(Neuf heures quarante et une
minutes)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon
mercredi. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Alors, nous
débutons aux affaires courantes. À la rubrique de déclarations de députés, je cède la parole à M. le député de Chauveau.
Souligner le succès du
cocktail dînatoire tenu
au profit de l'organisme Le Piolet
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Le 7 novembre dernier se tenait le cocktail dînatoire au profit de l'organisme
Le Piolet, pour lequel j'ai eu l'immense plaisir d'être président d'honneur. Au
total, c'est plus de 50 000 $ qui ont été recueillis. Je remercie
tous les généreux donateurs qui
permettront à cet organisme de poursuivre son oeuvre auprès des jeunes
adultes en difficulté.
Le Piolet est
une entreprise d'insertion offrant
une formation rémunérée
en entreprise. Son objectif est de permettre à ces jeunes en situation d'exclusion sur le marché du travail d'acquérir des compétences dans le secteur de la
restauration. Parallèlement, il offre
un service d'hébergement transitoire. Le Piolet, un exemple de
réussite communautaire unique.
Un immense
bravo pour leur grande volonté aux jeunes qui bénéficient de ces services,
représentés aujourd'hui par Vincent Brisebois! Également, un coup de
chapeau aux dirigeants David Boivin et Lorenzo Alberton, présents ici
ce matin, et à toute leur équipe! Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Nous poursuivons maintenant avec M. le député de Vimont.
Souligner l'ouverture de
l'Espace MC2 à l'école Horizon-Jeunesse
M. Jean Rousselle
M. Rousselle :
Merci, madame. J'aimerais souligner, en cette Chambre, l'excellente initiative
qu'un groupe de professeurs, avec
l'appui de la direction de l'école Horizon-Jeunesse, ont eu de former un espace
de cafétéria, Espace MC2, pour
des jeunes ayant une déficience intellectuelle ou un spectre de l'autisme. Cette
brillante idée permet aux jeunes de travailler
de façon à ce qu'ils puissent bâtir et acquérir une certaine expérience de
travail qui leur facilitera l'intégration au marché du travail.
C'est la
raison pour laquelle je tenais spécialement à féliciter et à remercier tout le
personnel de l'école, mais spécialement
Mmes Caroline Corbeil, Maryse Riopel, Martine Sauvé et le
directeur, M. Claude Desrosiers, qui ont mis sur place ce projet qui demande énormément de leur
temps. Ils s'y consacrent corps et âme et donnent beaucoup de leur temps
personnel. Rendu à ce stade, moi, j'appelle ça du bénévolat.
Chers
enseignants et chère direction, vous êtes une source d'inspiration et des
modèles dans le secteur de l'éducation.
À titre de député de Vimont, je ne peux... me réjouir de l'idée de cette
magnifique école qui se trouve dans mon comté. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de
Châteauguay.
Rendre hommage à la
Fondation Anna-Laberge et
inviter les citoyens au concert de fin d'année
Mme MarieChantal Chassé
Mme Chassé :
Merci, Mme la Présidente. Et c'est avec plaisir que je prends la parole pour
souligner les efforts constants de la
Fondation Anna-Laberge. L'hôpital de Châteauguay a été nommé en reconnaissance
d'Anna Laberge, cette femme d'exception reconnue pour son
dévouement, sa soif de connaissance et son sens de justice. Et, depuis 1986, la
fondation soutient le développement de
services de santé pour toute la Montérégie-Ouest, une région qui en a bien
besoin.
Sous la
présidence de Serge St-Laurent, l'organisme de bienfaisance a annoncé, ce
mois-ci, l'embauche d'une nouvelle
directrice générale, Annick Charest, une femme dynamique auparavant à la
tête de la Chambre de commerce et d'industrie du Grand Roussillon.
Venez
encourager, le 14 décembre prochain, lors du concert de fin d'année
Fal la la la la... Y sera alors en vedette
Annie Villeneuve, accompagnée du Grand Orchestre de Châteauguay, au
Pavillon de l'île Saint-Bernard.
Merci au
dévouement de tous ceux qui appuient cette belle Fondation Anna-Laberge.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le député de Jacques-Cartier, la
parole est à vous.
Souligner le 40e
anniversaire de l'Association des Townshippers' inc.
M. Gregory Kelley
M.
Kelley : I
would like to wish the Townshippers' Association a very
happy 40th anniversary. On December 12th, 1979, members of the English-speaking community
decided they needed a strong regional voice for the Townships to fight for local schools, access to healthcare in
English, and anglophone rights. The Townshippers' Association, over the last four
decades, have represented and defended the community on the front lines in Québec's National
Assembly, Ottawa's parliamentary committees and Senate hearings, and at the local
level with municipal and regional decision makers.
Over the years, more than a 120 passionate community members have volunteered
their time, energy, and expertise on the board of directors. Thank you
for your service.
Finally, the beloved
Townshippers' Day, as... 24 different communities in the Eastern Townships,
with over 39 additions. They brought
together thousands of volunteers and community members from all walks of life
to celebrate the contributions of
English speakers to the region. Congratulations to the entire team of the
Townshippers and cheers to many more years of success!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec M. le député de Chapleau.
Souligner le 25e
anniversaire de l'entreprise Club d'Eau Plus inc.
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais souligner le 25e anniversaire du Club d'Eau Plus de
Gatineau.
Le Club d'Eau
Plus est une entreprise qui a pour mission d'offrir des produits locaux
dans les domaines de l'eau et du vin
artisanal. Fondé en 1994 et situé au coeur de mon comté de Chapleau, le Club
d'Eau Plus de Gatineau est devenu un
endroit incontournable pour se procurer une eau purifiée par distillation
oxygénée ou du vin artisanal sans ajout de sulfites. Il s'agit d'un
choix santé, économique et écoresponsable.
Le Club d'Eau
Plus a à coeur l'environnement. Il a d'ailleurs reçu la certification
Performance +, en 2018, dans le cadre du programme ICI on recycle, de RECYC-QUÉBEC.
Le Club d'Eau Plus offre des services et des
produits de qualité avec une grande variété de cépages. Plus de 300 cépages
sont offerts et des conseillers sont présents pour offrir des suggestions.
Je tenais également à remercier Mme Lucie Doyon,
son conjoint, Serge Chartrand, ainsi que leur équipe pour leur 25e année de service dans Chapleau, dans
Gatineau et dans la région de l'Outaouais. Merci et bon 25e anniversaire
à vous et à votre très belle équipe!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je suis prête à reconnaître Mme la
députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Souligner l'instauration
d'un marché public dans la municipalité de Moffet
Mme Émilise
Lessard-Therrien
Mme Lessard-Therrien : Merci, Mme la
Présidente. Ce matin, j'aimerais souligner le dynamisme d'une municipalité de mon comté, Moffet, qui, devant la perte des services de proximité
dans son village, a décidé de prendre le
taureau par les cornes. Véritable paradis pour les pêcheurs et les amoureux de
la nature, cette municipalité de 200 personnes a perdu son magasin
général il y a deux ans.
Or, le
conseil municipal a décidé de
transformer cette problématique en opportunité. Après l'aménagement d'un
tout premier parc pour enfants en 2018, le
maire, Alexandre Binette, et son équipe récidivent une nouvelle fois en 2020
pour améliorer la qualité de vie de ses
citoyens. En effet, c'est près de 290 000 $ qui seront investis pour transformer l'ancien magasin général en marché public permanent. Une
place de choix sera faite pour les producteurs régionaux, un espace dépanneur
ainsi qu'une station d'essence et une borne de recharge pour les véhicules
électriques compléteront l'oeuvre de ce nouvel espace.
Voilà une preuve bien concrète du dynamisme de
nos municipalités et de l'engagement des élus locaux pour améliorer le bien commun.
Bravo à la municipalité de Moffet pour cette excellente initiative!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Joliette.
Souligner
le Mois de la sensibilisation à l'adoption
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : Merci,
Mme la Présidente. Alors, novembre est le Mois de sensibilisation à l'adoption,
l'adoption, cette magnifique manière
de former une famille. Et je souhaite saisir l'occasion pour rappeler que les
enfants qui sont adoptés subissent
toujours une grande iniquité, une injustice, parce qu'ils ne peuvent pas
bénéficier de la présence de leurs parents
à la suite de leur arrivée pour une période aussi longue que les enfants
biologiques, c'est-à-dire qu'il y a toujours une différence de 18
semaines pour le congé parental des parents biologiques versus les parents
adoptants.
Alors, c'est
une demande que nous formulons depuis des années. Il est grand temps de mettre
fin à cette injustice, parce que, on le sait, les enfants adoptés
arrivent ici avec souvent un gros bagage, un gros sac à dos rempli de défis particuliers, de défis d'attachement, de problèmes
de santé et parfois de traumatismes. Alors, nous interpelons le gouvernement
pour qu'avec son dépôt de projet de loi il mette fin à cette injustice. Merci,
Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le député de
Sainte-Rose, la parole est à vous.
Féliciter le parc de la
Rivière-des-Mille-Îles,
lauréat d'un prix Excellence tourisme
M. Christopher
Skeete
M. Skeete : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. J'aimerais prendre un moment pour féliciter le parc de la Rivière-des-Mille-Îles et son centre Éco-Nature de
Laval, qui sont les récipiendaires du prix Excellence tourisme dans la
catégorie Initiative en innovation, développement de l'offre.
C'est une
énorme fierté, pour moi, d'avoir l'espace faunique protégé le plus grand de la
région métropolitaine dans mon comté
de Sainte-Rose. Les Lavallois sont privilégiés d'avoir un tel
endroit où nous avons la chance d'apprécier la faune et la flore et
d'admirer les beautés des milieux naturels.
La mission du
parc est de protéger, conserver et de mettre en valeur notre écosystème,
qui est aussi un aspect très important pour moi.
Je félicite encore une fois l'équipe du parc de
la Rivière-des-Mille-Îles. Je recommande d'ailleurs à tous mes collègues, et tous les Lavallois, et tous les gens
de la région d'aller faire un beau petit tour. On peut profiter d'un environnement vraiment chaleureux et très
chouette. Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. M. le député de Johnson, la parole est à vous.
Rendre hommage à Mme Lise
B. Tétreault, intronisée à
l'Académie internationale des beaux-arts du Québec
M. André Lamontagne
M.
Lamontagne : Mme la Présidente, je souligne aujourd'hui
l'intronisation de Mme Lise B. Tétreault au sein de l'Académie internationale des beaux-arts du
Québec, une institution fondée en 2005, qui reconnaît publiquement les artistes
en arts visuels.
Originaire de
Durham-Sud, Mme Tétreault est venue s'installer dans sa ville natale à sa
retraite pour s'investir à temps
plein dans ses passions : la sculpture et la peinture. C'est donc depuis
1995 que ses oeuvres sont exposées dans différentes galeries d'art à
travers le Québec.
Autodidacte,
Lise Tétreault est particulièrement reconnue pour ses sculptures figuratives
contemporaines et aime expérimenter
avec différents médiums. Se considérant comme un instrument dynamique, elle
crée en se laissant guider par ses
perceptions et les émotions que lui inspire la matière. Son travail rayonne
autant au Québec qu'à l'international et a d'ailleurs été mis à
l'honneur dans l'édition automnale 2019 du réputé magazine français Art
& Design.
Je souhaite
donc féliciter Mme Tétreault pour cette belle reconnaissance et j'invite tous
les Québécois à découvrir les oeuvres de cette artiste de chez nous.
Merci, Mme la Présidente. Je souligne la présence de Mme Tétreault.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Mme la députée de Prévost.
Souligner le 10e
anniversaire de l'organisme L'Antr'Aidant
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : Merci, Mme la Présidente. Dans le cadre du 10e
anniversaire de l'organisme de proche aidance
L'Antr'Aidant, j'ai eu le privilège d'assister à un hommage aux proches aidants
fort touchant, des témoignages inspirants
par la profondeur de la relation aidés-aidants. Cet organisme communautaire de
ma circonscription a été créé par des gens engagés ayant pour but de
dispenser des services axés sur la sensibilisation, l'écoute, la relation
d'aide individuelle et de groupe, l'information et l'accompagnement
personnalisé aux proches aidants.
En ce 10e anniversaire, je tiens à
féliciter toute l'équipe de L'Antr'Aidant pour leur dévouement exceptionnel
ainsi que Julie Gravel, directrice générale,
pour son travail sans relâche. Cette femme est une véritable perle. Merci de
faire la différence par votre engagement auprès des proches aidants. Vous
rayonnez!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Est-ce que... Je
vous demande votre consentement pour que M. le député de Chomedey puisse faire
une déclaration de députés supplémentaire. Consentement. M. le député,
nous vous écoutons.
Rendre
hommage à M. Hagop Der Khatchadourian, récipiendaire
de la Médaille de l'Assemblée nationale
M.
Guy Ouellette
M.
Ouellette : Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de saluer, dans
les tribunes ce matin, Hagop Der Khatchadourian,
son épouse Anahid, sa soeur Marina, Saro Derbedrossian, Hrag Agop Tarakdjian,
Movses Arzoumanian, Apo Niziblian, Arpi Balouzian, Mike Tashdijian et Hovig
Tufenkijian, tous du Comité national arménien.
M.
Khatchadourian, le président du conseil international des comités nationaux
arméniens, se démarque par sa volonté
à s'impliquer autant dans la communauté arménienne que québécoise, et ce,
depuis 43 ans. Il a occupé divers postes, entre autres, au sein des
scouts arméniens, de la Fédération de la jeunesse arménienne de plusieurs pays,
a coprésidé l'association des étudiants de l'Université Concordia et celle des
étudiants ethnoculturels du Québec.
Il
est le principal contributeur du forum sur la coopération et la justice et la
paix, organisé de concert avec le ministère des Affaires étrangères de la République d'Artsakh, qui s'est déroulé les 11 et 12 octobre
dernier, auquel j'ai participé comme parlementaire.
Je
lui remets la Médaille de l'Assemblée
nationale pour sa contribution à la
société lavalloise, québécoise et
pour son rayonnement ailleurs dans le monde. Félicitations, cher ami!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Ceci met fin à la
rubrique de la déclaration de députés.
Je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 55)
(Reprise à 10 h 2)
Le Président :
Mmes et MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Bon
mercredi à toutes et à tous.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique Présentation
de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : Oui. M. le Président, je vous demande d'appeler
l'article a, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 208
Le
Président : À l'article a du feuilleton, j'ai reçu le
rapport du directeur de la législation sur le projet de loi n° 208,
Loi concernant la cession d'un droit
d'emphytéose en faveur de la Ville d'Alma. Le directeur de la législation a
constaté que les avis ont été faits
et publiés conformément aux règles de fonctionnement des projets de loi
d'intérêt privé. Je dépose ce rapport.
En
conséquence, M. le député de Lac-Saint-Jean présente le projet de loi d'intérêt
privé n° 208, Loi concernant la cession d'un droit d'emphytéose en
faveur de la Ville d'Alma.
Mise aux voix
Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Accepté. M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la Commission de
l'aménagement du territoire
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le Président. Conformément au premier alinéa de
l'article 267 de notre règlement, je propose la motion
suivante :
«Que le
projet de loi d'intérêt privé n° 208, Loi concernant la cession d'un droit
d'emphytéose en faveur de la Ville
d'Alma, soit renvoyé pour consultation et étude détaillée à la Commission de
l'aménagement du territoire et que la ministre des Affaires municipales
et de l'Habitation soit membre de ladite commission pour la durée de ce
mandat.»
Mise aux voix
Le Président : Est-ce que
cette motion est adoptée? Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, Mme la
ministre de la Sécurité publique.
Rapports annuels de l'École nationale des pompiers
et de l'École nationale de police
Mme
Guilbault : Merci, M. le
Président. Je dépose les rapports annuels de gestion 2018-2019 de l'École
nationale des pompiers du Québec et de l'École nationale de police du
Québec.
Le Président : Ces documents
sont déposés.
Dépôt de rapports de commissions
À la rubrique
Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission des finances
publiques et député de Montmorency.
Consultations particulières sur la question de la fuite
de données personnelles chez Desjardins
M.
Simard : Oui, M. le Président.
Je dépose le rapport de la Commission des finances publiques qui, le
21 novembre dernier, a tenu des
auditions publiques dans le cadre de consultations particulières sur la
question de la fuite de données personnelles chez Desjardins. La commission s'est
également réunie en séance de travail le 26 novembre 2019
relativement à ce mandat. Ce rapport contient six observations.
Le Président : Ce rapport est
maintenant déposé.
Il n'y a pas de dépôt de pétitions.
Il n'y a pas
de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation
de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et de réponses orales, et je cède la parole au chef de l'opposition
officielle.
Modification
de la gouvernance scolaire
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : Merci, M. le
Président. Selon la CAQ, le projet de loi sur les commissions scolaires doit
réduire la bureaucratie et redonner
du pouvoir aux gens qui connaissent les élèves par leurs noms. Or, dans les
faits, le premier ministre choisit
d'investir temps et énergie dans un brassage de structures sans amélioration
réelle pour la réussite éducative de nos enfants.
M. le
Président, les professeurs ne cessent d'allumer les voyants rouges. Abolition
de contre-pouvoirs, dévalorisation de
la profession d'enseignant, évacuation des enseignants des structures
décisionnelles, accentuation des inégalités sociales, risques de répartition inégale du personnel,
centralisation des décisions dans les mains du ministre, et même le Directeur
général des élections dit : Disparition démocratique.
M. le
Président, soyons clairs. On est en faveur de toute mesure pour aider
concrètement les jeunes. Mais, quand les professeurs, les experts, les
chroniqueurs, les parents et les groupes entendus en commission parlementaire
élèvent leurs voix, c'est un signe
assez clair que le gouvernement n'a pas travaillé en collaboration avec tous
les acteurs concernés.
M. le
Président, est-ce que le premier ministre va demander à son ministre de prendre
le temps nécessaire afin de répondre adéquatement aux préoccupations et
aux critiques qui lui sont formulées plutôt que de les nier?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, ce n'est jamais simple de faire des
changements, mais, parfois, il faut avoir le courage de faire des
changements.
On se
rappelle tous que le gouvernement libéral, avec le ministre de l'Éducation, M.
Bolduc, Yves Bolduc, avait déposé un projet
de loi pour abolir les élections scolaires. Bon, il y a eu un lobby très
important de la part des commissaires d'école — puis on sait qu'il y en a beaucoup, au Parti
libéral — qui ont
fait reculer le gouvernement. Pourtant, M. le Président, quand on regarde les
résultats des élections scolaires, on a un taux de participation de seulement
5 %. Donc, bon, il y a peut-être des personnes qui peuvent
dire : 5 %, c'est mieux que rien, 5 %, c'est quand même de la
démocratie.
M.
le Président, on a fait une proposition où on propose que les représentants sur
les nouveaux conseils d'administration
soient, entre autres, choisis par les conseils d'établissement, donc par des
personnes impliquées dans les écoles,
dans les services aux élèves. Le Parti libéral peut bien dire : Non,
j'appuie les commissaires d'école, qui ne sont pas contents, éventuellement, de perdre leur job, même s'ils ont
été élus par seulement 5 % de la population. Nous, on essaie de montrer un certain courage,
économiser 20 millions de dollars, de l'argent qui va aller dans les
services aux élèves. C'est un choix courageux qu'on fait, M. le
Président.
Le Président :
En terminant... Première complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, le premier ministre ne peut pas toujours banaliser les
critiques envers ses réformes. Le président de la CSN, M. Létourneau, il
a dit la chose suivante : «...le projet de loi n° 40
contient [des] mesures qui mettent en péril
l'accessibilité, l'équité et la stabilité du réseau public d'éducation au
Québec.» Et, selon lui, «aucune des mesures suggérées [...] ne favorise
la réussite des élèves».
M. le Président, pour
le premier ministre, est-ce que le président de la CSN, c'est quelqu'un qui
peut l'aider à améliorer son projet ou est-ce un vulgaire lobbyiste?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, le chef de l'opposition officielle a assez
d'expérience pour savoir que les syndicats n'aiment pas particulièrement la décentralisation. Quand on décentralise
dans les écoles, bien, il y a plus de latitude pour les conditions de travail des employés dans les
écoles, puis les syndicats, habituellement, aiment mieux avoir une centralisation
et d'avoir les mêmes conditions de travail pour tout le monde.
Évidemment,
je prends note du fait que le Parti libéral supporte maintenant les syndicats.
Nous, on va supporter les enfants.
Le
Président : S'il vous plaît, je vous demanderais d'être prudent
dans les propos utilisés, également, l'attitude et les mots qui sont
dits. Maintenant, la parole appartient au chef de l'opposition officielle.
Une voix :
...
• (10 h 10) •
Le
Président : S'il vous plaît! Je demande le silence. M. le chef
de l'opposition officielle, pour votre deuxième complémentaire.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, le premier ministre, hein, quand il y a quelqu'un qui n'est
pas d'accord avec lui, il voit ça comme un embarras. Pour lui, c'est plus
efficace d'en faire à sa tête. Et, en fait, dans une démocratie, il s'avère
que les meilleurs dirigeants, c'est ceux qui
savent s'accommoder des différentes opinions, qui prennent des meilleures
décisions, qui favorisent la mobilisation.
Pourquoi le premier
ministre tient-il toujours à garder ses façons de faire qui sont brouillonnes?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, le chef de l'opposition officielle était là
quand le ministre de l'Éducation libéral, Yves Bolduc, a déposé un
projet de loi pour abolir les élections scolaires. Ça, on l'a tous vu. Ce qu'on
ne sait pas, mais je sais que le chef de
l'opposition officielle a plus d'information que nous : Pourquoi le Parti
libéral a changé d'idée? Pourquoi le
Parti libéral a été brouillon? Un jour, on est contre les élections scolaires.
L'autre journée, on est redevenu pour.
Est-ce
que le chef du Parti libéral peut nous expliquer un petit peu pourquoi son
parti a été aussi brouillon sur les élections scolaires?
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, je vais vous citer Michel C. Auger. Il constate que «même
l'Assemblée nationale se retrouve
dans la mire d'un gouvernement [...] peu enclin à écouter les critiques[...].
Rarement a-t-on vu un gouvernement utiliser le bâillon [...] aussi
rapidement et avec si peu de manières.»
Ce
matin, le ministre de l'Éducation nous a dit que la date ultime, ultime, c'est
le 1er novembre 2020.
Le
premier ministre peut-il écarter dès maintenant la menace du bâillon et
confirmer qu'il nous laissera travailler d'ici l'automne 2020 pour
revoir ce projet de loi?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, je prends note que le chef du Parti libéral
nous recommande de foncer tête baissée pour
avoir une élection scolaire l'année prochaine, où il n'y a aucune indication
que le taux de participation va être plus élevé de 5 %.
Donc,
le Parti libéral, encore une fois, voit un problème, critique, mais n'a rien à
proposer. Donc, M. le Président, ce
que je comprends, c'est que les libéraux sont contents d'une élection à
5 % de taux de participation. Nous, on est en désaccord...
Le Président :
En terminant.
M. Legault :
...puis on fait des propositions, puis on fait des changements, puis on lâche
le statu quo libéral.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Saint-Laurent. Vous êtes la seule à
avoir la parole.
Réforme
de la gouvernance scolaire
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : C'est juste important de rappeler que c'est quand même le
premier ministre, lui-même, qui a demandé aux gens de rester à la maison
en 2014 et de ne pas aller voter.
À
9 h 57, le premier ministre disait les choses suivantes : rester
humble, à l'écoute, travailler plus fort. 15 minutes plus tard, on dirait
qu'il a oublié ses propres paroles. Je ne sais pas s'il a lu le projet de loi
ou est-ce qu'il a entendu les critiques
parce que, il faut le faire, il a été capable, là, de consolider tout le monde
contre le projet de loi. Ici, ce n'est pas des lobbys, on parle collectif Debout pour l'école!, Je protège mon
école, comité de parents de la CSDM, comité de parents de la commission
scolaire du Chemin-du-Roy, comité de parents de la commission des Chênes.
Est-ce que ça aussi,
c'est des lobbyistes ou est-ce que ce sont des parents qui sont inquiets de
voir tous les pouvoirs, à toutes fins
pratiques, centralisés à Québec, dans les mains du ministre? Est-ce qu'on
entend les inquiétudes des parents?
Ici, là, dans ce projet de loi, il n'y a nulle part des outils pour la réussite
éducative. Allez-vous faire enfin la seule chose qu'il reste à faire,
reculer?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : M. le
Président, des fois, quand on entend
nos collègues, c'est le festival du superlatif, de l'exagération, comme si tout le monde était contre
le projet de loi n° 40. Bien, sortez, là, de vos circonscriptions, allez
parler aux Québécois, et beaucoup, beaucoup de gens attendent enfin que ce
projet de loi soit adopté pour remettre l'école entre les mains de la
communauté, pour impliquer davantage ceux et celles qui font l'école tous les
jours.
Des voix :
...
Le
Président : Je vais vous demander simplement d'être plus
attentifs. J'aimerais aussi être en mesure d'écouter correctement. Je pense qu'on a tous cette
envie-là. Alors, faisons attention au bruit et du niveau de bruit, s'il vous
plaît. M. le ministre.
M.
Roberge : C'est vrai qu'en commission parlementaire il y a certains
groupes qui sont venus nous dire qu'ils étaient en désaccord. C'est arrivé.
C'est arrivé plein, plein de fois. Plein, plein de fois, des commissaires sont
venus nous dire qu'ils étaient contre l'élimination des postes de
commissaire. Je n'ai pas fait le saut. Il y a eu cependant des gens qui étaient pour. Donc, «tout le monde»? Faites
attention. Je reconnais qu'il y a des gens qui sont en faveur, des gens qui
sont en défaveur. Je vous invite à avoir autant d'honnêteté intellectuelle. La
fédération des comités...
Des voix :
...
Le
Président : Non. Attention aux propos, encore. Je vous demande
de faire attention aux propos utilisés. Il y a des mots qui ne sont pas nécessaires. Vous êtes en
train de donner une réponse. Nous voulons tous être attentifs. Je vous appelle
à la prudence, M. le ministre.
M.
Roberge : Il y a eu le président de la Fédération des comités de
parents qui a dit que ce projet de loi là allait améliorer la réussite; M. Jérôme Demers, un commissaire scolaire,
président de la commission scolaire des Navigateurs, qui est venu nous dire que c'était un bon projet
de loi qui allait augmenter l'imputabilité des gens qui sont sur le conseil
d'établissement; des gens de la fédération
des directions d'école qui sont venus nous dire que la subsidiarité, c'était la
solution pour une gestion coopérative...
Le
Président : Question complémentaire, Mme la députée de
Saint-Laurent, c'est maintenant
à vous la parole.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : La liste est longue, mais je concède, une commission sur 74 commissions a dit
qu'effectivement peut-être que ça pourrait être utile, mais qu'il y
avait beaucoup de failles dans son projet de loi. Une sur 74. Mais, en attendant, c'est plusieurs comités de parents qui
sont inquiets. Et, lorsque j'entends le premier ministre parler des syndicats,
je rappelle qu'on parle des enseignants,
écoutez, ceux qu'on essaie de valoriser, qu'on essaie de retenir dans nos
écoles, pas de les faire fuir. Bien, maintenant, c'est sûr, ils sont
devant le bureau du ministre en train de manifester.
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
M. le Président, on va rétablir les faits. Premièrement, il n'y a pas
74 commissions scolaires, il y en a 72. Ensuite, il y en a 69...
Des voix : ...
M. Roberge : Non, mais il faut
quand même savoir ce qu'on dit.
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Bon, écoutez, je
pense que sa démarche... Cette période de questions, on souhaite que ça aille bien, qu'on aille au bout
également, avec une bonne attitude. On en a parlé hier. Attention aux
bruits de fond. M. le ministre, je vous appelle également à choisir les mots
qui sont intéressants dans votre réponse.
M. Roberge :
60 qui sont francophones, neuf qui sont anglophones, et il n'y a pas une
commission scolaire qui est venue en commission parlementaire pour
appuyer le projet de loi, il y en a deux. Il y a — il faut être capable
de le dire — la commission scolaire des Laurentides, la
commission scolaire des Navigateurs. Commission scolaire des Laurentides,
très intéressant d'ailleurs, qui venait nous
dire... en trio, comité de parents, direction générale et conseil des
commissaires, qui sont venus nous faire des propositions intéressantes
pour bonifier...
Le Président : En terminant.
M. Roberge :
...un projet de loi qu'ils appuyaient. Alors, il faut quand même en tenir
compte et savoir ce qu'on dit.
Le
Président : Deuxième complémentaire, Mme la députée de
Saint-Laurent. Encore une fois, on en a convenu hier, silence, s'il vous plaît,
pendant les questions et les réponses.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Encore une fois, on oublie les autochtones. Il est en train de dire qu'on
écoute deux commissions sur 72. Belle
écoute, belle preuve de travailler fort, tout le monde ensemble. Mais, en
attendant, de façon plus sérieuse, il
n'y en a pas, d'élément, ici, pour la réussite éducative pour les enfants. Par
contre, il y a une crainte tangible en région. Parce que nous, on est allés en région voir qu'est-ce qui se passe. En
Estrie, en Mauricie, Chaudière-Appalaches, tout le monde a une seule
crainte : le magasinage des écoles.
Est-ce qu'il est en train de fermer nos petites
écoles de village?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
M. le Président, bien sûr que non, on n'est pas en train de fermer les petites
écoles de village. Il ne faut pas faire peur aux gens inutilement.
Mme Maryse Lassonde, présidente du
Conseil supérieur de l'éducation, qui est venue nous dire que ce projet de loi là allait favoriser la réussite et ça
allait faire une décentralisation qui allait faire quoi? Bénéficier à nos
élèves, parce que c'est pour eux
qu'on travaille. Il ne faut pas l'oublier, ça, on travaille pour la réussite
des élèves. On reconnaît l'expertise et l'implication de ceux et celles qui donnent de
leur temps, et on donne, pour la première fois, sur le conseil d'administration,
une place à ceux et celles qui font l'école
à tous les jours. Ce sont de belles avancées, et les Québécois vont être très
contents de l'adoption. Et j'invite mes collègues...
Le Président : En terminant.
M. Roberge : ...à travailler à
ce que ça s'adopte.
Le Président : Question
principale, la parole n'appartient qu'à la députée de Westmount—Saint-Louis.
Impact de la réforme de la gouvernance scolaire
sur les droits fondamentaux
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Le projet de loi n° 40 enlève des droits
aux Québécois, des droits démocratiques. Lors de son discours inaugural, en parlant du
nombre de femmes élues, le premier
ministre disait, et je le cite : «Cette longue marche vers la parité
hommes-femmes est une responsabilité de tous les partis et de chacun d'entre
nous.» Fin de la citation.
Au même moment, il confiait à son ministre de
l'Éducation d'écrire le projet de loi n° 40 qui vise
à abolir les commissions scolaires, le seul palier de gouvernement qui a de plus la
moitié de femmes élues. La démocratie scolaire, c'est la porte d'entrée des
femmes en politique. Ça a été ma porte d'entrée. Et ça, c'est important de le
conserver. Le projet de loi n° 40, ce n'est pas juste un débat de structures,
c'est l'abolition d'un tremplin pour les femmes en politique active. L'enlever, c'est un recul
pour les femmes en démocratie.
Comment la ministre
de la Condition féminine peut rester muette devant l'intention de son gouvernement d'abolir le seul palier de la démocratie qui compte 51 % de
femmes élues?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, je suis bien content d'entendre ma collègue dire que le projet de loi n° 40, c'est bien
plus qu'un débat de structures. Enfin, on le reconnaît. On est en train
d'améliorer notre façon de gouverner nos écoles pour améliorer les services
directs aux élèves, économiser de l'argent et allouer chacun de ces dollars-là
pour améliorer les services directs
aux élèves. Quand on dit qu'on va économiser comme 45 millions de dollars en quatre ans, certains nous disent...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
Une voix : ...
Le
Président : Non, s'il vous plaît! Mme la députée de Verdun, je vous entends et je ne devrais pas
vous entendre. La parole appartient
au ministre. Je vous demande, s'il vous plaît, la collaboration de tous pour être attentifs aux réponses comme aux questions.
M.
Roberge : Certains disent
que ce n'est pas beaucoup d'argent. Moi, je pense qu'on peut faire beaucoup
de choses en réussite éducative avec cet argent-là.
Ensuite, sur
le conseil d'administration qu'il y
aura pour diriger le centre de
services scolaires, bien, moi, je suis pleinement
confiant qu'il va y avoir des parents, des gens de la communauté,
des enseignants, directions d'école, professionnels, et bien
sûr qu'il y aura des femmes, pour
répondre à la question de ma collègue, qui s'impliqueront dans ce palier-là. C'est bien certain qu'il y aura
des hommes et des femmes. Autant pour les gens de la communauté,
pour les gens de la famille, pour les
gens du milieu de l'éducation, il y aura une place pour tout le monde. Mais l'important,
c'est qu'enfin ils reconnaissent que ce n'est pas un simple débat de
structures et que ça va améliorer la réussite des élèves.
• (10 h 20) •
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle, en troisième complémentaire... en deuxième.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : M. le
Président, c'est surréel d'entendre
dire le ministre : Elle reconnaît, la collègue
de Westmount—Saint-Louis, que ce n'est pas juste un débat de structures, puis c'est un autre
débat. Elle vient de lui dire : C'est un débat contre les droits fondamentaux. Puis il
s'enorgueillit du fait que ce n'est pas juste un débat de structures puis que
c'est aussi un débat contre les droits fondamentaux. Là, on vient
d'atteindre un fond, M. le Président.
On
a manqué une occasion d'entendre la voix de la ministre de la Condition féminine. Alors, on va donner une chance maintenant à la ministre de la Justice, s'il lui est permis de se lever et
de répondre — la
ministre responsable des Institutions démocratiques — aux commentaires
du DGE, qui lève un drapeau rouge démocratique contre le projet de loi n° 40.
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! La parole n'appartient qu'au ministre. Je
pense que vous êtes intéressés à
entendre la réponse.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, le projet de loi n° 40 va nous permettre de remettre l'école entre les
mains de la communauté. On va
renforcer l'autonomie des écoles. On va donner plus de pouvoirs et plus
d'impact à ceux et celles qui s'investissent sur les conseils
d'établissement. Ils sont extrêmement importants, les gens qui sont sur les conseils
d'établissement, c'est le temps de reconnaître la valeur de leur
implication. Ça va nous permettre aussi de donner plus
d'impact aux gens qui veulent s'impliquer dans la gouvernance scolaire aux conseils
d'administration.
Et, par rapport à ce qu'a dit le Directeur
général des élections, il a dit aussi
deux choses : Ce n'est pas une formule magique que de faire les
élections scolaires en même temps que les élections municipales. À terme...
Le Président : En terminant.
M. Roberge : ...ça ne ferait pas
avancer le débat.
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle, en deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Là, on va forcer la main du leader du gouvernement, on va aller directement,
encore une fois, sur la compétence de la ministre de la Justice, qui est
chargée de faire respecter nos chartes des droits et libertés. Alors, on va lui
forcer la main pour permettre à la ministre de la Justice de se lever et de
répondre au professeur, ex-député Daniel Turp, qui a dit, et je le cite :
«Le projet de loi n° 40 crée une distinction entre
francophones et anglophones relativement au mode d'élection», ce projet de loi
est «discriminatoire pour les francophones».
Qu'a à dire la ministre chargée de défendre nos
droits et libertés? On peut-u l'entendre?
Le Président : Mme la
ministre de la Justice. La parole n'appartient qu'à vous.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Merci, M. le Président.
J'ai l'impression de revivre le jour de la marmotte sur un projet de loi précédent, et je vais devoir à nouveau réexpliquer
à mon collègue d'en face mes responsabilités en tant que Procureur général
et conseiller juridique du gouvernement.
Je travaille
sur ce projet de loi, comme je le fais avec tous les projets de loi, avec mes
collègues. Mes conseils, mes opinions ont été dirigés vers mes
collègues, et je ne peux pas en faire part ici, dans cette Chambre.
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Question principale, la parole
appartient maintenant au chef du deuxième groupe d'opposition. À vous la
parole, madame.
Position du gouvernement
en matière d'environnement
et d'électrification du transport collectif
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Hier, l'ONU a sorti son 10e rapport
annuel sur la lutte aux changements
climatiques. Le constat est clair : si on veut limiter le réchauffement à
1,5°, il faut réduire nos gaz à effet
de serre de 7,6 % chaque année jusqu'en 2030. Ce ne
sera pas facile, M. le Président, mais on peut y arriver si on fait les bons
choix.
Pendant ce
temps-là, au pays de la CAQ, on s'entête à faire les mauvais choix. Hier soir,
la candidate de la CAQ dans Jean-Talon a réitéré son appui enthousiaste et
inconditionnel au troisième lien. La semaine dernière, on a compris du
premier ministre qu'il n'y avait pas de limite à l'argent public qu'il était
prêt à investir dans ce projet-là.
On a
10 ans, M. le Président, pour transformer le Québec. On ne va pas y
arriver si on dilapide nos milliards sur des nouvelles autoroutes. Le premier ministre va
nous dire qu'on peut faire les deux en même temps, des nouvelles autoroutes et
du transport collectif. Évidemment, ça ne fait aucun sens sur le plan
environnemental, mais, s'il veut prendre cette chance-là... C'est sûr, quand on est pris dans le Canada, ce n'est
pas facile pour financer nos infrastructures, il faut se tourner vers le
fédéral. Mais le fédéral, lui, il n'investira pas en même temps dans le
troisième lien et dans des nouveaux projets de transport collectif.
