'on retrouve
dans plusieurs lois du gouvernement. Cette loi n'a rien de
spécial. C'est pour prévoir que l'exécution se poursuit
sur les biens mêmes. Le terme "biens" est plus général que
le mot "immeubles".
M. Mathieu: M. le Président...
M. Garon: II pourrait y avoir les meubles qui font partie de
l'immeuble, mais est-ce que ce sont des immeubles par destination, en vertu du
Code civil? Peut-être qu'il y en a qui le seraient devenus et qu'il y en
a d'autres qui ne le seraient pas devenus. En prenant le terme "biens", cela
couvre tout.
M. Mathieu: II me semblerait, M. le ministre, qu'il n'y aurait
aucune contradiction entre le terme "biens", à l'article 34, et le terme
"immeubles", ailleurs. Le ministre est autorisé à acquérir
des immeubles et, à l'article 34, les biens. Cela veut dire que si
l'organisme en question acquérait un roulant de ferme ou certaines
choses mobilières, il ne pourrait pas les acquérir, il pourrait
les détenir. Si on s'en tient à la rigueur du texte.
M. Garon: Si on achète des poteaux et de la broche pour
faire des clôtures, tant que la broche et les poteaux ne sont pas
piqués en terre et que la broche n'est pas posée, ils sont
meubles.
M. Giasson: C'est-à-dire que c'est meuble. Ce n'est
peut-être pas le bon terme non plus pour désigner ces
choses-là. Ce n'est pas ce qu'on entend par meubles, habituellement.
M. Garon: Non, ce sont des meubles. Au sens du droit, ce sont des
meubles.
M. Giasson: C'est de l'équipement.
M. Garon: En général, ce sont des immeubles par
destination.
M. Giasson: Le terme "équipement" serait plus
précis.
M. Garon: II peut arriver des cas où... La garantie qui
est là est plus vaste. Elle sert à protéger celui à
qui sont dues des obligations. Dans le fond, c'est un organisme...
M. Russell: Un meuble est un bien aussi.
M. Garon: C'est plus général. Cela donne plus de
protection à ceux qui pourraient demander l'exécution des
obligations face à l'organisme public.
M. Giasson: Dans des acquisitions des fermes, d'entreprises
agricoles par l'office, la loi, à l'article 1 et au début de
l'article 2, parle toujours d'immeuble, mais, effectivement, il peut se
produire que cela dépasse en soi le terme "immeuble". Il peut acheter
une terre au complet sur laquelle il y a des bâtiments. Dans ces
bâtiments, vous pouvez retrouver de l'équipement et, s'il y a une
maison, des meubles nouveaux ou anciens.
M. Garon: II peut y avoir de bidons, des anciens bidons.
M. Giasson: Des bidons et des objets d'antiquité sur le
ravalement de hangars.
M. Garon: Les anciens bidons ne servent plus à
l'exploitation de la ferme. Sont-ils redevenus des meubles ou est-ce qu'ils
sont demeurés des immeubles?
M. Giasson: Ils sont de l'équipement de ferme.
Une voix: Est-ce que cela pourrait comprendre...
M. Giasson: C'est de l'équipement désuet, M. le
ministre, dans le contexte actuel, mais c'est de l'équipement quand
même.
M. Russell: On pourrait envoyer cela au ministre des Affaires
culturelles.
M. Garon: Les restaurants sont acheteurs de cela. Pour que les
bars aient l'air un peu antiques, ils en font des sièges.
M. Giasson: Pour les morts ou les bars?
Le Président (M. Laberge): L'article 34 sera-t-il
adopté?
M. Garon: Les bars.
M. Vaillancourt (Orford): Cela pourrait comprendre aussi des
animaux. Les biens, cela peut comprendre tout.
M. Garon: Les animaux, oui. Les animaux sont-ils des immeubles?
Je ne me rappelle plus cet article du Code civil.
M. Giasson: Quand ils sont morts, c'est de l'immeuble; quand ils
vivent, c'est du mobilier.
M. Garon: Ils sont des meubles par nature, n'est-ce pas?
Une voix: ... les pattes.
M. Garon: Les animaux sur une ferme... M. Giasson: C'est
le mobilier.
M. Garon: ... restent des meubles tout le temps.
M. Vaillancourt (Orford): Cela doit être du mobilier.
M. Garon: Dans certains cas de jurisprudence, même des
camions sont devenus des immeubles, dans des cas de dation en paiement.
Une voix: Un cheval qui travaille fort...
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, dans le
deuxième alinéa, "l'organisme désigné n'engage que
lui-même lorsqu'il agit en son propre nom", qu'est-ce que cela veut dire
au juste?
Une voix: Le ministre ne veut pas être responsable de
cela!
M. Russell: Un manque de confiance dans l'organisme.
Une voix: C'est pour cela qu'il ne le désigne pas tout de
suite.
M. Garon: C'est parce que l'organisme peut agir en son propre
nom, plutôt qu'au nom du gouvernement. À ce moment, il
répond seul des engagements qu'il a pris. Par exemple, il peut
contracter des emprunts pour les fins de ses opérations. Il engage
l'organisme et les biens. Tout cela se tient ensemble au fond.
M. Vaillancourt (Orford): L'organisme qui sera l'Office du
crédit agricole, c'est un organisme gouvernemental, ce qui veut dire que
le gouvernement, indirectement, est responsable des actes qui seront
posés par l'Office du crédit agricole.
M. Garon: C'est un article qu'on retrouve à peu
près dans toutes les lois. Dans ce type de loi, il y a des engagements
financiers.
M. Vaillancourt (Orford): C'est un article qu'on retrouve
peut-être dans toutes les lois, mais je me demande ce qu'il fait
là.
M. Garon: Pardon?
M. Vaillancourt (Orford): Je vous demande ce qu'il fait
là.
M. Giasson: Individuellement, M. le ministre, est-ce que les
commissaires ou les fonctionnaires travaillant à l'Office du
crédit agricole reçoivent de par la loi constituante de l'office
une protection comme on en retrouve dans d'autres organismes?
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Même chose. Ce sont les mêmes protections
dans une espèce de parapluie global qui couvre individuellement ces
individus ou ces fonctionnaires lorsqu'ils agissent à l'intérieur
de leurs fonctions.
M. Garon: On me dit que les fonctionnaires reçoivent des
indemnités presque aussi fortes que celles des
députés.
M. Giasson: Une indemnité? Une sécurité?
M. Garon: Dans un sens, elle est plus forte parce qu'elle est
permanente, tandis que chez le député, elle est temporaire.
M. Giasson: Vous allez apprendre cela en cours de vie.
M. Vaillancourt (Orford): II a un emploi assuré, tandis
que nous, les députés, ne l'avons pas.
M. Russell: Est-ce qu'on peut postuler? M. Garon:
Pardon?
M. Russell: Est-ce qu'on peut postuler des postes?
M. Garon: Pas en tant que députés!
M. Vaillancourt (Orford): C'est pour les candidats du parti
défait.
M. Garon: Ou juste avant les élections, pour les gens qui
ont la frousse! Il y en a quelques-uns à REXFOR.
Le Président (M. Laberge): Excusez-moi, M. le ministre, M.
le député d'Orford voudrait avoir la parole.
M. Giasson: Ceux qui sont entrés à REXFOR avant les
élections.
M. Garon: Oui, il y en a un ou deux. Il y en avait aussi à
la CAT.
M. Giasson: II y en a qui doit être connu par le
député de Mégantic-Compton, il a représenté
un comté dans cette région déjà.
Le Président (M. Laberge): M. le député
d'Orford, est-ce que votre question est aussi pertinente?
M. Vaillancourt (Orford): Elle l'est de moins en moins, mais ce
que j'aimerais savoir du ministre...
M. Garon: Voulez-vous postuler vous aussi?
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que les emplois à
l'Office du crédit agricole...
M. Garon: Le député de Beauce-Sud, cela
m'étonne, il vient tout juste d'arriver!
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que les emplois à
l'Office du crédit agricole sont garantis par la fonction publique?
M. Garon: Oui, ce sont des employés qui...
M. Vaillancourt (Orford): Ils ont une sécurité
d'emploi.
M. Giasson: M. le ministre, on parle des biens que l'organisme
acquiert ou possède. Or, présentement, l'office doit
posséder des immeubles ou des biens agricoles. Vous avez fait
état tout à l'heure d'une période de dix ans où, en
vertu du réaménagement foncier, l'office s'est porté
acquéreur de quelque 2000 lots. Quel est le pourcentage de ces lots qui
ont été revendus ou loués qui sont retournés...?
Vous avez les lots qui sont des "pâturages communautaires,
d'accord...
M. Garon: 2100... Je les ai les chiffres. M. Giasson:
2110, mais ceux...
M. Garon: 268 sont sous location; 174 ont été
transférés au ministère des Terres et Forêts; 72 ont
été revendus.
M. Giasson: Vous en avez revendus là-dessus?
M. Garon: II en reste 196 qui sont invendus ou non loués,
mais une grande proportion de ces lots devraient être dans les dix ou
douze paroisses qui ont été fermées.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce qu'ils ont été
remis aux Terres et Forêts?
Une voix: Non.
M. Garon: II serait bon de le voir...
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce qu'ils ont été
remis aux Terres et Forêts?
M. Garon: Un certain nombre.
M. Giasson: Mais quelles vont être les politiques de
l'Office du crédit agricole à l'endroit de ces possessions,
surtout dans le cas de lots détenus dans les paroisses qui ont
été fermées? Un jour ou l'autre, il faudra, il me semble,
que l'office en dispose...
M. Garon: Oui.
M. Giasson: ... soit pour des fins...
M. Garon: Bien... Il va falloir une perspective d'ensemble sur
tout cela. C'est pour cela qu'on est en train de faire le ménage dans
ces lots en Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent. Normalement, d'ici au
printemps prochain, ce devrait être des questions
réglées.
M. Giasson: La banque n'existait pas, mais l'office avait les
pouvoirs d'acquérir des lots de sorte qu'il reste encore beaucoup
d'actifs à l'intérieur de cette banque qui n'était pas
officialisée, comme la loi le fait présentement. Autrement dit,
vous avez plus de 50%, même au-delà de 60% des lots qui sont
demeurés dans cette banque qui fonctionne par le
réaménagement foncier dans une période de dix ans.
M. Garon: Oui, mais si on calcule la fermeture de dix ou douze
paroisses, la grosse concentration est là, au fond.
M. Giasson: Mais quel est l'avenir d'utilisation de ces
terrains?
M. Garon: On ne le sait pas actuellement de façon
précise. Il pourrait arriver des projets.
M. Giasson: De quel genre, de quelle nature? Les
céréales? La culture des céréales? L'élevage
de bovins de boucherie?
M. Garon: Ce peut-être des céréales, dans
certains cas. On veut ravoir tous ces lots-là. Que voulez-vous, les lots
étaient là...
M. Russell: Ils ont coûté combien, à l'acre,
ces lots-là?
M. Garon: Je ne le sais pas. Cela n'a pas coûté trop
cher. Cela a même été fait avant de venir à l'Office
du crédit agricole.
M. Russell: En 1976?
M. Garon: Oui, cela a été fait avant le
réaménagement foncier.
M. Russell: Ce serait au début.
M. Garon: Au début du réaménagement foncier,
avant que l'office en ait l'administration. Il faudrait faire un peu de
recherche pour obtenir les renseignements dont vous parlez.
M. Russell: Dans quel comté?
M. Garon: Dans Matane, je pense. M. Russell:
Saint-Octave.
M. Garon: C'est cela, Saint-Octave-de-l'Avenir. M. Russell:
Saint-Paulin.
M. Garon: Saint-Paulin, Sainte-Paula, Saint-Paulin-Dalibaire,
Saint-Nil, Saint-Louis-de-Gonzague, dans Bonaventure.
M. Vaillancourt (Orford): Combien de villages ont
été fermés? Dix?
M. Garon: Dix ou douze.
M. Vaillancourt (Orford): De quelle façon a-ton
l'intention de procéder?
M. Garon: Cela, c'était socialiste, en
péché! L'Etat des cités, c'était dans votre
temps.
M. Giasson: Cela remonte bien plus que ça. Ce sont
des...
M. Garon: L'Etat a décidé de fermer des villages
complètement.
M. Giasson: Cela a commencé avec le BAEQ et c'est
passé ensuite au niveau de l'ODEQ. Cela a été une longue
planification d'une équipe de spécialistes que le gouvernement du
Québec avait placés, délégués dans le Bas
Saint-Laurent. Imaginez! Ils devaient relancer l'économie du Bas
Saint-Laurent.
M. Russell: ...
Le Président (M. Laberge): L'article 34 sera-t-il
adopté?
M. Giasson: De grands penseurs, de grands planificateurs...
M. Garon: ... Faites bien attention!
M. Giasson: Peu importe les hommes qui étaient dans
l'équipe.
M. Garon: Vous avez eu bien confiance en ces hommes-là par
la suite pendant de nombreuses années.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre je dois
suspendre les travaux bientôt.
M. Garon: Voyez-vous s'il est intelligent?
M. Giasson: II y a eu M. Julien Chouinard qui était
là, Guy Coulombe est allé là...
M. Garon: Julien Chouinard n'a jamais été
là.
M. Giasson: Pas Julien Chouinard... Oui, il a travaillé
à ces dossiers-là.
Le Président (M. Laberge): On est encore en ondes. Est-ce
que l'article 34 sera adopté?
Une voix: Adopté.
M. Russell: Y a-t-il une possibilité...
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division.
M. Russell: Est-ce que le ministre peut nous fournir le nombre
d'acres et le coût. Ces territoires, le nombre d'acres qui restent, et
quel est le coût global qui apparaît à l'actif?
Le Président (M. Laberge): L'article 34 a
été adopté sur division. Je répète pour le
journal des Débats que l'article 32 avait été
adopté sur division avec des amendements, ce qui n'avait pas
été dit.
Je suspends les travaux de cette commission jusqu'à 20
heures.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que le ministre pourrait nous
déposer les règlements de cette loi-là?
M. Garon: Je voudrais, encore une fois, dire que je ne veux pas
que vous preniez ces règlements pour des règlements
définitifs. On a travaillé un peu là-dessus et...
M. Vaillancourt (Orford): C'est un projet de
règlement.
M. Garon: ... vous allez d'ailleurs voir les dates...
Le Président (M. Laberge): Pendant que le ministre
distribue les documents, je suspends les travaux de cette commission.
Suspension de la séance à 18 h 1
Reprise de la séance à 20 h 20
Le Président (M. Laberge): À l'ordre,
messieurs!
La commission de l'agriculture et de l'alimentation reprend ses travaux
sur le projet de loi no 43. À la suspension du débat, l'article
34 avait été adopté sur division. J'appelle donc l'article
35. M. le ministre.
Fonds de roulement
M. Garon: L'article 35 dit ceci: "Le lieutenant-gouverneur en
conseil peut, aux termes et conditions qu'il détermine, autoriser le
ministre des Finances à constituer, en faveur de l'organisme
désigné en vertu de l'article 33, un fonds de roulement
n'excédant pas $200 000 pour les déboursés
nécessaires à l'administration, la protection et l'entretien de
tout immeuble il faut souligner les mots, pour les
déboursés nécessaires à l'administration, la
protection et l'entretien de tout immeuble acquis ou
possédé par l'organisme désigné, au nom du
ministre, en vertu de la présente section, ainsi que pour les
déboursés nécessaires à la protection de toute
créance résultant d'une vente ou d'une location faite
conformément à la présente section".
C'est évident que les $200 000 dont il est question ici...
M. Giasson: Ce n'est pas pour acheter.
M. Garon: ... ce n'est pas le budget d'achats parce qu'on n'irait
pas loin. C'est uniquement pour les fins administratives. On a parlé
tantôt de cinq postes. La protection et l'entretien de tout immeuble,
pour des clôtures, de la broche...
M. Russell: C'est un fonds de roulement.
M. Garon: C'est un fonds de roulement et ce n'est pas un fonds de
roulement pour le financement...
M. Giasson: Des acquisitions.
M. Garon: ... des acquisitions, mais les petites dépenses,
on pourrait dire le petit "change". Quand je dis "le petit change", je ne veux
pas dire que $200 000, ce n'est pas beaucoup d'argent.
M. Giasson: Ce n'est pas beaucoup.
M. Garon: C'est cela. C'est la petite caisse pour les
opérations courantes. "Les sommes nécessaires à la
constitution du fonds de roulement sont prises à même le fonds
consolidé du revenu. "Malgré les dispositions de l'article 38,
les sommes perçues à titre de recouvrement de
déboursés effectués pour les fins prévues au
premier alinéa sont versées au fonds de roulement".
Le fonds de roulement de $200 000 est constitué par le ministre
des Finances en faveur d'un organisme subventionné aux termes et
conditions déterminés par le gouvernement et pour les
déboursés nécessaires à l'administration. On veut
parler, par exemple, de paiement de taxes, cela peut être des primes
d'assurance contre l'incendie ou des choses comme cela. La protection et
l'entretien de l'immeuble, cela peut être, par exemple, la
réparation de clôtures, d'un toit, d'un puits devenu dangereux
pour le public, des choses comme cela.
