(Dix heures une minute)
Le
Vice-Président (M. Picard) : Mmes et MM. les députés, avant d'entreprendre nos travaux, nous allons
nous recueillir quelques instants.
Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
Affaires du jour
Conformément
à l'ordre adopté le 25 mars 2021, l'Assemblée se constitue en commission
plénière afin d'entreprendre l'étude des crédits provisoires pour
l'année financière 2021‑2022.
Je suspends donc les travaux pour quelques
instants.
(Suspension de la séance à 10 h 2)
(Reprise à 10 h 5)
Commission plénière
Étude des crédits provisoires 2021‑2022
M. Picard
(président de la commission plénière) : Conformément à l'ordre adopté par l'Assemblée le 25 mars 2021, la commission plénière se réunit afin d'étudier les crédits provisoires pour l'année
financière 2021‑2022.
Administration gouvernementale
et Conseil du trésor
Au cours de la
prochaine heure, nous allons procéder à un échange entre Mme la ministre responsable de l'Administration
gouvernementale et présidente du Conseil du trésor et les députés de
l'opposition.
Nous
commencerons par les remarques préliminaires. Je vous rappelle qu'un maximum de
5 min 34 s est alloué au groupe parlementaire formant le
gouvernement, 3 min 43 s au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 56 secondes au
deuxième groupe d'opposition, 56 secondes au troisième groupe d'opposition et 51 secondes pour l'ensemble des
députés indépendants.
Débuteront
ensuite les échanges entre la ministre et les députés de l'opposition. Dans ce
cadre, l'ensemble des députés indépendants auront droit à
trois minutes par heure d'échange. Le temps non utilisé par les députés
indépendants sera redistribué
proportionnellement entre le groupe
parlementaire formant l'opposition officielle, le deuxième groupe d'opposition
et le troisième groupe d'opposition.
Enfin, je
rappelle aux députés indépendants qui souhaitent intervenir au cours de
l'ensemble de l'étude des crédits provisoires qu'ils ont 10 minutes
à partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Remarques préliminaires
J'accorde immédiatement la parole à Mme la
ministre pour ses remarques préliminaires.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Merci, M.
le Président. Alors, bonjour à tous.
Ça me fait plaisir de vous retrouver une fois de plus pour une étude de
crédits.
Ce matin, ce que nous allons faire, c'est
procéder ensemble, là, à l'étude des crédits provisoires pour les années 2021‑2022. Le but de
l'exercice, vous le savez, est d'arriver à l'adoption d'un projet de loi de crédits représentant le quart de l'ensemble des crédits
alloués aux ministères et organismes du gouvernement pour la prochaine année.
L'adoption
des crédits provisoires marque le début de l'étude des crédits budgétaires aux ministères
et organismes du gouvernement. Je pense qu'il est important, pour le bénéfice
des gens qui nous écoutent, là, de dire quelques mots pour résumer très brièvement, M. le Président, en quoi consiste ce processus important, qui est nécessaire
à chaque année. Le but est d'assurer,
donc, que le gouvernement pourra fonctionner dès le 1er avril, au
début de l'exercice financier 2021‑2022. Des crédits provisoires sont soumis aux membres de notre Assemblée avant
cette date pour assurer le fonctionnement de l'État en attendant l'adoption des crédits budgétaires 2021‑2022,
qui ont été... préparé chaque année par le Secrétariat du Conseil du trésor. Notre Assemblée sera ensuite
appelée à adopter un projet de loi de crédits représentant le quart de l'ensemble
des crédits pour la prochaine année, je l'ai déjà mentionné. Le gouvernement
pourra, avec ces crédits, donc, provisoires,
assumer ses obligations pendant la période qui va mener à l'adoption de
l'ensemble des crédits budgétaires aux ministères et organismes.
Cette étude de crédits provisoires en commission plénière dure au plus cinq heures.
Pendant ce temps, cinq ministres du gouvernement, dont
moi-même, seront amenés à discuter avec les partis d'opposition. Le ministre de
l'Économie et de
l'Innovation, le ministre de la Santé et des Services sociaux, le ministre de
l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques et le ministre de l'Éducation participeront donc
également, avec moi, à cet exercice cette année.
Chers collègues de l'opposition, c'est vraiment un plaisir,
là, d'échanger aujourd'hui avec vous. À propos des crédits des ministères et organismes du gouvernement, c'est qu'ils sont
inscrits dans le budget des dépenses que j'ai eu le plaisir et le
privilège de déposer jeudi dernier, pour la première fois, d'ailleurs, à titre
de ministre responsable de l'Administration
gouvernementale et présidente du Conseil du trésor. Je veux vous assurer, comme
d'habitude, de mon entière collaboration.
Je vais essayer de répondre à vos questions, là, au meilleur de mes
connaissances, et sinon d'essayer de vous trouver les réponses par la suite, le cas échéant, dans la plus grande
collaboration, comme on le fait dans tous les travaux que nous avons eus
à mener ensemble, que ce soit l'adoption d'un projet de loi ou les études de
crédits.
Donc, un mot, peut-être, sur
le budget des dépenses, M. le Président. Je réaffirme aujourd'hui avec
conviction que notre
gouvernement, au moyen de cette nouvelle planification budgétaire des dépenses
de programmes pour l'année à venir, propose
une stratégie de gestion des dépenses résolument engagée vers le
réinvestissement et la relance. Nous sommes actifs et avons posé des
gestes concrets. On va continuer à poursuivre dans cette voie, M. le Président.
Le budget des dépenses 2021‑2022 est des plus
transparents. Il présente la répartition de la croissance des dépenses avec et sans l'effet des mesures mises en
oeuvre en raison de la pandémie. Si on exclut l'effet de l'application de
ces mesures, la croissance globale des
dépenses des programmes pour le prochain
exercice financier est établie à 5,3 milliards de dollars.
Si on parle des deux grandes
priorités, la santé et l'éducation, en santé et services sociaux le budget des
dépenses de programmes totalise
47 milliards de dollars et prévoit, entre autres, des investissements pour
financer les 10 000 nouveaux
postes de préposés et préposées aux bénéficiaires, pour renforcer les services de soins
à domicile, pour déployer des soins
et des services supplémentaires en santé
mentale et en itinérance et pour
l'ajout de plus de 900 lits et
places d'hébergement. Avant l'effet
des mesures mises en oeuvre dans le cadre de la crise sanitaire, une croissance
de 2,2 milliards de dollars est attribuée pour ce ministère.
Dans
le secteur de l'éducation et de l'enseignement supérieur, la croissance est de
1,2 milliard de dollars en
excluant naturellement l'effet des mesures mises en oeuvre dans le cadre de la crise sanitaire. Ça servira, pour le secteur
de l'éducation, à soutenir la réussite éducative, physique et récréative. En enseignement
supérieur, la croissance des dépenses
sera consacrée à déployer davantage
de solutions numériques, à favoriser
la hausse de la diplomation et à améliorer la santé et le bien-être des
étudiants et du personnel.
• (10 h 10) •
Beaucoup
d'investissements dont nous aurons à discuter, mais je me veux permettre le
temps qu'il reste pour glisser un mot sur le PQI, M. le Président, pour les
10 prochaines années, 2021‑2031. On parle d'un... on rehausse les investissements de l'ordre de 4,5 milliards
de dollars pour établir maintenant
ce PQI à 135 milliards de
dollars. Combiné avec le p.l.
n° 66, entre autres, ça permettra d'assurer, dans ces investissements massifs en infrastructures, la relance économique
du Québec.
Donc,
M. le Président, c'est important de le mentionner, je m'apprête à répondre aux questions de mes collègues, particulièrement sur les responsabilités qui
incombent au Trésor. Nous sommes les gestionnaires des ressources de l'État,
on s'occupe notamment de voir aux ressources budgétaires de chacun des
portefeuilles ministériels, s'assurer de la performance
de l'ensemble des composantes de l'administration gouvernementale, gérer les
ressources humaines. Le Trésor a beaucoup de responsabilités. D'autres
responsabilités appartiennent à mes collègues. Donc, je sais que ça leur fera
plaisir d'y répondre. Mais, M. le Président, je suis prête maintenant à me
prêter à cet exercice, qui est important, et d'échanger avec mes
collègues sur les divers sujets qui seront d'intérêt pour eux.
D'ailleurs,
je vais prendre les quelques secondes qu'il me reste pour remercier les gens
qui m'accompagnent de leur travail
acharné dans le dépôt de ce budget de dépenses 2021‑2022, M. le Président.
On les oublie trop souvent, mais c'est grâce à eux si l'État peut
fonctionner de façon si efficace. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a
d'autres remarques préliminaires? M. le député de Jonquière, est-ce que
vous avez...
Discussion
générale
Donc, nous débutons
nos échanges. M. le député de La Pinière, premier bloc de 20 minutes.
M. Barrette :
20 minutes. Merci, M. le Président. Alors, Mme la présidente, M. le
ministre délégué à la Transformation numérique,
toutes les équipes, collègues des oppositions, alors, c'est qu'il y a toujours
un plaisir, quand même, à franchir cette
étape qui est celle de l'adoption des quarts de crédits, une étape essentielle
au fonctionnement de l'État. Bon, évidemment, on ne va pas rentrer autant dans le détail qu'on va le faire dans les
crédits. Alors, on va aller à des choses un peu plus macros ou qui ont
accroché l'oeil dans les derniers jours.
Je
vais commencer par le PQI, M. le Président. Je vais inviter la ministre à aller à la page B.4 du cahier du PQI,
le volume 6. Alors, c'est un...
Mme LeBel :
...
M. Barrette :
B comme moi, Barrette.
Mme LeBel :
Merci. Désolée, cher collègue.
M. Barrette : Alors, c'est un tableau, évidemment,
le tableau 1... c'est un tableau sommaire qui, dans le PQI, montre les dépenses, de façon sectorielle, qui vont
être faites. C'est un résumé, mais c'est un résumé qui dit quand même
un certain nombre de choses. Comme, par exemple, à B.4, B.5, qui est le même tableau sur deux pages, on constate qu'en
ce qui a trait aux infrastructures, et particulièrement en ressources informationnelles, il
y a des gagnants, il y a
des perdants. Alors, je vous donne un
exemple, M. le Président, en santé et services sociaux et en éducation. Je vais commencer par santé et services
sociaux, ressources informationnelles.
L'année dernière, le PQI était de 1,4 milliard, et il tombe à 1,29.
Pourquoi? En éducation, même chose, 1 milliard, il tombe à
926 millions. Comment on fait pour avoir des baisses aussi significatives?
Je donne un
autre exemple, M. le Président, puis je vais vouloir avoir des explications
pour chacun des exemples que je viens
de donner. Quand on regarde le PQI en transport collectif, en général, la
réponse est : C'est communicant avec l'autre item, qui est celui de
transport maritime. Quand on reproche une baisse dans un, on nous dit : Ça
monte dans l'autre. Là, dans le cas
présent, ça baisse dans les deux. Ça fait que, là, on vient de perdre une
excuse. On passe, en transport collectif,
de 13,5 milliards à 12,8 et on passe, à la baisse, en transport maritime,
aérien, ferroviaire et autres, là, l'excuse, de 4 milliards à
3,5 milliards. Donc, quatre items où, normalement, on devrait s'attendre à
des augmentations et on a des diminutions.
Mme LeBel :
Je vais peut-être les reprendre un par un, vous pourrez me les ramener à
l'esprit, là. Si on parle santé et
services sociaux, vous mentionnez le 1,2 milliard pour les ressources
informationnelles, les montants ont été ajustés, cette année, en fonction, là,
des projets qui sont en cours et de la capacité des organisations de livrer les
divers projets. Nous, on croit que les sommes qui ont été allouées
seront suffisantes. Il y a eu des discussions, d'ailleurs, avec les ministères concernés. Naturellement, là, il y a une réserve,
là, qu'on a, une réserve au Conseil du trésor pour pallier aux besoins en
cours d'année. Donc, je pense que c'est
important de le mentionner quand on parle des ressources informationnelles.
Donc, c'est en discussion avec les autres ministères.
J'avoue que je vais vous demander de ramener vos
autres items, mais est-ce que c'est toujours en ressources informationnelles,
vos autres questions? Je veux m'assurer de bien répondre, là.
M. Barrette :
Bon, j'ai deux items en ressources
informationnelles, santé et services sociaux, et en infrastructures, parce que
c'est la seule colonne qui existe, pour ce qui est de transport collectif,
transport maritime, aérien, ferroviaire et autres.
Je veux,
d'entrée de jeu, M. le Président, exprimer ma déception. Ce n'est pas de
l'hypothétique, ça, cette affaire-là, là,
ou bien... les crédits, c'est les crédits, on octroie. On n'octroie pas quelque chose comme ça à peu près, là. Alors, comment... qu'on a prévu
dépenser? Parce que c'est ça, un crédit. On a assez de projets. Et le reproche
qui est fait, même par le gouvernement en place, là, le reproche qui est fait
régulièrement, puis ça a été fait ad nauseam dans les trois dernières années :
On avait mis tant d'argent, vous ne l'avez pas dépensé.
Bien là,
c'est à votre tour. Alors là, on a des crédits qui, l'année dernière,
octroyaient pour des projets en ressources informationnelles en santé 1,4 milliard, et là, cette année, on en
prévoit pour 1,29. Alors, ce n'est pas «peut‑être», «réserve», là.
Normalement, un crédit, c'est parce
qu'on le sait qu'on va dépenser ça. On s'attend à ce que ça, ce soit dépensé,
puis là ce n'est pas le cas. Même chose en éducation.
En éducation,
c'est encore plus surprenant, parce qu'on vient de vivre une période
particulière qui est celle de la pandémie.
Il y a eu la loi n° 40, il y a eu ci, il y a ça. S'il y a un secteur
qui devrait certainement avoir des projets définis à la hausse... et là
c'est à la baisse. Bien, explications.
Mme LeBel : Écoutez, je vous ai
mentionné que les ressources qui ont été attribuées sont des ressources qu'on s'attend à dépenser. Par contre, effectivement,
vous avez... Et, à ce titre-là, je pense que c'est important de le dire, qu'on
gère de façon efficace les ressources de
l'État. On a attribué les montants nécessaires en ressources informationnelles
aux différents ministères concernés en fonction de leurs besoins.
Maintenant,
les diminutions s'expliquent également par le fait qu'il y a eu des projets de
réalisés, donc ce n'est plus nécessaire
d'avoir ces ressources-là dans l'année concernée. Mais toutefois, parce qu'on
gère efficacement les ressources de
l'État, si jamais des besoins supplémentaires sont nécessaires, on va être là
pour y répondre puis on va répondre présent.
Donc, on va s'assurer, donc, que les sommes qui
sont attribuées sont des sommes qu'on prévoit effectivement dépenser pour ne pas qu'il y ait de crédits
périmés ou de sommes qui soient reportées d'une année à l'autre, justement,
quand on n'exécute pas les projets qui sont prévus.
M. Barrette :
Alors, si je comprends bien la réponse, M. le Président, il y a moins d'argent
de dédié en ressources informationnelles
dans ces deux secteurs-là parce que les deux secteurs étaient moins efficaces
l'année dernière que l'année d'avant. Bien, c'est ça que ça dit, là.
Mme LeBel :
Ce n'est pas ça que j'ai dit, ce n'est pas ça que j'ai dit. Présentement, là,
dans le PQI, on tient compte des projets qui sont en réalisation puis on
tient compte des projets en planification. Donc, on gère de façon efficace
l'attribution des ressources disponibles. Maintenant, on l'a dit, s'il y a d'autres
besoins qui seront nécessaires, on a une réserve
pour être capable d'y pallier. Mais la meilleure façon, je pense, de gérer efficacement les ressources, c'est de pourvoir
en fonction des projets qui sont
présentement en réalisation puis en planification. Ce que j'ai dit également,
c'est que la baisse d'une année à l'autre peut s'expliquer par des
projets qui ont déjà été réalisés, donc ce n'est plus nécessaire de les
pourvoir.
M. Barrette : M. le Président, on parle de ressources informationnelles,
là. Le PQI, il fonctionne comme ça, là. Il y a une portion du PQI qui est le maintien d'actif, il y a une portion
qui est sur le paiement dudit projet puis il y a le nouveau projet
qui rentre. Il y a ce qui sort, il y a ce qui rente puis il y a le maintien
d'actif. Au total, là, normalement, les choses ne baissent pas. Elles peuvent baisser quand il y a
des... on le voit dans les infrastructures en santé, là, quand un méga projet
sort, mais, normalement, là, il est remplacé par autre chose.
Là,
je suis juste étonné, puis l'explication qu'on me donne n'est certainement pas
de nature à me réconforter pour expliquer pourquoi il y en a moins cette
année. Ça ne marche pas, là. Il n'y a pas de méga projets, là, il n'y a pas de CHUM à construire, là, puis il n'y a pas de CHUM
qui sort du projet, il n'y a pas ça non plus. Ça, c'est les infrastructures.
Il n'y a pas cet effet-là. Alors, il est très difficile d'expliquer... de
justifier la baisse par l'explication qui m'est donnée.
Mme LeBel : Bien là, il y a deux choses, là, parce que, là,
avec beaucoup de respect, cher collègue, puis je le sais, que c'est par
inadvertance, vous mélangez deux secteurs. On parlait des ressources
informationnelles...
M. Barrette : Non, M. le Président, qu'on ne me prête pas des
propos, là, c'est un exemple. J'ai dit : Comme par exemple.
Mme LeBel :
O.K. Parfait. Parce qu'il y a d'autres...
M. Barrette :
Je ne mélange pas deux sujets du tout, là, non.
Mme LeBel :
Parce que ce n'est pas le cas, dans le cas des infrastructures.
M. Barrette : C'est parce que c'est tellement simple, là, ça,
ce dossier-là de ressources informationnelles, là, c'est tellement
basique, dans un budget, là, que c'est l'item parfait pour dire : Ah! ça
baisse. Pourquoi?
Bon, je vais poser
une question additionnelle, M. le Président. On regarde ici, là, la baisse en
santé, ressources informationnelles,
1,4 milliard à 1,29 milliard. On nous dit ça. Pourtant, dans le
budget, dans le budget, à la page B.44, on annonce une somme additionnelle de 112 millions de dollars
d'ici 2025‑2026 pour embaucher des ressources additionnelles.
Ce 112 millions là, là, on le conjugue
comment avec ce qui est écrit dans les crédits? Dans les crédits, il y a une
baisse puis, dans le budget, il y a une hausse.
• (10 h 20) •
Mme LeBel : Oui, mais, dans le budget, ce sont les ressources
humaines, si on veut, et, dans le PQI, ce sont les infrastructures.
Donc, on n'est pas dans le même chantier, là.
M. Barrette :
O.K. Donc, l'un, il n'a pas de lien avec l'autre. C'est parfait. Je voulais
l'entendre.
Mme LeBel :
Pas nécessairement.
M. Barrette :
Pas... Ah! bien, si ce n'est pas...
Mme LeBel :
Mais, non, là, dans ce cas-ci, l'un n'a pas de lien avec l'autre.
M. Barrette :
O.K. On reviendra là-dessus aux crédits, vous allez avoir le temps de vous
préparer. Maintenant, quelle est l'explication pour le transport
collectif...
Mme LeBel :
Pourquoi... Excusez-moi.
M. Barrette :
...les deux catégories de transport?
Mme LeBel :
Juste, M. le Président, pourquoi est-ce que j'entends mon collègue comme pas à
travers les micros?
M. Barrette :
Bien, je ne le sais pas, moi, là...
Mme LeBel : Non, non, mais c'est parce que j'ai vraiment de la misère à vous
capter, puis ce n'est pas parce que je veux...
Le
Président (M. Picard) : On va vérifier qu'est-ce qui se
passe.
Mme LeBel :
Mais... Oui, continuez, mais j'avoue que... Je vais vous demander peut-être de
parler plus fort, s'il vous plaît, cher collègue.
M. Barrette :
Je ne peux pas...
Mme LeBel :
Je suis désolée, je vous entends très mal, pour vrai.
M. Barrette :
Bien, je suis désolé, moi aussi.
Mme LeBel : Oui. C'est plus
facile de vous répondre quand je vous entends. Mais allez-y.
M. Barrette :
Je vais parler fort, d'abord.
Mme LeBel :
C'est mieux.
M. Barrette :
Alors, dans les infrastructures, on a une baisse dans les budgets
d'infrastructure et en transport collectif et en transport maritime,
aérien, ferroviaire et autres. Pourquoi?
Mme LeBel :
Bon, il n'y a pas de baisse dans les infrastructures en transport collectif. En
transport collectif, il y a plusieurs projets qui ont été... je vais
essayer de répondre à votre question correctement, il y a plusieurs projets qui
ont été récupérés par la Caisse de dépôt,
entre autres. Donc, les projets sont en cours de réalisation, mais ils
n'apparaissent pas à notre PQI parce qu'ils sont pris en charge par la
Caisse de dépôt. C'est une des raisons. Il y a plusieurs projets également qui
ont été réalisés en 2020‑2021. Donc, encore une fois, les projets ont été
réalisés, n'apparaissent plus nécessairement
au PQI. Je vous le dis, les projets en transport collectif, là, ça fait... ça
se font... ils se feront. Maintenant, ils n'apparaissent pas
nécessairement au PQI, surtout ceux qui ont été pris, entre autres, en charge
par la Caisse de dépôt.
Maintenant pour le transport maritime, aérien,
ferroviaire et autres, c'est encore une fois notamment en raison de la
réalisation des projets qui ont été faits en 2020‑2021, là. C'est une baisse de
482,3 millions, là, je... puis effectivement... mais, présentement, tous les besoins dans ces
secteurs-là qui ont été identifiés par le ministère sont pourvus. Ça complète,
à ce stade, ma réponse.
M. Barrette :
Ça complète.
Mme LeBel :
Excusez.
M. Barrette :
Je voyais un échange de documents, là, j'attendais la suite.
Mme LeBel :
Excusez, j'aurais dû vous le noter, excusez. À ce stade.
M. Barrette :
Alors donc... Parce que je veux juste rappeler à la présidente du Conseil du
trésor, là, qu'on parle d'un PQI de 10 ans, O.K.? Je comprends ce
qu'elle me dit, là, mais là on est dans une période où on est censés mettre
l'emphase sur le transport collectif et on a un PQI... il y en a un qui change
à chaque année pour une période de 10 ans.
Alors
là, est-ce qu'on peut me donner la déclinaison des montants qui explique
pourquoi, en transport collectif, ça baisse entre 2020‑2030 et 2021‑2031?
Mme LeBel :
Oui, mais je voulais... La grande... l'explication majoritaire, là, qui prend
le plus grand morceau de cette baisse-là, c'est le fait que la Caisse de
dépôt assume de grands projets en transport collectif qui apparaissaient au PQI précédent tant que la décision n'avait pas été
finalisée. Maintenant, ces projets vont être assurés, et je dirais assumés
et assurés, par la Caisse de dépôt. Donc,
ils n'apparaissent plus au Plan québécois des infrastructures. Toutefois, ils
seront tout de même réalisés. Donc, si on combine ces sommes-là avec
celui du PQI, il n'y en a pas, de baisse.
Maintenant,
vous avez raison, c'est sur 10 ans, un PQI. Vous le savez, par contre,
qu'on les regarde année sur année. À
chaque année, on réajuste l'allocation des sommes nécessaires pour le prochain
PQI. Donc, dans celui de 2022‑2032, si des
besoins sont nécessaires en transport collectif, en maritime, aérien,
ferroviaire et autres, ces sommes-là seront également ajustées. Mais, quand on
regarde la portion 2021‑2031, donc pour l'année de réalisation en cours,
bien, la grande explication, là, de
la majorité... À la marge, des projets réalisés aussi ont un impact budgétaire
sur la baisse du PQI, mais, je dirais, le morceau principal, c'est le
fait que la Caisse de dépôt a pris des projets.
M. Barrette :
Je vais faire une demande officielle, M. le Président : Est-ce qu'on aura,
à l'étude des crédits définitifs, une
déclinaison qui démontre, qui explique le différentiel de montants investis?
Est-ce qu'elle peut s'engager, quand je vais reposer la même question
aux crédits, à avoir une réponse plus précise?
Mme LeBel :
On pourra. Je peux vous dire que... Vous voyez, pour le PQI 2021‑2031, je
vais vous donner une portion... un début de réponse. Et, si on doit
compléter, on verra ce qu'on peut faire pour compléter, le cas échéant.
Donc,
le secteur transport collectif, pour 2021‑2031, il y a 12,8 millions...
oui, c'est en milliards, là, je m'excuse, hein, petite nuance, 12,8 milliards. Dans l'enveloppe centrale qui
est attribuée au transport collectif, il y a 1,4 milliard. Et ça, c'est pour l'année 2021‑2031. Dans les PQI
ultérieurs, il y a 16,1 milliards de prévus. Hors PQI, qui est la Caisse
de dépôt, c'est 18,7 milliards.
Et, quand on totalise tout ça, cette déclinaison-là, c'est 49 milliards
qui est attribué pour le transport collectif.
Naturellement, de ces 49 milliards-là, il faut retrancher le
18 milliards. Ça n'apparaît pas au PQI, mais il existe, ce
18 milliards-là parce qu'il a été assumé par la Caisse de dépôt.
M. Barrette :
On ne pourra pas invoquer l'efficacité si on regarde les dépenses
d'administration gouvernementales qui,
elles, augmentent, passent de 7,9 milliards à 8,3. Là, ça doit être des
vraies dépenses dans la bureaucratie, qui, elle, augmente, n'est-ce pas?
Mme LeBel :
Répétez la question, je m'excuse. Vous avez parlé de bureaucratie qui
augmente...
M. Barrette : Bien, c'est-à-dire qu'on ne pourra pas invoquer l'efficience, là, évidemment,
là, sur les dépenses de gouverne, d'administration gouvernementale, qui
passent de 7,9 à 8,3 milliards.
Mme LeBel :
Et pour quelle raison on ne pourrait pas invoquer l'efficience?
M. Barrette :
Bien, en général, quand on est efficace, ça coûte moins cher, pas plus cher.
Mme LeBel :
Bien, moi, je pense que...
M. Barrette :
Alors, pourquoi ça augmente?
Mme LeBel : Bien, je pense que c'est parce qu'on a des
besoins qui augmentent, ce n'est pas une question d'efficience
dans ce cas-ci, là.
M. Barrette : Eh bien! O.K. M. le
Président, il me reste combien de
temps? Pas mal fini, hein? Il me reste quatre minutes, vous êtes sûr? Ah
oui! C'est vrai. O.K. Non, mais, je veux dire, on n'a pas d'explication plus
précise que ça?
Mme LeBel :
Oui, j'ai des explications plus précises, je ne les ai pas sous la main pour
savoir quelles sont les déclinaisons exactement.
Ce que vous devez comprendre, c'est exactement, quand je vous parle, ce qui est assumé par la
Caisse de dépôt, je vous ai donné la première portion de l'explication, c'est
18,7 milliards de dollars.
M. Barrette :
...
Mme LeBel :
Vous n'êtes plus là? Bien, je m'excuse, ramenez-moi à la bonne place.
M. Barrette :
Bien, je suis dans le sommaire, dans le sommaire, là, il y a une ligne qui
s'appelle Administration gouvernementale, et on y constate qu'il y a
augmentation des dépenses, ce n'est pas plus compliqué que ça.
Alors, on pose la question : Pourquoi?
Mme LeBel : Bon, bien, vous avez tout à fait raison, j'étais encore dans le PQI puis dans le transport collectif. Donc, pourquoi? En fonction des besoins. Je n'ai pas
l'explication précise présentement, je pourrais vous l'obtenir.
M. Barrette :
O.K. On n'a pas beaucoup de réponses, c'est un petit peu étonnant.
On
va changer de sujet, M. le Président. On va aller toujours dans le PIQ, on va
aller à la page B.91. Alors, je vais le montrer à la caméra, M. le
Président, parce que,
de loin, ça se voit. La page B.91, c'est là où il y a beaucoup
de blanc et, l'autre bord, c'est un autre ministère. Puis les tableaux
sont toujours faits de la même manière; en haut, il y a
le budget, en bas, il
y a les projets. On constate ici,
dans le blanc, la quantité de projets prévus dans le PQI 2021‑2031 au ministère de la Famille pour les
services de garde éducatifs à l'enfance. Je pense que ça vaut la peine de le
remontrer. Le blanc ici, c'est la
liste des projets pour les CPE. M. le Président, même vous, je trouve que vous
trouvez ça impressionnant. Ici, c'est les projets pour l'autre ministère
à côté, là, il y en a beaucoup, ici, c'est blanc : Pourquoi?
• (10 h 30) •
Mme LeBel : Oui, bien, écoutez, parce que, dans le budget, effectivement, on n'est pas dans l'option, avec le ministère de la Famille, de créer des infrastructures. On parle du Plan québécois des infrastructures, donc on ne crée pas des bâtiments en CPE. Mais je pense que mon collègue en
Famille sera mieux équipé que moi pour vous répondre, mais l'objectif
est de créer des nombres de places, particulièrement en milieu familial. Il aura des stratégies à proposer suite à ça, mais
on sera dans la création du nombre de
places et non pas dans la création de lieux physiques... oui, de projets
majeurs ou de lieux physiques. Et le PQI reflète la création de
bâtiments ou d'ajout d'espaces physiques.
M. Barrette :
...
Mme LeBel :
Oui, mais vous avez demandé une explication. Pour une fois, j'avais compris la
question.
M. Barrette :
Très bien. Alors, j'invite maintenant la ministre à aller dans le cahier... le
volume 3.
Mme LeBel :
Volume 3?
M. Barrette :
Oui. Là, on n'est plus dans le PQI.
Le
Président (M. Picard) : ...vous la
déplacer?
M. Barrette :
Ah! si je peux la déplacer, je vais la déplacer, mais je ne veux juste pas la
perdre.
Le
Président (M. Picard) : Parce que,
question-réponse, vous allez manquer de temps, là.
M. Barrette : Vous me gardez
mon temps?
Le Président (M. Picard) : Oui,
oui, oui, assurément.
M. Barrette :
Très bien, M. le Président, on va la déplacer.
Le
Président (M. Picard) : Parfait. Je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Mercier. Vous disposez de
11 min 50 s.
Mme Ghazal :
Très bien. Merci beaucoup, M. le Président. Contente de remplacer mon collègue,
le député de Rosemont, pour poser des questions à Mme la présidente du Conseil du trésor. Je vais vous appeler Mme la ministre, c'est plus rapide.
Donc,
je vais vous amener dans le sujet sur lequel vous étiez avec mon collègue sur
le PQI, pour le transport en commun,
là, à la page A.12. Donc, je comprends que vous dites qu'il y a des
investissements pour le transport collectif de 49. Pour ce qui est des
réseaux routiers, c'est 48,9. Donc, sur 10 ans, on est mieux... ou c'est
presque le fameux 50-50.
J'ai
une question par rapport à CDPQ Infra. Donc, vous dites que vous, vous n'avez
pas de misère à dire : L'argent qui
est investi par le gouvernement et par la CDPQ Infra, on met ça dans le total du gouvernement même si l'argent ne sort pas
des poches du gouvernement. Vous êtes à l'aise pour dire : Si l'argent
qui a été mis par la CDPQ Infra, je l'inclus dans ce que je n'ai pas investi
comme gouvernement, ça fait partie de mon investissement en matière
de transport collectif?
Mme LeBel :
Oui, quand on parle des investissements totaux en matière de transport
collectif. D'ailleurs, ces investissements-là
qui sont maintenant pris par la caisse étaient, dans les PQI précédents, à
l'inscription gouvernementale, si on veut. Donc, effectivement, pour...
Mme Ghazal : ...parce
que c'était déjà le cas ou vous le
faites parce que vous trouvez que c'est normal que ce soit le
cas? Parce que, ces infrastructures, est-ce qu'elles nous appartiennent?
Mme LeBel :
C'est suite à des discussions avec la caisse qu'ils ont pris... bon, on parle
du REM entre autres, là. Donc, moi, je pense que c'est normal parce que
c'est l'apport en transport collectif au niveau de la société qui va être
augmenté, là, tu sais.
Mme Ghazal :
Mais, si un jour, dans cinq ans, parce que c'est permis que la caisse puisse
vendre ces infrastructures-là, elle a
le droit, là, elle pourrait vendre le REM de l'ouest à une autre entreprise si
elle n'arrive pas à rentrer dans son argent, ça fait partie du contrat d'ici cinq ans, est-ce que ça va continuer à
se retrouver dans nos documents à
nous, même si ça ne nous appartient pas, c'est-à-dire dans nos infrastructures?
Mme LeBel :
...quand ils seront réalisés, ces projets-là, ils ne feront plus partie des
investissements. Maintenant, c'est un
apport sur le territoire québécois. Que ce soit le MTQ qui le fasse ou la
caisse qui les fasse, ce sont des structures qui vont bénéficier aux Québécois en transport collectif. Et, quand on
parlait d'investissements en transport collectif, je pense qu'il faut en
parler, là.
Mme Ghazal : Donc, on le fait si l'argent ne sort pas du gouvernement, mais ça amène le 50-50. Je vais vous amener à une autre question. Quand vous dites : Incluant
le 18,7 milliards de projets investis sous la responsabilité de
CDPQ Infra, incluant 6,5 milliards pour le REM, moi, si... Est-ce
que c'est toujours
6,5 milliards? C'est quoi, la part du gouvernement et la part de la caisse? Ça,
c'est une question. Et, l'autre chose, quand je lis la chronique de
Francis Vailles du 16 décembre 2020, il dit que la construction du REM, en 2016, c'était 5,5, c'est passé à
6,5, c'est ce qu'on trouve dans le PQI de cette année, «et même à [7,5] milliards si l'on inclut
les à-côtés qui sont assumés par les gouvernements plutôt que par la caisse». La différence
entre 6,5 et 7,8, elle se retrouve où?
Mme LeBel : Ça, c'est des dossiers qui devront être discutés
avec mon collègue aux Transports, là. Quand on parle des projets
particuliers, à niveau des budgets, ce sera discuté avec le ministère du Transport. Là, nous, on a... C'est eux qui ont
conclut l'entente, ils sont en discussion pour conclure l'entente... bien, qui
ont conclut l'entente. Moi, je veux vous présenter
les sommes qui apparaissent pour le ministère
des Transports au PQI. Je peux vous
expliquer pourquoi, au PQI du
transport, il y a une diminution en transport collectif. Maintenant, il faut comprendre que les projets,
par la suite, là, sont menés par les différents ministères sectoriels,
là.
Mme Ghazal :
Donc, vous reconnaissez que le 6,5 milliards est sous-estimé.
Mme LeBel :
Je ne reconnais rien, j'ai dit que vous devrez en discuter avec mon collègue.
Donc, prêtez-moi pas de propos, là, je n'ai pas dit que je reconnaissais
quoi que ce soit. J'ai dit : Ce genre de discussion là...
Mme Ghazal :
Mais est-ce que c'est possible?
Mme LeBel :
Bien, je n'irai pas dans les hypothétiques. Puis discutez avec mon collègue de
ces données-là.
Mme Ghazal : Donc, ce que vous me dites, c'est que je vais
poser la question au ministère des
Transports en lui demandant : C'est rendu à combien le coût, le
vrai coût d'investissement, là, d'infrastructure, là, je ne parle pas des coûts
d'exploitation, ce
n'est pas encore là, des coûts d'investissement du REM de l'Ouest? C'est lui
qui va pouvoir me donner le bon chiffre, à jour?
Mme LeBel : C'est lui qui va vous répondre, et il aura la
réponse à vous donner qu'il jugera la réponse appropriée. Mais c'est à
lui de vous répondre, je n'anticiperai pas sa réponse.
Mme Ghazal : Et cet argent-là n'apparaît nulle part en
attendant que le ministre... C'est-à-dire que, si je pose la question au ministre, le ministère
des Transports, et il me dit exactement
ce qui est écrit ici, 7,8, ou peut-être plus, hein, parce que ça continue, là, on continue, c'est en train encore d'être
construit, ça, ça fait plus que trois mois cette chronique-là, si c'est 7,8, finalement, qu'il me répond, ça va
paraître où, cette différence-là d'investissement de... différence? Cet
argent-là qui est sorti du gouvernement,
il apparaît où s'il n'apparaît pas dans les papiers aujourd'hui, dans les
documents dans le budget?
Mme LeBel : Mais ça n'apparaît pas à nos budgets parce que
c'est discuté avec la caisse, là, ça n'apparaîtra pas dans le PQI ou
dans le PQI du MTQ, là.
Mme Ghazal : Mais c'est 6,5. Si le vrai montant, c'est rendu à
7,8, ça n'apparaîtra pas ici, à 7,8, l'année prochaine, admettons?
Mme LeBel : Il pourrait
apparaître dans le prochain PQI, à la colonne Hors PQI que vous voyez là, là,
j'ai 18,7 milliards. Mais c'est là que
ça apparaîtra, le cas échéant. Mais je ne suis pas en train de vous dire qu'on
est rendus à 7,8. Ce qui est sorti
publiquement, je connais le même chiffre que vous, c'est 6,5. Maintenant, ce
sera à mon collègue de vous parler des discussions qu'il a avec la
caisse, là.
Mme
Ghazal : Donc, votre
collègue ne vous a pas informée... on a payé combien... ça nous a coûté combien
le REM de l'ouest jusqu'à ce moment-là. Il nous l'a... vous ne le savez
pas... Il ne vous a pas communiqué...
Mme LeBel : Le Trésor n'est pas
informé, et on n'a pas à l'être, au moment où on se parle, parce qu'on est en
discussion.
Mme Ghazal : O.K. Mais les
Québécois doivent le savoir...
Mme LeBel : On va l'être
éventuellement.
Mme Ghazal : ...c'est ça, les Québécois, à un moment donné, il
faut qu'ils sachent combien c'est en train de nous coûter, parce que ça
augmente.
Mme LeBel : Ah! oui, oui. Quand tout ça va être finalisé,
quand les coûts vont être finalisés, les évaluations vont être finalisées, on va avoir l'information. Mais,
en cours de discussion, comme vous le mentionnez, bien, nous, là, c'est
des discussions, là, on est en évaluation.
Mme Ghazal : L'autre question,
à cette page-là vous dites qu'en outre, en considérant les investissements de 5,9 milliards de dollars pour l'aménagement
de voies réservées, le transport collectif atteindrait encore plus. Donc, on
serait encore meilleurs puis on
pourrait se péter les bretelles parce qu'on investit beaucoup plus dans le
transport en commun que dans le réseau
routier, parce qu'on inclut les voies réservées. Comme, l'élargissement de
l'autoroute 15, qui a coûté 1,5 milliard,
le fait d'avoir élargi l'autoroute pour faire une voie réservée, ça coûte
beaucoup plus cher que de prendre une voie
qui existe déjà pour faire une voie réservée. Est-ce que ce coût-là
d'élargissement d'une autoroute pour faire une voie réservée... Est-ce qu'il serait inclus dans le
5,9 milliards? Est-ce qu'il serait inclus dans les routes ou est-ce qu'il
serait inclus dans le transport en commun?
Mme LeBel : ...inclus dans les routes, au moment où on se
parle. Le 49 milliards, c'est la déclinaison dont je vous ai mentionné,
c'est le transport collectif, et c'est, entre autres, ce que la Caisse de dépôt
Infra, CDPQ Infra — je
vais dire «la caisse» pour fins
d'enregistrement, c'est plus court — ce
que la caisse a pris présentement sous sa charge. Maintenant, ce que
l'on dit, dans...
Une voix : ...
Mme LeBel : Oui, oui, c'est dans le routier. Mais ce qu'on
dit, par contre, c'est qu'on ne peut pas faire fi du fait qu'il y a
quand même un apport en transport collectif, mais on ne le calcule pas dans le
49 milliards.
Mme Ghazal : Il ne faut jamais
faire ça, parce que...
Mme LeBel : ...au niveau public, on peut quand même se
permettre de dire, parce que c'est exact, que l'ajout d'une voie a quand
même un impact sur un apport en transport collectif. Vous pouvez être en
désaccord, mais je pense que ça peut être exact de le dire. Mais, pour des fins de rigueur, ce n'est
pas inclus dans le 49 milliards du transport collectif. Par contre,
oui, on inclut le 18,7 de la caisse, par contre.
Mme Ghazal :
Très bien. Il y a, à la page A.11, aussi... J'ai combien de temps?
Le
Président (M. Picard) : Il vous reste
3 min 45 s.
Mme Ghazal :
O.K. C'est écrit, à la page A.11 des projets de PQI... Il y a dans le
tableau, le point 3, Projets structurants de transport collectif
électrique dans les axes du boulevard Taschereau et du prolongement de la
ligne jaune du réseau de métro, responsabilité potentielle : CDPQ Infra. Je ne comprends pas.
CDPQ Infra est en train
d'étudier le prolongement de la ligne jaune du métro?
Mme LeBel :
Excusez-moi, là, c'est parce qu'avec les plexiglas je n'entends rien de ce
qu'on me dit, puis c'est fort troublant. Ramenez-moi à la ligne, s'il
vous plaît. Puis je ne le fais pas exprès, je vous le jure, là.
Mme Ghazal :
Oui. Donc, dans la page A.11, projets, le point 3 dans le tableau, au
milieu, Projets structurants de transport collectif...
Mme LeBel :
...2021‑2031? Juste pour être sûre.
Mme Ghazal :
Sous quoi?
Mme LeBel :
J'ai 2020 puis j'ai 2021‑2031.
Mme Ghazal :
2021‑2031.
Mme LeBel :
Merci.
Mme Ghazal :
Donc, ligne jaune, responsable potentiel, CDPQ Infra?
• (10 h 40) •
Mme LeBel :
...en train d'étudier la possibilité de le prendre. Donc, pour l'instant, ça
apparaît à notre PQI.
Mme Ghazal :
Donc, la CDPQ Infra va aussi faire nos métros?
Mme LeBel :
Ce n'est pas décidé, elle est en train de regarder si elle pourrait avoir la
responsabilité de le faire.
Mme Ghazal :
Est-elle en train de regarder aussi pour prolonger la ligne bleue? Peut-être
que ça... Ça ne va pas nécessiter du retard?
Mme LeBel :
Pour l'instant, là, on n'a pas cette... ce n'est pas...
Mme Ghazal :
Ça fait que, ça, ce serait possible qu'elle fasse la ligne jaune, la CDPQ...
Mme LeBel :
Non, ce n'est pas un métro, là. Ce n'est pas le métro, là, c'est du transport
collectif électrique, là, dans les axes du boulevard Taschereau et du
prolongement de la ligne jaune. Donc, elle ne fera pas un métro, là.
Mme Ghazal :
O.K. ce n'est pas la ligne jaune, c'est juste l'axe. O.K.
Mme LeBel :
Non, non, non, excusez-moi. Mais moi, je... Non, mais elle étudie le fait de
faire...
Mme Ghazal :
O.K. Peut-être que j'ai lu trop vite.
Mme LeBel :
...un prolongement dans l'axe de la ligne jaune en transport collectif
électrique, là, comme on lit.
Mme Ghazal :
Je pense que j'ai quelques poussières... Ah! j'ai deux minutes, quand même.
Dans le PQI, il y a la programmation
qui est envisagée puis à la réalisation effective qui est faite chaque année,
ce qui est fait. Est-ce qu'on peut nous
indiquer le taux de réalisation effectif du PQI des dernières années, est-ce
qu'on a cette information‑là, pour plus de transparence?
Mme LeBel :
Là, on a un tableau particulier. Je pourrais vous dire que c'est autour de
92 %, 93 %, mais il y a un tableau, là, où... là je vous donne
l'approximation, je suis en train de trouver la page exacte.
Mme Ghazal :
Et c'est dans le budget, ça?
Mme LeBel : Oui, oui,
oui, il y a une référence, il y a un tableau, mais c'est autour de ça, là,
c'est autour de 92 %, 93 %. Mais prenez ça... tu sais,
vérification des faits, ce ne sera peut-être pas tout à fait ce taux-là.
Mme Ghazal :
Oui, mais c'est ça, si c'est possible de nous la référence...
Mme LeBel :
Oui, oui, oui, mais l'information existe dans les documents, là, on va vous
donner la... Mes abeilles travaillent au moment où on se parle. B.94 et
B.96, me dit-on à l'oreille.
Mme Ghazal :
B.94 et B.96. Et c'est écrit combien?
Mme LeBel :
Bien, j'imagine que ça doit être écrit en chiffres absolus, vous êtes capables
de faire les pourcentages. Je ne sais pas s'il y a une colonne de
pourcentage, là.
Une voix :
...
Mme LeBel :
90,3 % pour la dernière année.
Mme Ghazal :
O.K. Puis est-ce que c'est possible d'avoir ça pour les dernières années?
Mme LeBel :
J'entends «oui», mais on va vous trouver l'information, chère collègue, même en
dehors de votre temps. 90,3 %
pour 2019, réalisé. 88,7 % et
90,3 %, probable. Ça, c'est l'année passée? O.K.
Parce qu'il y a encore des choses à «computer», naturellement,
là, mais la cible, pour 2019, 90,13 %. B.100, vous avez l'historique.
Mme Ghazal :
O.K. Très bien.
Le
Président (M. Picard) : Il vous reste 20 secondes, questions-réponses.
Mme Ghazal :
Bien, je vous remercie.
Mme LeBel :
Bienvenue.
Le Président (M. Picard) : Très
bien. Merci. Je cède maintenant
la parole à M. le député de Jonquière pour 9 min 30 s.
M. Gaudreault : Oui, merci. Merci beaucoup. J'ai été étonné
de voir que la ministre des Affaires
municipales et de l'Habitation a été plus rapide sur la gâchette que la présidente du Conseil du trésor sur l'inclusion de
critères environnementaux dans les
appels d'offres, quoique, du côté des affaires municipales, ça ne va pas encore
assez loin. Mais il y a des amendements, je les ai ici, là, un, deux, trois, quatre, cinq amendements qui ont été
apportés au projet de loi n° 67 pour faciliter l'inclusion de critères écologiques dans les appels d'offres
municipaux, pour rendre les contrats publics municipaux plus verts et pour
favoriser les entreprises d'ici, surtout dans un contexte de relance post-COVID.
Donc,
ma première question : Qu'attend la présidente du Conseil du trésor pour
prendre le même virage en ce qui concerne les appels d'offres puis les
règles d'approvisionnement du Québec?
Mme LeBel :
Excellente question. Écoutez, dans la question des critères écologiques, c'est
déjà prévu dans la loi sur les contrats
publics, donc ce n'était pas prévu nécessairement dans le monde municipal, d'où
la pertinence de mettre le projet de
loi n° 67. Il y a également, dans le projet de loi n° 67... vous
l'avez mentionné, mais je ne suis pas au courant des derniers amendements, ce n'est pas mon projet de loi, vous
comprendrez, là, mais je connais les grandes lignes parce que ça a été
travaillé justement, avec le Trésor, ces portions-là, pour s'assurer aussi
qu'on respectait nos accords de marché, les seuils qui sont prévus.
Donc, ça existe déjà dans la loi sur les contrats publics.
Maintenant, on est en train de travailler sur une
stratégie des marchés publics pour être capables, je dirais, à l'intérieur de
l'espace qui est prévu par les accords de libéralisation du marché, être
capables de... ça s'appelle le développement durable et l'environnement, c'est ça, nos critères dans la
loi sur les contrats publics, et ce sont déjà des critères qu'on peut
appliquer. On travaille présentement, justement, pour appliquer mieux ces
critères-là et utiliser mieux les outils déjà disponibles. Oui, il y aura potentiellement, je l'ai déjà mentionné,
peut-être de voir si c'est nécessaire, à l'intérieur des règlements ou de la loi elle-même, le cas échéant, possibilité
d'intervenir, mais, pour la LCOP, là,
c'était déjà prévu. Ce n'était pas prévu pour le monde municipal, qui
n'est pas assujetti nécessairement.
Ceci
étant dit, il y a quand même des limitations, hein, dans le projet de loi n° 67 quand on parle... et on parle du Québec,
on parle du Canada. Nous, on essaie de voir comment on peut
régionaliser un peu plus nos appels d'offres, donc descendre peut-être un cran plus... j'allais dire plus bas, mais dans
le sens plus micro que macro, là, ne lisez pas autre chose. Il faut le faire à
l'intérieur des accords. On est quand
même signataires de plusieurs
accords, il y a des seuils à respecter.
Donc,
on est très sensibles, là, à cet enjeu-là. Et il y a aussi toute la mission gouvernementale aussi, là, d'optimiser ces ressources et la... j'allais dire... pas
l'attribution, mais l'achat des ressources gouvernementales. Donc, il
faut balancer cet équilibre-là, mais
la notion de développement durable et d'environnement, elle est déjà dans la loi sur les contrats publics.
M. Gaudreault : Oui, mais elle
n'est visiblement pas appliquée...
Mme LeBel :
Pas suffisamment, je dirais.
M. Gaudreault : Elle n'est visiblement pas appliquée ou
applicable de façon automatique ou, je dirais, obligatoire. Nous sommes dans un contexte, puis on en a parlé abondamment lors de l'étude de
la loi n° 66... on est dans un contexte de relance économique, dans un contexte de
reconstruction économique. On a un PQI qui va chercher 4,5 milliards de
plus que le précédent, à
135 milliards. Dans la loi n° 66, que nous avons
travaillée ensemble, on parle d'accélérer la ligne bleue, on parle de construire des maisons des aînés
presque à tous les coins de rue, on parle de faire des rénovations importantes
dans des CHSLD, par exemple. Alors, est-ce
que la ministre ne trouve pas que ce serait le temps, plus que jamais, de faire
des modifications législatives pour rendre
l'inclusion de critères écologiques dans les appels d'offres immédiats, et
automatiques, et obligatoires?
Mme LeBel :
La réponse, c'est... Est-ce que c'est pertinent d'y travailler? Sérieusement,
la réponse, c'est oui. Je vais vous
réitérer qu'à travers la loi de... la LCOP, là, la Loi sur les contrats et
organismes... des organismes publics, en tout cas, la LCOP, la loi sur les contrats publics, au Québec, il y a
cette notion-là de développement durable et d'environnement.
Maintenant,
il ne faut pas oublier qu'au niveau gouvernemental on travaille aussi en... Et
là, quand je vous dis ça, là, c'est
pour vous dire les enjeux sur lesquels on doit travailler. Et il y a quand même...
Au niveau gouvernemental provincial, on
a signé des accords de libéralisation, le libre-échange, entre guillemets.
Donc, il faut être capables de travailler sur notre démonstration, justement, pour être capable de
faire jouer ces clauses-là sur la démonstration des impacts réels, parce que
la
rationnelle, derrière tout ça, c'est que, si on prend des produits de chez
nous, il y un impact environnemental diminué, là, c'est la réponse courte, mais il faut quand même
être capables d'en faire la démonstration quand on décide de prioriser dans
les appels d'offres l'achat québécois sous cette notion-là.
Mais
est-ce que c'est sérieux? Est-ce qu'on y travaille
sérieusement? La réponse, c'est oui. Est-ce
que plus complexe que ça en
l'air? La réponse, c'est : Malheureusement.
• (10 h 50) •
M. Gaudreault : L'avocate Geneviève Dufour, professeure de droit
à l'Université de Sherbrooke, en
réaction aux modifications apportées à la loi n° 67, a dit qu'il
est «tout à fait légal», en vertu des ententes internationales, d'insister pour que les produits ou services fournis
proviennent d'énergies renouvelables, par exemple. Autrement dit, l'aluminium
qui est produit au Québec est produit à partir d'énergie renouvelable. La
même Pre Dufour nous dit que ces critères devraient être obligatoires, comme c'est le cas dans plusieurs
pays. Par exemple, il y a des États américains qui le font. Elle
nous dit : «On n'est pas en
avance, on est 20 ans en retard...» Puis là elle nous dit, la Pre Dufour :
«Il faut que ça vienne du Conseil du trésor, il faut que [la ministre] — donc la
ministre ici, la présidente du Conseil du trésor — dise : On est
rendus là.»
Est-ce que la
présidente du Conseil du trésor, que j'ai en face de moi, peut nous dire :
On est rendus là, ce qui signifie qu'elle va modifier la loi? S'il y a des
États aux États-Unis qui le font, puis on a des ententes de libre-échange depuis longtemps avec les États-Unis puis avec des
États américains, pourquoi on serait plus bêtes qu'eux? Je veux dire, on est dans des marchés où il y a des États
américains, par exemple, qui produisent de l'aluminium. Nous, on en produit au
Québec avec de l'énergie plus renouvelable
et plus propre que l'aluminium américain. Je ne comprends pas qu'on n'a pas
un engagement ferme pour modifier la loi au même titre que des États américains
le font.
Qu'est-ce
qu'on attend, nous? Est-ce que la ministre peut nous dire qu'elle prend un
engagement ferme pour faire ça
rapidement? Parce que, les chantiers qu'on a adoptés en vertu de la loi n° 66, puis des chantiers annoncés dans le PQI, la pépine, là, elle
s'en vient, donc c'est tout de suite qu'il faut bouger.
Le
Président (M. Picard) : Mme la ministre. Il reste
1 min 30 s.
Mme LeBel : Oui, merci. Je vous réponds à nouveau, cher collègue,
que c'est justement ce sur quoi on travaille. Et il
faut comprendre que, quand on parle
d'achats québécois, on est une province et on a un marché limité aux
États-Unis. Il me
parle au niveau, bon, au niveau des
États-Unis, on est capables, on est capables de le faire. Je ne dis pas qu'on
n'est pas capables de le faire, mais il faut y travailler. Et, déjà, dans la
loi sur les contrats publics, les clauses existent, elle a raison quand elle dit que c'est légal. La difficulté,
présentement, c'est l'application en vertu des accords que l'on a signés. Et,
je vous le dis, on est en train d'y travailler dans l'option de déposer un
éventuel projet de loi. Donc, on y travaille.
Le
Président (M. Picard) : M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, mais, c'est insuffisant. Regardez, je l'ai,
la LCOP, l'article 2, là : «Dans le respect de tout accord
intergouvernemental applicable aux organismes publics, les conditions
déterminées par la présente loi visent à promouvoir :
«4°
la mise en place de procédures efficaces et efficientes, comportant notamment
une évaluation préalable des besoins adéquate et rigoureuse qui tienne compte
des orientations gouvernementales en matière de développement durable et
d'environnement.»