Alors, quand Ottawa va lui demander de choisir,
qu'est-ce que le premier ministre va répondre?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, on travaille actuellement avec plusieurs
projets de tramway, entre autres, dans les grandes villes. Ce sont des engagements électoraux, puis, comme toutes
nos promesses, on va les respecter. On travaille évidemment sur le projet ici, à Québec, de tramway. Ma collègue la
ministre déléguée aux Transports travaille sur le projet dans l'est de Montréal pour un tramway jusqu'au
centre-ville. On a la ligne bleue aussi sur laquelle on travaille. On travaille
sur un tramway sur le boulevard Taschereau, à
Longueuil. On a promis aussi un tramway ou un REM est-ouest en Montérégie. On en a promis un à Laval, est-ouest.
On travaille sur le projet aussi à Gatineau, avec le maire de Gatineau.
On essaie
aussi de travailler à transformer nos autobus, nos camions pour avoir des
véhicules électriques. On essaie aussi
de travailler à revoir les incitatifs pour les autos électriques, parce que,
malheureusement, quand on va dans les régions qui sont plus éloignées des grandes villes, il n'y a pas un volume
suffisant pour mettre en place du transport en commun.
Donc, M. le
Président, j'invite la cheffe de Québec solidaire à être un peu patiente. Il y
a un budget qui s'en vient au printemps, puis je pense qu'elle va
pouvoir nous féliciter.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : On aura beau faire passer l'autobus magique sur le troisième
lien, là, mais ça ne va pas le rendre vert.
Construire des autoroutes, on sait ce que ça donne : plus d'autos, plus de
congestion et plus de GES. Chaque milliard qu'on met là-dedans, c'est
1 milliard de moins pour la transition.
Le premier
ministre n'a pas répondu à ma question. C'est quoi, sa priorité : son
engagement idéologique pour le troisième lien ou des nouveaux projets
pour le transport collectif?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, les deux. Contrairement à Québec solidaire
qui oublie les banlieues, qui oublie les régions éloignées, nous, on travaille
et pour les grandes villes, et pour les banlieues, et pour les régions
éloignées. Je vois le cochef qui
parle à sa cocheffe, et j'ai commencé à lire son livre, d'ailleurs, et je
trouve ça incroyable comment il s'attaque...
comment il est contre les banlieues. Écoutez, il y a beaucoup de Québécois qui
vivent en banlieue, qui vivent en région. Il n'y a pas le volume
suffisant pour le transport en commun...
Des voix : ...
Le
Président : Je vais vous demander, s'il vous plaît, encore
une fois... Il y a
un échange, actuellement, et nous en sommes tous conscients, entre le deuxième groupe d'opposition, le gouvernement. J'aimerais que vous soyez attentifs et que ceux qui n'ont pas la parole n'aient pas à la
prendre à leur place. Il y a une réponse qui se donne. La cheffe, ensuite,
aura une autre question. Continuez.
M. Legault : Oui. M.
le Président, j'ai hâte que Québec solidaire se promène un peu dans les régions pour voir qu'il n'y a pas
juste des grandes villes au Québec.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Le premier ministre a l'air à avoir un peu de difficulté avec mon co-porte-parole. Pourtant, ça fait
13 ans que ça dure, alors ça ne va pas
arrêter. Mais, en tout respect, M. le
premier ministre, vous faites un peu
preuve de naïveté. Gouverner, c'est prioriser, M. le Président. C'est
comme ça que ça fonctionne.
Alors, ma question
demeure la même : Quand le fédéral va lui demander une liste des projets,
qu'est-ce qui va être en haut de la liste, le troisième lien ou le
transport collectif?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, quand on regarde les
résultats, hein, face aux objectifs qu'on s'était donnés pour 2020 de réduire les GES, on a réussi à réduire les
GES dans le domaine résidentiel, dans le domaine des industries,
mais on a un gros problème, au Québec : dans le domaine du transport, les GES ont augmenté de 22 %. Il y a
plein de projets dans les grandes
villes dont on jase, dont les libéraux ont jasé depuis 10 ans, depuis
20 ans. Nous, on ne va pas jaser, on va agir, puis vous allez le
voir bientôt. Puis notre ministre des Finances est d'accord avec moi, à part de
ça.
Le Président : Question
principale...
Des voix : ...
Le
Président : Question
principale, M. le député de Jonquière. S'il vous plaît! À vous la
parole, M. le député.
Champ d'exercice des infirmières
praticiennes spécialisées
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui, M. le Président. Les infirmières praticiennes
spécialisées sont super déçues du projet de loi n° 43 parce qu'il ne va pas assez loin. Il ne va pas
assez loin parce qu'il impose encore trop de contrôle de la part des
médecins sur les IPS. Il ne va pas assez loin parce que le gouvernement cède
encore une fois au lobby des médecins omnipraticiens,
qui veut garder certains actes réservés. Il ne va pas assez loin parce que les
IPS pourront difficilement effectuer
des diagnostics de maladies courantes, considérant les restrictions imposées à l'intérieur du projet de loi. En consultation, la Fédération des infirmières a même qualifié le projet de loi de rendez-vous manqué. En
ce moment, le seul groupe qui
s'oppose à la pleine autonomie de nos IPS qualifiées, c'est le lobby des
médecins. La Loi sur les infirmières, c'est rare qu'on l'ouvre, elle est
très rarement ouverte.
Pourquoi la ministre
refuse-t-elle d'étendre le champ de pratique des IPS au maximum à l'intérieur du projet de loi n° 43?
• (10 h 30) •
Le Président : Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle McCann
Mme McCann : Bien, M.
le Président, c'est un peu trop tôt,
là, parce qu'on est dans un cheminement, au niveau du projet de loi n° 43. Comme mon collègue le sait, le député
de Jonquière, on vient de terminer
les consultations sur ce projet de
loi là, qui ont été très riches, M. le Président, on a eu beaucoup d'éléments,
beaucoup de contributions, et on n'est
pas rendus encore à l'étape de l'étude article par article. Mais, M. le
Président, je peux vous dire que le chantier sur les infirmières praticiennes spécialisées suscite énormément d'intérêt
de toutes les parties au Québec. Puis moi, je peux vous dire que ce chantier-là fait partie de la
réforme de l'accès qu'on fait, au Québec, qui n'a jamais été faite au Québec
depuis des années, et nous, on le fait. Non seulement on veut ouvrir davantage
les possibilités pour les infirmières praticiennes
spécialisées, mais on veut aussi le faire pour les pharmaciens puis on veut
modifier le mode de rémunération des médecins de famille. Bien, je vais
vous dire, M. le Président...
Le Président : En terminant.
Mme McCann : ...que ça va avoir
beaucoup d'impact sur le réseau et sur l'accès aux services.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
Oui. M. le Président, il n'est jamais trop tôt pour s'engager. Les IPS, au
Québec, là, elles ont sept ans de
formation universitaire, elles sont reconnues, compétentes, prêtes, qualifiées,
ce sont des professionnelles. C'est
bizarre, c'est elles qui ont la meilleure formation au Canada, mais pourtant
c'est elles qui ont le moins de pouvoirs au Canada. Elles n'ont pas à
être soumises au lobby des médecins.
Pour la ministre, là, les infirmières, les IPS,
est-ce que c'est des professionnelles, oui ou non?
Le Président : Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle McCann
Mme
McCann : Bien, mon collègue a tout à fait raison, c'est incroyable, ce
sont des réformes qui ont été faites, notamment
pour les IPS, depuis des années, M. le Président, des années, dans les autres
provinces du Canada, notamment en Ontario, où ça fait des années que
c'est fait.
Alors, moi, ce que je dis, c'est qu'on
va faire les étapes, on suit les règles. Mais, je vais vous le dire, ça a un
effet vraiment de valorisation de la profession, M. le Président. On a davantage
d'infirmières dans le réseau maintenant, c'est vraiment remarquable. C'est quelque chose qui a été écrit, qui a été
annoncé par l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec.
Le Président :
En terminant.
Mme McCann :
On a beaucoup d'infirmières, on attire les infirmières.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. Si la ministre dit que j'ai raison, qu'est-ce
qu'elle attend pour que ça paraisse dans le projet de loi, pour assurer que nos IPS puissent offrir
des services de première ligne là où on en a besoin, pour les patients, mais
surtout partout dans les régions du Québec, pour avoir des services pour nos
patients? Est-ce que la ministre peut s'engager
à éliminer tout de suite les empêchements pour des IPS pleinement compétentes
et professionnelles dans son projet de loi?
Le Président :
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle McCann
Mme
McCann : Je vais encore remercier mon collègue, M. le Président, parce
que ça me donne l'occasion de dire deux
choses : d'abord, on va suivre les règles, on va faire les étapes
nécessaires, dans ce projet de loi là, et aussi de dire que nos IPS, actuellement, que nous avons dans le
réseau nous aident énormément dans les régions, M. le Président. Moi, j'ai fait la tournée des régions du Québec, puis
il y a des endroits où on me dit : On ne pourrait jamais se passer de nos
infirmières praticiennes spécialisées, on en veut davantage. On en veut
davantage dans les hôpitaux, mais on en veut beaucoup
dans les services de première ligne. Et c'est ça qui va faire qu'on va pouvoir donner
accès davantage à notre population, M. le Président.
Le Président :
En terminant.
Mme McCann :
Alors, on va continuer de travailler ce dossier-là.
Le Président :
Question principale, M. le député de Robert-Baldwin.
Suites
des consultations publiques sur la fuite
de données personnelles chez Desjardins
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Alors, hier, dans le dossier des fuites de données
personnelles, nous nous sommes réunis en
commission parlementaire afin de discuter les suites à donner aux consultations
publiques bâclées par le leader du gouvernement qui se sont tenues la
semaine précédente.
Vous
savez, M. le Président, notre travail, comme élus, c'est d'écouter les
citoyens, les organismes, les experts afin
de faire progresser nos lois. Le gouvernement caquiste a plutôt décidé
d'improviser une commission parlementaire rapide, un énorme cinq heures, cinq heures, M. le Président, et six
groupes, dont un seul universitaire. Comment pourrions-nous alors en
venir à des recommandations crédibles, M. le Président?
C'est
pourquoi, afin de faire un travail global et rigoureux, nous désirons entendre
des experts supplémentaires pour mieux comprendre cet enjeu. On parle ici, M.
le Président, des gens, des personnes, de leur nom, leur adresse, leur
compte en banque, le solde du compte en banque. C'est des victimes, M. le
Président, d'actes criminels.
Donc, pourquoi la CAQ
refuse-t-elle d'avoir une réflexion...
Le Président :
M. le ministre délégué à la Transformation numérique gouvernementale.
M. Éric Caire
M.
Caire :
M. le Président, je trouve ça particulièrement indécent que cette question-là
vienne du député de Robert-Baldwin...
Des voix :
...
Le
Président : Je sais que... Je fais seulement vous rappeler...
Encore une fois, il y a tellement de mots dans le vocabulaire, soyez seulement prudents. Je vous
invite à la prudence sur les mots à être utilisés par respect pour tous les
collègues. Alors, je pense que c'est clair.
Une
voix : ...
Le
Président : Ah! je m'excuse. Je vois... Oui, je me rends compte...
Merci, M. le leader de l'opposition officielle. Aussi, je vois
qu'«indécent» est dans la liste des propos non parlementaires. Je vous demande
de retirer ce terme.
M.
Caire :
...M. le Président. Mais là on va faire un bilan...
Des voix :
...
Le Président :
Non, non.
M.
Caire :
Je l'ai fait, je l'ai fait, je l'ai fait. Je le retire. Ça va? O.K.
Des voix :
...
Le Président :
Merci. S'il vous plaît, pas de commentaire. La réponse appartient au ministre.
M.
Caire : Mais on va faire un bilan, mais on va faire un
bilan, on va faire un bilan. Alors, quand ils ont été au pouvoir, 550 centres de traitement de l'information,
ils pensaient qu'il y en avait 450. Il y en a juste une centaine... Aucun
standard. Nous, on a décidé, la consolidation, on va en avoir trois :
meilleurs experts, meilleure sécurité, meilleure technologie. Aucune norme sur
le stockage. Donc, ça peut être protégé par des gicleurs à eau, ça peut être
dans des garde-robes, ça peut être dans des
sous-sols. Nous, on va adopter, si
l'ITQ voit le jour un jour les plus hautes normes de sécurité ISO 27001, on va s'imposer ça à
nous-mêmes. On a adopté le projet
de loi n° 14, qui augmente la
sécurité, qui amène des nouvelles
mesures de contrôle et de sécurité. On va faire la refonte de la loi de l'accès
à l'information. Eux, trois semaines de la fin de la législature,
coquille vide, rien à faire. M. le Président...
Le Président :
En terminant.
M.
Caire : ...en
15 ans, ils n'en ont pas fait la moitié du début du commencement, de ce
qu'on a fait, nous, en un an.
Le
Président : Question
complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent. Vous êtes la seule à avoir la parole, on
vous écoute.
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Parlons de bilan. Maternelles quatre ans, brouillon. Le PEQ, méchant brouillon. Le
p.l. n° 40, ça s'enligne
pour un autre brouillon. Là, ils nous ont annoncé pas un projet de loi, mais plutôt trois projets de
loi brouillons parce qu'on ne
pourra pas entendre des experts avant.
Alors
là, M. le Président, est-ce qu'ils vont encore une fois nous imposer des
consultations à la va-vite ou on va faire un travail avec plus de
rigueur et vraiment entendre des experts?
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! M. le leader du
gouvernement, réponse, que l'on souhaite entendre. Calme pour tous.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Bien, M. le Président, la question de la députée de Saint-Laurent est
intéressante parce que, vous savez,
généralement il y a des consultations particulières qui sont tenues à partir du
moment où il y a dépôt d'un projet de
loi, et j'ai le loisir de m'entendre avec le leader de l'opposition officielle,
et, vous savez, on échange des groupes entre
nos différents cabinets, même chose avec le deuxième groupe d'opposition, le
troisième groupe d'opposition, puis on arrive souvent, M. le Président,
à s'entendre, et je veux continuer dans cette démarche-là de bonne
collaboration. Justement, lorsque le
ministre des Finances déposera son projet de loi, ainsi que la ministre de la
Justice déposera son projet de loi,
on va pouvoir échanger nos listes de groupes justement pour entendre les
experts en lien avec la proposition législative
qui sera faite par le gouvernement du Québec, justement pour mieux protéger les
Québécois et pour s'assurer qu'ils puissent avoir leurs données
protégées.
Le
Président : Deuxième complémentaire, Mme la députée de
Saint-Laurent. Encore une fois, tout le monde, votre attention.
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Moi, j'aimerais juste qu'on réfléchit avant qu'ils déposent un
autre brouillon. C'est comme à l'école. Habituellement, pour un travail, on s'assure que ce soit la version
propre, pas l'ébauche, pas un début de commencement de quelque chose. Parlant de bilan, la façon de
protéger, le ministre délégué à la Transformation numérique, il dit : Moi,
là, je vais faire la meilleure chose
au monde, je vais confier les données personnelles des Québécois aux étrangers.
Voyons donc!
4,2 millions de Québécois sont atteints, on
demande un travail rigoureux. Êtes-vous prêts?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Bien, je vais procéder par exemple. La loi sur... le projet
de loi sur les agences de crédit, alors,
ce dossier-là est présentement... chemine en comité ministériel, mais quelles
ont été les étapes précédentes? Puisque nous étions la seule province qui ne réglementait pas les agences de
crédit, eh bien, puisque vous ne l'aviez pas fait, nous avons décidé de consulter les autres provinces.
Puisque ce sont deux entreprises
multinationales américaines qui livrent ce service en
échange d'une rémunération, nous les avons consultées. Nous avons aussi
consulté la Commission d'accès à l'information, l'Office de la protection du
consommateur...
Le Président : En terminant.
M. Girard
(Groulx) : ...nous
consultons les institutions
financières. Et nous déposerons un projet de loi, et ça nous fera plaisir de travailler...
Le Président : Question
principale, M. le député de Rosemont. À vous la parole.
Régime de retraite des
ex-employés du Groupe Capitales Médias
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Merci, M. le Président. Alors, on sait tous ici que la saison de l'amour et du
partage approche, alors, de façon inhabituelle, je vais envoyer des
fleurs au ministre de l'Économie, qui a compris les vertus d'un modèle
coopératif pour sauver ce qu'il reste des six quotidiens de Groupe Capitales
Médias.
Comme lui, M.
le Président, je suis déçu et surpris de la volte-face de Desjardins et je
l'invite à continuer à pourparler
avec ces gens, d'autant qu'il a dit, le ministre, qu'il dispose de fonds quasi
illimités pour intervenir dans l'économie.
Par contre,
dans cette histoire, et j'ai confiance qu'on va sauver les six quotidiens, mais
il y a un éléphant dans la pièce, ça
s'appelle les retraités de Groupe Capitales Médias. Je salue la présence,
d'ailleurs, de quatre d'entre eux ici, dans nos tribunes, aujourd'hui.
J'ai travaillé avec des journalistes aujourd'hui qui ont 12 000 $ de
retraite.
Est-ce que le gouvernement, encore une fois, va
rester sur les lignes de côté et regarder les retraités se faire dépouiller de
leur dû?
• (10 h 40) •
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Bon, merci pour cette question. Je pense, c'est extrêmement
important puis c'est une situation qui est tragique. J'ai lu la lettre qui
m'était personnellement adressée, il y avait une lettre aussi pour mes collègues.
Il y a eu des lettres ouvertes dans les journaux.
Alors, je
vais d'abord expliquer la situation. On est dans un régime à prestations
déterminées d'une entreprise privée avec des cotisations d'employés et
d'employeur, et là l'employeur fait défaut, M. le Président, alors il n'y a plus de... il y a une terminaison du régime, et,
avec le critère de la solvabilité, le régime est sous-capitalisé de l'ordre de
25 %. C'est de là le drame, M. le Président, c'est la situation à laquelle
on fait face. Et nous, avec Retraite Québec, le gouvernement, on travaille avec les retraités, on
les a rencontrés pour essayer de mutualiser les risques, pour essayer de
permettre la prise de risque, mais, c'est
indéniable, il n'y a plus d'employeur pour cotiser dans un régime de
prestations déterminées privé, et ça fait la situation que nous avons
actuellement.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Bien, parlons-en, de l'employeur. On va se le dire, là, on va se le dire
franchement, ces retraités ont été laissés tomber, ont été abandonnés par Power Corp., qui s'est départie de ses six quotidiens juste assez tôt
pour se départir aussi de ses obligations
morales et financières envers ses retraités, ce que Power Corp. n'a pas
fait à La Presse, croyez-moi,
je suis bien placé pour le savoir. Ça ne veut pas dire que je suis rassuré,
mais je sais de quoi il est question.
Est-ce que le
gouvernement ne trouve pas, justement, que Power Corp., de la façon dont
ils se sont comportés, s'en sortent pas mal trop facilement sur le...
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M.
Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui. Encore une fois, ici, je veux être clair, là.
L'employeur, c'était une filiale de Power
Corp. Power Corp. ne garantissait pas le régime de retraite de cette compagnie.
C'est la même compagnie qui a été transférée dans la vente au nouvel acquéreur, et
là c'est cette compagnie-là qui fait défaut. Et la situation
est tragique, je le reconnais, les régimes sont sous-capitalisés, mais
on ne peut pas blâmer Power Corp. pour cette situation.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M.
Marissal : Je suis assez
étonné d'entendre le ministre des
Finances se faire le porte-parole de Power Corp. Mais moi, je
travaillais pour Gesca, qui était une filiale de Power Corp., et, moi, mon
régime de retraite, il est garanti; pour le moment, en tout cas. Mes collègues du Soleil, avec qui j'ai commencé ma retraite, eux autres,
là, Gros-Jean comme devant : le 1er janvier, moins 30 %.
Faites le calcul, 12 000 $ moins 30 %.
Est-ce
qu'on va au moins se lever ici puis dire qu'on va étudier les solutions qui
existent puis arrêter de flatter Power Corp. dans le sens du poil, qui
ont abandonné ces travailleurs?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M.
Girard (Groulx) : Juste pour clarifier, là, j'ai dit qu'on ne pouvait
pas blâmer Power Corp., je n'ai pas flatté Power Corp. comme vous
insinuez, là. O.K.?
Alors,
nous, Retraite Québec, le gouvernement, on travaille avec les retraités pour
trouver des solutions concrètes. Je
le répète, c'est un régime à prestations déterminées privé, et il y a défaut de
l'employeur, donc terminaison. Et là, avec Retraite Québec, on essaie d'aider les retraités pour mutualiser les
risques, augmenter la prise de risque et passer de la situation... puis les derniers chiffres qu'on
a, c'est de l'ordre de moins 25 %, les chiffres les plus récents... pour
diminuer cette diminution-là. Mais je veux le rappeler à tout le monde...
Le Président :
En terminant.
M. Girard
(Groulx) : ...c'est un régime d'une compagnie privée. C'est ça, la
différence entre travailler dans le privé...
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Fabre.
Rémunération
des préposés aux bénéficiaires
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé :
M. le Président, saviez-vous qu'un aîné n'a pas la même valeur aux yeux de
l'État s'il réside en CHSLD privé ou en CHSLD public? Je parle ici de per diem
ou de places achetées par l'État dans les CHSLD privés. Pourtant, les exigences en termes de soins et de
services sont les mêmes. Un CHSLD privé reçoit 36 000 $ de moins par
année par résident qu'un CHSLD public. Et ça, ça touche directement le salaire,
le salaire d'un préposé aux bénéficiaires.
En
février dernier, la ministre disait : «Ce que je trouve inacceptable est
que dans un CHSLD [...] le per diem soit de 160 $ comparativement à [...]
250 $ ailleurs.» Elle ajoute que «le financement [doit concorder] dans
"tous les CHSLD, qu'ils soient
privés [ou non]"». Et au budget le ministre des Finances annonçait
30 millions pour régulariser ce financement, pour les salaires de ceux qui s'occupent de nos
aînés. Huit mois plus tard, on attend toujours le 30 millions sur le
terrain pour les 4 000 aînés qui résident dans un CHSLD privé
au Québec.
M. le Président, il
est où, le 30 millions?
Le Président :
Mme la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme
Blais (Prévost) : M. le Président, je suis très contente qu'on parle
de ce sujet-là parce que, si ça avait été facile, j'ai comme
l'impression que vous l'auriez fait. C'est une situation complexe. Nous avons
des CHSLD privés, privés conventionnés où
nous retrouvons les mêmes conditions salariales que dans les CHSLD publics ou à
peu près. Nous avons 30 millions et actuellement nous sommes en train de
négocier, ce sont des ententes individuelles pour chaque CHSLD privé. Et là ce que nous voulons nous
assurer, c'est que, lorsque nous allons rehausser le per diem pour les CHSLD privés, les sommes d'argent soient directement
attribuées pour améliorer les conditions de travail du personnel soignant qui
oeuvre dans ces CHSLD.
Alors, on fait notre travail, on
travaille avec le Conseil du trésor. Et, s'il y a 30 millions de dollars
dans le budget du ministre des
Finances, c'est parce que ce 30 millions de dollars là sera attribué pour
faire en sorte que nous n'ayons plus deux types de per diem...
Le Président :
En terminant.
Mme Blais
(Prévost) : ...pour prendre soin de nos aînés vulnérables.
Le Président :
Question... Première complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé :
M. le Président, on le cherche, le 30 millions, il n'est pas là, il était
au budget. Le temps presse. Depuis
huit mois, on attend l'autorisation de la ministre. Elle a entre les mains un
rapport d'évaluation qu'elle a demandé, l'argent est au rendez-vous, tout y est. En attendant, un préposé aux
bénéficiaires en CHSLD privé gagne en moyenne 13 $ de l'heure, alors qu'il gagne plus de 20 $ de l'heure en
CHSLD public. L'Association
des établissements de longue durée privés du Québec a
sonné l'alarme.
Qu'attend
la ministre pour agir? Peut-elle aujourd'hui décaisser l'argent pour aider les
préposés aux bénéficiaires...
Le Président :
Mme la ministre responsable des Aînés.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : M. le Président, qu'est-ce que le député de
La Pinière a fait pendant quatre ans pour régler ce problème-là? Zéro. Nous avons au budget de 30 millions
pour le faire. Et ça ne se fait pas... il le sait, que ça ne peut pas se
faire demain matin. Il faut ouvrir chaque contrat. Il y en a qui ont des
ententes sur 18 mois, il y en a qui ont des ententes sur cinq ans, il y en
a qui ont des ententes sur 10 ans. Ce n'est pas si simple que ça. Mais
nous allons y parvenir une entente à la
fois, nous sommes en train de le faire, en même temps que nous allons négocier
des ententes salariales...
Le Président :
En terminant.
Mme Blais
(Prévost) : ...pour le secteur public. Et, croyez-moi, on va arrêter
cette injustice...
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé :
L'argent est là. Je n'ai pas de réponse. Je ne parle pas de milliards, je parle
de 30 millions, qui est déjà
prévu, ça a été annoncé. Il faut penser au salaire des préposés aux
bénéficiaires.
La ministre, est-ce
qu'elle peut nous dire quand l'argent va être décaissé? Je veux aujourd'hui une
date, un échéancier. Quand elle donnera l'argent?
Le Président :
Mme la ministre responsable des Aînés.
Mme Marguerite Blais
Mme
Blais (Prévost) : M. le Président, je ne peux pas croire qu'elle se
lève pour poser cette question-là quand vous ne l'avez pas fait...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! On n'a pas besoin...
N'allons pas dans cette direction-là. Réponse, tout simplement, sur une
question importante.
Mme Blais
(Prévost) : Je viens de lui répondre qu'il y avait 30 millions au
budget. Je viens de lui dire aussi, M. le
Président, que c'étaient des ententes individuelles et que ça ne se faisait pas
si rapidement. Le député de La Pinière pourrait le dire, comment ça a été complexe, comment c'est complexe,
chaque négociation avec chaque CHSLD privé. Et, de plus, nous voulons aussi conventionner les CHSLD privés pour
qu'ils deviennent CHSLD privés conventionnés. On va le faire, une chose
à la fois, dans l'ordre, mais nous allons y parvenir, M. le Président.
Le Président :
Question principale, M. le député de La Pinière.
Amélioration de la sécurité sur la route 138,
dans le secteur de la ville de Mercier
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, pour la ministre déléguée aux Aînés, je peux lui dire que, si
je disposais des mêmes surplus qu'elle, ce problème-là serait réglé en moins
d'un mois, à force que c'est simple.
Alors, M. le
Président...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît!
M. Barrette :
M. le Président, la 138...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! On est attentifs à la question du
député. Il est le seul à avoir la parole. S'il vous plaît, pas de
commentaire, personne, ni d'un côté ni de l'autre. C'est le ministre... le
député qui a la parole.
M.
Barrette : M. le Président, la 138 passe dans la ville de Mercier. Il
y a eu 78 accidents depuis 2018. Il y a eu un accident mortel,
malheureusement, en octobre dernier et plusieurs accidents avec blessés graves
dans la dernière année. La ville de Mercier,
M. le Président, le 19 octobre dernier, en désespoir de cause, s'est
adressée au ministre pour qu'il bouge, la députée de Châteauguay a fait
la même affaire. Le ministre ne bouge pas.
M. le Président, là,
la ville, elle est inquiète; la population, elle est inquiète. Ils demandent
savez-vous quoi, M. le Président? Pas reconstruire la 138, installer trois feux
de circulation, qui ont été approuvés par le ministère des Transports depuis
2017 et 2018, selon le feu.
Est-ce que le
ministre, qui n'est pas là juste pour construire des routes mais aussi en
assurer la sécurité, va...
• (10 h 50) •
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le Président, vous pouvez être certain que ma
collègue de Châteauguay est bien, bien, bien au fait du dossier. Je lui
parle, et elle me parle de ce dossier à toutes les semaines, quand il y a un
problème.
Malheureusement, il y a certaines routes au Québec,
oui, qui sont peut-être plus problématiques ou accidentogènes. Pour la 138, on veut rétablir le virage à gauche,
deux feux de signalisation qui sont demandés, une réduction de vitesse. Le MTQ va rencontrer la mairesse dans les
prochaines semaines avec ma collègue pour être capable de trouver des pistes
de solution. Encore une fois, la SQ a été
demandée, si je peux dire, en renfort avec la police de Mercier aussi pour être
capable d'avoir... de sensibiliser les
automobilistes à adapter leur conduite aux conditions routières. Donc, on
travaille là-dessus avec ma collègue de Châteauguay, soyez rassurés.
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales. Merci de votre
collaboration.
Motions sans préavis
Le
Vice-Président (M. Picard) : Comme il n'y a pas de votes reportés,
nous allons passer à la rubrique Motions sans préavis. En fonction de nos règles et de l'ordre de présentation
des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du groupe
formant le gouvernement. M. le ministre de l'Économie et de l'Innovation.
Rendre
hommage aux lauréats des prix Performance Québec
et des Prix du Québec
M.
Fitzgibbon : M. le Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne,
le député de Rosemont, le député de René-Lévesque, le député de Chomedey et la députée
de Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale rende hommage aux organisations lauréates des prix
Performance Québec 2019, la plus haute distinction remise annuellement par le
gouvernement du Québec à des entreprises privées et des organismes
publics qui se distinguent par l'excellence de leur gestion, dont la cérémonie
s'est tenue le 21 novembre [dernier];
«Qu'elle
félicite également les artistes et [les] scientifiques lauréats des
Prix du Québec 2019, la plus haute distinction remise par le gouvernement du Québec en culture et
en science, dont la cérémonie s'est tenue le 6 novembre [dernier];
«Qu'enfin,
elle reconnaisse leur contribution remarquable à l'avancement de notre société
dans ces domaines.» Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a consentement
pour débattre de cette motion?
M.
Schneeberger :
Oui, M. le Président. Il y a consentement, sans débat.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Picard) : Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Adopté. Je reconnais maintenant un membre du groupe formant l'opposition officielle. M. le député de Marquette.
Rendre
hommage à M. Guy Carbonneau, intronisé
au Temple de la renommée du hockey
M. Ciccone : Merci
beaucoup, M. le Président. D'entrée de jeu, j'aimerais souligner la présence dans les
tribunes, et récemment intronisé au Temple de la renommée, le grand Guy
Carbonneau.
(Applaudissements)
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Picard) : M. le député de La Pinière! Y
a-t-il consentement pour débattre de
cette motion?
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Ah! vous ne l'avez pas lue? Excusez. C'est l'émotion, c'est l'émotion. Allez-y,
M. le député de Marquette.
M. Ciccone : Merci. Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée
afin de présenter la motion suivante conjointement avec la ministre déléguée à l'Éducation, le député de Gouin, le député de René-Lévesque,
le député de Chomedey et la députée de Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale souligne l'admission de M. Guy Carbonneau à titre de
membre du Temple de la renommée de la Ligue nationale de hockey;
«Qu'elle mentionne
l'excellence dont il a fait preuve tout au long de sa carrière pendant
18 saisons dans la ligue nationale,
accumulant 663 points en 1 318 matchs et remportant trois coupes
Stanley ainsi que trois trophées Frank [...] Selke remis au meilleur
attaquant à caractère défensif;
«Qu'elle rappelle
qu'il est le dernier capitaine des Canadiens de Montréal à avoir soulevé la
coupe Stanley à Montréal en 1993;
«Qu'enfin,
elle reconnaisse le caractère inspirant de la carrière de ce grand Québécois
pour des générations d'athlètes et d'amateurs de hockey du Québec.»
Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Là, c'est le moment. Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre de cette motion?
M.
Schneeberger : Alors, oui, M. le Président, il y a
consentement pour un débat de deux minutes par intervenant, en débutant par le député de Marquette, la
ministre déléguée à l'Éducation, le député de Gouin et le député de
René-Lévesque.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. Je comprends qu'il y a entente pour un débat de
deux minutes, quatre intervenants. M. le député de Marquette, la parole
est à vous.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Merci beaucoup, M. le Président. Laissez-moi un peu déroger quelques
minutes au décorum, ce matin, afin
d'interpeler notre invité de marque par son surnom sous lequel tous les
Québécois et Québécoises le connaissent, «Carbo».
Quand
j'étais jeune, j'avais la chance de te regarder jouer avec mes yeux
émerveillés. Un peu plus tard, j'ai eu la chance de passer de spectateur à
joueur avec toi sur la glace. Carbo, c'est un honneur pour moi d'avoir foulé
les glaces de la meilleure ligue de
hockey au monde en ta compagnie et de pouvoir te rendre hommage ce matin. Je
suis également fier de porter le même chandail que toi avec les anciens
Canadiens de Montréal encore aujourd'hui.
Tout au long de ta carrière,
tu as su démontrer ton courage en bloquant les tirs d'Al Iafrate, Al MacInnis,
qui décochaient à plus de 100 milles à l'heure, M. le Président, à plus de
100 milles à l'heure, vous avez bien compris, et de plus on s'entend que
l'équipement n'était pas le même qu'aujourd'hui.
Tu étais un spécialiste des mises en jeu. Le meilleur, soit dit en
passant. Tu avais d'ailleurs l'énorme responsabilité de prendre les plus
importantes dans ton territoire et en fin de match.
Tu es évidemment, même encore aujourd'hui, un
gars extrêmement aimé et respecté de tous, à part peut-être Peter Stastny.
Tu étais un joueur étoile dans la ligue junior
majeur du Québec, avec les Saguenéens de Chicoutimi, avec tes 171 buts et
435 points en 274 matchs. Malgré ta fiche exemplaire dans la Ligue de
hockey junior majeur du Québec, tu n'as pas
hésité à faire les meilleurs choix lors de ton arrivée avec le Canadien, pour
le bien de l'équipe. Tu as humblement compris qu'il fallait ajuster ton
style offensif à celui défensif.
Malgré ton
rôle axé davantage sur la défensive dans la ligue nationale, tu as réussi à
noircir la feuille de pointage plus
souvent qu'à ton tour. En 13 saisons dans l'uniforme bleu, blanc, rouge,
tu es parvenu à franchir le cap des 50 points à cinq reprises, incluant un sommet personnel de
57 points en 1984‑1985, avec cinq saisons de 20 buts. Il est donc
facile d'affirmer que tu es devenu le meilleur joueur défensif de la ligue
nationale, avec trois trophées Frank-Selke à ton actif.
Je souligne
également que c'est avec le C cousu sur ton chandail que tu as conduit les
Canadiens de Montréal vers la coupe Stanley en 1993. Bravo! Et merci
encore.
Je me dois
évidemment aussi de rappeler ton excellent travail comme entraîneur en chef du
Tricolore. Tes joueurs ont pu bénéficier d'un entraîneur de coeur. Ta
formation a pris le premier rang au chapitre des jeux de puissance à tes deux
premières campagnes derrière le banc.
M. le
Président, vous allez me permettre de reprendre une citation de Bob Gainey à
son sujet : «Il a rendu meilleure chaque
équipe avec laquelle il a évolué. Guy excellait dans le style de jeu qu'il
préconisait et était un compétiteur féroce.»
Carbo, merci
d'être mon coéquipier, merci d'être mon ami, merci d'avoir été un exemple et
une idole pour notre jeunesse
québécoise. Tu mérites pleinement d'être intronisé au Temple de la renommée, et
c'est extrêmement important pour moi de te rendre hommage aujourd'hui.
Tu n'étais pas le plus gros ni le plus grand, dans une époque où la ligue nationale comportait son lot de grosses brutes
comme moi, mais, Carbo, tu étais le plus courageux. Bonne continuité!
Merci.
• (11 heures) •
Le Vice-Président (M. Picard) : Je
cède la parole à Mme la ministre déléguée à l'Éducation.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest :
Merci, M. le Président. Je joins ma voix également à celle de mon collègue le député
de Marquette. Merci pour cette belle motion.
Officiellement intronisé au Temple de la
renommée du hockey lundi dernier, cet honneur vient assurément couronner de manière formidable la carrière de
l'ancien attaquant du Canadien de Montréal. Il peut se flatter du fait qu'il
est un des rares Québécois à porter trois
bagues de la coupe Stanley, soit avec le Canadien de Montréal en 1986 et 1993,
puis avec les Stars de Dallas en 1999. Figurant parmi les meilleurs attaquants
défensifs de la LNH, l'ancien capitaine du Tricolore a également mérité
à trois reprises le trophée Frank-Selke, en 1988, 1989 et 1991.
Au sein de la
LNH, M. Carbonneau a disputé 1 318 matchs, principalement avec le
Canadien de Montréal. Avec ses
260 buts, 403 passes, pour un total 663 points en carrière, Guy
Carbonneau a été et sera toujours une des très grandes fiertés pour le Québec sur la scène sportive. Sa
carrière est inspirante. Les valeurs qui l'ont guidé le sont d'autant plus,
d'abord parce qu'il a toujours placé
l'intérêt de son équipe avant les siens, ensuite parce qu'il est l'exemple
parfait du guerrier qui ne ménage aucun effort pour défendre la cause
qui est la sienne.
En devenant
membre du Temple de la renommée, vous faites maintenant partie de ces grands
héros qui inspireront nos jeunes.
