(Neuf
heures quarante minutes)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, bon mercredi à tous et toutes. Vous pouvez
prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et nous allons
débuter notre séance avec la rubrique des déclarations de députés. Et, sans
plus tarder, je vais reconnaître M. le député de La Prairie.
Souligner le 10e anniversaire de la
Maison des aîné-e-s de La Prairie
M. Richard Merlini
M. Merlini :
Merci beaucoup. Et bon matin à vous, Mme la Présidente. La Maison des aîné-e-s
de La Prairie célèbre cette année son 10e anniversaire. C'est un lieu de
rassemblement où il fait bon vivre, apprendre, s'entraider, transmettre notre
histoire et, surtout, briser l'isolement. Dynamisme, jeunesse, dépassement et
désir de vivre à plein, il n'y a aucune limite, et ce, peu importe l'âge
physique. Par la diversité de ses activités offertes à ses 402 membres, l'équipe de la Maison des aîné-e-s innove constamment
afin d'aider les personnes du troisième âge à garder la route de la jeunesse de coeur et d'esprit. Chaque rencontre
organisée est un moment de bonheur pour tous, un moment d'échange et une
grande opportunité de rester actif dans la société et de garder contact avec la
vie.
Félicitations
et longue vie à toute cette belle grande famille qu'est la Maison des aîné-e-s
de La Prairie. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le
député de La Prairie. Et, pour la prochaine déclaration, je vais céder la parole à M.
le député de Verchères.
Souligner le 135e anniversaire de l'Exposition
agricole de Calixa-Lavallée
M. Stéphane Bergeron
M.
Bergeron : Merci, Mme la Présidente. C'est du 3 au 5 juillet dernier qu'avait lieu la
135e édition de l'exposition agricole
de la Société d'agriculture du comté de Verchères. Conviviale, festive
et rassembleuse, cette activité estivale met en valeur les fruits du labeur de nos productrices et producteurs agricoles,
leur permettant de jeter des ponts avec les consommateurs, des ponts entre la ville et la campagne. Il s'agit
d'ailleurs de la seule exposition agricole à se tenir sur le
territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal. Cet événement, qui conjugue admirablement bien tradition et
modernité, témoigne de l'attachement profond
des Québécoises et Québécois à la terre dans laquelle notre peuple a pris
racine depuis plus de 400 ans ainsi qu'à celles et ceux qui, au quotidien,
s'emploient avec passion à la faire fructifier.
Je
tiens donc à remercier les membres du comité organisateur ainsi que les
innombrables bénévoles, partenaires et
commanditaires qui assurent année après année le succès de cet incontournable
rendez-vous dans la pittoresque municipalité de Calixa-Lavallée sous le
signe de la tradition d'excellence qui le caractérise depuis maintenant
135 ans.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup de votre
déclaration, M. le député de Verchères. Et maintenant je reconnais M. le
député de Laval-des-Rapides.
Souligner le 20e anniversaire de l'organisme
Oasis, Unité mobile d'intervention
M. Saul Polo
M.
Polo : Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais souligner
aujourd'hui les 20 ans d'un organisme de ma circonscription, l'organisme Oasis, qui vient en aide aux jeunes
démunis âgés de 12 à 29 ans et, depuis maintenant 2003, les
personnes âgées de 30 ans et plus habitant à Laval.
À
bord de la caravane de l'Oasis, une équipe d'intervenants sillonne les rues de
Laval pour atteindre la clientèle à risque directement dans son milieu.
Les intervenants visent à établir une relation significative avec les usagers
afin de leur procurer une aide concrète et immédiate permettant une liaison
rapide avec les ressources existantes. Plus de 5 000 interventions
sont effectuées chaque année à bord de la caravane et au bureau de l'Oasis.
Je
félicite donc l'ensemble des membres de cet organisme pour leur engagement
envers la population lavalloise. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député. Et maintenant, M. le
député de Granby, à votre tour de nous faire votre déclaration.
Rendre hommage à M. Jean junior Petit pour
son engagement dans le football à Granby
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
Merci, Mme la Présidente. L'an dernier, presque à la même date, j'ai fait une
déclaration sur l'équipe de football granbyenne les Incroyables juvénile de
l'école secondaire Joseph-Hermas-Leclerc qui, après une saison parfaite et une victoire à Trois-Rivières, ont fièrement remporté
le Bol d'or à Granby. Derrière l'équipe sportive et ses succès, il y avait aussi le coach Jean junior
Petit. Aujourd'hui, c'est avec le coeur lourd que je lui dis : Merci,
coach Jean, car, après huit ans en poste, il quittera ses fonctions à la
fin 2015.
Jean
a été plus qu'un entraîneur de football pour nos jeunes à Granby, il a aussi
été leur coach de vie, leur confident en
dehors du terrain. Grâce à lui, plusieurs décrocheurs ont raccroché. Grâce à lui,
plusieurs ont développé une appartenance à leur école. Grâce à lui,
plusieurs ont traversé plus aisément une des périodes les plus difficiles de
leur jeune vie.
Jean,
je suis fier de t'avoir connu et de t'avoir vu en action. Tu présentes ce que
je crois qu'il manque trop souvent dans
nos écoles pour permettre à nos jeunes de persévérer. Je te souhaite une belle
retraite du football, du bon temps en famille
et à la pêche. Et, au nom de tous les jeunes que tu as coachés, leurs parents,
leurs amis et en mon nom personnel, je te dis merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député de
Granby. Et maintenant je me tourne vers M. le député de Maskinongé pour
sa déclaration d'aujourd'hui.
Souligner le 150e anniversaire de la
municipalité de Saint-Élie-de-Caxton
M. Marc H. Plante
M.
Plante : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, quel bonheur,
aujourd'hui, de souligner le 150e anniversaire de la municipalité de Saint-Élie-de-Caxton, fondée
en 1865! Village de contes et de légendes, Saint-Élie a un passé riche et haut en couleur. Saint-Élie-de-Caxton est un village exemplaire pour
la cohabitation harmonieuse entre ses résidents annuels et ses résidents saisonniers. Des visiteurs des quatre coins de
la planète, Mme la Présidente, se déplacent pour voir la fameuse traverse de lutins ou l'arbre à paparmanes du village.
En cette année de festivités, je tiens à féliciter le comité organisateur, sous la direction de M.
Robert Gauthier, pour cette merveilleuse année remplie d'activités
rassembleuses.
Je
terminerai, Mme la Présidente, avec les mots inspirants du Caxtonien célèbre
Fred Pellerin : «Des points [de] lumière sur des chemins de forêt,
de moulins, sur la trace des rêves de ces hommes et [ces] femmes qui y crurent,
un moment, sans le savoir, à se donner un point sur la carte des mondes et des
merveilles. Une fortune de mémoire.»
Merci, Mme la
Présidente. Et je souligne, dans les tribunes, les gens de la délégation de
Saint-Élie. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député. Et bienvenue à vous à l'Assemblée nationale! Et maintenant, toujours
à la rubrique des déclarations de députés, je vais céder la parole à M. le
député de Gaspé.
Féliciter Mme Marie-Pierre Arthur, gagnante
d'un félix au Gala de l'ADISQ
M. Gaétan Lelièvre
M. Lelièvre :
Mme la Présidente, je tiens, aujourd'hui, à féliciter Mme Marie-Pierre Arthur,
gagnante du prix Album de l'année — Adulte
contemporain au dernier Gala de l'ADISQ pour son plus récent album intitulé Si
l'aurore, un premier Félix pour cette jeune Gaspésienne d'origine.
L'auteure-compositrice-interprète,
native de Grande-Vallée, baigne dans le monde musical depuis son tout jeune âge,
elle qui est issue d'une famille de musiciens accomplis et qui a fait ses
débuts au Festival en chanson de Petite-Vallée en Gaspésie, le village voisin. La petite histoire derrière son nom
d'artiste vaut la peine d'être mentionnée. Dès l'enfance, on l'appelle Marie-Pierre Arthur, en référence à
son père, Arthur Fournier. Comme le patronyme Fournier est courant dans
son village natal de Grande-Vallée, il est plus simple de la surnommer ainsi.
Marie-Pierre Arthur
accompagnera d'abord de nombreux artistes québécois avant de présenter son
premier album solo éponyme en 2009 et de
récidiver en 2012 avec Aux alentours, un projet qui sera maintes fois
primé. Cette même année, elle recevra
le prix Félix-Leclerc de la chanson, soulignant l'excellence d'une jeune
auteure-compositeur-interprète québécoise dans le cadre des
FrancoFolies.
Je
profite donc de cette tribune pour féliciter Marie-Pierre Arthur, récipiendaire
de l'ADISQ, et surtout souligner le caractère exceptionnel de cette
jeune Gaspésienne de carrière qui se déploie aujourd'hui tant sur la scène
nationale qu'internationale. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Gaspé. Maintenant,
Mme la députée de Bourassa-Sauvé, la parole est à vous.
Féliciter M. Rocco Mattiace, primé au
Gala Élite de la Chambre de commerce
et d'industrie de Montréal-Nord
Mme Rita Lc de Santis
Mme
de Santis : Merci, Mme la Présidente. À l'occasion de la troisième édition du Gala Élite de la Chambre
de commerce et d'industrie de Montréal-Nord, M. Rocco Mattiace a reçu le Prix
du député. J'ai parrainé ce prix pour reconnaître son succès en affaires et son
implication au sein de la communauté.
Arrivé au Canada en
juin 1972, M. Mattiace a fondé le Garage BMF et, il y a 26 ans, il a aussi
fondé la Federazione Regione Puglia. Cet
été, le boulevard Industriel et la rue Plaza, qui abritent d'ailleurs
la maison des Pouilles, ont été le
théâtre d'une grande fête où plus de 3 000 personnes ont pu apprécier la
culture, la gastronomie, le chant, la danse et les attraits touristiques
du talon de la botte italienne.
Félicitations, «auguri», «signore» Rocco Mattiace. Merci pour tout ce que vous
accomplissez. Longue vie à vous et à la Federazione. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Et maintenant je
cède la parole à M. le député de Saint-François.
Souligner le 75e anniversaire de la Laiterie
de Coaticook international inc.
M. Guy Hardy
M.
Hardy : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais souligner le 75e anniversaire d'une entreprise
bien implantée à Coaticook, dans le
comté de Saint-François. La Laiterie
Coaticook, fondée en 1940, est devenue au fil des années un fleuron
commercial pour la région de l'Estrie.
La
Laiterie Coaticook se spécialise dans
la fabrication de fromage, de crème glacée, de desserts glacés et vend ses produits dans presque toutes les régions du Québec.
Ce beau succès repose sur Jean et Johanne Provencher qui ont pris la relève en 1989. Ils ont su innover en
ajoutant de nombreux produits qui font les délices de la population.
Aujourd'hui, la
Laiterie Coaticook est une PME qui emploie plus d'une centaine de personnes,
produisant chaque année 20 millions
de litres de crème glacée et 400 000 kilos de fromage.
Je félicite
chaleureusement M. et Mme Provencher. Grâce à leur vision, la Laiterie
Coaticook est devenue le plus grand ambassadeur de cette municipalité.
Merci, Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Saint-François. Et maintenant je reconnais M. le député de Mont-Royal
pour sa déclaration d'aujourd'hui.
Souligner le travail des bénévoles de la
Popote roulante de Ville Mont-Royal
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
Merci, Mme la Présidente. Il me fait plaisir de souligner en cette Chambre le
remarquable travail accompli par les bénévoles de la Popote roulante de
Ville Mont-Royal, qui célèbre cette année son 30e anniversaire.
Les
bénévoles de cet organisme cuisinent et livrent à domicile des repas chauds
pour des personnes âgées ou en convalescence.
C'est un service très apprécié et populaire auprès des citoyens. Offrant un
soutien incroyable, les bénévoles sont, à juste titre, la clé du succès de cet
organisme. Favoriser une saine alimentation, prolonger le maintien à domicile et donner du répit à certains citoyens,
tels sont les effets positifs qui découlent des actions posées par l'organisme.
Encore une fois,
félicitations, en particulier à Mme Lyette Soucy qui se dévoue depuis
nombre d'années pour l'organisme. Et, à l'ensemble des bénévoles, encore merci
pour leur implication généreuse. Et bon 30 ans! Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député de
Mont-Royal. Et, pour la dernière déclaration d'aujourd'hui, je vais céder
la parole à M. le député de Berthier.
Rendre hommage à Mme Lise Gilbert
pour son engagement bénévole
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : Mme la Présidente, le magnifique village de Saint-Zénon est non seulement un joyau extraordinaire
sur le plan de la nature et des panoramas, mais il est aussi reconnu pour l'extraordinaire
joie de vivre et l'implication des gens qui l'habitent. Aujourd'hui, je voudrais souligner l'engagement d'une citoyenne de ce village, Mme Lise Gilbert,
figure connue de tous, puisqu'elle a enseigné pendant des années à l'école
Bérard de Saint-Zénon.
Depuis
qu'elle a pris une retraite bien méritée, il y a plusieurs
années, elle consacre une bonne partie de son temps à des activités bénévoles. Elle organise notamment
depuis 15 ans le Bazar des hauteurs et le Bazar d'automne, deux activités
qui connaissent un grand succès.
Mme Gilbert est
une personne très discrète, nous indiquent les citoyens du village, mais elle
est aussi, entre autres, une bénévole extraordinaire. Je tiens donc
à lui transmettre, au nom de tous les citoyens de Saint-Zénon, de tous les citoyens de la circonscription de Berthier et, bien sûr, en mon nom
personnel, toute notre admiration et notre respect. Mme Gilbert, merci
pour tout ce que vous faites.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député de Berthier. Ceci met fin à la rubrique des
déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h
52)
(Reprise à 10 h 1)
Le Président :
Mesdames messieurs, nous allons nous recueillir quelques instants.
Présence de M. Guy Chevrette,
ex-parlementaire de l'Assemblée nationale
Merci.
Veuillez vous asseoir. Je remarque que notre ancien collègue
Guy Chevrette, ancien député de Joliette, est avec nous. Je le salue.
Présence du représentant de l'État de Bavière
au Québec, M. Benjamin Emans
Et
j'ai aussi le plaisir de souligner la présence, dans nos tribunes, du représentant de l'État de Bavière au Québec, M. Benjamin Emans.
Présence de récipiendaires de la Médaille
d'honneur de l'Assemblée nationale
J'ajoute
aussi que je voudrais souligner la présence, dans nos tribunes, de
personnalités à qui je remettrai plus
tard la Médaille d'honneur de l'Assemblée nationale. Il s'agit
de Mme Mylène Paquette, M. Serge Savard, M. Xavier Dolan, M. Yannick Nézet-Séguin et M. Serge Savard. Comme
vous le voyez, nous avons une cuvée très prestigieuse encore une fois.
Nous
poursuivons les affaires courantes. Aujourd'hui, il n'y
a pas de déclarations ministérielles ni présentation
de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, Mme la ministre de la Justice.
Rapports annuels de certains ordres professionnels
Mme
Vallée : M. le Président, permettez-moi de déposer les rapports
annuels 2014‑2015
des ordres professionnels
suivants : les arpenteurs‑géomètres, les denturologistes, les
inhalothérapeutes ainsi que les urbanistes.
Le
Président : Alors,
ces documents sont déposés. Ce matin, je vais essayer d'éviter
de vous oublier. M. le leader
du gouvernement.
Réponse à une pétition
M.
Fournier : Merci, M. le Président. Ça ne vous arrive pas
souvent. Je dépose la réponse du gouvernement à la pétition déposée par
le député de Matane-Matapédia le 29 octobre 2015.
Le Président :
Alors, ces documents sont déposés.
Dépôt de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt de rapports de commissions,
M. le vice-président de la Commission des institutions et député de Rousseau.
Étude du plan de restructuration
annoncé par la
Directrice des poursuites criminelles et pénales
M.
Marceau : M. le Président, je dépose le rapport de la
Commission des institutions qui a siégé le 12 novembre 2015 afin de
procéder à l'étude du plan de restructuration annoncé par la Directrice des
poursuites criminelles et pénales. La
commission s'est également réunie en séance de travail les 29 octobre et
18 novembre 2015 relativement à ce mandat.
Le Président :
Alors, ce rapport est déposé.
Il
n'y a pas de dépôt de pétitions. Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions
ou d'interventions portant sur une violation de droits ou de privilèges.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes donc rendus à la période de questions et de réponses orales, et je
cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Investissement du gouvernement dans Bombardier inc.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, M. le Président. Donc, trois semaines après
l'annonce de la transaction improvisée entre le gouvernement et Bombardier, nous apprenons que l'entreprise va
délocaliser encore davantage d'activités vers des pays à faibles coûts
de production, comme le Mexique, le Maroc et l'Inde.
Cette
information est plutôt surprenante, puisque nous avons entendu à plusieurs
reprises le premier ministre ici, en
Chambre, dire qu'il avait protégé les emplois au Québec. Il y a quelques jours
seulement, le premier ministre disait de la Caisse de dépôt qu'elle avait aidé
à préserver des emplois en Allemagne plutôt qu'au Québec. Le premier ministre
avait oublié de mentionner que lui avait
financé Bombardier à hauteur de 1,3 milliard de dollars pour créer des
emplois au Mexique. Tout ça, M. le
Président, nous ramène au fait que l'entente entre le gouvernement et
Bombardier n'a toujours pas été divulguée.
Est-ce
que le premier ministre peut nous dire si l'annonce faite hier par Bombardier,
qui planifie d'avoir recours à encore
davantage de main-d'oeuvre dans des pays à bas coûts de production, est incluse
dans l'entente qu'il a signée avec Bombardier?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : ...ça ne va pas du tout, M. le Président. De toute évidence, le chef de
l'opposition officielle a de la difficulté
à garder la cohérence de ses propos encore une fois. Maintenant, je voudrais
lui rappeler une chose. Effectivement, il fallait investir dans la
série C. C'est la série C qui est la clé de l'avenir aéronautique du
Québec, au-delà même de Bombardier, qui est
la locomotive du secteur aéronautique à Montréal. Et l'entente prévoit, M. le
Président, que le siège social, l'ingénierie, tous les travaux
techniques vont demeurer dans la région de Montréal, c'est très important.
En
fait, sa question contredit même sa position. Ce qu'il est en train de nous
dire, c'est qu'il aurait fallu investir dans toute la compagnie et participer à ces mouvements de délocalisation
que toutes les entreprises globales font à un moment ou à un autre, on le sait très bien. Il ne comprend pas
encore — et c'est
très surprenant pour quelqu'un qui prétend défendre les intérêts du Québec — qu'il fallait investir à la série C
pour Montréal, pour le Québec, pour que le premier avion de ligne certifié depuis très longtemps
au Canada soit le résultat, M. le Président, du génie
québécois. Et c'est ce qu'on a
protégé, c'est ce qui va être protégé. Lorsque l'entente sera disponible, elle sera, bien sûr,
rendue publique, mais, pour l'instant, ce n'est pas possible.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, M. le Président. Ça fait maintenant trois semaines que nous demandons au premier ministre de faire preuve de transparence. On parle de 1,3 milliard de dollars que le gouvernement n'a manifestement pas négocié avec des
exigences minimales.
Est-ce que le premier
ministre peut nous dire à quel moment l'entente conclue avec Bombardier sera
rendue publique afin que nous puissions connaître exactement ce que le gouvernement
a négocié avec Bombardier?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : En temps et lieu, M.
le Président.
Le
Président : Deuxième complémentaire, M. le premier... M. le chef
de l'opposition.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Autre exemple de
mauvaise gestion dans ce dossier, M.
le Président, Bombardier informait
hier les investisseurs que sa situation financière devrait s'améliorer seulement
après 2020. Et nous vous rappelons que le gouvernement ne s'est donné que cinq ans pour exercer les
fameux 200 millions de bons de souscription. Actuellement, l'action est à 1,18 $, et ils sont exerçables à
2,21 $.
Comment le premier
ministre peut-il expliquer cet amateurisme?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, l'amateurisme, c'est mettre en jeu le territoire du
Québec. Ça, c'est de l'amateurisme et
c'est ce que le chef de l'opposition officielle a fait en fin de semaine.
Jamais un dirigeant du Parti libéral du Québec n'a remis en cause
l'intégrité du territoire du Québec, M. le Président.
Le Président :
M. le leader de l'opposition.
M. Drainville :
M. le Président, il peut-u, s'il vous plaît, répondre à la question sur
Bombardier? Et, pour ce qui est du territoire, M. le Président, tout le
monde croit à l'indivisibilité du territoire québécois, il n'y a pas de
nouvelle là-dedans. Qu'il réponde maintenant sur Bombardier.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Je crois, M. le Président, que le premier ministre
était en train de répondre à la question. Il reprenait d'ailleurs un des éléments de la question du
premier... du chef de l'opposition. Et, M. le Président, je dois ajouter que,
s'il n'y a pas de nouvelle là-dedans, il y en a une pour son voisin de droite,
clairement.
Le Président :
M. le premier ministre, veuillez continuer, s'il vous plaît.
M. Couillard : M. le Président, le préambule de la question portait sur l'amateurisme.
Je pense que j'étais tout à fait dans le thème de la question.
Maintenant,
je vais quand même rappeler, et il a fait des transactions lui-même, il le sait
bien, ça commence par une lettre
d'entente, ça finit par la signature formelle des ententes commerciales. Elles
seront faites en temps et lieu, lorsque le processus nous y mènera.
Mais,
s'il a bien suivi la communication de Bombardier hier, il aura remarqué à quel
point il a présenté l'intervention d'un
côté du gouvernement pour la série C et, de l'autre côté, de la Caisse de dépôt
pour d'autres parties de l'entreprise comme un élément clé pour l'avenir
de l'entreprise et la saluer...
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : ...de même que les investisseurs, M. le Président.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, M. le Président. Dans le Wall Street Journal, un journal
que peut-être M. le
premier ministre connaît, vendredi
dernier, on pouvait lire que, contrairement au gouvernement, la Caisse de dépôt avait réussi à assurer à ses
déposants un rendement minimum garanti dans sa transaction pour acquérir une
partie de Bombardier Transport.
Comment le premier ministre, lui, peut-il
expliquer qu'aucune disposition de ce genre n'a été prévue dans l'entente
qu'il a signée, de 1,3 milliard, avec Bombardier?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Je pense qu'il
ferait mieux d'abandonner le thème, M. le Président, parce que je vais lui
répéter la différence fondamentale
entre les deux transactions : la Caisse de dépôt fait une transaction
financière au nom de ses cotisants;
nous faisons une transaction économique pour protéger et faire prospérer le
secteur aéronautique, protéger les emplois
au Québec, à Montréal. Ce sont deux transactions différentes à finalités
différentes. D'ailleurs, dans un éditorial du Devoir, on constatait que ces deux
ententes étaient dans l'intérêt supérieur du Québec, et je pense qu'il devrait
être d'accord avec ça.
• (10 h 10) •
Le Président :
Principale, Mme la députée de Joliette.
Accès au rapport de la Commission d'enquête
sur l'octroi et la gestion des contrats publics
dans l'industrie de la construction
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : Il y a, ce matin, un fort sentiment d'incrédulité,
voire d'indignation, dans la population, face à l'issue de la commission Charbonneau. Après quatre ans,
44 millions, on est face à un rapport divisé dont aucune conclusion
définitive ne peut être tirée et aucun blâme, malgré de nombreux témoignages
accablants.