Qui
tienne compte des orientations en matière de développement durable. Ce n'est
pas ça qu'on veut, M. le Président. Au
même titre que ça se fait en Europe, qui sont en avance par rapport à nous, au
même titre que ça se fait dans certains États américains, on veut que ce
soit... qu'on en tienne compte nécessairement.
La ministre vient de
nous dire qu'elle prépare un projet de loi. Quand est-ce qu'il sera déposé?
Mme LeBel :
Bientôt. C'est tout ce que je vais vous dire, cher collègue. J'y travaille avec
sérieux, puis je l'ai dit à plusieurs reprises, d'ailleurs.
Le Président (M. Picard) : Ça met
fin...
Mme LeBel :
Mais on ouvre la loi sur les contrats publics, c'est important.
Le Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. Ça met fin à l'échange.
Je cède la parole à M. le député de La Pinière, qui dispose
maintenant de 14 minutes.
M. Barrette :
Merci, M. le Président. Alors, je vais indiquer là où je voulais aller dans les
pages.
Mme LeBel :
Oui, on était dans le cahier 3?
M. Barrette :
Oui.
Mme LeBel :
Redonnez-moi la page, s'il vous plaît.
M. Barrette :
13-5.
Mme LeBel :
13-5?
M. Barrette :
Oui. Ma question est très simple, là. Ça m'a étonné, quand j'ai pris
connaissance... ça nous a étonnés, quand on a pris connaissance des
différents crédits, c'était peut-être le tableau le plus spectaculaire en la
matière. Il n'y a pas un élément, en haut,
là, les éléments qui sont les catégories de dépenses, là, qui ne diminue pas,
dans un sujet assez particulier,
quand même, qui est la gestion des ressources forestières, à une époque où on
est beaucoup dans l'environnement, ce genre de chose là, on est dans les
régions, et là tout baisse.
Une voix :
...
M. Barrette :
Est-ce qu'il y a un problème de page?
Mme LeBel :
...tout baisse?
M. Barrette :
Bien oui, tout baisse. Explications? Ça m'étonne que tout, en foresterie, là,
en gestion des ressources forestières, tout baisse de façon
significative.
Mme LeBel :
Il y a beaucoup de choses qui a été fait dans le financement forestier en 2020‑2021.
Donc, dans le choix budgétaire qui a été fait, bien, nous, on décline
les crédits qui sont alloués, là, et c'est le choix.
M. Barrette :
C'est la même réponse, M. le Président, que j'ai tout le temps, tout le temps.
Ce n'est plus pareil. C'était comme
ça l'année passée, puis là on est meilleurs puis on est plus efficaces. Moi,
là, j'aimerais ça comprendre pourquoi, dans Aménagement durable du
territoire forestier, ça baisse de plus de 11 %. Je ne la comprends pas.
Mme LeBel : Et je comprends que ma réponse, cher collègue, ne vous plaît pas, mais c'est la réalité. Il y a eu
beaucoup d'investissements l'année
passée dans ces matières-là, les projets se sont terminés. Maintenant, on a,
dans le budget de mon collègue, choisi de donner des ressources... des budgets
un peu plus ailleurs. Il y a des projets qui se sont terminés. Je ne peux pas vous donner une autre réponse que
ce qui est la réalité, là. C'est des anciennes mesures qui se sont terminées.
M. Barrette : M. le
Président, là, je veux juste que la
ministre comprenne bien ce qu'elle regarde, puis je ne le dis pas méchamment. On n'est pas dans le PQI, là, on
est dans l'opérationnel. Je veux dire, aménagement durable, là, du territoire
forestier, c'est les travaux sylvicoles. Les
arbres n'arrêtent pas de pousser d'une année à l'autre, puis on n'arrête pas de
couper du bois, puis il y a des feux de forêt pareil.
Mme LeBel : Le ministère, présentement, si vous parlez de
l'opérationnel, là, le ministère, dans son budget de maintien, il a ce qu'il
lui faut pour être opérationnel. Maintenant, pour faire des mesures, il en a eu
l'année passée, ce sont des anciennes mesures qui se sont terminées.
M. Barrette :
Oui, mais, M. le Président...
Mme LeBel :
C'est une baisse de 23 millions, d'après ce que je comprends.
M. Barrette : Bien là, ce n'est pas 3 millions, là, on parle
de... c'est plus d'argent que ça, là. Mais c'est de l'argent quand même,
là. Je suis étonné de voir ça. Mais, si la ministre nous dit que tout est
correct... Les opérations régionales, bon, les opérations régionales baissent. Le budget du Forestier en chef baisse. Les équipes qui s'occupent de la SOPFEU, là, la suppression des feux de forêt, baissent.
L'aménagement durable du territoire forestier baisse. Ça, ce sont des choses
qui sont du pain quotidien, là, ce
n'est pas des infrastructures, et on en a moins l'année d'après que l'année
d'avant, en dollars. Je pourrais
juste invoquer les conventions collectives de ces employés-là. Manifestement,
il y a des coupures de personnel.
Mme LeBel : L'année passée, là, entre autres, dans les PQI
antérieurs, là, dans le soutien à l'innovation, dans le reboisement additionnel, il y a eu des sommes
importantes qui ont été attribuées qui ne sont plus là parce qu'elles sont en... soit ce sont des mesures qui ont été exécutées et...
ce sont des sommes qui ne sont plus nécessaires. Donc, pour ce qui est du fonctionnement du ministère, ils ont les sommes
nécessaires, mais ce sont les fins de mesures, là, qui expliquent en grande
partie l'écart auquel vous faites référence.
M. Barrette :
La ministre a raison, M. le Président, là, c'est insatisfaisant. Mais qu'est-ce
que vous voulez, il me reste peu de
temps. On va aller à un autre sujet. Puis je vous le dis, là, c'est
insatisfaisant. Le Trésor est censé avoir des réponses à ça.
Mme LeBel :
...on ajoute également 84,8 millions, qui sont dans le Fonds de
suppléance. Vous devez comprendre cette
année une chose, et ça va se répéter dans chacun des portefeuilles, il y a
présentement dans les enveloppes sectorielles des sommes qui sont attribuées
et dans le Fonds de suppléance également — vous avez sûrement dû noter l'augmentation du Fonds de suppléance, là, cette année — dans
le Fonds de suppléance, des sommes qui sont... il y a une augmentation d'à peu près de 3,7 milliards entre 2020
et 2021, entre les deux Fonds de suppléance, et c'est une nouvelle façon de
faire qu'on met de l'avant. C'est-à-dire il y a une portion des budgets qui
sont dans les enveloppes sectorielles, et là je n'ai peut-être pas le tableau
approprié pour vous y amener, mais on a également une portion des budgets
attribuée — et
je vais prendre un terme très français — taguée dans le Fonds de
suppléance ou colorée dans le Fonds de suppléance pour les ministères donnés.
Donc, il y a 84 millions ajoutés, et il y a une portion qui se retrouve au
Fonds de suppléance.
Maintenant,
vous connaissez assez les enjeux, cher collègue, pour comprendre qu'encore une
fois c'est une question d'optimiser
les ressources et d'efficacité des ressources. Et, pour éviter qu'il y ait des
crédits périmés, qui vont nécessairement au fonds consolidé, en les mettant dans les Fonds de suppléance, mais en
les réservant pour les ministères concernés, on s'assure d'une meilleure
agilité, une meilleure gestion des ressources.
Là,
je n'ai pas la totalité, là, mais on demeure quand même en diminution,
effectivement, malgré tout, mais elle est moins importante qu'elle peut
apparaître parce qu'il y a eu des fins des mesures qui proviennent de l'ancien
budget, là, je le répète. Je le sais, qu'elle est insatisfaisante, mais
c'est quand même la réponse.
M. Barrette :
Bien, c'est parce que, quand on fait la déclinaison de ce qui était l'ancien
budget, là, par rapport à aujourd'hui, en ce qui a trait à la suppléance, il
n'y a pas ce montant-là. Au bout de la ligne, il y a une coupure.
Mme LeBel : ...il faut aussi comprendre, là, je ne sais pas...
qu'il y a des mesures COVID qui ne sont pas récurrentes, là. Il y a plusieurs... Le budget, cette année,
là, il est avec COVID, sans COVID. Avec COVID, beaucoup... même le budget, là, avec COVID
diminue dans beaucoup de ministères parce que le «peak» où on avait besoin de
mesures COVID est passé. Sans COVID, il peut y avoir
également des diminutions, mais, encore une fois, ce sont des fins de mesures,
là.
M. Barrette :
La déclinaison traite de sommes prévues avant la COVID.
Mme LeBel :
...la fin des mesures.
M. Barrette :
Donc, il y a des coupures.
Mme LeBel :
...par la fin des mesures.
M. Barrette : Ça ne concorde pas, M. le Président. Puis manifestement on ne réglera pas ça là, parce que le temps
passe. Je vais aller... Ça ne concorde pas, là, je vous le dis, là, ça ne
concorde pas. C'est un ministère où on coupe.
Mme LeBel : Non, c'est un ministère où il y a une
diminution des crédits de dépenses budgétaires parce qu'il y a des fins de mesures, mais il n'y a pas de coupure
dans le budget de fonctionnement, là, de système ou de fonctionnement du
ministère.
• (11 heures) •
M. Barrette : Je vais laisser mon collègue
avoir le plaisir qu'il aura lors de ses crédits. M. le Président, je vais nous
amener collectivement au PQI, on va revenir
au PQI, à la page A.3. Oui, A.3. Alors là, la page A.3, c'est une
autre page, essentiellement, de sommaire, là, et là j'aimerais... Là, peut-être que c'est moi qui l'ai mal lu, les crédits, là, puis je profite de la présence de votre collègue
ministre délégué aux ressources... à la Transformation numérique, là. L'année dernière, dans le PQI, là, il y avait un item spécifique
qui était celui qui était dédié à la transformation numérique, on y retrouvait, dans le même tableau,
l'année dernière, une somme de 500 millions. On trouve l'utilisation de ça
où aujourd'hui?
Mme LeBel :
...c'est un sommaire, là. Présentement, on y voit les principaux ministères et
organismes, Santé, Éducation, Enseignement
supérieur, réseau routier, transport collectif, Culture, autres secteurs. On va
vous trouver la réponse je n'ai pas...
M. Barrette :
M. le Président, je vais clarifier ma question, parce qu'elle est très simple à...
elle est très facile à clarifier. D'ailleurs, je sens le ministre délégué à la
Transformation numérique sourire derrière son masque.
Lui, là, sa
job, là, elle était imprécise, je ne veux pas dire... ce n'est pas négatif, ce
que je dis, là, c'était un «work in progress», l'année passée, là, et son
travail dépend de l'argent qu'il va avoir à dépenser. L'année dernière, là, il
y avait un
budget potentiel de 500 millions. A-t-il été exercé? Où a-t-il été exercé?
Quel est le montant d'argent, cette année, qui est prévu aux crédits? À
quelle ligne je vais trouver ça?
Ça se résume, comme
question, à : Qu'a réussi à faire... puis je ne dis pas ça en fonction de
ses capacités, mais, si on ne lui donne pas
d'argent, il ne peut rien faire, alors y a-t-il... non, mais, à part des lois,
là, ça, c'est correct, là, mais en termes de projets réalisés. Ce n'est
pas méchant, la question que je pose. Alors, où est-ce que c'est?
Mme LeBel :
...trouver l'information. Je ne la connais pas par coeur, cher collègue, là.
M. Barrette :
Bien, y a-t-il quelqu'un autour qui peut...
Mme LeBel :
Oui, oui, on est en train de vous chercher l'information.
M. Barrette :
Depuis le début que virevoltent autour de la ministre des documents, M. le
Président, virevoltage qui est en réponse aux questions.
Mme LeBel :
...passe présentement...
M. Barrette :
Ce n'est pas méchant, ce que je dis, là. Mais là ça ne peut pas virevolter, là?
Mme LeBel :
On va vous trouver la réponse.
M. Barrette :
Alors, pendant que les gens...
Mme LeBel :
Je pourrais vous jeter des numéros de page, cher collègue, là, mais ce serait
frivole et...
M. Barrette :
Non, non, non, là, mais ma question, elle est très légitime. L'année passée,
là, il y avait 500 milliards... millions, pardon.
Mme LeBel :
...et B.96 pour les taux de réalisation. C'est une portion de la réponse.
M. Barrette :
Oui, mais spécifiquement, spécifiquement les projets qui ont été pilotés, à
juste titre, par le ministre délégué à la Transformation numérique? Lui,
là, il nous l'a dit à plusieurs reprises, là : Moi, je vais réussir à
faire des projets d'intérêt gouvernemental. C'est ça qui était sa mission... pas sa mission, son plan. Même pas
une mission, c'était un plan. Alors là, on en est où?
Mme
LeBel : ...son plan, je vais
vous laisser lui... vous le présenter. Pour ce qui est des budgets et de
l'attribution des sommes, on va vous
trouver l'information précise, à quelle page. Mais je peux vous assurer, pour
travailler très étroitement avec lui, qu'il travaille très fort et il
aura certainement quelque chose de très intéressant à vous présenter.
M. Barrette : Mais la question n'est pas un jugement de valeur,
là, la question en est une exclusivement de reddition de comptes. S'il y a un ministre qui a bien défendu, lors
des processus législatifs, ses projets, c'est lui. Il les a bien défendus.
Maintenant, est-ce qu'il a pu faire ce qu'il avait à faire? Qu'a-t-il pu faire?
Où est-ce qu'on en est?
Maintenant,
si on n'a pas la réponse maintenant, elle va s'en venir pendant qu'on discute
du prochain sujet. Cette semaine, il
y a eu un article spectaculaire sur la création de postes. Pour un poste qu'on
est censé éliminer, il s'en crée je ne sais plus combien, dans l'article
en question. Est-ce que cette affaire-là était vraie?
Mme LeBel :
Bien, écoutez, il faudrait me donner plus de précisions par rapport à l'article
en question. Si vous parlez des 5 000 postes administratifs qu'on
s'est engagé à couper, bien, ça fait partie des mesures d'optimisation qui
ont été mises en place. D'ailleurs, dans le cadre budgétaire de la CAQ, en
2018, il y avait une colonne, dans les mesures d'optimisation, quatre items, dont la révision de programmes, à terme 2 milliards
d'économies, que l'on veut faire dans ces
différents postes là. Et, quand on parle d'élimination ou de diminution de
postes administratifs, on ne parle pas de services aux citoyens. Donc,
oui...
M. Barrette :
...je parle de...
Mme LeBel :
...oui, il y a des postes qui ont été créés, surtout... particulièrement,
l'année passée, je pense que c'est autour
de 26 000 ETC, mais la grosse majorité de ces postes-là sont en santé
et services sociaux, pour les services aux citoyens.
Le
Président (M. Picard) : Il vous reste une minute, M. le
député.
M. Barrette :
Il me reste une minute. M. le Président, est-ce que la présidente du Conseil du
trésor a une réponse à me fournir sur
la question des projets du ministre délégué aux ressources... à la Transformation
numérique? Le silence semble me dire que non.
Mme LeBel :
Oui, mais là on m'envoie un tableau, j'aurais aimé avoir une page pour vous
donner la référence de la page, parce qu'il reste peu de temps, là, mais, oui,
il y a une réponse, puis, si je peux vous la fournir par...
M. Barrette :
Combien de ce 500 millions a été dépensé ou réalisé en projets?
Mme LeBel :
On va vous revenir. On a la réponse quelque part.
Je ne peux pas vous la fournir,
mais je vais vous revenir, moi, avec la réponse.
M. Barrette :
Il y a toujours une réponse en quelque part. Ça, c'est bien évident.
Mme LeBel :
...vous avez vu le nombre de... Je pense que vous ne vous attendez pas à ce que
je connaisse par coeur les réponses...
M. Barrette :
Oui, mais ça, c'est parce que, M. le Président...
Mme LeBel :
...à quelle page de quel document.
M. Barrette :
...non, mais, dit très amicalement, c'est parce que ce ministère-là, il est
délégué, il fait partie du Trésor, c'est direct. Ce n'est pas indirect comme la
Santé et Services sociaux, là.
Mme LeBel :
Vous voulez que je répète que je vais vous trouver la réponse? Bien, je vais
répéter que je vais vous trouver la réponse, parce que je me suis engagée à
vous trouver les réponses si je ne les avais pas.
Le Président (M. Picard) : Merci,
Mme la ministre. La commission plénière ayant terminé cet échange, je remercie les personnes qui y ont participé. Et, pour permettre à la commission
de poursuivre sa séance, je prie toutes les personnes qui doivent se
retirer de le faire immédiatement.
Je suspends donc les
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
11 h 7)
(Reprise à 11 h 12)
Le Président (M. Picard) : La commission plénière poursuit ses travaux sur
l'étude des crédits provisoires pour l'année financière 2021-2022.
Économie et Innovation
Au cours de la
prochaine heure, nous allons procéder à un échange entre M. le ministre de
l'Économie et de l'Innovation et les députés
de l'opposition. Nous commencerons par les remarques préliminaires. Je vous
rappelle qu'un maximum de
5 min 34 s est alloué au groupe parlementaire formant le
gouvernement, 3 min 43 s au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 56 secondes
au deuxième groupe d'opposition, 56 secondes au troisième groupe
d'opposition et 51 secondes pour l'ensemble des députés
indépendants.
Remarques préliminaires
J'accorde
immédiatement la parole à M. le ministre pour ses remarques préliminaires.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
Merci, M. le Président. Je vais être très bref. Premièrement, j'aimerais
souligner que j'arrive de votre comté
et j'ai fait une annonce, ce matin, d'envergure pour Les Serres Demers. Alors,
on vous a manqué sur place. Alors, je
voulais que vous sachiez ça. On est très heureux de pouvoir livrer sur le plan
de la stratégie d'autosuffisance alimentaire. Donc, c'est un beau
projet.
Écoutez,
on est ici pour parler des crédits provisoires. Je vais faire un commentaire
très bref sur le budget. Je peux confirmer
à tout le monde qui nous écoute que le budget qui a été mis de l'avant par
notre collègue le ministre des Finances est conforme à nos attentes au niveau du ministère de l'Économie. Les
outils que nous avons besoin pour continuer la relance économique sont disponibles. Et nous sommes très,
très heureux de pouvoir profiter de ce budget-là, qui va complémenter les crédits. On oublie souvent ça, mais on a eu
des crédits quand même importants au mois de novembre, à la mise à jour
économique. Il y a aussi des crédits de l'année dernière qui nous restent.
Donc, je peux
confirmer que la batterie est bien chargée et que nous sommes très anxieux de
continuer nos annonces en rafale sur des
projets qui vont aider de relancer l'économie du Québec, qui, d'ailleurs, est
très bien partie, au moment où on se parle. Alors, je vais arrêter là.
Le Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres
remarques préliminaires? Il n'y a pas d'autre remarque.
Discussion générale
Donc, nous débutons avec M. le député de
Robert-Baldwin pour une période de 20 minutes.
M. Leitão :
Très bien. Merci beaucoup, M. le Président. Alors, M. le ministre, bonjour, les
collègues qui l'accompagnent, mais les collègues aussi des partis
d'opposition.
Alors, on va
poursuivre un peu, M. le ministre, ce dont on avait commencé, je pense, la
semaine dernière ou la semaine
d'avant, avant... un petit peu avant le budget. Vous venez de dire que vous
trouvez que les outils qui vous ont été accordés par votre collègue le
ministre des Finances sont suffisants. On abordera ça aussi.
Mais
j'aimerais commencer par parler de l'emploi, parce qu'en effet vous avez
mentionné et plusieurs fois, assez souvent,
que votre objectif, c'est de contribuer à la création d'emplois, des emplois
payants pour le Québec, etc. Là, je dois vous dire, M. le ministre, que le portrait que votre collègue le
ministre des Finances nous a dressé lors du budget, ça m'a laissé un peu sur ma faim, justement, en termes de
création d'emplois. Je trouve qu'on va encore avoir... On ne revient pas
tout à fait là où on était avant la pandémie. En fin de compte, ce serait seulement
vers 2022, et, même ça, vers la fin 2022, on est encore avec un
taux de chômage qui est à peu près à 6 %. Et surtout, quand on compare les
deux budgets, les deux budgets, je veux
dire, celui de la semaine dernière avec celui de mars 2020, un budget
prépandémie, donc il dressait, disons,
la route pour l'économie du Québec avant pandémie, on se rend compte que...
Quand on compare, au niveau de l'emploi, les deux, on se rend compte que, par
exemple, en 2023, on est encore à peu près... on est «short», pour ainsi
dire, de 90 000 emplois. Donc, le
niveau de l'emploi en 2023, prévu par le ministre des Finances en mars dernier,
est de 4,4 millions. Le niveau
de l'emploi prévu par le même ministre des Finances avant pandémie, en
mars 2020, pour 2023, était à
4 350 000. Donc, il y a 90 000 emplois qu'on a perdus
quelque part et qu'on n'arrive pas... on n'arrive pas à aller les chercher. L'année suivante, 2024, c'est la
même chose, il y a toujours un écart de 90 000 jobs qu'on n'arrive
pas à retrouver.
Alors, à
votre avis, comment allez-vous remplir ce trou-là? Donc, cette piscine qui est
à moitié vide ou à moitié pleine, bien,
comment allez-vous faire... Puisque vous avez les outils qui sont suffisants,
comment allez-vous faire pour vous assurer que la piscine soit remplie
le plus possible, en termes d'emploi?
Le Président (M. Picard) :
M. le ministre.
M. Fitzgibbon :
M. le Président, je vais répondre en deux volets. Le premier volet, quand on
regarde la population active aujourd'hui par rapport à ce qu'elle était au mois
de février 2020, on note à peu près 140 000 emplois de moins.
Donc, je pense, c'est quand même intéressant
de voir ça, 6,4 % de chômage. Et, quand on regarde la composition du
140 000, on conclut que
100 %, pratiquement, est dû à des secteurs, évidemment, névralgiques, soit
la restauration, l'hébergement. J'ai toute
la confiance au monde que ces emplois-là vont revenir, qu'on va remettre ces
employés-là à l'emploi dans les prochains mois, en sortie de pandémie, donc on va revenir au niveau d'emploi que
nous avions avant la pandémie. Ça, c'est le premier volet. Alors, je
suis très à l'aise avec ça.
Deuxième volet, c'est le volet de la croissance
économique, c'est le volet... Je regarde les projets que nous avons au ministère de l'Économie, et il y a beaucoup,
beaucoup de projets avec des nouveaux emplois bien
rémunérés, des projets avec des
emplois en région, moins bien rémunérés, mais quand même intéressants pour les régions, parce qu'on est quand même un gouvernement de région.
Alors, moi, je pense
que... je suis très à l'aise que mes collègues au ministère du Travail, au ministère de l'Enseignement supérieur et au ministère
de l'Immigration, on travaille
fortement ensemble. Le bureau du premier
ministre est aussi soucieux de ça.
Parce que je suis d'accord avec vous que le plafond de verre du Québec
va être l'habileté à pouvoir offrir
des employés aux sociétés qui veulent faire de l'expansion. Et moi, je pense que... J'ai toujours prêché par : Le succès amène le
succès. Moi, je suis confortable aujourd'hui qu'avec le ministre de
l'Enseignement supérieur, dans les cursus collégiaux,
on peut avoir une plus grande diplomation de gens qui vont combler ces
écarts-là. Et, entre-temps, via le ministère
de l'Immigration, je
pense qu'au niveau de l'immigration économique temporaire, on va
pouvoir aussi combler... Alors, je suis
confiant qu'on va être capables d'offrir à nos entreprises le talent qu'ils
ont, mais il faut travailler fort pour le faire.
Le Président (M. Picard) :
M. le député.
• (11 h 20) •
M. Leitão :
Très bien. Merci, M. le Président. Je suis en train de m'égratigner les mains.
C'est une autre histoire. O.K.
Oui, pour l'emploi, il y a, en effet, un
problème d'arrimage, mais, moi, ce que je veux... là où je veux arriver, là, le but de ma question, c'est... Je pense que
nous sommes aussi dans une situation structurelle, on a une impasse structurelle
majeure, et je ne sais pas, au gouvernement,
qui va régler ça. Est-ce que c'est le ministère ou le ministre de l'Économie
avec Investissement Québec? Pas
certain que ce soit... Même si vous avez les outils suffisants, je ne pense pas
que vous seriez capables de faire ça.
Qu'est-ce que
je veux dire par «impasse structurelle», c'est que les fameux 90 000 emplois
qui nous manquent sont des emplois, pour la plupart, au bas de l'échelle
salariale. Ce sont des emplois peu qualifiés, souvent des femmes, souvent des
jeunes femmes, souvent en zone urbaine, et qui ont été déplacées par la
pandémie et qui n'arrivent pas à se retrouver une place.
Donc,
la machine gouvernementale est orientée vers les grands projets économiques,
des emplois bien payants, des employés
spécialisés, on parlera un peu de ça aussi, mais, pour les personnes au bas de
l'échelle qui ont été déplacées par
la pandémie, il me semble que je n'ai pas vu dans le budget, là, le programme...
votre collègue le ministre du Travail... Il y a toutes sortes de programmes au ministère de l'Emploi, mais ça ne semble pas porter fruit parce que
la prévision économique, là, le scénario de base qui nous est fourni par
le ministère des Finances ne répond pas à ça.
Alors,
ma question, c'est : Qui va faire cette job-là? Qui va s'occuper d'essayer
de replacer les personnes qui ont été laissées pour compte pendant
la pandémie?
M. Fitzgibbon : M. le
Président, alors, écoutez,
deux choses. Premièrement, le ministre
du Travail et de l'Emploi et
Solidarité sociale a des programmes, certains dans le budget qui a été annoncé
la semaine dernière. Mais il ne faut pas oublier qu'il y avait d'autres sommes qui lui ont été allouées dans la
mise à jour économique du mois de novembre 2020, dans la mise au point, la mise à jour. Et le
ministre du Travail travaille fortement pour la requalification de la
main-d'oeuvre, qui se veut, d'une part, de regarder pour former des gens pour
les emplois, entre guillemets, bien rémunérés, mais aussi pour reprendre des gens peut-être qui, dans la
restauration, dans les commerces, avec la numérisation, peut-être ne seront
plus... des postes qui ne seront plus
requis. Donc, clairement, je pense qu'on a un programme assez solide pour la
requalification.
D'autre part, on a
des programmes intéressants aussi sur la productivité et innovation. Ce matin,
j'étais dans le compté de notre président,
puis je parlais au président de Serres Demers, pour ne pas nommer de nom, et on
travaille avec eux, on regarde des
projets de robotisation pour pouvoir cueillir — les enjeux maraîchers — nos récoltes avec des robots. Alors, c'est
sûr qu'il va falloir travailler fort sur automatiser nos entreprises, parce
qu'on le voit dans différents pays. Et l'écart de productivité qu'on a
au Québec était particulièrement dû au fait qu'il y a eu un manque
d'investissement en entreprises.
Et
je pense qu'entre productivité et innovation et le ministre du Travail qui
requalifie la main-d'oeuvre on a l'objectif d'arriver à atteindre ce que vous
mentionnez comme élément structurel. Et je suis d'accord avec vous, c'est un
élément important.
Le
Président (M. Picard) : M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Oui, oui, en effet, la question de la productivité est
très intéressante, et on va parler un
peu des mesures qui se trouvent dans le budget. Mais, avant d'y aller,
j'aimerais quand même souligner que l'enjeu principal, c'est la pénurie de main-d'oeuvre, c'est le manque de
main-d'oeuvre. Donc, on ne peut pas vraiment... Nous avons, en temps normal...
En tous les temps, en tous les cas, on doit toujours s'assurer qu'on emploie
toutes nos ressources humaines du
mieux qu'on peut, mais, particulièrement dans une période de pénurie de
main-d'oeuvre, il faut vraiment, vraiment faire tout ce qu'on peut pour être capable de ramener sur le marché du travail
beaucoup de personnes qui, traditionnellement ou à cause de la pandémie,
se retrouvent présentement à l'extérieur du marché du travail.
Dans cet ordre d'idées là, j'avais déjà
proposé la dernière fois qu'on s'est rencontrés en commission parlementaire que, dans les programmes, le programme
SPRINT et d'autres programmes d'Investissement
Québec, une des conditions... parce qu'il y a plusieurs conditions qui sont attachées à l'octroi de
l'aide gouvernementale, mais une de ces conditions-là serait que l'entreprise qui reçoit une
aide gouvernementale doive aussi engager des personnes qui sont présentement au chômage. Parce qu'un des problèmes qu'il y a avec les mesures
gouvernementales pour promouvoir et développer l'investissement privé, et l'innovation, et la productivité, c'est qu'on
veut, bien sûr, aller chercher les personnes qualifiées, et donc, le plus souvent, on va trouver ces
personnes-là déjà à l'emploi chez un compétiteur, par exemple. Alors, en
inscrivant dans les règles des programmes, dans les critères : Vous
devez quand même aller chercher x pour cent de vos nouveaux travailleurs chez ces personnes-là qui
présentement sont au chômage, et, on pourrait même dire, qui sont au chômage
depuis plus que six mois, par exemple, on pourrait faire un grand pas en
avant pour régler cette question structurelle.
Le
Président (M. Picard) : M. le ministre.
M. Fitzgibbon :
Écoutez, je suis totalement en accord avec vous qu'une priorité de notre
gouvernement, c'est de remettre à l'emploi les 140 000 personnes qui
ont perdu leur emploi, quand on compare en février 2020, je vous
l'accorde, c'est une chose qui est très importante pour nous.
Je
crois que le taux de chômage du Québec est à 6,4 %. À ma connaissance,
c'est le plus bas au Canada. Donc, on a
quand même réussi, malgré l'adversité sanitaire, de quand même combler beaucoup
de ces postes-là, parce qu'on est 3 % de moins au niveau de
l'emploi qu'on était avant.
Alors,
je vous l'accorde, que, 140 000 emplois, on focalise sur ça. Je suis
très confiant que, dans le service d'hébergement, d'hôtellerie, de
restauration, une grande partie de ces gens-là vont revenir au travail. Moi, il
n'y a aucun doute, parce qu'on va réouvrir
les restaurants, on va... ils vont encore opérer. Et en même temps, encore une
fois, je pense que notre ministre du
Travail a déjà commencé des programmes court terme de requalification. On
s'entend que c'est une chaîne, hein?
Alors, on ne peut pas imaginer que, demain matin, on peut requalifier quelqu'un
qui est sur le chômage pour aller
travailler chez Sonder pour faire de l'algorithme d'intelligence artificielle.
Mais la chaîne peut progresser. Je pense qu'il y a... beaucoup de gens
qui, présentement, n'ont pas d'emploi, s'ils ne veulent pas retourner en
restauration, hébergement, ou hôtellerie, ou
culture — parce
que culture aussi est important, je l'ai oubliée — on peut les former pour faire d'autre
chose.
Alors,
moi, je pense, on est conscients qu'il faut que les 140 000 personnes
qui ne travaillent pas, qui travaillaient au mois de février 2020 retournent au travail le plus vite
possible, je vous l'accorde. Puis ça va se faire de par les réouvertures
des établissements fermés et par une certaine requalification.
Le Président (M. Picard) : M. le
député.
M. Leitão :
Très bien. Revenons alors, maintenant... Moi, je pense que ça va être un peu
plus difficile que ce que vous
pensez. Je ne suis pas certain que toutes ces personnes-là vont revenir si
rapidement que ça au travail. Entre autres, un des obstacles, c'est, par
exemple, comme j'avais dit tantôt : un grand nombre de ces personnes sont
des femmes et ce sont des jeunes
femmes. Et un obstacle majeur, majeur, c'est le manque de places en service de
garde, par exemple. Donc, ça, c'est
un obstacle majeur et, tant et aussi longtemps qu'on ne sera pas capable de
régler cette question-là, ça va être difficile. On assiste à un recul
important en termes de participation au marché du travail de la part des
femmes. Les femmes au Québec avaient fait un
progrès énorme au cours des 20 dernières années, et là, maintenant, on a
atteint un blocage important.
Et,
bon, on pourrait en parler longuement du marché... du manque de places en
garderie. Ce n'est pas mon dossier, ce n'est pas votre dossier, mais je pense
quand même qu'au Conseil des ministres vous devriez peut-être plaider un peu
pour une approche, disons-le, plus flexible,
hein? Parce que, les places en garderie, on peut aller les chercher dans
plusieurs secteurs, donc, si on veut
vraiment combler ça rapidement, on peut le faire. Mais ça, c'est une autre
discussion avec un autre de vos collègues.
Revenons
donc aux outils, voilà, les outils que vous avez considérés comme étant
suffisants, les outils que votre collègue le ministre des Finances vous
a accordés dans le budget. Alors, allons-y, au budget.
Bon,
à la page D.107, on parle un peu des mesures économiques, et une mesure
importante, c'est d'accroître la productivité
et stimuler l'investissement des entreprises. Très bien. On nous dit que, sur
six ans, ça arrive à 2,1 milliards de dollars. Très bien. On regarde dans les détails un peu plus, on se rend
compte que, de ces 2,1 milliards, à peu près 1,2 milliard, en fin de
compte, c'est le branchement des Québécois à l'Internet haute vitesse, ce qui
est nécessaire, absolument, mais ça, ça prend presque la moitié du montant. Donc, tout le reste, tout le reste,
en termes de mesures, il me semble que ce sont des mesures relativement
petites. Et il y en a certaines que je suis un peu curieux, et j'aimerais voir
un peu comment... qu'est-ce que vous
pouvez nous dire de plus. Comme par exemple on parle d'accélérer l'acquisition
de nouvelles technologies par les entreprises, et là, oui, il y a un
montant faramineux de 13 millions en 2021-2022. Bon, après ça, ça remonte
un peu, à 72, en 2022‑2023. Mais pourriez-vous nous dire un peu c'est quoi, ça,
au juste, accélérer l'acquisition des nouvelles technologies par les
entreprises?
• (11 h 30) •
M. Fitzgibbon :
M. le Président, votre question est assez large, alors je vais y aller étape
par étape. J'ai devant moi le tableau, là, pour être sûr qu'on parle des
mêmes choses.
Alors,
effectivement, l'Internet, je pense, à haute vitesse, je pense que c'est clair
à quoi ça va servir. Il y a un autre volet
important dans ce 2,2 milliards là, qui est le 700 millions pour
trois choses qui sont plus de nature fiscale. Évidemment, on a accordé le crédit d'impôt... on a bonifié le
crédit d'impôt en région de 10 % à 20 %... différents pourcentages,
et ça va permettre aux entreprises
d'accélérer leur amortissement, donc d'avoir des crédits d'impôt qui vont
permettre l'adoption de nouvelles
technologies, et ça, en soi, c'est 290 millions. On a aussi un congé
fiscal qu'on a reconduit pour les investissements importants qui vont
être très structurants, qui va être 116 millions. Et on a aussi, comme
vous savez, réduit le taux d'imposition des PME pour être arrimé avec celui de
l'Ontario, et ce programme-là va coûter 346 millions.
En
sus de ça, pour des projets spécifiques au MEI, bien, il y a plusieurs projets,
puis je vais les synthétiser rapidement. On a des projets, des chantiers
stratégiques et on parle de cinq chantiers importants : l'aéronautique,
l'aluminium, les sciences de la vie, l'électrification des transports et
toute la question de nos ressources naturelles, forêts et mines. On a beaucoup d'argent là-dedans pour redynamiser des projets
mobilisateurs. Je vais faire des annonces très fréquentes dans le prochain
mois, surtout pour l'aluminium et pour l'aéronautique, qui a besoin de support.
On a en plus toute la
question de la numérisation, où j'ai annoncé hier un programme de
130 milliards. Et le 130 milliards...
milliards! Excusez-moi, on n'est pas au fédéral, là, 130 millions,
130 millions pour l'offensive de transformation numérique, qui est
un programme, en fait, qui venait des crédits de la mise à jour et non pas des
crédits budgétaires, et je pense que ça va
être un programme qui va être très, très porteur pour les entreprises, les PME,
qui vont pouvoir se numériser. On a
évidemment... et Investissement Québec a son programme Productivité innovation.
Alors, je pense qu'on a plusieurs
éléments qui vont permettre de migrer plus rapidement, pour les PME, au niveau
de l'innovation. Puis l'innovation,
c'est la numérisation, mais c'est aussi toute la question de la robotisation
puis toute l'automatisation des procédés
de fabrication pour les entreprises manufacturières. Alors, moi, je pense qu'il y a beaucoup d'outils, comme je dis, dans
le coffre.
Le
Président (M. Picard) : M. le député,
il reste une minute, questions-réponses.
M. Leitão :
...je reviendrai après pour qu'on puisse poursuivre notre conversation, parce
qu'il y a là des pistes intéressantes, M. le Président.
Le
Président (M. Picard) : Parfait. Je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Gaspé pour 10 min 15 s.
Mme Perry
Mélançon : Merci, M. le Président. Bonjour, M. le ministre, chers collègues. J'aimerais
commencer... Bon, c'est un exercice
qui va être assez rapide, là, dans mon cas, je pense que j'ai à peu près neuf
minutes, M. le Président.
Le
Président (M. Picard) : Vous avez
10 min 15 s.
Mme Perry
Mélançon : 10 minutes. Je pense que le ministre sait déjà, là, mon
intérêt, mon enthousiasme pour, disons, attirer ou pour favoriser l'achat
local, et dans ça, bien, on a des projets porteurs dans les EPI qui sont
fabriqués au Québec.
Alors, sans plus tarder, étant donné que j'ai vu... Dans le budget qui a été
présenté la semaine dernière, on pouvait voir, là, en petits caractères, que le gouvernement allait s'engager à
la hauteur de 25 % d'EPI fabriqués au Québec. Moi, j'ai toujours trouvé que ce chiffre-là manquait
d'ambition, parce qu'on voit d'autres pays qui, tout en respectant les traités
internationaux, se donnent des chiffres
beaucoup plus élevés pour s'assurer que nos chaînes d'approvisionnement locales
soient toujours sécurisées et qu'on
puisse maintenir les emplois. Et, bon, on sait tous les bienfaits que ça a
aussi au point de vue
environnemental. Alors, le ministre me connaît déjà sur cet enjeu-là, je suis
assez ferme, et on proposait, au Parti québécois, d'avoir un seuil de
75 % d'achat local en termes d'EPI.
Alors,
je voudrais savoir comment on est arrivés à ce chiffre-là, 25 %, et est-ce
qu'on serait en mesure de faire plus. Est-ce qu'on peut penser que le ministre
pourrait éventuellement... peut-être qu'on se rejoigne quelque part entre les
deux, à 50 % d'EPI fabriqués au Québec?
Le
Président (M. Picard) : M. le ministre.
M. Fitzgibbon :
M. le Président, bien, écoutez, je ne suis pas en désaccord, au contraire,
qu'une plus grande autonomie d'approvisionnement est désirable. Il y a toujours
l'équilibre qu'il faut avoir. Quand je discute avec ma collègue au
Conseil du trésor, l'équilibre est vraiment
budgétaire, on ne veut pas créer d'inflation. Mais, certes, on a tous vécu une
psychose au printemps dernier, moi
inclus — si vous verriez
mon sous-ministre, encore plus que moi — en fait, sur la psychose de ne pas
avoir d'EPI, alors c'est clair que nous sommes motivés par ça.
Il
y a deux réponses à votre question. La première, il ne faut pas oublier, et je
pense que c'est important, qu'on travaille étroitement avec le fédéral. Moi, je pense que ce que nous avons fait
avec le fédéral pour Medicom, pour parler de cette compagnie-là qui fait les
masques, comme vous savez, N95 et les masques de procédure, bien, on
approvisionne d'autres provinces et
le Québec. Il y a d'autres provinces qui vont faire la même chose pour
approvisionner le Québec. Alors, moi, je pense qu'il faut regarder... c'est un
contenu... c'est un enjeu de sécurité nationale, donc je n'ai pas regardé le
fédéral, et je pense qu'on va être capables d'avoir l'approvisionnement accru
d'autres provinces canadiennes. Évidemment, j'aimerais ça qu'on les ait
toutes au Québec, ce serait mon intention, mais je pense qu'il faut être
réalistes.
Et,
quand je parle à mon équivalent, M. Champagne, on a des projets,
présentement... Par exemple, vous avez référé, d'ailleurs — je
pense que c'était vous — dans
le journal, les projets de gants de nitrile. Ça, c'est un très bon exemple, les gants de nitrile. Aujourd'hui, on peut acheter
un gant de nitrile à peu près à 0,06 $, 0,07 $ à l'international.
Combien on est prêts à payer? C'est ça, là, votre question que vous aviez dans
le journal : Combien on est prêts à payer, nous, pour que ce soit produit au Québec? Bien, je pense
qu'il y a une limite qu'il faut établir. Moi, je pense que, si on arrive dans
le bout du 25 %, 30 %,
40 %, 30 %... Je sais que j'avais été cité disant que 40 %, ce
n'était pas grave, là, mais je pense qu'il faut faire attention, parce que, quand on regarde le dollar impliqué, il
faut contrebalancer ça avec d'où vient le gant de nitrile. C'est sûr
que, si ça vient des pays comme la Chine, pour ne pas être méchant, on est plus
nerveux que si ça vient de la Grande-Bretagne ou si ça vient des pays où on a
des meilleures relations. Alors, je pense qu'on essaie d'avoir cet équilibre-là. Et c'est sûr que moi, j'aimerais ça
qu'on ait 50 %, mais de commettre à 50 % sans avoir nécessairement
toute l'information, je me dis :
On est mieux d'avoir 25 %, puis viser plus, et combiner avec le fédéral.
Alors, je pense que je suis d'accord
avec votre objectif. La question, c'est : Quelles balises nous
mettons-nous dans les prochains 12 à 18 mois? Et je veux être prudent sur le côté inflationniste...
Le
Président (M. Picard) : Mme la
députée.
Mme Perry
Mélançon : Pour renchérir, parce que
ça répond presque à ma deuxième question, bien, en fait, c'est le... jusqu'à
40 % de prime ou de surprime,
c'était votre propre citation, on avait eu un exercice semblable au salon bleu,
des crédits supplémentaires, je crois, et on
s'en était parlé, puis, les gants en nitrile, là, on était prêts à tout faire
pour les avoir au Québec, bon, de charmer ces promoteurs-là. Puis là on en a
quand même quelques-uns qui sont installés... bien, qui veulent s'installer au
Québec, qui sont déjà préqualifiés par le fédéral dans l'appel de
qualification, ils sont en appel d'offres,
puis on voit que la balle encore est un peu, là, envoyée au ministère de l'Économie,
ensuite on a le Centre d'acquisitions. Tout le monde se renvoie la
balle, on n'a pas de garantie qu'il y aura des contrats du gouvernement pour acheter ces gants de nitrile là, alors qu'on
sait que, dans certains endroits comme la Malaisie, les conditions dans
lesquelles se produisent ces gants-là sont absolument atroces, il y a
des vidéos qui le témoignent. Alors, je pense que, oui, on peut avoir beaucoup plus d'ambition et être prêts
tout en faisant attention, je suis d'accord, à payer un certain coût parce
que sinon, bien, on le paie pour
décontaminer des commandes qui arrivent, de toute façon, non conformes puis on
sait ce que ça engendre comme coûts additionnels qui ne sont même pas
budgétés par le gouvernement, donc.
Bien, sur cette même
lancée, parce que pour moi... on a beaucoup parlé de relance verte au Parti
québécois, nos attentes budgétaires étaient
très claires en cette matière, puis là on a justement une entreprise qu'on
vient nous annoncer qui a de la difficulté encore à avoir des garanties
du gouvernement. Et là on parle ici de l'entreprise Go Zéro, qui serait la seule à pouvoir faire le recyclage des masques
dans les écoles notamment, donc la seule à offrir cette solution-là de
recycler. Mais il y a toute une
problématique concernant la collecte, et là on voit que le gouvernement, encore
une fois, se renvoie la balle, et on
n'arrive pas à avoir un appui concret à cette entreprise-là. Donc, peut-être
que le ministre pourrait, encore une fois, nous préciser ses intentions,
parce qu'il n'y a personne qui les comprend, présentement.
Le
Président (M. Picard) : M. le
ministre.
• (11 h 40) •
M. Fitzgibbon : Merci. Bien, peut-être juste une correction
pour les masques... les gants de nitrile, c'est important, je pense. Le processus, présentement, qui est
suivi par le gouvernement fédéral, c'est qu'ils ont qualifié cinq entreprises, deux au Québec, trois à l'extérieur, ils vont prendre une
décision rapide sur lesquelles ils veulent favoriser. On espère que ça va être une compagnie québécoise
parce que le gouvernement fédéral va donner des contrats, et le MSSS, le ministère de la Santé, est aussi à l'écoute. Alors, on travaille,
justement, mon collègue sous-ministre et ses acolytes ici, on est à travailler avec les deux sociétés qualifiées, mais
il faut attendre un peu le fédéral, puis, encore une fois, je pense, c'est un
programme national.
Maintenant,
pour votre question, je n'ai pas les renseignements spécifiques sur la
compagnie que vous référez. Je connais
la compagnie. Par contre, je peux vous dire qu'on travaille avec les... je
vais aller en amont, on travaille avec les producteurs de masques, on parle de Medicom, pour regarder, justement...
peut-on produire des masques qui sont biodégradables? C'est encore mieux
que les recycler, et nous sommes à travailler sur ça.
Et
nous avons toujours dit que l'environnement était pour nourrir
l'économie. Alors, je présume, et je ne veux pas assumer rien, que le projet de la société à laquelle vous référer doit
être en étude présentement, probablement chez Investissement Québec. On peut
faire des recherches, là, je n'ai pas l'information avec moi, mais il n'y a
aucun projet environnemental
qui n'est pas regardé. Maintenant, on n'accepte pas tous les projets parce que
des fois ils ne sont pas qualifiables selon
nos normes. Et j'ai pris une note tantôt, je vais faire le suivi sur ce projet
spécifique là, mais je n'ai pas les renseignements précis.
Le
Président (M. Picard) : Mme la
députée.
Mme Perry
Mélançon : Bien, je prends acte des propos du ministre, qu'il va faire
le suivi adéquat, parce que je pense qu'il faut que quelqu'un prenne le
leadership, là. On ne parle pas de n'importe quel projet, on parle d'un projet qui pourrait... jusqu'à 50 millions de masques qui seraient récupérés par jour, alors que, là, ils en font quelques
milliers. Donc, je pense que, oui, il
faut entreprendre ce virage vert là. Il y a des occasions, des opportunités
d'affaires à saisir pour, justement, relancer
l'économie et, en même temps, verdir cette économie-là. Là, on a un exemple
concret qu'on pourrait en faire beaucoup
plus. Alors, je prends acte des propos du ministre.
On
a appris aussi récemment... LeJournal de Montréal a mis
en lumière, bon, la propension du ministre
de l'Économie pour la grande entreprise. Il y a eu plusieurs
bénéficiaires de ces investissements-là du ministre, dont certains que c'est
franchement discutable. C'est le cas de AppDirect, une entreprise qui est bien
nantie, qui viendra augmenter la pénurie, possiblement, de travailleurs dans le secteur des technologies de l'information
parce qu'on en aura besoin massivement. Il y a même Flying Whales aussi
qui a été un échec total.
Parmi
les 1,4 milliard de dollars qui auront été versés en aide, 2020‑2021,
j'aimerais savoir combien sont allés à des PME en contrebalance.
Le
Président (M. Picard) : M. le ministre.
M. Fitzgibbon :
M. le Président, j'aimerais juste... Je vais vous envoyer un vidéo après la
session... Vous parlez de Flying
Whales, qui est un... beaucoup d'intérêts étrangers, et, je pense, c'est un
projet qui va être, en fait, un très bon projet, contrairement à ce que
vous évoquez.
Deuxièmement, écoutez, je suis heureux
que vous me posiez la question, parce que j'ai demandé à mon collègue de sortir l'information, que je vais publier
bientôt. En fait, le gouvernement présent est le gouvernement des PME. Si je
regarde, depuis... là, je parle du FDE, là,
le ministère ici, là, depuis cinq ans, on a investi, on a supporté, en 2020‑2021,
à la hauteur de 1,3 milliard,
66 %... excusez, 1 300 entreprises, 66 % pour des entreprises de
moins que 50 employés. Quand je regarde
en termes d'investissements en dollars, on a supporté 2,3 milliards,
2,3 milliards, dont 46 % vient... des entreprises en bas de 50 employés.
Donc, nous sommes de loin le gouvernement qui...
Mme Perry
Mélançon : ...toutes formes de prêts et de subventions confondues.
M. Fitzgibbon :
On parle des deux, les deux ensemble. Nous avons...
Mme Perry
Mélançon : O.K. Et, en subventions directes, est-ce qu'on a les
chiffres?
M. Fitzgibbon :
...46 % des interventions du gouvernement dans des PME, moi, je pense, ça
ne s'est jamais vu dans l'histoire du Québec récent.
Le Président (M. Picard) : ...le
temps...
Mme Perry
Mélançon : ...est écoulé?
Le Président (M. Picard) : ...est écoulé.
Mme Perry
Mélançon : Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Picard) : Donc, je
reviens à M. le député de Robert-Baldwin. Il y avait une entente, là, à moins
que ça ait changé.
M. Leitão :
Comme vous voulez, là...
Le Président (M. Picard) :
Madame... Allez-y, Mme la cheffe...
Mme Massé :
Excusez. «Salon bleu» égale «on se lève».
Le
Président (M. Picard) : C'est ça...
Mme Massé :
On peut enlever notre masque, alors.
Le
Président (M. Picard) : ...Mme la députée.
Mme Massé : Merci. Bonjour, tout le monde.
Bonjour, M. le ministre. Heureuse de faire ces quelques moments avec
vous pour discuter de quelques dossiers qui nous préoccupent.
Je commencerais par un des dossiers que vous avez, d'entrée
de jeu, valorisé dès votre arrivée, qui est la question de la filière du lithium, des minéraux rares et,
en fait, je dirais, la façon historique et très peu écologique d'exploiter ces minéraux-là, puisqu'ils ne tiennent pas compte des
impératifs de la nécessaire lutte aux changements climatiques, c'est-à-dire
un changement de cap dans la façon de faire
de l'économie. Mais, ceci étant dit, je ne pense pas être capable de vous
convaincre que vous devez changer vos façons de faire en matière
d'exploitation minière.
Mais, ceci étant dit, au niveau des crédits supplémentaires,
je ne suis pas certaine si j'ai vu dans votre... si j'ai bien bien compris ou
non, dans ce que vous avez mis de l'avant, si... j'appellerais ça la filière,
donc, mais surtout peut-être la dimension
sur laquelle on pourrait se rejoindre plus facilement, qui est celle du
recyclage, s'il y a des choses que vous avez prévues à cet effet-là,
j'aimerais ça comprendre.
Le Président (M. Picard) : M. le ministre.
M. Fitzgibbon : M. le
Président, écoutez,
vous avez raison, premièrement, la filière batteries, rapidement,
il y a trois volets. Il y a le volet du minerai à la batterie, qui est un
secteur excessivement porteur pour le Québec, qui va s'insérer très bien dans le Plan vert,
en passant, du côté de l'électrification des transports, le deuxième, c'est le recyclage des batteries puis le
troisième, c'est la production de véhicules électriques.
Donc,
si on revient au recyclage, il y a deux choses qui sont présentement en cours
d'exécution. Disons, premièrement, la
compagnie Lithion de Montréal, qui fait un travail extraordinaire, où on
recycle pratiquement 90 % des
composantes d'une batterie. On va suivre
cette société-là. On est très près d'eux. On va continuer à
progresser avec eux parce que je pense qu'ils vont être un élément important
pour attirer des investisseurs qui vont vouloir développer la filière batteries
parce que la première partie de l'équation va requérir beaucoup de milliards.
Or, toutes les compagnies dans le monde sont
toutes conscientes que, si on produit des batteries, ce serait le fun de
pouvoir les recycler pas trop loin du site. Alors, on met beaucoup
d'importance sur ça, et vous allez voir des investissements accrus qui vont se
faire.
Deuxièmement,
à Shawinigan, avec le CCTT, on avait un programme que j'avais annoncé il y a à
peu près un an, un an et demi, j'oublie le montant, mais on est en train de
former, au niveau collégial, des jeunes qui vont pouvoir travailler sur le recyclage et le storage parce qu'on
s'entend que, quand on parle de recycler les batteries, là, c'est quand une
batterie d'un véhicule va être
désuète, elle va servir aussi peut-être à du storage ou tout ça. Alors, toute
la chaîne n'est pas dans le budget comme tel parce que chez
Investissement Québec, on a des fonds qui sont disponibles pour aider les
entreprises.
Mme Massé :
Donc, si je comprends, donc, c'est à travers Investissement Québec que les
investissements accrus pour cette filière-là vont se retrouver.
M. Fitzgibbon :
En partie, mais il ne faut pas oublier non plus que nous avons aussi des
budgets assez importants sur la relance économique dans des chantiers
stratégiques. Un des chantiers, c'est l'électrification des transports,
donc on a des crédits disponibles, des appels
à projets, donc de la subvention plus directe. Investissement Québec, c'est
plus des prêts. Donc, il pourrait y avoir des projets qui seraient
qualifiés dans les projets mobilisateurs de la relance de l'économie parce que je suis d'accord avec vous à 100 %
que le recyclage des batteries devient une partie très importante pour le
Québec.
Mme Massé :
Bien, peut-être que je me permettrais un commentaire, M. le Président,
c'est que c'est... le ministre est un
être avisé et reconnu par son premier ministre pour avoir le flair pour les
bonnes affaires, bien, je vous suggère de peut-être discuter avec votre collègue responsable des mines parce que,
si on continue à exploiter de la façon dont on le fait les mines du Québec,
c'est-à-dire sans égard à la nécessaire réduction, sans égard à la nécessaire redistribution
de la richesse, y compris pour les minières,
redistribuer la richesse là où elle a été extraite, je pense qu'on va se
retrouver dans quelques années et on
ne sera pas... nos enfants ne seront pas heureux et heureuses de ce qui se
passe pour la suite des choses en matière d'extraction.
