(Neuf heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, bon jeudi à tous et toutes. Vous pouvez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et nous
allons débuter nos travaux avec la rubrique des déclarations de députés, et je
vais débuter cette rubrique avec la déclaration de M. le député de Côte-du-Sud.
Féliciter la ville de Montmagny, lauréate du prix
Distinction du Groupe Entreprises en santé
M. Norbert Morin
M. Morin : Merci, Mme
la Présidente. Aujourd'hui, j'aimerais offrir mes félicitations à la ville de Montmagny, qui a décroché le prix Distinction du Groupe Entreprises
en santé. Cette distinction vise à reconnaître les employeurs ayant
implanté des pratiques efficaces dans le domaine de la santé, du mieux-être et
de la productivité du milieu de travail.
En 2012, la
ville de Montmagny obtenait la certification Entreprise en santé élite. En mai
dernier, l'organisation mettait de l'avant un autre projet rassembleur en
participant au Grand Défi Entreprise Pierre-Lavoie aux côtés de quatre autres entreprises.
Bilan de santé, programme de remise en forme, 20 employés de la ville, 20 citoyens
se sont inscrits au grand défi pour un total
de 265 personnes en provenance des quatre autres entreprises de la ville qui
ont embarqué dans cette initiative d'une durée de trois mois.
Je tiens à
souligner l'écoute, la sensibilité et les réels efforts de l'organisation pour améliorer le milieu de vie des employés. Bravo à tout ce
beau monde!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le
député de Côte-du-Sud. Maintenant, je me tourne vers M. le député d'Abitibi-Ouest
pour sa déclaration d'aujourd'hui.
Féliciter les lauréats de la Finale internationale du
Challenge francophone d'entrepreneurship
M. François Gendron
M.
Gendron : Mme la
Présidente, cet automne, trois jeunes
étudiants du programme de technique de comptabilité et de gestion
du cégep de l'Abitibi-Témiscamingue, mais campus d'Amos, remportaient la
victoire lors de la Finale internationale du
Challenge francophone d'entrepreneurship qui se tenait à Limoges, en France. Ce
concours international vise à faire la promotion de l'entrepreneuriat et
de la création d'entreprises.
Samuel Lynch,
Anthony Dalpé et Nelson Groesenek-Lambert ont remporté ce prix grâce à leur
projet Harrican'O, une application mobile qui, à l'aide d'une sonde, permet d'analyser la composition de
l'eau et de déterminer rapidement
si elle potable ou non. Par son
accessibilité à la population mondiale, cette invention pourrait faire une
réelle différence en contribuant à améliorer la qualité de la vie des
communautés les plus vulnérables.
Alors, c'est
avec énormément de fierté que je félicite Samuel, Anthony et
Nelson et que je les encourage à poursuivre.
Je souhaite qu'Harrican'O se concrétise et qu'on le retrouve très bientôt sur
nos marchés partout dans le monde. Bravo, les gars!
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, merci. Merci, M. le député d'Abitibi-Ouest. Maintenant, je reconnais M.
le député de Laval-des-Rapides.
Souligner le succès du Colloque
intergénérationnel à Laval
M. Saul Polo
M.
Polo : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. J'ai eu le plaisir d'assister, vendredi le 21
octobre dernier, à la 19e édition du
Colloque intergénérationnel organisé conjointement par la Maison des
Grands-Parents de Laval et l'école secondaire Mont-de-La Salle à Laval-des-Rapides.
Placée sous
le signe du dialogue et de la compréhension mutuelle et ayant pour thèmes
l'éducation, le travail, la
religion et la famille, cette édition s'est démarquée par un fort taux de
participation mais également par une qualité d'organisation
exceptionnelle que j'aimerais saluer. J'aimerais également rappeler
l'importance de cette initiative qui permet aux plus jeunes de
bénéficier du savoir, de la maturité mais surtout de la sagesse de nos aînés.
Je souhaite donc féliciter les
organisateurs et les bénévoles de la Maison des Grands-Parents Laval ainsi que
ceux de l'école secondaire
Mont-de-La Salle pour cet événement réussi. Je souhaite également
souligner la qualité de la conférence
offerte par M. Marcel Tessier, un historien de renom qui a su captiver
l'auditoire. Félicitations à toutes et tous! Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci. Merci, M. le député de
Laval-des-Rapides. Maintenant, la parole est à M. le député de Chambly.
Féliciter MM. Philip
Brault et Benjamin Joanis pour leurs performances
au Championnat québécois de wakeboard Bisson Chevrolet
M.
Jean-François Roberge
M.
Roberge : Mme la Présidente, le 27 août dernier avait lieu, à Thetford
Mines, le championnat québécois 2016 de
planche nautique. À cette occasion, deux jeunes de la circonscription de
Chambly se sont démarqués. Philip Brault, un jeune Granbasilois de 15 ans seulement, s'est ainsi classé troisième
dans la catégorie Professionnels, alors qu'il se mesurait à planchistes âgés d'une vingtaine d'années. Tout un
accomplissement pour le jeune planchiste qui a accumulé les podiums tout au
long de l'année. Depuis ses débuts dans ce sport, Philip impressionne
d'ailleurs autant par ses performances que par son jeune âge.
De
son côté, Benjamin Joanis, un jeune Carignanois de 11 ans, a lui aussi brillé
lors de ce tournoi, dominant ses adversaires.
C'était sa première compétition de planche nautique, et il a terminé en
première position. Impressionnant!
Il
me fait donc plaisir de prendre la parole aujourd'hui pour souligner les
performances de ces deux jeunes athlètes mais aussi pour leur souhaiter
la meilleure des chances dans leurs projets à venir.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Chambly. Et maintenant je me
tourne vers M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata pour sa déclaration d'aujourd'hui.
Rendre hommage à M.
Réjean Thériault pour ses
55 ans de carrière en tant que pompier
M.
Jean D'Amour
M.
D'Amour : Alors, merci, Mme la Présidente. Il y a quelques semaines, j'ai eu l'occasion de
participer au grand rassemblement des
pompiers de l'Est du Québec. À cette occasion, j'ai eu l'opportunité, le
privilège de rencontrer M. Réjean Thériault. M. Thériault a exercé
son métier de pompier à Rivière-Bleue, au Témiscouata, pendant une période de
55 ans. Imaginons ensemble ce que ça représente, 55 ans de dévouement,
d'être disponible le jour comme la nuit pour éventuellement sauver des
vies, pour intervenir directement sur des incendies, être en première ligne et
protéger ses concitoyens et ses concitoyennes.
55 ans, ce n'est peut-être pas un record, mais on
va s'entendre pour dire que c'est une moyenne tout à fait exceptionnelle. Je tiens aujourd'hui à lui rendre hommage, à M. Thériault. Et je suis certain
qu'entouré des membres de sa famille tout ce monde est très fier aujourd'hui
de cette performance, de cet engagement sans bornes.
Et,
par la même occasion, je parle de M. Thériault, mais il faut voir que la
présence de nos pompiers, des hommes et
des femmes sur le terrain, chez nous, dans nos régions, ça fait une grande
différence. Alors, il faut les remercier, être conscients de leur
implication, Mme la Présidente. Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député. Maintenant, Mme la
députée de Gouin, la parole est à vous.
Rendre hommage à Mme Monique
Verschelden pour
son engagement communautaire
Mme
Françoise David
Mme David
(Gouin) : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, j'aimerais rendre
hommage à une femme d'exception qui vient tout juste de prendre sa
retraite.
Depuis
plus de 30 ans, Monique Verschelden est engagée dans le quartier Rosemont—La Petite-Patrie pour venir en aide aux plus vulnérables d'entre nous. Les
actions qu'elle a menées dans le domaine de la réinsertion à l'emploi sont remarquables et inspirantes pour qui veut agir
contre la pauvreté. Femme de coeur et de convictions, féministe et humaniste,
Mme Verschelden a oeuvré dans différents
organismes tels le Carrefour communautaire de Rosemont L'Entregens, la CDEC Rosemont—Petite-Patrie
et Pro-Prêt, un OBNL qu'elle a mis sur pied avec deux de ses collègues pour
aider des jeunes à sortir de la pauvreté par leur insertion en emploi.
C'est
grâce à des citoyennes comme Monique Verschelden
que le progrès social avance pas à pas vers un avenir plus égalitaire.
Je salue donc sa carrière, son engagement et sa générosité. Merci, Monique.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, Mme la députée de
Gouin. Alors, toujours à la rubrique des déclarations de députés, je
reconnais maintenant M. le député de Jean-Talon.
Souligner le Mois de la littératie financière
M. Sébastien Proulx
M. Proulx
: Merci, Mme la Présidente.
J'aimerais que nous prenions quelques instants aujourd'hui pour souligner le
Mois de la littératie financière, qui
encourage l'acquisition de connaissances financières par l'ensemble de la
population. En effet, comme le
mentionne le thème de cette année, S'informer, c'est payant!, s'informer
permet de gérer judicieusement ses dettes et ses économies et s'informer
permet également de mieux comprendre ses droits et ses responsabilités.
Alors, à cet égard, le gouvernement a bien compris l'importance de l'éducation financière. Voilà pourquoi que nous souhaitons
apprendre aux jeunes à prendre de bonnes décisions. J'annonçais d'ailleurs
récemment que le cours d'éducation financière deviendra obligatoire pour la rentrée
scolaire 2017. Ainsi, nous favorisons l'adoption de comportements
qui sont responsables, nous nous assurons
que les jeunes soient mieux préparés à gérer leurs finances personnelles et à
faire des choix éclairés dans la vie. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci. Merci, M. le député de Jean-Talon. Mme la
députée de Saint-Hyacinthe,
c'est à votre tour de nous faire votre déclaration.
Souligner le travail de l'organisme Jeunes en santé
Mme Chantal Soucy
Mme
Soucy : Récemment, nous
avons appris — les
données de l'Institut national de
santé publique — que près de 25 % des jeunes Québécois
seraient en surplus de poids. Les chiffres sont alarmants et nous démontrent
l'importance d'agir. C'est pourquoi
aujourd'hui je tiens à souligner le travail d'un organisme de
Saint-Hyacinthe : Jeunes en santé. Depuis 12 ans, Jeunes en santé fait la promotion de l'activité physique et de la
saine alimentation dans 31 écoles de ma circonscription. Au total, c'est
plus de 6 000 étudiants qui bénéficient de ces services chaque année.
Malheureusement,
à l'heure où l'on se parle, l'avenir de Jeunes en santé est mis en péril par la
fin annoncée de son financement. Pourtant, les statistiques le démontrent, les
organismes comme Jeunes en santé sont nécessaires dans nos écoles.
Alors, je tiens à remercier toute l'équipe de Jeunes en santé, représentée
aujourd'hui par son président, M. Gaétan
Dion, et sa coordonnatrice, Mme Véronique Laramée. Je leur donne tout mon appui
et je demande au gouvernement d'en faire autant pour garder cet
organisme en vie. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup. Nous vous
souhaitons la bienvenue à l'Assemblée nationale. Et maintenant, pour la
prochaine déclaration, je reconnais M. le député de Robert-Baldwin.
Rendre hommage à Mme Joyce Elizabeth Cobb Fennell
pour son engagement politique et social
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Merci, Mme la Présidente. So, I'd like to take a minute today to pay tribute to Mrs. Joyce
Elizabeth Cobb
Fennell, who passed away at the tender age of 92 last September. Joyce
dedicated 40 years of her life to politics into the community in the
riding of Robert-Baldwin and was
awarded the Prize Lucienne-Saillant in 2008. She was passionate about politics and was never afraid to debate ideas, to
engage with people and to listen to the concerns of others.
Joyce was an exceptional woman.
The Robert-Baldwin riding will always remember Joyce
Fennell and her contribution to the betterment of Québec society. Joyce,
you'll be greatly missed.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Robert-Baldwin. Maintenant, pour clore cette rubrique de déclaration
de députés, je cède la parole à M. le député de Berthier.
Féliciter les élus de la MRC de D'Autray de mettre
en valeur la culture et l'histoire du Québec
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : Mme la Présidente, la MRC de D'Autray, c'est un territoire qui allie fleuve, plaines, montagnes, lacs et rivières, mais c'est surtout un territoire
habité par des gens accueillants et chaleureux. Mais elle se distingue aussi
sur un autre plan.
En effet, les
élus des 15 municipalités qui en font partie ont résolument décidé de
mettre en valeur notre culture et
notre histoire. Ainsi, dans nos villes et villages, on voit se multiplier des
oeuvres d'art qui s'intègrent au tissu urbain et à l'environnement, des monuments historiques sont restaurés, catalogués, des conférences
et des expositions mettent en valeur des pans de notre histoire. À cela s'ajoute
la mise en valeur de notre culture
moderne. Ainsi, les festivals, les salles de spectacle, les salons
d'artisanat et même les marchés publics offrent aux citoyens tout un éventail
de possibilités.
Mme la Présidente,
occuper le territoire et le développer passe aussi par la culture et la
reconnaissance de nos racines. Par leurs
gestes, les élus de D'Autray envoient le message que la culture est l'âme d'un
peuple et que nous devons tous nous
assurer de son rayonnement ici, chez nous, au Québec, et sur toute la planète.
Je tiens donc à féliciter toutes les
personnes, et plus spécifiquement les élus, qui ont choisi de mettre la culture
et l'histoire du Québec au centre de nos vies ainsi qu'à les assurer de
mon soutien et de toute mon admiration. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député de Berthier. Ceci met fin à la rubrique des déclarations
de députés, et je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 52)
(Reprise à 10 heures)
Le Président :
Mmes, MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Présence de M. Jean-Martin
Aussant,
ex-parlementaire de l'Assemblée nationale
Merci.
J'ai reconnu dans nos tribunes notre ancien collègue Jean-Martin Aussant, ancien député de Nicolet. Je voudrais le saluer.
Présence de M. René Blouin,
ex-parlementaire
de l'Assemblée nationale
Et, de
l'autre côté, je vois René Blouin, ancien député de Rousseau.
Décision de la présidence sur
la recevabilité de la demande de débat d'urgence
concernant les révélations relatives à la surveillance de
journalistes
et de sources journalistiques par des services policiers
Et j'ai reçu... Ah! vous pouvez vous asseoir, là. J'ai reçu,
conformément aux dispositions
des articles 88 et suivants du règlement, une demande de débat d'urgence de la part du député de
Granby et leader du deuxième groupe d'opposition. Sa demande concerne,
et je cite, «les révélations troublantes relatives à la surveillance de
journalistes et de sources journalistiques
par des services policiers. Cette demande s'inscrit dans le contexte où, en
début de semaine, le Service de police de la ville de Montréal a reconnu
avoir placé un journaliste sous surveillance électronique et effectué des vérifications sur trois autres. S'ajoute à cela le
fait qu'hier après-midi la Sûreté du Québec a confirmé avoir scruté des
registres téléphoniques de six journalistes de différents médias.»
Pour déterminer si une demande de débat d'urgence est
recevable, la présidence doit examiner les critères prévus
par le règlement et par la jurisprudence.
Ainsi, une telle demande doit concerner un sujet précis qui relève de
l'Assemblée et qui ne peut ou n'aurait pu être discuté autrement. Le
sujet doit également concerner une crise aiguë et soudaine ou l'aggravement...
excusez-moi, l'aggravation d'une situation existante.
Dans les circonstances, le débat soulevé par la présente
demande relève, sans contredit, de la compétence de l'État
québécois. En outre, le principal critère de
recevabilité consiste à juger de l'urgence de tenir un tel débat. À cet égard,
les circonstances doivent d'abord être exceptionnelles
et le sujet, d'une importance telle qu'il justifie l'interruption des
travaux législatifs de l'Assemblée. Compte tenu des récentes informations qui
démontrent l'implication de plus d'un service policier et que cela touche
plusieurs journalistes, je constate qu'il s'agit de l'aggravation d'une
situation pour laquelle les parlementaires ont un intérêt marqué depuis le
début de la semaine.
En les circonstances, je suis d'avis que cette question est
d'une importance telle qu'elle justifie la tenue d'un débat d'urgence et l'interruption des travaux législatifs.
Je déclare donc la demande de débat d'urgence recevable.
Nous
poursuivons les affaires courantes. Aujourd'hui, il n'y
a pas de déclarations ministérielles ni de présentation
de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le leader du gouvernement.
Réponses à des pétitions
M. Fournier : Oui, M.
le Président. Je dépose la réponse du
gouvernement aux pétitions présentées par la députée de Taillon le 22 septembre
2016.
Réponses
à des questions inscrites au feuilleton
Je
dépose également les réponses du gouvernement aux questions
inscrites au feuilleton le 18 octobre 2016 par le député de Chambly.
Le Président :
Alors, ces documents sont déposés.
Lettre du
ministre fédéral de l'Agriculture et de
l'Agroalimentaire en réponse à la motion
concernant le lait diafiltré
Pour
ma part, je dépose une lettre que m'a adressée le ministre
fédéral de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, M. Lawrence MacAulay, en réponse à la motion
unanime adoptée par l'Assemblée
nationale le 2 juin 2016
concernant le lait diafiltré.
Lettre de démission de M. Marc Lacroix
à titre de président de la Commission
de la fonction publique
Je
dépose également une lettre que m'a adressée le président de la Commission de la fonction publique, M. Marc Lacroix, m'informant qu'il
quittera ses fonctions à la suite de sa nomination à titre de sous-ministre des
Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports à
compter du 7 novembre 2016.
Dépôt de rapports de
commissions
À
la rubrique Dépôt de rapports de commissions, M. le Président de la Commission
de l'administration publique et député de Jonquière.
Élection à la
présidence de la Commission
de l'administration publique
M. Gaudreault :
Oui. Alors, M. le Président, je dépose le rapport de la Commission de
l'administration publique qui, le 2 novembre 2016, a procédé à
l'élection d'une excellente présidence de la commission.
Le
Président : Je pense que le président est un peu juge et partie
sur ce dernier commentaire. Le rapport est déposé. Et je vous félicite,
d'ailleurs.
Mme la Présidente de
la Commission de la culture et de l'éducation et députée de Jeanne-Mance—Viger.
Étude détaillée
du projet de loi n° 105
Mme Rotiroti :
Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la Commission de la culture et
de l'éducation qui, le 29 septembre, les
5, 6, 26, 27 octobre et le 1er novembre 2016, a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi n° 105, Loi modifiant la Loi sur
l'instruction publique. La commission a adopté le texte du projet de loi avec
des amendements.
Le Président :
Ce rapport est déposé. M. le député de Saint-François.
Élection à la
présidence de la Commission
de l'économie et du travail
M. Hardy :
...je dépose le rapport de la Commission de l'économie et du travail qui, le
2 novembre 2016, a procédé à l'élection à la présidence de la
commission.
Étude détaillée du projet de
loi n° 70
Je
dépose le rapport de la Commission de l'économie et du travail qui, les 14, 15,
16, 17, 21, 22, 23 mars, 5, 7, 12, 27, 28 avril, 10, 11, 12, 17, 18, 24, 25, 26, 31 mai, 1er, 2, 7, 8, 9 juin, 23,
24 août, 20, 22, 28 septembre, 4, 19, 20, 25, 26, 27 octobre et 1er novembre 2016, a
procédé à l'étude détaillée du projet
de loi n° 70, Loi visant à permettre une meilleure adéquation entre la formation et l'emploi ainsi
qu'à favoriser l'intégration en emploi. La commission a adopté le texte
du projet de loi avec des amendements.
Le Président :
Alors, ce rapport est déposé. Maintenant, M. le vice-président de la Commission
des finances publiques et député de Beauce-Nord.
Élection à la vice-présidence de la
Commission des finances publiques
M. Spénard :
Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la Commission des finances
publiques qui, le 2 novembre 2016, a procédé à l'élection de la
vice-présidence à la commission.
Le Président :
Ce rapport est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, M. le député de Borduas.
Commencer rapidement les
travaux sur les ponts Lacaille et Brodeur
dans la municipalité de Saint-Jean-Baptiste
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
243 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que le pont
Lacaille à Saint-Jean-Baptiste est fermé depuis février 2016;
«Considérant que le
pont Brodeur est partiellement fermé depuis septembre 2016;
«Considérant
que les ponts Lacaille et Brodeur se trouvent au coeur du village de
Saint-Jean-Baptiste et que des milliers de citoyens utilisent ces
chemins tous les jours;
«Considérant le
détour important provoqué par la fermeture du pont Lacaille;
«Considérant le délai
d'attente causé par les feux temporaires installés sur le pont Brodeur;
«Considérant
tous les inconvénients qui sont provoqués par la fermeture de ses ponts pour
les 3 250 citoyens de Saint-Jean-Baptiste, les multiples
commerçants locaux et les milliers de campeurs;
«Considérant
que les détours des gros véhicules lourds et récréatifs rendent la circulation
dangereuse autour de l'école et de la résidence de personnes âgées à
Saint-Jean-Baptiste;
«Considérant l'impact
économique pour les commerçants locaux;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec de commencer les travaux sur
les ponts Lacaille et Brodeur le plus
rapidement possible, et ce, afin de rétablir l'économie pour les commerçants
locaux et de redonner une qualité de vie aux citoyens, campeurs et
commerçants locaux.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci.
Le
Président : Alors, l'extrait de cette pétition est déposé. Je
pense que vous avez une autre pétition, M. le député.
Autoriser la
construction d'une école dans le
secteur de la gare à Mont-Saint-Hilaire
M. Jolin-Barrette :
M. le Président, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 686 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que les
écoles de Mont-Saint-Hilaire sont remplies à pleine capacité et que certains
jeunes sont même déplacés dans les écoles des municipalités voisines;
«Considérant
que ces jeunes peuvent, dans certains cas, être soumis à un temps de transport
de près de deux heures par jour;
«Considérant
que ce temps de transport excessif peut entraîner une fatigue accrue chez les
enfants concernés et mettre ainsi en péril leurs résultats scolaires;
«Considérant
qu'il n'y a aucune garantie pour les élèves de demeurer dans la même école
pendant leurs études primaires;
«Considérant
que plusieurs fratries doivent être séparées dans différentes écoles, causant
une grande problématique pour les parents et les enfants;
«Considérant
qu'il est primordial d'assurer une
stabilité dans l'environnement des jeunes élèves afin de favoriser leur développement
social et scolaire;
«Considérant que de grands développements domiciliaires doivent
débuter en 2017 dans le village de la gare et dans les quartiers avoisinants, entraînant ainsi une augmentation significative des jeunes familles dans ce secteur dans les années à
venir;
«Considérant que, suite au refus du ministère
de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur de construire une nouvelle école
primaire à Mont-Saint-Hilaire, plusieurs jeunes familles ont manifesté leur
désir de quitter la ville;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec d'autoriser sans délai la construction d'une
nouvelle école dans le secteur de la gare à Mont-Saint-Hilaire afin de
répondre aux besoins de la population.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci.
• (10 h 10) •
Le
Président : Alors, l'extrait de cette pétition est déposé.
Pour
ma part, je n'ai pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Je vous avise
qu'après la période de questions et de réponses orales sera tenu le vote
reporté sur la motion de Mme la députée de Montarville débattue hier aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes maintenant à la période de questions et de réponses
orales, et je cède la parole à M. le
chef de l'opposition officielle.
Surveillance des journalistes
par les services policiers
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : Merci, M. le Président. D'abord, je tiens à saluer la décision du gouvernement de nommer une commission d'enquête publique sur les événements qui nous
préoccupent tous ces jours derniers. J'ai compris et j'aimerais entendre le premier ministre réitérer le
fait que les experts, les commissaires qui seront nommés le seront en consultation avec les quatre partis de l'Assemblée
nationale et j'espère aussi qu'il nous
consultera quant au libellé du mandat qu'il décidera de désigner.
Maintenant,
j'aimerais savoir aussi de la part du ministre
s'il... du premier ministre,
s'il va aller au-delà de ce que son ministre
de la Sécurité publique a dit hier en parlant d'un cas en 20 ans. Or, il
y a un cas il y a huit ans, lorsque l'ancien ministre
Dutil, de la Sécurité publique, avait demandé une enquête sur des fuites et il
avait spécifiquement refusé d'exclure les journalistes de l'enquête, en réponse à des questions.
Et d'ailleurs la fédération des journalistes avait été outrée de son
refus d'exclure les journalistes de cette enquête. Est-ce que ça fera partie du
mandat de regarder cette affaire?
Et,
deuxièmement, on sait depuis ce matin qu'un journaliste
indique qu'il y a quelques mois une source policière lui a dit qu'un mandat aurait pu être délivré pour
chercher le registre d'un journaliste par la SQ. Est-ce que l'enquête va
aussi regarder ce fait?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, d'abord, je
remercie mon collègue de souligner le geste qui vient d'être posé, je pense qu'il illustre la gravité de l'enjeu. Et
je pense qu'on pourrait les résumer, ces enjeux, à deux grands principes
de nos sociétés démocratiques :
d'une part, la liberté de presse, ce qui inclut la protection des sources
journalistiques; et, deuxièmement, l'indépendance des pouvoirs. Alors, il va falloir
qu'on décide du mandat, qu'on le donne et qu'on le propose en tenant
compte de ces deux éléments.
Oui, bien sûr, de la même façon que ce que j'ai
dit hier avant qu'on fasse cette annonce ce matin, on va consulter les partis d'opposition pour les personnes qui
seraient sur ce groupe qui sera maintenant nommé en vertu de la Loi sur les commissions d'enquête. Mon collègue de la Culture et des Communications a
déjà fait les premiers contacts avec le groupe de rédacteurs en chef qui s'est exprimé récemment. Les consultations et réflexions se poursuivent avec le milieu judiciaire pour s'assurer... il me semble adéquat
que ce soit une personne de la magistrature qui occupe la présidence de ce groupe-là et, bien sûr, un représentant ou une représentante des corps policiers. Je pense que, là, on aura
une composition qui est bien balisée, bien équilibrée.
