(Dix heures)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon
mardi à tous. Nous allons nous recueillir quelques instants.
Vous pouvez vous asseoir.
Affaires du jour
Nous débutons nos travaux aux affaires du jour.
M. le leader du gouvernement, pouvez-vous nous indiquer les travaux?
M.
Caire :
Oui, Mme la Présidente. Donc, nous n'avons pas d'affaires du jour ce matin. Je
vous demanderais donc de suspendre jusqu'à 13 h 40, s'il vous
plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
En conséquence, les travaux sont suspendus jusqu'à 13 h 40.
(Suspension de la séance à 10 h 1)
(Reprise à 13 h 40
)
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, bon mardi à vous tous et toutes. Vous pouvez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et nous
allons débuter notre séance avec la rubrique des déclarations de députés, et la
première déclaration sera celle de Mme la députée de
Saint-François.
Rendre hommage à M. Dominic Arsenault, propriétaire de
supermarché
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert :
Merci, Mme la Présidente. Il n'y a rien comme une crise pour révéler un leader.
C'est le cas
du propriétaire du supermarché IGA de Coaticook, Dominic Arsenault, qui a su
réinventer son commerce dans le contexte
de la COVID-19. Par exemple, M. Arsenault a augmenté sensiblement le
volume des commandes en ligne et
s'est allié au concessionnaire Ford Maurais Automobiles pour les livraisons à
domicile, qui sont passées de 40 à 600 par semaine au plus fort du confinement. Il a rapidement sécurisé son
personnel et sa clientèle et, pour remercier ses employés, il leur a volontairement versé plus de
125 000 $ en primes durant les périodes de confinement. Il s'est
assuré de garnir les tablettes malgré
les nombreux défis d'approvisionnement. Il a notamment soutenu le Centre
d'action bénévole de la MRC de Coaticook. Il a fait l'achat de caisses
libre-service afin de maintenir la capacité de servir la population.
M. Arsenault,
votre vigilance et votre action diligente ont inspiré votre équipe et rassuré
la communauté. Bravo d'avoir transformé les défis de la pandémie en
opportunités de nouveaux services! Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie,
Mme la députée de Saint-François. Et maintenant je cède la
parole à M. le député de Laval-des-Rapides.
Rendre hommage à M. René Marchand, membre des
Chevaliers de Colomb
du conseil de Pont-Viau n° 14634, pour son engagement social
M. Saul Polo
M. Polo : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je souhaite aujourd'hui prendre la parole pour souligner le legs
inestimable de M. René Marchand,
fondateur des Chevaliers de Colomb du conseil de Pont-Viau n° 14634 et ex‑grand chevalier.
Durant ses
13 années au sein du conseil, M. Marchand a su devenir un exemple
d'engagement bénévole et un leader pour
sa communauté. Celui qu'on surnommait ou qu'on surnomme le René Angélil de
Laval a repris l'organisation des traditionnelles
journées spaghetti au Sheraton de Laval, organisé de nombreuses soirées
dansantes, qui ont attiré des foules
gigantesques, chapeauté des soirées de poker, des tournois de golf, et j'en
passe.
Les
réalisations des Chevaliers de Colomb pour le quartier Pont-Viau seraient tout
autres sans le dynamisme de M. Marchand,
dont le dévouement a certainement permis d'égayer le quotidien de plusieurs
personnes. Au nom des citoyennes et des citoyens de Laval-des-Rapides,
merci pour tout, M. Marchand.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je
vous remercie, M. le député de Laval-des-Rapides. Et maintenant je reconnais Mme la députée de Lotbinière-Frontenac.
Rendre hommage au chanteur
Michel Louvain
Mme Isabelle Lecours
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) :
Merci, Mme la Présidente. La dame en bleu est en deuil alors que
son interprète, Michel Louvain, est décédé, le 14 avril
dernier.
Originaire de
Thetford Mines, dans ma circonscription, il a été le fier ambassadeur de sa
région natale. Artiste incomparable,
M. Louvain a charmé son public pendant plus de 60 ans. Il est décrit
comme un homme charmant, affable et généreux. Très dévoué à son public,
il avait même, pendant la première vague de la pandémie, enregistré un message
téléphonique pour encourager les aînés. Décoré de la Médaille d'honneur de
l'Assemblée nationale en 2009, il est un véritable monument de la culture
musicale québécoise.
Je joins donc ma voix
à celles de Louise, Lison, Sylvie et de toute la
population du Québec afin de rendre un dernier hommage à Michel Louvain.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Lotbinière-Frontenac. Et maintenant je cède
la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Rendre hommage aux bénévoles de
la circonscription de Bourassa-Sauvé
dans le cadre de la Semaine de l'action bénévole
Mme Paule Robitaille
Mme Robitaille : Merci, Mme
la Présidente. En cette Semaine de
l'action aux bénévoles 2021, je souhaite rendre hommage à tous les
bénévoles de mon comté.
Depuis
longtemps, mais tout particulièrement au cours de la dernière année, ils et
elles ont été sur tous les fronts. Certains
ont été au téléphone tous les jours, écoutant la détresse, rassurant et
informant des citoyens inquiets ou effectuant des milliers d'appels aux aînés pour rompre la difficile solitude causée
par le confinement. D'autres ont passé d'innombrables heures à livrer repas et denrées alimentaires à
des familles durement ébranlées par la pandémie, tandis que plusieurs ont
arpenté le terrain pour offrir des équipements de protection aux plus
vulnérables.
En ces temps
pandémiques, nos citoyens sont plus nombreux que jamais à avoir besoin de vous.
Votre fidélité, votre dévouement, votre
volonté d'aider autrui permettent à beaucoup de gens de demeurer optimistes et
de traverser ces mois difficiles.
Chers bénévoles de
Montréal-Nord, vous jouez un rôle essentiel. Je vous dis merci du fond du
coeur. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Bourassa-Sauvé. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Bourget.
Souligner la résilience des
restaurateurs de la circonscription de Bourget
M. Richard Campeau
M. Campeau :
Merci, Mme la Présidente. La crise sanitaire a rendu les affaires de nombreux
entrepreneurs extrêmement difficiles. Néanmoins, plusieurs ont su se réinventer
et adapter leurs affaires à la situation.
Je
pense en particulier aux nombreux restaurateurs que j'ai rencontrés au cours de
la dernière année. Livraison, service de ramassage, publicité sur les
réseaux sociaux, donc l'innovation était au rendez-vous dans le comté de
Bourget.
C'est
pour cette raison que je tiens à saluer les restaurateurs du comté pour leur
capacité d'adaptation alors que le Québec
connaissait des mois très difficiles. Il y en a même qui ont choisi de se
lancer en affaires durant ce temps‑là, et ça, ça prend de l'audace. Même si les derniers mois ont été difficiles, on
semble réellement s'approcher de la fin d'un long marathon.
Alors,
bravo à nos restaurateurs! Et, n'oublions pas, il faut continuer d'encourager
nos restaurateurs locaux. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de Bourget. Je
reconnais maintenant M. le député de Gouin.
Demander le maintien des
services spécialisés à l'Hôpital du Suroît
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme
la Présidente. Au nom de Québec solidaire, j'aimerais aujourd'hui joindre ma voix aux citoyens et aux citoyennes de la
région de Beauharnois-Salaberry et de la région du Haut-Saint-Laurent qui
luttent pour l'avenir de leur hôpital.
Selon
les plans du gouvernement, l'Hôpital du Suroît, à Valleyfield, va être
dépouillé de 10 services spécialisés, notamment l'unité des naissances, la néonatalogie, la mammographie,
l'échographie, la pédiatrie, et j'en passe. Pourtant, la fondation de l'hôpital a investi 1,8 million
de dollars, des dons qui ont été amassés auprès de la population, pour que
l'hôpital se dote d'un centre mère-enfant qui répond aux besoins des
mères et des familles de la région.
Ce drame-là,
c'est la continuité des réformes de centralisation dans le réseau de la santé
depuis des années au Québec. Toute la
population de la région est mobilisée pour maintenir les services. Ça va des
syndicats aux chambres de commerce, en
passant par les municipalités, les deux MRC, les groupes communautaires, et une
pétition de près de 7 000 noms qui a été déposée ici, à
l'Assemblée nationale.
Aujourd'hui, c'est à mon tour de joindre ma voix à la leur. Je
demande au gouvernement de les écouter. Je demande au gouvernement
de revenir sur sa décision.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Gouin. Maintenant,
je cède la parole à M. le
député de Chapleau.
Souligner le 40e anniversaire de l'organisme Carrefour
de la miséricorde
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Aujourd'hui, j'aimerais souligner le 40e anniversaire
d'un organisme important de Chapleau, le Carrefour de la miséricorde.
Le Carrefour
de la miséricorde accueille dans le respect, avec ouverture et sans jugement
les mères monoparentales avec leurs
enfants. Cet organisme offre un espace chaleureux et accessible, proposant des services adaptés aux besoins de
ces mères.
L'équipe du Carrefour de la miséricorde fait
preuve de professionnalisme et de bienveillance en permettant à ces mères de renforcer leur pouvoir d'agir en leur
offrant des services d'éducation et des suivis sociaux. Ces actions préventives
et éducatives permettent de contribuer à l'amélioration du mieux-être des
familles en situation de vulnérabilité.
Mme la Présidente, j'aimerais féliciter et
remercier la directrice, Mme Nancy McMillan, ainsi que toute son
équipe pour leur excellent travail. Sachez que vous faites toute la
différence dans la vie de ces femmes.
Pour
souligner ce 40e anniversaire, à
titre de président d'honneur, j'invite la population de Chapleau,
de Gatineau et de tout
l'Outaouais à se procurer une boîte-repas du traditionnel souper de homards. Merci
beaucoup. Et bon 40e!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le
député de Chapleau.
Et je cède maintenant la parole à Mme la députée de Marie-Victorin.
Féliciter les participants et les organisateurs du projet
Immersion
du Service de police de l'agglomération de Longueuil
Mme Catherine Fournier
Mme Fournier : Merci, Mme
la Présidente. Tout le Québec a entendu parler du projet Immersion du Service de police de l'agglomération de Longueuil.
C'est sous l'impulsion de son chef, Fady Dagher, et de son équipe que le SPAL
est aujourd'hui dédié à mette en oeuvre un nouveau modèle pour la police, un
modèle innovant et plus humain.
Dans le cas
spécifique du projet Immersion, ce sont 30 policiers qui ont été retirés
de la patrouille et des enquêtes pendant
cinq semaines pour plonger dans des réalités qu'ils connaissent peu ou mal. Ils
ont été placés dans des situations où
ils ont été en étroit contact avec la déficience intellectuelle, l'autisme, la
délinquance juvénile, la communauté LGBTQ+ ainsi que la diversité
religieuse et culturelle.
En mars dernier, nous avons eu le plaisir d'apprendre
que ce programme deviendrait récurrent. C'est dans ce contexte que je tiens à féliciter chaleureusement toute l'équipe du SPAL
pour la nomination du projet Immersion à titre de finaliste dans la catégorie Sécurité publique, à
l'occasion des assises de l'UMQ qui se tiendront du 12 au 14 mai prochain,
après s'être démarqués parmi près d'une cinquantaine de candidatures soumises
par 57 municipalités. Merci, Mme la Présidente.
• (13 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, Mme la députée de Marie-Victorin. Et je cède maintenant la
parole à Mme la députée d'Argenteuil.
Souligner le travail de l'organisme Prévoyance envers les
aînés des Laurentides inc.
Mme Agnès Grondin
Mme Grondin : Mme la Présidente,
imaginez un couple aîné ayant mené leur vie de façon indépendante. Imaginez alors ce moment où, par la force de l'âge
et des événements, un coup de main serait fort bienvenu, mais le couple
n'ose en parler, sans savoir vers qui se tourner.
Or, madame
visite sa coiffeuse, et cette dernière remarque quelque chose qui cloche, qui
n'est pas comme d'habitude. Ayant suivi la formation d'éclaireur offerte
par l'organisme Prévoyance envers les aînés des Laurentides, la coiffeuse interpelle le coordonnateur
de son territoire. En quelques appels, c'est tout un réseau qui se met à
l'oeuvre pour offrir le soutien nécessaire au couple.
Ce précieux filet
social est maintenant disponible dans Argenteuil. Me voilà grandement rassurée.
Je salue chaleureusement tous les éclaireurs, sentinelles et intervenants
engagés pour aider nos aînés. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée d'Argenteuil. Et maintenant, pour clore cette rubrique de déclarations
de députés, je cède la parole à Mme la députée de Saint-Laurent.
Rendre hommage à M. Normand
Cherry, ex-député de l'Assemblée nationale
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Le
11 avril dernier, M. Normand Cherry, ancien député de ma
circonscription, à Saint-Laurent, nous a malheureusement quittés.
Avant
son saut en politique, M. Cherry a dédié plusieurs années de sa vie à bon
nombre d'organisations syndicales, avec pour seul but de défendre bec et
ongles les emplois ici, au Québec, en aéronautique.
La
politique est une passion qui l'a animé pendant plusieurs années. Il fera
finalement le saut en 1989, aux côtés de
M. Robert Bourassa. Pendant sa carrière, M. Cherry a occupé plusieurs
ministères, notamment celui d'être ministre délégué aux Communautés
culturelles, ministre du Travail, bien évidemment, et, finalement, ministre des
Transports.
Malgré le fait qu'il
ne se soit pas représenté, en 1998, il a tout de même conservé dans son coeur
les Laurentiens et Laurentiennes, qu'il a représentés avec fierté pendant
plusieurs années ici, à l'Assemblée nationale du Québec.
Je
tiens à offrir mes sincères condoléances à sa famille, son épouse Marie
Antoinette, à ses enfants ainsi qu'à tous ses proches et ses amis. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Saint-Laurent. Alors, ceci met fin à cette rubrique de déclarations de
députés.
Et je suspends nos
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 52)
(Reprise à 14 h 2)
Le Président :
Mmes et MM. les députés, je vous souhaite un bon mardi à toutes et à tous.
C'est
cependant avec tristesse que nous avons appris le décès de M. Normand
Cherry, député de Sainte-Anne, puis de
Saint-Laurent, de 1989 à 1998. Je vais vous demander de vous
recueillir quelques instants en ayant une pensée particulière pour sa
famille et ses proches.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt
de documents
Horaire
de l'étude des crédits 2021-2022
À
la rubrique Dépôt de documents, je
vous avise que, conformément à l'article 285 du règlement, une réunion
entre la présidence et les leaders des groupes parlementaires a été tenue afin
de préciser les modalités de l'étude des crédits. J'informe donc l'Assemblée que l'étude des crédits
débutera le mardi 27 avril 2021 et se poursuivra jusqu'au jeudi
6 mai 2021 selon le calendrier convenu, que je dépose maintenant.
Préavis
d'une motion des députés de l'opposition
J'ai
revu préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de demain aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition, conformément à
l'article 97.1 du règlement. Je dépose également le texte de ce préavis.
Dépôt
de rapports de commissions
À
la rubrique Dépôt de rapports de commissions, je comprends qu'il y a toujours
consentement pour que je puisse déposer et procéder à des dépôts de
rapports de commissions? Consentement.
Poursuite
du débat sur le discours sur le budget
Donc, je dépose le rapport de la Commission des
finances publiques qui, les 13, 14 et 15 avril 2021, a siégé afin de
procéder à la poursuite du débat sur le discours du budget.
Consultations particulières sur le projet de loi n° 88
Je
dépose également le rapport de la Commission des transports et de
l'environnement qui, les 13, 14 et 15 avril 2021, a tenu des auditions publiques dans le cadre de
consultations particulières sur le projet de loi n° 88, Loi modifiant la
Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune et d'autres
dispositions législatives.
Il n'y a pas de dépôt
de pétitions.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions.
Interventions
portant sur une violation de droit ou de privilège
Décision
de la présidence sur la recevabilité de la question de privilège soulevée
le 1er avril 2021 concernant les déclarations du ministre de l'Éducation
relativement à la participation de la Santé publique à l'élaboration du
protocole de mesure de la qualité de l'air dans les écoles
Nous
en sommes à la rubrique Interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel. Je vais, à ce moment-ci, rendre ma décision
concernant la question de violation de droit ou de privilège soulevée par le
leader du deuxième groupe
d'opposition dans un avis qu'il m'a transmis le 1er avril 2021 et
dont je vous ai fait part ce jour-là.
Permettez-moi
tout d'abord de faire un bref rappel des faits à l'origine de cette question.
En décembre 2020, le ministère
de l'Éducation a réalisé une série de tests de qualité de l'air dans plusieurs
écoles du Québec. Les résultats de cette analyse ont été communiqués dans un
rapport publié le 8 janvier 2021 par le ministère de la Santé et des
Services sociaux sur la ventilation et la transmission de la COVID-19
dans le réseau de la santé et de l'éducation.
Selon
le leader du deuxième groupe d'opposition, le ministre de l'Éducation aurait
induit la Chambre en erreur en affirmant
que le protocole de mesure de la qualité de l'air utilisé lors de ces tests
aurait été élaboré selon les recommandations de la Direction générale de la santé publique du Québec.
Lors de sa plaidoirie, le leader a donné en exemple quatre déclarations
du ministre, faites dans le cadre des travaux parlementaires depuis le
11 novembre 2020, suggérant que le protocole a été élaboré
conjointement avec la Santé publique et selon ses recommandations.
Le
leader m'invite à porter une attention particulière à la déclaration faite en
réponse à une question posée par la députée
de Saint-Laurent lors de l'étude des crédits supplémentaires, le
23 mars 2021. Le ministre
de l'Éducation a alors affirmé, et je cite : «...les protocoles ont
été faits en partenariat et sur recommandation de la Santé publique...» Fin de
la citation.
Dans
un article publié par Radio-Canada le 1er avril 2021 et déposé par le leader du deuxième groupe d'opposition, on peut lire, et je cite : «Non seulement la
Direction générale de la santé publique n'a pas donné son aval, mais elle
trouvait que la méthodologie proposée
était inadéquate.» Fin de la citation. Selon les informations recueillies par Radio-Canada, il serait inexact de prétendre, comme l'aurait fait le
ministre, que le protocole a été développé avec la Santé publique.
Le
leader du deuxième groupe
d'opposition souligne aussi que le
même jour l'Institut national de
santé publique, l'INSPQ, a émis une
déclaration visant à rectifier certaines informations publiées sur Twitter par
le ministre de l'Éducation. Selon
cette déclaration, le ministre de
l'Éducation n'aurait jamais sollicité
l'INSPQ pour valider ou commenter officiellement son protocole de mesure
de CO2 dans les écoles.
Selon
le leader du deuxième groupe
d'opposition, les déclarations des
experts de la Santé publique rapportées dans les médias permettent donc
de conclure que le ministre de l'Éducation aurait induit la Chambre en erreur.
Le
leader de l'opposition officielle, quant à lui, souligne que le ministère de la Santé et des Services sociaux a publié un
communiqué de presse le 2 avril dernier pour dire, et je cite le leader de l'opposition officielle, «que la Direction
générale de la santé publique et
l'INSPQ ont collaboré avec le ministère de l'Éducation dans le dossier de la
qualité de l'air dans les écoles,
sans toutefois valider les protocoles du ministère de l'Éducation». Fin de la
citation. Selon le leader de l'opposition officielle, ce communiqué de presse démontre que le ministre est
contredit par les experts scientifiques, ce qui donnerait ouverture à la
question de privilège.
Je
souligne qu'au cours de leur plaidoirie tant le leader du deuxième groupe d'opposition que le leader de l'opposition
officielle ont référé aux documents déposés par le premier ministre lors de la période de questions et réponses orales du 1er avril 2021. Selon le premier
ministre, ces documents démontrent que toutes les corrections suggérées par la
Santé publique ont été intégrées à la
version finale d'un document intitulé Directive sur la ventilation des installations scolaires. Les leaders de l'opposition officielle et du deuxième
groupe d'opposition contestent cependant la pertinence de ces documents et
soulignent qu'il ne s'agit pas du protocole en cause.
De
son côté, le leader du troisième
groupe d'opposition ajoute que la
confiance de la population envers le gouvernement est primordiale en cette période difficile et que
la question de privilège dont je suis saisi est essentielle pour le
maintien de cette confiance.
• (14 h 10) •
En réplique, le leader du gouvernement soutient que les faits reprochés au ministre ne constituent pas un
outrage au Parlement au sens de notre jurisprudence parlementaire. Il invite la présidence à constater qu'au-delà du débat sémantique sur
les termes «valider» et «consulter» des commentaires et des correctifs émis par
la Santé publique ont bel et bien été pris en considération par le ministère de l'Éducation. Il soutient que la question
ne consiste pas à déterminer quelle version des faits l'emporte et que les leaders
des groupes d'opposition n'ont pas fait la preuve d'une intention délibérée
d'induire la Chambre en erreur.
Les
arguments présentés par les leaders ayant été résumés, voyons maintenant
ce que prévoit notre droit parlementaire
en pareille matière.
La jurisprudence a
reconnu que le fait d'induire délibérément l'Assemblée ou ses commissions en
erreur peut constituer un outrage au
Parlement. Elle a aussi affirmé à de nombreuses reprises que deux conditions
doivent être réunies pour renverser la présomption établie par le sixième paragraphe
de l'article 35 de notre règlement, selon laquelle il faut accepter
la parole d'un député. D'une part, il
faut que le député ait induit
l'Assemblée ou une commission en erreur lors d'une intervention et,
d'autre part, il doit ultérieurement reconnaître l'avoir délibérément trompée.
La
présidence a aussi déjà reconnu à plusieurs occasions que le
fait, pour un même député, de donner deux versions contradictoires des mêmes faits dans le cadre des
travaux parlementaires pouvait aussi avoir pour effet d'induire la
Chambre en erreur et donner ouverture à un outrage au Parlement.
Dans
tous les cas, le caractère intentionnel de l'acte doit être démontré pour
conclure qu'un député a sciemment induit la Chambre en erreur. En d'autres mots, pour qu'une allégation d'avoir
induit l'Assemblée en erreur donne ouverture à une question de privilège, il est nécessaire de faire la démonstration claire d'une
intention d'induire en erreur ou de nuire au bon déroulement des travaux
parlementaires.
Alors, qu'en est-il
dans le présent cas?
Les
leaders des groupes d'opposition ont rapporté plusieurs déclarations au sujet du rôle joué par la Santé publique dans l'élaboration
de documents entourant les tests de CO2 dans les écoles. Certaines
ont été faites par le ministre de l'Éducation, par le ministre de la Famille ou
par le premier ministre dans le cadre des travaux parlementaires, d'autres proviennent de fonctionnaires du ministère de la Santé et des Services sociaux, de membres de la Direction générale de la
santé publique du Québec ou encore de l'INSPQ et sont rapportées par les
médias.
Après
examen de ces déclarations, on constate que l'ensemble des acteurs impliqués ne
semblent pas partager le même point
de vue quant au rôle joué par la Santé publique dans l'élaboration du protocole
de mesure de qualité de l'air dans
les écoles et des directives qui s'y rattachent. À cet égard, on peut certes
conclure qu'à l'évidence un désaccord persiste.
Lors
des plaidoiries sur la présente question de privilège, certains m'ont invité à
départager le vrai du faux ou, en d'autres mots, à déterminer qui dit la
vérité dans cette affaire.
Or,
lorsqu'elle doit déterminer si un député a, à première vue, induit la Chambre
en erreur, le rôle de la présidence ne
consiste pas à trancher un débat factuel ou à décider quelle version des faits
doit l'emporter. Pour décider si la question de privilège est recevable,
la présidence doit uniquement — uniquement — examiner si les
conditions établies par la jurisprudence, dont j'ai parlé plus tôt, sont
remplies.
À aucun moment il n'a
été démontré que le ministre aurait avoué avoir induit la Chambre en erreur ou
qu'il aurait sciemment cherché à induire la
Chambre en erreur ou nuire aux travaux parlementaires. En fait, il n'a pas été
allégué que le ministre de l'Éducation aurait fait des déclarations contradictoires à ce
sujet. Au contraire, il a été affirmé que le ministre de l'Éducation a
répété les mêmes déclarations maintes et maintes fois. La preuve de déclaration
contradictoire faite par un député constitue pourtant un élément crucial pour
démontrer que la Chambre a été induite en erreur et ainsi donner
ouverture à la question d'outrage.
Je
rappelle ce que mentionnait à ce sujet un de mes prédécesseurs dans une
décision qu'il rendait en 2015, et je le cite : «Lorsque la présidence analyse la recevabilité d'une
question d'outrage au Parlement, les faits qui lui sont soumis doivent être probants à leur face même. Lorsqu'il est
question de versions contradictoires, il faut que le même député qui s'exprime
sur un sujet en soit arrivé à donner deux
versions qui se contredisent. En l'espèce, il s'agit plutôt d'une
interprétation différente d'une situation qui est donnée par deux
députés.» Fin de la citation.
Le
même raisonnement s'applique ici. Rien ne démontre que le ministre de
l'Éducation a sciemment tenté d'induire la Chambre en erreur. Nous sommes plutôt en présence d'une
interprétation différente de la part de plusieurs personnes au sujet d'une même situation. La jurisprudence est
pourtant claire à ce sujet : «...une interprétation différente d'une
situation donnée par plusieurs personnes ne peut donner ouverture à un
outrage au Parlement.»
Certes, il importe
que les députés, et encore plus spécialement les ministres, fournissent
l'information la plus claire possible dans
le cadre des débats, notamment pour maintenir la confiance et l'adhésion de la
population, comme le mentionnait d'ailleurs
à juste titre le leader du troisième
groupe d'opposition. À ce sujet, le
rôle joué par la Santé publique dans l'élaboration du protocole de test de la qualité de l'air dans les écoles était une question
importante pour plusieurs. Le ministre
de l'Éducation aurait certainement pu être plus précis, pour reprendre ses propres mots. Cela ne revient
toutefois pas à dire qu'il a tenté
d'induire la Chambre en erreur. Comme je l'ai mentionné plus tôt, la présidence
n'a pas à déterminer quelle version des faits énoncée entre un parlementaire
et un organisme elle privilégie.
Alors,
pour toutes ces raisons, je déclare donc irrecevable la présente question de privilège. Merci de votre attention.
Nous
revenons à la rubrique. J'ai été avisé qu'après la période de questions et de réponses orales il pourrait y avoir un vote requérant l'approbation
des deux tiers des membres de l'Assemblée.
Je vous avise également
qu'à la rubrique des renseignements sur les travaux de l'Assemblée j'entendrai
les représentations concernant la demande
d'intervention sur une violation de droit ou de privilège soulevée par M. le
leader du gouvernement le 15 avril dernier.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède la
parole à la cheffe de l'opposition officielle.
Gestion de la pandémie de COVID-19
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : Merci, M. le
Président. Tout l'automne dernier, on a demandé au premier ministre d'être plus
cohérent, plus transparent. On a demandé de séparer les points de presse de
ceux de la Santé publique. Les points de presse sont toujours conjoints, et on ne différencie
pas les décisions qui sont politiques de celles qui relèvent de la Santé
publique.
On a également
demandé au premier ministre que les avis de la Santé publique sur lesquels il
se basait puissent être rendus publics. On a
relancé le premier ministre à de multiples reprises, pour finalement obtenir
14 avis un vendredi soir, juste à la veille d'une relâche parlementaire.
Depuis, malgré la recrudescence du nombre de cas, malgré la troisième
vague et les variants, aucun avis n'a été rendu disponible.
La semaine dernière,
la confusion et le manque de transparence du gouvernement ont atteint un
sommet. Un chroniqueur du Journal de
Montréal décrit la semaine gâchée du gouvernement en disant : «La
confusion entourant l'obligation du
port du masque à l'extérieur a été malsaine du début à la fin et a nui à
l'adhésion aux consignes sanitaires. [...]Appelé ensuite à [...] citer
la base scientifique, le directeur de la santé publique n'a pas été
convaincant.»
Puis,
en constatant le gâchis, le premier ministre a décidé d'annoncer sa volte-face
sur Facebook. Alors, à pouvoir
exceptionnel transparence exceptionnelle.
Avec tout ce que l'on
a vu, à quand une véritable enquête publique indépendante sur la gestion de la
pandémie?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, on voit qu'avec les ajustements qui ont été apportés au cours
des derniers mois le Québec,
heureusement, s'en sort beaucoup mieux que certains de ses voisins dans la
situation qu'on vit actuellement. On
a réussi, puis j'avoue même qu'on a une certaine surprise, à voir même
dans la ville de Montréal, la plus grande ville au Québec,
une stabilisation des cas depuis quelques semaines, alors qu'à peu près
partout dans le monde il y a une explosion. Donc, M. le Président, il
doit y avoir quelque chose qu'on fait correctement.
La cheffe de
l'opposition officielle revient sur le rôle du directeur national de la santé
publique. M. le Président, je l'ai dit
depuis le début, toutes les recommandations de la Santé publique ont été suivies. Même,
dans certains cas, on est allés plus
loin. Et, M. le Président, parfois ce sont des échanges. Il y a plusieurs
façons d'arriver aux mêmes objectifs.
Donc, M. le Président,
il y a une enquête publique indépendante qui est faite actuellement par la
Commissaire à la santé, qui a tous les
pouvoirs, va remettre son rapport au mois de septembre, et on pourra, à ce
moment-là, débattre de ses recommandations.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade :
M. le Président, l'enquête actuelle n'est ni publique ni indépendante. Et le
premier ministre semble oublier que
les débats sont sains et nécessaires pour le maintien de notre démocratie.
Louis-Philippe Lampron disait cette semaine : Que l'Assemblée nationale du Québec n'ait pas été
consultée pour l'état d'urgence, c'est très problématique sur le plan
démocratique.
Considérant,
d'autant plus, qu'il refuse une enquête publique indépendante, est-ce qu'il
peut s'engager à consulter les parlementaires avant le renouvellement
des décrets d'urgence?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, la semaine dernière, la cheffe de l'opposition officielle a
donné une longue entrevue à
QUB Radio. J'ai aussi eu l'occasion de lui poser la question, qu'est-ce
qu'elle changerait dans l'urgence sanitaire. La seule réponse qu'on a eu droit, c'est un problème de gravelle à la
SEPAQ. M. le Président, ce n'est pas sérieux, là. On ne va pas faire des débats pour faire des débats.
C'est sérieux, ce qui se passe. On n'est pas dans une école en train d'essayer
de débattre de différents sujets.
Donc, je vous répète
ma question : Qu'est-ce que la cheffe de l'opposition officielle
changerait dans le décret d'urgence sanitaire?
• (14 h 20) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade :
Je vais donner raison au premier ministre. C'est sérieux, la situation
actuelle. Et je vais donner deux exemples
qui pourraient être discutés dans le renouvellement de décret. Un premier, on
se serait peut-être assurés que les
communiqués de presse informant la population et les entreprises soient
diffusés en amont des points de presse. On aurait aussi pu demander
quelles étaient les bases scientifiques sur lesquelles reposait le port du
masque.
S'il
y avait eu ces discussions-là en amont, est-ce que le premier ministre ne pense
pas qu'on aurait été plus avancés aujourd'hui?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, je me rappelle très bien quand les libéraux étaient au
pouvoir, ils faisaient des points de
presse sur toutes sortes de sujets, habituellement les communiqués de presse
sortaient en même temps ou après. C'est une façon de travailler. Pourquoi on travaille comme ça? Parce
que souvent, bien, la situation
change d'heure en heure, puis il arrive qu'il y ait des ajustements à la
dernière minute.
Et donc, écoutez, on
est en point de presse presque à tous les jours, là, donc je ne comprends pas
la cheffe de l'opposition officielle de parler de manque de transparence.
Le Président :
Troisième complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : Le premier
ministre voulait deux exemples, j'en
ai donné deux. Mais il y a 55 renouvellements du décret d'état d'urgence qui ont été faits sans consultation des parlementaires. Il y
a des demandes de collaboration qui ont été refusées. Il y a
des avis de la Santé publique qui sont non disponibles. Il y a
le scandale de la ventilation dans nos écoles. Il y a eu un refus de
débat d'urgence sur la pandémie.
Après
tout cela, est-ce que le premier
ministre pense réellement
qu'on n'a pas besoin d'avoir une enquête publique indépendante ici, au Québec, sur
la gestion de la pandémie?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M. le
Président, la cheffe de l'opposition officielle nous dit qu'elle souhaiterait un débat à l'Assemblée nationale sur l'urgence
sanitaire. Et elle nous dit : Moi, je changerais deux choses, la gravelle
à la SEPAQ puis, maintenant,
des communiqués de presse, qu'elle ferait avant les points de presse. M. le
Président, ce n'est pas sérieux.
Le Président :
Question principale, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Lutte contre la violence faite
aux femmes
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade :
M. le Président, ça fait plusieurs fois que le premier ministre nous dit que ce
n'est pas sérieux. Il y a des choses qui sont sérieuses, puis les questions
qu'on pose ici, à l'Assemblée nationale, elles sont sérieuses.
Samedi
dernier, le Québec a été secoué par le 10e féminicide de l'année. Ce
triste record démontre l'importance de déployer dès maintenant des
moyens supplémentaires pour lutter contre la violence conjugale.
