(Dix heures une minute)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon
mardi. Donc, MM., Mmes les députés, avant d'entreprendre nos travaux, nous
allons nous recueillir quelques instants.
Vous pouvez vous asseoir.
Affaires
du jour
M. le leader du gouvernement, est-ce que vous
voulez nous indiquer le début de nos travaux?
M. Lévesque (Chapleau) : Bonjour,
d'abord, Mme la Présidente, à vous et aux collègues présents. Bien heureux de
reprendre ces travaux en ce mardi matin. Et je vous demanderais de bien vouloir
appeler l'article 3 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 85
Adoption
du principe
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le leader. Donc, M. le ministre délégué à l'Économie propose l'adoption du
principe du projet de loi n° 85, Loi modifiant diverses dispositions
principalement aux fins d'allègement du fardeau réglementaire et administratif.
Donc, M. le ministre délégué à l'Économie, je
vous cède immédiatement la parole.
M. Christopher Skeete
M. Skeete : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Permettez-moi de vous saluer, en ce beau mardi matin, et aussi le
collègue de Marguerite-Bourgeoys, puis mes beaux collègues et belles collègues
de la partie gouvernementale, toujours un plaisir de me retrouver avec vous.
C'est une fierté pour moi de vous soumettre...
de soumettre aujourd'hui pour adoption du principe le projet de loi n° 85,
la loi qui vise à modifier diverses dispositions aux fins d'allègement
réglementaire et administratif des entreprises du Québec. C'est un long nom
technique, mais ce que ça veut dire, Mme la Présidente, c'est qu'on travaille
fort pour réduire la paperasse pour nos entreprises.
C'est notre quatrième projet de loi en ce sens,
Mme la Présidente. On avait promis qu'on en ferait cinq sur les cinq ans dans
notre plan d'action 2020‑2025. Le projet de loi, bien, c'est sûr que
l'allègement réglementaire, ça rime avec l'accroissement de la productivité des
entreprises parce que, si on peut réduire la paperasse des entreprises, bien,
en même temps, on leur permet de se concentrer sur ce qui compte vraiment,
c'est leur productivité, et d'assurer la qualité de vie des employés, et aussi
leur rentabilité, Mme la Présidente.
Le projet de loi, bien, il propose
33 mesures, sous la responsabilité de 13 ministères et organismes,
pour alléger le fardeau administratif, que ce soit en alimentation, les
boissons alcooliques, le commerce de détail, de matériel vidéo, les
établissements commerciaux.
Les collègues ici vont être contents de
l'apprendre, mais, dans le projet de loi, on parle de l'exemption du marquage, le fameux timbre, pour les
microbrasseries. C'est un projet que je travaille, Mme la Présidente, depuis
deux ans pour faire atterrir, et ça va beaucoup aider les
microbrasseries québécoises à réduire le temps qu'elles consacrent à se conformer
sur un timbre qui n'était depuis longtemps plus nécessaire.
On a aussi regardé pour le transport des vins,
Mme la Présidente. Maintenant, ça va être possible, pour un titulaire
artisanal, de faire de la sous-traitance par un tiers, un autre agriculteur,
pour le transport des vins vers leur clientèle. Ça aussi, Mme la Présidente,
c'est le fruit de plusieurs années de travail. Je dois vous dire que ça n'a pas
été facile, mais ça me fait vraiment un grand sentiment de fierté d'avoir pu
faire atterrir ça.
On parle aussi, dans ces 33 mesures, d'une
économie totale de 20 millions de dollars. C'est notre plus gros projet de
loi, et, d'ici le prochain, on va réussir notre objectif, Mme la Présidente,
qui était de réduire de 10 % le nombre
des formalités administratives, puis on est tout près, là, du 15 % dans le
volume, là. On va y arriver, là, je pense, mais ça va être très difficile
d'arriver au 15 % de réduction du volume du fardeau administratif. Puis,
bien sûr, je suis confiant qu'on va arriver aux 200 millions
d'économies pour les entreprises, qui était une réduction de 20 % en
termes de dollars monétaires, pour la réduction du fardeau administratif.
C'est sûr, Mme la Présidente, on a fait un
projet de cinq ans avec cinq projets de loi pour réduire le fardeau de
200 millions, mais la paperasse est un grand problème pour le Québec. Mme
la Présidente, je suis sûr que mon collègue de Marguerite-Bourgeoys va nous le
rappeler, les estimations de 2024 sont que le fardeau administratif coûte
10,9 milliards de dollars par année à nos entreprises, que ce soit au
niveau municipal, que ce soit au niveau provincial, que ce soit au niveau
fédéral. Tout confondu, c'est presque 11 milliards de fardeau
administratif, Mme la Présidente, puis c'est trop. C'est trop.
Je suis fier, moi, de faire partie d'un
gouvernement, le premier gouvernement, qui a donné un plan d'action, notre premier, et on arrive tout près de la fin de
ce plan d'action, et on réfléchit déjà au prochain plan d'action. Mme la Présidente, si la situation au sud de notre
frontière nous apprend quelque chose, c'est qu'il faut aller plus vite pour
rendre la vie plus facile pour nos entreprises. Il faut aller plus rapidement
parce que c'est quelque chose qui a trop tardé.
Alors, moi, je suis très content d'être
responsable de l'allègement réglementaire. Je le dis souvent, dans les
commissions, que l'allègement réglementaire, ce n'est pas sexy, mais c'est
important parce qu'on regarde ligne par ligne les lois qui imposent ce fardeau-là.
Que ce soit un règlement qui est désuet, un règlement qui est redondant, il
faut tout regarder, toutes les lois qui ont été passées par le Québec, pour
ainsi les réduire.
Concrètement, là, pour les entrepreneurs, dans
l'ensemble du Canada, ça représente 1 375 $ par employé pour les grandes entreprises de 100 employés et
plus et 10 000 $ par employé pour les entreprises de moins de cinq
employés. C'est énorme comme fardeau administratif, Mme la Présidente,
puis on doit en faire plus, et notre gouvernement s'est engagé à le faire.
Vous savez, je l'ai dit tantôt, que l'allègement
réglementaire, ce n'est pas sexy, mais c'est important. Si c'était facile, Mme la Présidente, bien, d'autres
personnes l'auraient fait. La raison que c'est compliqué, l'allègement
réglementaire, Mme la Présidente, c'est qu'on parle ici de challenger les
machines internes sur leurs façons de faire. Alors, quand on parle à des
collègues des différents ministères et organismes, ils ont tous des bonnes
raisons pour faire ce qu'ils font au quotidien.
Ils ont embauché des gens pour faire des choses qui doivent se faire parce
qu'on leur a donné le mandat de le faire. Mais, quand on demande de questionner
si c'est encore pertinent, bien, la question ne revient pas à ces gens-là, c'est à nous de décider qu'est-ce qui est
important. Nous, les législateurs, nous, les Québécois qui subissent ce
fardeau-là, on doit décider, nous,
si, bien, le jeu en vaut la chandelle. Et, quand une loi devient désuète,
redondante, ou peu applicable, ou pas applicable, ou plus nécessaire,
bien, on se doit de faire le ménage dans notre corpus législatif.
À tous les jours, on parle de projets de loi
ici, dans cette enceinte, dans les différentes commissions. Puis les gens qui
nous écoutent aujourd'hui peuvent faire le tour des postes de l'Assemblée
nationale, il y a plein de postes de commissions qui se passent. On écrit des
lois à tous les jours, Mme la Présidente. C'est rare qu'on enlève des lois,
c'est rare qu'on réduise l'empreinte du gouvernement. Et je pense que, si on
veut vraiment optimiser et de lancer un momentum pour nos entreprises à aller
de l'avant, à pousser l'audace, on doit leur donner les outils en réduisant
leur fardeau administratif.
Alors, ce projet de loi là, il fait un grand
pas. Est-ce qu'il fait tous les pas? Non. Comme le corpus législatif date d'une centaine d'années, bien, l'allègement
réglementaire, ça doit être un processus en continu annuel. D'ailleurs, c'est
ma forte croyance qu'on va devoir continuer à toutes les années à se poser ces
questions-là. Quand je regarde ce qui se fait en Ontario, ça m'inspire, Mme la
Présidente. En Ontario, ils font deux projets de loi par année. Ils ont imposé
une norme d'un sur deux sur la réglementation, donc, pour chaque fardeau
administratif, ils doivent en enlever deux. Nous, on a un principe un pour un.
Puis notre piscine n'est pas assez grande, Mme la Présidente. Moi, je pense
qu'il faut aller plus loin dans notre
piscine, il faut aller... il faut regarder tous les formulaires, il faut regarder
tous les enjeux. Mais on y travaille, Mme la Présidente. Puis, comme je
vous ai dit tantôt, ce n'est pas facile.
Les entreprises, eux autres aussi, on leur
demande de contribuer. Moi, je copréside un comité avec des acteurs patronaux,
des groupes communautaires, comme la FCCQ ou même la FCEI, des gens qui sont
dans l'écosystème entrepreneurial. Et avec ces gens-là, sous la coprésidence de
moi et la FCEI, bien, on se donne comme mandat de regarder c'est quoi qui est prioritaire. Avant, ce comité se réunissait
une fois par année. Maintenant, on se réunit deux fois par année pour
aller plus vite. Puis l'idée, c'est de voir, encore une fois, où est-ce qu'on
devrait mettre l'emphase pour les prochaines années. Puis c'est intéressant et
important que ces idées-là viennent de ces gens-là, parce qu'on a beau vouloir
challenger les machines intérieures sur l'allègement réglementaire, on n'a pas
toujours les réponses qu'on souhaite. Parce
qu'on leur demande de se regarder eux-mêmes puis de dire, bien, qu'est-ce qu'ils
pensent qu'ils devraient changer. On a plein de recommandations qui
viennent des différents ministères et organismes, qui font un bon travail pour
évaluer ce qui devrait être revu, mais, d'avoir cette perspective-là du client,
l'entreprise qui, elle, doit transiger avec l'État, je pense que c'est vraiment
important. Et d'ailleurs, si les entreprises qui nous regardent en ce moment
ont le goût de le faire, ils peuvent aller sur le site Web du ministère, il y a
une boîte aux lettres. Moi, je veux lire exactement ce qui vous empêche d'aller
plus vite, de pousser l'audace, parce qu'on a besoin de vous, les entreprises,
pour aller plus loin puis aller plus vite.
• (10 h 10) •
Donc, très fier de proposer ici notre quatrième
projet de loi pour alléger le fardeau administratif. Est-ce qu'on règle tous
les problèmes, Mme la Présidente? Non. Est-ce que c'est un combat quotidien?
Oui. Est-ce qu'on va lâcher, Mme la Présidente? Absolument pas, parce que c'est
un programme, et un progrès, qui est nécessaire pour relancer nos entreprises
et leur donner le pouvoir et le momentum qu'ils ont de besoin pour affronter un
monde de plus en plus incertain. Donc, je m'engage à vous aujourd'hui, Mme la
Présidente, et à l'ensemble des collègues, que je ne lâcherai pas le morceau
sur l'allègement réglementaire. Ce n'est peut-être pas sexy, mais c'est
tellement important. Alors, au plaisir de vous revoir pour la prochaine
mouture.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le ministre. Maintenant, je suis prête à reconnaître un autre
intervenant. Alors, ce sera M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric Beauchemin
M.
Beauchemin : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci à vous
tous. Merci au ministre d'être ici ce matin puis de nous parler du projet
de loi n° 85.
Peut-être juste faire une
petite mise en contexte, il y a quand même 270 000 et plus de PME dans nos
17 régions économiques. Elles ont besoin de notre soutien plus que jamais,
surtout dans le contexte économique actuel, comme on peut s'imaginer, avec le
président Trump, de l'autre côté, qui menace avec les tarifs notre économie.
Bien sûr, il faut diversifier nos marchés de commerce autant en resserrant les
liens avec l'Europe et l'Asie qu'en faisant tomber les barrières interprovinciales, mais on doit vraiment diminuer le
fardeau administratif de nos PME. Le président Trump, lui, s'en va dans
cette direction-là et y va de façon un petit peu plus drastique. Et on pourra
parler de M. Musk et de son initiative et tout, là. Ce n'est pas ce que je
souhaite, là, que le Québec se fasse mitrailler de la même façon. Mais moi,
j'aime quand même qu'on définisse des barèmes pour être capables de quantifier
la réussite, pour savoir est-ce qu'on atteint nos objectifs, est-ce qu'on est
capables de mesurer le succès. Puis, pour moi, bien, vous savez, le fardeau
administratif des entreprises, là, a augmenté depuis 2018. J'entends le
ministre nous dire comme quoi que l'objectif, pour ce projet de loi là, était
une réduction, là, de 20 millions de dollars. En commission parlementaire,
lorsqu'on a eu les consultations particulières, on a quand même entendu aussi
le ministre nous parler que son objectif, c'était, en fait, depuis l'initiative
initiale du gouvernement de la CAQ, d'avoir une réduction de 200 millions
de dollars du fardeau administratif. Ça fait que, quand on regarde tout ça, on
se dit : C'est correct, c'est un projet de loi omnibus, il y a plein de
petites mesures, mais est-ce qu'on cible vraiment le problème? Est-ce qu'on
aide assez, en fait, notre économie? Est-ce
qu'on a une vision globale pour se rendre à, si on veut, un objectif concret,
qu'on va pouvoir dire : Voici, on a vraiment fait une différence,
on a changé l'orientation du bateau administratif, si on peut dire?
Puis, juste, peut-être, pour mettre les choses
en perspective, en 2017, le coût de la réglementation au Québec était estimé à
8,5 milliards. Cette année, le ministre l'a dit tout à l'heure, c'est
11 milliards, une augmentation, selon le
FCEI, de 28 %. Bon, juste si on veut faire des choses de façon relative,
là, O.K., qu'est-ce que le 200 millions de dollars d'objectif du gouvernement,
sur l'ensemble de son temps au pouvoir, de réduction du fardeau
administratif... qu'est-ce que ça, ça représente sur notre économie?
Bien, notre économie, grosso modo, là, O.K., c'est 560 milliards de
produit intérieur brut. 200 millions sur 560 milliards, Mme la
Présidente, ce n'est pas 1 %, ce n'est pas 0,05 %, c'est 0,03 %.
Trois points de base, Mme la Présidente. Donc, 200 millions, ça ne bougera
même pas, O.K., en termes de productivité, ça ne bougera même pas, en termes de
valeur, l'économie du Québec.
On nous dit qu'on veut réduire le fardeau
administratif de 200 millions de dollars. Mais les chiffres sont là,
là : 11 milliards maintenant, en
2025, contre 8,5, là, en 2017. Donc, on a quand même rajouté 2,5 milliards
de dollars de fardeau administratif.
Puis là on parle de se dire que notre objectif, ici, c'est de réduire le
fardeau administratif de nos entreprises de 200 millions de dollars. Vous comprendrez, Mme la Présidente,
que moi, je trouve ça... Bien, c'est noble, on veut aller dans la bonne
direction, je comprends, puis on va essayer d'épauler le gouvernement. Mais je
pense qu'une façon de faire en sorte qu'on atteigne nos objectifs, c'est
de se mettre des paramètres, c'est de se dire : O.K., comment on va
quantifier une réussite?
Parce que c'est sûr que, quand on dit
200 millions de dollars, entre vous et moi, c'est un gros chiffre,
200 millions de dollars, mais 200 millions de dollars sur
560 milliards, c'est un arrondissement, c'est non significatif. Donc, objectivement, dans un contexte
nord-américain où est-ce que le gouvernement actuel est menacé par le gouvernement
au sud de la frontière, on va s'entendre d'une chose, ça va être important de
relever la barre, ça va être important d'avoir vraiment en tête des objectifs
clairs. Et puis je vais adresser quelques pistes de solution dans mon
allocution.
Je parlais du FCEI tout à l'heure. Ils ont
dénoté que c'était 735 heures perdues par chacune de nos entreprises, en termes de papiers, la paperasse, la
réglementation à faire, pour l'année 2024. Une autre statistique qui est
intéressante, c'est que seulement
11 % des entrepreneurs croient que le gouvernement du Québec comprend
leurs défis administratifs et
réglementaires. 11 %, Mme la Présidente. 89 % n'y croient pas, là.
Seulement 7 % des entreprises québécoises croient que le
gouvernement veut réellement réduire la bureaucratie. Bien, je les comprends,
Mme la Présidente, on se donne un quatrième projet de loi, là, pour alléger le
fardeau réglementaire, on se donne un objectif de 200 millions de dollars,
mais, en même temps, le coût réglementaire a
augmenté de 2,5 milliards. Ça fait que c'est sûr qu'ils ne doivent pas
croire ce qui sort d'ici, Mme la
Présidente. Ils doivent se dire : Bien, c'est du n'importe quoi, là. Le
net, là, c'est 2,3 milliards de plus
que ça coûte pour l'ensemble des entreprises au Québec. Ça fait qu'où est la
vision? C'est une réelle préoccupation. Puis on a vraiment besoin, Mme la Présidente, d'avoir une vue d'ensemble
puis des objectifs clairs, qui sont significatifs, qu'on va être
capables de quantifier, parce que, comme je le disais tantôt, on a été menacés
et on l'est encore.
Un des aspects du projet de loi qui est... Parce
que, moi, c'est mon deuxième exercice avec le ministre sur ce sujet-là, le
timbre. Ça fait que j'en ai entendu parler beaucoup l'an passé, la version de
l'an passé, on revient encore là-dessus
cette année. Mais je ne sais pas, moi, si vous êtes... si vous aimez la bière,
le cidre, les spiritueux, mais vous avez quand même remarqué qu'il y a
quand même plusieurs produits québécois, plusieurs produits qui sont vendus
dans notre Société des alcools et dans d'autres systèmes de distribution qui apportent
le timbre.
Moi, je viens
des Cantons-de-l'Est. Donc, pour moi, le Domaine Pinnacle, c'est un
joyau que... J'ai appris, en fait, la semaine dernière, que la licence
pour le fabriquer est distribuée dans les alentours du Domaine Pinnacle, dans
les Cantons-de-l'Est. Donc, je trouve ça vraiment fantastique. C'est bon pour,
évidemment, plein de microbrasseries de pouvoir
penser de réduire le fardeau administratif relié au timbre, que je pense à la
région du Lac-Saint-Jean, où est-ce que je suis député parrain, là,
de la région, La Voie maltée aussi, pour eux, c'est important. Mais, peu
importe ce qu'on préfère comme boisson, sachez que beaucoup de nos producteurs
artisanaux, en plus de développer des recettes qui sont excellentes, ils
offrent des produits de qualité et ils doivent apposer manuellement un timbre
sur chacune de leurs bouteilles. Même la Société des alcools le fait. Ça fait
que c'est un... c'était déjà un système qui était considéré, là, archaïque,
inefficace en 2018. O.K.? Imaginez ce que c'est en 2025.
Bien, en
autant qu'on est concernés, là, nous, les libéraux, on avait aboli le timbre.
On a écouté nos PME et on a agi. Toutes les étapes vers l'abolition du
timbre ont été franchies par le gouvernement libéral. Puis je vais vous donner
la chronologie. En 2010, on a introduit les modèles
d'enregistrement des ventes, les MEV, dans les restaurants et dans les bars. En
2014, on a harmonisé les taxes sur l'alcool, peu importe l'endroit de la
consommation, à domicile ou sur place. Avec juste ces deux mesures-là, on
venait de régler les deux enjeux que le timbre venait adresser dans son introduction en 1971, c'est-à-dire la traçabilité
et la taxation. En 2018, avec Martin Coiteux et Carlos Leitão, qui ont mené à
l'adoption du projet de loi à l'unanimité, du projet de loi n° 170, qui prévoyait l'abolition du timbre avec une entrée
en vigueur le 12 juin 2020, nos
microbrasseurs, tenanciers de bar, restaurateurs ont tous poussé un soupir de
soulagement.
• (10 h 20) •
Pourtant, le timbre est encore en place
aujourd'hui puis il est obligatoire. Pourquoi? Bien, parce que le gouvernement
caquiste a refusé de tenir l'engagement pour lequel il avait pourtant voté, parce
qu'on avait eu un vote en faveur de ce projet de loi là de la part du
gouvernement de la CAQ. Le contexte pandémique a servi de prétexte pour repousser l'engagement à une date ultérieure,
mais, si on peut même leur donner le bénéfice du doute, la pandémie est maintenant
derrière nous, et pourtant aucun effort n'a été fait pour alléger totalement,
là, dans le contexte de la bière, le timbre.
En 2025, on dit : C'est assez. Il est temps de passer... d'agir pour nos
PME productrices de boissons alcoolisées, pour nos bars, nos
restaurants, les milieux de la culture, tous les domaines qui sont associés
directement ou indirectement avec une mesure qui n'est plus efficace.
À présent, on parlait aussi, dans le projet de
loi, des heures d'ouverture. Là, je vais prendre une petite... une petite
«curve» à gauche, là. Vous savez, il y a eu un match de hockey ce week-end
entre les Canada et les États-Unis. Ça a fait couler beaucoup d'encre. On a eu
le droit à des bagarres, des beaux bruits, des passes. Malheureusement, le
Canada a perdu, et une autre façon de perdre un match, c'est une interception
ou, si vous voulez, une passe indirecte sur la palette de l'adversaire. Eh
bien, je vous parle de ça parce que, quand on veut faire modifier les heures
d'ouverture, l'introduction dans le projet de loi pilote, là, ici, on risque de
faire directement une passe sur la palette à des multinationales de ce monde.
Puis je m'explique, là. J'ai déjà entendu les critiques du ministre là-dessus,
que les Walmart ne sont pas inclus là-dessus, mais au détriment des PME et de
nos dépanneurs. Ils ont lancé un cri du coeur, puis le gouvernement ne les
entend pas. En tout cas, il ne les a pas écoutés.
Le dépanneur, là, c'est une fierté québécoise.
Le nom le dit, ils sont là pour nous dépanner parce qu'on en a besoin. Pas besoin d'aller à l'épicerie de grande
surface, on est là, juste à aller au dépanneur du coin. Dans les villes, il y
en a plusieurs, on en trouve presque à chaque coin de rue. Même dans nos
régions, les dépanneurs font partie du tissu social. En 2006, toutes les
parties prenantes ont pu trouver un terrain d'entente, grâce au leadership de
Raymond Bachand, pour statuer sur la politique actuelle, c'est-à-dire : un
maximum de quatre employés pour tenir une épicerie ou une pharmacie après 21 heures
la semaine et 20 heures la fin de semaine, avec des conditions
additionnelles.
D'une part, l'abolition des restrictions... on
risque de créer plus de compétition avec les multinationales étrangères, qui,
elles, ont plus les moyens, évidemment. On doit absolument parler des projets
pilotes, mais en ce moment, là, on parle seulement de la compétitivité comme
critère seul pour autoriser le projet pilote. Qu'est-ce qui empêche une
multinationale d'être autorisée à ouvrir plus tard pour des raisons de compétitivité?
On ne devrait pas considérer les impacts sur les citoyens, sur les PME
québécoises? Même si on exclut les multinationales, là, aujourd'hui, là, est-ce
que c'est vraiment ça qu'on veut, au Québec, des épiceries 24 heures sur
24? Au Québec, on fonctionne comme ça depuis longtemps, jusqu'à 20 heures,
21 heures, tu vas à l'épicerie puis, après ça, tu t'en vas au dépanneur.
Pourquoi changer ça? Surtout, la question qui tue, là, c'est : Qui a
demandé que cela, ça change? Est-ce que c'est Amazon? C'est-tu Walmart? Est-ce
qu'on... est-ce qu'ils prévoyaient s'en aller dans l'alimentation davantage pour concurrencer nos épiceries? Qui nous met à
l'abri du fait que, par exemple, Walmart ne pourrait pas réagir en disant :
O.K., je vais diviser mon secteur pharmaceutique,
mon secteur alimentaire de mon plancher, j'ai maintenant une épicerie,
j'ai maintenant une pharmacie et j'ai aussi les moyens, parce que moi, je fais
168 milliards de bénéfice par trimestre, de mettre des employés à temps
plein, je peux en mettre 25, moi, si je veux, je n'ai aucun problème de
liquidités?
Qu'est-ce qui empêche, hein, nos... les
concurrentiels américains de venir ici puis d'essayer de trouver une façon de s'adapter à la loi dans toute légalité?
Puis là on leur a créé l'opportunité pour nous rentrer dedans. Ça fait qu'en
d'autres mots ce que je dis, là, c'est qu'en
modifiant les heures, ce qu'on fait ici, c'est une passe sur la palette. Le
joueur adverse, là, O.K., il ne l'a peut-être pas encore reçue, la puck,
mais il va le savoir dans pas longtemps.
On peut aussi parler de l'impact, là, de
conciliation travail-famille pour nos jeunes étudiants, la santé mentale, puis
la FTQ et l'Association des détaillants en alimentation en parlent. Puis je
voudrais citer un certain ex-député de Rousseau, aujourd'hui premier ministre
du Québec, qui disait, en 2006, lors du débat qui a mené au statu quo
actuel : «Je pense que l'équilibre
entre les consommateurs et la conciliation travail-famille ne se trouve pas
dans ce projet de loi.»À l'époque, c'est-à-dire le projet de... Ça fait
que, donc, pour cette fois-ci, là, est-ce que la conciliation de
travail-famille va être considérée? On aura
des questions pour obtenir des spécifications et on n'hésitera pas de déposer
des amendements pour que nos PME et les étudiants ne soient pas oubliés.
Mme la
Présidente, on doit parler d'un autre aspect du bilan de ce gouvernement, la
productivité. La page D.6, là, vous m'avez peut-être entendu
quelques fois répéter cette page-là depuis la dernière année, 2024, admet, par
le ministre des Finances, qu'aucun gain de productivité n'a été réalisé au
Québec en cinq ans, aucun. Pendant ce temps-là, on a alourdi le fardeau administratif de nos entreprises de
2,5 milliards. Pendant ce temps-là, nos voisins au Sud, eux, ont eu une augmentation
de 30 % de leur productivité. Pendant ce temps-là, nos entreprises ici ont
de la misère à avoir de la prévisibilité,
à savoir qu'est-ce qu'elles vont faire au niveau de leurs blocs d'énergie,
qu'est-ce qu'elles vont faire au niveau de la nouvelle réglementation,
qu'est-ce qu'elles vont faire au niveau de leur fiscalité. Pendant ce temps-là,
on alourdit le fardeau réglementaire sur toutes nos PME.
Et les
chiffres de FCEI que j'ai cités tantôt, en ouverture, sont clairs là-dessus, et
ce, malgré bientôt quatre projets de loi du ministre pour nous parler que c'est
supposé d'aller dans l'effet inverse. Et pourtant, le net résultat, Mme la
Présidente, là, ça coûte 2,5 milliards de plus
depuis que la CAQ est au gouvernement, juste dans le fardeau administratif pour
nos PME. L'enjeu, là, c'est qu'avec ce gouvernement-là on fait un petit
allègement réglementaire d'un bord. On parle du un pour un, mais, clairement,
on n'a pas quantifié le un qu'on enlève. On sait bien le un qu'on
ajoute, là, O.K.? On a une idée de qu'est-ce que ça va nous coûter? Non, on n'a
aucune espèce d'idée. On parle d'un objectif de 200 millions dans le un qu'on va enlever, puis le un qu'on ajoute,
clairement, il nous a coûté 2,3 milliards de dollars... 2,5 milliards
de dollars. Donc, un pour un, c'est un beau slogan, là, mais la réalité,
là, c'est qu'en bout de piste on paie tout plus cher. On est moins productifs,
on est moins compétitifs, puis c'est vous et moi, Mme la Présidente, et tous
les citoyens du Québec qui en paient le prix.
Puis là, maintenant, dans le contexte économique
actuel, si on n'est pas capables de se relever puis de dire : O.K., c'est
le temps de mettre la barre vraiment à haut niveau, c'est vraiment le temps de
se donner des vrais objectifs, Mme la Présidente, on va se faire avaler tout
rond, parce que c'est exactement l'objectif du président au Sud. Et donc, si on
n'est pas capables de rendre notre
économie plus compétitive, si on n'est pas capables de jouer à l'intérieur de
notre zone pour s'assurer qu'on se défend comme il le faut, qu'est-ce
que vous voulez qu'on fasse en offensive, Mme la Présidente?