Il
faudra bien sûr porter un soin particulier à l'écriture et à la
définition du mandat et s'assurer que les deux objectifs principaux, les deux principes de société
que j'ai nommés au début de mon intervention, se retrouvent dans le mandat qui
va être donné. Mais je pense qu'il y
a plusieurs questions légitimes
qui se posent sur ces deux enjeux, et le rôle de la commission sera d'y répondre. Et, bien sûr, on aura des
échanges, je l'espère, le plus
rapidement possible, après que ses membres aient été nommés, avec la
commission de façon à bien s'accorder avec eux sur la suite des choses.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : Bon, je comprends que des démarches sont déjà
entreprises avec des membres de la magistrature, mais, pour l'instant,
ni le chef de la deuxième opposition ni moi n'avons été consultés sur les
membres qui devraient être approchés.
J'espère que ça sera fait sous peu. Je comprends aussi que, pour ce qui est du
mandat, nous serons consultés avant la décision gouvernementale, je
l'espère.
Maintenant,
on sait que, dans les dernières semaines, dans l'affaire Normandeau, il y a eu
une volonté de quelqu'un de faire dérailler l'affaire. Est-ce que ça a
été discuté au bureau du premier ministre?
Le Président :
Est-ce que vous pourriez...
M. Lisée : ...question.
Le Président :
Non. Bien, je vais vous demander de répondre à une partie de la question.
Une voix : ...
Le Président : Alors,
répondez à votre question. Non, il ne restait pas de temps.
M. Lisée : Ces derniers mois,
quelqu'un a voulu faire dérailler l'enquête sur Mme Nathalie Normandeau.
Est-ce que ça a été une préoccupation au bureau
du premier ministre?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : On est
préoccupés par toutes ces situations qui tournent du principe essentiel de la
séparation des pouvoirs, M. le Président. Et je dois dire de façon très
simple et en limitant le ton de mon intervention que certaines remarques du chef de l'opposition ont été
inquiétantes à cet effet. Lorsqu'on apprend qu'il y avait des liens
téléphoniques directs avec les forces
policières et le cabinet du premier ministre ou de la première ministre de
l'époque, on doit se poser de sérieuses questions.
Alors, il est
clairement nécessaire de réfléchir à ces questions et réaliser que, dans un
monde réel, on peut utiliser la presse pour, justement, comme il le dit,
potentiellement faire dérailler des procédures judiciaires ou, inversement, les
influencer. Je pense que les gens qui seront
nommés là auront suffisamment d'expérience et de jugement pour en tenir
compte.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
Alors, cette commission d'enquête publique se posera-t-elle la question de
savoir, lorsque, ce printemps dernier,
quelqu'un a tenté de faire dérailler l'enquête sur la vice-première ministre
libérale, Mme Normandeau, est-ce que cette préoccupation a été discutée au bureau du premier ministre, au
bureau du ministre de la Sécurité publique? Y a-t-il eu des conversations avec la direction de la Sûreté
du Québec ou de l'UPAC au sujet de cette préoccupation? Et de quelle
nature étaient ces préoccupations, puisqu'elles pouvaient...
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Je crois qu'on passe un peu rapidement aux
conclusions, là. Je voudrais quand même l'amener à une certaine prudence. Mais il est clair que,
quand je parle du principe d'indépendance des pouvoirs, c'est ce genre de
questions là qui doit être discuté, de même
que les déclarations du chef de l'opposition des derniers jours. Je crois que
ça doit faire partie de l'examen de
cette commission. C'est très préoccupant, ce que j'ai entendu de sa part quant
à la nécessaire indépendance entre
les enquêtes policières, les forces policières et le gouvernement. Ceci pourra
bien sûr être éclairci, et on le fera de façon correcte.
Maintenant,
encore une fois, il s'agit de répéter qu'on veut s'adresser à deux enjeux
fondamentaux de notre société, la liberté de presse et l'indépendance
des pouvoirs, et c'est ce qu'on va faire.
Le Président : Troisième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
Je comprends que le premier ministre ne voudrait pas savoir si un de ses
ministres sait qu'il est sous le coup d'une plainte pour viol. C'est sa
position, ça lui appartient. C'était la nature de mon intervention, que le chef
du gouvernement sache qu'un des
membres de sa députation reçoit une plainte pour viol et le sait. S'il ne veut
pas le savoir, c'est son problème.
Je veux
savoir si, dans le mandat de cette commission d'enquête, ces événements-là
seront couverts et si on pourra discuter du libellé.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Le ton, et la nature, de la question
du collègue est éminemment répréhensible, M. le Président, je voudrais le dire. Puis moi puis beaucoup
de citoyens, on a été très inquiets d'apprendre qu'il y avait
des conversations directes entre la Sûreté du Québec et le cabinet du gouvernement précédent. On a été très perplexes quand on a
entendu notre
collègue parler de trois cas. Alors, il parle de transparence; quels sont ces
trois cas, quelles étaient les infractions? Bien, je pense qu'il devra
l'éclaircir, d'une façon ou d'une autre.
Mais,
ceci dit, M. le Président, je reviens encore sur les objectifs
fondamentaux qu'on s'est fixés, qu'on
va se fixer ensemble ici, de faire la
lumière sur la question de la liberté de la presse et de la protection des
sources journalistiques et également sur l'indépendance des pouvoirs, ce
qui inclut les corps policiers.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Taschereau.
Présomption de fraude visant
des collecteurs de
fonds du Parti libéral du Québec
Mme Agnès Maltais
Mme Maltais :
M. le Président, un reportage de l'émission Enquête nous révèle que
quatre grands libéraux auraient commis,
entre 2004 et 2006, ce qu'on appelle la plus grosse fraude dans une société
d'État de l'histoire du Québec.
Les
accointances libérales sont encore à l'oeuvre. Marc-André Fortier, l'homme de
main placé à la tête de la Société immobilière
du Québec, accompagné, tiens, tiens, de Charles Rondeau et Franco Fava, grands
collecteurs de fonds libéraux, les
mêmes qui remplissaient les post-it pour se nommer des juges bien libéraux, et
William Bartlett, collecteur de fonds de
longue date et organisateur de la campagne du premier ministre en 2007, quatre
dignes représentants du Parti libéral, impliqués jusqu'à l'os. Ensemble — tiens,
quel beau slogan! — ensemble, ils auraient fraudé la SIQ pour
2 millions de dollars versés dans des paradis fiscaux.
Combien
d'argent sale provenant de cette fraude historique de 2 millions s'est
retrouvé dans les coffres du Parti libéral?
Le Président :
M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Martin Coiteux
M. Coiteux :
M. le Président, le reportage, dont l'entièreté devrait être diffusée ce soir,
si je ne me trompe pas, nous apprend
également que l'UPAC fait enquête sur le dossier. Et, comme vous le savez, puis
c'est un principe fondamental, là, de
séparation des pouvoirs, de distance entre le politique et les corps policiers,
c'est un principe fondamental, l'UPAC
est une unité indépendante qui mène ses enquêtes de façon indépendante, sans
que nous n'intervenions et sans que
nous n'émettions d'opinion. Alors, je vais me contenter de dire cela. Cette
indépendance, elle est très importante, et l'UPAC doit faire son
travail.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Agnès Maltais
Mme Maltais :
Marc-André Fortier a déclaré en cour — en cour — avoir reçu des pressions du bureau du
premier ministre d'alors pour
rencontrer des entrepreneurs en lien avec la SIQ. Résultat :
2 millions de dollars dans des paradis fiscaux. Mais j'ai devant
moi le chef du Parti libéral.
Quelle
était la cote qui s'en allait dans le coffre du Parti libéral? Est-ce que le
premier ministre va déclencher une vérification
sur son parti, dont il est toujours le chef, à ce que je sache, aujourd'hui,
pour savoir combien d'argent s'est retrouvé dans les caisses du Parti
libéral?
• (10 h 20) •
Le Président :
M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Martin Coiteux
M. Coiteux :
M. le Président, ce n'est pas parce que j'aime particulièrement être un
perroquet, mais je vais être obligé
de le répéter : je vais être obligé de répéter que c'est un principe
fondamental que celui de l'indépendance entre le pouvoir politique et les corps policiers. Et l'UPAC, qui, nous dit le
reportage en question, ferait enquête là-dessus, serait en possession de
documents sur ce dossier, est responsable de faire l'enquête. Et là on nous
demande, nous, comme gouvernement, d'émettre
des opinions et d'intervenir dans une enquête. C'est justement le genre de
chose que, si jamais ça a déjà
existé... j'espère que non, bien, ça ne devrait pas exister. Alors, je peux me
relever une troisième fois et redire exactement la même chose.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Agnès Maltais
Mme Maltais :
La fraude libérale de 2 millions de dollars s'est déroulée entre 2004 et
2006. L'année suivante, le premier
ministre, alors ministre de la Santé, sera élu dans Jean-Talon notamment grâce
à l'organisateur William Bartlett,
qui aurait participé à la fraude. J'ai
devant moi le chef du Parti libéral. Il n'y a aucun mur, il n'y a aucune indépendance
entre le chef du Parti libéral et le Parti libéral.
Est-ce qu'il va déclencher une
vérification pour qu'on sache s'il a été élu grâce à des fonds qui ont été
amassés grâce à cette fraude?
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Je vais redire
avec un ton serein, M. le Président, que le reportage nous dit que l'UPAC est en train de faire son travail dans cette question-là.
Et il est hors de question, hors de question qu'on intervienne dans le travail de
l'UPAC. C'est le genre de chose qui ne doit jamais arriver.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Taschereau.
Enquête sur une présomption de
fraude visant des collecteurs
de fonds du Parti libéral du Québec
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Le
reportage d'Enquête nous révèle que la fraude historique — historique — de
2 millions de dollars
aurait été commise par, ensemble, quatre collecteurs du Parti libéral, incluant William Bartlett, je l'ai dit, organisateur du premier
ministre, alors député de Jean-Talon, en 2007.
Devant
l'ampleur de cette affaire, qui implique directement un organisateur de ses propres élections, le premier
ministre doit faire preuve de transparence
et être à la hauteur. Toute autre ligne de conduite jetterait immédiatement le discrédit
sur le chef du gouvernement, à mon avis. Le reportage révèle que la SIQ a mené
des enquêtes internes et a commandé un rapport juricomptable d'une firme
externe.
Est-ce
que le gouvernement va rendre publics dès aujourd'hui les rapports d'enquête
internes de la SIQ et le rapport juricomptable?
Le Président :
M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : M. le Président, non seulement l'UPAC a fait enquête, nous
dit le reportage, mais le dossier a été déposé au Directeur des poursuites criminelles et pénales. Alors là, ce
n'est pas seulement dans les enquêtes de l'UPAC qu'on nous demande d'intervenir, on nous demanderait d'intervenir auprès
du DPCP. C'est ce genre de confusion dans les rôles et les genres dans une démocratie comme la nôtre qui ne doit
pas être toléré et c'est contre ça qu'on doit tous ici, dans cette
Assemblée, s'insurger.
Alors,
je répète, on ne va pas intervenir dans un dossier qui a été déposé au DPCP
suite à une enquête de l'UPAC conduite de manière indépendante.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : On ne demande pas les rapports d'enquête, on
demande des documents administratifs qui sont actuellement entre les mains du gouvernement, donc du Parti libéral.
Pourquoi est-ce que seul le Parti libéral a accès à ces documents? Moi,
je pense que les Québécois ont le droit de savoir.
Pourquoi
est-ce que vous ne rendez pas publics dès aujourd'hui les rapports d'enquête
interne et les rapports du juricomptable, qui sont des documents administratifs?
Les Québécois ont le droit de savoir.
Le Président :
M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : M. le Président, pourquoi, puisqu'on me pose ce genre de
question, pourquoi la députée de Taschereau insiste tant pour que nous, les politiques, on intervienne dans les
enquêtes de l'UPAC, pour que nous, les politiques, on intervienne dans des
dossiers qui sont déposés au DPCP? Pourquoi nous demande-t-elle de faire ça?
C'est quoi, la... Je vais faire attention
à ce que je vais dire, M. le Président. Je vais faire attention à ce que je
vais dire, mais, en tout cas, ce n'est pas la culture que nous voulons
défendre, de ce côté-ci de la Chambre.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais :
La culture que vous défendez en ce moment, c'est la culture libérale, pauvre
vous, le manque de transparence, la
vérité qu'on n'arrive pas à savoir. J'ai devant moi le chef du Parti libéral.
Qu'est-ce qu'il attend pour livrer aux Québécois le rapport du
juricomptable, les enquêtes?
Est-ce qu'il
va accepter la motion qu'on a déposée, M. le Président, la motion qui veut
qu'on entende ensemble les quatre grands organisateurs libéraux?
Le Président : M. le ministre
de la Sécurité publique.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : M. le Président, honnêtement, je trouve ça pitoyable, je
trouve ça pitoyable, parce qu'on est devant des principes absolument
fondamentaux d'indépendance et de séparation des pouvoirs et on dit, en
pointant du doigt comme ça : Mais
allez-vous intervenir, allez-vous intervenir dans des enquêtes, allez-vous
intervenir dans les dossiers qui sont
présentés au DPCP? C'est inacceptable, M. le Président, et on ne va pas
répondre à ce type de question autrement qu'en défendant nos
institutions.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! La parole est au chef du deuxième groupe d'opposition, en principale.
Mesures concernant la surveillance des journalistes
par les services policiers
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, donc, après le service de police de Montréal, qui a espionné
Patrick Lagacé, on sait maintenant
que la Sûreté du Québec a surveillé pas moins de six journalistes. On sait
aussi que l'ancien ministre de la Sécurité publique du gouvernement du
Parti québécois a passé une commande politique au directeur de la SQ.
M. le Président, ça fait 48 heures que la
CAQ demande une enquête publique. Évidemment...
Le Président : M. le leader
de l'opposition.
M.
Bérubé : M. le
Président, je viens d'entendre le chef de la deuxième opposition parler d'une
commande politique passée par un ministre. Ça m'apparaît fort de café ce matin.
J'aimerais qu'il retire ses paroles.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Fournier : Je suggère que
mon collègue partage le café avec sa collègue qui est à gauche.
Le Président : Bon, bon, la
machine à café, là, est complète ce matin. On va demander au chef du deuxième
groupe d'opposition de continuer sa question en faisant attention de... Évitez
d'imputer des motifs.
M. Legault :
Oui. M. le Président, on sait que, le premier ministre, ça lui prend parfois
24, 48 heures pour comprendre la
gravité d'une situation. Ce matin, il fait la moitié du chemin, il nous
dit : Ma patente, là, avec un groupe d'experts, on va lui donner le pouvoir d'une commission d'enquête, mais
ce sera eux autres qui décideront si c'est public ou non. M. le Président, c'est assez grave, là, pour
que le premier ministre nous dise clairement qu'il y aura une enquête publique.
Donc, est-ce qu'il peut nous garantir ce matin
que les travaux vont être publics?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Je suis un peu perplexe, M. le Président. C'est évident, là. Les membres sont nommés en fonction de la
Loi sur les commissions d'enquête. Ils auront à tenir des audiences, puis le
collègue pourra y aller.
Je ne
comprends pas le sens de sa question. De toute évidence, il est déçu un peu,
parce qu'on a interrompu son plan de
période de questions, là, qu'on ait pris, au contraire, une décision qui a été
rapide, une décision rapide, une décision appropriée et une décision proportionnelle aux enjeux qui sont devant
nous, qui sont l'enjeu de la liberté de presse et de la séparation des
pouvoirs. Je réitère pour lui également qu'il sera consulté pour la formation,
notamment... la nomination de la personne de la magistrature qui siégera
là.
Mais, clairement, M. le Président, on le sait
tous ici, là — je
ne sais pas pourquoi on veut enfoncer des portes ouvertes — si on
nomme des gens en vertu de la Loi sur les commissions d'enquête, bien, ils
peuvent certainement, certainement faire des audiences publiques.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, je suis content qu'après 48 heures le premier ministre se
rallie à la demande d'enquête publique de la CAQ. Maintenant...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! S'il vous plaît! M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Legault : Ce qui inquiète la population, c'est la proximité
du politique et du policier. Actuellement, le grand
patron de la SQ, puis le grand patron de l'UPAC, est nommé par le premier
ministre puis le Conseil des ministres.
À la CAQ, on propose
qu'à l'avenir ces deux postes soient nommés par le deux tiers de l'Assemblée nationale. Est-ce qu'il est d'accord?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : D'abord, M.
le Président, ce n'est pas tout à fait exact, là, il y a des comités indépendants qui font le
travail pour recommander des candidatures. Ce n'est pas exactement comme ce que
mentionne mon collègue.
Cependant,
je dois dire qu'il soulève un point intéressant qui mérite une discussion : le mode de
nomination des chefs de police. Mais
pourquoi il mentionne juste deux services de police? Combien y a-t-il... quoi,
une trentaine de services de police
au Québec? Pourquoi il n'est pas préoccupé par les autres également?
Mais je pense qu'il faut avoir une réflexion sur cette question. On va l'avoir, on va l'avoir, cette réflexion-là.
Moi, je suis ouvert à ce qu'on agisse dans cette direction-là mais qu'on
agisse après avoir réfléchi. Des fois, vous savez, réfléchir 24,
48 heures, ce n'est pas une mauvaise idée.
Alors, on va
même prendre un peu plus de temps, si nécessaire, mais on va certainement prendre en compte
cette question, M. le Président.
• (10 h 30) •
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, j'accepte qu'il y en ait qui pensent moins vite que d'autres,
mais...
Des voix : ...
Le
Président : Bon. Je
pense que tout le monde a pris un peu trop de café, là, ce matin. M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Legault : M. le
Président, pour nous, là, c'est clair, la police n'a pas à être au service du gouvernement.
Donc, les chefs de police et l'UPAC, est-ce que
le premier ministre est d'accord qu'ils soient nommés au deux tiers de
l'Assemblée nationale, oui ou non?
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! S'il vous plaît! M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Notre collègue aimerait qu'on pense plus vite. Ce
n'est pas mauvais également de parler moins vite, et puis de réfléchir aux enjeux, puis d'avoir une bonne discussion
démocratique. Ce qu'il soulève, c'est un enjeu démocratique très, très important, c'est un enjeu fondamental qui est
révélé à la lumière de ce qu'on a vu au cours des derniers jours. Ceci
dit, je veux le rassurer, j'ai la plus profonde admiration pour ses qualités
intellectuelles.
Le Président : Principale, M.
le député de La Peltrie.
Présumée fraude impliquant des collecteurs de fonds du
Parti libéral
M. Éric Caire
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Quatre grands collecteurs de fonds libéraux pourraient
bien être au coeur d'une des plus grandes fraudes non seulement de
l'histoire du Québec, mais de l'histoire du Canada, M. le Président. L'un d'entre eux,
William Bartlett aurait, à titre d'exemple, alors qu'il était au conseil
d'administration de la CSST, prolongé indûment
un contrat pour s'assurer qu'il y ait une petite ristourne pour lui, pour
Charles Rondeau et pour Franco Fava. William Bartlett, bizarrement, c'est un hasard sûrement, était un
organisateur du premier ministre dans son comté, donc un homme
extrêmement important pour lui.
Est-ce que le premier
ministre peut nous expliquer quelle était, quelle est la nature exacte de ses
liens avec William Bartlett?
Le Président :
M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Martin Coiteux
M. Coiteux :
Je vais être obligé de me répéter, M. le Président, mais peut-être que j'y
mettrai un peu moins de passion,
puisque la question a été posée un peu plus posément que celle de la députée de
Taschereau. En tout cas, avec moins
d'emphase peut-être. Bon, regardez, M. le Président, je pense que vous m'avez
entendu tout à l'heure, puis vous allez vous dire pourquoi je vous
répète ça, puisque vous le savez déjà, il y a, selon le reportage de
Radio-Canada, une enquête de l'UPAC
là-dessus, il y a un dossier qui a été déposé au DPCP. Vous conviendrez, M. le
Président, qu'on ne va pas commenter là-dessus.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le Président, la réponse du ministre de la
Sécurité publique, qui sert donc de bouclier humain au premier ministre, elle est inquiétante parce que
je comprends donc que les liens entre le premier ministre et William Bartlett sont
sous enquête de l'UPAC. C'est ça, sa réponse?
Est-ce
que le premier ministre peut nous confirmer qu'il a rencontré l'UPAC parce que
l'UPAC s'intéressait à ses liens avec William Bartlett? Parce que c'est
ça que son ministre vient de dire.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Martin Coiteux
M. Coiteux :
M. le Président, le reportage nous dit qu'il y aurait enquête de l'UPAC et un
dossier déposé au DPCP. Le bouclier
dont parle le député de la seconde opposition, de La Peltrie, le bouclier
dont on parle, c'est la distance, c'est la séparation des pouvoirs
dans notre société entre la police, la justice et le gouvernement. C'est ça, le bouclier. C'est ça, le bouclier qu'on défend. C'est ça, le bouclier qu'on défend dans ce
dossier-là. Et c'est ça, le bouclier qu'on va défendre aussi dans le cas
de la préservation de la liberté de la presse et de la protection des sources
avec les mesures qu'on a annoncées cette semaine. Ce boulier, M. le Président...
Le Président :
En terminant.
M. Coiteux :
...est très important, et on va le défendre.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : Je ne suis
pas sûr que c'est nos institutions que vous êtes en train de protéger, M. le Président. M. le Président,
la question, elle est simple, William Bartlett est un
organisateur du premier ministre dans son élection en 2007 dans Jean-Talon. C'est un fait. Pas besoin d'enquête, c'est un
fait. La seule question que je lui pose, elle est très simple et, jusqu'à preuve du contraire, elle n'est pas supposée être
sous enquête : Quelle était la nature de ses liens avec William
Bartlett?
Le Président :
M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Martin Coiteux
M. Coiteux : Il y a eu des commentaires malveillants du député de La Peltrie, M. le Président, c'est comme ça qu'il a commencé sa question.
Vous me permettrez de ne pas répéter, pour la énième fois, la même chose, mais de me concentrer là-dessus,
hein? Oui, c'est vrai qu'on défend les institutions. Oui, c'est vrai qu'on défend la séparation des
pouvoirs dans notre société.
Oui, c'est vrai qu'on veut s'assurer de l'indépendance des pouvoirs
dans notre société. Puis défendre
ces institutions-là, défendre ces questions, qui sont fondamentales, c'est défendre la démocratie,
c'est pour ça qu'on le fait.
Puis on est
125 députés à l'Assemblée nationale, puis on devrait tous avoir à coeur de
défendre ces grands principes là. Et c'est ça qu'on défend, et c'est ça qu'on
va continuer de défendre. Et j'espère, M. le Président...
Le Président : En terminant.
M. Coiteux : ...qu'on partage
tous cette même vision.
Le Président : Principale,
Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Projet de loi sur la protection des divulgateurs d'actes
répréhensibles
Mme Nicole Léger
Mme Léger :
Les allégations de fraude impliquant les collecteurs de fonds du Parti libéral
du Québec résonnent tout
particulièrement ce matin avec le projet de loi n° 87 sur les lanceurs
d'alerte. Hier, le ministre a refusé de protéger les lanceurs d'alerte qui désirent dénoncer des cas de
corruption ou de fraude aux médias. Les seuls critères du ministre sont l'urgence
et un risque grave pour la santé, la sécurité et l'environnement.
Est-ce que
l'affaire implique un risque grave pour la santé, la sécurité ou
l'environnement? Non, c'est de la fraude. Est-ce qu'il y a urgence? Non, les
faits remontent à 10 ans. Est-ce que divulguer à l'interne aurait changé
quelque chose? Non, c'est
l'ex-président de la SQI qui est impliqué. Est-ce que divulguer à l'UPAC a
donné lieu à des correctifs? Non,
depuis 2011, aucune accusation au DPCP. Mais le ministre oblige le divulgateur
à passer par l'UPAC ou la police. Bref, un lanceur d'alerte qui divulgue
aux médias n'est pas protégé.
Est-ce que le
ministre va modifier son projet de loi pour protéger les lanceurs d'alerte qui
dénoncent aux médias?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Alors, bon,
on va reprendre là où on s'était laissés hier soir, M. le Président. Dans notre projet de loi n° 87, qui vise à favoriser la divulgation d'actes répréhensibles, nous avons
choisi, comme canal plus efficace et
le plus approprié pour l'analyse de divulgation et pour favoriser la
divulgation et protéger les divulgateurs, de passer par le Protecteur du
citoyen, M. le Président. Le Protecteur du citoyen, c'est l'organisme
indépendant que nous respectons tous
dans cette Assemblée et à qui nous allons donner les moyens et les pouvoirs de
bien analyser et de bien s'occuper de ces actes de divulgation, de
donner suite à ces choses-là, M. le Président.
Nous avons
aussi ajouté une provision pour un cas d'urgence. Il y en a beaucoup qui
parlaient de ça hier, un cas d'urgence. S'il n'est pas possible de rejoindre le
Protecteur du citoyen, alors là les divulgateurs peuvent, en cas d'urgence,
le faire publiquement. Mais seulement en cas
d'urgence, M. le Président. Le moyen proposé par le projet de loi n° 87 de
divulguer des actes répréhensibles, c'est de
passer, en tout temps et en tous cas, par le Protecteur du citoyen, ce qui est
très efficace, à notre avis, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Nicole Léger
Mme Léger :
M. le Président, pourquoi ne pas leur ouvrir une porte supplémentaire pour
augmenter les chances que la vérité
éclate, pas seulement la voie du Protecteur du citoyen? Les lanceurs d'alerte
n'ont parfois pas confiance dans la
voie institutionnelle. Les médias sont, pour eux, le seul endroit où on va
entendre leur cri du coeur, car ils ont peur. Le ministre doit avoir le sens de l'intérêt public et se mettre dans la
peau du lanceur d'alerte. Pourquoi ne veut-il pas que les médias fassent
partie des options pour les lanceurs d'alerte?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : Encore une fois, M. le
Président, c'est la même discussion que nous avons depuis déjà un certain temps. Vraiment, je ne comprends pas pourquoi la
députée de Pointe-aux-Trembles s'obstine à ne pas faire confiance au
Protecteur du citoyen, je ne sais pas pourquoi elle fait ça, M. le Président.
