(Neuf heures quarante minutes)
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Bon mercredi matin, chers
collègues. Je vous invite, s'il vous plaît, à bien vouloir vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous en
sommes à la rubrique Déclarations de députés, et, pour cette première
déclaration, je reconnais M. le député de Joliette.
Souligner le
65e anniversaire de l'entreprise Harnois Énergies inc.
M. François St-Louis
M. St-Louis : Merci,
M. le Président. Le 20 octobre dernier marquait le 65e anniversaire
d'une entreprise familiale bien de chez nous, une grande entreprise
lanaudoise, et je parle ici d'Harnois Énergies, véritable fleuron québécois.
C'est en 1958, dans la municipalité de
Saint-Thomas, que Claude Harnois, alors âgé de 24 ans, démarre son entreprise. Depuis ce jour, avec la complicité des
membres de sa famille, l'entreprise, qui est d'abord distributeur de mazout, devient rapidement l'essence d'une région et est
aujourd'hui présente partout au Québec et ailleurs au Canada. La clé de leur succès? Leur volonté à offrir un service à la
clientèle hors pair tout en misant sur le facteur humain et l'innovation.
Aujourd'hui
dirigée par Serge Harnois, l'entreprise participe activement à la
diversification des énergies avec la production d'hydrogène vert.
D'ailleurs, c'est Harnois Énergies qui produit l'hydrogène pour le tout premier
train de passagers à hydrogène en Amérique du Nord, dans Charlevoix, grâce à sa
station multiénergie située ici, à Québec.
Nous pouvons
tous être fiers des nombreux succès de la famille Harnois. Longue vie à cette
entreprise familiale! Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Joliette. Et je reconnais maintenant Mme la députée de
Robert-Baldwin.
Souligner la tenue du défi
Octobre sobre
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Merci beaucoup,
M. le Président. Octobre sobre est un défi qui existe depuis près de
10 ans. Chaque année, des milliers de
personnes à travers le monde décident d'arrêter de consommer de l'alcool
pendant 31 jours.
Ce défi a pour but d'aider des gens à bénéficier
d'avantages en matière de santé et de bien-être, mais aussi en contribuant à
une cause de leur choix.
Mme Kim Bellas est une résidente de l'Ouest-de-l'Île,
et cette femme non seulement prône la sobriété, mais incarne également l'espoir et la transformation à travers
son initiative Sober is the new cool.
In 2013, faced with her son's own
challenges, Ms. Bellas embraced sobriety, becoming a beacon of inspiration for many. Her international reach just doesn't promote a sober
lifestyle, it celebrates it.
En faisant don d'une partie des bénéfices de sa
marchandise à la fondation Douglas, Mme Bellas aide concrètement
ceux qui sont en voie de rétablissement.
Unissons-nous tous en solidarité avec
Mme Bellas en diffusant le message puissant qu'une vie sobre est non
seulement possible, mais aussi profondément gratifiante. Merci.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Robert Baldwin.
La prochaine déclaration sera celle de Mme la députée de Saint-François.
Rendre hommage à
Mme Georgette Roy
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : M.
le Président, Mme Georgette Roy est née en 1935 à
Saint-Venant-de-Paquette, la plus petite municipalité de ma
circonscription, avec sa centaine d'âmes.
En 1956, elle
est partie aux États-Unis avec son mari, Jean St-Pierre. Elle a été
dessinatrice de meubles... de pièces de
meubles pendant 34 ans chez Ethan Allen, au Vermont.
Depuis son
retour dans son village natal, en 1990, elle n'a pas chômé. Elle a été marguillière, conseillère
municipale. Au C.A. des Amis du patrimoine de Saint-Venant-de-Paquette depuis le début, en 1998, elle est responsable des
activités socioculturelles. Mme Roy organise les spectacles, les concerts,
les goûters. Elle organise les parties de
cartes, le bingo de l'année. Elle participe à tous les
événements familiaux, culturels et
municipaux, puis c'est une excellente cuisinière. Ses desserts font un malheur,
en particulier ses carrés au sirop d'érable et son sucre à la crème au
beurre d'arachide.
À
88 ans, Mme Roy est encore très active, serviable et attentionnée.
Son secret, M. le Président : elle aime faire plaisir.
Merci, Mme Roy. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Saint-François. Et nous poursuivons avec la déclaration de M.
le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Souligner le 40e anniversaire
de l'Association
coopérative d'économie familiale
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci,
M. le Président. L'Association coopérative d'économie familiale de l'est de
Montréal oeuvre depuis 1983 et a pour
mission d'éveiller l'esprit critique du consommateur afin qu'il reprenne en
main sa situation financière, notamment sur le budget, l'endettement et
la consommation.
L'origine de cet organisme remonte à 1962,
pendant la grève de la Shawinigan Chemicals Ltd. André Laurin, syndicaliste de la CSN, crée le premier cours de
budget familial pour soutenir les travailleurs et leurs familles. La demande
est tellement grande qu'elle a créé le
mouvement des ACEF. Au début des années 80, les ACEF décident de se
décentraliser afin d'offrir un service
de proximité. C'est ainsi qu'en 1983 l'ACEF de l'est devient un organisme
communautaire autonome.
Aujourd'hui,
je tiens à souligner le travail essentiel des travailleurs et des travailleuses
de cet organisme. Si, près de
60 ans plus tard, vous êtes toujours présents, c'est que votre mission est
encore d'actualité. Bravo et merci à toute l'équipe de l'ACEF de l'est
pour votre dévouement et votre apport essentiel à notre vie de quartier.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve. Et nous poursuivons avec Mme la députée de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Féliciter Mme Kathleen
Pelletier, récipiendaire de la médaille
d'argent de la Société académique arts-sciences-lettres
Mme Kariane Bourassa
Mme Bourassa : Merci,
M. le Président. Aujourd'hui, c'est avec un profond respect que je rends
hommage à une artiste extraordinaire originaire des Éboulements,
Mme Kathleen Pelletier, mieux connue sous le nom de Kapelier.
Le
14 octobre dernier, au prestigieux hôtel Intercontinental de Paris,
Mme Pelletier a reçu la médaille d'argent de l'académie
arts-sciences-lettres, une reconnaissance exceptionnelle pour ses 43 ans
de carrière, au cours desquels, à travers son talent, elle a contribué à
nous faire connaître et à faire la promotion de la culture de chez nous.
Elle a fait
rayonner Charlevoix et le Québec en devenant une véritable ambassadrice de la
beauté de nos paysages. Ses oeuvres, plus
de 4 000 oeuvres, ont été exposées au Québec et un peu partout dans
le monde. D'abord, bon nombre de ses
créations se trouvent chez nous, dans le studio galerie Kapelier, aux
Éboulements, ce qui témoigne de son engagement envers notre région. Très polyvalente, elle passe avec aisance du
réalisme au figuratif, du floral au fantastique et au mystique. Alors,
Kapelier, félicitations!
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. La prochaine déclaration sera
celle de Mme la députée de Vaudreuil.
Rendre hommage à
M. Bernard Séguin Poirier
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : La
communauté culturelle de Vaudreuil-Soulanges a perdu l'un des siens. C'est avec
le coeur gros que je souhaite rendre hommage à cet artiste émérite et
citoyen engagé, M. Bernard Séguin Poirier.
Durant ses
50 ans de carrière, il a créé plus de 15 000 oeuvres s'inspirant
de la nature, des enfants, de la musique et de la spiritualité. Son art, émaillé sur cuivre, l'a fait rayonner
partout sur la planète. Ici, on peut admirer ses oeuvres dans des lieux publics comme le Casino de
Montréal, à l'Hôpital Notre-Dame, la fameuse murale à l'hôpital Sainte-Justine,
même à la basilique Notre-Dame.
En 2001,
Bernard a inauguré sa chapelle émaillée, une première mondiale. Cette chapelle
est un trésor artistique, où se sont tenues des rencontres
gastronomiques uniques mêlant l'art à la cuisine et à la convivialité. Dans sa
grande générosité, Bernard voulait répandre le bonheur à travers ses oeuvres,
et il y est parvenu avec brio.
Au nom de notre
communauté, j'offre nos plus sincères condoléances à sa conjointe Suzanne, à
leurs cinq enfants et leurs proches, et je lui dis : Merci,
Bernard.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Vaudreuil. Et nous poursuivons maintenant avec Mme la députée
de Laval-des-Rapides.
Féliciter
M. Claude Mercier, lauréat du Prix du bénévolat
en loisir et en sport Dollard-Morin
Mme Céline Haytayan
Mme Haytayan : Merci,
M. le Président. Je tiens à prendre le temps aujourd'hui de féliciter
M. Claude Mercier, qui s'est vu décerner le Prix du bénévolat en
loisir et en sport Dollard-Morin, comme lauréat pour la région de Laval.
M. Mercier est un ancien joueur et entraîneur
de hockey, une carrière qui lui a valu plusieurs distinctions. Néanmoins, M. le
Président, ce que le prix Dollard-Morin a voulu mettre en lumière ici, c'est le
travail bénévole de M. Mercier, qu'il a accompli parallèlement à son
parcours professionnel.
Il y a de
cela plus de 40 ans, M. Mercier a fondé le Club de boxe ABC Laval,
situé dans Laval-des-Rapides. Depuis, il
s'y implique plus de 20 heures par semaine. C'est plus de
1 000 heures par année qu'il consacre à aider des jeunes. Son travail a permis de former plus de
5 000 boxeuses et boxeurs, dont plusieurs ont atteint un niveau
professionnel. Derrière tous ces
efforts, il y a non seulement une motivation de voir une plus grande parité
dans le domaine de la boxe, mais aussi le désir de promouvoir le
respect, la persévérance et la confiance en soi.
Merci, M. Mercier. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Laval-des-Rapides. La prochaine déclaration sera
celle de Mme la députée de Vimont.
Souligner le Mois du
patrimoine latino-américain
Mme Valérie Schmaltz
Mme Schmaltz : Merci,
M. le Président. Je souhaite m'adresser à vous pour souligner le mois
d'octobre, dédié au patrimoine latino-américain.
C'est un moment où nous honorons la riche
histoire et la culture vibrante de cette communauté et le partage qu'elle en fait à la nation québécoise. Elle a su
apporter des éléments essentiels à la mosaïque culturelle de notre province.
Étant l'un des groupes issus de
l'immigration les plus importants au Québec, nous ne pouvons rester
indifférents face à leur contribution exceptionnelle dans les domaines
tels que l'art, l'entrepreneuriat et le communautaire.
Je
souhaiterais également prendre un moment pour remercier chaleureusement
l'Association latino-américaine des cultures et des traditions à Laval et le Centre de
soutien aux immigrants pour le développement personnel et familial pour leur engagement
à développer un milieu accueillant et inclusif pour les Québécoises et
Québécois d'origine latino-américaine. (S'exprime en espagnol). Merci.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : «Gracias», Mme la
députée. Alors, je cède maintenant la parole à M. le député de
Beauharnois.
Souligner l'acquisition du
Camp Bosco par la Fondation
des ressources alternatives du Sud-Ouest
M. Claude Reid
M. Reid : Merci,
M. le Président. Je veux aujourd'hui saluer et rendre hommage à la Fondation
des ressources alternatives du
Sud-Ouest, qui, après plus de 40 ans d'existence, a récemment posé un
geste significatif pour offrir encore plus de services spécialisés aux
enfants vivant avec une déficience intellectuelle ou autistes.
En effet, la
fondation vient de se porter acquéreur du Camp Bosco, à Salaberry-de-Valleyfield,
un site enchanteur situé en bordure
du fleuve Saint-Laurent. La Fondation des ressources alternatives du Sud-Ouest
va tout mettre en oeuvre pour
relancer ce site exceptionnel pour en faire un lieu de plein air accueillant et
adapté aux besoins de sa clientèle. À cet égard, il faut savoir que le Camp
Bosco va aussi offrir du répit aux parents tout en faisant bénéficier les
enfants d'un encadrement adapté à leurs besoins avec du personnel
qualifié et attentionné.
Pour notre
région, il s'agit d'une très grande nouvelle. D'une part, on va enfin
développer le plein potentiel d'un site
naturel, et, d'autre part, on y trouvera un lieu d'accueil dans un
environnement paisible pour les enfants vivant avec une déficience
intellectuelle ou autistes. Ce projet, M. le Président, c'est un rêve qui
devient réalité. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Beauharnois. Et nous poursuivons avec Mme la députée
de Roberval.
Rendre hommage aux Pères
trappistes
Mme Nancy Guillemette
Mme Guillemette : Merci,
M. le Président. Aujourd'hui, je tiens à rendre hommage aux Pères trappistes,
qui ont fondé le monastère Notre-Dame-de-Mistassini.
Ils sont les pionniers,
les développeurs du nord du Lac-Saint-Jean. Ils ont défriché les terres, ils
sont devenus agriculteurs. Les années ont
été difficiles, avec la perte de la digue et le feu de 1959. Au fil du temps,
ces pères furent très impliqués dans la communauté, ils sont même
devenus entrepreneurs. En 1944, ils ont acheté une petite confiserie, qui donnera naissance, quelques années plus tard, à
l'emblématique chocolat aux bleuets des Pères trappistes, que tout le monde
connaît très bien, dont la renommée n'est plus à faire partout au Québec.
La communauté
et la population ont toujours eu un très grand attachement pour le monastère et
ses occupants. Cette année, après
130 ans, les pères quittent le monastère après avoir accompli leur mission
de développement et de faire prospérer notre région. Ils ont défriché,
cultivé, enseigné. Nous leur devons beaucoup. Merci beaucoup, chers pères.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Roberval. Et la prochaine déclaration sera celle de M. le
député de Taillon.
Souligner la Journée nationale
Aire ouverte
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Merci,
M. le Président. La première journée nationale des aires ouvertes s'est
déroulée jeudi dernier à Shawinigan.
Étant réunis,
presque 300 membres des équipes et partenaires qui contribuent au développement
de cette initiative importante pour
les jeunes de 12 à 25 ans et leur santé mentale. Jusqu'à maintenant, on
est à 24 points de service ouverts à travers le Québec, M. le
Président, et on va continuer à en ouvrir aux quatre coins du Québec.
Chaque fois que je visite une aire ouverte, on
me parle de son effet sur les jeunes de la communauté. Cette journée était l'occasion, pour moi, de rassembler
la grande famille Aire ouverte et de souligner le travail exceptionnel accompli par les équipes. Dans les Aire ouverte,
le dévouement de ces équipes qui se déplacent partout dans la communauté
fait toute la différence.
Je tiens
aussi à saluer l'apport central des jeunes. C'est vraiment le but et la beauté
d'Aire ouverte, un concept pour et par les jeunes. Sans eux, Aire ouverte
n'existerait pas. Dans les derniers mois, on remarque une diminution de
30 % des listes d'attente, et Aire ouverte y joue certainement un
rôle.
Aux intervenants et aux jeunes des comités Aire
ouverte : Vous êtes fantastiques! Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Taillon. Et nous poursuivons avec Mme la députée de Duplessis.
Féliciter les lauréats du Gala
du Mérite touristique
Mme Kateri Champagne
Jourdain
Mme Champagne
Jourdain : «Kuei, kuei», M. le Président. Je suis très
heureuse de prendre la parole aujourd'hui afin de souligner le savoir-faire des artisans du milieu touristique de
notre région qui se sont distingués lors du Gala du Mérite touristique
de la Côte-Nord, jeudi dernier.
Vous le
savez, notre région est magnifique, et, grâce au savoir-faire et à la créativité
des acteurs de l'industrie touristique, elle est encore plus invitante et
dynamique. Si la dernière année a amené son lot de préoccupations, ils
ont su y faire face grâce à leur ténacité, un trait qu'on en commun tous les
Nord-Côtiers.
Je tiens également
à saluer l'excellent travail de Tourisme Côte-Nord, qui a permis à la région de
rayonner partout dans la province. Ils viennent, d'ailleurs, de
remporter, pour une troisième année consécutive, le prix excellence touristique
de l'Alliance de l'industrie
touristique du Québec dans la catégorie Partenariat d'affaires et commandites
pour leur campagne Viens voir les baleines!.
Je termine en
réitérant mes félicitations à l'ensemble des finalistes et lauréats et en vous
invitant tous à choisir la Côte-Nord comme prochaine destination
vacances. Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : «Tshinashkumitin.» Merci
beaucoup, Mme la députée de Duplessis. Et cela met fin à la rubrique
Déclarations de députés.
Et je suspends nos travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 55)
(Reprise à 10 h 04)
La Présidente : Bonjour, tout le
monde. Bienvenue chez vous. Le parlement du Québec, c'est chez vous.
Messieurs dames les députés, c'est avec
tristesse que nous avons appris le décès de M. Yves Beaumier, député de
Nicolet de 1981 à 1985 et député de Champlain de 1994 à 2003. Alors, nous
allons nous recueillir quelques instants en ayant une pensée particulière pour
sa famille et ses proches.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni de présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le leader
du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui,
bonjour, Mme la Présidente. Je dépose la réponse du gouvernement à la question
déposée en Chambre le 13 septembre 2023 par le député de
Taschereau. Merci.
La Présidente : Ce document est
déposé.
Pour ma part,
je dépose le rapport annuel d'activité 2022‑2023 du Comité de
surveillance des activités de l'Unité permanente anticorruption.
Dépôt de rapports de
commissions
À la rubrique Dépôt de rapports de commissions,
Mme la présidente de la Commission des relations avec les citoyens et députée
de Les Plaines.
Consultations particulières
sur le projet de loi n° 36
Mme Lecours
(Les Plaines) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je dépose le
rapport de la Commission des relations
avec les citoyens qui, le 24 octobre 2023, a tenu des auditions publiques
dans le cadre de consultations particulières sur le projet de loi n° 36, Loi sur le recouvrement du coût des soins de santé
et des dommages-intérêts liés aux opioïdes.
La Présidente : Ce rapport est
déposé.
Il n'y a pas de dépôt de pétitions.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en
sommes maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales, et,
en question principale, je reconnais le chef de l'opposition officielle.
Bilan du gouvernement
en matière de santé
M. Marc Tanguay
M.
Tanguay : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Avec la CAQ, en
santé, on a perdu littéralement cinq ans. Nous avons en face de nous, depuis cinq ans, un gouvernement qui est
incapable de livrer les services. Prenez le dossier des transferts en santé. Le premier ministre voulait, pour le
Québec, obtenir 6 milliards de dollars, il a obtenu seulement
1 milliard de dollars. D'ailleurs,
il n'y a toujours pas d'entente de signée avec le fédéral neuf mois après.
C'est un échec patent du pseudofédéralisme de la CAQ.
Autre échec
caquiste, les infrastructures en santé. L'hôpital HMR, Mme la Présidente, en
mars 2018, un gouvernement libéral
avait déjà annoncé et chiffré le projet. Arrive la CAQ en août 2021, trois ans
plus tard, deuxième annonce, rien n'a avancé. Deux ans après ça,
troisième annonce, le ministre veut procéder par étapes. Le 11 septembre
dernier, quatrième annonce, la CAQ nous
dit : Oubliez les étapes, ça va se faire en une seule phase. Et la
livraison, Mme la Présidente, était prévue,
à ce moment-là, pour 2033. Trois jours après, surprise! Dans les documents
d'appel d'offres liés à l'architecture et à l'ingénierie, on apprend que
la date probable de fin du mandat, c'est 2037, Mme la Présidente, 2037, dans
14 ans.
Après l'avoir promis, annoncé et réannoncé,
aujourd'hui, que vaut la parole du premier ministre?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Oui. Mme la Présidente, je viens d'entendre le chef
de l'opposition officielle me traiter de pseudofédéraliste. Bon, une
grande bataille est relancée entre le Parti libéral et le Parti québécois. Ce
qui est important, Mme la Présidente, c'est
qu'on va se battre avec Ottawa pour faire respecter le champ de compétence du
Québec en santé. Et je sais que ça
n'intéresse pas Québec solidaire, il dit que ce n'est pas dans ses priorités,
de défendre les compétences du Québec. Je ne suis pas certain que c'est
dans les priorités du Parti libéral. Mais, nous, c'est dans nos priorités.
Donc, Mme la Présidente, c'est important
pour une bonne coordination des priorités en santé, mon collègue le ministre de
la Santé a déposé un plan détaillé.
Évidemment,
ce qu'oublie de dire, encore une fois, le chef de l'opposition officielle, puis
peut-être qu'il n'a pas l'occasion de
lire puis de regarder ce qui se fait ailleurs, mais, depuis la pandémie, c'est
dur partout dans le monde. Je parle à mes
collègues des autres provinces, le rattrapage des chirurgies qui ont été
reportées pendant la pandémie n'a pas encore
été fait à peu près partout. Donc, on demande, actuellement, au personnel, que
ce soient les médecins et les infirmières, à la fois de traiter les patients actuels, mais aussi de faire du
rattrapage sur les listes d'attente. Maintenant, contrairement à ce que
vient de dire le chef de l'opposition... Je reviendrai.
La
Présidente : Première complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente, le premier ministre voudrait
que je retire les propos «pseudofédéraliste». À ce moment-là, je vais
essayer «pseudosouverainiste», «pseudoséparatiste», si ça lui va mieux, il
pourra nous le dire.
Il
parle de son bilan en transferts en santé. Je vais vous donner un bon bilan, le
bilan de Jean Charest, en santé, qui, en
2004, avait obtenu pour le Québec, avait obtenu pour le Québec, notez ça, là,
4,3 milliards de dollars, indexé 6 % par année, et le fédéral finançait 25 % des
dépenses. Vous seriez donc content aujourd'hui d'avoir le bilan de Jean Charest
en transferts en santé. Aujourd'hui, vous avez un échec pour le Québec.
• (10 h 10) •
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, bon, je suis rendu un pseudoséparatiste. Le
chef de l'opposition officielle ne se rappelle pas quand lui, il était pas un pseudo mais un séparatiste,
un séparatiste tout court. Mais il a évolué. Les gens, les Québécois cheminent.
Et puis il semble bien, actuellement, que,
depuis cinq ans, même depuis un certain temps, les Québécois ont pas mal
cheminé dans la même direction que la CAQ.
Mais
je veux revenir à l'Hôpital Maisonneuve‑Rosemont. Contrairement à ce qu'a dit
le chef de l'opposition officielle, il n'y a pas de
changement dans les délais.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente, il n'y a pas de changement dans
les délais? 2037, moi, je trouve que c'est un bon changement dans les
délais. 2037, c'est dans 14 ans.
Et
là il parle que j'ai cheminé. Bien, ma question... Oui, j'ai cheminé. Le
premier ministre, lui, il a cheminé où, lui, de façon constitutionnelle? Il est rendu où? J'essaie pseudo un, pseudo
l'autre, puis il dit : Non, non, non, c'est tout le contraire. Alors, il est rendu où, constitutionnellement
parlant? Est-ce qu'à un référendum sur la souveraineté il voterait oui ou non?
Moi, je pense qu'il voterait oui.
Ceci
étant dit, Mme la Présidente, c'est inconcevable qu'en infrastructures en santé
il ne livre pas, et même dans les transferts en santé il ne livre pas.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, bien, le chef de l'opposition officielle me
demande où je suis rendu. Contrairement à lui puis aux chefs de Québec
solidaire puis du Parti québécois, nous, on pense que c'est important de ne pas
attendre le grand soir puis de poser des gestes. Donc, on a adopté la
loi n° 21 pour respecter nos valeurs, le Parti
libéral a voté contre. On a adopté la loi n° 96 pour
défendre le français, le Parti libéral a voté contre. On a déposé des mesures
concernant les universités anglophones, le
Parti libéral est contre. On a annoncé que, maintenant, les immigrants
économiques vont devoir réussir un test de français, les libéraux sont
contre.
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Bien là, Mme la Présidente, je suis parti en
santé, on est dans le débat constitutionnel. Allons-y dans le débat
constitutionnel. Le premier ministre, lui...
Des voix : ...
La
Présidente : Je suis debout. Vous avez raison. On écoute les
questions, on écoute les réponses. Et je vous demande... un petit rappel :
demeurons attentifs. Nous vous écoutons, M. le chef.
M.
Tanguay : Mme, la Présidente, le premier ministre parle du
grand soir, mais je pense que le grand soir, lui, il aura voté oui, le grand
soir, si jamais il arrive, le grand soir, parce que le premier ministre a dit,
hier, textuellement, que c'est une option qui est valable puis une option que les
Québécois n'ont pas, pour l'instant, comme priorité, mais, la minute où ça deviendrait plus important, le premier ministre,
lui, il est clair, il est dans le camp du Oui, il ne sera pas capitaine Canada,
parce qu'il ne défend pas les intérêts du Québec au sein de la fédération
canadienne, ce que faisaient les gouvernements libéraux.
La
Présidente : La réponse du premier ministre. On a écouté la question,
on écoute la réponse.
Des voix : ...
La
Présidente : Attention, je vous entends, M. le ministre de la Culture.
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bien,
j'ai peut-être manqué quelque chose, Mme la Présidente, mais, quand on a eu une
motion, hier, pour savoir est-ce qu'un
Québec indépendant serait viable, à moins que je me trompe, là, le chef de
l'opposition a voté pour, hein? Il a voté pour? Oui? O.K.
Maintenant,
ce qui est important, Mme la Présidente, c'est d'arrêter le déclin du français
puis d'agir, ce que n'ont pas fait ni les gouvernements du Parti libéral
ni les gouvernements du Parti québécois. Nous, on a agi sur l'immigration économique, on a agi avec la loi n° 96, on a agi sur les universités anglophones. Nous, on ne fait pas juste
jaser comme les libéraux puis le PQ, on agit.
Une voix : ...
La
Présidente : Je vous entends, M. le leader.
En question
principale, je reconnais le député de Pontiac. On vous écoute, la parole est à
vous, juste à vous.
Réforme
du système de santé
M.
André Fortin
M. Fortin : Mme
la Présidente, je ne sais pas, vous, mais, moi, ça fait neuf ans que je siège
ici, à l'Assemblée, et je ne me
souviens pas d'avoir vu une sortie commune de six premiers ministres pour
dénoncer une politique gouvernementale. Pour que M. Charest et M. Bouchard s'allient, c'est parce que l'heure
est grave, Mme la Présidente. Pour que Pauline Marois et Philippe Couillard écrivent conjointement,
c'est parce que ça ne va pas du tout. Et, si les deux premiers ministres
Johnson rejoignent leurs voix, on n'a pas le choix d'entendre leur
message.
Et c'est la réforme
du ministre de la Santé qui est en jeu aujourd'hui. Je les cite : «La
fusion à Santé Québec des soins de
l'Institut de cardiologie de Montréal et des autres établissements universitaires
mènerait inévitablement à un recul de
leurs performances dans la poursuite de leur mission d'excellence en santé, au
détriment des patients et de l'ensemble de la société québécoise.» Ça vient de six premiers ministres qui ont
l'intérêt supérieur du Québec en tête. Je n'ai pas besoin d'en rajouter.
Qu'est-ce que vous
leur répondez, M. le premier ministre?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : Bien, écoutez, Mme la Présidente, premièrement, je
suis très content de pouvoir répondre à la question du député de Pontiac
là-dessus. Beaucoup de respect pour les premiers ministres qui étaient
signataires de la lettre, j'ai beaucoup de
respect pour tout l'appareil politique et les gens qui se sont commis... ces
gens-là qui se sont commis à la vie publique au cours des dernières
années, premièrement.
J'ai
eu la chance d'en rencontrer quelques-uns, au cours des dernières semaines, et
j'ai eu la chance aussi de leur expliquer
que j'avais un équilibre à l'intérieur du projet de loi, Mme la Présidente, à
respecter, à savoir qu'il fallait écouter ceux que j'ai rencontrés
depuis le début de l'été, des présidents de conseil d'administration, des
P.D.G. de ces mêmes établissements là, pour
dire : On doit avoir une meilleure coordination du réseau, le statu quo
n'est pas possible. Ça remonte même
au rapport de Mme Savoie, ma sous-ministre de l'époque, qui avait dit,
durant la pandémie : On ne peut pas continuer à faire cette façon
de travailler, entre autres à l'île de Montréal. Donc, une plus grande
coordination, c'est ça, p.l. n° 15.
Mais
en même temps j'ai expliqué à ces premiers ministres là que les amendements que
j'allais déposer, qui ont été déposés hier, d'ailleurs, vont s'assurer
que les fondations ne sont pas impactées. Puis je pourrai continuer là-dessus,
Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
M.
André Fortin
M. Fortin : Mais la lettre des premiers ministres, là, elle est venue
après le dépôt de vos amendements. Vous continuez
de priver les établissements de leurs conseils d'administration bénévoles. Vous
continuez de dissocier les soins de la recherche, la
prévention, l'innovation. Vous continuez de faire en sorte que les instituts
universitaires perdraient leur caractère spécifique puis leur approche unique.
Lucien Bouchard, le premier ministre Bouchard, est allé jusqu'à dire que
vous allez enlever l'âme de ces institutions-là. Je ne peux pas croire que
c'est ça que vous voulez faire.
La Présidente : Je vous rappelle que
vous vous adressez à la présidence. M. le ministre, la réponse.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, premièrement,
ce n'est pas ça qu'on veut faire. Et ce que j'ai bien expliqué, entre autres,
aux présidents de C.A., qui sont peut-être
les plus impactés par cette transformation-là, et c'est ce que j'ai expliqué,
entre autres, à quelques premiers ministres, il faut faire la différence
entre perte d'identité et perte d'entité légale, c'est très différent. Ces gens-là sont souvent peut-être plus préoccupés
de l'entité légale que l'identité même. Sainte-Justine va continuer d'être
Sainte-Justine. Sainte-Justine va continuer
d'avoir les meilleurs administrateurs pour s'assurer du suivi pour les enfants.
Le CHU va continuer d'exister, aucune perte d'identité.
Ce qu'il faut
comprendre, c'est qu'on fait des changements qui sont dus depuis des années. Ça
dérange, mais il faut le faire.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : D'un côté, il y a six premiers ministres qui vous disent : Vous
faites fausse route. De l'autre côté, il y a le Dr Oliva qui dit : Vous n'écoutez personne. Pendant que vous
parlez, pendant que le gouvernement parle de la réforme en santé, les
soins se détériorent, de l'avis de la Fédération des médecins.
Mme la
Présidente, on dirait, là, que le gouvernement porte son projet de loi en
fétiche. On dirait que le gouvernement porte son projet de loi avant
l'intérêt supérieur, avant l'amélioration des soins de santé.
La Présidente : M. le ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, je pense, au
contraire, Mme la Présidente, que les Québécois nous ont dit, et je le
répète : Le statu quo n'est pas
possible. Ça, je l'ai entendu, là, depuis deux ans, c'est clair. On a vécu une
pandémie, les gens nous ont dit : Faites les changements nécessaires. Il y
a des changements qu'on fait, là... Puis, rappelez-vous, Mme la Présidente, les
gens m'ont dit : Ça fait 20 ans
qu'il n'y a personne qui a eu le courage de faire ces changements-là. Nous, on
a dit : On va les faire.
Alors, quand
j'entends le Dr Oliva, pour qui j'ai aussi un très, très grand respect, je dis
au Dr Oliva : Faites votre bout, moi, je vais faire mon bout.
Est-ce que
c'est normal, aujourd'hui, qu'il y ait encore 800 000 Québécois qui
attendent pour un rendez-vous avec un spécialiste? Non, ce n'est pas
correct, et c'est ça qu'on doit changer. Alors, à chaque patient, je dis,
aujourd'hui : Nous allons avoir le courage de faire les changements
nécessaires.
La Présidente : En question
principale, je reconnais la députée de La Pinière. On vous écoute.
