Journal des débats (Hansard) of the National Assembly
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
Wednesday, September 25, 2024
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Vol. 47 N° 146
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Intervenants par tranches d'heure
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Benjamin, Frantz
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Gendron, Marie-Belle
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Prass, Elisabeth
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Lemieux, Louis
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Grandmont, Etienne
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Poulet, Isabelle
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Cadet, Madwa-Nika
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Dionne, Amélie
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Bérubé, Pascal
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Soucy, Chantal
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Blouin, Catherine
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Jacques, François
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Abou-Khalil, Alice
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Roy, Nathalie
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Fréchette, Christine
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Drainville, Bernard
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Bonnardel, François
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Blanchette Vézina, Maïté
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Rouleau, Chantal
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Provençal, Luc
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Chassin, Youri
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Tanguay, Marc
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Legault, François
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Beauchemin, Frédéric
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Cadet, Madwa-Nika
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Roberge, Jean-François
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Rizqy, Marwah
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Rizqy, Marwah
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Roy, Nathalie
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Fréchette, Christine
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Jolin-Barrette, Simon
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Nadeau-Dubois, Gabriel
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Legault, François
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Marissal, Vincent
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Proulx, Caroline
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St-Pierre Plamondon, Paul
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Labrie, Christine
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Drainville, Bernard
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Benjamin, Frantz
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Bérubé, Pascal
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Lakhoyan Olivier, Sona
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Benjamin, Frantz
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Derraji, Monsef
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Bouazzi, Haroun
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Lefebvre, Eric
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Lévesque, Mathieu
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Lakhoyan Olivier, Sona
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Cadet, Madwa-Nika
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Cadet, Madwa-Nika
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Benjamin, Frantz
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Caron, Linda
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Benjamin, Frantz
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McGraw, Désirée
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Lévesque, Mathieu
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LeBel, Sonia
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Morin, André Albert
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Morin, André Albert
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Benjamin, Frantz
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Rizqy, Marwah
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Soucy, Chantal
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Lévesque, Mathieu
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Fréchette, Christine
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Soucy, Chantal
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Beauchemin, Frédéric
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Bouazzi, Haroun
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Soucy, Chantal
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Bouazzi, Haroun
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Martel, Donald
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Paradis, Pascal
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Rizqy, Marwah
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Lemay, Mathieu
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Lemay, Mathieu
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Soucy, Chantal
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Lemieux, Louis
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Rizqy, Marwah
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Lévesque, Mathieu
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Paradis, Pascal
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Soucy, Chantal
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Lévesque, Mathieu
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Lévesque, Sylvain
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Caron, Linda
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Caron, Linda
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Lévesque, Sylvain
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Lévesque, Mathieu
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Lacombe, Mathieu
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Garceau, Brigitte B.
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Garceau, Brigitte B.
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Lévesque, Sylvain
9 h 30 (version révisée)
Cliquez ici pour taper du texte.
(Neuf heures quarante et une minutes)
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, bonjour à toutes, bonjour à tous. Donc, je vous invite à prendre
place. Nous allons débuter nos travaux.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous sommes à la rubrique Déclarations de
députés, et, sans plus tarder, je reconnais Mme la députée de Châteauguay.
Souligner le courage de
Mme Virginie Primeau-Poirier dans son combat contre le cancer
Mme Marie-Belle
Gendron
Mme Gendron : Merci, M. le
Président. En novembre dernier, Virginie Primeau-Poirier et Nikita Druzhynin se
<tenaient...
Mme Gendron :
...Poirier
et Nikita Druzhynin se >tenaient fièrement sur la troisième marche du
podium après avoir livré une performance exceptionnelle au Championnat du monde
amateur de danse «ballroom».
Ces partenaires sur la piste tout comme
dans la vie étaient au sommet de leur forme, représentant fièrement notre
Québec sur la scène internationale. Ils sont de vraies étoiles de mon comté.
Leur monde s'est écroulé alors que
Virginie reçoit le diagnostic qui semble impossible : un cancer du sein,
stade 3.
C'est après avoir été sensibilisée à
l'auto-examination que Virginie a découvert la masse qui grandissait dans son
corps.
Depuis maintenant près d'un an, Virginie
affronte bravement la maladie, jour après jour, alimentée par cette passion de
retrouver la piste de danse.
À la veille du Mois de la sensibilisation
du cancer du sein, je porte à mon tour le message qui a fait la différence pour
la vie de Virginie en partageant son histoire. Sachez que le cancer du sein
peut être silencieux. Il ne fait aucune discrimination. Ne négligez pas vos
auto-examinations. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Châteauguay. La parole revient maintenant à Mme la
députée de D'Arcy-McGee.
Souligner le 25e
anniversaire de l'organisme Le Phare, Enfants et familles
Mme Elisabeth
Prass
Mme Prass : Merci, M. le Président.
Le Phare, Enfants et familles a été la toute première maison de soins
palliatifs pédiatriques au Québec, et, cette année, l'organisme célèbre ses
25 ans.
À ses débuts, Le Phare offrait du répit à
domicile. En 2007, la maison ouvrait officiellement ses installations dans le
quartier Rosemont-Angus, à Montréal.
Les cofondatrices, Michèle Viau-Chagnon et
Nicole Marcil-Gratton, ont été des pionnières dans le développement de cette
ressource essentielle. Le Phare et son équipe interdisciplinaire aspirent
de devenir la référence en soins palliatifs pédiatriques communautaires au
Québec.
Le Phare veille sur ses centaines
d'enfants ayant une maladie limitant leur espérance de vie en leur offrant des
soins, des thérapies complémentaires et des activités adaptées à leurs besoins.
Ils accompagnent... psychosocial… Du répit n'est jamais oublié.
Depuis 25 ans, Le Phare veille, guide
et se souvient des enfants et de leurs familles, l'importance au sein de notre
société québécoise. On leur souhaite bonne chance et bonne continuation. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de D'Arcy-McGee. Et je cède maintenant la parole à M.
le député de Saint-Jean.
Rendre hommage à Mme
Aurélie Rivard
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : M. le Président,
ce n'est pas la première et probablement pas la dernière fois que je vous parle
d'Aurélie Rivard.
Il y a trois ans presque jour pour jour,
je vous annonçais que je lui remettrais la Médaille du député de l'Assemblée nationale,
ce que j'ai fait dans le bureau du premier ministre, où elle était venue nous
montrer ses cinq nouvelles médailles des Jeux paralympiques de Tokyo.
Aurélie est rentrée de Paris récemment
avec trois médailles, ce qui porte à 13 son bilan de médailles paralympiques en
natation, sans compter tous les championnats canadiens et mondiaux.
Saint-Jean-sur-Richelieu est fière de sa
championne et lui montrera cette fin de semaine dans une activité publique.
Et, selon ce que j'entends, si tout se
passe bien, une piscine du Complexe sportif Claude-Raymond portera bientôt son
nom. Et c'est loin d'être un détail, M. le Président, puisque ce n'est pas une
coïncidence anodine. La fondation de cet autre grand héros de chez nous, Claude
Raymond, a été pour beaucoup dans la carrière d'Aurélie Rivard, que je salue et
félicite au nom de tous mes concitoyens de la circonscription de Saint-Jean.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Saint-Jean. Au tour, maintenant, du député de
Taschereau.
Rendre hommage au
personnel de soutien scolaire
M. Etienne
Grandmont
M. Grandmont : Merci, M. le
Président. Nous soulignons présentement la Semaine nationale du personnel de
soutien scolaire.
Éducatrices en service de garde,
techniciennes en éducation spécialisée, en informatique ou en loisirs,
secrétaires, électriciens, concierges, le personnel de soutien scolaire
s'assure que nos écoles sont des milieux de vie sains et sécuritaires. Ils
soutiennent le personnel enseignant et contribuent à la réussite de nos
enfants. Parce que leur travail pourtant essentiel passe trop souvent inaperçu,
je souhaitais utiliser ces quelques instants pour leur rendre hommage.
L'engagement du personnel de soutien
scolaire est indispensable au bon fonctionnement de notre système d'éducation.
C'est grâce à leurs interventions bienveillantes et à leur professionnalisme
que, comme parents, nous déposons nos enfants à l'école avec confiance chaque
matin.
Merci de votre travail. Et bonne Semaine
nationale du personnel de soutien scolaire!
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Taschereau. Avant de céder la parole à Mme la
députée de Laporte, j'aimerais demander le consentement pour que Mme la députée
de Laporte puisse changer sa... le titre de sa déclaration.
Des voix : Consentement.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Consentement. La parole revient maintenant à Mme la députée de Laporte.
Souligner le 50e
anniversaire du Centre d'art de Préville
Mme Isabelle
Poulet
Mme Poulet : Oui. Merci, M.
le Président. Alors, je souligne le 50e anniversaire de fondation du
Centre d'art Préville, situé à Saint-Lambert.
Ce centre se distingue par son offre de
cours, soit en musique, danse, arts visuels, théâtre, arts autochtones, écriture
de chansons, <enregistrements...
Mme Poulet :
...chansons,
>enregistrements sonores. Il y en a pour tous les goûts.
• (9 h 50) •
Le Centre d'art Préville, c'est plus de
600 élèves, 1 200 inscriptions au camp d'été et une centaine de
bourses qui sont distribuées chaque année. C'est une vraie pépinière de talents
artistiques de tous genres et de tous âges.
Fondé en 1974 par Mme Belva Thomas,
sa fille Veronica, violoniste réputée internationalement, a pris le relais et a
permis au Centre d'art Préville de connaître une croissance remarquable,
comptant plusieurs initiatives, dont l'Académie de danse Préville, la
plateforme virtuelle unique Préville en ligne et les Ateliers scolaires
Préville.
Je souligne l'excellence dans le travail
de tous les acteurs qui gravitent de près ou de loin auprès du centre.
Mme Thomas, je vous souhaite
plusieurs autres années à faire vibrer notre communauté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. Et au tour, maintenant, de Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Souligner la fermeture
de la Charcuterie Noël
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Fondée en 1979
par M. Salvatore Natale puis reprise par son fils Roberto, la Charcuterie
Noël a servi avec fierté, passion et convivialité plusieurs générations de
Nord-Montréalais et de Québécois de partout qui jugeaient avec justesse que les
délectables trouvailles de cet établissement en valaient le détour.
Si la fonction éponyme des lieux en a été
le socle, les viandes fraîchement coupées ont côtoyé les miches de pain, les
mets italiens gastronomiques, les produits d'épicerie fine ainsi que les
inimitables délices sucrés.
À l'arrivée du temps des fêtes, faire
tirer un panier-cadeau de la Charcuterie Noël parmi nos aînés était déjà devenu
l'une de mes précieuses traditions. Cela me manquera donc de déceler sur leurs
visages la joie de recevoir leurs savoureux assortiments de victuailles
amalgamés à la quiétude de ce qui relève du coutumier, parce que recevoir un
présent signé Charcuterie Noël, c'était comme recevoir un cadeau de sa propre
famille.
C'est donc le cœur gros que je joins ma
voix à celles de mes concitoyens de Bourassa-Sauvé pour dire au revoir à notre
chère Charcuterie Noël. Je tiens profondément à remercier la famille Natale
pour ses services rendus à notre communauté au cours des 45 dernières
années. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Et je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Souligner le 70e
anniversaire de la Cantine D'Amours
Mme Amélie Dionne
Mme Dionne : Merci, M. le
Président. Aujourd'hui, j'aimerais souligner en cette Chambre les 70 ans
d'une véritable institution basque, et je parle ici de la Cantine D'Amours.
Reconnu à travers le Québec, cet
établissement pistolois a traversé les décennies en maintenant un niveau de
qualité exceptionnel et en innovant sans cesse avec de nouvelles recettes.
C'est en 1954 que Jeanne Plourde entame un
projet qui fera un long bout de chemin, soit la vente de hot-dogs et de frites
sous son perron.
En 2009, son petit-fils Denis D'Amours
reprend le flambeau de l'entreprise familiale avec sa conjointe Mélanie.
M. le Président, je tiens à féliciter la
famille D'Amours, qui a su bâtir une véritable institution qui fait la fierté
des Pistolois. Si vous passez par Trois-Pistoles, je vous invite à y faire un
tour et à découvrir le fameux cheeseburger complet de la cantine, une recette
originale et authentique qui a su perdurer à travers le temps.
Au nom des citoyens et citoyennes de ma
circonscription, bon 70e à toute l'équipe de la Cantine D'Amours! Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata. La parole revient
maintenant à M. le député de Matane-Matapédia.
Souligner l'acte de
bravoure de Mme Marie-Josée Blanchette et de M. Patrice Didier
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : M. le Président,
aujourd'hui, je tiens à souligner l'acte de bravoure de Mme Marie-Josée
Blanchette et de M. Patrice Didier pendant la plus récente édition de l'Ultra-Trail
des Chic-Chocs.
Ce massif montagneux comporte plus de
25 sommets au-delà des 1 000 mètres en altitude et fait de cet
événement une des courses les plus difficiles dans l'est de l'Amérique du Nord.
Le 17 août, Mme Blanchette et
M. Didier étaient en randonnée sur le mont Albert et ont retrouvé un homme
en convulsions et inconscient à environ trente... une trentaine de minutes du
sommet.
Infirmière et infirmier à l'urgence de l'Hôpital
d'Amqui, ils ont tout de suite porté une assistance à ce coureur en détresse.
En absence de la couverture cellulaire
dans le parc national de la Gaspésie, ce fut le premier coureur en bas de la
montagne qui a communiqué avec les secours.
Trois heures et demie se sont écoulées
avant l'arrivée des équipes de sauvetage et des ambulanciers. Près de huit heures
ont été nécessaires pour compléter la mission de sauvetage avec une évacuation
par hélicoptère.
Je tiens donc à joindre ma voix à ce
coureur, à sa famille et à ses proches pour féliciter chaudement
Mme Blanchette et M. Didier. Votre intervention a sauvé une vie.
Toute la communauté matapédienne et votre député sont fiers de vous. Merci, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Matane-Matapédia. Et je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Souligner l'arrivée à
Saint-Hyacinthe d'une nouvelle équipe de la Ligue nord-américaine de hockey
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy : M. le Président,
à Saint-Hyacinthe, nous célébrons, cette saison, le retour du hockey
professionnel après 15 ans d'absence, une nouvelle ligue... une nouvelle
équipe de la Ligue nord-américaine de hockey, le Bataillon.
Nous avons la chance d'accueillir, dans
nos tribunes ce matin, Dominic Lapensée, entraîneur-chef, et Jessy Girard,
commissaire de la ligue.
Pour les Maskoutains, c'est un retour
longuement attendu ainsi que le présage de matchs de fort <calibre...
Mme Soucy :
...matchs
de fort >calibre.
M. le Président, vous savez, le hockey, c'est
un sport qui nous rassemble et qui crée des liens entre les générations.
Donc, à la ligue et aux propriétaires, MM. Guillaume
Latendresse et Maxim Lapierre, merci d'avoir choisi Saint-Hyacinthe.
J'invite la population à venir nombreux
encourager notre nouvelle équipe au stade L.-P.-Gaucher.
Bonne première saison au Bataillon, et que
la passion du hockey reprenne d'assaut notre communauté! Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Saint-Hyacinthe. La parole revient maintenant à
Mme la députée de Bonaventure.
Souligner le travail de
la Fondation québécoise du cancer
Mme Catherine
Blouin
Mme Blouin : Merci beaucoup,
M. le Président. Cette année encore, près de 67 500 Québécois
recevront un diagnostic de cancer. C'est donc dire qu'il y a un Québécois à
toutes les huit minutes qui reçoit un diagnostic.
Nous avons la chance ici, au Québec, de
pouvoir compter sur la Fondation québécoise du cancer, un organisme qui prend
soin des personnes atteintes d'un cancer et de leurs proches.
Partenaire important du réseau de la
santé, la fondation soutient bon nombre de personnes année après année. Elle
est là, au cœur de l'épreuve, pour écouter, informer, réconforter, accompagner
et héberger les Québécoises et les Québécois que le cancer vient bouleverser.
D'ailleurs, le 15 septembre dernier a
marqué le 45e anniversaire de cet organisme exceptionnel.
Alors, au nom de l'ensemble de la
population, je profite de cette occasion pour remercier les administrateurs,
les employés et les centaines de bénévoles qui y ont succédé depuis 45 ans.
Au fil des années, tous ces anges gardiens ont fait preuve d'une bienveillance
et d'une générosité qui vient vraiment du fond du cœur. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Fabre. Et je cède maintenant la parole à M. le
député de Mégantic.
Souligner la
réalisation de projets de revitalisation du centre-ville de Lac-Mégantic
M. François Jacques
M. Jacques : Merci, M. le
Président. C'est avec fierté que je souligne aujourd'hui l'aboutissement de deux
projets d'envergure pour la reconstruction du centre-ville de Lac-Mégantic,
dont l'immeuble Le Chevalier.
En effet, dans le cadre du Fonds au
bénéfice de la communauté de Lac-Mégantic, deux projets viendront ajouter 51 logements
abordables, un pôle communautaire et 14 000 pieds carrés d'espace
commercial au cœur de la ville. Il s'agit d'un avancement majeur pour les gens
de chez nous, qui se sont grandement mobilisés depuis 2013.
Permettez-moi de souligner l'apport de mes
collègues à la Justice, à l'Habitation et aux Affaires municipales ainsi qu'à
la ville de Lac-Mégantic, sans qui ces projets n'auraient pu voir le jour.
Un énorme merci également à l'ensemble des
partenaires et des collaborateurs qui ont permis de rendre possibles ces
réalisations par leur persévérance et leur volonté de recréer un milieu vivant,
habité et dynamique afin de redonner le sentiment de bien-être du passé. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Mégantic, pour votre déclaration. Et, comme dernière
déclaration, je dois céder... je vais céder la parole, maintenant, à Mme la
députée de Fabre.
Souligner la Semaine
contre l'intimidation et la violence à l'école
Mme Alice
Abou-Khalil
Mme Abou-Khalil : Bonjour, M.
le Président. Chers collègues, permettez-moi de souligner aujourd'hui la semaine
de la lutte contre l'intimidation à l'école.
Ayant été informée de plusieurs cas d'intimidation
envers les étudiants de la circonscription de Fabre, c'est mon devoir de
rappeler à cette Assemblée ainsi qu'à tout le monde qui nous écoute que chaque
geste compte pour défier ce fléau dans nos écoles.
Enseignants, parents, élèves et membres de
la société civile, nous avons tous un rôle à jouer pour offrir à nos enfants
les outils pour parler, pour se soutenir et pour mettre fin à ce cycle de
violence qui affecte la vie de nos jeunes.
Travaillons ensemble pour créer des écoles
où chacun peut s'épanouir en toute confiance, où la diversité est célébrée et
où chaque voix est écoutée et respectée. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Fabre. Alors, voilà qui met fin à la rubrique
Déclarations de députés. Je remercie chacun des collègues pour votre
déclaration.
Et nous allons suspendre les travaux
quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 55)
10 h (version révisée)
(Reprise à 10 h 05)
La Présidente : Mesdames et messieurs,
bienvenue. Bienvenue au parlement du Québec.
Mmes, MM. les députés, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Présence de Mme Méganne Perry Mélançon,
ex-parlementaire de l'Assemblée nationale
Aujourd'hui, j'ai le plaisir <de
souligner…
La Présidente :
…aujourd'hui,
j'ai le plaisir >de souligner la présence, dans les tribunes, de Mme Méganne
Perry Mélançon, ancienne députée de Gaspé.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, Mme la
ministre de l'Économie, de l'Innovation, de l'Énergie.
Mme Fréchette : Alors,
Mme la Présidente, permettez-moi de déposer les rapports annuels de
gestion 2023‑2024 de la Régie de l'énergie et du ministère de l'Économie,
de l'Innovation et de l'Énergie.
Et je dépose également les états
financiers consolidés de l'exercice clos le 31 mars 2024 du Fonds de
développement économique, de Capital Ressources naturelles et Énergie ainsi que
du Fonds pour la croissance des entreprises québécoises. Merci.
La Présidente : Ces documents
sont déposés. M. le ministre de l'Éducation.
M. Drainville : Oui,
bonjour, Mme la Présidente. Alors, permettez-moi de déposer les rapports
annuels de gestion 2023‑2024 du Conseil supérieur de l'éducation et de la
Commission consultative de l'enseignement privé.
Je dépose également le plan
stratégique 2024‑2028 de la Commission consultative de l'enseignement
privé. Merci.
La Présidente : Ces documents
sont déposés. M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Bonnardel : Mme la
Présidente, permettez-moi de déposer les rapports annuels de gestion 2023‑2024
du ministère de la Sécurité publique, de la Régie des alcools, des courses et
des jeux ainsi que du Commissaire à la lutte contre la corruption.
Je dépose également la planification
stratégique 2024‑2027 du Commissaire à la lutte contre la corruption.
Merci.
La Présidente : Ces documents
sont déposés. Mme la ministre des Ressources naturelles et des Forêts.
Mme Blanchette Vézina : Mme
la Présidente, permettez-moi de déposer le rapport annuel de gestion 2023‑2024
du ministère des Ressources naturelles et des Forêts et le rapport
d'activité 2023‑2024 du Forestier en chef. Merci.
La Présidente : Ces documents
sont déposés. Mme la ministre, responsable de la Solidarité sociale et de
l'Action communautaire.
Mme Rouleau : Mme la
Présidente, permettez-moi de déposer le rapport d'activité 2023‑2024 du
Comité consultatif de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Merci.
Dépôt de rapports de commissions
La Présidente : À la rubrique
Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission de la santé
et des services sociaux et député de Beauce-Nord.
Étude détaillée du projet de loi n° 66
M. Provençal : Mme la
Présidente, je dépose le rapport de la Commission de la santé et des services
sociaux qui, le 24 septembre 2024, a procédé à l'étude détaillée du projet
de loi n° 66, Loi visant à renforcer le suivi des personnes faisant
l'objet d'un verdict de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles
mentaux ou d'inaptitude à subir leur procès. La commission a adopté le texte du
projet de loi avec des amendements. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente
: Ce
rapport est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, je
reconnais M. le député de Saint-Jérôme.
Offrir une protection et un soutien aux
travailleurs étrangers temporaires
M. Chassin :Bonjour, Mme la Présidente.
Je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale, signée par 159 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les
suivants :
«Considérant que plusieurs [travailleurs
étrangers] et [travailleuses étrangères] temporaires se font imposer des frais
illégaux de recrutement pour venir travailler au Québec, notamment à titre
d'aides domestiques ou dans l'industrie du camionnage;
«Considérant le Règlement sur les agences
de placement de personnel et les agences de recrutement de travailleurs
étrangers temporaires empêchant l'imposition [des] frais de recrutement aux
personnes travailleuses et que lesdits frais doivent être couverts par
l'employeur désirant recruter;
«Considérant qu'aucune infraction menant à
réparation n'a été émise par les autorités;
«Considérant que les travailleuses et
travailleurs concernés ne désirent pas porter plainte ou dénoncer afin d'éviter
de possibles représailles, telles que d'être retournés dans leur pays;
«Considérant que ces personnes
travailleuses sont ainsi victimes d'exploitation à des fins de travail, [et à]
une forme de traite de personnes;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au
gouvernement du Québec d'offrir une protection et un soutien aux travailleuses
étrangères et travailleurs étrangers temporaires afin que ces personnes
puissent avoir le courage de dénoncer. Nous demandons de clarifier et d'étendre
la réglementation entourant les frais de recrutement afin d'en assurer une
meilleure application. Cela inclut d'effectuer des vérifications de
l'application de cette réglementation et de mettre en application des
conséquences sévères lorsque non respectée. Finalement, nous demandons de
promouvoir davantage les connaissances des droits, des ressources et des
recours disponibles pour ces personnes.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
• (10 h 10) •
La Présidente : Cet extrait
de pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux
pétitions ni d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et de réponses orales, et, pour ce faire, je cède la parole, en
question principale, au chef de l'opposition officielle.
Blocs d'énergie destinés aux entreprises
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la
Présidente, Northvolt <est en crise…
M. Tanguay :
...Mme
la Présidente, Northvolt >est en crise : perte de contrats majeurs,
difficulté à payer ses fournisseurs, licenciement, lundi dernier, de
1 600 employés en Suède, les actionnaires qui refusent d'injecter de
l'argent supplémentaire. Cerise sur le sundae : la ministre, elle, de
l'Énergie en Suède a décrété que son gouvernement ne mettra pas une cent de
plus dans Northvolt, de un, et, de deux, elle a mis sur pied une cellule de
crise. Pendant ce temps-là, au Québec, tout va bien, Mme la Présidente, ils
sont... j'allais dire autre chose, le gouvernement caquiste est pleinement
rassuré.
Northvolt, selon toute vraisemblance,
n'aura pas besoin des 354 mégawatts d'ici quatre ans. Depuis plusieurs
jours, on demande au gouvernement de dégeler ce bloc d'énergie. La réponse
catégorique de la ministre : Il n'en est pas question.
Hier, le gouvernement a commencé à voir la
lumière. Nouveau concept : le séquençage. La ministre de l'Énergie a dit,
je la cite : «S'il y a une marge de manoeuvre, eh bien, peut-être qu'on
pourrait utiliser un bloc d'énergie au profit d'autres entreprises.» Alléluia,
Mme la Présidente, ils voient la lumière!
Question au premier ministre, maintenant.
J'aimerais l'entendre nous confirmer que les 354 mégawatts seront
entièrement dégelés et au profit d'entreprises du Québec.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, on a fait le choix d'être présents, d'être actifs dans la filière
batterie parce qu'on est convaincus que ça fait partie des domaines d'avenir
dans les économies sur la planète. Donc, on a pris un risque calculé, on a
diversifié notre risque entre plusieurs entreprises : GM, Ford, Northvolt,
Volta, Nemaska.
Et, Mme la Présidente, ce n'est pas juste
moi qui le dis, qu'on doit le faire, Raymond Bachand, hier, Raymond Bachand,
ancien ministre d'Économie, des Finances, qui dit que c'est important que le
Québec prenne sa place dans la filière batterie. Raymond Bachand qui dit :
Il faut regarder à long terme quand on parle d'économie. Raymond Bachand qui
dit : Il n'y a rien de pire dans un projet de développement économique que
la politique partisane. Raymond Bachand qui dit : Risque calculé, oui,
parce qu'on prend notre place dans une nouvelle industrie.
Mme la Présidente, ce qui est clair, là,
c'est qu'on a un nouveau Parti libéral qui n'a pas de vision d'avenir au point
de vue économique et qui s'oppose à la filière batterie. C'est un choix qu'ils
font. Je m'ennuie de Raymond Bachand.
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous
plaît! Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la
Présidente, il dit que le Parti libéral du Québec n'a pas de vision d'avenir,
alors qu'eux autres même, ils viennent de découvrir le séquençage, l'étapisme,
y aller par étapes. Ils ont découvert ça hier, eux autres, puis ils nous font
des leçons sur une vision d'avenir. Quand on leur dit que 354 mégawatts
gelés pendant quatre ans, ça n'a pas de bon sens parce que, pendant ce
temps-là, ils disent non à des entreprises du Québec, la semaine passée c'était
une hérésie, ce qu'on disait, là ils commencent à voir la lumière.
Je repose ma question au premier
ministre : Va-t-il dégeler l'entièreté du bloc pour des entreprises du
Québec?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme
la Présidente, j'aimerais que le chef de l'opposition officielle aille plus
loin. Est-ce qu'il nous propose d'enlever le bloc d'énergie à GM? Est-ce qu'il
nous propose de l'enlever à Ford? Il n'y a pas longtemps, Ford avait arrêté sa
construction, comme Northvolt. Là, la construction est reprise. Donc, est-ce
qu'on enlève le bloc d'énergie de tout le monde?
Dans le cas de Northvolt, on nous dit que
la construction est retardée de 12 à 18 mois. Moi, je pense que c'est un
bon risque calculé, de continuer de réserver ces blocs pour la filière
batterie.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Hier, la
ministre ouvre la porte. À matin, le premier ministre, il ferme la porte. Il
est en train de dire — puis qu'il le dise clairement aux Québécoises
et Québécois puis à nos entreprises du Québec — qu'il ne va pas
toucher aux 354 mégawatts, alors que sa ministre, elle dit qu'elle
amorçait une réflexion. Pourquoi? Parce qu'elle a eu la permission de
Northvolt. Pourquoi? Parce qu'eux autres, ils veulent leurs prochains
300 millions. Northvolt, ils donnent la permission de jouer dans son
354 mégawatts parce qu'ils veulent leurs 300 millions.
Le premier ministre, il est-tu en train de
fermer la porte à ce que la ministre a ouvert hier?
La Présidente
: La
réponse...
Des voix : ...
La Présidente
: S'il
vous plaît! La réponse <du premier ministre...
M. Tanguay
:
...hier?
La Présidente :
La réponse...
Des voix :
...
La Présidente :
S'il
vous plaît! La réponse >du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la
Présidente, il n'est pas question de verser le 300 millions tant que le
financement ne sera pas tout en place puis tant qu'on n'aura pas commencé la
construction de l'usine en Montérégie.
Maintenant, Mme la Présidente, oui, il
faut peut-être se poser la question : Est-ce que, dans deux ans, dans cinq
ans, dans 10 ans, si jamais il y avait un problème — puis on ne le
souhaite pas, j'espère que les libéraux ne le souhaitent pas — on
pourrait se poser des questions sur les blocs qu'on a donnés à différentes
entreprises? Mais, pour l'instant, c'est tellement important pour nous, la
filière batterie, qu'il n'est pas question, à court terme, d'enlever les blocs
d'énergie.
La Présidente : Troisième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la
Présidente, j'ai rarement vu ça, un premier ministre qui contredit de plein
fouet sa propre ministre. Voyons donc! Donnez-y une chance, là, ça fait trois
semaines qu'elle est là, là.
Quand il dit «s'il y a un problème», il y
en a un, problème, avec Norhtvolt, il y a déjà un délai de deux ans. Ce n'est
plus 2026, c'est 2028. La ministre a ouvert une porte de façon raisonnable,
elle s'est ralliée à nos arguments : On ne va pas geler ça pendant quatre
ans, le 354 mégawatts, alors, Northvolt lui a donné la permission.
Lui, va-t-il faire en sorte de libérer ces
mégawatts?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, c'est important, là, que tout le monde comprenne que la ministre de
l'Économie et de l'Énergie n'a jamais dit qu'à court terme elle retirerait le
bloc d'énergie à Northvolt. Elle n'a jamais dit ça, Mme la Présidente.
C'est quand même triste, là, de voir le
nouveau Parti libéral. C'est triste de voir le nouveau Parti libéral. Ça a déjà
été un grand parti. Ça a déjà été un parti économique. Aujourd'hui, c'est un
parti qui ressemble de plus en plus à Québec solidaire.
Des voix : ...
La Présidente : Je suis
debout. Et maintenant j'aimerais entendre...
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous
plaît! Il y aura une seule personne qui aura le droit de parole, ici, et c'est
le député de Marguerite-Bourgeoys. On vous écoute, monsieur.
Investissement du gouvernement dans Northvolt
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : La CAQ a
donné nos ressources, donné nos travailleurs, donné notre énergie à Northvolt
pourquoi? Pour essayer de nous faire rentrer dans la chaîne
d'approvisionnement. Pas la chaîne de valeur, la chaîne des profits, Mme la
Présidente. Parce que, oui, un jour, si Northvolt fait des profits, les profits
vont aller en Suède, pas au Québec.
J'entends déjà la ministre de l'Économie
me dire : Ah! un instant, là, nous, on a parié sur
270 millions de dollars dans une débenture convertible. Mme la
Présidente, savez-vous ce qui se passe, actuellement, chez Northvolt? Ils sont
en train de restructurer tout le financement. Il y a un manque de liquidités.
Ça veut dire quoi, ça, sur la valeur du placement que la CAQ a fait?
Mme la Présidente, j'aimerais entendre le ministre
des Finances, qui a lui-même recommandé le placement dans Northvolt, me dire
combien pense-t-il que ce placement-là vaut maintenant.
La Présidente : La réponse de
la ministre...
Des voix : ...
La Présidente : Je vous prie,
un peu d'attention. La ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme
la Présidente, merci.
Alors, notre approche, en fait, que l'on a
adoptée par rapport à Northvolt, elle est prudente, et elle est raisonnable, et
elle est sophistiquée, au sens où on a appris, on a appris des erreurs des
gouvernements antérieurs. Parce que, vous savez, il est arrivé plusieurs cas où
il y a des grands projets d'investissement qui ont été financés sans condition,
puis il y a eu des pertes considérables, vraiment, qui ont été assumées par le
gouvernement du Québec, dans des projets intérieurs, menés par le
gouvernement... par le Parti libéral à ce moment-là, alors nous, on a tiré des
leçons de ça, et, afin de protéger les deniers publics, protéger l'argent des
Québécois, on s'est assurés d'y aller d'une approche par jalons, par étapes
progressives, qui fait en sorte qu'au niveau du financement c'est seulement
lorsque certaines étapes, certaines conditions auront été remplies que du
financement pourra être octroyé.
Concernant le 240 millions qui a été
investi, eh bien, il y a le terrain qui est en garantie, un terrain prisé, d'un
gabarit inégalé, et qui est à proximité de la métropole, et qui a le bon
zonage, donc un terrain avec une bonne valeur. Et par ailleurs, bien, il y a un
financement via une débenture convertible, en équité également.
Une voix : ...
La Présidente : M. le leader
de l'opposition officielle, je vous entends beaucoup, beaucoup, beaucoup. Vous
devriez donner l'exemple et demeurer silencieux.
Première complémentaire.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Mme la
Présidente, j'ai posé la question au ministre des Finances, qui a lui-même
recommandé l'investissement de 270 millions de dollars dans la convertible
de la CAQ.
Est-ce qu'il peut se lever, puis être transparent,
puis nous dire combien vaut cette débenture convertible maintenant?
• (10 h 20) •
La Présidente : La réponse de
la ministre de l'Économie, de l'Innovation et <de l'Énergie.
Mme Fréchette : Oui,
Mme
la Présidente...
La Présidente :
...l'Innovation
et >de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme
la Présidente. Il y a un ralentissement qui existe dans le cas du secteur de
l'énergie... des véhicules électriques, pardon, et ce que je constate, c'est
qu'en fait, dès le premier vent de face, le Parti libéral propose de tourner le
dos à Northvolt. Nous, on a une parole qu'on va respecter. Et je comprends que
l'attitude du Parti libéral ferait en sorte que la parole du gouvernement ne
serait pas respectée, si c'était eux qui étaient dans le siège des décideurs.
Maintenant, nous, on travaille en étroite collaboration avec Northvolt, qui a
pris des mesures costaudes qui ont été annoncées lundi, en Suède, et qui
n'affectent pas le projet au Québec, ni sa nature ni sa composition. Donc, on
va faire en sorte de travailler ça avec eux dans le calendrier qui conviendra,
considérant les nouveaux développements.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Le
ministre n'est pas capable de nous dire ce que ça vaut, dans le décret qu'il a
lui-même endossé, l'investissement de 270 millions de dollars. Il
était là, il l'a commandé, Mme la Présidente. Puis là, maintenant, on devrait
leur faire confiance, ils ne sont pas capables de dire combien ça vaut, puis,
aveuglément, investir un autre 300 millions de dollars?
Mme la Présidente, combien vaut le
270 millions dans Northvolt, que vous avez mis dans Northvolt?
La Présidente : Et on s'adresse
à la présidence.
La réponse de la ministre de l'Économie,
de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui.
C'est un risque calculé que l'on prend avec Northvolt, c'est un risque calculé
que l'on prend pour le développement de la filière énergétique et... à la
filière batterie. Et je constate, en fait, que le Parti libéral n'est pas de
cette école-là. Il ne souhaite pas qu'on profite de notre positionnement
inégalé pour aller tirer tout le bénéfice, au profit des Québécois, qu'on a...
du fait qu'on a des minéraux stratégiques et critiques, qu'on peut les
exploiter, les développer dans des composantes de véhicules électriques et même
les recycler. On a une filière qui est composée de manière complète de toutes les
étapes, et Northvolt est au coeur de ce projet-là, et je me serais attendue à
ce que le Parti libéral y voie là un levier important de développement
économique pour les Québécois, mais manifestement ils ne sont pas de cette
école.
La Présidente : En question
principale, je reconnais...
Des voix : ...
La Présidente : C'est chez
vous? Ah! je vais ajuster mes verres de contact sous peu. Mme la députée de
Bourassa, on vous écoute.
Assujettissement des entreprises à la Charte de la
langue française
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente.
Il y a plus d'un an, le gouvernement de la
CAQ a prêté plus de 150 millions de notre argent à Ultium Cam, une usine
de production de matériaux de batteries, pour qu'elle s'installe à Bécancour.
Ce nom-là vous dit probablement quelque chose, Mme la Présidente, parce qu'en
décembre dernier il y a un mécanicien qui avait dénoncé publiquement le
processus d'embauche en anglais de cette usine de la filière batterie puis il
avait porté plainte. Bien, Mme la Présidente, la semaine dernière, la décision
du Tribunal administratif du travail est tombée et a donné raison au plaignant.
Il a fallu qu'un travailleur québécois rappelle à une entreprise soutenue par
le gouvernement de la CAQ que la langue officielle du Québec, c'est le
français. Pour paraphraser la nouvelle campagne du ministre de la Langue
française, ça, c'est gênant.
Est-ce que nos entreprises québécoises,
Mme la Présidente, elles doivent comprendre qu'avec le gouvernement de la CAQ,
quand il est question de son obsession batterie, c'est : Au diable les
conditions d'attribution des blocs d'énergie, au diable le BAPE et au diable le
respect de la Charte de la langue française?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Langue française.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente.
Alors, ici, on a un cas qui montre bien
qu'on a bien fait d'adopter la loi n° 96, qu'on
appelle aussi la loi n° 14, la nouvelle Charte
de la langue française. Les gens n'étaient pas d'accord, de l'autre côté, ils
trouvaient qu'on avait trop d'ambition pour la nation québécoise, trop
d'ambition pour la langue française, mais on a bien fait, puisqu'on a institué,
maintenant, dans la Charte de la langue française, le droit de travailler en
français puis on a renforcé nos institutions, on continue de le faire, en
renforçant l'Office québécois de la langue française.
Je ne sais pas si ma collègue a pris
connaissance de la décision, mais la décision du tribunal dit que les employés,
les gens ont le droit de travailler en français, ont le droit de passer des
entrevues en français et que c'est en français qu'on vit au Québec. Le
français, c'est notre langue commune, c'est notre langue officielle, ça doit se
refléter partout. Il me semble que ma collègue devrait se réjouir de ça. Il
peut y avoir des gens qui ne l'ont pas bien compris encore, des gens qui ne
l'appliquent pas encore correctement. On a tous le devoir de le répéter fièrement
pour que tout le monde le comprenne puis qu'il n'y ait plus de ces dérapages,
de ces erreurs.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Bien, Mme la
Présidente, l'article 46 de la Charte de la langue française existait
déjà, puis nous, on a proposé de le renforcer, au Parti libéral du Québec.
Mais ici, ce qui est important, Mme la
Présidente, paragraphe 24 de la décision, l'entreprise de batteries, elle
a fait passer ses entrevues en anglais et en coréen parce que son représentant,
il ne comprend pas le français. C'est écrit <noir sur blanc...
Mme Cadet :
...il
ne comprend pas le français, c'est écrit >noir sur blanc,
paragraphe 25 : «Le tribunal retient que l'une des exigences figurant
dans l'offre d'emploi est la connaissance de la langue anglaise et coréenne.» À
Bécancour. Ça ne s'invente pas.
La CAQ nous dit qu'elle priorise le
français, mais ça prend vite le bord quand il est question de la filière
batterie.
La Présidente : La réponse...
Des voix : ...
La Présidente : Je suis
debout. Un instant. Article 32, vous devez garder le silence. Je vous
rappelle le règlement.
La réponse du ministre de la Langue
française.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Mme la
Présidente, le Parti libéral n'est pas à une contradiction près quand on parle
de la langue française. Ils ont voté contre la loi n° 96, contre la plus
grande modernisation de la Charte de la langue française depuis 1977, et, si on
n'avait pas apporté les changements que nous avons apportés, la décision du
tribunal aurait été complètement différente, et là elle se réclame d'une
décision prise en fonction d'une loi contre laquelle ils ont voté. Démêlez-vous
entre vous autres, trouvez-vous un chef, trouvez-vous un leadership, mais
ressaisissez-vous, bâtard!
La Présidente : Et, M. le
ministre, permettez-moi de vous rappeler que vous parlez à la présidence.
Deuxième complémentaire.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Mme la
Présidente, manifestement, je pense que le ministre, il n'a pas lu la décision
du Tribunal administratif du travail. La CAQ, ici, elle a mis de notre argent
dans une entreprise étrangère qui ne respecte pas nos lois québécoises. Elle
passe des entrevues à des travailleurs québécois en anglais et en coréen à
Bécancour. L'usine de batterie, ici, elle n'a pas été capable de prouver
qu'elle avait une raison valable de le faire. Elle a contrevenu à la Charte de
la langue française, c'est écrit noir sur blanc.
La CAQ nous dit, dans ses nouvelles
publicités sur le français, «ça se tient debout», mais, quand il est question
de batteries, ça plie pas mal.
La Présidente : Pas de
commentaire après les questions.
La réponse du ministre.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Mme la
Présidente, on veut que ça se passe en français au Québec, clairement,
clairement, c'est pour ça qu'on a modifié la loi. Et, si on n'avait pas modifié
la loi, ça n'aurait pas été sanctionné, la décision du tribunal aurait été
différente. Est-ce que mes collègues, tout à coup, virent à 180 degrés?
Est-ce qu'on a des nouveaux alliés pour la langue française? J'aimerais ça le
savoir. Ça veut dire que, maintenant, ils vont appuyer nos mesures très fortes
pour le droit de travailler en français, pour ce qu'on a fait dans les cégeps
anglophones, ce qu'on fait maintenant pour avoir des cours de français dans des
universités. C'est bien, si on a enfin des alliés et si le Parti libéral se
ressaisit. Écoutez, bienvenue sur la patinoire de la langue française.
La Présidente : En question
principale... Bonjour, Mme la députée de Saint-Laurent. La parole est à vous.
Blocs d'énergie destinés aux entreprises
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Mme la
Présidente, le ministre pourrait peut-être parler à son collègue qui fait des
entrevues sur le «fly» pour parler de «features» de souliers.
Maintenant que j'ai dit ça, l'an dernier,
le premier ministre nous présentait le projet Northvolt comme étant le deal du
siècle, sa Baie-James du XXIe siècle. Aujourd'hui, on nous dit : Un petit
vent de face, évidemment, hein, pas grand-chose qui se passe, à part que
l'usine principale ne roule pas à plein régime, qu'ils ont débranché la
deuxième usine en Suède, débranché l'usine au Portugal, débranché 1 600 emplois,
débranché un contrat de 3 milliards avec BMW. Même les actionnaires
veulent débrancher leurs investissements additionnels. Le gouvernement suédois
ne veut pas mettre un sou de plus, ils mettent une cellule de crise pour aider
à gérer une restructuration financière.
Aujourd'hui, face à ce petit vent de face,
est-ce que le premier ministre réalise que sa Baie-James commence à ressembler
plus à son Waterloo et que c'est peut-être le temps de débloquer
1 500 mégawatts pour nos entreprises d'ici?
La Présidente : La réponse de
la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme
la Présidente. Bien, manifestement, le Parti libéral part en guerre contre la
filière batterie. Vraiment, il ne voit pas là le potentiel, tout le potentiel
énorme qu'on a réussi déjà à dégager de ce créneau-là et qu'on va continuer à
faire. On a déjà une vingtaine d'entreprises qui sont insérées dans cette
filière batterie, j'entends notamment EcoPro, Ultium, Nouveau Monde Graphite,
Lithion, il y en a plusieurs autres comme ça. Donc, on va miser sur ce
potentiel encore pour les prochaines années, parce qu'il y a là un levier de
développement pour les Québécois inégalé.
Alors, on ne va pas, par ailleurs, répéter
les erreurs du passé, les erreurs des libéraux, où on a investi dans des firmes
sans avoir d'élastique, sans avoir de conditions à rencontrer. Ça n'a pas été
notre approche. C'est un secteur pour lequel on a été très prudents, et c'est
important de le demeurer, et on va rester attentifs à l'ensemble de ce qui se
développe autour de Northvolt.
Pour ce qui est de la cellule de crise,
j'ai posé la question, et on m'a expliqué que la cellule de crise de Northvolt
en Suède, c'est pour faire en sorte que les travailleurs étrangers temporaires
restent en Suède. Il y avait énormément de travailleurs étrangers temporaires
parmi les personnes licenciées, et ils veulent s'assurer qu'ils restent à
l'emploi, dans un nouvel emploi, et en Suède. Alors, voilà pour la cellule de
crise.
• (10 h 30) •
La Présidente
: Première
complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : En
1 min 15 s, elle n'a jamais parlé de Northvolt. Pendant ce
temps-là, aujourd'hui, le <premier ministre dit...
>
10 h 30 (version révisée)
<12187
La
Présidente :
...première complémentaire.
Mme Rizqy :
En 1 min 15 s,
elle n'a jamais parlé de Northvolt. Pendant ce temps-là, aujourd'hui, le >premier
ministre dit : Non, on ne va pas prendre les 354 mégawatts pour les
réattribuer, alors qu'elle était hier, la ministre, avec Paul Laroque au Bilan,
avec Patrice Roy pour dire : Oui, oui, on a parlé avec l'entreprise, ils
sont prêts à libérer les précieux blocs d'énergie.
Moi, ma question aujourd'hui : Qui
dit vrai, la ministre ou le premier ministre?
La Présidente : La réponse de
la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Mme la
Présidente, si je n'ai pas parlé de Northvolt, je ne sais pas de quoi j'ai
parlé, mais alors soulignons-le pour tout le monde : je parle de Northvolt
quand j'interviens ce matin. Alors, d'une part, il n'est pas question de
transférer à courte échéance des blocs d'énergie réservés pour Northvolt à d'autres
organisations et entreprises. Ce que j'ai dit et que je répète, c'est qu'il y a
un exercice de séquençage qui est en cours chez Northvolt, et, au terme de cet
exercice-là, qui va se conclure dans le courant de l'automne, on va voir s'il y
a des blocs d'énergie qui pourraient être libérés au cours des prochaines
années et attribués à d'autres entreprises. Mais il n'y a rien de cette nature-là
qui va se faire à courte échéance, parce qu'il y a un exercice qui est en
cours, de séquençage, pour voir l'allure que ça va prendre avec le nouvel échéancier.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Mme la Présidente,
le séquençage, en français, c'est quand on parle d'ADN puis de biologie. Là, on
est dans le monde des affaires. Dans le monde des affaires, il y a une
restructuration financière, on nous parle que l'entreprise va supermal, et je n'arrive
pas à croire que la ministre essaie de faire diversion en nous disant que, d'un
côté...