Le Protecteur du citoyen est un organisme indépendant et qui a déjà des moyens,
mais qui va avoir encore plus de moyens et d'outils pour recevoir les plaintes,
M. le Président. Ça ne se fait pas nulle
part d'autre ailleurs, nous sommes en train d'innover et de créer un moyen
efficace, à notre avis, de favoriser les divulgations et de protéger les
personnes qui divulguent. Le Protecteur du citoyen...
Le Président : En terminant.
M. Leitão : ...c'est le véhicule
idéal pour faire ça.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Nicole Léger
Mme Léger :
Il y a des gens, M. le Président, qui ne connaissent pas le Protecteur du
citoyen et ne veulent pas le Protecteur du citoyen. Le gouvernement
choisit de placer des obstacles sur le chemin vers la vérité.
Le premier
ministre croit-il encore au rôle fondamental des médias et leur rôle dans une
société démocratique? C'est parfois
la seule voie qui s'offre pour les lanceurs d'alerte. Va-t-il rappeler à
l'ordre son ministre et lui demander de protéger les lanceurs d'alerte
qui divulguent aux médias?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Je pense que, dans
cette Assemblée, des fois, on apprend des choses, M. le Président. Là, je viens d'apprendre,
comme nous tous, que le Protecteur du
citoyen, maintenant, est un obstacle à la divulgation d'actes répréhensibles. Il va falloir lui annoncer ça parce que je ne pense pas qu'elle est au courant
qu'elle est devenue un obstacle à la divulgation.
C'est
l'équilibre que nous voulons atteindre entre la divulgation efficace et
protection des divulgateurs. L'équilibre que nous avons trouvé, c'est le
Protecteur du citoyen On n'empêche personne d'aller au Protecteur du citoyen et
de divulguer. Dans des cas très spécifiques
d'urgence, là, on peut passer par les médias, oui, mais très spécifiques
d'urgence. En général, c'est le Protecteur du citoyen, qui fait un très
bon travail.
• (10 h 40) •
Le Président : Principale,
Mme la députée de Taillon.
Transport des échantillons sanguins vers des laboratoires
spécialisés
Mme Diane Lamarre
Mme Lamarre : M. le Président, des
travailleurs de la santé de toutes professions et de partout au Québec continuent de mettre en évidence les dangers et
les failles du projet Optilab. Ce qu'ils craignent, ce sont des délais accrus
pour les analyses, ce sont des pertes
d'échantillons et des pertes de résultats de ces échantillons, ce sont des
pertes d'expertise locale. Ce qu'ils
craignent, ce sont les baisses de la qualité des soins, particulièrement en
région. Un ministre de la Santé, c'est
censé être là pour améliorer les soins, pas pour les détériorer. Et, dans un
dossier aussi sensible, l'improvisation et la coercition s'apparentent à
de la négligence. Jusqu'ici, le ministre de la Santé a refusé d'écouter le
réseau de la santé.
Maintenant qu'il n'a plus qu'un rôle secondaire
dans les négociations avec les médecins, va-t-il écouter les travailleurs sur le terrain, ceux qui sont proches
des patients, qui ont des inquiétudes légitimes et majeures à propos d'Optilab?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : Ce qui est déplorable,
M. le Président, dans cette Chambre, c'est de voir à quel point les trois oppositions s'appliquent à alarmer la population
avec une tonne d'insinuations non vérifées. C'est à tous les jours, c'est
à chaque fois qu'on se lève, de leur bord,
évidemment, et nous, on est heureux de se lever pour corriger la situation. Et,
la semaine prochaine, ça va
recommencer, M. le Président, parce que la seule et unique politique qui
existe, particulièrement au Parti
québécois, est celle de l'insinuation. On n'a pas d'idées à défendre, on n'a
qu'à présenter des situations de façon les
plus déformées possible pour qu'en la répétant ça devienne une réalité. C'est
ça, la réalité, M. le Président, de cette salle, de cette Chambre.
Alors, M. le
Président, cette semaine, par exemple, je rencontrais les acteurs principaux du
milieu qui, supposément, sont
représentés par la collègue qui s'est levée pour poser sa question, et eux sont
venus me dire une chose très simple : C'est une bonne idée, Optilab. On y croit, on collabore et on propose de
participer pour être sûrs d'apporter les ajustements nécessaires. Et,
non, on ne m'a pas décrit cette situation.
Le Président : En terminant.
M. Barrette : Alors, où est la vérité?
Peut-elle être celle...
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Le ministre
aurait pu prendre 1 min 15 s pour rassurer. Au lieu de toujours
décrier le travail des autres, qu'il
rassure avec les secondes qu'il a en Chambre. M. le Président, c'est non seulement
tout le réseau de la santé, mais ce
sont 60 maires et préfets qui s'inquiètent d'Optilab. Aujourd'hui, les gens qui manifestent dehors, ce sont des personnes qui rencontrent un mur, un ministre
insensible aux spécificités du terrain et des patients. Même message de
l'Hôpital Sainte-Justine.
Est-ce que le
ministre va écouter les gens qui connaissent vraiment
les spécificités des hôpitaux et des régions?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, dans les dernières années... Parce que je vais le rappeler, c'est important,
le projet Optilab avait été approuvé,
lancé, confirmé en septembre 2013 par le Parti québécois. Je pense que
c'est important de rappeler
que la députée de Taillon se lève, encore une fois, pour nous
dire que son propre parti a mis de l'avant dans le réseau le projet qu'elle dénonce aujourd'hui. C'est quand même extraordinaire de voir un parti politique qui, quand il est au pouvoir, dit qu'il fait la
bonne chose et, quand il est dans l'opposition, vient dire que ce qu'il avait
fait était mauvais.
Le Président : En terminant.
M. Barrette : Elle nous dit, M. le
Président, qu'elle a amené le tort qu'elle me reproche...
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Une voix : ...
Le Président : M. le leader
de l'opposition, on voudrait écouter Mme la députée de Taillon.
Des voix : ...
Le Président : Mme la députée
de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : J'ai parlé d'un mur que les gens rencontrent. C'est ça que
les gens déplorent, un mur, actuellement. Sur la Côte-Nord, Dre L'Espérance et la patiente Arlène Beaudin
démontrent douloureusement ce qui arrive quand on tarde à analyser des échantillons. Les
échantillons de femmes atteintes de cancer du sein sont envoyés en Ontario pour
analyse, ce qui cause des délais
supplémentaires de six à huit semaines, six à huit semaines quand on attend un
diagnostic de cancer. Les gens de la
Côte-Nord paient les mêmes taxes et impôts, mais, quand ils ont le cancer, ils
n'ont pas droit aux mêmes services. De l'aveu même du...
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, est-il... oui, il est nécessaire de
rappeler qu'il fut un temps où le Parti québécois envoyait des patients
à Plattsburgh, M. le Président, hein, c'est ça qu'il faisait, et c'est aussi le
parti qui a fermé des hôpitaux, M. le
Président. Et, pour prendre le cas particulier de Sept-Îles, M. le Président,
dans une quelconque vie antérieure,
alors qu'il y avait un autre gouvernement que je pourrais appeler celui du
Parti québécois, bien, à Sept-Îles, on envoyait
les fameux prélèvements aussi en Ontario et à Rimouski. C'est drôle, M. le
Président, encore une fois, la députée de Taillon dénigre ses propres
actions de son parti dans le passé et elle se lève. Le mur, M. le Président...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...auquel la
population fait face, c'est le mur de la désinformation...
Le Président : M. le député
de La Peltrie, en principale.
Présomption de fraude visant des solliciteurs de fonds du
Parti libéral
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci,
M. le Président. Franco Fava, à titre
de collecteur de fonds du Parti
libéral, a rapporté des millions de
dollars à ce parti. Franco Fava a été
mentionné à de nombreuses reprises non
seulement pour sa rentabilité, mais pour les pressions qui
étaient exercées dans certaines nominations. Fava a demandé en retour de
services rendus, etc., et j'en passe, et des meilleures.
Franco
Fava avait comme bras droit, depuis qu'il a fondé la compagnie Neilson, Gérald
Larose. Qui est Gérald Larose, M. le Président, à part d'être un proche
de Franco Fava, à part d'avoir été un partenaire d'affaires de Franco Fava? C'est aussi le directeur
de l'organisation, pour l'Est du Québec, actuel du Parti libéral du Québec. Est-ce que le premier
ministre peut nous dire si toutes les vérifications ont été faites pour
s'assurer que M. Larose est un homme intègre?
Le Président :
M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Le député de
La Peltrie revient pour poser la même question sur la même
affaire, sur la même affaire. Et je
répète que, hein, c'est Radio-Canada qui nous dit ça, là. Je dis ce que Radio-Canada dit. Ils nous disent que l'UPAC a conduit une enquête sur cette question-là, ils nous disent ça et ils
nous disent qu'un dossier a été déposé au DPCP. C'est ce qu'ils nous
disent. On va regarder le reportage ce soir, mais c'est ce qu'ils nous disent jusqu'à
maintenant. C'est l'information publique, là, qui est donnée. Et le député de
La Peltrie voudrait qu'on intervienne là-dedans,
ça serait une grave erreur.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : Bon, bien,
coudon, il faut croire que l'UPAC est en train d'enquêter sur Gérald Larose? C'est ça
que je comprends? C'est ça
que le ministre de la... qui enquête
sur les liens entre M. Bartlett et le premier ministre selon le ministre, et là il est en train d'enquêter sur
Gérald Larose? C'est ça qu'on comprend? Est-ce que le premier ministre nous
confirme ce que vient de dire le ministre de la Sécurité publique, l'UPAC
enquête présentement sur son directeur de l'organisation, M. Gérald Larose?
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Il revient sur la
même affaire, il revient exactement sur la même affaire. Et, en ce qui concerne cette affaire, Radio-Canada nous dit que l'UPAC a conduit une
enquête et Radio-Canada nous dit qu'il y aurait un dossier devant le DPCP, et il revient constamment là-dessus.
Je veux dire, il faut aussi savoir écouter et entendre, il faut aussi
savoir comprendre. Je peux bien me relever encore une fois, M. le Président, ça
sera l'occasion d'un nouvel échange.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le Président, ma question s'adresse au chef du Parti libéral du Québec. Que je sache, le ministre de la Sécurité
publique fabule ou alors il est au
courant d'enquêtes de l'UPAC, puis là il va falloir qu'il nous l'explique
prochainement.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous
plaît! M. le député de La Peltrie, je vais recommander de faire attention à vos propos. Je vous
demanderais de retirer les derniers. Vous les retirez? Votre question, s'il
vous plaît.
M.
Caire : Bon. Donc, je retire, et donc il est au courant
d'enquêtes policières, et là il va falloir qu'il s'explique un jour
là-dessus.
Mais
la question, elle est claire. Le directeur de l'organisation pour l'Est du
Québec du Parti libéral, M. Larose, était un très, très, très
proche de Franco Fava. Est-ce que des vérifications ont été faites sur cet
individu?
Le Président :
M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Que d'insinuations, M. le Président! Que d'insinuations sur
ce que je sais ou ne saurais pas! Je sais la même chose que lui, puisque
c'est Radio-Canada qui nous le dit, hein? Il est possible, il est possible que
le député de La Peltrie ne regarde pas
ou n'écoute pas Radio-Canada. Il est possible qu'il n'y ait qu'un journal qui
l'intéresse. À une autre époque, d'ailleurs, je n'avais qu'à lire Le
Journal de Québec le matin pour savoir quelles questions le député de
La Peltrie me poserait lorsque j'étais président du Conseil du trésor.
Mais l'information, l'information dont il est ici question émane de Radio-Canada.
Alors, trêve d'insinuations, on n'a pas à
intervenir dans un dossier comme celui-là...
Le Président :
En terminant.
M.
Coiteux : ...surtout si, comme le dit Radio-Canada, ce serait devant
le DPCP.
Le Président :
Est-ce que vous avez d'autres questions? M. le député de Lac-Saint-Jean, en
principale.
Correctifs envisagés pour éliminer
les disparités
entre les comptes de taxe scolaire
M. Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : Oui. Je vous remercie, M. le Président. Alors, hier, M. le
Président, j'ai eu un téléphone, Éric Fournier, citoyen de Saint-Jérôme,
puis là il m'a expliqué son problème de taxe scolaire...
• (10 h 50) •
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! À ma connaissance, Saint-Jérôme
fait encore partie du Québec. Alors, on va écouter la question. M. le
député.
M. Cloutier :
Ils doivent trouver ça drôle parce qu'en réalité ils sont au courant de la
problématique depuis deux ans et demi. Un
citoyen qui a une maison de 300 000 $ à Saint-Jérôme va payer
960 $ de taxes, M. le Président. Par contre, à 28 kilomètres de là, à Sainte-Adèle, donc juste à côté,
savez-vous comment le même citoyen va payer? 320 $, une différence
de 600 $, M. le Président.
Alors,
le gouvernement est au courant depuis deux ans et demi. Même l'ancien ministre,
celui qui n'allait pas visiter les
écoles, le député de Charlesbourg, s'était engagé à corriger le problème. Je le cite : Le système
est désuet, inéquitable, digne du XIXe siècle.
M. le Président,
comment le ministre de l'Éducation explique qu'il n'a absolument rien fait dans
le dossier?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît, Mme la députée de Saint-Hyacinthe! M. le ministre de
l'Éducation.
M. Sébastien Proulx
M. Proulx :
Merci, M. le Président. D'abord, peut-être rappeler au collègue qu'il y avait
dans le passé une péréquation pour la taxe
scolaire au Québec. C'est le gouvernement du Parti québécois qui a mis fin à la
péréquation. Un.
Deuxièmement,
M. le Président, avant de commencer à parler de la taxe pour l'ensemble du
Québec, il fallait mettre fin à la
péréquation, il fallait sortir de la péréquation, puis il fallait surtout
s'assurer de voir quels seraient les effets de la fin de la péréquation. Et ça, c'est depuis cette
année, M. le Président, qu'on est capables d'évaluer l'ensemble des effets.
La raison pour laquelle le comité de travail qui avait été mis en place par le
ministère de l'Éducation et des Finances travaillait
à cette question-là... devait attendre la fin de cette péréquation-là et des
effets. Aujourd'hui, nous y sommes, ils
sont au travail. J'ai dit au député de Lac-Saint-Jean, comme à l'ensemble des
concitoyens : On va faire des vérifications, on va faire des simulations puis on va voir quel
sera le meilleur moyen pour assurer l'équité pour l'ensemble des Québécois.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Alexandre Cloutier
M. Cloutier :
Bien, je veux bien, M. le Président, mais le ministre de l'Éducation a juste
oublié une petite partie de
l'historique, il a oublié de dire qu'il y a un rapport qui a été déposé au
moment où il prenait place au gouvernement, le rapport Champoux-Lesage.
Qu'est-ce qu'il disait, le rapport? Que la situation était intenable, amenait
des situations qui étaient inéquitables, ce qui a fait dire à l'ancien ministre
de l'Éducation que c'était digne du XIXe siècle.
Bref, il y a des gens
de Saint-Jérôme qui paient de façon inéquitable parce que vous avez...
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Sébastien Proulx
M. Proulx : Oui. M. le Président, pas besoin d'être en élections partielles pour
parler de taxes scolaires, pas besoin de
prendre l'exemple seulement de Saint-Jérôme pour parler de taxes scolaires;
dans l'ensemble du Québec, il y a des situations comme celle-là. Dans
certains cas, c'est dans un sens; dans certains cas, c'est dans l'autre.
Ce
que j'ai dit, M. le Président, c'est qu'il y avait une analyse qui se faisait,
il y a des simulations qui se faisaient à l'égard de la taxe. Est-ce que c'est la solution du collègue de
Lac-Saint-Jean de vouloir augmenter les taxes de certains pour peut-être les diminuer chez d'autres? Sa
solution à lui, c'est quoi, M. le Président? Est-ce que c'est de faire en sorte
que des citoyens devraient payer plus cher
dans une grande région? Moi, je veux faire l'analyse, M. le Président, pour
l'ensemble des
régions. Je veux m'assurer que, s'il y a à avoir des modifications, il y ait de
l'équité et, s'il doit y avoir des
changements, M. le Président, qu'on ait discuté avec les gens, ce qu'il ne
pense pas nécessaire de faire, manifestement.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Alexandre Cloutier
M. Cloutier :
M. le Président, je le comprends, là,
le malaise du ministre. Il partage le fait que la problématique, c'est vrai qu'elle n'est pas juste à Saint-Jérôme, mais c'est vrai que les gens de Saint-Jérôme sont particulièrement touchés par la problématique.
Le problème, c'est que, quand on ne fait rien pour changer
les choses, M. le Président, bien, ça se poursuit, cette inéquité.
Alors, deux projets
de loi déposés pour modifier la Loi sur l'instruction publique, un rapport qui
dort depuis deux ans et demi...
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Sébastien Proulx
M. Proulx :
M. le Président, j'ai eu l'occasion de le dire, le cas n'est pas unique à Saint-Jérôme, mais je comprends qu'il est présent à Saint-Jérôme. C'est ce que je lui ai dit. À chaque fois que j'ai l'occasion,
M. le Président, je dis aux
gens que nous sommes en train de regarder cette question-là à la lumière de la
fin de la péréquation.
Deuxièmement, M. le Président, il y
en a un, modèle, à Montréal,
de régionalisation, par
exemple. Est-ce que
c'est le modèle qu'il faudra appliquer partout? La question se posera. Est-ce
qu'il faudra voir à travailler avec des régions peut-être un peu moins grandes
que nos régions naturelles actuelles avec les commissions scolaires, M. le
Président? Puisque, dans une région naturelle, économique,
il y a plusieurs commissions
scolaires, cette question-là,
elle se pose. Et, manifestement, je n'ai pas assez de 35 secondes
pour lui expliquer tout ça, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Deux-Montagnes.
Mode de nomination des
dirigeants d'organismes publics
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci, M. le Président. Depuis quelques jours, les nouvelles troublantes se succèdent.
On peine à croire ce que l'on
apprend : des services de police espionnent les conversations
téléphoniques des journalistes, des collecteurs de fonds du Parti libéral et l'ex-P.D.G. de la Société
immobilière du Québec se seraient
partagés près de 3 millions de
dollars lors de transactions immobilières. Ces révélations sont, naturellement, troublantes et graves, car elles viennent toucher à la nécessaire
indépendance entre le politique et la fonction publique.
À la tête de ces organisations,
on retrouve souvent des personnes qui sont nommées de façon bêtement partisane
par le gouvernement en place, peu importe sa couleur. Depuis trop longtemps,
les libéraux et les péquistes préfèrent un système où nommer les gens de façon
partisane est privilégié plutôt qu'à la compétence des personnes nécessaire
pour occuper ces fonctions.
Ma
question à la ministre responsable des Institutions démocratiques : A-t-elle entendu le premier
ministre, un petit peu plus tôt, se dire ouvert de considérer que
certaines nominations, notamment celles...
Le Président :
Mme la ministre des Institutions démocratiques.
Mme Rita Lc de Santis
Mme de
Santis : Je remercie mon collègue de m'adresser la parole. Je crois
que c'est dans l'intérêt de tout gouvernement
et tout participant à cette Assemblée nationale qu'on s'assure que les
nominations soient toujours faites avec
les meilleures personnes, et c'est le but qui est recherché. Et je crois
qu'aujourd'hui on a entendu le premier ministre dire qu'il y a une réflexion à faire quant à la nomination de certaines
personnes, et cela va être fait. Merci, M. le Président.
Le Président :
Alors, cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Votes reportés
Motion proposant que l'Assemblée nationale demande au
gouvernement de
réduire les seuils annuels d'immigration et d'accentuer les efforts
consacrés à l'intégration et à la francisation des immigrants
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, tel qu'annoncé précédemment,
nous allons maintenant procéder au vote reporté sur la motion de Mme la
députée de Montarville débattue hier aux affaires inscrites par les députés de l'opposition.
Et je vous rappelle que cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse
les lacunes importantes du Québec en matière d'intégration, de francisation
et d'employabilité des immigrants;
«Qu'elle
demande au gouvernement de réduire à 40 000 les seuils annuels
d'immigration, d'accentuer les efforts consacrés
à l'intégration et à la francisation des immigrants et de mettre en place des
cours obligatoires de francisation pour les nouveaux arrivants».
Et que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
La Secrétaire
adjointe : M. Legault (L'Assomption), M. Bonnardel (Granby),
M. Caire (La Peltrie), M. Charette (Deux-Montagnes),
M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson
(Iberville), M. Roberge (Chambly),
M. Laframboise (Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme D'Amours (Mirabel), Mme Lavallée (Repentigny),
M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Spénard
(Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis), M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière), M. Jolin-Barrette (Borduas).
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Maintenant, que les députés contre cette motion veuillent bien se lever.
• (11 heures) •
La Secrétaire
adjointe : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Paradis
(Brome-Missisquoi), M. Blais (Charlesbourg), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), M. Leitão (Robert-Baldwin),
M. Coiteux (Nelligan), Mme David (Outremont), M. Proulx
(Jean-Talon), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Huot (Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier),
Mme Vallée (Gatineau), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac),
M. Barrette (La Pinière), M. Morin (Côte-du-Sud),
M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Charlebois
(Soulanges), M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Vien
(Bellechasse), M. Billette (Huntingdon), Mme St-Pierre (Acadie),
M. Hamad (Louis-Hébert), M. Reid (Orford), Mme Nichols (Vaudreuil),
M. Ouellette (Chomedey), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé),
Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Ménard (Laporte), M. Tanguay
(LaFontaine), Mme Boulet (Laviolette), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger),
M. Carrière (Chapleau), M. Girard (Trois-Rivières), M. Drolet
(Jean-Lesage), M. Rousselle (Vimont), M. Iracà (Papineau), M. Bolduc (Mégantic), M. Simard (Dubuc),
M. Matte (Portneuf), M. Auger (Champlain), M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee), M. Boucher (Ungava), M. Bourgeois
(Abitibi-Est), M. Fortin (Pontiac), M. Giguère (Saint-Maurice),
M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie),
Mme Montpetit (Crémazie), M. Polo (Laval-des-Rapides),
Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. St-Denis (Argenteuil), Mme Tremblay (Chauveau), M. Busque
(Beauce-Sud), Mme Sauvé (Fabre).
M. Lisée
(Rosemont), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Hivon (Joliette),
M. Marceau (Rousseau), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles),
M. Lelièvre (Gaspé), Mme Maltais (Taschereau), Mme Lamarre
(Taillon), M. LeBel (Rimouski),
M. Bergeron (Verchères), M. Leclair (Beauharnois), M. Rochon
(Richelieu), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), M. Cloutier
(Lac-Saint-Jean), M. Therrien (Sanguinet), M. Gaudreault (Jonquière),
M. Pagé (Labelle), M. Cousineau (Bertrand), Mme Jean
(Chicoutimi), M. Ouellet (René-Lévesque), M. Villeneuve (Berthier),
Mme Ouellet (Vachon), M. Traversy (Terrebonne), M. Kotto
(Bourget), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Roy (Bonaventure).
Mme David
(Gouin), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Y
a-t-il des abstentions? Alors, M. le secrétaire général pour le résultat
du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 18
Contre : 85
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, la motion est rejetée.
Motions sans préavis
Maintenant,
nous en sommes à la rubrique des motions sans préavis. Et, en fonction de nos
règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis, je
reconnais maintenant un membre du groupe formant le deuxième groupe
d'opposition et je cède la parole à M. le député de Deux-Montagnes.
M. Charette : Mme la
Présidente, je demande le consentement pour déposer la motion suivante conjointement avec le député de Matane-Matapédia
et le député de Mercier :
«Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement que la nomination du directeur général de la Sûreté du Québec ainsi que du Commissaire à
la lutte contre la corruption soit approuvée par les deux tiers de ses
membres.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, est-ce qu'il y a
consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, il n'y a pas de consentement. Je vais
maintenant reconnaître...
Une
voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Pardon, oui. M. le député de Mercier, vous
voulez intervenir?
M. Khadir :
Oui, Mme la Présidente. J'ai voulu entrer tout à l'heure après le vote...
Malheureusement, il y a eu une
confusion à la table et on n'a pas pu entendre ma demande pour que mon vote
soit enregistré. Alors, je demande le consentement de la Chambre pour
que mon vote soit enregistré.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Est-ce qu'il y a consentement pour que le vote
de M. le député de Mercier soit enregistré?
Alors, vous êtes pour
ou contre cette motion, M. le député?
M. Khadir :
Contre, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : C'est très bien. Merci. Ce
sera enregistré. Maintenant, je suis prête à reconnaître un membre du
groupe formant le gouvernement et je cède la parole à M. le premier ministre.
Féliciter les finalistes des
prix Reconnaissance du Forum
des jeunes de la fonction publique québécoise
M. Couillard : Merci, Mme la Présidente. Je vais solliciter le consentement de
l'Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec le chef de l'opposition officielle, le chef du
deuxième groupe d'opposition de même que la députée de Gouin :
«Que
l'Assemblée nationale félicite les finalistes de la 14e cérémonie de
remise des prix Reconnaissance du Forum des jeunes de la fonction
publique québécoise;
«Qu'elle
souligne les qualités professionnelles de ces jeunes de 35 ans et moins,
leur leadership ainsi que leur détermination à accomplir un travail
exceptionnel au sein de la fonction publique québécoise;
«Qu'enfin,
elle souligne la contribution des autorités des ministères et organismes, ainsi
que celle des gestionnaires qui
encouragent cette jeunesse à s'intégrer activement et à rayonner au sein de
leur équipe de travail et de leur organisation.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
premier ministre. Alors, y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
M. Tanguay :
Oui, Mme la Présidente, et nous proposons des interventions d'une durée de
trois minutes par intervenant et selon
l'ordre suivant : d'abord le premier ministre, suivi par le chef de
l'opposition officielle, le chef du deuxième groupe d'opposition et la
députée de Gouin.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie. Alors, sans plus
tarder, je cède la parole à M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Merci, Mme la Présidente. On vient de le faire, mais je vais à mon tour
souligner la présence des finalistes
avec nous, ici, aujourd'hui. Je veux les remercier pour tout ce qu'ils
accomplissent quotidiennement et j'espère et je les encourage à
conserver cette passion du service public qui les anime.