Le projet loi n° 25,
je l'ai mentionné tout à l'heure, j'allais vous suggérer quelque chose,
j'allais vous dire ce qu'il en est. En fait,
moi, je ne compte plus le nombre de personnes avec qui j'ai jasé du projet loi n° 25 qui me disent que ça, là, c'est un enjeu majeur pour les compagnies
au Québec, pour les entreprises au Québec. C'est extrêmement compliqué pour
eux de s'y conformer, extrêmement compliqué.
Vous savez, on a décidé d'être à l'avant-garde
là-dessus, O.K., mais on n'a pas voulu suivre ce qui se passe dans les autres provinces. Il y a plus de
consultations. Il y a plus d'uniformité. Il n'y a pas d'autre ensemble qu'on a
décidé de suivre. On a juste décidé
de s'isoler à l'intérieur de nos frontières québécoises, si on peut dire, puis
d'y aller de l'avant avec ce projet de loi là sans consulter à l'extérieur. Je
parle encore de chiffres, Mme la Présidente. On n'a pas voulu mettre des
balises pour dire : Bon, bien, voici un comparable, voici ce qui se passe
ailleurs, voici ce qu'on pourrait faire.
Puis, en passant, est-ce que les autres l'ont fait déjà? Oui. Quelles ont été
les conséquences? On n'a fait aucune de ces analyses d'impact économique. On
l'a déposé puis on a décidé de sacrifier une certaine productivité de nos entreprises.
Mais, maintenant qu'on regarde ça, Mme la Présidente, là... je sais, là, c'est
jouer le quart-arrière du lundi matin, mais on
n'a quand même pas fait l'exercice de base en arrière de monter le projet de
loi, c'est-à-dire un impact économique, un impact comparable, comment
qu'on définit le succès, est-ce que... qu'est-ce que va être la réponse de nos
compétiteurs, qu'est-ce que va être la réponse de l'Ontario, qu'est-ce que va
être la réponse des Américains. On n'a pas fait le travail, Mme la Présidente, et les conséquences sont
claires, je le répète, 2,5 milliards de dollars que ça coûte de plus pour
toutes nos entreprises au Québec, le
fardeau administratif additionné que le gouvernement de la CAQ nous a imposé
depuis son arrivée au pouvoir.
• (10 h 30) •
Dans les
consultations, on a aussi parlé de la Loi sur les décrets de convention
collective, une relique, là, de 1934, Mme
la Présidente, qui pèse encore sur nos PME aujourd'hui, à ce jour. C'est une
loi qui est unique en Amérique du Nord. Je vais vous l'expliquer. Les décrets
obligent l'employeur à soumettre un rapport mensuel en indiquant le nombre
d'heures travaillées pour chaque employé et à payer une taxe sur la
masse salariale supplémentaire. Là, c'est 10 000 entreprises qui sont
assujetties à ça. C'est moins de 4 %. Ajouter une taxe sur la masse
salariale est de la paperasse. Comment se fait-il que cette petite histoire là
n'a pas été tout simplement discartée? Comment se fait-il qu'on n'a pas pensé,
dans un projet de loi où est-ce que notre
objectif ici, c'est de réduire la paperasse, d'enlever ça? C'est relativement
simple. Une économie de 12,3 millions de dollars, Mme la
Présidente, c'est à peu près dans l'ordre de grandeur de ce que le ministre
nous propose. Ça fait que suis surpris que ça, ça n'a pas été inclus. La FCEI
dit avoir sensibilisé le gouvernement à cet enjeu, mais le projet de loi
n° 85, là, ne veut absolument pas y remédier.
La Fédération des chambres de commerce du Québec
nous a aussi parlé de la zone d'entreprise, supposée être un guichet unique
pour les entreprises pour faire des demandes de permis, accéder à des
formulaires, etc., mais il semblerait que tous les ministères n'y ont pas encore
adhéré, Mme la Présidente. Ça fait que c'est un beau concept, on en parle, mais la machine ne suit pas. On parle
encore ici d'un exemple où est-ce qu'on se donne des idées, on y va de l'avant,
mais on ne définit pas le succès, on ne dit pas c'est quoi qui va catégoriser
la réussite du projet de loi. On ne parle pas de
ce qui se passe à l'extérieur du Québec pour faire des comparables. On ne se
donne pas un historique pour être certain qu'on s'en va dans la bonne
direction.
Mme la
Présidente, c'est encore une fois un autre exemple comme quoi que le
gouvernement, malheureusement, vit
sur un... avec des oeillères pour se viser dans un tunnel, pour être capable de
juste penser à une chose sans regarder ce qui se passe alentour. C'est problématique, Mme la Présidente. On n'est
pas seuls sur terre. En tout cas, il est temps que ça bouge.
Moi, j'aurais pu vous parler de la
sous-traitance de nos PME dans le domaine des boissons alcoolisées ou encore
des ventes... prêt-à-manger pour nos restaurants, dans les épiceries, les
commerces locaux dans nos régions, mais moi,
je vais m'arrêter ici parce que, pour l'étude détaillée, le Parti libéral du
Québec, évidemment, va répondre présent. On va avoir des questions, on
va faire des suggestions pour rendre ce projet de loi un peu plus costaud,
parce que, Mme la Présidente... comme je
disais tantôt, 2,5 milliards de coûts additionnels depuis l'arrivée au
pouvoir de ce gouvernement-là, puis l'objectif spécifique de ce
projet-là, c'est 20 millions. L'objectif du projet de faire plusieurs
projets de loi là-dessus, du ministre délégué à l'Économie, c'est
200 millions. Mme la Présidente, ce n'est même pas trois points de base.
Notre priorité, pour nous, là, c'est vraiment
les entreprises québécoises, qu'on puisse être gagnants à l'échelle mondiale,
qu'on puisse faire en sorte que le Québec va se distinguer. Puis en ce moment,
là, O.K., si je peux prendre encore l'analogie du hockey, là, on est en train
de parler de notre défensive, qu'est-ce qu'on peut faire chez nous pour nous aider. Je ne parle
pas de l'offensive face à Donald Trump, là, je parle de notre défensive. On
doit, nous autres, absolument faire de l'allègement réglementaire une
vraie priorité, une priorité, là, qui va définitivement faire une différence
dans le quotidien de toutes nos PME. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je suis prête à
reconnaître Mme la députée de Verdun.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la
Présidente. C'est à mon tour de venir intervenir puis parler dans le cadre de
la discussion du principe du projet de loi n° 85.
Pour nous, d'abord et avant tout, on veut reconnaître qu'il y a certaines
dispositions dans ce projet de loi qui sont attendues depuis longtemps par
certaines entreprises afin d'alléger le fardeau réglementaire et administratif,
puis je pense d'abord et avant tout aux microbrasseurs du Québec qui, depuis des années, nous sensibilisent à leur réalité. Ils
nous sensibilisent au fait que le processus de marquage a freiné énormément
le développement économique de cette filière
depuis des années. Et je suis contente, et j'y reviendrai, de voir des
dispositions qui vont leur permettre d'avoir un plus grand marché pour
leurs produits.
Je pense aussi aux titulaires de permis de
production artisanale qui doivent naviguer dans des processus qui sont assez
complexes de fabrication et de livraison de leurs produits, un obstacle qui les
a empêchés de se consacrer pleinement à leur
véritable mission, qui est la production de produits locaux artisanaux, que ce
soient nos microdistilleurs ou autres.
Ce projet-là n'est pas parfait, mais il y a
certaines bases qui vont aider nos entreprises. Je vais les nommer rapidement.
Donc, la première, l'abolition du marquage pour les contenants de bière qui est
fabriquée par un titulaire d'un permis de
brasseur dont le volume n'excède pas 15 000 litres de bière,
l'assouplissement... deuxièmement, pardon, l'assouplissement des dispositions
relatives aux permis de production de boissons alcooliques, notamment en
autorisant la sous-traitance de la fabrication et l'embouteillage, le
transport et la livraison... des titulaires de permis de production artisanale.
Troisième disposition intéressante, la priorisation de l'eau en milieu
agricole.
Cependant, notre plus grand enjeu se trouve dans
des dispositions qu'on n'avait pas vues venir et qui causent de plus en plus de débats, c'est-à-dire la
déréglementation des heures d'ouverture. Je vais revenir sur cet enjeu-là à la
fin de mon exposé.
Tout d'abord, je veux remercier tout le monde,
tous les groupes qui sont passés en commission, et je veux souligner l'apport
de certains d'entre eux qui ont fait des ajouts et remarques qui vont être
importants et que nous, on veut porter lors de l'étude détaillée du projet de
loi.
J'ai parlé tantôt de nos microbrasseurs du
Québec, l'Association des microbrasseries du Québec, qui est en faveur,
justement, de l'abolition du marquage sur les contenants de bière. Ils nous
recommandent que l'entrée en vigueur de cette abolition du marquage pour les
entreprises qui produisent moins de 150 000 hectolitres soit
accélérée pour... pour que ça coïncide avec l'adoption du projet de loi. Je
pense qu'on est capable de faire ça ensemble puis leur permettre déjà de
garantir ce marché-là puis ce développement qu'ils attendent depuis des années.
Ils nous demandent aussi qu'une infraction liée
au marquage de la bière constatée dans les 120 jours précédents de l'entrée en vigueur du p.l. n° 85 ne fasse pas l'objet de sanctions judiciaires, donc avoir des
dispositions qui font en sorte qu'on n'est pas en train de pénaliser nos
producteurs, nos microproducteurs qui vont être dans une période d'adaptation.
On nous parle aussi de la sous-traitance des
activités de livraison, au même titre que les producteurs artisanaux des
secteurs de... provenant du secteur des vins, cidres et alcools de petits
fruits. Les microbrasseurs nous sensibilisent d'inclure
les détenteurs de permis d'artisan-brasseur aux permis visés par la
sous-traitance des activités de livraison des boissons alcooliques.
Et une autre demande historique que, je pense,
on a la chance en ouvrant... en ayant un projet de loi comme ça, c'est l'accès aux marchés publics. Vous savez,
les microbrasseurs n'ont pas le droit, en ce moment, de vendre leurs bières
et leurs produits dans nos marchés publics.
Nous sommes dans une époque dans laquelle on veut encourager le commerce local,
on veut encourager puis avoir des places dans lesquelles on assure ces
marchés-là, bien, au même titre que les producteurs artisanaux de vin, de cidre
et autres alcools à base de fruits. On nous recommande fortement que, dans ce projet de loi, les microbrasseurs... les
microbrasseries québécoises puissent avoir la possibilité de vendre leurs
bières dans les marchés publics pour contribuer à la promotion et la
valorisation des produits locaux.
Je veux souligner aussi l'apport des Producteurs
de cidre du Québec. Ils nous ont beaucoup sensibilisés à l'enjeu de l'achat des pommes, parce que, ce
qu'ils souhaitent, nos producteurs, c'est qu'un titulaire de permis de
production artisanale puisse fabriquer des cidres dans... avec des pommes qui
proviennent 100 % du Québec, donc vraiment attacher la production
avec un approvisionnement local des pommes, dont un minimum de 50 % qui
proviennent de ses propres vergers. Il est essentiel que ce projet de loi, le
projet de loi n° 85, prévoie, pour les titulaires
d'un permis de production artisanale de cidre, l'achat des matières premières
pour la fabrication de leurs produits, parce qu'en ce moment, ils n'ont pas ce
droit-là. Et je pense que c'est normal, ils sont rendus des producteurs bien
établis. Oui, ils peuvent avoir des vergers puis produire leurs propres pommes,
mais je pense qu'acheter la matière, avoir cette possibilité ne va pas
seulement leur assurer l'approvisionnement dans des moments où il peut y avoir
des fluctuations, mais aussi agrandir la variété des produits qu'on peut avoir
sur le marché.
• (10 h 40) •
Ils nous
recommandent donc, Les Producteurs de cidre du Québec, de permettre l'achat des
pommes à la hauteur de ce que le producteur artisanal de cidre produit.
On
nous a parlé aussi de la sous-traitance de la livraison, puis la principale
demande des Producteurs de cidre, c'est...
titulaire d'un permis de fabrication artisanale et de pouvoir confier à un
tiers la livraison de produits aux consommateurs et aux différents
détenteurs de permis.
En ce qui concerne le
marquage, Les Producteurs de cidre nous recommandent d'abolir également le
système de marquage obligatoire pour les titulaires de permis artisanal de
cidre et non uniquement pour ce qui est des contenants de bière. Puis je pense
que c'est la prochaine étape à considérer, de voir comment on va faciliter
aussi, en enlevant le marquage, en revoyant
cette disposition-là, pour qu'on puisse encourager la production mais surtout
la consommation de nos produits artisanaux au Québec.
Dans ce sens, je
parlais tantôt des marchés publics, il y a même la Fédération des chambres de
commerce du Québec qui appuie de modifier l'article 84 de la
Loi sur les infractions en matière de boissons alcooliques afin de permettre
aux microbrasseries de vendre leurs bières dans les marchés publics, au même
titre que les détenteurs des permis de production artisanale, que ce soit le
vin, cidre et l'hydromel.
L'Union des
producteurs, l'UPA, sont venus nous parler, au-delà des dispositions concernant
les boissons alcoolisées, d'avoir aussi une pensée à comment on peut encourager
de plus en plus le commerce et la consommation locale. En ce qui concerne le
marquage, l'UPA s'entend aussi pour l'abolition du système de marquage et des
timbrages des contenants de boissons
alcoolisées pour toutes les catégories de permis de production artisanale.
Comme je le disais, on est dans une
réflexion d'aller plus loin que les microbrasseurs. La demande des
microbrasseurs, c'était un minimum dans le contexte actuel.
On nous parle aussi
de la sous-traitance des activités de livraison. L'UPA nous demande de
permettre aux producteurs artisanaux de boissons alcooliques de sous-traiter à
un prestateur de services de leur choix l'entreposage et la livraison de leurs produits aux consommateurs et aux titulaires de
permis, d'autoriser le regroupement des producteurs artisanaux de boissons alcoolisées sous forme de
coopérative, afin de réaliser la livraison qu'on propose... qu'on proposait
par la sous-traitance des activités de fabrication.
Par la suite, bon, on
nous a rappelé l'importance qu'il y a, dans ce projet-là, de la priorité pour
le prélèvement d'eau. Je pense que, pour
l'agriculture, c'est essentiel. Cette modification va permettre de reconnaître
le caractère fondamental des activités agricoles et aquacoles en matière
d'accès à l'eau et ce qui accorde une importance particulière aux besoins en
eau des secteurs agricoles par rapport à ceux de l'industrie.
Puis, bien sûr, je
pense que c'est une opportunité, puis j'entendais le collègue de Marguerite-Bourgeoys,
de comprendre puis de bien saisir toutes les opportunités qu'on a pour
encourager l'achat local. Et, pour ça, il faut aller au-delà du projet de loi
n° 85, en mettant en place des politiques qui sont plus claires pour tous
le ministère, les institutions, les
organismes publics, pour utiliser les leviers qu'on a pour favoriser
l'acquisition des biens et des matériaux de construction québécois. De
notre côté, à Québec solidaire, nous mettons déjà une proposition au jeu, c'est
d'avoir un quota d'achat de 75 % des
produits dans nos contrats publics, surtout dans l'approvisionnement. C'est là
qu'au Québec on a beaucoup de travail à faire. On est juste à 52 %
de l'approvisionnement que c'est des biens québécois. Nous avons besoin d'aller
plus loin, et, pour nous, ça passe par des quotas.
Puis L'Union des
producteurs nous disait... l'UPA nous disait à quel point c'était difficile de
savoir que... si, les cibles que le Québec s'est données, on était en train de
les atteindre et quelle était la distribution des produits, surtout maraîchers,
des produits d'alimentation qui sont achetés au Québec. Donc, ce qu'ils nous
suggèrent, c'est de se doter, dans la
stratégie québécoise d'achat d'aliments québécois, des cibles d'accroissement
d'achat d'aliments québécois dans
l'institution publique, dans les organismes publics, et d'inclure aussi, dans
la cible, les achats de produits biologiques. On sait que les produits
biologiques peuvent être plus coûteux, et, étant donné que l'État a un plus
grand levier, une plus grande... une meilleure planification dans l'achat
dans les marchés publics, il pourrait ay voir des critères et des cibles en
termes de production biologique et ainsi assurer un marché pour nos producteurs
qui se voient de plus en plus menacés avec les tarifs puis l'instabilité
économique. Ils nous suggèrent de mettre en place des indicateurs clairs dont l'état d'avancement est divulgué annuellement puis
encourager le ministre... le ministère, les institutions, les organismes
publics à réserver des appels d'offres exclusivement aux produits certifiés
biologiques ou ajuster à la hausse ces marges préférentielles.
Comme je disais tout
à l'heure, ce projet de loi n'est pas parfait. Il y a un grand enjeu que...
bien, que nous, nous avons avec le projet de loi, ce qui concerne la
section II de ce projet de loi, qui nous parle des modifications dans les
heures d'ouverture des établissements commerciaux. Pour nous, notre position
est claire, nous demandons le retrait des
articles dans la section II afin de préserver l'équilibre trouvé en 2008
entre les besoins des entreprises, ceux de la clientèle et la protection des travailleurs et
travailleuses, en particulier nos jeunes travailleurs. On a eu... On était
sensibilisés par cette question par le TUAC, qui est un syndicat dans
l'alimentation, qui compte quand même... qui représente plus de
39 000 membres auprès des... non, pardon, 675 unités de travail.
On parle des commis d'épicerie, des caissiers, que ce soit au Metro, Super C, Adonis, IGA, Provigo. Et donc 60 % des gens
qui sont syndiqués dans ces milieux-là, bien, ce sont des jeunes de
moins de 30 ans. C'est eux, les travailleurs et travailleuses qui occupent
ces postes.
Mais je tiens à
sensibiliser ici que ce n'est pas seulement les syndicats qui nous ont parlés
de cet enjeu-là, c'est aussi l'Association des détaillants, que malheureusement
on n'a pas pu entendre en commission parlementaire. L'Association des
détaillants en alimentation, ce qu'ils souhaitent, c'est le retrait des
dispositions qui concernent les changements aux heures d'ouverture des détaillants
en alimentation. Cette association craint que les modifications n'entraînent qu'un désengagement des employés
essentiels et ne tiennent pas compte de la réalité de la main-d'oeuvre. Ce
qu'elle souligne aussi, c'est que la
réglementation actuelle est plus adaptée et que les heures d'ouverture réduites
en fin de semaine permettent une meilleure allocution des ressources.
Puis, de plus, l'Association des détaillants en alimentation s'inquiète des
conséquences potentielles sur la conciliation travail-vie personnelle des
employés, particulièrement des jeunes aux études.
On
a aussi reçu un mémoire de l'Association des marchands dépanneurs et épiciers
du Québec, qui préconise de maintenir le
statu quo concernant les règles sur les heures d'ouverture des établissements
commerciaux, car ses membres, donc on parle de nos petits dépanneurs, de petits
marchands, des commerces locaux, se sont adaptés aux règles en vigueur depuis 2006, et l'association estime que les
cadres actuels fonctionnent bien et assurent un équilibre concurrentiel entre
les grands détaillants et les plus petits commerces.
Donc,
on a l'Association des détaillants en alimentation, l'association des marchands
des dépanneurs et l'épicerie qui nous recommandent le retrait de toutes
dispositions relatives aux heures d'ouverture afin de préserver ledit
équilibre qui est là depuis 2006, ce qui nous fait, en fait, nous
demander : Pourquoi ces dispositions sont là dans la loi? Pourquoi il y a
eu un changement soudain, que ce soit dans les dispositions préconisant un
projet pilote ou dans le fait qu'on va avoir...
on va pouvoir avoir plus d'employés à partir d'une certaine heure? Parce qu'en
prolongeant les heures d'ouverture des commerces les employeurs
pourront, ce qu'on appelle, attribuer des horaires de soir et de nuit à un
nombre illimité d'employés. Étant donné la
forte présence des jeunes dans nos épiceries, ces modifications vont entraîner
inévitablement une pression accrue sur ceux qui combinent travail et
études.
Je veux ramener que
les études sur la question du décrochage scolaire sont claires. Au-delà de
15 heures de travail hebdomadaire, les conséquences sont préoccupantes. On
parle d'une baisse de performance scolaire, un risque accru de décrochage, une
augmentation de symptômes d'anxiété et de détresse psychologique. De plus, le
travail en soirée et le manque de sommeil posent des enjeux majeurs pour nos
jeunes. Pourtant, c'est précisément ce que le projet de loi propose aux jeunes
travailleurs, parce que, lorsqu'on déréglemente, on le sait très bien, ça va
être de la pression sur les jeunes travailleurs de combler ces chiffres-là, de
rentrer plus tard, et ce n'est pas tout le monde qui a le luxe, le privilège de
dire non à leur employeur. Moi, j'ai reçu plusieurs commentaires et témoignages
qui me disaient : Bien, si je dis non, bien, on ne va plus me mettre dans
le «payroll», si je dis non, je vais peut-être perdre ma job, je ne vais plus
avoir cette assurance-emploi. Et ça, c'est extrêmement inquiétant.
Il est important de
souligner l'incohérence du gouvernement, parce que moins à... deux ans après
avoir adopté un encadrement du travail des enfants avec un large consensus et
une vaste concertation, il envisage maintenant une déréglementation qui
affaiblirait ces avancées pour les 17 ans et plus. Je veux rappeler que
les jeunes de 17 ans et plus qui sont dans nos commerces, bien, sont
toujours mineurs, puis encore la plupart d'entre eux vont au secondaire. On sait que 89 % des Québécois estiment que la
société doit en faire plus et davantage pour la réussite éducative des jeunes.
C'est peut-être une des raisons pour laquelle on réglemente puis on encadre les
heures d'ouverture ici, au Québec. Puis cette
volonté d'encourager les jeunes à poursuivre leurs études doit s'appliquer
au-delà de 17 ans, parce que ces jeunes-là peuvent être au
secondaire, au cégep, mais on veut assurer leur réussite.
• (10 h 50) •
Il est difficile pour
nous, puis je pense que plusieurs acteurs... de comprendre pourquoi le
gouvernement souhaite briser la fragilité... le fragile équilibre qui est issu
du consensus de 2006‑2008. Je vous ai parlé des détaillants en alimentation, je
vous ai parlé des petits dépanneurs, je vous ai parlé des travailleurs. C'est
rare, là, qu'on voie les travailleurs et aussi les patrons être ensemble puis
d'accord sur la même chose. Alors, pour nous, c'est très difficile de comprendre pourquoi ce consensus puis cet
équilibre pourraient être brisés par le projet de loi lorsqu'il propose
d'allonger les heures d'ouverture des commerces sans identifier une véritable
demande ni mener une consultation en bonne et due forme.
On sait que des
solutions existent déjà pour les parents qui sont occupés, les travailleurs aux
horaires atypiques. On nous a nommé
plusieurs exemples en commission. L'achat en ligne, il y a plusieurs
détaillants déjà qui ont développé des outils pour ça. Donc, on n'a pas
besoin, au Québec, d'être capables d'acheter des choses à deux heures, à trois
heures du matin quand on a tellement de dispositions, quand on sait que la pression
va être retombée sur nos jeunes travailleurs.
Et, pour nous, si ces modifications sont adoptées, la pression sur les jeunes
va augmenter, ce qui va compromettre l'équilibre
entre le travail, études, vie personnelle, et qui va affecter aussi leur santé
physique et mentale, avec une hausse d'accidents, parce que plus on
travaille, plus il y a des risques d'accidents de travail, mais aussi en termes
de santé physique, parce que c'est un risque. On est en train d'augmenter le
risque d'épuisement.
Donc,
pour conclure, Mme la Présidente, je vous ai dit qu'il y a des dispositions
dans ce projet de loi avec lesquelles on est d'accord, pour lesquelles on est
pour qu'on se lance dans l'étude du projet de loi. Mais nous allons mener une
grande bataille, c'est celle de revoir, voire complètement écarter les
dispositions en ce qui concerne la déréglementation d'heures d'ouverture
parce qu'il faut protéger la viabilité de nos commerces ici face aux géants
américains.
Et je le répète... En
fait, je n'ai pas eu la chance de le dire, mais les seuls détaillants qui se
sont réjouis de cette nouvelle, c'étaient les Walmart de ce monde, qui
semblaient être à l'origine, en fait, ce qu'on croit, de cette demande. Alors même que le premier ministre, quand il était
en mission à Washington, nous disait qu'il fallait défendre l'économie
québécoise puis se tenir debout pour nos commerces locaux, les dispositions
vont à l'encontre de ce souhait-là. On doit assurer la santé, la sécurité et la
conciliation travail-études-vie personnelle pour nos travailleurs et
travailleuses et pour nos jeunes. Il faut qu'on soit capables d'avoir des
dispositions qui assurent la réussite scolaire. Et c'est pour ça qu'on demande
le retrait de ces articles-là. Et c'est la plus grande bataille qu'on va mener dans
le cadre de l'étude du projet de loi. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
le projet de loi n° 85? Il n'y a pas d'autres interventions?
Mise aux voix
Donc, le
principe du projet de loi n° 85, Loi
modifiant diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du
fardeau réglementaire et administratif, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la Commission de
l'économie et du travail
M. Lévesque (Chapleau) : Merci, Mme
la Présidente. Donc, conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 85, la Loi modifiant diverses
dispositions principalement aux fins d'allègement du fardeau
réglementaire et administratif, soit déféré à la Commission de l'économie et du
travail pour son étude détaillée et que le ministre délégué à l'Économie soit
membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Motion adoptée. M. le leader, pouvez-vous nous
indiquer la suite de nos travaux?
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 1 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 83
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui.
À l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné le
13 février 2025 sur l'adoption du principe du projet de loi n° 83, Loi favorisant l'exercice de la médecine au sein du réseau public de la
santé et des services sociaux.
M. le... Bon. Mme la députée, Mme la députée
de... voyons, La Pinière, je vous cède la parole.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Alors, ça fait plaisir de prendre la parole pour l'adoption du
principe du projet de loi n° 83, Loi
favorisant l'exercice de la médecine au sein du réseau public de la santé et
des services sociaux.
Et je vous
dirais d'entrée de jeu, Mme la Présidente, que l'écart est grand entre le titre
du projet de loi et le contenu du projet de loi et ce qu'il pourrait réussir à
faire. Je vais me permettre de lire le premier article du projet de loi.
La Loi sur l'assurance maladie est modifiée par
l'insertion, après l'article 26, du suivant — alors :
«27. Pour
pouvoir se prévaloir de l'article 26 — évidemment
de la Loi sur l'assurance maladie — afin
de devenir un professionnel non participant — c'est-à-dire de ne pas
participer au réseau public — un médecin doit d'abord avoir été un
médecin soumis à l'application d'une entente pendant cinq ans.
«Le médecin qui, alors qu'il ne peut se
prévaloir de l'article 26 pour devenir un professionnel non participant, exige ou reçoit pour un service assuré une
rémunération autre que celle prévue à une entente commet une infraction et est passible
d'une amende de 20 000 $ à 100 000 $ et, en cas de
récidive, d'une amende de 40 000 $ à 200 000 $.»
C'est une entente... c'est un projet de loi qui
a été élaboré sans consultation des parties prenantes. La Fédération médicale
étudiante du Québec est venue nous le dire d'une façon très directe et très
claire, en nous disant, et je reprends ses
mots, que c'est un projet de loi qui semble avoir été fait... je
dis «qui semble» pour être plus polie, mais ce qui a été dit, c'est
qu'il a été fait sur un coin de table, et que c'est la solution politique
facile, et que ça ne va pas régler le départ de certains médecins du réseau
public.
Pourquoi solution facile, solution politique
facile? Parce que, lorsqu'on dit qu'on va obliger les médecins, les jeunes
médecins à travailler pendant cinq ans dans le réseau public au Québec après la
fin de leurs études, ça semble une bonne
idée. On se dirait : Bon, bien, tant mieux, on manque de médecins, puis
là, au moins, ceux-là, ils vont travailler pendant cinq ans dans le réseau
public. Ça semble une bonne idée. Comme l'expression le dit, une fausse bonne
idée, c'est ce qu'on a entendu en commission
parlementaire, Mme la Présidente. Tous les groupes qui sont venus en commission
parlementaire présenter leur mémoire nous ont dit que ça ne fonctionnerait pas.