Hier,
ma collègue de Verdun rappelait au gouvernement caquiste deux solutions claires,
faciles à réaliser rapidement et
qu'elle a soumises à la ministre de la Condition féminine le 11 décembre
dernier. Il s'agit de mettre en place des services d'urgence, par exemple dans les hôtels, pour les
femmes qui doivent quitter leur milieu qui n'est pas sécuritaire aujourd'hui,
de bonifier le financement des maisons
d'hébergement pour la création de places supplémentaires. Elle ajoutait aussi
une autre solution : soutenir de
façon accrue les organismes qui viennent en aide aux hommes afin d'agir en
amont des problématiques de violence
conjugale. Je souhaiterais d'ailleurs déposer ici, en cette Chambre, la lettre
de ma collègue qui a été envoyée le 11 décembre dernier.
Ça
fait des mois que l'on porte la voix des groupes de femmes victimes de violence
conjugale auprès du gouvernement. À
la fin du mois de mars, le premier ministre s'est engagé à la création des
places pour toutes les femmes qui s'inquiètent de leur sécurité
physique.
Est-ce que le premier
ministre acceptera nos propositions?
Document
déposé
Le
Président : Consentement pour le dépôt, évidemment, du
document? Il y a consentement. M. le premier ministre, à vous la
réponse.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, c'est inacceptable, ce qu'on vit au Québec depuis un certain
temps. Beaucoup trop de féminicides, beaucoup de violence des hommes à
l'égard de leurs conjointes.
M.
le Président, on a mis déjà en place beaucoup de mesures. Ce que je veux, c'est
de m'assurer qu'il y ait des places pour toutes les femmes qui ont
besoin de quitter leur domicile. Je veux m'assurer qu'il y ait des services qui
soient disponibles pour toutes les femmes
qui ont des problèmes de violence
conjugale puis je veux m'assurer
aussi qu'il y ait des services de disponibles pour les
hommes violents qui veulent accepter de recevoir les traitements.
Donc, M. le Président, on aura
l'occasion, au cours des prochains jours, de faire une annonce pour compléter
tous les besoins, pour que ça se réalise maintenant.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade :
M. le Président, la semaine dernière, dans mon comté, il y a eu un incendie, il
y a eu 100 personnes qui ont été jetées à la rue. Le jour même, elles ont
été relocalisées dans un hôtel de mon comté également. Il y a urgence d'agir.
Quand il y a urgence d'agir, on est capables de trouver des solutions.
Est-ce que le premier
ministre va être favorable aux propositions que nous avons soumises, les trois
points très concrets que je viens de lui présenter en cette Chambre?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, avec la vice-première ministre, j'ai pris le dossier en main,
avec mon équipe au comité exécutif, et j'ai demandé qu'on fasse l'inventaire du
nombre de places disponibles dans chaque région pour les femmes qui vivent de
la violence conjugale, puis qu'on évalue les besoins dans chaque région, et
qu'on trouve des places, puis que l'argent soit disponible pour trouver ces
places. Si dans certains cas c'est dans des hôtels, ce sera dans des hôtels, mais
il n'y a aucune raison, actuellement, qu'on n'arrive pas à avoir des places
pour toutes ces femmes. Puis on va avoir une annonce, au cours des prochains
jours, qui va nous assurer que ce soit le cas.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : Il y a quatre mois, ma collègue avait envoyé la
demande avec la lettre. Elisapee,
Marly, Nancy, Myriam, Sylvie, Nadège,
Rebekah, Kataluk, Carolyne, Dyann, 10 féminicides,
mais c'est 10 000 demandes... 10 000 refus qui ont
été formulés auprès de ces femmes, qui ne peuvent pas quitter leur domicile
conjugal, l'année dernière.
Est-ce que le gouvernement
va accepter les propositions qu'on lui a mises sur la table aujourd'hui?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, c'est assez spécial d'entendre la cheffe de l'opposition
officielle, qui a été au gouvernement avec certaines de ses collègues. Il y avait
des féminicides pendant que le gouvernement libéral était au pouvoir. Qu'est-ce
qu'a fait le gouvernement libéral? Rien. Zéro.
Nous,
on a commencé à augmenter les budgets des organismes, on a augmenté le nombre
de places. Puis on va s'assurer, là,
avec l'annonce qui va être faite dans les prochains jours, qu'il y ait des
places partout, des services partout, dans chaque région du Québec. On
va faire ce que le gouvernement libéral n'a pas fait pendant 15 ans.
Le Président :
Question principale, M. le leader de l'opposition officielle.
Impact de la pandémie de
COVID-19 sur la
situation économique des femmes
M. André
Fortin
M. Fortin : M. le Président, hier, la ministre
des Finances du Canada a déposé un
budget, et, partout au pays, les titres
n'ont pas tardé. Feminist budget to stop uneven recovery. Budget
féministe pour une récession féminine. Et, sur les solutions, on pourra argumenter, mais l'enjeu,
lui, il est clair pour tout le monde : la récession a eu un impact
économique disproportionné sur les femmes. C'est clair pour tout le
monde, sauf pour le gouvernement de la CAQ.
La
semaine dernière, en commission, le ministre
des Finances a affirmé ceci :
«Les femmes ont été plus affectées par
la pandémie, mais, au niveau de l'emploi, ce n'est pas vrai.» M. le Président,
c'est le ministre des Finances de la CAQ qui a dit ça. Il nie que la
récession a frappé les femmes davantage. «No wonder» que son budget n'offre pas
de solution spécifique pour la relance économique des femmes.
Est-ce
que vraiment le ministre des Finances du Québec va continuer de nier l'évidence? Est-ce
que sa ligne va continuer d'être que les femmes n'ont pas été affectées
davantage?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, bien, je
suis bien content qu'on ait l'occasion de discuter des excellentes discussions
que nous avons eues à la Commission des finances publiques, quand même 10 heures de débat sur notre
excellent budget. Et ce que j'ai
expliqué au député de Pontiac, c'est les statistiques sur l'emploi au Canada,
et je lui ai expliqué que 98 % des emplois chez les hommes étaient récupérés, 96 % chez les femmes,
oui, il y a une différence, mais que chez les jeunes c'était seulement
89 %. Alors, ce que je lui ai donné, c'est des faits, des statistiques, et
c'était de l'information pour lui.
Quant
à... les efforts qui sont faits pour les femmes, M. le Président, nous avons
fait les efforts en santé, en éducation et en économie, et je pense que
c'est dans l'intérêt supérieur du Québec, notamment des femmes.
Le Président :
Première complémentaire, M. le leader de l'opposition officielle.
M. André
Fortin
M. Fortin : Je reconnais le banquier, M. le Président. Le ministre peut nous sortir
tous les chiffres qu'il veut, mais, quand il nous dit 96 % et 98 %,
ce qu'il ne dit pas, c'est que 36 000 hommes ont perdu leur emploi et
ne l'ont pas retrouvé, depuis le début de la pandémie, et, pour les femmes,
c'est 76 000, 76 000 femmes. Alors, quand il dit que ce n'est pas
vrai qu'au niveau de l'emploi les femmes ont
été affectées davantage, c'est simplement... les chiffres ne rendent pas
justice à son affirmation.
Est-ce
qu'il peut accepter l'évidence, M. le Président, et comprendre qu'on a un
besoin de solutions pour les femmes?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Eric
Girard
M. Girard
(Groulx) : Bien, écoutez, je
comprends qu'on fait de la politique, là, puis qu'on veut affirmer des choses,
là, mais je vais juste vous dire ce qu'il y
avait dans le budget, et puis vous me direz si c'est bon pour les femmes, M. le
Président.
Alors,
je suis à la page A.4. 10,3 milliards en santé. Je pense que c'est
pour l'ensemble de la population du Québec. Appuyer la réussite scolaire
et les jeunes, 1,5 milliard, les jeunes garçons et les jeunes filles, les
jeunes. Accélérer la croissance et la
transition vers une nouvelle économie. Soutenir les Québécois, notamment
avec la lutte à l'exploitation sexuelle des mineurs. Des excellentes
mesures, M. le Président.
• (14 h 30) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon :
...femmes n'étaient pas davantage impactées. Je ne sais pas si la ministre de
la Condition féminine, la ministre
de... la présidente du Conseil du
trésor, si le ministre
de l'Emploi est d'accord avec ce que le ministre des Finances dit. Mais expliquez-moi alors, M. le Président, pourquoi avoir présenté un plan d'action pour contrer les
impacts sur les femmes en contexte de
pandémie. Et, dans le document gouvernemental, on dit : 11 mois après le début de la
pandémie, «la baisse de l'emploi touche encore davantage les femmes».
Le Président :
Mme la présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel :
M. le Président, on peut argumenter à savoir qui est plus impacté que qui dans
cette pandémie. Beaucoup
de groupes ont été impactés : les jeunes, les femmes, les entreprises.
Les Québécois ont tous subi des conséquences de cette pandémie, à plus ou moins divers degrés, et je pense qu'on ne peut pas nier que les femmes ont
subi des impacts.
Maintenant,
effectivement, ma collègue l'a mentionné, on a un plan d'action, que ce soit en matière de vulnérabilité
de ces femmes, quand on parle de la violence
conjugale, on a eu l'occasion de l'aborder tantôt; un plan d'action pour les femmes en entrepreneuriat, des sommes d'argent
importantes ont été données au groupe Essor, également, pour favoriser
l'entrepreneuriat féminin. Donc, on est en action, M. le Président.
Le Président :
Question principale, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
Accès à la vaccination contre le
coronavirus
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
M. le Président, le premier ministre répète à qui veut bien l'entendre que
l'éducation, c'est sa priorité, puis
que fermer les écoles, en pleine pandémie, bien, c'est la dernière chose qu'il
veut faire. Bien, pour ça, il faut que nos écoles soient sécuritaires
pour les enfants puis pour les profs, puis, pour ça, bien, il faut que les gens
qui travaillent dans nos écoles, les profs, soient vaccinés le plus vite
possible.
Ce matin, dans les médias, il y a des
témoignages qui confirment ce que Québec solidaire martèle depuis une semaine
maintenant : c'est trop difficile de se faire vacciner quand on travaille
à temps plein chaque jour de la semaine. Selon LeJournal de Québec,
il y a tellement peu de plages disponibles dans la région de Québec dans les
prochaines semaines qu'il y a des profs qui
se font demander de reporter leurs rendez-vous. Il y a des profs qui se font
demander de reporter leurs rendez-vous de vaccination en pleine
pandémie.
Nous,
à Québec solidaire, on a fait une solution, on a proposé quelque chose, une
pause-vaccin pour tout le monde. Le premier ministre... Le ministre
n'est pas d'accord.
C'est quoi, sa
solution?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, M. le Président, j'apprécie beaucoup cette question-là, parce que, on en
a parlé quelque peu la semaine passée,
il faut comprendre aussi que, du côté de l'Éducation, puis je pense que le
député le sait très bien, il y a un enjeu
non seulement de libérer les professeurs, mais d'être capable d'avoir des
personnes pour les remplacer en période de cours. Alors, il faut comprendre que la situation, en ce moment, est
très importante parce que, justement, en éducation, comme dans bien
d'autres secteurs, il nous manque de personnel.
Bon,
maintenant, ce que j'ai expliqué pour la question de la
vaccination, M. le Président, c'est très clair, c'est pour ça qu'on a des
périodes où les gens peuvent réserver, que ce soit le soir, les fins de
semaine, après les heures de travail habituelles. Donc, pour le moment,
avec les disponibilités... Puis on l'a vu dans plusieurs de nos grands centres,
dont à Montréal, il y a encore
énormément de rendez-vous qui sont disponibles. Puis la bonne nouvelle, M. le Président, c'est qu'il va y en avoir
encore plus qui vont être mis en disponibilité, parce qu'on a une accélération
des doses qui commence à partir du 1er mai.
Donc,
moi, je demanderais aux professeurs de bien comprendre la situation. On va
s'ajuster pour rendre le plus de rendez-vous disponibles.
Le Président :
Première complémentaire, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : M. le
Président, on aura tout entendu en
cette Chambre. Là, le ministre de la
Santé vient... En fait, le gouvernement, qui fait traîner les négos depuis un an avec les
profs, nous dit : C'est parce qu'il y a une pénurie de profs qu'on ne peut pas les vacciner au rythme où
on voudrait les vacciner. Autrement
dit, le ministre de la Santé nous dit : Parce que mon
collègue à l'Éducation n'est pas capable de retenir les
profs dans le réseau ou d'en amener plus, bien, à cause de ça, moi, je
ne suis pas capable de les vacciner. On est-u rendus là, au Québec, là?
C'est
quoi, sa solution, au ministre de la
Santé, pour qu'on vaccine les
travailleurs, travailleuses, notamment en éducation, le plus vite
possible?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : M. le
Président, c'est sûr qu'on voudrait
que tout le monde accède aux vaccins le plus rapidement possible. On est contents de voir que les
enseignants peuvent prendre rendez-vous, c'est sûr, les enseignants et les membres
du personnel sont en contact avec les élèves, c'est certain.
C'est
un peu simpliste, là, l'opération de mon collègue, de dire : Ah!
bien, si on réglait la pénurie d'enseignants, là, tout de suite, si on avait réglé ça en
novembre dernier, bien, on serait capable maintenant de remplacer des
enseignants qui vont se faire vacciner par des suppléants, parce qu'on aurait
réglé la question de la pénurie. Former des enseignants, M. le Président, ça prend quatre ans. Depuis qu'on est là, il y a des hausses
d'admission dans les facultés de sciences de l'éducation parce qu'on a envoyé un message positif, plus de gens que
jamais veulent devenir enseignants, mais ça prend du temps, les former.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : M. le
Président, le ministre de la Santé a été très fier d'annoncer qu'il avait fait des partenariats
avec des entreprises privées, des grands employeurs au Québec pour permettre la
vaccination sur les lieux de travail.
Est-ce qu'un des ministres pourrait m'expliquer pourquoi ils ne se sont pas
parlé puis pourquoi les deals avec le privé,
dont le ministre de la Santé est si fier... pourquoi il n'y a pas
eu des deals comme ça avec un des premiers employeurs au Québec, le gouvernement
du Québec, notamment en éducation?
Pourquoi on ne vaccine pas les profs sur les milieux de travail alors
qu'on vaccine dans des usines...
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : M. le
Président, je pense qu'il est important de rappeler aujourd'hui que l'on suit l'ordre de priorisation qui a été
fait par le CIQ. Le CIQ, le Comité d'immunisation, nous a dit : Il y a
la catégorie 8, il y a la catégorie 9
dans lesquelles sont les professeurs. Ce
qu'on a réussi à faire, jusqu'à maintenant, puis je
pense qu'il est important de le
rappeler, on va être capables d'accélérer le plus rapidement possible le
nombre de professeurs qui peuvent être vaccinés, parce qu'heureusement nous avons des vaccins additionnels qui nous arrivent le
3 mai. Et c'est pour ça que je dis : En ce moment, j'aimerais ça être capable d'accélérer pour tout
le monde... Je pense que tous les gens disent... l'ensemble des Québécois
sont satisfaits de la façon dont l'opération
de vaccination se déroule, et on va le faire pour les professeurs le plus
rapidement possible.
Le Président :
Question principale, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Transferts fédéraux en matière
de santé
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé :
M. le Président, le gouvernement de la CAQ n'avait qu'une seule demande au
gouvernement canadien dans le cadre
de son budget, une : qu'on nous donne nos 6 milliards pour les
transferts en santé qui nous reviennent de droit, de l'argent durement gagné des Québécois. C'est
notre argent, mais on doit quémander à un autre gouvernement pour qu'on
nous les remette.
Je vous rappelle
qu'on vient de vivre plus d'un an de crise sanitaire, que notre système de
santé n'a jamais été autant sollicité, que
nos professionnels de la santé n'ont jamais été autant épuisés. Comment peut-on
avoir zéro transfert en santé dans ce contexte, alors que c'est notre
argent?
Le
premier ministre, qui est aussi président du Conseil de la fédération
canadienne, porte une demande unanime des provinces mais revient les
mains vides, même s'il nous avait promis des gros gains.
Donc, ma question au
premier ministre est la suivante : Est-ce qu'il trouve que le Canada s'en
va dans la bonne direction en ce qui a trait aux intérêts supérieurs du Québec?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, depuis qu'on est au gouvernement, on est allés chercher
250 millions pour les demandeurs d'asile. Ma collègue a réussi à avoir un
processus pour choisir les juges à la Cour suprême, une implication du Québec. On a eu 4,2 milliards en formation
de la main-d'oeuvre, 1,2 milliard en infrastructures, 3 milliards
pour la relance sécuritaire. On vient
d'avoir, pour Internet haute vitesse, 400 millions. Et, dans le budget
qu'on vient d'avoir, M. le Président, à
terme, on va avoir 1,8 milliard par année pour les services de garde, sans
aucune condition, avec pleine compensation. Donc, on fait des gains.
Quand le chef parlementaire du Parti québécois dit qu'on ne fait pas de gain,
il exagère un petit peu.
Maintenant,
la demande concernant les transferts en santé, ce n'est pas seulement une
demande du Québec, c'est une demande
unanime de toutes les provinces, tous les territoires. Et, M. le Président, on
va continuer de se battre pour aller chercher notre part de ce transfert
en santé.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé :
M. le Président, sur les 6 milliards demandés pour soigner les Québécois
et les Québécoises, on a obtenu zéro.
Je
repose ma question : Est-ce que le premier ministre du Québec trouve que
le Canada va dans la bonne direction en ce qui a trait aux intérêts
supérieurs du Québec?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, il faut voir l'alternative. L'alternative qui est proposée par
le Parti québécois, c'est de faire la souveraineté du Québec puis que le Québec
perde 13 milliards par année de péréquation. Oui, le Québec en finance
à peu près 3 milliards, mais le chef parlementaire du Parti québécois ne nous a jamais dit où il prendrait le 10 milliards par
année qu'il lui manquerait.
Donc, quelle est sa
solution? Que propose-t-il?
• (14 h 40) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : M. le
Président, le premier ministre préfère demeurer un dépendantiste qu'un indépendantiste, c'est son choix. Il veut dépendre. 6 milliards, on
ne les a pas dans le régime actuel, puis ce n'est pas parce qu'il est souverainiste, il est fédéraliste, ils ne veulent pas plus lui
donner. Je pense qu'il est temps qu'il tire des conclusions politiques du mur
qu'on frappe présentement dans ce dossier et dans d'autres.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président,
comme le disait le chef parlementaire du Parti québécois, je suis actuellement président du Conseil de la fédération. J'ai réussi
à avoir une demande unanime des provinces, et je parle à chaque semaine avec, entre autres, Doug Ford, pour réclamer
ce 28 milliards d'augmentation des transferts. Il y aura probablement une
élection fédérale bientôt. Je pense
que les partis à Ottawa vont avoir besoin de l'appui du Québec et de l'Ontario.
Donc, ce front commun Québec-Ontario, je pense, c'est pas mal mieux que
la solution qui est proposée par le chef du Parti québécois.
Le Président : Question
principale, M. le député de LaFontaine.
Création de places en service de garde
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
M. le Président, le Québec vit actuellement une crise sans précédent des places
en service de garde. Partout sur les
réseaux sociaux, les témoignages des parents et des proches des
51 000 familles sans place sont bouleversants, déchirants,
inquiétants. Les trois budgets déposés par la CAQ n'ont apporté aucune
solution complète à cette crise.
Hier, le
gouvernement fédéral a annoncé dans son budget qu'il transférera
30 milliards sur cinq ans pour créer des places accessibles en service de garde. Le Québec
pourrait recevoir 6 milliards dans les cinq prochaines années. Ce sera
près de 1 milliard dès cette année, de
l'argent précieux pour les familles du Québec, puisé à même leurs taxes et
leurs impôts, M. le Président.
Aujourd'hui,
les familles veulent avoir la certitude que leur argent sera investi pour
répondre à leur urgence. Ce matin, le ministre des Finances a semé le
doute.
Le gouvernement peut-il confirmer que tout
l'argent dédié aux services de garde servira à cette fin?
Le Président : M. le ministre
de la Famille.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe :
M. le Président, il y a 25 ans maintenant, à l'initiative du gouvernement
de Lucien Bouchard, à l'époque,
il y a, au Québec, un réseau des services de garde éducatifs à l'enfance qui a
été créé. On a fait le choix, au Québec, de se doter de cette
infrastructure-là.
Et il y a
beaucoup de chemin qui a été fait
depuis cette époque-là, il y a 25 ans, on est maintenant à plus de 300 000 places
dans le réseau, 235 000 de ces places sont subventionnées, un réseau qui
sert non seulement aux parents à aller travailler, donc c'est bon pour
l'économie, mais un réseau qui sert aussi aux tout-petits à développer leur
plein potentiel, arriver mieux
préparés à la maternelle. On y investit chaque année 2,7 milliards de
dollars, 2 700 millions de dollars à chaque année.
Malgré tout,
évidemment, ce n'est pas parfait. C'est pour ça que, depuis qu'on est là, on
travaille. On a relancé le développement du réseau. Je suis en désaccord
avec mon collègue qui dit qu'il n'y a eu rien dans les précédents budgets,
évidemment.
Maintenant,
le fédéral a annoncé des sommes, et, on l'a dit très clairement, mon collègue
le ministre des Finances l'a dit
aussi, lorsque cet argent-là nous aura été versé, sans condition, bien sûr
qu'on fera des investissements dans notre réseau.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de LaFontaine.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
M. le Président, ce qu'a dit le ministre des Finances du Québec ce matin, c'est
qu'une partie de cet argent servira
aux places en service de garde, l'argent supplémentaire va aider le cadre
financier. C'est inacceptable pour les
familles du Québec qui sont en crise. Les milliards annoncés par Ottawa, c'est
l'argent des familles, et elles en ont besoin maintenant plus que
jamais.
Le premier
ministre peut-il regarder dans les yeux les familles du Québec et leur dire que
cet argent ne servira pas entièrement à régler la crise des places en
service de garde?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Eric
Girard
M. Girard
(Groulx) : Bon, alors, le budget a été déposé. Il doit d'abord être
adopté. Ensuite, il devra y avoir une entente avec chacune des
provinces. Heureusement, puisque le Québec est l'inspiration du nouveau système
fédéral, il y aura une entente asymétrique qui respecte l'expertise du Québec.
En
attendant, dans le dernier budget, nous nous sommes attaqués à la pénurie de
main-d'oeuvre, aux services de garde
familiaux. C'est là que nous avons perdu plusieurs places durant la pandémie.
Mon collègue s'est engagé à livrer les places
qui avaient été promises, mais qui ne sont toujours pas livrées, mais qui sont
déjà financées. Bref, nous n'avons pas attendu après le gouvernement
fédéral. Nous sommes l'inspiration du gouvernement fédéral, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de LaFontaine.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
M. le Président, je suis convaincu d'une chose, c'est que les familles du
Québec qui viennent d'entendre cette
réponse, là, ne sont pas convaincues par le dynamisme proverbial du ministre
des Finances. Une chose est certaine : rajoutez à ça que le ministre des Finances dicte au ministre de la
Famille l'argent qu'il voudra bien lui laisser. Il y a une crise des services de garde. Il dit : Le
réseau, on a un bon réseau, au Québec. Oui, mais il est en crise. Il a besoin
de cet appui financier là, et pas qu'une seule partie. On a besoin de
chaque dollar.
Pourquoi le premier
ministre abandonne-t-il les familles?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, le gouvernement du Québec demandait un transfert de
6 milliards par année en santé sans
condition. Qu'est-ce qu'on reçoit aujourd'hui du gouvernement fédéral? Zéro
dans le transfert en santé, 680 millions dans les services de garde. Est-ce que je peux vous dire que c'est le gouvernement
du Québec qui va choisir les
priorités du Québec? On ne fera pas comme le Parti libéral du Québec, de se mettre à genoux devant son grand frère
libéral, à Ottawa, qui déciderait à leur place des priorités du Québec. Encore une fois, les libéraux montrent qu'ils s'écrasent devant le fédéral.
Le Président :
Soyez prudents. Question principale... La parole...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Gardons un ton efficace, comme depuis le début. Et je demande
au député des Îles-de-la-Madeleine... pour sa question principale.
Campagne de vaccination contre
la COVID-19
M. Joël Arseneau
M. Arseneau :
M. le Président, le gouvernement s'est donné un objectif ambitieux quant à sa
campagne de vaccination, une première dose pour tous d'ici la fête
nationale, et on souhaite qu'il réussisse. Toutefois, pour une campagne
réussie, ça prend plus qu'une date et un chiffre global, ça prend un plan et
une information claire et complète.
Le gouvernement se
vante du rythme de la vaccination actuel, mais, dans la population, les gens
restent confus, sceptiques ou hésitants. En fin de semaine, encore, des
milliers de doses n'ont pas trouvé preneur en Beauce.
On
vient maintenant d'annoncer que les personnes de 45 ans et
plus pourront obtenir le vaccin AstraZeneca. La
semaine passée, c'était 55 ans et plus. En Ontario, au Manitoba, en
Alberta, c'est 40 ans et plus. Comment les Québécois peuvent-ils se retrouver là-dedans?
On nous dit que, pour
recevoir le vaccin AstraZeneca, les citoyens devront offrir un consentement
éclairé.
M. le Président,
comment le gouvernement compte-t-il éclairer les citoyens, éviter les plages
horaires vides et augmenter la cadence de la vaccination pour que la campagne
soit un succès?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : M. le
Président, c'est très difficile pour
moi de dire que la campagne est un succès, je vais laisser les Québécois
juger du succès de la campagne jusqu'à maintenant...
Une voix :
...
M. Dubé : Pardon. Excusez-moi. Je me suis tellement
habitué, M. le Président, à garder le masque que j'ai oublié. Pardon.
Alors, j'apprécie la question
du député des Îles-de-la-Madeleine, parce
que, je le redis, c'est difficile
pour moi de dire que la campagne est
un succès, je vais laisser les Québécois juger de notre succès, mais ce qui est important,
pour le succès des Québécois,
c'est de vacciner le plus grand nombre le
plus rapidement possible, et c'est ça
qu'on a réussi à faire.
La
bonne nouvelle qu'on a eue hier, M.
le Président, avec l'AstraZeneca, c'est qu'on est capable de changer la catégorie d'âge grâce à une recommandation du Comité d'immunisation. Ce
comité-là dit maintenant qu'au lieu d'être limités à 55 ans et plus on ajoute deux catégories,
deux catégories, alors qu'il nous reste un petit peu moins que 200 000
AstraZeneca, M. le Président. Donc, je pense, c'est une très bonne nouvelle.
Comme je l'ai
mentionné un peu plus tôt aujourd'hui, les sites de vaccination, rendez-vous et
sans rendez‑vous, seront disponibles pour tous les citoyens de 45 ans et
plus à compter de demain matin, 8 heures. Merci, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : M. le
Président, alors que la campagne de
vaccination était au ralenti, la semaine dernière, on a appris, paradoxalement, que 85 % des personnes de la catégorie 8,
ayant des maladies chroniques ou qui sont immunosupprimées, devraient encore
attendre leur vaccin, on a ouvert cette catégorie uniquement à ceux qui sont
hospitalisés ou fréquemment à l'hôpital. On disait à ces gens d'attendre
leur tour, puis, une fois la catégorie ouverte, on leur a refermé la porte et
reporté les échéances.
M.
le Président, est-ce que le gouvernement peut revoir son approche de la
catégorie 8 pour y inclure l'ensemble...
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Bon, j'ai bien enlevé mon masque, M. le Président. Deux choses que le député
dit, M. le Président, que j'aimerais préciser.
Premièrement,
il n'y a pas eu de ralentissement, la semaine passée, de la campagne de
vaccination, juste pour mettre les
faits correctement, on a eu près de 500 000 personnes qui ont été
vaccinées la semaine dernière, notre meilleure campagne à date. Alors,
ça, c'est la première chose.
Deuxièmement,
pour ce qui est des autres éléments, j'ai expliqué ce midi que, grâce à
l'arrivée additionnelle de Pfizer, le
vaccin Pfizer, qui va arriver le 3 mai, la bonne nouvelle, c'est que, pas
plus tard que jeudi prochain, après avoir discuté avec la Santé publique, nous
allons ajuster la catégorie 8 des maladies chroniques et des handicapés
soit intellectuels ou physiques. Et nous ferons les annonces appropriées
jeudi midi.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Oui, M. le Président. Il y a un mois, justement,
j'ai demandé au ministre d'inclure les personnes vivant avec un handicap, une
déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l'autisme parmi les
groupes prioritaires, et pas uniquement ceux qui résident en RI ou en RPA. Le ministre s'est dit ouvert, disant
se référer aux experts de la Santé publique. Puis, rien. Finalement,
tout à l'heure, effectivement, en point de presse, le ministre a dit qu'une
décision avait été prise pour ces personnes.
Est-ce
que c'est la Santé publique qui a pris la décision ou est-ce que l'organisation
n'était pas prête à administrer les vaccins...
• (14 h 50) •
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Je pense que M. le député sait très bien, mais je vais le repréciser, parce
qu'on a eu la chance d'en parler plusieurs
fois lors de nos appels que nous avons avec l'opposition, c'est très clair que
la décision vient, M. le Président, de
la Santé publique. Ce que nous avons demandé à la Santé publique, lorsqu'il
était possible de réviser cette décision-là, à la lumière des nouveaux vaccins qui venaient d'arriver... Parce qu'on
est limités à vacciner ce qu'on a comme vaccins. La bonne nouvelle, puis je le répète, avec
AstraZeneca, qui rajoute près de 920 000 vaccins dans le mois de mai...
Il était tout à fait approprié d'insister auprès de la Santé publique, qui a
révisé son avis. Et on sera capables de donner les détails jeudi en
fonction de ces décisions-là. Merci, M. le Président.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Saint-Laurent.
Qualité de l'air dans les écoles
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. J'aimerais revenir sur la saga qui porte sur la qualité de l'air
dans nos écoles. Je me suis dit que ce serait le temps de faire le bilan du
ministre de l'Éducation, puisque nous avons posé la première question ici le 17 août, et
ça a pris pratiquement toute l'année scolaire pour que le ministre de
l'Éducation en prenne acte.
Alors,
aujourd'hui, on apprend que près de la moitié des classes dépassent la cible
fixée par Québec. Les correctifs
sont toujours en retard. Les tests
sont controversés. Le protocole n'a jamais été approuvé par la Santé publique, il a
même été qualifié de «broche à foin».
Le ministre va tenir compte des critiques seulement
l'année prochaine, lorsqu'il refera des tests, alors que c'est maintenant, la pandémie. Tantôt, le ministre a dit que c'est acceptable et sécuritaire, ce qui
se passe présentement dans nos écoles pour la qualité de l'air.
J'aimerais
savoir, c'est pour qui que c'est acceptable et sécuritaire. Pour les parents? Les
enseignants? Le personnel scolaire? Est-ce
que c'est acceptable pour le premier ministre? Est-ce que le premier
ministre va agir dès maintenant
ou est-ce qu'il va s'écraser jusqu'à l'année prochaine?
Le
Président : Je vais
vous demander d'être prudents dans les termes que vous utilisez, bien sûr.
M. le ministre de l'Éducation.
Une voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! M. le ministre de l'Éducation.
Une voix : ...
Le Président : Je ne veux pas
de commentaire. M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci bien, M. le Président. Ma collègue
parle beaucoup de ventilation. D'habitude, elle parle de purificateurs d'air; là, elle est sur la
ventilation. Je pense, c'est une meilleure chose, une meilleure façon de
l'apporter, parce qu'on veut une bonne qualité de l'air pour nos
élèves, pour le personnel scolaire. C'est sûr, c'est encore plus important en
temps de pandémie. Ça aurait été bien de s'y
intéresser bien avant. Il y a plusieurs pays d'Europe qui, à partir des années 2010,
2015, 2016, ont fait des tests, ont établi des barèmes. Nous sommes en mode
rattrapage.
On vient de
faire une grande opération de tests. On a testé plus de
15 000 classes, on a pris trois mesures dans chacune de ces 15 000 classes. Et, chacune des
trois mesures, on a vérifié trois variables : l'humidité, la température,
le CO2. Pourquoi le CO2?
Parce qu'on a une norme extrêmement exigeante de 1 000 ppm,
1 000 parties par million. Et on l'a atteint dans 51 %
des cas.
Certains vont
dire : Ce n'est pas assez. Je suis d'accord, ce n'est pas assez. C'est
pour ça qu'aussitôt qu'on dépasse le
1 000 ppm on applique des correctifs. Plusieurs correctifs ont déjà
été appliqués. Et on continue de faire cette opération de rattrapage et
on continue d'améliorer...
Le Président : En terminant.
M. Roberge : ...la ventilation
dans nos écoles.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Une chance qu'on
est rendus au mois d'avril et que l'année scolaire termine au mois de juin.
Alors, il dit
qu'il a fait quelque chose. Aujourd'hui, ils ont déposé un rapport. Nulle part
il n'est indiqué où sont les écoles
qu'il y a un problème. Alors, j'aimerais que le ministre fasse preuve de
transparence, qu'il nous dépose exactement toutes les écoles où il y a
un problème.