J'aimerais
porter à l'attention de tous cette
14e édition des prix Reconnaissance du Forum des jeunes de la fonction publique québécoise. C'est un événement qui est
consacré tout particulièrement aux jeunes de moins de 35 ans qui incarnent
l'avenir de notre administration publique. Et, on l'a vu, on le voit avec un projet de loi ici, devant cette Assemblée, leur présence également aux conseils d'administration
des sociétés d'État est recherchée.
Cette
occasion permet de mettre en lumière des jeunes qui ont choisi de déployer
leurs talents au profit de la société du
Québec ainsi que la contribution exceptionnelle d'un ou d'une gestionnaire qui
aura su intégrer et valoriser cette relève au sein de l'organisation.
Cette
année, le forum des jeunes a reçu le plus grand nombre de mises en candidature
depuis sa création en 2003. Cet enthousiasme
confirme la nécessité de continuer à souligner et à encourager l'apport des
jeunes dans la réalisation des
projets qui leur sont confiés. Ce forum des jeunes est un lieu de réseautage et
de réflexion privilégié qui réunit quelque 4 500 jeunes de 35 ans
et moins. Il contribue à l'intégration et au développement des jeunes employés
de la fonction publique tout en favorisant leur participation à l'évolution de
l'administration publique.
Je
tiens d'ailleurs à remercier la présidente, Mme Marianne Pépin, ainsi que le
conseil d'administration du forum pour
l'organisation annuelle des prix Reconnaissance. Tous les efforts investis
contribuent à renforcer les liens entre les jeunes et la fonction
publique.
Mme
la Présidente, enfin, j'aimerais souligner de façon particulière le travail et
les initiatives de cette relève engagée ainsi que le soutien indispensable de leurs gestionnaires. Je veux
féliciter également chaleureusement les 21 finalistes et leur souhaite la meilleure des chances lors du
dévoilement des lauréats du gala de remise des prix Reconnaissance 2016.
À vous toutes et tous qui soutenez l'apport
de la jeunesse au sein de nos institutions publiques ainsi qu'à tous les
finalistes, bravo pour votre dévouement et merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M.
le premier ministre. Je vais maintenant céder la parole à M. le chef de
l'opposition officielle.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : Mme la Présidente,
comme beaucoup de citoyens, comme beaucoup de lecteurs de journaux et de chroniques, j'étais sous l'impression que la fonction publique, finalement, c'étaient des gens qui avaient des salaires, qui
étaient bien chauffés, il y avait de la lumière dans leurs bureaux, et qu'ils
n'en faisaient pas plus que nécessaire.
Et je suis
devenu conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard et ensuite ministre
et j'ai pu constater la qualité, la
rigueur, la vaillance des membres de la fonction publique. J'ai pu
voir comment cette réputation un peu molle est contraire aux faits et combien la fonction publique, québécoise
en particulier, est méritoire. Et, lorsqu'on va dans des rencontres avec
d'autres provinces ou avec des États américains, tout le monde nous le dit, et
on se rend compte de l'extraordinaire qualité de la fonction
publique québécoise,
alors que, de l'autre côté, parfois, les notes sont mal écrites, les
gens ne sont pas aussi bien préparés, il y a moins de propositions. Il nous est
arrivé, Mme la Présidente, de prêter une proposition à un gouverneur d'un État américain, parce qu'ils
n'avaient rien dans leurs poches, puis nous, on avait trois, quatre propositions préparées par notre fonction publique. Alors, on partage même, parfois, avec nos voisins et partenaires
la qualité du travail qui est fait.
Alors, moi,
je tiens à rendre hommage à cette fonction
publique, rendre hommage à ceux qui
l'ont construite, cette fonction
publique : Jean Lesage, Jacques
Parizeau, Michel Bélanger et plusieurs autres qui, au début des années 60, ont fait en sorte que la fonction publique québécoise soit à la hauteur. Et je tiens à dire à tous ces
jeunes, qui sont aujourd'hui la relève de la fonction publique québécoise,
que, oui, peut-être qu'ils pourraient avoir un meilleur salaire ailleurs,
mais ils ne seront jamais à
l'oeuvre du bien commun, du service public, et cette responsabilité et la satisfaction d'avoir cette responsabilité de servir le
bien commun, de servir la nation, c'est, en soi, un enrichissement. J'accepte
que ce n'est pas ce que leurs
dirigeants syndicaux diront à la table de négociation, et c'est très bien,
mais qu'il y a une respectabilité dans la décision de consacrer sa carrière au bien commun.
Et je les remercie d'être là, je les remercie d'avoir fait ce choix-là et
je les remercie d'être des pôles d'attraction pour les autres jeunes de qualité
qui veulent servir leur nation. Merci.
• (11 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
chef de l'opposition officielle. Maintenant, au tour de M. le chef du
deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
Merci, Mme la Présidente. Donc, dernièrement s'est tenue la 14e cérémonie
du Forum jeunes de la fonction publique. Des prix Reconnaissance ont été
donnés pour souligner la contribution exceptionnelle de jeunes fonctionnaires. C'est une activité qu'il faut
saluer, encourager. Le forum jeune des fonctionnaires, que j'ai rencontré à
quelques reprises, existe depuis une
vingtaine d'années. À l'époque, les jeunes avaient senti le besoin de se
regrouper, avec raison, pour
s'impliquer, pour faire avancer les choses. Et aujourd'hui la fonction publique
a d'importants défis à relever puis
on a besoin de nos jeunes, on a besoin de la relève, on a besoin de leurs
points de vue, de leurs talents, de leurs compétences, de leur enthousiasme, leur engagement. Et c'est un message
qu'il faut envoyer, dans tous les ministères, à tous les étages, là, où
il y a des fonctionnaires : Faites de la place aux jeunes, vous ne le
regretterez pas.
Dans tous les
postes de direction que j'ai occupés, que ça soit quand j'étais président
d'Air Transat ou maintenant comme
chef de la CAQ, j'ai toujours essayé d'avoir des jeunes autour de moi puis je
ne l'ai jamais regretté, des jeunes à qui j'ai fait confiance, mais,
éventuellement, qui ont pris du galon, dans certains cas se sont retrouvés à
des postes importants. C'est important, oui,
de leur faire de la place, c'est important et j'en suis fier, et c'est
important pour la santé de l'organisation, c'est important pour la
performance de l'organisation.
Donc, en mon
nom, je voudrais saluer les gagnants qui se trouvent effectivement dans les
tribunes. Bravo pour votre travail!
Votre succès est inspirant. On compte sur vous pour la suite. On espère que
plusieurs jeunes ne vont pas hésiter à faire comme vous, à se dépasser
pour leurs concitoyens. Donc, vous avez tout notre respect puis toute notre
reconnaissance. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
chef du deuxième groupe d'opposition. Et maintenant je cède la parole à
Mme la députée de Gouin.
Mme Françoise David
Mme David
(Gouin) : Merci, Mme la Présidente. Bien sûr, je me réjouis, moi
aussi, de voir ici, en cette Chambre, toute
l'importance qu'on accorde à la fonction publique, à sa neutralité, à son
impartialité, une fonction publique qui fait l'honneur du Québec. Je ne peux m'empêcher de dire cependant qu'elle a
été bien malmenée, cette fonction publique, depuis 20 ans. J'entends des collègues s'exprimer et je voudrais
rappeler qu'on a coupé dans ce qu'on appelait le gras, qui était souvent le maigre, très souvent, dans la
fonction publique québécoise. Résultat : au ministère des Transports,
je le rappelle, on a préféré faire affaire à
de la sous-traitance plutôt qu'aux fonctionnaires et je ne pense pas que ça
nous ait très bien servi.
Donc, je pense qu'il est vraiment temps, Mme la
Présidente, justement de revaloriser la fonction publique québécoise, de lui donner toute son importance et
de dire aux jeunes qui ont envie d'y venir de s'y engager : Oui, faites-le
parce qu'on a besoin de vous. On a besoin des idées des
jeunes, on a besoin de leurs analyses, on a besoin de leur audace, et je pense que c'est comme ça qu'on la
renouvelle, la fonction publique. On a besoin aussi de leur assurer qu'ils
peuvent et elles peuvent travailler
en toute sécurité, que, s'ils ou elles constatent des anomalies, ils peuvent
s'adresser à la police ou aux médias. Je pense que, dans les
circonstances actuelles, c'est important aussi de leur dire ça.
Je
souhaite donc à tous ces finalistes de continuer de travailler dans la fonction
publique, d'y mettre tout leur coeur, toute
leur générosité. Je sais que c'est déjà ce qu'ils font. Je leur dis :
Bravo! Je souhaite, bien sûr, qu'ils remportent plein de prix, et je souhaite qu'ils continuent de
travailler pour le bien commun, pour le bien-être de la société québécoise. Ils et elles sont des gens très importants
pour nous. Merci, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté. Nous allons poursuivre avec les motions sans
préavis. Et je suis prête à reconnaître un membre du groupe formant l'opposition
officielle. Mme la députée de Taschereau.
Mme Maltais :
Oui, merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement des membres de
cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le député de
La Peltrie et le député de Mercier, la motion suivante :
«Qu'afin
de faire la lumière sur les allégations de fraude à la Société immobilière du
Québec, la Commission de l'administration
publique procède à l'audition des personnes suivantes : Marc-André
Fortier, président-directeur général de la Société immobilière du Québec
de 2003 à 2008; M. William Bartlett; M. Franco Fava; M. Charles
Rondeau.
«Que
la durée maximale de l'exposé pour chacune de ces personnes soit de
30 minutes et que l'échange avec les membres de la commission parlementaire soit d'une durée maximale de 240
minutes, partagées ainsi : 120 minutes pour le groupe parlementaire
formant le gouvernement, 72 minutes pour l'opposition officielle et 48 minutes
pour le deuxième groupe d'opposition;
«Qu'une
période de 12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires,
réparties de la manière suivante : 6 minutes pour le groupe
parlementaire formant le gouvernement, 3 minutes 30 secondes
pour l'opposition officielle et 2 minutes 30 secondes pour le
deuxième groupe d'opposition.
«Qu'une
période de 12 minutes soit prévue pour les remarques finales, partagée de
la même façon que pour les remarques préliminaires;
«Enfin, que cette
motion soit un ordre de l'Assemblée nationale.»
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme la députée de
Taschereau. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Il n'y a pas de consentement. Je cède
maintenant la parole pour la prochaine motion sans préavis à Mme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Merci,
Mme la Présidente. Je demande le consentement de la Chambre pour débattre de la motion suivante conjointement
avec la députée de Pointe-aux-Trembles et le député de La Peltrie.
«Que
l'Assemblée nationale exprime sa plus vive préoccupation face aux récentes révélations d'espionnage de journalistes de la
part du SPVM et de la Sûreté du Québec;
«Qu'elle réaffirme l'importance
du travail des journalistes et la responsabilité du gouvernement du Québec
d'assurer la protection de leurs sources pour la défense de l'intérêt public;
«Qu'elle déplore que
l'article 6 de la Loi facilitant la divulgation d'actes répréhensibles
dans les organismes publics force les
lanceurs d'alerte à s'adresser d'abord à un corps policier ou au commissaire à
la lutte contre la corruption;
«Qu'elle déplore également que l'article 6 ne leur offre aucune protection
contre les représailles s'ils dévoilent des actes répréhensibles en lien notamment
avec des actes de corruption, de collusion, de malversation ou de trafic
d'influence;
«Qu'elle presse le président du Conseil du trésor de modifier l'article 6 du projet de loi n° 87
afin qu'il ne nuise pas au travail journalistique et à la dénonciation publique
d'actes répréhensibles.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci. Merci, Mme la
députée. Maintenant,
y a-t-il consentement
pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de consentement.
Avis touchant les travaux des
commissions
Maintenant,
nous en sommes à la rubrique des avis
touchant les travaux des commissions.
Et je vais céder la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Tanguay : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. J'avise cette Assemblée que la Commission
des institutions poursuivra les consultations particulières à l'égard du
projet de loi n° 62, Loi favorisant le respect de la neutralité religieuse de l'État et visant
notamment à encadrer les demandes d'accommodements religieux dans certains
organismes, aujourd'hui, à compter de 11 h 30, pour une durée de
1 h 30, et de 15 heures à 17 h 15, ainsi que le mardi
8 novembre 2016, de 9 h 45 à midi, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de l'agriculture, des pêcheries,
de l'énergie et des ressources naturelles poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 106, Loi
concernant la mise en oeuvre de la Politique énergétique 2030 et modifiant
diverses dispositions législatives, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 15 heures à 18 heures, à la salle
du Conseil législatif, le lundi
7 novembre 2016 de 14 heures à 18 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau, ainsi que le mardi
8 novembre 2016, de 10 heures à midi, à la salle des
Premiers-Ministres de l'édifice Pamphile-Le May;
La Commission des finances publiques poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 87, Loi
facilitant la divulgation d'actes
répréhensibles dans les organismes publics, aujourd'hui, à compter de 11 h 45 jusqu'à
13 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
Cette même commission
entreprendra les consultations
particulières à l'égard
du projet de loi n° 693, Loi
modifiant la Loi sur la gouvernance
des sociétés d'État afin de favoriser la présence de jeunes au sein des
conseils d'administration des sociétés d'État, le mardi 8 novembre 2016,
de 11 heures à midi, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
Et finalement,
Mme la Présidente, la Commission
de la culture et de l'éducation
entreprendra les consultations
particulières à l'égard du projet
de loi n° 114, Loi modernisant la gouvernance des musées nationaux, le mardi 8 novembre 2016, de
10 heures à 11 h 45, à la salle du Conseil législatif.
• (11 h 20) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors merci, M. le leader
adjoint. Y a-t-il consentement pour déroger à l'article 143 du
règlement concernant l'horaire des travaux des commissions? Consentement?
Une voix : Consentement.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Consentement.
Maintenant,
pour ma part, je vous avise que la Commission de l'administration publique se
réunira aujourd'hui en séance de
travail de 13 heures à 15 heures, à la salle RC.161, afin de préparer
l'audition de la Société des alcools du Québec concernant le
chapitre 4 du rapport du Vérificateur général du printemps 2016
intitulé Société des alcools du Québec :
achat et vente de boissons alcooliques et performance, en auditions publiques de 15 heures à
18 heures, à la salle des
premiers ministres de l'édifice Pamphile-Le May, afin d'entendre la
Société des alcools du Québec, puis en séance de travail de 18 heures à 18 h 30, à la salle des
Premiers-Ministres de l'édifice Pamphile-Le May, afin de statuer sur les
observations, les conclusions et les recommandations à la suite de cette
audition.
Je vous avise
également que la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et
des ressources naturelles se réunira
en séance de travail aujourd'hui, de 13 heures à 13 h 45, à la
salle Louis-Joseph-Papineau, afin de discuter de l'opportunité de se
saisir d'un mandat d'initiative portant sur la gestion et l'avenir de la
centrale à gaz à Bécancour.
Enfin, je
vous avise que la Commission des transports et de l'environnement se réunira
aujourd'hui, à 13 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de procéder à l'élection à la
vice-présidence de la commission.
Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée
Nous en
sommes maintenant à la rubrique des renseignements sur les travaux de
l'Assemblée. Et je vous rappelle que, lors de l'interpellation prévue
pour le mardi 8 novembre 2016, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
s'adressera à M. le ministre des Transports,
de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports sur le sujet
suivant : Le réseau électrique
métropolitain et son impact global sur le développement et le financement des
transports collectifs au Québec.
Je vous avise
de plus que l'interpellation prévue pour le vendredi 11 novembre 2016
portera sur le sujet suivant : La
hausse fulgurante de taxe que subiront les agriculteurs à la suite des
changements apportés par le gouvernement libéral au programme de crédit
de taxes foncières agricoles. M. le député de Berthier s'adressera alors à M.
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Affaires du jour
Et, la période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour.
Débat d'urgence sur les révélations relatives à
la surveillance de journalistes et de sources
journalistiques par des services policiers
Et
l'Assemblée tiendra maintenant le débat d'urgence demandé par M. le leader du
deuxième groupe d'opposition sur les révélations
troublantes relatives à la surveillance de journalistes et de sources
journalistiques par des services policiers.
Et je vais suspendre les travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à 11 h 24)
(Reprise à 11 h 27)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, nous allons maintenant reprendre nos travaux et ainsi tenir le débat d'urgence demandé par M. leader du
deuxième groupe d'opposition sur les révélations troublantes relatives à la
surveillance de journalistes et de sources journalistiques par des services
policiers.
Je vous
informe de la répartition du temps de parole établie pour la durée de ce
débat : 57 minutes sont
allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement, 33 min 15 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 23 min 45 s sont
allouées au groupe parlementaire...
le deuxième groupe d'opposition, pardon, et six minutes sont allouées aux députés indépendants. Dans ce
cadre, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des
groupes parlementaires sera redistribué
entre les groupes parlementaires selon les proportions établies précédemment.
Enfin, les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps.
Et je cède immédiatement la parole à M. le
député de Granby.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
Merci, Mme la Présidente. D'entrée de jeu, je suis très heureux que la
présidence ait donné son aval à ce débat d'urgence. C'est un fait rare,
de demander un débat d'urgence, parce que, bon, il faut que la situation soit extrêmement grave, sans précédent, et que la
présidence ait donné son aval à une situation qui, depuis lundi dernier,
me laisse croire que c'est une crise sans
précédent pour le Québec, à savoir que des journalistes ont pu être sous
écoute, épiés, espionnés. Et vous
l'avez vu depuis lundi, je crois que c'est la pointe de l'iceberg, Mme la
Présidente. Jamais je n'aurais cru,
dans une société industrialisée et moderne comme la nôtre, qu'on puisse en
arriver un jour, au Québec, à voir des
corps de police, SPVM, la Sûreté du Québec, demander à un juge ou à un juge de
paix d'avoir la possibilité pas juste d'enquêter, là, mais de mettre sous
écoute ou de vérifier les appels, les textos de journalistes au Québec.
• (11 h 30) •
Quand je
parle de crise sans précédent, Mme la Présidente, on voit ça au Québec depuis
lundi dernier. On aurait imaginé,
dans le pire des films, une situation comme celle-là dans les anciens pays du
bloc de l'Est, c'est à peu près la seule
chose, j'essaie de trouver une image pas trop forte, mais, quand même, tu te
dis... le bloc de l'Est, dans le temps, gouvernement autoritaire qui vérifie, le gros Big Brother, hein, qui
surveille à peu près toutes les allées et venues de ses citoyens à gauche et à droite... Et là,
aujourd'hui, on surveille, on met sous écoute le quatrième pouvoir, le
quatrième pouvoir qui sont les
journalistes, qui relaient l'information aux Québécois, aux Canadiens jour
après jour sur la situation politique, judiciaire du Québec.
Depuis lundi
dernier, on apprend, donc. Ça a été l'affaire Lagacé, Patrick Lagacé, de La Presse, qui a été, encore une fois, mis sous écoute, si on peut le dire ainsi, par
le SPVM. On apprend par la suite qu'il
y a eu des journalistes comme
Denis Lessard, de La Presse, Alain Gravel, de Radio-Canada,
Marie-Maude Denis, Isabelle Richer, Éric Thibault, André Cédilot, et il y en a peut-être d'autres, des journalistes... Félix Séguin, de
TVA, des journalistes qui font un travail incroyable pour débusquer des situations malhonnêtes, des situations où le politique
n'a pas fait son boulot correctement, des
situations qui n'auraient jamais amené, sans ce travail des
journalistes, exemple, la commission Charbonneau. Sans ce travail des
journalistes, la commission Charbonneau n'aurait jamais eu lieu. Tout le monde
se souvient aussi de la commission Gomery à Ottawa. Alors, des journalistes qui sont surveillés
épiés, espionnés, qui parlent aussi au politique.
Il n'y a personne ici, dans cette Chambre, qui peut m'assurer, nous assurer,
nous, comme parlementaires, que je n'ai pas déjà été sous écoute,
vous, Mme la Présidente, ou un ministre, ou un député. Personne.
Est-ce que
cette commission d'enquête publique, je dis bien «publique», fera la lumière
sur tout ça? Je l'espère bien. Quand
je parle d'une crise sans précédent, Mme
la Présidente, on n'aurait jamais
cru, encore une fois, en 2016, vivre une situation comme
celle-là. Et j'ose croire, et j'ose croire, quand je parle d'une situation où
on espère une enquête publique, que... Mon
chef l'a mentionné tantôt, il a dit : Bien, commission d'enquête avec tous les pouvoirs pour contraindre des gens à venir témoigner, ce sera à la discrétion donc des commissaires de définir si c'est public ou non. J'ose croire qu'on ne baignera pas dans les ordonnances de
non-publication, qu'on ne baignera pas dans le huis clos total et qu'on
saura faire la lumière sur ce qui s'est passé depuis qu'on apprend que Patrick
Lagacé a été espionné, que de multiples journalistes,
près d'une dizaine, une semaine plus tard, ont été espionnés, que peut-être
même le politique a été espionné.
Et, dans
cette situation, Mme la
Présidente, cette crise de confiance
entre le politique, la police, la fameuse police politique
qu'on ne veut pas entendre, bien, malheureusement, Mme la
Présidente, avec un collègue qui perd
son poste de secrétaire... pas de
secrétaire mais de porte-parole à la sécurité publique, qui est un ancien
ministre, qui, lui-même, a donné
un coup de téléphone à la Sûreté du
Québec lorsqu'il était en poste, en
2013... Vous comprendrez que, quand un ministre
directement appelle le directeur de police pour lui demander :
Qu'est-ce qui se passe?, parce qu'on
a un président de syndicat qui était
sous écoute, sous vérification, bien, c'est extrêmement embêtant pour le
gouvernement de l'époque et extrêmement
troublant, troublant pour la police elle-même, les citoyens, à qui on doit leur
dire : Il y a une séparation des pouvoirs — et le
ministre aime dire ça, puis j'y crois, moi aussi, là — il y
a une séparation des pouvoirs qui doit être extrêmement importante entre la
police et le politique. Bien, j'ose croire, Mme la Présidente...
Parce que je
ne prendrai pas tout le temps qui m'est accordé, parce que je veux que mon
collègue responsable, donc, de ce
dossier aussi, de la justice, puisse intervenir, mais j'ose croire, après ce
que le premier ministre a répondu au chef du deuxième groupe d'opposition,
qu'on saura donner de nouvelles politiques, nouvelles façons de faire, faire de
la politique autrement pour qu'un jour, je l'espère, d'ici à la fin de
cette session-ci, on ne retrouve pas, à chaque fois qu'il y a un changement de gouvernement, un changement de chef de la
police à la Sûreté du Québec. Quand on fait une demande, quand mon
collègue de Deux-Montagnes le demande depuis très longtemps pour qu'on puisse
revoir nos politiques,
bien, de nommer aux deux tiers le chef de police de la SPVM, de la Sûreté du
Québec, que l'Assemblée nationale elle-même
et ses législateurs soient capables de se pencher, de dire : C'est un bon
choix, et non le choix, la prérogative explicite
du premier ministre, qui, plus souvent qu'autrement... On l'a vu, là. Le Parti
québécois est arrivé au pouvoir, on
change le D.G. de la SQ. Bien, ça, c'est extrêmement grave. Minimalement,
j'espère que le gouvernement va donner son
aval, va se pencher sur un petit groupe de travail rapidement pour qu'on soit capables de changer cette façon
de faire qui mine la crédibilité de nos institutions, qui mine la
crédibilité, encore une fois, du travail que nous faisons.
Il faut
redonner confiance à la population, et j'ose croire que ce qu'on aura bien
humblement amené fera son petit bout de chemin, son petit bout de chemin
pour être capables de faire la lumière sur cette crise sans précédent pour le Québec,
pour ce qui est de l'espionnage, donc, de journalistes d'enquête au Québec,
et qu'encore une fois le gouvernement
soit capable de nous donner des politiques
qui vont, je l'espère — je
l'espère, je l'espère — améliorer
nos politiques, dans le futur, pour que le Québec,
encore une fois, ne sorte pas noirci de cette situation qui est extrêmement
grave pour elle-même. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Granby. Maintenant, je vais céder
la parole à M. le ministre des Affaires municipales, de l'Occupation du
territoire et ministre de la Sécurité publique.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Le débat qu'on a
aujourd'hui est un débat qui est extrêmement important. On est chanceux, Mme la Présidente, on est... on est chanceux
de vivre au Québec, de vivre au Canada, dans une société démocratique. Et la démocratie, ce n'est pas seulement aller
voter une fois tous les quatre ans ou tous les cinq ans. Bien sûr que la démocratie, c'est ça, bien sûr que
ça en fait partie, mais la démocratie, c'est pas mal plus que ça. On est
chanceux, Mme la Présidente, de vivre dans
une démocratie et dans une société de droit, hein, où les droits et obligations
de chacun sont précisés par des lois qui sont adoptées par des élus, avec une
population qui a eu la chance, de façon démocratique,
de choisir ses élus. Et le droit doit s'appliquer à tous, de façon égale, sans
prendre partie pour l'un ou l'autre.
On est
chanceux de vivre dans une telle société, on est extrêmement chanceux. Mais
avec cette chance, Mme la Présidente,
vient une grande responsabilité, et cette responsabilité, c'est de s'assurer
que nous ne soyons pas les seuls à vivre dans une telle société
démocratique, une telle société de droit, c'est-à-dire, par exemple, notre
génération, mais de s'assurer que ça va être
comme ça pour tous ceux et celles qui vont suivre, en plus de nous-mêmes qui
vivons dans cette société
aujourd'hui. Et donc ce n'est pas seulement une chance que nous avons, ce sont
des devoirs. Nous avons un devoir impératif de faire tout ce qu'on peut
pour défendre ces grandes valeurs de démocratie, de liberté, de justice, de
droit, encadrées de façon impartiale pour tous et toutes.