Places en ressource
intermédiaire
Mme Linda Caron
Mme Caron : Mme la Présidente,
en 2022-2023, 51 appels d'offres pour ressources intermédiaires ont été annulés faute de soumissionnaire ou de
soumissionnaire conforme. C'est 574 places qui n'ont pas vu le jour, qui
ne verront pas le jour. Les CIUSSS ne
savent plus où donner de la tête. Ils sont rendus à réduire le nombre de places
dans les appels d'offres ou à vouloir acheter, faire acheter des maisons
privées, en pleine crise du logement, pour en faire des RI. Le
développement de nouvelles places est quasiment à l'arrêt, malgré des besoins
criants.
On connaît
les causes : explosion des coûts de construction, des coûts des matériaux,
des aliments, des salaires, du coût de la vie et des critères plus exigeants
aussi. Dans des petites RPA de 15 à 16 places, on est à demander des
appareils de levage dans toutes les chambres, alors qu'avant c'était
juste une ou deux chambres, parce que les cas s'alourdissent.
Si la ministre ne revoit pas les critères et le
financement aujourd'hui, c'est une autre liste d'attente...
• (10 h 20) •
La Présidente : ...la ministre
responsable des Aînés.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : Mme la
Présidente, j'ai eu l'occasion de le mentionner à plusieurs reprises, le modèle
d'hébergement, au Québec, est extrêmement fragilisé par des années, des
décennies de non-investissement. Alors, ce qu'on est en train de faire, vraiment, vous le
savez, puis je pourrais faire la liste, là, nos maisons des aînés, on est en
train de les ouvrir, ça se passe très bien. On est en train de conventionner
nos CHSLD privés. Il y en a 13 qui sont faits depuis la dernière année.
On est en train de travailler pour améliorer nos mesures avec les RPA.
Et,
puisque la question concerne les ressources intermédiaires, bien, les
ressources intermédiaires font partie de l'écosystème de l'hébergement au Québec. Et, oui, les ressources intermédiaires,
on a besoin de les accompagner dans le vieillissement de la population,
et ils ont absolument besoin qu'on puisse travailler avec eux. Et c'est ce
qu'on est en train de faire, Mme la Présidente. Nous avons actuellement des
ressources intermédiaires, au Québec, qui sont vraiment accompagnées par nos
équipes du ministère pour s'assurer de répondre aux besoins des personnes qui
veulent demeurer au sein des ressources
intermédiaires. Le modèle est à revoir. C'est un cadre de référence qui est à
peu près épais comme ça...
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Linda
Caron
Mme Caron : Mme la Présidente, ça
fait deux ans que l'ARIHQ demande au gouvernement d'y voir, justement, de revoir le cadre de référence. Nos concitoyens attendent
après les services. Sur les 2 300 personnes, là, qui sont
hospitalisées pour rien, il y en a
plus de 200 qui attendent une place en ressource intermédiaire. Le maintien du
parc de ces ressources et son développement pour l'avenir sont censés
être une priorité ministérielle.
Ça va prendre encore
combien de temps pour que la ministre agisse sur cette priorité?
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Services sociaux.
M.
Lionel Carmant
M. Carmant : ...Mme la Présidente, je
remercie la députée de Laporte pour sa question, puis je vais vous expliquer
ce qu'on...
Une voix : ...
M. Carmant : ... — de
La Pinière, excusez-moi — et
je vais vous expliquer ce qu'on fait, exactement. Le premier ministre
m'a donné la gouvernance du dossier des ressources intermédiaires, on est en
train de modifier l'approche. Auparavant,
les critères pour les ressources intermédiaires étaient identiques pour tout le
monde et favorisaient beaucoup... La
ressource intermédiaire visait la clientèle aînée, d'où la... d'où votre
question. Maintenant, ce qu'on est en train de faire, c'est revoir les critères, s'assurer qu'il y ait
les ressources aînées, mais également que des ressources intermédiaires soient
développées pour les personnes qui ont des
problèmes de santé mentale, de déficience physique, déficience intellectuelle,
trouble du spectre de l'autisme et jeunesse.
D'ailleurs, je tiens à saluer Simon Telles, qui est ici, avec nous,
aujourd'hui, avec qui je discute — et nous en discutons
fréquemment, c'est le président de l'association — pour s'assurer
d'améliorer...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Linda
Caron
Mme Caron :
Merci, Mme la Présidente. Alors, les causes sont connues. L'ARIHQ propose
des solutions. Justement, M. Telles, je
le rencontrais la semaine dernière. Alors, quand on sait que ça prend trois ans
entre le moment de l'appel d'offres et le premier résident qui entre
dans la ressource intermédiaire, ça veut dire que, si le cadre de référence
n'est pas revu, qui se termine en 2025, d'ici 2028 on n'aura pas encore de
places créées, nouvelles, dans des ressources intermédiaires. Ça presse, là. Il
faut arrêter de penser grand et passer directement...
La
Présidente : La réponse du ministre.
M.
Lionel Carmant
M. Carmant :
Oui, et on est en action, Mme la Présidente. M. Telles me disait
d'ailleurs que les négociations avançaient
très bien et il était heureux de ce qui se passait actuellement. Nous, ce qu'on
est en train de faire, Mme la Présidente, c'est des changements fondamentaux qui n'ont jamais été faits. Tu sais,
on ne peut pas avoir les mêmes critères pour un aîné que pour un jeune qui a un
problème de déficience intellectuelle ou un jeune qui a un problème de
comportement. Il faut compartimentaliser les choses, avoir un plan clair
et s'assurer que les ressources intermédiaires soient spécifiques pour la population qu'ils abritent et également
que les services et les soins qui sont donnés à ces différentes populations
sont en adéquation avec les besoins
de la population, Mme la Présidente. Le plan est clair, on y travaille, on va y
arriver, j'en suis sûr. M. Telles a une grande écoute. Merci, Mme
la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de
Pontiac.
Aide aux producteurs agricoles
M.
André Fortin
M. Fortin : Merci, Mme la Présidente. L'année 2023 a été, d'un bout à l'autre,
là, désastreuse pour nos producteurs agricoles. Puis là je ne parle même
pas des producteurs de porcs qui ont remis les clés de la ferme à la banque cet
été. Pour à peu près tous nos producteurs,
l'année a été difficile : sécheresse au Témiscamingue, pluie incessante à
peu près partout ailleurs. Dans plusieurs cultures, ça veut dire qu'il y
a 30 %, 40 % ou 50 % des récoltes qui y ont passé.
Mais,
Mme la Présidente, c'est surtout une année où on s'est rendu compte que nos
programmes, nos programmes de La Financière agricole, ils ne sont plus
du tout au goût du jour. Ils ne marchent simplement pas pour nos producteurs
agricoles. Les programmes, là, ils n'ont pas été conçus pour ce qu'on est en
train de vivre en ce moment. Ils n'ont pas été
conçus pour des événements de météo extrême. Ils n'ont pas été conçus pour des
agriculteurs qui n'ont aucune marge de
manoeuvre financière. Puis, parce que le gouvernement refuse, refuse d'agir,
bien, les producteurs, ils regardent de plus en plus ailleurs qu'à La
Financière pour se protéger.
Est-ce que le
ministre va enfin accepter notre demande, la demande des producteurs, de l'UPA,
des producteurs maraîchers d'avoir un vrai examen des protections agricoles?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Agriculture... et de
l'Alimentation.
M.
André Lamontagne
M. Lamontagne : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Encore une fois, merci à mon collègue pour ces questions-là. Effectivement, l'année 2023, là, pour
l'ensemble de nos producteurs agricoles, aux quatre coins du Québec, a été vraiment,
vraiment, vraiment difficile. Et puis, dans un contexte comme ça, je vous
dirais, première des choses, c'est d'accompagner les entreprises au niveau de leurs liquidités, parce qu'effectivement il
y a tout un ensemble... il y a tout un panier de soutien, il y a tout un
ensemble de mesures. Quand on parle de programmes, là, il y a tout un
écosystème de soutien pour les agriculteurs,
les agricultrices. Mais le temps de réponse, des fois, entre le dommage et puis
une fois... la compensation par l'assurance
ou le système de soutien peut prendre du temps, peut prendre des mois, parce
que la saison n'est pas encore terminée.
Alors,
dans l'entre-temps, ce qui est très important, c'est d'avoir des liquidités.
Puis effectivement ce qu'on a fait, du
côté de La Financière agricole, dans tous les programmes, il y a eu des
devancements très, très importants au point de vue de paiements, d'avancées, si
on veut, sur, ultimement, les compensations qui vont être apportées. Mais
aussi, au mois de juin, on a annoncé
un programme qui a été souligné à la grandeur du Québec, qui va amener jusqu'à
100 millions de dollars de liquidités pour nos producteurs, pour
nos productrices.
Ça
fait que je veux rassurer mon collègue, là, que tout est fait au niveau de La Financière puis du ministère pour accompagner nos producteurs et nos
productrices.
La
Présidente : Première complémentaire.
M.
André Fortin
M. Fortin : Il
parle d'un éventail de mesures, c'est plutôt un éventail de demi-mesures, puis,
malheureusement, c'est tout dans le court terme. Il n'y a aucune vision
à long terme, ici. Mais l'heure, là, n'est plus juste au court terme, il faut brasser la cage de La Financière parce
qu'ils ne le feront pas eux-mêmes. Puis, le ministre a beau être fier
d'investir en agriculture, ça ne
marche pas si les producteurs ne sont pas capables d'investir eux-mêmes. Ça,
là, ça veut dire des vrais programmes pour protéger nos producteurs en région
éloignée, ça veut dire des vrais programmes adaptés à la réalité
climatique d'aujourd'hui puis pour les décennies à venir.
S'il
ne veut pas la faire, cette réforme là, moi, je suis convaincu qu'il y en a
d'autres, députés qui veulent la faire.
La
Présidente : La réponse du ministre.
M.
André Lamontagne
M. Lamontagne :
Bien, mon collègue, s'il suit un
petit peu l'actualité puis parle avec les gens, devrait savoir qu'au moment où on se parle il y a des comités qui sont
en place entre La Financière
agricole et les producteurs, les
productrices dans différentes
filières pour, justement, la mise à niveau, si on veut, des différents
programmes. Parce qu'effectivement, au
fil des années, les conditions changent, les conditions d'opération changent,
puis il est très important que ces programmes-là
soient adaptés aux nouvelles réalités. Bien, on a en place des comités qui
travaillent, c'est un travail qui est en
continuel entre La Financière
agricole et puis les producteurs et
les productrices, pour s'assurer de la mise aux normes de ces programmes-là. Mais, en attendant, ce qui
est très important, c'est de faire en sorte que les entreprises aient des
liquidités, et tous les gestes ont été posés, jusqu'à maintenant, pour
que les entreprises disposent de liquidités.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M.
André Fortin
M.
Fortin : La base du problème, Mme la Présidente, là, c'est
que les programmes agricoles ne sont plus adaptés. On ne fait pas de l'agriculture comme on le
faisait il y a 40 ans. On produit différemment, on récolte différemment,
on a des aléas météo complètement
différents, on n'a aucune marge de manoeuvre financière, et on a besoin... les
producteurs ont besoin de se protéger différemment.
Pourquoi le
ministre est incapable d'entendre ça? Protéger les agriculteurs, là, c'est sa
job numéro un. C'est juste ça qu'on lui demande de faire.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. André Lamontagne
M.
Lamontagne : Bien, Mme la
Présidente, je dois vous dire que, s'il y a quelque chose qui me préoccupe,
c'est bien l'état de santé des entreprises de nos producteurs, nos
productrices agricoles. C'est quelque chose, à tous les jours, que je suis et que je pousse pour m'assurer que le
meilleur soutien leur soit apporté. C'est pour ça que, depuis les derniers mois, là, c'est des centaines de millions de
dollars qui ont été versés en avance, que ce soit dans les programmes
d'assurance soutien du revenu, que ce soit dans les programmes
d'Agri-stabilité, d'Agri-investissement. Et, parallèlement à ça, on a mis en place, en juin, un programme jusqu'à
100 millions de liquidités. Jusqu'à maintenant, on a 900 entreprises
qui y ont fait appel, il y a
400 quelques entreprises qui ont déjà reçu des versements, il y en a 375
qui sont en analyse. Mais, soyez assurés
d'une chose, Mme la Présidente, là, c'est un dossier qu'on suit à tous les
jours et qu'on s'assure d'être en soutien en liquidités pour nos
producteurs, nos productrices.
La Présidente : En question
principale, je reconnais le chef du deuxième groupe d'opposition.
Hausse des tarifs
d'électricité
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente. Les loyers coûtent déjà
trop cher, au Québec, les maisons coûtent déjà trop cher, l'épicerie coûte déjà trop cher, et là on apprend, ce
matin, que l'électricité va coûter encore plus cher, au Québec. Au mois de septembre, Michael Sabia,
celui que le premier ministre vient de choisir pour diriger Hydro-Québec, l'a dit clairement, son plan, là, c'est d'augmenter encore plus les tarifs
d'Hydro. J'espère qu'aujourd'hui le premier ministre va l'avouer
clairement, dire aux Québécois ce qui s'en vient.
On savait
déjà que c'est les taxes et les impôts des Québécois qui vont payer pour les
gros projets du ministre de l'Énergie,
mais là ce qu'on apprend, c'est qu'on va le payer en double, aussi, via nos
factures d'électricité. On est loin de la raison d'être d'Hydro-Québec.
Je ne sais pas si la nouvelle administration a eu le mémo, là, mais
Hydro-Québec, ça appartient au peuple québécois, ça doit servir les Québécois,
les Québécoises d'abord et avant tout. Ce n'est pas le Dollarama de l'électricité. Ce n'est pas la vache à lait d'aucun
gouvernement. Le monde ont le droit de savoir ce qui s'en vient, pas
dans un Zoom coulé dans les médias, là, de la bouche du premier ministre
lui-même. C'est lui, le patron.
Est-ce que le
premier ministre était au courant du plan de Michael Sabia de faire payer
les Québécois encore plus cher pour leur électricité?
• (10 h 30) •
La Présidente : La réponse du premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
on a un bon exemple, aujourd'hui, qu'il ne faut pas toujours croire ce qui est dans les médias. Il ne faut pas toujours
croire ce qu'il y a dans les médias. Mme la Présidente, j'ai rencontré, cette
semaine, lundi, Michael Sabia, le président d'Hydro-Québec, puis j'ai été on ne
peut plus clair : quand on regarde les tarifs résidentiels au Québec, il
n'est pas question de les augmenter de plus que le moindre de l'inflation ou
3 %, le moindre de l'inflation et
3 %. Donc, je veux rassurer tous les Québécois, là, ce qu'on est en train
de faire avec Northvolt, la batterie, ça va être payant, ça n'aura aucun
impact sur les tarifs résidentiels.
Puis je continue à penser qu'on a pris la bonne
décision de dire : À l'avenir, les augmentations de tarifs chez Hydro-Québec n'excéderont jamais l'inflation ou
3 %, le moindre des deux, contrairement à ce qui a été fait dans le passé
par le Parti libéral et par le Parti québécois. Ces deux gouvernements-là, à
plusieurs reprises, ont augmenté les tarifs d'Hydro-Québec de plus que l'inflation.
Le gouvernement de la CAQ ne fera jamais ça.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Le premier ministre dit qu'il ne faut pas croire
tout le temps ce qui est écrit dans les médias, mais c'est Michael Sabia
qui a dit, au mois de septembre, pas un journaliste... Michael Sabia, au mois
de septembre, il a dit
oui : Oui, il faut les augmenter, prochaine question. Le premier ministre
nous dit : Je lui ai parlé dans les derniers jours, je lui ai
dit : Ne fais pas ça.
Au
moment où il l'a nommé patron d'Hydro-Québec, est-ce que le premier ministre a
discuté avec Michael Sabia des tarifs d'électricité? Si oui,
pourquoi le P.D.G. d'Hydro-Québec voulait augmenter les tarifs au mois de
septembre?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bien,
Mme la Présidente, je ne peux pas être plus clair, là. D'abord, Hydro-Québec,
ça appartient à 100 % au gouvernement
du Québec, donc aux Québécois. Puis j'ai été très clair depuis le début avec
Michael Sabia, très, très clair.
Puis, quand il dit : Augmenter les tarifs, c'est maximum le moindre de
l'inflation ou de 3 %. Donc, je pense qu'il serait temps que Québec
solidaire arrête de faire peur aux Québécois.
La Présidente :
Attention aux propos, M. le
premier ministre. Vous savez que, ce mot-là, on ne peut pas l'utiliser. C'est
ce que vous alliez me dire, M. le leader? Voilà. Vous retirez? Retiré. C'est
beau. On poursuit. Je veux entendre la...
Des voix : ...
La
Présidente : S'il vous plaît! Je veux entendre la deuxième
complémentaire.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Je suis content
d'entendre que le premier ministre va remettre à l'ordre Michael Sabia, parce
que les Québécois, ils n'ont pas les moyens
de payer une augmentation de tarifs d'électricité en plus de tout ce qu'ils
paient déjà comme augmentation. Tant mieux. Mais là, là, le premier ministre
est en train de signer des grosses ententes avec des grosses multinationales
puis il est en train de leur donner beaucoup d'électricité.
Ça
fait que j'ai une question très claire pour lui : Est-ce qu'il peut
s'engager aujourd'hui à ce que les tarifs d'électricité des Québécois ne
subventionnent pas directement ou indirectement les projets batterie?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, peut-être que le chef de Québec solidaire ne connaît pas bien
l'histoire d'Hydro-Québec, mais c'est plutôt
le contraire. C'est plutôt le contraire. Dans le passé, les tarifs commerciaux
ou industriels ont subventionné le résidentiel. Mais je veux être très clair,
là : contrairement aux gouvernements du Parti libéral et du Parti québécois, qui ont augmenté tous les deux les
tarifs d'électricité de 4 %, 5 % alors que l'inflation était à 2 %,
nous, on ne fera jamais ça. Ça ne peut pas être plus clair.
La Présidente :
En question principale, je
reconnais le député de Saint-Henri—Sainte-Anne. La parole est à vous.
Impact des permis de travail fermés sur les travailleurs
étrangers temporaires
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Mme la Présidente, M.
Obokata, rapporteur spécial des Nations Unies sur l'esclavage moderne, a publié
un rapport-choc sur les conditions de travail des détenteurs de permis de
travail au Canada, ce qui confirme du même
coup la gestion catastrophique du dossier par le fédéral. Il écrit : «Les
régimes de permis de travail spécifiques aux employeurs, y compris certains programmes de travailleurs étrangers
temporaires, rendent les travailleurs migrants vulnérables aux formes
contemporaines d'esclavage, car ils ne peuvent pas dénoncer les abus subis sans
craindre d'être expulsés.»
La
gestion catastrophique des permis de travail par le fédéral ne peut plus durer
ainsi. Le rapport de l'ONU est un dur rappel. Québec doit rapatrier
l'ensemble des pouvoirs en immigration.
La
ministre est-elle fière de laisser le fédéral gérer pour nous un système
d'immigration qui est fortement dénoncé par le rapporteur spécial des
Nations unies?
La
Présidente : La réponse, je présume, de la ministre de l'Immigration,
de la Francisation et de l'Intégration.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette :
...ma grande sensibilité et celui
de notre gouvernement aux situations qui sont parfois vécues par des
travailleurs étrangers temporaires. Il y a des situations complètement
inacceptables qui ont été vécues par certaines de ces personnes. Elles ont été exprimées, d'ailleurs, dans le cadre de nos
consultations parlementaires que l'on a tenues récemment. J'ai eu des rencontres également avec certaines de ces
personnes pour bien saisir la nature de la situation. C'est une
situation qui nous préoccupe depuis longtemps.
D'ailleurs,
on a développé une escouade avec la CNESST pour faire en sorte de faire des
vérifications quant au respect des
normes, des lois qui s'appliquent. Et j'aimerais d'ailleurs rappeler que les
employeurs ont les mêmes obligations à l'égard
des travailleurs étrangers temporaires quant à ce qui a trait aux normes de
travail, à la sécurité, par exemple, à l'équité salariale également. Donc,
c'est quelque chose qui est important. Et les travailleurs étrangers
temporaires ont les mêmes droits, également, que les travailleurs québécois.
Maintenant, on veut aller un peu plus loin, et
c'est ce pourquoi on a agi récemment en donnant un mandat à la Commission des partenaires du marché du travail,
un mandat qui va étudier les enjeux entourant les permis de travail fermés.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M.
Cliche-Rivard : Ce matin, la CAQ a refusé d'entendre ma demande
d'entendre le rapporteur spécial en commission
parlementaire. L'ONU, quand c'est pour nous féliciter en environnement, c'est
bien, mais, quand c'est pour nous parler des droits des immigrants,
c'est autre chose.
Le rapporteur
spécial m'a confirmé personnellement son intérêt à présenter les conclusions de
son rapport auprès de nous, ici, à l'Assemblée nationale. Est-ce que la
ministre peut au moins s'engager à le rencontrer avec moi?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui. Alors, pour
compléter, on prend action. On a donné un mandat à la Commission des partenaires
du marché du travail pour élaborer un avis, un avis sur les permis de travail
fermés, de manière à ce qu'on puisse
documenter davantage la réalité qui, parfois, est associée à ces permis de
travail fermés, également faire en sorte de trouver, identifier des solutions, des voies alternatives qui
pourraient s'appliquer en remplacement d'un permis de travail fermé.
Donc, la CPMT est une instance parfaite pour ça parce qu'elle est très
représentative. Elle regroupe à la fois les employeurs,
des représentants des syndicats, également des organismes qui travaillent dans
le domaine de l'employabilité et des experts universitaires.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci. Alors, je
n'ai pas eu de réponse. Je redemande : Est-ce que la ministre s'engage,
oui ou non, à rencontrer le rapporteur spécial avec moi? Une question aussi
grave que les conditions de travail propices à
l'esclavagisme moderne au Québec, ça appartient à l'Assemblée nationale du
Québec. On a un gouvernement qui se dit nationaliste. On a de graves
problèmes avec des permis de travail émis par le fédéral.
La ministre va-t-elle régler le problème ici, au
Québec?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme
Fréchette : Oui. Alors, il me fera plaisir de rencontrer le
rapporteur spécial de l'ONU pour prendre connaissance de son analyse. Et ça va
se faire concurremment aussi, parallèlement, au travail qui sera fait par la
CPMT. Donc, c'est au cours du printemps prochain qu'on obtiendra les
résultats de l'analyse de la CPMT et des voies de solution qu'eux identifient. Et bien sûr il faudra discuter de ces voies de
solution aussi avec le fédéral, parce qu'en bout de ligne c'est le fédéral qui,
actuellement, prend les décisions relativement aux permis de travail fermés.
Notre souhait, bien sûr, c'est de rapatrier l'ensemble
de ces pouvoirs, et c'est quelque chose que l'on réitère à chaque rencontre, à
chaque occasion que l'on a de le faire, avec le fédéral.
La Présidente : En question
principale, je reconnais le chef du troisième groupe d'opposition.
Réorganisation
du système de santé
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M.
St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, le ministre de la Santé a
entendu, en commission parlementaire, 40 groupes,
des experts, des gens du milieu de la santé, des syndicats, des représentants
des usagers. Au total, 114 mémoires ont été déposés. Tout le monde
l'a mis en garde contre la trop grande centralisation de sa réforme. Il a
choisi de ne pas les écouter. Les partis
d'opposition ont déposé des amendements, que le ministre de la Santé a
également balayés du revers de la main, pour essayer... des amendements qui
auraient pu améliorer la réforme. Donc, il a, à nouveau, choisi de ne pas
écouter.
• (10 h 40) •
Hier,
nous avons assisté à une première politique dans toute notre histoire, du
jamais-vu, six anciens premiers ministres se
sont alliés, six anciens premiers ministres de toutes les allégeances
politiques, qui parlent d'une seule voix, avec un seul message. Essentiellement, ils sont venus dire au
gouvernement que ce que les experts, et les oppositions, et les gens du
milieu de la santé répètent depuis le début, à savoir qu'il ne doit pas centraliser
sa prise de décision dans Santé Québec, bien, c'est critique, c'est absolument
essentiel.
Maintenant
qu'il y a six premiers ministres qui se sont alliés pour dénoncer des parties
importantes de la réforme en santé, est-ce que le premier ministre va
enfin prendre conscience qu'il doit changer son projet de loi?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, ça prend effectivement
beaucoup de courage pour changer le réseau de la santé, beaucoup de courage. Il y a de la résistance puis il y a de la
résistance, entre autres, dans les conseils d'administration des
instituts et des centres universitaires, où on veut garder son petit pouvoir.
Mme la Présidente,
comme l'a expliqué le ministre de la Santé, il y a comme deux grandes missions,
dans les instituts puis les centres
universitaires. La recherche... Bon, puis je sais que les anciens premiers
ministres, les gens d'affaires ramassent
beaucoup d'argent pour la recherche puis tiennent à ce que cet argent-là aille
directement pour la recherche qui a été
prévue par ces personnes-là. Puis c'est ce qu'on fait dans le projet de loi.
Par contre, les instituts et les centres universitaires ont aussi une
responsabilité de services cliniques. Prenez juste à Montréal, là, il y a
plusieurs hôpitaux, l'Institut de cardiologie de Montréal a une urgence,
ils ont des listes d'attente, ils ont des chirurgies. Puis ça, c'est la
fonction du ministère de la Santé ou de
Santé Québec, de répartir les responsabilités entre les hôpitaux. Donc, le mot
final doit aller au ministère de la Santé
et non pas à chaque conseil d'administration, sinon il n'y a pas de
coordination. Puis on l'a vu pendant la pandémie, puis c'est bien décrit
dans le rapport Savoie.
Donc, oui, ça prend
du courage. Oui, il y a de la résistance...
La
Présidente : Première complémentaire...
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
Merci, Mme la Présidente. On le
voit, le gouvernement a réussi à créer toutes sortes d'alliances inattendues contre lui. Il y a six premiers
ministres de différentes allégeances qui disent : Ne faites pas ça, ne
faites pas cette erreur.
Qu'est-ce
qui ne fonctionne pas, Mme la Présidente, dans le système actuel, dans les
centres hospitaliers universitaires ou dans les instituts universitaires, qu'on
veut changer? Pourquoi ébranler un système qui fonctionne et qui fait la
fierté des Québécois?
Des voix : ...
La Présidente :
Pas de commentaire. Attendez, M.
le ministre. On va juste attendre un petit peu de silence, parce qu'on a
écouté la question et on veut entendre la réponse. M. le ministre de la Santé,
on vous écoute.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : Bien, écoutez, si vous demandez aux Québécois,
aujourd'hui, qu'est-ce qu'ils pensent du commentaire du député des Îles-de-la-Madeleine, si le système
fonctionne très bien, je pense qu'ils auraient une réponse un peu différente.
Je pense qu'il faut être un petit peu déconnecté de la réalité pour dire une
chose comme ça.
Je
pense, Mme la Présidente, que le premier ministre vient de dire exactement ce
qu'on dit depuis plusieurs mois, il faut être capables de faire les
changements nécessaires. Et, entre autres, la coordination sur l'île de
Montréal, quand le premier ministre a terminé
sa réponse avec le rapport Savoie, on a démontré, durant la pandémie, dans les
vagues qui ont suivi, que, lorsqu'il
y avait une meilleure coordination entre les différents établissements, entre
autres, de Montréal, du Grand Montréal, ça pouvait donner des résultats
très différents. C'est ça que le p.l. n° 15 va mettre
en place.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
Mme la Présidente, le ministre
sait très bien ce dont je parle : les centres hospitaliers universitaires,
les instituts, qui font la fierté du Québec à travers le monde, qui font de la
recherche, qui font de l'innovation, qui font également
de l'enseignement, ils donnent aussi des soins cliniques. Ce qu'on veut leur
empêcher de faire aujourd'hui, avec la réforme, c'est d'avoir toute la
capacité opérationnelle de continuer ce qu'ils font depuis des décennies.
En quoi est-ce que
les «top guns» du gouvernement vont mieux faire que les gestionnaires locaux
des instituts?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé. On écoute.
M.
Christian Dubé
M.
Dubé : Écoutez, je pense qu'on n'a pas besoin de baisser
les centres universitaires pour dire que notre réseau a besoin de
changements importants. Nous avons fait les modifications nécessaires. Et, je
le répète, là, j'ai travaillé avec les CHU
et les instituts, pour les écouter, depuis le début de l'été, pour être capable
de trouver des solutions, comme a dit le premier ministre, où les
fondations, la recherche, la formation universitaire, l'innovation ne seraient
pas touchées. Ça fonctionne très bien, on n'y touche pas. C'est exactement la
question.
Par contre,
où on a besoin de coordination, Mme la Présidente, on fait les changements
nécessaires. Et, savez-vous, c'est ça que les Québécois s'attendent de
nous, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Protection des droits des locataires aînés
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, Mme la Présidente. La crise du logement
fait partie de la crise du coût de la vie puis, vous savez quoi, ça cause la crise de l'itinérance. Les
crises qu'on vit présentement au Québec, c'est comme un domino, et le premier
domino à tomber, ce sont nos aînés.
Quand tu as 70 ans, que ça fait 11 ans
que tu habites à la même place puis que le seul argent qui rentre dans ton compte, c'est ta sécurité de vieillesse, bien,
il n'y a personne qui devrait avoir le droit de te mettre à la porte de chez
vous, point barre. C'est ça, la loi
Françoise David qui a été votée. Mais c'était avant la crise actuelle.
Présentement, nos aînés ont besoin de
plus de protection. Il y en a de plus en plus qui sont... qui vivent dans
l'itinérance, et ce sont beaucoup des
femmes. La loi Françoise David doit s'appliquer aux aînés à partir de
65 ans. C'est le gros bon sens. Le projet de loi de la ministre est
exactement le bon endroit pour faire ça.
Est-ce qu'elle va le faire?
La Présidente : La réponse de la
ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme
Duranceau : Merci, Mme la Présidente. Alors, effectivement, le
projet de loi est un bon endroit pour intervenir, puis c'est ce qu'on pense faire. D'ailleurs, Mme
la Présidente, il y a des mesures, dans le projet de loi, pour les évictions,
pour, évidemment, protéger l'ensemble de la
population, mais principalement les personnes aînées. Alors, évidemment,
j'invite les oppositions à collaborer, là, dans le cadre de l'étude détaillée,
qui va reprendre demain.
Et, en
matière d'éviction, on vient mettre le fardeau sur les épaules du propriétaire.
On vient prévoir des compensations financières qui sont plus importantes. Alors,
c'est vraiment... C'était mon objectif de déposer ce projet de loi au mois de
juin pour pouvoir agir rapidement et qu'il soit entendu dès cet automne, parce
qu'on veut que ces mesures-là entrent en vigueur rapidement pour qu'on
ne passe pas une autre saison de renouvellement de baux puis de reprise de
logement où les gens vont être mal protégés.
Alors, j'espère que les oppositions vont collaborer pour qu'on avance
rapidement à ce sujet-là.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Dans
mon livre à moi, ce n'est pas nous autres qui retardent ça. Le projet de loi a
été déposé en juin, il a été appelé dernièrement, il a été retiré, puis
là on recommence. Donc, ce n'est pas de ce côté-ci que ça tarde, là.
Ceci étant dit, la loi Françoise David, elle
protège nos aînés, et il faut en diminuer l'âge, parce qu'actuellement on vit une crise. Et, vous savez quoi, ce n'est
pas juste Québec solidaire qui dit ça, les associations d'aînés aussi le
demandent.
Est-ce que la ministre va le faire?
La Présidente : Mme la ministre.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme
Duranceau : ...Mme la Présidente. Alors, je le répète, il y a
d'excellentes mesures dans ce projet de loi là. On va s'y attarder dès
demain puis on va travailler sur le faire adopter le plus rapidement possible.