Il dit qu'il
a aussi acheté 438 échangeurs d'air. Où sont les 438 échangeurs
d'air? Dans quelles écoles précisément? Pourquoi qu'on pose la question, c'est pour les parents, ils veulent
savoir, et je m'attends à avoir une réponse très claire et précise.
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
M. le Président, je suis content que ma collègue parle d'échangeur d'air plutôt
que de purificateur, parce que
l'idée, c'est d'avoir un apport d'air frais, de faire entrer de l'air. On
utilise aussi des extracteurs d'air pour activer l'échange d'air, pour
avoir de la ventilation, des courants d'air, pour faire entrer de l'air frais
dans les classes.
C'est vrai
qu'on a été proactifs, qu'on a, du point de vue du ministère, acheté des échangeurs d'air pour que ça aille plus rapidement, pour qu'il n'y ait pas de délai entre la demande et la livraison, que ça aille encore plus
rapidement, parce que c'est un
travail de support qu'on fait auprès du réseau scolaire. Ce sont les centres de
services scolaires qui entretiennent
les systèmes de ventilation comme l'ensemble des infrastructures. On leur donne l'argent pour le faire et tout
l'accompagnement possible.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Les parents ne trouvaient pas beaucoup
qu'il y avait du support de la part
du ministre lorsqu'ils se faisaient refuser des
purificateurs d'air gratuits, offerts dans le réseau scolaire, ils
trouvaient plutôt avoir eu des bâtons dans les roues.
Deux questions
sans aucune réponse. Donc, on ne sait toujours pas où sont ces fameux échangeurs d'air, on ne
sait toujours pas quelles écoles sont aux prises avec des problèmes de
qualité de l'air.
Finalement,
une troisième question. On sait qu'il
y a un problème, présentement, pour vacciner des enseignants, qui
n'arrivent pas à trouver des plages horaires. Pourquoi vous n'ouvrez pas, justement,
des plages dédiées aux enseignants,
par exemple : 4 à 7, vaccins aux profs?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
M. le Président, la vaccination de tous les Québécois mais, je vous dirais,
particulièrement des gens qui oeuvrent
dans nos écoles, c'est extrêmement important. Le premier ministre l'a dit très
souvent : Vacciner, c'est gagner. Je
suis très content qu'à Montréal, depuis, je pense, maintenant deux semaines, et
dans reste du réseau scolaire, maintenant, les enseignants et tout le personnel peuvent accéder à des plages de
rendez-vous pour se faire vacciner, mais il y a beaucoup de mesures pour protéger tout le monde. Il y a la
vaccination, il y a toutes les mesures sanitaires. Il y a eu aussi des
cliniques de dépistage rapide,
plusieurs cliniques de dépistage rapide qui ont été envoyées dans les écoles
pour agir très rapidement, éviter les éclosions et protéger la santé de
tout le monde.
Le Président : Question
principale, M. le député de Jacques-Cartier.
Financement des cours de
français de l'Association
régionale des West Quebecers
M. Gregory Kelley
M. Kelley :
M. le Président, le ministre responsable de la Langue française a dit à
plusieurs reprises que la langue française,
c'est une priorité pour lui. C'est pourquoi j'ai été tellement surpris
d'apprendre, ce week-end, que le programme de cours de français gratuits qui
était offert par la Regional Association of West Quebecers a malheureusement
perdu leur financement du gouvernement du Québec d'offrir ces cours de
français.
M. le Président, le programme était un énorme
succès, une centaine de personnes dans la région de l'Outaouais a reçu ces cours-là. Puis quand même ils ont eu un
taux de gens qui ont décidé de prendre le cours pour une deuxième fois, parce que c'est important. Ce n'est pas juste un
cours qui va donner à des gens l'habileté d'être complètement bilingue, c'est
plusieurs.
Alors, j'ai
une question très simple pour le ministre : Est-ce que quelqu'un de son
cabinet va prendre le téléphone aujourd'hui
pour parler avec la Regional Association of West Quebecers, pour régler le
dossier et s'assurer qu'il y ait un financement pour ces cours en
français gratuits?
Le Président : M. le ministre
responsable de la Langue française.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, le député de Jacques-Cartier
soulève un très bon point. Et, à la suggestion du député de Sainte-Rose,
je crois également que la proposition à l'effet de faire en sorte d'offrir des
cours de francisation à l'ensemble de la
population québécoise, M. le Président, c'est une mesure très intéressante et
très importante, M. le Président, parce
qu'on veut permettre à tous les Québécois, tous les Québécois de pouvoir
parfaire, de pouvoir perfectionner leur maîtrise de la langue française. Et ça
va dans tous les domaines, M. le Président. Ça peut avoir des impacts positifs sur les différentes communautés.
Et je sais que le député de Jacques-Cartier approuve la proposition qui a été faite
par le député de Sainte-Rose.
Alors, très certainement, M. le Président, nous aurons certainement l'occasion de
travailler ensemble au cours des prochaines
semaines, au cours des prochains mois. Et j'envisage positivement, M. le Président, la relation que nous allons développer
dans le cadre de l'étude du projet de
loi. Et ce sera l'occasion pour le Parti libéral de démontrer une fois pour toutes,
M. le Président, qu'il s'inscrit favorablement en faveur de la
défense et de la pérennité du français, chose que, dans l'histoire, M. le Président, il n'a pas nécessairement démontré cette
volonté. Mais c'est l'opportunité de corriger les erreurs du passé, pour le Parti
libéral...
Le
Président : En terminant.
M. Jolin-Barrette :
...alors j'invite le député de Jacques-Cartier à le faire au nom de sa formation
politique.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley
M. Kelley :
M. le Président, je n'ai pas eu une réponse du ministre. J'ai demandé d'un cas
précis qui existe présentement, une organisation sur le terrain qui fait le travail pour s'assurer
que tout le monde est capable de parler en français et
travailler en français.
Alors,
je vais poser la question encore : Est-ce que le ministre
ou quelqu'un de son cabinet va prendre le téléphone aujourd'hui pour parler avec les gens de la RAWQ pour s'assurer que leur programme
va continuer d'être financé par le gouvernement du Québec?
Le Président :
M. le ministre responsable de la Langue française.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, bien entendu, nous allons
travailler avec tous les partenaires pour favoriser l'apprentissage du français
pour tous les Québécois, M. le Président. Et j'accueille véritablement
positivement les propositions du député de Jacques-Cartier, notamment... et on va regarder cette situation-là,
mais il faut s'assurer également
d'étendre pas juste dans un organisme,
mais à travers tous les organismes, M. le
Président, pour rendre disponibles
les cours de francisation. Parce que, ce que le Parti libéral faisait, il disait : Bien, le français, c'est uniquement
pour les personnes immigrantes, M. le Président, qui arrivent au Québec.
Or, il faut donner tous les outils à tous les Québécois, au Québec, M. le Président, pour faire en sorte d'avoir une bonne maîtrise de la langue française, et ça passe également, M. le
Président, par la communauté
anglophone au Québec. Il faut offrir les services. C'est notre langue
commune, il faut la défendre. Et je suis heureux que le Parti libéral se
joigne à moi.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley
M. Kelley : M. le
Président, nous sommes déjà là.
Ça, c'est pourquoi j'ai déposé le projet
de loi n° 590, qui rend les cours de français gratuits sur le territoire
du Québec à tout
le monde, et le ministre
n'a pas appelé mon projet de loi,
quand même qu'il a dit que c'était une bonne idée, quand même si le premier
ministre du Québec a dit que c'est une bonne idée.
Alors,
je reviens à la base : Est-ce
que le ministre va appeler mon projet de loi, puis on peut adopter ça rapidement
pour s'assurer qu'on fait la promotion et protection de notre langue commune?
Le Président :
M. le ministre...
Des voix :
...
• (15 heures) •
Le Président :
S'il vous plaît! Sans commentaire. M. le ministre responsable de la Langue
française.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Bien, M.
le Président, je suis d'accord
avec le député de Jacques-Cartier puis je suis d'accord avec son projet de loi parce que c'est une idée du député de Sainte-Rose, M. le Président, et on aura l'occasion de travailler ensemble.
Mais
voyez-vous, M. le Président, à quel point le changement du Parti libéral est perceptible par rapport à la langue
française? Mais il y aura
un test prochainement, M. le
Président. Le député de Jacques-Cartier se lève pour défendre la langue française aujourd'hui. On va voir si, au
cours des prochaines semaines, le Parti libéral aura la force de ses convictions, la force des
convictions du député de Jacques-Cartier. Ce sera, M. le Président, un
test de leadership pour la cheffe de l'opposition officielle, qui va pouvoir dire aux Québécois si son parti
défend, oui ou non, la langue française... ou si elle fera comme tous ses
prédécesseurs libéraux et abandonner la langue française, au Québec. M. le
Président, ce sera...
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Sherbrooke.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Pénurie
de places en service de garde
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Le premier
ministre et moi, on va s'entendre sur
une chose : C'est au Québec de décider ce qu'il va faire avec son argent. Mais de ce que je comprends
de la réponse du premier ministre de tout
à l'heure, c'est que la crise dans les services
de garde, ce n'est pas sa priorité en
ce moment. Et, sincèrement, moi, je n'en reviens pas. On dirait même
que c'était le dernier de ses soucis.
Le premier ministre,
il le répète souvent, à quel point c'est important pour lui, l'égalité entre
les hommes et les femmes, et en ce moment on
est en train d'assister littéralement à l'effondrement d'un des piliers mis en place
par le Québec pour l'atteinte de l'égalité entre les hommes et
les femmes. Ça nous prend des investissements majeurs pour bonifier les salaires des éducatrices, ça nous prend plus
d'ambition dans le développement des places, parce qu'en ce moment la CAQ, elle est incapable de nous confirmer qu'à la fin
de leur mandat il va y avoir plus de places dans le réseau ou même autant qu'à leur arrivée, et
c'est dramatique. C'est un recul qu'on ne peut pas accepter.
Donc,
est-ce que le premier ministre peut reconnaître qu'il y a une crise nationale
dans notre réseau de services de garde
éducatifs, nous dire que c'est une priorité pour son gouvernement et qu'il va
prendre tous les moyens nécessaires pour la régler?
Le Président :
M. le ministre de la Famille.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe :
Merci, M. le Président. Je vais le répéter parce qu'il faut quand même remettre
les choses en perspective. Je ne suis pas en
train de dire, là, qu'il n'y a pas de problèmes aujourd'hui et qu'il n'y a pas
des situations difficiles dans les familles où les parents attendent des places pour leurs
enfants, je ne suis pas en train de dire ça, puis c'est la raison pour laquelle on travaille depuis le début du
mandat à relancer le développement du réseau, qui avait été arrêté. Mais ce que je peux vous dire, c'est qu'hier,
concrètement, ce que le gouvernement
fédéral a fait, c'est citer le Québec
en exemple en disant au reste des provinces de s'inspirer de
ce que nous, on fait ici, 2,7 milliards
de dollars qu'on investit. Donc, on
n'est pas les cancres, au Canada, on est les chefs de file.
Maintenant,
oui, il y a de l'argent qui a été annoncé hier pour les services de garde éducatifs à l'enfance partout au Canada. Le ministre
des Finances l'a dit, le premier
ministre l'a dit, cet argent-là nous
sera versé sans condition. Et, quand ce sera fait, il y aura, oui, des investissements.
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Nous passons maintenant
à la rubrique des motions sans préavis. M. le premier ministre, à vous la
parole.
Nommer M. Patrick Michel
Directeur des
poursuites criminelles et pénales
M. Legault :
Oui, M. le Président, je propose, après consultations auprès des partis
d'opposition :
«Que
conformément aux articles 2 et 4 de la Loi sur le Directeur des poursuites criminelles et pénales, M. Patrick Michel, procureur en chef,
Bureau du service juridique, Directeur des poursuites criminelles et pénales,
soit nommé Directeur des poursuites criminelles et pénales pour un mandat de
sept ans à compter du 23 avril 2021.»
Mise aux voix
Le Président :
Merci. Je rappelle aux membres de l'Assemblée que, pour être adoptée, cette
motion doit être approuvée par au moins les deux tiers des membres de
l'Assemblée. Je mets donc aux voix la motion de M. le premier ministre
telle que lue précédemment. En
application de l'ordre spécial, je demande aux leaders de m'indiquer leurs
votes, suivi des députés indépendants. M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
M. le député de Chomedey?
M. Ouellette :
Abstention.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Abstention.
Le
Président : Je vous
remercie. La motion est donc considérée approuvée par au moins les deux tiers
des membres de l'Assemblée. En conséquence, cette motion est donc
adoptée. Je reconnais maintenant M. le député Mégantic.
Reconnaître
le caractère essentiel et primordial du travail accompli par
les élus municipaux afin d'assurer la gouvernance et la délivrance
de services à la population québécoise partout sur le territoire
M. Jacques :
Merci, M. le Président. M. le Président, je sollicite le consentement de cette
Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la
députée de Vaudreuil, la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, le chef du troisième groupe d'opposition, le député
de Chomedey, le député de Rimouski, la députée de Marie-Victorin et le député
de Rousseau :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que le travail accompli par les élus
municipaux est essentiel et primordial afin d'assurer la gouvernance et
la délivrance de services à la population québécoise partout sur le territoire;
«Qu'elle
invite la population à s'intéresser au rôle des élus municipaux et à prendre
part à la démocratie municipale sous toutes [les] formes;
«Qu'elle
remercie les élus municipaux et qu'elle rappelle que ceux-ci ont travaillé sans
relâche durant la pandémie pour répondre aux besoins de leurs
collectivités et maintenir des services de qualité;
«Qu'elle dénonce
fermement l'intimidation à laquelle plusieurs élus municipaux doivent faire
face;
«Que l'Assemblée
nationale déclare qu'il est essentiel et sain, pour notre démocratie
municipale, de débattre dans la mesure où les échanges sont respectueux et
civils;
«Qu'enfin,
elle réitère que les élus provinciaux doivent servir de modèles de référence
pour l'exemplarité, tel que mentionné par les deux grandes unions, soit
l'UMQ et la FQM.» Merci, M. le Président.
Le Président :
Merci. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion.
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Président : Consentement, sans débat. Je vais vous demander, évidemment,
vos votes respectifs. M. le leader
du gouvernement?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
M. le député de Chomedey?
M. Ouellette :
Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée. Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci,
M. le Président. Alors, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante
conjointement avec la députée de Sherbrooke, la députée de Gaspé, le député de
Chomedey, la députée de Marie-Victorin et le député de Rimouski :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que le Québec enregistre un triste record de
10 féminicides depuis le début de l'année au Québec;
«Qu'elle
constate que l'an dernier, plus de 10 000 demandes d'hébergement ont
été refusées aux femmes victimes de violence conjugale par manque de
places;
«Qu'elle
prenne acte que, malgré la pandémie et ces faits alarmants, le gouvernement n'a
pas répondu aux demandes urgentes des ressources d'hébergement pour
femmes victimes de violence conjugale lors du dernier budget;
«Qu'elle
rappelle que le premier ministre a affirmé que son gouvernement allait créer
les places qui sont nécessaires pour accueillir les femmes tout en
garantissant qu'il n'y [aura] aucun problème de financement;
«Qu'elle constate que
depuis ce jour, aucune somme supplémentaire n'a été annoncée;
«Qu'enfin,
elle exige du gouvernement caquiste qu'il mobilise l'ensemble des ministères et
organismes de façon urgente, afin de remédier au manque de places et aux
manques de ressources des maisons d'hébergement pour femmes victimes de
violence conjugale et aux centres de soutien pour les hommes violents.» Merci,
M. le Président.
Le Président :
Merci. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Président :
Pas de consentement. Je reconnais à ce moment-ci, toujours dans les motions
sans préavis, Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, M. le Président. Je demande le
consentement de cette Assemblée pour débattre de la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte de la déclaration du conseil municipal
de la ville de Montréal du 19 avril 2021 concernant l'encadrement
des baux commerciaux;
«Qu'elle reconnaisse
que la santé des artères commerciales et des commerces montréalais constitue un
élément crucial de l'attractivité des
quartiers, du rayonnement de Montréal, de la qualité de vie des Montréalais et
des Montréalaises et du développement économique de la métropole;
«Qu'elle reconnaisse
également que le secteur du commerce de détail et de la restauration
représentait 15 % de l'emploi en 2020
de l'agglomération de Montréal et qu'il s'agit de l'un des secteurs les plus affectés
en termes de pertes d'emplois depuis
le début de la pandémie, avec une diminution de 18 % du nombre d'emplois
dans le secteur entre mars 2020 et mars 2021;
«Qu'elle
constate la nécessité de moderniser l'encadrement des baux commerciaux afin de
garantir une meilleure prévisibilité pour le développement des commerces
de proximité;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de travailler
conjointement avec la ville de Montréal afin de faire évoluer certaines pratiques gouvernementales de manière à
assurer à Montréal de meilleurs leviers de planification urbaine et commerciale et pour offrir à la
métropole et aux sociétés de développement commercial les ressources
financières nécessaires pour sa mise en oeuvre.» Merci.
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Président :
Pas de consentement. Mme la députée de Joliette, à vous la parole.
Constater
l'empiétement sur les champs de compétence
du Québec par le budget fédéral
Mme Hivon : Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le député de Pontiac, le député
de Jean-Lesage, la députée de Marie-Victorin et le député de Rimouski,
la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale constate que le budget canadien
déposé hier représente un empiétement inacceptable dans ses champs de
compétence exclusive;
«Qu'elle réaffirme
son entière confiance à l'égard du réseau québécois de services de garde, et
qu'elle refuse d'emblée toute condition
susceptible d'être imposée au Québec lors des négociations à venir sur la
pleine compensation qui devra lui être versée;
«Qu'elle
réitère sa résolution du 2 décembre 2020, qui dénonçait la volonté
d'Ottawa d'imposer des normes canadiennes
dans les CHSLD et les centres d'hébergement pour aînés, et demandait
l'augmentation des transferts en santé à hauteur de 35 % des coûts du
réseau;
«Qu'elle déplore
l'absence de ce dernier enjeu dans le budget canadien;
«Qu'elle rappelle la
compétence exclusive du Québec en matière de santé mentale, ainsi que son
opposition à l'établissement de normes canadiennes en ce domaine.»
• (15 h 10) •
Le Président :
Merci. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Président : Consentement, sans débat. Je vais vous demander vos
votes respectifs, bien sûr. M. le leader du troisième groupe de
l'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : M. le leader
du gouvernement?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : M. le leader
du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois : Oui.
Le Président : M. le député
de Chomedey?
M. Ouellette : Pour.
Le Président : Mme la députée
de Marie-Victorin?
Mme Fournier : Pour.
Des voix : ...
Le
Président : Je comprends que cette motion... Et le «oui»
deviendra un «pour». Je comprends que cette motion sera donc adoptée. M.
le leader du troisième groupe d'opposition.
M. Ouellet : Oui, merci, M. le Président. Donc, oui, cette
motion devra se rendre à la Chambre des communes, remise au premier
ministre du Canada, M. Justin Trudeau, ainsi qu'à la ministre des
Finances, Mme Chrystia Freeland. Merci.
Le
Président : Et ce sera fait, M. le leader du troisième groupe
d'opposition. Je reconnais maintenant Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Fournier : Merci, M. le
Président. Je demande le consentement de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec le député de Chomedey, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec d'étudier la
possibilité de quantifier la valeur des
services publics utilisés par les citoyens à des fins de communication auxdits
citoyens, par exemple en matière de soins de santé et de services
éducatifs, dans un objectif de valorisation des services publics offerts par
l'État québécois.»
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette : Pas de
consentement, M. le Président.
Le Président : Pas de
consentement.
Avis touchant les travaux des commissions
Nous passons
maintenant à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions. M. le
leader du gouvernement, à vous la parole.
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le Président. J'avise cette Assemblée que
la Commission des institutions poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 84, Loi visant à aider les personnes victimes
d'infractions criminelles et à favoriser leur
rétablissement, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
19 heures, à la salle du Conseil législatif;
La Commission
de l'économie et du travail poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 59, Loi modernisant
le régime de santé et
de sécurité du travail,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 19 heures, à la salle
Pauline‑Marois;
La
Commission des finances publiques entreprendra l'étude détaillée du projet de
loi n° 74, Loi donnant
suite à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du
discours sur le budget du 10 mars 2020 et à certaines autres mesures,
aujourd'hui, immédiatement après la réplique
du ministre des Finances prévue
à l'article 276 du règlement de l'Assemblée nationale
jusqu'à 19 heures, à la salle Marie-Claire-Kirkland. Merci.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
Le Président :
Merci. Nous en sommes à la rubrique Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée.
Avis de sanction du projet de loi n° 60
Et, avant d'entreprendre les
représentations concernant la demande d'intervention sur violation de droit ou
de privilège, je vous informe qu'il y aura
sanction du projet de loi n° 60, Loi modifiant la Loi sur la fonction
publique et d'autres dispositions, aujourd'hui, à 15 h 45, au
bureau de Son Honneur le lieutenant-gouverneur.
Violation de droit ou de privilège soulevée le 15 avril
2021 concernant la divulgation
d'informations relatives au projet de loi n° 790, Loi modifiant la Loi sur
les relations
du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans
l'industrie de la construction afin d'équilibrer les rapports de force,
avant sa présentation à l'Assemblée nationale
Je
suis maintenant prêt à entendre vos représentations sur cette demande
d'intervention. M. le leader du gouvernement.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le Président. Écoutez, je ne
referai pas les plaidoiries que j'ai faites lorsque j'ai soulevé cette violation de droit et de
privilège, cependant rajouter quelques éléments. Alors, je vais verser les
propos que j'ai tenus la semaine dernière dans les représentations que
je fais aujourd'hui. Simplement ajouter, M. le Président, qu'on doit constater qu'il est évident que l'Alliance
syndicale a eu accès au projet de loi avant sa présentation devant les
parlementaires.
En
effet, M. le Président, le communiqué de l'Alliance syndicale publié le 14 avril
dernier mentionnait que «le projet de loi [...] viendra rétablir l'équilibre dans les négociations des
conventions collectives dans la construction : les travailleuses et
travailleurs sont pénalisés par l'absence de possibilité de rétroactivité et de
mesures anti-briseurs de grève dans la loi R-20
qui régit les négociations de la construction», M. le Président. Alors, ça,
c'est ce qui est écrit dans le communiqué de l'Alliance syndicale, M. le
Président.
Et
lisons ce qui est écrit dans le projet de loi n° 790, qui nous a été
dévoilé par le député d'Hochelaga‑Maisonneuve au moment de sa présentation en Chambre, en lisant
les notes explicatives. Alors, le projet de loi contient trois articles et la
disposition d'entrée en vigueur.
«Ce projet de loi apporte des
modifications à la Loi sur les relations [de] travail, la formation
professionnelle et la gestion de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction afin d'équilibrer les
rapports de force et de réduire les conflits
et les tensions entre salariés ou entre salariés et employeurs.» Alors, M. le
Président, vous conviendrez que c'est la même, même chose.
«Le
projet de loi prévoit d'abord que, pendant la durée d'une grève ou d'un
lock-out dans l'industrie de la construction, les
dispositions anti-briseurs de grève prévues au Code du travail s'appliquent.
«Le
projet de loi modifie également le régime de négociation afin qu'il soit permis
de convenir que la date de l'entrée en vigueur d'une
convention collective est antérieure à sa signature.»
Alors,
on constate, M. le Président, que les deux mesures contenues dans le projet de
loi sont celles décrites explicitement
dans le communiqué de l'Alliance syndicale. Aussi, M. le Président... Et vous
conviendrez qu'à moins que ce soient des devins, l'Alliance syndicale, ils ont fort probablement eu
le projet de loi dans leurs mains pour pouvoir rédiger leur communiqué de la même façon, en utilisant les
mêmes termes, M. le Président, à moins que ce soient des diseuses de bonne aventure puis qu'ils puissent, M. le
Président, imaginer ce qu'il y avait dans le projet de loi du député
d'Hochelaga-Maisonneuve. Mais j'en
doute fortement, M. le Président, ce qui milite vers le fait que le deuxième
groupe d'opposition a donné copie du projet de loi à l'Alliance syndicale
avant de le présenter aux parlementaires, ce qui est fort répréhensible,
M. le Président.
Alors, M. le Président, autre point, là, le communiqué de presse publié le 14 avril par
l'Alliance syndicale mais daté du
15 avril, jour de la présentation du projet de loi à l'Assemblée, nous indique que l'Alliance syndicale
connaissait à l'avance la date de présentation du projet de loi. Alors,
ça ne laisse aucun doute, M. le Président, quant à l'identité de la personne ayant fourni le projet de loi à l'Alliance
syndicale. En effet, l'auteur du projet de loi est le seul à connaître à
l'avance la date à laquelle le projet de loi est déposé... ou, M. le
Président, le leader de la formation politique, M. le Président, qui sait à quel moment il se lèvera en cette Chambre pour
appeler le projet de loi inscrit au feuilleton, M. le Président. Parce que,
vous savez, M. le Président, c'est une
procédure en deux étapes, quand on présente projet de loi. On l'inscrit au
feuilleton et on laisse un jour franc, M. le Président, avant de pouvoir
l'appeler en cette Chambre, M. le Président. C'est comme, M. le Président, un coup de semonce, on annonce
aux parlementaires : Préparez-vous, venez au salon bleu dans les jours
qui suivent parce que j'aurai un projet de
loi d'une grande importance à déposer. Mais, vous savez, le projet de loi, ça
ne veut pas dire qu'il va être déposé la journée suivant, M. le
Président, le jour de sa parution au feuilleton, M. le Président, il peut y avoir deux jours, trois jours, une semaine ou même
une autre session. Alors, comment l'Alliance syndicale savaient-ils que le
projet de loi allait être présenté le 15 avril, M. le Président, si
on ne leur avait pas dit, M. le Président, on
ne leur avait pas montré? Parce qu'en plus, et ça, c'est un fait important, M.
le Président, ils connaissaient le numéro du projet de loi, M. le Président, et la seule personne qui avait en main
copie du projet de loi, M. le Président, vous connaissez nos règles, c'est l'auteur même du projet de loi, qui
connaît le chiffre magique de son projet de loi, M. le Président. Or, comment se fait-il que l'Alliance syndicale ait pu
identifier le numéro, M. le Président, du projet de loi et y faire référence?
Et,
M. le Président, comme par hasard, et le hasard fait bien les... peu après les
représentations que j'ai faites ici jeudi dernier, en cette Chambre, le
communiqué a été retiré du site Internet de la FTQ-Construction, et il a été
ajouté à nouveau un peu plus tard dans la
journée de jeudi, sans mention, cette fois-ci, que le communiqué était daté
d'abord de la date du 14 avril, M. le Président.
Alors,
vous conviendrez que, M. le Président, ça fait beaucoup, beaucoup d'éléments
qui pointent dans la direction qu'il
y a eu un outrage, M. le Président. On parle du numéro du projet de loi, on
parle d'un communiqué qui a été publié avec
la date à laquelle ça allait être rendu public, le communiqué de presse. On
parle aussi des mêmes termes, des mêmes libellés qui sont utilisés dans
le projet de loi.
Alors,
M. le Président, moi, je vois plusieurs preuves dans ceci qu'à première vue ça
constitue un outrage. Et on va
vous demander de donner suite parce que
ce n'est pas acceptable que des personnes
autres que les parlementaires puissent avoir
copie des projets de loi, et ça va à l'encontre de notre règlement
et des principes mêmes qui nous gouvernent. Alors, je vous demanderais
de statuer en faveur de la motion que nous présenterons.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : M. le
Président, avant de vous présenter
mes arguments formellement, je me dois de faire un petit commentaire. On voit le passé de plaideur du
leader du gouvernement. D'ailleurs,
une chance qu'il n'avait pas de toge sur lui parce qu'avec tous les
effets de toge qu'il a faits on serait tous décoiffés, parce que ça aurait fait
beaucoup, beaucoup, beaucoup de vent dans le
salon bleu, on serait tous décoiffés. Je sais que ni le leader du gouvernement
ni moi n'apprécions être décoiffés, donc on peut se rassurer sur ce
premier élément.
Mais, une fois qu'on
retire tous les effets de toge et qu'on se concentre sur les arguments factuels
du leader du gouvernement, M. le Président,
il n'y a pas, à première vue, d'outrage au Parlement. Et je vais vous en faire
aujourd'hui la démonstration non pas à l'aide de prouesses rhétoriques,
mais à l'aide d'éléments factuels.
Le
15 avril dernier, donc, le leader du gouvernement a soulevé une violation
de droit ou de privilège, plaidant que le député d'Hochelaga-Maisonneuve avait
commis un outrage au Parlement. Dans son plaidoyer, le leader du gouvernement
affirme qu'une copie du projet de loi
n° 790 a été transmise à des tiers avant d'être présentée devant cette
Assemblée. Vous remarquerez,
M. le Président, que le leader du gouvernement s'appuie sur un seul
élément de preuve : un communiqué de presse diffusé par une organisation
syndicale pour appuyer le projet de loi la veille de sa présentation à
l'Assemblée. Au-delà de la
rhétorique, le leader du gouvernement vous présente, en fait, trois arguments
distincts pour tenter de vous convaincre que le député d'Hochelaga-Maisonneuve a commis, à première vue, un
outrage au tribunal. M. le Président, je vais prendre un après l'autre
ces arguments-là, je vais les déconstruire à l'aide de la jurisprudence pour
vous faire la démonstration qu'il n'y a pas à première vue ici d'outrage au
Parlement.
• (15 h 20) •
D'abord,
le leader du gouvernement évoque la présence du numéro du projet de loi dans le
communiqué de presse, son premier
argument. Son deuxième argument, c'est la date de publication initiale du
communiqué de presse en question. Et
son troisième argument, c'est le contenu même, le texte du communiqué de presse
auquel il fait référence. Je vais donc procéder par étapes puis aborder
un après l'autre les arguments du leader du gouvernement.
D'abord, la présence
du numéro du projet de loi dans le communiqué de presse. Sur ce point, M. le
Président, et d'entrée de jeu, je veux
admettre, reconnaître une erreur commise de bonne foi par un membre de notre
personnel politique. Nous
reconnaissons que le numéro du projet de loi a été transmis à un tiers. Lorsque
le projet de loi du député d'Hochelaga-Maisonneuve est apparu au nouveau
préavis dans le feuilleton du mardi 13 avril, un membre de notre aile parlementaire
a transmis le titre du projet de loi, titre
qui était déjà au feuilleton, donc public, ainsi que le numéro de ce dernier,
le membre du personnel en question
croyant que le numéro appartenait au titre et faisait partie également du
feuilleton. Cette communication du numéro du projet de loi s'est faite
dans le cadre d'un échange de messagerie texte, M. le Président. Par souci de transparence et pour faire la
démonstration hors de tout doute que la présence du numéro du projet de loi
dans le communiqué de presse ne permet pas d'inférer qu'il y a eu
communication du texte du projet de loi, je vais déposer, électroniquement, bien sûr, cet échange de
messages textes qui fait la démonstration qu'il y a eu, donc, communication du numéro et du titre du projet de loi. Les
parlementaires pourront donc consulter cet échange lors de son dépôt virtuel,
dans les prochains instants, par mon équipe.
Vous
constaterez de vos yeux, M. le Président, à la lecture de cet élément, que deux
éléments factuels ont été transmis à
un tiers : le titre du projet de loi, qui était déjà inscrit au
feuilleton — personne
ici, surtout pas un parlementaire d'expérience comme le leader du gouvernement, ne pourrait soulever qu'il s'agit d'un
outrage au Parlement — et le numéro du projet de
loi. Nous reconnaissons donc... et je transmets, au nom du député d'Hochelaga‑Maisonneuve,
en mon nom personnel puis au nom de
ma formation politique, des excuses à cet égard à l'ensemble des
parlementaires, nous reconnaissons que le numéro du projet de loi
n'aurait pas dû être diffusé publiquement. Il s'agit d'une erreur commise de
bonne foi.
Or, sur le
fond de la question qui vous occupe aujourd'hui, M. le Président, cette erreur
de bonne foi ne devrait pas être
assimilée à un outrage au Parlement, pour une raison simple : le fait
qu'il y ait eu communication du titre et du numéro du
projet de loi ne constitue en rien, en rien une preuve que les parlementaires
ont été privés de leur privilège d'avoir accès en premier au texte du projet de loi, à son contenu. Sachez que, depuis
ces événements, notre équipe parlementaire a été conscientisée de façon très sérieuse à l'importance de ne plus commettre
ce genre d'erreur. Je m'engage à ce que ça ne se reproduise plus dans
l'avenir, je vous l'assure.
M. le Président, l'interdiction de transmettre
une copie du projet de loi à quiconque avant sa présentation et sa distribution
à l'ensemble des membres de cette Assemblée est fondamentale. Ceci étant dit,
l'esprit et la lettre de la jurisprudence à
cet égard sont clairs : l'objectif visé est de permettre aux
parlementaires de prendre connaissance en premier du contenu du projet de loi.