Alors, c'est
notamment pour ça, je dirais même que c'est beaucoup pour ça que les événements
qui nous sont relatés depuis quelques jours nous ont tellement choqués,
nous ont tellement ébranlés. Et puis je pense que ça transcende les divisions de partis, ici, honnêtement. Ce n'est
pas une question partisane, ici, je pense. Je ne pense pas, je ne soupçonne
pas un instant que quelqu'un, ici, ne voudrait pas défendre ces grands
principes là.
Alors, on a
tous été choqués d'entendre, par exemple, que des journalistes avaient été
épiés dans leur travail, dans le
travail qui est le leur, dans le travail normal qui est le leur, avaient été
épiés alors que ne pesait aucun soupçon sur eux ou sur elles, alors que personne n'imaginait que le fait de faire son
travail de journaliste pouvait constituer en soi une offense. Alors, on a été ébranlés par ça. On a été d'autant
plus ébranlés que cette société libre et démocratique dans laquelle nous
avons la chance d'exister, elle se nourrit
aussi de la possibilité, pour l'ensemble des citoyens et des citoyennes,
d'avoir une information de qualité et d'apprendre les choses.
• (11 h 40) •
Vous savez, à
l'école, on cultive et on développe le sens critique — j'espère qu'on le fait aussi dans toutes nos
familles — et l'école a ce rôle-là à jouer. Mais, pour
exercer son sens critique, encore faut-il avoir l'information. Pas toujours
l'information qu'on souhaiterait avoir,
hein? Parfois, l'information nous interpelle. Parfois, l'information va nous
dire les choses qui ne vont pas bien,
pas seulement les choses qui vont bien. Parfois, l'information va nous dire
qu'on a des déficiences comme société puis qu'on a un travail à faire
pour s'améliorer.
Il peut arriver que certains membres de notre
société qui exercent des responsabilités particulières parfois n'aiment pas lire dans les journaux certaines
choses, n'aiment pas entendre à la télévision certaines... voir à la télévision
certaines choses ou entendre à la radio certaines choses. Ça peut arriver.
C'est correct, c'est légitime. Mais en même temps
il faut que ça continue toujours d'être comme ça pour qu'on soit toujours
confrontés à la réalité de notre société puis que ça nous interpelle
toujours pour nous améliorer.
Et c'est ça que joue, au-delà du travail de
journalistes individuel, de personnes, là, puis que, dans ce métier-là comme dans d'autres, il y a toutes sortes de
talents qui vont s'exprimer... mais, au-delà des talents individuels, au-delà
du reportage particulier d'un
journaliste ou d'un autre, au-delà du fait qu'un ou une peut nous plaire
davantage qu'un autre, ensemble ces
journalistes font un travail qui est absolument essentiel, c'est un rouage de
notre démocratie. Ils nous rendent le miroir
de notre société et nous le rendent notamment — notamment — en ayant accès, en parlant à des gens qui
vont leur révéler des choses qui, sans eux, sans elles, n'auraient
peut-être été jamais révélées. Et, si, par nos façons de faire, on empêchait ce travail essentiel, dans la démocratie
dans laquelle nous vivons, de s'exercer, de se faire correctement, bien,
on serait en train de porter atteinte à
notre démocratie, pas seulement au travail des journalistes. Or, c'est pour ça
qu'on se sent tous interpellés par les révélations des derniers jours.
C'est sérieux, c'est quelque chose de très sérieux.
Évidemment,
obtenir un mandat pour éventuellement obtenir le droit, dans le cadre d'une
enquête, d'intercepter des
communications privées, il faut que ça soit balisé par des critères extrêmement
sérieux, extrêmement exigeants, et notre système de justice en établit, de tels
critères, il y a des barèmes. Il y a des barèmes qui ont été établis notamment
par... en particulier par la Cour
suprême : il faut satisfaire aux exigences du Code criminel, quant à la
délivrance d'un mandat de
perquisition. Il faut examiner les circonstances pour déterminer si le juge
peut décerner un mandat, il faut s'assurer d'avoir bien pondéré l'intérêt de l'État. Il faut déterminer si
l'affidavit présenté est suffisant pour permettre un bon exercice du pouvoir discrétionnaire en ce qui concerne
l'attribution d'un mandat de perquisition. Il faut s'assurer que l'affidavit indique s'il y a d'autres sources de renseignements raisonnables et, le cas
échéant, s'assurer qu'elles ont été
consultées. Il faut déterminer si le
média a rendu publics, en tout ou en partie, les renseignements recherchés, et, si oui, cela favorisera donc l'attribution du mandat. Il faut examiner
l'imposition de certaines conditions à son application, afin que le média
ne soit pas indûment empêché de publier ou
de diffuser des informations. Il faut tenir compte de la possibilité
d'invalider un mandat après son attribution s'il ressort que les
autorités ont omis de communiquer des renseignements pertinents qui auraient pu
influer sur la décision de décerner le mandat. Il faut tenir compte de la
possibilité d'invalider une perquisition
effectuée de manière abusive. Et ça, c'est parmi des barèmes, mais il y a
beaucoup d'autres choses encore qui encadrent.
Ce qu'on
sait, c'est qu'intercepter des communications privées d'un citoyen, ça ne peut
pas se faire sans que ça soit motivé
par des circonstances très sérieuses, et il faut que ça soit balisé par le
droit. Et ce qu'on sait aussi, c'est que, s'il s'agit d'un journaliste, il y a une autre dimension qui s'ajoute.
C'est peut-être quelque chose sur lequel justement on est en train de travailler, ensemble, avec le
débat que nous avons et les débats que nous aurons au cours des prochaines
semaines et des prochains mois, il y a une
autre dimension qui se pose : oui, communications privées d'une personne,
mais qui exerce un travail qui est essentiel
au fonctionnement de notre démocratie. Donc là, il y a une autre dimension
qu'on doit... qui nous interpelle.
Alors, lorsqu'on
a appris toutes ces choses-là, évidemment on s'est posé différentes questions, mais c'était
important d'apporter une réponse rapide. C'est important d'apporter une
réponse rapide parce que, s'il est vrai qu'on puisse... Et là on ne sait pas à quel point ça peut être facile,
difficile, hein? C'est le genre de question qu'on peut avoir. On sait que c'est
encadré par un juge de paix qui doit appliquer le droit, qui doit évidemment
tenir compte des enseignements de la Cour
suprême. Donc, en principe, ça ne doit pas être simple d'obtenir un tel mandat.
Mais, s'il y a un certain nombre de ces mandats... puis c'est ce qu'on apprend ces jours-ci, c'est qu'il y a eu
un grand nombre de ces mandats qui ont
été consentis. Bien, si c'est le cas, bien, peut-être
qu'il va falloir se poser des questions, à savoir : Est-ce qu'on a les bonnes
pratiques? Est-ce qu'on a les bonnes façons de faire? Donc, il fallait
agir de manière immédiate, avant de répondre comment on pourrait changer les choses dans l'avenir, comment on peut faire en
sorte que... s'il y en a eu beaucoup dans un passé récent, éviter qu'il y en ait encore beaucoup d'ici à ce
que nous puissions peut-être changer nos façons de faire, peut-être changer
nos lois.
Alors, Mme la
Présidente, le gouvernement a pris des décisions importantes cette semaine, a
pris des décisions très importantes
cette semaine. Et ces décisions sont à la hauteur de l'importance que l'on
accorde à la défense de notre démocratie
à l'intérieur de laquelle la liberté de presse, la protection des sources des
journalistes est une valeur cardinale, une mesure importante dont il ne
faut pas minimiser la portée.
Je ne pense
pas d'ailleurs qu'on en minimise la portée. En tout cas, ce qu'on a reçu comme
réception de la part de notre
population par rapport à cette mesure-là, c'est que justement c'était à la
hauteur des circonstances. C'est qu'on a pris la décision cette semaine
que, dorénavant, dorénavant, lorsqu'un corps policier pense nécessaire
d'obtenir un tel mandat, qui lui permettrait
d'intercepter les communications privées d'un journaliste, bien, avant d'aller
présenter sa preuve et ses arguments auprès d'un juge de paix, il va
devoir d'abord rencontrer, donc... passer par le filtre du Directeur des poursuites criminelles et pénales, comme on le
fait pour les avocats, comme on le fait pour les juges, comme on le ferait
pour les députés de l'Assemblée nationale.
Et ce n'était pas le cas des journalistes, mais dorénavant ça va être aussi le
cas des journalistes.
Alors,
voyez-vous, quand on parle de juges, d'avocats, de membres de l'Assemblée
nationale, on est en train de parler
de personnes qui exercent un rôle tout à fait particulier dans notre démocratie,
qui oeuvrent dans des institutions qui
sont les institutions clés du fonctionnement de notre État et de notre société
collective organisée. Nous, on a jugé que, comme la liberté de presse est si importante pour la démocratie, bien,
il fallait élever aussi les journalistes au même rang en ce qui concerne
la façon et le passage par le DPCP avant d'obtenir éventuellement un mandat. On
a posé ce geste-là.
Mme la
Présidente, au Québec, il y a trois corps policiers qui peuvent demander de
tels mandats. Ce n'est pas tous les
corps policiers du Québec qui peuvent faire ça. Pour ceux et celles qui
pourraient... qui peut-être ne le sauraient pas, on a différents niveaux de services policiers, et il faut être de
niveau 4 et plus pour avoir ce pouvoir-là, cette possibilité-là. Alors, au Québec, ce sont les services de police
de la ville de Québec, le Service de police de la ville de Montréal et la
Sûreté du Québec qui ont ce pouvoir-là
d'éventuellement obtenir de tels mandats. Et, en passant, l'UPAC, dont les unités
proviennent de la SQ, du SPVM, est assujettie aussi à ces règles-là et donc
fait partie de cet univers-là.
• (11 h 50) •
Alors, il a
été décidé aussi, cette semaine... Avant même que ça arrive devant un juge de
paix, il y a des politiques en place
dans les corps policiers concernés, dans les trois corps policiers concernés.
Il y a des processus en place dans les corps
policiers concernés. Alors, ce qu'on va faire, c'est qu'on va aller vérifier,
on va aller vérifier dans chacun de ces corps policiers quelles sont ces
politiques, quels sont ces processus, comment sont-ils appliqués. C'est le rôle
de l'inspection qu'on a confié à l'unité
responsable de telles inspections, du ministère de la Sécurité publique :
d'aller voir ça en portant une
attention particulière aux cas impliquant des journalistes. On a décidé ça cette semaine, et c'est déjà en
train de produire des résultats. Parce que,
savez-vous, quand les corps policiers savent qu'ils vont être l'objet d'une
telle inspection, ils commencent à fouiller leurs dossiers d'une façon beaucoup
plus pressante et attentive, je dirais. Ils commencent
à regarder : Qu'est-ce qu'on a fait, là, dans un passé récent? La SQ a
commencé cet exercice-là, au point d'être capable de donner une première évaluation
des choses pour une période de 20 ans, sans doute anticipant l'inspection
à venir. Alors, c'est déjà en train de produire des effets.
C'est déjà en
train de produire des effets avant même que les inspecteurs débarquent, on
commence à apprendre des choses qui,
en les apprenant, peut-être nous troublent davantage. Mais savez-vous
quoi? C'est quand on va connaître l'ampleur
du phénomène, c'est quand on va comprendre bien de quel phénomène il s'agit
qu'on va être capables de le prendre, comme on dit... on parle de...
bras par le corps ou le corps par le bras?
Une voix : À bras-le-corps.
M. Coiteux : À bras-le-corps.
Pardon, Mme la Présidente, je cherchais l'expression.
Et on a posé
un troisième geste, qui est important. On a annoncé la création, la mise sur
pied d'un comité d'experts qui aura
pour mandat de faire la lumière sur tout cela et de faire des propositions.
Puis on a dit que les propositions seraient présentées à la Commission des
institutions publiques. Pourquoi? Parce que
c'est possible, Mme la Présidente, qu'il faille changer nos lois, et on veut
que des experts se penchent sur le sujet.
Mais chaque
jour apporte ses nouvelles révélations. Chaque jour apporte ses nouvelles
révélations, et hier ce qu'on a appris,
c'est que ce n'était pas une question qui ne touchait que le SPVM, il y avait
eu une telle enquête visant des journalistes,
à la Sûreté du Québec, en 2013. Il
y avait eu une telle intervention, ce qui a tout de suite, sur demande
de la Sûreté du Québec, déclenché une
enquête administrative, qui est en cours, qui va se déployer prochainement,
dans les prochains jours.
Mais ça nous
interpelle sur une autre dimension de la question aussi, c'est : Mais
comment de telles décisions sont
prises? Comment de telles décisions sont prises? Quelle est la chaîne qui nous
amène à prendre de telles décisions? Je
comprends que, quand ça arrive à un juge de paix, le juge de paix a à faire son
travail. On vient de réviser le processus en disant : Il va falloir aussi passer par le DPCP avant. Ça
resserre drôlement le processus. On fait une inspection. Dans le cas de la Sûreté du Québec, on fait une enquête,
mais qu'en est-il de l'ensemble de la chaîne décisionnelle? Parce que ça
nous interpelle, ça nous interpelle à la
Sûreté du Québec, ça va nous interpeller aussi dans les autres corps policiers.
Ça va nous interpeller au SPVM aussi, forcément. Ça nous interpelle dans
tous les corps policiers concernés.
Parce qu'il y
a un autre principe sacro-saint d'une démocratie qui fonctionne bien, là, c'est
que chacun doit être à sa place et
qu'on ne doit pas entremêler les pouvoirs. Et on a souvent insisté là-dessus au
cours des dernières semaines. La
police a un travail très important à faire dans une société de droit. La
justice, évidemment, a un rôle fondamental dans une société de droit. Le gouvernement a un rôle très important dans une
démocratie comme la nôtre. Mais il faut maintenir une saine distance entre les différents pouvoirs
pour avoir l'exercice plein et entier d'une démocratie qui aura toutes les
caractéristiques d'une démocratie véritable
mais en même temps qui pourra, devant nos citoyens, être digne de confiance.
Et c'est là qu'on en arrive, c'est-à-dire
que, d'une journée à l'autre, l'accumulation des nouveaux faits ébranle la
confiance de nos citoyens. Elle ébranle la confiance de nos citoyens.
Alors, Mme la Présidente, on prend suffisamment
la situation au sérieux pour ajouter aujourd'hui une autre dimension dans les gestes que nous avons déjà
posés. On n'a jamais exclu la possibilité que les travaux du groupe d'experts
soient publics. On ne l'a jamais exclue,
mais on pense, à la lueur de toute cette accumulation de faits troublants, que
ça devient nécessaire
que ça le soit dès le début du processus. Il faut faire la lumière sur
ça, il faut que les bonnes questions soient posées. Dans tous les cas spécifiques qui
pourraient être portés à l'attention des personnes qui vont composer ce groupe d'experts et qui nous questionnent tous sur
le pourquoi et le comment du fait que des journalistes aient
vu leurs communications privées être interceptées, on a besoin de comprendre
comment ces décisions-là ont été prises. Parce que ça fait partie aussi de la transparence dont on a
besoin, parce que c'est avec ça qu'ultimement on va être capables,
comme Assemblée nationale, si on
doit se pencher notamment sur des nouvelles dispositions législatives...
pour prendre les meilleures décisions et, le gouvernement, pour proposer
les meilleures avenues pour le futur.
Alors, on a
décidé aujourd'hui que les personnes qui vont composer ce comité
d'experts vont être nommées sous l'égide
de la loi sur les commissions d'enquête publique du Québec, avec tous les articles que comporte cette
loi et donc avec tous les pouvoirs
d'une commission d'enquête publique, de telle sorte que le travail des membres
de ce comité va pouvoir se faire en
interpellant toutes les personnes pertinentes pour poser toutes les questions
pertinentes à l'examen des raisons,
et du pourquoi, et du comment on en est arrivés à épier, dans une société libre
et démocratique comme la nôtre, des
journalistes qui font essentiellement leur travail, mais dont le travail est
essentiel pour notre société démocratique. C'est ce qu'on a décidé
aujourd'hui.
On prend la
situation très au sérieux. Je pense qu'on prend tous la situation très au
sérieux. Puis on est en train de se donner, là, une façon de travailler
ensemble au Québec pour faire la lumière sur la question, la faire en toute transparence, puis ensuite être équipés pour
prendre les bonnes décisions. Parce que c'est en faisant ça que justement on
va remplir notre devoir, qui est la
contrepartie de la chance que nous avons de vivre dans une société libre et
démocratique, dans une société de
droit, notre devoir de s'assurer que ça continue d'en être ainsi, notre devoir
de mettre un pare-feu contre toute
dérive qui peut-être serait en train de nous éloigner de ce type de société
dans laquelle on a l'intention de toujours continuer de vivre. C'est la défense de la démocratie, c'est la défense
de la liberté, c'est la défense d'une information libre qui dit toutes les choses qui ont à être dites à
nos citoyens pour que nos citoyens soient capables d'exercer leurs propres
devoirs démocratiques. C'est de ça qu'il s'agit, Mme la Présidente.
Alors, je ne
veux pas prendre plus de temps, parce que je vais en prendre à certains de mes
collègues qui vont vouloir s'exprimer sur le sujet, mais je pense que
c'était important de situer ce qu'on a pris comme décision cette semaine dans le contexte général qui est celui que
je viens d'exposer. Et, sur ce, Mme la Présidente, je vous remercie.
• (12 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
ministre. Maintenant, je vais céder la parole à Mme la députée de
Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je suis heureuse que nous ayons
l'occasion d'avoir ce débat
d'urgence, parce qu'effectivement, s'il y a des circonstances qui peuvent
justifier un débat d'urgence ici, dans l'enceinte
de notre démocratie, c'est bien les événements que l'on vit depuis lundi, qui
sont mis en lumière et qui semblent prendre une ampleur qu'on ne pouvait
pas soupçonner, même lorsque ça a commencé à être révélé, lundi dernier.
Mes collègues
qui ont pris la parole précédemment l'ont bien soulevé : le pouvoir
journalistique, l'indépendance de la presse et son corollaire, la
protection des sources journalistiques, sont au coeur de notre démocratie. Et
cette indépendance doit être préservée à tout prix, parce que la démocratie,
pour qu'elle existe pleinement, elle doit aussi pouvoir vivre dans l'espace public, elle doit pouvoir être contestée,
elle doit pouvoir être mise au défi d'informations qui plaisent et qui déplaisent mais qui nous font avancer tous
collectivement.
La presse a
un rôle clé, on le sait, c'est une vérité de La Palice, de dire ça, dans
une démocratie. Et ce qu'on apprend depuis lundi est
excessivement grave. Je pense qu'il n'y a personne ici, dans cette Assemblée,
qui aurait pu penser qu'au Québec
de tels mandats de surveillance pouvaient avoir cours auprès de journalistes
d'organes de presse très réputés, qui font du travail très sérieux, et
avec ce qui apparaît, du moins de ce qu'on voit jusqu'à maintenant, une
facilité déconcertante. Et, comme certains
l'ont dit, ce n'étaient pas des journalistes qui étaient directement sous enquête, c'étaient parfois
leurs sources, parfois même pas. Et on a vu à quel point ces mandats-là ont été
donnés, semble-t-il, facilement et avec une très grande ampleur.
Donc, je
pense que, de tous les côtés de la Chambre, on convient que la situation
est excessivement grave et qu'il
faut
agir très rapidement. C'est ce que nous, de notre côté, on
a fait dès lundi en disant qu'il fallait, au Québec, se doter d'une loi sur la protection des sources
journalistiques. Je comprends que le ministre n'est pas fermé à ça. On va voir les recommandations
qui vont venir de la commission, mais je pense qu'il faut prendre ça très au
sérieux. Et aujourd'hui même dans Le Devoir, l'éditorialiste... bien, je
veux dire, le directeur, Brian Myles,
disait dans un éditorial que, oui, il est grand temps de se doter d'une loi sur la protection journalistique. Et, s'il y a
quelqu'un qui connaît l'enjeu, c'est lui, qui a déjà
été président pendant de nombreuses années de la Fédération professionnelle des
journalistes au Québec. C'est fondamental que ce geste-là soit posé.
Et, du même
souffle, je dirais que, déjà, des gestes ont été posés par le gouvernement, comme, par exemple, de vouloir
rendre la procédure pour l'obtention d'un mandat de surveillance ou d'écoute,
quand il est question de journalistes, au même niveau d'exigence que pour ce qui est d'un avocat, d'un député,
d'un juge. Je pense qu'aussi on pourrait se mettre au travail dès maintenant pour se doter ici, ensemble,
collectivement, au-delà de toute partisanerie, d'une loi en bonne et due forme sur la protection
des sources journalistiques, qui fait l'objet de débats depuis des années et
qui a été réclamée périodiquement autant par la fédération des
journalistes que le Barreau et d'autres instances importantes dans notre démocratie.
Donc, ça, je pense que c'est quelque chose qui est fondamental.
On demandait
aussi une enquête indépendante. Alors, oui, on se réjouit aujourd'hui que le gouvernement annonce que
le mandat du comité d'experts qu'il avait annoncé, donc, mardi ne soit plus en
fait qu'un simple comité d'experts mais bien qu'on va se doter d'une commission
d'enquête en bonne et due forme.
Vous
comprendrez, Mme la Présidente, que nous sommes un peu perplexes par rapport à ce qui a été dit ce matin, à savoir
que ce seraient les commissaires qui décideraient du caractère public ou non de
leurs travaux, alors que, dans la loi et dans... quand on regarde les
précédents, c'est toujours dans les règles de procédure, dans le décret qui
crée les commissions, que l'on pense à la commission Bastarache, que
l'on pense à la commission
Charbonneau. Si on se réfère aux règles qui ont été adoptées...
Je réfère le ministre, le gouvernement à l'article 24 en
ce qui concerne, donc, la Commission d'enquête sur le processus de
nomination des juges. C'était clairement dit que les audiences allaient être publiques. Même chose, bien sûr,
pour la commission Charbonneau, article 37 des règles de procédure qui est venu dire
que ce devait être public. Donc, on s'attend
évidemment à la
même chose pour cette nouvelle commission
d'enquête qui va être mise sur pied. C'est fondamental.
On dit à quel point, en ce moment, la confiance de
la population est ébranlée. On sait qu'en ce moment, pour toutes sortes de
raisons qui se sont produites au cours des dernières années, de manière
générale, la confiance du public à
l'égard de ses institutions est gravement ébranlée, et là on voit qu'elle est très préoccupée. Le
sondage d'opinion qui a paru hier l'a
montré, plus de 75 % des Québécois sont gravement préoccupés par ce qu'on apprend
depuis lundi : que le SPVM et, depuis hier, que la Sûreté du Québec
ont demandé et obtenu des mandats de surveillance très étendus à l'égard de journalistes qui ne faisaient que leur travail et,
bien sûr, qu'ils ont eu accès ainsi à toutes leurs sources, donc avec une
étendue, là, jamais vue et qui fait, comme on le sait tous — et ce
n'est pas réjouissant pour nous — le tour du monde à l'heure actuelle. Donc, pour que cette confiance-là soit maintenue, il
faut bien sûr que, dès aujourd'hui, il n'y ait aucune espèce d'ambivalence et d'ambiguïté quant au
caractère public des travaux qui vont être menés, comme c'est toujours
le cas, et qu'on ne laisse pas, là, un certain flou perdurer à cet égard-là.
Évidemment,
comme le chef de notre formation, le chef de l'opposition officielle, l'a dit
depuis le début, en fait, des
annonces du gouvernement — et je prends au mot le ministre et je pense qu'on va être tous
d'accord ici — c'est un
dossier qui doit être traité sans
partisanerie pour le bien supérieur de notre démocratie, de nos institutions,
du maintien de ce lien de confiance
là qui est si fondamental. Alors, oui, nous réitérons, aujourd'hui, notre
volonté de pouvoir être associés et
consultés, autant en ce qui a trait à la nomination des commissaires qui vont
être à la tête, donc, de la commission d'enquête
publique qui est annoncée aujourd'hui, et aussi pour la définition du mandat
par le décret qui va être mis de l'avant.
Ce
n'est pas banal de trouver le bon équilibre entre un mandat qui soit bien
ciblé, qui nous permette d'aller au fond
des choses et qui aussi puisse se réaliser en temps utile. Et on veut pouvoir
être mis à contribution dans cet esprit de non-partisanerie parce que vous savez sans doute que nous avions
demandé, dès mardi, que des experts désignés par l'ensemble des partis politiques puissent travailler ensemble. Le gouvernement a donné suite en partie à cette demande, mais dont il gardait le contrôle. On souhaite que,
pour cette commission, donc, cette transformation-là de ce comité d'experts
en commission d'enquête, nous soyons directement impliqués pour les nominations et pour la détermination du mandat,
du spectre d'action de cette commission.
D'entrée de jeu, je pense que le ministre a bien dit l'ampleur des éléments qui vont devoir
être regardés. C'est quoi, la chaîne
de commandement? Comment ces processus-là sont mis en branle quand on veut
obtenir de tels mandats? Pourquoi, même, on se tourne vers de telles demandes,
alors que ce ne devrait pas être le réflexe premier, ce devrait être le
dernier des réflexes? Et autre chose qui est préoccupante, c'est bien sûr tout
le rôle... comment la police conçoit ces mandats, les gestes qu'elle peut poser
dans de telles circonstances mais aussi comment les juges de paix exercent ces
pouvoirs-là?
