(Neuf heures quarante et une
minutes)
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, bonjour à toutes,
bonjour à tous. Nous allons prendre quelques instants de réflexion et
nous allons, tout de suite, commencer nos travaux. Merci. Prenez place.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Alors, à la rubrique Déclarations des députés,
je reconnais la députée d'Argenteuil.
Féliciter les responsables du
parc nature du
lac Beattie et leurs partenaires
Mme Agnès
Grondin
Mme Grondin : Merci,
M. le Président. La lune du castor, la lune du froid, la lune du loup, la lune
des neiges, ce sont des soirées de pleine lune où cet hiver, M. le Président,
on pouvait buissonner dans les sentiers du parc nature du lac Beattie.
Je crois depuis longtemps au leadership
municipal en matière de protection et d'accès à la nature. Je tiens donc à
saluer la sagacité du canton de Gore, qui, depuis plus de 10 ans,
multiplie inlassablement les démarches pour offrir aux communautés d'Argenteuil l'accès à ce trésor local de plus de
300 hectares. Ce n'est pas rien, M. le Président. C'est le seul accès public à un lac dans un rayon de plus
de 1 200 kilomètres carrés. Je souligne aussi la précieuse
collaboration des élus voisins de la ville de Lachute pour préserver ce
joyau.
Pour cet engagement salutaire, tout simplement
merci. Vous êtes, à mes yeux, de preux chevaliers de la nature.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Au
tour, maintenant, du député de Jacques-Cartier.
Souligner
le 25e anniversaire de l'accord du Vendredi saint
M.
Gregory Kelley
M. Kelley : Merci, M. le Président. Le 10 avril, nous avons
souligné le 25e anniversaire de l'accord de paix du Vendredi saint
en Irlande du Nord.
Cet accord
permet de se mieux entendre sur les principes de fonctionnement administratifs
et sociaux de l'Irlande du Nord.
Ainsi, ce traité prévoit avant tout de donner à l'Irlande du Nord la capacité
de s'administrer, sans pour autant passer par le gouvernement de Londres. L'accord a mis fin aux troubles, une
période de 30 ans où le conflit nord-irlandais provoquera la mort
de 3 500 hommes, femmes et enfants.
25 years later, we must continue to
keep the peace in uncertain times. With the devolved Northern Ireland Assembly still not functioning and the
shape of the cross-border relationship changing because of the post-Brexit
deal, we must be vigilant. President
Biden visited Ireland recently and said that his priorities for this trip were
to make sure the Irish accords and the Windsor Agreements stay in place.
Keep the peace, and that's the main thing.
Canada
and Québec are friends of the Irish people. We have deep historical ties, and
we must do whatever is needed to assist diplomatically
to support peace in Northern Ireland.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de
Jacques-Cartier. Je cède maintenant la parole au député de Vanier-Les Rivières.
Rendre
hommage à M. Marc Boulanger, récipiendaire
de la Médaille de l'Assemblée nationale
M. Mario
Asselin
M. Asselin : Je
tiens aujourd'hui, M. le Président, à saluer M. Marc Boulanger ainsi que
sa famille, qui sont dans nos
tribunes, d'ailleurs, ce matin. Alors, plus tard, j'aurai l'occasion de
remettre la Médaille de l'Assemblée nationale à M. Boulanger afin de souligner son engagement, notamment dans la
vie communautaire et sportive de Vanier.
Employé du
gouvernement du Québec de 1958 à 1995, M. Boulanger a laissé sa marque
dans le quartier auprès de différents
organismes sportifs et sociaux tels que le bowling, le badminton, la
Corporation du mérite sportif et culturel de Vanier, le gala du Mérite sportif
et culturel de Vanier et le club Optimiste, pour ne nommer que ceux-ci.
J'aurais pu continuer.
Il a aussi
collaboré à la Maison Zoé-Blais, La Ruche Vanier, à la construction de l'aréna
et du complexe culturel et sportif.
M. Boulanger
est un ambassadeur majeur de Vanier, et c'est pour cette raison que je suis
fier, aujourd'hui, de lui rendre hommage. Merci pour tout,
M. Boulanger!
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Vanier-Les Rivières.
Je reconnais maintenant le député de Maurice-Richard.
Rendre
hommage à Mme France Laget Chambefort, pionnière
en éducation de la petite enfance au Québec
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, j'aimerais vous parler de
Mme France Laget Chambefort.
Du
haut de ses 95 ans, elle est une pionnière dans l'éducation de la petite
enfance au Québec. Elle fait partie de ces
immigrantes qui ont pris l'initiative de créer les tout premiers services de
garde, il y a un demi-siècle, pour répondre aux besoins des parents qui ne pouvaient pas compter sur un tissu familial
quand ils et elles étaient au travail, un modèle qui jouera un rôle
central dans la création de ce qui deviendra plus tard le réseau des CPE et des
garderies du Québec.
C'est
plus de 5 000 enfants qui sont passés par la garderie de
Mme Chambefort, que les enfants, les parents et les collègues surnomment affectueusement la «Maman 2».
La musique, la respiration, la diction, la connaissance des matériaux, le corps humain, la peinture, l'attachement à son
milieu, à son quartier et au Québec sont tous des éléments auxquels les
enfants sont introduits encore aujourd'hui par elle et son équipe incroyable.
Merci
pour votre énergie, votre travail et votre dévouement pour accompagner et
former les jeunes citoyens de demain.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Maurice-Richard. Et la parole revient maintenant à la
députée de Vimont.
Souligner le 50e anniversaire du Club de l'âge d'or de
Vimont
Mme Valérie Schmaltz
Mme Schmaltz : Merci, M. le Président.
Hier, le 18 avril, marquait un anniversaire bien particulier pour le Club
de l'âge d'or de Vimont. En effet, c'est en 1973, il y a 50 ans, qu'il fut
fondé.
Les
bienfaits des clubs de l'âge d'or sont bien connus, on entend souvent parler
des activités de bingo, les whists militaires,
les soirées dansantes, etc., mais ce qui est le plus fondamental, c'est la
socialisation que permettent ces activités. Ce sont les liens d'amitié qui se créent entre nos aînés, l'entraide qui
se développe et la communauté qui se mobilise pour créer de beaux
moments.
Depuis
le premier président, M. Georges Gazzola, le Club de l'âge d'or de Vimont
compte sur une pléiade de bénévoles qui
s'impliquent et, au premier chef, la présidente actuelle, Mme Florida
Vaillancourt, également Mme Danielle Spinelli, la vice-présidente, Mme Lise Émard, secrétaire et
trésorière, ainsi que Nicole Brais et Élyse Otis, des administratrices
bénévoles. Je sais ce que vous faites, et vous le faites par plaisir. Eh bien,
sachez que c'est un plaisir qui est partagé par toute la communauté.
Bon
50e anniversaire au Club d'âge d'or de Vimont! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée. Je reconnais maintenant Mme la députée de La Pinière.
Féliciter
l'organisme Autisme Montérégie pour la production du
document Autistes et non-autistes, mieux se comprendre
Mme Linda Caron
Mme Caron : Merci. Alors, j'ai
assisté récemment au dévoilement d'un nouvel outil par Autisme Montérégie. Le
titre Autistes et non-autistes, mieux se comprendre révèle bien
l'objectif de cet outil.
Autisme
Montérégie a réalisé un travail colossal et fort utile en intégrant un volet
particulièrement éclairant sur ce que peuvent vivre des personnes autistes en
contexte de soins dentaires, d'incendie et de prévention des incendies, de
premiers soins, de soins hospitaliers, de criminalité, de procédures
judiciaires et de travail. Toutes les personnes qui interviennent dans ces
milieux gagneraient à lire les fiches
tirées de cet outil pour mieux comprendre les défis auxquels les personnes
autistes font face dans ces situations.
Merci et
félicitations à toute l'équipe d'Autisme Montérégie pour ce travail essentiel
et exceptionnel.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de La Pinière. Je reconnais maintenant Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Rendre
hommage à Mme Jeanne d'Arc Plante et à M. Jean-Paul Lachance
Mme Kariane Bourassa
Mme Bourassa :
Merci beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui, je vais vous parler d'un
couple inspirant. Jean-Paul Lachance et
Jeanne d'Arc Plante, deux pionniers de la circonscription, célébreront tous
deux, d'ici la fin de l'année, leur 100e anniversaire de naissance.
Ces
deux résidents de Saint-Laurent-de-l'île d'Orléans, mariés depuis 71 ans, je
répète, 71 ans de mariage, ont été cultivateurs pendant 40 ans. Ils ont eu six enfants,
11 petits-enfants et 11 arrière-petits-enfants. Malgré leur âge, ils
sont encore
très actifs et vivent toujours dans leur maison. Imaginez. Jusqu'à 75 ans,
M. Lachance était capable de débarquer 10 000 balles de foin.
Sa femme vendait des fraises et trayait encore des vaches.
M. le Président, M. Lachance, Mme Plante
incarnent un modèle de vaillance et d'amour indéfectible pour les générations qui les ont suivis. Alors, j'invite
mes collègues à leur souhaiter avec moi une bonne santé et du bonheur pour
encore bien des années. Merci.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. La
parole revient maintenant à Mme la députée de Saint-François.
Féliciter
l'organisme Moisson Estrie, lauréat
d'un prix Hommage bénévolat-Québec
Mme
Geneviève Hébert
Mme Hébert : M. le Président,
Moisson Estrie vient de voir reconnaître de nouveau son oeuvre considérable,
cette fois comme organisme lauréat des prix Hommage bénévolat-Québec.
La création du poste de coordonnatrice des
activités bénévoles y est pour quelque chose. Celle-ci agrémente la tâche de 250 bénévoles en veillant à ce
que l'indice du bonheur soit toujours élevé. Leurs horaires sont flexibles, ils
sont bien accompagnés et peuvent
dîner gratuitement au restaurant de l'organisme. La reconnaissance de leur
travail s'exprime aussi par le tirage de prix chaque semaine et par
l'organisation de fêtes saisonnières.
Moisson Estrie souligne la Semaine de l'action
bénévole en permettant aux intéressés de démontrer l'étendue de leurs talents
artistiques, par exemple en danse ou en musique. Finalement, une infolettre
mensuelle les informe des changements et des bonnes nouvelles.
Ces attentions sont efficaces, car le nombre de
volontaires surpasse l'effectif nécessaire de Moisson Estrie. Moisson Estrie fait face à d'importants défis, et
la coordination du bénévolat est essentielle pour lui permettre de répondre
aux besoins. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée. Au tour, maintenant, du député de Saint-Jean.
Souhaiter
une bonne saison à la ligue de balle des Tamalous
M. Louis
Lemieux
M. Lemieux : M.
le Président, lundi matin, avant de revenir au parlement, je suis passé par le
camp d'entraînement des Tamalous au parc Pierre-Benoît, à Saint-Luc.
Les Tamalous, c'est une ligue de balle l'été et
de quilles et de hockey l'hiver. La petite histoire nous dit que tout a commencé il y a une vingtaine d'années par
le recrutement de retraités de 55 ans et plus qui se taquinaient en disant
tous avoir mal quelque part, de là le nom, «t'as mal où?».
J'avais eu le plaisir d'aller assister aux
derniers matchs de balle pendant la campagne électorale, en septembre. Ce jour-là, André Sirard, une petite jeunesse de
bientôt 88 ans, arbitrait le premier match avant de débuter le deuxième au
monticule. Leur président, André Surprenant, 79 ans, me racontait qu'ils
sont une soixantaine qui jouent régulièrement deux matins par semaine tout
l'été.
Le match
d'ouverture de la saison doit avoir lieu le 8 mai, et je vous promets
d'aller les applaudir pour vous et au nom de tous mes concitoyens,
tellement ils sont beaux et bons à voir. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de
Saint-Jean. Et je reconnais maintenant Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Souligner
le travail du Service d'aide communautaire Anjou inc.
Mme Karine
Boivin Roy
Mme Boivin Roy : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, dans le cadre de la Semaine de l'action
bénévole, je profite de l'occasion pour remercier le service d'aide
communautaire, qui est un organisme bien installé dans Anjou depuis 1977.
Le SAC se
démarque par son travail auprès des personnes plus vulnérables. C'est grâce à
un réseau impressionnant d'une
centaine de bénévoles que l'organisme réussit, année après année, à offrir un
éventail de services avec autant de succès. Leurs champs de compétence sont nombreux. Que ce soit l'alphabétisation,
l'autonomie alimentaire, le service aux familles ou aux aînés et même la persévérance scolaire, l'organisme a une seule
vision, et c'est d'être un agent de changement qui lutte contre la pauvreté et
qui contribue de façon durable à la promotion sociale dans son milieu. Cette
vision leur permet, depuis 46 ans, d'être au service de la
communauté angevine de zéro à 100 ans.
Alors, je joins ma voix à celle de mon équipe de
comté pour remercier tous les bénévoles et les employés du SAC Anjou. Sachez
que vous faites une énorme différence dans le quotidien de plusieurs personnes.
Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Je reconnais maintenant le député de Côte-du-Sud.
Féliciter M. Florent Montpetit
pour ses performances
sportives au disque d'équipe
M. Mathieu
Rivest
M. Rivest : Merci.
Aujourd'hui, je tiens à souligner les efforts soutenus d'un jeune de
Saint-Alexandre-de-Kamouraska, Florent Montpetit. Il pratique depuis six
ans un sport fascinant, l'«ultimate» Frisbee.
Il a été sélectionné, d'ailleurs, par l'équipe
masculine Hydra, la formation nationale qui regroupe les meilleurs athlètes québécois. Il est d'ailleurs le premier
joueur à atteindre ce niveau d'excellence dans notre région. Il a aussi réussi
à faire sa place parmi un groupe de joueurs issus en majorité des grands
centres.
Nous sommes
fiers, M. le Président, de nos régions. Nous sommes aussi fiers de nos enfants.
Et aujourd'hui je tiens à souligner la présence de Florent et de ses
parents, Marc Montpetit et Nadia Dolbec, ici, au salon bleu.
Dernièrement,
il a partagé ses talents sur la scène internationale en Colombie lors d'une
compétition importante, où il s'est, d'ailleurs, fait remarquer par son
jeu.
J'en profite pour inviter les jeunes à se mettre
en mouvement et à développer leurs passions. Bravo, Florent!
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député. Et
je cède maintenant la parole à M. le député de Vachon.
Rendre hommage à Mme Denise
Marquette pour son
engagement bénévole et communautaire
M. Ian
Lafrenière
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. En cette Semaine de l'action bénévole, je souligne
l'engagement et la générosité de Mme Denise Marquette, 85 ans.
Impliquée
depuis 18 ans dans le comité de résidents du Manoir Cousineau et dans le
journal mensuel, rien ne l'arrête. Elle
s'est longtemps occupée d'organiser des événements sociaux comme des tournois
de cartes pour briser l'isolement des résidents et resserrer le tissu
social.
Mais ce qui me touche le plus, M. le Président,
c'est que Mme Marquette souligne tous les anniversaires des 225 résidents
du Manoir Cousineau en leur apportant un petit gâteau le jour de leur fête.
Imaginez à quel point ils sont heureux, eux qui ont rarement de la visite,
d'avoir cet événement qui est souligné.
En cette
Semaine de l'action bénévole, rappelons-nous qu'il n'y a pas de petit geste, il
n'y a pas d'âge pour donner au
suivant. Chaque année, ce sont 385 millions d'heures qui sont consacrées
pour faire du bien aux autres et ainsi assurer un monde meilleur. Alors, merci à tous ceux et celles qui, comme
Mme Marquette, font une différence dans la vie des autres. Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de
Vachon. Cela met fin à la rubrique Déclarations
des députés.
Je vais donc suspendre les travaux durant
quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 56)
(Reprise à 10 h 07)
La
Présidente : Bonjour, tout le monde. On a beaucoup de
visiteurs. Distingués invités, Mmes, MM. les députés, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Je vous remercie beaucoup. Veuillez vous
asseoir.
Présence de la présidente du
Parlement écossais, Mme Alison Johnstone,
accompagnée d'une délégation de parlementaires
J'ai le
plaisir de souligner la présence, dans les tribunes, de la présidente du
Parlement écossais, la très honorable Alison Johnstone, accompagnée
d'une délégation de députés écossais.
Présence de l'ambassadeur de
Belgique, M. Patrick Guido M. Van Gheel,
et du consul général à Montréal, M. Geert Paul A. Vansintjan
Et j'ai
également le plaisir de souligner la présence, dans les tribunes, de
l'ambassadeur de Belgique, Son Excellence M. Patrick Guido Van Gheel, à l'occasion de sa visite officielle. Et il
est accompagné du consul général de Belgique à Montréal, M. Geert
Paul Vansintjan.
Nous
poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Mme
la Présidente, je vous demande d'appeler l'article a.
Projet
de loi n° 203
La
Présidente : À l'article a du feuilleton, j'ai reçu le rapport de la
directrice de la législation sur le projet de loi
n° 203, Loi concernant les fins et les pouvoirs de la Corporation
archiépiscopale catholique romaine de Montréal. La directrice de la législation a constaté que les
avis ont été faits et publiés conformément aux règles de fonctionnement des
projets de loi d'intérêt privé. Je dépose ce rapport.
En
conséquence, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis présente le projet de loi d'intérêt privé n° 203,
Loi concernant les fins et les pouvoirs de la Corporation
archiépiscopale catholique romaine de Montréal.
Mise
aux voix
Est-ce que l'Assemblée
accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix : Adopté.
La
Présidente : Adopté. M. le leader du gouvernement.
Renvoi
à la Commission des institutions
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente,
bonjour. Conformément au premier alinéa de l'article 267 du règlement,
je propose la motion suivante :
«Que
le projet de loi d'intérêt privé n° 203, Loi concernant
les fins et les pouvoirs de la Corporation archiépiscopale catholique romaine de Montréal, soit renvoyé pour
consultations et étude détaillée à la Commission des institutions et que
le ministre de la Justice soit membre de ladite commission pour la durée de ce
mandat.»
Mise
aux voix
La
Présidente : Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
• (10 h 10) •
La
Présidente : Adopté.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, je dépose des décisions du Bureau de l'Assemblée nationale.
Je
dépose aussi le rapport du Comité consultatif indépendant sur la révision de
l'indemnité annuelle des membres de
l'Assemblée nationale intitulé Valorisation de la fonction des
parlementaires et rémunération juste : une équation gagnante
pour la démocratie. Ce comité avait été formé par décision du Bureau de
l'Assemblée nationale le 16 février dernier.
Enfin, je dépose le
rapport d'activité 2021-2022 de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, Mme la députée de Mercier.
Maintenir
le Service de soutien pédagogique à l'intégration des élèves
handicapés physiques au centre de services scolaire de Montréal
Mme Ghazal : Merci,
Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 702 pétitionnaires. Désignation...
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que le service de soutien pédagogique à l'intégration des élèves ayant un
handicap physique — le
SSPI — existe
depuis 42 ans;
«Considérant que les orthopédagogues du SSPI ont
développé une expertise en soutien direct et personnalisé à des élèves
vulnérables ayant un handicap physique ou une déficience organique;
«Considérant
que ce service est essentiel pour l'inclusion scolaire et la réussite éducative
de ces élèves;
«Considérant
que ni les 22 orthopédagogues du SSPI, ni l'Alliance des professeures et
professeurs de Montréal, ni les
200 élèves bénéficiaires ou encore leurs parents n'ont été consultés par
le CSSDM dans leur décision d'abolir ce service;
«Considérant
que le plan d'engagement vers la réussite du CSSDM 2018-2022,
présentement en vigueur, est explicite sur
sa vision de l'éducation inclusive tenant compte de la diversité des élèves,
axée sur les groupes vulnérables et défavorisés, et dont l'objectif est
d'en finir avec toute forme de discrimination et de favoriser la cohésion
sociale;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au gouvernement du Québec :
«D'annuler la
décision du CSSDM d'abolir le SSPI;
«De
s'assurer que le CSSDM effectue une analyse rigoureuse des besoins des élèves
ayant un handicap physique ou une déficience organique;
«De
s'assurer que le CSSDM assume son devoir de consultation avec l'Alliance des
professeures et professeurs de Montréal.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé. À nouveau, Mme la
députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée
à l'Assemblée nationale, signée par 87 pétitionnaires.
Désignation...
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que le service de soutien pédagogique à l'intégration des élèves ayant un
handicap physique — SSPI — existe
depuis 42 ans;
«Considérant que les
orthopédagogues du SSPI ont développé une expertise en soutien direct et
personnalisé à des élèves vulnérables ayant un handicap physique ou une
déficience organique;
«Considérant que ce
service est essentiel pour l'inclusion scolaire et la réussite éducative de ces
élèves;
«Considérant
que ni les 22 orthopédagogues du SSPI, ni l'Alliance des professeures et
professeurs de Montréal, ni les 200 élèves bénéficiaires ou encore leurs
parents n'ont été consultés par le CSSDM dans leur décision d'abolir ce
service;
«Considérant
que le plan d'engagement vers la réussite du CSSDM 2018-2022
présentement en vigueur est explicite sur
sa vision de l'éducation inclusive tenant compte de la diversité des élèves,
axée sur les groupes vulnérables et défavorisés, et dont l'objectif est
d'en finir avec toute forme de discrimination et de favoriser la cohésion
sociale;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au gouvernement du Québec :
«D'annuler la
décision du CSSDM d'abolir le SSPI;
«De
s'assurer que le CSSDM effectue une analyse rigoureuse des besoins des élèves
ayant un handicap physique ou une déficience organique;
«De s'assurer que le
CSSDM assume son devoir de consultation avec l'Alliance des professeures et
professeurs de Montréal.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période des questions et des réponses orales, et je cède la
parole au chef de l'opposition officielle en question principale.
Troisième
lien entre Québec et Lévis
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Les promesses
rompues, c'est ce qui caractérise le cinq ans caquiste, Mme la Présidente, promesses rompues. Ça les fait bien rire,
ça, aujourd'hui, de considérer que les gens de la Capitale-Nationale, de Chaudière-Appalaches,
pendant cinq ans, ont été niaisés par la CAQ, Mme la Présidente, quand on
pense au troisième lien.
Des voix :
...
La Présidente :
Oui, M. le leader du
gouvernement, je sais ce que vous allez nous dire. Je vous écoute, brièvement,
et j'ajouterai s'il y a lieu.
M.
Jolin-Barrette : Bien, Mme la Présidente, on prête des intentions.
Ce sont des propos blessants. Ce n'est pas digne de la fonction du chef
de l'opposition officielle.
La
Présidente : Je vous rappelle que la journée ne fait que
commencer. Nous devons demeurer respectueux et ne pas prêter
d'intentions. M. le chef de l'opposition officielle, vous le savez. Poursuivez
dans le respect.
M. Tanguay : La
CAQ a promis un tunnel autoroutier coûte que coûte. Le 25 janvier 2018, le
député de La Peltrie, l'actuel ministre, disait, et je le cite : «La
promesse, c'est d'aller de l'avant avec le projet de troisième lien dès le
premier mandat. S'il y a un recul de la CAQ,
je démissionne.» Fin de la citation. Ça, c'est le collègue de La Peltrie,
l'actuel ministre. La question qui se pose : Que vaut la parole du
ministre de la Cybersécurité et du Numérique?
Également, le
27 mars 2017, il y a plus de cinq ans, Mme la Présidente, le premier
ministre, avant les élections de 2018, disait, et je le cite : «Il faut
que les études soient faites rapidement et que ça soit réalisé dans le premier
mandat. [...]Il ne faut pas que ça
soit une promesse en l'air. Les gens de Québec sont tannés de se faire
niaiser.» Fin de la citation. C'était le premier ministre lui-même, il y
a plus de cinq ans, qui le disait.
La question qui se pose : Que vaut la
parole du premier ministre?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Oui. Mme la
Présidente, le chef de l'opposition officielle continue à chaque jour de dire
que ça fait cinq ans qu'on est au
gouvernement. Je veux juste lui préciser que les élections ont lieu au mois
d'octobre, donc que ça fait quatre ans et demi.
Maintenant,
j'en profite pour lui faire remarquer que les libéraux ont été au pouvoir
15 ans, 15 ans, Mme la Présidente, et, pendant ces
15 ans, ils ont promis un troisième lien, dépromis, promis, dépromis.
Et, Mme la
Présidente, je pense que tout le monde comprend qu'on a eu une pandémie, que la
pandémie a accéléré le développement
du télétravail. On pensait que c'était temporaire. Mais demain la vice-première
ministre aura l'occasion de dévoiler toutes les données qu'on a fait...
qu'on a demandées pour être capable de voir l'achalandage, entre autres, aux heures de pointe, parce que, Mme la
Présidente, vous allez le voir demain, il n'y a pas eu seulement des changements
du côté du télétravail, mais il y a eu aussi
des changements du côté des voyagements en auto durant les heures de pointe.
Donc, Mme la
Présidente, je pense que, comme gouvernement, quand il y a un changement de
contexte, on doit être capables de
s'adapter, on doit être pragmatiques, c'est la force de la CAQ, et on doit être
responsables, parce qu'on gère les fonds des Québécois.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : C'est un classique, c'est
la faute de la pandémie. Postpandémie, juin 2022, le même député de La Peltrie, je le cite : «...c'est un projet
pour lequel je suis prêt à me battre jusqu'à ma dernière goutte de sang.» Fin
de la citation. Postpandémie. Postpandémie, 29 août 2022, le ministre de
l'Éducation : «On a déjà un projet de troisième lien [...] il est
bon! [...]Les citoyens sont tannés du taponnage[...] : c'est le tunnel
Québec-Lévis [...] CAQ.»
Question : Que vaut la parole du ministre
de l'Éducation?
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Bien, Mme la
Présidente, je sais que le chef de l'opposition officielle a hâte à demain,
mais je l'invite à être patient. On
ne parle pas de mois ou même de semaines, on parle... Demain, on pourra avoir
des échanges intelligents avec les
données qui vont être déposées par la première ministre. Mais je rappelle, Mme
la Présidente, que la pandémie qu'on a vécue a eu des impacts sur le
télétravail et continue d'avoir des impacts, même maintenant que la pandémie
est sous contrôle.
La
Présidente : Deux petites
choses. Je vous rappelle que l'on ferme ses téléphones cellulaires, ses
appareils. Et on appelle nos collègues par leur nom. Il s'agit de la
vice-première ministre et non de la première ministre.
Deuxième complémentaire.
Des voix : ...
La Présidente : Silence, je vous
prie! On écoute le chef de l'opposition officielle.
M. Marc Tanguay
M.
Tanguay : Mme la Présidente,
M. le premier ministre parle d'avoir un dialogue intelligent. Ça fait cinq ans
qu'on attend un dialogue intelligent à la vue des études. Le premier ministre a
encore comme excuse la pandémie. On en a soupé, de l'excuse de la
pandémie. Et j'ai cité le ministre de l'Éducation et le ministre du Numérique,
qui ont fait des commentaires postpandémiques pour dire que ça prend le tunnel.
Dans le fond, le tunnel, le troisième
lien, c'est comme la réforme du mode de scrutin, quand le premier ministre
disait : Je ne ferai pas un Justin Trudeau de moi-même. Encore une
fois, que vaut sa parole?
• (10 h 20) •
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, d'abord, je veux rassurer tout le monde, je suis encore
là pour longtemps. Et peut-être que dans
deux, trois mandats il y aura effectivement une course à la chefferie. Je ne
sais pas s'il y aura autant de
candidats, candidates qu'il y en a actuellement au Parti libéral, mais en tout
cas. Donc... La vice-première ministre pourra prendre ses décisions.
Maintenant, Mme la
Présidente, concernant la pandémie puis la période postpandémique, honnêtement...
La Présidente :
En terminant.
M. Legault :
...beaucoup de personnes pensaient qu'après la pandémie on reviendrait à la situation...
La Présidente :
Troisième complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Là, Mme la Présidente, là, c'est un peu surréel.
J'ouvre une parenthèse, là. Je ne sais pas si le premier ministre vient de lancer une course à la chefferie
à la CAQ puis je ne sais pas s'il vient de désigner... je ne sais pas s'il
vient de désigner la vice-première ministre comme étant sa successeure, son
successeur légitime. Je referme la parenthèse, mais c'était surréel.
Promesses brisées de
la CAQ. Ça fait cinq ans. Il parlait du 15 ans libéral; nous, on parle du
cinq ans caquiste. Promesses brisées, c'est,
entre autres, les services de garde, éliminer la liste d'attente. C'est rendu à
69 000 noms. Autre promesse brisée, rappelez-vous du
90 minutes pour voir un médecin aux urgences.
Encore une fois, que
vaut la parole du premier ministre?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente, d'abord, je veux être très
clair, là, pour l'instant j'ai encore l'intention de faire quelques mandats
additionnels. Donc, je comprends qu'il peut y avoir peut-être des personnes,
éventuellement, qui vont être
intéressées, dans cinq ans, 10 ans ou plus, mais je... Puis, pour
l'instant, je n'ai pas l'intention de favoriser qui que ce soit dans cette éventuelle course à la
chefferie, surtout que ça aura lieu dans 10 ans. Donc, c'est quelque chose
qu'on verra à cette époque-là. Comme le disait quelqu'un qu'on connaît
bien : On verra.
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : Maintenant,
bon, je vois qu'il y a beaucoup de candidats...
La
Présidente : C'est terminé. En question principale...
Des voix : ...
La Présidente :
Bon, ça fait toujours bien, un
peu d'humour. Il n'y a rien de méchant dans ce qui a été dit. Maintenant,
on retourne à la période de questions. En question principale, je reconnais le
député de l'Acadie. On l'écoute.
Projet
de troisième lien entre Québec et Lévis
M. André
Albert Morin
M. Morin : Merci,
Mme la Présidente. Hier, nous apprenions, dans un article du Journal de
Québec, que la promesse-phare du
gouvernement de la CAQ de construire un troisième lien autoroutier devenait un
lien pour le transport collectif. Ce nouveau revirement est le plus
récent dans une longue lignée de changements. La population de Québec et de Lévis a perdu cinq ans. Cependant, je suis
heureux d'apprendre que le gouvernement va se ranger du côté de la science
et du transport collectif. Nous passons
maintenant d'un mégaprojet à un projet qui est mal défini. Espérons que cette
fois, c'est la bonne.
Est-ce
que le projet va tenir compte des enjeux environnementaux? Et est-ce que la
ministre des Transports peut s'engager à rendre toutes ses études
publiques?
La Présidente : Pour sa réponse, je
reconnais la ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci pour la question. Ça va me
permettre de compléter les réponses du premier ministre, qui ont vogué
d'un sujet à l'autre dans la précédente question.
Alors,
bien, c'est sûr que, d'entrée de jeu, je vais inviter mon collègue de l'Acadie
à être patient, parce qu'effectivement, demain, je vais faire une annonce en
bonne et due forme concernant une mise à jour du projet de tunnel
Québec-Lévis, un projet qui, effectivement,
est une promesse de... qui a été un engagement de la Coalition avenir Québec
lors de la dernière élection, lors de
celle de 2018 aussi, mais un projet qui, comme n'importe quel projet, comme
n'importe quelle action que pose un gouvernement,
dans un contexte où il y a eu une pandémie mondiale que personne n'avait vue
venir, qui a une incidence énorme sur les habitudes de vie des
Québécois, qui a eu une incidence énorme, notamment, sur la manière dont ils se
déplacent, dont ils organisent leur temps,
dont ils organisent leur vie au quotidien, dont ils travaillent, télétravail,
selon les diverses journées de la semaine aussi... Alors, ce serait de
l'aveuglement volontaire et du déni scientifique que de faire semblant que la pandémie n'a pas eu d'incidence
sur le quotidien des gens, notamment ceux de la Capitale-Nationale et de
Chaudière-Appalaches.
La
Présidente : En terminant.
Mme
Guilbault : Alors, je donnerai plus de
détails demain.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. André
Albert Morin
M. Morin : Merci. Alors, nous sommes heureux d'apprendre que
le gouvernement reconnaît finalement l'importance d'avoir une étude
avant de faire des annonces. Mais, grâce à ces fameuses études, le troisième
lien autoroutier entre la ville de Québec et Lévis est mort, faisant plutôt
place au transport collectif.
Maintenant
que la saga semble terminée, pour en prendre une nouvelle, plusieurs citoyens
de la Rive-Nord et de la Rive-Sud se posent des questions. Quel sera le
type ou le mode de transport collectif envisagé...
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Alors, c'est ça, Mme la Présidente, je vais donner plus de détails
demain en ce qui concerne la mise à
jour du projet de tunnel Québec-Lévis. Mais d'entrée de jeu, et je me fais la
porte-parole de mes 15 collègues de la Capitale-Nationale et de
Chaudière-Appalaches, d'entrée de jeu, je veux rassurer effectivement les
citoyens de nos deux régions sur le fait que, contrairement à bien des discours
qui ont été portés à l'époque par le gouvernement libéral, par le député de Pontiac, qui a été brièvement ministre des Transports et qui a tenu des propos, disons, surprenants à
l'époque sur des hyperloops, sur
toutes sortes d'options plus ou moins réalistes dont on savait très bien que ça
n'aboutirait à rien, contrairement à cette époque-là...
La
Présidente : En terminant.
Mme
Guilbault : ...nous irons de l'avant avec
un projet porteur pour nos deux régions.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. André
Albert Morin
M. Morin : Alors, voilà. Bien, espérons que le projet sera
porteur, maintenant que le gouvernement a fait ses devoirs, ce qu'il
aurait dû faire il y a cinq ans, et on peut se pencher maintenant sur un réel
projet de société.
Cependant,
grâce au transport collectif, nous pouvons penser que Québec aura accès aux
sommes du gouvernement fédéral disponibles pour ce type de transport. Est-ce
que la ministre peut nous renseigner sur le coût de ce nouveau projet?
La
Présidente : Mme la ministre.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Bien, je suis contente que mon collègue libéral évoque la pertinence
et l'opportunité d'une éventuelle
contribution fédérale à un projet de transport important pour nos deux régions.
Et je parlais tout à l'heure du député de Pontiac. On ne peut pas s'empêcher de
se remémorer la proximité du député de Pontiac avec l'actuel premier ministre libéral fédéral. Alors, encore une fois,
si les collègues libéraux veulent nous aider dans la recherche de financement
fédéral pour un projet porteur pour nos deux régions, ils sont les bienvenus.
Une voix : ...
La Présidente : En
question... Pas de commentaire après les réponses. Je vous ai entendu. En
question principale, je reconnais la députée de La Pinière.
Conditions
de vie dans les lieux d'hébergement pour aînés
Mme Linda
Caron
Mme Caron : Mme la Présidente, samedi dernier, en désespoir de
cause, Mme France Lefebvre est sortie dans les médias pour dénoncer la situation vécue par sa
mère de près de 90 ans dans une ressource intermédiaire en Mauricie.
Depuis maintenant deux mois, deux mois, cette dame couche dans un lit infesté
par des punaises. Le corps de cette dame est recouvert de plaies sur les bras, les membres inférieurs, dans
le dos, sur l'abdomen. Les photos, vraiment, donnent la chair de poule.
Devant l'enfer vécu
par sa mère, Mme Lefebvre a tenté de dénoncer à l'interne pour obtenir des
réponses. Malheureusement, elle s'est butée à
des boîtes vocales, à des courriels sans réponse. Elle a été obligée d'aller
dans les médias.
Est-ce
que la ministre est au courant de la situation? Est-ce qu'elle peut nous dire
ce qu'elle fait pour assurer la santé et la dignité de cette dame?
La
Présidente : Mme la ministre...
Des voix : ...
La
Présidente : Pas de commentaire après les questions. Mme la ministre
déléguée à la Santé et aux Aînés.
Mme Sonia
Bélanger
Mme Bélanger :
Mme la Présidente. Merci pour la
question de ma collègue députée de La Pinière. Et, oui, je suis très au
courant, et j'ai fait un suivi, et je peux confirmer que la situation des
punaises est une situation que personne ne devrait vivre, y compris nos
aînés qui demeurent dans des ressources intermédiaires. J'ai pris la peine de
demander à l'entreprise quelles avaient été
les mesures qui avaient été mises de l'avant. Alors, c'est une situation qui
est très difficile à contrôler. Les mesures sont présentes. Le CIUSSS de
la Mauricie-et-Centre-du-Québec et les équipes de services de soutien à domicile accompagnent cette ressource
intermédiaire pour s'assurer que l'ensemble des interventions puissent se répéter dans le temps, parce que,
malheureusement, ce genre de situation est très souvent difficile à contrôler,
et il faut répéter l'ensemble des
mesures d'hygiène, de salubrité. Alors, je ne veux pas rentrer dans le détail
ici ce matin, mais je suis très au courant de la situation.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Linda
Caron
Mme Caron : Mme la Présidente, ça fait deux mois que ça dure.
Certains employés disent que ça remonte même à deux ans, mais surtout que les
matelas ne sont pas remplacés. Reconnaissons que c'est une situation invivable
pour quiconque, notamment pour les
personnes plus vulnérables. Alors, la direction de l'établissement est au
courant, le CIUSSS est au courant, la ministre est au courant, mais, même si
tout le monde est au courant, la situation perdure, ça traîne encore.
Est-ce que la
ministre trouve que c'est normal qu'il faille aller dans les médias pour se
faire entendre?
• (10 h 30) •
La
Présidente : Mme la ministre.
Mme Sonia
Bélanger
Mme Bélanger :
Mme la Présidente, aller dans les médias pour se faire entendre, ce n'est
jamais la solution optimale. Les CISSS et
les CIUSSS sont responsables de l'ensemble des soins et services dans leur
environnement. Et les entreprises qui offrent des services, que ce soit
en RI, en RPA, en CHSLD privés, ont aussi une responsabilité.
Maintenant,
quand tout cela arrive dans les médias, c'est que, de toute évidence, il y a eu
un problème de communication.
Dès que j'ai été au courant, que j'ai été mise au courant de cette situation,
j'ai fait les interventions nécessaires.
La
Présidente : En terminant.