Et d'ailleurs
il y a un groupe extraordinaire de citoyens et citoyennes, de gens de
l'industrie qui se posent sérieusement des
questions sur comment le Québec va développer un nouveau contrat social en
matière d'extraction pour être capable de répondre aux impératifs. Et je pense qu'en tant que responsable de
distribuer l'argent des Québécois et Québécoises vous aurez avantage à peut-être en discuter avec votre collègue.
Là, je le pointe, il n'est pas là, à cette commission-là, mais, bref, on
se comprend.
L'autre
élément, c'est sûr que, quand je vois dans les fonds... qui est aussi un fonds,
à ma connaissance, géré par Investissement
Québec — vous
saurez me le confirmer ou me l'infirmer — où le gouvernement du Québec investit
encore, dans le
fonds des hydrocarbures, plusieurs dizaines... je pense que c'est même un fonds
de 200 millions de dollars, alors qu'on
a donné 4 millions pour les maisons d'hébergement dans le dernier budget,
là... Comment est-ce que vous entendez faire mourir ce fonds-là? Je le
nomme drette comme ça, parce que, dans les faits, investir dans les
hydrocarbures, qu'ils soient gaziers ou
pétroliers, c'est d'aller à l'encontre du défi de l'humanité actuel,
c'est-à-dire diminuer les gaz à effet de serre. Alors, est-ce que vous entendez donner une orientation au fonds
des hydrocarbures pour que ce fonds-là disparaisse? Parce que le
portefeuille des Québécois et Québécoises ne doit pas soutenir ce genre de
fonds là.
Le
Président (M. Picard) : M. le ministre.
• (11 h 50) •
M. Fitzgibbon :
M. le Président, à ma connaissance, depuis l'arrivée en poste du gouvernement,
je ne pense pas qu'il y a eu un
investissement fait par Investissement Québec ou un de ses fonds en
hydrocarbures. On va vérifier, mais, à ma connaissance, il n'y en a pas
eu.
Maintenant,
est-ce qu'il y a des investissements résiduels de l'époque? Fort probablement,
je pense à un présentement. Alors, la
question, c'est : Est-ce que ce fonds-là hydrocarbures purs va...
pétroliers devrait demeurer? Je pense que c'est une question pas mal de laisser s'éteindre ces investissements-là. Je ne
sais pas s'ils sont en processus d'être vendus ou non, mais je peux vous confirmer qu'aujourd'hui, dans
nos politiques, il n'est pas question qu'on investisse en hydrocarbures
pétroliers, c'est clair.
Je vais vérifier pour
voir s'il y a eu des investissements, mais, à ma connaissance, il n'y en a pas
eu. Mon sous‑ministre me dit non.
Le
Président (M. Picard) : Mme la députée.
Mme Massé :
Donc, est-ce que je comprends que j'ai une forme d'engagement de votre part ici
même aujourd'hui comme quoi le
gouvernement du Québec, sous votre gouverne, Investissement Québec ne mettra
plus une cent en gazier et pétrolier
à travers ce fonds-là? Parce que je sais que vous en mettez ailleurs, ça fait
que je ne vous demande même pas pour l'ailleurs, mais au moins pour ce
fonds-là.
M. Fitzgibbon :
Je vous confirme pour le côté pétrolier.
Mme Massé :
Merci. Ah non! Encore?
Le
Président (M. Picard) : Oui, oui, ce n'est pas terminé, il
vous reste cinq minutes.
M. Fitzgibbon :
Vous avez un bonus.
Mme Massé :
Ah mon Dieu! Je sors d'une commission parlementaire, hein, je suis habituée aux
trois minutes.
Allons
dans un autre angle, M. le ministre. Donc, puisque vous venez de me dire qu'il
n'y aurait pas, à travers le fonds, de
nouvel argent... Ça, en fait, là, ce que vous me dites, c'est que vous allez
respecter les engagements qui ont été faits sous le gouvernement libéral
pour le projet en Gaspésie. Est-ce que c'est ça?
M. Fitzgibbon :
En fait, écoutez, je n'ai pas le détail des engagements qui avaient été pris.
Je peux vous dire qu'il n'y a pas eu
d'investissement de fait. Gaspésie ou Anticosti? Gaspésie, oui, Gaspésie, on
n'a pas investi depuis 2018. Ça, je peux vous confirmer ça.
Mme Massé :
O.K. En fait, je vous suggérerais de considérer s'y retirer, puisque le pétrole
n'est pas une économie de l'avenir, et on aura la chance de s'en
reparler, j'en suis certaine.
Vous avez fait état
du Plan vert. Une des choses qui nous a frappés dans le dernier budget — bien,
ce n'est pas de votre ressort, j'en
suis — c'est,
bien, de découvrir que le 6 milliards qui était prévu pour le Fonds vert,
en fait, n'a pas été bonifié, il a
juste été inscrit au budget. Mais, ceci étant dit, on sait fort pertinemment
qu'à travers votre ministère, le ministère... MIE... MEI, pardon, il y a
plusieurs fonds qui peuvent aider le Québec à prendre le virage nécessaire.
Ceci étant dit, juste
pour l'Association québécoise de la production d'énergie renouvelable, on
parlait d'une nécessité pour faire la
transition énergétique, je ne dis pas toutes les transitions, là, mais
énergétique, on parlait d'un besoin de
10 à 13 milliards dans l'économie du Québec. Est-ce que vous êtes
conscient? Et quels sont les types de soutien dont ces entreprises — qui ne sont pas des fausses solutions, parce
qu'on sait que ça existe, ça — peuvent... Est-ce que vous avez des
directives au sein de votre ministère pour soutenir ce genre de transition là?
Le
Président (M. Picard) : M. le ministre.
M. Fitzgibbon :
M. le Président, écoutez, la réponse, c'est oui, parce que j'ai toujours dit
que l'environnement nourrissait l'économie,
puis ce n'est pas juste des paroles. Je regarde les gestes qui sont posés par
Investissement Québec sous notre gouverne, que ce soit l'électrification
des transports, que ce soit le recyclage, on fait beaucoup de travail présentement pour recycler les matières, on va les
collecter aussi comme il faut, on va les trier comme il faut. Il y a des
projets innovateurs aussi qu'on a lancés. Alors, moi, je pense qu'on est au
rendez-vous.
Et il faut
faire attention, il n'y a pas de limite au niveau des assistances pour les
entreprises, il n'y a pas de budget pour
ça, Investissement Québec a des fonds. Et le premier ministre l'a toujours dit
clairement, tant qu'il va y avoir des projets qui vont être économiquement viables, et
aujourd'hui je pense que
l'environnement crée de la richesse économique, et, quand on le regarde
de cette façon-là, bien, techniquement, il n'y a pas de limite, on va investir
où on peut le faire.
La
filière de batteries, vous et moi, d'ailleurs, on avait eu un courriel, je me rappelle, voilà
un an, vous m'avez dit : On
devrait peut-être faire 100 %
d'un projet de lithium, j'avais dit : Bon, peut-être c'est trop risqué.
Bien, on avait le débat, qui est un
bon débat. On parle de milliards, là, on parle de milliards dans la filière de
l'électrification des transports. Je pense
que le gouvernement... je n'ai pas un budget pour ça. Moi, je pense... j'aime
beaucoup avoir des étrangers, des gens... des étrangers... des gens qui vont
nous aider au gouvernement. Le gouvernement ne peut pas être tout seul dans un
projet. S'il faut mettre
3 milliards, on va mettre 3 milliards, puis, si on peut en mettre
deux, on va en mettre deux. Alors, moi, je pense qu'il faut le voir de façon
suivante, c'est que quand un projet qui veut adresser la lutte aux changements
climatiques, réduction des GES, ça devient économique, on va le faire.
D'ailleurs, Investissement
Québec, vous avez vu, a annoncé le projet Compétivert. Compétivert, c'est un
projet modeste, 375 millions, mais néanmoins on veut encourager nos
entreprises, nos PME, à faire le cheminement, comme j'ai annoncé hier pour transformation numérique, cheminement pour voir
quels sont les projets qu'ils peuvent faire pour réduire les GES, et ce
projet-là va, j'espère, grossir.
Alors,
je pense que les fonds disponibles pour aider les entreprises, quand ils sont
plutôt limités, là, il y a un certain contrôle,
là, mais ce n'est pas dans les crédits budgétaires, ça fait qu'on les fait.
Puis Investissement Québec, M. Leblanc entre autres, donne beaucoup
d'importance à ces investissements.
Le
Président (M. Picard) : Il reste une minute, questions-réponses.
Une minute.
Mme Massé : Pourquoi, dans ce cas-là, on n'aide pas les
entreprises qui veulent recycler ces masques-là qui sont extrêmement
polluants dans la société, actuellement?
M. Fitzgibbon : ...la collègue, tantôt, que je ne suis pas au courant du projet
spécifique. Il faut comprendre que, quand
les projets arrivent chez Investissement
Québec ou MEI, là, qu'on a les deux,
tu sais, on en refuse un sur deux, là, il
y a des projets qui ne sont pas qualifiables. Mais il n'y a pas de directive de
ne pas recycler les masques, au contraire. Moi, je pense même qu'il faut aller plus loin que ça, il faut avoir des
matières différentes parce que la substance utilisée, là, le bleu, là, ce n'est pas tellement propre, ça.
Alors, on essaie de trouver des façons, avec Medicom, de trouver une substance
différente, il y a un projet de recherche et
développement. Alors, on est pour le recyclage. Le cas précis que vous
mentionnez, je n'ai pas le détail, mais on va le... je vais faire un suivi,
j'ai pris une note tantôt.
Le
Président (M. Picard) : C'est beau?
Mme Massé :
Oui. Merci, Carlos.
Le Président (M. Picard) : Merci. Je cède maintenant la parole à M. le député de Robert-Baldwin, 16 min 45 s.
M. Leitão : Merci, M.
le Président. Alors, nous revoilà, M. le ministre. Trois choses. Je vais essayer de résumer un peu mes propos. D'abord, j'avais mentionné que
ce serait utile d'améliorer la conditionnalité des programmes gouvernementaux pour inclure des mesures de
soutien aux personnes en chômage, chômage longue durée. Deuxièmement, on a
parlé de l'aide gouvernementale, de l'aide aux PME. La députée de
Gaspé avait posé la question. Moi, je
pense qu'en période d'urgence,
oui, en effet, il y a
eu beaucoup, beaucoup d'argent qui a été dirigé vers les PME, une
grande composante de cela en prêts, une
autre en aide directe. Et je vois que, dans le budget, il y a
150 millions de plus pour le programme... j'oublie toujours... des sigles, en tout cas... le Programme
d'aide d'urgence, voilà, 150 millions de plus pour cette année.
Mais
ce que je constate, M. le ministre, et c'est là où j'aimerais qu'on discute un petit
peu, c'est que le gros morceau, la
grande composante de l'intervention de votre ministère, du ministère de l'Économie et de l'Innovation, va se faire par Investissement Québec et
par le Fonds de développement économique. En fin de compte, les crédits du ministère,
bon, il y a quelques programmes, mais c'est relativement mineur, sans vouloir blesser personne, mais, bon, 1 million pour mettre en place le Conseil de l'innovation. O.K., mais...
Donc, le gros morceau de l'action en économie passe par Investissement
Québec et le Fonds de développement économique, très bien.
Ah!
juste une petite précision suite à la question de la collègue, de la cheffe du
deuxième groupe d'opposition, je peux confirmer, M. le ministre, et vous
le savez très bien, mais je veux quand même que ce soit dit, les programmes sur
l'île d'Anticosti ont été annulés complètement il y a déjà quelques années par
le gouvernement précédent. Donc, c'est fini, là, Anticosti, il n'y a plus
d'exploration, il n'y aura pas d'exploitation, ça avait été fait.
O.K., bon, revenons à
nos oignons. Donc, l'intervention d'Investissement Québec, vous avez lancé plusieurs
programmes, plusieurs initiatives, des
appels de projets. Donc, ma question est assez simple : Pourquoi une
entreprise viendrait vous voir, vous
voir, pas vous personnellement, mais voir Investissement Québec pour du
soutien? Ça veut dire c'est quoi, le
rôle? Ça veut dire si moi, j'ai une entreprise, j'ai une idée pour un projet
d'investissement, création d'emplois, tout ça, si l'idée est vraiment bonne, je vais allez voir mon banquier, par
exemple. Pourquoi est-ce que j'irais vous voir, à vous? C'est quoi, la différence entre Investissement
Québec et l'écosystème de capital de risque qui existe quand même au Québec?
• (12 heures) •
Le
Président (M. Picard) : M. le ministre.
M. Fitzgibbon : M. le
Président, je vais essayer de
répondre à la question que je ne suis pas sûr de savoir comment la prendre, là. En passant, félicitation pour
Anticosti. Mais, pour le ministère de
l'Économie, juste... j'ai la feuille
devant moi, parce que,
comme vous savez très bien, vous étiez au ministère des Finances avant,
le budget que nous avons cette année
au MEI est composé des programmes antérieurs qui continuent, est composé de la mise à jour économique du mois de
novembre 2020, qui était costaude, et qui est composé des ajouts
budgétaires qu'on a eus la semaine dernière. Si j'inclus à ça les fonds de recherche scientifique qui sont sous le MEI,
le programme Essor, on est à 2,1 milliards, juste le MEI, de crédits pour
l'année prochaine. Alors, je pense que c'est un budget inégalé dans l'histoire
récente du Québec. Alors, moi, je
suis très à l'aise de dire publiquement que la batterie MEI est pleinement
chargée et va pouvoir faire un long millage ou kilométrage dans le
futur.
Maintenant,
la question que vous posez, c'est : C'est quoi, le rôle... Comment
Investissement Québec s'insère dans l'écosystème du capital au Québec?
C'est ça qu'est votre question. Et moi, j'ai toujours dit que, si les
entreprises vont d'elles-mêmes faire leurs
investissements sans venir voir le gouvernement... Investissement Québec, tant
mieux, parce qu'on ne veut pas se
substituer au privé. J'ai toujours dit qu'Investissement Québec devait être
plus agressive, et on devrait la carence
dans la chaîne des capitaux, ce que nous avons fait avec la création de fonds,
ce que nous avons fait avec le programme Compétivert, ce que nous avons fait avec le programme Productivité
innovation. Donc, Investissement Québec, c'est la chaîne des capitaux
qu'on va combler s'il y a des carences.
Le
MEI, par contre, c'est des programmes stratégiques qui sont reliés, par
exemple, à l'aluminium, qui sont reliés à l'aéronautique, où là il faut avoir une réflexion plus stratégique,
voir quels sont les chantiers, surtout dans le contexte de relance, où on va mettre de l'argent pour des
projets mobilisateurs pour que l'écosystème travaille ensemble. Alors, je pense
que la relation, en fait, entre MEI et IQ n'a jamais été aussi serrée et bonne.
Maintenant,
il n'y a aucun doute qu'Investissement Québec ne doit pas compétitionner contre
le privé. Le jour où on arrivera à
ça, il y aura un échec. Alors, c'est sûr qu'on va... je m'assure tout le temps
avec mes collaborateurs ici qu'on est en complémentarité du privé. Pour
moi, c'est très important.
Le
Président (M. Picard) : M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão :
Très bien. Merci, M. le Président. O.K. Donc, on comprend bien, Investissement
Québec n'est pas en compétition directe avec le secteur privé, très
bien. Mais, en même temps, sous votre gouverne, Investissement Québec et le MEI
deviennent beaucoup plus interventionnistes qu'auparavant. Et donc,
nécessairement, moi, je pense qu'il va y
avoir des... pas des conflits, mais il va y avoir des endroits où il pourrait y
avoir une concurrence, Investissement
Québec, avec le secteur privé. Comment est-ce qu'on va faire ces
arbitrages-là?
M. Fitzgibbon :
Je vais vous donner un exemple qui me vient en tête, je vous en ai déjà parlé,
le cas de Lion, Lion Électrique. Lion
Électrique, on a fait un prêt pardon, là, je pense que c'est 50 millions de prêt, 15 millions de pardon, si j'ai bonne mémoire. L'intervention d'Investissement
Québec dans le contexte stratégique
de Lion a permis, d'une part, d'avoir
l'usine qui va être construite au Québec et, au même moment, permettre à d'autres
financiers québécois de participer à la ronde de financement. Donc, je pense, dans ce cas-là, nous avons
activé une filière qui, peut-être, n'aurait pas été active.
Et,
deuxièmement, il est clair que, quand... et c'est une position
qu'on prend chez... du côté d'Investissement
Québec et qu'on prend au MEI pour les fonds FDE. Si le privé est là... En
fait, ce qu'on regarde tout le temps, c'est que notre taux de participation dans des projets excède rarement 25 %. On va aller plus que ça dans les cas plus stratégiques. Alors,
25 %, ça prend le privé. Et je peux vous confirmer aujourd'hui que, si le
privé a un appétit plus grand que le 75 % dans mon exemple, on va laisser le privé passer. Il n'y a pas de besoin.
L'évaluation que nous faisons au Québec, pour moi, c'est l'IPNR, c'est l'investissement privé non résidentiel, peu
importe la source de financement, parce que, si on peut combler l'écart avec
l'Ontario, tant mieux si c'est fait sans
Investissement Québec, mais je pense qu'il faut jouer un certain rôle à
certains endroits.
Le
Président (M. Picard) : M. le député.
M. Leitão :
Bien, je comprends. M. le ministre, mais ça ouvre la porte à une situation où
le gouvernement, par Investissement Québec et le MEI, dévient un organisme qui
va sélectionner les gagnants et les perdants. Et, quand un gouvernement, qui
qu'il soit, se lance dans cette zone-là, il y a toutes sortes de problèmes
potentiels qui peuvent surgir.
Mais, bon, là où
j'aimerais aller, parce qu'on a parlé d'investissements, d'investissements non
résidentiels, de croissance économique, je vais vous amener... Combien de
temps, M. le Président?
Le
Président (M. Picard) : Il reste
7 min 30 s.
M. Leitão :
Ah! ce ne sera pas assez, mais, bon, on va faire avec. Je vais vous amener au
graphique du budget que moi, je trouve le
plus fantastique, M. le
Président, à la page G.11. Je ne
sais pas si M. Parent pourrait vous montrer ce graphique-là à la page G.11. En fin de
compte, c'est un graphique très, très simple. Et c'est là où je reviens au
budget de l'année dernière, le budget de l'année dernière qui a une très
grande valeur pédagogique, M. le Président, parce que le budget
de l'année dernière avait tracé une trajectoire pour l'économie du Québec prépandémique. Donc, selon la meilleure opinion du ministère des
Finances, voilà où est-ce qu'on s'en allait en mars 2020, prépandémie. Là, le
choc arrive.
Et, à la
page G.11, ce graphique est très intéressant parce qu'il compare, il
compare la trajectoire de l'économie québécoise aujourd'hui, donc pour les prochains quatre, cinq ans, avec
la trajectoire qui avait été prévue il
y a un an. Et on voit qu'il y a
toujours un écart, j'avais parlé de ça tantôt avec l'emploi. Évidemment, c'est
la même chose pour le PIB. Donc, il y a un écart, un écart d'à peu près
1,3 % de PIB. Et on ne revient pas. Donc, selon les meilleures projections
du ministère des Finances, on ne revient
pas, dans un avenir raisonnable, à rejoindre la trajectoire d'avant ou même à
la dépasser. Donc, on est toujours avec cet écart-là.
Moi,
il me semble que, si j'étais le ministre de l'Économie, moi, je ne serais pas
très content des prévisions de mon collègue
des Finances, parce que, d'une certaine façon, ça démontre un peu je ne dirais
pas l'échec, mais le fait que l'action du ministère, en fin de compte, ne porte
pas les fruits escomptés. Ça veut dire l'investissement privé, en fin de
compte, n'augmente pas tellement que
ça puisque l'écart demeure toujours là, on n'arrive pas à fermer cet écart-là.
Comment est-ce que vous voyez ça, M. le ministre?
Le Président (M. Picard) :
M. le ministre.
M. Fitzgibbon :
Écoutez, M. le Président, ce sont des projections, évidemment. Quand je regarde
les différentes composantes du budget, je suis allé décortiquer, les
exportations, je suis allé décortiquer les IPNR. Écoutez, ce sont des économistes qui font des analyses, Monte-Carlo,
machin quelconque. Alors, je peux vous assurer que l'ambition des gens
sur le terrain est autre.
Et je pense que notre ministre des Finances est
une personne qui est conservatrice, une personne qui est rigoureuse et a pris
les... ses économistes qui travaillent avec lui, l'INSSQ, je pense... Et moi,
je suis à l'aise avec les projections, c'est conforme à une mécanique, mais
c'est sûr qu'au niveau spécifique de nos entreprises québécoises j'espère qu'on va battre ces projections-là et
j'espère que le PIB va croître de façon plus importante. J'espère que les IPNR,
l'investissement privé non résidentiel, vont
rattraper l'écart qu'on a avec l'Ontario, qui dure depuis 10 ans. J'espère
qu'on va pouvoir monter le salaire moyen des Québécois à un niveau équivalent à
l'Ontario. Alors, si on réussit à faire ça, bien, les chiffres, on va les battre, mais vous savez
très bien comme moi qu'il y a la macroéconomie et il y a la réalité sur le
terrain. On fait du mieux qu'on peut pour battre tous les indicateurs
qu'on nous remet.
M. Leitão :
Je vous dirais, M. le ministre, que la macroéconomie reflète... du mieux qu'on
peut, doit refléter la réalité sur le
terrain, sinon il faudrait que les économistes
revoient leur modèle. Mais, en fin de compte, c'est ça parce que... Et
encore une fois, quand on regarde les projections détaillées dans le budget, on
se rend compte que la croissance économique
en 2021 et en 2022, bon, ils n'ont pas publié les autres années, mais je pense
que c'est à peu près la même chose, ce
qui alimente vraiment la croissance économique au Québec, ce sont les dépenses
des ménages, c'est la consommation, c'est
l'investissement résidentiel. C'est ça qui pousse l'économie québécoise vers le
haut. Les dépenses d'investissement, donc
l'investissement privé non résidentiel, il est positif, oui, mais ça ne
contribue pas beaucoup à la croissance économique. Par exemple, en 2022,
2022, on s'attend à une croissance du PIB de 4 %, et la contribution
d'investissement privé est seulement de 0,4 %. C'est toujours la
consommation et le résidentiel qui sont les plus grandes composantes.
• (12 h 10) •
Donc, ce que j'entrevois, et vous l'avez un peu
confirmé, que vous souhaitez aller au-delà de ça, donc que vous souhaitez battre ces prévisions, si je peux ainsi
dire, c'est parce que, pour faire ça, et je suis sûr que vous allez essayer,
mais, pour faire ça, vous allez
probablement prendre des risques qui ne sont peut-être pas... qu'un État, qu'un
gouvernement ne devrait pas prendre.
Et c'est là où je reviens à ma question originale du rôle d'Investissement
Québec. Moi, je pense qu'il y a un
très grand risque qu'Investissement Québec prenne des risques démesurés pour
pouvoir justement battre la trajectoire de base ou pour faire mieux, plutôt, que la trajectoire de base de
l'économie québécoise. Et, pour moi, ça, c'est un risque très important.
Comment est-ce que vous allez faire pour gérer ce risque-là?
Le Président (M. Picard) :
M. le ministre.
M. Fitzgibbon :
M. le Président, bien, premièrement, je pense que... Moi, ce qui me rend très
confortable aujourd'hui, c'est la
confiance des consommateurs. La confiance des entreprises québécoises est très
forte. On a vu la résilience des entreprises
du Québec. J'ai ici, en cette Chambre, mentionné la réduction importante des
fermetures d'entreprise en 2020 par
rapport à 2018‑2019. J'ai été aussi surpris de voir que l'endettement net des
entreprises est inférieur à ce qu'il était à la fin de 2019. Donc, on a
un écosystème, on a un environnement qui est très porteur.
Maintenant,
pour la question de la gestion du risque, qui est une question très pertinente,
je pense que, par exemple, le
lancement du programme SPRINT, des prêts pardon, est exactement ce qu'on veut
faire, c'est qu'on veut gérer le risque. Comment? La partie subventionnaire de toutes nos interventions va se
faire a posteriori. Ça veut dire quoi? Bien, quand on dit à Lion :
Vous allez avoir droit à une subvention de 15 millions de dollars... Parce
que les subventions, on ne les a pas
inventées, elles existaient avant. Le gouvernement précédent, vous en avez
donné beaucoup de subventions. C'est correct, ça fait partie de l'écosystème. Maintenant, les subventions vont être
basées sur la réalité qui va avoir eu lieu. Donc, dans le cas de Lion, par exemple, je reprends toujours cet
exemple-là, s'ils ne créent pas les emplois qu'ils nous avaient fait état,
bien, la subvention va être moindre.
Alors, je pense que moi, je suis excessivement à
l'aise avec le design du programme de prêts pardon. Après, évidemment, la
partie qui est remboursable, il faut s'assurer que le risque de crédit soit
évalué. Alors, de toute évidence, il faut avoir des bonnes ressources pour le
faire, et je suis confiant, avec les ressources additionnelles
qu'Investissement Québec a embauchées, qui
sont massives, en passant, qu'on a maintenant une équipe qui travaille très
rigoureusement. Mais, dans toute
institution financière, plus on prête, plus il y a des risques. Alors, c'est
clair qu'il va falloir bien jauger le retour économique et les risques.
Le Président (M. Picard) :
Il ne reste plus de temps, M. le député.
M. Leitão : 10 secondes?
Le
Président (M. Picard) : Malheureusement, non.
M. Leitão : Bon, très bien.
Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Picard) :
La commission plénière ayant terminé cet échange, je remercie les personnes qui
y ont participé. Conformément à
l'ordre adopté le 25 mars 2021, la commission met fin à ses travaux
pour l'instant. Pour permettre à l'Assemblée de poursuivre sa séance, je prie
toutes les personnes qui doivent se retirer de le faire immédiatement.
Je suspends donc les travaux pour quelques
instants.
(Suspension de la séance à 12 h 14)
(Reprise à 12 h 16)
Le
Vice-Président (M. Picard) : Nous reprenons nos travaux. Mme la
députée d'Abitibi-Ouest.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) (
présidente de la commission plénière)
: M. le Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que la commission plénière
a étudié les crédits provisoires pour l'année 2021‑2022 et qu'elle n'a pas
fini de délibérer. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée.
Conformément à l'ordre adopté le 25 mars 2021 et afin
de poursuivre, cet après-midi, la tenue des affaires courantes, les travaux sont suspendus jusqu'à 13 h 40.
(Suspension de
la séance à 12 h 17)
(Reprise à 13 h 41)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Bonjour. Vous pouvez vous asseoir. Bon mardi.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous débutons
nos travaux aux affaires courantes, à la rubrique de déclarations de députés.
Et je cède immédiatement la parole à M. le député de Saint-Jean.
Souligner l'inauguration de la
clinique mobile
de pédiatrie sociale Le Vaisseau
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Le
Haut-Richelieu vient de lancer et d'inaugurer Le Vaisseau. Ce n'est pas un navire, qui ne voguera donc pas
sur notre majestueux Richelieu, parce que c'est un autobus scolaire. Maintenant
que je vous ai bien mélangés, je vais vous
expliquer pourquoi je vous en parle en cette Chambre, Mme la Présidente, et
pourquoi j'en suis tellement fier.
C'est que Le Vaisseau, c'est une clinique
mobile de pédiatrie sociale. Il faut que je vous dise que L'Étoile, que j'affectionne particulièrement, est la clinique de
pédiatrie sociale du Vieux-Saint-Jean, à Saint-Jean-sur-Richelieu, et c'est en
soi une belle histoire d'amour et un énorme succès. La grande famille de
L'Étoile a senti le besoin d'étendre ses services, presque indispensables, en allant rejoindre la
clientèle qui ne venait pas à elle là où elle habite, partout dans le
Haut-Richelieu. C'est un projet
pilote novateur, et ambitieux, et qui pourrait bien devenir la référence pour
bien des grandes régions comme la nôtre.
Bravo, l'équipe de L'Étoile, et bonne route au
Vaisseau!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Saint-Laurent.
Rendre hommage à M. Maurice
Cohen, ex-conseiller municipal
de l'arrondissement de Saint-Laurent
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Le 5 mars
dernier, M. Maurice Cohen, un grand Laurentien, nous a
quittés.
Il est arrivé de Casablanca en 1964 et
s'est d'abord installé dans un salon de coiffure à Côte-des-Neiges, puis il a
déménagé à ville Saint-Laurent, dans les
années 70. C'est à ce moment-là qu'il commença à créer des liens avec les
conseils municipaux de l'époque.
Il fut élu pour la
première fois en 1982. M. Cohen aura été le représentant du district de
Côte-de-Liesse pendant 35 belles
années. Au fil des ans, il a participé à de nombreux comités de la ville de Montréal, couvrant un large éventail de sujets
tels que les relations interculturelles, le logement, le développement social
et communautaire. Et d'ailleurs il suivait très activement la période de
questions ici, à l'Assemblée nationale. Son dynamisme, son écoute et sa bienveillance
auront fait de lui une personne très appréciée par les Laurentiens ainsi
que de ses collègues.
J'offre
mes plus sincères condoléances et pensées à son épouse Raymonde ainsi qu'à ses
trois fils, Gilles, Thierry et Jacques. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Nous poursuivons avec M. le député de Chauveau.
Rendre
hommage à M. Denis Boivin, cinéaste indépendant
M. Sylvain
Lévesque
M. Lévesque
(Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je désire
souligner le parcours exceptionnel de M. Denis Boivin, cinéaste
indépendant.
Son
dernier film, dont on parle abondamment présentement, Le sang du pélican,
raconte la vie de Marie de l'Incarnation.
C'est
en 1977, durant ses études, que le cinéaste de Québec signe son premier film,
L'âge dort. Ce film a été reconnu comme meilleur film
étudiant canadien par l'Université McGill et le prix Shell, Best Promoting of Canada.
L'âge dort deviendra le documentaire le plus télédiffusé au Québec entre
1979 et 1985.
M. Boivin
a produit le premier long-métrage francophone mettant en vedette des artistes
de cinq Premières Nations
du Québec, Attache
ta tuque!, et à son répertoire
s'ajoute une série de six documentaires sur les pensionnats autochtones
intitulée Parole de guérison. Pendant une décennie, M. Boivin a produit
des documentaires autochtones, cinq séries pour enfants en français et
en innu et trois séries de sitcoms.
Merci,
M. Boivin, pour tout le patrimoine culturel que vous nous transmettez à
travers vos productions. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je cède la parole
à Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Souligner
le 200e anniversaire de l'Université McGill
Mme Jennifer
Maccarone
Mme Maccarone : Merci, Mme
la Présidente. Cette semaine, l'Université McGill soulignera le 200e anniversaire de sa fondation. Depuis maintenant 200 ans, McGill est une référence en
matière d'éducation, d'innovation et de recherche tant pour Montréal que
pour le Québec, le Canada et le monde entier.
Depuis
deux siècles, l'université peut
compter sur son plus grand atout, les McGillois et les McGilloises, qui
partagent des valeurs importantes qui
les mènent à se dépasser et à se démarquer dans leurs études et dans leur
carrière. Cet anniversaire est une occasion de rendre hommage et de
souligner l'apport de pionniers importants de l'Université McGill tels que
Madeleine Parent, Maude Abbott et Ernest Rutherford.
En
tant que députée de la circonscription de Westmount—Saint-Louis, c'est avec une immense fierté que je
souligne au salon bleu de l'Assemblée nationale l'important apport de la
communauté McGilloise. Je lève mon chapeau aux étudiants, aux diplômés et à l'ensemble du corps professoral et membres
du personnel qui font de McGill ce dont on est fiers aujourd'hui, et qui
la fait rayonner à l'échelle mondiale. Bon 200e anniversaire, McGill!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée.
Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de Huntingdon.
Rendre
hommage à trois centenaires de la
circonscription de Huntingdon
Mme Claire
IsaBelle
Mme IsaBelle :
Merci, Mme la Présidente. Je vous présente trois centenaires de mon comté.
D'abord,
Mme Paula Tremblay-Tétreault, de Saint-Édouard, a souligné ses
104 ans l'année dernière. Lucide, articulée et très en forme, elle
vit encore dans sa maison, et sa famille prend bien soin d'elle.
M. Ernest
Stovell, de Huntingdon, a fêté ses 104 ans le mois passé. Né an
Angleterre, vétéran de Seconde Guerre mondiale, il est venu s'établir au Canada
et a trouvé l'amour de sa vie chez nous.
Le plus jeune, M. Laurent Legault,
de Godmanchester, a dernièrement fêté ses 100 ans. Anciennement
propriétaire d'une station-service, il prend encore plaisir à réparer des autos
et à faire le changement des pneus. Si la situation le permet, il m'a
promis de changer les miens.
Mme
la Présidente, c'est un privilège d'avoir chez nous ces personnes
exceptionnelles. Nous leur souhaitons du bonheur et de la santé. Comme
le soulignait Simone de Beauvoir : «Vivre, c'est vieillir, rien de plus.»
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je
cède la parole à M. le député de Matane-Matapédia.
Rendre
hommage à M. Denis Santerre, maire de
la municipalité de Baie-des-Sables
M. Pascal
Bérubé
M. Bérubé :
Mme la Présidente, les prochaines élections municipales se tiendront cet
automne, et certains élus municipaux ont déjà annoncé leurs intentions quant à
ce prochain rendez-vous électoral. C'est dans ce contexte que M. Denis Santerre, maire de la municipalité
de Baie-des-Sables, a annoncé qu'il ne sollicitera pas un nouveau mandat cet automne.
Aujourd'hui, je tiens
à souligner l'implication active à la politique municipale de M. Santerre,
maire de cette magnifique municipalité riveraine depuis 12 ans et préfet
de la MRC de La Matanie de 2017 à 2019.
Homme
dévoué au service public, il a toujours été très attentif aux besoins de ses
concitoyens et s'est toujours porté à
la défense de la ruralité. C'est dans l'optique d'offrir les services les plus
adaptés à tous les citoyens et de contribuer au dynamisme de sa communauté qu'il s'est impliqué en politique municipale.
La construction d'une première résidence pour aînés, la Résidence des Sables, et l'élaboration d'une première
politique familiale ont, entre autres, été concrétisées sous son mandat.
Denis,
ce fut un plaisir de collaborer avec toi au développement de La Matanie,
et je te souhaite mes meilleurs voeux de bonheur, de santé pour
l'avenir. Merci pour ton travail et ton engagement. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Alors, nous concluons avec Mme la députée de Mercier.
Demander
au gouvernement de réinvestir dans le
développement de logements sociaux
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme
la Présidente. L'accès à un logement
social change des vies. C'est ce que m'ont confié deux citoyennes de ma
circonscription.
Géraldine
habite dans la coopérative d'habitation La Familiale, sur Le Plateau,
et l'accès à ce logement a été un endroit qui lui a permis de vivre en
sécurité, elle et ses enfants. Elle a même pu retourner aux études.
Marie-Ève
et ses enfants sont, eux, victimes d'une éviction. Marie-Ève s'implique sur le
C.A. du projet d'habitation de la
coopérative phase II. C'est un bâtiment de 30 logements. Tout est
prêt, tout est trouvé, sauf l'argent dans le programme AccèsLogis.
À
l'heure que les attentes pour le budget étaient grandes, malheureusement, le gouvernement de la CAQ se contente de
construire des logements sociaux déjà promis par les libéraux. L'inaction du gouvernement pour répondre à la crise du logement
met en danger des projets déjà prêts comme celui de La Familiale 2 et
risque de briser des rêves comme celui de Marie-Ève et de ses enfants.
Pour toutes ces
familles, ces milliers de familles qui attendent, nous ne lâcherons pas la
pression.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Cela met fin à la rubrique de déclarations de
députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 49)
(Reprise à 14 h 5)
Le Président :
Mmes, MM. les députés, bon début de semaine à tous et à toutes.
C'est
avec tristesse que nous avons appris le décès de M. Guy Lelièvre,
député de Gaspé de 1994 à 2008. Nous allons nous
recueillir quelques instants en ayant une pensée toute particulière pour sa
famille et ses proches.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le leader du gouvernement.
Orientation
et priorités 2020-2021 du Comité consultatif sur l'accessibilité à la
justice,
rapport détaillé sur les activités du Fond Accès Justice et plan stratégique
2020-2024
de la Commission des partenaires du marché du travail
M. Jolin-Barrette : Oui, M.
le Président. Permettez-moi de
déposer les rapports du Comité consultatif sur l'accessibilité à la justice pour l'exercice financier 2020-2021,
le rapport détaillé des activités du Fonds Accès Justice 2019-2020
ainsi que le plan stratégique 2020-2024 de la Commission des
partenaires du marché du travail, M. le Président.
Le Président :
Merci. Ces documents sont déposés. M. le leader du gouvernement, à nouveau.
Réponses à des pétitions
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je dépose les réponses du
gouvernement aux pétitions présentées en Chambre le 2 février par
les députées de Sainte-Marie—Saint-Jacques
et de Saint-Laurent, le 18 février par la députée de Joliette, le
9 mars par la députée de Mercier et le 11 mars par le député de
Jonquière. Merci.
Le Président :
Merci. Ces documents sont également déposés.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Il n'y a pas de dépôt
de pétitions.
Il
n'y a pas non plus de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant
sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède la
parole à la cheffe de l'opposition officielle.
Plan
d'action gouvernemental en prévision d'une
troisième vague de propagation du coronavirus
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Merci, M. le Président. M. le Président, le Québec affronte maintenant sa
troisième vague de la pandémie, et
plusieurs experts sont inquiets. Hier, le Dr Drouin disait, clinicien
chercheur au CHU de Sainte‑Justine : «Dans ma tête, il n'y a aucun
doute qu'on devrait resserrer la vis. Dans trois semaines, il sera trop tard.»
Mais
il n'y a pas simplement le Dr Drouin, il y a d'autres personnes aussi qui se
sont manifestées. C'est le cas du Dr Duong,
président de l'Association des spécialistes en médecine interne du Québec, du
Dr Champagne, président de l'Association
des médecins hématologues et oncologues du Québec, Maude Laberge, qui est
professeure à l'Université Laval et
chercheuse également au CHU de Québec, le Collège des médecins, l'Ordre des
infirmières et des infirmiers du Québec, la
Dre Caroline Quach, l'INSPQ.
Le
premier ministre se doit d'entendre les inquiétudes qui sont manifestées par
ces experts et les questionnements de
tous les Québécois. Nous sommes dans la troisième vague, on ne peut pas avoir
de l'improvisation, aujourd'hui, M. le Président.
Et, depuis notre retour à l'Assemblée nationale, on se questionne sur le niveau
de préparation du gouvernement par rapport à cette troisième vague. J'ai
donc deux questions pour le premier ministre.
La
première : Quel est son plan? La seconde : Quels sont les scénarios
sur lesquels il se base pour bâtir son plan?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, le Parti libéral est difficile à suivre. Il y a quelques jours, la critique... la porte‑parole
du Parti
libéral en matière d'éducation nous
demandait le plus rapidement possible de ramener à temps plein tous les élèves
de secondaire III, IV, V. Elle insistait en point de presse, en question
ici. Et là, aujourd'hui, je vois que certains membres du Parti
libéral — en tout cas, j'ai vu ça sur Twitter — demandent
exactement le contraire. Donc, difficile à suivre, le Parti libéral.
M.
le Président, on a des médecins spécialistes à la Santé publique du Québec, on
a des médecins spécialistes dans chacune des régions du Québec, on
écoute les recommandations de la Santé publique et on suit les recommandations de la science, M. le Président. Donc, plutôt que
de changer d'idée à chaque semaine comme le Parti libéral, nous, on écoute
la science, on suit les recommandations de
la Santé publique. Et c'est ça qu'on fait depuis le début de la pandémie, puis
c'est ça qu'on va continuer de faire.
• (14 h 10) •
Le Président : Première
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : C'est presque irréel, ce que je viens d'entendre,
M. le Président, presque irréel. Là, on est dans une pandémie, avec une troisième vague, et on demande au premier
ministre le plan qu'il a, le plan et les scénarios sur lesquels il se base. Et puis, là, sa réponse tourne en
direction de ce qui a été dit avant, de ce qui a été dit après par les autres
partis, les autres formations politiques. Là n'est pas la question.
Quel est le
plan du premier ministre et quels sont ses scénarios sur lesquels il se base?
C'est ça que les gens veulent savoir aujourd'hui.
Le Président : M. le
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, la semaine dernière, le
porte-parole du Parti libéral en matière de sports disait qu'il fallait
plus assouplir, permettre plus de sport au Québec. Aujourd'hui, le Parti
libéral dit le contraire.
M. le
Président, on a mis en place un système de couleurs, les régions sont évaluées
de jour en jour selon la situation dans le nombre de cas, dans les
hospitalisations, selon les tendances. Il y a des discussions, on a passé une
bonne partie de la journée de
dimanche à regarder différents scénarios. Mais actuellement, M. le Président,
avec la situation qui est en place, on pense que les mesures qui sont en
place...
Le Président : En terminant.
M. Legault : ...en autant que
les mesures soient suivies, bien, ce sont les bonnes.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le Président, je suis très contente d'entendre
le premier ministre nous dire qu'il a passé la journée de dimanche à regarder
les différents scénarios parce que c'est exactement ça qu'on a envie de faire,
de pouvoir regarder les différents scénarios.
Ça fait trois
fois que je me lève en Chambre aujourd'hui pour poser la question au premier
ministre : Quel est le plan et quels sont les différents scénarios?
Va-t-il les déposer, les présenter à la population, par souci de transparence?
Le Président : M. le
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, il y a 17 régions, au
Québec, il y a 17 situations très différentes. Je vous donne un exemple. Actuellement, la région de l'Outaouais
nous inquiète. Les restaurants sont ouverts en Outaouais, mais la capacité est
moins grande que celle d'Ottawa. Donc, on discute avec le gouvernement de
l'Ontario, on discute pour la possibilité de mettre des barrages, on se pose des questions sur l'heure du couvre-feu.
Comment réduire cette augmentation en Outaouais?
M. le Président, le Bas-Saint-Laurent, bon, je
sais que le chef intérimaire du PQ voulait qu'on ouvre plus...
Le Président : En terminant.
M. Legault : ...je pense que ça
aurait été une mauvaise idée. Mais, M. le Président, on écoute la Santé
publique.
Le Président : Troisième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Quatrième fois que je me lève en Chambre, M. le
Président, et, la question, je n'ai toujours pas de réponse. Le plan du premier ministre, on ne le connaît pas. Les
scénarios, on ne les connaît pas. En fait, il nous dit qu'il est inquiet. Bien,
je comprends qu'il est inquiet, comme sont inquiètes beaucoup des personnes que
j'ai citées plus tôt, qui disaient justement qu'il fallait avoir un plan
de match et une visibilité sur ce qui venait. Jusqu'à présent, on n'en a pas.
Je réitère ma question pour la quatrième fois :
Quel est le plan du premier ministre et quels sont les scénarios?
Le Président : M. le
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président,
je sais que la cheffe de l'opposition officielle, dans son ancienne vie,
travaillait chez McKinsey puis faisait des
plans, des plans, des plans. M. le Président, ce qu'on essaie de faire, c'est
de suivre la situation. Ça évolue d'heure en heure, M. le Président. On s'est donné des balises,
on s'est donné des codes de couleurs, on a des analyses avec la Santé publique de chacune des régions. M. le Président,
il n'y a pas un livre avec la page 32 qui nous dit : Dans telle situation, on fait telle chose. On
regarde la situation à chaque jour, on écoute la Santé publique, on écoute la
science.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Maurice-Richard.
Recommandations
des experts en santé publique
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit : M. le Président, on va se le dire, les messages
puis les niveaux d'inquiétude du premier ministre sont difficiles à
suivre. Il y a moins d'un mois, le ministre de la Santé affirmait : Le
variant britannique augmente rapidement, on a peur que ce soit le calme avant
la tempête. Le premier ministre mentionnait du même coup que les prochaines
semaines seraient critiques. Pourtant, huit jours plus tard, le 12 mars,
son gouvernement annonçait une série d'assouplissements.
La semaine dernière, le premier ministre nous disait : Le Québec résiste
aux variants, le Québec résiste à la vague. Vendredi, tout était sous
contrôle. Puis aujourd'hui il appelle à la plus grande prudence.
M. le
Président, ça fait des semaines que la situation se détériore en Italie, en
France, en Allemagne, en Espagne, chez
nos voisins en Ontario. Le Collège
des médecins, l'Ordre des
infirmières, l'Institut national de
santé publique, des intensivistes, des urgentologues, des experts
demandent au gouvernement d'être prudent. De toute évidence, le gouvernement
a des données qu'on n'a pas.
Alors, je
lui redemande encore une fois de déposer, de rendre publics les avis de la
Santé publique, les recommandations qu'il a entre les mains pour nous
rassurer que son plan est le bon.
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, écoutez, M. le Président, si c'est une
surprise pour la députée de Maurice-Richard, ce n'est pas une surprise pour nous. La situation que le premier ministre vient de
décrire à la cheffe de l'opposition, pour nous, elle est très claire.
Je prends
juste à titre d'exemple, M. le Président, à toutes les semaines, tous les
jeudis, on amène nos experts, l'INSPQ, l'INESSS, pour venir nous montrer
les modèles. Les modèles, on ne les garde pas pour nous, les modèles de
simulation, M. le Président, là, on les partage avec la population. On donne
accès à ces scénarios-là clairement à toutes les semaines. Il n'y a pas de surprise, M. le Président. Même les journalistes sont là puis ils peuvent poser les questions
pour la population, de dire : Est-ce que c'est possible que tel
variant pourrait augmenter à telle vitesse?
M. le Président, je ne comprends pas la députée de Maurice-Richard, qui ose, après tant de mois, demander des scénarios, alors qu'on les partage avec la
population toutes les semaines, M. le
Président. Alors, j'insiste, là,
quels scénarios de plus qu'ils
veulent avoir que nos experts, Santé publique, l'INSPQ et l'INESSS, ne
partagent pas déjà avec la population, M. le Président?
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit : Ce qui me surprend, c'est l'inconsistance et
l'incohérence du message du gouvernement depuis un
mois. Puis vous savez ce que ça me rappelle? Vendredi dernier, le premier ministre nous a dit : Tout est sous contrôle. Ça, là, ça date d'il y
a un an jour pour jour, jour pour jour, le premier ministre...
Le
Président : ...simplement
vous dire que ce n'est pas un tableau didactique, on s'entend. Alors, je vous
demande de ne plus le réutiliser. Merci.
Mme Montpetit : ...jour pour
jour, le premier ministre nous disait que tout était sous contrôle, même
message, 10 000 morts depuis. La situation, est-ce qu'elle est sous
contrôle, oui ou non?
Ce que je lui demande, ce ne sont pas des
scénarios, ce sont les avis de la Santé publique qu'il a entre les mains
présentement.
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
C'est des beaux mots, ça, parler d'inconsistance, puis d'incohérence, puis de
tous ces beaux mots là, qui sont très
théoriques, M. le Président. Ce que j'aimerais que la députée de Maurice-Richard réalise, c'est quoi qu'on vit tous les jours, M. le Président, sur le terrain,
d'être capables d'avoir de l'agilité, d'être capables d'avoir ces
discussions-là que nous avons avec les experts tous les
jours, de parler à nos experts de santé publique dans chacune des régions
toutes les semaines, tous les jours
pour nous assurer que nous modifions notre approche, lorsqu'il faut le faire;
tenir compte de la vaccination, qui a été, jusqu'à maintenant, un
succès.
Alors, quand la députée de Maurice-Richard
choisit ses mots...
Le Président : En terminant.
M. Dubé : ...puis qu'elle veut
faire de la partisanerie, c'est son choix.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Il ira dire à Santé Canada puis à l'INSPQ, s'ils font de la partisanerie, puis
à l'ordre des médecins, puis à l'Ordre des infirmières, puis aux experts
du Québec qui appellent à la prudence.
Moi, je veux
vous rappeler, M. le Président, qu'au début du mois Dr Arruda nous avait
mis en garde, nous appelait à la plus grande prudence. Qu'est-ce qu'il nous
disait? Il comparait les variants à des requins. Il disait, permettez-moi
de le citer, il nous disait : Il faut être très, très, très
prudents. Il disait ça il y a un mois.
Ma question pour le ministre : Est-ce qu'il
considère que son gouvernement a été très, très, très prudent?
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Moi, j'ai entendu, M. le Président, plusieurs fois le premier ministre qui a dit : On a été souvent, même, plus prudents que la
Santé publique parce que ce qu'on voulait s'assurer, c'est que les Québécois
soient bien protégés. Et j'aimerais ça,
j'aimerais ça, M. le Président, que la députée de Maurice-Richard, contrairement aux autres députés de l'opposition qui sont responsables de la critique de la santé, qui ont
une approche très constructive... j'aimerais ça que la députée de Maurice-Richard prenne compte dans ses commentaires de
l'opinion, que l'on respecte, non seulement des différents experts... On va
continuer à les rencontrer, les gens de l'opposition...
Le Président : En terminant.
M. Dubé : ...comme on le fait depuis
plusieurs semaines, et j'espère qu'elle pourra comprendre. Merci.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Vaudreuil.
Confiance
du premier ministre envers le député de Rousseau
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
Dézonage douteux, favoritisme, de l'aide financière et des contrats à sa femme,
sa fille, ses chums. Aujourd'hui,
c'est confirmé que l'UPAC procède à une enquête formelle concernant le député
de Rousseau, que plusieurs témoins ont été interrogés.
Le premier ministre ne démet toujours pas son
député caquiste. C'est le député, qui sent la soupe chaude, qui, lui-même, décide de se retirer de son propre
caucus. Pourtant, la semaine dernière, le premier ministre plaidait que son
député n'avait rien fait d'illégal. D'ailleurs, sur son Facebook, le
député de Rousseau remercie son chef de l'avoir défendu. Pourtant, depuis plusieurs semaines, le député de
Rousseau fait l'objet d'une enquête de la Commissaire à l'éthique et à la
déontologie en lien avec des allégations d'ingérence et d'influence indues dans
plusieurs dossiers épineux.
Mais c'est
quoi, cette indifférence face à la Commissaire à l'éthique?
Pourquoi, à la CAQ, on trouve ça anodin et on ignore les interventions
de la Commissaire à l'éthique et à la déontologie?
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, c'est un petit peu surprenant,
cette question-là relativement à la Commissaire à
l'éthique, M. le Président.
Savez-vous pourquoi? Parce que je me rappelle très bien, en 2018, ici en cette
Chambre, le Parti libéral qui a voté
contre le rapport de la Commissaire
à l'éthique à l'endroit de l'ancien
député de Brome-Missisquoi, M. le
Président, et ancien ministre de l'Agriculture. Chacun des députés libéraux se
sont levés et ont rejeté le rapport de la Commissaire à
l'éthique.
Et c'est ça qui arrive, du côté du Parti
libéral. On fait les gorges chaudes, présentement, M. le Président, d'un député qui a décidé de se retirer du caucus,
considérant le fait qu'il y a des allégations, M. le Président, qui sont
portées à son encontre. Et il fait le
choix responsable de dire, M. le Président : Moi, je vais me retirer du
caucus, je suis visé par des allégations et je ne veux pas nuire au gouvernement et à
l'État québécois, M. le Président, c'est tout à son honneur, le temps que la
lumière soit faite sur les enquêtes. Par
contre, du côté du Parti libéral, ils veulent être juge et partie, puis ça fait
leur affaire, M. le Président, de
voter en faveur ou de voter contre le rapport de la Commissaire à l'éthique
quand ils sont dans l'opposition ou quand ils sont au gouvernement.
• (14 h 20) •
Le Président :
En terminant.
M. Jolin-Barrette :
Alors, ils devraient plutôt appuyer la Commissaire à l'éthique,
M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de... de La Pinière.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
La Pinière. M. le Président, il y a environ une demi-heure, une
journaliste, Geneviève Lajoie, a posé une question très simple au premier ministre : Qu'est-ce qui a
changé depuis la semaine dernière pour qu'il n'y ait pas de problème selon le premier ministre, pour qui c'est
tolérance zéro en matière de conflit d'intérêts, et aujourd'hui, alors qu'il
se retire parce que manifestement il y a un problème?
Alors, qu'est-ce qui
a changé pour que la position du premier ministre change?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, tel que je l'ai dit la semaine
dernière, il n'y avait que des allégations, M. le Président, et le Parti libéral disait :
Écoutez, il y a des faits qui démontrent ceci. Or, on a appris aujourd'hui, et
le député de Rousseau l'a indiqué,
qu'il y a une enquête de l'UPAC, qui a été confirmée par des sources journalistiques,
M. le Président. Or, il y a une
différence. Et, par prudence, le député de Rousseau s'est retiré du caucus
gouvernemental, M. le Président, dans
le but de ne pas nuire à l'enquête, dans le but de ne pas attirer des
distractions, M. le Président, relativement à l'exercice de sa charge,
et je crois que c'était la chose à faire. Et le député de Rousseau, encore une
fois, M. le Président...
Le Président :
En terminant.
M. Jolin-Barrette :
...a fait en sorte de faire la chose qui devait se faire, soit se retirer de
ses fonctions.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de La Pinière.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
La seule chose qui a changé, M. le Président, c'est que les journalistes l'ont
dit. Et sans aucun doute que le député de Rousseau le savait.
M. le Président, au
Québec, il y a un premier ministre. Sa job, parce que c'est le principe qu'il a
lui-même mis sur la table, c'est tolérance
zéro en matière d'éthique. De toute évidence, les apparences n'étaient pas et
ne sont pas en faveur du député de
Rousseau. C'est pour ça que l'UPAC est là. Alors, aujourd'hui, là, au moment où
le ministre de l'Économie siège encore, le premier ministre va-t-il agir
et appliquer ses propres règles?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je suis heureux que le député de
La Pinière fasse référence à l'UPAC, parce que, savez-vous, à l'époque où
lui-même siégeait au Conseil des ministres libéral, M. le Président, c'était le
fligne-flagne politique avec la
Sûreté du Québec, avec l'UPAC. Qu'est-ce qu'on a fait? Le premier geste qu'on a
posé : la vice-première ministre du Québec, M. le Président, a présenté un
projet de loi pour que le commissaire à l'UPAC soit nommé aux deux tiers de l'Assemblée nationale, pour que le DPCP
soit nommé aux deux tiers de l'Assemblée nationale, pour que le directeur de la
Sûreté du Québec soit nommé aux deux tiers de l'Assemblée nationale, pour leur
accorder une indépendance et pour qu'ils puissent faire leurs enquêtes à
l'abri de toute intervention politique, M. le Président.