C'est d'autant plus important que vous soyez présent auprès de ces jeunes
joueurs parce que, dans votre cas, ce ne
sont ni le nombre de buts ni le nombre de points que nous retiendrons, mais
bien vos valeurs, votre éthique de travail, votre engagement et votre caractère. Et c'est ce genre d'enseignement
qui, je crois, d'abord doit nous guider comme parents lorsque nous
encouragerons nos jeunes dans le sport.
Merci,
M. Carbonneau, pour ce legs si précieux. Et j'invite à nouveau mes
collègues, tous mes collègues, et toute la population du Québec à vous
rendre un hommage qui est si bien mérité. Merci, M. Carbonneau.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Je cède la parole à M. le député de Gouin et leader du deuxième groupe
d'opposition.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Merci, M. le Président. C'est un honneur également pour moi de prendre la
parole ce matin pour rendre hommage,
pour saluer le travail, saluer les exploits de M. Guy Carbonneau, un de
nos athlètes québécois les plus inspirants, tous sports et toutes
époques confondus.
Celui qu'on
surnomme maintenant Carbo a fait ses débuts à Chicoutimi dans la Ligue de
hockey junior majeur du Québec en
1976. Trois ans plus tard, il était repêché par les Canadiens de Montréal. Il
s'est joint en 1982 à l'organisation des Canadiens de Montréal. Et,
durant cette première saison, il a évolué, bien sûr, aux côtés de Bob Gainey,
qui était alors capitaine de l'équipe, mais il aura également connu des
coéquipiers illustres tout au long de sa carrière, comme Claude Lemieux, Larry
Robinson, Mats Naslund, etc.
Dès
ces débuts-là dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec et jusqu'à la fin
de sa carrière dans le hockey à titre
d'entraîneur-chef du Canadien de Montréal, il a été reconnu pour sa
combativité, pour son leadership, autant sur la patinoire
qu'à l'extérieur de la patinoire. Ce qui distinguait le style de jeu de Guy
Carbonneau, c'était sa volonté à continuellement
se sacrifier, lui, pour le bien de son équipe. Carbonneau n'hésitait jamais à
manger les coups pour les autres,
même s'il n'était, en effet, ni le plus grand ni le plus fort. Il n'hésitait
jamais à bloquer les tirs les plus foudroyants. Qui ne se souvient pas de ses fameuses glissades? Personnellement, je ne
peux pas m'en souvenir de visu, j'étais trop jeune. Mais je dois reconnaître que j'ai visionné
beaucoup trop de clips sur YouTube dans mes temps libres pour visionner les
exploits de Guy Carbonneau.
Et
je crois qu'il y a, dans ce style de jeu sportif, une leçon plus générale pour
nous qui faisons de la politique puis, globalement, pour tous les
citoyens et citoyennes du Québec. Ce que le style de jeu de Guy Carbonneau peut
nous enseigner, c'est qu'il n'y a rien, dans
la vie, de plus noble que de se mettre soi-même en danger pour le bien des
autres, pour le bien de la collectivité.
Guy Carbonneau était
un joueur à caractère défensif. Il était passé maître dans l'art d'affronter les
meilleurs joueurs de la ligue. Et c'est
d'autant plus exceptionnel qu'il ait connu la carrière qu'il a connue, qu'il
ait récolté les honneurs qu'il a
récoltés avec ce style de jeu défensif. C'est ce qui lui a valu, d'ailleurs, de
recevoir à trois reprises le trophée remis au meilleur attaquant
défensif de la ligue.
Je
ne peux pas m'empêcher que de dire que ça peut peut-être inspirer certains en
cette Chambre, que parfois on peut se démarquer, on peut être un joueur
étoile sans toujours passer à l'attaque.
Je
l'ai dit, il a soulevé trois fois la coupe Stanley. Quelle fierté immense! Pour
moi, je n'ai pas eu le plaisir... je ne sais pas si ça aurait été un plaisir, en fait, je n'ai pas eu l'honneur
d'affronter Guy Carbonneau sur la glace comme notre collègue de Marquette. Par contre, j'ai eu
l'occasion de débattre avec Guy Carbonneau d'un enjeu de société,
celui de la rémunération et du traitement des joueurs dans la Ligue de
hockey junior majeur du Québec. On avait discuté de cet enjeu-là sur le plateau de l'Antichambre, et il avait eu,
dans ce débat, la même attitude qu'il a eue tout au long de sa
carrière, il avait été combatif mais s'était comporté comme un vrai gentleman.
Carbo, vous avez
marqué à votre manière, avec toute votre passion, votre fougue, l'histoire des
Canadiens de Montréal. Vous avez inspiré plus d'une génération de
jeunes joueuses, de jeunes joueurs de hockey. Bref, vous avez inspiré le
Québec. Merci et félicitations!
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède la parole à M. le député de René-Lévesque et leader du troisième groupe d'opposition.
M. Martin
Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc, pour une fois, dans
cette Chambre, ne soyons pas carboneutres. Ma collègue de Duplessis m'envie sans doute en ce moment. Rendre hommage à
ce fils du pays né à Sept-Îles aurait été pour elle un immense honneur. Donc, c'est avec plaisir aujourd'hui que je prends le relais en son nom, puisqu'elle est retenue présentement à la commission Laurent, qui est, il faut le dire, un travail important
à faire à titre de parlementaire.
S'il y a
une personne au Québec dont la vie est indissociable du hockey, c'est
bien M. Guy Carbonneau. On sent la
fébrilité ici à cause de sa présence. Depuis ce matin, on ne parlait que de ça.
Décidément, le hockey, au Québec, c'est sérieux, et Guy Carbonneau est l'un
de ses plus grands ambassadeurs.
À
Sept-Îles, où il est né, les étés sont plutôt
courts. De là, sans doute, l'engouement des gens de la place pour les
parties de hockey en plein air partout en ville et plusieurs mois par année.
Non,
Guy Carbonneau ne tient pas son talent sur la patinoire ni son amour pour le
sport de son père, qui, chose rare,
n'a jamais joué au hockey. Même qu'il semble que c'est plutôt
sa mère qui l'accompagnait aux pratiques et aux joutes. Ses aptitudes, M. Carbonneau les a
développées lui-même en observant, en analysant et surtout en étant
sérieux, concentré, totalement dédié à son sport. C'est ce qui l'a amené
d'abord à Chicoutimi, où il s'est joint aux Saguenéens, puis en Nouvelle-Écosse dans la Ligue américaine. La suite est connue : une grande
carrière dans la Ligue nationale de hockey, Montréal pendant
12 saisons, brièvement Saint-Louis,
quelques années à Dallas et de retour à Montréal comme entraîneur.
Joueur d'équipe avant
tout, Guy Carbonneau ne cherche pas la gloire personnelle. Il accepte tous les
mandats qu'on lui confie et il s'y attaque avec coeur. Il n'hésite jamais à
plonger pour arrêter un tir adverse. Ce qu'il cherche surtout, c'est à
développer son jeu et à le rendre le plus complet possible.
Rapidement,
on se rend compte que c'est un leader naturel, qui inspire le respect par sa
seule présence. On dit qu'il n'a jamais prononcé une parole qui n'était
pas pertinente. M. Carbonneau, vous pourriez nous inspirer ici.
Je
tiens à souligner, au nom du Parti québécois, le parcours exceptionnel de
M. Carbonneau, que je salue d'ailleurs. Vous avez fait vivre de grandes émotions. La rivalité Québec-Montréal,
c'était quelque chose, ça a véritablement marqué une époque. Canadiens
ou Nordiques, c'était pratiquement la façon de faire et sa façon de se définir.
Jamais Boston. Quoiqu'hier, que c'est qui s'est passé?
Bref,
collectivement, néanmoins, les Québécois avaient et ont toujours eu un plus
grand respect pour vous. Même Peter Stastny l'a reconnu aujourd'hui. Votre
intronisation au Temple de la renommée est un juste retour de choses. Vous avez
beaucoup donné, toujours dans la
discrétion. À notre tour maintenant de vous rendre hommage en vous mettant en
lumière.
Vous
avez été un grand numéro 21, un grand capitaine, M. Carbonneau, celui
dont se souviendront des générations de
jeunes Québécois amoureux, comme vous, de votre sport national. Sept-Îles est
fière, l'Assemblée est fière, vous êtes leur fierté. Merci,
M. Carbonneau.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Picard) :
Cette motion est-elle adoptée?
Des
voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Adopté. Je reconnais maintenant un
membre du deuxième groupe d'opposition. Mme la députée de Mercier.
• (11 h 10) •
Mme Ghazal :
Merci, M. le Président. Je demande le consentement de la Chambre pour débattre
de la motion suivante conjointement
avec le député de Laval-des-Rapides, le député de Jonquière, le député de
Chomedey et la députée de Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte du fait que le projet de loi n° 34
concernant les tarifs d'électricité fait l'objet d'un vif débat politique et social et que plusieurs intervenants de la société civile, tant dans le domaine économique que dans celui de la protection
des consommateurs, se sont prononcés sur celui-ci;
«Qu'elle rappelle que
ce projet de loi aura des impacts durables sur toutes les catégories de consommateurs
d'électricité;
«Qu'elle rappelle que le travail des parlementaires
de toutes les formations politiques
est essentiel afin d'améliorer les projets de loi du gouvernement;
«Que
l'Assemblée nationale affirme sa volonté de procéder à l'étude de ce projet de
loi de manière régulière, sans recours
à un bâillon parlementaire, afin d'adopter un projet de loi le plus équitable
possible pour les Québécoises et les Québécois.» Merci.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre
de cette motion?
M. Schneeberger :
Pas de consentement.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Pas de consentement. Je reconnais maintenant un membre du troisième groupe d'opposition. M. le député
de Bonaventure.
M. Roy : Merci,
M. le Président. J'aimerais souligner
la présence des gens de Capitales Médias dans nos tribunes.
M. le Président, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec la députée de Verdun, le député de Rosemont, le député de Chomedey
et la députée de Marie-Victorin,
la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale demande à Power Corporation du Canada de prendre la responsabilité du
déficit de solvabilité des régimes de retraite de Groupe Capitales Médias, qui
était connu au moment de la transaction avec M. Martin Cauchon;
«Qu'elle
demande au Vérificateur général de faire enquête sur la décision de Retraite Québec de ne pas exiger le plein
paiement du déficit de solvabilité des régimes
de retraite de Groupe Capitales
Médias au moment de la transaction.» Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Pas de consentement.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Pas de consentement. Je reconnais maintenant M. le
député de Chomedey.
Souligner le 90e anniversaire de la congrégation
des Soeurs missionnaires du Christ-Roi
M. Ouellette :
Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la députée de
Gaspé et la députée de Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale souligne le 90e anniversaire de la fondation des
Soeurs missionnaires du Christ-Roi qui s'est déroulé le 28 octobre [dernier];
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse le travail caritatif accompli par les
Soeurs missionnaires du Christ-Roi, depuis 1928, au Québec, [en
particulier] à Gaspé et à Laval, au Canada et à l'étranger sur d'autres
continents;
«Qu'elle
souligne leur implication dans les domaines médical, pastoral, social et dans
le domaine de l'enseignement;
«Que
l'Assemblée nationale salue la mémoire de Frédérica et Marie-Antoinette
Giroux, fondatrices des Soeurs missionnaires du Christ-Roi ainsi que
Mgr François-Xavier Ross, 1er évêque de Gaspé.»
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Il y a consentement, sans débat.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Picard) : Consentement, sans débat. Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Adopté. Je demande
s'il y a consentement pour permettre la lecture d'une autre motion
sans préavis par la Mme la deuxième vice-présidente.
Une voix :
Consentement.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Consentement. Mme la deuxième
vice-présidente et députée de Saint-Hyacinthe, la parole est à vous.
Reconnaître l'importance de la lutte contre la
cyberintimidation envers les femmes
Mme
Soucy : M. le président, je sollicite le consentement de cette Assemblée
afin de présenter la motion suivante conjointement
avec la députée de Mille-Îles, la députée de Sherbrooke, la députée de Gaspé,
le député de Chomedey et la députée de Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte qu'une étude d'Amnistie internationale et
d'Element AI réalisée à travers le monde révèle qu'un tweet haineux
serait transmis à une femme chaque 30 secondes;
«Qu'elle
reconnaisse que la cyberintimidation prend une forme particulière lorsqu'elle
est dirigée vers les femmes en s'attaquant notamment à leur intégrité
physique;
«Qu'elle reconnaisse
que l'hostilité envers les femmes freine leur engagement politique;
«Qu'elle souligne que
la lutte contre la cyberintimidation envers les femmes s'inscrit dans la
campagne de sensibilisation 12 jours d'action contre la violence envers les
femmes;
«Qu'enfin, elle
rappelle à l'ensemble des parlementaires qu'ils ont tous un rôle à jouer dans
la lutte contre la cyberintimidation, notamment en faisant preuve de respect et
de courtoisie sur les réseaux sociaux.»
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre
de cette motion?
M. Schneeberger :
Alors, M. le Président, il y a consentement pour un débat de deux minutes par
intervenant, en débutant par la
deuxième vice-présidente et députée de Saint-Hyacinthe, la députée de Bourassa-Sauvé,
la députée de Sherbrooke et la députée de Gaspé.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci. Donc, il y a un consentement
pour un débat de deux minutes. Mme la deuxième vice-présidente.
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy :
Merci, M. le Président. La violence envers les femmes est malheureusement
toujours un sujet d'actualité et elle peut
prendre différentes formes. Lorsque nous parlons de violence envers les femmes,
nous pensons généralement à la
violence physique ou psychologique, mais la cyberviolence fait autant de
dommages, même si elle ne se perçoit
pas physiquement. L'hostilité en ligne touche tout le monde, mais prend une
forme particulière lorsqu'elle est dirigée envers les femmes.
Malheureusement, c'est souvent l'intégrité physique des femmes qui est visée.
Ayons
une pensée pour toutes ces femmes et spécialement pour les jeunes filles qui
subissent de la cyberintimidation jour
après jour. Vous savez ce qu'il y a de plus terrible avec la cyberintimidation?
C'est qu'elle ne s'arrête jamais. Elle pousse malheureusement trop
souvent des jeunes à commettre l'irréparable.
Une
étude d'Amnistie internationale et d'Element AI réalisée à travers le monde
nous apprend qu'un tweet haineux serait
transmis à une femme aux 30 secondes, imaginez-vous. L'étude démontre
également que, dans le cas des femmes élues,
ce harcèlement ne diffère pas selon les allégeances politiques. Elle touche aux
politiciennes de tous les horizons politiques.
L'hostilité en ligne
freine l'engagement politique, spécialement chez les femmes. Les candidates
potentielles craignent un jour d'être
victimes de cyberviolence, mais surtout appréhendent l'impact qu'elle pourrait
avoir sur leurs proches, qui finiront nécessairement par en être témoins.
Chaque
élu a une responsabilité individuelle face à ce fléau. Nous pouvons toujours
choisir le respect et donner le ton à
des échanges où les opinions peuvent diverger sans toutefois tomber dans
l'intimidation. Comme élus, nous avons aussi le pouvoir de veiller à ce
que nos collaborateurs, nos employés évitent toute forme de cyberintimidation
et de cyberviolence, spécialement sur les réseaux sociaux.
J'espère que notre
message sera entendu et sera porteur de changement. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la vice-présidente. Je
reconnais maintenant Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Paule Robitaille
Mme Robitaille :
Merci, M. le Président. Une militante de Montréal-Nord, Anastasia Marcelin,
immigrante, femme de tête au sein du
milieu communautaire, a dénoncé, le soir du 5 novembre dernier, des politiques
du gouvernement du Québec en matière
d'immigration dans une vidéo en direct. Sa vidéo s'est rapidement propagée sur
les réseaux sociaux, et rapidement
les attaques n'avaient plus rien à voir avec le discours politique. On l'a
insultée sur sa couleur de peau, mais surtout sur son sexe, sur son état de femme. Un
déferlement d'attaques xénophobes, certes, mais d'abord misogynes, sexistes,
même une menace de mort.
Combien
d'entre nous, politiciennes, femmes publiques, femmes qui osent sortir du lot,
femmes qui portent le voile ou la mini-jupe, adolescentes, jeunes filles,
sommes-nous à être ciblées de la vindicte misogyne du Web? C'est un
tweet haineux à une femme à chaque 30 secondes.
Pour moi, ces
attaques se vivent comme une tempête. D'abord, une pluie fine d'insultes,
ensuite le rythme s'accélère, la charge
d'une armée de trolls, forts de leur anonymat, qui dénigrent, ridiculisent et
détruisent. Cela peut durer 24, 48, 72 heures, et puis la tempête
se calme jusqu'à l'autre bourrasque.
Pour
Anastasia, la première tempête s'est transformée en cyclone, essentiellement misogyne,
d'ennemis locaux. Le harcèlement dure
depuis trois semaines. Anastasia est une femme adulte, une force de la nature,
et pourtant ça fait mal, M. le
Président, un mal insidieux, psychologique. Ce matin, elle me parlait même...
elle me disait qu'elle se sentait comme un viol collectif. C'est grave. Alors, que dire de cette violence pour
une adolescente, une jeune fille? Je pense à Marjorie Raymond, qui s'est
suicidée en Gaspésie en 2014.
Les
médias sociaux sont trop souvent un reflet de la violence ordinaire faite aux
femmes. On s'attaque au corps des femmes, à leur sexualité. On dénigre leur
intelligence. On aime les targuer d'incompétentes. Tout cela répond aux
grands stéréotypes, une tentative tellement grossière, M. le Président, de les
remettre à leur place.
Devant
cet anachronisme violent, la seule défense, c'est le courage de dénoncer. À
toutes les Anastasia, les Marjorie, à
toutes ces jeunes femmes, à toutes les femmes, sachez que l'Assemblée nationale dénonce avec vous cette haine. Merci, M. le Président.
• (11 h 20) •
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède la parole à Mme la
députée de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie :
Merci, M. le Président. On parle de violence en ligne ce matin, en particulier celle
vécue par les femmes en politique.
Alors, pour illustrer ce dont on parle, j'ai demandé à mes collègues de ma
formation politique de m'envoyer des
exemples des messages qu'elles reçoivent. J'en ai choisi quelques-uns, que je
vais vous lire pour que les parlementaires puissent comprendre de quoi
on parle.
Alors,
vous allez m'entendre prononcer des mots que je n'ai pas l'habitude d'utiliser
ni ici ni nulle part, et plusieurs de ces mots ne sont pas parlementaires, et
je m'excuse d'avance pour les propos vraiment difficiles à entendre que je vais
lire. Sachez que c'est aussi très
difficile pour moi de prononcer ces mots-là, mais comme ces attaques gratuites
font malheureusement partie du travail parlementaire pour les femmes et que
c'est de ça dont il est question, je pense que c'est nécessaire.
Alors,
voici des exemples de mots reçus par moi et par les quatre autres femmes de mon
caucus : «pauvre dinde», «maudite folle», «quelle conne», «tu es
une maudite sans-génie», «tu es une bonne à rien et tu ne comprends rien», «va chier, la brebis», «si j'étais ton fils ou ta
fille, j'aurais honte de ma mère», «tu devrais décrisser, car tu n'es qu'une
pollution à voir», «retourne vivre dans le
village dont tu viens, inutilité vivante», «tu es une câlisse de prostituée»,
«ostie de plotte sale, criminelle et
corrompue», «minable prostituée du crime organisé», «va te faire enculer,
crisse de salope», «aïe! la nunuche»,
«allez vous rhabiller ou suicidez-vous», «tu devrais disparaître, tu es une
honte envers le peuple québécois», «tu auras ta leçon après les fêtes,
et ce sera un dossier de réglé».
C'est
difficile à entendre, et je m'en excuse encore. Il n'y a personne qui devrait
entendre ce genre de commentaires, mais
c'est la réalité à laquelle on fait face ici, au Québec, en ce moment.
Évidemment, il n'y a aucune personnalité publique qui est à l'abri de ça, et je suis certaine que
les hommes parlementaires reçoivent, eux aussi, leur lot d'insultes, de message
haineux, même d'appels au suicide, peut-être
un peu moins souvent des menaces de viol, mais, quand même, je sais que personne n'est à l'abri. Sauf que c'est largement
documenté que les femmes subissent plus de violence en ligne que les hommes, jusqu'à 27 fois plus, selon certaines
estimations. Et les femmes qui font de la politique sont particulièrement
visées, peu importe où elles se situent sur
le spectre gauche-droite. Plus elles s'expriment publiquement, plus les femmes
subissent de violence. Et les attaques envers les femmes qui font de la
politique ne sont pas nouvelles. Il y a 100 ans, Henri Bourassa utilisait les pages du Devoir pour les
dénigrer ouvertement en les traitant de monstres et en les comparant à
des prostituées. Ce sont simplement les plateformes qui ont changé.
La
violence en ligne ressemble beaucoup à la violence hors ligne. Elle vise à
dévaloriser les femmes, à les traiter comme
des objets. Elle peut aussi viser à créer un climat d'insécurité pour inciter
les femmes à quitter l'espace public. Les
conséquences sont exactement les mêmes que les violences commises dans d'autres
espaces parce que la violence en ligne occasionne aussi de la souffrance
physique et psychologique.
Alors,
qu'est-ce qu'on peut faire pour réduire ces violences et l'impact sur les
parlementaires? Je pense qu'on doit
s'assurer d'être exemplaires entre nous, d'agir de manière bienveillante avec
tous nos collègues ici, au salon bleu, et
sur la place publique. Les attaques personnelles ne devraient jamais avoir leur
place ici parce que, quand on les tolère entre nous, on envoie le message aux autres que c'est acceptable et que
c'est normal de dénigrer les individus qui font de la politique. Eh bien, ça ne
l'est pas, et c'est à nous en premier de le montrer. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède la parole à Mme la
députée de Gaspé.
Mme Méganne
Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Merci, M. le Président. Et permettez-moi de saluer et de
remercier l'excellent discours de ma collègue de Sherbrooke sur le
sujet.
Alors, il n'y a aucune forme de violence qui est acceptable, et la campagne de sensibilisation les 12 jours
d'action contre la violence
envers les femmes est très, très
importante. S'en prendre à une personne qu'on estime vulnérable, c'est lâche, mais même en face à face. Alors, quand
cette violence s'exprime à travers un écran, quand l'agresseur se cache derrière un avatar, c'est inqualifiable. Les
médias sociaux sont malheureusement un terrain fertile pour les calomnies et
l'intimidation, et les femmes en sont plus
souvent qu'autrement les premières victimes. Ce qui distingue la cyberviolence
lorsqu'elle vise une femme, c'est qu'elle
est souvent axée sur le corps, sur la sexualité. Ne cherchez pas les arguments
valables ici, cette forme de violence vise
d'abord à humilier gratuitement : d'un seul clic, on diffuse une photo
intime; d'un seul tweet, on s'en prend au physique d'une femme pour la
discréditer.
Et
ces actes disgracieux laissent des traces non seulement en ligne, mais dans le
coeur et l'âme des victimes. Les adolescentes,
particulièrement, sont vulnérables à ces attaques. Souvent en quête de leur
identité, pas toujours confiantes en
elles-mêmes, s'appuyant beaucoup sur l'opinion de leurs pairs, une simple
phrase assassine peut venir bouleverser leur univers. En deux secondes à peine, leur monde peut basculer, s'écrouler.
Les dommages peuvent être importants. Dans certains cas, ils sont
irréparables et ont des conséquences à très, très long terme. Ils peuvent
entraîner de la détresse psychologique. Certains cas documentés ont même mené
au suicide.
Il
est donc important de sensibiliser au tort que peut causer la
cyberintimidation. Il faut se répéter que la facilité avec laquelle on peut calomnier quelqu'un en ligne
est inversement proportionnelle à l'ampleur des conséquences sur la personne visée. Non seulement nous devons faire
échec à ceux et à celles qui commettent ces gestes odieux, il faut aussi
décourager la propagation des messages
haineux et encourager la dénonciation. Les cyberintimidateurs doivent se faire
barrer la route. Ils doivent trouver un mur
virtuel devant eux et leurs commentaires blessants. On ne peut pas laisser
faire ça. Nous devons prendre le parti de la justice et être solidaires
des victimes de cyberintimidation, même entre nous. En tant que citoyens responsables, c'est un nouveau rôle que nous sommes
amenés à jouer, gracieuseté de la technologie. Et ce rôle, quoique d'apparence virtuelle, est
fondamental, car l'intimidation en ligne a des effets dans la vie réelle des
gens. Merci, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Cette motion
est-elle adoptée? Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui, M. le Président, j'ai entendu les commentaires, puis je pense... je prends
la parole comme homme : Mesdames, on est avec vous pour mener ce
combat parce que personne ne mérite de tels propos. Merci.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Donc, je comprends que cette motion est adoptée.
Avis touchant les travaux des commissions
À la rubrique Avis
touchant les travaux des commissions, M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui, alors, M. le Président, j'avise cette assemblée que la Commission de
l'aménagement du territoire
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 16, Loi visant principalement l'encadrement des
inspections en bâtiment
et de la copropriété divise, le remplacement de la dénomination de la Régie du
logement et l'amélioration de ses règles de fonctionnement et modifiant la Loi
sur la Société d'habitation du Québec et diverses dispositions législatives
concernant le domaine municipal, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures, de 15 à 18 heures et de
19 h 30 à 22 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La
Commission des relations avec les citoyens poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 18, Loi modifiant le Code civil, le Code de procédure civile, la Loi sur le curateur
public et diverses dispositions en matière de protection des personnes,
aujourd'hui, de 19 h 30 à 22 h 30, à la salle des
Premiers-Ministres;
La Commission de
l'économie et du travail poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 27, Loi concernant principalement
l'organisation gouvernementale en matière d'économie et d'innovation,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, à la
salle Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission de la santé et des services sociaux poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 31, Loi modifiant principalement la Loi sur la
pharmacie afin de favoriser l'accès à certains services, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 13 heures, de 15 à 18 heures et de 19 h 30
à 22 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
• (11 h 30) •
La Commission de
l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
poursuivra l'étude détaillée du projet de
loi n° 34, Loi visant à simplifier le processus d'établissement des tarifs
de distribution d'électricité, aujourd'hui, de 15 à 18 heures et de
19 h 30 à 22 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission des finances publiques
poursuivra l'étude détaillée du projet
de loi n° 37,
Loi visant principalement à instituer le Centre d'acquisitions
gouvernementales et Infrastructures technologiques Québec, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures, de 15 à 18 heures et de 19 h 30 à
22 h 30, à la salle Pauline-Marois;
La
Commission de l'économie et du travail entendra les intéressés et procédera à l'étude détaillée du projet de loi d'intérêt
privé n° 206, Loi
modifiant la Loi sur la charte de la Coopérative fédérée de Québec, le mercredi 4 décembre 2019, après les
affaires courantes jusqu'à 13 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission
de l'aménagement du territoire entendra les intéressés et procédera à l'étude détaillée des projets de loi d'intérêt privé suivants, et ce, dans l'ordre ci-après
indiqué : d'abord, le projet de
loi d'intérêt privé n° 205,
Loi concernant la
Ville de Gaspé, puis le projet de loi d'intérêt privé n° 207, Loi
concernant la Ville de Murdochville, par la suite, le projet de loi d'intérêt privé n° 204, Loi concernant
l'établissement d'un régime fiscal particulier pour le Port de Havre-Saint-Pierre, et finalement le projet de loi
n° 208, Loi concernant la cession d'un droit d'emphytéose en faveur
de la Ville d'Alma, le mercredi 4 décembre
2019, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 à
18 heures, à la salle Pauline-Marois. Voilà.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le leader. Oui, M. le
leader de l'opposition officielle.
M. Tanguay : Si vous me permettez
quelques secondes, demande de directive de votre part sur, justement, l'avis touchant les travaux des commissions. Ce
matin, à 7 h 15, une demande tout à fait légitime et raisonnable, je
crois, a été, nous le
croyons, communiquée au leader... chez les gens travaillant avec le leader du
gouvernement à l'effet que nous avons le projet de loi n° 31 qui est
appelé en CSSS à partir de maintenant, cet avant-midi, cet après-midi et ce
soir jusqu'à 22 h 30.
On a un collègue qui est notre porte-parole. Pour le respect
de son droit de parole, ce qu'on demande tout simplement, puis on parle beaucoup de
collaboration, puis on a même eu une rencontre au sommet hier avec le président de l'Assemblée nationale pour assainir le climat ici, on demande à ce
que notre collègue de Pontiac puisse, pendant 15 minutes,
dès maintenant, aller... parce que, prenant pour acquis que le leader adjoint
du gouvernement va appeler le projet
de loi n° 40, il aimerait parler, faire son 15 minutes sur le
n° 40, demander... On tend la main au leader du gouvernement, s'il pouvait retarder la CSSS, de
consentement, de 15 minutes. Il fait son 15 minutes, on respecte son
droit de parole, puis il travaille jusqu'à 22 h 30. Voilà, M.
le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Bien, M. le Président, je comprends la
proposition du leader de l'opposition officielle. Ce n'est pas ce qui a été convenu. Alors, la
commission va siéger, et, par la suite, le député de Pontiac pourra venir
intervenir au moment approprié, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Oui?
M. Tanguay : ...député de Pontiac ne
pourra pas intervenir par la suite, au moment approprié, parce que, par la suite, au moment approprié, à temps
plein, il va être en CSSS. On aurait aimé que la main tendue soit acceptée,
mais, encore une fois, M. le Président, force est de constater que ça
n'est pas le cas.
Le
Vice-Président (M. Picard) : M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, vous savez, quand c'est
possible de faire les choses, on les fait. D'ailleurs, dans le projet de loi n° 27, cet après-midi,
ça ne siège pas parce que la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne n'est pas
disponible. On a fait la même chose avec le projet de loi n° 18.
Le
député de Pontiac, ce n'est pas le porte-parole de l'opposition officielle sur
le projet de loi n° 40. Il y a 20 intervenants sur le projet de loi
n° 40. Il y a toute la journée aussi. Alors, commençons, débutons par le
projet de loi n° 31, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci. Je
comprends que c'est la prérogative du leader d'organiser les travaux, donc, mais je vous encourage aussi à discuter.
Donc, à
la rubrique... Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Peut-être juste un dernier point, M. le
Président, pour renseigner adéquatement cette Assemblée. Hier
soir, le projet de loi n° 31 a suspendu à 20 h 30, hein, et ici,
au salon bleu, jusqu'à 21 h 30, ça siégeait sur le projet de loi n° 40. Alors, le député de Pontiac avait une heure pour venir
faire une intervention aussi. Alors, on fait preuve de souplesse.
Le Vice-Président (M. Picard) : Donc, nous
sommes rendus à la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Ça va?
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant terminée, nous
allons maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui. Alors, M. le Président, je vous demanderais d'appeler l'article 4 du
feuilleton.
Projet de loi n° 40
Reprise
du débat sur l'adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Picard) : À l'article 4 du feuilleton,
l'Assemblée reprend le débat ajourné le 26 novembre 2019 sur l'adoption du principe du
projet de loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à l'organisation et à la
gouvernance scolaires. Y a-t-il des interventions? M. le député de Vimont.
M. Jean
Rousselle
M. Rousselle :
Merci, M. le Président. Je veux commencer par souligner l'article d'un journaliste, M. Michel C. Auger, qui parle justement d'éliminer le plus possible
les avis extérieurs des institutions, qui font office de contre-pouvoirs. Et,
dans le cas qu'on parle aujourd'hui... parce
que je pourrais énumérer toutes les... qu'est-ce qu'il a énuméré, mais je vais
aller spécifiquement sur les commissions
scolaires. Vous savez, les commissions scolaires, c'est des élus qui sont élus
démocratiquement. On parle justement d'un
faible taux de participation. Mais est-ce que la population connaît vraiment
le travail des commissaires?
Vous savez,
moi, je me suis promené beaucoup dans... je me promène régulièrement dans ma
circonscription, mais j'ai posé cette
question-là pour avoir vraiment le pouls, qu'est-ce qu'ils en pensaient, de ce
projet de loi là, bon, est-ce que le
gouvernement faisait fausse route, et tout. La majorité des gens, ils m'ont
dit : Jean, on ne sait même pas qu'est-ce qu'ils font. Je n'ai pas d'intérêt. Soit que je n'ai pas d'enfant...
Donc, ceux qui n'ont pas d'enfant, ils ne sentent pas un intérêt d'aller
voter, donc, et c'est la grande majorité des gens que j'ai pu voir. Donc, les
gens qui sont intéressés, j'ai réalisé que c'est les gens qui ont des enfants,
qui ont un intérêt, ceux qui ont des enfants ou encore, comme moi, des grands-parents qui sont intéressés à l'éducation
constante de leurs petits-enfants. Parce que, vous le savez, de plus en plus,
les grands-parents sont appelés à venir en
aide, justement, aux parents, qui ont des vies un peu mouvementées souvent.
Donc, en dehors de ça, donc, ça élimine beaucoup de gens qui ont un intérêt
d'aller voter.
Moi, je pense
qu'on devrait plus travailler pour faire connaître ces commissions scolaires
là, faire connaître ces commissaires-là.
Moi, je prends mon exemple, à Vimont, qui couvre Vimont et Auteuil, bien, je
fais affaire régulièrement avec mes
commissaires. Et là vous allez dire : Oui, mais pourquoi tu fais affaire
avec eux? Oui, parce que, des fois, il y a des problèmes qui survient dans des
écoles ou des problèmes qui survient dans des structures d'école qui font du
bruit. Et les voisins se plaignent.
Ils ne savent pas où aller parce qu'ils ne connaissent pas vraiment la
structure. Ils ne se sont jamais intéressés parce que les gens qui ont
venus me voir, ils n'ont pas d'enfant, donc eux, ils n'ont pas pensé d'appeler
la commissaire ou le commissaire d'école.
Par contre, c'est certain que, si tu aurais... ces parents-là, ces gens-là, ils
auraient eu des enfants, je suis pas
mal sûr qu'ils auraient eu ce réflexe-là. Mais ils sont venus me voir à mon
bureau pour me dire : Écoutez,
on a un problème. Bien, j'ai immédiatement appelé la présidente,
Mme Lortie, et de là on a fait une réunion avec le commissaire
d'école pour régler le problème.
C'est à ça
que ça sert, justement, les commissaires d'école. Ils sont élus par la
population, c'est des représentants, et je pense que notre devoir, c'est
plus à les mettre en communication avec les gens qu'ils représentent. Là,
qu'est-ce qu'on veut faire, on veut
simplement annuler une partie de la démocratie, parce que, oui, c'est une
démocratie. Oui, on revient encore avec du «oui, mais c'est 5,5 %».
Moi, 5,5 % de la population intéressée, comme je vous dis...
Si on va plus
loin... Tu sais, là, je pars des commissions scolaires parce qu'on parle du
projet de loi n° 40, mais, si on fait une relation avec les
élections qu'on a eues, nous, au gouvernement du Québec, le gouvernement qui
dirige actuellement, le gouvernement de la
CAQ, savez-vous qu'il y a 3,7 personnes sur 10 qui ont voté pour eux, en
partant? Si je continue plus loin, 48,5 % des maires ont été élus par
acclamation, contre 44,9 % pour les présidences de commissions scolaires. Puis, on se rappelle, c'est sûr, c'est
au niveau de 2014 parce qu'il n'y a pas eu d'autres élections par la suite.
Savez-vous que 75 postes de conseillers
municipaux et cinq postes de maires n'étaient pas comblés à la date d'élection?
Là, ça veut-u dire qu'il faut simplement
annuler ces postes-là? Donc, on va annuler automatiquement cette
représentation-là auprès de la
population parce qu'il n'y a pas personne qui se sont présentés, donc il n'y a
pas eu un intérêt. Bien non! C'est ça, la démocratie. Il y a des gens
qui ont décidé de ne pas se présenter, puis il n'y a pas eu de... Bon, sûrement
que ces postes-là, ils ont été comblés par
la suite. Mais, si on fait la même relation avec les commissions scolaires, je
peux vous dire... écoutez, je pense
que, si on veut valoriser la démocratie scolaire, bien, je pense qu'on a besoin
de ces commissaires-là.
• (11 h 40) •
On
pourrait... Il y a des suggestions qu'on pourrait faire : faire les
élections en même temps que le municipal. Si on veut couper les coûts, là, à un
moment donné, bien oui, ça en est, des suggestions, ça. Implanter le vote
électroniquement, on pourrait le
faire. On pourrait faire un test, là. Les gens, ils n'auront même pas besoin de
se déplacer. Et peut-être, justement, qu'on
pourrait avoir une participation plus grande si on prend notre responsabilité
aussi de faire connaître le rôle de ces commissaires-là. Puis, comme je venais de vous dire, peut-être modifier
la façon de faire la liste électorale. Tu sais, comme je vous le disais, la rencontre que j'ai avec les
citoyens, chez nous, bien, la majorité, ils disent : Écoute, Jean,
pourquoi je voterais? Je n'ai pas
d'enfant. Donc, ils n'ont pas un intérêt. Donc, pourquoi ne pas garder les gens
qui ont un intérêt direct, ceux, comme je vous le disais, qui ont des
enfants ou les grands-parents qui s'occupent de ces enfants-là?