Troisièmement, la protection de la créance, tel que le
paiement des taxes foncières à l'acquis de l'acquéreur
d'un immeuble pour un solde de prix de vente et ce, afin d'éviter une
vente pour taxes d'un immeuble garantissant le paiement du prix de vente. Les
sommes déboursées à même le fonds de roulement et
qui peuvent être recouvrées serviront à renflouer le fonds.
C'est ça, je crois, il n'y a pas...
M. Russell: Est-ce que l'Office du crédit agricole a un
fonds de $500 000 ou $600 000?
M. Garon: L'Office du crédit agricole? M. Russell:
Oui, c'est cela. M. Garon: S'il a un tel fonds de roulement? M.
Russell: $500 000?
M. Giasson: C'est la petite caisse de l'Office du crédit
agricole, $500 000.
M. Garon: Comment, c'est la petite caisse? C'est-à-dire
que des dépenses de ce genre...
M. Giasson: Voulez-vous répéter?
M. Garon: Je vous dis que les $500 000 de l'Office du
crédit agricole ne pourraient pas être utilisés pour
ça.
M. Giasson: Non, non.
M. Garon: C'est seulement pour les fins du crédit
agricole.
M. Russell: D'accord, mais c'est seulement pour demander quelle
est l'expérience vécue avec l'Office du crédit agricole
qui a $500 000, ce qui semble être suffisant. Vous avez un personnel
beaucoup plus...
M. Garon: Je faisais erreur, tantôt, quand je disais... Le
personnel, les cinq postes, ce n'est pas inclus là-dedans; c'est
seulement pour les petites dépenses comme les exemples que j'ai
mentionnés.
M. Giasson: II se contredit!
M. Garon: Pardon?
M. Russell: ... l'administration...
M. Giasson: Vous voulez dire que les salaires des professionnels
ne seraient pas payés à même le fonds. Cela va de soi.
M. Russell: C'est simplement pour le fonds de roulement...
M. Giasson: C'est l'Office du crédit agricole qui va payer
tous les salaires qui pourraient découler de l'application de
l'administration de la banque de terres.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Est-ce que vous avez un ordre de grandeur, M. le
ministre, sur ce qu'a coûté à l'Office du crédit
agricole l'administration des fermes qui ont été acquises en
vertu du programme de réaménagement foncier? Je ne parle pas des
coûts d'acquisition, mais des coûts d'entretien,
d'aménagement qui entrent dans cette catégorie définie
dans l'article 35?
M. Garon: À toutes fins utiles, il n'y a pas beaucoup de
dépenses comme ça.
M. Giasson: Quel ordre de grandeur? $10 000?
M. Garon: $2000 ou $3000 par année.
M. Giasson: Sur une période de dix ans, c'est environ $30
000.
M. Garon: C'est un socialisme modéré, comme vous
voyez. C'est recouvrable, oui.
Cela a été essentiellement pour des clôtures, mais
il y a eu...
M. Giasson: Mais c'est recouvrable par le taux de location
lorsque ces fermes sont relouées ou est-ce recouvrable au moment de la
vente seulement? Est-ce que c'est inclus dans le taux de location qu'il peut
varier si vous avez fait des dépenses d'administration?
M. Garon: Cela pourrait l'être.
M. Giasson: Cela pourrait l'être, mais effectivement?
M. Garon: Si on a fait une clôture, par exemple, cela
augmente la valeur de la terre.
M. Giasson: Oui, mais, si vous louez, vous allez modifier le taux
de location.
M. Garon: Quand la période arrivera de modifier le taux.
Mais il n'y a pas beaucoup d'expériences, voyez-vous, c'étaient
des clôtures et boucher un puits. L'Etat n'intervient pas beaucoup.
M. Giasson: Et dans l'hypothèse où l'Office du
crédit agricole acquiert des terres, fait peu de location après,
mais les revend parce que c'est là le choix des acquéreurs
éventuels s'il réalise des bénéfices, est-ce
que ces bénéfices de la vente ou de la revente de ces immeubles
demeurent dans le fonds?
M. Garon: Dans le fonds consolidé.
M. Giasson: Cela retourne au fonds consolidé. Cela ne
reste pas dans cette caisse possible de $200 000? Et ce malgré les
dispositions de l'article 38.
M. Garon: Non, on suit les dispositions de l'article 38. Ce n'est
pas "malgré". On dit: "Le solde de l'ensemble, s'il en est, est
versé au fonds consolidé du revenu."
M. Russell: Toutes ces sommes sont perçues, les sommes
nécessaires à la constitution du fonds d'amortissement. On dit:
"Malgré les dispositions de l'article 38, les sommes perçues
à titre de recouvrement de déboursés effectués pour
les fins prévues au premier alinéa sont versées au fonds
de roulement."
M. Giasson: C'est pour cela que j'ai dit tantôt
"malgré les dispositions de l'article 38".
M. Russell: C'est versé au fonds de roulement.
M. Garon: C'est pour maintenir le fonds de roulement à
$200 000. Mais l'excédent va au fonds consolidé.
On maintient un fonds de roulement de $200 000.
M. Russell: L'Office du crédit agricole possède
actuellement plusieurs fermes, plusieurs terres?
M. Garon: Des lots.
M. Russell: Vous en avez en Gaspésie actuellement qui sont
possédés par l'office de réaménagement?
M. Garon: Oui, mais ce n'est pas...
M. Russell: Si ces fermes sont vendues à cette banque de
terres, est-ce que cela va être une vente ou si ce ne sera qu'un
transfert? Si c'est simplement un transfert, lorsqu'on fera la vente on
va faire la vente un jour - les revenus de cela seront versés au fonds
consolidé ici, au fonds de roulement d'abord qui, éventuellement,
retournera les surplus au fonds consolidé.
M. Garon: On va regarder l'article 38 quand on sera rendu
là. Nous sommes à l'article 35.
M. Russell: On parle des deux ici, n'est-ce pas? Celui-ci affecte
l'article 38; l'article 38 affecte celui-ci.
M. Garon: On maintient le fonds de roulement à $200 000
tout le temps. Si on a dépensé quelque chose sur une terre, on
récupère de l'argent de la terre. Ce qu'on avait
dépensé sur la terre, on le renvoie au fonds de roulement. Le
solde, s'il en est un, s'en va au fonds consolidé. On maintient toujours
le fonds de roulement à $200 000.
M. Russell: Cela ne vous limite pas, parce que vous pouvez quand
même faire des emprunts par billets ou autrement qui sont
autorisés par le lieutenant-gouverneur en conseil. Vous n'êtes pas
limités. Mais s'il y a un déficit à ces
emprunts-là...
M. Garon: Vous voyez que le fonds de roulement on ne le
dépense pas beaucoup.
M. Russell: Vous pouvez le dépenser et vous pouvez
emprunter en plus de cela. (20 h 30)
M. Garon: Excepté que c'est pour des fins
précises.
M. Russell: Oui, c'est clair.
M. Garon: L'article 35 ne dit pas cela.
M. Russell: Le deuxième alinéa de l'article 33:
"L'organisme désigné, malgré toute disposition contraire
de la loi en vertu de laquelle il est constitué, peut, aux fins de la
présente section et avec l'autorisation préalable du
lieutenant-gouverneur en conseil, contracter des emprunts par billets,
obligations ou autrement..." Vous pouvez donc faire des emprunts, des emprunts
de banques ou d'autres emprunts. C'est illimité, à moins que le
règlement...
M. Garon: Les fins de l'article 32 deuxième alinéa,
ce sont des emprunts pour acheter des terres.
M. Russell: Oui.
M. Garon: "Des travaux d'aménagement, d'entretien et de
mise en valeur..."
M. Russell: Oui, c'est ce que je dis, cela ne limite pas.
M. Garon: Le fonds de roulement, c'est pour... M. Russell:
Pour l'opération.
M. Garon: ... l'administration, la protection et l'entretien de
tout immeuble acquis ou possédé par l'organisme... Dans l'autre
cas, c'est pour les déboursés nécessaires à la
protection de toute créance résultant d'une vente ou d'une
location faite conformément à la présente section. Ce
n'est pas la même chose.
M. Russell: Suivant l'article 33, c'est pour les achats, pour
l'immobilisation.
M. Garon: Oui.
M. Russell: D'accord?
M. Garon: Oui.
M. Russell: Pour cela, vous n'êtes pas limité. Ce
sont les règlements qui pourraient vous limiter.
M. Garon: Même pas, les besoins.
M. Russell: Aux termes et conditions que détermine le
lieutenant-gouverneur en conseil. Cela peut être pour $100
millions...
M. Giasson: $100 millions... plus rapidement. Une voix: II
n'y a pas de limite.
M. Garon: Un million, c'est peut-être un peu fort! Nos cinq
fonctionnaires auraient trop d'ouvrage.
Le Président (M. Laberge): L'article 35 sera-t-il...
Une voix: ... une grosse banque.
Le Président (M. Laberge): L'article 35 sera-t-il
adopté?
M. Russell: Sur division.
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division.
J'appelle l'article 36. L'article 36 se lit comme suit: "Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut, par règlement, prescrire: 1°
les bases générales d'évaluation des immeubles à
acquérir ou à aliéner en vertu de la présente
section; 2° les critères permettant de fixer le prix d'acquisition
ou d'aliénation ou le coût du loyer de tels immeubles; 3° les
conditions que devront comporter les actes d'acquisition ou d'aliénation
et les baux; 4° les documents, rapports et renseignements à produire
ou à fournir aux fins de la présente section et le délai
dans lequel ils doivent être produits ou fournis; 5° les cas
où un immeuble peut être aliéné, en tout ou en
partie, conformément au troisième alinéa de l'article 32,
ainsi que les critères permettant de fixer le prix d'aliénation
d'un tel immeuble." Est-ce que l'article 36 sera adopté?
M. Garon: Oui, c'est vrai, je l'ai ici. Je voudrais
présenter un amendement à l'article 36.
Le Président (M. Laberge): Je suis prêt à
l'entendre.
M. Garon: L'article 2 dudit projet de loi est modifié par
l'insertion dans le paragraphe 2 de l'article 36 proposé par ledit
projet, après les mots "de tels immeubles", des mots...
Le Président (M. Laberge): Parfait. Je l'ai. À la
fin de l'article 2. Cela va.
M. Garon: C'est cela. C'est ce que j'ai dit. Le paragraphe, pas
l'article. J'aurais dû lire: À la fin du paragraphe 2 de l'article
36...
Le Président (M. Laberge): Cela va. Continuez.
M. Garon: ... proposé par ledit projet, après les
mots "de tels immeubles", des mots c'est ce qu'on ajoute ...
M. Giasson: C'est ouvert.
Le Président (M. Laberge): J'ouvre les oreilles.
M. Garon:... ainsi que les critères de sélection
des acquéreurs ou des locataires éventuels."
M. Vaillancourt (Orford): Des critères de sélection
des acquéreurs ou locataires éventuels.
M. Garon: Ainsi que les critères de sélection des
acquéreurs ou des locataires éventuels." Fermez les
guillemets.
Le Président (M. Laberge): On déplace le
point-virgule.
M. Vaillancourt (Orford): On ferme les guillemets.
Le Président (M. Laberge): Alors, après immeubles,
on enlève le point-virgule et on le remplace par une virgule.
Après cela, on ajoute les mots "ainsi que les critères de
sélection des acquéreurs ou des locataires éventuels;"
M. Garon: Pourriez-vous faire faire quelques photocopies. Je vous
donnerais un modèle de critère. Vous en avez plusieurs.
M. Giasson: Ce ne serait pas nécessairement le premier
arrivé qui serait le premier servi...
M. Garon: On l'a fait, celui-là.
Le Président (M. Laberge): C'est déjà fait.
L'article 2 du projet de loi est modifié par l'insertion, dans le
paragraphe 2, de l'article 36 proposé par ledit projet.
M. Garon: Le point-virgule était en dedans des
guillemets.
Le Président (M. Laberge): Oui.
M. Garon: On garde notre point-virgule. On sauve le
point-virgule.
Le Président (M. Laberge): D'accord. Pour le texte que
vous avez ici, cela va. À ce moment, est-ce que cet amendement au
paragraphe 2 sera adopté?
M. Vaillancourt (Orford): Adopté. M. Giasson:
Disons que...
Le Président (M. Laberge): C'est la seule question que
j'ai à poser, généralement... Je l'ai reçu.
Questions?
M. Giasson: M. le Président, puisqu'on ajoute un
élément qui a son importance, surtout des critères de
sélection d'acquéreurs ou de locataires éventuels, est-ce
que le ministre pourrait nous donner ou déposer devant la commission,
nous donner verbalement et peut-être déposer les critères
de sélection des acquéreurs ou des locataires...
M. Garon: Vous ne l'avez pas eu? Ah bon! Je vais vous le lire
parce que ça n'a pas été fait pour être
distribué. Il y a toutes sortes d'affaires sur ce papier.
M. Giasson: Comme ça, ce n'est pas un papier à
livrer au public.
M. Garon: Non.
M. Giasson: Vous avez certaines réserves.
M. Garon: "La location, la vente, l'aliénation
visées au paragraphe 3 du deuxième alinéa..." Attendez un
peu. C'est un brouillon.
M. Giasson: Ouvrez vos guillemets!
M. Garon: "La location, la vente ou l'aliénation est
réalisée au mérite et dans l'admissibilité ou la
sélection des requérants, outre les ressources financières
de ces derniers, doivent être considérés les
critères suivants: premièrement, la capacité de gestion du
requérant; deuxièmement, son expérience en
agriculture."
M. Giasson: ... capacité de gestion.
M. Garon: Oui, la capacité de gestion du
requérant.
M. Giasson: D'accord.
M. Garon: "Deuxièmement, son expérience en
agriculture"...
M. Giasson: Je viens d'entendre être membre du Parti
québécois, ce n'est pas fondé, ce n'est pas
sérieux?
M. Garon: C'est le député de l'Union Nationale qui
a dit ça?
M. Giasson: C'est le député de
Kamouraska-Témiscouata. Il n'est pas sûr de quel... Pour moi, il
est sur la troisième voie de ce temps-ci.
M. Garon: "Troisièmement...
M. Giasson: Elle doit être bonne, celle-là.
M. Garon: Je pensais à une mais...
M. Giasson: C'est encore plus fort que le critère du
député de Kamouraska-Témiscouata.
M. Garon: "Troisièmement, sa structure
financière".
M. Giasson: La structure financière du
requérant.
M. Garon: Oui. "Quatrièmement, la nature de son projet;
cinquièmement, la dimension de l'entreprise agricole concernée de
manière qu'elle constitue une ferme familiale ou de type familial;
sixièmement, la proximité de l'immeuble à louer ou
à acquérir de celui que possède déjà le
requérant". Celui, par exemple, qui voudrait acquérir une terre
dans le rang, s'il demeure déjà là, va passer devant un
autre qui, lui, ne doit pas nécessairement s'établir dans ce
rang-là.
M. Giasson: Très bien.
M. Garon: "Septièmement, la priorité est
donnée à un requérant qui serait relié par les
liens du sang ou de l'adoption à celui qui a vendu l'immeuble".
M. Giasson: Un requérant lié par le sang
avec...
M. Garon: Ou l'adoption. Lorsque, parmi les requérants, il
s'en trouve à mérite égal ce n'est pas facile de
toujours pondérer...
M. Giasson: Les noms sont mis dans un chapeau et tirés au
sort.
M. Garon: ... à mérite égal, compte tenu des
critères précédents, la priorité est
accordée selon l'ordre de réception de la demande des
requérants.
M. Russell: Si c'est égal, est-ce que les remarques du
député de Kamouraska-Témiscouata s'appliqueraient?
M. Garon: Comme...
M. Russell: Ce serait un changement dans la nouvelle
politique.
M. Garon: Cela dépend de l'âge du fonctionnaire.
Cela ne veut pas dire l'année où il est entré dans la
fonction publique. Il paraît que, dans votre temps, il fallait qu'ils
soient bleus.
M. Russell: C'était une bonne qualité.
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce que l'amendement proposé par le ministre, ajoutant
des mots à la fin du deuxième paragraphe sera adopté? M.
le député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, lorsqu'on revoit les
critères que vient de nous énoncer le ministre, on dit qu'on va
déterminer la capacité de gestion. Ce n'est pas une
opération qui est facile, faire cela en fonction de l'expérience
acquise dans le secteur de la production agricole par les différents
requérants potentiels. Un jeune, son expérience n'est pas acquise
encore.
M. Garon: Cela dépend de chaque cas. Il peut arriver, dans
certains cas, que ce soit un jeune qui n'a pas de points positifs
d'attribués, mais il n'aura pas de points négatifs non plus. Et
il est possible que, par exemple, pour vous qui êtes un peu plus
âgé qu'un jeune, qui n'a pas administré beaucoup de choses,
mais qui avez déjà administré quelque chose et n'avez pas
fait un succès de vos affaires, cela va être évalué.