Mme la
Présidente, là, je ne peux pas m'empêcher d'être surprise d'entendre ces
commentaires-là. Projet de loi déposé
en juin et une commission parlementaire entre le 14 et le 20 septembre. Et
là les oppositions me reprochent d'avoir écouté les gens, d'avoir bonifié le
projet de loi. Je ne sais pas où ils s'en vont avec ça, mais j'espère qu'ils
seront en mode collaboration puis qu'on va avancer rapidement dans
l'adoption du projet de loi.
La Présidente : Deuxième
complémentaire. Et, pour ce faire, je reconnais le député de Laurier-Dorion. On
l'écoute.
M. Andrés Fontecilla
M.
Fontecilla : Merci, Mme la Présidente. Hier, on a fait un point de
presse ici, à l'Assemblée nationale, avec plusieurs
organismes qui font front commun pour aider les aînés : la FADOQ, l'AQDR,
l'ACROQ. Des organismes nationaux qui
représentent des centaines de milliers d'aînés sont venus ici pour nous dire
que ça urge. C'est le temps d'empêcher les aînés de se retrouver à la rue. On vient d'entendre que peut-être il va
y avoir plus de compensations. Les aînés ne veulent pas plus de
compensations, ils veulent rester chez eux.
Est-ce que la
ministre va accepter d'apporter des améliorations?
La
Présidente : Réponse de la ministre.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme
Duranceau : Mme la Présidente, là, je suis un peu surprise des propos,
là, du député de Laurier-Dorion. Sérieusement,
les compensations, c'était au projet de loi au mois de juin, là. Alors,
peut-être qu'au lieu de compter le nombre d'articles puis s'il y a des modifications ou pas, il pourrait
s'attarder au contenu du projet de loi, là. Ça, c'est la première des
choses.
Deuxième
des choses, j'espère qu'on va entamer ces conversations-là, là, de manière
pertinente demain puis qu'on va avancer rapidement. Il y a des gens qui vivent
des situations difficiles, qui sont vulnérables, puis il faut que, rapidement,
les mesures qui visent à les protéger soient adoptées.
• (10 h 50) •
La
Présidente : En question principale, je reconnais la députée de Mont-Royal—Outremont. On vous écoute.
Budgets dédiés au réseau des Espaces bleus
Mme Michelle
Setlakwe
Mme
Setlakwe : Merci, Mme la
Présidente. Le gouvernement a annoncé, en 2021, un nouveau réseau de
18 musées partout au Québec, les
Espaces bleus. Depuis, les retards et les dépassements de coûts s'accumulent
dans ce dossier. Le ministre a déjà admis que le budget initial de
259 millions ne couvrirait pas 18 Espaces bleus, mais ce serait
suffisant pour les quatre projets déjà lancés.
Hier, Radio-Canada
révélait que les aménagements nécessaires au maintien des conditions muséales
ont été sous-évalués au démarrage du projet
ici, à Québec. Contrôler en continu la température, le taux d'humidité et la
lumière au fil des saisons, dans un
musée, pour protéger les objets dans les salles d'exposition, c'est quand même
de base. Cet oubli a entraîné des
délais et n'augure rien de bon, déjà que le budget de ce premier Espace bleu
était passé de 47 à 60 millions en un an. Encore un projet mal
ficelé, mal planifié et sous-estimé.
Le ministre peut-il
encore prétendre que c'est sous contrôle?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Culture et des
Communications.
M.
Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci, Mme la Présidente. Bien, ce que je peux
vous affirmer, c'est qu'on travaille à créer, à Québec, un espace dont on sera tous très, très fiers. Oui,
ça demande beaucoup de travail. Évidemment, on travaille dans un bâtiment
qui est patrimonial. Mais, je peux vous
rassurer, l'aspect muséal, les conditions muséales ont été pris en compte dès
le départ. Dès le départ des travaux, dès le départ de la conception du projet,
ça a été pris en compte. Bien sûr qu'en cours de route on a eu des surprises,
parce que c'est un bâtiment patrimonial, mais je pense que tout le monde peut
comprendre ça.
Maintenant que j'ai
dit ça, Mme la Présidente, on va continuer le travail. Je sais que ce n'est pas
un projet qu'apprécie le Parti libéral du Québec, mais, Mme la Présidente, je
peux vous dire que, de ce côté-ci, on est en mode construction, on est en mode fierté. Et, plutôt que de fermer des musées
comme pendant l'austérité libérale... On se rappelle que le Parti
libéral a fermé un musée au Québec.
Le Musée de l'Amérique francophone a mis la clé sous la porte sous le Parti libéral, le Parti libéral qui nous critique maintenant parce que, de notre
côté, on souhaite ouvrir une institution à Québec dont non seulement les
gens de la région seront fiers, mais les gens de tout le Québec.
Donc, oui, Mme la
Présidente, il y a des défis, mais j'aurai l'occasion, j'aurai l'occasion, dans
les prochaines semaines, de faire une mise à
jour sur ce dossier-là. Et j'espère que la collègue sera intéressée puis
qu'elle sera d'accord avec moi que c'est un beau projet pour le Québec.
La
Présidente : Alors, cela met fin à la période de questions et de
réponses orales.
Motions
sans préavis
Comme il n'y a pas de
votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans préavis, et, pour
ce faire, je cède la place au deuxième vice-président de l'Assemblée nationale.
Merci pour votre attention. Bonne fin de journée.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, bon mercredi à tous. En fonction de nos
règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis, je
reconnais maintenant un membre formant le gouvernement et je reconnais
maintenant Mme la députée de Laval-des-Rapides.
Condamner
l'offensive militaire de l'Azerbaïdjan
contre le Haut-Karabakh
Mme Haytayan : M. le Président, je
sollicite le consentement de cette Assemblée afin de débattre de la motion suivante conjointement avec la députée de
Robert-Baldwin, le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, le député de Jean-Talon, la députée de Vaudreuil et le député
de Marguerite-Bourgeoys :
«Que
l'Assemblée nationale condamne l'offensive militaire que l'Azerbaïdjan a
déclenchée le 19 septembre 2023 contre le Haut-Karabakh, avec des
conséquences désastreuses pour les populations civiles arméniennes;
«Qu'elle
appelle à un cessez-le-feu durable, à l'acheminement de l'aide humanitaire et à
la protection effective des civils arméniens encore présents au
Haut-Karabakh;
«Qu'elle
encourage une résolution pacifique et durable du conflit, afin d'en éviter
toute extension, de donner la priorité
au bien-être des communautés affectées et de jeter les bases pour un retour
sécuritaire des quelque 100 000 Arméniens ayant fui le
Haut-Karabakh;
«Enfin, que l'Assemblée nationale exprime sa
solidarité avec la communauté arménienne du Québec.»
(Applaudissements)
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, M. le Président, vous aurez compris par ces
applaudissements qu'il y a consentement, et ce, pour un débat de deux minutes
par intervenant dans l'ordre suivant : la députée de Laval-des-Rapides, la
députée de Chomedey, le député de Saint-Henri—Sainte-Anne et le député de
Jean-Talon.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, je comprends qu'il y a consentement pour un
débat avec quatre intervenants et que la durée des interventions soit
limitée à deux minutes. Alors, je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Laval-des-Rapides.
Mme Céline Haytayan
Mme Haytayan : M.
le Président, alors même que les négociations sont en cours pour tenter de
dénouer l'impasse sur l'intégrité territoriale de l'Arménie et de
l'Azerbaïdjan, le conflit qui y sévit demeure extrêmement préoccupant. Au-delà de ses profondes racines historiques, il
est vital de rappeler qu'il a déjà entraîné d'inexorables conséquences pour les
populations civiles arméniennes ainsi qu'une crise humanitaire d'ampleur.
Les Arméniens
du Haut-Karabakh ont traversé d'incommensurables épreuves et ont payé un lourd
tribut, encore plus ce dernier mois.
Suite aux récentes offensives militaires menées
par l'Azerbaïdjan dans la région du Haut-Karabakh, le territoire est désormais vidé de sa population avec l'exode
forcé de près de 120 000 Arméniens civils, soit la quasi-totalité de
sa population. En quelques heures, en
quelques jours, les Arméniens du Haut-Karabakh ont dû abandonner toute une vie
derrière eux et une histoire millénaire.
Il est crucial de condamner toute attaque ainsi
que toutes représailles de l'Azerbaïdjan contre les populations civiles arméniennes. Par humanité, nous ne pouvons
passer sous silence ce qui se passe dans le Haut-Karabakh et en Arménie.
Par solidarité, nous devons rappeler les valeurs communes qui unissent le
Québec et l'Arménie : la démocratie et le respect des droits de la
personne.
M. le
Président, pour le bien et la protection des populations civiles, je souhaite
un accès humanitaire sans entrave ainsi
qu'une résolution juste, pacifique et durable du conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan
afin d'éviter toute extension du conflit.
Je réitère ma
profonde reconnaissance à la communauté arménienne du Québec, pour le rôle
majeur qu'elle a joué et qu'elle continue à jouer dans le façonnement de
la société québécoise. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Laval-des-Rapides. Et la prochaine intervenante
sera Mme la députée de Chomedey.
Mme Sona Lakhoyan Olivier
Mme Lakhoyan Olivier : M. le
Président, le 19 septembre dernier, les troupes de l'Azerbaïdjan ont lancé
une invasion éclair du Haut-Karabakh,
s'emparant de l'enclave arménienne et poussant à la fuite plus de
100 000 Arméniens qui y vivaient, sur une population estimée
de plus de 120 000 personnes.
Il s'agissait
d'une offensive qui se préparait depuis longtemps. En février dernier, nous
avons tous, ici, dénoncé en cette
Chambre la fermeture du seul lien reliant le Haut-Karabakh à l'Arménie, soit le
couloir de Latchine. L'approvisionnement en gaz avait été interrompu. Une crise
humanitaire se profilait alors que les ressources à la disposition des civils
s'amenuisaient. On
a été bouleversés par les images provenant du Haut-Karabakh, où des familles
entières ont fui devant l'arrivée imminente des soldats et la destruction entière de leurs résidences et monuments,
sans aucun signe précurseur de ces attaques, sans égard à ces vies
humaines et au patrimoine décerné.
Encore une
fois, un siècle plus tard, les Arméniens, qui n'ont comme faute que le fait
d'exister et de vouloir vivre en
toute indépendance sur le territoire qui les a vus naître, se retrouvent sur
les routes de l'exil, laissant derrière eux leur histoire et leur vie
entière.
Il est
impératif que l'Azerbaïdjan garantisse les droits des Arméniens et que le
respect de ces droits fasse l'objet d'une surveillance internationale
accrue. De même, l'aide humanitaire doit pouvoir être acheminée rapidement et
en quantité suffisante. Plus encore, tous
les efforts diplomatiques doivent être déployés pour éviter un élargissement du
conflit, notamment dans le sud de
l'Arménie. Les exercices militaires de la Turquie et de l'Azerbaïdjan qui se
déroulent présentement à la frontière arménienne ne doivent pas être le
prélude d'une autre tragédie.
Je termine
avec les paroles de la chanson du grand ambassadeur des Arméniens, Charles
Aznavour, Ils sont tombés :
«Ils sont tombés sans trop savoir pourquoi
«Puisqu'ils étaient fautifs d'être enfants
d'Arménie.»
Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Chomedey. Je reconnais maintenant M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M.
Cliche-Rivard : Merci, M. le Président. Le drame qui se déroule
présentement au Haut-Karabakh n'entraîne rien de moins qu'une crise humanitaire, qui provoque des déplacements de
population. La nouvelle offensive militaire de l'Azerbaïdjan, déclenchée en septembre, est inacceptable. Ce qui vient à
nos oreilles ici est effroyable. Nous apprenions cette semaine que le ministère azerbaïdjanais de la Défense a procédé à
des exercices militaires avec la Turquie près de l'Arménie. C'est inquiétant.
Nous devrons aussi nous assurer d'un droit de retour des populations déplacées,
évidemment.
• (11 heures) •
Les citoyens et citoyennes du Haut-Karabakh
craignent un génocide. Il faut les écouter. Il faut tout faire en notre possible pour les appuyer et les aider. Si
ça doit passer par une aide financière d'urgence octroyée à travers le
Programme québécois de développement international, sachez que Québec
solidaire y sera favorable.
Je salue la
CAQ pour sa motion. Cette motion appelle à un cessez-le-feu. Voilà la chose à
faire. Et je suis certain que
l'ensemble des députés présents aujourd'hui au salon bleu demandent un
cessez-le-feu de tout coeur pour arrêter la folie meurtrière dans cette
région.
Dans tout
conflit, nous nous rangeons du côté de la paix et de la vie humaine. J'ai
évidemment en tête l'ensemble des conflits qui touchent le monde actuellement.
Je salue la députée de Laval-des-Rapides pour cette demande de
cessez-le-feu. J'ai aussi une pensée pour la
députée de Chomedey. Je tiens donc à exprimer, au nom de ma formation
politique, toute ma solidarité envers la communauté arménienne du
Québec.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne. Et je reconnais maintenant M. le député de Jean-Talon.
M. Pascal
Paradis
M.
Paradis : M. le Président, le Haut-Karabakh est
historiquement habité presque exclusivement par des Arméniens. Il a proclamé en septembre 1991 son indépendance
de l'Azerbaïdjan. En 2020, l'Azerbaïdjan a lancé une offensive militaire,
avec le soutien de la Turquie, pour
reprendre la région. Au terme d'une guerre de 44 jours, une trêve a été
conclue, mais, dès la fin de 2022, la
population du Haut-Karabakh a subi un blocus azéri, avec la complicité des
troupes russes, qui a causé de graves
pénuries de nourriture, de médicaments et d'autres fournitures essentielles. Le
blocus imposé par Bakou a même empêché la Croix-Rouge de transporter des
patients hors de l'enclave.
À la suite d'une offensive militaire éclair
menée par l'Azerbaïdjan, le 19 septembre 2023, le Haut-Karabakh a été forcé de décréter la dissolution de toutes ses
institutions gouvernementales au 1er janvier 2024. S'en est suivi l'exode
de la presque totalité des
120 000 Arméniens du Haut-Karabakh, exode qui rappelle
malheureusement à notre mémoire les atrocités dont ont été victimes les
Arméniens au début du XXe siècle.
La communauté internationale s'inquiète que
Bakou pourrait être en train d'effacer les traces de la présence arménienne au Haut-Karabakh. Encore une fois,
impossible de ne pas penser au génocide arménien de 1915. Ce lundi encore,
l'Azerbaïdjan a annoncé des exercices militaires avec la Turquie à la frontière
arménienne. Il faut souhaiter la réduction de
ces tensions pour éviter un nouvel embrasement de la région. Il faut aussi
demander le respect du droit international, dont le droit de retour et le droit à la sécurité et à la dignité des
populations civiles arméniennes forcées à l'exil. Nous appelons à la paix dans les monts du Caucase comme nous
appelons à la paix sur la côte levantine. Partout au Haut-Karabakh comme
au Moyen-Orient, le droit international doit prévaloir. Merci, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Jean-Talon. Est-ce
que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Adopté.
Alors, je suis maintenant prêt à reconnaître un
membre formant l'opposition officielle. Et je cède la parole à Mme la députée
de Bourassa-Sauvé.
Demander au gouvernement de
mettre en place la
rémunération des stages dans le secteur public
Mme
Cadet : M. le Président, je sollicite le consentement de
cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le leader du deuxième groupe
d'opposition, le député de Matane-Matapédia, la députée de Vaudreuil et
le député de Marguerite-Bourgeoys :
«Que l'Assemblée nationale demande au
gouvernement caquiste de mettre en place la rémunération des stages dans le
secteur public, dans les délais les plus favorables.»
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Il y a consentement, sans débat.
Oui, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : ...électronique, s'il
vous plaît.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, le vote électronique est demandé. Mmes et
MM. les députés, je vous invite à exercer votre vote à l'aide du
boîtier.
Alors, le vote est maintenant terminé. Mme la
secrétaire générale.
La Secrétaire : Pour : 103
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
la motion est adoptée. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Si vous permettez, M.
le Président, j'aimerais bien qu'une copie de cette motion soit envoyée à Force Jeunesse, l'Union étudiante du Québec, la
Confédération des associations d'étudiants et étudiantes de l'Université Laval
et la Fédération étudiante collégiale du Québec. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, ce sera fait tel votre demande, M. le
leader de l'opposition officielle. Je
suis maintenant prêt à reconnaître un membre formant le deuxième groupe
d'opposition et je reconnais M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, M. le
Président. Je demande le consentement de cette Assemblée pour présenter la motion suivante conjointement avec le député de
Pontiac, le député des Îles-de-la-Madeleine et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale constate une augmentation du recours aux services de
santé payants, et ce, en pleine crise du coût de la vie;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de proscrire le référencement aux
soins de santé payants par les plateformes de prise de rendez-vous
recommandées par l'État.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Il
n'y a pas de consentement. Alors, je suis maintenant prêt à reconnaître un
membre du troisième groupe d'opposition et je cède la parole à M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
Souligner
la Semaine québécoise de réduction des déchets
M.
Arseneau : Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec la députée de Verdun, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale souligne la Semaine québécoise de réduction des déchets,
du 20 au 29 octobre 2023;
«Qu'elle
reconnaisse que la production de déchets au Québec ne cesse d'augmenter,
passant de 5,36 millions de tonnes en 2018 à 5,76 millions de
tonnes en 2021;
«Qu'elle
réitère l'importance de lutter contre le gaspillage alimentaire et la
surconsommation pour réduire l'enfouissement et protéger
l'environnement;
«Finalement, qu'elle demande au
gouvernement d'analyser la possibilité d'appeler l'étude du projet de loi n° 492,
Loi visant à lutter contre le gaspillage,
dans les plus brefs délais afin de réduire la quantité de déchets produits au
Québec.»
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : ...sans débat.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Il
y a consentement, sans débat. Alors, est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Adopté.
Avis touchant les travaux des commissions
Alors,
à cette étape-ci, nous en sommes maintenant à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions. Et, pour
les collègues qui doivent quitter, je vous demande, s'il vous plaît, de bien
vouloir le faire en silence. Merci beaucoup de votre collaboration. Et
je cède la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci beaucoup, M. le
Président. Et donc j'avise cette Assemblée que la Commission de la culture et de l'éducation
va poursuivre l'étude détaillée du projet
de loi n° 23, la Loi modifiant principalement la Loi sur
l'instruction publique et édictant la Loi sur l'Institut national
d'excellence en éducation, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Pauline-Marois;
La
Commission de la santé et des
services sociaux poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi n° 15, la Loi
visant à rendre le système de santé
et de services sociaux plus efficace,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de
15 heures à 18 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des
transports et de l'environnement poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 22, la loi sur l'expropriation, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la
salle Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission des relations avec les
citoyens entreprendra l'étude
détaillée du projet de loi n° 36, la Loi
sur le recouvrement du coût des soins
de santé et des dommages-intérêts liés aux opioïdes, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le leader adjoint du gouvernement.
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement, je vous cède
la parole pour la suite de nos travaux.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M.
le Président. Ça va rondement, aujourd'hui. Donc, je vous demanderais de
bien vouloir appeler l'article 1 du feuilleton, s'il vous plaît. Merci
beaucoup.
Projet de loi n° 28
Adoption du principe
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Avec plaisir.
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
S'il vous plaît! Il y a un peu de bruit dans ce beau salon bleu. J'aimerais
qu'on puisse entamer les affaires du jour, alors merci de votre
collaboration.
Alors,
nous en sommes à la demande de l'article 1 du feuilleton. M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation propose l'adoption du
principe du projet de loi n° 28, Loi
modifiant la Loi sur la mise en marché des produits agricoles,
alimentaires et de la pêche et la Loi sur les producteurs agricoles.
Alors, je reconnais
maintenant le premier intervenant, et ce sera M. le député de Jonquière.
M. Yannick Gagnon
M. Gagnon : Merci, M. le Président. C'est un plaisir d'être
avec vous ici ce matin. On vient de terminer les consultations
publiques, effectivement, du projet de loi n° 28. Pour moi, qui souffle,
là, récemment... comme bien des collègues,
c'est une première bougie, avec un an dans cette merveilleuse fonction. C'est
un privilège de voir la belle expertise, quand on est en consultations
publiques.
• (11 h 10) •
Je me permets quand même une petite
parenthèse, M. le Président. C'était intéressant, en début de consultations
publiques, le ministre a dit quelque chose qui m'a marqué. Le ministre a
dit : On avance dans le projet de loi n° 28. Puis le ministre veut
s'assurer quand même d'une concertation du milieu. Et ça, il l'a mentionné, là,
dès l'entrée de jeu, et puis c'est ce
qu'on a senti pendant les consultations publiques. On a senti une consultation
des acteurs qui sont venus nous parler en
lien avec le projet de loi n° 28, et ça, ça a été quelque chose qui a
amené un climat favorable, un climat constructif, et ça a été vraiment
une belle consultation publique.
Bon,
revenons maintenant à la chronologie des événements de pourquoi, aujourd'hui,
nous sommes ici à l'adoption du principe de la loi n° 28. Bien,
M. le Président, c'était en juin dernier que le ministre de l'Agriculture,
des Pêches... des Pêcheries, pardon, et de
l'Alimentation a déposé le projet de loi n° 28, une loi modifiant la Loi
sur la mise en marché des produits
agricoles, alimentaires et de la pêche et la Loi sur les producteurs agricoles.
La Loi sur la mise en marché des produits
agricoles, M. le Président, alimentaires et des pêches et la Loi sur les
producteurs agricoles sont deux lois, sont deux lois, mais deux lois
d'une grande importance pour le secteur bioalimentaire du Québec.
La
loi que nous parlons devant vous aujourd'hui, M. le Président, c'est une loi...
si on revient un petit peu à une chronologie, c'est une loi qui a été
adoptée en 1972, intitulée avec l'accréditation d'une seule association, qu'une
seule association est responsable de
promouvoir, de défendre et de développer des intérêts, et pas n'importe quels
intérêts, des intérêts, c'est
important de le rappeler... des intérêts économiques, des intérêts sociaux et,
bien entendu, les intérêts moraux, et ceci de l'ensemble des producteurs
agricoles. L'accréditation est accordée par la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec à la suite... au niveau de
la technique, à la suite de l'analyse concluante de la représentativité de
l'association.
Depuis le début de
l'application de cette loi, depuis 1972, bien, c'est l'UPA, l'UPA qu'on connaît
bien, qui est l'association accréditée.
L'UPA, c'est une confédération, une confédération qui est constituée en vertu
de la Loi sur les syndicats professionnels. L'UPA, comme je le
mentionne, c'est la seule association de producteurs à pouvoir imposer, par règlement, des cotisations obligatoires,
payables par les producteurs, qu'ils soient membres ou non, c'est important de
le mentionner, et des contributions
aussi obligatoires payables par les fédérations et les syndicats spécialisés,
qui gèrent un plan conjoint en vertu de la Loi sur la mise en marché des
produits agricoles, alimentaires et des pêches. Comment ça fonctionne? Les
montants des cotisations, des contributions applicables, ainsi que les
modalités de paiement, eux, sont déterminés
par un règlement adopté par l'association accréditée. Cette réglementation, par la suite, doit être approuvée par la RMAAQ et publiée à la Gazette
officielle du Québec avant
d'entrer en vigueur. C'est un peu la chronologie de pourquoi on a avancé
dans le projet de loi.
Bon,
pourquoi on va de l'avant maintenant avec le projet de loi n° 28? Bien, il
y a un objectif, le projet de loi n° 28, c'est de permettre
aux associations accréditées, en vertu de ces deux lois qu'on vient de
mentionner, d'avoir une plus grande
flexibilité, M. le Président. Pourquoi une flexibilité? Pour établir les
montants des cotisations ou des contributions exigibles par les
personnes qu'elles représentent. Depuis quelques années, on le voit, selon la
Loi sur les producteurs agricoles, l'UPA constate certains paramètres. On
pourrait même dire que les paramètres qui permettent à l'association accréditée de fixer le montant de la cotisation,
il faut le dire, n'est plus adéquat pour tenir compte de la réalité, et c'est
important, de la réalité agricole aujourd'hui, et c'est ce qu'on a entendu.
Au
moment qu'on se parle, M. le Président, cette cotisation-là est actuellement un
montant fixe, déterminé selon un régime juridique auquel est assujettie
l'exploitation agricole. Peu importe sa taille... constate que les modèles
d'affaires en agriculture sont de
plus en plus diversifiés. Et ça, c'est important de le dire, peu importe sa
taille, c'est de plus en plus diversifié.
Alors, pourquoi le
projet de loi n° 28? Le projet de loi va permettre à l'association
accréditée d'actualiser les modalités de fixation et la cotisation afin
d'assurer plus d'équité, bien entendu, à l'ensemble des producteurs agricoles. C'est un projet de loi qui est issu d'une réalité
sur le terrain. Pourquoi? Bien, tout simplement qu'en favorisant une prise en
compte plus équitable de la diversité des entreprises agricoles par le
financement de l'UPA, le projet de loi pourrait avoir notamment un impact positif sur les agriculteurs
oeuvrant sur des exploitations de petite taille, et également, et on les a
entendus en commission, ou encore pour les jeunes agriculteurs qui démarrent
une entreprise.
Nous proposons
également d'apporter des changements à la Loi sur la mise en marché des
produits agricoles, alimentaires et de la pêche. Une association peut aussi
être accréditée pour former, accompagner... d'au moins un autre maillon de son
secteur d'activité, une chambre de coordination et de développement.
Ce qui est important
aussi de mentionner ici, en Chambre, c'est qu'également on veut revoir les
critères, M. le Président, et comment on
veut revoir les critères, et pourquoi on veut permettre aux associations
accréditées en vertu de cette loi de
préserver, auprès des personnes qu'elles représentent, des contributions dont
les montants pourraient être déterminés en fonction des critères variables et mieux adaptés, et c'est important de
le répéter, mieux adaptés à leur réalité, à leurs activités, comme le produit
mis en marché ou la superficie culture... la superficie, pardon, cultivée ou
exploitée. Ça pourrait être les paramètres.
Par
ce projet de loi, notre gouvernement reconnaît l'importance de faire évoluer
les outils législatifs en fonction de la réalité actuelle des entreprises agricoles. L'Association des
producteurs maraîchers nous l'a dit, c'est une situation... Les associations accréditées doivent représenter
adéquatement, de manière réaliste, les producteurs et les productrices.
Actuellement, ils nous l'ont mentionné, il y a un déséquilibre. Les paramètres
doivent respecter la capacité de payer, et dont la taille des entreprises
agricoles... La taille des entreprises agricoles fait partie d'un des leviers.
C'est
essentiel, le projet de loi n° 28, M. le Président, et pourquoi? Bien, je veux
rappeler que, le projet de loi n° 28, il est essentiel pour la bonne poursuite du
fonctionnement, nul autre, du secteur agroalimentaire. On veut donner plus de
flexibilité à l'association accréditée. On
veut reconnaître la diversité des modèles agricoles partout sur le territoire
et on veut aussi ramener une équité pour les entreprises de plus petite
taille.
La semaine
dernière, nous avons commencé, comme je le mentionnais, M. le Président, les
travaux entourant le projet de loi n° 28. La Commission de
l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles a donc entendu cinq organisations. Lors des étapes de
consultations particulières, on a entendu, bien entendu, soit l'Union des producteurs agricoles du Québec, la Fédération de la relève agricole du Québec, la Coopérative pour
l'agriculture de proximité écologique, l'Association des producteurs
maraîchers du Québec et, bien entendu, l'Association des producteurs de fraises
et de framboises du Québec.
Nous tenons à remercier les représentants. Ils
étaient préparés. C'était constructif, des beaux échanges. Ces organisations-là, il faut les remercier d'avoir
participé à l'exercice, parce que c'est des gens issus du terrain, qui
travaillent fort. On a même vu le
président de l'UPA qui a passé l'ensemble de la journée avec nous pour entendre
les autres groupes qui venaient
parler. M. le Président, la concertation, elle est là. J'ai été à même de
constater l'accueil très favorable du projet de loi auprès des
organisations qui ont pris part à l'exercice.
Comme l'UPA l'a mentionné, les objectifs du
projet de loi n° 28 font consensus auprès des
agriculteurs, et ça, c'était important pour le ministre. C'est une bonne
nouvelle, selon eux. Tout le monde le reconnaît, tout le monde le reconnaît dans le milieu, les paramètres actuels
qui fixent le montant de la cotisation syndicale ne sont plus adéquats pour
tenir compte de la réalité agricole
d'aujourd'hui. On doit s'adapter. Les groupes que nous avons accueillis ainsi
que leurs mémoires ont souligné
l'importance de l'équité et de la flexibilité que ce projet de loi apportera
pour nos entreprises, et la pérennité...
la flexibilité, l'équité et la pérennité du secteur agricole. Par ce projet de
loi, M. le Président, notre gouvernement reconnaît l'importance du secteur bioalimentaire, qui constitue
significativement au dynamisme de la vitalité des régions et également à
l'économie du Québec.
En terminant,
et je veux faire ça rapidement, M. le Président, je remercie M. le
ministre, je remercie M. le ministre pour ce projet de loi qui était très
attendu, et on l'a entendue, et également, plus personnellement, M. le ministre,
qui d'entrée de jeu voulait une concertation
du milieu. Je remercie mes collègues, qui y ont participé également avec une
grande ouverture. Je termine, M. le Président. Il y a une concertation
sur le projet n° 28. La concertation porte un nom,
l'équité, l'équité pour l'ensemble des producteurs agricoles du Québec.
• (11 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Jonquière. Et je
cède maintenant la parole à M. le député de Pontiac.
M.
André Fortin
M. Fortin : Merci, M. le Président. Je vais faire quelque chose de
différent, je ne vais pas déchirer ma chemise aujourd'hui.
Les collègues d'en face vont peut-être être heureux de la chose. Mais c'est un
projet de loi qui est, somme toute, positif.
J'ai déjà eu la chance de le dire, M. le Président, ce n'est pas un projet de
loi qui suscite une grande opposition parce que ce n'est pas un projet de loi qui est, de un, particulièrement
complexe, c'est un projet de loi relativement court, et parce que la situation actuelle de ce qui est chargé par
les différentes accréditations syndicales, bien, ça ne tient simplement pas
la route.
On fonctionne
dans un régime qui est vieux, je remercie le collègue de Lac-Saint-Jean de nous
le dire, de 1972... Jonquière,
pardon, Jonquière, de nous le dire, c'est un régime qui date de 1972. Alors, de
le mettre à jour en lien avec les demandes
de L'Union des producteurs agricoles, des producteurs maraîchers, de l'ensemble de la
relève agricole, mais de l'ensemble des producteurs, qui se sont
exprimés sur la question, ça nous apparaît un changement législatif nécessaire,
incontournable, et qui ne suscitera pas, comme
vous le voyez aujourd'hui, de très, très longs débats dans notre Assemblée.
C'est vrai
qu'aujourd'hui il n'y a pas beaucoup d'options. Tout le monde paie à peu près
la même chose, qu'on soit un très, très grand producteur agricole ou qu'on soit
un très, très petit producteur agricole. Puis, vous le savez, M. le Président, notre monde agricole, il change, il
fait les choses de façon complètement différente qu'il ne l'a fait par le passé.
Alors, d'avoir un modèle qui permet à l'UPA
et aux autres également de mieux refléter cette réalité agricole là, ce n'est
certainement pas quelque chose pour laquelle on va s'opposer.