Mme
Bélanger : Moi, j'ai confiance que les équipes vont venir à bout de
cette...
La
Présidente : ...complémentaire.
Mme Linda
Caron
Mme Caron : Mme la Présidente, ce qui est inquiétant, c'est
que le porte-parole des résidences privées pour aînés de la Mauricie dit que ce n'est pas un cas unique.
Le président du Conseil pour la protection des malades dit que c'est un
problème majeur, puis il faut appliquer des traitements-chocs.
Alors, ma question est simple : Que
fait la ministre pour éviter que ça se reproduise dans d'autres
établissements?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Sonia
Bélanger
Mme Bélanger :
Mme la Présidente, les ressources
intermédiaires, au Québec, sont des partenaires extrêmement importants. Les équipes sont mobilisées, ils font
un travail extraordinaire. Des plans d'action sont faits pour donner des
soins et services de qualité dans l'ensemble
des ressources intermédiaires au Québec. Les CISSS et les CIUSSS sont en
partenariat avec les ressources intermédiaires. Et j'ai confiance que, malgré
que des situations comme celle-là, que je déplore,
puissent survenir... j'ai confiance que la qualité des soins et services est
prise en charge et que les équipes de soutien à domicile accompagnent
les équipes des ressources intermédiaires pour donner les meilleurs services,
de qualité.
La
Présidente : En question principale, je reconnais la députée de Mont-Royal—Outremont.
Impact de l'intelligence
artificielle sur l'industrie culturelle
Mme Michelle
Setlakwe
Mme Setlakwe :
Merci, Mme la Présidente. Ça fait
des semaines qu'on vous dit que les progrès de l'intelligence artificielle
vont bouleverser le milieu du travail dans tous les domaines, et ça inclut la
culture.
Vous
savez, au Québec, nous avons une industrie du doublage qui fait la fierté des
Québécois et qui nous permet d'avoir des films qui sont traduits au Québec par des
Québécois, pour des Québécois. Malheureusement, cette industrie,
aujourd'hui, est menacée par les progrès de l'intelligence artificielle. En
effet, il est maintenant possible d'utiliser des logiciels pour doubler des acteurs dans toutes les langues, tout en
conservant leurs voix originales. Si rien n'est fait, un ordinateur à
Los Angeles pourrait effectuer le travail des quelque 3 700 artistes
du Québec.
Ma
question pour le ministre de la Culture est toute simple : Qu'est-ce que
son gouvernement va faire devant l'arrivée de l'intelligence
artificielle dans le monde de la culture?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Culture et des
Communications.
M.
Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci,
Mme la Présidente. Bien, c'est une excellente question de ma collègue.
D'ailleurs, je la remercie, parce qu'après quelques mois déjà ici c'est sa
première question principale. Donc, j'espère qu'il y en aura bien d'autres. Mais je le dis sincèrement parce
que je pense qu'on parle trop peu de culture ici. Et c'est un sujet tellement
important dont vient de parler notre
collègue de Mont-Royal—Outremont, un sujet qui est évidemment important, mais
qui dépasse de loin les frontières du monde de la culture.
On
a vu récemment, bien sûr, des experts qui oeuvrent dans ce domaine de
l'intelligence artificielle, des scientifiques, nous dire que ça avance vite et
que ça avance peut-être parfois trop rapidement, si bien qu'on doit évidemment
se poser des questions. C'est vrai,
effectivement, dans beaucoup de domaines, mais, en culture, sujet, évidemment,
qui me préoccupe, ça l'est aussi. Et
on a vu récemment aux États-Unis, par exemple, deux chanteurs américains voir
leurs voix être copiées par l'intelligence artificielle et chanter une
chanson qu'ils n'avaient jamais enregistrée, jamais écrite.
Donc,
oui, c'est préoccupant. En, même temps, c'est un problème qui est très large,
sur lequel on va continuer de travailler avec l'industrie. Mais, vous savez,
Mme la Présidente, on n'a pas la prétention ici, au Québec, d'être capables
de freiner...
La
Présidente : En terminant.
M. Lacombe :
...un phénomène mondial comme celui-là de fond en comble. Par contre, ce qui
est important, c'est de continuer d'aider nos créateurs.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Michelle
Setlakwe
Mme Setlakwe :
Mme la Présidente, ce n'est pas
juste une question d'emplois, c'est aussi une question d'intégrité du processus
artistique. Les ordinateurs étant capables de calquer les voix des artistes, ça
veut dire que quiconque peut carrément créer de fausses chansons comme si elles
venaient d'eux. De nombreuses questions éthiques se posent face à cette
nouvelle technologie.
Le
gouvernement a annoncé, la semaine passée, un comité pour étudier les impacts
de l'intelligence artificielle. Or, le ministre de la Culture n'était
pas présent. Ma question est donc la suivante : Qui représentera les
enjeux...
La Présidente : ...ministre
de la Culture.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Mme la Présidente, je pense qu'on est bien
capables de travailler en équipe. Et, comme je vous le mentionnais, c'est un enjeu qui touche
probablement l'ensemble des secteurs ici. Donc, faire des comités à
30 personnes, j'ai rarement vu
quelque chose d'aussi inefficace que ça. Je pense que c'est important d'être
efficace, c'est important que tous les sujets soient traités, mais c'est
un sujet qui dépasse bien largement le monde de la culture.
Mais
le monde de la culture est touché, Mme la Présidente, c'est vrai. On va
continuer de suivre la situation. Mais je
pense que le meilleur moyen d'y arriver, c'est de continuer, notamment, à
soutenir nos producteurs. On parle évidemment de nos producteurs dans le monde musical. On a vu cet exemple aux
États-Unis, qui, moi, m'a beaucoup frappé. C'est vrai que c'est
préoccupant.
La
Présidente : En terminant.
M. Lacombe : Mais dans l'industrie du doublage ça l'est aussi.
Puis, Mme la Présidente, on va continuer, évidemment, le travail.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Michelle
Setlakwe
Mme Setlakwe : Ce n'est pas que le monde
du doublage qui est menacé par l'intelligence artificielle, le monde de l'art l'est tout autant. En effet, il suffit d'ouvrir
les réseaux sociaux pour voir les nombreux logiciels de création d'images
personnalisées dans le style de votre artiste préféré. Or,
l'intelligence artificielle ne se nourrit pas de rien, elle se nourrit des
réalisations de nos artistes et produit des copies de leur travail sans compensation.
C'est donc l'oeuvre de nos artistes qui est en jeu.
Qu'est-ce que le
ministre compte faire pour protéger la propriété intellectuelle de nos
artistes?
La
Présidente : M. le ministre de la Culture.
M.
Mathieu Lacombe
M. Lacombe :
Mme la Présidente, je vais me répéter. C'est clair que c'est un enjeu qui
est important. En même temps, c'est un enjeu
qui est mondial. Je ne sais pas si notre collègue a des solutions à proposer,
parce que je pense que, des solutions
miracles, il n'en existe pas. Il n'y a pas d'interrupteur où on peut
dire : Voici, on arrête tout ce qui se fait en intelligence
artificielle et on empêche les gens d'utiliser l'intelligence artificielle pour
créer ce genre de produit là.
Par
contre, effectivement, il y a des moyens sur la table pour essayer de prévenir,
pour essayer d'améliorer ce qu'on fait,
pour donner plus de moyens à nos créateurs, à nos créatrices dans le monde de
la culture, parce que c'est ce dont on parle,
de faire leur travail puis d'avoir une valeur ajoutée. Donc, oui, on va
continuer le travail. Bien sûr, mon collègue...
La
Présidente : En terminant.
M. Lacombe : ...le ministre de
l'Économie et de l'Innovation travaille là-dessus, puis on va travailler en
collaboration.
La Présidente :
En question principale, je reconnais le chef du deuxième groupe
d'opposition.
Stratégie du gouvernement en
matière de
lutte contre les changements climatiques
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente.
Contrairement à ce que nous demandait de faire l'actuel ministre de
l'Éducation, on n'a pas lâché le gouvernement avec les GES et avec
l'environnement, et je suis très content que ça ait fonctionné. Alors, maintenant que l'autoroute sous
le fleuve du premier ministre est définitivement morte et enterrée, j'aimerais
qu'on parle d'infrastructures, mais pas des
infrastructures du passé, des infrastructures de l'avenir, parce que ça ne
prend pas une boule de cristal pour savoir ce qui s'en vient au Québec. C'est plus
de météo extrême, plus d'inondations, plus de feux de forêts, plus d'érosion
des berges. On est déjà en train de vivre les changements climatiques. On a
besoin d'un grand chantier d'adaptation, et plus on attend, plus ça va
nous coûter cher.
Hier,
j'ai demandé au premier ministre s'il allait aider les villes. Il m'a
dit : Ne vous en faites pas, on n'a pas besoin de plus d'argent, il y a déjà 9 milliards sur
la table. De toute évidence, il est un peu mélangé dans ses chiffres, parce
que, selon son gouvernement — ce
sont ses chiffres dans son plan — il
y a à peu près 650 millions de dollars de réservés pour l'adaptation. Ce que les villes nous disent
aujourd'hui, c'est que, dans les 10 prochaines années, on a besoin de
10 milliards. 650 millions, 10 milliards, le calcul du premier
ministre ne marche pas. Gouverner, c'est prévoir.
Question
simple : Est-ce que le premier ministre est capable de nous dire à combien
il estime les besoins du Québec en adaptation aux changements
climatiques?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente,
c'est un sujet, je pense, qui fait consensus. On a eu, hier, pas mal tous les
députés, une présentation, entre autres, par
le groupe Ouranos, et il faut, d'un côté, réduire les GES, puis il faut, de
l'autre côté, s'adapter. Il y a de l'érosion des berges, il y a du
travail à faire sur les infrastructures pour éviter les impacts des changements
climatiques.
Dans
le plan, qui était à 7,6 milliards avant le dernier budget, il y avait
effectivement un montant qui était, entre autres, réservé pour l'adaptation.
Dans l'ajustement qui a été fait, quand même pas minime, là, 1,4 milliard
de plus, bien là le ministre de l'Environnement est en train de répartir ce 1,4 milliard
de plus entre les mesures pour réduire les GES et les mesures
d'adaptation. Puis on aura l'occasion, dans les prochaines semaines, les
prochains mois... je ne veux pas lui mettre
trop de pression, là, mais j'ai hâte de voir la mise à jour de ce plan. Puis,
effectivement, il y a des mesures additionnelles qui vont être incluses.
Je
rappelle aussi au chef du deuxième groupe d'opposition qu'on a déposé, à part,
un plan pour faire face aux impacts des inondations, un plan de
479 millions.
• (10 h 40) •
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
Je rappelle aussi que les municipalités doivent aussi faire leur part.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Bien, Mme la Présidente,
je suis obligé, à nouveau, de me réjouir de l'évolution de la position du premier ministre. Ce n'est pas juste sur le
troisième lien qu'il change d'idée, parce qu'hier à cette même question il m'a
dit : On met 9 milliards, c'est bien assez. Aujourd'hui, il concède
qu'il faut en faire plus en adaptation aux changements climatiques. On
avance, Mme la Présidente, on avance.
Mais il n'a pas
répondu à ma question. Est-ce qu'il a une estimation de combien ça va nous
coûter, au Québec, l'adaptation climatique?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bien,
Mme la Présidente, on l'a vu hier soir, il y a des gestes importants qui vont
être à poser d'ici 2050. Là, pour l'instant,
le Plan pour une économie verte, le PEV, c'est pour les cinq prochaines années.
Puis on parle de 9 milliards, ce
qui est beaucoup d'argent, Mme la Présidente. Donc, on est en train, avec le
ministre de l'Environnement, de
répartir ces sommes, de voir est-ce que c'est dans les municipalités, dans les
entreprises où on a le meilleur impact. Donc, je lui demande d'être
patient.
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : Dans
les prochaines semaines, les prochains mois, on va avoir une mise à jour de ce
plan-là.
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Face aux événements
climatiques extrêmes, on a deux choix, c'est la prévision ou l'improvisation.
Moi, je veux qu'on choisisse la prévision. C'est pour ça qu'il faut savoir
combien ça va nous coûter.
Je comprends que le
premier ministre, à ce stade-ci, n'a pas d'estimation, n'a pas de chiffre sur
combien ça va nous coûter, au Québec,
adapter nos infrastructures à l'heure des changements climatiques. Est-ce qu'il
peut, aujourd'hui, s'engager à chiffrer les besoins du Québec en matière
d'adaptation aux changements climatiques?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bien, Mme la Présidente, je pense que le chef du
deuxième groupe d'opposition est très mal placé pour parler d'improvisation. On se rappelle tous que, pendant la
campagne électorale, il avait promis de réduire de 55 % les GES. Il
n'a jamais été capable de nous dire où il prendrait l'énergie propre pour y
arriver.
Donc
là, il voudrait qu'on ait un plan d'ici 2050. Je répète : Actuellement, le
Québec a le meilleur plan en Amérique du Nord pour atteindre ces
objectifs-là, puis on va encore l'améliorer.
La Présidente : Question principale.
Je reconnais la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Protection des droits des
locataires
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci, Mme la
Présidente. Cette semaine encore, dans ma circonscription, 15 locataires
sont abandonnés aux mains des spéculateurs
notoires. Henry Zavriyev, ça vous dit quelque chose? Ce monsieur-là mérite bien
la réputation de rénovicteur en série. Ça
fait plus d'un an qu'il tient les aînés du Mont-Carmel en haleine. Et, plus que
ça, aujourd'hui il récidive, dans la
plus grande indifférence du gouvernement, qui ne fait rien pantoute pour
s'assurer de protéger les familles à revenus modestes.
Marie-Lise,
sa mère, sa fille et son enfant ont reçu leurs papiers d'éviction. Elles ont
déjà de la misère à survivre avec leur
chèque de 600 $... avec leur loyer de 600 $. Qu'est-ce qui va se
passer? Elles ne retrouveront pas la possibilité de se reloger.
Quand est-ce
que la CAQ va avoir le courage de dire à ces requins de l'habitation que la vie
des Québécois vaut plus que leur portefeuille?
La Présidente : La réponse de la
ministre des Affaires municipales.
Mme Andrée Laforest
Mme
Laforest : Oui, merci, Mme la Présidente. Alors, je comprends
très, très bien que, pour les locataires, ce n'est pas évident quand ils
reçoivent des avis d'éviction.
Alors, on a mis en place, il y a plus de deux
ans, un traitement rapide des problématiques avec les évictions au Tribunal administratif du logement, ce qui veut dire qu'on a engagé 24 préposés
de plus, 10 régisseurs de plus, au tribunal administratif, pour traiter les causes d'éviction. Maintenant, un
propriétaire ne peut pas évincer un locataire, même s'il vend l'immeuble, comme
dans des cas comme celui-ci, il y a des règles à suivre, et le tribunal
administratif est là pour juger la cause.
On le sait,
dernièrement, on l'a vu dans les derniers mois, ce qu'on a mis en place depuis
deux ans, bien, vous avez vu, les
propriétaires, parfois, ne gagnent pas leur cause, parce que maintenant le
Tribunal administratif du logement a les outils, prend les responsabilités et protège les locataires. Alors, nos
mesures fonctionnent. C'est 24 millions qu'on a investis au
Tribunal administratif du logement.
Et, oui, on
va protéger les locataires. Et, si les gens se sentent lésés, déposez tout de
suite une demande au TAL, si c'est possible.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Mme la Présidente, je pense que, de l'autre côté
de la Chambre, on ne sait pas ce que ça veut dire, vivre avec un loyer de 600 $ parce que tu y
habites depuis 20 ans, en pleine crise du logement, ou la charge alors que
tu es intimidé par ton propriétaire,
le stress que ça cause, tu as un animal que tu ne pourras pas ramener avec toi,
ça fait 25 ans que tu habites dans ce loyer-là. Aller au TAL, c'est
une grosse charge. C'est ça, votre solution?
La Présidente : Mme la ministre.
Mme Andrée Laforest
Mme
Laforest : Oui, je comprends tout à fait la situation, parce
qu'au tribunal administratif on a même ajouté les causes par visioconférence, on a même ajouté les
causes... les demandes communes pour plusieurs locataires. Donc, on
ajoute les mesures pour protéger les locataires.
Par contre,
on le sait très, très bien, on est arrivés en poste, il y avait
15 000 logements qui avaient été annoncés, non construits. On reprend le retard du passé. On
ajoute des PSL. Dans le dernier budget, vous le savez, on a annoncé énormément
de PSL, des programmes supplément au loyer, pour loger les locataires à faibles
revenus.
Maintenant,
on continue d'augmenter l'offre, on augmente nos programmes, le Programme
d'habitation abordable Québec...
La Présidente : En terminant.
Mme
Laforest : ...qui peut loger les gens à faibles revenus. Et,
je le demande, déposez vos demandes au tribunal...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Juste Henry Zavriyev, 1 000 portes.
1 000 portes. Je ne vous dis pas «1 000 personnes» parce que,
lui, ça ne le préoccupe pas. Ce genre
de spéculateurs briseurs de vie, ils ne veulent pas savoir ce qui se passe
derrière les portes.
J'entends,
de l'autre côté de la Chambre, qu'on a fait ce qu'on avait à faire. L'enjeu,
c'est qu'il y a des personnes qui
vivent actuellement dans des logements, en pleine crise du logement, qui se
font dire : Dehors! On va augmenter ton logement. Et
malheureusement il n'y en a pas, de logement qu'ils vont pouvoir se relouer.
La Présidente : Mme la ministre.
Mme Andrée Laforest
Mme
Laforest : Oui. Il faut comprendre que, je le dis, les
locataires doivent être entendus au Tribunal
administratif du logement, on doit les protéger, mais en même temps il faut
augmenter l'offre de logements. On le sait, au Québec, on est arrivés en poste
avec 15 000 logements en retard. Donc, qu'est-ce qu'on fait? On
construit rapidement, on augmente nos
programmes. On a investi, jusqu'à ce jour, 3,8 milliards en habitation,
dont, au dernier budget, 1 milliard en habitation. Même, tous les
offices d'habitation, maintenant, peut traiter des causes en urgence pour loger
les locataires.
Alors, moi, je le dis, les propriétaires qui
agissent dans ce sens, ça n'a aucun bon sens pour les locataires. Et demandez
d'être entendus au Tribunal administratif du logement.
La Présidente : En terminant.
Mme Laforest : Ils seront entendus
en 48 heures. Il y a des causes urgentes, maintenant.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le chef du
troisième groupe d'opposition. La parole est à vous.
Politique en matière
d'immigration
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M.
St-Pierre Plamondon : Merci, Mme la Présidente. Hier, après avoir appris
la nouvelle que la CAQ reculait sur le
volet autoroutier du troisième lien et qu'elle allait désormais défendre la
position du Parti québécois d'un lien exclusivement de transport collectif, je me suis mis à réfléchir
plus largement et à me poser une question toute simple : Comment peut-on
faire une campagne électorale en disant
quelque chose d'une manière aussi ferme, aussi solennelle, et ensuite faire
exactement le contraire quelques mois plus tard?
Au Parti québécois, on est d'avis que ce qu'on dit à la population, ça a une valeur, qu'on
a un devoir de respecter l'intelligence
des gens. Et il y a un autre dossier que je veux aborder, un autre
180 degrés de la CAQ, et particulièrement du premier ministre, qui
est absolument spectaculaire.
On a appris récemment que le Québec est en train
de fracasser des records en termes de nombre d'immigrants accueillis. En 2022, on a atteint 150 000, un
record de tous les temps. Et d'ailleurs l'ancien record appartenait également
à la CAQ, 98 000, en 2019. Pour
l'immigration permanente, on est à près de 70 000. Or, en campagne, le
premier ministre a affirmé que
d'avoir des seuils plus hauts que 50 000, c'était, et je le cite, «suicidaire».
Il parlait également de louisianisation.
Est-ce qu'il peut nous dire, si à 50 000 c'est
suicidaire, quels seraient... — et
je le cite, là, ce n'est pas mes mots — quels seraient ses mots pour
150 000?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Bien, deux questions dans la question du chef du
troisième groupe d'opposition. Première, une grosse introduction sur le
troisième lien. Je lui rappelle, là, peut-être que c'était avant qu'il soit là,
mais que le Parti québécois, pendant le
dernier mandat, pendant longtemps, était contre tout troisième lien, incluant
pour le transport collectif. Donc, quand on parle de virages, disons
qu'il y en a eu beaucoup au Parti québécois, là. Je vois le député de Matane
qui s'en souvient bien.
Maintenant, concernant l'immigration, d'abord,
je pense qu'il faut distinguer l'immigration permanente puis l'immigration
temporaire. Quand on parle de seuils, on parle de l'immigration permanente.
Maintenant, les immigrants temporaires qui
veulent devenir permanents devront répondre à un certain nombre de critères. On
sait que, pendant que le Parti
québécois était au pouvoir, ils n'ont
pas mis de critère important pour la connaissance du français. On aura
l'occasion de corriger cette erreur du Parti québécois. Donc, je lui
demande d'être patient pour quelques semaines.
• (10 h 50) •
Des voix : ...
La Présidente : Première...
Je vous entends, M. le député! Première complémentaire.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M.
St-Pierre Plamondon : En
2016 — et
je sais que le premier ministre aime beaucoup parler des libéraux — en 2016,
sous les libéraux, on accueillait
12 000 immigrants temporaires. En 2022, sous la CAQ, c'est sept fois
plus, 87 000. En 2018, sa promesse, c'était
40 000 immigrants permanents. On est rendu à 70 000. Et là la
CAQ considère augmenter davantage les seuils.
Je veux savoir :
Est-ce qu'il pense qu'on a la capacité d'accueillir autant de gens, sur le plan
du logement? Et est-ce qu'il constate un renversement du déclin du français?
La Présidente :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : Oui. Mme la
Présidente, je ne sais pas si le chef du deuxième groupe d'opposition fait
exprès pour mélanger les seuils qui s'appliquent à l'immigration
permanente et le nombre de travailleurs, entre autres, parce que, dans les immigrants temporaires, ce sont beaucoup
des travailleurs qui viennent ici de façon temporaire, Ça le dit, «temporaire»,
donc, ils sont ici temporairement.
Elles
sont actuellement logées, ces personnes-là. Quand on parle du logement, il faut
faire beaucoup de distinctions. Il y a le logement abordable, il y a aussi le
prix du logement. Évidemment, quand un travailleur a un bon salaire, c'est...
La Présidente :
En terminant.
M. Legault :
...plus facile de payer plus, donc...
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, je ne mélange rien. Sur le
plan de l'immigration permanente, il s'est fait élire, en 2018, avec
40 000. On est rendu à près de 70 000, et il a l'intention... en tout
cas, la CAQ considère augmenter ce chiffre. Et, sur le plan de
l'immigration temporaire, on est à sept fois plus que sous les libéraux.
Ma
question, à nouveau, elle est simple : Si les mots du premier ministre
étaient «suicidaire» pour 50 000, quels sont ses mots rendu à
150 000?
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Bon, Mme la Présidente, je suppose que le chef du troisième groupe d'opposition
sait très bien qu'en 2018... je sais qu'il
n'était pas chef du Parti québécois à l'époque, mais que la CAQ avait proposé
temporairement de réduire de 50 000 à 40 000 et,
par la suite, de revenir à 50 000. C'est ce qu'on a fait dans le premier
mandat. C'est ce qui avait été promis.
Maintenant, Mme la
Présidente, quand on parle de seuils, ce qui est important pour le chef du
deuxième groupe d'opposition et moi, c'est
l'avenir du français, donc ce qui est important, ce sont les exigences
concernant la connaissance du français. Pendant que le Parti québécois
était au pouvoir...
La Présidente :
En terminant.
M. Legault :
...ils n'ont rien fait de ce côté-là. Nous, on va agir.
La Présidente :
En question principale, je reconnais le député de Rosemont. La parole est à
vous.
Projet de loi visant à rendre
le système de santé
et de services sociaux plus efficace
M.
Vincent Marissal
M. Marissal :
Merci, Mme la Présidente. Notre réseau de santé va mal. Les urgences débordent,
les malades croupissent sur des listes
d'attente ou dans des corridors, sur des civières. Tout le monde souhaite du
changement, le problème n'est pas là.
C'est que le ministre de la Santé arrive avec un projet de loi qui mise,
dit-il, sur la décentralisation, seulement, sur le terrain, tout le monde parle de centralisation. Dans les mémoires
que l'on reçoit, on parle de centralisation. Alors, tout le monde se
trompe, apparemment, sauf le ministre.
Prenez le Conseil de
la protection des malades, qui nous dit que la participation citoyenne de
proximité sera pratiquement abolie, avec le
projet de loi n° 15. Le ministre pense qu'une poignée d'usagers sur
un conseil national, c'est suffisant. Ce n'est évidemment pas suffisant.
Est-ce
que le ministre peut admettre que les usagers, qui commencent à voir la vérité
dans ce projet de loi, vont perdre leurs pouvoirs une fois adopté?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, Mme la Présidente, je pense que le député de Rosemont, qui a très, très
hâte qu'on commence l'étude détaillée du
projet de loi... Puis je le comprends, parce que je pense que tous les
Québécois ont hâte qu'on se mette à la tâche, parce que c'est un projet
très important. Donc, on partage le même objectif.
Sur
la demande spécifique du comité des usagers, j'ai aussi pris connaissance de
certains commentaires, puis on aura
la chance d'en reparler, Mme la Présidente, avec le député au cours des
prochains jours, mais il y a une chose : les articles 144 et 145 du projet de loi sont
très clairs, très, très clairs, les gens ont toute la latitude de continuer à
participer de la façon dont il va être décidé.
Alors, moi, au lieu
de rentrer dans le détail, aujourd'hui, j'aimerais rassurer les gens qui nous
écoutent que le processus parlementaire qui va être conduit avec une
quarantaine de groupes au cours des trois à quatre prochaines semaines va écouter tout le monde. Je l'ai dit,
que le projet de loi était perfectible, mais il y a des articles spécifiques
qui non seulement demandent aux
usagers de continuer à participer, mais de participer à un niveau plus élevé
dans la hiérarchie, pour être sûrs que leurs voix se feront entendre.
La Présidente :
En terminant.
M. Dubé :
Je pense que c'est vraiment une question de décentralisation.
La Présidente :
Première complémentaire.
M.
Vincent Marissal
M.
Marissal : Le conseil de
protection des malades affirme, et je cite : «[La CAQ] s'oriente
vers une gouvernance de plus en plus centralisée avec une participation
citoyenne [...] bien affaiblie.» Ce sont les mots de Paul Brunet.
Le ministre dit qu'il
agit d'abord et avant tout pour le bien-être des patients, des usagers. Il dit
qu'il agit par décentralisation. Mais
comment peut-on parler de décentralisation quand on s'éloigne des premiers
concernés par sa réforme et par le réseau de santé, c'est-à-dire les
usagers?
La
Présidente : M. le ministre.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : Mme la Présidente, j'aimerais ça répéter
exactement ce que je viens de dire à la première partie, parce que, pour moi, c'est très clair, quand les gens
auront eu la chance de pouvoir discuter, de lire ce qui est écrit, notamment
aux articles 144 et 145 du
projet de loi n° 15, je pense que les gens vont comprendre qu'on est
vraiment en train d'attaquer le changement
de culture, d'avoir la participation réelle, Mme la Présidente, réelle des
usagers pas uniquement dans l'installation où ils sont, mais au niveau de l'établissement. C'est deux choses
complètement différentes, parce que, si vous vous plaignez d'un mauvais service à l'installation et
que la nouvelle ne se rend jamais à l'établissement, ce n'est pas ça, de la
décentralisation.
La
Présidente : En terminant.
M. Dubé : Alors, Mme la Présidente, on va avoir l'occasion
d'en discuter ensemble. Puis je suis certain que le député...
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
M.
Vincent Marissal
M. Marissal :
Je suis sûr que le ministre de la
Santé ne vient pas de dire que M. Brunet n'a pas compris
l'article 144, je suis sûr qu'il
n'a pas dit ça. Sa collègue, tout à l'heure, disait que ce n'est pas idéal
d'aller vers les médias. Non, ce n'est pas l'idéal, mais c'est le
dernier recours.
Est-ce
qu'elle comprend, elle et son collègue de la Santé, qu'en coupant les liens
entre le comité des usagers et les décideurs
le dernier recours, d'aller vers les médias, va devenir le premier recours, et
ça va devenir le seul recours? Est-ce qu'il comprend ça, le ministre,
qu'il est en train de couper le lien essentiel avec les gens qu'il dit vouloir
représenter?
La
Présidente : M. le ministre.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : Écoutez, Mme la
Présidente, là, je pense que j'ai eu beaucoup de collaboration avec le député
de Rosemont dans les derniers mois. Je
comprends ce qu'il dit aujourd'hui, mais je pense que, quand on va s'asseoir
ensemble avec, justement, les
représentants des usagers, il pourra leur donner le forum pour reposer la question,
et ils auront ma réponse. Et, s'il y a des ajustements à faire, on va les faire. Mais, je veux
rassurer tout le monde, Mme la Présidente, notre objectif, c'est de donner la voix aux usagers par toutes
sortes de mesures et non de leur en enlever. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de
l'Acadie.
Incarcération de personnes
sans domicile fixe
M. André
Albert Morin
M. Morin : Merci, Mme la Présidente.
Au Québec, les personnes sans domicile fixe reçoivent des contraventions
qu'elles ne peuvent payer et sont
incarcérées pour défaut de payer des amendes par le tribunal. Le tribunal,
souvent, les condamne par défaut, ils
ne sont même pas là, et le tribunal ne peut s'enquérir et être convaincu que le
défendeur a la capacité de payer.
Ce
sont des personnes qui n'ont pas de domicile fixe, et ces personnes,
normalement, ne devraient pas se retrouver en prison. Le tribunal émet
un mandat d'arrestation, ces gens-là sont arrêtés et sont emprisonnés. Ce sont
des personnes vulnérables qui ne devraient pas être emprisonnées.
Est-ce
que le ministre de la Justice peut s'engager à faire en sorte que cette
situation cesse et donner des instructions aux percepteurs des amendes
en ce sens?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Justice.
M.
Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Oui, merci, Mme la Présidente. Je remercie la
collègue de l'Acadie de soulever cette question-là,
parce que la loi a été modifiée, à l'époque, par ma prédécesseure, donc,
l'ancienne députée de Gatineau et ministre de la Justice, à l'époque, pour faire en sorte, justement, que les
individus en situation d'itinérance qui se retrouvent avec beaucoup de constats d'infraction puissent enfin
être libérés de ces constats d'infraction là, pour faire en sorte de diminuer
le fardeau qui leur est imposé et surtout
les amener vers une réinsertion sociale, les accompagner, souvent, dans le
cadre de problématiques de santé mentale.
Donc, déjà, l'ensemble
des municipalités sont en train de faire en sorte de suivre la directive qui a
été mise par voie législative dans le cadre
du projet de loi qui avait été adopté ici, à l'Assemblée nationale, et toutes
les municipalités vont se conformer à
ces orientations-là, justement, pour faire en sorte que les personnes qui sont
en situation d'itinérance ne se
retrouvent pas surjudiciarisées et que, plutôt que de recevoir des pénalités,
des constats d'infraction pénaux, bien, on puisse les accompagner et les sortir de la rue en fonction de leurs
besoins particuliers à tous et chacun. Et l'ensemble du système de
justice est mobilisé pour, justement, trouver des solutions pour bien les
accompagner.
• (11 heures) •
La
Présidente : Alors, cela met fin à la période de questions et de
réponses orales.
Motions
sans préavis
Comme
il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans
préavis. Et, pour ce faire, je cède la place au troisième vice-président de
l'Assemblée nationale. Je vous souhaite une belle journée à toutes et à tous.
Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, à la rubrique des motions sans préavis, en
fonction de nos règles et de l'ordre
de présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du
groupe formant l'opposition officielle. M. le leader.
M. Derraji : Merci,
M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement avec le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
le député de Matane-Matapédia et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte de la hausse importante de l'immigration
temporaire au Québec sous le gouvernement
de la Coalition avenir Québec, telle que démontré par les données de l'Institut
de la statistique du Québec;
«Qu'elle
rappelle que toute personne immigrante, qu'elle soit au Québec de façon
temporaire ou permanente, a un impact
sur la capacité d'accueil du Québec puisqu'elle a des besoins de bases qui
doivent être comblés tels que le logement et qu'elle consomme des services publics, tout en mesurant également les
impacts positifs de leur apport pour le Québec en matière de
main-d'oeuvre, de développement économique, culturel, démographique et autre;
«Qu'enfin, elle exige
du gouvernement caquiste qu'il rende public un portrait clair de la capacité
d'accueil du Québec, appuyé par des données précises sur le nombre d'immigrants
permanents et temporaires au Québec et ce avant la tenue de la consultation sur la planification pluriannuelle de
l'immigration prévue par la Loi sur l'immigration au Québec.»
Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de
consentement.
Alors,
je reconnais maintenant un membre du deuxième groupe d'opposition. C'est M. le
député de Taschereau.
M. Grandmont : Merci,
M. le Président. Je demande le consentement de cette Assemblée pour débattre de
la motion suivante conjointement avec le député des Îles-de-la-Madeleine :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que les données actuelles ne justifient pas
un tunnel autoroutier entre Québec et Lévis.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de consentement
pour débattre.
Alors, maintenant, je
reconnais un membre du troisième groupe d'opposition.
M. Bérubé : ...m'essayer, M. le Président. Je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le député de Marguerite-Bourgeoys, la députée de Verdun et la députée de Vaudreuil, la motion
suivante :
«Que l'Assemblée
nationale reconnaisse l'apport des micro-distilleries québécoises à l'offre de
produits locaux et à la reconnaissance internationale du savoir-faire québécois
en matière de spiritueux;
«Qu'elle
prenne acte de la croissance remarquable du secteur ces dix dernières années
qui a su s'implanter dans 15 régions,
créer plus de 400 emplois, générer des ventes de plus de 900 millions
de dollars et offrir plus de 300 nouveaux produits aux
consommateurs et consommatrices du Québec;
«Qu'elle reconnaisse
que plusieurs entreprises du secteur connaissent d'importantes difficultés
financières qui risquent de porter atteinte à leur capacité à innover et à
commercialiser des spiritueux locaux de qualité;
«Qu'en
conséquence, l'Assemblée nationale s'engage à abolir la majoration perçue par
la Société des alcools du Québec
sur les ventes effectuées sur les lieux de fabrication des produits et incite
cette même société à adapter ses pratiques commerciales et
promotionnelles à la réalité des micro-distilleries...»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de
consentement.
Alors, je reconnais
maintenant un membre du groupe formant le gouvernement. M. le ministre de la
Santé.
Solliciter la collaboration de
l'ensemble des parlementaires afin de
permettre le cheminement diligent du projet de loi visant à rendre
le système de santé et de services sociaux plus efficace
M. Dubé : Alors,
M. le Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement avec la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse l'urgence d'agir et la volonté de changement
de l'ensemble des Québécois pour rendre notre réseau de la santé et des
services sociaux plus humain et plus efficace;
«Qu'elle énonce
clairement que le statu quo en santé n'est pas une option;
«Qu'elle
rappelle l'importance que tous contribuent à réaliser les changements
nécessaires à notre réseau de santé pour redonner aux Québécois les
soins et les services qu'ils méritent;
«Qu'elle
sollicite l'entière collaboration de l'ensemble des parlementaires afin de
permettre le cheminement diligent du
projet de loi n° 15, dont les travaux débutent aujourd'hui, dans le respect de
l'ensemble des commentaires formulés lors des consultations
particulières et de l'ampleur du projet de loi.»
Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Consentement, sans débat.
Mise
aux voix
Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
Avis touchant les travaux des
commissions
Alors,
à la rubrique touchant les travaux des commissions, avis du gouvernement, M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, M. le Président,
merci. La Commission des institutions poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 12, Loi portant sur la
réforme du droit de la famille en matière de filiation et visant la protection
des enfants nés à la suite d'une agression sexuelle et des personnes victimes
de cette agression ainsi que les droits des mères porteuses et des enfants issus d'un projet de
grossesse pour autrui, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures
à 18 h 30, à la salle du Conseil législatif;
La
Commission de l'aménagement du territoire poursuivra les consultations
particulières et les auditions publiques sur le projet de loi n° 16, la Loi modifiant la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme et d'autres dispositions,
aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des commissions, pour
une durée de 1 h 35 min, et de 15 heures à
18 h 15, à la salle Pauline-Marois;
La
Commission de l'économie et du travail poursuivra les consultations
particulières et les auditions publiques sur le projet de loi n° 19, la Loi sur l'encadrement du travail des enfants, aujourd'hui, après les avis touchant les travaux
des commissions, pour une durée de 1 h 35 min, et de
15 heures à 18 h 15, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de la santé
et des services sociaux entreprendra les consultations particulières et les
auditions publiques sur le projet de loi
n° 15, la Loi visant à rendre le
système de santé et de services sociaux plus efficace, aujourd'hui, après les avis touchant les
travaux des commissions, pour une durée de 1 h 50 min, et de
15 heures à 18 h 15, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour déroger à
l'article 143 du règlement concernant l'horaire des travaux des
commissions? Consentement.
Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée
Avis de sanction du
projet de loi n° 10
Alors, je
vous informe qu'il y aura sanction du projet de loi n° 10, Loi limitant le recours aux services d'une agence
de placement de personnel et à de la
main-d'oeuvre indépendante dans le secteur de la santé et des services sociaux, demain, le 20 avril 2023, à
9 heures, au bureau de Son Honneur le lieutenant-gouverneur.
Affaires du jour
La période
des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux
affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 1 du feuilleton.
Projet de loi n° 14
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, à l'article 1 du feuilleton,
M. le ministre de la Sécurité publique propose l'adoption du
principe du projet de loi n° 14, Loi modifiant diverses dispositions
relatives à la sécurité publique et édictant la Loi visant à aider à retrouver
des personnes disparues.
Alors, je reconnais M. le ministre de la
Sécurité publique.