On va en tenir compte. Cela ne veut pas dire nécessairement que votre
demande va être refusée, mais cela va être un facteur qui va
être considéré. Même là-dedans, des fois,
quelqu'un a fait une faillite, ce n'est pas nécessairement la gestion
qui est mauvaise, parfois ça peut être quelqu'un qui est
"squeezé" temporairement pour différentes raisons.
M. Giasson: M. le ministre, est-ce qu'au moins vous êtes
conscient, vis-à-vis des critères que vous avez
énumérés, qu'au départ, le jeune qui veut se lancer
en agriculture est désavantagé si tous ces
critères-là lui sont appliqués? Capacité de
gestion: ses preuves ne sont pas faites. Expérience en agriculture: ce
n'est pas sûr que tous les jeunes l'aient. Les uns l'ont. Sa structure
financière: un jeune qui commence, sur le plan financier, il va falloir
être plus large que vis-à-vis d'autres requérants qui ont
déjà fait de l'exploitation agricole, qui, avec les années
ont acquis une certaine sécurité financière. Que
voulez-vous, le jeune débute. Si on veut donner une chance...
M. Garon: Là, on va considérer sa formation. Le
jeune qui a suivi un cours d'exploitant agricole, qui a travaillé
à la ferme d'un cultivateur.
M. Giasson: C'est un critère que vous n'avez pas
énuméré, mais qui peut entrer en ligne de compte.
M. Garon: Son expérience.
M. Giasson: Ses connaissances théoriques en agriculture,
peut-être.
M. Garon: C'est cela, ses connaissances.
M. Giasson: Plutôt que son expérience pratique.
M. Gagnon: Est-ce qu'actuellement on ne se base pas un peu sur
ces critères pour faire un prêt agricole, par exemple? On regarde
la capacité de gestion, l'expérience en agriculture pour
l'obtention d'un crédit agricole actuellement. (20 h 45)
M. Giasson: Je suis bien d'accord, mais vous ne comparez pas deux
choses pareilles.
M. Gagnon: Non, mais...
M. Giasson: C'est le cas d'un certain nombre de requérants
qui sont intéressés à acquérir ou louer; vous
n'êtes plus devant un cas spécifique de crédit
agricole.
M. Gagnon: Je m'excuse, je ne veux pas faire de comparaison, je
veux simplement dire qu'actuellement on a une expérience, on a des
barèmes, on a l'expérience d'analyser ces critères pour
consentir un prêt agricole. Je présume que c'est sensiblement la
même analyse qu'on pourra faire pour la location d'une terre. Je ne sais
pas si je m'exprime bien...
M. Giasson: Oui, mais, quand vous êtes en face de plusieurs
acheteurs ou locataires éventuels, ce n'est pas comme un crédit
agricole qui est traité cas par cas; vous n'avez pas seulement un
emprunteur devant vous qui veut emprunter de l'Office du crédit
agricole, vous avez quelques acheteurs, en potentialité, devant un
immeuble agricole qui est propriété de l'Office du crédit
agricole. On ajoute tout de même vous en êtes conscients
des critères de sélection des acquéreurs ou
locataires; c'est un peu différent que d'étudier une demande de
prêt agricole par un agriculteur.
M. Gagnon: En fait, est-ce que ce n'est pas...
M. Giasson: C'est joliment différent, mon cher!
M. Gagnon: Est-ce que c'est tellement différent? C'est une
autre forme d'établissement pour aider les gens à
s'établir en agriculture. Si je comprends bien la loi, celui qui veut
s'établir en agriculture et qui veut louer une terre, pour commencer, de
la banque de sols, c'est dans le but de s'établir, c'est-à-dire
que les critères sur lesquels on va se baser pour lui louer une terre,
ce sont, finalement, à peu près les mêmes parce qu'on
présume qu'il va l'acheter, éventuellement. Non?
M. Giasson: Pas nécessairement. Je pense que dans
l'avenir, au Québec, la formule de location de sols va se
développer graduellement, beaucoup plus que ce qui a pu exister dans le
passé. On a un peu d'agriculteurs qui louent une terre
voisine, une parcelle de terre, ça s'est accru au cours des
dernières années. Mais je pense qu'on va vers un
phénomène qui va prendre de l'expansion et, de plus en plus, on
va assister à une réalité qui fera qu'on aura beaucoup de
parcelles ou de terres qui seront louées, plus que ce qu'on
connaît présentement, ce qui est un développement assez
marqué depuis dix ou quinze ans, surtout si on a des politiques qui vont
vers le développement de certaines productions comme la production
céréalière, par exemple. Cela va être un
phénomène où bien des producteurs de
céréales vont choisir de louer de la terre plutôt que de
s'en porter acquéreurs, quand on est capable de l'obtenir par un bail
qui fait l'affaire et qui est accordé pour une période assez
longue.
Il peut même arriver que, si on développait la production
bovine, vous ayez même de producteurs de bovins qui décident de
louer des terres pour du pâturage ou pour des choses semblables.
M. Garon: Ce serait meilleur marché.
M. Giasson: C'est l'orientation que l'agriculture va prendre dans
ces différentes productions qui va faire que le mode de possession, de
location va évoluer, et ça va changer.
M. Garon: Cela prend moins de capitaux avec une location qu'avec
une capitalisation parce qu'en plus du remboursement des intérêts
il faut rembourser le capital également. En même temps, vous avez
un tel pouvoir d'emprunt; si vous achetez la terre et que vous avez besoin
d'emprunter pour constituer le cheptel, si vous faites l'élevage du
boeuf, ou pour la machinerie, vous avez possiblement grevé votre
capacité d'emprunter plus. Cela dépend de chacune des
situations.
M. Giasson: Surtout pour les jeunes qui veulent s'établir
en agriculture et qui possèdent peu de capitaux. Vous savez quelle est
l'augmentation du prix des fermes au Québec depuis dix ans seulement, et
peut-être que le mouvement n'est pas fini et que ça va continuer.
Il va y avoir des jeunes qui, définitivement, ne pourront pas aller en
agriculture s'ils n'ont pas une capacité d'agir sur une base de
location, surtout dans certaines productions spécialisées comme
la culture de céréales, et d'autres productions possibles.
M. Russell: ... des avantages, tous ces critères, à
ceux qui existent actuellement?
M. Garon: Les critères conventionnels? M. Russell:
Oui.
M. Garon: Non, c'est pour donner des lignes directrices à
savoir sur quoi se base l'organisme pour choisir les locataires, dans le cas
où il y en a plusieurs, ou même, s'il y en a seulement un, pour
voir s'il est apte. La question des critères, c'est ça, au
fond.
M. Russell: Cela va être fait par un rapport devant un
comité, je suppose. Ce n'est pas un homme seul qui va juger tout cela
sur des données.
M. Garon: II y a un rapport qui est fait et qui sera
présenté à l'Office du crédit agricole. Il y a des
commissaires.
M. Russell: Qu'est-ce qui arrive actuellement? Il y a des jeunes
qui veulent s'établir et qui n'ont pas d'argent. Cela coûte
énormément cher pour s'établir sur une ferme, pour avoir
un roulant pour que ce soit rentable. Est-ce qu'on a pensé à des
politiques pour les aider à s'établir, à s'acheter un
roulant?
M. Garon: Disons que cette année, on s'en va vers un
record d'établissements... Cela se fait à l'heure actuelle.
M. Russell: Je suis un fils de cultivateur.
M. Garon: Cette année, il devrait y avoir 1500
établissements, de 1500 à 1600, alors que, normalement, c'est
entre 1000 et 1200. Calculez la moyenne de vie des cultivateurs, qui est de 30
à 35 ans. Cela veut dire que si on garde ce rythme pendant quelques
années, le nombre des cultivateurs augmenterait joliment.
M. Russell: II y a des jeunes de 20 à 25 ans qui ont
été élevés sur une ferme. Ils sont bien prêts
à prendre une ferme et à la cultiver, mais ils n'ont pas d'argent
pour partir. Ce qu'ils font, c'est qu'ils se marient et s'en vont en ville. Ils
s'en vont travailler dans les manufactures. On les perd. Et quand ils ont
commencé, ce n'est pas facile de les ramener. Je ne connais pas
tellement ces facilités qu'on a pour leur dire: Reste sur la ferme, on
va trouver des moyens de t'organiser, quand les parents ne le peuvent pas.
Souvent, le père a trois ou quatre garçons et ne peut pas les
aider tous. Ce sont de bons cultivateurs.
M. Garon: On dit que l'âge moyen d'établissement est
de 24 ans à peu près. C'est presque la moitié des
prêts qui vont à l'établissement. Si on regarde
l'augmentation considérable du crédit agricole, du mois d'avril
au mois de novembre, on a prêté $261 millions, seulement à
long terme. Cela veut dire que c'est presque quatre fois le crédit de
1976, et ce seulement en six mois. En 1976, l'Office du crédit agricole
a prêté à long terme $73 millions. Dans six mois de 1979,
on a prêté $261 millions.
M. Vaillancourt (Orford): Dans six mois?
M. Garon: Dans six mois. Cela veut dire qu'on s'en va sur $500
millions.
M. Giasson: Uniquement pour le long terme. Cela ne comprend pas
les prêts à moyen et à court terme? Cela veut dire que les
institutions privées
ont donné une possibilité additionnelle par rapport au
fonds qui était...
M. Garon: Les mécanismes ont été
facilités également. Mais il y a aussi des productions nouvelles.
Le lait, qui constituait 85% des prêts l'an dernier, représentait
56% des prêts. Vous avez une augmentation du porc. Cette année, il
y a une augmentation considérable dans le boeuf, soit $26 millions,
c'est-à-dire entre 10% et 12% alors qu'en 1976, ce n'était pas
1%. C'est à peu près cela.
M. Giasson: Et dans le secteur de l'élevage porcin, les
porcheries?
M. Garon: L'an dernier, c'était 26%. Cela a baissé
à 17% cette année. Cela veut dire qu'on a prêté
cette année et l'année est terminée
peut-être autant dans le boeuf que dans le porc.
M. Vaillancourt (Orford): II se construit moins de
porcheries?
M. Giasson: Cela s'explique aussi par les structures de prix des
deux productions. Depuis quelques mois, lorsque vous observez le
mécanisme des prix payés pour le porc et des prix payés
pour la viande bovine, cela explique assez facilement la bifurcation ou
l'orientation des investissements dans les deux types de production. Par
contre, du côté de l'aviculture, vous ne devez pas avoir beaucoup
de prêts.
M. Garon: Dans l'aviculture, je ne le sais pas. M. Giasson:
Ce doit être très limité.
M. Vaillancourt (Orford): Je voulais vous poser la question. Dans
la production du mouton...
M. Garon: Mais il y a des changements de ferme, quand
même.
Le Président (M. Laberge): Je ne voudrais pas qu'on vole
le droit de parole de personne. Le député de
Saint-François et le député de Beauce-Sud m'avaient
demandé la parole. Je voudrais, premièrement, laisser le
député de Saint-François poser la question qu'il
désire poser.
M. Giasson: II n'a pas abusé de son droit de parole.
Le Président (M. Laberge): Pas jusqu'à
maintenant.
M. Garon: C'est parce qu'il est au courant de tout cela, le
député de Saint-François.
Le Président (M. Laberge): Alors, M. le
député de Saint-François, vous avez la parole.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que cela veut dire que le
ministre et son adjoint ont commencé à se rencontrer, à se
parler?
M. Garon: Comment cela?
M. Rancourt: Si on veut rester sur le sujet, j'ai demandé
la parole simplement pour les cinq premiers critères. En fait, je crois
que ce sont à peu près les mêmes que pour l'achat d'une
ferme. Mais comme critère de sélection supplémentaire, il
y a, bien sûr, la proximité de l'immeuble à
acquérir.
Je pense que, dans le discours de deuxième lecture que j'ai fait,
j'ai souligné que parfois l'établissement du jeune se fait par
étapes. L'acquisition d'une ferme en location à proximité
de la ferme paternelle, c'est une façon d'intégrer le fils
à une ferme familiale de meilleure dimension, avec des critères
de rentabilité. Je pense que tout ceci permet justement de rechercher ce
que le député de Montmagny-L'Islet ou d'autres recherchent, soit
une relève agricole. C'est pour cela que, pour ma part, je pense que ce
sont les sixième et septième paragraphes qui sont vraiment
importants, la proximité de l'immeuble à acquérir et,
comme critère de choix aussi, la priorité à ceux qui sont
unis par liens de sang ou d'adoption. C'est justement familial. À mon
point de vue, je le comprends comme cela. J'aimerais demander au ministre si ce
sont vraiment les critères.
C'est évident que, dans un exemple que j'ai dans la tête
où deux voisins voudraient évidemment acquérir la
même terre, en ayant ce critère-là, le lien par le sang, on
peut retrouver une façon de faire la sélection sans brimer
personne. Pour ma part, il me semble que cela rend beaucoup plus facile ce
choix-là. C'est évident, comme le député de
Montmagny-L'Islet le disait aussi, que dans la structure de la tenure des
fermes dans l'avenir, pour certaines productions comme celle des
céréales, bien sûr qu'être un producteur de
céréales dans la plaine de Montréal, surtout pour une
personne qui a déjà un certain âge, je
préférerais de beaucoup louer de grandes étendues pour
faire une production pendant dix ou quinze ans plutôt que de
l'acquérir par achat. S'il y a des fermes ou des terrains disponibles
que la banque de terres récupérerait ou que la Loi sur la
protection du territoire agricole ramènerait, si vous voulez, à
l'agriculture, je pense que c'est un choix que les agriculteurs feront. Je me
fie énormément au gros bon sens des agriculteurs dans cette
façon d'agir.
Si on s'en tient au principe du projet de loi tel quel, je pense qu'on
ne peut pas être contre cela. C'est mon opinion et la vision que j'en ai
jusqu'à présent. J'accepte la location de terrains pour des
individus ayant un certain âge pour des cultures très
spécialisées et j'accepte la location de fermes pour les
acquérir dans le temps, après quatre ou cinq ans, pour justement
rendre plus rentable une association père-fils ou une association de
tous les genres, parce que la ferme de demain, ce ne sera pas seulement
nécessairement un propriétaire unique. C'est tout ce que j'avais
à dire, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je vais seulement parler de critères de
sélection. On ne peut pas, à mon sens, comparer cela
complètement à l'obtention d'un prêt, parce que l'obtention
d'un prêt, bien souvent, cela peut être ouvert à dix
personnes qui sont sur le même pied d'égalité et chacun va
l'avoir tandis que dans ce domaine-ci, il peut y avoir une exclusivité.
Si on a une terre et dix preneurs, il va falloir qu'on se limite à
un.
Ensuite, parlant de ce que mon collègue vient de dire, ma
pratique notariale m'indique que les cultivateurs n'aiment pas beaucoup louer
des terrains, à moins d'avoir un prix ferme s'il y a une option d'achat
pour plus tard. En effet, dans ma région, le gars se dit ceci: Si je
loue cette année et que j'achète dans dix ans, le prix ne sera
plus le même dans dix ans. S'il y a une option d'achat ferme dans son
bail ou un bail emphytéotique c'est d'accord. Il y a toujours ce sens
d'appartenance que le cultivateur a plus que tout autre. Travailler chez le
voisin, le gars n'aime pas cela. En tout cas, c'est ce que je vois dans ma
région.
M. Giasson: Des Beaucerons.
M. Vaillancourt (Orford): Ils aiment être
propriétaires. Ils aiment travailler chez eux.
M. Rancourt: Sans répliquer à ce que le
député vient de dire, dans ma région, je pense que les
agriculteurs justement, actuellement, considérant le prix du sol, vont
préférer, parce qu'ils sont des gestionnaires, louer et faire des
travaux sur du terrain qui ne leur appartient pas. Je ne parle pas de
construction, parce que habituellement chacun a déjà des
constructions sur sa propre ferme, mais c'est l'utilisation du sol pour des
travaux agricoles normaux, ce qui inclut le drainage souterrain, parce qu'il y
a rentabilité d'avoir un drainage souterrain. Même s'il y a un
investissement, s'il peut avoir un bail à assez long terme, je crois que
l'agriculteur dans ma région, au lieu de payer une ferme $500 000, $600
000 ou $700 000 et presque $1 000 000, il va préférer la louer,
s'il y a possibilité. (21 heures)
Je vois des agriculteurs chez nous qui cherchent à en louer,
parce qu'il ne veulent pas acheter, ces bonshommes ayant déjà un
certain âge; s'ils avaient 20 ans, non, mais à 45 ans,
plutôt que d'investir un demi-million, ils préfèrent louer
pour dix ou quinze ans. C'est seulement une explication pour expliquer mon
milieu.
M. Vaillancourt (Orford): Lorsqu'on voit dans les
règlements, section V, que le prix de location est de 3% pour $25 000;
$25 000 et plus, 4%; $50 000 ou excédent, 5%, cela va être plus
avantageux que d'acheter et de payer des taxes...
M. Garon: II va payer des taxes aussi.
M. Vaillancourt (Orford): II va les payer quand même. Cela
va être en plus?
