(Neuf heures quarante minutes)
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, bon matin, chers collègues. Bon jeudi
matin. Alors, je vous invite, s'il vous plaît, à bien vouloir vous
asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous en
sommes à la rubrique Déclarations de députés, et, pour débuter cette rubrique
aujourd'hui, je vais céder la parole à Mme la députée de Vimont.
Souligner le travail de l'organisme Femmes en emploi
Mme Valérie Schmaltz
Mme
Schmaltz : Merci, M. le Président. Alors, dans le cadre des
célébrations de la Journée internationale des droits de la femme, je
souhaite rendre hommage à un organisme de ma circonscription, Femmes en emploi.
Depuis 2014,
cet organisme accompagne les femmes issues de l'immigration ou en situation de
précarité afin de faciliter leur
intégration sociale, culturelle et professionnelle. Cet organisme, dirigé par
des femmes ambitieuses et déterminées, multiplie
les projets innovants en matière d'intégration tels que le «speed dating»
culturel, la cérémonie de célébration du Mois de l'histoire des Noirs et
le marché durable, qui verra bientôt le jour.
Je tiens à
exprimer ma profonde gratitude envers l'ensemble de l'organisme pour le travail
qu'il accomplit au sein de notre communauté. Merci, Mirlaine, Marjorie
Rosiclair, Esther, Smarilda. Elcie, Florence, Vivianne, Marie Nadège, Daphney, Marie Françoise, Marjorie Eliacin,
Marie-Gisèle et Dorcas. Mesdames, vous êtes une source d'inspiration et de
soutien pour toutes les femmes et les filles. Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Vimont. Et, pour
la prochaine déclaration, je reconnais Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Souligner la fête de la Saint-Patrick
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci, M. le Président.
C'est ce dimanche le 17 mars qu'aura lieu la fête de la Saint-Patrick. J'aimerais offrir mes voeux sincères, mes
meilleurs voeux à la communauté irlandaise au Québec. Ses contributions sont
nombreuses et ses racines sont profondes
dans notre société. Elles sont aussi bien ancrées en moi-même, car je suis
issue de la famille McGraw, mais aussi O'Connor, McDermott, Hurley et
Lennon.
I would like to particularly highlight
the St. Patrick's Society of Montréal, Canada's oldest fraternal
organization, who,
for the last two centuries, has sought to protect and promote the Irish
community, as well as give back to the broader community. This Sunday, my colleagues and I will walk in Montréal's
199th annual St. Patrick's parade, organized by the United Irish Societies of Montréal. It is the
second oldest, and largest, and longest in the world. It proudly showcases
not only Irish culture but celebrates the diversity of our city.
Bonne fête de la
Saint-Patrick à tous et toutes. «Erin go bragh.»
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce. Alors, je cède maintenant la parole à Mme
la députée de Huntingdon pour sa déclaration.
Souligner
le succès du Vignoble Camy
Mme Carole Mallette
Mme
Mallette : Merci, M. le Président. Vous savez, il est très
difficile pour un vignoble de réussir à avoir un de ses vins inscrit sur la carte d'un restaurant
étoilé Michelin, spécialement pour ce qui est de ceux décorés de trois étoiles.
Seules les meilleures bouteilles peuvent y faire leur chemin.
C'est le cas
des vins du Vignoble Camy, de Saint-Bernard-de-Lacolle, dans mon comté.
Isabelle Leveau et Fred Tremblay
proposent depuis 2011 des vins de finesse et d'harmonie, reposant sur une
sélection de trois cépages : le chardonnay, le pinot noir et le
pinot gris. Le chardonnay Camy est d'ailleurs régulièrement primé, depuis 2018,
par le National Wine Awards of Canada comme
l'un des meilleurs chardonnays canadiens. Les vins du Vignoble Camy, selon
le choix stratégique des propriétaires, ne
sont disponibles que dans les meilleurs restaurants partout au Québec et en
Europe.
Un gros merci à Alexandre Mahut, de l'agence Art
et Vin, de faire rayonner l'un des meilleurs vins du Québec, particulièrement
dans la région parisienne. Bravo, Fred et Isabelle, pour votre trésor à
découvrir! Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de
Huntingdon. Et maintenant, pour la prochaine déclaration, je reconnais M. le
député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Rendre hommage à Mme Micheline
Dubé
M.
Alexandre Leduc
M. Leduc :
Merci, M. le Président.
Aujourd'hui, je tiens à souligner la carrière d'une jeune retraitée, Mme Micheline
Dubé.
Native
du quartier Hochelaga-Maisonneuve, Mme Dubé comprend vite que la
désindustrialisation provoque une pauvreté endémique et les habitants
peinent à retrouver de l'emploi. C'est ainsi qu'en 1974 elle fonde l'organisme
le Carrefour Relance, qui a pour mission
d'accompagner les jeunes... les personnes éloignées du marché du travail vers
un emploi. En tant que directrice,
pendant 50 ans, elle a su organiser une équipe de professionnels pour
développer divers projets d'intégration en emploi, des ateliers sur la
gestion du stress et sur les nouvelles technologies en recherche d'emploi. Elle a également développé une fine connaissance
des programmes de financement gouvernementaux, assurant ainsi la
pérennité de son organisme.
Les
personnes qui ont travaillé avec Mme Dubé sont sans équivoque à l'égard de
sa façon d'être et de son travail : généreuse, novatrice et
altruiste. J'espère sincèrement que nous saurons nous imprégner de son approche
humaniste.
Un grand merci pour
votre travail, et bonne retraite, Micheline. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Et nous poursuivons avec
la déclaration de M. le député de Maskinongé.
Rendre hommage à Mme Pierrette
Plante
M. Simon
Allaire
M. Allaire : Merci,
M. le Président. C'est un immense privilège que je dédie mon hommage
aujourd'hui à Mme Pierrette Plante, une
Louisevilloise très impliquée dans sa communauté, présidente du Noël du pauvre
à Louiseville depuis maintenant 20 ans. Elle détient d'ailleurs le
record du plus grand nombre d'années à la présidence.
L'entraide
et le partage étant des valeurs bien imprégnées en elle depuis son enfance,
elle compte plus de 50 ans de bénévolat. Au fil des ans, Pierrette
Plante s'est impliquée dans de multiples organismes tels l'association des
personnes handicapées, la maison des jeunes,
la maison de la famille, le Club Richelieu, le Fonds Gérard-Morin, les Filles
d'Isabelle, l'AFEAS, La Confrérie des sarrasins, et je pourrais en
nommer bien d'autres.
Mme Plante
mérite certainement toute notre reconnaissance, alors l'ensemble de mes
collègues se joignent à moi, Mme Plante, pour vous dire merci.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Maskinongé. Et nous poursuivons maintenant
avec la déclaration de Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Souligner le 100e anniversaire
de naissance de Mme Marcelle Ferron
Mme Michelle
Setlakwe
Mme Setlakwe :
Merci, M. le Président. J'ai le
plaisir de souligner le 100e anniversaire de Marcelle Ferron, artiste
québécoise née en 1924 et nous ayant quittés en 2001.
Femme
engagée, libre, vive d'esprit, elle est une pionnière dans le domaine des arts,
au Québec, et cosigne le manifeste Refus global en 1948. À l'origine de
nombreuses oeuvres marquantes, telles que la verrière à la station de métro
Champ-de-Mars, à Montréal, Marcelle Ferron a pu habilement allier l'art à
l'engagement social dans notre patrimoine artistique
malgré avoir grandi dans une époque où l'accès des femmes au milieu artistique
était particulièrement restreint.
Je souhaite par la même occasion souligner le
travail exceptionnel de l'organisme d'Outremont Les Amis de la place
Marcelle-Ferron, à l'origine des festivités du 100e anniversaire, et qui
poursuit sa mission artistique à travers des spectacles, des expositions et des
événements liés à l'art public, en plus d'offrir une plateforme aux artistes
pour réaliser et présenter leurs oeuvres.
En ce centenaire,
soulignons l'éminent parcours de Marcelle Ferron. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Mont-Royal—Outremont. Et, pour la prochaine déclaration, je
reconnais Mme la députée de Laporte.
Souligner le 70e anniversaire
des Chevaliers de
Colomb du conseil de Laflèche n° 3809
Mme Isabelle
Poulet
Mme Poulet : Merci, M. le Président. C'est avec fierté que je
souligne le 70e anniversaire des Chevaliers de Colomb, conseil 3809 de Laflèche, un organisme qui
depuis sa création, dans les années 50, a eu un impact majeur sur le
bien-être et sur la vie de plusieurs personnes de ma circonscription.
Dans les années 80, l'organisme a
connu son apogée, regroupant près de 1 500 membres, qui, au fil des
ans, ont contribué au maintien de ses activités et veillé ainsi au
bien-être de ses membres et de la communauté. Citant le grand chevalier M. Michel Collette, ils ont donné,
sans compter, temps et argent afin d'atteindre leur but. Les membres ont fait
preuve d'imagination afin de financer leurs oeuvres, tel que soupers au homard,
tournois de golf. Toutes les sommes recueillies
furent investies dans des projets communautaires comme des paniers de Noël,
fournir des vêtements d'hiver pour des enfants, traitements hyperbares,
dépannage alimentaire.
Je
tiens à remercier toutes les personnes ayant contribué de près ou de loin,
durant ces 70 ans, au maintien de la mission et l'existence de
l'organisme, qui contribue à faire une différence dans notre communauté. Félicitations!
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Laporte. Et nous poursuivons maintenant avec
la déclaration de M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Souligner le 20e anniversaire
du Centre de recherche
sur les milieux insulaires et maritimes
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
Merci, M. le Président. Il y aura
20 ans, ce printemps, qu'un groupe de gens, de visionnaires des Îles-de-la-Madeleine, en collaboration avec
l'Université du Québec à Rimouski, s'est réuni pour fonder un centre de
recherche dont la raison d'être se résume en un mot : insularité.
Depuis
2004, le Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes allie la
recherche fondamentale et la recherche appliquée dans l'archipel et dans
le golfe Saint-Laurent. Le CERMIM multiplie les projets, et son expertise, maintenant, est reconnue au-delà de nos frontières
par des projets comme la récupération des engins fantômes, matériel de
pêche qui parsème le fond du golfe, la fabrication de chaux avec les coquilles
de homard ou de crabe, adaptation aux changements climatiques, matières
résiduelles, et j'en passe.
D'ailleurs, le
ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie est un grand
partenaire du CERMIM. Les sommes consacrées
au centre par Québec ont un véritable effet de levier. Le retour sur cet
investissement est important et indéniable.
Longue vie au CERMIM!
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député des Îles-de-la-Madeleine. Et, pour la prochaine déclaration, je
cède la parole à Mme la députée de Chicoutimi.
Rendre hommage à M. Yannick
Jean
Mme
Andrée Laforest
Mme Laforest : Merci, M. le Président.
Alors, M. le Président, je veux prendre quelques instants pour souligner
un moment important dans le milieu du hockey junior majeur du Québec.
Yannick
Jean, l'entraîneur en chef des Saguenéens de Chicoutimi, vient d'établir le
record de tous les temps pour le
nombre de victoires dans l'histoire de la Ligue de hockey junior Maritimes Québec.
Il a enregistré sa 590e victoire le 23 février 2024 devant ses partisans au Centre Georges-Vézina, pour
ainsi dépasser un autre ancien entraîneur de Chicoutimi, Richard Martel, et ainsi devenir l'entraîneur le
plus victorieux du circuit. M. Jean a gagné des matchs avec les formations
de l'Île-du-Prince-Édouard, de Victoriaville, mais surtout avec Chicoutimi.
Alors, une telle
séquence démontre que M. Jean a du talent comme entraîneur, qu'il a pu
compter sur de bons joueurs, qu'il a été en
mesure de prouver sa détermination. Je tiens à préciser que sa carrière
derrière un banc comme entraîneur de hockey n'est pas encore terminée.
Il a maintenant atteint le cap de 595 victoires, hier soir.
Alors,
M. Yannick a de grandes qualités, comme la rigueur, mais surtout
M. Jean inspire le respect tout autour de lui. Merci, Yannick.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Chicoutimi. Et,
pour la prochaine déclaration, je reconnais M. le député de Gaspé.
Souhaiter bonne chance à Mme Eve Côté dans
le cadre du 25e Gala Les Olivier
M. Stéphane
Sainte-Croix
M. Sainte-Croix : M. le Président, le
24 mars prochain se tiendra la 25e édition du Gala des Olivier,
coproduit par Radio-Canada et l'Association des professionnels de
l'industrie de l'humour.
La
présente édition revêt une signification toute particulière pour mes
concitoyens du comté de Gaspé, qui seront nombreux à suivre la soirée, singularisée par la présence de Mme Eve
Côté, humoriste bien connue du public et originaire de Gaspé. Non seulement Mme Côté coanimera le
25e Gala des Olivier, mais elle sera également en nomination à cinq reprises, dont quatre pour son spectacle Côté
Eve, composé de numéros dont plusieurs s'inspirent de sa jeunesse passée
dans la péninsule.
Parmi ces nominations, il importe
également de souligner celle dans la catégorie Auteur de l'année, dans laquelle
Mme Côté est en lice en compagnie de son frère, M. Jean-Michel Côté.
Aux deux complices de
la Gaspésie, nous souhaitons la meilleure des chances. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Gaspé. Et, pour la prochaine déclaration, je vais
céder la parole à M. le député de Vachon.
Souligner le 10e anniversaire
de l'Association
des femmes d'ici et d'ailleurs
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière : Merci beaucoup, M. le
Président. Aujourd'hui, je souligne le 10e anniversaire de l'Association
des femmes d'ici et d'ailleurs, un organisme de ma circonscription.
Femmes
d'ici et d'ailleurs a pour mission de faciliter l'intégration sociale et
culturelle des familles en apportant un soutien aux femmes, et ce, par un large inventaire d'activités. Lors de
leur soirée d'anniversaire, en novembre dernier, la directrice générale et
fondatrice de l'organisme, Mme Zainab Akkaoui, nous a dit : Aider une
femme, c'est aider une famille, c'est
aider un quartier, aider une ville, c'est aider une nation. Ces paroles
viennent appuyer tout l'engagement et le dévouement des personnes qui
s'impliquent dans cette organisation, M. le Président.
Avec la Journée
internationale du droit des femmes qui avait lieu la semaine dernière, je ne
peux m'empêcher d'être fier d'avoir un tel organisme qui travaille quotidiennement
au sein de mon comté pour le bien-être des femmes.
Joyeux
anniversaire, Femmes d'ici et d'ailleurs! Je vous souhaite encore plusieurs
décennies. Zainab, je te dis «choukrane». Merci à toi. Merci à toute ton
équipe.
Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Vachon. Et, pour conclure cette rubrique, je
cède la parole à M. le député de Papineau.
Rendre hommage à M. Sébastien
Laframboise
M.
Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci, M. le Président.
C'est un plaisir pour moi de souligner aujourd'hui le parcours d'un citoyen
originaire de ma circonscription qui voit depuis quelques mois à rassasier
l'appétit des élus, du personnel, des visiteurs et des invités de marque
de l'Assemblée nationale.
Depuis
l'été dernier, Sébastien Laframboise agit comme chef exécutif du restaurant Le
Parlementaire, en plus d'être aux commandes du Café du Parlement ainsi que des
services de réceptions et de banquets. C'est notamment à la suite d'un passage remarqué dans les cuisines de l'Hôtel
Bonne Entente et du Festival d'été de Québec que le natif de Buckingham,
dans Papineau, en Outaouais, a fait son entrée à l'Assemblée nationale en
juillet 2023.
Reconnu
pour mettre de l'avant les produits québécois, M. Laframboise a su se
démarquer auprès de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec
lorsque le temps est venu de dénicher un successeur au chef Martin Gagné.
Diplômé
du centre de formation professionnelle Relais de la Lièvre-Seigneurie, il
exposera d'ailleurs son grand talent aux téléspectateurs lors de la
prochaine édition de l'émission Les Chefs. D'ailleurs, ce sera sa
troisième participation.
Félicitations,
M. Laframboise, et bon succès! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Papineau. Et cela met
fin à la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends nos
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 55)
(Reprise à 10 h 04)
La Présidente :
Bonjour, tout le monde.
Distingués invités, messieurs dames les députés, nous allons nous recueillir
quelques instants.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir. Bienvenue, les petits bébés.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique Présentation
de projets de loi, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Mme
la Présidente, je vous demanderais d'appeler l'article b.
Projet de loi n° 695
La Présidente :
À l'article b du feuilleton,
M. le député de Nelligan présente le projet de loi n° 695, Loi sur le directeur parlementaire du
budget. M. le député.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Merci,
Mme la Présidente.
Ce projet de loi
prévoit la nomination, par l'Assemblée nationale, d'un directeur parlementaire
du budget ayant notamment pour fonction de
favoriser le contrôle parlementaire des finances publiques et des prévisions
budgétaires du gouvernement.
À
cette fin, le directeur parlementaire du budget se voit confier l'analyse non
partisane des politiques fiscales et budgétaires
du gouvernement et des tendances de l'économie. Plus précisément, le projet de
loi prévoit la production de divers
rapports par le directeur parlementaire du budget, dont un rapport dressant un
portrait objectif de l'état des finances publiques et des prévisions budgétaires, un rapport annuel sur les
perspectives économiques et financières du... un rapport dressant un
portrait objectif de l'état des finances publiques et des prévisions
budgétaires, un rapport annuel sur les perspectives
économiques et financières du gouvernement ainsi qu'un rapport sur l'équité
intergénérationnelle. Le projet de loi prévoit également que des
recherches, des études et des analyses peuvent être préparées à l'initiative du
directeur parlementaire du budget ou à la
demande de l'Assemblée nationale, de l'un de ses membres ou d'une commission
parlementaire.
En
ce qui concerne l'examen préélectoral des finances publiques, le projet de loi
transfère au directeur parlementaire du budget la responsabilité de certifier
le rapport préélectoral des finances publiques produit par le ministre des
Finances.
Le
projet de loi prévoit en outre que le directeur parlementaire du budget a pour
fonction d'évaluer, à la demande d'un député, l'incidence financière pour le
gouvernement d'une dépense projetée ou du coût d'une mesure proposée.
Enfin,
le projet de loi prévoit des pouvoirs et des immunités, des dispositions
administratives et financières, des modifications de concordance ainsi
que des dispositions diverses et finales.
Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet
de loi?
Une voix : ...
Mise aux voix
La Présidente :
Vous demandez le vote, c'est
votre droit le plus strict. Vous êtes prêts pour le vote? Alors, le vote
est ouvert.
Alors, la période de
vote est terminée. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 105
Contre :
0
Abstentions :
0
La
Présidente : Alors, ce projet de loi... Voilà. Adopté. M. le leader du
gouvernement, oui.
M. Jolin-Barrette : Merci, Mme la Présidente.
Écoutez, j'aimerais déposer un document à l'Assemblée et que ce soit communiqué
au leader de l'opposition officielle, Mme la Présidente. J'aimerais déposer à
nouveau le cahier de réforme parlementaire
de 2020, dans lequel le directeur parlementaire du budget a été proposé par le
gouvernement, Mme la Présidente. Alors, on va envoyer une copie au
leader de l'opposition officielle.
La
Présidente : M. le leader de l'opposition officielle, brièvement, oui.
M. Derraji : Mme la Présidente, nous sommes prêts à discuter de
ce projet de loi. La prochaine étape, envoyez-nous vos groupes, si vous
voulez, on peut s'entendre sur la liste des groupes et...
Document déposé
La Présidente :
Je suis debout, M. le leader. Il
n'y a pas de débat ici. La question était pour savoir s'il y a
consentement pour le dépôt du document
qui a été suggéré par le leader du gouvernement. Consentement pour le dépôt?
Des voix : Consentement.
La
Présidente : Consentement. Nous allons poursuivre.
Dépôt de documents
M. le leader du gouvernement, à la rubrique Dépôt
de documents. Vous en avez plusieurs.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Mme la Présidente, je dépose les réponses aux
pétitions déposées en Chambre le 30 janvier
2024 par les députés d'Iberville, de Pontiac et d'Hochelaga-Maisonneuve, le
31 janvier 2024 par les députées de Mille-Îles et de Verdun et le
8 février 2024 par les députés de Matane-Matapédia et des Mille-Îles.
Je
dépose également la réponse à la question inscrite au feuilleton le
8 février 2024 par le député de l'Acadie. Merci.
La Présidente :
Ces documents sont déposés.
Dépôt de rapports de commissions
À
la rubrique Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles et député de Marquette.
Étude détaillée du projet de loi n° 498
M. Ciccone : Merci
beaucoup. Je dépose le rapport de la Commission de l'agriculture, des
pêcheries, de l'énergie et des
ressources naturelles qui, le 13 mars 2024, a procédé à l'étude détaillée
du projet de loi n° 498, Loi
proclamant la Journée nationale de l'érable. La commission a adopté le texte du projet de loi sans amendement.
Merci, Mme la Présidente.
• (10 h 10) •
La Présidente :
Ce rapport est déposé. M. le
président de la Commission des institutions et député de Richmond.
Consultations particulières sur le projet de loi n° 54
M. Bachand : Merci, Mme la Présidente. Je dépose le rapport de
la Commission des institutions qui, le 13 mars 2024, a tenu des auditions publiques dans le cadre de
consultations particulières sur le projet de loi n° 54, Loi donnant suite à la Table Justice-Québec en vue de réduire les délais
en matière criminelle et pénale et visant à rendre l'administration de la
justice plus performante. Merci.
La
Présidente : Ce rapport est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, je cède la parole, maintenant, au député de Pontiac.
Retirer
de la Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace
les articles modifiant les titres d'emploi de la catégorie 1 de la
Loi concernant
les unités de négociation dans le secteur des affaires sociales
M.
Fortin : Merci, Mme la Présidente. Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale et signée par
11 493 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Attendu
que le gouvernement a déposé le 28 novembre 2023 des amendements au projet
de loi n° 15, Loi
visant à rendre le système de santé
et de services sociaux plus efficace,
qui modifient la Loi concernant les unités de négociation dans le
secteur des affaires sociales;
«Attendu que les
consultations sur le projet de loi n° 15 ont eu lieu du 19 avril au
23 mai 2023 et qu'il fut impossible de
s'exprimer sur cette proposition et [donc] souligner les difficultés et enjeux
suscités par cette modification des catégories d'emploi proposée par le
gouvernement;
«Attendu que les
titres d'emploi d'infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et
[de] perfusionnistes cliniques compris dans
l'actuelle catégorie 1 ont une expertise et une organisation du travail
complémentaire dans les soins directs donnés aux patients;
«Attendu que les
amendements proposés par le gouvernement au projet de loi n° 15 [ont] pour
effet de séparer la catégorie 1 du personnel entre deux catégories, alors
que les titres d'emploi d'inhalothérapeutes et de perfusionnistes cliniques doivent demeurer dans la
catégorie 1 pour ne pas nuire ni à l'organisation du travail ni à la
stabilité des équipes;
«Attendu
que tous les titres d'emploi du réseau de la santé, un secteur majoritairement
féminin, doivent être mieux valorisés;
«Et l'intervention
réclamée se résume [donc] ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec de retirer les articles du
projet de loi n° 15 modifiant la catégorie 1 de la Loi
concernant les unités de négociation dans le secteur des affaires sociales.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé. M. le leader du
deuxième groupe d'opposition.
Annuler
la subvention attribuée au club de hockey des Kings de Los Angeles
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
1 069 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les
faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que le
ministre des Finances du Québec a accordé une subvention de 5 à
7 millions de dollars pour la tenue de deux matchs préparatoires des
Kings de Los Angeles de la Ligue nationale de hockey en 2024;
«Considérant
que ce financement représente un gaspillage de fonds publics, en particulier
dans un contexte où un nombre croissant de Québécois et de Québécoises
se trouvent en situation précaire;
«Considérant
que l'utilisation de ressources financières pour des événements sportifs de
cette envergure ne semble pas être une priorité judicieuse dans le
contexte économique actuel;
«Considérant
qu'à la vue de l'importance des montants en jeu le ministre des Finances aurait
dû prioriser l'intérêt supérieur des Québécoises et des Québécois et
refuser;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au gouvernement du Québec de :
«Prendre des mesures
immédiates pour annuler la subvention accordée aux matchs préparatoires des
Kings de Los Angeles de la LNH en 2024; et
«Rediriger ces fonds
vers des initiatives visant à soutenir les besoins essentiels de la population
québécoise en situation précaire.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci.
La Présidente :
Cet extrait de pétition est
déposé. Je reconnais maintenant Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Participer
au Programme humanitaire familial pour les
Colombiens, les Haïtiens et les Vénézuéliens
Mme Cadet : Merci,
Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 2 160 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que, le 17 novembre 2023, le gouvernement fédéral a lancé le Programme
humanitaire familial pour les
Colombiens, les Haïtiens et les Vénézuéliens et que les seuls demandeurs
admissibles à cette voie d'accès humanitaire à la résidence permanente sont l'enfant, le petit-enfant, l'époux, le
conjoint de fait, le parent, le grand-parent ou le frère ou la soeur
d'un citoyen ou d'un résident permanent du Canada;
«Considérant
que le Québec a décidé de ne pas permettre aux résidents du Québec d'appuyer la
demande des membres de leur famille intéressés par ce programme;
«Considérant
que le gouvernement fédéral s'est engagé à assumer les coûts liés à l'arrivée
et à la réinstallation de ces personnes;
«Considérant
que les citoyens et résidents permanents canadiens parrainant ces demandeurs
doivent les accompagner pendant un an, notamment en inscrivant les
adultes à une formation linguistique;
«Considérant
que près de 90 % de la communauté haïtienne au Canada, une communauté
francophone, se trouve au Québec, ainsi qu'une grande partie des
communautés colombienne et vénézuélienne;
«Considérant
que la non-participation du gouvernement du Québec à ce programme pénalise
indûment les Québécois d'origine colombienne, haïtienne et vénézuélienne;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au gouvernement du Québec de :
«Participer au
Programme humanitaire familial pour les Colombiens, les Haïtiens et les
Vénézuéliens;
«S'engager,
le cas échéant, à renouveler sa participation à ce programme ou à toute mesure
subséquente du gouvernement fédéral en découlant ou s'y substituant.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales.
Pour ce faire, je cède maintenant la parole, en question principale, au
chef de l'opposition officielle.
Plan
de retour à l'équilibre budgétaire
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci,
Mme la Présidente. On le sait, la mauvaise gestion du gouvernement caquiste les
a menés à déposer, mardi dernier, un budget déficitaire,
déficit record de 11 milliards de dollars. Ça, ça n'a pas fini de
coûter cher aux Québécoises et aux
Québécois. Mais, tout dépendamment de l'attitude du gouvernement, ça pourrait
leur coûter un peu moins cher, mais il faut qu'il rectifie le tir ce
matin.
Drapeau
jaune des firmes de cotation de crédit, excusez du peu. Les firmes de cotation
émettent des avis quotidiens. Elles
influencent les taux d'intérêt que les Québécoises et Québécois vont payer sur
les emprunts. Ça, ça va coûter de l'argent s'il y a décote.
Ce matin, on n'est pas dans la décote,
mais, avant d'aller à la décote, c'est une série de dominos qui tombent. Et à
tous les jours, depuis mardi, il y a un domino additionnel qui tombe. Premier
domino, domino perte de contrôle; dépôt, mardi,
d'un budget déficitaire record, 11 milliards de dollars. Deuxième
domino, pas de plan de retour à l'équilibre budgétaire. Troisième domino,
hier, le premier ministre qui a fait trop peu de cas des finances publiques en
disant, ah! que c'était raisonnable. En
quelque sorte : Circulez, il n'y a rien à voir. Quatrième domino, ce
matin, Martin Vallières, dans La Presse, feu jaune de la part des firmes de finances, de notation
financière Moody's et DBRS Morningstar.
Le
premier ministre peut-il rectifier le tir, rectifier ses propos mal avisés et
déposer un plan de retour à l'équilibre?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, d'abord, il faut être très
prudent, quand on parle d'un déficit record, parce que le déficit qui est annoncé pour 2024-2025 est
un déficit qui représente 1,5 % du PIB. Or, puis j'invite le chef de l'opposition
officielle à aller sur mon compte X, j'ai mis le tableau, on peut y voir, entre
autres, que deux gouvernements du Parti libéral ont déposé des déficits, des budgets avec des
déficits, un de 3,1 % puis un autre de 3,3 %, donc le double de ce qui
a été déposé cette semaine par le ministre des Finances.
Maintenant, Mme la
Présidente, pourquoi on se retrouve dans cette situation-là? Parce que,
contrairement au Parti libéral, on a décidé d'investir massivement en éducation,
en santé. On pense que c'est un choix qui est responsable. On pense que ça a été un erreur, une erreur de la
part du dernier gouvernement libéral, de couper en santé, de couper en
éducation. Même Carlos Leitão et Gaétan Barrette l'ont dit.
Donc,
Mme la Présidente, on est convaincus qu'on est capables, avec ce déficit qui
est raisonnable, gérable, de revenir progressivement à l'équilibre
budgétaire d'ici cinq ans.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Bien, parlons-en, de son tweet. 1996-1997, il y a
une erreur, là, ce n'était pas le PLQ, c'était le PQ qui était là. Deuxième des
choses, 2009-2010, c'était après la crise financière de 2008. Puis, en passant,
on avait mieux fait que vous, c'était 0,9 %.
Une
fois qu'on a réglé ça, une fois qu'on a réglé ça, Mme la Présidente, il ne peut
pas, ce matin, en rajouter une couche
et dire aux firmes de cotation de crédit : Circulez, il n'y a rien à voir.
Il doit corriger ses propos puis déposer un plan, sinon les Québécois
vont payer plus cher.
La
Présidente : Réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, M. le Président... Mme la Présidente, le
chef du Parti libéral nous dit : Oui, mais nous, on a fait un
déficit qui était deux fois plus gros que vous autres, mais c'était après une
crise financière. Où était-il dans les cinq dernières années? Pandémie,
ralentissement économique mondial, mondial.
Donc,
Mme la Présidente, effectivement, on aurait eu le choix de faire ce que les
libéraux ont fait, c'est-à-dire couper dans les services de santé et
éducation. On pense que ça n'aurait pas été responsable, donc on a fait un
choix totalement différent du Parti libéral.
• (10 h 20) •
La
Présidente : ...
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : ...c'est tellement important, la discussion qu'on
a là, là. Où était-il, lui, en janvier 2021, quand son cabinet a émis un communiqué de presse puis qu'il
a dit qu'il allait respecter tous ses engagements, nonobstant la pandémie?
Il l'a-tu autorisé, ce communiqué de presse là, de un? De deux, où était-il,
lui, quand le ministre de l'Économie, en novembre, il a dit : On maintient
le cap, puis, trois mois après, on passe de 4 à 11 milliards? Où était-il?
Est-ce
qu'il les a lues, les analyses des deux firmes de cotation qui lèvent un
drapeau jaune ce matin? Est-il préoccupé par cela? Qu'est-ce qu'il va
faire?
La
Présidente : Réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la Présidente, le chef de l'opposition
officielle nous dit : En janvier 2021, on n'avait pas les mêmes
prévisions. Est-ce qu'il y a quelqu'un ici, en Chambre, qui pense qu'en janvier
2021 on pouvait prévoir ce qui s'en venait du côté
de la pandémie? Voyons donc, Mme la Présidente! Ça a été le cas... J'invite,
entre autres, le chef de l'opposition officielle à regarder le budget qui a été
déposé par la Colombie-Britannique. Partout dans le monde les économies ont été affectées. Et on avait, encore
une fois, deux choix : couper, comme l'a fait le dernier gouvernement
libéral, en santé puis en éducation ou être responsables puis accepter
un déficit temporaire.
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente, le premier ministre du Québec
ne peut pas se dissocier du fait que son ministre des Finances, en novembre 2023, dernier, il a dit
que le déficit, ça allait être 3 milliards, puis il est passé de
3 milliards à 11 milliards.
Ça, ça stresse, et à raison, les firmes de cotation, qui font dire à
Moody's : «À moyen terme, ces perspectives moroses pourraient
affecter l'évolution des notations de crédit.»
Il est premier
ministre du Québec. Va-t-il rectifier le tir, de grâce?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, on a fait le choix, entre
autres, en décembre, d'investir massivement dans les conditions de
travail des infirmières, des enseignants. On pense que c'était la décision à
prendre. Ça, ça a été la décision du
gouvernement de la CAQ. C'est complètement contraire au gouvernement libéral
précédent. Eux autres, c'étaient les «kings» des coupures, les «kings»
de l'austérité.
La Présidente :
En question principale, je
reconnais maintenant — s'il
vous plaît! — la
députée de Saint-Laurent. La parole est à vous.
Gouvernance des grands projets
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : En
tout cas, les rois pour l'échapper solidement, c'est vous. Prenons quelques
exemples. Échec monumental dans votre
première promesse, maternelles quatre ans. Par la suite, les CPE préfabriqués,
les maisons des aînés, le troisième lien, le tramway, les Espaces bleus, Le
Panier bleu. Et je pourrais continuer, la liste est tellement longue.
Citation rêvée...
non, ce n'est même pas une citation rêvée, c'est une vraie citation :
«Moi, quand j'ai eu mon portefeuille de ministre des Infrastructures, je ne
savais pas trop dans quoi je m'embarquais, j'ai appris chemin faisant. Besoins mal définis, peu définis. Dans le fond, il
faut qu'on améliore le démarrage des projets, parce que nous, on avançait,
puis on mettait des projets dans le PQI qui n'étaient pas assez matures, puis
on se ramassait, chemin faisant, avec des surprises,
puis, après ça, on se rendait compte qu'il y avait des coûts supplémentaires.
Là, on va apprendre à inscrire nos projets au PQI assez matures.» Qui a
dit ça? Le ministre des Infrastructures le 15 février dernier.
La Présidente :
Je vous rappelle... je vous
rappelle, Mme la députée, qu'on s'adresse à la présidence, hein, ne l'oubliez
pas. Et nous aurons en réponse le ministre responsable des Infrastructures.
M. Jonatan Julien
M. Julien : Certainement, Mme la Présidente, parce qu'on parle
de projets majeurs qui s'inscrivent dans des PQI plusieurs, plusieurs années avant qu'ils ne se réalisent. On en a
plusieurs exemples, des DO, dossiers d'opportunité, des DA, qui, éventuellement,
vont en réalisation puis se matérialisent, des projets majeurs.
Et
effectivement je rejoins ma collègue, on peut s'améliorer. Parce qu'on l'a
constaté dans des projets qu'on a hérités, qui datent de longue date, quand on
a fait le vrai travail d'évaluer dans un dossier d'affaires de manière efficace
et de manière très, très précise,
qu'il y avait des sous-estimations majeures, majeures. Et en a, des projets...
ma collègue au Tourisme peut en témoigner.
Donc,
si ma collègue trouve que ce n'est pas une bonne idée d'amener plus de maturité
avant de démarrer les projets dans les études d'avant-projet, bien, je suis
obligé de dire je ne suis pas d'accord. On travaille là-dessus avec ma collègue
au Trésor justement pour amener plus de
rigueur dans les prévisions à l'étude, qui vont faire en sorte que les projets,
quand ils seront en réalisation...
La Présidente :
En terminant.
M. Julien :
...seront mieux évalués et mieux estimés.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Votre collègue ne peut pas témoigner de
grand-chose. Même son contrat pour le Stade olympique, elle ne veut
même pas le publier.
Alors,
maintenant, autre citation rêvée : «Nous, au public, on ne peut pas faire
mieux que vous, au privé, parce que nous,
on est pris, au public, avec des contraintes. Moi, je dois faire la
démonstration, continuellement, de notre intégrité et de la
transparence. Moi, je dois faire avec ces deux contraintes-là.»
Alors, je pose la
question : Est-ce que la transparence et l'intégrité est deux contraintes,
pour vous, à la CAQ?
La
Présidente : La réponse du...
Des voix :
...
La
Présidente : Attendez! Attendez! Je suis debout, messieurs dames.
Article 32, article 37. Je suis debout. Demeurez assis et gardez le
silence. C'est votre période de questions. Je vous entends.
Il n'y aura
maintenant qu'une seule personne qui a le droit de parole ici, c'est la réponse
du ministre des Infrastructures que nous attendons. On l'écoute, tout comme
nous avons écouté la question.
M. Jonatan Julien
M. Julien : Merci,
Mme la Présidente. Venant du Parti libéral, là, les notions d'intégrité et de
transparence, là, je pense qu'on va
repasser. C'est certain que... Parce que j'écoutais ma collègue, hier,
parler : Pour nous, c'est des valeurs; pour vous, c'est des contraintes. Non, faites attention. Pour nous, on
dit que c'est des valeurs, mais parfois des valeurs sont contraignantes dans des processus. Moi, j'ai la
valeur de la ponctualité, mais ça me contraint, en fin de compte, de m'arranger
pour être à l'heure.
Alors, nous, au
gouvernement, avec ma collègue, avec ma collègue du Trésor, on travaille très
fortement pour maîtriser et maintenir
l'intégrité et la transparence. Maintenant, si quelqu'un estime que ces
valeurs-là n'amènent pas, dans le processus, plus de lourdeur qu'à
d'autres égards... Bien non, ça amène...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Des voix : ...
La
Présidente : On garde le silence.
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Le leader est
choqué, alors j'ai mis sur X le gazouillis avec la preuve à l'appui. Mais,
transparence, dans une demande
d'accès pour connaître les coûts pour réparer un seul stationnement, en
dessous, là, voici la réponse pour les coûts. Bon, O.K., c'est dans
vos...
La
Présidente : Je vous rappelle, Mme la députée, qu'il ne...
Des voix : ...
La
Présidente : Ce n'est pas un tableau didactique. Poursuivez.
Mme Rizqy : ...c'est
vraiment un encadré du Conseil du trésor, et c'est un tableau, et ce n'est pas
de ma faute s'ils mettent plus d'encre noire
que de réponses. Là, maintenant, la bonne nouvelle pour tous ceux qui nous
écoutent : il y a une réédition du livre How big things get
botched.
Est-ce que vous allez
apprendre ou vous allez continuer à dépenser notre argent?
La Présidente :
Je vous invite à faire attention,
à respecter l'article 32, à garder le silence, demeurer respectueux
les uns avec les autres. M. le ministre, votre réponse.
M. Jonatan Julien
M. Julien : Merci, Mme la Présidente. Écoutez, c'est
surréaliste. Alors, on a un gouvernement libéral, dans les années... dans les 15 années au pouvoir, qui
n'a mis définitivement pas assez d'argent à l'intérieur du Plan québécois des
infrastructures, qui n'a pas planifié, en fin de compte, de maintien d'actif,
qui a proposé des projets majeurs mal ficelés, ce qui a fait en sorte, en réalité, que, depuis qu'on est ici, on est
passés de 100 milliards à 153 milliards dans le PQI, on est passés à 88 milliards de dollars en
maintien d'actif justement pour réparer les pots cassés de ce parti-là, et eux
autres, ils nous disent aujourd'hui que leurs grandes valeurs, c'est
l'intégrité et la transparence.
La Présidente : Excusez-moi, M. le
ministre. M. le leader, quelle est votre question de règlement?
M.
Derraji : ...Mme la Présidente, il ne répond pas à la question de ma
collègue. Voilà.
Des voix :
...
La Présidente :
M. le leader du gouvernement, je
vais gérer cette période de questions. Le ministre était sur la réponse.
On est en train de répondre à la question. Il reste six secondes au ministre,
j'aimerais l'entendre.
M. Julien : ...Mme la Présidente, tout le monde comprend
qu'intégrité et transparence, c'est une rigolade quand les libéraux en
parlent.
La
Présidente : Pas de bravo après les réponses. Redevenons sereins, moi
la première.
Des voix : ...
La Présidente :
S'il vous plaît! En question
principale, maintenant, je reconnais le député de Pontiac. La parole est
à vous, juste à vous. On l'écoute.
Modernisation
de l'Hôpital Sainte-Croix
M. André Fortin
M. Fortin : Avec des réponses comme ça, Mme la Présidente, ça devient de plus en
plus évident, savoir pourquoi la CAQ
est incapable de livrer des grands projets. À preuve, l'Hôpital Sainte-Croix, à
Drummondville, est en train de tomber en
ruine. L'extérieur de l'hôpital tient avec des filets de broche pour ne pas que
les briques tombent sur la tête des patients qui entrent à l'hôpital.
• (10 h 30) •
Juste
avant la campagne électorale, le premier ministre est allé à Drummondville et a
pris un engagement envers des gens de
la région. Que le projet soit mature ou pas pour le ministre de
l'Infrastructure, les deux députés du coin ont pris un engagement d'inscrire ce projet-là dans le Plan québécois des infrastructures. Depuis ce temps-là, il y a 200 médecins, il
y a 10 000 résidents de la région qui ont signé une pétition, avec
l'appui des députés du coin, pour exiger un nouvel hôpital. Les deux
députés ont même fait un point de presse ici, à l'Assemblée nationale, là, pour
mettre de la pression sur leur gouvernement,
ce qui leur a valu les éloges de la tribune de la presse. Évidemment, le
gouvernement n'a pas inscrit le projet au
PQI. Il renvoie la balle aux députés, leur remet de la pression sur eux. Ils
vont devoir expliquer leur décision aux citoyens, aux personnels, aux
patients.
Qu'est-ce que vous
avez à leur dire, aux gens de Drummondville?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Premièrement, Mme la Présidente,
avant de parler à nos députés, je parlerais à l'ancien gouvernement libéral pour les sous-investissements dans le
réseau de la santé. S'il y a eu un problème, puis mon collègue vient très bien
de l'expliquer, tous les hôpitaux ont
souffert d'un sous-investissement, puis je dirais sauf peut-être... à
l'exception de Montréal. Est-ce que c'est une coïncidence? Je ne le sais
pas, je ne le sais pas. Je pose la question. C'est la période des questions,
Mme la Présidente, je pose la question.
Maintenant,
on est un gouvernement de régions, et il y a eu des sous-investissements dans
tous nos hôpitaux en région. Alors, c'est sûr que, quand on prend un
engagement, on va le réaliser. Par exemple, que ce soit Drummondville,
l'engagement qu'on a mis, c'est qu'on mettrait ce dossier-là en évaluation
durant le mandat. Est-ce que le mandat est fini,
Mme la Présidente? Peut-être que l'ancien gouvernement libéral aimerait ça que
notre gouvernement soit terminé, mais ce n'est pas le cas. Il nous reste
au moins deux ans pour le mettre au PQI et de faire les travaux avec rigueur,
analyser correctement ce qui doit être fait.