S'ajoute
à ce sentiment d'indignation un sentiment de manque de transparence. En effet,
la ministre de la Justice a admis
hier que c'est elle qui a refusé la tenue d'un huis clos pour que les
journalistes puissent être éclairés sur les détails d'un rapport de
1 700 pages et poser des questions aux responsables de la commission.
Comment se fait-il
que la commission a senti le besoin de demander la permission à la ministre? Et
surtout comment se fait-il que la ministre a
jugé que c'était acceptable de s'ingérer ainsi dans la gestion interne des
travaux de la commission? Ne
devait-il pas y avoir une indépendance complète de la commission? Comment
justifier une telle conduite?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Oui. Je ne peux pas m'empêcher de reprendre, là, les
premiers éléments sur la façon dont le rapport est reçu. Je tiens à réitérer ici — et je le croyais aussi au nom des
oppositions, franchement — lorsqu'on regarde le travail qui a été accompli par cette commission durant les travaux, et, je l'ai déjà
dit, le niveau de conscience collective que cela nous a amené, et l'ensemble des dispositions législatives et
gouvernementales, des deux côtés, d'ailleurs, parce que le Parti québécois a aussi formé le gouvernement
pendant un an et demi, où il a fait des choses, le Parti libéral, avant et
après, a fait des choses... Je ne
veux pas entrer dans cette liste-là. Je veux simplement dire qu'il y a
60 recommandations, et c'est à partir
de ces recommandations, maintenant, que nous avons du travail à faire. Et je
tiens... Et je le dis avec respect à tous nos collègues, je crois que nous devrions travailler ensemble. Il y a
unanimité sur ces recommandations de la part de la commission, on
devrait de façon unanime donner suite à ces recommandations.
Je
sais qu'hier le Parti québécois s'est opposé à la
recommandation n° 31 concernant le commissaire de l'UPAC. Je suis sûr qu'après réflexion et relecture ils
vont se dire : On ferait oeuvre utile si tout le monde ensemble on donnait
suite aux recommandations plutôt qu'au
premier jour déjà être contre une. Jusqu'ici, je ne les ai pas entendus dire
qu'ils en voulaient une des 60, j'ai entendu dire qu'ils étaient contre
une des 60.
Le Président :
En terminant.
M. Fournier :
Est-ce qu'on peut travailler ensemble pour donner suite au rapport?
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : Je note, M. le Président, que la ministre de la
Justice ne se lève pas et que je n'ai
aucune réponse à ma question
sur l'ingérence. Mais la ministre nous a dit hier qu'elle avait refusé le huis clos par souci de transparence — assez
ironique, merci! — et
pour que tous soient traités sur un pied d'égalité.
Dans ce contexte, je
repose la question à laquelle le leader a refusé de donner une réponse
hier : Est-ce que quelqu'un au
gouvernement a reçu hier le rapport avant 11 heures?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Je vais répondre à la question, je vais simplement
dire ceci : Dans le préambule de la question de ma collègue, elle remettait en question la qualité
de la réception du rapport. J'ai fait une réponse là-dessus qui semble
fondamentale, importante pour le rapport. Maintenant, si elle veut parler de la
question du huis clos comme étant le meilleur
exemple de transparence, par définition, un huis clos, c'est le contraire de la
transparence. On va se comprendre, là : huis clos, fermé;
transparence, ouvert. Alors, on commence par se dire cela.
Maintenant, la
commission a décidé par elle-même de diffuser, à compter de 11 heures, les
travaux qu'elle avait faits, elle l'a fait à
l'ensemble des Québécois; l'ensemble des journalistes y ont eu accès. Du côté
du gouvernement, il a été reçu à 10 heures...
Le
Président : En terminant.
M. Fournier :
...on n'a pas attendu 24 heures, comme il nous a été suggéré ici. Il a été
permis, donc...
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon :
Je note donc que le gouvernement l'a bel et bien eu avant le reste de la
population.
Est-ce
que ce serait possible de nous expliquer pourquoi, dans un tel contexte, on
s'est ingéré dans la gouverne de la
commission? Pourquoi on a refusé la tenue d'un huis clos pour que tous les
journalistes puissent poser des questions pertinentes, y compris au
gouvernement, à midi?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier :
Honnêtement...
Une voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît, Mme la députée de Taschereau! Mme
la députée de Taschereau, je vous demanderais de bien nous aider dans ce
service-là, et Mme la leader adjointe aussi. M. le leader du gouvernement,
cette fois-là.
M.
Fournier : Je tiens à
vous dire, M. le Président, qu'il
n'y a eu aucune ingérence. Et, franchement, je vais vous dire ceci : Si vous pensez qu'il y en a eu,
est-ce que vous pensez que la présidente de la commission l'aurait permis?
C'est ça que vous êtes en train de
dire en ce moment? La présidente de la commission et les membres de la
commission, en toute indépendance et
en toute intégrité, ont fait leur travail. On nous a demandé, ici il y a deux
semaines, de diffuser le rapport dans les 24 heures de la réception, M.
le Président, on l'a fait dans l'heure qui a suivi, à l'égard de l'ensemble des
Québécois, et on nous dit qu'on manque de
transparence. Ceux qui plaident pour les huis clos plaident pour les portes
fermées, nous avons choisi les portes ouvertes, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le chef de l'opposition.
Service de transport commercial
offert illégalement par UberX
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, M. le Président. Le ministre des Transports du
gouvernement a déclaré à plusieurs reprises qu'il considérait le phénomène du transport UberX comme étant illégal.
De plus, pour une large part de son utilisation, ce transport illégal entraîne une perte de plus en
plus significative de revenus pour les gouvernements, ce qui, par ailleurs,
devrait inquiéter le ministre des Finances, en quête de revenus.
Plusieurs
pays, comme la France, ont légiféré et ont entrepris d'énergiques mesures et
recours afin de combattre et
d'encadrer ce nouveau service de taxi illégal. Des milliers de propriétaires de
licences et chauffeurs de taxi subissent un important préjudice
pécuniaire alors qu'ils respectent la loi telle que le législateur l'a
stipulée. Le gouvernement semblait agir en
cohérence avec les déclarations du ministre des Transports jusqu'à ce que le premier ministre fasse une surprenante
déclaration en faveur de la légalisation d'UberX devant le conseil des jeunes
libéraux le 15 août dernier.
Ma
question au premier ministre : Est-ce qu'il entend continuer à
procrastiner ou s'engagera-t-il plutôt à combattre vigoureusement le
phénomène du taxi illégal?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Mais c'est un bon mot, c'est un beau mot, M. le Président.
Le Président :
Bien oui, c'est sûr.
M. Couillard : ...féliciter mon collègue. Mais je vais répéter ce que j'ai dit à
l'époque : Il est clair, M. le Président, que c'est un phénomène qui gagne la plupart des grandes villes dans le
monde. On sait qu'en Amérique du Nord et au Canada il y a des municipalités qui sont soit en cours de ou qui ont
adopté des mesures d'encadrement. Ce que j'ai dit et ce que je répète, c'est qu'il serait totalement
injuste que ces mesures d'encadrement ne créent pas un terrain égal entre
les chauffeurs de taxi et ceux ou celles qui
décident de faire, parfois à temps partiel, ce genre d'activités là, parfois de
façon plus ou moins connue, M. le Président.
Maintenant,
ça nécessite quoi? Ça nécessite qu'on ait un permis, ça nécessite qu'on ait une
assurance commerciale, ça nécessite
qu'on adhère à toutes sortes de vérifications de sécurité et de qualité du
véhicule, entre autres. Je crois que, lorsque
les mesures auront été adoptées et mises en place de façon à assurer cette
équité, les chauffeurs de taxi n'y perdront pas au change. Et de nombreuses nouvelles initiatives, comme celle de
M. Taillefer, d'après moi, vont apporter une réponse très
satisfaisante à la situation.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Vachon.
Mme
Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Merci, M. le
Président. C'est dommage ne pas avoir entendu de la part du premier ministre
dire que c'est du taxi illégal. Le
ministre des Transports se fait ridiculiser par une multinationale étrangère.
Plusieurs pays ont interdit UberX. Voici des exemples de mesures pour
contrer le taxi illégal : un, saisie plus longue du véhicule; deux,
augmentation des amendes; trois, points de démérite; quatre, suspension du
permis de conduire.
Est-ce que le
premier ministre peut prendre l'engagement, avec son ministre des Transports,
d'adopter des amendements pour contrer UberX d'ici les fêtes?
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M.
Robert Poëti
M. Poëti :
M. le Président, il est clair que l'industrie du taxi au Québec, actuellement,
est en changement. On a eu des
rencontres, on a été actifs, on les a écoutés, on les a rencontrés, et la
phrase qu'on a dite à tout le monde, c'est que le taxi tel qu'il était et tel qu'il était au cours
de la dernière année n'était plus possible, que le statu quo n'était plus
possible. Et qui a réagi? L'ensemble
de l'industrie du taxi, qui se sont modernisés, à l'exemple de la ville de
Québec, à l'exemple de Montréal, à
l'exemple d'entrepreneurs du Québec qui ont investi des millions de dollars
dans une nouvelle technologie de taxi électrique à Montréal. Il y a plus
de 500...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Poëti : Il y a plus de 500
véhicules qui ont été saisis au Québec...
Le Président : En terminant.
M. Poëti : ...des amendes qui
sont données. On va continuer à aller de l'avant...
• (10 h 20) •
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Vachon.
Mme
Martine Ouellet
Mme
Ouellet :
Bien, justement, M. le Président, l'industrie du taxi a réagi, mais le
gouvernement, il n'a rien fait. Puis l'industrie du taxi s'attend à ce
que le gouvernement contre UberX, interdise UberX. C'est du taxi illégal.
Comment ça se fait que le gouvernement
intervient quand c'est du travail illégal dans la construction, dans la restauration, puis qu'il n'intervient pas quand
c'est le taxi? Il y a des représentants de l'industrie du taxi qui sont ici, dans
nos tribunes.
Est-ce que le
ministre des Transports va accepter de les rencontrer après la période de
questions pour voir avec eux autres ce qui peut être fait pour contrer
UberX?
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! M. le ministre des Transports.
M.
Robert Poëti
M. Poëti :
Alors, l'industrie du taxi, M. le Président, je vous le rappelle :
22 000 chauffeurs de taxi et propriétaires au Québec. Il y a un certain groupe, cependant,
qui est représenté par les indépendants, ceux qui sont ici ce matin et ceux
qui sont venus dans des rencontres, que j'ai
convoqués à mon bureau, ceux qui étaient présents, mais qui n'ont pas participé
à la modernisation du taxi, qui, de leur côté — certains d'entre eux — ne
veulent pas se moderniser.
Ce que nous,
on veut, c'est avantager le client, le citoyen, et que la réciprocité des
normes se fasse, que les gens travaillent dans une compétition loyale.
C'est là-dessus qu'on travaille, M. le Président.
Le Président : Principale, M.
le chef du deuxième groupe d'opposition.
Délai de prescription de certaines poursuites pénales
M. François Legault
M.
Legault : Oui. M. le Président, hier, la juge Charbonneau a
dressé un portrait très sombre du financement des partis politiques, et je pense que c'est ce qui
explique beaucoup le cynisme de la population à l'égard de toute la classe
politique. Donc, on a tous une responsabilité de rebâtir cette confiance.
Hier,
le premier ministre a refusé de s'excuser. Aujourd'hui, je voudrais lui
demander, et je pense que c'est la moindre des choses, de s'assurer que
les montants qui ont été collectés illégalement soient remboursés.
Selon
le Directeur général des élections, pour la période de 2006 à 2011, le Parti
libéral a collecté 7,3 millions de dollars de financement sectoriel. 7,3 millions de dollars. Le
problème, M. le Président, c'est qu'on a un délai de prescription de
cinq ans. Donc, tout ce qui a été collecté avant 2011, bien, c'est hors délai.
M.
le Président, vous vous rappellerez, en octobre 2013, on a voté à l'unanimité
ici, à l'Assemblée nationale, une motion pour prolonger le délai.
Donc, ma question est simple, ce matin, au premier ministre : Est-ce
que le premier ministre accepte de
prolonger le délai de prescription
pour toute la durée de l'étude de la commission
Charbonneau pour que les sommes qui
ont été collectées illégalement puissent être remboursées?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, cette question me permet de réaffirmer, et je pense
qu'on aura l'assentiment de tous les collègues, notre désir de
travailler sur toutes les recommandations de la commission Charbonneau de façon
diligente, complète, prenant compte des
choses qui ont déjà été faites, des choses qui sont en cours et des
choses qui doivent être introduites.
Je
réfère mon collègue à la recommandation 37, à laquelle nous avons l'intention de donner
suite : «...d'appliquer un délai
de prescription de poursuite pénale de trois ans après la connaissance de l'infraction par le poursuivant, sans excéder sept ans depuis
sa perpétration...»
Alors,
si je comprends bien, le collègue veut tourner le dos à quelques
recommandations. Nous, on dit : On a une commission
indépendante, on va appliquer les recommandations.
Une voix :
...
Le Président :
...
M. Couillard : On va le faire de façon diligente, de façon sérieuse et de façon
complète, puis on va aller de l'avant, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe de l'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, on vient de comprendre, donc, que le premier ministre est prêt à
passer de cinq ans à sept ans.
Bientôt, on va être en 2016. Ça veut dire que tout ce qui a été collecté
illégalement par le Parti libéral avant 2010,
donc 2009 et avant, que lui n'est pas d'accord pour rembourser. On parle de millions de dollars.
On a voté une motion unanime. Est-ce que
le premier ministre est d'accord pour étendre le délai de prescription à toute la
durée de l'analyse de la commission Charbonneau?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Bien, j'espère que notre collègue est d'accord avec le rapport et les recommandations. Nous, on va appliquer les recommandations telles qu'elles
figurent au rapport, M. le Président. C'est ce qu'il faut faire.
Maintenant,
sur la question des cotisations ou des financements politiques, chaque fois que le DGE a contacté notre formation
politique et demandé un remboursement, le remboursement a été effectué rapidement et complètement, selon les demandes du DGE. Ça va continuer à être le cas, M. le
Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président,
ce que je viens de comprendre, là, c'est que le premier ministre ne veut pas
rembourser l'argent qui a été collecté, avant 2010, par le Parti libéral, de
façon illégale. Honte à lui!
Des voix :
...
Le
Président : M. le chef du deuxième groupe d'opposition, faites attention à vos propos. M. le premier ministre.
Des voix : ...
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, un minimum de jugement est nécessaire ici, là. C'est certain, M. le Président, que, si les contributions ont été faites de façon illégale et démontrées
comme telles, le remboursement se fait. Il
n'y a rien de nouveau là-dedans. C'est le cas... Ça
a été le cas pour son ancienne formation
politique, à laquelle il a contribué
au financement d'ailleurs lui-même, ça a été le cas pour la formation
qui l'a précédé et qui a donné lieu à la CAQ, c'est le cas et c'est le
fait également de l'opposition officielle, qui a fait ses remboursements.
On va continuer à le faire. On va aller de
l'avant. Et je répète : À moins qu'il ne dise le contraire, nous, on va
appliquer les recommandations de la commission Charbonneau.
Le Président : Principale, M.
le député de Chutes-de-la-Chaudière.
Projet
de loi sur la protection des
divulgateurs d'actes répréhensibles
M.
Marc Picard
M. Picard : Merci,
M. le Président. Le 23 septembre 2014, je déposais le projet
de loi n° 192 qui vise à mieux protéger les dénonciateurs d'actes de collusion et de corruption. Hier,
le rapport de la commission Charbonneau abonde dans le même sens. Sa recommandation n° 8 propose, et je cite,
«d'améliorer le régime de protection des lanceurs d'alerte». Fin de la
citation.
M. le Président,
il y a certains enjeux comme le financement des partis politiques où
l'Assemblée nationale n'a pas attendu
les recommandations de la commission Charbonneau pour agir. Malheureusement,
rien n'a été fait jusqu'ici concernant
la protection des dénonciateurs, et ce, même si un projet de loi est sur la
table depuis plus d'un an, même si nous sommes tous conscients depuis
longtemps de la nécessité d'agir.
Ma question est très simple : Le
gouvernement reconnaît-il qu'il faut agir sans tarder pour mieux protéger les
dénonciateurs? Va-t-il appeler le projet de loi n° 192?
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M.
Martin Coiteux
M.
Coiteux : Alors, M. le Président, bien entendu que nous, on prend
très, très, très au sérieux les 60 recommandations qui ont été adressées hier par la commission
Charbonneau et on a l'intention de les regarder dans l'ensemble et de donner
des suites très concrètes à ça.
Ceci dit,
dans la sphère qui concerne tout particulièrement le Trésor, je note quand même
qu'il y a du travail qui a été fait
au cours des dernières semaines et des derniers mois qui sont tout à fait... du
travail qui est tout à fait convergent avec
certaines des recommandations, et notamment cette question de la protection des
divulgateurs. Écoutez, il y a un travail
qui est très, très, très avancé sur un projet de loi là-dessus, alors très
certainement qu'on va être en mesure de donner suite notamment à cette
recommandation-là dans des délais qui vont être tout à fait raisonnables.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M.
Marc Picard
M. Picard : M. le Président,
la commission avance dans son rapport que la Loi concernant la lutte contre la corruption présente de sérieuses limites. Elle
propose donc un régime général de protection, soit une loi spécifique. Le
projet de loi n° 192 est sur la
table depuis plus d'un an, et je suis convaincu que vous êtes d'accord avec son
principe.
Peut-on
s'élever au-dessus de la partisanerie
et travailler ensemble, comme le disait tout à l'heure le leader, à le
bonifier? Le gouvernement peut-il appeler le projet de loi d'ici la fin de la
session parlementaire?
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M.
Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Moi, je
voudrais saluer mon collègue qui appelle à ce que nous puissions travailler ensemble à donner suite aux recommandations du rapport. C'est
exactement ce que je souhaite. Honnêtement, ce que je crois qu'on doit
faire, de façon responsable, c'est de travailler ensemble à la suite de ce
rapport. Le Parti québécois semble être en désaccord avec la recommandation n° 31,
la CAQ est en désaccord avec la recommandation n° 37. Est-ce qu'on
peut mettre ça de côté, puis recommencer, puis travailler ensemble?
Pour ce qui
est du projet de loi dont parle notre collègue, d'une part, le président du
Conseil du trésor vient d'établir le travail qui est en route présentement.
Je tiens à rappeler que nous sommes tout à fait favorables qu'à l'occasion de
la période prévue pour les oppositions, du mercredi après-midi, vous puissiez
appeler ce projet de loi fort important puisque vous avez tout le loisir de le
faire.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M.
Marc Picard
M. Picard : M. le
Président, nous avons la possibilité d'adopter une loi pour mieux protéger les dénonciateurs avant la fin de la présente session parlementaire. Nous tendons la main au gouvernement et nous sommes prêts à modifier certaines dispositions
du projet de loi n° 192, s'il le faut.
Pourquoi ne
pas saisir cette chance? Pourquoi ne pas travailler ensemble et dès maintenant
à améliorer la protection des dénonciateurs? Qu'est-ce qui empêche le
gouvernement d'agir?
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M.
Jean-Marc Fournier
M. Fournier : Bien, justement,
on est dans l'action. Mon collègue vient de répondre à la première question, il l'a dit, il a indiqué qu'il y aurait
ce document qui serait déposé, sur lequel il travaille et qui
est éminent, c'est ce qu'il a annoncé à cette Chambre.
Maintenant,
mon collègue se lève, en tout respect, il me dit : Pourquoi vous ne
l'appelez pas? Puis-je lui dire, depuis un an, pourquoi son leader et chef ne l'ont pas appelé? Je lui envoie la
question. Pourquoi, tout à coup, il veut qu'on l'appelle,
alors qu'il ne l'a jamais appelé? Je suis
fort surpris. Vous avez du temps pour faire ça, pourquoi vous ne le faites pas?
Le Président : Principale, Mme
la députée de Taillon.
Entente
avec la Fédération des médecins spécialistes
Mme
Diane Lamarre
Mme
Lamarre : M. le Président, le 12 novembre dernier, le ministre
de la Santé concluait une entente
avec la FMSQ, syndicat qu'il a
présidé. On veut voir cette entente, on veut voir ce qu'elle contient, mais le
ministre refuse de la rendre
publique. Pourquoi? La dernière fois que le ministre a fait une entente avec
ses collègues médecins, ce qu'on a découvert en la scrutant, c'était le
retour de la prime Bolduc.
Qu'y a-t-il
de si gênant dans cette entente avec les spécialistes pour qu'il refuse de la
rendre publique deux semaines après sa signature? Quelles révélations
contient-elle? Quel cadeau le ministre a-t-il fait aux spécialistes, ses
proches collègues, dans cette entente et qu'il refuse de nous dévoiler depuis plusieurs
jours et encore aujourd'hui?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : Alors, M. le Président, si l'on ne me prête pas des intentions, je me demande qu'est-ce que
c'est, puisque la députée
de Taillon vient de dire que je vais refuser de dévoiler une
entente. Alors, je ne refuse rien, je tiens à préciser la chose, M. le
Président. J'ai déjà eu la question, je vais répéter la même chose. Les
ententes qui... toutes les ententes qui sont
conclues avec les fédérations médicales, M. le Président, sont
publiques, et la députée de Taillon le sait très bien. Elle peut les consulter
lorsqu'elles sont rendues publiques, à partir du moment où les ententes ont
cheminé correctement dans l'appareil gouvernemental, cheminement — ...
Une voix : ...
• (10 h 30) •
M.
Barrette : ...bien oui! — cheminement
qui est prévu. Et j'imagine que peut-être que l'opposition
connaît ce cheminement-là puisqu'ils ont été récemment brièvement
au pouvoir. Manifestement, le temps étant ce qu'il est, ils l'ont oublié. Alors, je peux m'engager aujourd'hui, M. le Président, à faire ce que l'on fait toujours,
ce que j'ai fait, d'ailleurs,
avec l'entente avec la FMOQ, de la rendre publique.
Ceci dit, M. le Président, je peux dire à
l'avance qu'il n'y a pas de prime, de cadeau, de ceci et de cela, comme il
n'y avait pas de prime dite...
qualifiée, comme la députée de Taillon l'a fait. Il y avait un ajustement des
tarifs de consultation. Maintenant, puisque l'idée ici est de créer une
perception qui est celle du PQ...
Le Président : En terminant.
M. Barrette :
...de la réalité, je laisse la députée de Taillon se relever pour continuer...
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Merci, M. le Président. Je rappelle que l'entente avec la FMOQ avait été
mise sur leur site moins de 48 heures
après la signature. On est à deux semaines que l'entente a été signée. On sait déjà
qu'il offre, le ministre, 30 millions aux radiologistes, M. le
Président, dans l'entente avec les
spécialistes, mais qu'est-ce qu'il y a d'autre dans cette entente? Le ministre le sait, il peut toujours
bien nous en parler verbalement. Les Québécois ont le droit de savoir, ils ont droit de
la voir, cette entente.
Ma question est simple : Refuse-t-il de la
dévoiler, car elle contient la liste des frais accessoires...
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : Alors, quelle belle
démonstration, M. le Président! Alors, la députée de Taillon vient de nous indiquer que la FMOQ a choisi de ne pas respecter
les règles parlementaires et de mettre sur son site une entente qui devait
être publiée après avoir cheminé correctement dans l'appareil gouvernemental. C'est son choix, c'est un pays libre, mais
je tiens à souligner à la députée de
Taillon que je ne suis plus président de la Fédération des médecins spécialistes et que, dans ma position
actuelle, je vais respecter nos règles.