M. le Président, tous les présidents et les présidentes qui se sont succédé sur le
siège que vous occupez l'ont réitéré dans
leur jurisprudence, le privilège parlementaire protège le
contenu, le texte d'un projet de loi. La décision la plus claire à cet égard a
été rendue en 2006, c'est la décision 67/55, par le président Bissonnet,
vous la connaissez bien, je la lis néanmoins,
je vous lis un extrait, celui qui est le plus pertinent : «De manière
générale — je cite, donc — la présidence a reconnu la possibilité pour un ministre d'émettre
un communiqué de presse — un communiqué de presse — dans lequel il informe les citoyens
des grandes orientations contenues dans son projet de loi — des
grandes orientations contenues dans son
projet de loi. La jurisprudence parlementaire reconnaît également au
gouvernement la possibilité d'informer la population sur ses politiques et ses programmes. Enfin, la présidence a
aussi reconnu que, avant sa présentation à l'Assemblée, les orientations
d'un projet de loi et ses différentes versions préliminaires peuvent faire
l'objet de consultations et de discussions.
Cependant, les parlementaires doivent être les premiers à être saisis du texte
du projet de loi sur lequel ils devront se prononcer — du
texte du projet de loi sur lequel ils devront se prononcer.»
M. le
Président, cet extrait de jurisprudence est le plus clair, il est déterminant
dans l'organisation de nos travaux ici, et soyez assuré que mon groupe
parlementaire y adhère sans aucune nuance. Ce que je vous soumets, M. le
Président, c'est qu'il ne serait pas
raisonnable, de ce point de vue et de notre point de vue, d'affirmer que la
simple transmission du numéro du
projet de loi transgresse ce principe. L'esprit de notre règlement est clair,
l'esprit et la lettre sont clairs, c'est le contenu, c'est le texte du projet de loi qui est protégé par le
privilège parlementaire, pas son titre, bien sûr, puisqu'il est inscrit au feuilleton, pas ses grandes
orientations, puisque la jurisprudence est claire à l'égard du fait que c'est
possible de les communiquer
publiquement. Et, je vous soumets humblement, M. le Président, si ces deux
premiers éléments là ne sont pas protégés par le privilège
parlementaire, par quelles contorsions pourrions-nous affirmer que le numéro... — c'est
simplement un numéro à trois chiffres, là — en quoi la divulgation de cette seule information
constitue un bris du privilège que
doivent avoir les parlementaires ici d'être les premiers à prendre connaissance
du contenu du texte du projet de loi?
J'ajoute à
ces arguments, à la lueur de ceux qui ont été présentés par le leader du
gouvernement, que la date à laquelle un député souhaite procéder au dépôt
formel du projet de loi n'est pas non plus protégée par le privilège
parlementaire. Quelle est la
démonstration de ça? Bien, le fait qu'à
peu près 90 % des députés dans cette Chambre sont déjà
allés en point de presse avant le
dépôt d'un projet de loi pour dire : Aujourd'hui, je vais déposer mon
projet de loi. C'est une pratique commune, usuelle dans ce Parlement. Ça n'a jamais été considéré par
aucune jurisprudence comme constituant un outrage au Parlement. Je
pense, M. le Président, qu'il ne faudrait pas aujourd'hui créer ce précédent.
Dans le cas qui nous occupe aujourd'hui, M. le
Président, il est impossible de conclure sans autre preuve qu'un tiers a eu accès au contenu du projet de loi
simplement parce que ce tiers a eu connaissance du numéro dudit projet de loi
avant sa présentation. Et, en fait, au contraire, l'échange que j'ai déposé en
preuve démontre exactement dans quelle circonstance
le numéro a été communiqué. Et donc, quand le leader du gouvernement vous
invite à inférer à partir de la présence
dans le communiqué de presse du numéro qu'il y a eu communication du texte,
bien, il vous demande de faire un saut logique appuyé par aucune preuve.
De mon côté,
M. le Président, je vous présente la preuve ce que j'affirme, c'est-à-dire
qu'il y a eu communication du numéro
du projet de loi. Et, pour ça, je le répète, c'est important pour moi, nous
reconnaissons l'erreur de bonne foi. Elle
a été commise par un membre de notre personnel. Les rappels ont été faits, les
numéros ne seront plus communiqués de
cette manière-là à des tiers. Mais, M. le Président, j'en appelle au sens
commun, là, qui doit gouverner nos travaux pour vous présenter l'argument qu'il serait déraisonnable de condamner un
député pour outrage au Parlement pour une erreur de cette ampleur, c'est-à-dire
communiquer un simple numéro de projet de loi. En fait, et par ailleurs, je
précise mes propres propos, il n'est
pas l'auteur de cette communication-là. Je répète que c'est un membre de notre
personnel, malheureusement, qui a commis cette erreur.
Je pense que
j'ai, à ce stade-ci, bien répondu au premier argument du leader du gouvernement,
celui qui porte sur la présence dans le communiqué de presse du numéro,
790, du projet de loi du député d'Hochelaga-Maisonneuve. Cet élément factuel ne
constitue pas un outrage au Parlement. La jurisprudence est claire là-dessus,
je vous ai soumis les décisions, et le sens
commun également, je pense, doit nous guider ici. Le sens commun veut que, si
donner les grandes lignes du projet
de loi en point de presse n'est pas un outrage au Parlement, échapper le numéro
dans une communication privée ne peut pas l'être non plus. Ce serait
déraisonnable.
• (15 h 30) •
Le deuxième
argument du leader du gouvernement concerne, en fait, la date de publication du
communiqué. La publication de ce
communiqué-là, M. le Président, même la veille de la présentation du projet de
loi ne constitue en rien, en rien une
preuve qu'il y ait outrage au Parlement. Le fait que le communiqué ait été
publié prématurément démontre une seule
chose, en fait, une seule chose. Si on ne fait pas d'inférence, si on prend les
faits tels que vous les connaissez, tels que le leader du gouvernement les connaît, tels que nous les connaissons
tous, ça démontre une seule chose : l'organisation syndicale en question connaissait l'intention du
député d'Hochelaga-Maisonneuve de déposer un projet de loi ce jour-là, ce
qui est permis par notre règlement, et elle
connaissait les intentions générales du député dans ce projet de loi, autrement
dit les grandes lignes du projet de loi. Sur ce point également, M. le
Président, la jurisprudence est claire.
C'est en effet ce qui
s'est produit. Le leader du gouvernement n'a peut-être pas été informé par son
collègue ministre du Travail, mais sachez
que mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve a inséré dans son projet de loi, en
fait, des revendications qui sont réclamées depuis 2016 par les
différents syndicats du milieu de la construction dans l'objectif d'équilibrer
les rapports de force dans le cadre des négociations collectives. À cet effet,
une pétition a été remise au ministre du
Travail, en 2017, réclamant les modifications à la loi que propose mon collègue
d'Hochelaga‑Maisonneuve dans le projet de loi n° 790. C'était il y
a près de quatre ans, M. le Président. Le texte de cette pétition est toujours
accessible sur Internet. Je vais procéder au
dépôt virtuel, mais, pour le bénéfice de tous, je vais quand même vous lire un
extrait de cette pétition-là :
«Nous, soussignés, demandons au gouvernement [...] qu'il modifie la Loi sur les
relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction pour :
«Inclure des dispositions anti-briseurs de grève
dans l'industrie de la construction;
«Permettre la
négociation de clauses rétroactives dans les conventions collectives de
l'industrie de la construction.» Fin de la citation.
M. le Président, le leader du gouvernement nous
invitait à porter attention à la similitude entre le contenu du communiqué de presse de l'Alliance syndicale et
les notes explicatives du projet de loi. Bien, moi, M. le Président, j'aimerais
porter votre attention sur la similitude entre les notes explicatives du projet
de loi et le contenu de la pétition déposée en
2017. Ce sont les mêmes. Il y a en effet concordance presque exacte entre le
libellé de cette pétition, qui date d'il y a plus de trois ans, et le
texte du communiqué de presse qui est utilisé comme preuve par le leader du
gouvernement.
M. le
Président, je pourrais vous citer des dizaines d'autres documents qui
reprennent exactement ce libellé‑là, mais je vais m'en contenter d'un
seul, puisque ça concerne un membre de cette Assemblée.
À chaque
automne, depuis 2016, les porte-parole des groupes parlementaires des
oppositions en matière de travail ainsi que le ministre du Travail lui-même
reçoivent un document qui fait mention de ces revendications. Le collègue,
donc, du leader du gouvernement, le ministre du Travail, a reçu
plusieurs fois ce document depuis sa nomination à titre de ministre du Travail. Je dépose le document en
question, virtuellement, bien sûr, document que le ministre et les porte-parole
des oppositions en matière de travail ont
reçu à l'automne 2020. Je vous invite à porter attention à la page 19 de ce document, qui aborde l'enjeu de l'équilibre dans le régime de négociation dans
l'industrie de la construction. Et je vous fais une citation de la
page 19 : «Nous vous réitérerons nos demandes :
«Intégrer dans la loi R-20 des dispositions
anti-briseurs de grève;
«Intégrer
dans la loi R-20 le droit de pouvoir négocier la rétroactivité dans nos
conventions collectives.» Fin de la citation.
Je vous
laisse à nouveau apprécier, M. le
Président, ici la concordance presque
exacte, littéralement exacte entre le texte de ce document et le
texte du communiqué de presse présenté en preuve par le leader du gouvernement.
M. le Président, s'il y a concordance entre le communiqué de presse, les notes
explicatives du projet de loi, une pétition
déposée il y a quatre ans et un document reçu par le ministre du Travail il y a quelques mois, ce n'est pas un hasard. C'est parce que le projet de loi déposé par le
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, il a été rédigé en réponse à des revendications issues du monde syndical.
Dans le cadre
de son travail normal de député, de porte-parole du deuxième
groupe d'opposition en matière de
travail, le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, après avoir reçu cette communication de la part d'organisations
syndicales, a pris l'engagement
public, l'engagement politique de présenter un projet de loi pour répondre à
ces revendications. Le projet de loi n° 790
est la réalisation de cet engagement.
M. le
Président, si les élus s'engagent publiquement à donner suite, notamment par le
dépôt d'un projet de loi, à certaines
revendications de la société civile, on ne peut pas inférer qu'ils commettent
un outrage au Parlement. S'engager comme
ça à relayer par le biais d'un projet de loi certaines revendications par
ailleurs bien connues publiquement, c'est partie intégrante du travail d'un député, puis il est normal qu'un
député communique largement son intention en ce sens, y compris auprès
des acteurs directement concernés par son projet de loi.
Bien sûr, il
y a une ligne à ne jamais franchir. Cette ligne, c'est l'outrage au Parlement.
Cette ligne, c'est le respect du privilège
qu'ont les membres de cette Assemblée d'être saisis les premiers des textes
législatifs. C'est exactement ce qui s'est
passé ici. Le député d'Hochelaga-Maisonneuve s'est engagé publiquement à
répondre aux deux revendications des groupes
syndicaux en construction en présentant un projet de loi, projet de loi qui
modifierait le chapitre R-20 de la Loi sur les relations de travail, la formation professionnelle et la gestion
de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction. Une fois le projet de loi inscrit au feuilleton,
il a communiqué la date où il procéderait à la présentation du projet de loi.
Cette communication, M. le Président, ne constitue pas un outrage au Parlement.
Dans ce contexte, et quand on comprend, donc,
les circonstances qui entourent le dépôt de ce projet de loi, il est tout à fait normal que les organisations
syndicales se réjouissent publiquement de la concrétisation de l'engagement du
député d'Hochelaga-Maisonneuve, et ce, même s'ils n'ont pas encore pris
connaissance du texte du projet de loi. Ces organisations
connaissaient l'intention du député, le député leur avait exprimé son intention
de déposer un projet de loi à ce
sujet, ils avaient eu... le député d'Hochelaga-Maisonneuve leur avait annoncé
son intention de remplir son engagement jeudi le 15 avril, et donc elles étaient bien placées pour exprimer
leur appui au projet de loi, même si le texte du projet de loi leur était toujours inconnu. Je le rappelle encore
une fois, ce projet de loi là, c'est une réponse directe à des revendications
bien connues et largement diffusées publiquement pendant des années.
Sur cette
question, M. le Président, des précédents existent dans notre jurisprudence.
Notre histoire parlementaire regorge
de moments où des tiers se réjouissent du dépôt prochain d'un projet de loi
avant même d'avoir pris connaissance de
son contenu, surtout lorsque ces projets de loi là découlent d'engagements
publics, par exemple d'engagements électoraux, pris auparavant par les députés ou les ministres ou lorsque les titres
de ces projets de loi sont déjà explicites quant au contenu du projet de
loi.
Je
vous donne un exemple. Le 29 octobre 2013, l'ancien député de
Mercier, Amir Khadir, présentait un projet de loi qui s'intitulait... c'était
le projet de loi n° 494, Loi proclamant la Journée nationale de
sensibilisation à l'hépatite C. Ce projet de loi là avait été rédigé à la suite d'une rencontre avec le Centre
d'aide aux personnes atteintes d'hépatite C, où des représentants avaient fait part au député,
donc, Khadir de leurs revendications de proclamer le 29 avril Journée
nationale de sensibilisation à
l'hépatite C. M. le Président, il est tout à fait raisonnable de croire que le
ministre de la Santé de l'époque tout
comme les porte-parole en matière de santé ont deviné ce qu'il y avait dans le
projet de loi n° 494 avant de l'avoir lu. Pourquoi? Bien, parce que
le Centre d'aide aux personnes atteintes de l'hépatite C avait fait
connaître ses revendications à tous
les partis représentés à l'Assemblée nationale. Les représentants de ce groupe,
donc, connaissaient le contenu du projet de loi du député de Mercier, ils s'en étaient d'ailleurs... ce groupe-là
s'en était réjoui publiquement, à l'époque, avant la présentation du
projet de loi, mais pas parce qu'il y avait outrage au Parlement, parce qu'il
était implicite dans le titre et dans la
démarche du député de Mercier que c'est ce qu'il y aurait dans le projet de
loi. Personne n'a eu, à ce moment-là, l'audace
d'accuser le député de Mercier d'outrage au Parlement. Pourquoi? Parce que tout
le monde comprenait bien, de bonne foi, que, parce qu'il y avait
réjouissance de la part d'un tiers, ça ne voulait pas dire qu'ils avaient lu le
texte du projet de loi.
Est-ce que,
M. le Président, pour se protéger d'un outrage au Parlement, à l'époque, le
député de Mercier aurait dû changer
la date dans son projet de loi pour être certain que le groupe qui lui avait
demandé le projet de loi ne devine pas le contenu? Est-ce que le député
d'Hochelaga-Maisonneuve aurait dû
utiliser un titre plus confus, moins clair pour espérer que les représentants du monde syndical ne voient pas venir ce qu'il y avait à l'intérieur de ce projet
de loi là? Bien sûr
que non.
• (15 h 40) •
Puis par ailleurs, là-dessus, c'est assez ironique que le leader du gouvernement cite dans sa plaidoirie un extrait du communiqué, extrait qui parle de
la notion d'équilibrer les rapports de force dans l'industrie de la construction, et il vous demande
d'inférer de cette citation-là qu'il
y a eu communication du texte du projet de loi. Bien, M. le Président, équilibrer les rapports de force, là,
dans l'industrie de la construction, cette expression-là, elle vient d'où? Elle
est écrite où? Pas seulement dans les notes explicatives, dans le titre du projet
de loi. Et le titre du projet de loi, il était au feuilleton.
Donc, encore une fois, ce que vous demande le leader du gouvernement, c'est d'inférer
à partir de la présence d'une expression
dans un communiqué de presse que, donc, nécessairement c'est une
preuve qu'il y a eu communication du contenu du projet de loi. M. le
Président, encore une fois, c'est un saut argumentatif, que, je pense, très respectueusement, vous ne devez pas faire.
Tout comme
dans le cas du projet de loi n° 94 du député de Mercier, je pense qu'on ne
peut pas juger que le député d'Hochelaga-Maisonneuve
a commis à première vue un outrage au Parlement parce que les organisations
syndicales qui sont à l'origine de la
revendication à laquelle répond le projet de loi se réjouissent de la
présentation de ce projet de loi. Le titre,
par ailleurs, je viens de le dire, le titre du projet de loi ne laissant aucun
doute sur la nature du projet de loi, il est normal que les
organisations en question se soient réjouies de son dépôt, même précipitamment.
En bref,
déduire de l'appui enthousiaste des organisations syndicales à la présentation
d'un projet de loi qu'il y a eu outrage
au Parlement constitue une inférence qui n'est appuyée par aucun fait ni aucune
preuve. Cela constituerait, M. le Président,
un dangereux précédent. Des députés pourraient être accusés d'outrage au
Parlement malgré eux, malgré elles, parce
que des tiers se réjouissent trop vite ou soulignent trop rapidement la
présentation, le dépôt de certains projets de loi.
D'ailleurs,
la diffusion précipitée du communiqué de presse la veille de la présentation du
projet de loi ne... cette erreur-là
ne peut pas être imputée ni au député d'Hochelaga-Maisonneuve ni à mon équipe
et moi, comme équipe de leader parlementaire.
C'est une décision qui est issue d'un tiers, sur lequel le député n'avait aucun
contrôle. C'est une erreur, de toute
évidence, de manipulation qui a été faite de bonne foi. Mais je vous invite à ne
pas faire porter sur les épaules du député d'Hochelaga-Maisonneuve une
erreur qu'il n'a pas commise. La seule erreur commise par mon groupe
parlementaire, M. le Président, je l'ai reconnue et je vous ai fourni une
preuve qui démontre ces faits-là.
Sur ces
questions-là, M. le Président, notre jurisprudence est claire. Le seul fait
d'annoncer à des tiers son intention de déposer un projet de loi sur un
sujet donné, voire le fait de préciser le sujet ou les objectifs généraux d'un
tel projet de loi ne constituent pas un
outrage au Parlement. La plus récente décision à ce sujet a été rendue, bien,
par vous-même, M. le Président, le
6 décembre 201, c'est la décision 67/83, et je vous cite : «Il
semble manifeste que le journaliste a eu accès à de l'information pour
rédiger son article, mais est-ce à dire que le texte lui-même ou le détail du
contenu du projet de loi lui a été
communiqué? En d'autres mots, est-ce que le degré de détails que l'on retrouve
dans l'article de journal est tel qu'il faille en conclure qu'un outrage
au Parlement a été commis?»
Moi, M. le
Président, je vous invite à substituer «journaliste» par «syndicat» et
«article» par «communiqué de presse» et
à vous poser la même question. Comment répondiez-vous à cette question dans
votre décision? Je vous cite : «Il peut parfois être difficile de distinguer ce qui constitue une divulgation
des détails du contenu d'un projet de loi, au sens de la jurisprudence, d'une
communication des grandes lignes de ce projet de loi. Alors que le premier serait
un outrage à première vue, l'autre a toujours été permis.»
Et en
l'espèce vous avez reconnu que, et je vous cite à nouveau, «lorsqu'un
journaliste a accès à certains éléments d'un projet de loi avant qu'il ne soit présenté, mais que rien ne
démontre qu'une communication formelle visant à rendre public le projet de loi n'a été faite par le
ministre[...], la jurisprudence n'a pas considéré [...] qu'il s'agissait d'un
outrage recevable à première vue».
M. le
Président, on est exactement dans la même situation. La preuve présentée par le
leader du gouvernement ne démontre
d'aucune manière qu'il y a eu communication formelle visant à rendre public le
projet de loi. Moi, ce que je vous ai déposé, c'est une preuve qui démontre
qu'il y a eu communication du numéro. On présente nos excuses. Les rappels
ont été faits aux membres du personnel qui
ont été responsables de cette erreur. Mais y a-t-il eu communication formelle
visant à rendre public le projet de loi, M. le Président? Il n'y a
aucune preuve qui vous a été soumise en ce sens-là.
Prenons maintenant l'exemple inverse.
Quel genre de communication constitue, selon la jurisprudence, un outrage
au Parlement? Là-dessus aussi, la
jurisprudence est claire. Le 12 juin 2018, dans sa décision 67/77, le
président Chagnon rendait une décision à l'effet qu'un ministre avait
commis, à première vue, un outrage au Parlement. Qu'avait fait ce ministre? Diffuser un numéro? Non. Non, non, pas
mal pire : diffuser le projet de loi entier à des journalistes avec la
mention «sous embargo» sur chacune des pages lors d'une séance de
breffage, une heure avant sa présentation à l'Assemblée. M. le Président, je pense qu'on est tous et toutes
ici des personnes raisonnables, capables de mesurer la distance qui sépare
l'erreur de bonne foi de notre équipe, que nous reconnaissons, en toute
humilité, et la décision de juin 2018 qui montre clairement ce qu'est un
outrage au Parlement.
Je
vous rappelle aussi, avant de conclure, que plusieurs projets de loi ont été déposés par certains collègues en cette Chambre dans les derniers mois, projets
de loi dont les grandes lignes ont
très souvent été rendues publiques avant leur présentation sans que cela ne
constitue un outrage au Parlement, comme la jurisprudence l'a affirmé à plusieurs
reprises. Je vous en nomme quelques-uns :
il y a eu le projet de loi n° 699 de la députée de Marie-Victorin pour lequel un article est paru dans un média le matin avant sa présentation;
le projet de loi n° 697 du député de Jonquière, pour lequel le
collègue, donc, de Jonquière a
détaillé les grandes lignes de son projet de loi en point de presse avant sa
présentation au salon bleu; le projet
de loi n° 698 du député de Nelligan qui visait à répondre à
des engagements que le collègue de Nelligan avait pris envers les
restaurateurs, c'est son projet de loi sur les frais de livraison pour les
restaurateurs et restauratrices.
M. le Président, si
le leader du gouvernement se lève pour accuser le député
d'Hochelaga-Maisonneuve d'outrage au Parlement, il aurait dû le faire à tous
ces moments-là. Il ne l'a pas fait à ces moments-là. Pourquoi? Parce que ce n'étaient clairement pas des outrages au
Parlement. Parce que la jurisprudence reconnaît qu'on a le droit de parler
des grandes lignes d'un projet de loi
publiquement avant sa présentation à l'Assemblée. La seule différence, je
réitère, la seule différence, c'est
le numéro de projet de loi, et là-dessus je fais l'admission, je présente les
excuses et je vous soumets que ça ne me semble pas suffisant pour juger
qu'il y a outrage, à première vue, pour un numéro de trois chiffres.
Mais je m'en
voudrais, M. le Président, de ne pas parler également de projets de loi qui ont
été déposés par le gouvernement, notamment
le projet de loi n° 32, Loi visant principalement à favoriser
l'efficacité de la justice pénale et à établir les modalités d'intervention de
la Cour du Québec dans un pourvoi en appel. À peine trois heures après son
dépôt, la ministre de la Justice
tenait une conférence de presse en présence de plusieurs groupes mobilisés
autour de ces enjeux qui touchaient le projet de loi. Je pense qu'on peut dire
que ces groupes-là avaient sûrement été invités à l'Assemblée nationale avant le dépôt du projet de loi, je
pense que c'est raisonnable de penser ça. Ils ne se sont pas déplacés entre le
début de la période de questions et le point
de presse en catastrophe. Pourquoi? Bien, parce qu'ils étaient au courant que
le projet de loi a été déposé, ils savaient que ça allait être déposé à cette
date-là. Et c'est bien normal, et c'est bien correct. Et personne n'a eu
l'assurance de se lever en cette Chambre pour dire que c'était un outrage au
Parlement.
Même
chose pour le projet de loi n° 399, Loi instaurant une présomption de
consentement au don d'organes ou de tissus
après le décès, d'ailleurs déposé par le leader de l'opposition officielle en
2019. Quelques instants à peine après son dépôt, le leader de l'opposition
officielle était, un, dans un point de presse avec des groupes qu'il avait
consultés pour rédiger son projet de
loi, démarche tout à fait normale, tout à fait légitime. C'est ce à quoi on
s'attend de la part des députés. Personne
ne l'a accusé d'outrage au Parlement, et c'est bien normal, ce n'en était pas
un.
Et puis un dernier
exemple, M. le Président. Le projet de loi n° 21, Loi sur la laïcité de
l'État, le journaliste Denis Lessard, de La Presse, révélait, et là ce n'est pas un jour, trois
jours, trois jours avant le dépôt du projet
de loi, le journaliste Denis
Lessard révélait, entre autres, que le projet de loi comprendrait deux clauses
dérogatoires dans le but d'éviter les
contestations judiciaires et qu'il prévoyait une clause de droits acquis. Je
vais déposer copie de cet article-là. M.
le Président, de toute évidence, le journaliste avait eu connaissance de quelque
chose à propos du projet de loi. Personne ne s'est levé en cette Chambre pour soumettre une question
de règlement. Personne n'a accusé le leader de l'opposition officielle,
ministre responsable de ce projet
de loi là, d'outrage au Parlement. Ça
aurait été une accusation très mal avisée parce qu'il n'y avait aucune
preuve qu'il y avait eu communication formelle du texte du projet de loi au
journaliste de La Presse. On est aujourd'hui dans la même situation,
le leader du gouvernement devrait le reconnaître en premier lieu.
• (15 h 50) •
Je termine, M. le
Président, en vous rappelant que, malgré l'erreur de bonne foi qui a été
commise par notre équipe, qui implique la
transmission du simple numéro du projet
de loi, erreur que je documente et
que je prouve, rien ne vous a été
soumis qui fait la démonstration que le contenu du projet de loi a été partagé à quiconque avant sa présentation à l'Assemblée. Aucun élément factuel présenté par le leader du gouvernement ne donne ouverture à un
outrage au Parlement. Il ressort très
clairement des faits, des faits que je vous ai présentés et que j'ai documentés,
que le principe de déférence envers le
travail des parlementaires n'a pas été bafoué par le député d'Hochelaga‑Maisonneuve,
et je vous soumets qu'on ne pourrait considérer
que ce principe-là est bafoué par la seule transmission du numéro du projet de
loi. Les privilèges des parlementaires en
cette Chambre ont été respectés du début à la fin. Le député a consulté les
acteurs de la société civile dans la rédaction de son projet de loi. Les acteurs de la société civile étaient au
courant de ses grandes intentions avec ce projet de loi là. Tout ça, M. le Président, non seulement c'est
permis par notre règlement, mais c'est ce à quoi on s'attend des députés de
l'Assemblée nationale, qu'ils travaillent en partenariat avec des gens de la
société civile pour animer les débats de société,
tant et aussi longtemps qu'ils ne franchissent pas la ligne de l'outrage au
Parlement. Et, dans le cas qui vous occupe, M. le Président, qui nous occupe aujourd'hui, il n'y aucune preuve qui
vous a été soumise que cette ligne-là a été franchie. Merci.
Documents déposés
Le Président : D'abord, je
vais demander s'il y a consentement pour le dépôt des documents tel que
proposé. Consentement.
Est-ce que je constate d'autres
interventions potentielles? Je n'en constate pas. Alors, à ce moment-ci, j'ai
été très attentif à vos propos respectifs et je prends ma décision en
délibéré. Je reviendrai rapidement.
Toujours
dans le segment des renseignements sur les travaux, je vous informe que demain, lors des affaires inscrites
par les députés de l'opposition, sera débattue la motion inscrite par Mme la députée Rouyn-Noranda—Témiscamingue. Cette motion se lit comme suit :
«Qu'à
l'occasion du Jour de la Terre, l'Assemblée nationale rappelle la nécessité de
protéger le territoire naturel dans
l'ensemble du Québec, afin de permettre à la population d'y avoir accès pour y
pratiquer des activités respectueuses des écosystèmes;
«Qu'elle
constate que le gouvernement caquiste n'a pas atteint son propre objectif de
protéger 17 % du territoire dans toutes les régions du Québec;
«Qu'elle
rappelle que 83 projets d'aires protégées ont été refusés par le
gouvernement et qu'une vaste majorité de celles-ci se situent dans les
secteurs plus convoités par l'industrie forestière;
«Que l'Assemblée
nationale exige du gouvernement de décréter un moratoire sur les coupes
forestières dans ces 83 projets d'aires protégées jusqu'à l'atteinte de la
cible dans chaque région du Québec.»
Affaires du jour
Voilà. La période des
affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires
du jour.
Et je suspends nos
travaux pour quelques instants Merci à toutes et à tous.
(Suspension de la séance à
15 h 52)
(Reprise à 15 h 58)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, nous reprenons nos travaux.
Et,
avant de poursuivre les affaires du jour, je vous informe que trois débats de
fin de séance... Vous pouvez prendre place. Je vous remercie. Alors,
vous pouvez... Je reviens au départ.
Je vous informe que
trois débats de fin de séance se tiendront, aujourd'hui, en application de
l'ordre spécial. Le premier débat portera
sur une question adressée par M. le
député de LaFontaine
au ministre de la Famille concernant les sommes transférées par le gouvernement
fédéral en matière de services de garde. Le deuxième débat portera sur une question adressée par Mme la députée de Sherbrooke
au ministre de la Famille concernant la pénurie de places dans le réseau de services de garde.
Le troisième débat portera sur une question adressée par M. le député de
Jacques‑Cartier au ministre responsable de
la Langue française concernant les coupes dans le financement d'un programme
d'apprentissage de la langue française destiné aux Québécois
d'expression anglaise.
Affaires prioritaires
Reprise du débat sur la motion
du ministre des Finances proposant que
l'Assemblée approuve la politique budgétaire du gouvernement
et sur les motions formulant un grief
Alors, aux affaires
prioritaires, à l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat
ajourné à l'Assemblée le 13 avril 2021
sur la motion de M. le ministre des Finances proposant que l'Assemblée approuve
la politique budgétaire du
gouvernement ainsi que les motions formulant un grief présentées par Mme la
cheffe de l'opposition officielle, M. le député de Jonquière, Mme la députée de Sherbrooke, Mme la députée de
Gaspé, Mme la députée de Fabre, Mme la députée de Mercier, Mme la
députée de Verdun, M. le député de Jean-Lesage, Mme la cheffe du deuxième
groupe d'opposition, Mme la députée de Joliette, Mme la députée de Maurice-Richard et M. le député de LaFontaine.
• (16 heures) •
Conformément
aux dispositions de l'article 276 du règlement, je vous rappelle qu'une
intervention de 30 minutes est
réservée aux représentants de l'opposition
officielle et que ce débat se
terminera par la réplique d'une heure accordée au ministre des Finances.
Je comprends aussi
qu'il y aurait toutefois consentement pour permettre aux porte-parole du
deuxième et troisième groupe d'opposition de
faire une intervention d'une durée maximale de 10 minutes. Alors, il y a
consentement? Consentement.
Alors, sans plus
tarder, je vais céder la parole à M. le député de René-Lévesque pour une durée
de 10 minutes.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Donc, d'ailleurs, merci à
mes collègues leaders pour donner ce privilège
à la troisième opposition de donner une réplique au budget, puisqu'il s'est
passé beaucoup de choses depuis le dépôt du budget.
Nous
sommes allés, effectivement, en commission parlementaire, la Commission des finances publiques, et une des
choses qu'on a essayé de valider, c'est de comprendre comment se faisait-il que
le gouvernement n'avait pas été aussi loin sur des enjeux
qui, à notre avis, étaient essentiels d'aborder.
J'ai
parlé, lors de ma première réplique... et je continue de le dire encore, nos
sentinelles du milieu communautaire auraient mérité un meilleur
traitement. Lorsque j'ai posé la question au ministre des Finances, il m'a dit,
il nous a dit : Écoutez, à titre de ministre des Finances, je dois faire l'équilibre des demandes de tous
et chacun. Je suis un petit peu l'arbitre des demandes et, à la fin de la journée, à la fin des discussions, je
dois trancher. Et après ça, il nous a un peu exposé en quoi ses choix étaient quand même
adéquats, notamment par rapport à l'aide supplémentaire qui était offerte aux
groupes communautaires.
Mme la Présidente, je suis tenté, aujourd'hui, de faire quelques précisions, d'apporter
quelques précisions, notamment à
savoir que l'aide offerte aux groupes communautaires est totalement
insuffisante. Si vous me permettez, Mme
la Présidente, je vais vous
lire deux citations des communiqués qui sont sortis après le dépôt du budget.
Le premier
communiqué, du Réseau québécois de l'action communautaire autonome, nous dit :
«À la suite du budget déposé par le ministre[...], le 25 mars, plusieurs
organismes d'action communautaire autonome vivent un mélange de
déception, de colère et d'indignation. Les [travailleuses] et [travailleurs]
poursuivront leur engagement envers leur communauté avec le sentiment d'être
utilisés et avec un goût amer en bouche, celui de la sous-traitance forcée.»
Je vais y
aller du côté de... La Table des regroupements provinciaux des organismes
communautaires et bénévoles «est plus
que déçue de la faible augmentation du financement des groupes communautaires
autonomes du domaine de la santé et des services sociaux».
Bref, le
ministre des Finances a fait les arbitrages, et malheureusement il a déçu des femmes, majoritairement des femmes, dans le milieu communautaire, qui se
seraient attendues à un petit peu plus d'efforts, pour donner les moyens à ces
sentinelles, pendant cette pandémie, de
continuer à faire leur mission, d'accompagner les gens les plus vulnérables, et
d'être capables d'avoir les moyens aussi d'attirer des professionnels à
venir travailler avec eux.