M.
François Bonnardel
M.
Bonnardel : Merci, M. le Président. Très heureux d'intervenir
aujourd'hui pour l'adoption de principe du projet de loi n° 14, que j'ai déposé le 15 mars
dernier, qui s'intitule la Loi
modifiant diverses dispositions relatives à la sécurité publique et édictant la
Loi visant à aider à retrouver des personnes disparues. Comme je le mentionnais, très heureux de prendre la parole aujourd'hui pour vous
soumettre... pour le soumettre afin que cette même Assemblée en adopte le
principe.
C'est un projet de loi, M. le Président, qui
vise à mettre en place les premiers jalons permettant la réforme de la police
au Québec. Il faut comprendre que cette réforme n'a pas été édictée... amendée
depuis une vingtaine d'années. Il poursuit
trois grands objectifs : celui d'accroître l'efficience de l'activité
policière, notamment en matière d'enquête de disparition de personnes, puis je vais y revenir, ensuite, mieux
prévenir et contrer le profilage racial et social, on en a parlé
longuement, et renforcer la confiance du public envers la police.
Puis le
projet de loi n° 14 répond à un engagement clair de notre gouvernement,
celui de mettre en oeuvre une réforme policière axée sur la modernité, la
confiance et l'efficience afin de répondre aux attentes de la population et de
tenir compte des nouvelles réalités
auxquelles les policiers, policières du Québec sont confrontés à chaque jour.
Puis il permet aussi de remédier à
certaines problématiques observées en matière de libérations conditionnelles et
de sécurité incendie. J'y reviendrai un peu plus tard. Puis, du point de
vue du gouvernement, il s'agit d'une première vague de changements législatifs
qui visent à mettre en place la police de demain pour le Québec.
Il faut
comprendre que ce projet de loi, qui n'est pas nouveau, qui a été déposé sous
l'ancienne législation, qui n'a pas été adopté, faute de temps, est le fruit du
travail de plusieurs, plusieurs, plusieurs intervenants, le Comité consultatif
sur la réalité policière qui a travaillé pendant des mois et des mois, qui a
déposé 138 recommandations, qui a reçu plus de 80 mémoires, donc, ils ont établi... Et plusieurs de ces
recommandations sont dans le projet de loi n° 14 qui a été déposé,
comme je le mentionnais, le 14 mars
dernier. Il y a le Groupe d'action contre le racisme, aussi, M. le Président,
qui a travaillé à émettre des
recommandations. Mon collègue le ministre responsable de la Lutte contre le
racisme a été partie prenante, avec moi aussi, après les fêtes de cette
année, pour rencontrer différents groupes, pour entendre leurs inquiétudes. Et le défi reste toujours quand même de trouver un
équilibre important pour répondre à leurs inquiétudes, et surtout à certains
cas de profilage que certaines personnes
racisées nous ont invoqués, du peu de confiance aussi que certains avaient avec
la déontologie, commissaire à la
déontologie. Et, là-dessus, vous allez le voir un peu plus loin dans ce que je
vais énumérer, je pense qu'on a
trouvé des points qui étaient sensibles, importants pour eux, et qui vont
répondre à leurs inquiétudes, et surtout
dans l'accompagnement que ceux-ci auront s'ils avaient à porter plainte dans le
futur pour autres cas de profilage comme tels.
• (11 h 10) •
Les
points... Je vais vous énumérer quelques points qui, pour moi, touchent
spécifiquement le projet de loi. Le premier, nécessairement, on le dit dans le titre du projet de loi, c'est les
personnes disparues. On a eu des cas, on a eu des cas malheureux. On a
M. Roy, président de Savoura, qui est disparu, qui s'est écrasé avec son
hélicoptère et son fils, là, voilà quelques... quelques mois déjà. Je pense que
vous vous souvenez, M. le Président, ça avait fait les manchettes. Puis je l'ai
souvent répété, je pense, les corps de
police en conviennent aussi, chaque minute, suite à une disparition, chaque
minute compte. Et, avant, les
policiers n'étaient pas capables... pas d'intervenir, mais d'obtenir des
informations précises sur la géolocalisation d'un téléphone cellulaire, d'infos bancaires, d'infos santé, de ce que
la personne disparue ou qui accompagne une personne disparue pourrait nous dévoiler sur leurs
téléphones cellulaires, donc, sur les réseaux sociaux, les textos, les
échanges, les écrits. Donc, je le disais, chaque minute compte.
Alors, ce
qu'on va souhaiter adopter, c'est que, suite à une ordonnance d'un juge ou d'un
juge de paix magistrat, bien, les
policiers pourront obtenir rapidement... Et il faut faire attention, ce n'est
pas juste la personne disparue, c'est la personne qui pourrait accompagner aussi une personne disparue, exemple,
un enfant. Donc, rapidement, les policiers pourront, suite à l'ordonnance, à l'autorisation d'un juge
de la Cour du Québec ou d'un juge de paix magistrat, comme je mentionnais,
obtenir, M. le Président, ces informations
qui sont cruciales, cruciales pour rapidement être capables de retrouver ces
personnes disparues et aussi, un point important, de diffuser
publiquement certaines informations qui pourraient aider le public à aider les policiers, la Sûreté du Québec ou
autres, dans leurs recherches de ces personnes qui sont disparues. Donc, c'est
des points, pour moi... ou c'est le point le
plus... un des points les plus importants de ce projet de loi, c'est d'aller
faire un pas en avant pour donner des
outils additionnels. On a, nécessairement, fait une évaluation de ces mesures
que d'autres provinces ont mises de
l'avant aussi, pour ne pas nommer le Manitoba et l'Ontario qui l'ont fait, si
je ne me trompe pas, le Nouveau-Brunswick, dernièrement. Donc, on fait un pas en avant, je crois, qui a été qui a
été bien reçu par, je pense, l'ensemble des partenaires qui sont venus nous voir, les organismes qui sont
venus nous voir pour statuer sur ce quoi on pourrait améliorer, sur ce
quoi on pourrait modifier, aussi, dans ce projet de loi.
Un autre
point important, c'est les mesures qui visent la prévention et la lutte contre
le profilage racial et social et la déontologie
policière. Je l'ai mentionné, quand j'ai rencontré certains groupes, beaucoup
m'ont invoqué leurs mauvaises expériences,
je vais le dire ainsi, leurs mauvaises expériences avec la déontologie, le peu
d'accompagnement, avec le travail que
la commissaire faisait et versus celui qui... sur lequel la plainte reposait,
le policier, le syndicat qui l'accompagne, et tout ça.
Puis, avant
toute chose, avant d'aller plus loin sur les points spécifiques qui vont
toucher les plaignants, bien, il est important pour moi qu'on puisse
établir des lignes directrices, des lignes directrices qui vont à l'ensemble
des corps de police. Parce que,
présentement, il y a des mesures qui sont prises pour contrer le profilage dans
les différents corps de police, M. le
Président, ça se fait, mais, pour nous, d'établir des lignes directrices pour
l'ensemble des corps et que ceux-ci soient bien compris par ces corps de
police pour répondre aux interpellations aléatoires... les interpellations,
pardon, policières et les interceptions
routières. Bien, vous comprendrez que, pour moi, il va être important que ces
interpellations ne se fassent pas sur
des motifs discriminatoires. Ça, ce n'est pas négociable, ce n'est pas
négociable. Donc, on va établir des lignes spécifiques pour accompagner
le travail des policiers, qui le font déjà très bien.
Malheureusement, il existe, oui, des cas de
profilage, je l'ai déjà mentionné, comme ça a été médiatisé dans les derniers mois, sinon les dernières années. Et,
pour la première fois, ce qu'on va demander aux corps de police, c'est une
forme de reddition de comptes, une forme de reddition de comptes pour que...
déjà, les policiers le font, certains corps le
font, remplir, suite à une interception ou une interpellation... les policiers
vont remplir un petit document rapide, rapide. On ne veut pas non plus que ce document soit lourd puis qu'après chaque
interception le policier doive prendre 20, 30 minutes à se dire : O.K., je
dois remplir tel, tel, tel document pour colliger ceci et cela. Il faut que ça
se fasse de façon rapide pour les policiers.
Donc, cette reddition de comptes annuelle nous sera envoyée au ministère. Là,
on pourra, pour une première fois, colliger,
et s'adapter, et peut-être amener des mesures qui seront, de façon importante,
améliorées dans le futur pour améliorer le travail des policiers. Je l'ai souvent dit, les policiers
d'aujourd'hui, leur travail est bien différent de celui de voilà 25 ans,
et il sera encore bien différent dans les
prochaines années. Donc, je pense que cette reddition sera importante et va
surtout nous permettre de renforcer l'efficience du travail des
policiers.
Pour ce qui
est, madame... M. le Président, pardon. Ce qui est important pour moi aussi,
c'est d'être capable de donner, comme
je le mentionnais, des outils d'accompagnement pour les plaignants. Pour les
plaignants, quand je disais d'accompagnement, ils se sentaient bien
seuls quand ils étaient face aux policiers, face aux membres du syndicat qui l'accompagnaient. Donc, à partir de maintenant,
les plaignantes, plaignants pourront être accompagnés par des personnes qui seront formées, qui seront formées
spécifiquement à la déontologie pour être capables de travailler avec eux et de
les aider, là, à poursuivre le
parcours, s'ils le souhaitent, d'une plainte comme telle face au tribunal. Donc
ça, c'est un ajout qui était... qui n'était pas dans l'ancien projet de
loi.
On va aussi
modifier la formule de conciliation. Avant, la conciliation était obligatoire.
Maintenant, ce sera un libre choix. C'est ce qu'on nous demandait aussi du côté
de certains organismes. Donc, c'est une... c'est un pas important.
Du côté de la
déontologie aussi, la commissaire pourra mettre de l'avant une enquête, si elle
le souhaite, s'il le souhaite, un peu
comme le Bureau du coroner. Le coroner peut décider par elle-même, par
lui-même, si une enquête doit se tenir sur un cas, sur un meurtre ou un
cas particulier. Donc, du côté de la déontologie, ce sera la même chose.
Du côté de la
mission, de la compétence et de l'indépendance des corps de police et de leurs
membres, on souhaite moderniser aussi
pour inclure les notions de concertation et de... partenariat, pardon, entre
les organisations policières et les intervenants du milieu. On souhaite mettre
en place des mesures qui vont nous permettre de mettre en place également
des garanties supplémentaires en termes
d'indépendance, de compétence, d'intégrité et d'imputabilité. On signale, à ce
chapitre, les précisions introduites quant à
l'indépendance des corps de police et de leurs membres, notamment par rapport
aux élus. Ça, c'est un point que l'Union des
municipalités nous a soulevé, où je n'étais pas nécessairement d'accord, et je
ne le suis pas encore, d'accord, mais le projet de loi propose d'énoncer
clairement le droit, pour tout directeur ou membre d'un
corps de police, de refuser, de refuser de communiquer des renseignements dont
la divulgation pourrait avoir une incidence
sur l'administration de la justice ou la sécurité publique. Donc, pour nous,
c'est important d'avoir cette indépendance du corps de police versus les informations qu'on pourrait donner à
certains élus en termes d'enquêtes qui pourraient modifier ou mettre
fin, possiblement, peut-être, à une enquête que les policiers font.
Un point,
pour nous aussi, important, la main-d'oeuvre spécialisée et la formation. La
formation, je pense, ça a été le sujet qui a été évoqué pour chaque organisme,
chaque groupe qui est venu nous voir. La formation en continu devra être
importante, devra être mieux encadrée dans
le futur. Et c'est un point sur lequel on s'attarde aussi dans le projet de
loi. Et je l'ai déjà mentionné, il faut faire la distinction entre la
requalification des policiers pour le maniement d'armes ou autres, ou la conduite ou autres, versus la formation
continue. Que ce soit, M. le Président, pour le profilage ou... social, racial,
peu importe, alors tout ce qui
pourrait changer, changer ou améliorer le comportement... pas le comportement,
mais le travail des policiers dans le
futur, je pense que c'est un point non négligeable. Et certains corps de police
le font déjà, mais on va nécessairement
émettre, dans ce projet de loi, des points précis pour accompagner... ou, je
vais dire, mettre en place des pouvoirs réglementaires pour accompagner
les policiers dans plusieurs aspects de leur formation future.
Le Bureau des enquêtes indépendantes, le BEI, pourra aussi, M. le Président, mettre
fin à une enquête à condition de communiquer les motifs de sa décision
au public. Donc, c'est une mesure d'efficience qui va être importante.
Je le disais
tantôt, la déontologie policière, rapidement, j'y reviens parce que c'est un
point non négligeable, donc, le commissaire pourra tenir une enquête de
sa propre initiative, comme je l'ai mentionné.
On prévoit
également que la décision d'aller ou non en conciliation va revenir au
plaignant. Les citoyens qui déposent une plainte pour discrimination
vont pouvoir bénéficier d'un service d'accompagnement, comme je l'ai mentionné,
par un agent de liaison en équité, diversité
et inclusion. Et on crée aussi un processus de signalement pour les personnes
qui ne sont pas directement
impliquées dans un événement, mais qui souhaiteraient le dénoncer. Donc, ceux
qui craignent des représailles pourront faire un signalement anonyme,
anonyme, donc ça, c'est important de le mentionner.
• (11 h 20) •
Les derniers petits points sur les services
correctionnels. Donc, on va rendre publiques pour la première fois les décisions qui sont prises par les membres de
la libération conditionnelle pour que le public soit informé. Avant, bien,
il y avait des demandes d'accès à l'information qui entraient semaine après
semaine, sinon des dizaines et des centaines qui
étaient reçues par les libérations conditionnelles. Alors, pour moi, en termes
de transparence, c'est important que la population puisse savoir
pourquoi telle ou telle décision a été prise par ces membres des libérations
conditionnelles.
Du côté de la
sécurité incendie, on va également profiter du dépôt du projet de loi pour
remédier à certains problèmes observés en matière de sécurité incendie.
Le projet de loi propose des modifications en lien avec le fameux schéma de couverture de risques en sécurité incendie. Et
puis, selon la loi, présentement, sur la sécurité incendie, les administrations
régionales, les MRC, les agglomérations et l'Administration régionale Kativik doivent se doter d'un schéma de couverture
de risques, et ce schéma permet de planifier les mesures à prendre en
prévention et en intervention, notamment par les municipalités, en s'assurant
d'une gestion efficiente des ressources disponibles à l'échelle régionale. Ce
schéma est actuellement de cinq ans et
prévoit un an pour sa révision. Et le processus de révision des schémas, on
nous l'a mentionné, est extrêmement
exigeant de la part des municipalités. Donc, pour nous, afin de tenir compte de
cette réalité, le projet de loi va proposer maintenant un délai qui va
être jusqu'à 10 ans et qui va inclure deux ans pour la prévention, donc à
partir de la huitième année. Donc, ça va
donner un peu plus de temps pour ces municipalités qui... à répondre,
nécessairement, là, donc, à ces schémas de couverture qui sont
importants.
Donc, je
termine, M. le Président, en vous disant que les consultations particulières se
sont bien déroulées. Je veux remercier
mes collègues de l'opposition, là, qui étaient... qui m'accompagnaient,
nécessairement la députée de l'opposition officielle, qui a été partie prenante de ces discussions. Je l'ai
souvent mentionné, on aura... Dans tous les projets de loi que j'ai déposés dans les quatre dernières années,
j'essaie de trouver l'équilibre entre ce que les groupes nous font valoir,
entre les plaignants, les rencontres que nous avons à gauche et à droite. Je
sais très, très bien qu'il y a certaines petites choses qui se sont dites qui
pourraient être améliorées. Je pense qu'on va être à la même place. Et je serai
très pragmatique dans mon approche
pour être capable d'améliorer le projet de loi. Je ne dis pas que ce projet de
loi est entièrement parfait, il peut être amélioré sur certains points. Je vais nécessairement évoquer ces points
avec la députée pour être capable de faire avancer ce projet de loi, pas
nécessairement le plus rapidement possible, mais de le travailler en
collégialité avec les oppositions pour qu'on
puisse répondre, comme je le mentionnais, là, à tout ce travail-là qui a été préparé
dans les dernières années. C'est une sorte d'omnibus, quand même, là,
qui a été déposé le 14 mars dernier, puis je pense qu'on va être capables
de bien travailler pour être capables de donner tous les outils possibles aux
policiers, à la déontologie, au BEI et de renforcer l'efficience de ces différents partenaires dans le travail qu'ils ont à
faire jour après jour pour rassurer notre population, sécuriser nos
rues. Donc, merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci. Merci, M. le ministre. Alors, je reconnais
maintenant Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Et d'emblée je veux remercier M. le ministre pour ses remarques. C'est sûr, on est toujours contents quand on a des
ministres pragmatiques. C'est «music to my ears», comme on dit. Alors, je suis contente de savoir et je suis aussi
également contente, comme porte-parole en matière de sécurité publique, de
prendre la parole en ce qui concerne
le projet de loi n° 14, Loi
modifiant diverses dispositions relatives à la sécurité publique et édictant la Loi visant à aider à retrouver des
personnes disparues. Un long titre
qui va amener beaucoup de débats. Un projet de loi qui ne fait pas un consensus à travers les
groupes qui sont venus témoigner, qui a des choses, oui, en effet, pour
renchérir sur les remarques de M. le
ministre, à bonifier, mais aussi des éléments dans un premier aspect de cette
loi où on va continuer à faire un débat constructif, des éléments qui sont
bienvenus aussi par les groupes qui ont passé en commission parlementaire. Alors, je remercie, encore une
fois, le ministre pour sa collaboration et j'ai hâte à continuer à avoir un
débat constructif avec lui et son
équipe, qui va sûrement nous accompagner en études détaillées lors de la
prochaine étape de l'avis de ce projet de loi.
Je
le répète souvent, quand je prends la parole ici, en Chambre, M. le Président,
qu'au moment qu'un projet loi est
déposé ici, à l'Assemblée nationale, pour être étudié en commission
parlementaire, ça appartient par la suite à la population. C'est maintenant le projet de loi de la
population. Puis nous avons tous une responsabilité et un devoir d'être à
l'écoute de la population. Nous
sommes des porte-parole. Alors, ce n'est pas nécessairement notre parole qui
compte, mais la parole des citoyens
dont nous, on représente, que ce soit de nos comtés ou bien comme porte-parole dans les
dossiers qu'on porte pour nos
formations politiques. Alors, je trouve que j'ai vraiment de la chance de
porter le dossier pour la sécurité publique. C'est un dossier, pour moi,
qui est très personnel.
Et
je vais parler un petit peu plus, plus tard, mais je veux aussi remercier le
collègue de Marguerite-Bourgeoys, qui m'accompagne aujourd'hui, qui n'a
pas pu assister parce qu'il porte beaucoup de dossiers, lui aussi, pour
l'opposition officielle, mais il a levé la
main pour participer et prendre la parole en ce qui concerne cette étape de la
loi, pour l'adoption du principe, et
je suis reconnaissante parce que je sais que, pour lui aussi, c'est une loi qui
est importante, qui mérite notre attention.
Et j'espère que des gens vont porter une attention au projet de loi n° 14, parce qu'il présente beaucoup de changements et modifications qui vont changer plein de choses, non
seulement pour la société civile mais aussi pour nos professionnels en uniforme, pour les personnes
disparues. Il y a beaucoup d'éléments, il va y avoir des changements pour les
municipalités, pour les services incendie, le volet de services correctionnels.
Alors, il y a beaucoup de modifications qui sont abordées.
C'est
un projet de loi de 155 articles, puis, auparavant, j'aurais dit d'un
projet de loi que 155 articles, c'est vraiment un gros projet de
loi, mais maintenant qu'on voit des projets de loi d'au-dessus de
1 300 articles, je ne sais pas comment qu'on appelle ce type de projet de loi, mais, bref, c'est important puis
ça a généré beaucoup d'attention. Nous avons entendu quelques groupes en
commission, alors, pour les consultations particulières, ça fait qu'aussi je
veux remercier tous les groupes qui sont
venus témoigner. Sachez que toutes les informations que vous avez partagées
avec nous, comme membres de la commission qui vont faire le débat à la
suite de ce projet de loi, toutes les remarques, toutes les recommandations seront prises en considération avec une certaine
neutralité de s'assurer qu'on trouve un équilibre dans cette loi puis d'aussi
aider le gouvernement à adopter une loi qui
est perfectible, qui mérite d'être bonifiée, mais aussi au respect de tous vos
droits, de tous vos besoins, puis à l'image
de la société québécoise, et pour les jeunes qui vont hériter toutes les lois
que nous sommes actuellement en train de débattre, en débattre ici, à
l'Assemblée nationale. Ça fait que, merci pour vos témoignages, merci aussi pour tous les mémoires qui ont été déposés, que
nous avons lus avec une grande attention, parce que ce que vous partagez avec nous, surtout toutes les
recommandations pour les amendements possibles, puis de la façon que
vous voyez la bonification de cette loi, c'est toujours le bienvenu, et votre
voix est très importante.
Je veux aussi faire une petite mention pour les
groupes qui n'ont pas passé à l'Assemblée, qui n'ont pas pu venir témoigner en
commission parlementaire. C'est quelque chose que j'ai partagé à maintes
reprises, M. le Président, que je trouve que la période de consultations
particulières est souvent trop courte. Les groupes ont très peu de temps à se
préparer puis souhaitent partager
leur point de vue, mais on n'a pas assez de temps qui est consacré dans le
cadre législatif. Dans le calendrier, qui est géré par le leader du
gouvernement et le gouvernement entier, on ne donne pas assez d'importance à
cette étape vraiment importante dans la vie
d'un projet de loi. Alors, je dois dire que c'est un élément que je regrette
beaucoup puis je souhaiterais qu'on change.
Puis,
dans le cas du projet de loi n° 14, bien, évidemment, l'Assemblée des premières
nations Québec-Labrador, l'APNQL,
nous ont envoyé une lettre puis ils dénoncent vraiment ce processus, parce
qu'avec un cinq jours pour se préparer pour venir témoigner en
commission, pour préparer un mémoire sur un enjeu qui est fondamental puis très
important pour eux de consulter leur monde,
c'est un manque de respect envers les groupes qu'on souhaite entendre. Alors,
je veux renchérir un peu là-dessus,
parce que c'est important, M. le Président, il faut donner le temps à la
population de se préparer, il faut
donner le temps à la population de venir nous aider dans nos travaux. Encore
une fois, nous sommes des porte-parole.
• (11 h 30) •
Puis,
pour l'APNQL, qui ont dénoncé le manque de temps pour préparer, c'est aussi le
manque de cohérence qu'ils voulaient
qu'on voie à l'intérieur du projet de loi n° 14.
Alors, pour porter leur voix un peu dans le dossier des Premières Nations, ils
font la démonstration qu'il y a un manque de cohérence parce que leur souhait
de collaborer n'est pas toujours reflété
dans le processus que le gouvernement met vers l'avant en ce qui concerne le
débat sur les lois. Puis, pour le projet de loi n° 14, bien, évidemment, eux, ils souhaitent qu'on
harmonise avec les intentions du fédéral d'aller de l'avant avec un projet de loi qui accélérera la mise en place d'un
cadre juridique pour reconnaître les services de policiers des Premières
Nations comme un service essentiel.
Alors, nous avons une lacune, un retard, nous avons une responsabilité de
trouver le chemin pour harmoniser, et
de faire ce type d'accompagnement, mais, encore une fois, avec le respect, avec
un accompagnement, avec une
consultation. C'est une responsabilité que nous avons. Alors, en espérant qu'il
y a quelque chose qui va changer à l'égard des demandes pour l'APNQL.
Je
suis peut-être nouvelle dans le dossier de sécurité publique, mais, comme
j'avais mentionné peut-être à quelques reprises,
ça fait que ce n'est pas la première fois que les gens vont l'entendre, je ne
suis pas nouvelle en ce qui concerne le milieu. Je suis une fille d'un policier. Je ne suis pas policière, ça
fait que je ne peux pas parler de la réalité policière, mais je peux
parler, je pense, de l'aspect humain.
I saw the toll that the job
takes on the people that wear the uniform, I grew up in a household where you
could see how damaging and how difficult it
was for my father, and I can only say that now because he's passed, he's passed
on. And, while
I miss him terribly... I had such a huge respect for everything that he did,
but I could see how the role was so challenging
and so difficult for him, and how he was often alone to face the psychological
trauma, that there wasn't a lot of accompaniment
at the time. And I know that we've changed and I know that we've seen a lot of
advances, and society has evolved as
well, when we're talking about mental health and those types of issues, but I
don't think it's as easy as what people think, even today, for our police officers, for the people that wear a
uniform, the people that are there to protect us. I don't think that we realize how much help that, maybe,
they need and how difficult it is for them to raise their hand and say that,
«I need you to protect me in order for me to protect you».
And
so, I'm hoping that we're going to see a lot of that in this bill, because the humanity,
behind everything that we're doing, is essential, and it's important. And we know that it's
difficult for the people that are supposed to be strong to show weakness and we don't want to create more
disengagement. We want to make sure that we're accompanying our police officers, that we're accompanying our
firefighters, that we're accompanying all the people that wear a uniform. And so,
that's what is going to be guiding a lot of the principles, for me, in the
debate of this bill.
C'est d'amener la
lumière sur la réalité policière pour éviter qu'on a d'autres policiers et
policières qui se retrouvent seuls, qui font
face à des injustices, eux aussi, mais aussi l'angle de protéger la population.
Comme le ministre l'a dit, le
profilage racial, c'est inacceptable. Il faut aussi protéger la population, il
faut aussi trouver un juste milieu, il faut aussi travailler là-dessus,
parce qu'il n'y a aucun cas de discrimination qui devrait être accepté.
Alors, quand je pense au projet de loi
n° 14, ce n'est pas juste un projet de loi, pour moi, c'est aussi très
humain. C'est le suivi du dossier d'une
personne disparue, pour les familles. Puis on a entendu des histoires
crève-coeur. On a eu des mémoires qui
ont été déposés qui vont vraiment influencer, je pense, la direction que nous
allons aller en ce qui concerne cette
loi, quand on parle du projet de loi n° 14. Puis l'humanité, c'est la vie,
au quotidien, de nos policiers qui nous protègent. C'est le système correctionnel du Québec et le
traitement des personnes incarcérées, comme Nicous D'Andre Spring, qui a
perdu sa vie, et que sa famille attend toujours des réponses pour savoir
qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui s'est passé. Puis nous savons qu'il y a une enquête du coroner en ce qui concerne
cette histoire malheureuse, où il a perdu sa vie. Mais je vois en bien
que nous devons avoir des améliorations puis un accompagnement. Ça fait que je
pense qu'il y a des éléments qui sont fort
intéressants, à l'intérieur du projet de loi n° 14, qui vont nous
aider à faire un accompagnement sain, puis je vais élaborer un peu plus
tard dans mon discours, M. le Président.
Depuis mon
arrivée en poste comme porte-parole de l'opposition officielle en matière de
sécurité publique, j'ai rencontré beaucoup de monde. J'ai rencontré les
porteurs d'uniforme, que ce soient les policiers ou les pompiers, des organismes, comme La Vigile, qui aident, qui
viennent en aide aux travailleurs d'urgence qui ont besoin d'aide. Puis je fais
une mention spéciale pour eux, parce que bravo pour ce que vous faites! C'est
tellement essentiel, c'est tellement important, puis c'est seulement regrettable que c'est un service qui n'est pas
disponible pour toutes les personnes en besoin, parce que ce n'est pas
tout le monde qui a des assurances pour couvrir ces soins, quand il se retrouve
avec un besoin fondamental, encore une fois,
pour protéger ceux qui nous protègent. Alors, je veux les remercier pour tous
les travaux qu'ils font, parce que
c'est essentiel, puis en espérant qu'on va trouver du budget pour leur aider. Peut-être
on a des gens qui sont en train de nous écouter.
J'ai
rencontré des associations, j'ai rencontré des gens qui ont accepté à me parler
en secret, parce que, oui, les gens ont
peur de parler, les gens ont peur de parler de tous les aspects, que ce soient
les policiers qui ont peur, peur des représailles, que ce soient les membres de société civile, des
victimes. Il y a plusieurs de gens qui ont peur de s'exprimer. Alors, il faut
éviter cette peur. Il faut avoir une discussion puis un discours qui est
ouvert, qui est transparent, parce qu'il faut... pour adresser les problèmes, il faut les nommer. Il faut parler, il faut
avoir le courage d'en parler pour être en mesure d'avancer comme
société. Alors, je veux leur remercier pour ça.
Puis ce qui
était clair, pour moi, c'est, les gens que j'ai rencontrés, ils ont tous un
désir commun, puis c'est de protéger la
population puis d'aider ceux qui nous protègent à faire leur travail, que ce
soient les policiers qui se sont exprimés ou, encore une fois, les victimes du profilage racial, la population en
général. Mais malheureusement le projet de loi n° 14
n'arrive pas à rassurer le monde. C'est un projet de loi qui méritera
d'être bonifié.
Alors, j'ai
hâte, encore une fois, à arriver aux prochaines étapes de la loi, où nous
pourrons commencer une étude détaillée.
Parce que moi, ce que j'ai constaté en consultation particulière, c'est que la
majorité des groupes qui sont venus témoigner,
oui, il y en avait quelques-uns qui ont été en accord avec la loi puis contents
avec les modifications qui seront apportées
aux lois actuellement en place, mais la majorité des groupes qui ont passé sont
préoccupés, sont défavorables ou souhaitent beaucoup de changements,
comme l'opposition officielle.
Alors, je
souhaite être constructive. Je souhaite aborder des sujets où on va pouvoir
trouver un mi-chemin, parce que je pense que la population mérite à trouver une
loi, à la fin, qui, encore une fois, reflète la réalité de notre société
puis ce qu'ils souhaitent et qui est aussi
une réflexion de tous les groupes concernés. Parce qu'on ne peut pas poursuivre
avec une telle loi qui est si
sensible, qui est aussi très humaine, avec notre tête en bas puis juste de
foncer puis ne pas être à l'écoute. Puis,
tu sais, c'est vrai aussi, tu sais, je peux imaginer que, pour le ministre et
pour son équipe, c'était difficile de mettre à l'oeuvre ce projet de loi, parce que c'est sensible, en quelque part.
On parle de la réalité policière puis, à l'autre côté, on parle aussi du profilage racial. Ça fait qu'il y a
plusieurs groupes. Ça fait qu'il y a tous les groupes confondus qui ont partagé
les préoccupations.
• (11 h 40) •
Alors, je
veux revenir aussi un peu sur l'histoire du projet de loi n° 14
parce que je pense que c'est important qu'on se situe pour comprendre comment nous sommes arrivés ici. Ça fait qu'il
faut revenir un peu dans le passé, en décembre 2019, l'ancienne ministre
de la Sécurité publique, notre vice-première ministre, a annoncé une vaste
réflexion sur la réalité policière, le
fameux livre vert. Alors, il y avait cinq experts qui ont formulé des
recommandations. Le comité a rencontré plusieurs
experts, plusieurs rencontres à huis clos avec des intervenants, avec des
citoyens de... puis les intervenants de première
ligne. Il y avait plusieurs mémoires qui ont été déposés, des consultations.
Ils ont fait un sondage auprès des policiers. Bref, c'était un travail
colossal.
Alors, je félicite le gouvernement d'avoir fait
ce travail lors de la dernière législature, parce que, bon, je pense que tout le monde peut être en accord que c'était
un travail important pour amener la visibilité puis la lumière sur la réalité
policière et de travailler en consultation
avec les groupes concernés pour qu'est-ce que nous pouvons faire pour faire
avancer les choses et pour venir à
des lois. Parce que notre rôle, comme législateurs, c'est de pas seulement
faire des consultations, mais on
espère que ces consultations vont porter fruit pour que nous puissions
poursuivre avec des modifications dans le cadre législatif.
Alors, un
rapport était déposé, avec 138 recommandations, puis, en décembre 2021, un
projet de loi omnibus a été déposé.
Mais, depuis ce temps-là, malheureusement, il n'y avait plus de consultation,
le projet de loi était mort au feuilleton, puis c'était juste à la suite, lors du dépôt du projet de loi n° 14, qu'on est revenus avec la suite de tout ce travail colossal pour
consulter les groupes concernés. Puis on est
venus avec le projet de loi n° 14, 137 articles, qui va modifier
13 lois, qui propose deux règlements et qui vient édicter une
nouvelle loi.
Alors, c'est
un gros projet de loi, mais qui vient répondre à peine au quart des
recommandations du comité d'experts, là,
33 recommandations sur 138, qui... Je comprends que le comité, ils sont
contents parce que c'est un départ sur toutes les recommandations, mais
je ne sais pas si on aura une suite. Je ne sais pas si c'est un départ puis on
devrait s'attendre qu'à l'intérieur de cette législature on va avoir plus de travail
qui sera fait, parce qu'encore une fois c'était un travail colossal qui a été fait. On ne veut pas perdre
tout ce travail puis toutes les heures que tous les acteurs confondus ont mis
à l'intérieur de l'établissement de ce livre
vert puis l'oeuvre qui a été déposée, parce qu'il nous reste plus que 100 recommandations dont nous devrons faire
une suite. Alors, j'ai des attentes puis j'espère que le gouvernement va aussi
poursuivre à mettre à l'oeuvre toutes ces recommandations.
Des événements, je dirais, des dernières
semaines, bien, dans le fond, depuis que je porte le dossier de sécurité publique puis je porte beaucoup plus attention, ont
évidemment mis en lumière une réalité que nous oublions trop souvent,
puis c'est la sécurité des policiers. Depuis 2018, le nombre d'appels pour un
état mental perturbé a augmenté de façon inquiétante
au Québec. Dans la région du ministre, depuis 2018, c'est une augmentation de
127 %, puis ça, c'est énorme. Quand
un policier répond à un appel de ce genre, c'est toujours risqué, on appelle ça
les portes tournantes, je veux expliquer ça, mais malheureusement, ce qui arrive, c'est que les policiers n'ont
pas tous les outils nécessaires pour faire leurs travaux comme il faut quand on fait face à cette réalité,
quand on parle d'état mental perturbé. Puis ça a fait couler beaucoup d'encre,
dernièrement.
C'est un
problème réel, et le projet de loi, malheureusement, n'adresse pas cette
question, du tout, même. Je suis surprise.
Alors, malgré que j'aurai l'intention de venir avec des amendements, en ce qui
concerne cette réalité, j'espère aussi que le gouvernement aura
l'intention de venir avec des amendements de leur côté, parce que, si on peut
faire une autre mention pour la sergente
Maureen Breau, on devrait surtout s'assurer qu'elle n'a pas perdu sa vie en
vain. Puis, encore une fois, toutes
mes condoléances à sa famille, à ses proches, à ses amis, à tous ses collègues.
Je ne peux même pas imaginer. On
aurait souhaité que c'est quelque chose qu'on aurait pu éviter. Alors, sache
que je vais faire tout dans mon possible pour m'assurer que c'est la dernière
fois qu'on vit un tel drame, parce que... Je pense qu'encore une fois la loi
est perfectible. Il faut éviter,
vraiment, les portes tournantes. C'est grave. C'est grave, les portes
tournantes, M. le Président. Pourquoi? Parce que nous avons une
responsabilité de changer ça.
Et, si je reviens un peu sur la violence — j'ai
déjà posé des questions en cette Chambre lors de la période de questions — je
suis préoccupée, puis je n'en doute pas, que tous les collègues, tous partis
confondus, sont aussi préoccupés par
la hausse de violence qu'on voit. Il n'y a aucun comté qui est à l'abri de la
hausse de violence. Il n'y a aucune famille qui est à l'abri de ça. Il n'y a aucun Québécois ni Québécoise qui est à
l'abri de la hausse de violence préoccupante dans la province du Québec. Puis je sais que, quand il
s'est fait questionner là-dessus, notre premier ministre a dit : Oui, mais
c'est un phénomène qu'on voit un peu à
travers le monde. Puis, tu sais, je comprends, oui, mais moi, je veux mettre
mon emphase puis mon focus sur mes
responsabilités, puis c'est ici. Je veux travailler sur ce que je peux faire
ici pour améliorer l'effet de... puis la vie au quotidien de mes
concitoyens puis de tous les Québécois et Québécoises.
Juste depuis
le début de l'année 2023, on a des cas crève-coeur qu'on peut lire dans la
revue de presse, en ce qui concerne
la violence. Ça fait que... En janvier, le 23 janvier, un élève attaqué à
coups de marteau à l'école; le 8 février, le drame à Laval avec l'autobus qui a foncé sur une
garderie; le 25 février, un homme ayant proféré des menaces à l'aide d'un
couteau, à Saguenay, qui a mordu un policier
qui tentait de le reconduire au poste de police après son séjour à l'hôpital;
le 12 mars, trois personnes
arrêtées pour agression armée à Sherbrooke; le 13 mars, un camion-bélier
fonce sur des piétons à Amqui; le
17 mars, un triple meurtre à Rosemont, à Montréal; le 20 mars, deux
femmes poignardées à Sainte-Foy; encore une fois, le 20 mars, un passager sauvagement attaqué dans un métro
à Montréal; le 28 mars, une policière tuée lors d'une intervention à Louiseville. Ça fait qu'encore une
fois on revient à Maureen Breau. Puis j'aurais pu continuer, M. le
Président. J'aurais pu passer mon heure à ne parler que de ça, mais,
évidemment, je pense que je n'ai pas besoin d'aller plus loin que ça pour faire la démonstration que nous faisions
face, actuellement, à des problèmes graves et importants. L'état mental de
l'agresseur, qu'on voit, semble être un
facteur directement dans la cause, dans chacune de ces causes, d'où
l'importance d'avoir une meilleure idée de qu'est-ce qui se passe ici,
d'où l'importance d'étudier la question puis de faire une consultation.
C'est pour ça
que, M. le Président, j'avais déposé un mandat d'initiative, que j'ai hâte
à avoir une séance de travail pour entendre la voix du gouvernement.