D'ailleurs, je l'ai dit aux députés en période des crédits, je vais être à
Drummondville dans les prochaines semaines.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : ...gouvernement des régions, les deux grands perdants, en santé, là,
dans le budget, c'est Drummondville puis Maria, en Gaspésie. Ne venez
pas me dire que vous êtes un gouvernement de régions.
Là,
le ministre de la Santé, j'espère que tout le monde a entendu ce qu'il a dit,
ça va être en évaluation d'ici la fin du mandat. Alors, il va aller à Drummondville puis il va leur dire :
Bon, on va regarder ça d'ici la fin du mandat. Mais, quand... Le problème, Mme la Présidente, c'est que, quand
il y a une opportunité de prendre la parole pour défendre le budget, ils la
prennent, mais, quand il y a une opportunité de faire quelque chose puis de
faire avancer, bien, ils restent assis sur leurs mains.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : ...quelqu'un qui s'est
assis sur ses mains en Outaouais pendant qu'il était là, Mme la Présidente, je
pourrais regarder quelqu'un.
Alors,
écoutez, on a fait des projets qui sont très importants dans le réseau de la
santé. Moi, je suis très fier de ce qu'on
a réussi à faire justement parce que notre gouvernement a mis les fonds
nécessaires pour qu'on puisse redresser la situation dans notre réseau
de la santé.
Alors, on va
faire les choses avec rigueur, on va regarder chacun des projets. On a une
centaine d'hôpitaux, au Québec, Mme
la Présidente. Il y a eu un sous-investissement majeur pendant qu'ils étaient
là. C'est à nous de redresser la situation, et c'est ce qu'on fait, Mme
la Présidente.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M.
André Fortin
M. Fortin : ...rapport indépendant, je cite : «L'état des installations
fragilise de manière critique la qualité et la sécurité des soins.» Cet hôpital-là, là, il ne peut plus attendre. Puis,
même une fois confirmé, là, une fois confirmé, construire un hôpital, pour le gouvernement en face, là,
c'est au minimum 10, 15, peut-être 20 ans. Puis, s'il veut parler de
l'Outaouais, ça fait six ans qu'il a fait sa promesse, il n'a même pas
trouvé de terrain encore pour son hôpital.
Si la qualité
des soins est fragilisée aujourd'hui, là, les gens de Drummond, ils n'ont pas
le temps d'attendre un autre deux, ou 10, ou 15, ou 20 ans pour le
gouvernement.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : Je
ne répéterai pas les arguments de mon collègue qui est aux Infrastructures.
Écoutez, Mme la Présidente, je le
dis, là, le gouvernement est passé de 100 milliards, au PQI, à
153 milliards, c'est une augmentation de 50 % depuis que nous
sommes au gouvernement, pour justement nous donner la flexibilité de faire les
investissements nécessaires, malgré
l'augmentation des coûts. Alors, ce qu'on fait, on le fait avec rigueur. On ne
fait pas des promesses d'hôpitaux juste avant les élections pour être capables de gagner des votes, Mme la Présidente. C'est ça que le gouvernement
libéral a fait pendant des
années. Nous, on fait les choses avec rigueur. Merci beaucoup.
Des voix : ...
La
Présidente : Bon, je vous entends un peu trop. En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Westmount—Saint-Louis.
La parole est à elle, juste à elle, on l'écoute.
Financement de l'Équipe
de concertation communautaire et de
rapprochement du Service de police de la ville de Montréal
Mme Jennifer Maccarone
Mme
Maccarone : Merci, Mme la Présidente. Depuis trois ans,
33 policiers de la SPVM patrouillent les rues de Montréal à pied pour intervenir auprès des
clientèles vulnérables. Je parle des personnes en situation d'itinérance, je
parle des personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale.
On a appris
récemment que, le 31 mars, cette Équipe de concertation communautaire va
disparaître parce que le ministère de
la Sécurité publique ne va pas renouveler son entente avec Montréal. La
fraternité des policiers de Montréal a dénoncé
cette coupure. C'est une aberration, selon eux. Le comité exécutif de la ville
a dit que le désengagement du gouvernement aura certainement un impact à
Montréal.
Personne ne
comprend cette décision, surtout que c'était la CAQ qui avait mis en place
cette équipe. À Radio-Canada, le
cabinet du ministre disait ne pas souhaiter commenter ouvertement le dossier,
compte tenu du processus prébudgétaire en cours.
Mme la Présidente, le budget est déposé. Est-ce
que le ministre peut maintenant commenter?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Sécurité publique.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : Mme la Présidente, on va mettre une chose au
clair. Premièrement, le ministère de la Sécurité publique ne finance pas, ne finance pas les opérations quotidiennes des
services de police. Le ministère de la Sécurité publique finance des
programmes, des projets pilotes qui sont ponctuels dans le temps, qui ont un
début et qui ont une fin.
Depuis 2018,
l'aide aux services de police municipaux est passée de 16 millions de
dollars à 112 millions de dollars. Particulièrement pour Montréal,
74 millions de dollars.
Alors, je le répète, s'il y a des
programmes qui prennent fin et que les services de police municipaux veulent,
dont la ville de Montréal, continuer ce projet pilote, c'est à eux de le
faire. Voilà.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone :
C'est quand même dénoncé, Mme la
Présidente. Puis pas juste eux. Cette semaine, une vingtaine d'organismes communautaires ont signé une lettre
pour dénoncer la coupure, et je les cite : «Cette annonce est inacceptable
et constitue un recul énorme pour l'ensemble de la communauté montréalaise.
[...]nous demandons au ministère de la Sécurité
publique et au gouvernement [...] de reculer sur cette décision, de [...]
financer le programme et de permettre la poursuite du travail
effectué...»
Mme la Présidente,
est-ce que le ministre va reculer, financer le programme et pérenniser?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : Mme la Présidente, je le répète, l'accompagnement avec les
services de police, pour les aides municipales
que nous avons octroyées depuis 2016, est passé de 16 millions de dollars
annuellement à 112 millions de dollars.
Principalement, on a octroyé à la ville de Montréal, sur cinq ans,
225 millions de dollars pour 225 nouveaux policiers, 25 millions de dollars pour les travailleurs
sociaux. On a même une entente avec les services sociaux, sur la santé mentale,
pour équiper les différents corps de police
avec des équipes mixtes, pour 60 millions de dollars sur cinq ans, dont
Montréal profite aussi.
Donc,
je le répète, ce sont des programmes ou des projets pilotes qui ont un horizon
de temps, qui commencent avec un horizon a et qui se terminent avec
un horizon b.
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone :
...la balle, Mme la Présidente,
mais les policiers le demandent, la ville le demande, les organismes le
demandent, je vous le demande, reculer, financer cette équipe cette année mais
aussi pour les années à venir.
Mme
la Présidente, est-ce que le ministre accepte de s'assurer la survie de
l'équipe que sa collègue a mise en place?
La
Présidente : M. le ministre.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, je répète à la
députée, et aux différents corps de police, et aux villes qui nous
écoutent : On finance, depuis 2018, à la hauteur... on est partis à
16 millions de dollars, aujourd'hui on est à 112 millions de
dollars d'aide annuelle. Ces programmes, projets pilotes ont un horizon de
temps, ils débutent à x, finissent à y. Si on
arrive à y et que le projet pilote fonctionne, c'est aux municipalités, aux
villes de continuer ou non ces projets pilotes.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Sherbrooke.
Indemnisation des victimes
d'actes criminels
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Romy
et Norah Carpentier ont été assassinées par leur père en 2020, Alex et Olivier
aussi, et, il y a quelques semaines, l'IVAC
a annoncé à leurs mères, Amélie Lemieux et Émilie Arsenault, que l'aide
financière qu'elles reçoivent va se terminer en octobre. Quatre ans pour
se remettre de l'assassinat de ses deux enfants, est-ce que c'est assez? Moi,
je ne le sais pas, le ministre de la Justice ne le sait pas non plus, parce
que, tous les deux, on a l'énorme privilège
que nos enfants soient en vie. Mais ce que je sais, par contre, c'est que les
dates butoirs pour le rétablissement des victimes, ça ne peut pas fonctionner
comme ça. L'aide offerte à Amélie Lemieux et Émilie Arsenault ne peut pas
se terminer comme ça, avec une date
butoir arbitraire. Ça manque de bienveillance. Ça met une pression qui ne peut
pas fonctionner. On l'a dit au
ministre quand on a réformé l'IVAC, d'ailleurs.
Maintenant
qu'il constate l'ampleur de la détresse que ça crée chez les victimes,
qu'est-ce qu'il va faire pour remédier à cette situation-là puis les
aider? Est-ce qu'il va au moins accepter de les rencontrer?
• (10 h 40) •
La
Présidente : La réponse du ministre de la Justice.
M.
Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, je remercie la députée de
Sherbrooke pour sa question. Et, en prenant connaissance
de l'article du Devoir, très certainement, ce matin, mon personnel est
déjà en train de contacter Mme Lemieux et Mme Arsenault, et,
très certainement, je vais les rencontrer.
Je
n'ose imaginer ce qu'elles ont vécu, ces femmes-là, puis tous les parents qui
vivent l'assassinat de leurs enfants. Lorsqu'on perd un enfant, c'est ce
qu'on a de plus cher. Et je peux vous assurer que ce qu'elles vivent, ce
qu'elles traversent, c'est extrêmement
difficile, nous en sommes conscients. Je pense que tous les parlementaires dans
cette Chambre en sont conscients.
Ce
qui est important de rappeler, avec la réforme de l'IVAC, oui, désormais, il
n'y a plus de rente viagère. Donc, ça
signifie qu'auparavant on avait un certain nombre de victimes qui pouvaient
bénéficier de l'aide de l'IVAC pour une durée indéterminée, c'était une rente viagère, la vie durant. Ce
régime-là faisait en sorte qu'on ne pouvait pas indemniser beaucoup de personnes. Nous avons fait un choix
d'augmenter le nombre de personnes victimes qui peuvent bénéficier de l'IVAC. La démonstration, c'est que, depuis qu'on
a mis en oeuvre le régime, il y a plus du double de victimes qui sont
indemnisées, maintenant.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme
Christine Labrie
Mme Labrie : Je suis très contente que le ministre accepte de rencontrer
les victimes. Maintenant, j'espère que cette
rencontre-là ne servira pas seulement à leur expliquer un état de fait qu'elles
connaissent déjà. Ça va prendre des solutions. Quand on étudiait le
projet de loi, on avait prévenu le ministre que la date butoir allait créer de
la pression qui nuit au rétablissement.
J'avais proposé au ministre qu'il se dote d'un pouvoir discrétionnaire pour
pouvoir agir dans des situations particulières.
Est-ce
que c'est une solution qu'il est prêt à envisager maintenant qu'il constate des
situations réelles de détresse énorme et même d'idées suicidaires auprès
des victimes?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Je pense que c'est
important, Mme la Présidente, aussi, de réitérer... Notamment, sur la question
du suicide, les services de l'IVAC sont là,
notamment, et les services psychosociaux aussi. Alors, ce que j'ai lu dans les
journaux aussi, ça me préoccupe, puis on va
offrir le soutien nécessaire aussi en termes de soutien psychologique. Puis
j'invite toutes les personnes qui auraient ce type d'idée... à leur dire
qu'il y a des filets de sécurité. On est là, puis c'est important d'accompagner
les gens.
Pour ce qui est... Sur
le fond du programme, le programme est une façon... c'est trois ans de soutien
financier temporaire, qui peut être
extensionné jusqu'à deux ans, donc c'est des démarches, également, qu'on va
voir pour ces cas particuliers là
mais pour l'ensemble de la population, jusqu'à cinq ans, mais il ne faut pas
oublier également les montants forfaitaires qui sont donnés à partir du
moment où la personne est...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Moi, j'aimerais entendre de la part du ministre,
au-delà de son empathie, que je ressens très bien, des pistes de
solution pour plus de souplesse. Il vient de nous expliquer un état de fait. En
ce moment, c'est maximum cinq ans quand il y
a une prolongation. Il y a des situations plus complexes que ça, pour
lesquelles une date butoir de cinq ans ne
peut pas favoriser le rétablissement, et on veut tous ici favoriser le
rétablissement des victimes. C'est la mission même de l'IVAC.
Est-ce que le
ministre est ouvert à ajouter de la souplesse dans son projet de loi pour qu'il
puisse, par exemple, lui-même agir dans des situations...
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, moi,
je suis ouvert à regarder toutes les différentes solutions qui s'offrent
à nous. Cependant, et sur la question du
pouvoir discrétionnaire, ce n'est pas nécessairement toujours opportun que ce
soient des pouvoirs discrétionnaires
par le ministre. Je pense que c'est important, avoir une équité, devant tous
les programmes.
Vous savez, le nombre de personnes a été doublé,
à l'IVAC. Le taux d'acceptation, maintenant, à l'IVAC est passé de 82 % à 95 % des demandes qui
sont acceptées. C'est 200 millions de plus en indemnisation que l'on donne
avec la réforme,
l'indemnisation de l'IVAC, que le gouvernement a faite, 200 millions
supplémentaires qui se retrouvent dans les poches de personnes victimes.
Alors, oui, on va les
accompagner. On va voir ce qu'on peut faire.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Création de places en service
de garde
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Mme la Présidente, je
cite : «Nous continuons sur notre lancée afin que, d'ici 2025, tous les
enfants aient accès à une place de qualité
leur permettant de développer leur plein potentiel.» Ça, c'était l'ex-ministre
de la Famille encore en 2022. Mais, cette semaine, avec ce qu'on
retrouve dans le budget, c'est fini, les bonnes nouvelles. C'est désormais très
clair, la CAQ n'arrivera pas à compléter le réseau d'ici mars 2025. Le grand
chantier des familles, il s'en va rejoindre
les Espaces bleus, Le Panier bleu et les autres dans le grand cimetière des
promesses brisées de la CAQ.
On
a besoin de permettre aux femmes de retourner travailler. On a besoin de places
en CPE. On a besoin d'incitatifs pour former des éducatrices. Il n'y a
rien de ça dans le budget.
Est-ce que la
ministre va admettre aux familles québécoises que la CAQ a brisé sa promesse?
La
Présidente : Et la réponse du ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, merci, Mme la
Présidente. Alors, j'ai eu l'occasion de le dire, les priorités du budget sont
la santé et l'éducation. Et, dans le contexte budgétaire difficile, c'est
certain qu'il fallait prioriser.
Et,
pour ce qui est des services de garde, c'est extrêmement important. C'est pour
ça que, dans le précédent mandat, nous avons signé une entente avec le
gouvernement fédéral, sans condition, de 6 milliards de dollars sur
cinq ans pour créer 37 000 places, et c'est en marche.
Quant aux
conversions, non, ça ne va pas au rythme qui avait été choisi. Il y a un
contexte budgétaire. Il y a 9 000 conversions
qui sont financées. Il y en avait dans le précédent mandat. Il y en avait au
dernier budget. Il y en a un peu dans
ce budget. On va continuer. On a un engagement, on va le faire. Mais, pour ce
budget, la priorité était la santé et l'éducation, et je pense que les
collègues de l'opposition sont d'accord avec ces priorités.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : C'est clair, c'est
limpide, Mme la Présidente, la promesse, elle est brisée. On aura beau parler
des chiffres tant qu'on voudra, le constat est là.
En
janvier 2024, il manquait 30 660 places pour les enfants, et rien
dans le budget, le ministre l'a confirmé, ne nous permet de rêver que tout sera complété avant l'an
prochain. La CAQ a fait le choix de ne pas mettre les ressources nécessaires
pour compléter le réseau.
Pourquoi a-t-elle
rompu sa promesse envers les familles du Québec?
La
Présidente : La réponse de la ministre de la Famille.
Mme Suzanne Roy
Mme Roy (Verchères) :
Merci, Mme la Présidente. Non, la promesse n'est pas rompue. Nous
continuons à développer le réseau, tel que
nous nous sommes engagés. D'ailleurs, il y a encore 21 000 places qui
est en réalisation et qui vont se
réaliser. Il y a eu de l'argent supplémentaire au PQI, justement,
167 millions, pour continuer d'avancer dans le développement. Nous avons, depuis le Grand
chantier, 26 500 nouvelles places subventionnées supplémentaires pour
les familles du Québec. Donc, nous
continuons exactement dans l'objectif que nous avions. Et, au niveau de la
conversion, malgré...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Mme la Présidente, elle
nous parle du passé, je vous parle de l'avenir, là. Il y a des parents qui sont
ici ce matin, leurs bébés aussi, on les entend. Ça fait trois ans qu'ils sont
ici pour nous rappeler l'urgence d'agir pour les familles. Ma Place au travail
est parti d'un mot-clic sur les réseaux sociaux, un cri du coeur d'une mère qui
faisait face à l'incertitude, face à la précarité. Des milliers de
parents ont ensuite rejoint son mouvement. Aujourd'hui, ils et elles sont en
colère.
Que leur répond
vraiment la ministre?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Suzanne
Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci, Mme la Présidente.
Et ces parents, effectivement, c'est mon souci tous les jours. D'ailleurs, je ne parle pas du passé, je parle de
création de places à tous les jours, où à chaque semaine nous allons, justement,
ouvrir des nouvelles places subventionnées
pour les enfants du Québec. Et, en conversion, c'était aussi un signal que nous
continuons à faire de la conversion pour offrir, justement, des services moins
chers pour les familles du Québec. Notre engagement est là. Nous allons
continuer.
Alors,
je pense que de dire que nous avons arrêté, Mme la Présidente, n'est pas du
tout exact, puisque le développement bat des records depuis 25 ans.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le chef
du troisième groupe d'opposition.
Rapatriement des pouvoirs en
matière d'immigration
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Mme la Présidente, le premier ministre du Québec
rencontrera demain le premier ministre du Canada.
Or, en matière d'immigration, le Québec subit un régime imposé et absolument
antidémocratique, pour lequel le Québec n'a jamais été consulté, avec
des impacts majeurs sur le logement, le français et les services sociaux. Le premier ministre est d'accord avec ça au point
où il a demandé et obtenu un mandat fort pour rapatrier tous les pouvoirs
en immigration. Rappelons que c'était, pour
lui, une question de survie de la nation pour éviter la louisianisation. Ça, ce
sont ces paroles. Il ne peut pas non plus,
aujourd'hui, minimiser l'importance d'obtenir enfin des résultats, d'obtenir
ces pouvoirs, parce qu'on se rappelle
que, récemment, il a sorti quatre de ses ministres en conférence de presse pour
souligner à gros traits le caractère insoutenable et urgent de la
situation.
Or, dans sa lettre
envoyée à Justin Trudeau en janvier dernier, tout le monde a été surpris de
constater qu'il ne demandait pas les pleins
pouvoirs en immigration au fédéral. En d'autres mots, c'est urgent au point que
la survie de la nation est menacée, mais, en même temps, ce n'est pas
assez important pour en faire la demande formellement.
Ma
question : Est-ce que le premier ministre peut nous confirmer qu'il va
faire la demande formelle à Justin Trudeau, lors de sa rencontre de
demain, pour obtenir le rapatriement de tous les pouvoirs en immigration?
• (10 h 50) •
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, la réponse courte, c'est
oui. Oui, ça va faire partie des points. C'est moi qui ai demandé la rencontre
avec M. Trudeau, puis ça va faire partie de mes demandes, donc, de
rapatrier tous les pouvoirs en matière d'immigration.
Ce que je vais lui
demander aussi, c'est qu'on réduise, puis là je pense qu'on s'entend, tous les
deux, le nombre d'immigrants temporaires
puis de demandeurs d'asile, parce que, le Parti québécois et moi, on est
d'accord, contrairement à Québec solidaire puis au Parti libéral, on a
actuellement dépassé notre capacité d'accueil, ça crée des problèmes en
santé, en éducation, du côté du logement et pour l'avenir du français au
Québec.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, c'est
une excellente nouvelle qu'on fasse un suivi sur cet engagement fondamental. Rappelons que ça fait neuf ans que la
CAQ a déposé 21 demandes autonomistes, c'est sa sixième année de
pouvoir, puis malheureusement on n'a pas obtenu grand-chose à date.
Compte
tenu que la demande sera faite formellement, est-ce que le premier ministre
s'engage à nous révéler de manière
formelle quelle sera la réponse du gouvernement du Québec à cette demande
fondamentale de rapatrier les pouvoirs en immigration?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui.
Mme la Présidente, oui, j'aurai l'occasion, demain, après ma rencontre avec
Justin Trudeau, de faire un point de presse
et d'expliquer ce qu'on a discuté. Mais, là où je ne suis pas d'accord avec le
chef du Parti québécois, c'est que le
chef du Parti québécois disait que jamais on ne réussirait à fermer Roxham. On
se souvient que Jean-François Lisée voulait
même planter des arbustes sur le chemin Roxham. Le chef du Parti québécois
pensait aussi qu'on ne réussirait pas à
mettre en place... à remettre en place les visas mexicains. Ce qui est clair,
là, c'est que, oui, on a des gains, mais il y a encore beaucoup de
travail à faire.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Dans la mesure où une
demande formelle sera faite demain, dans la mesure où le premier ministre s'engage à nous révéler la réponse qui
viendra d'Ottawa et dans la mesure où, sur des choses comme les transferts
en santé, on a obtenu 1 milliard sur
six, dans la mesure où, sur le rapport d'impôt unique, on a obtenu un refus,
dans la mesure où on a obtenu
plusieurs refus, que compte faire le premier ministre si, concrètement, Justin
Trudeau dit non à la demande fondamentale
de rapatrier les pouvoirs en immigration, une question de survie de la nation
pour le premier ministre?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, évidemment, on va évaluer
nos options. Il y a des options qui se présentent, on est déjà en train de les évaluer. Mais, Mme la
Présidente, ce qui est clair, là, c'est qu'un gouvernement du Parti québécois
n'aurait aucune crédibilité pour faire des
gains avec Ottawa, parce que l'objectif du Parti québécois, c'est que ça ne
marche pas avec Ottawa, pour mousser le référendum sur la souveraineté.
Donc,
on a eu des gains, il reste encore du travail à faire, mais ce n'est pas vrai
qu'on va attendre, comme le Parti québécois, le grand soir du référendum
sur la souveraineté du Québec.
La Présidente :
En question principale, je
reconnais maintenant le député de Jean-Lesage. La parole est à vous.
Rémunération des stages
étudiants
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci, Mme la Présidente. Alors, il y a un an
presque jour pour jour, on a adopté une motion unanime pour rémunérer enfin les
stages étudiants au Québec. À l'époque, la CAQ nous disait : Ne vous en
faites pas, on veut payer les
stagiaires, on cherche des solutions. Finalement, c'est quoi, la solution de la
CAQ? Le bénévolat, l'endettement étudiant, la pression financière
extrême et le déclin de la santé mentale de la relève. Il n'y a pas un cent
dans le budget pour rémunérer les stages.
Ces jeunes-là, le premier ministre disait qu'il allait les soutenir, mais là il
va les envoyer sur le marché du
travail endettés jusqu'au cou. Ils vont peut-être pouvoir rêver d'avoir une
maison dans une troisième vie, on ne le sait pas. Ces jeunes-là vivent
une injustice intergénérationnelle épouvantable.
Est-ce que la
ministre peut admettre aujourd'hui qu'elle a brisé sa promesse?
La
Présidente : La réponse du ministre des Finances.
M. Eric
Girard
M. Girard (Groulx) :
Oui. Merci,
Mme la Présidente. Bien, il y a vraiment une convergence, là, parce que j'ai eu
l'occasion de dire que les priorités de ce
budget sont la santé et l'éducation, et puis on fait plusieurs choses, là. Non
seulement on bonifie les conditions de travail des employés existants
pour faire des améliorations au niveau de l'amélioration de l'organisation du travail, on fait des
investissements en infrastructures, plus de 100 % d'augmentation dans le
budget des infrastructures du ministère
de l'Éducation depuis qu'on est au
pouvoir. On fait des améliorations au niveau de la gouvernance, Santé Québec, l'Institut national d'excellence en
éducation, au niveau des données, Mme la Présidente, pour avoir des
données probantes, des tableaux de
bord en santé, en éducation, pour prendre des meilleures décisions. On continue
à investir dans nos réseaux.
Pourquoi, Mme la Présidente? Pour livrer les services publics de santé et
d'éducation que les Québécois veulent.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : J'aurais aimé que la ministre de l'Enseignement supérieur se lève pour tenir compte des engagements qu'elle
a pris. Je ne suis pas certain, moi, que les stagiaires se sentent priorisés,
en ce moment, au Québec. On dirait que la priorisation caquiste, là, en matière de rémunération des stages,
c'est : Bien, vous mangerez sainement plus tard, à un moment donné,
à la fin du stage.
Est-ce
qu'on peut espérer qu'il y a quelque chose qui va bouger ou bien c'est juste...
on assume que la promesse est brisée, elle va rester brisée à jamais?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je suis très contente de recevoir cette
question-là, parce qu'honnêtement, en
enseignement supérieur, je ne suis pas gênée de partager avec vous,
aujourd'hui, le bilan que nous avons en enseignement supérieur.
Vous
l'avez, c'étaient les premiers... la première page du budget, puis ce qu'a
livré mon collègue aux Finances au cours des derniers jours, 37 %
d'augmentation d'investissement en enseignement supérieur. Il y a eu beaucoup
de négligence et de rattrapage, c'est ce
qu'on fait, au cours des dernières années, de rattrapage, tant au niveau du PQI
qu'en termes de soutien aux
étudiants. Puis je peux vous dire qu'on est le gouvernement qui avons fait le
maximum pour soutenir les étudiants.
Non
seulement la rémunération des stages fait encore partie de nos intentions,
là-dessus j'ai été très claire avec les associations étudiantes au cours
des derniers mois, on travaille avec eux en étroite...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Je ne suis pas certain
que le milieu collégial partage l'enthousiasme et la fierté de la ministre,
quand on voit les critiques qui sont faites sur le logement étudiant en région,
entre autres. Mais la question, c'est... Bon, la ministre nous dit : On n'a pas perdu ça de vue, à un moment donné on va
les rémunérer, les stages. Comment est-ce qu'ils vont faire exactement?
Moi,
j'entendais aussi un premier ministre, hier, dire : Bien là, on a
11 milliards de déficit puis on va continuer de baisser les impôts, notamment des plus riches, qui
gagnent 100 000 $ et plus. Est-ce que, ça, c'est compatible, selon la
ministre, avec une rémunération des stages?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Alors, encore une fois, comme je le disais un
petit peu plus tôt, à la réponse précédente, on va continuer de soutenir les étudiants comme on l'a toujours
fait. D'abord, il y a des programmes extrêmement généreux qu'on a mis sur pied, les bourses Perspective en est un, la
bonification de l'aide financière aux études qu'on a faite au cours des
dernières années, on est venus
bonifier de manière substantielle et on est venus pérenniser des mesures qu'il
y avait lors de la pandémie, on vient
pérenniser ces mesures-là. Les associations étudiantes, on les a... on
travaille avec eux main dans la main, elles sont très conscientes, on
travaillera toujours sur la rémunération des stages.
Comme
je l'ai dit auparavant, ce sont des chantiers extrêmement complexes. Ce sont
des chantiers coûteux, complexes, qui
méritent, évidemment, qu'on s'y attarde. Je n'avais jamais donné d'échéancier,
mais je me suis engagée à rémunérer certains stages dans la fonction
publique, et on va continuer de travailler en ce sens-là.
La
Présidente : ...je reconnais maintenant la députée de Robert-Baldwin.
La parole est à vous.
Pénurie de places en maison d'hébergement pour
femmes victimes de violence conjugale
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. En 2021, la CAQ annonçait, à la suite de
la vague de féminicides, un montant de
222 millions de dollars payable sur cinq ans pour lutter contre la
violence conjugale. De ce montant, presque la moitié était consacrée pour les
maisons d'hébergement pour les femmes et les victimes de violence conjugale. En raison de cet engagement, ça fait
trois ans que les regroupements de femmes, les directrices de maisons
travaillent d'arrache-pied pour
monter leurs projets. Et ça inclut contracter des marges de crédit personnelles
et de payer des taux, des intérêts
très élevés. Maintenant, après tout cela et le cri du coeur au gouvernement, la
Société d'habitation du Québec bloque toujours le financement pour
l'ajout de 630 nouvelles places en hébergement.
Ma question, elle est
simple, et la question est pour la ministre...
La
Présidente : La réponse du ministre des Finances.
M. Eric
Girard
M. Girard (Groulx) :
Oui. Bien,
Mme la Présidente, c'est une question extrêmement sérieuse et importante, puis
je remercie la députée pour sa question. Effectivement, depuis la pandémie, on
a vu une augmentation de la violence conjugale, puis on a pris des actions, puis ça a été une approche
multipartite. Il y a eu plusieurs ministères qui ont été impliqués là-dedans,
notamment les Services sociaux, la Condition féminine, l'Habitation, la Sécurité
publique, le ministère des Finances.
Et je ne veux pas
ramener ça à un débat de chiffres, parce que c'est extrêmement important, mais
il y a eu plus de 1,1 milliard qui a
été mis depuis que nous sommes au pouvoir. Au niveau des maisons d'hébergement,
puis il y a différents types de maisons d'hébergement, c'est plus de
404 millions. Dans le cas des dossiers auxquels vous faites référence, il y a des discussions qui sont en cours avec la
SHQ. C'est extrêmement important. Les discussions vont se poursuivre. Et
c'est une question qu'on prend avec énormément de sérieux, Mme la Présidente.
• (11 heures) •
La Présidente : En question
principale, la députée de Robert-Baldwin.
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau :
Vous le prenez au sérieux, mais,
en ce moment, il y a des maisons, là, elles sont en chantier. On attend que ça débloque. Ça fait des semaines et
même des mois que les regroupements de maisons demandent de l'action de ce gouvernement. Là, on fait face à un blocage,
un blocage non seulement de ces nouvelles unités, mais il y a un manque de volonté d'agir. Et là, en ce moment, l'heure
est au rendez-vous. J'espère qu'on n'attend pas un autre féminicide avant
d'agir.
Et
donc est-ce qu'on va débloquer aujourd'hui... Et ma question est à la ministre
de la Condition féminine. Est-ce qu'on va débloquer l'argent qui a été promis
depuis 2021 ans à ces regroupements, à ces femmes? On parle de vies. Ça
coûte combien, une vie d'une femme, de victime de violence conjugale?
Débloquez les fonds.
La
Présidente : La réponse, maintenant, de la ministre responsable de
l'Habitation. On vous écoute.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau :
Mme la Présidente, écoutez, comme
mon collègue le ministre des Finances le mentionne, on prend cette question-là très au sérieux. On s'est
engagés à ce que les logements pour... les maisons d'hébergement pour femmes
victimes de violence sortent de terre. Je dis à tous les jours qu'il faut que
ça sorte plus vite. Et, très certainement, ces femmes-là ont besoin qu'on réponde à leurs besoins. On a une crise du
logement, il y a un paquet de monde qui a besoin que du logement sorte pour eux aussi. Dans le cas des maisons
d'hébergement, la Société d'habitation du Québec travaille à tous les jours, ce n'est pas qu'ils ne sont pas
en contact, ils sont en contact à tous les jours avec les regroupements de
femmes pour trouver des solutions. On va
avoir des solutions très prochainement. Tout ça doit se faire à l'intérieur
d'une rigueur aussi à l'égard des
coûts, et c'est ce qu'on regarde. On veut bien répondre aux besoins des femmes
en s'assurant qu'on respecte un cadre budgétaire qui a du bon sens.
La Présidente :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Comme
il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans
préavis, et, pour ce faire, je cède la parole au deuxième vice-président
de l'Assemblée nationale. Bonne fin de journée, tout le monde.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
bon jeudi matin, chers collègues. Tel que mentionné, nous en sommes à la rubrique Motions sans préavis. Et, en
fonction de nos règles, je suis prêt à reconnaître un membre du deuxième groupe
d'opposition, et je cède la parole à M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, M. le Président.
Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la motion
suivante conjointement avec le député de l'Acadie, le député de Jean-Talon et
la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que l'imposition d'une date butoir des
prestations pour les victimes d'acte criminel met une pression qui nuit
à leur rétablissement;
«Qu'elle
souligne le courage des victimes, notamment d'Amélie Lemieux, de Guillaume
Gosselin et d'Émilie Arsenault, face aux drames humains qu'elles
traversent;
«Qu'elle demande au
ministre de la Justice de les rencontrer pour évaluer la possibilité de mettre
en place des mécanismes plus flexibles à l'IVAC pour ces situations
particulières.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint
du gouvernement.
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Il
n'y a pas de consentement. Alors, je suis maintenant prêt à reconnaître un
membre du troisième groupe d'opposition, et je cède la parole à M. le député
des Îles-de-la-Madeleine.
Dénoncer la menace du gouvernement fédéral de retrancher
900 millions
de dollars des transferts en santé réservés pour le Québec
M. Arseneau :
Merci, M. le Président. Je
sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec le ministre de la Santé,
le député de Pontiac, le député de Rosemont et la députée de Vaudreuil, la
motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale réaffirme que la santé est une compétence exclusive du Québec;
«Qu'elle réitère que
les transferts fédéraux en santé doivent être sans condition;
«Qu'enfin,
elle dénonce la menace du gouvernement du Canada de retrancher
900 millions de dollars aux transferts en santé réservés pour le Québec en raison des délais occasionnés par le
refus du gouvernement du Canada de reconnaître cette compétence
exclusive du Québec dans le cadre des négociations sur lesdits transferts.»
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Y a-t-il consentement
pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire : Il y a consentement,
sans débat, M. le Président.
Mise
aux voix
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, il y a consentement, sans débat. Est-ce que cette motion est
adoptée? Oui, M. le député des Îles-de-la-Madeleine, je vous en prie.
M. Arseneau : Avec l'accord du
deuxième groupe d'opposition, vote électronique.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, je comprends que
les membres du deuxième groupe d'opposition appuient votre demande. Alors, le vote électronique est
demandé. Alors, mesdames et messieurs, je vous invite, s'il vous plaît, à
bien vouloir enregistrer votre vote dès maintenant.
Alors, la période de vote est terminée.
Pour le résultat, M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 101
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Lévesque) : La
motion est adoptée. M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : M.
le Président, on vous demanderait de faire transmettre cette motion au premier
ministre du Canada.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Ce
sera fait tel que vous le demandez, M. le député.
Alors, je suis maintenant prêt à reconnaître un
membre formant le gouvernement et je cède la parole à Mme la députée... Mme la
ministre responsable de la Condition féminine.
Dénoncer
le choix des mots utilisés dans un jugement
de la Cour suprême pour désigner les femmes
Mme Biron : Merci,
M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement avec le député d'Acadie, le
chef du troisième groupe d'opposition et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale dénonce le choix des mots utilisés dans un récent
jugement de la Cour suprême pour désigner les femmes;
«Qu'elle réitère l'importance de conserver le
mot femme;
«Qu'elle se dissocie de l'utilisation de termes
ou de concepts contribuant à invisibiliser les femmes;
«Qu'elle rappelle les gains importants réalisés
dans les dernières décennies afin de faire avancer les droits des femmes et la
nécessité de protéger ces droits acquis.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Caire : ...sans débat. Et je
demande le vote électronique, s'il vous plaît.
Mise
aux voix
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, il y a
consentement pour débattre de la motion, et le vote est demandé. Alors, Mmes et MM. les parlementaires, je vous
invite, s'il vous plaît, à bien vouloir enregistrer votre vote dès maintenant.
Alors, le vote est maintenant complété. Pour le
résultat, M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 100
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Lévesque) : La
motion est adoptée. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Caire : M. le Président, je vous demanderais d'envoyer une
copie de la motion à la Cour suprême et au Parlement fédéral, s'il vous
plaît.
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, tel que vous le
demandez, M. le leader adjoint du gouvernement, ce sera fait.
Maintenant...
Des
voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : S'il
vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! On poursuit la rubrique et on
évite de s'interpeler.
Des voix : ...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : S'il vous plaît! Est-ce qu'il faut que je nomme
des députés? Je vais vous demander, s'il
vous plaît, de bien vouloir se taire. On va poursuivre avec la prochaine
motion. Et la prochaine motion sera celle de l'opposition officielle, et
je reconnais M. le député de l'Acadie.
Réitérer la confiance de l'Assemblée envers la qualité,
l'impartialité
et l'indépendance de la magistrature au Québec
M. Morin :
Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée
afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député de Saint-Henri—Sainte-Anne
et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle que les tribunaux sont une composante
essentielle de toute société libre et démocratique;
«Qu'elle
déclare qu'il est du devoir de tous les élus, et au premier chef, du premier
ministre, de soutenir l'indépendance et l'impartialité de nos
institutions judiciaires;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale réitère sa confiance envers la qualité, l'impartialité et
l'indépendance de la magistrature au Québec.»
• (11 h 10) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint.
M. Lévesque
(Chapleau) : Consentement, sans débat.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, il y a consentement, sans débat. Oui, Mme
la leader adjointe de l'opposition officielle.
Mme Setlakwe :
M. le Président, je demanderais le vote électronique, s'il vous plaît.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
le vote électronique est demandé. Alors, chers collègues parlementaires,
je vous invite, s'il vous plaît, à bien vouloir enregistrer votre vote dès
maintenant.
Alors, la période de
vote est terminée. Et, pour le résultat, M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 97
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : La motion est adoptée. Chers collègues... Oui,
Mme la leader adjointe de l'opposition officielle?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : S'il
vous plaît! S'il vous plaît! Un peu de décorum, un peu de décorum. Je
comprends qu'on est jeudi, là, mais j'aimerais ça qu'on écoute Mme la leader de
l'opposition officielle.
Mme Setlakwe : Merci, M. le Président.
Nous souhaiterions qu'une copie de cette motion soit transmise aux juges
en chef des cours suivantes : Cour du
Québec, Cour supérieure, Cour d'appel, Cour suprême, et au Conseil de la
magistrature, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Ce
sera fait avec plaisir. Peut-être un petit rappel, chers collègues, un
rappel...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : S'il
vous plaît! Lorsqu'il y a un vote ou autre moment, il est interdit de taper
sur les bureaux et d'applaudir, O.K.? Donc, je vais vous demander votre
précieuse collaboration.
Avis touchant les travaux des commissions
Alors,
nous en sommes maintenant à la rubrique Avis touchant les travaux des
commissions. Évidemment, ceux et celles
qui ont à quitter le salon bleu, je vous invite à le faire dans le silence.
Merci de votre précieuse collaboration. Et je vais céder la parole à M.
le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire : Oui,
merci, M. le Président. Donc, j'avise cette Assemblée que la Commission de
l'économie et du travail poursuivra les consultations particulières et les
auditions publiques sur le projet de loi n° 51, Loi modernisant l'industrie de la construction, aujourd'hui, de 14 heures à 16 h 25, ainsi que le
mardi 19 mars, de 9 h 45 à 12 h 10, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission
des transports et de l'environnement poursuivra l'étude détaillée du projet de
loi n° 48, loi modifiant principalement le Code de la
sécurité routière afin d'introduire des dispositions de détection et d'autres
dispositions en matière de sécurité
routière, aujourd'hui, à compter de 14 heures ou immédiatement après les
discours prévus au quatrième paragraphe de l'article 87 du règlement
de l'Assemblée nationale jusqu'à 16 h 30, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de la culture et de l'éducation
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 47, Loi visant à
renforcer la protection des élèves, aujourd'hui, à compter de 14 heures ou
immédiatement après les discours prévus au quatrième paragraphe
de l'article 87 du règlement de l'Assemblée nationale jusqu'à
16 h 30, à la salle
Pauline-Marois, ainsi que le
mardi 19 mars, de 9 h 45 à 12 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de l'aménagement du territoire
entreprendra les consultations particulières et les auditions publiques du projet de loi n° 50, loi édictant la loi sur la sécurité civile visant
à favoriser la résilience aux sinistres et modifiant diverses dispositions législatives notamment aux
centres de communications d'urgence et à la protection contre les incendies
de forêt, le mardi 19 mars, de 9 h 45 à 12 h 25,
à la salle Pauline-Marois;
La Commission
des institutions entreprendra l'étude détaillée du projet de loi n° 54, loi
visant... pardon, loi visant... Loi
donnant suite à la Table Justice-Québec en vue de réduire les délais en matière
criminelle et pénale et visant à rendre l'administration de la justice plus performante, le mardi 19 mars, de 12 heures à
12 h 30, à la salle
Louis-Joseph-Papineau.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Pour ma part, je vous
avise que la Commission des institutions se réunira en séance de travail aujourd'hui, à
13 h 30, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, afin de
statuer sur la possibilité que la commission se saisisse d'un mandat
d'initiative portant sur l'augmentation de la violence au Québec.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
On est à la rubrique Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée.
Avis de sanction du projet de
loi n° 55
Alors, je
vous informe qu'il y aura sanction du projet de loi n° 55, Loi n° 1 sur les crédits, 2024-2025, aujourd'hui, à
11 h 30, au bureau de Son Honneur la lieutenante-gouverneure.
Je vous
rappelle que, lors de l'interpellation prévue pour demain, le
vendredi 15 mars 2024, Mme la députée de Saint-Laurent s'adressera à M. le ministre
responsable des Infrastructures sur le sujet suivant : Les infrastructures
au Québec : l'art d'échapper des grands projets.
Je vous avise de plus que l'interpellation
prévue pour le vendredi 22 mars 2024 portera sur le sujet suivant :
Le véritable coût des soins de santé pour les Québécoises et les Québécois. M.
le député de Rosemont s'adressera alors à M. le ministre de la Santé.
Affaires
du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour.
Affaires prioritaires
Débat
sur la motion du ministre des Finances proposant que l'Assemblée
approuve la politique budgétaire du gouvernement
Et nous en
sommes aux affaires prioritaires. À l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée
entreprend le débat sur la motion de M. le ministre des Finances
proposant que l'Assemblée approuve la politique budgétaire du gouvernement.