Juste donner
un exemple. À Laval aux dernières élections scolaires, près de
9 800 personnes ont exercé leur droit de vote. Là, je parle de Laval. Après le projet de loi n° 40, au
plus 484 personnes pourront voter pour les membres du C.A. C'est incroyable, 484 personnes
seulement au lieu de 9 800. Ça, ça veut dire qu'on annule la démocratie
dans une instance. Écoutez, même
quand on voit le DGEQ, le Directeur général des élections, de dire :
Écoutez, faites attention, vous touchez vraiment à des démocraties, moi,
je pense qu'il a raison, je pense qu'il a raison, on y va directement, là,
qu'est-ce qu'on fait actuellement. Et puis au plus 460 parents pourront se
présenter comme candidats au C.A.
Quand vous
regardez aussi les C.A., le travail qu'ils vont avoir à faire... Le premier
ministre tantôt disait que ça, on décentralise. Non, non, on centralise. C'est
l'inverse qu'on fait, on centralise. Regardez le nombre de projets de loi
qui sont abrogés ou modifiés avec le p.l. n° 40. Bien, s'il y en a autant, là, bien, c'est des droits qu'on enlève
justement aux citoyens. Là, on va dire : Oui, mais
c'est autre chose. Non, mais regardez les responsabilités que les gens vont
avoir à cet endroit-là. J'ai plus
l'impression que ça va être des gens qui vont tout simplement dire : O.K.,
oui, c'est beau... Parce que c'est des experts qui vont être là-dedans. Ça va
être un petit peu... excusez l'anglicisme, un peu des «rubber stamp». Ça
va être un peu ça. En tout cas, c'est l'impression que j'ai, et pas juste moi.
Quand je
regarde la majorité des gens qui sont contre... Parce que, là, j'entends à un
moment donné : Ah! c'est des
commissions scolaires qui sont contre les commissaires, ils veulent protéger
leur job, et tout. Non, on va arrêter là, là, parce que, là, c'est la population
qui commence à dire : Aïe! C'est assez. Il faudrait peut-être
mettre un cran d'arrêt pour le moment puis de revoir un petit peu plus.
Vous savez, tout à l'heure, le ministre en parlait quand qu'il a dit comme quoi qu'il
avait consulté deux commissions
scolaires sur 72. My God! Ça me fait peur, ça. C'est toute une consultation,
ça, Mme la Présidente. Vous savez, c'est comme :
Oui, j'en ai écouté deux. Il y en a 72 qui sont hors d'eux parce qu'ils n'en reviennent pas qu'on s'en va avec le projet de loi
n° 40, mais on continue pareil. On continue pareil.
Et, quand je
regarde tous les groupes qui sont contre, en partant des parents, pas des
commissaires d'école, là, des parents...
Puis, en passant, les commissaires d'école, il y a un bon nombre là-dedans,
c'est des parents aussi, hein? Il ne faut pas l'oublier, cette affaire-là. Oui,
il y en a qui vont dire : Oui, la FTQ aussi s'en mêle un petit peu. Bien, écoutez, là, si
la FTQ s'en mêle aussi, c'est parce
qu'eux autres aussi c'est des parents, puis eux autres aussi, ils ne veulent
pas que la démocratie... qu'on la perde.
Le Mouvement L'École ensemble, c'est-u le
commissaire d'école? C'est-u un syndicat? Bien non. Bien non. C'est des gens qui s'intéressent à l'éducation.
Puis là, dans tout ce brassage de structures là — parce qu'on va se le dire, là, c'est du
brassage de structures seulement — bien, il me semble, là, qu'à la place de
faire ce brassage de structures là on devrait penser pas mal plus à
l'éducation puis pas mal plus à mettre des plans d'action pour nos jeunes.
On le sait, j'ai ma collègue, ici, qui parle
d'autisme souvent, puis avec raison. Bien, peut-être qu'on pourrait peut-être porter une attention plus particulière
là-dessus. Et là je parle de ça, mais on pourrait parler TDAH, on pourrait...
Écoutez, je pourrais aller bien large, là.
Oui, nos jeunes ont besoin d'assistance puis d'être accompagnés. Mais, à la
place de faire un brassage de
structures de même, pourquoi qu'on ne pense pas plus à brasser, justement...
puis à s'organiser que nos jeunes aient un maximum de soutien?
On dit :
Ah! on va sauver de l'argent. Bien, j'ai bien hâte de voir ça. J'ai bien hâte
de voir ça, Mme la Présidente, parce
qu'en brassant des structures, là, par expérience, là, bien souvent, il arrive quelque
chose. Il arrive qu'à un moment donné il y a
des gens qui faisaient un certain travail, oups! ce n'est plus eux autres qui
vont le faire, ça va être un autre Oh! il faut en former. Non, il va
manquer du personnel quelque part.
Pensez-y, aux
directions d'école. Les directions d'école, là, là, on leur en met un petit peu plus sur les épaules. Et déjà, je
ne sais pas si vous avez fait le tour de vos directeurs d'école ou directrices,
ils en ont déjà pas mal sur les épaules. Donc, on va leur
en mettre encore plus. Non, moi, je pense que c'est une structure qu'il faut
garder absolument.
Actuellement, bien souvent, même, j'entendais, sur un point de presse, le premier ministre dire : Ah! écoutez, là, le Parti
libéral prend du temps en commission,
veut vraiment, je vais dire... je vais prendre ses termes,
filibuster, vraiment. Non, ce n'est pas ça qu'on fait. On essaie de faire
comprendre à du monde qu'ils s'en aillent pas dans le bon chemin. C'est ça qu'on fait actuellement, mais malheureusement
on fait la sourde oreille puis on s'en va sur le mur.
Moi, je pense qu'on devrait tout simplement
prendre un temps d'arrêt, regarder vraiment, penser à nos jeunes vraiment
parce que c'est bien beau que, là, on pense à nos jeunes, on pense au... Non,
non, ça, c'est des vieilles idées qu'on essaie de ramener, dire :
Il faut attaquer absolument les commissions scolaires à la place de les
valoriser.
Comme je vous
disais tantôt, oui, on peut faire des modifications. Bien oui, il n'y a rien qui ne peut pas être modifié, amélioré. Ça, c'est... à chaque jour, on essaie
d'améliorer des structures, bon. Mais là c'est juste un brassage de structures
pour faire un brassage de structures. Moi,
je pense qu'on pourrait regarder... il
y a des suggestions
que les commissions scolaires
ont amenées. Je pense que ça serait intéressant.
Tu sais,
l'impact, là, au niveau... Puis là je parlais des enfants handicapés, en difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage. Bien, je pense que c'est plus là qu'il
faudrait travailler. Mais aussi, là, on centralise, comme je vous disais tantôt...
j'entendais : Non, on décentralise. En tout cas, on n'a pas la même lecture, parce que c'est vraiment
de la centralisation. Comme je vous disais tantôt, tous les pouvoirs que
le ministre va avoir, ça, c'est de la centralisation.
Bon, les
écoles en région, là, parce que, là, maintenant, les gens vont pouvoir choisir l'école. Écoute,
moi, je voudrais aller... moi, je
travaille... je suis en région, mais je vais travailler dans la ville centre,
donc je vais m'organiser que mon enfant
va aller plus dans la ville centre. Mais on fait quoi avec l'école du secteur
où elle demeure, cette personne-là? Bien, parce qu'il y a des écoles, vous le savez comme moi ou je me
doute que vous devez le savoir, sûrement... bien, il
y a des secteurs qu'il n'y a pas beaucoup
d'élèves dans des écoles, si on parle vraiment en région. Bien là, là, si on veut vraiment, bien,
liquider une région, bien, c'est la bonne manière de le faire parce que, là,
les gens vont dire : Bien, écoute, je travaille, je vais l'amener. Bien,
moi, je ne travaille pas. Bien, regarde, je vais te l'amener à matin, je vais
l'amener, ton enfant, ton fils, ta
fille à l'école. Bien, ça, ça va faire que... Actuellement, tu sais, les commissions scolaires, eux autres, essayaient de maintenir ces
écoles-là, elles travaillent vraiment fort pour les maintenir, puis, en même temps, c'est de la vitalité pour des
petits secteurs, des petites municipalités. Bien, ces petites municipalités là vont payer la note. Elles vont payer la note, et, je vous
dirais, assez cher.
Vous savez,
comme je vous disais tantôt, moi, je regardais l'implication... Là, je parle
de Laval parce que moi, c'est...
Vimont fait partie de Laval. Et, comme je vous dis, j'ai toujours
travaillé avec les deux commissions
scolaires, francophone et anglophone,
chez nous parce que, dans ma circonscription, j'ai des écoles anglophones et francophones.
Et je pourrais vous dire que le travail
qu'ils font, ces gens-là, auprès de
la représentation des gens qui sont intéressés... parce que, comme je vous disais tantôt, il y a des gens
qui ne le sont pas, intéressés. C'est pour ça qu'ils ne vont pas voter. Comme
je vous disais, ils
n'ont pas d'enfant, rien de ça, pourquoi qu'ils iraient voter? Même, des fois,
ils se posent la question : Pourquoi
je paierais des taxes? Je n'ai pas d'enfant là. Je leur faisais comprendre
aussi, à ces gens-là, bien... Pourquoi, moi, je paierais le système de santé?
Je ne m'en suis pas servi, ça fait un bout, tu sais? C'est une question
collective, à un moment donné. Puis,
si on veut penser à notre avenir, si on veut penser à nos enfants, bien, je
pense qu'on a tout intérêt à y participer. Ça, c'est notre futur, ces
enfants-là.
• (11 h 50) •
Donc, je vous dirais,
je regarde juste le travail, l'implication des gens qui vont travailler, des
commissaires... 2018‑2019, là, je vous parle
de Laval : 31 séances de conseil des commissaires et ajournements,
29 séances du comité exécutif — là, je vous parle de la commission scolaire
francophone, imaginez-vous celle anglophone, ça doit se ressembler pas mal — 29
comités pléniers, six comités pour les ressources humaines, trois comités de
gouvernance, six comités dédiés à la
réussite scolaire. Jusqu'à date, là, dans 40, là, réussite scolaire, je ne l'ai
pas trop entendu, ça. Il me semble que ça devrait être la priorité. Là, on veut brasser des structures, mais je pense qu'avec tout
cet argent-là qu'on fait, bien, je pense qu'on devrait s'enligner là-dessus. Tu sais, je pourrais bien
vous parler aussi d'autres projets de loi qu'on a entendus, le n° 5 aussi, et d'autres.
Moi,
je pense que notre travail comme opposition, c'est vraiment d'essayer de faire
comprendre au gouvernement qu'ils
font fausse route actuellement. Et, comme je vous disais tantôt, il n'y a pas
juste nous qui le disons, c'est vraiment... il y a beaucoup de monde qui le disent. Là, il dit : Oui, il y a
une commission scolaire qui a dit qu'ils étaient pour, eux autres. Oui, oui, c'est beau, mais on peut-u
analyser aussi ceux qui sont contre? Parce que les gens ne sont pas
nécessairement contre pour être
contre, hein? Là, c'est ça qu'on essaie de dire à la population, mais, non, on
essaie d'être constructifs. Puis
d'ailleurs, depuis tout à l'heure, je vous ai donné des suggestions, mais des
suggestions qu'on ne veut pas entendre parce qu'on veut vraiment
l'abolition, tout simplement.
Donc,
on s'en va avec un régime où... on s'en va avec un système où les gens qui vont
être représentés par un petit groupe
de parents... parce que, je veux dire, ce n'est pas tous les parents qui vont
pouvoir voter là-dedans. Comme je disais tantôt, c'est à peu près 480 parents qui vont pouvoir voter au complet. Je parle toujours
à Laval, là. Et donc, au lieu de 9 800, bien là ça va être un petit
groupe qui va décider pour l'ensemble de la population.
Regardez,
juste pour le pouvoir du ministre, il
peut prendre par règlement, dans les 18 premiers mois de la sanction
de la loi, toute mesure utile à son
application. Ça, ça va. Il peut faire des règlements sur les élections des
membres du C.A., détermine par
règlement les règles éthiques et déontologiques des membres du C.A., élabore le
contenu de la formation, peut, par
règlement, prévoir les renseignements que doit contenir le rapport annuel du
CSS et du C.A. À la demande du ministre,
le CSS doit transmettre aux parents et au personnel tout document. Donc, le
ministre peut même envoyer des messages,
si j'en conviens bien, si je dis bien, là, le ministre lui-même peut même
envoyer des messages personnels aux parents.
Donc,
lui, là, il a tous ces pouvoirs-là, mais vraiment tous les pouvoirs. Bien, moi,
je trouve ça dangereux d'en donner
autant que ça. Puis là je n'ai pas fini, là, le pouvoir... J'ai fait juste une
page de mes notes. Il peut déterminer aussi les objectifs et les cibles sur l'administration organisationnelle et du
fonctionnement du CSS, partage des ressources avec les organismes publics, dont les municipalités et
les établissements d'enseignement privé. Oh! quand j'ai vu ça, là, c'est
comme : Wo! On y va fort, là. Je veux
dire, lui, il peut tout décider, puis il peut demander une analyse, puis obliger
le partage des ressources. C'est lui, le boss, lui, là : Je décide. Les
parents, là-dedans, ils sont où? Les parents, ils décident quoi, eux autres, là-dedans? Bien non, les
parents, comme je vous disais tantôt, là, dû au fait qu'on enlève les commissaires
d'école, les parents, là, ne sont plus
représentés vraiment, à part de petits groupes, là, comme je vous dis, et ces
gens-là sont vraiment à la merci de spécialistes.
Aïe!
Des C.A., là, j'en ai fait pas mal dans ma vie, là. Comprenez-vous? Je connais
un petit peu les C.A., c'est quoi.
Puis, quand que tu es un bénévole, surtout dans une commission d'école — écoutez, j'ai été parent puis j'ai été aussi
dans une école, je faisais partie du comité
de l'école — qui
qu'on entend? On va écouter les spécialistes venir parler. On va les écouter puis on va se dire : Aïe! Ça a
bien de l'allure, mais on ne connaît pas ça. Les parents qui vont être là, ils
ne connaissent pas ça. Ils n'auront
pas l'expertise pour dire : Non, non, je ne suis pas d'accord ou quoi que
ce soit. Donc, comme je vous le dis tantôt, ça va être un petit peu des
«rubber stamps» qui vont décider, qui vont juste faire ça.
Et
les parents qui ont des problèmes, là, que ça soit au niveau du transport
scolaire, que ça soit au niveau... Moi, je veux mon école, mon fils ou ma fille, j'aimerais ça qu'ils soient
plus à cette école-là, c'est qui qui va décider ça? Bien, ça va être un employé. Ça ne sera même pas
quelqu'un qui est comme redevable à la population. Donc, c'est quelqu'un,
un employé... C'est comme si vous appeliez à
ce moment-là à Hydro-Québec, je donne ça en exemple, puis si vous êtes capables de les rejoindre, en passant, là, mais,
quand vous les appelez... puis dire : Aïe! J'ai un problème, moi, là, avec mon enfant. J'ai un problème avec le transport. J'ai un problème...
peu importe le problème. Bien non. N'oubliez pas, là, vous allez être obligés de faire le 1, le 2, puis
là d'attendre, puis, si vous êtes chanceux, bien, vous allez avoir quelqu'un
qui va vous répondre. Comprenez-vous?
Donc,
c'est ça, moi, je
pense, centraliser des pouvoirs, bien, c'est d'ignorer pas mal les régions.
Malheureusement, on enlève des
pouvoirs aux régions, et c'est les parents qui vont en payer la note. Et, si les parents en paient la
note, j'ai peur que les enfants en
paient la note aussi. Et je pense
qu'une école, bien, ici, il faut penser aux enfants en premier parce qu'on est là pourquoi? Bien, on est là pour notre
avenir, puis les enfants, c'est notre avenir. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. M. le député
de Matane-Matapédia, la parole est à vous.
M. Pascal
Bérubé
M. Bérubé :
Mme la Présidente, le gouvernement de la Coalition avenir Québec nous a conviés
à un chantier sans précédent en faisant
de l'éducation sa priorité. C'est ce qu'ils nous ont dit en campagne
électorale, dans le discours inaugural, à maintes reprises en Chambre.
Jusqu'à
maintenant, cette priorité à l'éducation, elle s'illustre à travers deux choix,
deux choix de sujets à apporter à la
discussion collective. Le premier, la création des maternelles quatre ans. Une
question qu'ils adressent à la population,
mais que la population ne se pose pas. Les maternelles quatre ans, on l'a vu
aujourd'hui dans un sondage Léger, très
forte opposition des parents, les premières personnes qui sont concernées.
C'est une question qu'on ne se pose pas. L'enjeu, c'est des places en
service de garde.
Je
ne sais pas comment ils sont arrivés à en faire une priorité nationale, je ne
sais pas qui a convaincu le premier ministre
d'en faire une priorité nationale, mais, pour la Coalition avenir Québec, dans
son grand chantier en éducation, un réseau
parallèle de maternelles quatre ans... Et c'est tellement une priorité que le
premier ministre a mis son siège en jeu pour ce changement.
Mais ce n'était pas
tout parce qu'on a voté la loi. C'était sans compter un changement de
structures, de la paperasse, de l'administration. En ce qui nous concerne,
transparence totale. Le Parti québécois, lui, c'est la réussite scolaire. C'est ce qui nous importe. Et les façons
d'y arriver sont connues : meilleur encadrement des élèves, des moyens à la disposition des écoles pour avoir davantage
de ressources en appui, de belles écoles, valoriser la profession enseignante.
D'ailleurs, n'est-ce pas le gouvernement qui
avait envisagé lui-même de changer les échelons à l'entrée dans la profession?
Je présume que ça fera partie des négociations des conventions collectives,
quoiqu'on n'en entend pas parler, et j'ai l'impression
que ça a été oublié. Donc jusqu'à maintenant, la CAQ, en éducation, ce n'est
pas les enjeux que je vous ai évoqués
qui sont nos priorités et qui sont partagés par un grand nombre d'écoles, c'est
créer des maternelles quatre ans, qui
n'étaient ni souhaitables ni réalisables et fortement contestables, et changer
des structures. Pas la réussite scolaire.
Ça
vient d'où, ça, Mme la Présidente, cette volonté d'abolir les commissions
scolaires? Alors, je vais vous le dire. Ça, ça fait partie de la dot de l'Action démocratique du Québec
lorsqu'elle a été happée par la Coalition avenir Québec. Alors, lorsqu'ils ont acquis, là, l'entreprise
ADQ, bien, la CAQ est arrivée avec un certain nombre de positions qui est
important pour ceux qui y avaient survécu.
Il y a quelques députés qui ont siégé à l'ADQ qui sont maintenant à la CAQ
pour qui c'était important. Puis l'abolition
des commissions scolaires, ça, c'était vraiment très important. Pourquoi? Ça
répond à quel critère? Essentiellement
un : le faible taux de participation aux élections scolaires. C'est la
raison. Et ça, là, ça répond à un critère fondamental pour le
gouvernement : Ça va-tu pogner? Le monde, là, ils vont-u jaser de ça en disant : Eux autres, ils l'ont l'affaire? Ils
vont abolir les commissions scolaires, ils vont tasser ce monde-là, ça va
coûter moins cher, puis on dégraisse la machine. C'est le critère. Et si
le critère est assez général aussi, ça va-tu pogner? Là, j'imagine les stratèges, là, qui se
réunissent : Nous autres, là, on n'a pas d'instance très sophistiquée, de
congrès, puis on n'a pas un
historique de militantisme, mais on a du monde qui suit les communications,
puis les «focus group», puis tout ça, puis,
le lundi, on arrive avec un certain nombre de sujets, puis ça, là, ça va
pogner. Alors, ça donne le projet de loi n° 40.
Alors,
nous on s'est mis à l'étudier, on s'est dit : Bon, ça vient de l'ADQ. Ils
ramènent ça : abolir les élections scolaires, donc les commissaires. Et ça
va donner quoi? Bien, ça va donner ce que ça a donné dans le monde de la santé
où les régies de santé des régions sont
devenues des CSSS. Exactement le même monde, changement de papier à lettres.
C'est ça que ça donne. Est-ce qu'il y aura des économies? Pas tellement. Pas
les jetons de présence des commissaires scolaires?
Alors, on va passer des commissions scolaires à des centres de services. C'est
la même affaire. Ils ne disparaissent pas. Pendant que vous regardez là,
ils passent là. C'est de la mystification, Mme la Présidente.
• (12 heures) •
Donc,
ça va prendre une instance qui va s'occuper du transport scolaire, des
bâtiments, de l'administration scolaire, des enjeux qui peuvent survenir en cours d'année scolaire, service de la
paie, etc. Mais ce ne sera pas les commissions scolaires, ça va être autre chose.
Donc, si, là, vous, là, vous êtes dans la catégorie : Moi, je n'aime pas
les commissions scolaires puis
j'aimerais qu'ils quittent, bien là, vous êtes la clientèle cible de la CAQ. Si
vous arrêtez là, ça va bien, sauf que,
si on vous explique que, non, finalement, ça va changer de nom, il va encore y en avoir une instance, vous, là,
vous dites : Je n'en veux pas,
moi, de bureaucrate. Il va y en avoir pareil parce qu'il faut administrer
le scolaire. Oui, c'est moins intéressant. Ça va être ça.
Puis
là les enfants, ils vont-u mieux réussir? Pantoute. Il n'y a aura pas plus de
ressources dans les écoles. À la marge, il va y avoir un peu plus
d'argent, mais c'est l'argent qu'ils vont devoir transférer aux maternelles
quatre ans parce qu'il va en manquer. On ne gagne rien, rien pour les
enfants, rien pour la réussite scolaire. Alors, pourquoi on fait ça? Parce
que ça pogne. C'est pour ça qu'on fait ça.
Chez
nous, comment ça va se passer? Commission scolaire des Monts-et-Marées,
commission scolaire des Phares, commission
scolaire Greater Québec — j'ai
une école anglophone dans ma circonscription — bien,
leur enjeu, quand je parle avec eux, c'est la réussite scolaire, comment
faire en sorte de recruter les spécialistes, des spécialistes qu'on connaît par
leur nom. Comment on fait ça? Bien, il y a une pénurie puis il faut intéresser
les gens à la profession.
Comment
on fait en sorte d'intéresser des nouveaux enseignants à se joindre au réseau
scolaire? Parce qu'il y a de moins en moins de monde dans les
facultés de sciences de l'éducation. J'en sais quelque chose, je suis un
diplômé moi-même du programme en
enseignement secondaire de l'Université
du Québec à Rimouski, peut-être
ne le saviez-vous pas. J'ai mon
brevet d'enseignement. Je pourrais enseigner, si je voulais, mais mes électeurs
ont décidé, depuis 2007, que la priorité, c'était de me reconduire à l'Assemblée
nationale. Alors, je fais une pédagogie à ma façon.
Une voix :
...
M. Bérubé :
70 %, quand même.
Une voix :
...
M. Bérubé : Je pensais que vous parliez de ce matin. Mme la Présidente, l'enjeu, c'est la réussite scolaire. Donc, parlons de la
réussite scolaire. Est-ce qu'on va atteindre l'objectif qui est voulu? Bien sûr
que non.
Et
là le premier ministre, je le connais, là, il n'a jamais cru à ça,
l'abolition des commissions scolaires. Il a défendu la position qu'on peut
refaire des choses différemment mais pas les abolir. C'était son cas quand il
était ministre de l'Éducation, c'était son cas quand il était au Parti québécois, mais là la fusion avec l'ADQ, ça venait avec ça. Alors, il faut
disposer de cette question-là au même titre
que Québec solidaire a disposé de l'alliance avec Option nationale. Ça venait avec. Alors,
c'est là que ça va se faire. C'est l'entente qui a été conclue.
Là,
ça va être compliqué, parce que les commissaires scolaires, ce n'est pas des
gens désincarnés. C'est des gens qui
s'intéressent à l'éducation. C'est souvent des parents. C'est des gens pour qui
l'éducation, c'est important. Bien sûr, ils aimeraient être élus par
beaucoup plus de monde.
Alors,
est-ce qu'on peut y voir... Nous, on avait déjà proposé que ça se fasse en même
temps que les élections municipales,
par exemple. Le monde municipal avait des réticences, c'est vrai. Mais il va
quand même falloir qu'il y ait des gens
qui gèrent la fiscalité scolaire. On paie des taxes scolaires, qu'on ait des
enfants ou pas. Alors, c'est une question qui va encore se poser. Le
réseau scolaire est important, puis il y a des décisions qui se prennent, hein?
Moi,
là, régulièrement, il y a des gens qui appellent à mon bureau de circonscription.
Ils n'aiment pas le circuit de
l'autobus, ils posent des questions, c'était le cas lundi, sur les ressources
pour l'encadrement des tout-petits. Puis j'ai des enseignants qui me disent... Ils viennent chez nous une fin de
semaine, ils me disent : Moi, je suis rentré dans le réseau, mais là je veux peut-être sortir, parce que je
suis fatigué, parce que c'est difficile, parce qu'on n'a pas assez
d'encadrement, pas assez de valorisation. Ça, ça m'apparaît des enjeux
importants dans le réseau scolaire.
Quand
je me suis inscrit à la Faculté de sciences de l'éducation de l'Université du
Québec à Rimouski, il y a 25 ans cette
année, Mme la Présidente, c'était contingenté à 100 étudiants. Donc, il y
en a qui n'ont pas pu rentrer dans le programme. Maintenant, ils sont à
peu près 30, parfois moins.
Donc,
il faut rendre ça attrayant, puis, si on rend ça attrayant, on va avoir de
bonnes candidatures, puis ces bonnes candidatures vont faire une différence
dans la vie des enfants. Parce que qu'est-ce qui fait la différence pour les
enfants? C'est la passion des
enseignants. On se souvient tous d'un enseignant ou d'une enseignante qui a eu,
je dirais, une influence importante
dans nos vies. Malheureusement, on se souvient aussi de ceux qui ne l'avaient pas.
On va moins les... Quand vient le conventum, ceux-là, on va moins les
voir. Mais c'est important.
Alors,
dans la classe, ceux qui connaissent le mieux les enfants puis qui peuvent les
appeler par leur prénom, je vous fais
une révélation, c'est plus les enseignants que les directeurs. D'ailleurs, ceux
qui sont très, très près des enfants, habituellement, ils ne veulent pas
être directeurs. Ils aiment mieux être avec les enfants.
Donc,
on fait ça pourquoi? Ah! Ha! Bien, il se trouve que, dans le projet de loi, on
a découvert les choses. D'abord, le ministre actuel s'arroge des pouvoirs sans
précédent depuis la création du ministère de l'Éducation au début des années
60, d'abord, le pouvoir d'éliminer
tout contrepoids élu, légitime, qui pourrait lui offrir une critique, une
résistance. Quand même pas mal. Ensuite,
il a la possibilité d'écrire directement aux parents, sans intermédiaire, alors, pour
parler de sa vision de l'éducation. Encore là, moi, j'ai observé le gouvernement depuis plusieurs
mois, j'espère qu'il n'y aura pas de confusion des genres entre le gouvernement
et l'appareil partisan de la CAQ. C'est une tendance qui est à surveiller.
Ensuite,
cette tendance-là de s'arroger des pouvoirs sans contrepoids, elle existe ailleurs : elle existe au ministère
de l'Environnement, elle existe au ministère de l'Économie, elle
existe maintenant au ministère
de l'Éducation et elle existe certainement au bureau du premier ministre, qui, dans notre système démocratique, a un
pouvoir énorme. Le pouvoir du premier ministre sur l'Exécutif, sur le Conseil
des ministres est considérable, en temps de gouvernement majoritaire.
Ce
que je dis au premier ministre, que je sais épris de réussite scolaire... D'ailleurs, à l'époque où il était ministre
de l'Éducation, on accueillait deux
commissions scolaires chaque vendredi au cabinet, puis là on échangeait avec
eux sur comment on améliore la réussite scolaire, puis on partait des chiffres.
On a fait ça en 2000‑2001. C'était ça qui nous animait. Si la structure rendait ça difficile, l'atteinte de la réussite
scolaire, bien sûr qu'on peut regarder la structure. Mais ça ne semble
pas être le cas, ça ne semble pas être le cas.
Donc,
jusqu'à maintenant, les argumentaires, c'est : Ça va être populaire — ça, ils ne le disent pas publiquement,
tu sais, ils le laissent aller, tu
sais — on va
sauver un petit peu d'argent, ça ne vote pas fort, et là s'ajoutent des
préjugés comme, par exemple, de
dire... Ça, je ne le sais pas. Des fois, le premier ministre, il se fait dire
des choses la fin de semaine dans un
souper puis il nous arrive avec ça dans la semaine. Il fait ça souvent, hein?
Vous remarquerez ça. Il y a un souper, puis quelqu'un lui a dit quelque chose,
là, puis la dernière personne qui a dit quelque chose, il nous le dit. Je le
sais, que vous savez de quoi je parle, Mme la Présidente. Là, il y a quelqu'un
qui lui a dit à un moment donné : Les commissaires scolaires, là, c'est tous des libéraux. Ils
viennent des commissions scolaires, ils sont dans les instances, puis il y a comme
une corrélation parfaite. Non, je ne
penserais pas, moi. Moi, ma présidente de commission scolaire, c'était mon
enseignante de maternelle en 1980 à l'école Zénon-Soucy. Je ne l'ai
jamais vue au Parti libéral, puis les commissaires non plus. Chez nous, il y a des maires, hein, qui sont
commissaires, des maires de municipalité, ça fait qu'il y a ça. Alors, l'enjeu
«amis des libéraux», moi, j'y vois des
libéraux qui aiment l'éducation, c'est ça que je vois, puis il y en a au Parti
québécois, puis un des organisateurs
de la CAQ, là, dans mon comté, là, c'est un directeur d'école, tu sais, puis il
y avait des syndicalistes et toutes sortes de monde. Alors, on ne peut
pas compartimenter ça comme ça, les «petits amis de».
Tant
qu'à ça, là, il y a une motion, là, qu'on vient de proposer, là, sur des
retraités. Je me permets de faire juste une petite parenthèse. Le Parti
libéral, Québec solidaire puis nous, là, on a demandé à une grande compagnie,
un gros lobby, là, tu sais, le top des
lobbys, là, Power Corporation, de s'occuper des retraités qui vont perdre
30 %. Bien, c'est les seuls qui
n'ont pas voulu voter pour. Ça, c'est un lobby, pas les parents, pas les
commissaires scolaires, qui ne rentrent certainement pas en poste pour
l'argent.
Moi,
j'en ai, Mme la Présidente, contre cette volonté renouvelée de, un, centraliser
les pouvoirs à Québec auprès des
ministres. Les ministres ont des superpouvoirs. Vous êtes ministre de
l'Environnement, là, vous avez plus que la petite caisse, vous avez la caisse
au complet. Le Fonds vert, là, il est sur votre bureau, vous l'ouvrez, vous le
distribuez. Service minimum. Vous
êtes au ministère de l'Économie, là, tout ce qu'il vous manque pour faire
affaire avec le ministre, là, on est proches d'être rendus là, c'est un
numéro sans frais pour l'appeler directement. Ça, c'est la deuxième affaire. En
éducation, il n'y a plus de contrepoids. Les
ministres de l'Instruction de l'Union nationale n'avaient même pas rêvé à ça.
Alors, centralisation pour les ministres.
Ensuite,
volonté de mettre de l'avant des enjeux qu'on sait populaires, mais, lorsqu'on
les travaille, on se rend bien compte
qu'il y a des problèmes qui vont être occasionnés, puis
c'est nous, les parlementaires, puis des gens dans nos circonscriptions qui devront en prendre compte.
J'ai nommé tantôt des enjeux très pragmatiques : transport scolaire, les
bâtiments, la réussite scolaire, l'organisation des horaires, la discipline, le code de vie de l'école. Tout ça, là,
bien, il faut qu'il y ait quelqu'un qui gère ça. Alors, ça ne sera pas des élus. Ça va
être qui? Des gens nommés par le gouvernement,
comme dans les C.A. de l'Université du Québec? Ça va être ça? Ça va être
des amis de qui, eux autres? Ils vont avoir été choisis sur quelle base? La même que sur les CISSS? Je me méfie. Moi,
ils passent par moi pour ces affaires-là, hein, je peux vous le dire.
Alors, c'est ça que je crains.
• (12 h 10) •
Alors, dans
le projet de loi n° 40, pour les gens qui nous écoutent, on abolit les
commissions scolaires. Oh! Super! Donc,
il n'y a plus personne dans la bâtisse, les fonctionnaires sont mis dehors, on
vient de sauver de l'argent, c'est les directeurs
qui vont gérer ça, les directeurs qui, soit dit en passant, dans ma
circonscription, gèrent souvent
quatre écoles différentes. Ils vont gérer quoi? Ils vont décider, là, de
l'embauche du personnel dans les écoles? Puis le comité de coordination, il va décider de tel directeur qui
va à telle école parce que lui, on l'aime moins, puis tout ça? Ça va être ça?
Mais non.
Je suis
convaincu que les commissaires scolaires de chacune des circonscriptions font
de la représentation auprès des
députés. Moi, ils m'ont dit, là, qu'ils voulaient rencontrer ardemment... je ne
sais pas, si ça a été fait, je retire ce que j'ai dit, mais on m'a dit qu'ils voulaient rencontrer
le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata et l'omniprésente ministre responsable de la région
du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, des îles et de Chaudière-Appalaches. Pas
possible. Ça devrait. Ça vient avec le
travail. Alors, ils ne peuvent pas se faire entendre. Alors, ils se sont fait
dire : On s'en va là, envoyez la
rondelle dans le fond de la patinoire, ça achève, puis le mauvais moment va
passer. Bien, les mauvais moments sont à venir parce que ça donne une illusion, une illusion qu'on va améliorer
les choses. Mais on n'améliorera pas la réussite scolaire des enfants.
Vous savez,
hier, la ministre responsable des Aînés nous parlait de structures, aussi,
structures avec des portes, des
fenêtres, des poutres, des fleurs, de la musique à gogo, puis tout ce que vous
voulez. Ce n'est pas ça, la priorité. Je vais vous en nommer, des priorités, moi, puis je vais le ramener à
l'éducation après : plus de monde avec plus de temps pour les aînés, de la meilleure nourriture, de la
climatisation, des chambres qui ont de l'allure. Mon père a été trois ans et
demi au CHSLD de Matane, je sais de quoi je parle.
Commencez par ça, là. Ah! puis un deuxième bain. J'en ai nommé cinq. Commencez par ça. Quand ça sera fait, là, vous
lancerez le plus beau concours de design au monde, puis, oui, ils seront
bien, les aînés. Mais ce n'est pas ça, la priorité.
Alors, pour
les écoles : réussite scolaire. Priorité : valoriser les enseignants,
les enseignantes, qui connaissent, elles et eux, le prénom des enfants, à l'entrée de la profession
puis pendant la profession, avec du support. Ça, c'est la priorité.
Ensuite, des ressources de soutien, des belles écoles, des écoles sécuritaires,
des belles cours d'école, des gymnases. Combien
d'écoles présentement, au Québec, n'ont pas de gymnase? Nous, on en a réglé un,
cas, à l'école Saint-Victor de Petit-Matane.
Ce n'était pas prématuré, là. Ils faisaient leur cours d'éducation physique dans le sous-sol de l'église à côté. Ça a été vendu à un privé, puis le privé s'est
poussé avec les clés, ça fait qu'on n'avait plus accès. Là, on a eu un gymnase.
D'ailleurs, on le cherche toujours. Si vous le trouvez, vous nous le direz. Bon,
alors c'est là qu'on est rendus. C'est ça, les priorités, à l'éducation.
Alors, bien sûr
que les commissaires scolaires, ils défendent leur volonté de s'occuper de l'éducation. Tant mieux. Eux autres, ils disent : On est intéressés, nous autres, en plus de nos vies, de
notre travail, de nos familles, de nos occupations...
de s'intéresser à l'éducation dans notre milieu. Il me semble que c'est une
force, ça. Est-ce qu'on peut être plus efficace? Oui. Puis moi, je les rends
efficaces, hein? Quand j'ai des enjeux scolaires, là, je leur trouve le nom de
leur commissaire scolaire puis je leur envoie, un par un. Ils le
connaissent, après. Donc, c'est ça, la priorité.
Donc, je
termine, il me reste presque deux minutes, je reviens à l'essence même de mon
propos. Je n'avais rien préparé, mais j'avais ça bien en tête. Quand le
gouvernement nous dit : Ma priorité, c'est l'éducation... Il nous le dit
dans la campagne, il nous le dit au discours
inaugural, sur toutes les tribunes : Nous autres, c'est l'éducation, c'est
majeur. Bon, quand il nous dit ça...
Jusqu'à maintenant, maternelle quatre ans, le projet le plus controversé pour
les Québécois présentement. Le Léger
de ce matin est très clair là-dessus, maternelle quatre ans, personne ne
demande ça. Très controversé. Puis,
ensuite, un changement de structures pour passer de commission scolaire à autre
chose, les commissaires en moins. Pas sérieux.
S'il y avait
un projet de loi pour valoriser la profession enseignante, pour négocier des
meilleures conditions, à l'entrée,
des enseignants, pour les encadrer, pour ne pas qu'ils décrochent comme c'est
le cas présentement, ah! bien là, on touche
tout le monde puis on touche les enfants. On est tous épris des enfants. Mais
ce n'est pas un jeu partisan de dire : Ça n'a pas de sens, parce qu'on
perd du temps avec ça. Ce n'est pas la priorité. La priorité, c'est la réussite
des enfants. Les enfants, ils
consacrent beaucoup de temps à aller à l'école. Tant mieux. C'est essentiel.