Maintenant,
pour ce qui est de son commentaire à propos du 30 millions de dollars, je
suis heureux de réitérer le fait que notre gouvernement remplit son
engagement électoral de rendre publique, dans la RAMQ...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...l'échographie, M.
le Président, sans ajout d'un seul dollar de plus...
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : M. le Président, on sent le malaise du ministre à nous en
parler, du contenu de cette entente avec les médecins spécialistes. Il y
a des concessions dont il ne veut pas parler.
Et la question qu'on se pose, c'est :
Est-ce qu'il a donné à tous les médecins spécialistes le droit de charger dorénavant des frais accessoires, et ces frais
accessoires là comportant tous leurs frais de bureau, aux patients? S'il ne
répond pas, on est en droit de se demander
si c'est ça qu'il a autorisé dans cette entente, qu'il refuse de nous
divulguer. Qu'il réponde à la question.
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, pour ce qui est de mon malaise, je peux
vous dire que je suis tout à fait dans l'esprit du temps des fêtes, qui commence maintenant, là.
Alors, je suis très confortable de répondre aux questions qui me sont posées, M. le Président. Alors, je ne refuse rien
du tout. Je dis très ouvertement que je vais divulguer l'entente avec le plus
grand des plaisirs lorsque la procédure me le permettra, tout simplement, M. le
Président.
Pour ce qui est de la question des frais
accessoires, bien, je ne peux éviter...
Une voix : ...
M. Barrette : Pardon?
Le Président : Non, ça va.
M. Barrette :
Je ne peux rater l'occasion de rappeler à l'opposition officielle qu'eux-mêmes,
dans leur programme électoral, avaient, sous la signature de la députée
de Taillon...
Le Président : En terminant.
M.
Barrette : ...proposé, dans leur programme, de faire ce que l'on a
fait, et on les remercie de nous avoir fait cette...
Le Président : Principale, M.
le député de Mercier.
Conclusions du rapport de la
Commission d'enquête
sur l'octroi et la gestion des contrats publics
dans l'industrie de la construction
M. Amir Khadir
M. Khadir : M. le
Président, je lis un extrait du
rapport de la commission Charbonneau, page 788 : «Dans un courriel daté du 22 mai 2008, un organisateur
politique envoie à Violette Trépanier une liste de sociétés — pas des individus, des sociétés — ayant contribué à un événement de
financement [d'un ministre qui est actuellement leader du gouvernement].
Parmi celles-ci, on trouve les noms de
plusieurs firmes de génie [...] — dont SNC-Lavalin, son ancien patron — ainsi que ceux d'importants cabinets d'avocats et de comptables. La somme des
contributions recueillies s'élève à 14 000 $.» Bien sûr, le leader du gouvernement pourrait se lever
et dire : Il n'y a pas de lien entre ces 14 000 $ et un contrat
spécifique, M. Lachance n'a pas pu le démontrer. C'est vrai.
Maintenant,
comment explique-t-il alors que ces sociétés — alors que c'est illégal, lui, il le savait,
ces sociétés le savaient — lui ont donné 14 000 $? À quelles
fins ils ont pris ce risque-là? Alors, moi, je demande au ministre de me
dire si c'est un aveuglement volontaire, tel
qu'on l'a vu avec Gérald Tremblay, ou c'était une incompétence politique...
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Oui. Je pense que la prémisse ou les nombreuses
prémisses sont simplement erronées, M. le Président.
D'abord, pour
commencer, il prétend que des sociétés m'ont remis de l'argent à moi.
Commençons par dire ceci : Non, et ce
sont des individus, au Parti libéral du Québec. Ça fait déjà un certain nombre
de différences par rapport à ce qu'il
a dit, M. le Président. Et je suis tout à fait à l'aise avec tout ce que j'ai
fait, peu importent les condamnations qu'il veut tirer de l'extrême fond de cette Assemblée, sans aucun fondement.
Je suis tout à fait à l'aise d'avoir respecté l'ensemble des règles.
Ceci
étant, M. le Président, il fait référence à un rapport qui a été déposé hier,
pour lequel effectivement on n'arrive pas
à la conclusion que lui veut toujours tirer et continue de tirer. Pourtant, il
y a eu une commission indépendante — lui ne
l'est pas — une
commission indépendante qui a eu quatre ans, avec des pouvoirs exceptionnels,
qui lui a permis d'arriver à des
recommandations, des constats — il ne les partage pas, c'est son droit, mais
c'est quand même ceux de la commission indépendante — et
des recommandations.
Alors,
la question qu'on se pose aujourd'hui, je me la pose personnellement après
avoir entendu le Parti québécois hier,
la CAQ aujourd'hui et maintenant notre collègue : À part de réécrire le
rapport, est-ce que quelqu'un s'intéresse à lire les recommandations?
Le Président :
En terminant.
M. Fournier :
Est-ce que quelqu'un s'intéresse à donner suite aux recommandations et est-ce
qu'on aurait l'appui des parlementaires...
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir :
Puisqu'il me demande de lire le rapport, je vais lui lire ce que le commissaire
Lachance dit exactement, qu'il n'a
peut-être pas lu : «Il y a un lien — page 709 — entre le développement des affaires et le
financement des partis politiques au
niveau provincial. Ce lien ne doit [cependant pas] être confondu avec celui
faisant l'objet du mandat de la commission...»
Donc,
le problème de M. Lachance était que, lui, on lui avait dit : Lien
entre contrats, un contrat spécifique et le financement, il n'y a pas ce
lien-là, mais il y a un lien avec les projets...
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Honnêtement, je respecte la question de mon collègue... celle-ci, en tout cas, mieux que
l'autre, puis je n'ai pas de difficulté à ce qu'il lise des passages.
Je
lis d'ailleurs celui-ci, toujours du même M. Lachance : «Les faits
présentés devant la commission n'ont pas montré un lien, qu'il soit direct ou indirect, entre le versement d'une
contribution politique au
niveau provincial et l'octroi
d'un contrat public.»
Ceci étant dit,
M. Lachance et Mme Charbonneau sont d'accord sur un point, ils
parlent de la vulnérabilité. Et, à cause de
cela, ils proposent 60 recommandations. Est-ce qu'on va donner suite aux
recommandations, oui ou non? Est-ce qu'on va avoir assez de sérieux pour
dire : On a créé une commission, on lui a donné des pouvoirs qu'aucune commission
d'enquête n'avait eus?
Le Président : En terminant.
M.
Fournier : Elle a
fait un travail pendant quatre ans. Est-ce qu'on va pouvoir entendre quelqu'un
de l'opposition dire : On
va y donner suite?
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir : Je vois que le leader du gouvernement se complaît encore dans le déni au lieu de
présenter des excuses au peuple québécois,
au lieu de dire comment il compte rembourser les millions de dollars qu'ils ont utilisés pour gagner leurs élections. J'offre la possibilité au premier
ministre s'il est d'accord pour confier un mandat d'initiative à la Commission
des institutions afin d'entendre les
responsables des partis politiques pour établir le lien auquel fait référence
le commissaire Lachance mais qui
n'était pas dans son mandat, le lien entre le trafic d'influence, le
financement sectoriel des partis et le trafic d'influence...
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Honnêtement, je pourrais encore soulever le
règlement parce que c'est simplement accusatoire, sans fondement. Mais c'est son genre. Je me demande
comment la députée de Gouin peut supporter ce genre de comportement. À un
moment donné, il faudrait quand même lui demander comment elle peut permettre
ce genre d'argumentations qui sont faites ici, M. le Président.
Une voix : ...
Le Président : Mme la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Il me semble qu'il y a
ici des intentions qui sont prêtées et...
Des voix : ...
Le
Président : La première chose que je vais vous demander, c'est
de cesser de vous interpeller. Veuillez continuer, M. le leader, en
faisant attention.
M.
Fournier : En tout respect pour ma collègue, qu'elle écoute son
voisin de droite, elle va comprendre ce qui se passe.
Mais, ceci étant, M. le Président, notre
collègue de Mercier demande à ce qu'il y ait une commission. Il vient d'y en avoir une, on vient d'avoir le rapport, il
y a 60 recommandations. Est-ce qu'il peut nous dire s'il veut qu'on
travaille à y donner suite? Oui ou non? Même chose à la CAQ, qui est
contre la 37. Même chose au PQ, qui est contre la 31.
Le Président : En terminant.
M. Fournier : Est-ce qu'on va
finir la période de questions avec personne de l'opposition qui ne dise :
On va travailler avec le gouvernement pour donner suite au rapport? Ça ne se
peut pas!
Le Président : Principale, M.
le député de Borduas.
Délai de prescription
applicable aux
actions en responsabilité civile
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le
Président, malgré l'adoption du projet de loi n° 22 en mai 2013, le
Québec demeure la seule province canadienne à ne pas avoir complètement
aboli le délai de prescription à l'intérieur duquel une victime d'agression
sexuelle peut poursuivre son agresseur.
Le projet de
loi n° 22 suspendait la prescription pour les situations juridiques en
cours au moment de l'entrée en vigueur de la loi mais ne permettait pas
d'agir rétroactivement. Ainsi, bon nombre des victimes d'agression sexuelle demeurent sans recours et ne peuvent obtenir justice pour les
préjudices qui leur ont été causés. La Nouvelle-Écosse a créé un précédent cette année, lorsqu'elle s'est ravisée en
offrant des excuses aux victimes de la province et en corrigeant son projet
de loi qui abolissait la prescription mais qui ne permettait pas d'agir
rétroactivement.
M. le Président, est-ce que la ministre reconnaît cette problématique actuelle et
compte-t-elle offrir aux victimes tous les outils pour obtenir
réparation?
• (10 h 40) •
Le Président : Mme la
ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée : M. le Président,
c'est certain que toute la question du soutien aux personnes victimes d'actes criminels est au coeur de nos préoccupations. Vous
savez, puis on l'a dit et on le redit, nous avons, au Québec, le régime
d'indemnisation aux personnes victimes qui est le plus généreux de tout le
Canada.
C'est certain
que la question particulière soulevée par mon collègue a fait l'objet, en 2013,
de discussions ici, à cette Assemblée.
Le projet de loi n° 22, qui était porté à l'époque par mon prédécesseur,
M. Bertrand St-Arnaud, a apporté des modifications substantielles à la
prescription, et c'est suite à une recommandation qui avait été formulée par
notre ex-collègue Gilles Ouimet, et ce
projet de loi a porté à 30 ans la prescription pour les victimes d'agression
sexuelle. Alors, quand même, il y a
eu des démarches législatives qui ont été faites et qui nous ont permis
d'avancer dans le dossier, de faire des avancées substantielles en lien
aussi avec le respect de notre tradition civiliste.
Ceci étant dit, M. le Président, nous sommes
dans la préparation d'un plan d'action sur...
Le Président : En terminant.
Mme Vallée : ...les
agressions sexuelles, et cette question fait l'objet d'une étude.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Merci, M.
le Président. Ce qu'on demande à la ministre, M. le Président, c'est de faire
plus pour les victimes. Le délai de prescription est passé à 30 ans, on
demande de l'abolir. À son accession au Conseil des ministres, la ministre a dit qu'une de ses priorités était de faire de
l'aide aux victimes d'actes criminels une de ses priorités. Il y a des victimes de prêtre pédophile qui ont
interpellé la ministre il y a un an et demi et elles sont demeurées sans
réponse de sa part.
M. le
Président, est-ce que la ministre de la Justice va répondre aux victimes
d'agression sexuelle en modifiant rapidement le Code civil du Québec
relativement à la prescription, pour l'abolir?
Le Président : Mme la
ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée : M. le Président,
nous avons tenu des consultations sur le plan d'action en matière d'agression sexuelle. Les victimes auxquelles notre collègue fait
référence, certaines d'entre elles ont fait part... et ont fait valoir leurs
représentations en commission parlementaire.
Je vous dis,
nous sommes à étudier l'ensemble des moyens que le gouvernement peut prendre
pour s'attaquer à la problématique
des agressions sexuelles, ce qui est proposé par un certain nombre de victimes
fait l'objet d'une analyse. M. le
Président, nous avons tous ici, à cette Assemblée, à coeur le sort des victimes
d'actes criminels et plus particulièrement...
Le Président : En terminant.
Mme Vallée : ...les victimes
d'agression sexuelle.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, la dénonciation d'un agresseur n'est jamais facile, et les recours
judiciaires nécessitent beaucoup de courage et d'énergie pour les
victimes. Il faut donc rendre plus faciles les recours pour cette personne-là
pour que justice soit rendue. Ce qu'on dit à la ministre : C'est de
l'action que ça prend, M. le Président.
Quand la
ministre va-t-elle déposer son plan? Quel est son échéancier? Quelle aide
va-t-elle apporter aux victimes d'agression
sexuelle? Et, surtout, va-t-elle abolir la prescription, qui est prévue dans le
Code civil du Québec, du délai
de 30 ans? Va-t-elle rendre ces infractions imprescriptibles de façon à ce que
les...
Le Président : Mme la
ministre de la Justice.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
M. le Président, les amendements à la prescription ont été adoptés en 2013. Il
est important de monitorer et de voir les impacts qu'ils pouvaient avoir.
Ceci
étant dit, quant au plan actuel sur les agressions sexuelles, nous avons
bonifié les périodes de consultation et
nous continuons, aujourd'hui même, d'aborder cette question à la Commission des
relations avec les citoyens, notamment avec
les femmes des communautés autochtones, et ça, c'est suite à un mandat
d'initiative qui a été formulé par l'ensemble des parlementaires ici. Alors, évidemment, avant de déposer un
échéancier, et par respect pour les collègues, vous me permettrez d'abord de pouvoir échanger avec les
collègues parlementaires sur la question, puisque nous devons, à la suite
de tout ça, avoir une séance de travail...
Le Président :
En terminant.
Mme Vallée :
...pour échanger les différentes recommandations qui nous ont été formulées.
Le Président :
Principale, M. le député de Rosemont.
Distribution dans les pharmacies de bacs pour
seringues souillées
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : M. le Président, le Québec avait réussi un tour de
force pour faire en sorte que les seringues souillées, qui sont un risque pour la santé publique, soient
remises par les utilisateurs aux pharmaciens. La méthode :
distribution libre de bacs gratuits dans les pharmacies. C'était trop
beau pour les libéraux qui nous gouvernent. Ils ont décidé de sabrer dans le programme et de rationner les bacs.
Résultat : faute de bac, une cliente de Laval, la semaine dernière, a
déposé ses seringues dans un sac, le
livreur de la pharmacie s'est piqué. Résultat : une pharmacienne de
l'Estrie écrit que ses patients rapportent
leurs aiguilles et seringues dans des boîtes de carton. Elle écrit :
«Beaucoup d'années d'effort de sensibilisation anéanties par les
coupures libérales.»
La ministre
responsable de la Santé publique peut-elle s'engager à mettre fin immédiatement
à l'absurde rationnement des bacs à seringues?
Le Président :
Mme la ministre responsable de la Réadaptation.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : M. le Président, je l'ai répété à plusieurs
reprises et je vais le faire encore aujourd'hui, il n'y a pas de rationnement dans les bacs. Ce qu'on a dit,
c'est que les gens peuvent se procurer les plus petits bacs. Les gros bacs, là, ils ont été enrayés. Pourquoi? Parce
qu'ils étaient utilisés à des fins non adéquates, et, pour dire franchement,
il n'y avait pas que des seringues qui
allaient dedans. Alors, je n'irai pas plus dans les détails, mais un bac à
seringues, c'est un bac à seringues, pas une poubelle.
Ce
qu'on a favorisé au Québec : tout le
monde qui veut un bac à seringues, il
est possible d'en avoir un, il n'y a qu'à
faire la demande, il y a les petits bacs, où on ne peut mettre que des
seringues dedans. Toutes les quantités que les gens ont besoin, ils peuvent les demander, c'est disponible. Je ne sais pas dans quelle langue il faut que je dise ça, M. le Président, mais c'est assez clair : Ceux qui ont
besoin d'un bac le demandent et ils l'auront.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : Il y a
six mois, j'ai posé la question à la ministre. Il y a six mois, elle a dit ça. Elle a dit : Chaque
citoyen qui aura besoin d'un contenant l'aura. C'est-u
clair? Bien, c'est clair, mais ce n'est pas la réalité. Le responsable de la
Santé publique a reçu une lettre d'une
pharmacienne qui lui écrit : «Cette semaine, je n'ai plus de bac jaune à
fournir et j'ai appris que ma prochaine livraison ne sera qu'en mars 2016.»
L'Association des pharmaciens écrit : «Nous sommes surpris
d'apprendre que certaines pharmacies ne pourront recevoir de contenants, le
quota...»
Le Président :
Mme la ministre déléguée à la Réadaptation.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : M. le Président, les petits bacs sont disponibles, et, s'il y a problème,
s'il vous plaît, m'en aviser directement. Dites aux
pharmaciens...
Des voix :
...
Mme
Charlebois : Non!
Des
voix : ...
Mme
Charlebois :
S'il vous plaît! Arrêtez de crier, l'opposition, là, on va pouvoir se parler.
Ceci
étant, dites aux pharmaciens qu'ils nous contactent, au ministère.
C'est impossible... Toutes les directions régionales sont en mesure de
fournir des bacs, et c'est impossible que... Mais il faut faire attention, là. Le
député de Rosemont parle des gros bacs. Moi, je lui parle des petits
bacs qui sont conçus seulement pour les seringues, O.K.? Alors,
les petits bacs font le travail. Si les gens
en ont besoin, ils peuvent en demander. Ils peuvent trouver ça comique, M. le Président, là, mais c'est la réalité
des choses...
Le Président :
En terminant.
Mme
Charlebois :
...et les gens savent que je n'ai pas deux paroles.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Deuxième complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
On parle tous des mêmes bacs. Les pharmaciens se plaignent qu'ils n'ont pas les
bacs jaunes. Le directeur national de la
Santé publique a reçu une lettre la
semaine dernière de pharmaciens qui
disent : On est rationnés, on ne sait
même pas qui appeler. Ils nous disent : Les quotas régionaux sont fermés jusqu'en
mars 2016. C'est la réalité. Son ministère
le sait. Les pharmaciens se plaignent. L'Association des pharmaciens se
plaignent. Il y a des gens qui sont à risque pour leur santé
avec des seringues dans des sacs. Qu'elle...
Le Président :
Mme la ministre déléguée à la Réadaptation.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : M. le Président, là, on ne fera pas un spectacle avec les bacs à seringues, là, quand même, hein, c'est trop important.
Puis les gens qui en ont besoin peuvent en avoir. Moi, je veux bien, là, qu'on
dise toutes sortes de choses pour soulever l'ire à la période de
questions, mais moi, je vous dis que les bacs à seringues, les petits bacs,
sont disponibles. Les gros bacs qui
étaient là avant servaient de poubelles, carrément. C'est ce qu'on ne
veut plus dans le réseau. Ce qu'on veut, c'est que les gens puissent
utiliser des bacs convenables pour mettre leurs seringues.
Ceci étant, les gens
peuvent appeler à leur direction, à leur centre de santé et obtenir ces
bacs-là. Merci, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de La Peltrie.
Recommandations du rapport de la Commission d'enquête
sur l'octroi et la gestion des contrats publics
dans l'industrie de la construction
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le Président, il y a un an, mon chef me confiait le mandat d'étudier
la question du gaspillage et de la mauvaise gestion
dans l'appareil gouvernemental.
Durant
nos analyses, on s'est rendu compte malheureusement que la malversation n'était jamais vraiment
très loin, ce qui a inspiré trois recommandations du rapport que j'ai eu l'occasion de déposer au nom de ma formation politique,
que je retrouve intégralement dans le rapport de la commission Charbonneau,
soit la création d'un organisme pour la surveillance
des octrois de contrats, l'abolition de la règle du plus bas soumissionnaire
conforme et le rehaussement de l'expertise
au sein du MTQ. M. le Président, j'entendais le leader du gouvernement tout à l'heure dire : Est-ce qu'il y a des gens de l'opposition
qui vont se lever pour dire : On va collaborer avec le gouvernement?
Certes,
la question est : Est-ce qu'il y a
des gens au gouvernement qui vont se lever pour dire : On va
collaborer avec l'opposition?
Et, si oui, est-ce que le président
du Conseil du trésor peut se lever
pour nous dire si, oui ou non, on va mettre de l'avant ces recommandations-là?
Et, si oui, dans quel délai?
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Bien, je ne les ai
pas toutes numérotées, je sais qu'il y en a 60, recommandations, puis on a
l'intention de toutes les prendre au sérieux.
Alors, le député
de La Peltrie vient finalement de répondre à l'appel du leader
du gouvernement, à savoir : Est-ce qu'ils vont vouloir travailler pour qu'on applique
un certain nombre de ces recommandations? Bien, bien entendu que ça va nous intéresser de
travailler là-dessus, d'autant plus qu'on a déjà annoncé le
30 octobre dernier qu'on avait l'intention de créer une fonction de
commissaire aux contrats publics, hein?
J'ai
dit tout à l'heure, d'ailleurs, qu'on travaillait puis que c'était imminent
qu'on puisse déposer un projet de loi
sur les divulgateurs d'actes répréhensibles.
Quand on a annoncé le Passeport Entreprises, on a également dit qu'on allait travailler sur les délais de paiement dans le secteur de la
construction. Et on ne savait pas qu'est-ce qu'il y aurait dans le rapport, mais on était déjà en
train de travailler de façon tout à fait convergente avec les recommandations. Si le député de La Peltrie veut travailler avec nous, bienvenue, c'est une
bonne nouvelle. Ça termine très bien la période de questions. Merci.
• (10 h 50) •
Le Président :
Alors, cela met fin effectivement à la période de questions et de réponses
orales.
Motions sans préavis
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, puisqu'il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la
rubrique des motions sans préavis, et, en
fonction de nos règles et de l'ordre de présentation, je suis prête à
reconnaître un membre du groupe formant l'opposition officielle et je
vais céder la parole à M. le député de Verchères.
M.
Bergeron : Mme la Présidente, je sollicite le consentement
des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le
député de Deux-Montagnes, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale exprime sa vive déception suite à la décision rendue par
la Cour suprême à l'égard du
bilinguisme législatif qui donne le droit à l'Alberta et la Saskatchewan
d'édicter leurs lois et règlements uniquement en anglais;
«Qu'elle
rappelle que le Québec, dont la langue officielle est le français, a toujours
fait preuve du plus grand respect envers la minorité anglophone;
«Qu'elle
demande aux provinces canadiennes d'assurer l'accès aux documents officiels
en français, malgré cette décision.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député de
Verchères. Y a-t-il le consentement pour
débattre de cette motion?
M.
Sklavounos :
...et sur laquelle nous sommes entendus suite à une proposition qui a été
envoyée. Alors, on pourrait peut-être suspendre celle-là et revenir, mais il me
semble que ce n'est pas le même libellé.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, y a-t-il consentement pour...
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Écoutez, y a-t-il consentement? M. le leader du
gouvernement.
M.
Fournier : Le temps que mon collègue, suite à l'écoute, puisse
vérifier si elle correspondait à l'échange, qui va prendre quelques
secondes. Le but n'est pas de s'opposer, le but est de vérifier si l'échange
sur lequel il y avait un consentement
correspond à la lecture. Je présume que oui. Mais, à son écoute, il avait un
petit doute. Et plus je parle, plus je pense qu'il est en train de
terminer la lecture, ce qui va nous permettre de pouvoir conclure sur ce
dossier, Mme la Présidente. Et il approche et...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, est-ce qu'il y a un verdict?
Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion? M. le
leader.
M.