Conformément à l'article 273 du règlement,
je cède la parole au représentant de l'opposition officielle, en lui rappelant que son temps de parole est d'une durée
maximale de deux heures. Alors, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, je
vous cède la parole.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Déficit record, un gouvernement qui a perdu le
contrôle des finances publiques. On peut le dire de plusieurs façons, on peut
le dire avec d'autres mots, mais la conclusion a été quand même
concrétisée, ce matin, par l'agence de notation Moody's et l'agence de notation
DBRS.
J'ai pris le
temps, en fait, d'écouter le premier ministre hier, dans son point de presse,
pour essayer de comprendre un peu
l'argumentaire pour rehausser, si on veut, la crédibilité du budget qui a été
déposé cette semaine. Et puis, tout à l'heure, en période des questions, le
premier ministre nous a parlé d'un X qu'il venait de publier sur son compte X.
Et, écoutez, ce gouvernement-là s'est trompé dans les prévisions d'inflation.
On leur a
donné des avertissements par l'ancien ministre
des Finances du Parti libéral. Ce gouvernement-là s'est trompé sur les prévisions économiques.
L'ensemble des grandes banques canadiennes était deux fois moins optimiste que le ministre des Finances l'an dernier. Malgré tout, on a gardé le cap. On a
présenté plusieurs fois des commentaires et des questions au ministre des Finances pour qu'il puisse comprendre que la trajectoire
qu'il prenait n'était pas réaliste, qu'il portait, à ce moment-là, une
vision extrêmement jovialiste des faits.
Ce
gouvernement-là a, par la suite, dit, en novembre, comme quoi que tout est
beau, on est encore sur le même chemin, on s'en va encore vers un déficit de 3 milliards de dollars,
et, quelques semaines plus tard, nous annonce, mardi cette semaine, que
c'est 11 milliards de dollars. Donc, il s'est encore trompé sur ces
calculs-là.
• (11 h 20) •
Mais, écoutez,
le gouvernement se trompe à multiples reprises, c'est une chose grave, selon
moi. Mais là le premier ministre, donc, dans son point de presse, hier, parlait
de : Relativement parlant, le déficit, c'est un déficit qui n'est
pas si grave que ça, les mots exacts, je
pense que c'est important de s'assurer qu'on relativise la proportion du
déficit par rapport à la grosseur de l'économie, on parle d'un déficit
de 1,5, ce n'est pas trop grave. Bien, quand il a posté sur... quand il a publié sur X, tout à l'heure, le premier
ministre a encore fait une autre erreur. Pourtant, il y a plusieurs mois de ça,
le premier ministre m'interpelait, à savoir que je ne connaissais pas le
nombre de PME puis la raison pour laquelle il y a plus de faillites au Québec puis... qu'il y a plus de faillites au
Québec, puis la réponse du premier
ministre, c'était qu'il y a plus de
faillites au Québec, de PME, parce qu'on a plus de PME au Québec, ce qui était
faux. Alors, j'ai répondu sur mon compte
X en disant au premier ministre : Moi, je sais me servir de Google. Et
j'ai illustré le fait qu'il y a deux fois plus, quasiment, de PME en
Ontario par rapport au Québec. Malgré cela, au Québec, on a 61 % des
faillites du Canada qui sont faites sous ce
gouvernement-là. Donc, premier avertissement, de savoir comment se servir de
Google avant de faire des fausses représentations économiques.
Le
premier ministre, ce matin, durant la période des questions, sort sur
Twitter... sur X, excusez, pour dire qu'il a
fait un beau tableau, puis, dans son tableau, bien, il y a une erreur, une
bonne erreur, quand même, là. 1996‑1997, là, je vais vous rappeler, parce que là, il a dit que ça,
c'était un déficit libéral, mais je veux vous rappeler qu'en 1996‑1997 c'était
le Parti québécois qui était au pouvoir, c'était Lucien Bouchard, le
mentor du premier ministre, qui était au pouvoir.
Donc,
moi, quand j'ai entendu ça ce matin, bien, je suis tout de suite allé voir mon
compte X. J'ai regardé ça. Nonobstant le
fait, là, qu'on est en train de comparer des bananes avec des pommes, parce
qu'on n'est plus du tout dans le même contexte économique que dans les
années 80, 90, là, O.K., nonobstant ce fait-là, et je vais y revenir, le
premier ministre a quand même été dire que
le gouvernement de son mentor était le gouvernement libéral. On essaie de
comprendre l'erreur ici. Donc, force
est de constater qu'encore une fois le premier ministre a fait une erreur sur
les réseaux sociaux en affirmant que
c'était le gouvernement libéral qui était là en 1996‑1997. Malheureusement, ce
n'est pas le cas. Donc, économiquement,
encore une deuxième erreur au bâton de la part du premier ministre, et on
commence à considérer ça intéressant de voir la moyenne qui,
malheureusement, n'est pas fameuse.
Moi, je regarde ça, M. le Président, puis je me
dis : Bon, O.K., correct, quelle était l'information sous-jacente? Parce que je veux quand même comprendre, là. 1981,
1984, 1994, 1992, deux décennies différentes, en passant, là, mais deux défis, où est-ce que l'économie du
Québec était tellement loin de ce qu'elle est aujourd'hui. Après tous les
efforts de diversification que le
gouvernement... que le gouvernement libéral a faits pendant les fameuses
15 années qu'on discute, on a diversifié l'économie du Québec. En
1980, 1990, l'économie du Québec n'était pas aussi diversifiée, et c'était
normal d'avoir accès par la suite, à ce
moment-là, au marché obligataire pour emprunter, pour faire croître le Québec.
Proportionnellement, quand on regarde ce que
le PQ a fait, 4,75 % du PIB, et puis le Parti libéral, 3 % du PIB...
Dans une économie qui était en relative croissance, c'est normal d'agir
ainsi. Mais là, quand on compare des pommes avec des bananes ou avec des navets, en bout de piste, on amène les Québécois à
ne pas comprendre la vraie réalité. Ça fait que je vais vous la simplifier : on était à une
autre époque. Puis aujourd'hui ce gouvernement-là contrôle toutes les ficelles
du gouvernement. Ce gouvernement-là
est en chaise depuis les six dernières années, est capable de prévoir, a une
équipe d'experts, au ministère des Finances, qui sont capables de s'associer
avec toutes les grandes institutions pour comprendre leur vision
économique, malgré tout ne sont pas capables d'avoir des prévisions économiques
réalistes.
Donc, juste
pour qu'on soit clairs, là, O.K., la résultante de cette fausse information, de cette mauvaise information... Mauvaise information?
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Je vais vous demander simplement, M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
avec le mot «faux»... simplement d'être prudent avec ce mot-là, s'il vous
plaît. Merci beaucoup.
M. Beauchemin : Avec
cette mauvaise information, la résultante de ça, c'est que les Québécois sont
mal informés, parce que, quand le
premier ministre parle, les Québécois veulent écouter, mais, si le premier
ministre ne donne pas exactement la réalité comme elle est, bien, les Québécois
sont malheureusement envoyés vers une fausse... une mauvaise piste.
Donc, c'est important de comprendre que les mots, ici, sont importants.
Puis ce que
j'ai mentionné, plus tôt aujourd'hui, c'est que non seulement c'est important,
mais, pour des agences de notation, les paroles du premier ministre puis
du ministre des Finances sont extrêmement importantes. Mardi, là, le ministre des Finances a annoncé un déficit record
de 11 milliards de dollars, une première dans l'histoire du
Québec. Toutes les antennes économiques de la planète se sont levées et
ont écouté ce qui se passe à Québec. Qu'est-ce qui se passe à Québec? Après avoir eu des gouvernements qui ont
tout fait pour remettre l'ordre dans la maison, on en arrive, soudainement,
à mettre le plus gros déficit absolu de l'histoire du Québec sur la table,
mardi soir, ici, à Québec.
Donc, c'est normal que Moody's puis que DBRS
réagissent, mais ça, M. le Président, là, comme le chef de l'opposition... mon
chef de l'opposition l'a mentionné tantôt, c'est un domino important, les
agences de crédit, là, elles réagissent à
l'information ou à la validité de l'information, de ce qu'on entend de la part
du gouvernement. Donc, quand le ministre
des Finances puis le premier ministre nous donnent de l'information, puis
que... quand les agences de crédit vérifient cette
information-là puis en arrivent à dire : Ça fait... ça ne balance pas, ils
se posent de sérieuses questions. Quelle trajectoire est-ce que ce
gouvernement-là est en train de prendre?
Puis, en ce
qui me concerne, avec l'expérience que j'ai des marchés obligataires, le
message que ce gouvernement-là a
envoyé aux investisseurs, c'est : Un instant, soyez prudents. C'est
peut-être le temps pour vous de liquider votre portefeuille obligataire ou, en tout cas, de mesurer vos
investissements en obligations du Québec, parce que, là, actuellement, cette
valeur relative là, elle va diminuer.
Et force est de constater que, lundi matin, O.K., le Québec transigeait, au
niveau de son emprunt obligataire,
moins cher que l'Ontario, que, le jour du budget annoncé par le ministre des
Finances, le marché, qui est un marché
quand même actif, le soir même, s'était ajusté à un peu moins cher que
l'Ontario, pour emprunter, pour le Québec. Puis, quand le premier ministre a parlé hier, on est passé à plus cher
que l'Ontario. Ce n'est pas moi qui l'invente, là, c'est la réalité des
marchés, là. Le marché parle et le marché a dit : On n'aime pas ce qu'on
entend à Québec. C'est exactement ça, ce que les marchés ont dit.
Puis je vais
vous la lire, c'est en anglais, là, mais Moody's... excusez-moi, DBRS a
sorti... en fait, je vais le traduire un
peu, là, grossièrement, DBRS a sorti, donc, ce matin, en parlant du fait...
que, bien, le Québec a une économie qui est maintenant beaucoup plus diversifiée. Donc, ils font référence au fait
que, quand on compare des pommes avec des bananes, on ne peut pas parler des années 80 puis 90,
on ne peut pas parler d'un déficit de 1,5 % puis dire : Les autres
ont fait pire dans le temps, là. On
ne peut pas faire ça. Ça fait que c'est la référence. Donc, ils disent ça et
ils disent qu'une des seules et
uniques raisons pour laquelle ils ne vont pas à la prochaine étape maintenant,
tout de suite, là, nonobstant les prochaines mauvaises potentielles nouvelles qui peuvent sortir, c'est que le
gouvernement du Québec a eu des gouvernements qui ont pris les choses au
sérieux et qui ont une «stability in its credit profile», une stabilité dans
son profil de crédit. Donc, ça, ça veut dire que l'historique libéral de
gestion des finances publiques des années de l'ancien ministre des Finances a
tellement solidifié la perspective économique et financière du Québec aux yeux
de l'ensemble des investisseurs obligataires à travers la planète que
les agences de crédit se basent sur cette crédibilité-là pour dire : O.K.,
on va attendre, parce que, là, ce gouvernement-là
fait des erreurs, mais ils ont quand même d'autres gens, dans l'Assemblée ou
dans le salon bleu, qui peuvent quand
même, de temps en temps, les remettre un peu avec des questions qui vont faire
en sorte qu'on va avoir probablement plus
souvent l'heure juste. Donc, on va essayer de s'exprimer plus simplement. Mais
c'est pour vous dire que M. le premier ministre
a tout de même été sur son compte X, ce matin, et a fait encore une fois une
deuxième erreur d'utilisation de données historiques au niveau de notre économie et de qui était au gouvernement,
en fait, puis a été, donc, mal intentionné... bien, ce n'était pas l'intention
du gouvernement de... du premier ministre de faire ça, mais a résulté... la
résultante de ça, c'est que les
Québécois ont la mauvaise information venant du premier ministre. La dernière
fois, c'était au niveau du fait que le Québec était naturellement la seule
place qui pouvait avoir plus de faillites au Canada parce qu'on a juste plus de
PME, ce qui n'était, encore une fois, pas la vérité.
• (11 h 30) •
Donc, ça,
c'était, comme, pour mon introduction, parce que je pense que c'est important
de comprendre que la façon de faire
de ce gouvernement-là, c'est de nous amener vers ce genre de conclusion rapide,
sans vraiment avoir fait les devoirs
de recherche pour s'assurer que l'information soit bel et bien pertinente,
qu'elle soit bel et bien précise. Puis, en affaires, tout le monde veut de la bonne information. Quand on n'a pas
de la bonne information, ça coûte plus cher. Bien, ce que le gouvernement a fait, cette semaine, en
ne donnant pas tout le temps les bonnes sources d'information, ça va faire
en sorte que le Québec va payer plus cher.
Comme je disais tout à l'heure, lundi matin, ça coûtait moins cher que
l'Ontario, pour le Québec, pour se financer, et aujourd'hui, après le
point de presse du premier ministre d'hier, ça coûte plus cher pour le Québec, maintenant, de se financer dans
une échéance de 10 ans. Donc, venant de ce domaine-là, pour moi, ça a été... c'est un... c'est un énorme mouvement,
c'est un mouvement de plaques tectoniques qui signifie que ce gouvernement
doit, donc, se ressaisir.
Déficit record, perte de contrôle des finances
publiques, l'ensemble des agences de crédit qui prennent ce gouvernement-là au sérieux, maintenant, pour
s'assurer que, bon, O.K., est-ce qu'on a perdu le contrôle ou pas. Alors, ce
n'est pas moi qui le dis, là, c'est les agences de crédit, c'est des gens...
c'est leur job, tous les jours, 24 heures sur 24, c'est ce qu'ils font. C'est ça, le message qu'ils ont envoyé. Ce n'est
pas une décote, on n'est pas en train de dire : Le Québec va être décoté. On est en train de dire : Là,
vous avez changé de cap, vous n'êtes plus du tout dans la même lignée que vous
étiez auparavant, on en prend note, il ne faut pas que vous continuiez comme
ça. Il ne faut pas continuer comme ça.
Déficit de
8 milliards et un solde budgétaire de 11 milliards... Parce qu'on a
eu quelques argumentaires à ce sujet cette semaine, là, depuis l'annonce du
budget, on est 8,8 milliards de déficit, vraiment, parce qu'on donne
l'argent au fonds de... Il y a une
loi qui faisait en sorte qu'on donnait de l'argent au Fonds des générations.
Bien, on ne peut pas juste changer une
partie de la loi pour faire en sorte qu'on paraît mieux, là. On a la loi,
suivons la loi. Puis la loi, c'est qu'il faut mettre de l'argent dans le Fonds des générations.
Pourquoi? Parce que c'est la chose équitable à faire pour nos jeunes. Ça fait
que, quand on inclut, là, cette variable-là, quand on sait qu'on doit suivre la
réalité... Bien, le déficit est de 11 milliards. C'est un déficit historique. En absolu, jamais aucun gouvernement
de l'histoire du Québec n'a déposé un déficit, en absolu, aussi gigantesque que
celui-là.
La CAQ s'est
vantée, pendant la dernière année, que la croissance économique va être au
rendez-vous. Mais la réalité, là, c'est qu'on a eu 0,2 % de croissance
économique puis une révision à la baisse, maintenant, pour l'année qui s'en vient, de 0,6 %. Juste pour vous donner
les comparables, ici, M. le Président, au Canada, l'économie va avoir cru, au
Canada en 2023, de 1,1 %, donc cinq
fois plus que la moyenne... que le Québec, là, la moyenne canadienne a cru cinq
fois plus que le Québec. Je comprends
que le premier ministre veut tout le temps se comparer à l'Ontario, là, mais,
quand on se compare au Canada, là, on est vraiment la seule législation
qui en arrache autant.
C'est
important de comprendre aussi que la décision de repousser sans plan crédible actuel
pour retour à l'équilibre budgétaire,
de repousser cette date-là à plus tard a des effets aussi, autant pour les
agences de crédit, qui l'ont mentionné, là, elles
ont mentionné : Déficit record et aucun plan de retour à l'équilibre
budgétaire. Donc, le fait de ne pas avoir ce retour-là
déjà de planifié, c'est tout de même inconcevable de venir ici, de se présenter
devant les Québécois, d'annoncer le plus
gros déficit de l'histoire du Québec, puis de dire : On va voir l'année
prochaine pour le retour à l'équilibre budgétaire, on va vous donner le
plan, là, l'an prochain.
L'an prochain, on va être comme rendus à un an,
peut-être, des élections. On commence à sentir qu'il y a un... il y a une stratégie électoraliste qui est en
train de se dessiner dans la raison pour laquelle ce gouvernement-là ne veut
pas nous le déposer aujourd'hui. Il
peut prendre tout le temps qu'il veut, ça lui est permis, mais c'est une
question de respect. Les Québécois viennent de se faire dire 11 milliards
dans le trou. Moi, là, je veux savoir pourquoi puis je veux savoir
comment qu'on s'en sort. Moi, j'habite à la campagne, j'habite au centre-ville
de Montréal, j'habite à Québec, j'habite à
Trois-Rivières, j'habite n'importe où au Québec, je suis une personne qui est
responsable financièrement, puis moi, quand on me dit que notre économie, notre gouvernement est dans le trou de
11 milliards de dollars, je veux comprendre pourquoi puis je
veux comprendre comment qu'on va s'en sortir. Je veux savoir le plan.
N'importe qui
qui est gestionnaire d'une entreprise mettrait les... n'importe qui qui est
propriétaire d'une entreprise mettrait
ses gestionnaires à la porte, si c'était ça, la résultante d'une année de
travail de ses employés. Ça fait que, là, on n'est pas dans le même contexte, on est au gouvernement, mais les
employés, c'est nous autres, les élus, puis les actionnaires, c'est le peuple québécois, puis, le peuple
québécois, ils veulent comprendre pourquoi ce gouvernement-là a été autant
incapable de pouvoir prévoir puis de nous amener à comprendre la réalité
du 11 milliards de pouvoir... 11 milliards de déficit.
Une autre des
choses qui... puis ça, je vous donne ma boule de cristal, ici, M. le Président,
une autre chose qui va arriver, dans les prochaines semaines, sûrement,
c'est qu'on va en entendre de plus en plus parler. Quand on a regardé le cadre
financier qui a été déposé mardi, la première chose qui m'a sauté aux yeux,
c'est qu'il y a des prévisions de croissance
du revenu autonome de l'État, pour juste l'année prochaine, là, de 4,7 %.
On est en train de dire, là, que ça ne va pas bien, que l'économie est au ralenti, qu'Hydro-Québec perd
1 milliard, et on a tout entendu, là, O.K., mais là on vient nous
dire 4,7 %, 4,7 % de croissance des revenus autonomes l'an prochain, 2024‑2025
.
Premier son de cloche, de l'Institut du Québec,
là, qui est normalement un peu plus optimiste que la moyenne. Ils nous disent qu'au mieux le Québec verra ses
revenus autonomes augmenter de 3 % l'an prochain. Donc, comme on dit, là, sur un petit coin de table, là, je vais
vous le faire, le calcul, là, le différentiel de 1,7 % sur le 140 quelques
milliards de dépenses que ça
représente, là, les dépenses du gouvernement, là, puis les revenus, ça, c'est
un 2 milliards et plus de... de pas bons calculs, encore une fois.
Ça fait qu'on est dans une situation où est-ce que ce chiffre-là, là, si le
différentiel s'actualise, en d'autres mots,
si on n'est pas capable d'être à 4,7 %, mais on est bel et bien à
3 %, il va y avoir un autre manque à gagner, là, significatif de
plusieurs milliards de dollars.
Donc, moi, je
comprends, là, que l'exercice budgétaire, parce que je suis nouveau dans la
partisanerie québécoise de la
politique, là, O.K., je comprends, là, que l'exercice budgétaire est un
exercice politique maintenant, parce que moi, j'ai toujours cru que c'était un exercice de rigueur. Je croyais
sincèrement, là, O.K., quand je suis venu à plusieurs reprises, en haut,
là, m'asseoir puis écouter ce que les anciens gouvernements nous donnaient, que
c'était un exercice de rigueur, puis on
allait livrer la marchandise. Ça, c'est des bons chiffres, ça, c'est des bonnes
prévisions économiques, puis ça, c'est notre
modèle, puis ça, c'est notre cadre dans lequel on veut vivre. Puis on a vu à
quelques reprises que ça a dévié, mais on a vu que les fondations, c'est-à-dire les hypothèses de base, étaient relativement tout le temps,
plus souvent qu'autrement, solides.
L'an passé,
j'ai questionné le ministre sur ses prévisions économiques, qui étaient le
double de ce que l'ensemble de
l'industrie pensait pour le Québec. Je l'ai questionné, le ministre, là-dessus,
puis je me suis posé des questions par la suite, je me suis dit : Mais comment se fait-il qu'on fait ça? Je
me suis posé des questions aussi... Pourquoi est-ce qu'on va piger dans
les contributions du Fonds des générations, qui donne un rendement et qui a
donné un rendement? On l'a vu, là, la Caisse
de dépôt, c'est ça, le Fonds des générations, proche de 7 %, là. Pourquoi
qu'on va prendre ce qui nous donne du
7 % quand on aurait pu le financer avec du 3 %? Pourquoi qu'on fait
ça? Pourquoi qu'on veut payer 4 % plus cher? Pourquoi qu'on laisse
cet argent-là sur la table, de l'argent qui irait à nos jeunes? Je ne la
comprends pas.
• (11 h 40) •
Ça fait que
je ne comprends pas pourquoi qu'on avait des prévisions économiques deux fois
plus optimistes que ce que l'ensemble de la rue nous disait puis je ne comprends
pas pourquoi qu'on est allé piger dans le Fonds des générations pour financer des promesses électorales. Là, mes
collègues m'ont dit : Fred, tu devrais comme réaliser que ce
gouvernement-là ne fait pas des
bonnes choses. J'ai dit : Bien oui, mais on peut-tu quand même s'entendre
sur une affaire, là, on parle de l'argent
des Québécois, on parle de nos jeunes? Donc, moi, j'ai dit à mes collègues...
j'ai dit : Bien, on va l'avoir sérieusement à l'oeil, ce
gouvernement-là.
Et cette
année on récidive. On récidive encore, M. le Président. Pas capables de nous
dire, en novembre, comme quoi que ça
n'allait pas bien, sachant très bien que les négociations avec le secteur
public n'avançaient pas bien, sachant très bien qu'Hydro-Québec n'allait pas
avoir le milliard qu'on sait maintenant qu'ils ont perdu, sachant très bien que
ça n'allait pas bien dans aucune des
sociétés d'État, que les revenus n'allaient être pas... n'allaient pas être au
rendez-vous. On le savait bien, là, que ça allait coûter plus que le 3 milliards
budgété, mais pourquoi, en novembre, ne même pas nous dire ça?
Donc, tu sais, tranquillement pas vite, c'est
comme une statue, la crédibilité. On perd des morceaux, on «chippe» dessus, puis on perd des morceaux, on
perd des morceaux. À un moment donné, il ne restera plus rien, là, de la
crédibilité du ministre. C'est ça, le problème. Puis la crédibilité du ministre
fait en sorte qu'on peut avoir un coût d'emprunt pour le Québec qui est plus
stable, mais, si on n'a plus de crédibilité, ça coûte plus cher à tous les
Québécois. C'est ça, le prix qu'on paie, M.
le Président, financier, là. C'est ça, le prix qu'on paie, nonobstant toutes
les conséquences sociales. Le prix
financier, c'est quand le ministre des Finances n'est pas capable d'être
crédible avec les agences de crédit, avec
les obligataires, avec les gens qui regardent les finances publiques. C'est la
conséquence. Ça va nous coûter plus cher. Donc, c'est important.
Puis,
quand je parlais de 4,7 % de croissance des revenus autonomes, la prévision
du ministre, au niveau de l'année prochaine,
pour le Québec, versus ce que l'Institut du Québec dit, 3 %, bien, je
pense qu'il y a place à s'inquiéter, parce que ça, c'est vraiment, vraiment, vraiment significatif. Parce que, si
le gap de 1,7 % que je vous mentionnais ne se réalise pas, c'est plus que 2 milliards de
dollars qui va faire que le gouvernement ne balancera pas encore une fois,
encore plus. Donc, on ne passera pas à 11 milliards, on va être à
13. C'est ça, la réalité.
Donc, c'est
important d'avoir un directeur parlementaire du budget pour regarder, de façon
indépendante, toutes les dépenses et
toutes les prédictions de revenus. C'est d'une importance névralgique. Si on
n'a pas quelqu'un qui peut, de façon
neutre, non partisane, regarder cette machine de promesses qui ne se
concrétisent pas, bien... Comme je vous disais tout à l'heure, à une autre époque, je regardais ça avec des yeux de...
bien, c'est crédible, c'est la façon de faire. Là, on est dans une
situation où est-ce qu'on n'a pas la même crédibilité, alors, c'est important
qu'un directeur parlementaire du budget soit
instauré, qu'on fasse une loi pour que ça puisse être une réalité, au Québec,
parce que c'est important que ce gouvernement-là se ressaisisse et mette
en place les outils pour faire qu'on puisse se ressaisir. Je pense qu'avoir des
gardes pour se protéger si jamais on va trop
vite dans une courbe, c'est important, surtout quand on va trop vite, pour ne
pas tomber dans le ravin. Bien, c'est
un peu l'image que j'essaie de donner, c'est important que ce gouvernement-là
se mette des gardes pour ne pas
tomber dans le ravin encore plus. C'est important parce que c'est tous les
Québécois et Québécoises qui vont en payer le prix.
On a discuté,
nous, au Parti libéral, évidemment, parce que c'est important, l'économie,
c'est important pour tout. C'est important pour nous, mais c'est
important pour tous les Québécois, peu importe le parti, peu importe
l'allégeance politique. C'est important, au Parti libéral, que le développement
économique soit la priorité numéro un, parce que, de tout... tout le reste découle de ça. On veut mettre de l'argent en
santé, oui, mais ça nous prend des revenus. On met de l'argent en éducation, oui, mais ça nous prend des revenus.
C'est important de générer, de faire croître l'économie, de grossir la
tarte. Puis le seul et unique dernier levier qu'on a au Québec, M. le
Président, c'est la productivité. Il faut l'améliorer.
L'institut de la productivité des HEC nous a
recommandé, même, un objectif de 2 % d'augmentation de la productivité. Ça, ça devrait être l'objectif que
ce gouvernement-là devrait se fixer. C'est important, parce qu'encore une
fois c'est une game qui est relative. Si,
nous autres, on s'améliore un peu, on dit : Aïe!on s'est améliorés un peu,
c'est le fun, mais, si le voisin
s'est amélioré encore plus que nous, bien, on perd du terrain. Parce que nous
autres, on produit un truc, ici, qui s'appelle A. Bien, dans d'autres
législations, ils sont capables de faire d'autres A, eux autres aussi. Mais, si
on est moins productifs, notre A va
coûter plus cher à produire. Ça fait que, si on le vend à l'international, on
va perdre des ventes à l'international, parce que, si l'autre voisine à
côté est capable de le faire à moins cher, parce qu'il est plus productif, c'est lui qui va être capable d'avoir la vente.
Donc, la productivité, simplement, c'est ça. On doit être plus productifs.
Notre objectif, c'est ça.
Ça fait cinq
ans, cinq ans que la productivité est à zéro au Québec, M. le Président, cinq
ans. Ce n'est pas une mauvaise année,
ici, ce n'est pas la pandémie, ce n'est pas la faute des syndicats, ce n'est
pas la faute de personne. C'est la faute de ce gouvernement-là pas
capable de considérer que la productivité est une variable essentielle dans la
gestion de notre économie. On doit se
ressaisir dans nos finances publiques, on doit se ressaisir dans la vision
économique de ce gouvernement-là.
Il y a 262 000 PME à travers les
17 régions économiques du Québec, des hommes, des femmes, des jeunes, des moins jeunes, des parents, des grands-parents
qui travaillent au quotidien pour leur village, pour leur ville, pour faire que
leur business fonctionne, qui fait que la
communauté roule. Ils veulent de l'aide, ils veulent que ça fonctionne, ils
veulent être plus productifs, ils veulent... Moi, je ne connais pas personne
qui veut perdre de l'argent. Je ne connais pas personne qui veut en arracher dans la vie. Moi, tout le
monde que je connais veulent que ça aille mieux, évidemment. Bien, c'est ce
qu'on souhaite, M. le Président. Pour moi, c'est important, et ça, ça passe par
un gain de productivité pour l'ensemble du Québec, l'ensemble de nos
262 000 PME à travers le Québec.
On a une fierté, au Québec, parce qu'on a des
fleurons extrêmement importants, Bombardier, CGI, il y en a... Couche-Tard. Il y a des champions qui sont
reconnus à l'international. On en a d'autres, ils sont plus petits. Comme
Moody's disait, on a une économie qui
est diversifiée. On n'est pas juste du gaz ou du pétrole, comme en Alberta, ou
de l'industriel, du gros industriel
comme en Ontario. On est une économie diversifiée, on a toute la gamme de
modèles d'affaires ici, au Québec. On peut donc en profiter pour faire
ça, parce que, quelque part dans une de ces business-là, il y a un prochain
Couche-Tard, il y a un prochain Bombardier.
Oui, c'est
bon d'avoir... de faire venir des Northvolt de ce monde puis de vouloir
compétitionner à l'international dans
le secteur de la batterie. Puis, oui, on le supporte. Puis je n'irai pas
passer, là, plus de temps à dire que la façon d'avoir géré le dossier de
l'acceptabilité sociale, du gouvernement, a nui à la réalisation de ce
projet-là. Nonobstant tout ce problème-là,
c'est important de souhaiter le succès de Northvolt. C'est important. C'est
notre argent, c'est 7 milliards qui, aujourd'hui, nous coûtent plus cher, parce que ce gouvernement-là, il
nous a présenté un déficit de 11 milliards de dollars, parce que ce gouvernement-là ne comprend pas que
la productivité est importante. Le financement que nous, on va mettre sur nos épaules pour aider Northvolt va nous
coûter plus cher. Donc, ça coûte plus cher, emprunter l'argent, parce qu'on
ne l'a pas, là, on a... On est en déficit,
on a de la dette. On est endettés, 235 milliards... 232 milliards de
dette, au Québec, donc, on ne peut
pas dire : Ah! je l'ai dans les poches, ça ne me coûte rien, je vais la
donner, là. Non, non, il faut aller sur le marché obligataire, qui coûte maintenant plus cher que l'Ontario,
pour emprunter. Ça fait qu'on va aller emprunter, plus cher que ça nous coûtait lundi, pour donner le
7 milliards à Northvolt. Bravo! Comment se tirer dans le pied plus que ça?
Moi, en tout cas, je regarde ça puis je me dis : Bon, bien, sérieux coup
de barre à faire, là.
• (11 h 50) •
Il faut créer de la richesse. Le poids
démographique au Québec, on a une courbe inverse, on a de moins en moins de jeunes qui vont avoir à prendre soin de
plus en plus de monde. On parle d'équité intergénérationnelle, c'est important.
Le seul legs qu'on peut laisser à nos
enfants... Il y a la productivité, que je viens juste de mentionner, mais c'est
important de
mettre le bateau dans la bonne direction, de leur donner les moyens de leurs
ambitions pour plus tard. Ça, c'est le Fonds des générations puis ce
n'est pas de pelleter, des années plus tard, le retour à l'équilibre
budgétaire, comme ce que le gouvernement
fait, là. C'est important de considérer les conséquences de ça. Reporter
l'équilibre budgétaire, c'est la même chose
que de repiger d'autre argent du Fonds des générations. On va dire aux
jeunes : «Let's go», c'est encore à vous autres, là, vous allez vous occuper de ça, nous autres,
là, on n'a pas le goût de le faire. C'est un peu ça qui se passe. Ça fait que
c'est important que ce gouvernement-là se
ressaisisse, parce que, si on ne peut pas laisser un legs positif à nos
enfants, on va avoir de la misère à se regarder dans le miroir, à un
moment donné, là, puis c'est ça, la réalité.
Donc, on n'a
pas le choix, on doit absolument s'assurer de, premièrement, avoir une vision
économique de développement régional,
de développement de l'ensemble de nos régions. On doit s'assurer qu'on vise une
productivité puis on doit s'assurer que, quand on fait nos calculs de budget,
qu'on met au minimum des bonnes suppositions de base. Puis, si la supposition de base des revenus
autonomes du ministre des Finances pour l'année 2024‑2025,
de 4,7 %, ne se réalise pas,
comme plusieurs, actuellement, l'ont déjà dit... Tous les économistes
à qui j'ai parlé m'ont dit : Bien là, l'Institut du Québec, qui est optimiste, lui, est à 3 %,
où est-ce qu'il prend son chiffre? Bien, ça, c'est un autre 2 milliards. Ça fait
que c'est important d'avoir la bonne information, c'est important d'avoir les
bonnes statistiques.
C'est
important parce que, quand on planifie pour l'avenir, il faut vraiment être
capable de se dire : Bon, bien, on est dans la bonne direction ou
on ne l'est pas, puis, si on n'est pas sur la bonne direction, bien, qu'on
corrige le tir. À force de répéter tout le
temps les mêmes erreurs, à un moment donné, là, ça va juste démontrer quelque
chose, là : il nous manque, quelque
part, des watts pour faire en sorte qu'on puisse avancer dans la bonne
direction. C'est important qu'on puisse ne pas répéter les erreurs du
passé.
Les dépenses
de portefeuille, elles vont augmenter de 4,6 %. La répartition dans les
fonds... dans le fond, là, des portefeuilles,
elle est inégale, O.K.? Santé, une amélioration de 4,2 %, Éducation,
9,3 %. Là, là, je veux juste vous dire, là, moi, ça fait 35 minutes que je vous parle de l'économie, O.K.?
Économie, Innovation, Énergie, moins 4 %. Qu'est-ce que j'ai dit, il y a une minute, là? C'est important
d'investir dans notre économie. C'est important d'investir dans notre avenir.
C'est important de s'assurer qu'on aide nos
PME à devenir les prochains... c'est important qu'on améliore notre
productivité. On baisse de 4,4 % le budget de l'Économie, Innovation,
Énergie. C'est à ne rien y comprendre. C'est la direction qu'on doit prendre, puis ce gouvernement-là fait l'inverse.
Donc, mauvaises prévisions au niveau de l'augmentation des revenus, fait
l'inverse de ce qu'il doit faire pour corriger le tir, 11 milliards de
déficit. Je ne veux pas vous voir l'année prochaine, M. le Président :
Bien, j'avais raison, on est rendus à 15 milliards. Je ne veux pas faire
ça, ça ne me tente pas.
Donc, c'est
pour ça, comme l'an passé, j'ai donné un avertissement en disant : Ce
n'est pas des bonnes prévisions économiques. C'est pour ça que, dans le
passé, Carlos Leitão a dit : C'est des prévisions qui vont stimuler
l'inflation. C'est pour ça qu'on a parlé qu'on est dans une crise de logement.
C'est pour ça qu'on a parlé qu'il y a une pénurie de main-d'oeuvre. Puis c'est important de s'allumer, là, quand on donne,
quand même, de l'expérience. On est quand même des gens qui ont une certaine intelligence collective, là, on peut quand
même partager notre savoir avec le gouvernement, et c'est ce qu'on fait. Il faudrait au moins, au minimum, nous écouter.
Parce que, là, si, l'année prochaine, on arrive, là, puis ça ne fonctionne pas après avoir baissé
Économie, Innovation, Énergie de 4 %, là... 4,4 %, qui était le seul,
dernier levier qu'on avait, là,
finalement, hein, c'est... Puis il va y avoir des décisions vraiment difficiles
à prendre l'an prochain, là, vraiment.
Donc, c'est
important d'améliorer notre productivité, parce que, si on ne peut pas
l'augmenter, on va être... on ne sera pas capables d'avoir les revenus pour
faire en sorte qu'on puisse avoir les services pour tous les citoyens. Les
services en santé sont importants,
l'éducation, c'est important, les autres sont importants, tout est important,
mais, je veux dire, si on n'est pas capables de générer de la richesse, on ne
sera pas capables de pouvoir s'en sortir. Productivité, donc, clé essentielle.
Puis il y a
plusieurs indicateurs qui peuvent ressortir dans le quotidien, que ce soit dans
les journaux, à la radio, à la télévision,
qui vont nous parler de choses que... de leur perspective, comment ils croient
que c'est important, justement, qu'on puisse être dans la bonne
direction. Il y a des statistiques, là, qu'il faut absolument considérer.
Les
investissements non résidentiels. Dans un contexte de ralentissement
économique, dans un contexte de législation positive vers le développement économique, on aurait dû, normalement,
voir l'opportunité d'affaires, donc un environnement où est-ce que les décideurs, les donneurs d'ordre
se disent : Bon, bien, peut-être que, là, ça vaudrait la peine de prendre
un risque ici puis d'investir. On a vu le contraire, M. le Président. On
a vu une baisse de 1,4 %. Quand je vous disais, là, manque de confiance, perte de contrôle, réduction
de la crédibilité, ça, c'est une autre façon de vous le dire. Quand le marché
parle, il faut écouter. Puis, quand le
marché parle puis qu'il dit : On va baisser nos investissements au Québec,
là, ça veut dire qu'on ne fait pas
confiance dans le plan de match, on ne fait pas confiance dans la façon de
vouloir gérer les finances publiques.
Donc, c'est
important de comprendre, au minimum, l'information. Puis c'est un peu ça,
l'exercice qu'on fait tout le temps.
Mes collègues vont tous prendre le temps de vous parler, ils vont tous prendre
le temps de parler de leurs dossiers, d'envoyer
le message spécifique à leurs dossiers, à leurs citoyens. Mais, mon rôle à moi,
c'est de vous parler du point de vue économique, macroéconomique, pour
l'ensemble du Québec. Puis ces variables-là, elles parlent, ces variables-là
représentent plusieurs personnes.
Puis je vais
vous citer... Attendez, je vais vous trouver la ligne ici, là, puis je ne veux
pas me mélanger, je pense que c'était Véronique Proulx. Donc, la CAQ
pense aussi qu'après une décennie, une année désastreuse en investissement non
résidentiel, de 1,4 %, les investissements vont rebondir en 2024, mais ce
n'est pas la réalité du terrain. Et je cite Mme Proulx :
«Lors d'un récent sondage réalisé par MEQ — Manufacturiers exportateurs du Québec — l'automne
dernier, 26 % des entreprises
qui vivent des conséquences directes liées à la hausse des taux d'intérêt
déclarent reporter ou annuler leurs
projets d'investissements.» Ça, c'est le levier que je vous mentionnais tantôt,
là. C'est ça qu'on a de besoin d'avoir. Il y en a 26 % qui
disent : Je ne le ferai pas. Ça fait que, là, on est dans cette
situation-là, où est-ce qu'on a du monde qui sont
bien équipés, qui comprennent comment ça fonctionne, qui ont les capacités
financières pour le faire et ne le font pas.
C'est important de comprendre cette
donnée-là, puis c'est important, puis je le sais que le ministre des Finances
le comprend. Je le sais, je le connais
depuis plusieurs années, le ministre des Finances, je sais qu'il comprend ça.
Mais clairement il y a d'autres
influences alentour du ministre des Finances qui font en sorte que la
résultante ne concorde pas avec ce que l'économie, ce que les marchés,
ce que les gens nous disent, ce que les statistiques nous démontrent.
Donc, je me demande,
je me pose la question : Pourquoi? Parce que je sais que c'est un homme
intelligent, je sais qu'il est capable
d'arriver à des bonnes décisions. Mais il a fait des erreurs, il s'est
trompé : trompé sur l'inflation, trompé sur la croissance économique puis là il se trompe sur le déficit de
façon significative. Et les conséquences sont lourdes pour tout le
Québec.
Je
veux juste revenir une seconde sur ce que je disais tantôt, en entrée de jeu, à
propos, là, du coût de la dette pour le Québec versus le coût de la
dette par rapport à l'Ontario, parce que le premier ministre veut souvent et
plus souvent qu'autrement se comparer, là, à l'Ontario. Le marché obligataire
c'est une drôle de bibitte, O.K., parce que les valeurs relatives... O.K., le marché, en absolu, bouge à tous les jours, mais
les valeurs relatives sont stables. Ah! tout le monde recule d'un point aujourd'hui, tout le monde s'améliore
d'un point aujourd'hui, mais, en absolu, ça bouge d'un point, ça baisse
d'un point, ça bouge, mais de façon relative. Ces relations-là, c'est stable,
très stable.
Ça fait des années...
Après tout l'effort libéral, ça fait des années que le Québec... Parce que moi,
je l'ai vécu, où est-ce que le Québec payait
beaucoup plus cher. J'ai transigé ces obligations-là que le Québec payait
beaucoup plus cher que l'Ontario pour
se financer. Mais ça fait des années, après toute la rigueur budgétaire, que le
Québec a été capable de pouvoir être
à un coût moindre pour plusieurs raisons, économie diversifiée, O.K., mais
aussi une rigueur budgétaire et un respect de l'objectif d'un maintien des
finances publiques dans un bon ordre, conditions de base. Donc, pendant des
années, on était moins cher. Lundi matin, on
était moins cher que l'Ontario. Lundi matin, on était moins cher que l'Ontario.
Aujourd'hui, on est plus cher, relativement
parlant, que l'Ontario dans... pour emprunter de l'argent, 10 ans, au
Québec. Ça, M. le Président, c'est
comme... c'est un domino extrêmement important. Puis je reviens aux agences de
crédit de tout à l'heure, là. Eux
autres, là, ils en ont pris note, de ça, et là, maintenant, à partir
d'aujourd'hui, ils vont nous surveiller, alors il faut bien agir.
• (12 heures) •
On
avait des demandes, évidemment, extrêmement importantes pour le budget du
Québec. Pour le logement, pour nous,
c'était important. On a fait une demande qui était vraiment simple, en fait, à
comprendre, parce que, quand on regarde ce qui se passe au Québec puis quand
on... par exemple, à Gatineau, puis on regarde l'autre bord de la rivière, à
Ottawa, on regarde chez nous, il n'y a pas de grue. À Ottawa, il y a des
grues. Pourquoi est-ce qu'il y a comme ce problème-là? Comment se fait-il qu'on n'est pas capable d'avoir de la construction
juste l'autre bord de la rivière, à Gatineau? Comment se fait-il? C'est
simple. Il n'y a pas l'équivalent de la TVQ qui est chargée sur les matériaux
de construction pour les entrepreneurs en Ontario. Donc, ils ont un avantage de
construire en Ontario qu'ils n'ont pas au Québec.