Ça ne fonctionnerait pas, d'abord, l'approche
punitive, les... Dans le projet de loi, on ne dit pas que les amendes de 20 000 $ à 100 000 $ pour
un médecin qui aurait fait un acte médical qui est normalement payé par la RAMQ
mais qui l'aurait fait en dehors de la RAMQ, donc dans le privé, alors
qu'il n'a pas le droit de le faire parce que ça ne fait pas encore cinq ans
qu'il pratique, dans le cadre... si ce projet de loi était adopté, qu'en cas de
récidive l'amende serait... pourrait passer de 40 000 $ à
200 000 $. On ne dit pas, dans le projet de loi, que c'est par jour
et par acte médical, mais le ministre l'a dit lui-même en entrevue que ce
serait par jour et par acte médical. Alors, comment pensons-nous qu'un jeune
médecin, même s'il fait un salaire plus élevé que la moyenne, va pouvoir
continuer de pratiquer avec de telles amendes? On pourrait dire : Bien
oui, justement, on ne veut pas qu'il sorte du réseau privé, donc les amendes
vont fonctionner. Non, la méthode coercitive ne fonctionne pas, c'est ce qu'on
est venus nous dire.
Et
ce que les étudiants en médecine nous ont dit, c'est : Au lieu de
gaspiller — c'est
le mot qui a été utilisé — du
temps de parlementaires, de la fonction publique à travailler sur un projet de loi
comme cela, qui ne va pas atteindre ses objectifs, travaillons donc sur les
causes qui poussent les médecins à vouloir sortir du réseau, parce que, ce
qu'on nous a dit, tous médecins confondus, leur objectif, c'est de soigner la
population, et leur objectif, c'est de travailler dans le réseau, mais encore
faut-il qu'on leur donne les conditions qui leur permettent de travailler dans
le réseau. Et, là-dessus, ce qu'on a entendu, c'est que, même si un médecin
travaille dans le réseau, si on ne lui donne pas accès au plateau pour faire
des chirurgies, s'il n'a pas le personnel, que ce soient des infirmières ou
autres, autour pour lui permettre d'utiliser le plateau et faire des
chirurgies, bien, il ne peut pas les faire. Alors, le chirurgien se trouve à faire
une, deux, trois chirurgies par semaine ou par mois, alors qu'il pourrait en
faire 20 s'il avait... 20 par semaine s'il avait l'équipe autour. On nous a
même dit que, dans certains cas, les médecins ne peuvent pas faire des
chirurgies parce qu'il n'y a pas de personnel pour donner des rendez-vous.
C'est vraiment l'absurde. Il n'y a pas de personnel pour donner les rendez-vous
aux patients qui sont malades et qui attendent leur chirurgie.
Alors, dans ce
contexte-là, si on adopte le projet de loi tel quel et qu'on oblige les jeunes
médecins à travailler au moins cinq ans dans le réseau, bien, j'ai posé la
question à la Fédération des médecins spécialistes du Québec en consultations,
est-ce que ça veut dire qu'on va avoir des médecins qui vont se tourner les
pouces pendant qu'ils sont dans le réseau
public parce qu'ils n'ont pas accès aux plateaux, au matériel et aux ressources
humaines pour leur permettre de pratiquer? Et la réponse a été, pour la
grande majorité, oui, imaginez-vous.
Alors, ce projet de
loi qui a été présenté sans consultation des parties prenantes, qui fait
l'unanimité contre lui, pas contre
l'objectif parce que tout le monde est pour renforcer le système public, tout
le monde est pour que les médecins pratiquent dans le système public, bien,
les gens qui sont sur le terrain reconnaissent que, pour y parvenir, il faut
réparer le réseau. Il faut donner la base
pour que les médecins puissent mettre leur expertise au service de la
population et soigner la population, mais ce projet de loi ne va pas y
arriver, le projet de loi tel quel. On verra s'il y a des amendements. J'espère
que le gouvernement va apporter des amendements à ce projet de loi là et qu'ils
vont accepter les amendements de la part des partis de l'opposition, mais c'est
clair que ça ne va pas fonctionner.
• (11 heures) •
Non
seulement ça, ça risque d'avoir des effets pervers qui vont empirer la
situation, et, quand je parle d'effets pervers, dans toute politique publique,
même la meilleure politique publique... Politique publique, ça peut être un
projet de loi, ça peut être une
directive, ça peut être un programme. La meilleure politique publique, bien
réfléchie, peut avoir des effets pervers inattendus. C'est la nature des
politiques publiques. Dans ce cas-ci, les effets pervers sont déjà identifiés
si le projet de loi est adopté tel quel.
Par exemple, on a des
jeunes médecins, là, d'ailleurs, parmi ceux qui étaient en commission
parlementaire durant les consultations, qui nous ont dit à ce moment-là :
Dans neuf jours, nous, on choisit où on va aller pour notre résidence. Pensez-vous qu'ils ont l'esprit
tranquille et l'assurance de dire : Bien, moi, je... c'est sûr que je
reste au Québec pour ma résidence? Oh! un pensez-y-bien, là. Ceux qui
sont en quatrième année, est-ce que, tout d'un coup, tout va changer, puis on
va les obliger à pratiquer dans le public dans l'état où le public est en ce
moment? Parce qu'ils nous ont tous dit, ils veulent faire leur carrière dans le
public. Mais, s'ils arrivent dans un milieu de pratique où on revient 20 ans, 25 ans en arrière... Écoutez,
même du matériel qui ne fonctionne pas ou qui arrête de fonctionner en cours de
chirurgie, ça n'a pas de bon sens. Ça n'a aucun sens.
N'oublions pas que
les médecins sont là pour soigner. Ils veulent soigner la population le mieux
possible. Alors, quand ils voient qu'ils
n'ont pas le... soit qu'ils ont du vieux matériel ou du matériel, parce qu'il a
un certain âge, ne fonctionne pas ou
est intermittent, bien, ils ne se sentent pas en... ils ne sentent pas en confiance
pour que le traitement ou l'intervention qu'ils sont en train de
réaliser soit bonne pour le patient. Et les médecins sont formés pour prendre,
on nous l'a bien dit... prendre une décision basée sur les faits. Ils
établissent un diagnostic après avoir analysé les symptômes, et ce qu'ils
veulent, c'est de corriger la cause et non pas juste le symptôme. On nous l'a
dit et redit en commission parlementaire.
Une autre chose, un
autre effet porc-épic, je dirais, qui hérisse les médecins, c'est que ce qui
pourrait arriver, les médecins qui vont
dire... puis qui n'ont pas le choix, là, ils doivent signer... ils devraient
signer une entente, si le projet de loi est adopté tel quel, pour
pratiquer pendant... être obligés de pratiquer pendant cinq ans dans le réseau
public à la fin de leurs études, bien, ils risquent de dire : Si les
conditions de pratique... Si les conditions de pratique sont bonnes, aucun
problème, ils vont continuer pendant 30 ans. Mais, si les conditions de
pratique ne sont pas bonnes, pendant ces cinq premières années là, comme elles
ne sont pas bonnes actuellement, si ça ne s'améliore pas, bien, ils vont
dire : Oh! moi, j'ai hâte au bout de mon cinq ans, au bout de mon cinq
ans, je vais avoir fait mon temps, payé ma dette à la société puis je m'en vais dans le privé. Exactement ce qu'on ne veut pas
qui arrive. Exactement ce que le gouvernement ne veut pas voir arriver. On est
tous unanimes, en cette Chambre, qu'on ne veut pas que le système public se
vide complètement pour aller vers le privé.
C'est quand même
quelque chose d'important dans nos valeurs et puis dans notre... dans notre
contrat social, l'assurance médicaments, la régie de l'assurance médicaments.
Et ça m'amène à faire un petit retour en arrière qui a été fait par
Mme Lagacé Dowson, qui est venue en commission parlementaire. Lorsque
l'assurance maladie a été créée, il y a eu une clause qui a permis aux médecins
qui ne voulaient pas adhérer au réseau public de continuer de pratiquer à
l'extérieur du réseau public. Et c'est problématique. Il y a encore des relents
de cela. Alors, est-ce que, vraiment, on veut continuer avec ça? Pourquoi on
vise uniquement les jeunes médecins, mais pas les autres? C'est une discussion
à avoir, une réflexion à avoir là-dessus pour que ce soit juste pour tout le
monde.
Ce que les étudiants en médecine nous ont dit
aussi : Écoutez, on n'est pas... la médecine, ce n'est pas la seule
profession, dans le domaine de la santé, qui est... n'arrive pas à pratiquer
dans le réseau. Pourquoi vise-t-on uniquement les médecins? On manque de
pharmaciens, on manque de psychologues, on manque d'infirmières, on manque d'à
peu près toutes les professions dans la santé. Pourquoi
on cible uniquement les médecins? Alors, c'est aussi une question à se poser.
C'est aussi important d'y réfléchir avant d'instaurer une règle qui cible
uniquement un groupe.
Et j'avoue
que j'étais... j'avais de l'empathie pour les étudiants en médecine qui étaient
en commission parlementaire, qui se sont fait dire par des députés de la partie
gouvernementale à quelques reprises : Mais vous ne pensez pas qu'avec
les 5 000 personnes qui veulent entrer à la Faculté de médecine qu'il
y en au moins 1 000, parce qu'il y en a 1 000 qui sont acceptés...
vous ne pensez pas que, parmi les 5 000, il y en aurait au moins
1 000 qui sont prêts à s'engager pour le
réseau de la santé public? Alors, c'est comme dire à ceux qui sont là :
Bien, vous, vous n'êtes pas vraiment engagés, là, vous, tu sais, passez,
là, puis au suivant, il y en a un qui va vouloir venir. Je ne sais pas, moi,
mais je trouve ça insultant pour ces jeunes
médecins là, alors qu'on les voyait... Je dirais que l'intelligence leur
sortait par les yeux, tellement ils étaient éloquents, mais ce sont les
meilleurs qu'on veut.
Moi, si j'ai besoin de me faire opérer, là,
bien, je serais contente, je serais plus rassurée de savoir que le médecin qui va m'opérer, c'est la crème de la crème. Il y
en a eu 5 000 qui ont voulu entrer en médecine dans sa cohorte. On a
retenu les 1 000 meilleurs. Bien, j'aime mieux que ce soient
ces 1 000 meilleurs là qui m'opèrent, moi, que ceux qui auraient bien
voulu entrer en médecine, mais qui n'ont peut-être pas les compétences
nécessaires pour le faire.
Alors, je pense qu'il faut... Dans l'étude de ce
projet de loi, dans l'analyse, l'étude article par article, je pense qu'il faudra prendre un pas de recul, là, puis
écouter, être à l'écoute de ce qui nous a été dit, parce que, je le redis, on
est tous d'accord pour renforcer le réseau public. On est tous d'accord
pour que les médecins pratiquent majoritairement, sinon à 100 % dans le
réseau public, mais mettons-les pas dans des conditions impossibles. Quel que
soit le domaine d'activité, si on met les gens dans une situation impossible,
ils ne vont pas livrer la marchandise ou, alors, s'ils livrent la marchandise,
théoriquement, ils vont faire beaucoup de mal sur le terrain.
Regardons, par exemple, juste l'exemple de Santé
Québec. On leur dit : Vous allez gérer les opérations dans le domaine...
dans le réseau de la santé au Québec en suivant des directives ministérielles.
Première chose qu'on leur demande de faire, couper 1,5 milliard. Bien, on
vient de les mettre presque K.-O. Ils vont le faire sûrement, mais ce qu'on
entend dans les CISSS et les CIUSSS, avec toutes les coupures de postes qu'on
voit dans les journaux, ça affecte directement les... ça affecte directement la
population, la santé de la population.
• (11 h 10) •
Alors, si on met les médecins... les jeunes
médecins dans une situation impossible, il faut que vous travailliez dans le
réseau, puis qu'on n'améliore rien autour, ils ne vont pas performer mieux. Ils
ne vont pas... Ils ne vont pas en faire plus, de chirurgies, s'ils n'ont pas
les plateaux, même s'ils sont dans le réseau. Alors, on s'attend à quoi d'eux?
Qu'ils s'assoient, qu'ils fassent de la paperasse, qu'ils se tournent les
pouces, qu'ils jouent aux cartes parce qu'ils ne peuvent pas aller opérer? Ils
vont perdre tout ce qu'ils ont appris, toutes leurs compétences. Ça n'a pas de
sens. Ça n'a vraiment pas de sens.
Alors, l'objectif du projet de loi est très bon,
c'est... Je disais, au début, l'intitulé... Il y a un grand écart entre
l'intitulé du projet de loi puis ce qu'il risque de faire avec ce qui est
inclus dans les articles du projet de loi, mais attardons-nous à l'objectif de
favoriser l'exercice de la médecine au sein du réseau public, favoriser
l'exercice de la médecine, donc s'assurer que ça fonctionne dans les hôpitaux,
dans les cliniques, dans les salles d'opération, s'assurer que les médecins de
tout âge et les ordres professionnels de la santé puissent se... puissent
mettre leurs compétences, leurs spécialités au service de la population dans le
réseau public. Donnons-leur les outils pour faire ça.
L'un des
groupes nous disait... disait, en fait, au ministre de la Santé : Vous
avez établi un plan avec quatre piliers,
pourquoi vous ne travaillez pas sur ça plutôt que de venir proposer un projet
de loi comme celui-ci? Je pense que c'est important de réfléchir à ce
qui nous a été dit en commission parlementaire pour apporter des amendements à
ce projet de loi puis pour étudier le projet de loi article par article.
Une chose
qu'on a beaucoup entendue pendant le projet de loi, pendant l'étude, pendant
les consultations, je dirais, c'est que le Collège des médecins était
d'accord et trouvait que le projet de loi n'allait pas assez loin. On laissait
planer une information comme quoi le Collège des médecins disait... était prêt
à aller même jusqu'à 10 ans. Je ne sais pas si le Collège des médecins avait vraiment... s'était vraiment positionné de cette
façon-là, peut-être que oui. Si c'est le cas, clairement, le Collège des
médecins a pris un pas de recul en
entendant les autres groupes qui sont venus présenter leurs mémoires, parce qu'ils ne nous ont pas dit qu'ils
étaient pour les mesures coercitives. Ils sont d'accord pour renforcer la
présence des médecins dans le réseau public, mais ils ne sont pas d'accord avec
les mesures coercitives puis ils ne sont pas d'accord pour empêcher les
médecins formés au Québec d'exercer hors territoire, hors du Québec.
Pourquoi? Bien, parce qu'on a des médecins qui
vont... des médecins qui terminent leurs études, qui veulent aller faire leur
résidence dans une autre province parce que, selon leur spécialité, il y a un
programme de jumelage... je devrais dire...
j'aurais dû dire ça en premier, il y a un programme de jumelage pancanadien qui
existe, qui permet aux médecins finissants d'aller faire leur
spécialité, leur résidence dans le domaine qu'ils veulent, dans lequel ils
veulent se spécialiser, donc d'aller faire leur résidence au Québec ou dans une
autre province. Et c'est très compétitif, et puis ils vont aller, bien, là où on leur offre la possibilité de faire la
résidence dans leur domaine de spécialité. Et c'est la même chose, il y
a des médecins qui sont formés hors Québec qui peuvent venir faire leur
résidence au Québec parce que, dans un de
nos centres hospitaliers universitaires, on leur permet d'apprendre davantage
sur leur spécialité. Donc, il y a un échange de cette façon-là.
Bien là, tout à l'heure, j'ai dit que les
médecins québécois, là, qui sont... les finissants qui sont à la veille de
choisir où ils vont faire leur résidence, là, qu'ils se demandent : Bien,
est-ce que... si la loi passe pendant que je fais ma résidence ou avant que je l'aie commencée, est-ce que je vais être
pris avec des pénalités comme ça si je ne reviens pas tout de suite au
Québec après? Bien, il y a aussi le fait que les médecins qui ont été formés à
l'extérieur, qui viendraient faire leur résidence au Québec et qui voudraient
retourner dans leur province pour pratiquer, tout comme les résidents du Québec qui voudraient
revenir au Québec pour pratiquer ici... bien là, ces résidents hors province,
pensez-vous qu'ils vont avoir le goût de venir au Québec, avec une épée de
Damoclès comme ça qui peut leur pendre au-dessus de la tête?
Puis,
les médecins diplômés au Québec qui veulent faire un fellowship aux États-Unis
pour une surspécialisation, c'est
fort possible qu'après leur fellowship peut-être qu'ils vont vouloir travailler
un petit peu plus aux États-Unis avant de revenir au Québec. Bien là,
pensez-vous qu'ils vont vouloir faire des études au Québec s'ils savent qu'ils
vont avoir des amendes comme ça qui vont leur être imposées s'ils vont faire un
fellowship et qu'ils restent un petit peu plus longtemps? Il y a plein de situations qui peuvent se présenter aussi,
dans la vie, là, pour les personnes, même, qui sont ici, au Québec, qui ne vont pas faire un fellowship à
l'extérieur, qui restent toujours au Québec. Qu'en est-il des congés parentaux?
Qu'en est-il des congés de maladie?
Et, en plus, on veut
faire signer ça à des jeunes qui commencent leurs études en médecine, là, à peu
près à l'âge de 19 ans. Ils vont
s'engager pour... puis on sait que les études en médecine sont longues, alors
qu'ils vont s'engager pour plusieurs
années en avant. On ne connaît pas la vie, il n'y a personne qui connaît la
vie, ce qui peut nous tomber dessus : un proche qui tombe malade,
quelqu'un qui tombe en amour puis qui veut aller vivre avec son conjoint ou sa
conjointe à l'extérieur du Québec.
Il y a tout plein de
situations, puis je comprends qu'on ne peut pas imaginer toutes les situations,
mais on sait qu'il y en a qui ne pourront pas respecter le contrat. Qu'est-ce
qui va leur arriver? Puis un étudiant qui commence la médecine à 19 ans,
ça se pourrait qu'au bout d'un an, un an et demi, il se dise : Ce n'est
pas fait pour moi, ça, je pense que je ne suis pas fait pour ça, je veux faire
un changement de carrière. Il va avoir signé, il va s'être engagé à travailler
cinq ans dans le réseau de la santé. Alors, est-ce qu'on va le garder à cause
des contraintes qui sont prévues dans ce projet
de loi? Est-ce qu'on va garder des gens qui se disent : Finalement, ce n'est pas pour
moi, mais qui vont poursuivre leurs
études, et qui n'auront pas le coeur à faire ça, et finalement qui ne seront
pas heureux dans le réseau, puis ce ne sera pas nécessairement heureux
pour leurs patients non plus?
On veut les
meilleurs. On veut leur donner les meilleures conditions d'exercer puis on veut
donner les meilleurs soins à la population
dans le réseau public. Bien, travaillons à réparer le réseau public et soyons
cohérents avec nous-mêmes, parce que,
la semaine avant même de déposer ce projet de loi, le ministre annonçait encore
des CMS. Alors, est-ce qu'on en veut, du privé, ou est-ce qu'on veut
encourager le public?
Il
y a vraiment, vraiment une réflexion à y avoir avant de procéder à l'étude
détaillée de ce projet de loi, à mon avis. J'imagine et j'espère qu'il y aura
des amendements qui seront discutés, parce que c'est trop important. Les retombées
ou les conséquences de ce projet de loi, tel qu'il est écrit, sont trop
importantes pour qu'on fasse fi de tout ce qui nous a été dit en commission parlementaire par des gens qui connaissent le
milieu, qui sont dans le milieu tous les jours, par des gens qui veulent
s'engager pour le réseau public, mais qu'on repousse, qu'on rebute avec des
mesures ciblées comme celles qui sont dans le projet de loi.
Je dirais :
Ayons la sagesse d'écouter ce qu'ils nous ont dit, de travailler, vraiment, de
se concentrer à améliorer prioritairement le réseau de la santé, les conditions
d'exercice dans le réseau de la santé pour que les médecins soient capables de
pratiquer parce qu'il y aura suffisamment de personnel pour donner les
rendez-vous, il y aura suffisamment d'infirmières pour travailler avec les
médecins dans la salle d'opération, il y aura suffisamment de brancardiers ou
de personnel pour nettoyer les salles d'opération pour pouvoir opérer une autre
personne après, concentrons-nous sur cela et
sur le matériel, un matériel à la fine pointe. On n'est peut-être pas obligés
d'avoir ce qui est toujours le plus, plus, plus, mais ayons au moins du
matériel moderne, qui fonctionne, qui est en état de fonctionner, et pas du
matériel intermittent comme ce dont on nous a parlé.
• (11 h 20) •
Et, quand on aura
fait ça, on va voir que les médecins et les autres professionnels vont vouloir
rester, parce qu'ils vont dire : Enfin, je peux m'acquitter de mes
responsabilités, je peux faire du bien, je peux soigner la population, répondre
aux besoins de la population, parce qu'en fin de compte c'est juste ça... c'est
tout ça et c'est juste ça qu'ils demandent, et je sais que c'est ce que le
ministre veut aussi, de répondre à la population et de soigner. On veut tous ça
en cette Chambre et dans la population.
Alors, concentrons-nous sur les conditions gagnantes pour que ça réussisse, pour
garder les médecins et les autres professionnels de la santé dans le réseau
public. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mise aux voix
Comme
il n'y a pas d'autre intervention, le projet... le principe du projet de loi n° 83, Loi favorisant l'exercice de la médecine au sein du
réseau public de la santé et des services sociaux, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Une voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Adopté sur division. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la Commission de la santé et des services sociaux
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Nos travaux vont bon train. Et donc, conformément à
l'article 243 de notre règlement, je fais motion afin que le projet de loi
n° 83, la Loi favorisant l'exercice de la médecine
au sein du réseau public de la santé et des services sociaux, soit déféré à la
Commission de la santé et des services sociaux pour son étude détaillée et que
le ministre de la Santé soit membre de ladite commission pour la durée du
mandat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Cette motion est-elle adoptée? Motion
adoptée. Je vous recède la parole, M. le leader, pour nous indiquer la suite de
nos travaux.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je vous demanderais d'appeler l'article 63
du feuilleton.
Projet de loi n° 213
Adoption du principe
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, à l'article 63 du feuilleton, Mme la
députée de Saint-François propose l'adoption du principe du projet de loi
n° 213, Loi concernant certains immeubles situés dans la Municipalité de
Dixville.
Madame... Y a-t-il
des interventions? Il n'y a pas d'intervention.
Mise aux voix
Le principe du projet
de loi n° 213, Loi concernant certains immeubles
situés dans la Municipalité de Dixville, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Adopté. M. le leader adjoint, la suite, s'il vous plaît.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci. Je vous demanderais d'appeler de nouveau
l'article 63, s'il vous plaît, Mme la Présidente.
Adoption
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Donc, Mme la députée de Saint-François propose
l'adoption du projet de loi n° 213, Loi concernant certains
immeubles situés dans la Municipalité de Dixville. Est-ce qu'il y a des interventions? Mme la députée de
Saint-François, je vous cède la parole.
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : Merci,
Mme la Présidente. Vous me voyez très heureuse de prendre la parole aujourd'hui
pour l'adoption du projet de loi privé n° 213. C'est
une loi qui concerne certains immeubles situés dans la municipalité de Dixville,
une petite localité limitrophe aux frontières américaines, comptant un peu
moins de 800 habitants, qui sont situés dans la MRC de Coaticook, en
Estrie.
Vous savez, Mme la
Présidente, ce projet de loi ne se limite pas à corriger une irrégularité
administrative, il trace une voie pour revitaliser le coeur villageois,
répondre à des besoins criants en logement et infrastructures et redonner vie à
un patrimoine qui a longtemps servi la communauté.
Permettez-moi d'abord
de rappeler le contexte et les raisons pour l'adoption de ce projet de loi. Le
terrain et les immeubles en question ont été acquis en 2003 par le Centre de
réadaptation en déficience intellectuelle et en troubles envahissants du
développement de l'Estrie, alors connu sous le nom de Centre d'accueil Dixville
inc. Cette acquisition, bien qu'animée par des bonnes intentions à l'époque,
s'est réalisée sans les autorisations prévues par l'article 260 de la loi
sur les services sociaux. Alors, par conséquent, l'acte de cession devenait
invalide. Donc, depuis l'acquisition, cette irrégularité juridique a pesé comme
un obstacle sur le développement de la municipalité.
Alors,
Mme la Présidente, depuis sa fondation, en 1965, l'histoire du Centre d'accueil
Dixville est étroitement reliée à celle de la communauté. Ce centre a
été un pilier pour les personnes vivant avec une déficience intellectuelle ou
des troubles envahissants du développement, et son legs demeure ancré dans la
mémoire des citoyens.
Or, la vocation de
ces immeubles doit maintenant évoluer pour répondre aux besoins actuels et
futurs de la communauté. La municipalité a déjà racheté les terrains et les
bâtiments concernés avec l'objectif clair de dynamiser le village. Par les projets envisagés, bien, on retrouve le déménagement
des bureaux municipaux, qui manquent cruellement d'espace dans l'hôtel
de ville actuel, la création d'espaces communautaires pour accueillir des
activités qui enrichiront la vie sociale et
culturelle des citoyens, le soutien de la croissance démographique en offrant
de nouveaux locaux à l'école primaire
Sancta-Maria, la régularisation des infrastructures municipales vieillissantes
qui nécessitent des investissements urgents et surtout la construction
de logements abordables, un besoin criant pour cette municipalité, comme dans
beaucoup d'autres au Québec.
Ces projets sont des
solutions concrètes à des défis bien réels. En matière de logement, Dixville
présente un parc locatif le plus
vieillissant de la MRC de Coaticook et des loyers parmi les plus élevés de la
région. Il est donc urgent de bonifier l'offre locative pour
l'habitation abordable. De plus, ces développements s'inscrivent dans une
vision plus large de la revitalisation du
coeur villageois historique. Je tiens à rappeler qu'ils ont même fêté l'été
dernier leur 150e anniversaire.
L'acquisition des terrains permettra le maintien
des services de proximité, la protection d'un patrimoine précieux et la préservation des paysages naturels,
dont le parc John-Visser, qui font la beauté de la place. Bref, ce projet
de loi aura un effet positif direct sur la qualité de vie des citoyens et celle
des générations futures.
En terminant, Mme la Présidente, j'aimerais
remercier les personnes qui ont travaillé à rendre possible l'adoption de ce
projet de loi, soit le leader du gouvernement et ministre de la Justice, Simon
Jolin-Barrette... — oups!
excusez-moi — ainsi que son équipe, dont Mme Annie Desnoyer
et Jean-Charles Duchetto, pour leur accompagnement tout au long du
processus. Je tiens aussi à remercier de la confiance de Mme la mairesse,
Mme Bouchard, qui est aussi la doyenne
des mairesses au Québec, et de son directeur général, M. Sylvain Benoit,
ainsi que j'aimerais saluer toute la communauté de Dixville, qui a su
garder espoir malgré les obstacles.
Donc, comme
mentionné précédemment, ce projet de loi ne fait pas seulement corriger une
irrégularité administrative, il ouvre
la porte à un avenir prometteur pour les citoyens de cette charmante
municipalité dont l'ambition des projets n'a pas d'égale que la
résilience de ceux qui les portent. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée de
Saint-François. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Non?
Mise
aux voix
Donc, le
projet de loi n° 213, Loi concernant
certains immeubles situés dans la Municipalité de Dixville, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
M. le leader du gouvernement, pour la suite de nos travaux.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Au risque
de me répéter, nos travaux vont bon train, et je vous demanderais
d'appeler l'article 64 du feuilleton, s'il vous plaît.