Pourquoi le Parti
libéral, à l'époque où on était dans l'opposition, où on leur suggérait cela...
Le Président :
En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...ils refusaient, M. le Président, de le faire? Poser la question, M. le Président, c'est
y répondre.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Gaspé.
Lutte contre la violence faite
aux femmes
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : M. le Président, tout juste après le dépôt du budget par le
gouvernement, le ministre des Finances a dû justifier sur toutes les
tribunes l'absence de montants suffisants pour répondre aux besoins criants et immédiats des maisons d'hébergement pour femmes violentées. Un maigre 22,5 millions sur cinq ans. C'est moins de 6 %
des demandes du réseau, c'est dérisoire. Pire, lors de la dernière période de
questions, j'ai demandé à la ministre responsable de la Condition féminine un état d'avancement de
la mise en place de son propre plan d'action, déposé en décembre dernier :
aucune réponse, aucune date.
Mais
voilà un autre exercice de communication et de rattrapage. Le gouvernement
dévoile un communiqué de presse en
plein milieu d'une entrevue, un dimanche soir, pour annoncer que, finalement,
ce n'est plus la ministre de la Condition féminine qui sera responsable du dossier mais la vice-première ministre.
M. le Président, les femmes violentées n'ont pas besoin de sorties
médiatiques répétées, elles ont besoin d'actions concrètes.
Peut-on connaître
quand et comment les actions du plan seront déployées?
Le Président :
Mme la présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel :
Oui. M. le Président, ça me fait plaisir de répondre à cette question,
peut-être pour recadrer un peu les
choses. 22,5 millions cette année, effectivement, dans le budget de
2021-2022, que j'ai eu le plaisir de présenter avec mon collègue pour la
première fois en tant que présidente du Conseil du trésor la semaine passée,
c'est exact, mais ça s'ajoute aux
180 millions qui ont été également dégagés dans le budget précédent, sur
cinq ans. C'est une hausse record, de tous
les gouvernements confondus, pour le financement des maisons d'hébergement,
plus de 40 % quand on combine le 180 millions et le
22,5 millions qui a été... dans les deux budgets combinés.
Ceci étant dit, la
préoccupation de la CAQ en matière de violence conjugale ne date pas d'hier. Je
ferais remarquer à ma collègue que les
190 recommandations dont on parle, et dont la vice-première ministre sera
maintenant en charge de mettre à exécution, qui concernent, justement,
l'accompagnement des victimes de violence conjugale, entre autres dans le système de justice, comment on peut
faire plus de formation pour le système de justice, comment on peut mieux détecter... aller capter ce que j'appelle,
moi, les statistiques sombres, c'est-à-dire ces femmes qui ne portent pas
plainte, qu'il faut aussi aller capter pour arrêter le cycle de la
violence conjugale, bien, ça découle du comité transpartisan que j'ai mis en
place il y a plus d'un an et demi avec mes collègues de l'opposition. Donc, on
est en action en matière de violence conjugale et on va continuer de l'être, M.
le Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Gaspé.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : M. le Président, je suis contente de l'entendre parler du
plan du comité transpartisan, mais il ne
s'agit pas de ce plan. Je parle du plan d'action de la propre ministre
responsable de la Condition féminine. Une femme violentée qui cherche de l'aide ne veut pas apprendre un dimanche
soir à la télévision sur quel comité tel ou tel député siégera. Ce qu'elle veut
savoir, c'est si elle peut avoir une place en maison d'hébergement. Elle veut
savoir si des mesures pour assurer sa
sécurité seront mises en place, comme l'implantation des cellules de crise,
l'imposition du bracelet antirapprochement et l'évaluation des conjoints
violents.
À quand
l'implantation de ces actions?
Le Président :
Mme la présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel :
Elle parle du plan d'action qui a été mis en place, effectivement, par ma collègue
de la Condition féminine, actions qu'elle a
mentionnées d'ailleurs lors de son passage à Tout le monde en parle
dimanche. Ces mesures sont déjà en voie... elles sont en implantation au moment
où on se parle. Dans ces mesures-là, il y avait, entre autres, le rehaussement
spectaculaire, je dirais, historique, là, des maisons d'hébergement. Est-ce que
c'est suffisant? Probablement que non. C'est pour ça que mon collègue s'est
montré ouvert pour qu'on puisse continuer de discuter avec les maisons
d'hébergement.
Mais
il faut comprendre que, quand on est rendu à une maison d'hébergement, souvent
il est déjà, malheureusement, trop tard.
Alors, ce plan d'action là, combiné aux 190 recommandations du comité
transpartisan, sert à attaquer ce problème qui est un
fléau de notre société...
Le Président :
En terminant.
Mme LeBel :
...auquel on doit tous s'attaquer ensemble dans tous ses aspects, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Gaspé.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Après l'annonce
du premier ministre dimanche, je me serais attendue qu'il se lève pour répondre à au moins une de mes questions. Il a
l'occasion de fournir de l'espoir aux milliers de femmes violentées qui se
sentent menacées au quotidien ainsi qu'aux
hommes violents qui tentent de trouver de l'aide. On a déposé une motion qui
demande exactement ce que les Québécois et
les Québécoises s'attendent, une motion pour demander un échéancier précis
quant à l'implantation des prochaines actions.
Est-ce que le gouvernement va consentir à notre
motion?
Le Président : Mme la
présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Oui. La raison pour laquelle le premier ministre,
d'ailleurs, a mentionné ce week-end, je pense, même, il l'a fait à plusieurs reprises précédemment,
qu'il allait s'impliquer personnellement pour s'assurer, justement, que ces
actions-là étaient implantées le plus rapidement possible, et la meilleure
coordination possible, c'est la vice‑première ministre
qui est présentement chargée, à l'aide de plusieurs autres députés, en
collaboration avec ma collègue en Condition féminine... Le ministre de la Justice, également, va y collaborer. La ministre de la Sécurité publique, qui s'adonne à être la même personne, va
également y collaborer. Donc, tout est mis en place pour que ces actions soient
déployées le plus rapidement possible, et on est déjà en train de le faire, M.
le Président.
Le Président : Question
principale, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Négociation
des conventions collectives dans la fonction publique
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci, M. le
Président. Ça fait un an que les conventions collectives sont échues dans le
secteur public. Ça fait un an que les
travailleuses et travailleurs de la santé, de l'éducation, et j'en passe, se
tuent à la tâche pour nous, en
première ligne, notamment durant la pandémie. Ça fait un an que le gouvernement
présente des offres insultantes à la table de négociation.
Les
conditions sont tellement pourries, dans nos hôpitaux, que les infirmières
partent en masse pour aller vers les agences
de placement. On ne peut pas s'étonner que les élèves décrochent, on forme des
profs qui décrochent après cinq ans tellement
ils manquent de ressources puis que leur salaire est minable. Puis je ne vous
parle pas des centres à la petite enfance. Chaque jour qui passe, dans la santé, les services sociaux, en
éducation, dans les organismes gouvernementaux, les gens prennent leurs
cliques puis leurs claques puis ils s'en vont ailleurs. C'est ça, la réalité.
Quand le
premier ministre essaie de faire des économies sur le dos des femmes, il se
magasine des pénuries partout dans nos services publics.
Le Président : ...
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je croyais qu'après les
publications sur les médias sociaux on allait éviter de prêter des intentions
aux membres de cette Chambre, et particulièrement au premier ministre du
Québec. Alors, j'entends la cheffe du
deuxième groupe d'opposition prêter des intentions au premier ministre, qui, ma
foi, m'apparaissent glissantes, suite aux événements qui sont survenus
la semaine dernière. J'inviterais à la prudence.
• (14 h 30) •
Le
Président : Alors, je vous demande à toutes et à tous de bien
choisir vos propos et d'être prudents, bien sûr, compte tenu du contexte
et du sujet également. Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition,
continuez.
Mme Massé : Alors, dans ce contexte de négociation, je pense que, les Québécoises et les Québécois, ce n'est pas ça qu'ils avaient en tête
lorsqu'ils ont voté pour la CAQ.
M. le Président, la présidente du Conseil du
trésor va, ce soir, rencontrer les gens de la fonction publique. Est‑ce que
le premier ministre lui a donné un mandat clair? Est-ce qu'il lui a dit : Il faut que ces gens-là sortent de là contents parce qu'on a besoin d'eux autres dans nos
services publics et, je dirais même plus, on a besoin d'elles? Est-ce que
c'est le mandat qu'il lui a donné pour ce soir?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M. le
Président, effectivement, la présidente du Conseil du
trésor va rencontrer les syndicats ce
soir, parce que ça n'a plus de bon
sens, on a des conventions
collectives qui sont terminées depuis
un an, depuis le 31 mars 2020.
On a fait des
offres qui sont, à notre avis, généreuses. Je comprends que la cheffe de Québec solidaire trouve que c'est insultant.
Moi, je ne trouve pas ça insultant d'ajouter 10 000 postes de préposé aux bénéficiaires, d'ajouter 3 500 postes du côté des
infirmières, d'ajouter 500 postes dans les centres jeunesse, d'augmenter
tous les salariés de l'inflation, de donner des primes additionnelles
aux enseignants, de donner des primes additionnelles aux enseignants, de donner
des primes additionnelles aux personnes
qui travaillent dans les centres jeunesse; en passant, tous des groupes qui
sont à majorité féminins.
Est-ce que Québec
solidaire est d'accord pour avoir des offres différenciées, pour qu'on donne
des plus grosses augmentations de salaire à des groupes où il y a une majorité
de femmes? Est-ce qu'ils sont d'accord ou non avec ça?
Le Président :
Première complémentaire, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon Massé
Mme Massé : M. le
Président, le premier ministre, il me repose la question, je vais essayer de lui répondre une fois,
là, pour qu'il l'entende, puis là je
souhaite que tout le monde écoute bien pour entendre, parce que je ne sais
pas ça fait combien de fois que je le
dis : Oui, Québec solidaire est d'accord avec ça dans la mesure où c'est négocié, c'est
entendu. Parce que, vous savez quoi,
une prime, avoir l'inflation, ça ne fait pas le rattrapage qui est nécessaire,
ça, M. le premier ministre. Les femmes quittaient déjà avant la
pandémie, ça s'est empiré.
Quel type de mandat
vous avez donné à la ministre?
Le
Président : M. le premier ministre. Je vais vous demander de vous adresser à la
présidence tout le temps. Merci.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, je suis très content. Pour
moi, c'est la première fois que je l'entends. Québec solidaire nous dit aujourd'hui : Je ne suis pas d'accord avec la CSN, qui n'accepte pas des offres de
salaire différenciées, entre autres,
pour des groupes de femmes. Donc, enfin, le
chat est sorti du sac, Québec
solidaire s'oppose à la CSN. M. le Président, c'est une bonne nouvelle.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon Massé
Mme Massé : M. le
Président, à chaque fois que les
pénuries de personnel arrivent dans les manchettes on dirait que le premier
ministre est surpris. Bien, M. le Président, donner des bonnes conditions de travail au monde, là, quand c'est
négocié, entendu, je pense que c'est une façon de ne pas juste les remercier avec la
petite tape dans le dos, c'est aussi une façon de leur dire : Votre
job, on trouve ça superimportant, fondamental.
Il
aime ça, créer des jobs à gros salaire. Est-ce que c'est le
mandat qu'il a donné à la ministre du Conseil
du trésor pour la rencontre de ce soir?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, on offre l'inflation à tous les employés du gouvernement. En
plus, on offre des augmentations additionnelles à trois groupes de femmes.
Aller plus loin que ça, ça voudrait dire augmenter les impôts des Québécois. Je
le sais, Québec solidaire, à chaque problème il y a une augmentation d'impôt.
On n'est pas d'accord avec ça.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Verdun.
Ressources
allouées à la lutte contre la violence faite aux femmes
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Alors, les études le disent, nous l'avons répété
souvent ici, ce sont les femmes qui sont les plus affectées par la pandémie. La semaine dernière, le
gouvernement avait l'occasion d'investir pour contrer la
violence conjugale, il ne l'a pas fait. On va se le dire, la CAQ a
oublié ces femmes.
Jeudi
dernier, le budget caquiste a créé une immense déception. 22,5 millions
sur cinq ans, ça ne couvre pas 10 %
des besoins sur le terrain, ça ne crée pas une seule nouvelle place pour des
ressources qui débordent.
Vous
savez ce que le ministre des Finances et le premier ministre ont dit, M. le
Président? Si des sommes supplémentaires
sont nécessaires, elles seront allouées. Si, M. le Président. Elisapee, Marly,
Nancy, Sylvie, Myriam, Nadège et Rebekah. Sept féminicides en sept
semaines.
Si, M. le Président? La
CAQ a-t-elle encore des doutes?
Le Président :
Mme la présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel :
Oui, M. le Président. Je trouve ça un peu... Je ne suis pas capable d'accepter
la prémisse de base de ma collègue
qui dit que la CAQ ne se soucie pas des femmes. Toute ma vie, toute ma carrière,
comme procureure de la couronne, je
me suis employée à défendre dans des causes de violence conjugale. Je ne serais
pas ici si je croyais que ce n'était pas le cas.
Depuis le début de 2018, M. le Président, j'ai
mis en place le comité transpartisan. D'ailleurs...
Le
Président : ...demander deux secondes. Là, il y a une question,
il y a une réponse. J'entends des gens interpeler. Je vous demande de ne pas interpeler. Je vous
regarde parce que je sais que ça vient de là. Ne le faites pas pendant que je
vous regarde, s'il vous plaît. Même chose de l'autre côté. On est tous
prudents. Les sujets sont importants. Poursuivez.
Mme LeBel :
Vous avez raison, M. le Président, c'est un sujet important. D'ailleurs, ma
collègue a pris la place...
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, un simple rappel que les rappels
que vous faites doivent être faits des deux côtés de la Chambre, très
important, M. le Président, qu'ils doivent être faits des deux côtés de
la...
Le
Président : Je m'excuse, si vous aviez suivi ce rappel,
précisément, là, il a été fait des deux côtés également. Alors, je vous
remercie de votre intervention. Je vais demander...
M. Jolin-Barrette : ...aussi, M. le Président, des séances
précédentes, et je crois que les rappels doivent être faits des deux
côtés de la Chambre de façon équivalente.
Le
Président : Je viens
de le faire, ça vaut pour tous. Je vous demande... Je vous remercie de vous asseoir et de laisser la présidente du Conseil du trésor
poursuivre sa réponse.
Mme LeBel : D'ailleurs, M. le
Président, ce que j'allais dire, c'est que ma collègue de Verdun a justement pris la place de sa collègue précédente
sur ce comité transpartisan, et je sais qu'elle se préoccupe comme moi de ces enjeux
et je l'invite à vouloir travailler avec nous plutôt de le faire en opposition
avec ce genre de commentaire. Et je la respecte beaucoup, et c'est pour ça que
je vous dis que je me permets de le souligner.
Ceci étant dit, je vais répéter : Oui, il y
a des investissements dans le budget précédent. Combiné avec les investissements du budget actuel, c'est une hausse de plus de 40 % des investissements de tous les
gouvernements précédents en matière de maisons d'hébergement.
Ceci étant
dit, il faut également travailler sur les autres aspects de ce phénomène social,
qui est un phénomène qu'on ne réussira pas, M. le Président, à
contrer...
Le Président : En terminant.
Mme LeBel : ...si on ne le fait
pas tous ensemble et on ne fait pas une approche globale de cette situation-là.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle
Melançon
Mme Melançon : Bien, les
organismes attendent encore l'argent promis, justement, dans le
budget 2020. La présidente de la
Fédération des maisons d'hébergement pour femmes dit : On se sent
profondément humiliées de ne pas être
entendues par le gouvernement, c'est insultant. Le premier ministre se fâche.
Le lendemain du budget, on l'a entendu désavouer son équipe responsable
de la condition féminine et de la violence conjugale.
M. le
Président, combien le premier ministre est prêt à investir pour les femmes
victimes de violence conjugale? Et quand les ressources verront-elles la
couleur de cet argent?
Le Président : Mme la
présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia
LeBel
Mme LeBel :
Oui, M. le Président, écoutez, moi, la dernière information que j'ai eue, c'est
celle que j'ai eu l'occasion de dire
jeudi passé, c'est que toutes les sommes qui devaient, dans le budget... les
sommes découlant du budget précédent, qui
ont démontré des difficultés, effectivement, pour se rendre sur le terrain,
devaient être payées au plus tard jeudi passé, et c'est ce que j'ai affirmé lors du budget, lors du
dépôt du budget, et c'est l'information que j'ai, moi, au moment où on se
parle.
Naturellement,
elle a raison, ma collègue, c'est inacceptable. Le premier ministre l'a dit, c'est
inacceptable. Nous, ici, on a dégagé
des sommes records, justement, en matière d'hébergement, pour financer. Donc,
encore faut-il que ces sommes se rendent. On est d'accord,
et c'est supposé d'être fait. Et, si ce n'est pas fait, on va voir à ce que ce
soit fait le plus rapidement possible.
Et, M. le
Président, je continue à le dire, c'est une approche globale qu'il faut y
avoir. Les maisons d'hébergement...
Le Président : En terminant.
Mme LeBel :
...sont extrêmement importantes dans l'équation, mais il faut travailler
également sur les autres aspects.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle
Melançon
Mme Melançon :
Bien, les maisons d'hébergement sont pleines. Avec la pandémie, on est sur le
point de vivre une rupture de service
dans plusieurs régions. Ce matin, il y a des femmes victimes de violence, là,
qui vont se faire dire : Désolé, je n'ai pas de place pour toi. Retourne
dans ton foyer violent.
M. le Président, la question des ressources, ce
matin, c'est celle-ci : Combien et quand?
Le Président : Mme la
présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia
LeBel
Mme LeBel :
D'ailleurs, c'est toujours utile d'avoir une deuxième complémentaire, ça m'a
permis de confirmer que les
transferts étaient effectivement faits, on vient de me le confirmer. Alors,
l'argent, finalement, vous allez me dire, effectivement, est maintenant
rendu sur le terrain, tel qu'il aurait dû l'être bien avant, et on le concède.
Ceci étant
dit, M. le Président, je continue à réitérer que les maisons d'hébergement sont
essentielles, sont primordiales au coeur de notre stratégie pour lutter contre
les violences conjugales, mais il ne faut pas juste travailler sur les
maisons d'hébergement. Quand on est rendu, être
une femme, à se rendre en maison d'hébergement, souvent c'est parce que le
cycle de la violence a commencé bien
avant ça, et il est... je ne dirais pas trop tard, mais il est déjà très tard,
disons-le de cette façon-là.
Donc, il faut travailler.
• (14 h 40) •
Le Président : En terminant.
Mme LeBel : Je tends la main à ma collègue pour qu'on
continue de le faire comme on avait commencé à le faire il y a deux ans.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Joliette.
Pénurie de places en service de
garde
Mme Véronique
Hivon
Mme Hivon : Des milliers de parents à la recherche d'une
place en service de garde, regroupés dans le mouvement Ma place au travail, attendaient impatiemment de
voir dans le budget des actions fortes et des investissements massifs pour
contrer la crise sans précédent que nous
traversons. Nous aussi, M. le
Président. Eh bien, on y trouve une
goutte d'eau dans l'océan des besoins.
Pour les
places, un vague espoir d'en voir 3 600 de plus offertes en milieu
familial. Rien de nouveau pour les places en CPE. Pire : une
diminution des investissements au PQI.
Ça, c'était
sous le Parti québécois, M. le
Président. On est rendu là avec la
CAQ, une baisse constante des investissements
pour les CPE. Et, pour la pénurie d'éducatrices, à peine 15 millions cette
année, alors que, je le rappelle, on
a donné 120 millions au secteur de la construction. On aimerait ça voir un
peu moins de communications, un peu plus d'action.
Est-ce que le gouvernement, le premier ministre
lui-même peut nous dire quand nous aurons enfin un plan, des investissements,
des éducatrices valorisées?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Merci bien, M. le Président. Je pense que
ma collègue soulève une question très pertinente, parce qu'il y a beaucoup de parents, c'est
vrai, qui sont à la recherche d'une place, en ce moment, pour leurs tout‑petits.
Il faut voir
qu'il y a eu deux problématiques : il y a la problématique de la formation
et de la pénurie de personnel, la pénurie d'éducatrices, à laquelle on
s'attaque. Mon collègue travaille très, très fort pour surmonter cette pénurie
d'éducatrices. D'ailleurs, dans le
dernier budget, il y a eu des sommes qui ont été débloquées pour arriver à
attirer davantage d'éducatrices, on parle de sommes importantes pour
combattre cette pénurie-là.
Pour ce qui est du nombre
de places, clairement il y avait un problème très important, lors de notre
arrivée au gouvernement, il y avait des places qui avaient été annoncées,
réannoncées, réannoncées sans jamais que la consigne ne soit donnée, que l'autorisation pour créer ces places... et les fonds
n'aient été rendus disponibles. C'est à ça qu'on s'attaque, comme gouvernement, c'est à ça que s'attaque mon
collègue le ministre de la Famille avec beaucoup de courage. Il a déjà fait
débloquer des choses, en début de
mandat, et il continue à changer des règles, à bousculer l'administration pour
réduire le nombre d'étapes et répondre aux besoins des familles.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique
Hivon
Mme Hivon :
Je veux revenir sur la pénurie d'éducatrices : 3 000 en ce moment, 10 000 manquantes,
prévues en 2024. Et, depuis le début du mandat de la CAQ, rien, pas de plan,
pas d'investissements, absolument rien. Et là, comble, le ministre de la Famille est allé publier en douce,
mercredi dernier, un projet de règlement pour revoir à la baisse la qualification
des éducatrices. Deux sur trois qualifiées avant; maintenant, une sur trois, ça
va être correct.
Est-ce que c'est ça, le plan du premier ministre
pour agir tôt pour les tout-petits?
Le Président : M, le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge :
M. le Président, je pense qu'il faut être créatifs, il faut être capables
d'attaquer le problème sur tous les angles.
C'est vrai qu'il y a un problème de pénurie
d'éducatrices. On y travaille. Mon collègue le ministre de la Famille y
travaille, comme j'ai bien expliqué tout à l'heure.
Il y a eu un problème de retards. Ça bloquait
d'un point de vue administratif, surtout sous les administrations précédentes, où on aimait bien faire des annonces,
des communiqués de presse, mais on aimait moins ouvrir des places, ouvrir
des CPE, débloquer des CPE. C'est ce qu'on fait maintenant. Ce qui se passe,
c'est du concret.
Et, pour ce qui est de la formation des
éducatrices, c'est évident que, de manière temporaire...
Le Président : En terminant.
M. Roberge :
...on doit revoir les règles, pour, après ça, revenir à la situation que l'on
connaît, à la situation que l'on souhaite.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique
Hivon
Mme Hivon :
Le gouvernement en est rendu à revoir à la baisse la qualification, la qualité
dans nos CPE, faute d'avoir agi
depuis deux ans et demi. Et ce n'est pas faute de les avoir alertés. Et, malgré
ça, pas de plan, toujours pas de plan réel dans le budget. Même chose, grave pénurie, fermetures par
centaines dans les milieux familiaux, toujours pas d'investissement pour
la rétention.
Alors,
est-ce que le gouvernement, est-ce que le premier ministre peut nous dire quand
il va réaliser l'ampleur de la crise?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge :
M. le Président, je pense qu'il faut mettre les choses en perspective. Entre
2011 et 2013, 11 000 places avaient
été annoncées et dormaient sur des tablettes, c'étaient des mots sur des
feuilles. Pendant que les parents s'inscrivaient sur des listes d'attente, il y
avait quelque part des communiqués, des annonces, des plans, mais rien ne se
concrétisait sur le terrain.
Depuis février
2019, 2 100 places ont été créées, et en mars 2022 il y aura un total
de réalisation de plus de 10 600 places subventionnées. Le gouvernement est au travail, le
plan est en train d'être mis en oeuvre. Et mon collègue le ministre de la
Famille fait un excellent travail pour
changer les manières de faire pour enfin accélérer le déploiement et
l'ouverture de places.
Le Président : Question
principale, M. le député de Jean-Lesage.
Conditions de travail
dans le réseau de la protection de la jeunesse
M. Sol
Zanetti
M. Zanetti :
M. le Président, ce que tout le monde avait prédit est en train d'arriver. À
force de donner des mauvaises conditions
de travail aux travailleuses et travailleurs de la DPJ, le gouvernement a causé
un exode du personnel sans précédent.
Aujourd'hui,
on doit réengager nos propres intervenantes à grands frais par le biais
d'agences privées. Ça coûte une fortune à
l'État. C'est démotivant pour les gens qui demeurent dans le réseau et ça leur
donne le goût de partir à leur
tour. Et surtout, surtout, c'est
catastrophique pour les enfants les plus vulnérables. En bout de ligne, c'est
eux qui paient pour l'inaction du gouvernement, M. le Président.
Le ministre de la
Santé est-il capable de reconnaître que les mauvaises conditions de travail
qu'il accorde au personnel de la DPJ ont causé l'exode qui nuit aux enfants du
Québec?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Bien, écoutez, M. le Président, là, j'apprécie pouvoir prendre la parole,
particulièrement au nom de mon collègue le ministre délégué à la Santé,
pour qui toute la question de la DPJ est un élément excessivement important, je pense qu'il l'a démontré au cours des derniers
mois, particulièrement à suivre le plus rapidement possible plusieurs des
recommandations qui ont été faites par la
commission Laurent, dont notamment la nomination d'un sous‑ministre, qui vient
d'être... se joindre à l'équipe.
Je pense que ce qui a
été le principal objectif, dans le cas qui nous concerne ici, où il y aurait
eu... s'il n'y avait pas eu l'engagement du
personnel dont réfère le député de Jean-Lesage, c'est qu'il y aurait eu une
rupture de service, M. le Président.
Et je pense que, lorsque... je l'ai dit plusieurs fois, ce n'est pas notre
premier choix, d'utiliser des agences de placement, on n'aime pas le faire,
dans certains cas c'est un mal nécessaire, mais, entre avoir une rupture de
service ou utiliser de façon ad hoc une agence de placement pour
dépanner... je pense que le choix qui a été fait dans ce cas-là, M. le
Président, est le bon choix. Merci.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Jean-Lesage.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti :
Écoutez, je vais répéter ma question, parce qu'on n'y a pas répondu.
Est-ce
que le ministre de la Santé reconnaît que les mauvaises conditions de travail
que son gouvernement accorde aux travailleuses et travailleurs de la DPJ
causent un exode, à la DPJ, et nuit aux enfants les plus vulnérables? Est-ce
qu'il reconnaît ce lien?
Le Président :
Mme la présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel :
Oui. Ça va me permettre, M. le Président... Merci beaucoup. Je m'excuse, je vais
commencer correctement. Bonjour, M. le Président. Ça va me permettre peut-être de recadrer un peu dans le cadre des négociations
et dans le cadre de la conversation
fort intéressante, j'en suis certaine, que je m'apprête à avoir avec les chefs
syndicaux ce soir.
Maintenant,
le gouvernement a été clair depuis le début dans ses priorités,
hein : PAB, accès aux soins, enseignement primaire et secondaire — pas
l'enseignement collégial, je vous envoie un message — enseignement primaire et secondaire et
les centres jeunesse, considérant... et la DPJ.
Donc,
oui, effectivement, M. le
Président, je n'entrerai pas dans les
détails, mais il y a présentement, au moment où on se parle, dans les
tables sectorielles, qui sont les tables pour les conditions de travail, des
mesures d'attraction et de rétention...
Le Président :
En terminant.
Mme LeBel :
...parce qu'on reconnaît le travail essentiel de la DPJ, pour retenir ces
gens-là.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Jean-Lesage.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Il y a quelque
chose qui ne fonctionne pas dans le
discours du gouvernement. On dit : On reconnaît que c'est important de donner des bonnes
conditions de travail. Mais alors pourquoi ne l'ont-ils pas fait? Ça fait deux ans.
On savait, il n'y avait pas de surprise, il n'y avait pas de commission Laurent
nécessaire pour savoir qu'il y avait là un problème
crucial. Pourquoi est-ce que ça prend autant de temps? Pourquoi
est-ce que ce n'est pas fait aujourd'hui? Et pourquoi
est-ce qu'il y a encore un exode?
Le Président :
Mme la présidente du Conseil du trésor.
Des voix :
...
Le Président : S'il vous
plaît! À vous la parole.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Bien, je suis contente de voir que mon gouvernement est enthousiaste à répondre à cette question, ça veut dire qu'on
y travaille ensemble et avec beaucoup d'intensité.
Écoutez,
la cheffe de mon collègue vient de dire qu'elle est d'accord pour qu'on fasse
des priorités, mais on doit les négocier. Alors, c'est ce qu'on est en train de
faire, justement. Mon collègue ministre délégué à la Santé a travaillé sur la sécurisation des équipes, renforcer les équipes de travail. Ce
qu'on a pu faire par nous-mêmes sans le négocier, c'est déjà fait. Mais, quand on parle des primes
d'attraction et de rétention et des meilleures conditions de travail pour les
employés de la DPJ dans les centres
jeunesse, nous sommes en train de les négocier. Donc, ce qu'on demande aux syndicats,
c'est de s'asseoir avec nous et de parler de ça, mais c'est difficile,
parce qu'on veut prioriser...
Le Président :
En terminant.
• (14 h 50) •
Mme LeBel :
...et c'est difficile pour un syndicat de le faire.
Le
Président : Question principale, Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys... Notre-Dame-de-Grâce, je m'excuse, Mme la
députée, Notre-Dame-de-Grâce.
Rétention
du personnel dans le réseau de la protection de la jeunesse
Mme Kathleen Weil
Mme Weil :
À bout de souffle, usées, épuisées. Tels sont les mots utilisés pour qualifier
l'exode des intervenantes à la
protection de la jeunesse à travers plusieurs régions du Québec. Les conditions
de travail se détériorent, la santé mentale et physique de nos intervenantes se dégrade. Elles tombent au combat,
mettant à risque la protection et la santé de milliers d'enfants
québécois.
Plus
inquiétant, la pandémie a gravement exacerbé les cas de violence conjugale, et,
on le sait, les enfants en font les frais.
51 % des femmes victimes ont affirmé que la violence envers leurs enfants
s'est intensifiée et aggravée. Elle est aussi plus fréquente.
En
date du 7 mars, cette année, 2 804 enfants étaient sur une liste
d'attente. Les enfants souffrent, ils ont besoin de services, un
accompagnement d'une DPJ performante et en santé pour les protéger et les
mettre sur la bonne voie. Un psychologue du réseau confirme que les équipes
sont à bout de souffle, qu'on est à un cheveu d'une rupture.
Quel est le plan du
ministre pour régler de façon urgente la crise qui menace le réseau?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, dans la même lignée des réponses qui ont été données jusqu'à maintenant,
M. le Président, à la députée de Notre-Dame-de-Grâce, je pense qu'il n'est pas
nécessaire de répéter, mais je vais le faire quand même, comment, pour notre gouvernement, le bien-être de
nos enfants, c'est ce qu'il y a de plus important. On l'a montré avec nos écoles, on l'a montré avec ce qu'on a fait...
Je reviens avec la commission Laurent. Je pense que les gens savent le
travail qui a été fait au cours des...
Par
contre, j'aimerais ajouter un point très important, c'est l'effort que notre
ministre des Finances a fait dans le dernier budget pour non seulement ajouter
49 millions, qui ont été investis et qui seront investis pour les jeunes
en difficulté... Je vous donne des détails.
Du 49 millions, il y en a
40 qui vont aller directement dans les services à la DPJ, 29 millions pour les services aux jeunes,
10 millions pour les familles d'accueil et 1,5 million pour les services intégrés et les abus de maltraitance.
Non seulement nous
avons fait les efforts dont j'ai parlé tout à l'heure, mais nous avons
l'argent, les sommes nécessaires pour avoir le personnel qui va appuyer. Merci,
M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil : Des chiffres qui ébranlent, M. le Président : 161 postes vacants dans les Laurentides,
55 postes vacants et Montérégie
et le tiers d'une équipe de la DPJ de Chaudière-Appalaches qui quittera prochainement. Ça, c'est les
chiffres qu'on connaît. Qu'en est-il des intentions de quitter?
Une
chose qu'on sait : le portrait s'assombrit quotidiennement. Je demande au ministre
quel est le plan de match.
Le Président :
Mme la présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel :
Vous savez, M. le Président, c'est un effort intégré du gouvernement. Mon collègue
le ministre responsable... le ministre
délégué à la Santé a travaillé beaucoup sur la DPJ dans les deux dernières années. C'est
important, et je suis d'accord, je partage les
commentaires de ma collègue de Notre-Dame-de-Grâce, c'est un enjeu extrêmement
important, puis c'est pour ça que je vous ai dit d'entrée de jeu que ça faisait
partie de nos priorités gouvernementales.
Donc,
pour ce qui est de la rétention, l'attraction c'est-à-dire comment on peut
inciter des gens à venir travailler pour la DPJ et comment on va faire pour garder ces gens-là, il y a...
j'ai dans mes marges de manoeuvre ce qui est nécessaire pour régler ces enjeux, il y a déjà aux
tables de négociation, M. le
Président, les conditions de travail
dans le secteur de la DPJ. Naturellement, nous avons des priorités...
Le Président :
En terminant.
Mme LeBel : ...donc les offres ne sont pas dans tous les
secteurs, mais, concernant la DPJ, nous sommes au rendez-vous.
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Nous passons maintenant...
Je m'excuse. M. le leader du troisième groupe d'opposition, je m'excuse.
M. Ouellet : Oui. Merci beaucoup, M. le
Président. Je n'ai pas intervenu puisque
l'échange ne nous concernait pas, mais
le leader parlementaire a utilisé un propos non parlementaire. Le mot «fligne-flagne» est à l'index, donc il ne peut pas être
utilisé ici, en cette Chambre. Donc, je tiens à le rappeler, M. le Président.
Le Président :
Merci pour ce rappel.
Motions sans préavis
Je
passe maintenant, donc, à la rubrique Motions sans préavis et je reconnais Mme la cheffe
du deuxième groupe d'opposition.
Souligner
la Semaine d'actions contre le
racisme et pour l'égalité des chances
Mme Massé :
Merci, M. le Président. Je demande le consentement de cette Assemblée pour
débattre de la motion suivante conjointement avec le ministre responsable
de la Lutte contre le racisme, la
cheffe de l'opposition officielle,
la députée de Gaspé, la députée de Marie-Victorin et le député de Rimouski :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la 22e édition de la Semaine d'action contre le racisme
et pour l'égalité des chances, qui se déroulait cette semaine du 19 au
31 mars;
«Qu'elle réitère avec
vigueur que le racisme sous toutes ses formes est inacceptable, qu'il a des
impacts socioéconomiques et sur les droits à
la santé, au logement, à la sécurité et à la dignité des personnes et des
communautés qui le vivent;
«Qu'elle
souligne que le Service de police de la ville de Montréal a rapporté cinq fois
plus d'événements haineux contre les
personnes d'ascendance asiatique au cours de la dernière année et qu'elle
condamne avec force l'augmentation inquiétante du racisme envers ces
personnes;
«Qu'elle réitère son
engagement pour assurer l'égalité des chances de toutes et [de] tous;
«Que
l'Assemblée nationale appelle le gouvernement du Québec et les Québécoises et
Québécois à poursuivre et intensifier la lutte contre le racisme.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise
aux voix
Le
Président : Consentement, sans débat. Je vais vous demander vos votes respectifs. D'abord,
M. le leader du deuxième
groupe de l'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle... M. le leader adjoint?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : M. le leader
du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée. Mme la députée de Gaspé... M. le leader du
deuxième groupe d'opposition.
M. Nadeau-Dubois :
Merci, M. le Président. Je vais vous demander de faire parvenir une copie de
cette motion au Service à la famille chinoise du Grand Montréal.
Le Président :
Ce sera fait. Mme la députée de Gaspé, à vous la parole.
Mme Perry Mélançon :
M. le Président, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée
afin de présenter, conjointement avec la
députée de Verdun, la députée de Sherbrooke, la députée de Marie-Victorin et le
député de Rimouski, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle que le gouvernement a déposé, le
3 décembre 2020, le Plan d'action spécifique pour prévenir les situations de violence conjugale
à haut risque de dangerosité et à accroître la sécurité des victimes 2020‑2025;
«Qu'elle demande au
gouvernement de déposer, d'ici le 1er juin prochain, un état d'avancement
ainsi qu'un échéancier précis concernant
l'implantation des mesures de ce plan d'action et, avant le début de l'étude
des crédits du Secrétariat à la
condition féminine, la ventilation détaillée des sommes qui ont été investies
et des nouvelles sommes qui seront consenties.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Pas de consentement, M. le Président.
Le
Président : Pas de consentement. Je reconnais, à ce moment-ci,
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Dubé :
Alors, M. le Président, je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la
députée de Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que le Québec est la première juridiction canadienne
à avoir instauré un système de palier
d'alerte régional afin de moduler les [services] sanitaires en vigueur dans les
différentes régions du Québec;
«Qu'elle prenne acte
que cet outil, développé par la Santé publique, a été repris dans d'autres juridictions;
«Qu'elle rappelle que
ces paliers sont déterminés en fonction de divers facteurs découlant de
recommandations d'experts de différentes directions de santé publique
régionales et de la Santé publique nationale;
«Qu'elle déplore
toute tentative de politiser ce système et appelle à la plus grande prudence
toute organisation politique réclamant un assouplissement des mesures
sanitaires dans certaines régions qui connaissent actuellement une augmentation
[de] cas;
«Qu'enfin,
elle réitère sa confiance en l'expertise de la direction nationale de la santé
publique ainsi qu'aux directions régionales de santé publique dans
l'élaboration des avis régionaux.» Merci.
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader de
l'opposition officielle.
M. Derraji :
Pas de consentement.
Le
Président : Il n'y a
pas de consentement. Nous passons maintenant la parole à
Mme la députée de Maurice‑Richard.
Mme Montpetit : M. le Président, je sollicite le consentement de
cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec
la députée de Sherbrooke, le député des Îles-de-la-Madeleine et le député de
Rimouski :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que des masques SNN200642 ont été
distribués pendant plusieurs mois au sein du réseau des services de
garde ainsi que du réseau de l'éducation et de l'enseignement supérieur;
«Qu'elle prenne acte
que Santé Canada a jugé inacceptables les risques liés à ces masques et qu'ils
font l'objet d'une mesure de rappel par
Santé Canada et par le ministère de la Santé et des Services sociaux pour cause
d'un risque de toxicité pulmonaire précoce;
«Qu'elle condamne
avec vigueur le fait que de l'équipement de protection individuelle mettant
potentiellement à risque la santé et la
sécurité d'élèves, d'étudiants et de membres du personnel ait été distribué,
notamment au sein des réseaux des services de garde, de l'éducation et
de l'enseignement supérieur;
«Qu'elle
rappelle que ce n'est pas la première fois que du matériel non-conforme a été
distribué par le gouvernement du
Québec, puisque le 22 décembre dernier le gouvernement caquiste a ordonné
aux services de garde de cesser immédiatement l'utilisation des masques MC9501 qu'il avait lui-même distribués
parce que ceux-ci n'offraient pas une filtration adéquate;
«Qu'elle
rappelle avec fermeté que le gouvernement du Québec a la responsabilité
d'assurer la sécurité du personnel de
ses réseaux ainsi que celle des enfants, des élèves et des étudiants qui les
fréquentent par la distribution d'équipement de protection individuelle
sécuritaire et en quantité suffisante;
«Qu'elle exige du gouvernement
caquiste qu'il fasse preuve de transparence en informant l'ensemble des personnes visées des risques et effets potentiels sur la
santé associés au port de ces masques, notamment les parents des élèves
en ayant porté.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Président :
Pas de consentement. Mme la députée de Marie-Victorin, la parole vous
appartient.
Demander
au gouvernement d'intensifier la campagne de vulgarisation
scientifique sur la vaccination contre la COVID‑19 et de faciliter
la production de contenus indépendants à ce sujet
Mme Fournier : Oui, M. le Président. Je demande le consentement
de cette Assemblée afin de présenter, conjointement
avec le ministre de la Santé et des
Services sociaux, la députée de Maurice-Richard et le leader du deuxième groupe
d'opposition, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale note qu'une proportion significative des travailleurs de
la santé ne sont pas enclins à se faire vacciner contre la COVID-19 dans
les hôpitaux et [...] CHSLD du Québec;
«Qu'elle
prenne acte que les problèmes d'image du vaccin d'AstraZeneca ont le potentiel
de nuire considérablement à l'adhésion à la vaccination dans la population
en général;
«Qu'elle
réitère sa confiance envers le processus d'homologation des vaccins et l'efficacité
des vaccins approuvés;
«Qu'elle
souligne que selon les immunologistes, entre 75 et 85 % de la population
doit être vaccinée pour espérer atteindre une certaine immunité
collective;
«Qu'elle demande par
conséquent au gouvernement du Québec d'intensifier la campagne de vulgarisation
scientifique au sujet de la vaccination, des types de vaccin administrés et des processus de suivi des risques
associés aux vaccins, de même que de faciliter la production de contenus
indépendants du gouvernement.»
• (15 heures) •
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise
aux voix
Le
Président :
Consentement, sans débat. Je vous demande donc vos votes respectifs. D'abord,
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le Président :
M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le Président :
M. le leader adjoint de l'opposition officielle?
M. Derraji :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée.
Une
motion sans préavis ayant déjà été présentée par le groupe parlementaire formant le gouvernement, je demande s'il y a consentement pour permettre la lecture d'une
autre motion sans préavis. Consentement. M. le leader du gouvernement.
Entériner
le mandat de procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 88
M. Jolin-Barrette :
Oui, M. le Président.
«Que
l'Assemblée entérine le mandat donné à la Commission des transports et de
l'environnement, dans le cadre de
l'étude du projet de loi n° 88, Loi
modifiant la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune et
d'autres dispositions législatives, de procéder à
des consultations particulières et de tenir des auditions publiques le mardi 13 avril
2021 de 9 h 30 à 11 h 25
et après les affaires courantes vers 15 h 15 à 18 h 45, le
mercredi 14 avril 2021 après les affaires courantes vers 11 h 25 à 12 h 55 et de
14 h 30 à 18 heures et le jeudi 15 avril 2021 après les
affaires courantes vers 11 h 30 à 12 h 15 et de [14]
à 16 h 35;
«Qu'à cette
fin, la commission entende les personnes et organismes
suivants : la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs, l'association des chiens de sang, la ZEC-Québec, SNAP-Québec,
Nature Québec, le Centre de la science de la biodiversité du Québec, le Fonds mondial pour la nature division Québec,
l'Assemblée des premières nations du Québec
et du Labrador, le Syndicat des agents de
protection de la faune, le Conseil de l'industrie forestière du Québec,
la Fédération des pourvoiries du Québec, la Fédération
québécoise pour le saumon atlantique, la Fondation David
Suzuki, la Fondation de la faune du Québec, Action boréale, la Société
des établissements de plein air du Québec;
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue
pour les remarques préliminaires, répartie de la manière suivante :
6 minutes au groupe parlementaire formant le gouvernement, 4 minutes
au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 1 minute au deuxième
groupe d'opposition et 1 minute au troisième groupe d'opposition;
«Que la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et l'échange avec les membres de la commission soit d'une durée
maximale de 35 minutes partagées ainsi : 17 minutes 30 secondes
pour le groupe parlementaire formant le gouvernement, 11 minutes 40 secondes pour
l'opposition officielle, 2 minutes 55 secondes pour le deuxième
groupe d'opposition et 2 minutes 55 secondes pour le troisième
groupe d'opposition;
«Que les témoins auditionnés puissent l'être par
visioconférence;
«Qu'une suspension de 10 minutes soit
prévue entre les échanges avec chaque personne et organisme;
«Que le
ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs soit membre de ladite commission
pour la durée du mandat.»
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat.
Mise aux voix
Le Président : Consentement,
sans débat. M. le leader du gouvernement, votre vote?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Président : M. le leader
adjoint de l'opposition officielle?
M. Derraji : Pour.
Le Président : M. le leader
du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
Le Président : M. le leader
du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : Mme la députée
de Marie-Victorin?
Mme Fournier : Pour.
Le Président : Cette motion
est donc adoptée.
Avis touchant les travaux des
commissions
Nous en sommes aux avis touchant les travaux des
commissions. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, j'avise cette Assemblée
que la Commission des institutions poursuivra l'étude détaillée du projet
de loi n° 84, Loi visant à aider les personnes victimes
d'infractions criminelles et à favoriser leur rétablissement, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
19 heures, à la salle du Conseil législatif;
La Commission de l'économie et du travail poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi n° 59, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à
19 heures, à la salle Pauline-Marois;
La Commission des relations avec les citoyens poursuivra par
visioconférence les consultations particulières sur le projet de loi n° 79, Loi autorisant la communication de renseignements
personnels aux familles d'enfants autochtones disparus ou décédés à la suite d'une admission en
établissement, aujourd'hui, après les affaires courantes, pour une durée
de 1 h 40 min. Merci, M. le Président.
Le Président :
Et à la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée...
Affaires
du jour
La période des affaires étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. Et, conformément
à l'ordre adopté le 25 mars
2021, l'Assemblée se constitue en commission plénière afin de poursuivre l'étude
des crédits provisoires pour l'année financière 2021‑2022.
Je
suspends nos travaux pour quelques instants. Merci à toutes et à tous.
(Suspension de la séance à
15 h 5)
(Reprise à 15 h 15)
Commission
plénière
Reprise
du débat sur l'étude des crédits provisoires 2021‑2022
Santé
et Services sociaux
Mme Soucy
(présidente de la commission plénière)
: Donc, nous poursuivons aux affaires du jour avec les crédits en santé
et services sociaux. La commission plénière poursuit sur l'étude des crédits
provisoires pour l'année financière 2021‑2022.
Au
cours de la prochaine heure, nous allons procéder à un échange entre M. le
ministre de la Santé et des Services sociaux et les députés de
l'opposition. Nous commençons par les remarques préliminaires.
Je vous rappelle
qu'un maximum de 5 min 34 s est alloué au groupe parlementaire
formant le gouvernement. Et j'ai été
informée que les députés de l'opposition n'allaient pas se prévaloir de leurs
remarques préliminaires, leur temps sera ajouté aux blocs.
Remarques
préliminaires
Donc,
j'accorde immédiatement la parole à M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux pour ses remarques préliminaires.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente. Je salue d'abord mes collègues
députés, mais je veux aussi remercier les gens du ministère qui sont ici avec
moi. J'ai la chance d'avoir aussi des gens de mon cabinet et je veux en profiter pour les remercier, tout le monde ici,
pour le travail extraordinaire qui est fait par cette équipe-là,
particulièrement dans la dernière année, où on a appris à travailler
ensemble, et j'apprécie encore qu'ils soient ici avec nous aujourd'hui.
Mme
la Présidente, ce budget est vraiment la preuve que les services de santé et
services sociaux qui sont offerts aux
Québécois et Québécoises sont une priorité pour notre gouvernement puis non
seulement ce que le ministre des Finances a annoncé la semaine dernière, mais aussi la présidente du Conseil du
trésor. Et c'est pour ça que nous nous attardons, je le dis souvent, à ce qui est urgent, comme la
COVID-19, mais aussi ce qui est important, comme par exemple la reprise des
activités, la santé mentale, les soins à
domicile, la première ligne, entre autres. Par exemple, nous investissons
60 millions supplémentaires pour
les services de première ligne afin de favoriser l'accès à un médecin de
famille ou à un professionnel de la
santé rapidement. Nous ajoutons aussi 150 millions pour le renforcement
des services de soutien à domicile qui viennent s'ajouter à ce qu'on a fait depuis plusieurs années. À cela s'ajoutent
des investissements importants en santé publique, dans les services
hospitaliers, et les cliniques spécialisées, et bien d'autres.
Je
tiens à le rappeler, ce budget permet de préparer le réseau à l'après-crise,
l'après-COVID-19. Il pérennise le financement
des gestionnaires responsables des CHSLD afin de corriger un effet pervers de
la réforme libérale en santé. Il confirme
également le gouvernement récurrent lié à l'ajout de milliers de préposés aux
bénéficiaires, un succès dans la
lutte contre la pénurie de
main-d'oeuvre en santé. De plus, les
sommes qui sont dévolues en santé permettent de s'attaquer aux listes
d'attente en chirurgie, en imagerie
et dans d'autres secteurs. C'est un bon budget dont nous pouvons être fiers,
et je remercie encore une fois mes collègues de nous avoir accordé leur
confiance.
Un
des défis que nous devons relever est la reprise des activités médicales. La
capacité de reprendre nos activités dépend principalement de la pandémie
de la COVID-19 et de la disponibilité des ressources
humaines. Les variants de la COVID-19
sont de plus en plus présents, et
l'un des constats que nous faisons, actuellement, est que l'on retrouve des
jeunes hospitalisés et aux soins intensifs. Ces jeunes restent plus longtemps à
l'hôpital. Par conséquent, l'enjeu des hospitalisations demeure et peut freiner la reprise des activités,
car nous aurons besoin des infirmiers et infirmières, des inhalothérapeutes
pour l'hospitalisation et pour les soins
intensifs. Notre objectif : 100 % de reprise des chirurgies en
octobre prochain dans les blocs
opératoires des hôpitaux et le maintien des ententes avec les cliniques privées
pour diminuer l'attente. Actuellement, notre
niveau d'activité est de 84 % — sans les CMS, nous serions à 72 % — alors qu'il était de 30 % à 40 %
durant la première vague. Notre
objectif est de revenir à 100 %, je le répète, dans le réseau d'ici le
mois d'octobre alors que nous rajouterons une productivité de 10 %
à 15 % dans nos cliniques privées.
• (15 h 20) •
Dans les établissements, nous avons près de
1,1 milliard pour les blocs opératoires et nous en ajouterons si nécessaire. On se donne donc entre 18 et 24 mois
pour revenir à notre situation prépandémie. En février 2020, je le rappelle,
115 000 personnes
étaient en attente d'une chirurgie. En février 2021, 148 000 personnes
étaient en attente. On doit donc stabiliser
la situation et gruger la liste d'attente. Tout n'est pas noir, Mme la
Présidente, pour les chirurgies oncologiques. Le nombre moyen de jours d'attente des chirurgies oncologiques est de 30 jours.
Il était de 29 jours l'an dernier, à pareille date. C'est la preuve
que nous avons priorisé adéquatement ce qui est urgent.
La situation de la pandémie, maintenant. Nous
suivons de très, très près la situation épidémiologique. Depuis sept jours, nous avons en moyenne 875 nouvelles
personnes infectées par la COVID, mais ce que nous regardons également, ce sont les hospitalisations. Aujourd'hui, il y a
487 hospitalisations, dont 126 aux soins intensifs, une hausse de 10 hospitalisations
par rapport à hier. Le suivi des cas demeure
donc un indicateur important. Par contre, avec la vaccination qui s'accélère,
les données sur les hospitalisations
seront les indicateurs clés. En matière de vaccination, malgré les enjeux
d'approvisionnement, nous avons
atteint notre premier objectif de donner une première dose à 1,3 million
de Québécois avant le 31 mars. C'est un succès dont nous pouvons
être très fiers.
Ce budget est
teinté par la pandémie. En santé et en services sociaux, nous allons saisir
l'opportunité de faire évoluer notre
système de santé. La pandémie a eu des conséquences. Nous allons travailler à
l'avenir pour bien réussir. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Discussion générale
La
Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie. Vos remarques préliminaires étant terminées, nous allons
procéder immédiatement à un échange
entre l'opposition officielle et M. le ministre. Alors, vous disposez d'un bloc
de 20 minutes. Je cède immédiatement la parole à Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit :
Je vous remercie, Mme la Présidente. Bien, je vais commencer, même si on a
passé outre les remarques
préliminaires, quand même par saluer le ministre et son équipe ainsi que mes
collègues de l'opposition, avec qui on prend l'habitude d'être présents
ici dans ces échanges-là avec le ministre.
Donc, je commencerais d'entrée de jeu... Le
ministre a mentionné la question du délestage et de la reprise des chirurgies. C'est une des demandes qu'on a faites,
nous, dans nos demandes budgétaires, d'avoir un budget, notamment un
fonds dédié, là, à la reprise des activités chirurgicales. Et j'aimerais que le
ministre... Bon, j'ai vu qu'il y avait certains éléments, là, dans l'intervention qu'il vient de faire, on va essayer
d'être constructifs dans nos échanges, mais j'aimerais quand même revenir sur le fait qu'on a eu des
échanges à ce niveau-là, au mois d'août dans les crédits, où je lui avais
partagé les préoccupations que
j'avais par rapport au nombre de gens qui étaient déjà en attente, à l'époque,
de chirurgie et du nombre de
chirurgies qui avaient été reportées, du rattrapage... déjà, à la fin août, le
rattrapage de la première vague qui n'avait pas... qui avait été à peine amorcé, les ententes avec
les cliniques privées qui se faisaient au compte-gouttes à l'époque. Et le
ministre m'avait répondu qu'il avait un plan, qu'il avait déposé, d'ailleurs,
deux jours avant, le 18 août, un plan solide. Et je lui ai posé plusieurs questions, en période de questions, sur le
délestage, sur la vitesse à laquelle les cas seraient repris et ce à quoi les gens pouvaient s'attendre pour
les prochains mois. Il a passé l'automne, je le résumerais de cette façon-là,
à me répondre de façon un peu excédée sur le fait qu'il avait déposé un plan le
18 août, et que tout était clair, et qu'on s'en allait dans la bonne direction.