Fournier : ...la motion telle que produite, qui ne correspond
pas à celle lue, mais, sur celle qui est produite, on est d'accord.
Une voix :
...
M. Fournier :
Oui, on peut la remettre aussi tantôt, Mme la Présidente, pour le régler, oui,
sans doute.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, très bien. Nous allons
passer à la prochaine motion sans préavis et nous allons revenir sur cette motion du groupe formant l'opposition
officielle dans quelques minutes. Et, sans plus tarder, je vais céder la parole à un membre du groupe
formant la deuxième opposition et je cède la parole à Mme la députée de
Montarville.
Mme Roy
(Montarville) :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je demande le consentement pour déposer la
motion suivante conjointement avec le député de Mercier :
«Que l'Assemblée
nationale rappelle la motion du 2 octobre 2013 adoptée unanimement
par ses membres;
«Qu'elle
demande au gouvernement de présenter un projet de loi prolongeant le délai de
prescription prévu à la Loi électorale et
permettant au Directeur général des élections [...] de poursuivre pour les
infractions commises pendant toute la période couverte par la commission
Charbonneau;
«Que
l'Assemblée nationale demande aux partis politiques de s'engager formellement à
rembourser toutes les sommes [recueillies] illégalement pendant cette
même période.» Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la députée de Montarville. Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos :
...37 de la commission Charbonneau. Pas de consentement.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, il n'y a pas de consentement.
Et
maintenant nous allons passer à la prochaine motion sans préavis. Vous voulez revenir à la
première? Très bien. Alors, nous allons revenir à cette motion présentée
par M. le député de Verchères. Est-ce que vous la relisez?
Demander aux provinces canadiennes d'assurer l'accès aux documents
officiels en français malgré la décision de la Cour suprême
concernant l'Alberta et la Saskatchewan
M.
Bergeron : Mme la Présidente, je me suis laissé emporter par l'émotion, l'enthousiasme et je vois
que, du côté du gouvernement, on refrène l'enthousiasme.
Alors,
quoi qu'il en soit, Mme la Présidente, je sollicite le consentement des membres de
cette Assemblée afin de
présenter, conjointement avec le député de Deux-Montagnes, la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale exprime sa déception suite à la décision rendue par la
Cour suprême à l'égard du bilinguisme
législatif qui donne le droit à l'Alberta et à la Saskatchewan d'édicter leurs
lois et règlements uniquement en anglais;
«Qu'elle
rappelle que le Québec, dont la langue officielle est le français, a toujours
fait preuve du plus grand respect envers la minorité anglophone;
«Qu'elle
demande aux provinces canadiennes d'assurer l'accès aux documents officiels en
français, malgré cette décision.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député de
Verchères. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos :
Alors, sur ce libellé, Mme la Présidente, nous proposons l'adoption sans débat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Très bien. Alors, est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix :
Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté. Maintenant, nous allons
reconnaître un membre du groupe formant...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Drainville :
Je pense que ce serait une excellente idée que d'envoyer cette motion au
gouvernement de l'Alberta et au gouvernement de la Saskatchewan pour
qu'ils connaissent l'opinion unanime de cette Chambre.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, très bien. Alors, il y a
consentement pour faire parvenir cette motion aux deux entités qui ont
été nommées? M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Mme la Présidente, je crois qu'il serait utile
aussi, même si ça n'apparaît pas à première vue à nos collègues, que ça
soit aussi envoyé au Parlement fédéral, parce qu'il y a en ces matières une
possibilité de pouvoir favoriser justement
pour ces provinces, en toute autonomie, tel que la cour l'a reconnu... vous
savez que la cour a reconnu l'autonomie dans les juridictions des
provinces, ce qui est quand même pour le Québec aussi un élément important, mais qu'il y a lieu de l'envoyer à d'autres
Parlements qui pourront aider, justement, à ce que notre demande puisse être
réalisée. Merci à l'avance.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : C'est très bien, M. le leader. Ce
sera fait, ce sera fait. Nous allons passer maintenant à la prochaine motion sans préavis et je vais céder la parole
à un membre du groupe formant le gouvernement, et, Mme la ministre de la
Justice, la parole est à vous.
Souligner la Journée
internationale pour l'élimination
de la violence à l'égard des femmes et les Journées
d'action contre la violence faite aux femmes
Mme
Vallée : Alors, Mme la Présidente, je sollicite le consentement
de cette... de cette Assemblée, pardon, afin de présenter la motion suivante conjointement avec la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve, la députée de Montarville, le député de
Bourget, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques et la députée d'Arthabaska :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la Journée internationale pour l'élimination de la violence
à l'égard des femmes ainsi que les Journées d'action et de mobilisation contre
les violences faites aux femmes qui se tiennent du 25 novembre au 6 décembre[...];
«Qu'elle
dénonce la violence envers les femmes puisqu'elle constitue un abus de pouvoir
qui ne peut être toléré dans une société qui défend les valeurs de
justice et d'égalité;
«Qu'elle
salue le travail ainsi que l'implication des organismes, groupes de femmes et
de bénévoles qui luttent contre toute
forme de violence à l'égard des femmes, dont la violence conjugale,
l'exploitation sexuelle et les agressions sexuelles, et qui soutiennent
les personnes qui en sont victimes;
«[Enfin
que] l'Assemblée rappelle l'engagement du gouvernement dans la prévention et la lutte contre la violence
faite aux femmes, notamment avec la mise
en oeuvre des plans d'action en matière de violence conjugale et d'agression sexuelle.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la
ministre de la Justice. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos :
Oui, Mme la Présidente, effectivement il y a consentement pour débattre. Nous
proposons deux minutes par intervenant, à commencer par notre ministre
de la Justice et ministre responsable de la Condition féminine, l'auteure de la motion, par la suite
le député de Bourget, la députée de Montarville, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
et la députée d'Arthabaska, également qui prendra la parole sur cette motion,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, c'est très bien. Merci, M.
le leader adjoint du gouvernement. Je vais céder, sans plus tarder, la
parole à Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : Mme la Présidente, en 1999, l'Assemblée générale des
Nations unies a proclamé le 25 novembre Journée internationale pour
l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Au Québec, cette journée,
qui se tient aujourd'hui même, vient marquer
le début des 12 jours d'action et de mobilisation pour l'élimination de la
violence à l'égard des femmes.
En
2013, au Québec, près de 80 % des victimes d'infractions commises et
déclarées dans un contexte conjugal étaient
des femmes, et cette proportion passait à près de 83 % pour les
infractions sexuelles. Plusieurs autres formes de violence à l'égard des femmes s'ajoutent à
celles-ci, dont le harcèlement sexuel, la violence familiale et les violences
liées à l'exploitation sexuelle. La violence faite aux femmes, peu importe sa
forme, est inacceptable et ne peut être tolérée dans une société qui défend les valeurs de justice et
d'égalité. Pour arriver à éliminer la violence à l'égard des femmes, nous
devons travailler ensemble. Il ne s'agit pas
d'un problème qui concerne uniquement les femmes, mais bien l'ensemble
de la société. Il touche les personnes de tout âge, de toutes les origines et
de tous les milieux.
Nous devons assurer la protection et la sécurité
des victimes ainsi que la réponse à leurs besoins. En ce sens, nous devons dénoncer les actes dont nous sommes
témoins. J'ai confiance qu'en travaillant ensemble nous parviendrons à ce que
toutes les femmes puissent vivre en
sécurité. J'en profite d'ailleurs pour saluer le travail des organismes sur le
terrain, que ce soient ceux qui
accompagnent et soutiennent les victimes ou ceux qui interviennent auprès des
agresseurs et des personnes ayant des comportements violents.
Rappelons
que le 25 novembre 2014 l'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité une
motion visant à dénoncer la violence sexuelle. Cette motion prévoyait un
important exercice de consultation.
La Commission des
relations avec les citoyens a ainsi tenu des consultations particulières ainsi
qu'un forum itinérant de trois jours en
matière d'agression sexuelle. Au terme des rencontres, c'est plus de
100 participants et participantes qui
ont fait connaître leurs points de vue sur les façons de prévenir et contrer
cette forme de violence ainsi que sur les pistes de solution pour mieux
soutenir les personnes qui en sont victimes, et je tiens à les remercier.
Cet
exercice élargi de consultation découle de la volonté conjointe du gouvernement
et des partis d'opposition d'ouvrir
le débat au sein de la société québécoise. Aujourd'hui, Mme la Présidente, je veux,
par cette motion, interpeler l'ensemble
des députés de l'Assemblée nationale afin qu'ils acceptent d'unir leurs efforts
pour que, par leurs actions et leurs
engagements, le Québec devienne une société exempte de toute forme de violence
à l'égard des femmes. Merci.
• (11 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme la
ministre de la Justice. Et maintenant je vais céder la parole à M. le
député de Bourget.
M. Maka Kotto
M. Kotto :
Merci, Mme la Présidente, et merci à la députée d'Hochelaga, pour qui il était
impératif que les hommes prennent la parole en ces matières aussi. Voici
en guise d'hommage :
Elle
s'est réveillée un matin soudain de cette léthargie, de cette paralysie, de cet
ennui, de cette envie de rien... si,
de manger, elle avait faim. Elle s'est réveillée un matin soudain avec cette
force qu'elle ne soupçonnait pas qu'elle avait là, au creux des reins, et qui attendait, qui ne cherchait qu'à se
propulser enfin. Elle s'est réveillée un matin soudain avec cette envie nouvelle d'exister, de crier, de
chanter. Elle a crié, elle ne savait pas chanter. Elle aurait aimé chanter,
elle a crié. Et puis, peu à peu, elle s'est mise à parler.
Elle est
sortie de son nid, de son lit. Elle eut envie de parler au monde. Elle
cherchait à voir, à connaître, à toucher une main, à assouvir sa faim. Elle voulait voir à travers eux comme elle
avait été à travers elle-même au plus profond d'elle, là où elle avait failli rester, là où elle s'était
cramponnée parce qu'elle était bien, elle se sentait bien, dans cette bulle, ce
tout, ce rien. Elle en avait vu, des choses,
là-bas, tout là-bas, au bout d'elle-même. Elle avait rencontré des désirs, des
espoirs, des rêves. C'est après
qu'elle avait été mal. Après, jointe à l'autre, à la lucidité, à la déchirure.
Elle avait encore eu plus faim de ce
tout, de ce rien. Elle s'était bien dit qu'elle savait d'instinct qu'elle
allait remonter, que c'était un passage, un passage de rien, qu'une fois au fond on ne pouvait aller plus loin. Mais
elle n'en avait plus fini de descendre et de descendre, pensant chaque
fois que c'était la fin.
Elle avait
voulu les rencontrer, celles-là, toutes celles-là qui étaient comme elle, qui
n'en finissaient pas d'aller au bout
d'elles-mêmes. Aussi, elle en avait rencontré, et, ensemble, elles s'étaient
dit qu'il fallait tenir, que ce n'était rien, que ça allait passer, que rien n'est immobile, qu'un jour le ciel
s'éclaircirait, qu'en attendant il fallait tout se dire, et que tout sert à soi, aux autres, à l'unité, qu'un jour
ça repartirait, que de nouveau elle pourrait dire : Bonne journée, et la
vivre, cette journée, avec cette
vigueur nouvelle, nouvellement née, cette ardeur, cet enthousiasme qui les fait
avancer, qui, du moins, leur donne la sensation d'avancer dans la vie et
de la vivre, de l'accomplir, cette vie.
À cette vie,
elle lui demandait le salut, quand elle-même y croyait, quand elle s'efforçait
d'y croire alors qu'elle n'y croyait
plus. Elle l'appelait, elle l'attendait. Mais que c'était long, le temps! Tout
ce temps, déjà. Ça ne fait rien, se disait-elle. Ça ne compte pas, le
temps. Ça n'existe que parce qu'on attend.
C'est pour
tout cela qu'elle avait tenu. C'est pour tout cela qu'elle avait su que rien
jamais n'est fini, que les forces lui
étaient revenues et qu'elles lui redonnaient le goût d'elle-même, des autres,
de la vie. C'est pour tout cela qu'elle avait cru à sa vie, qu'elle en
devenait le vécu.
Cette
femme-là, c'est notre fille, c'est notre mère, notre soeur, notre voisine,
notre amie. C'est l'une d'entre nous ici. Ici, maintenant. Nous la
prenons par la main, la main qu'elle nous tend. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Bourget. Et maintenant je vais céder la parole à Mme la députée de Montarville.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy
(Montarville) :
Oui, merci, Mme la Présidente. Difficile de prendre la parole après ces mots et
ces paroles du député de Bourget. Je serai beaucoup moins poétique, mais
l'émotion est là. C'est aujourd'hui la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes
ainsi que les Journées d'action et de mobilisation contre la violence faite aux femmes, deux
occasions pour nous, une nouvelle fois, de nous remémorer le fléau, le fléau
que représentent ces violences pour nos sociétés.
Le 25 novembre, c'est donc l'occasion de nous
rappeler qu'ici et dans le reste du monde les victimes sont nombreuses. Les exemples de tragédie se
multiplient. Quand on nous dit qu'une femme sur trois est victime d'abus, nous
nous sentons tous concernés. Chez nous, la dure réalité des sévices subis par
les femmes s'étend également aux Premières Nations, aux nations
autochtones. D'ailleurs, à ce sujet, j'aurai l'opportunité de continuer, au
cours de la journée, nos travaux sur le mandat d'initiative sur les violences
et les agressions sexuelles subies par les femmes autochtones.
Alors, Mme la
Présidente, aujourd'hui même, nous serons dans l'action, en ces murs, pour
lutter contre ce fléau. J'en profite
également pour inviter les Québécoises et les Québécois qui nous écoutent à
suivre cet exemple et, à leur façon, à
agir, agir dans leur propre milieu de vie, ensemble, collectivement, pour
tenter, tenter d'éliminer la violence faite aux femmes. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Merci, Mme la députée de Montarville. Maintenant, je reconnais Mme la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, Mme la Présidente. Merci à Mme la ministre de nous
amener encore un deux minutes annuel pour
qu'on puisse se rappeler de l'importance du travail collectif qu'on a à faire
pour lutter contre toutes les formes de violence faite aux femmes. Ce qui est particulier au Québec, c'est que
le 25 novembre ne s'arrête pas le 25. Depuis quelques années, le mouvement autonome des femmes a trouvé
important... parce que ça ne changeait pas beaucoup d'inscrire la lutte à la discrimination et aux violences faites aux
femmes sur un continuum de 12 jours, qui nous mène au 6 décembre, date,
malheureusement, historique dans la tête et le coeur des Québécois et
Québécoises.
Ces 12
journées là sont des journées dites d'action et de mobilisation parce que, oui,
il faut agir, il faut agir à chaque instant,
il faut agir main dans la main avec l'autre moitié de l'humanité, c'est-à-dire
les hommes. Et merci, en passant, au magnifique
texte de mon frère de Bourget. Mais il faut agir aussi comme État, comme
gouvernement. Le premier acte qu'on
peut faire pour contrer les violences faites aux femmes, c'est de reconnaître
que l'égalité n'est pas atteinte et de reconnaître
qu'il existe... et ce n'est pas propre au Québec, c'est partout à travers la
planète qu'il existe une discrimination systémique envers les femmes. Cette
reconnaissance-là, il faut la faire parce que sinon, ça teinte tout le reste de
nos gestes, tout le reste de nos choix. Et, dans ce sens-là, on en
a beaucoup à faire : la politique, le plan d'action en matière d'agression
sexuelle, bientôt, la violence conjugale, bientôt, la
politique à l'égalité, d'ailleurs, qui pose son lot de défis en matière de
consultation.
Alors donc, je nous
invite, comme parlementaires, certes, avec la commission sur les conditions de
vie des femmes autochtones, mais aussi, de
façon plus large, de se rappeler qu'on a des responsabilités comme Assemblée,
que le gouvernement a des
responsabilités comme gouvernement — on attend toujours le registre des armes à
feu — et que
les mesures d'austérité ont un impact
particulier sur les femmes, et que, si on faisait une analyse différenciée
selon les sexes, ça nous sauterait à la face.
Alors,
oui, mettons-nous ensemble, mettons aussi nos moyens pour régler ces
situations-là. Merci, Mme la Présidente.
• (11 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Et je vais maintenant céder la parole à Mme la députée d'Arthabaska.
Mme Sylvie Roy
Mme
Roy (Arthabaska) : Mme la Présidente, je prends la parole en dernier. Je fais miennes
toutes les paroles qui ont été dites,
autant par la ministre que par mes collègues. Elles ont parlé au nom de
l'Assemblée, comme législateurs.
Je
veux amener un autre aspect. On a trop souvent l'impression que la violence
conjugale s'exprime lorsqu'il y a eu une
accusation au criminel, une dénonciation. Mais la violence conjugale commence
bien avant ça. Ça commence dans le
regard que l'on porte sur l'autre, un regard de propriété, un genre de... on
commence à faire perdre l'estime de la personne et elle devient comme
englutinée et incapable de se défendre.
J'ai tellement
représenté de femmes victimes de violence conjugale pour les amener à procéder à
un divorce sans accusation au criminel. J'ai tellement
constaté l'impuissance qu'on leur avait comme infusée à force de les déconsidérer. Nous, comme législateurs, nous avons
une responsabilité, mais, bien au-delà de toutes ces statistiques, bien au-delà de toutes ces
mesures législatives qu'on voudrait faire, chacun de nous devons être témoin de
ces gestes-là. C'est la première
façon d'endiguer le début de la spirale de la violence, parce que ça ne
commence pas par des coups ou des agressions
sexuelles, en sachant très bien que 80 % des agressions sexuelles sont
commises par des gens de notre entourage. Ça commence par un regard, et c'est déjà là qu'on doit détruire
cette chaîne, qui débute, de la violence. Je vous invite, chers
collègues, à intervenir dans tous ces cas. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la députée d'Arthabaska.
Mise aux voix
Alors, est-ce que
cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté. Maintenant, je vais vous
céder la parole à nouveau, Mme la députée d'Arthabaska, pour votre
motion sans préavis.
Condamner l'attentat terroriste survenu le 24 novembre
2015
à Tunis, en Tunisie, et offrir des condoléances aux
familles et aux proches des victimes
Mme
Roy (Arthabaska) : Je sollicite le consentement des membres de
l'Assemblée nationale pour déposer la motion
suivante conjointement avec la ministre des Relations internationales, le
député de Deux-Montagnes et la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques :
«Que
l'Assemblée nationale condamne avec force l'attentat terroriste survenu hier,
le 24 novembre, à Tunis, en Tunisie, faisant exploser l'autobus de la
garde présidentielle;
«Que
l'Assemblée nationale exprime ses plus sincères condoléances aux familles et
aux proches des victimes et que le temps leur permette de surmonter
cette terrible épreuve;
«Que
l'Assemblée nationale réitère son appui aux Tunisiens et qu'elle les encourage
à continuer dans la voie de la démocratie que la Tunisie a si bien
engagée.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la députée
d'Arthabaska. Je vais céder la parole à Mme la leader adjointe de
l'opposition officielle.
Mme
Maltais :
Mme la Présidente, écoutez, ma collègue d'Hochelaga-Maisonneuve était conjointe
sur cette motion, et je voudrais...
Une voix :
...
Mme
Maltais :
Si je me permets, il arrive régulièrement que les collègues, par inadvertance,
oublient que les gens sont conjoints,
et ensuite ça s'en va sur Facebook. Parce que, maintenant, avec
l'utilisation des médias sociaux, on utilise ça puis on ne voit pas l'accord de l'Assemblée
nationale. Alors, je vous demanderais d'être maintenant vigilants et vigilantes
sur cette particularité. Quand il y a des partis conjoints, il faut le dire.
Une voix : ...
Mme
Maltais :
D'accord.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : C'est très bien, ce sera noté, Mme
la leader adjointe du gouvernement... pardon, de l'opposition
officielle. Et maintenant je vais céder la parole à M. le leader adjoint du
gouvernement.
M.
Sklavounos : ...de
cette motion, Mme la Présidente, la motion de la députée d'Arthabaska.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Oui, c'est ça.
M.
Sklavounos : Oui.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : J'ai oublié de demander s'il y
avait consentement pour débattre de cette motion. M. le leader adjoint.
M.
Sklavounos : Merci. Nous nous sommes entendus pour une durée
de deux minutes par intervenant, à commencer par la députée
d'Arthabaska, qui est l'auteure de la motion, suivie de la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve, qui est conjointe,
effectivement, le député de Deux-Montagnes, par la suite, la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques
sur cette motion également et, finalement, notre ministre des Relations
internationales, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le leader adjoint du gouvernement. Je vais
vous céder la parole à nouveau, Mme la députée d'Arthabaska.
Mme Sylvie Roy
Mme Roy
(Arthabaska) : Mme la Présidente, nous avons l'impression, ces
derniers jours, ces dernières semaines, que les attentats se suivent et se ressemblent. Ce qui nous guette,
c'est que ça devienne une routine, que ça ne devienne plus aussi grave une que l'autre, qu'on puisse les
qualifier, une de grave et l'autre de moins grave. Mais chacune doit être
qualifiée à sa juste mesure. Ces attentats
barbares, ces actes de haine doivent être condamnés par tous les peuples épris
de liberté et de démocratie. Ce n'est pas la
première fois que la Tunisie est éprouvée, autant à Sousse, où il y a eu 39 morts; dans une même année, il y a
eu aussi l'attentat du Bardo; et maintenant l'attentat de la garde présidentielle. Il faut
savoir, Mme la Présidente, que là on touche à un symbole important pour le
peuple tunisien, la garde présidentielle, près d'une artère principale
de Tunis, dans un quartier huppé de la ville. Toutes ces victimes ne sont que
des innocents qui ne demandaient qu'à vivre.
Je crois,
Mme la Présidente... on a l'impression que chacune de nos motions
sont symboliques, mais je pense que ce serait une erreur de ne pas les
faire parce qu'il faut se mobiliser comme peuple. Peut-être que c'est un tout
petit apport à la lutte au terrorisme que
nous faisons en déposant une motion, mais ce sera la contribution qu'on peut faire. Et, si elle peut aller plus loin, si elle peut
mobiliser les Québécois puis envoyer un message de solidarité à tous ces
peuples éprouvés, à ces familles chagrinées,
qu'elles puissent supporter leurs deuils, que le temps puisse apaiser leurs
souffrances, Mme la Présidente, nous aurons bien fait.
Je pense
que la peur ne doit pas ralentir nos efforts contre la lutte à ces actes
terroristes et que... comme le peuple tunisien, comme le peuple français,
déclarer que nous ne reculerons devant rien, malgré la monstruosité de ces
actes.
Mme la Présidente, je demande à tous mes collègues de se joindre à cette motion pour affirmer avec
vigueur notre désaveu de ces gestes épouvantables.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée d'Arthabaska. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Merci, Mme la Présidente. Alors, au nom de tous les collègues
de ma formation politique, je tiens d'abord à exprimer nos plus
sincères condoléances aux familles, aux proches des 19 victimes de l'attentat
horrible et odieux perpétré hier au Musée
national du Bardo, à Tunis. Je tiens aussi à exprimer notre profonde solidarité
au peuple tunisien et à tous nos concitoyens québécois d'origine tunisienne
qui vivent des heures très difficiles.