Puis j'espère, j'ai toujours l'espoir, M. le Président, malgré toute la
dernière législature, chaque mandat
d'initiative que j'ai déposé, le gouvernement a voté contre, malgré... Il y en
avait plusieurs qui, pour moi, ont été très personnels, et j'ai trouvé ça très
difficile, hein, parce que je mets toute mon âme, puis tout mon travail,
puis tout mon amour dans tout ce que je
fais. Ça fait que c'est difficile de ne pas prendre ça à un niveau personnel.
Mais, encore une fois, j'ai de l'espoir, parce que ce mandat
d'initiative, nous avons vraiment besoin... nous avons besoin de poursuivre avec ces
travaux, encore une fois, malgré que nous avons fait beaucoup de demandes
d'information pour avoir une idée du portrait.
• (11 h 50) •
Puis, si je
peux juste faire une mention là-dessus, M. le Président, je trouve ça
aussi inquiétant que c'est l'opposition officielle qui est en train d'étudier
ceci, qui est en train de sortir toutes les données, qui est en train de faire
une enquête, quand ça devrait être le
rôle du gouvernement de faire ça. Ils sont au pouvoir puis ils ont un pouvoir
vraiment important, mais on utilise
nos maigres ressources pour faire ce travail, parce qu'on y croit, à faire
avancer les politiques puis notre société québécoise, personnellement, puis je sais que c'est le cas du
gouvernement. On n'a pas un portrait pour savoir qu'est-ce qui se passe en ce qui concerne l'état mental
perturbé, qui fluctue depuis des années. On n'a aucune idée de pourquoi. Puis
c'est non seulement la responsabilité du
corps policier, s'il y a une responsabilité, dans le réseau de santé et
services sociaux, il y a une responsabilité légale. Nous avons une
responsabilité de poursuivre.
Parce que, comme j'ai dit, le nombre
d'interventions pour l'état mental perturbé a augmenté puis varie entre 9 % et 127 %. En 2018, il y avait
au-dessus de 51 000 interventions policières qui ont été nécessaires
auprès d'une personne avec un état mental perturbé, puis, en 2022, ce
chiffre a grimpé à presque 66 000. C'est une augmentation importante.
Puis c'est
quoi, ça, tu sais, pourquoi qu'on adresse ça? Parce qu'on appelle ça... des
policiers appellent ça les portes tournantes. C'est quoi? Un policier va
être appelé pour aller à une intervention, comme on a vu avec Maureen Breau,
à Louiseville, on a un appel, il y a une
personne qui est désorganisée, il y a une... on a peur pour cette personne, peu
importe c'est quoi, la réalité. Puis
juste pour dire que, quand on parle d'un état mental perturbé, ce n'est pas
toujours une personne qui... «who has
a criminal record», par exemple. Ce n'est pas toujours ça. Ça peut être votre
père, ça peut être votre mère, ça
peut être votre ami, ça peut être votre enfant. Puis souvent c'est un enfant
d'une personne qui... Ça fait que les parents vont faire appel parce
qu'ils ont peur pour eux, ils ont peur pour leur enfant.
Ça fait que
les policiers, policières vont se présenter à cette scène. Ils ont très peu
d'information. Ils ne savent pas si
la personne a été libérée puis s'il y avait des conditions de cette libération,
si elle était trouvée non coupable pour les actions dans le passé. Ils
se présentent là, ils voient la personne désorganisée, qui a clairement des
problèmes de santé mentale. Ils vont la
conduire à l'hôpital, ils vont faire un accompagnement à l'hôpital. Ils vont
souhaiter que la personne sera prise
en charge, jusqu'à tant que l'hôpital vient, ça fait qu'ils vont faire un
accompagnement. Là, ils vont quitter, ils vont retourner faire leur travail.
Puis, ça peut être quelques heures plus tard, soit que la personne va juste
fuguer, va quitter parce qu'il n'y a
personne qui l'a prise en charge puis va se retourner chez elle, ou bien
l'hôpital va décharger la personne concernée sans donner l'information
aux corps policiers. C'est ça, une porte tournante. Pourquoi? Parce qu'on n'a
pas pris en charge la personne concernée,
parce que cette personne souffre, puis parce que cette personne a besoin
d'avoir un accompagnement, puis on ne
l'a pas fait. Bien, ça va se reproduire le lendemain et encore une fois. Ça
fait que ça va être une porte
tournante. Ça fait qu'on continue le processus. Il faut mettre fin à ça. C'est
inacceptable non seulement d'utiliser nos
ressources de cette façon, ce n'est pas efficient, ce n'est pas une façon de
travailler, mais, pour la personne concernée, qui a besoin d'aide puis d'accompagnement, ce n'est aussi pas une façon
de gérer ses besoins. Alors, c'est pour cette raison-là que j'avais déposé mon mandat d'initiative, dont
je suis, encore une fois, très fière. Et j'espère que le gouvernement va
accepter de l'étudier.
Pour ceux qui nous écoutent, qui ne comprennent
pas c'est quoi, un mandat d'initiative, ce n'est pas une loi en commission parlementaire. C'est un jour de
travail, peut-être deux, tout dépendamment le nombre de groupes qu'on souhaite
venir témoigner pour nous aider à faire du
travail. Ça fait que c'est agile, ça ne prend pas le temps en commission. Puis
ça ne veut pas dire qu'on va déposer
une loi par la suite. La réalité de ça, c'est pour nous donner un portrait,
pour équiper le gouvernement. C'est
fait d'une façon transpartisane aussi, parce que, suite aux auditions, suite au
partage d'informations que nous
allons entendre, des experts, bien, un document avec des recommandations sera
présenté au gouvernement pour que le
gouvernement peut prendre action. Le but, c'est d'avoir quelque chose de
concret avec des recommandations par la
suite. Parce qu'en anglais
je dirais : «If you can measure it, you can manage it.» Puis c'est vraiment vrai, quand on parle de
cet enjeu que nous n'avons jamais étudié, parce que c'est des enjeux qui sont
complexes.
Puis je ne
suis pas seule à penser ça. J'ai eu beaucoup d'appuis pour ce mandat
d'initiative, que ce soit l'Association des policières et policiers provinciaux du Québec, qui dit que c'est
urgent, que nous devons l'étudier, que ce soit l'association des policiers municipaux, qui ont dit qu'ils
appuient la demande, la Fraternité des policiers et policières de la ville de
Québec, qui disent que nous devons
l'étudier aussi. Puis il y a d'autres appuis qui viennent, mais ça, c'est juste
ce qui était envoyé formellement, hein? Ça fait qu'il y a des gens qui
sont préoccupés de ça, il y a des gens qui souhaitent travailler en
collaboration.
Puis, pour ne pas nommer les personnes... parce
que j'ai aussi, lors du dépôt de ce mandat d'initiative, j'ai reçu beaucoup de courriels, beaucoup de messages
confidentiels des policiers qui sont préoccupés. Et je ne peux pas les nommer,
mais je peux dire que les lettres que j'ai
reçues sont... font la démonstration que nous avons vraiment une responsabilité
de poursuivre. Alors, j'espère, encore une fois, que ce serait accepté.
Puis je vais citer une lettre que j'ai reçue
d'un policier. Il dit : «En tant que policier patrouilleur, je constate plusieurs lacunes au niveau du système, qui doivent
être adressées urgemment pour prévenir au maximum le nombre de ces drames. J'aimerais spécifier, les outils ainsi que
leurs limites présentement disponibles aux policiers du Québec pour protéger
les citoyens lors d'une situation où l'état mental d'un individu représente un
risque, ces moyens sont insuffisants pour protéger la population, mais peuvent
être améliorés, s'il y a une volonté politique.»
Puis c'est
long, là, ils font notre étude pour nous. Ils parlent de la loi P-38, ils
parlent du Code criminel, ils parlent de
la demande de garde provisoire en vue d'une évaluation psychologique. On parle
beaucoup du meurtre de Louise Avon par
son conjoint, Pascal Arseneault, que... les collègues vont s'en souvenir, qui
est arrivé, malheureusement, en 2021. Il y a des recommandations. Est-ce
que nous pouvons avoir un comité de révision? Que pouvons-nous faire pour
améliorer, encore une
fois, non seulement le travail de nos policiers et policières, mais aussi
aider, là — c'est
le réseau de santé et services sociaux — à
s'occuper de ces personnes? Parce que nous faisons face vraiment à beaucoup de
problèmes, puis on ne veut pas que Maureen Breau ait perdu sa vie en
vain. Ils ne savent pas qui est derrière la porte.
Et, pour
cette raison, l'APPQ a demandé à un collègue de déposer une pétition. Alors, la
pétition, qui est en train d'engendrer
beaucoup d'intérêt, il y a au-dessus de 16 000 signataires, moi
incluse, qui ont signé cette pétition. J'espère que la pétition va aussi porter fruit, parce qu'à
l'intérieur de cette pétition, ce qu'on demande, c'est d'équiper les policiers
avec les informations, suite à un appel, si c'est une porte tournante. Mais
cette information qui est nécessaire aura peut-être pu sauver la vie de
Mme Breau. Ça aura peut-être pu sauver la vie de Mme Breau, mais,
malheureusement, les policiers ne sont pas équipés. Alors, c'est le sens de
cette pétition.
En commission, lors des auditions, quand l'APPQ
a passé pour faire leur témoignage, le ministre a dit qu'il essaie de trouver
une solution en ce qui concerne cette réalité. Mais encore une fois, pour
revenir au projet de loi n° 14, M. le
Président, il n'y a rien là-dedans, il n'y a rien, dans le projet de loi
n° 14, pour parler de l'état mental perturbé, pour donner plus de pouvoirs
à nos policiers en ce qui concerne les informations, pour les rééquiper, pour
faire leur travail.
Alors, je
reste inquiète malgré que, je comprends, il y a une volonté de M. le ministre.
Tant que ce n'est pas fait, tant que ça n'est pas inclus dans la loi,
c'est malheureux, je suis inquiète. Je suis inquiète parce que... de ne pas
avoir quelque chose de concret de fait. Je
suis inquiète, parce que ce que j'ai vu dans le passé, comme par exemple, en
2019, quand Mme McCann a été la
ministre responsable de Santé... Elle avait rencontré un agent de Service de police de la ville de Québec qui a fait un cri du coeur puis elle a dit :
Oui, oui, oui, on va travailler là-dessus, mais, depuis cette rencontre... et
elle a dit oui, elle l'a dit
publiquement, elle avait des entrevues : On va faire quelque chose, mais,
depuis ce temps-là, zéro puis une barre, rien depuis ce cri de coeur,
qui a été médiatisé, que le gouvernement a dit : Oui, oui, oui, nous
allons poursuivre.
Ça fait que
j'espère que cette fois-ci, ce ne sera pas un reflet de qu'est-ce que nous
avons vu dans le passé, parce que, si
on se base sur l'histoire... Mais la réalité, c'est qu'on a des belles paroles,
mais il n'y a pas nécessairement des actions qui suivent. Alors, je suis inquiète pour ça, parce que, depuis ce
temps-là, encore une fois, on a perdu une policière, puis peut-être, si le gouvernement avait agi comme il
avait promis de le faire en 2021... je ne ferai pas le même discours ici,
au salon bleu, en ce qui concerne le projet de loi n° 14.
Le projet de
loi n° 14 propose aussi plusieurs articles qui sont supposés d'adresser la
réalité policière. C'est le but. Selon
le ministre, c'est de ramener la modernité, l'efficience et la confiance. Puis,
oui, c'est... Le but, aussi, c'est la prévention et lutte contre le racisme.
C'est un projet de loi qui aborde la question du profilage racial en proposant
des lignes directrices, des lignes
directrices émises sans même consulter des partenaires. C'est un manque de
transparence, un travail fait en catimini, qui cause beaucoup d'inquiétudes, puis nous l'avons entendu à maintes
reprises à presque tous les groupes confondus qui sont venus témoigner en commission, qui ont
partagé leurs inquiétudes. Malgré que l'on comprenne que les lignes directrices
ont peut-être leur rôle, des règlements ont peut-être
leur rôle, mais ça reste que ça s'est fait derrière les portes closes avec...
que le gouvernement va travailler là-dessus, mais sans les groupes. Ce n'est
pas dans une loi. Il n'y a pas de débat avec les groupes d'opposition. C'est un travail qui est fait par eux, pour eux et
pas nécessairement pour la communauté concernée.
Alors, les gens ont partagé quand même leurs
préoccupations, malgré que l'on comprend que le sens, le devoir de ce qu'on souhaite accomplir est louable, mais
ce n'est peut-être pas le moyen de le faire, puis aussi, quand on parle de
lutte contre le profilage racial, que ce soient
les groupes concernés ou bien les policiers, qui ont signifié des
préoccupations par rapport à cet
enjeu. Ça fait que ce n'est pas juste les policiers qui disent : Oh là là!
on ne sait pas... nous ne serons pas consultés.
Plusieurs personnes, que ce soit la commissaire, que ce soit... tous les autres
groupes, que ce soit la Ligue des droits et libertés, la société civile, tout
le monde a partagé ses inquiétudes, le manque de transparence, le manque de
consultation.
• (12 heures) •
Alors, en espérant que, si le gouvernement fait
le choix de poursuivre avec ce type de gouvernance, bien, au moins, ils seront à l'écoute des groupes, au
moins, il y aura des consultations, parce que notre société le mérite, mérite
d'être à l'écoute. Encore une fois, je vais dire plusieurs fois,
M. le Président, nous sommes des porte-parole. Nous avons une responsabilité
de porter la voix de nos citoyens. Ce n'est pas un droit absolu. On a besoin
d'être à l'écoute pour porter les voix de
ces personnes. Et pourquoi je dis ça, surtout quand on parle du profilage
racial? Rappelons que le jugement Yergeau, qui a été déposé vers la fin de la dernière année, demandait à interdire
les interceptions aléatoires. Ça fait que le fameux code, 636, le code... routière, puis le gouvernement
sont allés en appel de ce jugement. Alors, c'est difficile de dire qu'à quelque
part, la main gauche, nous souhaitons
mettre fin au profilage racial... là, vous avez un outil pour le faire, mais on
dit : Non, nous n'allons pas le mettre à l'oeuvre.
Puis pourquoi
c'est un manque de cohérence? C'est parce que... rappelons qu'également le même
gouvernement caquiste avait mis en
place un groupe de travail, compris des élus caquistes, qui recommandait
d'interdire des interceptions aléatoires.
C'était leur propre recommandation. Ils ont voté contre, ils ont décidé d'aller
en appel de leur propre recommandation. Bien, plus incohérent que ça, M.
le Président... je ne sais pas. Puis, je présume, on va pouvoir trouver d'autres incohérences, comme j'avais mentionné,
avec la rencontre avec Mme McCann, par exemple. Il y en a plusieurs,
plusieurs exemples de ceci, mais ça reste que c'est quand même aberrant,
celui-ci. Puis je comprends que c'est un sujet très sensible, je suis d'accord, puis je comprends que le gouvernement
fait un pas pour essayer de l'adresser, mais, à un moment donné, M. le Président, il faut être
cohérent avec leurs propres actions puis avec leur propre parole. Ça fait que,
là, c'est comme... on dit une chose, mais on va faire l'autre.
Puis il faut dire que, quand on parle du
profilage racial, moi, honnêtement, sincèrement, pour les gens qui nous écoutent, je veux remercier la Ligue des droits et
libertés. C'est un groupe qui n'est pas nouveau pour moi, avec mes anciens
dossiers que j'ai portés, surtout pour les personnes en situation de handicap
et les personnes vivant avec le spectre de l'autisme.
Ils font du travail vraiment intéressant, puis je veux les remercier. Puis,
pour ceux qui n'ont pas eu les documents qu'ils ont préparés, c'est éducatif, c'est ludique, c'est intéressant.
Je recommande fortement aux gens qui nous écoutent pour mieux comprendre c'est
quoi, une interpellation, c'est quoi, une interpellation policière et routière,
c'est quoi, un «street check», c'est tellement important. Ils parlent du
racisme systémique, il y a de l'information très importante pour la population à prendre en considération. Puis leur témoignage,
qui a eu lieu, pour nous, lors de leur passage en consultations, était fort
apprécié, très important. Alors, je les remercie pour ça parce que, c'est sûr,
leurs recommandations vont porter fruit. Il y
a beaucoup d'amendements qu'ils proposent en ce qui concerne le projet de loi
n° 14. Alors, en espérant qu'on va en voir, de leurs... on va voir de leurs recommandations qui vont être
abordées puis acceptées par le gouvernement lors de la prochaine étape
de l'étude détaillée, après qu'on termine l'adoption du principe du projet de
loi n° 14.
Cela étant dit, quand on parle du profilage
racial, il y a quand même des éléments qui sont intéressants, puis le ministre en a parlé, de quelques-uns, comme le
registre, le registre pour les plaintes ou pour toutes les actions qui seront
prises pour les interpellations. C'est un élément intéressant, c'est une
avancée, parce que, je l'ai mentionné d'emblée, mais je veux encore une fois le mentionner, la discrimination puis les
actes de profilage racial, c'est non négociable, c'est inacceptable, puis il faut mettre fin à ça. On est
rendus à 2023, je ne peux même pas croire que je suis encore en train de
parler de ça. Nous sommes tous des Québécois puis des Québécoises à part entière
puis nous avons une responsabilité d'agir en
ce sens-là, peu importe la couleur de notre peau, peu importe la langue qu'on
parle, peu importe la communauté culturelle
dont nous faisons partie. Ça fait que je suis triste qu'on fasse un débat en ce
qui concerne le profilage racial puis aussi que les statistiques font la
démonstration que c'est bel et bien une réalité, puis il faut mettre fin à ça.
Puis je dis
ça parce que j'ai aussi demandé, M. le Président... quand ils m'ont consacré le
dossier de sécurité publique, j'ai
demandé aussi d'être la porte-parole pour la lutte contre le racisme, hein?
Pourquoi? Parce que c'est vrai, c'est un travail qui va main en main,
puis il faut trouver un mi-chemin, il faut avoir une collaboration. Puis, pour
les gens avec qui j'ai déjà collaboré puis
j'ai déjà parlé, je vois comment les gens souhaitent travailler ensemble. Ce
n'est pas tout le monde qui parle de «defund the police». Il y a du monde qui
souhaite améliorer notre corps policier. Pour faire un accompagnement, on a
besoin de plus de sensibilisation, on a besoin de plus de formation, on a
besoin d'accompagnement. On a besoin d'accompagnement
de nos victimes. Oui, il faut trouver un chemin pour eux d'être entendus,
d'être écoutés, pour mettre fin à ça.
On a besoin d'avoir plus de compréhension puis on a besoin d'avoir plus de
dialogue. Nous avons une responsabilité de l'adresser.
Parmi les
éléments que le ministre met vers l'avant dans son projet de loi pour adresser
ceci puis aussi de faire avancer la
Loi sur la police, c'est en matière de déontologie policière, puis il y a
plusieurs modifications qui sont proposées dans le projet de loi n° 14.
Notamment, le ministre, dans son projet de loi, a confié au Commissaire à la
déontologie policière un rôle de prévention et d'éducation en cette matière. Ça
veut dire qu'on donne énormément de pouvoirs au commissaire que...
Encore une fois, ça soulève quand même des préoccupations. Ça fait que les gens
souhaitent avoir quelque chose qui sera plus
modulé. On comprend qu'il faut avancer, mais comment le faire sans donner trop
de pouvoirs à un groupe puis non à l'autre?
Il y a aussi... Maintenant, c'est prévu qu'une
plainte relative à la conduite d'un policier susceptible de constituer un acte dérogatoire au Code de déontologie des
policiers du Québec ne peut être formulée que par une personne présente lors d'un événement ayant fait l'objet d'une
intervention policière. Ça aussi, je comprends que, pour quelques personnes,
c'est une avancée, mais, de l'autre sens, M.
le Président, il y a beaucoup de gens qui disent : Mais comment est-ce que
je vais accompagner ma proche,
comment est-ce que je vais accompagner la personne qui se retrouve en situation
de vulnérabilité? Ça fait qu'il y a des questions à aborder.
Puis il faut vider la question en ce qui
concerne tout ce qui est lié... de déontologie policière parce qu'il y a des craintes puis il y a beaucoup de préoccupations.
On permet maintenant à toute autre personne de formuler au commissaire,
anonymement ou non, un signalement relatif à une telle conduite. Il y a des
inquiétudes surtout, évidemment, pour les gens
qui... les policiers, mais, à quelque part, il faut trouver, encore une fois,
un juste milieu, parce qu'il faut protéger les victimes.
Le projet de loi «accorde au commissaire le
pouvoir de tenir une enquête de sa propre initiative dans certaines circonstances et lui permet de tenir des travaux
de conciliation à distance par un moyen technologique». Je comprends que
nous sommes en 2023, puis on a tous l'idée
de faire avancer les choses par les moyens technologiques, mais ça reste que
ça soulève des inquiétudes, des gens qui
pensent qu'ils vont être filmés, qui vont être entendus, qui... Il y a des gens
qui ne vont pas nécessairement suivre
les contraintes en ce qui concerne la conciliation, qui est souvent très
sensible, qui est souvent très
humaine, qui va adresser des aspects très confidentiels aussi. Alors, il y a
des éléments et des aspects à ceci que nous avons à faire le débat.
«Il met fin à l'obligation pour le commissaire
d'aviser certaines personnes du progrès d'une enquête et introduit celle de les aviser lorsque le rapport d'enquête
ne peut être remis dans un délai de six mois. [Il] remplace le nom du Comité
de déontologie policière par "Tribunal
administratif de déontologie policière".» Puis, malgré qu'on peut penser
que ça, c'est banal comme changement, ça reste qu'il y a des groupes qui sont
venus témoigner en auditions pour nous dire... Ça a l'air comme si nous sommes en train de mettre un
tribunal de pénalités, de punitions, en place. Ça fait que, ça aussi, j'espère
qu'on va pouvoir en débattre rendus là, dans
la prochaine étape de cette loi, parce que nous avons une responsabilité
d'adresser toutes ces préoccupations.
Il y a des
sanctions qui peuvent être imposées par le tribunal lorsque la conduite d'un
policier ou policière est jugée dérogatoire et lui permettre d'imposer aux
policiers, en plus des sanctions, des mesures additionnelles après avoir permis
aux parties de se faire entendre. Il y a évidemment... Puis c'est tout à fait
normal, il y a beaucoup de préoccupations, parce que, quand on parle de la réalité policière puis quand on parle de
désengagement policier et policière, ça soulève beaucoup de préoccupations. Puis je dis ça, puis, en
contresens, il y a aussi la société civile qui dit que ça ne va pas
nécessairement changer les choses non plus. Alors, on va vers l'avant, à
peut-être créer une grosse inquiétude puis des pénalités qui sont
vraiment du jamais-vu, puis, en contresens, il y a l'autre groupe qui
dit : Mais on ne va rien accomplir avec ceci. Alors, j'espère
qu'on va trouver un mi-chemin, un consensus en ce qui concerne ceci. C'était
très difficile d'entendre les témoignages en
ce qui concerne la déontologie, parce qu'on voyait aussi le cri de coeur des
gens qui sont venus témoigner, qui sont préoccupés, parce que ce qu'on a
entendu, c'est : Les pénalités qui sont proposées vont sans doute
contribuer au désengagement des policiers,
ça ne va pas attirer des recrues. Puis j'ai demandé à maintes reprises :
Est-ce que ça va mettre fin au profilage racial? Puis la réponse que
tout le monde me dit, c'est non.
• (12 h 10) •
Alors, il faut avoir des mesures concrètes qui
vont vraiment adresser cette problématique sociétale pour mettre fin à ceci, comme le registre, comme un
accompagnement, comme la formation, parce que, encore une fois, c'est non
négociable. Mais juste pour porter la voix de quelques groupes qui sont
venus témoigner, comme la Fraternité des policiers et policières de Montréal, puis là, je leur cite, M. le Président,
ceux qui ont partagé avec nous en ce qui concerne la déontologie, eux, ils ont dit : «...en matière
[déontologique] le projet de loi n° 14 s'égare
complètement...» Le projet de loi introduit des «sanctions nouveau genre [qui] dépassent totalement les bornes». Le
projet de loi «malmène sévèrement» le rôle de ces travailleurs, vital,
absolument inusité d'imposer des sanctions. Le projet de loi envoie «un message
nuisible au recrutement et à la
rétention». «Nous espérons [...] que vous [allez] éviter [de faire] un beau
gâchis. [...]Depuis que vous avez annoncé [des subventions pour les] cinq ans pour augmenter les effectifs, on a
[encore des] départs à la retraite et [des] démissions. [...]record de
78 démissions [l'an passé].»
Ils
continuent, puis ça, c'est de leur mémoire. Ce qui est proposé, c'est «un
régime qui se distingue de l'encadrement exercé sur les autres professions au Québec». Puis il faut quand même
leur donner raison, M. le Président, parce que les pénalités sont
tellement graves que même... Puis il faut dire, souvent, un policier, il a
moins d'une seconde à agir. Même les médecins,
l'ordre des professionnels, tous les autres ordres ne sont pas pénalisés de la
même façon. C'est vraiment un cadre à part, quand on parle de la déontologie.
Les sanctions, ils disent aussi, vont être impossibles d'être imposées et
inapplicables, parce que, souvent,
l'employeur ne fait pas partie des règles qui sont proposées dans le projet de
loi n° 14. Alors, nous avons quand même une
responsabilité d'agir puis de faire des changements.
Puis aussi de
ne pas oublier que... On parle beaucoup de mur-à-mur, puis, si j'ai du temps
qu'il me reste, je vais parler du
mur-à-mur, surtout en ce qui concerne les aspects au niveau municipal, mais ce
qu'on a souvent besoin puis ce qu'on
voit, c'est : du mur-à-mur ne fonctionne pas. Ce qu'on a besoin, c'est du
sur-mesure. Il faut adapter au réseau puis adapter non seulement à la
réalité policière, mais adapter aussi aux besoins de la population.
L'Association des policières et des policiers
provinciaux du Québec nous dit qu'on a une responsabilité de faire des
changements. Bien, eux, ils prônaient tellement la formation. Puis la formation
est fort importante, essentielle. On a aussi
entendu l'École nationale de police du Québec, qui nous ont instruits de...
puis partagé leur désir de changer la façon
qu'elle offre la formation. Mais, quand on parle de mettre fin au profilage
racial, il y a des formations qui existent, il faut les déployer. Elles ne sont pas toutes déployées. Il faut libérer
nos policiers pour être en moyen de suivre ces formations, mais ce n'est
pas facile parce qu'il y a un manque d'effectifs. Puis il y a déjà des gens qui
font du temps supplémentaire, il y a du
temps supplémentaire obligatoire, ça fait que, comment trouver un moment pour
eux de faire cette formation pour mettre
fin au profilage racial? Il faut faire un accompagnement. Ils ont même suggéré
un 36 heures de formation obligatoire par année, on parle de
requalification, on parle de sensibilisation. Tu sais, ils parlaient aussi de
l'état mental perturbé. Il y a des groupes
qui souhaitent mettre leur main à la pâte pour travailler en collaboration et
ils ne sont pas convaincus que le projet de loi n° 14
est l'outil qui va nous amener à réaliser ce but.
Aussi, la
Fédération des policiers et policières municipaux du Québec, puis, encore une
fois, je leur cite : Il faut s'assurer de ne pas perdre
l'engagement de ceux qui restent. Pour protéger, on a besoin de votre aide.
Alors, sache qu'on a entendu le cri du coeur,
sache qu'on va élever le débat pour s'assurer qu'on a des échanges constructifs puis qu'on va faire tout de notre
possible pour s'assurer... au moins moi, je vais faire tout de mon possible pour
s'assurer que votre voix est entendue puis
qu'il y aura des des amendements puis une bonification du projet de loi n° 14, qui sera une réflexion de la réalité policière, mais aussi de
trouver un juste milieu pour protéger les personnes qui sont victimes du
profilage racial.
J'avais
mentionné au début, M. le Président, il y a quand même des éléments qui
sont intéressants dans ce projet de loi, comme les modifications qui sont
proposées à la Loi visant à aider à retrouver des personnes disparues. Puis ça,
c'est très important, parce que, encore une
fois, nous souhaitons équiper les gens qui sont là pour nous aider, hein, pour
trouver une personne disparue, pour
trouver... puis aussi pour faire une enquête pour les personnes assassinées.
Une petite mention pour tout ce qui
se passe, présentement, avec les deux petites filles Carpentier, si la loi
aurait été changée auparavant, ça se peut qu'on aura eu des chances à
sauver les vies de ces deux petites filles.
Alors, on
voit qu'il y a quand même une amélioration parce qu'il va y avoir l'utilisation
des moyens additionnels par les corps policiers dans le cadre d'une enquête
visant à retrouver une personne disparue, notamment en ce qui concerne les renseignements personnels. Alors, ça, c'est
important, parce que, les renseignements personnels, souvent, ça va nous
aider à retracer une personne plus
rapidement. Ça permet au directeur d'un corps de police de communiquer,
maintenant, certains renseignements au public, si cela est nécessaire pour
aider à retrouver une personne disparue, pour aider à retracer la personne.
Alors, je dirais que c'est vraiment un bon pas vers l'avant. Puis je salue
l'engagement du gouvernement, à l'intérieur
du projet de loi n° 14, pour les avancées que nous sommes en train de
faire à l'intérieur de cette loi pour cet élément fort important.
Je veux aussi
saluer l'Association des familles de personnes assassinées ou disparues. En
particulier, il y a Mme Carretta
et Mme Béchard qui sont venues témoigner en commission pour nous aider à
mieux comprendre la réalité des
familles qui ont perdu un membre de leur famille ou qui sont toujours à la
recherche d'un membre de leur famille. Puis ils ont quand même fait des recommandations, parce qu'eux aussi, ils
sont plutôt favorables au projet de loi n° 14
pour ces éléments qui vont leur aider
à retracer leur être cher, mais il y a des amendements à faire, comme il manque
de l'information régulière
pour les familles. Tu sais, ils disent que c'est un manque cruel, même, de
l'information en ce qui concerne les suivis.
Alors, ça, c'est quelque chose que nous pourrons peut-être bonifier. Ils ont
parlé aussi d'une proposition de fiche unique, quand on parle d'une
personne disparue, parce qu'on peut imaginer que plusieurs corps policiers dans
plusieurs municipalités vont avoir leurs propres outils, mais avoir une fiche
unique pour vraiment faire avancer la cause puis la recherche, surtout dans les débuts, le début de la recherche pour
retracer une personne, ça fait que je trouve la recommandation très
intéressante.
Puis aussi,
ce qui est manquant puis intéressant, mais d'avoir accès aux réseaux sociaux
des personnes disparues pour être en mesure de peut-être retracer
l'information, ça aussi, c'est un élément que j'espère que nous allons
aborder lors de la prochaine étape de cette loi.
Nous n'avons
pas parlé assez, dans les auditions particulières, en ce qui concerne le volet
sur le système correctionnel du
Québec, hein, parce que le projet de loi va quand même modifier la loi afin de
prévoir que la révision de toutes les décisions des comités de discipline institués dans les établissements de détention
s'effectue par une personne désignée par le ministre et que la
permission de sortir une personne contrevenante prend fin automatiquement dès
que celle-ci fait l'objet d'une décision de refus de sa libération
conditionnelle.
Les éléments
qui vont aussi changer, qui sont proposés dans cette loi, c'est de donner plus
un caractère public aux décisions de la Commission québécoise des libérations
conditionnelles concernant les personnes contrevenantes, à l'exception de
certains renseignements qu'elles contiennent. Ça va être important aussi de
parler de la condition de ces personnes.
Puis, encore
une fois, je reviens à la triste situation qui s'est dégradée pour Nicous
D'Andre Spring. Est-ce qu'il était victime de profilage racial? On a hâte à
avoir le résultat de l'enquête du coroner. Ça va être important d'amener
de la lumière puis d'apprendre de cette situation. Encore une fois, on ne
souhaite pas qu'il a perdu sa vie en vain. La famille a besoin de réponses. La société québécoise a besoin d'avoir des
réponses. Puis nous avons, j'espère, des leçons à tirer et, encore une fois, des choses à faire à l'intérieur de
cette loi, peut-être pour protéger les personnes incarcérées, pour s'assurer
que leur traitement est aussi plus équitable puis transparent. Alors, je dirais
qu'on voit ça d'un bon oeil.
• (12 h 20) •
Le projet de loi aussi va modifier la Loi sur la
sécurité d'incendie. Puis c'est là où on change... beaucoup de modifications
relatives au schéma de couverture de risques et modifie aussi la période de
révision du schéma, qui était aussi bien
reçu par la Fédération québécoise des
municipalités puis l'union québécoise
des municipalités. Sauf qu'eux, ils ont quand même partagé la complexité du
développement de ces schémas de couverture, puis ce qu'ils ont demandé au
ministre... parce que, encore une fois, on parle de travailler par règlement,
on parle de travailler sans consultation avec les groupes concernés, puis, dans ce cas-ci, les
municipalités, c'est compliqué, les schémas de couverture, puis ce qu'ils
demandent, puis j'espère qu'on va pouvoir l'aborder dans la prochaine étape de
cette loi, ce n'est pas du mur-à-mur, encore
une fois, ce qu'ils souhaitent, c'est du sur-mesure pour être en mesure de
protéger la population comme il faut, de s'assurer que les redditions de comptes sont faites d'une manière
régionale puis aussi que les municipalités locales vont pouvoir mettre à
l'oeuvre les schémas qui ont de l'allure. Ça fait que le délai, en termes de la
préparation puis le mettre à l'oeuvre des
schémas, qui vont maintenant être extensionnés jusqu'à 10 ans, on constate
que c'était bien vu, mais il y a aussi
du chemin à faire en ce qui concerne la modernisation des processus puis les
mécanismes d'arbitrage. Alors, il y a quand même des éléments à faire.
En
conclusion, M. le Président, je veux aussi prendre la balle au bond de la main
tendue de M. le ministre en ce qui concerne son désir de vouloir être
pragmatique. Moi aussi, je souhaite être pragmatique. Mon but, dans n'importe quelle loi dont je siège, puis j'ai vraiment
l'opportunité de faire et le grand privilège de siéger en commission, c'est de
la rendre meilleure. C'est toujours le but. J'espère que c'est la façon
que ça sort. Je sais que, souvent, les gens vont... ils verront les oppositions comme elles sont supercritiques. Ça fait partie
de notre rôle. Notre rôle, c'est de s'assurer que le gouvernement font
leur travail d'une façon qui est, encore une fois, une réflexion des
125 comtés, ici. Ils ont une responsabilité
envers la population. Quand on est ministre, on n'est pas ministre seulement
pour les gens qui ont voté pour la CAQ, on est ministre pour tous les
Québécois et toutes les Québécoises. Alors, ça fait partie de notre rôle de
s'assurer qu'il y a une écoute de la
société. Ça fait que, encore une fois, mon but puis mon objectif, ce serait de
rendre meilleur ce projet de loi.
Puis je serai à l'écoute, je vais être constructive, je vais faire de mon
possible pour le bonifier, pour s'assurer que tous les groupes qui ont partagé leurs préoccupations puis tous les
groupes qui ont aussi salué les éléments qui ont été bienvenus dans la loi font
partie de l'image d'un projet de loi à la prochaine étape, quand on va
commencer l'étude détaillée. Ça fait que j'ai hâte à procéder aux
prochaines étapes, M. le Président.
Nous allons, évidemment, voter pour l'adoption
du principe lors du vote, mais évidemment avec beaucoup de préoccupations, avec un désir de vouloir le
bonifier avec beaucoup de modifications puis amendements qui seront abordés
lors de la prochaine étape. Et je vous remercie beaucoup, chers collègues, pour
votre écoute. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
J'en profite pour informer cette Chambre qu'un
débat de fin de séance se tiendra demain, le
jeudi 20 avril 2023, sur une
question adressée par Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques à Mme la ministre des Affaires municipales
concernant les rénovictions et les spéculateurs immobiliers.
Alors, j'accueille une prochaine intervention,
celui du député de Laurier-Dorion. M. le député.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. J'ai la chance de me prononcer sur l'adoption du principe du projet
de loi n° 14, Loi modifiant les diverses dispositions relatives à
la sécurité publique et édictant la Loi visant à aider à retrouver des personnes disparues. C'est un projet de loi important,
là, qui, je l'espère, annonce d'autres initiatives, de la part du gouvernement du Québec, là, visant à réformer
l'ensemble des corps policiers au Québec, là, et donner suite à, peut-être,
l'intégralité des recommandations du rapport final du comité, Modernité,
confiance et efficience, qui a fait un travail remarquable pour analyser
l'ensemble des aspects du travail policier au Québec, là.
Et donc, tout
d'abord, il faut signaler que le travail policier est un travail névralgique
dans toute société, là, et c'est une...
ces services policiers accomplissent un rôle essentiel pour assurer la sécurité
des citoyens et des citoyennes dans toute société, en particulier au Québec,
là, tout en respectant et en garantissant l'exercice des droits et libertés des
citoyens. Donc, c'est un équilibre,
très souvent, difficile à atteindre, d'assurer la sécurité de l'ensemble
des citoyens et citoyennes, tout en assurant le droit à l'expression des
droits et libertés, là.
Donc, le
rapport final du comité, qui s'appelle Modernité, confiance et efficience,
a établi qu'il y a deux principes cardinaux qui doivent être considérés dans
toute initiative de réforme des corps de police... du travail policier au
Québec, là. C'est, tout d'abord, la
question, encore une fois, d'assurer la sécurité et d'assurer l'exercice des
droits et libertés, mais il y a une
question d'approche qui est fondamentale, et le comité l'a très bien établi,
là, la police doit évoluer et s'adapter à la société québécoise de 2023 et passer d'une approche du travail
policier qui est plus une approche réactive, donc réagir aux différentes formes de criminalité ou des
phénomènes qui portent atteinte à la sécurité du public, là, plutôt passer
d'une approche... une approche réactive à une approche préventive.