La Présidente : M. le leader
du gouvernement, je vais vous entendre brièvement sur un rappel au règlement, j'imagine.
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, la collègue ne peut pas utiliser ce mot, je lui demanderais de le
retirer. Écoutez, on prête des intentions, c'est blessant, 35...
Des voix : ...
La Présidente : Article 32,
on retrouve le silence. Et, oui, faites attention à vous, ça, c'est blessant.
Cela dit, ce mot n'est pas au lexique, demeurons respectueux. Mme la...
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous
plaît! Un peu de silence, j'aimerais entendre Mme la députée, il lui reste 14 secondes.
Mme Rizqy : La ministre,
quand elle nous parle de jalons à franchir, peut-elle expliquer aux Québécois
pourquoi qu'en ce moment il y a 1 million de dollars... 1 milliard de
dollars d'engagés pour un projet qui ne verra pas le jour soit avant 2029 ou
2030, tel qu'elle l'a dit hier à Paul Larocque?
La Présidente
: La
réponse de la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la
Présidente. Bien, j'invite la députée de Saint-Laurent à réécouter, en fait,
une des cinq entrevues que j'ai données ou les deux scrums d'hier, parce que ce
que j'y mentionne, c'est qu'il y a un montant de 240 millions qui a été
investi pour l'achat du terrain, le terrain est en garantie, un terrain d'une
grande valeur. Et il y a également 270 millions qui ont été investis dans
la maison mère. Alors, le total, ça fait 510 millions avec des bonnes garanties.
Alors, voilà, ça, c'est la... les informations que j'ai divulguées hier et que
je réitère ce matin. Et, s'il advenait qu'on ait un investissement futur, ça va
être dans le respect de l'entente qu'on a signée et qui comprend plusieurs
étapes pour éviter d'être trop à risque. Et donc c'est suite aux atteintes des
conditions qu'on va pouvoir débloquer l'argent.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le chef du deuxième groupe d'opposition.
Position du gouvernement concernant les projets d'oléoduc
en territoire québécois
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme
la Présidente. Depuis plusieurs mois maintenant, le Québec est plongé dans un
débat de société important : comment on va prendre le virage rapide vers
une économie verte et durable. Le premier ministre répète d'ailleurs que c'est
pour ça qu'il a besoin de Northvolt pour décarboner le Québec. On peut débattre
entre nous de la meilleure façon de décarboner notre économie, mais, de manière
générale, dans une écrasante majorité, les Québécois et Québécoises sont d'accord
sur l'essentiel : il faut décarboner notre économie.
À Ottawa, c'est plus compliqué. Depuis
jeudi dernier, le premier ministre est devenu le superbénévole d'un homme qui veut,
lui, recarboner l'économie du Québec. Pierre Poilievre s'est engagé à aller
contre les choix environnementaux de la nation québécoise. Il ne veut pas
donner une cent au tramway. Il veut passer des nouveaux pipelines sur notre
territoire. Il veut permettre aux raffineries de pétrole de polluer encore
plus. Bref, le premier ministre appuie un homme qui rêve d'anéantir, dès son
arrivée au pouvoir, tous les efforts environnementaux du Québec.
Si les souhaits du premier ministre sont
exaucés, et que les conservateurs prennent le pouvoir à Ottawa, et que Pierre
Poilievre respecte sa promesse de forcer le passage de nouveaux pipelines au Québec,
maintenant que le premier ministre a <appuyé Pierre Poilievre...
M. Nadeau-Dubois :
...de
forcer le passage d'un nouveau pipeline au Québec, maintenant que le premier
ministre a >appuyé Pierre Poilievre, comment il va défendre le Québec
contre les nouveaux pipelines?
La Présidente : La réponse...
Des voix : ...
La Présidente : J'aimerais entendre
le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la
Présidente, depuis deux ans, puis on a des nouveaux chiffres aujourd'hui qui le
confirment, le nombre d'immigrants temporaires est passé de 300 000 à
600 000. Le chiffre exact, c'est 588 000, le chiffre révisé
aujourd'hui. Donc, Mme la Présidente, pour moi, c'est l'urgence la plus
importante quand on parle au gouvernement fédéral. Pourquoi? Parce que ça amène
des problèmes majeurs de logement, de services en santé, en éducation. Ça pose
des problèmes aussi pour l'avenir du français à Montréal.
Donc, ce que j'ai dit, c'est :
Pourquoi le Bloc québécois ne profiterait pas de l'occasion où il y a un vote
de confiance pour exiger du gouvernement Trudeau qu'on réduise enfin de façon
significative le nombre d'immigrants? Je n'ai jamais dit que j'appuyais un
parti plutôt que l'autre. J'ai dit qu'on ne devrait pas...
Des voix : …
M. Legault : J'ai dit qu'on ne
devrait pas appuyer le gouvernement de M. Trudeau tant qu'il ne nous dira pas…
qu'il ne prendra pas l'engagement clair de réduire le nombre d'immigrants
temporaires au Québec. C'est ça que j'ai dit. Québec solidaire essaie de
prétendre d'autres choses, mais c'est tout ce que j'ai dit. Puis ce que je
vois, c'est que le Parti québécois n'est pas mieux que Québec solidaire. Quand
il vient le temps de se tenir debout pour défendre notre langue, ils ne sont
pas là.
Des voix : ...
La Présidente : Pas de bravo.
Première complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Mme la
Présidente, j'aimerais ça connaître l'adresse du cordonnier du premier ministre
parce que ma poignée dans le dos est un peu lousse. Il faudrait que je la fasse
ajuster. Mme la Présidente, tout le monde au Québec a compris ce que le premier
ministre a fait jeudi dernier. Il s'est rangé derrière Pierre Poilievre, puis
Pierre Poilievre, il n'a rien promis en matière d'immigration au Québec, pas un
pouvoir de plus. Il n'a rien promis sur le plan de la langue française au
Québec, pas une mesure de plus. Ce qu'il a promis, par contre, c'est des
nouveaux pipelines.
Qu'est-ce que le premier ministre va faire
quand son ami va prendre le pouvoir?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la
Présidente, tout ce que j'ai dit la semaine dernière, c'est qu'avant d'appuyer
le gouvernement de M. Trudeau le Bloc québécois devrait exiger qu'on
réduise de moitié le nombre d'immigrants temporaires. C'est tout ce que j'ai
dit. Et, s'il y a une campagne électorale, Mme la Présidente, ce sera
l'occasion pour chaque parti, incluant le parti frère, le NPD, de Québec
solidaire, le Parti conservateur, le Parti libéral, le Bloc québécois… tout le
monde devront prendre des engagements pour réduire de moitié le nombre
d'immigrants temporaires.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Aïe! On a
une grande famille, à Québec solidaire, parce qu'hier on était les frères du
Bloc. Aujourd'hui, on est les frères du NPD. Moi, j'étais sûr qu'on était
enfant unique. Le premier ministre, là, il est complètement mélangé. Il est
tellement mêlé qu'il se mélange dans ses attaques. Sa job, son travail, son
mandat, ce n'est pas d'être le superbénévole du Parti conservateur du Canada,
c'est de défendre les valeurs des Québécois puis des Québécoises, puis nos
valeurs, c'est la protection de notre fleuve, de notre territoire. On n'en veut
pas, des nouveaux pipelines, au Québec.
Pourquoi le premier ministre ne parle pas de
ça?
• (10 h 40) •
La Présidente : La réponse du
premier ministre. On l'écoute.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, là, j'invite le chef de Québec solidaire à utiliser le mot en
français, «oléoduc», «oléoduc». Maintenant, Mme la Présidente, tout ce que j'ai
dit la semaine dernière, c'est que le Bloc québécois, avant d'appuyer le
gouvernement Trudeau, devrait exiger qu'on règle le problème le plus urgent au
Québec, c'est-à-dire réduire le 600 000 immigrants temporaires qui
nous fait mal au niveau du logement, de la santé, de l'éducation et du
français. C'est tout ce que j'ai dit, rien de plus, rien de moins.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant M. le député de Rosemont.
Subventions
octroyées pour la tenue d'événements sportifs professionnels
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente. La semaine prochaine, les Kings de Los Angeles vont venir jouer
ici, à Québec, aux frais des contribuables en vertu d'un financement créatif.
On a un deux pour un parce que, cette semaine, les golfeurs professionnels <disputent
la...
M. Marissal :
...cette
semaine, les golfeurs professionnels >disputent la Coupe des Présidents,
à Montréal, aux frais des contribuables, en vertu d'un financement sophistiqué.
On dit souvent, au golf : Ce n'est pas comment, c'est combien. Dans ce
cas-ci, les deux questions se posent.
Comment le gouvernement peut justifier des
dépenses hors normes, parfaitement hors normes, de 6 millions de
dollars au golf ou au hockey professionnel, alors qu'il demande à nos réseaux
publics et à ses propres députés, le gouvernement demande à ses propres députés
de se serrer la ceinture? Comment peut-il trouver, de façon sophistiquée,
6 millions pour des milliardaires du golf?
La Présidente : La réponse de
la ministre du Tourisme.
Mme Caroline Proulx
Mme Proulx : Merci, Mme la
Présidente. Alors, soit le Québec, Mme la Présidente, se positionne à l'international
ou elle laisse sur la table 4 100 000 000 $ de devises
étrangères qui entrent au Québec, uniquement pour 2023, là, puis les données n'ont
pas été terminées d'être compilées. 4 100 000 000 $, au
Québec, ça, ça va aller dans des CPE, ça, ça va aller dans les infrastructures
sportives de ma collègue, ça va aller dans des écoles, ça va aller sur l'ensemble
des infrastructures au Québec.
Maintenant, ce qu'il est important à
préciser dans le cas de la PGA, Mme la Présidente : il n'y a pas de
salaire qui est payé aux golfeurs, zéro salaire qui seront payés aux golfeurs.
Ce qui va ressortir de l'événement de la PGA, les sommes qui vont ressortir de
là, Mme la Présidente, bien, premièrement, c'est 45 000 touristes à
Montréal, c'est 71 millions de dollars de retombées, c'est une
diffusion à travers la planète, et 100 % des recettes qui pourraient être
tirées de la PGA vont être remises au CSUM, ici, à Montréal, de la part des
professionnels de la PGA.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : 4 milliards
de retombées, 1 milliard de téléspectateurs. En tout respect, là, la
ministre souffre du syndrome Taylor Swift. Tout est amplifié ici, là, de façon
exagérée. La Caroline du Nord, le New Jersey ont reçu la même coupe du
président sans une cent publique.
Est-ce que la ministre peut au moins
réaliser que le gouvernement du Québec, et le Québec, n'est pas le guichet
automatique des milliardaires du sport, qui n'ont pas besoin de nos subventions
pour venir ici?
La Présidente : La réponse de
la ministre.
Mme Caroline Proulx
Mme Proulx : Bien, je vais
répondre que l'Australie a levé la main il y a... Mme la Présidente, pour avoir
des événements sportifs internationaux à grande télédiffusion. Il n'y a pas de
meilleure carte de visite, il n'y a pas de campagne promotionnelle pour
positionner le Québec, Montréal à l'international... que ces grands événements
là. Et l'Australie a jugé bon, elle aussi, d'offrir, donc, des sommes
gouvernementales, une participation, pour recevoir la PGA.
Ce que Québec solidaire ne comprend pas, c'est
qu'on est, à l'industrie touristique, le plus grand... troisième plus grand
exportateur, après aéronautique et l'industrie de l'aluminium. Est-ce qu'on va
laisser 4 milliards sur la table?
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Parlons de
disproportions, là. Ma collègue de Mercier et mon collègue de Gouin, on a
rencontré récemment le réseau Partage, au Québec. Savez-vous combien ils
reçoivent par année, du gouvernement du Québec, pour organiser les Magasins-Partage
de Noël? 13 000 $, 13 000 $. Ils sont obligés, d'ailleurs,
d'annuler tous les Magasins-Partage à travers le Québec cette année parce que
le gouvernement est trop pingre, il leur donne 13 000 $. Pendant ce
temps-là, on triture les programmes existants, on triture les programmes
existants pour trouver 6 millions hors normes. Kings, PGA, même combat,
même résultat.
La Présidente : M. le député,
je vous avise que vous avez employé un terme qui est non parlementaire, je vous
inviterais à le retirer, le verbe que vous avez employé. Il est au lexique, là,
j'ai vérifié deux fois, je ne le répéterai pas. Le retirer, je vous prie.
«Triturer les programmes».
M. Marissal : ...«triturer»?
La Présidente : «Triturer».
Vous le retirez?
M. Marissal : Alors, je l'enlève,
je le retire.
La Présidente : Parfait. La
réponse de la ministre.
Mme Caroline Proulx
Mme Proulx : Bien, Mme la
Présidente, on va juste revenir, là, les recettes québécoises en devises
étrangères, pour l'instant, au Québec, je répète, les devises étrangères qui
sont rentrées au Québec en 2023 : 4 100 000 000 $, les
recettes, 4 100 000 000 $. On vise 6 milliards de
devises étrangères au Québec pour 2026. Ces devises étrangères là, Mme la
Présidente, permettent, entre autres, à ma collègue d'avoir 2,2 milliards,
justement, pour aider les gens qui sont en situation de <difficulté...
Mme Proulx :
...avoir
2,2 milliards justement pour aider des gens qui sont en situation de >difficulté.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le chef du troisième groupe d'opposition.
Adéquation entre la taille de l'État et les services
offerts
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme
la Présidente, lorsqu'elle était dans l'opposition, la CAQ promettait de faire
le ménage et de réduire la taille de l'État. Elle promettait donc
5 000 fonctionnaires de moins. Mais, comme dans tant d'autres
dossiers, une fois arrivée au pouvoir, elle a fait exactement l'inverse :
au lieu d'en enlever 5 000, la CAQ a rajouté
10 000 fonctionnaires, a donc augmenté la taille de l'État par
15 %. Pourquoi? Parce que, pendant que la CAQ laissait les services
publics se détériorer, elle a augmenté les contrôles administratifs, augmenté
la surveillance, augmenté la bureaucratie. Ça se traduit par 40 % de
cadres de plus en santé qui ne donnent pas de services directs à la population,
la création de Santé Québec, la création de l'agence de Mobilité Infra Québec,
des superpositions de couches administratives, et tout ça avec le pire déficit
de l'histoire du Québec, 11 milliards.
Le Protecteur du citoyen, dans son plus
récent rapport, parle d'un État qui déshumanise sa population dans
l'accomplissement de ses missions tellement l'État est désormais dédié au
contrôle administratif. On parle d'un réflexe ici de faire passer des enjeux
administratifs avant les grandes missions de l'État à l'égard des citoyens.
Est-ce que le premier ministre peut
reconnaître que, sous son règne, il y a plus de bureaucratie que jamais et
moins de services directs à la population pour les Québécois?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, quand on regarde l'augmentation des effectifs depuis 2018, c'est
clair que la grande, grande majorité des augmentations sont dans les réseaux de
la santé et de l'éducation.
J'entends le chef du troisième groupe
d'opposition dire ou laisser entendre que des cadres en santé, ce n'est pas
utile. Bien, je m'excuse, quand on a eu la COVID, on s'est rendu compte qu'il y
avait des établissements qui n'avaient pas de cadre, qui n'avaient pas de
personne responsable pour faire appliquer les normes. Puis effectivement mon
collègue a mis en place des responsables. Mme la Présidente, il y a des cadres
aussi qui viennent aider les infirmières à avoir moins de paperasse à remplir.
Donc, ça aussi, ça amène des services additionnels.
Mais ce qui est surtout important de dire,
Mme la Présidente, c'est que la grande majorité des augmentations, c'est pour
donner plus de services en santé, plus de services en éducation. On a ajouté
des orthophonistes, on est en train d'ajouter des aides à la classe pour être
deux par classe. Donc, oui, on a fait le choix d'augmenter les budgets de la
santé et de l'éducation de 50 % depuis 2018. Puis on est fiers de ça.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme
la Présidente, au-delà des mots, le résultat sur le terrain, c'est moins de
services, plus de contrôle et de bureaucratie. Le Protecteur du citoyen déplore
l'usage abusif des mesures de contrôle, je le cite, «qui doivent être appliquées
de façon minimale, exceptionnelle et en dernier recours». Le résultat actuel,
là, c'est que ça nous coûte plus cher en bureaucratie, plus cher en paperasse,
puis la population se retrouve devant moins de services.
Est-ce que le premier ministre peut le
reconnaître, reconnaître que les contrôles administratifs abusifs ont explosé
pendant qu'on a moins de services?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, je m'excuse de le dire, là, mais ce n'est pas exact qu'il y a moins
de services. Il y a plus de chirurgies, plus d'actes qui sont faits par les
médecins, par les infirmières. Il y a un problème, il y a une augmentation de
la demande, pour plusieurs raisons. D'abord, il y a un vieillissement de la
population. Ensuite, il y a l'arrivée des 600 000 immigrants
temporaires. Il y en a parmi eux autres qui sont malades.
• (10 h 50) •
Donc, quand on regarde les services qui
ont été donnés, il y a beaucoup plus de services qui ont été donnés aujourd'hui
qu'il y en avait en 2018. Le meilleur exemple, c'est en santé mentale, on a
beaucoup plus de services qui sont donnés qu'il y a six ans.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme
la Présidente, le gouvernement de la... le gouvernement actuel est un
gouvernement dépensier. Et posez la question à la population si en santé, en
éducation, en services sociaux, on a plus de services qu'avant. Il y a une
détérioration des services, Mme la Présidente. Et, quand on écoute les gens sur
le terrain, et pas juste le Protecteur des citoyens, il y a un consensus que
les gens qui travaillent pour la population sont étouffés par les contrôles
administratifs, tout ça pour protéger l'image de ce gouvernement. Et il faut
que ça arrête. On veut une meilleure gestion...
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, à mon avis, là, ce sont des commentaires gratuits qui sont faits actuellement,
basés sur <absolument...
M. Legault :
...là,
ce sont des commentaires gratuits, qui sont faits actuellement, basés sur >absolument
rien. Parce que moi, j'invite le chef du troisième groupe d'opposition à aller
voir les indicateurs de performance, il verrait que, partout, le volume de
services a été augmenté, continue d'augmenter, continuellement.
Malheureusement, la demande augmente plus vite, donc on a besoin de plus
d'argent. Il y a un problème avec le gouvernement fédéral qui ne fait pas sa
part en santé, puis, pendant ce temps-là, bien, on a le Bloc québécois qui
appuie le gouvernement fédéral.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant Mme la députée de Sherbrooke.
Modifications au Règlement sur
le transport des élèves
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Ça fait un mois cette semaine que l'école a recommencé et, à
Sherbrooke, ça fait un mois que des milliers d'élèves n'ont pas de transport scolaire,
des milliers de familles qui se cassent la tête chaque jour depuis la rentrée
pour que leurs enfants puissent arriver à l'heure à l'école, des milliers de
parents qui ratent des heures de travail pour y arriver, des milliers de
parents qui font des dépenses imprévues pour que leurs enfants puissent aller à
l'école. Les familles sont à bout de ressources, le centre de services scolaire
aussi, et personne ne comprend le silence du ministre de l'Éducation.
Vendredi dernier, je lui ai écrit pour lui
demander de modifier le règlement sur le transport scolaire. En ce moment, le
règlement empêche le centre de services scolaire, tous les centres de services
scolaires de réattribuer les circuits, même quand le service n'est pas offert.
Je n'ai toujours pas de réponse. Les parents s'impatientent. Ils veulent
entendre le ministre et savoir ce qu'il va faire.
Est-ce qu'on peut savoir s'il va aider les
parents à avoir du transport scolaire?
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M. Drainville : Bien,
d'abord, Mme la Présidente, commençons par dire qu'on a augmenté d'une façon
très importante les budgets pour le transport scolaire. Première chose. Ça, je
pense que c'est très important de le dire.
Deuxième chose, on transfère ces
argents-là, donc, aux centres de services scolaires, qui prennent ces
budgets-là, et évidemment, par la suite, il y a une... il y a des contrats qui
sont signés avec des transporteurs scolaires. Et ces transporteurs scolaires,
dans certains cas, font affaire avec des syndicats, et donc on se retrouve avec
une négociation entre des entreprises privées et les chauffeurs ou les employés
qui sont syndiqués. Et c'est ça à quoi nous assistons. On a eu plusieurs
négociations comme ça, au Québec, depuis... je dirais, au cours des deux
dernières années. Il y a eu, dans certains cas, des conflits de travail,
effectivement, et on s'en désole. Et, moi, ce que je dis habituellement dans
ces cas-là, c'est qu'on a transféré beaucoup de nouvel argent pour les
transporteurs scolaires, et les chauffeurs doivent avoir leur juste part.
Et je réitère que les chauffeurs doivent
avoir leur juste part. Maintenant, en bout de ligne, c'est une négociation
entre des entreprises privées et des syndicats de chauffeurs, et il faut
laisser ces négociations-là se dérouler correctement.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Bien sûr, Mme la
Présidente, que je ne demande pas au ministre d'intervenir dans le conflit de travail
et j'espère aussi que ces travailleurs-là vont avoir leur juste part des
subventions, qui ont été, de toute évidence, mal balisées, mais là, en ce
moment, on est dans une situation où l'entreprise sait qu'elle pourrait ne pas
offrir de transport scolaire pendant des mois et elle ne perdra pas ses
contrats. Dans quel univers est-ce que ça peut fonctionner? Les entreprises, en
temps normal, quand elles ne livrent pas les services, elles peuvent perdre des
contrats.
Moi, je demande au ministre de réviser le
règlement pour que les circuits puissent être redistribués.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Bernard Drainville
M. Drainville : Mme la
Présidente, il y a des contrats qui ont été signés, il y a une négociation qui
est en cours. Il faut permettre à cette négociation-là de continuer à se
dérouler, et c'est la bonne chose à faire. On ne va pas commencer, Mme la
Présidente, à s'immiscer dans les négociations qui ont lieu entre les
transporteurs scolaires et les syndicats. On a beaucoup de transporteurs
scolaires au Québec, on a beaucoup de syndicats locaux. Et ce n'est pas notre
responsabilité de le faire. Notre responsabilité, c'est de s'assurer que le
financement est au rendez-vous, et il l'a été. Les budgets pour le transport
scolaire ont été augmentés. Il faut s'assurer évidemment que les employés aient
leur juste part, et c'est ce qu'on demande.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Sa
responsabilité, c'est de s'assurer que les enfants puissent aller à l'école le
matin. En ce moment, il y a des milliers d'élèves, à Sherbrooke, qui ne peuvent
pas aller à l'école le matin sans que leurs parents doivent se mettre dans le
trafic pour aller les reconduire. Je ne lui demande pas d'intervenir dans le
conflit de travail, je lui demande d'utiliser son règlement. Il peut le faire
avec un processus accéléré. Il y a une procédure prévue pour ça. Il pourrait
permettre aux centres de services scolaires de réattribuer des circuits pour
que le service puisse être offert aux familles.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Bernard Drainville
M. Drainville : Mme la
Présidente, la députée de Sherbrooke se lève et dit : Il y a des contrats
qui ont été signés, mais vous pouvez les briser, il n'y a pas d'enjeu.
Honnêtement, honnêtement, moi, j'ai un petit enjeu avec cette idée-là, cette proposition-là
de <Québec solidaire...
M. Drainville :
...honnêtement,
j'ai un... Moi, j'ai un petit enjeu avec cette idée-là, cette proposition-là de
>Québec solidaire, à l'effet qu'on puisse signer des contrats puis, à un
moment donné, on puisse les briser. Alors, Mme la Présidente, Mme la
Présidente, les parents et les enfants vivent une situation qui est difficile,
ça, c'est un fait. Ça, c'est un fait. Et donc évidemment qu'on souhaite que le
transport scolaire soit rétabli le plus rapidement possible. Ça aussi, c'est un
fait.
La Présidente : En terminant.
M. Drainville : Maintenant,
Mme la Présidente, les contrats sont signés, et on doit les respecter.
La Présidente : Voilà, cela
met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Comme il n'y a pas de votes reportés, nous
allons passer à la rubrique Motions sans préavis, et, pour ce faire, je cède la
place au troisième vice-président de l'Assemblée nationale. Merci pour votre
attention.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, bonjour, collègues. Donc, à la rubrique des motions sans préavis, en
fonction de nos règles et l'ordre de présentation des motions sans préavis, je
reconnais maintenant un membre du groupe formant le troisième groupe
d'opposition. M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : M. le Président,
je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec le député de Rosemont, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale souligne que,
selon la Loi électorale, les contributions politiques doivent être faites
volontairement, sans compensation ni contrepartie;
«Qu'elle prenne acte de la réflexion de la
Coalition avenir Québec afin de réactiver le financement politique
prochainement;
«Qu'elle prenne acte de la
surreprésentation des maires et mairesses parmi les donateurs de la CAQ, alors
que près de la moitié des maires et préfets du Québec ont contribué à sa caisse
électorale;
«Qu'elle prenne acte que plusieurs d'entre
eux sont sortis publiquement pour dénoncer le fait que les activités de
financement représentaient la seule porte d'entrée possible pour s'entretenir
avec des ministres;
«Qu'elle prenne acte que, dans certaines
régions du Québec, les deux tiers des maires ont fait des contributions à la
CAQ;
«Qu'elle prenne acte que des entrepreneurs
affirment avoir dû contribuer à la caisse électorale de la CAQ pour rencontrer
des ministres;
«Qu'elle demande à la Coalition avenir
Québec de ne plus monnayer l'accès à ses ministres en échange de contribution
politique au sens de la Loi électorale du Québec et de permettre à toute
personne intéressée d'assister à [des] événements, sans contribution
obligatoire.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Il n'y a pas de consentement. Pour la prochaine motion, ça revient à un
membre du groupe formant le gouvernement, et je reconnais Mme la ministre de
l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Reconnaître
l'importance de mettre fin à la dépendance énergétique du Québec à l'égard
des entreprises pétrolières et de développer des projets permettant la
production de batteries pour des véhicules électriques
Mme Fréchette : Oui, M. le
Président. Alors, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse la
dépendance énergétique du Québec à l'égard des entreprises pétrolières;
«Qu'elle reconnaisse l'importance d'y
mettre fin et de développer des projets permettant la production de batteries
pour des véhicules électriques.» Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Consentement, sans débat.
Une voix : …
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Un vote électronique a été demandé. La période de
vote est ouverte.
La période de vote est terminée. Mme la
secrétaire générale.
La
Secrétaire : Pour :107
Contre :0
Abstentions :1
• (11 heures) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
La motion est donc adoptée. La prochaine motion revient à un membre du
groupe formant l'opposition officielle, et je reconnais Mme la députée de
Chomedey.
Souligner la Journée mondiale du tourisme
Mme Lakhoyan Olivier : Je
sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec le député de Taschereau, le député de
Matane-Matapédia et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale souligne la
Journée mondiale du tourisme, qui se tient chaque année le 27 septembre;
«Qu'elle rappelle qu'il s'agit d'une
occasion de célébrer une industrie qui permet chaque année à des millions de
Québécois et de touristes venus de l'extérieur du Québec de découvrir, savourer
et bénéficier des richesses de notre territoire, de nos quatre saisons, de
notre culture et de notre savoir-faire;
«Qu'enfin, elle prenne acte des enjeux
importants liés au manque de main-d'œuvre dans le secteur touristique et
qu'elle demande au gouvernement de poursuivre et intensifier les efforts pour
pallier cette situation en collaboration avec les principaux acteurs de
l'industrie.» Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il <consentement…
>
11 h (version révisée)
<19295
Mme
Lakhoyan Olivier :
...acteurs de l'industrie.»
Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il >consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Consentement, sans débat. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : ...électronique,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Un vote électronique a été demandé. La période de vote est ouverte.
Mme la secrétaire générale.
La Secrétaire :
Pour :107
Contre :0
Abstentions :1
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
La motion est adoptée. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : M. le
Président, je vous demande que copie de cette motion soit envoyée à l'Alliance
de l'industrie touristique du Québec. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Ce sera fait. Et, pour la prochaine motion, qui revient à un membre du
groupe du deuxième... de la deuxième opposition...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Oui, M. le leader, bien sûr.
M. Derraji : Juste une
petite rectification par rapport à la motion présentée par Mme la ministre de l'Économie
et de l'Énergie. Notre collègue députée de Saint-Laurent était conjointe. Donc,
c'est pour le besoin du libellé, s'il vous plaît. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le leader de l'opposition officielle. Donc, pour la prochaine
motion, deuxième groupe d'opposition, et je reconnais M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci, M.
le Président. Une motion courte et sucrée. Je sollicite le consentement de
cette Assemblée pour présenter la motion suivante conjointement avec le député
de Marguerite-Bourgeoys, le député de Jean-Talon et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale demande au
gouvernement de rendre publiques les études et analyses sur les retombées
économiques du projet Northvolt dans les plus brefs délais.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Il n'y a pas de consentement pour débattre de cette motion.
Avis touchant les travaux des commissions
Maintenant, nous allons passer aux avis
touchant les travaux des commissions. Je demanderais aux collègues qui doivent
quitter... Donc, oui, allez-y, M. le député d'Arthabaska.
M. Lefebvre : ...mon
vote lors du vote sur la motion du gouvernement, s'il vous plaît, pour m'abstenir
du vote. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Est-ce que j'ai le consentement? Consentement.
Alors, pour la prochaine rubrique, je cède
la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, M. le Président.
Donc, j'avise cette Assemblée que la
Commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'énergie et des ressources
naturelles va poursuivre les consultations particulières et les auditions
publiques sur le projet de loi n° 63, la Loi
modifiant la Loi sur les mines et d'autres dispositions, aujourd'hui, après les
avis touchant les travaux des commissions jusqu'à 12 h 50 et de 15 h 50
à 18 h 15, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des finances publiques
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 62,
la Loi visant principalement à diversifier les stratégies d'acquisition des
organismes publics et à leur offrir davantage d'agilité dans la réalisation de
leurs projets d'infrastructure, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Pauline-Marois;
La Commission de l'aménagement du
territoire entreprendra l'étude détaillée du projet de loi...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le leader adjoint! M. le leader adjoint du gouvernement, un instant! S'il
vous plaît, collègues, vous connaissez la règle. Donc, les travaux se
poursuivent. Donc, je vous invite à quitter de manière un peu plus discrète, s'il
vous plaît. Poursuivez, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : ...n° 70, la Loi modifiant la Loi sur la protection sanitaire
des animaux, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures
et de 15 heures à 18 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le leader adjoint du gouvernement.
Pour ma part, je vous avise que la
Commission des finances publiques se réunira en séance de travail le jeudi 26 septembre,
à la salle Pauline-Marois, de 8 heures à 8 h 30 afin de statuer
sur la possibilité que la commission se saisisse de la pétition concernant la
demande pour que la Société des alcools du Québec cesse la vente de vins
israéliens produits dans les territoires occupés, et de 8 h 30 à 9 heures
afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de la pétition
concernant l'annulation de la hausse du taux de taxation des gains en capital
au Québec.
Je vous avise également que la Commission
de la santé et des services sociaux se réunira en séance de travail le jeudi 26 septembre
de 8 heures à 9 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine,
afin de poursuivre l'étude des observations, conclusions ou recommandations de
la commission à la suite des consultations particulières et auditions
publiques, ainsi que les rencontres tenues dans le cadre du mandat d'initiative
visant à étudier les moyens facilitant le don d'organes ou de tissus, notamment
l'instauration de la présomption du consentement.
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci, M. le Président. Je vous demanderais d'appeler l'article 1 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 61
Reprise du débat sur l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
À l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné le
24 septembre 2024 sur l'adoption du principe du projet de loi n° 61, Loi édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et
modifiant certaines dispositions relatives au transport collectif.
Alors, nous étions arrivés hier à
l'intervention de Mme la députée de Chomedey, à qui je reconnais tout de suite
la parole. Mme la députée de Chomedey.
Mme Sona Lakhoyan Olivier
Mme Lakhoyan Olivier : Bonjour,
M. le Président. Merci beaucoup. Donc, j'aimerais faire l'intervention pour
l'adoption du principe du projet de loi n° 61, Loi
édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines dispositions
relatives au transport collectif.
Aujourd'hui, je m'adresse à vous pour vous
parler du projet de loi n° 61. Comme vous le savez,
le système du transport collectif québécois traverse une autre crise. Les
sociétés de transport manquent de budget, les territoires sont inégalement
desservis et les Québécois ne disposent pas des services dont ils ont besoin au
quotidien.
Ce projet de loi, qui devrait
révolutionner la manière dont nous développons le transport collectif, selon la
ministre des Transports et de la Mobilité durable, vise à créer l'agence Mobilité
Infra Québec, dont la mission serait «d'effectuer, lorsque le gouvernement lui
en confie la responsabilité, l'analyse d'opportunité, la planification et la
réalisation de projets complexes de transport.» Encore le mot «complexe». On ne
comprend pas qu'est-ce que c'est exactement, ce n'est pas très clair.
L'agence serait également chargée de faire
des analyses de transport, à la demande du ministre responsable des Transports
et de la Mobilité durable. Encore un autre point : Où est l'indépendance,
pour la MIQ? On ne le voit pas, ce n'est pas clair.
En tant que porte-parole de l'opposition
officielle en matière de Tourisme, ce projet de loi est en lien étroit avec mes
dossiers. En effet, le tourisme repose sur une série de facteurs
interdépendants, parmi lesquels la mobilité joue un rôle central. Les
transports collectifs, tels que le bus ou les trains, sont un pilier
fondamental pour la croissance de l'industrie touristique québécoise. On
connaît... dans plusieurs pays où ils ont des trains rapides, on est capable
d'aller voyager facilement. Donc, est-ce qu'ils auront ce mandat-là? On ne sait
pas, ce n'est pas clair.
• (11 h 10) •
Donc, il assure... ce transport collectif
assure l'accessibilité des destinations, permettant aux touristes de se déplacer
aisément, et participe à la valorisation des régions moins bien desservies, qui
sont nombreuses au Québec. Puis c'est dommage qu'ils ne les découvrent pas. Un
système de transport efficace, moderne, écologique et rapide favorise donc un
meilleur service touristique. Ainsi, je me dois de m'assurer que ce projet de
loi prenne en considération l'impact qu'il aura sur la chaîne touristique afin
qu'il soit en accord avec notre vision pour un développement harmonieux du
secteur.
Contrairement aux affirmations de la
ministre Guilbault dans son mémoire déposé au Conseil des ministres, selon
lesquelles ce projet de loi n'affecterait pas les entreprises, il est évident
qu'il aura des répercussions importantes sur plusieurs d'entre elles, notamment
celles opérant dans les secteurs de l'hôtellerie, du transport des agences de
voyages et de la restauration.
En effet, si les promesses du gouvernement
sont tenues et si ça fonctionne bien, parce que c'est pas mal vague, Mobilité
Infra Québec pourrait transformer des espaces actuellement peu fréquentés, car
différemment accessibles, en des destinations beaucoup plus prisées,
contribuant ainsi à dynamiser ces régions. Cette augmentation du flux de
visiteurs stimulerait non seulement le commerce local, mais aurait également un
impact positif sur l'emploi en créant de nouvelles opportunités dans des
secteurs tels que l'hôtellerie, la restauration et les services touristiques.
De plus, l'amélioration de l'infrastructure ferroviaire permettrait non
seulement de réduire les temps de trajets, mais aussi d'offrir des alternatives
plus écologiques et abordables à la voiture, ce qui inciterait davantage de
citoyens à opter pour ces nouveaux modes de transport.
Mais, pour que ces bénéfices soient
pleinement réalisés et réalisables, il est essentiel que les projets de la
nouvelle agence dédiée au transport collectif profitent à l'ensemble du
territoire de manière équitable et non seulement à certaines zones déjà
favorisées. Un développement trop concentré dans des régions spécifiques risquerait
d'accentuer les inégalités territoriales, tandis qu'une répartition équilibrée
des investissements garantirait que toutes les régions ou les quartiers du
Québec puissent bénéficier des améliorations en matière d'accessibilité et de
mobilité. Ainsi, le taux de satisfaction des visiteurs augmenterait grâce au
gain de temps et d'argent que pourraient générer ces solutions de transport
collectif efficaces, tout en favorisant une répartition plus harmonieuse du
tourisme et des avantages économiques à travers le territoire. Cela permettrait
non seulement de désengorger les zones surfréquentées, mais aussi d'assurer un
développement durable, inclusif du secteur touristique dans son ensemble. Je me
laisse rêver, vraiment, là. Ce serait magnifique.
Si l'on veut que ce projet de loi devienne
d'utilité publique, il doit remplir des conditions précises sans lesquelles la
création de cette agence ne sera qu'une façade de plus, rendant les démarches
plus complexes tout en donnant l'illusion aux citoyens d'un bénéfice, alors
qu'en réalité cela n'apporte aucun avantage concret pour eux.
Nous demandons de la transparence de la
part du gouvernement. Quel est le but concret de cette agence? Quelle est sa
vision? Cette agence doit parvenir à proposer un projet concret et une
planification globale et sur le long terme afin de contrecarrer l'accumulation
de projets isolés et indépendants qui, par le passé, n'ont pas permis de
construire un réseau cohérent ni d'assurer la pérennité des infrastructures.
Trop souvent, ces initiatives ont été mises en place sans coordination avec les
autres projets, entraînant une fragmentation des efforts et des ressources, ce
qui a contribué à l'inefficacité et à des résultats en deçà des attentes.
Dans ma circonscription, à Chomedey, à Laval,
des lignes de transport ont été supprimées au début de l'année, et c'est un
vrai retour en arrière, qui ne correspond pas aux besoins des citoyens. Il y a
des gens ici qui prenaient ces lignes tous les jours, et maintenant, faute de
moyens, ils se retrouvent sans solution. Cela crée une inégalité dans l'accès
aux transports, surtout pour ceux qui n'ont pas d'autres options pour se
déplacer.
Pas plus tard qu'avant-hier, lundi
dernier, avant que je quitte pour venir à Québec, j'ai rencontré Isabelle Guimond
et Annie Des Rosiers, responsables d'Alta, Association lavalloise pour le
transport adapté, qui m'ont fait part de leur inquiétude face à la régression
des services de transport adapté proposés aux personnes en situation de
handicap. Elles m'ont expliqué que, parmi leurs membres, certains se sont vus
couper des droits dont ils bénéficiaient par faute de moyens. Imaginez, là, on
est en train de rêver, mais on est en train de couper.
À Laval, nous subissons des coupures de
services, et nos aînés sont les premiers touchés. C'est inacceptable. Il y a
des stops pour les résidences... ont été supprimés. Ces aînés qui prenaient ces
autobus-là pour aller au centre d'achats, pour aller à leurs rendez-vous, là,
on leur enlève ça. On essaie de rêver. De plus, dans le courant de l'été
dernier et dans la continuité de l'année 2023, 20 nouveaux postes ont
été supprimés au sein de la Société de transport de Laval en raison du contexte
financier instable et préoccupant que connaissent les sociétés de transport
collectif.
• (11 h 20) •
Selon Anne-Sophie Harrois, porte-parole de
la STL, dans La Presse... Permettez-moi... Donc, dans La Presse,
on parle de la crise de transport collectif. Celui-là, on parle de Laval.
Puisque je suis de Laval, je vais couvrir Laval un peu. Je voudrais mettre en
lumière la situation alarmante que vit la Société de transport de Laval. Malgré
les efforts pour maintenir le service, la STL a dû abolir près de
60 postes en quelques mois en raison d'un manque à gagner de
2,4 millions de dollars. Combien ça va coûter, ce nouveau... oui,
cette nouvelle agence? Dans le journal ici, c'est écrit : «On estime le
coût de fonctionnement de cette nouvelle agence de 6 millions de
dollars pour la première année puis entre 9 et 9,5 millions annuellement.»
Et là, juste à Laval, on a coûté... on a coupé 2,4 millions. Ça n'a pas de
sens.
Ces compressions touchent en grande partie
les postes administratifs, mais elles reflètent une crise financière qui
affecte l'ensemble du transport collectif à Laval comme ailleurs au Québec. Ce
contexte instable met en péril les services essentiels aux citoyens lavallois.
Alors que nous travaillons à la création d'une nouvelle agence, nous devons
admettre qu'il manque des ressources financières pour assurer le bon
fonctionnement et le développement des infrastructures de transport collectif.
La crise actuelle souligne l'urgence de trouver des solutions durables et de
nouvelles sources de financement pour soutenir ce secteur vital. On ne peut
laisser cette situation perdurer. Il faut revoir ces décisions et mettre en
place des services de transport public qui répondent aux besoins de tout le
monde, tout le monde, tout le monde, surtout ceux qui en dépendent vraiment.
La création de cette agence doit être dans
le but d'adopter une vision large qui prend en compte l'ensemble du territoire
et les besoins... maintenant et futurs, parce que, comme on remarque, on est en
train de couper les services depuis le printemps dernier, et ça ne va pas en
améliorant, donc, cela dans l'objectif non seulement d'améliorer la
connectivité entre les différentes régions, mais aussi d'assurer que chaque
projet s'inscrit dans une stratégie de développement durable. Il est essentiel
que cette planification inclue une réflexion approfondie sur les interconnexions
entre les divers modes de transport tout en garantissant que les
investissements réalisés aujourd'hui soutiennent une croissance soutenue et
équilibrée du réseau pour les générations futures, mais on dirait c'est au
détriment du service d'aujourd'hui. Donc, il faut voir... On peut rêver pour le
futur, mais aujourd'hui, aujourd'hui, qu'est-ce qu'on fait avec toutes ces
coupures? Ça, c'est une grande inquiétude pour nous tous.
Donc, pour cela, il me semble nécessaire
que Mobilité Infra Québec soit dépolitisée. Ne serait-ce d'ailleurs pas pour
cette raison que le gouvernement souhaite la créer, tenir hors du champ
politique le réseau de mobilité québécois? L'agence ne doit pas subir des
fluctuations politiques et les changements de gouvernement. En 2013, l'actuel
ministre de Cybersécurité disait à propos des agences que créer une agence,
c'est créer une agence de favoritisme, créer une agence, c'est créer une
instance qu'on éloigne du contrôle parlementaire. Il est curieux de voir que la
CAQ souhaite faire une agence aujourd'hui. Une gestion neutre, indépendante
permettrait à l'agence de se concentrer sur sa mission à long terme. Sa mission
à long terme... Est-ce que cette agence est assez indépendante pour... prendre
décision ou ils vont faire le travail que la ministre va leur demander de
faire? Donc, ce n'est pas clair.
Donc, sans être influencée par les
priorités politiques temporaires ou les intérêts électoraux du moment, la
population, là, veulent recevoir du service. Ils veulent voir que leur gouvernement...
que, d'un gouvernement à l'autre, on puisse avoir un plan à long terme puis on
sait qu'on va continuer, mais n'importe quel gouvernement qui rentre. Donc,
s'il y a une autoroute 13, là, il va continuer passé Mirabel, il ne va pas
être coupé. Donc, c'est vraiment important. Les citoyens sont tannés. Ils
veulent vraiment avoir un gouvernement qui s'occupe d'eux.
Une agence autonome pourrait mieux
garantir une planification cohérente, stable et axée sur le bien-être collectif
plutôt que sur des objectifs partisans. Or, pouvons-nous réellement espérer une
agence indépendante, sachant qu'elle est créée à la demande du gouvernement et
que c'est lui qui lui dictera ses directives?
Il y a donc un risque que les décisions
soient fortement influencées par les choix politiques du moment, ce qui
pourrait nuire à l'impartialité et à l'efficacité de sa gestion. En rendant
cette structure dépendante des orientations gouvernementales, nous risquons de
retomber dans les mêmes erreurs que par le passé, où des projets de transport
ont été lancés ou abandonnés en fonction des élections plutôt qu'en suivant une
vision à long terme. Cela fait donc craindre que l'agence ait du mal à
fonctionner de façon vraiment autonome et à prioriser les besoins des citoyens
au lieu de ceux du gouvernement en place.
Un autre critère crucial pour garantir que
ces projets répondent réellement aux besoins est celui des décisions. Elles
doivent être prises dans un cadre collaboratif et non de manière centralisée et
descendante. L'Union des municipalités du Québec a exprimé une forte inquiétude
quant à la conservation de leur liberté décisionnelle à la suite de l'émergence
de Mobilité Infra Québec. En effet, Martin Damphousse, le président, s'est dit
inquiet.
Donc, pour finir, puisque je n'ai pas
beaucoup de temps, je m'interroge également sur le champ d'action de cette
agence. Il me semble important de souligner une certaine ambiguïté à ce sujet.
En effet, le nom même de Mobilité Infra Québec prête à confusion. Si l'agence
est supposée de se concentrer exclusivement sur les transports collectifs,
pourquoi ne pas l'appeler simplement Transport Infra Québec? L'utilisation du
terme «mobilité» pourrait indiquer que le gouvernement souhaite se réserver une
certaine flexibilité en désignant des projets complexes de transport, mais...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Malheureusement, Mme la députée de Chomedey, c'est tout le temps dont vous
disposez.
Nous sommes toujours dans ce débat sur
l'adoption de principe du projet de loi n° 61, et, comme prochaine
intervenante, je reconnais Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. Donc, à mon tour d'intervenir, au nom du Parti libéral du Québec,
sur l'adoption du principe du projet de loi n° 61, Loi édictant la Loi sur
Mobilité Infra Québec et modifiant certaines dispositions relatives au
transport collectif.
M. le Président, on a une maxime ici, au
Québec, qui dit : Je me souviens. Bien, moi, M. le Président, je me
souviens d'un premier ministre qui, à une autre époque, en 2018, donc à son
arrivée, il nous disait, je le cite : Moi, je ne veux pas tout changer et
perdre deux ans à jouer dans les structures. Il est aussi revenu à la charge en
2021 en nous parlant encore du fait que lui, il ne voulait pas jouer dans les
structures.
Je me souviens aussi de l'actuel ministre
de la Cybersécurité qui, en 2013, parce qu'il était déjà à l'Assemblée
nationale, nous disait, à propos des agences, ceci : Créer une agence, là,
c'est créer une agence de favoritisme. Créer une agence, c'est créer une
instance qu'on éloigne du contrôle parlementaire.
On a aujourd'hui, donc, un premier
ministre au pouvoir, donc, un député de La Peltrie, qui est actuel ministre de
la Cybersécurité, qui font partie, donc, d'un gouvernement qui nous est arrivé,
pas plus tard que l'année dernière, avec l'agence Santé Québec et qui, là,
aujourd'hui, nous arrive, avec la ministre des Transports, avec Mobilité Infra
Québec. Donc, aujourd'hui, là, après la Santé, ce sont les Transports qui ont
droit à une agence.