Encore une fois, ce sont l'horreur et la violence qui ont frappé, cette fois au coeur
d'un lieu hautement historique
et touristique. Cette deuxième attaque au musée du Bardo est inacceptable et
barbare, et nous devons chaque fois le dénoncer
haut et fort, car chaque fois qu'un acte terroriste est commis, que la démocratie
est attaquée, nous sommes toutes et
tous concernés et nous sommes toutes et tous affectés. Car cette nouvelle
attaque ne visait pas seulement les touristes et les Tunisiens; pour
reprendre les mots de l'organisme Human Rights Watch, elle visait aussi la société
tolérante et respectueuse des droits de l'homme que les Tunisiens essaient
d'édifier depuis quatre ans.
Ainsi,
face à la terreur qui cherche à faire vaciller la flamme de la démocratie,
nous devons répondre par la solidarité. Nous devons tous montrer, à
travers nos réponses, que notre attachement à l'État de droit est inébranlable.
Merci.
• (11 h 20) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve, et je cède la
parole à M. le député de Deux-Montagnes.
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci, Mme la Présidente. Un autre jour, un autre attentat; c'est le
triste constat que nous impose encore
aujourd'hui l'actualité internationale. Je joins ma
voix à celle de tous les mes collègue en
cette Chambre pour offrir mon
soutien et mes pensées aux victimes de l'attentat de Tunis et à leurs proches.
À Tunis,
encore hier, c'est la démocratie qui fut attaquée, comme à Sousse, en juin
dernier, et comme au musée de Bardo
au mois de mars dernier. Parce que, depuis le printemps arabe, le monde regarde la
Tunisie avec espoir — parce que c'est d'espoir dont il est
question — et,
en cette matière, la Tunisie est un phare. La Tunisie, c'est l'espoir qu'un
peuple, par sa seule volonté
populaire, son courage et sa détermination, peut s'opposer à la dictature et
rebâtir les fondements de sa société sur des valeurs de liberté et de démocratie.
Voilà ce sur quoi s'acharnent les barbares et promoteurs de l'obscurantisme. En s'attaquant à Tunis et à la
Tunisie, ceux-là veulent tuer l'espoir du monde en la possibilité pour les peuples d'aspirer à la liberté et à la démocratie.
Mais, aujourd'hui encore, la Tunisie se tient debout. L'histoire lui fait porter le poids
des espoirs du monde. C'est une
lourde tâche pour ce peuple courageux. Tenons-nous debout à leurs côtés en
ces jours sombres et, contre ceux qui veulent nous imposer l'obscurité,
faisons en sorte que, de Paris à Tunis, en passant par Bamako jusqu'au Québec,
la solidarité entre les peuples soit source de lumière. Comme la Tunisie nous
l'enseigne encore ce matin, contre la peur, proposons l'espoir. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Deux-Montagnes, et je vais céder la parole à Mme la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, Mme la Présidente. Alors, ma formation politique joint la
voix à l'ensemble de nos collègues pour
dire au peuple tunisien, aux familles touchées, au peuple tunisien qui habite
ici sur le territoire québécois comment nous
sommes solidaires, touchés, proches d'eux et elles, et comment on les enveloppe
d'un voile de tendresse et d'amour parce que ça doit être très dur de
vivre ça comme... peu importe où on habite, de vivre ça dans notre quotidien.
Malheureusement,
certains l'ont soulevé, on se lève, semaine après semaine, pour déplorer
comment un certain nombre d'attitudes de ce groupe, le DAESH, qui
semblent se répandre comme traînée de poudre. Ça nous impose un devoir de comprendre, un devoir d'analyse, un
devoir de qu'est-ce qu'il y a, bien sûr, d'agir et réagir, mais aussi et
surtout comprendre, comprendre
comment est né ce groupe, comprendre d'où il tire son financement, comprendre
de comment les attaques... comment en
fait les bombardements et la réaction guerrière n'est peut-être pas la solution
puisqu'elle attise une haine qui malheureusement ne peut pas faire
partie des fondements de toute relation humaine.
Alors, opposons, comme plusieurs l'ont dit, à
ces attitudes les sociétés de droit. Opposons à ces attitudes des gestes d'amour. Opposons à ces attitudes notre
intelligence et notre capacité de comprendre quels sont les réels enjeux
derrière tout ça. Et, Mme la Présidente, je terminerais en disant que ce devoir de comprendre, il est difficile
parce qu'il impose qu'on se
regarde nous-mêmes, et, dans ce sens-là, je pense qu'il faut, avec dignité et
humilité, répondre à cet objectif : comprendre. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, merci, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Et, maintenant, je
vais céder la parole à Mme la ministre des Relations internationales.
Mme Christine St-Pierre
Mme
St-Pierre :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je remercie ma collègue d'Arthabaska pour la
présentation de cette motion. Nous
avons été horrifiés hier en apprenant que la Tunisie avait encore une fois été
la cible de terroristes. Un nouvel
attentat, revendiqué par DAESH, a eu lieu à Tunis, cette fois contre la garde
présidentielle, entraînant le décès de
plusieurs personnes et en blessant plusieurs autres. Nos pensées vont avec les
familles et les amis des victimes et des blessés. Nos pensées sont avec la Tunisie alors que l'état d'urgence, qui avait été levé le mois dernier, a été à
nouveau décrété et un couvre-feu a
été mis en place. Les Tunisiens, une fois de plus, en l'espace de quelques
mois, devront faire preuve de courage et de persévérance face à ces
actes d'une terrible violence.
Le gouvernement du Québec est aux côtés du gouvernement tunisien dans sa lutte contre le terrorisme et
nous saluons les efforts pour
consolider et renforcer la démocratie au sein du pays. L'Assemblée nationale a souligné
et condamné fermement, dans les
derniers jours, plusieurs des terribles attentats qui ont causé la mort et
fait de nombreuses victimes innocentes. Il nous faut unifier nos voix et
dénoncer vivement ces acteurs de terreur.
La
francophonie, dans son ensemble, a été touchée durement au cours des dernières
semaines alors que plusieurs de ses membres ont été ciblés directement. C'est toute la grande famille de la francophonie qui a ainsi été
attaquée. Permettez-moi également,
Mme la Présidente, de souligner l'unité avec laquelle l'Assemblée nationale a décrié les actes de terrorisme qui sévissent dans les différentes
régions du monde. Plus que jamais il nous faut poursuivre nos efforts et notre
engagement en faveur de la paix, de la solidarité et de la démocratie.
Je terminerai en renouvelant l'expression de nos
plus sincères condoléances aux familles et aux proches des victimes. Je vous
remercie.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la
ministre des Relations internationales. Et, dans les circonstances, je
vais vous inviter à vous lever et à...
Une voix : ...
Mise aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Pardon? Oui, il faut demander
d'abord si cette motion est adoptée.
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Et, dans les circonstances, je vous invite à vous joindre à moi pour
que nous puissions observer une minute de silence à la mémoire des victimes.
• (11 h 25
—
11 h 26)
•
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, je vous remercie.
Maintenant,
nous en sommes toujours à la rubrique des motions sans préavis, et, M. le député de Mercier, vous avez une motion à présenter. Alors, puisque
votre...
M. Khadir : ...pour une
deuxième motion de la part d'un député indépendant.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Tout à fait. Alors, je demande aux
membres de la Chambre... On me dit qu'il n'y a pas de consentement.
Alors, c'est très bien.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Il n'y a pas de consentement.
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : M. le député de Mercier, vous
savez, c'est la prérogative de chaque formation politique de donner son
consentement ou pas. Il n'y a pas de consentement. Alors, nous allons passer à
la prochaine motion sans préavis, et je vais céder la parole à M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : ...je vais vous demander le consentement, je veux juste clarifier. Lorsque nous demandant, au niveau du parti
ministériel, le consentement pour une deuxième motion, c'est pour organiser nos
travaux de consultation sur des
projets de loi, ce n'est pas afin de faire une deuxième... c'est pour faire
fonctionner l'Assemblée. Alors, c'est pour cette raison-là qu'il faut...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, écoutez, là, il n'y aura pas
de débat concernant le consentement ou pas de la motion. Maintenant, si
vous avez une autre motion sans préavis à présenter, nous avons à demander le
consentement pour déroger de l'article 84.1 de notre règlement. Y a-t-il
consentement pour permettre à...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Pardon?
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, y a-t-il consentement on non
pour la lecture d'une autre motion par le groupe formant le
gouvernement?
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Un instant! Un instant! Là, je suis
debout, là, je vais vous demander de
vous asseoir. Alors, on vient de me signifier qu'on pourrait suspendre quelques
instants, l'histoire que vous pouviez vous... échanger en vue de la
présentation de cette motion.
Je suspends quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 28)
(Reprise
à 11 h 33)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, nous allons maintenant reprendre nos travaux. Nous en étions à la
rubrique des motions sans préavis, et je vais céder la parole à M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de cette
Assemblée afin de présenter une deuxième motion mais au sujet du projet
de loi n° 70, sur la tenue des consultations particulières. Je sollicite
le consentement de la Chambre.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, très, très bien. Alors, je demande s'il y a consentement pour déroger de l'article 84.1.
Des voix :
Consentement.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Il y a consentement. Alors, vous pouvez procéder, M. le leader
adjoint du gouvernement.
Procéder à des consultations particulières
sur le projet de loi n° 70
M.
Sklavounos :
Alors, je remercie les collègues pour ce consentement, Mme la Présidente. Je
fais motion, conformément à l'article 146 du règlement de l'Assemblée
nationale, afin :
«Que la Commission de
l'économie et du travail, dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 70,
Loi visant à permettre une meilleure
adéquation entre la formation et l'emploi ainsi qu'à favoriser l'intégration en
emploi, procède à des consultations particulières et tienne des
auditions publiques les 27, 28 et 29 janvier 2016 ainsi que le
2 février 2016, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
«Qu'à
cette fin, la commission entende les organismes suivants : le
Collectif pour un Québec sans pauvreté, la Fédération des chambres de commerce du Québec, l'association
des manufacturiers [...] exportateurs du Québec, la Centrale des
syndicats démocratiques, le Front commun des personnes assistées sociales, le Conseil
du patronat du Québec, la fédération
canadienne des entreprises indépendantes, la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec, la Confédération
des syndicats nationaux, le Comité consultatif de lutte contre la pauvreté et
l'exclusion sociale, le Protecteur du
citoyen, la Commission des partenaires du marché du travail, la commission des
droits de la personne et de la jeunesse, le Regroupement québécois des organismes pour le développement de
l'employabilité, la Fédération des cégeps, la Fédération des commissions scolaires du Québec, la Coalition
des organismes communautaires pour le développement de la main-d'oeuvre, le Réseau des services spécialisés
de main-d'oeuvre, l'Office des personnes handicapées du Québec, le réseau des organismes spécialisés pour l'emploi
des personnes handicapées, le Collectif des entreprises d'insertion du Québec, le Conseil du statut de la femme, la Table
de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, le Réseau des carrefours
jeunesse-emploi du Québec, l'organisme Force Jeunesse, le Regroupement des
organismes communautaires autonomes jeunesse du Québec;
«Qu'une
période de 12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires,
répartie de la manière suivante : 6 minutes
au groupe parlementaire formant le gouvernement, 3 minutes
30 secondes au groupe parlementaire formant l'opposition officielle
et 2 minutes 30 secondes au deuxième groupe d'opposition;
«Que
la durée maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et
l'échange avec les membres de la
commission soit d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
17 minutes 30 secondes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement, 10 minutes 30 secondes pour
l'opposition officielle et 7 minutes pour le deuxième groupe
d'opposition;
«Que le ministre du
Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale soit membre de ladite
commission pour la durée du mandat.» Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, très bien, M. le leader adjoint du
gouvernement. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, adopté... Est-ce que cette...
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : C'est ça, sans débat.
Mise aux voix
Alors, est-ce que
cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : Adopté. C'est très bien.
Avis touchant les
travaux des commissions
Nous allons
maintenant passer à la rubrique des avis touchant les travaux des commissions,
et je vais céder la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Merci, Mme la Présidente. J'avise cette Assemblée que la Commission de
l'économie et du travail entreprendra
l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 71, Loi portant sur le
règlement de certains différends dans le secteur de l'automobile de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures, à
la salle Louis-Joseph-Papineau, poursuivra de 15 heures à 18 heures,
à la salle des Premiers-Ministres — 1.38 — de l'édifice Pamphile-Le May, et
de 19 h 30 à 22 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission
des transports et de l'environnement entreprendra les consultations
particulières à l'égard du projet de
loi n° 76, Loi modifiant l'organisation et la gouvernance du transport
collectif dans la région métropolitaine de Montréal, aujourd'hui, dès maintenant pour une durée de
1 h 15 min, poursuivra de 15 heures à 18 heures et de
19 h 30 à 21 h 30, à la salle du Conseil législatif;
La Commission
des institutions, quant à elle, entreprendra l'étude détaillée à l'égard du
projet de loi n° 78, Loi encadrant
l'octroi des allocations de transition aux députés qui démissionnent en cours
de mandat, aujourd'hui, de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
Cette même commission, la Commission des
institutions, poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 59, Loi édictant la Loi concernant la
prévention et la lutte contre les discours haineux et les discours incitant à
la violence et apportant diverses modifications législatives pour
renforcer la protection des personnes, aujourd'hui, de 20 h 30 à
22 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine; et finalement
La Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
poursuivra l'étude détaillée à l'égard
du projet de loi n° 54, Loi visant l'amélioration de la situation
juridique de l'animal, aujourd'hui, de 15 heures à 18 heures, à la salle de l'Assemblée
nationale, et de 19 h 30 à 22 h 30, à la salle des
Premiers-Ministres — 1.38 — de l'édifice Pamphile-Le May.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le leader adjoint du
gouvernement. Maintenant, pour ma part,
je vous avise que la Commission des relations avec les citoyens poursuivra ses
consultations particulières dans le cadre
du mandat d'initiative portant sur les conditions de vie des femmes autochtones
en lien avec les agressions sexuelles et
la violence conjugale aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
12 h 30 et de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Affaires du jour
Maintenant,
la période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour, et je vais céder la parole à M. le leader adjoint
du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Merci de nouveau, Mme la Présidente. Auriez-vous l'amabilité d'appeler
l'article 22 de notre feuilleton, s'il vous plaît?
Projet de loi
n° 44
Adoption
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, très bien. À
l'article 22 du feuilleton, Mme la ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse
et à la Santé publique propose l'adoption du projet de loi n° 44, Loi
visant à renforcer la lutte contre le tabagisme. Et, sans plus tarder,
je vous cède la parole, Mme la ministre déléguée à la Réadaptation, à la
Protection de la jeunesse et à la Santé publique.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, ce matin, je suis emballée de
présenter la version finale du projet
de loi n° 44, Loi visant à renforcer la lutte contre le tabagisme, en vue
de son adoption finale. Ce projet de
loi contient des mesures ambitieuses reconnues par tous les milieux et qui
permettront au Québec de prendre sa place comme leader mondial dans la
lutte au tabagisme, Mme la Présidente. Ce n'est pas rien.
• (11 h 40) •
Au cours des dernières décennies, des gains
importants ont été réalisés en matière de lutte au tabagisme, et la prévalence du tabagisme a chuté de manière
considérable depuis l'adoption de la loi... la première loi, en fait, en 1998.
Elle est passée de 35 % à tout près de
20 %. Malheureusement, le Québec se situe au-dessus de la moyenne
canadienne en matière de tabagisme, mais nous avons fait davantage de
progrès que la majorité des autres provinces.
Si la
réduction du tabagisme a connu un rythme plus lent au cours des dernières
années, la norme sociale, elle, Mme
la Présidente, a continué d'évoluer en faveur du non-tabagisme, notamment en
dénormalisant l'usage du tabac, cela en grande partie attribuable aux mesures adoptées
lors de la dernière révision de la loi, en 2005, réalisée par notre actuel
premier ministre, qui a entraîné d'importants changements d'habitudes et de
mentalités au sein de la population.
De
fait, les multiples restrictions d'usage et la promotion des effets néfastes du
tabac ont contribué à marginaliser de
plus en plus l'utilisation du tabac. Le renforcement de la loi représente la
pierre angulaire de la stratégie d'action contre la lutte au tabagisme. Il faut savoir, Mme la Présidente, qu'on a fait
des progrès. Le fait est qu'on a encore beaucoup de chemin à faire. Nous devons mentionner que le
Québec compte encore plus de 1,4 million de fumeurs. Le constat est
clair : le tabac continue
d'affecter encore le bien-être et la qualité de vie d'un trop grand nombre de
Québécois. Les produits du tabac
créent une dépendance et ils font souffrir ceux qui les consomment ainsi que
leur entourage. Nos données sont claires et sans ambiguïté à ce sujet.
Malgré
des gains importants chez nos élèves du secondaire, c'est encore près du quart
des finissants qui consomment des
produits du tabac. Les jeunes adultes, qui constituent notre force vive au
Québec et qui sont en émergence, évidemment,
sont tristement ceux qui fument le plus. Encore aujourd'hui, un peu plus de
30 % des 20 à 24 ans fument. Cette
situation est tout à fait inacceptable. En plus, le tabagisme chez les jeunes,
Mme la Présidente, et les jeunes adultes ne se limite plus à la consommation de cigarettes traditionnelles. Il y
a des nouveaux phénomènes de consommation qui sont venus changer la donne, tels que les produits du tabac aromatisés,
la cigarette électronique, qui sont des exemples très concrets. Il importait d'adresser ces nouveaux phénomènes dans la
révision législative et c'est maintenant chose faite.
Ai-je besoin de
rappeler les conséquences néfastes de la consommation des produits du tabac? On
va le faire quand même, Mme la Présidente.
Le tabagisme affecte presque tous les organes du corps humain, tous les organes
du corps humain. On pense toujours
que c'est seulement les poumons, mais non, tous les organes du corps humain. Il
cause de nombreuses maladies et affaiblit la santé des citoyens. Il faut
savoir que la fumée secondaire, Mme la Présidente, tenez-vous bien, contient plus de 7 000 substances chimiques,
dont 69 cancérigènes. Ce n'est pas peu dire. Les risques du tabac
pour la santé sont donc très sérieux et scientifiquement démontrés.
Compte
tenu de la situation et de l'évolution du portrait du tabagisme, une action
déterminante s'imposait. Bien sûr, nous disposons de nombreux leviers pour
intervenir. Nous soutenons la réalisation de campagnes de sensibilisation
et d'éducation. Nous offrons des services
pour aider les fumeurs à abandonner le tabac. Nous faisons également de nombreuses interventions visant à prévenir
l'initiation au tabagisme et protéger la population de la fumée du tabac. Nos
interventions sont efficaces, mais, pour
aller encore plus loin, le renforcement de la loi était impératif, et c'est
pourquoi nous avons déposé le projet de loi n° 44 le 5 mai
dernier.
Rappelons
donc les trois grands objectifs de ce projet de loi. Le premier, c'est protéger
la jeunesse québécoise des risques du
tabagisme et prévenir l'initiation à l'usage de ces produits, le deuxième,
mieux former les... mieux protéger plutôt — excusez-moi, Mme la Présidente — mieux protéger les non-fumeurs de la fumée
du tabac, et finalement motiver l'abandon du tabagisme. Les meilleures
pratiques et principes édictés dans la Convention-cadre de l'OMS — qui
est l'Organisation mondiale de la
santé — pour la
lutte antitabac ont orienté les mesures incluses dans ce projet, et il ne fait
aucun doute que leur mise en place va engendrer la réalisation des objectifs de
ceux-ci.
Ces mesures
d'envergure, Mme la Présidente, ont fait l'objet de la plus importante
consultation particulière depuis l'avènement
de la Loi sur le tabac : pas moins de 36 groupes ou experts ont été
entendus, quelque 60 mémoires ont
été acheminés. Je vais aussi... Je tiens également à souligner tout le travail
qui a été accompli durant l'étude détaillée, qui a été la plus longue de
l'histoire au sujet de la législation antitabac. Nos échanges ont été
constructifs et ils ont permis d'améliorer
de manière notable le projet de loi. La collaboration de tous les parlementaires se doit d'être
saluée, puisqu'au coeur de notre travail nous avons partagé une
volonté commune, soit celle d'assurer un avenir sans tabac à tous les Québécois
ainsi qu'aux générations futures.
Ici,
je vais prendre quelques instants, Mme la Présidente, pour remercier mes
collègues députés du gouvernement sur
qui j'ai pu compter à tous les instants, mon adjointe parlementaire,
évidemment. Et je veux aussi saluer le travail des députés des oppositions,
des deux oppositions, sur qui j'ai pu compter pour améliorer et bonifier le
projet de loi, nos fonctionnaires du
ministère de la Santé et les représentants de la santé publique, les juristes,
le président de la commission, évidemment,
et le personnel de l'Assemblée qui nous ont permis de bien accomplir notre
travail. La révision de la Loi sur le
tabac était attendue, et je crois que son contenu final, bonifié au cours des
travaux, répond aux attentes de la population et de la grande majorité
des groupes que nous avons entendus, qui se sont exprimés lors des
consultations.
Le
projet de loi, lors de son dépôt, prévoyait déjà plusieurs mesures ambitieuses,
que vous allez me permettre de vous
rappeler. Il y avait tout d'abord de nouvelles restrictions d'usage majeures
qui interdisaient, entre autres, de fumer dans les automobiles en présence de mineurs de moins de 16 ans.
Vous savez pourquoi on a mis ça, Mme la Présidente? Je le rappelle, je l'ai dit
hier, je vais le rappeler : Rappelons-nous que le métabolisme des jeunes
enfants est de beaucoup plus rapide
et accéléré que le métabolisme d'un adulte. Et, vous savez quoi, dans une
voiture, la fumée secondaire de tabac représente
27 fois plus de fumée secondaire que dans toute autre pièce. Alors,
imaginez un jeune enfant dans une voiture, qui est là, assis dans son siège, à fumer plus rapidement... à respirer
plus rapidement que la moyenne des individus, et il y a 27 fois plus de substances, que je vous ai
énumérées tantôt, 7 000 produits chimiques, 69 cancérigènes, il
entre tout ça dans son petit corps. Alors, il était important que nous
ajoutions cette restriction.
Nous
avons également ajouté l'interdiction de fumer dans les aires communes
d'immeubles à deux logements et plus.
Nous avons aussi ajouté l'interdiction de fumer dans un rayon de
neuf mètres des portes des édifices qui accueillent le public et
sur les terrasses commerciales.
Le projet de loi
prévoyait aussi une mesure-phare pour réduire l'attrait des produits auprès des
jeunes. Alors, l'interdiction des saveurs
dans tous les produits du tabac, incluant le menthol, est dans le projet de
loi. Cette mesure est particulièrement importante, puisque nous savons
que 26 % des jeunes consomment de ces produits du menthol. Les produits de
tabac aromatisés sont une manière d'attirer les jeunes et de les initier au
tabagisme, et il était de notre responsabilité de les interdire.
Le
projet de loi, lors de son dépôt, abordait également l'encadrement de la
cigarette électronique. Et, vous savez, Mme la Présidente, il s'agit d'un phénomène nouveau auquel nous sommes
confrontés. Nous avons donc été guidés par la précaution afin que les mesures déposées reflètent la réalité actuelle.
Aussi, le rehaussement de l'ensemble des amendes pour augmenter le caractère dissuasif de la loi ainsi que les nouvelles
mesures pour en faciliter l'application étaient inclus lors du dépôt du projet de loi. Il ajoutait
également, le projet de loi, d'autres mesures importantes telles que
l'interdiction d'acheter du tabac
pour un mineur et l'abolition des clauses obligeant le Québec à harmoniser ses
normes sur les emballages et la composition des produits avec celles
édictées par le gouvernement fédéral.