Pendant le
débat aussi, et on l'a vu aujourd'hui en période de questions, évidemment toute
la question du financement réservé
aux maisons d'hébergement pour les femmes victimes de violence. Aujourd'hui, on
a appris, par la bouche du premier ministre, qu'il y aura une annonce sous peu
et qu'il y aura de l'argent supplémentaire qui sera déployé pour s'assurer que
les femmes en milieu... les femmes victimes de violence conjugale, pardon, et
qui cherchent un lieu d'hébergement puissent
en avoir l'opportunité. Donc, on vient valider la thèse, Mme la Présidente,
que, dans le budget, il manquait d'argent. Dans le budget, on n'avait pas pris la hauteur des besoins demandés par
les différents groupes et qu'on est obligé, après le budget, d'en rajouter.
Donc, pour nous, ce sont deux constats que le budget, malheureusement, Mme la
Présidente, n'offrait pas un Québec plus juste aux Québécois, aux
Québécoises.
La deuxième
discussion qu'on a eue, moi et le ministre des Finances, c'est : Vous ne
l'avez pas fait, d'augmenter le
financement des groupes communautaires, parce que vous ne vous étiez pas donné
les moyens. Donc, j'ai eu cette discussion avec le ministre des Finances
pour dire : Écoutez, le Parti québécois avait proposé, dans son programme
des attentes budgétaires, une augmentation,
à certains endroits, des revenus pour le gouvernement du Québec. La première
chose que nous avions ciblée, c'était
cette fameuse taxe compensatoire des institutions financières. Lorsqu'on a eu
la discussion avec le ministre des
Finances, il nous a dit : Bien, écoutez, nous, sur le chemin de
l'équilibre budgétaire, il n'est pas question qu'on aille chercher des nouveaux revenus qui auraient
une incidence sur l'augmentation des taxes et des impôts. Or, le ministre
nous a avoué qu'effectivement, dans le
budget en question, il y avait une augmentation de taxes notamment pour les
institutions financières. Donc, ce fameux dogme de dire qu'on ne bougera
pas pour augmenter les revenus sans que, ça, ça ait un impact sur les particuliers ou ces entreprises, c'est faux. On a eu
véritablement la réponse que, non, le gouvernement a décidé de maintenir une
taxe sur les institutions financières, ce qu'on appelle la taxe compensatoire
sur les salaires pour les entreprises financières. Et donc ça se peut, à la
CAQ, d'aller chercher des revenus supplémentaires. Donc, on a posé la question au ministre des Finances :
Pourquoi ne pas avoir été un petit peu plus loin? Évidemment, fin de
non-recevoir.
On avait proposé, au Parti québécois, aussi de
taxer les GAFAM. Or, budget fédéral hier, on apprend que le gouvernement de
Justin Trudeau va aller de l'avant. Alors, ma question aujourd'hui, et
j'espère que j'aurai la réponse du ministre des Finances pendant sa réplique :
Compte-t-il aussi appliquer les taxes québécoises aux GAFAM sur notre
territoire? Je serais heureux d'entendre cette réponse, parce que, Mme la
Présidente, nous, on a évalué, à 3 % du chiffre d'affaires sur le territoire québécois, qu'on pourrait aller chercher,
en moyenne, 146 millions par année pour un total, sur cinq ans, de 730 millions. Donc, voilà de
l'argent disponible pour améliorer les services, notamment les services offerts
aux femmes, et surtout pour le milieu communautaire.
Mme la Présidente, hier, on a eu la présentation
d'un budget fédéral. Les colonnes du temple ont vibré, Mme la Présidente. Pas une fois, pas deux fois, mais à
trois reprises, on a appris que le gouvernement fédéral venait jouer dans les
compétences du Québec. Pour nous, il agit en
envahisseur, je vous dirais même en prédateur. À la limite, Mme la Présidente,
il est en train de frauder la Constitution.
Ce n'est pas compliqué, le droit des Québécois et Québécoises de gérer leurs
propres choses leur appartient.
Comment se fait-il que, dans le budget, nous apprenons que, oui, le
gouvernement veut imposer une norme nationale en matière de gestion des
CHSLD en contrepartie d'une contribution? Comment se fait-il, Mme la Présidente, que le gouvernement fédéral décide de
vouloir aussi investir en santé mentale selon une norme ou selon un seuil que lui aura jugé suffisant. Et la crème sur
le sundae, Mme la Présidente, les services de garde, notre fameuse garderie, M.
le premier ministre du Canada a eu une illumination en disant : Ça fait
25 ans que le modèle québécois existe, on va s'en inspirer, on va faire ça mur à mur. Or, on
n'a pas eu d'indication claire hier, dans le budget, combien d'argent sera
versé sans compensation au gouvernement du Québec pour l'implantation, déjà, de
notre service de garde et pour répondre à l'illumination du premier ministre du
Canada, à savoir que, «coast to coast», il y aura des garderies mur à mur.
• (16 h 10) •
Mme la
Présidente, pour nous, le message est clair. Et je veux utiliser le temps qu'il
me reste pour tendre la main au
ministre des Finances, parce qu'il va avoir besoin d'aide, Mme la Présidente.
Le Canada doit gérer ses affaires, et le Québec est capable de gérer les siennes. Donc, ce qu'il nous manque
présentement pour être capable de gérer et de retrouver le
chemin de l'équilibre budgétaire,
c'est 6 milliards de transferts fédéraux. Alors, si le ministre des Finances a besoin de moi et a besoin du Parti
québécois pour marcher avec lui sur
le sentier de l'équilibre, pour aller chercher ces 6 milliards, nous
serons là, Mme la Présidente. Mais ça vient avec une contrepartie. J'aimerais
que le ministre des Finances marche avec moi
aussi vers le chemin de l'indépendance, parce qu'un jour il va se rendre compte
qu'à force de se faire dire non, à force de demander et de ne jamais obtenir,
son chemin va arriver dans un cul-de-sac. Et moi, je vais lui proposer un
nouveau chemin, parce que, oui, dans
ce budget, il nous a parlé de résilience et de confiance. La résilience, c'est
se relever debout après un choc. Moi,
hier, Mme la Présidente, j'ai eu un choc. Pas une fois, deux fois, trois fois,
le gouvernement fédéral est venu directement gérer nos affaires à
travers son budget. Alors, dans cette même résilience, j'invite le ministre des
Finances à marcher avec moi, et surtout, parce que son budget parle de
confiance, j'aimerais qu'il ait confiance en la marche vers l'indépendance. C'est le seul moyen, ultime, de trouver sa
destinée et d'obtenir l'ensemble des moyens pour être capable d'y
arriver.
Alors, sur le
chemin de l'équilibre, je ferai un bout de chemin avec lui. Et j'espère qu'il
m'accompagnera sur le chemin de l'indépendance,
parce que c'est le seul et unique but qui va nous permettre un jour de se
sortir des décisions du gouvernement fédéral. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de René-Lévesque. Et maintenant
je vais céder la parole à M. le député de Rosemont pour une durée de
10 minutes.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci, Mme la Présidente. Ça adonne drôlement,
qu'on est le lendemain du budget fédéral. Donc, on ne peut pas faire comme si ce n'était pas arrivé, d'autant que, on le
sait, les deux exercices financiers, les pièces maîtresses étaient
intimement liées.
Il y avait beaucoup, beaucoup, beaucoup de
choses dans le budget fédéral, hier, à un point tel où on ne savait plus trop où regarder, et qu'une chatte n'y
retrouverait plus ses petits, mais il manquait quelque chose, c'est surtout ça
que j'ai remarqué, moi, il me
manquait quelque chose. Je ne voudrais pas retourner le fer dans la plaie du ministre des Finances, qui avait quand même mis pas loin de sa douzaine
d'oeufs dans le panier du gouvernement fédéral en espérant que ça allait
revenir avec un chèque. Bien non, pas de
chèque. Pas très surprenant, cela dit, le gouvernement fédéral avait bien
annoncé ses couleurs.
Le ministre
va devoir nous expliquer, donc, dans les prochains mois puis d'ici les
prochains exercices financiers, comment
on va dealer ça, parce que, dans ses papiers de budget, et notamment tout un
chapitre, dans ce qu'on a vu le 25 mars, il y avait l'explication et la justification de la demande des 6 milliards de dollars
récurrents au fédéral... Que je ne conteste pas, au contraire, hein, pas du tout, pas du tout. Là-dessus,
on va s'entendre, là. Là-dessus, on s'entend, effectivement. Le bon vieux slogan n'a pas changé. Les besoins sont
dans les provinces, l'argent ou le pouvoir de reprise — on
l'a vu, ça, dans le budget fédéral — le pouvoir de reprise est à
Ottawa. Mais l'argent n'est pas arrivé.
Puis ce qu'on
nous dit, en plus, c'est : N'attendez pas, ne retenez pas votre souffle,
vous allez vous faire mal pour rien,
«the check is not in the mail». On va peut-être vous en envoyer un petit peu,
peut-être un petit peu, pour les CHSLD, mais, comme ce qu'on a vu dans les CHSLD nous a horrifiés... Bienvenue
dans le monde, là, tu sais, on le savait, là. Comme ça a horrifié les fédéraux, bien là ils vont nous
mettre des petites conditions avec ça. On va peut‑être vous envoyer un petit
peu d'argent, mais il va y avoir des conditions.
Même chose pour les garderies. Moi, je vais
trahir mon âge, là. Quand j'ai commencé à couvrir la politique fédérale, il y a de ça plus de 25 ans,
c'était déjà un fantasme récurrent des libéraux fédéraux que de créer un
programme national de garderies. Ils
auraient dû le faire. Ils auraient dû le faire, effectivement. Tant mieux si,
pour les familles, en particulier les femmes du reste du pays, il y a un
programme national de garderies. Mais ça aussi, ça vient tout le temps avec des
conditions.
Ça fait que,
là, c'est quand même poussé pas mal, là. C'est fort de café, là. Le fédéral
regarde le programme du Québec depuis des années. Au début, il disait :
C'est beau, mais c'est bien trop cher. Après ça, ils se sont dit : Oui, on
devrait quand même essayer d'y aller, mais
on va récupérer le modèle. Là, ils disent : O.K., on va récupérer le
modèle puis, à cette heure, on va
vous dire aussi quoi faire avec l'argent puis comment ça fonctionne. Bien non,
c'est bon, là, on a compris comment
ça fonctionne. On connaît nos besoins ici, ils sont immenses. On a lancé ce
programme-là. Il n'est que justice que le fédéral nous envoie notre
part. On veut le chèque, on ne veut pas le mode d'emploi. Le mode d'emploi, on
le connaît.
Puis moi,
j'invite le ministre à rester ferme. Le député de René-Lévesque vient de tendre
la main au ministre pour l'accompagner sur un chemin. Moi, je lui tends
la mienne pour ériger une barricade, s'il le faut, parce que les fédéraux vont toujours revenir avec des conditions
nationales, avec des normes nationales. Jean Chrétien se réveillait la nuit
pour rêver aux normes nationales.
Je vais
vraiment trahir mon âge, là, je vais vous citer feu Ralph Klein, l'ancien
premier ministre de l'Alberta, qui, à un moment donné, dans une négociation
extrêmement difficile avec le fédéral sur quoi, Mme la Présidente, sur les fonds
en santé, sur les transferts canadiens en santé, il avait dit, Ralph Klein, qui
n'avait pas la langue dans sa poche... il avait dit à Jean Chrétien : Tu
sais, quand tu paies si peu pour le voyage, tu ne décides pas de la
destination. Bien, ça s'applique encore.
Prenez cette formule-là, vous pouvez la changer, là, je vous sais, tout le monde ici, imaginatifs, mais le
fédéral, là, qui se traîne tout le temps les pieds dans le financement de la
santé, ne peut pas venir nous dire comment ça va marcher puis qu'est-ce
qu'on va faire.
Alors,
j'implore le ministre à rester très,
très ferme là-dessus. J'ai senti un
peu de mou, ce matin, dans la conférence de presse. Et, bon, des fois on interprète mal, puis après ça il faut
que le ministre nous réexplique, ce ne serait pas la première
fois, mais il faut
rester ferme là-dessus, il faut rester ferme là-dessus. On n'est pas
achetables, là, ce n'est pas un chèque du fédéral qui va nous faire
baisser nos principes, notamment sur ce qu'on contrôle ici, au Québec.
Franchement, ce n'est pas un chèque du fédéral qui, soudainement, va nous faire
plier pour dire : Ah! bien, ils sont bien fins, finalement, les fédéraux, ils nous ont envoyé un chèque, ça fait qu'on va faire ce qu'ils nous demandent.
Je le répète, là, on le veut le chèque, pas le mode d'emploi, puis pas
de petits caractères.
C'est
probablement la dernière fois que je me lève ici pour parler dans ce cycle budgétaire,
parce que, là, on commence à avoir
fait le tour, ça fait presque un mois qu'on l'a déposé, mais ce n'est pas la
dernière fois, assurément — je rassure le ministre — ce n'est pas la dernière fois que je me lève
pour parler d'inégalités, d'inéquités, de justice fiscale, de réforme
fiscale, que j'aurais souhaité voir poindre, ne serait-ce que dans ces grands
contours, dans le dernier budget. De ça, il n'y
avait pas, malheureusement. Je dois donc constater, presque un mois après le
dépôt du budget, qu'il y a eu un immense silence sur une nouvelle façon
de faire, une nouvelle approche.
On a
répliqué, grosso modo, ce qu'on fait depuis des années, des années et des
années sans prendre la pleine mesure des
inéquités patentes qui nous affligent et qui affligent la société et qui
touchent souvent, oui, les plus démunis, beaucoup les femmes, dans cette pandémie, on l'a vu plus
que jamais. Puis c'est malheureux, puis je l'ai dit, mais je vais le redire
parce que je n'ai pas beaucoup de
temps, puis moi, je pense qu'on va beaucoup parler de ça dans les prochaines
années et je le souhaite, ce n'est
pas parce que ça ne brasse pas ailleurs, pourtant. Tout ce qui grouille,
grenouille et réfléchit autour de la finance
dans le monde en ce moment amène sa petite pierre à l'édifice et parfois même
un édifice au complet. Prenez Joe
Biden avec sa secrétaire au Trésor, Mme Yellen, qui sont arrivés, j'allais
dire avec un pavé dans la mare, non, non, avec un immense projet de réforme fiscale en demandant notamment aux pays du
monde entier de s'unir pour arriver à un taux minimal d'imposition des entreprises. Ça vient de Washington, ça, Mme la
Présidente. Pas de La Havane, là, ça vient de Washington. Pas d'Oslo, Washington D.C., qui semble avoir compris, là,
certaines choses à la faveur de la pandémie, puis qui offre à la planète entière un leadership pour
dire : Nous ne pouvons plus permettre ces juridictions fiscales de
complaisance. Ça aurait été bien qu'on entende quelque chose de
progressiste de ce type dans le dernier budget.
Le ministre
doit dire que c'est une de mes marottes, il me l'a dit l'autre fois,
d'ailleurs, en commission parlementaire, que moi, je sais bien, à QS, on veut tous taxer tout le temps tout le
monde. Bien, non, c'est un peu plus compliqué que ça. Il y a un petit peu de nuances ici, là, que
j'aimerais ajouter. Cela dit, le fameux TTR, le «tax the rich», là, encore là,
ce n'est pas tous des membres de QS, là, qui en parlent ces temps-ci, là. Le
gouverneur de l'État de New York, il n'est pas membre de QS, je vous le dis tout de suite, tant mieux,
d'ailleurs. Le Massachusetts est généralement démocrate, mais pas socialiste
complètement. La Californie aussi. Tous ces
États, des microjuridictions américaines, ont décidé d'aller dans cette veine
de «tax the rich», parce que, bien oui,
bien, c'est là qu'est l'argent. Puis on a un problème d'argent, justement, et
on a surtout un problème de pérennité de nos services publics.
Au fédéral,
bon, il y a eu des débuts timides, hier, dans le budget, là. On veut commencer
à taxer le luxe. Je dis bravo, tant
mieux, c'est bien. Taxer les jets privés, taxer les yachts. Bon, si on arrive
là, peut-être qu'on va pousser la logique puis qu'on va taxer les fortunes qui permettent de s'acheter des jets
privés, mais c'est un début. J'apprécie le début du côté des fédéraux. On est quand même loin du livre Plutocrats
qu'avait écrit la ministre des Finances, Mme Freeland, quand elle était journaliste, où elle faisait un détail
absolument... un catalogue absolument affolant de toutes les inégalités,
notamment au Canada. Mais il y a un
début là, il y a quelque chose là, beaucoup plus que ce qu'on a vu dans le
budget ici. Il y a le NPD qui a a
amené des idées, le directeur parlementaire du budget aussi, à Ottawa, qui a
amené quelques idées, qui n'ont pas eu écho ici, malheureusement.
• (16 h 20) •
Je vous dis
tout ça, Mme la Présidente, pourquoi? Parce que, s'il y a juste une chose qui
peut être valable avec les crises,
c'est que ça secoue un petit peu le pommier de nos certitudes. Et je pense que
la crise et le marasme économique dans lequel
elle nous a plongés auraient dû minimalement secouer un peu nos certitudes. Et
la première chose qu'on aurait dû convenir,
c'est qu'on ne veut pas revenir à l'anormal, «anormal» en un mot, ici. On ne
veut pas revenir à l'anormal. Et, si
on ne veut pas revenir à l'anormal ou à l'anormalité des choses, en un mot,
anormalité, bien, ça nous prendrait au moins deux, trois réformes progressistes en matière de fiscalité, ce à quoi je
me suis fait dire non, non et non depuis le début de ce cycle
budgétaire.
C'est malheureux, mais ce n'est pas une raison
pour que j'arrête d'en parler. Et c'est un rendez-vous, Mme la Présidente, je fixe un rendez-vous ici au ministre
des Finances. On aura plein d'autres occasions d'en débattre. Et la crise
n'est pas terminée, alors je serai de retour. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Rosemont. Et maintenant je cède la parole à M. le député de Pontiac
et leader de l'opposition officielle pour une durée maximale de
30 minutes.
M. André Fortin
M. Fortin : Merci, Mme la Présidente. Mes premiers mots iront
à mes collègues. Bien évidemment, après avoir entendu leur plaidoirie, jamais, Mme la Présidente, je n'aurais cru
entendre un membre de Québec solidaire citer le premier ministre le plus
conservateur de la province la plus conservatrice. Mais bon, on prend les
alliés où on peut, en politique. Souvent,
les gens d'extrême gauche et d'extrême droite détestent les gens d'extrême
centre ou leurs idées, à tout le moins, alors j'apprécie quand même la citation très recherchée de la part du
collègue. Et il faut trouver tous les moyens de convaincre le ministre des
Finances de nos arguments, et parfois, citer un maître à penser conservateur
comme Ralph Klein, ça peut peut-être l'inciter à voir les choses
différemment. Parce que notre collègue de René-Lévesque a beau tenter de convaincre le ministre des Finances de marcher
avec lui vers l'indépendance, disons qu'au fédéral il n'est pas plus penché
vers le NPD qu'il ne
l'est vers le Parti libéral, qu'il ne l'est vers le Bloc québécois. C'est un
conservateur, Mme la Présidente. L'Assemblée...
la Coalition avenir Québec est allée piger dans les rangs du Parti conservateur
pour se trouver un ministre des Finances, et ça paraît dans le budget
qui a été présenté au cours des derniers mois.
Et
je veux en venir à cette tendance lourde qui s'inscrit à travers les documents
budgétaires. Mais avant, je veux revenir
sur la question que, l'an dernier, mon collègue de Robert-Baldwin avait
soulevée, d'entrée de jeu, quand le budget avait été déposé. Il avait
dit que c'était un budget périmé. Et essentiellement, à ce moment-là, la
situation avait évolué rapidement, et, le
jour du dépôt du budget, bien, déjà, on savait, on sentait, on voyait que la
situation sanitaire nous mènerait à des grands changements au niveau des
finances publiques.
Et,
l'an dernier, certains pouvaient donner une passe gratuite au ministre des
Finances. Certains l'ont fait. Mais cette année, la passe gratuite, elle
est plus difficile à obtenir pour le ministre des Finances. Et pourtant, dans
ses documents budgétaires, dans l'entièreté
des documents budgétaires qu'il nous a présentés, très rarement fait-il allusion
à l'impact de la période de fin de pandémie ou la période postpandémique.
C'était la même chose lors de la mise à jour économique, Mme la Présidente. Déjà, il nous présentait des
documents qui présumaient d'un retour
à la normale en janvier, ce qui ne s'est pas exactement produit, Mme la
Présidente. On connaît tous des gens qui en ce moment ne peuvent exercer leur profession, leur carrière, leur métier dû à la situation.
Et c'est la même chose dans le budget. On dirait qu'on n'a pas vu venir la troisième
vague. On n'a pas vu venir ce que plusieurs
affirmaient comme étant inévitable. Mais la job du ministre des
Finances, c'est d'être le
prévisionniste en chef du Québec. Bien,
à ce niveau-là, Mme la Présidente, il a échoué à la tâche.
Mais,
quand on lui a demandé, quand on lui a demandé : Bien, quelle est votre
prévision, à ce moment-ci, de l'impact des nouvelles mesures, des nouvelles
restrictions, hein... Chez nous, chez vous, Mme la Présidente, les commerces
non essentiels sont fermés. Ici, à Québec,
pas moyen d'aller avoir des soins esthétiques, d'aller voir le coiffeur, la
coiffeuse. Certains en ont bien
besoin, ma propre tignasse commence à être plutôt hirsute, Mme la Présidente.
Mais, pour le ministre des Finances,
quand on lui a demandé : Quel impact ça va avoir, le fait que ces gens‑là
ne puissent exercer leur profession?, il
nous dit : Très peu, très peu d'impact, négligeable, sur les finances du
Québec. Pour la personne, par exemple, ce n'est pas négligeable, pour le
coiffeur, la coiffeuse, pour le commerçant qui ne sait pas quand il pourra
reprendre son travail. Aujourd'hui, on leur
dit : Une semaine de plus, à Lévis, à Québec et à Gatineau. Et ça, c'est
sans compter toutes les autres fermetures à travers le Québec. On ne
sait pas ce qui se passe.
Et
ça, c'est le problème... De façon générale, là, si j'ai une critique à formuler
au ministre des Finances, c'est qu'il est
souvent dans le macro, très peu dans le micro. Il nous donne des chiffres. Il
l'a fait en période des questions aujourd'hui : 98 % des hommes ont retrouvé leur emploi,
96 % des femmes ont retrouvé leur emploi. Ça ne traduit pas la réalité
vécue par les 76 000 femmes
qui n'ont pas retrouvé leur emploi, par les 36 000 hommes qui n'ont
pas retrouvé leur emploi. C'est du monde, 76 000 personnes,
Mme la Présidente. C'est plus qu'il y en a dans votre comté.
Cet
effet-là, il est peut-être négligeable pour le gouvernement du Québec, il est
peut-être peu important en matière de
finances publiques, de revenus pour l'État... l'État et le gouvernement, mais,
Mme la Présidente, on ne peut pas le négliger. C'est-à-dire, les programmes qu'on présente doivent être à la hauteur
des attentes de ces gens-là. Et, à ce
niveau-là, bien, le ministre des Finances, encore une fois, a échoué.
Vous
êtes entrepreneur aujourd'hui. Qu'est-ce
que le gouvernement du Québec a fait pour vous avec son document budgétaire, avec la présentation de son budget? Il a
dit : Bien, on va prolonger les programmes. Vous allez avoir des prêts,
encore des prêts, toujours des prêts. Ça suffit, les prêts. Un prêt ne permet
pas de voir la lumière au bout du tunnel. En fait, le prêt prolonge le tunnel, Mme la Présidente. Il
assure que tous ces gens-là vont devoir travailler encore plus fort, encore
plus longtemps, que la retraite va être encore plus loin, et ça, c'est si, Mme
la Présidente, leur entreprise survit.
Je
veux parler des chiffres deux secondes avec le ministre des Finances. 4,2 %. Le ministre des Finances nous a dit :
J'ai été prudent, hein, certains économistes du privé nous disaient d'aller
plus loin, on pouvait faire plus. 4,2 % d'augmentation de la croissance prévue. Basé sur quoi? En grande
partie ou en partie, à tout le moins, sur l'augmentation des investissements
résidentiels, Mme la Présidente. Je ne mettrai pas ça en doute. Avez-vous tenté
d'acheter une maison dernièrement? Avez-vous
tenté d'acheter un condo dernièrement? Sur ma rue, Mme la Présidente... Et je
n'ai pas de... je n'ai rien à cacher ici,
moi, j'ai payé ma maison 400 000 $ il y a 10 ans de ça.
Aujourd'hui, en fait le mois dernier, mon voisin a vendu sa maison, exactement similaire, pour
750 000 $. Si la maison avait été 750 000 $, jamais de la
vie on n'aurait été capables de se la
payer, Mme la Présidente, jamais de la vie on ne l'aurait même considéré. Il y
a des gens qui vont payer le 750 000 $, qui vont s'endetter pendant des années, et des
années, et des années. Et qu'est-ce que le ministre des Finances a mis dans
son budget pour ces familles-là, pour ces gens-là, pour les gens qui achètent
une maison pour la première fois, qui ne paieront
pas ce montant-là, mais qui vont payer pas mal plus que s'ils avaient acheté
leur maison il y a quelques années? Rien,
Mme la Présidente, aucune protection pour ces gens-là, aucun mécanisme, aucune
façon de limiter l'augmentation déraisonnable, en ce moment, des coûts
de l'accès à la propriété.
• (16 h 30) •
Moins
1,2 %, c'est l'autre chiffre,
là, dont je veux lui parler. Le ministre des Finances prévoit qu'à partir de
l'année qui suivra la prochaine campagne électorale il y aura une
diminution du budget des ministères qui ne sont pas la Santé et l'Éducation. Vous êtes ministre d'un autre
ministère, Mme la Présidente? Si la CAQ est reportée au pouvoir, voici ce
qui va se passer : votre budget va
diminuer. Pas va augmenter moins que l'année dernière, pas va augmenter moins que l'inflation, va diminuer. Vous êtes ministre
de la Famille? Votre budget va
diminuer. Vous êtes ministre de
l'Immigration? Votre budget va diminuer. Vous êtes ministre de la Forêt, de l'Agriculture, de
l'Environnement? Votre budget va diminuer. Vous êtes ministre de la Justice? Votre budget va diminuer.
C'est ça que ça veut dire, Mme la Présidente. Vous allez devoir couper. Alors, qu'on le sache, si on vote collectivement
pour la Coalition avenir Québec à la prochaine élection, c'est ce qui va se
produire. Le premier budget présenté par le
ministre des Finances caquiste annoncera des coupures dans tous ces secteurs.
Bon, je veux
revenir, Mme la Présidente, quand même sur l'idée générale du budget, la
tendance que le gouvernement a choisi de prendre, la façon de faire les choses,
la façon de voir les choses, les nouvelles idées qui devraient, qui pourraient s'y trouver, mais qui n'y sont pas. Le ministre
des Finances avait la possibilité, en fait, avait le devoir, après un an de pandémie, de présenter une nouvelle façon
de voir les choses pour le Québec, de considérer tout ce qui s'est passé au cours de la dernière année, tout l'impact que
la pandémie a eu sur la façon qu'on choisit de vivre nos vies, la façon qu'on
va vouloir vivre nos vies après la pandémie,
les changements pour lesquels il y a opportunité dans les comportements du
gouvernement, les priorités des Québécois, il avait opportunité de faire les
choses complètement différemment, mais il a
choisi la même vieille recette. On veut relancer l'économie? On investit dans
l'infrastructure. Là, il va nous dire : Oui, mais c'est important, investir dans les écoles,
c'est important, investir dans les maisons des aînés. Ce n'est pas ça, l'enjeu,
Mme la Présidente. L'enjeu, c'est que les gens pour lesquels on a
besoin de relancer l'économie, aujourd'hui, c'est les femmes. Il va me dire : ah! mais il y a aussi d'autres groupes, comme les
jeunes. Oui, O.K., mais à l'intérieur de ce groupe-là, qui est, de façon
disproportionnée, le plus affecté? Dans le groupe des 15-24 ans, là, c'est
les femmes. Encore et toujours les femmes. On revient toujours aux femmes. C'est elles qui ont été affectées
économiquement, sociétalement aussi mais économiquement de façon disproportionnée. Statistique Canada, pas besoin d'aller plus loi que ça. Il y a 76 000 femmes qui
cherchent encore un emploi parce qu'elles l'ont perdu au début de la pandémie,
76 000. Puis le ministre des Finances leur dit : Bien, ma
belle solution, ma grande solution, c'est
d'investir dans les infrastructures. Pensez-vous vraiment, Mme la Présidente,
que des femmes qui ont perdu leur emploi au niveau des services, au
niveau du commerce de détail, au niveau de la restauration, de l'hôtellerie, du tourisme vont aller travailler
en construction? Peut-être certaines, Mme la Présidente, je le
souhaite, mais en grande majorité, la réponse, c'est non.
Un investissement en infrastructures, c'est une réponse à une récession des
années 80 ou même avant, avant, en fait, les années 80. C'est
la façon qu'on a toujours fait les choses et c'est la façon que le ministre des Finances choisit de faire les choses encore une
fois.
Sur la question,
Mme la Présidente, des féminicides, je dois, pour une partie de son
discours, donner raison au député de René-Lévesque. Le premier
ministre nous a dit aujourd'hui : Il y aura investissement
dans les maisons d'hébergement pour les femmes violentées. Enfin, Mme la
Présidente. C'est une demande que tout le monde, de ce côté-ci de l'allée, fait
depuis des mois. C'est une demande que les
groupes, les gens qui travaillent avec les femmes violentées font depuis des
mois. C'est une demande que la
société québécoise, qui voit tout ce qui est en train de se passer, qui a lu
dans le journal en fin de semaine
qu'il y avait un 10e féminicide au Québec cette année — on est au mois d'avril, là — cette année, demande. On est quoi, on est le 20 avril? Ça fait un mois
que le ministre des Finances a présenté son budget et, il y a un mois, il nous
a dit : Si on a besoin d'en faire
davantage, on en fera davantage, si. Ça, Mme la Présidente, ça nous dit une
chose, il ne savait pas qu'à ce
moment-là on avait déjà besoin d'en faire davantage. La ministre de la
Condition féminine n'a pas fait son
travail de sensibilisation du ministre des Finances. Elle n'est pas allée le
voir pour lui dire : Il n'y a pas de si. Il n'y a pas de si, M le ministre des Finances, on a besoin
d'en faire davantage. Trouvez une solution, mettez plus d'argent, devancez
l'argent de l'année prochaine. Trouvez une
solution, quelle qu'elle soit, mais ne laissez pas les maisons d'hébergement
pour les femmes battues continuer de
la façon qu'elles vont en ce moment sans les ressources nécessaires. Au moment
du budget, là, elles n'avaient même pas reçu l'argent de l'année passée.
Alors, pour
un dossier qui mobilise l'ensemble de la société, pour un dossier qui nous
touche, pour un dossier pour lequel
je manque de qualificatifs — j'ai l'impression qu'on en manque tous, de
qualificatifs, Mme la Présidente — le ministre des Finances, j'ose espérer, n'avait pas en sa possession l'information
nécessaire, parce que, s'il l'avait, c'est un choix qu'il a fait. S'il
avait l'information, si la ministre de la Condition féminine...
Ça, c'est le scénario un. Le scénario un, c'était : la ministre de la Condition féminine
n'a pas fait sa job. Le scénario deux, c'est : le ministre des Finances a entendu la ministre de la
Condition féminine puis a choisi de lui dire : Pas tout de suite. Je ne suis pas sûr qu'il y a un besoin. Peut-être plus tard, peut-être
une autre fois. Je ne sais pas lequel des deux est le plus préoccupant, Mme
la Présidente, mais j'espère que c'est la dernière fois que ça va se produire.
Êtes-vous
allée vous promener en avant du parlement dernièrement, Mme la Présidente? C'est beau, hein, le nouvel aménagement qui a été fait au cours des dernières années. Il y a
une espèce de structure à l'extérieur qui... De toute évidence, je ne suis pas...
disons, je n'ai peut-être pas un oeil pour l'art comme certains autres en
ont, mais il y a une espèce de structure à l'extérieur qui ressemble à un château de cartes un peu,
hein? Bien, le gouvernement aussi en a un, château de cartes. Il n'y a
pas juste l'Assemblée qui en a un. Le gouvernement a un château de cartes, et ça se reflète un peu
par son habileté à offrir des services publics aux Québécois, s'il n'a
pas la main-d'oeuvre nécessaire.
Le gouvernement nous dit : On va en faire,
des investissements en santé, inquiétez-vous pas. Le ministre des Finances
nous présente ça, là, puis il nous dit : Nous, on va investir 287 millions pour accroître les services en santé mentale. Nous, on va investir 526 millions pour améliorer l'accès aux soins de première ligne. On y reviendra.
Nous, on va investir 255 millions pour répondre aux besoins des plus vulnérables. Nous, on va investir
252 millions pour servir les jeunes en difficulté.