Bon, force est de constater qu'aujourd'hui ce n'est plus 90 000 personnes, là, qui était le chiffre, 92 000, je pense, à l'époque, qui étaient en attente
d'une chirurgie, aujourd'hui on est à 145 000 personnes, puis j'imagine que ce chiffre-là fluctue, donc c'est à
peu près, donc, disons, pour les fins de notre échange, plus de 140 000 personnes
qui sont en attente d'une chirurgie, dont un
nombre quand même assez considérable depuis plus de six mois. Ces personnes
ont des préoccupations non seulement très
légitimes d'un point de vue personnel, mais très légitimes aussi d'un point de
vue sanitaire, d'un point de vue de santé,
d'évolution de leur maladie. On a vu, au cours des derniers mois, à l'automne
et encore récemment, au cours des
dernières semaines, notamment le président des hémato-oncologues... des
hématologues-oncologues qui est sorti
à quelques reprises pour dire à quel point il avait des inquiétudes sur
l'évolution de certains cancers chez
des patients faute de faire du dépistage à temps, parce que ce qui n'est pas
urgent aujourd'hui peut le devenir dans les prochaines semaines ou dans
les prochains mois.
Donc, moi, je
n'étais pas rassurée quand on a eu des échanges avec le ministre au mois d'août
dernier, je n'étais pas rassurée par
le plan qu'il avait déposé à l'époque, et force est de constater... Puis là on
se rappellera, là, c'est le 18 août que ce plan-là est déposé. Je ne sais pas si le ministre me répondra qu'il
ne savait pas à l'époque qu'une deuxième vague allait arriver, mais, je veux dire, la deuxième vague,
elle est arrivée dans les jours, semaines — pas beaucoup de s — qui ont suivi. Là, je comprends qu'il annonce qu'il présentera un nouveau plan.
Donc, force est de constater que le plan initial ne devait pas être
complet, donc il pourra nous expliquer de quelle façon ce plan va venir
compléter le premier. Et, quand il dit qu'il
va déposer un plan dans les prochains mois, j'aimerais bien qu'il nous précise
son échéancier. Et j'aurai d'autres questions
par la suite, de toute façon, toujours sur ce sujet-là, mais je vais commencer
par vous laisser la parole sur ces éléments-là.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Dubé :
Bien, écoutez, c'est un peu difficile à répondre aux commentaires que je viens
d'entendre, honnêtement, là. Je vais essayer de mettre un peu d'ordre
dans les propos qui viennent d'être tenus.
Premièrement,
si je fais référence aux discussions qu'on a eues l'automne dernier en août, on
était au moment où on avait préparé
notre plan de la deuxième vague et on savait qu'on allait entrer dans une
deuxième vague. On ne savait pas à quel moment, mais on savait qu'elle
allait être forte. Nous avons, et je le répète... À ce moment-là, je pense
qu'il est important de rappeler, Mme la
Présidente, puis de rappeler à nos gens qui nous écoutent, et je l'ai mentionné
tout à l'heure dans mes remarques
préliminaires, qu'il y avait déjà, bien avant la pandémie, 115 000 personnes qui étaient en attente d'une
chirurgie. Ce n'est
pas une situation que la pandémie est venue inventer, il y avait
déjà 115 000 personnes qui étaient en attente d'une chirurgie, et ça, ça remonte vraiment
aussi, je le répète souvent, à l'incurie libérale qui ne s'était pas occupée
de ça. Alors donc, quand on est arrivés en
pandémie, il a fallu travailler, il a fallu faire du délestage, malheureusement, parce qu'il a fallu faire des choix importants, Mme la
Présidente, pour s'occuper des gens qui étaient à la COVID.
J'ai
expliqué qu'un an plus tard nous avons maintenant 148 000 personnes qui sont en attente.
J'ai souvent expliqué à députée de Maurice-Richard
que, lorsqu'on est en situation de crise, qu'est-ce qui est important? Ce qui
est important, c'est de stabiliser les
opérations, c'est de s'assurer qu'avant de faire quelque plan théorique, que la
députée me demande souvent, c'est de
s'assurer que nous avons des opérations stables et ensuite on peut commencer à
améliorer la situation. Je ferais
remarquer qu'entre le pire moment où on était dans la première vague le
délestage était à la hauteur de 70 %,
même 80 % dans certaines régions. On a réussi, je l'ai expliqué dans mes
remarques préliminaires, nous avons réussi, malgré la deuxième vague, de
remonter à la hauteur de 80 %, c'est-à-dire qu'on a réussi à éliminer plus
de 50 % du délestage qui était là. Et
pourquoi nous avons réussi ça? Parce que nous avons travaillé ensemble avec les
différentes associations de médecins
spécialistes, avec qui je suis en contact régulier, mais aussi parce qu'on a
signé plus d'une vingtaine d'ententes avec
des cliniques privées. Et ces cliniques-là privées nous ont réussi... nous ont
aidé à augmenter notre taux d'efficacité. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, là, et on le publie à toutes les semaines,
si on n'avait pas les cliniques privées, au lieu d'avoir un délestage de
30 %, on a seulement un délestage de 15 %, ce qui est énorme.
C'est-à-dire que l'on fait plus que de 15 % de chirurgies parce qu'on a été capables. Ça, là, pas besoin
d'avoir un grand plan pour comprendre qu'il y a eu un effet
excessivement positif des ententes qu'on a eues avec le secteur privé.
Alors,
je le répète, tout n'est pas noir. Est-ce que c'est acceptable qu'on ait encore
aujourd'hui, en plein milieu d'une crise,
en plein milieu d'une troisième vague qui est avec nous... est-ce qu'il est
normal qu'on ait encore des personnes sur des listes d'attente? La réponse, c'est oui. Est-ce qu'on aime ça? La
réponse, c'est non. Et on va continuer à travailler avec nos chirurgiens, avec nos associations pour s'assurer que l'on fait le minimum pour être
capable de descendre le plus possible les listes d'attente, Mme la
Présidente.
• (15 h 30) •
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. Je rappelle que le temps doit être
équitable entre la personne qui pose la question et la personne qui y
répond. La parole est à vous, Mme la députée.
Mme Montpetit : Oui. Je vous remercie, Mme la Présidente. Ma question était somme toute assez claire. Je vais la répéter
en espérant avoir une réponse. Le ministre a dit que son plan d'action viserait
à éliminer le retard lié à la pandémie dans
les 18 à 24 mois qui suivent le dépôt de son plan. Ma question était
simple : Quand est-ce qu'il envisage déposer ce plan? Et donc à quel moment est-ce
qu'il envisage que le rattrapage sera
complété pour les chirurgies présentement en attente?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le
ministre.
M. Dubé : J'aimerais demander à la députée de
Maurice-Richard, Mme la
Présidente, quand est-ce qu'elle pense que la troisième vague va se terminer.
La
Présidente (Mme Soucy) : Avez-vous quelque chose à...
C'est une question que vous lui posez.
M. Dubé :
Voilà.
La
Présidente (Mme Soucy) : Avez-vous quelque chose à
ajouter?
M. Dubé : Voilà ma question : Quand est-ce que
la députée de Maurice-Richard pense que le troisième vague va se
terminer?
Mme Montpetit :
Donc, ce que je comprends du ministre, c'est qu'il n'a aucune idée, à l'heure
actuelle. Ma question, elle est simple, là,
ma question, elle est très, très simple. On peut tomber dans ce débat-là de troisième vague, pas de troisième vague, quand une troisième vague. Moi, je vous
demande, comme ministre...
M. Dubé :
...pas de problème.
La
Présidente (Mme Soucy) : Une personne à la fois. Merci.
Mme Montpetit : Donc, ce que j'entends de la réponse du ministre, c'est qu'il ne sait pas à quel moment le
retard des chirurgies qui sont présentement en attente sera rattrapé. S'il a
une autre réponse à me donner, je suis prête à l'entendre.
Deuxième
question que je veux lui poser aussi, faute d'avoir... Bien, en fait, il m'a
donné une réponse, il ne le sait pas. J'ai une autre question, Mme la
Présidente.
M. Dubé :
...
La
Présidente (Mme Soucy) : Juste un
instant. M. le ministre, juste un instant, sinon ça va être...
M. Dubé : Mme la Présidente,
peut-être que la députée de Maurice-Richard...
Mme Montpetit :
Je n'avais pas terminé, Mme la Présidente.
M. Dubé : ...n'aime
pas ma réponse, peut-être qu'elle n'aime ma réponse...
La
Présidente (Mme Soucy) : Oui, mais M. le
ministre, juste pour le bien du déroulement de nos études de crédit, j'ai cédé la parole à Mme la
députée de Maurice-Richard, elle va terminer son intervention, et je vais vous
accorder la parole, et vous pourrez prendre le même nombre de temps si
vous désirez lui répondre. Allez-y, Mme la députée.
Mme Montpetit :
Je vous remercie, Mme la Présidente. Ce n'est pas que je n'aime pas les
réponses, c'est qu'il n'y avait pas de réponse. C'était
une question qui m'a été posée. Donc, je...
M. Dubé : ...
Mme Montpetit :
Est-ce que je peux terminer, Mme la Présidente? Merci.
La Présidente (Mme Soucy) : Juste un instant, M. le ministre. Après...
M. Dubé : ...
Mme Montpetit :
Mme la Présidente, c'est sur mon temps.
La
Présidente (Mme Soucy) : M. le ministre, s'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît, M.
le ministre, on va laisser
la députée finir son intervention. Je vais vous céder la parole, ça va me faire
plaisir de vous céder la parole immédiatement après. Mme la députée,
vous pouvez continuer votre intervention.
Mme Montpetit :
Je vous remercie, c'est gentil. Donc, à l'automne dernier aussi, à la fin du
mois de novembre, si je me rappelle bien, j'avais
posé des questions en Chambre au ministre sur ses intentions au niveau du
délestage, et s'il prévoyait du
délestage. On pourra ressortir les transcripts si vous voulez. Il m'avait
affirmé, avec beaucoup de conviction, qu'il n'était pas du tout, du tout
dans ses plans de procéder de nouveau à du délestage. Et, là encore, ça
a pris quelques semaines, où le réseau a dû
se mettre, suite à une de ses directives, en mode délestage, avec les
conséquences que l'on connaît, encore plus de gens sur la liste
d'attente.
Donc, ma question
sera simple. Avec les données qu'il a présentement entre les mains, parce qu'il en a des données
entre les mains, il a des projections, il a des échanges avec ses équipes là-dessus,
est-ce qu'il prévoit... On voit, là, il l'a mentionné dans son introduction tout à l'heure, qu'il y avait une hausse des hospitalisations. On les a entendus, tout à l'heure dans leur point de presse, formuler leurs inquiétudes.
Donc, est-ce qu'il prévoit que la situation, que ce soit aux soins intensifs, que ce soit aux hospitalisations, que
ce soit le nombre de cas qui vont
aller en augmentant, le nombre de
jeunes qui pourraient se retrouver plus longtemps aussi dans nos unités de
soins intensifs, est-ce qu'à la lumière de ces projections-là il pense qu'il y aura de nouveau des opérations de
délestage qui auront des conséquences sur le nombre de cas en attente?
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci. M. le ministre, je vous cède la parole.
M. Dubé :
Vous êtes bien gentille, Mme la Présidente. Merci beaucoup. Alors, j'aimerais
rappeler à la députée de Maurice-Richard que même si elle n'aime pas la réponse que je lui
ai donnée tout à l'heure, j'ai été très clair que, malgré les incertitudes, malgré la troisième vague que
nous vivons, nous avons pris l'engagement, nous avons pris l'engagement que
nous allons réduire les listes d'attente dans les 18 à 24 prochains mois.
C'est ce que j'ai dit et c'est ce que redis. Et, lorsqu'elle me demande aujourd'hui si on va être obligé de faire du
délestage, je vais répondre exactement ce que j'avais répondu l'année
dernière au moment où on s'apprêtait à rentrer dans une deuxième vague :
Nous allons suivre la situation.
Aujourd'hui, les hospitalisations nous permettent, comme elles nous ont permis
dans les dernières semaines, de réduire
le nombre de délestages que nous faisons parce que le nombre d'hospitalisations
est sous contrôle. Mais, s'il advenait qu'on ait encore plus d'impacts,
et on le voit parce qu'en ce moment on voit une légère hausse des augmentations
des hospitalisations, une légère hausse des
soins intensifs... Est-ce qu'on aime faire du délestage, Mme la Présidente? La
réponse, c'est non. Mais est-ce que
je peux m'engager aujourd'hui? Je pense que la réponse est claire, les
Québécois veulent qu'on soit transparents, on va tout faire pour limiter
le délestage, mais il faut suivre la situation pandémique. Nous nous engageons
à réduire les listes d'attente dans les 18 à 24 mois et nous allons tout
faire pour réussir, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Montpetit :
Bien, je ne sais pas si... Peut-être quelqu'un dans l'équipe du ministre
voudrait compléter, s'il le souhaite, mais... Puis c'est une question
importante, là. L'idée, ce n'est pas de prendre personne en défaut, là. Vous
parlez de transparence, M. le ministre,
c'est exactement ce qu'on vous demande. On a posé des questions lors des deux
premières vagues, puis malheureusement
les questions qu'on posait, bien, elles se sont révélées être vraies, elles se sont révélées arriver.
Là, à l'heure
actuelle, on a deux modèles de projections, là, qui sont disponibles. On a Santé Canada, on a l'INSPQ. Ces deux
modèles de projections là sont très clairs sur la suite des choses. Les experts
qu'on entend depuis quelques jours sont très clairs aussi sur le fait qu'il va y
avoir une augmentation assez fulgurante du nombre de cas. Après ça, on peut se dire : Est-ce que ça entraîne ou pas hospitalisations,
décès? C'est un autre débat. Mais ce qu'on sait aussi, c'est que les hospitalisations risquent d'être différentes que
durant la première vague. Ça risque d'être des gens plus jeunes. Si quelqu'un veut
compléter, c'est le bienvenu. Ça risque d'être des gens plus jeunes, ça risque
d'être des gens qui vont être plus longtemps
dans des unités de soins intensifs, qui vont être hospitalisés beaucoup plus
longtemps. Donc, ça risque d'engorger effectivement nos hôpitaux.
Donc, la question, elle est très simple :
Est-ce que c'est effectivement les données que vous avez, vous aussi, à l'interne? Parce que Santé Canada nous présente
ça comme modèle de projection, l'INSPQ nous présente ça comme modèle de projection. Est-ce qu'à la lumière de ces
modèles de projection, vous évaluez qu'il pourrait y avoir une baisse de la
reprise des activités chirurgicales, puis à quel niveau?
Vous devez... Je présume, M. le ministre,
qu'avec vos équipes, avec Dre Opatrny, avec vos équipes, vous avez
commencé à réfléchir à ce qui va se passer, parce que, si ça arrive, ça va
arriver très vite. Ça va arriver très vite. On le voit, là. Déjà, la semaine dernière, il n'y avait pas de troisième
vague, cette semaine, vous étiez en point de presse... pas cette semaine, cet après-midi, vous étiez en point
de presse en train de dire qu'il y a cinq régions qui nous inquiètent. Ce
qu'on sait, c'est que si ça arrive, ça va
aller très vite. Donc, je présume que c'est des discussions que vous avez eues
à l'interne.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci. M. le ministre.
M. Dubé :
Avec plaisir, Mme la Présidente. Premièrement, je trouve qu'il y a un peu
d'incohérence de la députée de Maurice-Richard. Ce
matin, elle nous demandait d'avoir des scénarios parce qu'ils disaient qu'il
n'y avait pas de scénario, Mme la
Présidente. Là, tout d'un coup, la députée de Maurice-Richard dit : Ah! il y a des scénarios qui... c'est ce qu'on dit
depuis le début et on a été excessivement...
Mme Montpetit : ...
M. Dubé : Je vais finir ma réponse. Elle a pris du temps
pour me poser la question, je vais prendre le temps de répondre.
La Présidente (Mme Soucy) :
Juste... Chacun notre droit de parole, Mme la députée.
M. Dubé : J'ai le droit de
parole.
Mme Montpetit : ...
La Présidente (Mme Soucy) :
Mme la députée...
M. Dubé : Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme Soucy) : ...faites attention de ne pas
lui imputer des motifs, mais, de part et d'autre, s'il vous plaît, là... Merci.
M. Dubé : Merci, Mme
la Présidente. Je veux juste
rappeler, Mme la Présidente, pour être très clair avec les gens qui
nous écoutent...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Soucy) : Mme la députée...
M. Dubé : Est-ce que je peux
continuer de répondre, s'il vous plaît?
La
Présidente (Mme Soucy) :
On va entendre... Vous prendrez le temps... Mme la députée, là, écoutez,
là, j'ai rappelé le ministre à
l'ordre tantôt pour qu'il vous laisse votre droit de parole, j'aimerais ça que
vous lui laissiez son droit de parole.
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Soucy) : Mme la députée, je suis intervenue, je lui ai demandé de ne pas
vous imputer de motifs, mais là laissez-lui son droit de parole puis...
Continuez votre intervention.
M. Dubé :
Merci, Mme la Présidente. Non, je suis habitué, il n'y a pas de problème, je
vais continuer. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Soucy) :
Non, mais, s'il vous plaît, là, s'il vous plaît!
M. Dubé :
Alors, ce que je veux dire, Mme la Présidente, c'est que nous avons demandé à
nos experts... Depuis des mois, nous
publions à toutes les semaines différents
scénarios qui sont connus du public. Dépendant de l'adhésion aux mesures,
dépendamment de
comment le public réagit aux mesures sanitaires, les scénarios
d'hospitalisations, de soins intensifs peuvent être très différents. Alors, moi, ce que j'aimerais demander à la
députée de Maurice-Richard pour répondre à sa question : Est-ce qu'elle a pris connaissance de ces
différents scénarios? J'entendais ce matin, de la cheffe de l'opposition... qui
disait qu'il n'y avait pas de scénario. On publie, Mme la Présidente,
ces scénarios-là à toutes les semaines.
Nous allons
nous ajuster en fonction de ce qui va arriver. Nous demandons aux citoyens de
nous aider à passer à travers les
derniers moments de la crise. La deuxième vague a été très difficile, on veut
essayer de limiter l'impact de la troisième.
Et, si on réussit, nous allons être capables de limiter l'impact sur le
délestage des chirurgies, Mme la Présidente.
• (15 h 40) •
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci. Je vous cède la parole, Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit :
Oui, c'est parce qu'on refait tout le temps le même débat. Le ministre, il peut
continuer de dire ça, là, mais ce
serait bien, à un moment donné, qu'il se fasse briefer par son équipe sur c'est
quoi, la différence entre un modèle de
projection puis un avis de la Santé publique. Un modèle de projection, c'est ce
qui est déposé par Santé Canada, par l'INSPQ,
qui est disponible, qui est mis sur les sites publics à tous les vendredis,
auxquels on a accès, qu'évidemment on consulte,
tout le monde, parce que c'est très intéressant, et c'est très pertinent, et
c'est public. C'est exactement là-dessus qu'on se gouverne.
L'autre chose
qu'on vous demande, c'est les avis de la Santé publique, les recommandations de
votre équipe, ce que Dr Arruda, comme directeur de la Santé
publique, vous fait comme recommandations, ce que son groupe d'experts à
l'interne vous fait comme recommandations. C'est ça, la différence entre les
deux. C'est ça qu'on vous a redemandé aujourd'hui.
C'est ça qui n'est toujours pas disponible à l'heure actuelle. Il y en a
quelques-uns qui sont sortis, au compte-gouttes, dans les dernières
semaines, mais là ce qu'on demande, c'est les avis de la Santé publique.
Juste pour
votre gouverne, parce que ça se peut qu'on le redemande encore dans les
prochaines journées, ce sont les avis
de la Santé publique qui ont été faits en lien avec les assouplissements qui
ont été mis de l'avant dans les dernières semaines. Donc, c'est ça, la
différence. Avis de la Santé publique, modèles de projection disponibles sur le
site Internet. J'espère que cette fois-ci, le débat va être clos, ça fait je ne
sais pas trop combien de fois qu'on s'obstine là-dessus.
Mais je n'ai toujours pas eu de réponse à ma
question sur les prévisions qui sont faites au niveau du délestage, parce que ça, ce n'est pas indiqué, non, ce n'est
pas indiqué publiquement dans les modèles de projection. Donc, c'est des
informations que vous devez avoir à
l'interne. Donc, par transparence, je vous demande de répondre parce que les
Québécois voudraient être au courant s'ils vont pouvoir, oui ou non,
avoir des chirurgies ou si ça va être délesté encore davantage.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci. Il vous reste 16 secondes pour terminer le bloc.
M. Dubé :
Très bien. Alors, je pense que la députée de Maurice-Richard devrait regarder les modèles qui ont été présentés, qui expliquent clairement, dans les différents cas
d'acceptation de la population, qui sont fortes, moyennes ou faibles, à
quel niveau d'hospitalisation on va avoir dans les prochains mois. Je pense que
ça l'aiderait à comprendre...
La Présidente (Mme Soucy) :
C'est ce qui termine le premier bloc de 20 minutes.
On m'informe qu'il y aura deux débats de fin de séance qui se
tiendront aujourd'hui, en application de l'ordre spécial. Le premier débat portera sur une question adressée
par M. le député de La Pinière au leader du gouvernement concernant
l'absence de leadership du gouvernement caquiste en matière d'éthique. Le
deuxième débat portera sur une question adressée
par Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce au ministre de la Santé et des
Services sociaux concernant l'exode massif du personnel au sein de la
direction de la protection de la jeunesse.
Donc, nous
allons poursuivre notre étude de crédits avec M. le député de Gouin. Je vous
cède la parole, M. le député.
M. Nadeau-Dubois :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour à vous. Bonjour à l'ensemble des députés, à
l'ensemble du personnel également. J'ai peu de temps, je vais aller
droit au but.
J'aimerais
parler avec le ministre de la Santé d'un petit pavé... moyen pavé dans la mare,
qu'il a lancé peut-être sans le
vouloir il y a quelques semaines, lorsqu'il a fait allusion à l'usage d'un
passeport vaccinal au Québec. C'est un enjeu dans lequel il y a des préoccupations éthiques, des préoccupations de
discrimination potentielle. Ce n'est pas banal comme sujet. Et je pense que, dans ce genre de sujet
sensible, la plus grande transparence est de mise. J'aimerais savoir, au moment
où on se parle, où en sont les travaux pour développer un tel passeport
vaccinal au Québec.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci. M. le ministre.
M. Dubé :
Bon, c'est une question très claire, je vais vous donner une réponse très
claire. Lors d'un point de presse où
j'avais eu la question d'un journaliste, justement, sur ça... Je pense qu'il
est important de spécifier la différence entre une preuve vaccinale puis un
passeport vaccinal. O.K.? Je dois rappeler au député qu'une preuve vaccinale,
il y en a eu une, il y en aura
toujours de la part de notre Santé publique parce que, dans le carnet de santé,
on est capable d'avoir une preuve vaccinale.
D'accord? Ce que j'ai dit à ce moment-là, qui a peut-être été interprété, puis
là on peut aller dans des questions d'éthique,
mais je vais essayer de faire ma réponse très courte, M. le député, ce que je
voulais référer... J'ai dit : Dans un gouvernement qui se veut un gouvernement ouvert à la digitalisation de
l'information, je ne vois pas pourquoi une preuve vaccinale, une preuve vaccinale, ne pourrait pas
être donnée non seulement par écrit, comme c'était, par papier, comme ça a
été le cas, mais qu'elle ne pourrait pas
être de façon digitale, comme, je pense, bien des sociétés ou des organisations
modernes peuvent avoir.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M.
le ministre. M. le député.
M. Nadeau-Dubois : Au-delà de la question du support, donc,
numérique ou papier, ce qui m'intéresse surtout, c'est l'usage qui pourrait en
être fait sur le territoire du Québec. Puis je veux d'entrée de jeu dire au
ministre que c'est déjà une pratique
commune pour certains pays d'exiger, de la part des voyageurs, d'avoir certains
vaccins pour y entrer. Personne de raisonnable, je pense, ne peut avoir
de problème avec une telle approche.
Ce
qui m'importe puis ce qui m'inquiète, puis je ne suis pas le seul, c'est son
utilisation sur le territoire du Québec. Le 9 mars dernier, le
Dr Arruda disait, je cite : «Peut-être que certaines entreprises
voudront exiger la vaccination pour accéder
à leur lieu, on va regarder ça.» Donc, ma question : Où en sont ces
travaux-là? Peut-être une question encore plus précise, par exemple, personnellement, je suis un fan de hockey, si je
veux aller... si j'ai la volonté d'aller voir, dans les prochains mois, un match de hockey au Centre Bell,
est-ce que le ministre envisage la possibilité qu'une entreprise comme
celle qui opère le Centre Bell puisse exiger de ma part de montrer une preuve
de vaccination avant d'avoir accès à ses installations?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci.
M. Dubé :
Je donnerai la chance, si jamais la présidente le veut, au Dr Arruda de
pouvoir commenter parce qu'il a déjà
commenté sur cette question-là, puis je pense que c'est de... Mais ce que
j'aimerais vous dire, puis je vais être excessivement transparent, il y
a déjà eu des demandes du fédéral de discuter avec nous de ce que pourrait
prendre la forme d'une preuve vaccinale, je vais l'appeler comme ça, parce que
je pense que le passeport peut amener une certaine confusion, mais de... Alors donc, pour être très transparent, oui, il y
a eu des discussions avec le fédéral, qui discute avec les différentes provinces. On en a parlé lors
d'une rencontre des ministres de la Santé, mais il n'y a pas eu plus d'avancées
que ça. Par contre, sur la possibilité pour
vous de poser des questions au Dr Arruda, si jamais la présidence le
permet, ça va me faire plaisir.
La Présidente (Mme Soucy) : Il y a un consentement pour que Dr Arruda
prenne la parole. Dr Arruda, je vous cède la parole.
M. Arruda
(Horacio) : Horacio
Arruda, directeur national de santé publique. Il n'est pas de l'intention de la
Santé publique de recommander l'utilisation de passeports santé pour brimer les
droits des individus. Quand j'ai mentionné ça, c'est dans une perspective où on sait que certaines entreprises
voudraient qu'on mette ça. Juste pour vous donner un exemple, récemment, par rapport à l'accès aux salles à
manger dans les RPA, hein, on a dit : Quand la RPA est vaccinée à un
certain niveau, on n'empêchera pas quelqu'un qui, pour toutes sortes de
raisons, a refusé la vaccination, d'avoir accès. Pour faire ça, il faudrait vraiment être capable de démontrer
la menace à la santé, puis on pense que ce n'est pas la situation qui est
pertinente. En termes de la santé publique, ce ne sera pas une recommandation
de notre côté. Mais on sait qu'il y a des entreprises
qui auraient aimé ça, ici comme ailleurs, et je pense que ce que le ministre a
dit... on veut avoir ce qu'on appelle une information électronique par
code QR qui va nous...
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. Arruda.
M. Nadeau-Dubois :
...temps est compté, au sens littéral.
La
Présidente (Mme Soucy) : Allez-y.
M. Nadeau-Dubois :
Donc, j'entends de la part du représentant de la Santé publique qu'il n'y aura
pas de recommandation de permettre à des entreprises d'exiger des preuves de
vaccination pour avoir accès à certains lieux. Est-ce que le gouvernement entend légiférer ou que ce soit... disons,
est-ce qu'il entend légiférer ou décréter des règles pour s'assurer que de telles pratiques soient
interdites sur le territoire du Québec? Parce que, le Dr Arruda vient de le dire, beaucoup d'entreprises pourraient souhaiter le faire. Pas plus loin de
chez nous que dans l'État de New
York, c'est déjà des
pratiques qui apparaissent. Est-ce que, le ministre, c'est dans son intention d'instaurer des règles,
soit par voie législative ou par décret, pour s'assurer que les entreprises
ne puissent pas poser une telle exigence?
La
Présidente (Mme Soucy) : Je vous
remercie. M. le ministre.
M. Dubé :
Merci beaucoup, puis je vais être bref, notre objectif va être d'écouter les recommandations
de la Santé publique. Alors, vous avez
entendu la réponse du Dr Arruda. Nous allons suivre les recommandations de la Santé publique.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci
beaucoup. M. le député.
M. Nadeau-Dubois : Parfait. Est-ce
que, dans ce cas-là, la
Santé publique envisage d'émettre des recommandations sur l'accès
aux services gouvernementaux ou aux services publics? Parce qu'on sait que ça
existe dans certains États, que l'accès
aux services gouvernementaux ou aux services publics est conditionnel au fait
de montrer un passeport vaccinal.
M. Dubé : Je pense que le
Dr Arruda avait répondu tout à l'heure, mais, si vous permettez encore...
M. Nadeau-Dubois :
Mais je parlais des entreprises privées. Là, je parle des services publics.
Alors, moi, si la réponse est la même, on peut simplement me le dire.
M. Arruda (Horacio) : Oui, la
réponse est la même.
La Présidente (Mme Soucy) :
Parfait.
• (15 h 50) •
M. Nadeau-Dubois :
La réponse est la même. Merci beaucoup, Mme la Présidente, puis merci pour
les précisions. Je pense que beaucoup de gens les attendaient, et ça
vient, je pense, de clarifier beaucoup de choses. Oui, voilà.
Avec le peu
de temps qu'il me reste, j'aurais quelques questions au ministre de la Santé au
sujet de son recours aux cliniques
privées pour opérer des chirurgies. C'est un enjeu dont on a eu l'occasion de
débattre, lui et moi, à plusieurs reprises. J'aimerais savoir combien de contrats ont été alloués à des cliniques
privées pour contribuer à réduire le délestage dans nos hôpitaux.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci. M. le ministre.
M. Dubé : Avec plaisir. Merci,
Mme la Présidente. À moins que je ne me trompe, puis je pourrais demander peut-être au Dre Opatrny de me confirmer ou
M. Coubat aux finances, mais c'est 21 ou 22 contrats qui ont été
conclus, là. Je peux me tromper d'un ou deux... Peut-être me faire un
signe de la tête? Oui, c'est ça, 21. 21 contrats.
M. Nadeau-Dubois :
21 contrats. Est-ce qu'il pourrait me fournir une estimation de la valeur
totale de ces contrats-là?
M. Dubé : Sur une base
annualisée, je pense qu'on parlait d'à peu près 30 millions, mais je
pourrais avoir une précision. Ne bougez pas une petite minute, je peux me
retourner. M. Coubat?
Une voix : ...
M. Dubé :
Bon, c'est entre 30 et 40 millions dépendamment des volumes d'activité, si
vous avez compris la réponse, mais on est dans ce code régional là.
M. Nadeau-Dubois :
Est-ce qu'il y a des cliniques privées qui ont refusé de signer de tels
contrats avec le ministre? Si oui, combien?
M. Dubé :
Bien là, j'aimerais demander peut-être à M. Coubat, parce que je sais
qu'il y en a qui demandaient des sommes plus importantes. Alors,
peut-être, si vous me permettez...
La Présidente (Mme Soucy) :
Est-ce qu'il y a consentement?
M. Dubé : Je laisserais... Parce
que M. Coubat était un de ceux qui étaient très impliqués dans...
La
Présidente (Mme Soucy) :
Est-ce qu'il y a consentement pour permettre... Oui. Alors, vous pouvez y
aller. Alors, j'ai un consentement pour laisser la parole à
Dre Opatrny. La parole est à vous.
Mme Opatrny
(Lucie) : Bonjour. Est-ce que
je me présente? Oui? Non? Pas nécessaire? O.K. Alors, il
y a des cliniques qui ont été
refusées parce que leurs demandes financières coût par cas étaient trop élevées...
M. Nadeau-Dubois : ...ma question était plutôt : Est-ce qu'il y a des cliniques qui, elles, ont
refusé de signer des contrats avec le gouvernement?
La Présidente (Mme Soucy) :
Dre Opatrny.
Mme Opatrny
(Lucie) : On n'a pas réussi d'avoir une entente parce qu'on n'était
pas d'accord sur soit les volumes soit le coût que ça allait nous
coûter.
M. Nadeau-Dubois : Parfait.
Avec combien de cliniques est-ce que ces négociations-là, donc, ont échoué?
La Présidente (Mme Soucy) :
Dre Opatrny.
Mme Opatrny (Lucie) :
Probablement une dizaine.
M. Nadeau-Dubois : Une dizaine?
Mme Opatrny (Lucie) : Oui.
M. Nadeau-Dubois :
Une dizaine. Quand ces négociations-là ont échoué — puis cette question-là est peut‑être davantage pour le ministre, puisqu'elle est plus
politique — lorsque
le ministre a constaté qu'il y avait donc une dizaine de cliniques privées avec lesquelles ce n'était pas
possible de s'entendre sur une base de gré à gré pour prendre une partie des
chirurgies ou des activités hospitalières,
pourquoi ne pas les avoir, par décret, obligées à participer à l'effort de
guerre collectif contre la COVID-19?
M. Dubé : Une très bonne question, M. le député. Je pense qu'on a eu... on a été capables, avec la vingtaine
d'ententes que nous avons eues, de
trouver des gens qui étaient intéressés à venir avec nous. Il faut comprendre
aussi qu'on le fait dans un contexte où le personnel
infirmier, que ce soient des infirmières, que ce soient des techniciens qui
soient dans ces cliniques-là, qui veulent
être capables de travailler dans l'environnement privé où ils ont toujours
travaillé. Alors donc, pour nous, on trouvait qu'avec la vingtaine de cliniques
que nous avions pu négocier de gré à gré on avait les ressources
nécessaires.
Je pense
qu'avec... Si on obligeait... Puis je pense que... Je ne sais pas si c'est
exactement la direction que vous avez dans
votre question, mais obliger les gens, par toutes sortes de méthodes, de venir
travailler pour nous, s'ils ne sont pas intéressés à le faire dans les conditions qu'ils ont, je ne pense pas
que ça aurait été une approche. Je pense qu'il y a plusieurs enjeux qui
limitent l'utilisation, et on n'a pas décidé d'aller plus loin avec ça.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le ministre. Allez-y, M. le député.
M. Nadeau-Dubois : Oui. Si je comprends bien les chiffres
approximatifs, là, qu'on vient de me donner, il y a eu des discussions avec une trentaine de cliniques,
il y en a une vingtaine, 21, avec qui ça a fonctionné, une dizaine avec
lesquelles ça n'a pas fonctionné.
M. Dubé : Oui, mais je vous demanderais juste d'être
prudent, de ne pas faire une règle de trois, parce qu'il y a des ententes avec de grandes cliniques qui ont été
faites et qui ne sont pas, peut-être, représentatives de petites cliniques avec...
Alors, il faudrait juste faire attention que...
M. Nadeau-Dubois : ...mon analyse de la situation.
Puis, par transparence, est-ce que le ministre serait prêt à rendre publics l'ensemble
de ces chiffres-là?
M. Dubé : Bien, il faut faire attention, lorsqu'on négocie,
puis là je pense à mon collègue à l'approvisionnement, qu'on travaille dans des
ententes de gré à gré qu'on a faites avec des cliniques et qu'on pourrait
continuer de faire si la situation exigeait qu'on continue à discuter.
On parle de 25 ententes, là, qui sont assez détaillées, donc...
La
Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le ministre. C'est ce qui termine votre temps de parole.
Alors, nous allons procéder à l'autre bloc avec M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
La parole est à vous.
M. Arseneau : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci, M. le ministre, de vous prêter à cet exercice. Je remercie également mes
collègues ici présents et toute l'équipe ministérielle. Notre temps est
effectivement compté, donc j'irai d'entrée
de jeu avec un sujet que j'ai déjà abordé lors de notre dernière séance et sur
lequel le ministre s'était engagé à agir, celui de la politique de
déplacement des usagers.
Des milliers
de personnes habitent en région, un peu partout au Québec,
et reçoivent encore des indemnités de 0,13 $ du kilomètre pour se déplacer
pour venir se faire soigner alors que les fonctionnaires de l'État, eux,
reçoivent 0,47 $ du kilomètre.
Évidemment, c'est l'un des exemples. On pourrait parler de l'hébergement à
75 $ la nuit, incluant les repas.
On sait tous que c'est beaucoup plus coûteux. Donc, essentiellement, les
usagers du système de la santé des
régions doivent débourser de leur
poche pour venir se faire soigner, souvent, dans les grands centres à Québec,
ou à Montréal, ou ailleurs.
La ministre McCann s'était engagée à agir. Vous
avez réitéré cet engagement. Ça devait se faire avant la fin de l'automne. Finalement, à la fin de l'automne,
on a eu un plan de match, des orientations, lesquelles nous annonçaient une
approbation finale du nouveau mode d'indemnisation pour mars 2021. Est-ce
qu'il y a des sommes au budget qui a été déposé la semaine dernière pour
rehausser ces indemnités?
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci. M. le ministre.
M. Dubé :
Bien, écoutez, je pense, vous serez d'accord avec moi, M. le député, que ça ne
va jamais assez vite, ces choses-là, je suis le premier à le dire. On a dit...
puis on s'est engagés à bonifier le per diem — je pense que ça, c'est très, très clair — autant pour les usagers que les
accompagnateurs, parce que ça, je pense que c'était une question qui était très
précise.
Ce que
j'aimerais vous dire pour aujourd'hui, premièrement, c'est qu'on n'avait pas
besoin de mentions spécifiques
dans le budget parce que
ça va être autofinancé par notre ministère. Alors, les montants qu'on va
annoncer, donc — je
sais que je vais vous revoir souvent
dans les prochaines semaines — j'aimerais
ça que vous preniez ma parole que ça va être annoncé. J'aurais aimé ça l'avoir réglé pour pouvoir vous
le dire aujourd'hui, mais je
pense qu'on est à quelques jours
proches. Il y a eu peut-être d'autres directives qui ont occupé nos gens de ce
qu'on appelle du département légal, de la DAJ, là, de la direction juridique,
mais on est rendus là, puis je pense
que vous allez être content d'avoir
des nouvelles qui ont été promises depuis longtemps. Mais ce sera
financé, autofinancé, on n'avait pas besoin de montants supplémentaires du ministère des Finances.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. Juste un petit rappel, ceux qui ont des
cellulaires, pouvez-vous les mettre sur vibration, s'il vous plaît? M. le
député, vous pouvez continuer.
M. Arseneau : Alors, les bonnes
nouvelles s'en viennent. Est-ce que vous pouvez nous confirmer qu'un tel
rehaussement des indemnités sera rétroactif, par exemple, au 1er avril
pour la nouvelle année financière, par exemple?
M. Dubé : Écoutez, là, je pourrais peut-être me retourner vers
notre responsable des finances au ministère
de la Santé. Mais je pense qu'on est dans une question de jours ou
de semaines, alors on n'est dans le... on est au mois... on est en avril la
semaine prochaine, alors je pense que ça devrait se faire avec... À moins que
je me trompe, là, mais je pense qu'on est très, très près d'être capable
d'avoir la directive nécessaire.
M. Arseneau :
Merci. C'est une bonne nouvelle qu'on attend, vous l'avez deviné, là, avec
beaucoup de hâte, et on l'accueillera avec beaucoup de bonheur aussi.
Maintenant, j'aimerais aborder un autre sujet en
suivi à la dernière discussion qu'on avait eue sur les services préhospitaliers d'urgence. Vous nous aviez dit à
l'automne, suite au dépôt d'un rapport du coroner concernant la mort tragique
d'un ambulancier à Lévis, qui n'était pas en
faction, là, mais pour lequel le délai d'intervention a été le double de ce
qu'il aurait dû normalement être...
Les recommandations étaient, donc, de réinvestir pour augmenter les services et
la rapidité d'intervention. Il y a
également d'autres problématiques dans le système. Vous nous avez référé au
rapport Doré. La compréhension qu'on en avait, c'est qu'un rapport devait être
déposé en décembre. Est-ce que le rapport a été déposé? Est-ce que des recommandations ont été retenues? Est-ce
qu'il y a des sommes qui vont être investies pour la réforme tant attendue
des services préhospitaliers d'urgence?
• (16 heures) •
M. Dubé :
Je vais y aller rapidement parce qu'on a eu plusieurs présentations, donc ce
que j'aimerais vous dire, là, de façon très sommaire, c'est que plusieurs
étapes du rapport, de façon
préliminaire, nous ont été présentées. Et, à chaque fois qu'on franchit une étape, je vous dirais
qu'on se rapproche d'un rapport final, sauf que, ce qui est venu... puis je
pense que c'est ça, notre objectif, je dis qu'on se sert beaucoup de la
crise de la COVID pour régler non seulement la crise elle-même, mais régler des éléments importants. Le préhospitalier est
important, mais je vous dirais qu'on a mis en place, grâce au Dre
Opatrny et au Dre Élyse Bernier de Lévis... on a mis un lien entre le système
préhospitalier et les urgences. Et ce qu'on
a demandé au rapport, à M. Doré, c'est de faire maintenant partie de
l'équipe des urgences pour être capable de baisser le temps aux urgences le plus rapidement possible, parce que
vous savez que c'est un enjeu très important, mais, en même temps, de
faire le lien avec le préhosp.
Ça fait qu'on
est rendus plus loin dans le rapport Doré qu'on pensait être, donc on a avancé.
Mais on a demandé, avant de finaliser
les recommandations sur comment travailler avec le système ambulancier de
préhospitalier, de voir comment on
pourrait optimiser le temps d'attente aux urgences et de rediriger certaines
ambulances dans des régions qui sont plus problématiques comme la rive
sud de Montréal, par exemple.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci.
M. Arseneau : Mais vous parlez d'avancées, là, pour un rapport,
mais, sur le terrain, les gens ne voient pas la différence, ni évidemment les
équipes d'ambulanciers ni évidemment les malades chez qui on doit intervenir.
Alors, est-ce qu'on va avoir des impacts concrets sur le terrain en
termes de ressources dans les prochains mois?
M. Dubé : ...en fait, M. le député, votre question est très
à-propos, puis, ce que j'aimerais vous répondre, parce qu'on aura la chance d'en reparler... Mais moi, je pense
qu'on était rendus à... Si on avait uniquement un rapport sur le préhospitalier
sans faire la connexion avec les urgences,
on aurait joué dans le même film que les gens essaient de régler depuis des
années et on ne serait pas capable
non plus de régler le problème des urgences. C'est la première fois qu'on va
travailler ensemble, avec les
différentes équipes du ministère, sous la direction de M. Doré, d'Élyse
Berger à Québec, et du Dre Opatrny, de faire travailler le préhospitalier avec
les urgences. Ça va prendre peut-être quelques mois de plus, mais ce qu'on aura
comme vision et comme temps
d'attente, autant dans le préhospitalier que dans les urgences, va faire une
très grande différence. Alors, on est là-dedans en ce moment.
M. Arseneau : ...les effets concrets d'une véritable réforme
des soins préhospitaliers d'urgence, dans votre calendrier, l'échéancier
pour la mise en oeuvre, le début de la mise en oeuvre.
M. Dubé :
...qu'on ait les recommandations très claires d'ici la fin de l'été, autant
pour la question des urgences que pour la question du préhospitalier.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
M. Dubé : Merci.
M. Arseneau : Autre sujet, parce le temps file. Vous le savez,
on en a parlé dans l'actualité récemment, il y a un fleuron, à Québec, en matière de santé.
Avec tous les problèmes et tous les enjeux que je ne voudrais pas avoir sur
même propres épaules, vous les avez, M. le ministre, dans le domaine de la santé, j'ai de la difficulté à comprendre qu'un
établissement qui
est exemplaire, qui est renommé à
travers l'ensemble du Québec et du monde, puisse se voir priver des moyens de
son autonomie pour être aussi efficace et performant qu'il devrait
l'être.
Est-ce que,
M. le ministre, vous pouvez vous engager à rencontrer les gens, les médecins
qui y pratiquent, qui se voient
privés d'outils pour mieux soigner les gens, au risque même de ne pas pouvoir
faire les traitements adéquats pour sauver des vies?
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci. M. le ministre.
M. Dubé :
Écoutez, c'est un débat très intéressant, parce qu'on avait engagé un expert,
un conseiller qui a essayé de trouver un terrain d'entente entre le CHU de
Québec et l'institut, et je crois qu'on a trouvé ce terrain d'entente là en
demandant... Parce qu'une des raisons pour lesquelles, par exemple, le
gouvernement libéral avait mis beaucoup d'énergie
au système de laboratoire d'Optilab... Il y avait des bonnes raisons de le
faire. Malheureusement, les gens de l'institut se sont sentis un peu
délaissés, dans ça, manquer peut-être certaines de leurs priorités.
La Présidente (Mme Soucy) :
...
M. Dubé :
Et on pourra continuer d'en parler, parce que... Un dossier qui, pour moi, est
réglé, mais on pourra en reparler.
La
Présidente (Mme Soucy) :
Oui. Merci, M. le ministre, c'est ce qui termine votre temps. Maintenant, nous
allons maintenant passer au deuxième bloc de l'opposition officielle. Et
je cède immédiatement la parole à Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit :
Oui. Je vous remercie, Mme la Présidente. Je vais avoir quelques questions sur
les équipements de protection individuelle,
comme, bien, c'est dans l'air du temps depuis un an, mais ce l'est encore. Je
vais commencer, j'hésite entre le N95
puis le masque graphène nanoformé, parce qu'il y a plusieurs questions. Mais je
vais y aller avec le masque graphène
nanoformé, comme c'est, j'allais dire, l'information la plus récente, mais non,
parce que les deux sont arrivés assez récemment.
On a déposé
une motion. D'ailleurs, le ministre en a pris connaissance aujourd'hui. Nous,
on a été interpelés... Juste pour
qu'on se rappelle, là, c'est le masque gris et bleu qui a été distribué dans
les réseaux de services de garde, les réseaux de l'éducation, les réseaux aussi d'études supérieures. Santé Canada,
donc, a fait un rappel de ces masques pour un potentiel de toxicité pulmonaire.
Il y a non seulement des professionnels, du personnel qui les porte déjà depuis
plusieurs mois, mais il y a aussi des enfants.
Moi, j'ai été
personnellement interpelée, dans les derniers jours, par des parents de ma
circonscription qui, justement, ont des enfants qui ont porté, six
heures, sept heures par jour, ces masques-là, depuis plusieurs mois déjà.
Ma question va être très simple. Encore là,
l'idée n'est pas d'être alarmiste, mais je pense que les questions de ces
parents-là sont très légitimes, à savoir est-ce qu'ils, un, devraient
s'inquiéter? Est-ce qu'il y a une analyse qui a été faite? Parce que notre question, elle était... notre motion,
aujourd'hui, je suis un peu surprise que le gouvernement l'ait refusée, notre motion, ce qu'elle demandait, c'est de
s'assurer de donner l'heure juste aux parents puis au personnel. Donc, c'est
une chose que ces masques-là ne soient plus utilisés, mais, une fois qu'on a
dit ça, est-ce qu'il y a une évaluation des effets sur la santé qui a été
faite pour ceux qui l'ont porté?
La Présidente (Mme Soucy) :
M. le ministre.
M. Dubé :
Premièrement, merci pour la question, parce que, je pense, c'est effectivement
un enjeu très important pour plusieurs parents, puis je pense que notre
gouvernement a réagi assez vite, Mme la députée.
Je voudrais
juste rappeler, là, qu'avant le 25 mars il n'y avait aucune mise en garde
qui avait été faite... qui était en vigueur contre l'utilisation de ces
masques-là. Soyons très clairs. Puis, dès que nous avons été informés, nous
avons agi.
Mais, peut-être pour vous donner un peu de
profondeur, Mme la députée, peut-être que je pourrais demander à Dr Arruda de nous commenter sur les effets
possibles qui seront peut-être analysés ou des analyses qui ont déjà été
faites, si vous permettez de...
La Présidente (Mme Soucy) :
Est-ce qu'il y a consentement pour permettre à Dr Arruda de répondre?
Alors, Dr Arruda, vous pouvez...
M. Arruda (Horacio) : ...Arruda,
directeur national de Santé publique.
Actuellement, il faut comprendre qu'il y a eu un
retrait à cause de risques théoriques de problématiques dus... associés au fait que le produit qui serait utilisé
peut avoir, à long terme, des effets pulmonaires. On n'a pas eu d'indication
de ça de la part de Santé Canada... De un,
on l'a immédiatement retiré. On n'a pas eu, de la part de Santé Canada, de
consigne particulière par rapport à ceux qui auraient pu être exposés, mais
j'ai demandé à mes gens de regarder la situation pour voir... premièrement, s'assurer qu'il n'y a pas de phénomènes qui
sont déjà apparus au Québec, mais aussi de documenter s'il y a des
particularités... Ça fait qu'on viendra, en temps opportun... On regarde la
situation, actuellement.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci. Mme la députée.
Mme Montpetit :
Bien, c'est fort intéressant. Je ne sais pas si Dr Arruda peut nous en
dire un peu davantage sur la façon dont vous
allez procéder, parce qu'il y a quand même, de ce que je comprends, des
milliers de personnes, adultes et
enfants... je comprends aussi que les enfants ont peut-être une capacité
pulmonaire chez qui ça pourrait avoir eu un impact plus grand par la vitesse de respiration, par la
formation aussi. De quelle façon vous allez procéder? Est-ce que les parents...
M. Arruda
(Horacio) : ...regarder avec les travaux... Excusez-moi.
J'ai-tu le droit de parler?
Mme Montpetit : Non, je... pas du tout. Je disais qu'on a
un plexiglas qui nous... Non, je voulais juste savoir de quelle façon vous allez procéder. Est-ce que
vous allez faire une étude? Est-ce
que vous allez contacter les parents?
De quelle façon vous allez vous assurer, justement, de faire un suivi
étroit, là?
• (16 h 10) •
M. Arruda
(Horacio) :
...documenter, là, quelles sont l'analyse de risques qui est faite par rapport à ce phénomène-là puis les
expositions. On va travailler ça notamment en lien avec les experts d'analyse de risques de Santé Canada puis on va demander à notre
institut national aussi de regarder cette situation-là, là.
Pour
le moment, outre le retrait, il n'y a pas eu de recommandation particulière à
prendre auprès des personnes qui auraient pu être exposées. Ça doit
venir de l'analyse de risques, mais je veux quand même le vérifier.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. Mme la députée.
Mme Montpetit :
Est-ce que l'analyse de risques... C'est juste, je veux bien comprendre. Comme
je vous dis, on a des parents qui sont inquiets, puis, moi-même, honnêtement,
pour avoir une formation santé environnementale, si ma fille était dans ce
cas-ci, je me poserais des questions sur les implications, puis je pense que
c'est très légitime de le faire. Mais est-ce qu'il y a justement... Là,
vous me parlez de Santé Canada, est-ce qu'il y a de la... Là, vous dites :
Une analyse de risques. Mais est-ce que,
chez les enfants ou chez le personnel qui les ont portés, est-ce qu'il y a un
suivi qui va être fait auprès de ces
personnes-là? Est-ce qu'il va avoir des constats? Est-ce qu'il va avoir des
questions qui vont leur être posées?
M. Arruda
(Horacio) : Ça va dépendre de l'analyse de risques qui est
faite. Comme je vous le dis, jusqu'à maintenant,
on n'a pas eu de recommandation de faire un suivi particulier parce qu'on pense
probablement que les effets toxiques
que ce produit-là pourrait entraîner nécessiteraient une exposition à beaucoup
plus long terme que ce qui a été fait
actuellement. Mais, comme je vous le dis, c'est quand même un phénomène qui est
relativement récent. On ne va pas prendre de chance puis on va regarder.
Et, si jamais, dans nos analyses de risque, on trouve qu'il y aurait un risque
de problématiques auprès de certains
enfants, on pourrait, à ce moment-là, faire des appels pour vérifier ce qui en
est. On ne nous a pas rapporté de
situation actuellement exacerbée par ça au point de vue clinique. Il faut comprendre
qu'il y a plusieurs enfants qui ont
déjà aussi des problèmes asthmatiques ou d'autres natures, mais on n'a pas eu
de signal de cette nature-là.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Dr Arruda. Mme la
députée.
Mme Montpetit :
Parfait. Bien, merci. Je compte sur vos pour nous tenir au courant étroitement
s'il y a des évolutions dans ce dossier-là. Si je peux peut-être profiter de
l'échange que j'ai avec Dr Arruda aussi, parce qu'on parle de
questions de risque sur un autre sujet, ce
matin, vous étiez cité dans La Presse, où vous parliez,
justement, de risque calculé. Je reviens à la troisième vague, qui était l'élément de notre échange précédent.
J'aurais aimé ça que vous soyez... que vous commentiez ou, en tout cas, vous définissiez, que vous soyez
un petit peu plus précis sur ce que vous appelez le risque calculé, parce
que... Là, je vous... Vous avez dit, ce
matin... On comprend, dans l'article, dans le fond, que vous êtes prêt à
accepter un certain nombre de cas d'hospitalisation, un certain nombre
de cas de décès aussi.
Donc, ma question,
elle est quand même, juste pour qu'on se cadre bien, là, pouvez-vous nous dire
combien d'hospitalisations ou de décès seraient acceptables selon vous? Parce
que, là, je reprends vraiment vos propos, là. Pour le bénéfice des allègements que vous avez proposés au premier ministre,
puis là, je vais vous citer, là, juste pour être certaine qu'on ne parte pas dans toutes les directions, là,
vous avez dit : «C'est sûr qu'on va avoir [...] des gens de votre âge qui
peut-être vont se retrouver aux soins intensifs et mourir, ce qui est horrible.
Mais en même temps, est-ce que de serrer tout et que les gens fassent
[des choses] en cachette, c'est mieux?»
Donc,
j'aimerais ça que vous puissiez préciser — je n'ai pas terminé ma question — j'aimerais ça que vous puissiez... Bien, c'est une phrase qui est quand même assez
lourde de sens. Vous avez échangé dans le cadre d'un... avec un journaliste
sur cet élément-là. Donc, j'aimerais ça que
vous puissiez nous dire de façon précise, quand vous dites : Oui, il y a
des gens qui vont mourir, oui, c'est
horrible, mais qu'on est prêt à vivre avec... On parle... C'est quoi, votre...
Je comprends, vous êtes prêt à tolérer un certain nombre de cas, un certain nombre d'hospitalisations et un
certain nombre de décès, dans le
contexte, pour pouvoir reprendre un certain semblant de vie normale dans
certaines régions.
La
Présidente (Mme Soucy) : M. le
ministre.
Mme Montpetit :
Je n'interprète pas, c'est ce que vous avez dit ce matin dans le journal.
La
Présidente (Mme Soucy) : M. le
ministre.