C'est particulier, vous en conviendrez, M.
le Président, que la CAQ a tellement viré sa veste de bord qu'on est passé d'un
parti politique qui nous disait : Ah! jouer dans les structures, là, ce
n'est pas ça qui va faire avancer le Québec, là... Moi, je veux des résultats,
vous me jugerez sur les résultats, que nous disait le premier ministre. Bien
là, il a tellement changé son fusil d'épaule que la vice-première ministre,
donc la ministre des Transports, quand elle a déposé son projet de loi, elle a
affirmé que la nouvelle agence, là, Mobilité Infra Québec va, entendez-vous
bien, là, révolutionner la manière dont on développe le transport collectif au
Québec. Révolutionner, M. le Président, rien de moins. Donc, vous conviendrez
avec moi qu'il semble y avoir une certaine collision des visions au sein de la
Coalition avenir Québec... qu'il semble congru de renommer agence Avenir
Québec... Qu'est-ce qui se passe avec la CAQ?
Donc, mais «révolutionner», je vais
revenir là-dessus, parce que c'est aussi se demander, M. le Président, sur
quelles bases, la ministre, elle a effectué ces affirmations, puisque,
contrairement à tout projet de loi... Là, on commence à être des parlementaires
aguerris, on le sait, lorsque le gouvernement dépose des... les législateurs
qui sont, donc, du côté gouvernemental, donc, déposent un projet de loi,
habituellement, bien, ça vient avec, bon, la partie rendue publique, donc, du
mémoire déposé au Conseil des ministres et une analyse d'impact réglementaire.
Bien, contrairement à tous les autres projets de loi sur lesquels on a eu le
plaisir de siéger, tous les autres projets de loi, qui, parfois, donc, peuvent
être, donc, un peu plus mineurs, un peu plus majeurs, puis ça a été le cas dans
le cadre du projet de loi créant l'agence Santé Québec, bien, la CAQ, elle n'a
pas cru bon de procéder à une analyse d'impact réglementaire, nonobstant les
coûts impliqués.
On comprend d'abord, là, avant, donc,
d'aller, donc, dans les enjeux du projet de loi n° 61, que juste la
structure, ce qui a entouré le dépôt du projet de loi, donc, les étapes
précédant le dépôt du projet de loi n'ont pas toutes été remplies, puis, comme
on a l'habitude de le mentionner, M. le Président, manifestement, encore une
fois, dans ce dossier, la CAQ a été brouillonne et a fait preuve
d'improvisation.
Donc, aujourd'hui, donc, la CAQ, donc, qui
nous disait : Pas de structure, on ne joue pas là-dedans, ce n'est pas
bon, c'est des... une agence, c'est une agence de favoritisme, c'est créer une instance
qu'on éloigne du contrôle parlementaire... bien, aujourd'hui, donc, on brasse
des structures puis on nous fait rêver à des jours meilleurs en disant qu'on va
tout révolutionner, mais, dans les faits, pour un gouvernement qui souhaite se
faire juger sur les résultats, bien, les résultats, ils se font toujours
attendre.
Puis depuis l'arrivée de la CAQ, en 2018,
bien, les crises en transport collectif, elles se sont multipliées. Puis le
projet de loi, avec ce qui nous est présenté, on a de la difficulté à croire,
au Parti libéral du Québec, que c'est ce projet de loi là qui va venir régler
tous les maux du Québec en matière de transport collectif.
• (11 h 30) •
Je vais vous parler, donc, des différents
enjeux. D'abord, donc, le gouvernement caquiste, il affirme que l'objectif de
leur projet de loi... donc, c'est fait, donc, dans le but de retirer la
politique des décisions. Quand on lit le projet de loi, M. le Président, donc,
quand on analyse, en fait, tout semble indiquer le contraire. Donc, le projet
de loi ici, bon, il institue Mobilité Infra Québec, puis on nous dit, donc,
quand on lit, donc, les premières dispositions, qu'il a pour mission...
que Mobilité Infra Québec aura «pour mission d'effectuer, lorsque le
gouvernement lui en confie la responsabilité, l'analyse d'opportunité, la
planification et la réalisation de projets complexes de transport. Il précise
que Mobilité Infra Québec peut également réaliser des analyses en
transport à la demande du ministre responsable des Transports et de la Mobilité
durable et exécuter tout autre mandat que le gouvernement lui confie.»
Déjà, à sa face même, M. le Président,
c'est un peu difficile de dire : O.K., on va éloigner le politique de tout
ça, là, c'est pour ça qu'on vient créer une agence. On a besoin, donc, de
créer, donc, ce mur-là pour être capable, donc, de réaliser des projets de
transport collectif, mais, dès les premières dispositions, ce qu'on comprend,
c'est qu'on ne la voit pas, là, cette distance-là entre le politique et la
nouvelle agence, parce que... donc, tout serait fait, donc, à la demande du ministre.
On comprend bien, <comme l'a
énoncé...
>
11 h 30 (version révisée)
<19261
Mme Cadet :
...donc, à la demande du ministre. On comprend bien, >comme l'a
énoncé l'Ordre des urbanistes, que, dans son état actuel, le projet de loi, il
laisse une place trop grande à l'arbitraire politique dans l'élaboration des
transports. Je cite le mémoire, justement, donc, de l'Ordre des urbanistes, qui
nous dit : «Les autorités politiques détermineront quels projets seront
retenus pour financement et lesquels seront confiés à MIQ — à
Mobilité Infra Québec — sur la base de critères inconnus, voire sur
la base de considérations politiques, encore une fois.»
Donc, déjà, donc, à sa face même, on nous
dit : O.K., on a besoin d'un bras de distance. Mais le milieu, là... donc
là, je vous ai cité l'Ordre des urbanistes, mais ils ne sont pas tout seuls, le
milieu nous dit : Quand on lit le libellé du projet de loi, puis de notre
expérience, de la manière dont c'est structuré, on ne la voit pas, cette
distance-là.
Par ce projet de loi, ensuite, M. le
Président, le gouvernement se donne tous les pouvoirs, notamment en ce qui a
trait à l'expropriation qui se fera également au nom des villes. Ici, là, M. le
Président... Donc, je vous ai dit, donc, premier enjeu, donc, à la base, donc,
on nous a dit : On crée une agence pour dépolitiser le... la conception
des projets de transport collectif au Québec. Donc, déjà, on ne le voit pas,
mais en plus de ça, ce qu'on réalise, là, c'est que, dans tout ça, non
seulement, donc, on ne dépolitise pas, mais le gouvernement centralise des
pouvoirs. Ici comme dans bien d'autres secteurs, on voit le vieux réflexe
centralisateur de la CAQ, qui renie l'autonomie des gouvernements de proximité
que sont les municipalités puis qui viendrait leur imposer un fardeau
financier.
M. le Président, je n'ai pas eu le plaisir
d'être aux consultations particulières, là, qui sous-tendaient le projet de loi
n° 61, mais pour avoir, donc, lu certains mémoires, pour avoir vu, donc,
différents comptes rendus, on comprend que ça, ça a été une énorme
préoccupation des municipalités puis des autres acteurs qui sont venus
témoigner en commission parlementaire puis qui se sont dit : Un gros,
gros, gros voyant rouge sur cette question-là. Le gouvernement, il ne peut pas,
en fait, décider, donc, de renier notre autonomie, nous, comme municipalités, dans
la gestion des projets de transport collectif, puis après ça venir nous refiler
la facture.
Je vous donne... Je vous partage, M. le
Président, l'opinion de l'UMQ, l'Union des municipalités du Québec, qui a
soulevé des craintes sur la pièce législative dans son intervention. Son
président, Martin Damphousse, il a affirmé ceci : «Le projet de loi
prévoit que le gouvernement fixe unilatéralement la contribution financière des
municipalités pour les projets complexes de transport avant de leur confier
l'exploitation. Cette approche risque de compromettre sérieusement l'autonomie
municipale et d'avoir un impact significatif sur les finances des municipalités.»
Quand je vous disais, M. le Président, que
c'est un énorme voyant rouge, on a, ici, le président de l'UMQ qui est venu en
commission parlementaire, puis qui nous a dit, puis qui a écrit dans son
mémoire : C'est parce que ça n'a pas de bon sens, là, le gouvernement, il
ne peut pas décider, là, de fixer unilatéralement qui va contribuer à ces projets
de... complexes, là. Puis on reviendra là-dessus, ma collègue de Chomedey l'a...
elle a mentionné, donc, l'aspect nébuleux, là, de la définition de ce qui est
complexe, de ce qui serait complexe, de ce qui ne le serait pas, et qui dit :
Bien, ce n'est pas une approche qui est respectueuse de l'autonomie des
municipalités, là. C'est... Ce n'est pas acceptable pour eux.
Dans cette même veine, donc, Martin
Damphousse, il a demandé que des ententes soient conclues entre le gouvernement
et les municipalités avant d'engager toute contribution financière des
municipalités. Je pense que, M. le Président, vous conviendrez que ça a bien du
bon sens, là, cette demande-là, de dire : Bien, écoutez, bien, on veut
réaliser des projets complexes de transport collectif... En fait, nous, les
municipalités, on a de l'ambition en matière de transport collectif, donc, d'accord,
on va s'asseoir, on va en signer, des ententes, ensemble, puis on va être
capables de voir : O.K., comment est-ce qu'on contribue? Comment est-ce qu'on
se partage la facture de ces projets-là?
Donc, CDPQ Infra, parce que je parlais des
municipalités, mais on se dit : O.K., c'est... est-ce que ce sont les
seuls à croire que c'est un enjeu, cette autonomie-là ou cette façon... donc,
une façon de procéder qui serait unilatérale de la part du gouvernement de la
CAQ? En fait, CDPQ Infra est venue abonder dans le même sens puis indiquer :
«Il est impératif que les ministères, les villes et les sociétés de transport
puissent s'entendre pour réaliser des projets de transport collectif.» Ce n'est
pas rien, là. Ils sont venus quand même, donc, appuyer le propos des
municipalités en disant : Bien, écoutez, sauf votre respect, Mme la
ministre des Transports, sauf votre respect, gouvernement caquiste, c'est quand
même important que les villes et les sociétés de transport puissent s'entendre
pour réaliser des projets de transport collectif qui vont avoir <une
incidence...
Mme Cadet :
...les
sociétés de transport puissent s'entendre pour réaliser des projets de
transport collectif qui vont avoir >une incidence notable et durable sur
la composition de leur territoire, sur leur façon de l'aménager, sur leurs
projets à long terme, sur leurs projections.
En commission, la ministre s'est
dit : Bien, écoutez, là, je vais venir vous rassurer, tout de même, donc,
le projet de loi, donc, il modifie la Loi sur le ministère des Transports, il
prévoit que... bon, donc, prévoit, donc, qu'il devrait, donc, y avoir, donc,
des ententes, mais cependant, en fait, ce que le projet de loi, donc, il fait,
il dit : Bien, oui, O.K., il faudrait qu'ils s'entendent. Donc, c'est bien
beau, mais à défaut d'entente... Donc, le projet loi, donc, je vous disais,
donc, modifie, donc, la Loi sur le ministère des Transports pour dire qu'à
défaut d'entente avec le ministre, bien, le montant de la contribution
financière d'une municipalité ou d'un autre organisme, un projet complexe de
transport, bien, est fixé par le gouvernement.
Donc, c'est bien beau de dire : O.K.
c'est correct, là, vous souhaitez des ententes, on a pensé à ça, M. le
Président, on a pensé à ça, on a dit : Bien oui, oui, c'est normal, ils
vont pouvoir s'entendre, mais, s'ils ne s'entendent pas, bien, le gouvernement,
il s'accorde ce droit-là, il s'octroie ce droit-là de dire : Bien, nous,
là, on va tout fixer. Donc, contribution financière, là, voilà combien est-ce
que vous vous allez mettre, puis ça finit là. Vous comprendrez que l'UMQ puis
CDPQ Infra, ils ne sont pas satisfaits de cette modalité-là. Puis c'est gros,
là, c'est gros, là, M. le Président, ça veut quand même dire que MIQ, Mobilité
Infra Québec, bien, dans ce cadre-là, il pourrait entamer des travaux sans
l'aval préalable des municipalités. Pour nous, c'est un gros voyant rouge.
Puis je vais vous dire comme la ville de
Québec dans son mémoire... parce qu'évidemment il y a eu l'UMQ, mais tout le
monde a soulevé, donc, ce gros élément, il a dit, donc : «Lorsqu'un des
acteurs détient le pouvoir de fixer unilatéralement les termes de l'entente, il
y a lieu de se questionner sur les leviers de négociation à la disposition des
autres partenaires.» Ou, comme la ville de Montréal l'a aussi mentionné en
commission : «Cela nous semble instaurer une méfiance mal venue à l'égard
des municipalités.»
Ensuite, M. le Président, je vais vous
parler d'enjeux de financement, parce que, là, on a parlé, donc, de
dépolitisation des pouvoirs, donc, décisionnels, on a parlé, donc, de
l'autonomie, donc, municipale, l'autonomie des gouvernements de proximité qui
ne serait pas respectée par ce projet de loi tel que libellé, mais je vais vous
parler, donc, des enjeux qui entourent, donc, les sources de financement des
sociétés de transport. Parce que, dans tout ça, là... Parce que, quand même, si
on se dit : O.K., on va déployer, donc, des projets ambitieux de transport
collectif au Québec, bien, ça se paie, puis le projet de loi, en fait, il
adresse de façon très timide... il aborde, plutôt, de façon très timide l'enjeu
des sources de financement des sociétés de transport, alors que c'est un enjeu
qui est au coeur du problème.
Je vous rappelle, M. le Président, que
notre excellent collègue de Nelligan, notre porte-parole en matière de
transports, il a déposé, le 1er mai dernier, un projet de loi pour offrir
de nouvelles sources de financement aux sociétés de transport en commun, soit
la captation foncière. Pour vous expliquer, M. le Président, en très peu de
temps, la captation foncière, donc, qui permet déjà, actuellement, de financer,
donc, le REM à Montréal, donc, part du principe que la plus-value d'un projet
immobilier est en grande partie attribuable au fait que le secteur est bien
couvert, donc, par un service de transport en commun. Donc, le projet de loi,
donc, qui était le n° 791, il visait, donc, à
permettre aux organismes de transport en commun de développer des projets
immobiliers aux abords ou au-dessus de leurs infrastructures. Et donc
l'objectif, ici, c'est de s'inspirer des meilleures pratiques.
• (11 h 40) •
Donc, je le dis, donc, les promoteurs
immobiliers qui construisent des immeubles à proximité des stations du REM
doivent verser des redevances à l'exploitant du REM. Et donc on sait que ce
sont, donc, des idées qui sont mises en place à Vancouver, par exemple, elles
sont mises en place en Europe aussi, puis ça fournira aux sociétés de transport
des nouveaux moyens de financement pour développer leur offre de services, sans
pour autant faire payer davantage les usagers. En permettant aux organismes de
transport en commun de faire du développement immobilier, bien, ça, ça pourrait,
du même coup, diminuer la charge de l'État, qui doit souvent, donc, éponger,
donc, leurs déficits qui sont importants. Puis c'est une proposition, M. le
Président, qui fait consensus. Elle fait consensus auprès des sociétés de
transport, auprès de nombreux groupes, des organisations qui oeuvrent dans le
domaine de la mobilité.
On a ici, donc, une idée qui est, bien,
j'ose dire, géniale, mais une idée, donc, qui est prometteuse, M. le Président,
une idée qui, donc, je le disais, donc, fait consensus puis nous permet de ne
pas juste aller jouer, donc, dans la colonne des dépenses, des investissements,
mais aussi jouer dans la colonne des revenus. Parce que, je vous l'indiquais, si
on se dit qu'on veut être ambitieux dans le développement <de projets
cruciaux...
Mme Cadet :
...si
on se dit qu'on veut être ambitieux dans le développement >de projets
cruciaux de transports collectifs, bien, ça demande qu'on aille se poser des questions,
qu'on soit innovants, donc, en matière de sources de revenus, d'où le principe
de captation foncière, ici, donc, et ça, M. le Président, c'est dans la
même veine que de se dire… Tu sais, la CAQ et la ministre des Transports et de
la Mobilité durable, ils tentent sans cesse... puis ça, c'est comme ça dans
tous les dossiers, ils tentent sans cesse de se désengager de leurs
responsabilités, donc, d'assurer une offre de transport collectif soutenue qui…
ça nous permettrait de démontrer du leadership puis de se mettre en mode
solution.
En matière de transport de façon générale,
on le voit, puis on le mentionnait dès le début, là, dans tout ce qui entourait
le dépôt du projet de loi, on voit de l'improvisation, on voit, donc, de
l'inaction, donc, de façon générale, puis c'est un peu... en fait, ce sont ces
façons de faire qui ont plongé les sociétés de transport dans un profond
gouffre financier. C'est pour ça que nous, on a proposé de pouvoir leur offrir,
à ces sociétés-là, des nouveaux leviers financiers. Ça, tout ça, là, c'est une
idée hyperinnovante, c'est une idée, évidemment, libérale qui vient jouer dans
la colonne des revenus. Puis, comme je le disais, Mobilité Infra Québec, c'est
bien beau dire : O.K., on crée une nouvelle structure, on crée une agence,
ici, mais, si on ne se pose pas les questions sur les sources de financement,
c'est comme si on passait à côté d'un grand problème.
Ça fait que non seulement on a les
éléments structuraux que je vous mentionnais, M. le Président, donc, sur le non-respect
de l'autonomie des municipalités, sur le fait que des décisions peuvent se
prendre de façon unilatérale puis que ça, ça ne fait l'affaire de personne,
mais que, là, on a une idée, donc, qui ferait un petit peu l'affaire de tout le
monde puis qu'on se dit, donc, du côté gouvernemental : Ce n'est pas
important de se poser ces questions-là. On ne demande même pas, donc, de
reprendre exactement le libellé du projet de loi n° 791,
M. le Président, c'est de se poser et c'est de se dire : O.K., d'accord, O.K.,
proposez-nous quelque chose aussi en matière de sources de financement, parce
qu'on ne peut pas juste mettre de l'avant... donc, créer, donc, cette
agence-là, tenter de se déresponsabiliser puis de s'offrir l'opportunité de
pouvoir mettre le singe sur le dos de quelqu'un d'autre quand il y aura des
comptes à rendre sans se poser, donc, les questions cruciales sur, bien,
comment est-ce qu'on va financer tout ça et comment est-ce qu'on va se
permettre que nos projets, bien, ils soient pérennes.
Je vous ai nommé les enjeux qui sont au coeur,
donc, des défis en matière de transport collectif puis des gros voyants qu'on
voit dans le cadre du libellé, des dispositions du projet de loi n° 61, M.
le Président, mais il y a d'autres questions. Puis je le mentionnais au
passage, ma collègue de Chomedey le mentionnait, Mobilité Infra Québec se fera
confier les projets complexes de transport. Qu'est-ce qu'un projet complexe?
C'est l'ACRGTQ, l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec, qui, lui-même, donc, se… qui, elle-même, donc, se posait cette
question-là dans son mémoire puis qui est venue nous le demander en commission
parlementaire. À la lecture du projet, par exemple, d'autres questions,
l'avenir de l'ARTM puis celui du bureau de projet, bien, O.K., on dit : Il
est incertain, qu'en est-il réellement? La composition des membres gouvernant
l'agence, elle n'est pas claire non plus. Qui pourra en faire partie? Qui
déterminera qui peut y accéder? Quelle latitude pourra-t-elle avoir? Ce sont
toutes des questions qui restent à poser, M. le Président.
Donc, en conclusion, la création d'une
agence avec un mandat clair, transparent et surtout bien financé est
d'importance capitale. L'avenir de tous les futurs projets structurants de
transport du Québec en dépend. Si ce projet de loi peut finalement ramener le
transport collectif sur les rails, nous serons de la partie. Pour ces motifs,
nous sommes pour l'adoption du principe, mais, vous le voyez, il y a de
grosses, grosses, grosses questions que nous devons poser, que notre collègue
de Nelligan, certainement, continuera de poser lors de l'étude détaillée du
projet de loi n° 61. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Et je reconnais maintenant Mme la députée
de La Pinière.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, ça me fait plaisir de prendre la parole pour faire cette
intervention sur l'adoption du principe du projet de loi n° 61, Loi
édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines dispositions
relatives au transport collectif.
Alors, M. le Président, comme on peut lire
dans les notes au début du projet de loi : «Ce projet de loi institue
Mobilité Infra Québec qui a pour mission d'effectuer, lorsque le gouvernement
lui en confie la responsabilité, l'analyse d'opportunité, la planification et
la réalisation de projets complexes de transport. Il précise que Mobilité Infra
Québec peut également réaliser des analyses en transport à la demande du
ministre responsable <des Transports...
Mme Caron :
...du
ministre responsable >des Transports et de la Mobilité durable et
exécuter tout autre mandat que le gouvernement lui confie.» Alors, vous avez
bien vu, M. le Président, que j'ai souligné des bouts du... de cette... de ce
paragraphe inclus au début du projet de loi.
Alors, comme ma collègue députée de
Bourassa-Sauvé l'a soulevé, et ma collègue de Chomedey avant elle, la notion de
projet complexe de transport n'est pas définie dans le projet de loi. La
plupart des groupes qui sont venus en commission parlementaire durant les
consultations ont soulevé cet aspect problématique. De quoi s'agit-il au juste
quand on parle d'un projet complexe de transport? Est-ce que le troisième lien...
feu le troisième lien ou futur troisième lien, on ne le sait pas, est-ce que
c'est un projet complexe de transport? Est-ce que le REM, c'est un projet
complexe de transport? Est-ce que le prolongement de la ligne bleue, c'est un
projet complexe de transport? Qu'est-ce qu'un projet complexe de transport?
Qu'est-ce qui est dans la tête de la ministre et des légistes autour qui ont
rédigé ce projet de loi? Quels sont les critères objectifs qui permettent ou
qui permettront de statuer qu'un projet de transport est complexe? Si on... la
ministre ou le ministre en titre décide de confier l'analyse à Mobilité Infra
Québec, est-ce que ça veut dire qu'avant même d'analyser le projet le ou la
ministre va savoir qu'il s'agit d'un projet complexe de transport?
Maintenant, le mandat de Mobilité Infra
Québec, il est très large, mais cette agence n'aura aucune autonomie. On vient
de le lire mot à mot dans le projet de loi, je viens d'insister là-dessus,
«lorsque le gouvernement lui en confie la responsabilité», ou «à la demande du
ministre responsable», ou «tout autre mandat que le gouvernement lui confie».
Ça veut dire que cette agence n'aura pas d'autonomie, n'aura pas... ne pourra
pas prendre l'initiative sur tout projet de transport qui lui apparaît complexe
tant qu'on n'aura pas de définition. Et, même avec une définition, cette agence
n'aura aucun pouvoir d'initiative.
Même chose pour la réalisation d'analyses
en transport, elle n'aura pas de pouvoir d'initiative non plus. Et ce n'est pas
juste moi qui le dis, M. le Président, le Pr Pierre-André Hudon, du
Département de management de l'Université Laval, ici, à Québec, montre comment
l'article 4 du projet de loi ne donne aucun pouvoir d'initiative à Mobilité
Infra Québec. Selon lui, Mobilité Infra Québec va se retrouver à la remorque du
gouvernement, et ça pose deux problèmes : d'abord, la connaissance fine en
matière de transport, c'est souvent au niveau municipal qu'on la retrouve, et,
si on veut vraiment que cette nouvelle agence soit une réserve d'expertise,
bien, il faudrait qu'on lui laisse une certaine autonomie. Alors, comme tout va
émaner du gouvernement, c'est quand même mal parti pour dépolitiser les projets
de transport, vous en conviendrez, M. le Président.
Et ça pose une autre question : À
quoi bon créer cette agence centralisée et loin du terrain alors qu'on a déjà
un ministère des Transports et de la Mobilité durable? Je vais paraphraser un
certain... je ne le nommerai pas, je vais paraphraser quelqu'un qui est connu
en économie dans les médias : En as-tu vraiment besoin? On en a-tu
vraiment besoin?
• (11 h 50) •
Et, en matière d'autonomie, M. le
Président, les municipalités sont également mises à mal avec ce projet de loi.
Après s'être fait traiter de quêteux, maintenant on leur enlève à peu près tout
droit de regard. On leur dit «à défaut d'entente avec le ministre, le montant
de la contribution financière d'une municipalité ou d'un autre organisme à un
projet complexe de transport est fixé par le gouvernement». Alors, M. le
Président, le gouvernement se donne le gros bout du bâton sur toute la ligne,
autant pour ne pas donner d'autonomie à son agence que retirer de l'autonomie
aux municipalités. Pourtant, le gouvernement devrait savoir que l'argent, il
vient toujours de la même poche, celle des contribuables. Que vous alliez la
chercher dans le budget d'une municipalité ou dans votre budget déficitaire, ça
vient de la même poche.
Et, en matière d'expropriation, dans le
cadre de ce projet de loi, est-ce qu'on va rejouer dans le même film des
terrains pour les écoles? Bravo pour le soutien <aux municipalités...
Mme Caron :
...dans
le même film, des terrains pour les écoles? Bravo pour le soutien >aux
municipalités et l'autonomie municipale.
Mme Catherine Morency, ingénieure et
sommité mondiale en génie des transports qui enseigne à Polytechnique, se
demande, elle aussi, si les élus municipaux auront des leviers pour assurer une
interaction adéquate entre les modes de transport. En vertu de l'article 74
du projet de loi, l'agence Mobilité Infra Québec pourra imposer à peu près tout,
puisque le gouvernement fixera le montant de la contribution financière
exigible des organismes visés par un projet mené par cette agence et il en
déterminera aussi les modalités de versement. Et les organismes visés, M. le
Président, comme je l'ai dit tantôt, ce sont les municipalités locales, aussi
les sociétés de transport en commun, le réseau de transport du métro et l'Autorité
régionale de transport métropolitain, l'ARTM. Alors, exit l'autonomie
municipale et l'autonomie des autres organismes.
C'est un secret de Polichinelle, que le
financement des sociétés de transport répugne à la CAQ. On l'a assez entendu,
des commentaires dénigrant la gestion financière des sociétés de transport en
commun de la part de la ministre des Transports et de la Mobilité durable, qui
disait : On ne va pas aller gérer l'achat des crayons. Si ce n'est pas
dénigrer le rôle des sociétés de transport, je ne sais pas ce que c'est.
Alors, M. le Président, c'est comme si le
gouvernement se refusait à reconnaître que les services de transport en commun
sont vulnérables... que les services et les sociétés de transport en commun
sont vulnérables à l'heure actuelle. On a beau avoir subventionné des autobus électriques,
avoir obligé l'achat d'autobus électriques, ce qui est, en passant, une bonne
idée pour l'économie, pour décarboner, rien contre ça, mais, quand on ne
subventionne pas les garages dans lesquels on doit faire l'entretien des
autobus électriques, parce que ce n'est pas la même chose que les anciens
autobus, bien, on n'aide pas les sociétés de transport. Elles doivent puiser à
même leurs fonds limités pour construire ces infrastructures qui vont permettre
d'utiliser les bus électriques. Alors, il y a un manque de cohérence quelque
part, là.
Et c'est la Pre Morency, de
Polytechnique, qui disait, en consultations, que le gouvernement ne voit pas
les services de transport en commun comme des services, c'est-à-dire que le
gouvernement... oui, voit les services de transport en commun comme des
systèmes visant une rentabilité au détriment du bien essentiel social du
transport collectif. Ma collègue de Chomedey l'a mentionné tout à l'heure dans
son allocution, dans son comté, la Société de transport de Laval a coupé sur
des lignes d'autobus, et il y a des arrêts qui étaient devant des résidences de
personnes âgées qui ont été enlevés. Pensez-vous que les personnes âgées
peuvent se permettre de marcher entre... de longues distances entre les arrêts
pour pouvoir prendre l'autobus, le seul mode de transport auquel ils ont accès
à prix abordable, pour se rendre à leur rendez-vous médical ou pour aller
prendre un café à la foire alimentaire du centre commercial? Je comprends que
la décision n'a pas été prise par le gouvernement ici, elle a été prise par la
société de transport, mais, quand une société de transport est rendue à prendre
ces décisions-là, c'est parce que l'heure est grave, là, côté financement. Ça
ne va vraiment, vraiment pas bien.
En 2024, c'est essentiel, le transport
collectif pour les personnes aînées dont je viens de parler, mais aussi pour
les jeunes qui vont à l'école, qui vont au cégep, à l'université, les personnes
qui vont au travail. Ce n'est pas tout le monde qui a une voiture pour aller au
travail. Ce n'est pas toutes les familles qui ont deux voitures, quand les deux
personnes... les deux conjoints travaillent. Ça devient de plus en plus
difficile. Et, de toute façon, on veut réduire l'utilisation de l'automobile, donc
tant mieux, j'ai le goût de dire, si une famille a un seul véhicule, mais il
faut que tous les membres de la famille puissent se déplacer de manière
autonome, et, pour ça, ça prend du transport collectif. En plus, les voitures sont
de plus en plus coûteuses, et surtout les voitures électriques, alors il faut
permettre aux gens de se déplacer.
Je me range aussi à l'analyse de la
Pre Morency, qui montre du doigt l'absence de cohérence du projet de loi
avec le plan de mobilité durable, l'absence de vision de mobilité intégrée au
Québec et le manque de fondement scientifique sur les décisions.
Une autre professeure qui est venue <dans
les consultations...
Mme Caron :
...sur
les décisions.
Une autre professeure qui est venue >dans
les consultations, Florence Junca-Adenot, de l'UQAM, le dit aussi sans ambages
dans son mémoire : «Quand on analyse le projet de loi de création de
l'agence — donc celui dont on parle, M. le Président — il
n'y a pas de référence aux problèmes à résoudre ni aux objectifs poursuivis.
L'agence, dans sa définition, accroît la politisation des choix en concentrant
entre les mains du gouvernement toutes les décisions concernant les grands
projets de transport complexes, qui ne sont pas définis, et les autres
décisions.» Et, en page 4 de son mémoire, elle dit : «Au lieu de
s'attaquer aux problèmes identifiés, l'agence se voit dotée d'un mandat
tellement large qu'elle s'éloigne de la réalisation des projets pour inclure
des mandats d'analyse de transport et de mobilité, des mandats de
planification, des mandats de développement de systèmes intelligents, de
coordination des services de transport en commun, de développement immobilier,
de gestion du matériel roulant, dont, par exemple, des garages pour véhicules
électriques, des autobus électriques, etc. Ce mandat étendu empiète sur les
rôles et quatre responsabilités des sociétés de transport, des agences
régionales, et des villes, et même du ministère des Transports, qui ont
l'expertise.» Je rappelle ce ne sont pas mes mots, ce sont ceux de la
Pre Junca-Adenot.
Elle ajoute que c'est d'autant plus vrai
que «l'agence devient la seule responsable des projets qui lui sont confiés,
des duplications coûteuses et démotivantes, des coûts qui vont augmenter, une
dilution des expertises, des problèmes de gouvernance à venir et de
politisation qui vont se multiplier». Elle ajoute qu'«à travers le mandat de
planification qui est donné à l'agence, il apparaît un oubli méthodologique
majeur : la planification d'un projet de transport doit être intégrée à la
planification urbaine, dont il est un moteur de réussite très interrelié aux
choix d'activités urbaines à renforcer ou à développer».
Alors, quand les villes et municipalités
ont des schémas d'aménagement — elles en ont toutes — elles
doivent le respecter d'une manière intelligente. Quand on prévoit, quand on
planifie le développement immobilier dans une ville, bien, on devrait
s'attacher avec le développement du transport collectif. Tout n'a pas besoin
d'être un TOD, un «transit-oriented development», un développement qui est axé
sur le transport en commun, où... par exemple, je pense au quartier Solar, à
Brossard, qui est intégré avec la station du quartier du REM, tout n'a pas
besoin d'être comme ça, mais qu'on ait au moins la possibilité de prévoir, de
planifier du transport collectif, que ce soit un bus, que ce soit un métro ou
autre, qu'on le planifie dans le développement immobilier d'une ville et qu'on
en ajoute là où ça n'a pas été planifié, et que les lignes se rejoignent, qu'il
y ait a une intermodalité, là, c'est absolument nécessaire.
Mme Junca-Adenot ajoute aussi, dans le projet de loi, que ça fonctionne en
vase clos : «La phase de planification ne devrait pas relever de l'agence,
si l'agence est créée, parce que le transport en commun n'est vraiment pas
intégré.»
• (12 heures) •
Je vais vous donner un exemple, M. le
Président, de Montérégie. Il y a l'aéroport de Saint-Hubert, où le transporteur
Porter va offrir des vols intérieurs. Alors, bien entendu que la région... à
l'exception, peut-être, des personnes qui habitent à côté de cet aéroport, la
région se réjouit, et j'en suis, du développement que ça peut... que ça peut
amener, que ça promet, mais, M. le Président, si vous pensez que les voyageurs
pourront se rendre facilement à l'aéroport de Saint-Hubert pour une
correspondance ou en provenance d'une correspondance avec l'aéroport
Pierre-Elliott-Trudeau de Dorval, détrompez-vous. Si vous pensez que vous allez
pouvoir utiliser le transport en commun pour vous rendre entre l'aéroport de
Saint-Hubert... c'est-à-dire pour vous rendre à l'aéroport de Saint-Hubert à
partir de Brossard, de La Prairie, de Candiac, Saint-Constant, Chambly,
Saint-Bruno, et j'en passe, détrompez-vous, parce que l'intermodalité, l'intégration
des transports, ce n'est pas à l'ordre du jour.
La collaboration... Les gens qui sont
venus en commission ont dit que la collaboration, le mode collaboratif <était
important...
>
12 h (version révisée)
<19313
Mme
Caron :
...les gens qui sont venus en commission ont dit que la
collaboration, le mode collaboratif >était important. Je vais vous
donner un exemple éloquent d'absence de collaboration et d'intégration. À la
station Panama du REM, donc, à Brossard, il y a le terminus d'autobus du Réseau
de transport de Longueuil, M. le Président, on n'a même pas été capable de s'entendre
de se faire un corridor qui n'est pas interrompu. Alors, on a le terminus d'autobus,
très beau, il a été refait, les gens marchent à l'intérieur. Il y a la gare du
REM qui a été faite, qui est juste à côté. On n'a pas été capable de relier les
deux. Il faut sortir du terminus d'autobus, marcher un bout à l'extérieur et
entrer à l'intérieur de la gare. Alors, les gens, en hiver, par moment de...
quand il pleut très fort, ils sont obligés de faire un bout à l'extérieur, et
le revêtement qu'il y a au sol, bien, il est glissant. Alors, qu'est-ce qui se
passe? Il y a des gens qui tombent en s'en allant prendre le REM ou en ressortant
du REM. Je ne peux pas croire qu'on n'a pas été capable de se parler pour
éviter une absurdité du genre.
Alors, pourquoi je fais référence à ces
deux exemples-là, M. le Président? C'est tout simplement pour montrer à quel
point l'absence d'intégration du transport collectif a des répercussions
concrètes sur le terrain et se répercute aussi en rupture de service. Il n'y a
pas de boucle complète. Alors, si l'agence était créée pour régler ce genre de
problème là, j'applaudirais, mais ce n'est définitivement pas ce qu'on voit
dans le projet de loi.
Alors, M. le Président, le temps... le
temps file, mais je vous ai parlé de «projet complexe» qui a besoin d'être
défini, des enjeux majeurs d'autonomie pour l'agence elle-même vis-à-vis du
gouvernement et pour les villes. Il faut cesser de voir le transport collectif
comme une entreprise à rentabiliser, alors qu'il s'agit d'un service public
essentiel que les villes sont incapables de financer seules. L'argent est le
nerf de la guerre, et le gouvernement ne peut pas faire fi de cette réalité-là.
Il faudrait retourner à la planche à
dessin pour élaborer une vision d'ensemble intégrée qui tient compte aussi des
besoins d'accessibilité. Parce qu'un groupe est venu nous parler de l'accessibilité
du transport collectif, et c'est absolument essentiel pour les personnes qui
ont un handicap physique, pour les personnes aînées, aussi pour les jeunes
familles qui se promènent avec un bébé en poussette et un petit par la main. On
devrait avoir une politique d'accessibilité universelle au moins dans les
transports en commun, à défaut d'en avoir une partout au Québec, et ces groupes
sont venus... ce groupe est venu nous le rappeler.
M. le Président, ma question existentielle
demeure : La création d'une agence est-elle vraiment nécessaire? Tout l'argent
et toute l'énergie consacrés à la création de Mobilité Infra Québec ne seraient-ils
pas utilisés à meilleur escient si on demandait plutôt au ministère du
Transport... des Transports et de la Mobilité durable de plancher sur une
vision d'ensemble intégrée, en collaboration avec les parties prenantes et les
experts, notamment universitaires, en matière de transport en commun? Je reste
malheureusement avec l'impression que la ministre des Transports et de la
Mobilité durable parraine ce projet de loi pour se délester de ses
responsabilités ministérielles devant son incapacité à gérer le dossier. Et c'est
dommage et triste pour les Québécois, M. le Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de La Pinière. Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur le projet de loi n° 61? Je reconnais
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Je m'installe. Alors, toujours un plaisir. À mon tour de prendre la
parole dans le cadre du discours sur l'adoption du principe du projet de loi n° 61,
loi édictant une loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines
dispositions relatives au transport collectif. Évidemment, ayant un background,
un parcours en environnement et en changements climatiques, il est certain que
j'ai un grand intérêt pour ce projet de loi qui aborde les enjeux des
transports en commun et de mobilité durable, qui est une des solutions claires
face à la crise climatique.
Mais, avant de continuer, je voudrais
reconnaître le travail de notre porte-parole de l'opposition officielle en la
matière, soit le leader de l'opposition officielle et évidemment le député de Nelligan,
aussi les collègues qui ont parlé devant moi. Je ne vais pas <reprendre...
Mme McGraw :
...et,
évidemment, le député de Nelligan. Aussi, les collègues qui ont parlé devant
moi, je ne vais pas >reprendre tous leurs propos et je vais profiter de
cette opportunité de parler d'un enjeu local qui nous tient à cœur, à
Notre-Dame-de-Grâce, en lien avec ce projet de loi.
Mais, en résumé, le projet de loi n° 61, qui a été déposé le 9 mai dernier par la
vice-première ministre et la ministre des Transports et de la Mobilité durable,
aurait pour effet de créer une nouvelle loi, en plus de modifier 11 lois,
ce qui est énorme, M. le Président. En résumé, le projet de loi créerait la
future agence qui sera chargée de coordonner le développement des différents
projets de transport collectif au Québec. Et cette pièce législative prévoit
ainsi la création de Mobilité Infra Québec, une agence indépendante du
ministère des Transports du Québec. Et ce projet de loi permettrait au
gouvernement de, et je cite, «prendre le contrôle du destin du transport
collectif à l'échelle de la province», comme l'a déjà dit la vice-première
ministre elle-même.
Mobilité Infra Québec aura ou aurait pour
mission «d'effectuer, lorsque le gouvernement lui en confie la responsabilité,
l'analyse d'opportunité, la planification et la réalisation de projets
complexes de transport.» La nouvelle agence pourrait en outre «acquérir, par
expropriation, les immeubles qu'elle juge nécessaires dans le cadre de sa
mission pour son propre compte [et] pour celui du gouvernement, d'une
municipalité, d'une société de transport en commun, du RTM — Exo — ou
de l'ARTM.» Alors, beaucoup de changements, M. le Président. Et, comme les
collègues ont déjà souligné, il y a quand même des préoccupations très
sérieuses face à cette initiative.
Alors, évidemment, les collègues, en
commission, ils ont écouté, il y a eu des consultations particulières. Si je
comprends bien, il y avait 35 mémoires qui ont été déposés par
25 groupes qui sont venus se présenter en commission. Et je tiens à
remercier l'ensemble de ces groupes, des organismes, des experts qui sont venus
présenter, en personne ou virtuellement, leurs remarques, commentaires et
recommandations. Et je suis certaine que c'était vraiment intéressant de les
entendre, et ça va certainement permettre de bonifier le projet de loi.
D'ailleurs, la grande majorité des groupes sont favorables, si je comprends
bien, au projet de loi, mais des ajustements sont définitivement nécessaires,
et selon aussi les remarques qui ont été faites par les collègues.
Il y a des enjeux importants, M. le
Président, et donc des ajustements nécessaires, parce que les enjeux qui ont
été soulevés depuis le dépôt à l'Assemblée nationale sont quand même des enjeux
importants. Il y a également de nombreuses questions qui se posent à ce sujet.
Comme je l'ai dit, je ne vais pas reprendre tous les propos des collègues, qui
ont si bien parlé, mais les questions se résument selon moi comme suit.
Donc, tout d'abord, Mobilité Infra Québec
se fera confier des projets complexes de transport. Alors, la première
question : Qu'est-ce qu'un projet complexe de transport? Comment c'est
défini? Le diable est dans les détails, M. le Président, donc c'est une
question pertinente, et la définition va être fondamentale.
Les enjeux entourant le financement et les
sources de financement des sociétés de transport sont timidement adressés par
le projet de loi. Pourtant, il s'agit, comme a dit ma collègue, du cœur du
problème en ce moment.
• (12 h 10) •
À la lecture du projet de loi, l'avenir de
l'ARTM, ainsi que celui des bureaux de projet, est incertain. Alors, la
question : Qu'en est-il, réellement et concrètement, de leur futur?
Le gouvernement de la CAQ affirme que
l'objectif de leur projet de loi est fait dans le but de retirer la politique
des décisions, mais le projet de loi semble indiquer le contraire. Avant ce
projet de loi, le gouvernement se donne tous les pouvoirs, notamment en ce qui
a trait à l'expropriation, qui se fera également au nom des villes, un enjeu
très sérieux et important, M. le Président. Alors, la question est : Qu'en
est-il de l'autonomie des municipalités, nos gouvernements de proximité?
La composition des membres gouvernant
l'agence n'est pas claire. Alors, la question est : Qui pourra en faire
partie? Qui déterminera qui peut y accéder? Quelle latitude pourra-t-il...
pourra-t-elle <avoir...
Mme McGraw :
...qui
peut y accéder? Quelle latitude pourra-t-il, pourra-t-elle >avoir? Ce
sont des questions qui restent à poser. La création d'une agence avec un mandat
clair, transparent et surtout bien financé est d'importance capitale. L'avenir
de tous les futurs, prochains projets structurants en transport du Québec en
dépend.
Comme j'ai dit, M. le Président, j'en
profite de parler d'un enjeu local dans ce contexte qui nous tient à cœur, à Notre-Dame-de-Grâce,
qui me tient à cœur personnellement. Et, justement, parce qu'on parle d'un
projet de loi en matière de transport, j'aimerais profiter de cette occasion
pour en discuter davantage, soit le projet dalle-parc, un lien nord-sud entre Notre-Dame-de-Grâce
et le sud-ouest de Montréal. C'est un sujet, peut-être, qui est familier pour
certains d'ici, mais je veux prendre le temps de l'expliquer.
Alors, le projet de la dalle-parc
consisterait à créer un pont vert cyclable et piétonnier qui relierait le
quartier de Notre-Dame-de-Grâce et l'arrondissement du Sud-Ouest au-dessus de
l'autoroute 20. Il aurait l'avantage de connecter des quartiers coupés par
le projet Turcot. Et, selon le Conseil régional de l'environnement de Montréal,
ce pont formerait éventuellement une partie clé d'un corridor vert reliant le
parc Angrignon et les berges du fleuve au boulevard Cavendish.
De nombreux élus, citoyens, experts et
organismes appuient et réclament la réalisation de ce lien vert. Et ce projet a
été évoqué pour la première fois dans le cadre du projet Turcot, donc, projet
infra complexe, par le gouvernement du Québec en 2010, mais il n'a jamais été
construit, puisqu'il a été retiré du projet en 2015. Le gouvernement libéral a
alors promis sa réalisation en 2018, où la dalle-parc serait un projet de la
ville de Montréal, mais aussi avec la participation du gouvernement du Québec.
Depuis les élections de la CAQ, en 2018,
seules deux études de faisabilité financées par le gouvernement et la ville de
Montréal ont été menées, en 2019 et 2020. Mais, n'ayant pas de mise à jour de
Québec depuis février 2021 sur la concrétisation et le financement de ce projet
vert et essentiel, un moyen de transport actif qui améliorerait grandement non
seulement la qualité de vie des résidents des quartiers avoisinants, mais aussi
de toutes les Montréalaises et les Montréalais, ma prédécesseure, Kathleen Weil,
a déposé une question écrite au feuilleton le 3 mai 2022, adressée au
ministre des Transports de l'époque, demandant l'état d'avancement du projet de
la dalle-parc.
Dans sa réponse datant du 1er juin
2022, la ministre disait — et je cite — que «la prochaine
étape est la réalisation par la ville de Montréal de l'avant-projet, ce qui
permettrait notamment de préciser les budgets nécessaires et l'échéancier de la
réalisation du projet d'aménagement d'un lien nord-sud de transport actif».
Même si l'avant-projet n'est pas encore complété, j'ai parlé avec la ville de
Montréal, et on veut quand même que le gouvernement du Québec s'engage
financièrement tout de suite.
Alors, je tiens à souligner que j'ai pu
rencontrer, il y a deux semaines, la vice-première ministre et la ministre des
Transports et de la Mobilité durable pour discuter de cet enjeu, et j'aimerais
sincèrement remercier la ministre et son équipe d'avoir pris le temps de
m'écouter sur ce dossier très important pour mon comté et qui est attendu
depuis longtemps par de nombreuses personnes. Ce fut une rencontre, selon moi,
très productive et très positive. Et, même si on n'a pas encore des engagements
financiers explicites, j'ai senti une grande ouverture de sa part et un intérêt
marqué, et ce, malgré le contexte budgétaire que l'on connaît et le fait que le
MTQ attend de recevoir des suivis importants de la ville de Montréal. J'étais
très heureuse d'entendre que le MTQ pourrait le construire, puis la ville,
l'aménager, un processus commun et courant au MTQ.
Je suis donc, pour conclure cette
partie-là, optimiste pour la suite à ce sujet et j'espère que nous allons
pouvoir collaborer pour réaliser ce pont vert signature à Montréal. Et par
ailleurs, même si on parle ici de transport actif et non collectif, puisque
c'est un projet tout particulier qui demande une certaine expertise, je me
demande si ce serait le MTQ ou Mobilité Infra Québec qui pourrait avoir le
mandat de sa réalisation.
Alors, pour revenir au projet de loi
n° 61, on se rappelle qu'avec le projet de loi n° 15 du ministre de
la Santé... ce sont, <cette fois-ci...