Bon, pour faire tout ça, Mme la
Présidente, qu'est-ce que ça prend? Ça prend de la main-d'oeuvre. En santé, là, les dépenses, c'est essentiellement, habituellement, de la main-d'oeuvre, des préposés, des infirmières, des techniciens,
des radiologues, des médecins, etc.
Ça prend de la main-d'oeuvre. Combien il manque d'infirmières en Outaouais,
Mme la Présidente? Vous avez
une petite idée, je sais que le chiffre est dans votre tête. Des centaines et
des centaines. Combien il manque
d'infirmières en Montérégie-Ouest? Ça, c'est Vaudreuil, Valleyfield et les environs. 500. 500 infirmières dans une sous-région, même pas une région, on n'a pas
la Montérégie au complet, Montérégie-Ouest. 500. Il en manque 9 000 au
Québec. Ce n'est pas compliqué, il manque
9 000 infirmières. Alors, qu'est-ce que le ministre des Finances choisit
de faire? Pas grand-chose. Mais il a
quand même fait quelque chose, il a dit : Je vais mettre 7 millions
pour des bourses. 7 millions. J'ai-tu
le droit d'applaudir, Mme la Présidente? Je peux-tu aller plus lentement que ça
encore, là? Je ne suis pas sûr que ça démontre
l'effet «slow clap» que j'essaie de faire. Mais 7 millions pour la
formation des infirmières... Il en manque 9 000. 9 000. Si on n'a pas ces infirmières‑là... Et
là je vous parle d'un corps de métier bien précis, là, mais, en santé, je
pourrais vous parler des
psychologues, je pourrais vous parler de pharmaciens, je pourrais vous parler
de tout le reste des corps de métier aussi. On met 7 millions pour attirer
les infirmières. C'est loin d'être suffisant. C'est impossible que cet argent-là
va pouvoir être dépensé, c'est impossible.
• (16 h 40) •
Et
derrière cet argent-là, là, le ministre nous dit : Je fais un
investissement de 250 millions en santé mentale parce qu'il y a des besoins, je fais des investissements
de 526 millions en première ligne parce qu'il y a des besoins. Ça, ça veut
dire qu'il y a des Québécois qui ont besoin
de services supplémentaires, on le sait, là, tout le monde est d'accord
là-dessus. Je l'ai dit l'autre jour, dans un discours, tout le monde
pourrait probablement bénéficier des services en santé mentale. Moi-même je
pourrais en bénéficier, comme beaucoup de gens au Québec, Mme la Présidente.
Mais s'il veut offrir
ces services-là à la population, ça va lui prendre ces professionnels-là. Et,
dans son plan, il peut investir la moitié du budget du Québec en santé mentale,
la moitié du budget du Québec en accès en première ligne, il ne sera pas capable de donner plus de services s'il n'a pas
les infirmières nécessaires, s'il n'a pas la main-d'oeuvre nécessaire. S'il n'a pas la main-d'oeuvre
nécessaire, son château de cartes au complet va s'écrouler. Il ne pourra pas
donner les services en santé mentale.
Il ne pourra pas donner l'accès amélioré en première ligne. Sa tâche
principale... mais c'est la même chose chez nous, Mme la Présidente.
Beau bâtir un nouvel hôpital, s'il ne met pas les ressources nécessaires à
l'intérieur de cet hôpital-là, ça va être difficile d'améliorer les services.
Là,
j'ai parlé de santé, Mme la Présidente. J'aurais pu faire une démonstration
similaire au niveau des services de garde. Combien de services de garde
ont fermé pendant la pandémie? J'aurais pu faire une démonstration similaire en
éducation. Combien d'enseignants il manque
au Québec en ce moment? Est-ce que ce document-là répond à ces demandes-là?
La réponse, c'est non.
Et
là je ne vous ai même pas parlé du privé. On a parlé des services publics, là,
mais les entreprises privées nous disent la même affaire. Le Conseil du patronat, à la veille du dépôt du budget, nous disait :
Pas de relance économique si le
gouvernement ne priorise pas l'accès à la main-d'oeuvre, pas de relance
économique pour personne. Je cite le Conseil du patronat du Québec : «...la pénurie de main-d'oeuvre qui perdure
met à risque les capacités des entreprises de déployer, voire de maintenir
leurs activités.» Dans le fond, là, ce qu'ils nous disent, c'est : Moi, je n'investirai pas au Québec, je vais aller
investir aux États-Unis. Je vais aller
investir ailleurs. Je vais amener mes investissements ailleurs parce qu'il n'y
a pas assez de main-d'oeuvre ici.
Le
gouvernement doit y remédier. Comment? En encourageant la réussite des jeunes,
le maintien ou le retour au travail
des travailleurs d'expérience, en misant sur l'intégration de différents
groupes sous-représentés dans le marché du travail, incluant les personnes issues des nations autochtones et celles
en situation de handicap. Est-ce qu'on en fait assez? Clairement pas, Mme la Présidente, clairement pas.
Est-ce que les employeurs vont continuer de choisir d'investir ailleurs qu'au Québec? Ils n'ont pas le choix. Ils n'ont
pas le choix, il y a trop d'entrepreneurs qui veulent investir au Québec pour
le nombre d'employés qualifiés disponibles.
Je
veux faire un petit bout... Mme la Présidente, je sais qu'il ne me reste pas
énormément de temps, je veux faire un petit
bout sur l'environnement, et ça va être court, mais ça va quand même être plus
long que ce que le ministre des
Finances a écrit, parce qu'il n'a
rien écrit sur l'environnement. Il n'a rien dit sur les changements
climatiques, là, zéro puis une barre. Là, il va nous dire... Je le sais,
il a un droit de réplique après mon allocution. Il va nous dire : Oui,
mais j'ai fait un plan cinq ans l'année
passée. Pourquoi on a un ministre de
l'Environnement? J'ai fait un plan de
cinq ans l'année passée, c'est fini,
on ne fait plus rien. C'est ça qu'il est en train de nous dire. Pourquoi on a
un ministre de l'Environnement? La CAQ nous
dit : Nous, les changements climatiques c'est fini, on n'a plus aucun
besoin d'investir là-dedans. Bien, c'est ça qu'ils ont fait, c'est exactement ça qu'ils ont fait. Le ministre de l'Environnement, il vient ici une journée sur trois, plus besoin
de lui.
En agriculture, Mme
la Présidente...
I'm going to take a second and speak to
the farmers in my riding, the folks from the Québec Farmers' Association who, every day, have a struggle for their
livelihood, have a struggle for the survival of their family farm and who work
harder... I'm not ashamed to say it,
they work harder than I do. They work harder than probably all of us do. They
get up at insane hours, they don't
see their kids all day, they go to bed at a ridiculous hour. They have all
their life savings invested in one place
and they want to make it work, because they love what they do and they love
their way of life. And they look for their
Government to support them when the Government asks them to do more, because
that's what the Government is asking them to do right now.
The Government is asking the
agricultural community, they say, «Please go above and beyond, we want to have food independence in Québec, we
want to be self-sufficient.» But how does it help them? It doesn't. There's a
$10 million investment, here, basically to rebrand the CPTAQ, because it
has bad press, but, for the working farm families of Québec, not much. And that is a crying shame. It's a damn
shame, Madam
Speaker, because we owe these people to work hard for
them just like they work hard to feed us.
Un mot, Mme la Présidente, avant de terminer, sur l'Outaouais. Je veux
vous parler de l'Outaouais parce que je pense qu'il y a beaucoup de gens qui avaient des attentes particulières.
On a un statut particulier, attentes particulières, et résultat très
particulier, dans le sens où, en Outaouais, on va faire la même chose que
partout ailleurs au Québec. Le statut particulier
de l'Outaouais, Mme la Présidente, ça veut dire une chose, ça veut dire que
dans la région, il faut faire les choses différemment, que l'approche
qu'on utilise partout au Québec, elle ne marche pas toujours dans la région.
On
parlait des infirmières tantôt. On peut en former des infirmières en Outaouais,
on peut en former des milliers. Le gouvernement pourrait investir, là,
le 7 millions juste en Outaouais pour dire : Je vais en faire, de la
formation aux infirmières là, il y a un
manque. Qu'est-ce qui se passe au collège Heritage, par exemple, quand on forme
une infirmière? Automatiquement, dès
le jour de sa diplomation, cette infirmière-là se déplace vers le réseau
ontarien. À Trois-Rivières, là, les
infirmières qui sont diplômées du cégep de Trois-Rivières, si elles vont à
Nicolet, ce n'est pas une perte pour le Québec, mais en Outaouais, c'est une perte pour le Québec, c'est une perte pour
les soins offerts aux Québécois. Alors, on a besoin de solutions
particulières.
C'est ça, on a tous voté là-dessus,
là. Tout le monde ici a voté là-dessus : En Outaouais, on va vous donner
des solutions particulières. Je les attends encore. Je n'en ai pas vu une, Mme
la Présidente, pas une, pas une seule depuis le début du mandat. Alors, j'attends, les gens de l'Outaouais
attendent. Pour l'instant, on a un bout de papier avec 125 députés qui ont
voté de la même façon en disant :
On devrait faire les choses différemment là-bas. Mais c'est tout ce qu'ils ont,
un bout de papier, pour l'instant. Ce bout de papier là aurait pu aider
davantage, mais ce sera, on l'espère, pour une autre fois.
Alors,
Mme la Présidente, en regardant tout ça de façon neutre et objective, bien sûr,
mais avec un petit peu de recul, là, quand je regarde les documents présentés
par le ministre des Finances, je me dis : Il y avait une vraie opportunité
ici, une opportunité de repenser à notre
économie, une opportunité de penser à nos entrepreneurs, une occasion de penser
à l'avenir, de penser à une nouvelle façon
de faire, de regarder la situation actuelle différemment parce qu'elle est
différente de tout ce qu'on a vécu,
mais le gouvernement a choisi la même vieille façon. On va attendre
les transferts fédéraux. Si ça ne
vient pas, on ne sait pas ce qu'on va faire, on verra bien, mais on va attendre
les transferts fédéraux, puis, si ça ne vient pas, bien, on
s'organisera. On va faire une relance économique basée sur les mêmes secteurs
qu'on a toujours... dans lesquels on a toujours investi en situation de
récession puis on va parsemer un petit peu d'argent ici à gauche et à droite. On en a oublié quelques-uns, là, l'environnement et l'agriculture, mais on va parsemer un petit peu d'argent à gauche
et à droite. C'est l'avenue privilégiée par
le ministre des Finances, c'est l'avenue entérinée par le premier ministre du Québec.
Je
ne sais pas vous, Mme la Présidente, mais moi, je veux mieux. Moi, je veux davantage
pour nos régions. Je veux davantage pour nos agriculteurs. Je veux davantage pour nos
professionnels de la santé. Je veux mieux pour nos éducateurs, nos éducatrices en service de garde. Je veux
mieux pour nos enseignants, nos
enseignantes. Je veux mieux, Mme la Présidente, pour les femmes du
Québec, pour qu'elles puissent avoir un essor économique, pour qu'elles
puissent être protégées davantage quand
elles sont dans des situations dangereuses, Mme la Présidente. Je veux faire
davantage pour leur égalité. Je veux
un Québec où nos entrepreneurs sont respectés, où on ne fait pas juste ajouter
à leurs difficultés. Je veux un Québec, Mme la Présidente... je rêve d'un Québec où on peut avoir plus
d'ambition que ce qui nous a été présenté par le ministre des Finances.
Je vous remercie, Mme la Présidente.
• (16 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Pontiac. Et la parole est maintenant à M. le ministre des Finances. Et je vous rappelle que vous disposez d'une
heure pour votre réplique. La parole est à vous.
M. Eric Girard (réplique)
M. Girard
(Groulx) : Une heure, c'est beaucoup, Mme la Présidente. Et, en
général, j'aime être concis, mais là, comme
j'ai eu le privilège d'écouter mes collègues de la Commission des finances
publiques... Vous savez, nous partageons plusieurs moments agréables ensemble à la Commission des finances
publiques. Bien, je vais rajouter un peu de temps pour répondre à leurs
critiques parce qu'il y a quand même d'importantes divergences de points de vue
sur ce qui a été dit.
Alors,
le budget, tout d'abord, je pense que tout le monde a compris qu'une des
responsabilités du ministre des Finances, c'est de vulgariser les finances
publiques pour la population québécoise parce que les finances publiques
appartiennent aux Québécois. Et ce
qu'on fait, c'est dans l'intérêt supérieur du Québec. Et on fait vraiment un effort pour que l'information soit claire,
concise, et j'encourage tout le monde à lire à
tout le moins les 30 premières
pages, la vue d'ensemble, le sommaire exécutif.
Il y a vraiment un effort qui est fait d'expliquer ce que nous
avons vécu, les mesures de soutien, les mesures de relance, comment nous allons
revenir à l'équilibre budgétaire et... Bien, hier, il y a eu un autre budget,
un budget fédéral qui
faisait près de 800 pages, et le sommaire exécutif pourrait être amélioré.
Ça m'a rassuré en lisant le budget fédéral hier. J'ai dit : On doit
faire quelque chose de bien.
Alors,
je vous résume le budget en quatre phrases, et ensuite je vous parle
pendant presque une heure de son contenu, et je vous répète les quatre
mêmes phrases à la fin pour m'assurer que le message est clair. Alors, le budget...
Une voix :
...
M. Girard
(Groulx) : Non, non, mais c'est sérieux.
Le
budget, s'il y a un thème, c'est : Chaque chose en son temps.
Alors, 2021, l'objectif, c'est vaincre la pandémie. Nous sommes toujours en pandémie. Il y a
une troisième vague, et d'importantes ressources doivent être
déployées pour vaincre la pandémie.
2022, c'est le retour
au plein-emploi. Il y a près de 100 000 personnes qui travaillaient
en février 2020 qui ne travaillent plus présentement. Il y a aussi près de
50 000 personnes qui ont quitté le marché du travail. Alors, on parle
vraiment de 150 000 personnes. Et
on doit tout faire, parce que le travail, c'est plus que le revenu, c'est aussi
la valorisation, la contribution, la
fierté, et on doit tout faire pour revenir au plein-emploi. Alors, 2021,
vaincre la pandémie; 2022, retrouver le plein-emploi.
2025,
retrouver la pleine capacité de l'économie québécoise, parce qu'avec la chute
que nous avons vécue en 2020 et le rebond, nous aurons néanmoins perdu cette
tendance de la croissance où le Québec fonctionnait à plein régime avant
la récession. Et ça va prendre jusqu'en 2025 pour récupérer ça.
Et finalement
l'équilibre budgétaire, parce qu'on parle de finances publiques, et nous avons
une loi sur le retour à l'équilibre
budgétaire. Nous avons une autre loi sur le Fonds des générations et la gestion
de la dette. Et nous avons choisi de
revenir à l'équilibre budgétaire en 2027. Donc, 2021, vaincre la pandémie;
2022, le plein-emploi; 2025, la pleine capacité de l'économie; et, 2027, le retour à l'équilibre budgétaire. C'est ça,
le plan, Mme la Présidente, et maintenant je vais détailler ou expliquer comment ce plan sera déployé.
Tout d'abord, bonne
nouvelle, le redémarrage de l'économie est amorcé. Il y a eu une chute, une interruption
de près de 40 % de l'économie en février... en mars et avril, nous avons... le
PIB a chuté de 23 %, le taux de chômage a augmenté à
17,6 %, et ensuite il y a eu le printemps, le rebond et la deuxième vague,
et ce qu'on a observé, c'est que l'effet économique, bien que la deuxième vague était extrêmement importante, l'effet,
l'impact économique était plusieurs fois moindre que la première vague, alors
tout ça, ça donne... et maintenant, la troisième vague, mais tout ça aura donné
moins 5,3 % de croissance en 2020, et
le Canada aura fait moins 5,4 %. Et ça peut être contre-intuitif, de dire :
Bien, comment ça se fait que le
Québec a moins chuté que la moyenne canadienne, alors que, toutes proportions
gardées, en 2020, il y avait plus de
cas au Québec qu'ailleurs au Canada? Bien, c'est parce que le Québec est un
importateur de pétrole, et qu'il y a trois
provinces qui sont des exportatrices d'énergie, et que le prix de l'énergie a
chuté de moitié durant la récession. Et le Québec a bénéficié de cela, alors
que d'autres provinces ont été impactées négativement.
Pour
2021, nous prévoyons une croissance de 4,2 %. Oui, c'est conservateur au
sens des prévisions économiques. Les
économistes du secteur privé ont prévu 5,1 %, et le gouvernement fédéral,
hier, est allé d'une prévision de 5,8 % pour le Canada, ce qui est très élevé. Et donc il y a
tout lieu de croire que, notre prévision de 4,2 %, nous pourrions la
surperformer et avoir des impacts
positifs sur le cadre financier. Mais nous sommes à l'aise avec... C'est une
prévision qui est somme toute... qui nous donne de la marge de manoeuvre
pour travailler, 4 % en 2022 et... Ça, c'est pour la croissance.
Pour le plein-emploi,
je rappelle, nous étions au plein... nous étions en surchauffe littéralement, les
salaires augmentaient deux fois plus vite que l'inflation, il y avait rareté de
main-d'oeuvre, nous étions en surchauffe, en février 2020. 4,5 % de chômage, nous avons atteint 17,6 %, nous sommes
présentement à 6,6 % de chômage.
Peut-être que ça montera
un peu, le prochain mois, avec le confinement dans trois régions du Québec.
Et là ça va prendre du temps pour ramener ces
150 000 personnes au travail, en plus qu'il y a eu une certaine
croissance de la population, depuis un an, et
ça nous amène au plein-emploi à la fin 2022. Mais, somme toute, lorsqu'on
regarde notre prévision économique, la vitesse à laquelle nous prévoyons
retrouver le plein-emploi, le fait que nous avons dit que nous anticipions une
immunité à l'automne et que nous visons...
le premier ministre s'est engagé à vacciner tout le monde pour la Saint-Jean, il y a une autre marge de manoeuvre. Et, bien
sûr, nous n'avions prévu aucune somme
additionnelle dans le cadre financier, mais les décisions, hier, dans le
budget fédéral font qu'il y aura des sommes supplémentaires pour le Québec.
Et
peut-être je pourrais tout de suite parler d'un
point que le député de Rosemont a parlé. Un élément qui a été inattendu
hier, c'était la réduction de la possibilité de déduire des intérêts pour les
grandes entreprises, et diminuer leurs revenus imposables, pour les
grandes entreprises au Canada. Alors, en fiscalité corporative, le Québec est
généralement harmonisé avec le
Canada. Alors, il y aura possibilité d'avoir des revenus supplémentaires de ce
côté-là, dépendamment de la façon que c'est déployé.
On
a placé du transfert sans condition pour les services de garde. Les services de
garde au Québec font notre fierté, et
on va continuer d'investir dans notre réseau, mais un transfert sans condition
dans un champ de compétence provinciale, bien, c'est certain que c'est bien accueilli et ça permettra d'améliorer
le cadre financier. Et, oui, on fera les investissements nécessaires
pour améliorer le réseau.
Mais
ce que je veux vous dire, c'est que le cadre financier du budget est tel que
nous allons réussir, Mme la Présidente. Nous allons revenir à l'équilibre budgétaire sur l'horizon sept ans
parce que nous avons inclus des marges de manoeuvre, notamment des provisions de 1,2 milliard de
dollars pour les premières années, et puis ça décline un peu. Et donc, je suis
très confiant que nous réussirons à revenir à l'équilibre budgétaire.
• (17 heures) •
Alors, j'aimerais
vous parler un peu de budget 2021‑2022, qu'on dit d'un Québec résilient et
confiant. C'est quoi? Bien, d'abord, c'est 15 milliards d'initiatives. «Initiatives»,
«investissement», «dépenses», c'est le même mot. C'est 15 milliards
d'initiatives. Et qu'est-ce qu'on fait? Parce que j'ai entendu certaines critiques,
je pense que je vais les qualifier de
critiques à saveur politique, parce que moi, je suis responsable du cadre
financier, et j'aime beaucoup être dans les faits, et j'aimerais vous
dire ce que nous faisons exactement. D'ailleurs, les documents budgétaires, le
sommaire exécutif, sont faits avec souci de
transparence. D'ailleurs, j'ai remarqué hier, c'était difficile, souvent il y
avait des sommes, dans le budget
fédéral, mais il n'y a pas de totaux, alors vous êtes continuellement à sortir
votre calculatrice puis à additionner de 2021 à 2025. Mais, comme il y
a... Quand vous avez, par exemple, 43 initiatives pour l'environnement,
bien, ça fait beaucoup de jeux de calculatrice, là.
Mais,
alors, à la page A.4 du budget, là, c'est quoi, le budget? Bien,
premièrement, 10,3 milliards pour renforcer le système de santé. Alors, nous sommes en pandémie, et il y a lieu de
poser des gestes pour vaincre la pandémie, et il y a lieu de faire des améliorations à long terme pour
notre réseau de la santé. Alors, je vais vous donner la liste des initiatives
et puis après je vais revenir détailler
chacune d'elles. Il y a 1,5 milliard pour appuyer la réussite scolaire des
jeunes, aider à l'apprentissage, améliorer l'accès, 4 milliards pour
accélérer la croissance et la transition vers la nouvelle économie.
Et
hier le gouvernement fédéral avait d'ailleurs 30 milliards pour la relance
économique. Et là-dedans il y avait quoi, Mme la Présidente? Des sommes pour la formation de la main-d'oeuvre,
exactement ce que nous faisons. Il y avait des sommes pour les infrastructures de recherche, exactement ce que nous
faisons, des sommes pour la numérisation des PME, des sommes pour améliorer la productivité et la
compétitivité des entreprises. Bref, nous travaillons ensemble. Les annonces
du gouvernement fédéral, hier, sont
positives, il y avait de l'argent pour l'aérospatiale, et ça va venir compléter
notre stratégie en économie, et j'y reviendrai.
Alors,
15 milliards d'initiatives, 10,3 milliards en santé et
1,5 milliard pour la réussite des jeunes, 4 milliards pour accroître
la croissance économique, 1 milliard pour soutenir les Québécois. Alors,
c'est ça, notre budget, et c'est un excellent
budget, Mme la Présidente. Et j'ai dit que... Vous savez, encore une fois, là,
dans une envolée à caractère politique, certains membres de l'opposition aiment dire que je suis conservateur.
Eh bien, moi, j'aimerais vous dire que c'était un budget classique : santé,
éducation, économie, Mme la Présidente. Est-ce qu'il y a des missions plus
importantes que santé, éducation, économie? C'est un budget classique
dans des circonstances exceptionnelles, une pandémie.
Alors, je
vais vous parler de la santé, parce qu'il y a 10... D'abord, en tout, là, ça
aura coûté combien la pandémie? Puis
on compte encore, on n'a pas terminé, là. Ça aura coûté 16 milliards de
dollars en santé, Mme la Présidente, et il y a eu 4 milliards de réductions d'activités, que
certains appellent le délestage, mais c'est des activités qui ne sont pas
réalisées parce que tous nos efforts sont concentrés pour vaincre la
pandémie. Ça fait 12 milliards net. À ça s'ajoute... Bon, puis, le 12 milliards net, là, il faut que je vous
dise combien il y a dans le budget. Mais on avait déjà annoncé... Voilà, O.K.,
mes chiffres balancent. On avait déjà
annoncé 7 milliards... 5 milliards, alors donc c'est 7 milliards
de nouveaux investissements pour vaincre la pandémie, dans ce budget.
Mais est-ce
qu'on fait juste travailler sur la pandémie, Mme la Présidente? Non. On a aussi
une vision à long terme. Nous savons
où nous voulons aller dans le réseau de la santé, puis ça, c'est extrêmement
important. Alors, il y a 2 milliards pour renforcer les services aux aînés. Et, s'il y a une chose que la
pandémie a montrée, c'est qu'il fallait poursuivre nos efforts pour
aider les aînés.
Alors, au
niveau des soins à domicile, 750 millions qui s'ajoutent... Parce qu'on
parle souvent des CHSLD, puis des résidences intermédiaires, puis des
RPA, puis c'est extrêmement important, mais près de 90 % des gens
vieillissent à domicile. Et donc nous
ajoutons 750 millions de dollars sur cinq ans pour les soins à domicile,
qui s'ajoutent à près de 2 milliards de dollars qui avaient déjà
été annoncés par notre gouvernement.
Au niveau des
résidences pour aînés Mme la Présidente, 400 millions supplémentaires,
parce que — on n'en
parle pas trop — il y a
beaucoup de résidences pour aînés qui ont fermé, depuis 2016, des petites
résidences pour aînés en région, et
nous avons décidé, notre gouvernement, de s'en occuper, 400 millions pour
les assurances, les salaires, la mise à niveau et, une demande de l'ensemble de la société civile mais aussi des
oppositions, bonifier le crédit pour maintien à domicile de 35 % à
40 %.
Et finalement
un autre 1,3 milliard. 7 plus 2, plus le 1,3, on revient au 10,3 du
15 en santé. Tout balance, je vous le
confirme, Mme la Présidente. Alors, 525 millions pour les services en
première ligne, 300 millions pour la santé mentale, 250 millions pour les jeunes en difficulté. C'est
précisément les investissements que mon collègue de Pontiac encensait dans
son intervention.
Alors,
maintenant, je veux vous parler de la réussite des jeunes. Et il y avait un
article, dans Le Devoir, en fin de semaine dernière, il y avait quelqu'un qui disait qu'on parle trop de
réussite, il suggérait qu'on parle d'apprentissage. Alors, peut-être que le prochain chapitre sur l'éducation
du prochain budget s'appellera Appuyer l'apprentissage scolaire et les
jeunes, mais celui-ci s'appelle Appuyer la réussite scolaire et les jeunes,
Mme la Présidente, et il y a des investissements exceptionnels, 574 millions pour le primaire et le secondaire, et,
oui, il y a 170 millions pour combler les retards, nous en sommes conscients. 669 millions pour
l'enseignement supérieur, ça, c'est pour favoriser la persévérance, alléger le
fardeau financier, augmenter la
diplomation, l'accès, des mesures pour stimuler les études en service de garde,
en sciences infirmières, augmenter le
financement par étudiant dans les facultés de science et de technologie, une
mesure exceptionnelle. Les centres jeunesse, quel bel outil que nous
avons au Québec, des investissements supplémentaires.
Et là, vous
savez, dans chaque budget, il y a des petites mesures qui valent plusieurs fois
leur poids financier. Et, au Québec,
nous avons... et peut-être dans d'autres provinces aussi, mais, au Québec, nous
avons une situation qui est vraiment préoccupante,
c'est 200 000 jeunes de 15 à 34 ans qui ne sont ni à l'emploi,
ni aux études, ni en formation, et ça, Mme la Présidente, il faut s'en occuper. Le problème ne disparaîtra pas parce
que le temps passe, le problème va disparaître parce qu'on va s'en occuper. Et c'est ce qu'on... Et
c'est la responsabilité du ministre... c'est la responsabilité de tous mais du
ministre du Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale, la ministre de l'Enseignement supérieur, le ministre de
l'Éducation. C'est notre responsabilité
à tous. Et il y a là, soit dit en passant, 200 000 travailleurs
possibles pour ce qu'on observe, la rareté
de la main-d'oeuvre. Alors, je tiens à dire que nous avons répondu présents
pour la réussite et l'apprentissage des jeunes, et que nous voulons favoriser la diplomation et l'accès, et que
nous allons continuer d'investir dans ces domaines.
• (17 h 10) •
Accélérer la
croissance : 4 milliards de
dollars, dont 1,2 milliard pour l'Internet haute vitesse. Dans
les régions... Mais là, les régions, c'est au sens large, là, parce que
vous n'avez pas besoin de rouler longtemps en sortant de Montréal ou de Québec, là, pour perdre l'Internet. J'ai
même un collègue de travail, Mme la Présidente, puis je ne le nommerai pas,
là, mais, lorsque je lui parle — puis, vous savez, nous sommes en
télétravail — puis il
y a une voiture qui passe entre sa maison puis le réseau, Mme la... — vous
riez, mais ce n'est pas drôle — ça coupe. Et puis, bien, on se rappelle
puis on fait avec, mais... Parce que, là,
quand c'est le télétravail puis l'école à distance, c'est ça, on a besoin de
services, Mme la Présidente. Et donc
1,2 milliard pour l'Internet haute vitesse, brancher tout le monde. Mais
ça, ce n'est pas juste des individus, j'ai dit le télétravail, et c'est
aussi des PME, c'est extrêmement important.
Bon, 900 millions pour l'investissement et
la productivité des entreprises. Alors, nous sommes 22,6 % de la population canadienne, moins de 20 % de
l'économie canadienne, et là on cherche pourquoi. Puis là ça va me permettre de
dire : Est-ce que c'est parce qu'on
s'est tiraillés trop longtemps sur la Constitution au Québec? Est-ce que c'est
parce que les gouvernements précédents ont laissé tomber nos
infrastructures publiques? Est-ce que nos taux de graduation à l'école ne sont pas suffisants, on n'a pas assez
investi en éducation? Mais moi, je suis un économiste. Alors, je regarde les
chiffres et je vous les partage. Nous sommes 22,6 % de la population
canadienne, moins de 15 % des investissements privés au Canada. Nous avons un déficit d'investissements
privés, et, depuis que nous sommes au pouvoir, en fait depuis la première
fois que j'ai rencontré le premier ministre...
Je suis parti, j'avais une feuille à deux pages, à deux côtés, toutes les
feuilles ont deux côtés, mais c'était
une feuille spéciale, j'allais voir le futur premier ministre du Québec. Ce
n'était pas si spécial qu'elle ait
deux côtés, mais c'était vraiment spécial pour moi, il y avait un côté de la
page qui parlait des investissements privés puis, l'autre, de
l'éducation.
Alors, vous
aurez compris que nous voulons stimuler les investissements privés. C'est pour
ça que nous avons introduit le crédit
d'impôt pour investissement dans le budget précédent. Et j'avoue qu'on n'en a
pas beaucoup parlé, de ce nouveau crédit
d'impôt à l'investissement, il y a eu une pandémie, et donc j'ai décidé... je
me suis dit : Comment est-ce que nous pourrions en reparler dans ce budget? J'ai doublé le crédit d'impôt pour
deux ans et je vous en parle, voilà. Et c'est pour stimuler les investissements privés, la
compétitivité en entreprise. Et nous investissons dans les infrastructures de
recherche. Et, dans le fond, ce qu'on
fait, puis je voudrais l'expliquer à tous, c'est : on y va avec le fiscal
pour stimuler l'investissement privé,
et le ministère de l'Économie arrive,
de l'autre côté, avec des mesures d'aide pour la numérisation, des mesures-conseil,
des mesures pour la liquidité. Et ça fait
qu'on attaque le problème de plusieurs directions pour arrêter ce retard
d'investissements privés par rapport
à notre poids démographique, moins de 15 % des investissements privés,
alors que nous représentons près de 23 % de la population.
Alors, il y a
aussi 400 millions pour la main-d'oeuvre. Et j'ai parlé des
200 000 jeunes et je pourrais vous parler des travailleurs expérimentés. Il y a aussi un
bassin... Les Québécois prennent leur retraite un peu trop tôt, et il y a un
bassin de 90 000 travailleurs,
et ce n'est pas une bonne idée de prendre son régime des rentes avant
65 ans, vous êtes pénalisé de façon
importante, et donc nous avons des mesures pour inciter les gens à continuer à
travailler. Puis, de toute façon, en plus, le travail, c'est le plaisir, j'en ai parlé qu'il y avait une
valorisation, au-delà des revenus, lorsqu'on travaille. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a un bassin de
90 000 personnes au niveau des travailleurs expérimentés, et ces
gens-là ont des connaissances
inestimables dont nous voulons continuer de bénéficier. Et bien sûr il y a
l'immigration. La contribution des immigrants au développement
économique du Québec est fantastique. Il y a les jeunes sans emploi, il y a le
taux de participation des femmes. Oui, on doit améliorer nos services de garde,
on va continuer.
Et donc il y
a tout un effort. Il y avait 500 millions dans la mise à jour, puis là il
y a un autre 150 millions, il y a des mesures pour la
reconnaissance des diplômes. Bref, on fait un effort extrêmement important pour
attaquer la rareté de main-d'oeuvre.
Le Québec, bien sûr, c'est Montréal, c'est Québec,
la plus belle ville en Amérique du Nord... Bien, j'ai grandi à Sainte-Foy, qui est une... Comment est-ce qu'on pourrait dire ça, donc? Ce n'est pas
une banlieue, là, c'était... Écoutez, c'était... ce n'est pas une
bourgade non plus, là, Sainte-Foy, je ne sais pas comment vous décrire ça.
Des voix : ...
M. Girard (Groulx) : J'ai
grandi à Sainte-Foy. Québec, c'est la plus belle ville en Amérique du Nord.
J'ai eu l'occasion, dans mon ancien emploi,
de voyager partout dans le monde pour vendre le Québec et dire comment le
Québec... et je leur disais toujours :
Savez-vous c'est où, le Québec? Vous seriez surpris comment est-ce qu'il n'y a
pas de gens qui savent... comment les
gens, lorsque vous allez au Japon, en Europe, non seulement ils ne savent pas
qu'on parle français... Mais, si vous leur parlez du Château Frontenac,
bien là ils connaissent Québec. Et je leur disais que je venais...