Maintenant,
ce qui est intéressant dans ce qu'on a entendu en commission parlementaire,
c'est qu'est-ce qui manque au projet
de loi. Il y a l'ensemble des groupes que le député de Jonquière a nommés tout
à l'heure, mais l'ensemble des groupes qui sont venus en commission
parlementaire, c'est-à-dire L'Union des producteurs agricoles, des producteurs maraîchers, l'Association des producteurs de
fraises et framboises du Québec et d'autres, nous ont dit que, lorsque vient le
temps d'ouvrir la... de faire des modifications à la loi sur la mise en marché,
bien, il y en a une qui est incontournable.
Ils nous disent, et je les cite, ça, c'est du
mémoire de l'Association des producteurs de fraises et framboises, ils nous disent : «...il serait judicieux que
le projet de loi n° 28 introduise une modification à la loi sur la mise en
marché afin de préciser explicitement
qu'une association accréditée peut obtenir, auprès des producteurs visés ou à
la suite d'une entente avec une organisation détenant cette information,
les données qui permettent de déterminer le montant de la contribution prévue en fonction du produit mis en
marché et de la superficie cultivée ou exploitée ou de tout autre paramètre
équivalent.»
Essentiellement,
ils ont utilisé leur propre exemple, là, pour nous dire... parce qu'ils sont
déjà dans un modèle qui leur permet
de faire quelque chose un peu différent, mais ils sont venus nous dire :
Ça nous prend de l'information beaucoup plus facilement qu'on l'a en ce moment. Et on ne peut pas mettre de côté
leur recommandation. Ce sera une des avenues d'amélioration du projet de loi qu'on va explorer en commission
parlementaire, pas parce qu'on a pensé à ça nous-mêmes, mais parce que c'est une demande qui vient du
milieu. Comme celle d'avoir le projet de loi, celle-là aussi vient du milieu
agricole, et, pour nous, ça nous apparaît particulièrement important d'y
accorder l'importance nécessaire.
Ce qui est
aussi intéressant, par contre, c'est le choix de priorités qu'on fait. Et c'est
important de regarder l'ensemble des
demandes qui nous viennent de groupes comme l'Union des producteurs ou les
autres parce qu'eux-mêmes ont fait l'exercice.
Quand ils sont venus en commission la semaine dernière, oui, ils nous ont parlé
du projet de loi n° 28, oui, ils nous ont dit :
O.K., c'est important, ça fait partie de nos demandes, ça fait partie de la
longue liste de demandes qu'on a pour
le ministre de l'Agriculture, mais c'est loin d'être la seule. Il y en a
beaucoup d'autres. Ils nous ont parlé de ce dont on a parlé ce matin, c'est-à-dire de la réforme des
programmes offerts par La Financière
agricole. Ils nous ont parlé d'appuis
supplémentaires aux agriculteurs, puis il y
a des appuis à court terme, comme le mentionnait le ministre, mais des appuis
à plus long terme, plus structurants, des programmes plus structurants. C'est
ça qu'on entend de la part des producteurs ces jours-ci. Oui, bien évidemment,
là, des questions d'accréditation syndicale et de frais chargés, c'est au coeur
des préoccupations des accréditations
syndicales et des producteurs qui paient ces charges, ces contributions à
chaque année, mais il y a beaucoup d'autres choses qu'ils nous disent de
ne pas oublier, de ne pas mettre de côté. Alors, de savoir que c'est le premier projet de loi qui est présenté par le ministre de l'Agriculture depuis un certain
temps... D'accord. Est-ce que c'est un projet de loi positif? D'accord,
bien sûr, oui, mais ça fait cinq ans que vous êtes en poste, quand même.
Une voix : ...
M.
Fortin : Bien, c'est ça. Ah! bien, c'est vrai, sixième
année, en plus, oui, M. le ministre. Oui, oui, c'est ça, mais ça fait
quand même un temps, et, je veux dire, bien, il y en a qui ont été présentés
puis qui n'ont jamais été débattus aussi,
hein? Il y a des projets de loi qu'on a présentés puis qu'on a mis de côté,
peut-être avec raison, peut-être à tort, mais... Oui, je vous regarde, M. le
Président, mais, quand même, le ministre de l'Agriculture, c'est un
incontournable ici.
Alors, on ne peut pas simplement l'ignorer dans
le cadre de nos débats, surtout quand on parle de son sujet, mais disons qu'il choisit de ramener aujourd'hui
un projet de loi, et le député de Jonquière y a fait référence en termes
gentils. Le ministre de l'Agriculture
l'a dit lui-même, lors des consultations, qu'il lui permet de ne pas prendre de
la chaleur, hein? Il ne voulait pas
prendre de la chaleur dans ce dossier-là, à savoir comment on structure la
contribution qui est chargée. Alors, il
voulait s'assurer d'avoir un appui, disons, de l'ensemble des producteurs pour
que l'UPA et les autres puissent prendre de la chaleur au moment où ils décideront de ce projet de loi.
Candidement, j'aimerais ça voir un ministre de l'Agriculture qui une fois de temps en temps est ouvert à
prendre de la chaleur, quitte à susciter des débats dans le milieu agricole,
parce qu'on a besoin de réformes très, très, très importantes.
Alors, ce que
je veux vous dire à travers ce propos-là, et ce qui nous a été soulevé en
commission parlementaire lors de la consultation, c'est qu'il y a
beaucoup de choses qui ne marchent pas dans le milieu agricole en ce moment,
que nos agriculteurs sont, comme beaucoup de
Québécois, mais c'est particulièrement important d'y porter une attention
différente, sont pris à la gorge ces jours-ci. Leur marge de manoeuvre, elle
est inexistante. La relève trouve ça très difficile. Et, quand on a des programmes qui ne sont pas
adaptés à leur réalité, comme certains programmes d'assurance, bien, ça
fait en sorte qu'il y a des producteurs qui ne s'y retrouvent pas. Il y a des
producteurs qui devraient voir en nos programmes gouvernementaux un appui évident à une protection long terme pour leurs
entreprises et ils ne voient pas ça. Ils voient que le monde autour
d'eux change, les conditions autour d'eux changent, on a des événements météo
difficiles et récurrents, et que nos programmes de protection ne sont
simplement pas adaptés.
Alors, quand
ils viennent nous dire de se rappeler, pour tous ceux d'entre nous qui ne sont
pas producteurs, de se rappeler que, si on mange trois fois par jour,
c'est à cause d'eux, puis que, si on ne veut pas manger trois fois par jour la même affaire, c'est-à-dire des produits qu'on
peut protéger en serre ou ailleurs, bien, il faut regarder nos programmes de
protection agricole, alors, je pense qu'on
n'a pas le choix de les entendre. Ne rien faire serait inadmissible. Je vous le
dis, je vous le répète, le projet de
loi n° 28, c'est un bon projet de loi, mais on s'attend à
plus de la part du gouvernement sur le dossier de l'agriculture. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Pontiac.
Et, avant de
céder la parole au prochain intervenant, je vous informe qu'un débat de fin de
séance se tiendra demain, le jeudi 26 octobre 2023, à 13 heures,
sur une question adressée par Mme la députée de Mont-Royal—Outremont à M. le ministre de la Culture et des Communications
concernant la planification mal ficelée des Espaces bleus.
Alors, sur le présent débat, y a-t-il d'autres
interventions? Il n'y en a pas.
Mise
aux voix
Alors, le principe du projet de loi n° 28, Loi modifiant la Loi sur la mise en marché des
produits agricoles, alimentaires et de la pêche et la Loi sur les producteurs
agricoles, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Adopté. Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi
à la Commission de l'agriculture, des pêcheries,
de l'énergie et des ressources naturelles
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, M. le
Président. Conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais motion
afin que le projet de loi n° 28, la Loi modifiant la
Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la pêche
et la Loi sur les producteurs agricoles, soit déférée à la Commission de
l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles pour
son étude détaillée et que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Est-ce
que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement, pour la
suite de nos travaux.
• (11 h 30) •
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 10 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 17
Adoption
Le Vice-Président (M. Lévesque) : À
l'article 10 du feuilleton, M. le ministre délégué à l'Économie propose
l'adoption du projet de loi n° 17, Loi modifiant
diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du fardeau
réglementaire et administratif. Je reconnais maintenant M. le ministre délégué
à l'Économie.
M. Christopher
Skeete
M.
Skeete : Bonjour, M. le Président. C'est toujours un
plaisir d'échanger avec vous. Je me permets aussi de saluer la collègue de Bourassa-Sauvé, avec qui j'ai eu le
plaisir de passer quelques heures à jaser d'allègement réglementaire. Puis,
bien là, c'est rendu cliché, là, mais je vais le dire encore, parce que chaque
occasion est bonne pour le dire. Vous savez, M.
le Président, l'allègement réglementaire, ce n'est pas sexy, mais c'est
important. C'est important, parce que nos entreprises dépendent de nous pour alléger le fardeau
administratif. Vous savez, au fur et à mesure que notre État a pris de la
maturité, on a rajouté des couches,
des contrôles, puis ça, c'étaient tous des couches et des contrôles nécessaires
pour faire avancer l'État du Québec,
pour protéger les gens. Mais aussi il faut avoir le réflexe de regarder en
arrière puis de dire : Oui, mais il
y a peut-être quelque chose qui n'a plus raison d'être. Et le projet de loi n° 17 est un peu dans cette veine-là. On avait promis de faire
l'allègement réglementaire une priorité dans ce gouvernement. On s'est engagé à
écrire ou, du moins, à proposer un projet de
loi par année dans le but de réduire le fardeau administratif de nos
entreprises. On s'est donné comme objectif de réduire de
200 millions les coûts de la paperasse pour nos entreprises.
Et c'est un objectif qui est ambitieux, j'y
travaille fort, et la collègue, elle le sait que je travaille fort là-dessus. En plus, je dois vous dire, dans la dernière
mouture, j'ai eu la chance d'hériter d'un projet de loi qui était quasi
complet. Il faut se le rappeler, ma
collègue la députée des Plaines avait proposé le projet de loi n° 44 à l'époque. Et ce projet de loi là était, je dois le dire, très bien fait. Ça m'a permis,
moi, dans mon entrée au Conseil des ministres, d'avoir un travail qui était
bien fait et ça m'a permis
d'apprendre des bonnes pratiques de la collègue. Donc, je me permets, à ce
moment-ci, de lui dire merci pour le travail effectué dans ce projet-là.
C'est aussi
le fruit du travail du député de Saint-Jérôme. Lui, il avait travaillé le
dossier de l'allègement réglementaire bien avant ça. Il avait proposé justement
ce plan ambitieux de nous amener à 200 millions d'économies annuellement.
Petit rappel
M. le Président, le projet de loi n° 17 va nous amener
41 mesures dans différents ministères, que ce soit à l'Habitation, que ce
soit la construction, que ce soient les boissons alcooliques, que ce soit la
foresterie, on touche un peu de tout, un peu de tout dans chacun de...
presque... pas presque, là, mais dans beaucoup de ministères. Et ça nous
amène à des économies annuelles d'à peu près
7 millions de dollars, dans ce projet de loi là, qui vont nous aider
à, encore une fois, réduire cette paperasse pour nos entreprises.
Puis, quand
je dis que ce n'est pas sexy, mais c'est important, là, ce que je veux dire
concrètement, c'est... un exemple qu'on
avait, c'est que les propriétaires qui voulaient réserver un nom dans le
Registre des entreprises du Québec, bien, on réserve un nom, puis c'est correct, on l'a réservé. Là, quand on veut
transférer la colonne de «réservé» à : Aïe, je le prends, ce nom là
d'entreprise, savez-vous quoi, M. le Président? Il fallait refaire une demande.
Ça, c'est une perte de temps. Ça n'a pas
raison d'être. On a juste à changer le nom réservé de colonne, puis le mettre
dans la colonne «on le prend», puis on
peut réduire cette paperasse-là puis le temps, aussi, précieux de nos
entrepreneurs. C'est des petites mesures comme ça qu'on a réussi à faire
atterrir avec le projet de loi n° 17.
Une autre
grande fierté que j'ai dans le projet de loi n° 17,
c'est l'ajout de trois nouveaux produits pour nos agriculteurs
artisanaux qui vont pouvoir faire de l'alcool chez eux. Alors, imaginez, avant,
on ne pouvait pas faire de l'alcool, si on
était un artisan, avec la patate, avec le lactosérum et avec les céréales.
Avant, ce n'était pas permis. La peur, M. le Président, c'était que ces produits-là sont tellement faciles
à... c'est tellement facile de produire, de l'alcool avec ces produits-là, sauf
le lactosérum, que c'était difficile à
contrôler, et il y avait une peur, là. Puis, nous, ce qu'on a décidé de faire,
M. le Président, c'est qu'on a décidé de faire confiance à nos agriculteurs. On
a décidé de dire : Bien, on reconnaît votre apport important dans
l'économie, surtout régionale, surtout dans des régions lointaines du Québec.
Puis, en fait, ça a été confirmé par l'UMQ,
ça, hein, puis la FQM qui sont venues nous dire justement que ces
entreprises-là, d'alcool, ou de distillerie, ou de microbrasseries
régionales, sont des vecteurs incroyables de croissance économique régionale
puis aussi une source d'emplois régionale.
Et, quand on les écoute, on comprend rapidement que le risque qu'on voyait avec
cette grande production, il est
vraiment très minime, hein, M. le Président? On arrive, là, puis on dit à un
producteur qu'il peut produire de l'alcool et le vendre
sur place puis on vient contrôler les montants. Parce qu'il ne faut pas
l'oublier, hein, ces artisans-là sont exonérés de la majoration qu'on peut percevoir à la SAQ, hein? Ça fait qu'alors
il faut en même temps s'assurer d'être responsable. On ne veut pas non
plus créer un désavantage pour la société d'État, qui est la Société des
alcools du Québec, mais, en même temps, il
faut trouver une façon de donner des ailes à nos agriculteurs. Puis ça, je
trouve qu'on a trouvé un très beau
compromis dans ce projet de loi là, qui nous permet justement d'ouvrir cette
licence-là. Puis, quand je dis ouvrir, là, c'est important, là.
Avant, là, les artisans n'avaient pas le droit
de faire de la sous-traitance. On vient introduire des notions de sous-traitance. Savez-vous quoi, M. le Président,
il y avait des agriculteurs qui nous disaient : M. Skeete... Je n'ai pas
le droit de me nommer, là, mais je
vais dire : M. le député de Sainte-Rose. On va le dire comme ça, M. le
député de Sainte-Rose. On venait me
voir puis on me disait que ça n'a pas d'allure. Si je veux faire goûter mon
produit à l'épicerie, bien, il faut que ce soit moi qui sois là. Je suis
un agriculteur, M. le député, alors je ne peux pas être là puis être sur mon
terrain. Alors, on vient dire, croyez-le ou
pas, que, maintenant, l'épicier, il peut dire qu'il va faire la dégustation au
nom de l'artisan. Mais ce n'était pas
possible avant. Ça tombe dans le sens, là, mais ce n'était pas possible. Quand
on parle d'allègement réglementaire, c'est
vraiment de réduire ce genre d'inconvénient là qui nous permet d'aider nos
entreprises, surtout en région. Et ça, c'est une plus grande... une de
mes plus grandes fiertés dans ce projet de loi là.
Puis il y en
a d'autres, là. Il y a plus de 41 de mesures, comme je vous ai dit, qui
touchent plusieurs ministères et qui
réduisent, en tout, 7 millions de dollars pour nos entreprises. Je ne
lâcherai pas, M. le Président, parce qu'on est peut-être à l'adoption du
projet de loi n° 17, mais je travaille déjà la prochaine mouture. Puis, à
tous ceux qui nous écoutent, là, si vous
avez des propositions, je suis tout ouïe. Moi, je suis un passionné de
l'allègement réglementaire. Moi, je trouve ça sexy. Puis je ne vais pas lâcher.
On va continuer à aller dans cette direction-là, parce qu'en bout de ligne, M.
le Président, les entreprises du
Québec méritent qu'on s'y attarde, ils méritent cette réduction-là. Ils
travaillent fort, surtout dans des temps économiques incertains où
est-ce que les chaînes d'appro sont dérangées, où est-ce qu'il y a de
l'inflation. C'est le moment, surtout maintenant, de penser à nos entreprises et
comment on peut les aider davantage en réduisant ce fardeau-là administratif.
Donc, je me permets, avant de terminer, M. le
Président, de dire un gros merci... bien, des gros mercis, plutôt. Premièrement, merci à la collègue de
Bourassa-Sauvé, qui a contribué positivement à notre exercice, aussi le député
de Marguerite-Bourgeoys, qui a, lui
aussi, contribué de manière positive à notre travail. J'aimerais aussi
remercier les collègues de la partie
gouvernementale qui ont assisté à ces discussions-là. Puis un petit merci
particulier pour la présidente de la commission,
la députée de Mirabel, qui, à plusieurs reprises, m'a repris. Tu sais, des
fois, je m'égare, M. le Président, je ne sais pas si vous aviez... — voyons! — si
vous aviez remarqué, mais des fois je m'égare. Eh bien, la présidente, avec l'expérience qu'elle a de législateur, est venue
me ramener à l'ordre plusieurs fois. Il y avait des moments où est-ce que
je sautais les paragraphes, là, puis...
C'est beaucoup à apprendre, c'était ma première fois, puis la collègue a su me
reprendre pour qu'on arrive à bon train. Donc, merci beaucoup, chère
collègue de Mirabel, pour votre aide précieuse.
Je voudrais aussi remercier l'équipe de mon
cabinet, bien sûr, qui m'ont accompagné durant ces longues heures d'étude, mais aussi les gens du ministère de
l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie. Ça n'a pas été facile, il y a eu
des bouts très difficiles, M. le Président,
pour faire atterrir ça dans les différents ministères. Ils ont fait preuve
d'une patience que moi, je n'aurais
pas eue et d'un professionnalisme qui, vraiment, me rend fier par rapport à
notre fonction publique. Donc, merci à tous les gens qui ont contribué à
ce niveau-là. Puis, bien, bien sûr, merci au premier ministre, merci au premier
ministre pour sa vision par rapport à
l'allègement réglementaire. C'est tellement important. Puis le fait que moi,
j'aie un espace réservé à toutes les
années pour déposer un projet de loi comme ça, ça témoigne de sa passion,
partagée avec moi, de l'allègement réglementaire.
Donc, merci
beaucoup, M. le Président. J'ai très hâte de voir les fruits de l'économie que
ce projet de loi va tomber sur nos entreprises. Et on se voit l'année
prochaine.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député... le ministre délégué à l'Économie. Merci beaucoup. Et
je cède maintenant la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc, nous nous revoyons aujourd'hui pour parler à nouveau d'allègement réglementaire, donc, un sujet qui est
important, pas nécessairement tout à fait sexy, pour reprendre les propos
du ministre, mais certainement un élément,
donc, excessivement crucial pour bon nombre, donc, de nos petites entreprises,
nos petits producteurs partout, dans toutes les régions.
• (11 h 40) •
Vous le
savez, M. le Président, donc, j'ai également le plaisir d'être porte-parole de
l'opposition officielle, notamment, en
matière de développement économique régional, puis, à l'occasion de l'étude
détaillée de ce projet de loi, j'ai beaucoup appris. J'ai beaucoup appris sur, donc, la production artisanale, sur
des points tout à fait techniques de nos petits producteurs et à quel point ils ont une incidence, justement,
sur ce développement économique dans chacune de nos régions. J'ai eu l'occasion d'entendre, donc, différents groupes,
mais également les... donc, la Fédération québécoise des municipalités,
l'Union des municipalités du Québec, qui nous ont fait part de... donc, de non
seulement, donc, des éléments qui les concernaient
elles-mêmes, donc, dont ma collègue des Mille-Îles aura l'occasion de parler,
mais d'à quel point le travail, donc,
de ces producteurs, le labeur, le... je dirais même, donc, l'artisanat qui est
mis de l'avant par ces producteurs, donc, a une incidence sur l'économie de chacune de leurs régions, donc, permet,
donc, de faire de l'agrotourisme, de le développer.
Et c'est un secteur
qui est en pleine expansion. On a eu l'occasion, lors des consultations
particulières, M. le Président, d'entendre
certains groupes nous parler de la croissance justement de leur secteur
d'activité, donc de leurs vecteurs sur le plan de
l'économie. Puis j'ai été intriguée. J'ai été vraiment, donc, très, très
favorable, donc, à tout ce qu'on a pu entendre. Et c'est sans surprise, donc, que notre formation politique, donc,
votera pour l'adoption du projet de loi n° 17, Loi modifiant diverses dispositions
principalement aux fins d'allègement du fardeau réglementaire et administratif.
Donc, évidemment,
donc, le ministre a parlé de passion lorsqu'il traite d'allègement
réglementaire, une passion saugrenue, je
vous dirais, mais, tout de même, étant donné, donc, l'importance que ça a, une
passion qui est attendue. Le ministre a dit, donc, qu'il travaille déjà
sur les prochaines moutures. On vient de l'entendre vous dire que, s'il y a des
recommandations, je le cite, «je suis tout
ouïe». Donc, c'est ce qu'il vient de nous dire il y a quelques minutes. Donc,
ce n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde, M. le Président, parce
que, certainement, puisque nous nous retrouverons ici l'année prochaine pour
traiter d'allègement réglementaire, toute recommandation que notre formation
politique aura à formuler, certainement que nous les transmettrons au ministre.
Parlant
de recommandations, M. le Président, lors de l'étude détaillée du projet de
loi, nous, députés libéraux, donc, nous avons eu l'occasion de déposer huit
amendements, donc, à cette... à ce projet de loi qui comporte... qui comportait
202 articles. Malheureusement, donc, pour la grande majorité, donc, de ces
amendements... n'ont pas été retenus. Mais, au-delà,
donc, des amendements de notre formation politique, nous espérons que l'oreille
qui est tendue, donc, en ce moment par
le ministre nous permettra, donc, de les redéposer peut-être sur une autre
forme. Parce que, bon, on le sait bien, donc, parfois, lorsqu'on tire sur un fil, lorsqu'on parle d'allègement
réglementaire, donc, il y a d'autres incidences. Mais, tout de même,
donc, les aménagements que nous avons voulu porter au projet de loi nous
semblent importants.
Vous
ne serez pas surpris que le premier aménagement que je soumets à votre
attention, M. le Président, bien, c'est tout ce qui concerne le timbrage. Évidemment, plusieurs, plusieurs
groupes qui sont venus témoigner lors des consultations particulières nous ont parlé de timbrage. Tous ces
groupes, à l'unanimité, étaient favorables à une élimination, donc, complète, donc, de cette obligation qui est désuète, donc,
c'est... ce ne sont pas seulement mes dires, M. le Président, ce sont les
leurs, et qui ne semble pas, donc, être au goût du jour ni utile.
Le projet de loi,
quand même, donc, fait un pas, donc, fait un pas en avant, donc, en prévoyant,
donc, certains assouplissements à cet égard.
Donc, notamment en termes, donc, de l'ordre, donc, on nous dit : On n'aura
pas besoin d'avoir deux personnes, là, qui se mettent sur cette tâche-là en
pleine pénurie de main-d'oeuvre, alors qu'on a des petites, des très
petites entreprises, parfois des TPE, qui oeuvrent, donc, dans ces secteurs
d'activité et qui sont soumis à cette obligation réglementaire. Mais, tout de même, lorsque notre formation politique
était au pouvoir, M. le Président, nous allions de l'avant avec cette élimination complète d'une obligation
qui n'est pas souhaitée par l'ensemble des acteurs du milieu, y compris
les municipalités.
La CAQ, lorsqu'elle
était à l'opposition, donc, allait, abondait dans le même sens. Donc, il nous
semble plutôt incompréhensible qu'on ne soit
pas allés jusque-là lorsqu'on parle, donc, de timbrage, donc, de marquage,
alors que le projet de loi, donc,
ouvre une certaine boîte de Pandore en matière, donc, d'allègement, donc met
d'avant différentes dispositions relatives
aux boissons alcooliques, notamment... permis de livraison, permet aux
transporteurs publics d'entreposer, de transporter
des boissons alcooliques. Et, en autorisant les titulaires de permis de
restaurant à servir ou à vendre, donc, on entre dans l'univers, M. le
Président, donc, on aurait pu aller jusqu'au bout.
Ceci
dit, donc, nous sommes de bonne foi, donc, on attend que l'année prochaine,
nous serons encore ici devant vous et,
l'année suivante, nous serons devant vous. Donc, nous talonnerons certainement
M. le ministre pour que, lorsque nous puissions
parler d'allègement réglementaire, que, lorsqu'on ouvre une certaine voie pour
un certain milieu, qu'on puisse complètement
alléger ce fardeau-là qui a été considéré, appelé par une des intervenantes une
virgule. Mais vous le savez, M. le Président, une virgule, ça structure une
phrase. C'est important. C'est petit, c'est exigu, ça semble minime, mais
ça fait toute une différence. Et on sait, par
les témoignages que nous avons reçus, à quel point ça fait une différence dans
la vie de ces artisans qui veulent
faire valoir la beauté et la richesse de notre terroir québécois et qui
voudraient donc être déchargés, donc,
de ces fardeaux-là qui ne semblent pas remplir une obligation, encore une fois,
utile, à jour, aujourd'hui, en 2023. Donc,
ces certaines, donc, dispositions, donc, qui simplifient, donc, la mise, donc,
des autocollants qui doivent être apposés, bien, ça ne va pas, donc, assez loin. Donc, ce sont les amendements que
nous avons déposés, donc, comme opposition officielle, mais qui ont été
rejetés.
Je
reviendrais, M. le Président, donc, sur d'autres aspects. Comme je l'ai dit, en
matière d'allègement, j'ai beaucoup appris.
Puis je prendrais le temps, donc, de remercier les différents intervenants et
je... qui nous ont donc déposés, donc, des mémoires. Je les nomme :
l'Association des marchands dépanneurs épiciers du Québec, l'Association de la
construction du Québec, l'Association
québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction, l'Ordre des
ingénieurs du Québec, l'Association
des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec, la
Fédération québécoise des municipalités, je l'ai nommé plus tôt, M. le Président,
l'Association des producteurs d'hydromel et d'alcool de miel du Québec, la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec,
l'Association des restaurateurs du Québec, Spiritueux Québec, les
Producteurs de cidre du Québec, l'Union des producteurs agricoles, l'Union des
municipalités du Québec, l'UMQ, l'Association
des microbrasseries du Québec, l'Union québécoise des microdistilleries, la
Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante et l'Association des négociants embouteilleurs de vins. Donc,
17 mémoires qui ont été déposés.
Une
bonne partie, donc, de ces groupes ont été entendus, nous ont permis de
bonifier le... de bonifier, donc, le projet de loi en tant que tel, mais de
nous permettre de mieux réaliser notre travail de législateur et de poser des
questions, M. le Président, donc,
outre la question du timbrage, nous a permis de, donc, de, par exemple, donc,
demander de permettre la vente de bières de microbrasseries dans les
marchés publics. Donc, je l'ai dit, le projet de loi fait certaines avancées en
termes d'assouplissement et de permettre,
donc, à nos producteurs d'aller rejoindre leur clientèle plus aisément, mais
nous... Puisqu'encore une fois, donc, nous embarquions, donc, sur ce
terreau, nous aurions pu mettre de l'avant, donc, cette proposition que nous
avons apportée à titre d'amendement, parce que c'était la volonté non seulement
des groupes, évidemment, donc, des microbrasseurs, mais également des
municipalités qui comprenaient l'outil de développement économique régional que
ça pourrait représenter.
On a aussi déposé un amendement sur le
maltage et l'alcool pur, une demande, donc, de l'Union des producteurs agricoles, M. le Président. Et on a eu un échange
assez intéressant, donc, le ministre et moi, sur cette... sur cette question,
parce qu'évidemment, donc, l'UPA,
lorsqu'elle est venue nous porter... porter cet élément, cette attention lors
des consultations particulières, ça
ne faisait pas partie de leur mémoire, mais ils sont venus nous le mentionner.
Donc, ça, encore une fois, n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde. Puis
c'est important pour nous de mettre de l'avant, donc, les propositions
des différents groupes, même celles qui sont
portées sur le plancher. Puis ici, à cet égard, donc, c'était vraiment nous
assurer qu'on puisse avoir, donc, un dénominateur commun, qu'on puisse
s'entendre, donc, sur les... un agent, là, qui soit bien compris, qui soit bien compris, donc, de part et
d'autre, donc, d'avoir, donc, la même... la même ligne de référence, le même
étalon de mesure. Mais cette fois-ci, cette
fois-ci, ce n'est pas quelque chose qui a été pris en considération par le
ministre lors du dépôt des amendements. Mais, tout de même, encore une
fois, donc, puisque nous nous retrouverons ici, nous espérons donc, en resoumettant et en en parlant de nouveau aujourd'hui,
donc, lors de l'adoption, que ces angles morts, que ces points qui n'ont pas pu
être adoptés, que les différents éléments qui, parfois, pour des raisons, donc,
de forme ou pour des raisons, donc,
de... qui ne mettaient pas, donc, assez de l'avant, donc, la vue d'ensemble sur
le plan réglementaire, donc, puissent être considérés de nouveau.
• (11 h 50) •
Le
projet de loi, M. le Président, donc, nous a aussi permis de longuement
réfléchir sur ce que signifie la production artisanale au Québec. Ces questions-là, donc, ont été posées par
l'ensemble des intervenants, donc, autour de la table, donc, à l'ensemble des législateurs, aux intervenants,
donc aux... aux producteurs, donc, qui se retrouvaient ici pour nous parler,
donc, de leur labeur. Donc, on aura appris
là-dessus, puis, certainement, donc,
ce qu'on comprend, donc, de ces groupes,
c'est que, bon, parfois... qui sont tous favorables au projet de loi, c'est
que, parfois, sur certains éléments, ça ne va pas assez loin, et notamment, donc, en ce qui a trait, donc,
aux obligations, donc, liées, donc, à certains producteurs qui se considèrent
comme des producteurs artisanaux, M. le
Président, qu'il y a peut-être, donc, matière à réfléchir pour la suite. Le
projet de loi n'était pas modulé,
donc, pour, donc, permettre, donc, ces débats-là, donc, en fonction, donc, des
articles, des dispositions qui se
retrouvaient dans la mouture initiale, mais je pense qu'il y a matière à
réflexion sur la production artisanale au Québec, M. le Président.
Évidemment,
donc, j'ai parlé, donc, de tout ce qui concernait, donc, les normes de
construction, puis ma collègue évoquera...
M. le ministre, donc, a parlé des exigences, donc, que le projet de loi modifie
certaines exigences relatives au nom
des entreprises, met fin, donc, à l'obligation visant certains employeurs de
produire une déclaration annuelle des activités de formation
admissibles, produit...
Le
projet de loi modifie la Loi sur l'aménagement durable du territoire forestier
pour accorder au ministre responsable de
l'application de ces lois le pouvoir de suspendre le droit conféré par la
garantie d'approvisionnement d'un bénéficiaire dont l'usine a cessé ses activités depuis plus de six mois et pour
habiliter le Bureau de mise en marché des bois à évaluer la valeur des
dépenses de protection et de mise en valeur admissible.
Ce
ne sont que certains des... Ce ne sont que des exemples, M. le Président, de ce
qui est mis de l'avant, donc, par ce projet de loi. Encore une fois,
donc, j'ai très hâte. Je ne souscris toujours pas, donc, au fait que ce soit
sexy de parler d'allègement réglementaire,
mais peut-être que cette passion, tranquillement, donc, devient de plus en plus
partagée par l'opposition.