Mme McGraw :
...sur
le projet de loi
n° 61, on se rappelle qu'avec
le projet de loi
n° 15 du
ministre de
la Santé ce sont, >cette fois-ci, les transports qui ont droit à une
agence avec le projet de loi n° 61. La CAQ brasse les
structures en faisant rêver à des jours meilleurs, mais, dans les faits, les
résultats se font souvent attendre, M. le Président. D'ailleurs, on sait qu'en
2013 l'actuel ministre de la Cybersécurité et du Numérique et le député de La
Peltrie disait à propos des agences, et je cite : «Créer une agence, c'est
créer une agence de favoritisme. Créer une agence, c'est créer une instance
qu'on éloigne du contrôle parlementaire.» Effectivement, cela centralise,
bureaucratise et ça s'éloigne. Alors, on va surveiller ça de très près, M. le
Président, et jouer notre rôle parlementaire de contrôle essentiel.
Il est quand même curieux de voir que la
CAQ souhaite faire une agence aujourd'hui. En créant une nouvelle agence,
est-ce que le gouvernement tente, c'est une question qu'on se pose, de se
déresponsabiliser et surtout de s'offrir l'opportunité de pouvoir, et je cite,
«mettre le singe sur le dos à quelqu'un d'autre lorsqu'il y a des comptes à
rendre»? Ce sont des questions qui se posent, M. le Président.
Depuis l'arrivée de la CAQ, les crises en
transport collectif se sont multipliées, et le projet de loi n° 61
ne fait rien pour régler ce problème. Le financement est le cœur du problème.
C'est l'éléphant dans la pièce, comme a dit ma collègue. Pourtant, le
gouvernement demeure totalement silencieux sur cette question fondamentale.
L'offre de nouveaux services en transport
au Québec est au neutre depuis l'arrivée de la CAQ, et ce, sans omettre les
multiples interruptions dans les projets en cours. Si ce projet de loi peut
finalement ramener le transport collectif sur les rails, nous serons de la
partie.
Enfin, en tant qu'opposition officielle,
ma formation politique et moi, nous allons participer activement, sérieusement
et constructivement à l'étude détaillée article par article de cette pièce
législative afin de la bonifier. La position des différents groupes concernés
par le projet de loi en commission parlementaire était primordiale afin
d'apporter les meilleurs amendements possible pour bonifier le projet de loi.
Alors, sur ce, M. le Président, je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Est-ce que j'ai d'autres
intervenants sur le projet de loi... l'adoption du principe du projet de loi
n° 61? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervenant, le principe du projet de
loi n° 61...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Ah! attendez. Je vais terminer ma lecture. Le principe du projet de loi
n° 61, Loi édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant... et
modifiant certaines dispositions relatives au transport collectif, est-il
adopté?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Un vote électronique a été demandé.
Une voix : ...
Vote reporté
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, le vote sera reporté à la période... à la prochaine période des
affaires courantes. M. le leader adjoint du gouvernement.
• (12 h 20) •
M. Lévesque (Chapleau) : ...appeler
l'article 3 du feuilleton, s'il vous plaît, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
À l'article 3 du feuilleton, M. le ministre de la Culture et des
Communications propose l'adoption du principe du projet de loi n° 64, Loi
instituant le Musée national de l'histoire du Québec. Y a-t-il des
interventions?
Des voix : ...
Projet de loi n° 67
Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
L'article 4 du feuilleton. Ah! bien, parfait. Alors, voilà. À
l'article 4 du feuilleton, Mme la ministre responsable de l'Administration
gouvernementale et présidente du Conseil du trésor propose l'adoption du
principe du projet de loi n° 67, Loi modifiant le Code des professions
pour la modernisation du système professionnel et visant l'élargissement de
certaines pratiques professionnelles dans le domaine de la santé et des
services sociaux. Je reconnais Mme la ministre responsable de l'Administration
gouvernementale et présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Oui. Merci, M. le
Président. Mon propos sera beaucoup plus pertinent sur le projet de loi
n° 67, qui est un projet de loi fort important pour les services <professionnels...
Mme LeBel :
...M. le
Président, mon propos sera beaucoup plus pertinent sur le projet de loi
n° 67, qui est un projet de loi fort important pour les services >professionnels,
mais aussi pour l'accès à la première ligne en santé, M. le Président. Donc, on
franchit aujourd'hui ce que je considère être une étape cruciale. Toutes les
étapes sont cruciales dans les projets de loi quand on réussit à les faire
cheminer et à avancer, mais l'adoption de principe du projet de loi n° 67,
qui est là pour élargir l'accès des Québécois à des services professionnels de
qualité, franchit cette étape cruciale là.
Le projet de loi, qu'est-ce que c'est,
grosso modo, M. le Président? C'est la Loi modifiant le Code des professions
pour la modernisation du système professionnel et visant l'élargissement de
certaines pratiques professionnelles dans le domaine de la santé et des
services sociaux.
Qu'est-ce que ça veut dire pour les
citoyens, M. le Président, ce projet de loi là? Deux choses. Le système... On
est... on doit être fiers du système professionnel que l'on a au Québec. C'est
un système professionnel qui a plus de 50 ans mais qui garantit, pour les
citoyens, la qualité des services professionnels, qui garantit qu'on peut avoir
confiance en nos professionnels et qui est là pour s'assurer de la protection
des citoyens dans les services professionnels.
Vous savez, les services professionnels
sont diversifiés. On est dans le domaine de la santé, de l'ingénierie, des
technologies. On a plusieurs... on a plusieurs types de services professionnels.
Il y a plus de, je pense, 52 ordres professionnels... 46 ordres
professionnels, 52 ou 54 professions qui sont réglementées de la sorte, et
c'est fort important d'être fiers de ce système professionnel là. Mais, force
est de constater, et je pense que mes collègues de l'opposition ainsi que mes
collègues de la banquette ministérielle seront d'accord, il a besoin d'évoluer,
il a besoin d'être modernisé. Et on doit également en profiter pour revoir
l'organisation de ces services professionnels là, particulièrement dans
l'objectif d'élargir les soins, l'accès à la première ligne en santé et d'être
capables de donner encore plus d'accès de qualité à nos citoyens, et c'est ça
que ce projet de loi là fait.
Le projet de loi n° 67 s'inscrit dans
une démarche beaucoup plus grande, et c'est une première étape dans cette
démarche-là. Je me plais à le dire, mais, quand on réussit à trouver des
avancées et qu'on réussit à s'entendre avec tous les groupes concernés, tous
les ordres professionnels concernés, je pense qu'il faut, pour le bien des
Québécois, pour le bien des citoyens, sécuriser les avancées immédiatement mais
continuer de travailler pour la suite.
On a eu des consultations qui ont été
particulièrement enrichissantes. D'ailleurs, j'en profite pour, encore une
fois, remercier mes collègues d'en face pour leur collaboration et les échanges
constructifs qu'on a eus avec les différents groupes. C'est une douzaine de
groupes, une cinquantaine de mémoires qui vont nous alimenter non seulement
pour l'amélioration du projet de loi n° 67, mais également pour nos
démarches futures et notre réflexion future dans le grand chantier de la
modernisation des services professionnels. Donc, je tiens à remercier tous ceux
qui sont venus participer. Qu'ils aient participé par leur présence ou qu'ils
aient participé par un mémoire, je veux les rassurer, on va prendre... on va
prendre connaissance de toutes ces informations-là et on va prendre les
améliorations particulières qu'on peut faire dans le projet de loi n° 67.
Beaucoup nous ont interpelés sur la suite
à donner quand on parle de gouvernance, quand on parle... quand on parle de
comment les ordres professionnels sont organisés, comment... quand on parle de
mieux rassurer les citoyens, de mieux les protéger, quand on parle d'avoir plus
d'agilité dans notre système professionnel pour permettre à ce système
professionnel là de mieux répondre aux besoins des citoyens. On a entendu. On y
travaille. On y travaille avec l'office. On y travaille avec le Conseil interprofessionnel.
On y travaille avec les différents ordres professionnels concernés. On sera au
rendez-vous. Ce sont des travaux qui vont prendre probablement un peu plus de
temps dans certains cas, mais l'objectif est de moderniser le système
professionnel.
Dans l'objectif d'élargissement de la
profession, surtout dans le domaine de la santé, on franchit un grand pas
aujourd'hui, un pas important, en augmentant le pouvoir de prescription des
pharmaciens, en leur donnant un pouvoir de diagnostic pour des maladies
courantes. Ça va faciliter, les gens, les citoyens au quotidien. Quand on pense
à une otite qu'on peut avoir avec nos enfants, quand on pense à des maladies
courantes où un parent est habilité à reconnaître les signes... où un
pharmacien est habilité à reconnaître les signes, on pourra plus facilement
avoir accès à des soins pour nos enfants, à des soins pour les maladies
courantes.
On donne la possibilité... Donc, on
reconnaît à certains professionnels de la santé la qualité de leur évaluation
et on l'élève à un niveau de diagnostic. Ça aussi, ça va permettre une
simplification pour les citoyens, éviter que cette évaluation-là, qui avait une
valeur, qui a une valeur et qui aura encore une valeur, se doit d'être
confirmée par un médecin pour avoir accès à des programmes, pour des questions
d'assurance, pour des questions de formulaires qui devront, naturellement, être
ajustés par la suite.
Alors, très fière de cette étape-là, et je
vais conclure en remerciant mes collègues et en leur disant que j'ai bien hâte
d'être au rendez-vous avec eux pour l'étude détaillée, où, je suis très
certaine, on va continuer à collaborer ensemble dans l'intérêt des Québécois.
Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, <Mme la ministre…
Le Vice-Président (M.
Benjamin) :
...merci, >Mme la ministre. Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants? Bien sûr. Il y a le député de l'Acadie. M. le député de
l'Acadie.
M. André Albert Morin
M.
Morin :Merci, M. le Président. Je suis heureux, ce matin, de
prendre la parole en cette Chambre à l'étape de l'adoption du principe du
projet de loi n° 67, donc, Loi modifiant le Code des professions pour la
modernisation du système professionnel et visant l'élargissement de certaines
pratiques professionnelles dans le domaine de la santé et des services sociaux.
Alors, c'est un projet de loi important, je le reconnais. J'ai écouté
attentivement l'énoncé de Mme la ministre.
Je tiens, d'entrée de jeu, M. le
Président, à remercier tous les groupes qui ont produit des mémoires et tous
les groupes qui sont venus en commission parlementaire. Vous comprendrez que
c'est quand même beaucoup de travail pour tous ces organismes, se déplacer,
mais c'est une présence qui est excessivement importante parce que ça permet, à
nous, parlementaires, de bien saisir, de bien comprendre, surtout dans
l'opposition officielle, l'impact du projet de loi et voir comment on peut,
évidemment, aider le gouvernement à bonifier son projet de loi.
Je vous dirai d'emblée, M. le Président,
que les groupes qu'on a rencontrés, ils étaient très nombreux, que ce soient
des associations de professionnels, des ordres professionnels, des... l'association
des pharmaciens propriétaires, l'association des mutuelles... en fait, qui
chapeaute l'ensemble des coopératives au Québec. Ce que j'ai retenu de
l'ensemble de ces groupes-là, c'est qu'ils sont en faveur du principe.
Le gouvernement essaie, avec ce projet de
loi, comme son nom l'indique, de moderniser le système professionnel, de donner
un meilleur accès. L'idée, elle est valable. Le grand principe, il est bon,
mais après ça il faut être capable de décortiquer dans les détails ce que ça
peut vouloir signifier. Parce que c'est souvent dans ces petits détails là
qu'on rencontre certaines embûches ou, enfin, que nous, de l'opposition
officielle au Parti libéral du Québec, on peut, éventuellement, nous verrons,
proposer des amendements pour bonifier ce projet de loi.
Je vous dirais que, dans l'ensemble, les
groupes étaient en faveur. Et je tiens également à remercier le travail de ma
collègue la députée de La Pinière, qui a siégé avec moi pendant l'étude et
pendant l'écoute de ces groupes, pendant les consultations particulières. Son
aide, évidemment, est toujours excessivement utile. C'est une grande
professionnelle, donc je l'apprécie énormément.
Ce que je tiens à souligner, cependant,
puis je pense que, pour les gens qui nous écoutent, c'est important de le
mentionner, et permettez-moi de référer au mémoire du Collège des médecins,
parce qu'ils sont d'accord, un des éléments qu'ils trouvent... et puis Mme la
ministre en a fait état, c'est de substituer éventuellement le terme
«évaluation» par «diagnostic». Donc, les ordres professionnels, les
professionnels qui sont visés par le projet de loi pourront désormais poser un diagnostic,
ce qui est, en fait, une amélioration. Ça clarifie ce qu'ils vont pouvoir faire.
Mais encore, une fois qu'ils pourront faire ça, il va falloir évidemment les
équiper pour qu'ils soient en mesure de bien agir. Certains le font déjà, ils
font déjà des évaluations, mais, pour d'autres, évidemment, on s'entend que la
formation va être effectivement importante.
• (12 h 30) •
Mais il y a un élément... il y a un
élément que j'aimerais faire ressortir du mémoire du Collège des médecins,
qui... Et on verra, pendant l'étude article par article, comment on peut
bonifier ce projet de loi, mais le collège nous dit : «Le collège exhorte
le ministère de la Santé...» Puis, quand je lis le mot «exhorte»... pour moi,
exhorter quelqu'un ou un organisme à faire quelque chose, c'est quand même
quelque chose qui est important, ce n'est pas banal. Ce qu'on nous dit :
«Le collège exhorte le ministère de la Santé et des Services sociaux à mettre
rapidement en place des outils technologiques efficients, notamment le Dossier
de santé numérique, en s'assurant que ses modalités d'application sont
cohérentes avec les normes professionnelles.»
Pourquoi je vous mentionne cela, M. le
Président? Bien, c'est parce que, tout à l'heure, quand je vous parlais de
certains détails, puis ça, bien, ce n'est pas un petit <détail...
>
12 h 30 (version révisée)
<19253
M. Morin :
...M. le Président, bien, c'est parce que, tout à l'heure, quand je
vous parlais de certains détails, puis ça, bien, ce n'est pas un petit >détail...
mais, si, les professionnels, on leur donne un pouvoir supplémentaire, si on
leur donne la possibilité de poser un diagnostic, mais qu'ils n'ont pas accès à
l'information, bien, c'est complètement inutile, ça ne fonctionnera pas,et ça,
il y a plusieurs groupes qui sont venus nous le dire.
Alors, moi, à l'étape de l'adoption du principe,
je veux le souligner, je veux que le gouvernement l'entende parce que ça ne
donne pas grand-chose d'adopter des projets de loi si, après ça, dans sa mise
en application, on n'est pas capable de réaliser l'objectif qui est visé par le
projet de loi. Donc, je pense que c'est important de le souligner, souligner, M.
le Président, et je tenais à le faire à cette étape-ci.
Autre élément, autre élément que je tiens
à souligner puis qu'il faudra regarder, étudier à nouveau, c'est l'article 6
du projet de loi. L'article 6 donne un pouvoir en situation d'urgence et
sur recommandation d'un ministre concerné. Donc : «...le ministre peut,
pour la durée de la situation d'urgence, autoriser un ordre professionnel à
délivrer des autorisations spéciales d'exercer des activités professionnelles
réservées aux membres de l'ordre.»
En fait, ce que ça veut faire, cet
article-là, c'est, dans des situations d'urgence, donc, de permettre au
gouvernement, à un ministre de permettre à des professionnels de poser certains
actes, avec, évidemment, une limitation, avec un pouvoir qui est délimité, mais
la situation d'urgence n'est pas, comme tel, définie. Et il y a plusieurs... il
y a plusieurs groupes et associations qui sont venus nous dire : Écoutez...
Un ordre professionnel, là, M. le Président, sa vocation, là, son mandat, sa
mission, là, c'est de protéger le public. Alors, on ne veut pas cloisonner pour
cloisonner, on ne veut pas empêcher, mais, en bout de piste, la mission de l'ordre
professionnel, c'est de protéger le public. Donc, on veut s'assurer, pour les
ordres professionnels, et je les comprends, que, s'il y a des permis ou des...
qui sont donnés en situation d'urgence, ce ne sera pas à n'importe qui pour n'importe
quelle raison. Et plusieurs groupes sont venus nous dire : Ça ne devrait
pas être fait dans des cas de pénurie de main-d'oeuvre. On parle vraiment d'urgences,
cataclysmes, autres.
En fait, ce sont des témoignages très
intéressants qui nous ont été donnés par certains ordres professionnels parce
que... et on va y veiller, mais, par la même occasion, quand on regarde la
partie qui est publique du mémoire qui a été déposé au Conseil des ministres,
on y lit, à la page 9, que «le mandat d'urgence, en ce qui a trait à l'accès
aux professions et mobilité de la main-d'oeuvre, permettrait de pallier les
besoins de main-d'oeuvre lorsqu'une forte demande pour l'exercice d'activités
professionnelles réservées aux membres d'un ordre professionnel résulte de la
situation d'urgence».
Donc, au fond, ce que plusieurs groupes
sont venus nous dire, c'est : Faites attention, ça ne devrait pas
nécessairement servir à pallier à un manque de main-d'oeuvre, alors que, dans
le mémoire qui a été envoyé au Conseil des ministres, on voit que le
gouvernement contemple cette idée. Donc, évidemment, c'est un élément sur
lequel nous aurons à réfléchir et à travailler d'une façon plus soutenue
pendant l'étude détaillée du projet de loi.
Permettez-moi également de faire référence
au mémoire qui a été déposé par l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec,
qui, comme je le soulignais d'emblée dans mon exposé, souligne que le projet de
loi va mettre fin à une confusion sémantique entre l'évaluation et le
diagnostic, ce qui est un élément... ce qui est un élément qui est important
puis qui est salué par les ordres professionnels.
Maintenant, je ne peux passer sous silence
le fait que, dans leur mémoire, l'Ordre des infirmières et des infirmiers du
Québec souligne, fait une connotation... en fait, avec un sens un petit peu
différent, avec un petit bémol, mais qui rejoint, en fait, la recommandation ou
l'exhortation du Collège des médecins : «L'Ordre des infirmières et
infirmiers du Québec — et je cite leur mémoire à la page 4 — est
d'avis que, pour assurer une mise en oeuvre optimale du projet de loi et
atteindre la visée souhaitée par ce dernier, les modifications proposées
devront être accompagnées de changements administratifs au sein du réseau de la
santé et des services sociaux, car l'expérience passée a démontré — M.
le Président — que ces obstacles administratifs peuvent empêcher le
déploiement optimal des modifications législatives <dans l'organisation...
M. Morin :
...administratifs
peuvent empêcher le déploiement optimal des modifications législatives >dans
l'organisation des soins et des services.»
Et, quand un ordre professionnel prend la
peine de le soulever... en fait, je vous dirais, deux ordres professionnels, je
pense que, de la part du gouvernement... j'invite le gouvernement à être très
attentif, parce qu'on aura beau changer toutes les lois, mais... pour essayer
de les rendre plus efficaces, mais, s'il y a une lourdeur administrative, s'il
y a tellement de paperasse à remplir ou si le système informatique ne permet
pas une saine communication, on n'arrivera à rien, et puis c'est... vous
comprendrez, ce n'est sûrement pas l'objectif visé par l'opposition officielle.
Nous, on veut arriver à quelque chose de concret, on veut s'assurer que les
Québécois puis les Québécoises vont avoir accès à des soins dans le domaine de
la santé, et ça, je pense que c'est très important.
Donc, l'ordre des infirmiers et des
infirmières nous disent qu'il y a même des exigences d'ordre strictement
administratif qui viennent limiter la portée des conclusions cliniques des
professionnels habilités à les rendre, donc, et c'était une, d'ailleurs, de
leurs recommandations. Donc, sachez qu'à ce stade-là, nous, dans l'opposition
officielle, on va veiller au grain, ça, c'est certain.
Autre élément, autre élément important, parce
que le projet de loi n'en traite pas comme tel, mais c'est un élément que je
veux absolument vous souligner, et ça se retrouve dans le mémoire de
l'Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec, qui a été
déposé à la Commission des institutions, et l'APES demande depuis longtemps,
évidemment, qu'on puisse reconnaître une spécialisation, et je fais référence à
la page 20 de leur mémoire. Donc, on nous dit : Le projet de loi
n° 67... «Le gouvernement a une opportunité, avec ce projet de loi,
notamment en ce qui a trait aux modifications proposées à la Loi sur la
pharmacie, d'y inclure la notion de spécialisation en pharmacothérapie par une
disposition spécifique, à l'instar de ce que prévoit la Loi sur les infirmières
et infirmiers du Québec.» En effet, pour les IPS, «la seule façon de garantir
la mise en oeuvre d'un tel changement et d'un changement rapide a été de le
prévoir dans la loi». Évidemment, on dit, et je prends la peine de le
souligner : «Sans cela, le projet de loi n° 67, tel qu'il est rédigé
et proposé, aura très peu d'effet sur la pharmacie d'établissement.»
Et, quand on parle de la pharmacie
d'établissement, on parle, évidemment, des pharmaciens qui oeuvrent... ou des
pharmaciennes qui oeuvrent dans le réseau de la santé et des services sociaux.
Donc, ce sont des pharmaciens et pharmaciennes qui sont hyperspécialisés, parce
que, dans les établissements hospitaliers, vous comprendrez, M. le Président,
que, dans certains domaines, il ne faut effectivement pas uniquement prescrire
des médicaments ou des comprimés, mais il faut être capable aussi d'avoir un
pharmacien spécialisé pour être capable de doser, de mettre en place, de mettre
en oeuvre un traitement, par exemple, de chimiothérapie, et donc ça demande une
spécialité et des compétences qui, je l'admets bien humblement, dépassent, mais
énormément, ce que je peux connaître de la pharmacie, on s'entend — moi,
je ne suis pas un pharmacien — et donc on les a écoutés avec
beaucoup, beaucoup d'attention.
• (12 h 40) •
Mais le travail qu'ils ont à faire, ce que
j'ai compris, puis c'est le message, en fait, que je veux véhiculer
aujourd'hui, ce qu'on a compris et ce que moi, j'ai compris, c'est qu'il
s'agit, évidemment, d'un travail hautement spécialisé. Puis vous comprendrez
que ça fait partie d'un groupe, ça fait partie d'un ensemble. Quand,
malheureusement, quelqu'un souffre d'un cancer, et, vous savez, M. le
Président, à chaque jour au Québec, il y a des gens qui vont recevoir un
diagnostic de cancer, et ça, ça renverse une vie, c'est évident... mais
l'oncologue va être capable de poser un diagnostic. Si on a besoin d'une
chirurgie, bien, l'oncologue-chirurgien va le faire. Mais par la suite, s'il y
a des traitements de chimiothérapie, ma compréhension, c'est que c'est des pharmaciens
puis c'est des pharmaciens en établissement de santé qui vont être capables
d'intervenir puis, après ça, d'aider, de suivre des patients. Ces gens-là
suivent une formation spéciale. Et donc ce qu'on nous dit, c'est que, sans la
reconnaissance de cette spécialisation, de cette notion de spécialisation, «les
problèmes de coordination — et je cite leur mémoire — de
soins vécus aux points de transition et particulièrement au congé <des
patients vont demeurer...
M. Morin :
...de
soins vécus au point de transition et particulièrement au congé >des
patients vont demeurer et perdurer. Le manque d'uniformisation des offres de
soins pharmaceutiques, et donc la sous-utilisation des pharmaciens en
établissement de santé», va faire en sorte que ça va être beaucoup plus
difficile pour les patients.
«L'absence de soutien structuré pour les
pharmaciens de première ligne aux prises avec des thérapies complexes — c'est
ce à quoi je faisais référence — et des patients en phase aiguë de
leur maladie [vont] demeurer et perdurer» sans cette spécialisation, et
l'absence de corridors de services va entraver la véritable mise en oeuvre du
projet de loi. On dit même que «les médecins de famille vont continuer à
exercer des tâches liées à la gestion de la pharmacothérapie — parce
que c'est la situation, présentement — souvent en lien avec
l'hospitalisation de patients, desquelles les pharmaciens spécialisés
pourraient les libérer», mais, sans la spécialisation, la situation va
perdurer. Et évidemment des médecins spécialistes vont également continuer à
exercer des tâches liées à la gestion de la pharmacothérapie, et donc ça va
perdurer.
On nous souligne également que le manque
d'uniformisation des offres de soins pharmaceutiques, et donc la
sous-utilisation des pharmaciens en établissement de santé, ça va perdurer
parce que la rédaction et l'approbation des EPAP sont laborieuses et lourdes
administrativement. Et, vous voyez, M. le Président, le privilège qu'on a quand
on est élu député, quand on participe à de tels travaux, quand on voit des
projets de loi, la législation. Moi, je vais vous admettre bien humblement que
je n'avais pas entendu parler des EPAP avant de commencer à étudier et à
aborder ce projet de loi là, mais ce qu'on nous a expliqué en commission parlementaire,
et d'où l'importance des commissions parlementaires, c'est que les EPAP, c'est
une entente qui est signée entre des professionnels de la santé dans un lieu
donné avec des individus précis. Et, quand on a une EPAP qui est en fonction,
qui est en vigueur, le pharmacien qui était inclus dans l'EPAP peut, lui, poser
différents gestes, mais, quand il ne l'est pas, tout est beaucoup plus lourd. Sauf
qu'on nous dit également que négocier des EPAP, c'est un mécanisme qui est
lourd et compliqué et que la reconnaissance d'un titre de pharmacien spécialisé
en établissement de santé fera en sorte qu'on pourrait travailler… ces
pharmaciens pourraient travailler sans être obligés de reconduire et de
resigner des EPAP, donc ça augmenterait l'efficacité. Alors, on en reparlera,
c'est effectivement important.
Donc, voilà, voilà quelques exemples
concrets de ce qu'on a appris pendant les consultations particulières. Et
évidemment on y reviendra pendant... pendant, évidemment, l'étude article par
article du projet de loi. Il y a, évidemment, d'autres groupes qui nous ont
fait, bien sûr, des recommandations, mais je vous dirais que, quand je vous
parlais, à l'article 6, de la situation d'urgence, M. le Président, l'ensemble,
l'ensemble des groupes nous ont tous dit que ça pouvait être problématique et
qu'il fallait absolument circonscrire la notion de situation d'urgence. Je fais
référence, entre autres, au mémoire qui a été déposé par le Conseil
interprofessionnel du Québec qui a été présenté à la Commission des institutions.
Donc, élément, aussi, important.
On nous a aussi parlé... parce que, dans
le projet de loi, on va prévoir des projets pilotes, mais, là aussi, la façon
dont la mécanique du projet de loi fonctionne, c'est un petit peu compliqué.
Donc, certains ont suggéré des assouplissements, et ça, je pense que c'est
important de le souligner.
Question, aussi, de permis, on parle
d'introduire un permis restrictif permanent, on parle aussi de permis spéciaux.
Qu'est-ce qui arrive quand un professionnel a déjà un permis? Plutôt que de le
remplacer ou de l'amender, le projet de loi propose de lui donner un autre
permis. Donc, qu'est-ce qui va arriver avec le premier permis? Est-ce qu'il va
devenir caduc? Est-ce qu'il va devenir inopérant? Ce n'est pas très, très clair.
Donc, évidemment, c'est un autre élément sur lequel moi, je tenais à attirer
votre attention, et je pense que ça, c'est effectivement important.
Donc, voilà pour l'ordre ou, en fait,
l'association... et je vais vous donner le titre exact, le Conseil
interprofessionnel du Québec. J'attire aussi votre attention… On a entendu en
commissions particulières le Conseil québécois de la coopération <et de
la mutualité...
M. Morin :
...le
Conseil québécois de la coopération >et de la mutualité, M. le
Président. Ce conseil regroupe les coopératives au Québec. Alors, ça, j'ai été,
aussi, fortement impressionné parce... En fait, l'ensemble des coopératives,
incluant les coopératives... la coopérative Desjardins. Donc, ce n'est pas
banal, comme mouvement, n'est-ce pas? On en convient. Mais eux nous... ont
attiré notre attention sur la définition... certaines définitions dans le
projet de loi, dont les personnes morales sans but lucratif. Et c'est là que le
Conseil québécois a attiré notre attention sur, évidemment, toutes les
ramifications et le fonctionnement des coopératives. On nous suggère que ce
soit remplacé par des entreprises d'économie sociale, tel que défini dans la
Loi sur l'économie sociale, pour que les coopératives puissent agir et, compte
tenu de l'objectif du projet de loi n° 67, puissent faire une différence
dans le domaine de l'accès aux soins, dans le domaine de la santé et des
services sociaux. Donc, on nous dit, évidemment, qu'il y a déjà des définitions
et que, dans d'autres lois, il faudrait qu'il y ait une concordance, et donc de
faire en sorte que le projet de loi reflète, finalement, la réalité des autres
lois que l'on retrouve dans le corpus législatif du Québec.
On nous dit également qu'il y a une notion
qui va être développée dans le projet de loi. On parle, évidemment, de la
possibilité de rendre des services, mais pour un coût modique. Et le Conseil
québécois de la coopération et de la mutualité nous disait que c'est
problématique parce que, bien, on le comprend, M. le Président, l'essence même
d'une coopérative, ce n'est pas de faire des profits, c'est de rendre des
services puis, après ça, bien, c'est de redonner des dividendes à leurs
membres. Donc, ça pose un enjeu, particulièrement.
Et il y a présentement, dans le mouvement
coopératif, M. le Président, des coopératives qui regroupent des spécialistes
de la santé et qui donnent des services à la population. Donc, vous comprendrez
qu'il ne faudrait pas que le projet de loi vienne contrecarrer les excellents
services qui sont déjà rendus par ces coopératives. Et on nous dit et on nous
rappelle, évidemment, que, dans la Loi sur les coopératives, l'article 128 de
cette loi souligne que l'activité d'une coopérative avec ses membres ne
constitue pas un moyen de profit, tout à fait. Donc là, il faudra veiller, et,
croyez-moi, l'opposition officielle libérale va veiller à ce qu'il y ait,
évidemment, une concordance dans... entre les différentes lois dans le corpus
législatif.
Donc, vous voyez toute l'importance
d'entendre ces groupes, parce qu'évidemment, comme parlementaires, on a beau
avoir une idée des lois, on n'a pas, évidemment, tout le corpus en tête. Et
donc de voir qu'un mouvement comme le Conseil québécois de la coopération et de
la mutualité a pu, évidemment, attirer notre attention sur leur vécu, sur leur
loi et s'assurer qu'il y aura, évidemment, une concordance avec le projet de
loi n° 67, c'était effectivement un élément qui était très bénéfique, et
je tenais à le souligner. Donc, effectivement, très, très important.
• (12 h 50) •
Le Barreau du Québec a soumis également un
mémoire, et évidemment il y a plusieurs recommandations qui sont énoncées dans
le mémoire du Barreau, très important. On nous dit que «le Barreau salue
l'ajout de la possibilité de délivrer un "permis spécial" — je
vous en parlais tout à l'heure, M. le Président — individualisable
pour l'exercice de certaines activités professionnelles». Mais «le Barreau du
Québec considère que les exceptions prévues actuellement sont suffisantes», le
projet de loi ne devrait pas nécessairement être modifié, mais qu'il faut
s'assurer qu'il n'y ait pas, évidemment, ce double emploi avec les différents
types de permis. Ça... et c'est effectivement très important.
Autre élément, il précise et il souligne
que... pour éviter d'induire le public en erreur, il propose que le permis soit
renommé afin que ce soit très clair, parce qu'il y a déjà des permis spéciaux
qui existent.
On nous dit également que, pour des fins
de protection du public — et, rappelez-vous, c'est le mandat des
ordres professionnels — le Barreau du Québec recommande de prévoir au
Code des professions l'obligation pour un ordre professionnel de conserver les
renseignements concernant une personne à qui une ou des nouvelles autorisations
spéciales <est délivrée...
M. Morin :
...concernant
une personne à qui une ou des nouvelles autorisations spéciales >est
délivrée. Il n'y a présentement aucune obligation de conservation. Puis vous
comprendrez que, si vous voulez effectivement protéger le public, bien, il faut
que l'ordre professionnel soit capable de garder un registre, évidemment, des
gens à qui on délivre un permis, et ça, je pense que c'est absolument,
absolument important.
On nous présente aussi des opportunités à
explorer, et le Barreau, tout comme l'ordre des infirmiers et des infirmières,
tout comme le Collège des médecins, souligne qu'il est important de s'arrêter à
l'allègement du traitement réglementaire. On nous dit que le projet de loi
aurait été une occasion parfaite de présenter une forme réelle du mécanisme
d'adoption réglementaire dans le système professionnel, qui s'avère d'ailleurs
criante, considérant que les délais pour obtenir des approbations
réglementaires requises demeurent longs, et ce, malgré les efforts déployés par
l'Office des professions. Donc, ça, c'est effectivement très, très important.
On nous dit aussi que le projet de loi,
donc, devrait... il va clarifier les règles applicables lorsqu'un juge du
Tribunal des professions est absent ou empêché d'agir, mais la même disposition
n'existe pas en ce qui a trait les comités statutaires des ordres
professionnels. Donc, en fait, ce que cela veut dire, c'est que, si vous avez
un comité d'un ordre professionnel qui doit évaluer une demande d'une personne
pour devenir membre de l'ordre, toute l'analyse est faite, la personne envoie
toute sa documentation, et malheureusement, une fois que tout est réglé et que
les gens membres du panel doivent se réunir pour rendre une décision, bien,
s'il y en a un qui est incapable d'agir, s'il y en a un qui, malheureusement, décède,
bien, alors, présentement, là, ils vont être obligés de tout recommencer au
grand complet. Donc, vous voyez la lourdeur que ça peut imposer aux gens, et
puis ce n'est pas, évidemment, efficace. Donc, ça aussi, c'est un élément qu'on
va regarder.
Et, s'il y a lieu, bien, évidemment, on
pourra présenter un amendement pour l'ajouter, parce qu'au fond, l'idée, c'est
de faire en sorte que les ordres professionnels puissent agir d'une façon
beaucoup plus efficace et que ce soit beaucoup plus... avec beaucoup plus de
célérité, ce qui est, évidemment, très, très important pour, bien sûr, l'ordre,
mais aussi la protection du public. Ça, je pense que c'est effectivement très,
très important.
J'attire aussi votre attention, M. le
Président, sur un mémoire qui a été déposé par la FADOQ et qui traite du
décloisonnement des professions et de l'accès aux soins, et, à la fin, il y a
plusieurs recommandations qui sont faites. Bien sûr, on suggère d'augmenter les
investissements en santé mentale. Ça, c'est une proposition qui est plus large,
uniquement, que ce qui est prévu par le projet de loi n° 67,
mais vous comprendrez avec moi, M. le Président, que c'est fondamental pour le
bien, évidemment, malheureusement, de ces personnes qui souffrent de problèmes
de santé mentale.
On nous dit aussi : «Modifier le Code
des professions afin de permettre à plus de professionnels du domaine de la
santé de vendre des prothèses auditives.» Puis ça, on a entendu aussi des
groupes qui nous ont parlé... D'ailleurs, ma collègue la députée de La Pinière
a posé d'excellentes questions à ces groupes pour s'assurer que les gens
puissent avoir accès à des prothèses dont ils ont besoin. Vous comprendrez
aussi qu'il y a de plus en plus de gens au Québec qui, malheureusement,
souffrent de problèmes d'audition, donc le fait de pouvoir avoir accès
rapidement et à un coût raisonnable à des prothèses auditives, c'est
effectivement un élément qui est très important. La FADOQ va même jusqu'à
suggérer de libéraliser le marché de la vente des prothèses auditives,
notamment en permettant qu'un audioprothésiste puisse être salarié ou employé
par quelqu'un d'autre qu'un audioprothésiste. On nous suggère également
d'apporter des changements au programme de prothèses auditives <de la
RAMQ...
M. Morin :
...on
nous suggère également d'apporter des changements au programme de prothèses
auditives >de la RAMQ afin de couvrir l'achat, la réparation et le
remplacement de deux prothèses auditives. Et donc c'est... ça, c'est un élément
qui est important pour l'ensemble de la population qui aura besoin,
effectivement, malheureusement, de prothèses auditives.
On a écouté également les pharmaciens
propriétaires, et ils nous ont dit qu'effectivement ils voyaient quand même
d'un bon oeil la réforme qui est proposée par le projet de loi n° 67.
Mais évidemment, là, on va permettre éventuellement à des pharmaciens de poser
des diagnostics — d'ailleurs, la ministre, dans son exposé, y faisait
référence — mais il faudra aussi s'assurer que les pharmaciens auront,
bien sûr, toute la formation pour le faire. Évidemment, c'est une chose, comme
professionnel, d'être capable de prescrire le bon médicament; de poser un
diagnostic, c'est autre chose.
Et évidemment ça aura un impact, bien sûr,
sur la façon dont on procède dans certaines pharmacies, parce qu'évidemment ils
vont devoir entendre et écouter des patients avant d'être capables de poser un
diagnostic, et ça, je pense que c'est fondamental. Il faut tenir ça... il faut
regarder ça, il faut en tenir compte, et il faut aussi qu'il y ait
éventuellement de la formation qui soit donnée. Ça va être effectivement très,
très, très important pour la réussite et pour la mise en oeuvre de ce projet de
loi, si on veut que ce soit véritablement efficace.
Alors, pour toutes les raisons que je vous
ai mentionnées, moi, je tenais ce matin à... dans le temps qui m'était alloué,
non seulement à traiter de ce que le gouvernement veut faire avec la réforme
des ordres professionnels, mais de faire ressortir le fait que c'est un pas...
c'est un pas, je pense, dans la bonne direction, mais c'est un très petit pas.
Et ce que la majorité des ordres professionnels et des associations qui sont
venus nous ont dit, c'est : Il faut aller plus loin, il faut l'ouvrir
davantage, il faut... On a une opportunité, maintenant, devant le Parlement, M.
le Président, donc, ne soyons pas timides, faisons en sorte que nous puissions
avancer plus rapidement, parce que le but, c'est de permettre à des gens
d'avoir accès aux services de soins de santé. Et, on le sait, au Québec — d'ailleurs,
l'opposition officielle a posé tellement de questions au gouvernement là-dessus — une
fois que la personne est dans le système, la qualité des soins est
exceptionnelle, au Québec, on est chanceux. Mais, encore là, il faut y avoir
accès, et c'est là que ça devient effectivement difficile.
Donc, pour ceci et en conclusion, parce
que je pense, M. le Président, qu'il me reste à peu près 30 secondes avant
la pause...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
...d'un temps de parole qui peut aller...
M. Morin : Par la suite,
oui.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Voilà.
M. Morin : Alors... mais
je vous dirai qu'avant... avant la pause, c'est la raison pour laquelle je suis
en faveur du principe du projet de loi n° 67, Loi
modifiant le Code des professions. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de l'Acadie.
Alors, j'en profite pour vous informer
qu'il y aura un débat de fin de séance qui se tiendra demain, le
jeudi 26 septembre 2024, à 13 heures, sur une question adressée
par Mme la députée de Sherbrooke à M. le ministre de l'Éducation concernant le
règlement sur le transport scolaire.
Alors, compte tenu de l'heure et afin de
permettre le débat sur l'affaire inscrite par les députés de l'opposition cet
après-midi, le présent débat sur l'adoption du principe du projet de loi
n° 67 est ajourné.
Les travaux sont suspendus jusqu'à
15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
14 h 30 (version révisée)
15 h (version révisée)
<15417
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) :
...
rencontrées par >Northvolt,
notamment, la perte d'un contrat majeur de 3 milliards de dollars avec
BMW, les difficultés à payer ses fournisseurs, la mise sur pause de projets
d'expansion, le refus de ses deux actionnaires importants Volkswagen et Goldman
Sachs d'injecter des sommes supplémentaires, le refus du gouvernement suédois
de mettre un cent de plus dans le projet, et plus récemment, la restructuration
bancaire qui a conduit à la suppression de 1 600 emplois, soit
20 % des effectifs;
«Qu'elle
prenne acte que le gouvernement du Québec prévoit désormais que le projet
Northvolt en Montérégie entrera en service avec au moins 18 mois de
retard, soit pas avant 2028, et que l'on ne peut exclure des retards additionnels;
«Qu'elle
rappelle que de nombreuses entreprises déjà établies au Québec et offrant des
emplois payants se sont vu refuser des blocs d'énergie;
«Qu'elle
prenne acte que cette situation compromet des investissements et des emplois en
région;
«Qu'elle
rappelle et appuie les propos du président-directeur général d'Hydro-Québec,
M. Michael Sabia, à l'effet qu'il est nécessaire de procéder à un
rééquilibrage en faveur de nos entreprises d'ici dans l'octroi des mégawatts
d'énergie disponibles pour les projets industriels voulant se décarboner;
«Qu'enfin, elle demande au gouvernement
caquiste d'accorder à d'autres entreprises l'actuel bloc d'énergie de 354 mégawatts
alloués au projet Northvolt, tout en s'assurant qu'une quantité identique soit
disponible pour Northvolt en 2028 lors de l'entrée en service prévue de son
usine en Montérégie.»
Je vous informe que la répartition du
temps de parole pour ce débat restreint, la motion inscrite par Mme la députée
de Saint-Laurent, s'effectuera comme suit : 10 minutes sont réservées
à l'auteure de la motion pour sa réplique, 52 min 45 s sont
allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement, 28 min 38 s
sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 18 min 5 s
sont allouées au deuxième groupe d'opposition, 6 min 2 s sont
allouées au troisième groupe d'opposition, 1 min 30 s sont
allouées à chacun des députés indépendants. Dans le cadre de ce débat, le temps
non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires
sera distribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies
précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront soumises à
aucune limite de temps. Enfin, je rappelle aux députés indépendants que, s'ils
souhaitent intervenir au cours de ce débat, ils ont 10 minutes à partir de
maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, heureuse de parler avec vous cet après-midi
d'énergie, mais surtout d'une ressource qui se fait de plus en plus rare, nos
blocs d'énergie.
Alors, notre motion, je vais me permettre
de la lire, puisqu'il s'agit de la nôtre, du Parti libéral du Québec :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que le gouvernement du Québec a octroyé un
bloc d'énergie de 354 mégawatts» — ça, c'est l'équivalent, en
matière énergétique, pour alimenter la ville de Longueuil au grand complet — à
une jeune pousse suédoise, Northvolt, pour son projet d'usine, que certains ont
qualifiée de giga-usine, le premier ministre est allé jusqu'à dire que c'était
sa Baie James du XXIe siècle, le projet du siècle, a-t-il qualifié, «en
Montérégie et s'est engagé financièrement» pour un total de 7 milliards de
dollars, mais que, jusqu'à présent, 710 millions ont déjà été décaissés, et
on s'apprête à verser un montant additionnel de 300 millions de dollars,
tel qu'a été révélé par Nicolas Lachance, du Journal de Québec, pas plus
tard qu'hier,
pour
un total, en ce moment...
Le
gouvernement du Québec a engagé près de 1 milliard de dollars pour une
jeune pousse étrangère qui ne verra pas le jour avant… 2028, 2029, 2030?
Personne ne le sait, parce que Pierre Fitzgibbon, l'ex-super ministre, a dit qu'il
allait y avoir, minimum, 12 à 18 mois de retard. Mais en aucun temps l'entreprise
n'a démenti cette affirmation de l'ancien ministre de l'Économie et de l'Énergie,
M. Pierre Fitzgibbon. Mais, depuis, il est parti, comme vous le savez,
particulièrement vous autres, mais, en attendant, nous, on se demande ça va
débuter quand, l'usine.
Alors, si on continue, on se rend compte
que la ministre de l'Énergie parle d'un petit vent de face pour Northvolt,
petit vent de face. Définissons le petit vent de face de la ministre. Ah bon! Un
contrat de 3 milliards de dollars a été <retiré...
Mme Rizqy :
...le
petit vent de face de la ministre. Ah bon! Un contrat de
3 milliards de dollars a été >retiré par BMW à Northvolt. L'usine
principale, qui est située en Suède, ne roule pas à plein régime. La deuxième
usine en Suède, ils ont décidé de la débrancher. L'usine qui devait voir le
jour en Pologne, débranchée. L'usine qui devait voir le jour au Portugal,
débranchée.
C'est simple, deux actionnaires,
Volkswagen, Goldman Sachs, qui, ensemble, détiennent 40 % des parts de
Northvolt, ne veulent pas mettre un sou additionnel. On parle de deux
actionnaires importants. Leur propre gouvernement suédois ne veut pas mettre un
sou de plus. Ça va tellement mal que la vis-à-vis de la ministre de l'Énergie,
c'est-à-dire la ministre de l'Énergie suédoise, a décidé d'implanter pas une
cellule de batteries, une cellule de crise.
Pendant ce temps-là, on apprend que c'est
une firme américaine qui est mandatée pour refaire une restructuration
financière après avoir licencié 1 600 employés. Ça, c'est 20 %
des effectifs de Northvolt. Mais la ministre de l'Énergie, elle, elle est
rassurée, parce qu'après tout c'est un petit vent de face, rien de moins.
Pendant ce temps-là, que savons-nous?
L'usine qui devait démarrer en Montérégie à partir de 2026 est maintenant
rendue à 2028.
Mais, hier, Mme la Présidente, il fallait
être attentif, parce que la ministre était avec Patrice Roy, mais, par la
suite, elle est allée en entrevue avec Paul Larocque, au Bilan. Vous
savez, Mme la Présidente, nous, au Parti libéral du Québec, on est rigoureux,
on a fait sortir le verbatim. Là-dedans, la ministre, elle s'est fait poser des
bonnes questions par l'habile journaliste. Disons qu'il a un petit peu d'années
derrière la cravate, Paul Larocque. Alors : «Mme la ministre, c'est clair
que ce projet-là va être retardé d'au moins 18 mois. C'est un peu la
confirmation de ce qu'on vient de voir.» La ministre lui répond : Bien, on
n'a pas... on n'a pas confirmé le délai. Elle ne veut même pas avouer ce que
Pierre Fitzgibbon a déjà avoué candidement. Elle dit : Il va y avoir...
Elle invente un nouveau terme en droit des affaires, là. C'est la première fois
que moi, j'entends le terme «séquençage», mais j'ai des amis, là, qui ont
étudié en santé, là — d'ailleurs, bonjour — séquençage,
c'est de l'ADN.
Donc, à moins qu'elle est en train de nous
dire que Northvolt va changer d'ADN, je ne comprends pas le terme «séquençage»
et je l'invite à utiliser la langue française à bon escient. Ici, on parle de
restructuration financière. C'est ça, le terme. Peut-être que les lignes de
communication, ça ne rentrait pas là-dedans, «restructuration financière», mais
«séquençage», à chaque fois que je l'entends, ça griche dans mes oreilles.
Maintenant que j'ai dit ça, on continue.