Dans ce sens-là, le rapport final du comité
fait... met beaucoup l'emphase sur la nécessité de développer des approches de concertation des services policiers
afin que les services policiers ne constituent pas un corps qui fonctionne
comme en parallèle de la société, mais qu'ils soient intimement liés à
différents processus qui se déroulent dans nos communautés locales, là, et qui soit une approche fondée sur la
prévention. Donc, on le sait, on l'entend souvent, il vaut mieux prévenir que guérir. Donc, les services
policiers devraient adopter cette approche-là et l'intégrer aux différents
types d'intervention qu'ils mettent de l'avant, là.
J'ai parlé, tantôt... les services policiers
doivent s'adapter à la société québécoise d'aujourd'hui, là. Il y a des phénomènes qui n'existaient pas il n'y a pas si
longtemps et qui constituent aujourd'hui une réalité très répandue. Je n'ai...
je vais parler, comme à titre d'exemple,
tout particulièrement des questions du développement technologique, là, le
développement des réseaux sociaux, des techniques de l'information, là. La
cybercriminalité est un fléau qui affecte de plus en plus l'ensemble des sociétés à travers le
monde, et les services policiers se trouvent aujourd'hui, on va le dire, un peu
démunis pour faire face à cette nouvelle criminalité, qui est souvent non
violente mais qui affecte grandement la vie d'un très grand nombre de personnes. Les fraudes sur l'identité ou différents
types de fraude qui se produisent dans les réseaux sociaux, il n'y a pas de violence, ça se déroule derrière
des ordinateurs, des ordinateurs desquels nous passons une bonne partie
de notre vie aujourd'hui, là.
D'autre part,
on assiste à une diminution marquée des crimes avec violence un peu partout à
travers... non seulement au Québec,
mais à travers le Canada. Depuis les années 90, on remarque une diminution
marquée de la criminalité avec violence au Canada. Et par contre il y a
d'autres types de phénomènes criminels qui se développent, là, comme par
exemple, on a... on constate l'augmentation
très importante de la violence conjugale, la violence dans un contexte
familial. Et c'est peut-être aussi
parce qu'il y a plus de dénonciations, il y a une sensibilisation accrue de la
société qui apporte... qui suscite un plus grand nombre de dénonciations
aux services policiers.
• (12 h 30) •
Et, par
exemple, un autre problème grandissant, c'est l'augmentation fulgurante des
interventions policières dans des cas de... qui concernent, qui
impliquent la santé mentale des individus. On a eu même des drames horribles
ici, au Québec, là, avec le décès tragique,
à Louiseville, de la sergente Breau, il n'y a pas si longtemps, là, qui a
affecté l'ensemble de la communauté
policière au Québec, là. Ça impliquait un cas, probablement, de santé mentale.
Et les policiers doivent agir avec ce type de problématique là, sans
nécessairement être outillé pour y faire face. Et cela fait aussi appel à un
autre type d'intervention,
d'intervention policière, qui n'est pas seulement la stricte application des
règles, des codes, des lois, mais
aussi fait appel à une intervention beaucoup plus fondée sur l'approche
relationnelle. Et on constate que, peut-être, nos policiers et nos policières, au Québec, ont été
moins formés à l'approche relationnelle que dans le passé. Parce qu'évidemment
il faut les former au respect... à l'application des lois, mais la question de
la santé mentale met sur la table toute la nécessité
de fonder une approche policière beaucoup plus en connaissance de cause... en
connaissance de ce qui peut être une
problématique de santé mentale, aussi en collaboration avec d'autres
intervenants, là, en santé et services sociaux, qui ne sont pas des policiers mais qui peuvent contribuer
grandement à désamorcer des situations qui peuvent commencer par des situations
anodines mais qui peuvent dégénérer rapidement dans des situations très
compliquées et même des drames.
Il y a
d'autres types de préoccupations dont on a beaucoup plus conscience
aujourd'hui, là, c'est toute la question du profilage racial. Donc, les forces policières doivent évoluer dans
des sociétés qui deviennent de plus en plus diversifiées sur le plan culturel, en particulier dans les
grandes villes, et cela, malheureusement, va de pair avec l'augmentation de la
pratique du profilage racial, qui est associée
à une intervention très particulière des corps policiers, là. C'est les
interpellations aléatoires permises par, entre autres, par exemple,
l'article 636 du Code de la sécurité routière, qui fait en sorte que les personnes racisées, les personnes des communautés
noires, arabes, en particulier, là, se font beaucoup plus souvent interpeler
que le reste des personnes dans la société.
Et c'est un problème qui affecte très grandement la confiance de la population
envers les corps policiers du Québec, là, sans
parler aussi des questions de profilage racial concernant les membres des
communautés autochtones.
D'emblée de jeu, je commencerai mon intervention
sur l'adoption du principe du projet de loi n° 14, là, sur l'importance, dans le travail policier, de la
question de la confiance. Les populations doivent avoir confiance dans le
travail des policiers et policières,
et malheureusement l'existence est prouvée par différentes études, là, du
profilage racial et des interpellations
aléatoires qui visent plus particulièrement certains groupes racisés, là. Ça
mine très grandement la confiance, là. Et une police... Les services policiers et le
corps de police ne peuvent exercer un travail efficace, là, sans compter sur la
confiance des populations, là. Et donc c'est
comme si, à travers le profilage racial, à travers les interpellations
aléatoires, d'une main, les corps de
police sont en train d'annuler des avantages qu'ils pourraient obtenir en
faisant un travail beaucoup plus basé sur la concertation, sur une
approche, bien, fondée sur les relations humaines, etc.
Donc, il est
primordial que les services de police s'adaptent, soient le reflet de la
société d'aujourd'hui, une société, encore
une fois, qui connaît des changements technologiques majeurs, une société où
les problématiques de santé mentale sont devenues un fait, et qui
deviennent de plus en plus compliquées à... sur lesquelles il devient de plus
en plus compliqué d'agir, et des sociétés marquées par la diversité culturelle.
Donc, oui, ma formation politique et moi-même,
nous sommes d'accord à entreprendre une refonte et une restructuration de la police du Québec afin de mieux, en bout de ligne,
là, protéger les citoyens et citoyennes, mais aussi afin de maintenir et augmenter la confiance de la
population envers nos corps policiers. Et, encore une fois... Et c'est là
où il y a des problématiques sur lesquelles,
peut-être, le projet de loi n° 14 ne fait pas... ne s'adresse pas de façon
optimale, là. On peut parler, par
exemple, sur l'usage excessif de la force par les divers corps policiers, là.
Vous le savez, régulièrement et malheureusement, nos médias sont... nous
informent sur des cas d'abus policiers ayant entraîné des blessures graves ou la mort de citoyens. D'ailleurs, tout le
système de surveillance du travail policier vient de cas où le travail policier
a amené la mort tragique, là, de certaines personnes qui n'avaient rien
à se reprocher, là.
Le
commissaire... On va se rappeler, là, on va faire un petit peu d'histoire. Le
Commissaire à la déontologie policière, au Québec, a été créé suite à la mort tragique de M. Anthony
Griffin, déjà en 1998, là, ce qui a amené à un long processus amenant la
création du poste de Commissaire à la déontologie.
Ce projet de loi, malheureusement, n'arrive pas
à donner une solution finale à la question des interpellations policières abusives, souvent, trop souvent liées
au profilage racial, et leurs conséquences sur les communautés concernées, là. Il faut rappeler que la discrimination est
interdite par nos chartes, mais, malgré cela, elle se produit parce qu'il
existe des dispositions légales qui
permettent que cette discrimination s'est produite. Malheureusement, le
gouvernement a décidé de ne pas
adresser le fond de la question, c'est-à-dire l'interdiction totale et complète
des interpellations policières aléatoires, qui induisent la problématique du
profilage racial, mais il choisit plutôt de maintenir le statu quo avec des
directives qui vont rester à préciser
plus tard et qui ne se retrouvent pas dans le projet de loi n° 14. Donc,
le ministre se donne le droit de rédiger et de produire des directives
adressées aux corps policiers, des directives qui restent à définir.
Mais par
contre, et ça a été mentionné à maintes reprises, là, on a, il n'y a pas si
longtemps, au mois de novembre dernier
ou octobre 2022, un jugement historique de la Cour supérieure, le jugement
Yergeau, dans l'affaire Luamba, où le juge
de la Cour supérieure intimait le gouvernement du Québec à abolir
l'article 636 du Code de la sécurité routière, qui produisait un très grand nombre d'interpellations
aléatoires marquées par le sceau du profilage racial. C'était une décision
très importante, catégorique, là. Et le
gouvernement du Québec, là, le gouvernement de la CAQ a décidé plutôt d'ignorer
ce jugement-là. Il l'a porté en appel et il
répond, en quelque sorte, au jugement Yergeau par le projet de loi n° 14,
là, qui est une réponse nettement insuffisante à cette problématique-là.
D'ailleurs, il y a le problème du profilage
racial par les interpellations aléatoires par l'utilisation du code... de l'article 636 du Code de la sécurité
routière, mais il y a tous, tous, tous les champs, là, des interpellations
aléatoires sur la rue, qui ne se
produisent pas sur... avec un véhicule et avec le chauffeur d'un véhicule plus
particulièrement, ce qu'on appelle les
«street checks». Et ce projet de loi n'adresse pas cette problématique non
plus, renvoyant le tout à d'éventuelles directives, là, qui vont venir plus
tard si le projet de loi est... si le projet de loi est adopté, là.
• (12 h 40) •
Évidemment,
il y a, dans ce projet de loi, ce que nous considérons comme des reculs
importants, là, en matière de déontologie
policière, notamment en ce qui concerne les plaignants tiers qui vont être
relégués à un système de signalement qui
va faire... qui va leur faire perdre plusieurs recours. Et il faut savoir
qu'aujourd'hui, M. le Président, là, toute personne qui a connaissance, qui a été victime, qui a été
témoin ou qui a eu connaissance sans être victime ou témoin, là, peut
s'adresser au Commissaire à la
déontologie et porter plainte. C'est les plaintes provenant d'un tiers, qu'on
appelle. Et le projet de loi fait en sorte de créer un régime différent pour
les personnes ou des organismes qui
n'ont pas été témoins directs d'un acte
qui pourrait être une conduite susceptible de constituer un acte dérogatoire au code de déontologie policière. Elles
ne pourront pas porter plainte. Elles
vont pouvoir seulement signaler. Et ça amène à un autre type de traitement de
ce type de plainte provenant de signalement, et, pour nous, ça signifie un
recul.
Parce qu'il
faut savoir, monsieur, que... M. le Président, là, que les plaintes provenant
des personnes ou organismes tiers sont souvent très efficaces, là. Les
données nous indiquent, là, que 44 % des dossiers qui ont mené à une
sanction du Commissaire à la déontologie
profitent... proviennent de ce type de plaignants. On le sait, les victimes
sont souvent réticentes à porter plainte.
On peut les comprendre. Elles ont été traumatisées. On fait face, quand même, à
des services policiers, et, pour toutes sortes de raisons, les victimes
hésitent à porter plainte.
Par
exemple, un membre de la famille d'une personne qui a été victime d'une
conduite susceptible de constituer un acte dérogatoire au code de déontologie policière ne pourrait pas porter
plainte au nom de son frère, de sa mère, de son père, etc., ou d'une... ou un organisme qui est spécialisé dans
ce type de cause ne pourrait pas non plus porter plainte, alors que les plaintes
portées par des tiers conduisent à
44 %, là... Un peu plus de quatre situations sur 10 conduisent à des
sanctions. Donc, les plaintes portées par des tiers ne sont pas
frivoles. Elles sont très souvent justifiées et fondées, là.
Et il faut
aussi soulever que les mesures concernant la déontologie policière du projet de
loi n° 14, là, s'inscrivent dans
un historique de limitation des plaintes déontologiques par des réformes
successives depuis la création de ce régime, dans les... au début des années 90, là, et ces différentes réformes
se sont traduites par une chute assez marquée du nombre d'enquêtes et de
citations déontologiques depuis les 20 dernières années. Donc, le
processus institutionnel mené depuis quelques
années conduit à un rétrécissement, là, de la possibilité de porter plainte,
là, et cela aboutit à la situation où un très grand nombre de plaignants se désistent de porter
plainte, sachant que c'est très difficile d'avoir des gains, ou décident de
porter plainte et n'arrivent pas à obtenir un résultat qui soit satisfaisant
pour eux.
Donc,
pour nous, on devrait prendre la direction contraire. On devrait non pas
restreindre l'accès au tribunal... au Commissaire
en déontologie, mais plutôt élargir l'accès à ce tribunal-là, en tout cas, dans
l'état actuel des choses, là, à ne pas... à le laisser dans son état, à
ne pas restreindre l'accessibilité davantage.
Pour
nous, en matière de réforme du travail des corps policiers au Québec, là, il y
a trois principes qui devraient guider notre action.
Tout
d'abord, M. le Président, le premier principe concerne la transparence et la
responsabilité. Il faudrait considérer la
mise en place d'un mécanisme réellement indépendant d'enquête et de
surveillance des forces de l'ordre, contrairement au Bureau d'enquêtes indépendantes actuel, au
moyen duquel, selon la croyance populaire très répandue, c'est la police qui
continue à enquêter sur la police. Et
beaucoup de gens n'ont pas confiance dans un système où il y a apparence de
conflits d'intérêts, là.
D'autre
part, le projet de loi n° 14 devrait obliger la publication régulière des
données détaillées sur les interventions policières, y compris les cas d'usage de la force. Donc, on devrait
faciliter l'accès à l'information, et l'accès à l'information est un problème névralgique, là. D'ailleurs, déjà,
le rapport du comité mis en place pour analyser le travail policier avait
beaucoup insisté sur la nécessité d'avoir accès à différents types de données,
et les corps policiers devraient produire beaucoup
plus de données afin de pouvoir faire une analyse objective du travail et, en
quelque sorte, entre guillemets, de la productivité, là, du travail
policier, là.
Il
faudrait, selon nous, aussi... dans les cas où il y a eu abus ou manquement aux
obligations déontologiques, là, il
faudrait renforcer les sanctions et surtout, surtout améliorer l'accessibilité
de la population au mécanisme de plainte sur les actes policiers qui
dépassent ces mêmes obligations déontologiques.
Évidemment,
le projet de loi a aussi... comporte aussi des avancées, par exemple, en
offrant un accompagnement, un
accompagnement aux plaignants dans les processus de déontologie policière et en
donnant le choix, en particulier aux gens
qui se disent victimes de profilage racial, de ne pas avoir à... de ne pas être
obligés à passer à travers le processus de conciliation, qui, pour l'instant, est obligatoire à tous les cas de
plainte. Mais, pour les personnes qui sont... qui se disent victimes de
profilage racial, ces personnes-là ne devraient pas... pourraient choisir de ne
pas passer par le processus de conciliation, qui est souvent un processus quand
même, très, très, très ardu, là. Il faudrait aussi, selon le principe de transparence et responsabilité, assurer davantage
de soutien et d'accompagnement aux victimes de violence policière. Et,
encore une fois, on a constaté des avancées dans ce domaine-là, mais on
pourrait aller peut-être encore plus loin, là.
Deuxième
principe, là, qu'il faudrait considérer, dans tout travail de réforme du
travail des corps policiers, là, c'est la question de la formation et de la sensibilisation. Et là je pense que, si
on entend les demandes faites par les différentes associations de
policiers et policières du Québec, là... je pense qu'on est sur la même... on
est sur un terrain d'entente, puisqu'aussi les policiers demandent de façon
prioritaire davantage de formation.
On
sait qu'au Québec, là, on a un très bon système de formation de nos policiers
et de nos policières. C'est, selon certains,
un des meilleurs processus à travers le Canada, notamment avec notre école de
police, là. Mais ce qui nous manque maintenant,
c'est tout le processus de formation permanente des policiers, là, au cours de
leur carrière, là, qui peut être très longue, là. Le travail d'un
policier peut s'étaler sur au-delà de 30 ans. Et c'est important que les
policiers le demandent eux-mêmes et elles-mêmes, qu'il y ait davantage de
formation permanente, en particulier concernant la problématique de santé
mentale, domaine dans lequel les policiers sont particulièrement démunis avec
la formation qu'ils ont reçue aujourd'hui.
Donc, le projet de loi doit aller de l'avant avec ces dispositions-là. Nous
allons les étudier attentivement, nous allons les appuyer et nous allons
même tenter de les améliorer.
Et
donc la question de la formation adéquate axée sur... et continue des policiers
axée sur la désescalade et le respect des
droits fondamentaux doit être mise de l'avant, là, et beaucoup, beaucoup,
aussi, encore une fois, là, j'insiste là-dessus, là, de formation fondée sur l'approche relationnelle,
donc la capacité d'entrer en contact avec des personnes qui ont toutes sortes
de problématiques, et tout simplement
d'améliorer nos aptitudes de savoir-être et savoir désamorcer des situations
qui peuvent dégénérer et devenir très dangereuses, même pour la
personne, et aussi pour les policiers, là.
• (12 h 50) •
Donc,
évidemment, tout ça, ça nous amène à la fameuse question de la santé mentale,
là, qui est une préoccupation des services policiers, parce qu'ils sont au
front, là, pour traiter de ce sujet-là, mais aussi de l'ensemble des
institutions au Québec, en particulier en santé et services sociaux.
Oui, les policiers doivent être mieux formés pour traiter avec les problématiques de santé mentale, mais, aussi, on
doit mettre de l'avant toutes sortes d'approches innovantes afin que nos
institutions en santé et services sociaux puissent avoir les moyens
d'intervenir et appuyer concrètement le travail des policiers. Et on pourrait
aller encore plus loin, là, on pourrait songer à financer davantage une
multitude d'organismes communautaires qui
possèdent une expertise énorme en matière de santé mentale et qui pourraient
aussi, s'ils étaient bien financés, collaborer et aider grandement le
travail des policiers. Et peut-être même on pourrait songer à une situation idéale où, lorsqu'il y a une crise de santé
mentale, bien, peut-être que la police n'aurait même pas à intervenir parce qu'il y aurait des intervenants en santé et
services sociaux, des intervenants communautaires qui ont déjà agi au préalable
en prévention et qui désamorcent la dangerosité potentielle des crises
de santé mentale.
Donc,
c'est un travail qui ne concerne pas uniquement le travail policier, là, et
c'est ça qu'on appelle une approche intégrée,
là, c'est-à-dire faire... oui, améliorer les façons d'intervenir de nos
policiers et nos policières, mais aussi améliorer et donner les moyens à d'autres secteurs de la
société pour qu'ils puissent agir correctement sur ces problématiques-là.
Troisième principe,
là, qui doit guider toute révision ou tout projet de réforme du travail des
services policiers, des corps de police au
Québec, là, c'est la révision des pratiques policières elles-mêmes, là. On a un
projet de loi sur la sécurité
publique, on a là une opportunité d'améliorer qui n'est peut-être pas
suffisamment exploitée, et j'entends travailler, dans l'étude détaillée,
pour essayer d'améliorer concrètement ce qui peut être fait dans le cadre de ce
projet de loi.
Il faudrait, par exemple, réviser les
protocoles d'intervention des policiers et des policières pour tenter de
limiter au maximum l'usage de la
force au strict nécessaire et ainsi prévenir des bavures qui se produisent,
malheureusement, de temps en temps,
là. Évidemment, il faudrait mettre fin aux pratiques de profilage racial et
social, là. Il ne suffit pas juste de directives,
là, il suffit juste d'enlever les... ou amoindrir la portée des différents
articles de loi qui permettent aux policiers d'effectuer du profilage
racial.
Mais,
attention, le profilage racial est très sournois, on n'a pas besoin de... il
n'y a pas nécessairement une motivation raciste derrière le profilage racial. C'est souvent inconscient, c'est
souvent des préjugés inconscients qu'on porte dans nos comportements quotidiens, là. Le juge Yergeau l'a
très clairement établi, là, il n'y a rien de plus difficile que de prouver une
motivation raciste ou discriminatoire d'un
comportement lors d'une interpellation policière, par exemple, là. Il y a
toujours une bonne raison pour
effectuer une intervention, une interpellation aléatoire. Et je suis convaincu
qu'au fond les policiers, ils
n'agissent pas par une... avec une volonté discriminatoire, mais voilà, les
faits sont là, c'est certaines communautés racisées qui sont affectées plus particulièrement par le
phénomène du profilage racial, et il faut donc enlever les dispositions légales
qui permettent aux policiers de faire des interpellations aléatoires et, par ce
fait même, faire du profilage racial.
Faisons
attention, on n'est pas en train de dire aux policiers qu'ils ne doivent pas
effectuer leur travail. Les policiers ont tout un arsenal juridique pour
intervenir et, s'ils pensent qu'il y a un délit ou un crime qui va être commis,
qui est en train d'être commis ou qui
a été commis, les policiers possèdent tout l'arsenal juridique pour intervenir
dans une situation où la légalité est
enfreinte. Mais voilà, à travers l'opportunité qu'on donne aux policiers
d'intervenir avec des interpellations aléatoires, on produit,
malheureusement, du profilage racial.
Il
faudrait aussi, M. le Président, établir un cadre strict pour l'usage des armes
intermédiaires, comme par exemple le
Taser, le gaz lacrymogène, là, qui sont... qui font souvent beaucoup, beaucoup
de dommages, et il faudrait tendre vers l'utilisation amoindrie de ce type d'armes là. Et surtout il faudrait
peut-être maintenir le système actuel des plaintes permettant à toute
personne de porter plainte, y compris les plaignants tiers.
En
conclusion, M. le Président, j'aimerais insister sur la nécessité de mettre fin
au profilage racial et de ne pas aller de
l'avant avec le recul en matière de déontologie policière. Il faut rappeler que
ces propositions visent à instaurer un climat de confiance entre les citoyens et les citoyennes et les forces de
l'ordre et à protéger les droits et libertés de tous. Cet aspect est essentiel. Le travail policier doit s'appuyer
sur la confiance des populations dans leur travail. On comprend aussi que le
projet de loi constitue une première partie d'un plus grand projet de réforme
du gouvernement en matière de sécurité policière,
mais encore faut-il que ce soit un pas en avant et non pas... un pas en avant,
là, surtout concernant les cas... l'aspect de la déontologie policière.
Donc, M. le
Président, là, c'est un projet de loi où il y a plusieurs aspects. Je me suis
arrêté tout particulièrement à la question
de la déontologie, mais il y a toutes sortes d'autres choses intéressantes
qu'on va regarder très attentivement dans
le projet, dans l'étude détaillée article par article. Nous allons appuyer les
aspects positifs mis de l'avant par le ministre
de la Sécurité publique et nous allons essayer d'améliorer ce qui peut
être amélioré dans le projet de loi n° 14.
Dans
ce sens-là, je vous annonce, M. le Président, que nous allons voter en faveur
de l'adoption du principe de ce projet de loi. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Laurier-Dorion. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric
Beauchemin
M.
Beauchemin : Bonjour, M. le Président. Merci. Je veux tout de suite
vous annoncer qu'on va déborder à 5 heures,
je crois. C'est ça? Donc, simplement vous dire qu'en entrée de jeu je voulais
souligner l'excellent travail de ma collègue de Westmount—Saint-Louis,
qui a à coeur tous les enjeux de sécurité publique et les droits des
communautés minoritaires. Et je dois dire
aussi que le ministre a fait un travail élaboré. Il y a une bonne volonté de la
part du ministre, et donc c'est notable dans ce que j'ai pu remarquer en lisant
le projet de loi. On veut mieux équiper notre corps policier, on veut
mieux protéger toutes nos communautés, et je pense que ça, c'est l'esprit qui
règne en arrière de ce projet de loi.
À
la lecture du projet de loi n° 14, plusieurs points m'ont interpelé. Je
vais commencer par simplement vous faire une lecture du point que je
considérais important : «Le projet de loi permet au gouvernement [par
règlement de déterminer] les domaines
dans lesquels une personne qui n'est pas diplômée de l'École nationale de
police du Québec peut être embauchée à
titre de policier pour exercer des fonctions d'enquête dans un corps de police
autre qu'un corps de police spécialisé ainsi que les critères de
sélection et les qualités minimales pour être embauché à ce titre.»
Ce qui est important
pour moi dans ce point-là puis ce qui est important pour ma formation
politique, c'est qu'évidemment ces gens-là
auront donc les mêmes responsabilités que les policiers, et, ayant été à
l'école pour apprendre un métier
connexe, par exemple, que ce soit la comptabilité, que ce soit la recherche
scientifique, pour par la suite avoir un
entraînement à Nicolet, pour nous, c'est important de savoir si, en bout de
piste, cet exercice-là va donner à des... des discriminations entre,
même, le corps policier, s'il va y avoir un niveau de policier...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le député, donc, je comprends, vous m'avez déjà
confirmé que vous souhaitez poursuivre votre intervention.
Compte tenu de
l'heure et afin de permettre le débat sur une affaire inscrite par les députés
de l'opposition, cet après-midi, le présent débat sur l'adoption du principe du
projet de loi n° 14 est ajourné.
Les travaux sont donc
suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 heures)
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Bon
après-midi, Mmes et MM. les députés. Je vous invite à vous asseoir.
Affaires inscrites par les
députés de l'opposition
Motion proposant que
l'Assemblée demande de poursuivre les investissements
afin d'améliorer la résilience du réseau de distribution d'Hydro-Québec et
de revoir le protocole de priorisation des rebranchements
Nous en sommes aux affaires inscrites par les
députés de l'opposition. À l'article 26 du feuilleton, aux affaires
inscrites par les députés de l'opposition, M. le député de Jacques-Cartier
présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte que la tempête de verglas qui s'est abattue sur l'ouest
du Québec le 5 avril dernier a entraîné
des interruptions de l'alimentation en électricité pour plus d'un million de
foyers et que certaines de ces interruptions ont perduré au-delà de
sept jours;
«Qu'elle prenne acte que les phénomènes climatiques tels que
des précipitations importantes de verglas ou des vents violents sont appelés à survenir plus fréquemment
dans les prochaines années compte tenu des changements climatiques;
«Qu'elle rappelle que la Vérificatrice générale du Québec,
dans un audit de performance rendu public en décembre 2022, soulignait que "la fiabilité du service de
distribution d'Hydro-Québec s'est dégradée au cours des dernières années";
«Qu'elle déclare
qu'il est nécessaire pour le gouvernement du Québec de poursuivre les
investissements afin d'assurer une plus
grande résilience du réseau de distribution d'Hydro-Québec, notamment au
chapitre du contrôle de la végétation près des lignes électriques et en
envisageant de façon plus soutenue l'enfouissement des fils électriques;
«Qu'elle demande au gouvernement du Québec de revoir, en
collaboration avec Hydro-Québec, le protocole de priorisation des rebranchements afin de pallier les difficultés vécues
lors de la récente tempête de verglas où des CHSLD et des résidences
pour personnes aînées n'ont pas bénéficié de la priorisation adéquate;
«Enfin, qu'elle témoigne de sa profonde
gratitude envers l'ensemble des équipes d'Hydro-Québec qui ont été à pied
d'oeuvre depuis le début de la tempête du 5 avril dernier afin de
rebrancher les foyers québécois affectés.»
Je vous
informe que la répartition du temps de parole pour le débat restreint sur la
motion inscrite par M. le député de
Jacques-Cartier s'effectuera comme suit : 10 minutes sont réservées à
l'auteur de la motion pour sa réplique, 54 min 15 s sont allouées au groupe parlementaire formant le
gouvernement, 29 min 34 s sont allouées au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle,
18 min 41 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition, six
minutes sont allouées au troisième groupe d'opposition, 1 min 30 s sont allouées à la députée
indépendante. Dans le cadre de ce débat, le temps non utilisé par la députée
indépendante ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les
groupes parlementaires selon les propres proportions
établies précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront
soumises à aucune limite de temps. Enfin,
je rappelle à la députée indépendante que, si elle souhaite intervenir au cours
du débat, elle a 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser
la présidence.
Je cède maintenant la parole de M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley
M. Kelley : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci pour votre écoute et aussi pour la façon que
vous avez lu la motion. J'espère que
mes collègues sur les banquettes du côté du gouvernement ont entendu qu'avec
notre motion on a vraiment essayé de
ne pas être très politiques. Je souhaite une collaboration de cette Assemblée
puis de toutes les formations politiques pour adopter une motion tous
ensemble, c'est très important.
Qu'est-ce que
des citoyens du Québec ont vécu, la fin de semaine dernière, ce n'était pas agréable.
C'est arrivé dans des autres cas, des autres tempêtes, comme on a vu l'année
passée, en mai, avec une tempête de verglas surprise vers la fin de l'année, où
plusieurs milliers de Québécois ont été privés de courant aussi. Mais ça, c'est
un message que je veux porter puis passer : On peut avoir une bonne
discussion ici, dans notre Chambre, mais je souhaite vraiment qu'on
adopte quelque chose tous ensemble. Je suis
prêt à écouter les amendements qui vont être proposés par les différentes
formations politiques et je vais prendre ça en considération pour
s'assurer qu'on adopte quelque chose tous ensemble.
Je veux commencer avec le dernier bout de la
motion, et ça, c'est encore de juste remercier les équipes d'Hydro-Québec, qui
ont travaillé sans relâche pour rebrancher les Québécois après la tempête de
verglas. On a vu les équipes sur
l'Île-de-Montréal, dans la grande région de Montréal, dans l'ouest du Québec,
dans le comté de mon collègue, le
Pontiac, dans plusieurs autres comtés dans l'Outaouais, ils ont travaillé
pendant plusieurs journées pour rebrancher tous les citoyens. Et c'est
sûr, dans certains cas, ça a pris de plus de temps.
Et, encore,
je veux juste dire merci aussi à plusieurs ministres. Je vais commencer avec le
ministre de l'Énergie, qui est
présent ici, parce que, pendant ces journées-là, j'ai communiqué avec lui pour
alerter lui du fait que, dans mon comté, il y a eu des RPA toujours sans
électricité et c'était quoi, la situation avec Hydro-Québec, puis il a répondu
rapidement. C'était la même chose au début de la pandémie. J'ai avisé le
ministre responsable de la Sécurité publique que les dommages aux arbres, dans mon comté, était quelque chose de jamais vu.
C'était vraiment impressionnant, le nombre des arbres qui ont tombé, pas juste sur les lignes de transmission, mais sur
les chars, sur les maisons, c'était vraiment choquant. Je pense que tout le monde a été pris par surprise
par l'ampleur des dommages qui... arrivés, je peux juste dire pour mon comté, mais sur l'île de Montréal, et les images
qu'on a vues un petit peu partout au Québec, une tempête qui a duré environ
un jour a vraiment créé beaucoup de dommages pour la
nature, pour les arbres partout au Québec. Et c'est sûr que ça, ça a compliqué le travail d'Hydro-Québec. Mais, quand
même, je veux aussi juste remercier le ministre de la Santé, parce que j'ai parlé avec lui concernant les RPA, puis
les ressources intermédiaires, puis les CHSLD de mon comté, qui n'ont encore pas eu de courant pour plusieurs jours. Il
commençait d'être froid, c'est difficile pour eux autres, puis il a été à
l'écoute, ils ont mobilisé des
équipes pour aller voir ces aînés-là. Alors, merci. Ça, c'est comment il faut
agir, comme une société, quand il y a des crises, quand il y a des
moments difficiles, c'est de travailler tous ensemble.
Ceci dit, c'est important, toujours, de poser
des questions après, parce que les citoyens ont des questions pour moi, pas juste dans mon comté, mais partout au
Québec, et, chaque fois qu'il y a tempête comme ça, comment on peut éviter ces
situations ou limiter les dégâts d'une tempête comme ça. On dit merci aux
équipes d'Hydro-Québec, tout le monde a
travaillé fort, mais on a toujours des questions pour Hydro-Québec sur comment
on peut mieux préparer pour ces types de tempêtes. Je pense, ça, c'est
légitime. Ce n'est pas une critique, ce n'est pas pour dire les gens ne sont
pas compétents, on est loin de ça, c'est juste des gens... on a des
questions.
Une chose qui
est revenue souvent, il y a beaucoup de gens dans mon comté, sur l'île de
Montréal, partout au Québec, il y a des mémoires de la grosse tempête de
verglas de 1998, qui, oui, était plus grande, c'est sûr, l'ampleur de cette
tempête. Moi, je me souviens, j'étais un
étudiant à l'école secondaire. Pour moi, un congé de trois semaines, ça a fait
du bien, quand même si la maison était très, très froide, mais c'étaient des
temps différents. Mais, bref, c'était une situation très, très sérieuse pour le Québec. On n'est pas
rendu là, mais des gens ont dit : Bien, c'est arrivé encore, est-ce que
notre réseau est aussi résilient pour le contexte, avec les changements
climatiques, où on a des tempêtes qui sont de plus en plus sévères?
Puis, comme mentionné encore dans la motion, la
Vérificatrice générale a soulevé cette réalité qu'il faut mettre de l'argent dans le réseau, parce qu'il y a eu une
dégradation au cours des dernières années. C'est un énorme réseau, c'est
très grand, on sait que ça coûte de l'argent
pour garder ça à jour, mais, bref, c'est clairement que c'est important, parce
que, quand on a une tempête comme ça,
puis des gens sont privés d'électricité pour plusieurs journées, il y a des
coûts pour les Québécois. Ce n'est
pas agréable de perdre tout ce qui était dans le frigo. Dans le contexte avec
le coût de la vie présentement, de
perdre un frigo plein de viande, plein... des oeufs, des fromages, de lait, en
plus d'imaginer toutes sortes... le beurre, tout ça coûte de plus maintenant. Et puis aller voir votre assureur, souvent,
les gens, ils disent : Bien, pour payer la petite prime pour avoir
le remboursement, ça ne fait pas de sens. Alors, c'est une perte totale.
Alors, pour
plusieurs familles qui comptent chaque sou présentement, parce que leur budget
est serré, d'être obligé maintenant d'aller racheter beaucoup des
produits de base, c'est juste un coût additionnel pour les gens qui ont eu des sous-sols inondés, d'avoir, des fois, des pertes
totales, des choses qui sont très importantes, des albums de photos, des trucs
comme ça, des fois, ils sont détruits dans les inondations comme ça. C'est des
maux de tête, il faut avoir une rénovation complète
d'un sous-sol, ça met beaucoup de stress sur la famille. Des fois, on va avoir
un chèque de l'assureur, mais ça ne couvre
pas nécessairement la rénovation qui doit être faite pour remettre le sous-sol
en la condition qu'il était avant. Alors, c'est très sérieux.
• (15 h 10) •
Puis, pour
nos aînés qui sont... On passe le message, toujours, on veut qu'on vive à la
maison, qu'on reste à la maison, bien,
eux autres, pas d'électricité pour sept jours, quand c'est moins 10 pendant la
nuit, c'est difficile. Alors, pour eux autres, des choses sont mises de
l'avant, des solutions. Est-ce qu'on peut enterrer des lignes de transmission?
Et, comme j'ai souligné à la ministre la
dernière fois, c'est une solution, ce n'est pas la seule solution, mais c'est
une possibilité, c'est de regarder l'option de donner à des municipalités plus
de flexibilité, plus de capacité d'enterrer des lignes de transmission. Mais il y a au minimum un programme d'Hydro-Québec
qui est fermé, présentement, à des soumissions des villes pour enterrer des
lignes de transmission. Puis on verra si ça va arriver à la suite... si ça va
être réactivé en 2024, mais ça, c'est quelque chose que, j'espère, le
ministre va regarder avec Hydro-Québec. Je sais que le ministre parle souvent
qu'une augmentation dans les budgets pour couper les branches des arbres, c'est
une bonne chose, mais c'est quoi, la stratégie exactement? C'est où, les priorités pour faire ces types de coupures là,
pour faire l'entretien? Est-ce que c'est dans les régions avec les arbres qui sont plus matures? Est-ce que
c'est de la protection des grosses lignes de transmission qui connectent
la Baie James avec la ville de Montréal?
Je ne suis
pas un expert, mais c'est toutes des questions qui sont légitimes. Si la
priorité, c'est de protéger des plus grandes lignes de distribution,
bien, il faut continuer de regarder les options dans les municipalités où on a
des lignes existantes, pas juste pour les lignes de transmission qu'ils vont
ajouter dans l'avenir.
Et, quand
même, M. le Président, j'ai parlé juste des citoyens. On peut ajouter la perte
pour les restaurateurs, pour les
entreprises, des gens qui ont perdu leurs produits dans cette période-là.
Encore, ce n'est pas agréable. Puis on va ajouter des grosses entreprises dans
l'avenir. Est-ce qu'on va s'assurer, dans certains coins, que les lignes sont
enterrées? On verra, mais ça, c'est juste une couple de choses. Les gens
veulent des solutions.
Puis je veux
juste... reviens sur une réalité. Je sais qu'aujourd'hui, dans la période des
questions, mon collègue leader de la deuxième opposition a posé une
question : Mais ça prend combien d'argent pour l'adaptation à des
changements climatiques? Je sais que
le premier ministre a répété un chiffre, que, oui, on a augmenté les budgets,
on a ajouté l'argent, mais ce n'est
pas juste une question d'ajouter l'argent, c'est d'avoir une stratégie. Puis la
dernière stratégie sur l'adaptation aux changements climatiques date de
2013, a été mise en place de 2013 à 2020. Puis, à ma connaissance, c'est
toujours le seul plan qui est spécifiquement
dédié à cette adaptation. Il y a des volets dans le PEV que le ministre a
déposé, mais il n'y a pas un plan
concret pour la suite des choses. Puis, sept ans plus tard, je pense, c'est dû
pour une révision, et pas juste d'avoir un côté volet dans une stratégie pour
la lutte contre les changements climatiques, mais une stratégie vraiment
détaillée à l'adaptation, parce que la
science est demeurée stable, mais les conséquences des changements climatiques
ont pris de l'ampleur dans les dernières années.