Donc,
en terminant, M. le Président, donc, je remercie donc le ministre, le collègue
de Marguerite-Bourgeoys, le collègue de Maurice-Richard, qui se sont
retrouvés autour de la table pour que l'on puisse bien faire notre travail de législateurs en toute cohésion. Je remercie, donc,
l'équipe des différents ministères qui se sont présentés, qui, parfois, ont répondu à nos questions très, très précises sur
certains aspects. Je pense aux obligations... en fait, aux modifications en
matière de publicité des droits, plus particulièrement pour réduire le
délai de publication pour rendre certains droits opposables aux tiers, qui se retrouvaient au projet de loi.
Ce n'était pas, parfois, toujours évident de parler, de traiter de ces
sujets-là.
Donc, heureusement
que nous avions des professionnels de la fonction publique qui, donc, géraient,
donc, le RDPRM, donc, plus précisément, qui
nous permettaient, donc, de voir comment nous pouvions moderniser, donc, toute
cette administration-là et l'opposabilité aux tiers et qui ont répondu à nos questions
pas toujours évidentes sur certains droits
qui ne sont pas exercés très couramment par M. et Mme Tout-le-monde. Et nous
espérons que les questions que nous aurons
posées lors de l'étude détaillée, qui sont... qui se retrouveront, donc,
évidemment, donc, archivées ici, donc, dans l'enceinte de l'Assemblée nationale, permettront, donc, à ceux qui
consulteront ces dispositions, donc, de voir pourquoi, de comprendre, de mieux comprendre ce qui a motivé le
législateur et, bien évidemment, donc, d'avoir tous les différents éléments
de précision.
Donc, voilà. Donc,
j'ai parlé des enjeux, M. le Président, donc, des enjeux qui sont toujours
présents, mais, certainement, j'espère que
l'ensemble des projets de loi que nous aurons l'occasion de travailler avec le
gouvernement... On sait que c'est
parfois houleux, mais, de façon générale, lorsqu'ils se déroulent bien, comme
ça a été le cas pour le projet loi n° 17,
c'est toujours très positif, et nous espérons que ça puisse le demeurer pour la
suite. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Je suis prêt à reconnaître
la prochaine intervenante, et ce sera Mme la députée des Mille-Îles.
Mme Virginie
Dufour
Mme Dufour : Merci,
M. le Président. Alors, moi aussi, j'ai été, tout comme ma collègue de
Bourassa-Sauvé, agréablement surprise
d'entendre le ministre délégué à l'Économie qu'il était tout ouïe à des
suggestions. Par contre, je souligne
tout de même que, de tous les amendements qui ont été proposés par
l'opposition, un seul a été accepté. Donc, ça aurait été bien qu'on
puisse avoir cette ouverture-là pendant l'étude détaillée du projet de loi.
Et
un de ces éléments-là avait de l'importance, notamment pour la Fédération
québécoise des municipalités, et ça concerne
la vente de bière dans les marchés publics. La Fédération québécoise des
municipalités a souligné à quel point, pour
les régions, là, les microbrasseries, c'est une richesse. Ça crée des emplois.
Ça met en valeur des produits locaux. Les entreprises opèrent des commerces,
des restaurants qui font la fierté des endroits, des villes ou des petites
localités où elles se trouvent, et,
finalement, ça devient des lieux de rassemblement et ça permet de promouvoir
l'économie, le tourisme local. Et
d'ailleurs moi, je suis allée... Quand je suis allée aux Îles-de-la-Madeleine,
je suis allée visiter la microbrasserie des Îles, et c'est vraiment... on fait des détours pour
aller voir certaines microbrasseries. Et donc ce qu'ils souhaitaient, c'était
de faire comme dans d'autres pays et
d'autoriser la vente des produits, là, de bières de microbrasseries dans des
marchés publics locaux. Et c'est ce
qui a été proposé par ma collègue ou par... Je ne sais plus, là, si c'était le député
de Marguerite-Bourgeoys ou la députée
de Bourassa-Sauvé qui a déposé l'amendement, mais ça a été déposé et ça a été
refusé. C'est dommage, parce qu'on aurait pu appuyer des petites
municipalités qui vivent vraiment du tourisme qui est lié aux microbrasseries.
Dans les éléments, par contre, qui sont... qui
ont été fortement appréciés du projet de loi, c'est l'harmonisation des codes de construction. Donc, je vais vous
parler, vous entretenir un peu plus sur ce sujet-là. Dans le fond, on parle,
là, qu'on veut, bon, harmoniser les normes applicables au Québec en matière de
construction et de sécurité des bâtiments. Dans le fond, actuellement, toutes les villes adoptent elles-mêmes leur code
de construction. Ça va être encore le cas après ça, mais il y a une disparité dans le niveau minimal,
entre guillemets, ou le code, le numéro de code qu'on utilise. Moi, quand
j'étais à la Ville de Laval, on utilisait un
code de bâtiment qui était quand même d'un certain âge, et donc il fallait
mettre ça à jour. Et vraiment il y a une disparité dans les villes au Québec
actuellement où il y a des codes vraiment plus anciens, des codes plus récents qui sont appliqués. Puis,
quand on est entrepreneur puis on va dans ces villes là, bien, l'enjeu qu'on
a, c'est qu'il faut modifier complètement
nos plans d'une ville à l'autre. Et ça, ça devient vraiment un casse-tête et ça
coûte... ça augmente évidemment les coûts. Parce qu'un des éléments que les
promoteurs peuvent... les développeurs peuvent profiter, c'est l'économie d'échelle.
Une fois qu'ils ont fait des plans, ils peuvent répliquer des plans. Mais,
quand ils arrivent dans une autre
ville, il faut qu'ils modifient tout, tout, tout parce que ce n'est pas le même
code du bâtiment et ce n'est pas les mêmes normes, les règles, etc.
Donc, ça, c'est un enjeu.
Alors on
vient d'adresser une partie, pas tout, pas entièrement, mais c'est souligné
autant par l'Union des municipalités que
la Fédération québécoise des municipalités, qui sont d'accord avec la mesure.
Pourquoi ils sont d'accord? Parce qu'on permet, avec ce projet de loi là, que les municipalités continuent à
adopter des normes plus sévères. Donc, on dit : Bien, le Code de construction du Québec actuellement en
vigueur, c'est le code plancher, entre guillemets, pour l'ensemble des villes du Québec. Les villes auront un an pour
adopter le code plancher. Mais, par la suite, s'il y a des municipalités qui
veulent aller plus loin... Comme on le voit
présentement, il y a des municipalités qui veulent interdire, par exemple, le
gaz dans les bâtiments. Bien,
l'arrivée du gaz naturel dans les bâtiments, bien, ça, c'est un élément qui
sera encore possible. Ça leur permet
à ces municipalités-là d'atteindre peut-être des normes environnementales
qu'ils souhaitent atteindre. Et donc c'est
pour ça qu'on a laissé cette latitude-là, et ça, c'était apprécié. Ça a été
aussi souligné par l'Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction, l'AQMAT, et
l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec, l'APCHQ, qui étaient en
accord avec cette proposition-là. Donc, ça, c'est un bon coup du projet de loi.
En parallèle,
on est venus donner un pouvoir réglementaire... Je vais vous lire ça
exactement, un pouvoir réglementaire à la RBQ, à la Régie du bâtiment du
Québec, de déterminer et fixer les obligations des municipalités en matière de
vérification de l'application du Code
de construction et du code de sécurité. Ça, ça a soulevé beaucoup de craintes
de l'ensemble, en fait, des
municipalités. Moi, on m'en a parlé, plusieurs villes m'en ont parlé en privé,
et l'Union des municipalités du Québec et la Fédération québécoise des
municipalités, dans leur mémoire, en ont fait mention. C'est un enjeu parce que
ce qu'on craint... Dans le fond, ce qu'on craint, c'est que, bien, que la RBQ
délègue ses fonctions d'inspection aux municipalités.
• (12 heures) •
Et là
peut-être qu'il y en a qui vont dire : Bien, ça fait du sens. C'est les
municipalités qui sont plus près pour faire appliquer le code. Mais, dans les
faits, les municipalités, actuellement, ce qu'elles font... Sauf, il y a
certaines municipalités qui ont fait
des ententes avec la RBQ et qui appliquent elles-mêmes certaines portions du
code plus spécifiques, notamment, la
Ville de Montréal a fait ça. C'est leur choix. Mais beaucoup, beaucoup de
villes n'ont pas l'expertise. Alors, ce qu'elles font comme inspection, c'est
plutôt par rapport aux règles d'urbanisme et non pas le Code de construction.
Et ça, ils n'ont pas l'obligation,
là, d'appliquer le Code de construction, c'est vraiment la RBQ qui a ce
rôle-là actuellement. Mais là ce qu'on craint,
c'est que, dans le fond, la RBQ délègue unilatéralement, sans consulter les
municipalités, sans leur demander si elles
ont la capacité de le faire, l'inspection des bâtiments. C'est vraiment la
différence, l'inspection des bâtiments versus l'inspection municipale.
Pour l'avoir
vécu, j'avais ce rôle-là, j'étais responsable de tout l'urbanisme à la ville de
Laval, quand je suis arrivée à la ville, je vais vous donner une idée,
là, il y avait 13 inspecteurs à ville de Laval, une ville de
450 000... presque 450 000 habitants,
13 inspecteurs. Donc, vous comprendrez que, dans des cas comme ça, c'est
absolument impossible que ces gens-là
soient partout sur terrain à la fois. Alors, les villes, on agit,
généralement... Les villes agissent — je
ne suis plus à la ville — généralement
sur plainte, mais pas toujours... mais rarement qu'elles sont là en tout temps
en train de vérifier les travaux.
Quand on
parle d'un... Puis là il y a un enjeu actuellement. Il manque d'inspections au
niveau de la RBQ et il y a de la pression sur la RBQ pour faire davantage
d'inspections, mais ce n'est pas les municipalités qui ont cette expertise-là,
et c'est vraiment les inspecteurs en
bâtiment. Ce n'est pas la même chose. Il y en a très peu, en fait, dans les
municipalités, pour ne pas dire...
Dans la majorité des villes, il n'y en a aucun. Et donc c'est quelque chose qui
est inquiétant. Si c'était le cas, si
jamais ça venait là, il va de soi qu'il faudrait que les sommes viennent avec,
mais la réalité, c'est que le recrutement, actuellement, ce serait pratiquement impossible pour une très grande
majorité des villes au Québec. Donc, ça, c'est un enjeu, un drapeau
rouge, ici, là, qui est soulevé par les villes, et avec raison.
Et
le dernier point que je vais, parce qu'il me reste deux minutes, que je vais
traiter, c'est l'allègement réglementaire des villes. En fait, on parle que c'est un projet de loi, hein... Le
titre le dit, là, Loi modifiant
diverses dispositions principalement aux
fins d'allègement du fardeau réglementaire et administratif, mais il n'y a absolument rien dans ce projet de
loi là qui vient réduire le fardeau réglementaire et administratif des
municipalités.
J'ai entendu
le ministre parler qu'il voudrait qu'on adopte deux... Il voudrait, lui,
proposer deux projets de loi par année
pour réduire le fardeau des entreprises. Bien, j'invite la ministre des
Affaires municipales à faire de même pour les municipalités, parce qu'il y a eu, en 2015, le rapport Perrault, sous le
gouvernement Couillard, qui a été adopté, et c'était tout un plan, là : 32 mesures qui précisaient
qu'est-ce qui devait être fait pour réduire le fardeau administratif des
municipalités. Et, depuis ce temps-là, bien, le fardeau ne fait que
s'agrandir, s'accumuler. Les demandes sont de plus en plus grandes.
Et d'ailleurs l'Union des municipalités du
Québec a fait une étude fort pertinente qu'ils ont présentée lors de l'étude... des consultations particulières du
projet de loi n° 17. Ils ont calculé qu'il y a, au Québec,
4 100 employés à travers le Québec qui sont dédiés à temps
plein à remplir des documents pour répondre aux exigences gouvernementales, 4 100 employés. On est en pénurie de
main-d'oeuvre. On peut-tu dire que ça serait bien de récupérer ces employés-là
pour faire autre chose dans les villes? Et ça pourrait... Donc, des
allègements réglementaires pourraient permettre de sauver 330 millions par
année.
J'ai entendu
le premier ministre dire qu'il n'y avait pas de marge de manoeuvre à Québec
pour aider les municipalités, mais il y a de la marge de manoeuvre, ici,
qui ne coûterait rien au gouvernement provincial, mais qui aiderait les municipalités, de l'ordre de
330 millions de dollars par année. Alors, j'invite le gouvernement à
aller vers cette réduction-là du fardeau
administratif pour les municipalités. Et je travaillerai avec la ministre des
Affaires municipales avec grand plaisir sur ces sujets-là.
Alors, sur ce, M. le Président, ça termine mon
intervention. Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée des Mille-Îles. Y
a-t-il d'autres interventions? Il n'y en a pas.
Mise aux voix
Alors, le
projet de loi n° 17, Loi
modifiant diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du fardeau
réglementaire et administratif, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Adopté.
Alors, pour la suite de nos travaux, M. le
leader adjoint du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Je vous
demanderais de bien vouloir suspendre nos travaux jusqu'à
15 heures.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, afin de permettre le débat sur une affaire
inscrite par les députés de l'opposition, cet après-midi, les travaux
sont suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 05)
(Reprise à 15 heures)
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Bon
après-midi, chers collègues. Je vous invite à vous asseoir.
Affaires inscrites par les
députés de l'opposition
Motion proposant que
l'Assemblée demande au gouvernement de prendre les
dispositions législatives nécessaires afin de permettre aux municipalités
la mise en place du zonage différencié pour les projets
de logements sociaux et communautaires
Alors, nous en sommes à la poursuite des
affaires du jour, aux affaires inscrites par les députés de l'opposition. À l'article 42 du feuilleton, aux affaires
inscrites par les députés de l'opposition, Mme la députée des Mille-Îles présente
la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte que le zonage
différencié est à même de permettre une rentabilisation plus rapide des projets de logements sociaux et
communautaires au Québec et donc d'en augmenter le nombre et la cadence de
construction;
«Que dans
l'objectif de favoriser un plus grand nombre de logements pour les citoyens,
elle demande au gouvernement caquiste de prendre les dispositions législatives
nécessaires afin de permettre aux municipalités la mise en place du zonage
différencié pour les projets de logements sociaux et communautaires.»
Je vous informe que la
répartition du temps de parole pour le débat restreint sur la motion inscrite
par Mme la députée des Mille-Îles s'effectuera comme suit :
10 minutes sont réservées à l'auteure de la motion pour sa réplique, 53 min 30 s sont allouées au groupe
parlementaire formant le gouvernement, 28 min 19 s sont allouées
au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 18 min 53 s sont allouées au deuxième
groupe d'opposition, 6 min 18 s sont allouées au troisième groupe d'opposition, 1 min 30 s
sont allouées à chacun des députés indépendants. Dans le cadre de ce débat, le
temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes
parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies précédemment. Mis à part
ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle aux
députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au cours de ce débat,
ils ont 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée
des Mille-Îles.
Mme Virginie Dufour
Mme
Dufour : Merci, M. le Président. Voilà, je vais être plus
confortable. Alors, bonjour. C'est un grand plaisir de venir vous parler de zonage différencié. Je
vois que la ministre des Affaires municipales est avec nous, et je pense
qu'elle en a abondamment entendu
parler lors de l'étude du projet de loi n° 16, qui modifiait la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme.
Actuellement,
on vit une grave crise du logement, il n'y a pas... ce n'est pas une
information nouvelle, il manque des
logements partout, mais les personnes les plus vulnérables sont celles qui sont
les plus à risque et ce sont celles qui sont les plus touchées par la crise du logement actuellement. On a vu
des hausses de loyer de façon importante partout au Québec, des taux d'inoccupation très, très
faibles. Dans la plupart des régions éloignées, on est dans des entre zéro et
1 % de taux d'inoccupation des logements, ce qui fait... ce qui met une
pression à la hausse sur les loyers et fait en sorte que de plus en plus de gens n'arrivent plus à se loger ou
du moins à payer leur loyer tout en ayant des dépenses pour vivre. Donc,
bref, il nous manque de logements sociaux et
communautaires. On avait, avant même cette crise, plus de
37 000 familles, ménages inscrits sur la liste d'attente pour
obtenir un logement social, c'est beaucoup, beaucoup de gens au Québec, mais ça, ça exclut tous ceux qui, dans les
derniers 24 mois environ, ont vu leur capacité de payer leur loyer
diminuer de façon substantielle. Les
gens sont tellement découragés de la liste d'attente, quand on leur dit :
Bien, vous allez peut-être attendre
cinq, six, sept ans avant d'avoir un logement, bien, ils ne s'inscrivent pas
sur la liste. Alors, la réalité, c'est que la liste, elle est... le besoin réel est beaucoup plus grand, mais,
malheureusement, on n'arrive pas à suivre le rythme. On n'arrive pas à
suivre le rythme.
Oui, il y a
eu des unités qui ont sorti de terre, mais vraiment pas suffisant par rapport
aux besoins. Les mises en chantier,
de façon globale, au Québec, ont baissé de façon substantielle. On est dans des
taux, là... le nombre... on est dans des années record, mais record
malheureusement pas positivement, là, on n'a jamais eu si peu de mises en
chantier depuis 1998. Donc, les chiffres
sont épeurants, parce qu'on a déjà un taux d'inoccupation très, très bas, on a
une population qui grandit, mais les
mises en chantier ne sortent pas de terre et ne suivent pas le rythme de
l'augmentation de la population, alors le balancier est encore... tu
sais, on se balance encore plus.
Donc, le
nombre de logements nécessaires est encore plus grand, mais, comme je disais,
les projets de logements sociaux et
communautaires lèvent difficilement de terre parce qu'il y a un enjeu de
financement. À chaque fois qu'un projet finit par arriver à attacher son
financement... C'est très, très long faire un projet de logement social
communautaire, il y a beaucoup,
beaucoup de programmes, beaucoup de différentes étapes à atteindre. Puis là,
quand les programmes... la façon qu'ils sont écrits, il y a des maximums
de financement, des maximums de montants admissibles, et là, quand ils arrivent
à attacher tout le financement, les groupes, bien, il s'est écoulé deux, trois
ans, et là les coûts... l'inflation des coûts de construction a fait en sorte que, déjà, on est débalancé, on repart à
zéro. Bref, il y a toujours un besoin additionnel de subventions, et ça
devient difficile de soutenir ce rythme-là.
Alors, il y a
des groupes, lors de l'étude du projet de loi en aménagement et urbanisme, le
projet de loi n° 16, au printemps
dernier, qui sont venus nous proposer une solution novatrice qui s'appelle du
zonage différencié. Et là je sais qu'à l'époque on parlait aussi de zonage
incitatif, mais ce n'est pas la même chose. Et le zonage incitatif a été
adopté, et c'est en vigueur. Je ne
sais pas si des municipalités l'ont mis à l'essai, déjà, mais, dans le fond, ce
que ça permet, le zonage incitatif, c'est de donner un bonus de densification,
de dire : Bien, il y aura plus d'étages, par exemple, plus de logements
possibles sur ce terrain-là, mais, en échange, la municipalité négocie
une meilleure norme environnementale, elle peut négocier, peut-être, un
aménagement de parc à côté, aussi, peut-être, du logement social abordable.
Mais il n'y a aucune certitude qu'il y aura des logements sociaux ou abordables
qui vont sortir du zonage incitatif.
Alors le zonage différencié, lui, bien, c'est
différent, ça le dit dans son nom. Et je vais vous montrer une image. Je pense que ça parle bien, une image. On
dit : Une image vaut mille mots, alors je vais m'en épargner beaucoup.
Alors, dans le fond, le zonage
incitatif, comme je vous ai dit, je vous ai expliqué, là, il n'y aurait pas
nécessairement de logement social abordable. Mais, dans le zonage différencié,
ce qu'on vient dire, c'est : On donne à la municipalité la possibilité de zoner sur un même terrain, pour le même
terrain, deux densités différentes. Donc, si c'est du logement à but lucratif,
donc du logement qui suit le marché privé, bien là on autorise un
certain nombre d'étages. Et là c'est à la municipalité de le déterminer, est-ce qu'elle veut autoriser deux,
trois étages, quatre étages, ça lui revient. Puis là, après ça, elle peut dire :
Bien, maintenant, si c'est du logement
social ou communautaire, bien là je vais densifier ça, je vais lui permettre de
faire beaucoup plus. Et là ça pourrait être six, sept, huit étages. Ça peut
être quatre, aussi. On peut passer de deux à quatre étages. On peut passer de deux à cinq. C'est... Les
municipalités auraient toute la latitude, dans le projet loi que j'ai déposé,
de déterminer. Mais ce que ça vient
faire, non seulement ça densifie, hein, on le dit, on a besoin de densifier
notre territoire, on en a besoin,
surtout, pour le transport en commun, notamment, mais ce que ça vient faire,
c'est que le coût du terrain, lui, il est réduit de façon substantielle.
Alors, dans l'exemple que
je vous donnais, admettons que le prix du terrain était 2,1 millions, le
logement à but lucratif peut faire trois
étages, bien, ça revient par logement, le terrain, 70 000 $ le
logement. Puis, si on leur permet de faire
six étages pour du logement social et communautaire, bien là, le coût par
logement, du terrain, il vient de baisser de moitié, 35 000 $. Ça, c'est un exemple théorique, le
différentiel pourrait être plus grand que ça, même. Mais ce que ça fait,
c'est que ça permet de diminuer le coût par
logement, pour le logement social et communautaire. Donc, c'est une façon,
dans le fond, d'offrir un genre de subvention.
En fait, ça vient diminuer le recours aux subventions pour les organismes sans
but lucratif et ça fait en sorte qu'ils ont besoin de dépenser moins par
logement et, donc, ont besoin un peu moins d'aide du gouvernement. Ça va les
inciter, évidemment, à densifier plus les terrains, à faire peut-être plus de
logements, mais surtout, c'est ça, ça va faire en sorte que le cas, comment on
dit, «business case», le... Mon Dieu! J'ai entendu la ministre le dire...
Une voix : ...
• (15 h 10) •
Mme Dufour : Le
plan d'affaires va être plus facile à atteindre, va être plus... la rentabilité,
il n'y a pas de rentabilité, mais ça va être plus facile d'attacher
vraiment le financement. Donc, ça, c'est le point majeur du zonage différencié.
Ensuite,
ensuite, bon, c'est ça, c'est aux villes, on donne la latitude aux villes de
faire... d'établir les règles, et tout ça. Ce qui est important, par contre,
c'est d'établir des critères, là. Comment on peut établir ça? Ça ne peut pas
être pour tout terrain... pardon, ça
ne peut pas être pour tout type de logement. Je le disais, la distinction est
importante, pour que ce soit pour du
logement social, communautaire, parce que ce sont des gens... nos plus
vulnérables qui ont... qu'actuellement c'est plus difficile de sortir de
terre des logements pour eux. Puis d'ailleurs les taux d'inoccupation sont
beaucoup, beaucoup plus faibles pour des logements moins chers. Quand on tombe
dans des logements à 3 000 $ par mois, M. le Président, là, il y en a, des logements, il y en a partout, des
logements à ce prix-là, parce que, malheureusement, il y a beaucoup trop de gens qui peuvent se les payer. Donc, le
taux d'inoccupation est beaucoup plus élevé dans des logements plus chers.
Puis d'ailleurs Centraide avait sorti une belle étude là-dessus, avec une
firme, là, de comptables qui avaient fait... qui avaient présenté ça, je ne me rappelle plus du nom, mais, bref, ils
avaient vraiment dressé le portrait : le taux d'inoccupation à Montréal, de ces logements-là plus chers, est à
plus de 3 %, tu sais, alors qu'on est à moins de 1 %, presque à zéro,
en fait, dans les logements à faible... disons, qui coûtent moins cher.
Donc, bref,
il faut favoriser absolument... Parce que ce qui sort de terre actuellement,
bien, les gens ne peuvent pas se les payer. C'est nécessaire de faire du
logement social et abordable. Mais là, abordable, parlons du mot «abordable». C'est un mot qui a été un peu trop galvaudé, c'est
le terme, parce que différents... tu sais, autant au fédéral, au provincial,
partout, là, on utilise le mot «abordable»,
mais ça ne veut jamais dire la même chose. Et là il y en a que... Au fédéral, à
un moment donné, il y avait une définition, c'était, bien, il faut que
ça représente 30 % du revenu. Après ça, c'était, bien, il faut que ça soit
20 % en dessous du marché. Ce n'est plus la même chose, là, du tout. Et il
n'y a pas de définition, vraiment, dans nos
programmes, dans la loi, en tout cas, à ma connaissance, je n'en ai pas vu. Les
groupes le disent, même le Vérificateur général l'a dit, il faut venir
préciser qu'est-ce que c'est, du logement abordable.
Alors, moi,
je l'ai fait dans ce projet de loi là, j'ai suggéré une définition, dans le
fond, dans le projet de loi. Et là j'ai
pris le 20 % en dessous du marché et pour au moins 30 ans. Et là
c'est là qu'on a créé le nom, le «abordable pérenne». Et ça, c'est une
suggestion qui est venue de la ville de Montréal lors de l'étude du projet de
loi n° 16, justement, où ils avaient
suggéré ça, «abordable pérenne». Et je leur ai posé la question : C'est
quoi, «pérenne»? Bien, c'est au moins 30 ans. Ça fait du sens. Il y a beaucoup de programmes
fédéraux qui sont sur 30 ans, des programmes provinciaux aussi. Donc, en
bas du marché de 20 %, 30 ans, ça,
c'est «abordable pérenne». Mais ça reste que ce qu'on veut, c'est que ça ne
soit pas du logement privé. On ne veut pas que les sommes qui sont
investies par le gouvernement dans ces programmes-là, dans des projets comme ça, aillent dans le privé. Donc,
ce que je demande, c'est que ce soit limité à des projets qui sont gérés
par un office d'habitation, une coopérative d'habitation ou une entreprise
d'économie sociale.
On aurait pu
dire juste du logement social aussi, ça aurait pu être une option, mais on
aurait exclu tout un pan de possibilités,
comme les logements d'UTILE, le groupe UTILE, là, qui fait des logements
étudiants. Ce n'est pas du logement social,
ça ne se qualifie pas dans cette dénomination-là, et pourtant on en a vraiment
besoin. D'ailleurs, ma collègue de Bourassa-Sauvé viendra parler du besoin, plus tard, pour les
étudiants qui ont besoin de beaucoup, beaucoup de logements. Et on pense que si on offre du logement aux
étudiants, bien, ça va... beaucoup de logements, là, on doit en construire
beaucoup, beaucoup, bien, ça va enlever
de la pression, hein, sur le reste du marché autour des zones... notamment à
Rimouski, là. Actuellement, Rimouski a dit aux étudiants étrangers ou
les étudiants qui ne viennent pas de Rimouski : Ne venez pas chez nous, on ne peut pas vous accueillir, on n'a
pas de logements si vous venez chez nous. C'est grave, c'est grave. Donc, il
faut construire beaucoup de logements pour eux. Et, si des étudiants s'en vont
dans ces résidences-là, bien, ils libèrent des logements pour d'autres
pans de la population.
Il y a
beaucoup de groupes vulnérables qui ont besoin de logements à bas coût. Il y a
des personnes qui ne sont pas en mesure de travailler, par exemple, qui ont un
handicap. Les personnes aînées aussi font partie du groupe plus vulnérable,
qui ont des revenus, souvent, qui sont,
malheureusement, limités, parce que souvent c'est seulement la pension de
vieillesse. Et ma collègue de La Pinière viendra vous en parler
davantage, de la situation des aînés. Mais, lorsqu'on regarde, par exemple, dans les HLM, j'avais un chiffre que
c'était... 70 % des locataires de HLM, c'est des personnes aînées, donc il
y a un grand besoin là. Et on a vu
aussi un nombre important de résidences pour personnes âgées qui ont fermé dans
les dernières années. Donc, il faut
aussi du logement pour les personnes aînées, mais à bas coût. Alors, c'est un
outil qui pourrait permettre de construire assez rapidement, en fait, de
débloquer des projets qui, actuellement, là, sont pris.
Puis là,
aussi, il y a un autre avantage, c'est que les groupes communautaires, c'est ce
qu'ils sont venus nous dire. Dans le
fond, ça, ça a été demandé, là, je peux le mentionner, par le Chantier de
l'économie sociale, il y a eu UTILE qui nous en a parlé, la ville de Montréal, la ville de Gatineau, la CMM, d'ailleurs
ça fait partie de leur plan en habitation qu'ils ont
déposé l'an dernier, le plan métropolitain de l'habitation, déposé en novembre
2022. Ils en reparlaient puis ils disaient : Bien, grâce à un tel zonage,
elle pourrait permettre aux promoteurs à but non lucratif de construire
davantage d'unités que ne pourrait le
faire le secteur privé sur un même site. Et ça donne, c'est ça, les leviers
financiers pour accroître l'offre de logements hors marché.
Et, en
passant, ils nous soulignaient que ça avait fait ses preuves ailleurs dans le
monde et ils nous soulignaient que Cambridge,
aux États-Unis, a mis cette mesure-là en place. Il y a aussi la ville de
Vancouver qui a testé ça dans quelques zones, donc, mais on serait quand même novateurs par rapport... Ce n'est pas un
outil, là, qui est très présent au Canada, mais ça ne nous empêche pas d'être des novateurs, puis on a
besoin d'outils qui sortent de l'ordinaire. La ministre de l'Habitation l'a
mentionné, il faut vraiment sortir de la
boîte et avoir des idées. Bien, ça, c'en est une, et c'en est une qui ne coûte
rien au gouvernement, absolument rien, et même mieux que ça, ça va
peut-être amener des économies au gouvernement, des économies dans les subventions, par exemple, qui pourraient être
demandées, requises pour attacher les financements des projets.
Donc, c'est
un avantage pour tout le monde. Puis les municipalités seraient libres,
seraient libres de le mettre en place
ou pas. Elles ne sont pas obligées de le faire, mais, si elles le souhaitent,
comme des villes... Il y a de plus en plus de villes qui lèvent la main pour dire : Nous, on veut aider, on veut
aider le marché, on veut favoriser la construction de logements sociaux et communautaires. Bien, c'est... pour eux
aussi, c'est une économie, parce que, pour les villes aussi, ça ne coûtera
rien, cette mesure-là.
Et, on le
sait, plus qu'on peut construire de logements sur un terrain, plus que la
valeur du terrain est grande. Et là, actuellement, l'enjeu qui arrive,
c'est que, quand un groupe communautaire arrive devant un terrain puis il
dit : Moi, je voudrais acheter ce
terrain-là pour construire un projet, bien, il y a aussi, à côté, un promoteur
privé qui regarde le même terrain. Il
dit : Aïe! moi aussi, je voudrais acheter ce terrain-là pour faire du
logement. Si les deux voient le même potentiel de logements, bien, ça veut dire que les deux... la valeur du terrain
est la même pour les deux. Alors, le groupe communautaire, qui, lui, il ne peut pas faire de profit avec ses
logements qu'il loue à bas prix, bien, il n'est pas compétitif par rapport au
promoteur qui, lui, va peut-être les louer
3 000 $ par mois. Lui, il va voir l'intérêt, il va pouvoir aller
mettre une offre d'achat beaucoup plus élevée que le groupe
communautaire.
Alors, c'est
ce qu'on nous a dit. On nous a dit : Quand on arrive face à des terrains,
c'est difficile, les acheter, parce qu'on
n'est pas compétitifs. Puis attacher rapidement du financement, disons,
imposant, parce que c'est des... dans certaines villes, les terrains sont rendus très, très, très chers... Tu sais, je
donnais l'exemple où c'était 2,1 millions, mais ce n'est rien, là,
certains terrains... Ce n'est rien, ça. À Montréal, un terrain coûte
plus cher que ça.