M. Garon: Le taux, c'est le taux des intérêts. En
gros, c'est le taux des intérêts sans remboursement de capital, en
tenant compte que c'est 2 1/2% pour les premiers $15 000, et 8% entre $15 000
et $150 000. C'est pour cela que vous avez une variation dans le taux.
Le Président (M. Laberge): Avant de continuer la
discussion sur le fondement, le coût des loyers et le reste, est-ce que
vous acceptez d'adopter l'amendement qui se lit comme suit: "Ainsi que les
critères de sélection des acquéreurs ou des locataires
éventuels."
M. Russell: M. le Président, je serais d'accord pour
accepter l'amendement à la condition qu'on puisse continuer de discuter
sur l'article en général.
Le Président (M. Laberge): C'est parce que je sentais que
la discussion venait sur le loyer qui fait partie de l'article lui-même.
Je n'ai pas fermé, c'est seulement sur l'amendement, que je posais la
question.
M. Russell: II faudrait d'abord accepter l'amendement?
Le Président (M. Laberge): Non, pas
nécessairement.
M. Giasson: Sur l'amendement, je voudrais au moins signaler au
ministre et aux fonctionnaires que dans certains dossiers, lorsque vous aurez
plusieurs requérants intéressés, ce ne sera pas trop
facile de procéder au choix final et vous aurez le danger de
rebondissement et de plaintes qui diront: Moi, j'étais plus à
l'intérieur des critères que le requérant à qui on
a loué ou vendu. On va vivre le phénomène des gens qui
passent des concours à la Commission de la fonction publique et qui
croient avoir été maltraités dans une optique de
préférence qui a été accordée à telle
personne qui a eu le poste par rapport à ses qualifications, son
potentiel, etc. Ce ne sera pas facile, je vous le dis. Il va y avoir des
rebondissements.
M. Gagnon: M. le Président, là-dessus, je ne crois
pas que ce soit si difficile, parce qu'il y a tout de même le premier
arrivé, celui qui aura fait la demande le premier. Supposons qu'il y en
a deux qui se qualifient pour la même ferme et dont tous les
critères s'appliquent aux deux également, c'est assez rare qu'il
y en a deux en même temps qui vont faire les démarches. Le
premier, c'est celui qui a le choix, à mon point de vue, à ce
moment.
M. Giasson: Celui qui va avoir été ignoré va
toujours trouver qu'il y avait un petit peu plus de critères qui
s'adaptaient mieux à lui et que normalement, il n'y avait pas
égalité entre lui et celui qui l'obtient.
Une voix: On va le voir au bureau du député.
M. Vaillancourt (Orford): Règle générale,
celui qui va faire une demande de location d'une terre...
M. Giasson: Vous comprenez cela!
M. Vaillancourt (Orford): ... ou l'achat, c'est surtout un
voisin.
Le Président (M. Laberge): Cela va? Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur la proposition d'amendement? L'amendement sera-t-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'amendement est adopté.
L'article 36 demeure ouvert, amendé. Autre question sur l'article 36
comme tel?
M. Russell: On parlait tout à l'heure de location. C'est
un peu ce qui m'avait amené ce matin à parler de louer avec une
option d'achat dans chacun des cas afin qu'un cultivateur qui loue une ferme
pendant quatre, cinq ou six ans et qui produit quoi que ce soit ait le
privilège de l'acheter et qu'on ne puisse pas la lui enlever pour des
raisons qu'il ne trouvera pas justifiables. Il aurait perdu ainsi plusieurs
années de sa vie à avoir amélioré une ferme. C'est
un peu pour cette raison que j'avais proposé cet amendement ce matin.
Par contre, je vois qu'il y a là bien des arguments qui peuvent
être valables. Par exemple, ce qu'on soulevait tout à l'heure:
Vous pouvez avoir deux cultivateurs qui veulent acheter la même ferme, et
les critères sont égaux. Le premier qui se présente,
est-ce que sa demande va être acceptée plus que l'autre? Est-ce
que ce sera le premier ou le deuxième, s'ils sont de chaque
côté de la ferme? Cela peut être une ferme centrale. Est-ce
qu'on a déjà des cas à l'idée?
M. Garon: Oui, on va peut-être en donner la moitié
à chacun.
M. Russell: Qui va décider à ce moment? M.
Garon: Je dirais la moitié à chacun. M. Giasson: C'est
un jugement à la Salomon. M. Russell: Cela peut être un
partage.
M. Garon: On peut évoquer plusieurs cas
théoriques.
M. Russell: II faut quand même examiner ces cas
théoriques parce qu'on ne le voit pas en pratique. On peut les vivre en
pratique dans quelque temps lorsque la loi s'appliquera.
M. Garon: La moitié à chacun. Je suis
sérieux. M. Giasson: Le jugement de Salomon, absolu.
M. Rancourt: Je ne suis pas sûr. Il y a un pourcentage de
rentabilité qui est plus important que la séparation
moitié-moitié. Une moitié ne donnera peut-être pas
un critère de rentabilité.
M. Garon: Cela dépend des besoins de chacun aussi. On
avait dit que c'étaient deux personnes égales.
M. Rancourt: Ce sont des cas qu'on ne pourra jamais régler
ici.
M. Gagnon: Ce sont des cas hypothétiques.
M. Russell: C'est évident qu'on préfère
toujours les cas extrêmes quand on veut dramatiser une situation pour
essayer de voir de quelle façon on peut régler le cas. Les cas
faciles, on n'a pas à les discuter. Ils sont faciles. S'il y a seulement
un acheteur ou un locataire, il n'y a pas de problème, s'il est
qualifié. On ne parlera pas de celui-là; il n'y a pas de
problème. C'est là qu'il peut y avoir certaines
difficultés et quoi faire, de quelle façon s'y prendre...
Le Président (M. Laberge): En attendant, l'article 36
amendé sera-t-il adopté?
M. Giasson: M. le Président... Une voix: Je pensais
qu'il l'était. Le Président (M. Laberge): Pas encore.
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): L'amendement est adopté,
mais pas l'article.
M. Giasson: Au paragraphe 1, on dit que le lieutenant-gouverneur
peut, par règlement, prescrire: 1° les bases générales
d'évaluation des immeubles à acquérir ou à
aliéner en vertu de la présente section. Ces bases
générales sont définies plutôt sommairement dans les
règlements qui nous sont soumis. Le règlement dit: Sur les
données du marché dans le secteur concerné à la
date de l'évaluation ou, s'il n'existe pas de marché dans ce
secteur, sur celles dans un secteur limitrophe ou le plus près de celui
où est situé l'immeuble.
Cette évaluation que vous avez donnée ne sera pas en
fonction, naturellement, de la valeur de l'évaluation foncière
avec les nouvelles mesures d'évaluation telles que proposées par
la Loi sur l'évaluation foncière qui est présentement mise
en application. Ce sera plutôt la valeur marchande.
M. Garon: II y a deux critères à
considérer.
M. Giasson: La capacité de l'immeuble de produire un
revenu?
M. Garon: La pondération des deux. Les données du
marché dans le secteur concerné à la date de
l'évaluation ou, s'il n'existe pas de marché sur celles des
terres voisines et sur la capacité de l'im-
meuble de produire un revenu. C'est une pondération des deux.
M. Giasson: Les données du marché, ce sont vos
examens des ventes qui ont été faites dans le secteur
antérieurement dans les années ou les mois qui
précèdent cette évaluation qui devra être faite et
ce sera la moyenne des ventes ou des acquisitions qui ont été
faites par le secteur privé qui sera le meilleur indicateur.
M. Garon: Des choses comparables.
M. Giasson: C'est sûr que si vous avez les bâtiments
sur la ferme que vous achetez, en plus de la valeur du fonds de terre, vous
avez la valeur des bâtiments que vous acquérez.
M. Garon: Les critères habituels d'évaluation pour
tout organisme.
M. Giasson: Et la capacité de l'immeuble de produire un
revenu, c'est le type de sol, la qualité de ce sol, les
aménagements qui ont été faits dessus.
M. Garon: C'est un revenu anticipé aussi.
M. Giasson: Le type de production qui peut être
pratiqué par un acquéreur ou des acquéreurs
intéressés.
Le Président (M. Laberge): L'article 36 est-il
adopté?
M. Russell: S'il y a une ferme dont la banque de terres est
propriétaire, est-ce qu'on va donner préférence à
une vente à quelqu'un ou à une location? Quelqu'un qui veut
acheter, il aura la liberté de l'acheter plutôt que de louer?
À condition qu'il satisfasse à toutes les normes; c'est la
première condition. Deuxièmement, ou il peut en acheter une et
louer l'autre pour acquérir une rentabilité.
M. Garon: À ce moment, cela va être moins
coûteux financièrement pour lui.
M. Russell: C'est cela.
M. Garon: Normalement, ce gars va prendre une option d'achat.
Deux terres l'une à côté de l'autre, normalement il en
achète une et il loue l'autre avec une option d'achat; à ce
moment, cela lui permet de financer d'autre chose. Cela va en fonction de
chacun. Cela nous permet d'avoir un financement plus facile.
M. Russell: II y a une région qui m'inquiète un
peu. Je ne sais pas si le ministre peut répondre à cette
question. Vous avez, dans la région de Montréal, des fermes qui
ont été achetées pour spéculation. Avec le zonage
agricole, ils ne pourront pas faire de spéculation. Ces gens ont
beaucoup d'argent d'investi dans ces fermes. Ils ne pourront pas les revendre
probablement pour le prix qu'ils ont payé. Ce sont quand même des
fermes assez dispendieuses. Le ministre a-t-il l'intention de les acheter au
prix du marché actuel ou s'il y aura une offre?
M. Garon: II y a de ces fermes qui se vendent, actuellement, et
il y a des cultivateurs qui les achètent. Cela peut être possible,
une fois la banque de terres créée pour faire du remembrement,
que la banque de terres puisse jouer un rôle, mais normalement, dans la
région de Montréal, les terres sont bonnes et des acheteurs sont
rapidement trouvés.
M. Russell: C'est très dispendieux.
M. Garon: Des terres bon marché dans la région de
Montréal, on n'en trouvera pas, je pense. Si on compare les prix avec
ailleurs, ici les terres sont bon marché. Si on compare avec l'Europe ou
avec...
M. Russell: À Montréal, c'est $2000 l'acre et
plus.
M. Garon: Pas partout.
M. Russell: Je parle de la banlieue de Montréal, des
bonnes terres, surtout celles qui ont été achetées pour
spéculer.
M. Garon: À Laval, il y en a à $5000 et $6000
l'acre.
M. Giasson: Oui...
M. Garon: Quand un gars fait une production
maraîchère, par exemple, sa terre peut lui rapporter de $3000
à $4000 l'acre.
M. Gagnon: Une chose certaine, c'est que ce ne sera pas difficile
de trouver un secteur témoin dans cette région-là parce
qu'actuellement il y a de grosses transactions. Depuis la Loi sur la protection
du territoire agricole, plusieurs fermes ont été remises à
l'agriculture, qui ont été louées ou vendues.
M. Garon: Quand on va faire les statistiques sur les superficies
ensemencées en céréales, plusieurs me disent: M. Garon,
vous allez faire un saut l'an prochain. Il y a beaucoup de terres qui ont
été mises en valeur, c'est incroyable.
M. Gagnon: Oui, énormément. M. Garon: On a
vu cette année...
M. Giasson: Par suite d'acquisitions ou à de
locations?
M. Garon: Les deux. J'entends des témoignages de gens qui
me disent que telle terre ou telle autre n'était pas cultivée,
était abandonnée et qu'elle a été remise en
culture. Dans la région de
Québec aussi. Un gars comme Vallières, il a remis 1500
acres en production à lui seul.
M. Giasson: II a loué surtout.
M. Garon: II a loué, oui.
M. Giasson: À Saint-Apollinaire.
Le Président (M. Laberge): M. le député
d'Orford, vous aviez une question?
M. Vaillancourt (Orford): Oui, j'aimerais demander ceci au
ministre. L'agriculteur qui va louer au coût de la location
mentionné au règlement l'exemple que vous avez
donné dans le règlement une valeur de $100 000 pour une
durée de trois ans, advenant le cas qu'il décide d'acheter...
M. Garon: C'est quelle page?
M. Vaillancourt (Orford): Au bas de la page 5.
M. Giasson: Section 4 des règlements.
M. Vaillancourt (Orford): Section 4 des règlements. Un
agriculteur loue pour une période de trois ans une ferme d'une valeur de
$100 000. Etant donné que le bail est pour une durée de trois ans
et qu'il est ajustable au début de chaque période de trois ans,
s'il décide d'acheter à la fin de la troisième
année, est-ce qu'il va payer $100 000, sur la base de quoi il paie pour
la location?
M. Garon: II paiera la valeur marchande au moment de l'achat.
M. Vaillancourt (Orford): Au moment de l'achat. Ce ne sera pas au
moment de la location?
M. Russell: À moins qu'il ait eu une option d'achat au
moment de la location.
M. Garon: Ce qui va être prévu c'est l'option
d'achat. La valeur marchande va s'établir au moment où il va
exercer son option d'achat.
M. Vaillancourt (Orford): Ce qui veut dire que la location pour
une valeur de $100 000 c'est pour trois ans...
M. Garon: Autrement...
M. Vaillancourt (Orford): S'il décide d'acheter
après deux ans, si la valeur est augmentée à $150 000, il
va payer $150 000.
M. Giasson: Je crois que c'est une bonne mesure.
Le Président (M. Laberge): L'article 36 sera-t-il
adopté?
M. Giasson: M. le Président, dans le même
contexte...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: ... si un locataire...
M. Garon: II est incité à acheter le plus
rapidement possible à ce moment-là parce que c'est lui qui va
réaliser le gain de capital.
M. Vaillancourt (Orford): Oui, d'accord, mais...
M. Giasson: Si un locataire a fait des améliorations fort
importantes sur une terre louée qu'il décide d'acheter, on va les
déduire de la valeur marchande au moment de l'acquisition, on va tenir
compte des investissements qu'il a faits.
S'il a fait du drainage souterrain sur un sol qui n'en possédait
pas...
M. Garon: Normalement, sur une terre louée, ce n'est pas
lui qui va faire le drainage. Il va...
M. Giasson: S'il y a une possibilité d'achat, il est
possible qu'un cultivateur puisse procéder à du drainage dans
certains types de culture. Cela vaut le coup. (21 h 15)
M. Garon: On soustraira la valeur des améliorations qu'il
a faites du prix d'achat.
M. Giasson: De la valeur marchande. Dans un cas type où un
producteur agricole aurait fait des investissements qu'on évalue
à $10 000, si la valeur marchande de cette terre était de $100
000, il paierait un coût net de $90 000.
M. Garon: Cela pourrait être moins de $90 000 parce que
l'amélioration qu'il a faite et qu'il a payée tant peut
contribuer à ajouter une valeur plus grande. S'il a posé du
drainage il y a trois ans, on calculera combien cela coûterait pour poser
le même drainage ou quelle dépréciation il y a, par
exemple, pour du drainage de 25 ou 30 ans. On en tiendra compte
là-dedans.
M. Giasson: Mais vous êtes certain que vos politiques et
vos programmes ne feront pas de l'Office du crédit agricole un
compétiteur anormal du marché libre?
M. Garon: Non.
M. Giasson: Autrement dit, quand vous procédez à
l'évaluation d'une ferme, que vous l'évaluez à tel prix et
qu'il se présente un autre acquéreur qui est prêt à
donner davantage, vous laissez jouer le marché libre, à ce
moment-là. Vous êtes sûr de cela?
M. Garon: Ce que vous soulignez, c'est peut-être le danger
qui peut se produire le plus souvent. Quelqu'un qui veut avoir une terre en
fait établir la valeur et demande au crédit agricole de
l'établir. C'est peut-être, dans toute la patente, dans toute
l'opération, le tendon d'Achille. Le pro-
blème qui peut se présenter, c'est qu'on abuse de
l'évaluation de l'office. Le président de l'office disait aussi
que cela peut aider à moraliser le marché, éviter la
spéculation, établir une valeur plus réelle, la valeur
marchande. C'est difficile d'établir une valeur. C'est un organisme
neutre, un peu, qui établit la valeur. On va être tenté de
la savoir, mais si, après cela, sachant la valeur, ce sont les forces
libres du marché qui jouent, l'office n'interviendra pas.
M. Giasson: Même si l'acquéreur, selon une
évaluation, ne faisait pas une aussi bonne utilisation du sol acquis,
vous laissez jouer le marché libre, sachant que le monsieur qui vient
payer un prix plus élevé que l'évaluation
déterminée par l'office ne fera pas une utilisation maximale des
potentiels ou des capacités de ce sol?
M. Garon: Normalement, plus il va payer cher, plus il va
être obligé de la faire produire au maximum, parce que s'il fait
des productions qui lui font perdre de la rentabilité, il va payer
meilleur marché.
M. Vaillancourt (Orford): S'il veut payer son loyer, il va
falloir qu'il la fasse produire. C'est normal, cela.