Mais, en même temps, il faut que ça
fonctionne bien, il faut des enseignants motivés, du beau matériel didactique,
il faut que ce soit stimulant pour eux. Mais la commission scolaire est
loin de la classe des enfants. Moi, c'est ma perception, Mme la Présidente.
En conséquence, le Parti québécois,
lui, sa priorité, c'est la réussite scolaire. Ce n'est pas les structures. Et
je me demande comment on décide du
sens des priorités dans ce gouvernement. Qui a convaincu le gouvernement de
faire les maternelles quatre ans? On ne le sait pas. Mais il va nous
coûter cher pas à peu près. Un jour, on le découvrira. Qui a convaincu le gouvernement d'abolir les commissions
scolaires? Bien, c'est un vieil engagement de l'ADQ qui revient à la surface. Ça
doit faire partie des derniers gestes qu'il fallait poser pour totalement
assumer cette position du
gouvernement, qui dit : Le principal critère d'une politique,
c'est : il faut qu'elle soit populaire. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Je suis prête à reconnaître un
autre intervenant. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, la parole est à vous.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil :
Oui, merci, Mme la Présidente. Alors, Mme la Présidente, c'est... Depuis le
dépôt du projet de loi n° 40, qu'est-ce
qu'on entend à gauche, à droite, et vous l'entendez ici? Tous les députés et
tous les collègues des oppositions, tous
d'accord parce que... Pourquoi? Parce qu'on a entendu la population, on a
entendu les intervenants qui sont venus en commission parlementaire, et ceux qui ne sont pas venus en commission
parlementaire... à peu près trois quarts, c'est le chiffre rond que je vous donnerais, trois quarts contre le projet de
loi n° 40. Pourquoi? Parce que c'est une réforme qui va très, très loin, qui tisse très large et de
façon inquiétante, de façon inquiétante. C'est un brassage de structures. On
entend... On comprend bien ce
commentaire, un brassage de structures, mais, derrière ça, il y a une
centralisation des pouvoirs et l'élimination d'un palier démocratique
qui fait la force de notre réseau scolaire.
Comme
députés, on a tous... et on a entendu... moi, j'ai entendu mes collègues en
parler, on a tous l'expérience de
député, évidemment, et aussi on regarde les projets de loi, et on écoute les
gens, et on écoute avec attention. Et là, quand il y a un signal et un drapeau rouge, eh bien, c'est
le temps de respirer, c'est le temps de voir exactement quelles sont les
inquiétudes.
Le
premier ministre, ce matin, m'a inquiétée quand il a parlé de lobbys, de
lobbys, quand on parle de syndicats. Il parle de lobbys par rapport aux commissions scolaires, etc. Ce n'est pas
des lobbys, c'est des gens qui ont à coeur... qui sont passionnés par la réussite scolaire. C'est
des gens qui, soit parce qu'ils sont parents ou ils sont élus... des gens qui
sont tout simplement intéressés par la
réussite de nos jeunes, de nos enfants, et qui comprennent aussi la réussite du
modèle que nous avons. La Fédération
des commissions scolaires, d'ailleurs, a fait un plaidoyer très éloquent pour
montrer... Je n'irai pas dans le détail, j'invite les gens à lire les
mémoires.
D'ailleurs,
j'aimerais aussi saisir l'occasion de féliciter tous ceux qui sont venus en
commission parlementaire. Évidemment,
on est toujours heureux, quelle que soit l'opinion des gens, mais je vous
dirais que c'étaient des mémoires très
étoffés, très passionnés. Et les organismes se sont rassemblés, parce que
c'était la demande du gouvernement, pour présenter leur point de vue. Mais il y avait du matériel là-dedans pour
convaincre quiconque avait l'esprit ouvert, quiconque a l'intérêt de
l'avenir de notre réseau d'éducation, quiconque a l'intérêt de la réussite
scolaire de nos enfants.
Alors,
les critiques ont fusé de toutes parts, et le commentaire aussi, c'était :
Il faut réfléchir avant de brasser les cartes
comme on fait. Et d'ailleurs beaucoup de sagesse aussi, le Directeur général
des élections... et mon collègue le député de LaFontaine l'a souligné hier... c'est rare qu'on entend le Directeur
général des élections se prononcer en commission parlementaire sur un projet de loi quelconque, mais il est allé très
fort pour dire : Faites attention avant d'enlever... Au contraire,
il a dit : Je suis contre que l'institution qu'est le Directeur général
des élections... est carrément contre l'élimination de ce palier de
gouvernance.
Mais j'aimerais rajouter aussi, Mme la Présidente,
le fait d'avoir une distinction entre les réseaux... les francophones et
les anglophones, que les anglophones, même s'ils ne sont pas du tout contents
avec le modèle qui est proposé par le projet
de loi n° 40, maintiennent le suffrage universel et que les
francophones ne le maintiennent pas, ça, c'est ahurissant, je vous
dirais, très simplement. Moi, je suis issue de la communauté anglophone mais
éduquée en français avec, évidemment, dans
mon entourage, à Notre-Dame-de-Grâce, des liens privilégiés avec les
commissaires, notre commissaire. Je suis capable de témoigner de
l'excellence de son travail, tant du côté francophone qu'anglophone.
• (12 h 20) •
Et moi, je vous
dirais, c'est très périlleux d'avancer dans ce sens-là. Je suis surprise,
vraiment surprise que le gouvernement ne voie pas que ça, c'est malsain,
malsain. Parce que le rôle et les pas de géant qu'ont pu faire les commissions scolaires francophones pour avancer le
réseau de l'éducation au cours des 40 dernières années, il faut le saluer.
Et ce n'est pas un hasard, c'est parce que
les structures et la forme qu'on a pris a fait en sorte de faire réussir, donc,
nos étudiants. Et il faut être fier des progrès qu'on a faits. Il n'y a
pas d'échec dans notre... On le voit dans le taux de diplomation et toutes sortes d'autres indicateurs. Le mémoire en fait
état. Alors, je pense qu'il faut réfléchir et prendre le temps de réfléchir convenablement. Ces derniers
temps, les gens ont parlé aussi de faire des états généraux, une consultation vaste et large, entendre tout le
monde, que les gens et la population puissent prendre acte, vraiment comprendre
qu'est-ce qu'il y a dans ce projet de loi n° 40 qui nous inquiète tous,
ici, en Chambre, du côté de l'opposition.
Motion
d'ajournement du débat
Alors,
Mme la Présidente, j'aimerais présenter, à ce stade-ci, à la lumière de tout ce
qu'on a entendu, une motion qui se lit ainsi :
«Conformément
aux dispositions de l'article 100 du règlement, je fais motion pour ajourner
le débat sur le principe du projet de loi n° 40, Loi modifiant
principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à l'organisation
et à la gouvernance scolaires.»
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Tanguay :
Mme la Présidente, je vous demanderais de nous indiquer les temps de parole à
la vue de la motion qui est faite en vertu de l'article 100.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Alors, juste un petit instant. Ils vont nous donner le temps de parole.
On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 22)
(Reprise à 12 h 24)
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, avant de vous céder la parole, je vous rappelle que l'auteur de la motion
et un représentant de chaque groupe parlementaire ont
chacun un temps de parole
de 10 minutes et que l'auteur de la motion a droit à une réplique de cinq
minutes. Je vous cède immédiatement la parole, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil : Oui. Merci,
Mme la Présidente. Donc, je faisais état un
peu de tout ce qu'on a entendu ces derniers jours, et une vive, vive inquiétude qu'on va détruire quelque chose de très, très
précieux qu'on a dans notre système, dans notre
démocratie, je vous dirais, mais aussi dans notre système
scolaire. Et il y a la démocratie scolaire en soi qui est une valeur, qui fait en sorte que, dans sa forme et
dans la forme qui a été développée au
Québec au cours des dernières années, un
lien, je vous dirais, très formidable entre, d'une part, des élus scolaires,
actuellement sous sa forme, c'est des commissions scolaires, qui... Et
le mandat qu'ils ont, c'est d'assurer la réussite scolaire. C'est sûr que nous,
comme députés, je l'ai mentionné d'entrée de
jeu, on a l'occasion de voir le travail incroyable qu'ils font. Et on a aussi, comme députés, l'occasion de voir ce que
d'autres provinces ont fait. Et la préoccupation qu'on a, c'est de regarder, par exemple... D'une part, c'est le Nouveau-Brunswick qui avait aboli son palier démocratique et des élections, et, suite à
une grande réforme qui ressemble, à
quelque part, à la réforme que le gouvernement propose actuellement, imaginez-vous, ils reculent. Et là ils veulent reconstruire ce qu'ils avaient, peut-être
avec quelques changements, évidemment, parce qu'ils se sont rendu compte, en
enlevant ce palier-là, ça venait affaiblir.
Il y a la Nouvelle-Écosse qui a amené une réforme semblable aussi. Donc, ça, c'est des exemples
au Canada de provinces qui avaient la démocratie scolaire
avec le suffrage universel qui ont vu qu'ils avaient besoin de changement,
qui sont allés comme ils sont allés, qui ont
aboli, donc, le suffrage universel, et qui regrettent, qui regrettent maintenant les complications qu'ils ont
eues, et qui auraient voulu prendre plus de temps. Et là, eux aussi,
imaginez-vous, une autre province qui
regarde ça, qui dit : Ah! c'est le temps de revoir ce qu'on a fait parce
que le risque est juste trop énorme.
On le sait
très bien, on a deux grands réseaux, deux grands réseaux dans chacune de nos
provinces, mais aussi au Canada, évidemment, le réseau scolaire, le réseau de la santé. Et
c'est des piliers de notre démocratie, dans le sens... et de notre qualité de vie, parce que c'est des réseaux
publics, et, attention! prudence avant de brasser la cage et les structures,
et de penser que, par cette formule magique,
à quelque part... Et, on le voit bien, il n'y a rien de magique dans le projet de loi qui est proposé, il y a surtout une centralisation des pouvoirs auprès du ministre, auprès du ministère, et
c'est un ministère quand même... on
comprend qu'il a un grand, grand, énorme mandat, mais qui est reconnu quand
même pour son approche assez bureaucratique par la nature des choses.
Ce matin, il
y avait un article, donc, qui fait état d'une dizaine de groupes qui demandent
de mettre sur la glace l'abolition
des commissions scolaires. C'est sûr que c'est ce qu'on plaide depuis le début de
cette commission parlementaire. On
sait très bien que le gouvernement a fait une promesse, et ça fait plusieurs
années, ça remonte à l'ADQ, que c'était l'opinion de la CAQ, et de l'ADQ avant lui, que, les commissions
scolaires, il faut les éliminer. Pourquoi? Parce que, et la raison qui a
été donnée, faible participation aux élections scolaires.
Notre
argument, c'est : ne pas détruire l'institution, qui est extrêmement
valable, qui a donné des résultats, allons voir comment l'améliorer. Nous sommes tout à fait partie prenante de
cette idée d'améliorer. On le voit aussi. On voit les très bonnes choses qui
sont faites, mais on voit aussi que les améliorations sont possibles. Et le
Directeur général des élections, dans
son mémoire, au-delà du fait qu'il dit que c'est discriminatoire d'avoir le
suffrage universel pour un réseau et
pas pour l'autre... et d'ailleurs, il se prononce très en opposition à cette
recommandation... mais il dit qu'il est prêt à jouer son rôle pour aider le
gouvernement et les parlementaires à trouver une solution pour augmenter la
participation au vote. D'ailleurs, si vous
regardez du côté anglophone, la participation est beaucoup plus élevée. Donc,
ça serait tout à fait pensable,
imaginable d'augmenter... Certains ont proposé différentes formules, de faire
les élections, donc, en même temps
que les élections municipales. C'est une idée parmi d'autres, une idée parmi
d'autres, mais ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain. C'est Paul
Gérin-Lajoie.
• (12 h 30) •
D'ailleurs,
Paul Gérin-Lajoie a été beaucoup cité ces derniers temps. On le voit au cours
des dernières années. À chaque
fois... Puis il le disait : À chaque fois que les gens se plaignent de
structures, de bureaucratie, etc., ils vont toujours dire : Bien, abolissons les commissions
scolaires. Il dit : Faites attention. Ils ont permis au Québec de faire
des pas de géant dans son évolution
autant économique que sociale. Et c'est lui qui disait de ne pas jeter le bébé
avec l'eau du bain. Et ces sages paroles, pas
longtemps d'ailleurs avant son décès, c'était dans le cadre évidemment d'un
projet de loi que notre gouvernement avait
amené, et nous avons reculé, nous avons écouté ces sages paroles ainsi que les
sages paroles de tous les acteurs du
réseau de l'éducation qui connaissent bien les défis, premièrement, je vous
dirais, les défis du réseau scolaire, les défis de société que ça
représente, mais aussi qui apprécient beaucoup les avancées.
Alors, ce
matin, ce groupe-là... Donc, c'est publié dans Le Journal de Québec, et ça regroupe des syndicats, des regroupements de commissions scolaires, divers
acteurs du milieu de l'éducation, qui ont uni leurs voix pour réclamer
que le gouvernement mette sur la glace son projet de loi visant à réformer le
modèle des commissions scolaires. Ils souhaitent le mettre de côté pour
permettre de mener une réflexion sur l'avenir de l'école publique au Québec.
Et d'ailleurs
j'invite le ministre, mais j'invite aussi le premier ministre à écouter les paroles très sages du ministre de l'Éducation, qui lui-même a dit : «Y a-t-il
urgence à adopter le projet de loi n° 40? "Prenons le temps de bien faire les
choses."» Alors, moi, je recommande au ministre
et au gouvernement... bon, au ministre, de s'écouter, mais, au gouvernement,
d'écouter les sages conseils du ministre de l'Éducation. En effet, prenons le
temps. Vous savez, quelques mois, là.
On le voit,
mes collègues ont parlé de l'analyse de Michel C. Auger, je n'y reviendrai pas,
ce désir de toujours centraliser et faire en sorte que c'est le gouvernement
qui prend les décisions, qui fait la sourde oreille aux nouvelles propositions. Donc, il y a les promesses
électorales, mais, c'est vrai, tous les partis ont des promesses électorales,
mais, quand on arrive au
gouvernement, on représente tous les Québécois, tous les Québécois, pas juste
ceux qui ont voté pour nous. En
anglais, ça s'appelle «wedge
politics», dans le sens qu'on va
juste pour ceux qui ont voté pour nous. Là, c'est le temps d'agir pour tout le monde, et là ils ont eu
l'occasion, et il y aura beaucoup d'autres occasions, d'écouter. Si les gens
commencent à parler d'états généraux, c'est parce que les gens sentent le
besoin. Attention! C'est trop dangereux, ce que vous faites. Comment
va-t-on faire pour reproduire?
Et moi, je
pense bien que, si le gouvernement va de l'avant avec ce projet de loi et
l'adoption de ce projet de loi, on va se retrouver dans la même situation que
le Nouveau-Brunswick et maintenant, actuellement, la Nouvelle-Écosse. Et
évidemment le milieu va juste espérer que le temps... c'est-à-dire qu'il n'y
aura pas trop de temps écoulé pour faire trop de recul... je ne vais pas
être trop dramatique, mais de recul par rapport à, comment dire, tous les
progrès.
Alors, en une minute, juste vous dire, en tant
que députée... Parce que les gens apprécient, en tout cas dans Notre-Dame-de-Grâce, le rôle des commissaires.
Mais c'est des choses aussi simples et importantes comme la sécurité publique
pour les enfants quand ils rentrent à l'école. Alors, c'est le commissaire...
Des fois, c'est nous qui appelons le commissaire,
des fois c'est le commissaire lui-même ou elle-même. Donc, on dit :
Écoutez, comme parent, là, moi, je suis
inquiète, mes enfants, ça n'a pas l'air sécuritaire. Eux, ils vont appeler la
ville pour avoir plus de brigadiers. D'ailleurs, c'est le député de
Rosemont qui m'a fait penser à tout ça dans son intervention hier.
Ça, c'est un autre exemple, la glace...
Une voix : ...
Mme Weil :
Une minute, oui. Un jour, donc, la commissaire reçoit un appel du directeur
d'école : La cour d'école est
une patinoire, peux-tu m'aider? La commissaire — ça, c'est vrai, hein, c'est basé sur une
histoire vraie — appelle
la ville : Il faut absolument — c'était 6 heures du
matin — pour
la rentrée scolaire, de faire en sorte de déglacer.
Un autre,
l'autre jour dans notre comté, des parents, dépassés par les événements, ils
disent : Mes filles ne sont pas
inscrites. Ça, c'est au début de l'année scolaire. Mes deux filles sont dans
deux commissions scolaires différentes... deux écoles différentes, deux écoles différentes. Qu'est-ce qu'on peut
faire? On l'a réglé. La commissaire l'a réglé en 24 heures. Ça,
c'est juste un petit aperçu de la valeur de ces commissions scolaires et des
commissaires élus.
Alors, sans plus tarder, Mme la Présidente...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Oui, oui.
M. Tanguay :
...pour gérer nos travaux, est-ce que le gouvernement entend utiliser son
10 minutes? Par l'alternance... On ne veut pas passer devant
s'il...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui. Alors, on m'avait informée que le
gouvernement n'utiliserait pas son 10 minutes.
Alors, je suis prête à reconnaître Mme la députée de... voyons, de
Saint-Laurent, pardon. Alors, Mme la députée de Saint-Laurent, nous vous
écoutons.
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Merci. Vous comprendrez qu'à ce stade-ci, pour nous, c'est
important que le gouvernement reconnaisse
que, présentement, il n'a pas l'appui de la population pour aller de l'avant
avec le projet de loi n° 40, cette réforme de structure notamment, mais
aussi de démocratie, un enjeu fondamental. Ils n'ont pas suffisamment consulté.
Ce matin, à 9 h 57, le premier ministre lui-même l'a dit en réponse aux questions des journalistes.
Sur l'appréciation des Québécois quant à son gouvernement après un an au
pouvoir, il a dit : Bien, il va falloir qu'on soit plus à l'écoute, plus
humbles, et travailler plus fort. Bien, s'il
veut être à l'écoute, il faut qu'il arrête de parler des gens comme des
lobbyistes, les
lobbys, les lobbys. Comment peut-il croire sincèrement que le collectif
Debout pour l'école!, c'est un lobby, que le comité de parents de la CSDM, la plus grosse commission scolaire du Québec, des parents, là, qui, eux, demandent de faire un gros recul, marche arrière sur le projet de loi n° 40... Est-ce qu'eux sont aussi des lobbys? L'organisme
Je protège mon école publique, encore
ici, là, c'est plein de parents qui sont impliqués là-dedans. Le Mouvement
L'École ensemble, on a un père de
famille qui est parti, là, de l'Outaouais pour venir se faire entendre ici, qui
porte la voix de plusieurs autres parents,
qui dit : Non, le projet de loi n° 40, là, il n'aide en rien, en rien, la réussite
éducative pour nos enfants. On vous demande de reculer, de reporter, de
réfléchir et de faire preuve d'écoute. Cette écoute est grandement manquante.
Moi, je l'ai vécu, le manque d'écoute, dans le projet
de loi sur les maternelles quatre ans. Puis aujourd'hui le gouvernement de la CAQ se réveille, puis c'est un constat, les Québécois
l'ont clairement dit, ils ont dit : On ne vous suit pas dans les maternelles quatre ans parce
que vous nous imposez des affaires sans écouter nos réels besoins sur le
terrain. Ce matin, on avait même un collègue
qui a dit : Retournez dans vos comtés. Le problème, c'est que nous, on est
dans nos comtés. Non seulement
on est dans nos comtés, mais, savez-vous quoi, on s'est promenés. On a fait des
rencontres terrain, à défaut d'avoir suffisamment de temps pour les consultations
particulières ici, à l'Assemblée nationale.
On est allés
en Estrie. Constat, la réforme sur l'éducation, ils n'en ont pas besoin. Par contre,
des services aux élèves, ça, oui, ils sont preneurs. Mais ils ont
cherché dans le projet de loi n° 40, ils n'en ont pas
trouvé, des services additionnels pour les
enfants, pour nos tout-petits. Et ils ont dit la chose suivante : Nous, on
craint que... lorsqu'essentiellement,
à toutes fins pratiques, tous les pouvoirs sont concentrés ici, à Québec, dans les
mains d'une personne, le ministre de l'Éducation,
bien, nos petites écoles de village, est-ce que ça va rentrer dans un fichier
Excel ou c'est plus facile de dire : Mais, savez-vous quoi, vous avez 11 élèves ici, dans cette école,
embarquez-moi ça dans un autobus, ils vont faire 40 minutes de route, puis ils vont se retrouver dans une
autre école, puis, cette école de village, on la ferme? En Estrie, ils ont peur
parce qu'eux ce sont des commissaires et des parents qui se sont battus pour sauver l'école du village. Puis
un village qui n'a pas d'école, bien, c'est comme si, mettons, tu n'as
pas d'épicerie. Ça ne marche pas, le village ferme, il se meurt.
Par la suite,
Chaudière-Appalaches, même constat, ils ont dit : Bien, nous,
dans le projet de loi n° 40, là, on ouvre gros comme ça, là, le magasinage d'écoles. On invite les parents à aller
choisir à la carte leurs besoins puis dire : Ah! mais, tu sais quoi, moi, mon enfant, je l'envoie à une
autre commission, à un autre endroit,
à un autre territoire, ce n'est pas grave. Par contre, dans l'organisation des écoles, c'est grave parce qu'au
Québec, Mme la Présidente, même si le ministre semble l'ignorer, bien, oui, nous avons des écoles à cinq
élèves, 11 élèves, 25 élèves, comme on en a aussi à
1 000 élèves. Mais, en
région, le nombre est beaucoup plus petit. Et, si on permet le magasinage
d'écoles, on risque de voir, dans nos plus petits villages, des écoles fermer à défaut d'avoir un nombre suffisant
d'élèves. Et ici on n'a aucune garantie du ministre. Lui, il dit : Ce n'est pas grave; la liberté
de choix. Mais, pour les autres élèves, elle est où, eux, leur liberté puis
leur droit à avoir accès à une école de quartier, de proximité dans leur
propre village? Avons-nous pensé aux élèves?
• (12 h 40) •
Quand
j'entends le premier ministre, ce matin, parler avec une certaine désinvolture
par rapport aux syndicats puis
qu'eux, là, non, on ne cède pas au gros lobby des syndicats, bien, les
syndicats représentent des gens très importants pour nous, nos enseignants, vous savez, ceux qu'on essaie de retenir
dans la profession, ceux que l'Ontario fait des beaux yeux pour essayer
de les attirer en Ontario, puis ça fait cinq ans qu'on voit le nombre
d'enseignants quitter le Québec pour aller
en Ontario augmenter. Mais, au lieu de leur donner un magnifique bouquet de
mesures, tel que promis par le ministre
de l'Éducation, bien, c'est une grosse gifle qu'ils ont ramassée. On leur dit, aux enseignants, contre une décision
jurisprudentielle dès son arbitrage, on leur dit : Bien, savez-vous
quoi, les notes, là, ce n'est pas vous qui allez avoir le dernier mot, c'est le
directeur d'école. Ça, ça a été reçu comme une gifle, là, par toutes les
centrales syndicales. Ils ont dit :
Voyons donc! Le ministre de
l'Éducation, qui est un ancien
enseignant, un ancien frère d'armes, nous insulte, comment peut-il aujourd'hui
nous faire croire qu'il a lu le projet de loi?
Parce que
c'est impossible que non seulement il l'a écrit, mais impossible qu'il l'a lu. Parce
que, lorsqu'il était, lui, dans l'opposition, bien, savez-vous quoi, il déchirait sa chemise
pour dire : C'est fini, la majoration
de notes, le tripotage de notes, le
gonflage de notes. Au mois de mai dernier, il a fait la tournée des médias pour
dire : Je suis le nouveau ministre
en poste, et c'est terminé. Alors, pourquoi il a écrit noir sur blanc dans
l'article 34 qu'au Québec le directeur d'école, bien, maintenant, il a le droit de gonfler les
notes? Puis, pas ajuster, là, gonfler, là. Donc, si vous avez 65 %, que le
parent n'est pas trop
satisfait : Avez-vous un directeur d'école?, toc, toc, toc! moi, je ne
suis pas contente, montez-moi ça à 75 %, bien, le directeur d'école, il va aller voir l'enseignant : Eh! tu
sais quoi, tu as été un petit peu sévère, hein, tu le sais, hein, je
vais ajuster la note en hausse. C'est ça, son projet de loi.
Savez-vous
c'est quoi d'autre, son projet de loi? Des sanctions envers les enseignants.
Vous allez faire de la formation qu'on
va vous dicter à partir de Québec. Or, il y a déjà de la formation qui se fait.
Les enseignants le font sur leur temps, la formation. Il faut d'abord la reconnaître. Si c'est ça, valoriser la
profession d'enseignant, marcher à coups de bâton, au lieu d'aller avec
le bouquet de fleurs, tel que promis, on ne sera pas capable de valoriser.
La liste est
longue, très longue. Mais moi, j'aurais cru sincèrement que le ministre de
l'Éducation, après avoir fait face à
des enseignants qui ont fait le pied de grue devant son bureau la semaine
dernière, après avoir reçu des milliers, milliers de lettres
d'enseignants qui nous demandent de reculer sur son projet de loi n° 40...
bien, je me suis dit : Il va sûrement écouter les paroles du premier
ministre et, je répète, être humble, à l'écoute, travailler plus fort.
Je lui offre sur
un plateau d'argent de pouvoir démontrer qu'il est humble puis qu'il a réalisé
qu'il y a des lacunes importantes
dans son projet de loi. Ça va être la première fois qu'au Québec on inscrit
noir sur blanc que nos écoles publiques vont être au service des écoles privées. On n'a jamais vu ça. Là, ici,
il peut démontrer, là, qu'après s'être trompé à plusieurs articles dans son projet de loi costaud,
318 articles... bien, qu'effectivement c'est peut-être qu'il travaille
plus fort mais qu'il travaille plus fort en amont. Alors, ici, on nous
donne l'occasion de pouvoir réfléchir ensemble et de dire qu'effectivement il
est allé trop vite puis qu'il est en train de frapper un mur.
Lorsque
le Directeur général des élections au Québec commence à agiter un immense
drapeau rouge puis il dit : Attention!
Le projet de loi, là, fait mal à une démocratie, moi, à titre de ministre, si
j'étais lui, je m'inquiéterais. Quand j'entends
les francophones hors Québec nous regarder puis dire : Voyons donc! Voyons
donc, qu'est-ce qui se passe au Québec?
Comment ça se fait que la majorité francophone québécoise n'a pas droit de
vote? Comment pensez-vous sincèrement que
nos francophones hors Québec peuvent, eux, continuer à mener le combat pour le
fait français hors Québec? C'est inacceptable
d'avoir ici, chez nous, au Québec, deux classes de citoyens : des
anglophones qui ont le droit de vote, mais les Québécois francophones, pas de
droit de vote. Comment est-ce que le ministre de l'Éducation peut croire sincèrement
qu'il fait avancer le fait français au Québec avec ce projet de loi? C'est une
disgrâce.
Ça, Mme la
Présidente, c'est tellement de raisons pour qu'il saisisse l'opportunité puis
dire qu'effectivement il n'a pas
travaillé assez fort pour son projet de loi, il n'a pas été assez humble pour
son projet de loi puis, savez-vous quoi, il a manqué d'écoute. Maintenant, c'est le temps qu'il prenne exemple sur son
collègue le leader en matière d'immigration puis qu'il dise : Moi, je
n'attendrai pas que ça dégénère pour dire que je vais faire preuve d'écoute.
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, votre droit de réplique pour une durée de cinq
minutes.
Mme Kathleen Weil
(réplique)
Mme Weil :
Cinq minutes. Merci, Mme la Présidente. Alors, j'ai eu l'occasion de parler de
M. Gérin-Lajoie. C'est avec beaucoup d'émotion d'ailleurs que j'ai... Là, je
retrouve quelques passages de ce qu'il a dit, de ces paroles qui nous viennent
de son implication, du travail extraordinaire qu'il a fait. On a célébré d'ailleurs
sa vie après son décès. Et je relis quelques
paroles qu'il a prononcées, puis c'est comme une mise en garde bien sérieuse
que moi, je considère qu'il continue de nous faire, cette mise en garde. Alors,
je vous avais parlé de sa recommandation de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Il disait : «Il ne faut pas
que [des] problèmes qui font actuellement la manchette sur
la scène publique nous ramènent à la
conclusion simpliste d'abolir les commissions
scolaires [...] l'abolition des commissions scolaires, ancrées depuis
150 ans dans la réalité québécoise, pourrait avoir des conséquences dramatiques, notamment
la perte de contrôle des parents et des communautés sur leurs écoles, au
profit d'une gestion centralisée.»
Dans une
autre occasion, il disait que «les commissions
scolaires ont assumé une fonction de plus en plus politique, au sens propre et noble du terme : car,
confrontées à des besoins nombreux, variés et croissants, tous aussi légitimes
les uns que les autres, elles ont dû
apprendre à faire des choix, à arbitrer des demandes, à établir des priorités.
Dans le cadre des encadrements
nationaux, certes, mais aussi ayant à coeur une double préoccupation avec l'égalité des chances sur l'ensemble de leur territoire
et avec l'expression régionale et locale des demandes des parents.»
Je pense que
ces paroles, elles touchent à peu
près à tout. En fait, elles touchent
à tous les éléments dont on a parlé. L'aspect
régional, je regardais tous les groupes qui sont contre le projet de loi, ce qui m'a beaucoup impressionnée, et c'est émouvant, c'est de voir à quel point toute la
carte du Québec... ce n'est pas à dire que certains, ici et là,
pas d'accord, mais les
institutions qui ont été impliquées avec le réseau, engagées
dans le réseau scolaire, sont venues dire, soit en commission... ou se sont prononcées, ça veut dire que l'expérience a été, à quelque part, semblable un peu partout. Pourquoi? Parce
que c'est la démocratie. C'est ça, la nature même de la démocratie.
On fait
souvent état, ici, de divergences, des différences entre les régions,
les villes, etc. Mais, quand on parle de démocratie, c'est toujours le
même objectif, tout le monde va dans le sens... en tout cas, la démocratie nous
amène à réfléchir ensemble pour le bien
collectif. Le bien collectif passe par la santé de nos institutions, toutes nos institutions, autant
dans la santé que l'éducation, universitaire, primaire, secondaire, la maternelle quatre ans, les CPE, etc. Et c'est toujours
ces brassages de structures là qui viennent chercher les Québécois
dans leur âme et coeur, qui viennent chercher la fibre.
Et je dois
vous dire, personnellement, Mme la
Présidente, c'est vraiment
venu me chercher. Moi, j'ai été plus active dans le réseau de la santé,
toute ma vie, comme bénévole. Ça venait me chercher, autant chez, donc, la protection
de la jeunesse que les services sociaux, que la santé même. J'étais
présidente de la régie régionale. L'éducation, c'est un vécu, hein? Donc, on va à l'école, on apprécie nos
profs, etc. Plus tard dans la vie, quand on a des enfants, on commence à
apprécier... Bien, oui, c'est vrai, moi aussi, j'avais un prof comme ma fille
elle a, puis elle est vraiment formidable. Et là, quand on est en politique et
qu'on est députée, là, on voit vraiment la lumière que jettent ces acteurs de
la société civile, je dirais.
Alors, tout
ça pour dire que, ces voix, on doit les entendre, par la voix, en partie, de
Paul Gérin-Lajoie qui peut nous accompagner si on ouvre nos esprits, pour faire
en sorte de continuer cette consultation, bien réfléchir. Comme le
ministre de l'Éducation l'a bien dit, prenons le temps de bien faire les
choses. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Est-ce que
la motion d'ajournement du débat est adoptée? M. le leader de
l'opposition officielle.
M. Tanguay : Oui, Mme la
Présidente. Je vous demanderais un vote par appel nominal.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Alors, nous avons une demande de vote par appel nominal.
Qu'on appelle les députés.
• (12 h 50 — 13
h 5) •
La Vice-Présidente (Mme
Soucy) : Alors, je mets aux voix la motion d'ajournement du débat
proposée par Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mise aux voix
Les députés qui sont en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
La Secrétaire adjointe : M. Arcand
(Mont-Royal—Outremont),
M. Tanguay (LaFontaine), M. Leitão
(Robert-Baldwin), M. Barrette (La Pinière), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), Mme St-Pierre
(Acadie), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Nichols (Vaudreuil),
M. Rousselle (Vimont), Mme Montpetit
(Maurice-Richard), Mme Melançon (Verdun), Mme Ménard (Laporte),
Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne),
M. Fortin (Pontiac), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Charbonneau (Mille-Îles), Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis),
M. Derraji (Nelligan), M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Sauvé (Fabre), Mme Rizqy (Saint-Laurent),
M. Ciccone (Marquette).
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Nadeau-Dubois (Gouin),
Mme Ghazal (Mercier), M. Marissal (Rosemont), Mme Labrie (Sherbrooke), Mme Lessard-Therrien
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve), Mme Dorion (Taschereau), M. Zanetti
(Jean-Lesage).
M. Bérubé
(Matane-Matapédia), M. Ouellet (René-Lévesque), M. LeBel (Rimouski),
Mme Hivon (Joliette), M. Gaudreault (Jonquière), M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine), Mme Perry Mélançon (Gaspé).
M. Ouellette
(Chomedey).
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Les députés contre cette motion veulent
bien se lever.
La Secrétaire adjointe : M. Legault
(L'Assomption), M. Jolin-Barrette (Borduas), Mme Guilbault
(Louis-Hébert), M. Laframboise
(Blainville), Mme D'Amours (Mirabel), M. Girard (Groulx),
Mme McCann (Sanguinet), M. Fitzgibbon (Terrebonne),
Mme Roy (Montarville), M. Lemay (Masson), M. Simard
(Montmorency), M. Roberge (Chambly), Mme LeBel
(Champlain), M. Bonnardel (Granby), M. Lévesque (Chauveau),
Mme Lachance (Bellechasse), M. Lamontagne
(Johnson), M. Carmant (Taillon), Mme Blais (Prévost), M. Caire
(La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé
(La Prairie), Mme Laforest (Chicoutimi), Mme Rouleau
(Pointe-aux-Trembles), M. Skeete (Sainte-Rose), Mme Hébert (Saint-François), M. Dufour (Abitibi-Est),
M. Lacombe (Papineau), Mme Proulx (Berthier), Mme Charest
(Brome-Missisquoi), M. Schneeberger
(Drummond—Bois-Francs),
Mme Girault (Bertrand), M. Julien (Charlesbourg), M. Boulet (Trois-Rivières),
Mme Proulx (Côte-du-Sud), M. Lafrenière (Vachon), M. Poulin
(Beauce-Sud), M. Émond (Richelieu),
M. Bachand (Richmond), Mme IsaBelle (Huntingdon), M. Chassin
(Saint-Jérôme), Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. Bélanger (Orford), Mme Picard (Soulanges), Mme Jeannotte
(Labelle), M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Asselin (Vanier-Les Rivières), M. Reid
(Beauharnois), Mme Dansereau (Verchères), M. Lévesque (Chapleau),
M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais (Abitibi-Ouest), M. Campeau
(Bourget), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice),
M. Caron (Portneuf), Mme Grondin (Argenteuil), M. Girard
(Lac-Saint-Jean), Mme Lecours (Les Plaines),
M. Lemieux (Saint-Jean), Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac),
M. Lamothe (Ungava), M. Bussière (Gatineau), M. Allaire
(Maskinongé), Mme Guillemette (Roberval), M. Provençal (Beauce-Nord),
M. Jacques (Mégantic).
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Y a-t-il des abstentions ?
M. le
secrétaire général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 42
Contre : 66
Abstentions :
0
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Alors, la motion d'ajournement du débat est rejetée.
Compte tenu de l'heure, je suspends les travaux
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 9)
(Reprise à 15 heures)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, bon après-midi.
Poursuite du débat sur
l'adoption du principe
Vous pouvez prendre place, puisque nous
poursuivons nos travaux avec le débat sur l'adoption du principe du projet de
loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur
l'instruction publique relativement à l'organisation et à la gouvernance scolaires. Et
je suis maintenant prête à reconnaître notre prochain intervenant,
et ce sera M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Alors, c'est un plaisir pour moi de me prononcer sur le projet
de loi n° 40
sur la gouvernance scolaire. C'est un sujet qui est fort important pour nous et
peut-être plus particulièrement dans un milieu rural et éloigné comme le
nôtre, où les commissions scolaires jouent un rôle depuis nombre d'années, le rôle d'un intervenant important dans la
vitalité socioéconomique de notre territoire. Alors, de façon plus générale, je
vous entretiendrai aujourd'hui de mon
point de vue sur le changement de structures qu'on s'apprête à apporter,
également sur les économies qu'on
souhaite faire sur le processus démocratique qu'on s'apprête à abolir et
d'autres considérations.