• (11 h 50) •
Soucieux de
mieux protéger la population et particulièrement les personnes vulnérables,
nous avons écouté les groupes et
collaboré avec les partis de l'opposition, je le disais un peu plus tôt, pour
apporter plusieurs amendements à ce projet
déjà ambitieux. Ont donc été ajoutées, Mme la Présidente, autant par la partie gouvernementale
que les partis de l'opposition — je ne vais pas vous spécifier qui a porté
les amendements, mais il y en a eu de toutes parts — l'interdiction de fumer en tout temps sur les terrains des
centres de la petite enfance, des garderies, des établissements d'enseignement
jusqu'au niveau secondaire, incluant les
centres de formation aux adultes et de formation professionnelle. Et, je le
répète, c'est une interdiction qui
sera là en tout temps, 24 sur 24, sept sur sept. Il y a aussi l'ajout d'interdiction
de fumer dans les aires de jeu
extérieures pour les enfants et les terrains sportifs, tel qu'il a été réclamé
par 200 municipalités québécoises, Mme la Présidente, c'est donc
vous dire qu'on a été au diapason de la demande de la population.
D'autres
ajouts, une réduction du pourcentage
maximal de chambres où il est permis de fumer dans les établissements du réseau de la santé et dans les établissements d'hébergement touristique et les pourvoiries, les faisant passer de 40 % à 20 %. Et soyez assurée, Mme la Présidente, que nous avons
vérifié auprès des centres d'hébergement touristique, nous sommes entrés
en contact avec eux, et c'est tout à fait le reflet... même qu'il y a plusieurs
centres d'hébergement qui n'offrent même plus d'espace fumeurs, et ça reflète
effectivement la réalité tabagique actuelle.
Une extension
de l'interdiction de fumer dans un rayon de neuf mètres des portes d'accès des
édifices accueillant le public, aux
fenêtres qui s'ouvrent et aux prises d'air. Nous avons aussi ajouté cela parce
que la fumée s'infiltre partout, Mme
la Présidente, et entre à l'intérieur par les voies, que je viens de vous
mentionner, les fenêtres, les prises d'air, etc.
Également,
une obligation pour les établissements du réseau de la santé et des services
sociaux et pour les établissements postsecondaires
de se doter, les établissements d'enseignement évidemment, de se doter d'une
politique concernant la lutte contre le tabagisme pour la création d'un
environnement sans fumée. Ces établissements tendront ainsi vers des environnements sans fumée tout en évoluant à un
rythme qui respecte les réalités de certains milieux particuliers. De plus,
le gouvernement aura également un pouvoir
réglementaire permettant d'identifier des lieux sans fumée pour nous permettre
d'évoluer plus rapidement lorsque des problèmes particuliers émergeront.
Concernant
l'encadrement de la cigarette électronique, l'approche de précaution a été
soutenue par la très grande majorité des intervenants qui sont venus en
commission ou qui nous ont adressé des mémoires. Un assouplissement permettant aux points de vente spécialisés de
cigarettes électroniques d'étaler leurs produits a été ajouté à la lumière des
informations entendues lors des
consultations. Parce qu'ils nous ont expliqué, les détaillants de boutiques
spécialisées des cigarettes
électroniques, qu'il fallait qu'ils expliquent les différences entre les
différents produits, mais aussi expliquer comment l'utiliser pour en venir à une cessation tabagique, parce que ça
peut paraître simple, mais ce n'est pas si simple que ça. Alors, nous avons opté... pour permettre à
ces personnes qui font l'acquisition de ces cigarettes électroniques là
d'avoir toutes les informations nécessaires.
Et cet
assouplissement était assorti, par exemple, de conditions très strictes pour
éviter notamment l'accès et la visibilité
des produits par les mineurs et de l'extérieur. Alors, tout ça est rendu
possible mais à l'intérieur, non visible de l'extérieur, non accessible
aux mineurs. Les mineurs n'auront pas accès aux boutiques spécialisées.
Il s'est
aussi révélé pertinent d'interdire l'utilisation des éléments de marque de
produit du tabac sur les cigarettes électroniques,
parce qu'on a constaté que les compagnies de tabac commencent à faire
l'acquisition de compagnies de cigarettes électroniques. Donc, il n'est
pas possible de mettre leurs marques de tabac sur les produits de cigarettes électroniques. Comme vous le savez peut-être, les
compagnies de tabac s'étaient déjà lancées dans le marché, comme je le
disais, et il ne fallait pas permettre cette promotion croisée.
Globalement, le projet de loi tient donc compte
du potentiel de la cigarette électronique mais également des risques qu'elle peut
représenter.
Par ailleurs,
les mesures visant à faciliter l'application de la loi et en augmenter le
caractère dissuasif ont aussi occupé
une part importante de nos échanges. Nous avons eu à discuter des
préoccupations des exploitants des commerces qui vendent du tabac ainsi que celles de d'autres exploitants inquiets
des conséquences du renforcement de la loi. Il était toutefois clair que la loi et particulièrement les
mesures prévues pour limiter l'accès à des jeunes aux produits du tabac
devaient demeurer des plus dissuasives. Des modifications ont toutefois été
apportées pour répondre à certaines préoccupations formulées, notamment une
reformulation de la présomption de tolérance de l'exploitant lorsqu'un individu fume dans un lieu où ce n'est pas permis.
Il y a l'ajout d'une obligation pour un acheteur de tabac, une personne souhaitant être admise dans un salon de cigares ou
dans un point de vente spécialisé de prouver qu'il est majeur, sur demande
de l'exploitant ou de son préposé, au moyen
d'une pièce d'identité avec photo. Ce n'était pas prévu à la loi précédemment.
Un
assouplissement pour la sanction de suspension du droit de vendre du tabac ne
sera dorénavant imposé qu'à partir
d'une deuxième infraction de vente aux mineurs, et non dès la première. Donc,
les détaillants conservent l'entière responsabilité
de ne pas vendre de tabac aux mineurs, mais ils auront la chance de se
reprendre. Ce qui était prévu dans la
loi initiale, c'est que, dès la première infraction, il y avait une suspension
d'un mois de vente de produits du tabac. Nous avons enlevé cette
suspension parce que nous avons augmenté les amendes. Et nous avons par
ailleurs augmenté les amendes mais rétréci le plafond, mais je veux dire aux
gens que, malgré l'augmentation des amendes, ils pourront se reprendre et ne pas perdre leur clientèle. C'est à
eux de faire le nécessaire pour ne pas qu'il arrive une deuxième infraction.
Finalement, les amendes ont été augmentées pour garder le caractère dissuasif,
pour les détaillants, et les augmentations, comme je vous le disais,
sont moins prévues qu'initialement... sont moins élevées qu'initialement il
était prévu.
Nous avons par ailleurs ajouté différentes mesures étant apparues comme nécessaires à la suite
des témoignages rendus lors du processus
de consultation. L'affichage de la mise en garde, Mme la Présidente, variable du... L'affichage de
la mise en garde sur les paquets, sur la nocivité du tabac selon les types de
points de vente. Il y aura cette avenue-là, notamment pour informer les
clients des salons de chicha de la grande nocivité du produit, nocivité qu'ils
sous-estiment, parce qu'on a appris
que fumer de la chicha, ça équivalait à fumer 200 cigarettes, dans
certains cas. Alors, vous comprendrez qu'on va demander à ceux qui ont
des salons de chicha d'afficher une mise en garde.
Une
interdiction pour un fabricant ou un distributeur d'offrir à un détaillant des
ristournes, des gratifications ou des
avantages liés à la vente d'un produit du tabac, une pratique dont plusieurs
détaillants se sont plaints lors des consultations particulières. J'en
ai été fort étonnée que les détaillants se plaignent de cela, parce qu'on a
compris que certains détaillants jouaient
avec le prix de leurs produits à cause de ces ristournes et gratifications là.
Il y a aussi... il s'agit d'une
mesure, là, qu'aucune province canadienne n'avait mise en application à ce
jour, et je soupçonne qu'il y en aura d'autres qui nous imiteront, Mme
la Présidente.
Ont
finalement été ajoutés au projet de loi un encadrement de la promotion pouvant
être faite aux détaillants et à leurs
employés et, une mesure dont je suis très, très fière, Mme la Présidente,
l'imposition d'exigences relatives à la visibilité de la mise en garde de santé sur les emballages de
cigarettes, des petits paquets, une surface d'une superficie minimale de
4 648 millimètres carrés. Et là,
Mme la Présidente, j'ai pris la liberté de vous apporter ce que ça va
représenter, ici, pour le bien de nos citoyens mais aussi pour le vôtre et
ceux de mes collègues. Le 4 648 millimètres carrés représente toute
cette surface-là sur le paquet, qui sera constitué de seulement la mise en
garde. Alors, vous comprendrez que les fumeurs vont devoir avoir ça toujours à
leurs visages. Et il y a aussi une interdiction que la zone d'application de la
mise en garde puisse être retirée du
paquet. Alors, les petits coffrets par-dessus puis toutes les petites affaires
qui faisaient en sorte qu'on ne voyait
plus la mise en garde, c'est terminé, terminé. On va avoir maintenant des
paquets avec une mise en garde respectable, et je vous dirai que c'est la plus grande mise en garde en Amérique du
Nord, si ce n'est pas dans le monde.
Il y a aussi
une interdiction, Mme la Présidente, de changer le volume intérieur des paquets
par autre chose que les produits
eux-mêmes. Je vous explique pourquoi : parce qu'il y a des beaux petits
paquets qui sont actuellement sur le
marché, qui ont l'air des petits rouges à lèvres, qui sont tout «cute» pour les
jeunes filles, il y a des belles petites cigarettes «slim» là-dedans. Je n'en ai pas apporté parce que
je ne veux pas tenter le diable, mais, dans tous ces petits paquets là, c'est ce qui attire les jeunes. Et nous avons dit
qu'il n'y aurait plus ça à cause... Vous vous souvenez de la mise en garde,
il ne sera plus possible d'avoir ces petits
paquets là parce que ça prend une étiquette de ce format-là. Alors, les petits
paquets, c'est terminé aussi.
Mais on a su,
ailleurs, que les fabricants ont mis des produits à l'intérieur, genre
styromousse, pour combler le paquet
pour continuer à vendre leurs petites cigarettes «slim». Bien, ils ne pourront
plus, ils ne pourront pas altérer la forme du paquet, ils vont devoir remplir le paquet de petites cigarettes. Il
va être tellement dispendieux que les jeunes n'auront pas le goût d'en acheter, ils vont être trop
chers. Alors, nous travaillons à faire en sorte que les jeunes... Non seulement
le paquet ne sera plus sexy, mais en plus il
va coûter les yeux de la tête, alors vous comprenez, Mme la Présidente, que
ça ne sera pas tentant pantoute.
Alors, cette
dernière mesure, c'est une avancée importante dans la lutte contre le tabac, et
je vous le disais, même au niveau mondial. La population québécoise va
bénéficier de l'information sur les mises en garde et sur les produits
consommés, ça va être beaucoup plus visible et lisible, et c'était essentiel.
• (12 heures) •
Alors, voilà donc ce que ce projet de loi, dans
sa version finale, a eu comme bonification. Le travail accompli s'inscrit en continuité, Mme la Présidente, de ce
qui a été fait en 1998 et 2005 par mes prédécesseurs et va contribuer à faire
évoluer la norme sociale de l'abandon du
tabagisme. Nous allons y arriver. Nous sommes convaincus que l'ensemble des
changements majeurs inclus dans cette
révision de loi contribuera, en synergie avec nos autres interventions, à
réduire le tabagisme et à protéger la
santé des Québécois, particulièrement celle de nos jeunes. Il convient de
rappeler, Mme la Présidente, que le
tabac est le seul produit qui, au Québec, cause la mort de plus de 10 000 personnes chaque année. Et, je vous dirai, Mme la Présidente, j'ai perdu
mon père à cause du tabac. Et je sais que je ne suis pas la seule, je sais que
ça arrive à plusieurs personnes, et
c'est ce que nous souhaitions, tous les parlementaires, éviter. Alors,
toutes les mesures prévues au projet de loi sont justifiées pour les personnes, mais aussi pour toutes les familles
qui les entourent. Il s'agit de
rappeler que le contenu du projet de
loi, plus que significatif, aura un
impact réel important, et nous allons être cités en exemple à
travers le monde pour la portée de cette loi.
En
conclusion, Mme la Présidente, on croit que le Québec est plus que jamais
prêt à reprendre sa place parmi les leaders
mondiaux dans la lutte contre le tabagisme, et ce projet de loi le positionne très bien. D'ailleurs, la loi, avant, était appelée la Loi sur le tabac. Maintenant,
c'est la loi qui renforce la lutte au tabagisme. On a même changé le titre, il
y a un signal très important
dès le départ. Alors, c'est avec beaucoup de fierté que je suis devant vous, devant mes collègues
de l'Assemblée, pour demander que
notre Assemblée adopte le projet de
loi n° 44 de façon unanime et que nous soyons en
position de force pour lutter et enrayer le tabagisme.
Mme la Présidente, à la veille de la période des
fêtes, si j'ai un voeu à faire, si j'ai un message à passer aux citoyens, moi, députée de Soulanges... Je suis une
ancienne fumeur, je sais ce que c'est, ce que ça peut représenter pour ceux qui veulent arrêter. Je le sais, que c'est
difficile, j'ai arrêté plusieurs fois avant d'arriver à ma vraie victoire,
celle de faire en sorte que je ne
fume plus depuis 2005, mais je dis aux citoyens : Ne lâchez pas, continuez
d'essayer d'arrêter, vous allez finir
par y arriver avec tous les moyens qu'on met à votre disposition, il y a de
l'aide à la cessation tabagique. S'il y a un voeu que je formule aujourd'hui, c'est
de pouvoir venir en aide à ceux qui veulent arrêter de fumer, mais surtout
de protéger nos jeunes contre cette fumée
secondaire qui pourrait faire en sorte qu'ils deviennent de futurs fumeurs
parce qu'ils seront déjà intoxiqués.
C'est en pensant à mes petits-enfants, mes sept petits-enfants, mais aussi à
tous les petits-enfants du Québec que
j'ai conçu le projet de loi. Mais c'est toujours en gardant ces
préoccupations-là, avec mes collègues
des deux oppositions et mes collègues de l'Assemblée nationale et du
gouvernement, que nous avons focussé
pour faire de ce projet de loi le meilleur projet de loi pour qu'on puisse
ensemble réduire la prévalence au tabac de façon considérable. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci. Merci, Mme la
ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et à la Santé publique. Je vais maintenant
céder la parole à M. le député de Rosemont, qui est aussi le
porte-parole en matière de santé publique pour l'opposition officielle.
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : Mme la Présidente, fumer, c'est mauvais pour la santé,
c'est maintenant une évidence. Et puis c'est un peu comme la lutte pour le féminisme, c'est une évidence que les
femmes doivent être égales. Il y a des gens qui pensent que, bien, il n'y a
plus rien à faire, c'est déjà fait. Alors, pourquoi s'acharner? Pourquoi
arriver avec un autre projet de loi? On
a déjà envoyé des signaux très forts. Le Québec était considéré dans les années
50 comme le coin fumeurs de l'Amérique du
Nord, tellement ça fumait. On a eu des témoignages, d'ailleurs, de gens dans
les centres jeunesse, l'Institut Pinel qui disaient, bien... D'ailleurs, ça faisait partie du service qu'on rendait
à certains de nos patients, on leur fournissait des cigarettes, puis maintenant ils sont devenus un endroit sans
fumée.
Alors,
la question qu'on nous pose, et ce qui est sorti beaucoup, c'est les
terrasses : Vous allez interdire aux gens de fumer sur les terrasses? Franchement, on est dehors. Pourquoi
s'acharner? C'est gagné, cette bataille. C'est l'impression générale
qu'on peut avoir, mais, dans les faits, elle n'est pas gagnée. On a pris du
terrain sur le tabagisme depuis une vingtaine
d'années, mais on n'a pas gagné la bataille. Et même ceux d'entre nous qui
suivons l'actualité d'un peu plus près,
qui avons eu le privilège d'être sur cette commission parlementaire, on a
beaucoup appris sur le niveau de danger et le chemin qu'il reste à
parcourir et, donc, la nécessité d'agir.
Je vais vous lire une
description qui est convenue dans le milieu scientifique — c'est
dans le mémoire de la Fondation des maladies
du coeur et de l'AVC Québec : «Chaque année, au [Canada], plus d'un
millier de personnes n'ayant jamais
fumé la cigarette — donc, un
millier de non-fumeurs — meurent...» Chaque année, en ce moment, au Canada, 1 000 personnes meurent sans avoir été
fumeurs. Pourquoi? En raison de l'exposition à la fumée secondaire. Et des
milliers d'autres apprennent qu'elles sont atteintes d'une maladie
attribuable au tabagisme. Des non-fumeurs.
La littérature
scientifique a, depuis de nombreuses années, établi que l'exposition à la fumée
de tabac dans l'environnement représente un
facteur de risque relié à divers problèmes de santé, parmi lesquels se
retrouvent les cancers ainsi que les
maladies cardiovasculaires et respiratoires. La fumée secondaire qu'on trouve
dans l'air ambiant contient non
seulement de l'amiante, de l'arsenic, de l'ammoniaque, du benzène, mais aussi,
écoutez bien, une quantité de monoxyde de
carbone et de goudron supérieure à celle présente dans la fumée inhalée par le
fumeur. Donc, 69 éléments cancérigènes dans
le tabac à fumer. Certains d'entre eux sont pires dans la fumée secondaire que
dans la fumée primaire. Les risques de
maladies cardiovasculaires sont accrus de 20 % à 50 % pour les
consommateurs de fumée secondaire et ils apparaissent, même si la concentration de fumée de tabac dans
l'environnement est relativement faible. Alors, il y a une persistance
de la fumée secondaire.
Oui,
on a eu... Et je tiens à faire un coup de chapeau à Jean Rochon, le ministre de
la Santé du gouvernement Bouchard, qui
a introduit dans la controverse la première loi de réduction de la prévalence
du tabagisme en 1997-1998, et ensuite à l'actuel premier ministre qui l'a actualisée en 2005, et à la ministre
actuelle qui l'actualise maintenant. Mais il y a des gains sur l'ensemble du
tabagisme chez les fumeurs. Mais, sur les 20 à 34 ans, on est passé de
31 % de fumeurs en 2007 à 29 %
en 2014. De 31 % à 29 % dans le coeur de la population active, les 20
à 34 ans, c'est quand même énorme. Il y a des jeunes familles, des parents de jeunes familles. Mais il y a des moments
où ça s'aggrave, il y a des cas où ça s'aggrave. La proportion de la population exposée à la fumée secondaire parmi les
12 à 19 ans, donc qui sont plus vulnérables que des adultes, compte tenu de leur métabolisme en croissance, en 2007 il y
avait 18 % des 12 à 19 ans qui étaient exposés régulièrement à la fumée secondaire. Maintenant, c'est
25 %, ça a empiré. La proportion de nos adolescents exposés à la
fumée secondaire est plus grande maintenant qu'en 2007.
Alors,
il faut agir. Il faut agir. Il faut agir en particulier dans les lieux où nos
enfants sont présents. On l'a fait, évidemment,
au primaire, on l'a fait dans le secondaire. Mais, jusqu'à la proposition de
cette loi, il était permis, dans les garderies installées, à des gens de fumer
avant que les enfants arrivent puis une fois qu'ils soient partis, alors ce qui
fait qu'il pouvait y avoir de la fumée
secondaire et il pouvait y avoir, ce qu'on nous a expliqué, de la fumée
tertiaire. La fumée tertiaire, c'est celle qui est dans les tissus, dans
les draperies, dans les tapis et pour laquelle les bébés et les jeunes enfants — c'est d'eux qu'on parle dans les
garderies — sont
exposés. Et donc nous avons proposé, au Parti québécois, qu'il y ait une interdiction en tout temps de
fumer dans les espaces de garderie. Vous avez une garderie, vous ne fumez
pas. C'est tout, il n'y a pas de fumeurs. On remercie la ministre d'avoir
accepté cet amendement.
Nous
voulions aussi un amendement pour l'interdire dans les garderies en milieu
familial parce que, là, c'est la même
chose, et là on est souvent dans la maison de quelqu'un qui a fumé juste avant,
qui fumera après et où il y aura de la fumée
installée. On est prêts à faire en sorte qu'il y ait une transition, un
programme d'aide à quitter le tabagisme pour les gens qui s'occupent de ces garderies. La ministre a refusé, c'est
dommage. Ça veut dire qu'on laisse des enfants à risque dans l'ensemble des garderies en milieu familial
qui sont... Ce n'est pas un droit absolu d'avoir ces garderies, c'est un...
On obtient un permis, on se soumet à un
certain nombre de conditions. Et celle-là, malheureusement, n'a pas été
acceptée.
Même dans les ressources
intermédiaires, c'est-à-dire des endroits où des personnes en difficulté ou en
situation de handicap se rendent, il
y a des ressources intermédiaires qui sont en milieu familial où il y a des
fumeurs en tout temps, ils sont là en tout temps, et on avait une
demande très claire de l'association des comités d'usagers de ressources intermédiaires nous demandant d'intervenir, comme
dans d'autres provinces, pour faire en sorte, que ce soit avec un certain
délai peut-être, avec une aide peut-être,
qu'il y ait des endroits sans fumée. Là encore, ça n'a pas été le cas, ce qui
fait qu'il y a des pas qui sont
franchis, bien sûr, mais il y a des pas supplémentaires qui auraient pu être
franchis maintenant.
• (12 h 10) •
Alors,
cette mesure d'interdire la fumée dans une voiture pour des gens de moins de 16
ans, c'est une mesure de bon sens,
et, là-dessus, le Québec était en retard. Mais on a posé la question, au Parti
québécois : Pourquoi 16 ans? Pourquoi pas 18 ans? Pourquoi est-ce qu'entre 16 ans et 18 ans on va pouvoir être
exposé à de la fumée qui est, la ministre l'a dit, 24 fois plus concentrée qu'ailleurs que dans une
voiture? Là, on nous a dit : Ah! c'est parce qu'on a le droit de conduire
à 16 ans. Bien, on pourrait décider que,
s'il y a quelqu'un de 18 ans ou moins dans une voiture, conducteur ou pas, il
n'a pas le droit de fumer, point. Encore là, ça n'a pas été possible.
Il
y avait des améliorations, un certain nombre. Puisqu'on parle de la voiture, le
Parti québécois avait proposé aussi
que, s'il y avait une femme enceinte dans la voiture, que ce soit une
infraction de fumer en présence d'une femme enceinte. Il nous semblait
que ça tombe sous le sens. Mais ça tombe sous le sens pour un mineur aussi, et
pourtant on intervient parce qu'il y a des gens qui n'ont pas assez de bon sens
pour restreindre leur consommation de fumée lorsqu'il
y a un enfant. Donc, il aurait fallu intervenir là aussi. C'est une bataille
que nous n'avons, malheureusement, pas
gagnée. On en a gagné, et je remercie la ministre pour son ouverture sur un bon
nombre d'amendements, mais il y en a un certain nombre d'autres pour
lesquels nous aurions voulu aller plus loin.
Alors donc, d'une
part, le danger est réel et immédiat. Fumée primaire, tiers des
hospitalisations. Fumée secondaire, en
certains cas, c'est pire. Nos adolescents sont plus exposés à la fumée
secondaire maintenant qu'ils ne l'étaient avant. Donc, la nécessité d'agir, elle est réelle. Maintenant, quelle
est l'opposition à la nécessité d'agir? Bien, récemment, on a eu, juste au printemps, un jugement de la
Cour supérieure dans une cause célèbre contre les cigarettiers du Canada
et, donc, du Québec, et le juge Riordan,
dans son jugement, est très clair sur le fait qu'à chaque fois qu'un
gouvernement veut légiférer en
matière de tabac se dresse devant lui une industrie du tabac très efficace et
qui ne recule devant rien pour empêcher que la lutte au tabagisme soit
efficace.