M. Dubé : Peut-être, Mme la
Présidente, là, j'aimerais... Premièrement, j'aimerais noter, pour tout
le monde qui nous écoute, là, qu'on est très loin des crédits
provisoires. On est ici, aujourd'hui, pour accepter les crédits provisoires d'un budget
qui a été présenté la semaine dernière. J'aimerais aussi rappeler, avec tout le
travail fantastique que le Dr Arruda a fait depuis un an avec la pandémie,
que, de poser ce genre de question là aujourd'hui, par la députée, je trouve ça
gênant. Je m'excuse d'être aussi direct, Mme la Présidente, là, mais, si
la députée...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Soucy) : Je vais le faire. Non, c'est... Justement, je vais le faire. M.
le ministre.
M. Dubé :
Je m'excuse, Mme la Présidente, mais elle a pris du temps pour poser non
seulement sa question, mais énoncer des faits... (panne de son) ...à
cette question-là.
La
Présidente (Mme Soucy) :
M. le ministre, je vais vous laisser tout le temps... oui, je vais vous laisser
tout le temps que vous désirez pour répondre...
M. Dubé : ...
La
Présidente (Mme Soucy) :
M. le ministre, juste vous dire, Mme la députée de Maurice-Richard a le droit de poser les
questions qu'elle veut en lien avec les études des crédits, bien entendu, ce
qu'elle a fait. Maintenant, je vous cède la parole pour répondre à la
question.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Soucy) :
Oui, allez-y, Mme la députée. Je vous cède... Oui.
Mme Montpetit :
Merci. On aura droit aux appels au règlement. Ça fait plusieurs fois que le
ministre m'impute des motifs. Je n'ai
absolument rien sous-entendu, j'ai lu mot pour mot ce que le Dr Arruda a
dit ce matin. C'est en lien avec le
budget, c'est en lien avec la troisième vague, c'est en lien avec ce qui s'en
vient. On a le droit d'avoir une idée de l'ampleur de la situation,
parce que ça va avoir un lien directement avec la relance économique puis avec
les reprises.
Une voix : ...
Mme Montpetit : Non, mais je ne
veux pas qu'on m'impute des motifs.
La Présidente (Mme Soucy) :
Bon, bien, parfait, j'ai bien compris votre rappel au règlement.
Mme Montpetit :
J'aimerais ça que le Dr Arruda puisse venir préciser sa pensée par rapport
à ce qu'il a dit ce matin dans le journal.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci. Maintenant, je cède la parole à M. le ministre. Et, M. le ministre, je
vais vous rappeler une chose, rappeler à la
prudence. Maintes fois, maintes fois la présidence a dit qu'on ne doit pas
imputer des motifs à un député, alors je vous appelle à la prudence.
Vous pouvez continuer votre intervention.
M. Dubé : Mme la Présidente, je n'avais pas besoin de l'imputer, je pense que
les gens ont bien compris ce que la députée essayait de faire.
Alors, pour
moi, pour moi, je répondrais : Écoutez, la mission de la Santé publique,
c'est de protéger la population. Puis
je pense qu'on doit prendre contact, prendre acte de l'excellent travail qui a
été fait par monsieur... le Dr Arruda au cours de la dernière année puis je pense qu'il est très important de le
noter. Puis j'apprécie être capable de le faire en son nom aujourd'hui.
Merci beaucoup. Merci.
La
Présidente (Mme Soucy) : Mme la députée de Maurice-Richard, si vous
voulez poursuivre votre intervention. Pour votre information, il vous
reste deux minutes.
Mme Montpetit :
Oui, bien, je trouve la réaction du ministre dommage. Je ne fais pas un procès
d'intention, ici. On a un directeur
de la Santé publique qui a accordé une entrevue, qui a tenu des propos... — je ne le remets pas en question, là, mon point, il n'est pas à ce niveau-là — qui a tenu des propos qui soulèvent quand même des
questionnements importants, à savoir que le gouvernement est...
La Présidente (Mme Soucy) :
Oui, juste un instant. Vous avez un appel au règlement?
M.
Caire :
Article 211. Ce sont les crédits provisoires. Là, on est en train de
commenter des articles de journal. J'aimerais
ça, Mme la Présidente, que vous nous expliquiez quel lien vous faites entre des
déclarations dans le journal de ce matin
puis le quart des crédits qui doivent être votés par l'Assemblée nationale,
parce que je vous avoue que, moi, le lien, je ne le vois pas, là, je ne le vois vraiment pas,
Mme la Présidente. Alors, je vous demande de rappeler article 211, Mme
la Présidente.
La
Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le leader. Je vous rappelle que nous sommes en étude de crédits. Ça
peut être large, une étude de
crédits, mais il faut quand même qu'il y ait un lien avec l'étude de crédits.
Mais c'est clair que ça peut être...
les questions peuvent être larges, je le rappelle. Donc, on va laisser, s'il
vous plaît, la députée de Maurice-Richard
finir son intervention. Vous pouvez y aller, Mme la députée.
Mme Montpetit : ...absolument.
Je pense que, quand il est question d'hospitalisations, de soins intensifs, si
le gouvernement ne voit pas de lien avec le
budget, avec les sommes qui vont être dépensées, avec les reprises des
chirurgies... Je veux dire, c'est un
ensemble, c'est un ensemble, il y a un lien direct. Mais je vois qu'à leur
réaction ça semble être une déclaration
très incommodante ou qui les indispose, qui a été faite par le directeur de la
Santé publique, mais je l'invite, je l'invite,
moi, à préciser sa pensée. S'il ne le fait pas ici, qu'il aille le faire sur la
place publique... ou son gouvernement le fera. Mais est-ce que ce
gouvernement-là est prêt à gérer, à accepter un certain nombre
d'hospitalisations et un certain nombre de
décès? Malheureusement, c'est ce qui a été dit dans les journaux ce matin.
J'aurais souhaité qu'on puisse le comprendre.
La Présidente (Mme Soucy) :
...députée, votre temps de parole est terminé. Alors, votre bloc est terminé.
La commission plénière étant terminée, je remercie les personnes qui y ont participé. Et je
les invite à sortir du salon bleu pour que nous puissions passer à la
désinfection et à l'autre étude de crédits. Je vous remercie.
(Suspension de la séance à 16 h 18)
(Reprise à 16 h 27)
Environnement et Lutte
contre les changements climatiques
La
Présidente (Mme Soucy) :
Donc, nous poursuivons nos études de crédits avec... la commission plénière poursuit son étude des crédits avec un échange entre le ministre
de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques et
les députés des oppositions. Nous commençons par les remarques préliminaires. Et
je vous rappelle que vous avez... 5 min 34 s sont allouées au
groupe parlementaire formant le gouvernement, et on nous a informé que les
députés de l'opposition ne prendraient pas leurs remarques préliminaires, et le
temps sera ajouté aux blocs.
Remarques préliminaires
Donc, je vous cède immédiatement la parole, M.
le ministre.
M. Benoit
Charette
M. Charette :
Mme la Présidente. Un plaisir de vous retrouver cet après-midi. Un plaisir de
retrouver les collègues également, un exercice qui est toujours
intéressant au niveau de la reddition de comptes, où, effectivement, on essaie de se voir à travers nos écrans respectifs, et
peut-être prendre le temps, là, de saluer les gens qui nous accompagnent cet
après-midi, autant les collègues de
l'opposition officielle que les gens qui travaillent avec eux, mais également
des deuxième et troisième oppositions, les gens de la table. Et vous
remarquerez que, du côté du gouvernement, j'ai le grand privilège d'être bien entouré aussi avec l'équipe composée
de différents sous-ministres, sous-ministres adjoints, mais également du
cabinet, pour espérer arriver aux réponses
les plus convenables possible aux yeux des oppositions. Parce que, oui,
l'exercice, il est important, celui
de cette reddition de comptes là, mais je dois vous avouer que je me sens
d'autant plus heureux que la dernière année en a été une de belles
réalisations au niveau de l'environnement.
On va
certainement avoir l'occasion de se parler de ce qui fut fait au niveau de la
gestion des matières résiduelles. Je remercie, d'ailleurs, de nouveau, les
collègues des différentes formations politiques, parce qu'on a eu à se réunir à
plusieurs reprises pour d'abord consulter
les gens à l'égard du projet de loi n° 65, ensuite travailler
ensemble à le bonifier, ce projet de loi là, pour finalement l'adopter à
l'unanimité, là, il y a quelques jours à peine.
Et cette même
collaboration là est aussi à souligner, parce qu'au cours de la dernière année,
au niveau du patrimoine naturel, on a
aussi fait des avancées majeures, d'abord avec l'étude d'un projet de loi — là, il ne faut pas se mélanger dans les
numéros, mais... — le 46,
celui-ci, au niveau du patrimoine naturel, et, là aussi, des consultations fort
pertinentes, avec ensuite une étude
détaillée tout aussi constructive, et, là aussi, la possibilité de bonifier le
projet de loi, ce qui fut fait, pour ensuite l'adopter à l'unanimité.
• (16 h 30) •
Et ce projet
de loi là nous offre de très, très belles perspectives pour la décennie qui
commence. On le sait, on avait des objectifs précis à atteindre d'ici la fin de
l'année 2020. On les a atteints grâce aux efforts soutenus, là, de plusieurs
partenaires. D'ailleurs, ça a été souligné de façon
assez intéressante, même à l'international. Donc, on a atteint la cible de 2020. Maintenant, il faut travailler sur les objectifs
qui risquent d'être confirmés pour 2030, et le projet de loi va grandement
nous aider à ce niveau-là.
Naturellement, il y a d'autres enjeux aussi qui ont peut-être
été moins médiatisés, mais qui nous ont permis de faire de belles avancées, que ce soit au niveau du soutien aux municipalités, là, dans leur
gestion de l'eau potable, que ce soit d'autres éléments, là, qui ont trouvé aussi écho
dans le dernier budget du collègue, là, qui a été présenté jeudi de la semaine dernière.
Et je dois
vous avouer, là, c'est un petit clin d'oeil que je fais à mon collègue
et ami de Robert-Baldwin, les ministres
des Finances se suivent, mais ne se ressemblent pas tous pour autant parce que
jamais un ministre des Finances... et je le dis avec le sourire, naturellement, mon collègue que j'apprécie, mais oui, depuis quelques années,
depuis l'arrivée du gouvernement de la Coalition
avenir Québec, les budgets
de l'environnement ont augmenté de façon excessivement significative. On parle essentiellement, là, d'une augmentation de 59 %
lorsque l'on prend les budgets du ministère eux-mêmes et à ça n'est pas calculé tout ce qui est en lien avec la
lutte aux changements climatiques... souvent, se retrouve dans d'autres
ministères.
Donc, ce
sera un plaisir pour moi d'échanger, de converser avec les collègues sur ces
éléments-là. On aura certainement l'occasion
de parler également du Plan pour une économie verte qui a été souligné et
présenté en novembre dernier, là aussi avec
des fonds, des budgets jamais égalés par le passé. Donc, on a des moyens
substantiels parce que le défi est colossal. Ce que l'on doit réaliser en
termes de diminution de nos émissions de gaz à effet de serre est un exercice
absolument considérable si on considère d'où l'on part. Donc, ça nécessitait
des budgets de cet ordre-là.
Donc, ce sont tous des éléments, là, qui
pourront être discutés au cours de la prochaine heure. C'est très rapide, c'est très vite, une heure, mais on aura
certainement le temps, là, d'aborder des points intéressants, en sachant que
les véritables crédits, eux, seront
débattus sans doute quelque part à la fin, là, du mois d'avril. Donc, sans plus
tarder, que la conversation débute.
La Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie, M. le ministre.
Discussion générale
Maintenant, je vais céder immédiatement la
parole à Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon :
Merci, Mme la Présidente, heureuse de
vous retrouver. Je tiens à saluer, bien
sûr, le ministre,
les membres de son équipe cabinet, les gens, bien sûr, du ministère qui
l'accompagnent. Très heureuse d'être avec vous. J'aimerais saluer, bien sûr, mon très,
très cher collègue
de Robert-Baldwin, qui m'accompagne pour ce moment, et je tiens
à saluer aussi les membres des autres oppositions.
Avant de l'oublier, j'aimerais saluer Marc-Antoine Rioux, qui m'accompagne,
qui est mon recherchiste, qui est avec nous aujourd'hui, et je tiens à le
remercier pour son travail et son dévouement.
Cela étant
amorcé, comme le ministre le disait, c'est très rapide, une heure, mais
c'est une mise en bouche. C'est une mise en bouche face aux crédits qui s'en
viennent dans les prochaines semaines et où on aura le temps, justement, d'aller creuser un peu plus en profondeur. D'ailleurs, c'est un peu la
raison pour laquelle je débute ainsi. C'est qu'on va y aller, Mme
la Présidente, avec... J'aurai des questions
plutôt courtes, donc j'espère qu'on pourra, bien sûr, mesurer le
temps de façon équitable afin que je puisse traverser le nombre de questions
que j'ai, parce que j'en ai plusieurs.
Puis ça me
faisait sourire lorsque le ministre a débuté en soulignant la présence de mon collègue
de Robert‑Baldwin. C'est
vrai que ce n'est pas tous les ministres
des Finances qui se ressemblent, et heureusement, j'ai envie de dire, parce que
j'ai eu l'immense bonheur, à mon tour,
d'être dans la chaise de ministre de l'Environnement. Je peux vous dire quelque
chose, M. le ministre, je le fais moi
aussi avec le sourire, bien entendu, j'ai toujours eu une écoute formidable de
la part de mon collègue de Robert-Baldwin, lorsque lui était aux Finances. Et
je vous inviterai à aller regarder les crédits, le budget 2018,
vous serez sûrement intéressé.
Cela étant
dit, je vais commencer avec une question... et c'est la seule qui ne sera pas
directement sur les chiffres, ou à
peu près. Le 24 février dernier,
le ministre a eu une nomination importante, hein, celle de ministre responsable à la
Lutte contre le racisme. Et ma question
va être très courte. J'aimerais simplement savoir, la répartition du temps, comment ça se fait, quand on est ministre de l'Environnement puis qu'on a aussi un important
mandat comme celui de lutter contre le racisme.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci. M. le ministre.
M. Charette : Question intéressante, mais je vais quand même répondre à son
préambule. Oui, j'ai les chiffres des années libérales. Au niveau du
budget 2015‑2016, moins 3,3 %; 2016‑2017, moins 9 %. Oui, 2017‑2018,
augmentation de 8 %, mais, si je me
souviens bien, il y avait une élection à cette période-là. Mais c'est dommage
qu'au final on ait une hausse aussi
peu marquée durant les années libérales. Et, comme je le mentionnais, nous,
depuis deux ans, on est à 59 % d'augmentation
du budget, et ça, c'est sans compter naturellement les éléments, là, qui sont
inclus dans le Plan pour une économie verte.
Mais, ceci dit, je reviens à la question de la
collègue, oui, dossier également très important, mais ce que j'ai eu l'occasion
de mentionner à plusieurs reprises, je suis très, très bien entouré au niveau
de l'environnement. Et j'oubliais tout à
l'heure, là, j'ai salué les gens sans les nommer tous individuellement, mais
vous remarquerez tous les collègues du gouvernement.
Et, dans le dossier de l'environnement, je suis admirablement bien entouré par
le collègue de Bourget, qui s'est
spécialisé sur un certain type de dossier. C'est sans compter toute l'expertise
au niveau du cabinet lui-même. C'est sans compter toute l'expertise du
ministère lui-même. Donc, c'est un travail, là, qui se fait en collégialité.
Et, au niveau
de la lutte au racisme, je suis aussi bien entouré par le ministre responsable
des dossiers autochtones, mais
également par notre collègue de Sainte-Rose, qui est adjoint parlementaire,
sans compter la structure administrative qu'on a mise en place, donc un
bureau de coordination au sein même du ministère du Conseil exécutif.
Donc,
si j'étais seul pour réaliser ces deux mandats-là, je serais le premier
inquiet. Mais compte tenu, là, de la compétence
des gens qui m'accompagnent, je me sens en confiance. Et depuis un mois que le
mandat a été donné, on ne les compte plus, on le disait tout à l'heure,
là, on excède les 50 rencontres, et ça va admirablement bien, et sans
négliger, naturellement, là, les dossiers de l'environnement.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Mme la
députée.
Mme Melançon :
Donc, on n'a pas de répartition de temps, nécessairement...
M. Charette :
En fait, il y a des journées où c'est davantage l'environnement, des journées,
c'est davantage la lutte au racisme
pour ce qui me concerne, moi, mais les équipes sont, elles, totalement dédiées
à leurs dossiers. Donc, moi, je partage davantage mon temps, oui, mais
toutes les personnes qui sont à l'environnement consacrent, elles, 100 %
de leur temps à l'environnement, et les
personnes qui sont à la lutte au racisme consacrent 100 % de la lutte au
racisme. C'est moi qui partage mon temps, mais ça s'équilibre très bien, et
très encouragé, là, par la réponse des groupes rencontrés, là, jusqu'à
maintenant.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. Mme la députée.
Mme Melançon :
Et la responsabilité comme ministre responsable de Laval, elle?
M. Charette :
Et ce qui est heureux, il y a beaucoup de ces dossiers-là qui touchent tantôt
l'environnement, tantôt la lutte au
racisme, donc il y a une belle intégration des mandats. Et j'oubliais de le
mentionner, mais on a une ressource aussi qui est entièrement,
entièrement dédiée à la région de Laval. Et d'ailleurs les collègues, toutes
formations politiques confondues, peuvent
témoigner, je pense, de la disponibilité de cette ressource-là, à quel point il est agréable de
travailler ensemble, parce qu'on
compose avec trois forces politiques différentes. À Laval, on a naturellement les députés libéraux qui sont
en nombre supérieur, mais j'ai mon collègue de Sainte-Rose, mais on a notre
collègue aussi de Chomedey comme député indépendant, et toutes ces
personnes font partie de nos rencontres, et la collaboration est excellente.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Melançon : Très rapidement, ce matin, j'étais... le député de Jonquière
était là, la députée de Mercier était là, j'étais là pour la coalition contre GNL Québec, et il y a des
questions qui ont été adressées directement au ministre. J'aimerais savoir, M. le ministre, si... ou Mme la Présidente, mais vous
allez voir, nous, nos échanges, c'est toujours assez cordial, là, il n'y a pas de souci.
Vous
avez dit, la semaine dernière, que vous aviez des questions pour le promoteur.
Moi, j'aimerais savoir quelles sont ces questions que vous avez pour le
promoteur. Et allez-vous déposer ces questions-là, que ce soit à la commission,
que ce soit au salon bleu, pour que les
élus, on puisse aussi être informés des questions du ministre de l'Environnement face au promoteur?
• (16 h 40) •
M. Charette : Autre bonne question. En fait, la collègue
connaît certainement la procédure d'évaluation, c'est une procédure qui a été introduite en 2017 par notre
prédécesseur à tous les deux, et une mise en application à partir de 2018.
Et la procédure, elle est bien connue à
l'étape où on est rendu, effectivement des questions qui peuvent être soumises au
promoteur. Le promoteur a ensuite la possibilité d'y répondre. Oui, ces éléments-là seront publics, mais une fois que
les réponses auront été obtenues, étant donné qu'autant au niveau des
questions qu'au niveau des réponses et c'est évolutif, c'est un échange qui se fait entre le ministère et le promoteur.
Donc, une fois que l'ensemble des réponses auront été fournies et qu'il y aura plus d'évolution dans le jeu des
questions en réponse... où on a l'intention de les rendre publiques et ça va
correspondre essentiellement au moment où
la recommandation sera faite au conseil d'administration
d'aller de l'avant ou non avec le projet.
Et
peut-être vous mentionner ma surprise, je dois vous avouer,
de la position de l'opposition
officielle, la semaine dernière, de dire : Il faut arrêter ça maintenant,
alors qu'on ne fait que suivre la procédure, là, qui a été instaurée par nos
prédécesseurs. Et on le voit encore, dans la revue de presse ce matin, des élus
locaux, j'ai le nom, là, de Philomène... Philôme
La France, pardon, mais également il y a plusieurs autres maires et mairesses
de la région qui se sont positionnés, certains en appui au projet,
d'autres qui réclamaient davantage de concertation.
Mais
c'est dire qu'il y a... et le rapport du BAPE le dit de façon admirable, il n'y a
pas de consensus et ce sera sans
doute difficile d'en établir un. D'où
l'importance de s'en remettre à la procédure d'évaluation pour être bien
certain d'être sur une base solide
avec tous les éléments de réponse qui nous seront nécessaires,
là, pour la prise de décision et la recommandation à faire au gouvernement,
au Conseil des ministres.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
ministre. Mme la députée.
Mme Melançon :
Bien sûr. Merci, Mme la Présidente. Bien, vous, vous dites que le BAPE a été
bien clair. Je pense que le BAPE a
été sans équivoque. Ce projet-là ne répond pas aux trois exigences,
c'est-à-dire le côté environnemental, le côté social et, bien sûr, le côté économique puisque je pense qu'on a
bien vu, là, qu'actuellement le marché est problématique.
Et je vais simplement terminer, M. le ministre...
Vous n'avez pas fermé la porte, la semaine dernière, à dire qu'il pouvait y avoir des fonds publics investis dans ce
projet-là. Est-ce qu'aujourd'hui vous êtes prêt à fermer la porte en ce
sens-là?
M. Charette :
La question m'a été posée une seule fois hier, et je pense... pas hier, la
semaine dernière, et je pense que c'est en entrevue à une radio de la région,
et j'ai été catégorique, il n'y a aucun, aucun financement qui est envigeable
à ce moment-ci. Tant qu'on ne sait pas si le
projet va voir le jour ou pas, il n'y a aucune, aucune possibilité de
financement. À partir du moment où le projet est rejeté, bien,
naturellement, il n'y a pas de financement.
Si le
projet devait aller de l'avant, c'est là où le gouvernement aura à se pencher
sur la question, mais, à ce moment-ci, aucune possibilité de
financement. Et les fameuses trois conditions, ce n'est pas des conditions qui
ont été posées par le BAPE, c'est des
positions qui ont été posées par le gouvernement lui-même, qui, dès le départ,
a été très catégorique. Pour aller de
l'avant, on devra répondre à ces trois conditions-là. Et actuellement on n'a
aucune réponse satisfaisante pour les trois questions, les trois conditions en
question. Donc, c'est réellement au promoteur, en vertu de la procédure d'évaluation,
qui doit, s'il est capable, démontrer le contraire. Donc, la balle est dans le
camp du promoteur, là, à ce moment-ci.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Melançon :
Bien, je ne pourrai pas dire qu'on a la même définition de catégorique. Vous
avez dit : J'ai donné une position catégorique. Moi, quand vous
dites «à ce moment-ci», là, c'est loin d'être catégorique.
Moi, j'aimerais entendre le ministre dire :
Bien, si le promoteur veut aller de l'avant, s'il répond à tout ça... Honnêtement, là, j'en serais surprise, mais j'ai
bien hâte de voir quelles sont les questions et quelles seront les réponses qui seront soumises. Mais, deuxième
pas, là, le premier ministre du Québec a été beaucoup plus catégorique que le
ministre de l'Environnement. Lui a
déjà dit : Il n'y aura pas de fonds publics. Je comprends que le ministre
de l'Environnement, lui, est beaucoup plus souple que le premier
ministre sur ce sujet-là.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci. M. le ministre.
M. Charette :
...des intentions. Ce que j'ai mentionné et répété, et on est en droite ligne,
l'ensemble des collègues du Conseil
des ministres, il n'est pas question, à ce moment-ci, de penser à quelque
projet que ce soit, financement que ce soit,
ne sachant pas si le projet va se réaliser. Et la pente, elle est abrupte à
remonter. Je ne peux pas présumer des réponses que fourniront les promoteurs, mais je peux vous dire que la pente, elle
est très, très abrupte. Ils avaient, à travers le BAPE, tout le temps et
la possibilité de répondre aux conditions posées, et ils ne l'ont pas fait.
Je sais que
certains auraient aimé que l'on tranche à la lecture du rapport du BAPE, mais
encore une fois, ce n'est pas ce que
prévoit la loi. Donc, il faut se conformer à l'esprit de la loi, mais il n'y a
pas de possibilité de financement envisagée à ce moment-ci de l'étape, à
l'étape où on est rendus. Mais sans présumer de rien, encore une fois, la
pente, elle est extrêmement abrupte, si on
considère les semaines et les mois qu'avaient les promoteurs pour justement
répondre à ces enjeux-là.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci.
Mme Melançon : On entre dans la
section où les réponses seront plus courtes, donc j'espère avoir les réponses, aussi, qui viendront, plus courtes. À l'intérieur
des crédits, on voit qu'il y a une diminution de presque 4 millions de
dollars pour ClimatSol, ClimatSol-Plus. J'aimerais connaître pourquoi.
La Présidente (Mme Soucy) :
M. le ministre.
M. Charette :
En fait, il faut savoir qu'il y a des adaptations qui sont faites selon les
besoins exprimés, selon les projets qui ont été réalisés, selon
l'utilisation des enveloppes qui ont été faites, là, au cours des dernières
années. Je peux vous dire que c'est un
projet qui... un poste budgétaire, là, qui a permis de répondre à plusieurs
projets, là, au cours des deux
dernières années, mais au final, personne n'est perdant, là, à ce niveau-là,
même par rapport au projet lui-même.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci.
Mme Melançon :
4 millions de dollars, c'est énorme pour ClimatSol, donc on va pouvoir en
faire moins, ce qui est excessivement triste.
J'aimerais
ramener le ministre du côté de la rémunération. Il y a une diminution de
2 166 000 $, donc, en rémunération. J'aimerais savoir
comment on explique la baisse de la masse salariale au ministère.
M. Charette : Je ne pensais pas
qu'on allait passer aussi rapidement à un autre dossier. Autrement, j'aurais expliqué davantage. C'est que ClimatSol-Plus, avec
les municipalités, mais le MEI lui-même... C'est là où non seulement, oui, les budgets du ministère de l'Environnement
ont crû de 59 % au cours des dernières années, mais il y a beaucoup de
volets, qui ont une connotation
environnementale, qui sont assumés par d'autres ministères, et le MEI a pris à
sa charge un important volet au
niveau de la décontamination. Ça a fait encore l'objet d'articles de journaux
ces derniers jours. Uniquement pour la ville de Montréal, on parle de
200 millions.
Donc, plutôt que d'y aller avec uniquement un
programme, lorsque l'enjeu, lorsque le projet est plus important, c'est le MEI directement qui prend la relève.
Donc, on a eu de ces financements-là pour la ville de Montréal, mais il y a eu
plusieurs ententes aussi avec d'autres
municipalités. Donc, on parle de centaines de millions, là, littéralement, là,
qui ont été confirmés au niveau de la décontamination.
Mme Melançon :
Je n'ai cependant pas eu de réponse quant à la rémunération. Je veux aller plus
vite que le ministre, donc... Parce que c'est une diminution de
2,1 millions de dollars.
M. Charette :
Non. Encore là, je suis obligé d'être en désaccord. On est à l'étape des
crédits provisoires, donc on n'a pas le portrait pour l'année complète.
Mais, au niveau des effectifs, on est en augmentation d'effectifs et on est en augmentation de la rémunération. Si vous regardez...
Là, je n'ai pas la page que ça pourrait représenter pour vous, mais, au
niveau de la rémunération, on a plutôt une augmentation, une hausse de
9 %, et au niveau des frais afférents, là, de fonctionnement, on est plutôt en hausse de 5,8 %. Et ce serait
bien, bien difficile d'arriver à des résultats contraires, parce qu'on a aussi bonifié le nombre d'effectifs,
notamment, on en a parlé, dans les directions régionales, là, pour accélérer la
procédure d'évaluation.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci. Mme la députée.
Mme Melançon :
Bien, c'est pour ça que je posais la question. Donc, je vais aller revoir
puis... Gardez-la en note. Je vous le dis, là, tout le monde, gardez-la en
note, on va revenir lorsque ce sera les crédits de ce côté-là.
Du côté du
fonctionnement, il y a une baisse aussi de 2 millions de dollars sur le
budget, donc, de fonctionnement du ministère. Comment on explique ça?
C'est 1 899 000 $ en moins.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci. M. le ministre.
Une voix : ...
M. Charette : C'est difficile
de se comprendre à travers...
La Présidente (Mme Soucy) :
Si vous voulez...
• (16 h 50) •
M. Charette :
J'essaie, d'habitude, de lire sur les lèvres, mais, avec un masque, c'est
encore un petit peu plus difficile.
Mais là aussi je suis obligé d'être en désaccord
avec vous. Au niveau du fonctionnement, je le disais, 5,8 %
d'augmentation, puis je peux le ventiler.
Notamment,
il y a des mesures, là, qui vont permettre de réaliser le portrait des sources
de contaminants atmosphériques et
sonores. Ça, c'est 3,7 millions supplémentaires. Il y a outiller le Québec
pour une meilleure gestion des inondations, là aussi, 1 million
supplémentaire. Soutenir le BAPE dans la réalisation de ses mandats, près de
1 million supplémentaire. Optimiser la
gestion des eaux usées, là aussi, des sommes au niveau du contrôle
environnemental également. Donc, au niveau du fonctionnement, on n'est pas en
perte. Au contraire, on est en augmentation, là par rapport aux années
précédentes.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée, il vous reste 1 min 7 s à
votre bloc.
Mme Melançon : En tout cas,
dans le volume 3 des crédits, là, page 10-2, ce n'est pas ce qu'on
nous donne. Donc, je vous invite à aller le regarder, là. Je l'ai sous les
yeux, puis on y reviendra.
Je vais
terminer le bloc avec une question, Mme la Présidente, c'est concernant les
aires protégées. Là, je sais que le
ministre va dire : Hip, hip, hip! hourra! La CAQ, on est les meilleurs au
monde, on a fait 17 % en aires protégées. Moi, là, je vais être la première à applaudir parce que ça
prend plus d'aires protégées encore au Québec. J'ai souvent dit au ministre
à la blague ainsi qu'à son adjoint
parlementaire : Vous avez oublié quand même de faire des petits
remerciements parce qu'on vous avait
laissé une situation plus qu'avantageuse sur le bureau lorsque vous avez trouvé
le bureau de vos prédécesseurs là-dessus.
Il y a Alexandre Shields qui parlait des quatre projets d'aires protégées, là,
situés en Outaouais, puis les gens de la région à qui j'ai parlé ne sont pas de bonne humeur. Ils ne sont pas de
bonne humeur parce qu'on voit qu'on a laissé des projets sur la table.
La
Présidente (Mme Soucy) :
...temps de parole est terminé, Mme la députée. Désolée. Alors, je suis obligée
de poursuivre avec Mme la députée de Mercier pour votre bloc qui est de
11 min 56 s. La parole est à vous.
Mme Ghazal : Très bien.
La
Présidente (Mme Soucy) :
Juste une petite mise au point, juste avant de commencer, parce que je ne veux
pas prendre de votre temps, les téléphones cellulaires, ceux qui ont des
téléphones cellulaires, mettez-les sur vibration, mais on entend toujours des petits courriels, des petits
textos rentrer, et on me dit que c'est vraiment très agaçant à la télévision.
Donc, s'il vous plaît, mettez-les sur vibration. Le message est passé.
Mme la députée de Mercier, la parole est à vous.
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. 11 minutes, j'ai plein de questions, donc je
vais essayer d'être très courte. Comme
ça, je vais inspirer le ministre pour qu'il soit court. Il y a eu... Bonjour à
tout le monde. Bonsoir, messieurs... Pas bonsoir, bonjour.
Il y a eu une lettre ouverte qui a été publiée
par M. le professeur Jean Baril, qui parle d'une disposition dans le projet de loi n° 102 qui a été adopté en
2017, mis en vigueur en 2018. Mais malheureusement il y a un article qui
prévoit la création d'un nouveau registre public environnemental qui est
tellement bénéfique, je pense que c'est l'article 118.5, qu'il nous permettrait même de ne plus avoir besoin, les citoyens
et les gens qui veulent avoir des informations environnementales, de faire des
demandes d'accès à l'information.
Quand est-ce que vous
avez l'intention de faire un décret pour que cet article-là soit en vigueur?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme
la députée. M. le ministre.
M. Charette : Au départ, j'hésitais, au début, à l'introduction
de la question, mais j'ai bien lu l'article en question. Normalement, l'échéancier sur lequel on travaille nous
amènerait, là, quelque part en début d'année prochaine, selon toute vraisemblance. Donc, c'est un dossier qui chemine
bien et qui effectivement va nous permettre de réaliser, je pense,
de bons résultats. C'est attendu. Ça s'inscrit dans une dynamique, là,
qui est beaucoup plus large, celle de la stratégie de développement durable, là, qui
continue d'avancer. Mais bonne nouvelle, là, c'est un élément qui avance effectivement.
Mme Ghazal : ...donc, merci
beaucoup. En début d'année prochaine, ça va
l'être. Donc, je vais vérifier cette information-là.
M. Charette :
C'est l'objectif qu'on se fixe.
Mme Ghazal : Je mets une note à mon agenda pour le début de
l'année prochaine puis je ne poserai pas de question pourquoi ça a pris beaucoup de temps. J'ai entendu
l'échange avec ma collègue la députée de Verdun sur le BAPE. Quand j'ai relu tout le verbatim du point de
presse du ministre en réaction au rapport du BAPE sur GNL Québec, il a dit à plusieurs reprises, même à
trois endroits, que le promoteur doit répondre aux questions du BAPE, le
promoteur doit répondre aux questionnements, etc.
Est-ce
que toutes ces informations-là et ces questions-là, est-ce qu'il y a d'autres
échanges ou d'autres informations que le promoteur va soumettre ou des
questions autres... le ministre dit des questions, je ne sais pas lesquelles auxquelles il fait référence,
qui vont être soumises au promoteur, est-ce qu'elles vont être mises publiquement
dans le registre?
M. Charette :
Bien, pas à cette étape-ci. Comme je le mentionnais tout à l'heure, c'est un
processus qui est en évolution. Les questions sont soumises, elles peuvent évoluer.
Les réponses ne nous arrivent pas toutes forcément au même moment, mais, lorsque le dossier sera complet,
effectivement, c'est notre intention de rendre la démarche complètement publique, complètement transparente. Donc, le
promoteur a eu, ces dernières semaines, une liste de questions à répondre et il
a aussi à répondre aux trois conditions qui ont été posées dès le départ.
Mme Ghazal :
Est-ce que ces questions-là, on peut les voir? Est-ce que c'est possible de les
déposer ou d'avoir la liste de ces questions-là sur le site du
ministère?
M. Charette :
À ce moment-ci, non, parce que c'est un processus qui est en évolution. Une
question peut en amener une autre.
Donc, lorsque le dossier sera complet, effectivement, l'ensemble de
l'information, de la documentation, là, sera rendu public. Mais
actuellement, les questions ne sont pas rendues publiques.
Mme Ghazal :
Bien, moi, j'invite le ministre à les rendre publiques. C'est pour une question
de transparence. C'est pour ça que je posais aussi la question, celle
qui a été posée par M. Baril. Ça va être important de les rendre publiques
et d'être le plus transparent possible,
rapidement, de ne pas attendre la
décision du gouvernement pour les rendre publiques. Il sera déjà trop tard. Donc, ce ne serait pas tout, puis tous
les courriels, et toutes les virgules, mais les questions principales. Je pense que la population est en droit de
savoir quelles sont-elles et quelles sont les réponses du promoteur. Il faut que ce soit rendu public le plus rapidement
possible.
Le ministre faisait
référence à la politique ou à la Loi sur le développement durable. Il y a eu
une étude, récemment, de deux professeurs de
l'École nationale d'administration publique qui a démontré que 80 % des
organismes publics n'avaient aucun objectif en lien avec le
développement durable. Les cas les plus flagrants, c'est la Société des traversiers du Québec, qui disait que ça ne les
concernait pas, eux autres, même s'ils traversent le fleuve et qu'ils sont en
contact avec des mammifères marins,
notamment des espèces en voie de disparition. Et Hydro-Québec, eux autres, ils
vont faire ça un jour, plus tard.
Est-ce que le
ministre a l'intention de corriger la situation pour que la loi soit respectée?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Charette :
Oui. En fait, j'ai lu l'article en question. C'est toujours désolant, mais dans
les faits, on n'a rien appris à sa lecture parce qu'on travaille le
dossier. Et, sans cachette, on s'est donné un petit peu plus de temps que prévu
pour compléter la stratégie, là, de développement durable parce que la tâche,
elle est importante, elle implique de nombreux ministères et organismes, et on
veut que ce soit bien fait et que ce soit bien reçu.
Mme Ghazal :
...pas pour toute la Loi sur le développement durable, mais spécifiquement sur
la question de la protection de la biodiversité.
• (17 heures) •
M. Charette :
Bien, en fait, au niveau de la biodiversité, c'est un élément parmi tant
d'autres, mais la stratégie de développement durable va aborder cette
question-là, en respect avec nos lois, notre réglementation. Mais il ne faut
pas se limiter à cet aspect-là.
Mme Ghazal : ...je pose la
question là-dessus : Qu'est-ce que vous allez faire? Et quand est-ce que
vous allez exiger que les organismes publics
se conforment? Parce qu'en ce moment, ce qu'on disait justement dans l'article,
c'est que les entreprises privées se conforment plus que l'État.
M. Charette : La stratégie de
développement durable va inclure tous ces éléments-là. Et pour ce qui est de l'échéancier, ça nous amène aussi en début d'année
prochaine. Normalement, on devait compléter l'exercice cette année, mais on a demandé et obtenu une prolongation pour
éviter les erreurs du passé, c'est-à-dire d'avoir une stratégie sans qu'on
obtienne les résultats voulus. Donc, on est
allés chercher quelques mois à peine de plus pour bien faire le travail, mais
c'est prévu pour... d'ici la fin, là, de la présente année financière
également.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci.
Mme Ghazal :
Il faut parler avec Hydro-Québec et la Société des traversiers du Québec, entre
autres. C'est les exemples qui sont nommés, il y en a beaucoup plus.
Parce que c'est vraiment incroyable comme réponse.
M. Charette :
...très vaste, hein? C'est un chantier qui est immense, avec plusieurs
ministères, organismes, mais toutes les personnes visées actuellement
collaborent à l'élaboration, là, de cette stratégie-là.
Mme Ghazal : Très bien, merci.
Donc, une autre question à suivre l'année prochaine.
Je voudrais vous parler de la gestion des eaux
usées. Selon la Fondation Rivières, il y a eu 57 000... plus que 57 000 rejets d'eaux usées dans les
rivières du Québec. On se rappellera du «flushgate», je pense que
c'est à Montréal en 2015, à Longueuil, à Trois-Rivières,
Richelieu, etc. Selon aussi un récent rapport, mais ça aussi, on le savait, là,
de Réseau Environnement, 80 municipalités — des
fois je vois «90», en tout cas, c'est dans ces eaux-là — n'ont
toujours pas de station d'épuration des eaux. Les systèmes qui existent en ce moment sont
vieillissants, mal conçus, ce qui oblige les municipalités à devoir tout évacuer parce qu'ils n'ont pas de
façon de contourner l'eau. Selon ce rapport-là, il faudrait qu'il y ait
17 milliards d'argent public qui soit mis dans la rénovation de ces
systèmes en place.
Question pour
vous : Selon vous, le 1,8 million, seulement, sur trois ans, qui est
dans le budget actuel, est-ce que c'est suffisant pour
corriger la situation et surtout pour permettre à toutes les municipalités
d'avoir leurs systèmes d'épuration? Puis si
c'est possible aussi de me dire c'est prévu jusqu'à quand. Parce que c'est sûr
que 1,8 million, ce n'est pas suffisant.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci.
M. Charette : ...la collègue, souvent les moyens sont dans les
autres ministères. Ce montant-là, qui est important, oui, mais, somme toute, tout petit, sert à aider
les municipalités à établir leurs plans de match. Mais les budgets
pour réaliser des travaux sont du
côté du MAMH, qui, lui, dispose de sommes colossales. Là, je n'ai naturellement pas tous les chiffres du MAMH
en tête, là, mais on parle de centaines de millions, sinon milliards à chaque
année. Donc, le 1 point quelques millions, il est apprécié des
villes.
Parce que les
80 quelques municipalités auxquelles la collègue fait justement
référence, ce sont de très, très, très petites
municipalités, souvent avec des moyens limités. Donc, c'est là
où l'accompagnement du ministère
de l'Environnement, dans leur
démarche, est apprécié. Mais, une fois que le plan de match est établi, le
financement vient du MAMH. On comprend que c'est profitable pour l'environnement,
mais ce ne sont pas des crédits ou des projets qui émanent du ministère de
l'Environnement lui-même.
Mme Ghazal : Mais est-ce que
l'argent du MAMH va aussi servir à moderniser les systèmes actuels?
M. Charette : En fait, les différents programmes,
je pense à deux, entre autres, au niveau du MAMH, vont servir soit pour, justement,
améliorer, moderniser, mettre à jour des infrastructures, mais ça peut
être aussi d'en développer de nouvelles.
Que ce soient les plus petites municipalités, elles auront des systèmes à mettre en place.
Donc, ces argents-là peuvent répondre
aux deux besoins. Parce que, oui, malheureusement, il y a eu un déficit
d'entretien très important au fil des ans au niveau des infrastructures
existantes, mais il faut penser à en développer de nouvelles également.
Mme Ghazal : Donc, ce n'est pas possible de dire dans combien
de temps toutes ces municipalités vont pouvoir avoir un système d'épuration puis combien... Dans le sens que l'objectif,
c'est que... Est-ce que, dans cinq ans, on va encore avoir des
déversements d'eaux usées dans les rivières, dans cinq ans?
M. Charette : Oui, on va encore
en avoir dans cinq ans, et je vous explique pourquoi. Et, sans rien enlever à l'importance de doter toutes les municipalités, là, d'infrastructures adéquates, les 80 quelques municipalités en question, là, je ne me
souviens plus des chiffres, mais ça représente un pourcentage de la population
globale, là, vraiment, vraiment infime. Ce n'est pas pour ne pas aborder
la question, mais ce sont beaucoup les grandes municipalités qui sont...
Mme Ghazal : Non, je ne parle pas des petites municipalités qui n'ont pas de système d'épuration, je parle aussi de celles qui
devraient moderniser, comme Saint-Jean-sur-Richelieu, où ils en ont eu plusieurs,
à Trois-Rivières aussi.
M. Charette : Je pense, et ce n'est pas faute d'agir en la
matière, je pense qu'il y aura toujours des surverses. Ce qu'il faut faire, c'est les
contrôler, les diminuer autant que possible. Parce que ça, c'est très bien
démontré, si jamais il fallait doter les municipalités d'infrastructures
pour répondre à tous les scénarios sans surverse, ça viendrait augmenter sensiblement le coût de construction pour
compenser pour un épisode ou deux très,
très occasionnels, donc, de surverse.
Donc, il y en aura toujours, mais il faut qu'elles soient moins nombreuses,
ces séquences-là, il faut que les quantités soient moins importantes
aussi. Mais, je vous rassure, c'est tout le temps contrôlé par le ministère de
l'Environnement.
Mme Ghazal : ...contrôle ne sont pas toujours
mises, il y en a... Fondation Rivières aussi l'exigeait. Je sais
qu'on n'a pas de leçons à donner aux
autres, mais, par exemple, pour le lac Memphrémagog, avec le site
d'enfouissement Coventry, il y a un moratoire, qui se termine, pour que le
lixiviat ne soit plus rejeté par leur station d'épuration dans le lac, puis là
on a vu des composés toxiques
récemment. Qu'est-ce que le gouvernement a l'intention de faire? Et, à part les
perfluorés, là, qu'on a vus
récemment, qui sont toxiques, est-ce
qu'il y a d'autres contaminants? Parce qu'on sait qu'on ne prend pas suffisamment
d'échantillonnages dans le lac.
M. Charette : C'est un beau hasard, ce matin même on avait une
rencontre avec les élus municipaux du Québec
et du fédéral sur cet enjeu-là du côté, là, du lac Memphrémagog, qui est un
enjeu très important...
La Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le ministre. Votre temps de parole est
terminé.
Mme Ghazal : Merci.
La Présidente (Mme Soucy) :
Donc, nous allons poursuivre avec M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci,
Mme la Présidente. Moi aussi, je veux
saluer mes collègues, saluer le ministre et les gens qui l'accompagnent, les autres
membres du Parlement qui sont ici également.
Avec le temps que nous avons pour le quart
des crédits, moi aussi, je veux y aller sur le rapport du BAPE, dont la lecture
est enlevante, très franchement. Alors, c'est surtout un constat dévastateur,
de mon point de vue, pour le promoteur. Pour
GNL Québec, c'est un constat qui m'apparaît dévastateur.
J'ai bien entendu les trois critères du ministre, qu'il a
répétés en conférence de presse la semaine passée. Transition énergétique. Le rapport du BAPE est sans équivoque, le projet de
GNL Québec ne se qualifie pas. Il dit même que ça verrouille, ça va contribuer à verrouiller la transition énergétique des
pays clients éventuellement. Deuxième critère, la réduction des GES. Même chose, sur la réduction
des GES, le rapport du BAPE est sans équivoque, il y aura augmentation
des GES si le projet GNL Québec se réalise. Et troisième critère, et je
veux insister là-dessus aujourd'hui, parce qu'on n'a pas beaucoup de temps, c'est sur l'acceptabilité sociale. La
commission prend une drôle de formule, mais pour dire qu'elle n'est pas capable de constater
l'acceptabilité sociale. Ça fait que, quand on n'est pas capable de constater
l'acceptabilité sociale, ça revient à dire qu'il n'y a pas
d'acceptabilité sociale.
Et moi, j'essaie de lire entre les lignes de ce que le
ministre nous dit, parce que... Moi, je respecte le fait que le ministre veuille respecter le processus d'évaluation environnementale prévu par
la loi, mais il a répété, encore tantôt en réponse
à ma collègue, que la pente est abrupte pour répondre aux questions, pour
répondre aux commentaires. La pente est
abrupte pour l'initiateur, pour le promoteur du projet. La pente est abrupte.
Ça va être très, très, très difficile. Moi, j'entends quand même un
message fort de la part du ministre à cet égard, j'entends ça. C'est ce que je
décode.
Maintenant, sur le critère de l'acceptabilité sociale, je
veux juste vous citer ce passage du rapport du BAPE, qui dit : «La commission est également d'avis que
le clivage sociétal observé risque de perdurer quelle que soit la décision du gouvernement à l'égard de ce projet
et qu'un suivi devrait être envisagé par les autorités publiques,
particulièrement dans le milieu d'accueil.» Un suivi envisagé par les
autorités publiques, particulièrement dans le milieu d'accueil.
Je suis député de Jonquière. Je peux vous dire, c'est vrai
qu'il y a un clivage. C'est vrai, puis je le déplore. Je le vis à tous les
jours. Il y a des chicanes de famille, il y a des chicanes de voisin. Puis je ne veux pas commencer à lancer la
pierre à un, ou à l'autre, ou au gouvernement. Je ne suis pas là. Moi, mon but, aujourd'hui, là... Puis
j'aimerais ça que le ministre me réponde là-dessus, que le projet aille
de l'avant ou pas. Moi, je pense que le signal que le ministre
envoie avec sa pente abrupte, c'est qu'il n'ira pas de l'avant. Puis, vous le
savez, moi, je crois qu'il ne faut pas qu'il aille de l'avant. Il faut une position rassembleuse pour le Saguenay—Lac-Saint-Jean.
• (17 h 10) •
Moi, je suis
un gars du Saguenay, le ministre le sait, j'ai grandi près du fjord. Je connais
cette région-là. L'eau du Saguenay,
presque, me coule dans les veines. C'est une région forte en ressources naturelles. C'est une région qui a été ouverte à cause de sa
puissance énergétique, qui est une énergie renouvelable, main-d'oeuvre incroyable, main-d'oeuvre
qualifiée. On a l'UQAC, on a des chaires de
recherche. On a tout ce qu'il faut pour que le Saguenay—Lac-Saint-Jean soit un champion de la transition juste,
transition verte, transition écologique.
Ce que je
demande au ministre, dès maintenant, c'est de travailler ensemble sur un plan en trois volets pour une région qui sera la championne de la transition
juste. Premier volet, concertation régionale. Deuxième volet, feuille de route
régionale issue de la concertation, par
exemple sur l'aluminium avec carboneutre, par exemple avec la
biométhanisation — j'ai
salué l'annonce qui a été faite par le
collègue du ministre à l'Énergie et Ressources naturelles avec Agriméthane pour
la biométhanisation
à partir de déchets agricoles, fibre cellulosique avec Produits forestiers
Résolu — l'innovation,
le soutien aux PME. Donc, ça, c'est
la feuille de route. Puis le troisième volet de ce plan de relance, c'est le
financement. Nous, on a proposé de puiser jusqu'à 1 milliard de
dollars dans le Fonds des générations. Le Fonds des générations, il a fait sa
job jusqu'à maintenant. Quand on parle des
générations futures, il faut certainement tenir compte du passif
environnemental. Il y a aussi du
financement mixte qui est possible avec des entreprises. Il y a des obligations
vertes, Caisse de dépôt et placement.
Travaillons
ensemble pour donner cet espoir aux travailleurs puis aux travailleuses du
Saguenay—Lac-Saint-Jean,
pour un seul but : le Saguenay—Lac-Saint-Jean doit devenir une région pionnière
dans le grand chantier qui nous attend au Québec de la transition énergétique juste et que personne, personne ne
soit laissé de côté, aucun travailleur. C'est ce qu'on appelle la
transition juste.
Est-ce que le
ministre est prêt à ouvrir la porte là-dessus, à ouvrir les discussions
là-dessus? Concertation régionale,
feuille de route, financement.
La Présidente (Mme Soucy) : M. le ministre.
M. Charette : Oui, bien, en fait, on se rejoint sur plusieurs
points de vue. Tout à l'heure, je citais, parce que j'avais la revue de
presse, je pense, c'est ce matin... et je n'ai pas eu le plaisir de le
rencontrer encore, mais, le maire Philôme La France, justement, c'est un petit peu le message qu'il envoyait,
celui d'une concertation régionale. Parce que, oui, on a des camps qui
sont assez campés dans leur tranchée, dans leur position. Donc, oui,
concertation régionale. Et la ministre responsable
du MAMH, mais également responsable de la région, y travaille très, très,
très fort, et il y a de beaux projets qui sont en voie d'être
développés.
Et le
collègue a mentionné, à juste titre, différentes mesures qui ont été
confirmées, d'autres qui le seront dans les prochaines semaines, sinon
prochains mois parce qu'ils sont bien avancés, financement mixte, tout ce qui
est volet, justement, biométhanisation, récupération résidus, autant
forestiers, parce que la région est reconnue aussi pour cette force au niveau
des ressources naturelles... Donc, c'est des secteurs qui se doivent d'avancer.
Mais ce que
je dis à nos amis avec lesquels on discute sur une base régulière, j'aime
bien... Que ce soit Patrick Bonin, d'Équiterre,
que ce soit Coalition Fjord, que ce soit... ce sont des gens avec qui on
discute. Ce que l'on dit à ce moment-ci, par contre : Il y a une procédure d'évaluation qui se doit d'être
complétée selon la législation, et laissons la chance à la procédure de se compléter. Par la suite, on ne
tournera pas autour du pot, on aura une recommandation claire à faire
au Conseil des ministres pour que et la région et les organismes
qui se sont mobilisés, autant pour que contre, puissent voir un petit peu quelles sont les alternatives et comment
faire de la région... Moi, je souhaite que toutes les régions du Québec
soient des championnes en développement durable et en énergie renouvelable. Mais le Saguenay—Lac-Saint-Jean a certainement
plusieurs atouts dans sa manche, là, pour atteindre ce potentiel-là.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci. M. le député.
M. Gaudreault :
Oui. Le ministre marque une ouverture intéressante, mais là on a un enjeu à
court terme, on a un enjeu à court
terme. Depuis quelques années, la région a été particulièrement transportée
dans des débats difficiles, clivants, du
pour ou contre GNL Québec. On a le mémoire qui a été déposé la semaine
dernière. Et je l'ai dit d'entrée de jeu, et le mémoire... le rapport du BAPE le dit, qu'on aille de l'avant ou pas, il
va y avoir du clivage, il va y avoir de la polarisation. Donc, le travail, il
est à faire à partir de maintenant, immédiatement, dire au Saguenay—Lac-Saint-Jean : Vous avez été dans un débat important, on s'en va vers une
sortie de ce projet. Parce que la pente est abrupte, pour reprendre les
expressions du ministre. Est-ce qu'on peut maintenant construire l'avenir de
façon rassembleuse maintenant?
La
Présidente (Mme Soucy) :
...M. le député, le temps
de parole est écoulé pour votre bloc.
Maintenant, nous allons poursuivre avec le deuxième bloc de l'opposition officielle pour
une période de 13 min 24 s. M. le député de Robert-Baldwin, je vous cède la parole.
M. Leitão : Très bien. C'est
moi. Merci, Mme la Présidente. M. le ministre, je vous vois. Oui, c'est un peu
particulier avec tous les plexiglas. Alors, bonjour, tout le monde. À mon tour
de prendre la parole. Et j'aimerais y aller, M.
le ministre... J'aimerais qu'on parle
un peu du Fonds vert, qui ne s'appelle plus le Fonds vert,
qui s'appelle maintenant le Fonds
d'électrification et de changements climatiques. À la page 10-11 du volume 3 du cahier des crédits, on voit plusieurs choses.
Tout d'abord, les revenus, les revenus du fonds, on voit que
les revenus du fonds pour l'année 2020-2021, dont l'année est terminée, ont été beaucoup plus bas que ce qui avait été budgété. On avait budgété
1 044 000 000 $, et le résultat probable, c'est
720 millions. Pouvez-vous nous dire pourquoi?
La Présidente (Mme Soucy) :
M. le ministre.
M. Charette :
Bien, peut-être, si vous me permettez, peut-être juste partager une bonne
nouvelle très, très rapidement. On a
discuté de cette question-là notamment au moment de l'étude du projet de loi
n° 44. On se souvient que la Vérificatrice générale était en attente pour la vérification, là, des
années 2018-2019, 2019-2020, même, au départ, 2017-2018. Juste vous
dire, là, que, conformément au calendrier qu'on avait présenté, on a pu se
mettre à jour à ce niveau-là.