Tout d'abord,
au Parti québécois, je pense que mes collègues se sont prononcés un peu de la
même façon que moi. Évidemment, ce
n'est pas notre priorité de brasser les structures scolaires au moment où on a
des priorités qui sont beaucoup plus
urgentes. L'idée de raffermir ou de renforcer la démocratie scolaire, pour
nous, c'est une idée qui est importante, qui est même primordiale, mais
qui ne nous autorise pas aujourd'hui à jeter le bébé avec l'eau du bain sans
avoir regardé toutes les options qui étaient
à notre disposition. L'idée d'abolir la démocratie scolaire, donc le vote de
tous les citoyens pour leurs
représentants commissaires pour gérer les taxes scolaires qui sont prélevées
dans le milieu, ne nous sourit pas aujourd'hui pour plusieurs raisons.
Je dirais que
la raison première pour laquelle ce n'est pas, pour nous, un débat qui est
utile et important aujourd'hui, c'est...
comme je le mentionnais, on n'a pas regardé toutes les possibilités de
raffermir le tissu démocratique qui donne lieu aux élections d'un groupe de commissaires et on a aussi de plus
grandes priorités, à l'heure actuelle. D'abord, les paliers de démocratie ne sont pas si nombreux dans
notre société. Les endroits où on peut débattre des grands dossiers de la société civile sont assez peu nombreux, et
on estime que la commission scolaire est un lieu fondamental pour débattre de
l'avenir de nos communautés et du Québec, dans la mesure où on priorise
l'éducation comme étant un vecteur d'avancement
et de développement de nos sociétés, comme on l'a fait depuis la Révolution
tranquille, en misant sur une meilleure
éducation des jeunes et des moins jeunes en favorisant une plus grande
accessibilité à l'éducation pour l'ensemble des Québécois. Le fait de pouvoir
en débattre, pour nous, est fondamental et de pouvoir aussi s'assurer que les
services soient offerts de façon équitable à l'ensemble des Québécois, peu
importe d'où ils viennent, de façon équitable à travers l'ensemble du
territoire.
Et aujourd'hui, après certaines réformes qui ont
eu cours il y a plus d'une... presque une vingtaine d'années maintenant, on compte 72 commissions scolaires,
qui ont, dans certains cas, un territoire assez vaste, mais qui ont encore
une résonnance et un pouvoir sur le
développement de l'éducation et sur la préservation des services, le maintien
des services et leur développement,
en fait, à travers les écoles qui sont dispersées à travers le territoire
grâce, justement, au travail des commissions scolaires et au travail des
commissaires.
Donc, plus spécifiquement, lorsqu'il est
question d'argumenter sur la vitalité de la démocratie scolaire, on vient souvent brandir ces chiffres sur la faible participation aux élections scolaires, notamment
sur le fait qu'il y a quand
même
un nombre assez important de commissaires qui sont élus soit par défaut, c'est-à-dire sans contestation, sans avoir à se mesurer à d'autres candidats,
ou encore par rapport au faible taux de participation aux élections scolaires.
Sauf que,
lorsqu'on y regarde de plus près, si 43 % des commissions scolaires... ou des commissaires, plutôt, sont élus par
acclamation, un comparatif utile pourrait être celui des élus municipaux, les
élus municipaux qui, dans une proportion
de 54 %, sont aussi élus de façon automatique lorsqu'aucun candidat ne se
présente aux élections, donc ils sont élus
par acclamation. Et ça, c'est les chiffres qui datent de la dernière élection,
soit 2017, et pourtant on ne conteste pas la légitimité de ces élus à travers l'ensemble du territoire québécois,
qui agissent au sein d'un conseil municipal et prennent des décisions
pour leur population.
Alors, je le
rappelle, il y a quand
même 54 % des élus municipaux
qui sont élus sans avoir dû débattre ou faire des engagements pour obtenir leur poste, ce qui est largement supérieur
aux commissaires dont on s'applique, depuis déjà plusieurs semaines et même voire plusieurs
années, à décrier le travail sous l'angle de leur représentativité, qui est
mise en doute. Moi, je pense que...
je n'ai pas entendu personne, là, qui a parlé de l'idée d'abolir les
municipalités où on n'avait pas des débats démocratiques et des
élections contestées.
Alors, ce
fondement-là au projet de loi me semble bancal et extrêmement faible. Mais, plus important encore, je pense qu'on ne réforme pas un système qui aurait peut-être
besoin d'avoir une petite impulsion en l'abolissant et en le remplaçant par une structure qui est encore moins
démocratique, qui est encore moins représentative de la population
que le centre de services ou que la commission scolaire doit desservir.
Alors, je
pense qu'un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. Et vous savez que le gouvernement précédent avait l'ambition de
pouvoir tenir les élections municipales simultanément avec les élections
scolaires. C'est aussi notre point
de vue. C'est aussi ce qui se déroule... ce qui a été retenu comme formule
dans la province voisine de l'Ontario et qui, ma foi, fonctionne quand même assez bien, puisque le taux de participation aux
deux paliers de gouvernance est à peu
près similaire et supérieur, donc, à ce qu'on trouve ici, au Québec.
Alors, on aurait eu et on a toujours une solution à portée de main pour pouvoir
stimuler la participation au processus électoral chez les citoyens.
D'autre part, je veux aller plus à fond sur la
question de la participation au processus électoral. Bon, on parle souvent de l'argument à l'effet qu'il n'y a pas de
représentation sans élection. Quand il est question de gérer les taxes, qu'elles soient municipales ou qu'elles soient
scolaires, les citoyens sont en droit de s'attendre à pouvoir demander
des comptes aux gestionnaires en
place, et c'est à travers le processus démocratique qu'ils peuvent le faire à
tous les quatre ans. Et je pense
qu'il ne faut pas négliger cet aspect-là parce que l'élection n'est
qu'un élément dans l'ensemble des processus de reddition de comptes qui ont déjà leur place au Québec depuis la Constitution.
C'est-à-dire que les élections, c'est un moment important, un moment charnière, mais que tout élu, qu'il
soit à l'Assemblée nationale, au conseil municipal ou au conseil des commissaires, doit rencontrer les
gens, doit rendre compte de ses décisions à travers les assemblées régulières
qui se tiennent à
chaque mois, à travers les représentations qu'ils font également,
ces commissaires, dans tous les événements qui ont un lien de près ou de
loin avec l'éducation.
• (15 h 10) •
Et, quand je
dis «de près ou de loin», c'est que, dans certains milieux, comme celui d'où je
proviens, la présidence de la commission scolaire est l'un des
partenaires de développement du milieu qui est associé à peu près à toutes les initiatives de développement du territoire.
Sur le plan socioéconomique, la commission
scolaire est l'un des leviers dont on
se sert pour faire avancer les projets. C'est un appui politique qu'on va
chercher. C'est souvent un appui, également, administratif
sur le plan des infrastructures, des équipements. C'est un acteur de premier
plan du développement et de la
vitalité des secteurs comme le nôtre. Et aujourd'hui la crainte que
l'on peut avoir chez nous, dans notre milieu, c'est qu'on perde, justement,
cette espèce de capacité à mobiliser le milieu de l'éducation pour le développement de projets de notre communauté.
Évidemment,
la question principale qui est débattue aujourd'hui, ce n'est pas le développement socioéconomique
de nos milieux, bien que c'est un élément fort important, mais c'est toute la question
de l'éducation et de l'accès à l'éducation de
façon équitable à travers l'ensemble
du territoire. Et c'est là où mes craintes sont les plus
grandes avec le projet de loi qui est déposé parce que, sous le prétexte de
vouloir décentraliser, en réalité — on
l'a vu au cours des consultations
particulières — il y a des éléments dans le projet
de loi qui permettent au ministre
de prendre des décisions qui étaient dévolues
au conseil des commissaires auparavant et qui étaient prises, ces décisions-là, parfois
avec l'aval du ministre, oui,
mais par un groupe de gens qui connaissent leur milieu, qui sont imprégnés de
la réalité des milieux, qui sont en contact aussi avec les autres acteurs du milieu de l'éducation, que ce soient les directions d'école, que ce soit le personnel scolaire, le personnel de soutien, enfin, les
professionnels, et aussi avec les parents. Donc, ce sont des gens du milieu qui
connaissent ce dont le milieu a besoin, et
qui peuvent donc réagir à des situations particulières, et qui peuvent surtout agir avec une vision de développement de l'éducation sur leur territoire et répondre aussi de leurs décisions à l'ensemble
de leurs concitoyens.
Le cas des
petites écoles a été amené à plusieurs reprises dans le débat ces dernières semaines. Et
moi, j'ai d'ailleurs déjà été
commissaire-parent, j'étais membre du conseil d'établissement de mon école,
et je ne vois pas comment, avec trois enfants à la maison, avec un emploi, avec
un certain nombre d'engagements dans les loisirs, aussi, de nos enfants, on puisse ajouter une responsabilité de membre de conseil d'administration pour gérer une machine administrative scolaire,
pour le transport scolaire, pour tout ce qui
est des équipements des commissions
scolaires et encore davantage
pour les écoles, l'ensemble, finalement,
du système local, et continuer des activités,
évidemment, qui sont celles qui sont les plus
importantes, c'est-à-dire autour du noyau familial et professionnel, et le
faire de façon quasi bénévole.
Je pense que
d'imposer ça à des parents... On sait que le nombre de parents va être important
sur ces conseils ou ces services... ces centres de services. Et on peut
présumer que c'est en toute bonne foi qu'on dit : On va remettre aux
parents le travail et la responsabilité du développement et du maintien, là, du niveau d'éducation et des services éducatifs dans
chaque région, dans chaque territoire, sauf qu'on va se heurter à la triste réalité des
agendas des gens, des parents. Et je pense que cette réforme-là va créer
une difficulté dans la représentativité des gens qui auront une responsabilité quand même importante de se rencontrer, de se
réunir, de tenter de trouver des solutions à toutes les problématiques qu'on
peut vivre, notamment la survie et le
maintien des écoles dans les petits villages. Et ça risque d'être extrêmement
difficile, donc, de stimuler la participation des administrateurs, donc,
l'engagement de ces gens-là et d'exclure le reste de la population qui peut être très intéressée par toutes les questions
éducatives, mais sans nécessairement avoir des enfants ou après en avoir eu un certain nombre. Donc, de
priver ces gens-là d'une place, des gens... même si on sait qu'il y a quand
même quelques places qui sont réservées, mais d'avoir pour eux la possibilité
de s'impliquer pleinement et en nombre plus
large, je pense que c'est une solution qui risque de se heurter à la dure
réalité, là, des régions en particulier, où les populations sont plus petites,
donc sont moins denses, et où les multiples tâches du quotidien vont
certainement prendre le dessus.
Les petites
écoles. Là où on veut donner
davantage de pouvoirs aux écoles, dans un milieu urbain où il y a
un grand nombre d'étudiants, où les infrastructures sont importantes, où même la direction et la direction adjointe
peuvent être quand même
assez solides, peut-être que la formule pourra fonctionner, là, après
certaines années d'adaptation. Là où j'ai beaucoup de difficultés à voir qu'une formule comme celle qui est proposée et qui va être
impliquée mur à mur... qui va être appliquée, plutôt, mur à mur à travers le territoire du Québec,
c'est dans les cas où on a des disparités économiques, des disparités socioéconomiques, en fait, et du territoire qui nécessitent et qui ont nécessité,
depuis une bonne vingtaine d'années, une espèce de péréquation des ressources au sein de la commission scolaire pour s'assurer, justement, du maintien des services dans l'ensemble
du territoire ou des territoires. Et c'est le cas dans la circonscription des Îles-de-la-Madeleine,
que je représente, où on a des petites
écoles avec 18 élèves, avec une cinquantaine d'élèves et d'autres qui vont
compter plus de 200 élèves. Et c'est
avec cette espèce de disparité dans la taille des écoles que la commission scolaire arrive à rééquilibrer les
ressources ou allouer des ressources pour pouvoir maintenir non seulement l'école et les services, mais aussi, comme d'autres l'ont dit
avant moi, la vitalité de chacune des localités, de chacun des villages.
Et ça vaut
pour l'école, ça vaut pour les services qui sont aussi offerts à l'école, que
ce soit, par exemple, dans l'offre
des services professionnels, toute la question de l'accès à des fournitures
scolaires ou à des livres aux bibliothèques, que
ce soit également, là, dans les loisirs ou, bon, enfin, dans les activités
parascolaires qui peuvent être offertes également. Je pense que la commission scolaire, aujourd'hui et, l'espère-t-on, encore demain, pourra
s'assurer que les écoles n'entrent pas
en concurrence les unes avec les autres dans leurs projets éducatifs, dans
l'attraction, leur pouvoir d'attraction des étudiants. Parce qu'il y a
aussi la question des territoires, là, qui va être modifiée. Là où on avait une
exception, maintenant ce sera ouvert
pour que les territoires d'appartenance ne soient plus respectés, en fait, ce
qui risque de, encore une fois, créer
un problème de dispersion des étudiants là où on aurait voulu consolider les
services dans certains secteurs. Si les projets éducatifs deviennent concurrents les uns
des autres d'une école à une autre, bien, on peut voir que certaines écoles
vont avoir de la difficulté à tirer leur
épingle du jeu, et ça, ce seront les élèves qui vont en payer le prix, les
parents qui vont également en subir
les conséquences et, bien entendu, l'ensemble des localités qui sont plus
fragiles, qui sont fragilisées pour des raisons socioéconomiques,
souvent, ou d'éloignement qui vont en payer le prix, et ça, c'est extrêmement malheureux. Là où on devrait favoriser la
complémentarité, on risque de voir un système qui va, au contraire, favoriser
la concurrence.
Chez nous, on
a, je dirais, la chance de ne pas avoir une offre de services de l'école
privée. Alors, l'ensemble des enfants
de ma circonscription ont la chance d'aller dans un service public d'éducation
qui offre la même chance à tous, où on
a les gens de toutes les couches sociales, de tous les milieux socioéconomiques
qui sont ensemble dans les mêmes classes, dans les mêmes écoles et qui peuvent avancer au même rythme, où, en
fait, on crée une certaine communauté à travers la disparité des élèves, de leur potentiel, et ainsi
de suite. Et, moi, ce que je ne voudrais pas, c'est qu'on crée un système
à deux vitesses là où il n'existe pas déjà,
et là où il existe déjà, créer un système à trois vitesses. Pour moi, ce n'est
pas la voie à suivre pour améliorer le système d'éducation au Québec.
En terminant, je pense que toutes les questions
liées à la persévérance, au décrochage scolaire, toutes les questions qui sont intimement liées, finalement, à
l'amélioration du système d'éducation
et tout ce qui concourt à donner, en
fait, un meilleur avenir à nos jeunes, c'est ce sur quoi on devrait investir à
la fois les fonds, mais également les ressources et les efforts. Et, en ce sens, comme les autres membres de ma formation
politique, nous voterons contre l'adoption du principe
de ce projet de loi qui va dans la mauvaise direction et dont les
conséquences risquent d'être fort négatives pour plusieurs de nos
milieux. Merci, Mme la Présidente.
• (15 h 20) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine. Et la prochaine intervention, ce sera M. le député de Nelligan,
et vous disposez d'un temps de parole de 20 minutes.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Merci,
Mme la Présidente. Commençons par le
commencement. Le projet de loi n° 40, Loi
modifiant principalement la Loi sur
l'instruction publique relativement à l'organisation et à la gouvernance
scolaires, présenté par le ministre
de l'Éducation, 1er octobre dernier,
revoit l'organisation et la gouvernance des commissions
scolaires. Elles deviennent des centres de services scolaires
administrés par un conseil
d'administration composé de parents,
de représentants de la communauté et de membres de leur personnel.
Donc, aujourd'hui, je vais avoir l'immense privilège de partager avec les membres de
cette honorable Assemblée mon point de vue par rapport à ce projet de
loi n° 40 qui, probablement, rentre dans la même
lignée des projets de loi caquistes qui font consensus, mais malheureusement pas un consensus pour le projet
de loi, mais un consensus
contre le projet de loi.
C'est un projet de loi trop rapide et qui
entraîne des mouvements de contestation d'envergure. Je pense, nous sommes en train de vivre quelque chose
d'exceptionnel, encore une fois, de la part du ministre de l'Enseignement,
qui... je commence à me poser de
sérieuses questions sur sa motivation à écouter son réseau avant... et ma
collègue le fait très bien, la députée
de Saint-Laurent... qui, à chaque fois qu'il se lève en Chambre, bien, il
écoute qui, finalement? Si on veut faire un projet de loi, la moindre des choses, c'est s'assurer que les gens
avec qui nous aimerions travailler et appliquer ce projet, au moins,
qu'ils nous soutiennent.
Donc, encore
une fois, la même logique caquiste, que ça soit en immigration ou d'autres
projets de loi, le projet de loi sur
l'hydroélectricité. Je ne comprends pas la logique, Mme la Présidente, derrière
l'entêtement et la façon avec laquelle ce gouvernement entreprend ses
démarches.
Rappelons une
chose très importante, ce projet de loi comporte 312 articles, touche
79 lois venant modifier de fond
en comble la Loi sur l'instruction publique. Et, avant même le début de l'étude
détaillée du projet de loi en commission parlementaire, des voix s'étaient élevées pour critiquer cette réforme
du gouvernement. Espérons que le ministre consentira à retravailler son projet de loi parce que, bien que
le gouvernement l'ait présenté sous la forme de l'abolition du nom des commissions scolaires, c'est un changement
d'envergure. Il faut arrêter de jouer avec les noms, Mme la Présidente. Ce
n'est pas juste un changement... une
abolition des commissions scolaires, c'est une réforme qui attaque nos
structures. Et, au bout de la ligne,
je me demande : Cette réforme ou cette abolition, est-ce qu'elle va
servir, en premier lieu, les élèves? Moi, j'aurais aimé voir, dans cette
plateforme ou dans ce projet de loi, la vision du ministre par rapport à
l'éducation, combattre le décrochage
scolaire. Mais non, on attaque les structures. On a dit qu'on va abolir les
structures? Bien, on va abolir les structures. C'est... donc, au niveau
du nom.
Et je tiens à rappeler la chercheuse à
l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques, l'IRIS,
Mme Eve-Lyne Couturier, qui a dit, qui l'avait rappelé, ne l'oublions pas,
mais pas seulement elle, que ce n'est pas uniquement... c'est un changement
d'envergure par rapport à ce qui est présenté par le gouvernement.
Rappelons
également que des enseignants avaient dénoncé avec verve l'attitude du ministre
dans le dossier du projet de loi.
Donc, normalement, un ministre de l'Enseignement... je vais me limiter à
l'Enseignement... pas l'Enseignement supérieur,
mais à l'Enseignement, doit avoir comme alliés les enseignants. Mais, même les
enseignants, Mme la Présidente, ils
ont dénoncé l'attitude du ministre dans le dossier du projet de loi n° 40,
qui consiste à modifier la gouvernance scolaire. Il agit, selon eux,
avec précipitation et inconsidération.
Mais, moi, ce
mot «précipitation», Mme la Présidente, je commence à l'entendre souvent, pas
uniquement dans ce projet de loi,
mais ça devient le mot d'ordre, je dirais même des projets de loi brouillons.
Donc, on ne consulte pas assez ou
parfois on fait semblant de consulter, mais est-ce qu'on écoute? Ça, c'est
autre chose, parce qu'on peut inviter... Et je pense que, si on veut utiliser une logique
comptable, sur les groupes reçus en commission, 27 groupes étaient contre sur
39, je pense, c'est plus qu'une majorité, étaient contre ce projet de
loi. Donc, à quoi bon faire des consultations, Mme la Présidente? Faire semblant qu'on écoute les gens? Les gens viennent, on
les a invités pour venir en commission, ils ont fait un travail remarquable, ils nous ont présenté des
mémoires, ils nous ont présenté leurs points de vue. Mais qu'est-ce qu'il fait,
le gouvernement, de l'autre côté? On continue mur à mur avec notre décision,
l'abolition.
Le
président de la fédération l'a dit, rien ne justifie l'empressement du
gouvernement. La Fédération autonome de l'enseignement ou encore la commission scolaire de Montréal, ils étaient
insurgés de ne pouvoir s'exprimer, avant que l'on daigne enfin les écouter. Ça a été très difficile, même, écouter
certains groupes. La fédération : Ce projet de loi, ni plus ni moins qu'une volonté du ministre de
l'Éducation de faire main basse sur le réseau des écoles publiques et de dicter
ses volontés. Je veux bien avoir un ministre
qui a une vision, une vision, mais une vision qui inclut le monde, une vision
où les gens vont pouvoir collaborer,
parce que nous sommes tous concernés par la réussite scolaire, Mme la
Présidente, chose carrément absente dans le langage du ministre par
rapport à cette réforme.
Pour
la FTQ, Mme la Présidente, il est clair que le plan du gouvernement est aussi
incertain que mince et que les réelles
intentions qui guident cette réforme relèvent davantage de l'idéologie
politique que d'une démarche orientée vers la réussite éducative des
élèves du Québec.
Là,
je vais prendre quelques secondes, Mme la Présidente, et je vais m'arrêter par
rapport à un point, l'idéologie politique.
Bien, on commence, encore une fois, à entendre qu'il y a de l'idéologie
politique dans pas mal de dossiers, pas uniquement l'enseignement. On le voit... j'ai moi-même vécu la même
idéologie politique, en plein été, face au plan de l'immigration. Et, à l'époque, au mois d'août,
j'ai levé des drapeaux rouges : Attention! Le moratoire sur le PEQ est une
très mauvaise idée. Pas besoin de vous expliquer la suite, Mme la Présidente,
ça a été clairement vu et démontré, un soulèvement
populaire par rapport à une décision carrément, je dirais, déconnectée de la
réalité. Mais le mot qui me tient, le
mot important, l'idéologie politique, ça, ce n'est pas moi, là, ça, c'est les
propos de la FTQ, ce n'est pas les propos du député de Nelligan. Donc, est-ce qu'on a en face de nous un gouvernement
qui gouverne avec une idéologie politique? Si c'est oui, bien, soyons beaucoup plus clairs, et qu'ils disent que le
but de ce projet de loi, avec l'abolition, a un point bien important et
il ne vise pas à améliorer les conditions des élèves et nos écoles.
Je
continue, Mme la Présidente. En commission parlementaire, la commission
scolaire Marguerite-Bourgeoys... Là,
quand on parle de faits, Mme la Présidente, cette commission scolaire, elle est
venue nous partager les résultats, hein, les résultats scolaires. Parce qu'avant d'entamer une réforme ou des
abolitions, on se pose la question : Pourquoi je vais entamer une réforme? Pourquoi je vais changer la
loi et pour qui? Ah! c'est des questions très simples. Taux de réussite,
Mme la Présidente : 80 %, ils
l'ont dit. Donc le ministre, de nulle part, sans consulter... moi, je dirais,
non, il a consulté, mais pas écouté,
hein, il faut faire attention. Il les a entendus, mais il ne les a pas écoutés.
Ça, c'est autre chose. 80 %, taux
de réussite, Mme la Présidente. Et là c'est un point très important parce qu'on
dit, au bout de la ligne, réformer quoi et pourquoi? Moi, je ne pense pas que le ministre, dans cette Chambre,
nous a convaincus une seule fois. Encore une fois, ma collègue députée de Saint-Laurent, à plusieurs,
plusieurs reprises, s'est levée pour demander le pourquoi et le but de
cette réforme.
• (15 h 30) •
Au
niveau des commissions scolaires, au niveau de bonifier et moderniser, la
plupart, ils étaient ouverts à l'idée de
moderniser, ils ont démontré une ouverture. Mais, encore une fois, Mme la
Présidente, ça a été un peu difficile d'avoir un échange ou un dialogue avec le ministre de l'Enseignement. Le moins
que l'on puisse dire est que le gouvernement parvient, en un temps record, à rallier contre lui des groupes en raison
de réformes rapides. Encore une fois, je vais prendre quelques secondes, Mme la Présidente... que,
probablement, ce gouvernement est devenu le champion, un champion, mais,
vous savez quoi, dans quel sens? Un champion de rallier le plus de groupes
contre lui.
Là,
ce n'est pas uniquement le projet de loi n° 40. Le projet de loi sur les
tarifs d'hydroélectricité, à part un groupe ou deux, la plupart des groupes qui sont venus en consultation, Mme la
Présidente, étaient contre ce projet de loi. On peut appliquer la même
logique sur d'autres projets de loi. Donc, maintenant, la question qu'il faut
se poser... parce qu'en fait ça commence à
être une habitude au niveau de ce gouvernement d'avoir un consensus contre lui
et non pas pour appuyer ses projets
de loi. Donc, encore une fois, un projet de loi mal ficelé, qui ne tient compte
de l'avis de personne, et j'ai pu en
faire le constat dans d'autres dossiers, comme je viens de le dire, Mme la
Présidente, et ça devient comme une habitude. Le gouvernement de la CAQ a donc déposé ce projet de loi, et, encore une
fois, en termes de nombre qu'il faut retenir, que nous sommes en train,
je dirais, d'étudier ce projet de loi, 27 étaient contre sur 39.
Maintenant, la
Fédération des commissions scolaires du Québec, elle nous a dit
clairement : Il n'y a rien pour améliorer
la réussite éducative des élèves et que le projet de loi ne repose sur aucune
analyse fiable qui permettrait de dire
que ce système améliorera la gouvernance des écoles. Donc, on se dit : Le
ministre n'arrête pas de vanter que son projet de loi va améliorer la gouvernance des écoles, mais il a oublié
une chose très importante, Mme la Présidente. Si on veut améliorer la
gouvernance, c'est pour un but bien précis : la réussite éducative aussi.
J'ai
eu l'occasion d'assister à une conférence du scientifique en chef, et il a
invité un économiste pour nous parler des
défis du système éducatif québécois. Et vous savez quoi, Mme la Présidente?
L'urgence des urgences, malheureusement, ce n'est pas les structures, c'est le décrochage scolaire. Donc,
j'aurais aimé que le ministre, avec son premier projet de loi... de se lever et d'avoir une réelle volonté
d'attaquer le vrai problème du décrochage scolaire. Là, maintenant, même la
Fédération des commissions scolaires du
Québec, ils nous ont dit qu'il fait fausse route avec son projet de loi parce
que son projet de loi, il n'améliorera pas la réussite éducative et,
loin encore, améliorer la gouvernance des écoles.
Maintenant, la
fédération des syndicats du Québec : «Ce projet de loi crée une inéquité qui
viendra éroder davantage l'égalité des
chances.» Eh bien, oui, Mme la Présidente, la possibilité donnée pour un enfant
de fréquenter une autre école que son
bassin mettra en danger la mixité qui avait pour effet de pousser les étudiants
vers le haut. Mme la Présidente,
l'actuelle Loi sur l'instruction publique permettait déjà de le faire, certes,
mais le fait de l'enchâsser dans la loi, cela va déstructurer complètement le réseau
scolaire. Un vrai mouvement de magasinage des écoles va se mettre en place,
qu'ils ne sauront les limites. Une école à
la carte ou probablement un Airbnb ou un autre Tinder des écoles, c'est ce que
nous voulons pour le Québec, Mme la
Présidente? Je ne pense pas que c'est ça, notre souhait en tant que
parlementaires, avoir poussé, avec
cette loi, un magasinage des écoles. Et, comme l'a rappelé la Fédération
autonome de l'enseignement, ce sont les plus favorisés qui seront
avantagés. C'est eux qui iront magasiner les écoles.
Donc,
encore une fois, un projet de loi qui rate la cible, un projet de loi qui
n'améliore pas la réussite éducative des
élèves et, en plus de ça, il va créer un mouvement d'inéquité. En tout cas, ce
qui est certain, c'est que l'on peut souscrire à leur opinion selon laquelle le projet de loi dénote d'une absence de
vision globale du système d'éducation au Québec, et là c'est très grave. Moi, je pense que c'est une phrase où il faut
s'arrêter parce que me faire dire, avec des partenaires, en tant que ministre de l'Enseignement, absence de
vision globale du système d'éducation au Québec, moi, je pense que je vais
prendre un pas de recul et commencer à écouter les intervenants. Ça démontre,
de la part des acteurs... c'est les alliés, Mme la Présidente. Normalement, c'est ces gens-là avec qui je vais
mettre en place ma vision, mais ils me disent, hein, d'une manière unanime : absence de vision
globale du système d'éducation au Québec. C'est très grave, Mme la Présidente.
Alors,
à date, qu'est-ce que nous recevons comme échos? Ce projet de loi laisse
comprendre que le ministre veut faire
main basse sur le service public, dénote une absence de vision globale,
n'améliorera pas la réussite des élèves, nivellera le niveau de réussite des
plus défavorisés et permettra le magasinage des écoles avec la création d'une
école à la carte pour les plus
avantagés. On pourra dire ce que l'on voudra, mais, l'on prête un tant soit peu
l'oreille au réseau, c'est extrêmement préoccupant, Mme la Présidente.
Ce
qui est le plus dramatique à part qu'il ne sert pas le système éducatif, ni le
mode de gouvernance, ni les élèves : il ne sert même pas les enseignants. La fédération autonome des
enseignants : « Ce projet de loi est un véritable mépris envers les enseignants.» Rien de moins, Mme la
Présidente. Elle l'a d'ailleurs rappelé dans un communiqué où elle rappelait
que la fédération représentait 45 000 enseignantes
et enseignants regroupant neuf syndicats présents dans sept régions. Il ne faut pas dire qu'on est le gouvernement des
régions si on n'écoute pas les régions. Quand même, Mme la Présidente! Capitale-Nationale, Laval, Montréal, l'Outaouais,
les Laurentides, l'Estrie, la Montérégie, en deux semaines,
6 000 lettres ont été
signées par des professeurs qui non seulement s'opposent au projet de loi, mais
qui exigent d'être respectés. Je me vois mal comment le ministre va continuer à
travailler avec son réseau. Il veut améliorer la réussite de ce réseau sans
avoir comme alliés les enseignants et
les enseignantes. Je dirais de quelle classe politique, mais probablement ça a
été déjà dit, c'est une idéologie politique et un entêtement,
probablement, qui le guident.
La
Fédération des syndicats de l'enseignement parle d'une indignation envers les
professeurs, que ce projet de loi
dévalorise. Il ne comprend pas dans quelle mesure on imposerait une formation
aux enseignants, alors que celle-ci pourrait ne pas répondre à leurs
besoins.
La
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec a tiré la sonnette
d'alarme. Ce projet de loi ne fait rien d'autre que de rebrasser les structures, ce qui n'est pas une priorité,
alors que le personnel des écoles, lui, a besoin d'aide réellement. Pourtant, ce qui apparaît en... tout
au long du texte du projet de loi est qu'il va créer de nouveaux leviers de
gestion axés sur les résultats, ce qui va
accroître la pression sur le personnel de l'éducation, alors que leur priorité,
c'est de s'assurer de la réussite des nos élèves.
Encore
une fois, Mme la Présidente, elle est où, la réussite des élèves dans ce projet
de loi? Et c'est là, la question primordiale. Qu'un ministre de l'Enseignement
ne mette pas comme priorité la réussite des élèves, pour moi, est un échec, un grand E, parce qu'un ministre de
l'Enseignement doit en premier lieu défendre l'intérêt de nos élèves. C'est ça,
l'important, Mme la Présidente. C'est la
relève de demain, c'est les leaders de demain et c'est eux, demain, qui seront
là, dans cette Assemblée. Quand on sait que le vrai problème, Mme la
Présidente, c'est le décrochage scolaire et que le ministre de l'Éducation se lève pour déposer un
projet de loi pour brasser les structures et non pas attaquer les problèmes
de fond, c'est un échec, Mme la Présidente.
Pitié pour eux! Pitié, Mme la Présidente! Lorsqu'ils réclament une bouée de
secours pour s'en sortir, ce gouvernement
leur jette par-dessus bord une enclume pour les nettoyer davantage. Quelle est
cette logique, Mme la Présidente? Comment raisonne-t-on au sein de ce
gouvernement? Quelqu'un pourrait-il m'éclairer, s'il vous plaît? Ça
commence à être une habitude.
À qui sert ce projet
de loi, Mme la Présidente? J'ai trouvé la personne. Je veux vous partager la
nouvelle : au ministre, au ministre, au
ministre. C'est hallucinant, cette volonté qu'a ce gouvernement de vouloir tout
centraliser en ouvrant l'immigration,
en économie et même dans l'éducation, en réalité des axes prioritaires du gouvernement.
Mme la Présidente, le moyen d'action
de ce gouvernement est la centralisation. Ils ne font aucun cas de l'avis ou de
la participation des gens. Vous
pouvez venir à nos consultations, on est gentils, on vous accepte, on vous
invite. Parfois, on fait allusion qu'on
accepte tous les groupes. Encore une fois, ma collègue députée de
Saint-Laurent... le dernier cas, hein, les fuites, on voulait entendre
pas mal de groupes, on s'est entendu sur quelques groupes. La représentativité,
la participation aux décisions publiques ne
sont pas, malheureusement, des valeurs auxquelles ce gouvernement souscrit.
C'est très dommage.
Les
régions, Mme la Présidente. Et je vois le temps filer, mais je vais aller très
vite. La commission scolaire des Hauts-Cantons a exprimé son point de
vue de manière claire : attaque sans précédent aux régions et aux dynamiques
régionales. C'est bien beau écouter le premier ministre dire : On écoute les régions. Je vous invite juste à faire une
revue de presse des régions et leur cri d'alarme par rapport à ce projet de loi. Si j'étais un élu caquiste dans une
région, je vais me lever et dire à
mon ministre de l'Enseignement : Ça suffit! Peux-tu juste venir écouter ma
commission scolaire? Je serais gêné, Mme la Présidente, maintenant, à la place
de certains élus caquistes en région pour défendre l'indéfendable et dire que
ce projet de loi aide notre système d'éducation.
Alors, Mme la
Présidente, j'espère que le ministre va faire un pas de recul, parce qu'ils ont
l'habitude maintenant. Le ministre de
l'Immigration a reculé; il est capable. Et j'espère que le premier ministre va
intervenir pour faire reculer son ministre de l'Enseignement. Merci, Mme
la Présidente.
• (15 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de Nelligan. Alors, je ne
vois pas d'autre intervenant. Alors, le principe du projet de loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur
l'instruction publique relativement à l'organisation et à la gouvernance
scolaires, est-il adopté?
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la leader adjointe de l'opposition officielle.
Mme
Melançon : Merci, Mme la Présidente. Je vous demanderais un vote par
appel nominal, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui. Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Schneeberger : Oui. Alors, Mme la Présidente, je demanderais
de reporter ce vote à demain, jeudi, lors des affaires courantes.
Vote
reporté
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, c'est très bien, le vote sur
l'adoption du principe du projet de loi n° 40
sera tenu demain, après les affaires courantes.
Maintenant, pour
connaître la suite de nos travaux, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Schneeberger :
Oui. Alors, Mme la Présidente, je vous demanderais d'appeler l'article 5
du feuilleton.
Projet
de loi n° 43
Reprise
du débat sur l'adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : À l'article 5 du feuilleton,
l'Assemblée reprend le débat, ajourné le 20 novembre 2019, sur l'adoption du principe du projet de loi n° 43, Loi modifiant la Loi sur les infirmières et les infirmiers et
d'autres dispositions afin de favoriser l'accès aux services de santé. Et, lors
de l'ajournement de ce débat, c'était M. le
député de Vimont qui avait la parole. Vous aviez utilisé
8 min 42 s de votre 20 minutes de temps de parole. Alors,
la parole est à vous.
M.
Jean Rousselle (suite)
M.
Rousselle : Merci, Mme la Présidente. Écoutez, premièrement, qu'est-ce
que j'avais dit, j'avais parlé justement que c'était vraiment un bon
projet de loi. Quand on parle de donner des meilleurs services à la population,
on ne peut qu'applaudir, c'est certain.
Écoutez, on pense juste à nos familles, on pense juste à nos voisins, et je
pense que tout le monde veut avoir un
meilleur service. Donc, l'objectif de cette loi-là... C'est pour ça que je dis
que c'est un bon projet de loi. Je
sais que l'ancien gouvernement avait pavé le chemin, vraiment, vers cette
direction-là puis je suis content qu'on ait gardé cette direction-là
pour, justement, que les infirmières praticiennes spécialisées aient plus de
pouvoir.
Je
pense que c'est un tout. Le service qu'on veut donner au niveau de la santé, ce
n'est pas juste les médecins. Même
si, à Laval, je parlais justement avec... L'Association des médecins
omnipraticiens de Laval, qui s'appelle l'AMOL, me faisait mention comme quoi qu'ils aimeraient ça avoir plus de
médecins. Mais, en dehors de ça, avoir plus de médecins, je pense...
d'avoir des infirmières praticiennes qui viennent s'ajouter, justement, à
l'offre de services, qu'on peut dire comme
ça, c'est les citoyens qui vont en bénéficier. J'ai entendu parler aussi qu'il
y a aussi les pharmaciens, aussi, qui ont plus de pouvoir. Donc, tout ça ensemble parce que le système de la santé,
c'est un tout, c'est un jeu d'équipe, je pourrais dire ça comme ça. Chaque personne va faire sa
pratique où il a développé des compétences, donc où il a été formé. Donc,
je pense que c'est un tout.
Je
donnais un exemple la dernière fois, je disais tout simplement qu'il y a des
médecins, même omnipraticiens, qui,
dans leur cabinet, vont demander assistance justement à des médecins
spécialistes parce qu'ils vont avoir un patient, puis c'est au-delà de leurs compétences. Donc, je pense, ça va être la même
chose au niveau des infirmières praticiennes. Elles vont y aller selon leurs compétences. Et je pense que les
infirmières praticiennes du Québec, la formation qu'elles ont, je pense, c'est reconnu au niveau, au moins,
canadien, je vous dirais, et peut-être mondialement. Parce
que je regarde juste la formation
qu'elles ont, nos infirmières du Québec, elles ont une formation plus grande
que ce que peuvent avoir leurs collègues, là, au niveau canadien.