Et là je vous ai parlé de Montréal, Québec, mais
je veux vous parler des régions. Il y a 400 millions pour les régions et il y a de l'argent en tourisme, il y a
de l'argent en loisirs, il y a de l'argent pour les infrastructures en région.
Est-ce que je me déplace... Il y a de l'argent pour les ressources
naturelles, il y a de l'argent pour l'agriculture. Ah! puis ça, l'agriculture, il va falloir que je vous en
reparle parce que mon collègue... Mon estimé collègue de Pontiac, il faut que
je vous parle d'agriculture tantôt,
mais je vais y revenir. Il y a de l'argent en culture. Et tout ça donne
4 milliards pour améliorer la croissance économique.
Soutenir les Québécois, dans les
15 milliards d'investissement, il y a de l'argent en logements sociaux. Et
c'est un peu là-dessus qu'on s'est
accrochés, le député de Rosemont et moi, en commission parlementaire, c'est
parce que je lui rappelais qu'on
avait investi plus de 700 millions en logements sociaux depuis notre
entrée au pouvoir. Et puis il va falloir continuer, c'est un problème important au Québec, puis on va continuer.
180 millions dans les services de garde. Services de garde, je rappelle, puis ça, c'est avant que le
fédéral, hier au budget, réalise que nous avons les meilleurs services de
garde au Canada, là, il y a de l'argent pour
la rareté de main-d'oeuvre, encourager la diplomation, étudier. Il y a de l'argent pour récupérer les places perdues... les places
que nous avons perdues dans les garderies en milieu familial. Et bien
sûr il faut réaliser les places qui ont été annoncées, qui sont déjà financées.
Alors, tout
ça, c'est ça, un Québec résilient et confiant, c'est
10,3 milliards pour la santé, 1,5 milliard pour l'apprentissage,
la réussite des jeunes, 4 milliards pour accélérer la croissance,
1 milliard pour soutenir les Québécois.
Alors, j'ai
dit... Je veux parler un peu, maintenant, de finances publiques et pourquoi nous avons
choisi un retour à l'équilibre
budgétaire d'ici 2027-2028.
C'est parce que le déficit structurel est estimé à
6,5 milliards de dollars et que nous
nous sommes dit... Nous avions une loi qui dit : Vous devez revenir à l'équilibre budgétaire en cinq ans, et nous avons dit clairement que 2021, c'était vaincre la pandémie. Il n'y a
pas personne, là, qui veut entendre parler de retour à
l'équilibre budgétaire en 2021, nous
sommes en pleine troisième vague. 2021, vaincre la pandémie. 2022, retour au
plein-emploi. Et donc ça nous
laissait trois ans, 2023, 2024, 2025, pour faire un effort de 6 milliards...
6,5 milliards, je vais arrondir pour rendre ça plus attrayant, 6 milliards. 2 milliards par année, c'est un peu
trop, Mme la Présidente, parce
qu'on a... Les chiffres exacts, je vais vous donner les chiffres exacts.
Les chiffres exacts sont... Bien, je n'ai pas les chiffres exacts. Bon, alors,
je vais revenir, 120 milliards de
revenus et de dépenses, et donc, en utilisant cinq ans, ça nous permet de faire
1,2 milliard, et donc on est à
l'intérieur de 1 % des revenus
et dépenses par années pour revenir à l'équilibre budgétaire, et c'est donc
gérable. Tandis que 2 milliards sur
trois ans, ça aurait été un effort trop important. Et c'est ça qui a amené au
choix de revenir à l'équilibre budgétaire en 2027‑2028, et je suis
extrêmement confiant qu'on va réussir.
• (17 h 20) •
Eh oui, c'est l'équilibre budgétaire au sens de
la définition du Québec, c'est-à-dire après contribution au Fonds des générations. Parce que, si nous avions la même
définition que le fédéral, que l'Ontario, le déficit budgétaire... le déficit
structurel serait de l'ordre de
4 milliards, 3,5. Et donc on va continuer à contribuer au Fonds des
générations, le maintien des versements au Fonds des générations.
Et pourquoi c'est important de verser des sommes
au Fonds des générations? Et puis là je vais faire un peu de comptabilité. C'est parce que, lorsque le Québec
est à l'équilibre, revenus moins dépenses, avant contribution au Fonds
des générations, la dette continue à augmenter, Mme
la Présidente, parce que nous devons faire des investissements en
infrastructures. Alors, c'est comme s'il y a équilibre, revenus et dépenses
courantes, mais qu'on ne s'occupe pas des investissements.
Or, les contributions au Fonds des
générations permettent d'avoir de
l'argent pour faire des investissements dans les infrastructures, et c'est très important. Donc, une excellente
décision, importante pour l'équité intergénérationnelle, pour assurer le maintien des services à long terme,
pour lutter contre les changements
climatiques, pour assurer les
services en santé, en éducation, pour
faire face au vieillissement de la population, pour assurer que le Québec
aura une capacité à faire face aux prochaines récessions, aux défis.
Donc,
retour à l'équilibre budgétaire, diminution du poids de la dette, contribution
au Fonds des générations. Alors, le déficit du Québec,
la dette du Québec, M. le
Président, sera de 45 % par rapport au PIB au
31 mars 2021, ce sera 53 % pour le gouvernement fédéral,
selon l'information que nous avons eue hier. Et nous avons l'intention, en
revenant à l'équilibre budgétaire sur sept ans, de reprendre une trajectoire où
le poids de la dette diminue. Et ça, c'est extrêmement important parce que c'est ça qui va nous permettre d'investir dans les
infrastructures, de faire face au vieillissement de la population, de lutter contre les changements
climatiques, d'être prêts pour la prochaine récession puis d'assurer le
financement des services.
Je
vais répondre à quelques critiques constructives qui ont été émises par mes
collègues. Bon, mon collègue de René-Lévesque
a parlé du chemin de l'indépendance. Ce que je préconise, c'est le sentier du
retour à l'équilibre budgétaire, le
sentier de l'indépendance financière, M. le Président, d'avoir un poids
économique plus important que le poids démographique. Le jour où nous serons
23 % de la population canadienne mais 25 % de son économie, M. le
Président, notre influence sera décuplée.
Et présentement ce n'est pas le cas et ça nous met en situation de dépendance
par rapport au gouvernement fédéral. Et
nous voulons renverser ça, alors on y travaille
chaque jour. Et revenir à l'équilibre budgétaire fait partie de la solution,
parce que la richesse, c'est un concept net, hein, c'est actif moins passif. Si
vous accumulez de la dette, vous ne vous enrichissez pas.
Mon
collègue de Rosemont a dit : Bien, vous n'avez rien eu sur le
transfert canadien en santé. Mais c'est vrai qu'on n'a rien obtenu sur le transfert
canadien en santé, et je l'ai dit, c'est une déception, mais je ne suis pas
surpris, parce qu'il l'avait dit. Le gouvernement fédéral avait dit :
Nous ne voulons pas discuter du transfert canadien en santé pendant la
pandémie, nous voulons vaincre la pandémie.
Alors,
nous avons... nous travaillons présentement au niveau du Comité des
arrangements fiscaux, où nous devons obtenir l'heure juste sur
l'historique du financement de la santé au Québec... dans les provinces et
territoires au Canada, l'historique du
financement de la santé. Ça, c'est les points d'impôt, les fonds ciblés, le
transfert canadien en santé. Mais, bonne
nouvelle, M. le Président, on les a faits, les calculs. Le Conference Board les
a faits, les calculs. Et là on refait les calculs avec le gouvernement fédéral, mais c'est indéniable, la part du
gouvernement fédéral était à plus... était à près de 45 % dans les
années 80 puis elle est à moins de 22 % aujourd'hui. Et donc le
fédéral devra augmenter sa contribution.
On peut le regarder
aussi prospectivement, c'est-à-dire au niveau de la capacité fiscale. On a vu
hier que les déficits diminuaient rapidement
au niveau fédéral et que ce ne sera pas le cas au niveau des provinces,
notamment parce que, si je prends le
cas du Québec, 43 % de nos dépenses, c'est la santé, puis notre poste
budgétaire le plus important, c'est celui
qui augmente le plus vite, à 5 % de croissance par année. Et donc, qu'on
regarde ça rétrospectivement ou prospectivement,
c'est indéniable, M. le Président, le gouvernement fédéral devra augmenter le
transfert canadien en santé, un transfert qui est sans condition.
Et, dans notre cadre
financier, il n'y a pas un dollar qui est anticipé, mais nos demandes sont
légitimes, et le gouvernement fédéral a dit... J'ai écouté d'ailleurs... c'est
rare, ce midi, j'ai écouté la conférence de presse du premier ministre Trudeau
et de la ministre des Finances, la vice-première ministre, Mme Freeland,
et il a dit : Oui, après la pandémie,
il va falloir discuter de transfert canadien en santé. Alors, notre demande est
légitime, les chiffres sont implacables, et je suis confiant, M. le
Président.
Un peu des critiques de mon collègue de Pontiac.
Une que j'adore vraiment, là, c'est : Vous ne faites rien en agriculture.
Ça, celle-là, je l'aime. Il y a des critiques qu'on aime, il y en a d'autres
qui nous agacent ou... je ne sais pas, mais, celle-là, je l'aime. Parce
que, vous savez, le ministre de l'Agriculture, il ne l'a pas eu facile. Ça a
commencé... Bon, il y a eu l'histoire du
lanceur d'alerte et puis... Mais savez-vous, M. le Président, que le ministre de l'Agriculture est vraiment apprécié par les
agriculteurs, par les entreprises? Et puis c'est parce que c'est un homme
convaincant.
Je
vais vous dire ce qu'on a fait : Fonds
d'investissement agricole, annoncé en
2019, enveloppe de 250 millions sur cinq ans; Plan d'agriculture durable 2020-2030 doté de
125 millions, annoncé le 22 octobre 2020; Stratégie nationale
d'achat d'aliments québécois, afin de
favoriser l'achat d'aliments et de produits transformés au Québec
par les institutions publiques,
22 septembre 2020; Stratégie de croissance pour les serres 2020-2025, 91 millions, pour doubler le volume
de fruits et légumes en serre. Autonomie alimentaire, diverses mesures
totalisant 157 millions, visant à
favoriser l'achat local et la
productivité des entreprises. Puis ça continue, M. le Président. Ce gouvernement croit en l'agriculture. Et le ministre
de l'Agriculture, à chaque budget, à chaque mise à jour, a des demandes. Et
nous répondons présents pour l'agriculture.
La
pénurie de main-d'oeuvre, j'en ai parlé. Le taux de croissance des
dépenses autres que santé après l'élection, là, puis
là il y a toute une histoire, là, de... Bien, c'est la
fluctuation dans les dépenses d'infrastructure municipales et universités, parce
qu'en raison que nous avons accepté
la note aux états financiers, la recommandation du Vérificateur
général, il n'y aura maintenant plus de fluctuation dans
les dépenses. Et, comme nous faisons des investissements importants dans les logements
sociaux, bien, ça amène une fluctuation dans les dépenses des autres
portefeuilles. Et puis il y a l'Internet haute vitesse. Alors, je veux rassurer tout le monde, il y aura des investissements
dans les autres ministères que Santé et Éducation avant, après les
élections, pendant. Il n'y a pas d'enjeu là.
• (17 h 30) •
L'environnement. Bien oui, un plan cinq ans, que
nous réévaluons à chaque année pour s'assurer d'atteindre les cibles. Bien, on ne fera pas un plan cinq ans
annuellement, M. le Président, là. Alors, regardez ce que le fédéral a investi en environnement hier. C'est bien. Nous soulignons l'effort,
mais nous, toutes proportions gardées, 6,5 milliards sur cinq ans, c'est
excellent.
La vieille
économie, mais ça, c'est un autre... ce n'est pas une attaque, là, c'est un
argument, je ne veux pas mettre ça pire que c'est, là, mais je ne pense pas que
d'investir dans nos infrastructures de santé pour construire des maisons
des aînés, rénover des cégeps à Longueuil, à
Sainte-Thérèse, à Laval, je ne pense pas que c'est de la vieille économie,
c'est investir en éducation, dans nos
infrastructures. On parle souvent de la climatisation, de résorber le déficit
de maintien d'actifs qui a été laissé par les précédents gouvernements,
bien, on ne se gênera pas de faire ça, M. le Président, c'est important.
Et puis,
lorsqu'on investit dans la santé, bien, la santé, ce n'est pas la vieille
économie, puis l'éducation, ce n'est pas la vieille économie, puis s'assurer
que l'investissement privé va augmenter l'innovation, la numérisation des
entreprises et favoriser la diplomation, bien, tout ça vise à aider le
Québec à augmenter son poids économique, à augmenter la croissance, la richesse collective. Et ça passe, oui, par les sciences,
oui, par l'innovation, mais aussi par la santé, l'éducation. Et on va continuer d'investir en infrastructures,
on a augmenté les dépenses d'infrastructures de 35 % depuis que nous
sommes au pouvoir, et c'est notamment parce qu'il y avait un déficit de
maintien d'actifs, M. le Président.
Alors, le
temps avance et je pourrais vous dire que le financement des principales
missions de l'État est assuré dans le
budget. 5,8 % en santé pour
2021‑2022, un taux de croissance moyen de 5,2 % d'ici 2022‑2023.
Éducation, c'est 4,6 % en 2021‑2022,
5 % en moyenne d'ici 2022‑2023. L'enseignement supérieur, c'est
8,2 %. 8,2 %, c'est énorme, mais là je vous mets en garde, un
peu comme je vous mettais en garde tantôt sur le moins 0,2 % auquel
référait mon collègue de l'opposition, c'est
plus de 5 % d'investissements. Parce que, oui, on est généreux en
investissements supérieurs, mais c'est parce
qu'il y a des investissements en infrastructure et qu'à l'avenir les dépenses
d'infrastructures hors périmètre comptable, dans les municipalités et les universités, vont amener de la variabilité
dans les taux de croissance. Alors, il faudra être prudents.
Alors, j'arrive au moment où je dois conclure et
recommander que nous adoptions la politique budgétaire du gouvernement et ce budget. Je tiens à vous dire qu'on a travaillé extrêmement fort. C'est un honneur de servir le Québec, et toujours nous gardons l'intérêt supérieur du
Québec. Mais c'est une période extrêmement difficile. Il y a une pandémie,
il y a une récession mondiale, et il y a des impacts extrêmement importants sur
les finances publiques.
Alors, je
vous résume le budget, pour conclure. Chaque chose en son temps, et voici
l'ordre des priorités : vaincre la
pandémie en 2021, retrouver le plein-emploi en 2022, fermer l'écart de
production ou retrouver la pleine capacité de l'économie québécoise en 2025 — ça, ça veut dire avoir récupéré tout ce que
nous avons perdu en raison de la récession — et, finalement, l'équilibre
budgétaire en 2027. Et l'équilibre budgétaire, ça, c'est pour revenir
recommencer à réduire le poids de la dette
et s'assurer d'avoir les moyens, la confiance dans l'avenir pour faire face aux
intempéries mais aussi à la lutte aux
changements climatiques, au vieillissement de la population, pour assurer le
financement des missions de l'État.
Alors, M. le Président, je vous remercie. Et je
recommande à tous l'adoption de notre politique budgétaire.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre des Finances.
Cette réplique met fin au débat sur le discours sur le budget.
Décision de la présidence sur la
recevabilité
des motions formulant un grief
Je vous
informe que les motions formulant un grief présentées dans le cadre de ce débat
sont toutes recevables, sauf celle
présentée par Mme la députée de Sherbrooke, qui contient de l'argumentation. En
effet, conformément à l'article 191 de notre règlement, s'il est permis
d'indiquer des motifs dans une motion de grief, l'argumentation, elle, n'est
pas permise. La jurisprudence parlementaire a expliqué par le passé
qu'on entend par argumentation tout ce qui tend à appuyer la conclusion
recherchée dans la motion. Or, la présidence a déjà déclaré irrecevables des
motions dont le libellé était similaire dans
des décisions rendues le 11 juin 2003 et le 21 avril 2015. Dans la
première décision, la présidence avait alors indiqué que les mots «imposant ainsi un recul de 30 ans aux
Québécoises» apparaissaient clairement comme de l'argumentation. Dans la seconde décision, la présidence avait jugé que
les mots «mettant ainsi à risque sa cote de crédit» devaient également être considérés comme de
l'argumentation. Par conséquent, dans le cas de la motion de grief présentée par la députée de Sherbrooke, les mots
«contribuant à maintenir les inégalités, notamment celle entre les hommes et
les femmes» doivent également être considérés comme de l'argumentation.
Nouvelle motion formulant un
grief de la députée de Sherbrooke
Maintenant,
comme la présidence le fait habituellement en pareil cas, je vous demande s'il
y a le consentement pour substituer à
la motion présentée par Mme la députée de Sherbrooke une nouvelle motion
conforme au règlement, qui se lirait comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme le gouvernement caquiste pour son budget 2021‑2022
qui perpétue le sous‑investissement dans les secteurs de l'éducation et
de la petite enfance.»
Est-ce qu'il y a consentement? Consentement?
Mise aux voix des motions
formulant un grief
Conformément
à l'article 277 du règlement, nous allons maintenant procéder au vote sur
les motions formulant un grief
présentées à l'occasion du débat sur le discours sur le budget et sur la motion
du ministre des Finances proposant que l'Assemblée approuve la politique
budgétaire du gouvernement.
Je constate que l'un des
groupes parlementaires n'est pas représenté pour la mise aux voix.
Je suspends donc les travaux pour un maximum de
10 minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 37)
(Reprise à 17 h 41)
Le
Vice-Président (M. Picard) : Je mets maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée
par Mme la cheffe de l'opposition officielle. Cette motion se lit comme
suit :
«Que l'Assemblée
nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour sa négation de la
pénurie de main-d'oeuvre et pour ne pas
avoir présenté les solutions concrètes auxquelles il a accès pour résorber ce
défi dès maintenant.»
En application de l'ordre spécial, j'inviterais maintenant
les leaders parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur
cette motion. M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Contre.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le député de Rosemont?
M. Marissal :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Abstention.
Le Vice-Président
(M. Picard) : La motion est rejetée.
Je mets maintenant
aux voix la motion formulant un grief présentée par M. le député de Jonquière. Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour le manque de vision de
ce budget vers une transition verte et juste.»
En application de l'ordre spécial, j'inviterais
les leaders parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur
cette motion. M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Contre.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le député de Rosemont?
M. Marissal : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
La motion est rejetée.
Je mets
maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée par Mme la députée
de Sherbrooke. Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale blâme le gouvernement
caquiste pour son budget 2021-2022 qui perpétue le sous-investissement
dans les secteurs de l'éducation et de la petite enfance.»
En
application de l'ordre spécial, j'inviterais les leaders parlementaires à
m'indiquer le vote de leurs groupes sur cette motion. M. le député de
Rosemont?
M. Marissal : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Contre.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Contre.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
La motion est rejetée.
Je mets
maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée par Mme la députée
de Gaspé. Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour l'absence
de financement adéquat pour le réseau des maisons d'hébergement pour
femmes violentées.»
En application
de l'ordre spécial, j'inviterais les leaders parlementaires à m'indiquer le
vote de leurs groupes sur cette motion. M. le leader du troisième groupe
d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Contre.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le député de Rosemont?
M. Marissal : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
La motion est rejetée.
Je mets
maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée par Mme la députée
de Fabre. Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale blâme sévèrement le
gouvernement caquiste d'avoir aboli dans le budget le Fonds de soutien pour les
proches aidants.»
En
application de l'ordre spécial, j'inviterais les leaders parlementaires à
m'indiquer le vote de leurs groupes sur cette motion. M. le leader de
l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Contre.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le député de Rosemont?
M. Marissal : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
La motion est rejetée.
Je mets
maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée par Mme la députée
de Mercier. Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme le gouvernement de la CAQ pour son budget 2021-2022
qui ne se dote pas des ressources ni
des moyens nécessaires pour répondre aux impératifs de la protection de
l'environnement et de la lutte aux changements climatiques.»
En
application de l'ordre spécial, j'inviterais les leaders parlementaires à
m'indiquer le vote de leurs groupes sur cette motion. M. le député de
Rosemont?
M. Marissal : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Contre.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : La motion est rejetée.
Je
mets maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée par Mme la
députée de Verdun. Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour son manque
d'investissements dans le budget pour les maisons d'hébergement pour
femmes victimes de violence conjugale.»
En
application de l'ordre spécial, j'inviterais les leaders parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur cette motion. M. le
leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Contre.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le député de Rosemont?
M. Marissal :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : La motion est rejetée.
Je
mets maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée par M. le
député de Jean-Lesage. Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale dénonce, dans le cadre du budget 2021‑2022, la soumission du
gouvernement caquiste au régime canadien qui
prive le Québec de leviers cruciaux pour affronter la pandémie et mener une
relance juste et verte.»
En
application de l'ordre spécial, j'inviterais les leaders parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur cette motion. M. le
député de Rosemont?
M. Marissal :
Pour
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Contre.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Contre.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : La motion est rejetée.
Je mets maintenant
aux voix la motion formulant un grief présentée par Mme la cheffe du deuxième
groupe d'opposition. Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme le gouvernement de la CAQ pour son budget Un
Québec résilient et confiant 2021-2022, en raison de son manque
d'ambition sur le dossier de transition économique et écologique, qui promet
une résilience à la société québécoise sans que les mesures nécessaires pour
l'atteindre s'y trouvent et qui ignore le niveau inadéquat de préparation de nos industries, nos villes, nos institutions,
nos communautés aux impacts imminents causées par les changements
climatiques.»
En application de
l'ordre spécial, j'inviterais les leaders parlementaires à m'indiquer le vote
de leurs groupes sur cette motion. M. le député de Rosemont?
M. Marissal :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Contre.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : La motion est rejetée.
Je
mets maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée par Mme la
députée de Joliette. Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour :
«L'augmentation
importante du nombre d'enfants en attente d'une place dans un service de garde
éducatif à l'enfance;
«La
baisse, pour une troisième année consécutive, des investissements prévus au
Plan québécois des infrastructures pour assurer le développement de
nouvelles places subventionnées;
«Le
fait que de nombreux parents sont dorénavant contraints de retarder leur retour
sur le marché du travail faute d'une place pour leur enfant;
«Le
manque de moyens, de vision et de proactivité pour faire face à la pénurie sans
précédent d'éducatrices et au manque dramatique de places en services de
garde éducatifs à l'enfance.»
En application de
l'ordre spécial, j'inviterais les leaders parlementaires à m'indiquer le vote
de leurs groupes sur cette motion. M. le leader du troisième groupe
d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Contre.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le député de Rosemont?
M. Marissal :
Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
La motion est rejetée.
Je mets maintenant
aux voix la motion formulant un grief présentée par Mme la députée de Maurice-Richard. Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour son budget
qui ne contient pas de solution
pérenne à la pénurie de main-d'oeuvre dans les services de santé au Québec, ni
de plan concret de rattrapage des chirurgies délestées lors de la
pandémie de COVID-19.»
En
application de l'ordre spécial, j'inviterais les leaders parlementaires à
m'indiquer le vote de leurs groupes sur cette motion. M. le leader de
l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Contre.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le député de Rosemont?
M. Marissal :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le
Vice-Président (M. Picard) : La motion est rejetée.
Je
mets maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée par M. le
député de LaFontaine. Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour avoir présenté un
budget qui ne présente aucun plan complet
pour répondre à la crise dans les services de garde et qui répond aux besoins
des 51 000 familles en attente d'une place en service de
garde.»
En
application de l'ordre spécial, j'inviterais les leaders parlementaires à
m'indiquer le vote de leurs groupes sur cette motion. M. le leader de
l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Contre.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le député de Rosemont?
M. Marissal :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader du troisième groupe d'opposition?
-
M. Ouellet :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : La motion est rejetée.
Mise
aux voix de la motion du ministre des Finances
Je mets maintenant
aux voix la motion de M. le ministre des Finances proposant que l'Assemblée
approuve la politique budgétaire du gouvernement.
En
application de l'ordre spécial, j'inviterais les leaders parlementaires à
m'indiquer le vote de leurs groupes sur cette motion. M. le leader
adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Contre.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le député de Rosemont?
M. Marissal :
Contre.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Contre.
Le Vice-Président
(M. Picard) : La motion est adoptée.
Pour la suite de
nos... M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui. Alors, pour la suite, je vous demanderais de suspendre quelques instants,
jusqu'aux débats de fin de séance, s'il vous plaît.
Le
Vice-Président (M. Picard) : En application de l'ordre spécial,
les travaux sont suspendus jusqu'à 18 h 30 pour permettre la
tenue des débats de fin de séance annoncés précédemment.
(Suspension de la séance à
17 h 50)
(Reprise à 18 h 30)
Débats de fin de séance
Le
Vice-Président (M. Picard) : Conformément à l'ordre spécial, nous allons maintenant
procéder aux trois débats de
fin de séance. Le premier débat portera sur une question adressée par M. le
député de LaFontaine au ministre de la Famille concernant les sommes
transférées par le gouvernement fédéral en matière de services de garde.
Je vous rappelle que,
conformément à l'article 310 du règlement, le député qui a soulevé le
débat et le ministre qui lui répond ont chacun
un temps de parole de cinq minutes, et le député a ensuite un droit de réplique
de deux minutes.
Je vous cède la parole pour les cinq prochaines
minutes, M. le député de LaFontaine.
Création de places en service de garde
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Oui, merci, M. le Président. Alors, je suis content de faire ce débat de fin de
séance là parce que le ministre était
présent ce matin... cet après-midi, à la période de questions, j'ai posé trois
questions, mais il n'a pas eu l'opportunité
de répondre. Alors là, je vais lui donner l'opportunité de répondre, parce que,
sur mes trois questions principales, deux
complémentaires, le ministre des Finances, il en a pris deux, puis, la
dernière, bien, c'est le premier ministre qui l'a prise. Les deux pour nous dire quoi? Puis, je veux
dire, là, le message, M. le Président, le message du premier ministre, là,
il ne pouvait être pas plus clair que ça. Ce qui a été dit par le premier
ministre, c'est que l'entièreté des sommes que le fédéral va envoyer à Québec pour bonifier l'offre de places
subventionnées en service de garde, l'entièreté de la somme qui va être envoyée d'Ottawa à Québec ne sera pas
dépensée, que ça relève de Québec, puis ils feront bien ce qu'ils voudront
avec l'argent, alors qu'on sait qu'on a une crise, M. le Président.
Le
gouvernement fédéral perçoit des taxes et des impôts de tout le monde,
Canadiens et Canadiennes, notamment des
citoyens québécois et des Québécoises, perçoit des taxes et impôts. Ils sont
élus à Ottawa, ils gèrent leurs compétences. Évidemment, dans un programme ou une tentative de ce qui relève de la
compétence du Québec, le Québec peut avoir un «opting out», dire : C'est correct, je prends l'argent, mais moi,
je vais établir mon programme selon les conditions que j'ai déterminées. Ça, on est tous d'accord avec ça.
Québec prend l'argent qui est destiné — puis ça vient des fonds fédéraux, qui viennent des mêmes poches des Québécois — qui est destiné, qu'on dit dans le langage
commun, qui est tagué, qui est
étiqueté : Ça, c'est pour les services... l'accessibilité aux services de
garde subventionnés. Bien, ça, M. le Président, ça, c'est une décision
du gouvernement fédéral, qui donne l'argent. Nous, on dit : Bien, on a
déjà un programme qui est déjà très bien
développé, mais qui, effectivement, n'est pas suffisamment financé. Puis ça,
tout le monde le voit, il y a une crise
des places dans les services de garde, il y a 51 000 enfants qui sont
sur la liste d'attente, puis ça, c'est autant de familles, 51 familles, c'est des pères, des mères, des
proches aussi, des grands-parents, à un moment donné, qui essaient d'aider tant
bien que mal parce qu'il n'y a pas de places
en service de garde. Puis ça, c'est la portion du Québec qui va être envoyée
par Ottawa à Québec.
Tout ce qu'on
a demandé, nous, c'est de confirmer
que l'argent qu'ils vont recevoir, bien, qu'ils vont dépenser ça... justement,
le consacrer pour bâtir des CPE, pour revaloriser le rôle des éducatrices,
augmenter leurs conditions... améliorer leurs conditions salariales, soutenir le réseau, le développement, et ainsi de suite, parce
que ça coûte plus cher cette année,
tout le monde en convient, qu'il y a un an ou il y a deux ans, construire un
CPE. Cet argent-là, M. le Président, elle est nécessaire. Cet argent-là n'était
pas prévu dans les trois budgets de la CAQ. Ils ont déposé leur troisième le 25 mars dernier. Il leur
en reste un. Nonobstant le fait qu'il y a eu trois budgets, la crise, elle bat
son plein.
Et puis
j'entendais, à Paul Arcand, pour ne pas le nommer, lundi matin, hier matin, le
ministre dire : Bien, écoutez, il
y a eu 7 300 places, dans la dernière année, qui ne sont plus
remplies parce qu'il y a des éducatrices en milieux familiaux qui ont quitté. Ça a eu un impact, sur le réseau,
de 7 300 places. On savait déjà qu'au niveau des places non occupées
par manque d'éducatrices, en date
d'août 2020, c'était à peu près 24 000. C'était passé de 8 000 à
24 000. Là, il faudra ajouter sûrement...
on est probablement près du 30 000 ou au-dessus du 30 000 s'il faut
ajouter, dans les derniers mois, dans la dernière année, 7 300 places.
Tout ça pour
dire, M. le Président, que ce sont les payeurs de taxes, les pères et mères et
les proches de ces pères et mères
québécoises, québécois qui envoient leurs impôts, taxes et impôts à Ottawa.
Ottawa dit : Bien, c'est un programme qui relève de la compétence
du Québec, mais nous, on veut le financer parce qu'on a compris ce message-là.
Puis ce message-là, il n'a pas été compris
par la CAQ, mais il a été compris par, visiblement, les représentants d'Ottawa
à Québec, puis ils veulent... au gouvernement, et ils veulent donner
l'aide.
Cette aide-là, M. le Président, on ne peut pas
dire : Bien, il y en aura trop. On ne peut pas dire, comme laisse entendre le gouvernement... Parce que le
gouvernement, il ne dit pas : Je ne prendrai pas une cent de ça pour
mettre ça sur les services de garde.
Il dit : Je vais prendre la portion que je veux. Mais il ne peut pas dire,
M. le Président, que ce serait trop,
l'aide qui est donnée. Ce serait excessivement substantiel, et intéressant, et
tout un coup de main. Mais ce coup de main
là qui vient de la poche des payeurs de taxes, pères et mères de famille qui
n'ont pas de place, ce coup de main là doit être investi parce qu'il
faut répondre à la crise. Les trois derniers budgets de la CAQ n'ont pas
répondu à la crise, par insuffisance de
fonds notamment, puis ça, bien, il faut qu'ils s'engagent... Mais ce qu'ils
nous ont confirmé, le ministre des
Finances puis le premier ministre, c'est qu'ils ne vont pas tout consacrer à
répondre à cette crise, puis ça, bien, il faut le condamner.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de LaFontaine.
M. le ministre de la Famille, je vous cède la parole et je vous
rappelle que vous disposez d'un temps de cinq minutes.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci, M. le
Président. D'abord, le député de LaFontaine fait ce qu'il aime bien faire, il
est bon là-dedans, mettre des mots dans la bouche des autres. Moi, je
l'encourage à peut-être énoncer son propre avis, suggérer lui-même des pistes de solution. Il l'a fait pour
la première fois — j'espère
que ce ne sera pas la dernière — il y a quelques jours. Après le dépôt de notre budget, il nous a
fait, pour la première fois, une suggestion qui était drôlement calquée sur
celle du Parti québécois qui, elle, était drôlement calquée sur celle que les
partenaires nous font déjà.
Donc, tout ça
pour dire, M. le Président, que le député de LaFontaine, plutôt que de prêter
des intentions aux gens, devrait se
concentrer sur ce que lui pense, sur ses pistes de solution. Et honnêtement,
là, honnêtement, on reconnaît bien le
Parti libéral d'aujourd'hui dans ce que le député de LaFontaine vient de nous
dire, un parti politique, pourtant québécois, qui est en train de se
mettre à plat ventre devant le gouvernement fédéral en lui disant qu'il peut,
sans aucun problème, intervenir dans...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Picard) :
Bon, M. le ministre, faites attention à vos propos.
M. Lacombe :
M. le Président, ce que le Parti libéral fait, c'est de consentir, d'ouvrir
tout grand les bras au gouvernement fédéral
qui empiète dans les champs de compétence du Québec. Tous les partis politiques
représentés à l'Assemblée nationale sont
unanimes là-dessus, le gouvernement fédéral n'a pas à dicter comment le Québec
va dépenser cet argent-là. Il y a juste le Parti libéral qui, lui, dit :
Ce n'est pas grave, on se met à genoux, dites-nous quoi faire avec cet
argent-là.