Pour ce qui
est de la dernière année, naturellement il y a eu quelques appels. Et
d'ailleurs on en a conclu un il y a quelques jours à peine. C'est
certain que l'année 2020 a été affectée par la pandémie. On a vu que les
revenus issus du marché du carbone, issus de
ces transactions-là, je me souviens... je pense, c'est celles de mai de l'année
dernière, avec des chiffres très, très inquiétants, on s'est repris, de mémoire, en août
dernier, j'essaie de me souvenir la date de chacune de ces périodes d'échange là, déjà en août on voyait un
certain espoir revenir, mais l'année 2020, avec la pandémie, a affecté
tous les aspects de la pandémie, notamment les revenus du marché du
carbone.
M. Leitão :
Très bien, merci. Je comprends, très bien. Alors, pour cette année, 2021-2022,
là, les revenus qui sont prévus sont
essentiellement les mêmes qui étaient prévus en 2020,
1 047 000 000 $, donc un retour à la normale. Est-ce
que vous êtes confiant de cette
prévision-là? Est-ce qu'en effet, en 2021, la situation en Amérique du Nord va
vraiment revenir si rapidement que ça à la normale?
M. Charette :
On le pense. Et, sur le moyen terme, je pense qu'on pourra non seulement
rattraper les pertes, mais, au
contraire, rencontrer les objectifs qu'on s'est fixés. Il faut savoir qu'à
travers le marché du carbone les entreprises émettrices ont un certain
délai pour se conformer au niveau de leurs émissions. Donc, celles et ceux qui
n'ont pas acheté des crédits, par exemple,
en 2020 devront le faire lorsque ces mêmes crédits là auront été indexés au
niveau du coût. Donc, ce qu'ils n'ont
pas acheté à moins bon prix... à plus bas prix, c'est-à-dire, ils devront les
acheter à plus haut prix. Donc, ça va nous permettre de compenser.
Mais, oui,
autant le PEV que le PMO qui en découlait, là, en novembre dernier, sont basés
sur des revenus que je qualifierais,
là, de conservateurs ou, à tout le moins, bien évalués, autant par rapport aux
crédits que le ministre des Finances a consentis qu'à travers les
revenus, là, du marché du carbone.
• (17 h 20) •
M. Leitão :
Très bien, merci. On pourrait discuter longuement si c'est conservateur ou pas,
mais ce sera pour un autre jour.
Quand on
regarde du côté des dépenses du fonds, on remarque que les dépenses pour
l'année 2021-2022 vont être supérieures aux revenus, donc il y aura
un déficit d'à peu près 200 millions de dollars, qui va être épuisé par,
bon, le surplus accumulé, qui existe
toujours, mais qui va diminuer de 200 millions. Maintenant, ma question :
Est-ce que ce déficit de 200 millions, c'est juste circonstanciel
ou ça va devenir une espèce de... une façon de faire pour les années à venir?
M. Charette : Non. En fait, il
faut savoir qu'on est entre deux régimes. D'ailleurs, je regardais, là, la
date. Le PACC, celui qui avait ses mérites,
que les gouvernements précédents ont mis de l'avant, se termine aujourd'hui. En
fait, il y a-tu 30 ou 31 jours en mars? Je me trompe tout le temps.
Le 1er mars débute le PEV... pas le 1er mars, le 1er avril. Donc, on est sur les derniers milles, les
dernières heures du PACC. Donc, il y
a un chevauchement, en quelque sorte,
des mesures et des programmes qui
sont en développement versus ceux qui se terminent. Donc, non, on ne
veut pas y aller de déficits ou quoi que ce soit.
On aura
l'occasion au cours des prochaines semaines, des prochains mois de présenter
les nouveaux programmes qui relèvent directement du PEV et du PMO. Donc, c'est une transition, là, qui est normale. Et d'ailleurs,
souvenons-nous, le PACC devait, de mémoire, là, se terminer au 31 décembre
de l'année dernière, et, pour favoriser cette conciliation-là, on l'a prolongé de trois mois pour être sûrs, là, que
les deux puissent se succéder, là, sans qu'il y ait trop de bouleversements
à traverser.
M. Leitão : Très
bien. Merci. Quand on regarde les
dépenses du Fonds vert, bon, il
y a... Je l'appelle toujours
le Fonds vert, bon, sachant que le nom maintenant est plus long, mais
enfin on sait de quoi on parle. Les dépenses, bon, il y en a... plusieurs choses, mais, bien sûr, énergie et
ressources naturelles, c'est le gros morceau. Ça, je pense que c'était
l'ancien TEQ. Très bien.
Mais il y a
un montant que je... Juste une curiosité. Il y a 4 millions pour le
ministère du Travail, Emploi et
Solidarité sociale. Qu'est-ce que le Fonds vert finance au ministère du
Travail et de l'Emploi?
M. Charette :
Je dois vous avouer que la question, elle est très, très précise. Je lance un
appel à tous et j'aurai la réponse
dans quelques instants à travers l'écran. Pour ne pas vous faire perdre votre
temps, je ne sais pas si vous avez une autre question...
M. Leitão : J'en ai d'autres.
M. Charette : Mais ça, c'est
trop pointu. Honnêtement, je n'ai pas la réponse en tête.
M. Leitão :
Oui. Je trouvais ça juste curieux de voir un 4 millions qui n'était pas là
l'année passée et... Bon, donc, la réponse viendra. Mais, d'une façon
plus fondamentale...
M. Charette :
...équipe et ma collègue ancienne ministre en titre le reconnaîtra, l'expertise
formidable au ministère. Il y a des
budgets qui ont été prévus pour favoriser le télétravail. La pandémie y est
pour beaucoup. Donc, on veut qu'il reste
des choses de cette pandémie-là. On veut que le télétravail puisse se
développer. Il faut le structurer. Donc, c'est la raison pour laquelle il y a quelques petits
millions, là, 4 millions qui ont été mis en place pour la formation, et
l'accompagnement, et la mise en place de stratégies, là, de télétravail.
M. Leitão :
Écoutez, je pense que c'est une bonne idée, les mesures de télétravail, mais
maintenant, que ce soit financé par
le Fonds vert, ça, je trouve assez particulier. Je pense que c'était justement
ce que vous ne vouliez pas faire. On a eu beaucoup de discussions au projet de loi n° 44. C'était ce qu'on voulait, mettre fin à ces choses-là. Écoutez,
4 millions, c'est 4 millions, ce n'est pas 400, mais c'est
juste le principe de la chose que je trouve un peu particulier.
Mais, là où je voulais arriver, M. le ministre, puisque le temps file, n'est-ce pas, d'une façon fondamentale, le SPEDE, donc, le mécanisme, que nous avons mis en place au Québec depuis déjà plusieurs années, de financer ce fonds et puis le fonds qui
sert à nous aider dans notre politique
de transition énergétique... Trouvez-vous que le SPEDE est toujours
pertinent aujourd'hui?
M. Charette : Plus que jamais. Mais je vais juste répondre... Le fameux 4 millions, en 30 secondes, on sait que les transports, c'est... on
disait 43 % au début, après on a dit 44 %, là, maintenant, on est
presque tenu de dire que c'est presque 45 % de nos émissions. Donc, il y a énormément
d'efforts à faire pour réduire nos émissions en lien avec le transport.
Et la stratégie de télétravail, là, va directement dans ce sens-là. Donc, c'est
tout à fait justifié.
Sinon,
le SPEDE, il est plus pertinent que jamais, notamment avec la décision de la
Cour suprême, là, de jeudi de la semaine dernière. On est en train de travailler
avec la grande entreprise pour l'après 2023-2024, et déjà ces entreprises
nous disent... Naturellement, ils aimeraient mieux être exemptés de taxe et de
SPEDE, mais, tout compte fait, la grande entreprise préfère fonctionner avec le
SPEDE que la taxe fédérale sur les émissions.
Donc, compte tenu que
le principe ou la légitimité du fédéral a été confirmé, on veut amener les
provinces qui étaient, au départ,
récalcitrantes à se joindre à notre marché du carbone. Je ne peux pas présumer
des résultats à ce moment-ci. On est intimement convaincus que c'est la
façon la plus efficace, là, de procéder.
M. Leitão :
Et vous avez lu dans mes pensées, même si on a des plexiglas qui interrompent
la transmission des idées, mais c'est
là où je voulais aller, parce qu'en effet, avec la décision de la Cour suprême,
il y a toute une nouvelle voie qui
s'ouvre, et, je pense, ça pourrait être très intéressant pour le Québec. Moi
aussi, je pense que le SPEDE et toujours très, très, très pertinent, et encore plus aujourd'hui avec la décision de la
Cour suprême du Canada, et, si on pouvait aller convaincre nos voisins
de se joindre à nous...
Mais aussi, et c'est
ça, la question, peut-être la dernière question, où est-ce qu'on est avec les
conversations, discussions avec d'autres
États américains? On aimerait bien aller chercher l'Ontario, bien sûr, mais
est-ce que d'autres États américains seraient prêts à se joindre au
Western Climate Initiative?
M. Charette :
On veut faire des approches, naturellement Ontario, Alberta, Manitoba,
Saskatchewan, mais il y avait déjà
des démarches en cours auprès de certains États américains. Je ne peux pas les
nommer parce que la balle est aussi dans
leur camp, et on travaille avec eux, puis il y a un certain enjeu de confidentialité
à ce moment-ci, mais on en a sur a côte Ouest des États-Unis, on en a davantage
dans le Nord-est américain aussi. Mais on a aussi... et ça, on l'avait rendu
public, on a eu des rencontres avec des États, autant Amérique centrale,
Amérique du Sud, du côté aussi... Donc, on a, naturellement,
quelques partenaires souhaités avec qui on est en discussion. Malheureusement,
je ne peux pas vous confirmer de noms, là, à ce moment-ci.
La
Présidente (Mme Soucy) : M. le député.
M. Leitão :
En terminant, en terminant, très rapide, nous sommes sur la même longueur
d'onde pour ce qui est du SPEDE et
pour ce qui est des changements apportés par la décision de la Cour suprême.
C'est juste dommage, dommage que le
Québec, pendant cette décision de la Cour suprême, s'était aligné avec les
provinces qui remettaient ça en doute. Je pense qu'on avait choisi le
mauvais côté, mais enfin...
M. Charette : Petite anecdote. La collègue à ses côtés avait
écrit une lettre, à l'époque, pour dire qu'au contraire il fallait défendre nos juridictions. Donc, ce
n'était pas sur la nécessité de taxer le carbone. Mais même, comme gouvernement, vous aviez exactement la même
position que nous pour défendre les compétences, là, du Québec.
M. Leitão :
Bien sûr.
La
Présidente (Mme Soucy) : M. le député, il vous reste 45 secondes,
si vous voulez profiter de votre temps.
M. Leitão :
Alors, bien sûr qu'il faut défendre les compétences du Québec, mais c'était une
façon assez... disons, assez surprenante de s'associer à ceux qui
s'opposaient farouchement à la taxe sur le carbone. C'est juste...
M. Charette :
C'est la même approche et les mêmes arguments que vous aviez utilisés alors que
vous étiez au gouvernement, à ce niveau-là.
M. Leitão :
...un autre enjeu que celui-là.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Il reste
13 secondes, 12 secondes à votre...
Bon,
bien, écoutez, la commission plénière ayant terminé cet échange, je remercie
les personnes qui y ont participé. Et,
pour permettre à la commission de poursuivre sa séance, je prie toutes les
personnes à bien vouloir quitter immédiatement. Alors, merci à tous.
Je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 29)
(Reprise
à 17 h 41)
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, nous reprenons nos travaux. Et la commission plénière poursuit
ses travaux sur l'étude des crédits provisoires pour l'année financière 2021‑2022.
Éducation
Au cours de
la prochaine heure, nous allons procéder à un échange entre M. le ministre de l'Éducation et les députés de l'opposition. Nous commencerons par les remarques préliminaires. Et je vous rappelle que vous disposez d'un maximum de
5 min 34 s, M. le
ministre, et
3 min 43 s au groupe
parlementaire formant l'opposition officielle, 56 secondes au deuxième groupe d'opposition et
56 secondes au troisième groupe d'opposition.
Remarques préliminaires
Alors, M. le ministre, pour vos remarques préliminaires.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Bonsoir, Mme
la Présidente. Bonsoir, chère collègue
de Saint-Laurent. Je veux saluer aussi évidemment mes collègues de la partie gouvernementale. Merci d'être
présentes et présents ce soir. Saluer évidemment
aussi l'équipe du ministère, qui nous aide à mettre de l'ordre dans toutes ces
informations-là, et nous aident aussi à rendre des services
au réseau. C'est important
de le mentionner. On ne parle pas suffisamment de l'expertise et de la compétence des fonctionnaires au gouvernement du Québec, qui rendent possibles les services qui sont dans
les écoles. Évidemment, ce sont les gens sur le terrain qui rendent les services directs aux
élèves, mais, quand même, il y a beaucoup de travail qui se fait pour activer tout
ce talent-là.
Je suis très content d'être présent ce soir, en
fin d'après-midi, avec vous pour parler des bonnes nouvelles en éducation qu'on a eues dans le budget.
La dernière fois qu'on s'est parlé, le budget n'était pas encore déposé. Et là mon collègue
le ministre des
Finances a rendu public un cadre budgétaire
très intéressant, parfaitement adapté au contexte, qui est totalement
atypique, bien sûr, et très ambitieux pour l'éducation, pour le réseau
scolaire, encore une fois.
C'est le
troisième budget de notre gouvernement, et, on n'en démord pas, l'éducation, c'est la priorité nationale. Le premier ministre l'avait
mentionné en campagne électorale, l'a dit lors de son discours inaugural. J'ai le
goût de dire, comme bien des premiers ministres avant lui, il a dit que l'éducation
était une priorité, mais, contrairement à bien des premiers ministres avant
lui, ça s'est reflété dans les politiques gouvernementales et dans des mesures budgétaires.
Et c'est extrêmement important, d'autant plus que le réseau a été frappé, comme
les autres domaines québécois, on parle de l'économie, on pourrait parler
de la culture, le réseau de l'éducation a été frappé très, très durement par la pandémie
de COVID-19. Et je pense
que les gens ont besoin de se sentir appuyés, Mme la Présidente, ils ont
besoin de sentir qu'au-delà des conversations,
des discussions, que les ressources sont allouées au réseau scolaire pour nous
aider à passer à travers cette pandémie,
puis aussi pour faire autre chose. Donc, oui, il faut investir énormément
pour traverser cette crise, mais, oui, il
faut continuer aussi de développer le réseau scolaire puis de soutenir les
élèves, qui, dans certains cas, avaient des difficultés avant que la
pandémie nous frappe.
Il faut
continuer de se donner les moyens d'améliorer le réseau scolaire, autant dans
le budget des affaires courantes que dans nos infrastructures. Et donc je vais
diviser la fin de mon intervention de trois manières. Je pense qu'on
parle de PQI. Le Plan québécois des
infrastructures a été encore augmenté pour une troisième année de manière
importante, considérable pour rénover
nos écoles, entretenir nos écoles, résorber le maintien d'actif, hein, c'est le
terme technique qu'on utilise pour
dire en réalité qu'elles ont été laissées à l'abandon pendant de trop
nombreuses années avant l'élection de ce gouvernement-là, et construire
des écoles, bien sûr. Mais on ne met pas tous nos oeufs seulement pour
construire de nouvelles belles écoles, les
écoles de la future génération, mais aussi pour entretenir toutes les écoles.
Donc, il y a ce qu'on appelle le budget PQI, Plan québécois des
infrastructures.
Il y a le
budget, je vous dirais, qui sert à améliorer le réseau dans son ensemble. Et,
cette année, on arrive avec une augmentation,
en plus, bien sûr, de couvrir les coûts de système, de plus de 95 millions
de dollars en bonification des services, et, en plus de ça, il y a une somme de 110 millions de dollars sur
deux... dès cette année qui est réservée pour passer à travers la crise, pour
soutenir le réseau. Quelles sont les mesures qui vont être mises en place exactement?
Bien, on va les décider après avoir
consulté les parlementaires, les experts, mais aussi les enseignants du
terrain et les gens qui sont directement dans nos écoles dans les deux prochains
jours, et on pourra, après avoir bâti ce train de mesures, ce plan de mesures pédagogiques de soutien en santé mentale financées
par les mesures du budget, bien, on pourra présenter le fruit de cette
réflexion, de cette concertation d'ici la
fin du mois d'avril pour laisser au réseau le temps de voir venir, pour passer
à travers la crise, pour soutenir le personnel qui est dans nos écoles,
soutenir les élèves pour la réussite scolaire, mais aussi, plus globalement,
pour la réussite éducative.
Donc, je
pense que c'est important de poser les choses comme ça. On a un budget
qui s'inscrit dans une continuité d'investissements dans le réseau scolaire, donc c'est le troisième budget
de notre gouvernement, et, à chaque fois, bien sûr, on couvre les coûts de système et on a l'ambition
d'améliorer le réseau. C'est 4,6 %.
On est en temps de crise, on est dans un
moment où on doit écrire une partie du budget à l'encre rouge et, pourtant, on
augmente les budgets de 4,6 %. Et c'est toute une différence parce que,
sous le dernier gouvernement, en quatre ans, la moyenne de hausse du budget
était de 2,9 %, donc il n'y
avait pas de crise sanitaire et la moyenne de hausse du budget en éducation
était de 2,9 %, on couvrait à peine les coûts de
système. Et maintenant on a un problème de finances publiques, et pourtant on
continue d'investir. Je pense que ça envoie un message très fort, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le ministre de l'Éducation.
Et y a-t-il d'autres remarques préliminaires? Oui. Alors, Mme la députée
de Saint-Laurent, pour vos remarques préliminaires.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, tout le monde, bonjour à mes
collègues ainsi qu'au ministre et toute son équipe qui l'accompagne.
Généralement,
je ne prends pas mon temps pour faire des remarques préliminaires, mais, compte
tenu des remarques du ministre, qui
m'étonnent parce que je croyais sincèrement qu'il allait utiliser son temps
pour parler aux parents, pour parler
aux élèves, puis parler au réseau scolaire, qui sont présentement inquiets...
Je ne pensais pas qu'il allait se vanter de mettre beaucoup plus d'argent pour
ses maternelles quatre ans, dans du béton, alors que nous sommes en pleine
pandémie. Se vanter d'avoir augmenté de façon très importante
le budget de PQI pour essentiellement couvrir l'explosion de coûts des
maternelles quatre ans, je me serais gardé une gêne. Pourquoi je me serais
gardé une gêne? Parce que, moi, quand je me lève, le matin, ma revue de presse, c'est quand même ça :
COVID-19 : les cas de
variants se multiplient dans les écoles montréalaises. Bas-Saint-Laurent — Plusieurs écoles fermées pour freiner la
transmission du variant. Une
éclosion force la fermeture de
toutes les classes au collège Stanislas. Des écoles sur le pied d'alerte. Bas-Saint-Laurent — Plusieurs écoles fermées en raison des variants. Un deuxième variant détecté à Laval. COVID-19 :
cas de variants suspectés dans huit écoles de Québec.
Le Séminaire de Saint-François ferme ses portes devant une importante
éclosion. Ça
continue — je
reprends mon souffle : Une situation
épidémiologique sans précédent, dit la Santé publique. Pendant que la Santé publique dit ça, que
dit le premier ministre? Un risque qui en vaut la peine, dit le premier
ministre.
Alors,
sincèrement, je pensais qu'il allait nous parler des crédits supplémentaires pour passer à travers la crise, parce qu'on est encore dedans. Ça ne nous tente pas
d'entendre parler qu'il se vante de ses maternelles quatre ans, parce qu'on n'a même pas encore des enseignants pour remplir nos classes actuelles.
Alors, imaginez, là, lorsqu'il va avoir aggravé la pénurie d'enseignants. Je pensais qu'il allait
nous dire : Aïe, tout le monde! Hier, là, il est arrivé un quiproquo avec
le Centre de services scolaires de
Montréal, qui, eux, disent que le masque de procédure n'est plus obligatoire.
Pourquoi qu'ils disent ça? Parce
qu'effectivement, quand on prend le temps de lire le décret de jeudi dernier,
là, est-ce que vous vous êtes rendu compte qu'il y avait un trou? Que,
oui, on parle des élèves du secondaire, mais que des élèves, là, en zone rouge,
là... Il y a une méchante ambiguïté. Je
pensais qu'il allait prendre ce temps-là pour rassurer le monde du réseau. Je
pensais qu'il allait dire : Tout le monde... finalement, la semaine
passée, après avoir entendu la députée de Saint-Laurent par rapport à l'étude sur la qualité d'air, je me suis rendu
compte que ce n'était pas une étude de la Santé publique ou du ministère de
la Santé, c'était mon étude du ministère de
l'Éducation, puis que, quand j'ai écouté Découverte, l'émission Découverte,
une belle émission faite chez nous au
Québec, je me suis rendu compte que je m'étais trompé, puis, mon mea culpa, je
le fais, parce qu'il n'est pas trop
tard pour bien faire les choses. Je pensais qu'il allait nous dire ça. Je pensais
qu'il allait nous dire : Devant
toutes les inquiétudes, bien, je vais peut-être reconsidérer de ramener tous
les élèves en zone rouge, parce qu'il n'y a personne, personne au Québec qui a demandé : Allez-y, là, allez-y,
ramenez tout le monde en zone rouge immédiatement, personne. Ça a été une grande surprise, puis lui
décide d'aller de l'avant tête baissée, alors que le Collège des médecins dit :
Eh! Attention! L'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec : Eh!
Attention! Je pensais que c'est ça qu'il allait nous dire dans ses
remarques préliminaires.
Honnêtement, vous
lirez sur mon visage ma stupéfaction. L'art de dire quelque chose qui n'a rien
à voir avec l'actualité puis le terrain,
c'est ça, quand on prend la peine... La revue de presse actuelle, c'est quand
même ça. L'inquiétude, j'aurais aimé
que ce soit aujourd'hui discuté, j'aurais aimé avoir un ministre rassurant nous
dire : Je sais qu'est-ce qui se passe,
voici mes mesures agressives. Moi, je vous écoute quand vous faites des
entrevues. Hier, vous avez dit qu'il allait y avoir des nouvelles mesures agressives, M. le ministre. Sincèrement,
je veux les entendre, ces nouvelles mesures agressives. Quelles sont-elles? Est-ce que, par exemple, vous
allez ajouter des purificateurs d'air? Est-ce que vous allez prendre notre
proposition quand on vous a dit : Trouvez d'autres lieux...
• (17 h 50) •
La Présidente (Mme Gaudreault) : Mme la députée de Saint-Laurent, vous poursuivrez
lors de votre bloc d'échange. Et maintenant y a-t-il d'autres remarques
préliminaires? Mme la députée de Sherbrooke?
Discussion
générale
Alors,
nous allons passer immédiatement au premier bloc de l'opposition officielle. Et
vous disposez d'un temps d'échange de 20 minutes.
Mme Rizqy :
Bon, bien, merci. Alors, justement, quelles sont les nouvelles mesures
agressives que vous voulez mettre en
place, M. le ministre? Et je vais attendre, Mme la Présidente, que la réponse
soit aussi en proportion du temps que, moi, je pose ma question.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie. M. le ministre de
l'Éducation.
M. Roberge :
Merci, Mme la Présidente. Je pense qu'il faut mettre les choses en perspective.
La Santé publique, le premier
ministre, moi-même, ici, au salon bleu et sur plusieurs tribunes, on a, bien
sûr, pris acte du fait qu'il y avait des variants au Québec et qu'il y avait eu une
remontée des cas, bien évidemment. Et c'est pour ça qu'avec la Santé publique
la mesure qui a été prise, c'est d'être beaucoup plus prompts pour fermer des
classes, fermer des écoles quand on suspecte des cas. Et je sais que ma collègue apprécie particulièrement les
tableaux, je ne sais pas s'il est assez gros, mais, quand même, on peut voir ici la courbe en bleu, c'est le
nombre de classes qui sont fermées, et la courbe en rouge, c'est le nombre de
cas actifs. Donc, en décembre, on avait
quelque chose comme 5 600 cas actifs dans le réseau scolaire,
5 600 cas diagnostiqués dans le réseau scolaire. Donc,
5 600 pour 1 466 classes fermées.
Mme Rizqy :
...
La Présidente (Mme Gaudreault) : Mme la députée, adressez-vous à moi, s'il vous
plaît, si vous voulez intervenir.
Mme Rizqy :
...les nouvelles mesures agressives auxquelles le ministre de l'Éducation
faisait référence hier lors de son entrevue avec Mario Dumont sur la
chaîne LCN. Quelles sont-elles?
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci. M. le ministre.
M. Roberge :
Ces nouvelles mesures là, elles sont illustrées par le tableau ici, c'est une
fermeture hâtive des classes par rapport à ce qu'on avait avant. Je
reprends. En décembre, on avait 5 600 cas actifs dans le réseau et on
avait fermé 1 466 classes à ce
moment-là. Maintenant, on a à peu près le même nombre de classes qui sont
fermées, on voit que la courbe bleue
est à peu près au même point, mais au lieu d'avoir 5 600 cas actifs,
on en a à peu près 2 700. Donc, on a grosso modo deux fois moins de cas, mais le même nombre de
classes fermées ou on pourrait dire autrement, pour un même nombre de
classes fermées, on a deux fois moins de cas. Ce que ça veut dire, c'est qu'on
est beaucoup, beaucoup plus prompts à fermer
des classes de manière préventive pour éviter la propagation. Donc, ce n'est
pas parce qu'il y a beaucoup de classes qui sont fermées qu'il y a nécessairement beaucoup de cas, mais c'est
parce qu'on ferme beaucoup de classes qu'il n'y a pas tant de cas.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Êtes-vous en train de me dire que votre mesure agressive, là, c'est de me
présenter un tableau?
La Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le ministre de l'Éducation.
M. Roberge :
Mme la Présidente, je pense que ma collègue a bien compris. Tout le monde a
compris que présenter un tableau, ça
sert à illustrer des informations. Elle devrait le savoir, elle adore me
présenter des tableaux. Et, quand elle me
présente un tableau, ce n'est pas pour me montrer une feuille, c'est pour
illustrer son propos. Et ce que je faisais avec mon tableau, c'est d'illustrer, justement, que, cette mesure, hein, de fermeture plus rapide, on
dit que c'est plus agressif, les directions de la santé publique régionales, de concert avec la direction nationale de la santé publique... est plus prompte à fermer des
classes — ce
n'est pas parce qu'on aime fermer les classes, au contraire — de
manière temporaire, mais c'est pour éviter la propagation, et ça a un
effet important.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci. Des mesures, ce n'est pas une courbe dans
un graphique. Des mesures peuvent nous dire... je ne sais pas, on va avoir...
Comme nous, on vous l'a proposé, d'avoir des «SWAT teams», là, de la santé publique dans certaines écoles. On vous a proposé, là, un paquet de mesures depuis le
mois d'août, là. Je ne peux pas croire qu'aujourd'hui
vous nous présentez une courbe dans un graphique comme mesures agressives.
Et
pendant qu'on rentrait ici pour s'installer, TVA Nouvelles envoyait
ce message : «La Santé publique invite la population
de Québec de rester à la maison le plus possible au cours des prochains jours pour tenter d'éviter la catastrophe.»
Vous, afin d'éviter la catastrophe dans le réseau de l'éducation, avez-vous peut-être juste
une mesure — moi, je
vais être raisonnable dans ma
demande, là — une
nouvelle mesure que vous pensez peut-être mettre en place pour éviter la
catastrophe à laquelle la Santé publique fait référence?
La Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Mme la Présidente, on n'en a pas juste une, on en a beaucoup de mesures de
protection. On a les masques de procédure, maintenant, qui sont obligatoires
dans le réseau scolaire. On a le transport scolaire qui a été repensé. On a les horaires qui sont différenciés. On a les
bulles-classes, et les bulles-classes ont été un facteur déterminant. Et, hier,
je participais à une conférence internationale avec l'UNESCO. Il y avait le porte-parole de l'OMS titulaire de la recherche éducation,
santé qui disait qu'essentiellement ce qu'il fallait faire, c'est exactement
ce qu'on fait : le port du masque, la distanciation sociale, des groupes
classes les plus hermétiques possible, et laisser les écoles ouvertes, mais intervenir dans les cas d'éclosion. C'est
validé, là, par l'OMS.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée.
Mme Rizqy :
...certaine que les parents, les enseignants, le personnel de soutien, les
professionnels de soutien sont rassurés
présentement de savoir que le ministre a du temps pour être avec la
Banque Nationale pour faire des conférences et non pas pour nous dire quelle est la nouvelle mesure à laquelle il
faisait référence hier. Moi, je demande... Il était... c'est lui, là,
qui faisait une entrevue là-dessus.
Donc, question encore plus simple. Vous avez que
c'était un risque calculé le retour en zone rouge pour tous les élèves.
Pouvez-vous déposer l'avis de la Santé publique ainsi que la grille de calcul
pour ce risque calculé?
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le ministre.
M. Roberge :
Oui. Alors, juste préciser quelque chose, ce n'est pas la
Banque Nationale, c'est l'OMS, c'est l'Organisation mondiale de la
santé.
Les décisions
qui sont prises par le gouvernement, de concert avec la Santé publique, sont le fruit d'échanges, de discussions. Vendredi dernier, j'étais en
conférence avec les Drs Litvak, Arruda, Massé, puis on faisait une
revue d'état de la situation en Amérique du Nord mais surtout au Québec, région
par région, puis on discutait justement des mesures de protection qu'on doit continuer de mettre en place
mais aussi des facteurs de risque lorsque les élèves ne sont pas à l'école,
Mme la Présidente. Ça aussi, ça va être considéré.
Et j'invite
ma collègue à se fier à Mme Fatima Kakkar, qui est pédiatre infectiologue
au CHU Sainte-Justine, qui a dit : «C'est vraiment essentiel aux élèves de
retourner à l'école à temps plein. Le risque de maladie est minimal chez
les jeunes adolescents, mais, partout au
Québec, au Canada, nos unités d'hospitalisation débordent d'adolescents en détresse
psychologique.» Donc, il y a des élèves qui
se rendent à l'hôpital à cause de la détresse psychologique, ça aussi, c'est de
la santé, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Nous en sommes bien conscients, M. le
ministre, vous le savez, et ce
n'était pas l'objet de ma question. Ma question en est une qui vise la
transparence. Vous avez dit aux Québécois que vous faisiez le pari de la
transparence pour le retour en classe, ça, c'était votre message à vous. J'ai
confiance qu'aujourd'hui vous restez
sur votre position de transparence et que, par souci de transparence, vous
allez déposer — oui ou
non? — l'avis
de la Santé publique pour le retour des élèves en zone rouge.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le ministre.
M. Roberge :
Pour illustrer à quel point on est plus prompts et plus actifs et que, oui, ça
constitue une nouvelle politique, une nouvelle façon de faire, regardez ce qui
s'est passé au Bas-Saint-Laurent, où la Direction de la santé publique régionale, de concert avec la Direction de la
santé publique nationale, a pris la décision de fermer toutes les écoles d'une
même région. Ce n'était pas l'approche qu'il
y avait avant les variants, mais comme les variants sont arrivés, il a fallu
s'adapter, changer cette façon de faire, on en a une illustration très
claire.
Ce n'est pas
que je me réjouisse, Mme la Présidente, qu'on ait été obligé de fermer
plusieurs écoles d'une même région d'un seul coup, mais je pense que ça
montre que, plutôt que de fermer toutes les écoles à la grandeur du Québec, plutôt que de forcer les élèves de III, IV, V, à
la grandeur du Québec, d'aller à l'école un jour sur deux, alors qu'il y a des
endroits où il n'y a aucun cas dans certaines écoles, bien, on y va de manière
chirurgicale, école par école, classe par classe,
parfois, malheureusement, région par région. Le Bas-Saint-Laurent, je pense,
c'est une belle illustration. Notre réseau scolaire est sous haute
surveillance, Mme la Présidente.
• (18 heures) •
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Écoutez, ça manque
beaucoup de logique ce que vous venez de dire, là, vous nous dites : Soyez
rassurés, les écoles en zone orange ou jaune
ont déjà toutes rebasculé, sont fermées, donc les enfants, au lieu d'être une fois sur deux à
l'école, ils seront zéro sur deux à l'école, ils vont être à la maison. Puis,
soyez rassurée, on va être très prompts. O.K.,
là, mais, moi, ma question est très simple, mais je comprends que vous n'avez
pas d'avis de la Santé publique à nous déposer. Donc, c'est ça, la
réponse, vous n'avez rien à déposer. Parfait, on l'a compris.
Maintenant,
un autre enjeu qui est quand même très important... Je sais que vous l'avez vu,
vous avez été interpelé tout comme
moi sur Twitter, le centre de services scolaires de Montréal
a indiqué comme quoi ils n'avaient pas besoin d'avoir des masques de procédure
dans leurs écoles. Pouvez-vous nous indiquer, à ceux qui nous écoutent, le paragraphe précis dans le décret qui indique que le masque est obligatoire, le
masque de procédure est obligatoire au primaire pour tous les élèves en
zone rouge? À quel paragraphe pouvons-nous retrouver cette information?
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Roberge : Je vais trouver la bonne information, mais il y a eu, effectivement, hier, un malentendu au centre de services
scolaires de Montréal, qui ont mal interprété une directive, un élément du
décret. Et, bon, je pense, ça aurait nettement préférable de communiquer avec
la Santé publique nationale ou avec le ministère, on aurait pu clarifier les choses, mais, bon, ils ont mal interprété une
directive. Ils ont cru que, dans les écoles, il n'était pas obligatoire de
porter les masques de procédure, ce qui n'est pas le cas. Et donc ils
ont envoyé une communication aux parents. On a été informés de la situation. Et donc on a corrigé la
situation, et le centre de services
scolaire de Montréal a envoyé une lettre qui rétablissait la situation.
Alors,
tiens, je peux même lire la lettre de Mme Francyne Fleury, directrice
générale intérimaire : «Chers parents. Vous avez peut-être reçu
aujourd'hui des informations qui s'avèrent inexactes concernant le port du
masque. Nous réitérons donc que les élèves
du primaire, du secondaire, de la formation professionnelle, de la formation
générale des adultes doivent porter
le masque de procédure fourni par l'école ou le centre.» Donc, je pense que ça
clôt... ça répond très bien à la question de la collègue.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Ça répond à la question. Mme la députée.
Mme Rizqy :
Non. Ma question est très claire : Quel est le paragraphe? Moi, je tiens
pour acquis que le ministre en face
de moi, le ministre de l'Éducation, a lu son propre décret. Quel est le
paragraphe auquel vous faites référence? Le décret qui est sorti jeudi
dernier, vous devez l'avoir lu, oui ou non?
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le ministre.
M. Roberge :
...Présidente, je peux bien retrouver le décret, mais l'essentiel, c'est qu'on
le comprenne tous très bien. Toutes
les commissions scolaires anglophones l'ont compris. Tous les centres de
services scolaires ont compris. Toutes les écoles privées l'ont compris. Il y a
eu un malentendu dans une des 72 organisations, malentendu qui a, je
pense, survécu, quoi, 12 heures, même pas, 24 heures avant que
la directrice générale intérimaire, Mme Fleury, n'envoie un correctif.
Alors,
il me semble que c'est assez clair
que c'est une erreur d'interprétation. Et tout le monde, maintenant,
est bien d'accord, comme l'a écrit la
directrice générale aux parents,
qu'évidemment tout le monde doit porter le masque de procédure.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la députée.
Mme Rizqy :
...décret.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le ministre.
M. Roberge :
Mme la Présidente, je vais répondre, bien sûr, mais ce serait bien, surtout
qu'elle n'est pas à sa première semaine à l'Assemblée nationale, quand même,
qu'elle prenne l'habitude des us et coutumes à l'Assemblée nationale,
c'est-à-dire de s'adresser à la direction plutôt que de dire :
Avez-vous ça? Voulez-vous faire ça? Il y a quand même un décorum, une
façon de faire ici, qui était là avant que j'arrive et qui va être là encore
après que j'arrive. Ce serait bien qu'elle embarque dans le train à cet
égard-là.
Maintenant,
bien sûr que j'ai lu le décret. Je peux le retrouver. En
fait, je peux demander à mon équipe de me le renvoyer, mais la question n'est pas de savoir si j'ai lu le décret — la réponse, c'est oui, à cette
question — la
question est de savoir : Est-ce
qu'il a été mal compris, mal interprété? Oui, dans un endroit, et ça a été corrigé.
Alors, maintenant, je pense qu'on peut regarder en avant.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
...important, pour regarder en avant, de savoir pourquoi une telle erreur s'est
produite. Et la raison qu'une telle
erreur s'est produite, c'est parce qu'il n'a pas lu le décret, puis les gens
autour de lui ne l'ont pas lu, parce que, sinon, ils auraient réalisé...
Une voix :
...
Mme Rizqy :
Ils auraient réalisé...
Une voix :
...
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Oui, un instant.
Mme Rizqy :
Ils auraient réalisé qu'effectivement ils parlaient du masque de procédure pour
les élèves du secondaire et que
quelqu'un a oublié de mentionner pour le primaire en zone rouge. C'est ça, l'erreur.
Mais, si, aujourd'hui, le ministre veut
corriger le tir, il pourrait tout simplement dire : On ne l'a pas vu
passer, on va rectifier notre décret, puis, à l'avenir, on va s'assurer
de le dire... de le lire ou de le lire deux fois plutôt qu'une.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le ministre.
M. Roberge :
Mme la Présidente, j'aurais aimé que vous interveniez pour qu'elle retire ses
propos. Elle prétend que j'ai induit les gens en erreur. J'ai dit que je l'ai
lu, elle me dit : Non, il ne l'a pas lu. Donc, de ce fait, elle insinue
que je n'ai pas dit la vérité. Ce n'est pas la façon de faire.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la députée de Saint-Laurent, avez-vous une autre question?
Mme Rizqy :
Bien certainement. Les masques, ils ont... Moi, j'ai été étonnée parce que j'ai
posé au ministre de l'Éducation, au mois de
décembre, lorsqu'il est arrivé le premier incident qui touchait davantage les
CPE, les centres de service de garde,
qui avaient des masques qui étaient non conformes... j'ai dit : Est-ce
qu'on peut s'assurer qu'au Québec les
masques... est-ce que c'est la même chose pour les services de garde? Puis,
rapidement, il m'a dit : Non... pour les écoles, pardon, il m'a dit : Non, ça ne touche pas
les écoles, on est corrects. Puis j'ai dit : O.K., ce serait important
qu'on garde ça en tête. C'est arrivé une fois puis il ne faudrait pas ça
se reproduise.
Est-ce
que, oui ou non, les masques sont distribués au Québec... il y a quelqu'un, au
Québec, qui les vérifie ou c'est envoyé directement... centres de services
scolaires, dans les écoles, ou est-ce qu'il n'y a pas de vérification qui est
faite avant de les transmettre?
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le ministre.
M. Roberge :
Mme la Présidente, les masques sont achetés par le centre d'acquisitions
partagées, on appelle le CAG. Donc,
c'est acheté de manière nationale. C'est redistribué ensuite dans les réseaux, donc le réseau de la santé, le
réseau de la famille, les CPE, etc.,
le réseau de l'éducation aussi. Donc, c'est distribué et redistribué, ce n'est
pas chaque école ou chaque centre de
services, là, qui magasine ses masques. Et puis on achète, évidemment, toujours
des équipements qui ont été testés, qu'il y a eu des validations, qui
sont certifiés.
Je pense que ma
collègue va faire allusion au fait que, malheureusement, il semble qu'il y ait
des masques qui étaient approuvés par le
gouvernement du Canada et par les directions de la santé qui se sont avérés
finalement peut-être incorrects, et on a agi pour corriger la situation
aussitôt qu'on l'a su, vendredi de la semaine dernière.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Donc, vous vous en êtes remis à Santé Canada. Ce que je trouve un peu particulier,
je vais le formuler ainsi, les tests
de dépistage rapides, au départ, on nous a dit : Ah! même si c'est
approuvé par Santé Canada, on ne les utilisera pas au Québec parce qu'on doit faire d'abord nos propres tests au
Québec, juste au cas que, peut-être, notre biologie est différente au
Québec quand on va utiliser les tests rapides qui ont été approuvés par Santé
Canada.
Lorsqu'est
arrivée l'histoire des purificateurs d'air, on nous a dit : Ah! bien, on
voit bien que l'État de New York, le
fameux État de New York, où est-ce qu'on est allés prendre le concept des
maternelles quatre ans, ou l'Ontario, qui a des purificateurs d'air... on nous a dit : Ah! on va faire notre propre
test, nos propres études, et je mets entre guillemets «études», parce
que je ne pourrais jamais qualifier ça d'étude, sur la qualité de l'air, avec
une méthodologie plutôt boiteuse.
Et là les maques. Je
ne dis pas que le ministre aurait dû être devin, loin de là, mais il est arrivé
un incident en décembre. En janvier, il était interpelé sur le réseau social de
Twitter, les gens mettaient des photos des masques qu'ils recevaient avec des insectes. Et le ministre
l'était, à ce moment-là, identifié sur cette publication, et ils demandaient au
ministre d'agir. Or, je suis étonnée que,
d'une part, pour les tests de dépistage rapide qui sont éprouvés, utilisés dans
plusieurs autres provinces, on ne
fait pas de test... on fait des tests au cas qu'on... dans le fond, pour ne pas
les utiliser. Purificateurs d'air : on fait des tests à n'en plus
finir, des études à n'en plus finir pour ne pas les utiliser.
Mais,
lorsqu'on est interpelés pour des masques... parce qu'au fond le ministre a dit :
On ne mettra pas de purificateur d'air,
parce que, nous, même si, finalement, on va admettre, après neuf mois, qu'il y
a une transmission par aérosol, vu qu'on
ne met pas de purificateur d'air, on va leur mettre des masques. Mais les
masques qui ont été fournis, il n'y a personne qui a vérifié, si je comprends bien la réponse du ministre... puis
peut-être qu'il va vouloir clarifier son propos puis dire que, finalement, oui, il y a eu des vérifications, que
lui s'est senti interpelé, puis que, oui, il a dit à l'INSPQ de vérifier la
qualité des masques qui sont
distribués dans nos écoles, des masques de procédure. Alors, ça, je suis un
petit peu étonnée de ça, parce qu'il a été interpelé.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le ministre.
• (18 h 10) •
M. Roberge :
Mme la Présidente, c'est dur de suivre le fil, on a parlé des masques, on a
parlé des purificateurs, on a parlé des
tests rapides. Je vais essayer de répondre à toutes ces allégations, là, qui
vont un peu dans toutes les directions. Sur les tests rapides, parce que
ma collègue est allée là-dessus, je pense, c'est important de faire la part des
choses. Ma collègue semble dire : Partout au Canada, tout le monde utilise ça puis que c'est... au Québec, on est les seuls à les
utiliser avec parcimonie.
Moi, je veux rappeler que dans la plupart des
provinces canadiennes, ils ont utilisé moins de 4 % des tests qu'ils ont
reçu. Donc, il y a une grande, grande, grande proportion, on est comme entre
95 % et 100 %, des tests qui ont été reçus par les autres provinces qui n'ont pas été
utilisés par les autres provinces. L'Ontario a utilisé 2,4 % des tests
rapides qu'ils ont reçu. L'Alberta a
utilisé 2 % des tests rapides qu'ils ont reçu. Et je pourrais continuer
comme ça. En Saskatchewan, oh! ils en
ont utilisé plus, 3,8 des tests, pour cent, envoyés par Ottawa ont été
utilisés. Plus de 95 % n'ont pas été utilisés. Ça aide un peu à mettre en perspective ce que ma
collègue dit. Il faut souvent mettre en perspective ce que ma collègue dit.
Mme Rizqy :
...et non pas de l'utilisation. C'est important de mettre en perspective, mais
c'est surtout important d'utiliser les termes à-propos.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le ministre, en 40 secondes.
M. Roberge :
Je vais essayer. Il y avait les tests rapides, il y avait les masques. Je n'ai
pas blâmé Santé Canada pour les masques. Je
fais simplement dire qu'ils avaient été approuvés par Santé Canada. Je pense,
ce n'est pas une mauvaise réponse de
se fier à ça. Maintenant, il semble que, de manière préventive, Santé Canada
nous a demandé de les retirer. On a su ça
vendredi après-midi et on a travaillé fort, je dis «on a travaillé fort», mais
vraiment, l'équipe du ministère et dans les centres de services scolaires, très fort toute la fin de semaine pour
s'assurer que, dès lundi matin, on était capable de fournir des masques
qui étaient approuvés, validés, puis rassurer tout le personnel.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, M. le ministre. Alors, ceci met fin à ce premier bloc.
Nous allons maintenant
passer au bloc d'échange avec le deuxième
groupe d'opposition, avec Mme la députée de Sherbrooke. Et vous
disposez d'un temps d'échange de 11 min 50 s.
Mme Labrie : Merci, Mme
la Présidente. Je vais y aller en
commençant sur la hausse que le ministre a mentionnée. Dans le budget du ministère de
l'Éducation, il a mentionné qu'il y
avait une hausse de 4,6 %, alors
que, normalement, c'est 2,9 %. Ce... on constate, c'est que, dans les
prévisions, dès l'année prochaine, on va revenir à une hausse de 3 %.
Donc, on parle d'un retour à la
normale, une hausse qui va, dès l'année prochaine, correspondre à l'augmentation normale des coûts
du système.
Je dois dire
que ça me surprend beaucoup, parce que, si je comprends bien, ça veut dire
qu'on n'a pas prévu de fonds
supplémentaire, par exemple, pour des augmentations salariales ou une
augmentation des effectifs. Et je dois dire que j'en suis très surprise, parce
que le ministre, lui-même, a nommé, à plusieurs reprises, que la
pénurie de personnel est un enjeu
majeur et qu'il devait y avoir des embauches dans le réseau. Donc, je
m'explique mal cette situation, j'aimerais entendre le ministre là-dessus.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Bien. Donc, le budget, cette année, est bien
en hausse de 4,6 %. Il est vrai
qu'on négocie, puis on négocie fort, ça bouge aux tables. Je sais que ma
collègue la présidente du Conseil du trésor pose des gestes importants cette
semaine, j'espère qu'on va en venir rapidement à une entente normale, que tout
ne soit pas au budget actuellement. Il y a
des fonds qui sont au fonds consolidé qui pourraient servir à financer une
éventuelle entente. Je pense, ma collègue n'a pas à s'inquiéter. Et pareil pour l'engagement du gouvernement, en
campagne électorale, on avait dit qu'au minimum le budget de l'éducation
augmenterait de 3,5 % par année. On a fait beaucoup plus, au cours des
trois premiers budgets, beaucoup plus,
3,5 % maintenant, ça me semble bas par rapport à tout ce qu'on a fait,
mais c'était un plancher qu'on a fait... qu'on a vraiment dépassé.
Il faut dire
qu'en 2018, après des années du gouvernement libéral, où la moyenne était de
2,9 %, on couvrait à peine les
coûts de système, 3,5 %, je pense que ça a beaucoup rassuré les gens.
Maintenant, le budget de l'an prochain, on en reparlera, de l'eau coulera sous les ponts, mais je pense que le budget
de cette année a vraiment rassuré les partenaires, je le sais, pour leur
avoir parlé moi-même, personnellement, la semaine dernière et cette semaine.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : J'aimerais ça que le ministre
nous dise c'est quoi, son estimation du manque d'effectif en ce moment, dans le réseau, pour différents types de membres
du personnel, notamment les enseignants, mais également
au niveau des professionnels, du personnel de soutien. C'est quoi,
l'estimation du manque d'effectifs, là, à combler à court terme, là?
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Mme la
Présidente, on va y aller avec des
estimations, puisque ce sont les centres
de services scolaires qui embauchent, ce sont eux, les employeurs. Depuis
l'arrivée au pouvoir du gouvernement, on a embauché beaucoup, beaucoup de personnes. Et, dans le budget actuel,
il y a plus de 60 millions de dollars qui sont affectés pour avoir un
plancher de service puis augmenter.
On prévoit embaucher, dans la prochaine année, 1 000 personnes de
plus dans le réseau scolaire, ce qui
inclut les enseignants, les enseignantes, mais aussi du personnel, des
techniciennes en éducation spécialisée et tout le personnel, là, qui rendent
des services directs aux élèves. On va essayer de trouver des informations plus
précises peut-être par corps d'emploi, mais je ne peux pas répondre tout
de suite, comme ça, je vais essayer de trouver les réponses.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Ce 1 000 personnes là que le ministre prévoit embaucher, est-ce que
ça correspond, à défaut de pouvoir me le dire par quart d'emploi, là,
est-ce que ça correspond à 100 % du manque d'effectifs à combler pour lui
ou c'est simplement ce qu'il pense être capable de recruter dans le contexte où
c'est difficile de recruter en ce moment?
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Mme la Présidente,
il est un peu hasardeux d'y aller avec un manque d'effectifs puisqu'on peut toujours donner plus de services à un enfant en
difficulté. Vous savez, un enfant, supposons qu'il souffre d'un... qui a plutôt
un trouble du spectre de l'autisme, qui est
intégré dans une classe régulière, qui a accès à un technicien ou une
technicienne en éducation spécialisée, supposons
huit heures semaine, en respect de son plan d'intervention, on pourrait dire :
Bien, peut-être qu'il faudrait doubler
l'accès, peut-être qu'il pourrait aussi avoir des services d'ergothérapie,
peut-être qu'il pourrait aussi
bénéficier de psychoéducation. Combien d'heures par semaine? Vous savez, on
peut toujours en donner plus, et c'est ce qu'on fait, on en donne
beaucoup plus.
On travaille,
je vous dirais, à lutter contre la pénurie de personnel aussi, parce que, des
fois, si on ouvre un poste mais qu'on n'arrive pas à le combler, c'est plus
compliqué. Depuis le début du mandat, on est arrivé à combler les
postes, contre toute attente, on s'est fait
toujours dire... chaque fois qu'on a annoncé des ouvertures de postes,
d'investissements de dizaines de millions de dollars, les gens
disent : Bien, vous n'arriverez pas à les combler. À chaque fois, on est
arrivés à embaucher les gens. Je pense qu'on
va continuer de le faire, mais je pense que la première chose à faire, c'est de
combler les postes pour lesquels il y a une pénurie de personnel.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
...je comprends, c'est sûr qu'on peut ajouter des services assez longtemps, là,
je ne dirai pas à l'infini, quand même une limite, mais on pourrait...
c'est difficile d'évaluer cette limite-là effectivement, mais, quand même, normalement, quand on se fixe un objectif, comme
gouvernement, on devrait être capable de dire : Bien, en fonction de
l'objectif qu'on se donne en termes d'offre
de services, voici le nombre d'effectifs dont on aurait besoin pour atteindre
tel plancher de service, par exemple.
Donc là, j'entends qu'il n'y a pas tout à fait de cible par rapport à ça.
Est-ce que je me trompe?
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le ministre.
M. Roberge :
C'est parce qu'on va le détailler avec les partenaires du réseau scolaire dans
le cadre de l'élaboration des règles
budgétaires, avec eux, dans les prochaines semaines. Quand on fait un budget,
il y a toujours une période où on élabore
les règles budgétaires. Il y a des centres de services scolaires qui ont plus
besoin, supposons, des techniciens en éducation
spécialisée, d'autres qui ont plus besoin de ressources professionnelles, puis
on veut faire des règles qui vont leur permettre
de combler leurs besoins. On ne veut pas être trop rigides puis les forcer à
aller à une direction où ils n'ont pas besoin. Au début du mandat, on avait
clarifié quelque chose, on voulait qu'il y ait un minimum, au moins dans chaque
école, qu'il n'y ait pas d'école qu'il y ait
des déserts de services. Puis, quand on est arrivés, en 2018, il y avait des
écoles où il n'y avait, tout simplement, aucun service de technicien ou
technicienne en éducation spécialisée puis aucun service professionnel. Même si c'étaient des toutes petites
écoles, supposons une école de
village qui a moins de 100 élèves, je pense, c'est important
d'offrir un service minimal. On a établi cette balise-là, mais on l'a établie
après discussion avec les gens sur le
terrain. Je pense, c'est ce qu'on doit faire encore pour répondre à leurs
besoins. Donc, on va élaborer les balises, puis ça fera l'objet, bien
sûr, d'une réponse, mais d'une annonce aussi. Mais il faut le faire avec le
réseau.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Bien, je ne peux pas m'empêcher d'espérer qu'on va avoir le détail de ces
règles budgétaires là pour le prochain bloc d'étude de crédits dans
quelques semaines.
Le ministre
le sait, là, je lui en ai déjà parlé abondamment, il sait que ce que... je lui
ai demandé ça, le plancher de service qu'il a défini actuellement,
effectivement, il est par établissement, c'était nécessaire pour éviter qu'il y
ait des déserts de services dans les trop
petites écoles, là, ça, il n'y a pas de problème. Par contre, on lui a déjà
parlé à plusieurs reprises que ce
serait nécessaire aussi d'avoir un plancher de service par nombre d'élèves et
que les deux planchers coexistent. Donc, je ne l'ai pas entendu avoir
d'objectif clair par rapport à ça. J'espère qu'il en discute avec le réseau en
ce moment.
Quand je regarde les montants prévus pour
valoriser, attirer, mobiliser le personnel du réseau scolaire, c'est 70 millions au total, je vois que c'est
10 millions cette année, ce sera 15 pour les prochaines années. Je me pose
la question, à savoir : Pourquoi
on ne donne pas un grand coup maintenant pour contrer la pénurie de
main-d'oeuvre, dans le sens où ça prend du temps, quand même, former un
enseignant, un professionnel? Je me questionne pourquoi c'est cette année qu'il y a le plus petit des montants prévus, en
fait, pour cette ligne-là du budget. Il me semble que, compte tenu du grand
défi que ça représente, en ce moment, du temps que ça prend former ces
personnes-là, du fait qu'on est déjà en manque d'effectifs, ce serait très important. Comment se fait-il qu'on n'a pas
choisi de mettre un plus gros montant dès cette année pour donner un grand coup puis recruter
massivement des gens dès cette année? Pourquoi ça risque de prendre davantage
forme, par exemple, à partir de 2022, là?