Le délai, elle ne veut pas dire c'est quand, mais elle dit la chose suivante… À
Patrice Roy, elle a dit 2029, mais, quatre heures plus tard, lorsqu'elle est en
entrevue avec Paul Larocque, elle parle de 2030, où est-ce qu'il y aurait une
montée en puissance de Northvolt, où est-ce qu'ils auront vraiment besoin des
mégawatts.
Qu'est-ce qu'elle dit d'autre dans cette
entrevue? Bien là, on apprend que Northvolt, eux, sont conscients de la valeur
des blocs d'énergie.
Moi, je veux dire... Merci à Northvolt. Au
moins, on sait que vous, vous êtes conscients de la valeur de nos blocs
d'énergie. Mais moi, j'aimerais juste savoir : Est-ce que la ministre,
elle, elle est consciente? J'aurais aimé être à votre réunion pour vous poser
la question suivante... Puisque la ministre, en votre nom, lorsqu'elle parlait
à Paul Larocque, elle a dit que vous, Northvolt, étiez sensibles à la valeur de
nos blocs d'énergie, étiez ouverts à libérer des blocs d'énergie, moi, je veux
savoir : Combien de blocs d'énergie êtes-vous prêts à libérer?
• (15 h 10) •
Deuxième des choses : Quand? Parce
qu'en attendant, nous, au Parti libéral du Québec, on a fait le tour. On est
allés voir, oui, Les Forges de Sorel à Sorel-Tracy. On a rencontré non
seulement les patrons, on a vu des employés et on a surtout vu aussi le délégué
syndical. Il en avait long à dire sur son député local, je vais vous dire. Il
faudrait peut-être aller faire un petit tour aux Forges de Sorel. Eux, ils ne
comprennent pas une chose, Les Forges de Sorel. Ils n'ont pas besoin de
354 mégawatts, ils en veulent 16, mégawatts. Pour faire quoi? Pour se
décarboner. Pourquoi c'est urgent pour eux de se décarboner? C'est qu'ils sont
assujettis au marché du carbone. Donc, s'ils ne le font pas, ça va coûter plus
cher à produire, et, si ça coûte plus cher à produire, ils sont moins
compétitifs, vous comprendrez, hein, Mme la Présidente, n'est-ce pas?
Alors, une fois qu'on a dit ça, nous, on
est intelligents, on se dit : Faisons les choses correctement. Devant les
faits, à savoir que, l'usine, si elle démarre, ce ne sera pas avant 2028, et,
puisque le gouvernement caquiste a admis qu'il y aura finalement bel et bien
1 500 mégawatts de disponibles à <partir...
Mme Rizqy :
...a
admis qu'il y aura finalement bel et bien 1 500 mégawatts de
disponibles à >partir de 2027, pourquoi, alors, on ne libère pas dès
maintenant des mégawatts pour les entreprises déjà existantes, des entreprises
qui font rouler l'économie du Québec présentement, qui ont des emplois payants?
Juste pour vous donner un ordre de
grandeur, Mme la Présidente, savez-vous combien qu'il y a d'employés aux Forges
de Sorel? 320. Salaire moyen? Entre 80 000 $ et 120 000 $.
Pour citer le premier ministre, ce sont des jobs payantes, parce que, lui, on
se rappelle, hein, sa job payante, c'est au moins 56 000 $. Il va
être content, c'est le double, là-bas, et ce, avant le temps supplémentaire.
Bon, le premier ministre trouvait que ce
n'était pas assez québécois. Bien, je ne sais pas, moi, des Lapierre, des
Tremblay, des Bouchard, habituellement, ça, c'est québécois, là. Bien, hein,
qui sait, peut-être que le premier ministre, dans sa boussole, il pourrait être
guidé vers Sorel-Tracy puis aller leur dire, à eux autres, sur le
terrain : Aïe! finalement, vous n'êtes pas assez québécois à mon goût. Ça
fait juste 85 ans que Les Forges de Sorel existent, juste 85 ans.
Bien, savez-vous quoi? S'il n'est pas
certain encore, vous savez, il pourrait embarquer dans sa limousine, aller... On
monte, on s'en va à La Baie, au Saguenay. La Baie, au Saguenay, il y
a… des députés caquistes ainsi que la ministre locale responsable de la région
du Saguenay—Lac-Saint-Jean, tout feu tout flamme, pas il y a un an, pas il y a
six mois, il y a deux semaines, coupaient le ruban avec First Phosphate, une
entreprise qui, elle, a besoin de 10 mégawatts pour faire quoi? La filière
batterie, exactement ce que le premier ministre aime, filière batterie. Ils ont
juste besoin de 10 mégawatts pour créer au moins 100 emplois payants.
Bien, ils sont en attente.
Alors, moi… Vous comprendrez que nous, le
Parti libéral, on est de bonne foi dans tout ça. Nous, on dit : Vous, vous
avez vendu ce que vous n'avez pas, on vous trouve une solution qui est
gagnante-gagnante pour tout le monde.
Northvolt montre, d'un côté, leur grande
sensibilité pour nos blocs d'énergie, il dit : Écoutez, on va être
honnêtes, notre projet ne verra pas le jour avant 2028‑2029, peut-être même
2030, on va libérer des blocs d'énergie en attendant. On ne va quand même pas
les geler puis les laisser sur la table ad vitam aeternam parce que le
gouvernement n'a même pas pensé mettre une clause de sortie, aucune date de
péremption, rien, «nada».
Alors, pour citer la ministre de l'Énergie,
basta! Bien, moi, je pense que le «basta!» devrait être maintenant et qu'on
dise : Savez-vous quoi, on va arrêter de faire l'autruche, on va s'assurer
que les blocs d'énergie soient dès maintenant réattribués et on va garantir à
Northvolt, garantir à Northvolt : Quand vous serez prêts en 2028, 2029 ou
2030, le Québec sera au rendez-vous.
Vous voyez, Mme la Présidente, elle n'a
même pas besoin de déchirer l'entente. De son propre aveu, hier, au bilan, elle
disait que Northvolt, eux, étaient sensibles. Maintenant qu'elle est présente
avec nous, est-ce qu'elle, elle est sensible? Est-ce qu'elle, elle comprend la
réalité des entrepreneurs québécois, des entreprises déjà établies ici, qui,
eux, ne comprennent pas qu'on a déroulé le tapis rouge pour des jeunes pousses
étrangères, mais qu'on dit non à nos entreprises d'ici déjà établies? Est-ce qu'elle
est sensible à ça? Nous, là, on lui offre une porte de sortie.
Alors, moi, ce matin, j'étais en point de
presse. J'étais tout heureuse. Elle nous a donné raison hier au bilan. Pas de
problème. C'est sûr qu'elle va voter pour la motion, il n'y en a pas, d'enjeu.
Elle a même dit, elle-même, hier, au bilan, que, bien oui, il y a des
discussions, il y a des discussions, Northvolt est ouvert. À ma grande
surprise, le premier ministre, à la période de questions : Elle n'a jamais
dit ça. Il a renié la parole de la ministre de l'Énergie. Je comprends que
c'est une ministre qui… En ce moment, bon, c'est la ministre suppléante à M.
Pierre Fitzgibbon, mais il me semble qu'après trois semaines on pourrait lui
donner les coudées franches puis qu'elle pourrait...
Une voix : …
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le leader du gouvernement, vous avez un appel au règlement?
M. Lévesque (Chapleau) : On
appelle les personnes par leur titre et leur poste. Personne n'est suppléant de
personne. Tout le monde est dans ses pleines fonctions et tout le monde a droit
au respect et à la dignité de la fonction.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
merci, M. le leader. Mme la députée, vous allez poursuivre et vous avez compris
la… Oui, madame…
Mme Rizqy : ...c'est la
ministre qui vient suppléer au départ du superministre.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon.
O.K. Mme la députée, c'est la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de
l'Énergie. Alors, on va l'appeler par son titre. Alors, vous pouvez poursuivre.
Mme Rizqy : Moi, je me limite
à ministre de l'Énergie. C'est mon dossier. C'est ma <vis-à-vis…
Mme Rizqy :
...ma >vis-à-vis.
Là, je suis désolée si le premier ministre a cru bon qu'il n'y avait pas assez
de personnes dans le caucus de la CAQ pour en faire monter d'autres au Conseil
des ministres. Ça, ce n'est pas de mon ressort, vous comprendrez.
Une fois que j'ai dit ça, Mme la
Présidente, une fois que j'ai dit ça, quel a été mon étonnement ce matin, à la
période de questions, quand le premier ministre l'a rabrouée devant tout le
monde, tellement que mon étonnement s'est rendu jusqu'à LCN. Vous savez, à
12 h 30, là, à LCN, ils ont quelque chose qui s'appelle Le débat.
Ils ont fait jouer l'entrevue de la ministre avec Paul Larocque, tout de suite
juxtaposée avec le premier ministre qui dit : Non, elle n'a pas dit ça.
Alors, moi, là, aujourd'hui, on lui offre
l'occasion de montrer si, oui ou non, elle a les coudées franches dans son
ministère. Est-ce qu'elle porte son ministère ou elle se fait porter? Et c'est
ça, la vraie question. Est-ce qu'hier elle a été dédouanée lorsqu'elle est
allée à l'émission de Paul Larocque pour dire qu'effectivement il est possible
de libérer des blocs d'énergie? Si oui, qu'elle vote pour. Sinon, on va
comprendre, quand elle se sera assise… puis qu'elle a voté contre Les Forges
de Sorel, qu'elle vote contre First Phosphate, qu'elle vote contre toutes les
entreprises établies au Québec qui, eux, attendent des blocs d'énergie pour,
elles, pouvoir se décarboner, réellement se décarboner ici, au Québec. Sinon,
on comprendra qu'à la CAQ on dit une chose au salon rouge et on dit autre chose
en entrevue.
Mais, nous, au Parti libéral du Québec, le
sujet pourrait être clos, là. Elle serait contente, je vais arrêter de me lever
à chaque période de questions. Sinon, je vais être obligée encore de me relever
sur le même sujet. Mais moi, je lui offre ici une belle porte de sortie.
Et savez-vous quoi, Mme la Présidente? Si
jamais le gouvernement veut voter contre, ils ne pourront plus dire que c'est
le parti de l'économie nationaliste. Parce qu'au fond même Northvolt l'a
dit : Nous, on est prêts. Donc, on va comprendre que Northvolt est
d'accord, mais que le gouvernement de la CAQ refuse de le faire.
Alors, Mme la Présidente, vous entendrez
aussi, dans les prochaines minutes, mon collègue de Marguerite-Bourgeoys. Lui,
il est allé voir First Phosphate. Il a bien aimé ça au Saguenay. Puis il s'est
rendu compte que, là-bas, c'est des emplois, en région, payants.
Alors, j'espère que ce ne sera pas
seulement le Parti libéral du Québec qui va se lever pour les emplois payants
en région. J'espère que les députés qui sont allés dans le kodak pour annoncer
en grande pompe des millions de dollars d'investissements avec des jobs
payantes vont aussi dire à leurs collègues : Eh! savez-vous quoi, là,
avant de frapper notre Waterloo, c'est peut-être temps, là, de minimiser tous
les impacts puis de dire : O.K., on a notre porte de sortie, on libère des
blocs d'énergie dès maintenant et on sera au rendez-vous avec Northvolt en
2028, ou en 2029, ou, qui sait, 2030, le cas échéant.
Alors, Mme la Présidente, j'ai hâte de
savoir qui a dit vrai, la ministre de l'Économie, de l'Énergie et de
l'Innovation et responsable de la Métropole ou le premier ministre du Québec,
qui, lui, a dit : Il n'en est pas question. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
merci, Mme la députée. Maintenant, nous allons poursuivre le débat avec Mme la
ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, d'abord et avant tout, bien, je souhaite
revenir, là, sur quelques points importants, la filière batterie et ses
retombées sur l'économie québécoise, également, le projet de loi n° 69
assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant
diverses dispositions législatives et ses implications, et également Northvolt.
• (15 h 20) •
Alors, tout d'abord, dois-je rappeler que
notre gouvernement s'est engagé à décarboner l'économie d'ici 2050? Ce sont des
cibles ambitieuses, mais il faut le faire. On doit le faire. Et on le fait pour
les Québécois maintenant, mais surtout pour les Québécois des générations
futures.
Comme le premier ministre le dit
régulièrement, on est devant une occasion exceptionnelle. Et on peut
transformer les défis de la transition énergétique en opportunités de
développement économique parce que la planète entière recherche de l'énergie
verte. Rares sont les endroits aussi bien positionnés que le Québec sur le plan
énergétique. Il faut en être conscient et il faut profiter de ce
positionnement-là. On doit maintenant agir pour tirer tout le potentiel de cet
avantage stratégique et, en plus, on peut le faire au profit des Québécois.
Si notre nation est bien positionnée en
matière d'énergie verte, nos ressources naturelles, notre main-d'œuvre
qualifiée, notre expertise de pointe, on doit faire plus et faire mieux pour
assurer une transition énergétique efficace. En plus, on va faire ça en
protégeant les bas tarifs d'électricité des Québécois, parce que ce sont eux,
les véritables propriétaires d'Hydro-Québec. Et, pour atteindre ces objectifs,
on doit revoir notre encadrement du secteur de l'énergie, et c'est ce qu'on
fait avec le <projet de loi n° 69...
Mme Fréchette :
...et,
pour atteindre ces objectifs, on doit revoir notre encadrement du secteur de
l'énergie. Et c'est ce qu'on fait avec le >projet de loi n° 69. On
souhaite que tout le monde embarque dans ce grand projet de société qu'est la
transition énergétique, et j'invite les oppositions à embarquer, elles aussi.
L'arrivée de la filière batterie dans
plusieurs régions du Québec, ça offre des opportunités de retombées économiques
très importantes pour les entreprises locales. Le Québec a l'ambition de produire
la batterie la plus verte et la plus responsable au monde. Mais qu'est-ce que
la filière batterie? J'aimerais ça le rappeler, parce que je pense que certains
ont oublié l'ampleur du projet.
Alors, le Québec s'est doté d'une
stratégie pour devenir un acteur important de la filière batterie en Amérique
du Nord en développant une filière complète, de l'extraction minière jusqu'au
recyclage, en passant par la fabrication des composantes de batterie. On parle
d'être présent sur la chaîne de A à Z. C'est là une véritable économie
circulaire qu'on va mettre progressivement en place.
Dans une économie circulaire, on évite le
gaspillage, on préserve et récupère le plus de valeur possible des ressources
en utilisant, en réparant, en reconditionnant, en refabriquant, ou
convertissant, ou recyclant des produits et des matériaux. C'est ce qu'on
souhaite faire avec des entreprises d'ici et avec celles qui font le choix du
Québec.
On souhaite utiliser judicieusement nos
précieuses ressources, considérer les déchets comme une ressource et non comme
un coût et trouver des moyens innovants d'améliorer l'environnement et
l'économie. On peut faire ça également avec la filière batterie.
Une batterie lithium-ion, c'est une
batterie rechargeable utilisée notamment dans les véhicules électriques en
raison de sa densité énergétique. Elle peut également être recyclée. Les
cathodes des batteries NMC, comme celles qu'entend produire Northvolt au
Québec, utilisent du nickel, du manganèse, du cobalt en plus du lithium. Tous ces
matériaux peuvent être recyclés en fin de vie, diminuant d'autant les besoins
en intrants des mines.
Notre objectif, comme gouvernement, bien,
c'est de créer de la richesse pour les Québécois, et ça passe par le
développement économique de secteurs d'avenir. Et, comme je le disais, le
Québec a la chance d'avoir son... sur son territoire les minéraux critiques et
stratégiques pour fabriquer des batteries, comme le lithium, le graphite, le
nickel. Et, avec notre électricité verte et nos minéraux critiques et
stratégiques, le Québec est positionné pour fabriquer la batterie la plus verte
au monde.
Ce qu'on est en train de créer, au Québec,
avec cette filière batterie, c'est exceptionnel. L'avenir passe par l'économie
verte. On le sait, c'est un défi commun pour tous. On a tout ce qu'il faut pour
se démarquer à chacune des étapes de la chaîne d'approvisionnement. On va
partir de la mine et se rendre jusqu'à la revalorisation. L'objectif est d'en
faire une chaîne de valeur parfaitement intégrée. C'est nécessaire pour la
décarbonation. 43 % de nos GES, au Québec, proviennent des transports.
Alors, si on veut décarboner, on a besoin d'électrifier nos transports, et,
pour ça, ça va prendre des batteries.
Bref, la transition énergétique, c'est un
grand levier de développement économique. Nous allons pouvoir valoriser nos
richesses naturelles et créer de la valeur ajoutée au Québec. Ce sera la
première chaîne de valeur intégrée du Québec, de la mine, au produit, jusqu'au
recyclage.
Notre gouvernement a annoncé pour plus de
16 milliards d'investissements dans la filière batterie jusqu'à présent,
et ce n'est pas terminé. Pour y arriver, ça nous prend l'expertise pour
fabriquer les batteries et leurs composantes. C'est pour ça qu'on a besoin
d'entreprises avec cette expertise-là, qui viennent de la Corée du Sud ou
encore de la Suède. Ce sont des intégrateurs avec une expertise de niche qui
sont nécessaires pour développer le reste de l'écosystème.
Les entreprises de la filière batterie,
comme Posco, EcoPro, Northvolt, vont permettre le transfert de connaissances au
bénéfice du Québec. Et il y a tout un écosystème de fournisseurs qui va pouvoir
se développer autour de ces donneurs d'ordres. Les entreprises québécoises
comme Nemaska, Nouveau Monde Graphite, Lion Technologies ont de grands projets
pour s'intégrer et en amont et en aval de la chaîne de valeur. Et Investissement
Québec est déjà sur le terrain et met en relation les entreprises avec des
entrepreneurs d'ici. Il faut que tous ces écosystèmes soient bien intégrés.
On peut être fiers de dire que nos jeunes
vont avoir des emplois très bien rémunérés et dans une industrie porteuse pour
l'avenir et qui va nous tirer de l'avant en matière de transition énergétique.
Je fais une parenthèse, ici, sur notre
dépendance aux importations d'hydrocarbures. Les véhicules électriques, au
Québec, nous permettent de mettre fin à la dépendance des automobilistes à
l'égard des pétrolières. Le Québec importe plus de 10 milliards de dollars
d'Hydro-Québec... d'Hydro-Québec... d'hydrocarbures, pardon, chaque année,
10 milliards de dollars d'hydrocarbures chaque année. La filière batterie
nous permet de profiter des retombées économiques et permet de réduire les
dépenses des ménages québécois.
Le deuxième poste de dépenses en
importance au Québec est relié au transport. Ainsi, malgré les défis que nous
rencontrons, malgré le vent de <face...
Mme Fréchette :
...au
Québec est relié au transport. Ainsi, malgré les défis que nous rencontrons,
malgré le vent de >face dans le cadre de certains projets, vent qui est
habituel pour de grands projets industriels, on doit miser sur nos forces et
nos avantages pour produire au Québec et non seulement importer les composantes
clés des véhicules de l'avenir. On doit être ambitieux pour créer de la
richesse pour l'ensemble des Québécois.
À terme, ce qu'on souhaite faire avec la
filière batterie rapportera beaucoup au Québec. Le nombre d'emplois total dans
le secteur de la batterie pourrait atteindre environ 10 000 emplois
d'ici 10 ans. Dans la région de Bécancour, on estime que le nombre
d'emplois directs sera de 2 500 à 3 000 emplois. Ces chiffres
sont appelés à évoluer selon les projections, bien sûr, de chaque entreprise
faisant partie de la filière batterie et au fur et à mesure que de nouveaux
projets seront annoncés.
Alors, à ce jour, la valeur des principaux
projets de la filière batterie annoncée est estimée à plus de
16 milliards de dollars. De ce montant, 10,9 milliards de
dollars, soit 66 % de la valeur totale des projets, seront des
investissements privés des entreprises qui s'implanteront ici et créeront des
emplois bien rémunérés pour les Québécois.
En introduction, je vous parlais du projet
de loi n° 69, la Loi assurant la gouvernance
responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions
législatives. Dans les deux dernières années, on a consulté les parties
prenantes, les distributeurs d'énergie, les experts, les citoyens, les
communautés autochtones, les groupes environnementaux, les groupes d'intérêts.
Plus encore, la semaine dernière, mes collègues parlementaires et moi avons
terminé une série de 38 échanges en audiences avec des parties prenantes
intéressées par le projet de loi dans le cadre des consultations particulières
menées par l'Assemblée nationale. Nous prendrons le temps de lire et d'étudier
chaque proposition, chaque mémoire afin de parfaire cet important projet de loi
qui vise à doter le Québec d'une véritable vision intégrée en matière d'énergie
et d'efficacité énergétique.
J'en profite pour remercier, d'ailleurs,
les intervenants qui sont venus nous exposer leurs vues en audiences, devant la
commission, de même que tous ceux qui ont déposé un mémoire auprès des membres
de la commission. Un merci tout particulier à mes collègues parlementaires pour
la richesse de leurs interventions.
On a un projet de loi qui reflète des
grands consensus et qui nous permettra d'agir à la hauteur des ambitions des
Québécois. Avec le projet de loi n° 69, on vise principalement
à renforcer la gouvernance du secteur énergétique, à améliorer la gestion de
l'offre et de la demande en énergie et à optimiser le processus de fixation des
tarifs d'électricité et de gaz naturel. Bref, il nous permet de propulser le
Québec dans un créneau d'avenir. Et l'élément central, principal de ce projet
de loi là, c'est le plan de gestion intégré des ressources énergétiques.
Un plan intégré des ressources
énergétiques, c'est un processus structuré, équilibré, qui nous aidera à
façonner notre avenir énergétique, et je dirais même notre devenir énergétique.
Il va cibler les actions nécessaires pour assurer notre développement
énergétique de façon à soutenir notre économie tout en favorisant
l'acceptabilité sociale. L'idée avec ce plan, c'est d'évaluer les diverses
options possibles pour répondre aux besoins énergétiques du Québec de manière
ordonnée, prévisible et durable tout en s'inscrivant dans un processus de
transition énergétique. C'est un outil stratégique important pour informer les citoyens,
et surtout pour prendre des décisions éclairées.
On a, bien sûr, l'intention de mettre en
place une démarche qui permettra la participation des parties prenantes. C'est
notamment le cas de la Régie de l'énergie. Elle a un rôle important à jouer dans
le domaine de l'énergie au Québec. Avec notre projet de loi, elle conserve
toute son indépendance et l'ensemble de ses compétences exclusives. Sa mission
sera même renforcée pour qu'elle prenne en compte la transition énergétique
dans ses décisions, dans un contexte où nous devrons pratiquement doubler la
production d'électricité au Québec. La régie demeurerait également la seule
responsable de fixer les tarifs tous les trois ans pour refléter l'évolution de
la juste valeur de l'énergie.
• (15 h 30) •
Cet exercice se fera tout en protégeant
les clients résidentiels et en assurant une prévisibilité également pour les
entreprises. Comme vous le savez, notre gouvernement s'est engagé à plafonner
la hausse des tarifs à 3 % pour les Québécois, clients résidentiels
d'Hydro-Québec.
Les entreprises d'ici et d'ailleurs sont à
la recherche d'énergie propre. Pour répondre à cette demande, on doit miser sur
l'efficacité énergétique également et accélérer le développement de nouveaux
projets énergétiques. Bien qu'on ne manque pas d'électricité, la demande est
actuellement plus grande que l'offre. On doit, par conséquent, miser sur les
meilleurs projets et préserver notre avantage concurrentiel en énergie propre.
À cet effet, on veut assouplir le
processus d'approvisionnement et rendre Hydro-Québec plus agile et efficace.
Hydro-Québec, c'est notre meilleur outil dans la lutte contre les changements <climatiques…
>
15 h 30 (version révisée)
<19269
Mme
Fréchette :
...contre les changements >climatiques. C'est
un de nos plus grands leviers de développement économique et d'enrichissement
collectif. Sa mission principale restera toujours de satisfaire les besoins en
électricité des marchés du Québec de manière suffisante, sécuritaire, fiable et
à un coût avantageux.
Maintenant, parlons du sujet de l'heure,
Northvolt. J'ai rencontré, pas plus tard qu'hier, là, donc, les dirigeants nord-américains
de Northvolt. On m'a confirmé, pendant cette rencontre, que le projet québécois
est toujours une priorité. Le projet est bel et bien sur les rails. Les travaux,
d'ailleurs, se poursuivent à Saint-Basile-le-Grand et à McMasterville. D'ailleurs,
l'entreprise a déjà investi plusieurs dizaines de millions de dollars dans le
projet et continue à le faire.
On ne se met pas la tête dans le sable, il
y a un ralentissement au niveau du développement de l'entreprise. La production
de l'usine en Montérégie débutera vraisemblablement plus tard que prévu, mais,
avant de statuer sur les conclusions de l'exercice en cours, on doit attendre
que l'entreprise complète son exercice de revue stratégique. Pour certains
collègues, j'ai l'impression que cet exercice de revue stratégique est déjà
complété, et on a déjà toutes les réponses que l'on attendra de cet
exercice-là. Ce n'est pas le cas. Elle continue de nous tenir informés des
développements, l'entreprise. Dans le cadre de cet exercice, Northvolt agit de
manière responsable, et personne ne contredit personne en ce qui concerne l'octroi
de blocs d'énergie.
Le premier ministre, que... Vous avez dit
qu'on n'était pas là, pas là maintenant, pas là à court terme, eh bien, moi
aussi, je dis la même chose, je dis qu'il faut attendre la conclusion de l'exercice
en cours avant de définir s'il y aura de la marge de manœuvre pour la
redirection d'une partie du bloc d'énergie. Mais, à court terme, on n'est pas
là. On n'est pas là. Bien qu'on veuille essayer de nous mettre un calendrier
sur la table, eh bien, voilà, l'entreprise n'est tout simplement pas là. Ce qui
se passe actuellement en Suède, avec le repositionnement de l'entreprise et les
mises à pied, n'affecte pas le projet au Québec. Ça a été dit et redit, et je
tiens à le souligner à nouveau. Northvolt va faire une mise à jour cet automne.
La société mère prend les moyens pour accéder rapidement à la rentabilité.
Maintenant, notre gouvernement a été
prudent et intelligent dans notre entente de financement. C'est, en fait, la
première fois de l'histoire que le gouvernement du Québec fait un financement
par étapes comme celui que nous avons mis en place avec Northvolt. Pourquoi?
Parce qu'on a appris des erreurs des précédents gouvernements. Vous savez tout
à fait à quoi je fais référence, et les exemples à ce sujet ne manquent pas, et
beaucoup d'argent et de deniers publics ont été perdus. Mais, plus encore, on a
utilisé une façon novatrice de financer le projet pour protéger l'argent des
Québécois. Le financement par étapes veut dire que le décaissement de l'argent
se fait de manière progressive, avec des étapes définies par des objectifs à
atteindre, faute de quoi il n'y a pas de financement. Pour obtenir la prochaine
tranche de financement, l'entreprise doit atteindre des objectifs convenus avec
le gouvernement. L'argent sortira au fur et à mesure que le projet de l'entreprise
progressera. On n'est pas encore à la prochaine étape en matière de financement
public.
Et je le répète, on a fait un montage
financier habile et prudent pour atténuer au maximum le risque du projet et
pour protéger l'argent des Québécois. Les libéraux et les péquistes ne manquent
pas de projets à leur actif avec des montages financiers simplistes et bâclés
où le Québec a perdu sa mise. La filière batterie est un levier important de
développement économique, en plus de nous permettre de décarboner notre
économie et nos transports et atteindre la carboneutralité.
Un premier prêt de 240 millions de
dollars a été octroyé pour aider Northvolt à faire l'acquisition du terrain. Il
est donc garanti, ce prêt, par le terrain. Ce prêt, c'est comme la banque qui
vous donne une hypothèque. Si vous ne payez pas votre hypothèque, la banque va
se protéger en reprenant votre maison, dans ce cas-ci, le terrain. Notre
contrat avec Northvolt nous permet de récupérer le terrain si le projet n'atteint
pas certains objectifs d'avancement. Mentionnons toutefois que le terrain
industriel acheté par Northvolt a des caractéristiques uniques au Québec. C'est
le seul terrain au Québec doté d'une très grande superficie et d'un zonage
industriel à proximité d'un très grand centre urbain et qui puisse être
facilement raccordé au réseau d'Hydro-Québec pour être alimenté en énergie.
Le deuxième outil de financement est une
devanture convertible. C'est un prêt qu'on peut convertir en équités, par
exemple, lorsque Northvolt ferait un premier appel à l'épargne pour devenir une
entreprise publique cotée en bourse, par exemple. C'est un instrument financier
dont les termes sont identiques pour l'ensemble des investisseurs. Ça veut dire
que plusieurs investisseurs institutionnels réputés, comme le géant américain
BlackRock, des fonds de pension comme la Caisse de dépôt et de placement du
Québec, ont investi en acceptant les mêmes termes et conditions qu'Investissement
Québec.
Ces investisseurs réputés ont fait leur
propre revue diligente et ont aussi choisi de participer au financement de
Northvolt parce qu'ils croient au projet. Il y a des détails confidentiels pour
l'entreprise et les investisseurs, mais je peux vous rassurer que notre montage
financier est très rigoureux et limite au maximum le niveau de risque. Notre
structure financière est un mélange de prêts, de prises en équité et de
subventions, lesquelles arrivent majoritairement en fin de parcours, pour ce
qui est des subventions, et seulement une année après le début de la production
de cellules. Encore là, une garantie fort importante pour un des segments du
financement.
Le choix d'utiliser une débenture
convertible, c'est prudent, parce qu'advenant un scénario catastrophe où
Northvolt ferait défaut notre débenture convertible nous placerait à un rang
privilégié par rapport aux actionnaires pour récupérer les actifs de
l'entreprise et... avec les autres créanciers de même rang. On serait donc à la
table advenant une telle situation. Mais on n'en est pas là. Northvolt a levé
près de 15 milliards d'euros dans ses rondes de financement. Je suis
confiante que, si un scénario comme celui-là se produisait, le Québec serait en
mesure de récupérer une bonne partie de sa mise. Mais, encore une fois, on n'en
est pas là aujourd'hui.
Alors, pour conclure, la filière batterie,
c'est un pari calculé, nécessaire pour atteindre la décarbonation. C'est assez
exceptionnel et hors du commun, ce qui se passe avec la filière batterie, Mme
la Présidente. Le monde entier se prépare à l'électrification des transports.
Pour y arriver, il faut développer notre
filière batterie. On ne peut pas juste se reposer sur la Chine. La Chine domine
l'écosystème de la batterie. La Chine possède 90 % de la production de
cathodes, 97 % de la production mondiale d'anodes, et, pour les cellules,
les entreprises chinoises contrôlent près de 75 % de la production.
C'est normal que ces projets sur lesquels
on travaille prennent du temps. On développe de nouvelles technologies de
rupture qui vont changer la façon qu'on a de se déplacer et de consommer notre
énergie. Et, à terme, on sait que l'électrification des transports, c'est
nécessaire. On se doit de décarboner. 43 % de nos émissions au Québec sont
causées par le transport. C'est impératif d'électrifier nos transports, et,
pour y arriver, on a besoin de la filière batterie.
Mes collègues vous parleront des projets
en cours dans leur région dans cette filière. On en compte plus de 20 à travers
l'ensemble du Québec. J'aurais pu vous parler des discussions que mon ministère
et Investissement Québec entretiennent actuellement avec plus d'une centaine
d'entreprises qui souhaitent embarquer dans notre projet de société qu'est la
filière batterie. Ils souhaitent embarquer dans la transition énergétique du
Québec.
Ce que notre gouvernement est en train de
faire au Québec, c'est emballant. J'espère que les oppositions sont rassurées.
J'espère qu'elles aussi vont embarquer dans nos ambitions de développement
économique au profit des Québécois. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la ministre. Maintenant, je suis prête à entendre une autre intervention.
Je ne sais pas si... Habituellement, on fait un tour. Alors, si, M. le député,
vous êtes ici pour... Habituellement, on fait un tour. Après ça, je reviens.
Bien, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, je vous reconnais. Prenez la
parole.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Écoutez, peut-être juste, d'entrée de jeu, juste noter
quelques commentaires que la ministre a mentionnés.
• (15 h 40) •
En ce qui a trait aux celluliers, on est
dans la chaîne d'approvisionnement. On n'est pas dans la chaîne de valeur parce
qu'on ne détient pas les profits que ces entreprises-là vont peut-être,
potentiellement, éventuellement, un jour, peut-être faire. Si Northvolt, un
jour, fait de l'argent, des profits, cet argent-là, ça s'en va en Suède. Si GM
fait de l'argent, cet argent-là va s'en aller chez GM aux États-Unis, la même
chose pour Ford. On n'est pas dans la chaîne de valeur avec les celluliers que
je viens de mentionner. On est dans la chaîne d'approvisionnement parce qu'on
leur a donné à rabais nos travailleurs, notre énergie, notre capital puis nos
ressources. C'est ça, la réalité, Mme la ministre.
Vous savez, on parle de transfert de connaissances,
comme quoi ça va aider notre écosystème. On n'a aucune propriété intellectuelle
dans le développement de la filière batterie de la part de ces celluliers-là,
surtout pas de Northvolt. On a même eu une rencontre à ce sujet-là avec
l'intervenant de Northvolt que vous avez mentionné, Mme la ministre, et puis je
peux vous dire une chose, je suis extrêmement déçu de la tournure des
événements dans les dernières semaines pour la simple et unique raison qu'il y
avait une ouverture, Mme la Présidente, de la part de l'entreprise à faire en
sorte que, potentiellement la, propriété intellectuelle, la recherche et
développement pourraient se faire ici même au Québec.
Mais on l'a vu, ils ont décidé de faire
des coupures chez Northvolt, 1 600 postes, et ils ont coupé dans la
recherche et développement. Ils ont aussi déménagé l'entreprise de la
Californie, leur succursale de la Californie, qui faisait de la recherche, en
Suède. Donc, non seulement on a manqué le bateau pour la recherche et
développement avec Northvolt, la compagnie a aussi décidé de couper dans sa
propre recherche et développement, ce qu'on a appris plus tôt cette semaine.
Vous savez, dans l'industrie... dans des
nouvelles industries où est-ce qu'il y a des nouvelles technologies comme ça,
couper dans la recherche et développement, c'est couper dans son avenir, c'est
hypothéquer l'avenir de l'entreprise. Donc, moi, je trouve que c'est un autre
nuage noir qui s'additionne à la situation actuelle.
Puis je suis surpris, en fait, aussi, Mme
la Présidente, de voir qu'aujourd'hui on n'a pas la capacité de pouvoir
débattre de la finance, du coût du financement avec la délégation appropriée de
la part du gouvernement sur le sujet. En période des questions, aujourd'hui,
j'avais posé une question directement au ministre des Finances, à savoir, bon,
bien, le décret, là, qui a été fait le 23 octobre 2023, le ministre
avait donc cosigné ce décret-là, il était... Je vais citer : Il était...
en conséquence, sur la recommandation du ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie et du ministre des Finances de débourser quelque dollar que ce
soit pour la compagnie Northvolt.
Donc, écoutez, ici, on est dans une
situation où la valeur ajoutée de la part de la compagnie, là, selon ce que
j'ai entendu de la ministre, c'est la création d'emplois. Bien, ça, c'est un
modèle de développement économique qui date des années 90. C'est un modèle
qui n'apportera pas de valeur ajoutée au Québec. Puis là, nous, on a deux
ministères qui ont autorisé, par décret, des sorties d'argent de l'ordre de
1 milliard de dollars pour justement aller vers cette start-up,
cette jeune pousse suédoise qui s'installe à Saint-Basile-le-Grand, puis on
n'est pas capable de nous dire la valeur ajoutée que ça va apporter. On nous
fait croire, en fait, que c'est une courroie de valeur pour le Québec quand ce
n'est pas le cas. On est juste dans la chaîne d'approvisionnement. On vient
faire l'assemblage de composantes. On ne donne pas de technologie à personne.
On s'installe ici, on prend des employés qui travaillaient dans un écosystème
ailleurs, on les... on fait souffrir nos PME qui là, maintenant, vont avoir,
eux, à aller se chercher de nouveaux employés.
Donc, on fait face à cette situation-là,
Mme la Présidente, et je trouve ça bien dommage. Je trouve ça bien dommage
parce qu'évidemment, à l'intérieur de la filière batterie, le nom de Northvolt,
évidemment, ressort beaucoup parce que ça ne va pas bien pour l'entreprise.
Puis je vais vous dire, Mme la Présidente, quand une entreprise est obligée...
quand des compagnies sont obligées de mandater des huissiers pour se faire
payer, comme c'est le cas avec les fournisseurs de services pour la maison mère
de Northvolt en Suède, c'est vraiment de mauvais augure.
Dans un syndicat bancaire, lorsque, par
exemple, une compagnie fait défaut sur ses paiements à ses petits fournisseurs,
il y a un niveau qui peut être endurable avant que ça, ça engage des
conséquences de restructuration du prêt. Ici, on n'est pas au courant de ces
montants-là, on ne sait pas exactement quels sont les montants, mais je peux
vous dire une chose : N'importe quel prêteur qui voit ça sur le radar
allume et commence à surveiller de plus près ce qui se passe. Et c'est ce qu'on
a vu.
On a aussi entendu parler du gouvernement
de la Suède qui a décidé qu'il n'allait plus mettre un sou de plus dans
l'entreprise. On a entendu parler de la cellule de crise qui a été mise en
branle par le gouvernement de la Suède en ce qui a trait à Northvolt. Je peux
vous dire juste une chose : Tous les signes qui sont en train de sortir
actuellement sont des signes extrêmement négatifs pour le futur de
l'entreprise.
Vous savez, il y a d'autre chose qui est
un petit peu plus problématique aussi, c'est qu'il y a à peu près quatre, cinq
ans, la technologie proposée par Northvolt était la technologie un peu plus
dominante pour l'industrie de la cellule de batterie. Maintenant, c'est rendu
minoritaire. 80 % de la technologie utilisée pour faire des batteries est
une technologie supérieure à celle de Northvolt. Donc, on coupe dans la
recherche, on coupe dans la recherche et développement, donc on hypothèque
l'avenir de la compagnie pendant que la technologie en tant que telle ne va pas
bien, n'est pas la technologie de l'avenir.
Donc, on se trouve à être dans une
situation où est-ce que, financièrement, ça ne roule pas très bien. On a une
technologie qui, de toute évidence, est en train de se faire déplacer par la
compétition. On l'a vu en Chine, il y a une compagnie qui s'appelle CATL,
C-A-T-L, elle est capable de produire une batterie en lithium solide qui, elle,
va produire une autonomie de 1 200 ou 1 100 kilomètres,
quasiment le triple de ce que la batterie de Northvolt est supposée faire.
Donc, on fait face à cette compétition-là, et en plus, de façon mondiale, la
demande pour l'ensemble des batteries, évidemment, amène les prix à la baisse.
Donc, la marge de manœuvre sur le produit final que Northvolt va vendre est de
moins en moins intéressante.
Donc, c'est vraiment un enlignement, là,
incroyable de mauvaises circonstances. Et, si on ajoute en plus à ça le fait
que les prêteurs actuels sont dans un mode de restructuration du financement de
l'entreprise, ici, on parle des prêteurs séniors, c'est eux qui contrôlent le
financement de l'entreprise, bien, les prêteurs séniors sont en train de se
dire : Comment je vais faire pour retrouver mes billes? Parce qu'un
prêteur banquier ou obligataire sénior, son objectif dans la vie, là, c'est de
prêter de l'argent, faire un rendement dessus puis ravoir son argent. Il n'est
pas dans la business de faire un profit parce que le stock va doubler ou
tripler. Ce n'est pas ça, le mandat d'un banquier. Donc, actuellement, là, le
groupe qui contrôle le financement de l'entreprise est en train de se
restructurer. Le message que ça envoie à tout le monde, ça, c'est qu'eux
autres, ils sont séniors puis ils vont se payer les premiers, si jamais il y
avait un défaut quelconque.
Ça veut dire quoi, ça, Mme la Présidente?
Ça veut dire que ceux qui sont juniors à ça, comme la structure qui était
décrite par la ministre comme étant une structure avec priorité, bien, elle est
subordonnée aux prêteurs séniors. Alors, la fameuse note convertible, c'est le
dernier des morceaux de papier d'emprunt que Northvolt a qui va être remboursé
si jamais un jour il fallait passer par cette procédure-là. C'est certain que
l'équité va être disparue puis c'est probablement certain aussi que la
débenture échangeable va disparaître.
Donc, ma question reste ensemble...
entière. Comment se fait-il que lorsqu'on a posé la question au salon bleu,
aujourd'hui, au ministre des Finances... J'ai posé une question qui était
relativement simple. Lui qui avait donc autorisé le décret pour qu'on débourse
200 millions US, 270 millions CAN, pour faire l'acquisition de cette
débenture échangeable, comment se fait-il qu'il n'est pas capable de nous
donner la valeur aujourd'hui de cette débenture-là?
Avec toutes les conditions que je vous ai
données, avec toute le data que j'ai donné au niveau de ce qui se passe dans le
marché, on le voit bien, là, aujourd'hui, ce morceau de papier là vaut une
fraction de ce que Mme la ministre a mentionné comme montant initial. Donc, on
fait face à ça.
• (15 h 50) •
L'autre morceau de financement qu'on
parlait tantôt, c'est le terrain à 240 millions. Mme la Présidente, je
vous le dis, là, retournez voir Luc Poirier qui a vendu ça à gros prix à
Northvolt, je peux vous dire juste une chose : Il ne paiera pas
240 millions pour ravoir le terrain. Ça fait qu'on a beau dire que le terrain
est en garantie, là, il n'y a pas de marché secondaire liquide sur ce
terrain-là, là. Du jour au lendemain, revouloir revendre ça, c'est certain
qu'on ne sera pas capable d'avoir 240 millions. Donc, encore une fois,
oui, c'est une garantie, et ça laisse sous-entendre comme quoi qu'on va
retrouver toutes nos billes, mais c'est illusoire de penser que ça va être le
cas.
Puis dans tout ça, on a un contrat qui a
été signé, donc, dans le décret, comme quoi que le gouvernement s'est engagé à
débourser un autre 300 millions de dollars additionnel envers la
compagnie pour pouvoir... en fait, ça, ça va être une question, faire quoi avec
cet argent-là? Je vais y arriver. Mais ce 300 millions de dollars là,
on n'a aucune transparence de la part du gouvernement, on ne sait pas combien
que ça vaut actuellement. Puis, si on est pour débourser un
300 millions de dollars additionnel, sur quelles conditions... à
quelles conditions, à quel prix? Donc, on n'est pas capable d'avoir de la
transparence par rapport à la valeur actuelle de ce morceau de papier là.
Comment pourrions-nous donc simplement donner confiance au gouvernement, allez-y,
dépensez un autre 300 millions? Voyons donc, Mme la Présidente, c'est de
mauvaise gouvernance de penser comme ça.
Puis je vais vous dire une chose, l'argent,
là, qu'on donne, ça va à la maison mère, ça ne va pas pour le développement de
Northvolt 6, de Saint-Basile-le-Grand. L'argent qu'on a déboursé à date,
là, de 270 millions puis le 300 potentiel qu'on parle ici, là, ça
s'en va à la maison mère, dans leur fonds consolidé à eux. Qu'est-ce que vous
pensez qu'ils vont faire avec cet argent-là, Mme la Présidente? Ils sont en
manque de liquidités. Eux autres, là, ils essayent d'éteindre des feux, ça fait
qu'ils vont prendre cet argent-là pour essayer d'éteindre le plus de feux
possible. Est-ce qu'ils vont prendre cet argent-là pour développer
Northvolt 6, ici même, à Saint-Basile-le-Grand? La réponse à ça, Mme la
Présidente, c'est officiellement non. Ils sont en mode survie.
Donc, moi, j'aurais aimé ça avoir de la
transparence, de la part de la ministre puis de la part du ministre des
Finances, à savoir, la question de l'heure que tous les Québécois ont au niveau
du financement de Northvolt : Que vaut le papier initial que le gouvernement
est allé dépenser 270 millions de dollars canadiens pour acheter une
débenture convertible? Qu'est-ce que ça vaut dans les conditions actuelles du
marché? Force est de constater qu'on est incapable d'avoir une réponse du
gouvernement, que ce soit de la part du ministre des Finances, que ce soit de
la part de la ministre de l'Économie et de l'Innovation. Donc, force est de
constater qu'au Québec, actuellement, on perd confiance à cause du manque de
transparence de ce gouvernement-là.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, je suis prêt à reconnaître M. le député de
Maurice-Richard.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. Quel gâchis, Mme la Présidente. Le projet Northvolt, depuis le
début, est un gâchis, étape après étape : un gâchis économique, un gâchis
écologique, un gâchis énergétique et un gâchis démocratique.
Parlons d'abord de la question économique.
Faut-il rappeler, Mme la Présidente, que tout ceci a commencé avec une
compagnie, une jeune pousse, une start-up qui a fait un appel d'offres. Imaginez
le front, Mme la Présidente, un appel d'offres pour dire aux États :
Mettez-vous à genoux et dites-moi ce que vous êtes prêts à m'offrir, moi, la
jeune pousse qui n'a même pas une compagnie qui marche à plein... une usine qui
marche à plein régime, dites-moi ce que vous êtes capables de me donner, et je
vais voir si je vais daigner venir m'installer chez vous. Il faut croire que le
Québec, Mme la Présidente, et, à l'époque, M. Fitzgibbon et puis le premier
ministre ont vraiment donné le tapis rouge pour, évidemment, avoir la chance
d'être choisis par cette compagnie.
7 milliards d'argent public,
7 milliards d'argent public, dont 2,9 qui viennent du Québec. Ça, là,
c'est 800 $ par Québécoises et Québécois, 800 $, chacun de nous a mis
sur la table pour que cette compagnie vienne. C'est ce qu'on compte leur donner
à terme. On nous dit : C'est pour les jobs, pour 3 500 jobs. Ça
fait 1,5 million de dollars la job. Je ne sais pas combien d'impôts ces
personnes-là vont payer, Mme la Présidente, mais nous, on a vraiment envie de
voir les études économiques qui nous permettent d'avoir une idée des retombées
économiques.
L'autre argument, c'est de nous
dire : Attention, on va avoir toute la boucle, toute la chaîne, c'est le
plus gros, on veut notre cellulier. On a toutes sortes d'autres morceaux de la
filière batterie, celle-là va venir nous permettre d'avoir tous les morceaux du
puzzle. Aucune condition, Mme la Présidente, pour que les intrants, la matière
première, viennent du Québec. Ils peuvent bien ramener tous, tous, tous leurs
métaux précieux d'Australie ou de Chine. Il n'y a pas de condition pour qu'ils
viennent du Québec, aucune condition pour que ce qui sort de la compagnie reste
au Québec. Ils peuvent bien vendre toutes leurs batteries en Californie, et il
n'y aurait pas de problème.