Alors, je pense, ça, c'est une chose,
mettre plus d'argent dans l'adaptation, c'est une bonne chose, mais, je pense,
il est temps pour le gouvernement de mettre en place une très claire stratégie,
qui est précise, et, encore, d'être le plus transparent
que possible avec la population sur la suite des choses avec Hydro-Québec pour
s'assurer qu'il n'y a pas des situations qui arrivent où des gens sont
privés d'électricité pour une semaine ou plus. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député de Jacques-Cartier. Et je suis maintenant prêt à
reconnaître le prochain intervenant, et ce
sera M. le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie. M. le
ministre.
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
Merci, M. le Président.
J'aimerais profiter de l'occasion pour saluer la patience des Québécois durant
cette période difficile, plus de 1 million
de personnes qui ont manqué de service. J'aimerais aussi, sur une base d'un
biais certain, saluer les gens de Terrebonne, de ma circonscription, qui
ont eu à subir les mêmes choses.
J'aimerais
aussi confirmer qu'on doit saluer les employés d'Hydro-Québec. J'ai eu
l'occasion de passer trois jours, une
partie de trois jours à la cellule de crise chez Hydro-Québec et j'ai pu
observer de moi-même qu'il y avait quand même beaucoup d'engouement. Beaucoup de travail a été fait. Donc, dans les
circonstances, je pense qu'il faut remercier tout le monde
d'Hydro-Québec, qui a fait un travail extraordinaire dans les circonstances.
Je vais structurer
mes propos en cinq sections. La première, je vais commencer par le rapport de
la Vérificatrice générale, le VG du Québec.
Son rapport a été publié en décembre 2022, et, clairement, Hydro-Québec est
déjà à l'oeuvre pour optimiser
l'entretien de son réseau et réduire les pannes. HQ, Hydro-Québec, travaille
étroitement avec les équipes pour
répondre formellement au rapport de la VGQ, réponse qu'on devrait avoir
probablement d'ici la fin du mois de mai.
Rappelons que, dans
son rapport, la VG était focalisée principalement sur les équipements et non
pas sur le contrôle de la végétation. HQ
s'est montré très réceptif au rapport de la VG, ce qui est positif. Il
travaille sur le rehaussement, depuis
2018... sur le maintien de nos actifs stratégiques. Clairement, Hydro-Québec
multiplie les efforts, comme je l'ai dit tantôt, sur l'alimentation
d'électricité fiable à sa clientèle et de limiter la pression en même temps sur
la hausse de tarification, deux choses qu'il faut bien s'occuper.
Les priorités ont
été, depuis quelques années, le maintien des actifs, la préservation des
poteaux, par exemple, beaucoup de travail a
été fait, et les activités sur la maîtrise ou contrôle de la végétation.
Aujourd'hui, on parle d'à peu près 40 % à 70 % des pannes qui sont
causées par des intempéries atmosphériques. Donc, clairement, depuis 2020,
2021, Hydro-Québec a rehaussé du
simple au double, de 60 à, à peu
près, 120 millions de
dollars par année le contrôle qui se fait sur la végétation.
Et
clairement ce qui m'a rendu confortable durant la dernière crise... la crise du
verglas, c'est qu'il n'y a eu aucun impact
négatif sur les actifs stratégiques d'équipements. Je réfère, par exemple, aux
lignes de transmission qui partent de la Baie James ou qui partent du Labrador. Je réfère aux barrages. Donc, on
a eu zéro impact sur les équipements, contrairement à ce qu'on avait
vécu en 1998. Donc, ça, c'est la bonne nouvelle.
Par
contre, clairement, on a vu des impacts majeurs sur la végétation, sur des
arbres et des branches d'une certaine taille
qui ont tombé. Alors, ces éléments-là font en sorte qu'il faut travailler fort.
Je pense que l'augmentation de la fréquence et l'intensité des événements
météorologiques liés aux changements climatiques sont là. On pense, notamment,
au dérécho qu'on a vu au... en mai 2022. On a vu une hausse de 36 %, en
même temps, du nombre de raccordements qu'Hydro-Québec doit faire. Donc, en
même temps qu'on a des nouveaux clients, il faut s'occuper du maintien.
Alors,
je pense, le rapport de la VG a quand même aussi fait mention d'améliorations
qu'ils ont observées chez HQ, donc ce
n'est pas juste négatif. Et, par exemple, je notais que, depuis 2021, les
activités de maintenance préventive ont été haussées de 71 % par rapport à
ce qu'elles étaient en 2019‑2020. HQ, aussi, réalise justement un projet visant à
renforcer le réseau grâce, notamment,
à l'installation de pare-animaux. On sait que c'est un enjeu pour les
transformateurs. Il y a plus de 400 000 transformateurs affectés. Le
budget a été rehaussé, par exemple, de 43 % pour cette activité-là. Par
ailleurs, on sait que le réseau de
distribution est rendu à la moitié de sa vie utile. Donc, clairement, Hydro-Québec, depuis plusieurs années,
investit et va continuer d'investir pour pérenniser ces actifs-là, parce
qu'évidemment ce sont... c'est très important.
Si
je parle maintenant de l'enfouissement des lignes, présentement, j'entends
plusieurs intervenants suggérer que HQ
doit procéder à l'enfouissement systématique des lignes de son réseau de
transmission... ou de distribution, je m'excuse. Je pense qu'il faut être prudent par rapport à ça parce que c'est quelque
chose qu'on... qu'ils doivent regarder. Et Hydro-Québec n'est pas fermé
du tout à enfouir certaines lignes, Hydro-Québec l'a dit, et je le dis, moi aussi, publiquement.
Cependant, de prétendre que d'enfouir les fils réglait tous les problèmes, ce
n'est pas une réalité. Il ne faut pas voir l'enfouissement comme étant une
protection ultime contre tous les vils qu'on pourrait avoir avec les fils.
D'abord, il faut savoir que le coût, puis ce
n'est pas la seule considération d'une telle opération, on a mentionné le
chiffre, atteindrait une
approximation de 100 milliards de dollars pour tout le Québec si le
programme était de tout enfouir les fils du Québec. Je vais mettre en perspective, les actifs présents
d'Hydro-Québec sont de l'ordre de 80 milliards, donc on
doublerait les actifs.
Maintenant,
l'enjeu n'est pas seulement économique, il y a d'autres considérations qui
doivent être prises en compte. Par
exemple, on note que les lignes vieillissent plus rapidement quand elles sont
enfouies que quand elles ne sont pas enfouies. On parle d'une durée de vie, à peu près, de 40, 60 ans pour des
lignes enfouies, alors qu'on a une durée de vie de 80 à 100 ans pour des lignes qui sont aériennes. Ça demande
aussi beaucoup plus de réparations quand on a des lignes souterraines, et,
en plus, de façon évidente, c'est très
difficile de détecter où sont les problèmes. Mais c'est important aussi de
réaliser que, si nous allons
systématiquement pour l'enfouissement total, évidemment, il va y avoir des
coûts qui vont devoir être encourus par
des hausses de taxes, réductions de dividendes. Mais c'est un enjeu sociétal
qui... On doit quand même se préoccuper. Comme j'ai dit tantôt, il faut aussi se préoccuper que, si on investit
ces sommes d'argent là parce que nous voulons le faire comme société,
bien, il va y avoir des conséquences sur la tarification des individus.
• (15 h 20) •
Sur la question des enjeux du
programme qu'on parlait hier, le programme qu'on appelait Embellir les voies
publiques, c'est un programme qui
requiert près de 10 millions de dollars par année. C'est un petit
programme. Il avait été mis en pause
par Hydro-Québec à cause du volume important de connexions de nouveaux clients.
Hier ou avant-hier, le programme a
été reconduit jusqu'au mois d'avril l'année prochaine. Il faut aussi comprendre
que ce programme-là était pour non pas la fiabilité du réseau, mais beaucoup pour des fins esthétiques. Il faut
aussi se rappeler que, présentement, comme je l'ai dit hier en Chambre, si une municipalité veut imposer
l'enfouissement pour des nouveaux secteurs et nouveaux projets, Hydro-Québec
va souscrire à cette demande-là. Donc,
beaucoup, la décision est prise présentement par les municipalités, et on voit,
d'ailleurs, qu'on est rendu à peu
près à... j'ai vu hier, 59 % pour Montréal qui est enfoui, je pense que
c'était 50%, donc ça a augmenté. Au
Québec, on est entre 10% et 15 %. Donc, il y a des programmes
d'enfouissement qui se font déjà sur place, on va continuer à les
analyser.
Maintenant,
si on parle de la végétation, les activités se font sur une base cyclique,
évidemment, et, lorsque des événements
météorologiques surviennent, il est clair que les secteurs affectés vont
faire... vont requérir que des interventions supplémentaires pourront être faites. Selon le contexte du milieu, HQ
intervient parfois, et, en fait, la loi a été changée, je pense, il y a près un
an ou un an et demi. Hydro-Québec est dans une position maintenant pour
détecter les arbres dangereux qui
pourraient tomber sur les fils et peut imposer aux propriétaires de terrain
d'enlever l'arbre. Donc, c'est une nouveauté. Et c'est une prérogative
que HQ s'est dotée et agit sur ça depuis maintenant près de deux ans.
Le questionnement,
évidemment, va être est-ce qu'on devrait augmenter les fonds pour être plus
préventifs puis couper les arbres dangereux,
question qui va devoir se poser dans les prochains mois. Mais, comme je l'ai
dit tantôt, Hydro-Québec, il faut reconnaître, quand même, pour le
contour de la végétation en réseau urbain, principalement, a augmenté ses budgets de 60 millions en 2018,
ils sont rendus maintenant à 126 millions. La question qui a été posée — on
va avoir les réponses bientôt : Est-ce qu'on devrait augmenter
encore ce montant-là?
Quatrième élément,
c'est évidemment toute la question du plan d'adaptation aux changements
climatiques. Il n'y a aucun doute
qu'Hydro-Québec le sait elle-même. Hydro-Québec s'est dotée d'un plan d'adaptation aux
changements climatiques et travaille avec un groupe d'experts pour
savoir quelles seront les initiatives. La communauté scientifique internationale, elle est très formelle sur ce
point : les impacts sont déjà perceptibles et le seront encore plus dans
les prochaines années. On parle de
chaleurs extrêmes, on parle de vents violents, on parle d'épisodes de pluie
verglaçante. Donc, il y a un plan d'adaptation aux changements climatiques qui
est présentement sujet à une mise à jour par Hydro-Québec avec l'aide d'experts. On parle de renforcer des lignes de
transport. On parle, encore une fois, de la maîtrise accrue du contour de la
végétation. On parle du remplacement de
poteaux présentement en bois par des poteaux de composite qui sont plus
résistants, dans certains secteurs. On parle de surveillance plus étroite
de feux de forêt nordiques, et j'en passe.
Le Plan pour une
économie verte de mon collègue, le ministre à l'Environnement, met également de
l'avant plusieurs mesures d'adaptation aux
changements climatiques, par exemple, sur le verdissement des villes, des
programmes pour les infrastructures, gestion de l'eau. Donc, il y a un
paquet de mesures qui vont pouvoir être mises en place.
Dernier
point, je pense qu'il est clair qu'il faut regarder ça et... la population du
Québec doit être plus résiliente aux événements
climatiques qui peuvent causer des pannes. Une des mesures, par exemple, c'est
la production décentralisée. On parle
ici d'installations, par exemple, de panneaux solaires sur le toit des
bâtiments. Comment prendre des batteries, par exemple, dans des
voitures, qui pourraient être bidirectionnelles? Donc, actuellement,
Hydro-Québec a recensé un peu plus de
800 foyers québécois qui étaient déjà équipés de panneaux qui pouvaient
soit alimenter la résidence ou soit fournir de l'énergie sur le réseau d'Hydro-Québec. Et, comme je l'ai dit tantôt
avec l'électrification massive des transports des véhicules, le jour n'est pas loin, et d'ailleurs,
il y a une compagnie québécoise avec qui on travaille qui a une technologie,
qu'il va être possible d'alimenter sa résidence avec la batterie de la voiture.
Donc,
en conclusion, ce que je veux essayer d'exposer, c'est qu'il n'est pas, dans ma
tête, exact de voir l'enfouissement comme
une solution ultime de tous les maux, mais clairement il faut le regarder, il
faut regarder une série de mesures qui doivent
être mises en place dans les prochaines années. La consultation sur l'énergie,
qui va commencer bientôt, que je vais annoncer,
va être indéniablement une occasion pour écouter les experts pour voir quelles
sont les mesures qu'on pourrait prendre.
En conclusion,
j'aimerais faire la proposition d'amendement suivante à la motion qui a été
présentée par le député de
Jacques-Cartier : premièrement, je veux supprimer «pour le gouvernement du
Québec» dans la... première phrase, je
m'excuse, du quatrième alinéa; au quatrième alinéa, je veux remplacer les mots
«en envisageant de façon plus soutenue l'enfouissement»
par «étudie la faisabilité d'un enfouissement sélectif»; au cinquième alinéa,
je veux remplacer les mots «de
revoir» par «d'étudier l'application»; et, au cinquième alinéa, de remplacer le
mot «le» par le mot «du», au niveau du «protocole».
La motion amendée se
lirait comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que la tempête de verglas qui s'est abattue
sur l'ouest du Québec le 5 avril dernier
a entraîné des interruptions de l'alimentation en électricité pour plus d'un million
de foyers et que certaines de ces interruptions ont perduré au-delà de
sept jours;
«Qu'elle prenne acte
que les phénomènes climatiques tels que des précipitations importantes de
verglas ou des vents violents sont appelés à
survenir plus fréquemment dans les prochaines années compte tenu des
changements climatiques;
«Qu'elle
rappelle que la Vérificatrice générale du Québec, dans un audit de performance
rendu public en décembre 2022, soulignait que "la fiabilité du service de
distribution d'Hydro-Québec s'est dégradée au cours des dernières années";
«Qu'elle
déclare qu'il est nécessaire de poursuivre les investissements afin d'assurer
une plus grande résilience du réseau de distribution d'Hydro-Québec, notamment
au chapitre du contrôle de la végétation près des lignes électriques et
étudie la faisabilité d'un enfouissement sélectif de fils électriques;
«Qu'elle
demande au gouvernement du Québec d'étudier l'application, en collaboration
avec Hydro-Québec, du protocole de priorisation des rebranchements afin
de pallier les difficultés vécues lors de la récente tempête du verglas où des
CHSLD et des résidences pour personnes aînées n'ont pas bénéficié de la
priorisation adéquate;
«Enfin,
qu'elle témoigne de sa profonde gratitude envers l'ensemble des équipes
d'Hydro-Québec qui ont été [mises] à
pied d'oeuvre depuis le début de la tempête du 5 avril dernier afin de
rebrancher les foyers québécois affectés.» Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le ministre. Votre proposition
d'amendement, évidemment, est
déposée, et, tel que le stipule l'article 98.1 du règlement, une motion
présentée aux affaires inscrites par les députés de l'opposition ne peut
être amendée, sauf avec la permission de son auteur.
Alors, M. le
député de Jacques-Cartier, est-ce que vous donnez votre autorisation ou... Ça
peut venir un peu plus tard.
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Donc, avant? Avant. Oui, parfait. Il n'y a pas de
problème. Donc, nous allons donc poursuivre le débat jusqu'à ce que
l'auteur de la motion nous fasse part de sa décision.
Alors, je suis maintenant prêt à reconnaître le
prochain intervenant, et ce sera M. le député de Maurice-Richard.
M. Haroun Bouazzi
M.
Bouazzi : Merci, M. le Président. Laissez-moi, à mon tour,
rappeler les événements. Nous parlons ici, donc, de la tempête de verglas qui a causé des pannes d'électricité majeures
qui ont touché plus de 1 million de foyers. Il faut comprendre que, pour beaucoup, beaucoup de nos
concitoyennes et concitoyens, c'étaient des moments très difficiles. Et
nous sommes inégaux devant les moments difficiles. Les parents avec de jeunes
enfants, les personnes âgées, les mères monoparentales,
évidemment, ont vécu des moments plus difficiles que d'autres, les personnes
ayant des handicaps aussi. Je pense
aussi aux PME qui ont vu, pour certains d'entre eux, surtout dans la
restauration, une bonne partie de leurs denrées perdre toute valeur, et,
pour certains, se sont retrouvés sans électricité pour sept jours.
• (15 h 30) •
Je tiens
aussi à souligner la résilience des Montréalaises et des Montréalais, qui ont
su se tenir le coude, s'accueillir les
uns chez les autres, pour ceux qui avaient de l'électricité, sachant que dans beaucoup
de foyers il faisait 11° ou 12° et qu'évidemment
cette situation de solidarité a été un moment important, doublé, bien entendu,
et mes collègues l'ont dit à plusieurs reprises, du travail exceptionnel que
les gens d'Hydro-Québec ont fait pendant 16, voire même plus d'heures par
jour pendant plusieurs jours d'affilée.
Il faut
comprendre que ces situations vont être venues... vont venir à se reproduire
dans les prochaines années. On sait qu'à cause du réchauffement climatique les
crises de météorologie extrême vont se reproduire les unes après les
autres, et il est évident que nous ne
pouvons pas continuer à subir de la même manière que nous avons subi la crise d'il
y a une semaine.
Cette crise
vient à un moment où, il y a seulement quelques mois, il y a eu le rapport de
la Vérificatrice générale, en
décembre 2022, qui soulignait la dégradation de la fiabilité du service de
distribution d'Hydro-Québec et qui soulignait aussi le manque de
préparation face aux aléas climatiques.
Nous avons aussi appris, par les médias, que ça
venait dans un contexte où il y avait un manque de monteurs à Montréal, donc dans les travailleurs
d'Hydro-Québec, et qu'il y avait, apparemment en tout cas, une absence de plan
pour les remplacer. Rappelons qu'en 2017 il y avait 120 monteurs de lignes
d'Hydro-Québec qui étaient employés sur l'île et qu'en mars 2023 il
n'y en avait plus que 82.
Il nous faut
donc une plus grande résilience de notre système d'électricité : contrôle
de la végétation, la question, évidemment, d'avoir des fils sous terre.
Mais d'abord rappelons que non seulement les personnes sont inégales quand il y
a des coupures de l'électricité, mais les quartiers aussi sont inégaux dans les
catastrophes qu'ils ont eu à vivre.
En effet,
peut-être que le ministre vient nous dire que ça coûte plus cher ou que les
câbles se détériorent plus quand ils
sont sous terre, mais il est à noter, par exemple, que, dans Westmount,
70 % des fils sont enfouis, alors que la moyenne est seulement de 50 % ailleurs. Les quartiers
les moins favorisés, comme Montréal-Nord ou Hochelaga-Maisonneuve, sont souvent laissés pour compte en matière
d'enfouissement des fils, ce qui accentue les injustices sociales et les
risques liés aux pannes électriques.
Rappelons
aussi que le 1 % le plus fortuné produit 19 fois plus de tonnes de CO2
par personne qu'une personne du 50 %
le moins fortuné. Et pourtant, comme à chaque fois, c'est les moins fortunés
qui vont payer le plus gros prix face aux aléas de la nature, qui
s'accélèrent pendant la crise climatique.
Il y a, ici,
une grosse différence, probablement, entre notre formation politique et celle
du gouvernement, qui touche à comment
est-ce qu'on voit Hydro-Québec. Imaginez qu'il y a eu 6 milliards de
dividendes de retour au gouvernement, 6 milliards. Et, quand on
pense à cette quantité d'argent et au manque de préparation, au manque de
maintenance des infrastructures
d'Hydro-Québec, on pense plutôt que ce genre de vision, comme voir Hydro-Québec
comme une vache à lait, comme une
manière de ramasser le plus d'argent possible, est indécent, alors que c'est un
service public avant tout, c'est quelque
chose qui nous appartient à toutes et à tous. Et Hydro-Québec doit garantir un
service de bonne qualité avant de devenir une taxe cachée sur... pour
les citoyennes et les citoyens.
Cette
vision-là est très différente. Et puis concrètement la vision à long terme
devient importante dans notre vision à
nous, solidaires. Investir dans les infrastructures tout de suite plutôt que
maximiser le retour d'argent à la fin de chaque année est évidemment la chose à faire, pour quelque chose d'aussi
important qu'Hydro-Québec, et l'investir de manière, aussi, à lutter
contre les inégalités.
Nous avons remarqué, M. le Président, dans le
projet de loi n° 1 qui touchait au plafonnement des
coûts des services de l'État, dans le projet
de loi n° 2 qui touchait au plafonnement des augmentations
de tarifs d'Hydro-Québec, au projet de...
aux baisses, aux récentes baisses d'impôt qui ont été proposées par le
gouvernement, qu'à aucun moment ce gouvernement ne
se pose la question : Sur qui, sur qui va s'appliquer cette augmentation
ou cette baisse d'impôt? Qui sont les
populations qui vont le plus profiter de ces politiques publiques?
Malheureusement, à chaque fois, que ce soit dans l'augmentation du tarif d'électricité, dans l'augmentation des tarifs
des services de l'État, dans les baisses d'impôt, à chaque fois, c'est à chaque
fois les plus nantis qui profitent de ces politiques publiques, face aux
personnes les moins défavorisées. Et ici je parle de 50 % de la
population, facilement.
Et donc, dans
ce cas-ci précis, quand on parle des travaux que doit opérer Hydro-Québec, je
pense qu'il est temps qu'on inverse la tendance et qu'on se pose la question
sérieusement sur quels sont les espaces géographiques où les populations
sont les plus vulnérables, où les populations sont les moins nanties. Et c'est
ces espaces-là qu'il va falloir prioriser
pour que... non pas qu'ils soient mieux qu'ailleurs, mais qu'ils fassent un
rattrapage face à d'autres quartiers qui sont plus favorisés.
Donc, en
conclusion, M. le Président, nous devons travailler ensemble pour renforcer la
résilience de notre réseau électrique face aux défis posés par les
changements climatiques. La question de la résilience doit être au coeur de
notre réflexion sur l'avenir énergétique du
Québec, et on est dus pour avoir cette réflexion sur un portrait d'ensemble le
plus rapidement possible. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Maurice-Richard.
Et je suis maintenant prêt à reconnaître le prochain intervenant, et ce
sera Mme la députée de Jean-Talon. Mme la députée.
Mme Joëlle Boutin
Mme
Boutin : Merci beaucoup, M. le Président. C'est encore...
c'est toujours un plaisir, là, de pouvoir m'exprimer au salon bleu sur
la motion du mercredi.
C'est spécial
qu'on parle beaucoup de tempête de verglas, puis d'environnement, et
d'adaptation aux changements climatiques, là, ça me rappelle notre
formation d'hier soir, qui fut un franc succès, qui a rassemblé tous les...
presque tous les députés de l'Assemblée
nationale. Et on a parlé quand même longuement, là, de l'impact des changements
climatiques, notamment, de la hausse à prévoir du nombre d'épisodes de
verglas qu'on va recevoir au Québec, parce que le Québec va se réchauffer, là, nécessairement. Même si on
fait tous les efforts nécessaires, là, puis qu'on fait notre possible, là, au
Québec puis en Amérique du Nord, là, c'est
presque inévitable. Donc, on est tous conscients. Et puis c'est ce que nous
rappelle l'épisode, là, du
5 avril dernier, qui a touché notamment la région de Montréal, la
Montérégie, qui a fait en sorte que près de 1 million de foyers ont
perdu l'électricité, des RPA, également, des CHSLD aussi.
Puis je ne
peux pas ne pas parler de la panne, aussi, qui a eu lieu pendant le temps des
fêtes, qui a touché la région de
Québec, mon comté, notamment, là. Je pense que, dans toute la région de Québec,
il y avait à peu près 640 000 foyers qui ont été privés d'électricité pendant toute la période des fêtes.
Puis ça, ça m'amène à remercier les gens d'Hydro-Québec, là. Le ministre de l'Économie, de l'innovation et de
l'Énergie en a parlé tout à l'heure, à chaque fois, c'est près de
1 500 employés d'Hydro-Québec
qui s'en vont sur le terrain. C'est ce qui s'est passé le 5 avril. Ils
sont très proactifs. Ils se font aider par d'autres équipes également,
là, qui sont mobilisées. Donc, je voudrais les remercier très sincèrement.
• (15 h 40) •
Je voudrais
remercier aussi tous les élus municipaux, provinciaux, fédéraux qui ont été
très présents également, là, pour
aider la population. Puis ma collègue, là, de Soulanges m'en parlait juste
avant, là, les municipalités ont mis en place des centres de crise. Les
centres communautaires également ont été là, ont servi des repas. Ils ont
hébergé des gens, également, qui n'avaient pas d'électricité. Donc, c'est
important de souligner le travail puis toute l'entraide, là, de la population à ce niveau-là. Ce n'est jamais facile
de perdre de l'électricité quand il fait froid, au Québec. Au moins, ce n'était
pas si mal.
Donc, pour
revenir à la formation aux changements climatiques qu'on a eue puis aux
épisodes, on parle d'adaptation aux changements climatiques de plus en plus,
puis Hydro-Québec est bien consciente de ces enjeux-là, là. Ce n'est pas
soudain qu'ils ont décidé de s'intéresser à
la question, là, ça fait déjà quelques années. Ils ont d'ailleurs un plan de
changement... plan d'adaptation aux changements climatiques, le ministre
en a fait état tout à l'heure. Donc, ils ont mis en place, là... ils sont en train de mettre en place plusieurs
mesures, là, pour pallier justement aux futurs épisodes. Puis je vais avoir la
chance d'en reparler un petit peu, là, de
tout ce qui est mis en place justement pour minimiser les pannes, minimiser,
justement, les bris qui vont nécessairement avoir lieu, là, avec les
futurs épisodes de verglas.
J'aimerais
qu'on revienne au rapport de la Vérificatrice générale, parce que la motion
touche beaucoup... qui est proposée par le député de Jacques-Cartier parle
beaucoup de ça, et je veux relire simplement cette partie — je
n'ai pas le temps, M. le Président... ah oui, O.K., là :
«Qu'elle
rappelle que la Vérificatrice générale du Québec, dans un audit de performance
rendu public en décembre 2022,
soulignait que "la fiabilité du service de distribution d'Hydro-Québec
s'est dégradée au cours des dernières années";
«Qu'elle déclare qu'il est nécessaire pour le
gouvernement du Québec de poursuivre les investissements afin d'assurer une plus grande résilience du réseau de
distribution d'Hydro-Québec, notamment au chapitre du contrôle de la
végétation près des lignes électriques et en envisageant de façon plus soutenue
l'enfouissement des fils électriques;
«Qu'elle
demande au gouvernement du Québec de revoir, en collaboration avec
Hydro-Québec, le protocole de priorisation
des rebranchements afin de pallier les difficultés vécues lors de la récente
tempête de verglas où des CHSLD et des résidences pour personnes aînées
n'ont pas bénéficié de la priorisation adéquate.»
Premièrement,
dans le rapport de la Vérificatrice générale, parce que c'est ce qui est
mentionné... On relit, on essaie de
rassembler toute l'information, de la lier au rapport de la Vérificatrice
générale. On l'a quand même étudié, ce rapport-là, parce que c'est important. Puis je pense que c'est
important de ramener aussi quelques données, parce qu'on peut bien parler,
là, de dégradation, mais la dégradation
n'est pas... les données qui sont les plus alarmantes, elles ne sont pas du
tout les données les plus récentes.
Quand on parle du nombre de pannes normalisées, je tiens à souligner qu'elles
ont été en augmentation entre 2012 et 2018, et elles se sont stabilisées
ensuite, de 2018 à 2021. C'est quand même, je pense, une information qui est
importante. La durée moyenne des pannes dans le réseau de moyenne tension a
augmenté de 63 % de 2012 à 2021, puis
la détérioration la plus marquée, ça a été en 2014 et 2019. Donc, les critiques
de la Vérificatrice générale, malgré
que le rapport couvre la période de 2016 à 2022, si je ne me trompe pas... oui,
c'est ça, couvrent des données qui sont beaucoup plus
antérieures à 2016.
Aussi, quand on parle du rythme des inspections,
ça, c'est très intéressant, les rythmes d'inspection des lignes aériennes,
c'est... De 2018 à 2019, Hydro-Québec a fait le choix, dans le fond, d'avoir
des inspections beaucoup plus ponctuelles
pour... ce qui est équivalait à un cycle d'approximativement 27 ans. Mais,
en 2020, Hydro-Québec a décidé de recommencer
à inspecter les lignes aériennes dans le cadre d'un plan de réduction des
pannes. Donc, c'est un plan de cadre de
réduction des pannes, c'est 1 milliard de dollars sur cinq ans qui a
été déposé en 2020 parce que, justement, là, les données n'étaient pas très, très positives avant, là,
quand on parle entre 2012 et 2019. Donc, je pense que c'est important de mentionner
ces statistiques-là qui sont dans le rapport
de la Vérificatrice générale. Et puis, en 2021... depuis 2021, le rythme de
l'ensemble des inspections menées
correspond à un cycle d'environ 10 ans. Donc, on a intensifié le cycle des
inspections, ce qui est très positif.
Maintenant,
on a une approche beaucoup plus... puis le ministre en a parlé tout à l'heure
aussi, on a une approche beaucoup plus préventive. Donc, le nombre d'heures de
maintenance préventive qui a été réalisé a diminué entre 2012 et 2019. Donc, on faisait beaucoup moins d'approches
préventives, là, d'inspection des lignes aériennes entre 2012 et 2019, et, dans le fond, c'est quand même, là, flagrant,
puis on a décidé, justement, dans le cadre, là, des plans stratégiques qui ont
été adoptés par Hydro-Québec en 2021, de recommencer à faire des approches
préventives, là, beaucoup plus intensifiées. Il y a une hausse de 71 % des heures de maintenance préventive
depuis 2020. C'est vraiment significatif, là, ce n'est pas une hausse de
2% ou 3 %, c'est une hausse de 71 %.
Maintenant, et ça, c'est aussi très intéressant,
et ce n'est pas couvert dans le rapport de la Vérificatrice générale,
Hydro-Québec favorise beaucoup la maîtrise de la végétation, puis il y a une
raison pour ça, c'est qu'on a environ, là, 200 000 kilomètres
de lignes d'Hydro-Québec qui couvrent un territoire immense, et certaines de
nos lignes sont très isolées, dans
des territoires forestiers, dans des quartiers qui ont énormément d'arbres.
Puis j'étais quand même étonnée que le rapport de la Vérificatrice
générale, quoiqu'elle fait un travail exceptionnel, là... Pour avoir été sur la
Commission de l'administration publique, là,
je trouve que c'est une équipe qui fait un travail formidable, mais j'étais quand même
étonnée que le rapport ne couvre pas cet aspect-là qui est très important pour Hydro-Québec. Il y a des grosses
équipes qui font un travail pour
contrôler la végétation en amont, notamment avec la maintenance préventive, et
puis c'est vraiment comme un... Ça
fait partie du plan de match, mais c'était exclu... C'est un élément
prioritaire, et c'était exclu du rapport de la vérificatrice, et c'est une des
actions clés du plan de réduction des pannes de 2020 qui a été mis en place.
Donc, c'est vraiment une priorité.
Et, comme le
ministre, là, l'a mentionné tout à l'heure, les investissements, là, pour la
maîtrise de la végétation sont passés d'environ 62 millions de
dollars, en 2018, à plus de 100 millions de dollars en 2021. Et, pour
le prochain budget, on parle de 126 millions de dollars en
2024. Donc, entre 2018 et 2024, les budgets ont doublé. On a mis deux fois plus
de personnes. On veut s'assurer... Puis je
trouve que c'est très pertinent comme approche, parce que, bon, je n'étais pas
présente dans la dernière tempête du
verglas, mais j'ai de la belle-famille à Montréal, et j'y suis allée, et il y
avait des arbres absolument partout. J'ai rarement vu ça. C'était un chaos.
J'ai des collègues qui avaient des arbres sur leurs maisons. Donc, je
pense que c'est pertinent d'avoir une approche vraiment axée sur le contrôle de
la végétation.
Donc, Hydro-Québec déploie également des efforts
considérables pour assurer la robustesse de l'ensemble des installations. C'était également dans la motion,
puis c'est quelque chose qui, parfois, revient même dans les médias, d'avoir
une critique : Est-ce qu'Hydro-Québec
pense vraiment, là, à son infrastructure? Puis, je vous rassure, Hydro-Québec a
une équipe très sérieuse avec un plan stratégique très sérieux.
D'ailleurs,
il est public, ce plan stratégique là. Le député de Jacques-Cartier, tout à
l'heure, voulait savoir c'était quoi,
le plan de match. Mais tout est public, là. Moi, je l'ai lu au complet, le plan
stratégique d'Hydro-Québec. Et, dans le
plan stratégique, on parle d'investissement de 5 milliards de dollars
par année, pendant la durée du plan stratégique, pour investir, pour
renforcer les infrastructures d'Hydro-Québec. Donc, on est en train de penser,
oui, dans une perspective d'adaptation, dans
une perspective aussi de désuétude des infrastructures, parce qu'on s'entend
que ça n'a pas été construit il y a
deux, trois ans. Donc, c'est quelque chose qu'Hydro-Québec regarde. C'est des
investissements majeurs, là, 5 milliards de dollars par année.
Dans les médias, il y a quelque chose qui est
ressorti, puis c'était préoccupant. Moi, quand j'ai vu ça, j'ai trouvé ça préoccupant. On a vu que des résidences pour
personnes âgées, privées et publiques, là, peu importe, là, toutes ensemble,
ont manqué d'électricité et n'ont pas été
raccordées rapidement. Donc, il y a des gens, des personnes aînées qui,
malheureusement, là, se sont
retrouvées dans des situations plus précaires, pas d'électricité. On s'entend
que ce sont des gens qui sont beaucoup plus vulnérables. Il y a aussi
des CHSLD qui ont manqué d'électricité.
Mais,
rapidement, j'étais très rassurée de voir la réponse, là, d'Hydro-Québec, dans
le fond. Parce que la motion nous parle qu'on doit revoir, justement, le
plan de priorisation de rebranchements pour être sûrs de palier aux difficultés
vécues dans la récente tempête, mais il y en a un, plan de priorisation, et les
RPA et les CHSLD sont dans une top liste prioritaire.
Simplement, certaines résidences de personnes âgées n'étaient tout simplement
pas inscrites à la liste des priorités. Ce qui est arrivé, c'est très
simple. Il faut s'inscrire sur la liste des priorités.
Mais maintenant, bon, on a été très, très
proactifs. Hydro-Québec a été très proactive, le ministère de la Santé également, et là, maintenant, tout le monde
s'assure de partager toutes les mêmes listes, d'avoir... de partager de
l'information en
temps réel pour s'assurer que les populations les plus vulnérables, qui ne
peuvent pas nécessairement être évacuées puis aller dans des centres communautaires par eux-mêmes, bien, puissent être
rebranchées, là, le plus rapidement possible, surtout quand on est en
été, où on a besoin d'air climatisé, ou en hiver, lorsqu'il fait très, très
froid.
Par rapport à
l'enjeu de l'enfouissement des lignes, c'est quelque chose qui est ressorti
également. On parle de ça comme un
peu une solution magique, mais c'est beaucoup plus complexe que ça, d'enfouir
200 000 kilomètres de réseau de
transport, de distribution à travers le Québec, là. Je ne sais pas si vous avez
déjà vu, là, les réseaux dans le Grand Nord. Moi, j'en ai amené, des
gens d'Hydro-Québec, là, dans le Grand Nord, c'est quelque chose, on a un
immense territoire.
• (15 h 50) •
Donc, enfouir
plus de 200 000 kilomètres de réseau de transport, de distribution, ça
exigerait des investissements estimés
à plus de 100 milliards de dollars. C'est énorme. En plus d'être coûteux,
ça n'arrête pas tous les enjeux de fiabilité et les enjeux environnementaux, parce que, quand on veut enfouir, il y a
des énormes travaux d'excavation qui sont requis. On a déjà pas mal de travaux, là, de transport,
notamment, en ce moment, puis de cônes orange. J'imagine de quoi ça pourrait
avoir l'air, là, d'enfouir 200 000 kilomètres de lignes.
Et les pannes
souterraines sont beaucoup plus longues, complexes et coûteuses à réparer.
Donc, ça, c'est une considération
qu'Hydro-Québec a. La durée de vie, aussi, d'une ligne souterraine est deux
fois plus courte que celle d'une ligne
aérienne en acier. Ça, c'est quelque chose que je ne savais pas. C'était très
surprenant. Très surprise. Le ministre en a parlé un petit peu, là, de
80 à 100 ans pour une ligne aérienne et 40 à 60 ans pour une ligne
souterraine.
Et puis le
ministre a également parlé du Plan pour une économie verte, parce que ça me
ramène à... c'est une question de
choix. Hydro-Québec a un plan stratégique. Hydro-Québec a conscience... Ils
veulent faire partie de la transition énergétique. Hydro-Québec a conscience de l'enjeu de devoir
augmenter l'offre d'électricité propre dans les prochaines années. Ça va
coûter très cher. Il va falloir faire des
choix stratégiques qui vont être arrimés aux choix stratégiques
d'investissement pour la population, pour le transport, pour les
industries.
Donc, quand
on regarde, 100 milliards de dollars, c'est énorme,
100 milliards de dollars, là, d'investissement pour enfouir versus
combien de milliards de dollars vont être nécessaires pour produire de
l'électricité verte, il va falloir faire des choix collectifs. C'est ce
qu'un gouvernement responsable se doit de faire en tout temps parce qu'on gère
les fonds publics. Donc, par rapport à
l'enfouissement, c'est une préoccupation, mais la fermeture n'est pas totale,
là, du côté d'Hydro-Québec. Il y a
quand même des études. Puis je pense que mon collègue de Masson va pouvoir vous
en parler un petit peu plus tout à l'heure.