Motions
du gouvernement
Motion
proposant que l'Assemblée approuve
la Décision n° 1/2024
du Comité mixte de
la reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles du 10 octobre 2024
établissant un accord de
reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles
pour les architectes dans le cadre de l'Accord économique et commercial
global entre le Canada et l'Union européenne et ses États membres
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci. Donc, à l'article 64 du feuilleton,
l'Assemblée procédera maintenant au
débat sur la motion inscrite à l'article 64 du feuilleton faisant suite au
dépôt par Mme la ministre des
Relations internationales et de la
Francophonie, le 28 janvier
2025, d'un engagement international. Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale approuve la Décision
n° 1/2024 du Comité mixte de la reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles du
10 octobre 2024 établissant un accord de reconnaissance mutuelle des
qualifications professionnelles pour
les architectes dans le cadre de l'Accord économique et commercial global entre
le Canada et l'Union européenne et ses États membres.»
Je vous rappelle qu'en vertu de
l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations internationales
cette motion donne lieu à un débat restreint
de deux heures. La répartition des temps de parole dans le cadre de ce
débat s'effectuera comme suit :
57 minutes sont allouées au groupe formant le gouvernement,
31 min 4 s sont allouées au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 20 min 34 s sont allouées au deuxième
groupe d'opposition, 6 min 51 s sont allouées au troisième groupe d'opposition,
1 min 30 s sont allouées à chacun des députés indépendants. Dans
le cadre de ce débat, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par
l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires selon la proportion établie
précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront soumises
à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle aux députés indépendants que,
s'ils souhaitent intervenir dans ce débat, ils ont 10 minutes à partir de
maintenant pour en aviser la présidence.
• (11 h 30) •
Je cède maintenant la parole à M. le député de Saint-Jean.
M. Louis
Lemieux
M.
Lemieux : Merci beaucoup, Mme la Présidente. C'est avec
plaisir que je propose aujourd'hui à cette Assemblée, pour son approbation, au nom de ma collègue la
députée de Chutes-de-la-Chaudière et ministre des Relations internationales et de la Francophonie, donc... de proposer l'approbation de
la Décision n° 1/2024 du Comité mixte de la reconnaissance mutuelle des
qualifications professionnelles du 10 octobre 2024 établissant un accord
de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles pour les
architectes dans le cadre de l'Accord économique et commercial global entre le
Canada et l'Union européenne et ses États membres, mieux connu sous l'acronyme
de AECG, il va y avoir beaucoup d'acronymes et de choses qui paraissent
compliquées, mais elles sont tellement importantes, dans ce qui suit, Mme la Présidente, parce que l'AECG, c'est le premier accord
de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles — on
va appeler ça un ARM — découlant
du chapitre 11 de l'AECG, chapitre spécifiquement dédié à ce type
d'accord. La mise en oeuvre de cet
engagement international aura des retombées positives pour le Québec et ses
partenaires européens. Il stimulera la mobilité professionnelle en
facilitant les démarches des architectes québécois souhaitant pratiquer dans un État membre de l'Union européenne et celles
des architectes européens souhaitant exercer leur profession au Québec.
La décision
du comité mixte constitue un engagement international important pour le Québec,
au sens de l'article 22.2 de la Loi sur le ministère des Relations
internationales, parce qu'elle exige des modifications législatives au Québec.
Et voilà pourquoi nous sommes ici, en tout cas, maintenant.
À titre de rappel, les négociations sur l'AECG
se sont conclues en septembre 2014, et l'accord a été signé par le Canada
et l'Union européenne le 30 octobre 2016. L'accord est ensuite entré en
vigueur de manière provisoire le 21 septembre 2017. À cet égard,
d'ailleurs, le gouvernement du Québec a donné son assentiment à ce que le
Canada applique provisoirement l'AECG par le
décret 585-2017 du 14 juin 2017. Le gouvernement du Québec s'est
subséquemment déclaré lié par l'AECG, tel qu'il s'applique
provisoirement, au moyen du décret 806-2019 du 8 juillet 2019.
Sur le plan des relations internationales du Québec,
l'AECG aura permis un meilleur alignement entre l'Union européenne et le Québec au sein de forums internationaux. L'accord pave
d'ailleurs la voie au renforcement des relations institutionnelles du
Québec avec l'Europe, qui ont vu des avancées concrètes, telles que le
partenariat entre le Québec et le Comité européen des régions, que la ministre
des Relations internationales a annoncé en mars dernier, en marge d'un déplacement officiel en Belgique. La
coopération internationale entre le Québec et l'Europe poursuit sa croissance,
surtout dans des secteurs comme l'aérospatiale,
la santé, l'énergie, l'intelligence artificielle, la recherche et l'innovation.
Le gouvernement du Québec dispose aussi de neuf représentations dans les États
membres de l'Union européenne, qui accompagnent les entreprises et
l'ensemble des parties prenantes québécoises.
Mme la
Présidente, si la décision du Comité mixte de la reconnaissance mutuelle des
qualifications professionnelles établissant un accord de reconnaissance
mutuelle des qualifications professionnelles pour les architectes, découlant de
l'AECG, a été déposée, c'est en raison des exigences des articles 22.2 et
22.4 de la Loi sur le ministère des Relations internationales, qui reconnaît
que le rôle que joue l'Assemblée nationale en ce qui concerne l'approbation et
la mise en oeuvre des engagements internationaux du Québec est important.
Ce processus, prévu par la Loi sur le ministère
des Relations internationales et reflété par la pratique du gouvernement du
Québec en matière d'engagements internationaux, est fondé sur une doctrine qui
sous-tend la pratique du Québec en matière de relations internationales depuis
près de six décennies, la doctrine Gérin-Lajoie. Suivez-moi bien, c'est passionnant. Il s'agit de la vision énoncée en
avril 1965 par le ministre de l'Éducation de l'époque, M. Paul
Gérin-Lajoie, dans un discours prononcé devant le corps consulaire. Depuis
lors, cette vision est mieux connue comme la doctrine Gérin-Lajoie. Cette
doctrine s'appuie sur le principe du prolongement externe des compétences internes de l'État québécois. Elle affirme que ce
qui est de compétence du gouvernement du Québec sur son territoire est de
compétence québécoise à l'extérieur de ses frontières. C'est logique. Ça fait
60 ans que ça dure. En vertu de la doctrine
Gérin-Lajoie, le Québec dispose des assises pour négocier, conclure et mettre
en oeuvre de nombreuses ententes avec ses champs de compétences.
La doctrine Gérin-Lajoie constitue toujours la
pierre angulaire de l'action internationale du Québec et aussi de l'action de
son réseau de représentation à l'étranger. À ce jour, le Québec a conclu
845 ententes internationales dans autant de domaines qu'il y a de
compétences gouvernementales, dont 440 sont toujours en vigueur, ainsi que
264 actes concertés non conventionnels. Avec ses partenaires internationaux,
le gouvernement du Québec prend des mesures concrètes pour assurer
l'effectivité de ses engagements afin qu'ils produisent des droits pour ses
bénéficiaires.
De plus, le gouvernement du Québec veille aux
intérêts du Québec lors de la négociation par le gouvernement du Canada d'un
accord ou d'une convention internationale multilatérale portant sur des
matières qui relèvent de la compétence
constitutionnelle du Québec. Conformément au troisième alinéa de
l'article 22.1 de la Loi sur le ministère des Relations
internationales, le gouvernement du Québec doit, pour être lié par un
engagement international du Canada touchant
à la compétence constitutionnelle du Québec et pour donner son assentiment à ce
que le Canada se déclare lié par celui-ci, prendre un décret à cet effet.
Décret, c'est là où on s'en va.
Pour ce
faire, le gouvernement du Québec doit d'abord obtenir l'approbation de
l'Assemblée nationale du Québec, tel que prévu par l'article 22.4
de la Loi sur le ministère des Relations internationales. C'est pourquoi je
vous présente aujourd'hui, au nom de la
ministre des Relations internationales, cette décision du comité des ARM,
adoptée en application de l'AECG, qui touche aux questions de
réglementation de la main-d'oeuvre et du marché du travail.
Mme la Présidente, le Québec a une expérience
importante en matière d'entente de reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles. Ça, c'est RQP, pour les intimes du monde diplomatique, on
s'entend. Le Québec a été précurseur, en
2008, avec la signature d'une entente de RQP avec la République française.
Cette entente est un succès depuis plus de 15 ans, et 71 arrangements
de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles, les ARM,
ont été signés jusqu'à maintenant. Ces ARM auront permis à plus de
10 000 personnes de pouvoir exercer leurs professions, métiers ou fonctions de part et d'autre de
l'Atlantique. L'entente Québec-France constitue l'une des réalisations marquantes
des dernières années, au bénéfice de la
relation directe et privilégiée entre le Québec et la France. Le gouvernement
du Québec a également signé une entente de RQP avec la Confédération
suisse en juin 2022. Cinq ARM ont aussi été signés de manière concomitante à la conclusion de
cette entente internationale du Québec, et les discussions se poursuivent
afin d'ajouter de nouveaux ARM.
De
plus, le Québec poursuit des discussions avec d'autres pays partenaires pour la
signature de nouvelles ententes en RQP. Les accords de reconnaissance
mutuelle contribuent à féliciter... à faciliter l'attraction d'une
main-d'oeuvre qualifiée et l'intégration de
ces professionnels sur le marché du travail au Québec. Puisque le processus de
reconnaissance des qualifications est
simplifié par ces ARM, les personnes obtiennent leur reconnaissance plus
rapidement qu'en passant par la procédure régulière de reconnaissance
des qualifications qui exige une analyse de chaque dossier individuel. Ce processus leur permet d'accéder plus rapidement au
marché du travail dans leur domaine d'expertise. Les ARM favorisent aussi une mobilité accrue des professionnels du
Québec qui souhaitent pratiquer dans une autre juridiction. L'expérience
qu'ils auront acquise à l'étranger est un atout pour le Québec puisque ces
professionnels reviennent au pays avec un bagage de connaissances nouvelles qui
enrichiront les pratiques ici.
Maintenant que le comité
des accords de reconnaissance mutuelle a adopté la décision établissant un ARM
des architectes, le Québec entame parallèlement les démarches de mise en oeuvre
de cet engagement international qui implique une modification aux lois et
règlements du Québec afin de rendre l'ARM effectif sur son territoire. Et c'est
pour ça que nous sommes ici, pour l'instant en tout cas. Ces modifications
législatives ont été présentées à l'Assemblée nationale dans le cadre du dépôt
du projet de loi n° 85, le projet de loi en allègement du fardeau
administratif pour les entreprises, intitulé plus spécifiquement le projet de Loi
modifiant diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du fardeau
réglementaire et administratif, dont on a d'ailleurs adopté le principe ici ce
matin même.
Mme la Présidente, en
résumé, ça facilitera l'attraction d'une main-d'oeuvre hautement qualifiée qui
occupera des postes à hauts salaires. Selon une étude socioéconomique de
l'Ordre des architectes du Québec, qui brosse un portrait de l'évolution de la profession dans la prochaine décennie, le
salaire annuel moyen des architectes est de 98 801 $, sur la base de données de 2021. L'ARM permettra
aussi à des architectes québécois de pouvoir travailler plus facilement sur
des projets d'envergure en Europe. De manière globale, l'ARM des architectes
découlant de l'AECG contribuera à internationaliser davantage cet ordre
professionnel et enrichira ainsi l'action internationale du Québec.
En
définitive, l'adoption de cet ARM contribuera au rayonnement du Québec à
l'étranger, et à l'exportation de ses services professionnels, ainsi
qu'au renforcement des collaborations entre le Québec et ses partenaires
européens.
Mme la Présidente, je
propose en conséquence que l'Assemblée nationale approuve la Décision
n° 1/2024 du Comité mixte de la reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles du 10 octobre 2024 établissant un accord de
reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles pour les
architectes dans le cadre de l'Accord économique et commercial global entre le
Canada et l'Union européenne que je viens de vous présenter et de vous
expliquer et qui fait partie, en quelque sorte, du projet de loi n° 85
dont on vient d'adopter le principe et pour lequel l'étude article par article
en commission parlementaire est sur le point de débuter.
Mme la Présidente, je
vous remercie au nom de la ministre des Relations internationales.
• (11 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, je suis prête à reconnaître M. le député de l'Acadie.
M. André
Albert Morin
M. Morin : Merci, Mme la Présidente. Je suis heureux, ce
matin, de prendre la parole en cette Chambre relativement à la Décision
n° 1/2024 du Comité mixte de la reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles du 10 octobre
2024 établissant un accord de reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles pour les architectes dans
le cadre de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union
européenne et ses États membres. Et je vous dirai d'emblée, Mme la
Présidente, évidemment que nous sommes favorables, en accord avec, bien sûr, cette entente qui va permettre des échanges pour
les professionnels architectes entre le Québec et, évidemment, les pays
d'Europe, d'Union européenne.
C'est important
d'avoir ces accords, et au Québec on peut en être fiers. Et je vais un peu vous
parler, parce que mon collègue le député de Saint-Jean faisait référence à la
doctrine Gérin-Lajoie. Alors, c'est toujours agréable pour moi de parler de
cette doctrine, parce que Gérin-Lajoie a été un ministre très important, un
ministre libéral du cabinet de Jean Lesage,
et, effectivement, il avait cette vision pour le Québec
au sein de la fédération canadienne, mais, pour lui, le Québec devait pouvoir jouer un rôle de premier
plan au sein de ses compétences qui lui sont données par la Constitution,
que ce soit bien sûr au Canada mais aussi à
l'étranger. Et c'est un discours qu'il a prononcé, et à partir de cela,
évidemment, les actions du Québec ont été en ce sens, ce qui a permis au
Québec d'avoir son réseau de diplomates à l'étranger.
Vous le savez, nous
avons des délégués généraux, des représentants, des délégués dans plusieurs
pays. On en a aussi au sein de la fédération
canadienne mais dans plusieurs pays, que ce soit aux États-Unis, en Asie, en
Europe, et ça permet, ça permet au Québec d'avoir une fenêtre sur le
monde et de faire la promotion, évidemment, de ce qu'on fait, de notre économie, de notre culture. Et ça, c'est
particulièrement, particulièrement important. Et c'est grâce à la vision que Gérin-Lajoie
avait lorsqu'il était ministre dans le cabinet de M. Lesage.
Le Québec a toujours
continué dans cette voie-là, et il est important de le dire, il est important
de le souligner. Et je vous dirai que, notamment au niveau des accords entre
corps professionnels, je me rappelle le leadership de M. Jean Charest, qui avait à l'époque conclu une entente entre le
Barreau... les Barreaux de France et le Barreau du Québec pour permettre à la mobilité des membres du
Barreau d'exercer, que ce soit en France ou ici, au Québec. Donc, une autre
entente importante, et ça permet, évidemment, d'avoir de meilleures relations
avec tous ces pays.
Pourquoi je
vous parle de tout ça? Puis je reviendrai plus spécifiquement, tout à l'heure, à l'entente plus spécifique qui touche évidemment les
architectes, entente qui est très importante et pour laquelle nous sommes
favorables. Bien, je vous parle de tout ça parce que nous
connaissons très bien la situation présentement dans le monde, nous connaissons
très bien la situation aux États-Unis avec l'administration américaine. Et
moi-même, en cette Chambre, je soulignais à plusieurs reprises qu'il était
important pour le Québec de diversifier ses marchés, de faire en sorte qu'on
puisse développer des ententes, des ententes
économiques avec d'autres pays, qu'on puisse exporter, pas seulement aux
États-Unis, mais ailleurs dans le monde. Et donc, que nous ayons ces
ententes avec plusieurs pays, c'est fondamental. Et que la diplomatie
québécoise, que les fonctionnaires qui travaillent au ministère des Relations
internationales puissent faire ce travail, c'est évidemment fondamental pour le
positionnement du Québec, non seulement au sein de la fédération canadienne,
mais également dans le monde.
Je l'ai souligné, ces fonctionnaires font un
travail remarquable. Ils sont là pour défendre les intérêts et puis ils sont là d'abord pour le Québec. Et ça, ça
m'apparaît être très, très, très pertinent, très important. Puis il faut le
souligner, dans une période où nous
vivons, et c'est le moins qu'on puisse dire, au niveau économique, de
l'incertitude et un manque de prévisibilité, donc, c'est important que
ces gens-là qui travaillent pour le Québec le fassent, bien sûr, en
collaboration avec les diplomates des
Affaires étrangères du Canada, on a une place très importante au sein de la
fédération canadienne, mais qu'ils
agissent, évidemment, toujours dans les intérêts du Québec, ce qu'ils font avec
brio et grand professionnalisme.
Pourquoi, pourquoi je vous dis ça, puis pourquoi
c'est important de diversifier nos marchés? Bien, c'est pour que les Québécois,
les Québécoises puissent continuer de travailler, puissent continuer d'avoir
évidemment un niveau de vie qui est celui que l'on connaît et qui est
important.
Je vous
dirai, et le collègue le député de Saint-Jean y faisait référence tout à l'heure, si cette
entente-là peut être conclue, bien,
c'est en grande partie grâce à l'Accord économique et commercial global, ce
qu'on appelle... l'acronyme, c'est l'AECG, qui est un accord entre le
gouvernement canadien et l'Union européenne. C'est une entente qui est très
importante parce qu'elle couvre différents domaines, et puis je vous parlerai
dans quelques minutes de sa portée, mais ça permet entre autres l'échange de travailleurs
et de travailleuses entre l'Union européenne et le Québec. Le Québec est partie
à cette entente, donc ça devient effectivement très important de se positionner
correctement pour que les professionnels du Québec et, notamment ici, les
architectes puissent, bien sûr, en bénéficier.
C'est important aussi de parler de la portée de
cet accord économique, commercial et global, parce que ça vise plusieurs secteurs, ça vise plusieurs secteurs
dans le cadre des échanges commerciaux que le Canada peut avoir avec l'Union
européenne. Bien sûr, ça va avoir pour effet de réduire les droits de douane,
ça va donner accès aux marchés européens et ça permet aussi aux Européens
d'avoir accès au marché canadien, bien sûr, mais ça permet d'établir un
équilibre pour favoriser ces échanges commerciaux entre le Canada, le Québec et
l'Union européenne. Mais ce que ça fait aussi, c'est de simplifier, bien sûr,
les différentes formalités à nos frontières et également de respecter la
confidentialité des renseignements sur les entreprises recueillis à des fins
douanières. Et on le sait, comment c'est important, Mme la Présidente, de protéger des renseignements
personnels, des renseignements commerciaux. Donc, l'entente-cadre le permet.
Ça permet, bien sûr, aux entreprises canadiennes
de soumissionner sur des appels d'offres dans les marchés publics de l'Union
européenne, et ça, je tiens à le souligner parce que quand je vous disais, au
départ, qu'il est important de diversifier nos marchés et donc de faire en
sorte que les entreprises québécoises et canadiennes puissent avoir accès au
marché européen, je pense que c'est un élément qu'il faut considérer et qu'il
faut se rappeler pour les entreprises d'ici afin de leur ouvrir ces marchés à l'étranger.
Mais, et c'est là que ça devient, évidemment, encore beaucoup plus pertinent,
dans le cadre de la motion du gouvernement, cet accord-cadre permet des
services, des échanges et de la mobilité de la main-d'oeuvre.
Donc, un plus grand nombre de débouchés
s'offrent aux fournisseurs de services canadiens dans les pays de l'Union européenne, et, évidemment, ça va
faciliter l'entrée temporaire de travailleurs qualifiés sur le territoire de
l'Union européenne, et donc ça permet à des fournisseurs canadiens, ça
permet à des professionnels canadiens de pouvoir aller travailler plus
facilement dans les pays de l'Union européenne, et donc, ça leur offre,
évidemment, de nouvelles avenues, de nouvelles opportunités, évidemment, que je
les invite à prendre, parce que ça permet, bien sûr, d'exporter le savoir québécois à l'étranger, dont nous sommes
évidemment très fiers, parce que nos professionnels, dans nos universités,
notamment — parce que, là, ce matin on parle des architectes — sont
des gens excessivement bien formés. On doit être fiers de nos collèges,
de nos cégeps, de nos universités, qui forment très bien les gens. Et donc, à
ce moment-là, ils peuvent aller travailler à l'étranger, notamment dans l'Union
européenne.
• (11 h 50) •
Il sera donc plus facile pour des professionnels
hautement qualifiés, bon, on fait référence ici aux architectes, aux gens d'affaires, aux ingénieurs,
architectes-cadres, d'aller travailler dans les pays de l'Union européenne. Et
donc les dispositions en lien avec cette entente vont être capables d'élargir
l'accès, et ça va faciliter les déplacements temporaires ou la
réinstallation de certains professionnels ou des gens d'affaires à l'étranger
dans l'Union européenne, et ça, c'est particulièrement important.
Donc, ça va permettre à des entreprises
canadiennes et québécoises, y compris des professionnels, on parle ici d'architectes, ce matin, d'avoir accès à des
marchés et, évidemment, de pouvoir travailler avec une plus grande certitude.
Et on sait comment c'est important, dans le monde des affaires, d'avoir cette
certitude, d'avoir ce que... je dirais, cette prévisibilité, parce que
c'est fondamental, quand on veut investir à l'étranger, quand on veut aller
travailler à l'étranger, bien, il faut qu'on
soit capable de bien connaître les cadres ou le cadre dans lequel on va,
évidemment, s'insérer. Important aussi de faire confiance, les gens avec
qui on va faire affaire, bien sûr, ou pour lesquels on va aller travailler.
Donc, cette entente-cadre va permettre cette
prévisibilité-là, et l'accord dont on parle, en ce qui a trait aux architectes,
relativement ou en lien avec la motion du gouvernement, va évidemment permettre
cette prévisibilité, va donc jeter les
cadres, les bases de ces échanges entre les architectes, que ce soit ici, pour
des architectes de l'Union européenne
qui viendraient ici, ou pour des architectes du Québec qui vont aller
travailler dans l'Union européenne.
Donc, les dispositions de
l'accord-cadre vont permettre d'accroître la stabilité, la protection, au
bénéfice, évidemment, bien sûr, d'une part,
des gens d'affaires, des investisseurs, mais également aux professionnels,
notamment les architectes, et, ça, je pense que c'est important. Je
pense qu'il faut le mentionner. Et donc ça permet au Québec de bien se positionner et d'exporter son savoir,
d'être capable de diversifier nos champs, notre économie, nos exportations avec
d'autres pays, et donc, en partie, se dégager de l'économie américaine.
Je vous dirai également, et ça, c'est important
de le souligner, l'entente-cadre, donc, l'AECG, vise également à protéger les
travailleurs, parce qu'évidemment c'est important d'aller travailler à
l'étranger. Encore faut-il que les travailleurs,
les travailleuses québécois qui vont y aller soient, évidemment, protégés,
qu'ils entrent dans un cadre législatif qui va leur donner, bien sûr, certains
avantages, certaines protections, et, ça, l'entente, l'entente-cadre, le
prévoit notamment par l'application des lois sur le travail. Les
politiques nationales protègent les principes et les droits fondamentaux au
travail, y compris le droit à la liberté d'association, le droit de négocier
collectivement, l'abolition, bien sûr, du travail des enfants, du travail forcé obligatoire et l'élimination de la
discrimination. Et je pense que ça, c'est fondamental, il faut
également... il faut également le souligner.
Donc, dans cette entente-cadre, par la suite,
par la suite, le Québec peut entrer dans différentes négociations avec des pays ou avec l'Union européenne pour prévoir
des échanges en ce qui a trait aux professionnels, et c'est exactement, c'est
exactement ce que fait, bien sûr, la motion du gouvernement en lien avec la Décision
n° 1/2024 du Comité mixe de la reconnaissance
mutuelle. Et que prévoit, que prévoit cette entente? C'est, bien sûr, que les
architectes puissent évidemment travailler dans des pays de l'Union européenne.
On le dit clairement, que «le champ d'application territorial de la présente
décision s'étend aux pays qui adhèrent à l'Union européenne». Et, bien sûr, il
y a quand même, pour une partie, la
possibilité d'appliquer certaines mesures pour réglementer l'admission ou le
séjour temporaire des personnes physiques sur son territoire. Bien sûr,
l'entente-cadre prévoit la protection de l'intégrité de ses frontières, ce qui
est tout à fait logique et légitime, et, bien sûr, de permettre cependant à ce
que les professionnels puissent aller travailler au sein de l'Union européenne.
Donc, ça, ça m'apparaît excessivement important.
Puis, dans le cas qui nous occupe plus particulièrement, parce qu'on parle ici
d'architectes, le Regroupement des ordres d'architectes du Canada, donc, le
ROAC, a commenté l'entente, et ça, ça m'apparaît également important de
prendre... de prendre quelques minutes pour vous faire part de leur réaction
parce qu'au premier titre ce sont eux, bien sûr, qui sont visés par l'entente,
et il s'agit, bien sûr, d'un regroupement d'ordres d'architectes, dont, bien
sûr, celui du Québec.
Donc, au Canada, on a un regroupement d'ordres
d'architectes. En Europe, ils ont le Conseil des architectes d'Europe, mais,
autant le Regroupement des ordres d'architectes au Canada que le Conseil des
architectes de l'Europe, évidemment, appuient, confirment la conclusion de l'accord
pour la reconnaissance mutuelle dans le cadre de l'exercice de l'architecture.
Et, vous savez, c'est une entente qui vise un grand nombre de personnes, et
c'est important de le mentionner. Le Conseil des architectes d'Europe, c'est 43 organisations membres,
donc un grand nombre d'architectes, différents organismes régulateurs de
tous les pays membres de l'union, des pays en voie d'adhésion, de la Suisse, de
la Norvège. Donc, au fond, à travers ses membres, là, le Conseil des
architectes d'Europe, c'est 600 000 architectes venant de
31 pays européens. Donc, ça vous donne une idée de l'importance, bien sûr,
de cette entente-cadre dont nous parlons ce matin, incluse dans la motion du
gouvernement.
On nous dit que ça a été le fruit d'une décennie
de négociations, donc ça ne s'est pas fait du jour au lendemain. Ça vous donne une idée, donc, de l'importance
aussi pour nous, à l'Assemblée nationale, de prendre quelques instants ce
matin pour parler de l'importance de cette entente. Rassurez-vous, nous, ça ne
nous prendra pas plusieurs années, on va régler ça... on va régler ça ce matin.
Et là je comprends qu'il me reste quelques
minutes avant la pause, une minute, mais je pourrai probablement continuer cet après-midi, parce que, si mon
souvenir est bon, on a 31 minutes, je crois, qui nous avaient été avisées.
Donc, permettez-moi, avant la pause, puisqu'il reste une minute, de
dire que c'est un accord qui est très important parce que ça va permettre aux
architectes du Québec d'aller travailler en Europe, d'avoir accès au marché
européen. Et, bien sûr, compte tenu de la
qualité de la formation que nos architectes ont au Québec, ils auront, bien
sûr, les qualifications requises pour satisfaire aux exigences de
l'accord et ils pourront, donc, demander un permis d'exercice de l'architecture
dans un des pays hôtes, et ça aussi, c'est
très important. Et l'accord va favoriser, bien sûr, ces échanges et cette
reconnaissance. Donc, ça ouvre la
porte pour des architectes qualifiés, alors que, dans la réalité également, les
bureaux d'architectes sont de plus en plus connectés à l'échelle
mondiale. Donc, cet accord-là va venir faciliter ces échanges.
Et, puisque le temps file, Mme la Présidente, je
vais terminer ici. Je pourrai continuer cet après-midi.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député, en fait, la motion sera ajournée, puis, si le gouvernement
la rappelle cet après-midi, bien, à ce moment-là, vous pourrez poursuivre.
Donc, vous aurez compris que, compte tenu de
l'heure, puis afin de permettre la tenue des affaires courantes de cet après-midi, le présent débat sur la motion
de Mme la ministre des Relations internationales et de la Francophonie est ajourné.
(Suspension de la séance à 12 heures)
(Reprise à 13 h 40
)
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Mesdames messieurs, chers
collègues, bonjour. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations
de députés
Nous en sommes
maintenant à la rubrique Déclaration de députés et nous débutons avec Mme la
députée de Louis-Hébert. Non, elle n'est pas ici encore. Député de Viau,
pardon. La parole est à vous.
Souligner
le Mois de l'histoire des Noirs
M. Frantz
Benjamin
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. Février s'élève, porteur de mémoire et
d'horizons. Il ravive ces récits trop souvent murmurés, ces voix qui ont bâti,
aimé, résisté, et qui continuent d'enrichir notre Québec.