Le
problème du logement au Québec, c'est un problème d'offre. Donc, c'est
important d'essayer de stimuler l'offre. Comment on peut faire pour stimuler l'offre? Bien, en retirant la TVQ
des matériaux de construction pour les promoteurs immobiliers, bien, ils vont être capables d'offrir
le logement à un prix qui va être plus abordable, potentiellement, aux
acheteurs et donc, de cette façon-là,
offrir du logement, se dire que, bien, moi, à ce prix-là, je suis capable de
rentrer dans mon capital, je suis capable de faire de l'argent si je vais aller
développer pour des logements. Donc, à partir de ce point-ci, je vais être
capable de mettre en place et sortir de
terre des logements. C'est simple, là. Donc, c'est une stratégie d'offre, c'est
d'améliorer l'offre.
J'ai
entendu le ministre des Finances nous dire que, nous autres, on a déjà donné,
là, à l'automne, là, on a donné marginalement ici, là, au budget, mais
la stratégie fondamentale, c'est d'attendre de voir ce que la Banque du Canada
va faire, parce que, pour nous, c'est important. Ça, ça va stimuler l'industrie
de la construction. L'offre et la demande, M.
le Président, les deux côtés, les deux côtés de cette équation-là vont être
affectés par une baisse potentielle des taux d'intérêt de la banque centrale. Donc, oui, si on baisse les
taux d'intérêt, les entrepreneurs, qui doivent emprunter pour construire,
pour faire des projets, ça va leur coûter
moins cher pour construire, oui, mais les acheteurs aussi, ça va leur coûter
moins cher, acheter. Ça fait que, là, soudainement, les deux bords sont
stimulés.
Puis
je vais vous faire... Je vais vous lire une citation. Je vais la retrouver, là,
donnez-moi juste une petite seconde. Tiff Macklem, gouverneur de la
Banque du Canada, disait : «Le problème est vraiment du côté de l'offre.
Il faut mettre l'emphase sur des politiques qui vont augmenter l'offre. Les
politiques qui vont stimuler la demande, ce n'est pas ce dont nous avons besoin maintenant. [Ce n'est] pas
régler le problème. Les changements au taux directeur ont un effet rapide
sur la demande de logements. Mais les effets de la politique monétaire sur
l'offre sont beaucoup plus limités.»
On ne peut pas me
dire que la stratégie du gouvernement est bonne, d'attendre que ce soit la
banque centrale qui baisse le coût du
loyer... de l'argent pour stimuler l'offre. On ne peut pas me le dire. Je le
savais. Mais là c'est... on joue le jeu politique ici, etc., donc je me suis équipé
d'une citation du gouverneur de la banque centrale du Canada. Ce n'est
pas un imbécile, là, c'est quelqu'un qui a comme responsabilité de s'assurer du
pouvoir d'achat de tous les Canadiens. Son quotidien, O.K., c'est de s'assurer,
un, que l'inflation redescende et qu'on ne perd pas, relativement parlant, donc
des économistes, des équipes d'économistes, des gens qui savent ce qu'ils font.
Donc, quand Macklem
nous dit que c'est marginal sur l'offre, je ne comprends pas la politique du
ministre des Finances de nous dire : Bon, bien, nous autres, on pense
qu'on a assez déjà donné, puis, en passant, ce qui va vraiment aider, c'est la baisse des loyers. C'est ne pas
comprendre. Mais, comme... comme je vous disais tantôt, je ne pense pas que
c'est le ministre des Finances. Je pense
que, vraiment, il y a des forces à l'externe ou à l'interne qui font en sorte
que la conclusion ou la vision, disons, directe qui est annoncée pour...
de la part du gouvernement sur la source du problème et comment le régler, pour l'habitation, bien, ce n'est pas la bonne
réponse. Donc, c'est important de travailler avec une vision claire, un environnement qui est basé sur
des statistiques qui sont réelles, des prévisions qui sont basées sur des
consensus de gens qui savent ce qu'ils font.
Puis,
vous savez, faire un budget, là, il y a plusieurs variables. Je ne sais pas si
vous vous rappelez de vos cours de mathématiques, là, à l'université. On
peut avoir plusieurs variables, plusieurs équations, puis là on peut commencer
à mettre un chiffre ici, puis on peut
solutionner x, si on impose à y telle, telle valeur. Vous comprenez? Je ne sais
pas si vous vous rappelez un peu
de... Non? O.K. D'accord. Moi, en tout cas, c'était comme... mes premiers
plaisirs mathématiques, c'était de comprendre ces variables-là. Mais on peut
mettre un chiffre ici, imposer une valeur, O.K., puis, à partir de là, une équation qui était difficile à trouver la
solution, on pouvait deviner que valait x à ce moment-là. Bien moi, j'ai un peu
l'impression que ce qu'on a fait dans le budget, c'est qu'on a dit : O.K.,
11 milliards, on n'en veut pas plus, O.K., on n'en veut vraiment pas plus. Ça fait qu'on va mettre 11 milliards,
mais, croissance des revenus, ça prendrait quoi, comme chiffre, pour que ça matche? Ça fait que, là,
finalement, bien, 4,7. C'est 4,7, on a solutionné pour 4,7. On a imposé 11 milliards... Bien, je ne sais pas si c'est
ça, mais, de mon point de vue à moi, j'ai l'impression que c'est ça, parce que
c'est tellement loin de ce que l'ensemble... de ce que l'Institut du Québec
dit. Ce n'est pas 3,2 versus 3, là, c'est 4,7 versus
3. L'an passé, c'était 0,6 versus 0,3, c'était le double. O.K., je dois avouer
que le ministre s'est quand même ressaisi un peu. Au lieu que ce soit deux fois plus jovialiste, si je peux
utiliser le terme, que ce que le consensus était, là il est 50 % plus
jovialiste. Ça fait qu'il y a un rattrapage, tranquillement pas vite. L'année
prochaine, peut-être qu'il va être sur le chiffre. Mais je regardais ça puis je me disais : C'est sûr que la
solution, ici, a été de trouver qu'est-ce que ça prend, comme chiffre,
pour l'augmentation des revenus autonomes, pour que ce soit seulement
11 milliards de déficit. Peut-être que je me trompe, peut-être que ce n'est pas ça, mais mon... ma capacité de faire
des autopsies de bilan m'ont amené à conclure de cette façon-là.
Il y a
évidemment, M. le Président, d'autres éléments importants qui ont été faits
dans ce budget-là. Une de nos demandes était de... une demande simple,
en fait, une demande qui est vraiment libérale, comme toutes nos demandes,
évidemment, mais celle-là je la trouve simple puis elle parle à tout le monde.
Nos services de garde non subventionnés, M.
le Président, là, sont à, disons, 60 $, 55 $, 50 $ par enfant,
par jour. C'est 300 $ par semaine, quand même, ou 250 $ par semaine. Tu en as deux, enfants, ça te coûte
500 $, 600 $. C'est cher. Donc, c'est tellement cher qu'il y a du
monde qui vont rester à la maison. Ça, c'est la première problématique
de ce modèle-là.
Deuxième problématique
de ce modèle-là, c'est qu'il y en a 15 000, places dans les services de
garde non subventionnés qu'on proposait de convertir à du subventionné à
9,10 $. Dans ces 15 000 places là, il y en a plusieurs, voire des milliers qui ne sont pas utilisés parce
que ces places-là coûtent trop cher. Donc, il y a, par conséquent, beaucoup
de ces places-là puis une capacité qui
manque. On m'a glissé à l'oreille des chiffres. Ça peut être 8 000, ça
peut être 12 000. On n'est pas
capable d'avoir le chiffre précis. On pose la question depuis un an puis on n'a
pas de réponse. Mais on sait qu'il y
en a qui ferment parce qu'elles ne sont pas capables... les garderies non
subventionnées, elles ferment parce qu'elles ne sont pas capables de faire leurs fins de mois. Ils sont obligés de
charger tel prix. Ils ont bien de la place, mais ils n'ont pas de
demande parce que ça coûte trop cher.
• (12 h 10) •
Donc, si...
supposons qu'on était capables de prendre ces places non subventionnées puis de
les subventionner, bien là c'est 15 000 enfants qui trouveraient une
place. J'ose croire que ça doit être proche de 15 000 parents qui
n'auront pas d'enfant à surveiller à
la maison, donc 15 000 parents potentiels qui peuvent retourner sur
le marché du travail. Ça, ça stimule l'économie. Pénurie de main-d'oeuvre. On
en a besoin. Du monde qui habitent puis qui vivent au Québec, qui
parlent français, on en a de besoin. Donc, voilà.
Comment se
fait-il qu'on n'est pas capables de penser que ça, c'est une bonne idée? Non,
non. À la place d'écrire... d'écouter
les demandes libérales, qui sont intelligentes, pertinentes et engagées vers un
développement économique durable pour tous, le gouvernement a décidé de
faire : Non, non, nous autres, ça va être 1 000. Puis, à cette
vitesse-là — ma
collègue de Westmount, aujourd'hui, en point
de presse... excusez, l'a mentionné — ça
va prendre 50 ans avant d'en arriver à la fin. Ça, c'est si, demain matin, on arrête de faire des bébés, là.
Mais on n'arrêtera pas de faire des bébés, j'espère. Mais, si on arrête de faire des bébés, ça va prendre
50 ans à résorber le problème. «By the way», rendus dans 50 ans, ces
enfants-là, ce n'est plus des enfants, là, ça va être des vieillards
comme moi, là.
Ça fait qu'il
faut arrêter, là. Il faut se ressaisir puis comprendre qu'aujourd'hui on a
manqué plusieurs opportunités, l'opportunité
d'aider les familles à pouvoir avoir les deux parents ou un des deux parents à
retourner sur le marché du travail. Ce n'était pas compliqué, celle-là.
Celle-là, là, c'était la pomme la plus basse de l'arbre, en parlant de fruits,
là.
Donc, on est
rendus là, M. le Président, on est rendus dans cette situation-là, où est-ce
que... On a parlé que l'importance d'améliorer la productivité des
Québécois et des Québécoises dans l'ensemble des 262 000 PME du
Québec était priorité numéro un, puis ce
n'est pas ça qu'on a eu. On n'a même pas entendu que le mot «économie» était
prioritaire pour ce gouvernement-là. On a parlé que... l'importance de,
justement, être visionnaire au niveau de l'habitation, d'éliminer la TVQ sur les matériaux de construction pour nos
entrepreneurs, aider nos municipalités à accélérer le processus d'émission
de permis pour que les projets se lèvent de
terre rapidement. On en a parlé, de ça, là. On n'a rien entendu là-dessus. Puis
notre troisième demande, qui était les
services de garde non subventionnés à être convertis, les
15 000 places, en publics, là, puis ce n'est pas la réponse
qu'il fallait faire. Ce n'était pas la bonne réponse, là. Il y avait un choix,
là.
Donc, vous
comprendrez, notre façon de demander nos demandes au gouvernement était active.
On était dans le mouvement. On parlait de produire, de construire puis
de convertir. Nous, c'est dans l'action qu'on voulait que ce gouvernement-là se dirige. Puis on veut que ce
gouvernement-là soit responsable, responsable de nos finances publiques.
Malheureusement, ce qu'on a vu cette semaine, c'est un exercice qui a fait en
sorte que les Québécois et Québécoises vont avoir à payer plus cher pour leurs
coûts de financement relatif à l'Ontario. Puis, quand je parle des Québécois et
Québécoises pour leur coût de financement,
parce que le gouvernement du Québec va devoir aller emprunter, relativement à l'Ontario, maintenant, on est rendu plus cher que l'Ontario. Puis je
sais que, des fois, il faut qu'on répète plusieurs fois, là, pour que le message passe, là, mais, je vous le
dis, là, ça, c'est une plaque tectonique qui a bougé cette semaine. Le marché
obligataire, là, tout
bouge à peu près en même temps. Ces relations-là, là, c'est dans... pas dans du
béton, là, mais c'est du solide. Pour
que ça passe de moins cher, au Québec, d'emprunter par rapport à l'Ontario
lundi matin, puis qu'après que le premier
ministre parle hier dans son point de presse, que c'est maintenant rendu qu'on
est plus cher que l'Ontario, il faut qu'on comprenne que c'est grave.
L'alarme, il faut qu'on la sonne.
Puis je suis
content de voir que Moody's puis DBRS ont réagi. Je suis content de voir, parce
que ça, c'est des agences. Ce n'est pas des libéraux, ce n'est pas des
caquistes, ce n'est pas des QS, ce n'est pas des péquistes, c'est des gens qui
viennent d'ailleurs, qui regardent ça de façon très neutre puis qui se
disent : Bon, bien, voici ce que ça donne, voici la direction que ce gouvernement-là est en train de
prendre. Donc, pour moi, c'était important de voir... parce que j'aurais pu
vous en parler pendant des heures et des
heures, mais, juste le fait que ces deux-là arrivent puis disent : Un
instant, là, O.K., le premier domino,
c'est grave, là, on est sur... on est en mode surveillance, on va vous
regarder, là, maintenant... Parce que, si
ce n'était pas des anciens gouvernements libéraux, là, vous ne seriez peut-être
pas... il y aurait peut-être déjà d'autres dominos qui seraient tombés, là. Ça
fait que faites attention. Vous n'êtes pas dans la bonne direction. C'est
important qu'ils l'entendent, le message.
Là, je me
fais regarder du coin de l'oeil. Je sais que je dois vous déposer une motion de
grief, mais, avant d'arriver là,
c'est important d'aussi réaliser qu'on est tous ici pour aider l'ensemble de
nos citoyens. On est tous ici pour essayer de faire en sorte qu'on puisse aider le Québec dans son ensemble. Puis, de
temps en temps, il y a la partisanerie qui rentre, puis on a du plaisir, puis j'avoue que c'est un... Moi,
je commence à trouver ça de plus en plus le fun de voir, des fois, la petite
joute parlementaire, mais, de toute évidence, à un moment donné, il faut qu'on
passe aux choses sérieuses. Puis, cette semaine,
ce qu'on a vu, c'est une perte de contrôle de la part de ce gouvernement-là le
jour où est-ce qu'ils nous ont déposés un déficit absolu record jamais
vu dans l'histoire du Québec, avec toutes les conséquences que je vous ai
énumérées.
Donc, vous
comprendrez, M. le Président, que j'ai trouvé la semaine très longue, puis,
moi, ça m'a fait de la peine de voir
la situation dans laquelle on se trouve. Pour moi, c'est important que ce
gouvernement-là se ressaisisse. Et je vais tout faire pour m'assurer que le message soit compris, on va le répéter,
on va se servir de toutes les plateformes qu'on peut faire pour faire en
sorte que ça puisse être entendu et compris, mais c'est important pour tous les
Québécois.
Motion formulant un grief
Donc, je ne
sais pas si je dois faire un préambule, comment ça se fait, mais je vais juste
vous lire la motion de grief :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste d'avoir annoncé
un déficit record de 11 G$ dans son budget sans avoir présenté de
plan de retour à l'équilibre budgétaire.»
Sur ce, M. le Président, je vous remercie.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Votre motion est déposée, évidemment,
sous réserve de sa recevabilité.
Et, pour la
suite, je vais tout d'abord, avant de céder la parole au prochain intervenant,
dire qu'en plus du débat de fin de séance qui a été annoncé hier je vous
informe que deux autres débats de fin de séance se tiendront aujourd'hui, à
13 heures. Le premier débat portera sur une question adressée par M. le
député de Pontiac à M. le ministre de la Santé concernant la vétusté de l'hôpital de Drummondville. Le deuxième débat
portera sur une question adressée par M. le député de Maurice-Richard à M. le ministre des Finances
concernant les baisses d'impôt et le budget 2024‑2025. Le troisième débat
portera sur une question adressée par Mme la
députée de Robert-Baldwin à Mme la ministre responsable de la Condition
féminine concernant les maisons d'hébergement pour femmes victimes de violence.
Alors, nous
poursuivons donc nos affaires prioritaires sur le débat sur le discours. Et je
cède maintenant la parole à M. le député de Maurice-Richard, porte-parole du
deuxième groupe d'opposition en matière de finances, en lui rappelant que le temps de parole est d'une durée maximale
d'une heure. Alors, M. le député de Maurice-Richard, la parole est à vous.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Merci,
M. le Président. Je vous annonce tout de suite que je vais parler une vingtaine
de minutes, à peu près.
Motion formulant un grief
Et je sais
qu'Adèle, la personne qui s'occupe de nos travaux, est à l'écoute et veut
s'assurer que je dépose ma motion, ça fait que je vais commencer par
déposer la motion, qui va comme suit, motion de grief, donc :
«Que
l'Assemblée nationale blâme le gouvernement de la CAQ pour ce budget inapte à
préparer l'avenir en faisant face à
la crise du logement, à l'adaptation aux changements climatiques et en allant
chercher de nouveaux revenus afin de soutenir les finances de l'État.»
Voilà qui est fait. Je suis sûr qu'Adèle, entre
autres, est satisfaite. Je la salue.
Donc, j'ai
déjà eu la chance de m'exprimer sur ce budget, mais je pense qu'il est
important de revenir. On a beaucoup parlé
de logement. On a aussi parlé du manque de préparation de l'avenir. Ça fait que
je vais commencer par rappeler nos différents
points sur les questions du logement et sur les questions du transport, parler
plus tard de la question du transport, de
la question de la crise climatique, de la question aussi du vieillissement de
la population, qui est quelque chose, quand même, qu'on est capable de prévoir depuis à peu près 30 ans et qui,
malheureusement, gouvernement après gouvernement... on ne prépare pas pour ces enjeux vraiment majeurs
qui nous attendent. Et enfin je vais quand même aussi revenir sur la question de la dette,
parce qu'il y a des choses à faire, même si, évidemment, à Québec solidaire, on
a... on s'inscrit en faux par rapport à la continuité idéologique qui a
commencé, bon an, mal an, à la fin des années 90, avec le gouvernement Bouchard et avec M. Landry, qui en était le
ministre des Finances, et qui s'est continuée au fur et à mesure des années
jusqu'à aujourd'hui. On est à peu
près dans le même dogme. Et tout le monde a sursauté, évidemment, en voyant que
ce dogme-là pouvait quand même donner des dettes de 11 milliards.
• (12 h 20) •
Ça fait que
commençons, comme je l'ai dit, par la question du logement. M. le Président, on
ne peut être que vraiment atterrés,
atterrés par le manque d'investissement, par le manque de politiques publiques
pour améliorer la situation du logement. Évidemment, il y a des choses à faire à très, très court terme, quand
les gens se retrouvent dans la rue, mais il faut, au minimum, commencer à prévoir pour l'avenir. Et, si nous
sommes dans cette crise de logement aujourd'hui, c'est parce que, dans les
budgets de 2018, de 2019, de 2020, etc.,
nous n'avons jamais pris à bras-le-corps cette urgence qui devrait être une
urgence nationale, étant donné que se
loger devrait être un droit fondamental, et, pour nous, à Québec solidaire, est
un droit fondamental. C'est une condition de l'accès à la dignité en
tant que citoyens et citoyennes.
Et donc il y
a deux choses à faire pour le long terme : il faut absolument construire,
et il faut absolument construire beaucoup
du hors marché. On a trop longtemps fait confiance au marché, M. le Président,
sur la base du fait que ça réglerait tous
les problèmes qu'on a, que le marché va construire, que les maisons sont chères
et que, donc, le marché va se faire un plaisir de pallier au manque
d'habitations.
Or, ça ne se
passe pas comme ça. Une habitation n'est pas un bien comme un autre. Ce n'est
pas comme vendre une chaise ou une
voiture. C'est une condition pour l'accès à la citoyenneté, comme je l'ai dit,
et, non, le marché peut très bien tomber
en équilibre et se sentir tout à fait à l'aise avec des centaines, des
milliers, des dizaines de milliers de personnes qui peuvent se retrouver
dans la rue, avec des dizaines, 20 000, peut-être même
100 000 personnes qui sont mal logées, et avec toutes les conséquences qu'être mal logé peut avoir sur la question
de la santé mentale, sur la question de la santé tout court, quand on sait que
beaucoup de locataires, malheureusement, vivent dans des appartements
insalubres, sur la question de
l'alimentation, quand on sait que beaucoup de locataires se privent d'une
alimentation saine pour pouvoir payer leur loyer, et que, donc... Et d'ailleurs
le manque de planification a aussi une incidence sur nos capacités de lutter
contre la crise climatique quand on
ne met pas en place des mécanismes de densification. Donc, il faut absolument
construire du hors marché.
Or, le gouvernement a annoncé, il y a à peu près
quatre mois, un plan de 1,8 milliard de dollars, dont la moitié, 900 millions, venait du fédéral. C'est un
plan qu'on accueille évidemment avec joie. On est heureux qu'il y ait
1,8 milliard de dollars sur
la table. Évidemment, il est fort possible que ce ne soit pas assez, mais c'est
quand même des sommes importantes.
Mais malheureusement on a du mal, d'ailleurs, à
s'expliquer à quel point est-ce que ce manque de sentiment d'urgence qui nous envahit n'envahit pas le
gouvernement. C'est ce sentiment d'urgence là qui envahit les maires et
mairesses du Québec, qui n'arrêtent
pas de parler des problèmes, de crises qu'ils sont obligés de gérer,
principalement au début de chaque
mois de juillet, mais pas seulement, où il n'y a aucune de ces sommes-là qui
sont dépensées, M. le Président, dans l'année 2024‑2025
qui nous attend, pas un dollar n'est dépensé pour les 7 500 logements
qui sont inscrits dans ce budget-là, et
donc les dépenses commenceront pour l'année 2025‑2026, et pas un dollar
non plus ne sera déboursé pour les 500 logements de... pour les
personnes itinérantes.
Évidemment,
on aurait espéré voir d'autres solutions qui sont même gratuites pour l'État,
hein, on n'arrête pas de le répéter, donc l'idée d'avoir un registre des
logements... des loyers, qui permet d'inscrire tous les loyers qui existent au
Québec, et qui permet à un nouveau locataire
de savoir quel était le loyer avant qu'il arrive, et qui obligerait aussi les
propriétaires de ne pas augmenter de
plus que ce que le TAL leur permet de faire, et d'inverser justement le fardeau
de la preuve s'ils veulent en faire
plus, et non pas obliger les locataires à se mettre à mal avec leur
employeur... avec leur propriétaire en allant eux-mêmes porter plainte
quand il y a des augmentations abusives.
Abolir la
clause F, aussi. Pas plus tard que la semaine dernière, il y a quelqu'un
de ma circonscription qui m'a écrit, où ils ont reçu une augmentation de
60 % de leur loyer parce que l'appartement qu'ils avaient pris il y a deux
ans était neuf et qu'ils se retrouvent donc avec des augmentations, en
fait, qui n'ont juste aucun plafond. Et cette proposition-là aussi n'aurait
rien coûté au budget.
Enfin, évidemment, il y a la question d'orienter
le marché et de permettre à des nouvelles habitations de sortir sous terre. Le fédéral a décidé de couper la TPS
pour les nouveaux... les nouvelles constructions. Nous, on pense que, quand il
y a beaucoup de millions, et, dans ce cas-ci, de centaines de millions d'argent
public qui devraient être mis sur la table, ça devrait quand même orienter les décisions des politiques publiques.
Et donc on ne pense pas que la TVQ devrait être enlevée de manière égale, quels que soient les projets. On pense que,
pour tout ce qui est non lucratif, hors marché, donc OSBL principalement, coopératives, il faudrait
annuler la TVQ. Et puis, pour tout ce qui est dans le marché, il faudrait en
enlever 50 % si la porte coûte moins de 450 000 $.
Ça aurait été une proposition qui permet
aujourd'hui de construire des appartements qui seront disponibles dans un an, dans deux ans, alors que, d'ores et
déjà, on est capables de savoir, étant donné que cette année est une année où
il y a très, très, très peu de mises en chantier, que nous sommes en train de
magasiner des problèmes absolument terribles pour les deux, trois prochaines
années, qui vont venir s'ajouter aux problèmes que nous avons déjà en matière
de crise de logement.
Et ça, c'est
une énorme dette, M. le Président. On parle beaucoup des dettes du Québec, mais
qu'est-ce que ça coûte d'avoir une crise du logement? C'est absolument
terrible, ce que ça coûte à l'économie d'argent qui n'est pas mis pour
fructifier les PME, l'accès aux commerces de proximité, évidemment, toutes
sortes d'autres dépenses qui sont bien plus
essentielles que de mettre de l'argent dans un loyer, évidemment, sans compter
les gens qui se retrouvent à la rue et qui ont besoin de beaucoup,
beaucoup de services qui coûtent évidemment très, très cher à la société pour
pouvoir les rattacher,
les ramener vers une vie digne, une vie meilleure. Et on se passerait de tout
ça pour éviter que les gens tombent dans la spirale. Et,
malheureusement, ce que nous avons vu comme budget ne répond pas à ces exigences.
L'autre
problème, évidemment, c'est la question de la crise climatique, M. le
Président. Malheureusement, année après année, on se retrouve devant un
gouvernement qui n'est pas capable de prendre à bras-le-corps la lutte à la
crise climatique. On a vu les
investissements en matière de transport. Encore une fois, la part du lion
revient à la voiture. Plus des deux
tiers de l'argent revient à la voiture et moins de 30 % revient au
transport en commun. On est en 2024. De 2018 à 2024, aucun nouveau projet de transport en commun n'a
été initié par ce gouvernement. Aucun nouveau projet. C'est absolument
déplorable et quel manque de vision, M. le Président, par rapport à ça.
• (12 h 30) •
L'autre
chose, évidemment, c'est que la crise climatique apporte des imprévus qui sont
malheureusement maintenant prévisibles. Nous sommes, d'ores et déjà, capables
de savoir qu'il va y avoir des feux de forêt plus qu'il n'y a jamais eu
dans le passé au Québec. Nous sommes
capables de savoir qu'il va y avoir des régions qui vont recevoir trop de
pluie, ou des pluies au mauvais moment, ou des sécheresses, et qui vont avoir
des incidences très graves, et qu'on va devoir se préparer, un, à mettre en
place des politiques de résilience face à ces transformations majeures qui nous
attendent, mais, de l'autre côté, aussi, on va devoir, évidemment, gérer
les crises, les crises.
Or,
l'argent qui est sur la table est absolument ridicule, M. le Président. On
parle... Pour la SOPFEU, pour combattre le feu, on parle de 7 millions qui ont été mis en place, alors que,
pour éteindre les feux, ne serait-ce que l'année dernière, ça nous a
coûté 200 millions de dollars. Et, si je peux me permettre, ce n'est
pas la première fois où on prend des décisions qu'on sait, en fin de compte, qu'on ne sera pas capable de tenir et
qu'on sait... parce qu'il va falloir l'éteindre, le feu, qu'on le mette
dans le budget ou pas.
Et
donc ça va me permettre de parler de la question, peut-être, de la dette en
tant que telle. J'ai entendu nos collègues du Parti libéral s'offusquer évidemment très, très fort par rapport à la
taille de la dette, qui est effectivement très grande, même si, évidemment, tout le monde sait qu'il y a, dans
cette dette-là, un 2,2 milliards pour les Fonds des générations. Il y a
aussi 1,5 milliard de provisions, mais, quand même, effectivement,
c'est une dette.
Et
je vous dirais que la chose la plus étonnante dans cette dette-là, c'est qu'il
y a seulement quatre mois, seulement quatre
mois, M. le Président, on a une mise à jour économique qui parlait juste de
4 milliards de dollars, si mes souvenirs sont bons. On a quand même réussi à sauter de
4 milliards à 11 milliards en quatre mois, ce qui est, je pense, une
prouesse, quand même, hors du commun d'un gouvernement qui se définit lui-même
comme un gouvernement de bons comptables.
Vous
savez, M. le Président, j'ai travaillé 15 ans dans une banque de
développement. J'ai eu la chance de travailler avec beaucoup de comptables très utiles pour nous permettre de
prendre... de comprendre les implications de nos décisions, parfois un peu
conservateurs, et ne nous permettant pas d'investir pour l'avenir. Mais, ceci
étant dit, ne pas prévoir un déficit qui passe de 4 milliards à
11 milliards de dollars en quatre mois, je n'ai pas le souvenir d'avoir
vu ce genre d'ordre de grandeur, et
c'est à se poser des questions. Moi, je ne pense pas que c'est un problème
d'incompétence, M. le Président. Et donc je ne comprends pas. Je dois
avouer que je ne comprends pas pourquoi on a découvert ces milliards-là.
La
deuxième chose, c'est que ce gros trou avec lequel on se retrouve cette année,
en fait, on aurait pu le prévoir dès l'année
d'avant pour une raison, c'est que ce gouvernement avait prévu de sous-payer
les fonctionnaires, les travailleuses et
travailleurs de la fonction publique, les enseignantes et les enseignants, les
infirmières. Dans ce qu'ils avaient prévu dans le budget, ils avaient
prévu de payer moins que l'inflation, moins que l'inflation. Des augmentations
inférieures à l'inflation, c'est ça qui
était prévu. Qui, sérieusement, pensait que ces travailleuses, ces travailleurs
allaient se laisser faire? Qui, même, pensait que les parents d'élèves
allaient se laisser faire?
Évidemment, il y a eu
le mouvement que vous avez vu, avec toute la sympathie, car nous savons à quel
point ces personnes-là se donnent pour l'éducation de nos enfants, pour prendre
soin de nos malades pour faire marcher la fonction
publique à bout de bras. Et la conclusion, ça a été une amélioration réelle de
leur rémunération, entre autres, et donc une dépense qui n'était pas
prévue. Et je pense que seul le gouvernement pensait sérieusement... ou alors
c'était peut-être une stratégie pour
négocier, mais, l'un dans l'autre, on avait en fin de compte magasiné cette
dette-là à partir de la décision de
sous-payer... de penser sérieusement qu'on allait réussir, payer encore moins,
car, quand on augmente de moins que l'inflation, c'est qu'on appauvrit
les travailleuses et travailleurs de la fonction publique.
La
deuxième raison, évidemment, c'est la baisse d'impôt qui a été mise en place.
Donc, c'est une baisse d'impôt qui
fait partie de ce que le gouvernement a appelé le bouclier anti-inflation. Je
rappelle, M. le Président, d'abord que cette baisse d'impôt là, pour les
personnes qui gagnent plus de 100 000 $, représente 600 millions
de manière récurrente. C'est la seule
proposition qui est récurrente année après année, dans cet argent qui a été
distribué, sur la question de l'inflation. Les chèques de 500 $ qui ont été donnés aux gens qui avaient du mal
à se nourrir, alors que le panier d'épicerie a augmenté de 11 % en une année, alors que leur loyer
existait... non seulement il a été dépensé, mais il n'était pas récurrent. La
seule chose récurrente, ça a été cette baisse d'impôt là qui va nous
appauvrir année après année.
C'est quand même
triste. C'est quand même triste qu'on fasse ce cadeau-là au 10 % le plus
nanti quand on sait qu'en plus le 30 %
le moins nanti ne paie pas d'impôt parce qu'il est trop pauvre, M. le
Président. Et donc il n'a rien reçu de
récurrent dans cette offre-là, et il va se retrouver, lui, à être appauvri par
le fait qu'on ne sera pas capables de maintenir tous les services comme on le fait. Car ce que nous dit le gouvernement,
maintenant qu'il y a cette dette, il nous dit : Ne vous inquiétez pas, il n'y aura pas d'austérité.
Cette année, c'est un fait, même si, pour neuf ministères, il y a une baisse.
Et je vous avouerai, pour avoir parlé à des
représentants de la culture, entre autres, il y a une réelle inquiétude sur les
différents budgets de cette année dans la culture, entre autres, mais
pas seulement. Il y a neuf ministères, donc, qui ont perdu du financement. Et puis on va avoir le temps de
rentrer dans les détails à travers les conversations qu'on a... va avoir lors
des crédits. Mais il nous dit : Ne vous inquiétez pas, il n'y aura
pas de baisse de services.
Alors, il y a
toutes sortes de mots-clés, «éliminer la paperasse», «optimiser», il y a plein
de mots-clés, mais ce qu'on peut déjà
voir, c'est qu'on va... on a le droit de s'inquiéter de voir arriver, débarquer
de l'austérité en 2025 ou, au plus tard, en 2026. Et cette austérité-là, elle frappe les
plus démunis d'abord. Elle frappe les femmes avant tout, car c'est elles qui
perdent leurs emplois dans ces moments-là, c'est elles qui ont le plus besoin
d'avoir accès à des services, dans ce moment-là.
On a déjà vécu une austérité, en 2017, qui nous a été imposée par le Parti
libéral, qui a fait terriblement mal à nos
services, et nous, on sera là, à Québec solidaire, pour éviter qu'il y en ait
une autre et on sera là aux côtés des citoyennes et des citoyens qui vont défendre nos services publics. Mais, du même
souffle, le premier ministre, hier, nous disait : Oui, oui, je vais continuer les baisses d'impôt. Quel
aspect dogmatique, M. le Président! Quel aspect dogmatique! Comment est-ce
qu'on pense... Et là je citerai...
Malheureusement, je n'ai pas la citation devant moi, mais il y a une citation
de l'économiste, M. Godbout, qui
faisait référence à de la... à de la magie, à une pensée magique qui pensait
sérieusement que, d'un côté, on allait garder les services et, de
l'autre côté, nous n'allions pas trouver des moyens d'augmenter nos revenus.
Je vais
conclure, M. le Président, en disant : Il y a des moyens d'augmenter les
revenus. Il y a, bien sûr, les mieux nantis
et, parmi eux, et j'en ai parlé hier, il y a les gens qui ont vraiment accumulé
des quantités d'argent absolument colossales, pharaoniques. Il y a 17 milliardaires, au Québec, qui accumulent 50 milliards de
dollars, c'est autant que 3,5 millions de Québécois, c'est autant que le 40 % de Québécois en bas de
l'échelle, et là on ne parle pas seulement des personnes pauvres, M. le
Président, on parle de vraiment beaucoup de monde, et qui ont vu, donc, non
seulement leur richesse augmenter, depuis les cinq dernières années, mais qui
font partie... une bonne partie d'entre eux sont les plus gros actionnaires des
compagnies qui ont augmenté l'argent qui est
parti dans les paradis fiscaux comme le Luxembourg. Et il va bien falloir se
doter aussi de politiques publiques pour
qu'il y ait une justice fiscale, et que ce ne soit pas seulement la classe
moyenne qui paie pour les services qu'on a, et que les mieux nantis, et, parmi
eux, les très, très, très riches, fassent leur part. Et, même s'ils ont des comptables extraordinaires qui se
permettent, donc, comme ça, d'injecter leur argent de manière souvent légale,
parfois illégale, et on espère qu'ils se
font attraper, pour payer moins d'impôt que tout le monde, bien, même quand ils
font ça, il va falloir se doter de
mécanismes pour pouvoir chercher l'argent là où il est et s'assurer qu'on a les
meilleurs services en éducation, en santé, pour accompagner nos PME avec les
transformations, pour avoir des places de service de garde, pour avoir du transport en commun et surtout, M. le
Président, pour préparer pour l'avenir et lutter contre la crise climatique.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Maurice-Richard. Et votre grief avait été déposé au départ,
alors il est déposé sous réserve de sa recevabilité.
Alors, nous sommes maintenant prêts à
reconnaître le prochain intervenant. Et, au nom du troisième groupe
d'opposition, je reconnais M. le député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Merci, M. le
Président. Alors, le budget 2024 du gouvernement déposé mardi annonce un
déficit impressionnant de 11 milliards
de dollars. J'aimerais tout de suite mettre une chose au clair, c'est qu'il y a
des moments dans la vie politique nationale, la vie politique du Québec,
où il faut s'élever au-dessus des considérations partisanes, et, sur la cote de crédit du Québec, c'est un de ces
moments, M. le Président. La cote de crédit n'est pas évaluée sur un moment
précis, ce n'est pas une photo à un moment précis, par exemple le dépôt d'un
budget par un gouvernement, elle évalue globalement, la cote, la réputation internationale, la capacité
d'emprunt du Québec sur le long terme. Et, aujourd'hui, je pense qu'on ne devrait pas ici, dans cette
Chambre, contribuer à l'inquiétude des marchés en parlant de ça, donc,
nous-mêmes, là, en disant que, là, il
y a des drapeaux rouges puis il y a des drapeaux jaunes. Il faut que,
globalement, nous soyons là pour
soutenir la réputation et la crédibilité internationale de l'État du Québec.
Personne ne veut donner des raisons aux agences de cotation de douter de
cette crédibilité-là.
• (12 h 40) •
Cela étant
dit, il n'y a aucune raison non plus de se réjouir du budget qui a été présenté
hier. Autant d'ovations, autant de pouces levés, autant de sourires
alors qu'on annonce ce déficit, c'est un petit peu surprenant.
Le déficit est une conséquence de certains
facteurs. Le premier facteur, ce sont les choix politiques qui ont été effectués par ce gouvernement dans sa première
année de pouvoir de ce mandat mais aussi dans les cinq années de son mandat
depuis son élection en 2018. Et un de ces
choix-là qui a été effectué l'année dernière, c'est de priver l'État québécois
de sommes vraiment importantes, de 1,8 milliard...
1,7 milliard de dollars par année, avec des baisses d'impôt, des baisses d'impôt qui ont surtout profité aux citoyens, aux
citoyennes les mieux nantis du Québec, des baisses d'impôt qui avaient des effets considérables pour des foyers avec des
revenus de 200 000 $ mais des effets très minimes ou à peu près
inexistants pour, par exemple, une
femme monoparentale qui gagne 60 000 $. Ça, c'est un choix politique,
et le choix a été effectué en disant
aux Québécois, les yeux dans les yeux : Il n'y aura pas d'impact sur les
services, il n'y aura pas d'impact sur le déficit. Et aujourd'hui voyez
où on se retrouve, un an plus tard.
D'autres
choix ont été effectués, d'envoyer des chèques, encore une fois, à des
personnes parmi les mieux nanties de notre société, envoyer des chèques de
500 $ à des gens qui gagnent 100 000 $ par année, c'est un choix
politique, et ça a coûté cher au
Québec. Le gouvernement s'est présenté en disant qu'il allait mettre fin à
l'incorporation des médecins, qu'il allait
revoir la question de la rémunération des médecins. Ça n'a pas été fait. Le
gouvernement a choisi d'avoir une politique de généreux cadeaux fiscaux
pour des grandes multinationales qui ont même des impacts sur nos PME
québécoises. Ça aussi, c'est un choix
politique qui prive l'État de plusieurs ressources. Et, nous, on l'avait dit,
ça va finir par avoir un impact. On le voit, cet impact-là.
Il y a des enjeux aussi relativement à la
capacité de planification de ce gouvernement. Comment se fait-il qu'à l'automne dernier, à l'automne 2023, on
parlait d'un déficit qui pourrait tourner autour de 4 milliards, et là
qu'on est rendus à 11 milliards
quelques mois plus tard? On peut faire la même chose quand on compare les
prévisions du dernier exercice budgétaire avec l'exercice budgétaire
d'aujourd'hui. Alors, c'est sûr que ça, ça ne lance pas des bons signaux sur la
capacité du Québec de bien planifier et à la capacité du gouvernement de
faire les bons choix.
Un
autre de ses choix, un autre de ses problèmes de planification, là, ici, c'est
les deux, c'est qu'on est entrés dans une grande phase de négociation avec le
secteur public en déposant des offres qui avaient pour effet, au départ,
d'appauvrir les travailleurs de
l'État. Et puis là, après ça, on est obligés de hausser l'offre, bien sûr, pour
arriver avec quelque chose de raisonnable
et, après ça, on dit : Ça coûte cher, puis, bien, c'est un peu la faute
des travailleurs de l'État. Ce n'est pas ça. C'est encore une fois un enjeu de choix politique et c'est un enjeu de
planification. Donc, ça, c'est des milliards de dollars dans l'exercice
budgétaire.
Un autre choix qui
est extrêmement coûteux, et nous, on veut encore le souligner parce qu'il faut
être honnête là-dessus, un choix qui coûte
cher au Québec, c'est celui de demeurer dans le Canada. Le déficit,
actuellement, il est le résultat, donc,
de ce manque de planification puis des choix du gouvernement, mais il est aussi
le résultat d'un problème structurel
qui fait en sorte qu'on assume des missions fondamentales de l'État, qu'on est
en première ligne ici, au Québec, imputables devant les citoyens et les
citoyennes, et il y a une partie importante de nos impôts, de nos taxes qui va
à Ottawa, où des choix qui ne sont pas dans
l'intérêt du Québec sont effectués, et ça nous coûte cher. Le budget ne le dit
pas, mais le ver dans la pomme des finances publiques du Québec, c'est le
fédéralisme.
Avant
qu'il n'obtienne le pouvoir, en 2015, le gouvernement actuel, la Coalition avenir Québec, promettait d'aller chercher des gros gains : On va aller
chercher 15 milliards de dollars à chaque année. On est rendus en
2024. Donc, après toutes ces
années-là, y compris presque six ans de pouvoir de la Coalition avenir Québec, on s'aperçoit qu'il n'y a aucune des 21 réclamations qui ont trouvé une
réponse, et les gains financiers ne sont pas au rendez-vous. Le gouvernement
demande 1 milliard pour les demandeurs d'asile, une question qui
fait les manchettes depuis longtemps, on a eu 100 millions. 900 millions, M. le Président. C'est un
manque à gagner de 900 millions dans nos finances publiques. Ça, ça
devrait apparaître dans le budget. Le gouvernement a réclamé
6 milliards en santé. C'est les dépenses du Québec, là. C'est ça, le
montant équitable qu'on devrait avoir. On a
eu 1 milliard, un autre manque à gagner de 5 milliards à peine évoqué
dans le budget. Le gouvernement attend toujours son droit de retrait
avec compensation, une valeur de 3 milliards de dollars, pour le
programme dentaire; pas évoqué dans le budget.
Depuis
1998, on attend un remboursement prévu pour la crise du verglas — ça
commence à faire longtemps — 480 millions.
On attend toujours le demi-milliard en gains d'efficacité avec un rapport
d'impôt unique au Québec. Refus du fédéral. Non budgété, ça non plus.
Le gouvernement,
aussi, c'est drôle, on ne l'entend plus parler du point d'impôt que la Coalition
avenir Québec voulait récupérer. C'est plusieurs milliards de dollars, ça, M.
le Président. Alors, sans compter les budgets en culture, en infrastructures, où on laisse des centaines de
millions à Ottawa, on est déjà rendus à 14 milliards en manque en gagner,
et on pourrait continuer encore longtemps là-dessus, M. le Président.