Et, bien sûr, il y a une indépendance judiciaire
qui est fondamentale. Je pense qu'il y a beaucoup de Québécois qui viennent de
découvrir, au cours des derniers jours, l'existence et les fonctions des juges
de paix magistrats au Québec. Ce n'est pas banal. Ce sont des juges en bonne et
due forme mais qui, on le conçoit aisément depuis les événements qui nous sont
relatés depuis lundi, ont des pouvoirs très importants. Et, bien sûr, par le
fait même de ce qui leur est demandé, ça se tient à huis clos, il n'y a pas de
transparence a priori pour ce qui concerne l'émission de ces mandats-là. Et
évidemment c'est très difficile d'avoir une prise pour savoir comment cet
exercice-là, de pouvoir, se fait parce que la justice en elle-même, et c'est
son corollaire, doit être publique, mais, dans ces cas-là, compte tenu
évidemment des enjeux qui sont en cause, d'écoute électronique, de mandats de
perquisition, les auditions se déroulent évidemment à huis clos.
Je pense que
c'est un événement, tout en préservant, bien sûr, l'indépendance judiciaire,
qui doit être regardé aussi. Les juges de paix magistrats, dans quel cadre
exercent-ils leurs fonctions? Quelles balises sont données? Je pense aussi
que c'est de nature à pouvoir vraiment augmenter le niveau de confiance puisque
l'objectif qu'on doit se donner tous ensemble
avec cette commission d'enquête, c'est que cette confiance-là, qui est
gravement, mais gravement effritée à l'heure
actuelle non seulement en ce
qui concerne les journalistes, mais en ce qui concerne le public en général, soit rétablie le mieux possible.
Alors, en
terminant, je nous souhaite de poursuivre dans l'esprit qui, je pense,
nous a habités depuis le début de ces
événements-là ici, au sein de l'Assemblée nationale, dans un grand esprit de collaboration, et que chaque geste qui soit posé le soit en pensant toujours
à l'intérêt supérieur de notre démocratie et du respect de nos institutions. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
• (12 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la
députée de Joliette.
Je vais maintenant céder la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, tout en vous rappelant que vous disposez d'un temps de parole de
six minutes.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci,
Mme la Présidente. Alors, effectivement, je crois, ainsi que ma formation politique, nous croyons
que ce débat d'urgence était nécessaire, nécessaire parce que ce qui est en train de se passer, on avait l'impression, dans
la vie, que ça se passait juste dans les films de fiction, ou sur les grandes
dictatures, ou ailleurs dans le monde mais surtout pas chez nous. Alors, on est devant un fait, un fait où la
police, avec l'assentiment des juges de paix, trouve légitime de pouvoir
surveiller des gens qui ont un rôle majeur dans notre société, et j'entends
ici, bien sûr, les journalistes.
C'est plus
que nécessaire, cette commission d'enquête, pour ce qui s'est passé. Et donc, pour
l'avenir, j'ai envie d'espérer et de
croire que nous allons ensemble, comme parlementaires, ainsi que dans cette composition de la commission d'enquête, le mandat, etc., être
en mesure de faire en sorte que tout ça ne se reproduise plus jamais.
Mais, en même temps, ce que je veux surtout porter à notre attention, c'est que je sens un
grand assentiment face à la
protection des sources journalistiques. Mon enjeu, c'est qu'on a présentement un projet de loi sur la table, le projet de loi n° 87, qui envoie un message complètement différent, qui dit à la population : Vous savez, si vous êtes témoin de corruption, collusion, malversation, vous ne
pouvez plus passer par la voie des médias. Ce projet de loi là dit : On
veut faciliter la divulgation, mais
on n'est pas prêts à protéger pleinement les lanceurs d'alerte puisque, Mme la Présidente, à l'article 6 de ce projet de loi là, notamment, on
dit : Les lanceurs d'alerte pourront aller voir les médias seulement s'il y a une urgence en santé, en sécurité et en environnement.
Et, qui plus est, ils pourront aller voir les médias seulement s'ils vont voir la police avant.
Alors là,
moi, je veux bien qu'unanimement on s'entende, et c'est ce que j'entends dans
cette enceinte, que, pour l'avenir,
il faut protéger. Ça, c'est la démocratie, c'est précieux, mais on est face à
une partie gouvernementale qui refuse systématiquement les amendements
qu'on apporte au projet de loi
n° 87 pour nous assurer que les
lanceurs d'alerte soient des gens qui soient protégés.
Et prenons
M. Pereira, par exemple. Est-ce
que M. Pereira, qui, grâce aux
divulgations qu'il a faites, a permis au
Québec de comprendre des mécanismes qui avaient des impacts majeurs pour la société québécoise,
qui a été au coeur des révélations de la commission Charbonneau... Serait-il
protégé par le projet de loi n° 87? Non, Mme la Présidente.
Alors, moi,
j'ai bien envie de croire que cette commission d'enquête nous apprendra des choses. Et,
j'entendais le ministre le dire tantôt, il est possible qu'il faille
changer nos lois. Mais, Mme la
Présidente, il y a des lois qui ne
sont même pas adoptées,
nous sommes en train de les étudier, et ces lois-là disent aux citoyens et aux
citoyennes qui voudraient mettre au
jeu des connaissances qu'ils ont concernant des actes
répréhensibles... et ces gens-là, on leur dit : Non, non, non, n'allez
surtout pas voir les médias. Allez voir la Protectrice du citoyen, allez voir votre comité de suivi interne mais
surtout pas les médias. Et d'ailleurs, si vous voulez aller voir les
médias, allez voir la police avant. Ce n'est pas rassurant, ça, Mme la Présidente. Ce n'est pas rassurant parce
que ce qu'on voit, ce qu'on entend,
ce qu'on pressent dans ce qui est en train de se passer, c'est qu'il y a une police
politique, au Québec, qui oriente, qui oriente les enquêtes de façon non pas à
nous aider à faire sortir l'information mais bien à mettre le couvercle
sur des informations d'intérêt public. Et ça, c'est inacceptable.
Moi, je veux
bien qu'on s'indigne de ce qui se passe, et nous en sommes, nous en sommes
profondément indignés, mais je ne
veux pas qu'en même temps qu'on est en train de s'indigner de ça, de l'autre
côté, ça fait des heures que nous passons
dans l'étude du projet de loi n° 87, et, minute après minute, amendement
après amendement, la réponse systématique du président du Conseil du trésor, c'est : Non, non, non. Pas plus
tard qu'hier soir on a démontré comment les médias vont être exclus du projet de loi n° 87
puisque... Et là je le dis, là, les lanceurs d'alerte qui ne vont pas voir la
police avant ne seront pas protégés
par ce projet de loi là. Alors, moi, je veux et je demande que le gouvernement
se resaisisse, que le gouvernement mette ses bottines, que les bottines suivent
les babines pour nous assurer que ce que nous sommes en train de faire
maintenant va protéger les lanceurs d'alerte et non pas les vulnérabiliser.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Maintenant,
j'ai un petit enjeu ici. Je sais que M.
le député de Borduas
avait fait la demande de pouvoir intervenir après Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Alors, est-ce qu'il y a consentement, puisqu'habituellement il y a
une alternance avec les partis de l'opposition et du gouvernement? Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Tanguay : Oui, tout
à fait, Mme la Présidente. Puis on tient... Donc, on va consentir, mais juste pour soulever
qu'il est important de respecter ce principe. Donc, situation très, très exceptionnelle.
Alors, de consentement.
• (12 h 20) •
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, M. le député de Borduas, je vous cède la parole.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, Mme la
Présidente. Bien, je vais remercier mon collègue de Chapleau.
Écoutez, on a
fait une demande de débat d'urgence aujourd'hui parce que c'est extrêmement préoccupant.
Le leader de ma formation politique
l'a dit, les sources journalistiques, les mandats sur les sources
journalistiques pour épier les journalistes, pour connaître leurs
sources, c'est extrêmement préoccupant. Puis c'est pour ça que, dès le départ,
on a demandé une commission d'enquête
publique, Mme la Présidente. Et il faut vraiment que ce soit écrit dans le
décret de la tenue de la commission
d'enquête que les audiences doivent être tenues publiquement, Mme la
Présidente, parce que c'est comme ça
qu'on va réussir à connaître le système, à connaître l'étendue de cette
culture-là d'espionner les journalistes. Et, dans notre démocratie,
c'est inacceptable, Mme la Présidente.
Ceci étant
dit, j'entendais le ministre de la Sécurité publique nous dire à la période des
questions : Nous, nous respectons
les institutions. Nous, on travaille à respecter les institutions. Mais
qu'est-ce que ça veut dire, Mme la Présidente, respecter les institutions? Parce que, dans une démocratie, on se dote
d'institutions, mais, pour avoir des institutions fortes, il faut que ce
soit l'ensemble du processus de l'institution qui soit garanti. Ça passe
notamment par la nomination des principaux dirigeants.
Depuis le
printemps dernier, on a déposé le projet de loi n° 597, Loi modifiant la
Loi concernant la lutte contre la
corruption afin que le commissaire à la lutte contre la corruption soit une
personne désignée par l'Assemblée nationale. Qu'est-ce qui est arrivé depuis maintenant huit mois? Le projet de loi
dort sur les tablettes parce qu'il n'est pas appelé par le gouvernement, Mme la Présidente. Dans ce
projet de loi là, on propose une nomination aux deux tiers du directeur de l'UPAC. Le chef de la SQ devrait être également
nommé par l'Assemblée nationale aux deux tiers. Pour un gouvernement qui
dit qu'il respecte les institutions, pourquoi ne prend-il pas les moyens pour
qu'on donne toute la crédibilité et l'indépendance requises aux institutions?
Je ne
comprends pas que le ministre de la Sécurité publique, quand il nous dit :
Nous, de ce côté-ci de la Chambre, on
respecte les institutions, il ne prenne pas tous les moyens nécessaires qui
sont à sa disposition pour mettre en place ces garanties d'indépendance là, cette garantie que nos institutions, ça
va être des institutions fortes dans notre démocratie. Il a le pouvoir
de le faire, il suffit juste qu'il bouge, Mme la Présidente.
Si on veut avoir une démocratie forte, Mme la
Présidente, ça prend des pouvoirs mais des contre-pouvoirs. Actuellement, on constate qu'il y a des lacunes,
et ça nous prend une crise, une crise pour un peu faire bouger le gouvernement.
C'est malheureux, Mme la Présidente, parce
que c'est comme ça que ça fonctionne, on dirait, du côté du Parti libéral.
Sans crise, pas d'action. Et, quand il y a
une crise, bien là les actions ne sont pas à la hauteur de la réponse qui doit
être fournie.
Donc,
j'invite véritablement le ministre de la Sécurité publique, qui est le ministre
responsable de l'application de ces
lois-là pour l'UPAC, pour la SQ, à modifier rapidement le processus de
nomination parce que, s'il croit dans la force de nos institutions, il prendra tous les moyens, notamment sur le
processus de nomination, pour faire en sorte que ça soit désigné ici, à l'Assemblée nationale, et qu'on ne se retrouve
pas dans une situation où, à chaque fois qu'il y a un changement de gouvernement... Et le PQ n'est pas
mieux, Mme la Présidente. L'expérience 2012‑2014 nous l'a très bien démontré,
hein? Dès que le Parti québécois est arrivé au pouvoir, qu'est-ce qu'ils ont
fait? Ils ont montré la porte à l'ancien directeur général de la Sûreté
du Québec.
Puis
ça nous fait penser, Mme la Présidente, à l'époque pas si lointaine, lorsqu'un
nouveau gouvernement rentrait au pouvoir,
qu'est-ce qui arrivait? Tous les fonctionnaires perdaient leur emploi. Puis
qu'est-ce qu'on a décidé, durant les
années 60? Que maintenant la fonction publique aurait une permanence pour
qu'elle soit indépendante, cette fonction
publique là, pour qu'elle donne des services à la population dans l'intérêt de
la population. Et là, ce qu'on discute aujourd'hui,
on parle de la police. C'est encore plus important que la tête dirigeante soit
désignée par l'Assemblée nationale et qu'il n'y ait pas de lien entre le
politique et le policier, Mme la Présidente.
Et
vous me permettrez de faire un point sur le travail des policiers, les
policiers qui travaillent au jour le jour à lutter contre le crime. Il faut les supporter, les policiers,
il faut leur donner tous les outils et toute la légitimité pour le faire parce
qu'ils se dévouent à lutter contre les
infractions criminelles, contre les criminels, Mme la Présidente. Et je tiens à
m'adresser à eux pour dire : Ne lâchez pas votre travail de lutter
contre le crime. On vous supporte.
Ceci étant dit, à
l'intérieur de l'organisation, s'il y a des policiers qui parlent, c'est parce
que, parfois dans l'organisation, il y a des
enquêtes qui n'aboutissent pas, il y a des dossiers qui ne cheminent pas.
Pourquoi ces dossiers ne
cheminent-ils pas? Est-ce qu'il y a de l'intervention politique, Mme la
Présidente? Il faut faire la lumière là-dessus et il faut s'assurer d'avoir un processus transparent lorsqu'on nomme
les dirigeants de nos corps de police, de l'UPAC, de façon à leur donner
toute l'indépendance requise. C'est fondamental dans une démocratie.
Donc,
pour ce qui est des journalistes qui ont été espionnés, c'est extrêmement
préoccupant, Mme la Présidente. Et on
ne parle pas uniquement que d'un seul corps de police, du Service de police de
la ville de Montréal où le directeur ne
semble pas voir de problématique. L'autre élément : au niveau du directeur
de la Sûreté du Québec, des enquêtes qui ont été autorisées en 2013 à l'endroit de six journalistes. L'ancien
ministre de la Sécurité publique reçoit une lettre, appelle le directeur
du service de police, reçoit une lettre du président de la FTQ, qui se plaint
d'être sous surveillance.
La
première des questions, c'est : Comment se fait-il qu'il est au courant
qu'il est sous surveillance, le président de l'époque de la FTQ impliqué dans de multiples allégations, scandales
de l'industrie de la construction? Est-ce que c'est à cause que l'ancien
ministre des Finances Raymond Bachand l'a informé? Comment ça se fait qu'un
membre du Conseil des ministres aurait
informé un haut dirigeant d'une centrale syndicale qui traitait avec des
individus qui sont accusés au criminel? Comment ça se fait qu'il l'avait
informé? Comment ça se fait que cette information-là était disponible à quelqu'un qui était membre du Conseil des
ministres? Comment ça se fait? Ce n'est pas normal, là. Quelqu'un qui est
sous l'objet d'une enquête criminelle par la
police, il n'y a personne qui l'appelle pour l'informer, Mme la Présidente.
Comment ça se fait? Il faut faire la lumière là-dessus.
Et
donc la personne qui est sous enquête reçoit un appel d'un ministre libéral
pour lui dire : Il faut que tu arrêtes de parler parce que tu es
sous enquête, écrit une lettre au ministre de la Sécurité publique du Parti
québécois, le député de Verchères. Le député de Verchères prend le téléphone,
appelle le chef de la police qu'ils ont nommé, et là il y a une enquête qui est
déclenchée, et il y a des mandats d'écoute qui sont demandés. Vous conviendrez
avec moi, Mme la Présidente, qu'il y a un lien, il y a une proximité, il y a peut-être
un lien de causalité. Ça arrive pas mal de façon contemporaine et
concomitante. Ça soulève des questions.
Mais on revient à la
nature même. Pourquoi est-ce qu'on veut savoir avec qui les journalistes
parlent? Parce qu'il y a des fuites
policières? Pourquoi il y a des fuites policières, Mme la Présidente? Comment ça se fait que les enquêtes de l'UPAC ne cheminent pas? Comment ça se fait que, pour que le gouvernement libéral bouge, ça prend des révélations dans les médias? Comment ça se fait que, comme aujourd'hui, on apprend qu'il va y avoir un reportage de Radio-Canada sur la Société immobilière du
Québec...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Tanguay :
Je pense qu'on a tous été patients, mais je pense que le collègue va dans des
zones qui laissent entendre des éléments
qui, évidemment, remettent en question de façon non parlementaire... des accusations à peine voilées. Alors, je vous demanderais peut-être
juste de le ramener dans le droit chemin.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Peut-être sur la question de règlement du collègue de LaFontaine,
Mme la Présidente, je pense que la voie est très claire. Ça a un lien direct avec le débat d'urgence
qu'on a aujourd'hui : les sources journalistiques, les enquêtes
qui ont été arrêtées, l'espionnage des journalistes. Je suis vraiment sur le
sujet, Mme la Présidente, et...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui, bien, c'est correct...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Non.
Une voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : C'est très bien. Alors, je vous ai fait signe. Peut-être, je devrais l'exprimer plus clairement.
Je vous invite à la prudence, et vous pouvez poursuivre, mais... Oui, il y a de
la pertinence, mais vous devez faire attention de la façon que vous
présentez vos propos.
M. Jolin-Barrette : Bien, je suis content, Mme la Présidente, que vous disiez que mes propos sont pertinents parce que le député
de LaFontaine ne semble pas trouver que c'est le cas. Mais je prends son offre
de m'enseigner le droit parlementaire. S'il veut m'offrir des sessions, ça va me faire
plaisir de collaborer avec lui. D'ailleurs, j'aurai peut-être
aussi des enseignements à lui formuler.
Donc, on pourra échanger des points
de vue. Puis peut-être
que je vais réussir à le convaincre
aussi d'indiquer à son gouvernement que ça prend de la transparence et de
l'intégrité, puis que le pouvoir politique doit être séparé du pouvoir
policier, ça serait fondamental, puis qu'on devrait arrêter d'espionner les journalistes. Je pense que c'est la moindre des
choses, surtout pour que l'ensemble des informations sur lesquelles les policiers travaillent lorsqu'ils mènent leurs
dossiers puissent résulter en des accusations, s'il y a lieu, et qu'il n'y ait
pas d'intervention politique, Mme la Présidente. C'est fondamental puis ça fait partie de notre démocratie,
puis il faut que les journalistes qui font leur travail puissent
consulter leurs sources sans être épiés.
Puis
il y a un autre élément là-dedans aussi, Mme la Présidente, puis
j'interpelle mes collègues aussi là-dessus. Il y a certains ministres
qui discutent avec des journalistes, il y a certains députés qui discutent avec
des journalistes. Vous-même, Mme la Présidente, vous avez peut-être discuté avec des journalistes. Peut-être
que vous avez été sous écoute, Mme la Présidente, par la force des
choses. Est-ce que c'est normal? Est-ce que c'est normal que des mandats soient
accordés comme ça pour connaître qui sont les sources?
On
parle de plusieurs mois dans le cas de Patrick Lagacé. On parle de journalistes
bien connus : de Denis Lessard, de Marie-Maude Denis, d'Isabelle
Richer, d'Alain Gravel, d'Éric Thibault, de Fabrice de Pierrebourg, Félix
Séguin, Monic Néron, des gens dans la société
qui renseignent la population, qui font éclater au grand jour des scandales qui
ne sortiraient pas si ce n'était pas
de leur travail. Il faut valoriser ça, Mme
la Présidente, mettre en place des
balises pour le travail des journalistes.
• (12 h 30) •
Donc,
on a parlé du triangle FTQ-PQ-SQ, puis ça soulevait des questions. La commission
d'enquête publique pourrait faire la
lumière là-dessus, Mme la Présidente, pourrait faire la lumière également
sur pourquoi est-ce qu'il y a des enquêtes qui sont arrêtées, pourquoi
est-ce qu'il y a des black-out parfois sur la surveillance lorsque ça touche le
politique. Les sources journalistiques sont fondamentales dans notre société.
Le
ministre disait tout à l'heure, à la période des questions : Nous, on est
en faveur de la séparation des pouvoirs. Cette conception libérale, la
conception des pouvoirs, Mme la Présidente, elle est à géométrie variable. Vous
savez, Mme la Présidente, j'ai un exemple
parfait pour ça : le projet de loi n° 37, le gouvernement est
intervenu directement dans un dossier devant la cour. Si ce n'est pas
une atteinte à la séparation des pouvoirs, je me demande quelle est-elle.
Ceci
étant dit, sur la séparation des pouvoirs, quel est le meilleur moyen pour
avoir une séparation des pouvoirs, Mme
la Présidente? C'est que les gens qui vont être nommés à la magistrature, les
gens qui vont être nommés à la tête d'escouade
de police le soient de façon indépendante, et que leur choix ne fasse l'objet
d'aucune contestation. Et comment on
fonctionne dans notre système? C'est par le biais de l'Assemblée nationale, par
le biais de l'Assemblée nationale, ici, tous ensemble. Pourquoi? Parce
qu'on ne veut pas que, lorsqu'il y a une enquête en matière de corruption,
lorsque l'intégrité est en question, on ne
veut pas que des enquêtes soient stoppées lorsqu'un suspect rencontre un ancien
membre du gouvernement.
Ça
prend une séparation complète, Mme la Présidente, complète. Les citoyens ont
besoin d'avoir confiance à la fois dans
le monde politique, mais aussi dans la police, et les policiers doivent pouvoir
exercer leur travail à l'abri de toute intervention
politique. C'est le message que je veux qu'on retienne, parce que les zones
d'influence, Mme la Présidente, il ne doit pas y en avoir. Il n'y a
personne au-dessus des lois, et ça doit être vraiment réel, Mme la Présidente.
Donc,
j'invite le ministre de la Sécurité publique à vraiment mettre de l'action à
ses paroles. Il est là, je sais qu'il m'entend,
je sais qu'il m'écoute. Il peut rapidement changer la loi, sur la nomination du
directeur de police de la Sûreté du Québec,
de façon à ce que, lorsqu'il y a un nouveau gouvernement, il n'y ait plus de
changement de chef de police au gré de
la couleur politique du gouvernement. C'est fondamental. Même chose pour la
corruption, avec l'UPAC, il faut s'assurer véritablement, Mme la Présidente, d'avoir un processus de nomination qui
va faire en sorte de donner toute la légitimité à cette personne-là dans
l'optique d'avoir une séparation des pouvoirs la plus complète possible.
Donc,
Mme la Présidente, j'invite véritablement le gouvernement à vraiment prendre
action pour vrai cette fois-ci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Borduas. Maintenant, je reconnais M. le député de Chapleau.
M. Marc Carrière
M. Carrière :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je suis heureux aussi de prendre part à ce
débat d'urgence. Je pense qu'il est
fondamental, il est important que la séparation des pouvoirs soit une chose absolue
dans notre société. Tout le monde, ici, y croit, je pense. J'entendais la députée
de Joliette tantôt qui voulait faire de cet exercice et de
tout ce que nous allons entreprendre quelque chose de non politique, non
partisan, et j'y adhère, je crois que c'est important.
Vous
savez, la liberté de presse, c'est un droit fondamental dans notre démocratie
et est au coeur de ce que nous défendons tous. Les événements qu'on a
entendus depuis quelques jours, depuis lundi dernier, que des journalistes ont été sous écoute, ou espionnés, ou peu importe
le terme qu'on veut lui donner... À la SPVM, le Service de police de la ville
de Montréal, c'était avec M. Lagacé, Patrick Lagacé. On a entendu tout
dernièrement, tout récemment, il n'y a pas longtemps, qu'en 2013 et même
après la Sûreté du Québec aurait mis sur écoute ou en tout cas enquêté sur
d'autres journalistes, Mme Denis,
M. Gravel, monsieur... Mme Richer, pardon, M. Thibault,
M. Lessard, M. Richer, et il y en a d'autres, il y en a plusieurs autres. C'est assez inquiétant de
savoir... un, que chacun des journalistes puisse protéger ses sources,
et parce qu'il y va, un, de la protection de ces gens-là et du travail que les
journalistes font au quotidien.
Effectivement,
le gouvernement, nous ici ensemble qui mettons sur pied des lois, il y a une
démocratie à laquelle on tient tous,
et plein de pays à travers le monde envient de ce que le Québec et ce que le
Canada ont comme démocratie. Il y a les services policiers, il y a notre
service judiciaire également, et il y a les journalistes qui font un travail,
qui ne nous plaît pas tous les jours. Ça fait 24 ans que je fais de la
politique, ça n'a pas toujours été à mon goût, ce qu'on a dit ou ce qu'on a rapporté sur ce que j'ai fait, mais
ils font un travail essentiel pour notre démocratie, et les citoyens en sont
très bien servis. Et les gens qui informent
les journalistes, je pense qu'il est important de protéger également, parce
qu'il n'y a plus personne qui va vouloir parler à personne, et ça
deviendrait dangereux.
Ce matin,
le... dès mardi, pardon, le ministre de la Sécurité publique et notre premier
ministre ont mis de l'avant trois
nouvelles mesures importantes suite aux révélations qui ont été dévoilées. Il y
avait, premièrement, la mise sur pied d'un
comité d'experts indépendant présidé par un éminent juriste pour formuler des
recommandations sur les meilleures pratiques
à adopter. La deuxième mesure était... C'est une directive obligeant d'obtenir
l'autorisation du DPCP, du Directeur des
poursuites criminelles et pénales, avant que soit présentée une demande de
mandat d'écoute électronique visant un journaliste
comme c'est notamment le cas pour les juges, pour les membres de l'Assemblée
nationale également. Donc, il était important, là, de s'assurer d'avoir
une vérification additionnelle, si je peux utiliser ce terme. Et le DPCP aura l'obligation... ou les corps policiers, pardon,
auront l'obligation de demander au Directeur des poursuites criminelles et
pénales si le mandat qui est demandé est
opportun, et, à ce moment-là, il y aura une autorisation qui sera donnée si
c'est nécessaire. Et il y avait
également comme troisième mesure la tenue d'une inspection portant notamment
sur l'interception des communications privées auprès des corps policiers
concernés.
Pour ce qui
est des corps policiers concernés, tantôt, le ministre de la Sécurité publique,
également ministre des Affaires
municipales, a très bien démontré qu'il ne s'agit pas de tous les corps
policiers du Québec, il s'agit de trois corps policiers. Et de là on parle des différents niveaux de services
policiers que chacun des corps policiers doit desservir à sa population, et c'est des niveaux de
service 4, donc plus élevés. Et là-dessus il y a trois corps de police au
Québec qui ont ce niveau de service 4,
5 et 6, il s'agit du Service de police de la ville de Québec, Service de police
de la ville de Montréal ainsi que la
Sûreté du Québec, qui chapeaute avec un niveau 6, là, c'est très
technique. Et, si je connais un petit peu la technique, c'est que, dans mon ancienne vie, je gérais, entre guillemets...
parce que j'étais préfet d'une MRC où on avait un service de police de niveau 2, qui était beaucoup plus...
beaucoup moins élaboré, si on veut utiliser ce terme, que les trois autres corps de police. Il y a également
l'UPAC qui sera soumise aux mêmes dispositions que les autres trois corps
de police.