• (18 h 20) •
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Roberge :
Merci. Il faut dire que c'est une mesure, je vous dirais, qu'on vient ajouter à
plusieurs autres mesures. On a déjà
investi, depuis le début du mandat, pour combattre la pénurie, pour valoriser
la profession enseignante, pour réussir l'insertion professionnelle des
enseignants, ce qui est très important. Les nouveaux enseignants qui se sont
investis dans un bac de quatre ans, qui sont
prêts, qui sont professionnellement en train de s'investir dans leur carrière,
c'est dramatique quand on les perd, quand on ne réussit pas leur insertion
professionnelle.
Donc, une des façons de passer à travers, ça a
été de créer un programme de mentorat. Donc, on a lancé ça dès septembre, en fait, dans le budget précédent, pour
que ce soit applicable en septembre 2019, et c'est pérein, ça continue. C'est
un programme de mentorat qui permet à des
enseignants qui ont plus d'expérience de dégager, d'avoir du temps, enfin,
avoir du temps pour accompagner des enseignants qui sont déjà là.
Et il y a plusieurs autres mesures. Et
je comprends que ma collègue trouve... ma réponse est un peu longue, mais c'est
parce qu'il faut voir que c'est une continuité. On ne vient pas de se rendre
compte qu'il y avait une pénurie de personnel. On ajoute plusieurs mesures à tout un lot de mesures qu'on a déjà pour passer à travers
cette crise de pénurie de personnel.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Malheureusement, on n'a pas vu l'équivalent d'un plan comme on a vu, par
exemple, pour les préposés, là. Tu sais, on
a encore ce besoin-là, dans le réseau, je pense, d'avoir un grand coup qui va
être donné, là, au niveau de la
valorisation de la profession, au niveau du recrutement, puis moi, je ne l'ai
pas vu encore. Donc, j'espère qu'il est en train d'être donné ce soir,
dans les négociations qui se font. J'espère qu'il s'en vient.
J'ai...
en quelques secondes pour une dernière question. Dans les mesures pour soutenir
la réussite scolaire, tout ce qui
concerne les retards scolaires appréhendés, les fonds se terminent en 2022‑2023.
Donc, c'est étalé sur deux ans seulement. Est-ce que le ministre pense raisonnablement que les retards scolaires
appréhendés vont être terminés d'être réglés, là, dans deux ans?
La Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Juste y aller sur la pénurie de main-d'oeuvre encore un peu. Ma collègue dit :
Elle aurait aimé voir des mesures
comme on a fait pour les préposés aux bénéficiaires. On en a fait, des mesures,
en éducation, en plus du programme de
mentorat, pour réussir l'insertion professionnelle. On a fait un programme pour
attirer des retraités pour qu'ils viennent donner un coup de main. Ça a
fonctionné. On a plus de 800 retraités qui, suite à la mesure qu'on a
annoncée l'automne dernier, ont décidé de revenir
pour faire la suppléance. 800 personnes, c'est exactement la cible. En
fait, probablement qu'on l'a dépassée depuis, mes chiffres datent de
quelques semaines. On a créé des nouvelles formations, comme les préposés aux bénéficiaires. On a créé des maîtrises
qualifiantes pour permettre à des gens qui ont un baccalauréat disciplinaire, supposons histoire, en français, en anglais, de
devenir des enseignants au secondaire. Et on a annoncé, cette semaine, un tout
nouveau programme encore, donc une autre voie d'accès pour la profession, une
maîtrise qualifiante. Je remercie l'équipe
de l'Université de Montréal, qui a créé cette formation-là. Donc, encore une
fois, une voie créée, un accès de plus, une passerelle professionnelle pour devenir enseignant au préscolaire,
primaire. C'est tout nouveau. Ça a été annoncé cette semaine. Donc, il y
a beaucoup de choses qui sont faites.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Il vous reste 11 secondes, Mme la députée
de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Je vais m'en servir pour dire que l'enjeu est au niveau de la rétention. Les
retraités qu'on a, les retraités, bien,
c'est tant mieux. Mais est-ce qu'ils vont être encore là dans cinq ans?
Permettez-moi d'en douter, l'enjeu est vraiment au niveau de la rétention.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Malheureusement, c'est terminé pour ce bloc.
Merci beaucoup, Mme la députée de Sherbrooke.
Nous allons
maintenant passer au troisième bloc avec Mme la députée de Joliette. Vous
disposez d'un temps d'échange de 9 min 28 s.
Mme Hivon :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Pour débuter, j'aimerais savoir... Aujourd'hui,
on a appris que plusieurs commissions
scolaires anglophones souhaitaient ne pas, donc, suivre la directive du retour
en classe physique à temps plein et
plusieurs demandent de pouvoir avoir la latitude de décider si elles conservent
le un jour sur deux. Est-ce que le ministre peut offrir... souhaite
offrir cette latitude-là au milieu des centres de services scolaires? Parce que
je lui rappelle que, quand on a fait la réforme des commissions scolaires, il nous
a dit que loin de lui l'idée de centraliser. Donc là, ce serait un bon moment de prouver s'il est prêt à
décentraliser puis à laisser les centres
de service décider selon leurs réalités locales ou régionales.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Moi, je m'étonne quand même de cette question-là,
là. Je vais revenir sur la directive, puis le décret, puis ce qui se passe...
Mais est-ce que ma collègue suggère que ce serait une bonne idée de laisser
aux écoles, aux centres de services
scolaires, aux commissions scolaires décider... en faisant fi des mesures sanitaires,
là, c'est une bonne idée de laisser aux écoles décider s'il y a 180 jours
de classe en présence ou pas, puis qu'on devrait laisser la latitude... tellement
grande latitude que son gouvernement n'a jamais donnée, là... Jamais, je pense,
le Parti québécois, au moment où elle
était ministre, se sont revirés puis
ils ont dit : Bien, vous savez, les commissions scolaires, si vous voulez
donner de l'enseignement à distance,
un jour, 50 jours, 100 jours sur les 180, c'est une bonne idée.
Est-ce que ma collègue suggère qu'on devrait élever le niveau de subsidiarité
tellement grand que les commissions scolaires, les centres de services, les
écoles devraient décider si on enseigne à la maison ou à distance
nonobstant les mesures sanitaires?
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Est-ce que le ministre a déjà entendu notre position, qui est à dire qu'on
devrait donner plus de pouvoirs aux santés
publiques régionales? Puis, d'ailleurs, je pense qu'en ce moment on a un bon
exemple avec ce qui se passe au Bas-Saint-Laurent. Il y a eu une mesure... Même si on est zone
orange, il y a eu une mesure très forte d'appliquée, conjointement Santé publique, centres de services,
pour fermer les écoles. Ma question va dans ce sens-là, parce qu'aujourd'hui
il y a des centres de services scolaires
anglophones qui ont décidé, donc, de prendre cette mesure de ne pas revenir à
temps plein. Je veux connaître le
positionnement du ministre là-dessus. Et est-ce qu'il pense que c'est une voie
à envisager, de faire travailler les
centres de services avec les directions de la Santé publique régionale pour
qu'elles aient cette latitude-là?
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le ministre.
M. Roberge :
Je remercie ma collègue de la précision. Je pense, c'est très important que les
directions de la Santé publique
régionales aient un dialogue très constant avec toutes les organisations sur
leurs territoires, y compris les écoles privées, les centres de services scolaires, les commissions scolaires
anglophones. Maintenant, c'est vraiment une mesure exceptionnelle d'aller vers de l'enseignement à
distance obligatoire. Vous savez, quand une école... Si une école décidait ou
une commission scolaire décidait : Bien, nous, on fait de l'enseignement
en ligne, bien, c'est tous les élèves qui en subiraient
les conséquences. Et ce n'est pas, là, chaque élève qui ferait ce choix-là.
Donc, il y a des élèves qui, bien sûr, auraient
besoin d'aller en classe, mais qui se verraient privés de ce droit-là, parce
qu'au Québec c'est très important, là, on a le droit à l'éducation, et, dans la
Loi sur l'instruction publique, la fréquentation scolaire
est obligatoire. C'est vraiment une mesure
exceptionnelle de permettre ou même d'obliger la fréquentation en alternance,
parce qu'il y a des consignes sanitaires très importantes, mais ce n'est
pas quelque chose à prendre à la légère.
Et
donc je veux préciser qu'une directive sera envoyée très prochainement, parce
qu'une fois que le décret dit qu'on doit
fréquenter l'école, bien, on doit fréquenter l'école. On doit permettre aux
élèves de se rendre à l'école, c'est très important.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Je comprends que le ministre va refuser cette possibilité-là, donc c'est
clarifié. Je veux juste dire au ministre :
Je l'entends dire que c'est exceptionnel. Oui, la pandémie, c'est vraiment
exceptionnel, mais ça fait quand même six
mois qu'en vertu de la directive du ministre, depuis octobre, en zone rouge,
les élèves de secondaire III, IV, V fréquentaient un jour sur deux. Donc, quand ça fait six mois,
c'est quand même moins exceptionnel que ce que le ministre essaie de nous
laisser entendre, donc... mais j'ai une réponse.
Je
veux passer à la question des maternelles quatre ans, ça fait longtemps, je
trouve, qu'on en a parlé. Donc, je voulais savoir combien de classes ont
été ouvertes, donc, en septembre dernier, on était à combien de classes à la
dernière rentrée et à combien de classes
nous allons être en septembre 2021. Je vais lui donner toutes mes questions,
puis c'est un petit bouquet de questions sur la maternelle quatre ans.
Ensuite, ils avaient annoncé... donc, le ministre avait annoncé, en août 2019, un programme, une passerelle pour
favoriser l'attraction d'éducatrices en CPE, pour devenir enseignantes, si
elles s'inscrivaient, donc, à un
programme universitaire pour pouvoir enseigner en maternelle quatre ans.
J'aimerais savoir si on connaît le nombre d'éducatrices qui se sont
prévalues de ce programme-là.
Et
mon autre question, c'est de savoir est-ce que toutes les classes de maternelle
quatre ans ont le fameux duo de feu dont
nous parlait le ministre abondamment, donc une enseignante et une éducatrice.
Est-ce que c'est comme ça que c'est organisé dans chaque classe, là,
avec le test de la réalité?
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le ministre de l'Éducation.
• (18 h 30) •
M. Roberge :
Merci bien. Je vais essayer de répondre le mieux possible aux trois questions,
au pire, on complétera. Donc, de l'année 2013 à 2014, à 2018, 2019,
il y avait donc, en six ans, 394 classes qui avaient été ouvertes par les
deux précédents gouvernements du Parti québécois et du gouvernement libéral,
donc 394 classes, c'était, grosso modo, 66 classes
par année. Nous en avons ajouté, au cours des deux dernières années, 2019,
2020, 2021, 601, donc une moyenne de
300 classes par année. Donc, on est dans un autre univers. Et ces 601 classes
ajoutées représentent à peu près 7 200 élèves
de plus, donc 7 200 élèves qui fréquentent maintenant la maternelle
quatre ans, là, en fait, cette année,
grâce à l'ouverture de ces classes-là.
L'an prochain, la
cible, elle est d'un ajout de 315 classes. Ce n'est pas une cible, là,
qu'on a dressée comme ça, à la légère, c'est
après avoir consulté le réseau scolaire. Et, à chaque fois, c'est la troisième
année qu'on le fait, là, et, à chaque
fois, on procède comme ça. On communique avec les commissions scolaires et les centres de services puis on leur demande leur capacité, puis ce sont eux qui
nous disent... non, mais c'est important, ils nous le disent en fonction de
la disponibilité des locaux et la
disponibilité des personnes. Et, en fonction de ça, on dit : Bien, très bien,
on peut ouvrir ces classes-là, parce qu'on ne pourrait en ouvrir si on
n'avait pas cette disponibilité-là.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci. Alors, Mme la députée.
Mme Hivon : C'est vraiment des données, en fait. Je
comprends, on va avoir plus de temps aux crédits, qui vont durer plus longtemps, mais, dans mon neuf minutes,
je voudrais avoir les données. Donc, ça, c'est parfait, j'ai les chiffres.
Le nombre d'éducatrices de CPE qui ont pris la passerelle pour devenir
enseignantes en maternelle quatre ans?
La Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le ministre.
M. Roberge : Je n'ai pas ce chiffre-là, Mme la Présidente, parce que ce sont les universités qui pouvaient admettre... en fait, qui pouvaient, en vertu de la nouvelle
règle, devenir enseignantes titulaires de maternelle quatre ans, à
condition de s'être
inscrites et d'avoir réussi, je ne veux pas induire ma collègue
en erreur, est-ce que c'est quatre, est-ce que c'est six cours,
mais il fallait déjà avoir réussi plusieurs
cours universitaires avant de se faire confier... Donc, il ne s'agit pas de quelqu'un,
là, qui devient... qui passe
d'éducatrice à enseignante tout de
suite. Il faut qu'elle s'inscrive,
soit admise, réussisse plusieurs cours,
et après, donc, peut... c'est une passerelle non pas vers la profession
directement, mais vers la formation universitaire.
Mais il
faudrait poser la question université par université pour savoir combien
d'étudiants ou d'étudiantes ont été admis sur cette base-là, ont réussi
ces cours-là et finalement sont allés vers cette formation-là, vers cette
profession-là.
Il me semble, ma collègue avait une troisième
question.
Mme Hivon : Je voudrais savoir si dans toutes les classes de maternelle quatre ans il y a toujours deux
personnes, enseignante et éducatrice.
M. Roberge :
C'est une condition dans les normes
et modalités. Il faudrait voir, là. On en a, écoutez, 995. Mais on ne peut pas ouvrir de classe de maternelle quatre ans si on n'a pas un enseignant
ou une enseignante à temps plein et une éducatrice à demi-temps, c'est obligatoire. Maintenant, écoutez,
j'imagine que les normes et modalités sont suivies à la grandeur du
réseau.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la députée Joliette. 25 secondes.
Mme Hivon :
Oui. Je voudrais savoir si le ministre a bien reçu la lettre Sauvons
Passe-Partout, qui est un programme très
apprécié de beaucoup de familles et qui est en péril, qui est même fermé dans
plusieurs centres de services scolaires et très réduit. Est-ce qu'il va
répondre et qu'est-ce qu'il a l'intention de conserver Passe-Partout ou de le
substituer et de l'éliminer pour les maternelles quatre ans, tout simplement?
La Présidente (Mme Gaudreault) :
En six secondes, M. le ministre.
M. Roberge : Je n'ai pas
l'intention d'éliminer le programme Passe-Partout.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, ceci met fin à ce troisième
bloc. Et le dernier bloc avec l'opposition officielle et Mme la députée
de Saint-Laurent pour une durée de 9 min 25 s.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je suis un petit peu stupéfaite, parce que maternelle quatre ans, c'était le grand
projet du ministre ainsi que du gouvernement, c'était la priorité. Il y avait
des questions de suivi de ma collègue la députée
de Joliette, et force est de
constater qu'en matière de suivi on n'a pas eu beaucoup
de réponses. Moi, je suis un peu
étonnée que, par exemple, à une question aussi simple que : Est-ce qu'il y a des enseignants qualifiés ou pas?, on n'est pas capable de nous répondre combien il y en a.
L'objectif, c'était d'agir tôt, donc je suis étonnée, même,
qu'il ne s'est pas viré de bord pour
essayer de trouver la réponse, là, donc je suis très, très étonnée. À moins
que, depuis, il ait trouvé une réponse, je le vois sourire. Est-ce qu'il
a une réponse? Oui?
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Mme la Présidente,
je pense que ma collègue doit considérer que les enseignants dans le réseau sont compétents. Quand ma collègue
dit : Ah! je ne sais pas s'il y
a des enseignantes compétentes,
c'est sûr. Écoutez, on ne confie pas des classes, là, à n'importe
qui. Les enseignants qui travaillent
dans le réseau, autant au préscolaire, au primaire, au secondaire, sont des personnes compétentes. Ce
n'est pas parce qu'on ouvre une classe du préscolaire tout à coup que la
qualité ne serait pas au rendez-vous. C'est simplement qu'on m'a demandé si je
me suis assuré, là, que, précisément, dans
les 995 classes, à chaque fois, il y avait l'éducatrice à demi-temps, bien
que ce soit formellement obligatoire. Alors, écoutez, je pense que bien sûr que c'est obligatoire. C'est comme si on
disait : Est-ce que, dans le réseau, on peut garantir que partout
il y a des enseignants dans toutes les classes? Oui, mais je n'ai pas vérifié
ce matin.
La Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
C'est son projet, c'était de venir ici bien préparé pour les crédits, c'est un
exercice qui est quand même fort
pertinent. Puis surtout que l'objectif de ma question... de la question qui
était posée, c'est les enseignants qui étaient qualifiés, puis il a été
enseignant, il sait c'est quoi, la différence entre un enseignant qui est
qualifié ou en cours de qualification. Là,
vous ne savez pas si vous avez dans le réseau, dans les classes de maternelle
quatre ans, des enseignants qualifiés ou en cours de qualification. Donc, je
comprends que vous allez travailler, probablement d'ici les prochains crédits,
à trouver les réponses pour le suivi, qui est en fait votre grand projet
à vous, M. le ministre.
Maintenant,
tantôt, la question était très pertinente. Je me suis posé la question est-ce
que vous allez peut-être nous trouver rapidement... puis vous pouvez
juste dire : Non, je n'ai pas trouvé le paragraphe sur le décret ou,
finalement, j'admets qu'il manque un
paragraphe dans le décret de jeudi dernier puis qu'on va le corriger. Par
rapport au masque de procédure dans
les écoles primaires en zone rouge, est-ce que vous avez trouvé le paragraphe
ou, finalement, est-ce que vous allez devoir corriger le décret?
La Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Mme la
Présidente, je pense que c'est clair pour tout le monde dans le réseau. Je le
répète, là, s'il y en a qui doutent
encore, je vais m'adresser directement à la caméra : On doit porter un
masque de procédure dans le réseau de l'éducation.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Bon, bien, l'humilité de corriger des affaires, on repassera.
Maintenant,
la semaine passée, on vous a posé la question à plusieurs reprises pourquoi que
ce serait un sommet sur l'éducation à
huis clos. Vous nous avez dit : Est-ce que les groupes le désirent? On
finalement reçu hier la liste des groupes. Contre proposition, parce que, quand on a parlé, nous, avec les gens du
réseau, il n'y a personne qui nous a demandé que ce soit à huis clos.
Peut-être que si vous êtes capable d'identifier les quelques personnes qui vous
ont parlé de faire ça à huis clos, peut-être
de faire un sommet à huis clos pour cette minime, minime, minime minorité puis
de faire un vrai forum de discussion
et d'échange avec tout le monde, ouvert. Est-ce que ça, ce serait une contre‑proposition
que le ministre serait intéressé? Parce qu'il me semble qu'on peut
rallier plein de monde.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Mme la Présidente, pour commencer, je vais juste remercier ma collègue de... on
dit «adresser», mais ce n'est pas... c'est un anglicisme, donc d'y
aller...
Une voix :
Aborder.
M. Roberge :
...aborder, merci, d'aborder cette question des importants rendez-vous qui vont
avoir lieu demain et après-demain. Je
la remercie aussi d'avoir saisi cette main tendue, d'avoir accepté l'invitation
à participer. Bien qu'on ne soit
peut-être pas d'accord sur exactement la formule, je pense qu'on est d'accord
sur la nécessité d'avoir des gens de milieux
sportifs, des représentants d'élèves, d'enseignants, de spécialistes, de
syndicats, de dirigeants, des gens du milieu francophone, anglophone, des gens des Premières Nations, des chercheurs,
des parlementaires, de se questionner sur ce qu'on doit faire pour
passer à travers cette crise de santé mentale et de réussite éducative dans les
prochains mois.
Sur
la question précise, c'est un peu évident, mais je vais le dire quand même, je ne
pense pas que les personnes
et les groupes... et je vous dirais
qu'ils sont de plus en plus nombreux, parce qu'il y en a qui ont
appelé au cabinet aujourd'hui pour me
remercier de la formule dont on le fait. Mais je pense que c'est assez
évident que les personnes qui souhaitent qu'on travaille de
manière sérieuse à huis clos ne souhaitent pas qu'on mentionne leur nom en
disant : Oui, c'est moi qui demande à ce qu'on travaille à huis clos pour favoriser un travail plus collaboratif,
pour favoriser une tempête d'idées et puis de ne pas se ramasser aux nouvelles parce qu'on a peut-être échappé un mot ou
que, librement, on a proposé une idée qui sera peut-être critiquée par d'autres. Je pense que ces personnes-là, c'est
un peu évident, et ces groupes ne souhaitent pas que je les nomme ce soir en disant : Voici monsieur X,
madame Y qui souhaitent ça. Mais je peux vous dire que, quand ça a été
annoncé, il y avait quelques personnes qui
l'avaient demandé, mais, aujourd'hui, c'est vraiment... ils sont très nombreux
à avoir communiqué avec le cabinet pour nous remercier de la
formule. Ils ont dit que ça allait être la manière la plus productive de
travailler.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : ...d'accord. Donc, c'est une grande première au Québec, ça va être le premier forum
à huis clos qu'on n'a
jamais assisté. Mais peut-être une autre proposition, peut-être que celle-ci,
vous allez l'accepter. Ce n'est pas la première fois, mais il y a un oubli dans la liste des
invités, puis je tiens à vous le souligner, les personnes avec un handicap.
Donc, Société québécoise de la
déficience intellectuelle, la Fédération québécoise de l'autisme, je pense que
personne ne leur a envoyé une invitation,
et ce serait très malheureusement qu'ils soient à l'écart de nos échanges, particulièrement qu'on sait que ça a été quand même assez difficile pour les
élèves HDAA.
Je vous invite, à votre équipe, de
communiquer avec eux promptement et de trouver une façon de les insérer dans
nos discussions ou, en fait, dans vos
discussions, parce que nous, les élus, on n'en fait pas partie non plus des
différents groupes pour entendre les différentes propositions, alors qu'on
aurait bien aimé entendre tout le
monde. Est-ce que ça, au moins,
vous pouvez vous engager, vous, M. le ministre, à vous assurer de pouvoir leur
offrir une place?
• (18 h
40) •
La
Présidente (Mme Gaudreault) : M. le ministre.
M. Roberge : Mme la
Présidente, j'accueille cette
proposition-là avec ouverture, mais je ne peux pas trancher ici séance tenante. Je vais regarder d'abord...
Écoutez, je n'ai pas la liste par coeur, là. J'ai la liste devant moi, je sais
qu'il y a beaucoup de regroupements qui parlent au nom des clientèles
vulnérables ou qui interviennent auprès des clientèles vulnérables. Donc, je vais étudier la question de ma collègue.
Vous comprenez que je ne veux pas décider comme ça en pleine commission,
sur-le-champ.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie. Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Dans les groupes, je veux dire, regardez, M. le ministre, pour les personnes avec un handicap, non. C'est quand
même malheureux qu'on n'ait pas
pensé à cela, surtout qu'il y a un groupe complet de HDAA, c'est quand même plusieurs élèves au Québec. Ça aurait été
pertinent de leur envoyer une invitation. Puis ce n'est pas la première fois
qu'ils sont laissés pour compte dans
des échanges ou dans des discussions. Alors, moi, je vous invite fortement à
les contacter le plus rapidement possible.
Mme
la Présidente, il me reste combien de temps pour conclure?
La
Présidente (Mme Gaudreault) : 1 min 45 s.
Mme Rizqy : O.K. Mme
la Présidente, je vous remercie, je remercie l'équipe. M. le ministre, moi, je
me permets de... Hier, le ministre de
la Santé l'a quand même dit, nous sommes en troisième vague. Aujourd'hui, vous
n'êtes pas dans la capacité de nous
dire quelles sont les mesures agressives, les nouvelles mesures agressives.
S'il y a une chose peut-être que vous
devez retenir de cet échange, trouvez-les, les mesures agressives, et
communiquez-les aux gens pour rassurer le réseau. Plus les gens sont inquiets, plus il faut leur communiquer les
nouvelles mesures, qu'est-ce que concrètement va arriver pour les écoles, pour le personnel qui y travaille. Vous l'avez
dit, ces gens-là travaillent pour la réussite de nos jeunes. Il y a aussi des élèves qui nous ont écrit hier,
vous et moi, ainsi que tous les élus, des élèves qui sont inquiets. Prenez le
temps d'expliquer ces nouvelles mesures, si
c'est réel que vous en avez. Sinon, prenez peut-être le temps de réfléchir pour
la suite des choses. Puis, pour le reste, je vais nous souhaiter, à nous
tous, bon courage.
La
Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie. M. le ministre. Il
reste 37 secondes.
M. Roberge :
Merci. Je remercie ma collègue de ce message bien senti. On partage beaucoup de
choses, hein? Des fois, là, on discute, puis
c'est correct, des fois on s'accroche un peu, puis c'est correct, mais on veut
tous la réussite des élèves. Et c'est
vrai, qu'il y a beaucoup de mesures sanitaires, de mesures de protection.
J'en ai parlé tout à l'heure, là, je les
ai mentionnées. Oui, il y a la fermeture plus rapide des santés publiques,
qui sont vraiment très,
très, très vigilantes. Le réseau scolaire, les écoles sont sous haute
surveillance. On traque les virus, on traque les variants. On veut protéger les
élèves et le personnel.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le ministre. Alors, ceci
met fin à l'étude des crédits provisoires pour l'année financière 2021‑2022.
Adoption
des crédits
Et
maintenant, en application de l'ordre spécial, je vais inviter les parlementaires
à m'indiquer le vote de leurs groupes sur l'adoption de ces crédits
provisoires. Alors, M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire :
Pour.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Saint-Laurent?
Mme Rizqy :
Pour... Contre!
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Sherbrooke?
Mme Labrie :
Contre.
La Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Joliette?
Mme Hivon :
Contre.
La Présidente (Mme Gaudreault) : Maintenant... Je
vous remercie. Est-ce que nous avons des indications pour
le vote des députés indépendants?
M.
Caire :
Non, Mme la Présidente, je n'ai pas de telles indications.
La Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie. Alors, la motion est adoptée. Et,
en conséquence, les crédits provisoires pour l'année
financière 2021‑2022 sont adoptés.
Et, la commission
plénière ayant accompli son mandat, je remercie les personnes qui y ont
participé. Et, pour permettre à l'Assemblée
de poursuivre sa séance, je prie toutes les personnes qui doivent se retirer de
le faire immédiatement.
Je suspends donc les
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
18 h 44)
(Reprise à 18 h 47)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : ...oui.
M. Bussière (président de la
commission plénière) : Mme
la Présidente, j'ai l'honneur de vous faire rapport que la commission
plénière a étudié les crédits provisoires pour l'année 2021‑2022 et
qu'elle les a adoptés.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de Gatineau.
Mise
aux voix du rapport de la commission
Alors,
en application de l'ordre spécial, j'invite maintenant les parlementaires à
m'indiquer le vote de leurs groupes sur ce rapport. M. le leader adjoint
du gouvernement?
M.
Caire :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Saint-Laurent?
Mme Rizqy :
Contre.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Sherbrooke?
Mme Labrie :
Contre.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Joliette?
Mme Hivon :
Contre.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie. Est-ce
que vous avez une indication pour le
vote des députés indépendants?
M.
Caire :
Non, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, très bien. Alors, ce rapport est
adopté.
Projet
de loi n° 91
Présentation,
adoption du principe et adoption
Et,
en conséquence, M. le ministre délégué à la Transformation numérique
gouvernementale propose, au nom de la ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du Conseil
du trésor, que l'Assemblée soit saisie du projet de loi n° 91, Loi n° 1 sur les crédits,
2021-2022, qu'elle en adopte le principe et qu'elle adopte le projet de loi
proprement dit.
Mise
aux voix
Maintenant,
je vous invite à m'indiquer le vote de votre groupe sur cette motion. M. le
leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Saint-Laurent?
Mme Rizqy :
Contre.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Sherbrooke?
Mme Labrie :
Contre.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Joliette?
Mme Hivon :
Contre.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie. Et la motion est
adoptée. Et, en conséquence, le projet de loi n° 91, Loi n° 1
sur les crédits, 2021-2022, est adopté.
M. le leader adjoint
du gouvernement, la parole est à vous.
Renvoi
de l'étude des crédits aux commissions parlementaires
M.
Caire :
Oui, merci, Mme la Présidente. Donc, je fais motion afin que l'étude de
l'ensemble des crédits budgétaires 2021‑2022, sauf ceux de l'Assemblée
nationale, soit renvoyée en commissions permanentes.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, je vous remercie. En application de l'ordre spécial, j'invite maintenant les parlementaires à m'indiquer le vote
de leurs groupes sur cette motion. M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la députée de Saint-Laurent?
Mme Rizqy : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la députée de Sherbrooke?
Mme Labrie : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la députée de Joliette?
Mme Hivon : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, je vous remercie. Et cette motion est adoptée.
Je vais
suspendre les travaux quelques instants afin de permettre la tenue de deux
débats de fin de séance. Bonne soirée à tous.
(Suspension de la séance à 18 h 50)
(Reprise à 18 h 52)
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, nous reprenons nos travaux.
Débats de fin de séance
Et, conformément à l'ordre spécial, nous allons maintenant
procéder aux deux débats de fin de séance.
Le premier
débat portera sur une question adressée par M. le député de La Pinière au ministre délégué à la Transformation
numérique gouvernementale, en remplacement du leader du gouvernement,
concernant l'absence de leadership du gouvernement caquiste en matière
d'éthique.
Je vous rappelle que, conformément à
l'article 310 du règlement, le député qui a soulevé le débat et le
ministre qui lui répond ont chacun un temps de parole de cinq minutes, et le
député a ensuite une réplique de deux minutes.
M. le député La Pinière, la parole est à
vous.
Confiance du premier ministre
envers le député de Rousseau
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Alors, Mme la Présidente, ça aurait été même très sympathique, mais non
nécessaire, de souligner le fait que
c'est la deuxième fois que je pose une question qui était adressée, au salon
bleu et à la période de questions, au ministre
de la Justice et, évidemment, c'est la deuxième fois que le ministre de la
Justice souhaite ne pas se présenter devant moi pour un débat de fin de séance. Et ça, Mme la Présidente, ça en dit
long, ça en dit long à ceux qui nous écoutent aujourd'hui.
Aujourd'hui,
je vais tout de suite vous faire une prédiction, vous allez entendre, de la
part de mon collègue ministre délégué
à la Transformation numérique, en remplacement du ministre de la
Justice, le même
discours qui va revenir sur le passé. Ça va être la même chose. Mais on
va remettre les choses en perspective pour une énième fois.
Devant quoi
sommes-nous? Nous sommes devant un gouvernement dont le premier ministre,
solennellement, à répétition, a dit,
s'est engagé, promis, en a fait plus que les 10 commandements, Mme la
Présidente : Ce sera, en matière d'éthique, d'apparence de
conflit d'intérêts, tolérance zéro.
Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui, Mme la
Présidente? Les questions que j'ai posées dans le passé traitaient comme sujet du député de Rousseau quant à sa
situation dans le passé et sa situation actuelle où il y a de grossières
évidences d'apparence de conflits
d'intérêts. Mme la Présidente, n'importe qui qui a suivi ce dossier-là, qu'il
ait été lu au début, lors de la
première enquête de La Presse, et, par la suite, au Journal
de Montréal, par un autre bureau d'enquête, n'importe qui va
conclure à l'apparence de conflit d'intérêts.
Qu'elle a
été, Mme la Présidente, l'attitude du député de Rousseau? Je n'ai rien fait,
pas de problème. Ne me reprochez pas,
moi, par exemple, de donner un contrat à ma fille. Non, non, mais ma fille,
écoutez, elle a quitté son poste juste au moment où j'ai donné la
subvention. Ne me reprochez-moi pas ça, là, puis ne venez surtout pas me dire
que c'est une apparence de conflit
d'intérêts. Moi, c'est tout correct. Ne faites pas référence à mon passé
pendant que j'étais maire et préfet
dans la MRC de Montcalm. Ce n'est pas parce que j'ai donné des subventions à
des membres de ma famille, fille, parrain et mes chums
qui sont devenus parrains de mes enfants, qu'il y a apparence de conflit
d'intérêts. Bien non, je suis sans
reproche. Et on se demande pourquoi. Bien, la réponse, c'est facile, Mme la
Présidente, il n'a pas été pris. C'est aussi simple que ça.
Or,
qu'est-ce qui arrive aujourd'hui, Mme la Présidente? L'UPAC, hein, l'Unité
permanente anticorruption, a décidé qu'il
était le temps d'intervenir et de faire une enquête. Wo! Là, on n'est plus dans
l'apparence. Là, on s'approche de quelque chose, et là, à ce moment-là, le député de se retire. Et ce qui est le
plus problématique, Mme la Présidente, c'est qu'il se retire non pas à
la demande du premier ministre, qui, lui, est la personne responsable, le
porte-étendard de l'éthique dans son gouvernement, apparemment, il se retire de
son propre chef. Tout pour ne pas mettre en cause le chef.
Alors,
Mme la Présidente, il y a un problème là. Et, pour moi, la goutte qui fait
déborder le vase, c'est quand, cet après-midi, au point de presse de la
COVID, interrogé par Geneviève Lajoie, qui lui pose une question bien
simple : Qu'est-ce qui a changé entre
il y a une semaine où vous trouviez qu'il n'y avait aucune matière à et
aujourd'hui où il n'y a pas
d'information additionnelle?, bien, le premier ministre a répondu : Oui,
mais, avant, ce n'était pas pareil. Oui, mais quels faits différents? Il
n'y en a pas. La seule chose qui est différente, c'est que, maintenant, la
police est impliquée.
Ça
dit quoi, ça, Mme la Présidente, sur la façon de fonctionner à la CAQ? Ça dit
quoi du devoir moral du premier ministre,
qui a, à répétition, dit : Tolérance zéro? Ça dit quoi? Zéro leadership.
Et ça laisse des doutes partout. Et ça va laisser encore des plus grands doutes, Mme la Présidente, quand, dans
les cinq prochaines minutes, le ministre délégué à la Transformation numérique
va prendre la parole. On le sait, ce qu'il va dire, on le sait. Il va parler du
passé. Il va ramener le député de
Brome-Missisquoi. Il va parler du Parti libéral. Il va parler de tout, sauf du
sujet actuel dans l'espace et dans le temps, qui est le député de Rousseau. Il
va nous faire un discours selon lequel, s'il s'est passé quelque chose dans le
passé chez vous, ça justifie qu'il s'en
passe aujourd'hui. C'est quoi, ça, comme principe de tolérance zéro en matière
d'éthique? Ça s'est passé ailleurs,
j'ai le droit de le faire aujourd'hui. Il y a quelqu'un chez nous qui a volé,
moi aussi, je vais voler. Je ne dis
pas que le député de Rousseau a volé, là, ce n'est pas ça que je dis, là. On va
avoir un discours pendant cinq minutes sur le passé.
Mme la Présidente, la
question du jour est simple : Sur l'enjeu éthique actuellement en cause...
• (19 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Malheureusement, M. le député
de La Pinière, votre temps est écoulé. Maintenant, je cède la parole à M. le ministre délégué à la
Transformation numérique gouvernementale pour une durée de cinq minutes.
M. Éric
Caire
M.
Caire : Merci, Mme la Présidente. Oui, Mme
la Présidente, la tentation est
forte. Le député de La Pinière a raison de lui parler de Franco Fava, du
bénévole Bartlett, de George Gantcheff et des immeubles qui ont été vendus,
mais ce ne sera pas inutile de le
faire, parce qu'il faut quand
même comprendre la différence entre
ce qui s'est passé à ce moment-là
et ce qui se passe aujourd'hui. Mais, contrairement à ce que mon collègue de La Pinière peut penser, je vais me concentrer sur d'autres événements, et
qui sont en ligne directe avec la situation du député de Rousseau.
Qu'est-ce qu'il en est, Mme la Présidente? Un
article de journal qui prétend avoir mis la main sur des courriels, qui nous en relate quelques épisodes pour décrire une
situation incomplète, parfaite... imparfaite, pardon, et par laquelle on
prête toutes sortes d'intentions au député de Rousseau, une enquête de la
commissaire à l'éthique. Le député de La Pinière devrait être
particulièrement sensible au fait qu'on ne devrait condamner personne sur une
enquête de la Commissaire à l'éthique.
Lui-même a fait l'objet d'une enquête de la Commissaire à l'éthique, qui l'a
blanchi de tous les soupçons, de toutes les accusations dont il faisait
l'objet. Donc, il devrait savoir que la Commissaire à l'éthique peut aussi en
arriver à la conclusion que le député qui est visé n'a rien à se reprocher. Et
là, si c'est ça, la conclusion de la Commissaire à l'éthique, on fait quoi? Le procès d'intention qu'on fait au député de
Rousseau, il repose sur quoi? Une commissaire à l'éthique qui dit qu'il
n'a rien fait?
La commission des affaires municipales, Mme la Présidente,
s'est penchée, à l'époque, sur ces questions-là et en est arrivée à la conclusion qu'il n'y avait pas lieu
d'y aller de l'avant avec un conflit d'intérêts. Une institution officielle
s'est penchée sur cette question-là,
l'a analysée, a dit : Non, on ne voit rien là-dedans qui justifierait une
action subséquente. Alors, on fait
quoi quand les institutions, une première, dit : Il ne ne se passe rien,
une deuxième dit : Bien, je vais aller voir ce qui se passe, et pour lesquelles il y a une possibilité
que personne ne peut ignorer qu'elle en arrive à la conclusion qu'il ne
s'est rien passé?
L'UPAC. Demandez à Nathalie Normandeau, les enquêtes de
l'UPAC, ça peut vouloir dire quoi pour quelqu'un qui en est l'objet, ça veut dire quoi pour quelqu'un
qui se fait arrêter un matin, puis qui ne subira jamais de procès parce que l'enquête n'en finit plus de finir, puis qu'il
n'y n'aura probablement jamais de conclusion. Alors, on fait quoi, le député
de Rousseau fait quoi? Parce que la semaine
passée, ceci étant dit, il n'y avait pas de confirmation qu'il y avait des
enquêtes de l'UPAC. Ça aussi, ça a changé.
Alors, M. le Président, des enquêtes... Mme la Présidente,
pardon. C'est parce que je regardais le député de La Pinière, ça fait que j'ai mélangé les... Excusez, il est tard, Mme la
Présidente, j'implore votre clémence.
Alors, on fait quoi si l'UPAC n'en arrive à aucune
conclusion qui justifierait des actions subséquentes? On pend le député de
Rousseau sur le fait qu'il y a des enquêtes qui peut-être ne vont aboutir à
rien ou à la conclusion qu'il n'y a rien? Bien, Mme la
Présidente, c'est ça, la situation du député de Rousseau, rien d'autre, des
allégations dans les médias, deux enquêtes
dont on ne connaît pas et dont on ne doit, pour aucune considération, conclure
avant que ces enquêtes-là soient conclues elles-mêmes. C'est ça, la
situation.
Qu'est-ce
qui a changé par rapport à la semaine dernière, Mme la Présidente? L'univers
politique, il est ce qu'il est maintenant. Et, oui, je pense que les événements passés justifient ou expliquent — justifient,
non, expliquent, oui — pourquoi
aujourd'hui on condamne sur des allégations, sur des
apparences, on ne laisse pas le temps aux officiers de faire leur travail
et d'aller chercher les faits sur le fond.
Et je sais pourtant que le député de La Pinière est féru de faits, c'est un scientifique, il aime les faits. Alors, c'est quoi, les faits? Qu'est-ce qui a été
prouvé? Qu'est-ce qui a été démontré? Qu'est-ce qui est hors de tout doute raisonnable? Rien. Alors, le député
de Rousseau se retire volontairement, oui, parce que
l'univers politique d'aujourd'hui étant ce qu'il est, il y avait
du bruit sur la ligne, il en a conclu que ça se faisait au détriment du gouvernement et, comme c'est un homme
d'honneur, bien, il a préféré se retirer et laisser les officiers de justice
faire leur travail.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, M. le ministre. Maintenant, pour votre réplique, M. le député
de La Pinière.
M. Gaétan Barrette
(réplique)
M. Barrette : Encore
une fois, on est passé à côté du sujet. Ici, nous ne sommes pas ici pour
condamner qui que ce soit. Quand
c'est tolérance zéro en matière d'éthique, Mme la Présidente, la chose à faire
lorsqu'il y a un doute sur l'apparence du
conflit d'intérêts, c'est de se retirer. C'est ça qu'il faut faire. Et le
député de Rousseau... et je ne dis pas qu'il est coupable de quoi que ce soit, je dis que, sur la question
des apparences, ça regarde mal, comme très mal. Il aurait dû se retirer, et le
premier ministre, qui s'est vanté que ce serait tolérance zéro, ne l'a pas
retiré. C'est ça qui est en jeu, Mme la Présidente. Et, quand le ministre délégué à la Transformation
numérique nous parle, Mme la Présidente, et nous parle de ça, bien, il devrait commencer par regarder chez lui quand il
parle des institutions et nous dire qu'est-ce que va faire le ministre de
l'Économie, qui, lui, est déjà blâmé. Lui, là, c'est exposé, démontré de A à Z,
il est en infraction avec le code d'éthique.
Alors, on a
un chef de parti, un premier ministre, je le rappelle, je l'ai dit ce matin, il
y a un premier ministre qui, lui, là,
met sa valeur cardinale la plus importante, l'éthique. Bien, écoutez, il y a
une commissaire à l'éthique qui blâme un ministre, il est encore en infraction, il est encore là. Et, s'il n'y
avait pas eu la police, le député de Rousseau serait encore là.
Pourtant, c'est le premier ministre lui-même qui l'a déplacé. Quand il y a eu
l'enjeu du zonage, hum, ça regardait mal, il
l'a tassé, il l'a envoyé adjoint parlementaire au Trésor. Là, la police arrive,
il se retire. Mme la Présidente, là, juste entre vous et moi et ceux qui nous regardent, quand ça regarde mal, là, bien,
peut-être que quelqu'un devrait se retirer le temps des enquêtes, et ça
aurait dû être fait avant.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de La Pinière. Ceci met fin à ce premier débat de fin de séance.
Et nous
allons maintenant procéder au deuxième débat, qui portera sur une question adressée par
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce au ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, en remplacement du ministre de la Santé et des Services sociaux, concernant
l'exode massif du personnel au sein de la direction de la protection de la
jeunesse. Mme la députée, vous disposez d'un temps de parole de cinq
minutes.
Rétention du personnel
dans le réseau de la protection de la jeunesse
Mme Kathleen Weil
Mme Weil :
Merci, Mme la Présidente. Alors, ce matin, j'ai eu l'occasion de poser des
questions sur un sujet très sensible, une situation très inquiétante, et ça
concerne, justement, l'exode de personnes expérimentées, d'intervenantes
qui travaillent à la DPJ qui n'en peuvent
plus, à bout de souffle. Je vous dirais, l'article de ce matin, moi, j'ai été
ébranlée, tout le monde a été ébranlé
par ce qu'on a lu. Donc, on a «Exode» à la DPJ — On est à un cheveu d'une rupture. Je vous donne les titres. On parle d'exode qui
est en cours, on parle de personnes à bout de souffle, et il y a des
témoignages d'intervenantes qui racontent ce qu'ils vivent, la détresse
qu'elles vivent.
Et ce qui est
connu, évidemment, pour tous ceux qui connaissent ce magnifique réseau de gens
dédiés au bien-être des enfants, qui
voient des tragédies quotidiennement, c'est qu'ils y vont avec des rêves et un
espoir de pouvoir changer le cours
d'une vie d'un enfant. Et là c'est la détresse qu'elles vivent au point de vue
physique et santé mentale, c'est sur les deux plans qu'ils vivent une
grande détresse.
Alors, à
preuve que la situation est vraiment extrêmement fragile, c'est que, là, le
gouvernement doit utiliser des agences
de placement, imaginez-vous. Et les intervenants qu'ils recrutent par ces
agences de placement gagnent un salaire plus élevé, plus élevé que ceux qui sont à l'emploi de la DPJ. Alors,
vous vous imaginez la réaction des employés de la DPJ.
Alors, il y a
plusieurs régions qui sont frappées par ce qu'on appelle un exode. Le ministre
responsable de la DPJ, d'ailleurs, l'a confirmé qu'il y a un exode qui
est en marche. Et je voudrais aussi signaler que, dans le cadre de cette pandémie, une chose qu'on a apprise, c'est que,
dans une famille qui vit la violence conjugale, à peu près 50 % des femmes
ont dit que leurs enfants vivent la détresse
aussi et que ça s'est aggravé au point de vue fréquence de la violence envers
leurs enfants et gravité de la
violence, donc à ces deux points de vue. Donc, on est dans le domaine de la
DPJ, de la protection des enfants, et
c'est une situation, évidemment, extrêmement préoccupante. Alors, ces enfants,
ces jeunes... bien, ces jeunes... d'ailleurs,
c'est souvent les jeunes qui quittent, quittent le navire, elles souhaiteraient
rester, mais il y en a qui sont carrément en crise, et ça a été bien
décrit, ils sont remplis d'anxiété, etc., et ont de la misère à compléter leurs
journées.
• (19 h 10) •
Il
y a deux éléments qui reviennent souvent dans leur discours, c'est, bon, manque
de ressources, ils ont besoin de plus
de personnes, évidemment, parce qu'avec le rythme des départs le recrutement
est difficile parce que les conditions salariales
ne sont pas assez intéressantes. Certaines disent que : Pourquoi est-ce
que je vais sacrifier ma vie pour un salaire qui est si peu intéressant? Mais aussi, elles ne
se sentent pas... et je dis «elles», il y a des «ils» aussi, il y a des hommes,
mais la majorité, c'est des femmes,
c'est dans l'organisation du travail. On sait que la commission Laurent a
évoqué des scénarios. Mais ce qui est
vraiment décourageant, c'est quand on regarde le budget, le budget qui ne
s'adresse pas à cette question. Et on le sait, dans les titres — je vais vous le sortir — ils annoncent des investissements
importants, certes, mais rien sur la réorganisation du travail, rien sur la
charge de travail des intervenantes, rien sur les mesures de soutien, rien sur
les problèmes d'attractivité et de
rétention dans le réseau, aucune ventilation des montants, aucune indication
d'un plan de démarche à suivre, aucune
vision claire qui émerge. Et ça
aurait été l'occasion en or, et même avant la commission
Laurent, justement, pour se préparer pour le rapport de cette commission
spéciale.
Alors,
ce matin et, je vous dirais, en regardant le budget, il y a déjà eu...
et le ministre en a déjà parlé, de cette détresse qui est vécue dans le réseau, donc c'était l'occasion
en or, vraiment, c'était l'occasion pour partager cette vision comme pour la violence
conjugale. Alors, c'est pour ça que ce débat de fin de séance...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Et maintenant je cède la parole à M. le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation pour une durée de
cinq minutes.
M. André
Lamontagne
M. Lamontagne :
Bonjour. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Très heureux d'être ici ce soir en
remplacement de mon collègue le
ministre délégué à la Santé pour parler d'un sujet, là, qui nous importe, d'un sujet qui nous préoccupe énormément, naturellement,
c'est tous les enjeux de main-d'oeuvre qu'on retrouve à la direction de la
protection de la jeunesse. Et puis ce qui a été relevé, l'utilisation ou le
recours à des agences, on s'entend, Mme
la Présidente, que ce n'est certainement pas une situation qui est optimale,
mais c'est une situation qui a lieu dans un contexte où on fait face à des
enjeux vraiment importants de manque de main-d'oeuvre, dans un contexte où, en aucun cas, il ne faut accepter de permettre
des bris de service, Mme la Présidente.
Alors,
dans ce contexte-là, le gouvernement s'est assuré de venir encadrer de façon beaucoup
plus serrée l'utilisation des
agences, que ce soit par voie d'arrêté ministériel en mai l'an passé ou que ce
soit un arrêté ministériel récent, du 6 mars, où il est question vraiment de s'assurer qu'il ne
peut pas y avoir de maraudage par les firmes d'agences pour aller recruter du
personnel au sein déjà des travailleurs qui sont existants, qui oblige les
agences à laisser leur personnel pendant un minimum de 14 jours, Mme
la Présidente, qui empêche quelqu'un
de quitter son emploi et d'aller travailler pour une agence en dedans de... en moins de 90 jours. Alors,
c'est un certain nombre de règles qui ont été mises en place, mais on s'entend,
Mme la Présidente, que ce n'est pas optimal, puis ça, c'est dans un contexte
vraiment de difficultés au niveau de la main-d'oeuvre.
Mais
avant d'aller plus loin, il faut quand
même qu'on rappelle le contexte un
petit peu, Mme la Présidente, parce que les enjeux de main-d'oeuvre qu'on a aujourd'hui, que ce soit dans le domaine de la protection de la jeunesse, domaine de
la santé, domaine de l'éducation, plusieurs domaines, il faudrait remonter, là,
au début des années 2000 quand on a eu des études démographiques
qui nous démontraient exactement, là, qu'à partir de l'année 2015‑2016,
là, on aurait au Québec un basculement où on commencerait à avoir davantage
de personnes qui quittent le marché du travail que de personnes qui intègrent le marché du travail, Mme la Présidente. Alors là, on parle, là, début des années 2000. Et puis là on a eu
2003, 2008, 2011, on a eu toutes ces
élections-là, avec pas mal toujours le même gouvernement qui était en place, pour finalement arriver en mai 2018 avec le dépôt d'une stratégie nationale de main-d'oeuvre, là, pour faire face à tous ces enjeux-là, à deux, trois mois des élections, Mme la Présidente. Ça fait que ça vous donne un petit peu le sérieux qui
était accordé à tous ces enjeux de main-d'oeuvre là par le précédent gouvernement.
Mais, ceci étant dit,
mon collègue est arrivé en poste et, tout de suite, il a pris des engagements,
à savoir, un, l'importance de réformer la
direction de la protection de la jeunesse et l'importance de réformer aussi la
loi sur la protection de la jeunesse,
et tout ça, c'est en cours. Puis assorti de ça, Mme la Présidente, on a eu des
sommes, 155 millions depuis le
budget de 2019, qui ont été attribuées pour la DPJ. De ce 155 millions là,
il y a 18 millions pour la création de postes de conseiller de soutien aux activités cliniques, il y a 47 millions qui ont été accordés pour bonifier les équipes dans les secteurs
à haute pression. Il y a 507 emplois, des ETC, qui ont été créés, qui ont
pu être embauchés à la protection de la jeunesse pour venir en secours. On avait accordé 800, mais, encore là, on a été
incapables de combler tous ces postes-là justement par manque de ressources,
Mme la Présidente. Et puis on a eu, depuis la pandémie, 90 millions additionnels qui ont été accordés,
encore là, pour venir en soutien, partout sur le terrain, à la grandeur du Québec,
pour venir donner un soutien à la protection de la jeunesse.
Et
puis récemment, à la demande de Mme Régine Laurent, on a eu
l'embauche de Mme Catherine Laurent, qui est... pardon, Mme Catherine Lemay, qui a été nommée
directrice nationale pour la direction
de la protection de la jeunesse. Le
mandat de Mme Lemay, c'est de prendre
acte de la situation de la protection de la jeunesse puis de venir
intervenir pour améliorer tout ce
climat-là. Il y a une question qui vise à intervenir au niveau de la prévention, il va y avoir une question au niveau
des interventions, au niveau du climat de travail. Puis, en soutien à
Mme Lemay, on a tous ces budgets-là qui ont été accordés par le gouvernement
du Québec, Mme la Présidente.
Alors,
si on part d'un principe où on avait un héritage... dans le fond, ce qu'on
avait, c'était un sous-investissement chronique, c'est une diminution
des services, c'est des coupures puis des disparitions de ressources.
Ultimement, on a déshumanisé tout ce
système-là, Mme la Présidente. Alors, j'ai mon collègue le ministre délégué à
la Santé qui est entré en poste, qui
a pris tous ces engagements-là, qui est à l'oeuvre. On a alloué
155 millions de dollars, Mme la Présidente, et puis il y a encore des fonds qui viennent d'être
alloués. Alors, on est en action, et puis il y a des améliorations qui vont
survenir dans le système, Mme la Présidente. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le ministre. Et
maintenant Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, pour votre réplique de deux
minutes.
Mme Kathleen Weil
(réplique)
Mme Weil :
Donc, pour revenir sur le contexte dans lequel travaillent nos intervenantes,
je veux réitérer, donc, que, pour
qu'elles puissent faire leur travail, elles ont besoin... elles et ils, hein,
je reviens sur ça, ont besoin d'un environnement de travail sain et sécuritaire. Elles ont besoin d'avoir une
organisation de travail bien définie, une charge de travail adéquate et
un ensemble de mesures de soutien pour les accompagner dans le travail.
On a entendu la ministre... la présidente du
Conseil du trésor. J'ai apprécié ses paroles ce matin, en période de questions. Ils sont en négociation. Je trouve que
le timing, en bon français, de ces questions qu'on a posées ici, en Chambre...
ont été utiles. La ministre semblait très
sensible à la question. C'est sûr que c'est préoccupant quand le budget ne
reflète pas... parce qu'on ne voit
pas des mesures qui sont bien concrètes, pas du tout. On voit d'autres types de
mesures, mais rien qui parle de ce redressement de la DPJ.
Et pour vous
dire, Mme la Présidente, à quel point
la situation est grave, on apprend ce matin qu'il y a
161 postes vacants dans les
Laurentides, 55 postes vacants en Montérégie et le tiers d'une équipe de
la DPJ dans Chaudière-Appalaches
qui quittera prochainement. Et elles continuent à dire qu'elles vont quitter ce
navire. Comme je l'ai dit, le ministre lui-même a reconnu cette
problématique.
Alors, les
enfants souffrent. Ils ont besoin de services, un accompagnement du DPJ
performant et en santé, c'est comme
ça que je le décrirais. J'ai l'occasion de parler, évidemment, avec des gens du
réseau, j'étais moi-même au conseil d'administration
d'un centre jeunesse et j'ai toujours des amis qui travaillent dans ce milieu,
c'est difficile. Et on apprécie, évidemment,
le coeur et la volonté de ces personnes de changer la vie de ces jeunes
enfants. Donc, c'est important que le gouvernement amène l'appui
nécessaire pour qu'elles puissent faire leur travail.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce. Ceci met fin à ce deuxième débat de fin
de séance.
Ajournement
Et maintenant j'ajourne nos travaux au mercredi
31 mars, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 19 h 19)