Mme la Présidente, les voitures
électriques coûtent cher. Elles ne sont pas la seule solution, mais elles font
partie de la solution à la crise climatique, et on aurait pu s'attendre à avoir
un deal qui nous permette d'avoir des voitures électriques moins chères pour
les Québécoises et les Québécois.
Aucune propriété intellectuelle qui est
associée à ce projet-là qui nous appartient, pas même un petit bureau de
recherche. 7 milliards d'argent public. Tout va mal économiquement dans ce
projet-là. Le terrain a été acheté 240 millions de dollars,
entièrement, 100 %. On a couvert un prêt de 100 % de la valeur de ce
terrain-là qui a été acheté en 2015, par la personne qui l'a vendu
20 millions, plus de 10 fois moins cher, Mme la Présidente.
Et la réalité, on la connaît, ça reste une
jeune pousse qui a essayé de grossir vraiment trop vite. Des contrats de
plusieurs milliards, juste celui de BMW, de plusieurs milliards que Northvolt a
perdus. 1 600 emplois perdus en une journée, 20 % des
travailleuses et travailleurs de cette compagnie. Des usines qui ont fermé, qui
ont été abandonnées un peu partout en Europe par cette compagnie. Et toujours
aucune étude économique publique de ce gouvernement. Ils voudraient qu'on leur
fasse confiance sur parole. Tout va bien, Mme la Présidente.
Donc, un gâchis économique, mais un gâchis
écologique aussi. Nous avons entendu la ministre à plusieurs reprises nous
dire : Mais attention, ça va aider à décarboner le Québec. Pourtant, je
pensais qu'on avait fait le tour de cette question-là, Mme la Présidente. Nous
avions fait, nous-mêmes, une demande d'accès à l'information pour avoir, du
ministère de l'Économie, de l'Innovation, et de l'Énergie un document, un
courriel, un PDF, un PowerPoint, quelque chose qui fait un lien entre toute la
filière batterie et les baisses de gaz à effet de serre au Québec.
Figurez-vous, Mme la Présidente, que c'est le seul document que nous avons reçu
qui n'était pas caviardé, pas une phrase n'a été caviardée, et pour cause,
parce que la réponse tenait en une ligne : Il n'y a dans notre ministère
aucun document, aucun courriel qui fait le moindre lien entre des baisses de
gaz à effet de serre au Québec et la filière batterie.
Une catastrophe écologique aussi parce que
ces compagnies-là sont maîtres chez nous dans la politique de ce gouvernement,
car pour qu'elles s'installent ici, on a changé les règlements, les règlements
écologiques pour pouvoir éviter à cette compagnie d'avoir un BAPE, d'avoir des
vraies, véritables analyses, de comprendre ce qui se passe avec l'implantation
de cette compagnie chez nous, sachant que le terrain, il a beau être
industriel, il y avait plus de 70 milieux humides dedans. Eh bien, sans BAPE,
sans rien, ils ont eu l'autorisation de pouvoir se débarrasser de plus de 60 de
ces milieux humides, sachant que cette compagnie-là s'est mise là parce qu'elle
avait besoin d'avoir accès à l'eau pour y déverser des matières qui ressortent
de leurs procédés. Mme la Présidente, au Richelieu, c'est une source d'eau
potable pour 12 municipalités... sans BAPE, Mme la Présidente.
• (16 heures) •
Un gâchis énergétique aussi, parce
qu'évidemment un bloc d'électricité aussi énorme, sans aucune garantie, sans
aucune balise économique qui nous permette de s'assurer qu'il y a des retombées
économiques, un bloc énergétique qui correspond à plus d'un barrage d'un des
quatre barrages de la... du complexe de La Romaine, qui, faut-il le
rappeler, a mis 11 ans à être construit. Mais en plus, un des plus gros
problèmes qu'on a au Québec, Mme la Présidente, c'est la gestion de la pointe,
la gestion de la pointe étant ces moments où on a besoin d'encore plus
d'électricité qu'on est capable d'en fournir. Et le gros problème, c'est de
dire aux différents consommateurs, de dire : Essayez de vous effacer
pendant la pointe, c'est important, ça va nous permettre de ne pas acheter
notre électricité beaucoup, beaucoup plus cher, 10 fois plus cher que ce
qu'on est capable de fournir. On n'a même pas demandé à cette compagnie qui
fait des batteries d'utiliser les batteries pour pouvoir redonner de
l'électricité au réseau ou au moins s'effacer du réseau au moment où nous avons
ces dites <pointes. Parlez-moi d'innovation...
>
16 h (version révisée)
<19305
M.
Bouazzi :
...ou au moins s'effacer du réseau au moment où nous
avons ces dites >pointes. Parlez-moi d'innovation. Parlez-moi d'innovation.
Et enfin, Mme la Présidente, un gâchis
démocratique. On change les normes environnementales sans débat, en catimini.
Il y a des rencontres entre le...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le... J'allais me lever en même temps, alors je suis convaincue, mais...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
prudence. Vous savez les mots, au lexique, qui sont interdits ici, alors je
vous demanderais de faire de la prudence pour le reste de votre intervention, M.
le député.
M. Bouazzi : Mme la Présidente,
je le retire, même. Sans bruit ni trompette, Mme la Présidente, ce gouvernement
a changé nos normes environnementales dans un simple décret. La compagnie avait
besoin d'un BAPE si elle consommait plus de 30 000 mégawatts... 30 mégawatts,
pardon, eh bien, enlevons la limite du 30 mégawatts. La compagnie avait
besoin d'un BAPE si elle produisait plus de 50 000 tonnes. Elle en
produit 60 000... non, 56 000, pardon, bien, montons la limite à 60 000.
Des rencontres entre le P.D.G. de Northvolt et des ministres dans des
restaurants chics de Montréal, qui n'apparaissent pas à leurs agendas, des
rencontres qui n'apparaissent pas à leurs agendas. Je ne peux pas utiliser
aucun adjectif pour qualifier ces rencontres-là, Mme la Présidente, je pense qu'aucun
ne serait acceptable dans notre lexique.
D'un point de vue démocratique,
imaginez-vous quelqu'un qui investit 7 milliards, dont 2,9 milliards
d'argent public des Québécoises et Québécois, sans jamais avoir partagé l'étude
économique qui permet de dire qu'il y a des retombées positives pour le Québec.
Imaginez le problème, le manque de gouvernance, de saine gouvernance de l'argent
public. Quel gâchis, Mme la Présidente! C'est d'autant plus un gâchis que nous
avons besoin de batteries pour faire la transition énergétique. Il y a moyen de
le faire positivement. Il y a moyen d'utiliser ces batteries pour de la
résilience énergétique. Il y a moyen d'utiliser ces batteries pour du transport
en commun. Il y a moyen d'utiliser ces batteries pour des voitures moins
énergivores, pour des vélos électriques aussi. Il y a moyen d'utiliser ces
batteries au Québec, parce que les accords de Paris, qui sont notre seule bouée
pour pouvoir essayer de limiter la catastrophe climatique qu'on a déjà commencé
à vivre... bien, elle dépend des baisses de gaz à effet de serre qu'on opère
chez nous, au Québec, et non pas celles qu'on... à l'extérieur de nos
frontières.
Ça fait que, pour conclure, Mme la
Présidente, la vision qui a entouré tout ce projet-là est une vision d'un
siècle passé, une vision qui ne prend pas en compte l'impératif de la crise
climatique, l'urgence de la crise climatique, une vision qui... vraiment passée
date, où on cherche, comme ça, des multinationales étrangères, et, dans ce
cas-ci, encore pire, des multinationales terriblement risquées, avec l'idée que
ça suffirait à faire de l'essor économique, sans jamais avoir le contrôle sur
cette économie-là, alors qu'en 2024 la question d'avoir du contrôle sur notre
économie pour pouvoir assurer des revenus, pour pouvoir assurer que les... et
les entrants, et les sortants de cette compagnie-là puissent participer à l'essor
économique et à la lutte à la crise climatique au Québec, pour même pouvoir
assurer que ces compagnies-là ne mettent pas leur <argent...
M. Bouazzi :
...au
Québec pour même pouvoir assurer que ces compagnies-là ne mettent pas leur >argent
dans des paradis fiscaux, car la maison mère de Northvolt a toutes sortes de
stratagèmes, Mme la Présidente. Il y a un rapport de l'IRIS, qui date de
quelques jours, qui les expose bien, entre autres, avec ce qui se passe au
Luxembourg, Mme la Présidente. Avouez, Mme la Présidente, que c'est un sacré
gâchis.
Maintenant, pour revenir à la motion, nous
allons effectivement l'appuyer. Il est évident que cette compagnie-là va avoir
un retard. Au meilleur des cas, si elle voit, un jour, le jour, elle va avoir
un retard d'au moins deux ans, qui, de toute façon, se rajoute aux années de
construction de cette usine, et qu'entre-temps, bien, on ferait bien d'utiliser
cette électricité-là le plus vite possible pour décarboner notre économie. Les
spécialistes nous le disent jour après jour, les rapports du GIEC nous le
disent jour après jour, la fenêtre d'intervention pour lutter et baisser nos
gaz à effet de serre est minuscule, que la limite de 1,5° est déjà atteinte,
qu'il va falloir faire d'énormes efforts pour ne pas atteindre et dépasser
l'augmentation de la température de deux degrés sur la planète, ce qui, en soi,
serait catastrophique.
Et donc, oui, utilisons cette
électricité-là à bon escient. Il y a toutes sortes de projets pour augmenter
notre capacité électrique, y compris en consommant moins. Si on a des
obligations face à cette compagnie-là, bien, le temps qu'elle sera construite,
on espère que les autres promesses de ce gouvernement-là seront tenues en
matière d'énergie et qu'il aura effectivement ces blocs de disponibles. Merci,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Alors, je suis prête à entendre un autre intervenant. M. le
député de Nicolet-Bécancour, la parole est à vous.
M. Donald Martel
M. Martel : Bonjour, Mme la
Présidente. C'est drôle parce que je voulais commencer mon petit laïus en
disant que le discours du Québec solidaire, il n'y a rien qui me surprend au
niveau économique, mais que, le discours du Parti libéral soit le même que
Québec solidaire, je le déplore. Puis là j'entends le collègue de Québec
solidaire qui finit sa présentation puis je vois les collègues du Parti libéral
qui l'applaudissent. Je me disais : Ça ne se peut pas que ces deux partis-là,
d'un point de vue économique, ils soient rendus à la même place. Mais il faut
croire que oui.
Tantôt, j'écoutais le collègue de
Marguerite-Bourgeoys qui parlait de la Chine, puis je suis assez d'accord avec
lui par rapport aux progrès que la Chine a faits. La solution à ça,
c'est-tu : On se croise les bras, on ne fait rien ou on essaie de
développer une filière comme on fait actuellement?
Moi, Mme la Présidente, je suis députée de
Nicolet-Bécancour, mais je viens du Centre-Mauricie, je viens de Grand-Mère. Ça
ne me fait pas plaisir de dire ça, mais j'ai eu 60 ans cet été. Pendant
presque une trentaine d'années, j'ai fait du développement économique régional.
Puis, dans la région de la Mauricie—Centre-du-Québec, on a géré beaucoup la
décroissance économique, avec toutes les fermetures d'emplois qu'il y a eu à
Shawinigan, à Grand-Mère, à Trois-Rivières. Donc, on arrive avec une
opportunité extraordinaire qui, moi, m'emballe beaucoup.
• (16 h 10) •
J'étais sur le terrain. Qu'est-ce que ça
donne exactement, la filière batterie, notamment à Bécancour, dans le parc
industriel de Bécancour? La semaine passée... pas la semaine passée, voilà
deux, trois semaines, je rencontre un des dirigeants d'une entreprise du parc
industriel de Bécancour, une entreprise qui est là ça doit faire peut-être une
trentaine d'années. Elle est un peu sur la fin de vie, des bons emplois, mais
technologie dépassée. Puis la personne me dit : Donald, j'ai eu l'autorisation
de mes grands patrons d'aller en plans et devis pour la modernisation de notre
entreprise. Ça veut dire des investissements de 200 à 300 millions. C'est
une entreprise qui est là actuellement, qui est potentiellement sur sa fin de
vie. Parce qu'on développe la filière batterie, il a l'autorisation de procéder
aux plans et devis pour des investissements potentiels de 200 à
300 millions. Il y a au moins deux ou trois autres <entreprises...
M. Martel :
...deux
ou trois autres >entreprises, Mme la Présidente, exactement dans la même
position. Des entreprises qui sont chez nous depuis 30 ans, depuis
40 ans, ils arrivent à maturité, puis là ils voient arriver l'opportunité,
l'opportunité de développer la filière batterie, puis ils se disent : C'est
une belle occasion pour nous de se moderniser. Donc, des entreprises qui
auraient probablement fermé, chez nous, dans les trois ou quatre prochaines
années, on va probablement les moderniser pour les 30, 40 prochaines
années.
L'ABI, qui est un joueur très important
chez nous, regarde le potentiel : Est-ce que notre production peut s'adapter
par rapport à la filière batterie? Est-ce qu'il y a des choses qu'on peut faire
par rapport à la filière batterie? On a une usine de silicium, c'est la même
chose.
Vous savez, Mme la Présidente, on était
très fiers de procéder à l'annonce de notre gouvernement de la filière batterie
à Bécancour. Et on a lancé la troisième zone d'innovation, sous la désignation
de la Vallée de la transition énergétique. Cet important développement de la
zone d'innovation se fera à travers trois objectifs : développer la
filière batterie du côté de Bécancour, l'électrification des transports du côté
de Shawinigan, puis l'hydrogène vert du côté de Trois-Rivières.
Des retombées de la filière batterie. Air
liquide, qui est chez nous depuis quelques années, a le plus gros électrolyseur
au monde. Sans tambour ni trompette, un communiqué de presse : Air
liquide, ils annoncent qu'ils investissent 200 millions pour s'adapter, pour
desservir la filière batterie. C'est un article qui date du
15 mars 2004, l'excellent journaliste Sébastien Lacroix, du Nouvelliste,
il dit : «Un autre projet qui s'insère dans la filière batterie a été
lancé au début de la semaine à Bécancour, alors qu'Air liquide a débuté les
travaux de préparation de son site situé le long de l'autoroute 30, en
face de GM et voisin de Ford.» Ça va bien dans une conversation où on parle de
Bécancour, parc industriel. «L'installation de conduites souterraines au sud de
l'autoroute pour aller rejoindre des entreprises telles que GM-POSCO, Nemaska
Lithium ne posera pas de problème. L'entreprise procédera de la même manière
que l'a fait Énergir avec sa conduite de gaz naturel, soit à partir d'un forage
horizontal dans le roc.
«Air Liquide fait valoir que l'implantation
de son usine pourra fournir les entreprises de la filière batterie qui ont des
besoins cruciaux et importants en gaz à l'air, dont de l'air décarboné, de l'oxygène
et de l'azote.
«Le fait de construire une unité centrale
de production desservant plusieurs clients permet également à Air Liquide d'utiliser
30 % de moins d'électricité qu'en ayant recours à des unités
décentralisées. Le tout permettra également de soustraire une cinquantaine de
camions pour le transport.»
Je finis là-dessus : «Le chantier de
construction de l'usine de séparation d'air, qui est évalué à
200 millions de dollars, se poursuivra tout au long de l'année, pour
un démarrage en décembre 2024 et une mise en service en 2025.» On ne peut
pas dire que ce n'est pas contemporain.
En plus — là, je vous ai parlé
de projets d'investissements potentiels, des investissements qu'ils faisaient
là — les acteurs du milieu se mobilisent. Écoutez, je pense qu'il y a
sept, huit universités qui travaillent actuellement ensemble. Il y a les quatre
cégeps de la Mauricie—Centre-du-Québec qui se sont joints à l'UQTR, qui se sont
joints aux cinq centres de services de la Mauricie—Centre-du-Québec pour
collaborer ensemble à faire une école de batterie. Donc, au-delà des
entreprises, il y a beaucoup de partenariats qui se font.
J'aimerais ça faire... parce que, des
fois, on a l'impression que le Parti libéral veut faire la leçon au niveau du
développement économique. Moi, je veux juste le rappeler, dans le parc industriel
de Bécancour, O.K., les libéraux ont été là à peu près 15 ans, il y a
eu... Le parc industriel de Bécancour, là, il faut savoir que c'est le seul
parc industriel qui appartient au gouvernement du Québec. C'est un parc qui
existe depuis 60 ans. Les 15 dernières années <libérales...
M. Martel :
...du
Québec. C'est un parc qui existe depuis 60 ans. Les 15 dernières
années >libérales, il s'est perdu plus d'emplois dans le parc industriel
qu'il s'en est créé. Là, je pense à la fermeture de Norsk Hydro, je pense à la
fermeture de la centrale nucléaire de Gentilly. Le Parti libéral a créé une
entreprise. Moi, depuis que je suis député, là, quand on était dans
l'opposition, le Parti libéral a aidé à créer une entreprise. Vous savez
quelle, Mme la Présidente? Greentone. Vous savez ce que Greentone produit? Du
cannabis. On a mis ça en plein milieu du parc industriel de Bécancour. Venez
faire un petit tour, l'entreprise dégage beaucoup d'odeurs qui empestent la
communauté. On travaille très fort à essayer d'atténuer ça. Mais le bilan du
Parti libéral pour le développement du parc industriel de Bécancour :
Greentone, seule entreprise.
Depuis qu'on est au pouvoir, Mme la
Présidente, avec le développement de la filière batterie, nous, gouvernement de
la CAQ, dans le parc industriel de Bécancour : Ultium CAM, ça, c'est GM, matériaux
actifs de cathode. Venez voir, la bâtisse est montée, le centre
d'administration. Il y a encore d'autres projets à venir. Nemaska Lithium,
l'hydroxyde de lithium, la bâtisse est pratiquement terminée. EcoPro, EcoPro,
c'est Ford, il y a eu un arrêt, ils recommençaient cette semaine à faire des
travaux d'installation. Matériaux avancés Mirae, ils sont en construction au
moment où on se parle. J'ai parlé d'Air liquide tantôt. Nouveau Monde
Graphite, un projet qu'on espère qui va commencer la construction bientôt.
Vale, ils sont en consultation, ils souhaitent débuter le chantier très
prochainement.
Des entreprises qui n'ont pas rapport
nécessairement avec la filière batterie, mais qu'on a aidées, dans le parc
industriel : Virentia, qui fait la transformation de la luzerne, Innomalt,
qui fait la transformation du malt, et NEAS, qui est spécialisée dans le
transport maritime nordique. Ce que je viens de vous nommer là, Mme la Présidente,
là, c'est des nouvelles entreprises qui sont installées dans le parc industriel
depuis moins de six ans.
Les libéraux veulent nous faire un peu la
leçon au niveau économique. Je vais faire juste un petit rappel. Ça doit faire
une quinzaine d'années, j'aurais dû être un peu plus précis pour la date, il y
avait deux projets de centrale électrique au gaz au Québec. Il y avait le
projet de TransCanada Énergie, à Bécancour, puis il y avait le projet de
Suroît, qui était à Beauharnois. Le projet de Suroît, c'était un projet
d'Hydro-Québec, et le projet de TransCanada Énergie, évidemment c'était
TransCanada qui étaient les propriétaires, de l'Ouest canadien. La journée, je
me rappelle comme si c'était hier, la journée où est-ce que le Parti libéral a
annoncé qu'il ne faisait pas le Suroît, un projet qui appartenait à
Hydro-Québec, ils sont allés voir les gens de Beauharnois, ils ont dit :
On ne fait pas ce projet-là. Jean Charest, il a pris l'avion, le taxi, je ne
sais pas, il s'est ramassé à Bécancour, il a dit : On va faire... — il
avait deux choix — on va faire TransCanada Énergie. Vous savez quoi,
Mme la Présidente? TransCanada Énergie n'a jamais produit d'électricité.
Savez-vous combien qu'il a coûté aux Québécois à ne pas faire fonctionner cette
entreprise-là? 2 milliards. Ça, là, quand les libéraux veulent venir nous
faire la leçon économique, là... Il y avait deux projets, un projet qui
appartient à Hydro-Québec, qui nous appartient, un projet qui appartient à des
intérêts de l'Ouest canadien. Ils donnent ce contrat-là, il ne fonctionne pas,
ça nous coûte 2 milliards de dollars.
• (16 h 20) •
Parti québécois, il n'est pas en
reste : fermeture de la centrale nucléaire de Gentilly, c'est la perte de
900 emplois. On avait investi déjà 2 milliards pour la réfection, on
a jeté ça dans le fleuve. Mais le pire, le plus important, à mon avis, c'est
qu'on avait une expertise mondiale au niveau du génie nucléaire qu'on a laissé
aller. Je trouve ça vraiment <triste...
M. Martel :
...au
niveau du génie nucléaire qu'on a laissé aller, je trouve ça vraiment >triste.
L'impact de la fermeture de la centrale nucléaire à Gentilly, là, une
communauté de chez nous, il y avait une maison sur cinq qui était à vendre. Le
prix des maisons est à peu près le plus bas au Canada. Je suis allé en fin de
semaine, j'ai fait une tournée du comté, ça m'a fait... ça m'a fait du bien de
penser à Gentilly. Vous savez quoi? Le restaurant qui était fermé, il est
ouvert. Je ne sais pas combien de nouvelles maisons... Il n'y a plus de maison
à vendre, puis je ne le sais pas, combien qu'il y a eu de nouvelles maisons de
bâties. Le nombre de maisons jumelées, là, il y a un quartier, c'est plein. Il
y a un bâtiment, je n'ai jamais vu ça à Gentilly, quatre étages,
multilogements. Ça, là, c'est la répercussion du développement de la filière
batterie dans le parc industriel. Quand je me promène chez nous, je vois la
même chose, écoutez, Daveluyville, du multilogements, Nicolet, Bécancour,
Saint-Célestin, Baie-du-Febvre. Les retombées positives économiques, elles sont
partout sur le territoire.
Je vais finir là-dessus, Mme la
Présidente. Vous savez, Dieu merci, je n'ai jamais été libéral de ma vie, mais
je vais toujours être reconnaissant pour l'héritage de Robert Bourassa à
l'égard de l'hydroélectricité. J'ai déjà été péquiste puis je suis très
reconnaissant de Bernard Landry qui a eu la vision du multimédia puis qui a
transformé la fermeture de GM pour en faire l'usine Paccar. C'était avoir de la
vision. Aujourd'hui, je suis caquiste. Je suis très fier du premier ministre,
qui supporte le développement de la filière batterie, qui va être une économie
verte pour les générations futures. J'en suis très fier. J'invite mes
collègues, notamment mes collègues libéraux, à se ressaisir. On a une
opportunité extraordinaire de transformer positivement l'avenir de nos jeunes.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, nous poursuivons le débat avec M. le député de
Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Mme la
Présidente, j'aimerais saluer l'initiative de ma collègue de Saint-Laurent pour
la présentation de cette motion qui nous parle de l'importance des blocs
d'énergie alors que plusieurs entreprises au Québec sont à la recherche
d'énergie et se font dire non. Pourquoi et comment a-t-on octroyé un bloc
d'énergie de 354 mégawatts à Northvolt? C'est un peu ça, la question.
Talonnés par les partis d'opposition au cours des dernières semaines, on a
beaucoup entendu le premier ministre et la ministre nous dire : C'est
parce qu'on veut créer des emplois bien rémunérés, c'est ça, notre objectif.
Vous vous souvenez, Mme la Présidente, de ce tableau didactique qu'on a tiré
d'une présentation de ce même gouvernement du Québec à Northvolt et aux
entreprises étrangères, qui dit : Venez chez nous, vous allez payer votre
main-d'œuvre moins cher.
Alors, il y a un problème de transparence.
Il y a un problème d'équivalence, de concordance entre ce que nous dit le
gouvernement et ce qui se passe en réalité. Et c'est pourquoi, je vous le dis
tout de suite, à la fin de mon intervention, Mme la Présidente, je vais
proposer un amendement à la motion proposée par ma collègue de Saint-Laurent
sur cette très importante question des blocs d'énergie, mais donc sur la
question de la transparence, parce que c'est ça, le problème non seulement pour
les blocs d'énergie, Mme la Présidente, mais pour l'ensemble de ce dossier,
c'est un problème de gestion, de planification. Quelle analyse a été faite
préalablement à l'investissement dans Northvolt? On ne le sait pas. On n'en a
jamais rien su et on ne le sait toujours pas. Qu'est-ce qu'on a fait comme
analyse environnementale? On ne le sait pas. Comment on gère les risques
financiers et les garanties pour l'argent des Québécois qui est investi? On ne
le sait pas.
On vient d'entendre une série de nouvelles
préoccupantes, dans les dernières semaines, relativement à Northvolt. Moi, je
suis content d'entendre la ministre nous dire aujourd'hui que l'entreprise
confirme que le projet au Québec est toujours une priorité et qu'elle est en
train de compléter son exercice. On nous dit que l'entreprise est responsable.
Fort bien. Ce n'est pas l'entreprise, le problème, Mme la Présidente, c'est le
gouvernement. La ministre nous dit : J'espère que les oppositions sont
rassurées aujourd'hui, mais elle nous dit aussi : On attend les résultats
de l'exercice de révision. On attend. Bien, je suis désolé, là, mais, la
transparence, là, elle ne devrait pas attendre, elle <aurait dû...
M. Paradis :
...pas
attendre. Elle >aurait dû être là dès le début de ce projet-là, et on
n'en serait peut-être pas ici aujourd'hui à avoir cette discussion s'il y avait
eu une transparence du gouvernement.
Ça a commencé avec le contournement du
BAPE : pas de BAPE dans ce dossier-là, on va faire... On ne suit pas les
règles habituelles. C'est le projet présenté par le gouvernement comme un des
plus importants de l'histoire du Québec, on ne fera pas de BAPE puis vite on va
se précipiter. On voit aujourd'hui qu'on aurait eu le temps d'en faire un,
parce que le projet, il a des délais.
Et puis on n'a jamais rien su, donc, des
ententes, qu'est-ce qui a été négocié par le Québec. 2,9 milliards de notre
argent, Mme la Présidente, je pense que les Québécois ont le droit de savoir
quels termes ont été négociés, quels contrats ont été signés, à quelles
conditions. On a donné le bloc de 354 mégawatts, qu'est-ce... qu'est-ce
qu'on a eu comme garantie pour les 2,9 milliards de l'argent des
Québécois? On ne le sait pas.
Et aujourd'hui on n'a toujours pas de
réponse aux questions les plus simples. On demande au gouvernement :
Pouvez-vous nous dire il y a combien qui a été déboursé de l'argent des
Québécois dans le projet? Jusqu'à maintenant, on n'a toujours pas eu la
réponse. Maintenant, c'est dans les médias, mais c'est parce qu'on a mis, nous,
l'opposition, les chiffres sur la table et on a dit : C'est
710 millions de dollars de l'argent des Québécois, Mme la Présidente,
qui est déjà investi. On ne l'a pas entendu. Et là il y a peut-être un
300 millions additionnel qu'on va être... qu'on va devoir mettre. Puis, ça
non plus, on n'a pas vraiment de réponse là-dessus.
Et, ensuite, quelles garanties, à quel
point cet argent-là des Québécois est à risque? Et là on a entendu le premier
ministre lui-même se lever ici, en Chambre, nous dire : Cet argent-là, là,
c'est une débenture, puis là on va passer avant les actionnaires; c'est fort,
une débenture. Puis là, après ça, on entend la ministre nous dire : On va
avoir un statut vraiment privilégié avec une débenture. Puis elle dit : On
va pouvoir la convertir en équité. Elle l'a encore répété aujourd'hui. Mais ça,
ça ne veut pas dire que c'est une priorité par rapport aux autres créanciers.
Ça ne veut pas dire qu'on a des garanties sur les actifs. Une débenture, pour
que les Québécoises et les Québécois comprennent, là, c'est un prêt sans
garantie, non garanti.
Et, la vérité, c'est la P.D.G.
d'Investissement Québec qui l'a mentionnée hier sur les ondes de Radio-Canada.
On lui a posé la question : Sommes-nous prioritaires, nous, les Québécois,
avec notre argent? Sa réponse, c'est non, Mme la Présidente, on n'est pas
prioritaires. Puis elle nous a rappelé qu'il y avait plein d'autres
investisseurs. Il y en a, là, il y en a, des investisseurs :
J.P. Morgan Chase, Goldman Sachs, Banco Santander, BNP Paribas,
Deutsche Bank, Siemens Bank, Volkswagen, Swedbank Robur. Je pourrais en nommer,
là, il y en a des dizaines. Puis peut-être qu'il y en a parmi ceux-là qui ont
des créances garanties sur les actifs. Alors, si ça tourne mal, qu'est-ce qui
va rester de l'argent des Québécois? Il y a tout lieu de croire qu'il ne
restera pas grand-chose. Parce qu'une débenture, Mme la Présidente, là,
généralement, là, ça, tu n'es pas dans les loges quand vient le temps de
séparer l'argent, là, tu es très loin dans les balcons. C'est ça, la nature
d'une débenture.
Et là maintenant la ministre, la ministre
s'associe à cette démarche-là, là, puis là tente de vendre ça avec des mots qui
sonnent bien : «novateur», «séquençage», «approche prudente, raisonnable,
sophistiquée», «par jalons», «par étapes». Mais il y a déjà de l'argent qui a
été investi. Et une débenture, je m'excuse, ce n'est pas novateur. J'en
négociais il y a 20 ans, puis c'est un instrument qui existe depuis très
longtemps.
• (16 h 30) •
Alors, quelle est la stratégie, quelle est
la vision, on ne le sait pas. On veut de la transparence. On veut la voir, la
débenture.
Motion d'amendement
Et c'est pour ça que je propose, donc, l'amendement
suivant, Mme la Présidente : Ajouter, après le sixième alinéa, le
suivant :
«Qu'elle demande au gouvernement de faire
preuve de transparence quant aux conditions en vertu desquelles a été octroyé à
Northvolt un bloc d'énergie de [350] mégawatts.»
Et je termine là-dessus, quelques
secondes : Ajouter, au dernier alinéa, après les mots «...accorder», les
mots suivants : «dans la mesure où les ententes contractuelles entre le
gouvernement du Québec et Northvolt le permettent,».
Voilà, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : ...le
député. Tel que stipulé par l'article 98.1 de notre règlement, un
amendement sur une motion présentée par un député de l'opposition... ne peut
être amendée que sur la permission de son auteur. Donc, Mme la députée, est-ce
que... votre permission pour l'amendement présenté par M. le député de
Jean-Talon?
Mme Rizqy : Avec grande joie.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député de Jean-Talon. Maintenant, nous poursuivons avec M. le député de
Masson.
M. Mathieu Lemay
M. Lemay : Mme la Présidente,
c'est avec plaisir que j'interviens ce soir... bien, cet après-midi, sur la
motion du mercredi. En fait, vous <savez quoi...
>
16 h 30 (version révisée)
<15403
M. Lemay :
...c'est avec plaisir que j'interviens ce soir... bien, cet
après-midi, sur la motion du mercredi. En fait, vous >savez quoi, les
enjeux énergétiques, là, c'est quelque chose qui me passionne, Mme la
Présidente. Dès 2015, je me suis impliqué, avec l'Assemblée nationale, sur l'approvisionnement
énergétique, et ce, en lien avec mes collègues des États-Unis, avec la NCSL, la
National Conference States of Legislature, et aussi le LEHI, le Legislative
Energy Horizon Institute. Bref, je suis engagé sur les enjeux énergétiques. C'est
un sujet qui me passionne, puis je vais vous en parler un peu plus aujourd'hui
parce que ça fait partie de la motion du mercredi de la députée de
Saint-Laurent.
Et donc il faut qu'on comprenne qu'on s'est
engagés, nous, le Québec, à amener cette transition énergétique là pour… d'ici
2050, puis on est parmi les premiers États à être carboneutres en Amérique du
Nord. Puis on le rappelle, que, présentement, nous autres, au Québec, là, tu
sais, notre consommation totale, là, à ce jour, bien, c'est à peu près juste 50 %
de nos énergies qui sont consommées que c'est des énergies fossiles. Vous devez
savoir, Mme la Présidente, aussi qu'au Québec, avec Hydro-Québec, avec nos
barrages hydroélectriques, avec notre filière éolienne, c'est 99,9 % de
notre électricité qui est produite qui est une électricité verte avec de l'énergie
renouvelable, et ça, on est parmi les États les plus productifs sur la planète,
Mme la Présidente.
Malgré ça, il y a quand même plusieurs défis
qui sont devant nous si on veut atteindre notre carboneutralité, et notamment
dans les secteurs du transport et de l'industrie, parce que, juste ces deux
secteurs-là, c'est environ 70 % de toutes nos émissions de gaz à effet de
serre qui sont faites par les transports et l'industrie. Et là c'est sûr que
les énergies renouvelables vont avoir un rôle important à jouer pour la
décarbonation du Québec parce qu'on veut remplacer toutes nos énergies fossiles
de ce côté-là.
Et, bien, ce que j'aimerais vous dire
aussi, c'est qu'on a plusieurs projets en cours de production, d'électricité
renouvelable, qui sont issus aussi des communautés autochtones et des
communautés locales, et ça, c'est des communautés qui se sont engagées à
participer au développement d'énergies renouvelables. Puis, en plus de ça,
elles vont pouvoir bénéficier de retombées économiques importantes qui sont
associées à ces projets-là, puis ça, ça fait partie de notre transition
économique, notre transition énergétique du Québec.
Alors, en plus de compter, là, le
returbinage de nos turbines, de l'ajout de puissance éolienne, on regarde
toutes les avenues possibles. Notre collègue le député de Nicolet-Bécancour en
parlait aussi tout à l'heure, de qu'est-ce qui se passait dans sa
circonscription, mais il y a plusieurs actions qui sont faites pour sécuriser
nos approvisionnements énergétiques, électriques et augmenter notre production
d'énergie renouvelable.
Et, si vous pensez qu'il y a juste les
transports et l'industrie, sachez aussi, Mme la Présidente, je vais en parler
aujourd'hui… parce qu'on a aussi fait le projet de loi n° 41 avec le
ministre de l'Environnement, qui parlait de la cotation énergétique de nos
bâtiments, et ça, dans nos bâtiments aussi, on peut aller chercher de l'efficacité
énergétique de ce côté-là. Et d'ailleurs on va créer un nouveau code du
bâtiment durable du Québec, qui sera étudié, là, en consultations cet automne
auprès des acteurs locaux, qui découle du projet de loi n° 41.
Mais les objectifs puis les bénéfices,
aussi, de la filière batterie qu'on est en train de mettre en place avec notre
ministre de l'Énergie, bien, c'est quand même de créer de la richesse pour tous
les Québécois puis, bien, ça passe dans des développements de secteurs d'avenir,
on appelle ça aussi, Mme la Présidente, des zones d'innovation. Et là c'est
important de le mentionner, là, tu sais, notre filière batterie, elle ne se
fera pas toute seule. On est chanceux, on est privilégiés même, au Québec, d'avoir
plusieurs minéraux critiques et stratégiques ici même, en sol québécois, pour
lesquels on peut avoir une filière batterie intégrée, de l'extraction du
minerai jusqu'à la réalisation des anodes et des cathodes, donc, avoir la
batterie dans son ensemble. Et ça, c'est quand même quelque chose que très peu
d'États ou de pays peuvent se vanter d'avoir, toute la multitude... pour ne pas
utiliser d'anglicisme, parce que je sais que certains collègues regardent les
anglicismes que je pourrais mentionner, mais, bref, ça peut arriver. C'est
exceptionnel, Mme la Présidente. C'est ça que je voulais vous dire, c'est quand
même... on est quand même dans les États les plus verts au monde.
Et, au cours des prochaines années, là,
malgré tous les investissements qu'on veut faire de ce côté-là pour la filière
batterie, bien, on considère quand même que c'est une industrie qui est
prometteuse pour le Québec, pour lequel c'est un devoir d'aller de l'avant avec
la filière batterie. Ça fait partie de notre stratégie québécoise de
développement, la filière batterie. C'est quelque chose, là, qui s'est... qui
est évolutif puis qui a quand même... qui comporte trois volets. Permettez-moi
d'en parler un peu.
Tu sais, premièrement, je vous l'ai dit
tout à l'heure un peu, on veut exploiter puis transformer nos minéraux du
territoire québécois, fabriquer les composantes des batteries comme des anodes,
des cathodes. Puis ensuite, en... deuxièmement, on veut aussi produire des
véhicules commerciaux électriques, on veut investir dans la fabrication locale.
Et, en troisième volet, on veut aussi développer le recyclage des batteries
grâce aux technologies québécoises <d'avant-garde...
M. Lemay :
...technologies
québécoises >d'avant-garde afin d'intégrer le Québec au sein d'une
chaîne logistique nord-américaine de recyclage des batteries.
Et ça, quand on parle de recyclage des
batteries, ce n'est pas tous les États qui sont rendus à ce stade-ci. Plusieurs
se posent la question : Mais qu'est-ce qu'on va faire avec le recyclage
des batteries et la récupération des batteries? On a quand même fait aussi des
avancées de ce côté-là. On a des entreprises qui ont fait des innovations
technologiques, pour lesquelles ils sont en opération, présentement. On a juste
à penser à une entreprise qui est à Saint-Bruno, dans le comté de Mme la présidente,
pour laquelle on vient récupérer les matières premières et puis les réintégrer
et réutiliser. Bref, ça ne sera pas la dernière entreprise parmi les futures
entreprises. Il y a plusieurs façons de faire la récupération et le recyclage
des batteries en fin de vie utile. On pense aux véhicules électriques, mais on
pense à tous les types de batteries possibles avec la technologie lithium-ion,
bien entendu. Or, nous, ce que je suis prêt à dire, Mme la Présidente, c'est
qu'on a tout ce qu'il faut ici même pour produire la batterie la plus propre au
monde, puis ça, on peut en être fiers, Mme la Présidente. Ça fait que c'est un
écosystème vraiment intégré qu'on a ici, au Québec.
Et, quand même, on a aussi des besoins
futurs à considérer, vous le savez. En fait, on ne serait pas ici aujourd'hui
si on serait en situation de surplus énergétique. Donc, la période des surplus
énergétiques d'Hydro-Québec, elle est bien terminée, et là on cherche par tous
les moyens de pouvoir décarboner notre économie. Et toutes les entreprises du
Québec aimeraient ça avoir cette puissance énergétique là, cette puissance
verte que nous avons pour pouvoir décarboner toutes leurs entreprises
respectives. Or, c'est des choix qui doivent être effectués. Et Mme la ministre
est devant ce dilemme-là, aujourd'hui, de ne pas pouvoir accorder des
puissances, des mégawatts à toutes les entreprises qui ont des solutions
innovantes qui permettent de décarboner l'économie aujourd'hui même.
Et donc, bien entendu, s'il y avait des
retards supplémentaires à avoir, il pourrait y avoir une révision au niveau de
l'attribution des blocs de puissance pour l'entreprise Northvolt, mais
aujourd'hui on n'est pas dans cette situation-là. Donc, je ne vois pas pourquoi
que la députée de Saint-Laurent s'en inquiète.
Il faut savoir aussi que...
Des voix : ...
M. Lemay : Non, mais
c'est vrai, parce que j'ai regardé la revue de presse, Mme la députée de
Saint-Laurent. Je veux dire, je comprends que vous avez des inquiétudes, mais
sachez quand même que les projets de décarbonation de notre économie, ils sont
en cours, il y en a plusieurs. On va pouvoir les réaliser. Moi, j'ai la
certitude qu'avec l'ajout de puissance énergétique qu'on va faire puis les
choix qu'on va faire dans le futur on va réussir à répondre à nos
préoccupations et aussi à décarboner notre économie parce que c'est notre
objectif. On a notre Plan pour une économie verte 2030, mais on a aussi un
objectif d'être carboneutre pour 2050. On va arriver. Nous autres, on est un
Québec vert, un Québec fier, on est prospères. Puis, Mme la Présidente, la
seule chose que je dois répéter ici, mais je suis sûr que la députée de
Saint-Laurent est quand même d'accord avec nous, on peut être fiers d'être
verts ici, au Québec. Merci, Mme la Présidente.
• (16 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député.
Maintenant, nous poursuivons avec M. le
député de Saint-Jean. Pour votre information, M. le député, il reste
11 min 25 s de temps de parole à votre formation politique.
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : Détail
important et intéressant. Merci, Mme la Présidente.
Beaucoup d'enthousiasme, que
d'enthousiasme de la part de notre camarade de Masson, et ça fait du bien,
parce que, depuis une heure, il me semble que c'était lourd, que c'était
pesant. Et c'est le député de Bécancour... Nicolet-Bécancour qui m'a inspiré,
parce que je ne m'en allais pas là du tout, je m'en allais vous parler du
contexte, Mme la Présidente. Vous le savez, je vous dis tout le temps que le
contexte fait foi de tout, surtout en période de turbulence. C'est le bon mot
dans les circonstances en ce qui a trait à Northvolt. Mais, non, je veux
revenir à ce que le collègue de Nicolet-Bécancour disait, parce que c'était un
bel exemple et éloquent de positivisme, de fierté, de terrain, de vision, de
pourquoi on fait ce qu'on fait comme on le fait, et ce qu'on veut... la
bienveillance qu'il faut qu'on ait à l'égard de l'économie, parce que c'est ça
qui est le nerf de la guerre pour un gouvernement, c'est l'économie.
Puis, vous savez, moi, j'ai remarqué, en
tout cas, j'ai senti, puis je n'ai pas pu me débarrasser de ça depuis le début
de Northvolt — le début de Northvolt, là, dans le calendrier, ça fait
à peu près un an — ça a été accueilli dans une sorte de... on va dire
de la méfiance. Non, mieux que ça, une sorte de défiance. C'est comme si
c'était trop beau pour être vrai. Ah! regarde, il doit y avoir un problème avec
ça, tu sais. Il fait beau là, mais il <va pleuvoir...
M. Lemieux :
...c'est
comme si c'était trop beau pour être vrai. Ah! regarde, il doit y avoir un
problème avec ça, tu sais. Il fait beau, là, mais il >va pleuvoir, tu
sais. Il y a cette sorte de défiance-là qu'on a quand on est... je ne dirai pas
jaloux, mais quand... quand, mettons, c'est trop beau pour être vrai, puis on
se dit : Ah! bien, ça ne doit pas être vrai, c'est trop beau pour être
vrai.
Ce qui fait que moi, quand j'ai vu ça
aller, je me suis dit : Bien, c'est de valeur, parce qu'il y a du bon
là-dedans, il y a du beau là-dedans. Je ne parle pas des clous qui ont été
plantés dans les arbres, ça se rapproche à de l'écoterrorisme, je ne parle pas
des campagnes de... vraiment, on cherchait des sorcières, c'étaient des courses
à la sorcière, parce que c'était trop beau pour être vrai.
Puis je vous demande de me suivre, là,
parce que j'écoute trop de radio puis de télé, moi aussi, parce que la collègue
de Saint-Laurent en regarde et en écoute énormément aussi, parce qu'elle nous a
cité tellement d'extraits aujourd'hui. Moi, je n'ai pas d'extrait, mais je peux
vous dire que j'entends et je lis de plus en plus des observateurs, des
chroniqueurs, des analystes, des gens d'opinions. Vous savez, nos médias, je
suis le premier à le déplorer, ils ont plus d'opinions que de faits, ces
temps-ci, depuis trois ou quatre ans, en tout cas. Je pense qu'il y a trop de
chroniques dans les journaux, Mme la députée de Saint-Laurent. Je vois plus,
dans les journaux et dans les médias télévisés chez nous, de chroniques que de
journalisme, tu sais, et à mon corps défendant, et à ma grande tristesse, après
37 ans de métier. Mais, quand j'écoute, je lis, je regarde, je vois,
j'entends énormément d'opinions, de chroniques, il n'y a rien de mal avec ça,
mais, quand il y a plus de ça que de faits et de journalisme, j'ai de la misère
à suivre.
En tout cas, revenons à mon mouton,
c'est-à-dire le député de Nicolet-Bécancour, qui était... ça lui va bien,
d'ailleurs, mouton, je le regarde, là, avec cette éloquence et sa démonstration
de positivisme. Moi, les observateurs que je voulais citer, ils caractérisent
ce qui se passe en ce moment de négativisme. Ils nous disent : C'est comme
si c'était mal parti, il y avait des gros nuages, puis là, bien, on est
habitués de penser que ça va mal, l'aventure, depuis un an, de Northvolt.
Je ne veux pas être méchant, là, mais, dans mon... dans ma vision à moi des
choses, parce que je suis généralement très positif, et c'est toujours à moitié
plein qu'il est, mon verre, j'ai de la misère, après un an, à ne pas penser
que c'est une sorte de diabolisation ou d'acharnement pour essayer
d'instrumentaliser... ce ne serait pas le bon mot, mais ce serait probablement
le meilleur qui me vient à l'esprit en ce moment sur ce qu'on est en train de
vivre, là. Et, quand j'écoute le député de Nicolet-Bécancour, qui me parle de
ce que ça veut dire pour son monde, de ce que ça veut dire pour les compagnies
chez lui... Puis, tout à l'heure, la ministre parlait de... en amont et en aval
de Northvolt, bien, c'est de l'amont puis c'est de l'aval des autres compagnies
chez vous. Amont, aval, c'est de la petite et moyenne entreprise, ça peut être
aussi de la grosse entreprise qui a d'énormes contrats avec l'énorme compagnie,
mais essentiellement l'économie dont on parle et que je dis qui est tellement
importante pour les gens qui aboutissent avec ces projets-là, qui amènent ces
projets-là, qui se battent pour ces projets-là, bien, c'est en espérant pour le
mieux et en travaillant pour que les retombées soient les plus positives
possible. Et le député de Nicolet-Bécancour nous a montré jusqu'à quel point,
dans son cas, dans son comté... il faut dire que c'est lui qui a le monde de la
batterie, là, c'est vraiment la vallée... la vallée de l'électrification, mais
c'est beau à entendre, ça fait du bien, ça m'inspire, parce que je trouvais ça
lourd.
Toujours est-il que ces affaires de
perception de l'opinion publique et de la machine autour des médias qui
regardent ça aller, ça ne donne pas beaucoup de chance au coureur, en ce
moment, hein? Il est en train de courir avec une main dans le dos, puis ça ne
va pas bien, son affaire. Je disais tout à l'heure que c'était turbulent. Bien
là, on est comme en train de se dire : Bien là, il est-tu sur le point de
tomber, là, il va-tu tomber?
Moi, je nous souhaite bonne chance à tous.