Donc,
dans le prochain budget, nous, ce qu'on aimerait, c'est que le gouvernement
soit honnête avec les Québécois et les Québécoises puis qu'il chiffre la
part du déficit qui est attribuable au refus du gouvernement fédéral de
répondre aux demandes du gouvernement du Québec. Là, on est pris, comme ça va
probablement être le cas demain, à se mettre à
genoux puis à quémander des miettes à Ottawa. Et le résultat est toujours le
même depuis longtemps. Il faut en tirer des conclusions. Nous, on en tire, des conclusions, M. le Président. C'est
l'indépendance du Québec que ça nous prend pour des raisons politiques et pour
des raisons financières. Le fédéral... Le fédéralisme, donc, c'est un coût
important. Et, dans le document sur
les finances d'un Québec souverain qu'on a présenté il n'y a pas longtemps, on
prévoit le rapatriement des plus importantes sommes qu'on puisse
imaginer, 82 milliards de dollars qu'on rapatrierait au Québec et
qu'on pourrait gérer selon les intérêts du Québec. Bon, la solution du premier
ministre, elle est autre, mais là ça veut dire que, demain, il y a une rencontre puis, sur tous les sujets
dont on vient de parler, il y a une obligation de résultat, il y a une
obligation d'arriver avec les sommes qui doivent revenir au Québec. Et,
pour l'instant, ce n'est pas le cas. En fait, ça n'a jamais été le cas.
J'aimerais
prendre quelques minutes pour parler d'un sujet dont on a peu parlé, et c'est
celui de la justice. C'est un peu...
C'est un peu dommage qu'on n'en ait pas parlé, M. le Président, parce que c'est
l'une des missions fondamentales de l'État
aussi. L'État de droit, c'est le socle sur lequel reposent toutes les autres
missions de l'État, y compris de l'éducation, la santé, la sécurité
publique, etc. Et j'aimerais d'abord saluer que le gouvernement a prévu une augmentation des sommes qui sont
prévues pour les victimes d'actes criminels, et ça, il faut le saluer. C'est
une... c'est une bonne décision du gouvernement, mais, en même temps, en
justice, on diminue les investissements en immobilisations, notamment en immobilisations informatiques. Et le milieu de la
justice l'a beaucoup dit, notre secteur de la justice, c'est vétuste, il faut
vraiment faire un pas de géant ou des pas de
géant en matière d'informatisation. Et là, malheureusement, on réduit les
sommes qui sont prévues pour ça.
Également,
on diminue les dépenses accordées à la direction des poursuites civiles et
pénales. Le budget passe de 227,4 millions
à 218,6 millions. Je n'ai pas vu les justifications de cette diminution.
Je serais curieux de savoir qu'est-ce qui
le justifie, parce qu'on est à un moment où on a besoin de plus de ressources
pour notre direction des poursuites civiles et pénales, notamment dans le dossier des délais pour les dossiers
criminels. Hausse minime, donc, pour l'administration de la justice, 2,9 %, c'est inférieur à
l'inflation. Ça veut dire que les ressources en justice vont manquer. Ça, ça va
être... ça va faire en sorte que ça
va être difficile de résoudre le problème des délais en justice criminelle,
bonne chance aussi pour résoudre le
problème du recrutement et de la rétention des procureurs. Une autre mission
fondamentale où on aurait une marge de manoeuvre pas mal différente si
le Québec était indépendant.
Également, en matière
régionale, on avait promis 470 millions pour les coeurs des villes et
villages, seulement 50 millions dans le
budget. Là-dessus, il aurait fallu être franc avec les administrations
municipales au lieu de leur promettre la
lune. Même chose, les organismes communautaires attendaient des montants
importants pour réussir leur mission en région. Même constat, il n'y a
pas grand-chose dans le budget.
• (12 h 50) •
Logement, on a vu aussi le manque
d'ambition du gouvernement, puis ça, c'est à la suite d'un projet de loi qui a
fait mal dans le secteur de
l'habitation. Donc, alerte de divulgâcheur, là, ce n'est pas ce budget-là qui
va régler la question de la crise du logement.
J'aimerais
terminer, s'il me reste un peu de temps, M. le Président, avec ma région, celle
de Québec. Là aussi, je voudrais quand même souligner qu'il y a des
éléments intéressants dans le budget et dans le programme québécois d'infrastructures : la phase IV de la
promenade Samuel-De Champlain semble être en marche, rénovation du palais de
justice de Québec, les écoles,
rénovation d'écoles. C'est bien. Mais là c'est le réflexe Québec qui est
préoccupant, en fait, ou l'absence de
réflexe Québec. 25 ans de croissance économique soutenue ici, dans la
région de la Capitale-Nationale, notamment parce qu'on est capables de
mobiliser du capital social, qu'on est capables de mobiliser les acteurs, et là
on ne semble plus être capable de le faire. Le projet phare du
gouvernement ici, le projet de transport collectif structurant, est encore dans
le programme québécois d'infrastructures,
mais maintenant c'est une note de bas de page. Ça ne semble pas être un bon
signal. Quand on ajoute ça avec la
diminution des sommes octroyées à la Commission de la capitale nationale, ce
n'est pas encore les signaux qu'on
attendait pour notre capitale. Et là, encore une fois, le choix de
l'indépendance, M. le Président, c'est ça qui nous rendrait vraiment
ambitieux pour la capitale nationale, en faire une capitale internationale.
Motion
formulant un grief
En terminant, M. le
Président, je dépose une motion de grief. Je présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale blâme [...] le gouvernement pour son budget 2024‑2025 qui ne
chiffre pas le coût financier associé aux refus du Canada [face aux] demandes
financières légitimes du Québec.»
Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Jean-Talon. Et votre motion est déposée sous
réserve de sa recevabilité.
Alors,
avant de poursuivre le présent débat, je vous rappelle que le discours sur le
budget et le débat qui s'ensuit durent au plus 25 heures et se déroulent
en trois étapes : une première étape de 13 h 30 min à
l'Assemblée, une deuxième étape de
10 heures à la Commission des
finances publiques, une troisième
étape de 1 h 30 min à l'Assemblée. Cette dernière étape comprend une intervention de 30 minutes
du représentant de l'opposition officielle et une réplique d'une heure du
ministre des Finances.
Je
vous avise de la répartition du temps de parole pour la durée de cette première
étape : 6 h 45 min sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement,
incluant le discours du budget, 3 h 32 min 21 s sont
allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle,
incluant les commentaires de son porte-parole qui ont eu lieu le 12 mars et son discours d'aujourd'hui,
2 h 18 min 51 s sont allouées au deuxième groupe
d'opposition, incluant les commentaires de son porte-parole qui ont eu lieu le 12 mars dernier et son
discours aujourd'hui, 46 min 17 s sont allouées au troisième
groupe d'opposition, incluant les commentaires de son porte-parole qui ont eu
lieu le 12 mars dernier et de son discours d'aujourd'hui, 7 min 30 s sont allouées à la députée
indépendante. Dans le cadre de ce débat, le temps non utilisé par la députée indépendante ou par l'un des groupes
parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires selon les
proportions établies précédemment. Mis à
part ces consignes, les interventions ne sont soumises à aucune limite de
temps. Enfin, je rappelle à la
députée indépendante que, si elle souhaite intervenir au cours du débat, elle a
10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède donc la
parole au prochain intervenant, et ce sera M. le chef de l'opposition
officielle.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup, M. le Président. On a vu
l'ampleur, dans ce dernier budget là, le sixième de la CAQ, le sixième du
premier ministre, qui fait des campagnes électorales... Le premier ministre, le
chef de la Coalition avenir
Québec, fait des campagnes électorales en
parlant de rigueur, en promettant de la rigueur, mais, quand il est au pouvoir,
il gère comme un péquiste, M. le
Président, il gère comme un péquiste qui, pour lui, il n'y a pas de problème,
les déficits, il n'y a pas de problème, évidemment, quant à la qualité
des services offerts.
Le premier ministre,
M. le Président, nous a déposé un budget déficitaire pas de
4 milliards de dollars comme il prévoyait pas plus tard qu'en
novembre... Il avait même dit : Ce ne sera pas 4, ça va être
3 milliards de dollars, le déficit,
en novembre dernier. Deux mois après, il s'est trompé, M. le Président, de
8 milliards. Ça ne fait pas sérieux. Il disait, avant de partir pour les fêtes, qu'il aurait
besoin d'une boussole. C'est un gouvernement déboussolé, en perte de contrôle
financière. Et ça, c'est non seulement les
Québécoises et Québécois aujourd'hui qui sont doublement perdants... Pourquoi?
Parce qu'on est endettés, endettés comme jamais, puis on n'a pas les services.
Si
on pouvait retourner en 2018, M. le Président, quand les finances publiques
étaient en ordre, quand il y avait un gouvernement Couillard qui
succédait à un gouvernement de Jean Charest, qui l'avait précédé, en
mettant de côté l'interlude du Parti
québécois... L'interlude du Parti québécois, on est «back to the future»,
aujourd'hui, quand ils disaient : On
s'est trompé, on n'a pas été bons. Ça, c'était Nicolas Marceau, qui, dans le
comté de Rousseau, a été le successeur de l'actuel premier ministre du
Québec, qui avait dit, à ce moment-là : On s'est trompés, on n'a pas été
bons. Il avait eu l'honnêteté de le reconnaître. Il s'était trompé de
2,5 milliards de dollars. Là, en trois mois... Lui, il s'était trompé
sur un an et demi, 2,5 milliards. En
trois mois, le premier ministre s'est trompé de 8 milliards de
dollars. Ça ne fait pas sérieux. Alors,
il devrait dire, oui, encore plus que l'ex-député, l'ex-ministre des Finances
péquiste : On s'est beaucoup trompés. Il doit reconnaître qu'il s'est encore plus trompé, M. le Président. Et
de l'entendre dire, hier : Ah! c'est raisonnable, de se contenter de cela,
c'est inacceptable de la part du premier ministre du Québec.
On
l'a vu coup sur coup, mauvaises décisions. Les Espaces bleus, annulés. Les
centaines de millions, pour pas dire le
milliard et plus que l'on met dans les maisons des aînés quand celles et ceux
qui sont actuellement dans les CHSLD, pas besoin de couler de béton, là, ont besoin de ressources financières et
de ressources humaines pour les aider. Non, il y avait une lubie des maisons des aînés, qui ne sert pas
l'ensemble de la population. Pour les quelques mille qui auront des places,
là, ah! écoutez, ça va être des bonnes
places, mais, pour les dizaines de milliers d'autres, il n'y a rien de prévu. Un
gouvernement, donc, qui a endetté
comme jamais, comme jamais, c'est le record, 11 milliards de dollars,
ne peut pas offrir les services. Bien, pour nous, c'est inacceptable, du
Parti libéral du Québec.
Pour nous, également, M. le Président, on avait
fait des propositions. Mais là ce que j'ai souligné, puis je vais y revenir
dans quelques instants, ce que j'ai souligné ce matin, c'est que, là, les
dominos ont commencé à tomber. Les maisons
de cotation de crédit ont commencé à dire que la situation financière du Québec
est préoccupante. C'est un drapeau jaune
important. Le premier ministre, il a la responsabilité de protéger les
Québécoises et Québécois contre des hausses de taux d'intérêt, qui va
résulter en des dizaines et des dizaines de millions, pour ne pas dire des
centaines de millions de dollars d'argent
qu'on mettrait pour le service de la dette. Il doit rectifier le tir. Il doit
arrêter de dire que c'est raisonnable, 11 milliards,
parce qu'il ne fera pas accroire ça à personne, et il doit déposer un plan de
retour à l'équilibre budgétaire dans les
meilleurs délais. Et ça, il ne l'avait pas. C'était sa responsabilité de le
faire et de le déposer dans ce budget-ci. Il ne l'a pas fait. Il remet
ça aux calendes grecques.
Les
gouvernements libéraux précédents se sont toujours démarqués par la rigueur et
par la préoccupation d'offrir les services. Avec la CAQ, nous n'avons ni
un ni l'autre.
Motion formulant un grief
Et c'est pour ça, M. le Président, vous me
permettrez de lire la motion de grief suivante :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour le dépôt
d'un budget 2024-2025 qui fait la somme de 6 années de
mauvaise gestion sans prévoir le retour à l'équilibre budgétaire dans un
contexte où les Québécoises et Québécois ne reçoivent pas les services auxquels
ils ont droit.»
Et ça, M. le Président, on ne leur pardonnera
pas. Voilà, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci, M. le chef de l'opposition officielle. Alors,
votre motion est déposée sous réserve de sa recevabilité.
Débats de fin de séance
Alors, il est maintenant 13 heures, nous
allons poursuivre avec les débats de fin de séance. Et maintenant, tel qu'annoncé précédemment, le premier débat portera sur
une question adressée par M. le député de Pontiac à M. le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, en
remplacement de M. le ministre de la Santé, concernant la vétusté de l'hôpital
de Drummondville.
Je vous
rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député qui a
soulevé le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps de
parole de cinq minutes, et le député a ensuite un droit de réplique de deux
minutes.
M. le député de Pontiac, je vous cède donc la
parole pour votre premier cinq minutes.
Modernisation de l'Hôpital
Sainte-Croix
M. André Fortin
M.
Fortin : Bon midi, M. le Président. J'espère que vous allez
bien. Je salue le collègue ministre du Numérique, en remplacement du
ministre de la Santé.
• (13 heures) •
Comme vous
l'avez dit, une autre journée, un autre échange avec le ministre de la Santé
qui reste malheureusement sans réponse pour des résidents de Drummondville qui
attendaient avec impatience, vous le savez, M. le Président, qui attendaient avec impatience le dépôt du budget.
Parce que des résidents de Drummondville... Et je le dis, là, bien franchement,
M. le Président, j'aimerais mieux ne pas
être ici, j'aimerais mieux ne pas soulever ce dossier-là, j'aimerais mieux
qu'on soit en train de luncher. Je pourrais aller luncher avec le
ministre du Numérique plutôt que de débattre avec lui. Peut-être qu'on pourra faire ça plus tard, mais, quand même,
M. le Président, je préférerais ne pas me lever sur cette question-là parce que j'aurais préféré que le gouvernement
règle le dossier dès le budget, comme les citoyens de Drummondville et
des environs s'y attendaient.
Bon, M. le Président, ni moi ni les citoyens de
Drummondville, et très certainement pas les deux députés de la place, qui ont fait maintes sorties sur la place
publique pour exiger de leur propre gouvernement un investissement dans leur hôpital... Avec raison, parce que leur
hôpital, M. le Président, si vous êtes passé par là, ça fait pitié. Et, en
fait, c'est plus que faire pitié, là,
il y a rapport après rapport qui dit que ça compromet la sécurité des soins,
que ça compromet la qualité des
soins. Et ça, je ne pense pas qu'il y ait personne, que ce soit le ministre de
la Santé, le ministre des Finances, le ministre
du Numérique, les députés de la place, n'importe qui d'autre,qui peut vouloir
ça pour une population d'une région si importante, si névralgique au
Québec.
Mais les deux
députés en question, qui ont fait maintes sorties, aujourd'hui, là, ils se
retrouvent avec la fameuse... la
fameuse balle. Ils avaient lancé la balle dans le camp du ministre de la Santé,
ils l'avaient lancée au ministre des Finances, l'avaient lancée au gouvernement, au premier
ministre en disant : Aïe! là, ça va faire, là, on se tient avec les
citoyens, on a besoin d'aide pour
notre hôpital, faites de quoi, ça a besoin d'être inscrit dans le Plan
québécois des infrastructures. Le gouvernement
leur dit aujourd'hui : Arrangez-vous avec les troubles, allez expliquer
aux citoyens que ce ne sera pas pour tout de suite.
Bon,
qu'est-ce que le ministre de la Santé... Et c'est la raison pour laquelle j'ai
demandé un débat aujourd'hui, là, c'est
parce que la réponse du ministre de la Santé, elle est complètement à
l'encontre de tout ce qui a été promis aux gens de Drummondville. Il a
dit ce matin, citation mot pour mot : D'ici la fin du mandat, on va
l'évaluer. On va l'évaluer, M. le Président.
Je fais le pari que, lors de la dernière campagne électorale, ce ne sont pas
les mots qui sont sortis de la bouche
du député de Drummond et du député de Johnson. D'après moi, ils ont dit aux
citoyens plus qu'«on va l'évaluer
pendant le mandat». En fait, je le sais qu'ils ont dit aux citoyens plus qu'«on
va l'évaluer pendant le mandat», M. le Président.
Et ce qui est
surprenant, dans cette déclaration là du ministre de la Santé, c'est qu'il est
en train de nous dire qu'il ne l'a pas déjà évalué, le projet, il ne l'a pas
déjà étudié, que... Quand le premier ministre du Québec est allé à
Drummondville, au
printemps 2022, et qu'il a démontré toute l'ouverture du monde, il est
passé à peu près à ça de faire une annonce, là, il ne l'avait pas évalué, le projet, avant? Il est allé se prononcer sur
la nécessité, sur les bienfaits du projet sans l'avoir évalué? Quand les deux
députés sont sortis en pleine campagne électorale pour dire : Nous, on
veut l'inscrire au Plan québécois des infrastructures,
il ne l'avait pas évalué, ce projet-là? Quand les deux députés ont fait un
point de presse ici, à l'Assemblée, avec
des dizaines de citoyens de la place, il n'avait pas évalué le projet avant de
se prononcer puis d'engager le gouvernement
là-dedans? Quand le CIUSSS de la Mauricie—Centre-du-Québec a fait point de presse, après
point de presse, après point de
presse pour dire : Ça ne fonctionne plus, on a besoin d'un hôpital ici,
ils ne l'avaient pas évaluée, la nécessité, M. le Président? Quand ils ont écrit leur plan clinique,
ils n'avaient pas évalué la nécessité de l'hôpital? Aïe! On va l'évaluer d'ici
la fin du mandat.
Le problème,
là... Puis moi, je trouvais ça drôle un peu, ce matin, là, j'écoutais le
ministre des Infrastructures nous dire : Ah! mais on tournait les coins
ronds avant, un peu, on annonçait des projets qui n'étaient pas vraiment faits.
Ça, c'est le modus operandi du
gouvernement de la CAQ. En plus, le ministre de la Santé, qui vient nous
dire : Nous, on n'annonce pas
des projets d'hôpitaux pour des votes. Le premier ministre lui-même est allé en
Outaouais, en 2018, en pleine campagne électorale, pour annoncer un hôpital.
D'habitude, quand on fait ça en campagne électorale, c'est pour avoir des
votes. C'est ça, le point d'une
campagne électorale. Puis vous savez ce qu'il a dit? On n'a même pas besoin
d'études, on n'en a pas besoin,
d'études, on le sait, on le sait qu'on a besoin d'un hôpital, là. Là,
aujourd'hui, tout à coup, là, ça prend des études, après avoir fait des
annonces, après avoir donné de l'espoir aux citoyens.
Bien
franchement, si j'étais dans la peau des citoyens de Drummondville, là, mon
ton, il serait encore plus haut qu'il l'est
en ce moment. Il serait encore plus fâché, encore plus déçu puis encore plus
désappointé de la performance du gouvernement dans ce dossier-là.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Pontiac. Alors, je
vais maintenant céder la parole au ministre de la Cybersécurité et du
Numérique pour un droit de réplique de cinq minutes.
M. Éric Caire
M. Caire : Merci, M. le Président.
Je ne sais pas si c'était une invitation à luncher que mon collègue de Pontiac m'envoyait,
mais, si c'est le cas, l'invitation est acceptée.
Ceci étant
dit, M. le Président, vous me permettrez de faire une petite mise en contexte,
parce que, depuis le dépôt du budget par mon collègue des Finances,
j'entends, du côté de l'opposition officielle, comment est-ce que tout ça est
épouvantable, comment est-ce qu'on est passés du paradis libéral à l'enfer
caquiste. Et, madame la... M. le Président, pardon,
le non-dit dans le discours de mes collègues, c'est que la vérité, c'est qu'en
2018 cette formation politique là, qui était au gouvernement, a laissé un déficit sans précédent au Québec, un
déficit d'infrastructures. Bien sûr, dans les livres comptables, après, peut-être, avoir ignoré, évidemment, les
recommandations de la Vérificatrice générale, ce que mon collègue des Finances
a mis au jour, on arrive avec des surplus budgétaires, mais l'état de nos
infrastructures était catastrophique.
Et ça, ce
n'est pas d'hier, parce que, voyez-vous, M. le Président, moi, je vais souffler
17 bougies comme élu le 26 mars
prochain et j'ai encore en tête le viaduc de la Concorde. C'était ça, la
gestion des infrastructures par le gouvernement libéral, des viaducs qui nous tombent sur la tête, des champignons qui
poussent dans nos écoles, des hôpitaux vétustes. Notre gouvernement a pris un budget d'infrastructures à
100 milliards. Il l'a monté à 115 milliards. On est rendus à
153 milliards, M. le Président.
Pourquoi? Parce qu'on essaie de rattraper ce déficit d'infrastructures hérité
de ce gouvernement libéral, qui les a négligées pendant 15 ans.
Il n'y a
jamais eu de surplus sous le gouvernement libéral. Il y avait des déficits. On
n'investissait pas dans les services. On
n'investissait pas dans les infrastructures. C'est facile, quand on n'investit
pas dans ce pour quoi on est au pouvoir, de faire des surplus, mais la vérité, c'est que, quand le gouvernement
fait son travail, s'assure d'avoir des infrastructures qui sont pérennes, s'assure d'avoir des services,
faire comme ce gouvernement a fait, investir en santé, investir en éducation,
ajouter 53 milliards au PQI, bien là c'est autre chose.
Mme la Présidente... M. le Président, excusez-moi.
Le réflexe. M. le Président, pour ce qui est de l'hôpital de Drummondville, mon
collègue est un peu confus. Ce que le ministre de la Santé a dit aujourd'hui,
ce n'est pas : On va évaluer s'il y a
un besoin. C'est un engagement. C'est un engagement. Ce que le ministre de la
Santé a dit aujourd'hui, c'est : Nous
allons évaluer ce que nous allons faire. Et il a déjà été à Drummondville, il a
déjà rencontré des gens de Drummondville, il a un engagement d'y
retourner au mois de mars. Il va rencontrer la mairesse, il va rencontrer les
acteurs sur le terrain. L'engagement, c'est d'inscrire le projet au PQI d'ici
la fin du mandat, et, d'ici là, en conformité avec ce que le ministre responsable des
Infrastructures a dit, c'est-à-dire : Avant d'inscrire un projet au PQI,
on va s'assurer d'avoir un bon projet, quelque
chose qui va avancer rapidement. Pas parce qu'on ne le faisait pas avant, parce
qu'avant nous ce n'est pas ce qui se faisait. Avant nous, on mettait des
projets au PQI qui n'étaient pas financés, des projets qui n'étaient pas...
pour lesquels il n'y avait pas de dossiers d'opportunité de complétés, de
dossiers d'affaires.
Je
vois mon Pontiac... mon député... mon collègue de Pontiac qui rit, mais ce
n'est pas drôle. C'était ça, la gestion libérale, là, c'était ça. C'était ça : des projets pas financés,
des projets pas analysés, pour lesquels il n'y avait pas de dossier
d'opportunité. C'était ça, M. le Président. C'est ce que nous ne ferons pas.
Donc,
oui, il y a un engagement pour l'hôpital de Drummondville. Oui, nous allons
respecter cet engagement-là, mais ce
que le ministre de la Santé a dit, c'est que je vais m'assurer d'avoir les
meilleurs projets. En plus, M. le Président, je ne scooperai pas le ministre de
la Santé, mais il y aura, à court terme, des choses qui seront annoncées pour
l'hôpital de Drummondville, puis vous
comprendrez, M. le Président, que, dans les circonstances, je vais laisser le
ministre de la Santé faire les
annonces qu'il a à faire au moment où il le juge opportun, mais, M. le
Président, il n'est pas question de renier notre engagement sur
l'hôpital de Drummondville. Les gens de Drummondville peuvent se rassurer, nous
allons respecter notre engagement.
• (13 h 10) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Et je cède maintenant la parole au député de
Pontiac pour son droit de réplique de deux minutes.
M.
André Fortin (réplique)
M. Fortin : Regardez
autour, M. le Président, c'est une vénérable institution, ici, ça devrait
envoyer un signal au gouvernement
que, dans ce lieu, on ne peut pas dire n'importe quoi, n'importe comment, M. le
Président. Parce que, si le ministre
était... avait, pour un instant, regardé l'indice de vétusté des écoles qu'il
vient de citer, bien, il aurait remarqué qu'il s'est empiré depuis que
son gouvernement est arrivé au pouvoir.
Maintenant, ce matin,
on nous a dit : On ne peut pas proposer des projets qui ne sont pas
matures. C'est ce que le gouvernement a dit.
Qui propose des projets immatures? Qui a proposé une version, deux versions,
trois versions du troisième lien? Je
ne sais plus combien il y en a, de versions : il y a eu un tube, le plus
gros au monde, après ça, il y a eu les
bitubes, après ça, il y a eu un tube juste pour le transport en commun, après
ça, là, je ne sais plus, après ça, il n'y avait plus rien pantoute. Là,
on est revenu à peut-être quelque chose, une consultation. Pas sûr que c'est un
projet mature.
Le
projet de l'hôpital, en Outaouais, six ans, puis il n'y a toujours pas de site.
On est passé d'un hôpital de 160 lits à un hôpital de plusieurs
centaines de lits. On ne sait toujours pas où il va être. Projet mature.
Le
plan de transport à Montréal, qui avait été déposé par le collègue qui est
aujourd'hui ministre de l'Environnement, où il y avait un REM vers Chambly, il y avait un train vers l'est, ils
sont où, ces projets-là? Moi, je ne les ai pas vus. D'après moi, ce
n'étaient pas des projets tout à fait matures, M. le Président.
Mais
il y en a un, projet, aujourd'hui, qui est ficelé, qui est documenté étude
après étude, qui dit que c'est nécessaire, puis c'est l'hôpital de Drummondville. Il y a un mur qui tient avec de
la broche à l'entrée de l'hôpital. C'est là que vous êtes rendus, là, ça
tient avec de la broche. Ce n'est même pas une figure de style, c'est vraiment
ça qui se passe. Alors, il attend quoi, le
gouvernement, dans ce dossier-là? Qu'est-ce qu'il a besoin de plus? Tout ce
qu'il est en train de faire, le gouvernement
de la CAQ, c'est nous démontrer, démontrer aux gens de Drummondville, démontrer
au personnel de cet hôpital-là qu'il
est fondamentalement incapable de faire avancer les grands projets, au Québec.
Merci, M. le Président. Puis ça va être...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député. Alors, nous allons
maintenant procéder au deuxième débat, qui
portera sur une question adressée par M. le député de Maurice-Richard à M. le
ministre des Finances concernant les baisses d'impôt et le budget 2024‑2025.
M. le député de Maurice-Richard, je vous cède la parole pour votre
premier cinq minutes.
Impact
des baisses d'impôt sur les finances du Québec
M. Haroun
Bouazzi
M. Bouazzi : Merci, M. le Président. Très heureux d'être ici.
Très heureux que le ministre des Finances soit présent aussi.
Donc,
on est là, en fait, pour faire suite à la question que j'ai posée hier, qui
était... en fait, que le déficit annoncé de 11 milliards puise une
bonne partie de ses sources dans ce qui avait déjà été prévu l'année d'avant.
Il
y a deux choses, deux erreurs qui ont été faites, je dirais même deux fautes
politiques qui ont été faites l'année dernière.
La première, c'était de penser sérieusement qu'on pouvait prévoir d'appauvrir
les travailleuses et travailleurs de la fonction publique, que c'était une
bonne idée, que les Québécoises et Québécois laissaient faire, que les parents
d'élèves n'allaient pas protéger
leurs écoles publiques, alors qu'on sait à quel point est-ce qu'il y a des
infirmières qui sont diplômées comme infirmières et qui ne sont pas dans
notre réseau, qui ont quitté le réseau, combien il y a d'enseignants qui ont
quitté le réseau. On sait toutes les difficultés que le ministre de l'Éducation
a à chaque début d'année de... ne serait-ce que
mettre un adulte dans les écoles. Et, malgré ça, les prévisions, le plan,
c'était de se dire : Bien, on va leur donner moins que l'inflation,
ce qui veut dire les appauvrir.
L'autre
partie, c'était de dire : On a une très, très bonne idée, on va baisser
les impôts, y compris pour les personnes qui gagnent plus de 100 000 $, donc 100 000 $ et
plus annuellement. Et je rappelle, d'ailleurs, que, contrairement aux chèques
qui touchaient aussi et beaucoup le bas de la pyramide,
les gens les moins nantis, entre autres, les baisses d'impôt pour 30 % de la population la moins nantie, c'est
zéro parce qu'ils sont trop pauvres pour payer des impôts. Donc, c'est une baisse d'impôt qui profite spécialement aux
mieux nantis. Et, pour les 100 000 $ et plus, on parle d'une richesse
commune dont on se prive de
600 000 $... de 600 millions de dollars, pardon, à peu près
590 millions, exactement, à chaque année, récurrents, l'année
dernière, cette année et l'année prochaine.
C'est
encore pire que ça, M. le Président. Le premier ministre, hier, a même annoncé
qu'il voulait continuer avec d'autres baisses d'impôt. C'est quand même
quelque chose. C'est là où on voit la force du dogme, du dogme de ce
gouvernement-là. Il y a deux dogmes qui s'entrechoquent, et là, tout d'un coup,
on sent qu'il y a comme... Même les économistes sont un peu perdus. Et là je
parle des deux dogmes du côté du gouvernement.
Le
premier, il a démarré il y a maintenant 25 ans, avec le ministre, à
l'époque, donc avec Bouchard, dont le ministre
des Finances était M. Landry, avec la vision de société qui serait le
déficit zéro. Ensuite, en 2007, il y a eu M. Charest, qui a mis en place le Fonds des générations, qui est une spécialité du Québec. Et donc,
maintenant, quand on met de l'argent de côté dans le Fonds des
générations, ça augmente notre déficit. C'est quand même quelque chose. Là, on a
vu le gouvernement sortir à toutes sortes de tribunes pour dire : Non,
non, mais attention, il y a 2,2 millions qui ne sont pas vraiment notre dette, étant donné que ça va dans
le Fonds des générations. Bien, ils ont raison. Ils ont raison,
effectivement, c'est une drôle manière de voir les déficits après avoir
mis de l'argent dans le Fonds des générations.
On
a vu ensuite ce que le gouvernement libéral de Couillard appelait la rigueur
budgétaire, terrible austérité qui a fait terriblement mal. On a l'impression
qu'on est rendus à l'étape où les libéraux, peut-être, ça leur manque, hein, ce moment-là, mais, dans les faits, il y a eu une
continuité de ces politiques-là qui se sont... ont eu en parallèle toutes
sortes de baisses d'impôt. Et donc le gouvernement a fait des baisses
d'impôt aux mieux nantis. Sauf que, maintenant, entre les baisses d'impôt, qui est important, idéologiquement, pour les mieux
nantis parce qu'elles servent toujours les mieux nantis, et ces
questions de déficit... Et là je vais citer M. Luc Godbout, un économiste
que, je suis sûr, le ministre des Finances ne
dira pas qu'il est communiste. Il dit : «Il va falloir que Luc Langevin
embarque», lance-t-il en boutade, en faisant référence à l'aspect... cette idée de dire :
Abracadabra, je ne vais pas couper dans les services, je vais faire des baisses
d'impôt, et, ne vous inquiétez pas, nous allons réussir à n'avoir plus
de déficit.
Donc,
M. le ministre des Finances, est-ce que, vraiment, c'était une bonne idée de
baisser les impôts aux personnes qui gagnaient plus de
100 000 $?
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Maurice-Richard. Alors, je vais céder la
parole à M. le ministre des Finances. Et je vous rappelle que vous disposez de
cinq minutes.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) :
Oui. Merci,
M. le Président. C'est vraiment un plaisir d'intervenir aujourd'hui. Et
j'apprécie débattre avec le député de Maurice-Richard. Et, juste pour
fins de clarification, je n'ai pas insinué que Québec solidaire étaient communistes, j'ai insinué qu'ils étaient
marxistes, M. le Président. Alors, pour notre auditoire, ce sont des
clarifications qui sont importantes. Et, comme notre auditoire est
nombreux, je pensais faire cette clarification.
Alors, c'est un
excellent débat, et moi, ça me ramène au budget de la baisse d'impôt. Et puis
parfois le hasard fait bien les choses,
parce que, tout à l'heure, je courais pour une copie du budget 2024‑2025,
j'ai saisi la première copie sur mon
bureau, et c'était le budget 2023‑2024, celui de la baisse d'impôt qui nous concerne
ici. Et on y voit quoi, M. le Président?
Bien, lorsqu'on compare, le Québec, le poids de la fiscalité,
l'impôt sur le revenu dans l'économie, alors, on a une distribution, là... Puis là je vous montre... c'est
la page B.7. Puis, à l'extrême gauche, à l'extrême gauche, qu'est-ce
qu'il y a? Il y a le poids de la fiscalité de l'impôt sur le revenu au Québec,
qui était, avant la baisse d'impôt, de 14,7 % du PIB, et qui, après, est de 14,3 %. En Ontario, c'est 14,1 %.
La moyenne du Canada, sans le Québec, 12,7 %. Et là je vous entends penser : Mais quelle est la moyenne
de l'OCDE? 9,5 %, M. le Président. Alors, nous, on est à 14,3 %. La
moyenne de l'OCDE est à 10 %. La
moyenne canadienne est à 12,7 %. On a du travail à faire. Puis je
comprends très bien ce que le premier ministre a dit, c'est que chaque chose va
être faite en son temps. C'est-à-dire que, lorsque nous serons revenus à l'équilibre budgétaire, si les marges de manoeuvre
sont disponibles, dans un contexte avec une économie qui est solide, bien
oui, il pourrait y avoir d'autres baisses
d'impôt, parce que les Québécois sont toujours où, M. le Président? Bien, à
l'extrême gauche du graphique. On a simplement diminué l'écart, mais on
demeure les citoyens les plus taxés.
Puis
j'aimerais revenir sur le fameux point, parce que, mon collègue de
Maurice-Richard puis les gens de Québec solidaire, ils ont évolué dans ce débat, parce que la baisse d'impôt
était pour 4,6 millions de citoyens et 4,6 millions de contribuables
qui paient de l'impôt, et puis, au début, ils étaient contre. Ils étaient
contre 4,6 millions de fois, mais là ils
ont centré leurs attaques. Ils sont maintenant contre la baisse d'impôt pour
les 600 000 contribuables — en fait, le chiffre exact, c'est 517 000 — qui gagnent plus de 100 000 $. Alors,
soudainement, mon collègue de Maurice-Richard et Québec solidaire sont en faveur de la baisse d'impôt pour
4,1 millions de Québécois? Bien, bravo! Bravo! Je dis merci pour cette
évolution.
Alors, il y avait
70 % des gens... Vous savez, à la dernière campagne électorale, il y avait
le parti un peu plus à droite, là, qui n'a
pas de représentant ici, il y avait l'opposition officielle puis il y avait
nous. Tout ça, ça faisait 70 % des gens qui proposaient des baisses
d'impôt, qui avaient reçu le support de la population. Mais là je dois ajouter
le 15 % qui a voté pour Québec solidaire, parce qu'eux sont en
faveur de la baisse d'impôt pour les 4,1 millions de personnes.
Là, pourquoi
nous sommes ici, c'est pour ceux qui gagnent plus de 98 000 $. Il y
en a... De 98 000 $ à 119 000 $, il y en a 218 000, personnes, puis, qui
gagnent plus de 119 000 $, au Québec, là, ceux qu'on pourrait
appeler, M. le Président, là...
puis là, attention, je vais dire le mot, ceux qu'on pourrait appeler les
riches, O.K., eux, ils sont 290 000. Alors, ces gens-là,
soudainement, Québec solidaire dit : Assez, c'est assez, ça, on est
contre.
Alors,
moi, ce que je vous dis, c'est que la baisse d'impôt, elle a été structurée de
façon à n'avoir aucun impact sur les
services parce que c'est une diminution des versements au Fonds des générations
qui a financé la baisse d'impôt. Et, en échange, nous avons une trajectoire de
réduction de la dette qui, au lieu d'être de 10 % sur 10 ans ou 7,5 %
sur 10 ans, sera de 7,5 %
sur 15 ans. Ensuite, la baisse d'impôt a été amenée pourquoi, M. le
Président? Oui, en terminant, pour augmenter l'offre de travail et
augmenter le potentiel de l'économie. Merci, M. le Président.
• (13 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le ministre. Et je cède la
parole à M. le député de Maurice-Richard pour votre droit de réplique de
deux minutes.
M. Haroun Bouazzi
(réplique)
M.
Bouazzi : Merci. C'est quand même quelque chose, M. le Président.
Ça fait à peu près trois jours qu'on entend... deux jours qu'on entend
le premier ministre et le ministre de Finances nous expliquer à quel point il
faut enlever le 2,2 millions...
milliards du Fonds des générations sur le 11 milliards de dette. Et puis
là on nous dit que la baisse d'impôt n'a
aucune incidence sous prétexte que ça a été ponctué sur le transfert au Fonds
des générations. Je note ici une certaine contradiction. Qu'on aime Marx
ou qu'on ne l'aime pas, on ne peut pas s'en priver.
Deuxièmement,
effectivement, pour les personnes... Nous, on essaie de trouver des situations
où on se met d'accord avec le
ministre des Finances et, surtout, où l'extrême majorité des Québécoises et des
Québécois, je suis sûr, sont d'accord avec
nous, c'est qu'effectivement ça n'avait aucun intérêt de baisser les impôts
pour les personnes qui gagnent 100 000 $ et plus, et puis je dirais même plus, pour les
personnes qui ont 10 millions, 100 millions. J'ai parlé hier des
17 milliardaires du Québec qui
ont accumulé 50 milliards de dollars, autant que le 3,5 millions
en bas de l'échelle, autant que les deux premiers quintiles. Ceux-là aussi ont eu des baisses
d'impôt. C'est injuste, tout simplement, et puis la fiscalité doit être juste.
Et je comprends que, pour le ministre des Finances, il n'y a aucune
limite, on peut bien baisser les impôts à ceux qui gagnent 10 millions, 100 millions,
500 millions. Ce n'est pas grave, il n'y a juste aucune limite, c'est
important pour le ministre des Finances de baisser les impôts.
Et puis je
comprends, là, tous les comparatifs, 12 %, 14 %, l'Ontario, machin,
etc., l'OCDE, tout ce qu'on veut. Dans
les faits, là, il y a des gens qui sont décédés en attendant dans les urgences
des hôpitaux, il y a des élèves qui n'ont pas de professeur, il y a des écoles qui sont moisies. Et, pour ces
gens-là, le 14 %, le 12 %, il ne veut rien dire, et le retour
d'impôt qu'ils ont reçu, c'est deux fois rien, par rapport à une éducation et
une santé qui a du sens.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Maurice-Richard.
Cela met fin au deuxième débat.
Et nous sommes maintenant au troisième débat,
qui portera sur une question adressée par Mme la députée de Robert-Baldwin à Mme la ministre responsable de l'Habitation,
en remplacement de Mme la ministre responsable de la Condition féminine, concernant les maisons
d'hébergement pour femmes victimes de violence. Mme la députée de
Robert-Baldwin, je vous cède la parole pour un premier cinq minutes.
Pénurie de places en
maison d'hébergement pour
femmes victimes de violence conjugale
Mme Brigitte B. Garceau
Mme
Garceau : Merci beaucoup, M. le Président. Je remercie la
ministre responsable de l'Habitation d'être présente pour cette discussion, une discussion fort
importante, compte tenu que nous sommes, semble-t-il, dans une impasse. Et on
est ici... moi, je suis ici pour porter la
voix des femmes, des milliers de femmes qui sont victimes de violence
conjugale, et aussi leurs enfants,
parce que c'est eux, c'est elles que nous devons protéger. Et c'est pour ça que
j'ai... on a fait le point de presse ce matin, et je continue parce que
je vais mener ce combat, et je l'ai dit ce matin, et je le redis, jusqu'au
bout, jusqu'à tant que le financement est débloqué pour tous les projets, tous
les projets de maisons d'hébergement, qui ont commencé
depuis trois ans, et c'est ça qui est très difficile à digérer pour toutes les
femmes qui sont dans le réseau, M. le Président, le réseau des maisons
d'hébergement.
Il y a trois
regroupements de maisons d'hébergement, mais il y a aussi SOS Violence
conjugale. Parce qu'il faut comprendre
qu'avec la pandémie, on l'a vécu, le Québec, il y a eu des féminicides, une
vague de féminicides sans précédent au
Québec, en 2021. Et le gouvernement du Québec, suite à ces féminicides, suite
également à l'augmentation fulgurante des
dossiers en violence conjugale et aussi... on était en train... on faisait face
à des maisons où on n'avait pas assez de places pour combler les
demandes, et donc, à un moment donné, on doit refuser.
Vous n'avez
aucune idée. J'ai été présidente du Refuge pour les femmes de l'Ouest-de-l'Île,
à ce moment-là, durant la pandémie,
en 2021. Ça nous brisait le coeur de refuser l'hébergement pour des femmes et
des enfants victimes de violence conjugale.
Et on avait SOS Violence conjugale qui appelait aussi différentes maisons, et,
des fois, on devait déplacer des femmes
de l'est complètement à l'ouest et ailleurs, des enfants qui allaient à
l'école, ça n'avait pas de bon sens. Et donc, à un moment donné, avec tous les refus... Puis même, en 2022, SOS
conjugale disait, on était rendus, là, 2022‑2023, à 10 000 refus.
Donc, on l'a
reconnu, le gouvernement l'a reconnu, la ministre responsable de la Condition
féminine l'a reconnu, le premier ministre l'a reconnu, qu'on a besoin de
construire plus de maisons d'hébergement, on a besoin de combler... d'assurer
de protéger les femmes et les enfants. C'est notre devoir, c'est notre
responsabilité.