Ça me ramène, pour conclure, là, il me reste
peut-être une minute, aux propositions d'amendement qui ont été présentées par le ministre, la proposition
d'amendement à la motion par rapport à l'enfouissement, justement, là. Quand on
propose que... au quatrième alinéa,
remplacer les mots «en envisageant de façon plus soutenue l'enfouissement» par
«étudie la faisabilité d'un
enfouissement sélectif», c'est simplement qu'Hydro-Québec est en train,
justement, d'étudier la faisabilité, que toutes les décisions qui vont
être liées à l'enfouissement demandent des études pour voir si c'est possible
ou non, si c'est justifié ou non. Hydro-Québec
a quand même une indépendance, un conseil d'administration, et, nous, ce qu'on
veut, la motion... l'amendement qui
est proposé à la motion va dans cet état d'esprit là, de laisser, dans le fond,
l'indépendance à Hydro-Québec et
d'étudier la faisabilité, plutôt que de les forcer à vouloir enfouir les lignes
électriques. Je pense qu'Hydro-Québec
va nous proposer plusieurs solutions dans l'avenir par rapport à l'offre
d'énergie propre, par rapport aux investissements
qui vont être nécessaires au niveau des infrastructures, et les amendements qui
sont proposés vont dans cet état d'esprit là. Alors, je vous remercie,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, Mme la députée de Jean-Talon. Et je reconnais maintenant
Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Merci beaucoup, M. le
Président. J'aimerais commencer mon intervention cet après-midi en remerciant les travailleurs d'Hydro-Québec. Nous
savons très bien que, surtout durant les premiers jours, ils ont travaillé,
ils et elles ont travaillé... c'était un
travail acharné pendant plusieurs jours pour rétablir l'électricité. Nous en
sommes tous reconnaissants.
Mais je dois
prendre un temps de parole aujourd'hui en tant que parlementaire mais aussi en
tant que députée de la circonscription de Robert-Baldwin, dans
l'Ouest-de-l'Île, puisque les résidents ont vécu un véritable cauchemar suite, évidemment, à la tempête de verglas et,
évidemment, la panne d'électricité. On avait au-delà de 80 % des résidents
dans Dollard-des-Ormeaux et Pierrefonds-Roxboro qui ont été sérieusement
affectés, et particulièrement les quatre premiers jours. La plupart... la majorité était dans le noir complet, au froid,
pas de possibilité de communiquer par téléphone résidentiel. Et ça, c'était très important au niveau des aînés,
parce qu'au début de la panne d'électricité c'était très difficile pour nous
de communiquer avec les aînés, parce qu'il y
avait... certains n'étaient pas... n'avaient pas de réseaux sociaux et
n'avaient pas également de téléphone cellulaire. Et donc ça, c'était
très préoccupant pour plusieurs, pour les maires et les conseils
d'administration.
C'est sûr
que, comme mon collègue a mentionné, de Jacques-Cartier, il y avait beaucoup de
résidences endommagées, et la perte
de nourriture, des automobiles, mais surtout les arbres. Nous sommes très fiers,
dans l'Ouest-de-l'Île... Je vais donner... À titre d'exemple, dans
Pierrefonds-Roxboro, on en a au moins 20 000, on a des arbres qui sont là
depuis des décennies, des arbres majestueux,
et qui ont été fendus en deux, des branches sont complètement, là... des
branches à terre. Il y avait plusieurs,
plusieurs arbres. Ça nous touche, surtout pour plusieurs
résidents, ils étaient vraiment attristés par ça. Et c'est vraiment
irremplaçable, ces arbres.
Je dois prendre un moment aujourd'hui, évidemment,
pour remercier et souligner le travail indéfectible des maires de la ville de
Dollard-des-Ormeaux, M. Alex Bottausci, et le maire de l'arrondissement de
Pierrefonds-Roxboro, Jim Beis,
et à tous les membres de leurs conseils et de leurs administrations, qui...
vraiment, dans le feu de l'action, dès la
première heure de la panne d'électricité, ils se sont mis à l'action, ils
étaient tous en mode solution, ils ont mis en place une série de mesures afin de venir en aide aux
citoyens de notre comté qui avaient besoin, évidemment, d'hébergement et
une place à se réchauffer. Et je dois
remercier la Croix-Rouge, tous les employés de la ville de Dollard-des-Ormeaux et
de l'arrondissement de
Pierrefonds-Roxboro, le Sportplexe, qui a ouvert ses portes à tous les
citoyens, le centre récréatif de Dollard-des-Ormeaux,
l'école à Pierrefonds, PCHS, pour leur accueil de tous nos citoyens qui avaient
besoin d'aide durant vraiment, surtout, les quatre, cinq premiers jours
de la panne d'électricité.
It is really through these trying times
and adversity that we see the strength and resilience of a community. And, as the MNA of a West Island
Riding, a region which was one of the hardest hit by the ice storm, I have a
responsibility to express on behalf
of my constituents their deep frustration, anger, and disappointment as to why
50% to 60% of the residents were still in the dark after
four days while 80% of central and eastern region of Montréal had gotten their
electricity back.
Nous
connaissons toutes les explications pour le retard indu à rétablir
l'électricité dans l'Ouest-de-l'Île, mais la grandeur du territoire, la
densité, le nombre important de bris, le nombre important d'arbres... Et je
reconnais aussi qu'il y a eu plusieurs
régions, à travers le Québec, qui ont également subi des conséquences néfastes
qui résultent de la panne
d'électricité. Et donc nous sommes tous ici, je crois, solidaires, en tant que
parlementaires, afin de s'assurer que, la prochaine fois qu'il va y avoir une tempête de verglas, on va minimiser
le plus que possible les pannes d'électricité et les dommages collatéraux
importants qui en résultent. C'est pour ça qu'on est ici. C'est l'objectif de
la motion de mon collègue.
Et nos citoyens ont
besoin et méritent des réponses à leurs questions. Je salue le ministre de
l'Énergie qui avait mentionné hier, lors de
la période des questions, et également aujourd'hui... au niveau du fait qu'il
va tenir des consultations, et,
évidemment, son ouverture, son ouverture à regarder plusieurs options
également, lorsqu'on regarde possiblement une restructure concernant le réseau d'électricité et peut-être une solution
concernant plusieurs options, incluant, évidemment, l'enfouissement des
lignes électriques.
• (16 heures) •
Et
je vais vous donner un exemple. À Dollard-des-Ormeaux, on a une région de
Dollard-des-Ormeaux où il y a certains résidents qui sont en panne
d'électricité à tous les 10 jours. Donc, à un moment donné, il faut
regarder région par région pour
déterminer vraiment le plan de match. Qu'est-ce qui va faire en sorte qu'on va
pouvoir sécuriser les citoyens le
plus que possible? Est-ce que ça va être, peut-être, la mise en oeuvre de
quelques mesures? Mais il faut avoir une vision globale, et j'ose croire
qu'on va, dans les prochains mois, avec les consultations, y arriver.
Et
je crois que c'est important de nous référer au rapport de la Vérificatrice
générale, parce que, lorsqu'elle l'a déposé, le rapport, au début du
mois de décembre, on avait déjà constaté, évidemment, qu'Hydro-Québec n'était
pas outillée adéquatement pour faire face au
défi grandissant du vieillissement des actifs. La conséquence était : «La
fiabilité [de son] service de distribution d'électricité [...] présente
une baisse marquée...» Et je voulais citer deux passages que je trouve fort intéressants, parce que je crois que ça
devrait faire partie des consultations et des échanges que nous allons avoir au
niveau de la restructuration, si je peux
dire, ou la révision du réseau d'électricité. Il y a deux choses : «La
fiabilité du service de distribution
d'électricité Hydro-Québec présente une baisse marquée, et son plan de
réduction de pannes n'a été que partiellement mis en oeuvre.
«[...]Une
part importante des efforts de maintenance préventive qu'Hydro-Québec doit
réaliser n'est pas accomplie.» Et Mme Leclerc a précisé... précisait que
«les travaux d'amélioration envisagés en 2020 ne sont pas entamés».
Et
elle avait mentionné, dans ce rapport, deux priorités, et je crois qu'elles
sont clés, en ce moment, de les répéter : «Hydro-Québec partage les
constats de la Vérificatrice générale et assure que ses recommandations sont
déjà en cours de réalisation. Par voie de
communiqué, la société d'État affirme avoir deux priorités qui sont
"cruciales" pour réduire les pannes :
poursuivre la maintenance préventive des poteaux et les activités de maîtrise
de la végétation, [qui sont responsables] de 40 % à 70 % des
ruptures de service.»
Et
donc, pour terminer, M. le Président, je crois que nous avons déjà deux
priorités qui sont fort importantes dans l'échange que nous allons avoir dans
les prochains mois afin de faire en sorte que nous allons pouvoir prévenir,
dans le futur, ce genre d'incident qui a un impact considérable pour nos
citoyens. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Robert-Baldwin. Le prochain intervenant sera
M. le député de Nicolet-Bécancour. M. le député.
M.
Donald Martel
M. Martel : Merci, M. le Président. Bonjour, tout le monde.
Très content d'être parmi vous cet après-midi. Très content aussi de la motion de l'opposition
officielle. Je pense que... Moi, ça fait 11 ans, presque 11 ans que
je suis député, j'en ai vu, des
motions du mercredi, autant au temps qu'on était dans l'opposition qu'au
gouvernement. Souvent, on fait beaucoup
de politique avec ça. Mais l'événement qui est arrivé dernièrement, à Pâques,
où il y a beaucoup de citoyens qui ont
été touchés pendant plusieurs jours, je trouve ça intéressant qu'on revienne
sur le sujet, donc je veux remercier l'opposition. Évidemment, je
souhaite que les amendements proposés par mon collègue ministre soient
acceptés.
Tout
d'abord, je peux m'avancer et souligner que la grande majorité d'entre nous ici
présents avons été touchés par les
pannes des derniers mois d'une façon ou d'une autre. Et je tiens à remercier
les équipes, 1 350 monteurs et jointeurs qui ont sacrifié leur réveillon et long week-end de
Pâques pour rebrancher le Québec. Votre travail est essentiel, et je vous lève
mon chapeau. Je tiens aussi à souligner le
travail de tous les autres employés d'Hydro-Québec qui oeuvrent dans divers
postes, et tout particulièrement le
service à la clientèle, dont le professionnalisme est mis à contribution lors
de tels événements.
Et
je voudrais aussi remercier le ministre de l'Énergie. Le ministre, évidemment,
a beaucoup d'autres fonctions. On
s'attend à ce qu'il y ait une espèce de capitaine quand il arrive des
situations comme ça, et moi, j'ai trouvé que le ministre a pris ses responsabilités, a été présent, a bien
renseigné la population. Et je ne sais pas si c'est une expression... Je ne
sais pas si je devrais le dire, mais,
par chez nous, on a une expression, puis un de mes amis, quand il m'a vu puis...
il a dit : En tout cas, votre ministre, monsieur, il n'est pas mêlé
dans ses pilules, parce qu'il sait de quoi qu'il parle...
Une voix : ...
M.
Martel : C'est comme je dis, c'est peut-être une expression
chez nous, mais monsieur connaît bien le dossier, il était très, très
bon, très bon porte-parole et sécurisant.
Peut-être
juste un... Je veux profiter de l'occasion avant d'aller dans le contenu de ma
présentation. Je ne sais pas si
beaucoup d'entre vous avez déjà visité le parc de la rivière Batiscan. Le parc
de la rivière Batiscan, c'est tout près de Saint‑Narcisse, et une des
premières centrales hydroélectriques qu'il y a eu au Québec, elle est sur la
rivière Batiscan, à hauteur de Saint‑Narcisse.
La première centrale a été évidemment détruite, puis il y en a une deuxième qui
n'est plus en fonction actuellement. Mais, juste pour l'histoire un peu,
on parle du début du XXe siècle, et juste de s'imaginer, quand on est à Saint‑Narcisse, la fourniture
d'électricité, tout le circuit qu'il y avait... Parce que l'objectif, pourquoi
on a fait ça là, évidemment, il y avait la rivière, il y avait des dénivelés,
mais aussi il fallait alimenter en électricité la ville de Trois‑Rivières,
qui était la plus peuplée dans la région.
Donc, on peut, on peut imaginer la construction. Imaginez-vous, au début du
XIXe... au début des
années 1900, construire un barrage hydroélectrique avec les moyens qu'il y
avait, ensuite de ça, planter des poteaux
jusqu'à Trois-Rivières, étendre les fils avec la technologie qu'il y avait. Et
Saint‑Narcisse, c'est un peu à l'origine de tout ce qu'on a fait par la suite
au niveau hydroélectrique. Donc, moi, je suis très, très fier. Quand on va
visiter un endroit comme ça, moi, je
suis très fier de nos origines, l'ingénieux que les gens ont eu à cette
époque-là, et c'étaient des grands travaillants.
Évidemment,
quand on voit le barrage de la rivière Batiscan puis on imagine les distances
qu'ils avaient à parcourir pour aller
fournir de l'électricité... Quelques années plus tard, il y en a eu d'autres,
barrages. Moi, je viens de la Mauricie. Il y a eu des barrages à Grand‑Mère, Shawinigan, Saint‑Étienne‑des‑Grès
pour alimenter toute la région de la Mauricie. Plus tard, il y a eu à la Tranche, en haut de La Tuque,
et même le barrage Gouin avant les années 1950. Ça fait que, quand on va
sur place, je les ai tous vus, ces barrages-là, puis on essaie d'imaginer la
distance qu'il y a à parcourir pour aller mener l'électricité dans les endroits
où on souhaite desservir, on réalise que le territoire est grand.
Quelques
années plus tard, j'ai visité le barrage de Manic, la rivière Manicouagan.
Encore là, on est à Chibougamau, puis on s'en va visiter le barrage, on
fait des centaines de kilomètres, puis là on se ramasse devant une
infrastructure gigantesque qu'on peut être
vraiment fier. Et là, moi, en tout cas, c'est la réflexion que je me fais, là,
il faut partir de là avec des fils puis transposer, transporter cette
électricité-là à la grandeur du Québec.
Puis ensuite
de tout ça, là, on a fait la Baie-James. Encore plus loin. Là, je ne suis pas
allé. Je souhaite évidemment un jour
aller voir ça, mais tout ça pour vous dire que le territoire du Québec est très
grand, et c'est vraiment un défi d'aller alimenter chacune des petites municipalités, chacune des résidences pour
fournir l'électricité. C'est quelque chose de majeur. Évidemment, il arrive des incidents, il arrive du
verglas, il arrive des bris. On souhaite qu'il y en ait le moins possible,
mais, en même temps, je pense qu'il faut être réaliste de la grandeur du
territoire qu'on a.
• (16 h 10) •
Donc, je
tiens à remercier mon collègue de l'opposition... Non, ça, je l'ai dit, je suis
désolé. Avec cette distance à parcourir, c'est-à-dire un réseau d'un peu plus
de 200 000 kilomètres, viennent des particularités auxquelles
Hydro-Québec doit faire face. L'étendue de notre territoire pour rejoindre tous
les Québécois implique que des centaines de kilomètres de territoire
forestier sont traversés par le circuit électrique. Certains événements
climatiques affectent durement le réseau et
impactent certaines régions plus éloignées, tout comme le sud du Québec, qui
est plus durement affecté lors d'épisodes de verglas. Nous savons que ce type
d'événement est appelé à se reproduire de façon plus fréquente et plus violente
dans les années à venir. C'est
pourquoi nous sommes en action. Je rajouterais aussi, au-delà des kilomètres en
forêt à parcourir, on a beaucoup
changé notre mode de cohabitation, notre mode de développement urbain. À
l'époque, quand on voulait faire des
développements urbains, on rasait à peu près tous les arbres, puis c'était
rare, je suis peut-être un petit peu plus vieux, là, mais c'était rare que les
gens et... bien, pas le plus vieux, mais il y a des plus jeunes. C'était rare
qu'on plantait des arbres. Je parle dans les années 70, les
années 80.
On ne peut
plus voir le développement urbain comme ça. Aujourd'hui, partout où on se
promène, on voit les gens, ils plantent des arbres, des beaux arbres.
Les villes, quand ils font des rues, ils vont planter des arbres. Mais ça a des
conséquences. Ça pousse, ces arbres-là,
évidemment, ça devient assez gros et ça peut causer des bris. Et évidemment on
ne veut pas couper les arbres, mais il faut juste être conscient du
risque supplémentaire que ça provoque.
Et je profite de l'occasion, parce que j'en ai
un chez nous, dans ma cour, un arbre. Il faudrait couper quelques branches. Je vais résister à y aller parce que
c'est très dangereux. Et j'invite la population, évidemment, à appeler
directement Hydro-Québec pour éviter
des accidents qui peuvent être vraiment fâcheux. On ne fait pas l'élagage
soi-même chez nous.
À titre
d'exemple, lors des pannes de Noël, ce sont plus de 500 poteaux qui ont
été remplacés, 350 transformateurs à changer, 63 kilomètres de fils électriques à installer. C'est
vraiment gigantesque. Puis, je vous dirais, le gros de tout ça s'est fait
dans les trois premiers jours. Depuis les cinq dernières années, les sommes
accordées pour les activités de maintenance
préventive liées aux poteaux et à la maîtrise de la végétation ont augmenté de
manière importante. 62 millions que c'était en 2018, ça va être 126 millions
en 2024.
Le projet de
loi n° 102, adopté en avril 2022, permet désormais à Hydro-Québec de
réaliser des travaux qui permettent, entre
autres, de faire un entretien préventif avant qu'un arbre cause une panne. Ces
travaux sont effectués en amont, lorsque la météo est plus clémente, et non dans
l'urgence. Tout cela crée un environnement plus sécuritaire autant pour les
propriétaires que pour les travailleurs d'Hydro-Québec.
Donc,
comme je mentionnais, s'il y a des arbres chez vous, vous pensez qu'il peut y
avoir un problème, éventuellement, n'hésitez pas à contacter Hydro-Québec. Eux,
ils vont mettre ça dans leur planification quand il va faire beau, quand
ça va être le temps, et ça peut éviter
beaucoup de pannes. Donc, c'est une petite contribution qu'on peut faire pour
améliorer la situation.
En
temps normal, la végétation est à l'origine d'environ 40 % des
interruptions non planifiées, et cette proportion peut atteindre
70 % lors d'événements météorologiques majeurs comme on a connu. L'objectif
de la modification de la Loi sur la
protection des arbres est de réduire ces pourcentages et ainsi diminuer le
nombre de pannes à la grandeur de la province. Suite au rétablissement
du service d'électricité, une évaluation est faite afin de déterminer si des
interventions supplémentaires sont à faire
dans les secteurs plus fortement touchés pour éviter de nouveaux bris de
service dans le futur.
Le
réseau d'Hydro-Québec est solide, mais, lorsque la météo se déchaîne, même le
réseau le plus robuste a ses limites. Notre réseau se compare à ce qui
se fait de meilleur sur le continent dans des conditions comparables. Le réseau
a été adapté depuis la crise du verglas, en
1998, et les améliorations continuent. De nouveaux types de poteaux ainsi que
des sections d'enfouissement allégé sont à l'étude dans deux projets
pilotes. La transition énergétique à venir demandera des investissements majeurs chez Hydro-Québec, dans les infrastructures,
chose qui a déjà débuté lors du dépôt du plan stratégique 2022‑2026
avec 5 milliards de dollars par année.
En
terminant, Hydro-Québec, ce n'est pas seulement la production et l'acheminement
d'électricité aux quatre coins de la province, c'est un moteur économique pour
nous tous. C'est aussi un outil pour la décarbonation efficiente du Québec.
Pour cela, diverses stratégies sont mises de l'avant pour y arriver
enfin : aider le Québec à mieux consommer, stimuler l'essor du transport
électrique, faciliter le déploiement de solutions pour remplacer les énergies
fossiles et atteindre la carboneutralité de nos opérations dans un horizon de
2030. Avec toutes ces mesures, laissez-moi, M. le Président, vous assurer que notre gouvernement s'assure que chaque
Québécois et Québécoise soit bien branché, et que, lors d'événements malheureux, nous allons continuer à mettre les
efforts et les investissements nécessaires pour que personne ne soit laissé
derrière. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Nicolet-Bécancour. Et je reconnais maintenant
Mme la députée de Verdun. Et je vous rappelle qu'il reste
11 min 20 s à votre formation politique.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, M. le Président. Je veux d'abord saluer la motion
du collègue de Jacques-Cartier. Puis il y a
une partie de cette motion-là qui a vraiment attiré mon attention, c'est
lorsqu'on parle d'est-ce que nous sommes prêts aux éventuels événements climatiques qui s'en viennent dans les
prochaines années. En fait, ce n'est pas une nature du futur, c'est des choses qu'on vit déjà. Et, on
le sait, la science est claire, les événements météorologiques, que ce soient
les pluies extrêmes, vont être de plus en
plus fréquents à l'avenir, que ce soient plus de pluie en janvier, plus de
neige en avril, des crues soudaines,
des périodes de sécheresse, de redoux en hiver. Bref, on va vivre des moments
d'intempéries climatiques. On va
vivre différents effets, des effets qui sont déjà dans nos circonscriptions,
puis je suis d'accord sur le fait qu'il faut se préparer. Puis, quand on se pose la question : Est-ce que le Québec
est prêt à affronter les changements climatiques?, malheureusement, la réponse, c'est qu'on n'a pas pris en
considération tous les impacts, tous les coûts, et on n'a pas mis de côté les
moyens nécessaires pour y répondre.
Quand...
La fin de semaine du verglas, je me suis rendue au centre d'hébergement
d'urgence qui était mis sur pied par la
ville de Montréal dans l'arrondissement de Verdun. Verdun a été aussi un
arrondissement très, très touché, la moitié de ma circonscription a été sans
électricité pendant trois jours. Puis il y a bien sûr tous les impacts qui ont
été nommés en termes de pertes
d'infrastructures puis il y a aussi des impacts qui sont plus, comment je peux
dire, indirects, mais qui affectent largement
nos populations. J'ai des cas, dans ma circonscription, des banques
alimentaires qui ont perdu des denrées, des organismes qui viennent à l'aide alimentaire dans les écoles qui n'ont
pas pu se rendre là où est-ce que les populations en ont plus besoin.
Il
faut se rappeler que ce sont les communautés qui sont en bas de l'échelle qui
vont vivre de façon plus accentuée les effets des changements climatiques.
Alors, quand on se prépare, on se prépare, oui, pour faire face aux inondations,
aux pluies torrentielles, au verglas, mais
on se prépare surtout pour venir à l'aide à ces personnes-là, pour qui le
fardeau climatique est beaucoup plus
lourd.
Et
c'est pour ça que, dans ma formation politique, on a fait une proposition
que... c'est d'avoir un fonds d'urgence climatique qui s'inspire des choses qui
se font ailleurs. Je veux juste donner l'exemple : la Colombie-Britannique,
suite aux inondations massives, a déjà créé un fonds qui a mis
369 millions afin de répondre à ces intempéries-là et venir à l'aide aux communautés qui sont touchées. Il faut avoir
un fonds qui est spécifique, qui va être complémentaire aux autres réserves
de stabilisation, de provisions qu'on a déjà
pour des risques économiques. Mais, de plus en plus, on rentre dans une ère
où les changements climatiques deviennent
malheureusement partie du quotidien, puis il faut qu'on ait quelque chose
établi seulement pour ça parce que ça
va nous faciliter... avoir accès à ces fonds, ça va faciliter également les
réponses sur le terrain.
• (16 h 20) •
Puis,
moi, je vous le dis, là, les gens sont inquiets. Quand on voit, dans le cas du
verglas, le fait de vivre sans électricité trois jours, ça crée de l'angoisse. Quand on entend que notre ville peut
être inondée, notre milieu de vie peut être inondé, ça crée de l'anxiété. Et ça, c'est important, il
faut qu'on rassure ces populations-là. Et c'est ça aussi, l'objectif de se
donner des fonds qui sont déterminés à venir à l'aide à ces
communautés-là, comme des fonds d'urgence climatique.
Juste pour
détailler un peu à quoi peuvent servir... donc, je disais l'aide d'urgence
rapide aux communautés qui sont
touchées lorsqu'on a des événements météorologiques violents et
catastrophiques, l'aide financière pour reconstruire. Là, on parlait des effets sur les aménagements
verts, sur les parcs, sur les arbres, sur les bords de l'eau, on peut, on doit
reconstruire dans une vision d'adaptation
aux changements climatiques pour éviter des effets beaucoup plus coûteux dans
le long terme. Puis, bien sûr des mesures de planification, de se préparer à
ces situations, aux urgences et aux sinistres, ça devient très, très
urgent.
Puis il faut écouter
nos milieux. Les municipalités au Québec, là, c'est un peu la première ligne
quand il vient le temps de vivre ces
intempéries climatiques. Puis l'UMQ puis les municipalités nous le disent,
l'adaptation aux changements climatiques
va nous coûter autour de 2 milliards de dollars par année. C'est
énorme. 2 milliards de dollars par année, là, ça, c'est le coût qu'on va vivre en termes
d'infrastructure, de besoins des communautés qu'on va devoir peut-être déplacer
puis qu'on va devoir compenser pour les pertes, les pertes économiques.
Un des
secteurs, le premier touché lorsqu'on a un événement climatique, c'est le
secteur alimentaire. Et les gens, là, le sentent dans leur portefeuille, dans leur frigo. Quand on n'a plus
d'électricité, le fait que nos producteurs agricoles, quand ils se retrouvent sans ressources pour produire,
bien, ça va créer un bouchon sur l'ensemble de la chaîne alimentaire, puis on
va le vivre après. Et ça, cette insécurité-là, il faut y répondre puis il faut
prévoir dès maintenant, parce que, si on n'agit pas maintenant en amont, le coût de ne pas agir, c'est qu'on est en
train d'hypothéquer le futur des communautés, et c'est par la suite que
l'on va payer une facture beaucoup plus salée. Donc, il faut être à l'écoute de
nos municipalités.
En ce moment,
oui, on parle des effets du verglas, mais je veux nous sensibiliser aux
situations climatiques qui sont vécues
par nos concitoyennes et concitoyens. Je sais que la ville de Gatineau, ce soir
puis demain, se prépare à des inondations,
c'est la même chose dans la Rive-Nord de Montréal. Les municipalités disent
déjà qu'elles sont en train de mettre
tout ce qui est dans leur possible, sont en train de mettre toutes les
ressources, mais il faut que le gouvernement du Québec vienne à l'aide et qu'il réponde à leurs besoins, parce que, dans
le budget qui est délimité par le gouvernement, on a seulement
650 millions sur cinq ans pour l'adaptation aux changements climatiques,
puis ce n'est pas suffisant. Ça ne répond
pas aux 2 milliards de dollars qui sont déjà demandés dans le milieu
municipal. Et ce que nous, on propose, c'est de créer un fonds d'urgence spécifique qui va venir rajouter des
ressources et répondre aux dégâts lorsqu'on a des sinistres.
Et c'est pour
cela que je veux déposer un amendement. Et l'objectif, comme je le disais,
c'est de souligner l'urgence d'agir face aux défis qui sont posés par les
changements climatiques ainsi que les conséquences qu'ils vont avoir sur
nos communautés et notre société en mettant
en place un fonds d'urgence climatique. Je vais lire l'amendement, qui est tel
qui suit. Donc, c'est ajouter, à la suite du cinquième alinéa :
«Qu'elle
demande au gouvernement de mettre en place un fonds d'urgence climatique afin
de se préparer à répondre aux futures crises environnementales de nature
semblable qui se multiplieront dans les prochaines années en raison des
changements climatiques.»
J'espère que cet amendement va recevoir l'appui
des collègues, l'appui des autres partis, parce que ça vient concrétiser la volonté qui est déjà dans la
motion, c'est-à-dire de faire face aux impacts qui s'en viennent dans le futur.
Ça va nous donner les moyens d'agir
et ça va répondre déjà aux différentes communautés. Puis moi, je vous le dis,
là, si les gens nous en parlent sur le
terrain, ils sont anxieux, ils veulent savoir qu'on a une assurance collective
pour répondre à ces moments-là.
Oui, il faut
comprendre qu'en ce moment, je vous disais, on a un plan d'économie verte,
j'entendais tantôt les collègues nous expliquer que, déjà, on est en train de
prévoir ce type d'action là parce qu'on a mis 1,4 milliard puis on a
bonifié le Plan pour une économie verte, mais, comme on l'a vu ce matin, lors
des échanges dans la période des questions, ce n'est pas encore clair de combien
de ces 1,4 milliard là vont aller spécifiquement à l'adaptation aux
changements climatiques, ce n'est pas encore annoncé. Puis, notre crainte,
c'est que les fonds qui vont être attribués à des mesures d'adaptation ne vont
pas répondre à la gravité du problème, ne vont pas répondre aux besoins
qui sont déjà détaillés par les municipalités. Les villes le demandent, je disais, d'avoir un fonds qui est
généreux parce que c'est la seule façon qu'on va être prêts pour le futur. Des
épisodes de verglas, on va en revivre. Et,
en ce moment, on vit déjà des épisodes des inondations dans les régions du
Québec, on vit des épisodes des feux
de forêt, des sécheresses, et tout ça va avoir un poids sur nos régions, sur
nos infrastructures. Donc, il faut demander que le gouvernement s'engage
à avoir un fonds d'urgence climatique pour réagir.
Alors, je
vais conclure, de dire que, chaque événement météorologique violent, à partir
de maintenant, il faut qu'on prenne au sérieux chaque sinistre environnemental,
parce que c'est un rappel que le coût de l'inaction climatique est plus grand que celui de l'action climatique. Si on ne
fait rien aujourd'hui, là, on va s'endetter écologiquement, même économiquement. Si on ne fait rien aujourd'hui, on
va avoir des impacts, comme je le disais, en termes de l'agriculture, de
nos infrastructures. Déjà, on va avoir des impacts auprès des populations qui
le sont, le plus vulnérable.
Je veux juste
rappeler, il y a des familles que moi, j'ai croisées dans la rue, à Verdun, qui
me disaient : J'ai perdu une semaine d'épicerie. Quand tu as une famille
qui ne fait pas assez de sous pour arriver à la fin du mois, puis ils doivent
jeter une épicerie au complet, là, c'est
dur, c'est vraiment dur. Et ce sont ces personnes-là, qui ont le moins de sous,
qui sont affectées de façon démesurée par les changements climatiques.
Donc, ne pas agir aujourd'hui, là, c'est mettre à... c'est hypothéquer le futur
de nos populations.
Donc, il est grand temps qu'on se donne des
moyens, au Québec, de faire face à l'urgence en se dotant d'un gouvernement qui va prendre la question climatique
au sérieux. Il faut le faire en créant un fonds d'urgence climatique. Il faut
le faire avant qu'il ne soit trop tard, parce que ce genre de crise,
malheureusement, ça va devenir la norme plutôt que l'exception. Il faut qu'on
soit prêts, au Québec.
Je vous remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Verdun.
Alors, votre proposition d'amendement
est déposée. Évidemment, selon l'article 98.1, ce sera selon l'acceptation
ou non de l'auteur de la motion originale.
Et je reconnais maintenant le prochain
intervenant, et ce sera M. le député de Masson. M. le député.
M. Mathieu Lemay
M. Lemay : Merci,
M. le Président. Donc, c'est à mon tour d'être ici sur la motion du
mercredi. Et c'est une discussion quand même
importante, parce qu'on sait ça a touché plusieurs citoyens. Pour ma part, je
m'en rappelle, on était ici, à l'Assemblée nationale, puis ma conjointe
m'a appelé pour me dire qu'on n'avait pas d'électricité à la maison. Et donc le lendemain, lorsque je suis arrivé, j'ai
pris des actions pour justement essayer de minimiser les pertes au niveau du
réfrigérateur et du congélateur. Mais,
globalement, dans la MRC Les Moulins, où on se situe, Mascouche, Terrebonne, ça
a duré de 48 heures, là, en moyenne, 72 heures, là, pour certains
résidants. Donc, c'est bien entendu, il y en a qui ont eu jusqu'à sept jours. Mais sachez que les équipes
d'Hydro-Québec ont travaillé sur le terrain. Bravo! Parce que c'est un
travail colossal qu'ils ont fait. On l'a constaté. On a été, à force, à le
constater, bien entendu.
Et
c'est quand même une bonne opportunité de parler de ce sujet-là, parce que,
vous savez, moi, avec ma formation d'ingénieur,
j'ai quand même pu regarder un peu des processus, des protocoles puis des
procédés, j'étais dans le domaine de
la fabrication. Mais, tu sais, je vous parle de ça parce qu'aujourd'hui j'aimerais
vous amener plus sur le sujet, si on veut, des protocoles de
priorisation pour le rétablissement du service dans le cas d'une panne. Puis
c'est important, parce qu'Hydro-Québec, ils sont quand même soumis à la Loi de
l'administration publique avec le Secrétariat du Conseil du trésor qui a mis en place des protocoles de
gestion intégrée des risques. Et c'est pour ça qu'à Hydro-Québec, ils sont
venus avec un protocole de priorisation pour le rétablissement du
service dans le cas d'une panne.
Et,
vous savez, M. le Président, pour l'ensemble des événements qui peuvent
survenir, pour lesquels Hydro-Québec ont des analyses de gestion de risques, si
on veut, c'est seulement un petit nombre d'événements qui nécessitent un
protocole d'urgence à grande échelle.
Et là, dans le fond, c'est quoi le but quand on met en place un tel protocole?
En réalité, c'est qu'on veut pouvoir
rétablir l'accès à l'électricité pour un maximum de clients le plus vite
possible. Donc, on cherche... la loi du 80-20, le fameux Pareto que
sont les 20 % des actions que je pourrais entreprendre pour rétablir le
service à 80 % de la population. Et donc c'est un peu le but qui
est visé par... de rétablir l'électricité au maximum de clients.
• (16 h 30) •
Puis
ça, bien, il faut aussi qu'on tienne en compte d'autres facteurs. Ce n'est pas
juste de dire : On va le faire le plus rapidement possible puis on va
rétablir le courant à un plus grand nombre de citoyens. Il faut aussi le faire
en tenant compte de la sécurité du public. Puis ça, il faut le faire avec une
échelle de priorité qui est préétablie. Donc, ça prend des gens qui se penchent sur les questions, qui se
posent des questions puis qui se disent : Si jamais on a tel événement qui
survient, qu'est-ce qu'on peut faire
pour assurer la protection du public, assurer la protection des citoyens,
rétablir le maximum de citoyens dans un temps record?
Alors, dans un
premier temps, vous comprendrez que ce sont les équipes locales qui vont
intervenir. Et là, localement, il y a une décision qui se prend. Puis on
regarde localement, bien, est-ce qu'on peut faire face à la situation qui est devant nous. Bon, au besoin, il va y avoir
ce qu'on appelle un processus pour avoir un déploiement qui est plus au
niveau régional ou au niveau national. Et là, pour faire un déploiement
progressif des mesures de rebranchement, bien, on détermine ça avec des
critères. Puis, souvent, ce qu'on va regarder, bien, c'est quoi, la nature de
la panne, tu sais, quelle est la cause,
combien de clients sont affectés par cette panne, quelle est l'étendue du
territoire de la panne, c'est quoi, la durée de l'événement, ça fait
combien de temps que la panne est en cours, c'est quoi, les conditions
climatiques qu'on a sur le terrain actuellement, qu'est-ce qu'on prévoit comme
conditions climatiques dans les prochains jours puis c'est quoi, les délais de traitement puis de rétablissement qui
sont prévus. Puis, quand on analyse tout ça, après ça, on peut faire une priorisation puis dire : O.K.,
c'est beau, on va y aller au niveau régional, on va y aller au niveau national,
puis on va déployer notre plan de mesures d'urgence qu'on a, puis on va
faire la gestion des risques intégrés.
Et,
quand on décide d'y aller avec ce protocole-là, bien, c'est bien entendu, il y
a des étapes qui doivent être faites. On ne peut pas y aller, action c
avant l'action b, non. C'est important, M. le Président, qu'on suive
une série de choses, d'activités
nécessaires pour restaurer les services. Puis c'est là qu'on va faire des
étapes puis c'est important de les faire dans l'ordre, M. le
Président, parce que, comme je vous l'ai dit, l'objectif, c'est la sécurité du
public, bien entendu.
Donc, ce qu'on fait,
premièrement, on doit, dans notre plan d'action, on doit mobiliser le
personnel, hein? On se rend compte qu'on a
une situation d'urgence, on mobilise le personnel. Ensuite, on fait le... on
pose le diagnostic puis on évalue les
dommages au réseau électrique. Suite à ça, on va faire une analyse globale de
la situation puis on va identifier c'est
quoi... quelles sont les priorités. Ensuite, on va faire une estimation
préliminaire du délai de rétablissement. On va échanger l'information entre les directions régionales d'Hydro-Québec
puis les autorités municipales, parce qu'on le sait, les autorités municipales, ce sont elles qui sont
de proximité et c'est les premiers à intervenir, c'est eux qui sont en relation
directe avec les citoyens.
Dans
l'exemple que je vous donnais tout à l'heure, dans ma ville à Mascouche, et
même à Terrebonne, dès le début du déclenchement de la panne, considérant les
communications qu'il y avait eues avec Hydro-Québec, considérant les prévisions météorologiques, considérant le délai
de rétablissement, elles ont, les villes, les deux villes, Mascouche et
Terrebonne ont ouvert des centres
d'urgence pour les citoyens, des... Par exemple, on pouvait aller au centre,
chez nous, communautaire, pour ne serait-ce qu'avoir un endroit au
chaud, avoir un endroit pour avoir la recharge de son téléphone, accéder au réseau wifi, faire des activités, être en
compagnie d'autres personnes, avoir un lieu sécuritaire pour ceux qui en
avaient de besoin. À cet endroit-là,
il n'y a pas de douche, M. le Président, mais on a dit : On va faire
des heures étendues à la piscine municipale,
on va donner accès aux citoyens pour ceux qui veulent aller prendre une douche
chaude. Ça fait qu'on a fait ça durant
la crise, on a fait ça dans nos deux villes. Je suis persuadé que ça a été fait
à la grandeur du Québec, pour toutes les régions qui étaient touchées,
M. le Président.
Il y a donc
cet échange d'information qui est important avec les directions régionales puis
les autorités municipales. Puis
ensuite on y va avec les suivis puis les bilans réguliers, parce qu'on veut
tenir informée la population. C'est beau, de dire qu'on est dans une
crise, mais c'est important de faire un suivi.