Nous, ce
qu'on dit clairement, là : On a déjà un programme, ce programme-là nous
coûte 2,7 milliards de dollars par
année. Le budget fédéral prévoit des sommes pour tout le pays, inspiré de ce
qui se fait chez nous, au Québec. Donc, on dit au gouvernement fédéral : On sait ce qu'on fait, chez nous,
envoyez-nous sans condition — contrairement à ce que veut le Parti libéral — la part qui nous revient et nous, on
décidera comment l'investir. Et on l'a dit, lorsque le fédéral nous aura envoyé ces sommes-là sans condition, bien
sûr, M. le Président, qu'on investira dans nos services de garde éducatifs
à l'enfance.
Donc, le député de LaFontaine peut bien faire
croire aux gens qu'on n'investira pas cet argent-là...
Le Vice-Président (M. Picard) :
Faites attention à vos propos, M. le ministre, s'il vous plaît. Ça allait bien.
J'aimerais avoir un bon débat, s'il vous plaît. Faites attention de ne pas
susciter...
M. Lacombe :
Comment dirais-je bien ça, M. le Président? Le député de LaFontaine peut bien
affirmer ce qu'il affirme, je suis en
désaccord avec ça parce que ça ne représente pas ce que nous, on a l'intention
de faire. Donc, s'il veut nous prêter des intentions, je vais le laisser faire.
Nous, il nous reste encore une bonne année et demie à notre mandat, et moi, je le mets au défi à la fin de notre mandat
de voir quel sera notre bilan, comment on aura réparé les pots cassés du
précédent gouvernement, parce qu'il faut le dire, depuis 2014, ça ne va pas
bien dans nos services de garde éducatifs à l'enfance.
Donc, oui, on
a des besoins, et la séquence, pour nous, elle est déjà très claire. On a déjà
fait beaucoup d'annonces, hein? On a
aboli les mises de fonds, par exemple. Ils les avaient montées, ils trouvaient
que ça coûtait trop cher, la petite enfance. Là, ils ont changé de discours,
ça me rassure un peu quand même, mais ils trouvaient que ça coûtait trop cher. Ils ont bloqué tous ces projets-là. On les a
débloqués. On a aboli les mises de fonds. On a aussi coupé dans la bureaucratie. Ils en avaient rajouté parce
qu'ils ne voulaient pas que ça se développe. Nous, de notre côté, on a coupé dans
cette bureaucratie-là. On est passés
de 17 étapes de construction à neuf étapes de construction. On continue,
notamment en faisant des appels de projets à chaque année, ce qu'ils
n'ont pas fait.
• (18 h 40) •
Donc ça,
c'est notre bilan. C'est nous qui avançons. À partir de maintenant, là, les
places sont mises sous permis. Ça
nous aura pris deux ans à réparer leurs pots cassés. C'est un gros dégât. On
n'aura pas eu assez de nos deux mains pour le nettoyer. Là, on est en train d'y arriver, là. Et les résultats
commencent à se faire sentir. Donc, à la fin, le bilan, il sera bien
plus positif quand on va quitter pour la campagne électorale en 2022 que
lorsqu'on est arrivés. Ça, c'est clair.
Mais on veut
aller encore plus loin parce que nous, on est ambitieux pour nos tout-petits.
Donc, ce qu'on veut faire, c'est une
consultation, qui s'en vient, là, qui sera annoncée dans les prochains jours,
pour être capables, avec nos partenaires sur le terrain qui ont bâti le
réseau de faire des changements en profondeur parce que, oui, M. le Président,
on a aussi besoin de faire des changements
en profondeur, n'en déplaise au député de LaFontaine, qui n'a pas l'air
d'accord avec ça, il saura nous le
dire, mais ça nous prend ça. Et moi, je pense que les gens sur le terrain sont
d'accord qu'il faut avoir cette réflexion-là puis amener des changements
de fond.
Donc, ne
mettons pas des mots dans la bouche du ministre des Finances, du premier
ministre, ni même dans ma bouche. Je
suis là et je suis capable de m'exprimer par moi-même. Ce qu'on a dit
clairement au fédéral, c'est : Envoyez-nous le chèque sans
condition, et nous, on investira dans notre réseau.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. M. le député
de LaFontaine, je vous cède la parole pour les deux prochaines minutes.
M. Marc Tanguay (réplique)
M. Tanguay : Les mots
très précis du ministre des Finances : «Une partie de cet argent sera
utilisé pour les services de garde, l'argent
supplémentaire va aider le cadre financier.» Va aider le cadre financier, ça
veut dire qu'ils ne seront pas
investis dans les services de garde. Ça, c'est les mots mêmes du ministre des
Finances. J'espère que le ministre de la Famille a réalisé ça, là. Ce qui est annoncé
par le ministre des Finances puis ce qui est annoncé par le premier ministre,
c'est que tout l'argent n'ira pas aux
services de garde, une partie, oui, mais pas tout l'argent, alors qu'on est en
situation de crise.
Le ministre a
dit : Ça n'allait pas bien chez les libéraux. Il dit : Ça n'allait
pas bien quand les libéraux étaient là, durant les quatre ans qu'ils ont été là. Bien, à chaque année, pendant
quatre ans, il y avait en moyenne 3 000 places subventionnées de plus. 3 000 places
subventionnées de plus pendant les quatre ans du gouvernement libéral, le
ministre dit que ça, ça n'allait pas
bien. Lui, son bilan, c'est 900 places en moyenne par année. Si ça ne va
pas bien à 3 000, comment il va qualifier son propre bilan qui est
à 900?
Il a dit, il
vient de dire : On aura laissé de façon bien plus positive le réseau quand
on quittera que quand on l'a pris. À
des questions qui lui sont posées : À la fin de votre mandat, est-ce qu'il
y aura plus de places de créées ou moins de places?, autrement dit est-ce qu'on
aura perdu plus de places qu'il en aura été créé, il a répondu à plus d'une
fois que c'est une question hypothétique puis qu'on verra à la fin.
Alors là, il se contredit, quand il dit : Quand on va partir, le bilan va
être positif, mais, quand on lui pose la question, notamment lors de
l'interpellation du 12 mars, je crois, dernier, il a dit : Écoutez,
ça, c'est une question hypothétique, je ne peux pas y répondre. À toutes les
fois qu'on lui parle de l'argent... Puis vous irez demander à Louis Lacroix. Le
20 février 2019, ça a commencé là, qu'on lui pose des questions, comment
ça coûte, où en est le financement, et tout
ça. Il s'en lave les mains puis il dit : Allez voir le ministre des Finances. Hier en entrevue, c'est ça qu'il a dit : Bien, ça, allez voir le ministre des Finances. Bien, le ministre des Finances dit :
On fera ce qu'on voudra avec l'argent. Quand il dit : On veut l'argent,
qu'Ottawa nous envoie l'argent, puis on va le dépenser, bien, ça ne tient pas
la route, le ministre des Finances qui
décide. Puis le premier ministre, à matin, il a dit : On va décider de le
mettre ailleurs si on veut,
puis il a annoncé déjà qu'il va le mettre ailleurs. Ça,
c'est abandonner les familles du Québec, les 51 000
qui sont toujours en attente d'une place.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de LaFontaine. Nous
allons procéder maintenant au deuxième débat, qui portera sur une question
adressée par Mme la députée de Sherbrooke au ministre de la Famille concernant
la pénurie de places dans le réseau des
services de garde. Mme la députée de Sherbrooke, je vous cède la parole pour
une durée maximale de cinq minutes.
Pénurie de places en service de garde
Mme Christine Labrie
Mme Labrie :
Merci, M. le Président. Donc, ce à quoi on a assisté, ce matin, c'est un débat
intéressant. Je viens d'en capter une
partie, là, entre le ministre et mon collègue du Parti libéral du Québec. Il y
a une chose que je veux dire d'emblée, là, puis je l'ai dit ce matin,
puis je le répète : Définitivement, c'est le gouvernement du Québec qui va
décider qu'est-ce qu'il va faire avec cet
argent-là, on n'a pas à se faire dire comment utiliser cet argent-là puis où le
mettre. C'est notre argent, on va
s'en servir comme ça nous tente. Cependant, il y a un constat qui est clair :
il y a une crise nationale dans le
réseau de services de garde en ce moment, une crise majeure, puis pas seulement
à l'échelle des familles, une crise qui est vécue par l'ensemble de la
société québécoise. Les employeurs la vivent, à l'intérieur même des CPE, ils
la vivent, ils manquent de personnel, ils sont obligés de développer des
politiques de bris de service/s puis d'informer les parents que, là, par ordre alphabétique, ça va être comme
ça que ça va se passer si jamais on manque d'éducatrices tel jour. Il y a
des parents qui reçoivent des messages comme ça en ce moment. Ça fait que ce
n'est pas seulement une petite crise à l'échelle des familles, c'est vraiment
une crise nationale qu'on vit dans le réseau.
Et donc, moi,
quand j'entends le ministre, ce matin, nous dire : Oui, je reconnais qu'il
y a des situations difficiles dans les familles, j'ai l'impression qu'il
banalise la situation, parce que moi, je la vois beaucoup plus large que ça,
cette crise-là. Puis, manifestement, quand on voit les gens se mobiliser, même
des municipalités, là, qui commencent à cogner
à la porte pour dire : Aïe! déniaisez-vous, là, on a besoin que vous
créiez des places dans nos milieux parce qu'on est en train de se dévitaliser, c'est le signe, pour moi, qu'on n'est
pas seulement dans une crise qui est à l'échelle des familles.
Donc là, je
l'ai entendu dire que, oui, il y en aurait, des investissements. Mais, des
investissements, il en avait déjà annoncé.
Là, ce qu'on a appris dans les derniers jours avec le budget fédéral, c'est
qu'on recevrait des milliards supplémentaires dans les prochaines
années. Moi, je veux savoir qu'est-ce qui va être fait de plus que ce qui a
déjà été annoncé. Qu'est-ce qui va être fait de plus? Est-ce que, par exemple,
le gouvernement va s'engager à clairement... à avoir des nouveaux objectifs
de consolidation puis d'élargissement du réseau? Est-ce qu'ils vont bonifier les salaires des éducatrices? Est-ce
qu'ils vont offrir une subvention au démarrage supplémentaire? Est-ce qu'ils
vont créer plus que les 4 300 places auxquelles il s'était engagé?
Est-ce qu'ils vont ouvrir de nouveaux appels de projets pour les territoires
qui n'étaient pas ciblés jusqu'à maintenant?
Il y en avait plusieurs, je pense à Limoilou, Saguenay—Lac-Saint-Jean, une partie de la Gaspésie. C'est
des territoires qui n'ont pas pu déposer des projets dans les derniers
mois.
Donc, moi, ce
que je veux savoir, c'est : Est-ce que leur plan de match continue tel
qu'il était prévu en matière de petite enfance ou est-ce qu'ils vont se servir
de cet argent-là pour répondre à la crise qu'on vit en ce moment? Puis la
semaine dernière, je vous ai montré
des cartes sur ce qu'était le projet de la CAQ pour l'offre des services de
garde pour 2023. Là, aujourd'hui, je
vais vous en montrer quelques-unes, M. le Président, sur l'état des lieux. J'en
ai plusieurs à vous montrer. Ça, ici,
c'est Saguenay—Lac-Saint-Jean,
rouge au complet. Ville de Québec, Capitale-Nationale, même chose. On pourrait
éplucher la liste, là. Comme ça, ici, j'ai
l'Estrie, évidemment, rouge vif, c'est une des pires régions du Québec. Ici,
l'Outaouais, Gaspésie. Ça ne finit
plus. Ici, Lanaudière, Laurentides, c'est la même chose. Centre-du-Québec,
rouge vif, Centre-du-Québec, aussi.
Je veux dire, ça, là, c'est l'état des lieux en ce moment. Ça fait que, si on n'est pas devant une crise nationale, je ne sais pas c'est
quoi.
Je ne comprends pas quand le premier ministre nous dit : Oui, on va faire ce qu'on veut avec cet argent-là, mais,
tu sais, essentiellement, ils vont s'en servir en santé. C'est ça, là, c'est ça
qu'on a attendu ce matin. C'est : On avait demandé des transferts en santé, on a eu cet argent-là, on va le mettre
en santé. Tu sais, c'est ce que j'ai compris, moi, du message de ce
matin, puis je ne comprends pas ça. On devrait s'en servir ici, au Québec, pour
nos priorités nationales à nous. Puis moi,
je n'ai pas entendu de message de la part de la CAQ que leur priorité
nationale, bien, le réseau des services
de garde en faisait partie. Je n'ai pas entendu ça ce matin, puis ça m'inquiète
énormément. Ça m'inquiète énormément de voir
que tout cet argent-là arrive et puis que... Évidemment qu'on va s'en servir
pour ce qu'on veut, pour les priorités que nous, on a identifiées, aussi, au Québec, mais comment se
fait-il que ce réseau-là, ça ne fait partie des priorités qui ont été
identifiées par la CAQ?
Donc, moi, je veux
savoir c'est quoi, les investissements supplémentaires qu'ils vont faire. Quel engagement
supplémentaire ils vont prendre par rapport à tout ce qu'ils avaient déjà dit
avant de savoir qu'il arriverait des milliards supplémentaires en transferts
fédéraux? Parce que, oui, on peut faire ce qu'on veut avec, mais assurément il
y a un consensus social en ce moment, là,
qui se dégage autour du fait que l'égalité entre les hommes et les femmes,
c'est important, que le réseau de services de garde éducatifs permet d'y arriver et qui, en ce moment, ne répond pas à la
demande. 51 000 personnes en attente, là-dedans il y a des
travailleurs, des travailleuses essentielles qui ne peuvent pas retourner
travailler, c'est un besoin, là, qui est largement reconnu.
Donc, moi, je veux que le ministre nous confirme
que c'est une priorité pour eux et que, oui, ils vont faire le choix d'utiliser
les transferts fédéraux pour bonifier
les engagements qu'ils ont pris en matière de services de garde à la
petite enfance.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée de Sherbrooke.
M. le ministre de la Famille, vous disposez d'un temps de cinq minutes,
et je vous...
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe :
Merci, M. le Président, merci. Bien, d'abord, je vois que notre collègue
députée de Sherbrooke, tout comme notre gouvernement et le Parti
québécois, est sur la même longueur d'onde que nous, donc, c'est-à-dire que
c'est à nous, comme gouvernement du Québec, de décider ce qu'on va faire avec
cet argent-là et que ce n'est à Ottawa de
venir nous dire : On vous donne de l'argent puis on va vous dire comment
gérer votre réseau des services de garde. Ils s'inspirent de nous, je le répète, là, donc ce n'est pas à eux de venir
nous donner des indicateurs de performance puis de venir nous expliquer
la recette, alors qu'ils se sont inspirés de notre livre de recettes québécois.
Maintenant qu'on a
dit ça, peut-être un mot, là, pour bien partir la discussion, sur les cartes
que la députée de Sherbrooke vient de nous montrer, des cartes qui, évidemment,
viennent d'être mises à jour, de façon beaucoup plus transparente que ce qui se faisait dans le passé. C'est-à-dire, nous, on
ne comptabilise pas les places qui existent théoriquement pour la garde en milieu familial, qui étaient
comptabilisées auparavant par le précédent gouvernement, comme si elles étaient
disponibles demain matin. Elles ne sont pas données à des responsables de
services de garde, donc on ne les comptabilise pas. On a un portrait qui
est honnête, puis évidemment, ce portrait-là vient d'être mis à jour, avec les
départs de RSG qu'on a connus. Donc, c'est
clair que ça, c'est la situation actuelle, c'est une photo de la situation
actuelle qui est projetée en 2023, dans ce cas-ci, si ma mémoire est bonne.
Mais évidemment que ça peut changer. Ces cartes-là sont mises à jour à chaque
année. Donc, si on fait des pas
supplémentaires, ces cartes-là peuvent changer, c'est-à-dire qu'elles peuvent
démontrer qu'on va atteindre équilibre ou peut-être un surplus de places
dans certaines de ces régions-là.
La députée de
Sherbrooke nous demande quel est l'engagement du gouvernement avec les sommes
qui ont été annoncées hier. Bien, moi, je
lui donne un défi, celui de nous dire combien le gouvernement du Québec va recevoir,
au juste. On peut faire une
estimation, on peut être dans les à-peu-près, mais il reste que la question,
elle est entière. Pour l'instant, on
n'a pas cette réponse-là. Donc, on est au lendemain du budget fédéral. Je
dirais, là, pour vous donner une image, que l'encre du budget fédéral
est à peine séchée, là, sur les pages. On ne sait pas encore... J'ai eu une
discussion avec mon homologue fédéral, même
chose pour nos équipes respectives, et je vais vous dire que, pour l'instant,
cette réponse-là, on ne l'a pas. Il devra y avoir une négociation pour une
entente avec Ottawa, où nous, on dit : Bien, cet argent-là va nous
être donné, on l'a dit, sans condition.
• (18 h 50) •
Donc,
on ne sait pas encore quel sera le montant, on ne sait pas encore quand cette
entente-là interviendra. Donc, vous
comprenez, M. le Président, que je ne me lèverai certainement pas ici, en fin
d'après-midi, pour vous dire... ou en début
de soirée, plutôt, pour vous dire : Bien, voici ce qu'on va faire, puis
voici le plan chiffré. On va attendre d'avoir des réponses à ce sujet-là
et que le chèque soit dans la poste, comme on dit.
Mais
je veux qu'on fasse un pas de recul, je veux qu'on fasse un pas de recul. Ce que les collègues de l'opposition nous disent, essentiellement, c'est : Faisons un débat de chiffres, ne
parlons pas tant que ça des besoins des parents, et là je ne veux pas
dire que ce n'est pas ce qui les intéresse, mais faisons un débat de chiffres.
C'est ce qu'on se fait dire, là, aujourd'hui.
Le fédéral arrive avec de l'argent, dites-nous que vous allez prendre toute
cette somme-là jusqu'au dernier dollar pour les investir... On
parle de chiffres, là, on est en train de parler de colonnes de chiffres. Moi,
je pense que l'objectif, ça doit être de
régler le problème. Mon objectif, c'est de régler le problème
qu'on a. Même si on est en avance, même si on se fait citer en exemple
par le reste du Canada, qui nous envie, on a quand même nos enjeux puis on peut
s'améliorer. Il y a des parents qui attendent toujours
une place pour leurs enfants. L'objectif qu'on doit avoir, c'est de régler le problème. Combien ça coûte régler le problème?
Bien ça, il faut le définir. On a, bien sûr, notre idée, au gouvernement du
Québec.
Dans les
prochaines semaines, il y a une consultation qui s'ouvre avec nos partenaires, que ce soient les CPE, que ce soient
les garderies privées subventionnées, les garderies privées non subventionnées, que ce soient les gens qui oeuvrent dans la garde en milieu familial, reconnus, évidemment.
Celles qui offrent de la garde non reconnue aussi auront l'occasion de s'exprimer, les municipalités, etc., vont
venir nous dire quel devrait être l'avenir du réseau, selon eux. Encore là,
moi, j'ai une bonne idée, j'ai de
bonnes idées, mais je veux les entendre pour confirmer, infirmer peut-être
certaines idées, pour les bonifier.
Et ensuite de ça on aura le portrait de ce que ça devrait être, le réseau des services de garde, 25 ans après sa création, en 2022, à quoi on veut que ce
réseau-là ressemble.
Donc, c'est ce
à quoi on va s'employer dans les prochaines semaines. Et ensuite, bien sûr,
on définira combien ça coûte. Et, on
l'a dit, quand on aura cet argent-là qui nous sera envoyé par le gouvernement du Canada, donc le gouvernement
fédéral, ce sera fait sans condition, bien, évidemment qu'on fera nos
propres choix, comme gouvernement du
Québec, sans avoir le grand
frère fédéral qui regarde par-dessus notre épaule. Et le ministre des Finances
comme le premier ministre l'ont dit : évidemment, bien évidemment qu'il y
aura des investissements dans notre réseau.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Sherbrooke,
vous disposez de deux minutes.
Mme Christine Labrie (réplique)
Mme Labrie : Merci,
M. le Président. D'abord,
quand le ministre dit que le fédéral s'inspire de nous, on
va être clair, il s'inspire du Québec,
il ne s'inspire certainement pas de la CAQ. Il nous parle de la photo de la situation
actuelle dans les cartes. Effectivement, c'est une photo de la situation actuelle, et il me semble que c'est une photo
assez explicite pour comprendre que c'est une crise. C'est du rouge partout.
Donc, moi, j'aurais voulu cette reconnaissance-là,
puis je ne l'ai pas entendue.
Là, il nous
dit qu'on attend le montant exact pour bouger. Moi, je n'ai pas parlé de
chiffres ici, O.K.? J'ai parlé de l'ambition que le ministre devrait avoir pour
le réseau. Je lui ai demandé de nous dire ce qu'il vaut faire de plus pour
le réseau. Ça, c'est ça qui est important pour
moi. Puis, quand il nous dit que l'objectif
doit être de régler le problème, on franchit
déjà un petit pas quand même, hein, parce
que jusqu'à récemment son objectif,
c'était de créer 15 000 places,
puis ça, 15 000 places, ça
ne réglait pas le problème. On était loin de régler le problème avec
15 000 places, on n'était même pas sûrs que c'était assez pour
compenser les fermetures. Donc là, il nous dit qu'il veut régler le problème.
O.K. Mais comment? Qu'est-ce qu'il va faire?
Qu'est-ce qu'il veut faire de plus? Moi, je ne comprends pas comment c'est
possible pour un parti qui se dit
sérieux d'arriver devant les Québécois puis de n'avoir aucune vision pour le
réseau. Il nous dit que, là, il va
falloir qu'il aille s'asseoir avec les partenaires pour réfléchir à c'est quoi
qu'on veut comme projet de développement pour le réseau de places en
services de garde.
Pour moi, c'est bien clair, là, en ce moment,
là, ce que je veux, c'est qu'il y ait une place dans le réseau, dans le type de service de garde que les parents
veulent, pour chaque parent qui en veut une. C'est ça, moi, mon projet de
société pour le Québec. C'est de
reconnaître le droit à une place en service de garde éducatif pour tous les
parents qui en veulent une. Puis même, à Québec solidaire, on pense que ces
places-là devraient être gratuites. Ça, c'est notre vision du réseau.
Donc, à la
CAQ, eux autres, ils n'ont pas encore une vision très, très claire de c'est
quoi, leur projet pour le développement du réseau. Ça commence à être le
temps qu'ils en développent une, on arrive à la fin de leur premier mandat. Donc, j'aimerais ça, moi, qu'il nous dise
plus tôt que tard qu'est-ce qu'il veut faire; pas pour chacune des cents
qu'ils vont recevoir, mais c'est quoi, leur objectif.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée de Sherbrooke. Nous allons maintenant procéder au troisième débat, qui portera sur une question
adressée par M. le député de Jacques-Cartier au ministre des Transports, en
remplacement du ministre responsable de la
Langue française, concernant les coupes dans le financement d'un programme
d'apprentissage de langue française destiné
aux Québécois d'expression anglaise. M. le député de Jacques‑Cartier, je vous
cède la parole pour une durée maximale de cinq minutes.
Financement des cours de
français de l'Association
régionale des West Quebecers
M. Gregory Kelley
M. Kelley :
Merci, M. le Président. C'est un plaisir de reprendre cette discussion ici, en
Chambre, concernant un dossier qui est très important, c'est la
protection et promotion de la langue française.
Quand j'ai
reçu l'appel de l'organisation, Regional Association for West Quebecers, qui a
dit : Greg, le programme que nous avons créé pour donner des cours en
français gratuits à des gens dans l'Outaouais a malheureusement eu leur
financement coupé par le gouvernement, j'ai été déçu, mais eux autres aussi,
parce qu'ils ont dit : Greg, on a une liste d'attente, des gens qui veulent prendre ces cours-là. On n'a pas des
moyens d'embaucher plus des enseignants pour donner ces cours-là, alors
est-ce qu'il y a quelque chose que vous pouvez faire en Chambre? Est‑ce qu'il y
a des choses que vous pouvez pousser, à
Québec? Alors, j'ai dit : Avec mon collègue de Pontiac, on va faire notre
mieux possible, parce que leurs intentions sont bonnes, ils sont là pour
faire exactement ce que je pense que le Québec doit faire partout sur le territoire du Québec, c'est de rendre l'accès à
des cours en français gratuit à tout le monde. Ça, c'est un exemple d'un projet
pilote qui marche bien.
Mais pourquoi c'est important? Et des fois, oui, c'est
difficile d'être un anglophone ici, au Québec, et je dis ça en tout respect. C'est juste que, des fois, quand on regarde les débats
qu'on trouve au sein de certains de nos médias, c'est difficile pour un anglophone de faire la distinction quand il y a des
gens qui disent : Il y a un problème, il y a trop d'anglais à Montréal,
c'est une épidémie — ça,
c'est qu'est-ce qui se dit dans les
médias — et la
communauté d'expression... du Québec, parce que les deux ne sont pas
pareils.
Je comprends
que la nation québécoise est au milieu d'un lac, un océan anglophone. Nous
avons, au sud de nous, la plus grande
force anglophone dans le monde, Hollywood, et tout ça, on sait qu'il y a une
énorme pression sur notre langue et
notre culture. Mais je sais qu'au sein de la communauté anglophone il y a eu
une évolution qui veut, oui, comprendre et apprendre la langue française,
mais il y a une raison pour ça. Ce n'est pas juste de travailler, mais aussi
c'est de mieux comprendre la culture
québécoise. On a vu le décès de... le grand chanteur, la semaine dernière, et,
encore dans les médias, il y a eu un petit débat que, pour les anglophones, ça
n'intéresse pas, le décès de ce monsieur‑là. Quand même, si, dans la Gazette et CTV, on a eu des reportages, nous n'avons pas un TVA, on n'a pas un
Radio-Canada, chez nous, on a juste des nouvelles à 17 heures qui expliquent un petit peu qu'est-ce qui
s'est passé. Des anglophones étaient : Oh wow! C'est triste. Mais,
comme Mitch Garber a tweeté, c'est triste qu'on n'ait pas mieux eu la chance de
connaître ce monsieur-là.
Mais je pense
qu'il y a un changement. Je sais, des fois, qu'il y a des comparaisons qui sont
faites, que le premier ministre,
c'est maintenant le Maurice Duplessis 2.0, ils sont un petit peu comme
l'Union nationale. Peut-être que c'est vrai. Mais nous ne sommes pas le Québec
des années 40, 50, 60 et, quand même, 70, il y a eu une évolution
importante au sein de la communauté anglophone. Quand même, si je prends juste
avant la loi 101, quand la Charte de la langue française a été adoptée, on peut regarder le taux de
bilinguisme chez les anglophones, c'était 35 %. Après les années, les
investissements qui ont été faits par le Parti québécois, par le Parti
libéral dans la protection et la promotion de la langue française, maintenant la communauté anglophone, leur taux de
bilinguisme aujourd'hui, c'est 75 %, et on va attendre pour le prochain recensement, parce que, j'imagine, c'est
plus élevé que ça maintenant. Et, plus important, M. le Président, c'est environ
82 % chez les jeunes anglophones. Alors, c'est clair qu'on veut apprendre
plus de français. C'est pourquoi les commissions scolaires anglophones ont
lancé les programmes d'immersion dans les années 80.
• (19 heures) •
Mais on perd
toujours beaucoup, et trop, des jeunes anglophones à d'autres juridictions
parce qu'ils cherchent du travail
ailleurs, parce qu'ils disent : Je suis bilingue, ais est-ce que je suis
capable de travailler dans un milieu français? Et la réponse, des fois, c'est
non. Alors, comment le gouvernement
du Québec peut s'assurer qu'on garde
ces talents ici? Et, quand même, c'est la
même chose pour un allophone, comment
on peut donner à eux autres les
outils pour être bien prêts pour le marché du travail et, quand même,
pour les francophones qui veulent améliorer leur français écrit?
Quand on a
lancé les discussions au sein de notre caucus, on a eu une de nos collègues qui
a dit : C'est intéressant parce que je pense que ma mère va s'intéresser à
prendre un cours en français parce qu'elle, elle n'a jamais eu une chance
quand elle était plus jeune. Elle n'était pas capable d'aller à une école tout le
temps.
Alors, ça,
c'est pourquoi, M. le Président, je veux avoir une bonne discussion, avec un
bon ton, ici, en cette Chambre, pour faire la promotion et protection de
notre langue commune.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. M. le ministre
des Transports, je vous cède la parole, et je vous rappelle que vous
disposez d'un temps de cinq minutes.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
Ah! je serai bref, M. le Président. Vous savez, j'aime beaucoup le député de
Jacques-Cartier. Je sais qu'il travaille
très fort, il fait un travail honnête. Mais, quand il dit, cet après-midi à mon
collègue responsable de la langue
française, le leader du gouvernement, que c'est le gouvernement lui-même qui a
refusé de financer l'Association
régionale West Quebecers, il sait qu'il a
tort. Il sait très bien que cet organisme existe depuis un certain nombre
d'années. Il sait très bien, puis je suis allé sur leur site, là, que cet organisme offre des
cours de français aux anglophones présentement, qu'ils ont besoin... — ils ont une liste
d'attente, là — qu'ils
souhaiteraient engager d'autres professeurs, j'imagine, je ne les connais pas
personnellement, mais je devine, et qu'eux-mêmes ont fait une demande au Fonds
régions et ruralité, volet I du ministère des Affaires municipales et de
l'Habitation, pour obtenir du financement.
Et comment cela fonctionne? Il le sait très
bien, le député. Ce sont les élus eux-mêmes, de l'Outaouais, dont des préfets,
qui, selon les priorités régionales, vont dicter ou définir si, oui ou non,
l'organisme peut obtenir de l'argent. Et les
préfets, incluant le maire de Gatineau, ont décidé, cette année, dans ce
volet I, que l'organisme ne pouvait pas obtenir de financement
additionnel, additionnel. Mais cet organisme existe, M. le Président,
fonctionne et donne des cours de français
présentement. Donc, de dire que c'est le gouvernement qui refuse de financer,
c'est faux. Alors, j'ose croire qu'il pourra expliquer correctement le
cas de cet organisme.
Et il sait
très, très bien que le ministre responsable va déposer, dans les prochaines
semaines, une réforme de la Charte de
la langue française. Et il sait très bien que c'est un défi. Ça en était un
pour le Parti libéral, à l'époque, comme gouvernement. Ça en est un pour nous de franciser tous ceux qui
souhaitent apprendre le français au Québec. Il sait jusqu'à quel point c'est un défi pour les immigrants qui
arrivent au Québec, peu importe qu'ils parlent ou qu'ils ne parlent pas
français, de travailler avec ces organismes partout sur le territoire québécois
pour épauler nos anglophones ou, peu importe, ceux qui viennent d'autres
pays, qui ne parlent pas le français, et de leur apprendre cette belle langue
qui est la nôtre.
Donc, j'ose
espérer qu'avec les rectifications que je donne au député de Jacques-Cartier
aujourd'hui il pourra expliquer correctement le cause à effet du
non-financement additionnel que cet organisme souhaitait aller chercher en
Outaouais.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Jacques-Cartier, vous disposez de deux
minutes pour votre réplique.
M. Gregory Kelley (réplique)
M. Kelley : Je veux
remercier le ministre des Transports. Merci pour les précisions.
Quand même, si ça vient du fonds régional, la
réalité... Il n'y a plus de financement, et une des raisons, c'est à cause de la flexibilité de ces programmes
comme ça. Et, quand ce programme-là a été refusé, RAWQ allait où pour chercher
le financement? Et ça, c'est le problème.
Ça, c'est à la base de nos enjeux comme société, c'est toujours
difficile. Il y a l'argent. Quand
même, on peut continuer le débat avec
le gouvernement fédéral qui a mis beaucoup d'argent sur la
table, quand même, pour les communautés linguistiques au sein de
notre pays francophone et anglophone. Il y a l'argent qui est là. Alors, pourquoi ne pas créer un programme structurant qui va
s'assurer que, partout sur le territoire du Québec, il y a un accès au financement pour rendre les cours en français
gratuits pour tout le monde? Alors, ça, c'est pourquoi l'organisation... et on sait très, très bien, oui, le RAWQ existe depuis plusieurs
années, mais ce n'est pas une organisation qui a beaucoup
d'argent non plus, ce n'est pas énorme, dans ce sens-là, c'est une petite organisation
qui fait du travail sur le terrain.
Et j'espère...
Parce qu'encore on a vu, selon Radio-Canada, que le projet du gouvernement
était repoussé encore, concernant la
langue française, et ça va être déposé peut-être à l'automne. Alors, on arrive,
maintenant... ça fait une couple de sessions qu'on a vu le ministre qui
a pris l'engagement de déposer quelque chose, que ça n'arrivait pas. Mais,
bref, j'espère que le gouvernement et le ministre vont trouver une façon pour
financer le RAWQ pour continuer leur travail, et pas juste pour un an, pas
juste pour deux, mais rendre ça accessible pour un très long terme, puis aussi
s'assurer qu'il y ait le financement, que le
RAWQ peut élargir leur programme de l'accès à des cours en français gratuits
pour tout le monde. Alors, merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député de Jacques-Cartier.
Ajournement
Compte tenu de l'heure, les travaux de
l'Assemblée sont ajournés au mercredi 21 avril 2021, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 19 h 6)