M. Giasson: C'est cela.
M. Vaillancourt (Orford): Mais je reviens à la question
que le député de Montmagny-L'Islet posait. Un agriculteur qui
loue une ferme et qui paie $100 000, si c'est une ferme qui ne peut pas
produire sans être drainée, et qu'il draine pour $20 000 à
$25 000, cela veut dire qu'il donne une plus-value automatiquement de $25 000.
Là, vous dites que cela va lui être déduit s'il
décide d'acheter la ferme; au lieu de payer $100 000, il paierait $75
000. Mais, s'il y a une plus-value, par exemple, si les fermes ont
augmenté en général dans la région, cela veut dire
que ça peut arriver qu'il soit obligé de payer $125 000 et $150
000, tout en ayant dépensé $25 000 de drainage.
M. Garon: Je ne connais pas beaucoup de Québécois
qui vont drainer des terres louées.
M. Giasson: Sauf s'il y a une option d'achat.
M. Garon: Même avec une option d'achat. Il va se
prévaloir de son option d'abord.
M. Mathieu: En option à prix ferme, c'est correct, mais
à prix ouvert.
M. Vaillancourt (Orford): N'oubliez pas, M. le ministre, que
c'est une loi générale. Il y en a plusieurs qui ne draineront
pas, mais il y en a certainement qui vont drainer.
M. Garon: Pardon?
M. Vaillancourt (Orford): Je dis que c'est une loi
générale qui va toucher bien du monde. Il y a certains
agriculteurs qui vont louer sans drainer, mais il y en a d'autres qui vont
louer et qui vont être obligés de drainer. Il va y avoir un bail.
S'ils veulent produire pour la rendre rentable...
M. Garon: À ce moment-là, je pense que
l'agriculteur qui a vraiment l'intention de faire cela va essayer d'avoir un
bail emphytéotique plutôt, pour plus de sécurité, je
pense.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Saint-François, est-ce que vous aviez une question? Je vous ai vu me
faire signe.
M. Rancourt: Oui, j'aurais une question...
M. Vaillancourt (Orford): Je pense que toute cette discussion,
ça va être bon parce que ça va permettre de penser à
établir une politique générale pour que personne ne soit
lésé dans ses droits.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Saint-François.
M. Rancourt: J'ai une question à laquelle on a
peut-être répondu en partie, mais je la pose au ministre dans ce
sens: Vous avez une ferme qui pourrait être en location, si vous voulez,
mais il arrive un acheteur qui désire l'acheter; donc, priorité
à l'acheteur, tout simplement, avant une location, c'est ce que vous
venez de dire. Mais, dans les deux cas, l'acheteur potentiel qui veut faire un
achat direct s'adresse à l'Office du crédit agricole, il offre
$175 000 et son prêt est refusé parce que sa rentabilité
n'est pas assurée à $175 000. En même temps, la location,
bien sûr, sera peut-être seulement à $100 000, vous allez
être un peu mal pris. J'ai probablement eu la réponse,
tantôt, mais je veux vous la faire dire. Qu'est-ce qui arrive?
M. Giasson: Vous croyez vraiment que le premier choix de l'office
sera d'abord toujours de vendre avant de louer?
M. Rancourt: Non, c'est ce que j'ai demandé. M. Garon:
Non, non...
M. Giasson: Je suis porté à penser que ce ne sera
pas nécessairement cela.
M. Garon: Ce ne sera pas nécessairement cela.
M. Giasson: II n'y aura pas de priorité à l'achat
d'une façon absolue. Tantôt, par exemple, je n'avais pas à
l'esprit ce que vous avez mentionné. Je mentionnais deux personnes qui
arrivent, deux nouvelles personnes, une qui veut louer...
M. Rancourt: L'autre qui veut acheter.
M. Garon: ... l'autre qui veut acheter. M. Rancourt: Cela
va arriver.
M. Garon: Oui, je pense que si le projet est bon, c'est ce qui va
arriver, normalement. Là, vous présentez des modalités
différentes. Si, par exemple, quelqu'un arrive et dit: Je veux louer
l'autre partie parce que je veux faire telle chose, ça fait partie d'un
ensemble, il faut tenir compte de tout cela.
M. Russell: Le prix de la ferme...
M. Garon: Remarquez bien que les décisions, il y a un
jugement de valeur là-dedans, ce n'est pas tranché au couteau.
Mais on va essayer, avec le meilleur bon sens, avec les critères qui
seront dans les règlements, de rendre cela le plus équitable
possible.
M. Russell: Le prix que l'office paiera pour une ferme ne sera
pas nécessairement toujours le prix du marché, ça peut
être au-dessous du prix du marché. S'il arrive un locataire ou un
acheteur, est-ce qu'on vendra la ferme selon l'investissement qu'il y a
là-dedans ou si on la vendra au prix du marché?
M. Garon: Si l'office l'a achetée au-dessous du prix du
marché, c'est parce que le prix du marché était plus
bas.
M. Russell: Pas nécessairement, vous pouvez avoir
financé une ferme et qu'au bout de deux ou trois ans, l'acheteur l'ait
abandonnée. Le marché aura augmenté, et vous êtes
pris sur une ferme où vous avez investi $90 000, et le prix du
marché, à ce moment-là, est peut-être de $130 000 ou
de $140 000. Quel sera le prix déterminé? Est-ce que ce sera le
prix du marché ou le montant que vous avez investi dans la ferme?
M. Garon: Le prix du marché.
M. Russell: Le prix du marché, donc l'office fera un
profit sur son...
M. Garon: Oui, oui.
M. Russell: Cela compensera pour les pertes qu'elle pourra faire
ailleurs.
M. Garon: Autrement, il n'y a plus de base. M. Russell: II
s'agit de s'entendre là-dessus.
M. Garon: Oui. Il n'y a pas de gêne à faire un
profit.
M. Russell: On n'est pas gêné pour cela, non. M.
Garon: Je sais que vous n'êtes pas gêné.
M. Russell: On va passer d'exploitant à exploiteur.
Le Président (M. Laberge): L'article 36 est-il
adopté?
M. Giasson: M. le Président...
M. Russell: C'est ceux qui n'en font pas que je n'aime pas.
M. Giasson: Dans le cas des immeubles qui vont faire l'objet, au
moment de la location d'un bail...
M. Gagnon: M. le Président, je m'excuse, j'avais
demandé la parole.
M. Giasson: Oh! je m'excuse.
M. Gagnon: C'est seulement pour un petit point, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Champlain, vous avez la parole.
M. Gagnon: Tantôt, justement, le député de
Montmagny-L'Islet demandait de quelle façon on établirait le
prix.
M. Giasson: L'évaluation.
M. Gagnon: L'évaluation. Et on disait: Est-ce que la
banque de terres ne viendra pas créer une compétition à
celui qui veut vendre sans passer par la banque de terres, pour faire baisser
les prix?
Si j'ai bien saisi, actuellement, le fait existe quand on a une ferme
à vendre. Admettons qu'on demande $100 000 pour la ferme.
L'acquéreur va voir à l'Office du crédit agricole pour
obtenir un prêt. L'Office du crédit agricole vient évaluer
la ferme, comme s'il l'achetait, je présume.
Et on nous dit: La ferme que tu vas acheter, nous autres, on va te
prêter $90 000 parce que, selon nous, elle vaut $90 000, en valeur
marchande. Est-ce que je me trompe en disant que, pour l'acquérir pour
la banque de terres, ce sera finalement à peu près la même
chose? D'accord.
M. Giasson: Mais, M. le Président, ma question
était qu'il peut y avoir dans certains cas une surévaluation par
rapport à ce que le marché libre pourrait payer. Et, là,
on pourrait se mettre à constituer des acquisitions à
l'intérieur de la banque de terres en déjouant un peu les
mécanismes du libre marché.
Il y a l'autre danger sur lequel on a aussi discuté, que des gens
soient tentés de faire faire une évaluation par l'office. Il y a
différentes façon de procéder pour cela.
M. Gagnon: Cela se fait actuellement, M. le
député.
M. Giasson: Tout semble de bonne foi et, au moment où
l'office a déterminé la valeur marchande,
l'intéressé se présente, offre un peu plus et il s'est
servi de l'office comme estimateur agréé.
M. Gagnon: Mais c'est ce qui se fait actuellement. Après
les quinze années que j'ai passées dans le commerce avec des
agriculteurs, c'est ce qui se fait. Premièrement, quand on a quelqu'un
qui veut acheter une ferme, on dit: II y a une ferme à vendre à
tel endroit. Le premier endroit où on envoie l'acquéreur
potentiel, c'est à l'Office du crédit agricole, pour voir de
quelle façon il peut s'entendre et combien il doit payer cette ferme.
Cela ne veut pas dire que c'est le prix pour lequel la ferme va être
vendue. Mais normalement je pense que l'Office du crédit agricole, avant
de faire un prêt, va évaluer la ferme. Cela se fait dans tous les
cas. Et, partant de là, c'est là qu'est la demande. Si on a
évalué la ferme à $90 000 et que quelqu'un est prêt
à donner $100 000 ou $110 000, c'est l'offre et la demande. Cela se fait
exactement comme cela actuellement. C'est assez rare qu'on s'entend sur un prix
avant que l'Office du crédit agricole ait fait son
évaluation.
M. Giasson: Mais il se vend encore des fermes sans que l'office
en fasse l'évaluation.
M. Gagnon: Pas beaucoup.
M. Giasson: Oui, vous avez encore des gens au Québec,
heureusement, qui peuvent se permettre d'acheter une ferme sans devoir
nécessairement passer par l'Office du crédit agricole. Il y en a
même qui peuvent se le permettre sans passer par aucune institution
financière.
M. Vaillancourt (Orford): S'ils ont de l'argent pour le
faire.
M. Giasson: On a quelques cultivateurs qui ont des
capacités...
M. Gagnon: Dans ces cas-là, je suis d'accord avec vous.
Mais, normalement, rares sont les fermes qui ne demandent pas un minimum de
prêt. Cela ne veut pas dire que cela va être un prêt à
90%.
M. Giasson: Vous avez des gens qui pourraient payer comptant,
mais qui préfèrent garder leurs économies et aller voir
l'Office du crédit agricole.
M. Garon: Ils vont dans le sac d'avoine.
M. Giasson: Ils aiment mieux garder des certificats de
dépôt à terme. Ils ne sont peut-être pas à
leur nom mais ils sont là quand même.
M. Vaillancourt (Orford): C'est mieux d'ajouter cela.
Le Président (M. Laberge): L'article 36 sera-t-il
adopté? Adopté. J'appelle l'article 37. Est-ce que vous voulez
que j'en fasse lecture?
M. Garon: Vous le pouvez bien, cela va vous donner de
l'exercice.
Le Président (M. Laberge): De l'exercice aux
mâchoires. Article 37. "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut, pour le
laps de temps et aux autres conditions qu'il détermine, autoriser le
ministre des Finances à avancer à l'organisme
désigné en vertu de l'article 33 tout montant jugé
nécessaire pour: "1° l'acquisition d'un immeuble visé au
paragraphe 1° du deuxième alinéa de l'article 32; "2°
l'exécution de travaux d'aménagement et de mise en valeur sur un
tel immeuble. "Les sommes que le ministre des Finances peut être
appelé à avancer en vertu du premier alinéa sont prises
à même le fonds consolidé du revenu".
Cet article 37 sera-t-il adopté?
M. Garon: II s'agit tout simplement des avances
extra-budgétaires qui peuvent être autorisées par le
gouvernement pour permettre à l'organisme l'acquisition d'immeubles,
l'aménagement et la mise en valeur des immeubles acquis.
M. Russell: En somme, si vous n'aviez pas cet article, cela
fonctionnerait difficilement.
M. Garon: Cela ne fonctionnerait pas, sauf avec des emprunts.
M. Russell: Avec des emprunts seulement. M. Garon:
Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Quel montant prévoyez-vous
être obligé de demander au ministère des Finances pour
financer votre banque de terres?
M. Garon: Cela va dépendre de la date d'adoption, si on
commence cette année ou l'an prochain.
M. Giasson: Vous allez commencer l'an prochain, probablement.
M. Garon: Entre $5 millions et $6 millions.
M. Vaillancourt (Orford): $5 millions ou $6 millions par
année, pour débuter?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Laberge): L'article 37 sera-t-il
adopté?
(21 h 30)
M. Vaillancourt (Orford): Je vois, au deuxième
paragraphe...
Le Président (M. Laberge): Excusez-moi, continuez.
M. Vaillancourt (Orford): ... "l'exécution de travaux
d'aménagement et de mise en valeur sur un tel immeuble." Est-ce que cela
veut dire que l'Office du crédit agricole, pour les fermes qu'il va
acquérir, va aménager du drainage ou faire la
réparation des bâtisses avant de les louer, etc.? Est-ce que c'est
cela que cela veut dire?
M. Garon: Non, on a parlé de cela.
M. Vaillancourt (Orford): Pour certaines fermes
abandonnées qui peuvent être achetées?
M. Garon: Quand on a étudié l'article 32, on a
parlé longuement de cela.
M. Vaillancourt (Orford): Les immeubles peuvent avoir besoin
d'être réparés, améliorés ou...
M. Giasson: Je pense qu'au moment de notre discussion relative
à ces dispositions, le député d'Orford était retenu
par d'autres activités.
M. Garon: II était absent.
M. Giasson: Cela a fait l'objet d'un débat assez long et
des précisions ont été apportées.
M. Garon: Assez long.
M. Vaillancourt (Orford): Si cela a été
discuté, je relirai le journal des Débats.
M. Garon: Vous allez retrouver cela.
M. Giasson: Puisque les articles 37, 38, 39 traitent de
financement, je trouve curieux qu'on doive toujours procéder de
façon un peu discrétionnaire en faisant appel au ministre des
Finances qui y va à même le fonds consolidé. Pour une
première année, je suis d'accord, M. le ministre, parce qu'il y a
une inconnue très grande, mais je crois que pour les années
subséquentes il y aurait possibilité de prévoir assez
justement, de façon assez précise même les budgets du
ministère, qui font l'objet de discussions lors de l'étude des
crédits sur lesquels les députés ont la capacité,
la possibilité d'intervenir et de discuter. Pourquoi doit-on toujours
procéder, année après année, en vertu des pouvoirs
qu'on donne au ministre des Finances de faire appel au fonds
consolidé?
M. Garon: Ce n'est pas pour cela. Je pense que c'est pour...
L'article 40 donne la réponse. Il y a un plan de
déposé.
M. Giasson: D'accord, cela peut être déposé
chez le lieutenant-gouverneur en conseil, mais cela ne veut pas
nécessairement dire que cela fera l'objet des crédits annuels du
ministère ou des crédits nécessaires à l'Office du
crédit agricole.
M. Garon: Si tu sors des crédits, c'est pour des raisons
de comptabilité. Quant il s'agit de dépenses de capital, cela va
dans les actions budgétaires. Ce n'est pas pour des raisons
d'approbation. On pourra en discuter assez librement en commission
parlementaire. Cela ne me déran- gera pas du tout. C'est pour des
raisons comptables. Quand il s'agit des dépenses de capital, cela va
dans les extra budgétaires.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que cela répond
à votre question?
M. Vaillancourt (Orford): J'aimerais avoir plus d'explications,
si le député de Montmagny-L'Islet a fini.
M. Giasson: Allez-y.
M. Vaillancourt (Orford): Je comprends mal. De cette
façon-là, l'examen ne pourra pas être fait au complet lors
de l'étude des crédits.
M. Garon: C'est parce que cela entre dans les extra
budgétaires. C'est un peu comme les fonds. Si, cette année,
SOQUIA a $10 millions qui iront au capital-actions, cela va dans les extra
budgétaires. Quand vous avez des avances pour les crédits du
crédit agricole, cela va dans les extra budgétaires. Le
crédit forestier, cela va dans les extra budgétaires. L'avance
à SIDBEC, par exemple, le capital-actions, cela va dans les extra
budgétaires. Ce sont des avances de capital. La comptabilité est
faite comme cela. C'est pour des fins comptables, ce n'est pas pour d'autres
fins. Cela paraît au budget du ministre des Finances, mais cela n'entre
pas dans les budgets des ministères. Cela entre dans les extra
budgétaires.
M. Russell: Par contre, tous ces rapports-là seront
déposés publiquement, tout l'argent utilisé par cette
corporation-là.
M. Garon: Oui.
M. Russell: Cela peut être discuté à
l'occasion de l'étude des crédits du ministère de
l'Agriculture. On peut, quand il discute les crédits nécessaires
pour son administration, soulever ces points-là.
M. Garon: Rappelez-vous la première année qu'on a
discuté ici. On a parlé, je pense, pendant cinq ou six heures de
la raffinerie qui n'apparaissait même pas dans les budgets.
M. Russell: Là, elle le sera?
M. Garon: Pardon?
M. Russell: Là, elle le sera?
M. Garon: Elle n'y sera pas plus.
M. Vaillancourt (Orford): L'administration, par exemple...
M. Russell: On fera une motion en Chambre. M. Garon:
Pardon?