Et puis là, ensuite, on s'en va puis
on veut structurer les activités. Ça fait que, qu'est-ce que je vous ai dit,
bien, c'est une échelle
d'organisation qui est précise, puis ça a comme avantage, dans le fond, que,
lorsqu'il y a un service qui est coupé, bien, de façon générale, le service va
être rétabli selon les niveaux de priorité, sauf en cas d'exception, parce que,
bien entendu, c'est beau de vous dire : Il y a un plan, on fait une gestion,
mais, dans toute gestion de risques, il y a toujours des exceptions, puis là il faut utiliser le bon
jugement puis le gros bon sens, c'est important. Ça fait qu'on va suivre les
besoins particuliers de chaque municipalité puis on va aussi respecter les
exigences de la sécurité civile, parce qu'on peut aussi avoir de telles
exigences qui apparaissent, M. le Président.
Et c'est pour ça
qu'on arrive avec un fameux tableau de priorités de rétablissement. Puis là,
dans les priorités de rétablissement, on a
de P1 à P7, O.K.? À P1, c'est clair, ça commence, c'est priorité urgence. Puis
là je vais vous donner un exemple,
là, ça pourrait être pour les hôpitaux, les usines de filtration, les services
d'urgence. Eux, ils rentrent en P1, on veut
les rebrancher. Après ça, tu as des priorités 2, des priorités
stratégiques. Mais là c'est sûr que, là, il y a des endroits que tu dis :
Stratégiquement, là, eux autres, là, il faut qu'ils soient... que le courant
soit rétabli, parce que, sinon, ça ne fonctionne pas pour l'ensemble des
citoyens. Ensuite, tu as les priorités 3, qui est des priorités critiques,
bien oui. Ça fait que, là, dans le fond, on fait des centres
hospitaliers de longue durée, les CHSLD, les industries qui subiraient des
pertes importantes en cas d'arrêt. Ensuite,
on a des P4, des priorités importantes, pour les CLSC. Les P5, c'est les
industriels. Les P6, c'est au niveau
du commercial. Puis on arrive au P7 avec le résidentiel. Donc, ça, c'est juste
pour vous dire que ça a été déterminé quand même, à savoir quelles
étaient... pour chacune des étapes.
Ensuite,
toutes ces démarches-là, elles se font de concert, je vous l'ai dit tout à
l'heure, avec les autorités municipales, c'est important. Puis la
communication, on ne le répète jamais, lorsque ça plante à quelque part, c'est
souvent à cause des problèmes de
communication. Donc, c'est important, Hydro-Québec le sait, Hydro-Québec
communique avec les compétences, les autorités municipales, communique
avec les médias, communique avec la population.
Donc,
on l'a vu dans la crise du verglas qui nous a touchés, lorsque j'étais au
cégep, M. le Président. Alors, à ce moment-là, on avait eu une très bonne
communication. On a appris de cette crise-là puis on l'a maintenue dans le
temps. Ça fait que ce n'est pas quelque chose de nouveau, M. le Président. Je
ne sais pas c'est quand, exactement, que j'étais au cégep, là, mais
mettons que ça doit faire au moins 25 ans, on va dire.
Ensuite, avec les
outils technologiques qu'on a maintenant, bien entendu, les citoyens peuvent
aussi interagir.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : ...
M.
Lemay : Bien oui, je
comprends ça. Je pensais que j'avais 11 minutes quelque chose, M. le
Président. Mais, bref, on a l'outil
Info-pannes, et là, avec l'outil Info-pannes, c'est une communication qui est
bidirectionnelle, parce qu'on veut aussi garder les citoyens informés, mais on
veut que les citoyens puissent aussi communiquer l'état de la situation à
proximité. Donc, c'est bidirectionnel, M. le Président.
Alors,
vous m'indiquez que je dois passer à ma conclusion. Alors, en conclusion, M. le
Président, Hydro-Québec a des mesures bien établies non seulement pour la
prévention contre les pannes et la protection des lignes, mais aussi
pour les interruptions de service en cas de
panne, incluant les pannes à grande échelle. Hydro-Québec travaille de concert
avec les autorités municipales des zones affectées pour faire un partage
actif sur l'état de la situation et les besoins d'urgence lors d'une interruption de service. Ils soutiennent
également dans la planification des mesures d'urgence et proposent une
démarche préétablie pour améliorer l'état de préparation des municipalités. M.
le Président, j'espère avoir pu faire la lumière
sur les démarches et les mesures en place pour des événements comme tels. La
gestion intégrée des risques, c'est ça qu'on doit retenir, M. le
Président. Le gouvernement est prêt pour répondre aux situations...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Masson. Alors, je suis prêt, maintenant, à
reconnaître un membre de l'opposition officielle. M. le député de Nelligan, il
reste 11 min 37 s à votre formation politique.
M. Monsef
Derraji
M. Derraji : O.K. Merci, M. le Président. Premièrement, je
tiens à remercier mon collègue député de Jacques-Cartier de mettre sur la table
une très bonne motion. J'ai écouté avec grand intérêt mes collègues et je salue
les interventions des collègues,
parce que, dans des moments pareils, ce qu'on souhaite, en tant qu'élu, c'est
trouver comment on peut apprendre de
situations pareilles. C'est une situation qui nous a tous affectés, que ce soit
de manière personnelle, ou nos voisins, voisins de rue, collègues,
citoyens qu'on représente en tant qu'élus. C'est une situation qui a frappé
tout le Québec.
Et
je vais prendre quelques minutes, M. le Président, premièrement, de remercier
les premiers intervenants. Ça a été des moments difficiles pour
plusieurs personnes, des équipes qu'on a appelées pour travailler jour et nuit.
Je tiens à remercier les villes, l'ensemble
des mairesses et maires de l'ensemble du territoire, les intervenants, les
travailleurs, les responsables de la
Croix-Rouge. J'ai vu un élan de solidarité de la part de tous les Québécois, et
ça, ça fait chaud au coeur parce que c'est comme ça qu'on travaille ensemble au
Québec et qu'on essaie de trouver des solutions face à des enjeux majeurs. Les Québécois l'ont démontré pendant la
pandémie et ils l'ont démontré aussi tout au long de la dernière crise
de verglas, mais, M. le Président... et je
salue vraiment les interventions des collègues de la partie gouvernementale
parce qu'ils ont saisi l'ampleur de l'enjeu.
Aujourd'hui, mon
collègue de Jacques-Cartier nous invite à une réflexion par rapport à l'avenir.
Il nous invite à avoir une réflexion, une sorte de post‑mortem de ce qui s'est
passé au Québec lors de cette crise. On ne peut pas dire aujourd'hui que tout va bien. On ne peut pas le
dire. La Vérificatrice générale a un rapport très détaillé, un rapport détaillé
en quatre sections, quatre constats. Si on n'avait pas de rapport, on peut se
poser la question, bien, on vient de découvrir. Non, on ne vient pas de le
découvrir, le rapport existe.
Donc,
oui, c'est exceptionnel, ce que nous avons vécu, mais nous sommes quand même un
pays membre du G7. Il y a des gens
qui n'ont pas eu l'électricité pendant six jours. Je veux juste ouvrir une
parenthèse, quelqu'un qui habite un autre
continent, je parlais avec lui, il m'a dit : Qu'est-ce qui se passe chez
vous, au Canada, verglas six jours, perte d'électricité, vous avez des attaques russes, problèmes de
cybersécurité? M. le Président, nous sommes membres d'un G7. Si
on n'est pas capables de régler des problèmes pareils, on va régler
quoi?
• (16 h 40) •
Donc, je vais
revenir à la crise du verglas. Aujourd'hui, mon collègue de Jacques-Cartier a
mis sur la table une très bonne proposition, mais maintenant, c'est au
gouvernement d'agir, parce que, quand on regarde les constats... je vais les
énumérer, M. le Président.
La fiabilité
du service de distribution d'électricité d'Hydro-Québec présente une baisse
marquée, et son plan de réduction des pannes n'était que partiellement mis en
oeuvre. Donc, le ministre responsable de l'Énergie doit avoir une discussion très claire avec Hydro-Québec.
Entretenir le réseau, ça devient une obligation, et que c'est anormal, dans un
pays nordique comme le Canada et comme au
Québec, d'accepter une panne au-delà de quelques heures, six jours pour certains endroits, dans certains endroits.
Imaginez-vous en plein hiver, à moins 20, moins 40, ou moins 30, ou moins 45
dans certains endroits, où des citoyens
québécois vont perdre l'électricité pendant six jours dans des températures
extrêmes. Donc, le fait que... le climat qu'on a, nordique, nous impose
des réflexions et nous impose d'avoir un plan d'urgence.
Hydro-Québec,
deuxième constat, Hydro-Québec n'est pas outillée adéquatement pour faire face
aux défis grandissants du vieillissement de ses actifs.
Troisième constat, une part importante des
efforts de maintenance préventive qu'Hydro-Québec doit réaliser n'est pas
accomplie. Alors, M. le Président, ça sert à quoi, les rapports? Hier, nous
étions ensemble pour assister à une formation
sur les changements climatiques. Nous avons vu tous ensemble, en tant qu'élus,
en tant que parlementaires, une très bonne présentation. J'ai un rapport
de la VG.
Constat 3, les efforts de maintenance
préventive, préventive, M. le Président, préventive, j'insiste, préventive qu'Hydro-Québec doit réaliser n'est pas accomplie.
Il était où, le ministre? Quand le ministre a eu ce rapport sur son bureau,
il a déclenché quoi, quelle action? Donc,
j'entends que, parfois, on essaie de défendre certains aspects, mais soyons
responsables un peu. Est-ce qu'on doit attendre un autre rapport de la
Vérificatrice générale l'année prochaine pour dire
que ce que je vous ai dit il y a un an n'est pas encore accompli? Est-ce qu'on
doit attendre une autre crise de verglas pour dire qu'on aurait dû agir?
Quatrième constat, les lacunes dans lesquelles
étaient des données d'Hydro-Québec ont certains impacts sur sa stratégie de maintenance. Ses opérations, ses
outils de gestion et les travaux d'amélioration qu'elle a envisagés en 2020
ne sont pas entamés. 2020, qui était au
pouvoir? On ne va pas me dire que c'est le Parti libéral, c'est la CAQ
qui était au pouvoir. Les travaux étaient envisagés en 2020, mais
aujourd'hui, M. le Président, j'entends et j'écoute l'ouverture du gouvernement. C'était une situation
exceptionnelle. Mon collègue, que je connais très bien, il est pour le travail
ensemble. Ce n'est pas le moment de faire de la petite politique, mais
s'il vous plaît, s'il vous plaît, agissons.
On sait maintenant les choses qui manquent au
niveau d'Hydro-Québec. On sait qu'ils ont tout fait pour régler la situation, pour diminuer la pression que
certaines familles avaient par manque d'électricité. On sait que l'entretien du
réseau ne se fait pas d'une manière
optimale. On le sait maintenant. Maintenant, ce qui manque, c'est avoir un
capitaine de bord pour dire : O.K., les constats, je les ai,
passons à l'action.
Et, M. le
Président, quand on lit les effets et les conséquences des pannes, est-ce que
c'est normal, dans un pays nordique,
encore une fois, qu'on a des RPA où on doit prendre soin de nos personnes
aînées sans génératrice? Est-ce que c'est
normal, dans un pays nordique, encore
une fois, qu'on doit accepter que
certaines résidences ne vont pas avoir l'électricité pendant six, sept
jours? Mon collègue de Jacques-Cartier a parlé de personnes vulnérables qui ont
jeté, dans un contexte inflationniste,
beaucoup de denrées alimentaires. Alors, M. le Président, le gouvernement, à
partir d'aujourd'hui... et j'espère que
le député de Jacques-Cartier ne sera pas obligé, dans quelques mois, revenir à
l'Assemblée déposer une autre motion du
mercredi pour demander au gouvernement d'agir. J'espère qu'on ne va pas encore
une fois revivre ce que nous avons tous vécu pendant la dernière crise
du verglas.
Mon collègue aussi a ramené... et il a posé des
questions au ministre cette semaine par rapport à l'enfouissement de certaines lignes. Je pense qu'on est capables,
pour les nouveaux développements mais aussi pour les endroits où il y a une certaine sensibilité par rapport au réseau,
d'agir, de mettre l'argent nécessaire, d'accompagner les villes, d'accompagner
les entrepreneurs. Mais on ne peut plus...
on n'a plus le luxe de ne pas agir, surtout qu'hier nous avons tous été témoins
que ça risque d'être le cas.
Donc, M. le Président, je note l'ouverture du
gouvernement. L'esprit même de la motion, ce n'est pas coincer qui que ce soit. On a tous été interpelés. Nos
collègues élus, ils ont tous perdu de l'électricité, ça varie, un jour, deux
jours, trois jours. Moi, je l'ai perdue pendant cinq jours. Mais pensons
à nos citoyens. Hydro-Québec doit rendre des comptes aux élus, et il y a un
ministre responsable qui doit suivre la mise en place de ces constats pour
éviter que la Vérificatrice générale revienne à l'Assemblée pour nous
dire : Écoutez, rien n'a été fait.
Alors, M. le
Président, prenons cette motion de mon collègue de Jacques-Cartier comme point
de départ, essayons de remplir les...
de répondre aux constats levés et... soulevés, plutôt, par la Vérificatrice générale,
et donnons-nous un temps. J'en suis
sûr et certain, que mon collègue fera le suivi au niveau des crédits, mais je
ne pense pas qu'en date d'aujourd'hui on
a le luxe de ne pas agir. Je ne pense pas qu'en date d'aujourd'hui on a le
luxe, en tant que Québécois, de ne pas prendre en considération à la fois le
climat nordique, les changements climatiques, mais aussi la piètre qualité de
l'entretien de notre réseau, le réseau qui est uniquement contrôlé par
Hydro-Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Nelligan.
Et,
avant de donner le droit de réplique à M. le député de Jacques-Cartier, je dois
vous demander, M. le député, de nous indiquer qu'est-ce que vous allez
faire des propositions d'amendement, soit celle du ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie et celle de Mme la
députée de Verdun. La parole est à vous pour votre droit de réplique, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley (réplique)
M.
Kelley : Parfait, M. le Président. Et je vais donner mes
réponses pendant l'intervention et clarifier le tout. Je veux juste
remercier tous mes collègues qui ont pris la parole aujourd'hui. Je pense qu'on
a eu un très bon échange, des suggestions, les débats sur certains faits.
C'était intéressant d'écouter mes collègues avec, quand même, leurs propres
suggestions. C'est sûr que, sur notre côté, on n'a pas des fonctionnaires ni
des équipes énormes dans les cabinets pour trouver
toute l'information. Je ne suis pas allé chercher l'avis d'un sous-ministre sur
une motion. Moi, j'ai François White, qui fait un travail formidable,
puis Google, puis on fait notre mieux possible.
Mais, quand
même, certains éléments que le ministre a soulignés dans son discours étaient
intéressants. Je pense, comme mon collègue de Nelligan vient de
mentionner, c'est un bon point de départ. Puis on va continuer de suivre le dossier parce qu'il y a, oui, tout ce que la
Vérificatrice générale a dit dans son rapport, mais également, comme je dis, ce
n'est pas la première tempête qu'on a vécue. On a eu une expérience similaire,
l'année passée, alors ça va continuer d'arriver, malheureusement, avec les changements climatiques, puis on veut juste
s'assurer que le gouvernement va faire tout ce qui est nécessaire et
possible pour essayer de renforcer la résilience du réseau.
• (16 h 50) •
Je veux aussi,
maintenant, prendre le temps pour juste dire un grand merci à toutes les
municipalités dans mon comté que, le
moment que c'était évident que cette panne d'électricité va durer plusieurs
jours, ils ont ouvert leurs gyms, leurs arénas, des aires de chaleur, pour les citoyens, d'utiliser. Et j'ai
fait une tournée de mon comté deux fois puis j'ai vu des citoyens qui étaient là pour charger leur
cellulaire, quand même, prendre un café chaud, jouer avec leurs enfants.
C'était très, très apprécié, quand même, le travail de la Croix-Rouge.
Et j'ai
remercié les équipes d'Hydro-Québec, qui travaillent sur un long week-end, mais
c'était la même chose pour tous les travailleurs dans mes municipalités, de
Sainte-Anne, Senneville, Beaconsfield, Baie-d'Urfé et Pointe-Claire, qui ont travaillé tout le week-end pour s'assurer
que les citoyens aient une place, comme je dis, pour prendre un café et
une petite pause du froid.
I would just like to say thank
you to all the mayors in my riding, but also to all the workers who, on a long
weekend, took the time to take care of their
citizens. It was extremely appreciated. You could hear the feedback, when I
went to go walk around in some of the warming centers, and just how people were
very happy to be able to charge their phones and take the time to just
warm up.
Of
course, I want to let my citizens know that I heard your frustration. When you
have a family and you go on multiple days without electricity, it's not easy taking
care of the kids. It's not easy, when the budgets are tight, that you have to
throw out all the food in your
fridge. I know a lot of you had flooded basements, and that it's going to be a
long process of having to deal with insurers and getting your basement
redone.
I
heard you. We heard you. Everyone here, at the National Assembly, understood that the circumstances you faced were
not easy. I think, particularly to the seniors in my riding, those that were in
residences that did not have electricity for many days, it was not easy. Your loved ones were
worried, they reached out to us. We were doing whatever was possible to
communicate with the Government
to make sure that electricity was restored.
I
am happy to see that, at least in the modifications the Government has put forward... that we need to revise the
procedures with Hydro-Québec and, certainly, our private residences
to make sure that they are part of the list that they
have to make sure that those places have electricity restored as quickly as
possible.
Ma collègue de La Pinière a suggéré, pendant la
fin de semaine de Pâques, que c'est important que, peut-être, les CHSLD soient mis sur le même niveau, pour Hydro-Québec, que les hôpitaux du Québec, que c'est vraiment une priorité
numéro un pour rebrancher les personnes aînées et, certainement, des clientèles
les plus vulnérables.
On a discuté
un petit peu aussi... Est-ce que c'est nécessaire de forcer les CHSLD, les RPA
d'avoir une génératrice, un
générateur? Est-ce que ça doit être indiqué dans une loi? Je ne sais pas si on
va aller dans cette direction-là, mais, au minimum, peut-être réfléchir sur un programme qui peut être mis
disponible pour s'assurer... parce que ce n'est pas juste pendant l'hiver, mais, quand même, si jamais il y
a une vague de chaleur, avoir les aînés qui n'ont pas comme... même si ce n'est
pas un air climatisé, mais, quand même, juste une «fan» pour souffler de
l'air... Ça peut être très difficile pour les gens qui ne sont pas
capables de bouger beaucoup, qui sont vraiment pas mal coincés dans leur lit.
Alors, je suis content de voir que le
gouvernement a accepté pas mal de qu'est-ce que nous avons écrit dans la motion, avec certaines modifications. Tout le
monde prend ça sérieux. Mais, juste parce que je sais que le temps file puis
il n'y a pas beaucoup de temps qui reste, on
va accepter les amendements du côté du gouvernement. Comme je dis, je pense,
c'est un bon départ.
Je pense que
la partie d'une étude de faisabilité d'un enfouissement sélectif, c'est
important. Oui, certains de mes collègues ont parlé du plan d'adaptation
climatique d'Hydro-Québec. Dans ce plan-là, l'enfouissement des lignes est
mentionné. Il y a certains projets pilotes
qui existent, mais, dans la suite des choses, il faut s'assurer que ce n'est
pas juste pour des nouveaux développements, mais on regarde l'option
pour les lignes existantes, et ça, c'est très, très important.
Et je suis
d'accord avec le ministre qu'il faut regarder les coûts de tout ça, parce que,
quand même, le chiffre qui était dans certains articles de médias de
l'ancien président d'Hydro-Québec, M. Martel, qui a dit : Bien, ça va
coûter environ 100 milliards de
dollars pour enterrer toutes les lignes de transmission, on ne parle pas de ça,
et, quand même, c'est le chiffre de 2019, et pas probablement exact en 2023 avec l'inflation,
c'est probablement plus que ça maintenant, mais quelque chose qui est plus stratégique et spécifique, c'est très
important. Le ministre a mentionné aussi le fait qu'il y a de plus en plus une technologie où Hydro-Québec peut
rapidement flaguer quand il y a une branche qui est trop proche des
lignes. Tout ça est bon. Si on peut investir dans ce type de type de
technologie dans l'avenir, très, très bonne nouvelle.
Je veux maintenant
aller sur l'amendement de mon collègue de Maurice-Richard.
Oui, on ne va pas accepter... Excusez-moi. De
Verdun. C'est vrai, c'était la députée de Verdun. On ne va pas accepter leur
proposition. Ce n'est pas parce que
je ne pense pas que l'idée est bonne, mais je pense que ça mérite peut-être une
autre motion de mercredi, d'avoir une discussion plus large. Je pense
qu'il y a des gains dans les propositions du côté du gouvernement, mais selon
les échanges que j'ai entendus ce matin
entre le premier ministre puis le chef du deuxième groupe de l'opposition, je
ne suis pas sûr que le gouvernement est d'accord avec cette
proposition-là.
Alors, je pense qu'il
faut prendre les gains que nous avons tous discutés ici ensemble puis aller de
l'avant. Mais je veux juste répéter, j'ai
apprécié les interventions de mes collègues de Maurice-Richard, mais aussi de Verdun. Ils ont souligné des enjeux importants
sur l'adaptation climatique qu'il faut avoir un plus grand débat là-dessus.
Puis dans mon
intervention au début, M. le Président, j'ai parlé d'une stratégie à
l'adaptation des changements climatiques. Le
plan du gouvernement du Québec, qui est détaillé, c'est une bonne soixantaine
de pages, ça date de 2013. Alors, c'est vraiment... ce n'est pas à jour,
ça a terminé en 2020. Je sais que, dans le plan, le fonds du gouvernement, il y a des volets dans la stratégie qui parlent de
ça, mais moi, je parle d'un document du gouvernement du Québec qui est
plus global pour tous les différents ministères, pour toute la coopération de
l'État, etc. Je pense que ça prend une mise à
jour de ce type de stratégie, et puis, après ça, on peut parler d'un fonds ou
comment le gouvernement va prioriser les dépenses de l'argent qui est dans le budget pour l'adaptation
climatique. Mais c'est sûr qu'on va parler de ça avec nos municipalités dans les prochaines années parce qu'ils sont de
plus en plus touchés par des événements climatiques et des tempêtes extrêmes.
Mais,
bref, encore, j'espère qu'on va voir un vote où tout le monde à l'Assemblée
nationale va dire oui à la motion que
j'ai déposée. Je pense, c'est important pour nos citoyens qu'ils voient qu'on
est capables de travailler ensemble sur un enjeu qui est sérieux. Une tempête de verglas, ce n'est la faute
d'aucune personne, les dommages étaient réels pour les citoyens, et je pense que ça va être apprécié si
nous envoyons un signe clair à tous les Québécois, de l'est jusqu'à l'ouest,
qu'on prend ça de sérieux, puis on va forcer, si c'est Hydro-Québec, de réfléchir
sur comment on peut éviter des pannes d'électricité dans l'avenir.
Alors, merci
beaucoup, M. le Président, pour votre écoute aujourd'hui.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
12213Merci beaucoup, M. le député de
Jacques-Cartier. Et le débat est maintenant terminé.
Et,
conformément au règlement, je dois d'abord mettre aux voix la motion
d'amendement présentée par M. le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, avant de procéder au
vote sur la motion principale. Je vous fais la lecture de ces deux
motions.
La motion principale
de M. le député de Jacques-Cartier se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte
que la tempête de verglas qui s'est abattue sur l'ouest du Québec le
5 avril dernier a entraîné des
interruptions de l'alimentation en électricité pour plus d'un million de
foyers et que certaines de ces interruptions ont perduré au-delà de
7 jours;
«Qu'elle prenne acte que les
phénomènes climatiques tels que des précipitations importantes de verglas ou
des vents violents sont appelés à
survenir plus fréquemment dans les prochaines années compte tenu des
changements climatiques;
«Qu'elle rappelle que la Vérificatrice
générale du Québec, dans un audit de performance rendu public en décembre 2022, soulignait que "la
fiabilité du service de distribution d'Hydro-Québec s'est dégradée au cours des
dernières années";
«Qu'elle déclare qu'il est nécessaire
pour le gouvernement du Québec de poursuivre les investissements afin d'assurer
une plus grande résilience du réseau de distribution d'Hydro-Québec, notamment
au chapitre du contrôle de la végétation près des lignes électriques et
en envisageant de façon plus soutenue l'enfouissement des fils électriques;
• (17
heures) •
«Qu'elle demande au gouvernement du
Québec de revoir, en collaboration
avec Hydro-Québec, le protocole de priorisation des rebranchements afin de
pallier les difficultés vécues lors de la récente tempête de verglas où des
CHSLD et des résidences pour personnes aînées n'ont pas bénéficié de la
priorisation adéquate;
«Enfin, qu'elle
témoigne de sa profonde gratitude envers l'ensemble des équipes d'Hydro-Québec
qui ont été à pied d'oeuvre depuis le début de la tempête du 5 avril dernier
afin de rebrancher les foyers québécois affectés.»
La motion d'amendement
de M. le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie se lit comme
suit :
1° supprimer «pour le
gouvernement du Québec» dans la première phrase du quatrième alinéa;
2°
au quatrième alinéa, remplacer les mots «en envisageant de façon plus soutenue
l'enfouissement» par «étudie la faisabilité d'un enfouissement
sélectif»;
3° au cinquième
alinéa, remplacer les mots «de revoir» par «d'étudier l'application»;
4° au cinquième
alinéa, remplacer le mot «le» par «du» devant le mot «protocole».
Mise
aux voix de l'amendement
Je
mets d'abord aux voix la motion d'amendement de M. le ministre de l'Économie,
de l'Innovation et de l'Énergie que je viens tout juste de lire. Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, cette motion est adoptée.
Maintenant,
je vais mettre aux voix la motion principale qui a été lue précédemment. M. le
leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Si vous le
permettez, M. le Président, je demande un vote par appel nominal.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Le vote par appel nominal
est demandé. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci, M. Président. Je vous demanderais
de reporter ce vote à la prochaine période des affaires courantes, s'il
vous plaît.
Vote reporté
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
le vote sera reporté à la prochaine séance.
Alors, maintenant, pour la suite de nos travaux,
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. M. le Président, je vous demanderais de bien
vouloir appeler l'article 1, s'il vous plaît, du feuilleton.
Projet de loi n° 14
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Oui. Merci, M. le leader
adjoint du gouvernement. À l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt
aujourd'hui sur l'adoption du principe du projet de loi n° 14, Loi
modifiant diverses dispositions relatives à la sécurité publique et édictant la
Loi visant à aider à retrouver des personnes disparues.
Y a-t-il des interventions? Et ce sera M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. La parole est à vous, M. le député.
M. Frédéric Beauchemin
(suite)
M. Beauchemin : Merci,
M. le Président. Donc, je vais recommencer où est-ce que j'en étais avant de
quitter, plus tôt, cet après-midi. Je
voulais simplement souligner l'excellent travail de ma collègue de Westmount—Saint-Louis, qui a à coeur les enjeux de sécurité publique et les droits des
communautés minoritaires.
Et aussi je
voulais faire prendre note du fait que le ministre a tout de même démontré une
bonne volonté et un travail rigoureux
dans l'élaboration de ce projet de loi là, mais on peut toujours, évidemment,
continuer à travailler ensemble pour s'améliorer.
C'est clair qu'on veut mieux équiper nos corps
policiers, Mme la Présidente, protéger nos communautés, c'est évident. À la lecture du projet n° 14, plusieurs points m'ont interpelé, je vais en lire un : «Le
projet de loi permet au gouvernement [par
règlement] de déterminer [...] les domaines dans lesquels une personne qui
n'est pas diplômée de l'École nationale de police du Québec peut être embauchée à titre de policier pour exercer des
fonctions d'enquête dans un corps de police autre qu'un corps de police spécialisé ainsi que les
critères de sélection et les qualités minimales pour être embauché à ce titre.»
Donc, juste pour qu'on soit clair, il va
falloir que ce soit bien encadré, parce que ce qu'on veut, ce n'est pas créer
deux classes de policiers, on
s'entend. Ça, c'est des gens qui vont avoir étudié en comptabilité, en
fiscalité, en sciences, qui vont avoir été
faire Nicolet, mais on veut quand même s'assurer d'une chose, c'est que, dans
la hiérarchie policière, ces gens-là ne seront pas considérés comme des
policiers de deuxième classe. Ça va être très, très important.
Un autre
point qui a été mentionné, c'est la formation : «...les obligations de
formation continue des policiers de même que la formation requise pour
exercer certaines fonctions dans un corps de police autre qu'un corps de police
spécialisé.» Et là-dessus je veux parler
spécifiquement en ce qui a trait à la formation par rapport au profilage
racial. Ça n'arrêtera pas avec une
simple directive, ça va prendre un amalgame de mesures, ça va prendre beaucoup
plus de formation. Ça va être de l'accompagnement.
Puis je peux,
s'il vous plaît, prendre quelques instants pour vous lire certains des échanges
qui ont été faits avec les
parlementaires lorsque l'Association des policiers et policières provinciaux du
Québec ont fait leur rencontre au mois d'avril,
le 4 avril. Je veux juste vous lire en points de forme les échanges qui
ont été mentionnés : des formations sur le profilage existent, il faut les déployer; la formation, c'est l'enfant
pauvre; pas de formation continue adéquate pour répondre aux problèmes, on va suggérer plutôt un
36 heures de formation obligatoire par année; actuellement, il y a de la
sensibilisation, de l'information, de
la formation des policiers, mais ce n'est pas la première chose; un état mental
perturbé, ce n'est pas toujours une
question d'avoir un casier judiciaire, parfois, c'est des pères de famille, des
frères, des soeurs, des enfants, des parents,
des amis. Donc, tout ça reste quand même extrêmement important à considérer
quand on regarde l'ensemble du projet de loi.
Et puis, bien, je veux juste vous dire qu'en ce
qui me concerne personnellement, même si je n'ai pas passé énormément de temps à travailler avec l'équipe
pour analyser et discuter du projet de loi n° 14, il faut qu'on mette plus
de mesures pour qu'on puisse discuter ouvertement du problème de
profilage racial. C'est plus que juste simplement une réglementation, c'est un panier de solutions. C'est de l'entraînement,
c'est de l'éducation. Ça part de l'école primaire, au secondaire, à la technique policière, ça part dans
toutes les sphères de notre société. C'est extrêmement important qu'on puisse être conscients de
ça, parce que c'est un fléau, c'est un fléau qu'on va avoir à vivre avec
encore, malheureusement, très longtemps. Donc, idéalement, il faudrait
qu'on s'y attarde maintenant.
Après
cette loi, évidemment, là, le travail, il ne sera pas terminé. Ce qu'on a
entendu en commission parlementaire, c'est
que les policiers veulent faire leur job. Ils veulent la faire de façon à,
justement, pouvoir aider la société. La prévention, en ajoutant un paquet de mesures, on risque,
évidemment, de créer du désengagement. La SPVM doit... nous dit même de
faire attention, on doit se trouver un juste milieu.
C'est important parce
qu'on ne veut pas que, justement, parce qu'il y a tellement de nouveaux
mécanismes, de rapports à remplir, etc.,
que, lorsqu'un policier arrive à un coin de rue, qu'il voit quelque chose qui
semble se passer là-bas puis qu'il se
dit : Moi, ça ne me tente pas, là, d'aller remplir du papier pour
30 minutes, je vais regarder de l'autre côté... On ne veut pas ce
genre de désengagement là, c'est vraiment important.
Un
autre point qu'on a remarqué, qui était important dans le projet de loi
n° 14, c'est en ce qui a trait aux personnes disparues. C'est bien, c'est fantastique, en fait,
que, ça, maintenant on puisse avoir le courage de vouloir mieux supporter le
travail des policiers dans ce domaine-là. Mais il y a encore beaucoup à faire.
Et une des choses qui est, d'après moi, qui est vraiment un fruit très bas dans l'arbre, c'est d'aller chercher
l'accès à toutes les applications, les réseaux sociaux, les comptes Facebook, Twitter, Instagram, TikTok, que
tout ce qu'il existe dans les réseaux sociaux pour pouvoir permettre aux policiers de mieux, plus rapidement comprendre
les derniers moments avant la disparition de ces individus. Donc, ce serait important de garder ça en tête, et ça va
aider, justement, pour que les policiers puissent faire leur emploi de façon
plus structurée, d'une certaine façon.
On
en a entendu parler, là, à plusieurs reprises, récemment, on va avoir un été
chaud au Québec. Il y a une augmentation de la violence au Québec. On ne doit certainement pas accentuer ce
désengagement policier. Il faut garder ça en tête, O.K.? Donc, ce qui peut menacer, juste pour qu'on soit
clairs, ou accélérer le désengagement, c'est une augmentation des restrictions
pour le corps policier.
On
a parlé aussi d'interceptions policières aléatoires. O.K., mais les lignes
directrices sans consultation, je ne suis pas certain, là, qu'on va être capable d'avoir l'acceptabilité sociale
de tous les partis pris dans cette dans cette question-là. On aurait peut-être été mieux d'en parler un petit
peu plus avec les principaux intéressés, évidemment. Mais on comprend que le gouvernement... de vouloir faire ce qu'ils
font et essayer de comprendre aussi les groupes, que nous devons avoir un juste
milieu. C'est important de, justement, avoir cet équilibre. Donc, avoir cette
conversation-là de façon transparente, ça va aider. Mais il me semble qu'on aurait pu prendre un petit peu plus de
temps pour discuter avec les gens du milieu, des intervenants, ça aurait
été probablement beaucoup plus positif pour ce projet de loi.
• (17 h 10) •
Un autre point que je
veux adresser, c'est les états mentaux perturbés. Les policiers deviennent,
d'une certaine façon, des travailleurs
sociaux. Ce n'était pas ce qu'ils faisaient il y a plusieurs années, mais c'est
ce qu'ils font de plus en plus. Il n'y a aucune mention de ça dans le projet de
loi. Puis pourquoi, moi, ça m'affecte beaucoup? Bien, le ministre vient d'une
région qui est très proche d'où est-ce que moi, j'habite personnellement, il
habite à Granby. À Granby, il y a eu
une augmentation de 127 % des cas de personnes en troubles mentaux que les
policiers ont dû avoir à oeuvrer pour essayer de prendre le temps de les
aider dans la société. Écoutez, ça, c'est du temps que les policiers font à
faire quelque chose qui n'est peut-être pas
exactement la raison principale de leur oeuvre. Ils sont là pour maintenir
l'ordre, ils sont là pour faire des
enquêtes, ils sont là pour faire un paquet de trucs, mais faire du travail de
services sociaux, ils le font, mais est-ce que c'est la meilleure
utilisation de nos ressources? Est-ce que c'est la meilleure façon plus
optimale d'avoir les ressources policières
actives et présentes dans notre quotidien pour nous protéger à tous les jours?
Je ne suis pas certain. Donc, ça, c'est quelque chose qu'il va falloir
qu'on se penche, évidemment, là-dessus. C'est vraiment une sous-utilisation de
nos ressources policières, c'est contre-productif pour la société.
Pourquoi
ne pas avoir pris le temps de se pencher là-dessus? Je ne comprends pas, moi,
je trouve que c'est majeur. Puis, justement, dans ce sens-là, notre
chère députée de Westmount—Saint-Louis
avait déposé, le 3 avril, un mandat d'initiative
pour répondre à l'enjeu de la violence au Québec, dans lequel elle mentionne
ces points-là, et je voulais juste souligner
que ça, ça a été déposé, et, malheureusement, on n'a pas eu... On attend
toujours de voir la réponse du gouvernement à ce sujet-là.
Donc,
si je peux conclure, il y a un mot qui me vient en tête, c'est «prévention».
C'est important qu'on puisse permettre aux
corps policiers d'agir en amont, d'avoir la capacité de pouvoir agir en mode
prévention, puis, pour ce faire, bien, il faut, évidemment, les aider, mieux
les équiper, mieux les supporter dans ça, dans cette oeuvre-là, et, pour ce
faire, bien, évidemment, il faudrait qu'ils soient plus encadrés, mais de
trouver le juste milieu, parce que c'est les citoyens qui ont vraiment
besoin des services policiers. En bout de piste, c'est pour mieux nous servir
qu'on doit faire ça. On veut ramener la paix dans nos communautés, évidemment. On veut aussi, évidemment, aider nos corps
policiers à faire leur job, la job qui ont été entraînés à Nicolet pour
le faire. Merci beaucoup.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci beaucoup, M. le député. Est-ce qu'il y a des
interventions?
Mise aux voix
Alors,
s'il n'y a pas d'autre intervention, le principe du projet de loi n° 14, Loi modifiant diverses dispositions relatives
à la sécurité publique et édictant la Loi visant à aider à retrouver des
personnes disparues, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
M. le leader du gouvernement.
Renvoi
à la Commission des institutions
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Mme la Présidente, conformément à
l'article 143 de notre règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 14, la Loi modifiant diverses dispositions relatives à la
sécurité publique et édictant la Loi visant à aider à retrouver des personnes
disparues, soit déféré à la Commission des institutions pour
son étude détaillée et que le ministre de la Sécurité publique soit
membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le leader. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Motion adoptée. M. le leader du
gouvernement, pour la suite de nos travaux.
Ajournement
M. Lévesque (Chapleau) : Mme la
Présidente, oui, merci beaucoup. Donc, je ferai motion, à ce stade-ci, afin
d'ajourner les travaux au 20 avril, 9 h 40, s'il vous plaît.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci. En conséquence, nous
ajournons nos travaux à demain, jeudi 20 avril 2023, à
9 h 40.
(Fin de la séance à 17 h 15)