Donc,
juste vous donner un peu d'exemples,
Mme la Présidente. Au Québec, juste au
niveau de l'enseignement théorique, et là je parle en heures, au niveau
du Québec, et ça, je vous parle des infirmières qui sont déjà
infirmières, là, donc on se
spécialise, donc c'est 630 heures, au Québec, comparativement... Je vais prendre celui qui est
le plus haut dans la liste parce que je ne commencerai pas à énumérer toutes les
provinces, mais juste pour vous dire qu'en Colombie-Britannique c'est 492
heures. Et on peut aller... Et le plus bas, c'est l'Ontario,
avec 273. Donc, vous pouvez voir qu'il
y a une grosse différence
juste là, au niveau... là, je parle de l'enseignement théorique.
Après ça, je
peux aller justement à l'enseignement clinique. Donc, c'est là que les
gens voient des dossiers. Ils peuvent
aller vraiment se parfaire. Au Québec, c'est de 910 à 980
heures. Et je prends celui qui est le moins... c'est l'Ontario,
encore une fois. Mais celui qui nous suit le plus proche, je vous
dirais, c'est le Manitoba.
Donc,
juste pour regarder, voir, la formation que nos infirmières praticiennes ont,
elles ont vraiment une excellente formation.
Elles sont vraiment reconnues. Et moi, personnellement, j'en connais
personnellement puis je peux vous dire que,
oui, des diagnostics, elles peuvent en donner puis... en tout cas, ceux
qu'elles m'ont donnés, vraiment, c'était superparfait.
C'est
certain, quand on va parler... parce que, comme je vous le dis, dans ma
famille, bien, mes amis, j'ai beaucoup d'amis
médecins, mais aussi j'ai beaucoup... ma femme est infirmière, donc j'ai
beaucoup d'amies aussi infirmières. Et puis des fois ils ont des différends. Comprenez-vous? Je le sais, puis les
discussions, des fois, ça a levé assez haut dans ma cuisine. Les infirmières veulent avoir plus.
Certains médecins disent : Bien, écoutez, je pense que vous devriez
peut-être nous consulter un petit peu
plus, vous n'avez pas cette formation-là. En dehors de ça, en dehors de ça,
moi, je pense qu'il faut vraiment
garder le focus vraiment pour la personne. Il faut garder vraiment le focus sur
les gens qui ont besoin de ces services-là de santé.
Et, peu
importe, là, que... l'infirmière que je vous parle ou du médecin, ils ont tous
à coeur, mais vraiment tous à coeur
le bien-être de la population. Ça, je peux vous assurer de ça. C'est des gens
qui sont vraiment dévoués, des gens qui vont même mettre leur qualité de vie de côté pour pouvoir donner
justement de très bons services. Donc, juste pour vous dire que ces
gens-là sont là avec des grandes convictions.
Je rencontre
souvent, comme je vous dis, l'Association des médecins omnipraticiens de Laval.
J'ai cette chance-là, à chaque année,
je les rencontre. Ils peuvent m'actualiser justement sur les défis qu'on peut
avoir à Laval, même si, à
Laval, vous savez, on est
bien... ça va bien, on a un hôpital, on a six supercliniques, on a des GMF, mais on attend toujours le 90 minutes. Vous savez, à un moment donné, j'ai
entendu ça dans une campagne, une certaine campagne électorale, que c'était pour s'améliorer, 90 minutes. Mais la promesse
est tenue pour le 90 minutes, hein? Je peux vous rassurer. Mais c'est juste que c'est en plus, ce n'est pas en
moins. Donc, c'est juste là le problème. Moi, je m'attendais à un moins, mais
c'est un plus.
Donc, c'est
pour ça que je pense que ce projet de loi là, il faut vraiment qu'il aille de
l'avant. Il faut vraiment qu'on aille
vraiment... qu'on focusse sur le bien-être de la population. Et, je pense,
c'est avec ça qu'on va pouvoir justement donner des meilleurs services
et aussi donner une éducation.
Vous savez,
je vais souvent à la Cité de la santé, qui est dans ma circonscription, avec
mes parents et, bien souvent, je
rencontre des gens qui vont là pour une grippe ou qui vont là pour un petit
problème incroyable, qui pourraient se rendre justement dans une
superclinique, ou dans un GMF, ou le médecin de famille. Mais l'habitude fait
que, bien, je suis malade, je m'en vais à
l'hôpital. Donc, je pense qu'il va falloir casser ça aussi. À un moment donné,
il va falloir faire de l'éducation
auprès de la population pour qu'ils puissent se diriger à la bonne endroit.
D'ailleurs, je sais que la Cité de la santé travaille là-dessus, fait un
excellent travail justement pour essayer de diriger les gens à la bonne
endroit.
Donc, juste
pour vous dire... Je vais arrêter là-dessus parce que j'en ai déjà dit pas mal
la dernière fois que j'ai pris parole,
mais juste pour vous dire que c'est un bon projet de loi. Mais il va falloir
effectivement regarder qu'est-ce que les infirmières praticiennes ont
comme pouvoirs à l'extérieur de la province, donc au Canada, et s'ajuster.
Et je salue
d'ailleurs l'ouverture des médecins de vouloir s'en aller dans ce sens-là. Je
sais que mon collègue de La Pinière
avait justement eu déjà des rencontres avec eux pour leur faire comprendre que
ça serait peut-être une bonne idée de s'en aller vers là. Et je pense
que, tous ensemble, ils ont compris... s'en vont justement pour le bien-être de
la population et laisser aller un petit peu plus les infirmières praticiennes
avec les connaissances qu'elles ont.
Donc, merci, Mme la Présidente, je vais arrêter
là. Merci.
• (15 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Vimont.
Et maintenant je cède
la parole à M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël Arseneau
M.
Arseneau : Merci beaucoup, Mme la Présidente. À mon tour maintenant de me prononcer sur
le projet de loi, qui, ma foi, est fort important
et intéressant et que nous appuierons, j'allais dire sans
réserve. Sur le plan du principe, ce sera
sans réserve, mais nous travaillerons à le bonifier suite aux consultations
particulières, qui ont été aussi fort instructives.
Alors,
j'aimerais, d'entrée de jeu, saluer le travail de la ministre
de la Santé, qui a accepté de prendre à bras-le-corps cette question de
donner plus d'autonomie aux infirmières praticiennes spécialisées, ce que notre
formation politique souhaitait, ce que beaucoup
de Québécois souhaitent également. Et je pense que ce rendez-vous doit être à la hauteur des attentes de la population
et évidemment des gens qui oeuvrent dans le milieu hospitalier.
Je veux aussi
remercier les groupes que nous avons rencontrés, et qui sont intervenus pendant
deux journées de consultations
particulières, et qui ont su nous
éclairer sur les aspects fort positifs du projet de loi et sur quelques-unes des failles ou des lacunes, nous
proposant donc certaines pistes de réflexion et de travail qui, je l'espère
bien, pourront être explorées ensemble en toute convivialité lors des
travaux d'étude article par article.
Ce projet de loi, c'est un pas de plus vers le
décloisonnement des professions et, je dirais, d'une meilleure utilisation des compétences de chacun dans le
domaine de la santé, donc d'une plus grande efficacité du système en tant
que tel et d'une meilleure efficacité des
investissements qui sont pratiqués par le gouvernement à la hauteur dont on est
tous conscients, c'est-à-dire qu'une part
très importante du budget de l'État du Québec est consacrée aux soins de santé.
Mais de pouvoir avoir un système encore plus
efficient, en s'assurant que chacun puisse aller au bout de l'exercice de ses
compétences de façon optimale, je pense que
c'est certainement la marche à suivre, la voie vers une meilleure accessibilité
et un système plus efficace dans les services de santé de première ligne.
Donc, comme je
le mentionnais, ma formation politique, le Parti québécois, proposait non
seulement de décloisonner, de donner
plus d'autonomie aux infirmières spécialisées, mais également d'offrir une
plage horaire plus importante encore à travers les CLSC, puisque c'est... de plus en plus,
on le voit, les horaires atypiques, dans une multitude de secteurs professionnels, nécessitent que le
système de santé s'ajuste et, de la même façon, puisse s'adapter, donc, à la
société moderne dans laquelle on travaille,
tout en leur offrant des services de première ligne de qualité et accessibles.
Donc, des cliniques qui soient ouvertes sept
jours par semaine, jusqu'à 21 heures le soir, c'est ce qu'on souhaitait et
c'est ce qu'on souhaite encore. C'est une proposition qu'on a faite et
qu'on va réitérer au gouvernement.
On
souhaiterait également qu'on puisse éventuellement explorer la possibilité
d'avoir des cliniques qui opèrent avec
des infirmières praticiennes spécialisées de façon beaucoup plus autonome que
ce qu'on voit actuellement dans le projet
de loi, qu'on puisse s'inspirer de la clinique SABSA pour rendre des services
au plus grand nombre, des services de qualité un peu partout à travers
le territoire du Québec.
Le
projet de loi n° 43, alors, si on révise un petit peu, revoit ce qu'il
contient, c'est qu'il permettra aux infirmières praticiennes
spécialisées de diagnostiquer des maladies courantes. Le projet de loi prévoit
que, pour ce faire, les infirmières doivent
répondre à six... le diagnostic doit comporter ou répondre à six
caractéristiques cumulatives auxquelles chaque maladie courante doit répondre pour qu'on puisse, comme
infirmière praticienne spécialisée, formuler un diagnostic, que les maladies aient les symptômes dits
habituels, spécifiques, avec un faible
risque de détérioration et une absence de préjudice grave — cette
définition-là, on y reviendra tout à
l'heure, pose un certain nombre de
problèmes — que
l'on puisse aussi prescrire des médicaments et déterminer la
prescription de traitements médicaux. Le projet de loi permet également
d'effectuer le suivi de certaines grossesses, qu'on puisse également,
du point de vue des infirmières, effectuer certains
examens ou actes réservés aux médecins, notamment en matière de santé et de
sécurité du travail, d'aide aux personnes et
aux familles, assurance automobile, de santé et de services sociaux et de
services de garde éducatifs à l'enfance.
Alors,
on appuie le projet, bien
entendu, je l'ai déjà
mentionné, le projet de loi et les efforts pour rendre les soins de santé et le système plus accessibles.
C'est une priorité, je crois, de l'ensemble des formations
politiques ici rassemblées.
C'est la raison pour laquelle je pense qu'on va travailler en toute
convivialité et efficacité pour enfin arriver à une loi qui nous permette
d'obtenir un meilleur service de santé, de meilleurs soins de santé aux meilleurs
coûts.
Par contre,
il y a certaines limites dans ce projet
de loi. Suite aux consultations, nous
avons pu comprendre, grâce à l'apport, et aux commentaires, et aux
réflexions, et aux analyses de certains groupes, donc, nous avons pu prendre connaissance de certaines préoccupations quant à la portée réelle et l'efficacité sur le terrain de certaines des mesures qui sont contenues au projet
de loi.
Plus
précisément, toute la question de l'autonomie des infirmières praticiennes spécialisées est sujette à débat. Et nous pensons que le gouvernement, dans l'étude
qu'on débutera, doit faire preuve de la plus grande ouverture possible pour s'assurer que cette loi, qu'on n'ouvre quand même
pas à chaque année, puisse aller au bout de ce qu'elle est capable de
nous offrir comme Québécois, comme citoyens, dans l'accès plus grand aux soins
de santé et aux services par les infirmières.
Nous
l'avons mentionné ce matin en période de questions et on va continuer de
l'affirmer parce que c'est quand
même
important de dire que nos infirmières
praticiennes spécialisées ont une formation
exceptionnelle, une formation
qui est vraisemblablement équivalente ou supérieure à celle qui est prodiguée à
travers l'ensemble du Canada, dans les provinces
où les infirmières peuvent pratiquer, sauf que ce dont on s'aperçoit aujourd'hui, évidemment, c'est la raison d'être du projet de loi,
c'est qu'elles n'ont pas les pouvoirs qui sont disponibles pour leurs collègues
de l'Ontario, par exemple, ou de la Colombie-Britannique. Et malheureusement ces pouvoirs ne seront pas aussi grands si le projet de loi devait être adopté
tel quel par l'Assemblée nationale. Même si leur formation, donc, est
supérieure, leurs pouvoirs d'agir pour rendre des services et des soins
aux citoyens du Québec seront encore inférieurs ou moindres à ce que l'on voit à travers l'ensemble du pays, là où les IPS sont utilisées, sont... en
fait, détiennent les responsabilités qu'on souhaite leur offrir aujourd'hui
chez nous. C'est un projet de loi, donc, qui, selon nous, pourrait aller
beaucoup plus loin.
Le diagnostic des
maladies courantes pose un certain nombre d'enjeux, suscite des préoccupations
quant à l'autonomie réelle qu'obtiendront
les infirmières praticiennes
spécialisées. Je vous parlais tout à l'heure des six caractéristiques cumulatives auxquelles chaque maladie
courante doit répondre pour qu'une IPS puisse diagnostiquer. Je les nomme.
• (16 heures) •
La
première, c'est une incidence élevée en
fonction de la classe de spécialité
de l'infirmière et, le cas échéant, de
son domaine de soins, la deuxième, des symptômes et des signes habituels, la
troisième caractéristique, une absence de
détérioration significative de l'état général de la personne.
Et là ce qu'on nous a fait valoir, c'est qu'au moment où on doit poser le diagnostic l'infirmière
praticienne spécialisée, selon une interprétation habituelle de ce que je viens
de vous lire, devrait anticiper si
l'état de santé de la personne peut se détériorer de façon
significative. C'est comme si l'on posait
un diagnostic sur ce qui risque de se produire, alors qu'évidemment
personne, pas les infirmières plus que quiconque, ne peuvent prévoir l'évolution de la situation
dans l'avenir, au moment de se poser la question à savoir si elles
sont aptes et compétentes à poser le
diagnostic. Donc, avant même de poser le diagnostic, il faudrait savoir s'il y a
des risques de détérioration ou une absence de détérioration, ce qui
pose un certain problème, là, dans le jugement que... auquel on s'attendra des infirmières
praticiennes spécialisées.
Des critères
diagnostiques définis, spécifiques et reconnus, c'est la quatrième
caractéristique.
Un
faible potentiel de détérioration rapide, c'est un peu le même enjeu que celui
que j'illustrais tout à l'heure, que la détérioration soit rapide, moins
rapide ou très lente. Comment peut-on, avant même de se dire qu'on peut poser
un diagnostic, deviner, ou imaginer, ou anticiper le potentiel de la maladie en
question, avant même le diagnostic?
Une
absence de potentiel de préjudice grave et irrémédiable, là aussi, il y a
une responsabilité qu'on semble vouloir faire porter à l'infirmière, avant même le
diagnostic, qui pourrait avoir des effets sur sa volonté de s'aventurer sur un
terrain qui a priori nous semble un peu glissant.
Alors, Mme la Présidente, ces caractéristiques sont à la fois nombreuses, et je pense qu'elles
prêtent à interprétation, comme j'ai
voulu le démontrer, là, brièvement. C'est une formulation qui va sans doute
provoquer des problèmes, des problèmes chez les IPS au moment de livrer ou de
développer un diagnostic. Et il peut y avoir, j'imagine, une plus grande
prudence de la part des IPS à, justement, s'assurer qu'elles puissent le faire
dans le respect des caractéristiques si la complexité
du processus est telle qu'elles doivent ensuite ou qu'elles puissent être éventuellement sommées de se justifier ou
d'expliquer la raison ou les raisons qui l'ont amenée à poser le diagnostic sur
la base de ces caractéristiques-là. Ça crée donc un risque de confusion aussi chez les praticiennes, mais ça
complique aussi éventuellement, là, la trajectoire du patient, qui pourrait, face à une infirmière, se voir
répondre que, compte tenu des critères, l'ensemble des cases ne pouvant être
cochées, bien, essentiellement, le diagnostic ne peut pas être posé, et on doit le rediriger ailleurs,
avec la perte de temps, de confort et
potentiellement aussi une détérioration de la situation pour le patient, qui
doit se déplacer dans une situation
qui peut ne pas être idéale pour lui
puisqu'il va voir l'infirmière, puisqu'il doit aller s'inscrire au système
de santé pour être soigné. Ce sont donc des restrictions qui peuvent
limiter le pourvoir de diagnostiquer de la part des IPS.
Et ce qu'il
est important de mentionner, c'est que, lorsqu'on se compare à
ce qui se passe dans les autres provinces, et notamment en Ontario, ce
genre de critères, ce genre de caractéristiques y est absent. Donc, ce sont des
conditions supérieures ou des contraintes,
des obstacles que l'on pose au travail des infirmières d'entrée de jeu de par
la loi, un carcan qui leur est
imposé, qui n'existe pas ailleurs, là où, selon toute vraisemblance, on va
chercher le meilleur des infirmières, le
plus haut degré d'implication et d'engagement de leur part, à la hauteur des
leurs compétences. Et on a de la difficulté à imaginer que le Québec, en ouvrant la porte à une plus grande autonomie
des infirmières, ne saisisse pas toutes les occasions pour aller tirer des infirmières praticiennes spécialisées le maximum, pour valoriser, bien entendu, leur
travail mais aussi pour améliorer les soins de santé qui sont offerts à
travers l'ensemble du territoire.
Ce qui m'amène à mentionner également qu'outre
la question du diagnostic le champ de pratique des IPS est beaucoup plus large ailleurs au Canada. Moi, je
suis plutôt de ceux qui défendent le fait que le modèle québécois est à bien des égards exceptionnel, dans une multitude
de domaines, et le fait qu'on regarde ce dossier-là en comparaison avec les provinces canadiennes, qui sont déjà en avance
sur nous, bien, je vous dirais que ça me fait un peu de peine, et de voir
qu'on a l'occasion d'aller plus loin, on a
l'occasion de faire un rattrapage, on a la chance de pouvoir se donner les
moyens de nos ambitions et on ne semble pas vouloir aller jusqu'au bout
de l'exercice.
D'ailleurs,
lorsque les infirmières elles-mêmes sont venues nous offrir leurs commentaires
sur le projet de loi, eh bien, je leur ai posé la question, à
savoir : Si on ne va pas jusqu'à avoir au moins une certaine parité, là,
dans les responsabilités et l'exercice, une
équivalence, si on veut, là, dans l'exercice de votre profession ici, si on
compare à la province voisine,
comment vous qualifieriez le projet de loi?, et on a parlé d'un projet de
loi... d'un rendez-vous raté. Et je pense
qu'on ne peut pas, aujourd'hui, rater le rendez-vous que l'on s'est donné et il
faut aller jusqu'au bout de l'exercice, jusqu'au bout de la réforme, et véritablement transformer le système
pour l'améliorer et le rendre plus accessible. Alors, si l'on a des
infirmières qui sont le mieux formées, pourquoi restreindre leur capacité à
exercer leur rôle?
Le but
premier, je le rappelle, du projet de loi, c'est, bien sûr, de désengorger
notre système de santé et le rendre le plus
efficace possible, aller tirer le meilleur de chacun des professionnels de la
santé qui exercent dans le système. Et, considérant, donc, que les
infirmières praticiennes spécialisées ont 10, 12 ans de pratique
professionnelle, qu'elles sont reconnues, appréciées dans le réseau... Il y a
même le comité des usagers du système qui ont comparu en parlant d'exemples, dont un exemple dans ma
circonscription, où les trois infirmières praticiennes spécialisées sont fort
appréciées. On aimerait également en avoir davantage dans le milieu,
parce qu'elles sont utilisées ou... on peut bénéficier de leur compétence au maximum. Et, particulièrement
peut-être en région et dans certains secteurs, qu'on ne le fasse pas à travers
cette loi serait certainement extrêmement dommage.
Donc, pour
nous, il est tout à fait important d'ouvrir le champ de pratique des IPS au
maximum pour répondre à l'objectif
d'une accessibilité beaucoup plus grande et efficace aux soins de première
ligne. Je le réitère, la loi, on ne l'ouvre pas tous les jours. C'est
l'occasion rêvée de passer à une étape nouvelle pour permettre, donc, une
réglementation qui demeure sécuritaire, et
qui soit claire quant aux rôles de chacun dans le domaine de la santé, mais qui
puisse véritablement bénéficier aux
citoyens et à la population de façon pragmatique, de façon efficace, que ce
soit applicable sur le terrain et que ça réponde réellement aux besoins
de santé des Québécois.
• (16 h 10) •
Toute la question
aussi de la scission entre la question de la santé mentale et de la santé
physique est un autre élément qui, selon nous, devra être approfondi. C'est la
préoccupation de certains groupes, qui ont commenté le fait qu'on ne puisse pas nécessairement... parce que certaines
infirmières praticiennes spécialisées le sont davantage en santé mentale
qu'en santé physique, et on voudrait éviter
que les citoyens, les patients soient privés de services s'il y a une
spécialisation, une surspécialisation
des infirmières qui les empêche d'aider le patient ou de porter un diagnostic,
là, puisqu'il y aurait un certain
empêchement de la part des... imposé aux infirmières si elles ne sont pas
véritablement reconnues, par exemple,
pour donner des services spécialisés en
santé mentale, alors que les besoins sont présents et les besoins sont bien
souvent criants.
L'autre volet est celui des grossesses normales
ou à faible risque. Le projet de loi n° 43 permettra
aux IPS d'effectuer le suivi de grossesses
normales et à faible risque, c'est l'appellation qu'on en fait. Cette spécification-là n'est pas présente ailleurs au
pays. Et, pour nous et, je pense, pour les infirmières également, il serait
plutôt intéressant, en fait, de
laisser les infirmières praticiennes spécialisées oeuvrer au sein des équipes
expérimentées en suivi de grossesse sans leur imposer, encore une fois, de barrière, de contrainte, de carcan,
comme je le mentionnais tout à l'heure, et essentiellement leur faire
confiance. Je pense que c'est le lot des médecins, c'est le lot des infirmières
aussi de pouvoir évaluer, dans leur formation, avec un code d'éthique, avec un
ordre professionnel et avec un certain bagage de connaissances et de compétences... de pouvoir évaluer en toute
autonomie jusqu'à quel point elles peuvent aller et rendre certains services
ou pratiquer certains actes, en toute
connaissance de cause. Et, pour rendre le système beaucoup plus efficace, je
pense que cette autonomie-là devra
être reconnue, être respectée, et ça vaut pour la question des suivis des
grossesses. Donc, si les besoins sont présents pour un suivi, alors pourquoi priver en amont dans
la loi les femmes enceintes de l'apport des IPS si les infirmières
elles-mêmes peuvent très bien exercer leurs compétences et savoir là où elles
peuvent s'arrêter et aller chercher la collaboration des autres membres du
personnel médical dans l'exercice de leurs fonctions?
Là-dessus, je
vous remercie de m'avoir donné l'opportunité de m'exprimer sur le projet de
loi. Et nous appuierons donc le projet de loi sur son principe. Et nous
avons hâte de commencer l'étude article par article. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine. Et je vais maintenant céder la parole à Mme la
députée de Fabre, et tout en vous indiquant que vous disposez de
20 minutes.
Mme Monique Sauvé
Mme
Sauvé : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Alors, à mon tour d'être bien heureuse, aujourd'hui, de pouvoir
intervenir avec mes collègues sur l'adoption
du projet de loi n° 43,
Loi modifiant la Loi sur les infirmières et les infirmiers
et d'autres dispositions afin de favoriser l'accès aux services de santé.
D'entrée
de jeu, Mme la Présidente, nous sommes devant une bonne nouvelle, et bien sûr
que nous serons en appui au
projet de loi, puisque cette volonté de la ministre de la Santé indique une
volonté de faire en sorte qu'on puisse offrir un service de première ligne, désengorger aussi les cliniques, faire en sorte
qu'un accès à plusieurs soins de première ligne soit offert de façon élargie, de façon à bénéficier aux citoyens du
Québec. Alors, oui, dans le principe, nous y sommes. Oui, nous l'appuierons. Oui, nous collaborerons.
Ce qui ne nous empêche pas, Mme la Présidente, d'avoir, bien sûr, des préoccupations. Et je les nommerai et je
reprendrai, bien sûr, les préoccupations de mon collègue, qu'il porte avec
beaucoup de rigueur, le collègue de Pontiac, comme porte-parole. Donc,
je reprendrai, bien sûr, ses préoccupations.
Alors,
la ministre de la Santé et des Services sociaux a déposé, le 9 octobre
dernier, son projet de loi. Alors, dans les faits, très clairement, très concrètement, c'est l'élargissement du
champ de compétence des infirmières praticiennes spécialisées, qui vont pouvoir désormais exercer des tâches qui étaient
réservées aux médecins.
Alors, je veux, dans un premier temps, un peu
rappeler l'histoire, parce que c'est bien important. Oui, on est en
faveur, mais il ne faut pas oublier que
c'est le précédent gouvernement... Et vous permettrez des petites salutations à mon
collègue de La Pinière. Alors, c'est
très clair que nous avons pavé la voie, Mme la Présidente, nous avons
pavé la voie, comme ancien gouvernement, à faire en sorte que les infirmières
praticiennes, les IPS, praticiennes, cliniciennes, puissent voir déjà un mandat
élargi, déjà une formation qui leur permet d'élargir les tâches des
infirmières, après plusieurs années de
formation. Alors, la voie était pavée, les objectifs étaient très clairs, et
nous regarderons un petit peu l'état de situation du nombre d'IPS au Québec présentement, parce que
c'est porteur d'un enjeu pour le déploiement du projet de loi n° 43,
mais il faut reconnaître, il faut reconnaître à tout le moins et le dire et le
redire, que nous avions pavé la voie.
Quand je
regarde les réactions de mon collègue de Pontiac, il reprend la volonté des
infirmières, et on reparlera quand je
ferai le tour un peu, le survol des différentes positions des groupes, Mme la
Présidente, mais il est très clair que les
IPS souhaitent cet élargissement de leur mandat, et c'est bienvenu. C'est
peut-être un peu tardif, mais c'est bienvenu.
Et on aura
même l'occasion de voir qu'au niveau des médecins il y a un appui aussi par
rapport à certains éléments de la
tâche élargie avec lesquels ils sont bien d'accord. En fait, ça touche...
l'appui des médecins touche le diagnostic au niveau de six maladies que les superinfirmières pourraient
diagnostiquer, je reprends l'article du Journal de Québec, et de Montréal, en février, donc, au niveau du diabète,
l'hypertension, l'hypercholestérolémie, l'asthme, maladies pulmonaires et l'hypothyroïdie. Alors, ce sont donc des
maladies pour lesquelles les superinfirmières pourront poser un diagnostic.
Et c'est un peu, je dirais, une évolution dans le positionnement des médecins,
qui sont maintenant très en appui à cet élargissement, qui va bénéficier à
toute la population.
Mme la
Présidente, dans un des points de vue qui a été porté haut et fort par mon collègue
de Pontiac, bien que la bonne
nouvelle soit ce projet de loi n° 43, il y a certains doutes quant à la
volonté... Et je vous dirais que c'est un peu l'éléphant dans la pièce, Mme la Présidente, c'est que qui dit
élargissement du mandat des superinfirmières, des IPS, dit rémunération juste et équitable face à cet
élargissement du mandat. Alors, bien sûr que le collègue porte-parole se
questionne sur la rémunération qui
sera prévue. Et là ça vient toucher un petit peu un de mes grands élans, lié à
un de mes dossiers qui touche les aînés, la reconnaissance du salaire pour les
personnes qui viennent en aide et en soin aux patients. Et je veux
parler des préposés aux bénéficiaires.
Alors, je
vous explique un peu, dans le fond, le lien que je fais. Tout simplement, quand
on se dit que l'éléphant dans la
pièce, c'est la rémunération aux IPS, qui auront leur mandat élargi, et que la
ministre ne s'affiche pas sur cette question,
on est en train peut-être de revivre un peu le même film de la part de la
ministre de la Santé, le même film auquel on assiste quand il vient le
temps de s'engager pour le rehaussement et la reconnaissance du salaire des
préposés aux bénéficiaires. Alors, ça nous
inquiète. Finalement, si j'avais à résumer, ça nous inquiète vraiment parce
qu'il n'y a pas rien qui est dit à ce sujet.
Alors, c'est
bien beau, le mandat élargi, mais encore faut-il que le salaire puisse suivre.
Et jusqu'à maintenant on n'a pas eu de grande assurance et on n'a pas été
vraiment très, très, comment dire... on n'a pas pu assister, on n'a pas
pu être témoin à des gestes concrets dans
d'autres situations de rémunérations qui méritaient d'être rehaussées, donc la
situation des préposés aux
bénéficiaires. Et Dieu sait que nous avons besoin de reconnaître cette situation-là
alors que nous sommes en pénurie criante.
• (16 h 20) •
Je
voudrais... Au-delà de cette situation du salaire, qui méritera d'être
considérée de façon importante dans l'étude détaillée, il y a évidemment aussi la pénurie qui touche les infirmières
et les IPS, parce qu'on est loin du compte. L'objectif de 2024, 2025... On est à 600, présentement, il y
a 600 IPS au Québec, présentement. Alors, moi, je veux bien... Puis, oui, bravo! le projet de loi n° 43, mais encore
faut-il qu'il y ait un impact véritable pour la population. Et on peut se poser
la question, et je pense que c'est très
légitime, Mme la Présidente : Est-ce qu'il y aura un véritable impact alors qu'il n'y a que 600 IPS
au Québec? Donc, même si le rôle est élargi en termes d'accessibilité à ces superinfirmières,
qui ont ce rôle élargi, est-ce que ça va faire une véritable différence?
Alors,
moi, je souhaiterais vraiment, vraiment que, si on y va dans l'application du
projet de loi n° 43, on n'oublie surtout pas en parallèle de continuer, et de façon très intensive, à
recruter des IPS, à faire en sorte d'être attractifs pour attirer des IPS, faire en sorte que le salaire est
au rendez-vous avec le mandat élargir mais faire aussi en sorte qu'on ait la
formation et une fluidité de formation des infirmières vers les IPS.
Alors,
moi, entre la vertu du projet de loi n° 43 et la réalité
d'impact auprès de la population du Québec, je ne crois pas que la simple application d'un mandat élargi
va faire en sorte qu'on va assister à une véritable révolution, telle qu'elle
se devrait. Donc, il faut travailler les
deux aspects de la chose. Il faut travailler véritablement à l'application mais
en même temps continuer, poursuivre
pour qu'on se rapproche de plus en plus... Et tant mieux si on atteint
l'objectif, il le faut, je pense, qu'on arrive à avoir 200... qu'on
ajoute... qu'on arrive à 2 000 IPS au Québec, très, très, très
important.
À
quoi ça va ressembler, le rôle élargi? Alors là, on y va dans, évidemment,
plusieurs actes professionnels qui sont ajoutés. On parle de la
détermination des traitements médicaux jusqu'à l'ordonnance... ça peut aller
jusqu'à l'ordonnance d'un internement de
72 heures à un patient qui pourrait présenter un danger pour lui-même et
pour les autres. Elles sont aussi...
Elles verront leur mandat élargi à la possibilité de prescrire certains
médicaments, aussi faire des suivis de
grossesse, prescription de certains examens diagnostiques. Alors, c'est très
clair que cet élargissement, concrètement, ça voudrait aussi dire que désormais une IPS pourrait recommander — et c'est véritablement souhaité — qu'un patient pourrait être, donc, référé à un spécialiste. Et ça veut dire aussi que
la superinfirmière, l'IPS, pourrait même diagnostiquer un patient pour
des maladies courantes et/ou chroniques.
Et là on verra, quand
je vais faire un peu le survol des positions, on verra que la définition... Et
c'est toujours important, hein, quand on
arrive avec une nouvelle application, quand on arrive avec un projet de loi et
qu'on fait face à des nouvelles notions, c'est tellement important, en
vue de l'application, d'avoir des définitions qui sont claires, des définitions qui font consensus. Et, en termes de
maladies courantes, ça mérite des précisions, et on le verra, là, dans
plusieurs positions qui ont été portées par les groupes.
Alors,
je vous dirais aussi que les préoccupations sont aussi liées à la formation, la
formation continue, ça, c'est très
important; la multidisciplinarité aussi entre les différents professionnels de
la santé. Alors, allons-y. Allons voir un peu ce que les groupes avaient
à nous dire.
Donc,
dans un premier temps, le Conseil pour la protection des malades, c'est très
important, la clarté, la clarté pour
le citoyen. Où peut-il aller? Comment va-t-il pouvoir avoir accès à ce pouvoir
élargi, ce mandat élargi? Quelles sont les IPS sur le territoire? Et quels
services auxquels il aura droit? L'information va être cruciale si on veut un
déploiement qui est juste et qui a un véritable impact. C'est évident que, pour
le Conseil pour la protection des malades, toute la notion de
désengorgement, c'est évidemment au coeur de cette bonne nouvelle.
Le
Collège des médecins, quant à lui, parle, bien sûr, de l'élargissement du champ
de compétence, ça, ça va de soi, c'est
le projet de loi, mais la vigie, la vigilance sur le respect des champs de
compétence respectifs, c'est, pour eux, un enjeu très important, de même que l'encadrement du nouveau rôle de
l'IPS. Et là, encore une fois, je reviens sur l'enjeu que j'ai nommé, la
définition c'est quoi, une maladie courante, dans le projet de loi.
Au
niveau de l'Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec,
on parle encore de définition. On parle
de l'importance que les IPS puissent faire effectivement les suivis de
grossesse. Et là il y a un enjeu qu'il faudra peut-être...
auquel il faudra peut-être être attentifs, Mme la Présidente, parce qu'il y a un désaccord entre l'Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec et l'Ordre des psychologues au niveau de la
distinction dans l'approche pour la
santé physique et la santé mentale du patient. Alors, l'association des
infirmières va prôner l'approche globale, donc l'individu dans toute sa
globalité, que ce soit au niveau de la santé mentale et la santé physique, et
l'Ordre des psychologues dit : Faisons
un peu attention, s'il vous plaît, regardons ça de façon sensible et attentive.
L'association des infirmières parle aussi beaucoup, comme je l'ai dit,
de formation continue.
La
Fédération
interprofessionnelle de la santé du Québec, elle, bien sûr, une bonne nouvelle, mais mon Dieu qu'il faudrait aller
plus loin! Il faudrait aller plus loin, avec le maximum de l'élargissement du
mandat tel qu'il se devrait. Elle propose,
entre autres, que les IPS puissent diriger de façon autonome les patients vers
d'autres professionnels de la santé, et je l'ai nommé, entre autres les
médecins spécialistes.
La
fédération des omnipraticiens du Québec, de son côté, la notion du diagnostic,
très, très important. Encore une fois, on est dans la clarté. On est encore une
fois dans les critères. Plus c'est clair, plus l'application de la loi devient
juste et équitable pour l'ensemble de
la population. Alors donc, très important d'avoir des critères de rigueur
autour du diagnostic. Ils parlent... La fédération parle de
multidisciplinarité et la pénurie, j'en ai parlé, il faut en reparler, en
reparler et en reparler parce que, si on ne
règle pas le problème de pénurie d'infirmières et si on ne règle pas la notion
d'attractivité des IPS, on n'atteindra pas notre objectif, et l'impact,
encore une fois, sera beaucoup trop minime.
Fédération
des médecins spécialistes du Québec, alors, l'accent doit être mis sur la
formation, un programme de formation
plus rigoureux. On doit aussi mieux définir les champs de compétence. Et là,
encore là, on revient aux définitions, on
revient aux définitions. Quelle la définition, la détermination des champs de
pratique? Il faut s'assurer que pour tous et chacun, tous les
professionnels qui auront à travailler ensemble, la zone, elle est clarifiée.
La Fédération des
médecins résidents du Québec, alors, on revient à la définition de «maladie
courante». Et eux nomment la notion aussi de
la déontologie, qui devrait être au coeur de tout cet élargissement. Ils
parlent aussi des stages agréés, qui pourraient être un élément
important en termes aussi d'attractivité.
Allons
du côté des usagers, le Regroupement provincial des comités des usagers. Alors, eux
suggèrent que, dans l'élargissement
du mandat, on ajoute un autre élément. Et pourquoi pas, pourquoi
pas les IPS qui pourraient donner, entre
autres, des congés d'hôpital, un élément qui est suggéré par eux?
L'Ordre des
infirmières et des infirmiers du Québec, pour eux, la définition de la maladie courante
est, encore une fois, importante, et il faut tellement
aller plus loin.
L'Institut de
la recherche et d'informations socioéconomiques nous suggère de regarder le
modèle de l'Ontario, qui est en place depuis longtemps,
le mandat très élargi des superinfirmières. Alors, il faut peut-être
regarder... Vous savez, on a toujours
avantage, Mme la Présidente, à regarder les bonnes pratiques qui se font ailleurs,
donc, en termes d'application du projet de loi, je pense que ce serait
intéressant de regarder le vécu, le vécu de l'Ontario, qui a cette réalité
depuis bien des années.
Je reviens
donc à l'Ordre des psychologues du Québec et face à cet enjeu de se dire qu'il
faut vraiment, vraiment avoir une
habilitation, une formation auprès des IPS qui auront leur mandat élargi pour
être capable d'évaluer les troubles mentaux.