À travers cette
deuxième édition de rencontres à l'Assemblée nationale, nous ouvrons un espace
où l'histoire se raconte, où la fierté s'exprime pleinement. L'histoire des
Noirs n'est pas une parenthèse, Mme la Présidente. Elle est ancrée dans nos
rues, dans notre culture, dans nos rêves. Elle est dans chaque pas vers
l'avenir, rappelant que l'égalité et la reconnaissance ne sont pas des
promesses à différer, mais des engagements à honorer.
Je
tiens à souligner parmi nous la présence, aujourd'hui, de Sandra, d'Ariane,
d'Aissatou, de Mohamed, de Salimatou, de
Florent, Gloire, Henriette, Néphry, Carla, Leo Francisque, Jean-Marc Esterlin,
Narcisse, Lysiane. Vous portez par votre engagement cette mémoire
vivante. Que ce mois soit un rappel à écouter, à apprendre, à s'unir pour que
l'histoire ne soit plus un ombre, mais une lumière pour tous. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Nous passons maintenant à la déclaration du député de
Chauveau. La parole est à vous.
Souligner
le 30e anniversaire de l'Association
des familles Roy d'Amérique
M.
Sylvain Lévesque
M. Lévesque
(Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Cette année,
l'Association des familles Roy d'Amérique
célèbre son 30e anniversaire. Je salue, dans les tribunes, la présidente,
Suzanne Claire Roy, accompagnée de Pierre Dubé, Simon Brouard et Suzanne
Roy.
Fondée le
3 septembre 1995 à Sainte-Anne-de-la-Pocatière par l'abbé Jean-Guy Roy,
l'Association des familles Roy d'Amérique
compte 286 membres dévoués. Depuis 1764, 24 députés ayant comme
patronyme Roy ont siégé dans cette Assemblée, dont trois actuellement.
Ayant
pour mission de réunir pour se souvenir, l'association peut s'enorgueillir de
posséder une base de données dénombrant quelque 230 entrées sur la ligne
généalogique des Roy et des noms dérivés. On pourrait dire que les descendants
de ces 25 familles souches Roy constituent la famille la plus nombreuse au
Québec.
Le 20 septembre
prochain, l'association tiendra son grand rassemblement annuel à Saint-Vallier.
Bon rassemblement à
la famille Roy, Mme la Présidente!
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Félicitations à la famille Roy!
Je cède maintenant la
parole à la députée de Vaudreuil.
Rendre
hommage à M. Sébastien Daviau
Mme
Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
La communauté culturelle de Vaudreuil-Soulanges perd un acteur clé avec le
décès subit de Sébastien Daviau, lequel avait été récemment nommé à la
direction du musée régional.
Historien de
formation, il a toujours su transmettre avec passion ses connaissances pour
l'histoire et le patrimoine, étant soucieux de les rendre accessibles à tous.
Pendant plus de 25 ans, Sébastien a joué un rôle essentiel au sein du musée, d'abord comme conservateur aux
collections et à la recherche, puis comme directeur général. Derrière
son travail rigoureux se cachait un souci du détail exceptionnel qui a permis
de documenter et préserver de nombreux éléments
du patrimoine régional. Son engagement discret mais déterminant a marqué tous
ceux qui ont collaboré avec lui. Il avait à coeur de faire rayonner le musée
bien au-delà de la région. Nul doute que son travail et sa vision continueront
d'inspirer ceux et celles qui poursuivront cette mission.
Je
tiens à exprimer mes sincères sympathies à sa conjointe, Edith, ses filles, ses
proches, ainsi qu'à la grande famille du Musée régional de
Vaudreuil-Soulanges.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole
au député de Laurier-Dorion.
Souligner le travail de la Table de concertation
culturelle Villeray—Parc-Extension
M.
Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci, Mme
la Présidente. Aujourd'hui, je tiens
à souligner le travail de la Table de concertation culturelle Villeray—Parc-Extension.
Cette
importante institution de ma conscription regroupe 77 membres, dont des
artistes, des artisans, des organismes et
des travailleurs culturels. L'organisme a pour mission de mobiliser l'ensemble
du milieu des arts autour d'enjeux communs, de représenter l'intérêt de ses
membres et de contribuer au développement de la vie culturelle sur notre
territoire.
Or, malgré son rôle
crucial, la survie de la table de concertation est en péril, faute de
financement adéquat. On dit souvent que la culture est l'âme du Québec.
C'est à travers la
culture que nous racontons qui nous sommes et que nous tissons les liens qui
nous permettent de rêver et de construire un avenir commun. Les organismes
culturels sont au coeur de cette mission.
C'est pourquoi il
faut reconnaître pleinement l'importance de la culture et des arts en assurant
un financement stable et durable aux organismes qui, comme la table de
concertation Villeray—Parc-Extension,
oeuvrent sans relâche pour faire rayonner notre identité collective. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Lac-Saint-Jean.
Rendre
hommage à M. Elliot Bouchard
M. Éric
Girard
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Mme la Présidente, je souhaite rendre hommage à un
citoyen de mon comté, Elliot Bouchard, qui est décédé au début janvier à l'âge
de 9 ans. Elliot était atteint de la mycolipidose de type II, une
maladie héréditaire rare qu'on retrouve plus fréquemment dans la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Tout
au long de la vie d'Elliot, sa famille s'est assurée de lui offrir une belle
vie, des soins à la maison remplis d'amour, et elle n'a reculé devant rien pour
faire vivre à Elliot de nombreuses expériences, malgré ses limitations, malgré
la maladie.
Depuis son départ,
Elliot a laissé un vide immense dans la vie de son entourage et de toute sa
communauté.
Aujourd'hui,
je rends hommage à Elliot, mais surtout à sa famille. Ils ont défoncé des
portes quand c'était nécessaire et se sont battus pour leur enfant, épaulés par
Dany Harvey, pédiatre, et toute une communauté.
Maintenant
qu'Elliot est parti, leur désir, c'est de faire connaître la mycolipidose de
type II, que les tests de porteurs soient enfin disponibles pour permettre
aux futurs parents de prendre des décisions éclairées, et surtout qu'on se
souvienne d'Elliot.
Geneviève et Keven,
vous avez toute mon admiration, et j'espère vous avoir aidé un peu à réaliser
vos rêves. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Gaspé.
Féliciter
les organisateurs et les participants de la Saucette de Gaspé,
activité de financement tenue au profit d'Opération Enfant Soleil
M. Stéphane
Sainte-Croix
M. Sainte-Croix :
Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je tiens à rendre hommage à
l'organisation de la Saucette de Percé, qui amasse des fonds pour l'organisme
Enfant Soleil.
L'événement consiste
en une courte baignade en mer au pied du célèbre rocher Percé, en Gaspésie, le deuxième samedi de décembre. Pour m'y être
rendu, je puis assurer qu'il ne faut pas avoir froid aux yeux pour y
participer.
Fondée en 2011 par
Karen Cahill et Marie-Eve Trudel-Vibert, cette activité a pour double objectif
de soutenir la santé des enfants du Québec et de dynamiser la communauté locale
en hiver. Chaque année, plus de 700 enfants gaspésiens bénéficient de soins dans les grands centres pédiatriques
grâce aux retombées de cette activité. Depuis sa création, la Saucette a permis de remettre plus de
814 000 $ à Enfant Soleil grâce à la participation de plus de
1 400 courageux et courageuses.
Je
salue l'engagement de tous les participants et organisateurs, et je lance un
défi à mes collègues ici, en Chambre, de participer à
l'édition 2025. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à la députée de Verchères.
Souligner
le 45e anniversaire du Club St-Luc de Verchères
Mme Suzanne
Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci, Mme la Présidente.
Depuis 45 ans, le Club St-Luc de Verchères veille au bien-être de nos
aînés en leur offrant accompagnement, un transport essentiel.
Fondé par Fernand
Berthiaume, le club a traversé une épreuve, en 1993, avec la perte de son
fondateur et de plusieurs membres dans un accident à Lac-Bouchette. Malgré
cela, l'organisme a su renaître grâce à la détermination de ses bénévoles.
Sous la présidence de Pierre Dépatie, engagé
depuis plus de 30 ans, le Club St-Luc offre plus qu'un service de transport,
il assiste, aide, rassure en étant aux côtés des aînés à chaque étape de leur
vie.
Alors,
l'organisme offre également un service de prêt d'équipement médical, assurant
ainsi aux aînés un soutien concret pour faciliter leur quotidien.
Merci à ces personnes de coeur qui consacrent
temps et énergie à veiller sur nos aînés. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au député de
Chambly.
Souligner la tenue d'une
campagne de financement
au profit de la Maison Stéphane-Fallu
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. La Maison Stéphane-Fallu de POSA-Source des Monts, c'est un service
d'hébergement novateur et unique au Québec dédié aux jeunes hommes qui quittent
les centres jeunesse une fois qu'ils ont
atteint la majorité. Déjà, en quelques années, c'est plus de 22 jeunes
hommes qui ont pu bénéficier d'un coup de pouce extraordinaire qui leur
a permis de prendre leur envol.
Et une bonne
nouvelle, c'est l'agrandissement de la Maison Stéphane-Fallu, qui s'en vient à
Chambly avec l'ajout d'un pavillon supplémentaire, une aile dédiée,
cette fois-ci, aux jeunes femmes.
Je vous invite donc à vous procurer des
chandails de la collection Aimer pour vrai, avec des phrases d'artistes
engagés, des phrases d'artistes de coeur pour la cause. Il y a des messages de
Stéphane Fallu, Souldia, Mike Ward, Annie-Soleil Proteau, Die-On et Geneviève
Gagnon.
Je tiens à
féliciter la directrice générale, Sandra Bolduc, et toute l'équipe de POSA et
de la Maison Stéphane-Fallu pour leur soutien auprès des jeunes. Vous
faites vraiment une différence extraordinaire dans leur vie.
• (13 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Je cède
maintenant la parole à la députée de Hull.
Souligner le
45e anniversaire du Centre de travail LARO
Mme Suzanne Tremblay
Mme Tremblay : Mme la Présidente,
aujourd'hui, je suis heureuse de souligner la mission d'un acteur essentiel de
ma communauté, une des plus anciennes entreprises d'économie sociale du Québec,
le Centre de travail LARO. Depuis plus de
45 ans, il se distingue par son engagement envers les personnes ayant des
limitations fonctionnelles.
LARO transforme des défis en opportunités, des
aspirations en carrières et des gestes simples en actes d'une profonde humanité. Bien plus qu'un simple milieu
de travail, LARO, c'est une communauté, un lieu où chaque personne est
reconnue et mise en valeur.
Le Centre de travail LARO démontre concrètement
que l'économie sociale peut changer des vies. En offrant des emplois adaptés,
durables et valorisants, il permet à chacun de contribuer, d'évoluer et,
surtout, de s'épanouir. Son impact va bien au-delà du travail, il renforce
notre tissu social et rappelle l'importance de bâtir une société où chacun
trouve sa place.
Ce succès repose sur le travail des fondateurs,
des employés, des bénévoles et des partenaires qui, chaque jour, font une
réelle différence. Je tiens à leur exprimer toute ma reconnaissance et à les
remercier pour leur dévouement. Bon 45e anniversaire!
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole au député de Johnson.
Souligner le
60e anniversaire du Centre communautaire
récréatif Saint-Jean-Baptiste de Drummondville
M. André Lamontagne
M.
Lamontagne : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. C'est avec
fierté que je joins ma voix à la collectivité drummondvilloise dans le
cadre des célébrations des 60 ans du Centre communautaire récréatif
Saint-Jean-Baptiste.
Depuis sa fondation, cet organisme a servi de
repère à des générations de Drummondvillois en tant que lieu de rassemblement
et de partage, où jeunes et moins jeunes se rencontrent, où les talents
s'expriment et où les liens se renforcent, enrichissant ainsi notre communauté.
Ce fort
sentiment d'appartenance se nourrit de l'implication de plus de
300 bénévoles qui, chaque année, s'investissent pour que chaque personne
se sente accueillie et puisse profiter d'un filet social tissé serré. Les
nombreuses activités, camps d'été et autres initiatives issues du
dynamisme de cette grande famille ont un impact tangible en encourageant un
mode de vie actif et combattant l'isolement.
J'applaudis chaleureusement le
dévouement de la directrice générale, Linda Thomas, du personnel, des bénévoles
et des partenaires du Centre communautaire récréatif Saint-Jean-Baptiste. Votre
implication incarne parfaitement l'esprit de solidarité et de
convivialité qui caractérise Drummondville.
Bon 60e! Merci, Mme
la Présidente. Les gens du centre communautaire sont ici aujourd'hui.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Au nom de la présidence, toutes nos félicitations.
Maintenant, avant de
poursuivre, j'ai besoin de votre consentement pour que vous me donniez le
consentement que M. le député de Viau
reprenne sa déclaration de député, parce que ses invités n'étaient pas encore
arrivés, maintenant ils sont tous ici, et M. le député de Chapleau, pour
une déclaration. Est-ce que j'ai votre consentement? Consentement. Donc, M. le
député de Viau, la parole est à vous.
M. Benjamin :
Merci. Mme la Présidente. Février
s'élève, porteur de mémoire et d'horizons. Il ravive ces récits trop
souvent murmurés, ces voix qui ont bâti, aimé, résisté, et qui continuent
d'enrichir notre Québec.
À travers cette
deuxième édition à l'Assemblée nationale, nous ouvrons un espace où l'histoire
se raconte, où la fierté s'exprime pleinement. L'histoire des Noirs n'est pas
une parenthèse. Elle est ancrée dans nos rues, dans notre culture, dans nos rêves. Elle est dans chaque pas
vers l'avenir, rappelant que l'égalité et la reconnaissance ne sont pas des
promesses à différer, mais des engagements à honorer.
Je
souligne la présence de Sandra, d'Ariane, d'Aissatou, Mohamed, Salimatou,
Florent, Gloire, Henriette, Néphry, Carla, Leo, Jean-Marc, Narcisse,
Lysiane. Vous portez par votre engagement cette mémoire vivante. Que ce mois
soit un rappel à écouter, à apprendre et à
s'unir pour que l'histoire ne soit plus une ombre, mais une lumière pour nous
tous. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Mes salutations à vos invités, M. le député de Viau.
Maintenant, je cède
la parole au député de Chapleau.
Souligner
le 40e anniversaire du Carrefour
jeunesse-emploi de l'Outaouais
M. Mathieu
Lévesque
M. Lévesque (Chapleau) :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Aujourd'hui, j'aimerais prendre un
moment pour célébrer le
40e anniversaire du Carrefour jeunesse-emploi de l'Outaouais, un pilier
incontournable de notre région.
Depuis sa fondation,
en 1985, le CJEO a accompagné des milliers de jeunes adultes âgés de 16 à
35 ans dans leur cheminement vers l'emploi, les études, l'entrepreneuriat
et la réalisation de projets porteurs d'avenir.
Ce modèle unique, le
premier du genre au Québec, a été reconnu pour son approche novatrice et ses
résultats probants. Grâce à l'engagement de
son équipe, dirigée à l'époque par Mme Martine Morissette, le CJEO a
inspiré la création de 110 carrefours jeunesse-emploi partout au
Québec. Son impact sur notre société est indéniable.
À ce jour, le CJEO
continue d'être un acteur essentiel dans le développement de la jeunesse,
soutenant des initiatives locales et
internationales et contribuant activement à l'avancement des causes sociales,
économiques et environnementales.
En ce
40e anniversaire, je rends hommage au travail d'exception du CJEO et de
son personnel, particulièrement Mme Josée Cousineau, la directrice
générale. Félicitations pour ces 40 années de succès au service des
jeunes!
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Maintenant,
nous terminons avec la déclaration de la députée de Louis-Hébert. La
parole est à vous.
Rendre
hommage à M. Jean-Marc Auclair
Mme
Geneviève Guilbault
Mme
Guilbault : Oui, merci, Mme la Présidente.
C'est avec beaucoup de fierté que je tiens à rendre hommage à un homme exceptionnel de notre circonscription
de Louis-Hébert, M. Jean-Marc Auclair, présent ici, dans nos tribunes,
avec son épouse.
À
71 ans, il illumine chaque matin le chemin de nos enfants de l'école
primaire L'Arbrisseau en tant que brigadier scolaire. Plus qu'un gardien
de la sécurité, il incarne la joie de vivre dans notre communauté de Cap-Rouge.
Surnommé affectueusement «monsieur Bonheur», «monsieur Soleil» et
«monsieur Sourire», M. Auclair ne se contente
pas de veiller sur nos enfants, il leur offre chaque jour une dose de joie et
de réconfort, en plus d'être une figure pour la sécurité routière.
En décembre dernier,
son dévouement a été reconnu à l'échelle nationale lorsqu'il a remporté le
prestigieux prix du Brigadier favori du Canada.
M. Auclair,
votre gentillesse et votre engagement sont une source d'inspiration pour nous
tous. Par votre optimisme et par votre générosité, vous nous rappelez que de simples
petits gestes peuvent nourrir un esprit de communauté chaleureux. Pour
toutes ces raisons, merci.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Ceci met fin à la déclaration de
députés.
Je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 57
)
(Reprise à 14 h 06)
La
Présidente : Bonjour, tout le monde. Mesdames messieurs, bienvenue
chez vous. Le parlement du Québec, c'est chez vous.
Mmes, MM. les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci beaucoup.
Veuillez vous asseoir.
Présence de la consule
générale de Suisse,
Mme Anne-Béatrice Irène Bullinger
J'ai le plaisir,
aujourd'hui, de souligner la présence, dans les tribunes, de la consule
générale de Suisse, Mme Anne-Béatrice Irène Bullinger, à l'occasion de sa
visite de prise de poste.
Présence de M. Jean-Martin Aussant, ex-parlementaire
de l'Assemblée nationale
Et j'ai le plaisir de
souligner la présence, dans les tribunes, de M. Jean-Martin Aussant,
ancien député de Nicolet-Yamaska.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, Mme la ministre responsable des Aînés.
Mme Bélanger :
Oui. Mme la Présidente, permettez-moi de déposer le rapport 2018‑2023
sur l'application de la Loi concernant les soins de fin de vie et le rapport
sur la situation des soins de fin de vie au Québec de la Commission sur les
soins de fin de vie pour la période du 1er avril 2018 au 31 mars
2023. Merci.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. M. le ministre délégué à
l'Économie.
M. Skeete : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer les rapports annuels de
gestion 2023‑2024 des fonds de recherche du Québec suivants :
Nature et technologies, Santé, ainsi que Société et culture. Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Oui. Bonjour, Mme la Présidente. Je dépose la réponse à la question
inscrite au feuilleton le 6 décembre 2024 par le député de Jean-Lesage et
les réponses du gouvernement aux pétitions déposées en Chambre le
19 novembre 2024 par le député de Matane-Matapédia, le 26 novembre
2024 par le député de Taschereau et le 28 novembre 2024 par le député des Îles-de-la-Madeleine.
Merci.
La
Présidente : Ces documents sont déposés.
Pour
ma part, je dépose une lettre que m'a adressée le ministre de l'Immigration,
des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada, M. Marc Miller, en
réponse à la motion adoptée à l'Assemblée nationale le 1er février 2024
concernant le versement des sommes réclamées pour l'accueil et l'accompagnement
des demandeurs d'asile.
J'ai
également reçu préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de
demain aux affaires inscrites par les députés de l'opposition. Conformément à
l'article 97.1 de notre règlement, je dépose copie du texte de ce préavis.
• (14 h 10) •
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, M. le député de Jean-Lesage.
Créer une aire protégée agricole et naturelle
sur le territoire de Rabaska à Lévis
M. Zanetti : Merci,
Mme la Présidente. Alors, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 1 297 pétitionnaires. Et je
la dépose ici en présence, dans les estrades, là, du Collectif Sauvetage.
«Les
faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que le
consortium gazier Rabaska a obtenu en 2007, par décret du gouvernement du
Québec, l'exclusion de 272 hectares de
territoire agricole à l'extrémité est de Lévis, ce qui équivaut à 2,7 fois
les Plaines d'Abraham;
«Considérant qu'en
2007, la Commission de protection du territoire agricole du Québec a rendu un
avis défavorable au projet d'un port méthanier jugé trop dommageable pour
l'agriculture;
«Considérant que ce
décret a été émis pour ce seul projet méthanier, abandonné en 2013;
«Considérant que
l'entente signée à l'époque entre l'Union des producteurs agricoles et le
promoteur Rabaska prévoyait, en cas d'abandon, qu'un retour en zone agricole
serait demandé conjointement;
«Considérant qu'en
2024 ce territoire est toujours exclu de la zone agricole, malgré l'abandon du
projet;
«Considérant que le
gouvernement du Québec est à finaliser les démarches d'acquisition de ce
territoire dans le but d'y implanter un projet industriel;
«Considérant que ce
développement entraînerait :
«La
destruction irréparable des terres agricoles, d'habitats naturels et humides,
ainsi que la bordure fluviale abritant des espèces endémiques menacées;
«L'effacement
irrémédiable d'un patrimoine paysager unique; et
«Le risque de
répercussions néfastes sur un territoire plus grand;
«Considérant
que le gouvernement du Québec s'est engagé à protéger 30 % de notre
territoire en terres publiques d'ici 2030;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec qu'il assure la conservation
des 272 hectares d'agriculture et de nature sur le coteau de la
Martinière à Lévis par la création d'une aire protégée agriculture-nature.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
La Présidente :
Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales, et, pour
ce faire, je cède la parole, en question principale, au chef de
l'opposition officielle.
Impact
des négociations commerciales avec les
États-Unis dans le secteur de l'aluminium
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. La semaine dernière, le premier ministre a fait une première visite
à Washington depuis cinq ans, alors vous comprendrez qu'il n'était pas trop
tôt. Le constat de son voyage à Washington, malheureusement, c'est un
échec. Il a été contre-productif quant aux intérêts du Québec.
Mercredi passé, le premier
ministre a dit, et je le cite, à Washington : «On est prêts à beaucoup de
compromis dans l'aéronautique, dans la forêt, peut-être dans la sécurité à long
terme sur l'aluminium.» Fin de la citation. Aller donner sa liste de
concessions, Mme la Présidente, en début d'échange, ce n'est jamais une bonne
idée.
Le premier ministre a
même dit être pressé de renégocier l'accord de libre-échange. Il a dit :
Plus vite on fait cette négo, plus vite on se débarrasse de l'incertitude. Vous
voyez là un trait du gouvernement caquiste et du premier ministre : plus
vite on fait, plus vite on se débarrasse. Mais à quel prix, Mme la Présidente?
Le premier ministre
veut imposer, il l'a suggéré la semaine passée, une contre-taxe de 25 %
sur l'aluminium qui est exporté pour forcer
les entreprises, dit-il, à se diversifier. Or, il n'en avait pas parlé à
l'Association de l'aluminium du Canada, qui, eux, disent : On n'a
pas besoin de ça pour se diversifier, puis faites attention aux milliers
d'emplois ici, au Québec. Même sa ministre responsable du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
elle le dit : Avant d'aller de l'avant avec une telle contre-taxe tout de
suite, il faut bien réfléchir. Même sa ministre dit que c'est mal ficelé, il
faut bien réfléchir.
Pourquoi le premier
ministre a parlé sans réfléchir, la semaine passée?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, il y a des bons sujets, puis je suis content
d'avoir l'occasion d'expliquer nos
positions. Contrairement à ce que dit M. Trump, les États-Unis sont
dépendants du Québec et du Canada pour plusieurs produits, puis le plus
important, c'est l'aluminium. Les États-Unis produisent seulement 14 % de
leurs besoins en aluminium, puis 60 % de leurs besoins sont comblés par le
Québec. On pourrait parler aussi du bois, de la forêt. M. Trump ne peut
pas faire pousser les arbres plus vite aux États-Unis. Puis on pourrait parler
aussi de tous les minéraux critiques, stratégiques, qui se retrouvent au Québec
puis pour lesquels les États-Unis ont besoin de ces minéraux, entre autres,
pour la défense. Donc, ce n'est quand même pas pour rien.
Donc, Mme la Présidente, ce que j'ai dit, c'est
que je trouve normal que M. Trump puis l'administration, aux États-Unis,
soient inquiets, par exemple, dans ces trois produits-là, de leur
approvisionnement à long terme. Est-ce que le Québec pourrait faire des concessions, des
compromis pour signer un approvisionnement à long terme à des bons prix, payants
pour le Québec? C'est le genre de chose qu'on pourrait négocier.
Maintenant, Mme la
Présidente, M. Trump propose de mettre des tarifs sur l'aluminium alors
qu'il a besoin d'aluminium. Donc, on ne doit pas exclure de dire : On va
mettre une taxe à l'exportation sur l'aluminium pour lui faire payer le prix de
sa mauvaise décision concernant l'aluminium.
Mme
la Présidente, c'est certain que les compagnies d'aluminium préfèrent garder
tous les marchés ouverts. Tout le monde comprend ça.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Comme tout bon entrepreneur, les compagnies d'aluminium ne veulent pas
payer une surtaxe de 25 % à l'exportation, en leur disant : Vous avez
besoin de ça, vous ne savez pas comment ça marche, vous avez besoin de ça pour
vous diversifier, quand elles-mêmes disent : On n'a pas besoin de ça pour
se diversifier. Puis Jean Simard a été
très clair, sur une radio la semaine passée, en disant : On va être
capables d'aller ailleurs, s'il faut y aller, ailleurs, pas besoin de
cette surtaxe-là.
A-t-il
parlé récemment à Jean Simard, de l'industrie? Et, avec ses compromis et sa
contre-taxe, où est-ce qu'il s'en va avec la stratégie ouverte?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, j'ai parlé plusieurs fois à Jean Simard, puis il
sait très bien ma position. Prenez un exemple très concret. L'aluminium pour le
F-150 de Ford est fait au Québec, c'est un aluminium spécial qu'ils ne peuvent pas prendre ailleurs. Donc, les
États-Unis seraient très mal pris, et Ford, et GM, et Chrysler, s'il y avait une
taxe à l'exportation, s'ils étaient obligés de s'approvisionner ailleurs dans
le monde, où il n'y a aucune surcapacité.
Donc, Mme la
Présidente, je pense que Jean Simard comprend très bien ma position, et je
comprends très bien la position de Jean Simard.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Oui, puis Jean Simard, il
n'est pas d'accord. Il n'est pas d'accord, il dit que ce n'est pas la bonne
affaire. Sa ministre responsable du Saguenay—Lac-Saint-Jean, par exemple,
excusez du peu, elle non plus, elle n'a pas de l'air à être d'accord, quand il
dit : Un tarif, contre-tarif de 25 % sur les exportations.
30 millions d'emplois. Elle l'a dit publiquement, la semaine passée :
Avant d'aller de l'avant avec une contre-taxe, il faut bien réfléchir.
Le
premier ministre, visiblement, n'a pas tenu compte de l'opinion de Jean Simard
et de sa ministre. Va-t-il réfléchir avant de parler?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, quand
on regarde la situation mondiale de l'aluminium, la capacité de production
est égale aux besoins. Donc, si les États-Unis décidaient qu'ils ne veulent
plus prendre 60 % de leur aluminium au Québec,
ils seraient obligés de l'acheter ailleurs, puis ça donnerait un espace pour
que nous, on exporte ailleurs. C'est exactement ce qui est arrivé en 2017.
C'est pour ça que Jean Simard puis tous les gens dans l'aluminium ne sont pas
inquiets sur les pertes d'emploi. L'aluminium,
il n'y a pas de surcapacité. Mais il ne faut pas céder au chantage de Trump,
qui dit : Je vais mettre une taxe de 25 % pour tout le monde.
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Bien, Mme la Présidente,
le premier ministre est dur à suivre. Il dit : Je vais mettre une
contre-taxe pour contrer Trump, mais aussi je vais faire des compromis. Je n'ai
pas parlé à l'association canadienne de l'aluminium. Ils ont besoin de moi pour savoir quoi faire puis
comment gérer leur stock — inquiétez-vous
pas, ils savent comment gérer leur stock.
Il
y a des milliers d'emplois dans toutes les régions, dont au Saguenay—Lac-Saint-Jean, 30 000 en jeu, puis le premier ministre joue à l'apprenti
sorcier.