Je souhaite bonne chance à Northvolt. Je n'ai aucune compétence pour dire
qu'ils vont survivre ou pas, que les actions vont monter, descendre, qu'ils
vont... Ce qui va arriver, je ne le sais pas, mais je trouve ça triste qu'un
beau projet comme ça, avec tout ce que ça porte de nos espoirs pour inventer
quelque chose dans ce nouveau monde de décarbonation, pour inventer quelque
chose dans cette nouvelle vision de l'économie... parce que Dieu sait qu'on
parle de robotisation, on parle de plein de choses. Ce n'est pas juste
l'économie qui est en train de changer, c'est le travail. Et, si on est capables
de trouver, dans une niche comme la filière batterie, un moyen, un levier
économique pour être capables de se payer ce travail de l'avenir qu'on mérite,
avec la robotisation, et tout ça, nous ne nous en porterons que mieux.
Mais l'objectif du gouvernement, c'est de
créer de la richesse, on l'a entendu, la ministre l'a répété aujourd'hui. Le
premier ministre, quand il ne parle pas de créer de la richesse, il parle
d'éliminer l'écart de richesse. Ça revient pas mal au même, c'est le développement
<économique...
M. Lemieux :
...parle
d'éliminer l'écart de richesse. Ça revient pas mal au même, c'est le
développement >économique, et ce secteur-là, moi, me semblait un secteur
d'avenir, et je continue de penser qu'il y a toutes les raisons de croire que
ça peut bien aller.
Notre électricité verte, ça, c'est ce qui
m'a le plus touché quand j'écoutais la ministre, elle a dit : «Avec notre
électricité verte et nos minéraux critiques et stratégiques, le Québec est
positionné pour fabriquer la batterie la plus verte au monde.» C'est vrai,
monsieur, moi, ça m'excite, ça. Je trouve qu'il y a là un défi, là-dedans, à
surmonter, et, si on est capables d'y participer, si on est capables d'être en
avant...
J'entendais qu'on n'aura peut-être pas les
brevets. J'entendais que ce n'est pas nous autres qui va les vendre aux
Américains, c'est des gens qui viennent les fabriquer chez nous. Je ne sais
pas, mais, si je pense qu'on est dans la parade puis si je pense qu'on est en
avant du convoi, il y a des grosses chances qu'on puisse en profiter puis que
les petites compagnies en aval et en amont puissent grandir, comme on a fait en
Beauce pendant si longtemps avec des petites compagnies devenues grandes, comme
on a fait ailleurs au Québec dans d'autres domaines, comme on a fait, et vous
l'avez dit tantôt, avec la Baie James, comme on l'a fait avec le multimédia.
Quand je dis que vous m'inspirez, M. le député, vous voyez, ça m'a beaucoup...
pas perturbé, ça m'a inspiré, puis je vais, comme ça, à travers les points que
j'avais puis je me dis : Il est encore plus à moitié plein, mon verre, je
pense qu'il est plus à moitié plein, en espérant que ça se passe bien pour la
compagnie.
Donc, par rapport à l'économie, la
ministre disait : On va partir de la mine et se rendre jusqu'à la
revalorisation, ce sera une chaîne parfaitement intégrée. Ça, je trouve que, du
point de vue écologique, même si Northvolt a fait les frais des écologistes
depuis le lancement du projet, d'un point de vue écologique, c'est peut-être ce
qui a le plus de mérite pour le Québec, de ne pas seulement sortir de terre des
minéraux et du matériel, mais de le suivre jusqu'à tant qu'on le ramène à la
fin.
Chez nous, on vient juste de lancer… À la Chambre
de commerce et d'industrie du Haut-Richelieu, on vient juste de lancer un
programme un peu en retard sur d'autres régions, parce que Symbiose a été lancé
il y a un petit bout de temps déjà dans d'autres régions, et nous, on vient
juste de se raccrocher à ça il y a deux ans, mais ce qu'on fait, c'est qu'on
dit que les déchets, ou les restes, ou les… appelons ça les déchets, parce que
c'est ce que c'est, des uns peuvent devenir la matière première de l'autre.
Vous savez quoi, au bout d'un an et demi, ils se sont rendu compte qu'ils
avaient tous besoin de matières premières que d'autres jetaient puis qu'ils
avaient tous des choses qu'ils jetaient qui leur coûtait de l'argent, au final.
Donc, si on est capables de faire ça dans la globalité d'un truc comme la
filière batterie, bien, quant à moi, on gagne.
Vous m'aviez donné combien de temps,
madame? 11 min 25 s. Merci beaucoup.
Donc, je voulais aussi parler du contexte,
dans la mesure où il y a le contexte économique, mais il y a le contexte
législatif aussi, c'est-à-dire que ce projet de loi que vantait la ministre
tout à l'heure, le p.l. n° 69, les consultations
particulières sont terminées, on va pouvoir tranquillement, mais effectivement
passer à l'étude article par article. Ce n'est pas arrivé par hasard, ça, là, on
arrive avec un projet de loi pour lequel le gouvernement a consulté pendant
deux bonnes années. Quand le ministre de l'Économie est devenu le ministre de
l'Économie et de l'Énergie, avec l'Innovation entre les deux, il avait une
vision, et puis, pendant deux ans, il a travaillé, puis il a accouché de son
projet de loi qu'on a maintenant devant nous pour étudier.
Ce projet de loi là, c'est l'engagement du
Québec, vers 2050, vers la décarbonation. Le premier ministre le dit
régulièrement, on est devant une occasion exceptionnelle. La ministre l'a
répété tantôt. On peut transformer les défis de la transition énergétique en
opportunité de développement économique. Ce projet de loi là nous permet de
transformer aussi notre machine, notre Hydro-Québec qu'on aime tant… d'être
capable de s'adapter à ce défi de 150 à 180 milliards qui l'attend, en
même temps qu'on dit qu'on veut garder, parce que c'est à nous autres,
l'électricité, c'est aux Québécois que ça appartient… on veut garder les prix
le plus bas possible, puis qu'il n'y aura pas d'augmentation, de choc tarifaire
pour les gens, les résidentiels, et qu'on va s'ajuster, parce que ça prend de
plus en plus de valeur, d'énergie propre… on va s'ajuster à l'industriel puis
au commercial pour être capables de garder les choses dans un ordre économique
qui va pouvoir être suivi par tout le monde.
Bien, au final, si on est capables de
faire ça avec un projet de loi qui nous permet de trouver les ajustements que
ça nous prend pour se rendre là avec Hydro-Québec, pour se rendre là avec les
tarifs d'Hydro-Québec, pour se rendre là avec quoi, bien, avec une capacité de
travailler dans une filière comme la filière batterie pour <nous amener
jusqu'où on...
M. Lemieux :
...batterie
pour >nous amener jusqu'où...
• (16 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Votre temps de parole est terminé, monsieur. Alors, merci, M. le député.
Maintenant, nous poursuivons avec le droit
de réplique de Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy (réplique)
Mme Rizqy : Mme la
Présidente, ma motion portait sur les 354 mégawatts gelés pour Northvolt
de façon indéterminée. Or, on a assisté aujourd'hui à une séance pour combler
le temps qui a mené à une certaine série de dérapages.
Je veux être très claire, d'entendre le
député de Saint-Jean dire qu'il y a plus d'opinions dans les médias aujourd'hui
que de faits, c'est à tirer à boulets rouges sur les médias d'information, que
leur travail est de nous garder, nous... de s'assurer que nous, on dit la
vérité. Les journalistes qui deviennent chroniqueurs ne perdent pas leur sens
d'éthique au travail. Les journalistes qui, aujourd'hui, sont chroniqueurs font
un travail pour débusquer les vraies nouvelles du faux. Et, à l'ère de la
désinformation, qui est le pire des maux, présentement, où est-ce qu'on se bat
contre la désinformation, c'est complètement irresponsable de tirer à boulets
rouges sur les médias d'information, que ça nous plaise ou que ça nous
déplaise. Méfiez-vous toujours...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Juste un instant, là. Monsieur... Juste...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je ne veux juste pas qu'on se crie à travers la Chambre, là, parce que
j'entends plus qu'une voix que la voix de Mme la députée de Saint-Laurent.
M. le leader, vous avez une question de
règlement?
M. Lévesque (Chapleau) : ...là.
D'abord, on s'invective... on ne s'invective pas dans la Chambre, on
n'interpelle pas les collègues. Il y a un mot qui est non parlementaire qui a
été dit par la collègue et...
Une voix : ...
M. Lévesque (Chapleau) : Je
ne vais pas répéter en cette Chambre, là, mais il y en a un qui a été dit. Je
peux vous le dire après, si vous voulez, mais... Donc, voilà, actuellement,
c'est ce qui se passe.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
La seule chose que je veux vous dire, c'est que je dois entendre une voix,
c'est la voix de Mme la députée de Saint-Laurent. Alors, continuez, parce que
le temps s'écoule.
Mme Rizqy : ...qui crie
pendant que je parle, c'est le député de Saint-Jean. Alors, je l'invite à se calmer.
S'il n'est pas content de ce que lui-même a dit, il peut sortir dans le «hot
room», dans la salle... et le dire clairement, qu'il retire ce qu'il a dit en
cette Chambre, mais d'attaquer à boulets rouges les médias d'information et de
dire qu'à son avis il y a plus d'opinions que de faits, c'est excessivement
troublant de la part d'un élu qui sait que le quatrième pouvoir de cette
démocratie, ce sont les médias d'information. Dois-je rappeler qu'en ce moment
Meta ne diffuse plus aucune information? Dois-je rappeler que nos médias
d'information saignent à blanc? Dois-je rappeler qu'en région on a de moins en
moins d'information? Ah oui, je trouve ça complètement irresponsable, d'autant
plus qu'il a été chaudement applaudi par ses collègues.
Et il parle plus d'opinions que de faits,
alors que son député collègue, Nicolet-Bécancour, a réécrit l'histoire en
disant que c'est le Parti libéral qui a fermé Gentilly. Il a dû manquer une
méchante bonne partie. C'était le gouvernement de Pauline Marois, péquiste, à
l'époque. Et il était péquiste, à l'époque — peut-être devoir s'en
rappeler — et même sa collègue qui est ministre de l'Énergie était
aussi péquiste, à l'époque, elle était directrice adjointe de M. Lisée.
Honnêtement, là, ça suffit, de réécrire
l'histoire. Mais de pousser le bouchon et dire jusqu'à la chose suivante :
On a fermé une centrale nucléaire et on a jeté ça dans le fleuve, jamais que le
Parti québécois a jeté du nucléaire dans le fleuve. Mais honnêtement, là, il y
a un méchant dérapage aujourd'hui. Je comprends que vous lisez souvent vos
lignes, là, mais il y a des limites. Faites la vérification des faits avant de
vous lever en cette Chambre. On a un devoir, comme élus, de rester factuels et
ne jamais dire des affaires qui sont tout sauf la vérité.
Maintenant que j'ai dit ça, je ne peux pas
croire qu'après près de deux heures de débat, on me dit : Oui, oui, nous,
on est rassurés, et que le collègue de Masson me dise : Oui, j'ai fait ma
revue de presse, mais qu'il ne comprend pas notre inquiétude. Mme la
Présidente, je lui invite juste à le lire, lire la une du Journal de
Montréal : Northvolt en mode survie. Ce n'est pas moi qui l'a
écrit, c'est la une du Journal de Montréal. Puis après ça il se demande
pourquoi qu'avec une revue de presse internationale, québécoise, canadienne,
américaine, tout le monde dit qu'en ce moment c'est très, très particulier,
tout ce qui se passe avec Northvolt, parce qu'en fait la situation financière
est au bord, au bord de la faillite. C'est pour ça qu'on a dû mandater une
firme de restructuration financière pour redresser les choses, pour éviter une
faillite. C'est ça qui, en ce moment, est en train de se passer. Tout le monde
le sait. Il y a un économiste suédois qui a dit : Laissez-moi réviser ce
que j'ai dit. Il a dit, l'économiste suédois : J'avais prédit une faillite
dans six mois; finalement, à tout moment. Alors, je ne sais pas où est-ce que
vous prenez vos lignes, là, mais ça commence vraiment à être inquiétant.
D'autre part, quand j'entends la ministre
dire : Tout va bien, on est rassurés, de me parler de la filière batterie,
et que nous, on parle de façon spécifique <de Northvolt...
Mme Rizqy :
...que
nous, on parle de façon spécifique >de Northvolt... On ne vous parle pas
de Bécancour, on ne vous parle pas de Ford, on ne vous parle pas de GM, on
parle de Northvolt. C'est eux qui, de leur propre aveu, là... Pierre Fitzgibbon
a dit : Minimum 18 mois avant que l'usine démarre. Donc, oubliez 2026,
c'est 2028. La ministre elle-même, à Paul Larocque, hier soir, elle a évoqué un
scénario de 2029-2030 et que l'entreprise elle-même est prête à libérer des
blocs d'énergie. Alors, je ne comprends pas pourquoi qu'on ne va pas de l'avant,
parce que, oui, il y a des emplois, dès maintenant, qui en ont de besoin, de
ces blocs d'énergie, des entreprises d'ici qui sont déjà établies au Québec
depuis des années, qui ont fait leurs preuves, pas une jeune pousse, là,
étrangère, là, entreprises établies au Québec depuis des décennies, et ils ne
demandent pas 354 mégawatts, ils en demandent 10 ou 16.
Quand j'entends le député de
Nicolet-Bécancour dire : Oui, on est fiers, ça crée des jobs payantes, est-ce
qu'il a entendu ma collègue de Bourassa ce matin? C'était dans son comté qu'un
de ses commettants... pas capable d'avoir une job parce que son C.V. n'est pas
en anglais puis qu'il n'est pas capable de passer une entrevue en coréen, dans
son comté. Peut-être faire un petit tour, là, allez rencontrer un de vos
commettants, il va vous en parler, des jobs payantes. Mais en attendant on peut
même lui transmettre... ma collègue va lui transmettre la décision, peut-être
qu'il pourrait la lire dans ses temps libres.
Mais en attendant, nous, là, ce qu'on veut
savoir aujourd'hui, c'est comme un secret de Polichinelle, ça ne va pas bien,
présentement, pour Northvolt. L'usine, elle ne verra pas le jour d'ici 2028.
Ça, Mme la Présidente, c'est dans quatre ans. Ça, c'est si ça va bien. Sinon,
la ministre a évoqué un scénario de 2030. Ça, Mme la Présidente, c'est dans six
ans. L'entreprise est de bonne foi, elle nous dit que l'entreprise est
consciente que ce sont des précieux blocs. Mais nous, on se demande est-ce que
la ministre, elle... Est-elle consciente qu'il s'agit de vraiment de précieux
blocs? Est-ce qu'il y a une sensibilité pour le Québec d'abord puis de
s'assurer que nos entreprises d'ici puissent obtenir ces mégablocs?
Alors, nous, aujourd'hui, on est assez
étonnés, parce qu'hier soir elle disait une chose à Patrice Roy et à Paul
Larocque; ce matin, le premier ministre a décidé de recadrer le message, et là
la ministre est rentrée dans les rangs. On comprend maintenant tout son poids
au Conseil des ministres. Mais en attendant nous, on s'attend... et vous aurez
compris que nous, on a accepté l'amendement de mon collègue de Jean-Talon... on
s'attend à ce que vous votez pour, parce que la vérité...
Elle nous a donné un exemple bancaire,
elle dit : Oui, mais, vous savez, dans les banques, ça fonctionne comme
ça. Je vais reprendre son même exemple de la banque. Aucune banque ne
laisserait dormir 354 millions de dollars pendant six ans sans faire
d'intérêts. Honnêtement, là, ce serait gênant pour une banque. Tous les
actionnaires diraient à la banque, au conseil d'administration, au P.D.G. :
Tasse-toi, je vais le faire. Alors, à ce stade-ci, si on veut prendre un
exemple bancaire, on est en train de laisser dormir 354 mégawatts qui ne
va générer aucune redevance à l'État québécois. Donc, Hydro-Québec ne va pas
toucher une cent. Et, pire, Mme la Présidente, ils n'ont même pas mis une
clause de sortie, pas de date de péremption et même pas de pénalité en cas que
l'énergie n'est pas utilisée pendant x nombres d'années. C'est franchement
gênant. Merci, Mme la Présidente.
• (17 heures) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée.
Donc, le débat est maintenant terminé.
Conformément au règlement, je dois d'abord mettre aux voix la motion
d'amendement présentée par M. le député de Jean-Talon avant de procéder au vote
sur la motion principale.
Alors, je vous fais la lecture de ces deux
motions. La motion principale présentée par Mme la députée de Saint-Laurent se
lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que le gouvernement du Québec a octroyé un
bloc d'énergie de 354 mégawatts à la jeune pousse suédoise Northvolt pour
son projet d'usine de cellules de batteries en Montérégie et s'est engagé
financièrement pour près de 1,4 milliard de dollars dans le projet;
«Qu'elle
prenne acte des difficultés financières rencontrées par Northvolt, notamment,
la perte d'un contrat majeur de 3 milliards de dollars avec BMW, les
difficultés à payer ses fournisseurs, la mise sur pause de projets d'expansion,
le refus de ses deux actionnaires importants Volkswagen et Goldman Sachs
d'injecter des sommes supplémentaires, le refus du gouvernement suédois de
mettre un cent de plus dans le projet, et plus récemment, la restructuration
bancaire qui a conduit à une suppression de 1 600 emplois, soit
20 % des effectifs;
«Qu'elle
prenne acte que le gouvernement du Québec prévoit désormais que <le
projet Northvolt...
>
17 h (version révisée)
<15417
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
...acte que le gouvernement du
Québec prévoit désormais que >le projet Northvolt en Montérégie entrera
en service avec au moins 18 mois de retard, soit pas avant 2028, et que l'on
ne peut exclure des retards additionnels;
«Qu'elle rappelle que de nombreuses
entreprises déjà établies au Québec et offrant des emplois payants se sont vu
refuser des blocs d'énergie;
«Qu'elle prenne acte que cette situation
compromet des investissements et des emplois en région;
«Qu'elle rappelle et appuie les propos du
président-directeur [...] d'Hydro-Québec, M. Michael Sabia, à l'effet qu'il est
nécessaire de procéder à un rééquilibrage en faveur de nos entreprises d'ici
dans l'octroi des mégawatts d'énergie disponibles pour les projets industriels
voulant se décarboner;
«Qu'enfin, elle demande au gouvernement
caquiste d'accorder à d'autres entreprises l'actuel bloc d'énergie de 354 mégawatts
alloués au projet Northvolt, tout en s'assurant qu'une quantité identique soit
disponible pour Northvolt en 2028 lors de l'entrée en service prévue de l'usine
en Montérégie.»
La motion d'amendement de M. le député de
Jean-Talon se lit comme suit :
Ajouter, après le sixième alinéa, le
suivant :
«Qu'elle demande au gouvernement de faire
preuve de transparence quant aux conditions en vertu [duquel] a été octroyé à
Northvolt un bloc d'énergie de 354 mégawatts;»
Ajouter au dernier alinéa, après le mot «d'accorder»,
les mots suivants :
«, dans la mesure où
les ententes contractuelles entre le gouvernement du Québec et Northvolt le
permettent,».
Je mets d'abord aux voix la motion d'amendement
de M. le député de Jean-Talon que je viens tout juste de vous lire.Oui,
M. le député de Jean-Talon.
Votes reportés
M. Paradis : Si un groupe le
permet ou est avec moi là-dessus, je demanderais un vote électronique sur la
proposition d'amendement.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
nous avons ici une demande de vote électronique.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
voilà, appuyée par la députée de... voyons...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : ...de
Saint-Laurent. Excusez-moi pour le blanc de mémoire. M. le leader du
gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : ...de
reporter, en fait, ces deux votes, que nous aurons demain, à la prochaine
période des affaires courantes, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
conformément à la demande du leader du gouvernement, le vote sur la motion de Mme
la députée de Saint-Laurent et la motion d'amendement de M. le député de
Jean-Talon seront tenus à la période des affaires courantes de demain.
Donc, pour la suite des travaux, je vais
céder ma place. M. le leader, avant d'appeler l'article, je vais céder la place
à mon collègue à la vice-présidence. Alors, merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Alors, bon après-midi, tout le monde. Merci beaucoup de m'accueillir.
Alors, M. le leader adjoint du gouvernement, pour la suite de nos travaux.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci beaucoup, M. le Président. Je vous souhaite évidemment la bienvenue. Vous
vous joignez à nous, là, pour la suite de nos travaux, d'ailleurs, qui s'annoncent
fort intéressants et pertinents, comme toujours. Et je vous demanderais d'appeler
l'article 4 du feuilleton, s'il vous plaît. Merci.
Projet de loi n° 67
Reprise du débat sur l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Avec plaisir. À l'article 4 du feuilleton, l'Assemblée reprend le
débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur l'adoption du principe du projet de loi
n° 67, Loi modifiant le Code des professions pour la... modernisation,
pardonnez-moi, du système professionnel et visant l'élargissement de certaines
pratiques professionnelles dans le domaine de la santé et des services sociaux.
Au moment de l'ajournement, M. le député
de l'Acadie avait terminé son intervention. Alors, y a-t-il d'autres
intervenants? Oui. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, la parole est à
vous.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour, collègues. Oui, très heureux qu'on continue
les travaux cet après-midi pour l'adoption de principe du p.l. n° 67, vous étiez en train de le dire, Loi modifiant le
Code des professions pour la modernisation du système professionnel et visant
l'élargissement de certaines pratiques professionnelles dans le domaine de la
santé et des services sociaux.
Nous avons entendu, M. le Président,
plusieurs groupes, la semaine dernière ainsi que ce mardi, en commission. On
est très, très, très heureux, évidemment, de travailler sur ce projet de loi. J'en
profite ici, en cette Chambre, pour remercier les équipes, remercier les
recherchistes, remercier la société civile qui s'est mobilisée pour cette belle
participation-là à ce beau projet de loi. Évidemment, plusieurs volets, j'y
reviendrai un petit peu dans mon allocution cet après-midi : un volet sur
les pharmaciens, donc l'élargissement notamment des pouvoirs et des rôles des
pharmaciens; facilitation et simplification également pour certaines procédures;
évaluation et diagnostic... en fait, diagnostic, là, en matière de santé
mentale pour certains professionnels, on va en parler aussi; des nouveaux
permis, notamment destinés aux personnes formées à l'étranger et aux gens à la
retraite. Évidemment, plein d'autres éléments.
Donc, allons-y droit au but. Les groupes
sont venus quand même nous parler de différents éléments puis de différents
points qui vont attirer particulièrement notre attention. Évidemment, sur
l'ensemble du projet de loi, là, sous toute réserve des discussions qui auront
lieu, on est très majoritairement positifs, on va appuyer évidemment tout ce
qui permet de donner des meilleurs soins, et des meilleurs services, puis de
simplifier l'accès aux services pour les citoyens, citoyennes.
Donc, on accueille favorablement,
notamment, là, au niveau de l'article 3 du projet de loi, tout ce qui va
être de la modification qu'on a appelée sémantique, là, à différents mémoires,
entre le diagnostic et l'évaluation en santé mentale. Maintenant, on va parler
de diagnostic, on ne parlera plus d'évaluation pour certains professionnels.
Les professionnels nous expliquaient que c'était le médecin qui faisait le
diagnostic, finalement, mais qu'en amont tout le travail avait été fait par
d'autres professionnels qui, eux, devaient signer évaluation et non pas le
diagnostic, ce qui compliquait plusieurs choses, parce que certaines lois,
certains règlements, certaines obligations exigent finalement qu'on ait un
diagnostic médical. Et là l'exemple nous a été donné sur l'aide financière aux
études, par exemple, ou sur la CNESST, ou sur d'autres lois qui vont demander
une évaluation d'un docteur, d'un médecin, alors que, finalement, bien, le
psychologue l'avait faite, l'évaluation, ou d'autres professionnels l'avaient
faite. Et là on va pouvoir simplifier puis harmoniser le tout.
Alors, il n'y a pas d'élargissement, sur
le fond, du pouvoir ou il n'y a pas de modification de l'acte qui sera fait par
l'expert ou le professionnel, mais on va enfin reconnaître son évaluation comme
étant un diagnostic pour... Et les experts nous ont bien expliqué qu'on pouvait
faire cette modification-là, certainement dans le 67, mais qu'il faudrait après
aller valider dans l'ensemble des dispositions législatives et réglementaires
pour faire en sorte que ça se suit.
Et un des exemples qu'on a étudiés, c'est
justement le projet de loi qui est actuellement à l'étude, hein, le 68, sur la
modernisation du travail des médecins, pour être certain, donc, que l'ensemble
de notre corpus législatif fonctionne ensemble. Plusieurs groupes nous ont
parlé de ça, puis l'exemple qui avait été donné aussi, c'est que, par exemple,
un trouble du spectre de l'autisme avait été confirmé par les spécialistes,
mais ça restait une évaluation seulement. Il fallait référer au médecin qui,
finalement, appelait l'expert, bref, il y avait beaucoup de dédoublements.
Pour l'instant, pas question d'octroyer un
pouvoir de médication. Ça a fait l'objet de discussions pour ces différents
spécialistes là. On parle des psys, des infirmières cliniciennes, des
conseillers et conseillères en orientation, sexologues, orthophonistes. Mais on
a bien compris qu'il y avait une évaluation... ou une ouverture à potentiellement
aller vers là dans les prochaines années. Donc, on est à un premier volet ou à
une première étape à ce moment-ci, évidemment que ce sera très nécessaire
d'être suivi. Et puis les orthophonistes, par exemple, nous ont dit : Ça,
ça va beaucoup nous aider en milieu scolaire, en milieu de l'emploi, en
communauté, pour éviter de devoir référer au médecin, qui va essentiellement
avaliser le rapport qu'eux vont avoir fait en amont. Ça fait que ça, c'est un
des volets qu'on va étudier.
Tout le volet des permis, là, des permis
qui se superposent, il y a effectivement eu une grande part du débat dans les
séances qui ont traité de ça. Entre le permis restrictif temporaire, le permis
spécial qui est finalement un permis restrictif permanent, il y a un ensemble
de discussions, là, qui va se faire, à savoir : Est-ce qu'on peut cumuler
des permis? Est-ce qu'on peut superviser des... superposer des permis? Comment
ça va marcher, quand quelqu'un détient un permis spécial puis qu'on veut mettre
par-dessus ça, potentiellement, un autre permis? Bref, il y a beaucoup de
discussions puis de clarifications à faire.
Il va falloir aussi que ce soit très clair
sur quel rôle puis quelles conditions doivent être remplies au tableau de
l'ordre, mais aussi dans la communication avec le public sur : oui, lui
est détenteur ou elle est détentrice d'un permis de... d'un permis spécial,
mais voici les actes qu'il ou elle peut accomplir puis dans quelles conditions.
Parce que c'est ce qu'on va finalement venir faire pour deux catégories de
personnes : les personnes à la retraite qui voudraient revenir à l'emploi
après un nombre d'années qui ne lui permettrait plus de se requalifier à
l'ordre et pour les personnes formées à l'étranger dont on sait que certaines
compétences restent à aller chercher ou restent à bonifier, mais qui en
possèdent déjà un énorme bagage puis qui sont capables... qui seraient capables
directement d'aller faire des mandats.
• (17 h 10) •
Donc, les ingénieurs notamment, mais les
autres, là, nous ont dit qu'on ne devrait pas pouvoir cumuler deux permis, et
que l'obtention d'un permis plus large devrait rendre caduc, ou intégrer, ou...
disons, englober le deuxième. Ça fait que c'est des choses qui vont devoir être
évaluées de manière très, très attentive.
L'autorisation spéciale en cas d'urgence...
donc, le projet de loi intègre une disposition qui dit qu'en cas d'urgence les
ordres vont pouvoir émettre des permis spéciaux de pratique dans certains
secteurs spécifiques. Donc, l'exemple était donné sur l'élargissement du droit
de la vaccination, par exemple. Dans un contexte de pandémie, on s'est mis à
dire que, oui, il était là nécessaire d'élargir certains pouvoirs réservés de
certains professionnels pour le bien public. Mais là les groupes sont venus
vraiment nous dire qu'il va falloir baliser le cas d'urgence, ne pas
superposer, justement, l'état d'urgence, puis ce n'est pas la même chose, mais
surtout de s'assurer que la pénurie de main-d'oeuvre, par exemple, ce ne soit
pas considéré comme un de ces facteurs de l'urgence là, ce qui ferait en sorte
que, finalement, par ces permis d'urgence là, on est à... sans dire contourner,
mais on est à faciliter l'accès à des professions, parce qu'il y aurait une
situation d'urgence qui le justifierait. Mais il ne faudrait pas contourner les
ordres et il ne faudrait pas contourner les besoins de formation continue, de
formation initiale, et d'être certains, certaines que, finalement, on est en
train de faire les bonnes choses pour les bonnes raisons et pas en train de,
finalement, pallier une pénurie de main-d'œuvre en octroyant des permis
spéciaux dans des régions données sans garantir une qualité de service. Donc,
il va falloir le vérifier.
Le Barreau, notamment, et d'autres groupes
nous ont dit qu'il va falloir baliser qu'est-ce que veut dire la situation
d'urgence, ce qui n'est actuellement pas prévu dans le projet de loi. Donc,
c'est un élément qu'il va falloir étudier. À peu près l'ensemble des groupes
qu'on a questionnés a fait cette recommandation-là, et je sens que la ministre
va être très ouverte à ce qu'on le fasse, mais on va aussi assurer de notre
côté...
J'ai déjà parlé de la superposition des
permis. Un autre élément qui a beaucoup retenu l'attention dans les
discussions, c'est la capacité pour les professionnels d'opérer en OBNL ou en
PSBL, là, à but non lucratif. Donc, ça, ça a fait l'objet d'une grande
discussion, parce que, là, le projet de loi dit que les ordres professionnels
vont devoir se doter de règlements qui le permettent ou qui ne le permettent
pas, mais qu'a contrario ça ne sera pas nécessairement permis jusqu'à ce que ce
soit fait. Les... se sont dit : Oui, ça va prendre du temps, il y a des
modifications législatives à faire, réglementaires. Il va y avoir un genre de
période de transition où le flou juridique va régner, là, ce qui amenait le
Barreau à nous dire : Oui, prévoyons donc un délai tampon pour que ça, ça
ne soit pas d'application immédiate.
Donc, il y a plusieurs éléments qu'il va
falloir qu'ils soient évalués là-dedans. Et il y a des groupes qui ont
dit : Bien, pourquoi on ne prévoirait pas tout simplement que ça soit
possible jusqu'au contraire plutôt que jusqu'à tant que vous ayez dit que ce
n'est pas possible. Donc, il y a des clarifications et des bonifications
possibles dans la modification. Je pense qu'on va pouvoir l'étudier. Je pense
qu'on est à même peut-être de simplifier ça.
Grande discussion aussi pour ouvrir aux
sociétés par actions, aux sociétés en nom collectif, à revoir le modèle de...
oui, de coop, de coopérative, qui va être important aussi. Donc, on va évaluer
ça dans les prochaines semaines, mais évidemment que les groupes sont venus
nous parler de ça.
Un autre élément qui a retenu l'attention
de manière importante, c'est le volet modique dans l'OBNL, donc, de s'assurer
que les honoraires ou les services soient fournis de cette façon-là. Plusieurs
groupes nous ont dit que ce n'était pas nécessaire d'aller là, que, de toute
façon, le caractère modique des honoraires n'était pas défini par la loi, que,
là, ça allait laisser une interprétation large de qui allait définir que quand,
quoi, où. Alors, ils nous ont dit plutôt : Laissez les codes de
déontologie régler la question, laissez les associations puis les ordres
professionnels régler la question, qu'on n'avait pas besoin d'introduire un
nouveau critère ou une nouvelle mesure qui n'était pas nécessaire dans le
projet de loi.
Donc, évidemment, après ça, le projet
pilote autorisé par décret du gouvernement, ça a fait l'objet de beaucoup de
discussions aussi. Bien qu'on a plutôt soumis que ça devrait peut-être être
d'abord aux ordres et ensuite, une fois le projet pilote confirmé puis avalisé
par les ordres, transféré vers un décret, et non pas le contraire, parce que,
là, on est plutôt en mode... Le décret va prévoir des projets pilotes, un
décret du gouvernement, du ministre responsable, avec la responsable des
ordres. Ça semblait lourd et contraignant. Ça ne semblait pas nécessairement
être utile dans la perspective d'un projet pilote où on devrait peut-être
plutôt régler ça en bas puis, du moment où c'est confirmé, monter en haut
jusqu'au décret, puis, après ça, être capables de le faire au moment opportun.
Donc, il y avait des discussions importantes là-dessus. C'est des choses qu'on
va évaluer.
Et puis finalement un des derniers grands
éléments qui ont fait l'objet de discussions, c'est les pouvoirs élargis des
pharmaciens, qui vont donner beaucoup d'accès en première ligne aux citoyens et
citoyennes, là, notamment en termes de prolongation d'ordonnances. Les
pharmaciens pouvaient seulement... dans le cadre superlimité, et là ça va être
élargi. Il va y avoir une discussion, évidemment, à établir les barèmes par
règlement sur le renouvellement d'ordonnances, quand est-ce qu'on va pouvoir le
faire, quand on va pouvoir le faire. Il va évidemment y avoir certaines
conditions. Il va y avoir des prescriptions directes pour des maladies
courantes. L'exemple de l'infection urinaire a été relevé à plusieurs façons,
où madame, monsieur sait très bien ce qu'il a ou ce qu'elle a, puis, bon, de
repasser au médecin, alors que c'est très clair, il y a déjà un historique...
On va pouvoir faire ça directement chez le pharmacien.
Puis il y avait après une grande question
sur les prélèvements, prélèvements dans la gorge, dans le nez. Donc, le
pharmacien va... bien là, c'était déjà le cas, ils nous l'ont expliqué puis ils
étaient déjà en train d'adapter leurs bureaux, là, post-COVID, pour octroyer
certains soins, mais là on va vraiment avoir, ils nous l'ont expliqué, une
petite révolution, là, des cabinets de pharmaciens, où on va avoir vraiment une
ligne de services, là, où il va y avoir le... tu sais, on va... ils vont ouvrir
des bureaux. Essentiellement, il va y avoir un endroit spécifique pour ça, et
ils vont pouvoir offrir davantage de services directement en pharmacie, et ça,
c'est toujours pour désengorger la première ligne de médecins, évidemment, puis
les urgences, puis s'assurer que les citoyens et citoyennes soient capables
d'aller directement chercher les services qu'ils ont besoin, là où ils ont
besoin, de manière rapide et fiable, quand c'est possible.
Les pharmaciens nous ont beaucoup parlé de
reconnaître la spécialité des diplômés en pharmacothérapie avancée. Ça, c'est
quelque chose qui a été relevé à plusieurs reprises. On comprend que ce ne sera
probablement pas l'objet du présent projet de loi, mais on a été très
sensibilisés à l'étudier puis à avancer, afin qu'eux puissent prescrire
davantage, afin qu'on puisse, encore une fois, libérer le travail des médecins.
On nous dit que c'est déjà le cas, là, dans des ententes qu'ils ont à
l'interne, avec des médecins. Alors, pourquoi ne pas élargir? C'est une
spécialité, c'est une spécificité. Ça fait qu'il y aurait un travail à faire
avec les ordres puis les pharmacies pour reconnaître cette spécialité-là, avec
des critères.
Donc, voilà. Il y a, évidemment, plusieurs
autres éléments en vrac. On a entendu un petit peu plus qu'une douzaine de
groupes, si je ne m'abuse, mais il y a plus d'une quarantaine de mémoires qui
ont été déposés. Alors, évidemment qu'il nous reste, tous et toutes, un grand
travail à faire, parce qu'il y a plein de choses. Il faut comprendre qu'il y a
46 ordres là, donc tous... a voulu quand même donner son grain de sel. Évidemment,
la ministre a spécifié que ce projet de loi là était probablement le premier
d'une série de trois, donc beaucoup sont venus nous dire, en amont, ce qu'ils
espèrent retrouver dans la version... dans le deuxième ou dans le troisième.
Donc, il y a eu un grand... disons, une grande prise de mobilisation puis de
sensibilisation, à savoir : Bon, je sais que ce que je demande n'est pas
dans le projet de loi n° 1, mais je viens vous parler de ce qui m'importe,
là, notamment au niveau des syndics. Les associations professionnelles sont
venues dire qu'ils aimeraient avoir un code de déontologie des syndics, un
comité de plaintes au syndic.
Donc, il y a plusieurs éléments qui
n'étaient pas dans le cadre du 67, surtout, là, dans cette dernière journée
d'auditions, là, qui a été vraiment élargie. Mais on nous a dit : Ne nous
oubliez pas, il y a du travail à faire. En fait, on a senti les ordres puis les
différentes professions beaucoup sur leur faim puis en attente de
modifications, là. Ils et elles ont dit, à plusieurs reprises, qu'on voyait ces
modifications-là aux 50 ans. Ça fait qu'ils ne voulaient pas nécessairement
laisser passer un autre 50 ans. C'est ce qu'ils ont dit vers la fin. Alors,
pour moi, il était clair qu'on va essayer, le plus possible, de saisir la balle
au bond dans leurs revendications. Il y a évidemment du travail en amont qui
est fait avec l'ordre... avec le regroupement des ordres, évidemment, puis il y
a du travail de défrichage qui est fait, il y a des comités puis... pour
s'assurer que tout ça, ça s'avance le plus consensuellement possible.
C'est des choses qui sont susceptibles de
faire des grandes modifications dans la vie des citoyens et citoyennes, là. On
est souvent à parler que, oui, c'est quoi, ça, vraiment, les ordres, puis à
quel point c'est proche du citoyen, puis ça... une modification, mais dans ce
projet de loi là, on est vraiment à élargir l'accès de plusieurs services, là,
aux citoyens et citoyennes. Donc, on fait, encore une fois... puis il y a une
belle démonstration ici, directement, que des modifications qui peuvent
apparaître un petit peu techniques, au sein des ordres, peuvent avoir de
grandes, grandes répercussions pour les citoyens. Et tant et aussi longtemps
qu'on va améliorer l'accès aux services, tant et aussi longtemps qu'on va
permettre à plus de Québécois, Québécoises d'être mieux desservis par leurs
professionnels, pour la société québécoise, bien, Québec solidaire, ma
formation politique, on va être en appui. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne. Alors, maintenant,
pour la prochaine intervention, je reconnais Mme la députée de La Pinière.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, ça me fait plaisir de prendre la parole au sujet de
l'adoption du principe du projet de loi n° 67, Loi modifiant le Code des
professions pour la modernisation du système professionnel et visant
l'élargissement de certaines pratiques professionnelles dans le domaine de la
santé et des services sociaux.
Alors, ce projet de loi modifie le Code
des professions, en matière d'accès aux professions, afin d'ajouter des
situations permettant la délivrance, par le conseil d'administration d'un ordre
professionnel, d'un permis restrictif temporaire et d'un permis spécial pour
l'exercice de certaines activités professionnelles. Il prévoit également qu'en
situation d'urgence le ministre chargé de l'application des lois
professionnelles peut autoriser un ordre professionnel à délivrer des
autorisations spéciales d'exercer des exercices... des activités
professionnelles réservées aux membres d'un ordre. Il permet aussi la mise en
œuvre de projets pilotes.
• (17 h 20) •
Alors, trois éléments à souligner dans
cette visée du projet de loi. Pour ce qui est du permis restrictif temporaire
et permis spécial, le Conseil interprofessionnel du Québec et d'autres groupes
sont venus dire que le fait d'avoir deux permis différents va semer la
confusion et, plutôt que cela, d'avoir un seul permis, mais que les ordres
puissent énumérer, pour chaque... chacun de ses membres, les actes qu'ils ont
droit de pratiquer, ce qui serait facile à comprendre pour les membres du
public, dont la protection est le but premier d'un ordre professionnel.
Deuxième élément, la situation d'urgence
qui permettrait d'autoriser des autorisations spéciales, elle n'est pas
définie. Et donc, qu'on veuille la définir ou non, l'important, selon plusieurs
groupes qui sont venus nous voir, c'est de s'assurer qu'une pénurie de
main-d'œuvre ce n'est pas une situation d'urgence. La COVID est un exemple
flagrant d'une situation d'urgence, on ne remet pas ça en question. Mais quelle
serait une situation d'urgence? Les ordres veulent s'assurer, donc, que ce
n'est pas une... la pénurie de main-d'oeuvre qui serait une situation
d'urgence, parce que c'est quelque chose qui risque de perdurer, et, alors là,
on donnerait des autorisations à des personnes qui ne sont pas totalement
formées pour poser les actes.
Le troisième élément : Que le
gouvernement permette la mise en œuvre de projets pilotes relatifs à toute
matière visée par le Code des professions, ou par la loi constituant un ordre,
ou par un règlement. Bien, les groupes nous demandent plutôt que les ordres
eux-mêmes puissent autoriser des projets pilotes. Ce sera plus facile, plus...
beaucoup plus rapide. Et les ordres... certains ont déjà des projets pilotes
pour améliorer les choses, alors ils ne voudraient pas perdre cette
possibilité-là.
Le projet de loi permet aussi «à
l'ensemble des ordres professionnels d'autoriser, en vertu d'un règlement,
l'exercice d'une profession au sein d'une personne morale sans but lucratif.»
Alors, c'est une autre visée du projet de loi. Plusieurs groupes ont soulevé
des questions et exprimé des inquiétudes sur l'exercice au sein d'une personne
morale sans but lucratif.
Le CIQ, donc le Conseil interprofessionnel
du Québec, prône plutôt le terme «tout type d'organisation». Et le conseil
québécois de la coopérative et de la mutualité est venu nous dire que la
terminologie utilisée dans le projet de loi, donc, le terme de «personne morale
sans but lucratif» exclurait les coopératives de santé. Or, il existe une
cinquantaine de coopératives de santé, partout au Québec, qui fonctionnent
bien, et, si le projet de loi était adopté tel quel, ces coopératives de santé
ne pourraient plus fonctionner avec le libellé actuel du projet de loi. Alors,
le conseil québécois de la coopérative et de la mutualité propose plutôt de
changer la terminologie, de changer le terme de «personne morale sans but
lucratif» pour le terme d'«entreprise d'économie sociale», qui est inclusif,
donc qui n'exclut personne. Et d'ailleurs on nous réfère à la Loi sur
l'économie sociale pour... comme référence, là, de base pour cet article du
projet de loi.
L'article 27 du projet de loi
introduit la notion d'honoraires ou de frais à coût modique, ce que plusieurs
groupes ont demandé carrément de retirer du projet de loi, parce que ça ne veut
rien dire, étant donné que c'est très relatif, un coût modique. C'est un peu,
M. le Président, comme lorsqu'on parle de logement abordable, quand on parle
d'habitation, c'est un terme qui ne veut rien dire, ça fait juste semer la
confusion entre «logement abordable» ou «logement social». Ce n'est pas du tout
la même chose. Donc, le terme de «coût modique» serait à retirer, selon
plusieurs groupes.
Et le conseil québécois de la coopérative
et de la mutualité, encore lui, soulignait que cette notion d'honoraires à coût
modique ne fonctionne pas pour les coopératives, parce que les coopératives ne
génèrent pas de profits, mais des excédents qui sont remis à leurs membres ou
dans les services. Et, quand on parle de membres d'une coopérative, par exemple
une coopérative de santé, il ne s'agit pas juste des personnes qui y
travaillent, des professionnels qui y travaillent ou des membres de leur
conseil d'administration. Ça comprend le millier ou les milliers de personnes
de la société civile qui vont chercher des services à la coopérative. Alors, ce
sont toutes ces personnes-là qui profitent des... qui bénéficient des excédents
et non des profits des entreprises... des coopératives.
Alors, point intéressant aussi, M. le
Président, les professionnels de la santé qui oeuvrent dans ces coopératives de
santé sont... ils sont salariés mais peuvent compter sur le personnel
administratif de la coopérative pour tout ce qui touche la paperasse
administrative. Alors, c'est une façon de faire qui est très intéressante, je
dirais même à encourager.
Maintenant, le projet de loi précise que
certains renseignements concernant un membre d'un ordre professionnel n'ont pas
un caractère public lorsque la divulgation de ceux-ci est susceptible de mettre
en péril la sécurité d'une personne ou de causer un préjudice à la personne qui
est l'auteur du renseignement ou qui en est l'objet. Alors, ce que vient faire
le projet de loi ici, c'est d'officialiser une pratique qui est en cours,
c'est-à-dire de ne pas publier, dans le répertoire des membres qui est
accessible au public, les coordonnées personnelles d'un ou d'une
professionnelle qui, par exemple, serait victime de violence conjugale ou de
toute autre sorte de menace ou de violence. Les données nécessaires à la
protection du public, donc sur les actes de cette... que cette personne peut
poser, sur son titre, etc., restent quand même disponibles au public, mais ses
renseignements personnels, notamment sur son lieu de résidence, son numéro de
téléphone, pourront être retirés. Alors, le projet de loi vient préciser cela,
vient l'officialiser, et je crois que c'est une très bonne chose pour les
professionnels qui se retrouvent malheureusement dans des situations comme
celles-là.
Le projet de loi permet à certains
professionnels du domaine de la santé de poser un diagnostic en santé mentale,
notamment. Alors, il y a plusieurs articles du projet de loi qui viennent
modifier la terminologie qui est utilisée actuellement dans les règlements,
où... qui portent sur la formation de plusieurs professionnels, où on utilisait
jusqu'ici le terme «évaluation», et ce sera remplacé par «diagnostic». Il y a
les conseillers d'orientation et les infirmières pour les diagnostics de
troubles mentaux, les psychologues pour les troubles neuropsychologiques, les
sexologues pour les troubles sexuels.
Alors, tous accueillent favorablement ce
changement de terminologie, qui est, en fait, plus qu'un changement de
sémantique, parce qu'il s'agit de reconnaître, en fait, la formation et la
compétence de ces professionnels qui posaient de tels diagnostics, sauf qu'on
les appelait «évaluations». Alors, ça voulait dire, puisqu'on ne pouvait pas
utiliser le terme «diagnostic», que les médecins étaient obligés de passer
derrière. Et souvent le médecin appelait le professionnel pour dire :
O.K., qu'est-ce que je mets, qu'est-ce que j'écris? Alors, c'était une
utilisation inutile, finalement, du temps du médecin et une non-reconnaissance
des compétences des autres professionnels.
Alors, cette avancée-là montre bien
l'éloquence des mots, l'importance des mots. Alors, on va pouvoir utiliser
«diagnostic», si le projet de loi va de l'avant, bien entendu, et puis les
délais vont se retrouver raccourcis, parce qu'un... pensez à un élève qui a
besoin d'un diagnostic pour avoir des services, bien, il fallait qu'il passe
aussi par le médecin. Maintenant, ce ne sera plus nécessaire. Le professionnel
qui... le diagnostic va pouvoir... finalement, va être suffisant, je dirais,
pour que l'élève puisse avoir ses... être admissible aux services.