M. Russell: On fera une motion en Chambre.
M. Garon: On va sans doute adopter une loi l'an prochain pour en
faire une vraie entreprise.
M. Grenier: M. le Président, avec votre consentement et le
consentement de la commission, si vous le voulez bien, j'aimerais avoir une
explication sur le deuxième alinéa de l'article 37. On l'a
effleuré tout à l'heure. Quant on dit que "le
lieutenant-gouverneur en conseil peut, pour le laps de temps et aux autres
conditions qu'il détermine, autoriser le ministre des Finances à
avancer à l'organisme désigné en vertu de l'article 33
tout montant jugé nécessaire pour: 2° l'exécution de
travaux d'aménagement et de mise en valeur sur un tel immeuble".
C'est donc dire que, si c'est une terre à reboisement et qu'on
veut y faire de la sylviculture, c'est bien sûr que c'est le
ministère des Terres et Forêts qui le fera avec son regroupement
forestier. On ne reviendra pas là-dessus. Si c'est un immeuble qui
mérite des aménagements agricoles, est-ce que cela veut dire
qu'on pourrait voir là encore un groupe, comme cela existe pour le
regroupement forestier, qui pourrait faire un peu d'aménagement agricole
en attendant que le gouvernement se trouve un acheteur ou un locataire?
M. Garon: Non. On en a parlé longuement de cela hier ou ce
matin.
M. Vaillancourt (Orford): Ce matin.
M. Garon: On dit que normalement, c'est de façon
exceptionnelle que l'organisme va faire des travaux d'aménagement ou de
mise en valeur. On . a même ajouté un amendement que le
député de " Brome-Missisquoi a présenté pour mettre
"jugés essentiels" pour la rentabilité de l'immeuble ou de la
ferme. En réalité, ce qui va se passer dans 99,9% des cas, c'est
que, si quelqu'un vient pour louer ou acheter la terre ou pour la louer avec
option d'achat ou quelque chose comme cela, il va dire: Je m'en vais dans telle
production et j'aimerais que tels travaux d'aménagement ou de mise en
valeur soient faits à l'occasion de l'achat. Dans 80% ou 90% des cas,
à mon avis, il va faire cela lui-même, mais il peut arriver, pour
des raisons de location ou pour différentes raisons financières,
qu'il dise à l'Office du crédit agricole: J'aimerais mieux que
vous le fassiez vous-mêmes et que vous me remboursiez dans mon coût
de location ou que cela entre dans mon prix d'achat, que cela se capitalise
dans le prix d'achat. On va tenir compte, à ce moment, de la subvention
qu'il aurait eue si cela avait été fait par lui-même,
à la demande du ministère. Par exemple, si c'était du
drainage souterrain, on va dire: On a fait faire des soumissions et cela a
coûté $0.40 le pied. Si vous l'aviez fait faire vous-même,
on vous aurait remis $0.21 1/2. Donc, on va vous facturer $0.18 1/2. Cela fait
tant et entrez cela dans la valeur en capital. Mon sentiment, c'est que ce sera
de façon exceptionnelle. Les gens vont vouloir faire leurs travaux
eux-mêmes.
L'expérience passée de l'office montre que ce n'est jamais
le gouvernement. Il y a un pâturage communautaire dans l'Abitibi
un exemple qui confirme la règle et habituellement cela n'a
jamais été le gouvernement; cela a été les gens
eux-mêmes, après avoir fait leur achat.
M. Russell: En principe, le gouvernement peut le faire.
M. Garon: Oui. Ce n'est pas dans la mentalité du monde. La
mentalité peut évoluer.
M. Russell: S'il y avait un changement de ministre et que
c'était un gars plus socialiste, cela pourrait se faire.
M. Grenier: Moins fédéraliste, par exemple. Une
voix: C'est impossible.
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, s'il vous
plaît! L'article 37 sera-t-il adopté? M. le député
de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, dans la veine de la question
posée par le député de Mégantic-Compton, nous
avions discuté des pouvoirs que pouvait avoir l'Office du crédit
agricole ou le ministère pour disposer des terres acquises lors de la
fermeture de certaines paroisses. En relisant les règlements, j'ai vu
qu'on définissait les groupements agroforestiers: Est-il logique de
penser qu'une des façons de disposer de ces terres qui n'ont pas
tellement de vocation agricole serait de les mettre à la disposition des
groupements forestiers ou des groupements agroforestiers?
M. Garon: Je ne le sais pas. Les paroisses fermées, c'est
trop vieux.
M. Giasson: C'est trop vieux. Dans les paroisses qui ne sont pas
fermées, où le ministère de l'Agriculture aurait des
terres à redonner au ministère des Terres et Forêts, parce
qu'il n'y a pas de vocation agricole, que c'est établi et très
bien déterminé, pourquoi ne donnerait-on pas une
préférence, une possibilité à des groupements
forestiers ou à des groupements agro-forestiers d'acheter, de se porter
acquéreurs de ces terrains?
M. Garon: À ce moment, si ce sont des terres qui ne sont
pas bonnes pour l'agriculture, qui n'ont pas de vocation agricole, on va les
transférer aux Terres et Forêts qui feront affaire avec les
groupements forestiers.
M. Giasson: Vous savez comme moi que la politique
antérieure, à moins qu'elle ne change, au nouveau
ministère de l'Énergie et des Ressources, cela a toujours
été de garder intégralement ces terrains. Je vois plus de
possibilité que la banque de terres qu'on est en train de constituer se
donne comme prérogative ou possibilité d'en vendre de ces terres
qui n'ont pas de vocation agricole aux
groupements forestiers qui vont y faire de l'aménagement
forestier et des pratiques sylvicoles plutôt que d'aller vers le
ministère de l'Energie et des Ressources.
M. Garon: Oui, mais quand je veux faire des règlements,
comme ministre de l'Agriculture, il faut que je présente cela au Conseil
des ministres. Et le gouvernement n'a pas deux politiques vis-à-vis de
ces choses-là: une politique pour le ministère de l'Agriculture
et une autre pour le ministère des Terres et Forêts. Si on veut
arriver vis-à-vis des groupements forestiers, ce qu'on m'a
demandé, c'est de faire une jonction entre les deux pour ne pas que ce
soit des politiques contradictoires d'un ministère à l'autre.
M. Giasson: Mais, au-delà de cela, vous êtes
conscient...
M. Garon: Vis-à-vis la forêt...
M. Giasson: ... d'une réalité: que la simple
logique, parfois ce qu'on appelle le gros bon sens...
M. Garon: Oui.
M. Giasson:... voudrait qu'on donne la possibilité
à un groupement forestier ou agro-forestier.
M. Garon: Sauf que vis-à-vis...
M. Giasson: Je comprends qu'il y a les objectifs et il y a la
grande philosophie et les thèses administratives, cela a toujours
été d'une importance capitale. Mais des fois on pourrait, sur le
plan pratique, faire mieux, au-delà des grandes thèses.
M. Garon: Oui, mais on voit les objectifs de la loi: "La
relève en agriculture, l'agrandissement ou la consolidation de fermes de
type familial et l'exploitation des terres arables non utilisées ou
sous-utilisées". C'est pour des fins agricoles.
M. Giasson: Oui, mais je vous parle toujours de terres qui n'ont
aucune vocation agricole, dont la vocation naturelle, c'est la forêt, je
précise.
M. Garon: Je vais être bien franc avec vous,
là-dessus. J'essaie le plus possible que la maîtrise d'oeuvre,
dans le secteur agro-alimentaire, soit au ministère de l'Agriculture.
Mais il faut que je sois conséquent avec mes affaires. Dans le domaine
de la forêt, la maîtrise d'oeuvre revient au ministère des
Terres et Forêts. C'est à lui à établir les
politiques dans le domaine des terres et forêts. Je n'essaierai pas de
contrecarrer sa politique.
M. Giasson: Oui, mais vous savez qu'il y a une présence
d'une dimension agricole fort importante dans l'exploitation de la forêt,
au Québec.
M. Garon: Oui, mais les lots de support, les choses comme
celles-là, je suis entièrement d'ac- cord. Quand il s'agit de
lots de support à l'agriculture, je suis parfaitement d'accord.
M. Giasson: Oui, mais vous savez que les groupements forestiers
fonctionnent très étroitement avec les programmes et les
objectifs de la Régie des marchés agricoles.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: II y a une interdépendance de ces secteurs qui
est réelle. Il s'agit de vivre dans un comté comme celui que je
représente où l'industrie forestière où le sol est
propriété de l'agriculteur dans une bonne mesure, pour comprendre
la dimension de l'énoncé que je vous présente.
M. Garon: Mais les groupements forestiers, d'après vous,
chez vous, sont d'accord avec la politique actuelle des Terres et Forêts
ou souhaiteraient autre chose?
M. Giasson: Bien, ils souhaiteraient au-delà des terres
que les individus ont placées à l'intérieur du groupement;
ils souhaiteraient être en mesure de poursuivre aussi des exploitations
sur des terrains de la Couronne qui, dans le passé, n'ont pas
été exploités selon le potentiel ou la capacité de
cette forêt-là. Et ce serait un complément pour les
équipes d'hommes qui travaillent à l'intérieur de nos
groupements forestiers. C'est logique, M. le ministre.
M. Garon: C'est ce que je pensais.
M. Giasson: II s'agit de connaître ces organismes, de les
voir fonctionner et les objectifs qu'ils recherchent...
M. Grenier: Est-ce que vous pensez que... Il ne doit pas y avoir
d'objection, je pense, à moins que le ministre de l'Agriculture
ces chicanes qu'on voit quelquefois entre les ministères, je ne sais pas
si cela existe dans votre gouvernement, ce serait du nouveau si cela n'existait
pas
M. Giasson: Et cela va arriver toujours.
M. Grenier: C'est censé être réglé par
les ministres "jumbos", les superministres pour régler les
problèmes interministères. C'est pour cela qu'on les paie, ces
ministres-là, pour régler les problèmes entre les
ministères. À partir de là...
M. Garon: On va en créer d'autres.
M. Grenier: Vous allez en créer, peut-être,
quelques-uns. On a cru cela entre Tremblay et l'autre. On a vu que cela en
créait quelques-uns. Les terres que vous pouvez acquérir comme
cela, par exemple, qui sont des terres qui sont jugées à peu
près pas agricoles...
M. Giasson: Dans certains cas.
M. Grenier:... qui sont presque abandonnées, mais
où il ne se fait pas de sylviculture parce qu'elles appartiennent au
ministère de l'Agriculture, si le ministère des Terres et
Forêts les avait, il pourrait peut-être faire quelque chose. Est-ce
qu'on assistera à des difficultés entre le ministère de
l'Agriculture et le ministère des Terres et Forêts, à
savoir que cette terre devrait retourner aux Terres et Forêts, ou bien si
votre ministère dira, comme on l'a fait dans le passé; c'est mon
territoire et non, on ne cède pas, c'est impropre à
l'agriculture, mais on ne cède pas, parce que c'est notre patrimoine et
on continue de garder cela chez nous. Est-ce que c'est réglé, un
peu, ce problème-là?
M. Garon: On en transfère énormément de
cela. On l'a mentionné au début de la commission.
M. Grenier: Aux Terres et Forêts. Est-ce qu'il arrive que
cela se fasse vice-versa?
M. Garon: Je n'en ai pas vu une transférée des
Terres et Forêts à l'Agriculture. On en a eu beaucoup de
l'Agriculture aux Terres et Forêts.
M. Grenier: Mais est-ce que cela pourrait se faire. Est-ce que
vous êtes au courant que cela pourrait se faire? (21 h 45)
M. Giasson: Pas beaucoup. C'est assez rare que le
ministère des Terres et Forêts possède des fonds de sol,
des terrains ou des lots qui ont une belle vocation agricole. Cela peut
exister, il peut y avoir des cas isolés...
M. Grenier: Des cas exceptionnels.
M. Garon: Ledit ministère a moins de lots à
vocation agricole qu'on a de lots à vocation forestière, c'est un
fait, mais ils ont des lots à vocation agricole.
M. Giasson: II n'y a pas de commune mesure entre les deux.
M. Garon: Mais que pensez-vous de ça?
M. Grenier: Je pense que les politiques mises de l'avant...
M. Garon: Les lots ont une vocation agricole, est-ce que le
ministère des Terres et Forêts devrait les garder ou bien les
transférer au ministère de l'Agriculture?
M. Grenier: S'il n'y a pas de chicanes entre les deux
ministères, et il doit certainement y avoir des coins de lots qui
pourraient être encore propres à l'agriculture et qui pourraient
être partagés.
M. Garon: Ce ne sont pas des chicanes, ce sont des politiques
ancestrales.
M. Grenier: D'accord, mais si on est capable de faire du
reboisement complet là-dessus, il ne faudrait certainement pas que le
ministère de l'Agriculture s'agrippe après ces parties de
terrains pour dire: On les garde à tout prix. Au moins ça
pourrait produire dans le domaine forestier.
M. Garon: Quand ça n'a pas de vocation agricole.
M. Grenier: C'est ça, quand ça n'a pas de vocation
agricole ou une si faible partie sur certains terrains que ça n'en vaut
pas la peine. C'est le cas de différentes régions du
Québec qui sont au pied d'une montagne ou des choses comme ça,
où les terres sont moins propres à l'agriculture.
M. Giasson: Même sur la montagne.
M. Grenier: Le ministre regarde son adjoint et cela a l'air de
susciter des problèmes qu'ils ont déjà vécus
ensemble.
M. Garon: Non. M. Grenier: Non?
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Mégantic-Compton, sans prendre partie dans le débat...
M. Grenier: II ne faut pas analyser les clins d'oeil, c'est
vrai.
Le Président (M. Laberge):... j'ai entendu une longue
discussion là-dessus hier où le ministre a donné une
longue réponse, en disant justement qu'il y avait eu beaucoup de
transferts et qu'il espérait faire encore d'autres transferts.
M. Grenier: Tant mieux.
Le Président (M. Laberge): C'était une explication
sur des entendus.
M. Russell: ... M. le Président.
Le Président (M. Laberge): L'article 37 est-il
adopté?
M. Russell: Juste une remarque là-dessus...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell:... pour être très bref. Il existe des
fermes dans des régions comme la nôtre où il y a une bonne
partie agricole, et il y a d'autres parties boisées où ils
veulent faire des terrains privés. Est-ce qu'il y a objection à
ce que le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation aide dans des cas
comme ceux-là? Cela devient une partie de leurs revenus à ces
gens. S'ils veulent faire de la sylviculture, doivent-ils s'adresser au
ministère des Terres et Forêts?
M. Garon: Non, c'est justement ce qu'on fait, mais notre
préférence, évidemment, va à des lots
de support, comme ministère de l'Agriculture et de
l'Alimentation, pour des agriculteurs.
Il faut regarder les cas concrètement. On est en train de faire
l'analyse concrète. Il y a des agriculteurs dans certains rangs, dans
d'autres il n'y en a pas du tout. Il y a eu toutes sortes de choses au
Québec dans des territoires qui sont plus ou moins bons pour
l'agriculture.
M. Russell: Mais il y a des terres de 200 acres, par exemple, il
va y avoir peut-être 80, 90 ou 100 acres en culture et le reste c'est du
pacage et de la forêt. Si la personne veut améliorer sa
forêt, elle peut obtenir de l'aide à ce moment-là, elle
n'est pas forcée de vendre cette terre pour retourner à
l'agriculture? Ce sont des régions où la plupart des terrains
sont privés. Ce n'est pas comme l'Abitibi. Est-ce qu'il y a une
possibilité qu'on puisse obtenir de l'aide du ministère de
l'Agriculture et de l'Alimentation pour améliorer sa forêt?
M. Garon: Sa forêt, non. On n'a pas de programme dans la
forêt. Peut-être bien qu'un jour, dans les sapins de Noël, par
exemple, les pépinières... On pourrait concurrencer les
députés qui ont deux ou trois "jobs".
Une voix: Vaillancourt.
M. Russell: As-tu des quotas...
M. Grenier: II y en a qui sont dans les sapins de Noël,
d'autres sont dans le blé d'Inde; ça dépend.
Le Président (M. Laberge): Nous en sommes à
l'article 37.
Une voix: C'est plus payant, le blé d'Inde.
M. Grenier: Cela dépend, le ministre oublie qu'il a ou
bien une petite terre et un grand jardin ou bien...
M. Garon: Un grand terrain... M. Grenier: Un grand
terrain.
M. Garon: J'ai plus un grand terrain qu'une petite terre.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que l'article 37 est
adopté?
M. Vaillancourt (Orford): Sur les arbres de Noël, je n'ai
pas compris.
M. Garon: On va bientôt mettre des boules dedans pour les
Fêtes.
Le Président (M. Laberge): La réponse que j'attends
est: Est-ce que l'article 37 sera adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 38
sera-t-il adopté?
M. Garon: Le président pose toujours les mêmes
questions.
Le Président (M. Laberge): II le faut, parce que... Ne me
demandez pas de détails.