Donc,
finalement, en ayant... en utilisant le zonage différencié, bien, les villes
aussi pourraient donner, dans le fond, un
levier, aussi, dans le fond, permettraient aux organismes communautaires
d'avoir accès plus facilement à des terrains. Non seulement on baisse le
coût, mais ils sont plus compétitifs. Eux autres, ils vont pouvoir dire :
Aïe! Moi, là, je vais pouvoir construire
deux fois plus de logements sur ce terrain-là, donc je suis capable d'être
compétitif, je suis capable de venir
mettre une mise de fonds parce que je sais que je vais être capable d'attacher
le financement après. Donc, c'est pour cette raison, je pense, que le
zonage différencié pourrait vraiment aider.
Puis je vais peut-être souligner un élément qui
n'a pas sorti quand je l'ai présenté, mais, dans le projet de loi, la façon que je l'ai proposé, c'est... J'ai
proposé que ce soit non susceptible d'approbation référendaire, le
différentiel, et pourquoi je suis
allée là... puis c'est une demande des groupes, puis je sais qu'il y a des
groupes qui... des citoyens qui vont peut-être
avoir une crainte, mais là on est rendus que, le logement social, c'est au même
titre, actuellement, qu'une école, c'est un service public, d'une
certaine façon. Le logement, c'est un bien essentiel.
Et donc on est venus dire, dans la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, que, dorénavant, là, on n'a plus de référendum si
c'est un cimetière, si c'est une école, si c'est un bâtiment municipal. Alors,
pourquoi pas aussi pour du logement social
spécifiquement? Donc, ça serait une façon, dans le fond, pour les villes de le
mettre en place plus facilement.
Il y a aussi
des modalités transitoires qui ont été prévues pour faire en sorte qu'on y...
qu'on le mette en place plus rapidement,
parce que c'est... Quand même, ça implique, là, de changer le schéma d'aménagement,
de mettre à jour un règlement
d'urbanisme. Ça prend quand même un certain temps. Donc, le projet de loi
prévoit des mesures pour accélérer le
recours au zonage différencié, une mesure transitoire, parce que c'est... on a
vraiment besoin de débloquer ça rapidement.
• (15 h 20) •
Alors, moi,
j'invite fortement le gouvernement, les deux ministres qui sont concernés, de
l'Habitation et des Affaires municipales,
à regarder ce projet-là, et à le considérer, puis, j'espère aussi, d'appuyer la
motion, parce que je pense qu'on serait
tous gagnants. Et j'avise déjà la ministre de l'Habitation qu'elle aura des
amendements, dans son projet de loi n° 31, qui viendront exactement
proposer ces mêmes libellés là que j'ai mis dans le projet de loi.
Mais, bref,
je vais conclure là-dessus, mais je pense que c'est un outil qu'on a besoin,
que les groupes ont besoin, puis qui
va permettre de débloquer beaucoup de projets de logements sociaux et
communautaires. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée des Mille-Îles. Et
je cède maintenant la parole à Mme la ministre des Affaires municipales.
Mme Andrée Laforest
Mme
Laforest : Oui. Alors, merci, M. le Président. Je suis quand
même heureuse d'être ici évidemment pour la demande... pour la motion
qui a été présentée par ma collègue députée de Mille-Îles, en fait. Et vous
savez sûrement qu'à titre de ministre des
Affaires municipales la question de l'urbanisme, de l'aménagement du
territoire, ce sera toujours une priorité pour moi.
Alors,
on a quand même fait d'énormes pas. On a posé des gestes concrets, comme
gouvernement, pour modifier le cadre législatif en aménagement du
territoire. Donc, évidemment, habiter les milieux de vie... On veut des milieux
de vie complets, conviviaux. C'est essentiel
pour notre gouvernement. L'année dernière, d'ailleurs, on a déposé la Politique
nationale de l'architecture et de
l'aménagement du territoire et on a déposé également le projet de loi
n° 16, Loi modifiant la
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et d'autres dispositions, qui a été
sanctionné, M. le Président, le 1er juin 2023.
Je tiens
également... J'en profite pour remercier ma collègue la députée de Mille-Îles,
parce que, oui, cette motion nous
concerne tous, et, en même temps, ça me donne l'occasion de vous donner
quelques précisions suite, également, au projet de loi n° 16 qu'on a déposé et qu'on a adopté, qu'on a
travaillé ensemble. Au niveau du projet de loi n° 16, M. le
Président, il y a des mesures... il y a quand même plusieurs mesures en
habitation.
Alors, si je rentre dans le vif du sujet, on va
rappeler qu'il y a une mesure-phare du projet de loi n° 16, de cette loi
pour modifier l'aménagement et l'urbanisme et d'autres dispositions, qui a été
sanctionnée. On parlait du règlement sur le
zonage incitatif. Alors, au niveau du zonage incitatif, M. le Président, il
faut savoir que le règlement de zonage incitatif contient beaucoup de
normes plus... beaucoup plus permissives que celles du règlement de zonage. Donc,
ces normes permettent de remplacer la pièce maîtresse, celle du zonage,
spécifiquement pour un projet pour lequel une entente est conclue avec le demandeur. Le règlement du zonage
incitatif peut prévoir des normes à l'égard de tout objet en matière de
zonage, à l'exception des usages autorisés.
Alors, en
général, les normes d'implantation de volumétrie des bâtiments s'y prêtent
très, très bien. Par exemple, dans un secteur où le zonage permet des bâtiments
d'une hauteur de six étages, le règlement du zonage incitatif pourrait
permettre des bâtiments de 10 étages.
En
contrepartie, oui, les contreparties exigées par une municipalité sont
présentes. Une norme incitative ne peut s'appliquer que si le demandeur s'engage à offrir une contrepartie.
Donc, le règlement de zonage incitatif doit préciser les contreparties. Donc, qu'est-ce que la municipalité
pourrait exiger? Il y a plusieurs catégories qui ont été déjà déterminées,
comme... Il y a la réalisation, sur le site
du projet ou à proximité, d'aménagement ou d'équipement d'intérêt public. Par
exemple, M. le Président, une municipalité
pourrait exiger que le promoteur aménage un parc à proximité de son projet.
Donc, la municipalité pourrait aussi demander qu'un local, par exemple,
pour une garderie soit inclus au rez-de-chaussée du bâtiment. Il y a également l'intégration aux projets de logements
abordables, sociaux ou familiaux. Par exemple, la municipalité pourrait indiquer le nombre de logements
comportant au moins trois chambres, pour les familles, qui seraient prévus dans
le projet. Donc, elle pourrait exiger le
maintien du coût des loyers également, par exemple, à 20 % sous le loyer
médian du marché. Également, il y a le respect des conditions qui sont
relatives à l'atteinte d'objectifs en matière de performance environnementale,
un autre exemple... Par exemple, une municipalité pourrait exiger l'intégration
de mesures visant à lutter contre les îlots de chaleur. Également, il y a la
préservation ou la restauration d'un immeuble qui a une valeur patrimoniale. Donc, une telle prestation ne se
limite pas, M. le Président, seulement aux immeubles cités, ou situés dans
un site patrimonial, ou inscrits dans l'inventaire patrimonial d'une MRC.
Le règlement
de zonage incitatif peut également confier au conseil municipal le soin de
déterminer au cas par cas quelle contrepartie serait exigée. Il y a
donc plusieurs avantages, M. le Président, pour les municipalités
d'avoir recours au zonage incitatif.
Au niveau des... Au sujet des procédures
relatives au règlement incitatif du zonage, en ce qui concerne les procédures,
l'adoption et la modification d'un règlement de zonage incitatif sont
assujetties aux exigences procédurales applicables aux règlements d'urbanisme
en matière de consultation et de conformité, au plan d'urbanisme et au schéma
d'aménagement et de développement.
Si on parle spécifiquement du zonage
différencié, M. le Président, la motion qui a été présentée par la députée de Mille-Îles
demande à l'Assemblée nationale de prendre acte que le zonage différencié est à
même de permettre une rentabilisation plus
rapide des projets des logements sociaux et communautaires. Donc, ce qu'il faut
savoir, c'est que le zonage
différencié permet à une municipalité de moduler ses normes de zonage selon la
personnalité juridique des porteurs de
projet de manière à créer davantage... et un avantage concurrentiel pour les
projets de logements sociaux et abordables qui sont portés par des
coopératives et des OBNL en habitation.
Il y a
certains enjeux qui sont soulevés à ce moment-ci, M. le Président. Donc, au
niveau des enjeux soulevés pour le zonage différencié, le zonage
différencié soulève vraiment des enjeux au niveau de son application. Je m'explique.
Comme on l'a mentionné plus tôt, les
principes sur lesquels on s'appuie ne permettent pas de faire varier les règles
en fonction des personnes et de la
personnalité juridique des demandeurs. Donc, le zonage contrôle les
caractéristiques du cadre bâti, et ce
n'est vraiment pas son rôle, si je peux dire, de favoriser un modèle
d'organisation plutôt qu'un autre. Il y a d'autres outils, également, qui sont plutôt mis à la
disposition pour soutenir la construction d'immeubles par les OBNL, comme des
subventions, comme des dons de terrains. D'ailleurs, dans le projet de loi n° 67,
on l'a permis aux municipalités.
L'absence
d'obligation contractuelle dans l'application du zonage différencié peut
limiter aussi les garanties quant à la pérennité du caractère social ou
abordable de logements dans le temps. Et l'application strictement normative du
zonage différencié n'offre aucune souplesse,
M. le Président, pour prévoir des conditions d'autorisation au cas par cas,
puisque tout doit être prévu dans le
règlement de zonage. Par exemple, les caractéristiques des projets qui peuvent
faire l'objet des normes plus permissives devraient être intégrées à
même le règlement de zonage.
Donc, si on
regarde zonage incitatif versus le zonage différencié, le zonage incitatif
permet d'atteindre vraiment les objectifs qui sont poursuivis par le
zonage différencié mais le fait de... et le fait de manière beaucoup plus
agile. Donc, évidemment, ça n'ouvre pas les
portes à des normes variables selon les catégories de personnes ou en
garantissant la pérennité du caractère social et abordable du projet.
Il y a une période d'essai du zonage incitatif,
M. le Président. Donc, évidemment, on l'a adopté dans le projet de loi n° 16. Et je suis convaincue du potentiel, je suis vraiment convaincue du
potentiel du zonage incitatif, qui va favoriser la
création de logements sociaux et abordables. Donc, c'est pour cette raison que,
quand nous avons étudié le projet de loi
n° 16, M. le Président, je me
suis vraiment engagée, avec ma collègue également, auprès de la commission d'aménagement et du territoire,
de mettre en place un comité d'étude avec une ou plusieurs villes qui sont
intéressées à tester le potentiel du zonage incitatif en matière de logement.
Je l'avais même suggéré à ma collègue des Mille-Îles. Donc, je suis certaine
qu'avec des projets pilotes comme celui-ci on va démontrer concrètement les
avantages du zonage incitatif, notamment pour
sa grande qualité. Donc, à la suite, on pourra discuter ensemble, on aura une
discussion éclairée sur la base des constats qui se dégageront,
évidemment, après ces projets pilotes, après cette expérience. Je crois qu'il
est vraiment prématuré, présentement,
d'introduire le zonage différencié, puis on va laisser les municipalités le
temps d'explorer le zonage incitatif.
• (15 h 30) •
Puis,
évidemment, M. le Président, comme gouvernement, on a pris vraiment nos
responsabilités. Je comprends très, très bien et je suis au même endroit
de ma collègue pour accélérer les projets en habitation abordables et les
projets en habitation sociale, si je peux
dire, les projets d'habitation sociaux. Maintenant, il faut voir que... comment
on fait ça. On investit. On a
investi... avec ma collègue, d'ailleurs, une autre entente qui a été signée la
semaine passée en habitation, on avait
investi 3,8 milliards. On avait permis aux municipalités, dans le projet de loi n° 67, de donner un crédit de taxe, de faire
des dons de terrains, donner des subventions pour des projets sociaux, des
projets abordables. Donc, on l'a fait. Il y
a également le PHAQ qui le permet. Dans le projet de loi n° 16, M.
le Président, il y a également la densification qu'on a augmentée, soit de 33 % ou à 50 %. Il
y a les logements accessoires. Il y a évidemment le zonage incitatif. Et
évidemment on va continuer d'investir
dans les projets d'habitations, présentement, abordables. C'est important,
parce que, maintenant, nous sommes plusieurs à investir, autant avec le
gouvernement qu'avec les grands fonds, par exemple, la FTQ, la CSN et
Desjardins.
Et évidemment j'ai la chance d'avoir une
collègue qui poursuit le travail en habitation et je suis convaincue qu'au
niveau des projets d'habitation abordable elle sera très, très sensible. Mais
laissons le temps aux municipalités d'explorer
le zonage incitatif, M. le Président, parce que, présentement, les
municipalités ont quand même plusieurs pouvoirs en habitation, puis on va voir comment ça se passe avec tous les projets
pilotes qu'on a lancés partout au Québec. Alors, merci beaucoup, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
ministre des Affaires municipales. Et je cède maintenant la parole à Mme
la députée de La Pinière.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, comme vous le savez, le rôle de l'opposition officielle,
c'est de critiquer et de surveiller l'action
gouvernementale. Et, dans leurs réponses aux questions, les ministres du
gouvernement de la CAQ, et même le premier ministre, invitent souvent
l'opposition à faire des propositions, à travailler en collaboration avec le gouvernement. Comme députée de
l'opposition officielle, et dans l'intérêt des Québécois et des Québécoises, je
vous dirai, M. le Président, que j'aimerais
bien voir cette collaboration toujours dans les deux sens. Elle est tant
appelée par le gouvernement, donc j'aimerais que ça marche dans les deux
sens plutôt que de voir nos mandats d'initiative rejetés systématiquement.
La ministre de
l'Habitation a déposé un projet de loi, le projet de loi n° 31,
le tout dernier jour de la session
parlementaire, en juin. Elle a réitéré haut et fort ce matin, à la période de
questions, son invitation à faire des propositions et à collaborer avec le gouvernement. Eh bien, ma
collègue la députée libérale de Mille-Îles, c'est justement ce qu'elle vient
faire avec ce projet de loi qu'elle propose au gouvernement. C'est une démarche
qui est réfléchie. C'est une proposition qui ne vient pas à l'encontre du zonage incitatif dont la ministre des
Affaires municipales vient de parler. C'est une proposition de la députée de Mille-Îles qui allie innovation
et possibilité de résultats plus rapides pour atténuer la crise du logement
puis augmenter le nombre de logements
sociaux. C'est un projet de loi qui vise à permettre aux municipalités, donc,
de faire du zonage différencié.
Avec du zonage différencié, une ville pourrait
permettre à un OSBL, ou à une coopérative, ou à une entreprise d'économie sociale de construire plus de logements
en hauteur que prévu dans le plan d'urbanisme, à la condition que ces logements additionnels soient du logement social
pour les personnes vulnérables, jeunes et moins jeunes, et la possibilité
de construire plus de logements en hauteur sur un terrain x ou dans un immeuble
existant, d'y ajouter des logements, tout ça
sans processus référendaire, et ça devient alors beaucoup plus attrayant, comme
projet, pour l'OSBL, ou bien pour l'entreprise d'économie sociale, ou bien la
coopérative, ou même le promoteur qui voudrait s'allier à l'un de ces types
de constructeurs, et l'ajout de logements
sociaux vient répondre aux besoins des personnes vulnérables qui sont
présentement très à risque de se retrouver à la rue.
On n'aurait
jamais pensé une telle chose au Québec, en tout cas pas en 2023.
Malheureusement, c'est ce qui est en train de se passer. Et la ministre
des Affaires municipales a mentionné le projet de loi n° 16,
en fait, qui a été adopté en 2022, et a dit
qu'il faut laisser le temps aux villes. C'est bien certain, mais j'aimerais
référer aux études économiques de Desjardins,
parues le 3 octobre dernier... qui dit notamment : «Les besoins sont
criants pour divers groupes de la population, particulièrement les ménages à faible revenu. Les jeunes, [dont] les
étudiants, les travailleurs étrangers [et] les itinérants...» Et elle nous dit
aussi, Desjardins, que «les logements sociaux et abordables doivent être
priorisés». Elle nous dit que chacune des régions, des municipalités et
des villes de la province est touchée, confrontée à cette dure réalité. La
crise affecte profondément divers groupes de
la société, que je viens de nommer, qui sont en quête de logements abordables.
Et justement le projet de loi de ma collègue propose une solution
additionnelle pour parvenir à offrir des logements abordables, des logements sociaux,
je devrais dire, plus rapidement.
Quand on pense qu'en
Montérégie un trois et demie, en moyenne, coûte 1 451 $ par mois, on
peut facilement concevoir l'ampleur de toute la problématique du logement, s'il
nous fallait des chiffres supplémentaires pour y croire. Alors, le projet de loi de ma collègue de
Mille-Îles, c'est un projet de loi... une solution qui est constructive et
innovante, qui va rendre plus
attrayante, comme je le disais tout à l'heure, la construction de logements
sociaux et qui pourrait se faire de
manière plus rapide. Cette proposition du Parti libéral du Québec vise à
répondre à un besoin de base des Québécois et des Québécoises :
avoir un toit pour s'abriter, pour vivre en sécurité, pour payer un loyer
raisonnable, pour se nourrir convenablement aussi. Il me semble que ce n'est
pas trop demander.
Ma collègue de Mille-Îles a fait référence aux
personnes aînées, qui sont des personnes vulnérables dans la question du logement. Faut-il rappeler qu'il y en
a plus de 770 000 qui vivent avec un revenu de moins de 25 000 $
par année? Alors, l'adoption de ce
projet de loi aiderait à briser le cycle de l'itinérance, à permettre aux
personnes vulnérables de garder leur
dignité en ayant accès à un logement, à reconstruire des vies aussi et à éviter
de jeter des personnes, voire des ménages complets à la rue. Il n'y a
pas de perdant, il me semble, avec ce projet de loi.
J'invite sincèrement et respectueusement le
gouvernement de la CAQ à appeler ce projet de loi rapidement, voire à inclure les dispositions du projet de loi
dans son projet de loi présentement à l'étude, le projet de loi n° 31. On demande des propositions de solutions aux oppositions, en voilà une, et je pense
que, dès demain matin, le gouvernement pourrait commencer à l'étudier en
profondeur. Alors, ma collègue de Mille-Îles propose une solution concrète,
réaliste, faisable, humaine et surtout
utile. Le gouvernement en profitera-t-il, pour le bien-être des Québécois et
des Québécoises vulnérables? Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de La Pinière. Et je reconnais maintenant, pour son
intervention, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Oui, bonjour,
M. le Président, je vous remercie. Je veux savoir combien de temps que...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Vous
disposez de 21 min 29 s pour votre groupe parlementaire.
• (15 h 40) •
M. Fontecilla : Mon doux Jésus!
Écoutez, on
le sait tous et toutes, ici, dans l'enceinte de l'Assemblée nationale, on en
parle beaucoup, mais, dans l'ensemble
du Québec, et même au-delà dans l'ensemble du Canada, et peut-être de
l'Amérique du Nord, le thème actuel, pour
le Québec, c'est la crise du logement qui prend des proportions alarmantes. Je
n'ai pas besoin de vous signaler les nombreux
symptômes de cette crise-là qui affecte très concrètement et le portefeuille,
la qualité de vie ainsi que la santé physique et mentale de beaucoup de
nos concitoyens et concitoyennes.
Taux de
vacance très, très, très bas, souvent proche du 0 %, en tout cas, en
général, partout au Québec, en bas du taux d'équilibre de 3 %, des effets
délétères, augmentation des loyers, souvent des augmentations abusives, des
évictions, une épidémie d'évictions, des rénovictions, comme on les
appelle pour... souvent de façon frauduleuse, et qui visent uniquement à faire
augmenter les loyers, augmentation de l'itinérance visible et invisible. Bref,
les symptômes de cette crise du logement
sont très nombreux. Et personne, je pense, au Québec, ne conteste la réalité de
l'existence de cette crise-là.
Évidemment,
dans ce contexte, il faut faire preuve non seulement, tout d'abord, d'une importante
volonté politique pour mettre
de l'avant des mesures pour résoudre cette crise du logement, mais aussi de
faire preuve d'audace, de faire preuve d'imagination, de faire preuve de
capacité de sortir des sentiers battus et explorer de nouvelles avenues afin de
s'attaquer, de façon croisée, à cette crise
du logement. On s'entend, il n'y a pas seulement une solution à la crise du
logement, il y en a plusieurs. C'est
pour ça que le Québec et son gouvernement national, dirigé, actuellement, par
la Coalition avenir Québec, doit impérativement se doter d'une vision
globale qui se traduit dans des politiques, dans des stratégies visant à
s'attaquer de façons multiples à la crise du logement.
On le sait, il y a deux grandes théories, là,
concernant la crise du logement, là, les causes, là. C'est, en premier lieu, l'insuffisance ou le déficit dans la
construction de nouveaux logements, et, d'autre part, beaucoup de gens disent
que c'est l'insuffisance des... ou,
comment dire, l'insuffisance de règlements actuels, qui n'arrivent plus à
contenir les effets délétères de
cette crise du logement là. Dans ce sens, notre collègue la députée des
Mille-Îles a présenté une proposition très intéressante, qui vaut la peine d'être examinée en profondeur, là, c'est
la notion de zonage différencié pour les projets de logements sociaux et communautaires. Cette
proposition-là vise à permettre à ce que... à augmenter, fondamentalement,
la densité des projets de construction de
logements sociaux et communautaires, donc de construire plus de logements sur
un même lot, ce qui fait en sorte de baisser
le prix des constructions et, en bout de ligne, d'augmenter le nombre de
ménages qui peuvent y loger. Évidemment, c'est une proposition qui est
nouvelle, au Québec, qui n'existait pas dans notre cadre réglementaire, qui est loin d'être considérée par
beaucoup de municipalités, mais il y a plusieurs municipalités qui y songent.
Mais, on va
s'entendre, on va s'entendre, malgré le mérite de cette... de la proposition de
zonage différencié, c'est un excellent outil pour intervenir, mais ce n'est pas
seulement cette mesure qui va régler la crise du logement. C'est une
proposition qui a été soulignée, soulevée par plusieurs groupes lors des
consultations du projet de loi n° 31, par exemple les organismes, UTILE,
qui promeut le logement étudiant, l'organisme Vivre en ville, qui a proposé, en
plus, aussi, le Registre des loyers, la
ville de Gatineau et la Communauté métropolitaine de Montréal, qui s'avancent
dans cette voie-là afin de donner une chance supplémentaire aux projets de
logements sociaux et communautaires, ce qu'on appelle des projets hors
marché, de se réaliser. On sait que la construction du logement social, bien,
c'est cher, ça coûte... c'est quand même très, très dispendieux, donc il
devient urgent de trouver les façons d'abaisser les coûts de construction, et le zonage différencié
pourrait être un bon outil pour faire en sorte qu'un projet réduise ces coûts
et qu'il voie, finalement, la... qu'il puisse sortir de terre.
J'aimerais citer
l'organisme UTILE, encore une fois, qui fait du logement étudiant, qui nous
dit : «Si une telle dérogation apparaît
peu probable pour un projet privé, mais est garantie [par] un projet [sans but]
lucratif, ce dernier aura un avantage
dans la négociation — pour
un terrain privé — en
plus d'avoir accès au terrain à un prix par unité plus bas, ce qui réduit la part de financement public
requis.» Fin de citation. Donc, encore une fois, pour la même quantité d'argent,
on construit plus de logements, ce qui est une utilisation très rationnelle de
l'argent de nos impôts.
Évidemment,
ceci nous amène à appuyer sur le fait que le zonage différencié devrait
s'appliquer uniquement au logement
social et communautaire, en excluant les logements abordables, mais le projet
de loi que ma collègue des Mille-Îles a
déposé hier, je crois, ou mardi dernier, il y a quelques jours, en fait... a
déposé ici et qui est un projet de loi qui tente de mettre une... d'apporter une définition à cette
notion qui, jusqu'à présent, est très vague et qui... et, la preuve, les
projets qui ont été construits et qui
aboutissent à des logements abordables nous le prouvent, là, ces logements
abordables produisent des logements
qui comportent un loyer beaucoup plus élevé et qui sont souvent hors de portée
des ménages à qui ils sont destinés.
Donc, si ces ménages-là, finalement, accèdent à ces logements-là avec un loyer
abordable, finalement, ils vont finir par s'appauvrir également.
Et,
deuxième critère, le logement abordable est souvent détenu ou... par le secteur
privé, qui a... de façon tout à fait légitime,
là, qui a des visées d'un rendement financier. Et, au-delà de cette notion-là,
ces logements-là n'appartiennent pas à la communauté, comme c'est le cas
du logement social et communautaire. Par exemple, un logement abordable dans Outremont et à Rouyn-Noranda n'a pas le même
coût. Même si un logement est 20 % en dessous du marché, ça ne veut
pas dire qu'un locataire ne débourse pas
40 % ou 50 % de son revenu pour payer le loyer, surtout dans une
situation où le taux d'inoccupation est bas. Donc, il ne faut pas, selon
nous, utiliser la notion de logement abordable comme solution à la crise du logement. Il faut revenir aux
fondamentaux, qui sont les logements sociaux et communautaires. Donc, il faut
mettre l'accent, là, en termes de politiques publiques, sur le logement hors
marché pour qu'effectivement le zonage différencié puisse faire... puisse avoir
un effet et fermer la porte à ce que le secteur privé et les promoteurs privés
puissent y avoir accès.
Et ces règlements ont
déjà été mis en place ailleurs au Canada. Par exemple, en 2021, la ville de
Vancouver a autorisé, dans trois
arrondissements, les OBNL, les organisations sans but lucratif, des
coopératives d'habitation à construire de
plein droit jusqu'à six étages dans des quartiers zonés à trois ou quatre
étages. C'est ça que ça veut dire concrètement, là, c'est d'augmenter la
densité.
Et évidemment tout
n'est pas parfait, là, et plusieurs organismes et municipalités se questionnent
sur la question des approbations
référendaires concernant ces projets. Par
exemple... Et, dans ce sens-là, la
ville de Gatineau recommande que le
gouvernement du Québec modifie la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme afin
de clarifier le statut des projets à but non lucratif pour s'assurer que leur exclusion des processus
d'approbation référendaire propre aux règlements d'urbanisme ne soit pas
appliquée dans ces cas-là.
Sauf
exception, soustraire à l'approbation référendaire les projets de logements
sociaux hors marché nous apparaît comme
un outil supplémentaire, en pleine crise du logement, mais cela pourrait,
inversement, nuire à l'acceptabilité sociale de certains projets en donnant l'impression aux citoyens et citoyennes
qu'ils ne peuvent pas exercer leur droit démocratique. C'est quelque
chose sur laquelle il faut faire attention.
En même temps, on ne
peut pas retarder ou refuser des projets de logements sociaux à chaque fois
qu'une poignée des citoyens s'y opposent.
Comme vous le savez, là, M. le Président, pour utiliser une expression
couramment utilisée, on ne peut pas
contenter tout le monde et sa mère. Donc, il y a toujours... il va toujours y
avoir des citoyens mécontents, qui, pour
différentes raisons, par exemple, ne veulent pas du logement social, qui, par
exemple, ne veulent... ou différents projets à caractère social.
Mais pourtant ces
mêmes citoyens vivent les conséquences de la crise du logement, l'augmentation
du prix de l'habitation dans les grands
centres ou même dans les moyens centres, même des petites villes,
l'augmentation de l'itinérance. Donc,
ils sont aussi... ils voient aussi les conséquences de cette crise du logement.
Donc, il s'agit aussi d'avoir une approche pédagogique et de bien expliquer, de faire des campagnes d'information
pour faire en sorte que les citoyens comprennent, tout en leur disant
qu'ils ont toujours la possibilité d'exprimer leurs griefs envers ce type de
projet.
• (15 h 50) •
À
ce sujet, Vivre en ville a développé une position, et je cite encore un
document de Vivre en ville : «L'opposition de certains voisins ne doit pas être confondue avec le niveau
d'acceptabilité sociale d'un projet. La très grande majorité de la population
est en faveur du développement de l'habitation à but non lucratif. En diminuant
les risques liés aux processus d'approbation référendaire, les
promoteurs à but non lucratif peuvent développer leurs projets avec une
meilleure prévisibilité et augmenter les chances de voir les investissements publics
se traduire en unités.» Fin de citation.
Il
faudrait, il faudrait donc, si la loi permettait éventuellement un zonage
différencié, mettre l'accent sur la nécessité de quand même ne pas exagérer les volumes qui peuvent... autorisés par
ce zonage différencié afin justement de ne pas créer un ressac des populations locales envers le logement social et peut-être
aller avec des pourcentages par rapport à la moyenne de hauteur des bâtiments dans un secteur. Enfin, il pourrait y
avoir différentes alternatives. On laisse les urbanismes des différentes villes
et du gouvernement, là, proposer des mesures qui pourraient atténuer ce
ressac-là parce que le logement social, quand même, il est important
qu'il puisse être accepté dans tous les territoires des villes du Québec.
Par
exemple, on a entendu parler récemment d'un projet résidentiel de huit étages
proposant 79 logements situés en
plein coeur de Sainte-Foy, ici, pas loin, et qui suscite l'inquiétude de
nombreux résidents. Il illustre... Cette opposition-là illustre les
problèmes de densification auxquels la ville de Québec devra faire face,
surtout si elle souhaite construire 80 000 logements
d'ici 2040 tout en évitant l'étalement urbain, là, parce que c'est ça qu'il
s'agit. Il ne s'agit pas d'étendre la ville, il s'agit de construire
davantage de logements dans le périmètre actuel d'une ville comme Québec.
Souvent,
les citoyens vont dire qu'ils ne sont pas contre et ne s'opposent pas à la
construction de logements, surtout sur un site qui est à l'abandon, mais
soutiennent qu'il faudrait davantage les consulter. Mais consultons-les
d'abord, donc mettons l'emphase sur la nécessité de mieux informer et
consulter les citoyens tout en restreignant la possibilité d'une opposition qui fait mourir ces projets-là. Par
exemple, les gens nous disent : Ça va amener du trafic, ça va amener de la
vitesse. Et ce genre de réaction là, ça nous
inquiète, il faut être en mesure de répondre à ces inquiétudes-là et, par
exemple, privilégier la densification autour des... à proximité des
transports collectifs et inciter les promoteurs à réduire les espaces de stationnement, ce qui pourrait, encore
une fois, réduire de façon importante les coûts de construction. Ça a déjà été
prouvé dans différentes villes américaines, que, lorsqu'on diminue l'obligation
d'avoir une place de stationnement par logement, bien, ça diminue
grandement la construction... le prix de la construction.
Donc, la peur
légitime des citoyens et citoyennes ne reflète pas nécessairement la réalité
d'un projet de logement social qui pourrait redynamiser un quartier et ne pas
amener un déferlement de voitures supplémentaires, surtout si, dans le cas de Québec, par exemple, ces projets-là étaient
accompagnés d'un tramway, par exemple, qui est un moyen moderne de
transport.
Donc, amener
la question du zonage différencié dans la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme devra impérativement être
accompagné de campagnes de communication et de certaines balises qui
permettront d'adapter le projet aux différents milieux. Et aussi, si on voit ce genre de dérogation acceptée sans que
soit considérée la hauteur des bâtiments et la question du paysage qui appartient à tout le monde et à
personne au Québec, on pourrait voir des pressions de promoteurs qui vont
dire : Vous avez accepté, par exemple,
huit étages pour ce projet, pourquoi pas pour le mien? Et on risque de nourrir
des préjugés qui n'aideront pas à nourrir la crise.