Là, maintenant, tout ce que je demande
et que les femmes de tous ces regroupements et ces réseaux demandent, c'est
que le gouvernement respecte sa parole,
respecte ses engagements, qui découlent, depuis le budget de 2021, non
seulement de 222 millions qui
ont été annoncés à ce moment-là, mais il y avait aussi un 900 millions du
plan d'action du gouvernement fédéral,
et 25 % allait aussi pour la création de maisons d'hébergement. Et, en
plus de ça, en novembre 2023, le gouvernement fédéral est revenu avec un autre 97 millions. Et Mme Biron l'a
annoncé au mois de... la ministre, je m'excuse, de la Condition féminine
l'a annoncé, qu'une partie de ces sommes irait pour les maisons d'hébergement.
Et donc, là, on fait
face à ce blocage. Je comprends que le blocage de 630 nouvelles places en
hébergement qui sont... On a des conseils d'administration. Les réseaux des
maisons d'hébergement, qui travaillent là-dessus depuis trois ans, ils ont contracté des hypothèques, des marges de crédit, même
des marges de crédit personnelles pour faire avancer les projets parce que, pour obtenir le financement
du gouvernement du Québec, on devait déposer les projets avec les plans d'architecture, et tout ça. Et donc ça, ça a
occasionné des frais. Et donc, maintenant, je demande que les fonds soient débloqués
pour que ces projets soient réalisés le plus tôt possible.
• (13 h 30) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, Mme la députée de Robert-Baldwin. Je vais maintenant donner la parole à Mme la
ministre responsable de l'Habitation. Et je vous rappelle, Mme la ministre, que
vous disposez de cinq minutes.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme
Duranceau : Parfait. Merci, M. le Président. Écoutez, j'aimerais juste
mentionner, là, à la députée du Parti
libéral que c'est une discussion, effectivement, aujourd'hui, puis on n'est pas
ici pour se chicaner, honnêtement, sur ce
sujet-là, parce que je partage les mêmes préoccupations qu'elle. Puis mon
objectif, c'est que les maisons d'hébergement dont on a besoin, qu'elles voient le jour, qu'elles voient le jour
rapidement, je l'ai dit tantôt. Ça nous permettra d'avoir une discussion,
probablement, elle et moi, en marge de cet exercice parlementaire pour... parce
qu'il n'y a pas de combat, honnêtement, on veut la même chose toutes les deux.
Ceci
dit, j'aimerais rappeler un peu les efforts des... qui ont été faits par notre
gouvernement dans les dernières années. Le Québec est la juridiction la plus
avancée au monde en matière de protection des victimes de violence conjugale.
Nous avons implanté le bracelet
antirapprochement il y a quelques années, grâce aux efforts de ma collègue de
Louis-Hébert qui était, à ce moment-là, ministre de la Sécurité publique. Nous
sommes l'un des rares États à l'échelle de la planète à investir dans cette technologie de pointe qui aide
les victimes à avoir un plus grand sentiment de sécurité et qui prévient la
récidive des agresseurs qui s'en voient assigner un.
On a aussi créé un
tribunal spécialisé en matière de violence conjugale et de violence sexuelle.
Ça, c'était le projet de mon collègue ministre de la Justice et député de
Borduas, dont le déploiement est d'ailleurs en train d'être complété à travers le Québec. Puis ça permet aux
femmes qui ont le courage de porter plainte d'être mieux accompagnées à
travers le processus judiciaire.
On
a aussi créé des cellules de crise interdisciplinaires composées d'experts qui
tissent un filet de sécurité autour des femmes qui dénoncent, de manière
à les accompagner et à les protéger. Alors, ce sont des mesures innovantes qui
s'accompagnent d'investissements de 1,15 milliard pour protéger les
femmes.
Évidemment, ce n'est
pas juste ça, puis l'argent, c'est le nerf de la guerre, puis on s'est donné
d'autres moyens aussi de nos ambitions, puis
le domaine de l'habitation fait partie de la solution. Donc, depuis octobre
2018, ce sont 1 150 unités s'adressant
à des femmes ayant des besoins particuliers en habitation, donc des femmes
démunies, des femmes en difficulté et des femmes victimes de violence, qui ont
été réalisées ou qui sont en chantier. Puis, si on s'arrête spécifiquement
aux maisons d'hébergement de première et deuxième étape, on parle de plus de
300 unités qui sont livrées ou en chantier. Mais, M. le Président, je sais que ce n'est pas suffisant. On continue.
Et je le dis à qui veut l'entendre, il faut augmenter l'offre de
logements, y compris les hébergements pour femmes victimes de violence
conjugale.
Alors, comme la députée de l'opposition, ça me
préoccupe beaucoup, et j'ai d'ailleurs moi-même visité des maisons
d'hébergement de première étape, de deuxième étape, et je suis bien consciente
des particularités et de l'importance de ces maisons-là.
Et
je vous dirais qu'aujourd'hui ça m'embête qu'on ait à discuter de ça parce que
ce que je voudrais, c'est être en train d'annoncer les ouvertures de ces
maisons-là, mais, par contre, même dans une situation d'urgence comme celle
qu'on vit aujourd'hui, on a aussi la
responsabilité de dépenser l'argent des contribuables de manière responsable.
Puis, en ce moment, il y a trop de projets de maisons d'hébergement qui nous
sont proposés puis qui dépassent notre capacité de payer. L'argent est
là, mais il y a trop de projets qui nous sont proposés à des
700 000 $, 800 000 $, 900 000 $ ou même 1 million par logement. Alors, c'est sûr que
la sécurité des femmes, ça n'a pas de prix, je partage 100 % les objectifs
puis ce que la députée libérale nous propose, puis il faut que ces maisons-là
voient le jour, mais il faut aussi s'assurer que les projets sont optimisés,
parce que tout le monde a besoin d'un logement, en ce moment, alors il faut
faire les choses convenablement.
Alors,
ce que j'ai demandé, parce que j'accorde une importance vraiment particulière à
ce dossier-là... j'ai donné des
consignes très claires à la Société d'habitation du Québec pour qu'on trouve
des solutions. Ils vont s'asseoir avec les maisons d'hébergement, avec
des experts externes, architectes, ingénieurs, pour définir rigoureusement les
besoins des femmes qui vivent en maison
d'hébergement et les besoins des intervenantes qui y travaillent, et de
traduire ces besoins-là en coûts pour s'assurer que ça tienne la route d'un
point de vue budgétaire aussi puis qu'on puisse répondre aux demandes, qui
sont très grandes.
Alors, M. le
Président, je le répète, c'est une situation qui ne me fait pas plaisir,
actuellement, je ne veux pas que ça arrive,
puis il faut que ça avance rapidement, et puis je vais travailler avec la
Société d'habitation et les maisons d'hébergement pour qu'on trouve une
solution.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Et je cède
maintenant, pour un droit de réplique de deux minutes, la parole à Mme
la députée de Robert-Baldwin.
Mme Brigitte
B. Garceau (réplique)
Mme Garceau : Je vais faire un petit peu
attention à mes mots, mais je dois vous dire que je suis très déçue et très
surprise de cette réponse que, là, il y a
trop de projets. C'était ça, il y a trop de projets? Donc, on retourne... Moi,
je ne sais pas à quel moment est-ce qu'on a exprimé, que ce soit aux trois
regroupements des maisons d'hébergement, que ce soit aux directrices des maisons d'hébergement qui étaient en train de
travailler d'arrache-pied pour trouver des terrains, pour trouver des
maisons à rénover, elles engendraient toutes sortes de coûts, elles devaient
contracter des marges de crédit et des
hypothèques, quand est-ce que la SHQ ou le gouvernement a dit à toutes ces
femmes, il y a trois ans, il y a deux
ans, parce que, là, les projets, on était en train de les faire, on était en
train de les monter, que, un instant, là, il y en a trop, de projets, actuellement, on ne pourra pas
les financer, puis, ah oui! aussi, on va les évaluer en fonction des critères
du logement social. Donc là, c'est comme...
on fait complètement une volte-face, en termes des promesses, des engagements que ce gouvernement a pris à l'égard de ces
femmes, à l'égard de ces regroupements. Et ça convient très bien au
gouvernement parce que, là, on va
demander aux femmes de recommencer à zéro le travail qu'elles ont fait depuis
les trois dernières années. C'est vraiment inconcevable. Inconcevable.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Robert-Baldwin. Et cela met fin aux débats
de fin de séance.
Et je suspends nos
travaux jusqu'à 14 h 30, cet après-midi.
(Suspension de la séance à
13 h 39)
(Reprise à 14 h 30)
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
bon après-midi, collègues. Je vous invite à prendre place. Nous allons
poursuivre nos travaux.
Affaires
prioritaires
Poursuite
du débat sur la motion du ministre des Finances proposant que
l'Assemblée approuve la politique budgétaire du gouvernement
et sur les motions formulant un grief
Alors,
nous sommes bien à l'article 1 du feuilleton. Aux affaires prioritaires, à
l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée nationale poursuit le débat sur la motion de M. le ministre des Finances
proposant que l'Assemblée approuve la politique budgétaire du gouvernement ainsi que sur les motions formulant un grief
présenté par M. le député de Marguerite-Bourgeoys, M. le député de
Maurice-Richard, M. le député de Jean-Talon et M. le chef de l'opposition
officielle.
Avant
de céder la parole au prochain intervenant, je vous informe qu'il y a
2 h 48 min 28 s d'écoulées à la première étape du
débat. La répartition du temps de parole restant est la suivante :
6 h 4 min 56 s au groupe parlementaire formant
le gouvernement,
2 h 24 min 31 s au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, 1 h 47 min 42 s au deuxième groupe
d'opposition, 24 min 22 s au troisième groupe d'opposition.
Je cède maintenant la
parole à M. le député de Saint-Jérôme.
M. Youri
Chassin
M. Chassin : Merci, M. le Président. J'expliquais au collègue de Saint-Jean que, dans
ma vie précédente, je tentais de vulgariser, hein, certaines notions
d'économie, et puis, évidemment, je pense qu'on me connaît, j'ai une
sensibilité élevée aux déficits, à la
dette publique, à ce qu'on laisse aux générations suivantes. Et je me suis dit
que j'allais peut-être retrouver mes anciennes amours et vulgariser, M.
le Président, aujourd'hui.
Évidemment, j'adore parler, c'est, hors de tout
doute, un des grands plaisirs de ma vie, M. le Président, mais davantage
d'expliquer à mes électeurs, d'expliquer à mes collègues aussi, d'avoir une
petite pensée aussi pour le cabinet du ministère des Finances, qui entoure
notre ministre, puis d'expliquer un peu comment je perçois un budget qui est,
somme toute, hors de l'ordinaire.
11 milliards de
dollars, M. le Président, c'est le contenu entier de certains messages que j'ai
reçus depuis mardi. Il y a des gens qui
m'ont simplement texté «11 milliards de dollars». Ça voulait tout
dire, en quelque sorte. 11 milliards de dollars, M. le Président, c'est gros comme chiffre. On le sait, mais on
ne le saisit pas. Ce n'est pas évident. C'est quelque chose qui dépasse
un peu l'entendement de la vie quotidienne. Évidemment, on peut comprendre...
Alors, évidemment,
j'ai 1 $, que je ne peux pas montrer parce que ce n'est pas un tableau
didactique, n'est-ce pas, M. le Président,
mais, si j'échappe 1 $ dans le caniveau, je n'irai peut-être pas le
chercher, là, dans une bouche d'égout ou
quelque chose... Bon, d'accord, je vais peut-être en rire. En fait, c'est une
erreur. Si j'échappe 1 000 $, M. le Président, je vais me précipiter,
quand même, là. Si j'échappe 1 milliard, je ne sais même pas si ça ne va
pas boucher le caniveau. Évidemment, on est rendus dans un autre ordre
de grandeur.
Puis, à la limite, parlant de
grandeur, M. le Président, on comprend tous à peu près c'est quoi, un mètre. On
se dit : Un mètre, ça va, deux
mètres, bien, c'est un peu plus grand que moi, quand même, 10 mètres,
bien, c'est la hauteur où moi, je
n'arrive plus à plonger d'un tremplin, là. J'ai un peu peur. 11 milliards
de mètres, c'est vertigineux à une autre échelle, M. le Président. En fait, à 11 milliards...
11 milliards de mètres, c'est tellement considérable, M. le Président. Ça
nous prend seulement 384 millions
de mètres pour atteindre la lune, on n'est même pas à 1 milliard. Si je
comptais très, très rapidement, là,
un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, 10, j'arrive à compter à
peu près jusqu'à 10 en une seconde, mais, si je réussis à maintenir ce rythme,
disons — faites-moi
la faveur, M. le Président, de se l'imaginer — puis que je ne reprends pas mon souffle, puis que je ne dors pas, puis que
je compte jusqu'à 11 milliards, à coups de 10 par seconde, ce n'est pas
des jours que ça va me prendre, M. le
Président, ce n'est pas des semaines, ça va me prendre 35 ans. C'est
énorme, 11 milliards de dollars.
Alors,
quand on dit qu'on présente un budget à 11 milliards de dollars
de déficit, c'est sérieux, c'est une situation qui, pour moi, devient une interpellation à l'action. Je pense qu'il
faut se mettre en garde nous-mêmes contre la possibilité de minimiser 11 milliards. On comprend tous
que c'est sérieux. On ne veut pas non plus agiter l'épouvantail, mais on
comprend tous que 11 milliards de dollars
de déficit, c'est très sérieux. Est-ce que c'est vrai que la
Colombie-Britannique a déposé un budget avec un déficit plus important
encore en matière de proportion du PIB? Oui, tout à fait, mais, nous, au
Québec, ce déficit-là, ça représente un
véritable défi. Puis, vous le savez, M. le Président, je crois qu'on peut dire,
puis, en tout cas, nous,
certainement, que, devant des moments charnières, des moments de crise, on a un
gouvernement qui a su relever le défi. Et je pense que ce gouvernement-ci
va savoir relever le défi des finances publiques.
Évidemment,
on comprend aussi d'où viennent ces 11 milliards de dollars de
déficit. Il y a, dans le fond, comment on dirait, un dicton qui dit : Un
malheur n'arrive jamais seul. Alors, évidemment, quand on se retrouve avec une
conjoncture économique qui est
défavorable, notamment avec des taux d'intérêt qui montent, parce qu'on veut
contrôler l'inflation, avec, en plus,
trop peu de pluie pour remplir les réservoirs d'Hydro-Québec, avec... donc,
évidemment, là, on accumule, à travers tout ça, là, des éléments qui
font que les dépenses ou les revenus ne sont pas idéaux, dans le fond, pour
équilibrer les finances publiques, bien,
évidemment, on se retrouve avec une situation qui est particulièrement problématique.
Ça ne veut pas dire que ça va
toujours être comme ça, hein? Il y a une partie de conjoncture. La conjoncture,
bien, ça fluctue. Des fois, ça ne va pas très bien, des fois, ça va
mieux.
Il
y a une partie qui sont des choix aussi, M. le Président, puis, dans ce
budget-là, il y a des choix, puis certains choix qui sont coûteux, mais
qui sont, par ailleurs, nécessaires. On le réalise peut-être, justement,
particulièrement dans des moments où on se
retrouve confrontés à un vertigineux 11 milliards de dollars. On
a besoin d'avoir des futures générations qui ne seront pas endettées par une dette publique trop lourde. On a
aussi besoin d'avoir des futures générations qui vont être éduquées, qui vont réussir, qui vont
diplômer. Ça fait partie des choix qu'on fait, mais ça a des conséquences,
alors il faut y faire face.
Et
il y a un déficit structurel qui s'en vient, puis là on le chiffre à
4 milliards, mais évidemment c'est un débalancement qui est en
partie prévisible, parce que c'est, justement, structurel, hein, c'est... ça
constitue un peu notre trajectoire. Heureusement,
on la modifie un peu, notre trajectoire, parce que... Je ne l'ai pas entendu
souvent de la part des oppositions, mais c'est important de rappeler que, quand
on diminue la pression fiscale sur les Québécois, quand on dit aux
familles : De ce que vous
gagnez, on va en piger moins dans vos poches pour les services publics, c'est
drôlement important, parce qu'on encourage ceux et celles qui
travaillent, ceux et celles qui investissent, ceux et celles qui s'éduquent,
hein, qui font ce choix-là, là, d'être
pauvres pendant un certain moment, de compter, par exemple, sur l'aide
financière aux études, mais, éventuellement,
d'atteindre des postes autrement plus intéressants, et selon leurs capacités et
leur volonté. C'est drôlement important.
Ils vont probablement gagner de meilleurs revenus aussi, mais parce qu'ils
auront fait l'effort. C'est une récompense de l'effort, on veut les
féliciter de ça.
• (14 h 40) •
On
veut féliciter nos entrepreneurs qui ont pris des risques, qui font peut-être,
effectivement, de l'argent, mais qui ont pris des risques. Ça aurait pu mal
tourner, et puis ils se sont démenés. Et il y a peut-être effectivement des
gens qui ont travaillé très fort, qui
ont gravi les échelons, qui vont gagner les sommes faramineuses, là, que notre
deuxième opposition dénonce souvent,
au-delà de 100 000 $ par année, M. le Président. C'est beaucoup
d'argent, mais peut-être que c'est seulement quelques années avant la retraite, peut-être que c'est important qu'ils
puissent avoir ces revenus-là. Et donc on les encourage, parce que, oui, on veut des gens qui vont
travailler fort. Oui, on veut des gens qui, au Québec, vont s'éduquer. On veut
des gens qui vont entreprendre, qui
vont prendre des risques, et c'est en les encourageant à le faire, ce n'est pas
en les taxant à tout crin. Et donc,
baisser les impôts, M. le Président, ça change la trajectoire économique du
Québec, pourquoi? Parce qu'on se donne davantage de potentiel, comme collectivité.
Et
donc, dans une trajectoire qui a été relevée par le ministre des Finances, à ce
même moment ou à peu près, l'année passée,
en diminuant la pression fiscale, eh bien, on est un peu en meilleure position
pour faire face à un défi qui s'appelle 11 milliards de dollars. Évidemment, je pense que c'est aussi dans
des moments qui sont critiques comme ceux qu'on vit en ce moment qu'on reconnaît les véritables
convictions. Parce que vous aurez remarqué, M. le Président, qu'il y a bien des
gens, là, qui nous disent : Bien, si
vous voulez réaugmenter les impôts, avouer que ça a été une erreur, l'année
passée, bien, c'est le temps de le faire. Bien non. Non, on ne
réaugmentera pas la pression fiscale des familles, parce que ce que le
gouvernement dépense, bien, c'est malheureusement bien souvent ce que les
familles ne peuvent pas dépenser, elles. Alors, des fois, ça fait du sens,
hein, on s'achète collectivement des institutions qui sont essentielles à la
vie en société. Formidable! Mais le moins
possible. Il faut que ce soit efficace, il faut que ce soit efficient. Et donc,
quand on regarde notre vertigineux
11 milliards de dollars, est-ce qu'on fait le choix de réaugmenter les
impôts? Eh bien, non, parce qu'il y a une conviction.
La même chose
pour l'éducation. On continue de mettre de l'argent en éducation pour favoriser
la réussite, favoriser la persévérance. En fait, il n'y a pas plus
grande richesse potentielle que l'éducation des générations qui s'en viennent, M. le Président, et c'est
encore, même cette année, un poste de dépenses. Pourquoi? Parce que c'est
tellement important pour l'avenir, et on ne s'appelle pas Coalition
avenir Québec pour rien, M. le Président.
Évidemment,
je vous dis tout ça, puis vous comprenez que je pense qu'il ne faut pas s'habituer
à avoir un déficit considérable. Je
pense qu'on comprend d'où il vient. Je pense qu'on a une explication suffisante
pour dire que c'est tellement hors de
l'ordinaire, c'est tellement... c'est ce qu'un auteur appelait un «black swan»,
hein, un cygne noir, c'est très, très, très rare, mais, de temps en
temps, il y en a un qui apparaît, puis là, woups! la réalité prend un tout
autre sens, là. Alors, évidemment, c'était dans la perspective de l'activité
boursière, mais, ceci étant, il y a des événements dans les finances publiques
qui, effectivement, nous rappellent que le long fleuve tranquille de la
quotidienneté, bien, parfois, rencontre un écueil. C'est le cas aussi pour le
Québec en ce moment.
Permettez
que je prenne une petite gorgée d'eau. Alors, est-ce qu'il y a, dans les choix
qui ont été faits... puis là, vraiment,
soyons très, très transparents avec tout le monde, M. le Président, dans les
choix qui ont été faits, quelques semaines avant le budget, là, on
devait déjà pas mal avoir bouclé la plupart des tableaux et des documents qu'on
nous a présentés avant-hier. Et puis, tout à
coup, on se dit : Oui, finalement, dans le cadre des négociations de
conventions collectives, on choisit de dépenser davantage. Puis
permettez que je m'explique.
Étant
économiste de formation, M. le Président, pour moi, c'est correct qu'il y ait
des dépenses, c'est des dépenses particulièrement importantes. Qu'on
consacre des sommes importantes à l'éducation, j'en suis, comme vous le voyez, moi-même, là, le premier convaincu. J'ai de la
difficulté, quand même, à appeler ça un investissement, vous me comprenez?
Mais, néanmoins, on fait ce choix-là,
d'accord. Ça change tout à coup la perspective budgétaire. Bien, est-ce qu'on
voudrait un plan de retour à
l'équilibre budgétaire le plus rapidement possible? Je pense qu'on est tous
d'accord, ici, que oui, on veut avoir cette perspective-là pour rassurer
puis pour aussi montrer vers quoi on se dirige, pour pouvoir revenir à
l'équilibre budgétaire de la manière la plus
limpide qui soit. Parce que, dans le fond, c'est de l'argent public qu'on gère
ici. Et donc ce n'est pas toujours évident.
Et
là je vous confie qu'une amie à moi, qui est, par ailleurs, cheffe de cabinet
aux Finances et que j'ai vue, il y a quelques semaines, m'a paru
étonnamment cernée. Alors, je le dis en tout amour, et elle me pardonnera
certainement, parce que, je comprends, ils
avaient un casse-tête à résoudre qui n'était vraiment pas évident, en fait,
même ahurissant, là, à résoudre, ce
n'était vraiment pas simple. Bien, savez-vous, j'ai une admiration sans bornes
pour cette équipe puis pour le ministre
des Finances, qui non seulement se retrouvent à quelques semaines d'un exercice
qui est quand même un exercice important
puis même, à la limite, là, presque d'équilibriste, là, c'est presque
périlleux. Bien, il faut pouvoir présenter quelque chose aux Québécois, en étant convaincus qu'on va
revenir à l'équilibre budgétaire, M. le Président, et on veut le démontrer.
Bien,
savez-vous, moi, j'ai été étonné, pas tant du fait que, bien, on dit :
Bien oui, le plan, au total, il y a encore des choses à identifier, mais j'ai été étonné qu'on soit non seulement en
train de dire : Bien, voici, il y a un ménage à faire dans les dépenses, absolument, mais il y a aussi certains
de ces éléments de ménage, disons-nous, ou d'éléments qui sont peut-être
intéressants, mais pas particulièrement efficaces, ou qui ont été fondés dans
un contexte complètement différent mais qu'on commence déjà, dès le budget, à réduire certaines dépenses fiscales,
qu'on annonce qu'est-ce qui s'en vient, déjà, alors qu'on a eu quelques semaines, voire des fois quelques
jours pour se retourner. C'est là où cette admiration-là me fait lever mon
chapeau pour le ministre des Finances et toute l'équipe qui ont trouvé des
solutions aussi rapidement.
Et
c'est ce qu'on comprend du budget, M. le Président, c'est que ce n'est qu'un
début, parce qu'il y a un exercice de révision des dépenses qui va être mené.
Et ce n'est pas innocent, M. le Président. Je ne sais pas si vous avez vu ça
comme moi. Évidemment, on parle
souvent des dépenses de programmes, hein, donc on regarde les revenus, les
dépenses. Mais, quand on regarde
l'ensemble des dépenses, les dépenses de programmes, hein, on parle de
136 milliards de dollars. Alors, imaginez, 11 milliards, c'est déjà pas mal, 136 milliards, c'est
énorme, plus... alors je ne me rappelle plus si c'est 134 ou 136... et 74 milliards de dollars de
dépenses fiscales. Donc, on a 200 milliards de dollars de dépenses
que le gouvernement du Québec fait à chaque année, à chaque année. C'est
beaucoup.
Et
est-ce que tout est également utile, pertinent, efficace et efficient? Je ne le
sais pas, M. le Président. Mais ce que je sais, c'est qu'on va commencer à
regarder, ligne par ligne, qu'est-ce qu'il y a de pertinent, qu'est-ce qu'il y
a d'efficace, qu'est-ce qu'on doit
maintenir puis qu'est-ce qu'on doit réduire. C'est le travail qu'il faut faire,
M. le Président. Et ça, je suis absolument convaincu qu'en votant pour ce budget, et j'incite
mes collègues à voter pour ce budget, c'est cette tâche-là qu'on se met sur les épaules, M. le Président, on
prend cette responsabilité-là, puis on va confronter la crise, puis on va
faire ce travail-là dans les mois qui viennent. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Saint-Jérôme. Et je reconnais maintenant M. le député de
Jean-Lesage.
M. Sol
Zanetti
M. Zanetti : Merci
beaucoup, M. le Président. Bon, il y a des absents de ce budget-là. Je ne
reviendrai pas tout de suite sur le 11 milliards de déficit, mais la
question de la place du transport en commun, particulièrement dans la capitale nationale, je veux dire, est centrale. On
est dans un moment crucial des changements climatiques. Il faut lutter contre
les changements climatiques. Il faut
s'adapter contre les changements climatiques. 40 % des gaz à effet de
serre au Québec, plus que 40 %, même, sont liés au transport.
Et là on vient de
vivre une année de changements climatiques incroyable, avec trois inondations
majeures dans plusieurs régions du Québec, qui ont... qui ont inondé des
résidences, des commerces comme ça ne s'était jamais vu. C'est un record. Il y a eu des feux de forêt comme
ça n'a pas de bon sens. Je pense que c'est l'équivalent, au moins, de la
superficie du Costa Rica, au Québec, qui a brûlé en termes de forêt.
• (14 h 50) •
Et là on a un budget qui
ne donne rien au transport en commun, ou rien ou des grenailles symboliques,
qui fait craindre aux sociétés de transport
du Québec de devoir couper dans les services et puis qui, surtout à Québec,
continue de tergiverser. C'est
vraiment... C'est vraiment grave. Je ne sais pas comment les historiens
s'expliqueront cela plus tard, là, mais c'est grave, au Québec,
évidemment.
À Québec,
c'est une situation particulière. Le gouvernement de la CAQ n'a jamais eu de
vision cohérente de la mobilité. Ils
ont pris des engagements en se faisant tordre le bras. Ils n'ont jamais
vraiment voulu faire un tramway. Le troisième
lien, c'est une affaire pour gagner des élections. Finalement, ils ont réalisé
que ce n'était pas possible. Ils l'ont abandonné. Là, ils l'ont
ressuscité, on ne sait pas trop.
Bref, c'est
rendu, même, que la communauté d'affaires de Québec se plaint de dire :
Mon Dieu! Mais il y a tellement de
choses qui stagnent à Québec à cause des tergiversations du gouvernement de la
CAQ sur la question du transport, à cause
de la suspension du projet de tramway. Il y a 2 milliards
d'investissement, entre autres des investissements immobiliers qui
pourraient aider à résoudre une partie de la crise du logement, qui sont
suspendus parce qu'on ne sait pas où le gouvernement
s'en va, puis il n'arrête pas de gagner du temps. Ça, c'est très problématique,
et ça me choque énormément.
La capitale
nationale, vraiment, a vraiment fait les frais du manque de vision de la CAQ
dans les dernières années, puis on ne
voit pas comment les choses vont vraiment bien s'enligner. Le seul projet qui
va de l'avant, après avoir stagné pendant tout un premier mandat de
quatre ans, c'est la question de la promenade Samuel-De Champlain. Puis là on met 5 millions pour une espèce d'étape de
projet où on ne sait pas vraiment qu'est-ce qui va se passer. Alors, il y a
beaucoup de déception de ce côté-là.
Du côté de l'enseignement
supérieur, bien, j'ai été étonné de voir que, malgré les promesses qui avaient
été faites, malgré la motion, l'année
passée, unanime de l'Assemblée nationale, qui disait : Il faut rémunérer
les stages étudiants, que là, finalement,
on n'a rien pour les stages étudiants, même pas une petite portion, absolument
rien. Les étudiantes et étudiants du
Québec, en ce moment, vivent des moments extrêmement difficiles. Ils sont sous
pression. Les frais de scolarité augmentent chaque année, la crise du logement les étrangle. On en retrouve de plus
en plus dans les banques alimentaires. On en retrouve de plus en plus dans des ressources pour
itinérance, pas juste à Québec et à Montréal, au Bas-Saint-Laurent aussi. C'est
critique. Les problèmes de santé mentale sont en augmentation énorme,
surtout à cause de la pression financière.
Et là
qu'est-ce qu'on fait? Bien, on en ajoute en disant : Bien là, vous allez
faire des stages 40 heures-semaine non rémunérés, du bénévolat, qui sert
l'État, par ailleurs, ça offre un vrai travail, on décide de ne pas le
rémunérer. Pour survivre, en même
temps, souvent, ils travaillent 15, 20 heures au salaire minimum, qu'on
n'augmente pas suffisamment. On laisse aller la crise du logement. L'inflation
leur explose au visage. La pression monte, la pression monte. Ce n'est pas
étonnant qu'on mette en péril leurs conditions de réussite.
Et je voyais
le milieu collégial aussi être extrêmement déçu des sommes qui allaient être
données pour financer les plans d'aide à la réussite. C'est insuffisant.
Ça ne fonctionnera pas. Alors, on maintient la pression financière sur les étudiants, on ne donne pas assez d'argent pour la
réussite, on ne donne pas assez d'argent pour le logement étudiant. En région,
en particulier, c'est vraiment problématique.
Pour un budget qui porte comme titre Priorité éducation, je vous dis, c'est
très décevant pour l'éducation supérieure.
Je veux vous
parler aussi de la culture, évidemment. La culture, il y a deux bonnes
nouvelles que je vais saluer. La question
des crédits d'impôt qui ont été donnés dans... pour le milieu de l'audiovisuel,
c'est quelque chose qui est positif, c'est
quelque chose qui était attendu par le milieu, et ça, c'est bon. Évidemment, ça
permet d'accueillir au Québec plus de productions
étrangères. Le fait d'accueillir des productions étrangères, c'est positif,
parce que ça maintient une expertise au Québec puis un marché de l'emploi dans
ce domaine-là de gens qui peuvent travailler sur des productions autres
que québécoises, et puis bien vivre leur vie, puis maintenir l'expertise. Ça,
c'est positif.
En même
temps, ce n'est pas la culture québécoise tant que ça qui s'exprime là-dedans.
Évidemment, on y participe, mais
c'est... Qui sait que les effets spéciaux, par exemple, de la dernière série de
Star Wars, pas la dernière, mais celle du Mandalorian, par exemple, ont été faits au Québec? Bien, nous, on le sait, là.
Vous, vous le savez maintenant, il y en a qui lèvent la main, mais, je veux dire, c'est... On fait la culture que les
autres commandent, et on doit être capable de faire ça, c'est important, mais on doit être capable de
faire aussi plus que ça. On doit être capable de soutenir la culture des
créations québécoises.
C'est pour ça
que je suis extrêmement déçu du sort qui a été réservé aux arts de la scène
dans le présent budget. Il y a des
sommes qui augmentent, mais elles sont très inférieures aux sommes qui
diminuent, ce qui fait que, globalement, il va y avoir moins d'argent pour les arts de la scène. Et il y a beaucoup de
projets qui ne verront jamais le jour, des projets qui viennent d'ici, des projets qui sont l'expression
même de l'identité québécoise, qui n'auront pas d'air pour exister, et ça,
c'est grave.
Je ne sais
pas si... je pense, en tout cas, j'imagine que le ministre de la Culture
peut-être connaît mal les situations, les conditions de vie des
artistes, mais les artistes au Québec, à part quelques-uns qui sont très, très,
très connus et des grandes vedettes qu'on
aime beaucoup, bien, ils ne gagnent pas cher, là. Moi, j'ai entendu souvent des
gens dire : J'ai eu une grosse
année, cette année, j'ai fait 33 000 $. Puis ça, c'est... Même ça, ce
n'est pas beaucoup de monde qui réussissent à faire ces montants-là, à
moins d'être à la télé toutes les semaines. Donc, c'est problématique.
Il y a un problème avec la considération des
artistes au Québec. Il y a un problème de soutien des arts. Et ce budget-là, vraiment, c'est un budget dans lequel
on a décidé de sacrifier les arts vivants. La SODEC, il va y avoir moins
d'argent. Le CALQ, il va y avoir moins
d'argent. C'est extrêmement décevant. De plus en plus, dans les dernières
années, on entendait, justement, des
gens qui se faisaient refuser de plus en plus de projets, des gens qui sont
très établis, que tout le monde connaît et qui ne se voyaient pas
financés.
Puis, dans
une culture comme la nôtre, là, avec 9 millions d'habitants, là, puis un
accès potentiel au marché français, mais
quand même rare et pas exceptionnel, si on ne subventionne pas les arts au
Québec, on n'en aura pas, d'art. On n'est pas aux États-Unis, là, avec 350 millions, où
on peut dire : Bien, regarde, c'est une jungle, et puis que les plus
populaires survivent et que les
autres meurent, là. Si on fait ça à 9 millions de personnes, là, même les
plus populaires ne réussiront pas à
survivre financièrement, et on n'en aura pas, de culture québécoise. Le soutien
est essentiel. Et les retombées économiques de ce soutien-là, en plus, sont énormes. Elles... Ce n'est pas une
dépense, c'est un investissement. Et en plus, bien, c'est une condition
même d'existence, comme peuple, d'avoir un milieu des arts qui est bien
financé.
Alors, il y a
clairement un manque de vision et un manque de sensibilité à cet égard de la
part du gouvernement dans le présent
budget, et je suis très inquiet de comment les choses s'enlignent. Avec un
déficit de 11 milliards, je suis inquiet de voir quel sort va réserver le prochain budget aux arts, et à la
culture, et à l'identité québécoise. Je suis inquiet aussi des paroles du premier ministre, qui disent : On
va continuer de baisser les impôts, notamment des gens qui gagnent
100 000 $ et plus. C'est
parfait que les gens gagnent 100 000 $ et plus. J'entendais le député
de Saint-Jérôme, précédemment, dire : Québec solidaire a l'air contre ça. Je ne sais pas trop,
là, c'était... c'était vague. C'est parfait que les gens gagnent
100 000 $ et plus, mais ces gens-là sont capables de payer de
l'impôt.
Quand on
décide de diminuer les impôts, on diminue la solidarité et on appauvrit le
Québec, on appauvrit et on diminue la
capacité de l'État québécois à donner des soins de santé gratuits de qualité, à
donner des soins éducatifs gratuits et de qualité, on coupe dans la capacité de
notre peuple à être généreux et à donner une égalité des chances à tout le monde. Alors, dire qu'on va continuer dans cette voie-là, c'est mal calculer
nos intérêts, et je trouve que c'est manquer d'amour envers notre propre
peuple.
Motion formulant un grief
Alors, je vais déposer une motion de grief, M.
le Président, qui se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme le gouvernement caquiste pour son manque d'amour
envers les artistes du Québec, qu'il
laisse tomber et condamne à des conditions de vie et de création indignes,
desséchant ainsi le coeur battant de l'identité québécoise qu'il avait
pourtant annoncé vouloir défendre.»
Merci, M. le Président.
• (15 heures) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de
Jean-Lesage. Votre motion, elle est déposée sous réserve de sa
recevabilité. Alors, je cède maintenant la parole à M. le député de Beauce-Sud.
M. Samuel Poulin
M. Poulin : Merci, M. le
Président. Ça commence bien. Ça commence bien. En ce jeudi après-midi, c'est un
plaisir de vous retrouver et de retrouver
les collègues de l'Assemblée nationale, de toutes les formations politiques,
pour faire le point sur le budget qui a été présenté par notre collègue
le ministre des Finances mardi après-midi.
C'est un exercice, on le sait, M. le Président,
qui est sérieux, qui a un impact important sur la vie des Québécois. C'est un autre budget qui s'ajoute également à
notre formation politique, qui vient s'inscrire dans ce que c'est, la troisième
voie au Québec, M. le Président, parce qu'à travers un budget on est aussi les
porte-parole d'une volonté politique, les porte-parole
d'un positionnement politique qui est important. Et je pense qu'encore une fois
on vient répondre à ce dont pourquoi nous avons été élus.
J'aurai la
chance de parler de la protection du portefeuille des contribuables, hein, qui
est au coeur de notre formation politique,
l'importance de baisser les impôts, l'importance de remettre de l'argent dans
le portefeuille, qui se fait aussi, on le
sait, dans un équilibre, d'investir massivement en santé, en éducation et dans
nos régions aussi, M. le Président, parce que le mot «région» se doit d'être prononcé le plus souvent possible
ici, à l'Assemblée nationale, par les collègues, compte tenu des
investissements majeurs qui sont faits à l'intérieur de ce budget-là. Et c'est
aussi, bien, l'heure des choix, l'heure des choix. On ne peut pas dire oui à tout le monde. On dit :
Gouverner, c'est se résigner. On les connaît, les phrases, choisir
également à l'intérieur de sommes financières...
Vous savez,
faire un budget, M. le Président, ça demeure extrêmement difficile. C'est dur,
faire, des fois, nos budgets d'entreprises,
nos budgets personnels. Bien, faire un budget de l'État québécois, avec les
souhaits de chacun et chacune, ce n'est pas facile, surtout quand on ne
souhaite pas augmenter les impôts, M. le Président. Alors, je veux saluer
le travail du ministre des Finances, des
collègues. C'est un travail qui est long, beaucoup de rencontres de groupes,
beaucoup de rencontres d'intérêts,
surtout dans le cadre de la signature de la convention collective. Alors,
là-dessus, M. le Président, je veux saluer ce travail.
Maintenant, ce qui a fait beaucoup les titres au
cours des dernières heures, et c'est correct, les journalistes font évidemment leur travail, mais c'est le déficit.
Et, ce matin, M. le Président, en fait, je l'avais vu au Téléjournal,
hier, à 22 heures, mais il y a
un excellent texte de Gérald Fillion, qui a été publié sur le site de
Radio-Canada, qui parle, justement, du déficit, et je vais vous lire
quelques extraits. Le titre, c'est : 11 milliards de déficit au
Québec, est-ce un écran de fumée? — avec
un point d'interrogation — où
on vient placer et contextualiser ce qui a fait les titres au cours des
dernières heures, où on dit, en fait,
que le déficit... Il explique mieux le déficit. On dit : Avant le fonds de
versement au... le versement — oui — au
Fonds des générations, qui est de 2,2 milliards, on est à
8,8 milliards, M. le Président. Et je cite : «Le gouvernement Legault — le gouvernement du premier ministre — a choisi d'inclure dans son calcul une provision
pour éventualités de 1,5 milliard[...].
C'est de la grande prudence, mais, en laissant tomber cette provision
financière, le vrai déficit est de 7,3 milliards. Déjà, le solde
budgétaire paraît moins grand.»
Je cite à
nouveau Gérald Fillion dans son article publié sur le site de Radio-Canada ce
matin : «Le solde budgétaire à
Québec, ce n'est plus simplement la différence entre les revenus et les
dépenses. S'ajoute le Fonds des générations — 2,2, comme je viens de vous parler — qui
fait en sorte qu'un gouvernement à l'équilibre budgétaire se trouve légalement
en déficit parce qu'il doit injecter
de l'argent dans le fonds.» Et on y croit, évidemment, au Fonds des
générations, parce que ça nous permet de baisser la dette. C'est
important pour les générations futures.
«Ajoutons que
le déficit — également — de 11 milliards de dollars équivaut à
1,9 % du PIB. Avant le versement au Fonds des générations, à
8,8 milliards, c'est 1,5 % du PIB.
«Relativement
à la taille de l'économie, le Québec a connu plusieurs budgets largement plus — plus — déficitaires
dans les années 1970, 1980 et 1990.»
Gérald Fillion ce matin : «En 1980-1981, par exemple, le déficit s'est
élevé à 3,5 milliards[...], soit
4,7 % du PIB. Aujourd'hui, un déficit de 4,7 % du PIB dépasserait
27 milliards, selon l'économiste Pierre Fortin.»
Alors, les
choix d'hier, aujourd'hui, seraient 27 milliards de déficit. Et j'invite
les gens à aller le lire dans son ensemble, c'est un texte qui est assez costaud, qui vient expliquer, en fait, que
le déficit est plus autour de 7,3 milliards. Évidemment, on est
transparents, on l'a dit qu'on donne 2,2, on l'a dit qu'on met une réserve de
1,5. Donc, on arrive à ce chiffre de 11 milliards de dollars,
M. le Président. Mais il faut mieux expliquer, également, les choix qui sont
faits, que, là-dessus, il y a une
provision puis il y a un versement au Fonds des générations. Je pense que c'est
important de le mentionner. Mais, vous savez,
le temps des nuances est difficile, et on a l'occasion ici, à l'Assemblée
nationale, de faire un discours pour prendre le temps de bien camper les
choses et de bien expliquer les choses.
Évidemment,
le premier ministre l'avait mentionné, avant le dépôt du budget, on a signé une
convention collective fort importante avec les employés de l'État. Ils sont
venus manifester devant nos bureaux de circonscription, nous les avons écoutés, nous les avons entendus. Nous avons, tous
et tous, des gens, dans nos entourages, qui sont des enseignants, que ce
soit du primaire, du secondaire, des gens
qui gravitent dans le milieu de l'éducation, comme orthopédagogues, et on sait
à quel point leur travail est
important. On fait la visite des écoles. Moi, je le fais comme député et j'ai
une admiration sans bornes envers le travail des enseignants. Je peux
vous dire, quand je quitte l'école à 15 h 30, là, je prends une pause
parce que je trouve ça intense, et eux le
font à tous les jours, M. le Président. Puis il y a la préparation des classes,
puis il y a d'innover pour prendre les élèves en difficulté et les accompagner,
les amener plus loin. Il y a les bulletins, il y a les problèmes de comportement. C'est difficile, être enseignant
au Québec, M. le Président. Bien, je pense que c'est difficile d'être
enseignant partout, mais, lorsqu'on regarde les diagnostics, il n'en
demeure pas moins que c'est un travail qui est exigeant.