Alors,
je cite brièvement le juge. Il dit : «Les compagnies ont conspiré pour
empêcher le public de prendre connaissance des dangers inhérents au
tabagisme et, ce faisant, elles ont commis une faute...
«Imperial
Tobacco Canada et les autres compagnies, par le biais du Conseil canadien des
fabricants de produits du tabac et
directement, ont commis des fautes outrancières du fait de déclarations
publiques qu'elles savaient fausses et incomplètes à propos des risques
et dangers du tabagisme.»
Les
compagnies ont, en fait, nui et retardé l'acquisition de connaissances par le
public. Elles ont, volontairement et
en connaissance de cause, nié les risques et relativisé les preuves de dangers
associés à leurs produits. Les compagnies ont résisté aux mises en garde et, à toutes les étapes, elles ont
cherché — généralement,
elles ont réussi — à les
diluer.
Nous
concluons que les compagnies ont non seulement caché de l'information
essentielle, mais ont voulu désinformer leurs clients et leur donner une
illusion d'une absence d'urgence quant aux dangers.
Alors,
comment ça s'est manifesté cette année, cette extraordinaire capacité des
compagnies de tabac à nous dire de ne
pas agir? Bien, on l'a vu dans les consultations. Bon, d'abord, Imperial
Tobacco est venue directement — ce qui prenait un certain cran — pour nous dire qu'il ne fallait pas agir sur
le menthol parce que c'était leur dernière source de profit important.
Puis, on sait, le menthol trompe les consommateurs en leur faisant croire que
la cigarette est moins nocive qu'elle ne
l'est parce qu'elle rend l'acte de fumer plus fluide, moins irritant pour la
gorge, et les gens ont l'impression qu'il
doit y avoir moins de nicotine s'il y a plus de menthol, et donc ils aspirent
davantage, et c'est pire. Alors, on dit : Bien, c'est une mesure de santé publique que d'enlever cette saveur du
produit pour que les gens se rendent compte que c'est âcre et c'est mauvais, donc arrêter d'en fumer. Mais, pour les compagnies de tabac, c'était un
de leurs deux grands chevaux de
bataille, la barricade du menthol et la barricade du paquet de cigarettes
neutre. Ça, c'est les deux choses qu'ils ne voulaient
pas, et ils insistaient énormément là-dessus.
Alors,
eux-mêmes sont venus dire ça — c'est normal, ils défendaient leur taux de
profit — mais ils
ont utilisé aussi des alliés pour venir
nous dire ça sous différents déguisements. Une association de détaillants qui
avait de très bons arguments sur le
cartage ou sur autre chose, tout à coup, eux aussi, ils étaient contre
l'interdiction du menthol et contre
le paquet neutre, paquet neutre qui,
introduit en Australie, a provoqué une baisse significative des ventes de
tabac. Alors, j'ai demandé au président
de cette association quelle était la proportion de son financement qui venait des compagnies de tabac,
et lui de répondre : Je ne le sais pas. Puis, si je le sais, je ne le
dirai pas. Bon, bien, j'ai dit : Très
bien, voici un lobby, les compagnies de tabac financent une association de détaillants qui nous dit ça. Une autre association de détaillants qui n'était
pas financée par les cigarettiers, eux, n'avaient pas de position là-dessus,
ça ne les dérangeait pas : Faites ce que vous voulez. Nous, ce qui
est important, c'est le cartage. On a vu la différence.
Une
association, une coalition de lutte à la contrebande est
venue nous dire la même chose qu'Imperial Tobacco : N'interdisez pas le menthol parce que
ça va aider la contrebande. Alors, j'ai demandé au président-directeur général de cette association quelle était la part de son
budget qui venait des compagnies de tabac, il ne le savait pas. Bien, il devait
savoir aussi que les trois grands fabricants
canadiens de tabac ont plaidé coupable d'activités reliées à la contrebande de
tabac qui a fait rage au début des
années 90. Les compagnies de tabac qui financent la coalition anticontrebande
ont plaidé coupable à avoir participé à la contrebande. Ça fait que, si
je voulais lutter contre la contrebande, je n'accepterais pas l'argent des
compagnies de cigarettes, je trouverais ça un peu louche.
Ce qui nous a...
enfin, moi, ce qui m'a aussi... Je sais que ça a étonné la ministre, puis, moi,
ça m'a peiné, c'est de voir que les cigarettiers avaient réussi à
contaminer complètement le mémoire de la Fédération des chambres de commerce du Québec. Les
chambres de commerce du Québec nous ont présenté un mémoire où elles
dénonçaient les études de la Société
canadienne du cancer et du groupe d'analyse sur le nombre d'hospitalisations
suscitées par le tabagisme. Elles le
dénonçaient, mais sans nous dire pourquoi l'étude était mauvaise, aucune
démonstration, et, à l'autre page, citaient comme si c'était parole d'évangile une étude — tenez-vous bien — de Philip Morris. Ils citaient une
étude d'une compagnie de tabac dont les juges nous disent : Pendant
60 ans, ils ont falsifié les études. Ça, c'était bon pour la Fédération
des chambres de commerce. Mais ce qui était
mauvais, c'était la Société canadienne du cancer, une organisation à but non
lucratif dont le but, c'est qu'on soit en santé.
Alors, on a
vu que les compagnies de tabac étaient présentes directement et indirectement,
et, évidemment, mon souci,
c'était : Bien, j'espère qu'ils ne réussiront pas à influencer le
gouvernement pour empêcher la mise en oeuvre d'un certain nombre de mesures supplémentaires. Ils ont
été pris par surprise dans un cas, mais je pense qu'ils ont réussi dans d'autres. Ils ont été pris par surprise parce
qu'au Parti québécois on s'est mis à s'intéresser aux programmes de
fidélisation des compagnies de tabac.
Ça, ça veut dire que les compagnies disent aux dépanneurs : Je te choisis,
toi, puis je vais te donner un rabais
sur le tabac, sur les paquets de cigarettes, ce qui fait que tu vas vendre
davantage que celui qui est de l'autre
côté de la rue. Mais, en échange, tu vas garantir que tu vas vendre davantage
de tabac de ma compagnie, et tu es tenu à faire un certain volume de
ventes.
Or, il est
interdit, selon la loi actuelle du tabac, aux vendeurs de tabac de faire la
promotion du tabac en général ou de
marques en particulier. Alors, comment font ces gens pour vendre davantage d'une
marque plutôt que de l'autre alors
qu'il y a un contrat, alors qu'ils n'ont pas le droit de faire la promotion?
Bien, ce sont des programmes de fidélisation qui poussent à la faute,
c'est clair, et on a eu des dépanneurs qui se sont plaints. Par exemple, je
reçois ce texte d'un dépanneur qui m'envoie
un courriel de Philip Morris International qui dit aux dépanneurs — et là je traduis de l'anglais : Vous avez un programme. Si vous commandez au moins
cinq cartouches chaque semaine pour la durée du programme, je vais vous payer tant de dollars le carton à la
fin. En plus, si vous avez votre objectif chaque semaine pour au moins un
certain nombre de semaines sur le contrat,
je vais vous donner un autre montant. Cela va augmenter significativement
votre marge de profit. «So, you know what to
do.» Et là c'est écrit : «You know what to do». Et là il y a un émoticone
avec le gars qui fait un clin d'oeil. Le gars de Philip Morris met dans son courriel un
émoticône avec un clin d'oeil pour dire : «You know what to do».
Ça, ça veut dire : Pousse mon produit. Pièce à conviction A1 sur les
programmes de fidélisation : Pousser à la faute, pousser à l'infraction.
• (12 h 20) •
Alors, on a
annoncé qu'on allait introduire, les premiers — on n'a vu ça nulle part ailleurs — un
amendement pour interdire les programmes de fidélisation. Je
remercie la ministre de l'avoir repris à son compte au moment du dépôt
de ces amendements. Bien sûr,
on a voté pour. Il y a une échappatoire dans la loi, c'est que, malgré
cette interdiction, les cigarettiers
peuvent faire des programmes de rabais, ils peuvent faire des programmes de
différenciation de la vente par marque.
Nous, on aurait voulu abolir ça et faire comme pour la bière, où il y a
un produit plancher. Le gouvernement n'a pas
voulu nous suivre dans cette direction, c'est malheureux. On a réduit une
partie de l'échappatoire, mais pas la totalité.
De la même
façon, les compagnies de tabac poussent à la vente en disant : Si vous
achetez un paquet, c'est tant. Si
vous achetez deux paquets, il y a une réduction. Là aussi, on voulait interdire que
le prix de la cigarette soit modifié selon
le volume d'achat, puisque ça pousse à acheter davantage, et on voudrait qu'il n'y ait rien qui pousse à acheter davantage.
Là-dessus aussi, le gouvernement a refusé de nous suivre, c'est malheureux.
Donc, au
moins, on a eu une victoire partielle, significative sur les programmes
de fidélisation, mais il y a un
certain nombre d'autres gestes qu'on aurait pu poser sur
lesquels on a bien senti que l'élastique du gouvernement libéral était
au maximum, et ils étaient incapables d'aller plus loin. Pourquoi? Je ne sais
pas.
Mais, en tout cas, voici les mesures sur lesquelles nous avions la capacité d'agir immédiatement et sur lesquelles nous avons
proposé des amendements, la plupart du temps appuyés par nos collègues
de la deuxième opposition, de la CAQ,
mais sur lesquelles le gouvernement a été intransigeant. Par exemple, l'imposition d'un moratoire sur les nouveaux produits, alors, ça,
ça voulait dire : On ne veut pas revenir dans cinq ans puis s'apercevoir
que les compagnies ont été tellement créatives qu'ils contournent notre travail
de parlementaires avec des nouveaux produits, on veut... Notre proposition était simple, créer un comité qui allait recevoir des propositions de nouveaux produits et donner ou non son autorisation en fonction de critères qu'on
pouvait établir ensemble. Alors, ce moratoire était demandé par
l'Association pulmonaire du Québec, la Coalition Priorité Cancer, la Société
canadienne du cancer, la Coalition pour le contrôle du tabac, le Réseau
du sport étudiant, etc. Un moratoire existe aux États-Unis. Ce n'est pas dans
les pays bolcheviques, aux États-Unis, il y
a un moratoire. Et donc, même dans l'environnement légal actuel nord-américain
des compagnies de tabac, ça existe. Le gouvernement a refusé de nous
suivre sur ce terrain, c'est dommage.
Il y avait
une autre demande, entre autres de la Société canadienne du cancer, pour
l'interdiction des cigarettes «slim».
Alors, c'est des petites cigarettes qui sont très populaires auprès des jeunes
filles, et des jeunes femmes, et des femmes
en général parce que, dans la vente des «slim», évidemment, il y a cette idée
de minceur. D'abord, il y a moins de tabac, la cigarette est mince, et il y a une idée de minceur qui est un des
plus grands vecteurs publicitaires de l'histoire du monde, c'est : Achetez mon produit pour être mince. C'est aussi
simple que ça. Et donc on nous a dit : Il faut abolir ces produits parce que la façon dont ils les
vendent, leur nom même et leur forme même induisent en erreur les consommatrices, principalement, parce que c'est
aussi nocif puis, oui, ça peut te rendre très mince, ça peut te tuer, hein?
Un utilisateur sur deux va finir par en
mourir. Encore une fois, malheureusement, le gouvernement a refusé de nous
suivre sur ce terrain, c'est dommage.
On applaudit
au fait que le gouvernement impose un avis qui est d'une largeur suffisante
pour qu'il soit incontournable à
l'avenir sur les paquets de cigarettes et, effectivement, va empêcher les
petits paquets de cigarettes que les compagnies avaient introduits pour essayer
de rendre les avis, les mises en garde presque illisibles. Mais nous savons qu'il n'y a pas
juste l'avis, il y a ce qui entoure l'avis qui peut être utilisé à des fins
publicitaires, attirant, etc. Les Australiens,
ce qu'ils ont fait, c'est qu'il n'y a rien d'attirant sur un paquet de
cigarettes, même le logo de la marque de commerce est standardisé.
Alors, nous, on a dit : Bien, faisons comme l'Australie, faisons comme le
Royaume-Uni, faisons comme l'Irlande,
faisons ce paquet standardisé. Le gouvernement a refusé. Le refus était net, il ne voulait pas
nous suivre dans cette direction, et
donc on a senti que probablement qu'il y
avait une crainte d'être à risque de
poursuites. Bien oui, les Australiens
aussi étaient à risque de poursuites, ils ont été poursuivis, ils ont gagné
leurs poursuites, et nous savons que
la recette australienne, ça fonctionne. La décision du gouvernement, elle va dans la bonne direction, mais pourquoi ne pas avoir complètement accepté la
solution qui fonctionne? On sent là que... je ne dis pas le lobbyisme de
compagnies de tabac, mais, en tout cas, la crainte instillée par les compagnies de tabac a, malheureusement, enfumé un petit peu la volonté gouvernementale, qui était
réelle, mais qui, à certains égards, n'était pas suffisante.
Et là il y a
une chose que, vraiment, on n'a pas comprise, ni mon collègue de Lévis, de la
CAQ, ni moi, c'est sur l'autofinancement
de la lutte antitabac. Là, on a eu un certain nombre d'organisations qui nous
ont dit : Vous savez, là, au
Québec, en ce moment, nous n'avons pas suffisamment de ressources pour lutter
correctement pour le tabac. Par exemple, l'association médicale nous a dit : Vous savez, même la RAMQ ne
rembourse pas correctement les méthodes médicales antitabac qui sont
autorisées. On me permet de prendre un fumeur puis de lui dire : Pendant
12 semaines, je peux te rembourser la
méthode que je te prescris, puis, après 12 semaines, il faut arrêter parce que
tu as juste droit à 12 semaines par
année. Or, les médecins nous disent : Bien, nous, on ferait plusieurs fois
un cycle de 12 semaines dans une année, et souvent c'est à la troisième tentative que ça marche. Mais, en ce
moment, le gouvernement ne donne pas suffisamment de fonds à la RAMQ
pour faire ça. Ça, c'est une chose.
Des associations de santé nous ont dit
aussi : Mais ça prend un programme intégré au secondaire et de suivi individuel des fumeurs à risque, et, pour
l'instant, on n'a pas suffisamment de fonds pour faire ça. On le sait, il y a
des programmes de publicité et de
sensibilisation fréquents, ponctuels, mais il n'y en a pas de permanents.
Alors, on sait... Bon, la ministre
nous dit : Il y a 16 millions par année dans le programme de
prévention au tabagisme qui, nous dit-elle, ne sont pas affectés par les coupures de 30 % qui ont affecté les
directions régionales de santé publique ou de 7 % pour l'ensemble
de la santé publique. Bien, nous, on dit : De toute façon, on a besoin de
sous pour faire ça.
Et ça tombe
bien, nos voisins du Sud ont institué un programme d'autofinancement de la
lutte au tabagisme à partir de permis
donnés aux compagnies de tabac... bien, donnés... vendus, vendus aux compagnies
de tabac. On dit : On a un système
de permis, et on va vous le vendre selon vos parts de marché. Et combien ça va
coûter? Bien, ça va coûter autant que
ce qu'on pense qui est nécessaire pour faire la lutte au tabac. Alors, c'est
des très grosses sommes aux États-Unis. En Colombie-Britannique, ils avaient envisagé de faire ça, ils avaient
calculé à 20 millions par année, alors qu'il y a moins de résidents en Colombie-Britannique qu'ici. Puis
nous, franchement, si on avait eu 25 millions par année pour la lutte
antitabac, ça aurait été très utile.
D'abord, la ministre aurait économisé 16 millions qu'elle aurait pu
utiliser à autre chose. Elle aurait
eu cet argent-là pour même étendre l'efficacité des programmes actuels, se
tourner vers le ministre de la Santé puis
dire : Regarde, je pense que tu as besoin de 1 million pour bien
couvrir les médecins qui veulent accompagner des fumeurs vers la
cessation tabagique.
Et là ça a
été un refus, un refus du gouvernement, qui ne voulait pas s'engager dans cette
direction, nous expliquant même — c'est la première fois qu'on entendait ça en
18 ans... en 18 ans... oui, en 18 mois, 19 mois de gouvernement : Il y en a assez, d'argent. Aïe! Ça, c'est une
nouvelle, il y a assez d'argent. Bon, en voulez-vous plus? Non. Et pourtant,
en ce moment, le prix de la cigarette...
C'est sûr qu'imposer un permis aux cigarettiers aurait eu une incidence sur le
prix, hein? Ils ne l'auraient pas
pris dans leurs profits, ils l'auraient mis sur le prix. Mais, en ce moment, la
cigarette est moins chère au Québec
que chez nos voisins, donc il y a de l'espace encore pour cette augmentation de
prix. Alors, ça, on était très déçus de ce refus du gouvernement.
• (12 h 30) •
Finalement,
la cigarette électronique. Alors là, effectivement, on a été très attentifs à
tout ce qu'on a entendu sur la cigarette
électronique et sur le fait que, pour les fumeurs, c'est un bon produit de
substitution, c'est beaucoup moins nocif, d'où l'importance — et on
appuie cette décision — d'interdire
les saveurs dans le tabac traditionnel, mais de ne pas l'interdire pour la cigarette électronique, ce qui permet à un fumeur de menthol qui n'a plus accès à
son menthol de dire : Bien, je vais passer à la cigarette
électronique. C'est mieux.
Cependant,
qu'est-ce qu'il y a dans la cigarette électronique? Qu'est-ce qu'il y a
dans le liquide qu'on met dans la
cigarette électronique? En ce moment, c'est le far west. On a eu une
démonstration très claire que des tests avaient été faits qui démontraient que ce qui était écrit sur
l'étiquette, c'était faux. Et on a eu des producteurs de cigarette électronique
qui nous ont dit : Nous, on en veut,
des normes, parce qu'on veut pouvoir
dire à nos clients que notre produit est sécuritaire, alors, si on a normé par x, y, z, on va être
contents. Alors, nous avons dit à la ministre : Bon, bien, très bien, nous
avons la capacité, au Québec,
de créer une norme sur le contenu du liquide qui est utilisé dans la cigarette
électronique, et on saura est-ce
qu'il y a de la nicotine, est-ce qu'il n'y en a pas; s'il y en a, à quelle proportion. La ministre
nous a répondu : Bien, en ce moment, la science n'est pas complètement précise là-dessus, c'est en voie d'élaboration. Alors, on a
dit : Très bien, on va faire un délai, on vous offre un délai,
deux ans, cinq ans, où même, avec le collègue de Lévis, on a dit : Bon, bien, lorsque la Direction de la santé publique du Québec
jugera qu'elle a les connaissances nécessaires pour offrir une norme, elle le fera. Alors, vous voyez qu'on était prêts à discuter,
on intégrait les arguments de la ministre là-dessus.
Mais ça a été non. Donc, nous n'avons aucune
garantie qu'il y aura une norme québécoise sur le contenu des cigarettes
électroniques. C'est malheureux, mais c'est comme ça.
Alors, un
combat que nous avons mené et que nous avons gagné, et là-dessus
je salue la ministre, c'est celui des zones sans fumée. En ce moment, on apprend à nos enfants au primaire et au
secondaire que ce sont des zones sans fumée, on n'a pas le droit de fumer dans la cour d'une école secondaire, mais
on arrive au cégep, wow! là, maintenant, on peut en griller une — des fois on arrive au cégep à 17 ans — pas
dans le cégep mais sur le campus. Puis on arrive à l'université, qui est un lieu de haut savoir, de transmission de la qualité de ce
qu'on sait, et y compris sur la santé, on dit : Tu ne peux pas fumer à
l'intérieur, mais tu peux fumer sur
le campus. Puis, si tu as trois fumeurs puis quatre non-fumeurs dans le
même groupe sur le parterre devant, c'est comme ça.
Alors, nous
avons eu l'agréable surprise de voir qu'il
y a des institutions au Québec qui ont pris de l'avance sur la société en disant : Nous, on institue des lieux sans
fumée. L'institut Pinel est un lieu sans fumée, puis ils ont accompagné les patients et le personnel dans des programmes
de cessation tabagique. Les centres
jeunesse, ça, c'est important. Les centres jeunesse, où il y a des
adolescents jusqu'à 18 ans qui sont là, sont devenus des centres sans fumée, y
compris à l'extérieur, et ils ont accompagné
les jeunes et le personnel dans des programmes de lutte au tabagisme. Le CUSM,
Centre universitaire de santé de
McGill, vient d'annoncer que... à l'intérieur, c'était déjà le cas, mais à
l'extérieur, sur le campus, ce serait très bientôt sans fumée.
Alors, on
dit : Mais c'est quand même incroyable qu'on continue à dire que, dans nos
cégeps, nos universités et dans nos
hôpitaux... que pour toujours on permette aux gens de fumer, alors qu'on a eu
plusieurs témoignages nous disant : Bien là, c'est très bien, d'interdire aux salariés dans un hôpital de
fumer à moins de neuf mètres de la porte, mais ça veut dire que tous les patients doivent traverser un
écran de fumée, au sens propre, à neuf mètres de la porte avant d'aller se
faire soigner, puis des fois ça te fait
tousser. Alors donc, nous avons proposé — et la ministre a accepté — d'obliger, dans les services de santé et les institutions
postsecondaires, les organisations, à nous proposer d'ici deux ans un programme
pour rendre les lieux, y compris les lieux
extérieurs, sans fumée d'ici peu. Alors, d'ici peu, c'est quoi? Bien, dans deux
ans il faut qu'il y ait un programme.
L'orientation ministérielle, ce que la ministre a dit à la commission
parlementaire, c'est que l'horizon
qu'elle envisageait, c'est un horizon de cinq ans, c'est un horizon raisonnable
qui serait le point d'arrivée. Et
donc on peut penser que, d'ici 2020, 2021, dans les cégeps, dans des
universités, autour de nos hôpitaux, ce seront des zones sans fumée. Et ce sera très bien comme ça,
et je pense que c'est un pas en avant important que nous aurons franchi pour réduire l'utilisation du tabac, dénormaliser,
parce que ça, c'est une mesure de dénormalisation. L'État ne considère pas qu'il est normal de griller une cigarette à
côté de son cégep, à côté de son université, à côté de son centre hospitalier.
Ça fait partie de la dénormalisation, et ça, c'est très important.
Alors, Mme la
Présidente, oui, je tiens à saluer la
ministre, et les membres de son gouvernement, et les membres de la
commission pour les pas qui ont été franchis, avec les réserves que j'ai émises
et que je maintiens. Je tiens à remercier notre collègue de la CAQ, le député
de Lévis, qui a contribué à nos
débats, évidemment le président de l'Assemblée, le député de
LaFontaine, qui nous a accompagnés de façon
très compétente, les membres du staff; moi, la recherchiste qui m'a accompagné, Laurie Comtois, qui a été d'un
secours énorme, d'une très grande compétence, dont je tiens à la remercier
publiquement.
Et, je tiens
à dire, comme ma collègue, moi, mon père était fumeur, mon père était fumeur,
puis il a arrêté de fumer très
souvent, très souvent. Ça ne marchait pas, ça n'arrivait pas. Il était
stressé, c'était un entrepreneur, il recommençait à fumer. Mais c'était tellement important pour lui
qu'on ne fume pas, ses enfants, ses deux enfants, il ne nous lâchait pas avec
ça.