Par contre, la mise en garde qu'on nous a
faite, c'est que cette avancée ne va se concrétiser que si l'ensemble des
formulaires, tant chez les assureurs que dans le réseau de la santé et des
services sociaux lui-même et dans d'autres organisations publiques et
gouvernementales... donc, ces formulaires, qu'ils soient mis à jour, que toute
la documentation soit mise à jour pour être en phase avec le projet de loi et
en concordance. Parce que sinon, s'ils... si, sur les formulaires, on continue
de demander un diagnostic d'un médecin, bien, évidemment, même si on change
l'appellation dans ce projet de loi là pour «les actes posés par les ordres
professionnels», ça ne fonctionnera pas.
Le projet de loi vient aussi confier au
conseil d'administration de l'Ordre des pharmaciens du Québec de nouvelles
fonctions, soit celle de donner un avis au ministre de la Santé et des Services
sociaux ou à Santé Québec sur la qualité des soins ou des services
pharmaceutiques fournis dans les centres exploités par les établissements et
d'effectuer des enquêtes. Alors, on comprend ici que les centres, ce sont des
CHSLD publics ou les maisons des aînés, mais pas les CHSLD privés conventionnés
ou privés. Peut-être que... sûrement que ce sera discuté lors de l'étude
détaillée.
• (17 h 30) •
Le projet de loi élargit aussi le champ
d'exercice des pharmaciens et les activités qui leur sont réservées, y compris
la prescription de médicaments et la prolongation d'ordonnances pour une
période plus longue qu'à l'heure actuelle. Les pharmaciens se réjouissent des
élargissements prévus, mais nous mettent en garde sur quelques points, M. le
Président. D'abord, l'espace physique requis pour offrir plus de services, la
nécessité de pouvoir offrir gratuitement les tests de dépistage de la COVID,
comme c'était le cas jusqu'au mois de mars cette année — ça rejoint
d'ailleurs une demande de la FADOQ, qui n'était pas parmi les invités dans les
consultations du projet de loi, mais qui a tout de même déposé un mémoire fort
intéressant — et puis les pharmaciens aussi peuvent faire les tests
de dépistage du VIH, et la nécessité de réduire le fardeau administratif des
pharmaciens avec la RAMQ. C'est une demande... une mise en garde des
pharmaciens pour que les avancées du projet de loi puissent se concrétiser et
vraiment débloquer l'accès aux services pour le public.
Les pharmaciens nous <mettent aussi
en garde...
>
17 h 30 (version révisée)
<19313
Mme
Caron :
...le public. Les pharmaciens nous >mettent
aussi en garde à propos des médicaments de spécialité qui deviennent de plus en
plus le monopole de grandes organisations qui obligent les patients à obtenir
leurs médicaments auprès de ces organisations, qui n'ont pas accès
nécessairement à tout le dossier du patient et qui font parfois des
recommandations contradictoires sur la posologie de ces médicaments de
spécialité.
Et, fort intéressant... d'ailleurs, mon
collègue député de l'Acadie le disait dans son intervention ce matin, les
consultations, c'est une partie fort intéressante des projets de loi parce que
c'est très instructif. On apprend ce qui se passe sur le terrain et on apprend
plein de choses qui sont utiles, qui... même si elles débordent le contenu du
projet de loi, elles sont toujours très pertinentes, ces choses qu'on apprend.
Alors, les médicaments de spécialité, contrairement à ce que je pensais...
honnêtement, je croyais que c'étaient les médicaments pour les personnes qui
ont des maladies particulières, maladies chroniques, mais les médicaments de
spécialité, ce sont les médicaments qui sont spécialisés pour faire différentes
choses, pour agir sur différentes choses. Et les nouveaux médicaments sont
presque tous des médicaments de spécialité. Alors, c'est important de s'assurer
que ces médicaments soient distribués dans nos pharmacies de quartier, nos
pharmacies communautaires et ne deviennent pas le monopole de grandes
organisations. On nous mentionnait, par exemple, Amazon, d'autres organisations
qui sont situées aux États-Unis ou bien dans le reste du Canada.
J'ai retenu trois éléments importants, qui
s'inscrivent parfaitement dans l'objectif de favoriser l'accès aux soins de
santé et services sociaux, qui ont été discutés durant les consultations. Le
premier, et des collègues y ont fait référence avant moi, la création d'un
titre de pharmacien spécialiste. Ces pharmaciens sont titulaires d'une maîtrise
en pharmacothérapie avancée. Ils travaillent dans les hôpitaux dans le cadre d'ententes
de partenariat, les EPAP. Mais ce qu'on a appris, fort intéressant, c'est qu'une
EPAP, ça peut être, par exemple, à l'étage, disons, département de cancérologie
où tous les professionnels, tous les médecins, les IPS qui y travaillent
donnent leur accord, donnent leur accord pour que le pharmacien qui a cette
spécialité-là, même si on ne la nomme pas «spécialité»... que ces pharmaciens
puissent ajuster eux-mêmes la médication, la prescrire sans avoir recours au
médecin.
Sauf que... On nous donnait l'exemple d'un
tel pharmacien qui va suivre, donc, les... disons, les personnes qui sont
atteintes du cancer et qui, peut-être, rendues à la maison le vendredi soir ou
la fin de semaine, ça va moins bien, ils ont plus de douleurs ou ils ont plus d'effets
secondaires, ils peuvent appeler, donc, ce pharmacien spécialiste, et puis lui
va pouvoir ajuster facilement la médication, donc, pour le confort de la
personne et pour lui éviter de devoir venir à l'urgence. Mais ce pharmacien-là
qui va, par exemple, à l'urgence parce que, justement, son patient qu'il suit
dans un autre département se retrouve à l'urgence pour une raison ou une autre,
bien là, il ne peut plus faire ces actes-là, même si c'est son patient, qu'il
connaît son dossier, qu'il pourrait régler ça en quelques minutes, parce que l'EPAP
ne s'applique pas à l'urgence, elle s'applique juste à l'étage où le pharmacien...
où les professionnels ont accepté. Et, même à cet étage-là, si, une journée, le
médecin change et que, le nouveau médecin, bien, ça ne lui tente pas de signer
cette EPAP là ou de faire tout le processus, il n'a pas le temps, bien, le
pharmacien ne pourra pas fonctionner.
Alors, je pense que ça vaut la peine de se
pencher sur cette question-là et de faciliter le rôle de ce pharmacien en lui
accordant ce titre de spécialiste, parce que, là, il pourrait y avoir des
corridors de soins aussi, ce médecin... ce pharmacien spécialiste pourrait
devenir une référence pour les pharmaciens communautaires qui ont une question
sur une médication... pourraient l'appeler plutôt que de passer par un médecin,
et on sait que les médecins sont surchargés.
Et je vous ai donné l'exemple de patients
qui souffrent du cancer, mais, dans le milieu de la santé mentale, c'est la
même chose. On sait qu'il y a une attente de six à 24 mois pour avoir
accès à un psychologue dans le réseau de la santé. Il y a 10 000 personnes
qui sont en attente d'un service de première ligne pour voir... en santé
mentale, selon les <données...
Mme Caron :
...qui
sont en attente d'un service de première ligne pour voir... en santé mentale,
selon les >données 2024 du gouvernement. Alors, si ce pharmacien
spécialiste avait ce titre-là, avec les actes qui viennent avec, et pouvait
ajuster la médication d'une personne qui a des problèmes de santé mentale, ça
enlèverait tellement de souffrances à cette personne-là, à toutes les personnes
autour, ça éviterait des visites chez le médecin, des visites à l'hôpital, à
l'urgence, ça éviterait même, dans certains cas, des actes de violence, quand
la personne se désorganise, là. Alors, il y a vraiment... moi, j'ai trouvé
qu'il y avait vraiment une belle possibilité de solution avec cette proposition
qui a été faite par les pharmaciens.
Un autre point très intéressant : de
permettre aux audiologistes de distribuer ou vendre des appareils auditifs.
Alors, à l'heure actuelle, les audiologistes sont formés, ils ont une maîtrise,
ils peuvent diagnostiquer un trouble auditif, ils peuvent ajuster un appareil
auditif, mais ils ne peuvent pas le distribuer, ils ne peuvent pas le vendre.
C'est réservé aux audioprothésistes, qui sont moins nombreux que les audiologistes,
qui travaillent dans le privé, alors que les audiologistes travaillent dans le
public. Avec le vieillissement de la population, on a besoin de rehausser
l'offre de services en matière de prothèses auditives et d'avoir accès à un
plus grand nombre de professionnels qui peuvent vendre ces appareils.
Alors, dans le mémoire de la FADOQ, on
pouvait lire qu'il y a près du quart des personnes qui auraient besoin d'un
appareil auditif au Québec qui n'en ont pas parce que c'est trop cher. Alors,
si ces prothèses étaient vendues par un plus grand nombre de personnes, on peut
penser qu'il y aurait une pression sur le prix, à la baisse. Ce serait, aussi,
bon pour la RAMQ, qui couvre une seule prothèse, même si on a deux oreilles.
Alors, ce serait bien de se pencher sur cette possibilité-là aussi.
Et une troisième chose, donc, très
intéressante, c'est qu'on nous a dit que les étudiants en deuxième année de
dentisterie peuvent offrir des services d'hygiène dentaire. Alors, je voyais
une belle opportunité de recourir à ces étudiants pour les services d'hygiène
buccodentaire dans les CHSLD, pour les aînés, ou, simplement, pour ajouter des
plages dans les cabinets de dentistes, qui coupent des plages horaires en
hygiène dentaire par manque d'hygiénistes.
En conclusion, M. le Président, les
groupes entendus durant les consultations sont, principalement, favorables à la
majorité du contenu du projet de loi, malgré les mises en garde émises, mais
ils sont surtout, surtout, surtout, empressés d'aller plus loin pour rendre les
services à la population, pour établir des corridors de soins, pour favoriser
une pratique pleine et entière de leurs professions et de leurs compétences en
santé et services sociaux, pour le plus grand bien de la population. Alors,
vivement, allons plus loin, M. le Président. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, Mme la députée de La Pinière. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Il n'y en a pas?
Mise aux voix
Alors, le principe du projet de loi n° 67, Loi modifiant le Code des professions pour la
modernisation du système professionnel et visant l'élargissement de certaines
pratiques professionnelles dans le domaine de la santé et des services sociaux,
est-il adopté?
• (17 h 40) •
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission des institutions
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Donc, conformément à l'article 243 de
notre règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 67,
la Loi modifiant le Code des professions pour la modernisation du système
professionnel et visant l'élargissement de certaines pratiques professionnelles
dans le domaine de la santé et des services sociaux, soit déféré à la
Commission des institutions pour son étude détaillée et que la ministre
responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du Conseil du
trésor soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Pour la suite de nos travaux, M. le leader adjoint.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais d'appeler l'article 3
du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 64
Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
À l'article 3 du feuilleton, M. le ministre de la Culture et des
Communications propose l'adoption du principe du projet de loi n° 64,
Loi instituant le Musée national de l'histoire du Québec. Alors, évidemment,
première prise de parole, M. le ministre de la Culture et des Communications.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci beaucoup,
M. le Président. D'abord, je dois vous dire que je suis très fier de faire
adopter le principe du projet de loi n° 64, la Loi
instituant le Musée national de l'histoire du Québec. C'est un projet qui me
tient à cœur, un projet que notre gouvernement met de l'avant pour tous les
Québécois.
Avant toute chose, bien sûr, j'aimerais
remercier de leur contribution les membres du gouvernement qui ont participé
aux consultations, le personnel du ministère de la Culture et des
Communications, celui du Musée de la civilisation, les collègues des
oppositions ainsi que les <nombreux...
M. Lacombe :
...aux
consultations, le personnel du ministère de la Culture et des Communications,
celui du Musée de la civilisation, les collègues des oppositions ainsi que les >nombreux
intervenants qui sont venus nous rencontrer, mes collègues et moi, lors des
consultations particulières.
Du Conseil en éducation des Premières
Nations à La Fondation Lionel-Groulx, en passant par le Pr Gérard Bouchard et
nombre de ses collègues du milieu académique, ou encore à l'Institut d'histoire
de l'Amérique française et à la Société du patrimoine politique du Québec, je
remercie sincèrement tous les intervenants de ces consultations particulières.
Ils ont pris le temps de se préparer, de se déplacer, pour la plupart, et de
venir témoigner de leur appréciation du projet de loi. Tous nous ont fait
réfléchir et ils ont, chacun à leur façon, bonifié nos travaux.
La création du Musée national de
l'histoire du Québec, c'est, pour notre gouvernement, la concrétisation d'une
grande ambition, c'est, pour nous, un puissant outil de renforcement de la
cohésion nationale. Il permettra de faire connaître et de participer à la
diffusion de l'histoire de la nation québécoise, de sa culture, de son identité
ainsi que de témoigner de son évolution et de l'apport des communautés qui ont
façonné son parcours et son territoire. Pour reprendre des propos qui ont été
maintes fois entendus lors des consultations, tous les Québécois et les
Québécoises vont pouvoir se retrouver dans ce musée.
On veut que cette nouvelle institution
muséale mette en lumière les grandes réalisations, les événements marquants,
les personnages-phares du Québec dans un parcours historique raconté de façon
inédite. On veut en faire un musée du XXIe siècle, qui mise sur une
approche muséologique innovante, grâce, notamment, à des moyens numériques et
immersifs. Nous avons l'ambition d'en faire un lieu tout aussi attractif que
rassembleur. D'ailleurs, j'espère que ce seront les jeunes qui insisteront
auprès de leurs parents pour y aller et non l'inverse.
La Fondation Lionel-Groulx a eu raison de
nous rappeler, lors des consultations, que ce musée devait être un lieu de
rassemblement, je les cite, «pour les Québécois et les Québécoises de souche et
de feuille, pour être mieux capables de comprendre le présent et mieux outillés
pour dessiner notre avenir en commun». Quelle merveilleuse formule, à la fois
juste et rassembleuse.
Aller à la rencontre des différences du
passé, c'est aussi apprendre à aller à la rencontre des différences
d'aujourd'hui, comprendre son histoire pour mieux se comprendre et aussi pour
mieux comprendre le monde qui nous entoure, voilà le legs que nous souhaitons
offrir aux générations futures par la création de ce musée.
Comme je le disais en ouverture des
consultations, on ne comprend pas grand-chose à l'histoire de la
Nouvelle-France si on ne connaît pas l'influence des alliances entre les Français
et les autochtones, on ne comprend pas non plus l'histoire du Bas-Canada si on
ne comprend rien de l'immigration britannique, comme on ne comprend pas
grand-chose au Québec contemporain si on n'y voit pas une société ouverte sur
le monde qui n'est désormais plus ni la Nouvelle-France ni le Bas-Canada. J'ai
envie de dire qu'il faut savoir d'où l'on vient pour savoir où on veut aller.
Et, pour nous, d'ailleurs, la nouvelle
institution muséale sera installée dans le pavillon Camille-Roy-du-Séminaire-de-Québec,
donc, un bâtiment rempli d'histoire, empreint d'histoire, qui est situé au cœur
de l'arrondissement historique du Vieux-Québec. Donc, j'allais dire, pour nous,
l'emplacement n'est pas anodin parce que ça ajoute à ce devoir de mémoire, ce
lieu étant le berceau de l'Amérique française et de la langue française en
Amérique.
M. le Président, je suis donc très fier de
ce projet de loi qui met de l'avant la volonté ferme de notre gouvernement de
mettre de l'avant l'histoire et la culture distinctes du Québec dans un nouveau
musée national. D'ailleurs, je fais ici la parenthèse, c'est un moment
important que le moment où on crée un musée national. La dernière fois remonte
à il y a 40 ans, sous le gouvernement de René Lévesque. C'était alors la
création du Musée de la civilisation.
Et j'ai entendu, au cours des derniers
mois, des gens remettre en question la nécessité même de ce musée, comme s'il
fallait être gêné de parler de nous, la nation québécoise, alors qu'on
souhaite, bien sûr, être inclusifs et que la nation québécoise, elle est
plurielle. Il est nécessaire, M. le Président, ce musée. Il est nécessaire,
enfin, d'enfin offrir aux Québécoises et aux Québécois un lieu qui est
entièrement consacré à leur histoire. J'en suis intimement convaincu.
Nous allons donc entamer sous peu l'étude
détaillée du projet de loi. Je souhaite… Donc, avec la bonne collaboration des
membres de la commission, nous pourrons rapidement faire cheminer le projet de
loi. M. le Président, j'invite donc l'Assemblée à accepter le principe du
projet de loi n° 64. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci <beaucoup, M. le ministre…
Le Vice-Président (M.
Lévesque) :
...Merci >beaucoup, M. le ministre. Je suis
maintenant prêt à reconnaître le prochain intervenant, et ce sera Mme la
députée de Robert-Baldwin.
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci, M. le ministre. J'aimerais tout d'abord commencer mon
intervention sur l'adoption du principe pour, premièrement, saluer tous les
groupes et les personnes qui sont venus témoigner, rendre des grands
témoignages avec des mémoires très étoffés, articulés, concernant leurs visions
et leurs préoccupations concernant le musée national.
Et donc j'aimerais tout d'abord, M. le
Président, mentionner quelques préoccupations liées à l'annonce, l'annonce,
évidemment, de la création du Musée national de l'histoire du Québec à la fin
du mois d'avril, cette année, qui a... évidemment avait déjà fait couler
beaucoup d'encre et a suscité de nombreux débats, et ce, même avant le dépôt du
projet de loi n° 64. Et pourquoi, M. le Président?
Bien, puisque dès l'annonce de la création du musée, il y a eu des sorties
publiques, des sorties publiques de l'historien Éric Bédard, qui fait partie du
comité aviseur du musée national, qui a tenu des propos controversés lorsqu'il
a évoqué la notion de préhistoire et que les peuples autochtones sont un peu la
préhistoire du Québec.
De plus, il y a eu une série de contradictions
nébuleuses du premier ministre et du ministre de la Culture et des
Communications quant à l'objet ou la mission du nouveau musée. Et je tiens à
citer, M. le Président, les sorties publiques du premier ministre et également
du ministre de la Culture et des Communications et... parce qu'elles sont fort
pertinentes. Le premier ministre Legault, d'une part, affirme que «le musée ne
sera pas nationaliste»...
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
...
Mme Garceau : Je m'excuse?
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Tout simplement, Mme la députée de Robert-Baldwin, faire attention, même si
c'est une citation, on ne peut pas nommer un collègue par son nom ni son
prénom. Je vous invite seulement à être prudente avec cet élément-là, s'il vous
plaît.
Mme Garceau : Merci, M. le
Président. Donc, le premier ministre, d'une part, affirme que «le musée ne sera
pas nationaliste mais national». Toutefois, il considère que l'histoire du
Québec commence avec l'arrivée de Champlain et que... quelques jours plus tard,
ajoute : «Il y a 11 nations autochtones, et puis on est ouverts à
travailler avec eux autres pour aussi qu'il y ait des façons de faire connaître
leurs nations, mais l'idée, c'est de montrer l'histoire de la nation qui était
canadienne-française, et qui est maintenant québécoise, et qui a commencé avec
Champlain.»
Et là... et je cite le ministre de la
Culture et des Communications : «Très respectueux de l'histoire des Premières
Nations elles-mêmes, on est des nations différentes et on travaille de nation à
nation. Eux-mêmes nous disent qu'ils veulent cette posture-là. Je pense que
c'est important de travailler avec elles, mais ça ne nous empêche pas d'avoir
un musée sur notre nation, notre nation québécoise. Ce ne sera pas un musée sur
l'histoire de l'occupation du territoire de la vallée du Saint-Laurent, mais un
musée sur l'histoire de notre nation, la nation québécoise.» Et je vais
revenir, M. le Président, sur ces propos, parce qu'évidemment surtout les Premières
Nations avaient été très offusquées par ces propos qui avaient été tenus à
l'annonce du projet de loi.
• (17 h 50) •
Et, même si l'idée, M. le Président, de
créer un musée national consacré exclusivement à l'histoire du Québec, tel qu'annoncé
dans l'intitulé du projet de loi, qui est louable en soi... Oui, c'est un
musée, on est en train de créer un musée national de l'histoire du Québec. Et,
tel que mentionné par le ministre, la dernière fois qu'un musée national a été
créé, c'est il y a 40 ans. Et donc c'est sûr et certain que nous devons
prendre le temps pour bien étudier ce projet de loi. Mais ce gouvernement a
décidé d'aller de l'avant avec le projet de... le projet, un projet monumental,
avec des <coûts...
Mme Garceau :
...le
projet, un projet monumental, avec des >coûts, M. le Président,
estimés à 92 millions de dollars, et ça, il n'y a pas eu d'étude au
niveau des retombées économiques. On n'a aucune idée en termes de la
ventilation de ces coûts, le 92 millions de dollars, et il n'y a pas
eu de consultation parmi les acteurs du réseau muséal concernant la nécessité,
oui, de créer un nouveau musée à proximité du Musée de la civilisation, qui
fait, oui, des expositions concernant l'histoire du Québec déjà et depuis des
années, et l'impact, l'impact d'ajouter un nouveau musée de cette envergure, un
nouveau musée national, sur l'écosystème muséal.
Il y a aussi un contexte économique
aujourd'hui que nous ne pouvons pas écarter ni ignorer lorsqu'on parle de la
création d'une nouvelle institution de l'État, avec tous les coûts associés à
ceci, incluant, évidemment, le budget de fonctionnement. L'annonce du ministre
des Finances, le printemps dernier, d'un budget assorti d'un déficit record de
11 milliards de dollars, les nombreuses crises de manque de financement
dans différents secteurs de nos services publics et aussi et particulièrement
dans le domaine de la culture nous exigent à prendre un pas de recul, à ce
moment-ci, du processus législatif et parlementaire lié à l'étude de ce projet
de loi.
Il va de soi que nous ne pouvons pas
perdre de vue que les musées régionaux, et ça, il ne faut pas les oublier, confrontent
une dure réalité économique, et ce, particulièrement depuis la pandémie. Les
musées régionaux protestent haut et fort du manque criant de ressources et le
sous-financement du réseau muséal québécois. Ils font face à de nombreux défis
qui ne sont... qui sont non négligeables. Dans plusieurs régions du Québec, des
musées mettent déjà en valeur l'histoire du Québec et contribuent à la vitalité
culturelle des régions.
Une question importante s'impose
aujourd'hui, M. le Président : Quel sera l'impact de ce nouveau musée, un
musée national, sur la survie de nos musées régionaux?
De plus, n'oublions pas que l'annonce en
grande pompe de la création du musée national s'est faite sur les cendres du
fiasco des espaces bleus, un autre grand projet caquiste annoncé en 2021 pour
la création initiale de 17 espaces bleus. Ceci devait être aménagé dans
toutes les régions du Québec pour honorer l'histoire des héros et des
bâtisseurs du Québec. Les coûts, M. le Président, on ne peut pas l'oublier,
l'estimé, au départ, en 2021, était de 259 millions de dollars pour tous
les espaces bleus. Et évidemment, deux ans plus tard, cet estimé-là ne tenait
plus la route, et là on était... on avait décidé : Bien, ça ne sera pas
17 espaces bleus, on va garder seulement quatre espaces bleus, et l'estimé
pour les quatre était, à cette époque, à 153 millions de dollars, incluant
60 millions estimés pour l'espace bleu à Québec, dans le pavillon
Camille-Roy-du-Séminaire, lequel bâtiment sera maintenant, fort probablement,
l'établissement du nouveau musée national. Et nous connaissons tous le sort du
projet des espaces bleus dont le ministre, en mars dernier, a mis fin puisque
les coûts estimés pour tout le projet avaient augmenté à plus de
1 milliard de dollars.
Il va sans dire que, considérant le
contexte économique actuel et les annonces antérieures, de ce gouvernement, de
grands projets mal ficelés et sous-estimés, nous devons porter une attention
particulière, M. le Président, aux travaux préalablement effectués avant le
dépôt du projet de loi, depuis les derniers mois et les mois à venir. À ce
jour, comme je l'ai mentionné, nous n'avons aucun détail concernant la
ventilation de l'estimé des coûts de ce musée national de 92 millions de
dollars. Il me semble tout à fait légitime et nécessaire d'obtenir du ministre
de la Culture et des Communications un portrait financier clair et complet.
M. le Président, nous avons eu des... quelques
jours de <consultations...
Mme Garceau :
...clair
et complet.
M. le Président, nous avons eu des...
quelques jours de >consultations particulières, avec 16 personnes,
on a reçu 18 mémoires, des groupes de personnes, des historiennes, des
historiens, des experts dans le domaine de la... secteur... dans le secteur des
musées du Québec et des experts, aussi, dans les universités, des professeurs
de différentes chaires, et tout. C'était vraiment enrichissant, l'échange que
nous avons eu. C'est sûr et certain qu'il y a eu plusieurs questions, mais ça
fait en sorte que nous, à ce stade-ci, lors de l'adoption du principe et
évidemment pour l'étude détaillée, nous allons avoir plusieurs échanges sur les
préoccupations de certains groupes, dont je partage. Je tiens à les remercier
sincèrement. Il y a certains groupes qui sont... qui ont participé de façon
virtuelle, mais il y en a beaucoup qui sont venus à Québec pour être présents
et pour avoir des échanges très importants avec nous, et je tiens à les
remercier.
Il y a, M. le Président, des
préoccupations, de grandes préoccupations, dont je partage, qui ont été
soulevées par les personnes et... certaines personnes et groupes et que je
tiens à préciser aujourd'hui. Le premier est lié au dédoublement évident de la
mission du nouveau Musée national de l'histoire du Québec et du Musée de la
civilisation et ses conséquences. Et nous avons juste, M. le Président, à
prendre connaissance des fonctions des deux musées telles que... les fonctions
telles que proposées au niveau du projet de loi n° 64 et, évidemment, la
disposition législative concernant les fonctions du Musée de la civilisation.
Et je souhaite les lire, parce que les... la similarité est vraiment frappante,
et ça a été vraiment retenu par plusieurs groupes, qui ont une grande
préoccupation concernant la similarité entre les fonctions de ces deux musées.
Celle qui est proposée au niveau du projet de loi, et je le lis comme
suit : «De faire connaître et de promouvoir l'histoire du Québec, sa
culture et son identité distinctes, ainsi que de témoigner de l'évolution de la
nation québécoise et de la part des communautés qui ont façonné son parcours et
son territoire», ça, c'est un des... une des dispositions, si je peux dire, principales
dispositions. Et l'autre, pour comparer, du Musée de la civilisation : «...a
pour fonctions de faire connaître l'histoire et les diverses composantes de
notre civilisation, notamment les cultures matérielles et sociales des
occupants du territoire québécois et celles qui les ont enrichies.»
• (18 heures) •
Et il y a plusieurs experts qui ont rendu
un témoignage... des témoignages éloquents sur toute cette situation, de leurs
préoccupations, et évidemment les conséquences que ça peut avoir au niveau
de... le Musée de la civilisation, surtout, compte tenu de sa proximité. Il y a
eu, à titre d'exemple, des préoccupations soulevées par M. Martin Pâquet,
un professeur, aussi l'Institut d'histoire de l'Amérique française, le
professeur titulaire au Département de littérature, théâtre et cinéma, Jonathan
Livernois, de l'Université de Laval. Mais plus particulièrement et intéressant,
M. le Président, était le... était le mémoire du Syndicat de professionnelles
et des professionnels du gouvernement du Québec, qui sont venus en commission
parlementaire, et c'est le syndicat qui représente les 115 employés, les
115 professionnels du Musée de la civilisation, et donc je trouvais très
intéressant qu'ils ont déposé un mémoire. Et aussi ils étaient très préoccupés
par toute cette question de la similarité entre les fonctions, et, pour eux, il
était <évident...
>
18 h (version révisée)
<19271
Mme Garceau :
...déposé un mémoire. Et aussi ils étaient très préoccupés par toute
cette question de la similarité entre les fonctions, et, pour eux, il était >évident
que la création du nouveau musée entraînerait... il y aurait, évidemment, le
dédoublement de missions qui pourrait diluer les ressources et les efforts du Musée
de la civilisation du Québec.
Il y a aussi... et une des recommandations
de ce syndicat, M. le Président, c'est la première... la deuxième... excusez,
la troisième recommandation, qui se lit comme-ci : «Si le gouvernement va
de l'avant avec la création d'un nouveau musée, le syndic recommande de mieux
encadrer la mission de celui-ci par une réelle évaluation des besoins, pour
éviter les dédoublements avec le Musée de la civilisation.»
Il y a aussi eu, M. le Président, Mme Christine
Bernier, Mme Bernier, qui est professeure agréée du Département d'histoire
de l'art, de cinéma et des médias audiovisuels à l'Université de Montréal et
qui a quand même utilisé des termes, si je peux dire, assez... assez forts au
niveau de... pour exprimer sa préoccupation du dédoublement des missions entre
les deux musées, et que, pour elle, semble-t-il que... Elle avait mentionné que
le Musée de la civilisation, en ce moment, réfère au Musée national comme étant
le petit frère, et elle mentionne aussi que sa plus grande crainte, c'est :
Est-ce que le petit frère... va-t-il vampiriser le Musée de la civilisation?
Et, dans son mémoire, elle donne plus de détails concernant cette
préoccupation.
Et donc, considérant la réputation
internationale du Musée de la civilisation et sa proximité, évidemment, au
séminaire, il sera important de prévoir et de préciser une distinction claire
entre les fonctions du Musée de la civilisation et le Musée national.
Nous avons reçu également, suite à nos
consultations particulières, compte tenu de l'échange et des préoccupations
concernant le dédoublement de missions... c'est M. Yves Bergeron, qui est
le titulaire de la Chaire de la recherche sur la gouvernance des musées,
professeur de muséologie à l'Université du Québec à Montréal, qui a révisé son
mémoire et nous a transmis une annexe avec une définition, une définition
concernant le Musée national de l'histoire du Québec, qui ferait en sorte que
ça pourrait créer une certaine distinction pour... entre les deux musées. Donc,
ça sera à étudier, évidemment, lors de l'étude détaillée, parce que nous avons
reçu également... il y avait quelques références à d'autres recommandations
concernant les fonctions telles que stipulées au projet de loi.
Il y a aussi, comme j'ai mentionné, l'impact
financier, l'impact potentiel de la création de nouveaux musées sur les musées
régionaux et dans l'écosystème muséal. Plusieurs personnes et groupes ont
soulevé cette préoccupation, considérant, comme j'ai mentionné, le
sous-financement des musées régionaux et que plusieurs crient famine. Il y a de
grandes inquiétudes du milieu muséal, déjà fragilisé. Et la Fédération Histoire
Québec, le directeur de la fédération, M. Jean Rey-Regazzi, est venu en
consultations, est venu en commission parlementaire — cette
fédération, M. le Président, représente plus de 350 organismes en
histoire, qui représentent des milliers de citoyennes et de citoyens du Québec — et
il a <mentionné...
Mme Garceau :
...qui
représentent des milliers de citoyennes et de citoyens du Québec — et
il a >mentionné... un instant... et il a fait, M. le Président, une
recommandation que je voulais citer : «Nous croyons que, si le
gouvernement veut faire de ce musée une réussite, il convient de s'assurer
qu'il soit apolitique et qu'il reflète les différentes façons de voir, de faire
et de comprendre l'histoire. Le Musée national d'histoire du Québec doit être à
l'image de ce que le Québec est, et porter sur la place publique des débats sur
des périodes ou des sujets controversés. Ce devrait justement être la fonction
d'un musée aujourd'hui : amener les visiteurs à s'interroger sur leur
histoire, à participer au débat public...»
Il y a aussi, M. le Président,
M. Martin Pâquet, qui est également professeur, qui a mentionné qu'il faut
s'assurer que le nouveau musée puisse vivre sans nuire aux autres musées du
Québec.
Mme Christine Bernier, dont j'avais
mentionné, tout à l'heure, qu'elle... elle est même allée plus loin que
d'autres intervenants en disant : Au lieu de créer un nouveau musée
national, on devrait créer un OSBL, un centre d'exposition de l'histoire, et
qui ferait en sorte que ce centre aurait un budget plus modeste, avec des
ambitions moins arrogantes aux yeux des musées régionaux, et que ce serait
mieux accueilli.
La Société du patrimoine politique du
Québec est également venue en commission parlementaire. Ils ont mentionné que
les investissements dans les musées nationaux ne peuvent être faits au
détriment des initiatives déjà en place. C'est l'idée que le musée joue un
rôle. C'est intéressant parce qu'ils sont venus parler d'un rôle que le Musée
national pourrait jouer en tant que coordonnateur, surtout lorsqu'il y a des
commémorations concernant des figures inspirantes. Et j'ai pris bonne note de
ce rôle proposé de coordonnateur, parce qu'il serait peut-être intéressant d'en
discuter et de voir comment ce rôle pourrait être élargi afin de pouvoir aider
les musées régionaux, les aider financièrement, les alimenter et pour qu'ils
restent, évidemment, qu'ils restent tous en fonction parce qu'ils sont
nécessaires.
• (18 h 10) •
L'objectif de la mission du nouveau musée
a également été discuté en commission parlementaire et a fait l'objet d'un bon
échange concernant surtout l'intitulé, M. le Président, du projet de loi et les
interventions du ministre de la Culture lors des consultations particulières.
Et il semblait évident, à la lecture de l'intitulé, M. le Président, du projet
de loi, Loi instituant le Musée national de l'histoire du Québec, et
l'article 2, l'article 2 qui précise sa fonction, une de ses
fonctions, «de faire connaître et de promouvoir l'histoire du Québec, sa
culture et son identité distincte ainsi que de témoigner de l'évolution de la
nation québécoise et de l'apport des communautés qui ont façonné son parcours
et son territoire»... il semblait, M. le Président, qu'à la lecture de ce
projet de loi l'objectif principal est de faire connaître et de promouvoir
l'histoire du Québec. Mais cependant, à la lumière des sorties publiques au
moment de l'annonce du projet, que ce soit M. Éric Bédard, le premier
ministre, le ministre de la Culture et des Communications, dont j'ai déjà
mentionné au début de mon intervention, mais surtout considérant les
interventions particulières du ministre de la Culture et des Communications
lors des consultations particulières, on a découvert que l'intention réelle du
ministre et de ce gouvernement est de créer un nouveau musée national sur
l'histoire <de la nation québécoise...
Mme Garceau :
...et
de ce gouvernement est de créer un nouveau musée national sur l'histoire >de
la nation québécoise, en d'autres mots, on va le dire, parce que c'était déjà
repris dans les médias, un legs culturel du premier ministre, et il faut...
C'est un sujet sensible, on l'a mentionné lors des consultations particulières,
parce qu'il y a un équilibre… un équilibre, si je peux dire, est à faire lorsqu'on
regarde l'histoire du Québec, l'ensemble de l'histoire du Québec. Et plusieurs,
M. le Président, ont mentionné… plusieurs groupes ont mentionné qu'il est
fondamental, que c'est très important de ne pas politiser ce musée, de
maintenir à l'écart l'influence politique, que ce soit dans la création du
nouveau musée ou dans son contenu.
Et, tel que mentionné particulièrement par
le Conseil en éducation des Premières Nations, qui ont eu beaucoup de
difficultés à digérer les propos annoncés lors de... les propos annoncés au
moment… en avril 2024, et ils ont mentionné… et c'est très, très important pour
eux, ils ont mentionné, en commission parlementaire, que les musées doivent
être le reflet de l'histoire complexe, riche et diversifiée. Ce projet de loi doit
refléter une vision inclusive, juste, non biaisée et équitable de l'histoire du
Québec, l'histoire de tous les Québécois et de toutes les Québécoises.
Je cite, M. le Président… c'est
Mme Catherine Larochelle, professeure à la Faculté des arts et des sciences,
Département d'histoire à l'Université de Montréal, et également
Mme Camille Robert, doctorante et chargée de cours au Département
d'histoire à l'Université du Québec à Montréal. Elles sont venues en commission
parlementaire, M. le Président, c'était notre dernière journée, et j'ai trouvé
leur mémoire et leurs interventions fort intéressantes parce que ça découlait,
M. le Président, d'une lettre ouverte qui avait été cosignée par
Mme Robert et Mme Larochelle dans La Presse au mois de mai
dernier, avec 34 autres cosignataires, la plupart étant des historiennes,
des historiens issus des milieux universitaires, de l'histoire publique et du
communautaire, et je tiens, monsieur… parce qu'on a beaucoup parlé de leur
vision, que c'était important que ce musée reflète une histoire plurielle, et
j'ai trouvé le terme très intéressant et aussi inclusif.
Je cite, dans leur mémoire… Dans cette
lettre, la lettre ouverte, elles ont souligné les risques d'un retour au récit
national centré sur les grands événements et les héros, qui viserait avant tout
à susciter la fierté : «Nous mettions de l'avant l'importance de
l'histoire dans la compréhension des sociétés humaines, avec toutes les nuances
et la rigueur que cela implique. Dans l'optique où ce musée sera créé coûte que
coûte, nous voulons profiter de notre présence devant vous pour partager ce qui
est, à notre sens et selon notre expertise, essentiel pour que ce projet de
loi, et éventuellement le Musée national de l'histoire du Québec, soit une
référence importante dans le monde muséal et dans le monde de l'histoire et
qu'il remplisse sa mission. Pour ce faire, il est essentiel que le musée adopte
une vision de l'histoire qui soit plurielle, multidimensionnelle et ouverte aux
interprétations occurrentes... concurrentes — je m'excuse.
«La conception dominante de la nation
québécoise a longtemps exclu <certains groupes...
Mme Garceau :
...a
longtemps exclu >certains groupes qui ont pourtant joué un rôle
important dans l'histoire de ce qu'on nomme aujourd'hui le Québec. Nous pensons,
bien sûr, aux nations autochtones, mais aussi aux communautés juives, aux
communautés noires ou aux communautés d'origine italienne, chinoise ou
irlandaise, pour ne nommer que celles-ci. Les individus appartenant à ces
groupes, même s'ils sont établis au Québec depuis plusieurs générations, ou
plusieurs millénaires, dans le cas des autochtones, peinent encore souvent à se
retrouver dans l'histoire du Québec, telle qu'elle est enseignée dans les
écoles ou présentée dans les musées.»
L'idée, M. le Président, que ce nouveau
Musée national de l'histoire du Québec présente une histoire plurielle du
Québec et inclusive de toutes les communautés qui ont contribué à façonner son
parcours fut l'objet de plusieurs témoignages des personnes et des groupes qui
ont participé aux consultations particulières. Nous avons la Fédération
Histoire Québec qui l'ont mentionné, la Fondation Lionel-Groulx, l'Institut de
l'Amérique française qui a mentionné : «Il faut un récit qui nous
rassemble, il faut que le musée soit rassembleur, non un récit d'une histoire
militante. On doit parler d'un musée national de l'histoire et non pas d'un
musée de l'histoire nationale. Le musée doit porter sur l'ensemble des peuples
qui occupent et qui ont occupé le territoire.» Et il y a également
M. Laurier Turgeon, professeur titulaire spécialiste du patrimoine et de
la Nouvelle-France à l'université de Laval, et, dans son mémoire, il mentionne
ceci : «Il faut s'assurer d'adopter une muséologie participative et
collaborative où toutes les Québécoises et tous les Québécois pourront
participer activement et être représentés afin que le musée soit le reflet de
nos identités plurielles, inclure notamment les jeunes, hommes, femmes,
représentants des Premières Nations, communautés culturelles francophones et
anglophones, mais également de notre identité collective qui nous a permis
d'accomplir de grands projets collectifs et qui nous permettra de construire un
meilleur avenir ensemble.»
• (18 h 20) •
Mon dernier point, M. le Président, est
lié aux Premières Nations. Et c'est très... je sais que mon collègue le député
de l'Acadie va faire une intervention à ce sujet, mais, dans l'optique que ce
nouveau musée reflète la grande histoire du Québec, incluant les contributions
de toutes les communautés qui ont participé à bâtir le Québec d'aujourd'hui, il
y a un élément qui a fait consensus et qui a été réitéré par la majorité des
personnes et des groupes lors de nos consultations particulières, et ça,
c'était la nécessité absolue que les Premières Nations aient la place qui leur
revienne dans l'histoire du Québec, l'histoire des peuples autochtones et leur
contribution inestimable qui est intrinsèquement liée à l'histoire du Québec.
Plusieurs ont également confirmé qu'ils
souhaitent que les Premières Nations soient représentées au sein du conseil
d'administration du nouveau musée, le comité aviseur et évidemment le comité
scientifique. D'ailleurs, Mme Johanne Lamoureux, titulaire de la Chaire de
recherche du Canada en muséologie de proximité de l'Université de Montréal, a
mentionné qu'il y a une tendance dans le monde muséal d'avoir une approche plus
large et décoloniale : «L'approche est plus miser vers la cocréation avec
les Premières Nations afin d'intégrer les peuples autochtones <dans les
expositions...
Mme Garceau :
...mentionner
qu'il y a une tendance dans le monde muséal d'avoir une approche plus large et
décoloniale. L'approche est plus misée vers la cocréation avec les
Premières
Nations afin d'intégrer les peuples autochtones >dans les expositions et
de créer des comités aviseurs autochtones.»
Certains groupes ont recommandé des
modifications à l'article 2 du projet de loi n° 64
afin de reformuler les fonctions du musée pour tenir compte des contributions
des Premières Nations, et je tiens à souligner celle proposée par
Mme Larochelle et Mme Robert, qui reflète vraiment l'essence des
autres propositions. J'y arrive.
Elles suggèrent la modification suivante à
l'article 24.2 : «De contribuer à la compréhension et à la diffusion
de l'histoire du Québec, de sa culture et de son identité distincte ainsi que
de témoigner du cheminement complexe de la nation québécoise et des communautés
et groupes sociaux qui ont façonné son parcours et son territoire; cela ne
pouvant se faire qu'en prenant en considération le fait que les Premières
Nations et Inuits sont des sujets de plein droit de cette histoire du Québec.»
Il y a également, M. le Président, le
Pr Jonathan Livernois, professeur titulaire, qui a également, lors des
consultations particulières, mentionné qu'il faut inclure les Premières Nations
et les communautés culturelles dans la mission du musée. Et, lui, sa
modification à l'article se lirait comme suit : «De faire connaître et de
promouvoir l'histoire du Québec et sa culture ainsi que de témoigner de
l'évolution de la nation québécoise en prenant soin de montrer l'enrichissement
et la participation des peuples autochtones et des communautés culturelles à ce
parcours.»
Nous avons eu l'opportunité, M. le
Président, de rencontrer et de recevoir les témoignages du Conseil en éducation
des Premières Nations, et plus particulièrement le directeur général du
conseil, M. Denis Gros-Louis et John Martin, conseiller. Nous avons
également reçu leur mémoire et une lettre de Ghislain Picard, chef régional de
l'Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador.
D'entrée de jeu, il va sans dire que les
Premières Nations ont été grandement affectées, comme j'avais mentionné, et
offusquées par les propos d'Éric Bédard, du premier ministre et du ministre de
la Culture et des Communications lors de l'annonce de la création du nouveau
musée. Il n'y a eu aucune consultation avec les Premières Nations préalablement
au dépôt du projet de loi.
Chose certaine, et tel que mentionné par
plusieurs personnes et groupes, ce projet de loi et la création d'un nouveau
musée national de l'histoire du Québec est une opportunité charnière d'entamer
un processus de coconstruction et de collaboration avec les Premières Nations
puisque leur histoire fait partie intégrante de l'histoire du Québec. Ce musée
peut jouer un rôle important dans l'entreprise de réconciliation, et le moment
est venu pour ce gouvernement de la mettre en oeuvre. Le Conseil en éducation
des Premières Nations nous a fait part de huit recommandations et deux
amendements, lesquels feront partie évidemment de nos échanges lors de l'étude
détaillée du projet de loi.
Il faut mentionner qu'au cours des
dernières années, et je crois que c'est important à le mentionner, M. le
Président, il y a eu une bonne collaboration entre le Conseil en éducation des
Premières Nations et le ministère de l'Éducation afin de répondre aux besoins
croissants en matière d'outils pédagogiques dans le milieu de l'éducation au Québec.
Le portail thématique Les Voix du Territoire a été dévoilé le
11 septembre dernier et contient des contenus validés par les spécialistes
en éducation autochtone. Il est important pour le conseil que la création d'une
nouvelle institution muséale doit s'harmoniser aux initiatives pédagogiques des
Premières Nations, telles que Les Voix du Territoire.
Je voulais terminer, M. le Président, en
citant les propos du Conseil en éducation <des Premières Nations...
Mme Garceau :
...pédagogiques
des
Premières Nations telles que Les Voix du Territoire.
Un instant, M. le Président, je cherche
mon document. Je voulais terminer, M. le Président, en citant les propos du
Conseil en Éducation >des Premières Nations, à la fin de leur mémoire,
qui se lit comme suit : «L'analyse du présent mémoire révèle que le projet
de loi n° 64, tel qu'il est proposé, ne répond pas aux recommandations de
consultation et de codéveloppement avec les Premières Nations et ne s'arrime
pas ni aux principes de réconciliation ni à la reconnaissance des enjeux
systémiques.» Pour les groupes, le conseil, l'APNQL, «les musées doivent être
des lieux de socialisation et d'éducation qui reflètent fidèlement l'histoire
du Kepek, y compris celle des Premières Nations, qui ont habité ces territoires
bien avant l'arrivée des Européens, et qui les ont sauvegardés et protégés
depuis des temps immémoriaux, jusqu'à aujourd'hui».
En tant que parlementaires, M. le
Président, nous devons garantir que les voix des Premières Nations soient
entendues et respectées dans cette démarche historique de la création du
nouveau musée, et j'espère que le ministre de la Culture et des Communications
va s'assurer que ce projet de loi respecte les perspectives et les
contributions des Premières Nations et que nous allons adopter des amendements
très importants qui vont refléter leur implication et leur grande contribution
à l'histoire du Québec.
Et donc, M. le Président, notre formation
politique est pour le principe de l'adoption... est pour l'adoption du principe
du projet de loi n° 64. Nous avons de grandes réserves et de
préoccupations et nous les partageons avec les groupes. Et donc nous avons hâte
d'échanger, de collaborer afin de bonifier ce projet de loi afin que ça
soit.... qu'on va créer un nouveau musée national de l'histoire du Québec qui
va être rassembleur pour tous et que tous les Québécois et toutes les
Québécoises vont se retrouver dans ce Musée national. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, Mme la députée de Robert-Baldwin.
Ajournement
Et, compte tenu de l'heure, les travaux
seront ajournés à demain, jeudi, le 26 septembre 2024, à 9 h 40.
Bon souper à tous.
(Fin de la séance à 18 h 30)