Je trouve encore formidable de voir des jeunes
de choisir le milieu de l'enseignement, parce qu'ils sont aussi heureux, il faut le mentionner. Des gens qui font
le choix de cette carrière, c'est parce qu'ils aiment les élèves, parce qu'ils
aiment le français, les mathématiques, ils aiment, en fait, cette profession de
pouvoir faire la différence dans la vie des jeunes,
de les accompagner jusqu'au bout de leurs rêves. Il faut saluer ce travail-là.
Et c'est un investissement pour le futur, investir en éducation. On sait, souvent, la différence que les
enseignants ont faite dans nos vies, puis aujourd'hui on est le premier
gouvernement de l'histoire à le reconnaître de façon aussi importante.
Moi, je suis
fier de faire partie d'un gouvernement qui a fait de l'éducation pas juste une
priorité dans ses slogans, qui en a fait une priorité dans la signature d'une
convention collective, qui a engagé des sommes financières, de façon importante, pour eux. Et ça, ça va toujours
rester, M. le Président. Ça va toujours rester, à moins qu'il y ait des
gouvernements futurs qui décident de réviser le salaire des enseignants.
On a déjà vu ça, faut-il le rappeler. Mais nous, il n'en demeure pas moins que,
tant et aussi longtemps qu'on sera là, on va valoriser ce travail-là.
Et en Beauce, M. le Président, parce que je suis
très fier, évidemment, d'être représentant de la circonscription de Beauce-Sud,
le vote a été parmi les plus élevés au Québec. Le Syndicat de l'enseignement de
la Chaudière a adopté à 86 % l'entente qui a été soumise relative aux
tâches, au nombre d'élèves par groupes et aux semaines de travail. Et, tenez-vous bien, quant à l'entente sectorielle,
qui comporte les augmentations de salaire, les assurances et les dispositions
sur la retraite, on a obtenu une approbation
de 92 %, au Syndicat de l'enseignement de la Chaudière, M. le Président.
Alors, c'est pour vous dire à quel
point que notre gouvernement est en communion avec les souhaits des enseignants
de la Beauce et du Québec, mais c'est
pour dire qu'ils ont été entendus. Et je suis très fier de voir que les
enseignants de chez nous, membres du syndicat, ont entériné de façon
importante ce qui leur était proposé.
Maintenant,
bien, le travail continue. On l'a dit, on a priorisé santé et éducation. C'est
aussi nos infrastructures, c'est aussi
la rénovation de nos écoles, c'est aussi la différence que l'on peut faire pour
pouvoir s'adapter à l'avenir des écoles de village, qui sont aussi
importantes, hein? Moi, j'en ai beaucoup, chez nous, j'ai
24 municipalités, vous le savez. On a rénové l'école primaire de
Saint-Benjamin de fond en comble. On a travaillé à Saint-Gédéon. Il nous en
reste d'autres, Saint-Éphrem, entre autres,
aussi. On a travaillé fort. Mais, à une certaine époque, on les fermait. Nous,
on investit dans les écoles de village.
On a fait un
complexe multisports, à Saint-Georges, 36 millions de dollars de notre
gouvernement, M. le Président, oui.
Je me suis promis qu'il n'y a pas un discours que je n'en parlerais pas, M. le
Président, ici, au salon bleu, parce que c'est du jamais-vu, parce que notre population en profite, parce que ça
fait la différence pour nos jeunes, pour nos familles, pour nos aînés aussi,
M. le Président, qui peuvent en profiter. Il a été inscrit au PQI par notre
gouvernement, il a été inauguré par notre
gouvernement, M. le Président, et ça, j'en suis extrêmement fier. Et c'est un
investissement massif dans notre
histoire, dans l'histoire de la Beauce, avec cet investissement-là. Bien, ça,
c'est des sommes du ministère de l'Éducation. C'était le député de Chambly, à
ce moment-là, qui était ministre de l'Éducation, avec qui j'ai travaillé
sur ce dossier-là, et on l'a réalisé. Le premier ministre, il est venu
l'inaugurer. C'est un exemple très concret du PQI qui est au service de nos
régions puis qui est au service de la Beauce.
Également,
bien, on a réalisé beaucoup de choses en Beauce, là, avec le PQI des dernières
années, M. le Président, avec nos
investissements. La Maison des aînés de Saint-Martin, M. le Président, qui sera
remplie dans les prochains mois, ça
va déjà bien. On est au milieu de la capacité. On continue à entrer des gens
sur une base régulière. On a investi massivement sur nos routes de Beauce-Sud, M. le Président, vous le savez. Cinq
nouveaux CPE, une nouvelle piste d'athlétisme également à Saint-Georges, c'est
majeur. J'ai annoncé des logements abordables également avant les fêtes, M. le
Président, qui étaient attendus, qui étaient des appartements trois et demie,
quatre et demie, que nous avons annoncés. C'est un investissement de
7 millions de dollars de notre côté.
• (15 h 10) •
Également, une première phase pour la rénovation
de l'urgence de l'Hôpital de Saint-Georges. J'avais pris un engagement
localement, lors de la dernière campagne électorale, de façon très ferme et de
façon très concrète, c'était l'agrandissement de l'Hôpital de Saint-Georges, M.
le Président, qui avait besoin d'amour. On a annoncé la phase I, et on va partir en appel d'offres dans les
prochaines semaines, et on souhaite un début des travaux à l'été. Ça va
permettre d'avoir un meilleur accueil
pour les gens qui sont malades, pour les employés, et, à terme, de travailler,
évidemment, sur la phase II, qui me tient énormément à coeur.
Alors, il
s'est passé beaucoup de choses, dans nos derniers budgets, pour la
circonscription de Beauce-Sud. C'est extrêmement
concret. Mais ce n'est pas tout, parce qu'on retrouve, à l'intérieur du
Programme québécois des infrastructures, vous le connaissez... où on a fait passer de 150 milliards à
153 milliards sur 10 ans le Programme québécois des infrastructures.
Et ça, le PQI, bien, c'est important. C'est
un levier de développement économique pour nos régions du Québec, où on fait
travailler les contracteurs québécois, M. le Président. Ça a un impact
important.
Lorsque je rencontre mes entrepreneurs, ils me
disent : On a hâte de voir combien qu'il y a d'argent dans le PQI parce qu'on a hâte de voir le SEAO dans les
prochaines semaines et voir si on investit massivement sur nos routes, dans
nos infrastructures. Bien oui, la nouvelle
de mardi, là, c'est qu'on a continué d'investir dans le PQI, parce qu'il y a eu
des sous-investissements dans les dernières années. Non, mais il faut le
dire, M. le Président, il faut le dire. Les sous-investissements qu'on a eus
dans les dernières années, là, les écoles qui ont plus de défis, ça n'a pas
commencé en octobre 2018, là. Pendant de
nombreuses années, les commissions scolaires nous le disaient, les enseignants
nous le disaient, on n'en avait pas,
d'argent, pour pouvoir réaliser ce qu'on souhaitait faire. Nous, avec ce
153 milliards là, on se donne les outils
dans les prochaines années pour pouvoir réaliser nos projets. Et c'est aussi
important de regarder, dans le Programme québécois des infrastructures, ce qui sort, parce que ce qui sort, c'est
souvent parce qu'il a été réalisé, il a été mené à terme. Et ça, il faut
pouvoir le souligner.
J'ai le prolongement
de l'autoroute 73, M. le Président, que nous avons inscrit, encore une
fois, au PQI en 2020, 7,5 kilomètres,
une voie de contournement qui est fondamentale, parce que, présentement, on a
une autoroute qui arrête au milieu de
la ville. On est dans l'acquisition des terrains avec les propriétaires. Encore
ces jours-ci, ils recevaient des communications du ministère des
Transports. On souhaite débuter les travaux à l'intérieur de notre mandat.
C'est un investissement qui est important,
qui est majeur, payé 100 % par le Québec, M. le Président, mais, au moins,
on donne un outil de développement économique, mais surtout on permet
d'améliorer la circulation dans la métropole beauceronne, et ça, j'en suis très fier. Il figure au PQI, il
est provisionné, l'argent est là. C'est le travail du député, c'est le travail
de notre gouvernement, et on en est très heureux.
Une autre
valeur beauceronne, M. le Président, qui est importante, c'est de pouvoir
décider ce que l'on souhaite faire avec notre argent. La baisse d'impôt,
M. le Président... Je me souviens de 2003, Jean Charest souhaitait devenir
premier ministre du Québec. Il était face à
Bernard Landry et à Mario Dumont, et Jean Charest disait qu'on était les plus
taxés en Amérique du Nord, M. le
Président. Mais les gestes ont pris du temps, les gestes concrets, ce qui veut
dire avoir une baisse d'impôt
récurrente, M. le Président. Et, avec ce budget-là... évidemment, on l'avait
annoncé lors du dernier budget, avec ce
nouveau budget de mardi, on vient confirmer que ce n'était pas l'histoire d'un
soir de faire une baisse d'impôt, que nous sommes extrêmement concrets dans
notre souhait et dans notre volonté de continuer à baisser les impôts des
Québécois en diminuant, de façon
récurrente, leur fardeau fiscal. Et de tous les Québécois, M. le Président,
parce que Québec solidaire, très
clairement, veut exclure les gens qui gagnent en haut de 100 000 $,
M. le Président. Ils l'ont dit, ils ont posé des questions en Chambre cette semaine, ils ont dit : En
haut de 100 000 $, vous ne méritez pas de baisse d'impôt. En haut de
100 000 $, vous savez que
c'est des enseignants, ça, M. le Président? Vous savez qu'en haut de
100 000 $, c'est aussi des hommes, des femmes à travers le Québec qui travaillent très fort parce qu'ils font
du temps supplémentaire, parce qu'ils décident de rentrer les fins de
semaine.
Moi, j'en ai
dans mes entreprises en Beauce. On appelle ça faire de «l'over». Ce n'est pas
le meilleur terme, là, mais c'est une
réalité pour de nombreux Québécois qui rentrent travailler les soirs de semaine
puis qui rentrent travailler le samedi
matin à l'usine. Oui, parce qu'ils souhaitent collaborer au succès de
l'entreprise, mais aussi parce qu'ils souhaitent augmenter leurs conditions de travail. Ces gens-là paient de l'impôt au
Québec, mais, pour moi, méritent aussi cette baisse d'impôt là.
Et le
ministre des Finances a dit un mot qui est important, cette semaine : Il
ne faut pas rentrer dans la lutte des classes, là, au Québec, il faut s'unir, il faut travailler ensemble. On est
contents quand notre voisin augmente ses conditions de travail, on est contents quand les Québécois augmentent
leurs conditions de salaire. Ces gens-là, également, collaborent à l'économie
du Québec, alors il ne faut pas se mettre à stigmatiser les gens qui gagnent en
haut de 50 000 $, 60 000 $, 70 000 $ par année. On a besoin de ce monde-là, au Québec, il
faut continuer d'améliorer leurs conditions de travail. Je tiens à le
souligner.
Et «over my
dead body», qui a dit ça, récemment? Le chef du Parti québécois, M. le
Président. Parce que, là, le choix, il est très clair, là. Vous savez, on a
aidé ponctuellement les Québécois à faire face au coût de la vie avec un
500 $, on a été de nouveau au
rendez-vous dans une aide financière de 400 $ à 600 $. Il n'y avait
pas de surprise, on l'avait dit avant
la campagne électorale qu'on allait se diriger... encore une fois, on a tenu
notre promesse. Mais les autres formations politiques, M. le Président,
ils n'en veulent pas de baisse d'impôt. Ils n'en veulent pas. Le chef du Parti
québécois a dit ces mots anglais de façon
très précise, que, pour lui, pour eux, pour cette formation politique là, il
n'y en aurait pas, de baisse d'impôt,
au Québec. Et avec la détermination qu'il a mentionné ces mots en anglais,
c'est à se demander s'ils ne vont pas hausser les impôts.
Et
l'autre volet, c'est qu'ils devront, si jamais ils prennent le pouvoir...
évidemment, c'est les Québécois qui se prononceront en octobre 2026, ils
devront préparer un budget en mars 2027. Vont-ils hausser les impôts en mars
2027? Parce que j'imagine que le référendum
ne sera pas réglé entre octobre puis mars, là. Ça fait que le budget de
l'an 1, on ne pourra pas
l'appliquer, là. Alors, il y a un flou artistique important de la part de cette
formation politique, à savoir s'ils vont taxer ou hausser les impôts des
Québécois dans les prochaines années.
Ce que l'on
sait, là, puis le choix est clair... ici, à l'Assemblée nationale, il y a une
formation politique qui a décidé de
baisser les taxes scolaires de façon importante, qui a mis un permis de
conduire à 25 $, cette année, pour les Québécois, qui a décidé d'augmenter les allocations famille,
M. le Président, qui a fait baisser le tarif de service de garde de 20 $ à
un tarif unique. Souvenez-vous de ce
nouvel impôt qui avait été créé par l'austérité libérale de Philippe Couillard,
qui avait fait en sorte qu'on
évaluait le salaire des parents pour décider du prix à la garderie. Les gens
qui étaient dans nos tribunes aujourd'hui,
qui souhaitent une place en service de garde, s'en souviennent, M. le
Président, du choc qu'il y avait eu pour les familles. Je pense que
c'était la ligne 434, de mémoire, sur le rapport d'impôt. Il y avait des
méchantes factures qui rentraient dans les
maisons du Québec, M. le Président. C'est nous qui avons décidé de revenir à un
tarif unique en service de garde, parce que le parti des familles, c'est
nous, là, il faut être clair là-dessus.
On a également, M. le Président, encapsulé...
via différentes mesures, comme l'aide pour l'achat de lunettes, M. le Président. C'est encore nous qui a créé ce
programme-là pour aider des familles, aux deux ans, une aide financière pour
pouvoir faire l'achat de lunettes pour
enfants. On a donné 2 000 $ pour les aînés de 70 ans et plus, M.
le Président, de façon récurrente.
Encore une fois, ce n'était pas l'histoire d'une journée, on l'a fait de façon
récurrente et on est venu l'inscrire à nouveau.
Alors, les
valeurs beauceronnes, M. le Président, c'est de s'assurer de pouvoir nous
laisser le maximum d'argent pour
décider ce qu'on souhaite faire. C'est tenter aussi de nous mettre le moins de
bâtons bureaucratiques dans les pattes, M. le Président. On a fait tout un chantier pour aider nos petites et
moyennes entreprises, mais on a aussi annoncé, M. le Président, qu'on allait continuer. On n'aime pas
ça, là, les déficits, ça, c'est sûr. On doit faire un exercice financier encore
plus précis, encore plus pointu dans
l'ensemble des ministères pour aller chercher des sommes financières qui
pourraient être réaménagées ou qui pourraient être mieux distribuées.
Puis c'est un chantier qu'on va faire avec les Québécois, M. le Président. On les connaît, les priorités,
sondage après sondage, c'est la santé, c'est l'éducation, les gens nous le
répètent. Alors, ce budget-là est collé sur leurs priorités.
Je conclurai,
parce que le temps va tellement vite, pour vous parler à nouveau des régions.
Les coeurs de villages, M. le
Président, c'est 50 millions de dollars, c'est un premier
50 millions pour les commerces de proximité. À quel point c'est
important, une épicerie, dans une municipalité, un dépanneur, un poste à
essence. On fait tout pour que ça coûte moins
cher, l'essence, en Beauce, M. le Président, on continue d'y travailler, bien
évidemment, mais c'est important, les coeurs
de villages. 250 millions pour les routes, les rangs municipaux, dès l'an
prochain, couverture cellulaire. Je salue le député d'Orford, un collègue extraordinaire qui se bat à tous les jours
pour ajouter des tours, M. le Président, à la grandeur du Québec. Ils en ont annoncé une première mouture
dans ce budget-là. Oui, bravo à notre collègue, parce qu'il comprend les
régions, il comprend la sécurité sur les grandes routes, il sait l'impact que
ça peut avoir pour le développement de nos municipalités. L'argent est
là. Les places en service de garde, 1 000 nouvelles places que nous
souhaitons convertir.
Alors, ce
budget-là, M. le Président, il est directement lié à ce pour quoi on a reçu un
nouveau mandat des Québécois en
octobre 2022. On a reçu ce mandat-là pour pouvoir équilibrer les affaires de
l'État, pour avoir cet équilibre, M. le Président, qui permet à la fois de
protéger le portefeuille et d'investir dans nos missions de l'État. Je pense
que notre gouvernement est au bon
endroit. Évidemment, on ne peut pas plaire à tout le monde. Il y a le débat sur
le budget, hein, ça, on le sait, ça peut durer pendant plusieurs
semaines. Mais je pense malgré tout que nous sommes dans la bonne direction
parce qu'aussi on a la meilleure équipe aux
commandes, dirigée par un premier ministre qui est déterminé, qui a à coeur,
évidemment, de servir les Québécois
dans leurs priorités. Et j'invite, évidemment, les Québécois à lire le budget,
parce qu'il y a beaucoup, beaucoup,
beaucoup d'éléments, et à aller lire Gérald Fillion, ce matin, sur le site
de Radio-Canada. Merci, M. le Président.
• (15 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Beauce-Sud. Et la parole
revient maintenant à Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Elisabeth Prass
Mme
Prass : Merci, M. le Président. Mardi, tous les Québécois
ont été déçus et même étonnés d'apprendre les détails du sixième budget de la CAQ : rien pour stimuler la
construction résidentielle dans le cadre d'une crise du logement, rien
pour encourager la construction de logement social ni abordable à un moment...
quand les populations vulnérables, dont ceux
en situation d'itinérance, avec des troubles de santé mentale, avec un handicap
ou atteintes d'un TSA en ont le plus
besoin, et pas juste rien pour eux, mais avec un déficit record de
11 milliards de dollars, dont le premier ministre juge
raisonnable, et sans avoir présenté de plan pour ramener l'équilibre
budgétaire.
En 2008, lors
de l'arrivée de la CAQ au pouvoir, le Parti libéral du Québec leur avait laissé
un excédent de 7 milliards de
dollars, un vrai cadeau pour un nouveau gouvernement. Et qu'est-ce qu'ils en
ont fait avec? Ils ont dépensé 6,7 milliards de
dollars en chèques électoraux qui n'ont rien fait pour aider les gens à lutter
contre l'inflation ni la crise du logement.
Cela correspond à un déficit de 18 milliards de dollars en six ans.
Combien de logements auraient pu être construits pour ce montant-là?
Combien de personnes en situation d'itinérance est-ce qu'on aurait pu sortir de
la rue?
Au Québec,
15 % de la population s'identifie en ayant au moins un handicap. Les
personnes handicapées du Québec sont
confrontées à d'innombrables défis dans leur vie quotidienne, souvent exacerbés
par un manque d'accès aux services et
aux ressources nécessaires pour vivre de manière autonome et épanouie. Il y a
un manque complet dans ce budget de mesures pour garantir un succès équitable au
logement pour les personnes handicapées. Selon la Société québécoise de la
déficience intellectuelle, et je cite :
«Malgré un déficit record et une augmentation des budgets
en santé et en éducation, aucune mesure structurante n'a été annoncée.»
Il
s'agit donc d'un budget qui suit ce que le gouvernement a fait depuis sa
réélection, pas grand-chose. Il n'y a pas
de détails ou annonces en lien avec le budget spécifique en déficience
intellectuelle ou pour le trouble du spectre de l'autisme par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Aucune
mesure n'est annoncée en lien avec l'emploi inclusif pour les personnes ayant une déficience
intellectuelle ou les personnes en situation de handicap en général. Aucune
mesure en lien avec la mise à jour de la stratégie pour l'intégration et le
maintien en emploi des personnes handicapées. Justement, la nouvelle stratégie devait être annoncée en 2023‑2024,
et l'absence de mesures et de la référence à la stratégie dans le budget
soulève des questions importantes.
Il
n'y a aucune annonce dans ce budget qui donne une indication que des fonds
seront investis pour la mise à jour de
la Loi sur l'aide aux personnes et aux familles, ni pour le plan d'action à
l'égard des personnes handicapées, ni pour le Plan d'action sur le trouble du
spectre de l'autisme. Aucun argent pour standardiser la formule de financement
pour les hébergements de longue
durée, y compris ceux de L'Arche du Québec, qui sont en mode survie s'ils ne
reçoivent pas un financement adéquat de la part du gouvernement.
La
bonne nouvelle de ce budget, c'est que le gouvernement a entendu le plaidoyer
de ma collègue de La Pinière au nom des personnes aînées invalides qui
vivaient une discrimination de la part de la Régie des rentes du Québec.
Ces personnes pourront maintenant
toucher la pleine rente à 65 ans sans être pénalisées, puisque le
gouvernement mettra enfin fin à la pénalité financière de 24 % sur
la rente de retraite de ces personnes. Le ministre des Finances a aussi reconnu
l'importance de cette mesure, puisqu'il a
dit, et je cite : «C'est la mesure dont je suis le plus fier.» Il peut
donc remercier ma collègue de La Pinière de l'avoir inspiré à faire
la bonne chose auprès de cette population vulnérable.
De plus, les groupes
de personnes en situation de handicap demandaient un changement à la façon dont
les revenus de travail sont traités dans les
programmes d'aide sociale et de solidarité sociale pour que les personnes
prestataires puissent travailler à temps plein sans pénalité. Le
gouvernement a plutôt annoncé que les prestations des programmes d'aide sociale et de solidarité sociale pourront
garder 10 % de leurs revenus de travail excédant la limite de 200 $.
Cette mesure est très insuffisante comparée à ce que les autres
provinces font. Il faut aller plus loin et donner la chance à ces personnes de gagner
un revenu supplémentaire, comme c'est le cas pour ceux qui reçoivent le revenu
de base.
Dans
ce sens, j'encourage le gouvernement à appeler le projet de loi n° 693 de ma collègue de Notre-Dame-de-Grâce,
qui permettrait aux personnes avec des
contraintes sévères à l'emploi d'obtenir un revenu de travail plus élevé que ce
qui est autorisé actuellement, sans
coupure de prestations. Plus précisément, le calcul se ferait sur une base
annuelle et augmenterait ainsi le seuil de revenu jusqu'à
15 000 $ par année.
Plusieurs groupes ont
démontré leur déception à l'égard de l'augmentation piètre de 3,64 % dans
le cadre du Programme de soutien aux
organismes communautaires. Ce montant est bien loin des besoins de ces
organismes qui font tellement pour
combler les services que le gouvernement n'offre pas. On retrouve des
investissements de 39 millions de dollars pour la
consolidation des services en santé mentale, en services sociaux généraux, en
déficience, des organismes communautaires,
pour agir tôt et contre les dépendances. En effet, le ministre des Finances
n'ajoute que 39 millions de dollars pour les organismes communautaires du domaine de la santé et des
services sociaux uniquement, dont seulement 10 millions seront attribués sous forme de subvention à la mission
globale du Programme de soutien aux organismes communautaires.
La
Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles
est scandalisée par le peu de considération qu'accorde le budget 2024 au
financement des organismes communautaires du domaine de la santé et des services sociaux. Selon leur lecture, le
montant ne s'adresse qu'à une partie des 3 050 organismes
communautaires du domaine de la santé et des services sociaux, soit ceux
qui interviennent auprès des jeunes et des personnes vulnérables. En supposant que la somme soit répartie également
parmi tous les organismes communautaires du domaine de la santé et des services sociaux, cela ne représente encore
que 13 000 $ par groupe en moyenne, alors qu'ils en ont besoin de tellement
plus.
Alors
que le gouvernement ne cesse de souligner leur importance dans l'écosystème
social québécois, il envoie le message
contraire autant aux personnes qui travaillent ou s'impliquent bénévolement
dans les organismes communautaires du
domaine de la santé et des services sociaux qu'à l'ensemble de la population
qui y trouvent leur support. Avec plus de 10 000 personnes itinérantes partout sur le territoire
québécois, la nouvelle itinérance postpandémique, avec les effets de l'inflation et de la crise du logement, se révèle.
Le recensement du gouvernement démontre que les expulsions et évictions
de logements sont devenues la première raison pour laquelle les gens se
retrouvent dans la rue sans un toit.
There's a new phenomenon present in Québec,
that we haven't seen before. There's a growing number of people who work for minimum wage and
are part of what we recognize as invisible homelessness, who sleep in their
cars or sleep in shelters. 17% of food bank users work for minimum wage.
There's something in that that is just not right.
Au Québec, nos efforts en prévention de l'itinérance sont insuffisants,
et il n'y a aucun argent dans ce budget pour des éléments de prévention en itinérance. Pourtant, il y a des études
qui démontrent que, pour chaque dollar investi en prévention dans le domaine de
la santé et des services sociaux, cela équivaut à 5 $ qui seront épargnés
par l'État. La hausse des personnes en situation d'itinérance visible et
cachée est le résultat d'un manque d'investissement et d'importance accordés à des actions de prévention visant à
améliorer l'accès aux soins de santé et services sociaux, le droit au logement,
l'éducation et le revenu.
Malgré les besoins
manifestés par plusieurs municipalités qui doivent, depuis peu, faire face au
phénomène de l'itinérance, y compris en
région, aucune somme spécifique aux régions ne figure dans le budget. L'entrée
d'individus dans la population itinérante est plus rapide que la sortie,
et personne au Québec ne devrait être forcé de vivre dans la rue, d'avoir recours à une banque alimentaire,
d'habiter dans un logement inabordable. Il s'agit d'un minimum, d'une simple
question de respect des droits. Le
gouvernement de la CAQ a renoncé une fois de plus à l'opportunité que constitue
le budget pour s'attaquer sérieusement au manque de logements.
No additional funds have been made
available to developers of social and community housing, nothing that will enable us to reach the housing
deficit identified in Québec by the Canada Mortgage and Housing Corporation to return to some form of affordability, which they say would require nearly
1,200,000 units built by 2030.
Pas de site de construction de logements sociaux
et communautaires, pas de soutien financier à l'acquisition de logements existants par le secteur à but non
lucratif, pas de soutien financier aux opérations d'organismes desservant les
clientèles particulièrement délaissées, pas
de soutien financier pour alléger les organismes de la hausse des taux
hypothécaires et pas de rehaussement du financement du soutien
communautaire et du logement social communautaire.
Motion formulant un grief
En raison de tous ces manques, je dépose une
motion de grief, qui se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour son
budget 2024‑2025 qui ne se dote pas de ressources ni des
moyens nécessaires pour assurer la pérennité des services sociaux à la
population.»
Les mesures présentes au budget sont inadéquates
vu l'ampleur des besoins pour faire reculer durablement la pauvreté. Il y a une
convergence chez plusieurs groupes de personnes vulnérables, les personnes
itinérantes avec un handicap ou sur le
spectre de l'autisme, les personnes qui souffrent de troubles mentaux, et c'est
le logement. Le budget ne comporte
pas de nouvelle mesure pour faire face à cette crise. Et donc le plus gros
déficit du budget, à part son 11 milliards, c'est le logement.
Merci, M. le Président.
• (15 h 30) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de
D'Arcy-McGee. Votre motion, elle est déposée sous réserve de sa
recevabilité. Alors, je reconnais maintenant M. le député de Saint-Jean.
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : Ah! Merci, chers
collègues. Merci, M. le Président. Vous êtes trop gentils... et patients. J'espère.
Nous voici,
donc, et me voici, donc, au débat sur le budget 2024‑2025,
déposé il y a à peine 48 heures, même pas, par mon collègue le ministre des Finances, son sixième budget, et je le
précise parce qu'il m'a plus appris d'un budget à l'autre, depuis six ans, sur
les finances de l'État, que je n'en savais ou comprenait avant d'arriver ici.
Et c'est donc avec beaucoup
d'empressement et, vous le verrez, une bonne dose de candeur, mais surtout pas
de jovialisme, que je prends la parole
pour ajouter à ce débat ma vision de ce que représente et signifie ce budget
pour moi, et le débat qu'il suscite, évidemment,
et pas juste ici, en Chambre, mais un peu partout. Les commentaires fusent de
partout, les analyses de tout un chacun, chroniqueurs, analystes,
spécialistes et, bien sûr, les économistes.
D'ailleurs, en parlant des économistes, et je
dois faire une parenthèse pour saluer l'effort de vulgarisation extraordinaire et réussi de mon collègue de
Saint-Jérôme, tout économiste qu'il est, mais donc, en parlant des économistes,
pour qui j'ai le plus grand respect et même un peu d'envie de leur capacité à
manier et argumenter avec des chiffres et des acronymes pas toujours faciles à suivre, je vais leur laisser les
chiffres et m'attarder surtout à ce que je comprends de ce qu'ils traduisent comme réalité et comme vision du
gouvernement et de ses intentions, et je vais donc... en tout cas, je vais
essayer de le faire en me privant, au cours des prochaines minutes, d'utiliser
ou de citer des chiffres, sinon que des dates.
Commençons par le commencement. Le budget de mon
collègue le ministre des Finances est un budget qu'il qualifie lui-même d'exigeant, avec un cadre financier responsable, un
gros déficit, certes, mais, en comparant ce qui est comparable avec les budgets du Québec, en ne
reculant pas si loin que ça, dans le fond, en se servant de l'analyse de ce
que les déficits représentaient à chaque
fois en proportion du PIB, le produit intérieur brut, c'est loin d'être
dramatique, même si le chiffre, j'en conviens, de ce déficit fait une belle
grosse manchette parce qu'il frappe l'imaginaire. Mais, pour citer le ministre des Finances, qui a utilisé un terme qui
me satisfait, et qui dit pas mal tout dans son discours, et qu'il a répété lors
de la période des questions, c'est gérable.
Pour moi et pour pas mal de monde, c'est gérable, ça suffit. Et ça explique pas
mal de choses, parce que, pour ceux qui
s'inquiétaient, il a ajouté, et je le cite : Notre objectif de
retour à l'équilibre est réalisable.
Donc, un budget, comme son titre l'indique...
parce qu'il y a des titres au budget, ce n'est pas seulement marqué «budget», celui-ci a un titre, Priorités :
santé et éducation. Non seulement c'est naturel, et même normal, parce que
ce sont les deux plus gros postes de
dépenses du gouvernement, mais aussi parce que ce sont les services essentiels
auxquels s'attendent les citoyens et
qu'ils méritent, ne serait-ce que parce qu'ils sont les plus taxés en Amérique
du Nord. Le moment était venu,
maintenant qu'on a réorganisé la gouvernance des réseaux de la santé, avec
Santé Québec, et de l'éducation, avec le
projet de loi n° 23, et négocié des conventions collectives qui,
j'en suis persuadé, vont redonner un coup de jeune, et je le souhaite, apaiser ces deux réseaux, donc, le
moment était venu de soutenir en dollars le vent de renouveau qui souffle pour
leur redonner leurs lettres de noblesse et livrer une santé plus humaine et une
éducation plus réussie.
Il faut se
rappeler qu'on en est arrivés au budget 2024‑2025 avec un contexte
économique particulier qui est connu de tous depuis les derniers
mois : la poussée inflationniste qui a entraîné la stagnation de
l'économie.
Je ne suis pas en train de dédouaner le
gouvernement ni de l'excuser, mais de l'expliquer. C'est le contexte. Parce qu'on sait tous que l'inflation a fait une
grosse différence dans l'économie, et pas juste la nôtre, M. le Président. Même
que, toute chose étant relative, l'économie
québécoise s'en est mieux sortie et est mieux préparée que nos voisins pour la
relance, qu'on peut deviner pour bientôt et qu'il va falloir soutenir, soutenir
encore avec des dollars.
D'ailleurs,
le ministre des Finances le répète souvent, mais c'est comme si on avait du mal
à le sentir, ou à le saisir, ou le comprendre, mais le fait est que le pouvoir
d'achat des Québécois moyens et du Québécois moyen, statistiquement parlant, sans chiffres, est resté, depuis quatre
ans, au-dessus de l'inflation à cause, justement, des mesures prises par le gouvernement pour
soutenir les Québécois et leur économie. Ce sont des statistiques, même si je
continue de ne pas vouloir citer de chiffres
pour ne pas jouer avec, mais, si on dit que les chiffres sont têtus, il faut
comprendre que, moi, ce que je
regarde, c'est les conclusions qu'ils imposent, et elles sont éloquentes, ces
conclusions. Je le répète, le pouvoir d'achat des Québécois a été protégé, entre autres parce que la création
d'emplois est restée solide, les salaires ont augmenté plus et plus vite qu'ailleurs et, pour citer le premier
ministre, citation qui revient régulièrement, mais je la mets au goût du jour,
l'écart de richesse avec nos voisins a continué, malgré tout, pendant tout ce
temps-là, à s'amenuiser.
Le reste du
budget, au-delà des deux grandes priorités, est très, à mon avis, responsable
et pragmatique, donc très caquiste.
On ne parle pas de couper dans les services, ni même de garder le statu quo.
Nous allons continuer à maintenir les services aux citoyens tout en
investissant davantage et prioritairement, comme je l'ai expliqué, en santé, en
éducation et en agissant pour la
croissance économique. Mais, au-delà de telle ou telle mesure du budget qui a
des répercussions pour tel groupe ou
telle industrie, tel secteur, ce que je retiens, c'est que, pour l'ensemble des
contribuables, pour tous ceux qui paient de l'impôt au Québec, mes collègues en ont donné le nombre, dont je
m'abstiendrai, par souci de respecter mon engagement de ne pas citer de chiffres, tous ceux qui paient
de l'impôt au Québec, il y a, dans leurs formulaires qu'ils sont probablement
en train de remplir ces jours-ci, si ce n'est déjà fait, une diminution d'impôt
pour les deux premiers paliers d'imposition pour
2023, et cette baisse d'impôt est maintenue dans ce budget 2024. Et, si je
peux me permettre, je me suis réjoui d'avoir entendu le premier ministre déclarer dans ses réponses, dans la foulée
du dépôt du budget, que non seulement il n'écartait pas une future
nouvelle baisse d'impôt, mais qu'il entrevoyait et même espérait pouvoir le
faire, éventuellement. Merci, M. le premier
ministre. Parce que c'est ça, le but de ce gouvernement, de notre gouvernement,
de votre gouvernement, et c'est vrai depuis le début : remettre de
l'argent dans le portefeuille des Québécois. Et nous l'avons déjà beaucoup
fait, et de plein de façons, et nous allons
continuer de le faire d'abord parce que, je le répète, nous sommes les
contribuables les plus taxés en Amérique du Nord et parce que c'est bon
pour les Québécois et que c'est bon pour l'économie du Québec, puisque, comme
diraient les économistes...
Et là je
viens de faire ce que je craignais faire depuis le début, c'est-à-dire perdre
ma place en pesant trop fort sur ma
tablette, mais je vais le retrouver, parce que, si j'ai pris le temps de
l'écrire, je vais vous le livrer autant que j'y ai pensé et que je l'ai écrit. Alors, pardonnez-moi, M. le
Président. On va faire passer ça sur le dos d'une gorgée d'eau. Et j'arrive,
là, donc, et j'y étais, j'ai même été trop loin.
Donc, c'est
bon pour l'économie, puisque, comme diraient les économistes, que je respecte,
comme je le disais tout à l'heure,
c'est structurant, parce qu'il en reste plus dans les poches des travailleurs
et que c'est l'incitatif principal pour travailler, et donc produire davantage. Et c'est justement ça, la
productivité, qui est la clé. C'est en augmentant la productivité par tous les moyens, à commencer par la
main-d'oeuvre, qu'on va y arriver, et en finançant de la robotisation, de la
mécanisation, de la numérisation pour
injecter de la valeur ajoutée, ce qui, dans le contexte de la rareté de
main-d'oeuvre, prend tout son sens, pour que cette main-d'oeuvre puisse
être formée et requalifiée vers des emplois plus payants.
Et c'est
ainsi que tourne la roue vertueuse de l'économie, mais c'est complexe, c'est
complexe parce qu'il n'y a pas que la
rareté de main-d'oeuvre, il y a aussi le vieillissement de la population. Et
c'est particulièrement vrai au Québec à cause de notre démographie
particulière, et j'en suis l'exemple patent, entendre ici le baby-boom. Et le
résultat, qui est de... Et le
résultat de ce vieillissement, bien, c'est qu'on se retrouve aujourd'hui avec
une population vieillissante qui est en train de prendre sa retraite, et ça
nous mène directement vers une rareté de main-d'oeuvre qui est amplifiée, pour
ne pas dire exagérée, dans les circonstances.
Donc, c'est pour ça que toutes les mesures
visant à maintenir le plus longtemps possible en poste les travailleurs qu'on appelle expérimentés sont tellement
importantes. Mais ça, c'était déjà bien commencé, depuis quelques années, avec
les mesures mises en place pour eux à la RRQ,
en rendant la cotisation optionnelle de ceux qui touchent une pension mais
qui continuent de travailler un peu ou
autant. Mais il y a les plus jeunes aussi pour lesquels il faut maximiser les
chances d'être formés pour obtenir
des emplois plus payants et aussi très nécessaires en facilitant leur formation
en construction, par exemple, ou en santé, avec des programmes de
formation accélérée ou en finançant des bourses collégiales et universitaires
pour des programmes où le manque de personnel est particulièrement criant.
• (15 h 40) •
Je parlais de
la rareté de main-d'oeuvre en disant que c'est complexe. Il faut que je vous
dise que ce que j'apprécie particulièrement
de la façon de voir et de faire du ministre des Finances, dont c'est le budget,
après tout, c'est qu'il répond souvent qu'il n'y a pas de réponse et de
solution simples à des problèmes complexes, surtout qu'ils ont la mauvaise
manie d'être souvent multifactoriels. Et ça m'a fasciné. Il m'a souvent
expliqué qu'il fallait attaquer les gros problèmes de front, mais surtout sur plusieurs fronts, avec plusieurs
solutions possibles, pour se donner la chance de découvrir la mesure qui
fonctionnera le plus et le mieux et éliminer
les moins productives. Vous me direz que c'est, en fin de compte, une leçon
de vie, mais moi, je l'ai compris en parlant d'économie avec le ministre des
Finances.
Un mot aussi
pour dire que nous allons prêcher par l'exemple et optimiser l'action de l'État
et son efficacité. Les avancées technologiques à notre disposition actuellement
nous permettront cette optimisation. Je veux citer, d'ailleurs, le ministre des Finances, parce que ses mots sont
lucides et sages. Il a écrit dans son budget : «Dans le contexte
économique et budgétaire actuel, nous
devons tous faire un effort particulier pour améliorer l'efficience des
interventions du gouvernement en ce
qui concerne le régime fiscal, mais également la performance de nos grandes
sociétés d'État. Il est primordial que nos actions soient en adéquation avec
l'évolution de la société.» Ce qui était bon, ce qui était intelligent, ce qui
était une nouveauté, ce qui était
brillant il y a 25 ans n'est plus nécessairement aussi bon, brillant et
nécessaire aujourd'hui. Moi, c'est ce que j'en retiens, en tout cas.
Toujours pas de chiffre, M. le Président. Je
travaille fort.
Ce que nous
ferons aussi pour nous assurer de l'efficacité de l'État, c'est de procéder à
la révision, donc, comme le ministre le disait, des programmes pour être
conséquents. D'ailleurs, les sociétés d'État devront faire leur part dans cet objectif d'optimisation,
tout comme nos actions pour recentrer certains crédits d'impôt, ce à quoi je
faisais allusion, si vous m'avez bien écouté, M. le Président.
Si vous vous
posez la question, la réponse pour le retour à l'équilibre budgétaire, c'est
que ça se fera progressivement, sans
choc dans les services publics, et ça veut dire qu'on ne jouera pas au yoyo,
surtout, dans le financement. C'est contre-productif
pour les citoyens, et les économies ne se reflètent à peu près jamais à long
terme dans ces cas-là. Donc, nous verrons comment la situation économique se
présentera au cours des prochains mois, puisqu'on attend, on nous prévoit, on nous annonce, on espère tous une
relance avec les taux d'intérêt, donc au cours des prochains mois, pour mieux
détailler un plan de retour à l'équilibre
budgétaire lors du prochain budget. On s'en reparlera à la même date l'an
prochain.
C'est la
seule politique responsable dans les circonstances en ce qui me concerne, c'est
celle de notre ministre des Finances.
Et non seulement je respecte, mais je vais l'appuyer avec enthousiasme au vote
sur la politique budgétaire du gouvernement.
Mais, avant
de terminer, je voudrais parler du budget, toujours, bien sûr, mais du point de
vue de mon comté de Saint-Jean et de
mes concitoyens. C'est bien différent, vous me direz, et j'avoue que le député
de Beauce-Sud m'a inspiré à cet
égard. Je ne m'en allais pas directement là, mais je fais un détour pour m'y
rendre parce qu'effectivement, dans le fond,
nos citoyens, le lendemain du budget, il est très rare... Je ne connais pas
beaucoup de députés qui sont partis dans leurs circonscriptions, hier, puis qui ont dit : Aïe! on a gagné ça. Non.
On le gagne à longueur d'année. Je vais d'ailleurs vous donner des exemples de trucs dont je suis très
fier, qui ont pris cinq ans à régler. Donc, ce n'est pas tellement pour aller
dans le budget, voir ce qu'il y a pour eux.
Et, de toute façon, c'est universel. Mes citoyens de Saint-Jean sont des
Québécois. Quand on parle de baisses
d'impôt, quand on parle du reste, quand on parle de remettre de l'argent dans
leurs poches, ça va, mais, inspiré que je suis par le député de
Beauce-Sud, je me lance pour vous parler de la dimension, entre guillemets,
budgétaire, avec un astérisque, de chez nous.
La maison des aînés, c'est celle de Saint-Jean
qui est la plus grosse. Je m'en suis vanté ici au moins 22 fois minimum. Mais effectivement on est déjà en train
d'organiser l'ouverture officielle. La cérémonie est programmée. Je l'ai
dans mon calendrier, mais permettez que je
me garde une petite gêne encore, parce qu'il faut attacher ça avec beaucoup
d'autres calendriers, mais ça s'en vient. Et, comme toutes les maisons des
aînés, celle-là est encore plus grosse, ça va prendre un certain temps. Grosse, c'est
192 résidents, c'est quand même le double de la maison de base. Et on en a
fait des beaucoup plus petites, mais
l'idée, c'est qu'on va prendre le temps de s'installer et, ensuite, lentement
mais sûrement, on va progresser et
ouvrir maisonnée par maisonnée. Alors, il y en a pour un bout de temps avant
que la maison soit pleine, mais moi aussi, j'ai bien hâte.