M. Garon: C'est un gars de Montréal. En agriculture il ne
faut pas brusquer le monde.
Le Président (M. Laberge): Je suis fils de
cultivateur.
Une voix: On a notre propre rythme. M. Giasson: C'est
quand même vrai.
Le Président (M. Laberge): Je suis quand même fils
de cultivateur.
M. Giasson: Si vous voulez "bulldozer" ça retrousse et ce
n'est pas long.
Le Président (M. Laberge): Article 38. M. Garon: Le
lisez-vous, M. le Président?
Le Président (M. Laberge): Vu que la discussion tout
à l'heure avait été entamée sur les trois articles
en même temps, qui étaient des articles financiers, est-ce que
vous voulez discuter de l'article 38?
M. Vaillancourt (Orford): Cela permet de le mettre au journal des
Débats.
M. Russell: Mais pourquoi cet article, M. le Président?
Pouvez-vous nous expliquer cela?
M. Garon: Lisez-le donc.
Le Président (M. Laberge): Article 38.
M. Giasson: Le député de Montréal va nous
expliquer cela.
Affectation des sommes perçues
Le Président (M. Laberge): Article 38: "Les
intérêts, loyers ou redevances perçus dans l'application de
la présente section sont affectés en premier lieu au paiement des
intérêts dus sur tout emprunt effectué sur les
marchés privés, ensuite sur toute avance faite par le ministre
des Finances en vertu de l'article 37 et, enfin, aux fins prévues dans
le deuxième alinéa. "Les sommes perçues en principal dans
l'application de la présente section sont affectées en premier
lieu au remboursement de tout emprunt effectué sur les marchés
privés pour les fins de l'article 37, en second lieu à la
constitution d'un
fonds d'amortissement autorisé par le lieutenant-gouverneur en
conseil qui en fixe les conditions, ensuite au remboursement de toute avance
faite par le ministre des Finances en vertu de l'article 37 et enfin au
paiement des intérêts selon l'ordre prévu au premier
alinéa. "Le solde de l'ensemble, s'il en est, est versé au fonds
consolidé du revenu." Tout ceci entre "brackets" comme on dit, parce que
c'est un article qui implique des dépenses du gouvernement.
M. Russell: C'est douteux qu'il reste de l'argent là.
M. Garon: Le premier alinéa, le premier paragraphe, c'est
sur l'affectation des sommes perçues en intérêts, loyers,
ou redevances. On dit qu'en premier lieu elles doivent servir au paiement
d'intérêts dus sur des emprunts effectués sur les
marchés privés. Ensuite, dans le deuxième paragraphe, on
parle de l'ordre d'affectation des sommes perçues en principal et on dit
alors qu'il faut accorder la priorité au remboursement des sommes
empruntées sur les marchés privés. Dans le
troisième paragraphe, le solde principal, et, s'il en reste, les
intérêts perçus vont au fonds consolidé. En vertu de
ces dispositions et de celles de l'article 39 qu'on va voir tout de suite
après, il y aura perméabilité entre les comptes capital et
intérêts, selon le principe des vases communicants, de sorte qu'un
surplus sans aller jusqu'à l'osmose à un compte
devrait aider à combler un déficit à l'autre compte et
contribuer à alléger l'administration de cette banque de terres
arables.
M. Giasson: C'est presque de l'extase de vous entendre, M. le
ministre.
M. Russell: Le solde de l'ensemble, s'il y en a, sera
versé au fonds consolidé du revenu. Je voudrais savoir s'il va en
rester beaucoup à verser là.
M. Mathieu: Le ministre est optimiste.
M. Giasson: Non, les sommes perçues en principal, je ne
verrais pas pourquoi ce serait déficitaire. Au contraire, cela va
générer des montants additionnels.
M. Garon: Oui, l'inflation.
M. Giasson: II y a peut-être l'autre partie, les
intérêts, loyers ou redevances. Cela peut être plus
difficile à équilibrer, mais pour les sommes perçues en
principal, je ne vois pas de problème.
M. Garon: Non, cela va générer des
problèmes.
Le Président (M. Laberge): Alors, cela va, les
explications?
M. Giasson: Comme il va y avoir perméabilité
jusqu'à l'osmose, l'équilibre va se faire.
M. Grenier: II va en rester davantage. Tricofil va être
vendu à des intérêts privés. Cela va aider.
M. Garon: Pardon?
M. Grenier: Tricofil va être vendu à des
intérêts privés, cela va aider également. Les sommes
impliquées...
Le Président (M. Laberge): L'article 38 sera-t-il
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Giasson: Le député de Brome-Missisquoi n'a pas
d'amendement à proposer?
M. Russell: Oui, j'en aurais un, ce serait de retirer l'article
complètement.
Le Président (M. Laberge): L'article 38 est
adopté.
M. Giasson: C'est un article qui implique des
dépenses.
Le Président (M. Laberge): J'appelle l'article 39 et,
selon le principe des vases communicants, sera-t-il adopté?
M. Giasson: Le ministre des Finances, pourriez-vous nous lire
cela?
M. Garon: Cela va mieux quand vous lisez, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Vous en avez tous une
copie.
M. Giasson: Mais c'est votre voix qu'on veut entendre.
Le Président (M. Laberge): Je vous demande seulement s'il
est adopté.
M. Russell: C'est un privilège qu'a le ministre des
Finances de pouvoir payer les dettes qui vont rester.
M. Garon: "Le ministre des Finances est autorisé à
combler, pour chaque exercice financier, à même le fonds
consolidé du revenu, le déficit représentant le
résultat net de l'ensemble." "a) de la différence entre les
sommes qui sont dues en intérêts sur tout emprunt effectué
sur les marchés privés ou avance reçue du ministre des
Finances pour les fins de l'article 37 et les sommes perçues en revenus
d'intérêts, loyers ou redevances conformément au premier
alinéa de l'article 38; "b) les sommes requises aux fins de couvrir les
pertes nettes au cours de chaque exercice
financier résultant des opérations effectuées en
vertu de la présente section."
Il s'agit d'un budget statutaire qui est inclus dans le budget du
ministère pour combler le déficit résultant a) de la
différence entre les intérêts dus sur les emprunts ou
avances et des intérêts ou loyers perçus et b) les pertes
d'opération.
M. Vaillancourt (Orford): Vous voulez dire que ce sera une somme
qui sera incluse dans le budget du ministère et qui sera examinée
lors de l'étude des crédits?
M. Giasson: Pas nécessairement. Le ministre des Finances
peut toujours se prévaloir, tel qu'il est dit au début de
l'article, du fonds consolidé. Dans les dispositions de l'article 39,
aucune obligation n'est faite de passer par le moyen du budget du
ministère de l'Agriculture. Si c'est la volonté du ministre des
Finances, il y va par le fonds consolidé; on lui donne ces pouvoirs
à l'article 39: "Le ministre des Finances est autorisé à
combler pour chaque exercice financier, à même le fonds
consolidé du revenu, le déficit représentant le
résultat net de l'ensemble." C'est sûr que les sommes
perçues en intérêts, loyers ou redevances...
M. Garon: Vous n'avez pas parlé...
M. Giasson:... ne seront pas suffisantes, sans doute, pour
couvrir les intérêts que devra payer l'office sur les sommes
empruntées aux fins d'acquisition des terres. Par contre, si on a un bon
rendement dans la vente des terres acquises; peut-être pas dans les
premières années, mais si, en cours de route, on vend
passablement de terres acquises par la banque, il y aura certainement des gains
de capital réalisés qui pourront possiblement combler le manque
à gagner qu'on retrouvera aux entrées d'intérêts, de
loyers ou de redevances par rapport au coût d'acquisition,
c'est-à-dire à l'argent emprunté pour acquérir
cela.
M. Garon: C'est cela. Normalement, les intérêts
exigés ne sont pas moindres que les intérêts dus sur les
emprunts.
M. Giasson: Quand on regarde vos taux d'intérêts aux
règlements...
M. Garon: Oui, oui.
M. Giasson: ... vous allez avoir un manque à gagner,
certainement.
M. Vaillancourt (Orford): D'après vos règlements,
c'est 3% pour les premiers $25 000, vous n'aurez pas beaucoup d'argent avec
cela.
M. Giasson: Surtout si les taux de loyer de l'argent ne baissent
pas rapidement, j'ai l'impression qu'il va y avoir une jolie
différence.
M. Garon: II va y avoir des déficits.
M. Giasson: Indéniablement. M. Garon: Oui.
M. Russell: Le ministre des Finances a le privilège de
rembourser tout cela.
M. Garon: C'est équivalent à une subvention
d'intérêts. À moins qu'on ne prenne l'argent à
même les subventions qu'on donne sur les prêts
fédéraux?
M. Russell: La petite "swing" avant de finir sur le
fédéral!
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 39 est-il
adopté?
M. Garon: Vous savez qu'on subventionne les prêts
fédéraux? La Société fédérale du
crédit agricole ne ferait pas un prêt au Québec qui
pourrait être consenti par le crédit agricole si on ne
subventionnait pas les prêts fédéraux.
M. Mathieu: Vous êtes en dessus avec cela. M. Garon:
En dessous!
M. Mathieu: En dessus. Si les cultivateurs allaient emprunter
à l'office, vous auriez tout le processus d'évaluation, et tout
cela, tandis que là, vous n'avez pas le processus; vous n'avez
qu'à payer.
M. Russell: C'est un privilège.
M. Grenier: C'est un service du fédéral, c'est
gratuit.
M. Giasson: Les coûts pour l'Office du crédit
agricole, s'il devait faire l'examen de tous les prêts consentis par le
fédéral, seraient modifiés.
M. Garon: Non, mais c'est parce que les gens ne le savent pas
trop.
M. Giasson: La remarque du député de Beauce-Sud est
fort juste, M. le ministre.
M. Garon: Est-ce qu'on envoie les chèques aux banques? Il
va falloir changer cela, par exemple. Les cultivateurs pensent que le
fédéral est généreux. Bonne mère! Il faut
qu'on change cela. Les cultivateurs pensent que le fédéral
prête à de bons taux, alors que c'est Québec qui
subventionne les prêts fédéraux, l'intérêt
payé.
M. Giasson: Vous venez de découvrir cela, M. le
ministre?
M. Mathieu: Ce sont des Québécois quand même,
M. le ministre.
Une voix: N'ayez pas peur, les cultivateurs sont au courant.
M. Garon: On pourrait au moins envoyer les chèques
directement aux cultivateurs.
M. Mathieu: Parfois, ils ne le prendraient pas pour payer
l'intérêt.
M. Grenier: Ce sera une bonne déclaration à faire
en Chambre demain.
M. Mathieu: Je vous suggérerais, M. le ministre...
M. Giasson: Continuez de faire des chèques conjoints, M.
le ministre.
M. Mathieu: ... de faire des chèques conjoints parce que,
parfois, le gars...
M. Giasson: À moins que vous n'espériez que le
fédéral vous adresse cela à Québec et que
Québec émette les chèques payables conjointement.
Le Président (M. Laberge): L'article 39 sera-t-il
adopté?
M. Garon: Là, les institutions privées... Une
voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 39 est adopté.
J'appelle l'article 40. Je vous en donne lecture: "L'organisme
désigné en vertu de l'article 33 doit faire approuver, chaque
année, par le lieutenant-gouverneur en conseil, un plan d'acquisition,
d'aménagement, de mise en valeur et de financement relativement aux
immeubles visés dans la présente section. (22 heures) "Le
lieutenant-gouverneur en conseil détermine la forme et la teneur de ce
plan ainsi que l'époque à laquelle il doit être
présenté."
M. Giasson: M. le Président, la remarque que j'ai
formulée tout à l'heure tient toujours. L'organisme soumet au
lieutenant-gouverneur, donc, ce n'est pas soumis à l'Assemblée
nationale. C'est le Conseil des ministres, en définitive, qui fait
l'examen du plan d'acquisition, d'aménagement ou de mise en valeur et le
financement. On soustrait encore aux députés la
possibilité d'examen, de discussion et d'étude, sauf si le
ministre, sur demande, lors de l'étude des crédits de son
ministère, veut bien soumettre à l'attention des
députés, mais il n'en est pas tenu lorsque c'est une
prérogative absolue du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Garon: Oui et non. Dépenses d'entretien entrent dans...
Il n'y a pas de problème pour que la commission parlementaire de
l'agriculture puisse étudier l'ensemble de la projection. Mais c'est
nécessaire pour permettre d'évaluer les coûts au Conseil
des ministres.
M. Giasson: C'est sûr que vous devez les évaluer.
Que cela fasse l'objet de vos crédits directement ou que cela doive
recevoir l'approbation du Conseil des ministres, vous devez savoir où
vous allez, M. le ministre.
M. Garon: Oui, mais si vous avez remarqué, dans les lois,
depuis une couple d'années, on demande de plus en plus de produire des
plans, un plan de ce qu'on veut faire, pour que cela puisse être plus
connu du public. C'est évident que quand les gens vont savoir que c'est
soumis à l'analyse des commissions parlementaires, cela force un peu
plus. Cela peut être critiqué. On voit cela de plus en plus dans
les sociétés d'Etat où on parle de produire des plans.
M. Giasson: Oui, parce que l'on demande à
l'Assemblée nationale de voter des sommes rondelettes.
M. Garon: Qui sont considérables.
M. Giasson: C'est fantastique, dans certains projets de
sociétés d'Etat.
M. Grenier: C'est sûr qu'il faut procéder de cette
façon. Mais ne serait-il pas possible de mettre également dans la
loi que le gouvernement devra présenter pour information, au moins
devant les membres de l'Assemblée nationale ou en commission
parlementaire, son plan? Il y a une somme d'argent importante qui peut
être investie annuellement par l'organisme et ensuite
présentée au Conseil des ministres pour votre budget. Tout cela
se fait sans que l'Assemblée nationale en soit saisie.
M. Garon: À la commission parlementaire, lors de
l'étude des crédits, on pourra le faire. À
l'Assemblée nationale, cela prend des explications, habituellement.
Simplement le plan, ce ne serait peut-être pas suffisant. Mais la
commission parlementaire pourrait...
M. Grenier: Est-ce qu'on pourra faire déposer à ce
moment-là les...
M. Garon: On pourra le demander.
M. Grenier: Je veux bien faire confiance au ministre...
M. Garon: Surtout que ce ne sont pas des gros montants.
M. Grenier: Cela peut devenir des montants assez importants. Cela
va dépendre de...
M. Garon: Le plan de financement, oui, l'acquisition, mais
l'aménagement et la mise en valeur, cela va dépendre des
demandes.
M. Grenier: L'acquisition, les premières années,
cela peut être assez important, quand la loi
va être adoptée. Pour les trois, quatre ou cinq
premières années.
M. Garon: Ce n'est pas la première année qui
m'inquiète, car les gens ne sont pas tous au courant la première
année. C'est la deuxième année.
M. Grenier: C'est comme l'isolation, la campagne "Au
Québec on s'isole". Le plan d'isolation qu'on a lancé il n'y a
pas longtemps, il n'y a pas beaucoup de monde qui s'en est prévalu.
Mais si on peut fournir cela, je demandais il n'y a pas si longtemps de
déposer et je vais certainement l'exiger en commission
parlementaire, quand on va étudier les crédits du
ministère de l'Agriculture le nombre de lots qui ne sont pas
couverts par les lettres patentes. On ne réussit pas à me donner
cela. Cela a l'air d'être un mystère que de sortir cela. Pourquoi
croyez-vous qu'on ne puisse déposer un plan qui va être à
la grandeur du Québec?
M. Giasson: Par le terrier qui est installé dans chacun
des comtés, vous pourriez avoir le nombre précis de lots que vous
avez dans votre comté, qui sont détenus sous billets de
location.
M. Grenier: Je l'ai demandé ici en commission
parlementaire.
M. Giasson: Peut-être qu'à brûle-pourpoint le
ministre ne peut pas répondre, mais si vous communiquez avec les
services de son ministère, ils vont faire appel au fichier du terrier,
je ne sais pas quoi.
M. Garon: C'est au ministère des Terres et
Forêts.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que c'est une question qui peut
être posée ici?
M. Garon: Mettez-moi cela sur un papier et je vais essayer de
vous avoir les renseignements. Dites-moi ce que vous voulez avoir au juste.
M. Giasson: M. le ministre, vous dites que c'est au
ministère des Terres et Forêts, mais lorsqu'on communique avec vos
fonctionnaires, ils nous disent de faire des recherches au terrier,
relativement à des lots détenus du ministère de
l'Agriculture, sous billets de location.
M. Garon: Les conjoints? Les conjoints. Un fonctionnaire qui dit
qu'il est conjoint dans le sens qu'il a la moitié de l'information
à une place et la moitié de l'information à l'autre...
Une voix: C'est plutôt cela.
M. Giasson: C'est un fonctionnaire qui sait ce dont il parle.
Le Président (M. Laberge): L'article 40 sera-t-il
adopté? " M. Garon: Vous voyez pourquoi cette loi-là est
nécessaire, n'est-ce pas? C'est pour tout cela.