Et donc on est l'ancienne section fumeurs d'Amérique
du Nord, puis c'est important qu'on devienne le plus rapidement possible la
section non-fumeurs d'Amérique du Nord. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le
député de Rosemont.
Et maintenant, pour la
poursuite de ce débat, je vais céder la parole à M. le député de Lévis,
qui est aussi porte-parole du deuxième
groupe d'opposition en matière de santé publique.
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : Merci, Mme la Présidente. D'abord, quelques secondes pour saluer la très bonne collaboration pendant l'étude détaillée du
projet de loi n° 44.
Et je pense que j'en ai souvent parlé, hein, l'efficacité passe par des
travaux efficaces, évidemment,
des discussions menant à une bonification, et, en ce sens-là, bien, je salue
le travail de tous mes collègues concernant le projet de loi n° 44,
qui nous a permis, je pense, maintenant de bonifier un projet de loi dont nous avions besoin. Un climat de travail, donc,
digne de ce que les citoyens du Québec, j'en suis convaincu, réclament. Mission
accomplie.
Je dois dire également
que la ministre a fait preuve d'ouverture. Pas tout le temps, peut-être pas suffisamment
tout le temps non plus, mais elle a fait preuve d'ouverture, et je la salue
pour ça. Elle a déposé elle-même de nombreux amendements. De leur côté, évidemment, les oppositions se sont montrées constructives
dans leurs approches également.
Je salue mon collègue le député de Rosemont. Nous avons voulu collectivement
bonifier ce projet de loi.
Il y avait un consensus, il faut le dire, dans
la société, hein? Depuis 10 ans, les gens, je vous dirai, les gens, la population,
je vous dirais, même les fumeurs souhaitaient que quelque part on avance davantage à ce chapitre-là. Au nom de qui, au nom de quoi? Au nom de nos jeunes. Je
pense que c'était vraiment la pierre angulaire de nos discussions, la
prochaine génération. Il fallait adopter des
mesures particulièrement importantes pour nos enfants, pour nos
adolescents, pour la prochaine
génération et pour nos compagnons, compagnes qui continuent peut-être
encore de fumer, parce qu'on
l'a dit, on l'a répété, ce n'est pas nécessairement facile d'arrêter.
Hier soir, Mme la Présidente, j'étais à un événement où on
honorait 66 athlètes de ma circonscription, Lévis, des athlètes niveau espoir, relève, élite, excellence,
des gens qui performent au niveau international, au niveau canadien, au niveau québécois, des jeunes, des tout jeunes, des plus âgés également,
des ambassadeurs d'excellence. J'étais dans la salle, et je regardais
ces athlètes, et je me disais : C'est pour eux qu'on travaille, des
athlètes qui, pour arriver à des performances
comme celles-là, manifestement ont besoin de bonnes et de saines habitudes de
vie, et leurs parents également
sur place, qui, pour
la plupart, aujourd'hui, probablement saluent ce qu'on est en train de faire, et
certains autres qui fument peut-être et se demandent : Pourquoi le
fais-je encore?
• (12 h 40) •
En vous
disant ceci, je me rappellerai — et je la nomme parce qu'elle a fait une
drôle de belle performance lors des auditions
pour ce même projet de loi n° 44, et la ministre s'en souviendra
assurément — Sophie-Rose
Desgagné — Sophie-Rose,
comme tous les athlètes d'hier, je vous
salue — Sophie-Rose
Desgagné, 14 ans, qui commençait, la journée de sa participation à nos débats, son premier jour d'école secondaire
à l'école secondaire de l'Aubier, à Saint-Romuald. Je suis chanceux, encore une fois dans ma circonscription, des gens
qui manifestement souhaitent avancer
vers ce dont ils rêvent : une société
un jour peut-être sans fumée.
Sophie-Rose disait : «...on poursuit [donc] un grand rêve : réaliser
d'ici 10 ans une première génération
sans tabac. On la voit d'ici.» 2025, c'est son objectif. Elle disait :
«Nous autres, les ados québécois, on est plus exposés à la fumée secondaire
que tous les autres adolescents canadiens et jusqu'à deux fois plus en voiture.
On consomme nous-mêmes plus de tabac
aromatisé que tous les autres jeunes d'un bout à l'autre du pays. Dans ma
propre école — disait-elle — il y
a un groupe de jeunes qui fument et, là-dedans, il y a [même] des sportifs qui
abîment leur performance jour après jour, cigarette après cigarette, petit
cigare après petit cigare...»
Elle nous
disait, puis je pense que c'est à ça qu'on arrive, elle nous disait :
«Pour ces jeunes-là et aussi pour tous les
autres du Québec, votre projet de loi n'ira jamais trop loin. S'il vous plaît,
faites en sorte d'adopter le projet de loi qui protégera le mieux les adolescents du Québec, parce qu'on aura beau
travailler très fort pour informer les jeunes, pour les sensibiliser aux dangers du tabac, pour
essayer de les mettre à l'abri des beaux emballages et les convaincre de ne pas
toucher à ce poison, je suis certaine que nous n'arriverons pas tout seuls,
sans une loi audacieuse et solide[...]. Merci [de le faire pour nous].»
Bien, c'est
ça. C'est ça, je pense, qu'on est en train d'atteindre. Assurément, assurément,
il y aura des personnes ou des
groupes qui seront moins heureux de certaines dispositions du projet de loi,
mais le bien commun, le bien commun de la
société, Mme la Présidente, est un phare qui a guidé nos réflexions, en tout
cas, les miennes, pas dans le but de rendre la vie plus compliquée pour
les fumeurs qui, j'en suis convaincu fondamentalement, souhaiteraient
arrêter — ils
savent pertinemment l'effet de la cigarette
sur leur santé — mais
qu'ils prennent conscience davantage de l'effet de cette fameuse fumée secondaire sur ceux qui les entourent
également. Alors, le bien commun et la science ont alimenté nos discussions,
nous permettant aujourd'hui de discuter et d'arriver ensemble à un
aboutissement.
Il y a des
notions que je rappellerai brièvement, des notions qui aussi militent en faveur
du projet de loi et de la loi
n° 44, les coûts économiques du tabagisme, une facture importante pour les
contribuables. Alors que chaque dollar compte,
et on le sait fort bien, dans les investissements en santé, en éducation,
chaque dollar économisé compte, les coûts du tabagisme sont estimés à près de 4 milliards de dollars, dont
1,6 milliard en coûts directs pour le système de santé. Le tabagisme est responsable de 33 % des
hospitalisations. Et on sait que, s'il y a baisse d'un point de pourcentage du tabagisme, ça ferait économiser annuellement, ça
nous ferait économiser 41 millions de dollars en coûts de soins de santé directs et 73 millions en coûts indirects,
114 millions de dollars par année. Alors, si l'objectif que l'on a, celui
du gouvernement, est de réduire le taux de tabagisme de 6 % en 5
ans, bien, ça veut dire qu'on pourrait atteindre au-delà de tout près de
700 millions de dollars en économies. Je pense que ça aussi, ça compte.
Puis il y a
des conséquences sur l'état de santé des Québécois. Et ce n'est pas facile de
faire passer le message. Chez nos
jeunes, malgré tout, des jeunes commencent à fumer, s'initient à ce qui minera
leur santé, des adultes continuent, essaient
d'arrêter, doivent recommencer, pas facile. Et pourtant je leur rappelle ces
chiffres, pas pour leur mettre de la pression,
pas pour les juger, simplement pour leur dire qu'au final c'est pour les
jeunes, bien sûr, ce sont pour les adolescents, ce sont pour les jeunes
adultes, ce sont aussi pour eux et pour elles que nous avons travaillé.
La cigarette
crée une dépendance très puissante, le tabac est responsable de 30 % de
tous les cancers et de 85 % des
cas de cancer du poumon. C'est assez révélateur comme chiffres. 10 000
Québécois meurent des conséquences du tabagisme
chaque année. L'espérance de vie des fumeurs est de moins de 10 ans par rapport
à celle des non-fumeurs. On va vivre
10 ans de moins. Alors, j'entends les fumeurs qui diront : Bien oui, mais
c'est ma vie. Ça ne me tente pas de perdre des proches autour de moi à cause de la cigarette, j'aime autant en
profiter 10 ans de plus. Alors, travaillons ensemble pour peut-être
arriver à ce rêve de se bâtir, de créer un espace, un monde sans fumée. Et
l'exposition à la fumée secondaire du tabac dans l'environnement y constitue
l'un des risques environnementaux les plus dangereux.
Alors,
qu'est-ce qu'il est, le projet de loi n° 44? Bien, il est efficace à
travers ses mesures, il sera efficace. L'interdiction
de fumer dans les véhicules en présence de mineurs de moins de 16 ans, est-ce
que ça aurait pu être davantage, différent?
Mais il y a ça. On s'est entendus là-dessus. Et c'est encore étonnant, vous
direz-vous à la maison : Est-ce qu'il y a encore des gens qui fument dans une voiture en compagnie de jeunes? J'en
ai vu. Pourquoi le font-ils? Aujourd'hui aussi, ils se poseront la
question, et, tous les jours, il faudra le faire, mais maintenant dans la loi,
ce sera carrément interdit, il y aura des sanctions relativement à ça.
Il y a des
avancées majeures : interdiction de fumer sur les terrains de jeu pour les
enfants; les terrains sportifs; les
terrains d'école; les garderies; sur les terrasses publiques — là aussi, il y avait un débat, mais de
nombreux fumeurs m'ont dit qu'on était maintenant rendus là; interdiction des saveurs;
programme de cartage avec des pièces justificatives munies de photos pour éviter des dérapages ou des
dérives; réduction de la valeur des amendes maximales, mais avec encore un objectif maintenu de dissuasion. Ça, c'était important parce que des gens gagnent aussi leur vie à travers ce produit manifestement dangereux et nocif, reconnu
par tous, il y a aussi des gens qui vivent à travers ça, ça fait partie de
leur commerce. Ces gens-là étaient
manifestement inquiets et aujourd'hui, bien, voient ce qui se passe et se
questionnent également. Sachez qu'on
a travaillé à faire en sorte, avec l'opposition, avec le gouvernement, que ces
amendes maximales potentielles
lorsqu'on déroge à la loi seront peut-être moins salées qu'elles ne devaient,
toujours dissuasives, mais moins salées qu'elles ne devaient, plus
logiques, somme toute, mais, au-delà de ça, bien, le retrait de la suspension
de vente à la première
offense, donc faire en sorte que ce soit plus équilibré, qu'on ait droit de se
rattraper, mais encore avec un objectif commun, celui de faire en sorte
qu'on puisse avancer tous vers le même objectif.
Une place importante pour la cigarette
électronique, et c'était une discussion intéressante et extrêmement pertinente du fait qu'elle est perçue par plusieurs — des fumeurs, des médecins — comme un outil potentiel thérapeutique,
une aide à la cessation tabagique. Alors, il
ne fallait pas arriver à démoniser la cigarette électronique. Si elle fait
passer un fumeur de la cigarette
traditionnelle à la cigarette électronique, c'est un pas en avant. Alors, il y
a eu, malgré tout et somme toute, un encadrement normal.
Alors,
également, cet encadrement, mais on a gardé les saveurs, permettant à des
fumeurs qui... Encore une fois, on en
a parlé il y a deux instants, le retrait des saveurs pour les produits
conventionnels du tabac, notamment le menthol, je suis toujours
surpris...
J'ai toujours
en mémoire des amis très proches qui fument à l'occasion. Les fumeurs à
l'occasion n'ont pas envie de faire
souffrir celui qui ne fume pas. Je ne fume pas, alors ils vont à l'extérieur.
Certains oseront fumer sous le ventilateur de la cuisinière. Les scientifiques nous ont dit : Ça ne donne
absolument rien, les produits du tabac, la fumée secondaire, la fumée tertiaire, etc. Je pense — et là ça me vient à l'esprit pendant que je
vous parle — à
quelqu'un que je côtoie encore à l'occasion
par affaires, c'est tellement imprégné chez lui, Mme la Présidente, on n'irait
pas ensemble s'asseoir deux minutes dans
un fauteuil de la résidence, on ressort, on a l'impression qu'on a fumé pendant
trois ans sans arrêt. À quelque part, je n'en veux pas à cette
personne-là, il voudrait peut-être se débarrasser de sa mauvaise habitude qui
mine sa santé, puis quelque part elle mine
aussi la mienne. Ce n'est pas de forcer la main ou de tordre des bras, c'est
seulement de prendre conscience.
Alors, à ceux
qui fument du menthol et qui pensaient, parce que c'est du menthol, que c'est
moins nocif, qu'ils ne fument pas
vraiment, bien, la réalité n'est pas celle-là. Alors, on est allés aussi de
l'avant là-dessus, mais on a gardé ces saveurs
pour la cigarette électronique, permettant donc à des fumeurs d'adopter cette
pratique, cet outil-là qui pourrait faire en sorte que ce soit moins
dommageable au bout du compte.
Le projet de
loi n° 44 n'est cependant pas parfait. Il y a des éléments que nous
aurions aimé voir poussés plus loin. Et
le collègue en a parlé il y a quelques instants, l'imposition d'un moratoire
sur tout nouveau produit du tabac, ça a été rejeté. L'encadrement des cigarettes ultraminces, l'encadrement puis
voir, dans notre vision à nous, la suppression de ce produit-là, extrêmement attirant pour les
nouvelles fumeuses, notamment... parce que l'industrie du tabac, ses stratégies
de marketing faisant en sorte qu'on crée des produits qui, manifestement,
seront attirants... on ne peut pas leur en vouloir,
c'est leur gagne-pain, mais, dans l'état actuel des choses, c'est quelque chose
qui attire, nous aurions souhaité être
plus sévères à cet endroit-là, qu'on puisse également permettre l'amélioration
de l'aide à la cessation tabagique, qu'on aurait pu tenter de faire en sorte, avec une proposition avant-gardiste,
que l'industrie du tabac participe elle-même à la prévention sur le tabagisme. Ce n'est pas
évident — une
proposition qui faisait sens également — les paquets neutres, nous aurions été d'accord, comme en Australie, qui
n'ont pas été retenus. La ministre propose quelque chose de différent.
Elle vous l'a montré tout à l'heure. Oui, c'est correct. On aurait pu aller un
peu plus loin. Est-ce que la ministre était timide?
J'ai l'impression qu'on craignait peut-être, à tort ou à raison, des recours
juridiques par l'industrie ou qui d'autre. Je pense que, rendus où nous en sommes, la gestion du risque aurait
permis d'aller un peu plus loin. La ministre nous a dit à maintes reprises : Nous allons assez loin,
il y aura des résultats. Mais aurions-nous pu faire davantage? Nous le pensons.
• (12 h 50) •
Donc, j'avais
une critique à formuler, une critique constructive, pas négative, constructive
à la ministre : Dans tout ce
débat, c'est peut-être d'avoir fermé les yeux sur certaines propositions qui
demandaient davantage d'audace, mais qui auraient eu leur place. Et, au
surplus, bien, peut-être d'avoir, à l'occasion, sur certains de
ces principes-là, dit non sans démontrer
totalement, à nos yeux, le pourquoi de la réponse
négative. Certaines propositions auraient demandé qu'on fouille davantage.
On verra. Peut-être plus tard, un jour, feront-elles partie d'un autre projet
bonifié.
Au final, je
vous dirai que nous espérons fortement, et j'en suis, que les mesures du projet de loi n° 44 se traduisent par une baisse du taux de
tabagisme. La ministre a même affirmé qu'elle souhaitait qu'on atteigne davantage que
les cibles que l'on s'est fixées, que le taux de tabagisme puisse passer sous
la barre des 15 % d'ici cinq
ans. Imaginez facilement les bénéfices
sur la santé, imaginez facilement les bénéfices économiques, imaginez les
bénéfices sur la génération à venir.
Et là on rejoindra peut-être... Et je vous dirai qu'au départ je me
disais : Ouf! Quel rêve! 2025, une génération sans fumée? Et si
c'était possible?
Bref, c'est
un pas dans la bonne direction, Mme la Présidente. Mais là il faut livrer la
marchandise, il faut faire en sorte
que tout soit en place, il faut effectuer un suivi, un suivi rigoureux pour,
encore une fois, atteindre ces objectifs, suivi rigoureux dans
l'application des mesures du projet de loi, qui sera adopté sous peu. Et je
vous dirais qu'au nom des jeunes, des sportifs, de cette jeune fille de
14 ans qui souhaite son environnement sans fumée, à ceux qui fument actuellement et qui souhaiteraient cesser, qui n'y
arriveront peut-être pas, mais qui penseront à leurs enfants ou à leurs petits-enfants, bien, on travaillera tous dans la
même direction, sans montrer du doigt personne, mais en tentant d'atteindre
maintenant ce que devrait être une société qui protège ses citoyens.
Alors, je
vous dis tout de suite que notre formation politique, la Coalition avenir
Québec, nous voterons pour ce projet de loi avec ce même objectif
commun. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Lévis. Et maintenant je vais céder la parole à M. le leader adjoint
du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Mme la Présidente, juste pour aviser rapidement le déroulement de nos travaux,
puisque vous savez qu'il y a cinq
commissions qui siègent cet après-midi suite à nos avis, et que nous ne
pourrons pas siéger en cette Chambre... Alors, on a une dernière intervenante,
qui est Mme la députée de Chauveau, qui prendra la parole. Ça se peut qu'elle dépasse de quelques minutes les
13 heures, là, pour terminer son intervention, peut-être que non. Et par
la suite, suite à une entente avec
l'opposition, nous allons vous demander un vote nominal qui sera reporté à
demain, juste nous assurer qu'on complète ça avant l'ajournement. Il y
aura ajournement par la suite.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, c'est très bien. Mme la
députée de Chauveau, la parole est à vous.
Mme Véronyque Tremblay
Mme Tremblay : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, c'est avec grand plaisir que
je prends la parole, oui, comme
députée de Chauveau, mais également à titre d'adjointe parlementaire de la
ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et à
la Santé publique.
Je
suis particulièrement fière d'avoir participé activement, presque du début à la
fin, à l'évolution du projet de loi
n° 44, qui vise à renforcer la lutte contre le tabagisme. Avant toute
chose, j'aimerais saluer le travail de collaboration exceptionnel de la
ministre Lucie Charlebois durant tout le processus législatif...
Mme
Maltais : ...Mme la Présidente, je comprends que c'est une
nouvelle députée, elle va apprendre rapidement les coutumes, qui sont de
ne pas nommer une personne, mais bien l'appeler par son titre.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : C'est ça, par son titre. Alors,
c'est très bien, Mme la députée, alors...
Mme
Tremblay : Parfait. Je suis désolée, je vais apprendre. Merci
beaucoup.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci.
Mme Tremblay : Alors, la ministre, qui a fait preuve d'écoute et d'ouverture tout au
long des consultations et de l'étude
détaillée auprès des groupes et de tous les parlementaires présents en
commission, autant ceux du parti ministériel que des oppositions, elle
mérite toute notre admiration. Merci beaucoup, Mme la ministre.
Je
sais à quel point il est important d'accentuer la lutte au tabagisme. À travers
la province, environ 10 000 personnes
meurent chaque année d'une maladie associée au tabagisme, ce qui représente
près d'un décès sur cinq. Il fallait
renforcer les moyens déjà mis en place pour lutter contre ce fléau, et c'était
l'objectif de la ministre en présentant le projet de loi n° 44.
Je
tiens à rappeler les changements courageux qui ont été faits en 2005 par notre
premier ministre, qui était à ce moment-là
ministre de la Santé, concernant l'interdiction de fumer dans les salles de
bingo, les bars, les brasseries, en faisant
disparaître les aires pour fumeurs dans ces endroits. Malgré toutes les
craintes soulevées à l'époque, est-ce que quelqu'un accepterait aujourd'hui de faire marche arrière? Non. Notre
gouvernement fait le pari que c'est en mettant en place d'autres mesures ambitieuses que nous allons
réduire les effets néfastes sur la santé dus au tabagisme. Les choix faits dans le passé ont permis des améliorations
notables. Nous jugeons qu'il est maintenant temps d'y ajouter de nouvelles
règles pour contribuer à un meilleur bilan.
Le
projet de loi n° 44 prévoit, entre autres, d'encadrer la cigarette électronique; d'interdire la cigarette dans une
voiture lorsqu'il y a un enfant de moins de
16 ans; interdire la cigarette sur les terrasses et les parcs pour enfants ou
parcs sportifs. On veut protéger nos
jeunes de la fumée secondaire, mais aussi de leur enlever le goût de commencer
à fumer. L'usage du tabac chez les
étudiants du secondaire a beau être en baisse depuis de nombreuses années, ça
demeure préoccupant. Il faut
s'adapter aussi aux nouvelles modes, aux nouveaux produits. En 1998, la
cigarette était le produit de prédilection des élèves du secondaire. Maintenant, c'est le cigarillo. Or, ce type de produit est
souvent aromatisé, d'où sa popularité grandissante auprès des personnes
de cette catégorie d'âge.
Comme
parlementaire, mais également à titre de mère de famille qui a deux jeunes
enfants de huit et 10 ans, je me réjouis
que le projet de loi n° 44 contienne des mesures ambitieuses, dont
l'interdiction des arômes et saveurs, incluant le menthol, pour tous les produits du tabac conventionnels. Ces
changements seront majeurs pour notre avenir collectif. On ne peut pas
se le cacher, on est à l'aube d'une hausse importante des coûts en santé dus au
vieillissement de la population. C'est donc essentiel de diminuer la prévalence
du tabagisme, dont les effets accentuent la charge portée par notre système
de santé. Actuellement, au Québec, les coûts directs et indirects de l'usage du
tabac totalisent quatre milliards
de dollars par année, dont 1,4 milliard
de dollars en coûts directs pour
notre système de santé public. Compte
tenu de la nocivité du produit, c'est essentiel, en tant que
législateurs, que nous apportions d'importantes modifications réglementaires
pour contribuer à la bonne santé de la population.
En complément au projet
de loi n° 44, notre gouvernement travaille actuellement, en collaboration avec
de nombreux ministères, à l'élaboration d'une nouvelle politique gouvernementale de prévention en santé. J'ai
d'ailleurs eu l'honneur de présider les auditions, et la lutte au
tabagisme est un des moyens de prévention.
Je suis fière de
l'adoption de ce projet de loi. Plusieurs groupes ont été entendus tout au long
du processus législatif. Plusieurs d'entre
eux ont d'ailleurs salué la volonté de la ministre d'agir à nouveau pour
renforcer la Loi sur le tabac et ont
contribué à bonifier des mesures comprises dans le projet de loi n° 44. Ensemble, avec ces mesures ambitieuses,
je suis convaincue que nous allons contribuer à un avenir sans fumée. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la
députée de Chauveau.
Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que le projet de
loi n° 44, Loi visant à renforcer la lutte contre le
tabagisme... est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le leader adjoint du gouvernement.
Vote reporté
M.
Sklavounos : Je
demanderais un vote par appel nominal et de le reporter demain, aux affaires
courantes, s'il vous plaît.
Ajournement
Par la suite, je vous fais motion, vu la tenue
de cinq commissions cet après-midi, d'ajourner nos travaux à demain, 9 h 40,
s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, c'est très bien.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Un moment! Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, nous allons reporter le vote à la séance de demain.
Et j'ajourne nos travaux au jeudi 26 novembre, à
9 h 40.
(Fin de la séance à 12 h 58)