Et j'ai une
bonne nouvelle que je vous ai annoncée la semaine dernière, je pense, en tout
cas, tout récemment, et celle-là,
c'est une maison des aînés 2.0. Pas beau, ça? Je vous explique. Le CHSLD
Georges-Phaneuf était le deuxième plus vieux
et au moins le deuxième, sinon le premier plus vétuste au Québec. Il est encore
en opération, 125 résidents l'habitent. C'est l'ancien hôpital, le premier hôpital de Saint-Jean-sur-Richelieu,
la moitié de la ville y est née, mais vétuste, vétuste, là, pas juste
devenant vétuste, mais très vétuste.
Vous savez,
le gouvernement s'était posé la question après avoir lancé les maisons des
aînés : Qu'est-ce qu'on va faire
avec les CHSLD? Alors, la première chose que la ministre de l'époque,
Marguerite, qui avait de bonnes idées à cet égard et qui avait une volonté de fer, c'est ça qui a fait qu'on ouvre
nos maisons des aînés quelques années plus tard, elle avait dit : Bien, il faut que les CHSLD
puissent vivre au rythme des maisons des aînés, avec les mêmes paramètres, la
même philosophie, sinon que les mêmes lieux.
Alors, le
gouvernement a fait l'inventaire et a décidé de moderniser, d'agrandir, de
redécorer, de réorganiser plusieurs CHSLD
qui n'étaient pas trop vieux pour qu'on puisse le faire. Il y en a quand même
une bonne douzaine, sinon plus, dont mon
fameux CHSLD Georges-Phaneuf, qui n'étaient pas, entre guillemets, excusez le
néologisme, rénovables. On était rendus trop loin dans les dégâts.
Alors, il fallait absolument sortir de là.
Alors, j'ai
eu le plaisir, en Chambre, la semaine dernière, de vous confirmer que nous
allions faire construire une maison
des aînés 2.0 et que nous allons y installer, parce qu'on ne voulait pas
perdre l'avantage que nous proposaient les 192 nouvelles places de la maison des aînés... nous allons y
déménager dans pas long, dans une couple d'années, les résidents de
Georges-Phaneuf, qui vont se retrouver ensemble dans la nouvelle maisonnée des
aînés 2.0 de Saint-Jean.
Décidément,
le député de Beauce-Sud a une mauvaise influence sur moi. Il parlait de ses
promesses électorales. Ça m'a fait penser que j'en avais une, moi aussi, qui
était très importante, un engagement. On ne veut plus parler de promesses
quand on fait de la politique, n'est-ce pas?
Alors, l'engagement électoral de 2022, c'était l'agrandissement du cégep, parce
que, là, on avait agrandi par l'intérieur
depuis tellement d'années que ça suffisait. Alors, j'avais dit : On va
faire ce qu'il faut pour que le cégep soit agrandi. Eh bien, il le sera.
Il y a déjà 5 millions qui sont arrivés pour construire...
Une voix : ...
M.
Lemieux : C'est correct, monsieur... Il y a déjà
5 millions qui sont arrivés pour les travaux d'ingénierie, les travaux de préconstruction. Et on va travailler
sur la suite des choses. C'était, à l'origine, un projet de
34 millions de dollars. On
verra comment ça finit. Comme j'ai dit aux gens du cégep puis aux gens de la
ville : Moi, mon job, ce n'est pas de livrer les 34 millions, c'est de m'assurer que vous
travaillez avec les gens du ministère de l'Enseignement supérieur pour aller
chercher ce dont vous avez besoin, et c'est bien parti.
Et il y a une
nouvelle école primaire qui, mine de rien, va être construite très bientôt. On
a déjà annoncé le terrain. Ça fait
l'objet d'un peu de débats. Vous verrez une pétition se pointer dans le détour
ici à un moment donné. N'empêche que 26 nouvelles
classes pour une nouvelle école qui va être construite, pour l'instant, en tout
cas, sur la rue des Colibris, dans le
secteur Saint-Luc, c'est une énorme nouvelle, parce que la population qui sera
desservie, c'est celle de l'île Sainte-Thérèse, qui est un petit paradis de la banlieue, et, l'île
Sainte-Thérèse, bien, les nombreux enfants qui viennent de là s'en allaient,
pour l'instant, en autobus à tous les matins
et revenaient à tous les soirs du centre-ville de Saint-Jean, ce qui
occasionnait des transports
difficiles pour les parents quand on voulait faire autre qu'avec l'autobus.
Donc, on... Et, de toute façon, on était
en déficit de places. Ça nous prenait absolument une école primaire, et elle
sera donc à proximité de l'île Sainte-Thérèse.
Une voix : ...
M.
Lemieux : Vous êtes trop bon pour moi, M. le député. Et je
veux vous parler des services de garde parce que j'ai rendez-vous la semaine
prochaine pour inaugurer 53 nouvelles places dans un service de garde subventionné, évidemment, mais
j'ai fait la même chose il y a deux mois et j'ai fait la même chose avec
80 places, fin de l'année dernière. Mais ce qui me tient le plus à coeur, même si c'est important d'avoir des places
en CPE, surtout dans une banlieue comme la mienne, qui ne cesse de
prendre de l'ampleur, et donc on a des besoins pour les familles qui ont des
enfants... Alors, avec mes collègues
d'Iberville et de Huntingdon et la ministre du Travail, on est allés, avec ce
qu'on a réuni comme argent dont on disposait,
voir la MRC, voir un partenaire privé qui s'appelle Desjardins. Et on a
annoncé, le mois dernier, un fonds d'incitatifs pour la création de places en service de garde familial, entrepreneurial
et communautaire, un fonds de 125 000 $ qui va nous permettre de créer au moins, en tout cas, on
l'espère, 150 à 200 places en service de garde en milieu familial. Et la
bonne nouvelle, c'est qu'on a déjà la moitié du chemin de fait, et ça
fait à peine un mois.
Je veux vous parler des aînés...
Des voix : ...
• (15 h 50) •
M.
Lemieux : Oui, bien, tant
qu'à faire, hein? Il y a une espèce de logique à suivre dans les
applaudissements. Ce ne sera pas
long, je vais les contenir, M. le Président, je vous le promets. Et puis là je
pense que j'ai échappé un chiffre. Oui, j'ai parlé de... En tout cas, je
m'excuse, mais je n'étais plus dans le budget traditionnel.
Je veux vous
parler des aînés en terminant, parce que ce dont j'ai été le plus fier dans ma
carrière politique, c'est à la
campagne électorale de 2022, quand je faisais le tour du comté et que je disais
aux aînés : Vous savez, on a introduit ce crédit d'impôt remboursable pour
les aînés de 70 ans et plus à faibles revenus. On en est tellement fiers!
Mais là on a des besoins, on est postpandémie, l'inflation s'en vient,
bien, on ne savait pas qu'elle s'en venait, mais ce n'était pas facile, parce qu'il y avait la reprise postpandémique,
puis on a dit : On vous promet de vous donner 2 000 $ par année
pour les 70 ans et plus à
faibles revenus et on leur a donné. Et ça, pour moi, c'était un grand geste, un
grand geste magnanime, parce que
c'était tellement nécessaire, mais en même temps, quand on y pense, difficile.
2 000 $ par année, faites le calcul, vous allez voir, c'est
une petite fortune, mais j'étais content qu'on aille jusque-là.
Autant que
j'étais content que le ministre des Finances aille jusqu'où il est allé dans
son budget, à la page 23, dans la page Conclusion, Soutenir les aînés
en situation d'invalidité. Et je vous lis ce passage-là et je termine
là-dessus, c'est promis : «J'aimerais terminer en parlant — c'est
le ministre qui parle, là — d'une
mesure qui revêt une importance particulière pour moi.» Et pour moi aussi, pas
seulement pour lui, parce que j'avais des cas de comté, depuis deux ou trois
ans, de personnes invalides qui m'appelaient, avec qui on essayait de
travailler puis de comprendre. «Nous savons tous — écrit le ministre dans son budget — que
le soutien aux aînés et aux personnes vulnérables est fondamental au Québec.
«Depuis ma nomination à titre de ministre des
Finances du Québec, j'ai été sensibilisé aux répercussions de la réduction de
la rente de retraite pour les aînés en situation d'invalidité, une mesure — et
c'est important de le savoir, de le dire et
de le répéter — mise en place il y a plus de 25 ans et que
nous avions partiellement corrigée dans le cadre de l'exercice
budgétaire 2021‑2022.
«C'était alors la première fois qu'un
gouvernement s'y attaquait.»
Et ça, j'en suis particulièrement fier. Et c'est
fait, c'est dans le budget, c'est réglé. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Saint-Jean. Et la parole
revient maintenant à Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme
Labrie : Merci beaucoup, M. le Président. Vous savez, quand
on a le privilège de former le gouvernement, on a de grandes responsabilités aussi, notamment celle de répondre aux
besoins de la population, en particulier en contexte de crise, et aussi la responsabilité de préparer
l'avenir du Québec. Et malheureusement la CAQ échoue à ces deux missions
avec le budget qui nous est présenté cette
semaine. Je vous invite à regarder ici. Priorités : santé et éducation.
Vous ne trouvez pas qu'il manque quelque chose? Il manque l'habitation,
M. le Président.
On vit une
crise en habitation qui est sans précédent dans les dernières décennies. Et
pourtant, même si c'est sur toutes les lèvres partout à travers le Québec, il
n'y a aucune région qui fait exception, c'est le statu quo absolu par rapport
à la crise du logement dans ce budget. Rien de plus que ce qui avait été
annoncé en décembre dernier n'est prévu ici. Le 1,8 milliard de l'entente avec le fédéral pour les logements
abordables, on continue de faire comme prévu, on ne le dépense pas tout de suite. On attend en 2025, l'année
prochaine, M. le Président, pour commencer à utiliser cet argent-là. Alors
qu'en ce moment même des milliers de personnes à travers le Québec ont besoin
de solutions, on a besoin d'avoir des mises en chantier, le gouvernement se comporte comme si ce n'était pas urgent. Ce
n'est pas réaliste, quand on est en contexte de crise, de dire : On va commencer l'année prochaine à utiliser cet
argent-là qui a été débloqué grâce à l'entente avec le fédéral. Non seulement ça, mais en plus le programme pour
construire des logements abordables, le PHAQ, on ne le révise pas non plus. Même si, après deux
ans d'existence, ce programme-là a réussi à livrer un gros total de zéro
logement à travers le Québec, zéro
logement construit dans le cadre de ce programme-là, il est critiqué de toute
part, notamment par les municipalités, aucun changement prévu dans ce
programme-là.
Au moment où
on se parle, là, il y a des projets de logements abordables qui sont prêts, qui
ont été élaborés dans nos
communautés, qui sont approuvés par le gouvernement, prêts à être financés par
le PHAQ, mais qui vont rester sur papier,
qui vont mourir sur papier, peut-être, parce que les villes n'ont pas les
sommes nécessaires pour mettre la contribution financière qui est exigée
d'elles. Donc, à cause de ça, ces projets-là ne se réalisent pas.
Il y a aussi
des projets qui vont rester sur papier parce que, même s'ils ont été élaborés
sur le terrain pour répondre à des
vrais besoins, bien, ils n'ont pas été choisis cette année. Puis l'argent,
bien, il ne faut pas toucher à ça cette année. On attend 2025 avant de
toucher au 1,8 milliard. Ça fait qu'il y a des projets qui ne se
réaliseront pas pour des décisions gouvernementales, alors qu'on a cruellement
besoin de tous ces logements-là en ce moment.
Aucune mesure
non plus dans le budget pour relancer la construction, par exemple en
remboursant la TVQ sur les constructions
résidentielles. C'est juste de la pensée magique. Par rapport à la crise du
logement, tout réside, du côté de la
CAQ, dans la pensée magique. On attend, semble-t-il, que les maisons se vendent
assez cher, que les logements se louent assez cher pour que les promoteurs aient le goût d'en construire plus.
C'est ça, en ce moment, la stratégie de la CAQ. Bien, ça va prendre un certain temps. Éventuellement, ça
va arriver, il va s'en construire plus. Ce ne sera pas des logements que
les gens sont capables de se payer puis ce ne sera pas des maisons que les gens
sont capables de se payer. Donc, en attendant,
on a des gens qui sont... parfois même des familles, qui sont à la rue, des
gens qui dorment dans leur voiture. À travers
le Québec, on voit ça actuellement, M. le Président. Donc, le gouvernement
échoue avec son budget à répondre à la crise du logement.
Échec aussi
pour nous aider à nous préparer face aux changements climatiques. La CAQ
continue de faire comme si ça n'existait pas, comme si les catastrophes
naturelles qu'on vit en lien avec les changements climatiques étaient des événements isolés. Tout le monde ici est conscient
des écarts à la normale qui sont de plus en plus fréquents en termes de climat. Juste récemment, par exemple, en février,
il a fait tellement chaud que non seulement les patinoires étaient fermées
dans ma région, mais il y avait des terrains
de tennis ouverts. En février. C'est quand même assez particulier. Aux Jeux du
Québec, ils ont eu de la misère à trouver de
la neige. Ils en ont trouvé juste, juste, juste assez pour faire le petit
sentier qu'il fallait pour les compétitions de ski de fond. Il n'y en
avait nulle part autour, ailleurs. C'est quand même assez critique.
Puis là on ne parle pas de situation de
catastrophe, mais souvenez-vous, l'été dernier, les inondations, les vents violents, les feux de forêt. La CAQ prévoit
7 millions dans son budget, ici, là, 7 millions pour mieux combattre
les feux de forêt. Juste éteindre les feux de l'été dernier, ça a coûté
200 millions, juste les éteindre, là, on n'a pas déplacé, relocalisé personne dans un refuge d'urgence, là. Éteindre
les feux, ça a coûté 200 millions. Là, on en prévoit sept pour mieux les
combattre.
On prévoit 61 millions sur cinq ans pour
faire face à la hausse des sinistres majeurs, 61 millions sur cinq ans. Souvenez-vous des inondations majeures des
dernières années dans Charlevoix, dans Chaudière-Appalaches. Souvenez-vous
des orages violents qui sont de plus en plus
fréquents. Si l'année 2024 ressemble à l'année 2023, ce n'est pas
avec 7 millions de plus qu'on va
être en mesure de répondre aux sinistres. Et c'est ça qui est prévu, 7 millions
de plus cette année pour répondre aux
sinistres. Bien, je nous souhaite que l'été prochain ne ressemble pas au
précédent, M. le Président, mais il n'y a rien de moins certain.
On devrait,
en ce moment, être en train de développer des projets de transport en commun
partout à travers le Québec. Pourtant il n'y a rien dans ce budget-là
pour augmenter la fréquence de passage, le nombre de trajets, alors que c'est précisément de ça dont on a besoin actuellement
pour aider les gens à réduire la dépendance à la voiture, qui est quand même,
hein, le déplacement, le deuxième poste de
dépense des gens après le logement. Offrir des alternatives aux gens pour se
déplacer, offrir des alternatives à la voiture, c'est aussi des économies dans
les poches des gens. Mais non, ce n'est pas là-dedans.
Et en plus non seulement on n'est pas en train de développer les nouveaux
projets de transport dont on aurait besoin,
mais il n'y a même pas la garantie qu'on va être capables de maintenir les
services actuels en transport en commun. Alors que, partout à travers le
monde, on développe des projets de transport en commun, ici, on se demande si
on va être capables de conserver les
services de transport en commun qu'on a dans les quelques plus grandes villes
du Québec qui ont le privilège d'avoir des services en ce moment.
Quand on
parle de manque de préparation pour l'avenir, c'est la même chose avec le vieillissement de la population, M. le Président.
Il y a quelques mois dans ce rapport-là, ici, qui avait été commandé par le
gouvernement lui-même à la Commissaire
à la santé et au bien-être, un mandat
sur les soins et services de soutien à domicile, on nous disait qu'on répond
actuellement à 10,7 % des besoins en services à domicile. C'est un constat
qui est plutôt gênant, 10,7 % des besoins actuels qui sont répondus. Il y a un peu moins de
400 000 personnes, en ce moment au Québec, qui reçoivent des services
à domicile, et la CAQ prévoit qu'en 2028,
ça, c'est ce qui est écrit là-dedans, là, elle va offrir des services à 417 000 personnes.
Moi, je ne
sais pas il est où, le virage majeur promis par la ministre des Aînés, là, mais
je l'ai entendue, dans les derniers
mois, parler d'une révolution dans les soins à domicile. Elle allait abattre la
bureaucratie pour qu'on puisse offrir plus
de services. Puis, en quatre ans, on va passer de 398 000 personnes à
417 000 personnes qui reçoivent des services à domicile. On va tourner encore autour d'à peu près
juste 10 % de réponse aux besoins. Moi, je n'appelle pas ça préparer le
Québec au vieillissement de la population.
• (16 heures) •
Puis
d'ailleurs préparer le Québec au vieillissement de la population, ce n'est pas
juste les services à domicile. Ça implique,
pour permettre aux gens de vieillir dans la dignité, ça implique aussi de
s'assurer qu'ils ont des endroits pour vivre, des habitations, des logements qui sont adaptés, par exemple, à leurs
besoins, pour les personnes à mobilité réduite, pour qu'ils puissent vieillir dans ces lieux-là. Ça
implique d'adapter nos infrastructures, nos espaces publics pour
l'accessibilité universelle,
pour la disponibilité de toilettes, par exemple. Ça implique d'avoir du
transport en commun, du transport adapté pour que les gens puissent
maintenir une participation active dans leur milieu de vie. Ça implique de
penser à la sécurité financière des aînés
aussi, qui sont extrêmement précaires actuellement. C'est tout ça que ça prend
pour vieillir dans la dignité, M. le
Président. Ces conditions-là ne sont pas réunies, en ce moment, pour les aînés qui
sont présents sur le territoire du
Québec au moment où on se parle, et elles sont loin d'être garanties non plus
pour l'avenir. Alors qu'on voit arriver devant nous une vague importante
de vieillissement de la population, on n'est pas prêts.
Ce n'est pas
du tout dans le budget, de prendre les moyens de préparer le Québec à ça. Et,
bien sincèrement, je ne comprends pas comment le premier ministre du
Québec fait pour regarder des aînés dans les yeux, quand il se promène puis qu'il rencontre des citoyens, en sachant
qu'il ne sera pas capable, avec les moyens qu'il prend, de respecter leur
volonté de vieillir à domicile tout en recevant des soins qui sont appropriés.
Une chance sur 10 d'en recevoir en ce moment, hein? Ça ne correspond pas
à la volonté des gens.
C'est notre
responsabilité de préparer l'avenir du Québec. Je suis convaincue qu'il n'y a
pas un seul élu ici, qui a pris le
temps de s'informer sur l'état de la situation, qui pense qu'on est prêts pour
le vieillissement de la population ici, au Québec. Le moindrement on s'informe, on constate instantanément qu'on
n'est pas prêts. Dans la mesure où aucun élu ici ne pense qu'on est prêts,
comment se fait-il qu'on puisse applaudir aussi fort face à un énième budget
qui ne prépare pas le Québec au vieillissement de la population? Je ne
le comprends pas, M. le Président.
Moi, je suis
un peu tannée de cette tradition québécoise de pelleter dans la cour des
générations futures la préparation pour
l'avenir. J'aurais aimé voir l'ambition d'être le premier gouvernement qui
prépare le Québec au vieillissement de la population dans ce budget-là,
je ne l'ai pas trouvée.
Motion formulant un grief
Et donc je vais déposer une motion de grief, que
je vous lis tout de suite :
«Que
l'Assemblée nationale blâme le gouvernement pour son incapacité à préparer le
Québec au vieillissement de la population.»
Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Sherbrooke. Votre motion,
elle est déposée sous réserve de sa recevabilité. Et je reconnais
maintenant Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Désirée McGraw
Mme
McGraw : Merci, M. le Président. Je suis à mon tour
heureuse de prendre la parole dans le cadre du débat sur le discours du
budget 2024‑2025.
Il est clair que, depuis l'arrivée de la CAQ au
gouvernement, le bilan financier du Québec s'est détérioré de 18 milliards de dollars. Le gouvernement
caquiste a complètement perdu le contrôle des finances publiques et a dilapidé
le surplus de 7 milliards de
dollars laissé par le gouvernement libéral précédent. Aujourd'hui, c'est aux
générations futures que le premier ministre et le ministre des Finances
lèguent le fardeau de ses mauvaises décisions.
En tant que
mère de famille et ancienne professeure qui s'est lancée en politique pour
assurer le succès des futures générations
tant au plan économique qu'au plan environnemental, je trouve cela complètement
déplorable et irresponsable. Après avoir pigé dans le Fonds des générations, la CAQ décide de ne pas présenter un plan de
retour à l'équilibre budgétaire, malgré l'annonce d'un déficit record de
11 milliards de dollars. Et ce déficit contribue à une dette
nationale de plus de 322 milliards de dollars, M. le Président. C'est
quand même incroyable.
Avant de continuer, je veux souligner le travail
extraordinaire de mon caucus et de mon collègue le député de Marguerite-Bourgeoys, porte-parole de notre
formation en opposition officielle en matière de finances. Je ne reprendrai pas
ses propos sur l'économie et sur les finances. Il a scruté à la loupe ce
budget pour nous donner l'heure juste et nous démontrer pourquoi ce budget ne
répond pas du tout aux besoins des Québécoises et des Québécois. Je
m'attarderai plutôt, M. le Président, aux
éléments du budget lié à mes dossiers en tant que porte-parole de l'opposition
officielle en matière de solidarité sociale, d'économie sociale et
d'action communautaire.
Il y a moins
d'un mois, M. le Président, la CAQ a rejeté la motion que j'ai portée visant à
consacrer 30 millions de dollars
en financement aux banques alimentaires du Québec. Malgré ce rejet initial,
j'ai été heureuse, quand même, que la CAQ
revienne sur son refus et réponde positivement à nos appels à l'action et à
ceux des banques alimentaires du Québec. Bien au-delà de ces
investissements, des mesures structurantes et à long terme s'imposent. Nous
devons nous assurer que les Québécois et les
Québécoises ne soient pas obligés de tourner vers les banques alimentaires afin
de parvenir à se nourrir. Les banques
alimentaires du Québec ont aidé 872 000 personnes chaque mois, l'an
dernier, et la demande continue d'augmenter.
On apprend même que certains dépôts alimentaires sont obligés d'appeler la
police parce que les gens affamés se bousculent pour une place dans la
file d'attente, au Québec. C'est la preuve même, M. le Président, que nous
sommes véritablement dans une crise d'insécurité alimentaire. Cette situation
est inacceptable et insoutenable.
Pour faire
face aux hausses du coût de la vie, et notamment de la nourriture, il faut
investir davantage dans les services publics,
oui, il faut aussi renforcer le filet social et les programmes d'aide sociale.
Il faut soutenir, surtout, le secteur
communautaire, qui sont sur la
première ligne, M. le Président. Toutes ces solutions structurelles, je les
entends notamment dans ma circonscription, de la part des leaders
communautaires à Notre-Dame-de-Grâce. Encore hier, la D.G. du Dépôt alimentaire NDG, elle me disait qu'il est temps
d'investir dans le développement et la résilience des services alimentaires
locaux, de favoriser l'innovation,
l'autonomie et la collaboration dans l'organisation des services alimentaires.
Il est vrai que nous devons veiller à ce que nos banques
alimentaires puissent offrir de la nourriture à ceux qui en ont besoin, c'est
sûr, mais, en tant que législateurs, il est
aussi de notre devoir de chercher des solutions structurantes. En fin de
compte, nous devons aider les organismes à s'aider eux-mêmes.
De nombreux
groupes ont indiqué que le gouvernement devait investir davantage dans les
programmes d'aide sociale et de solidarité sociale pour suivre le rythme des
mesures du panier de consommation, le MPC, et étendre le revenu de base à d'autres catégories. Il n'est pas trop
tard pour que le gouvernement adopte mon projet de loi n° 693,
qui étendrait le Programme de revenu de base pour que... aux personnes
sur le Programme de solidarité sociale. Ce sont les mêmes personnes qui ont des contraintes sévères à
l'emploi. Pourquoi les pénaliser pour des gains de travail pendant les cinq
premières années si elles sont capables de travailler quelques heures de
plus, M. le Président?
Le
gouvernement a complètement négligé les organismes communautaires, qui ont
qualifié le budget de désastreux. J'en
cite quelques-uns dans leurs réactions. Le Collectif pour un Québec sans
pauvreté, je cite : «Croire que les différentes crises qui frappent le Québec vont se résorber
elles-mêmes relève de la pensée magique. La dégradation des conditions de vie
d'un grand nombre de personnes en situation de pauvreté dans les dernières
années aurait dû inciter le ministre des Finances
à déposer un budget visant à assurer à toutes et à tous la couverture de leurs
besoins de base. Personne au Québec ne devrait être forcé de vivre dans la rue,
d'avoir recours à une banque alimentaire, d'habiter dans un logement
inabordable. Il s'agit ici d'un minimum, d'une simple question de
respect des droits.»
«La Table
nationale des corporations de développement communautaire s'attendait à voir
des indices sur les mesures et le
financement du prochain plan de la lutte gouvernementale contre la pauvreté,
mais elle est restée sur sa faim. Elle réitère l'urgence de bonifier de façon substantielle le financement des
organismes communautaires et de déposer un plan ambitieux avec des mesures structurantes pour répondre aux
besoins des populations les plus vulnérables de façon immédiate et pérenne.»
«Face à une situation économique incertaine, le
Chantier de l'économie sociale se désole que le gouvernement ne mise pas sur les moteurs de vitalité régionale
du Québec : les entreprises collectives. En effet, malgré certaines
mesures mineures, le budget ne
reconnaît pas l'importance des OBNL et des coopératives au développement
économique du Québec, ainsi qu'à la livraison des services essentiels
aux citoyens.»
Ces
organismes communautaires de première ligne ont fait des miracles, M. le
Président, avec des ressources limitées pour répondre à la demande sans cesse grandissante à la suite de l'échec
du gouvernement caquiste de livrer des services publics essentiels.
Motion formulant un grief
D'ailleurs, M. le Président, je voudrais déposer
la motion de grief suivante :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste de ne pas avoir
prévu de ressources à la hauteur des services livrés par les organismes
communautaires.»
Je poursuis.
La crise de l'habitation est l'un des plus grands freins au développement
économique. Pourtant, la CAQ ne propose aucune mesure supplémentaire, pensant
que la situation va se résorber elle-même. Cet immobilisme caquiste en matière d'habitation coûte très cher aux
Québécois, incluant ceux de ma circonscription à Notre-Dame-de-Grâce. Et,
depuis mon élection, et même durant la campagne électorale, les gens me
parlent sans cesse des enjeux en logement. Ils me mentionnent la hausse
fulgurante des loyers, que ça prend plus de logements sociaux et abordables. Il
faut absolument rénover les HLM vacants et en mauvais état.
Sur ce
dernier, je peux au moins souligner trois cas dans Notre-Dame-de-Grâce où j'ai mis sur pied des groupes de travail, des «task
forces» : la Résidence Projet Chance, les habitations Walkley et la
coopération d'habitation Elmhurst, et j'en
passe. C'est tout simplement inacceptable, on pourrait loger des personnes qui
en ont vraiment besoin et qui attendent une place pour un logement social depuis trop longtemps. Le gouvernement
a la responsabilité de prioriser le financement et la rénovation des
édifices.
En
conclusion, je voudrais souligner, M. le Président, que je suis vraiment déçu
face à ce budget caquiste qui témoigne d'une perte de contrôle des finances
publiques, qui ne s'attaque pas aux vrais problèmes, par exemple le logement
ni les changements climatiques. Je me serais
attendue à mieux pour le sixième budget de ce gouvernement. C'est vraiment un
échec, notamment en matière de finances publiques, d'économie, de logement, de
transport collectif, d'environnement, de lutte contre les changements
climatiques, de solidarité sociale et d'action communautaire. Merci, M. le
Président.
• (16 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Votre motion, elle est déposée sous réserve de sa recevabilité.
Je reconnais maintenant M. le député de
Jonquière.
Des voix : ...
M. Yannick Gagnon
M.
Gagnon : Merci à mes collègues. Malgré l'enthousiasme de la
semaine qui a été chargée, merci, j'apprécie le support.
M. le
Président, je reviens d'une belle rencontre avec la ministre du Sport, Loisirs,
Plein air. Les 11 et 12 mars avait lieu, à Trois-Rivières, le Forum québécois du loisir, organisé par le
Conseil québécois du loisir, qu'on appelle dans notre jargon d'acronyme,
dans le milieu du communautaire, le fameux CQL, qui a célébré son
25e anniversaire, et c'était impressionnant. Je me suis rendu mardi matin
avec Mme la ministre, et puis de voir la concertation, le milieu qui était rassemblé, les organismes
nationaux de loisir, le milieu de
l'enseignement, que ce soit collégial, secondaire, primaire, ils étaient tous présents, le milieu municipal, les organismes, les associations, les
fédérations, la FQCCL, la Fédération québécoise des centres
communautaires de loisirs... Bref, tout le monde était là, la mobilisation
était rassemblée.
Et,
comme dans tous les forums, arrive le moment un peu plus protocolaire où
prenait la parole un homme, pour qui
j'ai beaucoup de respect, d'ailleurs, M. Pierre-Paul Leduc, qui est
président du CQL, et M. Leduc mentionnait toute la reconnaissance,
dans un premier temps, car cette mobilisation-là du milieu du loisir provincial
était un geste fort du gouvernement du
Québec, c'est-à-dire, la coalition qui avait contribué à rassembler les acteurs
pour aussi l'après-COVID, se
préparer. Et il y avait là également le DAFA, le programme, effectivement, de
mise en jour des camps de jour, pour regarder comment on va établir tout
ça, tout ce qui s'en vient durant l'été.
Alors, c'était
vraiment stimulant, mais où est-ce que je veux en venir, dans le discours de
M. Leduc, c'est que M. Leduc mentionnait et reconnaissait la
stabilité, la stabilité du ministère du Loisir et du Sport et du Plein air,
avec Mme la ministre qui est en place depuis
2018, parce que, comme le disait M. Leduc, cette stabilité-là permettait
de mettre en place une vision. Et,
mardi dernier, dans cette Chambre, aux alentours de 16 heures, on a eu la
chance, M. le Président, d'assister à cette vision d'une stabilité,
d'une vision de notre gouvernement en lien avec le sport, loisir, plein air.
Je
ne veux pas rentrer nécessairement dans les chiffres, mais je vais parler d'un
chiffre. Je vais parler d'un chiffre. Dans
le budget qui a été présenté, il y a eu un montant important qu'on va diviser
en deux. Il y a eu une nouvelle somme totalisant
78,5 millions sur cinq ans. Et, quand on décortique cette somme,
48,2 millions vont permettre, M. le Président, d'augmenter
l'accessibilité au sport, loisir, plein air et l'activité physique.
L'accessibilité,
M. le Président, il faut en parler. Il faut briser la cloche de verre. Ce n'est
pas tout le monde qui peut avoir accès à différentes activités sportives. Et on
l'a, la vision, on a investi un montant important, et le deuxième mot et le premier mot sont importants :
augmenter l'accessibilité pour tous les jeunes Québécois en lien avec les
infrastructures et que tous nos jeunes Québécois aient accès de bouger.
La
deuxième chose, et plus je m'en vais vers l'investissement et la vision de mon
gouvernement, plus je suis habité, 30,3 millions,
M. le Président, également, sur le 78,5, pour assurer la pratique du sport, du
loisir et de l'activité physique dans un cadre sain et sécuritaire.
La
priorité du gouvernement, on l'a mentionné, c'est également un enjeu du
dépôt, c'est la santé et l'éducation. Et c'est important de mentionner qu'à travers ces deux visions majeures de
notre gouvernement, la santé et l'éducation, on reconnaît que le sport,
loisir, plein air, l'activité physique ont un impact sur les deux priorités que
s'est donné notre gouvernement ici mardi.
En
éducation, le sport, l'activité physique, ça s'apprend, à intégrer l'activité
physique, ça s'apprend, à intégrer le sport. Une randonnée en forêt, ça
s'apprend. Ça s'appelle une hygiène de vie. Et ça peut passer parce qu'on a mis
en place l'augmentation du parascolaire, les cours d'éducation physique.
La somme qu'on vient de mettre pour l'accessibilité, c'est important.
Et, une fois que le
sport, loisir, plein air et l'activité physique est inclus dans ta vie, eh
bien, là, on parle de prévention. On n'est
pas en train d'arrêter l'hémorragie. Ce qu'on vient de dire, dans le budget,
c'est qu'on a une vision pour la
prévention, parce qu'une population en santé, un jeune ou un adulte qui modifie
ses comportements de sédentarité, bien,
c'est quelqu'un qui a... On a la possibilité de désengorger une urgence. Alors,
sport, loisir, plein air, dans le budget qu'on vient de mettre, avec le 78 millions sur cinq ans, on a un
impact direct sur la santé et sur l'éducation, et, un mot important, on
est en amont, on est en prévention, et ça, c'est important de le mentionner.
Je
veux revenir sur ce qui m'a valu une «clap» de mes collègues, et j'en suis fort
reconnaissant, le cadre sain et sécuritaire. On aura la chance ici, à
l'ensemble des parlementaires... Bientôt, à la fin mars, la ministre va
proposer et mettre en place un projet
de loi. On aura la chance, ensemble, de travailler, d'échanger, de modifier. On
aura la chance, ensemble, de
consolider ce qui fonctionne pour nos jeunes au Québec. On aura la chance,
ensemble, de modifier certains environnements fragiles dans lesquels nos jeunes évoluent en sport, loisir, plein air.
Et également, une fois qu'on fait tout ça, on se dit : Bien, il y aura assurément une lourdeur administrative.
Non. Et également, comme l'a dit la ministre, on aura le souci de la lourdeur
fiscale. Et on y pense. Et, une fois qu'on fait ça, le projet de loi, une fois
qu'on l'aura adopté tous ensemble... Bien, qu'est-ce
qu'on voit dans le budget? On voit une rapidité du gouvernement, M. le
Président. On voit qu'il y a des sommes réservées suite au projet de loi, déjà, des sommes pour quoi, M. le
Président?, des sommes réservées suite à l'adoption du projet de loi pour bouger vite, M. le Président,
pour être en action rapidement, parce que la sécurité du sport, un cadre sain,
c'est une priorité pour notre ministre.
• (16 h 20) •
Et
je reviens encore sur la sécurité, et on le sent dans le budget qu'il vient de
déposer, on le sent dans la vision de la ministre. Deux programmes, deux programmes que, des fois, on parle peu,
mais je vais prendre la prochaine minute pour en parler, parce que la belle saison s'en vient, et c'est important de
mentionner ce qu'on vient de reconduire et ce qu'on vient de mettre en place dans le budget 2024‑2025.
On vient de parler de deux programmes en lien avec la prévention, et pas
n'importe quelle prévention, la prévention
des noyades au Québec. L'un des programmes s'appelle Nager pour survivre.
Nager pour survivre, M. le Président, c'est
donner de la formation pour advenant qu'il reviendrait une chute inattendue
dans un lac, dans une piscine, dans
un bassin d'eau profonde. Eh bien, comment qu'on réagit? Eh bien, le
gouvernement, dans son budget, vient de maintenir et de bonifier le
programme Nager pour survivre. Et ça... Des fois, il y a des programmes, puis on dit : C'est quoi, le chiffre? Nager
pour survivre, recevoir une formation si jamais on tombe dans une eau et
comment est-ce qu'on s'y comporte, ce
n'est pas 5 000, ce n'est pas 10 000, ce n'est pas 15 000, c'est
20 000 jeunes qui vont recevoir cette formation-là, alors je suis drôlement fier. Et là on va en amont,
ça, c'est-à-dire, si, un jour, il t'arrive une malchance et que tu
tombes dans un bassin ou dans un lac.
Mais
il y a également... Le gouvernement vient, encore une fois, mettre en place la
gratuité pour la formation des surveillants
et des sauveteurs. Je le dis souvent, se baigner dans un lac, se baigner dans
une piscine est un sport extraordinaire, mais il peut également être un
des sports les plus dangereux ou l'activité physique la plus dangereuse.
Qu'est-ce qu'on fait?
On vient dire que, ce sport-là, on y croit, avec un programme de prévention que
j'ai énuméré tout à l'heure, mais on vient dire aussi : C'est un
merveilleux sport, c'est un merveilleux loisir. Alors, on vient de dire aux
municipalités, aux organismes
communautaires : Faites la promotion, nous allons vous soutenir pour que,
davantage, on ait des surveillants, des sauveteurs. Parce qu'une
municipalité, une piscine, un organisme communautaire qui n'a pas le bon nombre
de surveillants, c'est une piscine qui
est... une infrastructure qui n'est pas rentable à 100 %, c'est une
piscine qui peut diminuer son nombre
d'heures, c'est une piscine qui peut être fermée, et ça peut être vraiment,
mais vraiment catastrophique pour un quartier, parce que, des fois, le
bassin d'un quartier est tout... un peu où est-ce que les jeunes vont se
rejoindre, où est-ce que les gens vont se
rafraîchir. Mais également — et
ça, c'est extrêmement triste — un
manque de sauveteurs, c'est également
une plage qui est fermée. Une plage qui est fermée, c'est des petits Québécois,
des petites Québécoises qui ne peuvent pas se baigner dans un lac. Parce
que, je le dis souvent, je le dis souvent, ce n'est pas tous les Québécois, les
Québécoises qui ont la chance de rester sur
le bord de l'eau. Au moins, au moins, on a desSEPAQ, on a des plages, on a des
campings où est-ce qu'avec un coût modeste
on peut avoir accès à nos lacs, se lancer dans un lac, patauger dans un lac, se
baigner dans un lac. Et on ne voudrait
surtout pas, par manque de spécialistes, c'est-à-dire de sauveteurs, que nos
jeunes Québécois, que nos familles
québécoises n'aient pas accès à se mettre le bout d'orteil dans l'eau. Alors,
la prévention des noyades, par l'accessibilité de nos lacs, on la
maintient, on la bonifie.
Et
également, moi, je suis un de ceux qui croient que se rassembler pour bouger...
Il y a des gens qui aiment faire le sport individuel, qui n'ont pas
besoin de cette motivation-là, mais il y a des gens dans le milieu du sport, du
loisir, d'activités plein air qui ont besoin
d'être en groupe, qui ont besoin de s'inscrire à un événement qui va leur
donner un sens puis peut-être même
modifier leurs habitudes de vie. Le gouvernement du Québec y croit, à ça, à se
rassembler pour bouger.
Et il y a un exemple
fort qui est dans le budget : le Yukon. Le Yukon a dû se désister pour les
Jeux du Canada 2027, et tout le monde
s'est retrouvé un peu le bec à l'eau. La ville de Québec, une ville dynamique
dans laquelle on se retrouve ici cet
après-midi, a levé la main et a dit : Si mon gouvernement est au
rendez-vous, je suis prêt, en 2027, à accueillir les Jeux du Canada. Le
gouvernement du Québec a répondu, à la ville de Québec, présent.
Des voix :
...
M. Gagnon :
Oui. En 2027, c'est des milliers de jeunes, 13 provinces et territoires,
qui seront ici, ici au Québec. Et en
plus d'avoir eu l'ouverture financière de dire : Venez chez nous, on a
également eu la rapidité et l'agilité de dire : Si le Yukon a des préoccupations qui font qu'ils ne
peuvent pas tenir les jeux, eh bien, on a été proactifs, et ça me rend vraiment
fier de mon gouvernement.
Sherbrooke.
Tout à l'heure, notre collègue l'a mentionné, Sherbrooke vient de terminer ses
Jeux du Québec. Je regardais les
images. Je regardais le discours de notre ministre, ce beau rassemblement de
toutes nos régions qui viennent compétitionner,
nos athlètes de demain, et ça a été des beaux moments à Sherbrooke. Et les Jeux
du Québec, ça augmente, le coût
devient de plus en plus dispendieux pour tenir les jeux. Le gouvernement, dans
ce budget-là, a encore une fois dit : On va être présent pour
assurer la tenue des Jeux du Québec.
Encore
une fois, en terminant, je veux parler de quelque chose qu'on ne parle pas
gros, mais qui fait la différence, qui, encore une fois, de manière discrète, a
été supporté dans ce budget-là. Moi, je suis un de ceux qui croient que,
par le loisir, on peut briser l'isolement.
La carte d'accompagnement, une carte de loisirs, en plein essor, qui permet une
accessibilité. Parce que le loisir,
le sport, le plein air... pas nécessairement d'être obligé d'être un athlète de
haut niveau. Cette carte-là, la Carte d'accompagnement loisir, c'est
particulièrement pour les personnes handicapées.
Des voix :
...
M. Gagnon :
Oui. C'est un jumelage avec une personne-ressource pour s'assurer que les
infrastructures adaptées... que la personne vive son loisir, son plein air de
manière inconditionnelle, comme l'ensemble des Québécois. Et vous savez quoi? On l'a reconduit, oui, mais, en plus de la
reconduire, on a eu une belle pression, c'est que cette carte, elle est en
plein essor, M. le Président.
M.
le Président, en terminant, et c'est important de le mentionner, le sport, le
loisir, le plein air, on apprend à travers le sport, loisir et le plein
air. On apprend à se connaître. On apprend à connaître les autres, à respecter
son coéquipier, à respecter son adversaire. On apprend à gagner. On apprend à
perdre. Ce n'est pas facile, M. le Président, apprendre à perdre. Il y a une manière de perdre aussi. Il y a une manière de
gagner sans être nécessairement arrogant. À travers le sport, loisir, plein
air, on apprend à briser l'isolement. On apprend à valoriser le bénévolat. On
apprend à respecter la nature. On apprend à jouer, à jouer dans la
nature.
Et tout ça, c'est
extraordinaire, et c'est ce que ça fait le sport, loisir, plein air. Mais pour
le faire, ça prend un gouvernement qui a une
vision d'accessibilité. Et, dans le budget 2024‑2025, j'invite les
Québécois à venir jouer dehors, à
venir jouer dans leur gymnase, à venir fréquenter leur centre communautaire,
car l'accessibilité, et bientôt dans un cadre sain et sécuritaire, est
au rendez-vous, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Jonquière.
Ajournement
Alors, compte tenu de
l'heure, nous allons donc ajourner nos travaux au mardi 19 mars 2024, à
10 heures.
(Fin de la séance à 16 h 30)