M. Russell: Je suis bien d'accord pour l'adopter. J'aimerais
avoir simplement une information qui n'est pas tout à fait conforme
à l'article en question actuellement. Les pertes annuelles de l'Office
du crédit agricole sont-elles assez élevées?
M. Garon: Les quoi?
M. Russell: Les pertes faites par l'Office du crédit
agricole?
M. Garon: À long terme, depuis 1936 jusqu'à
aujourd'hui, la perte a été de $3.74 par $10 000
prêtés.
M. Russell: Totalement, cela fait combien? M. Garon: Cela
ne fait pas beaucoup.
M. Giasson: Êtes-vous d'accord, M. le ministre, que les
pertes ont augmenté ces dernières années par rapport
à l'expérience des premières années en partant de
1936? Cela a augmenté un peu...
M. Garon: Les pertes?
M. Giasson: ... toutes proportions gardées. Le pourcentage
des pertes?
M. Garon: Je dirais que, normalement, on devrait perdre moins
dans les années où il y a beaucoup d'inflation, parce qu'on
récupère plus dans les années où il n'y en a
pas
M. Giasson: Oui.
M. Garon: Du temps de la guerre, l'inflation était de 2%
par année. Quand il y a 10% et 15% par année d'inflation,
normalement, pour perdre, il faut quasiment faire exprès. La terre que
tu récupères, cela vaut plus cher que ce que le gars a
payé.
M. Russell: Dans les prêts que l'Office du crédit
agricole a effectués dans les douze derniers mois, combien y a-t-il de
refinancement dans ces prêts-là? Est-ce que c'est 50% de
refinancement?
M. Garon: Le pourcentage de refinancement? M. Russell:
Oui.
M. Garon: Le fils qui achète du père?
M. Russell: Pas nécessairement. Cela peut être un
cultivateur qui a un prêt agricole et veut l'augmenter pour s'agrandir,
pour acheter à d'autres fins ou pour bâtir une étable. Il
cherche toujours une excuse, mais il demande un crédit addi-
tionnel ou il se trouve une excuse pour demander un crédit
additionnel.
M. Garon: Consolidation de dettes, 25% à 30%.
M. Russell: 25% à 30%.
M. Garon: Consolidation de dettes. Il y a beaucoup
d'investissements depuis deux ans dans les céréales, dans les
parcs d'engraissement, dans les silos, des affaires comme cela. On va faire le
compte des silos. On a encore le temps un peu. On va laisser finir
l'année. On aura deux années complètes de fonctionnement
des programmes depuis 1977, tard en automne 1977. On va finir l'année.
On va voir ce que cela a donné. Un silo de ferme, cela coûte
au-dessus de $4000. Je parle des silos à grains, qui sont au-dessus de
$4000. Les silos verticaux coûtent entre $1700 et $1800. Les
séchoirs à foin, cela doit coûter un peu plus de $5000. Ce
sont des normes considérables.
M. Giasson: Est-ce qu'il s'agit de programmes à frais
partagés entre le fédéral et le provincial?
M. Garon: Oui. Oui. Ils sont de plus en plus partagés,
parce que les chèques se font tellement attendre que ce qui est inscrit
sur le chèque, ce n'est plus vrai.
M. Giasson: C'est comme les chèques du gouvernement du
Québec. C'est comme les chèques de la province de Québec.
Il y en a qui se font attendre. Je ne sais pas si vous êtes au
courant.
M. Garon: Que voulez-vous! c'est votre ami Harguindeguy qui nous
a fait attendre. Il est bien plus "chum" avec vous autres qu'avec nous
autres.
M. Giasson: M. Harguindeguy...
M. Garon: Vous rappelez-vous combien il avait signé vite
du temps des libéraux?
M. Giasson: C'est parce qu'on présentait de bonnes
conditions de travail pour les fonctionnaires. Cela se signe vite dans ce
temps-là.
M. Garon: C'est parce qu'il s'est fait tellement accuser d'avoir
couché dans le lit du ministre de la Fonction publique. Là, il a
voulu montrer qu'il était un peu plus "rough" que cela. Il a dit: C'est
le temps d'en profiter, ce ne sont pas mes amis qui sont au gouvernement.
M. Giasson: C'est que le gouvernement lui a proposé des
conditions salariales et des normes de travail intéressantes, ici.
M. Garon: II y a bien plus de politique dans cela qu'on pense,
vous savez.
Le Président (M. Laberge): J'aimerais rappeler les membres
de la commission à la pertinence du débat.
M. Giasson: C'est votre petite tournée du
fédéral.
Le Président (M. Laberge): J'aimerais rappeler tout le
monde à la pertinence. L'article 40.
M. Garon: En tout cas, si Harguindeguy a une carte de membre, ce
n'est pas de notre parti.
M. Giasson: Pas du nôtre non plus. M. Garon: Je ne
gagerais pas sur cela.
Le Président (M. Laberge): L'article 40 sera-t-il
adopté?
M. Giasson: Vous ne gagez pas, parce que vous n'êtes pas
sûr de votre affirmation.
M. Grenier: Je peux vous affirmer qu'il n'est pas membre du
nôtre.
M. Garon: Je suis certain qu'il n'est pas membre du
vôtre.
Une voix: On ferait mieux de ne pas l'adopter
celui-là.
Une voix: Cela ferait un bon député.
M. Garon: Pardon?
Une voix: II ferait un bon député.
M. Garon: Dans votre parti?
Une voix: Dans le parti qu'il choisira.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre. L'article 40
sera-t-il adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 40 est
adopté. J'appelle l'article 41.
M. Garon: À l'article 41, la discussion va être plus
longue. "Les sommes requises pour l'application de la présente section
sont prises, pour l'exercice financier 1979/80, à même le fonds
consolidé du revenu". Il y a bien des chances que cela ne coûte
pas trop cher, étant donné qu'on arrive à Noël. L'an
prochain, cela va entrer dans les prévisions budgétaires.
Le Président (M. Laberge): L'article 41 sera-t-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Avant
l'appel...
M. Garon: Si on allait à l'article 3 maintenant?
Le Président (M. Laberge): Oui. Un instant. Ici, l'article
2 comprenait les articles 32 à 41. Il y en a qui ont été
adoptés sur division, d'autres à l'unanimité. Donc,
l'article 2 sera-t-il adopté?
M. Garon: Adopté.
M. Vaillancourt (Orford): L'article 3, quand
prévoyez-vous...
Le Président (M. Laberge): Est-ce que je spécifie
que l'article 2 est adopté sur division par le fait que des parties ont
été adoptées sur division? Adopté sur division.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Laberge): Avant d'appeler l'article 3, on
a porté à mon attention deux projets d'amendement. Le premier se
lit comme suit, et c'est en conformité avec la nouvelle rédaction
des lois: "Que partout dans ladite loi où apparaissent les mots "le
lieutenant-gouverneur en conseil", ces mots soient remplacés par le mot
"gouvernement". Au lieu de l'amender à chacun des articles, c'est un
amendement omnibus, comme on dit. Partout dans le projet de loi où on
voit les mots "le lieutenant-gouverneur en conseil", on remplace ces mots par
"gouvernement".
M. Russell: En avez-vous parlé au
lieutenant-gouverneur?
Le Président (M. Laberge): Toutes les lois qui ont
été rédigées depuis six mois ou environ sont
rédigées ainsi.
M. Giasson: Pourquoi a-t-on peur de maintenir le terme "par le
lieutenant-gouverneur en conseil"?
Le Président (M. Laberge): Je n'ai pas à faire de
débat là-dessus.
M. Garon: Cela ne dit rien aux gens.
M. Giasson: Non, les gens comprennent cela. Le
lieutenant-gouverneur en conseil, ils savent que c'est le Conseil des
ministres, en définitive.
M. Garon: Le gouvernement, ils ne savent plus ce que c'est.
M. Giasson: II doit certainement y avoir d'autres raisons pour le
ministre.
M. Garon: Non. La raison, c'est que c'est une expression
anglaise, "lieutenant-gouverneur en conseil", comme "arrêté en
conseil", des termes comme cela...
M. Giasson: Cela fait toujours référence au Conseil
des ministres.
M. Garon: En terminologie, on a adopté partout le mot
"gouvernement" au lieu de "lieutenant-gouverneur en conseil", parce que le
lieutenant-gouverneur en conseil, entre vous et moi, il n'est pas tellement
présent au conseil. C'était lui, le lieutenant-gouverneur qui
était en conseil.
M. Giasson: Oui, il agit toujours sous le conseil du
gouvernement, du premier ministre.
M. Garon: Quand on lit "lieutenant-gouverneur en conseil",
qu'est-ce que cela veut dire, cette expression? Tandis que les mots
"gouvernement" et "Assemblée nationale" c'est plus clair.
M. Mathieu: Pour les gens qui confondent "gouvernement" et
"Assemblée nationale", pour les citoyens moyens.
M. Russell: On sait que le lieutenant-gouverneur en conseil,
c'est le Conseil des ministres.
M. Garon: Je ne sais pas.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que cet amendement
proposé sera adopté?
Des voix: Adopté.
M. Grenier: Pourquoi n'avez-vous simplement pas pensé
appeler cela le Conseil des ministres, alors que vous appeliez cela "le
lieutenant-gouverneur". Cela donne trop un air de reine, c'est la raison sans
doute. Pourquoi n'appelle-t-on pas cela le Conseil des ministres pour le
distinguer de l'Assemblée nationale ou du gouvernement? Comme le
député de Beauce-Sud l'a signalé, pour les gens,
l'Assemblée nationale est une chose et le gouvernement est une chose
à peu près semblable. Le Conseil des ministres, on sait que ce
n'est que les ministres, à ce moment, même si nous, on sait que le
gouvernement c'est le cabinet, on sait que le Conseil des ministres c'est le
gouvernement. Le gouvernement, ce n'est pas les députés, c'est le
Conseil des ministres. Pourquoi ne le spécifierait-on pas ici? Cela
satisferait le goût effréné que vous avez d'enlever le mot
"lieutenant-gouverneur" et aurait de l'allure, "Conseil des ministres", au lieu
de "gouvernement".
M. Garon: Je suis d'accord avec ce que vous dites, mais il y a
une terminologie qui est employée qui utilise le mot "gouvernement". On
peut convaincre les gens qu'on devrait employer "Conseil des ministres". Ce
serait peut-être plus clair pour les gens.
M. Vaillancourt (Orford): Ce serait beaucoup plus clair pour la
population.
Le Président (M. Laberge): Est-ce adopté?
M. Grenier: Est-ce que c'est la première fois qu'on adopte
cela dans une loi ce soir?
Le Président (M. Laberge): À ma connaissance, j'ai
présidé à l'étude de quatre ou cinq lois
dernièrement, et il y en a deux à l'intérieur desquelles
on a fait une motion globale comme cela. Dans les trois autres, le projet de
loi avait déjà été rédigé avec les
termes "gouvernement". On n'a pas eu à faire une motion globale. Le
projet de loi était de rédaction récente. Partout, on
disait "le gouvernement". (22 h 15)
M. Grenier: Cela s'est déjà fait; ce n'est pas un
précédent.
Le Président (M. Laberge): Non, ce n'est pas un
précédent.
M. Grenier: Remarquez que je trouve cela étrange qu'on
appelle cela le gouvernement. Si ce n'est pas un précédent, il
faut croire que cela a été fait à d'autres commissions. Il
y a certain du monde qui a dû le suggérer au gouvernement, c'est
comme rien.
Le Président (M. Laberge): Sans partisanerie aucune,
simplement pour explication, je crois que selon la nouvelle rédaction
des lois qu'on a en arrière de nous ici, ce qu'on appelle les Loi
refondues du Québec 1979, dans toutes les lois récentes, c'est le
terme qui est employé. C'est une question de concordance. Est-ce que
cette motion sera adoptée? Adoptée. Il y a une autre motion ici
qui m'a été présentée justement pour concordance
avec les nouveaux statuts qui se lit comme suit: "remplacer dans le
présent projet de loi les références à des
dispositions législatives abrogées par la mise en vigueur des
Lois refondues du Québec par des références aux
dispositions correspondantes de ces Lois refondues, telles que reproduites
à l'annexe de la présente motion." Je vous fais grâce de la
lecture de l'annexe; je vous demande simplement si vous avez...
M. Giasson: M. le Président, quant à se mettre
à la page, on aurait dû, au moins, corriger le titre de la loi par
Loi modifiant la Loi sur le ministère de l'Agriculture et de
l'Alimentation.
M. Garon: Ce n'est pas encore changé. La loi est devant le
Parlement.
Le Président (M. Laberge): Là-dessus, je sais que
cela ne peut pas se faire. Est-ce que cette motion de référence
qu'on présente ici pour les différents articles entre le texte
actuel de la loi et le nouveau texte, le texte qui serait corrigé, sera
adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): On peut appeler cela une motion
de concordance, si vous voulez. Elle est adoptée. J'appelle donc
maintenant l'arti- cle 3 du projet de loi, qui se lit comme suit: "La
présente loi entre en vigueur le jour de sa sanction." Est-ce que cet
article 3 sera adopté?
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que le ministre pourrait nous
dire quand cette loi doit être sanctionnée?
M. Giasson: On va l'adopter en troisième lecture.
M. Garon: Là, la troisième lecture, il n'y a pas de
presse!
M. Russell: D'accord, mais si le lieutenant-gouverneur en conseil
est parti en vacances, elle ne sera pas sanctionnée.
M. Garon: C'est vrai qu'il n'est plus dans la bâtisse.
Où est-il maintenant?
M. Giasson: Dans un autre édifice.
M. Vaillancourt (Orford): Dans l'édifice E.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que l'article 3 sera
adopté?
M. Vaillancourt (Orford): Vous n'avez pas répondu à
ma question.
M. Garon: Je ne sais pas.
M. Vaillancourt (Orford): Vous ne le savez pas? Ce n'est pas vous
qui décidez cela?
M. Garon: Ce n'est pas moi qui décide de la
troisième lecture.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que c'est une loi qui va
être en application à partir du 1er janvier 1980?
M. Garon: Non. Le temps d'adopter les règlements et tout
cela, on peut plutôt penser entre le 1er mars et le 1er avril.
M. Russell: Le temps que le ministre consulte les administrateurs
du crédit agricole? Est-ce que c'est certain que cela va être
eux?
Le Président (M. Laberge): Est-ce que vous retardez...
M. Garon: Cela peut aller plus rapidement.
M. Giasson: Vous allez avoir des règlements
définitifs à proposer au Conseil des ministres? Ils doivent
être publiés, vous avez des délais.
M. Garon: Oui. Aux environs du 1er février, je pense.
M. Giasson: Au cours de février?
M. Garon: Au cours du mois de février.
M. Giasson: Vous ne pourrez pas dépenser beaucoup
d'argent, M. le ministre, au cours du présent exercice financier.
M. Garon: Non, je ne le pense pas.
M. Russell: On va pouvoir discuter de cela en même temps
que le référendum?
M. Garon: Non.
Le Président (M. Laberge): L'article 3 sera-t-il
adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Le titre est
aussi adopté? Adopté.
M. Garon: II a été adopté tout seul?
Le Président (M. Laberge): Le titre de la loi, oui.
M. Garon: Voulez-vous qu'on adopte le numéro?
Le Président (M. Laberge): Non. Je vous déclare
tout simplement que le projet de loi no 43, Loi modifiant la Loi du
ministère de l'Agriculture, a été adopté avec des
amendements et je demande au rapporteur de faire rapport à
l'Assemblée nationale.
Maintenant, on a aussi à notre ordre du jour, l'étude du
projet de loi no 41. Est-ce que vous l'attaquez ce soir ou à un autre
moment? Je ne sais pas ce qu'il en est.
M. Giasson: Comme nous n'avons pas si mal travaillé, je
pense qu'il est possible de penser à obtenir l'assentiment de tous les
membres de la commission à l'effet de suspendre nos travaux et de
procéder à la clôture avec une nouvelle motion.
M. Garon: Demain matin, on n'ira pas là-dedans non plus?
Qu'est-ce qu'il a dit au juste, le leader?
Une voix: Jusqu'à minuit.
M. Giasson: Après la période des questions...
M. Garon: La période des questions est à 10 heures
demain matin?
M. Giasson: Oui. Après la période des questions, si
c'est la volonté du leader, on peut siéger, la commission pourra
siéger.
Le Président (M. Laberge): C'est selon votre choix. En
tant que président, je n'ai qu'un seul ordre, c'est de suspendre les
travaux à minuit, à moins que la commission en décide
autrement.
M. Garon: Cela ne me fait rien.
M. Giasson: J'ai d'autre travail à faire.
M. Garon: D'accord.
M. Giasson: Je ne m'en vais pas en Chambre j'ai autre chose avec
le...
Le Président (M. Laberge): Qu'est-ce que vous
décidez? Est-ce que ça va?
M. Garon: Des fois on leur demande des choses et ils
veulent...
Le Président (M. Laberge): Vous avez fait du bon travail.
Merci à tous de votre collaboration. La commission ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 22 h 22)