Donc, ce
matin, le ministre de la Sécurité publique, avec la ministre de la Justice,
devant tout ce qu'on apprend depuis
quelques jours, ont mentionné que le comité en question qui sera mis sur pied
aura... Et ici je vais citer la ministre de la Justice : «Donc, en conséquence de ce que mon collègue vient
de [nous] décrire, nous avons décidé que le mandat confié au groupe d'experts serait confié en vertu
de la Loi sur les commissions d'enquête avec tous les pouvoirs que cette
loi donne au commissaire.
«Les
nouvelles divulgations sont à ce point sérieuses, et, comme on le mentionnait,
la confiance du public envers ses
institutions publiques, envers toutes les institutions, elle est essentielle.
[Donc,] la protection des sources journalistiques, la liberté de presse sont des droits qui sont
consacrés, qui [font] l'objet de décisions de la Cour suprême. La liberté de
presse, elle est consacrée à la charte
canadienne, elle est essentielle, elle est [même] à la base [...] de la société
démocratique, au même titre que l'indépendance des institutions le sont...»
• (12 h 40) •
Donc, ce
matin, ce qui a été mentionné et ce que j'entends, ce qu'on a entendu depuis le
temps, autant au niveau des médias,
autant au niveau des différentes oppositions et dans l'opinion publique, je
pense que tout le monde salue cette décision-là
d'en faire une commission d'enquête publique, avec tous les pouvoirs qui lui
sont conférés par la loi. Donc, je pense
que c'était une excellente décision, c'est une sage décision pour faire toute
la lumière sur ce qu'on entend depuis quelques
jours. Parce qu'effectivement, comme l'ont mentionné plusieurs des intervenants
avant moi, je pense qu'on a tous
intérêt à ce que la liberté de presse puisse être absolue et que les sources
des gens qui vont communiquer de l'information aux journalistes soient
également protégées.
Donc,
là-dessus, cette décision-là, ce matin, elle est saluée de tous. Le mandat
également de cette commission sera suffisamment large pour traiter de la
liberté de presse, comme je disais, mais suffisamment précis pour enquêter sur l'étanchéité entre les corps policiers et
l'autorité de qui ils relèvent. Puis il y a plusieurs informations
complémentaires, il y a des barèmes
qui sont mis, qui existent avant l'émission de mandats. Il y en a neuf, en
fait, barèmes qui sont émis. Et ça
doit satisfaire, premièrement, aux exigences du Code criminel quant à la
délivrance d'un mandat de perquisition, et ça doit également examiner
les circonstances et déterminer si le juge peut décerner un mandat.
Je pense qu'on l'a dit à plusieurs reprises
tantôt : Il va falloir revoir la façon, lorsqu'un service policier va demander de faire de l'écoute ou d'intercepter des
appels... Est-ce que c'est pertinent? Est-ce que l'information n'est pas déjà
connue autrement? Donc, ces neuf barèmes-là pour l'émission d'un mandat seront
drôlement importants. Et je crois que le comité d'experts devra ou
pourra se pencher sur toute cette perspective-là.
Donc, tout ce
qui est mis de l'avant, tout ce qu'on entend depuis quelques jours, tout ce qui
est mis de l'avant par notre
gouvernement fera en sorte que notre démocratie sera protégée. Donc, je suis
heureux de voir que ce qui se produira dans
les prochaines semaines va, premièrement, mettre à jour tout ce qui s'est
produit, tout ce qu'on entend depuis quelques jours... et d'arriver avec les meilleures pratiques pour que ce qu'on a
présentement ne puisse plus se reproduire. Alors, merci, Mme la
Présidente. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député de
Chapleau. Maintenant, je vais céder la parole à Mme la députée de
Vachon.
Mme
Martine Ouellet
Mme Ouellet :
Oui, merci, Mme la Présidente. En fait, la semaine a commencé un
31 octobre avec l'affaire Lagacé, l'affaire
Lagacé qui était un suivi, une surveillance policière de la police de Montréal
d'un journaliste, une surveillance qui allait sur son téléphone, tous
les téléphones qu'il a faits, personnels et professionnels, mais plus que ça,
Mme la Présidente, aussi ils ont activé son
système de géolocalisation sur son téléphone, et une surveillance faite par la
police de Montréal, mais — très troublant, Mme la Présidente — entérinée
par une juge de paix magistrat.
Vous savez,
c'est directement, avec l'affaire Lagacé, la liberté de presse qui est
attaquée, la protection des sources journalistiques,
et donc extrêmement grave. Mais l'affaire Lagacé s'est transformée en scandale
de la surveillance policière parce
que s'est ajouté à l'affaire Lagacé trois autres suivis par la police de
Montréal : Félix Séguin de TVA, Monic Néron du 98,5 et Fabrice de
Pierrebourg, qui est anciennement de La Presse.
Mais, Mme la Présidente, ça ne s'est pas arrêté
là. Cinq cas, du côté de la SQ, se sont ajoutés : Alain Gravel, Marie-Maude Denis, Isabelle Richer de
Radio-Canada, Éric Thibault du Journal de Montréal, Denis Lessard de La Presse
et André Cédilot de La Presse, qui a été aussi à
Radio-Canada.
Et là ce n'est pas seulement qu'un policier qui
a été visé, et on le voit, là, avec les noms que je vous ai sortis : Alain
Gravel, Marie-Maude Denis, Isabelle Richer, c'est le journalisme d'enquête qui
est directement visé. Et c'est essentiel qu'ici, à l'Assemblée nationale, on
agisse. Et d'avoir ce débat d'urgence là aujourd'hui, c'est essentiel.
Donc, je vous ai parlé de la police de Montréal,
de la SQ, Mme la Présidente, mais on a aussi d'autres corps policiers qui agissent ici, au Québec : la GRC et le SCRS. Et, malgré que Justin Trudeau ait affirmé, qu'il ait
promis même de faire tout ce qui est nécessaire pour défendre la liberté
de presse, il a refusé, il a refusé de demander à la GRC et au SCRS à savoir si, eux aussi, faisaient de la
surveillance de journalistes. Donc, M. Trudeau fils parle beaucoup,
mais agit très peu. C'est facile de
faire des belles paroles en l'air, mais, quand vient le temps de prendre des
décisions et de demander à ce que les choses soient faites, il est
absent. Il n'est plus là.
Et donc on a aussi, du côté de la GRC et du SCRS...
et j'aimerais ça demander aujourd'hui ici, à l'Assemblée nationale,
que l'Assemblée nationale demande, donc le gouvernement du Québec demande au gouvernement du Canada à ce que la GRC et le SCRS nous indiquent s'il y a
également eu de la surveillance policière reliée à des journalistes. Ça serait essentiel de le savoir, parce qu'on sait,
Mme la Présidente, qu'il y en a eu pas mal dans le passé. Donc, ce serait
essentiel de le savoir, et j'aimerais ça que d'une seule voix nous demandions
au gouvernement du Canada, donc à M. Trudeau, qu'il soit conséquent avec
ses paroles et qu'il fasse la demande à la GRC et au SCRS.
Du côté de la police de Montréal, vous savez, le
directeur de la police, Philippe Pichet... et contrairement à ce qu'affirme le maire de Montréal, M. Coderre,
ce n'est pas une question de lynchage que de demander qu'il soit suspendu
le temps de l'enquête. C'est juste normal,
Mme la Présidente. D'ailleurs, je ne comprends pas, je ne comprends pas le
maire de Montréal de continuer à appuyer son
directeur de la police avec toutes les informations que nous avons aujourd'hui.
Ce n'est pas seulement que Patrick Lagacé, c'est
également trois autres journalistes qui ont été visés par la police de
Montréal.
Donc, c'est
juste normal que M. Pichet soit suspendu le temps de l'enquête et, en
fonction des résultats, il sera réintégré
à son poste ou non. Mais ce n'est pas normal qu'il reste en place pendant
l'enquête. Et ça a été demandé. Ça a été demandé par la fraternité des
policiers de Montréal et c'est une demande qui est tout à fait raisonnable de
la part de la fraternité des policiers. Je
pense qu'effectivement il n'y a pas de climat de confiance tant qu'on n'aura
pas les résultats de l'enquête.
Et vous
savez, Mme la Présidente, pour suspendre M. Pichet, bien, c'est une
décision du gouvernement du Québec sur
recommandation de la ville de Montréal à travers sa commission de la sécurité
publique. Donc, je pense qu'il serait important
que le maire de Montréal, Denis Coderre, demande au gouvernement du Québec de
suspendre M. Pichet de ses fonctions
le temps que l'enquête se réalise. Et, si l'enquête le blanchit, bien, il sera réintégré
à l'intérieur de ses fonctions, et,
si c'est jugé trop problématique, bien, à ce moment-là, il devra se retirer,
Mme la Présidente. Mais il doit être suspendu le temps de l'enquête. Vous savez, c'est tellement grave, ce qui se
passe, qu'un autre maire, celui de Québec, a parlé d'une espèce de viol. Donc, je pense, Mme la Présidente,
que le maire de Montréal et le gouvernement du Québec devraient agir et
suspendre M. Pichet de ses fonctions.
• (12 h 50) •
Du côté de
faire la lumière, comme dit le ministre de la Sécurité publique, de faire la
lumière sur tout ce qui s'est passé,
vous savez, au début, le ministre de la Sécurité publique... parce que nous, au
niveau du Parti québécois, nous avons toujours demandé une enquête
indépendante. C'est essentiel. Et ce qu'on a vu dans les premières réactions du
ministre de la Sécurité publique,
c'est qu'il demandait une enquête administrative sur la surveillance des
téléphones. Et le ministre de la
Sécurité publique, il veut que les pratiques soient étudiées et qu'il y ait des
sanctions, Mme la Présidente. Mais, pour avoir été aux premières loges du scandale du MTQ, où, par deux fois, une
sous-ministre a menti aux parlementaires et n'a eu aucune sanction, elle est encore rémunérée plein salaire,
au-dessus de 200 000 $, à faire pas grand-chose, alors qu'elle
a menti deux fois aux parlementaires, j'ai un doute sur la volonté du
gouvernement libéral d'imposer des sanctions, Mme
la Présidente. Et une enquête administrative, bien, on l'a vu dans le scandale
du MTQ, il y a eu des enquêtes qui ont été faites à l'interne, des
questions qui ont été posées, des rapports qui ont été déposés que même la
sous-ministre elle-même a dit ne pas avoir eu connaissance. Et donc les
enquêtes administratives, clairement insuffisant.
Mais je suis
contente de voir que le ministre de la Sécurité publique s'est rajusté
aujourd'hui et a transformé son comité
d'experts, qui avait le mandat de faire des propositions pour une loi sur les
sources journalistiques, il l'a transformé en commission d'enquête. Et là il faudra s'assurer que ce soit bien
public, parce qu'il y a eu, pendant une certaine période, une espèce de flou où et le ministre de la
Sécurité publique et la ministre de la Justice n'ont pas trop voulu répondre, à
savoir si c'était public.
Et
même, j'ai entendu, de la part de la ministre de la Justice, que les
commissaires... qui vont déterminer elles-mêmes si la commission d'enquête sera publique... Or, Mme
la Présidente, elle irait à l'encontre de ses propres lois. Parce que, selon ce qui est sur le site du gouvernement du
Québec... «Les procédures d'enquête de la commission sont-elles publiques?
Par définition, les audiences d'une commission d'enquête se déroulent en
public.» Par définition. Donc, j'espère qu'effectivement
ils nous confirmeront que ce sera public, et c'est essentiel que la commission
d'enquête soit publique si on veut
rétablir la confiance. Donc, je crois que le fait que cette commission
d'enquête là soit en place, c'est important et c'est essentiel.
Et
finalement, au Parti québécois, nous avons demandé qu'il y ait une loi de
protection des sources journalistiques parce
que cette loi-là, vraiment... On l'a vu avec les dérives qu'on a eues
actuellement : il doit y avoir un encadrement beaucoup plus strict que ce qu'on a actuellement,
parce qu'avec la façon aussi facile que la juge de paix magistrat a émis
les mandats de surveillance, on se rend
compte qu'il y a une dérive très grave. Donc, il est essentiel qu'on puisse
mettre en place une loi sur la protection des sources journalistiques
parce que la liberté de presse est fondamentale dans la démocratie du Québec.
Donc, je
crois que ce comité-là aura donc un rôle un peu bicéphale, là : et, d'un
côté, de faire les enquêtes et, de l'autre
côté, de faire des recommandations pour avoir une loi sur la protection des
sources journalistiques. Et vous pouvez être certains qu'il va y avoir une grande collaboration de la part du
Parti québécois pour travailler cette loi-là. Et nous souhaitons que le
mandat de la commission d'enquête soit très restreint dans le temps pour que,
rapidement, nous puissions avoir les
résultats. Et nous souhaiterions, de la part du gouvernement, qu'il nous
indique quels seront les délais qui seront en place.
Et, en
terminant, j'aimerais rajouter qu'avec le projet de loi n° 87 sur les
lanceurs d'alerte il faudrait qu'il y ait une ouverture de la part du gouvernement libéral pour que ça couvre tant
le niveau municipal et les contractants privés, mais également que ça couvre la divulgation à des médias. Je pense que
c'est essentiel. Sinon, on se rend compte que, d'un côté, on dit d'autres choses, et, de l'autre côté, on n'agit pas.
C'est important d'agir aussi du côté du projet de loi n° 87. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la députée
de Vachon. Maintenant, au tour de M. le député de Vimont.
M. Jean Rousselle
M.
Rousselle : Merci, Mme la Présidente. Comme le disait tantôt le
ministre de la Sécurité publique, je pense que moi aussi, je suis heureux de vivre au Québec, de vivre au Canada, dans
une société démocratique. Par expérience — j'ai déjà travaillé aux Nations unies et j'ai eu la chance de me promener un
peu partout dans le monde — je peux vous dire qu'il n'y a pas tous les pays qui ont
cette chance-là. On parle de dictatures, on parle de toutes sortes de problèmes
à l'extérieur du pays. Et je peux vous dire que je suis très heureux d'être un
Québécois, un Canadien. Quand je me suis promené
au Myanmar, au Bangladesh ou encore, comme je vous le disais tantôt, en Haïti,
j'ai eu des appels, moi aussi, de journalistes
demandant comment ça allait sur le terrain. C'était ma responsabilité de donner
l'information qui ne mettrait pas en risque la sécurité des gens que je
protégeais là-bas.
Je le sais,
que les journalistes, c'est des gens professionnels. Et, effectivement, les
faits qui ont été diffusés dans les
derniers jours sont graves et ébranlent vraiment la confiance du public, et je
trouve ça très malheureux. Il n'y a pas juste le public. Et, quand je parle du public, je parle en général. Je
comprends même les juges, les policiers. Nous aussi, on fait partie du
public. Et je pense que la démocratie est tellement importante, je pense, il faut vraiment
tout faire pour la protéger. Et il ne
faut pas s'en aller, comme j'ai vu ailleurs, justement, comme dans des États policiers... Effectivement, je peux vous dire qu'il n'y a personne qui y gagne, à aller
dans ce sens-là.
Je pense que
c'est important et puis je suis heureux que, dès mardi, on a parlé d'un groupe
d'experts. On a parlé, justement, de faire une commission d'enquête. Oui, il
faut effectivement éclaircir la chose, et ça, de manière non
partisane. Tantôt, j'écoutais un peu mon collègue de Borduas,
et il a tendance, des fois, à aller sur la partisanerie, mais j'ai été heureux d'entendre, justement,
la collègue de Joliette, qui, effectivement, veut vraiment aller dans le sens, justement,
de travailler ensemble, de faire que... Et
ça, on a tous intérêt à le faire pour le bien-être de tous les citoyens et concitoyens qu'on représente
ici.
Donc, on a
décidé de mandater des gens, donc un comité d'experts, qui auront, justement,
en vertu de la Loi des commissions d'enquête, avec tous les pouvoirs de
cette loi qu'on donne aux commissaires... Parce que les nouvelles divulgations sont très sérieuses. Donc, nous
donnerons au comité ce pouvoir supplémentaire, qui est important. Puis les
commissaires auront toute l'indépendance de déterminer la façon que se
tiendront ces audiences. Tous les articles de la
loi s'appliquent. Et ça, c'est, encore une fois, très important. C'est une
commission d'enquête publique. Oui, le mandat n'est peut-être pas encore
déterminé, mais ça, ça viendra.
Mais je pense que l'objectif que l'on se dit depuis
tantôt, et je pense qu'on est tous d'accord avec ça, c'est de protéger,
justement, la liberté de presse parce que cette liberté de presse là est
fondamentale, reconnue même par la Charte
canadienne des droits. Les sources journalistiques font l'objet d'un
encadrement déjà édicté par la Cour suprême.
Oui, le journaliste fait un travail... des fois
ça nous bouscule, des fois ça nous secoue, mais c'est un travail vraiment important. Et c'est de cette manière-là
que la population peut avoir confiance en nous comme députés, comme... Et pour
moi, c'est vraiment important. Et il y a aussi des valeurs fondamentales dans
notre société, puis il faut les débattre. Il faut prendre les actions appropriées pour ça. Et je pense que cet
échange ou ce débat-là qu'on a aujourd'hui, je pense, ça en fait partie.
D'ailleurs,
en mettant le comité d'experts indépendants, qui a été d'ailleurs aujourd'hui
même annoncé par nous, le
gouvernement... bien, il y a des directives aussi qui vont exister. Il va y
avoir trois mesures concrètes qui vont être faites : la mise sur pied d'un comité d'experts
indépendants, comme je viens de vous dire, mais aussi des directives bien
précises, l'autorisation du Directeur
des poursuites criminelles et pénales, le DPCP, dans notre langage, avant que
soit présentée une demande de mandat
d'écoute électronique visant les journalistes, comme c'est notamment le cas
pour les juges, les membres de
l'Assemblée nationale, et une directive obligeant aussi à consulter le DPCP
avant de présenter à un juge toute autre demande de mandat pour avoir
effet à révéler les sources journalistiques.
Il y a aussi
le cas de la Sûreté du Québec qu'on a entendu. On l'a entendu, je l'ai vu aussi
dans les journaux. C'est malheureux,
mais, écoutez, il faut prendre action. Puis d'ailleurs le ministre a tout de
suite regardé ça, et le directeur de la Sûreté du Québec en a pris acte. Je trouve ça troublant. Vous savez,
quand je regarde des journalistes, tout ça... C'est sûr, comme ma collègue tantôt le mentionnait, ça a
commencé avec l'affaire Lagacé. Et par la suite, bien, ça a déboulé, on a
vu les noms sortir : Éric Thibault, Marie-Maude Denis, Isabelle Richer,
Alain Gravel...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : M. le député, à ce point-ci, je me
dois de vous demander si vous avez terminé votre intervention.
M. Rousselle : Non, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Parce que, compte tenu de l'heure, je dois suspendre nos travaux jusqu'à
15 heures, et vous pourrez poursuivre à ce moment. Alors, merci.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 1)
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, veuillez vous asseoir. Merci. Bon après-midi.
Alors, s'il vous plaît! L'Assemblée poursuit le débat d'urgence demandé par M. le leader du deuxième groupe d'opposition sur les révélations troublantes relatives à la surveillance de
journalistes et de sources journalistiques par des services policiers.
Avant de
céder la parole au prochain intervenant,
je vous indique qu'il reste 30 min 2 s. Alors, moi, ça va être
30 minutes, là, dont
19 min 23 s au groupe parlementaire formant le gouvernement,
10 min 30 s au groupe parlementaire formant l'opposition officielle et... Voilà, je
vous cède la parole, monsieur le prochain intervenant, M. le député de Vimont,
à vous la parole.
M.
Rousselle : Merci, M. le Président. Pour continuer mon
intervention, je mentionnais tantôt que j'étais heureux de vivre dans une société démocratique, de vivre
au Québec, de vivre au Canada, parce qu'il y a beaucoup de gens qui
n'ont pas cette chance-là dans le monde. D'ailleurs, vous le savez comme moi,
il y a tellement de gens qui viennent d'ailleurs pour venir s'établir au
Québec, parce que justement on a cette chance-là d'avoir cette démocratie-là.
Par expérience
de vie, j'ai vraiment voyagé sac à dos toute ma vie. J'ai visité beaucoup de
pays, mais j'ai aussi travaillé pour
les Nations unies en Haïti. Et je peux vous dire qu'avec toutes ces visites de
pays un peu partout, on rencontre des
dictatures, on rencontre... Écoutez, j'ai fait le Myanmar, le Bangladesh, la
Chine, le Vietnam — je pourrais
vous en nommer beaucoup comme
ça — pour
réaliser que, justement, les gens, ils n'ont pas la chance qu'on a ici, au
Québec. Donc, c'est pour ça, il faut vraiment préserver cette société
démocratique où on vit. C'est vraiment très important.
Moi, j'ai eu
des téléphones, moi aussi, en Haïti, de journalistes qui voulaient savoir
comment ça se passait sur le terrain.
Ils font leur travail, c'est correct, parce qu'effectivement il y en a, des
journalistes qui se promènent dans des pays
où il y a la guerre, et ce n'est pas vraiment... pas facile de faire leur job,
je peux vous dire, de faire leur travail. C'est un travail très dur, en
mission un peu partout, et ce n'est pas nécessairement évident de le faire.
Donc, oui,
j'ai parlé à certains journalistes, je peux vous le dire, mais... Et c'est là
qu'on a une responsabilité civile. Tous
et chacun, on a une responsabilité. Qu'on soit juge, policier, simple citoyen,
député, journaliste, on a une responsabilité, et cette responsabilité-là, c'est la sécurité du public. Donc, dans les
questions qui m'ont été posées, bien, j'avais la responsabilité de
donner des matières... pour mettre en contexte le journaliste, mais c'est sûr
que j'ai fait attention de qu'est-ce que j'ai dit, parce que ça aurait pu
mettre des gens en danger avec qu'est-ce que j'aurais dit. Donc, c'est la
responsabilité de tous et chacun.
Actuellement,
oui, ça brasse un peu partout, dans les corps de police, et je peux vous dire
que tous les policiers du Québec
veulent juste, justement, que les gens aient toujours foi en eux. Ils font un
travail exceptionnel et déjà pas facile. Mais justement il ne faut pas
que la politique soit une police politique, là. Il ne faut pas que ça existe,
mais d'aucune manière, parce que ça, ça touche la crédibilité de toutes nos
institutions, pas juste les policiers mais de toutes nos institutions, et, je pense, c'est ça qu'il faut
préserver le plus possible. Ce n'est pas normal, effectivement, que la
politique se mêle de la police. Il faut vraiment que ça soit vraiment
détaché.
Mais je ne
suis pas prêt à aller jusqu'à... le collègue
de Granby, tout à l'heure, qui disait
que c'était juste la pointe de
l'iceberg... Laissons la chance à ce comité-là de faire les études nécessaires,
de faire leurs enquêtes nécessaires, puis par la suite on pourra en juger, mais moi, je ne suis pas prêt à... Moi,
je veux donner la chance au comité qui va étudier, justement, qui va
avoir le plein mandat, de pouvoir éclaircir, justement, la situation.
Oui, c'est l'affaire Lagacé qui a mis
en lumière ce problème-là, et je pourrais vous dire que... Et bien d'autres ont
suivi, là, on le sait. Éric Thibault,
Marie-Maude Denis, Isabelle Richer, Alain Gravel, Denis Lessard, André Cédilot,
pour ne nommer que ceux-là, ont fait
part, justement, qu'ils ont eu à avoir des vérifications sur leurs allées et
venues, et c'est vraiment déplorable
parce qu'effectivement c'est ça qui... Le journaliste amène justement
l'équilibre, des fois, dans la société,
et je pense qu'on est tous très d'accord là-dessus. C'est pour ça qu'il y a la
commission d'enquête, qui, dans le fond,
va être donnée à un groupe d'experts qui vont pouvoir, justement, regarder,
faire la lumière sur tous ces problèmes-là. Puis les commissaires, bien, auront toute l'indépendance de déterminer
la façon que se tiendront ces audiences. Tous les articles de la loi, bien, vont s'appliquer, et ça,
c'est bien, entendre ça. Et c'est une commission d'enquête publique. Le mandat, bien, comme vous le savez, c'est un mandat
qui n'est pas encore défini, mais les ministres mentionnent comment le
mandat sera suffisamment large pour nous permettre de faire la lumière.
Oui, mardi,
justement, il y a trois mesures concrètes qui ont été données pour, d'ailleurs,
la mise sur pied du comité d'experts
indépendant, donc celui que je vous parlais, mais aussi des directives
obligeant d'obtenir l'autorisation du
Directeur des poursuites criminelles et pénales, qu'on appelle le DPCP, avant
que ce soit présenté devant... un mandat d'écoute électronique visant un journaliste. Et ça, c'est la même chose
qui... notamment on le retrouve au niveau des juges, des membres de l'Assemblée nationale. Donc, ça, au
moins, on fait déjà des gestes. Déjà, le gouvernement, il est en action
et vraiment pour... parce que c'est un problème sérieux, puis je pense que nos
ministres, notre gouvernement l'a pris vraiment
au sérieux. Et, je vous dirais aussi, le cas de la Sûreté du Québec, bien,
suite à la demande du directeur de la Sûreté
du Québec, le gouvernement a autorisé le ministère de la Sécurité publique,
justement, de mandater la Direction de
la vérification interne, des enquêtes et des inspections afin qu'ils
procèdent à une enquête administrative. Donc, je pense que tous les éléments, tous les... on prend,
justement, tous les moyens nécessaires pour, justement, faire la lumière, qui
va, justement, être juste bénéfique
et, je vous dirais, bénéfique pour nous, députés, parce que, je pense, c'est
important que la population ait confiance en nous, mais aussi en
confiance avec leurs corps de police, et, je pense, c'est très, très important. Parce que la liberté de presse, bien,
c'est une valeur fondamentale, on le sait tous, puis c'est reconnu par la
Charte canadienne des droits. Les sources
journalistiques aussi font l'objet d'un encadrement édicté par la Cour suprême.