Ce n'est pas simple, ça ne s'improvise pas, ça prend une formation très
pointue, très rigoureuse. C'est ce que dit l'Ordre des psychologues du
Québec. Et notre porte-parole est bien sensible à toute cette question.
• (16 h 30) •
Alors, voilà
pour les différents points de vue. Comme je le mentionnais, le Collège des
médecins qui, bien sûr, appuie maintenant la possibilité de certains
diagnostics. Et c'est très important de se dire, encore une fois, encore une
fois, qu'il faudra, je pense, autour de ce
projet de loi... Lorsque le projet de loi sera en mode d'adoption, s'il est
appliqué, je pense que ce serait
important de s'assurer, s'assurer d'une vigilance, de se donner des indicateurs de suivi, de s'assurer aussi qu'on soit capable de travailler dans toutes
les zones d'attractivité des IPS et de faire
en sorte que les conditions de
travail soient véritablement au rendez-vous.
Je suis très
préoccupée, M. le Président, alors je suis très préoccupée, M. le Président, comme je l'ai dit tantôt. J'ai le goût, j'ai vraiment le goût qu'on puisse reconnaître véritablement l'expertise des IPS tel qu'il est présentement, mais j'ai surtout le goût qu'on reconnaisse l'élargissement du
mandat des IPS en lien avec des conditions de travail qui sont
rehaussées, qui sont appréciables et qui font en sorte, qui font en sorte...
Parce que
le véritable objectif de la ministre, là, auquel on est... qu'on appuie entièrement. D'ailleurs, on veut, je le dis encore, offrir toute notre collaboration. L'objectif, il est noble, il est louable, il est pour la population,
il est pour la reconnaissance des IPS, la reconnaissance de l'expertise
en soins de santé au Québec. Tout cela est au rendez-vous. Mais, si on veut véritablement que ça
fonctionne, si on veut que ça marche, si on veut qu'il y ait une différence
réelle pour les Québécois qui sont obligés d'attendre, qui ont de la difficulté
à avoir accès à des soins, quand on va dans cette volonté-là, on peut réussir véritablement à avoir... à
faire une différence pour la population du Québec si on est en train de travailler
en deux modes : l'élargissement du mandat et l'attractivité des IPS pour l'ensemble
des citoyens du Québec.
Alors, nous
serons en appui, M. le Président, mais nous serons aussi vigilants avec les
préoccupations qui nous ont été
nommées, avec la préoccupation que nous aurons, dans le but que ce projet de loi puisse faire une véritable différence pour les citoyens de
toutes les régions du Québec. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je reconnais maintenant M. le député de Jonquière, et je
vous rappelle que vous disposez d'un temps de 20 minutes.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui. Alors, merci, M. le Président. Alors,
ça me fait plaisir d'intervenir aujourd'hui sur l'adoption
du principe du projet de loi n° 43, la loi
qui modifie la Loi sur les infirmières et les infirmiers et d'autres
dispositions afin de favoriser l'accès aux services de santé.
Je précise tout de suite, quand on dit dans le
titre que c'est la loi qui modifie la Loi sur les infirmières et les infirmiers, c'est important, ça, parce que c'est
une loi qu'on n'ouvre pas souvent. Alors, je vais y revenir tout à l'heure, là.
Parce que moi, je suis d'avis, là... tant qu'à intervenir dans cette loi,
allons-y plus largement. Bon.
D'abord, je
veux rappeler la chose suivante, c'est que, depuis certainement 2014, 2015,
après l'élection du précédent gouvernement, le Parti québécois a plaidé
souvent, longtemps, fortement, avec conviction pour élargir le rôle des
professionnels de la santé autres que les médecins. Puis, quand on parle des
professionnels de la santé autres que les médecins, il y en a peut-être autour
de 200 000. C'est les pharmaciens, les psychologues, les travailleurs
sociaux, les ergothérapeutes, les
psychologues, etc., donc toute la catégorie de travailleurs, dans le domaine de
la santé, qui interviennent régulièrement
auprès de patients. Et, dans ces catégories de professionnels de la santé, il y
a, bien évidemment, les infirmières.
Les infirmières. Puis je le dis à dessein, là, au féminin parce que l'immense
majorité de ce corps professionnel est composé de femmes. Il y a
quelques hommes, quand même, mais c'est vraiment les infirmières.
Donc, nous
avons plaidé fortement depuis cinq ou six ans pour beaucoup plus de pouvoirs,
beaucoup plus d'autonomie
professionnelle aux infirmières et, en premier lieu, les infirmières
praticiennes spécialisées, qu'on appelle les IPS et qu'on a cessé d'appeler les superinfirmières parce que ça
faisait comme si les autres infirmières n'étaient pas super. Alors, quand on
arrive dans un hôpital, M. le Président, puis qu'on est un patient, puis qu'on
a des soins, il y a des techniciennes,
des infirmières qui ont un diplôme technique. Il y a des infirmières qui ont
des diplômes universitaires. Et il suffit d'avoir été hospitalisé pour savoir
qu'elles sont toutes super. Alors, il
faut vraiment parler d'infirmières
praticiennes spécialisées dans le cas qui nous intéresse aujourd'hui.
Et vous allez
vous souvenir certainement, M. le
Président, de ma collègue Diane
Lamarre, députée de Taillon,
pharmacienne, qui se levait quotidiennement, sinon plusieurs fois par jours,
que ça soit ici, au salon bleu, ou dans les commissions parlementaires, ou dans les médias, partout, pour réclamer plus
de pouvoirs aux différents professionnels de la santé et, en premier lieu, aux IPS. Alors, c'est quand même
intéressant de voir aujourd'hui ce premier pas, ce pas important
qui est fait par le gouvernement. C'est pour ça que, d'emblée, mon collègue des Îles-de-la-Madeleine le disait tout à l'heure, nous allons appuyer le principe de ce projet de loi, mais nous souhaitons qu'il fasse un pas de plus, et c'est ce
dont je vais vous parler tout à l'heure.
Ce que nous avions également pris comme
engagement, entre autres durant la dernière campagne électorale, c'est de faire en sorte qu'il y ait un accès de
proximité à des IPS partout sur le territoire québécois, par exemple à travers les CLSC jusqu'à 21 heures, le soir, sept jours
sur sept. Je pense qu'avec des CLSC, qui sont des lieux connus par la population,
qui sont des lieux de proximité, avoir une IPS qui a des pouvoirs
professionnels ou des... qui peut exercer d'une pratique professionnelle élargie, 24... c'est-à-dire jusqu'à
21 heures, sept jours sur sept, ça permettrait certainement, très certainement de
désengorger les urgences, et de désengorger les hôpitaux, et de permettre aux
médecins, qu'ils soient spécialistes ou
omnipraticiens, de faire le travail pour lequel ils ont été formés, pour lequel
ils ont une formation professionnelle.
D'ailleurs,
parlant de médecins, parlant de médecins, vous allez me permettre d'être
chauvin, encore une fois, M. le
Président, et de saluer le travail du président du Collège des médecins, le Dr
Mauril Gaudreault, qui, comme président de l'ordre, président du Collège des médecins, a manifesté une très
grande ouverture. C'est la première fois, je pense qu'il faut saluer ça, là, qu'il y a cette ouverture à
collaborer, qu'il y a cet accord de principe, cet accord même pour aller dans
le détail des pratiques professionnelles entre les médecins et les pharmaciens,
entre les médecins et les infirmières, et éventuellement
d'autres professionnels, et je pense qu'il faut saluer ce travail
extraordinaire du Dr Mauril Gaudreault.
Je dis que je
suis chauvin parce qu'il vient du Saguenay. C'est un médecin qui a pratiqué et
qui pratique encore à Chicoutimi, qui est, entre autres, à l'origine de
la faculté satellite de médecine de l'Université de Sherbrooke mais à l'Université du Québec à Chicoutimi. Alors, le
Dr Gaudreault est un ardent défenseur de l'accès à la médecine... d'un accès, c'est-à-dire, à des soins de santé de
qualité, autres que strictement par les médecins, même s'il est lui-même un
médecin. Donc, voilà quelqu'un qui est vraiment dédié à une pratique consacrée
aux patients.
Donc, je
voulais saluer le Collège des médecins. Je voulais saluer également les
cliniques... il y en a quelques-unes sur
le territoire, les cliniques sans médecin ou avec une présence minimale de
médecins, mais composées d'infirmières praticiennes
spécialisées, notamment la clinique SABSA, qui est ici, juste en bas, en
Basse-Ville, sur le boulevard Charest, juste
à côté de la rue Saint-Vallier, en haut d'une pharmacie, pas très loin de...
bien, c'est ça, là, du bureau de la CSN puis de la Basse-Ville, alors de
milieux où il y a des besoins parce qu'il y a une clientèle assez défavorisée,
une clientèle vulnérable, il y a des
situations d'itinérance en Basse-Ville de Québec. Et c'est un modèle vraiment
intéressant comme coop de travail, d'économie sociale, et qui a des
défis très importants en termes de financement.
Alors, j'ai
été heureux de collaborer pour la clinique SABSA avec, entre autres, la
présidente de la fondation de la clinique, qui est Agnès Maltais, ancienne
députée de Taschereau. Auprès de la ministre de la Santé, on a fait un travail
pour qu'il y ait une garantie de financement plus intéressante pour cette
clinique.
Donc, ce
modèle de SABSA doit être étendu, devrait être soutenu davantage, et c'est
justement une clinique qui est sans
médecin mais qui est dédiée, qui est ouverte, qui est utilisée abondamment par
une clientèle qui en a besoin, une clientèle vulnérable.
• (16 h 40) •
Donc, le
projet de loi n° 43 accroît l'autonomie et les actes des
infirmières praticiennes spécialisées. Donc, les IPS, pour votre information, sont titulaires d'une maîtrise en sciences
infirmières et d'un stage de 500 heures. Alors, en gros, ça correspond à sept
ans, sept années d'université, sept années d'université. Retenez ça, M. le
Président, sept années d'université. Alors, ce n'est pas rien, là, comme
formation. Il s'en forme d'ailleurs quelques-unes à l'Université du Québec à Chicoutimi, j'en ai rencontré qui sont
dans ma circonscription, qui travaillent présentement dans des GMF avec
des médecins.
Le projet de
loi permet de diagnostiquer... permettra aux infirmières praticiennes
spécialisées de diagnostiquer les maladies courantes, prévoit six
caractéristiques cumulatives auxquelles chaque maladie courante doit répondre
pour qu'une IPS puisse diagnostiquer. Ce
n'est pas rien, ça. On va y revenir tout à l'heure, M. le Président. Le projet
de loi permet aussi la prescription de médicaments, la détermination et
la prescription de traitements médicaux, permet... Il, le projet de loi toujours, permet d'effectuer le suivi de certaines
grossesses, de certaines grossesses. Le projet de loi permet d'effectuer certains examens ou actes réservés aux
médecins, notamment en matière de santé, sécurité au travail, d'aide aux personnes et aux familles, d'assurance auto,
de santé et de services sociaux, et de services de garde éducatifs à l'enfance.
Alors, c'est
quand même étendu, c'est quand même des pouvoirs nouveaux qui sont accordés aux
IPS, alors c'est intéressant. Mais la vraie question qui se pose, puis
j'ai eu l'occasion de le demander à la ministre à la période des questions ce matin : Est-ce qu'elle est
d'accord, oui ou non, avec le statut professionnel des IPS? Toute la question
est là. Et, quand on répond oui, bon,
bien, on répond oui puis on va à fond. Si on répond non, ça veut dire que ce
n'est pas tout à fait des professionnelles.
Moi, j'ai
pour mon dire, M. le Président, quand on est professionnel, bien, on a une
formation qui va avec, on a un code
d'éthique, un code de déontologie, on est membre d'un ordre professionnel qui
est régi par l'Office des professions, qui
est régi par une loi, l'ordre professionnel qui oblige de la formation, qui
oblige une qualité de travail pour le service à la population. C'est
seulement ça qui compte, d'avoir un bon service pour la population. Une
profession, c'est aussi soumis, par exemple,
à un syndic de la profession, avec des règles claires pour une pratique dans
les lois... dans le respect des lois,
une pratique professionnelle dans le respect des lois. Alors, un avocat est
membre d'une profession, un notaire est
membre d'une profession, un médecin est membre d'une profession, il y en a des
dizaines, des professions, comme ça,
qui sont reconnues. Donc, à partir du moment où on dit : Les IPS sont des
professionnelles, bien, il ne faut pas que ça soit soumis à d'autres ordres professionnels.
C'est ça, la règle. Tu es professionnel ou tu ne l'es pas. Puis, quand tu l'es,
bien, tu es soumis, justement, à un certain
nombre de règles, de règlements propres au Code des professions, propres au
statut qui va avec les professionnels.
Je
vous disais tout à l'heure que les IPS ont sept ans d'années universitaires,
sept années d'études universitaires, qui
fait en sorte que nos IPS, au Canada, sont les mieux formées. C'est elles qui
ont le plus d'années d'études. Sept années, c'est les plus formées au Canada.
Mais le paradoxe, et même si le projet de loi n° 43 est adopté, c'est que,
même si elles sont les plus formées au Canada, c'est celles qui ont et
qui auront le moins de pouvoirs. Donc, c'est vraiment le monde à l'envers, il y a une forme d'antipode là-dedans,
là, ils ont le plus d'années de formation, mais ils ont le moins d'autonomie
de pratique à l'intérieur du Canada. Alors,
il faut le faire, il y a quelque chose qui ne marche pas là-dedans. Alors,
c'est pour ça, je vous dis, à partir du moment où on dit qu'elles sont
professionnelles, il n'y a pas de place pour le double standard. C'est des professionnelles, on va aller jusqu'au bout de leur
pratique sans être déterminé ou soumis à d'autres professions.
Il
faut lâcher le réflexe de la hiérarchie, il faut lâcher le réflexe de la
hiérarchie. Moi, j'ai énormément de respect pour les médecins, pour les médecins spécialistes, les médecins
omnipraticiens, mais ce sont des professionnels, puis ça existe dans d'autres domaines, d'avoir des
professionnels, et il faut favoriser l'interdisciplinarité entre ces
professionnels. Donc, aujourd'hui,
les soins de santé, il faut les percevoir du point de vue du patient, qui est
une personne avec sa globalité, son
individualité. Et l'interdisciplinarité, dans les soins de santé, ça peut
vouloir interpeler, bien sûr, ou pouvoir interpeler, bien sûr, un médecin, qui, à l'occasion, va avoir
à travailler avec une infirmière spécialisée, mais pas nécessairement non
plus. Ça peut être une IPS qui va travailler
avec un travailleur social ou avec un psychologue, pour une personne qui a un
problème de santé mentale, par exemple, ou
un problème d'itinérance. Donc, il faut voir la personne dans sa globalité.
Et
l'interdisciplinarité dans les soins de santé ne signifie pas nécessairement
qu'il y ait toujours et absolument un
médecin qui rentre en ligne de compte. À partir du moment où on reconnaît le
caractère professionnel des IPS, comme on
reconnaît le caractère professionnel des autres professionnels qui
interviennent dans le secteur de la santé, bien, on va jusqu'au bout. Et le seul élément qui compte
là-dedans, pour tout le monde, qui est le dénominateur commun, c'est le patient,
c'est la personne, c'est l'usager des soins de santé et des services de santé.
Alors, c'est ça, pour
nous, la logique qui devrait sous-tendre toute réforme de la Loi sur les
infirmières et qui permettrait ainsi d'aller au bout de sa logique, et
malheureusement le projet de loi n° 43 ne fait pas ça, ne fait pas ça. Exemple, pour le fameux diagnostic des maladies
courantes, on vient y appliquer six critères qui, de notre point de vue,
ouvrent la porte à une interprétation trop large, une interprétation large de
ces six critères. Écoutez bien, M. le Président, parce que vous allez voir chaque mot quasiment peut ouvrir la porte à un
dictionnaire d'interprétations. Premier critère : Une incidence élevée pour pouvoir pratiquer un
diagnostic, là, de maladie courante. Déjà là, maladie courante, c'est quoi,
ça, une maladie courante? J'ai une grippe,
c'est-u une maladie courante? Mais je peux avoir eu un problème à ma hanche
après un accident de vélo, puis ça développe
une maladie courante reliée à l'ostéoporose ou à l'arthrose, par exemple,
éventuellement. Donc, c'est quoi, une maladie courante, M. le Président? Déjà
là, il y a un monde d'interprétations.
Alors,
la loi dit : Il va y avoir six caractéristiques, six critères, un test de
six picots qui sont cumulatifs. Le premier, une incidence élevée en fonction de la classe de spécialité de
l'infirmière et, le cas échéant, de son domaine de soins. Le deuxième, il faut qu'il y ait des symptômes et des
signes habituels. Des symptômes et des signes habituels. Moi, de temps
en temps, ma hanche me fait mal, mais pas toujours. Est-ce que c'est habituel
ou pas? Discussion, M. le Président. Troisième
critère, une absence — on rit, mais ce n'est pas drôle — de détérioration significative de l'état
général de la personne. Une absence
de détérioration significative. À partir de quel moment il y a une
détérioration significative de l'état général
de la personne? Puis, encore là, même là, état général de la personne, c'est
quoi, l'état général de la personne? Quatrième
critère, il faut qu'il y ait des critères diagnostiques définis, spécifiques et
reconnus. Cinquième élément, un faible
potentiel de détérioration rapide. Et le sixième élément, une absence de
potentiel de préjudice grave et irrémédiable. Alors, ça, c'est les six
caractéristiques cumulatives auxquelles chaque maladie courante doit répondre
pour qu'une IPS puisse poser un diagnostic.
Alors
là, M. le Président, c'est le festival de l'interprétation. C'est le festival
de l'interprétation. Et nous, on est d'accord avec le principe du projet
de loi, mais il va falloir qu'on travaille ça, il va falloir qu'on travaille
ça. Et ce n'est pas vrai qu'on va le
travailler en étant soumis à une association de médecins qui se pense plus
puissante que d'autres. Je ne pense
pas au collège ici, là, qui est l'ordre professionnel, mais à d'autres
associations de médecins, notamment la Fédération
des médecins omnipraticiens du Québec. Alors, il faut que ça soit clair pour
les professionnelles que sont les IPS.
Et, si on reconnaît leur caractère professionnel, il faut aller jusqu'au bout.
Parce que, sinon, qui en sont les victimes, M. le Président? Ce sont les patients. Imaginez, là, tu te présentes
devant une IPS, là, je veux dire, tu peux avoir en plus un problème de santé mentale relié à ton état, et
là il faut que tu correspondes aux six critères avant que l'IPS puisse poser
un diagnostic. Et, pour se protéger, elle,
c'est sûr qu'elle va peut-être référer finalement à un médecin. Ça fait qu'on
ne s'en sortira pas puis ça va
rempirer la situation. Alors, il faut éviter de compliquer les trajectoires de
soins pour les patients, sinon ce sont eux qui vont en souffrir.
• (16 h 50) •
Donc,
si on veut éviter de compliquer outre
mesure la vie des patients et si on veut profiter du fait qu'on ouvre la
loi comme elle n'a pas été ouverte depuis
longtemps, la Loi sur les infirmières, profitons-en. Hein, c'est plus facile
après de fermer, quant à ça, M. le
Président. Moi, je serais plus de l'application du principe de précaution. On
va ouvrir, puis après ça, bien, c'est
plus facile de fermer que de dire : Ah! bien, on n'a pas assez ouvert, on
va rouvrir. Quand on a vu tout ce que
ça a pris comme démarches, là, avec le Collège des médecins, heureusement on a
eu le Dr Gaudreault, qui est le
président de l'Ordre du collège des médecins, tout ce que ça a pris comme
démarches de négociation avec les associations professionnelles de médecins, on est aussi bien,
là, d'ouvrir et d'aller au maximum de ce qu'on peut faire pour les IPS,
quitte par après, peut-être, à réviser, mais dans un esprit qui sera différent,
pour préciser.
Donc,
la Fédération interprofessionnelle de la santé l'a dit, hein? Elle-même, elle a
dit : C'est un rendez-vous manqué, parce que, tant qu'à prendre un rendez-vous,
on va aller au bout de la logique. Alors, voilà.
Je
résume, M. le Président, en disant : Il faut respecter la propre
compétence des infirmières praticiennes spécialisées et favoriser
l'interdisciplinarité. Alors, si on travaille avec ces deux critères-là, on
devrait être en mesure d'arriver à quelque chose d'intéressant.
Alors,
nous, on est favorables au principe. On va continuer de travailler avec
ouverture, avec collaboration, avec rigueur, comme on l'a toujours fait.
On invite le gouvernement également à avoir en tête cet esprit d'ouverture et
de collaboration pour faire en sorte qu'en bout de ligne, oui, les
infirmières praticiennes spécialisées seront heureuses d'avoir enfin
plus d'autonomie dans leur pratique, mais, surtout, toute la société sera
gagnante pour le bien-être des patients et des patientes. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Je reconnais maintenant Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme
Paule Robitaille
Mme
Robitaille : Bon après-midi,
M. le Président. Alors, c'est à mon tour de m'inscrire dans ce
débat sur le projet de loi n° 43, la loi modifiant la Loi
sur les infirmières et les infirmiers et d'autres dispositions afin de
favoriser l'accès aux soins de santé.
Eh bien, moi aussi,
je m'inscris... Et j'appuierai sans réserve, on appuiera sans réserve cette loi
qui vient... probablement qui va, c'est sûr, donner un bon coup de pouce et
désengorger notre système de santé.
Il
faut dire que, les infirmières, ces infirmières praticiennes spécialisées, on
les a depuis déjà un an. Et, comme mon collègue de Jonquière nous disait, on
les appelait des superinfirmières. Bien évidemment, c'est toutes les
infirmières qui sont super. Et là on
veut leur donner encore plus de ressources, plus de marge de manoeuvre, et
c'est bien heureux.
Je rappelle, depuis,
que... depuis le mois de février dernier, nos infirmières praticiennes
spécialisées peuvent commencer des traitements pour six maladies chroniques,
dont le diabète. Elles ne sont plus limitées dans le choix de médicaments à prescrire ni dans les types
d'examens à offrir aux patients. Et ça, c'est très, très bien. Et je suis très,
très contente et je me réjouis de voir que ce gouvernement-là veut aller
plus loin.
Je
suis sûre que, parmi nous ici, aujourd'hui, et les gens qui nous regardent, il
y a des mamans, il y a des papas, il
y a des enfants qui attendent des fois à l'urgence pendant des heures, dans une
clinique pendant des heures, parce que le petit a une otite, le petit a mal aux oreilles. Et évidemment qu'avec
plus d'infirmières praticiennes spécialisées, bien, ça va aider à
désengorger, ça va donner un gros, gros coup de pouce.
Je
ne peux pas m'empêcher, quand je prends la parole ici, de revenir à mon comté,
revenir à Bourassa-Sauvé. Dans Bourassa-Sauvé,
dans Montréal-Nord, il y a un manque criant de médecins et un manque criant
aussi d'infirmières, et on travaille
très, très fort, là, depuis les dernières années, à avoir plus de médecins, plus d'infirmières. Durant la dernière
année, grâce à une autre façon de faire, on a... Et aussi on a signé, on a
amené des médecins français pour venir travailler
à Montréal-Nord, des médecins étrangers. Bon, on a réussi à en avoir 10 de
plus. On a des jeunes diplômés qui viennent travailler. Mais on a besoin
d'infirmières et on a besoin d'infirmières praticiennes spécialisées.
On
travaille très, très fort en ce
moment, dans mon comté. On a un CLSC,
mais on aimerait mettre en place un point
de service dans un quartier très défavorisé à Montréal-Nord, où, là, il y a
une demande pour justement des soins de santé. Il y a une demande aiguë. Et, si on pouvait avoir plus d'infirmières praticiennes spécialisées, ça pourrait certainement aider la situation pour ces gens qui habitent ce
secteur-là.
Et le projet de loi,
on s'en réjouit, je l'ai dit, c'est très, très bien, mais, en ce moment, on a
600 infirmières praticiennes spécialisées, et il va falloir en avoir plus. Et
on en aurait besoin, peut-être... on dit, 2 000 infirmières praticiennes spécialisées dans le réseau d'ici
2024. Ça, c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup. Et ça va être un défi, M. le
Président. Et je suis sûre... Et la ministre
est tout à fait consciente de cet enjeu-là, de ce grand défi là. Et, comme on
le disait, comme disait mon collègue
de Jonquière, c'est des études, pour ces infirmières-là, en tout, là, en tout,
tout, tout, à l'université, de sept
ans. Alors, si on veut former des infirmières praticiennes spécialisées durant
les prochaines années, ça va demander évidemment beaucoup de ressources.
Mais on en a besoin, on en a besoin.
Et ce projet de loi
là est important parce que, justement, il va nous donner ce qu'il faut pour
bien encadrer la formation des infirmières
et de repenser les tâches à faire, repenser le rôle de ces infirmières-là. On
avait déjà commencé. Elles ont plus de pouvoirs, mais, avec la loi,
elles en auront encore plus. Et de là tout le débat. Dans le projet de loi,
comparativement à ce qu'elles font maintenant, dans le projet de loi, on
comprend que, s'il est adopté, elles pourront déterminer des traitements médicaux,
effectuer le suivi de certaines grossesses, prescrire des médicaments et
d'autres substances, prescrire des examens
diagnostiques, ordonner un internement de 72 heures à un patient qui
présente un danger pour lui-même et pour les autres. C'est déjà beaucoup.
C'est déjà beaucoup plus que ce qu'elles font.
Mais
évidemment il y a des questions fondamentales. Et j'ai participé à une partie
des consultations, puis je salue l'ouverture, moi aussi, du Collège des
médecins, qui est très ouvert à cette espèce de rebrassage de fonctions, et
tout ça, et j'entendais l'Association des
infirmières praticiennes spécialisées, l'Ordre des infirmières, le Collège des
médecins, la fédération des
infirmières du Québec et les médecins spécialistes aussi, et la grande question,
c'est : Est-ce qu'on ne devrait
pas aller plus loin que ce qui est dans le projet de loi actuel? Est-ce qu'on
ne devrait pas permettre aux infirmières praticiennes spécialisées plus d'autonomie? Et plusieurs de ces groupes
d'infirmières là nous disaient que, oui, on aimerait avoir plus d'autonomie, on aimerait qu'on nous fasse un
petit peu plus confiance, et d'aller un petit peu plus loin pour,
justement, aider à la flexibilité, à l'efficacité du système.
Elles nous
disent, ces infirmières praticiennes... Elles aimeraient pouvoir être capables
de référer directement les patients
aux médecins spécialistes, qu'elles puissent admettre les patients et leur
donner des congés hospitaliers au moment opportun, qu'elles puissent administrer même
l'aide médicale à mourir. Il va falloir y penser, ça, dans tous les débats de
l'étude du projet de loi article par
article. Qu'elle ait plus, finalement, cette infirmière praticienne
spécialisée, de latitude.
• (17 heures) •
Parce que,
mes collègues en ont parlé tout à l'heure, la question tourne beaucoup autour
de l'article 3 du projet de loi, qui
vient mettre, d'une certaine façon, les balises de ces infirmières-là. Parce
qu'ailleurs, au Canada, ces infirmières praticiennes spécialisées, ces IPS,
elles ont une bien plus grande marge de manoeuvre. Et je pense que c'est
important de revenir à l'article 3 et de
voir c'est quoi, ces balises-là. Parce que les infirmières praticiennes
spécialisées, les IPS, vont pouvoir
travailler dans les limites de ce qu'est une maladie courante. Alors, c'est
quoi, une maladie courante? On va lire l'article.
On nous
dit qu'une maladie courante... que l'infirmière praticienne spécialisée
pourra diagnostiquer les maladies courantes. Alors, c'est quoi? On parle d'«une
incidence élevée en fonction de la classe de spécialité de l'infirmière
et, le cas échéant, de son domaine de
soins», hein? C'est là qu'elle pourra les diagnostiquer ou non. C'est le
premier alinéa. Deuxième
alinéa : «Des symptômes et des signes habituels; l'absence de détérioration
significative de l'état général de la personne; des critères
diagnostiques définis, spécifiques et reconnus; un faible potentiel de
détérioration rapide; une absence de potentiel de préjudice grave et irrémédiable.»
Alors, c'est à partir de là que l'infirmière va pouvoir diagnostiquer la maladie courante. Et là elles nous
disent : Bien, tout ça, c'est très,
très flou, puis, en même temps, bien, c'est très restrictif. Et
la grande, grande majorité des groupes qu'on a entendus lors des consultations
nous disent : C'est trop restrictif, ce n'est pas clair, on devrait avoir beaucoup
plus de latitude. L'ordre des infirmières du Québec nous dit que cette
définition, et je vais les citer dans
leur rapport, «restreint de manière considérable la portée de l'activité
diagnostique autorisée aux IPS. [Elle] est d'avis que le contenu d'une
loi professionnelle doit être clair sans être trop limitatif, et ce, afin de
permettre l'évolution des pratiques à
travers le temps.» Alors, c'est ces différents points-là qui nous aident à voir
si l'infirmière peut donner le
diagnostic ou non. L'absence de détérioration significative de l'état général
de la personne, le faible potentiel de détérioration rapide, une absence
de potentiel de préjudice grave et irrémédiable, tout ça, elle devrait
l'anticiper, l'infirmière. Et c'est très, très
flou, et ça amène à toutes sortes de questionnements, et c'est dans ce sens-là que c'est
comme une béquille. L'ordre des
infirmières nous dit, par rapport à ça, encore
une fois, «ces caractéristiques sont restrictives, difficiles
à appliquer et portent à interprétation puisqu'elles impliquent de prédire
l'évolution de la situation de santé
avant même que l'évaluation et le diagnostic ne soient établis. Le maintien de
ces caractéristiques au p.l. 43 ne permettra pas un déploiement optimal
de l'activité liée au diagnostic, suscitera de l'ambiguïté et entraînera des
risques d'interprétation d'exercice illégal
de la médecine advenant une évolution non conforme de la situation de santé.»
Alors, plusieurs de ces groupes-là
nous disent : Il faudrait carrément abroger l'article 3 de la loi. Et
donc, ça va être des débats fondamentaux qu'on aura lors de l'étude
article par article, quand on touchera à cet article-là.
Il y a toute
la question aussi de la scission entre la santé mentale et la santé physique.
Parce qu'une infirmière pourra diagnostiquer une otite, par exemple,
mais pas une dépression. Et ce que les infirmières nous disent, là, l'ordre des
infirmières et l'Association des infirmières
praticiennes spécialisées, plusieurs groupes sont venus nous dire que ça
n'existe nulle part, cette
scission-là, en Amérique du Nord. Il faut dire que, justement, ces limites-là
qu'on impose aux infirmières praticiennes spécialisées sont bien propres
au Québec parce que, dans le reste du Canada, elles ont beaucoup plus de latitude. Il n'y a pas de scission, par exemple,
pour une infirmière spécialisée, pour ce qui est santé mentale et physique.
Elles peuvent travailler, elles peuvent
diagnostiquer, peu importe. Dans notre projet de loi, dans ce projet de loi
n° 43, il y a une nette
différence, et les infirmières, l'Ordre, aussi, des psychologues du Québec,
nous disent : Faites attention, il ne faut pas travailler en silo,
il faut que l'infirmière ait tous les outils pour agir de façon efficace, pour
travailler avec l'omnipraticien, avec le médecin spécialiste, et ça, ça nous
met des barrières.
J'aimerais rappeler que, dans le reste du Canada,
évidemment, ces infirmières praticiennes spécialisées ont énormément de pouvoirs,
beaucoup plus de pouvoirs que ce que le projet de loi ici nous dit, et ce,
depuis beaucoup, beaucoup, beaucoup plus longtemps que chez nous. Depuis 1995, en Ontario,
les infirmières ont beaucoup plus de pouvoirs et beaucoup plus de latitude. Et c'est comme ça aussi... C'est comme ça
en Colombie-Britannique. En Colombie-Britannique,
c'est en 2005. En Nouvelle-Écosse, c'est en 2000 qu'on a pensé à ça, à donner
plus de latitude aux infirmières pour désengorger leur système de santé, pour
rendre ces services de santé là plus efficaces.
Alors,
les infirmières nous disent : Faites-nous confiance. Cette idée de
hiérarchie entre l'infirmière, et l'omnipraticien, et le médecin spécialiste, c'est d'un autre temps,
on travaille en équipe. Et on devrait reconnaître cette profession-là...
L'infirmière, on devrait la reconnaître dans
le cadre d'un ordre professionnel. Donnez-nous plus de latitude. Faites-nous
plus confiance.
Alors, comme
je le disais, le Collège des médecins est très ouvert. Mais on se pose quand
même la question. On a eu des groupes de médecins omnipraticiens, des
résidents, qui nous ont dit... qui se sont posé la question : Où doit-on
tracer la ligne? Où s'arrêtera le travail de
l'IPS, l'infirmière praticienne spécialisée? Où s'arrêtera son travail et où commencera le travail de l'omnipraticien, par
exemple? Et c'est évidemment certaines inquiétudes que les omnipraticiens, que
les médecins se posent, que les infirmières aussi se posent.
Les
infirmières ont suggéré, par exemple, que tout ça... Au lieu d'avoir la
définition, là, de la maladie courante ou
la définition de... de baliser ce travail d'infirmière là dans la loi, les
infirmières ont suggéré qu'on fasse ça dans des règles, dans des règlements, pas dans la loi. Ça serait plus flexible,
et on pourrait s'adapter à l'évolution de la science, à l'évolution de
la médecine.
On a entendu
les représentants de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, et
ils nous ont dit : Faites attention.
Ils sont inquiets. Eux, ils pensent que, justement, l'article 3 de la loi,
qui veut baliser, bien, c'est trop large, c'est trop flou et ça donne peut-être trop de pouvoir, qui devrait être mieux
encadré... trop de pouvoir aux infirmières, et ce pouvoir-là devrait être mieux encadré. Ça, c'est
les médecins omnipraticiens du Québec. Et la Fédération des médecins résidents du Québec nous ont dit à peu près la même chose.
Ils sont inquiets. Ils ont posé beaucoup de questions. Et évidemment c'est...
pour eux, il faut faire attention. Il ne faut pas en donner trop.
Mais, en même
temps, on écoute tous ces groupes et puis on se dit : L'ère du Dr Welby,
là, ça n'existe plus. L'omnipraticien, le médecin de famille comme on le
connaissait, ça n'existe plus. La science évolue, la médecine évolue. Le rôle de l'infirmière évolue. Et aussi la
demande, le système de santé change, et il faut s'adapter. Et c'est pour ça que l'étude de ce projet de loi là est tellement
fondamentale, est tellement intéressante, est tellement fascinante parce qu'on redéfinit les
paramètres. Et c'est très important évidemment parce que c'est le bien-être de
nos concitoyens dans tout ça. Et ces
infirmières-là devraient avoir plus de latitude, le système devrait être plus
flexible, et c'est là-dessus qu'on devra débattre.
Alors, M. le
Président, si on peut désengorger notre système de santé, si, quand je vais à
l'hôpital avec mon enfant, avec mon
garçon, je n'attends pas cinq heures et puis je peux voir une infirmière
praticienne spécialisée qui peut m'aider, si, dans Bourassa-Sauvé, on
peut avoir notre point de service puis on peut avoir des infirmières
compétentes qui sont autonomes, qui peuvent
fonctionner, et qui ont beaucoup de latitude, ça serait tant mieux. Et c'est
vers ça que ce projet de loi là va nous amener.
Et vous
pouvez être sûr que je suis d'accord avec le principe, mais on aura beaucoup de
travail à faire pour bien le
bonifier, pour s'assurer qu'on ait un projet de loi, qu'on ait une loi qui
vient bien aider le citoyen et qui donne tous les outils à nos
infirmières pour continuer à faire le travail important et très, très précieux
qu'elles font.
Alors,
écoutez, sur ce, je vous remercie, et c'est évidemment avec... Comment je
pourrais dire? C'est de tout coeur que je suis d'accord avec le principe
de ce projet de loi. Merci beaucoup.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il
y a d'autres interventions? Puisqu'il n'y a pas d'autre intervention, le
principe du projet de loi n° 43, Loi modifiant la Loi sur les infirmières
et les infirmiers et d'autres dispositions afin de favoriser l'accès aux
services de santé, est-il adopté?
• (17 h 10) •
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Adopté. M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la Commission de
la santé et des services sociaux
M. Schneeberger :
Oui. Alors, M. le Président, alors, conformément à l'article 243 de notre
règlement, je fais motion afin que le
projet de loi n° 43, Loi modifiant la Loi sur les infirmières et les infirmiers
et d'autres dispositions afin de
favoriser l'accès aux services de santé, soit déféré à la Commission de la
santé et des services sociaux pour son étude détaillée.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Adopté. M. le leader du gouvernement, pour la suite de nos travaux.
M. Schneeberger :
Oui. Alors, pour la suite, bien, je vous demanderais d'ajourner nos travaux à
demain, jeudi.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Donc, monsieur, vous faites une
motion pour que les travaux soient ajournés à demain. Donc, est-ce que
cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Ajournement
Le Vice-Président (M. Picard) :
Adopté.
En conséquence, nous ajournons nos travaux au
jeudi 28 novembre 2019, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 17 h 11)