Je pense que,
dans tout ceci, M. le Président, il faut insister sur la notion de
densification douce pour amener... pour aménager nos villes, et construire des logements, et lutter en même
temps contre la crise climatique. Par exemple, certaines municipalités ont modifié leur réglementation pour
autoriser les propriétaires privés à construire un logement secondaire sur un lot déjà occupé par un bâtiment
existant. Cette nouvelle unité d'habitation accessoire, qu'on dit, peut être
aménagée dans le bâtiment principal,
ou être annexée, ou encore, être construite en fond de cour. On pourrait, par
exemple, rajouter un niveau, et ça va devenir une unité d'habitation
accessoire.
Nous, à
Québec solidaire, lors de la dernière campagne partielle dans la
circonscription de Jean-Talon, nous avons mis de l'avant des mesures fiscales
pour favoriser l'aménagement des maisons, ce qu'on appelle, bigénérationnelles,
une autre mesure de densification douce qui
a suscité beaucoup d'appuis, puisque beaucoup des gens, des ménages voient d'un
très bon oeil la possibilité... par exemple, le modèle classique, là, de
pouvoir construire une maison accessoire à côté, où est-ce qu'on va loger soit un jeune couple ou soit
les parents. Donc, les familles, au Québec, là, sont tout à fait ouvertes à ce
type d'aménagement. Donc, c'est ça aussi, la densification douce.
Donc, les
avantages de ce type d'approche sont connus, et ça augmente la proportion des
ménages résidant dans des milieux moins émetteurs de gaz à effet de serre,
puisque, souvent, on a besoin de moins de voitures, et ça permet l'accueil, davantage, des ménages dans un milieu
sans changement significatif des caractéristiques de son cadre bâti, et l'effet de préserver le bâtiment et de ne pas
modifier fondamentalement le paysage bâti favorise l'acceptabilité sociale de
ces interventions. Donc, il faut avancer
dans cette voie-là, il faut être... il faut avoir... il faut faire preuve
d'audace, il faut faire preuve d'imagination, et le zonage différencié
fait partie de ces solutions-là. C'est pour ça que nous appuyons la motion de notre collègue de Mille-Îles. Mais il
faut quand même faire attention à l'acceptabilité sociale, il faut faire les
choses intelligemment. Et je pense qu'au
Québec on a les capacités pour faire les choses de façon telle à ce que ce soit
bien accepté, tout en contribuant à résorber la crise du logement.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Laurier-Dorion. Et je reconnais maintenant Mme la ministre
responsable à l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau : Bonjour,
M. le Président. Alors, un autre bel après-midi en Chambre. Je suis contente
d'être présente pour discuter de ça. Bien, moi, je m'en venais discuter
de zonage différencié, là, mais je vais... et je vais en discuter avec mes collègues, mais j'aimerais
peut-être revenir sur certains points qui ont été soulevés par les oppositions.
D'abord, du
côté de la députée des Mille-Îles, bon, je suis bien d'accord avec elle, il
faut que plus de projets sortent de
terre. Puis j'invite ceux que ça intéresse à consulter le site Web de la SHQ. On
a mis des tableaux de bord en place et on est capables de suivre, dans
chacune des régions du Québec, quels sont les projets en cours, sous quel
régime. Est-ce que c'est AccèsLogis? Est-ce
que c'est le PHAQ? Est-ce que c'est ICRL? Donc, tout peut être suivi par
région, puis on voit l'avancement puis où on est rendus dans ces
projets-là. Donc, ça permet de mettre de la pression sur tout l'écosystème,
pour que tout le monde soit à la même vitesse et même désir de faire avancer
les choses.
L'autre chose
que j'aimerais aussi souligner, on a parlé d'UTILE, la députée des Mille-Îles a
parlé du groupe UTILE, qui fait du
logement pour étudiants, puis, bien, on n'est pas ici pour parler, là,
seulement d'UTILE aujourd'hui, mais je voudrais
dire que c'est un excellent modèle. C'est un groupe qu'il faut prendre en
exemple, un groupe qui n'a pas attendu toutes les subventions du gouvernement
pour innover, qui a pris le taureau par les cornes puis a créé un modèle qui
fonctionne. Alors, ça, je pense qu'il faut
le saluer, c'est un excellent modèle, d'autres devraient prendre exemple sur ce
groupe-là. Et on a appuyé le groupe UTILE — d'ailleurs, demain, on fait l'inauguration d'une
résidence étudiante ici, à Québec — et
puis, bien, je veux saluer leur bon travail, leur persévérance, leur esprit
entrepreneurial et toute l'innovation dont ils font preuve. Donc, voilà,
on reviendra sur le projet de loi n° 31 à la fin de mon allocution.
• (16 heures) •
Et
par ailleurs, bien, écoutez, je suis très, très contente d'entendre le député
de Laurier-Dorion parler de sortir des sentiers
battus, que ce n'est pas une seule mesure qui règle la crise du logement,
effectivement. Je dis ça depuis des mois. C'est une multitude de mesures qui font qu'on va arriver à colmater les
brèches puis arriver à quelque chose qui, cumulativement, là, va faire
une différence. Wow! Merci, M. le député de Laurier-Dorion, de soulever ça. Et
j'ai bien aimé votre commentaire à l'effet
qu'on ne peut pas contenter tout le monde et sa mère. Moi aussi, je pense ça.
Donc, effectivement, il y a des choix à faire. Et puis j'ai aimé que vous
fassiez preuve d'ouverture et que vous montriez qu'il faut voir les deux côtés.
Alors, c'est justement tout le défi. Tout le défi, M. le Président, de mon
rôle, c'est de voir les deux côtés, justement.
Alors, sur
ce, je retourne à mon texte officiel, M. le Président. Donc, alors, je le
disais, je salue l'esprit d'initiative, là, de mes collègues des oppositions à
vouloir trouver des solutions constructives pour aider à la résolution de la
crise du logement. Comme il a été
mentionné régulièrement... ou comme elle le mentionne, je m'excuse,
régulièrement, ma collègue des Mille-Îles connaît très bien le milieu
municipal, ayant été conseillère à la ville de Laval dans une autre vie.
Donc,
effectivement, une discussion sur le zonage différencié versus incitatif, là,
est pertinente. Et en quoi consiste le
zonage différencié exactement? Parce qu'avant de prendre cette direction il
faut qu'une analyse rigoureuse ait été produite, ce que nous avons fait, de notre côté, depuis plusieurs semaines déjà,
plusieurs mois. Ma collègue des Affaires municipales en a parlé tantôt.
Alors, qu'est-ce que le zonage différencié procure comme droits spécifiquement?
Eh bien, il
permet à une municipalité de moduler ses normes de zonage selon la personnalité
juridique des porteurs de projet de
manière à créer des incitatifs aux projets de logements sociaux et abordables,
par exemple. Alors, dans une zone, la hauteur maximale autorisée pour
les projets résidentiels pourrait être de six étages, mais, dans le cas des
projets réalisés par des OBNL d'habitation,
des offices d'habitation ou des coopératives, la hauteur maximale pourrait être
de 12. La marge excédentaire de
développement, comme ça a été mentionné, agit essentiellement comme une
subvention indirecte pour les projets bénéficiaires.
Par rapport
au zonage incitatif, le principal avantage est que l'application du zonage
différencié ne nécessite pas d'approbation au cas par cas par le conseil
municipal ni la conclusion d'une entente avec le demandeur. L'approche
strictement normative du zonage différencié le rend donc effectivement plus
léger sur le plan administratif.
Par contre,
il existe des effets négatifs, selon nous, à cette solution, notamment parce
que le zonage différencié est contraire
à l'esprit des pouvoirs de zonage, qui ne permettent pas, généralement, de
régir en fonction des personnes et de la personnalité juridique des
demandeurs. Donc, généralement, on n'a pas ça dans le zonage.
Le zonage
différencié permet difficilement de viser les projets de logement abordable
réalisés par des entrepreneurs privés,
et l'absence de pouvoir contractuel permettant de garantir la pérennité du
caractère abordable des logements dans le
temps nous préoccupe. Alors, ça ne tient pas compte du fait que les immeubles
construits pourraient notamment être vendus à des acteurs différents qui ne
seraient pas nécessairement, subséquemment, des OBNL. Donc, on voit un risque
de subterfuge où un OBNL-écran est
constitué afin de bénéficier de normes plus permissives pour ensuite vendre
l'immeuble à un promoteur privé, ce
qui reviendrait à en faire une utilisation du zonage à titre de subvention
indirecte, et évidemment ce n'est pas le but recherché.
Il existe, par contre, une solution alternative
qui nous semble plus adéquate dans les circonstances, et que nous favorisons, au gouvernement, et c'est celui du
zonage incitatif. Le zonage incitatif est un outil distinct du règlement de
zonage, qui se superpose à celui-ci.
Le règlement
de zonage incitatif contient des normes plus permissives que celles du
règlement de zonage et qui sont
destinées à les remplacer à la pièce à l'égard d'un projet pour lequel une
entente est conclue avec le demandeur. Le règlement peut prévoir des normes à l'égard de tout objet en matière de
zonage, à l'exception des usages. En général, les normes de volumétrie ou d'implantation se prêtent
bien à une approche incitative en raison du bénéfice potentiel en termes
de développement.
Une telle
norme incitative ne peut s'appliquer que si le demandeur s'engage à offrir une
contrepartie. À cet égard, le règlement de zonage incitatif doit préciser les
contreparties qu'une municipalité peut exiger à titre de prestation du demandeur dans le cadre d'une entente parmi les
catégories suivantes. Alors, il pourrait y avoir la réalisation, sur le site
du projet ou à proximité, d'aménagements ou
d'équipements d'intérêt public, on pourrait parler d'intégration aux projets
de logements abordables, sociaux ou familiaux, le respect de conditions
relatives à l'atteinte d'objectifs en matière de performance environnementale des bâtiments ou du site, ou encore la
préservation ou la restauration d'un immeuble qui a une valeur patrimoniale. Le requérant, dans ce
cas, a toujours la possibilité de ne pas conclure d'entente de zonage incitatif
avec la municipalité et de respecter les normes de base prévues par le
règlement de zonage.
Par
conséquent, M. le Président, nous croyons que le zonage incitatif serait plus
intéressant à de nombreux égards. Nous
avons la possibilité d'atteindre les mêmes fins que le zonage différencié sans
faire du zonage en fonction des personnes, par exemple, comme prévoir
comme conditions relatives à une entente en matière de zonage incitatif que les
marges excédentaires de développement sont
conditionnelles à ce que 100 % des logements créés par le projet soient
des logements sociaux ou abordables. Il y a possibilité pour des promoteurs
privés de bénéficier des normes incitatives s'ils sont en mesure de fournir la contrepartie exigée par la
municipalité. On retrouve une flexibilité associée à un pouvoir de nature
discrétionnaire. Il y a des avantages
au niveau de l'approche contractuelle aussi, c'est-à-dire la capacité de
sécuriser le caractère abordable des
logements dans le temps, même en cas de vente à un tiers, la possibilité aussi
de prévoir toutes conditions particulières à la contrepartie exigée. Contrairement au zonage différencié, les
normes d'urbanisme ne sont pas utilisées à titre de subvention indirecte à des organismes, puisque la norme
incitative est associée à la réalisation d'une contrepartie d'intérêt public
par le demandeur.
Alors, ça
conclut mes commentaires sur le zonage incitatif et différencié. Maintenant, je
vais aborder le sujet du projet de
loi n° 31, parce qu'il a été... parce qu'il représente des avancées
majeures dans le paysage de l'habitation et des affaires
municipales. Je dois dire que les oppositions se sont fait un malin plaisir à
utiliser des termes peu élégants et à véhiculer des informations qui ne
sont pas vraies. Alors, on va en profiter, aujourd'hui, pour...
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Absolument. Évidemment. Oui, M. le leader, rapidement.
M. Lévesque (Chapleau) : ...que la ministre
évoquait, puis elle essayait, justement, de faire son point, donc on
peut laisser la ministre continuer.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Il
faut être prudent, en cette Chambre, d'utiliser le mot... de dire «pas vraies»,
ce n'est pas accepté. Je vais vous demander d'être très prudente dans
vos prochaines interventions, Mme la ministre.
Mme
Duranceau : Parfait, M. le Président. Alors, je rétablis, donc, les
faits.
Premièrement,
lorsque j'ai déposé mon projet de loi, à la dernière législature, j'avais un
plan en tête. Il s'agissait de déposer
avant la fin de la session, car je voulais être dans les premiers projets de
loi appelés cet automne, et ce, dans le but que le projet de loi n° 31 soit adopté dès cet automne. Ultimement,
j'aimerais que les mesures contenues soient en vigueur dès le mois de janvier, car c'est le moment de
l'année où les locataires reçoivent les avis de renouvellement des baux. Mon
intention est de rétablir un équilibre entre
locateurs et locataires et de protéger adéquatement ceux-ci, notamment avec de
la prévisibilité, de la meilleure
information sur leurs droits, des dédommagements en cas d'éviction et plusieurs
autres mesures que nous pourrons discuter lors de la reprise de l'étude
détaillée demain.
• (16 h 10) •
Deuxièmement,
M. le Président, la première mouture du projet de loi n° 31 contenait des
mesures propres à mon secteur de
l'habitation. Comme je l'ai dit hier, je jouais dans mon carré de sable.
Cependant, il faut mentionner que le domaine de l'habitation est transversal, on l'a dit maintes et maintes fois ici,
en Chambre, il faut... ça touche plusieurs ministères. J'ai donc
travaillé tout l'été avec mes collègues pour bonifier le projet de loi et
ajouter des éléments qui vont venir aider à résorber
la crise du logement. De plus, les consultations tenues il y a moins d'un mois,
du 14 au 20 septembre, donc quelques semaines, nous ont permis de cheminer dans l'élaboration du projet de
loi n° 31. Les oppositions, M. le Président, ne vont toujours bien
pas nous reprocher de consulter. C'est un processus qui est démocratique, tout
de même. Alors, prétendre que ce projet de loi a été écrit sur un coin de table est tout simplement ordinaire, et même
insultant, je dirais, pour la fonction publique,
qui nous appuie, là, dans tous ces processus. Je pense que tout le monde a
travaillé très fort sur le projet de loi.
C'est majeur comme
changement, c'est très sensible. Ce que nous souhaitons proposer amène des
changements importants, et je ne peux
malheureusement pas en dévoiler la teneur dès aujourd'hui, sous peine d'outrage
au Parlement, M. le Président, mais
sachez que ce projet de loi apportera beaucoup de changements dans le milieu
municipal, de l'habitation et du
domaine de la construction. Il faut bien faire les choses, car cela aura des
répercussions sur plusieurs années à venir. On doit intervenir de façon
musclée si on veut s'en sortir, et les amendements que nous déposerons iront
dans cette direction. Je veux faire avancer
ce projet de loi de la façon la plus sereine possible et j'espère que mes
collègues d'en face feront preuve de collaboration tout au long de
l'étude détaillée.
Et,
je tiens à le rappeler aussi, le p.l. n° 31 est un élément important, dans
l'équation, que j'aurai, mais j'aurai également à déposer mon plan d'action gouvernemental d'ici la fin de l'automne.
Alors, ce n'est pas une seule mesure, ce n'est pas juste le projet de loi, c'est un ensemble de
mesures. Un plan, d'ailleurs, avec des actions concrètes à court terme, à moyen
terme, à long terme. Ce plan ne sera pas
figé dans le temps et pourra être ajusté selon les circonstances. Ça prend de
la flexibilité et de l'agilité. Les
choses évoluent rapidement, il faut être en mesure de suivre la cadence. Je
n'ai pas l'intention de m'imposer un
carcan rigide, et je ne crois pas que ce soit dans l'intérêt de qui que ce
soit. Je veux avoir le loisir de moduler selon l'état du marché. Je
pense que c'est faire preuve de sagesse que d'agir de cette façon.
D'ailleurs,
trop longtemps, les gouvernements se sont imposé des plans très précis, qui
nous restreignaient dans les actions
à poser dans le futur, et, dans le milieu immobilier, il faut saisir les
opportunités, faire preuve de souplesse et d'ouverture. C'est clair que cela fait réagir certains acteurs, qui
étaient habitués à fonctionner d'une certaine façon, mais je crois que, dans les circonstances actuelles, il
est impératif de faire preuve de... de faire des changements. On ne peut plus
se satisfaire des moyens en place, des vieux programmes, accepter le manque
d'efficience et le manque de gouvernance. Ça nous prend des nouveaux outils, des nouveaux partenaires, des nouveaux
leviers financiers, et j'estime qu'il est temps de faire bouger les
choses.
M.
le Président, je suis tournée vers l'avenir et j'espère que mes collègues ont
les mêmes aspirations que moi, soit un
avenir pour la construction de logements sociaux et abordables, mais également
pour l'accès à la propriété pour nos jeunes.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la ministre responsable de l'Habitation. Je reconnais
maintenant Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Et je vous informe qu'il reste
7 min 28 s à votre groupe.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Merci beaucoup, M. le Président. Et je remercie
mes collègues, donc, de me permettre d'intervenir sur le dossier de
l'habitation, un dossier qui est très pertinent pour la jeunesse québécoise.
Donc, c'est à ce titre, M. le Président,
donc, à titre de porte-parole libérale pour la jeunesse, que j'aurai l'occasion
de faire mon allocution aujourd'hui.
Donc, j'ai eu
l'occasion d'entendre une partie des échanges cet après-midi et j'enjoins tous
mes collègues à voter en faveur de la motion de la députée des
Mille-Îles, donc, qui va comme suit :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte que le zonage différencié est à
même de permettre une rentabilisation plus rapide des projets de logements sociaux et communautaires au Québec et
donc d'en augmenter le nombre et la cadence de construction;
«Que dans
l'objectif de favoriser un plus grand nombre de logements pour les citoyens,
elle demande au gouvernement caquiste
de prendre les dispositions législatives nécessaires afin de permettre aux
municipalités la mise en place du zonage différencié pour les projets de
logements sociaux et communautaires.»
Donc, je
commencerais, M. le Président, parce que la ministre, donc, a ouvert la porte
dans ses dernières... donc, dans les
dernières phrases de son allocution... Donc, elle nous a parlé d'accès à la
propriété, donc je commence avec cet élément.
Pourquoi? Parce que je reviens au fait que je suis porte-parole libérale pour
la jeunesse, et l'un des éléments qui créent énormément d'anxiété chez
nos jeunes, bien, c'est, justement, l'accès à la propriété. Dans le contexte
actuel d'augmentation du coût de la vie, des
taux d'intérêt, rien ne semble plus inaccessible, pour la jeunesse, que
celui... que le rêve d'accéder à la propriété.
Mettez-vous,
M. le Président, dans la peau d'un jeune, donc, celui qui a fait tous ses
devoirs, donc, celui qui a suivi le
mode d'emploi. Il est allé à l'école, il s'est trouvé un travail, il n'a pas
cumulé de dette à la consommation, il a commencé à mettre de l'argent de
côté il y a plusieurs années pour atteindre sérieusement son objectif. Il ne se
commande même pas de double latté à la
citrouille, M. le Président, chez un détaillant qu'on connaît très bien. Il
suit la consigne à la lettre. Eh
bien, ce jeune-là, donc, ce jeune lambda, dans mon exemple, doit quand même
faire face à des prix de vente qui excèdent sa capacité de remplir son bas de
laine, d'autant plus s'il vit, en attendant, dans un logement trop cher, dans
un... même s'il est en colocation,
donc, s'il n'a pas l'opportunité, donc, de pouvoir remplir son bas de laine en
étant, donc, dans un logement qui, lui, est abordable, c'est très, très,
très difficile pour lui d'atteindre ce rêve-là.
Donc, étant moi-même de la génération Y,
celle des millénariaux, M. le Président, c'est quelque chose que j'ai l'occasion d'entendre sur le terrain, c'est
quelque chose que j'entends parmi plusieurs groupes. Donc, c'est une des
priorités de notre génération et de
celles qui suivent. Malgré tout ce qu'on peut entendre, donc, dans les médias,
donc, on a des jeunes sérieux qui
veulent se créer un patrimoine et qui angoissent à l'idée de ne jamais devenir
propriétaires. Donc, cette vision à long terme existe. L'accès à la
propriété résidentielle est encore vu comme un des piliers de la préparation
financière à la retraite. Mais, ceci dit,
donc, il y a plusieurs obstacles, et comme, donc, celui que j'ai nommé, donc,
celui d'être, en attendant, dans un logement qui puisse être abordable.
C'est là
que, face à ces inquiétudes, il faut se poser des questions sur l'un des moyens,
donc, de réduire ces obstacles-là. Et
c'est là toute l'ingéniosité de ma collègue des Mille-Îles de présenter le
projet de loi, qu'elle a déposé hier, sur le zonage différencié, donc
d'en arriver, donc, à une proposition qui permette exactement ça, qui permette,
donc, à nos jeunes, notamment, donc... je pense que ma collègue de La Pinière a
eu l'occasion de parler de la nécessité de logement, donc, communautaire et social, donc, pour les personnes
aînées, mais qui permet aussi à nos jeunes, donc, de pouvoir avoir un certain souffle, de suivre la consigne à la
lettre, de suivre le mode d'emploi, comme je vous l'ai mentionné, mais aussi de
pouvoir se bâtir un certain bas de laine avant d'avoir un capital.
Donc, c'est
donc pour l'une de ces raisons-ci que le zonage différencié vient faire toute
la différence. Et je vais vous donner un exemple très concret de ce que
j'avance, qui est un exemple probant. Puis on a été plusieurs, aujourd'hui en Chambre, donc, à parler d'UTILE, qui remplit
exactement cet objectif. Évidemment, on est dans le logement étudiant à cet
égard, M. le Président, donc ce n'est pas
tous nos jeunes qui en bénéficient, mais, tout de même, on a quand même, donc,
une grande... une partie considérable, une
partie substantielle de notre jeunesse québécoise qui, justement, donc, se...
donc, en a un petit peu moins sur les épaules grâce à ce type de projet
là.
Je vais vous parler un peu d'UTILE puis je vais
vous le décrire un peu. Donc, c'est un projet qui est en place depuis 2012. Donc, UTILE, c'est quoi? C'est
l'Unité de travail pour l'implantation de logement étudiant. Donc, c'est la
seule entreprise d'économie sociale qui se spécialise en logement
étudiant à l'échelle du Québec, de l'étude de la gestion des... à partir de l'étude de la gestion des
immeubles. Donc, leur mission consiste à développer, gérer des projets de
logement étudiant abordable, en plus de promouvoir l'accès au logement
pour la population étudiante et d'étudier ses habitudes résidentielles.
En ce
moment... donc, je vous ai dit, donc, le projet existe depuis 2012, et
plusieurs des associations étudiantes qui sont... donc, qui font partie, donc, des groupes que je rencontre
régulièrement à titre de porte-parole pour la jeunesse me parlent avec beaucoup d'enthousiasme d'UTILE. Et
ce sont aujourd'hui, donc, 10 projets immobiliers. À Montréal, on
parle de deux en location, un en
construction, quatre en développement. Il y en a un en construction à Québec,
un en développement à Trois-Rivières
et un en recherche de terrain à Sherbrooke. Ce sont
1 392 appartements, 1 392, M. le Président, donc, ça donne une idée d'à quel point, donc, un projet
comme celui-ci, donc, déjà, donc, remplit un certain rôle, mais, donc, peut
être amené, donc, à être plus déployé. Et on parle de 308 millions de
dollars d'investissement.
Donc, ici, M.
le Président, donc, on a un organisme, un organisme à but non lucratif qui
travaille à l'amélioration des
conditions d'habitation de la population étudiante, donc, qui développe des
milieux de vie durables, de qualité, adaptés à ses besoins...
(Interruption)
Mme
Cadet : Bien voilà. Et, ce faisant, donc, UTILE contribue
à maximiser les effets positifs, donc, du dynamisme de la population
étudiante, donc.
• (16 h 20) •
On a donc un
projet comme celui-là qui est un peu, donc, un modèle de logement étudiant
abordable propre au Québec, qui est reçu avec enthousiasme par tous les
groupes qui se préoccupent de logement étudiant, qui se préoccupent de la condition étudiante et de
la condition des jeunes, de la jeunesse québécoise au grand complet, qui nous
disent : Bien, voilà, voilà un
modèle qui devrait être répliqué. UTILE lui-même nous fait ce message-là en
disant : Bien, voilà, donc, nous avons créé celui-ci, faisons en sorte que nos propositions puissent être
déployées. Bien, avec le projet de loi qui a été déposé par ma collègue, avec la motion qui est présentée
aujourd'hui en Chambre, M. le Président, bien, c'est exactement ce que le
zonage différencié permettrait de faire.
Je vous lis
un extrait du mémoire qu'UTILE a déposé lors de l'étude du projet de loi
n° 31, qui nous dit, donc, qu'il faut
«propulser les OBNL sur le marché immobilier», notamment à travers le zonage
différencié qui peut, M. le Président, être
complémentaire au zonage incitatif. On a entendu la ministre, donc, nous
parler, donc, de cette préférence-là, mais le zonage différencié, comme l'indique le mémoire d'UTILE et comme
l'indiquent tous les experts, peut définitivement être complémentaire à celui qui est incitatif. Donc, il
n'y a... on n'a pas à choisir entre l'un ou l'autre, on peut tout à fait faire
l'un et l'autre pour permettre cette abordabilité de logement chez les
étudiants, M. le Président.
Donc, ici, on
a un projet hyperpratique, en terminant, un projet concret qui pourrait se
déployer, qui pourrait être complémentaire au zonage incitatif...
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Et je reconnais maintenant M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Éric Girard
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Oui,
merci, M. le Président. Permettez-moi de vous saluer, de saluer aussi mes
collègues ici présents pour cette motion présentée par la députée de Mille-Îles,
ma collègue.
Je voudrais
quand même faire un petit rappel. La semaine passée, nous avons eu aussi
l'occasion, là, de discuter des enjeux du logement et on a parlé de
programmes gouvernementaux qui sont mis en place, de collaboration. On a aussi mentionné et fait la démonstration qu'on est tous
conscients, là, de la situation, le gouvernement est conscient aussi de la situation, et on a mis des choses en place,
justement, pour accélérer et améliorer la situation, M. le Président. Mais,
comme on fait face aussi à une
conjoncture assez spéciale en termes d'inflation, de taux hypothécaires et
aussi de toute la question d'approvisionnement,
c'est un dossier qui est extrêmement difficile et... mais on a quand même
apporté des solutions et on va en apporter d'autres dans le projet de
loi n° 31 qui sera étudié prochainement.
M. le Président, vous savez, j'aurai des choses
à dire qui sont assez techniques. Entre autres, je veux m'attarder sur certains enjeux, en fait la planification
territoriale. Je veux aussi m'entretenir aussi au niveau des exemptions
référendaires, des pouvoirs d'aide, des pouvoirs réglementaires, et
même, s'il me reste du temps, aussi de rappeler certaines notions sur la réglementation d'urbanisme, des grands
principes de règlement de zonage aussi, de l'application d'un règlement de
zonage, comment ça fonctionne, des
modifications à un règlement de zonage, et aussi de vous apporter des exemples
de mise en place d'un zonage incitatif.
Donc, ma
collègue ministre des Affaires
municipales a rappelé, plus tôt, que
notre gouvernement a dévoilé, l'an dernier,
notre Politique nationale de l'architecture et de l'aménagement du territoire,
qui est venue définir des objectifs en aménagement du territoire. Je
veux vous dire que la politique met de l'avant une vision rassembleuse,
ambitieuse du développement des territoires,
qui mise, entre autres, sur la densification des centres-villes et sur
l'utilisation optimale des infrastructures
existantes. Et à ça, bien, l'un de ses grands axes est, justement, d'avoir des
milieux de vie de qualité, M. le Président,
qui répondent aux besoins de la population. Et d'ailleurs cet axe souligne
l'importance... hein, on le sait, afin d'accroître
et de permettre l'offre de logements de qualité accessibles et abordables qui
répondent aussi à une diversité de besoins,
et aussi de concevoir des milieux de vie complets à l'échelle humaine qui
répondent aux besoins des communautés.
La ministre a
aussi rappelé que nous avons déposé le projet
de loi n° 16, on parle de la loi
qui a modifié l'aménagement et
l'urbanisme et d'autres dispositions, qu'on a sanctionnée en juin 2023.
Vous savez, M. le Président, c'est l'un des plus importants chantiers de
modernisation de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme depuis l'adoption, en
1979.
De plus, M.
le Président, le gouvernement élabore présentement de nouvelles orientations
gouvernementales en aménagement du territoire, ce qu'on appelle les OGAT,
hein? Vous savez, à terme, elles vont permettre de mettre en oeuvre cette vision du territoire présentée dans
la Politique nationale de l'architecture et de l'aménagement du territoire.
Et, dans cette foulée de ces grands
changements, les municipalités, les MRC, les villes vont bientôt revoir leurs
documents de planification
territoriale et ensuite, par cohérence, de leur réglementation d'urbanisme. Il
s'agit d'un chantier important pour le Québec, qui permet de revoir en
profondeur la manière dont le territoire est aménagé.
Et je veux
quand même prendre le temps de vous parler un peu des grandes orientations
gouvernementales. Vous savez qu'une
MRC, une municipalité ont des pouvoirs aussi, ont des pouvoirs en termes de modification de règlement, en termes de
contrôle intérimaire, en termes de grandes affectations aussi de leurs
territoires. Ils avaient déjà ces pouvoirs-là. En révisant la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, on est venu améliorer et redéfinir certains
cadres dans cette loi-là, à la
demande de nos élus municipaux, qui permet d'aller plus rapidement et
d'apporter de grandes améliorations quant à leur développement de leurs territoires. Donc, c'est quand même
important. Puis vous savez qu'une fois que les MRC ont fait leurs schémas d'aménagement et de
développement, bien, c'est les municipalités locales qui amènent leurs
règlements d'urbanisme, avec les
modifications réglementaires qui sont en cohérence avec le grand schéma
d'aménagement de la MRC.
Maintenant,
les mesures en matière d'habitation. Vous savez que, considérant qu'on a fait
les modifications récentes en aménagement du territoire, ça peut avoir un effet
majeur sur la crise du logement. Je me permettrais donc de rappeler les faits saillants du projet de loi n° 16, qu'on a sanctionné en juin 2023. Cette loi, bien entendu,
s'articule autour de plusieurs thèmes,
dont celui de l'accroissement de l'offre de logements. Ainsi, il importe de
rappeler les mesures du projet de loi n° 16 qui ont
permis de favoriser la prise en compte de l'habitation dans le régime
d'aménagement et d'urbanisme au Québec.
On
parle de quatre grands thèmes, je vous les ai mentionnés tout à l'heure :
la planification territoriale, les exemptions
référendaires, les pouvoirs d'aide et les pouvoirs réglementaires.
Premièrement, M. le Président, le projet de loi n° 16
a énoncé les finalités que doivent poursuivre les communautés métropolitaines,
les MRC et les municipalités locales dans le
cadre de leur planification territoriale. De cette façon, nous sommes venus
préciser les enjeux auxquels doivent chercher à répondre les communautés
métropolitaines, les MRC et les municipalités locales dans leurs documents de
planification, de manière à favoriser une démarche globale, cohérente et
intégrée du développement de leurs territoires.
Ainsi,
l'une des finalités qui doivent être poursuivies, là, dans ça, concerne le
développement et le maintien d'une offre
en habitation répondant à la diversité des besoins. Par ailleurs, le projet de
loi n° 16 modernise également le contenu du schéma d'aménagement et de développement et celui
du plan d'urbanisme, et ce, afin que la planification réponde plus adéquatement
aux défis contemporains de l'aménagement. On n'a qu'à penser notamment à la
planification intégrée de l'aménagement et des transports, les enjeux de
la disponibilité des ressources en eau, mais aussi la prise en compte des enjeux d'habitation. Ça veut dire, M. le Président,
que les MRC et les municipalités devront désormais, dans leur planification territoriale, décrire les besoins
projetés en matière d'habitation et prévoir des mesures en vue d'y répondre.