Quand
va-t-il donner suite à ce qu'il disait? Il voulait nommer prochainement un
émissaire spécial de haut niveau. Va-t-il le nommer, finalement?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bon, Mme la
Présidente, je comprends que c'est assez complexe. Si M. Trump met une
taxe à l'importation sur l'aluminium, ce
sont les États-Unis qui vont ramasser le 25 %. Si le Canada met une taxe à
l'exportation sur l'aluminium, c'est nous qui allons ramasser le
25 %.
Maintenant,
que va faire M. Trump avec son 25 %? Va-t-il aller aider GM, Ford,
Chrysler, qui sont très inquiets, actuellement, de voir le prix de
l'aluminium qui augmenterait de 25 %?
Mme la Présidente, ce n'est pas un jeu pour les
enfants, c'est un jeu qui est compliqué, puis on est en bonne position avec l'aluminium.
Des voix : ...
La Présidente : Je suis debout. Pas
de commentaire après les réponses. Une seule personne a le droit de parole, et
je reconnais maintenant, pour ce faire, le député de Marguerite-Bourgeoys.
Négociations commerciales avec
les États-Unis
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Le premier
ministre tient à renégocier prématurément l'accord US-Mexico-Canada. Il la dit à qui veut bien l'entendre : Vite, ça presse.
On ne sait pas ce que Trump veut, mais le premier ministre spécule sur la place
publique et offre à rabais notre aéronautique, nos forêts, notre aluminium avec
rien en retour.
Un autre moment d'anthologie de la part du
premier ministre, c'est sa proposition de taxer notre aluminium vendu aux Américains, en plus des tarifs de Trump,
pour exporter ailleurs qu'aux États-Unis. On va jouer dur, disait le
premier ministre, avant de se faire dire par l'association de l'aluminium que
c'est une mauvaise idée, qu'on doit réfléchir, et que, pour trouver des
nouveaux marchés, la dernière chose que l'industrie a besoin, c'est de se faire
taxer par son propre gouvernement. Même sa ministre responsable du Saguenay est
d'accord avec nous.
Mme la
Présidente, est-ce que le premier ministre ou une de ses ministres peut nous confirmer
si la CAQ va taxer l'industrie de l'aluminium, oui ou non?
• (14 h 20) •
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, il y a deux stratégies qui sont possibles. Actuellement, M. Trump
ne respecte pas l'entente Canada—États-Unis—Mexique,
donc, évidemment, ça veut dire qu'il faut renégocier cette entente-là. On peut essayer de négocier une
entente globale ou, comme le proposent les oppositions, à chaque mois commencer
une nouvelle proposition, une nouvelle
négociation. Ce mois-ci, c'est l'aluminium. Le mois prochain, ça va être le
bois. Dans deux, trois mois, ça va être les minéraux critiques. Nous, on pense
que c'est mieux de commencer une négociation globale pour savoir où on
s'en va une fois pour toutes avec les États-Unis, plutôt que de faire ça à la
pièce, comme le proposent le Parti libéral et le Parti québécois.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Je comprends
que le premier ministre veut jouer dur. Moi, je veux qu'il joue intelligemment.
Jouer intelligemment, là, c'est faire de la mobilisation avec la chambre de
commerce américaine et les élus locaux pour leur faire comprendre qu'ils ont
tout à perdre à fragiliser notre économie. Jouer intelligemment, ça veut aussi
dire qu'on ne négocie pas à rabais, nous-mêmes, sur la place publique, qu'on
comprend les conséquences de nos actes, qu'on parle aux gens affectés avant de
réfléchir à voix haute.
Est-ce que le premier ministre est prêt à jouer
intelligemment?
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui.
Mme la Présidente, comme le rappelle le premier ministre, c'est important de
renégocier une entente dans sa globalité et de mettre de l'avant nos
atouts. Et Dieu sait que, les atouts qui sont d'un grand intérêt pour les Américains, on en a. On parle ici de l'aluminium,
notamment. On peut penser au bois d'oeuvre, également, qui est d'une grande importance pour l'économie américaine. Et je pense
également aux minéraux, aux minéraux critiques et stratégiques. On en a
28, de ces minéraux-là. Et actuellement les États-Unis, bien, ils dépendent
essentiellement de la Chine pour l'importation de plusieurs de ces minéraux
critiques et stratégiques.
Alors,
ce sont tous là des atouts qui, dans
le cadre d'une négociation globale,
pourront être mis de l'avant par le Québec, par le Canada, pour
renégocier une entente qui va donner de la prévisibilité aux entreprises.
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin :
Est-ce que le premier ministre comprend que renégocier rapidement l'accord de
Trump n'enlève pas l'incertitude? Trump va
gagner à y aller plus vite. Il va revenir à la charge. Dire qu'on veut
renégocier vite, c'est dire qu'on est en panique, et Trump le sait. Ça
nous met en position de faiblesse. Est-ce que la CAQ comprend que Trump gagne
tout à aller vite? Aidons-nous en premier, pas Trump.
Mme la Présidente, je
repose ma question. Est-ce que le premier ministre est prêt à jouer
intelligemment?
La Présidente :
La réponse de la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette :
En tout cas, ce qui est clair, Mme la Présidente, c'est qu'advenant que les
États-Unis, que l'administration américaine imposent des tarifs aux
exportations canadiennes... c'est que c'est les Américains qui vont se faire mal à eux-mêmes. Les Américains vont
devoir payer plus cher, en tant que consommateurs, en tant qu'entrepreneurs
également, plus cher pour les intrants qui proviendront du Québec, et ça, ça va
créer un phénomène de rehaussement des prix, d'inflation, qui va dans l'exact
opposé de ce que le président Trump souhaite.
Alors, on peut rester
confiants qu'advenant que ces tarifs soient imposés... que le mal sera... le
plus... le mal sera fait essentiellement sur les Américains et que, par
conséquent, on va avoir un meilleur rapport de négociation pour resigner une
entente globale qui va être... qui va couvrir l'ensemble des secteurs.
La Présidente :
En question principale, je reconnais maintenant la députée de Bourassa-Sauvé.
Impact des négociations commerciales avec
les États-Unis sur les entreprises
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet :
Mme la Présidente, la semaine dernière, le premier ministre s'est rendu à
Washington pour aller compter des buts pour le Québec. À l'inverse, bien, il a
montré aux entreprises et à nos travailleurs québécois qu'il comptait les
défendre avec un filet désert. Je le répète, le premier ministre est allé dire
aux Américains qu'il comptait faire des concessions, beaucoup de compromis dans
l'aéronautique, dans la forêt et l'aluminium. Il a lui-même placé le Québec en
position de faiblesse. C'est 3 à 0 pour Donald Trump.
Pendant
ce temps-là, le premier ministre, il oublie que le secteur de l'aéronautique,
bien, ça représente 41 700 emplois; celui de la foresterie, 58 764 emplois; l'industrie de
l'aluminium, 30 000 employés. Pour que ces secteurs, ils demeurent compétitifs,
et pour qu'on puisse diversifier nos marchés, la priorité, c'est de préserver
ces emplois.
Mme
la Présidente, est-ce que la ministre de l'Emploi, elle est d'accord avec la
déclaration du premier ministre? C'est quoi, son plan main-d'oeuvre?
La Présidente :
La réponse de la ministre de l'Emploi.
Mme Kateri Champagne Jourdain
Mme Champagne
Jourdain : Merci, Mme la Présidente. Écoutez, je veux vous dire que le
gouvernement va répondre présent pour les travailleurs et pour les entreprises.
D'ailleurs, la semaine dernière, j'ai rassemblé tous les partenaires du marché du travail dans un forum
extraordinaire, pour faire le point sur la situation mais aussi pour travailler
ensemble sur des solutions, et ça a été un franc succès, Mme la Présidente.
On a un plan en trois
phases. On a eu la chance de l'expliquer à plusieurs reprises, et je vais le
refaire. D'abord, on veut s'assurer, dans un premier temps, de limiter au
maximum les pertes d'emploi. Et, avec ma collègue la ministre de l'Économie, on
travaille sur des mesures qui vont nous permettre de nous assurer que les
entreprises soient capables de passer à travers, de résister au choc, en fait,
si jamais des tarifs sont appliqués. Je pense aussi au fait... à la deuxième
étape de notre plan, qui est celle de faire en sorte de diversifier nos
débouchés. On y travaille aussi. Et on sera là aussi pour requalifier les travailleurs qui veulent et qui voudront le faire,
si jamais il y avait des pertes d'emploi, Mme la Présidente.
Alors, c'est ça,
notre plan. On a toujours été en action puis on va continuer de l'être.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Mme la Présidente,
pour diversifier nos débouchés, les travailleurs doivent demeurer dans leurs
secteurs. Justement, la ministre, elle a rencontré les acteurs de l'emploi la
semaine dernière. Je ne peux pas croire qu'ils leur ont dit... qu'ils lui ont
dit que c'était correct pour eux qu'elle transfère 35 000 de leurs
travailleurs vers le Labrador. Trois secteurs névralgiques ont été jetés sous
l'autobus par le premier ministre. Les autres, là, ils se regardent puis ils se
demandent ça va être qui, le prochain secteur à risque.
Est-ce que la
ministre de l'Emploi, elle peut rassurer nos monteurs de lignes, d'aéronefs,
nos ingénieurs forestiers, et leur dire c'est quoi, son plan
main-d'oeuvre?
La Présidente : La réponse de
la ministre.
Mme Kateri
Champagne Jourdain
Mme Champagne
Jourdain : Merci, Mme la
Présidente. Je pense qu'on a été très clairs, notre première priorité, c'est
celle de nous assurer qu'il y ait le moins de pertes d'emploi possible, donc,
de soutenir les entreprises pour faire en
sorte qu'elles puissent passer à travers ce contexte difficile là. Dans la
suite des choses, on va certainement les soutenir pour qu'elles puissent
déboucher leur marché, ce qui va... ce qui permettrait aussi de pouvoir
conserver nos emplois, évidemment. Et, dans un troisième temps, si on doit
faire face à des pertes d'emploi massives, bien, on sera là pour requalifier
les travailleurs, Mme la Présidente. Il y en a qui vont aimer ça, aller en
construction...
La Présidente : En terminant.
Mme Champagne Jourdain : ...il
y en a d'autres qui vont être attirés par d'autres secteurs. On va être là pour
les accompagner dans leurs démarches. Merci.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Mme la Présidente,
la semaine dernière, là, les Québécois, ils souhaitaient voir un capitaine
Québec d'abord. À la place, ils ont eu droit à un joueur qui tire dans son
propre but. Les travailleurs des secteurs de l'aéronautique,
là, forestier puis de l'aluminium, ils sont inquiets, puis les autres
travailleurs, là, ceux parmi les 100 000 à travers le Québec qui risquent de perdre leurs emplois, bien, ils se
demandent c'est qui qui va les défendre. Ce n'est pas vrai qu'ils
pourront tous se reconvertir vers le domaine de la construction.
Est-ce que la
ministre de l'Emploi, elle a un plan pour les travailleurs dont les emplois
sont fragilisés par la menace tarifaire?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Kateri
Champagne Jourdain
Mme Champagne
Jourdain : Merci, Mme la Présidente. J'ai eu la chance de
parler de notre plan en trois phases, qui guide, naturellement, chacune des
solutions qui est apportée par l'ensemble de mes collègues. Et on est aussi très
présents sur le terrain. Tous nos collègues
sont présents sur le terrain, visitent des entreprises. J'étais, moi, la
semaine passée, chez Koptair, une
entreprise du domaine, aussi, aéronautique, Mme la Présidente, et on a pu
échanger sur, effectivement, les réalités du secteur.
Je peux vous
assurer qu'on va être là pour soutenir les entreprises, dans un premier temps,
pour s'assurer qu'il y ait le moins
de pertes d'emploi possible. C'est la mission qu'on s'est donnée. Et, dans
l'optique où on devrait requalifier des travailleurs, on va y aller avec
nos priorités dans des secteurs d'avenir, Mme la Présidente. Merci.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Impact des négociations
commerciales avec les États-Unis sur l'industrie forestière
Mme
Filomena Rotiroti
Mme Rotiroti : Merci, Mme la
Présidente. L'industrie forestière est inquiète. La menace tarifaire américaine
de 40 % arrive rapidement, et l'industrie forestière ne se sent pas
écoutée ni soutenue par la CAQ.
Le 11 février dernier, le premier ministre
s'est rendu à Washington pour négocier sur la place publique et dire qu'il
sacrifierait, entre autres, l'industrie forestière. Faire des compromis aux
dépens de l'industrie, c'est abandonner des milliers de travailleurs.
En Abitibi-Témiscamingue, l'industrie forestière primaire emploie 14 % des travailleurs de
la région. Au Saguenay—Lac-Saint-Jean, l'industrie primaire et secondaire composent près de 25 % des
emplois. Si une scierie ferme, c'est une papetière
qui voit le coût de ses intrants augmenter. Si une papetière ferme, c'est toute
la région qui est mise à risque. On met des milliers d'emplois à risque.
L'industrie a
besoin de prévisibilité, pas un premier ministre qui se met à genoux devant le
président américain et qui met en jeu notre industrie forestière qu'on a
de besoin.
Mme la
Présidente, pourquoi que la ministre de la Forêt a laissé le premier ministre
abandonner les travailleurs forestiers?
• (14 h 30) •
La Présidente : La réponse du
ministre délégué à l'Économie.
M. Christopher
Skeete
M. Skeete : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Et j'apprécie la question parce que ça nous permet
de revenir sur certains faits, là, Mme la Présidente.
Vous savez, le premier ministre a lancé un
groupe de réflexion, à l'intérieur de notre gouvernement, avec tous les ministres concernés par les tarifs douaniers
américains potentiels. On le répète, notre premier objectif, c'est d'essayer
d'éviter ces tarifs-là. Et donc on travaille
fort pour communiquer les besoins que les Américains ont pour le secteur
forestier. Ils savent qu'ils ont besoin de nous.
En fait, une
des premières choses qui est sortie, après la première menace du président
Trump, c'était un communiqué du
National Home Builders Association qui venait dire, justement, que ce n'était
pas une bonne idée de faire ces tarifs-là. Deuxièmement, le premier ministre,
pendant son voyage à Washington, a rencontré le National Home Builders
Association dans le but de multiplier les alliances qu'on pourrait avoir
ensemble pour travailler à régler ce dossier. Mais ça ne date pas
d'hier, Mme la Présidente, qu'il y a des enjeux dans le secteur forestier, il y
a déjà des tarifs de 14,4 % qui affectent nos gens, et on travaille
beaucoup pour essayer de les accompagner à travers de ces moments imprévisibles.
La Présidente : Première
complémentaire. Et, pour ce faire, je reconnais le chef de l'opposition
officielle.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : On
va essayer de suivre le premier ministre. Il dit : Trump ne respecte pas
l'accord de libre-échange. On veut
arrêter Trump, qui nous menace de nous lancer des tarifs. Il va à Washington,
et le message : Je suis prêt à faire des concessions, beaucoup de
compromis. L'aéronautique, voilà. L'aluminium, voilà. Forêt, voilà. Il est tout
nu, Mme la Présidente, une fois qu'il a dit ça.
Le premier
ministre, plutôt que d'arriver dans une position de force, arrive dans une
position de compromission, arrive sans aucune force, Mme la Présidente.
On veut comprendre c'est quoi, son plan.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui.
Mme la Présidente, M. Trump dit : Je n'ai pas besoin du Québec puis
du Canada pour l'aluminium. C'est
faux. Il dit : Je n'ai pas besoin du Canada puis du Québec pour la forêt.
C'est faux. Il dit : Je n'ai pas besoin du Québec puis du Canada en
aéronautique. Mme la Présidente, pensez juste à Pratt & Whitney à
Longueuil. Les moteurs d'avion traversent la frontière quatre fois. Est-ce que
Pratt & Whitney aux États-Unis va payer quatre fois 25 % de
tarifs sur les moteurs d'avion? Ça ne tient
pas debout. À un moment donné, il faut le dire, que ça ne tient pas debout. Puis
il faut, par contre, être ouvert à
faire une entente à long terme pour être capables de les rassurer sur les
approvisionnements à long terme.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Il veut
faire une entente à long terme, alors qu'il y a déjà en vigueur une entente à
long terme. Il veut mener la discussion en mettant tout sur la table, tout est
prêt à compromis, puis il pense que Donald Trump ne s'arrêtera pas là. Il pense
que Donald Trump dit : Ah! O.K. Parfait. Le premier ministre du Québec veut
aller vite, je vais lui donner ce qu'il
veut, c'est parce qu'il m'en a déjà trop donné. La stratégie du premier
ministre, c'est de dire : On va tellement lui en donner qu'il ne
pourra plus nous en demander.
En forêt, là, c'est quoi, les compromis qu'il a
derrière la tête? On peut-tu savoir, en forêt?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, le chef de l'opposition officielle dit : L'entente Canada—États-Unis—Mexique est
déjà en vigueur. Allo? Allo? On a M. Trump qui dit : Je veux mettre
des tarifs de 25 %. Est-ce que ça respecte l'entente? Pas du tout.
Pas du tout.
Donc, Mme la Présidente, ce qu'on veut, c'est de
renégocier l'entente...
Des
voix : ...
La
Présidente : ...ministre. Une seule personne a un droit de parole.
C'est de ce côté-ci qu'il y a trop de bruit. J'aimerais entendre le premier
ministre. Et, tout le monde, c'est bon pour tout le monde. On écoute le premier
ministre, des deux côtés.
M. Legault :
Mme la Présidente, il n'est pas question de sacrifier un emploi, il n'est
pas question de faire quelque compromis à court terme que ce soit. Est-ce qu'on
peut rassurer les États-Unis qu'on sera là à long terme pour le bois, pour
l'aluminium, pour l'aéronautique? C'est ça que souhaitent les États-Unis, puis
on est capables de le faire de façon payante pour le Québec.
La
Présidente : En...
Des voix :
...
La
Présidente : Pas de commentaire après les réponses.
Maintenant, en
question principale, une seule personne a le droit de parole ici, j'aimerais
entendre la députée de Mercier. On vous écoute, madame.
Financement des écoles privées
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Le premier ministre a toujours défendu bec et
ongles l'école à trois vitesses et le statu quo en éducation. Peut-être
qu'il va changer d'avis en regardant le sondage CROP qui est sorti aujourd'hui
dans Le Journal de Montréal. 85 % des Québécois veulent changer de
modèle en éducation, 85 % des Québécois veulent intégrer les écoles
privées à un seul réseau scolaire commun, sans écrémage et sans ségrégation.
Le
premier ministre et le ministre de l'Éducation sont de plus en plus isolés dans
l'équipe du statu quo en éducation. À peu près tout le reste du monde a
compris qu'on ne peut pas continuer avec un système brisé qui met la majorité
des enfants québécois sur la voie de service.
Et,
ça tombe bien, nous, à Québec
solidaire, on écoute la population.
J'ai d'ailleurs l'intention, demain, de déposer un projet de loi pour ramener l'égalité des chances dans nos écoles,
pour une... pour amener une vraie mixité dans nos écoles, sans égard au
portefeuille des parents, sans égard aux notes des élèves, sans égard à la
religion.
Est-ce
que le premier ministre est à la même place que les Québécois et Québécoises ou
est-ce qu'il veut continuer à défendre le statu quo en éducation?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, j'ai été effectivement trois ans ministre de
l'Éducation. C'est le dossier qui me tient le plus à coeur.
On a effectivement,
au Québec, des écoles privées qui sont subventionnées à 60 %. Ça veut dire
que les parents paient 40 %. Si, demain matin, on fermait toutes les
écoles privées au Québec, on perdrait 40 % du financement de ces
écoles-là. Donc, à un budget égal, on aurait moins de financement pour
l'éducation.
Il y a un deuxième
groupe d'écoles qui s'appelle des écoles avec des programmes particuliers, que
ce soit en arts ou en sports, ça aide
beaucoup d'enfants à rester connectés à l'école. Par contre, malheureusement,
il y a des enfants qui ont des graves difficultés d'apprentissage où on
ne peut pas réduire le temps qui est accordé aux matières de base, comme le
français puis les mathématiques, pour le remplacer par le sport et les arts.
Donc,
il faut être prudent quand on dit qu'il faut donner des programmes particuliers
à tout le monde. On l'a fait, on a donné un 300 $, on augmente le
nombre d'écoles avec des programmes particuliers, mais soyons prudents avec les
enfants qu'on appelle les EHDAA, qui représentent 25 % des enfants.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Mme la Présidente, ce n'est pas Québec solidaire qui le dit, c'est le Conseil
supérieur de l'éducation, qui a été mis aux poubelles par ce gouvernement, qui
le dit, on a le système d'éducation le plus inégalitaire au Canada. On ne peut
pas être fiers de ça. Ça, ça ne rend pas service ni aux élèves en difficulté ni
aux élèves qui sont maintenant au régulier. Et, en plus, notre école
sélectionne sur la base du portefeuille puis du salaire des parents. Elle peut refuser un programme scolaire pour les
enfants. On ne peut pas accepter un système d'éducation aussi inégalitaire, et
les Québécois non plus ne l'acceptent pas.
La Présidente : Et
je vous rappelle, Mme la députée, qu'un article de journal n'est pas un tableau
didactique. M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, Québec solidaire veut fermer toutes les écoles privées
subventionnées au Québec. C'est le choix de Québec solidaire, ce n'est pas
notre choix. Québec solidaire, aussi, veut forcer tous les enfants, même les
enfants qui ont des difficultés d'apprentissage, à faire moins de français,
moins de mathématiques, pour remplacer ça par plus de sport et d'art. Dans
certains cas, ce n'est pas une bonne idée, Mme la Présidente. Donc, c'est le
choix de Québec solidaire, ce n'est pas notre choix.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : J'invite le
premier ministre à lire le projet d'École ensemble pour avoir un réseau commun.
Ils ont fait leurs calculs, et ce que ça fait, c'est que ça permet de faire des
économies. Ce n'est pas vrai qu'on veut fermer toutes les écoles privées. Les écoles privées vont pouvoir exister, mais
on va les subventionner à 100 %, et elles ne pourront plus faire de
sélection.
Tous les
enfants du Québec ont droit à une éducation, une bonne éducation, et on a
besoin d'un système égalitaire. Je ne comprends pas que le premier
ministre n'est pas d'accord non pas avec Québec solidaire, mais avec la
population. 85 % de la population...
La
Présidente : Mme la députée, votre temps est écoulé. Je vous ai
dit de ne pas montrer cet article, qui n'est pas un tableau didactique.
Vous avez bien compris?
La réponse du premier ministre. On l'écoute.
M. François Legault
M. Legault : Bien,
je m'excuse, Mme la Présidente, mais ce n'est pas exact, ce que dit la cheffe
de Québec solidaire. Si, demain matin, on ne finance plus le
40 % des écoles privées, on va être obligés de les financer à 100 %,
donc il va y avoir moins d'argent de
disponible. C'est ça que ne comprend pas Québec solidaire. Donc, je ne sais
pas, qu'elle continue à lire des études.
La Présidente : En question
principale...
Des voix : ...
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Jean-Lesage. On vous écoute.
Aide financière aux études
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci, Mme la
Présidente. Les étudiants et étudiantes du Québec dans les cégeps et les
universités, ils souffrent de la faim. 40 % d'entre eux vivent de
l'insécurité alimentaire. 40 %, c'est deux sur cinq, Mme la Présidente. Ces chiffres-là, là, ils
parlent d'une misère intolérable. La santé mentale et physique des étudiants
est en péril, leur réussite
académique aussi, les loyers explosent, la facture d'épicerie explose, et
qu'est-ce que fait la CAQ? Elle leur enlève des bourses d'études. Elle
enlève de l'argent à la communauté étudiante. La CAQ voudrait les confiner à la
détresse, elle ne ferait pas autre chose.
Quatre
étudiants sur 10 souffrent de la faim. Est-ce que la ministre de l'Enseignement
supérieur va maintenir ses coupures ou faire la seule chose qui s'impose, aider
financièrement la communauté étudiante?
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Merci pour cette question. J'ai pris connaissance comme tout le monde, ce matin, Mme la Présidente, du
sondage qui a été publié par les associations étudiantes, que je salue,
d'ailleurs, ils sont dans les tribunes, M. Étienne Paré qui est là,
de l'UEQ, avec lequel on a passé du temps, mes collègues et moi, ce week-end, pour le caucus de l'UEQ. Il y a aussi
les représentants de la FECQ qui sont ici, Antoine Dervieux et Jacob
Parisée.
• (14 h 40) •
Alors, j'ai
pris connaissance des faits saillants du sondage, mais je n'ai pas pris
connaissance encore et je n'ai pas fait l'analyse approfondie du
sondage. Ceci dit, je suis consciente que c'est un contexte qui est difficile
pour les étudiants, pour bien des gens, d'ailleurs, mais
pour plusieurs étudiants aussi, parce qu'il y a la hausse du coût de la vie, parce qu'il y a la hausse du coût des loyers,
parce qu'on a une inflation galopante depuis un beau bout de temps. Je suis consciente
que la situation est difficile, mais je refuse de dire qu'on reste les bras
croisés et qu'on n'a rien fait.
Je pense qu'on est le
gouvernement qui avons investi le plus en enseignement supérieur depuis les
dernières années, et nous avons le programme le plus généreux partout au pays
quand on parle d'aide financière aux études. C'est un programme qui est
extrêmement généreux et c'est un programme qu'on a bonifié à la hauteur de plus
de 1 milliard de dollars de plus depuis 2019. Entre 2019 et 2023...
La
Présidente : Première complémentaire.
M.
Sol Zanetti
M. Zanetti :
Mme la Présidente, je vais poser ma prochaine question au ministre des
Finances. Quand le ministre des Finances voit l'étendue de l'insécurité
alimentaire, 40 %, est-ce qu'il en tient compte dans ses indicateurs économiques? Est-ce que ça compte pour lui quand il
va décider si la CAQ continue d'enlever de l'argent à la communauté
étudiante ou si elle va les aider financièrement?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale
Déry
Mme Déry :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Eh bien, je peux compter sur un collègue
qui a à coeur l'enseignement supérieur, aux Finances. On est contents de
l'avoir avec nous. C'est quelqu'un qui est très sensible aux enjeux de la
communauté étudiante et de la population étudiante. D'ailleurs, on est tous en
demandes prébudgétaires. Je pense qu'il a eu même l'occasion de rencontrer
plusieurs partenaires et plusieurs acteurs, justement, du milieu de
l'enseignement supérieur, Mme la Présidente.
Alors, je le répète,
on a investi énormément d'argent dans le programme socle, le programme qui est
vraiment la mission même de l'enseignement supérieur, qui s'appelle l'aide
financière aux études. On l'a bonifié avec une série de mesures depuis 2019,
une série de mesures, je pourrais vous les énumérer, mais, entre 2019 et 2023,
on a eu plus de 1 milliard
d'investissement. C'est sans compter l'argent qui a été mis au cours de la
dernière année, en 2024. Alors, c'est vous dire que ça nous tient à
coeur. Je vais continuer...
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
M.
Sol Zanetti
M. Zanetti :
Mme la Présidente, ils me parlent de l'argent qu'ils ont mis, mais, en ce
moment, ce qu'ils font, c'est qu'ils coupent au moment où 40 %, 40 %
de la communauté étudiante souffre d'insécurité alimentaire.
Il y a trois
propositions dans la campagne de l'Union étudiante du Québec : rémunérer
les stagiaires, actualiser l'aide financière
aux études, lutter contre l'insécurité alimentaire. Ils vont-tu pouvoir faire
au moins une affaire là-dedans? Parce que, sinon, là, on va pouvoir dire
qu'ils abandonnent la jeunesse dans la détresse.
La Présidente :
La réponse de la ministre.
Mme Pascale
Déry
Mme Déry :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je veux juste rappeler, d'entrée
de jeu, que je comprends très bien les défis que vivent actuellement les
étudiants. D'ailleurs, j'ai l'occasion de leur parler de tout ça régulièrement, et on est très conscients que le
contexte soit difficile. Ceci dit, on y a investi, encore une fois, énormément d'argent,
que ce soit dans le soutien aux étudiants direct à travers l'AFE ou que ce soit
à travers des plans d'action que nous avons
mis, tant à la persévérance et à la réussite que des plans d'action en santé
mentale, parce que, justement, en enseignement supérieur, je ne veux pas
que ce soit un frein à l'accessibilité. Ceci dit, on a les droits de scolarité,
encore une fois, les plus faibles en Amérique du Nord, et ces droits de
scolarité ont été plafonnés à 3 %. Ça aussi, ça coûte beaucoup d'argent au
gouvernement. Je vais continuer, Mme la Présidente, à soutenir les étudiants
dans leur parcours.