Donc,
oui, effectivement, les faits qui ont été diffusés ces derniers jours sont
graves, ébranlent la confiance du public
mais du public en général, comme je vous disais tantôt. Que tu sois député ou
policier, peu importe, là, tous les gens,
on est ébranlés là-dessus. Donc, avec tous ces éléments-là, je peux vous dire
que c'est pour ça, on confirme l'importance
que le gouvernement porte à la liberté de presse et aux sources
journalistiques. Et je suis très confiant que, justement, la commission d'enquête, par ce comité-là, va faire la
lumière et puis va rétablir la confiance que les gens peuvent avoir
envers les policiers et tous les gens de la base politique. Merci, M. le
Président.
• (15 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Je vous remercie, M. le
député de Vimont, de votre
intervention. Et, pour la poursuite du débat sur cette motion d'urgence,
je cède maintenant la parole au leader de l'opposition officielle, en lui
rappelant que vous avez 10 min 30 s. À vous.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé :
Merci, M. le Président. Alors, à titre de leader parlementaire de l'opposition
officielle, à titre de porte-parole en matière de sécurité publique, à titre de
citoyen, je suis, comme mes collègues, préoccupé par les situations
qui nous sont exposées cette semaine. C'est
une semaine où on réfléchit beaucoup, comme parlementaires, au rôle des journalistes dans notre démocratie, au rapport entre la police, le politique
et les médias. Ça nous interpelle tous. Et cette semaine, elle ne sert pas à faire de la politique partisane, elle sert
à voir ensemble comment on peut trouver les meilleures façons pour que ce qu'on apprend ne se reproduise
plus, pour qu'on comprenne les mécanismes, qu'on comprenne les motivations et
qu'on s'assure que les gens peuvent avoir confiance, les sources peuvent avoir
confiance dans ce qu'ils confient à
des journalistes professionnels, qui ont une tribune, qui sont des gens
qualifiés et qui ont le rôle de nous questionner sur les décisions qu'on prend ici, des
décisions importantes qui engagent leur argent, qui engagent leur confiance également.
Alors,
c'est à ce titre-là que je vais intervenir aujourd'hui sur la responsabilité qu'on a. Je l'ai appelée tout
à l'heure, sur une autre tribune, la
semaine des journalistes, et elle est forte en rebondissements. Et, en ce sens, vous me permettrez de partager
avec la Chambre une nouvelle qui vient tout juste de sortir à Radio-Canada
concernant le journaliste Alain Gravel. Et
ce qu'on vient d'apprendre n'est pas banal, et j'espère que les gens qui ont
émis des commentaires très durs à l'égard de mon collègue de Verchères,
que ça soit hier, que ça soit aujourd'hui, que ça soit sur des tribunes
médiatiques ou que ça soit en Chambre, vont s'amender parce que ce qu'on vient
d'apprendre et ce que la Sûreté du Québec
vient de confirmer à Alain Gravel, qui était à l'émission Enquête, c'est
qu'il était sous écoute depuis 2008, pas 2013, 2008. Alors, ça change considérablement les choses. Alors, je veux bien,
moi, qu'on dise : Responsabilité ministérielle, le ministre était
là, puis il y a eu une opération... D'ailleurs, dans le cas qui nous a occupés
beaucoup, le cas de la FTQ, de Michel
Arsenault, ça s'était produit en 2011, notre gouvernement n'était pas là. Puis
après on a appris comment se sont faites des vérifications, que tout le
monde condamne, d'ailleurs, qui impliquent des journalistes.
Alors,
je veux juste dire que, si on interpelle le député de Verchères, on va
interpeller d'autres personnes depuis 2008.
On va interpeller l'ancien ministre Jacques Dupuis, qui était là, on va
interpeller le député de Lotbinière-Frontenac, l'ancien ministre Dutil, la députée d'Anjou—Louis-Riel, le député de Nelligan, qui ont tous
été là pendant cette période-là. Alors,
l'ensemble des titulaires du ministère de la Sécurité publique vont être
questionnés. Alors, je vous l'annonce, c'est ça qui est à RDI
présentement, là. Alors, ce questionnement légitime, il s'adresse à tout le
monde.
Commençons au
début de l'histoire. Lundi, on apprend — c'est dans La Presse — que le journaliste Patrick Lagacé a fait l'objet, je dirais, de... comment on peut
dire ça, ce n'est pas vraiment une écoute, mais ils ont obtenu les appels
entrants, et
les appels sortants, et de la géolocalisation de ses déplacements. C'est extrêmement
grave. Moi, Patrick Lagacé, je le connais,
M. le Président, j'ai participé à des entrevues avec lui à plusieurs
reprises, notamment sur le dossier, ironiquement, de la police, des procureurs, de l'indépendance de
la magistrature, de l'indépendance de l'UPAC, et ça fait un an, à peu près, jour pour jour, et on a parlé de ça. Et ça
m'a rappelé, cette semaine, qu'il ne faut pas être naïfs sur ces enjeux-là,
il y a des enjeux de pouvoir importants,
c'est sûr, d'information, et que la police est un endroit où s'exercent
également des rapports de pouvoir, c'est sûr, ça existe partout dans le
monde.
L'important,
c'est que, de un, la police soit là pour protéger le public, pas protéger des
institutions, pas protéger des formations politiques, pas protéger un
gouvernement, qu'il y ait une indépendance, qu'on ait confiance en notre système judiciaire, que ça soit la police, que ça
soit les cours de justice. Ça, c'est important qu'on ait cette confiance-là.
Et ce qu'on a appris avec Patrick Lagacé, et
de la manière qu'il l'a traduit, c'est qu'il n'en fait pas une affaire
personnelle, il dit : Pour ma
profession, ça m'inquiète. Et là toute la classe journalistique a commencé la
semaine en disant : Bien là, c'est
inquiétant, est-ce qu'il y en a d'autres? On a appris que Fabrice de
Pierrebourg, journaliste indépendant qui était à La Presse,
Monic Néron, journaliste au 98,5, Félix Séguin, de TVA, eux aussi ont fait
l'objet d'une attention particulière. Ça,
c'est le SPVM qui, manifestement, a de la difficulté avec la gestion de ses
sources. De l'affaire Davidson, à
l'affaire Roberge, jusqu'à aujourd'hui, il y a un problème avec la gestion des sources au SPVM,
hein? Ça, n'importe qui, là, à l'Assemblée nationale qui observe les questions
judiciaires le sait.
On n'osait
pas se poser la question. On s'est dit : La Sûreté du Québec, est-ce que ça pourrait arriver? Bien, oui. Alors, on a appris des cas, hier, puis, rapidement, le chef de l'opposition,
l'ancien ministre porte-parole de la Sécurité publique ont donné leurs versions. Puis, ce matin, bien, dans un acte
noble, le porte-parole, le député de Verchères, a dit : Écoutez, si
je suis une distraction, posez-moi les questions, je vais participer. Tout le
monde va participer, comme on a tous
participé à la commission d'enquête sur la construction, et on va aller au fond
des choses. D'ailleurs, on a dit que c'est
une bonne chose qu'il y ait une commission, parce qu'au début on réfléchissait,
tout le monde, à des moyens d'aller au fond des choses, puis il y a
tellement de dossiers qu'il y aura une commission.
On va faire
des propositions : on aimerait que ce soit une commission dans un esprit
non partisan; on aimerait qu'on
puisse baliser les années qui sont étudiées. On aimerait en savoir plus sur la
divulgation du rapport : Comment ça va se faire? Sur la tenue des travaux, est-ce que ça va être public? Ça,
c'est des questions que les gens vont se poser. Puis, imaginez, les journalistes vont vouloir que ça
soit public évidemment, pas parce que ça les touche en conflit d'intérêts,
parce que c'est ça, l'enjeu, aussi. Alors, on a tous intérêt à ce que ça se
passe bien.
Moi, ce que
je dis : Je n'accuse personne là-dedans, je pense qu'on va tous sortir
grandis de cette expérience-là en se
disant que les médias qu'on côtoie chaque jour, qu'on connaît... D'ailleurs,
pas le droit de révéler ce qui se dit là. Là, ironiquement, on avait un grand rendez-vous avec des journalistes hier
soir, ça les préoccupe. Ça les préoccupe parce qu'ils ont des sources, puis il y a des gens qui, au plan
professionnel, au plan humain, je dirais, sont craintifs, prennent des risques.
Des sonneurs d'alerte qui, même s'ils n'ont
pas tout l'encadrement requis, disent des choses. Et ça arrive, les gens,
souvent, tu sais, c'est pour bien
faire, des fois, ils nous disent, à nous, comme députés... ils viennent nous
voir puis ils disent : J'ai vu
des situations, puis on est dépositaires de ça, comme députés. Alors là,
collectivement, on a un exercice à faire pour les journalistes. Alors, je veux dire que cette indépendance-là, il y a
moyen d'y arriver. La commission va faire un travail, on va y contribuer. Le Bureau des enquêtes
indépendantes peut faire un travail aussi qui ne va pas aller à l'encontre, qui
va permettre de voir s'il y a des bavures policières.
Le mode de
nomination d'officiers, important, hein? Moi, j'ai fait la proposition en
novembre 2015. Ce n'est pas la CAQ qui a inventé ça, là, j'ai proposé ça l'an
dernier, que la nomination, aux deux tiers, du commissaire de l'UPAC puisse se faire. Alors, il y a une proposition qui
est faite. Puis un peu comme dans d'autres Parlements dans le monde, on peut donner une appréciation et ça fait une
instance plus forte, comme le Protecteur du citoyen, comme le Vérificateur
général, comme le Directeur des élections.
Ça nous donne
des situations un peu étonnantes. Moi, à l'étude des crédits au printemps
dernier, je voulais parler au commissaire de l'UPAC. Là, je lui demande
de s'approcher. Il s'assoit à côté du ministre. J'ai dit : Vous réalisez
techniquement qu'il est possible que vous enquêtiez sur le gouvernement, il est
possible que ça puisse arriver.
Deux minutes.
Donc, il vaut
mieux que vous soyez indépendant. Donc, il y a un projet de loi qui est le
n° 107, je pense, où on va demander plus d'indépendance de l'UPAC;
mais l'indépendance de la police, il faut l'assumer.
Alors, ce que
je veux dire, aujourd'hui, essentiellement, en terminant, c'est que,
contrairement à ce que le ministre de
la Sécurité publique a dit, il n'y a pas juste eu un cas en 20 ans, parce qu'il
y a eu le cas Davidson puis il y a eu le cas avec le ministre Dutil, puis là on apprend, à Radio-Canada, que, depuis
2008, il y a eu d'autres cas aussi. Donc, c'était peut-être une bonne ligne de réponse, mais je ne
veux pas pousser plus là-dessus parce que ce n'est ni moi, ni vous, ni mes collègues qui vont décider de l'issue de cette
commission, puis on va y participer du mieux possible, mais je trouve qu'on a été très, très durs, rapidement, à pointer
un individu, et que tous ceux qui vont être questionnés vont y aller en bonne foi pour qu'on trouve les meilleures
réponses possible, et c'est le souhait que moi, j'exprime, qu'on puisse le
faire correctement.
Mais
d'apprendre, en terminant, que ce n'est pas en 2013 que ça a commencé, que ça a
commencé en 2008, je pense que ça s'ajoute aux éléments de réflexion de
cette commission.
Alors, les
parlementaires, cette semaine, puis les gens qui nous écoutent, je pense,
doivent retenir qu'on est tous engagés
pour trouver la vérité puis s'assurer que les gens qui doivent couvrir nos
travaux puissent le faire dans les meilleures conditions possible et avec la confiance, et je suis convaincu qu'on est
capables, ensemble, d'y arriver, M. le Président. Merci.
• (15 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Bien, je vous remercie, M. le leader de
l'opposition officielle. Et je cède maintenant
la parole à M. le député de Vanier-Les Rivières pour, probablement, le temps
qu'il vous reste à votre formation politique. Et l'information que
j'avais... Je l'ai écrit en quelque part... C'est combien?
M. Patrick Huot
M. Huot :
Je vais vous le dire, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Non. Moi aussi, je vais vous le
dire : 11 minutes... 12, parce que c'est 11 minutes, et
il manque six...
M. Huot :
...et 54.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : C'est ça. Alors, 12 minutes. C'est ça. Allez.
M. Huot :
Merci, M. le Président. On m'avait informé que notre formation politique
disposait de 11 min 54 s si on voulait utiliser le temps.
On verra si je l'utilise au complet, M. le Président.
Avant
d'aborder... Je m'étais promis de le faire dans un esprit totalement non
partisan. Je n'ai pas le choix de faire une petite intro et je n'irai pas très loin dans la question. Ce n'est
même pas de la partisanerie, mais réagir aux propos du leader de l'opposition officielle, qui disait
que... Bon, on parle de 2008. Il nous parlait qu'il y a des choses qui
circulent à RDI, à ce moment-ci, là,
présentement. Donc, il disait qu'il y a d'autres cas avant qui... il disait
donc que le député de Verchères n'était pas le seul. Mais je veux juste
attirer son attention. Je ne crois pas que c'était le fait qu'il y ait eu de l'écoute de journalistes par la police quand le
député de Verchères était ministre, mais ce qui a été reproché, c'est plutôt
d'avoir fait un appel à la SQ pour savoir,
pour avoir l'heure juste sur ce qui se passait. Donc, c'est cette intervention-là
qui a été critiquée, ce n'est pas le
fait que ça a été pendant qu'il était ministre. Donc, il faut juste faire
attention à ce qu'on dit.
Ça
alimente la réflexion si on dit que c'est depuis 2008. Effectivement, ça fait
partie de la réflexion, là, je suis d'accord.
Et je ne veux pas aller plus loin dans les questions, d'un côté ou de l'autre,
de partisanerie, parce que je m'étais promis de faire ça complètement en
dehors d'un esprit partisan, parce que je pense qu'on est dans quelque chose de
fondamental dans notre démocratie.
Écoutez, à chaque
fois que je me lève ou presque à chaque fois que je me lève, moi, je dis :
C'est toujours un privilège de se lever ici,
au salon bleu. Mais, aujourd'hui, je trouve que c'est un privilège encore plus
important, parce que je veux rappeler...
Je rencontrais, là, tout à l'heure, après la période de questions, des jeunes
du cégep Limoilou. J'ai échangé un
petit peu avec eux sur les notions de séparation de pouvoirs, entre autres.
Mais je me suis dit aussi, avec les échanges
que j'avais : On a un privilège ici, mais on a des privilèges collectifs,
là, de pouvoir s'organiser nous autres mêmes, là, de pouvoir gérer le
fonctionnement de l'Assemblée nationale. Mais on a quand même un privilège
parlementaire, comme privilège individuel, de liberté de parole, ce qu'on
appelle communément l'immunité parlementaire.
Ce n'est pas innocent
de dire ça, M. le Président, parce que je vais vouloir faire un parallèle avec
le secret professionnel chez les
journalistes. C'est quelque chose qui est assez fondamental pour eux, la
protection de leurs sources, et leur
déontologie fait en sorte qu'ils doivent protéger leurs sources aussi. Donc, il
y a un certain privilège à exercer la fonction
de journaliste, et on a un privilège, nous, ici, de liberté de parole qui est
fondamental. Et je ne crois pas qu'on accepterait qu'on s'attaque à
notre privilège d'immunité parlementaire, à notre liberté de parole que nous
avons ici.
Donc,
il y a un certain parallèle à faire, et je suis content de le faire, même
devant mon ancien prof de philosophie politique,
le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, parce qu'on retourne à des
notions de Montesquieu qui étaient sans
doute... Je vais faire attention à ce que je dis, parce que peut-être qu'il me
corrigera par la suite. Mais on revient quand même à une notion assez
fondamentale de séparation des pouvoirs entre le pouvoir exécutif et
législatif.
Dans
notre cas, dans notre régime parlementaire, on parle de collaboration des
pouvoirs entre le pouvoir exécutif et
législatif, mais une séparation très claire avec le pouvoir judiciaire, et ce,
peu importent les régimes si on est dans une république avec une séparation beaucoup plus formelle de l'exécutif.
Mais, quel que soit le régime, la branche judiciaire est totalement
séparée des deux autres régimes.
Et
on me donne une note. Je veux juste mentionner... Parce qu'on parlait d'Alain
Gravel à RDI tantôt. On me donne une
information qui me dit : M. Gravel confirme à RDI qu'on lui a dit que
les mandats ont été émis à l'automne 2013 pour couvrir les années
passées. Je veux juste... Simple parenthèse. Moi, on vient de me fournir cette
information-là.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : ...point de vue...
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Bien, ça ne me dérange pas, là.
Est-ce qu'il y a consentement? Mais je pense que c'est inapproprié. Pas
contre, vous, là, mais ça...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : S'il vous plaît, là! C'est une information qui ne
change pas le contenu, alors veuillez poursuivre.
M. Huot :
Effectivement. Moi, j'avais fait une simple parenthèse pour réagir aux propos,
mais ce n'était pas l'essentiel du propos
que je voulais faire. Puis j'étais beaucoup plus sur la séparation des
pouvoirs, qui est fondamentale dans
notre système. Et, avec l'avènement des médias, principalement, bon, au
XXe siècle, les médias écrits, et là avec tout ce qui est l'univers média, on parle, depuis plusieurs années, et
ça a été documenté, de quatrième pouvoir, celui des médias, ou de contre-pouvoir, si on veut, qu'on
peut appeler un contre-pouvoir face au pouvoir de l'État, si on veut. Donc, ce pouvoir-là des médias est
fondamental. Mais est fondamental pourquoi? Parce qu'on a le droit au principe
de protection des sources d'information des
journalistes. Donc, je fais le parallèle avec notre immunité parlementaire,
mais il y a ça qui est fondamental aussi pour les journalistes, leur
secret professionnel. Et, comme je mentionnais, c'est documenté. Il y a eu des poursuites sur ces choses-là. Ils doivent
prendre toutes les précautions — et on a eu des cas qui ont fait les manchettes — pour que leurs sources ne puissent pas être
identifiées. C'est fondamental. Donc, on vient ébranler quelque chose.
Si
je me mets à la place des journalistes — on a tous des connaissances ou des amis qui
sont dans l'univers des médias — d'apprendre de la sorte que vos
déplacements, vos conversations, vos textos, tout ce que vous avez fait pendant
un certain temps a été examiné à la loupe,
ça doit être assez troublant d'apprendre ça. Si j'apprenais... et, on ne sait
pas, peut-être que c'est peut-être
arrivé à quelqu'un, ici, d'avoir été suivi, d'avoir son téléphone sur écoute,
peu importe, je serais troublé d'apprendre
ça, M. le Président. Donc, je peux comprendre que, dans l'univers médiatique,
on soit troublés d'apprendre quelque chose comme ça, parce qu'on parle d'un
pilier fondamental de notre démocratie. La liberté de presse est
fondamentale, et la protection de nos sources... Donc, on vient de s'attaquer à
quelque chose de très... même plus qu'important, de fondamental dans notre
démocratie.
Et
je pense que ça a été dit par le premier ministre, par le ministre de la
Sécurité publique, par la ministre de la Justice. Il y a toutes sortes de qualificatifs qu'on a évoqués, ça a été
troublant, préoccupant parce qu'on s'attaque à quelque chose qui est fondamental; on s'attaque, en
quelque sorte, à la séparation des pouvoirs dans notre démocratie et à
l'importance du contre-pouvoir, qui est le média. Et on a dit,
avec ça, ce qu'il y avait de fondamental à protéger, qui était troublant,
préoccupant, on a dit : Le... M. le
ministre de la Sécurité publique en a parlé ce matin, à quel point c'est
important, la liberté de presse, la
protection des sources journalistiques, comment que ça s'inscrivait dans la
défense de notre démocratie et de nos libertés.
Donc,
depuis le début de l'histoire, on a pris quand même très au sérieux, dès le
départ... Lundi, avec ce qu'on a appelé,
bon, l'affaire Lagacé, je pense que cette appellation, l'affaire Lagacé, va
rester dans l'histoire du Québec parce qu'il
s'est passé quelque chose de quand même assez grave. Et on a réagi tout de
suite en mettant certaines mesures en place,
et le premier ministre avait réagi quand même assez fortement dès mardi matin,
dès le mardi 1er novembre dernier, en disant : «On fait face à
un enjeu majeur pour une société démocratique.» Il a dit, je cite : «Je
veux [...] assurer la population et les médias que je les soutiens [et que
notre gouvernement les soutient] dans leur travail.» Je vais vous annoncer trois principes, le premier ministre a
dit : «liberté de presse», «indépendance de la magistrature», fondamentale,
et «le maintien de l'indépendance des enquêtes
policières [...] supervisées par le pouvoir judiciaire». On est dans quelque
chose de fondamental et, à la suite de ça, on ne peut pas se faire dire...
Et
là, évidemment, je ne vous dirai pas que le gouvernement a mal agi. Sans faire
de partisanerie, le gouvernement a bien
réagi, je pense, et ça a été dit un peu par tout le monde, a réagi rapidement,
assez fermement avec les éléments qu'on avait au départ. Parce qu'on avait, au départ, l'affaire Lagacé. Woups!
Par la suite, on a rajouté des journalistes, il y avait trois journalistes qui ont été, semble-t-il,
espionnés aussi. Par la suite, on a appris que la SQ... qu'il y avait eu des
choses sous la SQ aussi. Et je ne
veux pas rentrer dans le débat qu'il y a eu, un petit peu plus partisan, mais,
quand le ministre de la Sécurité
publique a appris que la SQ a aussi procédé à des enquêtes auprès de
journalistes, qu'il a appris qu'une enquête avait été déclenchée dans la même journée où un ministre de la Sécurité
publique aurait communiqué avec la SQ, lorsqu'on prend l'ensemble de ces
faits-là, il fallait poser un geste supplémentaire. Ce qui a été fait. On a
annoncé, dès mardi, trois mesures très concrètes, la mise sur pied d'un comité
d'experts indépendants.
• (15 h 30) •
On a annoncé d'autres
mesures aujourd'hui, à la suite de ça. Il y avait eu, à ce moment-là aussi, une
directive obligeant d'obtenir l'autorisation
du Directeur des poursuites criminelles et pénales, le DPCP, avant que ne soit
présentée une demande de mandat d'écoute électronique, qui vise un
journaliste, comme c'est le cas — je pense que tous les collègues l'ont répété — pour les juges, les membres de l'Assemblée
nationale et les avocats. Donc, on a posé
des gestes rapidement parce
que, je le répète, la liberté de
presse, c'est fondamental dans notre société. Et, comme gouvernement, c'est notre devoir de prendre des actions
appropriées dans des cas comme ça, quand les colonnes du temple sont ébranlées
de la sorte parce que les faits qui ont
été diffusés sont graves. Les demandes d'enquête du politique
aux services policiers créent un
doute quant à l'indépendance des pouvoirs. La liberté de presse — je
le répète encore, je pense qu'on ne pourra pas le répéter assez — est
une valeur fondamentale reconnue par la Charte des droits, et les sources
journalistiques, j'en ai parlé tantôt — oui, deux minutes — font
l'objet d'un encadrement édicté par la Cour suprême. Donc, avec les nouveaux faits qu'on a vus, là, le... Je vous ai
expliqué qu'est-ce qui avait été posé comme les trois premières actions.
Avec les nouveaux faits qui impliquaient la
Sûreté du Québec, on s'attend à voir peut-être d'autres faits sortir, d'autres
éléments, le député de Matane-Matapédia en
parlait tantôt. Mais, avec les nouveaux faits, le gouvernement a décidé de
nommer les membres du comité d'experts
initialement annoncé mardi, comme je vous mentionnais, on a décidé de les
nommer en vertu de la Loi sur les commissions d'enquête, donc avec les pouvoirs
que donne cette loi aux différents commissaires.
Le mandat de la commission va être assez large pour traiter de la liberté de
presse, mais suffisamment précis aussi pour enquêter sur l'étanchéité
entre les corps policiers et l'autorité de qui ils relèvent.
Il
y aura plus d'informations sur la présidence de la commission, sur son mandat,
sur son fonctionnement, ça sera rendu ultérieurement. Mais je veux rappeler que
l'objectif fondamental derrière tout ça, c'est d'avoir, à l'intérieur du
comité, pour la commission d'enquête, des gens avec des connaissances fines du
milieu journalistique, de la sécurité publique,
des milieux policiers et un magistrat ou une magistrate à la retraite. C'est ce
qui a été mentionné par la ministre de la Justice aujourd'hui même. Et
il y a eu avec ça un appel du premier ministre, de tout le monde, un appel à la
collaboration. Je ne crois pas que ce
sujet-là doit devenir un enjeu partisan. On est sur les fondements mêmes de
notre démocratie, de notre société,
donc il faut que tout le monde travaille sereinement, en collaboration pour que
les choses se fassent correctement.
Et je pense qu'on va réussir à s'entendre sur ces questions-là, mais je lance
un appel à la prudence de tout le
monde. Ce serait dangereux, dans un dossier comme celui-là, de vouloir à tout
prix marquer des points politiques.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le député de Vanier-Les Rivières.
Et cette dernière intervention met fin au débat
sur les révélations troublantes relatives à la surveillance de journalistes et
de sources journalistiques par des services policiers. Et je cède la parole à Mme
la leader adjointe du gouvernement.
Ajournement
Mme Vien : Bien, M. le
Président, vous seriez aimable d'accepter la motion suivante à l'effet
d'ajourner nos travaux au mardi 8 novembre 2016. Ce sera à
13 h 40.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, madame. Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) : La
motion étant adoptée, nos travaux sont suspendus tel qu'indiqué.
(Fin de la séance à 15 h 33)