Par
ailleurs, j'aimerais vous dire, M. le Président, que les orientations gouvernementales
en aménagement du territoire pourront aussi venir préciser les attentes de
planification des besoins en habitation et même demander aux MRC de se
doter de cibles en matière de logement, M. le Président.
Deuxièmement, les
normes de zonage peuvent aussi avoir un effet direct sur l'offre de logements,
par exemple, et ça a été mentionné tout à
l'heure, en augmentant la volumétrie des projets résidentiels autorisés, le
nombre d'étages, la superficie de plancher, etc., ou en autorisant la construction
de logements accessoires à une résidence principale. Or, les modifications à un règlement de zonage qui ont
pour effet d'augmenter la densité résidentielle étaient souvent soumises
pour approbation référendaire par les
citoyens. Il arrivait donc régulièrement que des projets de densification qui
auraient un effet positif sur l'offre
de logements étaient bloqués par quelques opposants. Ainsi, l'approbation
référendaire est parfois critiquée parce qu'elle remet en question la
légitimité des décisions prises par les élus. En outre, elle peut compromettre
la réalisation de projets favorables à l'intérêt collectif, dont ceux visant la
densification des milieux de vie. Donc, il doit
y avoir un équilibre entre le pouvoir citoyen et le devoir des élus d'agir pour
le bien commun qui doit être recherché.
• (16 h 30) •
C'est pourquoi que le
projet de loi n° 16 a introduit différentes
exemptions référendaires pour des projets qui visent
la consolidation des milieux de vie et, par extension, l'accroissement de l'offre
de logements. Ces extensions visent certains objets de zonage moins
sensibles pour les citoyens, mais qui facilitent la densification, les
modifications visant à autoriser
l'aménagement de logements accessoires, les modifications aux normes de
volumétrie et d'implantation des bâtiments,
jusqu'à un maximum, M. le Président, de 33 % des normes en vigueur, et ce
seuil est même fixé à 50 %, M. le Président, dans les secteurs
desservis par un réseau de transport structurant.
Troisièmement,
M. le Président, le projet de loi n° 16 étend les pouvoirs d'aide en
matière de revitalisation à tout secteur
visé par des objectifs de revitalisation dans le plan d'urbanisme.
Rappelez-vous qu'auparavant ce pouvoir d'aide était seulement applicable dans les centres-villes et dans certains
secteurs. Un programme de revitalisation permet d'accorder une assistance financière directe aux personnes et
aux organismes dont les actions contribuent aux objectifs de revitalisation
de la municipalité, ce qui peut, bien entendu, avoir des incidences positives
en matière d'habitation.
Par
exemple, afin d'encourager les investissements privés nécessaires à la
revitalisation et au maintien de logements familiaux à des prix abordables dans un quartier, une municipalité peut
désormais offrir aux propriétaires de bâtiments et de terrains des incitations financières favorisant la
rénovation des logements existants et la construction de nouveaux. Alors,
M. le Président, l'ensemble des citoyens pourra, par la suite, bénéficier d'un
quartier plus attrayant, offrant une gamme intéressante de logements, ce qui
permet d'accroître, bien entendu, l'assiette fiscale de la municipalité. Donc,
il y a des avantages dans ceci.
Par
ailleurs, dans la perspective de favoriser le logement intergénérationnel et la
proche aidance, parce qu'on n'en a pas parlé, et je trouve important qu'on le
mentionne, le projet de loi n° 16 a permis aux municipalités d'adopter un
projet d'aide pour les propriétaires
d'un logement accessoire qui est occupé par un membre de la famille ou par une
personne qui est en relation de proche aidance. C'est important, ça, M.
le Président.
En
effet, les maisons intergénérationnelles peuvent contribuer à favoriser l'accès
au logement pour les aînés et les jeunes et doivent donc être encouragées.
De même, la mise en place d'un logement accessoire peut notamment faciliter les
soins de soutien offerts par un proche aidant. Or, l'ajout d'un logement
indépendant à une propriété a généralement pour effet d'augmenter sa valeur et,
conséquemment, les taxes foncières applicables à l'immeuble, et l'aide
municipale, y compris sous forme de crédits
de taxes, permet de créer un incitatif au logement intergénérationnel,
réduisant ainsi le fardeau financier des proches aidants.
Concernant
le pouvoir réglementaire, M. le Président, comme l'a précisé la ministre des
Affaires municipales, le projet de
loi n° 16 a introduit dans le coffre à outils des municipalités un nouveau pouvoir de zonage incitatif. On peut parler du «bonus zoning». Déjà répandu ailleurs au Canada
et aux États-Unis, ce pouvoir accorde une flexibilité supplémentaire aux municipalités en leur permettant de négocier
une marge excédentaire de développement contre certains engagements du
requérant.
La
négociation de cette marge excédentaire se réalise dans le cadre d'une entente.
Il importe maintenant de prendre le temps aussi, M. le Président, de s'attarder
de manière plus importante à ce concept afin que tout le monde comprenne
bien ce dont il est question, parce que,
selon nous, le zonage incitatif permet d'atteindre les objectifs du zonage
différencié de manière plus adéquate.
M. le
Président, il est important de rappeler certaines notions sur la réglementation
d'urbanisme. Donc, comme je le
disais, pour bien saisir dans quel contexte s'inscrivent les questions de
zonage différencié et de zonage incitatif, il faut bien comprendre quelques
notions sur la réglementation d'urbanisme, et, je l'ai dit, c'est technique.
C'est très technique.
La
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme confère aux municipalités plusieurs
pouvoirs en la matière. Pensons aux règlements de zonage, aux règlements
de lotissement, aux règlements de démolition, etc. Ces règlements permettent aux municipalités, M. le Président, d'adopter des
normes impersonnelles qui s'appliquent sans distinction quant à la personne
visée. Ce sont des principes essentiels au bon fonctionnement de la société. Ça
garantit qu'une municipalité ne fera pas de discrimination dans
l'application de sa réglementation et que tous sont égaux quant à leurs droits
qui en découlent.
M. le Président, ces principes, là, sont donc au
coeur du règlement de zonage, puis, lorsqu'on parle de principes, M. le Président, là, d'un règlement de zonage,
c'est pertinent de rappeler le fonctionnement d'un règlement de zonage, et ce,
afin de mieux cibler en quoi le zonage différencié déroge à ces principes.
Le règlement
de zonage fixe des normes qui s'appliquent uniformément, uniformément par zone,
par secteur de zone ou à l'ensemble
du territoire d'une municipalité. Tout comme le règlement de lotissement et le
règlement de construction, le
règlement de zonage est un règlement d'application normative, M. le Président.
Ça veut dire que sa mise en oeuvre ne permet aucun jugement
discrétionnaire de la part de celui qui l'applique, généralement le
fonctionnaire municipal qui délivre les
permis. J'ai été maire par le passé, à titre informatif. Le règlement doit donc
être rigoureux et précis non seulement pour que les citoyens comprennent
les normes qu'ils doivent respecter, mais également pour que la municipalité
puisse l'appliquer objectivement, notamment dans le cadre de la délivrance de
ses permis et de ses certificats.
M. le
Président, les normes de zonage ne peuvent pas être arbitraires ou
déraisonnables. Elles doivent donc se justifier et être formulées clairement dans le règlement pour les rendre
applicables. La disposition du règlement de zonage peut porter sur différents aspects, comme la division du
territoire en zones, la classification des usages et des constructions, par
exemple, entre résidentiel,
commercial ou institutionnel, les usages et les constructions autorisées ou
prohibées dans chacune des zones, les
densités d'occupation du sol dans chacune des zones, le contingentement
d'usages similaires ou identiques dans une
zone, les normes d'implantation des constructions. Alors, l'ensemble des normes
de zonage, M. le Président, doit être appliqué
sans égards au fait que le propriétaire du terrain soit riche ou en situation
précaire, un particulier ou une entreprise. Je le répète, la réglementation dépend de l'endroit qui est visé et des
activités qui s'y déroulent et non de l'individu à qui elle s'applique.
Les critères
de la municipalité pour l'application du règlement doivent être objectifs et ne
pas faire intervenir le jugement du
responsable de la délivrance des permis et des certificats. Il en va de la
transparence même de la municipalité dans sa gestion des demandes qui
lui sont adressées. Tout principe qui découle de règles de droit administratif,
de la jurisprudence ainsi que d'autres lois
s'applique aussi au règlement de zonage. Par exemple, le zonage ne doit pas
prohiber un usage licite ou légal
partout sur le territoire de la municipalité. Le zonage ne doit pas régir les
personnes. Ainsi, il ne peut pas
prescrire un nombre maximal de personnes par logement ou prévoir que la
copropriété soit interdite. Il ne serait pas souhaitable, M. le
Président, non plus, par exemple, que les municipalités puissent interdire les
coopératives. C'est important de le
mentionner. Et enfin le zonage ne doit pas déroger aux libertés et aux droits
fondamentaux inscrits dans les chartes canadienne et québécoise. De
plus, un permis ou un certificat municipal ne peut être refusé, par exemple,
pour le seul motif qu'un bâtiment soit destiné à servir de ressource
intermédiaire ou familiale, comme une famille d'accueil.
Certains
intervenants, M. le Président, promoteurs et organismes, peuvent être
préoccupés aussi par le fait qu'un règlement
de zonage ne leur permet pas de réaliser un projet qu'ils convoitent, comme
construire du logement social ou abordable.
Bon, cela étant dit, on ne doit pas oublier que les municipalités peuvent
toujours, toujours modifier leur réglementation
pour permettre la réalisation de projets porteurs pour la société. Ma collègue
le sait très bien. Pour ce faire, il
faut parler à son conseil municipal. Le gouvernement a d'ailleurs modifié la
LAU récemment pour faciliter les modifications réglementaires. Des
règles s'appliquent malgré tout à la modification d'un règlement. En effet, M.
le Président, tout projet de modification ou
de remplacement du règlement de zonage doit faire l'objet d'une consultation
publique. Le règlement de zonage doit aussi être soumis à la MRC pour
approbation de sa conformité au schéma d'aménagement et de développement.
Par ailleurs, certains objets du règlement de zonage restent quand même
assujettis à l'approbation référendaire.
• (16 h 40) •
Ma collègue
ministre des Affaires municipales vous a exposé tout à l'heure les différences
entre les zonages incitatifs, que nous avons introduits dans le projet
de loi n° 13, et le zonage différencié proposé par ma collègue députée des
Mille-Îles. Je me permettrais, M. le
Président, d'illustrer, à l'aide d'un exemple concret, les avantages d'un
règlement de zonage incitatif.
M. le Président, le zonage incitatif offre une
grande souplesse dans ses modalités d'application, mais comment s'y prendre? Imaginons une municipalité qui prévoit... qui prévoirait, dans son règlement de zonage incitatif,
que l'ajout d'étages supplémentaires
est conditionnel à ce que 100 % des logements créés par le projet soient
des logements abordables. Jusque-là,
ça va. Par ailleurs, cette municipalité serait très explicite sur les
conditions qu'elle souhaite intégrer dans les ententes d'application. Elle pourrait ainsi prévoir une obligation
voulant que le caractère abordable des logements doit être préservé pendant une durée minimale de
25 ans, à défaut de quoi le propriétaire devrait verser des pénalités à la
municipalité.
M. le Président, un tel cadre peut avoir
différents avantages. Les exigences élevées privilégieraient les OBNL et les coopératives sans pour autant empêcher le
développement de projets privés qui respecteraient les obligations. Des règles explicites offriraient une prévisibilité
aussi grande que le zonage différencié. On l'a dit, les OBNL et les
coopératives d'habitation pourraient avancer dans des projets de
logements sociaux et abordables avec la certitude qu'ils pourraient bénéficier des normes incitatives, et l'approche
contractuelle permettrait de sécuriser le caractère abordable des logements
dans le temps, mais en cas de vente à un
tiers. Je parle, ici, là, du droit premier, là, droit de premier achat en cas
de vente de l'immeuble.
Enfin, M. le
Président, contrairement au zonage différencié, les normes incitatives ne
seraient pas utilisées à titre de subvention indirecte à des organismes,
puisque la norme incitative est associée à la réalisation d'une contrepartie
d'intérêt public par le demandeur, sans égard au statut de l'organisme.
Donc, voilà, M. le Président, mon
argumentaire pourquoi le zonage incitatif est l'outil dont ont besoin les
municipalités pour accroître l'offre de logements sur leur territoire, et j'en
suis convaincu, M. le Président. Et les municipalités, les MRC, appelez-les comme vous voulez, ont des pouvoirs
aussi en ce sens. Il faut tenir compte de l'aspect territorial. Il faut tenir
compte des enjeux régionaux, des particularités territoriales.
Donc,
oui, c'est essentiel à l'ensemble du Québec, mais il y a des enjeux différents
partout au Québec. Puis, encore une
fois, on démontre la priorité envers le logement social. On a fait des grands
pas, on a modifié la LAU, ce qui permet justement d'avancer dans ce
dossier-là. Et on va y arriver, M. le Président, on va y arriver avec l'effort
de tous. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Je
reconnais maintenant Mme la députée de Labelle. Il vous reste cinq minutes
pour votre intervention.
Mme Chantale Jeannotte
Mme Jeannotte :
Merci, M. le Président. Bonjour,
chers collègues. Merci de me donner l'occasion de parler une fois de
plus de l'habitation en cette Chambre.
On le sait, c'est un
contexte pas facile. C'est difficile pour nos locataires. Les gens n'arrivent
plus à payer leur loyer. On manque de
logements. Le coût des loyers a augmenté. On a beaucoup trop de Québécois qui
doivent consacrer plus de 30 %
et même parfois 50 % de leur revenu au loyer. On le sait, M. le Président,
il y a un déséquilibre entre l'offre et la demande.
C'est pour ça qu'il
faut plus de logements tout court. Il faut plus de logements sociaux, il faut
plus de logements abordables. Mais, pour
faire bouger les choses et répondre aux attentes de la population, ça va
prendre beaucoup plus que nos outils, M. le Président, ça va prendre
aussi un changement de culture. Voilà où je m'en vais. Ça prend du leadership, M. le Président, de toutes les parties impliquées.
Vous savez, ma collègue la ministre en a parlé aujourd'hui, elle a parlé
beaucoup de collaboration, de flexibilité,
d'agilité, c'est ça que ça va nous prendre. Puis aussi ça va nous prendre du
travail en équipe. Du travail en
équipe pourquoi? Parce que l'habitation, M. le Président, ma collègue en a
parlé, c'est un domaine horizontal. Regardez à quel point on parle de zonage
différencié, de zonage... voyons, le mot m'échappe en ce moment, incitatif, pardon. Donc, on voit... on le voit, à
quel point il y a plusieurs partenaires, le ministère des Affaires municipales, le ministère de
l'Habitation. Mon collègue a beaucoup parlé du projet de loi n° 16. Donc, on a
énormément d'outils, mais ça va prendre aussi de la collaboration, du
travail d'équipe.
C'est
un contexte difficile, je... permettez-moi de revenir là-dessus : les taux
d'intérêt, les coûts de la construction, les pénuries de la main-d'oeuvre, l'inflation. Ma collègue a parlé de...
Il faut faire de la pression sur l'écosystème. Le rôle de l'État, c'est aussi ça. Donc, tout le monde
doit mettre l'épaule à la roue. Et, nous, le gouvernement, c'est une priorité,
puis on est en action, M. le Président.
On
a plusieurs outils. Je vais revenir rapidement sur les affaires municipales,
parce que c'est intéressant, avec nos collègues
des oppositions. Moi, j'aime ça entendre des collègues de l'opposition qui ont
des idées constructives. Puis je salue
ma collègue la députée pour avoir amené le zonage différencié, parce que ça a
permis le débat puis c'est tout à fait sain. Mais j'ai retenu des
choses, aujourd'hui, importantes, puis j'aimerais... permettez-moi d'y revenir.
Le
zonage incitatif permet les mêmes objectifs que de... le différencié, dans le
fond, se permettre une discrimination plus ou moins positive, là, mais
le zonage incitatif est plus souple. Ça laisse plus la place au milieu de faire
ses propres choix. Ça garantit la pérennité
aussi du caractère social et abordable des projets. Donc, notre approche, M. le
Président, c'est plus une approche où
on laisse le milieu prendre des décisions, donc c'est important, alors que le
zonage différencié, c'est intéressant aussi, mais l'enjeu dans
l'applicabilité de la mesure est difficile, comme l'ont dit mes collègues
ministres.
Puis
j'ai aussi beaucoup aimé que, dans le fond, il y a d'autres outils pour
soutenir la construction d'immeubles par les OBNL, par exemple les subventions ou les dons de terrains, mais
j'aime beaucoup notre approche qui consiste à laisser le milieu, dans le
fond, prendre le... c'est l'approche où le milieu... pour permettre aussi le
cas par cas.
Donc,
comme je le disais, le domaine de l'habitation, c'est un domaine horizontal,
donc les Affaires municipales, l'Habitation,
bien sûr, avec la Société
d'habitation du Québec, le Tribunal administratif du logement, nos programmes, le PHAQ amélioré, le
projet de loi n° 31, M. le Président, où il y a énormément de mesures qui
s'en viennent. Mais malheureusement on ne peut pas tout dévoiler ici. Ce serait
un outrage au tribunal, comme disait ma collègue.
La
mise à jour économique qui s'en vient... Le ministre des Finances avait déjà
accordé 30... pardon, 3,8 milliards. Donc, il y a d'autres choses qui s'en
viennent. En environnement, il y a des mesures en vue du côté de la
construction... du côté écoénergétique et le
fameux domaine de la construction aussi, même le Travail, le code pour la Commission de la construction du Québec.
Voyez-vous
à quel point c'est horizontal? Voyez-vous à quel point le rôle de l'État est
d'intervenir avec plusieurs partenaires via ces ministères-là et aussi
d'autres qui sont au gouvernement du Québec, mais aussi d'autres partenaires comme les municipalités, qui, elles, ont des
leviers comme le zonage, par exemple, d'autres partenaires comme les organismes
communautaires, d'autres partenaires comme le secteur privé? Oui, le secteur
privé, M. le Président. Voyons si on ne pourrait pas avoir le secteur
privé pour... On a besoin de construire. Donc, oui, on a besoin du secteur
privé.
Donc,
voyez-vous, c'est pour ça que je lève mon chapeau à ma collègue de
l'Habitation, parce qu'on n'a pas le contrôle sur tout, et puis je la
félicite, M. le Président.
• (16 h 50) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Labelle. Et je cède maintenant la parole,
pour un droit de réplique de 10 minutes, à Mme la députée des Mille-Îles.
Mme Virginie Dufour (réplique)
Mme
Dufour : Merci, M. le Président. Je dois vous dire que je
suis un peu déçue des échanges que j'ai entendus aujourd'hui. Je ne suis pas... En fait, je me pose beaucoup de
questions, à savoir si on comprend vraiment la distinction entre «incitatif» et «différencié», mais je pense
redevoir faire l'exercice. Mais je vais répondre quand même à quelques
questions.
J'ai entendu la ministre de l'Habitation qui
était ouverte... qui disait être ouverte à des mesures qui font preuve d'innovation. On parle aussi... Le premier
ministre parle régulièrement, là, que la marge de manoeuvre n'est pas grande au
niveau financier pour le gouvernement. Et là
il y a une proposition sur la table qui permet de soutenir financièrement les
projets de logements sociaux sans mettre un sou par le gouvernement et ni les
municipalités. Et, quand j'entends, donc, plusieurs députés qui sont venus
dire... Donc, la députée de Labelle, à la fin, est venue dire : Bien, à la
place du zonage différencié, il y a d'autres
mesures, on peut mettre des subventions, alors qu'on nous dit que, bien, ce
n'est pas infini, les moyens du gouvernement en subventions. Je vous
avoue que ça... Il y a comme un discours qui ne concorde pas, là.
J'ai entendu
aussi le député de Lac-Saint-Jean venir nous dire que c'était l'outil, le
zonage incitatif, il nous a parlé abondamment du zonage incitatif,
c'était l'outil dont ont besoin les municipalités pour augmenter l'offre de
logements. Bien, les municipalités, elles
disent qu'elles ont besoin du zonage différencié. La Communauté métropolitaine de Montréal, qui
représente la moitié du Québec, la moitié du Québec, rien de moins, est venue
dire : On a besoin du zonage différencié. On le demande. La ville de Montréal, la ville de Gatineau. Gatineau, ça
s'ajoute à la CMM. Là, on est rendu, là, à une forte proportion du Québec qui le demande. Les groupes
communautaires le demandent. Je ne l'ai pas sorti, là... ce n'est pas inventé.
Et là on avait eu des discussions, lors du
projet de loi n° 16, sur cet outil-là, et les arguments que j'ai entendus, juridiques, faisaient référence à un amendement
qui avait été déposé à l'époque du projet de loi n° 16. Mais ce n'est pas
du tout la nature du projet de loi qui a été
déposé, pas du tout. On parlait d'un article, là on est rendus à un projet de
loi de 15 articles. Il a été étudié, il a été regardé, il a été discuté
avec des légistes. Ce n'est pas... ça n'a pas été fait sur un coin de table,
là. Et tous les éléments qui ont été discutés concernant la personnalité
juridique des porteurs de projet, c'est adressé dans le projet de loi, ça a été regardé, ça a été discuté et,
comme je vous ai dit, ça a été fait avec des légistes, là. Ce n'est pas moi qui ai écrit ça sur une napkin,
là, je vous rassure, c'est très étoffé, comme projet de loi. Il n'est peut-être
pas parfait, il peut certainement être
amélioré, mais de dire qu'il ne pourrait pas s'appliquer, je pense que, là, on
erre un peu.
Quand
j'entends la ministre des Affaires municipales dire qu'il faudrait... qu'on va
attendre, on va attendre les résultats du
zonage incitatif... Mais, en même temps, on entend la ministre de l'Habitation
qui dit : Il y a urgence, il faut construire. Tous les groupes le
disent, il y a urgence, on n'a pas le temps d'attendre. Malheureusement, la
ministre des Affaires municipales a pris
plus de trois ans avant d'accepter qu'il y avait une crise du logement. Par la
suite, à la fin du mandat, de son
premier mandat comme ministre de l'Habitation, elle a déposé un premier... un
nouvel outil, le PHAQ, le programme Habitation
abordable Québec, mais il n'y a même pas un... il n'y a même pas... Il y a un
projet qui va sortir de terre, un sur 41. On est en manque de logements, on a une crise du logement, il faut agir,
et les groupes crient, ils disent : On a besoin d'outils.
Quand on me dit que c'est la même chose, que ça
va être plus souple, le zonage incitatif, que ça va répondre à l'objectif du zonage différencié... J'ai même
entendu le député de Lac-Saint-Jean dire que le zonage incitatif permet
d'atteindre davantage les objectifs
du zonage différencié. Est-ce qu'il connaît c'est quoi, les objectifs du zonage
différencié? Je ne suis pas certaine, je ne suis pas certaine, parce que
je ne pense pas qu'il aurait dit ça. Les objectifs du zonage différencié, c'est de diminuer le coût des terrains, diminuer
le coût, par unité, des terrains. C'est aussi de favoriser l'augmentation de
logement social et communautaire. Le zonage incitatif, ce n'est pas ça du tout,
ce n'est pas ça du tout. Il n'y a aucune certitude,
avec le zonage incitatif, qu'on va construire du logement communautaire et
social, aucune certitude. Puis ça ne réduit aucunement le coût, par unité,
du terrain, aucunement, zéro. Alors là, quand on vient me dire que ça va
atteindre davantage les objectifs, on erre, on erre, et je pense qu'on ne
comprend pas qu'est-ce que c'est réellement.
On m'a parlé
qu'un changement de zonage est toujours possible. Hein, si on est un groupe
communautaire puis on veut faire plus
d'étages, bien, on a juste à faire un changement de zonage, bien oui. Je ne
sais pas combien de changements de
zonage le député de Lac-Saint-Jean a faits quand il était maire. Moi, j'en ai
fait pas mal à la ville de Laval. En huit ans, là, eh! que j'en ai fait. C'est
long, un changement de zonage. Ça prend un an, un an et demi et plus. On est en
crise du logement. Est-ce qu'on a vraiment le temps d'attendre que
chacune des villes au Québec fasse des changements de zonage pour chacun des terrains qu'on voudrait densifier? Ça n'a
aucun bon sens. On est en crise. On nous dit, la ministre de l'Habitation nous
dit : Il faut faire les choses
autrement. Puis la solution qu'on nous dit : Bien, faites la même chose
que d'habitude. Encore une fois, les discours ne concordent pas.
Puis là,
quand on nous dit après ça que ce n'est pas possible de discriminer, bien, je
m'excuse, mais, l'usage, on le fait.
Il y a des zonages où on vient dire que l'usage est différent. On peut dire
qu'il y a certains usages qui sont permis. Par exemple, une résidence pour personnes âgées, c'est permis, là, et
non pas du résidentiel régulier. Il y en a, des... une certaine discrimination, mais c'est au bénéfice
du... Tant qu'il n'y a pas... Tant que ce n'est pas au bénéfice d'un individu,
quand c'est au bénéfice du public, il n'y a
pas d'enjeu. Alors, vraiment, je suis sidérée de tous les commentaires que j'ai
entendus aujourd'hui.
Puis je vais
terminer, peut-être, avec quelques commentaires sur... Ah oui! C'est vrai. La
ministre de l'Habitation aussi a parlé d'un subterfuge qui serait
possible en disant que, bien, un groupe pourrait acquérir un terrain avec une
personnalité juridique puis ensuite la revendre, le changer. Mais ça, ça a été
aussi prévu dans le projet de loi. Ça a été prévu.
Il y a des amendes prévues si ça ne respecte pas le caractère pérenne. C'est
prévu. Alors, je me demande si quelqu'un... que la personne qui a écrit les notes pour tout le monde, là, a lu le
projet de loi et en a pris vraiment connaissance. Je serais bien, bien,
bien curieuse.
Bon, là, maintenant, comme je disais... Ah oui!
Je vais peut-être répondre à mon collègue, que je remercie, là, pour son intervention. Le collègue de Laurier-Dorion a parlé de l'acceptabilité sociale, et ça, c'est un élément quand même
important et que j'ai jaugé beaucoup en proposant. Puis,
comme j'ai dit, le projet de loi n'est pas parfait puis il peut certainement être amélioré, mais, par contre, il y
a un enjeu du pas dans ma cour et que ça... qui était adressé. Il a parlé de
densification douce, les unités d'habitation
accessoires, que ça pourrait être une solution, mais je voudrais souligner que
les villes qui l'ont mis en place, cet
outil-là, ça a généré, malheureusement, très, très peu d'unités. À
Victoriaville, une seule depuis 2019.
Il y a eu Granby, Sainte-Catherine. Tu sais, on a eu très, très, très peu
d'unités. Alors, ce n'est pas là qu'on va
régler la crise du logement. On a vraiment besoin d'un coup de barre et, avec
du zonage différencié et aussi la densification douce par les unités
accessoires, on pourrait atteindre plus l'objectif.
Donc, en terminant, je vais parler juste
brièvement, parce que ça a été évoqué beaucoup, le projet de loi n° 31, puis on est supposés de recommencer demain
l'étude. La ministre a parlé qu'elle ne pouvait pas parler des amendements
parce que ça serait un outrage au Parlement,
mais j'ai lu tous ses amendements dans Radio-Canada, dans un article. Alors, je crois que l'outrage, il a déjà été fait. J'ai
appris qu'on allait parler du fonds d'autoassurance des petites copropriétés.
J'ai appris ça dans l'article du
journal. En toute franchise, on est aujourd'hui... il est presque
17 heures, on commence l'étude demain,
et je n'ai toujours pas reçu les amendements, je n'ai aucune idée, la nature
des amendements, puis là on est supposés, nous, commencer à travailler là-dessus demain, comme les oppositions,
alors qu'on parle de sujets qui ne sont même pas... on va parler des petites copropriétés, alors
qu'aucun groupe n'est venu nous parler de ça en études particulières, en...
dans les études particulières. Elle a dit qu'elle voulait... on lui
avait reproché d'écouter les groupes; pas du tout, aucunement.
D'ailleurs,
ça serait bien qu'elle écoute les groupes, parce qu'il y a à peu près 75 %
des groupes, sinon plus, 80 % des groupes
qui sont venus nous dire qu'il faudrait reculer sur la cession de bail. Tous
les groupes communautaires, toutes les villes, toutes les villes nous ont dit
ça, il faut reculer sur la cession de bail. Elle ne l'a pas fait. On nous a dit
qu'elle ne le ferait pas, elle nous l'a dit, d'ailleurs. Donc, peut-être
qu'elle n'écoute pas les groupes, finalement.
Mais, ceci
dit, ce qu'on reproche, c'est surtout la désorganisation. Comme je disais,
encore à cette heure-ci, je n'ai pas...
on n'a aucune idée de la nature des amendements. Elle a... Pendant plus de deux
semaines, ses amendements n'étaient pas
approuvés par le Conseil des
ministres. J'imagine qu'elle est
passée aujourd'hui. Donc, la désorganisation, là, n'est pas de ce
côté-ci, là, elle n'est pas de ce côté-ci.
Alors, moi, ça va faire plaisir, demain, de
travailler avec la ministre...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Rapidement.
M. Lévesque (Chapleau) :
...quelques-unes, mais je pense qu'il y a des...
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : On poursuit. Je comprends. Soyons prudents. On
poursuit, il reste quelques secondes. Je vais permettre à la députée de
poursuivre.
Mme Dufour : ...je n'ai rien dit à
propos de personne. Donc, je termine...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : S'il
vous plaît!
Mme Dufour : La désorganisation
n'est pas de ce côté-ci. Je n'ai pas accusé personne.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
terminant.
Mme
Dufour : Donc, je termine en disant que ça va me faire
plaisir de travailler demain matin sur le projet de loi. Merci.
Des voix : ...
• (17 heures) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, s'il vous plaît, s'il vous plaît! On va
compléter cette motion du mercredi dans le bonheur.
Alors, tout d'abord, je vais mettre aux voix la
motion de Mme la députée des Mille-Îles, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte que le zonage
différencié est à même de permettre une rentabilisation plus rapide des projets de logements sociaux et
communautaires au Québec et donc d'en augmenter le nombre et la cadence de
construction;
«Que [...]
l'objectif de favoriser un plus grand nombre de logements pour les citoyens,
elle demande au gouvernement caquiste
de prendre les dispositions législatives nécessaires afin de permettre aux
municipalités la mise en place du zonage différencié pour les projets de
logements sociaux et communautaires.»
Est-ce que cette motion est adoptée? Oui, M. le
leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : M. le Président, je
vous demanderais un vote électronique.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, le vote électronique est demandé. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : J'imagine que vous vous doutez bien de ma demande.
Je vous demande de bien vouloir reporter le vote à la prochaine période
des affaires courantes, s'il vous plaît.
Vote
reporté
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, conformément à la demande du leader adjoint
du gouvernement, le vote sur la motion de Mme la députée des Mille-Îles
sera tenu à la période des affaires courantes de demain.
Alors, M. le leader adjoint du gouvernement,
pour la suite de nos travaux.
Ajournement
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Je vous
demanderais de bien vouloir ajourner nos travaux à demain, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
est-ce que la motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Alors, en conséquence, j'ajourne nos aux travaux jusqu'à demain,
9 h 40.
(Fin de la séance à
17 h 01
)