La Présidente :
Question principale. Je reconnais maintenant le chef du troisième groupe
d'opposition.
Responsabilité du ministre de
la Cybersécurité et du Numérique
dans le déploiement de la plateforme SAAQclic
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la
Présidente, l'unique responsable de l'échec du dossier SAAQclic, c'est le
gouvernement de la CAQ. Ce n'est pas la faute de la pandémie, ce n'est pas la
faute de Donald Trump, ce n'est pas la faute du fédéral non plus.
On apprend aujourd'hui qu'un mois
avant le déploiement de ce fiasco SAAQclic, les voyants rouges s'allumaient
partout. Voici ce qu'une source impliquée dans la préparation du projet a
révélé, et je cite : «On voit que, sur plusieurs aspects, ils n'étaient pas prêts. Dans une
entreprise privée, on ne serait jamais allé de l'avant. Ils ont été avertis des
vulnérabilités et des problèmes, et pourtant ils ont procédé.»
Le responsable de ce
fiasco, c'est donc le ministre de la Cybersécurité. C'est lui qui avait la
responsabilité ministérielle de s'informer,
d'agir, de surveiller ce qui se passe. Mais le responsable, c'est aussi le
premier ministre, qui l'a laissé aller et qui le laisse toujours aller
sans rendre des comptes.
Donc, ma
question : Est-ce que le premier ministre va faire comme sa ministre des
Transports et convoquer les responsables de
ce fiasco-là dès cet après-midi, et au premier chef son ministre de la
Cybersécurité, ou est-ce qu'il va continuer à l'envoyer en porte-à-porte
dans Terrebonne comme si de rien n'était?
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
On ne se chicanera pas avec le bloc pour ce qui se passe dans Terrebonne.
Mme la Présidente,
d'abord, d'être capable de se brancher avec une identification numérique, ça
aurait dû être fait depuis très longtemps,
et chaque gouvernement qui est arrivé a retardé ce projet-là parce que c'est
complexe. Ce qu'on n'a pas fait.
Malheureusement, la
façon dont ça a été mis en place, c'était inacceptable, puis on l'a déjà dit. Qu'est-ce
qu'on a fait? On a remplacé le président de
la SAAQ, on vient de remplacer le président du conseil d'administration de la
SAAQ, on est en train de revoir les façons de travailler à la SAAQ. Mais,
Mme la Présidente, c'est important de faire ce virage numérique, qui aurait dû
être fait par les gouvernements du Parti libéral, par les gouvernements du
Parti québécois. Ça n'a pas de bon sens
qu'à chaque fois qu'un citoyen veut s'inscrire on est obligé de recommencer à
zéro notre inscription. Il devrait y avoir une façon de travailler qui
est numérique.
Donc, Mme la
Présidente, il y aura, dans les prochains jours, un rapport de la Vérificatrice
générale qui sera déposé, qui nous aidera à continuer à prendre les mesures qui
sont nécessaires, mais on va continuer de s'assurer qu'il y ait en place ce
virage numérique.
La Présidente :
Première complémentaire.
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Mme la Présidente, SAAQclic, c'est un fiasco. Je vous cite
ce qu'une autre source spécialisée en cybersécurité, qui n'est pas autorisée à
parler publiquement, a révélé — ouvrez les guillemets : «Ils ont
fait un pile ou face, le résultat parle de lui-même.» Et la même source
souligne que les tests d'intrusion n'étaient pas complètement réalisés, il y
avait des vulnérabilités importantes.
Donc,
je répète ma question : Est-ce que le premier ministre va lui-même
convoquer les responsables de ce fiasco, dont son propre ministre de la
Cybersécurité?
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Bien, Mme la Présidente, le chef du troisième groupe d'opposition a manqué une
bonne game. Il dit : Est-ce que vous
allez convoquer le président? On a changé le président. Est-ce que vous allez
convoquer le conseil d'administration? On a changé le président du
conseil d'administration.
Donc, Mme la
Présidente, on n'a pas attendu que le chef du troisième groupe d'opposition,
tout à coup, se lève puis dise : Oh! il faudrait faire des changements à
la SAAQ. Ça fait longtemps que c'est en marche, Mme la Présidente. Mais, contrairement au gouvernement du Parti
québécois, on n'a pas joué à pile ou face puis on ne s'est pas dit : Ah!
c'est trop compliqué, reportons le virage numérique. Nous, on va le
faire.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Un classique ici, Mme la Présidente. Donc, on a de la difficulté
avec le concept de responsabilité ministérielle. C'est la faute de tout le
monde, sauf de la CAQ. Donc, je réitère qu'il y a des dizaines et des dizaines
de tâches qui n'étaient pas terminées. Il y a un ministre qui n'a pas supervisé
et qui n'a pas fait son travail.
Est-ce que le premier
ministre peut reconnaître l'échec de son gouvernement et prendre ses
responsabilités, à titre de gouvernement, la responsabilité ministérielle?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, il y a des sociétés d'État, Loto-Québec, Hydro-Québec, il y a
beaucoup de sociétés d'État, et, quand on
n'est pas satisfaits du travail d'un président d'une société d'État, d'abord,
c'est le conseil d'administration qui doit prendre des décisions. Nous,
on a pris nos responsabilités, on a changé le président du conseil
d'administration puis on a changé le P.D.G. de la SAAQ. Je pense qu'on a mis
nos culottes, on a agi, contrairement à ce que faisait le Parti québécois.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Financement des organismes de prévention en
toxicomanie
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Mme la
Présidente, il y a quelques jours, la coroner Gamache, rendant son rapport sur
le décès dramatique du jeune Mathis Boivin, 15 ans, dénonçait l'absence de
mesures de sensibilisation et de prévention des
surdoses dans l'ensemble du Québec. Mathis n'est malheureusement pas un cas
unique. De janvier à septembre 2024, il y a à peu près 500 décès
liés à une surdose au Québec. Ça, c'est deux personnes qui meurent chaque jour,
et c'est une augmentation de 33 % en un an. C'est désastreux et c'est
inquiétant.
Mais, pendant
ce temps-là, en raison de l'austérité et de la mauvaise gestion de la CAQ, les
principaux organismes qui travaillent à sauver des vies sont dans l'obligation
d'arrêter leurs services, faute de recevoir le financement qui leur
avait été promis. Des formations, des ateliers sur la prévention, des analyses
de substances, tout écope.
Au plus fort
de la crise, le Québec perd des services en prévention, Mme la Présidente.
Le ministre peut-il s'engager en cette Chambre à débloquer les fonds
immédiatement?
• (14 h 50) •
La Présidente : La réponse du
ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, merci, Mme
la Présidente. Je remercie le député de Saint-Henri—Sainte-Anne pour sa question, qui commence par la triste histoire du
jeune Mathis. Puis, ça adonne bien, la semaine dernière le père de Mathis nous
a effectivement contactés pour nous remercier de la campagne publicitaire qui
est en cours actuellement, de sensibilisation sur les surdoses. Ici, on a
souvent tendance à stigmatiser les surdoses avec les personnes en itinérance, mais on oublie que la plupart des gens qui
décèdent de surdoses sont des gens qui ont un emploi, puis qui travaillent, et
qui ont un domicile, et qui, malheureusement, meurent à domicile. Puis je pense
que la campagne publicitaire qui est en cours actuellement capture très
bien ceci, Mme la Présidente.
Deuxième
partie de la question, c'est des inquiétudes à propos du financement des
organismes communautaires. Je suis très surpris également de celle-ci.
C'est sûr qu'on travaille pour que les sommes se rendent sur le terrain, là,
c'est notre travail quotidien, mais il faut également mentionner qu'on a
déployé une mesure PODS, qui est un investissement avec le fédéral, qui pendant
des années, sous les anciens gouvernements, s'est vraiment limitée seulement à
l'aspect recherche et institutionnel, mais moi, j'ai travaillé pour que
l'argent aille dans nos organismes communautaires, et je pourrais vous faire
une liste des projets qui sont en train de se déployer à travers le Québec, Mme
la Présidente.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Mme la
Présidente, article du Devoir aujourd'hui, les quatre regroupements
d'organismes ont écrit au gouvernement. Les
fonds sont promis, ce n'est pas une question de financement des organismes
communautaires, c'est une promesse qui a été délivrée, il y a des
programmes qui n'auront pas lieu, les coupes ont commencé, il y a des gens, là,
ce matin, qui ont reçu des appels : Ne rentrez pas, les postes sont
coupés.
On est au
plus fort de la crise des surdoses, les programmes devaient avoir lieu, les
ateliers de formation devaient avoir lieu. Est-ce que, oui ou non, le
gouvernement va débloquer les sommes?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, Mme la
Présidente, les sommes ont été allouées. Maintenant, on va voir qu'est-ce que
ça suppose, mais, clairement, les sommes
vont être distribuées aux organismes qui en ont... qui ont des programmes en
place, Mme la Présidente.
Comme je vous dis, nous, au contraire, on est en
train d'innover, de déployer des nouveaux programmes pour s'assurer qu'on passe d'un statut où on faisait de
la recherche sur les surdoses, sur les conséquences des surdoses, à des programmes
où on est en train d'intervenir sur le terrain, Mme la Présidente. Puis je
parle à tous les organismes pour m'assurer qu'on développe une trajectoire puis une stratégie
pour lutter contre la toxicomanie et les surdoses. Trop souvent encore, nos gens vont aux urgences et se
retrouvent à la rue par la suite. Nous, ce qu'on veut, c'est qu'ils soient pris
en charge par notre réseau de santé et communautaire pour s'assurer du
meilleur suivi.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard :
Mme la Présidente, le ministre nous dit que l'argent s'en vient, ça va
venir, mais ça fait des mois, là, ça va
faire des années qu'on leur dit ça, Mme la Présidente, et maintenant on est
rendus à des formations qui sont annulées, à des postes qui sont coupés.
Mme
la Présidente, je vous rappelle qu'il y a deux décès par jour, de surdose, au
Québec. Voici ma question au ministre : Ça va en prendre combien
encore, des jours, pour qu'on débloque les fonds?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M.
Lionel Carmant
M. Carmant :
Mme la Présidente, nous, on continue à travailler avec tous nos organismes
communautaires et avec tout le réseau pour
améliorer les services pour les surdoses et sur la toxicomanie, Mme la
Présidente. Comme je vous dis, c'est la première fois qu'on a investi
des sommes du fédéral dans nos organismes communautaires à travers le Québec. C'est la première fois qu'on est en train
de développer une stratégie nationale pour la prise en charge des surdoses
et de la toxicomanie, Mme la Présidente. On
est en train de faire de la sensibilisation dans les écoles. On a un programme
dans les écoles. On est en train de faire de
la sensibilisation populationnelle avec une campagne médiatique, du jamais-vu,
Mme la Présidente. Encore une fois, nous, on
prend en considération tous ces enjeux-là et on travaille pour la population
du Québec. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Marquette.
Propos du premier ministre
concernant les bagarres au hockey
M.
Enrico Ciccone
M. Ciccone : Mme la Présidente, suite au match Canada—États-Unis à la coupe des 4 Nations, je cite le premier ministre : «Je ne suis pas contre les
batailles, mais, quand on veut se venger d'un coup vicieux, ça peut être une
bonne idée.»
Est-ce que le premier
ministre est conscient du message qu'il envoie à notre jeunesse du Québec?
C'est irresponsable, M. le premier ministre.
Des voix : ...
La
Présidente : Je suis debout. Silence, je vous prie!
Je reconnais
maintenant la ministre responsable des Sports, du Plein air et du Loisir.
Mme
Isabelle Charest
Mme Charest :
Merci, Mme la Présidente. Bien, très heureuse d'avoir eu une question en
lien avec les bagarres. On se souvient à quel point j'ai travaillé de pied ferme
pour faire en sorte que, justement, les bagarres dans la ligue junior majeur...
ligue junior Maritimes du Québec soient bannies. On a vu que, bien, ça a
finalement porté fruit, parce que le règlement est rentré en vigueur. Donc,
très satisfaite. Et très satisfaite aussi du soutien à la fois du premier
ministre, mais aussi de tous mes collègues dans ce dossier-là pour faire en
sorte, justement, que les bagarres ne fassent pas partie du quotidien de ces
jeunes joueurs, pour la plupart d'âge mineur. Alors, encore une fois, très
satisfaite de ce dossier-là.
Puis j'en profite,
parce que je trouve ça intéressant que le député de Marquette nous pose des
questions comme celle-là, parce que je l'ai vu s'offusquer aussi de toute la
situation de l'ammoniac, et tout ça. Donc, je pense qu'une des personnes qui a
le plus de crédibilité ici pour parler du hockey puis comment on peut avoir une
influence positive, bien, c'est le député de Marquette, parce que c'est un
ancien joueur de hockey. Donc, je l'invite à dire à ses collègues, amis,
joueurs de hockey : Bien, vous avez un rôle à jouer, vous avez un rôle
d'influenceur auprès des jeunes. Je les invite aussi à parler aux parents,
dire : Vous n'avez pas besoin d'un bâton de 400 $ pour jouer au
hockey, vous pouvez avoir un bâton tout simplement chez Canadian Tire.
Des voix : ...
La
Présidente : C'est trop bruyant. Il reste...
Des voix : ...
La Présidente : Silence!
Article 32, décorum. Il reste des secondes à votre période de questions.
Et, en question principale, je reconnais le chef de l'opposition
officielle.
Propos du premier ministre
concernant les bagarres au hockey
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Là, là, Mme la
Présidente, le sujet est excessivement sérieux, puis, moi, comme père de famille...
Puis le premier ministre trouve ça drôle. Le premier ministre trouve ça drôle.
On parle des batailles, des bagarres, des gars qui se donnent des coups de poing dans la face parce qu'ils sont sur la
patinoire. Deux gars qui se donneraient des coups de poing sur la face dans la rue, Mme la Présidente,
ils iraient en prison. Ils iraient au poste de police puis en prison. La
société a évolué. La société a évolué, Mme la Présidente.
Et on vient
d'entendre la ministre responsable des Sports. Elle, elle l'a clairement dit,
elle est contre ça. Elle est contre ça, les batailles dans le hockey. Elle
vient de dire, à raison : Il faut prêcher par l'exemple, il faut envoyer
les bons signaux. Qu'a fait le premier ministre? Qu'a fait le premier ministre?
Je vous le cite, madame... je le cite : «Je ne suis pas contre les
batailles, mais, quand on veut se venger d'un coup vicieux, ça peut être une
bonne idée.» Fin de la citation. Quand le premier ministre dit ça, Mme la
Présidente, ce n'est pas anodin. Quand le premier ministre, qui est une
personne que les jeunes, que la population regarde pour avoir, entre autres,
des lignes de comportement... quand il envoie ce message-là, que se battre au
hockey, c'est une bonne idée, dixit le premier ministre — c'est
1 min 30 s, Mme la
Présidente, merci beaucoup — quand
le premier ministre dit ça, il envoie le mauvais message. Il ne peut pas rire. Moi,
comme père de famille, là, Mme la Présidente, je m'attends à ce que le premier
ministre se lève et, contrairement à ce qu'il a dit, qu'il le dise clairement,
comme sa ministre, qu'il a un rôle à jouer : Les batailles au hockey,
c'est non.
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, je pense qu'il faut faire la différence entre les
batailles chez les jeunes, chez les jeunes, où il y a parfois des gars qui ont
la taille du député de Marquette puis d'autres qui sont tout petits. Donc, il
faut être prudent chez les jeunes.
Maintenant, il y a
des pour et des contre, dans la Ligue nationale. Il y a beaucoup de
spécialistes qui disent : S'il n'y avait pas de batailles, il y aurait
beaucoup de coups vicieux. Mais, une chose qui est certaine, ce qui est arrivé
samedi soir avec les deux frères Tkachuk, où il n'y avait pas eu de coup
vicieux, puisque la partie n'était pas commencée, bien, M. le... Mme la
Présidente, Mme la Présidente, je pense que ça n'a pas sa place, ce qu'on a vu
avec les deux frères Tkachuk, comme ça
n'avait pas sa place, le rôle que jouait le député de Marquette quand il jouait
à hockey.
La Présidente :
Voilà. Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions
sans préavis
Comme
il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans
préavis, et, pour ce faire, je cède la place à la deuxième
vice-présidente de l'Assemblée nationale. Merci, tout le monde. Bonne fin de
journée.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Nous en sommes maintenant à la rubrique Motion sans préavis. Et, en fonction
de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis, je
reconnais maintenant un membre du groupe formant l'opposition officielle. Mme
la députée de Bourassa-Sauvé.
Rendre hommage à
Mme Antonine Maillet et offrir des
condoléances à sa famille et à ses proches
Mme Cadet :
Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente, je sollicite le consentement de
cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le
ministre de la Culture et des Communications, le député de Jean-Lessage, le
député des Îles-de-la-Madeleine et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée
nationale rende hommage à Mme Antonine Maillet, romancière et dramaturge
acadienne, décédée hier à l'âge de 95 ans;
«Qu'elle se remémore
ses nombreuses oeuvres et créations, notamment le personnage de la Sagouine
ainsi que son roman le plus célèbre, Pélagie-la-Charrette, qui lui a
valu le prestigieux prix Goncourt en 1979 et qui a su perpétuer le souvenir de
la tragédie que fut la déportation des Acadiens;
«Qu'elle
prenne acte de l'ampleur de son legs littéraire et culturel envers la
communauté acadienne du Nouveau-Brunswick et plus largement envers la
diaspora acadienne, ainsi que l'ensemble de la francophonie;
«Qu'elle se remémore
les nombreux honneurs et distinctions qui lui ont été rendus, notamment le
titre de Commandeur de l'Ordre national de la Légion d'honneur de France, le
titre d'officier de l'Ordre du Canada et le titre d'officier de l'Ordre
national du Québec;
«Qu'elle rappelle le lien particulier
qu'entretenait [...] Antonine Maillet avec la ville de Montréal, où elle a élu
domicile, et toute l'affection que lui portaient les Québécoises et les
Québécois;
«Qu'elle
exprime ses plus sincères condoléances à sa famille et ses proches endeuillés;
«Qu'enfin,
elle observe une minute de silence en la mémoire de cette ardente défenseure de
la langue française.»
• (15 heures) •
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a consentement
pour débattre de cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Mme la Présidente, il y a consentement pour un débat de
deux minutes de rigueur par intervenant, dans l'ordre suivant : la députée
de Bourassa-Sauvé, le ministre de la Culture et des Communications, le député
de Jean-Lessage et le député des Îles-de-la-Madeleine.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Est-ce qu'il y a consentement pour qu'il y ait quatre
intervenants et que... pour que la durée des
interventions soit limitée à un maximum de deux minutes chacune? Consentement.
Donc, je cède la parole à Mme la députée. Allez-y.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : «Mais en 1880, cent ans après son retour d'exil
par la porte arrière et sur la pointe des pieds, l'Acadie sortait sur son devant-de-porte pour renifler le
temps et s'émoyer de la parenté. De toutes les anses, et de toutes les baies,
et de toutes les îles, on sortait la tête et dressait l'oeil. Et c'est alors
qu'on se reconnut.»
C'est notamment dans
ces termes, que l'on peut lire dans Pélagie-la-Charrette, qu'Antonine
Maillet a dépeint son Acadie natale, qu'elle chérissait et dont elle a moult
fois conté les vertus, pour le plus grand émerveillement des bibliophiles du Québec et de l'ensemble de la
francophonie. C'est donc une romancière et dramaturge, certes, mais surtout
une défricheuse, une ambassadrice et une allumeuse de réverbères qui nous a
quittés, ce lundi 17 février 2025.
Née le 10 mai
1929 à Bouctouche, au Nouveau-Brunswick, Antonine Maillet a appris le devoir de
transmission de la part de parents
instituteurs. C'est d'abord dans le monde universitaire qu'elle fera sa marque,
enseignant notamment à l'Université de Montréal et à l'Université de
Californie, à Berkeley. Le succès retentissant de la pièce La Sagouine
lui fera quitter son rôle de professeure afin de revêtir à temps plein l'habit
d'écrivain, en 1975. C'est au cours de cette période qu'elle rédigera son roman
le plus célèbre, Pélagie-la-Charette, paru en 1979, qui raconte la
déportation des Acadiens sous l'oeil de
l'odyssée d'une femme devenue esclave s'affranchissant grâce à son retour en
ses terres. Puisant dans les traditions orales acadiennes, ce roman
permettra à Antonine Maillet de remporter le prix Goncourt, faisant d'elle la
première non-Européenne et la seule Canadienne à ce jour à en être
récipiendaire.
Antonine Maillet
compte à son actif plus de 12 pièces de théâtre et une vingtaine de
romans. Tout au long de sa carrière, les honneurs et décorations ont fusé de
toutes parts, consacrant son statut d'âme de la littérature acadienne
contemporaine. Convaincue que la langue française appartient à ceux qui la
parlent, Antonine Maillet aura fait résonner dans son oeuvre le souffle d'une
langue française aux accents uniques. Puissent ces accents s'enchevêtrer et
tintamarrer gaiement là où vous êtes désormais, Mme Maillet.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la
parole au ministre de la Culture et des Communications.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe :
Merci, Mme la Présidente. La disparition d'Antonine Maillet à l'âge vénérable
de 95 ans donne lieu, depuis hier, à un
concert d'éloges dûment mérités, un peu partout, mais ce qui me réjouit
davantage, c'est que cette figure emblématique et incontournable de la
littérature a été célébrée non pas seulement dernièrement, mais tout au long d'une carrière unique, remarquable et
remarquée. Une oeuvre qui lui confère une place de choix dans l'histoire des
lettres.
On se souviendra
d'elle comme celle qui a donné une voix à celles et ceux qui n'existaient que
dans l'ombre, les petites gens, qu'on regarde trop souvent de haut. Puisant
sans complexe dans la tradition orale, Antonine Maillet a fait de cette si particulière langue acadienne le
matériau premier de sa célèbre Sagouine, incarnée des milliers de fois sur scène
avec brio par sa regrettée complice, Viola Léger. Cette magnifique langue a
aussi été au coeur de plusieurs de ses
romans, dont On a mangé la dune, en 1962, et, bien sûr, ma collègue en
parlait, Pélagie-La-Charrette, qui a reçu le prix Goncourt en
1979.
Fondatrice de la
littérature moderne acadienne, installée à Montréal depuis 55 ans,
Antonine Maillet a construit une oeuvre qui
nous a prouvé que l'universel se trouve aussi dans les réalités locales. Sa
culture, son érudition, sa vivacité d'esprit, son intelligence sensible
et son humilité ne se seront jamais démenties. Éduquée chez les soeurs, où elle
a aussi fait un séjour en communauté, elle a aussi été inspirée par l'appel non
pas nécessairement de Dieu, mais du rôle qu'elle savait devoir jouer pour
assurer la survie de son peuple et de son pays natal, l'Acadie.
Celle
qui a longtemps vécu sur la rue portant son nom à Outremont publiait encore,
l'année dernière, un nouvel opus et n'avait rien perdu de sa vivacité
intellectuelle. J'ai d'ailleurs eu le plaisir de la croiser brièvement lors de
cette cérémonie qui se tenait au Salon du livre de Montréal cette année.
Selon
ses dernières volontés, elle reposera dans son Bouctouche natal, d'où, il ne
fait aucun doute, en compagnie de son amie Viola, elle continuera de
veiller sur le pays de la Sagouine.
Reposez en paix,
Mme Maillet. Merci pour tout.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Je
reconnais maintenant le député de Jean-Lesage.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci, Mme la
Présidente. Dans l'histoire d'un peuple, il y a des artistes qui sont présents
assez longtemps pour marquer, laisser une marque dans leur culture. Antonine
Maillet était bien plus que la créatrice du personnage de la Sagouine. Par son
oeuvre, elle représentait la volonté insatiable d'un peuple à se mettre en
scène, à se voir lui-même dans ce qu'il a de plus sincère. Pendant toutes ces
années, elle a invité les gens du monde entier à venir rencontrer l'Acadie,
pour rappeler qu'elle était bien vivante, et ce, malgré les grands dérangements
de l'histoire.
Toujours à côté de ceux et celles qui ont été
opprimés, Antonine Maillet maîtrisait l'art de mettre en lumière la vie et la
richesse de la langue du pays, admirer la sagesse des gens d'en bas, comme elle
le disait, voir que, dans les tragédies du quotidien, il y a toujours une
sortie par le haut quand tout le monde est solidaire.
C'est donc avec un énorme tintamarre de
tristesse et de reconnaissance que tous les Acadiens et Acadiennes et leurs
amis du monde entier saluent le départ d'Antonine Maillet. De Natashquan en
passant par la Louisiane, jusqu'à Bouctouche, où elle est née, les mots
d'Antonine Maillet continueront de résonner pour longtemps.
Au nom de Québec solidaire, je tiens à
transmettre mes plus sincères condoléances à sa famille et à tous ses proches
endeuillés.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Je
reconnais maintenant le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Mme la
Présidente, Antonine Maillet a été l'âme d'un peuple. Elle a fait découvrir et rayonner
l'Acadie à travers la littérature, mais surtout à travers le monde entier. Son
oeuvre raconte l'Acadie et son peuple avec sensibilité, sincérité et une grande
humanité. Elle exprime aussi une vérité essentielle qui s'est maintes fois
vérifiée dans l'histoire.
Il arrive un moment où un peuple, une nation se
donne une oeuvre fondatrice qui témoigne de son ancrage dans le temps. Pour les
Acadiens dont je suis et avec qui les citoyens des Îles-de-la-Madeleine sont
liés par l'histoire, c'est Antonine Maillet qui a le mieux témoigné du Grand
Dérangement, ce drame fondateur de notre nation, dans une épopée plus grande
que nature. Elle a mis en lumière la noblesse, le courage, la résilience, la
force tranquille de milliers d'Acadiens
déportés sur des côtes étrangères et qui luttent inlassablement pour regagner
leur patrie. Elle a témoigné des injustices et des violences qui ont été
infligées aux Acadiens. Elle a témoigné du sort inique que l'Empire britannique
a réservé à mes ancêtres, à nos compatriotes d'Amérique française. Mais surtout
elle leur a rendu justice par la force de
son oeuvre, et notamment par le fait que cette oeuvre a reçu le premier prix
Goncourt décerné à un auteur non européen, en 1979. Elle a révélé
l'Acadie au monde entier et elle nous a donné une leçon à nous aussi,
Québécois, nous qui avons découvert et adopté son oeuvre dès 1972 avec le
personnage de la Sagouine. Une leçon, oui, parce que les réserves de courage,
d'éloquence et de résilience que les Acadiens manifestent dans l'oeuvre
d'Antonine Maillet et dans l'histoire sont comme des balises pour nous dans
notre marche vers la pleine émancipation du Québec.
Au nom des
Acadiens des Îles-de-la-Madeleine et de tous les Québécois qui, comme moi,
partagent leurs origines avec celles de Pélagie et de la Sagouine, mes hommages
à une grande romancière et dramaturge, à une ambassadrice d'exception,
l'unique Antonine Maillet.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté. Je vous invite à vous
lever afin de faire une minute de silence pour Mme Maillet.
• (15 h 10 — 15 h 11)
•
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Je
vous remercie. Vous pouvez vous rasseoir.
Oui, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Oui. Merci.
J'aimerais, s'il vous plaît, qu'une copie de cette motion soit envoyée à
l'Assemblée législative du Nouveau-Brunswick. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Ce
sera fait.
Maintenant, je reconnais un membre du deuxième
groupe d'opposition. M. le député de Taschereau.
Demander au gouvernement de respecter les principes de
préservation du patrimoine et de développement
durable dans ses projets d'infrastructure
M. Grandmont : Mme la
Présidente, je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la
motion suivante conjointement avec le leader de l'opposition officielle, le
député de Jean-Talon et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que le premier ministre s'est montré
favorable à l'implantation d'un nouveau lien autoroutier entre Québec et Lévis;
«Qu'elle rappelle que
la protection du patrimoine mondial de l'UNESCO est une responsabilité
collective inaliénable et qu'aucun projet d'infrastructure ne doit compromettre
la préservation de cet héritage exceptionnel;
«Qu'elle souligne également
l'importance de protéger les paysages uniques de l'île d'Orléans, qui font
partie intégrante du patrimoine visuel et culturel de la région de Québec;
«Qu'elle demande au
gouvernement du Québec de respecter les principes de préservation du patrimoine
et de développement durable dans ses projets d'infrastructure.»
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de
cette motion?
Une voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Consentement, sans débat. M. le leader.
M. Cliche-Rivard :
Mme la Présidente, je vous demanderais un vote électronique.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Le vote est maintenant ouvert.
Le vote est
maintenant terminé. M. le secrétaire général, pour le résultat du vote, s'il
vous plaît.
Le
Secrétaire : Pour : 95
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : La
motion est adoptée. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme la Présidente.
Est-ce possible que la motion soit envoyée aux groupes suivants : la ville de Québec, la MRC de L'Île-d'Orléans, la
ville de Lévis, la Communauté
métropolitaine de Québec, la Commission de la capitale nationale et la
coalition Non au troisième lien?
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Ce sera fait.
Je suis prête,
maintenant, à entendre la motion du député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau :
Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement avec le député de Pontiac, le député
de Rosemont, le député de Saint-Jérôme et la députée de Vaudreuil, la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle la volonté du gouvernement de mettre fin à
l'omerta dans le réseau de la santé;
«Qu'elle reconnaisse
que plusieurs employés n'osent pas dénoncer des situations par peur de
représailles pour leur emploi;
«Qu'enfin
elle demande au gouvernement de mettre en place les mesures pour favoriser la
dénonciation sans risque de représailles pour le personnel du réseau de
la santé de toutes situations qui affectent les services à la population ou
leur sécurité.»
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de
cette motion?
Une voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Pas de consentement.
Je
suis maintenant prête à entendre la motion d'un membre du groupe formant le
gouvernement, et c'est la parole au ministre de l'Éducation.
Réitérer que les élèves ont droit à un climat scolaire sain, sans
intimidation,
sans violence et sans influence religieuse
M. Drainville : Merci, Mme la Présidente.
Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la députée de
Bourassa-Sauvé, le député de Matane-Matapédia et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale réitère que les élèves ont droit à un climat sain, sans
intimidation, sans violence et sans influence religieuse;
«Qu'elle
rappelle que des événements comme ceux qui se sont déroulés à l'école Bedford
sont inacceptables au Québec;
«Que l'Assemblée nationale appuie l'intention du
gouvernement de légiférer afin d'éradiquer toute tentative d'introduire des
manifestations de nature religieuse ou des actes ou comportements relevant de
l'obscurantisme religieux
ou toute autre forme de comportement ou de propos sexiste, raciste, homophobe,
transphobe ou discriminatoire dans les écoles publiques québécoises.»
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de
cette motion?
Des voix : ...
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Le vote est maintenant ouvert.
La période du vote
étant terminée, M. le secrétaire général, pour le résultat des votes, s'il vous
plaît.
Le
Secrétaire : Pour : 93
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci. Cette motion est adoptée.
Une motion sans
préavis ayant été adoptée... ayant déjà été présentée par le groupe
parlementaire formant le gouvernement, je demande s'il y a consentement pour
permettre la lecture d'une autre motion sans préavis.
Des voix : Consentement.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Consentement. Donc, M. le leader adjoint du gouvernement,
donc, ce serait... Pardon, je vais faire l'annonce. M. le whip en chef du
gouvernement, s'il vous plaît.
Modifier la composition de
certaines commissions parlementaires
M. Laframboise : Merci, Mme la Présidente. Conformément à l'article 129 de notre
règlement, je fais motion afin :
«Que la députée d'Abitibi-Ouest
soit nommée membre de la Commission de l'aménagement du territoire en
remplacement du député de Richelieu;
«Que le député de
Masson soit nommé membre de la Commission des finances publiques en
remplacement du député de Maskinongé; et
«Qu'enfin, ces
changements prennent effet immédiatement.»
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté. Donc, M. le leader adjoint du gouvernement...
Une motion sans préavis ayant déjà été présentée par un groupe... par le groupe
parlementaire formant le gouvernement, je demande s'il y a consentement pour
permettre la lecture d'une autre motion sans préavis.
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci. M. le leader adjoint du gouvernement.
Entériner le mandat de
procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 84
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Et donc je demande le
consentement pour déroger à
l'article 84.1 de notre règlement afin de déposer une motion rétroactive
de consultations particulières donnant suite à une entente entre les leaders,
la députée indépendante de Vaudreuil, le député d'Arthabaska et le député de
Saint-Jérôme.
Je fais motion,
conformément à l'article 146 du règlement de l'Assemblée nationale,
afin :
«Que l'Assemblée
nationale entérine le mandat donné à la Commission des relations avec les
citoyens, dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 84, la Loi sur l'intégration nationale, de procéder à des consultations
particulières et de tenir des auditions
publiques le mardi 25 février 2025, de 9 h 45 à
12 h 25 et après les avis touchant les travaux des commissions vers 15 h 15 [jusqu'à]
19 h 20, le mercredi 26 février 2025 après les avis
touchant les travaux des commissions vers
11 h 15 [jusqu'à] 12 h 50 et de 15 heures à
18 h 15, le jeudi 27 février 2025 après les avis touchant
les travaux des commissions vers
11 h 15 [jusqu'à] 12 h 50 et de 14 heures à
16 h 25 et le mardi 18 mars[...], de 9 h 45 à
12 h 10 et après les avis touchant les travaux des commission
vers 15 h 15 [jusqu'à] 19 h 20;
«Qu'à
cette fin, la commission entende les personnes et organismes suivants :
Gérard Bouchard, Guillaume Rousseau, Institut de recherche sur
le Québec, Guy Rocher, sociologue, Commissaire à la langue française,
Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et
immigrantes, Union des municipalités du Québec, Centrale des syndicats
du Québec, Québec Community Group Network, Culture pour tous, Vision Diversité,
Société des musées du Québec, Télé-Québec,
l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec, Laboratoire de
recherche en relations
interculturelles de l'Université de Montréal, [...] David Carpentier,
professeur à l'Université d'Ottawa, Regroupement des centres d'amitié autochtones du Québec, Assemblée des Premières
Nations du Québec et du Labrador, [...] Paul Eid, professeur à l'Université du Québec à Montréal,
Regroupement des Organismes en Francisation du Québec, Mouvement laïque québécois, Droits collectifs Québec, Centre
d'appui aux communautés immigrantes, Confédération des Syndicats Nationaux,
Regroupement des festivals régionaux artistiques indépendants, Regroupement des
événements majeurs et internationaux, Union des artistes,
Complexe X-Immigration;
«Qu'une période de
12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires, répartie de la manière
suivante : 6 minutes pour le [...]
gouvernement, 3 minutes 36 [...] pour l'opposition officielle,
1 minute 12 [pour le] deuxième groupe d'opposition, 1 minute
12 secondes pour le député indépendant;
«Que la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et l'échange
avec les membres de la Commission soit d'une
durée maximale de 35 minutes partagées ainsi : 17 minutes
30 [...] pour le [...] gouvernement, 10 minutes 30 [...] pour l'opposition officielle, 3 minutes
30 [...] pour le deuxième groupe d'opposition, 3 minutes 30 [...]
pour le député indépendant;
«Qu'une suspension de
5 minutes soit prévue entre les échanges avec chaque [personne et]
organisme;
«Que le ministre de
l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration soit membre de ladite Commission
pour la durée du mandat.»
• (15 h 20) •
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion?
Une voix :
...
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le leader du gouvernement. Donc, nous
serions... C'est adopté, oui, la...
Des voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté. Merci.
Avis touchant les travaux des
commissions
Maintenant,
nous serions à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions. M. le
leader du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Donc,
j'avise cette Assemblée que la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'alimentation et des ressources naturelles
va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 69, la Loi assurant la gouvernance responsable des
ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des
finances publiques va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 82,
la Loi concernant l'identité numérique nationale et modifiant d'autres
dispositions, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
19 h 15, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission de
l'aménagement du territoire va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi
n° 86, la Loi visant à assurer la pérennité du territoire agricole et sa
vitalité, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15,
à la salle Pauline-Marois;
La Commission des
transports et de l'environnement va poursuivre l'étude détaillée du projet de
loi n° 81, la Loi modifiant diverses
dispositions en matière d'environnement,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
19 h 15, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci. Pour ma part, je vous avise que la Commission
spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le
développement des jeunes se réunira en séance de travail le mercredi 19 février 2025, de
7 h 15 à 8 h 45, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de procéder à la formation sur l'encadrement légal et
réglementaire des géants du Web.
Je vous avise
également que la Commission de la santé et des services sociaux se réunira en
séance de travail le
mercredi 19 février 2025, de 8 heures à 8 h 30, à la
salle RC.193, afin de statuer sur la possibilité que la commission se
saisisse des pétitions portant sur la
construction de l'urgence, des soins intensifs et du bloc opératoire au Centre
hospitalier Hôtel-Dieu d'Amos.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
Nous en serions
maintenant rendus à la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Je vous informe que demain, lors des
affaires inscrites par les députés de l'opposition, sera débattue la motion
inscrite par M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Cette motion se lit
comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale déclare que l'imposition de tarifs à l'exportation sur
l'aluminium québécois, tel que proposée par le premier ministre du Québec,
serait néfaste pour l'industrie québécoise de l'aluminium et tout
particulièrement pour l'économie de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean.»
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement, s'il vous
plaît.
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous demanderais d'appeler l'article 64
du feuilleton, s'il vous plaît.
Motions du gouvernement
Reprise du débat sur la motion
proposant que l'Assemblée approuve la Décision n° 1/2024
du Comité mixte de la reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles
du 10 octobre 2024 établissant un accord de reconnaissance mutuelle des
qualifications professionnelles pour les architectes dans le cadre de
l'Accord économique et commercial global entre le Canada
et l'Union européenne et ses États membres
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci. À l'article 64, l'Assemblée reprend le
débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur la
motion de Mme la ministre des Relations internationales et de la Francophonie
proposant que l'Assemblée nationale
approuve la Décision n° 1/2024 du Comité mixte de la reconnaissance
mutuelle des qualifications professionnelles du 10 octobre 2024
établissant un accord de reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles pour les architectes dans le cadre de l'Accord économique et
commercial global entre le Canada et l'Union européenne et ses États membres.
Avant
de céder la parole au prochain intervenant, je vous informe qu'il reste
49 min 23 s au groupe parlementaire formant le gouvernement,
17 min 32 s au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle et 23 min 13 s au deuxième groupe
d'opposition.
Maintenant, M. le
député de l'Acadie n'avait pas terminé son intervention. Je lui cède donc la parole.
M. André Albert Morin
(suite)
M. Morin :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je disais, avant la pause d'à midi,
l'importance de cette entente pour permettre aux professionnels, en
l'occurrence, ici, aux architectes, de pouvoir accroître leur mobilité, servant
ainsi et pouvant visiter, voyager, travailler dans plusieurs pays européens, et
vice versa, donc, pour des Européens pouvant
venir ici, au Canada. C'est l'objet même de cette entente dont nous débattons
aujourd'hui et dont le gouvernement a fait motion. Je disais
également... Et je référais à un article du Regroupement des ordres
d'architectes du Canada, qui traitait de l'accord Europe, Canada et Québec,
dans ce cas-ci, et qui soulignait, notamment en ce qui a trait aux différents éléments de l'entente, que
cette entente visait également la protection des travailleurs et qu'elle
permettrait aux architectes, que ce soient les architectes du Québec ou
les architectes membres de pays de l'Union européenne, de pouvoir faire ces
échanges.
Évidemment, l'accord
prévoit certaines exigences d'admissibilité de base, bien sûr, parce
qu'évidemment un ordre professionnel est là avant tout pour la protection du
public. Et donc, pour que ça fonctionne, un architecte de l'Union européenne ou du Québec doit être inscrit
et, bien sûr, posséder un permis d'exercice ou, autrement, il doit être...
bien sûr, être membre en règle de son
organisme professionnel dans la juridiction où il opère. On souligne également
qu'il doit avoir une formation avec des années d'expérience en
architecture. Il doit pratiquer sa profession. Et évidemment il doit avoir une connaissance des lois en lien
avec l'architecture dans son pays, bien sûr. Il doit aussi connaître les codes,
les lois qui s'appliquent à l'exercice de l'architecture dans le pays hôte, ce
qui est aussi logique dans les circonstances. Maintenant, ça va permettre la
mobilité entre l'Union européenne et le Québec. Et finalement, bien sûr, les
architectes de l'Union européenne qui voudront venir exercer au Québec devront,
bien sûr, suivre quelques heures de formation, parce qu'il y a, bien sûr, des
règles particulières dans le domaine de l'architecture au Québec.
Mais, ceci étant dit,
Mme la Présidente, quand on regarde l'entente dont nous débattons, cet
après-midi, on voit qu'il s'agit, à mon avis, d'un avantage pour les architectes
du Québec, pour les architectes de l'Union européenne, que ça va permettre une meilleure mobilité entre le Québec et les pays
de l'Union européenne. Et c'est la raison pour laquelle, Mme la
Présidente, nous sommes en faveur de cette entente et nous sommes en faveur
d'approuver et d'appuyer la Décision
n° 1/2024 du Comité mixte de la reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles du 10 octobre 2024 établissant un accord de
reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles pour les
architectes dans le cadre de l'Accord économique et commercial global
entre le Canada et l'Union européenne — dont le Québec, évidemment, fait
partie — et
les États membres. Alors, nous serons en faveur de cette motion. Je vous
remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise
aux voix
Nous allons
maintenant procéder à la mise aux voix de la motion de Mme la ministre des
Relations internationales et de la Francophonie proposant que l'Assemblée
nationale approuve la Décision n° 1/2024 du Comité mixte de la reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles du 10 octobre 2024 établissant un accord de
reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles pour les
architectes dans le cadre de l'Accord économique et commercial global entre le
Canada et l'Union européenne et ses États membres. Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : En
conséquence, cet engagement international est approuvé par l'Assemblée
nationale. M. le leader du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : ...à
ce stade-ci, je vous demanderais de suspendre jusqu'à l'annonce des débats de fin de séance. À moins que vous ayez les débats de
fin de séance en vos mains? Et donc je vous demanderais de suspendre
jusqu'à la tenue de ces débats, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Donc,
je vous informe, effectivement, qu'un débat de séance se tiendra aujourd'hui, à
18 h 30. Ce débat portera sur une question adressée par M. le député
de Marguerite-Bourgeoys à Mme la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de
l'Énergie concernant la déclaration préoccupante du premier ministre qui
propose de taxer l'industrie québécoise de l'aluminium qui exporte aux
États-Unis.
Donc, j'ajourne les travaux... je suspends les
travaux, pardon, jusqu'aux débats. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 30)
(Reprise à 18 h 30)
Débats
de fin de séance
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Tel
qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au débat de fin de
séance, qui portera sur une question adressée par M. le député de
Marguerite-Bourgeoys à Mme la ministre responsable de l'Habitation, en
remplacement de Mme la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie,
concernant la déclaration préoccupante du premier ministre qui propose de taxer
l'industrie québécoise de l'aluminium qui exporte aux États-Unis.
Je vous rappelle que, conformément à
l'article 310 du règlement, le député qui a soulevé le débat et le
ministre qui lui répond ont droit chacun à un temps de parole de cinq minutes,
et le député a ensuite le droit à une réplique de deux minutes.
M. le député, à vous la parole.
Négociations commerciales avec
les États-Unis
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. D'entrée du jeu, je vais juste, peut-être, remémorer tout le
monde sur les paroles que le premier ministre a utilisées en Chambre, plus tôt
cet après-midi, lors de la question à propos
de savoir pourquoi qu'il voulait renégocier de façon prématurée l'accord Canada—Mexique—États-Unis. Et ce que le premier ministre a
dit, c'était ceci : «Il y a deux stratégies qui sont possibles.» Je vais
focusser sur ce qu'il a dit exactement, là. «Actuellement, M. Trump ne
respecte pas l'entente Canada—États-Unis—Mexique, donc,
évidemment, ça veut dire qu'il faut renégocier cette entente-là.»
Juste pour qu'on mette les choses en
perspective, là, la première entente Canada—Mexique—États-Unis, c'était M. Trump
qui l'a signée, et il ne respecte pas sa propre signature. Donc, moi, quand je
regarde ça, je me dis : O.K., là on
semble être pressés, nous, de vouloir renégocier ça parce qu'il ne la respecte
pas. Ça fait que c'est comme... c'est comme : La saucisse est
fraîche parce que plus de monde en mange, plus le monde en mange, la saucisse
est fraîche. Il n'y a aucune logique, là, en arrière de ça. La réalité, c'est
qu'il ne respectera pas plus une deuxième entente.
Donc, sur le terme spécifique de l'aluminium,
j'ai été quand même assez surpris d'apprendre que le premier ministre
nous a fait partager, en fait, là, son idée comme ça, à brûle-pourpoint, de
tarifer encore plus l'industrie de l'aluminium, sans avoir vérifié avec
les gens de l'industrie. Parce que c'est quand même une industrie qui est
spécifique, le marché de l'aluminium, c'est
un marché qui est complexe, avec plusieurs barrières d'entrée, ce qui fait en
sorte que bouger cette industrie-là, c'est extrêmement compliqué.
Donc, il n'y
a aucune cible économique logique qui va être atteinte en taxant nous-mêmes
notre propre industrie. Donc, j'ai posé la question, je voulais savoir si la
CAQ, le premier ministre avait l'intention, oui ou non, de taxer
l'industrie de l'aluminium, au-delà des tarifs de Donald Trump, pour essayer de
faire bouger l'industrie à aller vers d'autres marchés pour ses exportations.
On n'a pas eu de réponse claire. Moi, j'ai été assez abasourdi de voir que le premier ministre, là-dessus, et la ministre de l'Économie,
les deux, n'ont pas été capables de nous répondre clairement, à savoir :
oui ou non, les intentions sont là de se servir de ce levier-là.
Moi, je comprends que
le premier ministre veut jouer dur... bien, essayer de jouer dur, mais, moi, ce
que je préférerais, comme j'ai mentionné en Chambre tout à l'heure, c'est qu'on
joue de façon intelligente. On a la Chambre de commerce des États-Unis, qui est
probablement le lobby le plus fort qui existe pour l'industrie, tout confondu,
aux États-Unis, et, avec eux, on a été capables d'avoir une excellente relation
en 2017 pour, justement, faire la première monture
de cet accord-là. Et ils sont encore déjà présents, là, dans le marché, aux
États-Unis, et ils veulent nous aider. Donc, moi, je ne comprends pas pourquoi
qu'on n'a pas développé plus de relations avec eux.
L'industrie de
l'aluminium, c'est la même chose. On a une contrepartie là-bas. L'industrie du
cuir, des métaux, des automobiles, peu importe l'industrie, là, il y a... on a
des contreparties de l'autre côté de la frontière, on doit développer ces relations-là. C'est eux, le lobby,
c'est eux qui vont aller faire pression sur les élus locaux pour s'assurer que,
justement, on entende raison.
Mais le but ultime,
ici, c'est d'essayer de comprendre, en négociation 101, là, essayer de
comprendre c'est quoi que le premier ministre essaie d'obtenir, là, de la part
du président, qui semble être difficile d'avoir. On ne le sait pas, on ne le
voit pas. Mais, chose certaine, là, quand on regarde le calendrier américain,
on comprend que ce que M. Trump veut
faire, c'est d'avoir la plus grosse sacoche possible, comme Monique
Jérôme-Forget a déjà eu, pour pouvoir donner des coupures dans les
impôts, pour pouvoir baisser les taxes aux contribuables. C'est ça, son objectif.
Donc, lui, ce qu'il veut, là, c'est de
démontrer un objet doré, superintéressant aux électeurs pour leur dire :
J'ai été capable de ramasser de l'argent avec les tarifs que j'ai
imposés à tout le monde, maintenant je veux vous payer une baisse d'impôt. Bien, ça, c'est dans le calendrier, là, c'est dans
les prochains mois qu'il va faire ça. Donc, si on a une idée de l'horizon de
temps, on est capables, on est capables de
se faire une tête, à savoir quelle va être la stratégie. La stratégie, c'est d'essayer
d'être capable de passer à travers cette période-là pour que, justement, la
pression soit sur les épaules du président américain.
Donc, d'offrir comme
ça sur la place publique qu'on est prêt à renégocier l'entente de
libre-échange, qu'on est prêt à donner des compromis sur l'aluminium, nos
forêts, l'aéronautique avant même que les demandes arrivent, c'est de se mettre
les deux genoux à terre, Mme la Présidente, et j'en suis vraiment...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Maintenant, je cède la parole à Mme la ministre.
Vous avez... Je vous rappelle que vous avez un temps de parole maximum de cinq
minutes.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau : Merci, Mme la Présidente.
Alors, je tiens d'abord à saluer le collègue de Marguerite-Bourgeoys,
avec qui j'ai peu la chance de débattre. Et on me fait remarquer que le
collègue semble s'intéresser particulièrement aux actions que prend notre
gouvernement dans le cadre des menaces tarifaires de l'administration Trump.
Alors, non seulement le député se prévaut d'un débat de fin de séance ce soir,
mais, en plus, d'une motion du mercredi, demain, sur le même sujet.
Alors, bien, toujours
est-il qu'il me fait plaisir d'être ici ce soir au nom de la ministre de
l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie
et pour parler d'un des atouts dont dispose le Québec dans cette guerre
tarifaire qui s'amorce, et j'ai nommé l'aluminium.
Mais,
avant toute chose, je souhaite rassurer le député de Marguerite-Bourgeoys à
l'effet que notre gouvernement prend très au sérieux les menaces du président
Trump d'imposer des tarifs sur les produits canadiens exportés vers les
États-Unis. Notre préparation a commencé bien avant son assermentation, puisque
nous voulions nous assurer que les exportateurs québécois continueraient de
bénéficier d'un accès sans entrave au marché américain. Plusieurs rencontres
ont eu lieu avec des hauts responsables du gouvernement fédéral, des
représentants des autres provinces et territoires et nos partenaires à
l'étranger afin de nous assurer que toutes les mesures possibles soient prises
pour maintenir des échanges commerciaux sains et compétitifs entre le Québec et
les États-Unis. De plus, la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de
l'Énergie poursuit ses rencontres avec nos principales entreprises
exportatrices et la plupart de nos associations sectorielles.
Alors,
notre gouvernement est donc pleinement conscient de leurs préoccupations, et,
Mme la Présidente, le député ne sera pas étonné d'apprendre que, si des
barrières commerciales sont imposées par les États-Unis, nous prendrons toutes
les mesures nécessaires pour soutenir les entreprises québécoises qui seront
touchées en vue de minimiser les impacts.
Maintenant, sur
l'aluminium, le secteur de l'aluminium est stratégique pour l'économie
québécoise. D'ailleurs, les cinq députés de la Coalition avenir Québec de la
région pourraient vous le confirmer. En effet, l'aluminium fait partie de la liste des métaux critiques et
stratégiques, et sa filière soutient près de 30 000 emplois bien
rémunérés, répartis dans quelque 1 700 entreprises partout au
Québec.
Aussi, grâce aux
actions de notre gouvernement, les prochaines années s'annoncent prometteuses,
notamment grâce au développement de la technologie de rupture d'électrolyse
d'aluminium sans émissions de gaz à effet de serre, j'ai nommé ELYSIS. Je fais
ici une courte parenthèse pour rappeler que la ministre de l'Économie et la
ministre responsable de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean ont annoncé un investissement de plus de 14 millions dans cette
technologie en janvier dernier. Toute la région avait alors souligné
l'excellente nouvelle.
Alors, l'aluminium, Mme
la Présidente, a le potentiel d'engendrer des retombées économiques importantes
puisque l'aluminium figure en tête de liste des principaux produits
d'exportation du Québec. C'est plus de 9 milliards en 2023, derrière
l'aérospatiale. Finalement, saviez-vous que l'aluminium produit au Québec est
doté de l'empreinte carbone la plus faible au monde grâce à notre
hydroélectricité? Alors, il faut être fiers de ça, Mme la Présidente.
• (18 h 40) •
Les États-Unis auront
beaucoup de difficultés à se passer de nous, surtout s'ils ne souhaitent plus
importer d'aluminium de la Chine. Alors,
pourquoi? Parce que le Québec produit 75 % de tout l'aluminium primaire en
Amérique du Nord. Le premier ministre et la ministre de l'Économie ont
parlé à plusieurs reprises avec nos grands producteurs d'aluminium ainsi qu'avec les associations qui représentent l'industrie.
Tous sont d'accord pour dire que les exportations du Québec dans ce secteur sont irremplaçables. On
exporte 2,9 millions de tonnes d'aluminium vers les États-Unis chaque
année, soit 60 % de leurs besoins.
Alors, c'est totalement insensé de mettre des
tarifs sur des produits comme l'aluminium, pour lesquels les États-Unis sont incapables de répondre à leurs
propres besoins. Les États-Unis s'appuient sur de nombreuses entreprises
et secteurs d'activité du Québec pour
plusieurs de leurs chaînes d'approvisionnement d'importance. Les contrecoups
subis par les Américains avec l'imposition de tarifs...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : En
terminant.
Mme Duranceau : ...de hausse de
prix...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Mme
la ministre, je suis obligée de vous arrêter, puisque votre temps de parole est... est écoulé, pardon, et je dois être
juste envers tout le monde. M. le député, je vous cède la parole pour une durée
maximum de deux minutes.
M. Frédéric Beauchemin
(réplique)
M. Beauchemin : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, oui, effectivement, je suis d'accord avec la ministre,
c'est insensé d'imposer des tarifs sur le secteur de l'aluminium pour les
Américains. C'est insensé d'imposer des tarifs sur le secteur de l'aluminium pour le Québec, pour notre industrie, pour
les gens de la région du Saguenay. C'est pour ça, Mme la Présidente, que
j'ai été abasourdi quand j'ai entendu le premier ministre réfléchir à haute
voix qu'il était sur l'idée comme quoi que
ce serait une bonne affaire d'imposer des tarifs additionnels à notre industrie
de l'aluminium pour les motiver à changer de marché, de diversion... Je
n'ai aucune espèce d'idée c'était pourquoi. C'était quelque chose qui n'avait
même pas été vérifié avec les gens de l'industrie.
Donc, j'ai posé la question tantôt en
Chambre : Oui ou non, va-t-on taxer de façon additionnelle l'industrie de
l'aluminium? Aucune réponse claire de la part du premier ministre, aucune
réponse claire de la part du gouvernement. Mme la Présidente, force est de
constater que... peut-être que, ce qui est arrivé à ce moment-là, le premier
ministre était en train de spéculer, sur la
place publique, quelles allaient être les intentions, mais, chose certaine, ce
n'est pas en taxant notre propre
aluminium qu'on va être capables de pouvoir s'assurer l'ouverture de nos
marchés parce que, toutes choses étant égales par ailleurs, si on taxe
notre aluminium, notre aluminium va être plus cher tout partout.
Donc, Mme la Présidente, il n'y avait pas de
logique. Il n'y avait pas de commentaire qui suivait la logique économique de la part du premier ministre
là-dessus. Puis, il faut comprendre, si on décide d'envoyer notre aluminium à
l'extérieur du marché américain, bien, c'est un marché qui est équilibré, le
marché européen ou le marché du Moyen-Orient va envoyer son aluminium... ou même la Russie, là, qui, soudainement, va
peut-être être libre de pouvoir transiger avec les Américains, envoyer
son aluminium vers les États-Unis. On va retrouver l'équilibre. Donc, Mme la
Présidente, je n'ai pas entendu la réponse à ma question, malheureusement.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Ceci met fin aux débats de fin de séance.
Ajournement
Et, compte tenu de l'heure, les travaux sont
ajournés au mercredi 19 février, 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 44)